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PAR M. L'ABBÊ MIGNE,
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L'EXAMEN CRITIQUE DES SYSTÈMES
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TIQGBS, QUI DUT ÉtA VARBS GOIITBX LA RKUGIOll, PAETICIJIliBKllBHT PAHS CBS TBOIS
inBu siicLBs;
PAR L.-F. JEHAN (^ MÊmt^Omnmh
de la Sodélé Gédiogiqae de Finneet de rAcadémie royale des Sciences de Tarin, etc.
Tetâmoma tÊOj Jkmmet ereiUHtia fada «ml ninits. Psof. xcn, 5.
Jhmme, »i enpr aioiÊm credmn^ au decepd sMmus;quomam m
BiauiD HB Saoct-Yictos.
Qnrnate unées d'eipéiienoe m'ont proavé Jaaqa'à rérideoce qoe
la ntoOD, lîTTée à ses pnwres forces et sans aucun secours de la
Tévélatk», ne pent qoe s'égarer, et ooe pour être bon pliiloiophe»
il fimt être bon dirétien. TtUamed de Soblum.
PURUÉ
PAR M. L'ABBÉ MIGNE ,
ÉMlILliH M Là Smj^raÈCIJB VHlTElUnLUB »1T Ci,WiCfc
ou
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TOME DEUXIEME.
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1855
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IIBMIUIB VE LA nOCltlk «ÉOLOfilQUB DB FRA19QB, DB L'ÀGÀCftniB BORÀLB
9B TUB1N, BTG.
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ouvrage, dont les journaux et les revues catholiques
françaises et étrangères ont rendu le compte le plus fa-
vorable, présente, sur Torigioe de nos connaissances,
la seule théorie qui, ainsi que Ta montré le célèbre au-
teur des deux articles publiés sur ce livre dans VUni-
vernté catholique (Juin et Juillet 1853), porte le dernier
coup à tous les taux systèmes et ^ toutes les hypo-
thèses auxquelles le rationalisinB/a*eoreooor8poor r^
soudre cette question capitale.
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DICTIONNAIRE D*ANTHROPOLOGIE.
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TOLOGIE.
DICTIONNAIRE APOLOGÉTIQUE, 2 Td. in-4* (*).
(*) Cet ouvrage avait été primitivement annoncé sous le litre de : VkUmmnrê Ue O^Hem mmdUss.
Iropriineric MIGNE, au PetU-Monv^u^e.
5S
DICTIONNAIRE
APOLOGÉTIQUE
■ ' \ ' -
n
MACnOBB, examen critique du passage
oà il parle du massacre des Innocents. Voy.
?(ÂissA!fCE DK Jésus-Christ.
MAGES Tenant adorer Jésus-Christ; ob-
jections résolues. Voy. NAissAifcs db Jésus-
Chbist. — Les anciens mages ont reçu l'in-
fiaence des Juifs, suivant M. Salvador. Voy.
MkiBtevEf § IL
liAG!9ÊTISME. A-t-il audque rapporta vec
1^ miracles de Jésus-Christ? Koy. Jésus»-
OuiST. ArU n, S III.
MAHOMET jugé par Napoléon. Voy. Mt*
TnsySf % IX.
JfAHOMÉTISME. Sa profonde infirmité et
son incapacité logique» Voy. Surnatcri*-
USVE, I iV.
MAISTRE (CoiiTB de), Ce qu'il dit de
loriginalité de TÉvangile. Voy. Note XIL
MAL.
La question du mal , autour de laquelle
plTotent les attaques des incrédules contre
la religion, doit être résolue, sous peine
de voir crouler le monde.
ACTOBB (1).
Nons allons aborder cette fameuse ques-
tion de l'origine du mal qui a tant occupé
les sages, et gui est la première, en effeti
de toute philosophie vouée à Tétude de
Iliomme et de ses devoirs.
Quand Alexandre^ roi de Macédoine, eut
pris Tyr et franchi les bouches du Nil, il
alla dans les déserts consulter Toracle de
Jopiter-Ammon. Sur quoi, un ancien philo-
sophe, Maxime de Tyr, s'interpelle ainsi :
« Voyons ce que ce grand homme va de-
mander aux dieux. » Alexandre demanda
quelles étaient les sources du NiK et le sage
reprend : « Il eût été digne de lui et plus
heureux poumons, qu'il demandât quelles
étaient les sources du mal; car il nous im-
porte peu de quelle région descend le Nil,
mais il nous importerait beaucoup de savoir
d où viennent les maux qui accablent Thu^
maaité. » Ce que Maxime de Tyr attendait
d'Alexandre et de Jupiter-Ammon, tous leis
(1) Cest à cet éminent auteur oae nons devons le
ilis beia livre qui ait paru sur le formidable pro-
MéiBe qui va oous occuper. Ce livre admirable au-
DlCTIO.VNAlRE APOLOeéTItaB. II.
pnilosophes" ont essayé de nous le direç
mais tous ont cherché leur point d'appui
dans la nature. Le christianisme seul a dit :
Il faut guérir hi nature ; et seul> en disani
cela, il a communiaué à l'Ame le secret
d'une force €^\x\ est le principe unique de
la perfectibilité individuelle et sociale du
genre humain.
ARTICLB PRBKIBR
Objections de Bayle et réfutation.
Etat de là question. — Manichéens. — Philosophie etca-
Uiolicisme en ptésence de la question du mal. — Vol-
tatre. — Objections de Bayle et résumé de ses argu«-
ments. — Double conclusion de la pMlosophte
On peut ramener la controverse sur lo
me] à un petit nombre de principes fonda*-
mentaux qui dominent tellement toute la
3uestion> que> lorsqu'on sait s'en servir, il
evient facile de mettre en poudre et la
doctrine de Manès et les objections des in"»
crédules moderne». Montrons dabord en
quelques mots combien le système des ma-^
nichéens est insoutenable.
Le mal n'est point un être réel et exis"
tant en soi, c'est la négation du bien, c'est
comme les ténèbres è 1 égard de la lumière.
Le bien est l'être, le mal le non-être. Dans
toute la série des créatures» depuis les plus
élevées jusqu'à celles qui sont reléguées
aux derniers rangs, ce qui forme le fond de
leur substance, ce qui les constitue, c'est le
bien ; le mal, sous quelque rapport qu^on
l'envisage» est toujours une imperfection,
une défaillance de l'être. Le mal métaphy-
sique consiste dans l'imperfection essen-
tielle à toute nature créée ; le mal moral est
une déviation des lois de Tordre et de la
justice; le mal physique, ou la douleur, ne
se conçoit, dans l'être sensible, que com-
me un état anormal» défectueux, en oppo-
sition avec ses lois constitutives. Le mal
est donc, encore une fois, une négation de
quel nous empruntons ce que nous avons à dire sut
ce sujet, a pour titre : De Corigine et de lajréparatioà
du wal ; i vol. iii-8% chez Lf'coffre, à Paris^
1
Il
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
la
mfime que le silence, l'ombre, le repos ; il
est donc absurde d'en faire un être, el sou-
verainement absurde d'en faire un être in-
fini.
Nos incrédules répondent que, à la vé-
rité, cette métaphysique est excellente con-
tre les manichéens, mais qu'elle laisse en-
tières toutes les objections des modernes.
£n effet, disent les philosophes, il reste
toujours à expliquer comment un Dieu sage
a mis une telle disproportion entre la na-
ture de l'homme et les désirs de son cœur,
comment un Dieu bon l'a assujetti à tant do
souffrances, comment un Dieu saint le laisse
en proie à tant de vices : rien n'est plus
vrai. Nous dirons donc avec les philoso-
phes : Il faut expliquer le mal; mais en
ajoutant : Il faut surtout le guérir; car c'est
ainsi que le problème doit être posé. Voyons
en peu de mots qui saura mieux Je résou-
dre des philosophes ou des catholiques.
Voiûi d'abord notre explication. Le mal
moral, le péché, procède de la liberté que
Dieu nous a donnée, comme l'instrument
nécessaire pour mériter une gloire et une
félicité éternell*;s; la grandeur du résultat
justifie le danger des moyens. Dans le des-
sein de nous «ider à accomplir nos desti-
nées, la Providence nous a donné un senti-
ment profond de nos misères présentes et
d'un bonheur inconnu auquel il nous est
pertnis d'espérer ; tout ce qui est fini, im-
parfait, nous déplaît, nous pèse, nous en-
nuie, nous renci à charge a nous-mêmes.
Dieu aurait moins bien Tait, s'il nous eût
rendus contents de nous, si nous avions pu
nous suffire et trouver ici-bas de quoi rem-
plir notre cœur. Le mal physique dégoûte
l'âme du monde et de la vie, il la dispose à
céder à l'influence de la grAce ; préservatif
et remède en même temps, il nous éloigne
du péché et nous aide à l'expier. Cesvstème
se défend par lui-même, il nous suffira de
le développer pour répondre aux attaques
dont il est l'objet.
Comme la question du mal intéresse sou-
verainement la société, il est raisonnable de
mesurer la valeur des explications sur leur
utilité. Il fallait rejeter celle des manichéens,
non-seulement parce qu'elle est absurde,
mais aussi parce qu'elle est funeste. Ici,
d'ailleurs, personne ne doit être cru sur pa-
role. L'origine des choses se cache dans les
ténèbres d un monde inconnu où toute véri-
fication est impossible; il faut donc, à celui
qui veut en révéler le mystère, des preuves
puisées dans les réalités de la vie présente,
il doit, en quelque sorte, porter ses litres à
la main. Le christianisme a le droit de pré-
senter les siens avec confiance ; sa puissance
contre le mal sous quelque forme qu'il se
montre, est un fait constant, perpétuel, fa-
cile à vérifier ; on ne peut donc pas plus la
nier que la lumière du jour. Il a fait dis(»a-
raltre des vices exécrables et mis à leur
place des vertus inconnues avant lui ; non
content de_rendre supportables la tristesse,
(2) Marc, n, 54.
la pauvreté, la souffrance, toutes les misères
de la vie, il les a fait aimer et rechercher
comme la seule chose cfui donne du prix à
notre existence. C'est ainsi que sainte Thé-
rèse se plaisait à répéter sa célèbre devise :
«Ou souffrir ou mouririvet qu'à la vue
des travaux et des dangers de son apostolat,
Si'iint François-Xavier s'écriait : n Encore
plus. Seigneur, encore plus 1 »
Le grand mal des hommes, surtout dans
notre siècle, vient de ce que nul ne veut
rester à sa place ni se contenter de la part
que la Providence lui a faite. On risque tout
pour s'élever, on essaye de forcer les desti-
nées, de lutter contre l'immuable nature
des choses. Il n'y a qu'une première place.
Tout le monde y aspire. Les fous, les sages,
les grands, le peuple, sont atteints du même
mal; tous, comme César, veulent primer
pour le moins dans leur village, s'ils ne le
f)euvent sur un théâtre éclatant. Oh 1 que
'Evangile a bien pourvu è l'établissement
de la paix, de la justice, de la charité sur la
terre, et au bonheur du genre humain, lors-
qu'il a dit : 5î qud'qu un veut devenir le
premier^ qu'il se melle au dernier rang^ et
3uHl se fasse le serviteur de tous (2). Il y a
ans ce seul mot de Jésus-Christ plus de
science religieuse, politique et sociale, une
théorie plus profonde, plus vraie de la féli-
cité publique et privée que dans tous les
livres des philosophes. Et il ne faut pas
Elaindre comme malheureux cexui qui s'ou-
lie pour se dévouer au bien de ses frères,
son sort est digne d'envie; il suit les ins-
pirations de la charité c^ui porte toujours sa
récompense avec elle ; il obéit à la volonté
la plus chère du Père commun : c*est assez
pour inonder son cœur de joie. Le vrai chré-
tien a un sentiment profond de Tordre uni-
versel, il trouve un bonheur ineffable à
s'immoler à cet ordre et à la gloire de celui
qui en est l'auteur. J'aimerais mieux, disait
une Âme sublime dont je ne puis transcrire
ici les paroles sans sentir couler de mes
yeux les larmes de l'adiniration, « j'aime-
rais mieux être un ver de terre par la vo-
lonté de Dieu qu'un séraphin parla mienne. »
Avec de telles maximes, avec, de tels senti-
ments, qui ne sont pas un vain langage,
car le christianisme agit toujours plus qu'il
ne parle, on peut changer la face du monde
et transformer l'humanité. Voilà comment
la religion de Jésus-Christ sait expliquer et
combattre le mal, voilà s^s titres. Examinons
ceux de la philosophie.
Avant tout, je dois l'avouer, je ne puis me
défendre d'un sentiment de douleur pro-
fonde, en voyant avec quelle légèreté les
malheureux humains se jouent des questions
les plus formidables, et ()ui sont pour eux
d'une imporlance iiiiinie : celle du mal, la
plus capitale, la plus essentielle de toutes,
celle sur laquelle les incrédules font pivo-
ter leur prétendue philosophie, le croiraii-
on ? ils ne font pas comprise, ils n'ont pa.^
su ou voulu en mesurer la portée. Nous
i}
B
Màt
DICTieNNÂlRE APOLOGETIQUE.
MAL
U
faTOos dit, et iout bomme de sens en con-
Tieudra* il ftot expliquer le mat, mais l'ex-
plîqaer pour le guérir. Il ae s*agit |)as ici
d'une SDécalalion oiseuse; rbamanité de-
ooaode a genoux Torigine «l ia cause du
mal qui h dëfore, a6a d*ea trouver plus
iadlement le remède : ainsi l'ont compris,
pourne rien diredes catholiques, les auteurs
et les seelaleurs des Causses religions. Qu'ont
bit les philosophes? lis se sontem|;arés de la
redoutable question, non pour Ja résoudre,
mais pour s'en faire une arme contre les véri-
tés les plus nécessaires au monde, |>our ôter
aamaineureux Te^érance, au puissant la
rrainle, au coupable le remords, au juste le
motif de bien fiiire; en un mot, ils ont tou-
«Hbé la plaie de l'iiamanité pour lenvenimer,
\nnw la rendre incurable. Après cela, con-
lems et Gers de leur ouvrage, ils se sont
donnés à eux-mêmes les titres pompeux de
bienfaiteurs du genre humain, de restaura-
teofs de la raison avilie par la superstition.
Ol aveuglement est inconcevable. Lorsque
yabooiet entreprit de régénérer sa nation, il
loi donna ua code de morale, appuyé sur
une révélation et sanctionné par la foi au
paradis et à l'enfer. Mahomet fut un grand
coupable, car il mentit aux hommes en
appelant en témoignage ia vérité de Dieu ;
«nais il ne fut pas un insensé, il savait du
cmmis ce qu'il uisait. Peut-on en dire autant
des philosophes? J'aime h croire que non,
lisseraient trop criminels devant Dieu et
devant les hommes.
Le mal, le vrai mal, aux. veux des catho-
liques, c'est le péché, le désordre, l'insou-
mission à la volonté divine, r^le suprême
des intelligences; les saints, c'est-à-dire les
bonmes qui sont animés du véritable esprit
du christianisme, ne voudraient pas, s'il
est permis de Cure une telle supposition, se
racheter des supplices de l'enfer par la
moindre transgression de la loi divine. Il
n'en est pas ainsi des philosophes; le mal,
ponreox, c'est la douleur, la pauvreté, l'i*
gnominie. Quant au mal moral,au péché et au
crime, comme on voudra l'appeler, les uns
Tout nié, mettant sur la même ligue le vice
et U vertUf et imposant à l'homme le seul
devoir de se rendre heureux; les autres
sont arrivés à peu près à la même conclu-
sion, en justifiant toutes les faiblesses hu-
maines par la violence des penchants de la
latnre, ou en rassurant les coupables par la
débonnaireté d'un Dieu indifférent à ce qui
se fkit sur la terre. On comprend la diiié-
rence de ces deuiL points de vue et celle qui
doit en résulter pour la direction des peu-
sées et des sentiments dans la conduite or-
dinaire de la vie.
Du reste, c|ue les philosophes aient rom nu
avec le christianisme parce qu'il gêne les
passions par ses terribles menaces, c'est un
Mit ; ils veulent jouir dès à présent, et ce ne
sont pas les nobles plaisirs de l'âme qu'ils
ont en vue. Non, sans doute ; il aurait autant
valu rester chrétiens. Veut-on savoir com-
ment Voltaire répond aux plaintes élo^juentes
de Pascal sur les maux de l'humanité (3) t
« Je sais, dit-il, qu'il est doux de se plaindre.
Cependant J'arrive de ma prorince à Paris;
on m'introduit dans une très-belle salle, où '
douze cents personnes écoutent une musique
délicieuse, après quoi toute cette assemblée
se divise en petites sociétés qui vont faire
un très-bon souper.... le vois tons les beaux-
arts en honneur dans cette ville, et les mé-
tiers les plus atqects bien récompensés, les
infirmités très^soulagëes, les accidents pré-
venus; tout le monde y jouit, ou espère
jouir, ou travaille pour jouir un jour, et ce
dernier partage n'est pas le plus mauvais. »
On pourrait s étonner en voyant avec quelle
iacili té l'auteur tient lour satisfaits tous ceux
qui sont exclus des plaisirs dont il s'est plu
à nous faire rénumération. Mais laissons
cela, et allons au fait. Lui, dû moins, qui a
joui de tous les avantages d'une société polio
et savante; lui, rassasié de gloire, de ri-
chesses, de toluptés, a-t-il été heureux?
Non. « Si j'avais un fils, disait-il, et qu'il dût
être aussi malheureux que moi, je lui tor*
drais le cou par tendresse paterne^e. ^
Quand Voltaire n'aurait pas tenu ce lan-
gage» çuand je ne saurais rien de son his-
toire, je n'en affirmerais pas moins qu'il a
cruellement soufTert. Nul n'est exempt d'in-
fortune dans ce inonde, parce que tous sont
appelés au bonbeur de l'éternité ; heureux
ici-bas, nous ne penserions point à la félicité
future, et nous négligerions les moyens de
Tobtenir. Voltaire a eu des traverses, il était
soumis à la loi générale ; il en a eu de plus
^andes que la plupart des autres hommes,
il le fallait à cause de la nature de son esprit
et de la violence de ses passions ; s'il en eût
été autrement, il aurait pu se plaindre que
ta Providence l'avait privé des ressources les
plus nécessaires au salut. Hais quel moyen
avait-il de se consoler dans ses douleurs, lui
qui faisait profession de ne croire k aucune
religion ? Le chrétien n'a pas besoin de dire,
comme le stoïcien : « O douleur 1 je n'avoue-
rai jamais que tu sois un mal ; » il sait la
convertir en bien par sa patience, par sa
soumission filiale à la volonté de Dieu, et
souvent il peut s'écrier avec saint Paul : Je
surabonde aejoie au milieu de mes tribula-
iions {k). Le vrai chrétien a un secret pour
se rendre heureux dans les circonstances les
[»lus douloureuses; le philosophe ne sait pas
*être au milieu de toutes les prospérités.
On peut juger maintenant oui, des philo-
sophes ou des catholiques, a le mieux saisi
la question et est plus capable de la ré-
soudre.
Toute la doctrine des philosophes se ré-
duit à des ergoteries miséraliles. Certes, des
hommes qui n'ont vu dans l'immense pro-
blème du bien et du mal qu'un moyen de
harceler le christianisme, ne mériteraient
f>as que l'on discutât sérieusement avec eux.
I le faut cependant, et nous te ferons dans
riotérét de ceux dont l'esprit a été fasciné
(5) Noies $ur ltspeu$ée* de Pascal ^ u* 103.
(4) // Corinth. tu, 4.
f3
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
Iti
Iiar des objections spécieuses. Nous ne vou-
ons point éluder les difficultés, mais plutôt
les étaler et les déployer, afin de les éclaircir
de telle sorte qu'il ne reste plus de doutes
sur les vérités importantes que Ton a voulu
ébranler. Il y avait un moyen honorable de
combattre le christianisme, c'était de faire
mieux que lui; on n'a pas sonçé à celui-là.
Pour écraser leur ennemi, au risque de res-
ter ensevelis sous les mêmes ruines, les in-
crédules ont secoué les colonnes qui portent
l'édifice social, de sorte qu'en défendant no-
tre foi, nous défendons en même temps les
vérités fondamentales sans lesquelles le genre
humain ne peut vivre. Nous acceptons donc
le débat, mais en nous réservant de le faire
sortir, quand le moment sera venu, des étroi-
tes limites où l'on a voulu l'enfermer. Comme
Bayle a été le plus habite champion de la
philosophie, et que depuis lui, la question
en est restée au même point sans avancer
d'un pas, nous allons donner ici le résumé
de ses arguments et présenter l'ensemble de
ses objections, en supposant que c'est lui-
même qui parie.
<c Dieu étant infiniment heureux en lui-
même, et n'ayant aucun besoin des créatu-
res, n'a pu avoir d'autre motif de les créer
^ue sa bonté et le désir de les rendre heu-
reuses, mais heureuses d'un bonheur qui
les perfectionne, qui les établisse et les
maintienne dans l'ordre et la justice ; car la
bonté de Dieu doit être d'accord avec sa sain-
teté. Voilà les principes avoués par la saine
raison. Selon les chrétiens, au contraire, le
Dieu infiniment bon serait sorti de son repos
éternel pour donner l'existence à des hom-
mes qui, après avoir été presque tous mal-
heureux dans cette vie, vont subir dans
l'autre les tourments horribles de la damna-
lion. On parle de péché, et en particulier de
celui d'Adam, source de tous les autres; mais
comment un Dieu bon et sage a-t-il fait dé-
pendre le sort de tous de la fidélité d'un
seul ? Comment un Dieu saint a-t-il laissé le
péché pénétrer dans le monde? Comment
nous a-t-il fait un présent aussi dangereux
que la liberté? S'il fallait que l'homme fût
libre, Dieu ne pouvait-il pas lui donner une
liberté parfaite comme celle des bienheu-
reux, ou au moins Tentourer de tant de grâ-
ces et de secours qu'il ne faillit jamais? Per-
mettre une chose qu'on peut empêcher aisé-
ment et sans inconvénient, la permettre
malgré les maux qui on seront la suite et
que l'on prévoit, c est en effet vouloir celle
chose et ses suites; permission et voionlé
ont ici le même sens. On se moque quand
on dit que Dieu veut sincèrement le salut
de tous les hommes; s'il en était ainsi, ils
seraient tous sauvés sans exception, parce
que Dieu peut tout ce qu'il veut, même sur
la liberté. Les théologiens de tous les partis
en conviennent, la Providence a des moyens
sûrs de conduire la volonté de l'homme sans
détruire son libre arbitre. D'où viennent
donc tant de crimes multipliés ?
a Dans toutes les suppositions imagina-
bles, Dieu a voulu le péché et ses suites.
d'une volonté réelle et absolue. Il y a coo-
péré positivement en créant le pécheur avec
des inclinations vicieuses, en le plaçant dans
des circonstances où ces inclinations ne pou-
vaient manquer de se fortifier ; il y a coopéré
négativement en refusant, dans le moment
critique, les grâces victorieuses sans les-
quelles la chute était inévitable. Ce n'est pcs
assez; afin de rendre notre ruine plus cer-
taine, il a mis notre faiblesse, notre igno-
rance, aux prises avec la ruse, la ]missance
el la haine des esprits tentateurs. Un ennemi
nj^irait-il autrement?
n Distinguer entre la volonté d'appro-
bation, de décret, et la volonté de permis-
sion , c'est ne pas s'entendre soi-même.
Dieu permet une chose , parce que sa
sa;;esse la juge convenable et utile, en
d'autres termes, parce qu'il l'approuve et là
veut; sa souveraine sagesse ne manque
jamais de moyens pour exécuter ce qu'elle
approuve, sans être forcée de permettre ce
qu elle n'approuve pas. Dire de Dieu qu'il
n^a pu prévenir le péché, c'est nier sa loule-
i)uissance; dire qu'il ne Ta pas voulu, c'est
iaire iftjure à sa sainteté. Ne se fût-il commis
Ju'un seul péché depuis le commencement
u monde, il en résulterait contre les attri-
buts divins une objection insoluble.
« Dans l'état présent, le péché est inévi-
table, les plus justes ne sont pas à l'abri de
grandes chutes : telle est la faiblesse de
rhomme; mais telle est la sévérité de Dieu,
qu'à son tribunal il suffit d'une seule viola-
tion de sa loi pour être.condamné à souffrir
éternellement des supplices dont la pensée
fait frémir. Or, en donnant la vie aux hom-
mes. Dieu prévoyait que'le plus grand nom-
bre serait damné; pourquoi faire un présont
si funeste à ceux qui ne le demandaient pas?
Eussent-ils pu le demander, il aurait fallu le
leur refuser; il valait mieux les laisser dans
le néant. Poignarder un homme ou lui met-
tre en main le poignard dont on sait qu'il
doit certainement se percer le sein, n'est-ce
pas la même chose? Une mère qui enverrait
sa fille dans un lieu de débauche aurait t)eau
lui donner de sages conseils, fortifier sa vertu
par des promesses et des menaces, elle de-
viendrait justement l'objet de l'exécration
publique; mais si celte mère savait d'avance
que Sii fille cédera à l'entraînement du vice,
rappeler ses conseils, ses promesses ou ses
menaces pour justifier son injustifiable C(;n-
duile, c'est insulter à la conscience et à la
raison.
K On ne répondra jamais à cela. Pour
un réprouvé, la vie n'est pas le don d'un
Eère, mais d'un ennemi. Chose inconceva-
le, entre une infinité de combinaisons qui
pouvaient assurer le salut de cet infortuné.
Dieu donne la préférence précisément à celle
qui rend sa perte inévitable 1 N'y eût-il qu'un
seul damné, la bonté de Dieu ne pourrait se
justifier. Mais le plus inexplicable des mys-
tères, c'est qu'entre une infinité de mondes
où le bien seul aurait ru^^né, le Créateur ait
choisi celui où le mal triomphe. Si I on no
peut rendre raison do la réprobatioa d'un
17
MAL
DICTIONNMRIs APOLOGETIQUE.
MAL
\9
seulf comment expliquera-t-on celle de
rimroense majorité des hommes (5) ? »
Tels sont à peu près les raisonnements de
Bayle, nous n^avons point cherché à les
affaiblir; nous les aurions plutôt: fortifiés,
s'il eût été possible, afin d'éclairer les recoins
les plus obscurs de la question, et d'en finir
avec des sophismes qui ont fait tant de mal
à la religion et k la société. Mais, il faut en
coarcnir» Bayle les a présentés avec toute
rhabtleté imaginable; il a eu la triste gloire
d'épuiser le sujet et de ne laisser rien à
faire à ses successeurs, si ce n'est de con-
clare. llTuot fait avec une ardeur et une
assurance extraordinaires : les uns sont
allés jusqu aux extrémités les plus opposées
à la raison et à la conscience humaines , ils
soal devenus athées, sceptiques, matéria-
listes, ils onCconfondu les idées de vice et
de vertu % d'autres, plus modérés, bornant
If or victoire à Tanéantissement du cbristia*
nisoie et de toutes les religions positives,
oti. retenu, avec le dogme de Texistence de
P*ea et les notions communes de la morale,
je De sais quelle religion naturelle, dont la
Bible serait l'univers et chaque particulier
ledocteuret le pontife. Nous al Ions examiner
sa ces conclusions sont légitimes.
btoBaéqamct et Um nisonnement des phttosopbes. —
iBpNBânee do déiste, de TaUiée, du sceptique dans la
SBiaiioede UqoesUoo du ma). — Vice de rarfumentaUon
deftyledémoutrcparle raisonnement et par les lails.
Il serait agréable aux philosophes de
pouvoir se faire de la questiondu mal comme
une machine de guerre pour battre en brè-
che le christianisme, et de s'établir eux-
mêmes dans un de ces systèmes d'incrédu-
lité tempérée qui donnent à la raison et à
la conscience une demi satisfaction , sans
leur imposer des croyances gênantes et des
devoirs pénibles. Une doctrine qui, en dé-
truisant la croyance d*un enfer éternel, con-
serverait les dogmes de l'existence de Dieu et
Je rimmortalité de l'Ame, les préceptes de
la morale et peut-être une manière d expia-
non ou de purification dans l'autre vie ,
parallrail h beaucoup d'esprits .lever toutes
les difficultés et concilier heureusement
toutes choses. On va voir qu'il est impossible
lie tenir dans cette position, si l'on regarde
ies objections de Bayle comme assez fortes
pour ruiner le christianisme.
Depuis longtemps l'existence du mal est
le tourment de ia raison humaine; malgré
des tentatives réitérées, aucune philosophie,
aucune religion n'a pu résoudre le problème.
Le christianisme seul, et c'est, ce nous sem-
ble, la preuve la plus glorieuse de son
origine céleste, a su expliquer la conduite
de la Providence, à l'égard de la permission
du ma), de manière à changer en admira- '
tion et en reconnaissance la douloureuse
anxiété que fait naître naturellement ; le
>(iectarle de la misère et de la corruption
d4;s hommes; nous espérons le démontrer
a^aez clairement pour oue chacun soit obligé
{5} IVyez II note X ii la fin du vol.
de s'écrier avec l'Eglise, parlant de la di^so-
béissance d'Adam et de son remède: « Heu-
reuse faute ! (6) »
Cependant la doctrine contre laauelle on
peut le moins se prévaloir des difficultés
inhérentes à la question du mal, est préci-
sément celle à laquelle on les oppose ; mais
si l'on ne croitpas pouvoir justifier la bonté
du Dieu des catholiques, comment justifiera-
t-on celle du Dieu des philosophes ? On
trouve trop rigoureux les supplices dont
l'Evangile menace les méchants, comment
expliquera-t-on les misères, les douleurs
de la vie présente auxquelles l'homme est
condamné avant sa naissance ? S'il y a de la
rigueur dans Je premier cas, n'y a-t-il pas
ici do l'injustice? Allons plus loin. Peut-
on justifier la sagesse et la sainteté de Dieu,
à la vue des désordres, des iniquités dont
le monde est tous les jours le théâtre? Pour-
quoi créer des hommes qui devaient deve-
nir des monstres de cruauté, d'injustice,
d'impiété? Dans le supplice des criminels,
la justice, la sainteté, la sagesse de Dieu
sont satisfaites ; la bonté même n'ose mur-
murer à cause des inconvénients de l'im-
punité que les justes seraient les premiers à
ressentir ; dans la création du méchant, tous
les attributs divins sont également froissés.
Si la difficulté de concilier la bonté de Dieu
avec la damnation d'un certain nombre de
ses créatures suffit pour autoriser à nier le
christianisme, à plus forte raison l'opposi-
tion manifeste du péché à tous les attributs
divins oblige-t-elle de rejeter le déisme. En
vain alléguerait-on, avec M. de Lamennais,
que le mal physique et le mal moral sont
une conséquence de la limitation de toute
nature finie ; cette assertion est trop visi-
blement dénuée de raison, il était racile à
Dieu de créer un monde où il n'y aurait eu
ni péché, ni douleur; mais si elle était
fondée , les catholiques pourraient s'en
prévaloir comme les déistes. Le mal méta-
physique lui-même, par le sentiment pénible
que^nous avons de notre imperfection, est,
au point de vue des philosophes, ua désor-
dre inexplicable, parce que le créateur
pouvait aisément mettre en équilibre nos
désirs et nos jouissances. Donc, pour être
conséquent, si Ton nie Jésus-Christ le répa-
rateur du mal, à cause de ce mal même, à
plus forte raison faut-il nier Dieu qui en
est le premier auteur, ou, ce qui revient au
même, soutenir que tout est Dieu et qu'il
n'y a pas de différence entre le vice et la
vertu.
De tous les philosophes dont l'incrédulité
a pour motif les obscurités de la question
du mal, Bayle seul pourrait passer pour avoir
été conséquent. Nous venons de voircombien
les déistes le sont peu; ils ont eu peur
d'eux-mêmes ; ils n'ont pas osé suivre leurs
principes jusqu'au bout; les athées sont
tombés dans 1 excès contraire, en concluant
au-delà de leurs raisonnements : ils nieni
l'existence de Dieu et il leur serait tout au
(6) OfBce du samedi saint.
19
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUES
BLIL
«»
plus permis d*eD douter, lenrsargutncntsne
portenC pas plus loin. Bayle |l'a bien com-
pris, aussi s*est-il arrêté dans le scepticisme.
Supposant d'égale force les preuves sur
lesquelles repose Texistence de Dieu et les
raisons négatives qui se déduisent de l'exis-
tence du mal» il en conclut que le sage doit
restcF dans le doute et que le pyrrhonisme
est le seul système raisonnable. Mais, quel-
les que soient les apparences, il y a encore
ici une inconséquence véritable.
Deux vérités sont évidentes et ne peuvent
Être niées,, c'est l'existence de Dieu et l'exi-
stence du mal. 'Ces vérités n'appartiennent
pas seaTement â la religion, elle font partie
de la raison r nier le maU. c'est se convaincre
soi-même de foKe; nier Dieu, ciesl abju-
rer la raison, puisque Tes meilleurs esprits
regardent comme impossible un athéisme
sérieux et de conviction. Les philosophes
demandent si le mal peut exister dansl em-
pire de Dieu, cela est certain etsedé^montre
par le fait ; jls ne lo comprennent pas, disent-
iJs,. qu'importe? ils comprendront du moins
ceci : faire et pouvoir faire sont deux choses
insépacables ; Dieu a permis le mal, donc il
Souvait le permettre. Il n'y a rien à répon-
re à ce simple raisonnement. Bayle l'avait
bien senti; pour sortir d'embarras, il disait
avec une fausse apparence de religion : La
liaison et la foi sont ici diamétralement oppo-
sées, mais il e.H juste de préférer lesobscu-
cilés de la foi aux plus vives lumières de
1/1 raison» Personne ne prendra le change,
et ne se laissera tromper par cette vieille
manœuvre de l'incrédulité. Il n'est pas
question ici de la foi, il s'agit i de Ja
raison, uniquement de la raison « Non con-
tent de connaître Dieu et le mal par les
lumières naturelles, les philosophes, sans
autre secours, ont voulu argumenter sur les
conseils les plus profonds delà Providence,
et leur raison s'est trouvée prise dans ses
f>ropres subtilités. Est-il besoin de la foi pour
a dégager? nullement; il suiiit de^la rame-
ner au. point de départ et de Tempêcher
d'entreprendre au-delà de ses forces. Le
malheur de Thommo est de ne vouloir point
ignorer ce qu'il ne peut connaître; de là
sont venus tant de systèmes auxquels on
pardonnerait d*êtri3 absurdes, s'ils n'étaient
funestes, de là sont sorties en particulier les
monstrueuses inventions de la philosophie
moderne. On. ne compread pas les molifs
de la permission du mal» et on en prend
droit de révoquer en doute les vérités les
plus claires, comme si les borixes de la rai-
son se confondaient avec celles du possible,
comme s'il était permis de rejeter deuxpeo-
positions évidentes , parce qu'on n'a pas
compté tous les an^neaux de la chaîne qui
les rattache l'une à Tautre.
Si je vois un grand et magniGque bâti-
ment, bien proportionné dans toutes ses
parties, construit selon les règles de l'art, je
ne balance pas à y reconnaître l'ouvrage
d*un habile architecte ; mais si la destina-
^7) Dict, de tltéoL, art. Max*
tion de l'édifice m'est inconnue, et si pour
cette raison je crois y apercevoir quelques
irrégularités, devrai-je mettre en doute
l'habileté on Texistencede l'architecte? non,,
sans doute, cela est évidente
Crésus est connu de tonte la ville,, on la
voit tous les jours au milieu d'une nom-
breuse suite d'amis et de serviteurs; les
plus petits enfants répètent son nom , con-
naissent sa demeure, distinguent sa livrée
au milieu de toutes les autres. Son opulenco
est proverbiale Y tout le monde peut vous
montrer ses vastes domaines, les habitants
de k ville et des ftmboarga sont ses débi-
teurs. Personne n'en doute, mais personne
aussi ne |)eut vous satisfaire sur Torigine de
cette richesse, vous avez beau chercher,
rien ne vous en donne l'explication. En
désespoir de cause, traiterez- vous de fable
l'opulence de Crésus, ou bien vous décWe-
rez-vous à nier qu'il y ait un Crésus dans
le monde? quoi I est-ce pour vous un effort
impossible d'avouer qi»e vous ne savez
comment Crésus est devenu riehe?
Les philosophes ne raisonnent pas plus
sagement. En effet, les preuves des grandes
vérités sur lesquelles le genre humain est
unanime sont éclatantes eomme le soleil ;
au milieu de cet océan de lumière se trouve
un point moins éclairé. Les uns soulicnneat
Sue ce point peut être aperçu suffisamment,
'autres prétendent qu'il est dans une obs-
curité profonde; là est tout le débat. Si les
raisons étaient d*é^aie force des deux cô-
tés, que faudrait-il conclure? que tout h>
reste est ténèbres? non assurément. On
pourra inférer de ces arguments contraires
qu'il n*est pas certain que le point dont il
s^agit soit obscur ou lumineux : pas autre
chose. Ainsi, pour nous renfermer dans
notre controverse avec les incrédules, est-
il certain que Dieu existe, que les mots d&
vice et de vertu no sont pas des termes ar-
bitraires? oui, mille fois oui ; l'univers le
proclame avec nous. Est-il sûr que la ques-
tion du mal ne peut s'éclaircir dans ce
monde? Les incrédules répondront affirma^
tîvement, mais la logique leur défend d'al-
ler plus loin , ils doivent se contenter de
cette conclusion. Quant à nous, nous ne la
leur accordons point: nous soutenons au
contraire gu'une discussion approfondie sur
le mal, loin de mener an scepticisme, doit
se résoudre en une démonstration nouvelle
de notre admirable rCiigion. Il demeure au
moins établi que les raisonnements de
Bayle ne prouvent absolument rien contre
les vérités fondamentales, et que si le doute
peut en sortir, c'est uniquement sur la
question de savoir si le mal est explicable
ou inexplicable dans la vie présente. Et
voilà ce quia fait tourner la tête aux grands
hommes du xviir siècle I
Ce n'est pas faute d'avoir été avertis.
Ecoutons le docte et sage Bergier démon-
trant, comme nous, la stérilité, l'impuis-
sance de ces objections tant vantées (7]«
il
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
22
« C'est donc injustement, dit-i] après avoir
montré le rice des raisonnements de Bayle,
^ae les sceptiques prétendent qu^entre les
preares de Texistence de Dieu et d'une
(roridence, et les objections tirées de Texis-
teDce du mal, c*cst le goût seul et non la
raison qui décide; que le choix de la reli-
{;ion ou de l*atbéi$me dépend uniquement
de la manière dont un homme est affecté.
1* Quand cela serait vrai , le goût pour la
verta, qui détermine un homme h croire en
Dteo, est certainement plus louable que le
goût pour l*indépendance, qui décide un
philosophe i Tathéisme. 2** Les preuves po-
sitives de Texistence de Dieu et d*une Pro-
vidence sont démonstratives et sans répli-
<^a«, au lieu que les objections tirées de
1 existence du mal ne sont fondées que sur
des équivoques et des comparaisons lausses.
^ Quand ces objections seraient insolubles,
€*est un inconvénient commun à tous les
STstèmes, soit de religion, soit d'incrédu-
lité; or, il est absurde de rejeter un systè-
me prouvé par des démonstrations directes,
quoique sujet à des difRcultés insolubles,
lour en embrasser un qui n*a point de
i»reuves que ces difficultés même, et dans
lequel on est forcé de dévorer des absurdi-
tés et des contradictions. »
La dernière remarque de Bergier mérite
Qiie aUeotioo particulière, elle est d'une
justesse parfaite et coupe court à toute dis-
cussion ultérieure. Si, pour accepter une
fériléf il fallait attendre qu'elle fût dégagée
de tout nua^e, on ne croirait à rien, pas
méoie à l'existence de ce que l'on voit et de
ce que l'on louche. Le raisonnement con-
iisie à rattacberles vérités particulières aux
principes universels, dont l'invincible na-
ture nous impose la croyance , quoique
noo^ ne puissions les prouver. Nous ne
comprenons rien parfaitement, ou plutôt
nous trouvons des difficultés, des impossi-
bilités partout, jusque dans les choses qui
(iéterminent nos actions de chaque jour.
Sans être bien habile, on aurait pu prouver
a Ba/le Timpossibilité de son existence.
Dont |ïoor eue conséqnent, après avoir re-
jeté la religion à cause de ses obscurités, il
laut nier la nature et la vie à raison de
leurs mystères; ce n'est pas assez d*é(re
sceptiiiue en matière de foi, on doit le de-
venir en toute chose, il faut accepter et su-
bir le scepticisme universel. Ce n'est pas là
que Bayle voulait en venir; mais l'eût-il
voulu, la nature plus forte l'aurait empêché
d'y ^éus^i^; le scepticisme est encore plus
impossible que l'athéisme.
llans tous les siècles, dans tous les pays,
k l'exception d'un petit nombre d'esprits
sin^liers, les hommes ont fait remonter
Torigine du mal à Ja loi de l'épreuve par la
liberté, loi établie par le Créateur dans l'in-
térêt des justes dont il veut couronner les
mérites.
Si cette explication ne nous parait point
parbîtement satisfaisante, cela tient à notre
jjOiorance du plan divin, dont la complète
révélation éclaircira tous les doutes. Jusqu*à
preuve évidente, irrécusable du contraire,
nous devons présumer en faveur de la sa-
iresse et de la bonté de Dieu; dans un cas
semblable , on en agirait ainsi à Tégard
d'un homme prudent et vertueux. Les phi-
losophes ont beau dire, ceci n^est pas un
acte de foi, c'est un acte de raison^ il n'est
pas nécessaire d'être chrétien pour supposer
cju'un Dieu infiniment sage peut trouver
des combinaisons qui passent nos faibles
lumières. Mais rien ne peut forcer la raison
humaine à convenir que le monde s'est fait
et se gouverne tout seul ; rien ne peut vio-
lenter la conscience jusqu'à lui faire pro-
clamer cjue la douleur vaut le plaisir, que
le parricide est digne d'éloges comme la
piété filiale. L'histoire, les mœurs, les lois,
les religions, la vie publique, la vie privée,
tout l'homme enfin rend hommage à la vé-
rité de notre explication, malgré l'intérêt
contraire des passions; nous compterons
tout cela pour rien, si les philoso|»hcs vien-
nent à bout, n'importe comment, de faire
accepter leur système, non par le genre
humain, ce serait trop demander, mais par
un seul peuple. Nous ne craignons pas d'ê-
tre trompés par l'événement; une nation
théoriquement et pratiquement athée, scep-
tique ou panthéiste, est une merveille que
le monde n'a vu ni ne verra jamais.
Ainsi, par les obligations tirées de la
question du mal, le déiste prouve plus con-
tre lui-même que contre le christianisme;
le sceptique, le panthéiste, Talhée ne prou-
vent rien, si ce n'est leur ignorance sur
rexnlieation du mal : donc ils ne sont rece-
vabies ni les uns ni les autres à argumenter
contre la vérité de la religion chrétienne;
tant qu'ils n'emploieront pas d'autres ar
mes, leurs coups ne sauraient nous attein-
dre.
On a été frappé, nous n'en doutons pas,
de l'apparence de force, de clarté, d'évidence
qui éclate dans les raisonnements de Bayle,
par un effet de la merveilleuse habileté de
ce philosophe ; et, quoi que nous ayons pu
dire, on naura point vou u se persuader
qu'une argumentation si vigoureuse ne
prouve absolument riçn, si ce n'est notre
Ignorance. Il en est pourtant ainsi, nous
avons essayé de l'établir par le raisonne-
ment, nous'allons maintenant le démontrer,
en quelque sorte, par les faits.
Si la révélation est un mensonge, Dieu a
laissé le mal envahir le monde sans pren-
dre amune précaution pour prévenir ou di-
minuer ses ravages ; par conséquent, comme
nous lavons déjà dit» les objections de
Bayle prouvent plus contre l'existence de
Dieu que contre la divinité de Jésus-Christ.
Or, ces objections sont connues depuis cent
cinquante ans; elles ont été dès le premier
jour célèbres dans toute l'Europe, le dix-
huitième siècle les a amplifiées et retournées
de mille manières; et pendant ce temps,
par une exception unique, l'Eglise n'a vu
naître dans son sein aucun de ces hommes
extraordinaires, dont la sainteté ou la doc-
trine sont le plus bel ornement d.es di^"''^
MAL
WCTiaXNAlRE APOLOCETîQnE.
■AL
U
rentes épociues de son histoire. Il semble
que la Providence a voulu laisser le champ
fibre à la philosophie,, afin de la convaincre
de mensonge par ses victoires. La révolu-
tion française est venue lui donner Teropire;
qu'en a-t-elle fait? elle s'en est servi pour
proclamer par la bouche de Robespierre
l'existence de Dieu et rimmorlalité de
l'âme. Certes* pour affirmer ce double dogme
et en faire la base de la législation d'un
grand peuple» il fallait avoir une médiocre
confiance aux raisonnements de Bayle» qui
certainement prouvait tout autre chose que
ces rérités.
Quant au christianisme, puisqu'è toute
force on veut tourner contre lui les célèbres
objections, la discussion ne l'a point affai-
bli ; loin d'avoir perdu du terrain depuis
cinquante ans, il en a çagné tous les jours.
Evidemment une réaction a commencé en
faveur de la religion, et elle ne date pas de
quelques années seulement, il faut la faire
remonler à l'époque du concordat et de l'ap*
parition du Génie du Christianisme le plus
Jbeau livre de ce siècle, dont presque tous
les grands hommes ont rendu hommage h la
foi de l'Eglise catholique. Un d'entre eux,
blessé dans son orgueil comme autrefois
Tertullien, est sorti de nos rangs pour pas-
ser à l'ennemi , et sa défection n a pas fait
chanceler ia foi d'un seul de ses amis les
plus dévoués. Le christianisme est encore
plein de vie et de jeunesse, il domine puis-
samment les âmes ; on est obligé de le con-
fesser en voyant ce qu'il a fait depuis un
demi siècle, tandis que la philosopnîe était
décrépite le lendemain de sa naissance,
parce qu'elle ne peut enfanter que le
doute.
Bayle, qui a montré tant de sagacité dans
le choix et ia disposition de ses arguments,
a compris qu'il ne pouvait rien en conclure de
positif, ni en faire sortir aucune affirmation :
« Je suis, disait-il, Jupiter Assemble-Nues.
Mon talent est de former des doutes, mais
ce ne sont pour moi aue des doutes. »
Kousseau, le plus habile dialecticien du
parti philosophique,, pendant le xviu' siè-
cle, na pas été plus ai&rmatif; après avoir
successivement loué et blâmé l Evangile,
« Que faire, dit-il, au milieu de toutca
ces contradictions? Etre toujours modeste et
circonspect, respecter en silence ce qu'on
ne saurait ni rejeter, ni comprendre, et
s'humilier devant le grand Être (]ui seul sait
la vérité. Voilà le scepticisme involontaire
où je suis resté (8). » Les disciples n'ont pas
sans doute une conviction plus ferme que
leurs maîtres,, il est rare qu à la mort ils ne
démentent pas Tincrédulitédont ils s'étaient
parés pendant leur vie. Quel contraste entre
ces incertitudes et la foi inébranlable des
▼rais chrétiens I Les fondateurs de notre
religion sont morts pour rendre hommage à
l'Evangile dont ils étaient les ministres ; on
meurt encore aujourd'hui parmi nous pour
la même cause. Si cette hésitation aune
(8) PTo[et8, de foi du vicaire savoyard..
.part, et cette assurance de Tautre, n'indi-
quent pas clairement où est la vérité,* k
Suels signes pourra-t-on la recqnnaltref
ous sommes mille contre nu, nous semmee
en possession, peut-on nous déposséder
avec des doutes ? Quand on reut chasser un
fils de l'héritage paternel , il ne suffit pas
de le chicaner sur la validité de ses titres, ri
faut lui en présenter d'autres, clairs, précis^
authentiques ; où sont ceux des philoso-
phes 7 Le christianisme possède des preuves
qui ont subjugué le monde, il ne se laissera
point ravir sa conquête pour un peut-Mve
de la philosophie.
Il laut toujours en revenir au même
point, et, sous peine de tomber dans un
scepticisme universel , admettre en principe
qu'une vérité démontrée clairement ne sau-
rait être rendue jproblématique par des ob-
jections, même insolubles, surtout s'il s'a-
Sit d'une révélation divine. L'Etre infini a
es secrets qui passent de bien loin notre
raison; pour les comprendre, il nous fau-
drait un accroissement de lumières, et, pour
ainsi dire, un sens de plus; jusque-là nous
n'y découvrons que des incohérences et des
impossibilités. Cette vérité est rendue seiw
sible par une excellente réflexion que l'on
est étonné de trouver dans Diderot, et qui
me parait ici décisive : « Si un homme qui
n'a vu que .'pendant un jour ou deux, dit
ce philosophe, se trouvait confondu chez
un peuple d'aveugles , il faudrait qu'il prit
le parti de se taire ou de passer pour un
fou : il leur annoncerait tous les jours gueU
que nouveau mystère qui n'en serait un
que pour eux , et aue les esprits forts se
sauraient bon gré de ne pas croire (9). » Di-
derot ajoute : « Les défenseurs de la religion
ne pourraient-ils pas tirer un ^rand parti
d'une incrédulité si opiniâtre, si juste même
à certains égards, et cependant si peu fon-
dée ? » Cette comparaison de l'aveusle a été
employée plusieurs fois, mais nulle part
avec plus de justesse et de bonheur. Elle
complète ce que nous avions à dire pour
démontrer linconséquence des philoso-
phes; plus on la méditera, plus on restera
convaincu qu'elle est péremptoire et qu'elle
résout la question.
Nous pourrions nous arrêter ici , la cause
est jugée. Si nous reprenons une à une les
objections de Bayle, c'est par égard pour
certains esprits à qui l'habitude de regarder
ces difficultés comme insolubles, les a |>eut-
être rendues telles, et qui* pour voir la
vérité, ont besoin que cnaque détail leur
soit montré dans tout son jour. Nous n*avons
point cherché à affaiblir l'impression des
raisonnements de Bayle, en les présentant
par fragments détachés dans les divers
articles à mesure que nous aurions à y
répondre, nous leur avons au contraire
prêté une force plus grande on les groupant
dans un résumé rapide. S'il s'était élevé
quelques doutes dans l'esprit des lecteurs,
nous espérons, avec l'aide de Dieu, les
(9) Pemécs philoiophiqiu*^.
-«•tX»
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETiQUE.
MAL.
SO
dissiper entièrement , pourvu qu'on ait la
patience de nous suivre jusqu'au bout, et
3 ne l'on ne se prononce point sur la valeur
e nos réponses avant d'en avoir vu le dé«
veloppemeot complet. — Voy. Création»
I V. et le mot Libbrté (10).
IIL
Kal, nBtrwBeni de perfecUoD dans l'œuvre dvi Créateur.
- Dan^n évités, source d*étemeUes félicités. ~ Coin-
■tarait de mérite et de gloire des élus consommée
daiBle Verbe étemel. — Problème divin : élever à la
gtoue la bibicsse et la corrupiion. — Sans le mal mo-
ral elpiu^ique, pas de vertu. — Comment nous acqué-
rons des nérîtes. — Réponse âi cette objection : Les
■édunts tnai sacrifiés. — Rôle de Satan dans le plan
dfîa, et avantages de la lutte des deux dtés.
Ponr bien juger du plan divin, il faut
prendre garde de se borner h une vue par-
tielle» mais s'efforcer d'embrasser l'ensem-
ble; car alors les choses se montrent sous
en aspect tout différent.
Le voyageur qui arrive au pied des Alpes
ou d«s Pyrénées 9 reste comme anéanti de-
vant leur masse gigantesque ; le savant, dont
le compas mesure l'orbite des sphères cé-
lestes, compare à peine les plus hautes mon-
tagnes de notre globe aux aspérités d'une
surbcemal polie; la terre, elle-même, lui
parait comme un point dans l'étendue des
cieui.
il en est ainsi dans les grandes affaires :
lesdétâih ne doivent pas èlre vus isolément
ni de trop près ; il faut les considérer dans
le tout, pour en apprécier les rapports et
l'importance. Les lois les plus sages entraî-
nent toujours des inconvénients, source fé-
conde de déclamations qui n'arrêtent point
un gouvernement ferme et éclairé. lEn
voyant une mère en deuil, une veuve déso-
lée, de pauvres enfants orphelins ; aux cris
des blessés , au spectacle du meurtre, du
pillage, de l'incendie, on a de la peine à ne
j^s maudire les auteurs de la guerre ta
plus juste. Peut-être un roi, père de ses peu-
pies, dans la prévision de tant de maux,
cODsent-i] au sacrifice de l'honneur » pour
conserver les avantages de la paix; cepen-
*i^nU on a beau faire, le moment vient oii il
faut tirer l*épée, et où le monarque man-
querait à tous ses devoirs si, dans le des-
sein de prévenir des désastres particuliers,
il compronoettait les intérêts généraux de la
nation.
On comprend cela facilement; mais dès
qull s'a^^it de l'éternité, on ne veut plus rien
entendre : les comparaisons et les raisonne-
ments de Eayle sont pourtant moins con-
cluants contre Dieu que contre un roi et un
général d armée , qui commencent une
çuerre sérieuse où un grand nombre de
leurs soldats vont être exposés à une mort
inévitable. Dans l'empire du Suprême mo-
narque, tout homme possède des moyens
5uratK)ndants de salut : nul ne périt que
par sa faute; en est-il de même d'une armée
(10) Mous cooaeillons ae lecteur qoi veut embras-
i«r loQle réceadoe de la auestion du mal at se ren-
4re bien comple des •olunons qa*on oppose aux dif-
icvllés, de ne pas passer à ce qui suit avant d*avoir
3ue ses chefs mènent h la boucherie? Sans
ou te. Dieu a prévu le malheur des réprou-
vés ; nous ne le contestons pas, nous oisons
qu'il a eu des raisons invincibles pour pas-
ser outre, et ces raisons, on n'a pas le droit
de nous les demander; la bonté, la sainteté,
la Sagesse de Dieu témoignent assez de leur
existence aussi bien que de leur force. Ce-
f)endant, en expliquant les avantages de la
iberlé, nous en avons fait connaître qui
sont, certes, bien suffisantes pour justihcr
la permission du mal. Nous voulons main-
tenant aller plus loin et prouver que le
mal lui-même devient, entre les mains de la
sagesse infinie, Tinslrument de la plus haute
perfection de son ouvrage.
Les conséquences de cette proposition
pourront paraître extraordinaires ; il s'en-
suit, en effet, que les inconvénients de la
liberté sont, en quelque sorte, plus utiles
que ses avantages mêmes; qu'un monde, où
il y a du mal, peut devenir et devient réelle-
ment par ce mal, ou à l'occasion de cernai,
supérieur à tout autre monde où le bien
seul aurait trouvé place. Cela semble bien
absurde è soutenir, et cependant cela est
certain : Dieu a plus fait que nous n'aurions
f)en$é à lui demander. Lorsqu'un général a
disse un grand nombre de morts sur le
champ de bataille, il suffit pour sa justifica-
tion qu'il ait eu de graves motifs de marcher
à l'ennemi ; on ne s'avise pas de lui de-
mander en quoi peuvent être utiles à la
chose publique les cadavres qui sont restés
couches dans la poussière ; on sait trop que
la perte des soldats aguerris est toujours un
malheur pour la patrie. Mais Dieu, dans cette
lamentable guerre du mal contre le bien, a
fait servir le crime et le châtiment des cou-
pables à la sanctification et à la béatitude
dos prédestinés. Le sculpteur laisse rouler
dans la poussière les vils débris que son ci-t
seau détache du bloc de marbre d'où il veut
faire sortir un chef-d'œuvre; Dieu n'a riea
négligé : il a su profiter de tout; et comme
sa sagesse aime a se jo'.ier des difficultés, il
a donné pour fondement à l'exécution de
ses desseins* ce qui aurait été le désespoir
de toute autre science que la sienne.
Le malheur des réprouvés est horrible, et
nous ne pouvons l'éviter que par des pré-
cautions infinies. Environnés de toutes parts
d'ennemis puissants, implacables» nous de-«
vons craindre jusqu'au dernier moment de
tomber dans leurs cruelles mains. Nos pé-
rils sont plus pressants que ceux de cette
reine infortunée dont Bossuet nous peint la
fuite à travers l'Océan, d'une manière si
pathétique (11) : « Elle partit des porU
d'Angleterre à la vue des vaisseaux des re-^
belles , qui la poursuivaient de si près
qu'elle entendait presque leurs cris et leurs
menaces insolentes. Chassée, poursuivie
par ses ennemis implacables, qui avaient ew
lu les deux articles auxquels nous venons de lec:*
voyer.
(11) Oraiion funèbre de ta rtiw
«
BiAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
Taudace de lui faire son procès, fanlôt sau-
Tée» tantôt presque prise, changeant de for-
tune à ch«ique quarl-d'heure, n'ayant pour
elle que Dieu et son courage inébranlable,
elle n'avait ni assez de vent ni assez de voi-*
les pour favoriser sa fuite précipitée. Mais
enfln elle arriva à Brest, où après tant de
maux il lui fut permis de respirer un
peu. »
Le cbétien fidèle, en abordant au rivage
de l'éternité, après des dangers tout autre-
ment terribles, éprouve encore un sort bien
plus heureux. A travers les écueils, les
tempêtes, ajranl sous lui, non l'Océan mais
l'enfer, oti il pouvait tomber à chaque in-
stant, exposé qu'il était aux atteintes d'une
nuée d'ennemis qui n'ont cessé de l'attaquer
de toutes parts pendant sa périlleuse course,
il vient enfin d entrer dans le port. Jusque-
là, il n'avait pas connu l'étendue de ses dan-
gers ; il frémit lorsque, regardant en ar-
rière, il voit combien de fois et dans quels
épouvantables malheurs il a failli être en-
traîné ; sa destinée ne tenait h rien, il a vu
périr un grand nombre de ses compagnons
de voyage, en api^arence moins exposés aux
coups de l'ennemi. Non, rien ne ressemble
à ce qu'éprouvera alors l'âme prédestinée ;
on n'en trouverait qu'une faible image dans
l'homme qui se réveille d'un songe affreux
où il s'est vu sous le poignard des brigands
ou entre les ^iffes d'une béte féroce, et
dont les premiers regards rencontrent sa
ioyeuse famille, rassemblée autour de son
lit pour le féliciter d'un succès inespéré
qui l'enrichit et le comble de gloire. L'heu-
reux vainqueur vient d'échapper pour
jamais à la poursuite de ses ennemis ; il
entend encore, pour ainsi dire, leurs [cris
de race, de se voir arracher une proie 'sur
laquelle ils avaient compté, et maintenant il
va être associé à la gloire divine et entrer
en possession du royaume éternel. Il est
reçu dans une assemblée de rois et de dieux
au bruit des applaudissements de tous ses
frères, qui l'appelaient de leurs vœux, l'ai-
daient de leurs suffrages, lui ont obtenu des
secours victorieux dans les moments les plus
désespérés. Il retrouve au milieu d'eux les
amis oui avaient accepté de l'Eglise de la
terre la mission de plaider sa cause, de dé-
fendre ses intérêts dans l'Eglise du ciel; il
y voit son gardien fidèle, son protecteur de
tous les jours , auquel il pourrait dire com-
me le jeune Tobie et avec plus de raison :
Azariaê mon frire^ quand je me donnerais à
vous pour être votre esclave^ je ne saurais re-
connaHre ce que vous avez fait pour mor(12).
Que dirais-je ? de tous les membres de
cotte auguste et innombrable assemblée, il
n'en est aucun auc|uel il ne doive de la re-
connaissance. Mais par quels hommages
pieux, par quelle vive tendresse s'acquitle-
ra-t-il envers la mère chérie des élus? Tous
les habitants du ciel, entrant dans ses senti-
ments, unissimt leur voix à la sienne, pour
remercier la douce avocate des uécheursjde
(1^) Totf. IX.
la miséricorde qu'elle a obtenue è ce nou-
veau compagnon de leur gloire. Quefle so-
ciété ! Si le bonheur se compose d'amour,
de souvenirs, de reconnaissance réciproque,
du contraste des dangers cassés et de la
sécurité présente, des humiliations évitées
et de la gloire conquise, l'éternité sera-t-
eJle assez lonsue pour goûter cette félicité?
Dieu a voulu que les prédestinés fussent
redevables les uns aux autres, afin de ci-
menter l'union c>3s cœurs. C'est pourquoi
la chaîne des services rendus et reçus com-
mence au plus sublime des séraphins, et
descend jusqu'au dernier des hommes. Cha-
cun d'eux a déposé sa part dans un trésor
devenu ensuite la propriété de tous ; chacun
a fait sa guerre particulière ; mais ces com-
-bats individuels ne restent pas isolés, ils se
rattachent aux différentes scènes de la
grande lutte qui dure depuis la création
des anges et se terminera au lugement.
Tous les élus ont combattu dans les mêmes
rangs et sous le même drapeau ; ils se sont
f>rêté main-forte au milieu des hasards de
a mêlée ; ils ont commencé à se connaître ,
et leur amitié s'est formée, pour ainsi dire,
sous le feu do l'ennemi. D'ailleurs, le fruit
de la victoire générale se composera - dé
toutes les conquêtes particulières , et cha-
cun des bienheureux jouira des travaux de
tous ses frères. Mais nous n'avons rien dit
encore : l'unité des élus se consomme d'une
manière plus haute et plus admirable. La
bataille était perdue, la gloire de Dieu, la
destinée des élus compromise , alors le
Verbe éternel s'est fait chair, afin de pren-
dre part au combat etde rétablir nos affaires
en payant de sa personne. Par l'effusion de
son sang, le Fils de Dieu en nous sauvant
d'une ruine inévitable, nous a frayé la voie
vers la félicité infinie, à laquelle, sans lui,
il nous était interdit de prétendre. Les
paroles sont ici superflues ; si l'amour et la
reconnaissance se mesurent sur les bien-
faits, on n'a pas besoin d'un plus long dis-
cours pour Juger des sentiments des élus
pour leur divin Rédempteur. Dès ce monde
de ténèbres, les saints se sentent ravis hors
d'eux-mêmes è la pensée de la charité do
Jésus-Christ pour les hommes ; ils donne-
raient mille fois leur vie pour lui rendre
§Ioire ; peut-on s'étonner de leurs transports
ans le séjour de l'éternelle lumière ?
A cette clarté divine, les bienheureux
voyant la corruption de la nature humaine,
la multitude de leurs iniquités, l'abus de
tant de grAces dont'ils se sont rendus cou-
pables, admireront éternellement les conseils
profonds qui ont assuré leur salut. Adopter un
orphelin abandonné, développer ses heu-
reuses qualités par l'éducation la plus atten-
tive et la plus tendre, récompenser sa vertu
en lui assurant l'héritage d'une grande for-
tune, c'est une conduite admirable, mais
qui n'est peut-être pas sans exemple parmi
les hommes. Si Dieu n'avait pas fait davan-
tage, c*cût été un faible aliment à une re-
WJ.
E»CTK)NNA1RE APOLOGETIQUE.
MAL
M
coQnaissancey k une admiraiion qui doivent
durer élernellementy toujours nouvelles,
toujours également vives. Son plan a été
I^us digne de lui. Dans le dessein de ras-
sembler autour de son trône, une famille
destinée i partager sà gloire, au lieu de
chotsir des êtres exempts de passions déré-
glées, il a donné la préférence à des créatu-
res bibles» corrompues, dont la plupart ont
mille fois pa jé ses' bienfaits d*irigratitud'e,
et Biérité un opprobre éternel |)ar leurs
crimes multipliés. Le problème était d'une
difficulté effrayante ; car Dieu voulait non-
seulement épargner ces malheureux en
leur faisant grAce du châtiment, mais leur
rendre Tfaonneur, .non-seulement les rece-
voir dans rassemblée des saints, dans son
intimité étemelle, mais les faire dignes de
eetle gloire, de manière qu'ils niaient point
à rougir dans une telle société, qu'ils puis-
sent soutenir les regards de Dieu et de ses
&QS ; non-seulement leur donner un trAne,
une oouronne, un royaume, éternel, mais
leur donner tout cela a titre de récompense.
Voilà ce que Dieu a fait; le mal semblait
unobstacle inyincible à ses desseins, il s'est
servi do mal pour les accomplir.
L'exercice des vertus les plus héroïques
suppose \e léché d'où elles tirent leur prin-
àpale perfection : pardonner les injures ,
prier pour ses persécuteurs, dire du bien
ce ses calomniateurs, en faire à ses ennemis,
esl-if possible dans les uns sans le péché
dans les autres? Est-ce la même chose de
croire au milieu de ceux qui croient, et {le
rester ferme dans la foi en face des héré-
tàqaeSf des infidèles, des comtempteurs de
toute religion ? Est-il égal d'espérer en Dieu«
lorsqu'on est assuré oe son salut, et de se
confier en sa bonté, lorsqu'on sent sa propre
fidblesse et qu'on se voit environné de
scandales? Peut-on comparer le mérite delà
charité dans un cœur indifférent à tous les
oigets créés et dans une âme en proie à tou-
tes les passions? Quelle force ne faut-il pas
]onr lutter jusqu'à la lin contre le démon,
contre le monde, contre soi-même? Ces ob-
servations sont applicables au mal physi-
que. Sans la douleur, où serait la patience?
Sans les misères de la vie, que deviendrait
Taufflône qui peut se faire de tant de ma-
nières? Où trouver les dévouements héroï-
ques de la charité, dont les exemples sont
si fréquents dans le christianisme ?
Parcourez les différents ordres des saints
les plus élevés dans la gloire, vous verrez
qae lenrs plus beaux titres supposent tou-
jours Texistence du maL Point d'apd-
ires sans infidélité, point de martyrs sans
persécutions, point de docteurs sans héré-
sie.Le ministère sacré serait inutile sans les
vices des hommes, la virginité n'est glo-
rieuse qu*k cause de la fragilité et de la dé-
pravation de notre nature. Que dis- je?
Pour accomplir la merveille des merveilles,
c'est'à-d ire la rédemption. Dieu s'est servi
de rin^ratîtude des Juifs, de la jalousie des
pharisiens, de J'avarice de Judas, de la 1<1-
cbetédc Pilale; et je ne dis uas tout. Com-
bien de crimes étaient nécessaires pour
faire mourir Jésus-Christ? Que l'on pense
maintenant de quel œil Dieu/loit regarder
ces nobles Ames qui abandonnent tout pour
se dévouer au service de sa sainte cause,
qui souffrent la pauvreté, l'opprobre, la per-
sécution pour la gloire de son nom, qui
s'efforcent pour l'amour de lui, de [soulager
toutes les misères, de détruire toutes les
erreurs, de changer le vice en vertu, de
subjuguer les cœurs rebeltes par Tascendant
de fa religion, de faire enfin ae ces^our de
l'iniguité celui de la piété et de Injustice?
L'existence du mal est un scandale pour les
faibles, pour les impies un sujet de blasphè-
mes contre la providence, le plus plausible
des arguments de l'athéisme ; Dieu re^arde-
t-il donc*comme rien de tels inconvénients?
Non sans doute, ils sont incomparablement
plus graves à ses yeux qu'aux nôtres: mais
il a voulu laisser aux justes le soin et la
gloire de les combattre, afin d'avoir à les
en récompenser un jour.
^ Voilà le grand mystère de la sagesse de
Dieu et de son amour pour les hommes ; lui
de qui viennent tous les dons, de qui nous
avons tout reçu, a trouvé le secret de rece-
voir quelque chose de nous, afindos'acquit-
, ter comme il convient à un tel débiteur.
Dans un monde où tout serait bien, Dieu
> n'aurait rien laissé h faire au juste; dans le
f" nôtre il l'a associé à sa providence pour
'' nourrir les pauvres, consoler les affligés,
instruire les ignorants, ramener les vicieux
y à la vertu ; il l'a fait pa providence visible
^ de tous'les malheureux, le médecin de tous
les mauxducorps etde l'Ame. Il semble que
Dieu, abdiquant son pouvoir, l'ait remis
entre les mains de l'homme, comme autre-
fois ce roi d'Egypte qui renvoyait au sage
Joseph ses sujets affamés. Jésus-Christ lui,
n'a fait çiue paraître sur la terre, comme s'il
eût craint de nous ôler les occasions de
mérite, il s'est à peu près borné à instruire
ses disciples, leur disant à l'oreille ce qu'ils
devaient publier sur les toits, et leur lais-
sant tout le travail de la fondation et de la
conservation de l'Eglise. Disons toute la
vérité; Jésus-Christ, en sa aualité de chef,
est pour tout le corps des élus le principe
de la vie surnaturelle; mais il ne fait rien
par lui-même, jusqiie dans les occasions les
plus importantes. Partout il se sert des an-
Ses et des hommes, comme de ses bras et
e ses mains. Ainsi, lorsque saint Paul fut
terrassé sur le chemin de Damas, c'est Jésus
en personne qui fit entendre sa voix au
persécuteur; mais celui-ri ayant demandé
ce que le Seigneur voulait de lui, il fut
renvoyé à un disciple inconnu jusque-lk, et
dont la plus grande gloire est d'avoir été le
Eremier maître d'un tel disciple. Que dis-je?
a prière du martyr Etienne avait déjà ob-
tenu la conversion de Paul, et il semble
qu'avant d'appeler celui qui devait travail-
ler ^plus que tous les autres, Dieu ^vait
voulu faire payera son Eglise le prix do
cette illustre conquête.
Peut-être se trouye-il en ce moment^
S!
MAL
DlGTIOiNNAlRE APOLOGETIQUE.
MAL
dans les rangs de nos adversaires » quelque
Paul inconnu , destiné à devenir un jour le
plus glorieux athlète do la foi; nous ne
sommes pas des Etienne « mais nous pou-
vons tous prier le Seigneur d'avancer Fheure
de son élu et de multiplier les fruits de son
zèle. C'est une grande consolation pour les
tirtèles de penser qu'ils peuvent ainsi avoir
une bonne part aux succès des héros de la
religion. Kn deux prédications, saint Pierre
convertit huit mille personnes; je«ne doute
pas que les prières de Marie n'aient plus
fmissamment contribué à ce prodige que
'éloquence du chef des apAtres. Il en est
encore ainsi ; celui à qui la renommée at-
tribue la gloire d'un succès, n'en a pas tou-
jours le principal mérite devant Dieu.
Une difficulté se présente ici. Nous ap-
partenons à Dieu, comment pouvons-nous
acquérir des mérites en le servant. Quel est
celui d'entre vouê^ dit Jésus-Christ, qui^
ayant un serviteur occupé à labourer ou à
paître les troupeaux , lui dise , aussitôt qu'il
est revenu des champs : Allez vous mettre à
table ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : Préparez*
moi à souper , ceignez-vous^ et me servez jus-
qu'à ce que faie bu et mangé; après cela vous
mangerez et vous boirez vous-même. Sera^t-il
reconnaissant envers ce serviteur , pour avoir
fait ce qu'il lui avait commande? je ne le
pense pas. Dites donc^ lorsque vous aurez fait
tout ce qui vous est commandé: Nous sommes
des serviteurs inutiles ^ nous avons fait ce
que nous devions faire (13). Assurément, il
est dans Tordre que le serviteur ne s'enfle
point d'orgueil pour avoir rempli sa tAche,
c'est la maxime que le Seigneur vou-
lait établir, et, certes, elle est d'une im-
portance extrême; le plus sûr moyen d'ac-
quérir des mérites et de les conserver,
c'est d'ignorer qu'on en a; il ne faut pas
3ue la main gauche sache ce que fait la
roite (!/»). Loin donc de nier les mérites
des justes, Jésus-Christ leur apprend à ne
pas s'en laisser dépouiller par l'orgueil ;
jusque dans le passage cité plus haut , il
nous enseigne au moins implicitement le
droit du serviteur à utie certaine rémuné-
ration , puisque sans parler du reste, il
nous le fait voir logé et nourri dans la mai-
son de son maître. Voici en deux mots le
plan de Dieu : La récompense éternelle sera
duc tout entière à sa bonté, et tout entière
aussi elle aura les mérites des justes pour
fondement. L'Eglise semble le reconnaître
lorsqu'elle dit : a En couronnant leurs mé-
rites , vous couronnerez vos propres dons
(15). » De cette manière , Dieu se glorifiera
dans ses saints , les saints se glorifieront
en Dieu , et leur union éternelle aura pour
lien l'amour réciproque le plus tendre, le
plus véhément, le plus délicat et le plus
familier, s'il est permis de le dire, le plus
parfait enfin, sous tous les rapports imagi-
nables. C'est par là seulement que le ciel
est la récompense suprême.
On conçoit facilement que nous devons
tout à Dieu; il est plus malaisé, mais non
impossible de s'expliquer comment Dieu
nous doit quelque cnose. Sans doute, avant
d'exister, nous ne possédions aucun droit
à la vie, pi à rien de ce qui en fait le prix,
mais une fois tirés du néant , nous avons
celui d'être traités équitablement : en d'au-
tres termes , l'action de Dieu comme créa-
teur est souverainement libre , mais comme
législateur et comme juge , il est dominé
I)ar la nature des choses. Il peut laisser dans
e néant l'impie et Thorome de bien ; dès
(]u*il leur a donné l'existence, il lui devient
impossible de ne pas détester l'iniquité do
l'un , de ne pas aimer la vertu de l'autre.
D'un autre côté, en nous créant intelligents
et libres , Dieu a imprimé dans notre Ame
un besoin irrésistibl'e de bonheur; d'après
l'opinion commune, la perte dé ce bonheur
sera le plus grand tourment de l'enfer ; se-
rait-il juste de nous en priver , si nous
remplissons les conditions qui peuvent rai-
sonnablement être mises à l'accomplisse-
ment de notre destinée ^ Nous .avons faim
et soif de la justice et de la vérité ; pourvu
que nous ne nous rendions pas indignes,
par notre faute , d'être un jour rassasiés ,
en nous donnant ces aspirjitions sublimes.
Dieu semble avoir accepté 1 obligation de les
satisfaire. Certes, si la bête de somme pou-
vait avoir des droits , elle aurait celui de
recevoir sa pAture après le travail de la
journée. Dieu a disposé les choses[de telle
sorte qu il a besoin de l'homme pour justi-
fier et, en quelque sorte, pour remplacer
sa providence par la guerre contre le mal,
dont l'existence semble accuser la sagesse
de son gouvernement; ministère sublime <
qui nous fait ici-bas les lieutenants de no-
tre Dieu et nous permet de lui rendre les
services les plus directs, les plus personnels
qu'il puisse recevoir I Ce n'est pas tout : les
grAces de Dieu nous sont données avec des
charges terribles; chacune d'elles peut de-
venir pour nous l'occasion du plus affreux,
du plus irréparable des malheurs. Une seule
faute, hélas I trop facile à commettre, peut
noUs précipiter dans les flammes éternelles.
Serait-il convenable qu'une vie tout entière
de vertus valût au plus juste des hommes,
pour toute récompense, l'exemption du
supplice? Que dis-je? N'est-ce pas un sup-
flice, et le plus grand de tous, d'être privés
jamais du bien souverain pour lequel nous
sommes crées ? Oui, s'il y a un enfer pour
punir untt faiblesse d'un moment, if est
juste qu'il y ait un ciel pour récompenser
une inviolable fidélité à la loi de Dieu.
Ces considérations sont applicables [aux
anges. Nous savons que ces bienheureux
esprits ont passé par une épreuve très-sé-
rieuse, puisque quelques-uns des plus
grands d entre eux sont tombés. C'en est
assez }>our nous faire entrevoir comment
se sont formés leurs mérites.
M3) Luc. xvu.
{U) Matth. vif,v. 3.
(15) Liturgie.
UAL
Ccncloons que le plan où est comprise
la permission du mal est plus parfait que
celoi qui ne la renferme pas. S'ii en est
•iasi, quel reproche peut*on faire à la
ProTidence T
Us méchants, dit-on, sont sacrifiés. Eh I
n on Dieu, ils le sont bien tous Jes jours
dans la société civile. Ce n'est pas pourries
faforiser oue nos législateurs ont rédigé Je
Code pénal. On Toit d'ailleurs à chaque pas,
dans le monde, des choses bien plus exlra-
oniinaires, contre lesquelles on ne songe
pas à rédanier. Qu*un homme se jette dans
Tcao OQ dans le feu, qu'il se précipite du
b«Qt d'on arbre ou d'une maison, personne
ne sooge à exiger de la Providence qu'elle
tasse on miracle pour sauver la vie de ce
malbeoreux, quelquefois père d'une nom-
breuse bmille dont il était Tunique soutien;
quelquefois, chose bien plus déplorable,
dans on état de conscience où la justice di^
vine doit le condamner. Quoi I les lois de la
vite matière sont-elles si sacrées que leur
maintien doive être préféré à la vie d*un
homme et à ses intérêts les plus sérieux 1
Et il ne serait pas permis k Dieu de conser-
veries lois étemelles de la morale aux dé-
pens de quelques coupables endurcis 1 O
philosophesaveugles et inconséquents I Com-
ment oevoient-iis pas que la Providence est
milktoisptus attentive pour l'âme que pour
Je eorp$?j5i vous osez une seule fois déiier
ià force terrible des éléments destructeurs,
vous serez broyé , vous serez anéanti du
premier coup ; mais après les longues er-
revs d'une vie de crimes, revenez au Sei-
gneur, demandez-lui grâce avec un cœur
umAé de repentir, et vous ^sentirez l'effet
de sa miséricorde infinie.
Peat-étre pensera -t-on que le christia-
nisme raJbaisse lajmegeslé de Dieu en nous
le Bontranl engagé dans une guerre en
qoelqoe aorte personnelle avec le démon,
et forcé d'acheter la victoire par la mort
liorrible de son Fils. Hais il faut bien com-
prendre qo*aveG la liberté cette lutte est iné-
vitable, et Iqu^il est plus glorieux à Dieu de
conduire i ses fins des intelligences libres
qoe de régner sur des volontés esclaves.
C'est le miracle journalier de la Providence,
et nous ne l'admirons pas assez, d'accom-
plir ses desseins par le concours d'une
maJtitade de volontés libres, qui toutes,
croyant obéir et obéissant en effet à leurs
iotértts^ à leurs pensées, à leurs projets
nrticaliers. Tiennent cependant se ranger à
«eor place et exécutent leur part de l'œuvre
commune, comme à un mot d'ordre docile-
ment reçu. Les ennemis de Dieu surtout,
voulant comtiattre ses décrets, les favori-
sent ec serrent quelquefois plus que les
tins même i leur accomplissement. C'est ce
qui est arrivé à Lucifer. — Voij. Asxao-
DÏCTiONMAIUE APOLOGETIQUE. MAL %i
et s'épier à Dieu. Un tel outrage ne pouvait
être effacé ni par la punition du coupable.
Cet esprit superbe était placé au premier
rang parmi les intelligences célestes. Enivré
ce Min euellencei il voulut monter encore
iïê) 6^. m, 5.
ni parles hommaçes des anges restés fidè-
les. L'offense était, en un sens, d'une gra<-
vile infinie à cause de la grandeur de rof-
fensé ; mais cette mémo grandeur le plaçait
trop ad-dessus de Tinjure pour qu'il dût se
mettre en peine de la réparalion. Il laisse à
la fureur aveugle de 50n ennemi le soin
d'en faire naître une occasion favorable.
Chassé du ciel, d'où il emporte dans son
cœur un implacable désir de se venger et
de Dieu, et des anges, et de toutes les créa-
tures, Salan rencontre sur la terre rborame
encore innocent. A Tinstant il se précipite
sur cette proie, comme la béte féroce sur
Tappût qui (îache la pointe meurtriè.-e.
L'homme tombe, mais sa chute devient la
cause d'une révolution admirable et inat-
tendue. Le ciel et la terre sont dans le deuil ;
s'ils connaissaient le secret divin ils répé-
teraient àTenvi : Heureuse faute I heureuse
faute 1 Un cri de victoire, courant de monde
en monde, se prolongerait jusqu'aux extrê-
mes limites de la création : L'incarnation du
Verbe vient d'être résolue.
Voilà où aboutit l'orgueil frénétique de
Lucifer; il ne sera pas plus heureux dans
ses autres tentatives, tous lès crimes qu'il
inspirera contribueront à la gloire de Dieu
et de ses élus. Non-seulement la victoire
reste toujours en définitive à la sagesse su-
prême, mais elle est rendue plus décisive,
plus glorieuse, plus complète par la haine
persévérante du démon, comme si la Provi-
dence avait tenu à honneur de triompher en
se donnant son ennemi pour principal auxi-
liaire, comme si la meilleure partie de son
plan devait se composer des efforts tentés
i»our en entraver l'exécution.
11 y a dans ce plan je ne sais quelle iro-
nie divine qu'il est impossible de ne pas
remarquer ; on y voit une sagesse supérieure
qui se joue d'une aveugle fureur, la me-
nant par ses propres emportements où elle
ne veut point aller. Nous pourrions en citer
des exemples par milliers. Bornons-nous h
une seule. Le démon dit à l'homme: Vom
serez comme des dieux (16), et c'est en effet
pour nous rendre des dieux que le Seigneur
permet le succès de la tenialion. Mais ce
neai pas un vain spectacle qu'il donne à ses
élus, quoiuue, selon saint Augustin (17), on
puisse appliquer au démon cette parole du
j»saliniste: a Le dragon que vous avez formé
pour faire un jouet. » Les conseils divins
sont sérieux jusque dans les choses qui le
sont le moins ; le Seigneur se joue des mé-
chants, mais c'est en les faisant servir mal-
gré eux et p:.r les inventions de leur plus
noire malice, à la glorification des prédes-<
tinés.
Dieu est le grand artiste ; il a voulu fair*;
une œuvre éternellement di^^ne de l'admi*
ration, de la reconnaissance de ses bien-
aimés, et, pour dire encore plus, digne de
lui-même. II fallait que son ouvrage fût
(17) CitéHi Dûtt, lÎY. n, ch. 15.
15 MAL
également étonnant par le fond, la forme et
les mofens ; simple et profond, un et di-
Ten: esqnression visible et saisissante des
attribats divins» répondant à tous les ins-
tincts de rame, à tous les rêves de l'ima-
gination, à toutes les pensées deTesprit, à
tous les sentiments du cœur de Tbomme.
Pour faire toulcela, il lui a suffi de la li-
berté.
Tel est le principe de la perfection de
notre monde, mais c*est à condition que
cette flère liberté sera continuellement te-
nue en haleine par le travail, la soufl'raiice
ou le danger. La paix, la sécurité, amollis-
sent rame ; Tattaquc et la résistance dou-
blent son énergie, mettent en exercice tou-
tes ses facultés. L*êlre libre se perfec-
tionne par le travail et la lutte ; il se corrompt
dans Toisiveté et le repos. C'est ainsi (^e
sous un ciel rigoureux, dans un pays de
torrents et de monlagneSi se forment d*ln-
domptables courages ; tandis aue dans les
climats plus doux, au milieu de Vabondauce,
iïes délices d'une nature riche et féconde,
les Ames s*énervcnt avec les corps, on Ta
vu dans tous les temps. Les tiers Canta-
bres, aussi rudes, aussi âpres que leur pays,
se soumirent les derniers à la puissance ro-
maine, et ne subirent point le joug des Ara-
bes ; les Indiens sont toujours devenus la
proie du premier conquérant qui a voulu
se donner la facile gloire de les subju-
guer.
Si le monde de la lutte est par excellence
le théâtre de la vertu, il est aussi celui des
surprises, des émotions, de la joie vive, du
bonheur enivrant» parce qu'il se compose
d'oppositions et de contrastes, sans lesc[ucls
les étrei appartenant à l'ordre relatif, loin de
jouir de leurs avantages, ne seraient pas
même capables de les apprécier, faute de
terme de comparaison. Le mal est comme
les ombres dans un tableau, il fait ressortir
les objets qui resteraient aplatis sur la toile,
il leur donne du corps. Sans la liberté et ses
conséquences, les panthéistes auraient beau
jeu pour attaquer la [iersonnalité humaine,
représenter toutes les existences comme de
simples phénomènes, la création entière
comme un rêve divin ; c'est alors qu'ils nous
montreraient avec assurance les vies parti-
cutières apparaissant un moment à la sur-
face de l'être, pour aller se perdre l'instant
d'après et dormir d'un sommeil éternel dans
les profondeurs de l'absolu. La liberté, la
responsabilité, m'assurentde moi-même; la
lutte contre le mal, les ell'orts qu'elle m'a
coûtés, les blessures même que j'y ai re-
çues, les incalculables conséquences de la
défaite me garantissent les fruits de la |vic-
toire, et établissent mes droits à la récom-
pense. Le don de la vie est accompagné
d'assez de dangers, grevé de charges assez
lourdes, pour qu'un bon usage de ma ra-
pide existence, puisse justement me donner
des titres à une rémunération sans tin, pour
que le souvenir de mon passage sur la terre
et la vue des malheurs qui pouvaient en être
la suite, fassent couler jusqu'au fond «le
DICtlONNAmE APOLOGETIQUE. MAL 3«
mon âme, et pendant les siècles des siècles,
la joie toujours nouvelle d'avoir échappé à
une destinée horrible, pour entrer dans le
règne de l'immuable félicité. Ah I puissé-je
arriver à ce terme heureux, quand ce de-
vrait être par les opprobres, les persécutions,
les calomnies, les tortures du corps et de
l'âmelSije me plains, j'aurai tort, car ce
sera encore avoir le ciel pour rien.
La lutte des deux cités, dont l'une a pour
chef Satan et l'autre Jésus-Christ, est le
triomphe de la sagesse divine. Si Bavie se
scandalise, si le manichéen conclut Pexis-
tence de deux [)rincipes indépendants, c'est
que ni Tun ni l'autre n'ont assez réfléchi
sur le but de la Providence et les moyens
de son gouvernement; avec plus d'atten-
tion, ils auraient vu que le mal est un ins^
trument dontDieu se sert à sa volonté, eC
pour des tins toujours dignes de lui. Il ex-
iste un poëme dont Satan est le héros ;c*est
une idée fausse, l'auteur s'est mépris gros»
sièrement, et notre sage critique a eu rai-
son de réprouver ces fictions insensées où
l'on nous montre l'esprit infernal balan^nt
la victoire avec Dieu même. Si les siècles à
venir voient naître un homme réunissant
les génies divers d'Homère, de Platon, de
Bossuet et plus grand qu'eux tous, celui-là
chantera l'épopée divine, la guerre contre
le mal, Satan vaincu et couvert d'une honte
éternelle (lar son triomphe. C'est le plus su-
blime spectacle qui puisse être présenté à
l'admiration du genre humain ; C'est celui
que Dieu, dans son jugement, donnera aux
générations assemblées, pour la gloire de
son nom. Jusque-là, afin d'assurer le mé-
rite de notre foi, le secret divin reste voilé à
demi ; mais nous en savons assez pour être,
dès ce monde, ravis hors de nous-mêmes
par la contemplation des profonds conseils
de la Providence sur les fanges de ténè-
bres.
§IV.
Examen de celle question : Dieu a-Uil le droil de don-
ner à son ouvrage une perfecUon impossible S4iis
Texislecce du mal et le cbâliment élernei du coupable?
— Monde sans la liberté. — Monde avec une liberiû
impeccable. — Monde avec la liberté du mal préféra-
ble k tout autre. — Amour, lien de la société des élus
par J.-C. — Mérites de J.-€., donnent k la création une
dignité inOnie. — L'incarnation du Fils de Dieu au-
rait-elle eu lieu si l'homme n*était pas tombé? Cposidé-
ration sur ce mystère. — Satan, vaincu par l'incama-
tion. — Réponses à quelques objecUons.
La sagesse de Dieu n'est nulle part en
défaut, elle doit l'être moins qu'ailleurs
dans la constitution et le gouvernement d'un
monde dont les habitants sont responsa-
bles ; celui qui est la suprême raison n'avait
garde d'en manquer dans la disposition d'un
ordre de choses, où une seule imperlection,
mettant en péril les intérêts éternels de toutes
les intelligences, aurait à peine trouvé grâce
devant les heureux, loin de l'obtenir des
infortunés. Le malheur rend injuste, celui
des réprouvés surtout semble ne devoir
laisser aucune place à l'étiuitc et à la raison;
c'était assez pour que Dieu, en permettant
le mal, s'ap[)iiquàt à ne pas donner de pri^e
>>l
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
S8
à la haine de ses ennemis. Mais des vues
plosbaoteSy plusdiguesde lui ont déterminé
sa Providence. Le ma) répugne à sa nature,
sa miséricorde et sa sainteté Fabhorrcnt ; sa
justice s*en indigne; il faut donc qu'il ait
fa des moti£s d'une gravité extraordinaire
luur en tolérer Texistence, et Ton ne doit
l>as $*étonner de lire dans nos livres saints
'pje les hérésies (18) et les scandales (19)
>onl nécessaires. Cette vérité mérite d*ôtre
bien comprise, et il importe de la mettre
Oans tout son jour.
Punr être dans le vrai, nous ne devons
pas nous borner à considérer le mal comme
une abstraction, il faut le personnifier dans
les démons et les réprouvés; dès lors la
première question qui se présente est celle*
ci : Dieu a-t-il le droit de donner à son
ouTrage une perfection impossible sans les
cr'uoes et le châtiment éternel d*nn grand
nombre de ses «Téatures ? Nous Tadirmons
sans balancer, il {nous suffira pour le dé-*
montrer de présenter la suite des idées di-
vines dans leur ordre logique.
ATant la création, Dieu était seul et ne
devait rien qu'à lui-même. Il voyait dans sa
pensée une infinité de mondes possibles :
inondesmatériels, mondes spirituels, mondes
coinpesis d*esprits et de corps, mondes
échelonnés, pour ainsi dire, depuis le plus
bas û^ré de Tétre jusqu*au sommet de la
j)erfectioQ. Ce qui n*est pas ne saurait avoir
de droit à rexistence,^et Dieu n'avait aucun
l)e5oio de réaliser au-dehors ce qu'il possé-
dait déjà éminemment en lui-même ; il était
donc absolument libre non-seulement de
rmr ou de ne pas créer, mais de choisir
^uiTt tant de mondes différents, sans autre
rai^OB que sa Toionlé, pour déterminer son
choix. Il pouvait préférer un monde qui
n'aurait renfermé que des corps ou en ado-
pter un qui ne serait composé que d'esprits;
il a mieui aimé un plan qui, admettant à
la fois des corps et des esprits, ouvrait à sa
puissance uu champ plus vaste et lui per-
mettait de rassembler dans son ouvrage les
merveilles de deux créations contraires.
Jusqu'ici il n'j a pas l'ombre d'une diffi-
tuité.
Mais les 'mondes composés de corps et
d'i-sprits se di vissent en deux classes : dans
les uns, tous les êtres intelligents sont régis
{•ar des lois qui les dominent invincibie-
meul ; dans les autres, la première, la plus
inviolable des lois, c*est la liberté. De ces
deux classes de mondes, quelle est la plus
)arfaite?On pensera peut-être que le régime
«le \^ nécessité est préférable à celui de la
liberté, parce que, s'il ne possède pas les
mêmes avantages, il n'est pas exjjosé à d*aussi
itritibles inconvénients. Mais si Ton suppo-
sait une combinaison où la liberté trouve-
lait place et d'où le péché serait exclus,
n'en résulterait-il pas plus de gloire pour
biett et pour ses créatures que ne pourrait
1*0 donner un système où la volonté reste-
(IS) I Connlk. ii, 19.
ilVj Uatlh. xviu, 7.
rait esclave. Le doute n'est pas permis à cet
égard. Le droit, le mérite, la vertu, et par
conséquent l'honneiu*, ^la dignité des créa-
tures intelligentes sont anéantis du même
coup qui détruit leur liberté ; on ne voit pa&
comment de pareils serviteurs offriraient à
leur Maître des hommages dignes de lui, ni
quelle importance Dieu pourrait attacher à
un culte forcé. Nous ne croyons pas néces-
saire d'insister sur ce point déjè sufiisam«
ment éclairé (20). Si la liberté de choix en-
tre le bien et le mal peut exister sans au-
cune défaillance de la créature, tout le
* monde en conviendra, le système qui la
réaliserait de cette manière est préférable à
tout autre où l'action du libre arbitre serait
enchaînée.
Il est question de savoir si un ensemble
de lois combinées pour maintenir la liberté,
en prévenant sqs moindres écarts , peut
constituer une épreuve véritable, et diffère
essentiellement du régime de la nécessité.
Nous ne le pensons pas, surtout si Ton veut
regarder comme un principe fondamental
que la permission du mal répugne à la,sa-
gesse, a la sainteté et à la bonté de Dieu.
En effet, ce principe une fois admis, on
doit croire que Dieu fait son affaire propre,
son atl'aire d'honneur, pour ainsi parler, de
préserver du péché tous les êtres libres; du
péché, disons-nous, grave ou léger et de
quelque nom qu'il se nomme, parce que le
principe n'étant solide qu'autant qu'il est
absolu , ne saurait admettre aucune exce{>-
tion. Cette doctrine mène loin. Dès qu'il est
reconnu que le premier ou, pour mieux
dire, Tunique objet du gouvernement de
Dieu est de prévenir toute lésion à l'ordre,
l'ange et l'homme auraient tort de veiller
sur eux-mêmes; ils doiveut même se lais-
ser aller au courant de leurs affections ; la
moindre sollicitude deviendrait un outrage
à la Providence. Le quiétisme le plus com-
plet, le plus absolu serait le seul étal natu-
rel et logique de l'être raisonnable, soit que
Dieu se fût réservé de satisfaire aux exigen-
ces diverses des temps par des actes parti-
culiers, soit qu'il eut pourvu d'avance au
maintien de l'ordre par des lois invaria-
bles, alin de n'être pas à toute heure obligé,
comme un ouvrier malhabile, de mettre la
main à son ouvrage pour l'empêcher de se
disloquer.
On pensera peut-être que l'âme, ayant la
liberté du bien, pourrait au moins, en
s'exerçant aux œuvres les plus difficiles de
la vertu, acquérir ainsi une sorte de mérite.
Comment Tentend-on? £st-ce à dire que la
nature, par ses seules forces, donnerait à
Dieu plus qu'il ne lui demande? Mais les
dons naturels sont, selon le langage de l'E-
vangile, des talents que la Providence nous
met entre les mains pour les iaire fructifier;
rester au-dessous de la mesure que Ton
aurait pu atteindre, c'est un mal. D'après
notre principe, Dieu doit l'empêcher, et il
;;iO) Yo^e* Liberté.
UAL
DICTîOXNAlRE APOLOGETIQUE.
IIAL
49
ne le pent qo*en «conduisant lui-même, par
des Toies sûres, toutes les intelligences a la
plus haute perfection dont elles sont suscep-
tibles.
. La grâce viendrait-elle en aide à la natu-
re? Ce ne pourrait être que pour la domi-
ner souverainement dans toutes les circons-
tances imaginables, parce que, résister à la
grAce en quelque chose, ne pas lui donner
son concours jusqu'au bout, c'est encore un
mal, et Ton ne veut pas que Dieu puisse le
permettre.
En un mot, chacun est tenu & tout ce qu'il
est capable de faire, soit naturellement, soit
sumaturellement ; donc, dès que Ion rei^arde
lexistence du mal comme inconciliable
avec les attributs divins, ou doit conclure
que Dieu, en personne, se charge d'élever
les êtres libres aussi haut qu'il leur soit
donné d'atteindre. Si, dans un tel ordre de
choses, la créature faîi^ait le moindre effort,
ce serait un acte d'incrédulité folle et cri-
minelle; car, avant d'agir, elle aurait dû
supposer, au moins implicitement, que Dieu
n'est pas assez puissant pour la faire arri-
ver à un degré de perfection que sa nature
comporte, et qu'elle-même peut suppléer à
TinsuiOsance de l'action divine. L'Ecriture
nous donne une idée vraie de la justice du
Très-Haut et de la foi qui lui est due, en
nous montrant Moïse exclus de la terre
de promission, pour avoir frappé deux
fois le rocher, par une sorte d'hésitation
indélibérée (21). Le plus léger mouve-
ment de la créature ne serait pas moins
coupable, donc il ne saurait avoir lieu dans
le s/stème où le péché n'entre lias. Donc, à
ne considérer que le mérite, le régime de
la nécessité et celui de la liberté impecca-
ble sont en quejque sorte identiques ou
peu s'en faut (22).
Supposons cependant qu'il existe uiîe dif-
férence, réelle entre les deux systèmes, et que
celui de la justice inamissible soit conci-
liable avec l'existence de mérites sérieux de
la créature. Dans cette hypothèse, le plan
3ui renferme la liberté est autant au*dessus
e celui d'où elle est bannie, qu'une intel-
ligence libre surpasse un automate. Per-
sonne au monde ne songera à mettre en
doute une vérité si claire. Allons encore
plus loin, et, oubliant que toute l'argumen-
tation de nos adversaires repose sur ce prin-
cipe, qu'un seul péché, que le châtiment
d'un seul coupable sont incompatibles avec
la sainteté et la bonté de Dieu, supposons
un monde régi par des lois semblables à
celles qui gouvernent le nôtre, avec cette
différence, qu'à l'insu de ses créatures.
Dieu, sans v être obligé et par un pur effet
de sa miséricorde inlinie, préviendrait la
(SI) Nombr. xi.
(Si) On ira pas le droit de nous objecter ici les
mérites de iésiu-Cbrist; car, si noir^ divin cher était
impeccable, les huniroes, au miliea desquels il a
vécu, ne l'étaient pas. Combien, pour ne point par-
ler du reste, un cœur tel ^ue le sien, a-t-il dû souf-
frir de tant de crimes qui outrasent Dieu et prépa-
rent à rbommc une i^pouvantable destinée! Quel
défaillance de la liberté par une suite do
grâces toujours efficaces, lesquelles laissent
subsister le mérite et en sont même le fon-
dement, comme l'enseignent les théologiens.
Certes, les philosophes ne peuvent rien de-
mander de plus. Èh.bienI nous soutenons
que notre monde, où l'indépendance de la
volonté humaine a causé tant de crimes et
de malheurs, vaut incomparablement mieux
que tout autre système où le péché n'existe-
rait pas.
En comparant deux créations égales par
le nombre des êtres intelligents, on doit
juger de la perfection relative de leurs lois
jiar la somme du bien qu'elles produisent,
déduction faite du mal dont elles sont l'oc-
casion. Dans notre monde, il y a beaucoup
de mal, point dans celui de nos adversaires;
il faut donc, pour nous relever, que le bien
nous offre une ample compensation. Voyons
s'il nous sera impossible de la trouver.
Un monde ou Dieu aurait fermé l'entrée au
fléché, serait un séjour de paix et de délices ;
es douleurs physiques et morales y seraient
inconnues, car elles sont le fruit de l'iniqui-
té ; les habitants de cette paisible demeure y
couleraient des jours fortunés ; s'aimant les
uns les autres, faisant leur plus douce oc**
cupation de se rendre réciproquement heu-
reux, rien ne troublerait le repos de celte
vie calme et unie. Les philosophes ne peu-
vent ici nous contredire; s'ils ne veulent pas
convenir qu'un Dieu inflniment bon puisse
châtier les coupables, comment compren-
draient-ils qu'il affligeât des innocents (23 J?
Voilà donc des êtres dont la condition pa-
rait digne d'envie, mais un état si tranquille
ne connaît pas la lutte, ignore les sacrifices.
Quand il s'agit de ces justes si différents des
nêlres, il ne faut parler ni de courage, ni de
résignation, ni de constance, ni de dévoue-
ment, ni de toutes les autres vertus que nous
connaissons; car je ne sais s'il en existe une
seule qui ne tire son principal lustre de
l'existence du mal. J'ose l'affirmer: tous les
mérites réunis d'un tel monde n'approche-
raient {MIS de ceux de la sublime mère, que
l'Evangile nous montre debout auprès de la
croix, souscrivant à la mort de son Fi!s,
s'unissant à lui pour obtenir le salut des
bourreaux qu'elle consent à adopter comme
SCS enfants, à aimer éternellement comme
les compagnons immortels de sa gloire. C'est
un discours commun dans l'Eglise que Marie
l'emporte à elle seule sur tous les prédestinés
ensemble ; s'il en est ainsi à l'égard de ceux
qui ont conquis leur couronne par tant de
travaux, que faudrait-il dire des habitants
d'un monde où le péril et la peine sont in-
connus ? Mais pourquoi insister ? Le moins
glorieux des apôtres ou des .martyrs, quo
martyre que celui de notre bien-aimé Rédempteur,
depuis le premier jasqu*au dernier moment de sa \ie
mortelle!
(23) Noas ne contredisons point ici , à Dieu ne
plaise, l'enseignement de TEglise sur la possibilité
de Pétat de pure nature, nous raisonnons d'après les
principes des philosophes.
41
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
i^
dis-je?un simple chrétien, mourant dans
$tin lit, au oiilieu de sa famille, paraît plus
mod, plus dignede récompense, en faisant
le sacrince de sa Tie,que la multitude de ces
héros, toujours lacilemenl vainaueursd'en-
Demis dont une main puissante aétourne les
coii{)s. Si la rémunération se mesure sur le
mérite, si la joie du triomphe répond aux
dangers du combat, si la [gloire est en pro-
portion des difficultés vamcues, la félicité
d'uo seul de nos élus doit remporter sur
celle de toate une société dont aucun mem-
bre n^aarait pu faillir.
«Hais la bonté de Dieu, dira-t-on, est'
maîtresse de ses dons ; rien ne Tempôchait
de donner à ses élus à titre gratuit ce que,
dans on autre plan, ils reçoivent comme ré-
compense. Que s*est proposé .la Providence
en créant le monde et en instituant ses lois?
La formation d'une société parfaite, destinée
à voir Dieu, à le posséder, à le glorifier éler*
aeilemeoL Ne pouvait-il pas donner l*étre à
des intelligences d*un ordre assez élevé pour
oontemuler sa majesté infinie, et se commu-
niquer à elles à leur entrée dans la vie, sans
leor demander aucun mérite f Ces intelli*
genees devraient ainsi à sa suprême bonté
uttepltts grande reconnaissance, et la joie du
ciel semt plus douce par la pensée qu'il
n*eiiste point de malheureux dans toute
retendue de lik création. «
. Voir Dien, le posséder, vivre dans son
jeinooflNDe son tils et son héritier, ce n^est
p«5 Q0e chose aussi simple que Ton pense ;
antre le créature et le Créateur, il y a un
alilme infini à conribler. Lorsqu'on parle d'a-
doption ou de mariage parmi les nommes,
vù veut au'ii existe une sorte d^égalité, au
moins d'éducation ou de naissance, entre les
personnes qui vont s'unir par des liens si
étroits, et c'est avec raison ; une trop grande
disproportion manque rarement de compro-
mettre le bonheur domestique, dont l'aisance
et l'abandon sont la première condition.
Les anciens croyaient que l'on ne peut voir
Oiea sans mourir; et, en vérité, je conçois
cette opinion, s'il s'agit d'une créature qui se
tronverait tout d'un coup placée devant la
Majesté intiuie avec son seul néant : inter-
flue, atterrée, elle n'oserait ni lever les yeux,
ni ouvrir la bouche, pour ainsi dire ; elle
^rait dans un état violent et contre nature.
yi^ore si cet être, étrangement déplacé,
aurait l'audace d'aimer Dieu, si Dieu lui-
mèfne pourrait l'aimer à son tour, à moins
«lue ce ne fût comme un fleuve ou une mon-
tagne,qui sont aussi l'ouvragede ses mains;
iziais ii me paraît impossible qu'il existât
jamais entre eux une société intime, une
ilfeetion de cœur, l'effusion des sentiments,
la confiance de l'amour. Un homme, oui
adopterait un ver de terre, ferait une folie
également inutile à l'insecte et à lui-même,
il oublierait sa dignité en pure perte ; une
soeiécé qui n'est |)oint cimentée par l'union
des ccears, devient à la longue un supplice
iiitoléral>fe ; et souvenons-nous qu'il est ici
«rtMsiion d'une société étemelle I Notre foi
bit disparaître toutes ces diffieultés ; les élus
DlCTIONTfAISE APOLOOÉTlQUE. II,
aimeront, posséderont Dieu par Jésus-Christ;
Dieu les aimera dans la persoiiiie de son Fils,
ce Fils humilié, crucifié pour sa gloire, mais
crucifié aussi, pour le rachat de ceux qu'il
appelle sus frères, pour la sanctification do
l'Eglise à laquelle il donne le doux nom
d'épouse. Dès lors, nous ferons en quelque
sorte partie de la famille do Dieu, nous no
craindrons pas de nous nommer ses enfants,
de l'aimer comme notre père, de regarder
son royaume comme notre héritage et notre
patrimoine.
Quoi quil en soit, celui qui est la souve*
raine raison aime nécessairement* ses créa-
tures autant qu'elles sont aimables, ni plus
ni moins; or, il y a une différence infinie
entre posséder des mérites et en être dé*
Eourvu tout à fait. Il est impossible que
)ieu resarde des mêmes yeux l'homme qui
a travaillé et souffert pour sa gloire et celui
dont les jours se sont écoulés dans le repos
et les délices ; celui qui lui doit tout, auquel
lui-même ne doit rien, et celui dont il a
voulu devenir, pour ainsi dire, l'obligé, et
auquel il se donne comme pour acquitter là
dette de la reconnaissance. Etre aimé de
cette manière par notre grand Dieu, c'est
une gloire, c'est un bonhetjr que ni le lan*
gage des hommes, ni celui des anges ne peu-
vent exprimer.
D'un autre côté, la béatitude des élus
n'aura pas coûté i Dieu seulement une pa«
rôle comme la création ; elle sera le |>rii du
sang de Jésus-Christ, le Fils bien-aimé, im-
molé pour la rédemption des misérables
mortels. Ce no sera plus pour eux une au*
dace d'aimer Dieu, mais un besoin, une né-*
cessité irrésistibles; ils voudraient pouvoir
l'aimer infiniment. Voilà maintenant une
vraie société, parce que l'amour en est le
lien; l'amour, ais-je, tel qu'il doit être pour
ne pas s'attiédir pendant la longue éternité;
l'amour qui calmerait les douleurs de l'en-^
fer, s'il pouvait y pénétrer ; l'amour qui
sera le plus bel ornement, la plus douce fé-
licité du ciel même. Oui , le monde, où la
loi du mérite et de l'épreuve ne règne pas,
quelque grand qu'on le suppose, restera
toujours a une incalculable distance du
nôtre»
La gr&ce fait tout en nous dans l'ordre
surnaturel, il faut bien le dire; mais aussi
elle nous est donnée en vue des mérites de
Jésus-Christ, que Dieu, par un conseil ad*
mirable, a su rendre nôtres, et nui sont
fondées sur la Passion du Sauveur, laquelle
n'a pu avoir lieu que par le péché et à cause
du péché. Lorsque Bayle, supposant la réa-
lisation d'un plan exclusif du péché, parle
de mérites qui seraient produits par une sé«
rie de çrAces toujours ei&caces, ii ne sait ce
qu'il dit. Avee renseignement de T Eglise
sur la rédemption, la coexistence de la grêce
et du mérite s'explique parfaitement, parce
que les secours naturels que nous recevons
sont puisés dans un trésor mstement devenu
le patrimoine du genre humain ; au con-
traire • dans l'hypothèse d'un monde qui
n'aurait pas eu besoin de réparate*'*^ ^'^
tô
MAI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
44
Îrâce de bien vivre, comme la vie elle-même,
écoulerait uniquement de la bonté divine,
elle serait radicalement incapable de consti-
tuer le mérite. Ceci se comprendra mieux
à mesure que nous avancerons dans Texpli-
cation du plan divin. H nous sufilra de re-
ma4*quer, en attendant, que, lors même que
nous accorderions à Bayle ce qu'il sup-
pose contre, toute raison, son monde imagi-
naire resterait toujours bien au-dessous de
celui du Créateur. £n effet, la grâce doit être
communiquée plus abondamment selon la
gravité des dangers, la difficulté des situa-
tions, l'importance des ministères; elle opé-
rera donc plus dans le monde de la lutte
que dans tout autre.
On nous arrête ici. A quoi bon, dira-t-on,
ces raisonnements pour prouver la supério-
rité du bien dans votre système, nous ne la
contesterons pas, si vous le voulez ainsi ;
mais une seule injure faite à Dieu n*anéanlit-
elle pas tout ce que les hommages des créa-
tures peuvent lui donner de gloire f Cela
serait vrai, si nous n'avions pas un Répara-
teur, dont la moindre satisfaction rend plus
d'honneur à Dieu que ne sauraient lui en
ôter les crimes d'un million de mondes aussi
coupables que te nôtre. 11 faut bien le re-
marquer ; le Fils de Dieu n'est pas venu
seulement pour remettre les choses dans
leur premier état : il a donné à la création
une valeur, une dignité infinies ; par lui,
les élus seront rendus participants de la
nature divine. Ce résultat est assez grand
pour justifier la permission du mal sans le-
quel il n*aurait pas été obtenu.
Notre débat avec les incrédules peut se
réduire à ce simple raisonnement : ou vous
reconnaissez, leur dirons-nous, que Texis-
tence du mal n'est pas incompatible avec les
attributs de Dieu, ou vous ne le reconnais-
sez pas. Si vous le reconnaissez, quel droit
avez-vous de condamner un monde où la
Providence a su donner aux mérites de la
créature quelque chose d'infini en les asso-
ciant à ceux du Verbe incarné ? Si vous ne
le reconnaissez pas, vous rendez tout mé-
rite impossible ; car, pour être digue de ré-
compense en faisant le bien, il faudrait au
moins avoir pu ne pas le faire. La perfection
d'une société consiste dans le mérite de ses
membres , et la lutte contre le mal donne
lieu à des mérites plus grands $ le monde où
le mal existe, vaut donc mieux que celui où
il n'est pas. D*après quel principe voudrait-
on qu^il fût interdit à Dieu de faire ce qui
est plus parfait? Est-ce parce que le mal
n est pas suffisamment compensé par Texcès
du bien? Mais la croix de Jésus-Christ ré-
pond à tout. D'ailleurs le bien, dans quel
sens qu'on entende ce mot, acquiert à i oc-
casion du mal un développement incompa-
rable. Si par bien on veut dire vertu et mé-
rite, cela est évident ; si l'on entend la gloire
et le bonheur, cela n'est pas moins clair,
parce que Dieu doit aimer ses créatures
comme elles sont aimables, et les traiter
comme il les aime. D'un autre côté, le sort
des réprouvés ne cause aucune douleur aux
élus qui les détestent comme les ennemis
de Dieu : on peut dire, au contraire, que les
douleurs de Fenfer doublent le bonheur du
ciel, dont les habitants reconnaissent qu'ils
seraient mille fois tombés dans l'abîme sans
la miséricorde infinie à laquelle ils doivent
leur salut.
En d'autres termes, le mal n'est pas un
défaut dans l'ouvrage de Dieu, puisqu'il est
le fondement nécessaire de sa perfection; le
mal est surabondamment compensé par le
bien, puisqu'il est Toccasion et Tinstrumenl
de la mort de Jésus-Christ, source de méri-
tes infinis, applicables h tous les élus et
même aux réprouvés, s'ils avaient voulu y
consentir.
On croira peut-être échapper à nos rai-
sonnements en disant que, selon Topinion
de quelques théologiens catholiques, l'in--
carnation, de laquelle nous faisons sortir
toute la nerfection de l'ouvrage de Dieu,
aurait eu lieu, lors même que rhomme ne
se serait pas rendu coupable. Quoi qu*il en
soit de cette opinion^ nos raisonnements
gardent toute leur force. En effet, la forma-
tion de la société des élus est là fin de tous
les desseins de Dieu ; la perfection de cette
société est, par conséquent, celle du monde.
Or, la gloire des élus, c'est le mérite; leur
bonheur, c'est l'amour Nous le demandons
de nouveau, peut-il exister de vrais mérites
pour qui est inpeccable et dans un plan d*où
le mal est exclu ., Dieu aimera-t-il de la
même manière celui qui n'aura rien fait et
celui qui a travaillé pour sa gloire ? Le pré-
destine éprouvera-t-il une aussi tendre re*
connaissance pour un Dieu qui n'aurait eu
d'autre peine que celle de le tirer du néant,
et pour celui qui est mort sur la croix afin
de le délivrer de Tenfer ? Des élus, qui se
sont sauvés les uns par le secours des
autres, ne s'aimeront-ils pas d'un amour
mille fois plus véhément qu'ils ne le feraient
dans un système où ils n'auraient pu se
rendre aucun service essentiel ? Le plus
mince écolier saurait réoondre à ces ques-
tions.
En considérant les choses sous un autre
point de vue, nous arriverons à la même
conclusion. La difficulté vaincue fait toute
la nerfection des œuvres de Dieu comme do
celles de l'homme. Pour ne point parler de
celui-ci, il se trouve dans la lutte contre le
mal desdifiicultés dignes de Dieu lui-même,
puisque, pour les vaincre, il a été obligé
d'envoyer sur la terre son Fils en personne.
Cette même guerre contre le pécné donne
au plan divin, par la communion univer-
selle des biens spirituels en Jésus-Christ,
une unité parfaite, et par la diversité des
situations, des périls et des travaux, une
variété infinie. De celte manière, la société
des élus pourra être à elle-même un éter-
nel objet d'admiration , et c'est ainsi que le
cantique des /miséricordes du Seigneur
n'aura plus de fin.
Il faut d'ailleurs bien comprendre le sens
et la valeur de l'opinion Ihéologique dont
il est ici question. Si l'on se bornait à dire
4o
MAL
DICTiaNNAtRE APOLOGETIQUES
MAL
40
que la rétleinpiion des hommes n'est pas le
seul fruit «le riDcarualion, on ne se trom-
perait pas ; en effet, Jésus-Christ n*est pas
mort pour les bons anges qui n*ont pas bc-
soÎD de grâce médicinale, mais ses méritos
se sont ré|>andu5 sur eux, en leur qualilé
demembresxiu corps dont il est le chef; il
n'a pas souffert pour les démons, condam-
Qés irrévocablement ; cependant on ne peut
douter qu*il n*ait offert h son Père ses salis-
bctioDS pour réparer l'outrage fait à la
Majesté diicine par la révolte des esprits
retlelles. Jusque-là point de division entre
les cathoUaues ; mais de ce que rincarna-
tiona produit d*autres résultats que la ré-
demotion des coupables, est-il permis de
eoMture qu*elle aurait eu lieu dans un
BModeeieaipt de péché? Nous ne le pen-
sons pas. Ainsi, la gloire de Dieu est le
pferaier fruit et le plus précieux de la mort
de JésQs-Cbrist ; mais s'il n'y avait pas eu
des pécheurs à racheter, certainement,
quand il Taurait pu, Dieu n*aurait pas voulu
eiiger lesacriDce du Calvaire, pour obtenir
ose gloire dout il n*a nas besoin.
een*estpas assez, r£critureet la tradi-
tion bqfqs paraissent peu favorable^ à cette
opinion, qui du reste n'est soutenue que
par un petit nonibre de théologiens, ftemar-^
quoos-le d'abord, TEglise enseigne formel-
l&o€Dlqae le Fils de Dieu est descendu sur
la terre pour nous autres hommes et pour
notre saIoL A la vérité , elle u*a point dé-
claré d*ane manière expresse çiu il ne lût
point venu, si Thomme nes*éiait pas rendu
oûopable ; mais il nous semble qu'elle fait
eonoaltre clairement sa pensée en disant
de la désobéissance d'Adam : Heureuse faute
qui a mérité un tel Rédempteur (24) !
Lorsque saint Paul appelle l'incarnation
du Verbe un anéantissement, il se sert d'une
expression énergique, mais juste et vraie;
les philosophes ne pourront en disconvenir.
Lmcamation nie parait plus étonnante que
tontes les scènes du Calvaire. Dans Tincar-
nation, c'est la nature divine jqui s'al^aisse
directement et d'une manière iuûnie; dans
ie sacrifice de la croix , la nature humaine
souffre seule des atteintes que le Verbe
arait acceptées en se l'associant. Est-ce
habitude ou raison 7 Je l'ignore ; mais la
}*cnsée de l'incariiation réveille en moi,
towme nécessairement, celle d'un grand
(iésastre à réparer : et, quelque grand qu'il
vMt, on s'étonne encore avec TEglise-que le
Fiis de Dieu n'ait pas eu horreur du sein
'l'une vierge. Que serait-il venu faire dans
un monde où le mal ue pourrait exister ?
y augmenter le bien ; mais de quelle ma*
mère ? par une opération de sa puis-
ante ; il n'avait pas besoin pour l'exercer
de sortir du sein de son Père. Par la corn**
n)uaicati«»n de ses mérites? Pour c^ue le
uiénie soit réel et puisse se communiquer,
li faut un concours de circonstances qu'il
*^i impossible de réunir dans un système
où tout est bien» nous le verrons bienlAl ;
faisons, en attendant, une situ pie réflexion :
Si les théologiens se demandent comment
Jésus-Christ étatit impeccable, a pu méri-
ter dans un monde rempli d hommes mé-
chants, avec un corps sujet aux souffrances
et à la mort; quel ne serait pâs leur embar-^
ras, s^il leur fallait trouver le fondement
des mérites du Médiateur, venant vivre
dans une chair impassible, au milieu d'une
société de justes, exempts des moindres
faiidesses I
Mais, sans tant de raisonnenïents, il est
facile, ce nous semble, d'arriver à ia vérité
par l'examen des faits antérieurs au décret
de l'incarnation. Un certain nombre d'anges
se révoltent contre le Tr^s-Haut, ils sont
condamnés sans retour sans qu'il soit ques-
tion de réparateur. Rien, en effet, ne faisait
à Dieu une loi de réhabiliter les démons et
de chercher des compensations au mal dont
ils étaient les auteurs. Tout considéré, le
dessein du Créateur avait réussi : la liberté
venait de produire un bien immense; la
trahison de quelques rebellés, réprouvés.par
leur faute servait admirablement à relever
l'éclat de la fidélité du j^lus grand nombre
des an^es. La conduite de la Providence se
trouva-it donc justifiée jusque-là. Dans de
telles circonstances, le décret de l'union hy-
postatique du Verbe avec une nature créée
ne paraîtrait pas, s*il est permis de le dire
en hésitant» motivé par des raisons d^uti
ordre assez élevé, pour expliquer une déter-
mination si étrange. Il ne sullit pas, ce sem-
ble, d*un simple désordre à corriger, à plus
forte raison d'un avantage à procurer aux
créatures, pour faire descendre Dieu dans
la création par une sorte d'anéantissement»
selon la belle expression de saint Paul ; ce
serait un trop mince résultat d'un si grand
effort de la puissance divine. Le poêle, se
fondant sur les plus claires notions du bon
sens, ne veut pas que» dans de vaines Qc-
lions, on fasse intervenir la Divinité hors
de propos, et lorsque le nœud peut se dé-
lier par une main mortelle. Lincarnation
du Verbe» créateur de l'univers» est tout
autre chose que l'apparition momentanée
d'un dieu de théâtre; cependant il fallait
que ce grand événement» proposé à la foi
du genre humain, parût avoir été amené
par des causes assez sérieuses pour pouvoir
devenir le fondement de la religion uni-
verselle. C'est ce qui est arrivé.
Nous ne voulons point en ce moment énu-
mérer toutes les raisons qui ont déterminé
la résolution de la sagesse infinie» peut-être
trouverait-on trop disproportionnées celles
qui ne regardent que Vhomme ; noiis nous
bornerons donc à remarquer que Dieu ayant
un intérêt maieur et» pour ainsi dire, per-
sonnel engagé dans la question» l'égalité
entre le but et le moyeu se trouve ainsi par-
faitement établie.
£u effet» Lucifer s'était attaqué directe-
ment à Dieu» qui acceiUe cet insolent déti«
parce qu'il sait à quels grands dea&eios il
\ii* OOice du Samedi saint.
17
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
48
Veul fflife servii» rfmpiétè de son ennemi.
Ce malheureuï rehelVe, après avoir contri-
bué dans le ciel à Tépreuve des anges fidèles,
autant de temps quil était nécessaire pour
leur gloire» chassé avec ignominie du milieu
d'eux et précipité sur la terre, y trouve un
couple innocent, favorisé du Très-Haut et
réservé à de grandes destinées. Cette vue
enflamme sa colère, il veut se venger sur
rhomme du mal qu'il n'a pu faire a Dieu.
C'en est fait, Adam et Eve se sont laissés
tromper par le suborneur; sa victoire sur
le premier père des hommes lui assure,
d'un seul coup, la conquête de toutes les
générations à venir. Dieu lui-même est
vaincu, et si les choses en restent à ce
point, il va se voir, pour ainsi dire, forcé
de passer sous le joug du vainqueur; car,
par suite des lois établies pour la propaga-
tion de la race humaine, il se trouvera con-
traint de créerjdes sujets à son ennemi, et,
en quelque sorte, au commandement de
celui-ci. Mais c'est là que le Très- Haut
attend ce triomphateur en idée : à sa con-
fusion éternelle, tous ses desseins vont s'é-
crouler en un clin d'œil, et ceux du Sei-
gneur s'élever à une hauteur infinie.
A toute force Dieu pouvait encore, après
la chute de Fhomme, ou laisser les lois de
la nature suivre leur cours, ou en arrêter
révolution pour prévenir de plus grands
malheurs. L'ennemi, il est vai, n aurait
pas manqué d'entonner le chant de triom-
phe, d'insulter à la sagesse éternelle mise
en défaut; mais la souveraine félicité de
Dieu peut-elle être troublée, sa gloire peut-
elle être amoindrie par les bravades d'un
rebelle qu'il lui est si facile d'humilier et
de punir? Cependant, il faut le dire, ce dé-
nouement n était pas le plus convenable,
ni le plus digne de la majesté infinie; la
raison se sent froissée de la seule idée que
le Créateur ait pu être vaincu en quelque
chose par sa créature. Dieu devait donc
vaincre ; ce n'est pas assez, il devait vaincre
en Dieu, c'est-à-dire conquérir par sa pré-
tendue défaite une gloire infinie; il ne le
pouvait que par l'incarnation.
Nous savons ce qu'on va répondre : Puis-
que Dieu a fait de si grandes choses à l'oc-
casion et par le moyen du péché, il l'a donc
voulu; mais comment concilier ce vouloir
avec sa sainteté? Ne disputons pas sur des
mots, allons au fond des choses. Assuré-
ment si Dieu n'avait voulu le péché d'au-
cune manière, le péché n'aurait pas eu lieu;
mais il l'a voulu comme il neut \pt vouloir,
les catholiques disent qu'il le permet: c'est
roxpression la plus juste. La liberté a été
donnée à l'homme, non afin qu'elle devint
la cause du péché, cela est impossible, mais
parce que sans elle il ne peut y avoir de
mérite. Dieu a prévu, sans doute, l'abus de
la liberté; mais comme détruire le pouvoir
d'abuser, c'est porter atteinte à la liberté
elle-même, il a toléré ses écarts sous la ré-
serve qu'ils serviraient au bien général. On
parle de sainteté. £h ! la mort de Jésus-
Christ, les peines de l'enfer me donnent une
plus haute idée de la sainteté de notre Dieu,
que ne saurait le faire une création où la
liberté de l'homme resterait enchaînée et
captive. Qu'on argumente tant qu'on voudra,
qu'on entasse subtilités sur subtilités, on ne
viendra pas à bout d'obscurcir ce cjui est
clair comme la lumière du soleil : Dieu et
le péché existent, ils se révèlent par des
faits visibles, et il est impossible qu'il y ait
un pacte entre eux; le jour est moins con-
traire à la nuit que la nature divine à l'inN
quité.
Mais, dira-t-on, le mal étant une partie
essentielle du plan divin, si essentielle
qu'en le supprimant on ferait disparaître ce
qu'il y a de plus grand dans la création, ne
s ensuit-il pas que Dieu l'a décrété et or-
donné, qu'il l'a voulu directement et posi-
tivement, puisqu'on ne peut vouloir la fin
sans vouloir aussi les moyens? Nous avons
affaire à des passions opiniâtres, tâchons
d'être clairs ; et d'abord définissons bien les
termes. La fin de la création, c'est la gloire
de Dieu et des élus ; le moven; c'est une li-
berté vraie, une épreuve réelle; voilà l'idée-
mère, voilà le plan primitif. Mais Dieu a
pris au sérieux la loi fondamentale du
monde ; il ne s'est pas contenté d'établir la
liberté en principe, il l'a mise dans les faits
et lui a subordonné tout son gouvernement ;
s'il avait fait autrement, que penserions-
nous de lui? Or, être libre, c'est pouvoir
incliner sa volonté vers le bien ou vers le
mal; aller au bien, c'est l'usage iésitime,
tourner au mal c'est l'abus. Mais l'usage
n'est méritoire qu'autant que l'abus est
possible; il est absurde de s étonner qu'il
ait lieu, et il n'en faut pas davantage pour
le justifier. Cependant, afin de le justifier
encore mieux, Dieu s'en sert pour donner
une plus haute perfection à son œuvre :
voilà, en quelque sorte, le second plan.
Comprenons maintenant combien est frivoie
l'oi^jection à laquelle nous répondons : elle
tire toute sa force de ce que la Providence
a su faire servir le mal à un bien immense ;
si Dieu avait été moins sage et moins bon,
sa sainteté serait à couvert, l'objectiOD
n'existerait pas.
Si je ne me trompe, les incrédules ne
comptent \ms pour beaucoup les raisonne-
ments auxquels nous venons de répondre ;
voici enfin leur argument victorieux. Dieu
est bon, disent-ils; comment donc a-t-il pu
créer ceux qui devaient se perdre éternel-
lement? Pour un réprouvé, la vie n'est pas
le présent d'un père, mais d'un ennemi.
Tâchons encore ici de nous faire bien com-
prendre. £n créant le monde. Dieu â-t-il
désiré d'avoir des coupables à punir? non
évidemment; un homme vertueux aurait
horreur d'une telle pensée, comment pour-
rait-on l'attribuer à Dieu? Que s'est-il donc
proposé? Si nous suivons l'ordre des pen-
sées divines, nous trouvons : 1* le dessein
de former une société bienheureuse; 2* le
plan et l'organisation de cette société ; 3* le
choix de ses membl*es et la place assignée à
chacun; %"" la combinaison des moyens les
49
XAL
nCTKÎNXAIllE APOLOGETIQUE.
MAL
d(K
pi» propres à assurer la sanctification des
élos. Ed pareooranl les diTcrs systèmes qui
peavent rSaiiser son dessein» la pensée di-
▼ine meoatre notre nnirers, elle sy arrête,
la rom liiée ; pourquoi ? parce qu'elle j
troufe, avec les moyens de les faire arriver
à leur perfection, tous ceux qu^eîle a élus
éms sa prédilection étemelle.
Alors pour la première fois les réprouvés
sf présentent A elle; cette vue fattriste, elle
s*affTê& pour chercher le mojen d*annihi-
kr le Bal&eur des uns sans amoindrir la
dkiire des autres; elle Toudrait que toute
b CMidté du ciel ne coûtât A la terre ni
on crime^ ni un soupir; c'est une chose
moralement, phjsiauement et métapbjsi-
qaemcat impossible; il but donc passer
OViR.
Ainsi à ceux qui nous demanderaient
poorfn Dieu« malgré la prévision de leur
■albru-y a donné l'existence aux réprouvés,
OMS répocdrons : parce qu'ils étaient com-
prU dans le même plan que les élus. Ce
F^ ^ d'une sagesse, d'une grandeur di-
vine; le bien s'y développe dans des pro-
portions immenses, le mal y est resserré
dans des limites relativement tris-étroites,
ei il •> entre que par nécessité : le mal
moral, oonne conséquence de la liberté,
saas laquelle l'ouvrage de Dieu n'aurait au-
oine valeur morale; le mal physique,
e»aie présenratif, remède ou chAtiment du
péché. Dieo« oui préfère ce plan à cause de
*^ ^^ et-il obligé d'y renoncer A cause
des r^irouTés? et pourquoi? par justice?
Hiis la justice la plus parfaite sera obser-
vée A regard de tous les êtres libres; bons
et méchants, tous seront traités selon leurs
fliéntes. Far tionté? bonté pour qui? pour
les r^>rtNiTés? A la bonne heure, pourvu
^ celle bonté ne soit point funeste aux
élus qui raient mieux qu'eux et qui sont
ç& pius grand nombre ; mais priver les
jnsles d*one récompense infinie A laquelle
is ont droit, pour garantir les méchants
o un supplice trop justement .mérité, on
connera A cette conduite le nom que I on
vcmlra, moi, je ne consentirai jamais A Tay)-
pe^er de la bonté. Dans le coofiit des inté-
rêts contraires du vice et de la vertu,
qu'exige de Dieu son titre de Hre? qu'il
sacrifie les enfants fidèles aux ingrats?
Nco, mille fois non. G est assez qu'il ait la
rolouté de sauver ces malheureux, sHIs
usaient bien de leur liberté, qu'il leur
ioumisse des moyens surabondants de salut,
que dans leur ju^meot il fasse incliner la
Lalanee rers la miséricorde autant que pos-
sible. ^ *^
^ IV.
— DHproporttoo infinie eolre le nérile des
' eilj récumpense; solution par Fincanution
. — Oiir, coannenl devenoe mn^eode réittbi-
— GMMnent Jésos-Orist a-i-il pn mériter
Aie? — Solniion de liras les pràblènies de
ir rineimatioa et Umori do Sauveur;
sur ces mystères. Loi de la SoUdariUoa
■venelle des biens el des maux.
m Le mérite suppose une sorte d'égalité
entre la peine et le salaire ; mais quel rap-
B9rt peut-il exister entre la possession de
ieu et les<0uvres d'une créature, surtout
lorsque celle-ci a eu besoin de se relever
d'un état de déchéance, produit et par la
corruption originelle de sa nature et par des
crimes personnels ? Dieu a su, il est vrai, au
moyen de l'épreuve par la liberté, élever
rhéroîsme des vertus de l'ange et de l'hom-
me aussi haut qu'il puisse monter; mais
leurs mérites restent toujours h une distança
infinie de la gloire dont ils sont le prix :
autant valait-il, ce semble, ne pas exiger
un travail hors de proportion avec la ré-
compense , et couronner h leur sortie du
néant les créatures prédestinées, sans leur
imposer une épreuve, inutile à tous, ftmeste
è un grand nombre. » Cette difficulté est sé-
rieuse; dans un monde dont la première loi
est la liberté et le mérite, Tincaroation pou*
vait seule la résoudre parfaitement. Ceci
n'a pas besoin d'être démontré , c'est un
point convenu parmi nos docteurs. Il nous
reste à voir par quelles combinaisons l'u-
nion du Verbe avec la nature humaine a été
consommée et rendue profitable aux élus.
C'est un plan en apparence bien bizarre
2 ne d'associer rintelligence è la matière, de
lire sortir le genre humain d'un seul cou-
ple portant en lui-même les destinées de
toute sa postérité; de mettre nos premiers
parents si faibles, si ingénus, dont la chute
devait entraîner tant de calamités, aux pri-
ses avec un ennemi également implacable
et fécond en inventions («ernicienses; voilà
cependant le chef-d'œuvre de la sagesse di-
vine.
L'influence de la chair sur l'esprit est le
mal de l'homme, la chair semble creuser
plus profondément l'abîme placé entre Dieu
et nous ; eh bieul c'est la chair qui va com-
bler cet abtme. Purs esprits, nous n aurions
pu nous élever jusqu'à Dieu, ni devenir ses
parents et ses alliés comme nous le sommes;
par la chair Dieu est descendu jusqu'à nous,
il est devenu le fils de l'homme, notis lui
donnons sans usurpation le nom de frère.
Non-seulement le Dieu-Homme acquittera
la dette de là fomilledont il est le premier^
né, comme s'exprime saint Paul (25), mais
il Tennoblira, il la divinisera, il la couron-
nera des rayons de sa gloire infinie. Nouvel
Adam, chef de sa race par la dignité de sa
Krsonne, il pourra plus pour notre réhahi-
ation que le premier homme pour notre
déchéance. La solidarité réparera surabon-
damment les maux dont elle aura été la
source.
Les saints Pères et les théologiens recon-
naissent que la rédemption de l'homme
était plus convenable que celle des anges re-
lielles : ceux-ci formaient une petite mino-
rité dans la milice céleste; toute la postérité
d*Adam périssait sans l'incarnation : les dé-
mons n'avaient point été poussés au mal; ils
s'j étaient portés d'eux-mêmes; fliomme
en s'y livrant avait cédé à une influence
(S)
vni, 99.
5]
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
5S
étrangère : les premiers étaient de purs es-
prits, doués de lumières supérieures, d'une
Ibrce de voionfé extraordinaire; Thomme,
môme dans l'état d'innocence, était bien in-
férieur sous ce double rapport à des intelli-
gences dégagées des sens : enfln les démons
portaient la peine d'un crime personnel,
pleinement volontaire et délibéré; les hom-
mes de tous les siècles allaient se trouver
punis de lu faute de leur premier père, à la-
quelle ils n*ont eu aucune part.
La sagesse divine se justifie par ses œu-
vres. Le démon se plaint-il de sa destinée,
de la rigueur de Dieu à son *égard? On lui
montre la faiblesse humaine exposée à des
dangers bien autrement sérieux que ceux
auxquels il a succombé. L'homme à son
lourse trouve-l-il trop mal partagé? On lui
fait voir Tange ébloui de sa propre excel-
lence et changeant le préservatif en poison.
Ni l'homme, ni l'ançe n'ont le droit de se
plaindre de la Providence ; elle a fait pour
leur salut, par des moyens contraires, au
delh de ce qu'ils pouvaient demander. On
ne sait si elle s'est montrée plus magniflque
envers Lucifer, en lui donnant une puis-
sante volonté, une intelligence incompara-
ble, ou envers Adam , en lui préparant un
remède dans sa faiblesse même; et ne disons
pas que Dieu a également échoué dans ces
deux combinaisons; si elles ont été inutiles
à quelques particuliers qui se sont perdus
par leur très-grande faute, elles ont immen-
sément servi et à la famille du ciel et à la
famille de la terre; les anges et les hommes
prédestinés sont devenus les fils, les héri-
tiers de Dieu même.
Mais il fallait avant tout réparer le mal,
f;uérir la ble'ssure faite au çenre humain par
e démon; comme nous vivons sous la loi
du mérite, une satisfaction parfaite était né-
cessaire, et elle ne pouvait avoir lieu sans
l'incarnation ; l'incarnation elle-même ne
suffisait pas. Nous devons en dire les rai-
sons.
Rappelons d'abord que dans le plan, jus-
tement préféré par le Créateur, la gloire
éternelle est un salaire proportionné au
travail, une récompense égale au mérite.
Mais de quoi est digne le pécheur, si ce
n'est de la malédiction éternelle? Pour faire
tl'un criminel un enfant de Dieu, il y avait
un double prix à payer, celui de la répara-
tion et celui de la glorification. L'un et l'au-
tre étant infinis, ifs ne pouvaient être ac-
quittés que par un Dieu. Ici se présente
une première difTicullé : si Dieu se satisfait
à lui-même, la dette n'est pas soldée, elle
est remise; il ne faut plus parler de mérite,
de récompense, mais de don purement gra-
tuit. L'incarnation résout le problème.
L^humanité de Jésus-Christ paie pour nous,
et, h cause de son union avec le Verbe, elle
paie un prix qui satisfait pleinement aux
exigences de la justice divine.
Mais voici de nouveaux embarras. Les
mérites de l'homme faible, rempli de pas-
sions, environné de pièges et de ténèbres,
ic conçoiventfacilement; il est plus malaisé
de deviner sur quoi reposent ceux de Jésus-
Christ qui était impeccable. Or, si les méri-
tes de Jésus-Christ ne sont pas effectifs, les
nôtres, qui en tirent toute leur valeur sur-
naturelle, que seront-ils ? La question qui
se présente en ce moment à notre examen
est digne d'une attention particulière; elle
renferme la solution de tous les problèmes
de la création.
Dans THomme-Dieu, c'est l'homme qui
mérite, qui satisfait, quoique la valeur de
ses satisfactions soit fondée sur son union
hypostatigue avec le Verbe. Il suit de là que
l'incarnation seule ne constitue pas un mé-
rite, puisqu'elle n'est pas le fait de l'homme.
Il en est ae même probablement des hom-
mages que la sainte humanité de Jésus-
Christ onre h l'auguste Trinité; ces hom-
mageâ sont un devoir, une obligation ac-
complie, une dette pavée ; c'est en outre par
une douce et invincible inclination du cœur
que Jésus-Christ est porté à louer, à bénir,
à remercier son Père. Or, si je ne me trom-
pe, il ne saurait y avoir dans Taccomplisse-
ment du devoir, auquel on se porte par un
mouvement irrésistible de l'Ame, un mérite
tel, qu'il puisse servir à l'acquittement d'une
dette étrangère. On peut en dire autant de
l'exemption de tout péché; Jésus-Christ ne
pouvait faillir, et il avait naturellement
cette faim , cette soif de la justice qu'il re-
commande à ses disciples. L'Homme-Dieu
en professant l'équité, en pratiquant toutes
les vertus qui appartiennent proprement au
juste, telles que l'innocence, la piété, la
charité, remplissait un devoir et cédait à
une nécessite de sa nature. Mais la pauvreté,
le travail, les souffrances, l'humiliation, la
mort, il ne les doit ni ne les aime. Il ne les
doit pas, puisqu'il est la sainteté même et le
maître absolu de toutes choses; il ne les
aime pas, puisqu'il a tout pris de la nature
humaine, nors la corruption et le péché. Il
souffrait comme nous de la iïim, de la soif,
de la douleur; son âme a connu la tristesse,
on l'a vu pleurer plusieurs fois; tous les
chrétiens savent Thistoire de son agonie et
sa crainte de la mort. Ces sentiments de
tristesse, d'accablement, de frayeur, nous
étonnent, nous les trouvons peu dignes de
la grandeur du Fils de Dieu, et avec raison;
mais ce qui n'est pas convenable en soi, de-
vient un prodige de sagesse et de bonté t à
cause de l'office que remplit Jésus-Christ de
modèle, de médiateur et de sauveur des
hommes. Comme essentiellement juste, il
n'aurait dû ni souffrir, ni être humilié; mais
en sa qualité de répondant des pécheurs, de
réparateur de leurs offenses, il était conve-
nable et même en un sens nécessaire qu'il
endurât les opprobres et les tourments d'un
supplice ignominieux, qu'il subtt une mort
violente, la mort des criminels. Mais de
quelle valeur seraient ses souffrances, s'il
avait été insensible à la douleur et à l'in-
jure?
On peut nous faire ici une objection. Le
Verbe s'est associé la nature humaine, afin
qu elle servit d'instrument à la réparalioa
53
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
»
du mal, c'était comme la condition sine qua
Hon de l'uoion ; donc Thumaaité du Fils de
DieUy étant engagée d'avance, n'a pu payer
notre rançon qu'au mo^en d'un prix déjà
dû, donc elle n'a satisfait pour nous que
d'une manière fictive ; par conséquent il ne
faat plus parler de mérites réels et effectifs ;
toatceque nous avons dit jusqu*à présent
s'écroule de fond en comble.
Ce raisonnement aurait quelque appa-
rence de vérité, si l'expiation de nos crimes
avait demandé l'effusion de tout le sang de
Jésos-Christ, tous les tourments, toutes les
i^fooroinies de sa passion; il n*en est pas
ainsi: Nous croyons avec l'Eglise que la
moiadredes satisfactions de rUomme-Dieu
soffitpour expier les iniquités du monde.
Si Ton dit que Dieu le Père avait ordonné
la mort de son Fils, nous répondons, TE-
vaogile à la main, que Jésus -Christ pouvait
nblmir la réTocalion de cette sentence; car
itdil à ses apôtres: Pensez-^ous aue je ne
fiuwi pas prier mon Pire^ et qu'iîne m'en-
terrûit pas à Vinstant plus de douze légions
fwgu^ pour me délivrer de mes ennemis
(à6)? Jésus-Christ a donc véritablement mé-
rité, en at^eptanl tous les maux de notre
cuQduion, dont il avait comme une horreur
naturelle et dont il pouvait se faire déchar-
ger. Ses mérites sont fondés comme les nô-
iressark liberté de choix et sur la violence
^a'iJ a soufferte pour accomplir jusqu'à la
An la volonté de son Père.
i>ieu a voulu la mort de son Fils, il est
vrai, mais il l'a voulue de telle manière
qu'elle fût méritoire; c'est pourquoi elle
derajt être libre. Aussi lisons-nous dans
iUvangile ces paroles bien dignes d'être ve-
nïsn\uéesi Personne ne peut m*ôter la vie:
/> la Quitte de moi-même et parce que je le
rfiix(27). Cependan-t à la suite de ce pas-
sa^ et dans plusieurs autres, Jésus-Christ
DOQS enseigne clairemeut qu'il devait mou-
rir, que leHe était la volonté de son Père.
Il Dejàni pas s^cn étonner; un tel évé-
nement doit avoir été l'objet d'un décret
jarticutier, motivé par des raisons d'une
(çravité extrême. Tâchons d'en découvrir au
oiohis quelques-unes.
Remarquons, d'abord, que Jésus-Christ a
en quelque sorte souffert trois morts diffé-
rentes : la première, s'il est permis de lui
donner ce nom, par l'anéantissement du
Verbe dans l'incarnation ; la seconde, par
cette tristesse incompréhensible dont son
âcoe sainte fut accablée au temps de sa pas-
>iofl, ce qui lui tit dire: Mon âme est triste
jusqu*à la mort (28); la troisième l^nlin, par
le .<acrifure de la croix. De ces uiorts, la
l*ius inexplicable sans contredit,' c'est la
i'remière ; les autres n'en sont gtière que
îa conséquence, et, pour ainsi dire,>jlecoiii-
plément. L'incarnation semble eiviportor
comme nécessairement la mort coi'N>orellu
daJéf os-Christ; il n'y aurait pas eu hur-
(ië) Mûtth. xtvi, 55.
ti7) Joen. », 10.
roonie dans sa personne divine, si, après
l'anéantissement du Verbe, la nature hu-
maine n'avait pas subi à son tour une es-
pèce de destruction. D'ailleurs la peine du
péché, c'est la mort: mort temporelle pour
l'homme déchu, mort éternelle pour l'homme
impénitent et pour l'ange révolté. En àOr
ceptant la responsabilité des péchés de tous,
le Fils de Dieu se condamnait donc lui-
même à la mort. Certes, il ne devait point
demander dispense de la loi, lui nui venait
sur la terre pour nous apprendre a l'accom-
plir tout entière.
Comme réparateur de l'offense faite à Dieu
par la révolte de l'ange et la désobéissance
de l'homme, Jésus-Christ ne pouvait mieux
remplir sa missionqu'en se montrant obéis--
santjusqu*à la mort et jusqu'à la mort de
la croix (29).
Médiateur entre Dieu et les hommes, il a
mérité leur amour bu suprême degré en se
dévouant sans, réserve à la gloire de l'un et
à la rédemption des autres ; par sa mort, il
est devenu le point d'union où Dieu et
l'homme se rencontrent et s'embrassent.
Sauveur, son sang répandu crie plus haut
que nos iniquités et rend croyables les plus
grands prodiges de la miséricorde divine ;
nulle gr&ce ne peut être refusée à un tel
suppliant. A la vérité, la moindre des dou-
leurs de Jésus-Christ est d'un prix infini,
mais Dieu n'est point tenu de l'accepter
pour notre rançon ; il fallait le spectacle des
opprobres, des souffrances de son Fils pour
désarmer sa juste colère. La rédemption pa-
raîtrait d*ai Heurs un jeu, si elle n'avait
coûté au Sauveur qu'une goutte de sang ou
une larme, ou s'il était mort paisiblement
dans son Ht au milieu de ses disciples.
Législateur, il nous donne dans sa pas*
sion l'exemple le plus pathétique de toutes
les vertus qu'il commande; ses tourments
nous font comprendre le péché, le ciel,
l'enfer, et combien la vie est une chose sé-
rieuse.
Fondateur de religion, en établissant son
Eglrse par les ignominies de la croix, il a
assuré en môme temps le mérite et le fon-
dement de la foi, donné naissance h tous les
sacrifices, à tous les dévouements de la
charité.
Toutes les parties du plan divin se rap-
portent de quelaue manière au sacrifice du
Calvaire; toute I économie de la religion est
fondée sur la passion du Fils de Dieu. Aussi
n'est-on pas étonné d'entendre Jésus-Christ
dire aux disciples d'Emmaiis : O insensés I
ne fallait-il pas que le Christ souffrit ces
tourments, et qu'il entrât ainsi dans sa
gloire (30) t La douloureuse scène du jardin
des Olives est encore plus digne d'attention :
dans son agonie, le Sauveur est tehement
troublé, abattu, qu'il ppie son Père d'éloi-
gner de lui, s'il est possible, le calice jus-
qu'alors tant désiré; mais il reconnaît à
(29) Philipp, n, 8.
(50) Luc. xuv,'2G.
58
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
86
Tinstant que leMe n'est point la volonté du
cieK En effet» comme si une nécessité in-
vincible eût commandé le grand sacrifice, le
Père, qui exauce toujours son Fils unique,
lui envoie un ange (31], non pour le délivrer»
mais pour le fortifier à rapproche d*un sup-
plice inévitable.
La mort de Jésus-Christ a produit un bien
i'mmcnse; pour en embrasser l'étendue, il
faudrait^ comme s'exprime saint Paul» me-
surer la hauteur» la largeur» la profon*
deur (32)» toutes les dimensions de la cha-
rité infinie de Dieu pour ses créatures» dans
]e don qu'il leur a fait de son Fils. Non^
seulement les anges, non-seulement les
hommes ont été pénétrés et remplis des
mérites de ce divin Chef des élus» il n'y a
pas jusqu'à la vile matière qui n'ait passé
de son néant à un état surnaturel, en deve-
nant quelque chose de propre» de personnel
à un Dieu» et en servant d'une manière si
essentielle & la consommation de son œuvre.
Jusque-là le monde n'était qu'ébauché» in-
complet; ici la création tout entière subit
une transformation admirable : elle s'élève
à une perfection dont elle n'avait pas même
le germe et les premiers traits.
Oserait-on dire que la gloire rendue à
Dieu et le bonheur acquis dans un degré si
sublime aux prédestinés ne justifient pas la
mort de Jésus-Christ? Mais si cette mort,
la mort du juste, de l'innocent» la mort d'un
Dieu, se trouve si bien expliquée par la
grandeur de ses résultats; si» au lieu d'être
un défaut dans le plan de la Providence»
elle est la souveraine perfection du monde
et la source de toutes les perfections, n'est-il
])as évident que ce qui a concouru à pro-
duire ce bien immense est aussi en un sens
une perfection» et» si ce concours a été in-
dispensable» une perfection nécessaire ?
Or, la mort de Jésus-Christ suppose la
création des corps, la désobéissance de
1 homme» la transmission de sou péché, et
même la chute des anges rebelles.
L'âme» étant immatérielle» ne peut mourir
3ue par l'anéantissement» et sans aucun
outc Jésus-Christ ne devait pas mourir de
cette manière» puisqu'il s'est fait homme
pour être Téternel médiateur de l'union de
Dieu avec ses élus. 11 lui fallait donc un
corps mortel, une existence environnée de
tous les maux qui sont entrés dans le monde
par le péché de notre «premier père*
Egal en force et en intelligence à Lucifer»
Adam périssait sans retour» sa chute était
irréparable; mais placé à un degré inférieur
dans la hiérarchie des esprits» plus faible et
exposé à des dangers plus grands» il a eu à
l'indulgence un certain droit» et Dieu ne l'a
point irrévocablement condamné. Cepen-
dant le mal a suivi sim cours. Tous les
hommes étant nés du premier homme et
formés de sa substance» la nature humaine»
altérée dans le père, a dû passer. viciée et
corrompue à sa postérité. Jésus-Christ lui-
mëthc, en mettant de (:ôté le péché de la
concupiscence, a eu sa part de cet héritago
malheureux : comme Gis de l'homme, un
sang impur à quelques égards coulait dans
ses veines; il avait pris non la chair de la
justice originelle, mais la chair du péché
avec ses peines et ses douleurs. Si riiomuie
fût resté pur» les humiliations du Fils de
Dieu n'avaient ])lus de motif; s'il était tombé
sans retour, le Verbe aurait vainement cher-
ché sur la terre une mère di^ne de devenir
l'instrument de son incarnation» d'ailleurs
inutile dans cette hypothèse; si le mode de
propagation du genre humain eût été diffé*
rcnt, les conséquences de la faute d'Adam
se seraient bornées à lui seul» et le Sauveur
n'eût nu trouver parmi nous un corps sou-
mis à la douleur et à la mort.
Allons plus loin. Le Sauveur devait mou*
rirde mort violente. On ne veut pas sans
doute oue le Dieu infiniment juste se soit
fait le bourreau de son Fils. Tout au plus
pouvait-il permettre à des hommes méchants
d'exécuter» sans le savoir» les desseins de sa
miséricorde sur le monde. L'attentat des
Juifs ne devait pas pouvoir être justifié par
l'ignorance; car» quoique Jésus-Christ ait
1>ris soin de cacher sa gloire pour atténuer
e crime de ses ingrats compatriotes» il était
obligé de donner des preuves assez authen-
tiques de sa divine mission pour en con-
vaincre tous les siècles. Il est donc venu
dans un temps de grande civilisation; il est
né au milieu d'un peuple choisi pour être
le gardien de l'ancienne foi» le dépositaire
des promesses faites au genre humain; il
a paru dans le monde avec l'éclat qui con^*
venait à sa grandeur; il a parlé avec une sa-
gesse que nul n'égala dans aucun temps ; il
a fait des miracles tels qu'on n'eu vit jamais
de semblables en Israël. En un mot, il est
venu dans le siècle le plus éclairé, chez le
peuple le mieux instruit des mystères de la
foi, des oracles des prophètes, qui» dans ce
temps-là même, attendait son Messie; et ee«
pendant ce peuple» à oui le Rédempteur était
annoncé depuis tant as siècles» et aui avait
tant de moyens de le reconnaître» le renie»
l'accable d*outrages» lui fait souffrir la mort
de la croix. Si la nation élue parmi toutes
les autres pour conserver sur là terre, au
milieu de la corruption générale» le dépôt
de l-antique foi et l'exemple des bonnes
mo&urs» avait pu, d'olle-raôme et sans y être
poussée par une force étrangère, s'emporter
jusqu'à cet excès, le mal eût été irrémédia-
ble; ceux que le Fils de Dieu venait spécia-
lement sauver étaient perdus sans ressource.
H devait en être aulroment; l'honneur du
Verbe incarné ne permettait pas que la na-
ture qu'il s'élait'unie fût réprouvée tout
entière. C'était là pour Dieu une puissante
raison de permettre aux anges renelles do
tenter l'homme ; il faisait ainsi éclater sa
sagesse d'une manière admirable, en nou5
sauvant par nos périls, en faisant servir le
fléché à la rédemption de l'univers.
Par un conseil semblable, le Fils de Dieu»
(r.S) fA(c, txn, 43.
(7^2) Kphes, m, 18.
S7
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQLË.
IL\L
IX
qui i^tait Tenu déirnire le règne da péché
sur la terre, en laisse subsister ]es effets,
comme la concupiscence, la douleur, la
mort. Ce gtii était un châtiment devient une
Ofcaston de mérite ou un moyen de récon^**
dliation. L^épreuve, la tentation font les
grandes rertus; la mort a fait nos martyrs,
et la terrenr qu^elle inspire une multitude
innombrable de pénitents. D'ailleurs, si la
profession du christianisme exemptait de la
mort et des misères de la rie, qui ne s'em-
presserait de recevoir le baptême, dit saint
Augustin (33)7 Et quel mérite aurait une
foi qui recevrait dès ce monde une telle
récompenseT
Si Ton s*étonne de nous voir rapporter
tout au Fils de Dieu, et chercher dans son
union avec la nature humaine l'explication
de5 conseils de la Providence : nous répon-
drons que lésus-€hrist lui-même se nomme
la pierre an^laire de l'édiflee, l'alpha et
Toméga, le principe et la fin de toutes cho-
ses, la pensée de rattacher tout à l'Homme-
Dieu était à la fois la plus naturelle et la
plus haute à laquelle le Créateur pàt s'arrê-
ter. L'incarnation étant l'effet sans pareil de
la puissance divine, il est raisonnable de
Tfti^ierloas les autres prodiges h celui-là,
et impussible de trouver pour la création un
rentre d'ointe et un moyen de perfection
plus digne de Dieu.
I&as-€hrist est plus particulièrement le
chef do genre humain ; maïs il est aussi
eefoi des esprits bienheureux. Saint Paul
nous renseigne en mille endroits de ses
£pflres. Il ne faut pas s'en étonner. Quoi t le
iDoiide physique est un dans son immensité,
par le rapport de ses parties et leur dépen-
dance réciproques, et le monde (le« esprits
ne le serait pasl Dieu aurait refusé à la
société de ses élus une perfection dont il
03 pas Toulu priver la vile matière I Quoi I
Dieu aurait préféré un moyen de glorifier
les anges indépendamment de Jésus-Christ,
pendant qu'il trouvait en lui avec surabon-
dance de quoi contenter sa miséricorde, sans
rien relAcber de sa justice I C'est par Jésus-
Christ , comme le chante l'Eglise , que les
Bomioations, les Puissances, les Chérubins .
et les Séraphins, tous les ordres de la hiérar-
chie céleste, louent, adorent, bénissent (34),
et Ton peut ajouter aiment et possèdent
Dieu, et ce n'est point par lui qu'ils auraient
obtenu cette suprême félicité! Arrivés au
terme, ils ont en quelque sorte besoin de
iésos-Christ pour jouir de leur récompense,
et ils auraient pu se passer de lui pour la *
mériter 1 Quel décousu, ({uelle incohérence
ûêns le pian qu'il faudrait prêter h Dieu, si
eu tout et partout le Verbe incarné n'élait
fias le médiatenr des créatures 1 Quelle gran-
«ieor, au contraire, quelle harmonie dans
l'ouvrage divin I Combien il devient di^ne
•le Aon auteur, dès qu*on admet la médiation
universelle de Jésus-Christ I On doit conve-
nir que les anges fidèles n'ont pas eu besoin
(^) Cité de Dietif liv. ini, ch. 4.
31 1 Litvrgîe,
du Sauveur de la même manière que nous:
la grâce médicinale leur était inutile, puis*
qu'ils ne sont pas tombés; mais il leur en
fallait une autre pour surnaturaliser leurs
œuvres et les rendre dignes de la récom-
pense infinie. Si cette grflce n'est pas fondée
sur les mérites de Jésus-Christ, la gloire du
ciel n'est plus pour les anges un salaire,
mais un pur don; le moindre des justes de
la terre est plus digne d'honneur que tous
les esprits bienheureux ensemble, ce qui est
contraire h la croyance de TEglLse, laquelle
ne met au-dessus des chœurs célestes que
la seule mère de Dieu.
Nous ignorons comment les mérites de
Jésus-Christ sont communiqués aux anges
fidèles, qu'importe? Il est leur chef, et c est
tout dire. N est-ce pas la tète €|ui est le prin-
cipe du mouvement, du sentiment et de la
vie pour tous les membres du corps? S'il en
est un qui ne communique plus avec la tête,
on dit que c'est un membre mort, et on a
raison. J*avoue aue je ne comprends pas
comment Jésus-Ciirist pourrait être appelé
le chef des anzes (35j, s'il n*était pour eux
le principe de la vie surnaturelle.
D'ailleurs, lorsque Dieu établit une loi, il
en compense les inconvénients par des avan-
tages plus grands. La faute d'Adam nous est
imputée ; mais aussi le Fils de Dieu nous
est devenu justice, sanctification et rédem]>-
tion(36). Les enfantsmortssans baptême sont
exclus du royaume des cieux ; mais ceux qui
meurent avec le caractère du chrétien re-
çoivent en partage les récompenôes éternel-
les sans avoir rien fait pour les mériter. Le
crime des anses nous ayant été si fatal, le
contre-coup de cette grande chute ayant
abattu le genre humain, n'estai pas naturel
de penser que la grAce qui nous a relevés
s'est fait sentir, quoique d'une manière dif-
férente, à tous les enfants de Dieu ? Le
crime d'un seul coupable a pu mettre en pé^
ril la société des intelligences tout entière,
et les œuvres du Saint des saints n*auraient
point d'influence hors des limites étroites de
cette terre I Pendant qu'il n'y a jvas d'évé-
nement isolé ; que, par la constitution de
la société des élus, les biens comme les
maux sont communs et se iont sentir au
corps entier, l'événement le plus grand d<j
tous, le bien par excellence ne se serait rap-
Eorté qu'à une fraction de la lamilledeDieu,
ors de ce petit coin de l'univers, il serait
resté sans portée et comme non avenu! Le gé-
nie du mal aurait eu plus de privilèges que le
féniedu bien, et le démon, ayant pu nuire à
homme, il serait défendu à Jésus-Christ
d'être utile à l'ange I Ce ne sont point là
les pensées de notre Dieu
Pour suppléer à l'insuffisance de nos œu'-
vres et à leur.disproportion avec la gloire
éternelle, ce n'était pas assez que Jésus-
Christ acquit des mérites, il fallait encore
qu'il pût nous les communiquer et que son -
bien devint le nôtre. C'est ce quq la Provi-
(55) Captif.
(36) / Cbrinth. i,
.ji».
m
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
60
dence a fait, non en instituant de nouvelles
lois, mais en maintenant et appliquant celle
de la solidarité, de la communion univer-
selle. Avant comme après Jésus-Christ, le
mérite ou le démjérite d'un membre a été
réversible sur tout le corps de TEglise. Dix
justes auraient sauvé Sodome ; la terre ne
subsiste qu'à cause des élus, c*est pour eux
seuls que sont abrégés les jours mauvais.
ï)*un autre côté, le péché d*Adam a passé à
sa postérité, le crime des pères est puni sur
les enfants jusqu'à la quatrième génération
(37j ; nous portons tous de quelque manière
la peine de fautes qui nous sont étrangères.
Jésus-Christ, en entrant dans l'humanité, a
accepté pour lui-même cette loi de la soli-
darité universelle. Il s'est soumis à des
maux introduits dans le monde par des pé-
chés dont il n'est point coupable; je dis
non-seulement le péché de Lucifer et celui
d'Adam, mais les péchés de ses compatriotes
que leurs iniquités avaient fait tomoer dans
un état dont il asubi tous les inconvénients ;
je dis aussi les péchés de tous les hommes ,
f>arceque les peuples réagissent les uns sur
es autres, et que les Juifs eux-mêmes, mal-
gré les précautions infinies delà Providence,
n'étaient pas à l'abri de Tinfluence des na-
tions étrangères. Si donc Dieu avait refusé
les satisfactions du Sauveur pour ses frères,
il aurait fait une exception à la règle géné-
rale ; il aurait mis Jésus-Christ hors de la
loi commune dans ce qu'ellea d'avantageux,
après Vy avoir soumis dans ce qu'elle a de
funeste; il semble, par conséquent, que Dieu
n'aurait pas été juste envers son Fils, en lui
refusant d'admettre les anges et les hommes
à la participation de ses mérites.
Nous aussi, par la même raison, nous
avions quelque droit à n'être point exclus
de la communion des œuvres au Sauveur ;
l'incarnation ne nous était pas due assuré-
ment ; mais dès l'instant que le Fils de Dieu
s'était fait le Fils de l'homme, il devenait
notre associé, il s'établissait entre nous une
communauté de biens et de maux. Certes,
il n'aurait pas été digne de Dieu de nous
priver du bénéfice d'une loi dont nous avions
supporté toutes les charges.
Nous savons trop peu de chose des saints
anges pour dire tous leurs titres à la parti-
cipation des mérites du Verbe incarné ; ce-
pendant nous pouvons affirmer qu'ils ont
lutté contre les démons pour empêcher la
séduction de s'étendre, soit au ciel, soit sur
la terre ; cette lutte dure encore et elle
5e prolongera jusqu'à la fin des siècles.
Il est aussi permis de croire qu'après la
chute du premier homme, les saints anges
ont demandé grâce pour lui, et que leurs
prières n'ont pas été sans influence sur le
décret de l'incarnation ; car c'est la conduite
ordinaire de Dieu de nous porter à deman-
der ce qu'il veut nous donner. Pourquoi,
s'étant trouvés mêlés dans la lutte et ayant
contribué à la victoire, les anges n'en par-
tageraient-ils pas le profit ? Où serait la
(37) Exod. XX, 5.
justice d'une telle exclusion ? Dira-t-on que
les anges étaient déjà dans la gloire, et par
conséquent incapables d'acquérir de nou-
veaux mérites ? Qu'en sait-on? Pourquoi vou-
loir que Dieu n'ait pas disposé les choses
de manière à leur donner undroitau partage
des fruits du grand sacrifice ? Il nu faut pas
d'ailleurs confondre les mérites purement
personnels avec ceux qui proviennent de la
communion des saints ; les premiers sont la
condition nécessaire des seconds « et ils
s'arrêtent pour l'homme, à la mort, pour
l'ange au moment que Dieu a marqué ; les
seconds sont susceptibles d'augmentation
jusqu'à la fin des siècles.
On demanderasurquoi repose ledroitdes
enfants baptisés; nous répondons que, nés
du sang d'Adam, exposés à tous les incon-
vénients de la solidarité, ils ont dès lors un
titre à la jouissance des avantages que Dieu
nous a donnés en compensation. S ils sont
dépourvus de mérites personnels, ce n'^st
pas leur faute, ils n'ont point déserté le
combat. Notre dernière heure doit être in-
certaine, nous en avons vu les raisons ; si
elle surprend l'homme dans le péché, il est
tierdu; pourquoi ne serait-il pas sauvé,
orsqu'elle le trouve dans la justice? Les
chances doivent être égales; c'est le moins
qu'on puisse attendre d'un Dieu comme le
nôtre.
Mais pourquoi le baptême, dont la priva-
tion exclut du royaume des cieux 7 Ne de-
vrait-il pas suQired'être homme, et en cette
qualité frère de Jésus-Christ, pour avoir part
à ses mérites? La réponse à celte question
remplirait un volume; car, c'est comme si
l'on nous demandait : Pourquoi l'Egliseavec
son culte, ses sacrements, sa hiérarchie?
Pourquoi une religion? Pourquoi la néces-
sité des bonnes œuvres? Contentons- nous
dédire que,1aluttedul)ienetdu mal n'ayant
point cessé depuis l'incarnation, pour deve-
nir membre du corps mystique de Jésus-
Christ, il faut au moins le vouloir. Cette
volonté se déclare par la réception du bap-
tême ; c'est, poiu* ainsi dire, la formule que
Dieu à prescrite ; il pouvait en choisir une
autre, il ne tenait qu*à lui. Quant aux en-
fants, un Dieu mort pour eux n'a pu vou-
loir qu'ils restent esclaves du démon jusqu'à
l'âge de discrétion, auquel ils n'arriveront
f)eut-être jamais. Il est donc raisonnable de
eur administrer le baptême dès leur nais-
sance , comme le fait l'Eglise catholique.
Dans ce cas, leur volonté est suppléée autant
3ue possible par celles de leur famille et
u ministre de la religion. Libreàeuxplus
tard de ratifier ou de désavouer l'engagement
pris en leur nom.
Dieu n a donc rien oublié pour glorifier
ses élus. 11 leur a tout donné, puisqu'il les
a tirés du néant; mais il a trouvé dans les
secrets de sa sagesse infinie le moyen do
leur faire acquérir des mérites égaux à la
récompense, de telle sorte qu'il semble
acquitter à leur égard une dette de justice»
ta
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
61
lorsqu'il accomplît sur eux le plus grand
acte de sa bonté. Ainsi se vérifie la paroie
(lu prophète : La miséricorde et latérites se
sont rencontrées^ la justice et la paix se sont
donné le baiser étunion (38). Admirable com-
binaison I La justice • divine devait nous
inspirer une profonde terreur, elle devient
le tondemeut de notre espérance 1 Comme
fils d*Adam, la malédiction était notre par-
tage; comme frères de Jésus-Christ, nous
aTons droit à Thérilage des cieuxl Et le
principe de ce changement merveilleux ,
c'est ce qui devait nous perdre sans retour,
la transmission du péché du premier homme
^sapostérilé. Le prophète avait bien rai-
sou de s'écrier : O Seigneur^ que vos œuvres
sont grandes I vos pensées sont d'une pro-
fondeur impénétrable {3^). Il faut pourtant s'ef-
forcer de comprendre, dans son principe et
dans ses effets, cette loi de la communion
des biens et des maux; on y trouvera le mot
de rénigrae de l'homme, de Tan^e, de la
création et du gouvernement de Ta Provi-
dence
L'histoire de la chute présente deux cir-
constances bien remarquables : l'influence
funeste de Satan et la promesse du Libéra-
teur. Mais » chose digne d'attention , en
anoonçanv la réparation , ce n'est pas à
nomme qae Dieu s'adresse, c'est au démon,
comme s îl lui disait : <« Tu as voulu perdre
celui qui devait te remplacer dans la
gioire^ eh bien I mon dessein subsistera
malgré toi ; je dompterai ton orgueil par ce
qu'il j a de plus faible, je mettrai une
inimitié éternelle entre la femme et toi,
entre sa race et la tienne, et elle t'écra-
sera la tête. » L'honneur de Dieu était
eniça^é; dès lors l'incarnation, auparavant
peut-être impossible, devenait nécessaire,
èùn qu'il ne fût pas dit que le démon, vain-
queur de Dieu, avait mis dans son ouvrage
un désordre irréparable', en se prévalant
des lois établies. Du côté de Dieu la commu-»
nion du mal emporte donc nécessairement
la communion du bien. Il en est de même
à l'égard de l'homme; dès qu'il a soufTertde
la faute d'autrui, il doit pouvoir chercher
une compensation dans les mérites étran-
gers. Ainsi la loi de la solidarité universelle,
raisonnable en soi, devient-elle la source
d'un bien intini; Tinstitulion de cette loi
n'accuse donc ni la justice, ni la sa^^esse,
ni la bonté divine.
ABTICLE SECOND.
Impuissance de la philosophie. — Réponse
à M, de Lamennais,
yous n'avons pas l'intention de montrer
l'impuissance de chaque système en parti-
culier. Cela n'est pas nécessaire. Pour at-
teindre notre but, il nous sufilra de diviser
en deux classes les ennemis delà révélation:
ceux qui admettent la vie future , et ceux
qui bornent à la vie présente les destinées
du genre humain. Nos raisons ne perdront
rien de leur force pour être plus géné-
rales.
§1.
Impuissance des phUosophes qui admetlent llmmortalilé
.de rame.
Parlons d'abord des philosophes qui re-
connaissent rimmortalité de l'âme. Les
uns (&0), en bien petit nombre, admettent
l'éternité des peines , ou plutôt ne se sen-
tent pas assez forts pour en détruire les
Kreuves, et la rejeter absolument ; ce sont
îs plus raisonnables. D'autres (il) regardent
toute espèce de supplices infligés hors de ce
monde aux plus coupables des hommes
comme inconciliables avec la miséricorde
de Dieu ; ceux-là du moins sont sincères^
ils osent dire à la face du soleil le fond de
leurs pensées et de leurs désirs. Quelques-
uns enfin aiment mieux un chAtiment tem-
poraire, proportionné aux crimes, et suivi
d'un état heureux ou même de l'anéantisse*
ment.
La réfutation des deux dernières opinions
serait facile. En effet , nous montrer Dieu
couronnant la séduction, la rapine, le meur-
tre et tous les crimes, excitant les passions
désordonnées par l'espoir de la rémunéra-
tion , décourageant le juste en lui faisant
attendre pour salaire le sort et la compagnie
des méchants, ce n'est pas un système, c'est
une impiété et une absurdité ; une impiété,
e^r un homme de bien aurait plus A cœur
le maintien de la justice, mettrait mieux k
couvert l'innocence et la faiblesse, oppose*
rait (les obstacles plus sérieux au déborde-
ment de tous les vices; une absurdité:
parce qu'une religion ou un^ philosophie,
en établissant le dogme -d'une impunité
absolue, loin d'améliorer les mœurs, ce qui
doit être l'objet de toute philosophie et en-
core plus de toute religion, livreraient le
monde à une corruption, à une perversité
sans exemple, et la société à une ruine
inévitable. Un enfer non éternel ne vaudrait
guère mieux que l'impunité , puisque la foi
à des supplices sans fin, suffit rarement pour
empêcher les plus justes des hommes de
tomber dans le crime.
Nous avons traité ailleurs la question de
l'éternité des peines. (Voy. ces mots.) il nous
suffit ici de dire que les divers systèmes
des philosophes sur la nature des châtiments
du crime dans l'autre vie sont tout à fait
sans valeur; une simple affirmation du pre-
mier venu ne suffit pas pour établir un
dogme contraire h la croyance de tous les
pays et de tous les siècles. Le catholique
])eut parler avec assurance des tourments
de l'enfer et de leur éternité ; il s*appuie
sur la parole de Jésus-Christ, dont il recon-
naît la mission divine, et sur la foi de tous
les peuples de la terre. Mais le philosophe
n'a reçu de révélation de personne ; il n est
point allé dans l'autre monde pour eu ap-
(5S) Psal. Lxxiiv, 11.
159> PmL SCI, 6.
[40) J.'J. Rousseau, Emile^ livre iv.
[41j L^ucN^Ais. Ei(jms$e d"me phiiosophie.
i
fô
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE,
MAL
Ci
prendre les secrets, et il ne peut guère
compter sur sa raison en la voyant en con-
flit arec celle du genre humain. S*il est sage,
ses propres systèmes doivent donc lui pa-
raître des suppositions en Tair, d*après les-
quelles il serait imprudent de régler sa
rie.
Nos avanfages sont ici évidents ; poussons
néanmoins la condescendance au delà de
toute mesure, en mettant sur la même ligne
le philosophe et le catholiijue, et raison-
nons comme si Trucertitude était égale des
deux côtés. En nous supposant juges du
combat, nous dirons aux deux adversaires :
Laissons-là vos affirmations contradictoires,
Tautre vie est ce qu'elle est en bien et en
mal, Dieu en a formulé les lois comme il
a voulu, vos opinions n'y changeront rien.
De deux choses Tune : ou le vice et la vertu
seront traités de la même manière dans l'au-
tre monde, et alors il faut juger du prix du
christianisme et de la philosophie par la
somme de bonheur qu'ils procurent aux
hommes dans celui-ci ^nous examinons cette
question dans le paragraphe suivant); ou
le vice sera puni et la vertu récompensée,
n^importe comment, et alors le système le
plus propre à réformer les mauvaises pas-
sions, à développer les inclinations loua-
bles, doit obtenir la préférence et être pro-
clamé le plus utile au genre humain.
Poser ainsi la question, c*est l'avoir déjà
résolue. En effet, le christianisme est la
plus admirable école de vertu qui ail jamais
existé ; il est visiblement organisé pour re-
fouler dans le fond de l'Ame les mauvais
instincts de la nature, comme aussi pour
inspirer les nobles sacriGces de la vertu;
ses dogmes, ses maximes, son culte, sa hié-
rarchie, concourent également à faciliter la
pratique de ses enseignements moraux.
L'Eglise a une seule ambition, une pensée
unique, celle de rendre les hommes meil-
leurs ; elle emploie à atteindre ce but toutes
les ressources, toutes les forces dont elle
dispose. Sa doctrine et sa constitution sont
admirablement combinées dans ce dessein,
elles composent un tout d'une harmonie
merveilleuse et d'une force incomparable ;
mais en y faisant le moindre retranchement
on détruit de même l'énergie vitale et la
puissance pour le bien, comme le prouve
rhistoire de toutes les hérésies, devenues
stériles en grandes vertus dès le moment de
la séparation.
La philosophie incrédule , au contraire,
a pour premier objet (on en conviendra si
l'on veut montrer un peu de franchise) de
mettre à Taise les passions humaines en les
délirrant d'une crainte capable d'empoi-
sonner leurs jouissances. Aussi a-t-elle
dépassé de bien loin les erreurs des siècles
précédents, rejetant avec l'autorité de l'E-
criture et de i Eglise toutes les vérités dog-
matiques, et laissant à peine subsister la
morale sous la réserve de lui ôtor sa sanc-
tion. Cette révolte déclarée contre le chris-
tianisme ne pouvait manquer d'ouvcir une
large carrière à tous les vices. Si l'hérésie,
en rejetant un seul article de la vraie foi,
prépare la décadence prochaine, inévitable
des vertus chrétiennes, que sera-ce de l'in-
crédulité qui les repousse tous ? La faiblesse
contre le vice doit se mesurer sur le nombre
et l'importance de ses négations; nous
en avons sous les yeux la preuve affligeante:
sans les efforts de l'Eglise pour arrêter le
progrès de la dépravation générale , notre
siècle serait déjà descendu peut - être au-
dessous des plus mauvais temps du paga-
nisme.
Il ne faut pas s'en étonner, la philosophie
est de sa nature radicalement impuissante
contre le mal. AQn qu'il ne reste pas de
doute à cet égard, prenons le cas le plus
favorable, et supposons un philosophe de
mœurs irréprocnables, d'un génie élevé,
animé des intentions les plus nobles, et
appuyant une morale sévère sur le dogme
de l'éternité du chAtiment. Ce philosophe
pourra <t-il imposer à la conscience le moin-
dre devoir? Non, parce que tout le monde
peut lui dire: Qui êtes-vous? qui vous a
envoyé? De qui tenez-vous votre mission?
Vous parlez d'une loi divine, d'un enfer
éternel réservé aux violateurs de cette loi ;
nous n'en croyons rien. Si Dieu nous avait
imposé des devoirs, il nous aurait fait con-
naître sa volonté (fune manière certaine.
Un législateur c[ui, n'ayant point promulgué
son code, punirait la transgression de ses
lois par des peines terribles, ^serait le plus
absurde et le plus inicfue des tyrans ; un
Dieu qui exigerait si rigoureusement l'ob-
servation de ses ordonnances, qu'il en con-
damnAt les violateurs & des tourments sans
fin, et en même temps qui y tiendrait assez
peu pour ne daigner faire connaître aux
intéressés ni ses commandements, ni le
motif d'hêtre fidèle, quel nom mériterait-
il? Est-il digne de l'Etre infiniment sage et
infiniment bon d'avoir placé l'homme sur
la terre comme pour deviner une énigme,
et lorsqu'il n'a pas su en trouver le mot, de
le condamner à des supplices éternels ? Une
destinée sérieuse de l'Iiomme et un silence
absolu de Dieu sont ce qu'il y a au monde de
plus inconciliable.
Le philosophe se trouve ici dans un em-
barras extrême, peut-être croira t-il en sor-
tir en disant avec Rousseau (12) : « Dieu a
tout dit à nos yeux, à notre conscience, à
notre jugement. » Quoil tout, et k chacun
des hommes 1 D'où viennent donc tant d'i-
gnorance sur les objets essentiels parmi les
plus savants, tantde discordes entre les parti-
sans de la même doctrine et les 'disciples
de la même é^^ole ? Tranchons la question
im un mot : l'Eglise catholique peut à peine
retenir dans le devoir, par la menace des
supplices de l'enfer, un petit nombre de
ceux qui reconnaissent soti infaillible au-
torité, et le philosophe, qui n'en- a point, à
qui personne ne croit, pensera être assez
(li) Emi7e,lîir. iv.
MAL
DICTIONliAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
66
fort pour mettre un frein aoi passions bo-
■Mûnes déchaînées 1 On se demande avec
éconnement snr qnoî peut èire fondé un
pareil espoir. La raison* seole et dernière
re&soarce da philosophe , est une esclare
dont les passions se serrent pour combat-
tre par des sophismes une autorité redoutée
et dont elles ne daigneront pas entendre
les rédamaiions timides, lorsqu'elles auront
entièfement secooé le joug de la foi.
POor rendre fimpuissance des systèmes
aotithrétieiis plus manifeste enoore, s'il
est possible, supposons les espérances des
incrédules réalisées, c'est-è-dire le chris-
uinisme anéanti, et le rè^ne de la raison
établi sur les niines de la révélation. Voilk
doBccouTaincae d'erreur une religion, dont
les prteentions à une origine céleste se fon-
daient snr des prédictious gardées par les
Joi&ses ennemis, sur des miracles attestés
l^ar les païens ses persécuteurs, sur le cou*
nge ei le nombre des martyrs, sur le génie
et il sainteté de ses grands hommes, sur la
force et la dorée de son institution, sur les
Ûoilaitsdont le genre humain lui est re-
devable, enliu snr la sublimité de ses dog-
mes et la sainteté de sa morale. Si les phi-
losophes, aprèsa voir vaincu lechristianisme,
}«Hivâcal établir leur système d'une ma-
nière duaUe, il leur âudrait un grand
iiooibre de siècles pour l'entourer de preu-
ves comparables à celles de notre religion ;
etaiorsîls ne mériteraient aucune croyance,
puisque eux-mêmes auraient refuséde croire
sur des raisons d'une valeur égale. Mais ils
ne saoraient s*élever jusque-là, dès Tins-
laat qu'ils se mettent en dehors de l'ordre
snmalnrel sur lequel repose la puissance
de renseignement de r£glise catholique.
ils travailleraient éternellement à établir
oo seal article de foi, sans pouvoir en venir
à ImmiL Où prendront-ils donc leur point
d'appoî poor forcer Thomme à résister à
ses fermant* les plus diers, à préférer en
mute cîr«3onstance le devoir au ùlaisir et à
rinlérèlî On a bientôt dit : le dogme n'est
rien, la morale seule est nécessaire ; mais
s'il est difficile d'être juste avec les promes-
ses et les menaces de la religion , ne sera-
ce pas impossible, lorsque chacun pourra
rrmre de l'avenir tout ce qu'il voudra?
Bossoel avait raison : Bien croire est le fon-
dement de bien vivre ; où la foi manque on
chercherait vainement la vertu.
Soos le diristianisme, quelques Ames
privilégiées échappent à peine au naufrage
universel. Le nombre des élus serait bien
petit, si l'Eglise ne possédait pas le pouvoir
de réeoncitierles coupables avec Dieu. Mais,
avec la philoaophîe, sur auoi se fonderait
le pardon du crime, plus nécessaire que ja-
mais? La loi, ni l'opinion ne pardonnent
puîsi an criminel ; la rémission des péchés
n'est donc pas une chose anssi simple que
l'on pense. Elle se conçoit cependant chez
les calboliqaes qui ont un Sauveur mort
l«>ur les coupables, au-dessous de lui une
avocate, une mère tonte-puissante, encore
au-dessons une multitude de patrons, de
protecteurs, et de plus un tribunal où le
criminel doit venir s'accuser lui-même en
déplorant son iniquité et en promettant à
Bien de s'en «abstenir désormais. Malgré
tant de raisons d'espérer que la justice di-
vine se laissera désarmer, l'élise regarJe
encore la rémission des péchés comme une
chose si extraordinaire, qu'elle en fait un
des articles fondamentaux de son symbole
et r^ place è côté de ses mystères les plus
impénétrables. C'est là vraiment compren-
dre la nature du |iéché et la manière dont
il doit être remis aux hommes. Tout est ad-
mirablement ménagé et balancé dans ce sys-
tème, pour ne point léser les droits de Dien
et ne pas désespérer la faiblesse humaine.
Mais le philosophe se trouve ici entre
deux abtmes ; il ne peut ni rejeter, ni re-
connaître la rémission des péchés sans por-
ter à la vertu un coup irrémédiable. £n
fermant au coupable toute voie de retour à
Dieu, il le précipite dès sa première chute
dans une carrière de crimes où il ne s'arrê-
tera plus, ne voyaut aucun profit à se priver
iies joies du vice sans niériier les récom-
penses de la vertu ; en lui laissant Tassu-
rance du pardon, indépendamment des pré-
cautions infinies que l'auteur du christia-
nisme a jugées nécessaires pour prévenir les
dangers de findulgence, il le pousse au mal
d'une manière contraire, mais également in-
faillible, par la certitude de pouvoir cueillir
le fruit de l'iniquité sans perdre le prix de la
justice. Je nedécide pas lequel de ces deux sys-
tèmes est le plus funeste et le plus immoral.
Au premier coup d'œil, l'Eglise semble
élargir le cercle des obligations et aggraver
le fardeau de l'homme ; il n'en est rien.
Ainsi la soumission à une autorité infail-
lible, loin d'être une surcharge, empêche les
esprits de se perdre dans le labyrinthe des
opinions humaines; Fusagedes sacrements,
Tassistance aux cérémonies du culte, toutes
les couvres de la piété chrétienne facilitent
Tobservationde la loi naturelle; la pratique
du jeûne et de l'abstinence est un (iréserva-
tif contre les attraits toujours séduisants de
la volupté. L'Eglise a fait ses preuves, on
|ieut s^n rapporter à elle comme maîtresse
de vertu, elle sait par quels moyens on ré-
tablit et on l'entretient dans les âmes : il ne
faut |ias se flatter de faire mieux qu'elle.
Les protestants et les philosophes, en rui-
nant le respect de l'autorité dans les esprits,
en détruisant le culte extérieur, en abolis-
sant-la confession, le jeûne, le célibat reli-
gieux, comme les inventions de la snpersti-
tion et du fanatisme, ont-ils travaillé dans
l'intérêt des mœurs et de la justice ; tout le
monde peut répondre à celte question.
On reproche aux catholiques leur terrible
maxime : Hor$ de f Eglise point de salut :
mais c*est par une inconcevable méprise.
Tout le bien çui se fait parmi nous a pour
principe la foi, sans laquelle il n'existerait
ni dévouement, ni sacrifice. Que deviendrait
cette foi, nous le demandons, s'il fallait
croire que la vérité s'enseigne en même
temps à Rome, à Genève, à Constantinqile ;
67
MAL
blCTlONNAlRE APOLOGETIQUE.
MAL
08
que leculle du bœuf Apis, les cérémonies
infâmes et cruelles observées parmi les
païens, les plus absurdes pratiques du féti-
cbisme ont reçu de Dieu autant de vertu
f^our la justification des hommes que la rc-
igion de Jésus-Christ? Dieu ne peut pas se
donner un démenti à lui-même; il ne sau-
rait avoir révélé des doctrines contradic-
toires aui auteurs des différents cultes, qui
tous ont prétendu parler en son nom ; il
n*y a donc qu'une seule religion vraie, ou il
n'y en a point du tout. De là suit une con-
séquence fort embarrassante pour les phi-
losophes qui ne croienl^à aucune révélation,
mais retiennent le dogme des châtiments
de l'autre vie. Ces philosophes, les seuls à
qui nous ayons affaire en ce moment, après
avoir mauui l'intolérance de l'Eglise, sont
obligé de dire en retournant sa maxime
pour se l'approprier : Hors de la philosophie
point de salut. £n effet, le plus grand des
crimes c'est de rendre à un autre que Dieu
.6 culte de l'adoration, et de se servir de son
nom pour préconiser l'imposture. Or, toutes
les religions sont coupables de ce crime, et
le christianisme plus que les autres. Certes,
il ne doit pas être permis de se rendre com-
plice d'une usurpation sacrilège. En rejetant
toutes les religions, la philosophie est donc
obligée d'imiter l'intolérance de l'Eglise et
de restreindre comme elle le nombre des
prédestinés aux récompenses de l'autre vie.
Mais c'est là le moindre de ses embarras.
On ne gouverne pas le monde avec des né-
gations ; il faut des doctrines positives, so-
lidement établies, qui puissent servir de base
et de sanction à la régie des devoirs. Les
philosophes sont facilement d'accord, quand
il s'agit de nier et de détruire ; il en est au-
trement, lorsqu'il faut relever .l'édifice. Cha-
cun alors se présente avec un système dif-
férent, mais nul n'a assez d'autorilé pour
imposer le sien à ses rivaux. L'histoire de
la philosophie est celle de son impuissance
et des longues guerres de ses écoles toujours
opposées les unes aux autres, hn vain les
incrédules se promettent-ils plus de succès
dans l'avenir ; ils n'attendent rien que de la
nature et de la raison, et nous savons par
une expérience de six mille ans ce que la
nature et la raison peuvent faire, même âi-
déesdes souvenirs, nulle part effacés, de la
révélation primitive. Voyez où en sont les
peuples qui n'ont pas embrassé le chris-
tianisme ; à peine se conserve-t-il parmi eux
une ombre d ordre à l'aide du despotisme, de
l'ignorance, de la superstition, de l'esclava-
ge et de l'autorité absolue du chef de la fa-
mille. Aujourd'hui de nouveaux besoins, de
nouvelles idées agitent le monde: des pro-
blèmes formidables ont été posés, dont l'an-
tiquité ne se doutait }>as ; on peut assigner
le jour où tous les peuples de la terre en-
treront dans le mouvement européen. Si vous
détruisez les croyances, qui maintiendra
Tordre dans cette cotiue de nations ? qui
sauvera cette civilisation d'elle-même ? La
philosophie ne l'a pas pu pour la France
seule, le pourra-t-ellepour l'univers? 11 ne
faut point s'y tromper: si notre société n'est
pas dans les convulsions de l'agonie, c'est
qu'elle vit encore sur le fonds d'idées saines
et de bons sentiments que lui a laissés le
christianisme ; elle n'a jamais été dans un
étatplus déplorable quedans le temps où Ton
rendait un culte publie à la raison.
Les philosophes parlent des droits de la
vérité et de la science, ils reprochent aux
catholiques une intolérance qui interdit à
l'homme le libre exercice de sa raison. A
cela nous répondrons par un seul mot : Etes-
vous sûrs qu'il n'y ait point eu de révéla-
tion ?êtes-vous capables de le démontrer ?
non, car nous connaissons vos raisons aussi
bien que vous, et nous n'en croyons pas
moins à la mission de Jésus-Christ. Mais si
vous n'êtes sûrs de rien, quelle responsabi-
lité prenez-vous donc devant Dieu et devant
les hommes, en lâchant sur la société des
bêles féroces que les menaces de la religion
f mouvaient à peine retenir quelquefois? Voilà
e grand reproche que peuvent faire aux phi-
losophes les partisans mêmes de leurs don-
trines, ils ont attaqué le christianisme sans
rien prévoir. Apparemment ils comptaient
sur la victoire ; en bien I ils ne se sont pas
doutés du vide immense que la chute de la re-
ligion allait laisser au milieu de la société, ils
n'ont préparéaucuneinstitulion pour rempla-
cer celle à l'ombre de laquelle les générations
vivaient paisiblement depuis tantde siècles.
« Dans vingt ans, disa^it Voltaire, Dieu
verra beau jeu. » Sans être sévère, il est
impossible de ne pas condamner l'indécence
de ces paroles ; certes, on ne reconnaît point
là le langage d'un philosophe, d'un législa-
teur, d'un réformateur du genre humain :
on dirait bien plutôt celui d'un téméraire
qui ne calcule et ne prévoit rien ; d'un insen-
sé qui met le feu à une poudrière pour
faire du bruit, sans s'inquiéter des consé-
quences. 11 faut le dire, aux veux de tout
homme sensé, quelle que soit sa croyance :
s'ellorcer de détruire l'Eglise catholique
avant d'avoir rien trouvé pour en tenir lieu,
c'est un acte de barbare, de mauvais ci-
toyen, d'ennemi de l'humanité; un pareil
crime ne saurait être excusé que par la fo-
lie de ses auteurs.
Les successeurs de Voltaire sont-ils plus
avancés que leur mattre? Non. Le seul sys-
tème un peu large qu'ils aient produit en
dehors du christianisme, est celui des Saint-
Simoniens, tombé en peu de temps sous les
coups du ridicule encore plus que de la rai-
son. Que l'on fasse donc de nouveaux essais :
car c'est trop longtemps critiquer notre re-
ligion, il faudrait enfin montrer par des
œuvres que l'on est cnpable de faire mieux,
qu'elle. Nous,demandons peu : que les phi-
losophes forment un code de lois morales et
religieuses, assez fortement combinées pour
suliire au maintient de l'ordre, seulement
dans une province ou dans une ville;
alors nous les prendrons pour des hom-
mes sérieux avec lesquels en peut trai-
ter des grands intérêts de l'humanité et dis-
cuter les hautes questions de l'avenir. Mais
€9
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
70
\\% n'en viendront pas à bout, car iljeur est
impossible de trouTer une assiette assez so-
iiJe pour s'y établir; ils ont miné d'avance
j.nrs systèmes à venir par leur guerre con-
iy! le christianisme.
Si VEglise, effaçant de TEvangile les ter-
ribles nienaces de Jésus-Christ contre les
l'étheurs, se l>ornait à nous dire : Puisque
TOUS ne voulez pas être fidèles à Dieu par
03]our de la justice» soyez-le du moins par
r&cOQoaissaDce : car, outre tant de bienfaits
dont TOUS avez été comblés sans avoir rien
hit pour les mériter, la miséricorde infinie
eccurJera à votre persévérance dans le i>ien
un« récompense incompréhensible; et, pour
punir votre endurcissement dans le crime,
elie se intentera de vous élever à un de-
gré de gloire inférieur à celui des justes. Si
TEglise nous parlait ainsi, peu d'hommes,
j'en sois persuadé, seraient disposés à croire
sur SI parole cette étrange doctrine, dont le
moindre inconvénient serait de livrer la
terre ï des violences capables de rendre
toute société impossible, il faut prendre le
monde comme il est» non s*en faire des idées
ima^oaires pour bâtir par-dessus un écha-
taaoage de raisonnements sans valeur. Il
èi&ilteriaifiement facile à Dieu de créer des
âmes assez pures» assez saintes pour se
['orler toujours à l'observation de sa loi par
le^ai moUfde l'amour ou de la reconnais-
Mnce; nous avons été formés sur un mo-
dèle différeut : heureux lorsque les plus
tembies menaces, n*ayant pu nous empè-
ttitT de tomber dans le crime, nous tou-
chent assez pour nous déterminer à recou-
rir à des moyens d'expiation 1 L'Eglise a
tlonc raison de répéter les anathèmes de
IXiaBsile et de rappeler souvent aux pé-
cheurs le formidable avenir qui les attend.
les philosophes ne pensent pas comme
tioos : ils nous accusent de calomnier la
M»nlé divine, et sur ce motif ils abjurent la
religion chrétienne ; eh bien I nous préten-
aous qu'en renonçant à la révélation, ils sont
forcés d'accepter sur Dien des idées si horri-
bles, qu'il vaudrait autant le renier tout à
Ikit ei se déclarer athées sans hésitation.
Dieu, disent les catholiques, après avoir
créé rhomme, s'entretient avec lui pour
J'iûstroire de ses devoirs, de ses destinées,
et aiéme des moyens de fournir aux besoins
Uu corps; dans la suite des temps, il se ma-
cifeste aux patriarches et aux prophètes; il
cii«iisit un peuple pour en faire le gardien de
^a parole, enfin il envoie son propre Fils sur
la terre pour contirmer les antii^ues tradi-
tions, développer la révélation primitive, et
!'>tHler une Église destinée à rester jusqu'à
4 an des siècles la dépositaire incorrupti-
le de la vérité.
Les philosophes, ne reconnaissant comme
émanée tïeu naut aucune des religions qui
existent ou qui ont existé dans le monde,
«•^nt obligés de soutenir que Dieu n'a jamais
parié aux hommes; car s'il a parlé, ce doit
^tre pour révéler des vérités de la plus haute
i.npurtance, et dès lors ou les hommes se
* -at appliqués à en' conserver le dépôt, ou à
leur défaut Dieu lui-même y a pourvu de
quelque manière : dans cette supposition,
on ne pourrait se dispenser de faire un choix
entre les diverses religions qui se disent en
possession de la parole divine; il faudrait
croire et cesser d'être philosophes. Mais si
Dieu n'a point parlé, son silence suppose
d'étranges choses sur lesquelles il est bon
d'arrêter à loisir son attention. Donnons^nous
ici le spectacle de l'aveuglement de nos ad-
ver5aires, montrons combien peu ils savent
où les mènent leurs principes : ils repous-
sent bien loin l'enseignement de l'Eglise
catholique, comme inconciliable, disent-ils,
avec la sagesse et la bonté de Dieu ; voici ce
qu'ils sont forcés de mettre à sa place.
Le Créateur, en tirant Thomme du néant,
le place seul, sans secours, sans instruction
sur une terre stérile, peuplée de bêtes fé-
roces, où il peut trouver la mort à chaq*ie
pas. La mère instruit son enfant à parler, à
marcher, à pourvoir à ses besoins, à re-
connaître les substances dangereuses, à fuir
la violence des animaux nuisibles et des élé-
ments destructeurs; le père forme son tils
à manier les instruments de la guerre et du
travail, il lui enseigne le métierqui le nour-
rira un jour. Dieu n*a rien fait de semblable
pour l'homme, jeté dans le monde comme
ces enfants que des mères dénaturées aban-
donnent dans la rue à la pitié des passants. Si
cet être dédaigné par son Créateur a pu vi-
vre dans ce délaissement, et cela n est pas
prouvé, il lui aura fallu pour arriver à un
état supportable, pour ap|)rendre à travailler
les métaux, à se vêtir, à se loger, à faire lo
pain dont il se nourrit, il lui aura fallu des
milliers d'années et une foule de hasards
heureux : jusque-là nu , sans armes, sans
asile, il aura disputé sa p&ture aux animaux
et brouté l'herbe avec eux.
L'homme qui a eu besoin de tout inven-
ter, les idées, le langage, la religion, la so-
ciété, entreprise difiicile assurément, d'au-
tres diraient impossible, mais nous sommes
accoutumés à faire des concessions aux phi-
losophes, l'homme estdonc venuà boutaprès
des myriades d'années écoulées, de trouver
enfin ce qui lui aurait été fort nécessaire dès
le premier jour de son existence. Tant de
recherches laborieuses l'ont-ellesdu moins
conduit à la vérité dans la religion, qui est
le fondement de la science, de la morale et
des lois, la source du bonheur public et privé
le moyen d'éviter les maux et de mériter les
biens de l'autre vie ? Hélas 1 non, il s'est
trompé : parmi toutes les religions de la
terre, il n'en existe pas une de vraie; heu-
reuse erreur toutefois}; si fhommenese fût
trompé, il vivrait encore dans les bois avec
les bêtes sauvages.
En créant Thomme dans des conditions si
funestes, le Dieu des philosophes a montré
de la manière la plus évidente gu'il n'a
donnée son existence aucun but sérieux. S*il
avait voulu lui imposer des devoirs, s'il
avait tenu à recevoir ses hommages, il né
l'aurait pas faitdabord descendre au niveau
des bêtes, sans lui préparer d'au très moyens
71
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MAL
n
[)Our sortir de cet état do dégradation que le
lasard et l'erreur. Où seraient d'ailleurs les
droits de ce Dieu à un culte de reconnais-*
sance et d'amour? Qu'a-t-il fait pour l'hom-
me? Il Ta moins favorisé que les animaux
qui naissent vêtus, armés et capables de
pourvoir h leur subsistance; {pourquoi lui
demanderait-il davantage? Serait-ce pour lui
avoir donné la raison et la conscience? Pré-
sent funeste, lorsqu'il est seul ; car la cons-
cience et la raison ne sauraient nous assurer
la possession de la vérité et de Injustice; elles
ne sont bonnes qu'à nous faire sentir plus
vivement le malheur d'eu ôtre privés.
Que s'est donc proposé le créateur de l'u-
nivers? Il a eu un but sans doute , et les
moyens d'atteindre ce but ne lui ont pas
manqué, car son ouvrage révèle une science
et une puissance suprêmes. Qu'a-t-if voulu
en formant cet assemblage de contrastes et
d'oppositions, cette énigme vivante qu'on
appelle l'homme, être ébauché et mons-
trueux, aimant la vérité et la vertu avec en-
thousiasme et se livrantau vice et à l'erreur
avecfrénésie, affamé de bonheur et de gloire,
et trouvant partout la honte, la douleur et
la peine? Nous ne craignons pas de le dire : en
nous plaçant au point de vue des nhiloso-
phes , ce que nous trouverons de plus clair
dans le dessein de Dieu, c'est qu'il a voulu
se faire de l'homme un jouet, se donner le
spectacle barbare des égarements, des crimes»
des souffrances de la misérable humanité.
Il ne suiiit pas de crier à pleine voix :
Dieu est bon, il a créé l'homme pour le
rendre heureux : puisqu'on parle do science,
il faut le prouver scientiliquemenl, il faut
le prouver par des faits. Mais qu'aperce-
vons-nous dans le monde? Que nous ap-
prend l'histoire? Que voyons-nous tous les
jours de nos yeux? £si-ce la bonté qui a
réglé les choses ici-bas, ou une méchan-
ceté raftinée qui ne veut laisser à l'homme
ae repos dans aucun â^e, dans aucune si-
tuation de la vie? Est-ce la miséricorde
ou la haine qui produit les guerres, les épi-
démies, les lamihes, les maladies, la mort?
Les trois quarts et demi du genre humain
mangent un pain trempé de leurs sueurs,
souvent de leurs larmes, et le petit nombre
des riches ne saurait encore trouver le
bonheur dans son opulence; car c'est parmi
eux surtout ^ue se rencontrent les passions
funestes, l'ennui, la satiété et le det<;oût de
la vie poussé jusqu'au suicide.
Les sacrilicus humains, la prostitution ou
des cérémonies infâmes sont entrés dans
presque tous les cultes de la terre; les na-
tions les plus vantées ont été asservies à
des religions absurdes et abominables. Un
seul peuple entre tous a eu des idées rai-
sonnables de la divinité ; il s'est vu bai, mé-
prisé, persécuté par les autres nations; un
Momme sorti du sein de ce peuple a fait
tomber à ses pieds le monde ébloui de la
sainteté de sa vie et de la sublimité^de sa
doctrine; mais cette homme est mort sur
un gibet, ses disciples xjt (ini comme lui
par une mort violente, la société dont il est
le fondateur est persécutée de différentes
manières» depuis dix-huit siècles. Mais Jé-
sus a-t-il du moins été récompensé de ses ver-
tus et de ses travaux par la conquête de la
vérité? Non, répond le philosophe, il s'est
trompé et il a trompé le monde. Jésus, le
sage, le juste, le saint, avait tort; Pilate,
le juge prévaricateur, avait raison; Paul
était dans l'erreur, et Néron dans la vé-
rité. François de Sales, Vincent de Paul,
Fénelon, méritaient moins le nom de sage
que l'auteur de la Pucelle; Lacenaire, la
Brinvilliers raisonnaient mieux sur Dieu,
sur la destinée humaine que sainte Tbé^
rèse et saint François-Xavier. Mais enfin le
philosophe lui-même aura sans doute ren-
contré la vérité? Nullement. Il a raison de
nier toutes les religions; mais s'il veut
aifirmer quelque chose, à l'instant mille
voix s'élèvent de son i^ropre parti pour le
démentir. Que dis-je? il se contreclira lui-
même, et après l'avoir entendu on ne saura
quelle est sa croyance ; il ne sera pas sûr
de ses idées les mieux arrêtées, il n'énon-
cera qu'en tremblant ses ooinions les plus
fermes.
Tous les prodiges de miséricorde sont
possibles de la part d'un Dieu qui meurt
pour racheter des coupables ; un champ
immense s'ouvrait donc devant nous, lors-
que nous avons entrepris de parler du
nombre, de la gloire et de la félicité des
élus. Mais on ne peut avoir que de sombres
pressentiments, on doit s'attendre à tous les
maux, sous l'empire du Dieu des philoso-
phes, esnrit mal&isant , toujours appliquera
déjouer les efforts de l'homme vers la jus-
tice, la vérité et le bonheur, et faisant drs
plus grandes Ames l'objet préféré de sa
cruelle jalousie. Les philosophes veulent
sans doute qu'on juge de leur Dieu par ses
ouvrages, puisque, d'après eux, il ne se
montre pas autrement aux hommes. Eh
bien ! la Providence a ordonné les choses
do manière qu'avec le christianisme elles
forment le tout le |)lus parfait, le plus har*
monieux, le plus admirable; mais, sans la
révélation, le genre humain n'est plus qu'un
assemblage monstrueux d'êtres infortunés
qui ne savent ni d'où ils viennent, ni où
ils vont, ni ce qu'ils doivent faire ; malheu-
reux dans le présent, destinés peut-être à la
devenir davantage dans l'avenir. Voilé' où
aboutissent les négations des philosophes.
Une dernière observation va résumer tout
ce paragraphe. Les protestants, en niant
l'autorité de l'Eglise , se sont d'avance et
pour toujours 6té le pouvoir de fonder un
corps de société religieuse, à moins d'ab-
jurer leurs propres principes. Les pbiioso*
phes , en refusant de reconnaître une révc*
lation attestée par des témoignages si nom*
breux , si autoenliques, appuyée sur des
preuves qui ont convaincu I univers; soni
obligés de renier les principes les plus clairs
et, pour ainsi dire, la raison même. Par là ,
s'ils veulent être eonséquents, ils se met-
tent dans l'éternelle impuissance de rien
établir scientiûqueme.nt • au moins dans
u
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
74
lonlre reli;;ieui et moral. Après aTOir foulé
aai piiHls le chriscianisoie « il n*est plus de
.«jstÀne qui puisse un moment captÎTer
lêor iodépendaDce. Voilk donc l'homme
tîTré, sans contre-poids, sans préservatifs
et sans remèdes, à ses seules passions mau-
Taises et à tons les crimes qui en sont la
suite ; donc plus de vertus sur la terre, donc
plus de iMinnenr dans Tautre rie.
iiL
des |iMl4}ioplie« qui ft'adaetteot qae b Yîe
Les incrédules se consoleraient facilement
deb perte des biens k renir, s'ils pouvaient
les remplacer par ceux de la rie présente ;
ils o'atlaqoent fioint le christianisme comme
incapable de satisfaire les désirs de Thomme
dans un antre monde, ils raccusenl d'im-
poissance i les réaliser dans celui-ci.
?oorces hommes pressés de jouir, les im-
morlèlles espérances de la religion ne ba*
lancent pas les promesses terrestres de là
phîlosofmie; la gloire, la félicité du ciel, ne
Talent pas les misérables plaisirs d*une vie
de quatre joars. En nn mut, TETangite sem-
ble s'oeoiper exclusivement de Tétcrnité, la
pbiUnoohie se renferme tout entière dans la
redierdiedes intérêts actuels de Thumanité.
Telle est la vraie raison de la préférence
aceorJfa i des systèmes menteurs, sur la
doctrine de lésns-ChrisI; mais on se trom|)e,
on fait nn bax calcul en désertant le chris-
tianisme, dans Tespoir de conquérir plus
sûreoient le Imnbeur sous un autre drapeau.
Hotre divine religion surabonde tellement
de rie, de vérité et de puissance, que le
Uen gabelle n*a pas en vue, qu'elle ne veut
B\s directement, qni sort d'elle, pour ainsi
re, k son insu, surpasse de beaucoup
ceini que peuvent obtenir ses adversaires
en / emplo/ant tous leurs efforts.
Le diristianisme a fait ses preuves; ses
ennemis sont obligés de renare hommage
k sa puissance civilisatrice, et de reconnaître
lliearrase et immense révolution sociale
fJ<jol il a été Fauteur; mais on espère se
Cu«er de lui désormais, et accomplir avec
seule raison les destinées ultérieures du
geare bomain. Les faits ne sont guère d*ac«
corJ jusqu'k ce jour avec ces hautaines
prétentions. Partoiit où les philosophes ont
mis la aiain an gouvernail, le vaisseau de
instjt s'est trouvé en péril, et on a pu ju^er
de réiendoe dn mal par celle de leur in-
floence. Pour rétablir I ordre, il a toujours
falla les éloi^er des affaires, ou les forcer
de gouverner contrairement k leurs doc*
trioes. Frédéric avait pressenti combien les
STstèmes antir:hrétiens sont incompatibles
jTec une bonne administration : ^ Il fan*
^rait, disait-it, donner aux philosophes le
gouvernement d'une province aue Ton
Tondrait châtier, p Napoléon, après les avoir
▼us k Tœuvre, n*a eu garde de les traiter
f'(u5 favorablement. Tous les hommes ha-
biles, qui ont gouverné la France depuis
cinanante ans, ont pu se servir de la philo-
sopnie irréligieuse comme d'un moven de
détruire ce qui leur faisait obstacle; une
fois arrivés au pouvoir, ils se sont bâtés
d'abjurer les principes qui les y avaient
portés, et avec raison : car leurs plus grands
emliarras sont toujours venus de ce qu'ils
n'ont pu s*en affranchir complètement, ni
renier tout k fait leur origine. Placés entre
la honte d'échouer dès le premier pas et
celle de déserter leur drapeau, les habiles
ont préféré le succès k l'honneur, et l'apos-
tasie k l'impuissance. D'autres, moins clair-
voyants ou moins prompts k changer de duo*
trines selon la différence des positions, se
sont rendus fameux par leurs méprises, et
ont servi de marchepied k des ambitieux tou-
jours prêts k s'accommoder aux circonstances.
TelfutLafayette,conslamment fidèleaux prin-
cipes de la révolution, mais par cela même
un des hommes les plus notoirement inca-
pables et les plus funestes parmi ceux qui
ont exercé une grande inQuence sur les des-
tinées de leur pays. Il en sera toujours ainsi,
car l'essence des choses ne change pas : si
les philosophes devaient encore régner sur
la France, le mal dont ils seraient les au-
teurs pourrait, commme pour le passé, se
mesurer sur leur fidélité aux maximes révo-
lutionnaires, et le bien sur leurs inconsé«
quences.
Cependant il se trouve encore des hommes
qui osent reprocher au christianisme d'avoir
perdu son esprit primitif, lequel, disent-ils,
est aujourd'hui représenté par la révolution
française. Il est vrai , la révolution a em-
prunté quelques-uns de ses principes fou*
aamentaux k la religion chrétienne, mais k
la manière des écoliers qui gâtent l'idée de
leur maître en voulant faire autrement et
mieux que lui. L'Evangile avait proclamé la
fraternité humaine, dit anaUième aux riches,
aux heureux du siècle, préconisé les |iau-
vres, les affligés, les victimes de la persécu-
tion; on y lit cette parole, qui, dans la bou-
che des pbilosopiies , serait devenue la
trompette de Tinsurrection et aurait boule-
verse le monde : Leg première gérant les
ilemiersj les derniers deviendrani les pre^
miers (%3). Sur ces principes s'est établie
une société où la surbordinalion, l'obéissance
d*une part, de l'autre la douceur du coni-
roandemenl et l'équilé des lois, où la défé-
rence, les égards, l'amour réciproque ont
surpassé tout ce qu'on avait vu de plus ad-
mirable chez les |)euplcs les plus vantés :
c L'Eglise catholitpie est la plus grande
école de resfiect qui soit sur la terre, » a dit
un liomme d'Etat dont le langage n'est fias
suspect. Qu^ont (ait les philosopnes? ils se
sont emparés des maximes de l'Evangile,
ils ont même adouci ce qu'elles semblaient
avoir d'eicessif; eh bien! leur succès a été
tel, qu'aujourd'hui un honnête homme ose k
peine défendre avec un peu da chaleur les
intérêts du |)auve peuple, dans la crainte
de passer p<iur un mauvais citoyen.
IG^ Mmitk. XT, 16.
DlCTIOXXliae APOU>GFTIQt*K* II.
s
75
MM.
dictionnaire: apologétique.
MAL
^C
Avec toiK ccin, on continuera à nous par-
}eiMJe» grands «biens dont le peu |t)e français
esi redevahic h la rôvolulmn, fille <le la phi-
losopliie incrédule. Sans doute, si la révolu-
tion, doiit on ne pourra bien juger les ré-
sultats que lorsqu'elle sera finie» n'avait
eu aucune sorte d'utilité, la Providence ne
l'aurait pas permise. Entre autres avantages»
on ne peut lui contester celui d'avoir mon-
tré le danger des principes philosophiques
et la nécessité d'une religion pour le maintien
(te l'ordre social et politique. Elle était aussi
(testinée^punirlescrimesdesrois,dcsgrands
•<U des peuples» à balayer une société vieille
dons le vice, et. en quelque sorte, h prépa-
rer le terrain pour les iustilutions de l'ave-
nir, (vêlaient le des oeuvres dont le cliristia-
Hisme- était incai)able, comme l'est tout
homme d'honneur de devenir l'exécuteur
< des arrêts do la justice humaine.
La révolutiona su détruire, elle s'est mon-
virée incapa4>!e de fonder. A l'égard des prin-
cipes qu'elle se glorifie d*avoir mis en hon-
neur, on peut la défier d'indiquer un seul
sentiment, une seule pensée véritablement
mile h l'humanité» qui ne soient pas dans
FEglise. On l'a dit avec raison : Tout ce que
peut faire la philosophie, la religion le fait
encore mieux» et tout ce que fait la religion»
}a philosophie n'est pas caiiable de le iairc;
elle ne peut pas même donner un fonde-
ment soli«lo4iux notions du droit et du de-
voir sans lesquels il n'y a point de société.
D'après les idées chrétiennes» Dieu est
Tauteur et le conservateur de l'ordre social ;
il veut qu'on respecte le pouvoir légitime-
ment établi» sous quelque forme qu'il
s'exerce; il ordonne la soumission aux lois
émanées de l'autorité constituée; voilà le
fondement ilu droit et Torij^inedu devoir,
^lais sous l'empire d'une philosophie qui
irejette toute révélation, la société doit èlro
. regardée comme l'œuvre de l'homme. Or»
l'homme, n'ayant aucun droit sur ma li-
berté, n'a pu la soumettre à des obligations
ffueje n'ai pas aceceptées. La société, telle
vpic je la vois» est constituée de manière h
réserver la grosse part à un petit nombre de
forts et dliabiles ; le plus grand nou)l>iu>» ce-
^Mi des 'faibles et des iiicanables» obtient à
peine la liberté de recueillir h genoux les
miettes qui tombent de la table des privilé-
giés. Ce sont eux qui font les lois» et ils
les font dans leur intérêt; pourquoi me
soumettrais-je à un ordre social qui est pour
moi le désordre souverain? Il y a eu, dit-
vn» 'un contrat entre les gouvernants et les
gouvernés, jen'en sais rien ; mais» dans tous
les cas» ce eonlrat ne m'oblige point, puis-
que je ne l'ai |>as signé. D'autres ont pu re-
noncer è leur liberté» c'était leur bien, ils
^ttient maîtres d'en disposer ; mais personne
au monde n'avait le droit d'engager la mien-
ne. Les lois sont lois pour ceux qui veulent
les reconnaître» elles ne sont rien pour qui
sait s'en affranchir. Les rois» les magistrats,
n'ont d'autre titre que la force, ou plutôt
l'imbéciMité de leurs esclaves qui ne savent
pàS môme se com(Uer» et qui tremblent de-
vant quelques hommes comme un vil trou-
peau. Voila le langage des liassions; le chré-
tien y trouvera facilement une réponse; la
philosophe la chercherait vainement. Non»
oà Dieu n'est )>as, il ne saurait exister ni
droit d'ordonner» ni devoir de se soumettre.
Le christianisme a fait un bien immense
à l'humanité, en dominant puissamment la
conscience des peuples^ en établissant l'unité
de la foi» en mettant en honneur la chasteté»
la patience» la charité, l'abnégation de soi»
le dévouement aux autres hommes» vertus
éminemment sociales. La philosophie» par
un système contraire» a préconisé la liberté
de penser» fait du plaisir la fin de rhomnie»
et donné l'intérêt nour fondement à l.i mo-
rale. Mais tout le monde voit où ^cour-
raient conduire de semblables doctrines;
les philosophes eux-mêmes ne s'en dissi-
mulent pas les dangers. En effet, ils ne vou-
draient point que leur femme^ leur &II0 et
leur sœur prissent de tels pri-ncipes pour
rè Je» et ils sont les premiers i dire cpie U
religion est nécessaire pour les femmes «t
C>ur le peuple. Dans cette pensée» ne vou-
nt pas d'une doctrine assez forte pour les
dominer eux-mêmes» ils ont fait depuis cin-
quante ans des efforts exlraordinaires pour
remplacer la vraie foi par quelque chose qui
pût imposer le respect de la loi aux classes
inférieures. De là sont venus l'Eglise consti-
tutionnelle» le culte à l'Etre suprême, la tbéo-
philanthropie» le saint^simonisme et d'au-
tres systèmes encore. Cependant, lassés de
vaines tentatives ou convaincus de leur im-
fmissance» les habiles ont accepté le catlio-
icisme comme instrument de règne» dans
l'espoir sans doute de le protestantiser peu h
peu ou de l'affaiblirprogressivement jusqu'au
jour de l'avènement d'un évangile nou-
veau.
Si les philosophes étaient désintéressas
dans la question, ils ne se contenteraient pas
d'avouer que la religion est nécessaire au
peuple; ils ajouteraient qu'elle ïe^i encore
davantage aux puissants» pour les empêcher
d'abuser de leur pouvoir» et de donner k\a
multitude des exemples toujours trop fidè*
lement suivis» parmi nous» d'immoralité el
de mépris des lois les plus saintes. Les Fran-
çais ne savent ni se contrefaire» ni être in-
conséquentsavcc persévérance : ils n^auraient
pas été capables de faire vivre pendant des
siècles l'Eglise et la constitution anglicanes ;
c'est donc une chose certaine : si la philoso-
phie établissait son empire sur la France,
l'incrédulité se communiquerait bientôt des
•savants aux if^norants ; personne ne voudrait
être peuple ni recevoir le irein comme uiiu
iiête de somme ; toute foi aurait bientôt dis-
jiaru sans qu'il en restât de vestiges.
Lorsque le peuple ne croira plus à rien,
les institutions les |)lus sages seront im-
puissantes à maintenir l'ordre social ; car à
quoi servent les meilleures lois» lorsque les
mœurs sont mauvaises? LY'mploi deiaforce
sera aussi une faible ressource. Jusqu'à pré-
sent l'action du gouvernement a sufli a la
réfircssion des ennemis de la loi, pane qu'ils
1
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■■(
1
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Bll
APOLOGETIQUE.
MAL
78
sont en mîftorilé dans b nation. Vais quand
il sera bien établi que rbomme n a rien à
espérer ni à craindre au delà de cette vie;
que la coo^cience et i*bonnenr, le vice et la
verto sont des mots vides de sens ; qu*ii iaui
se hâter d*éire heureux dans ic moment
préseol, de pear de ne Tèlre jamais, mon
Dieo! ^eUe|$aerreetrroyable 1 Je vois mille
albinés se disputant la même proie. Dans
ce pèle-méle bomMe, où le plus fort de-
vra passer sur le corps du plus faillie pour
5e fraver un chemin , que deviendront les
eolaotSv les vieillards, les femmes, le pauvre
peuple? Emploiera-l-on une moitié du genre
baoïain à sonretller l'autre? Mais qui sur-
veillera les surveillants? Pour mieux dire,
qui aimera les tempêtes populaires? Quelle
uain assez ferme tiendra les rênes d'une
Biailitade toujours prête à se révolter? Il n*jr
a pas de puissance, sous le soleil, capable de
résister à tout un peuple; celle de Na|ioléon
»'est trouvée faible devant les Ksiiagnols
fêm armes el sans généraux. Non, on ne
ironve rien dans Phistoire qui puisse nous
tkNiner une idée de ce que deviendrait noire
sjoiié, si la religion venait à disparaître.
\t OMS y trompons pas, le monde n*est
pas constilué pour rendre Tbomme heureux
dès celte vie. 11 est écrit : La ttrre tst umn^
à emm»eie votre déMobéissonee, Elle tous
roneeg el des épines^ et roiu maft-
ferc wûtn pam à la sueur de voire tisa^e^
jusfuà ce qme vous rentriez dams la pous-
siere dom zofus acez été tirés (hk). Tous les
edbrte de rbomme ne sauraient chan^jer les
hts établies, ni prévaloir contre l'institution
de la Provîdenoe. A l'aide d'un travail opi-
niâtre, la terre produit assez pour nos be-
soins; mais il n*en est pas de l'homme comme
tie ranioMiU il n'est point satisfait dès qu'il
est repu. Nos trms ^«ndes passions, source
de toutes les antres, sont l'orgueil, l'ambi-
tion, la volupté, et ces passions sont insatia-
bles. Loni ne se rassasie point devoir^ ni fo-
rrilie desU^estàre^ a dit le Sage (45) ; c'est une
paraJe ibadée sur une profonde connais-
sance de rhomme et des choses de la vie.
Le moode n*avait ni assez de gloire , ni assez
•Se pnissaneepour leco^irduseul Alexandre;
il n'est pas de voluptueux qui ne demande à
ses setàs plus qu'ils ne peuvent lui donner,
et à la société plus que ne le permet le
respect des droits de tous. Exciter les pas-
siuus esC donc fatal au bonheur; pour être
heureux* il faut les retenir dans les limi*
tes de Tordre et du devoir. Cherchez iTabord,
dit lésus-Christ, fe royaume de Dieu et sa
fusiiee, et les autres biens vous seront donnés
par smrerait (Mj. — La piété^ dit saint Paul,
est utiie é tout; elle a les promesses de la vie
présente ei de la vie future. {%1). C'est une
^'Jfs vérités les mieux établies dans l'Ecri-
ture, et les plus authentiquemcnt confirmées
l«r rexpénence.
Ou se promet l>eaucoup d'un vaste sys-
tème d'association. Ce système n'est pas en-
core trouvé; D;ai$ on doit convenir que, si
les hommes mettaient plus de concert e:
d'ensemble dans leurs travaux, ils obtien-
draient avec moins de |»eine des résultats
plus considérables. Ce n'est pas d'aujour-
d'hui qu'où a eu l'idée de s associer pour
accopuplir par la réunion de toutes les forces
ce qui eût été impossible à nu seul homme;
la famille, la nation, l'église n'ont pas d'au-
tre fundemenL liais pour guérir tes maux
présents et préparer un meilleur avenir,
c'est peu de dire aux hommes : Associez-
vous; il but leur donner les moyens de le
faire, il faut leur apprendre d'abord l'obéis-
sance, la justice, le dévouement? Celui qui
a dit : Aimez Dieu par-de5;sus toutes choses
et votre prochain comme vous-même, a seul
trouvé le secret d'une association assez
vaste et assez puissante |iour influer d'une
manière décisive sur les destinées du genre
humain. L'exiiérienoe nous ap|>rend que là
où n'est |as l'amour de Dieu ne se trouve
jamais l'amour de l'homme.
Il existe dans le cœur humain nn bO'
soin de dominer et de faire sentir son pou-
voir qui se révèle à toutes les (lages de
l'histoire ; des ficnchants, dont la prostitu-
tion, la polygamie, le culte infâme de cer-
laines divinités du fsaganisme, sont les in*
dices trop certains; un instinct de cruauté,
manifesté fiar des vengeances atroces, des
guerres d'extermination, l'amour des s|icc-
tacles sanglants, et, faut-il le dire? |iar
l'anthropophagie. Quelle digue la philoso-
phie peut-elle opposer k ces fiassions hi-
deuses? On ne fait rien de bien sans dévoue-
ment; où prendre dans des doctrines de
néant les sentiments élevés qui sont Tâme
des généreux sacrifices ? Dans une société
incrédule, qui aura soin des enfants, des
faibles, des malades? qui pleurera avec
ceux qui pleurent ? qui voudra s'ex(K>ser à
la haine des puissants |>our défendre les
opiMÎmés? Chacun |)Our soi, est déjà la
maxime en crédit; que serait-ce si la philo-
sophie régnait seule sur la terre ? Encore
une fois, ce n'est ras tout d'ima^ner des
systèmes ; le plus difficile est de les aiipli-
quer. Donnez-moi un point d'appui, liisait
un ancien, et je remuerai le ciel et la terre;
donnez-moi une autre nature humaine, di-
rai-je aux philosophes, et alors il deviendra
possible de réaliser vos utopies. Tant que
l'homme restera ce qu'il est , le chris-
tianisme seul saura le rendre heureux ,
parée que seul il peut le convertir à la cha-
rité.
Jusqu'à présent les inventions les plus
admirées, loin de soulager le peuple, ont
augmenté sa misère, en enrichissant un pe-
tit nombre de capitalistes; c'est le vice do
notre civilisation, mais un vice qui lient à
ses entrailles. I..es machines dérobent k l'ou-
vrier le travail dont il a besoin pour vivre;
si l'on voulait le lui conserver, il faudrait
centupler les produits; mais où trouver
; Hi, 20.
. I, 8.
(46) Matîk. Ti, 55.
(47) f Titii. IV, 8.
73
MAL
DrCTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
80
<les consommateurs? L'Anj^lelerre fait un
commerce fabuleux, et son peuple meurt
de faim, parce* qu'elle ne possède pas }e
monopole universel. Quoi! faudrait-il que le
genre humain fûtsacriQé à un seul peuple?
que dis-je? h un petit nombre d*industrie1s«
vainqueurs de leurs rivaux? Au moyen des
nouvelles inventions et do celles qui vien-
dront plus tard, quatre ou cinq villes manu-
facturières pourraient approvisionner le
monde.
On aura beau faire* le nombre des mal-
)ieureux,que1lequesoitla cause de leur infor-
tune, sera toujours le plus grand, et la ques-
tion qui nous occupe pourra toujours se ré-
duire à ves termes bien simples : Cent affa-
més sont autour d'une table où il ne se
trouve pas assez d'aliments pour en rassa-
sier un seul; leur vrai ami n'est-il pas celui
qui sait et qui veut leur oiïrir un autre
moyen d'apaiser leur faim? La vie présente
4)eul-elle se passer de la compnnsaliôn que
la religion nous promet dans un monde
meilleur?
Il ne faut pas juger des maux qu'amène-
rait l'intronisation des doctrines philosophie
ques par ce que nou« voyons aujourd'hui :
4e siècle est encore chrétien, quoi qu'il en
dise; c'est encore le christianisme qui régit
la famille et la cité, les lois et les mœurs
restent sous son influence : ceux qui ne
croient pas sont retenus par l'exemple do
ceux qui croient; ils sont conduits, à leur
insu, parce je ne sais quoi qui forme l'esprit
général d*une société, on ne s'en affranchit
}>as plus que de l'air et de l'aecent de sa fa-
mille et de son pays. Mais supposez toute
croyance religieuse anéantie depuis deux ou
trois générations, si la société peut subsis-
ter jusque-là« et tAchez de vous représenter
ce que Sera devenu le monde.
Nous aimons mieux espérer que, dans un
/ivenir peut-être prochain, l'association des
^leuples, cimentée par la foi et la chariléi
ouvrira au genre humain une ère de pros-
})érilé et de LK)nheur. Malgré les entraves
mises à son aciion par les hérésies, l'incré-
dulité, la fausse politique des iirinces, un
égoisme étroit et mal entendu de classe ou
«de nation, le christianisme a montré et
montre encore tous les jours quelle puis-
.sance il possède pour unir les intérêts et les
sentiments; on le voit en même temps dans
l'ordre religieux, civil et politique. L'héré-
sie et la philosophie, au lieu de fonder, ont
^itl'aibli ce qui était. Les amis de l'huma-
nité doivent donc désirer de voir revenir à
l'ancienne foi les peuples qui ont eu le
malheur de s'en éloigner; c'est alors que
TËglise catholi(]ue déploierait en liberté sa
bienfaisante influence et étonneraitle monde
par les prodiges de sa charité. La Franco
surtout doit appeler de ses vœux cet heu-
reux moment; car le christianisme est seul
assez fort pour conserver et conduire à
raccomplisseinent de ses destinées une as-
sociation de trent-cinq millions d'hommes,
qui ne veulent d'autre loi que l'égalité.
Liii philosophes, en attaquant I E^jUse sur
la solution qu'elle donne h la q;iestion du
mal, s'imposaient l'obligation de la résoudre
d'une manière plus raisonnable. Jamais at-
taque no fut plus inconsidérée et plus pro-
pre à couvrir ses auteurs de confusion ; ils
paraissent ne pas s'être doutés et de leur
impuissance radicale pour le bien et de la
vertu divine du chrilianisme. Ils se sont
laissés amorcer, comme des enfants, par
une apparence trom^r^^rise, et malgré leurs
chants de triompbe, il se trouve à la fin que
tous leurs arguments prétendus invincibles
leur retombent sur la tète.
Pour ne point parler de ce qui est de foi
catholique, ou de ce qui en dérive immé-
diatement, nous ne voudrions donner au-
cune de nos hypothèses comme vérité in-
contestable; mais il restera établi aue le
christianisme est incomparablement plus
puissant que la philosophie pour le bonheur
de l'homme. Oui, nous maintenons, comme
démontrée par l'expérience, par la raison,
et de toutes les manières possibles, la su-
périorité de notre religion comme instru-
ment du bien dans ce monde et dans l'autre.
Nous ne craignons pas le parallèle, ou plu-
tôt nous affirmons hardiment que, sous ce
rapport, la différence entre ie christianisme
et tous les systèmes humains est telle, que
la comparaison des résultats est impi>ssible;
c'est comme l'infini d'un côté et le néant
de l'autre. Il n'en faut pas davantage; tout
homme peut désormais prononcer entre nos
ennemis et nous.
La grandeur du bien iustifie la permis-
sion du mal ; mais que dire, lorsqu'on voit
le mal partout et le bien nulle part? O pro-
fondeur des conseils divins I O vanité des
pensées de l'homme 1 Cette question si for-
midable où tant d'esprits faibles sont venus
se briser, ces difficultés que les incrédules
nous opposent d'un ton de vainqueui-s, bien
examinées, elles suffisent pour établir la di-
vinité de notre religion, et démontrer la
folie des inventions philosophiques. — Toy.
Originel (péché), DéchéAx^gb, Eprewb»
Tentation.
§111
ObjecUons de M. de Lamennais et réponses.
Ce serait peu de réfuter les philosophes
incrédules des sièiîles précédents , si nous
laissions sans réponse les arguments des
écrivains de nos jours. Chaque époque a
son point de vue particulier, sa tendance
propre, de laquelle les esprits les plus indé-
pendauls ne peuvent s'affranchir tout h fait:
l'opinion gouverne le monde, et les grands
génies sont ses premiers ministres. Au dix-
septième siècle, les hautes spéculations de
la philosophie et de la théologie occupaient
les loisirs des gens du monde; la cour et lu
ville se partageaient entrî des systèmes op-
posés sur la grâce, la prédestination et la
prescience : aussi est*ce de cet ordre d'idées
que Bayle a tiré ses principales objections
contre le christianisme. Aujourd'hui, dans
toutes les classes de la nation, on se préoc-
cupe de nouvelles théories sociales,, de sys-
SI
MAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAL
Ht
•
têiiies politiques et industriels. Il faul bien
s AttenJre à voir e«s oigets, autrefois secon-
(inireSf tenir» dans les débals religieui les
plus iuiportants, une place que nos pères
auraient peut-être eu honte de leur donner.
Mais Dieu a pourvu à tout : on peut traiter
les questions de la veille comme celles du
leDiemaiu, sans courir le risque de trouver
^a providence en défaut.
Puisqu*il en est ainsi, mieux vaut pour
nuusavoir en tête des adversaires qui voient
le fond des ditHcultés et savent les poser
neileuienl ; la discussion en est moins lon-
gue et plus décisive : nous avons ici cet
a\aota.{e. Un Fioaime a lonj^tenif^s combattu
atec gloire, au milieu de nos rangs, ()en-
Kor profond, écrivaiu éloquent, supérieur
à fiayie, à bien des égards, mais d'un esprit
eicessif, d'un caractère outré, qui, trompé
)Mr sa force même, a toujours dépassé le
imt ; incaitable de mesure dans Terreur
«tiuime dans la vérité, on Ta vu en peu d'an-
nées soutenir avec une égale ardeur les
r4uses les plus contraires , et promener
liaos tons les cam[)S la foufzue de son aigre
et indiscîplinahle génie. Lin tel homme,
uiiùéaox secrets des deux partis, doit con-
iiatire \e côté vulnérable de notre doctrine,
cl les moyens d*attaque les plus puissants
lie nos adrersaires, dont on peut être sûr
</u*iio affaiblira point la cause par des mé-
ita^aients politiques : nous allons donc le
laisser parler.
Après avoir exposé à sa manière la doc-
trijie de l*Eglise sur la chute et la réhabili-
taiioo, M. de Lamennais ajoute : « Ce sys-
i^ue, pris dans son ensemble, a cerlaine-
tueat de la grandeur; mais, en premier
heu, il faillit par sa base, puisqu'il repose
sor une conception erronée du mal moral,
de son origine et de ses effets (tô). » On
cniDj^nd h peine comment les catholi((ues
auraient pu se tromper sur l'orij^ine, la na-
ture, les effets du mal moral : i) n'y a pas,
ce nous semble, deux manières de résoudre
f:es questions. Le mal moral vient de la li-
l>erté : il est un défaut d'ordre, de rectitude
dàot }es actes de l'être libre, qu'il éloigne
lie Dieu, son centre et sa fin. Jusque-là
nous sommes d'accord avec M. de Lamen-
nais. L'opposition des doctrines commence
sur rexplication d'un fait, lin considérant
llHMnnie, on s'aperçoit que sa liberté incline
vers le mal, par un penchant presque irré-
sistible, auquel, en effet, presque personne
ne résiste. La vraie liberté consisterait dans
un parfait équilibre de la volonté entre le
bien e< le mal. Dieu pouvait nous créer dans
rifi étal, quoique sa bouté infinie dût natu-
rellement faire pencher la balance vers le
bien ; m/«is le contraire est arrivé : le mal
j'emporte d'une manière effrayante. D'où
vient cet étrange phénomène? Est-ce de la
«ié^radaiion primitive de notre nature, per-
mis par la Providence à cause de grands
l*iens dont elle allait devenir Toccasion»
comme le disent les catholiques? Est-ce,,
comme le prétend M. de Lamennais, du pro-
grès nécessaire de l'humanité, passant de
l'ignorance à la science du bien et du mal?
Mais cette dernière réponse n'explique rien,
ne résout pas une seule des objections de
Bayle» On demandera toujours pourquoi
Dieu, qui déleste souverainement le péché,
n'a pas arrêté un prOiçrèsdont le péché était
la suite nécessaire; (>c)urquoi il a fait la na-
ture humaine de telle manière qu'elle n*ait
pu sortir de l'ignorance sans se précipiter
dans tous les crimes. C*est à quoi il faut
répondre nettement : M. de Lamennais ne
l'a [)oint fait. Non, non, le problème n'est
pas aussi facile à résoudre que le célèbre
écrivain le suppose.
En vain s'écrie-t-il d'un ton affîrmatif :
« Les effrayantes dillicultés que la qucstiott
du mal présente au premier coup d'œil,.
sYvanouissent dès qu'on la dégage des sys-
tèmes et des hypothèses, au milieu des-
quels on l'a comme égarée ; dès qu'on écarte
le fantôme de l'imagination, les préjugés de
toutes sortes, pour ne considérer que les-
faits : car ceux-ei n'offrent rien uui ne se-
conçoive nettement, qui ne s'explique do
soi-même par les causes et les lois con-
nues(49). » Les difficultés ne viennent point
i\es hypothèses et des systèmes, lesquels
n'existent, au contraire, que pour les ré-
soudre. Si les auteurs des dilférentes reli-*
gions se sont trompés, le problème n^en est
pas pour cela devenu plus difficile; il resle
tout ce qu'il était auparavant. La terre est
couverte de crimes et de calamités, tous
les hommes sont cou|)ables et malheureux,,
voilà les faits ; comment ces faits existent-
ils sous le gouvernement d'un Dieu dont
la bonté, la sagesse, la sainteté sont infinies^
Voilà la question. Le christianisme y ré-
pond en trois mots : la déchéance, la ré-
demption, la vie future avec ses peines et
ses récompenses. Vous ne voulez pas de
cette solution I vous en êtes le maître;
voyons donc la vôtre : « Les ibits, dites-
vous, n offrent rien qui ne se conçoive net-
tement, qui ne s'explique de soi-U'ême par
les causes et les lois connues. » Vous élu-
dez la difficulté, vous ne la résolvez pas.
Sans doute, la liberté de l'homme et son af-
freux penchant n\ï mal étant supjiosés, le
règne du crime dans le monde est inévi-
table; mais pourquoi Dieu nous a-t-il donné
celte liberté funeste? pourquoi nous a-t-il
créés avec un penchant irrésistible pour le
mal? C'est là (;e qu*il fallait expliquer. Si
les lois existantes devaient produire de tels
effets, c'était pour la Providence un motif
impérieux d'en établir d'autres.
Mais peut-être ces lois sont-elles néces-
Si'iires; vous je donnez, du moins à enten-
dre assez clairement : « Il n'y a point de
déchéance, s'il faut vous en croire : la dé*
chéancc, c'est la création (50). » Je vous
comprends : le mal est la privation du hien^
' i>t) Eêqvlise d'une pliilosophie, lom. Il, p. 8U
V*9; hpifunêc d'une phUv$opltie, p. 6tj.
(50) Eiquisse d^uue ^hUoiopUtûy^jf. GI.
83
MAL
DICTIONNAIWC' APOLOGETIQUE.
MAL
U
il existe donc, h ccrlains ép;Ards, dans (out
ôlre qui ne possède pas le bien absolu, c'est-
h-dire, dans toui être créé ; il est donc es-
sentie^à la création; (el est en somme vo-
tre raisonnement. Mais gardons-nous de
cnnfondre ce qui doit être soigneusement
distinjur. Dieu ne peut pas faire que le fini
soit infini, que le contingent soit nécessaire;
rien de plus cortain : )a créature est impar-
faite et doit Télrc; cette espèce de mal qui
résulte de jon imperfection est inévitable.
Mais il existe un autre m»! qui s^appelle la
douleur et le péché: celui-là est-il néces-
saire, oui ou non? Si Ton répond qu*il est
nécessaire, c*est-à-dire 1* conséquence for-
cée des lois essentielles de la création, nous
demanderons pourquoi il constitue un étftt
violent, anormal, contre nature. Dès que le
mal physique et le mal moral sont inhé-
rents à notre qualité d'être contingents, il
njr a plus de raison de se plaindre et de
s'indigner h ki vue des crimes et des souf-
frances de rhumMTté; il v.iut bien mieux
dire avec le stoïcien : O douleur ! je n'a-
vouerai januiis que tu sois un mail et avec
i'athée : Le vice et la vertu sont des mots
vides de sens. Si la domleur et 1ep«ichéne
sont pas nécessaires, pourquoi y sommes-
nous assujettis? M. deLamennaîs^croit avoir
simplifié la question en niant les peines de
l*autre vie; il se trompe. Le ciime iinppni
e&t un plus grand mad que le crime nuni;
telle est la croyance de tous les peuples de
la terre. Nous persistons donc h demander
à Tauteur pourquoi la douleur et le péché
sous Tempire du Dieu très-saint el très-
bon?
Que nos adversaires ne croient pas noïis
écha(»per: ils ont voulu se faire de la ques-
tion dti niai une arme terrible contre le
christianisme, nous la retournerons cou Ire
eux ; sans autres arguments (|ue ceux de
Bayle, nous ruinerons tous leurs systèmes,
et, pendant (jue nous nous dégagerons avec
la plus grande facilité, ils resteront pris
dans le piège où ils voulaient nous faire
tomber ; M. de Lamennais ne sera pas plus
heureux auo ses nouveaux alliés.
« lA création, dit-il, oui a pour objet de
maniieslcr Dieu ou de le reproduire exté-
rieurement, étant finie par son essence,
tandis que son éternel exemplaire est infini,
a dû, par là même, être soumise dans son
ensemble, et conséquemment aussi daus
chacun des êtres particuliers dont elle se
compose, à une loi de progression continue ;
sans quoi, à quelque degré de perfection re-
lative que vous la sup[K>siez arrêtée, elle no
correspondrait plus à l'objet que Dieu s'est
proposé, et nécessairement pro[>osé en
rréant. Mais toute progression et tout déve-
lomiemcnt implique le passage d*un état
inférieur à un état supérieur, suivant un
ordre régulier ou déterminé par des lois
constantes /51). v
Ces paroles, qui renferment tout le sys-
tème de Kauteur, sont-elles Tcxplicalion du
(?»1) FrfKiVîf d'une fhilo$opUe,f. 67.
mal physique el du mal moral? En aucune
manière. Lui acconhU-on ses principes, le
problème reste, et le mot de I énigme est h
trouver. Toute progression in>plîque le |»as-*
sage d'un état inférieur h un élat supérieur,
il est vrai ; mais il £fiiit dire aussi que toute
pro>gression, soit ascendante, soit descen-
dante, est nécessairement bornée ; on nei
peut supposer une série infinie de degrés
actuellement parcourus; le premier terme,
le peint de départ de toute progression
est donc nécessairement arbilraire. Eh bien I
je demande pourquoi Dieuf a fait partir
l'humanité de si bas, que son existence jus-,
3u'à ce jour soit un long enchaînement
e crimes et de malheurs ? J^ question est
claire, il faut y répondre nettemenL
La théorie de la progression, entendue-
dans le sens de M* ae Lamennais, contredit
d'ailleurs Texpérience et la foi de tous les
peuples ; sans chercher bien loin, nous en
trouverons la réfutation éloquente dans les
premiers ouvrages du grand écrivain; car
cette théorie attaque par leur base la reli-
gion, la morale, I ordre social, dont ii a été,
daus ses belles et regrettables années, un
des plus glorieux défenseurs. Si la progres-
sion du bien ne doit jamais s'arrêter, et pour
l'ensemble de la création, et pour chacun
des êtres particuliers dont elle se composev
les hommes les plus endurcis dans le crime
verraient, en quittant ce monde « s'ouvrir
devant eux une carrière infinie de gloire ei
de félicité ^ et vorlà le contre-poids que la
sagesse éternelle aurait préparé aux passions
humaines I Oh! que le christianisme mou*
tre plus de connaisance de nos malheureux
penchants, lorsqu'il s'efforce d'inspirer au
juste même la crainte des jugements de
Dieu l La religion peut à peine uieltre un
frein à notre liberté par les terreurs do
l'enfer; ôlez donc au coupable toute crainte ;
Sue dis-ie? donnez-lui l'assurance de la
estinée la plus souhaitable |)0ur l'hommo
de bien, et ensuite gouvernez le monde si
vous le pouvez^
Mais, funeste ou utile, il faudrait bien ac«-
cepter cette doctrine, si elle était fondée sur
des principes certains. Ceux de M. de La-
mennais le sont-ils, et peut-on en faire sor-
tir, par une déduction logique , la théorie
de la progression? Non. Le système philo-
sophique de l'auteur de VEsquisse repose^
sur le principe fondamental du panthéismcv
l'unité de substance. Or, de ce que tous les
êtres participeraient h la substance divine,
s*ensuit-il qu'ils doivent se rapprocher do
Dieu par un progrès éternel? Où en serait
la raison ? £sl-ce au'en effet, après une pro*
gression conliniiee pendant des myriade.^
de millions do siècles, Têtre contingent se-
rait devenu plus voisin de Têlre absolu? Ncs
sait-on pas, au contraire, au'cntre l'infini
et le fiiii , h tous les defçrés possibles, la
différence reste h jamais identique, c'est-à-
dire, infiniment srande? I^ créature a i)eau
faire des pas, elle se trouve toujours à !a
ss
MAL
DICTIONNAIRE APUI.OGKTIQUE.
MAL
méiue distance de Dieu; où pourrait donc
^re la aéce:*sité d^une progression qui ne
uièoe à rien? Aus:>i les panthéistes sont-ils
toiu d*étre d*accord sur les conséquences
(ieronité de substance. Selbn Spinosa, dont
va 06 peut récuser Tantorité en pareille
matière y les êtres particuliers, après la
ceurte dorée de leur existence indiTiduello,
▼ont se perdre dans l'Etre infini. D'après
M. (le LamennaiSy Tabsorption en Dieu doit
^e remplacée par une progression qui
rommence dans cette vie et se prolonge
éteraellement dans une vie k venir. A en
croire M. Leroux,, le pnigrès n*a ni cora-
inencMneot ni tin , et il ne sort pas de Tordre
dês choses visibles; d'autres philosophes
viendront pro|K)ser d'autres systèmes avec
auUai de raison ; car tout ici est arbitraire :
le paothéisme ne peut produire que le
ebaos.
La théorie de la progression, fût-elle ren*
fenuée dans le principe de l'unité de subs-
tance, on ne serait pas plus avancé, ce prin-
ojie éiaol manilcstement insoutenable.
L'bumie^ ea ettA^, n'd pas besoin de lon-
gues n^flexions pour reconoaltrô qu*il existe
en \uUeux substances d'une nature opposée.
l\ sent «on cori)s, et ne saurait le nier quand
il le voudrait; il ne sent pas moins sonftme.
>7/e^ quelque chose de démontré en phi-
ktfofMp, c'est la distinction des deux subs-
taores dont Tur.ion mystérieuse forme la
nature Jiuniaiiie. Ici, reml)arras de M. de
Lamennais est extrême : il n'ose confondre
lespdl et la matière; il n'a garde de suppo-
ser on Dieu qui serait l'un et l'autre en
mèffie temps, et avec raison. S'il n'existe
«IQ'ttoe substance, Tesprit est donc matière,
oa la matière est esprit. S'il y a double subs-
(auœen rhomme,d après les raisonnements
de notre adversaire, il devrait v avoir dou-
ble sobstançe en Dieu; c'est-à-dire, que
rabcolu, rinfini, serait en même temps fini
et contingent. En un mot, pour défendre lo-
(Muement !e (Minthéisme ou l'unité de
$ubslaacc, ce qui revient au même, il faut
d'abonl nier« ou l'esprit, ou la matière, ou
IHeo, conçu comme l'être inlini et absolu.
L'aoteor de i*^a^iaae croit échapper à tant de
dtificoltés, en disant que la matière est une
• limite substantielle » nécessaire hAa dis-
tinction des êtres créés. Mais on a beau y
uiettre de L'esprit et de l'invention, les ter-
nies de iubêtunct et de Umiti ne peuvent
aller ensemble; l'un est positif, l'autre est
né^at r;le premier exprime l'être, le second
ie néant; il faut choisir entre les deux.
Dailleurs, quelle idée bizarre de regarder
«'Oiome in)|>osstble l'existence des purs cs-
rriis! Eh 1 mon Dieu, celle d'un être mixte
rmuine Thommo est centfois plus étonnante;
^is rincarnation et ses suites, l'union de
il matière el de l'esprit serait un fait aussi
iikfxpiicable dans sa cause que dans ses
htoyi-ns; le pourquoi et le comment de ce
U\i resteraient à jamais cnvelo|»pés des mê-
itKS ténèbres.
'^i) tuimMC (Cunc philciophie, t'^m. U, (.60.
Tout le panthéisme, si je ne me trompe^
repose sur drux arguments tirés de l'impos-
sibilité d'ajouter h l'innni, et de faire quel-
que chose de rion. Mais vos raisons, pou-
vons-nous dire aux panthéistes, prouvent
enntre vous : dans notre système, tous les
êtres créés étant radicalement étrangers à
Dieu, nelui s^outeni Ni ne lui retranchent
rien-;-dans le vêtee, l'être absolu {(agne ou
perd tous les jours, car tous les accidents de
la vie humaine aflectent sa substance, modi-
fient son être. On ne comprend pas, dites-
vous, commenta Dieu a* fait quelque chose
de rien ; cela est vrai;fnais on compreml
encore moins comment une substance es-
sentiellement simple a- pu se morceler, se
diviser en autant de fractions qu'il existo
d'êtres contingenta ; ou plutôt on comprend
très-bien que cette division est impossible.
Vous devriez donc conclure aue Dieu seul
existe, ou encore mieux que le moi seul a
de la réalité, que tout le reste est un rêve de
notre esprit. S il se trouve quelque part un.
homme qui ait le courage d'aller jusquc-lii^
je ne me sens pas celui d'entreprendre de
le convaincre. Revenons donc au texte do
VEsquisse.
« En second lieu, dit l'auteur (52), le sys-
tème de la grâce implique une contradiction
radicale, parce qu'il renferme une impossi-
bilité absolue.
« Qu'appelle-t-on, en effet, ordre surnatu-
rel? Dieu et la création, voilà tout ce qui est;;
hors de là rien de iiossibfe. ,
«i 11 n'y a que deux ordres, c'est-à-dire,,
deux modes généraux d'existence paisibles :;^
le mode d'existence de Dieu» Je- modo d'exis-
tence de la cpéation, également naturels
on conformes à' la natare, à^ l'essence de
Dieu ; à la nature, àl l'esseaco de la créa-
tion. »
M. de Lamennais- ne dit pas tout : il est
un troisième mode d'existence, celui de la-
créature unie à Dieu, union réalisée à di-
vers degrés et de différentes manières par
la grâce sur la terre, par û gloire dans le
ciel, en Jésus-Christ par l'association hy[K)s-
tatique de la nature divine avec la nature-
humaine. Si ce troisième mode d'existence-
était contraire à la nature de Dieu ou à celle-
de la créature, il deviendrait dès lors im-
possible ; aussi ne disons-nous rien de sem-
blable ; nous prétendons seulement qu'il,
surpasse toute nature créée, de telle mar
nière que^.sans l'intervention divine, nul
effort ne peut y faire atteindre, nul mérite
ne peut, y donner droit, et c'est pourquoi^
nous le nommons surnaturel*
L'Incarnation est le fondement de l'ordre-
surnaturel ; si l'on venait à buutde prouver
qu'il est impossible, la nuestion«erait jugée;
mais Dieu a répondu d'avance à toutes lîs
objections. La possibilité de l'union de deux.,
natures contraires dans une seule pcraunna
n'est pas une suppoajjîttiLen Tair. G'fl|kpn
lait visible, c'est ^ '^'^^JHJH^
S7
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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88
sibilité de l*incarnation, c est nier Thomme.
« Vous transportez, nous dit-on, le fini en
Dieu, riufini dans la création ; vous changez
l'essence des choses. » Autant vaudrait de
(!ire à celui qui reconnaît en même teins
dans riiontme Tunilé de la personne et la
distmclion des substances : Vous spirituali-
sez la malière, vous matérialisez l'esprit. On
ne fait ni l'un ni l'autre, la matière reste ma-
tièro, l'esprit reste esprit; mais la substance
inlérieure tire de son union avec la subs-
tance supérieure une dignité, des droits
qu'elle était par elle-même radicalement
incapable de posséder. Le corps humain n'a
λas cessé d'être cendre et poussière ; toute-
ois il est devenu sacré par son union avec
YAfiie, un profond respect lui est dû. Ainsi
en est-il de la créature unie à Dieu.
« Suivant la doctrine théologique, dit en-
core M. de Lamennais, l'homme, pai* les
seuls moyens que lui fournil sa nature, est
impuissant à se relever, h offrir à Dieu une
expiation proportionnée à l'offense dont il
s'est pendu coupable envers lui, à se réinté-
grer dans son élat primordial. Pourquoi ?
parce que sa nature, ses forces, son action
est flnie, et que la réhabilitation, impliquant
un terme infmi, implique une action iuQ-
nie (53). »
Nous arrêtons ici l'auteur de VEiquisse,
La réhabilitation implique un terme infini,
en ce sens qu'elle $up[>ose parfaitement ré-
parée l'ofiénse faite a une majesté infinie,
oui ; en ce sens que Thomnio réhabilité de-
viendrait infini, non. A la vérité, le mérite
étranger qui nous est imputé doit être sans
limites, afin que Dieu reçoive une réparation
digne de lui ; mais cette ré\)aralion devien-
drait dérisoire, si l'homme n'y entrait pour
rien, si les satisfactions du Sauveur ne lui
appartenaient de quelque manière comme
son bien personnel. D'un autre côté, les mé-
rites et les actions de Jésus-Christ ne doi-
vent point être mesurés les uns sur les au-
tres, Vinfinité du mérite n'étant pas fondée
sur l'infinité de l'action, mais sur la dignité
infinie de la personne. Poursuivons.
« Or, une action infinie est évidemment
impossible à l'homme : ce sera donc une ac-
tion exclusivement divine, ce sera Dieu qui
a^ira immédiatement sur l'homme pour le
transformer. Et comme la cause détermi-
nante de l'action divine est en Dieu même,
le secours divin ou la grftce aura ce double
caractère : elle sera infinie dans son essence
et gratuite dans sa distribution, c'est-à-dire
indépendante de toute cause déterminée de
la part de l'homme.
« De U deux conséquences :
« Une action essentiellement infinie est,
quant h son effet, irrésistible ou nécessi-
tante ; la Krâce agira donc comme une puis-
sance fatale en ce qu'elle a nécessairement
son effet, l'effet voulu de celui qui agit.
f « Nécessairement gratuite aussi, donnée
et reçue sans aucun égard aux dispositions
(S3) Ehquiise fûne philosophie, iom. II, p. 8i.
internes de riiommc, à la direction préala-
ble de sa volonté, la grâce n*5ira sur lui à la
manière des forces qui agissent physique-
ment sur les corps bruts, de sorte ciu'il sepa
de fait totalement étranger à sa réhaUilita-
tion : d'où l'on devra conclure ultérieure-
ment, ou que cette réhabilitation, qui ne dé-
pend de l'nomme en aucune façon, est cer-
taine pour tous les hommes, ou que, sans
aucun motif lire de l'homme même. Dieu a
primitivement décidé en soi que quelques-
uns seraient réhabilités, et que d'autres ne
le seraient pas.
« L'invincible ascendant de .a logique a
maintes fois ramené ces conséquences »
aperçues dès l'origine mêmi% du système
dont elles découlent, et admises encore au-
jourd'hui par un grand nombre de croyants.
Mais comme elles répugnent profondément
à la conscience et à la raison humaine, oa
a tâché aussi de s'y soustraire en établis-
sant : « Que la grâce est essentiellement elli-
« cace sans être nécessitante ;
« Que Dieu veut sincèrement la réhabili-
« talion ou le salut de tous les hommes;
« Et que cependant tous les hommes ne
a S( ront pas sauvés ou réhabilités. »
« Ce qui ne peut se soutenir sans rendre
h la volonté humaine une partie du pouvoir
dont le système oblifc;e de la dt'nouiller com-
plètement, sans renverser dès lors les bases
premières de ce système, ou sans ajouter»
aux contradictions radicales qu'il renferme»
de nouvelles contradictions. Car quoi de
plus contradictoire que de supposer la né-
cessité d'une action divine essentiellement
infinie et indépendante de la volonté hu-
maine, et de supposer en même tem()S ^ue
cette action infime pourra ne pas avoir l'ef-
fet en vue duquel Dieu agit, et qu'elle ii*aura
pas son effet à cause de celte volonté
même dont elle est pleinement indépen-
dante. »
«
M. de Ijimennais change les termes de
notre doctrine pour s'assurer le facile avan-
tage d'y trouver des contradictions ; en ef-
fet, nous n'avons jamais supposé que l'action
divine sur rhomme fût essentiellement in-
finie et indépendante de la volonté hu-
maine; nous disons précisément le con-
traire. L'action extérieure de Dieu est tou-
jours et nécessairement finie ; les nlus minces
philosophes le savent et les callioliques ne
l'ignorent pas; mais fût-elle infinie, il ne
s'ensuivrait pas, ce nous semble, que la vo-
lonté humaine est annulée : loin de là, plus
l'action divine est puissante, plus infailli-
blement doit-elle atteindre le but aue pieu
se propose; or, quel est le but de Dieu?
c'est de rendre le mérite de l'homme égal à
la gloire éternelle, par conséquent de con-
server à notre volonlé son action propre»
afin que ses œuvres soient nôtres, et aussi
sans doute do transformer ces œuvres par
l'influeme de la grâce de Jésus-Christ, afin
que leur valeur devienne surnaturelle Eu
S)
M^L
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE*
MAL
00
on tù(Af ronr racooœpnsscment des des-
seins <ie la Providence, la grâce et la liberté
DUOS sont également indispensables. Pour-
quoi parler de puissance fatale quand il
i!àd{ de la souveraine intelligence 7 Dieu
oesail-ii plus ce qu'il veut? ou bien man-
qae-(-il des moyens d'arriver à ses fins?
Préicndrait-on fui refuser le pouvoir de
lemfiérer son action, de régler, de modérer
M fon-e de manière à ne point gêner la li-
berté humaine.
Nous pouvons ne pas savoir comment la
grâ esaceorde avec le libre arbitre; certes,
li est lians le monde bien d'autres ivroblè-
mes non encore résolus; mais prétendre
qaeIXea ne peut a^^ir sur notre liberté sans
la détruire, c'est fermer les yeux è l'évi-
deoee, c'est refuser à la souveraine puis-
Mnre labcuité d'accomplir ce que Tbomme
fait tous les jours sous nos yeui.
La oéctissilé du concours de la volonté hu-
maioe répond k toutes les difficultés tirées
(iud6retde la prédestination ; faut-il donc
kré[éicr? Oui, Dieu veut sincèrement le
MlQtdetoQs; mais il le veut sous la ré-
senedubrin usage et de la liberté. La grâce
vieuUnakleè la liberté sans la détruire, et
«lien tel refusée à personne; on a toujours
au moins la grâce de la prière, disent les
théok^eaSf et par la prière on peut tout
oMeoir, même la persévérance finale. Telle
tttia docirioede TÈglise, doctrine non in-
ternée après coup pour éckapper aux con-
séquences d'un faux principe, mais fondée
sar les lestes les plus clairs do l'Ecriture et
IVoseigoement unanime des docteurs de
tous les temps.
lU lutte contre le mal, ajoute H. de
Lamennais, est donc entièrement incom-
préfieQsil>ie dans cette doctrine. Elle est,
de plus k peu près stérile quant à son ré-
5ullat final ; car, suivant ce qu'on enseigne
«leore, la masse des hommes, à jamais
tderîie au péché, doit éternellement en
iubir finfini châtiment. De sorte que l'in-
t^neotion surnaturelle de Dieu dans la
^ulte de l'homme contre le mal aboutirait
d^tiuiti rement h la perte certaine de la
Ke&i|ue universalité cics hommes. »
La lotte contre le ma! est tout le christia-
oiiine; on chercherait vainement autre
diAse dans notre admirable religion. Le
^'hiistest venu sauver ce qui avait péri (54);
i| fie s'attribue point d'autre mission.
CoQoieot une doctrine entièrement incom-
prébeosible aurait-elle subjugué les plus
tiautes intelligences, soumis a ses lois les
Cuples les plus civilisés de la terre ? M. de
meonais aurait dû s'adresser cette ques-
ti<>n araot de conclure d'une manière si
I' reu;|»ioire. Son langage ne manque pas
moins d'exactitude dans le reste de ce pas-
^Àff. Oo n*en>eigne nulle part que la masse
^ iKXonnes doive subir un cliâlimeni in-
ti^'i. La oiasse, la presque universalité des
^mesl Dans quelle décision de TEî^lise
a-(-on rien vu de semblable ? Un châtiment
infini 1 C est une idée extravagante qui n'est
jamais venue dans l'esprit d'aucun catho-
lique; le châtiment peut être éternel, il ne
saurait être infini.
Nous ne croyons pas être trop sévère en-
vers M. de Lamennais, en affirmant que tout
ce qu'il a écrit sur la grâce, au point de
vue de la théorie et des principes, est un
contre-sens perpétuel qui suppose, dans un
aussi grand esprit, une préoccuriation in-
concevable. Nous allons le voir, à 1 é^ard des
faits, sous l'empire d'une prévention non
moins étrange.
« Dans l'ordre pratique, dit-il, cette mémo
doctrine tend à produire un fanatisme som-
bre, une terreur lugubre, si Tesprit se fixe
sur la fatalité du décret divin qui perd ou
sauve suivant une primitive élection, impé-
nétrable dans ses motifs , infaillible dans
son effet, immuable du côté de Dieu dont la
volonté ne saurait varier; immuable du côté
de l'homme, purement passif sous la puis-
sance irrésistible de cette volonté invariable
et primordiale de sauver ou de nerdre. Et si
l'esjjrît s'arrête de préférence a cette autre
pensée, que la grâce agissant surnaturelle-
nient et indépendamment de la volonté qui
ne peut rien sans elle, et sur laquelle elle
I)eui tfiuf, produit toujours avec certitude
'elfet voulu de Dieu ; que si de plus on se
persuade que le don gratuit de cette grâce
est ]ié à certains signes extérieurs, de telle
manière que le signe, par l'eiBcace que
Dieu y a miniculeusement attachée, com-
munique infailliblement la grâce; quelques
dispositions intcrnt^s qu'on puisse ensuite
exiger de rhomme pour qu'elle soit réelle-
ment reçue de lui, il résultera de celte
persuasion, et l'expérience le prouve, un
rtîlâchement funeste dans le travail de
l'Iionime sur lui-même. Il mettra dans le
signe une confiance d'autant plus exclu-
sive, d'autant plus entière, qu'on a déclaré
ses propres efforts radicalement impuis-
sants; et la lutte contre le mal, réduite
presque à certaines pratiques matérielles^
cesserait complètement si le sentiment in-
time, la conscience, si les lois enfin de la na-
ture humaine n'opposaient pas aux consé-
quences dernières et absolues de toutes
les théories erronées une invincible résis-
tance. »
J'ignore si M. de Lamennais a cru véri-
tablement exposer la doctrine catholicjue sur
la grâce; ceux qui la connaissent n auront
pas eu de peine è s'a|)ercevoir que l'auteur
de VEsquisse confond nos dogmes avec les
opinions mille fois condamnées de Luther,
de Calvin et de Jansénius. Les faits les plus
faciles à vérifier auraient dû l'avertir de sa
méprise. Certes, on ne remarque point de
fanatisme sombre, ni de terreur lugubre
dans les hommes .«.ans^gjgsc occupés de la
méditation des vér^'^- ' •*« jouis-
sent au contraire ^*Ulie
f'ILtf., nx, 10.
91
UAL
DICTÎONXAIUË APOLOCKTIQLE,
MAL
H
I
n-ofonde paix ; ils remettent leur sort entre
es mains de Dieu avec une parfaite con-
fiance , (-ar ils Taiment et le connaissent
comme infiniment miséricordieux. Si l*on
pénètre dans le désert de Ja Chartreuse ou
de la Trappe; si Ton visLle les moiyistèrcs
où Tesprit religieux 5*est conservé dans sa
ferTCur primitive, l*oa verra reluire sur le
front des heureux habitants de ces lieux
bénis du ciel celte joie de Tâme qui tait le
bonheur de la vie, et d*autaxit plus qu*ils se
6oront pénétrés davantage des maximes de
r£vangile. Faut-il s*ea étonner? Sous un
Dieu qui est venu sur la terre mourir pour
le salut de tous les hommes, quelqu'un
]>eut-il se perdre^ à moins qu*il n*oppose à la
grâce une résistance invincible? Ësl-ii pec-
mis de désespérer dans une Eglise fondée
sur la primauté do saint Pierre qui renia
son maître, établie par la prédication de
saint Paul, qui fut d*abord un persécuteur?
Non , la foi ne se conçoit j)as sans Vesr
pérance.
Mais la foi et les osuvres de la foi sout
soutenues par les sacrements de l'Eglise ;
rexpéricnce le prouve, quoi qu'eu dise
M. de Lamennais, qui n'a pas voulu com-
prendre que l'institution du signe est fon-
dée sur une profonde connaissance du cœur
humain. Qui de nous n*a éprouvé qu'on
est plus faible contre les passions après une
Iiremière faute, qu*on le de-vient davantage
i mesure que les chutes se multiplient 7 A
la fin on s abandonne au crime par le dé-
sespoir de remonter vers la vertu. Pour re-
prendre courage, le coupable a besoin <le
savoir que son passé ne pèse plus sur lui.;
comment le saura-l-il, sinon par le signe?
Nier la rémission des néchés ou la vouloir
sans iM)nditions, sont deux excès également
funestes. Mettre des conditions au pardon,
c'est restaurer le signe» car le signe est né-
cessaire à l'homme même pour penser; à
quoi bon d'ailleurs des conditions qui [tour-
raient être remplies àl'insu de celui de qui
on les exige? Du reste la méthode de TE-
glise est appliquée depuis assez longtemps,
pour qu*il soit aisé de se prononcer en con-
naissance de cause sur son efficacité ou son
impuissance; or, nous voyons que les hom-
mes vertueux ou ceux qui veulent le de-
venir recourent aux sacrements^ tandis que
h*s pécheurs obstinés s'en éloignent; ce
simple fait ré[:oiid à des volumes d'objec-
tions.
L'Eglise catholique est la seule société
établie pour rendre les hommes meilleurs,
et l'on ne peut nier que, dans Taccomplis-
5ementdesa mission, elle n'ait obtenu, à
toutes les époques de son existence, des
succès dont elle seule a le secret. N'est-il
pas extraordinaire qu*après dix-huiX siècles
du triomphes, un homme se présente pour
luidire: Vous n'entendez rien à la direction
des consciences, vous avez réussi contre les
règles, les moyens employés par vous de-
vaient proiiuire des résultats déplorables?
N'insistons pas, de nouvelles surprises nous
attendent.
u Sous un antre poinlde vue, ajoute M. da
Lamennais, la doctrine d'un ordre surna-
turel, qui présente Tappareneo d'une gigan-
tesque réaction contre le mal moral, dé-
tourne non-seulement d'en combattre les
effets, h cause de leu-r caractère à la fois pé-
nal et ei)>iatoire^ mais à quelques égards,
de combattre le mal môme, et cela de deux
Isiçons.
« Les misères de l'homme» ses souGTran*
ces, proviennent d'une double source, la
nature et la société.
« Pour forcer la nature de satisfaire à ses^
besoins, pour obtenir d'elle les biens qui
rendent progressivement meilleure sa con-
dition terrestre, il lui fiiul lutter sans cesse-
contre elle. Or, la doctrine que nous discu-
tons déioucae de celle lutte; d'un c6lé,
en enseignant que la soutfrance doit être»,
selon les décrets de Dieu, l'état de l'homme
sur la tevre, qu'elle est inèmepour lui l'état
le plus désirable,, h raison de la vertu ex-
piatrice qu'elle renferme en soi, et d'un aa-
tre c6lé en montrant à l'homme, comme
Tunique but qu'il doit se proposer, le bien
surnaturel ou infini, dont la possession»
d'autant plus certaine qu'il aura plus sou£-
ferl ici-bas»seradans la vie future le prix de
cclie soulfrance mémo.
• Celles qui dérivent de la société, de se»
imperfections et de ses vices, ont la plu[)art
pour origine l'abus de la force, l'abus du
pouvoir. Mais, quoiqu'en abusant du pou-
voir et de la force, les puissances établies
comiuetteiU un crime réel dont elles devront
un jour rendre compte au Juge suprême;
cUes n'en sont pas moins, même en cela»
les ministres providentiels de la justice di-
vine, les exécuteurs de la sentence qui ori-
ginairement a condamné l'homme à l'inévi-
table châtiment qu'il doit subir pendant la
durée de son existence présente. Bésister
aux puissances, les coml^attre, alors même
qiie la tyrannie semble le pUis iniolérablç»
c'est donc résistcsr à. Dieu». combattre sa jus-
tice» se révolter contre ses décrets.
«Que cette doctrine régnât pleinement^
exclusivement ; que, substituée aux instincts
natifs de la conscience et de la raison , elle
fût parvenue à les éteindre, à les détruire en*>
tlèrement, tout progrèss'arréterait soudain :
riiommc, retombé sans retour dans l'escla-
vage de la nature, lui disputerait à peine
les déplorables restes d'une vie au-dessous
de la vie sauvage: et dans la société la
force dominatrice» ne rencontrant aucun
obstacle, réaliserait» au profit de ses pas*
sions les plus désordonnées» de ses plus
moQSlrueax caprices, une servitude telle,
que l'idée même de droit se perdrait bien-
iùti se perdrait à ja^nais. La terire, par riiicr*
tie des bons, serait transCurniéc en un lieu
de misère indicible» d'inénarratde désola-
tion , en une sorte de démenoe infer-
nale. 1*
L'emphase, l'exagération de ce style suf-
firaient au besoin pour montrer combÎMi
BiL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQl'E.
JfAL
94
iMileur est dans le laux; lui-même aurait
dû roir qn*îl existe entre ses affirmations et
les Mts une contradiction manifeste. Si la
doctrine érançéliqve est si funeste, com-
ment se fiiit-il que les peuples chrétiens
meot les plus ridies sans contredit, les plus
iodnstrîeoi, les plus libres, les plus heu-
renx de la terre? Comment sebit-il surtout
^ leur so|iériorité en tout genre ne puisse
sex|iliquer que par Tinfluence de leurre-
lîipott? car c*est bien le christianisme, pre-
Bière et principale cause des progrès a^
rofsplis, qui n fait TEurope ce qu'elle est.
Ble doit tous ses aranlages à ses pontifes,
k ses aïoines, i ses eoneiles« k ses pieux mo-
BJitiocs, Tbistoire en fait foi ; elle les doit
>. la lé^iation et encore plus k Fespritpu-
Ait qui se sont formés sous la dirco>
lion de rsi^ise. Les faits réfutent donc pé-
irjiptoiremeDt les arguments de H. de La-
nenaais, qui n*ontâ*ai Heurs une apparence
«iefoKc qpe parce qu'ils se fondent sur un
«posé inbdèle de notre doctrine.
£n effet, il ne nous est défendu nulle part
de loUer contre la nature, puisque le' traTsil
rt la latte sont pour nous, dans les desseins
de la ?rof îdence, un préserTatif et un ré-
nale ; rEcfitnre nous défend, au contraire,
I oisiTeté eonme la source de tout mal. A
la férifé, i'ETangile nous instruit k être
imlkatf^ résignés, h nous r^ouir dans les
sooflraoces et les humiliations. Mais, pre-
Biirreoieiit, rette doctrine, inutile k des êtres
d'ane natnre supérieure, couYient merveil-
kasement à des malheureux comme nous:
anl 0 est exempt de douleurs ici-tms, dou-
kors du corps, douleurs plus cuisantes de
rine; persctone ne peut dire : le n'ai aucun
besoin de consolation. La religion la mieux
appropriée i notre eondiîion présente est
assurément celle qui nous apprend à souf-
frir. En second lieu, le christianisme, loin
de rooioiaiider Findifférence pour les niaut
u aolnii (M. de Lamennais luiratt l'avoir
roaqilélement eoUié), nous fait un devoir
iir»!«ant de venir en aide k nos frères, de-
voir de simple charité fioiir les uns, de jiis-
iKe rigoarevse |iour les autres. Dans la fa-
mille, dans la cité, dans la nation, chacun a
des obligiatiuns diverses; de l'aixomplisse-
aient de ces obligations résultent Tordre,
la paix, la prospérité publique; or, quelle
religioii pins que le clirisiianisme les rend
respectables et sacrées? On peut interroger
rexpénence eten croire les faits.
Les biens qne les hommes ambitionnent,
aDQt la ridiese» la gloire, les honneurs et
les idaî^irs, qui ne vont point sans la ri-
ciie>5e. Or, ces biens de la nature n'ap|)ar-
tîfauenl qu'au petit nombre; il n'y a |ioint
œ ouiutiioaisou politique ni sociale qui
puisse cbanj^er les lois du monde. £t il est
beoreax qu il en soit ainsi ; si la terre nous
donnait tout sans travail, sans ctTort de no-
tre part, le genre humain n'aurait pu se
uévelopper sous aucun rapport. Dans la so-
àélé, diaque individu, chaque classe a ses
fcfBcdoDS particulières:; ceux qu'on nomme
*>"isifs uesont pa> moins utiles que les
travailleurs. Semer des pommes de (crro
dans les jardins de Versailles, faire descen-
dre tous les citoyens au niveau du labou-
reur et de l'artisan, sont des idées du même
temps et de la même force; priver une na-
tion de ses monuments, de ses académies,
de ses fêtes ; ramener tout aux proportions
d'une utilité prosaïque et vulgaire, c'est re-
noncer d'avance aux grandes choses. Le
problème social consiste k diriger, k orga-
niser, non k mêler et k confondre; il faut
empêcher les oisifs de corrompre, d'asser-
irir les travailleurs, établir entre les uns et
les MIresdes rapports de justice et de charité.
Encore une fois, quelle religion mieux que
le christiadisme peut atteindre ce but?
Mais quel résultai, si l'on bornait k ce monde
le sort de l'humanité? Avoir du pain en
travaillant dix ou douze heures par jour, ne
fias mourir de faim ou de froid, est-ce donc
tout ? Je sais bien qu'on es)»ère établir un
système d'instruction dont le peuple puisse
protiter, afin qne l'admissibilité de tous les
Français aux emplois nublics ne soit plus un
vain mot; k la Umne heure: mais l'instruc-
tion généralisée augmenlera-t-elle le nom-
bre des charges en multipliant celui des pré-
tendants? A quoi servira une éducation li-
bérale k l'homme obligé de travailler |X)ur
vivre? On a beau faire, le nombre des pau-
vres, des ignorants, des souffrants , sera
toujours le plus considérable; c'est une né-
cessité qui tient k la constitution même de
l'univers; par conséquent, le premier be-
soin des peuples est une religion capable do
consoler les malheureux. S'il en existe une
a ni fasse trouver la joie dans la souffrance,
faut la regarder comme le plus grand
bienfait du ciel, même jiour Ja vie pré-
sente.
Le christianisme est essentiellement la
religion de la liberté, parce qu'il est la re-
ligion de la conscience. La lilierté, en effet,
ne consiste- t-elle pas dans le respect des
droits de tous? Et ces droits ont-ils d'autres
ennemis que les passions humaines ? Nous
ne le nions pas ; certaines formes de gou-
vernement fieuvent avoir des avantages,
niaislaconscicBce et Topinionsont toujours
plus fortes que la loi. Que valent les insti-
tutions les plus vantées avec des hommes
sans fui? Lorsque les gouvernants et les
gouvernés ne croient plus les uns aux au-
tres, on est toujours sur la [tente du despo-
tisme ou de l'anarchie. Montesquieu a rai-
son, la vertu est le fondement des gouver-
nements libres; un peuple corrompu n'est
|ia$ fait ) our la liberté : il lui fout le frein
de l'esclavage : un |icnvle de parfaits cliré-
lieus n'aurait besoin ni de lois, ni do gou-
vernement ; la religion lui en tiendrait lieu.
« Mais dans une société où le christianisme
régnerait pleinement, exclusivement, dit
M. de I^niennais, la force dominatrice ne
rencontrerait aucun obstacle, et pourrait
donner carrière k ses passions les plus dé-
sordonnées, k ses plus monstrueux capri-
ces. » C'est encore une méprise du célèbre
écrivain; il fallait rîirc au contraire : « Danâ
'95
IIÂL
DltTIONNAlRE APOLOGETIQUE.
MÂR
r6
une société de vrais chrétiens, le pouvoir
ne trouverait pas d*instrument pourTac-
complis5ement de ses mauvais desseins ; il
rencontrerait plutôt des Ambroise'pour les
]ui reprocher. » Cette manière de résister
ne vaut-elle pas l'insurrection? O'Connel
était-il un ennemi de la liberté, parce qu'il
ne cessait d*exhorter ses compatriotes a ne
point sortir des voies légales pour briser le
jou^ de Toppression 7 Du reste, que Tiusur-
rection ne soit jamais permise, ce n*est point
un dogme, mais une simple opinion soute-
nue par de graves auteurs, et comiiatlue
par d'autres d'une autorité non moins res-
pectable. Des esprits passionnés pourront
s*indi^uer du silence de l'Eglise sur cette
question formidable, qui touche de si près
au repos des peuples; les hommes graves
approuveront sa prudente réserve.
Il nous importe peu de savoir quel sys-
tème religieux M. de Lamennais a la pré-
tention de substituer au christianisme ; s'il
ose jamais en formuler un, il n'aura pas
plus de succès que les Saints-Simoniens,
nous le prédisons hardiment. Sans atten-
dre jusque-là, nous pouvons apprécier dès
h présent l'utilité sociale des futures théo-
ries de M. de Lamennais. Cet écrivain, qui
triomphe sur la question du mal, qui repro-
che aux chrétiens de ne l'avoir pas comprise,
d'être impuissants à la résoudre; lui qui
regarde notre religion, on l'a vu par les
citations précédentes, comme funeste h la
vertu et au bonheur des peuplés, malgré
l'apparence contraire d'une « réaction gigan-
tesque contre le mal, » désire-t-oa savoir
sur (^uels principes il veut faire reposer les
destinées des nations? Il va nous le dire
lui-même : < Un petit nombre de lois im-
muables, et qui seulement se modifient
selon la diversité des natures, président à
l'ordre universel, et tôt ou tard y ramènent
infailliblement tout ce qui en dévie, car
tout fléchit sous leur puissance iwiéfecti-
ble et souveraine (SS). » Ces lois destinées
à ramener h l'ordre, dan.^ un autre monde
probablement, tout ce qui s'en écarte dans
celui-ii, ne sont pas établies pour la puni-
tion des coupables.; loin de là, car, selon
l'auteur (56), l'idée de punition ou d'ex-
piation par la souffrance est exécrable ou
absurde. Ainsi point de châtiment, même
temporaire, pour les plus grands crimes.
Ce n'est pas assez; comme toujours, selon
l'auteur qui l'aflirme en plusieurs endroits,
le bien doit nécessairement finir par l'em-
porter, et que ce bien ira croissant, se dé-
veloppant par un progrès éternel, il s'en-
suit que les plus abominables scélérats,
mourussent-ils le blasphème à la bouche et
dans l'acte du crime, non-seulement ne
doivent rien craindre de la justice de Dieu,
mais ont le droit de compter sur une muni-
liecnce infinie.
Cette doctrine subversive de tout ordre,
(55) Esquiêêe d'une pMlo$ophie^ p. 98.
(56) Ei^nnufCune philosophie^p, 60.
(•w) E»qui$ie iVuHê philosophie^ loro. II, p. 93.
(.'iH) Papus, apud EtsLB., Uiêi, eccL^ I. ui. c.59.
de toute morale, avec laquelle il serait im-
possible de conserver la société seulement
deux jours, cette doctrine découle naturel-
lement de la philosophie de M. de Lamen-
nais (57) : « Tout est de Dieu et vit de
Dieu, dit-il; tout participe sous la condi-
tion d*une limife nécessaire à sa substance
et aux propriétés inhérentes à sa subs-
tance , de sorte qu'être uni à Dieu, non
simplement d'une union morale, mais
d'une union radicalement effective et sub-
stantielle , est , pour l'être contingent ,
une nécessité première, al)Solue, insépa-
rable de son existence. » S'il ou est ainsi
de la pierre et du bois, à plus forte raison
de l'homme ; or, veut-on que Dieu se pu-
nisse lui-même, qu'il frappe sur sa pro-
pre substance 7 Cela n'est pas possible. Que
tous les vices se donnent donc une libre
carrière ; que les oppresseurs, les tyrans,
ne craignent rien; ils n'ont à attendre au
delà du tombeau que des récompenses ma-
gnifiques; quant aux peines de cette vie, il
est toujours aisé de s'y dérober par le sui-
cide.
Ou n'a pas la force de s'indigner contre
ces cou fiables et funestes théories ; en pen-
sant à la profondeur de la chute du malliea-
reux écrivain, il ne reste dans l'âme de
place qu'à la douleur. Que l'on comprenne
au moins combien les plus vigoureux génies
sont impuissants contre le christianisme,
et dans quelles erreurs monstrueuses ils
tombent nécessairement, lorsqu'ils cessent
d'être soumis à l'autorité de l'Eglise.
Mal, sa prépondérance en nous snr le
liicn. Voy. Culte, § L — Son origine, ï6i</.,
§ II. — 31al permis pour un plussrand bien.
Voy, Création, § Iv. -—Nécessite delà lutte
entre le bien et le mal. Voy. Salot, § IL
MALADIES NATURELLES. Les posses-
sions peuvent-elles être regardées comme
des maladies naturelles ? Yoy. Possession,
SIH.
MALEBRANCHE. Son optimisme refuté.
Voy. Optimisme.
AlALTEURUN, montre l'accord de Moïse
avec les plus anciens historiens sur l'ori-
gine des peuples. Yoy. Pstchologr, \ IV.
MANETHON. Ce qu'il faut penser de sqs
listes dynastiques égyptiennes. Koy. Egyp-
tiens, § L
MANICHÉENS réfutés. Voy. Mal, art. I,
MANICHÉISME. Yoy. Chcte, % H, et Mal,
art. 1, § I.
MANOU. Lois de Hanou , livre indien,
examen critique. Voy, Indianisme, % II.
MARC (Saint). — Saint Marc, s'il faut on
juger par son style, était juif d'origine. Ou
croit avec assez de fondement qu'il ne fut
converti qu'après la résurrection de Jésus-
Christ, par la prédication des apAtres (58);
qu'il fut disciple et interprète de saint
Pierre (59), et que c'est le même Marc quo
— AtGUST. , De tonuniu evang^hlarum^ I. i, r. t^
(59) Ibk?i., adttn, hortê.^ I. m, c. 1. — ttsr.n.,
I. III, c. 59, eti. u, c. lÎK
s:
MAll
DICTIONNAIRE APOLOCtTlQUE.
MAR
!iS
ce pnme ties aj*(lres, dans sa première
^/rr (t, I3),af)i)elle sou tils, a|)pareainienl
|iarcequ*îl I arail ennemi ré à la foi en Jésus-
Christ (GO). Mais ane question difficile, c*est
de saroir si saiflt Marc i'évangéliste est le
même persounage que Jean Marc, connu
dans les Actes comme fils d*une femme de
Jërusalemy nommée Marie, chez laquelle
Papôtre saint Pierre, délivré de prison par
un ange, se retira, et trouva les fidèles as-
sembles, priant pour sa délivrance. {Act. xii.
If.) Ce Jean Marc suivit saint Paul et saint
RamaJié dans plusieurs voyages; mais étant
arrivé à Perge, en Pamphîlie, il les quitta
et s*en retourna à Jérusalem {Act. xv, ^-
39); fe qui fut cause que saint Paul ne vou-
lant pa« qoMl TaccomiMignât dans un second
vojageen Asie, il s'éleva une conteslation
par sQîie de laquelle les deux a|>6tres s*étant
séfurés, saint Barnabe prit Marc avec lui et
sVtnliarnna pour aller en Chypre. La liaison
étroite de Jean Marc avec saint Barnabe
porte à croire que c'est le même qui est ap-
peiéson cousin dans Tépttre auxColossicns
(TV, 10), et dont il est encore fait mention
daus la seconde à Tiniothée (iv, 12), et dans
ré^ittit à Pfailémon (iv, ^]. Dans cette hypo-
tii^se , lean Marc se serait réconcilié avec
saint Paul depnis la division de cet apôtre
artx saint Sarnabé. Reste encore à savoir si
Ji'aii sarnomméMarc est le même que notre
tran^Hsle. Saint Jérôme, Victor d'Antio-
die et beaucoup de critiques de ces der-
niers temps, paîirmi lesquels nous i)Ouvons
rjti'r Lsrdner, Michaêlis, Marsh, Hug, 01s-
haaseo , confondent ces deux personnages,
UEi<iisque Baronius, Giotius, Tillemont et
uoe infinité d'autres écrivains les dis-
tinguent formeSlement. Les raisons qu'on
allègue de part et d'antre sont également
5pécieu5e5; nous pencherions cependant plus
Tolijntiers pour le sentiment ues critiques
qui soutiennent Tidentité des personnes.
Le nom de Marc n'est pas hébreu; peut-
C're que c'était un surnom de Romain que
révangélîste avait pris, suivant un usage
a^5?z commun k son époque. C'est une tra-
dition ancienne et constante que saint Marc
a i'iêi le fondateur de l'Eglise d'Aleiandrie.
Ouant aux autres circonstances de sà vie et
it sa morty rapportées dans ses actes et par
des aatcnrs récents, elles sont incertaines
«a fabnieuses.
Lr second évangile a-t-il été réellement
f* rit par cet ami des fondateurs du christia-
nisme? y.ous sommes assez heureux pour
l<o^$éder sur ce point un témoignante qui
r monte jnsqu*k Tentourage immédiat du
Qirist. Le prêtre Jean, disciple immédiat du
Seigneur 9 nous parle en ces termes de l'é-
langile de .Marc [EvskBE^-Hist. eccL^ 1. m, c.
»;: « Marc était interprète de Pierre, et écri-
vait avec soin ce qui lui était resté dans la
isénioire; il ne mit cependant i>as dans leur
c-rdre («v ri^ti) les paroles et les actions du
Cijrist. n n*avait pas, en effet, entendu le
Christ lui-même, et il ne l'avait pas accom-
<60) OftiGBJi., apad Ecseb., L vi, c. 25.— liicaosi.,
tsrcl'of^., VIII.
pa.:.né; mais il avait été plus fard h la suite
oe Pierre, qui disposait ses enseignements
suivant les besoins de ses auditeurs, sans
avoir positivement le dessein de faire un
recueil (précis) des |)aroles du Seigneur.
On ne peut donc pas dire que Marc ait failli
en écrivant ainsi certaines choses, comme
Pierre les avait racontées. II. n'avait qu'un
soin, c'était de ne rien omettre de ce qu'il
avait entendu et de ne rien déûgurer dans
le récit. » Voilà un témoignage précis et que
Ton ne doit nas regarder comme de peu de
valeur. Creaner l'appelle «le plus ancien
témoignage que nous ayons sur l'auteur
d'un évangile. » fintr., p. 111.)
Voyons maintenant ce que Strauss trouve
k dire contre ce témoignage: «Papias, dit-
il , met dans la bouche du prêtre Jean les
renseignements suivants sur le second
évangile : « il a été écrit par Marc, qui setr-
* vait d'interprète à Pierre et uui rédigea cet
«évangile de mémoire, d'après les prédira*
c tionsdesonmattre.»D'autres(Clem.u*Alex.
dans Eus., U, 15) veulent que Pierre ait jiar-
rouru cet écrit et Tait approuvé. Mais, d une
part, cette dernière asseilion se réfute par
la propre contradiction de celui qui nous la
Présente lidem, ibidem^ vol. VI, c. H); et, de
autre, le premier document, qui fait tra-
vailler Marc d après la prédication de Pierre,
et par conséquent d'après une source qui
lui est propre, ne peut en aucune façon
s'appliquer à notre second évangile, qui est
visiblement une compilation de Matthieu et
de Luc. (Griest>ach l'a prouvé jusqu'à l'évi-
dence dans son Iivre«inlitu1é : Commentatio^
Îua Marci etangelicum totum e Matthai et
.ucœ commentariis decerptum esse desnon^
stratur.) En outre l'expression que Papins
emploie, à propos de Kouvrage de Marc, ne
peut s'appliquer en aucune façon à l'ou-
vrage que nous possédons è présent. On
voit donc, de ce côté aussi, s'évanouir les
apparences qui pouvaient faire croire au
premier aliON que Papias parlait de l'évan-
gile actuellement attribué a Marc. *
Reprenons. — Un Marc, disciplede Pierre,
a écrit an évangile, on n'ose pas le nier;
mais, ajoute-l-on, l'évangile que nous pos-
sédons sous ce nom n'est pas le même que
celuiTlà. Maintenant , si nous pouvons
démontrer que les défositions du prêtre
Jean ne sont pas en contradiction, comme
on le croit , avec le caractère de notre
Evangile, il faudra convenir que nous avons
un témoignage'de la crédibilité et de l'aii*
thentictté de cet évangile, capable de satis*
faire Thomme le plus incrédule. Disons
d'abon! que, si Schleimachej*, dans son ei^a-
men du témoignage de Papias sur Matthieu
a donné un sens trop étendu à ces mots
Xôyiff x'/scrxft, comme Strauss le reconnaît
après Lucke, il a véritablement agi ici de
la même manière h l'é^arJ des mots oO râ^c
En effet, d'après Schleiermacher , le mot
riçti (61), ne peut signifier autre chose qu'un
ordre chronologique, ou un classement
(61 ) Dans ion acception militaire primitive, il étiiit
opposé à Gifûûhif,
99
MAU
DUIilONNAlUE APOLOGETIQUE.
MAa
100
symétrique des matières ; or, puisque notre
évangéliste suit un 01 chronologique et un
plan déterminé^ notre évangile de Mure ne
peut être désig$ié dans c€ passage^ non j)lus
que notre évangile de Alallliieu dans Tautrc;
et ce témoignage ne peut s*appliquer quh
<c un recueil de traits isolés de la vie du
Christ, de paroles et d'actions reproduites
précisément comnies elles se trouvaient
éparses dans les iirédicalions de Pierre, sans
former une suite ou composer un tout, sans
classement par cliapilres, et sans aucun
ordre basé sur la chronolo^^ie ou sur le rap-
(>ort des choses entre elles. » N*est-il pas
)ien à déplorer de voir placer la discussion
de choses aussi importantes c^ue Taulhenti-
cité d*un évangile , sur la pointe d*une ai-
guille, sur la portée présutnée du sens des
mots ov T«S(t 1 On peut voir là dedans une
hypothèse ingénieuse; on peut admirer l'a-
dresse du prestidigitateur qui porte un poids
pareil sur un point d^appui aussi faible;
seulement il ne faudrait pas soumettre toutes
les données historiques à des conjectures.de
ce genre! Ici, par exemple, le raisonnement
n*est tiasé sur rien. Car les mots oO t«(cc ne
)K)urraient-ils donc exprimer que « Tabsence
u*un ordre basé sur la chronologie ou sur le
rapport des choses entre elles? » Quand un
biographe ne peint la vie de son héros
qu'imparfaitement et par des mémoires
(acirouvr;fioyiv|&e(a«} détachés et rangés les uns
a côté lies autres, ne peut-on pas dire qu*il
ne nous raconte point cette vie dans un
ordre rigoureux? Le mot jc«^($«» dans le
proœmium de Luc doit, comme nous Tavona
vu, être pris dans un sens directement o))-
posé. On a remarqué que xaiu est opposé à
vno^ft^qv et signifie par conséquent un rang
serré ; un rang n*est-ii donc pas interrompu
là où des membres détachés manquent* Par
bonheur, le vieil historien Papias nous a
«lonné TexpUcation du sans dans lequel le
prêtre Jean a employé les roots oO xàçu. En
etfet, les jiaroles suivantes nous rendent la
chose pleinement intelligible : ovSév ijivfTs
>1 . /)xo;, ovrutf ivitu yf yfOfS wf cbripiv ^ôm vffgy. Voi là
donc ce que le prêtre Jean nous dit de Té-
vangéliste : il u'jl écrit que certaines choses et
non pas tout complètement. On voit ainsi que
cette objection n a aucune consistance et doit
être écartée.
Nous ne chercherons pas à nier Timpor*
tance bien plus grande de l'autre difficulté
présentée par Strauss. Voici la question. Le
témoignage de la plus haute*antiquité, dont
nous venons de parler, et un grand nombre
d'autres plus récents nous disent oue Marc
a composé son récit évangélique d après les
prédications de Pierre ; et cependant, non-
seulement son récit suit en général Matthieu
et Luc, mais tiriesbach, Paulus» Saunier et
Theile ont démontré, après TAnglais Owen ,
que Tévangile de Marc, excepte quelques
passages peu nombreux, n'est qu'un abrégé
de Matthieu et de Luc, et reproduit mot à
mot, dans certains endroits, l'un ou l'autre
de ces auteurs. Nous voulons , avant de
commencer la discussion , présenter à nos
lecteurs quelques remarques au sujet des
recherches sur les rapports d«s trois syiKip-
tiques entre eux.
Tous ceux qui se sont occupes de ces
recherches reconnaîtront, ou devraient au
moins reconnaître, combien il est difficile,
pour ne pas dire impossible, d'affirmer quoi
3ue ce soit , d'une manière apodictique ,
ans cette question. On ne peut peser les
assertions contradictoires émises et démon-
trées sur ce styet , depuis que de nos jours
l'attention de la critique a été portée de ce
côté, sans considérer cette même critique
comme un aérostat , que chaque coup de
vent pousse où il lui platt. Tandis que Hug
démontre avec son«habileté accoutumée que
chacun des synoptiques s'est servi des autres
d'après Tordre dans lequel ils sont placés
devant nous , c'est-à-dire une Marc a écril
d'après Matthieu , et Luc d'après ses deux
prédécesseurs, HerJer et Storr se croient en
état de prouver que Marc sert de base à Luc
et à Matthieu. D'après Vogel, Luc est la
source de Marc, et des deux réunis est sorti
Matthieu. Busching pense que Matthieu
s'est servi de Luc, et que Marc est formé
des deux autres. Mais voici un nouveau
météore qui paraît dans l'atmosphère de la
critique, l'Evangile primitif. Toutes les
tentatives faites pour déduire un évangélisle
d'un autre sont abandonnées comme sii«*
rannéesl.. Le phénomène a bien des phases :
le premier Eichorn , Marsh ; le second Ei-
chorn, etc.. 11 faut avouer, pour être juste,
que c'est une des hypothèses les plus ingé-
nieuses qui aient été créés par la critique
du Nouveau-Testament; mais il lui a fallu
aussi descendre au tombeau. Giescier vînt
après Herder, et nous présenta^ dans son
remarquable traité, un cycle évangélique de
la tradition orale. Cette opinion a encore
pour elle Tassentiment complet de beaucoup
de gens , uniquement parce qu\7 tCy en a
pas de plus nouvelle. Cependant on s'aperçoit
déjà qu*elle ne suffit pas pour aplanir la
difficulté. On recommence à parler de rem-
ploi de sources plus anciennes, et le cycle
est parvenu à son terme; car nous voici
revenus avec de Wetle (lntr«, 2, A, { 88, 93),
au point d'où la nouvelle critique était partie^
à ^influence réciproque des étangélistes :Mat*
thieu a exercé une influence sur Luc, et Marc
a eu Matthieu et Luc sous les yeux. Entin
le modeste Schott termine par cet aveu, oui
ôte à la critique même un refuge dans 1 n-
venir : Etsi lubenter largiamur ejusmodi
conjecturam^ cujus ope, quœcunque discep-
tan possint de his illisve sectionious eva%igt -
liorum canonicorum parallelis, prorsus de, -
niantur, Uald facile unquam prouitlra\i
ESSE.
Dans cet état de choses, un des criti-
ques (62) qui essayent de démontrer quo
Marc a eu Matthieu et Luc sous les yeux et
a formé son évangile d'après eux, ose placer
(Gi) TiiciLE, dans le lonrml de Yiner et iTEngelhardi; v«Vl«f« 9.
101
MAR
IHCTIO.NNAIPJ^: APOLOCKTIQUE.
MAR
t02
m léir iJe son essai les paroles suiT«inles :
M II De faol pas rojeter de prime alionl le
■ r*^ent essai dans la r^on des hypothèses,
i. ne s'ai^l pas ici de possibHiiés^ mais bien
«e réalités, et on j a renoncé positîreneni
9 tifulcaqai n*esl lias pure vraisemblance. »
Ea Cm» aune pareille conGance, on ne peut
r\aÊieT le criu^ue que sur sa grande jeu^
Be^se. L'opinion qui fiiit de Téran^ile de
^vr one simple mosaïque com|iosée avec
.V |irmiipr et le troisième érangile a pour
elli". nous le savons, un grand nombre de
rri'iioe^, sortoot depuis que Sannîer est
vftia înierpréter les leçons de Sclileierma-
rhfr ^ sa laveur; el« lorsque Slrauss vient
lie firiiDe aborJ nous décJarer que Grieshaeh
a « proové relie opinion jusqu^è révidenco, »
cela n*a riende bien surprenant. Néanmoins
BU eianien plus approfondi conduirait on
esprit pénétrant & reconnaître qu'on peut au
roctraire démontrer jus(|u*à l'évidence la
fi«S5e:é de celte hypothèse. Il faut remar-
«pier d*alionI qu'elle n'a pas même i>n sa-
usCrire con|ilétement ceux qui s'élaient
pifté» ses défenseurs. Car Scnleiermachcr
«^ ol>lî^ d*avoir recours à une nouvelle
bTpQihèse, el dé sop|ioser que l'évangéliste
• « pat cm font les yeux noire texte de Lue
én§ mm ttuier. {Sur Luc, p. 158.) Saunier
(p. ÎSSï pense que du moins il n a pas eu
Sênoi les renx le chapitre i% de Luc, f 51 et
suif. De Welle arrive an résultat suivant :
• Sa aianîére de procéder aurait été trop
arfiilraire, s'il avait eu les deux autres évan-
t^^ishti soos les yeux en composant son
rran^le ; on doit donc penser quUl s'en est
urri 4e at/aiorre. » Cet aveu suflit k lui seul
r^wrjnger celle hy|iolhèse ; car» de nos
fnrs combien faodfait-il qu'un homme eût
la de fois les évangiles de llatihieu et de
LiK, no*jr composer une mosaïque telle
«{lie Hm Dr>us représente Tévangile de
)brc? El quelles raisons Marc aurait-il eues
«rapprendre par cœur ces deux évangiles?
Ans»! le dodeor Crediier, qui a traité ce
«tW le ilemier» atiandonne-t-il l'opinion de
^rie«tiaeii.
Eniruns plus profondément dans la ques-
f>>n, et présentons ce r|ut rond cette liypo-
LVfe inadmissible, i* Sclileiermacher nous
àii : • Quant k moi, pour que je ne puisse
'"■mprefidre rbypolhèse d'Eichorn, qui fait
Hirtir nos trois preioiersévangilesd'unévan-
ple primitif, il suflit que cette hypothèse
iti oblige à 0ie représenier nos lions évangé-
listes enloorés de cinq on six livres écrits
''O diverses langues, et prenant lanlôt dans
Tao, tanldi dans l'autre, la matière de leurs
ftVTrages. » N y aH-il pas aussi, dans le cas
;r^nU quelque chose d'inintelligible, qiioi-
■)je sans aucun doute, h un moindre degré?
(^ii»i! un disciple des apôtres, jouissant
«.'une autorité ^le â celle de Luc, se serait
i tarhé h Touvra^e de son compa.^non et à
: !uî de Matliiieu (63), pour en faire une
'.v.dpitalioD et des extraits si serviies, qu'on
no pât trouver dans loiit son ouvrage que
deux chapitres qui lui fussent propres; et
il ne se serait permis d'ailleurs que d'ajouter
çik et là qnelaues petits renseignements !...
Voilà ce que 1 on voudrait nous faire croire I
Ecoutons à'ce suiel Giesler, dans son ou-
vrage sur roriginede5évangiles(635) : « Com-
bien le travail qu'on est oblis;é d'admettre
dans ce cas^ ne diffère*t'il point de la ma-
nière de procéder oui convient à une |ui-
reille é|>oqucI Ici lévangéliste le plus ré«
cent assigne à des narrations entières et à
des sentences isolées une place toute diflé-
rente de celle qu'elles occiqient dans l'ou-
vrage de son prédécesseur; il faut donc qu*il
ail feuilleté cet ouvrage, tantôt à une place,
tantôt à l'autre, pour y prendre ces passades!
Il coiiimence par copier mot à mot, puis il
se fait un jeu île changer Tonlre des mots
et des pi^nsées; ensuite il omet des fiensées«
ei linit par changer les ex|l^^<isiollS el les
synonymes, sans altérer (i*om|ilétement) la
pensée I Or« au milieu de tant d'apprêts, ces
écrits portent si clairement Temprcinle de
la simplicité, et il y a une telle absence de
jTétentions, que leurs ennemis eux-mêmes
sont forcés de le reconnaître. » Nous allons
snivre quelques instants seulement l'opéra-
tion altribuée à Tévangélisto , |iour nous
taire une idée de la manière dont on le fait
procéder.
Au chapitre i, f 1--20, il suit Matthieu en
l'abrégeant, non toutefois sans jeter un re-
gard sur Luc, |)Our lui emprunter ses phra-
ses : ^ yiyùaimt ht 'îIvwl^u — ïvatu tÔ» cjiccyr« xi»
Cir9^«|ft>r'>wv — ffv cIô vtôff u9m. Il al)andonne en-*
suite Matthieu, lorsqu il arrive au sermon
snr la montagne exposé trop longuement
}K>ur son but dans cet évaiigélist'^ ; puis il
s'attache à Luc aux c. I, 2, 3, 6. Il passe ce-
pendant le discours tenu dans la synagogue
de Nazareth, parce qu'il contient troii d'exem-
ples tirés de rAncien-Testamenl. Il omet de
même la néche de Pierre, qu'il avait déjà
racontée d après Matthieu, auquel toutefois
il avait déjà précédemment emprunté des
expressions isolées. Puis trouvant chez Mat-
thieu un trop grand nombre de paraboles,
il se contente au chapitre iv, 21-3, M, den
prendre quelques-unes des plus courtes; el
il revient, ensuite avec d'autant plus d'em-
pressement à Luc, qu'il a sauté précéilem-
inent dans Matthieu le récit du voyage à
Gadara, etc.... II retourne ensuite vers Mat-
thieu, pour raconter an chatdtre vi, 7-
13, la mission des apôtres, et, au chapitre
Vf, U-29, le jugement à la cour d'Hénnle;
s*a5sociant en même tem{is à Matlhiei:, il
rapporte ici la décollation de Jean, et |Mirle
ensuite, chapitre vi, 30 et suiv., du retour
des apôtres, d'après Luc... ^
Et l'on veut trouver naturel qu'un écrivain
antique, un homme qni était, aussi bien que
Luc, disciple des apôtres, flotte ainsi sans
plan entre les ouvrages de ses deux pré<)é-
eesseurs et aille emi>runter une phra>e taii-
ai C0^ Mage, que MafeaoraH failde leurs écriif, servirait do reste à proavar ravlorité apostoliqae
103
MAR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
IIAR
104
tAt à Tun, tantôt à Tautre I Eh bien, sott !
Mais comment eipliquera-t-on maintenant
cette différence d*expression qui se fait sen-
tir dans tout rEvan^le, et qui semblerait
ainsi calculée pour jouer au tin avecle lec-
teur, en évitant de suivre pendant deux li-
gnes de suite un des deux évangélistes ?
Donnons ici un des chapitres où ta confor-
mité avec Luc est le plus visible, et nous
ferons ensuite ressortir les différences de
Marc.
Comparez Marc 1,21-28, avec Luc iv, 31-37.
2 1 . E Ac <cffir'i/»cvoirr Ac tiç 5 1. Kai x a r q >6 ( v c^;
Ka%apyKOVfi, KaI Mià»ç Ka^A^yxoO/x, iroXcv rq; Ta-
roiç 9 avn tiaùBùiv tic XOtataç, xi jv dc^Aaawv
rÀ9 9Wtocprfàv i^iiAOXf . aOtov^ iv toc; aceSSao-c.
22* KaI iltn\iôv9wvo inl 32 k Ai £itnXnv90Yvo M
rn 3iSax$ avroO* iv yàp rp ^i^ax? ^^vov , ôtc cv
Sc^AaxeMp uvTovç tàÇ iÇov" IÇou^ca qv ô Xôyoff' av-
7/»A/A|tAATf(ip.
23. KAi 19V h T^ 9vvA7fli- 33. Kau Iv t$ ovMcyttTJI
711 AÙTÛv '/yO//A>iro; iv irvsu • «v ovO^iroc g ;^ a» y ir v c û«
flATC 0(XaOa/>T6» XAi Âvi* f&« ^AlflOVIOV àxA^Â^
x^A^c }iy&iy' tov, xaI ÀvéxpA^t f««vq
fifyÀij Xiyciiv*
24. "Ea, tî i5{*?v xa2 ffoî, 34. '"Ea, ti ijfû» xaI aroî,
'iqaoû NaÇa^ ijvt ; Q).Of f Àiro *Ii29oû NaÇa/ïhm ; jXOcc Âir»-
AiVai ituAc oc3a ac tî; tl, ïiatu qoÂc. oI^Â o-| Tt; il,
i Syt9ç ToO 6<oû. 0 Âyco; tov Ocoû.
25. Bai iircTiuiQO'fy avtm 35. Kac ifrcTCfio^cv av-
ô *li97oOc )i7A)y' ^*gjMQnxi T&» ô *lqo'ovff Xcyoïv* ^cfAM-
XAifSl^Ôl i^AVTOV. OoTi XaI ^CAOc £^ AVTOÛ.
26. XAi 9 TT A/PÂÇa y aO- *«« f^'f*"» «^TÔV TÔ èotflù'
TÔvTo irwûfiA TO axÂ9a/»tw *«,'»^ .«'f ^»w *5<^««» ««'
«a1 x/)aÇav )^ÎS foyÂXiï "^^^ ^*«* p>Af»xv aùtw.
IÇiSXOcv ÎÇ Avrov.'
27. kaI i9Af«Si]9i}ffAv 36. lAt lyivi to OAfi-
isônxtÇf &9rt avtuTCÎv i^oç lici nàmaç, xa2 wv-
irpoç AJTOvç Xiywtaç' Tl iXÂXoyy fr/Dor àUiiXovc
ictt Tovro; t*ç »S Ztkaxii Xtyoyrtff * Ti; ô Xôyoç" ovm;,
q XACVlà AVTq, ÔTC XAT^iÇoU* OTC iv Î$0V9ÎA XAC ^wÂ^CI
•^ÎAy XACTOCfffrvtV^tAO'CTOtC ilTCTAffAffC TOCÇ axa6â/»tocc
flUCttOcc^TOeÇ iTTlTÂO'VffC, XAi 1CVlÛflA91 XAC C^ipj^OVTAl ;
viTAxovovo'iy aùt6;
.28.*£E^9c ^i i§ d^xo4 37. eaI i;ciro/>it^m
ICtpix^^W T«r rAXt>A(Af. TA TÔîCOy TTJC in^CX^/»OV.
Quel est l'écrivain qui en extrayant un
])assage d'un autre auteur, s'aviserait de
mettre it^iro^cvovrAc où celui-ci aurait mis
xATi^XOiv , 97rA/»xÇAv à la place de ' pî^v, et
iOAjti^e 9AV au lieu d'iytyrro GÂ/A^eor, etc.7..«
Un plagiaire maladroit qui veut cacher son
larcin, un dandif qui change la coupe de son
habit, parce (]u un autre en porte un pareil,
à la t>onne heure I Mais ce qu'il y a de cer-
tain, c'est qu'une semblable idée ne vien-
drait jamais h. un homme honnête et raison-
nable.
£n présence de cette différence persis-
tante dans l'expression, à laquelle viennent
se joindre les idioli$mes faciles h reconnatire
chez cetévangéliste, comme le mot cvGî»pqu'il
met i>artout, i»a prédilection pour les di-
minutifs comme irAc^iov, Ov^Arpcov, xo/>Â7coy,
xMJxp'a^ ix,MtM9 et pour le présent dans
la narration, etc., de Wetle a été forcé
d'avouer qu*il est impossible que Marc ait
eu sous les yeux les écrits de ses deur
prédécesseurs sup^sés. Ce que nous ve-
nons de dire est bien suffisant pour la dé-
monstration que nous voulons donner ici,
et il est superflu d*appuyer sur d'autres
points tels que les suivants : Tinsuflisance
des rai>oos alléguées fiour expliquer la ma-
nière brusque dont Ifarc passe d*un évan-
géliste à l'autre, et les omissions qu'il fait
souvent dans leurs récits; l'accord de Luc
avec Matthieu, accord oui est parfois aussi
frappant que celui de liarc avec Matthieu
et Luc, et devrait ainsi placer Luc, à l'égard
de Matthieu , dans un rapport semblable à
celui de Marc avec ses deux prédécesseurs.
Nous voulons cependant montrer encore
ici que l'opinion de Srauss (6b) prive de
toute vraisemblance la supposition oui place
sous les yeux de Marc les écrits des deux
u «/Mw^wB wuvu vkriMig«/, a|j«iB«u^« u«iui»iavi ,
suivant lui, de la tradition [>opulaire, qui
enlumine involontairement tous ses ta-
bleaux. Ainsi , no!re évan^éliste aurait
trouvé chez Luc, dans l'histoire de la fem-
me sujette à un fluxde sang, que cette femme
avait inutilement dépensé son bien à se faire
traiter par les médecins (lue. viu, 43), et il
aurait ajouté, pour enchérir (c. v, 26) : Mais
elle n'en allail que plus mal 11] a dû lire chez
Luc que Jésus avait demandé qui l'avait
touche (Luc viii, 45), et H aurait ajouté au
r.d^ : Et Jéêu* regardait autour de lui qui
l'avait touché! Il i pareillement lu dans
l'histoire du |>aralytique {Luc. v, 19), qu'on
avait apporté ce malade devant Jésus en le
descendant par les ouvertures du toit ; et,
pour embellir la chose, il aurait dit qu*ou
avait enlevé les tuiles pour faire une ouver-
ture au toit {Marc, ii, 3) I Puis, comme
l'ouverture u*eût pas été assez considérable
s'il n'y avait eu que deux personnes pour
porterie parai vtique, Marc aurait ajouté
(lu'il était porté par quatre hommes I Mat-
thieu, VIII âd, nous rapporte que les démo-
niaques avaient cherche par leurs cris à éloi-
gner Jésus ; Luc fait tomber & terre à l'ap-
£ roche de Jésus celui dbnt il nous parle, ei
[arc vient ensuite enchérir^ en lyoutanl
Îu'il l'avait déjà vu de loin! Marc lit dans
uc que le démoniaque se tenait dans les
tombeaux ; aussitôt il igoute : Nuit el jour^
ei il se frappait avec des pierres. Les autres
évangélistes ne parlent que d'un troupiaa
de |K)urceaux; Marc nous dit qu'il y en
avait deux mille i
Nous ne nions pas que la tradition popu-
laire ne puisse i^outer involontairement do
semblables enluminures: et si Ton accordait
que les récits évangéliques portent un ca-
ractère non historique, on ne pourrait |»a8
protester contre une exagération légendaire
(64) Suivant celle opinion , Marc aurait, pour les réciti miraculeux, un système d*encliérissement sur
Luc tl sur AlaUliieu. "' ••"-•«
MAR
DfCTIONNAmE APOIjOGETIQUE.
IIAR
106
dans ks récits de Marc. Mais |irélendre
90*00 étrirain^ en bisant ud extrait liu
lêile d*on autre, s*e$t a?bé d'y ajouter
pbrase {>ar phrase de peiiis enthérissemenu
île te çeore (65), c'est une supposition si
étrange, qoe les éirangttéê attribuées à Marc
ne ioot nec auprès de celle-li. Mais cette
opinion oe devient-eile pas évidemment in-
soutenable, quand il s*a^t d*|in écrivain
qui a eu îles relations avec les premiers
téflMûos de la vie du Christ, et quand nous
sans rappelons les aveux de notre critique
sor la « ooble simplicité i> de nos évan-
gMesf
Tloos veaons donc de voir encore une fois
te qu it lanl penser sur ce que le docteur
Strauss reganle comme déaumiré jusqu^à /V-
lelaas oo dernier coup d*œil sur Tasser-
tiott do prêtre Jean. Mous n'exigeons d'au-
cun critique une foi aveugle aux rap-
ports des Pères de TSglise ou des témoins
encore pins onciens du christianisme. Nous
trouvons bon que la critique recherche dans
leurs rèdts la part de l'hisloire et celle des
eoDÎeciores particulières; mais on ne peut
méconnaître que la déplorable coutume de
iftiter ces témoignages avec une légèreté
ineicosaUe oe prenne de nos jours une
force nouvelle, et cela uniquement pour la
coflioodifé des faiseurs d'b jpothèses. Nous
deoiaodaas seulement, pour ces anciens té-
Dcign^ges, le même degré de respect que
Larnaiaoao oceordé aux plus anciens ma^
nmscrùs dans sa critique du Nouveau Tes-
tament. Il o pris pour point de départ un
telle tel que ces manuscrits le donnent,
iSÊS en dier les corrections dogmatiques et
les lanles d'écriture proliables ; on obtient
ainsi une base sur laquelle la critique peut
asseoir ses conjectures. Plusieurs de nos
critiques nouveaux, au contraire, prennent
dans leurs conjectures le texte de leur cri-
tique historique, et recherchent ensuite ce
qneles oianuscrits contiennent. Maintenant,
fi loo examine le témoignage en question
pnat voir s'il |iorte le caractère de la crédi-
iiilité, il fiiat commencer par convenir que
le {«être Jean étaitenpositiondesavoirquel-
2e chose sor le compte de Marc. Il avait
i disciple du Seigneur et avait par consé-
quent Téca précédemment en Palestine; è
1 époque dont il s'agit, il vivait en Asie
Mmenre; dans ces deux jiajs il avait connu
les apôtres, et en particulier Pierre. De
fiîns, conaoïe Marc avait été plusieurs fois
lians FAsie Mineure, il pouvait aussi l'a-
voir coaoa d*une manière très-précise. Son
léoioignagev ou celui de Papias, contient en-
soite une circonstance d'un grand poids en
laveor de sa crédibilité. Les Pères de l'JB-
glise, pour donner aux documents évangé-
liques un plus haut degré de crédibilité,
cfaenliaieBt, autant que possible, à établir
qu'ils resDontaient jusqu aux apêtreset jus-
qu'au Seigneur lui-même. Ainsi Origène et
d'autres ont clas$é Luc parmi les soixante-
dix disciples; d'autres ont voulu trouver
dans Marc (xiv, 51) la preuve que cet évan-
gélisle avait été à la suite de Jésus. Notre
lémoisnage, au contraire, exclut formelle-
ment Ta supposition que Marc ait ap|iartenu
à l'entourage immédiat du Seigneur. L'au-
teur dece témoignage ne parait donc pas avoir
suivi ses propres conjectures ; des écrivains
postérieurs soutiennent même, conlradie-
toirement avec lui, que Marcavait^onuu
personnellement le Sauveur. La mère de
l'évangéliste s'étant établie à Jérusalem, et
unie aux apôtres aussitôt après l'Ascension,
il eût été très-facile de rendre plausible la
conn naissance personnelle de Marc avec le
Ohrist.
Nous avons encore à défendre un autre
point de la tradition ecclésiastique au sujet
de Marc. Ce point n'est pas compris à la
vérité dans le témoignage dont nous nous
occupons ; mais il peut aussi servir à prou-
ver que nous devons peser avec soin les
traditions qui se présentent i nous avec des
garanties extérieures solides, avant de leur
substituer nos propres hypothèses. D après
Clément d'Alexandrie les anciens docteurs,
•i MmAn itmoCutcmc rapportaient que Marc
écrivit son évangile pour les Bomains (Eu$^
V. 6, c. 14.) L*Kvangile contient quelques
indications qui viennent confirmer cette tra-
dition d'une manière frappante. On y trouve
quelques mots latins qui ne se voient |iOint
dans les autres, x»Tvpc>ty, ofnxvv^iftTwp, et le
prix de la monnaie, du iximy, y est évalué
d'après le ouodriina romain (ifarc. xii, 42).
Quoique la langue des G recs eût adopté moins
de mots étrangers que celles des autres peu*
pies, on comprend cependant que les termes
militaires des Romams et les noms des
monnaies ont dû s'introduire surtout dans
les contrées que les troui^es romaines occu-
paient ; de sorte que l'usage des mots que
nous avons ci tés ne peut être reganJé comme
une preuve certaine. Il fiaiut cependant obser-
ver que Matthieu, Luc, Josèphe, Plutarque
et autres n'emploient nulle part le mot
xrrn^ûniy mà\> bien bmxinzmfx^^^ iwaxvnkpx*-**
et quand Plutarque se fert de mots tels
que ffictxovUr^ip, zo^pcy «cy il trouve néces-
saire tyajouier une explicalion: ckezMarc^
au contraire^ ce dernier moi esl employé lui»
même comme explication.
Celui qui croirait devoir attribuer i une
source écrite raccord des évangélistes entre
eux, devrait suivre le chemin déjà frayé par
la sagacité de Hug , examiner si Marc ne
s'est point servi de Mattliieu, et si1e texte
de Marc n'était |X>int au nombre des docu-
ments particuliers employés par Luc. On
pourrait dire aussi que les trois évangélistes
ont puisé \ une source commune de petits
écrits fiarticuliers, circonstance plus que
suffisante |iour expliquer leuri:oncordance«
Enfin, il serait encore bien plus' facile d'ar-
river au but, en s'appropriant l'hypothèoede
(S3) Ues Rvaagilrs spocryplics sont là poar noas monuer qiron eût pv trovvtr des exsgératkiiiS bian
sarsamt fui les.
DkTIOXNAIRS 1P0I.0GÉT1QLE. IL 4
107
MAR
DlCTIONNAmt: APOLOGETIQUE.
MIVR
fOS
Gieselcr sur lalradition oraledcs Evansilos;
car on trouverait alors un appui dans le té-
moignage liislorique du prêtre Jean. {Vvy.
GiBSELER, p. 12d{] Il est vraisemblable que
Pierre aura eu la coutume de présenter une
courte esquisse de la vie du Seigneur, par-
tant de repo({ue à laquelle les apôtres j»en-
saient que leur témoignage commençait à
être compétent, comme il le dit lui-même.
(i4cM, 2z). D'ailleurs les |)ernturesde détails
que nous trouvons chez Marc, les rensei-
gnements particuliers qu*ii nous donne sur
«erre (c. i, 36, 37; mu, 3; xvi, 7), ne nous
j)rouvent-ils pas que le récit de cet évangé-
•liste émane d un témoin oculaire?
Nous voulons revenir encore une fois
ici à l'accusation si grave que le docteur
Strauss a intentée contre Tautour du second
évangile, précisément au sujet des détails
dont nous venons de parler. Les critiques
allemands n*ont du moins jamais contesté
h nos Évangiles le mérite de parler au cœur
avec une majesté simple, qui a même paru
les toucher. Mais la vue plus pénétrante de
notre critique a découvert, au milieu de
ia simplicité de Marc, une ornementation
déplacée. D'après lui, toutes les additionsqui
sont propres a cet évangile , ne sont aue des
ornements dusà Cimaginaiian hyperbolique de
son auteur. Nous avons montrécombien cette
thèse devient ridicule, lorsque celui qui la
soutient admet en même temps que cet
«évangile est une compilation de Matthieu et
de Luc. Éclairons encore la ouestion sous
un autre rapport, et pour cela examinons
la critique des deux récits miraculeux par-
ticuliers à l'évangile de Marc. {Mare, vu, 32
«t suiv.t i^iu» 22 et sui¥.} Notre auteur nous
n reproché assez souvent que la tradition
Kpulaire amoncelait les miracles comme
valanche amoncelé la neige. Or, dans le
récit de Marc, le merveilleux est atténué
par une gradation dans la guérison. Le cri-
tique nous adit ()lusd*une fois que la tradi-
tion populaire aimait les contrastes subtils,
comme ceux que nous offrent ailleurs la
lèpre qui disp. ratt en un clin d'œil , ou
l'homme, paralytique depuis trente ans, qui
s'en \a à finslant même emportant son lit.
Ici , la cécité est remplacée peu à peu par la
vue. Il nous a dit souvent que les miracles
légendaires étaient invisibles et insaisissa-
bles. Dans le récit en question, nous avons
des détails satisfaisants à cet égaixi. Lo carac-
tère historique des récits miraculeux se
trouve doue ainsi chez Marc, plus que par-
tout ailleurs, justifié par lui-même. On ne
peut donc voir sans éionnement le critique
i>aser ici ses attaques sur Vexislenee d'une
circonstance août l'omission sert d'ailleurs
de point de départ à ses accusations. C'est,
an vérité, un précieux talent que celui de
s'arranger de touti Le critique raisonne
«insi : Le désir de /aire de Veffet par des
peintures exagérées et frapianles a été
comprimé ici évidemment, chez Tévangé*
liste, par un intérêt plus puissant, celui de
donner plus de crédibilité à son récit, âm\ le
rendant plus facile à imaginer. « il est dil-
ficile de se figurer tout ce (^ui est soudain. i>
Nous l'avouons, dans la lormatiou des lé-
gcndcsjl peut se manifester quelouefois une
tendance à sacrifier Yeffet , pour obtenir plus
de crédibilité en faisant procéder lescl»oses
avec une gradation qui les rende plus saisis-
sables à I imagination , tandis qu'ailleurs oa
cherchera à augmenter Yeffet par des cir-
constances «oudainei et frappantes ^ èHX dé-
pens de la crédibilité. Mais supposer, comme
notre auteur le fait ici, qu'un seul et même
écrivain va , suivant son caprice , tantôt stu-
mettre à la loupe et exagérer d'une manière
grotesque , tantôt regarder avec un verre di^
fit jnuoni et peindre en raccourci les faits mer-
veilleux que la tradition lui a livrés , c'e^t
procéder contrairement è toute notion psy-
chologique. Cetle conduite est d'autant plus
étonnante de la part de Strauss, que, d'après
sa manière de voir, on ne trouvé partout
ailleurs , chez Marc , qu*un penchant a V exa-
gération. Par exemple , quelles preuves ex-
traordinaires de la force d*imagination de
l'évangéliste ne tronve-t-il pas dans l'his-
toire du sourd-muet (ilfarc. vu, 32, 37). II
ne nous montre , en cet endroit, rien moins
que six exagérations, au moyen desqiielles
Marc fait passer cette histoire du positif au
superlatif. 1* Jésus conduit le sourd-muet
loin du peuple. 2* Il met les doigts dans les
oreilles de cet homme, et de la salive sur sa
langue, ce qui rend la chose mystérieu&e.
3* Jésus lève les yeux au ciel et jette un
soupir, tandis qu'il n'y a aucune raison qui
motive cette aspiration, k' Jésus prononce
le mot étranger ephpheta^ parole qui a ici
quelque chose de mystérieux (semblable du
reste aux mots TaXi6« x,0;tc, qu'on trouve
dans Marc (v,41). 5* Jésus, pour augmenter
l'etl'et, détend au sourd-muet de dire à per-
sonne ce qui vient de se passer. 6* Les assis-
tants ne s'étonnent pas simplement, mais
viri pTrcpiQ-aû; , c'est-à-dire au delà de toute
mesure 1 On conviendra cependant que, pour
que toutes ces circonstances puissent servir
à prouver la force particulière de l'imagina-
tion de cet évangéliste, il faut qu'elles soient
propres à ses récits. Par malheur, nous les
retrouvons toutes dans d'autres histoires,
chez les autres évanp;élistes. 1" Dans la gué-
rison de la fdie de Jaïre, tout le peuple est
écarté , et les disciples eux-mêmes, excepté
trois (Luc. yni,31j. 2* Jésus met de la terre
et de la salive sur lès yeux de i'aveugle-nc
et l'envoie même à la piscine de Siloah {Joan •
IX ). "S* Jésus regarde au ciel et fait une
jirière dans la résurrection de Lazare, f^oan.
II, 41). k"" Les mots de Jésus sont aussi ra|)-
portés dans Matthieu (xxvii, b6). 5* Jésus
défend de répandre le bruit du miracle, selon
ce même évangéliste (ix, 80). 6*Nous voycny
les miracles produire un étonnement encore
plus grand, d'après Matthieu (xi, 33). Si les
détails de ce genre étaient ajoutés volontaire-
ment par l'évangéliste , ou involontairemeni
par la tradition, on y reconnaîtrait souvent
un tmt déterminé , celui de Texagération.
Au lieu do cela, nous ne trouvons, en gé-
néral , dans la narration de Mare qu'une plus
MAR
mCTIONNAiRE APOLOGETIQUE.
MAR
110
eraode précision. Atosi, lA où Mathieu (xi«
19) $e sert da mot indéterminé Sipx^f Marc
Dotts donne le nomile TindiTidaen question,
Jaîre, et désigne sa dignité arec plus de
précision t 9iç t«* a^x"^'>*7*^o'- Lorsque
llaUhieu {xt, 2i) parle d'une yvi^i ^««'«ût ,
(Marc m^ 26)y'dît: yvwà 'fiUnWr lvp9ynUivfni
ri, yhtt. Dans beaucoup de cas même , les
aiiditîons de Marc diminuent Teflet plutôt
que de Teia^^érer. Ainsi {Matthieu ( xxyn,
16) appelle larrabasUvpK Iri^v^c; et Marc
dit seulement qullaYait commis un meurtre
dans une séditjon.Marc nous donne sourent
les noms de personnages que les autres ne
ceonaîasenl point; et cette circonstance,
dans Topinion du critique , est aussi propre
A appeler le soupœn sur lui qu^à le rendre
£gne de foi; car, dit-il , les apocryphes pro-
duisent les noms de beaucoup de personnes
érangéliques que lesévangélisles eux-mêmes
oe Dommeot iioiut; tel est « par exemple,
le nom de réponse de Pilale, qui s'appelle
Procula ou Claudia Procula, dans I évan-
gile de !ficodéme» et dans les autres sources
apocryphes, ainsi que dans les Éthiopiens,
saivant Lndolt (Lex. Mthiop^ ti, 3^1.) Mais
tool critique raisonnable ne doit-il pas re-
comulireque, lorsque des noms de ce genre
sont produits à ooe époque rapprochée des
éréDements, on doit les regarder, de prime
«tord, comme historiques, surtout quand
on 0 aperçoit aucune intention dans la men-
Cioo de ces noms?
Mélaochthon, dans soq Histoire de la vie
†Imiktr^ ne nous donne pas le nom de
rami dont la mort subite 6t une si profonde
impression sur fesprit du réformateur : celte
eœissîen seule doit-elle nous faire douter
de la réritédn récit de Bavarus, autre ami de
Lolber, qui nous apprend 'que ce jeune
homme se nommait Alexis (66j ?
M AUAGE, type de perfection présenté au
f>rétre catholique par Aimé-Martm ; réfuta-
tion, foy. PsiTaE.
MARIE, MERS DE PIEU, ttpb de la
moix ain6TiB!ixE.
JteaMi Me ikad emmet ^mertoUmn,
Taalei les fènéntjoos me <Kront bienheorevse.
<CMitiqiie MagmfeaL)
« L'ottion de rhorooie avec Dieu , voilk
Tessence intime, roilà le commencement, le
mtKeo et la fin de la religion. Cette union
s*opère par deux voies : ou Dieu descend
▼ers Hiomnie, ou il élève l'homme vers lui .
La desoente de Dien dans Inhumanité a son
terme le plus sublime dans Tincamation.
L*élévaliOQ de Tbomme vers Dieu alioutit k
Tapothéose. Llnearaation s>st réalisée dans
le Christ : l*apothéose s*accomplit dans les
aeaibrea dn Christ* dans les saints à la tète
dflsquels apparaît Marie.
< Marie est la femme complètement rég6-
■érée, FEre céleste en qui l'Eve terrestre et
eoopalile sTest absorhée dans une transfigu-
ration glorieuse. De cette apothéose de la
Cemme date fère de son affrancfaissemeiil.
c On a remarqué avec raisoUt que l'ana-
thème originel a pesé plus particulièrement
sur la femme, quoique pourtant Eve, en
écoutant la parole de séduction, eût péché,
dit saint Ambroise, bien moins par malice
de cœur que par mobilité d'esprtt. Mais de
séduite elle était devenue séductrice. Elle
avait introduit le mal dans le monde ter-
restre, en corrompant l'homme primordial et
universel, qui renfermait en soi tout le
genre humain. L'antique idolâtrie naquit
par elle : son impérieux caprice fut pour
Adam une idole, dont il substitua le cuite à
l'adoration de la volonté divine, dans le
sanctuaire de sa conscience^ De I& une plus
grande part, pour la femme, dans les souf-
frances qui forment la longue pénitence de
rbumanité. Pour s*ètre fait adorer par l'hom-
me, elle devint son esclave, et, durant la
période d'attente qui précéda l'apparition du
Christ, la servitude publique et privée des
femmes, servitude que l'opinion, la législa-
tion, les mœurs, avaient impitoyablement
scellée de leur triple sceau, fut généralement
la pierre angulaire de ce que l'on appelait
l'ordre social, comme elle continuée Vôtre
dans toutes les contrées qui n'ont |kis reçu
encore la loi qui aflrancbit Je monde.
« Le christianisme, qui attaqua radicale-
ment Tesclavase par s& doctrine sur la fra-
ternité divine de tous les hommes, combattit
d'une manière spéciale Tesclavage des fem«
mes, par son dogme de la maternité divine
de Marie. Comment les filles d*Eve auraient*
elles pu rester esclaves de l'Adam déchu,
depuis que l'Eve réhabilitée, la nouvelle
Mère dee vivants élait devenue la reine des
anges ? Lorsque nous entrons dans ces cha-
pelles de la Vierge, auxquelles la dévotion
a donné une célébrité |)articulière , nous
remarquons avec un pieux intérêt les ex
voto qu'j suspend la main d'une mère dont
Tenfant a été guéri, ou celle du pauvre ma*
tdot sauvé du oaufrage par la patronne des
mariniers. Mais, aux yeux de la raison et
de l'histoire, qui voient dans le culte da
Marie comme un temple idéal, que le ca-
tholicisme a construit pour tous les tem||S
et pour tous les lieux, un ex voto d'une si-
gnification plus haute, social, universel y
est attaché. L'homme avait lait peser un
sceptre brutal sur la tète de sa compagne
pendant quarante siècles. Il le déposa le
jour où il s'agenouilla devant l'autel de Ma-
rie. Il l'y dé|H)sa avec reconnaissance; car
l'oppression de la femme était sa dégraiia-
tion k lui-même ; il fui délivré de sa pro«
pre tyrannie.
« La réhabilitation des femmes, liée si
étroitement au culte de Marie, a des harmo-
nies singulières et profondes avec les mys^
1ères que ce culte renferme. Marie étant la
femme typique dans l'ordre de la régénéra-»
tion, comme Eve avait été la femme typique
dans la déchéance, ce qui s*est acoompU
dans Marie avec le concours de sa|volonté)
m) Naet réfeteas, noie V, i h fin do volume, ropimon qui prétend que les ùomt derniers verst«s da
. tvi ont été ajoolés.
m
HÂR
DICTIOiNNAIRE APOLOvSETIQUR.
MAR
m
pour la réparation de la nature humaine ,
.s'accomplit aussi, en des proportions moins
liantes, dans la régénération des femmes
sous Tempire du christianisme. .
« Le crime primitif avait été, sous une de
ses faces, un crime d'orgueil. Pourquoi
Dieu vous a-t-il fait cette défense : Si vous
mangez de ce fruit » vous serez comme des
dieuXf sachant le bien et le mal? Il y eut
alors une annoncialion des mystères de
mort, que )*ange de ténèbre^ voila sous la
trompeuse promesse d'une renaissance di-
vine, comme il y eut plus lard une annon-
cialion du mystère de vie, faite à Marie par
range de lumière, mystère de vie divine,
caclié sous le voile d'un enfantement hu-
main. L'orgueil d'Eve, qui s'était approprié
la parole de révolte en y consentant, fut ei-
pié nar la soumission infinie et l'humilité
suprême de la réponse de Marie : Voici la
servante du Seigneur ^ qu'il me soit fait selon
votre parole.
a Le crime primitif avait été, sous une
autre face, un crime de volupté: car la
femme vit que cet arbre était bon pour la
nourriture^ beau à Cœil et â^un aspect délec-
tabUf et elle prit de son fruits paroles oui
indiquent, de quelque manière qu'on los
interprète, que l'attrait des sens prédomi-
na et fit passer l'esprit sous le joua; du
rorps. Comme le remède à l'orgueil est
l'humble soumission » le remède a la vo-
lupté se trouve dans la souffrance volon-
taire. Mais la sonlfrance, douée de la plus
grande vertu d'expiation, est la souffrance
que la charité anime, la souffrance d'autrui
que la charité fait sienne pour la soulager.
Marie expia la faute de la voluptueuse Eve
par sa \ arlicipalion intime aux douleurs du
Christ, et par là même aux douleurs de
l'humanité entière. Ce second acte d'expia-
tion est représenté dans la fêle de la Com-
passion de la Vierge^ comme le premier est
représenté dans la fête de VAnnonciation.
« L'exjiialion une fois accomplie, l'anti-
que Eve est détruite, l'Eve nouvelle est for-
mée. La déchéance fait place à la glorifica-
tion , dont la fêle de VAssomption de la
Vierge est le monument et le symbole.
« Ces trois fêtes reproduisent donc les
trois moments fondamentaux pendant les-
quels s'est complélée, par le concours de la
volonté humaine de Marie avec l'action di-
vine, la formation de l'Eve céleste, mère de
la femme chrétienne. A ces moments typi-
ques correspondent les trois degrés, les trois
phases solennelles de la réhabilitation des
femoies. Cette réhabilitation a aussi à sa ma-
nière sou aouondation, sa compassion, son
assomption.
et L histoire remarque que, lorsque l'E-
vaiigile est annoncé à un peuple, les fem-
mes montrent toujours une sympathie parti-
culière pour la parole de vie, et qu'elles Uc-
vanceni habiluellemeni les hommes par leur
empressement divin à la recevoir et à la
proi^ager. On dirait que la docile ré|>onse do
Marie à l'ange : Voici ta servante dfu ÂVe-
yiuarj trouvedans leur &me un écho plus
retentissant. Ceci fut préfiguré, dès l'orîçi-
ne du christianisme, dans la personne des
saintes amies de la Vierge, qui, ayant de-
vancé au tombeau du Sauveur le disciple
bien-aimé lui-même, furent les premières à
connaître la résurrection, et l'annoncèrent
aux apôtres. La mission des femmes a
toujours été haute dans la prédication du
christianisme. Au commencement de tou-
tes les grandes époques religieuses, on voit
planer une forme mystérieuse, céleste, sous
la figure d'une sainte. Quand le christia-
nisme sortit des catacombes, la mère de
Constantin, Hélène, donna à l'ancien monde
romain la croix retrouvée, que Clotilde éri-
gea bientôt sur le berceau français du mon-
de moderne. L'Eglise doit, en grande partie,
les plus beaux travaux de saint Jérôme a
l'hospitalité que lui offrit sainte Paula dans
sa paisible retraite de Palestine , où elle
institua une académie chrétienne de dames
romaines. Monique enfanta, par ses prières,
le véritable Augustin. Dans le moyen âge,
sainte Hildegarde, sainte Catherine de
Sienne, sainte Thérèse, conservèrent bien
mieux que la plupart des docteurs de leur
temps, la tradition d'une philosophie mys-
tique, si bonne au cœur et si vivifiante que,
dans notre siècle, })lus d'une flroe, dessé-
chée par le doute, vient se retremper à celle
source, et essaie de rentrer dans la vérité
par l'amour.
« La mission des femmes est moins, en
général, d'expliquer la vérité que de la faire
sentir. Marie ne révéla pas le Verbe divin,
mais elle l'enfanta par la vertu de l'Esprit
saint. Ici on retrouve encore un ty(>e du
ministère de la femme et du ministère de
l'homme, dans la prédication de la vérité,
qui n'est que son annoncialion perpétuée.
Pour que la vérité s^emparo de nous, il faut
d'aboixl qu'elle soit révélée à notre intelli-
gence; c'est la fonction particulière de l'hom-
me, parce que la faculté rationnelle prédo-
mine en lui. Et comme la raison qui éclaire
tout homme venant en ce monde^ est ce qui
dépend le moins des diversités intimes qui
constituent chaque individualité, comme
elle est le lien radical, commun, )iatenf, do
la société humaine, le ministère de l'hommot
dans renseignement de la vérité, est un mi-
nistère public qui s'adresse aux masses : à
lui la chaire, la prédication dans l'église, la
magistrature de ia doctrine; dans la feoime
préilomine la puissance affective ou le sen-
timent. Saint Paul semble le reconnaître,
lorsque, recommandant à deux reprises aux
hommes d'aimer leurs femmes comme Je
Christ a aimé son Eglise, il croit inutile de
faire aux femmes un précepte analogue, et
se borne à leur prescrire la soumission h
leurs maris. Cette prédominance du senti-
ment détermine la mission propre des fem-
mes, lillc a pour but de faire passer la vérité
dans le cœur, de la convenir en amour. Mais
le sentiment ne s'enseigne pas, il s insinue.
L'amour, dans l'homuie, comme dans Dieu
même, ne natt point i)ar voie de révélation,
il procède i^ar voie d'inspiration ; et cette
ff3
MAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MAR
!U
iospiralion dépend de ce qu*il y a de plus
iotimedans Ttroe à qui Ton veut faire ai-
mer la Térité; elle dépend de ces nuances
kifininient délicates, de ces raille circons-
lances presque i m perceptibles» de cet invi-
Mble réseau d'émotions, de sourenirs, de
rères, d'espérances, gui distinguent tout
rœar de tout cœur. Voilà pourquoi la mis-
»iofl inspiratrice, dévolue à la femme, est
une mission privée. Elle s'accomplit parti-
(ulièremeot aans le sanctuaire de la société
domestique , dans les conGdences , dans
Teffasiondes flmes, que provoque l'intimité
de b bmille, et cette autre parenté qu'on
8p|iel!e l'amitié, et l'infortune qui cherche
lies consolations secrètes comme ses plain-
tes. La prédication de la femme ne se pro-
pose point d'ébranler la nature humaine,
mais de saisir chaque individualité dans le
Mf.Bleest moins retentissante, sans doute,
mais elle est plus pénétrante. La grande
toix, qai annonce la vérité à travers les siè-
cles, se compose de deux voix : à celle de
lliofflme appartiennent les tons éclatants et
majeurs; celle de la femme s'eihale en
tons mioeors, voilés, onctueux, dont le si-
lence ne laisserait à l'autre voix que la ru-
desse de la force. De leur union résulte la
najKtoeose et suave harmonie.
« Qne les téitimes ne se plaignent point
éekurptrLSi elles ne sont pas chargées
dediri^les hommes, elles sont chargées
ik foroier Thomine, comme l'a remarqué le
f/atûflebrétien: « L'homme moral est peut-
• étra formé à dix ans ; s'il ne l'a pas été
« sur Jes genoux de sa mère, ce sera tou-
«joon un grand malheur. Rien ne peut
* remplacer cette éducation. Si la mère sur-
• (oot s'est un un devoir d'imprimer pro-
« foodément sur le front de son enfant le
« seeao divin, on peut être à peu près sûr
* qoe ta main du vice ne Teuacera jamais
• La réhabilitation des femmes, sous i'in-
floeoce du christianisme, commence parles
^«dioDS qu'elles ont à remplir dans l'an-
nMcio/ios de la vérité. Le second acte de
<H2e rébaliilitation consiste dans la charité
arec laquelle elles s'associent , pour les
•d^Hidr, à toutes les souffrances do l'hu-
cianité: charité gui a son type particulier
4dos la Compassion de la Mère de douleur,
<iebontau pied de la croix et pleurant. Un
\<>*iie chrétien , KIopstock, suppose qu'au
usinent de la mort du Christ, les âmes d'A-
i^m et d'Eve sont tirées des limbes et con-
<;Qiles sur le Calvaire pour j contempler
ieor ouvrage. Tout n'est pas Gction dans
'ette belle idée. L'homme primitif fut repré-
"eoté sur leCaWaire par saint Jean, l'apôtre
'«ilur de la charité, et [mr là même le premier
"vi <Ja nouveau genre humain, créé par le
Oirist;Eve t comparut dans Marie. Mais
'^iDt Jeao, délaissé par tous ses compagnons
^^piibf porta au pied de la croix une soli-
^re dooleor d'homme. 11 n'en fut pas ainsi
poiu* Marie : elle y eu t des compaj^nes qui
mirent en commun avec elle leurs larmes
compatissantes. La première association de
charité fut fondée par des femmes , sous
l'inspiration des derniers soupirs du Ré-
dempteur. On voit ici la figure prophétique
d'un fait oui s'est produit dans tous les siè-
cles de l'ere chrétienne. Le nombre des
femmes a toujours surpassé notablement
celui des hommes, dans toutes les œuvres
de miséricorde et de dévouement. Il sem-
ble qu'elles ont recueilli une plus grande
abondance de compassion avec les larmes
des saintes femmes du Calvaire: les hom-
mes n*ont hérité que des larmes uniques de
saint Jean. Je no peux pas dérouler ici le
tableau qui s'offre à ma pensée : car l'his-
toire de la charité est une grande histoire,
et je m'étonne que ce soit précisément la
iseule peut-être qu'on ait oublié de faire. Je
me renfermerai dans une seule observa-
tion.
a Le catholicisme a produit, avec une
inépuisable fécondité, des congrégations re-
ligieuses de femmes, dévouées au soulage-
ment de toutes les misères. Ces sociétés de
sacriQce, qui disent à la pauvreté : Vous êtes
notre fille; et à toutes les souffrances : Vous
êtes nos sœursy sont la postérité spirituelle
de Marie. Toutes l'ont pour patronne, toutes
se proposent l'imitation de ses vertus ; et,
en elTet, leur dévouement absolu n'est pos-
sible que par les croyances qui servent de
})ase au culte de la Vierge. Comment, on iie
saurait trop le répéter, comment ces admi-
rables femmes pourraient-elles se consacrer
\ tous les instants, et sans réserve, \ leurs
œuvres do charité! comment pourraient-
elles user leur vie dans leurs soulTrances
adoplives, si, épouses et mères, elles étaient
tenues, pardevoir,dese consacrer principa^^
lement à leurs familles? Mais le vœu de
virginité, cette charte divine qui leur garan
tit Ta plus haute de toutes les libertés, la li*
berté du dévouement, se rattache émi-
nemment à l'apothéose de la virginité dans
la mère de l'Uomme-Dieu. Dans l'hymne
que Ion chante le vendredi saint autour du
loml)cau du Christ, I^lise dit & Marie : ^ O
« Vierge! la plus brillante des vierges, ne
« me soyez plus amère. » Que va-t-elle
donc lui demander? Quelque grande grAce,
sans doute, puisque sa supplication s'insi-
nue par des louanges, j'ai presque dit par
une pieuse flatterie. Cette grande faveur, la
voici : Faites f dit-elle, que je pleure avec
vous (68). Ce mot est gravé dans le cœur
des héroïnes de la charité chrétienne. Si
elles sont toujours prêtes à consoler ceux
qui souffrent, c'est qu'elles ont su se priver
elles-m^mes de presque toutes les consola-
tions terrestres ; elles ne sauraient pas pleu-
rer si bien avec tous les malheureux , si
elles n'avaient appris à pleurer avec la
Vierge.
« Compagne et image de rbomtp^
^") ^ Maistae, Soiréside Saint- Vêler ibour g.
H ^ vfo virgiuttoipraeclara, — Milii jaui ma si» amdra|. — Eac me tecur
il5
MAKI
mCTlONNAlllË APOLOGETIQUE.
IIAR
m
le ministère de la vérité, guide et modèle
de rbomtne dans le ministère de la charité,
V ilà la femme telle qile le christianisme
]'a faite; voilà les deui bases de sa glorifi-
cation, même terrestre. Cat fe mystère
de V Assomption s^opère déjà en elley à
quelques égards, sur la terre, et il suffit,
pour s'en convaincre, de comparer l'état
u*ahjection, de captivité physique et morale
auquel elle était réduite chez les peuples les
plus brillants, et aux époques tes plus re-
nommées de l'ancien moncfe, à la transfigu-
ration merveilleuse qu'elle doit au chris-
tianisme. Dans \ Assomption de la Vierge, le
caractère de son âme céleste produisit une
transformation dans son enveloppe corpo-
relle, oui revêtit les qualités des corps glo-
rieux, Vincorniplibilité, l'éclat, Tagilité. Ce
changement ne s'accomplira réellement ,
pour les filles de Marie, qu'au jour de la
l*6surfection ; mars il commence déjà à se
réfléchir dans leur condition sociale, qui est
Comme le corps, Penreloppe de leur vie spi-
rituelle.
« Le christianisme a établi Tincorruplibili*
té de la femme, en frappant de réprobation
la pensée de Tadullère, J'usaçe de la poly-
gamie, qui n'est que radultère lé^al, et
iff trompeuse faculté du divorce, qui n'est
que la polygamie successive. La sainteté,
\ unité , rindissolubilité du mariage , éfevé ,
suivant une expression heureusement vul-
gaire, à la dignité de sacrement, pouvaient
seules prévenir efficacement le retour des
mœurs païennes, auxquelles l'Eglise oppose
d'ailfeurs une foule d obstacles parles dispo-
sitions vi{$ilantes de sa législation matrimo-
niale, qui out presque toutes pour objet la
protection morale de la femme . D'un autre
cOté, la foi catholique lie, particulièrement
ici, les plus petits détails de la morale positive
et pratique aux idées les plus élevées. Le
mariage chrétien n'est pas seulement une
image <ie Tunion du Christ avec son Eglise.
Cette union mystique étant elle- même une
image dePéternelle union des personnes di-
vines, suivant cette parole du Verbe fait
ehatr : quHls soient un comme nous sommes un^
de degré en degré la sainteté du mariage
remonte et va chercher sa source dans les
splendeurs mystérieuses du Saint des saints.
De là descend aussi cette auréole de respect
et d'honneur dont la femme est entourée
ehez les nations chrétiennes , auréole qui
est comme une ombre terrestre du vête-
ment de lumière et de gloire qui envelop-
pa le corps virginal de Marie. Le troisième
attribut des corps régénérés, Tagilité, qui
est un plus grand affranchissement des lois
de la matière, ou la liberté de se transpor-
ter dans l'espace au gré desdésirs de Tâme,
a son prélude, sur la terre, dans la liberté
que les mœurs chrétiennes accordent aux
femmes, et qu'elles seules leur accordent;
car cette liberté, qui nous paraît si natU"
relle, est» aux yeux des peuples étrangers à
TEvangilei un prodige aussi étonnant que le
phénomène de la glace Test pour le$ iiabi-
tanls de la zone torride. ^
« Les trois phases de la réhabilitation
des femmes correspotident, d'une manière
encore plus intime, aux mystères les
!)Ius hauts. En concourant, avec l'homme,
i la propagation de la vérité, elles sont
unies au Verbe divin, lumière de toute in-
telligence. Elles participent à l'Esprit cod-^
solateur, à l'Esprit d'amour, par la charité
avec laquelle elles s'emparent du sublime
monopole de toutes les soulfradces à soula**
f^er ; et le haut de^^ré de puissance et de
iberté qui caractérise leur assomption ter-
restre, est un don du Père, de qui toute
puissance émane dans le ciel et sur la terre.
C'est ainsi que le christianisme forme, avec
les ruines de l'état primitif brisé par le
péché, une nouvelle Eve; et, quoique sa
génération radicale ne s'accomplisse pas en
ce monde, il lui rend déjà quelque chose de
l'Eden évanoui.
<r Cette réhabilitation, crue des liens étroits
rattachent, comme nous l'avons vu, au culte
de la Vierge, fut menacée, dans les premiers
siècles du christianisme, par ces sectes qui
disputèrent à Marie son titre de Mère de
Dieu. Un concile universel s'assembla nour
le lui conserver. Si la question, agitée alors,
tenait, sous le rapport le plus fondamental,
au mystère de rincarnatioii du Verbe, elle
tenait aussi, sous un rapport subordonné,
au miracle social de la condition des femrnos
chrétiennes. Le caractère divin, dont le
christianisme a marqué leur front, se fût
obscurci le jour où le nom de la Mère de
Dieu eût été cOïicé du symbole : VEtoile du
matin n'aurait pu s'éclipser sans projeter h
jamais une ombre fatale sur leur destinée,
ff Leur sort courut de grand dangers dans
le moyen âge, à l'époque des croisades.
L'Europe armée, qui partait pour l'Asie,
allait y assister au spectacle des mœurs
musulmanes et de la religion des sens. Il
était à craindre qu'elle ne fût vaincue par
elles, même au sein de ses victoires. Elle
pouvait en rapporter d'étranges idées et des
tentations inconnues et menaçantes. Ce fut
frécisément à cette époque que la dévotion
la Vierge se ranima avec une nouvelle
ferveur ; il v eut en cela un fait clairement
]>rovidentie1. Le ^rand homme de ce siècle,
celui dont la voix tonnante précipitait les
populations vers la Syrie, trouva des accents
d'une inexprimable douceur pour célébnjr
Marie, et des milliers d'Ames répondirent à
la parole persuasive, on pourrait dire aux
chants mystiques de saint Bernard r comme
si une lumière supérieure lui eût révélé
qu'au moment où la chrétienté allait so
trouver exposée à la fascination du vieux
serpent oriental, il fallait en toute hAto
réveiller l'enthousiasme pour la Vierge
divine qui l'a terrassé, et opposer à l'impure
séduction la chaste magie de son culte.
« Denosîjours, il a été prononcé à l'o-
reille des femmes quelques-uns de ces mots
qu'Eve entendit, lorsque Satan lui jura
qu'elle était la femme libre. On leur a dit
que la science du bien et du mal allait enfin
leur être révélée, que rUuitation des bnUca
fl7
UM
DICTIONNAIRE APOLOGETSQUe.
MHZ
118
reafemuit pear elle le secret de se Iransfor*
Dier en dîeai. Ou leur a promis dans un
Eden folur, une apothéose iufernale. Ces
coapables extravagances n'ont pas exercé
Boe grande puissance de séduction. Les
feoiBes ont compris les premières où cela
menaiL EUes ont compris, avec cette intel-
ligence du oœnr, qui devance les procédés
moins rapides du raisonnement, que tout
rrogrès nfel n'est (possible que dans la route
tracée par le christianisme; que leur avenir ,
s'il s'égarait loin de cette route, ne serait
quuoe marche rétrograde , non pas seule-
ment vers les mceurs païennes , mais vers
qad]oe chose de pis ; qu il n'y a pour elles
que déception, servitude, chute, hors des
mjstères à la fois sévères et doux qui leur
doaoeot llarie pour mère.
c 0 Marie I ces lignes que je viens d'écri-
re le jour de votre Conception immaculée je
f oBs les offre,, et pourtant je vous prie de me
les ptrdonner I Je sens que votre culte ren-
ferme des merveilles plus divines que celles
3[Qe ma plume grossière a voulu retracer,
e n'ai eontemplé que le côté inférieur, les
effets terrestres de ce culte ; mais son côté
sttpcème, celui qui touche aux secrets du
ciel, je Fai laissé dans l'ombre de mon
i^Doniice. O mère des hommes I vous êtes,
i^uÎTiot Qo langage antique et saint, la fille
jfoéeda Créitcur , dont le front se cache
aa-dessos des astres, tandis que les franges
lie sà robe sont traînantes sur la terre. A
npoi dont le regard est plus pur que le
mien, à eux d'interpréter les douze étoiles
t^ot votre tête est couronnée. Mais moi,
oanaleor bien faible de vos plus humbles
graodeors, j ai seulement essayé de dire
comment les filles d'Eve, en touchant le bord
de votre vètemeul mystérieux, ressentent
cae éoanalion de ces parfums dont parle
l*£poose dans le Cantique des cantiques.
B'aalres le diront bien mieux que moi , car
la bacne de Sion Fcur sera rendue pour
'[ails le disent» et le moment approche où,
U poésie chrétienne, dans la ferveur de sa
n^arrection, racontera de vous des choses
qoe n'ont point racontées ni les vitraux de
oof vieilles cathédrales, ni les vierges de
Bafihaêl, ni les accords de Pergolèze. Cette
grande CHe poétique se prépare, et les ap-
I>rèis en sont visibles. Le paganisme, qui
semblait être éternel dans les arts, en a été
dTiassé par le génie. Le faux jardin des Hes-
fiéndes» arec ses pommes d'or, ne nous
cache plus le paradis terrestre. Nous savons
quelle espérance immortelle était voilée
MMis le mjtbe de Pandore : et dans les nua-
gts, où s^nfonce enfin le fabuleux Olympe,
00 voit reparaître glorieusement les cimes
(hi Calvaire et du Thabor. Donc, 6 Marie
(•«eine de grâce I votre place est prêle ; elle
^ haute et belle ! Comme l'impudique Vé-
nus régna sur la poésie des sens, vous
monterez sur le trône de la poésie spiritua-
issée. Ble chante^ cette poésie, les mystères
ée la vie et de la mort, rantique douleur et
hs joies futures, et vous avez le secret de
«es ch^^scs et de leur harmonie inliraei ô
Mère de douleur et de bénédiction I L'en-
cens est pur, el belles sont les Oeurs que la
main des vierges eflCeuille sur le pavé de
vos chapelles; mais Irvoix de toute l'âme,
mais la sainte |x>ésie qui se sent à l'étroit
sur cette terre, qui a le pressentiment d'un
monde plus beau, qui veut respirer l'infini,
qui renferme au fond de tous ces chants une-
{irière cachée, monte plus haut que le |iar-
um des fleurs et l'encens. Elle arrive jus-
que-là où vous êtes, là d'où vous voyez
sous vos pieds les étoiles germer, comme
des fleurs de lumière^ dans les champs illi-
mités de Tespace, et la création se balancer
comme un encensoir étemel, b Pb. Gerbict,
Mquê de Perpignan.
MARIE (Gomment a mérité). Fey. Li-
hbsté.
HARMONTEL, cité sur Jésus-Christ. Voy.
Jésus-Chbist. — Bel hommage qu'il rend à
la divinité de Jésus-Christ, roy. MrmisMc,
HARTIUS , cité sur les peuples indigè-
nes de l'Amérique. Voy. Races ntHAiif bs.
J VIII.
MARTYRS, inscriptions qui en prouvent
le grand nombre. Voy. WonvuKwrs corfa-
MANT LES BÉCITS DE LA BiBLE, | VI.
MASSACRE DES INNOCENTS^^ difficultés
etsolutions. Fov.Naissaiicbdb JAsus^hbist,
ilL
MASSE GAZEUSE, germe des mondes.
Yoy, CosMOooiiiB.
MATÉRIALISME, sokition qu'il donne à
la question de lorigi ne du mal. Voy. Chute,
i IL — Voy. aussi les art. Hobiie et Amb, où
il est réfuté, ainsi qu'au mot Pahthêisme,
MATHÉMATIQUES, propositions démon-
trées el qui paraissent absurdes ; pourquoi
dans la religion n'y aurait-îl pas des mys-
tères 7 Voy. ElchaVistie | I.
MATHIEU (Sa»t), l'évan^éliste ; difTi-
cultés au sujet des deux premiers cbap. de
son Evansile. Voy. note V, à la fin du vol.—
Examen des difficultés que présente le récit
des circonstances qui accompagnèrent la
naissance de Jésus -Christ. Voy. Naissasice
DE Jésus-Chbist.
MATIÈRE. Voy. Cbéatiox, § H— Y a-t-il
en elle un travail progressif qui expliaue
le principe pensant dans l'homme? Voy.
Ame. — Son essence. Voy. Mordb. — Est-elle
î ucapable de con naître ? ifrid.— Est-elle éter- -
nellet Voy. GEBàsE m at^ialhtb.
MAUPIED (M. l'abbêJ ; son interprétation
du texte de la Geniee relatif à l'universalité
du déluge. Voy. note I, à la (ui du vol.
MAURY fM. Alfbed], communications
divines traitées par lui d'hallucinations. Voy.
lfALLcci5ATio?i. — Compsrc la foi des mar-
tyrs àcelledes sorciers suppliciés. Foy.ibid.
— Ce qu'il dit des possessions. /6f d.
MAYA, déesse de l'illusion chez les lu-
drens. Voy. Itidia^isme, % V.
MAZDECHIANITES, secte de la Perse.
Voy. ACROAMATIQUE.
MAZDÉISME. — U existe qucl<L«e parl^
119
HAZ
DICTIONNAIllE APOLOGETIQUE.
HAZ
m
sous le^ titre d'Encyclopédie nouvelle (60)«
une Babel inachevéct dans laquelle on cons-
tate un fait important et curieux; c^est qu'il
règne entre les théories de ses deux direc-
teurs lin étrange désaccord. M. Pierre Le-
roux, fidèle disciple de H. Cousin» peut-être
sans s*eD apercevoir, attribue Tongine des
religions à cette inspiration perpétuelle de
l'humanité, qui lui révèle partout les mêmes
symboles et les mê i es théories (70). Cest là
le point de départ de Lessing, de Schelling,
de Schleiermacher et de Hegel. Les hommes
sont peu dans un pareil système; l'humanité
n'a guère plus besoin de messies et de pro-
phètes. M. Je«n Reynaud est loin de penser
ainsi : le genre humain est une race routi*
nière qui s'attache, par une impulsion irré-
sistible, à la trace de quelques grands esprits
qui l'éblouissent et la dominent. Deux hom-
mes peut-être, Vyàsa et Zoroastre, ont im-
primé è l'humanité ce mouvement religieux
3ue Quelques génies supérieurs ont continué
e siècle en siècle. Zoroastre, Moïse et Jésus-
Christ sont les bril lants anneaux d'une chaîne
d'or qui se continue à travers les siècles, et
qui dèaceBd du ciel (71). Mais le Christ (H le
prophète du Sinaï n'ont pourtant pas modifié
profondémelit la tradition du matlre; ils
n'ont faH que la continuer et l'approprier
aux besoins de leur temps. L'idée de Dieu
ne vient plus, comme H. Kdgar Quinet l'en-
seignait récemment, des vents et du soleil.
Ce n*est plus l'immensité majestueuse des
océans, les arides et mornes solitudes des
«Léserts, les savanes aux larges horizons, qui
(G9) Voy. Cf^cfCUH^Mc 2IO0VCLLC dans ce Dlcthn-
natre.
(70) Cfr Covsm, Introduction h VHiiî. de la phi-
(7!) I Comme on le reconnaît en comparant la
doetriiie chiéiienne \k la doctrine pliarlaaîqiie, Jésus,
sur plusieurs points capiiaui , s*était rapproché du
mazdéisme, plus qn*on ue Tavait encore rait en Ju-
dée. De sorte que, grikce à lui, en mètne temps qne
les précédentes fécondations de Tespril de Moïse par
«re!ui de Zoroastre étaient légiiimééi pour les fidè-
les, il s*en faisait encore de toutes nouvelles. Sous
te pns-ige de sa personne, changée en un type divin
crbumauiié, la partit la plus pure Je la religion an-
tique de TAriane, rvvctue par son alliance avec
Moïse d*un pins haut degté de terlu-, alkit se ré-
pandre glorieusement sur fOecident, eiTenlever en
quelques siècles au col e piiéiil et dégénéré de Ju-
piter... Noos^ne nous trompions donc pas en disant
que le nytite par leqMl les chrétiens se fleurent \t»
Mages se réjouissant de la naissance du Messie de
Betbiéem , et se prestemani devant lui. caehait un
sens vrai et profond; et nous avions également le
droit de prétendre que la nûssion^ de Jésus, rappor-
tée & riiîstolre totale du genre humain, représentai!
simplement un terme, à Ta vérité le plus considéra-
ble, de la propagation et du développement de la
tradition de Zoroastre. i (J. Reykj^ud, EncytL nonv.,
art. Zoroaêtre^ p. 796.)
(7i) Cfr Ëdgard Quimkt, Le géndtdeê reiigkmê.
(73) M. A. llfynaiMl- lui-même cemprend si bien le
peu de valeur de Kopimoo qui. aaribve une haute an-
li^uiiéà Zoroastre quil n'en parle qu'avec mie cer-
taine hésilatien. i Ne vouI6t-ou, dit-il, regarder que
comme une détermination purement arbitraire, vu
Tabsenee de preuves positives, la date du sixième
nUléBaire avant notre ère>. que celte donnée mériie-
révèlent h ITiomme tous les mystères de l'in-
Tini (72). La nature, comme Thumanité, s'ef-
face devant la puissance du génie. La voix
des révélateurs s*est fait entendre sur les
sommets des montagnes sacrées, et les peu*
Eles se sont inclinés dans la poussière» trem-
lants et respectueux.
§ï.
Examea critique de Topinion de M. J. Beynaud sur Ta»-
tiqalté de Zoroastre. — Est rcjelée par les orienla-
lislesles plus Illustres. — Zoroastre est du \f slèd»
avant Jésoa-Christ. — ▲urait été disciple d^un pfophèt*
hébreux.
Malheureusement toute cette brillante phi-
losophie do l'histoire repose sur la plus vain»
et la plus fragile de toutes les suppositions.
Reculer la vie et les institutions de Zoroastre
jusque dans les profondeurs ténébreuses de
la plus haute antiquitéi c'est là une opinion
contraire à toutes les données de la science
la plus sérieuse et la plus positive (73). Je
ne ra'élonne donc pas si les preuves mises
en avant par H. Jean Reynaua sont d'une si
mince valeur. Aristole est, de son aveu, très-
obscur sur ce point. Quant è Pline et è Plu-
tarque» ce sont deux écrivains si crédules et
si amis du merveilleux, qu'on est surpris do
les voir mis en avant dans une question si
grave, il ne cite qu'un seul nom véritable-
ment imposant : c'est celui de Platon (74).
Mais qu'est-ce qu'une autorité, quand il s'a-
git d'établir un système aussi opposé h toutes
les traditions de l'Asie occidentale? Rhode
est l'inventeur de cette théorie nouvelle à
tous égardst ot qui parait d'al^ord séduisante,
ralt eependam d'être recneillie silienilvement par I»
Âcienee, comme donnant une expression générale du
Fentiment des anciens à cet ë^ard. Il est certain que
sur les informations qu*il8 eut reçues de TOrieni,
alors encore digne de foi dans ses récits sur lui-mê-
me, ils ont constamment considéré Zoroastre com-
me dominant du haut des siècles toutes les choses
humaines. Ils semblent s*ètre accordés à reconnat-
tre dans ce législateur le prince de tous les autres,
l's ToBt conçu comme anté. îiur aux Hébreux, anté-
rieur aux Egyptiens, antérieur même aux Brahmanes.
Ce qui me frappe donc dansceue date, c'est moins son
exagération que sa modestie, et cette modestie, si
remarquable en comparaison des hyperboles des au-
tres chronologies orientales, me paiait une raison
qui s'ajoute à l'autorité de ceux qui nous l'ont irans-
ni4>e pour lui valoir du respect. » ( Zoroasire , p.
783.)
(74) il cite bien encore quelques écrivains, mais
dont il est impossible d'apprécier l'autorité, comtMe
llermodore, Hermippe, Xaiithus, etc. il est étonnant
que M. Jean Reynaud ait suivi avre une si aveugle
confiance les fcnseignMnentsdes Grées aur l'histoire
religitfuse de la Perse, i Les sonrces grecqu<>s, en
tout ce qu'elles offrent de contemporain, dit M. Oii,
méritent le plus de conOance ; mais souvent les au-
teurs grecs rap|)Orteiit des traditi«.ns sur les ^riodes
antérieures, et à celtes-ci, sans doute, on doit préfé-
rer les sources originales. On sait quel accord ré^ne
entre Xénopbon et HérodoCe sur l'histoire de Ke-
Kuroas (Cyrss). L'histoire de ses successeurs , qui
no«s aété donnée par des historiens g^ecs, est sou-
vent contredite par la tradition orteniaie. > Mais o»
comprend pourquoi M. Jean Reynaud a laissé cons-
tamment dans l'ombre la tradition des Perses, c'est
quelle renverse compléiciucnt teuti» ses présuppo-
si lions.
m
VAZ
DKTIONNAiRE APOIX)Gi!:TIQl]E.
UAZ
93
wmb qui me résisie pas à un examem impar*
liai (75). H. Gaiçniauty après avoir si dure-
ment earactérisé rhypolbese que nous allons
oombattre, complète ainsi sa pensée sur ce
sajel : « En se prenant de passion pour les
antiques écrits qui portent le nom de Zo-
roastre, d lewr sacrifiani ioute aiUre source
ifmsirmeiwm^ alors même que, par une cri-
tique des livres zends plus sévère qu'on ne
Tavait laite jusqu*ici, ils y reconnaissent,
^all^ le Vendidra, un certain nombre de
fragments d*époques très-;lifférentes, on a
essayé de retracer, d*après le Zendavesta
seulement, tout le système religieux et litur-
|âqoe des Perses, que, par une bizarre in-
cooséquenc» ou combinaison, si l'on vent,
00 reparte ensuite aux âges primitifs (76). »
Le traducteur de Creuzer dit encore ail-
leurs : « Rbode a émis une by |K)thèse loti/ à
fni extruordinaire en rejetant non-seule-
ment Hom, mais Zoroastre, au delà des limi-
tes de rhistoire et bien atant Moïse (77). i»
Si 11. Jean Rejrnaud n'avait pas suivi avec
une aveo^ docilité les théories de Rhode,
il se serait bien vite aperçu qu'il était im-
possible de prendre les traditions persanes
poor point aie départ des opinions religieu-
ses de l'Asie occidentale ; il était plus simple
de dicrdier dans la reli^on mosaïque et
primitive les véritables origines du dogme
vhréûeo. Es effet, qu'y a-l-il de plus confus
^uefliisfoire religieuse de la Perse? Y a-t-il
an poÎBt sor lequel on ait plus discuté que
5iir la date précise de la prédication de Zo-
roastre ? L'alibé Foueher, Tychseo et Hoeren,
le font vivre avant Cyrus. Quelques-uns,
comme Zo^a, le confondent avec Hom, qui
(î3) Ce «•m les propres expressions de N. Gui-
fvnel, Bolc iV du livre il, les Rtii^ons de Canli-
fui^,dcC«crzcs. M. Guignianl, d*après Zoéga et
friqaw aatres, admet plusieurs Zoroastres, dont
le dcrmer Mnrail vécu su temps de Darius flyslas-
pes. c O dentier, dit -il, est le seul itont semlilent
parir les livres des Parses, le seul historique; les
hmK que des mnbes , ou niéme de purs
1 Cette bvpoitiiipse s'accorde avec l^opi-
CVst pcQr«|ooi ions les orientalistes
b venue de Zoroastre vers la fln da vi* sié-
cfeavMl BOlre ère, ei identifient GusUsp avec Da-
iluftft ils d*Hysiaspes«
(7S) Clir CoicsiAeT, ibid. — Les remarques que
fiii fiuitr M Guif^niaut sur tes opinions de Rbode
f— picicrt l^nalogte de ce système et de celui de
H. J. BejBaad , puisque ce dernier admet, comme
réeriraiB allemaiid, une certaine itlentiié primitive
cube b dacuine d«i llaces et celle de Tliide.
(77) M. P^risotpmle aussi da système de RliAile
i m. J. Uejnamà a reproduit en Texagérant • ■-
corc. f Rhodê, dil-il, »ém9 eulre prenne que la coîii-
ôdeMa s^avtnl frappante des doctrines du Zend-
Avesta avec celles da BrahuiaismCt élève tout à coup
et le législairnr et le livre qu'il a écrit à une hauteur
#aaii»|uilé à laqveite on ns pourrait rien comparer. •
Cir. FAunoT. art. Zorooêtre^ dans U Biogr. Kittv. de
l^■>fc^|^ — Volney. qui donne une date assez reculée
au Ime 4e Zoroaslie , est ainsi ju^é par le savant
ir : « Le sma que Voloey a mis k comparer et
léler les unes par les autres les diverses tra-
me ie f réserve pas non plus i'inierpritalion*
;.» — Parisot, art. Zoroastre^ dans la Bto-
^^ mûveruUe; — Cfr Rbode, l^s degmee ei
Umiltsytiime religieux des anciens BttctritnSf Mè-
joue un si grand rôle dans les livres zends.
Volney le recule jusqu au temps de Ninns.
D*aulres savants, afin de concilier avec Kopi-
nion de quelques écrivains grecs la tradition
des Orientaux, sumiosent qu'il y a eu plu-
sieurs Zoroastre, aônt le dernier, qui a écrit
les livres zends, vivait sous le règne de Ke-
Kustasp, ou Danus, fils d'Hyslaspe, de la
dynastie des Achéménides. H. uuignicut
fait remarquer qu'il pourrait y avoir en effet,
chez les anciens Perses, une série de révé-
lateurs, comme il y a plusieurs Bouddha
dans rinde (78). Enfin, rhypolhèse la plus
commune, et qui compte en sa faveur les
hommes qui ont le plus étudié les traditions
persanes, place Zoroastre à la fin du vr siè-
cle avant l'ère vulgaire. C'est ce qu'ont en-
seigné Hyde, Anquetil-Duper«*on, Kleuker,
Herder, Parisot, de Muller, Malcolm et de
Hammer (79).
Ainsi, tout le svstème de M. Jean Reynaud
tombe en poussière. Zoroastre, au lieu d'a-
voir servi de modèle à Moïse, aura dû trou-
ver, avant de commencer ses prédications,
des disciples du législateur hébreu répandus
dans toute l'Asie occidentale. M. Guigniaut
ne nie pas la possibilité de ces rapports avec
les tribus d'Israël. « On parie, dit-il, de ses
communications avec les Chaldéens de Ba-
bylonc et avec les docteurs hébreux répan-
dus alors dans toutes les grandes villes de
l'empire (80). » « On le voit, dit encore
M. Parisot, au sein de la populeuse et sa-
vante Babylone, observatoire perfiétuel des
Chaldéens, asile des sages de la Judée et des
pèlerinages scientifiques de Py Ihagore (81j. »
11 se trouve donc, en dernière analyse» qu un
des et Perses^ ou des peuples zends.
(78) Cfr Eugène Bi;b!iocf , lulroduetion à Vhii-
toire du bouddhisme indien,
(79) c Cette opinion, dit H. Parisot, est celled^une
foute d^orieulatisles, dbisumeus et de philologues
illustres.— Nous ne reproduirons pas ici les raisons
qui militent eu faveur de cette hypothèse; nous
nous contentons d*en citer une tirée de la tradition
grecque, si mal i propos opposée par notre adver-
saire à la tradition nationale de^ Perses. Hérodote,
qui se tait si complètement sur Zoroastre, dit fur-
mellemeai que les Perses, adorateurs des éléments
et des astres, ne leur élevaient ni temples, ni monu-
ments, ni simulacres.» — H. Parisot fait obseiver
ici qu*oB est trés-surprisde voir que, dans un temps
où Ton suppose la Perse gouvernée par les idées de
Zoroastre, on n'eût pas éle? é de temples ou atéch-
gabs. il faudrait alors adnieure que cette prescrip-
tion étant une conséquence nécessaire de la loi de
Zoroastre , les Perses auraient renoncé à une des^
habitudes les plus essentielles de ce culte, il ajoute :
f De même, si Zoroastre, si ce pliilosopbe, illustre
dans tout TOrient, avait vécu bien longtemps a^anl
lui, comment son ne m aurait-il été omis dans ce re-
cueil si exact des traditions alors .en vogue dans
rOi ient? Tout s'explique, si Pou fait de Zoroastre
un contemporain dllérodole. » (IhidJ)
(80) arGuiGsiuvT, note III. li». n de Grenier. —
M. Charma, Essai sur la philosaphu arienialf» n'ac-
cepte pus cette opinion. — Cfr CuAauA, Essai S^ B.—
Cependant ce savant Raccorde avee nous sur te temps
de la prédication de Zoroastie. — Cfr Ghabua, iM.,
4i7.
(81) Cfr Pàkisot, art. Zoroatiré, dans la BiiSfa-
«3
M\Z
DICTlONNÂinE APOLOGETIQUE.
MAZ
iU^
sjstëiiie qu'on prétend avoir établi le chris*
tianisme pnr l'intermédiaire des Hébreu i
(32), a reçu très-probablement, des docteurs
captifs de la synagogue, les inspirations qui
lui ont assuré une incontestable supériorité
sur les religions de l'Asie occidentale?
il paraît aue la pauvreté des parents de
Znro'istre I obligeant à se créer des res-
sources pour subsister, il fut, dans sa pre-
mière jeunesse , esclave d'un propnète
Israélite. C'était Daniel, selon les uns; Ezé-
chiel, selon les autres. Le docteur Hyde
croit avec Abu-Mohammed que c'était Es*
dras (83). L'historien anglais attribue à cette
domesticité toutes les grandes choses qu'a
faites ensuite Zoroastre. Selon lui, il se sentit
aiguillonné par les miracles de son mattre ;
et appuyé sur l'activité de son esprit, la
force de son îmaKination, sa hardiesse et sa
confiance naturelles, il essaya de les imiter
par une adresse étudiée. Medjidi, écrivain
niahométan, parle aussi des connaissances
de Zoroastre dans l'art des prestiges, et des
secours qu*il en tira pour étonner le peuple
par de prétendus miracles. Il ne borne pas
là cependant le mérite de cet imposteur cé-
lèbre, il annonce que sa mémoire embras-
sait les sciences les plus rares et les plus
étendues (Si), Ce qu'il y a de certain, c'est
3ue le législateur de la Perse s'instruisit
es lois, de la doctrine et des usages reli-
gieux que Moïse avait donnés aux Israélites.
Le sacerdoce renfermé dans une seule tribu,
la dtme accordée aux ministres des autels, la
distinction des animaux purs et des animaux
impurs, les ablutions fréquentes, les moyens
de se çarantirde toutes sortes de souillures,
la manière donton lescontractait, milleautres
conformités qui ne sont pas moins frappantes,
ont passé des livres des Juifs dans ceux de
Zoroastre, ou de ses disciples. On a même
prétendu (85) que celui-ci, parfaitement
instruit de l'histoire des Hébreux, de leur
culte, et des promesses qui leur avaient été
faites, que Dieu susciterait parmi eux un
lioniuie auquel ils devraient, ainsi qu'à
Moïse, donner leur foi et soumettre leur
conduite, annonça qu'il était cet envoyé du
ciel, et voulut usurper l'hommage que pro-
mettait un titre si sacré.
Il ne l'aurait pas aisément persuadé dans
la terre d'Israël, s'il est vrai, comme le di-
sent les écrivains mahométans, qu'il fut
chassé de la maison de son prophète. Abu-
Mohamniedy Bundari, Medjidi l'annoncent
d'une manière précise ; mais ils ne sont pas
d'accord sur la c^use qui fit renvoyer Zo-
roastre. Le premier iren assigne d'autre,
c|ue de s'être trouvé d'un avis contraire à son
mattre. Medjidi ne s'explique pas clairement,
et Bundari veut que ce fut pour avoir tromjfé
phie unifteneite. — J. Retmaiid, arC Zoroastre^ En-
cycL Roiiv., 796.
(82) Ce toiit surfont les Pharisieot qifl ont ainsi
préparé TEvangilo. M. P. Leroux faisait jouer le mé-
mo rôle aoi ËMéniens. Il est curieux de voir com-
me nos adversaires sont d'accord !
(85) Mém. de VÀcad., l. XXVII.— Hïoe. cli. 14.—
raiDKàvx, I. II.- -D'uEiiBKi.OT, BtbL ur.,giu mot Zcr-
bassement celui dont il était Tesclave (86).
iZoroiUlre^ Confuciut et Mahomet^ etc., par
Db Pastoret, Mém. de rAcad. des inscript,
et belles-leitres.)
§1T.
Le Christ el tes ApdU'es ont-Us puisé dans les doctriiM^
da roaidéisme. — Le Verbe est-il un Ferver, un*
Hanover, le Hom, etc.; embarras et eootradiciions. —
Mithra est-il le Saint-Esprit. — TradiUon priiaiUv»
oMiservde parmi les Hèdes et les Perses. — Infliieoce
des Juils sur les mages reconnue par M. Salvador.
Cependant il resterait encore une res-
source à nos adversaires. La publication des>
livres zends étant certainement antérieure
à la rédaction de nos saints Evangiles, ifs
pourraient supposer, puisque nous refusons
d'admettre l'influence des doctrines maz-
déennes sur la religion des Juifs, C|ue le
Christ et les apôtres auraient puisé directe-
ment dans les croyances du mazdéisme leurs
inspirations les plus pures el les plus éle-
vées. H. Jean Reynaud a en effet suivi celto
marche dans la seconde partie de son im-
mense dissertation. Il ne se contente pas
d'établir que plusieurs opinions des mages
sont entrées dans le christianisme par 1 jil-
fluence de la synagogue, il admet encore
3ue le Christ lui-même s'est inspiré de la
octrine révélée naguère sur les sommets
de l'Albordj (87j. Le directeur de V Encyclo-
pédie nouvelle n en reste pas à des assertions
générales; les dogmes du Verbe et du Saint-
Esprit lui paraissent des emprunts évidents
faits par le christianisme aux idées maz-
déennes (88). Ainsi» pendant que M. Pierre
Leroux, directeur de\ Encyclopédie nouvelle^
envoie les chrétiens chercher leurs doctrir
nés dans les écoles de l'Egypte et de la
Grèce, son collègue émet dans le même ou-
vrage, mais, il est vrai, dans un autre to-
lume, une hypothèse tout à fait opposée à
la sienne 1
il n'est pas clair, tant s'en faut, que la
théologie du Verbe existe dans les livres
zends. Nous souhaiterions h M. Jean Rey-
naud plus d'originalilé. Il n a fait que répé-
ter quelques insinuations cachées obscuré-
ment dans les notes de la traduction des Re^
ligions de Vantiquité^ par M. Guigniaut (89).
Quelques-uns ont cru voir la doctrine du
Verbe dans le Ferver d'Ormuzd ; mais cette
opinion est véritablement inadmissible, si
l'on se fait une idée bien exacte du rôle que
jouent les Fervers dans la mythologie maz-
déenne. « Ce sont, dit M. Ott, des êtres spi-
rituels et particuliers, qui se préseoieut
tantôt comme prototypes de tous les êtres,
tantôt comme génies protecteurs et bienfai-
sants, tantôt comme laisant partie de l'âm^
humaine elle-même et comme formant la
base des êtres spirituels (90). » Avec quelle
daseht,
(M)
m
(87)
<?!>
(89)
(90)
IItde, cb. 21.
Hyde, ch. i4.
Htdk, ibid. — D^IÎERBBtOT, aa mot xerdascht.
Cfr J. Reynaud, art. Zoroastre^ 8f 7 ei 799*
Crr J. Reynaud, art Zoroastre^ 805, 8(K>.
Cfr CREUZER-fH'IGNIAUT, IIOlCS (lu lïV. If.
II
J
lis
MAZ
DICTIONrUlRE APOLOGETIQUE.
MAZ
126
sorprise n'aTons-ooos pas tu Creuzer recon-
tiatire daos uû de ces êtres, qui ressemblent
Tagoemeiit aux «nges gardiens du catholi-
cisme, le Verbe étemel consubstantiel au
Pèrel ■ Onniizd, dît-il, a son Ferver, parce
que rBlemel se contemple dans le Verbe
toat-poûsaot, et cette image de TStre inef-
fable est le Ferrer d*Omiuzd (91). » Ailleurs
le proTcsseor allemand, oubliant tout d*un
eoQpeette insoutenable théorie, transforme
raoaorer, ou la prière primitive, révélée
par Onnuid i Tongine des temps, en Verbe
dîna, eomme il l'avait fait pour le Ferver
da priiid|ie lumineui (93) 1
Oa conçoit que la doctrine de FHonover
ait donné Meu aux supnositions les pins
arbilnîres, parce qu'il n y a pas peut-être,
dais les lÎTres zeods, une théorie plus con-
tradictoire et plus remplie d'embarras. Dans
Oeozefp c'est Unt6t la définition de Dieu,
le fai créaiftur, la volonté éternelle et pure.
Le nonde est encore présenté lui-même
coame le Verbe d*Ormuzd (93). Dans un
a«lrepas5a£e,c*est la loi qui est le Verbe (9i).
H le considère encore comme un esprit de
lamiète el de vie qui anime toute chose.
Baas lin second degré, il devient un végétal
^ppdê Hom, arbre salutaire, qui donne une
vie mmôUeiise ; enfin, diins un troisième
dcif^ré, il devient le premier fondateur du
aaaidéisflie, le grand Hom, qui prêcha la
enk eflesto sous le règne de Djemschid.
' lésimé, le Verbe de la religion maz-
déeoae est tour k tour, d'après Creuzer, une
définition, une volitioo divine, le monde, la
loi, fesprît vital, un végétal, enfin un homme
et on prophète. Du reste. Fauteur des Reli-
fi^mg de tamilquité ne tire de ces faits au-
ctioe conclosîon sur Torigine de la dogma-
tique de FEvangile. C'est son traducteur,
II. Gaigniaut, qui s'est chargé, dans ses
isr ae dément |»m eelie interprétation. « l>es Fer-
^en . dil^n • Mml le< idées , les prototypes , les
vsiléles de Mas les êtres formés de Fessenee d'Or-
■nd et les plus pures étnaitations de oetie snU-
ssttce. Il9 eiisient par la |ian»le vÎTanie du Créa-
irar, aassî soai-ils iMmoriels, etpareox tout vit
éjM h Bauire. Ils sont plao^ au ciel comme des
seatiMllea vigilantes contre Ahriman, et porleut ii
Ormvai les prières des hommes pieui quMIs proié-
fHÊi et psrii^st de loot mal. Sur la terre, unis ^ des
rarys, Os combattent sans cesse l«i maoTais esprits.
DssMM snsM Boabrens et aassi diversiGés dans
Icfs/spécei ^«e les êtres eus-mémet. > (Csel'zeb,
JUifiBms ée VmmA^iîé^ V* partie, lif. u, cb. II.)
(94) CsBom, Rdimont de VAntiqmU. nid.
(95) t L*HoBOver, dit M. Oit , est ane prière f|ui
aiaait dXVmaxd avant toates cboses , et qai n%-st
astre rhnseqse le résumé des droitset des devoirs. >
(Drr. Mmmmd d'histoire ancienne^ La Perse.)
(95) Tostes ees défiaitioaseontradicioiresse tron-
veai daas la même page de Cnmer.—Beiigionê de
rimtifmiié^ r* pari., 1. 1, eh. 5. M. E. Quinet adopte
la deniére définition : < L^univers, dit-il , Tunivers
cal Terte !•(!£. Qdiskt, Géme de* Religiotu^ liv. iv,
(94) Cfr CaavzEB, liv. u, ch. 11. — c La loi (le
Tertc) a sas ferver* •
(95) Cfir GofciiuoT, Note$ êmr Creuser^ liv. u,
»-iie IV. — Es ef^, si Ormuad se définit eomme Je •
k^Ta, celsi ^oi est, il ajoute dans le n!émc passage:
notes, de faire les applications des faits
condradictoires accumulés |iar le célèbre
professeur allemand. Toutefois, après aToir
cité plusieurs passages des livres zends,
dans lesquels il retrouTe la doctrine du
Verbe, il affirme que c*est là pourtant une
métaphysique naturaliste « « quelque chose
qui respire le panthéisme^ \ émanation^ et
une intuition féconde de la philosophie ée%
Hindous (95). a Hais le christianisme n'avait-
il pas, dans la tradition hébraïque, une idée
bien plus parfaite et bien plus pure du
Verbe divin coéternel à Dieu?
H. Jean Itejnaud affirme, au contraire,
Îue le Christ a cherché dans la doctrine
u mazdéisme des inspirations de la plus
S rende élévation. Sans doute le fils de Marie,
ominé comme il l'était par la conviction de
sà mission surnaturelle, ne croyait pas sim-
plement reproduire les opinions des secta-
teurs de Zoroastre. Mais, k son insu, la pen-
sée de l'Asie trouvait dans son âme un écho
sublime et d'irrésistibles sympathies. L'in-
fluence qui domina l'admirable fondateur
du christianisme ne pouvait manquer d'a;;îr
aussi sur les apôtres. Il est évident, en effet,
quand on examine de près les deux théolo-
gies, qu'il existe entre elles des analogies
tellement profondes, qu on ne peut les attri-
buer & de pures coïncidences, produites par
le hasard.
Il est ini|H>ssib1e, par exemple, dit M.Jean
Reynaud, de se faire du Féroûer d'Onnuz<l
une autre idée que celle du Verbe (96).
Nous avons déjà montré combien cette sup-
position était peu d'accord avec les faits; et
M. Jean Reynaud paraît si bien l'avoir com-
pris lui-même, qu'il cite aussitôt après iin
fragment de l'Yaçna (97), où il est question
de l'Hoiiover (96), et Cju'il trouve dans co
célèbre passade des livres zends, comme
rit esl fottl. (Arouctil, Le Zend-Atesta^ 11, ti5.>--
uasi M. Goîgnîaat exprime-t-il ainsi la théologie
do Verbe telle qu*il croit la irouvi^ dans le Zf ml-
Avesia : c Cette caa primitive, ee ff ■ primitif, foas
deux idenlimiet à la primitive lumière, identique elU"
menu au Verbe qai ae confond zvec Orrou'S'J, » eie.
(Gdi€5Iai;t, Note» sur Creuzer^ liv. u, note iV.)
(96) Cfr J. REVNJkoa , art. Zoroastre , 805. —
M. QiAanA n*en donne pas eelte idée, t^fr Essai sur
la philosophie orieutaie^ 4iO.— < Lies Féroôera , dit
M. Menant, imkomhrablesdiriuilés du troisiènu ordre^
sont toutes femelles^ i ce qa*il parait... Ce sont enx
qui forment la norobrenae milice do bataillon cé-
leste... Dans les prières on invoqne les Féroùen du
soleil, de U lumière, dv bœuf, de la main sainte,
du poignard de la pare parole.. • Ce sont des inter-
médiaires placés entre Tbomme et la divinité ; ce
sont eni qoi portent la prière an pied do tt-dnedX>r-
mazd; ce «onteai qui viennent au-devant des imcs
des justes et les initient à leurs nouvelles destinées, i
(Mékaht. Zoroasire, 418,119, tâO.)
(97) Cfr E. BoaiiouF, Yaçaa, i, 19.
(98) D'après Feiposé que H. Menant donne en )a
créaUOB du monde an point de voe da Zei:d*Ave&ta,
il semlileiait qne Tllonover rstia pttrole forte et
paissanle par laqnelle Diea a ordonné aui créaiares
de nature. Cfr Mtnsnr^ Zoroastre^ Dogme. — Mais
M. E. Bumouf, Cowsmentmre sur le Yaçsa^ a coo-
testé reiisienee de la création proprement dite dans
la doctrine de Zoroastre. MM. J. ticyoaud et b. Qui-
127
IIAZ
DICTIONNAIRE APOLOGLTlQUE.
MAZ
I2S
r.'.vail déjà fait M. Guignîaut, la doctrine du
FJs de Dieu (99). Cet embarras de nos ad-
Tdrsaires, quand il s'agit d'appliquer leurs
Crincipes, établit d'une manière incontesta-
le y en même temps que la confusion de
leurs théories» la faiblesse de leurs ureuves.
Ailleurs* H. Jean Reynaud, oubliant sa
double supposition contradictoire, présente
Uom comme le type véritable du Dieu fait
cbair pour le safut du monde (100). H. E.
Quinety qui voit, lui aussi, le Fils do Dieu
dans la théologie roazdéenne (10i),se contre-
dit d'abord lui-même (102), ce qui est assez
ordinaire, et conteste ensuite, probablement
sans s*en apercevoir, quelques-unes des allé-
Sations de M. Jean Reynaud sur la théologie
es maçes (103). Chez lui, c'est tantôt l'uni-
vers qui est Verl)e, tantôt c*est Mithra. Il est
vrai que, pour éviter la mouotonie, il pré-
sente encore ce même Mithra, qui est tout
simplement un Ized, comme le modèle du
Saint-Esprit (104j.
M. Jean Keynaud lui rend, comme cela
devait être, contradiction pour contradiction.
« Je regarde volontiers , dit-il , l'archange
Bahman comme le substitut du Saint-Esptit
dans le mazdéisme. » Ce n'est pas assez de
trouver dans la théologie de Zoroastre la
net fax-mèmi^s ont adopté cetle interprélation. —
(Cfi Daniéi.o, Uiitoire et tableau de CUniven^ IV.)
(99) On n*a pas oublié que M. Guigiiiaut, tout en
y trouvant une formule de la Trinité, reconnaît pour-
tant qu'il ne8*a^tt que d*une idée panthéîatiqQe ana-
logue aux opinions hindoues.
(100) Cfr J. Retnaud, art. Zoroojlre, 816, f7,
18.
(101) c Qu*existail-il au commencement, demande
le prophète penché sur la source du Bordj ? Il y avait
la lumière et la parole incréée, répond la voix dVn
haut. » C*est de cette étrange manière que M. E. Qni-
iKrt traduit le passage de rYaçna, où il n'^ a pas un
seul mot qui regarde la parole incréée, mais oii il sV
git seulement des astres éterneU, comme M. J. Rey-
naud lui - même Ta démoptré. ( Cfr £. Burnouf,
Yâçna^ iS.) Plus loin, il ajoute avec une sorte d'eii-
ibousiasme déclamatoire, en mettant , selon son
usage, des phrases à la place des raisons : c Croyez -
vous, au reste, que le fond de ces idées n*ait pas
de valeur duraMc; que, nées au hasard près des
sources de naphte de la Bactriane , elles n'appar-
tiennent qu'à la Perse, et vont mourir avec elle? Je
prétend» au contraire qu'il n'en est pas de plus vi-
vante dans la traditirn du genre humain. Ln eflei,
je connais un livre qui s'ouvre par ces mots : < An
< commencement, la parole était avec Dieu ; c'était
t en elle qu'était la vie, et la vie était la lumière, i
Sui parle ainsi ?est^^ le Zend-Avesta de Zoroastre?
on, c'est l'évangile de saint Jtan. Sans chercher à
qu4*lle source l'apôtre a recueilli le dogme fonda-
mental derOrient , il me suffit aujounrfaui de savoir
que les visions des anciens peuples reparaîtront pu-
rifiées, divinisées dans le culte nouveau. Attendons
encore quelque temps ; les obscurs pressentiments
du paganisme se conftrmeront dans TËvangile. Cette
lumière de Tlran n'est que ténèbres, cette parole de
vie prononcée par Tancien monde n'est qu'un bé-
gaiement; mais demain, l'une et Taulre éclateront
dans les discours et la prédication du Christianis-
me. > (E. QviRBT, Vkéme des religioni^ 516, 17.)
(103) U parle de Mithra comme du Christ de la
rdigion maxdéenne. c Ce Dieu Mithra aux yeux d'or,
ca laboureur du désert, ce lits de la parole, lequel
fermo la scène des révolutions religicusos.de la Pofbe
doctrine des trois personnes divines : le
directeur de V Encyclopédie^ comme M. K
Quinet, y découvre toutes les formules mê-
mes du proloscue de saint Jean. Le Verbe do
D'.eu, i(L?ntifié avec la lumière, ne rappelle-
t-ii pas Tcssence Ittm.ineuse d*Ormuzd, qui
répand sur toute la nature le mouvement et
la vie? Les ténèbres, que gouverne Ahri-
man, ne sont-elles pas présentées aussi
comme empêchant, par leur résistance, la
propagation du règne de là vérité? Le jour
de la Pentecôte, n*est«ce pas le feu divin
brûlant dans les Atech-gâhs, qui resplendit
sur la tète des apôtres? Il est clair qu*cri
abusant de pareilles analogies on démontre-
rait facilement que le christianisme vient
aussi bien du Mexique ou du Pérou. Sur les
bords du Polose, les prêtres du Soleil n'ado-
raient-ils pas cette lumière vivifiante que
vénéraient les mobeds de Hran? D'ailleurs,
dans le préambule du quatrième évangile^,
le Christ n*est-il pas considéré comme 1/t
lumière de l'Ame, et bien plutôt comme le
soleil des intelligences que comme un astre
du monde matériel? il est d'ailleurs dans la
nature de l'esprit humain de comparer Ter-
reur et les ténèbres; et il faut abuser singu-
lièrement de rinia^ination pour trouver dai*s
et clôt son Ancien Testament, apparaît comme le
purîflcateur de la nature et le lédenipteur de la créa-
lion. Mithra transfigurait les lois de Zoroastre et le
Christ la loi ûa Moïse, i ( E. QtTi!«ET, 318-19. ) —
C^ qui n^empêche pas le professeur du colléffe de
France de meure dans la pajçe précédente Mitbra k
la place du Saint-Esprit, c Le Médiateur viendra, et
c'est le nom qu'il faut donner à la troiêième per^
sonne de la Trinité penane , Mithra. Investi d'une
double nature, ce dieu mystique, hermaphrodite*
arrive pour illuminer de sa splendeur interne le dieu
des ténèbres. »
(103) M. E. Quinet complote ainsi toute sa sing^i-
licre théorie : < Vaincue (la religion des Mages), elle
a laissé partout sa marque dans le culte triomphant.
Sou Ormuzd qui plane coihme EUihim sur la nature
ei'tière sans y être Incarné; ses archanges, armés
de lances d'or, et ^ui couvrent le monde de leurs
boucliers; son Âlirimann, qui, excepté réternité du
châtiment, a tous les traits de Satan; la résurnx-
tion de la matière, l'image de l'arbre de vie dans le
jardin du monde naissant, le baptême dans l'eau
sacrée : que de traits communs à la BiblectauZeiid-
Avesta! Les dragons C4»nvertis du désert, ne sont>
ce pas les chérubins à la face de taureaux? l^es ani-
maux couronnés de Pcrsépolis ne sont-i's pas an
partie les animaux symboliques des évangélisies,
qui les ont apprivoisés, domptés prr le miracle du
christianisme? Enlin les rois mages, qui de loin
aperçoivent Tétoile de l'Evangile et viennent aii>
devant du Dieu nouveau-né, ne figurent-Us pas de
la nanière la plus naïve cet instinct, ce pressenti-
ment chrétien qui était enveloppé sous chacun des
symboles du paganisme de l'Iran ? La myrrhe, l'en-
cens au'i!s ont apportés tout lumauls du foyer d'A-
giii.4, d'Indra, d'OrmuzJ, brûlent encore aujourd'hui
au foyer du Dieu de Bethléem. » (E. QuiiNet, Génie
des religions^ 520.)
(104) M. Menant r<:garde avec raison les lieJs
comme des divinités du second ordre. — lIcrod<»te
croit qve Mithra éuit Vénus-Uranie, d^autres pen-
s;iieni que c'était le soleil. Sous Icstlésars, on d< uni
à Mi4hra un rôle bien différent de celui qu'il y uaii
dans le Zcnd-Avesia.
DUmOlMNAlIlE APOLOGETIQUE.
UAZ
riO
ceUe simple méuiphorc inslinctive une tni-
dition de la luUe éternelle d*Orniuzd et
(TAhriman.
Nous atons mis aujourd'hui en relier tout
ce que les hypothèses de nos adversaires
renferment de contradictions et d'inexacti-
tudes. Faul-ii en eonclure que nous contes-
lions toute es|.èce de similitude entre la
doctrine des mages et la religion révélée?
Assurément telle n*est pas notre pensée, et
nous sommes tout au contraire convaincu
que, parmi les fieuples de fancien monde,
au^on n*a conservé de souvenir plus frap-
pant de la tradition première du genre
humain. L*empire de 1 Iran touchait, |>our
ainsi dire, au berceau même du genre
faomain.Zoroastre n'avait-il pas soin de dire
è diaque instant qu*il s'appuyait sur les
cmrances des ancêtres (105)? En outre, la
nation des Ifèdes et des Perses puisa dans
ses rapports fréquents avec les Juifs des
laniièitrs qui lui servirent à maintenir en
bien des (loints la tradition primitive. Avant
la prédication de Zoroastre, nous voyons un
icédéeesseur de Ke-Kurous (106) écrire
ainsi \ Ions les peuples soumis à son au-
UKÎtè:
« Que la paix se multiplie par vous! J'or-
donne |ar cet édit que, dans tout l'empire
Je ma dOiiiination, tous craignent et rétrè-
reot le INen de Daniel ; car c'est lui le Dieu
virant, solisistant dans tous les siècles; in-
destnictiiile est son empire» et sa puissance
D Mra point de fin (107). »
Or^ qu*oo a*oublie itas qu*après la mort
d« um prédécesseur, Ke-Kurous régna sur
j rt^}ue toute l'Asie.
DanieU qui avait été en si grand honneur
yms IVnde, ne le fut pas moins sous le
oereu. On ne doute point qu'il n'ait eu
.^rande (lart à Tédit que publia Ke-Kurous
;«iur le rétablissement du temple de Jérusa-
L-oi, qui termina les soixante-dix ans de la
(aptivitéy comme lavait annoncé Jérémie.
L'historien Josèphe assure |)Osilivement, et
iâ teneur même du décret le fait entendre,
oue Ke-Kurous vit et lut les prophéties
d fsaïe, qui l'anpclait nar son nom deux siè-
cles d'avance, le signalait comme le conqué-
rant de Tuoivers et le restaurateur du peu-
|)le de Dieu.
Ainsi parle le roi de Perse :
« Jéhova, Dieu du ciel, m'a donné tous les
royaumes de la terre, et il ma commandé
ce'lui bâtir une maison à Jéiusalem, qui est
(1A5) c n paraii qa*^« tein|>s de Znr<oasti«, 4îl
H. Uit, iMHi let dofiMS prindiianx qa>o troove
«Lias la Ze»-Av€sla étaient reças dans la Perae et
rtmtiiuti en aneîennea trailitiaiia nalionalet. • —
iOrr, Mmmmd d'kbtûire aneUnne; La Per»a.l
(laCfCjmis.
(Itî) Ùmmd^ VI. — QaHques ra'ioaalktes ont
kcB rmMeiHé l'aolbenticué de ce livre, mais Datiit'l
a éé éélHkIa par J. D. MtcniEUt , Introduction à
CAmâern TtMlament; — Jabsi, Jnttcductio in iibroê
fnmf Fœden»; — LuMBWALt, Commemtmre sur
DmmUi; — DEaBSRm, Commentaire $nr Daniei; —
HairmanK, Cmmmentmre ntr Dnniel , — et He!C6str!I-
k«i.^. iuthentiâté de Daniel .
en Judée. Qui est parmi vous de tout sou
peuple? Que son Dieu soit avec lui. Qu'il
monte h Jérusalem, qui est en Judée, et qu'il
édifie la maison de Jéhova, Dieu d*hraël ; il
est Dieu, celui qui est à Jérusalem (108). a
« Tobic, Daniel, Mardochée, EsJras, dit
M. Rohrbacher, brillèrent au milieu d.'s
mages comme des astres. Ils savaient ce
qu'était la sagesse véritable; ils savaient où
trouver la pure doctrine. Ceux d'entre eux
qui vinrent à Bethléem adorer le Christ,
les prêcheront sans doute de parole comme
d'exemple (109). »
M. Salvador pense, comme nous, que les
mages ont dû subir inévilablement 1 in-
fluence des Juifs. Cet écrivain est trop rare-
ment de notre avis pour que nous résistions
i l'envie de le citer :
« Tous ceux qui ont parlé de Zoroastre
commencent par reconnaître l'absence eu
l'incertitude des documents nécessaires pour
tracer l'histoire de sa vie et de ses dog-
mes (110). Etait-il né dans la Médie, dans
l'Assyrie, dans la Cbaldée, dans la Perse, la
Baclrianc? On a soutenu ces diverses opi-
nions. Quant à l'époque de son existence,
on ne compte plus quelques dates fondées sur
des légendes purement théologiques : tels les
six mille ans d'antiquité que Platon lui
accorde (111), ou les cmq cents ans avant la
guerre de Troie, auxquels Plutaraue se
contente de le renvoyer. Mais les pins sa-
vants des moiJernes qui se sont occupés de
ce législateur, après avoir émis le doute s'il
n'y avait eu qu'un Zoroastre, ou s'il en fal-
lait compter deux, ont concentré le débat
dans la question de savoir s'il a vécu sous le
règne de Cyaxare l'% chef de l'empire médo-
l>actrien, 620 ans environ avant Jésus-Christ»
ou bien, ce qui est le plus probable et lo
plus généralement adopté, s'il a vécu avant
la naissance et pendant le règne de Darius,
ills d'Hystaspe.
«Or, quelle que soit celle de ces opinions
qu'on adopte, ou l'existence de Zoroastre
sous le roi des Mèdes Cyaxare, ou son exfs«
tence sous le roi des Perses Darius, ou
même l'existence des deux Zoroastres sous
chacun de ces rois, la transplantation des
dix tribus israélites dans \t^ Médie et au delà
par Salmanazar devance de près de cent
années Cyaxare I'% et la transplantation des
dix tribus de Juda et de Benjamin dans la
Rabylonie par Nabuchodonosor précède do
(pâtre- vingts ans environ le règne. du fils
(108) Cfr KonaBACBEE, Histoire nnirerselfe de
r Eglise ealkotiqne, iU, 71 ; — et i Esdm, t. i,
1-4.
(109) RoHRBAcaBE, t»«fem.,205.
(1 10) U ne hioi pas oublier que c*est tar onelelle
ÎDcertilude que M. J. Iteyi:aod appaie toat «a sys-
tème desiiiié à renverser de fond en comble la révé-
lation chrétienne! 11 nous semble qve le chrit-tia*
Disme est une cboie assez grave poor qa*OB le uaite
ma as légèrement.
(111) Cette hypothèse, que M. Salvador uaila
avec tant de dédain, est celle ce^adaui qae I!. J«
Ueynaad noas donne comme le deridtr mot de la
science.
131
MIC
DICTIONNAlIiR APOLOGETIQUE.
ir.p
I5i
d'Hjslaspc. En mémo temps, si «ne parlie
(le ces tribus reste fidèle au souvenir de
Jérusalem, au point que la première colonie
nui retourna dans ses foyers, après le décret
de Cyrus, se composa' de quarante-deux
mille individus, une autre partie, cédant
aux circonstances et h de nouveaux intérêts,
se confondit de toutes parts avec les peuples
indigènes. Bien plus, les rapports des exilés
temporaires avec les peuples étrangers
acquirent un degré d*intensUé assez grand
pour hahituer exclusivement les Juifs è la
langue de ces derniers, et pour donner lieu
à un fait assez digne d'attention : on ne
connaît plus rien aujourd'hui du langage
parlé de Verapire chaldéo-babylonien, si ce
n*est ce qui en a été conservé dans les écrits
de la Judée.
« Dès que la nation juive, (ju'on se rcpré-
gentecomme si résistante aux idées des autres
peuples, emporte, des pays où elle avait été
transplantée de vive force, une langue et des
/Jogmes qui jusqu'alors lui étaient en partie
inconnus (112), comment supposer que ses
propres principes, doués de tant de vigueur,
et dont chacun de ses membres, par le seul
fait de son éducation populaire, était un écho
naturel, n'aient pas sillonné à une grande
profondeur les terres étrangères (113)? »
MÉDAILLES, confirmant le récit du déluge
par Moïse. Voy. Monuments confirmant les
BÉciTS DE LA Bible, {IV.
MEDECINS PHYSlOLOCilSTES , leurs
théories sur Thailucination. Voy. Hallu-
cination.
MEDES €l PERSES, ont mieux conservé
la tradition primitive. Voy. Mazdéisme, § 11.
MENOU. Voy. MANOU.
MER ROU(i£, passage miraculeux des
Israélites à travers cette mer. Voy, Passage
DE la mer Rouge.
MERITES. Peut*il y en avoir sans épreuve
ou sans liberté. Voy. Liberté. — Comment
ils 6*acquièrent. Voy, Mal. Art. 1, § IIL
— Mérites de Jésus-Christ. Toy. Mal. Art. 1,
§1V.
MESSIE, prophéties qui Tannoncent. Voy.
note XV. — Doit naître d'une vierge; i6W.,
SUI. — Doit naître à Bethléem, ibid. § IV.
— PrO()héties sur la personne niênie du
Messie. Voy. note XV, S VI.— Sur les cir-
constances de sa vie, sur ses actions, ibid.
— Sa naissance, circonstances prophétiques
qui raccompagnent, cantiques, etc. Voy.
note XV, S vlll. — Prédit par les prophètes.
Voy. Prophéties, § 11. — Ohjel de Tattente
universelle. Voy. Mythisme, i IX.
MICHELET, réfutation de son opinion sur
)*origiiie du dogme de TEucharistie. Vou.
Dogmes, § 111. — Réfutation de ses appré-
ciations sur la controverse entre Hincmar
et Gottheschalk. Voy. Hincmar, | VI et VIL
— Ses erreurs sur le pouvoir des évëques
(lli) Il va sans dire aue nous n^acceplons nulle-
iiieiit Mtta hypoUièse. Nous ne croyons pas qoe la
isptiviié «it inlrtklQit dans renseignement de la Sy«
nagogiicr les docirinas paîannes.
sous Charles le Chauve. Voy, CiiAaLEs lb
Chauve. — Réfuté sur le prétendu scejiti-
cismc de Grégoire Vil et de Jésus-Christ.
Fay. Grégoire VII, § VIL
MICROSCOPE, comment il combat Targu-
ment fourni par le télescope contre l'insi-
gnifiancede notre planète. Voy. Astrono*
MIE.
MILIEUX dans lesquels ont vécu les fos-
siles, étaient-ils les mêmes qii*aujourd*hui
Voy. Homme, art. 1, § IV.
MINISTERE de Jésus-Christ, éclaircisse*
ment sur sa durée. Voy. Luc (Saint).
MIRACLES.— Sans les miracles, aucune
explication de rétablissement du christia-
nisme n*est possible.
Illusions et débordements du paganisme,
cVst humain et naturel; aveugle et fatal
empire du mahométisme , c*est humain ;
c*est le harem et le cimeterre, c*est la force
brute et quelques élans de génie ; le drapeau
levé de Luther, c*est humain, c*est Torgueil
et Tamour de Tindénendance; la philoso-
phie délirante, c'est 1 homme aussi.
Mais je cherche la place humaine et natu-
relle du christianisme; montrez-la-moi I. •
La force? Non. Le génie? Non plus. Les
passions? Encore moins.
Douze marchands de poissons, Juifs, igno-
rants et barbares, s*avisent un jour de prê-
cher un Juif supplicié, crucifié; et le monde
c'it changé. .C*est tout simple! Seuls, seois
contre tous, ils combattent les passions, les
préjugés, la puissance, la philosophie; et le
monde les tue, mais se convertit; c*est tout
naturel!
Et le christianisme, la morale la plus
austère et la plus pure, les dogmes les plus
incompréhensibles, Tautorité la plus in-
flexible, le christianisme sétablit sur les
ruines des voluptés, des déliées et des po-
litiques païennes, à la voix des bateliers
galiléens. Et c*est Thistoire.
Pas de miracles; soit. Elle monde changé
de la sorte sans miracles, seulement par
cette manière d*enseignement de la part de
pêcheurs de poissons, devenus pécheurs
d'hommes avec la mission de leur maître;
sans miracles, sans acte divin de puissance
et d'intervention visible 1 Vous le croirez
ainsi. Mais c'est pour moi le plus incohé*
rent prodige, le plus .absurde mystère; le
monde chrétien sans miracles; le monde
païen fait chrétien sans miracles, de par des
pécheurs de Galilée! Saint Augustin avait
raison ; cela suffit à la divinité ue la foi, et
prouve plus que les miracles.
Vous retranchez le miracle de l'établisse*
ment du christianisme, alors vous amonce-
lez sur vous l'impossible, l'inexplicable, le
faux évident, le démenti donné à toutes
les proportions de la nature et ,de rhuma-
nité.
(H3) Salvadoe, Jétus^Chmi et m rf oclrme, L
note E. ^ Cfr. M. V%ÏM Ceassay, U Cktiu H /*£-
tangile.
IS
MIR
DICTIONNAIRE APOIjOGETIQUE.
HiR
ISi
Voos aimez mieiix dévorer cette forôt
(TioTraisembiance. Soyez rationnels, logi-
ques; reportez-vous aui temps, aux lieux,
tai hommes et aux choses d'alors. Vous
direz avec on réceot et courageux historien
des Césars : Pour moi, il est démontré que
le tkrisiiamisme ne pouvait pas^ ne devait pa$
%l
Et ne To^ez-Toos pas enfin que toutes vos
impossibilités amoncelées font précisément
U gloire du cbristianismo? Entassez mon-
iffznes sur montagnes; soyez géants |M>ur
les moaroir et les lancer contre la foi ; je
vous seconderai, je répéterai : Oui, le chris-
tianisme esl impossible; il ne doit pas
régner... et îl s*est propagé, et il a raincu
les esprits et les coeurs rebelles; il a régné,
il règne encore. Contre lui vous pourrez
bien voos élever, atteindre les nues, vous
j |ierdre; voos n atteindrez pas les cieux
i]oi le couvrent et le protè,;ent; mais, pre-
nez garde, dans les uoes on trouve la fou-
dre qui frappe et qui renverse.
Faites la guerre encore. Déclarez le sur-
naturel chimère, le miracle folie, les myeti-
rrilinatisme ou sottise; marquez, marquez
mis fronts do fer de vos dédains et de vos
savantes flétrissures; nos fronts sont prèls
cumme nos cœurs; aussi bien il y a des
cicalrices qoi valent mieux qu'une cou-
ronne.
Ce snjei ayant déjà été traité au root
Jisis-CnaisT (art. Ui, f II et ill), lorsque
DOQs avons proové la divinité du Messie
par les miracles qu'il a publiiiucmeut opé-
rà, ooos noos bornerons à ajouter ici quel-
qaes considérations nouvelles.
(114) SvmiciS, Tu de lénu, trad., Paris, 1856;
/iffW., 1 14« loai. I, part. 1, pag. 87 et suiv.
(II5| Im. Sekm SÂniiiss, ropînion eoniralre au
■inde f est acUnaent ideatiiée avec la conacienoe
4m memée moétwmt^ que dans la vie réelle, quicon-
^■e veai donner à eoieadre «pe la paisaance diTine
seti auaifiesiée d'ace maniera inimédrate, esl re-
pnié eiMiBe va icnorant on nn imposteur, i ilbid,^
me 88.) Or, «Ton vient eeb, sinon de la predomi-
uoee nniverMlle des aeos sur la raison, aouillnre
1«i miede Boire civilisation et la menace d*one nou-
vdk bnrbarie? Le prodige dans la religion, comme
lUéraféMe dans b nature, est an fait ina^paral*le
éêwmxfi «les origines. Da reste, U eomêcienu du
mtmde moéétm n'est pas «ne aulorilé biaii eflrayante.
^'^■^•tpif. eel esprit si hardi, mais en même temps
si ingénieax, preÎMl à corps Fincréduliié il lui «lit
M» fut avec «n bon lens admirable dans un chapi-
trt iniitnié : CeU folle de rapporur le rrojf et le
ftmlx «« jufememt de nostre euffisance. f Cest, dit-
rf, «ne sotae présomption d*aller desdaicnant et eon-
poor faalx ce qoi ne nous semble pas vray-
: qvi est vn vice ordinaire de ceuli qui
qadqiie saflSsance oultre b commune...
ainsi rcBoloflMnt ui^e chose pour faulse
l'e, c'est se donner l'ad^aotage d*avoîr
dttt k t-rste bs hornes et limites de la volonté de
Km et de la puissance de nostre nature; et il n y a
point de pins notable folie au monde que de les ra-
■encra la nae^orede nostre capaciléu suffisaiiCi'...
(faaad M»«a lisons dana Boocbet les miraebs des
Hii|«e« de Minet Hibire, passe; (On créiiit i/eU
>4^ ak&ra grand pour noos osier la liienre dW con-
Possibilité de» mirac!ps; — Leur rapport arec le gourer-
nemeot de Diea dans le monde ; — leur valeur dé-
monstralîTe ; — la part qo'y peut avoir l'élénieat natu-
rel ; ~ leur rapport avec Tceavre rédemptrice.
« Dieu, dit-on, ne peut altérer les lois
qu'il a lui-même établies ; ainsi le miracle a
une impossibilité et une inconvenance au
moins relatives (114). »
Un auteur moderne a cru pouvoir renou-
veler celto objection, qui n*a pas certaine-
ment le mérite de la nouveauté. Mais elle
n'est pas moins futile que rebattue; car lo
miracle, contraire aux lois inférieures de la
nature matérielle, est conforme à la loi mo-
rale et suprême de Tunivers. Cette loi su-
ftrême est la subordination de la matière à
'esprit, de Tordre sensible k Tordre intel-
lectuel du monde. Dieu donc, loin de mettre
obstacle & Tharmonie universelle, la main-
tient en interrompant le cours des forces
physiques dans certains cas déterminés et
pour une fin très-sage. Strauss avoue quo
Thomme, parcelle du monde créé, peut
s*opposer par son libre arintre , et k Taide
des instruments organiques, aux forces
aveuj^les qui Tentourent, et leur imprinier
un mouvement particulier (115). C'est Ik en
effet ce qu on appelle art. L'art est une es^
pèce de prodige continué que Thomme
opère dans la sphère de la nature. Orcom»
ment peut-on refuser à Dieu un pouvoir
que nous ayons nous-mêmes? L'ordre sur-
naturel ne suspend jamais toutes les lois de
la nature ; il est même lié k une d'entre el-
les, k la principale de toutes. Si les sophis-
mes de D. Hume sur ce point ont quelque
valeur, s'il faut rejeter les miracles parce
qu'ils répugnent k l'expérience, il faudra
iredîre : mais de condamner d*nn Irain de pareill s
histoires me semble singulière impad* nce. Ce mi.d
sainct Augustin lesmoigne avoir vu; Mir les reliques
Sfcincts G«rvais et Proiauk Milan, nn enfant aveugle
recouvra la vue; une femme, k Carthage, estre
Sarie d*on cancer par le signe de la croix qn*uiae
nme nouvellemenl bapibée lui fit ; et plusieurs
anltres miradea, où il dit Ini-mcsme avoir assisté :
de qnoy accuserons nous et luy et deui saiucts
evesqnes Aurdins et Maximilius, on il appelle pour
ses recorh? Sera-ce d'ignorance, simplesse, faciliié?
ou de malice et Impo&iure? Est-Il kimme en nostre
siècle, si inipadeni^ qui pense leur esire compara-
ble, soit en vertu et en piété, soit en sçavoir, loge-
ment et suflisanee? qui «l ratiouem ullam m ferrent,
ifêa aueloHtate me frÊugerent. «- C'est une hardieskO
dangereuse et de couscquence, oulire IMisurde te-
roeriié qnVlle traisne quant et soy, de mespriser ce
que nous ne conccTons pas : car après que, selon
vostre bel entendement, vous avez esialilv les limi-
trs de la vérité et de la mensnoge, et qnlf se trouve
que vous avez neeessairement à croire dtt clM^Si-s i*ù
il y a eneores plus d'estrangeié qn*en ce que vnos
niez, vous vons estes d^ obligé de les abandon-
ner. •
C*est après avoir lu ce chapitre et celui iniiiulé :
Le» Bottenx, qne Pascal ft*écnait, avec sa haute rai-
s»n : < Que je hais eeuz gui font les douteux de
miradfs ! Montaigne en parle comme il faut dans It^
denx endroits : on voit en Tun combien il t st pru-
dent, et néuimoius il croit en Tantre, et se moque
«tes incrédules. » {Peméeê^ édit. Feugèra, t. Il,
p. 53.)
435
Mm
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MtR
136
]»our la roôme raison rejc(er toutes les lois
naturelles, car il ny en a aucune qui ne
contrarie celles d'une espèce différente.
Ainsi, par exemple, les fonctions vitales ne
sont pas moins opposées aux simples forces
chimiques, que la résurrection d*un mort
ne Test aux lois vitales. Que si sous le nom
d'expérience on entend la succession de
tous les faits accomplis dans l'espace et dans
le temps, l'expérience comprendra aussi les
événements miraculeux. Aujourd'hui, tout
homme qui a suivi les progrès de la science,
admet dans la nature une hiérarchie de for-
ces se donnant une exclusion mutuelle. De
môme, outre les forces naturelles, on doit
reconnaître certaines forces surnaturelles,
toutes les fois que leur existence est en har-
monie avec les inductions, les principes ra-
tionnels et le témoignage de l'histoire. Il y
a donc dans l'univers une loi en vertu de
laquelle f ordre moral des choses humaines
s'effectue et se complète à raids de moyens
surnaturels. Peu importe que son applica-
tion ne soit pas continuelle dans, le temps ;
car toutes les lois de la nature ne s'actuali-
sent pas dans chaque point de la durée ou
de l'espace; les lois qui ont produit la cos-
mogonie ou le déluge ne subsistent plus au-
jourd'hui , et un grand nombre des règles
qui gouvernent la terre ne sont certaine-
ment pas communes aux planètes et aux
autres globes célestes. Il faut admettre dans
la nature certaines époques extraordinaires
qui ne se renouvellent plus ou qui ne se
répètent qu*à des intervalles très-éloignés;
telle est aussi, dans le cours moral de la vie
cosmique, l'époque de la fondation ou de
la restauration de la religion.
Considéré en lui-même, le miracle appa-
raît d'abord comme un fait inexplicable d'a-
près les lois jusqu'alors connues de la na-
ture ou de rhistoire. Mais celle détermina-
tion négative ne suflit pas pour caractériser
le miracle. L'idée de miracle est essentiel-
lement religieuse, tandis que beaucoup do
faits peuvent nous paraître inexplicables,
sans avoir cc|)endant aucun rapport avec le
sentiment religieux. Combien de choses qui
ne se peuvent exidiquer et qui ne sont
pourtant r^as regardées comme surnaturelles I
L'esprit droit, qui s'incline devant un phéno-
mène extraordinaire, ne constate pas en-
core un miracle. Il penlespérer que les pro-
grès de la science feront découvrir les lois
i.achées dont ces phénomènes dépendent;
ou bien, si le fait, tel qu'il est raconté, ne
parait pas pouvoir être jamais rattaché à au-
cune loi de la nature, on peut attribuer cela
à la forme que lui a donnée le narrateur, et
chercher dès lors , par une étude plus ap-
profondie, ou, s'il y a lieu, par une compa-
raison plus attentive des documents, à dé-
gager le fait en question dans sa valeur ob-
jective.
Il faut donc distinguer soigneusement le
(116) 11 s'agit ici dei principes. Eu fait, le pan-
théisme peut se trouver associé à des éléments plus
ou muins religieux; mais, en priucipe, il ne recoii-
miracle de ce qui est simplement inexplica-
ble ou extraordinaire. L'extraordinaire se
présente partout. Si un mesquin et tuI-
gaire bon sens ne consent à croire que ce
qu'il a pu comprendre, les esprits profonds
et sincères ont appris h penser autrement. Il
existe une foule de faits qu'il faut admettre
sans pouvoir en déterminer la loi, et le ma-
gnétisme en fournit à lui seul un assez
grand nombre. Mais tout cela reste complè-
tement en dehors du domaine religieux, au-
quel seul appartient le miracle. Ces lois ca-
chées sont cependant toujours des lois ou
des puissances naturelles. Elles n'obligent
point à reconnaître un monde supérieur et
divin. Le miracle, au contraire, a sa source
clans le monde de la sainteté et delà liberté,
dans un monde que l'observation ni la science
ne peuvent jamais atteindre. Rien ne peut
nous conduire à la connaissance de ces lois
mystérieuses, rien, si ce n*estla voix de
Dieu qui est en nous et qui est une révéla-
tion des choses invisibles. Mais les obsta-
cles qui nous empêchent de suivre cette di-
rection intérieure de l'esprit ne peuvent
point être lovés par la science.
• Aussi n'est-ce pas seulement le théisme
qui admet des faits extraordinaires et Texis-
tence de lois naturelles encore inconnues;
le panthéisme , qui nie le monde surnatu-
rel, et par conséquent la religion (116), l'ad-
met également. C'est de cette manière qu'il
explique toute la vie religieuse. Les fonda-
teurs de religion, ceux qui ont commencé
dans l'histoire un développement nouveau,
il les considère comme des organes spéciaux
de l'esprit universel. Les puissances cachées
de la nature se sont concentrées en eux, et
de là vient leur influence sur le monde.
C'est ainsi que Pomponace, qui rejetait
toule es;ièce de supranaluralisme, préten-
dait ce|>eudant admettre les miracles, en les
oxj)liquant à sa manière. £t lorsqu'il se
trouvera dans l'histoire évangéiique des faits
qui ne pourront pas se plier à ces explica-
tions, on ne se fera pas semoule de les met-
tre en doute.
Mais le déisme et le panthéisme sont éga-
lement incapables de reconnaître le vériia-
ble caractère du miracle, l'un, en bannissa;it
Dieu du monde, l'autre, en confondant Dieu
avec le monde. L'un et l'autre n'admettent
en dernière analyse que des causes naturel-
les et posent en principe l'impossibiiîtô
d'une action direcle de Dieu sur le monde.
Ils ne reconnaissent donc rien de surnatu-
rel , c est-à-dire de miraculeux. Ceci nous
conduit à la détermination positive du mi-
racle.
L'homme a perdu par le péché la coromu*
nion avec Dieu. Cette communion, qui fai-
sait sa vie, était en même temps la condi'-
tion d'un accord parfait entre la nature etlo
monde invisible. Ln chute a détruit cet ac-
cord, et désormais l'homme n*a pu, par les
naît qu*un seul monde et ne laisse plus aucune place
à la religton.
Al
itm
blCTlONNAIRE APOLOGETIQUE.
MIR
ISS
seuls oMijeils naturels, parvenir k la con-
naissance rraie de Dieu. Il n*f a qu'une ré-
vélalioD BOUYelle qui puisse le replacer
ites les cooditioDS premières; il nous faut
me coBBaisstttoe supérieure à celle que la
eft la salure naa» donnent) une
à laquelle le déTeloppement
B*aiiraii jamais pu atteindre^ Et
la Batnre et le monde surnaturel ne
se cofrespoodent plus, eelui>ei ne peut se
■aaifesler qoa d^nne manière extra-natu*
telle ou Biracttleose.
fo«r eompreodre le miracle) il ne fiiut
ras le considérer isolément i comme une
naoîfeslaUaa de la toute-puissance dif ine,
nais comme nn des momenfs de la réféla-"
(ioo de Diea dans la totalité de ses attributs.
Dieo, qui a établi les lois de la nature et
qui B*agil d*ordinaire dans le monde que
par Tinlermédiaire de ces lois permanentes,
se rifèle directement dans le miracle. Il est
vrai, derrière les causes secondes , quelles
qa elles soient» libres ou aveugles, la foi
sait bien loojoors discerner la main puis*
unie de Diea qui dirige toute cbose ; et d*un
aaire côié, dans le miracle le plus éclatant,
Diea ne se montre pas d'une manière àbso*
loinenl «médiate; il n*y a que les yeux de
k foi uni paissent reconnaître sa présence»
Hais le auraele, ne pouvant être expliqué
ntr les Us naturelles, appelle directement
I aUeolion sur la cause suprême de toutes
Hioses» et sert ainsi à donnera la nature sa
vériiaMe sia;ni6cation.
Considéré sous ce point de vue, le miracle
seialiadie à Tensemble des disfiensations
de Dieu pour raclieler rbumanité et lui
c/j«nmunimier une vie divine. Cette action
nouvelle 6e Dieu doit se manifester par des
effets que les lois naturelles ne puissent pas
eipiiqoer. Cest là le miracle dont le carac-
tère positif est ainsi rattaché à racception
native. La disfiettsation rédemptrice une
lois donnée, le miracle devient un fait nor-
»al, nécessaire. Il est au-dessus de la na-
tare, nuis non en contradiction avec elle»
Li natnre étant disposée pour rétablisse-
ment de récooomie nouvelle, Test égale*
■Kntpoar recevoir les faits qui eu dépen*
vent tf 17). Ainsi, nature et miracle se rap-
l<Micat Fun à Tautre, et réalisent» chacun à
»a manière, le plan général de Dieu. Ce
tjêQ est nn plan d^amour, c'est la rédemp-
tion de rborame, c'est l'établissement du
rfjannie de Dieu. Tout est ordonné en vue
tie ce Imt suprême. La nature doit manifes-»
icT et glorifier Dieu : mais elle ne le peut
Ti« pnr le raojen des êtres raisonnablest
>aas eox« elle ne serait qn*une multiplicité
fans nnilé, un ass«nblage d*êtres sans otyet
maanmit sans vie commune. Or le concours
libre des êtres intelligents à la glorification
de Dira, c^est le royaume de Dieu. Le
rovaone de Dieu est donc le but de la na^
tore et de lliistoirei le terme, la perfection
ée la création tout entière. Et comme Jésus*
Christ est le fondateur de ce rojaudie , la
venue de Jésus-Christ au monde est le mira-
cle par excellence. Avec Jésus-Christ, la vie
nouvelle est entrée dans le monde, Funion
de Dieu avec Tbomme est réalisée. Et com-
me ce grand événement était le«but vers le-
quel tendaient toutes chosesi une fois qu'il
est accompli» tout le reste s*jr rattache ; et la
vie divine , ainsi introduite dans Thistoire,
tagit désormais conformément aux lois de
naturp humaine.
De là résulte la manière dont Tbistoire
doit envisager le miracle. Sans doute une
raison qui ne reconnaît rien au-dessusd*elie-
même ne pourra pas accepter de laits mi«
taculeux. Elle cnercbera nécessairement
i iaire tout rentrer dans rencbatnement
ordinaire des effets et des causes. Elle niera
le miracle a priori. Tout au plus cherchera-
t-elle» d'aprâ les récits, à déterminer quelle
impression certaines actions de Jésus-Christ
Ïroduisirent sur les témoins, et comment
ésus voulait lui'^même que ces actions
fussent envisagées. Quant aux dits eux-
mêmes, elle ne peut faire autrement que
de les rapporter à des lois naturelles ou de
contester la vérité des récits. Mais ce n*est
pasavec ces idées étroites et ces pr^ugésar>>
bitraires qu'on peut entreprendre avec suc-
e^ Tétuda de Ttùstoire. L histoire vraiment
scientifique doit recevoir le miracle comme
faiti et chercher à le comprendre en tant
que miracle, non pas à le nier en i*^x«
pliquant. MatSi pour cela, il lisut d'abord
avoir accej[>té le christianisme comme un
lait à la fois historique et suraaturel. Il faut
avoir com()ris que lui seul donne la loi de
riiistoire; que sans lui l'histoire ne serait
plus qu'un chaos, qu*un jeu de forces cou*
traires, sans unité et sans but. En un mot»
il faut être clirétien. Dès lors, le miracle
na plus rien oui choque» Il est| comme
nous l'avons dej^ dit, un fait normal et
nécessaire. Mais sans la foi, Fœii privé de la
lumière supérieure ne peut plus discerner
la présence de Dieu et ne comprend i^as
la révélation » qui est la vie de l'histoire»
Si nous considérons maintenant les mi-
racles par rapport aux témoins , il sont
une partie essentielle de l'œuvre de Jéâus-
Christ : car sans eux il n'aurait noint été
reconnu comme le Messie | et lui*même
n'aurait pu avoir une conscience claire de
la divinité de sa mission s'il n'eût eu la
conscience de sa puissance miraculeuse.
C'est pour cela que Jean^BaptistCi se sentant
incapable de foire des miracles , dut reco«
naître à ce signe qu'il ne possédait pas la
plénitude de l*fisprit divin. J^ur lui les
miracles devaient être un des signes de la
divinité duMessiCi et c'est pourquoi les mi*
racles de Jésus -Christ lui firent penser
que celait bien là Celui qui devait venir*
C'était l'époque de la décadence du Jtt-»
daîsme. Les révélattons dîrines, les grands
effets de la puissance de Dieu ne sont plus
illT) A eet if»ié^ les scobstiqscs da lin- siétie Jistingttaiest avec raisua eatre la pêiemiU actha et
a fmumtim pmMiiva de b eatere.
Dunno.*f3i*iaK aroLOGcriotB. IL 5
139
Mfn
DlCTiONNAIIlE APOLOGETIQUE.
MIR
140
que Q anciens souvenirs. On sent qii*une
barrière sépare le présent de TAge sacré des
prophètes. Maintenant que les prophètes ne
parlent plus, on n'attend plus de révélation
divine, sinon de quelque voix céleste sou-
dainement entendue, ou de quelque mys-
térieux Baik Ao/(118), ou bien enfin des
jongleries de quelques adroits exorcistes
(119). Et puisqu'on attendait du Messie des
actions miracbleuses, et que )e peuple ho-
nora Jean-Baptisie comme Ud pmphëte, sans
hii attribuer ccpendnnt de telles actions,
c*est une preuve suffisante que les Juifs
n'étaient pas si facilement disposé» h sup-
poser partout des miracles (120).
Si maintenant nous recherchons comment
lésus-Christ appréciait lui-même ses mira-
cles, il semble, au premier abord, que son
nt^préciation varie, et au'il y ait contradic-
tion dans ses paroles. Mais cette contradic-
tion n'est qu apparente. Elle provient du
double point de vue sous lequel le miracle
est considéré. Nous avons vu que, pour être
compris, le miracle doit être rattaché b l'en*
semble de la révélation divine, à la révélation
de la gloire du Christ, selon l'expression de
saint Jean. Jésus-Christ ne manifeste pointsé-
parément chacun de ses attributs; ses actes,
ses paroles ont toujours pour but de montrer
sa personne tout entière. Tel est le but des
miracles. Ce sont des signes {^fum) desti-
nés à élever l'homme du visible à l'invisible,
h arracher Pesprit au matérialisme en lui
faisant connaître ou du moins pressentir la
présence d'une puissance supérieure. Si
donc le miracle révèle surtout rautorité su-
prême do Dieu sur la nature, il ne peut
s*opérer que le où se révèlent en même
temps les autres attributs divins, et en par-
ticulier la sagesse et l'amour infinis. Ce
ifcst pas une démonstration arbitraire de
f)'jissnnce. La révélation rédemptrice dans
tOMtO sa plénitude, tel est le résultat que
Jésus poursuit constamment, et en particu-»
lier dans les miracles. Le miracle a d'abord
un but prochain, iiiimé<h'at, celui d'accorder
un l)ien terrestre et de satisfaire un besoin
de la vie actuelle, mais il a en même temps
un but supérieur et plus général. Jésus veut
«i révéler par là à ceux en faveur desquels
il déploie sa puissance ; il veut leur donner
les biens de l'âme, le bien su|»rêmc, ei non-
seulement à eux, mais à tous ceux pour qui
ce signe sera un moyen de les conduire, à
la foi en lui. Mais ce résultait dépend de cer-
taines conditions. 11 suppose le cosur de
Thomme disposé à recevoir cette révélation.
L'impression extérieure ne peut que réveiU
ier la consciem^e religieuse endormie, mais
non la suppléer. La foi ne se produit point
fatalement. Elle est un acte libre. L'impres-
sion la plus forte, la démonstration la plus
éclatante ne peut seule la donner. L'esprit
(IIH) QiieU|iief<iis un iMoime, daas un momeotde
coni !in{iUiioD religieufe, croyait entendre une voix
céleste. Cest là ce qii*oii sppebit le Baik koL Ou
bien, une proie prononcée psr hasard par un au.re
paraissait avoir os rapport nystérieux et prophi^ti-
que avec td ou tel état îiiiérîeur. On la cunsitiéra.t
du monde monJanisc tout. Lliomme qui
n*a pas le sens du divin trouvera toujours
le moyen de nier le miracle le mieux avéré
et de se séduire lui-même, il appellera à son
aide tous les sophismes du cceiir rusé. Ainsi
les pharisiens, ne pouvant s'empêcher de
reconnaître dans les actes de Jésus-Chrisi
l'action d'une puissance supérieure, préfè-
rent supposer une puissance maligne pour
ne pas être forcés d avouer ce qui répugnail
à leur sens charnel. C'est le point de vue
Î général auquel on s'est placé qui détermine
e jugement dans les cas particuliers^ el
Toilà pourquoi celui dont la vie a pourploinl
de départ la négation des choses surnatu-
relles ne pourra être forcé par aucun témoi-
Snage extérieur à reconnaître l'existence
u monde invisible. Il sera fatalement con-
duit à cherclier une autre explication. La
conviction no ()eul point être forcée. Telle
est la puissance de l'esprit : fien ne saurait
l'empêcher de s'ateugler volontairement, et
jusauedanslaservitude il conserve saliberté.
D ailleurs, quand même le miracle par*
viendrait h entraîner sur le moment Tadhc-
sion de Tintelligence, cette adhésion ne se-
rait que momentanée» et disparaîtrait bien-
tôt avec l'impression qui l'a produite. Quand
il n'y a pas de point d'appui dans la cons-
cience , combien passent rapidement les
impressions les plus vives I Gomme elles
sont facilement effacées par des impressions
contraires I Nous comprenons par là fiour-
quoi Jésus refuse constamment de faire un
miracle f>our donnersîmplement une preuve
de sa puissance, et pourquoi il déclare que
même la résurrection d'un mort ne fiourrait
conduire à la repentanee ceux qui n'y ont
pas été déjà conduits par Moïse et les
prophètes. Nous voyons en même temps
combien est vaine l'objection des déistes
du xviii* siècle , qui allèguent contre la
réalité des miracles de Jésus-Christ le peu
de résultats qu*ils ont produits. Que sert la
démonstration, si on ne veut pasTentendroî
L'effet du miracle dépend de la réceptivité
des témoins. Cette reman^ue lève toutes les
difficultés. £lle nous fait comprendre la
conduite de Jésus-Christ et explique les dif-
férenees apparentes de son af»préciation.
Lui-même distingue dans le miracle un
caractère matériel et un caractère formel.
Le premier consistedans la satisfaction d'un
besoin du moment. Le second réside dans
le but suprême du miracle, à savoir, do ma-
nifester Celui qui peut seul satisfaire les
besoins de l'Ame. A ceux qui reçoivent vrai-
ment les miracles comme des ov^fe, comme
des révélations de la vie divine, i ceux-
là il se fait de plus en plus eonnaltre ; mais il
s'éloigne toujours d'avantage de ceux qui no
le suivent que par curiosité el dans un but
purement terrestre. Ainsi^après le miracle de
alors comme un oracle.
(119) JascPHX, Arckeol,^ U viu, c« 2, 1 4.
(HO) Ta :rff/^07« mt fuc{Ai rpc lln^ç toc;
ôfiotocf ttcttoOtm fr^ftyfiftvcv. (Jos.| Arc/l., 1. X, c. i.
8 i)
Ml
MCTiONNAIRR APOLOGETIQUE.
HIR
142
U QialUplicaUon des pains, il reproche à
orax qui le cberebenl de le chercher, non
ptroe 40*Us ont va uo signe^ mais uDigae-»
■leat Dvee qu'ils ont été rassasiés. {Joan.
n, 26w) Ces gens-là ne peureDt.point croire
•s lui : ils n'ont pas le sens dn dirin. Les
iftstinds terrestres ont étouffé en eux les
besoins plv éleTés ; e*est pourquoi les té»
noîgn^ges les pins éclatants ne sauraient
les eooTainere et les attacher réellement à
loi. (/«M. Ti. 96^.) EnGn, s'il est bien
vrai que , quand Jésus invoque le témoi-
gnage de ses cBQTres, il ne s'agit pas seule-
n«iit des miracles , il y a cependant des
fÊiSèçts où c'est surtout aux miracles qu'il
est bit allusion, comme i des signes desti-
nés i |f4|iarer les âmes à la connaissance
«les rhftwf spirituelles. (Jonn. xt> 21.)
Mais si naos considérons lemirade.comme
BOjpea de diveloiiper la loi des témoins,
BOUS deToos distinguer dirers degrés dans
re déTekq»pement. Au plus bas degré sont
ceax dont l'esprit n'était pas accessible i
rimpressioo immédiate des choses spiri-
t&elles et qui ont eu besoin du mi racle pour
les léretUer de leur engourdissement. Et
de Blac que le Père céleste sait amener
les boomcs des choses visibles aux choses
iiirisiiiies^ Jésus-Christ s'accommode égale-
raent à etUe Cublesse» tout en gémissant
d'èùe bucé d'employer de tels moyens pour
conjoare la nature humaine à ce qui n*est
que son vérikible but. (Jaan. ly, 48.)
Viennent ensuite ceux que des besoins plus
Milles ont attiréi vers le Messie» mais dont
le sentiment religieux .est encore mêlé de
beaœoop «félémenls étrangers. Ceux-là
Msst ont besoin de signes qui montrent Ce-
lai qu'ils dierchent i leur regards affiaiblis.
Tels étaient les ap6tres ouand ils commen-
oèfent i suivre iésusj Jésus ne dédaigne
fas de condescendre à leurs vues bornées,
«aïs en ni4me temps il déclare que ce n'est
U qu'an de^ inférieur de la vie religieuse.
Les hommes doivent s^élever jusqu'à pou-
voir oonleaipler la divinité de Jésus dans
loat reasenable de sa vie, et non pas seule-
BMnt dans quelques actions isolées. Il faut
qa ils poissent partout reconnaître Dieu
agissant et se révélant en lui. Ainsi» la foi
U pins paurlDûte» c'est celle qui ne provient
pasdn miracle, mais d*une source plus pro>-
fonde de la vie divine ; cW celle qui
{Micèdo le miracle» qui rappelle, pour ainsi
dire, comme nue des manuestations néces-
saires de la vie supérieure. Telle est, par
exemple, la foi du centurion païen que Jésus
impose |ioor modèle aux Juifs. {Mailk. viii.)
Cette foi est produite par l'impression im-
médiate da ai?in sur notre àme ; elle sup«
|nse une ailinîté entre la vérité et le cœur
de lliomme. C'est là ce qui donne un ca-
ractère spédal à la oonlession de Pierre.
(ifallà. XVI, 16-17.) Les paroles de Jésus
dans cette circonstance ne se rapportent pas
liréôsémentà la pensée exprimée par Pierre,
fi^rre aarait po déjà auparavant rendre^ le
r.èffle témoigna^. Mais ce oui donne è ce
icnaoîiifias^ une valeur spéciale, c'est le sen«*
timent qui l'a dicté. C'est une intuition im-
médiate de la vérité, une révélation directe
de Dieu dans l'Ame du disciple. Tandis que
les autres ne regardent encore Jésus-Christ
q^ comme un homme extraordinaire, saint
Pierre a reconnu en lui le Pils de Dieu. Or
la chair ni le sang ne peuvent révéler cela.
Ils pieuvent bien conduire à croire d'une
certaine manière que Jésus est le Messie,
mais ce ne sera pas une foi vivante : elle
n aura j^as de durée ; elle disparaîtra avec
l'impression qUi l'a produite» Mais ceux qui
auront cru par sentiment, par intuition ,
s'écrieront par la bouche de saint Pierre :
Cest tous qui êtes le Atessie ! À quel autre
ifionê-nous auà vous? Nous eenions que
lu vie étemeue découle de vos paroles I {Joan,
vl, 68-69.) !
De même , Jorsque thomifis a refusé de
croire aux discours des autres disciples,
Jéstis, il est vrai, s'accommode à sa laiblesse
en lui donnant une preuve matérielle de la
réalité de sa résurrection $ mais il déclare
en même temps que bien heureux sont ceux
qui n*ont pas besoin du témoignage des sens
pour croire» et dont le sentiment intérieur
a été assez puissant pouf dissiper tous leurs
doutes.
Enfin les propres paroles de Jésus nous
enseignent que la communication de la vie
divine à Inhumanité doit être considérée
comme le plus grand des miracles, comme
le ()rincipe et le but de tous les autres. Ses
disciples, dit-il, feront des œuvres encore
plus grandes que celles qu*il accomplit lui-
même, parce qu'il s'en va vers le Père, et
que de là il continuera à agir sur la terre en
eux et par eux. (Joqn. xnr, 12.) Allusion à
la iiridiçatioo de fËvangile et à la vienou^-
vcile qui devait en découler, et qui est l'œn^-
vre de Dieu dans le sens le plus élevé du
mot.
On répète fréquemment a ujouni*hui, que»
admettre un miracle, c'est établir une oppo-
sition radicale entre la nature et le monde
surnaturel. Mais c^est une erreur. On exa-
gère une opinion, afin d'en avoir plus fa*
cilement raison. L'abstraction représente
toutes choses avec des couleurs tranchées»
mais la vie ménage partout des transitions
et ne conduit d'une chose à Tautre que par
des nuances et des degrés insensibles. Pour*
quoi n'en serait-il pas de même ici 7 Nous
avons déjà montré que la nature et le mi-
racle rentrent dans le gouvernement général
du monde, et que cette dualité apparente se
résout dans une unité supérieure. Aussi
nous croyons-nous en droit de distinguer
divers degrés dans la transition du naturel
au surnaturel dans le miracle. 11 est vrai
que cette distinction n^est pas assez positive
pour notis permettre d'établir là-dessus une
classification des miracles, mais nous pou^
vous y reconnaître du moins la loi univer*
selfe des choses» à savoir qu'il a'y a dans
les ceuvres de Dieu aucun saiius, et que tout
est amené graduellement. D*Hn cAté nous
trouvons des faits dont on ne pent dire avec
certitude s'ils appartiennent à Tordre sur-*
4.i3
MIK
DICTIONNAIRE APOI.OGETIQUE.
MIR
Ul
naturel ou à Tordre naturel; de l'autre, des
laits dans lesquels raclivité créatrice de Dieu
se montre seule, et qui ne paraissent aroîr
aucun rapport arec les cAuses naturelles.
Entre ces deui eitrdmes rienflent se ranger
les faits miraculeut dans lesquels Taction
surnaturelle est plus ou moins analogue k
celle des causes secondes. Ce dernier cffrac"
lère se i^ontre dan» la plupart des miracles
qui ont pour objet la nature humaine, tandis
que dans Faction du Christ sur la nature
matérielle le côté surnaturel ressort exclii-
siTcment.
Celte dernière classe de miracles est de
beaucoup la moins nombreuse. C'est Thomme
qui est surtout Tobjet des actions merveiU
leuscs de Jésus. Comme Jésus est avant tout
)e Rédempteur de Thumanité, ses miracles
«consistent, pour la plupart, dans la guéri*
son des maladies, parce que c*est ce qui
touche de plus près k son œuvre rédemp-
trice. Le mal physique procè<le toujours
plus ou moins directement du mal monil.
II y a, entre le péché et la douleur, un lien
indissoluble (121). Le rapport peut bien ne
])as être exact dans les individus ou les cas
particuliers, mais il Test d'une manière gé-
nérale. Et comme le but de Jésus était de
délivrer la nature humaine du mal qui Ja
dévore, et de rétablir l'harmonie détruite
par le péché, la guérison des maladies n'était
point un acte étranger k son œuvre. Parfois
CCS maladies avaient dans l'individu même
une cause morale. Agir sur la cause était
un moyen excellent d agir sur l'effet, et cV
tait même le seul moyen d'opérer une gué-
rison complète, c'est^k-dire permanente. Le
rapport inconnu, mais réel, qui existe entre
l'es|)rit et le corps, nous permet de com-
prendre qu'une impression extraordinaire,
produite sur l'âme, ait opéré dans l'organi-*
sation physique une transformation sou-
daine. On peut sans doute exagérer ce prin-
cipe et s'en servir pour rapporter le miracle
kdes causes purement subjectives. Il eat
de fait que Timagination exaltée peut réagir
sur le corps et produire dans la nature phy-
si(|ue des résultats assez semblables aux
miracles. Ce n'est point de cela qu'il s'agit
ici. Nous parlons des véritables miracles,
c'est-k-dire des faits qui ont pour principe
une cause supérieure et o^ective. Néan-
moins nous ne voulons pas méconnaître dans
ces faits le concours d un autre facteur; et
Faction divine de Jésus-Christ sur l'Ame
humaine, et par Ik sur Torganisalion phy-
sique, n'exclul nullement une certaine ré^
ceptivité du côté de l'homme. Aussi Jésus-
Christ a-t-il soin, en pareil cas, de réclamer
la foi, c'est-k-dire la condition subjective de
son actio» sur TAme. Nous ne le voyons ja-
mais exercer sa puissance Hùracuteuse en
laveur de perscNiMs animées de sentimeois
{ïti) Les miids fléaax qui> ont, à AverMs épo-
f ues, déiolé le MiMule, coineideiil toigaurt avec de
arandes periurbaiiaiis dans la nalare morak. Ainsi,
k peste a* Athènes iiandant la guerre du Pelopoiièse ;
celle qui éclata sous les Autonins et sous Tempe-
r«ur béc.us:la Mu inguinariu^ à la lin du vr
contraires k ceux qui produisent ou qui ac^
compagnent la foi. Il transforme la nature
matériel le par la nature morale, liais il ne
faudrait pas vouloir appliquer cette règlo
générale k tous les cas particuliers.^ Beau-
coup de guérisons ne semblent pouvoir s'ev-
pliquer que par une action immédiate sur
le corps, et se rapprochent alors des mira-
cle» qui ont pour objet la oature matérielle.
Ce nVst pas toujours sous la même forme
que se manifeste Ta puissance de Jésus dans
la guérison des maladies, Tantdt il agit im-
médiatement par sa présence, par un acte
de sa volonté divine, par sa parole. C'est
surtout alors que la guérison se rattache k
une influence spirituelle. Tantôt k rex()res-
sion de la roFlonté se joint un acte risible,
ainsi l'attouchement, ou bien l'emploi de
certaines substances comme la salive, Teau
ou l^uile (122). (Mare, viii, Joan. ix.) Hais
ces moyens n'ont aucun rapport naturel
avec le résultat produit, et ne peuvent k eux
seuls expliquer la guérison. Jésus a montré
d'ailleurs en diverses eirconstances qu'ils ne
lui étaient pas nécessaires, et que sa puis-
sance pouvait s'exercer directement. Les
moyens qu'il emploie ne sont que des sym-
boles par lesquels il revêt l'action divine
des formes ordinaires de l'action humaine.
liais il sait quand il faut agir autrement ;
sa présence même n'est pas nécessaire pour
manifester son pouvoir, et les limites de
Tespace n'opposent aucun obstacle k l'ac-
complissement de sa volonté.
Nous avons déjk observé que la guérison
des maladies appartenait k la vocation «ie
Jésus comme Rédempteur. Arrêtons -nous
un peu k cette pensée. Le rapport entre la
Snérison et rœnvre rédemptrice provient
tt rapport entre la maladie et le péché. De
quelle manière Jésus a-t-il conçu ce rap()ort,
et en général celui du mal physique avec
le mal moral? Certains passages, comme
LuCf V, 20; Jean^ v, %k, seiobtent établir un
lien étroit entre les maladies et les |>échés
individuels, el regarder chaqve douleur
comme une punition spéciale, tandis qu'ail-»
leurs cette pensée parait ouvertement re->
poussée^ Pour résoudre relie apparente con-
tradiction, il faut tenir compte de la dîflé-
rence des circonstances. Jésus^hrist consî*
dère le mal alternativement sotfs €leux points
de vue ; le point de vue trai de l'Ancien
Testament^ et celai des Juifs de son temps.
Ce qui distingue surtout l'Ancien Testament
des autres religions, c'est la manière solen-
nelle dont il proclame la sainteté de Dieu
en face du péché, il envisage le monde non
plus au point de vue naturel, mais an iioiot
de vue moral. La sainteté divine exige ma
le péché soit puni et que la créature rebell
subisse forcément la volonté supiéme. D*ai
près cette doctrine, le mai jAysique n*~
siéde ; Tlfuîs Mr#r, émt le %i\ et la mort Mar
dans le xiv* lièrle, etc. L*illii»ir€ Niebahr.dot
les ieures reufarneal Umi de paroles d*or, i és^
lemeiii sigoalé cette colucidcDce. (Yoir sa ViV, U||
p. 167.)
(iti) Comp. rLTO, HUt. nat.^ !. xxvni, c. 7.
IIS
Mm
DICT10.NNA1RE AfOLOGEriQUE.
MIR
ll«
(|ti€ i« coaséqaoDce inévilabie du mal moral.
L'iiisloire tout entière montre qu*il en est
•tftsi. Elle BOUS faii voir constamment, el
partout dans les grandes crises sociales, le
Dit^u jaloux qui recherche rini^uité des
iières sur Im eofimis iu6qu*à la troisième et
a il quatrième génération* L'histoire du
iieuple juif était parliculièreroent propre h
uire ressortir cette loi universelle qui rë^it
tonla Inhumanité. Mais resjprit l)orné des
laib avait édifié sur cette idée vraie une
étroite et fausse théodùsée. Ils prétendaient
trouver dans chaque cas narticuUer le rap-
port général du péché avec la souffrance (123).
C'est pourquoi Jésus; ea prenant l*idée que
reDfenne I Apciea Testament et eu la dé»
veloppaott rejette formellement Vidée fausse
qoisy était attachée. Au reste^ nons irou-
TODs il véritable doctrine sur ce point déjà
eixsei^ée dans le livre de lob.
Mais, eu même lejups, la doctrine de la
réileroption nous dit envisager sous un jour
tout nouveau celle de la justice de Dieu.
S'il est vrai que le but suprême de Dieu vis-
à-vis dn monde soit un but d'amour; s*il est
vni que toute I*histoire de la révélation soit
destinée à œajjifestcr de plus en p1u.s l'a-
Qkoar ridenipleur« II eu résulte que le lien
éiÉbil «ure le mal et le péché doit aussi
«tmcoorir k sa manière à la réalisation de
b aii«érieorde infinie, et que la souffrance
eM dispensée à eliacun dans la mesure la
pIcK cûfireoable pour difi{)06er les hommes
i mevoir le salut, ou pour développer en
eui la vie divine que la rédemption leur a
fiOfomuniquée.
Sous Dou voos maintanaot nous expliquer
il maQiere dont J4sus apprécie les idées que
ies Juifs s*étai en t faites de la justice divine.
Sapemiée ressort surtout des deux passages
suivants : Lue, xiii« % i, et Joan. ix, 3. Dans
le premier cas, il détourne la pensée de Tin-
difido pour la ^rter sur le peuple. C*est le
peuple tout entier qui est couMble. Si quel*
ques individus sont punis de Dieu , c*est
Ju*ils ont pris part à la faute commune, et
I châtiment qui les a atteints montre quel
est le sort réservé à tous» puisque tous ont
iiéebé. Dans le second cas, è ta place des
ulées étroites sur la rémunération il substi-
Inela doctrine de l^amour divin« qui se ^ert
du mal |)Our amener tes hommes au salut.
Ce double point de vue explique tout, et les
divers passages qui ont trait à celte ques-
tion ne présentent plus de difficultés.
Le rapport du mal avec le péché et de la
guénson arec la rédemption se remarque
^artoni dans une certaine classe do mala-
dies, dans celles qui, de quelque manière
qu'on les envisage, sont an tous cas le signe
dune profonde décadence morale, soit de
rtodiviilo, soit de la société contemporaine,
lions voulons parler des personnes d<^si^
(f 91 Goaiflse eelle Idée e^t compiélemeAt fiemet>
ta ^ Ira fiMts, la isndance ascciico^ébîoiMtiqup,
m par les cscèi du matérialisme juiC, fut
«ers la iloctriiic contraire. On enseigna que
ap|«rt'ient à SaUn. C*esi poun|u<>j'
b y—frclé et 'la souffirauce soûl te paitage dci
gnées sous le nom de démoniaques ou d*é-
ner^umènes. -^ Foy. PossRssioa.
in.
Pourqoal Ves miracles oat diminué k paTtk de rétabli'
lement du daniMtanisme.
Les raisons de croire ou de ne pas croire
ont été diverses, mais non moindres, selon les
temps: et on peut soutenir avec avantage
que rélat actuel des preuves du christianis-
me n'est pas inférieur à ce qu*il était du
temps de Jésus-Christ et de ses nias grands
miracles. Seulement, par une illusion ordi-
naire, ce sont les preuves éloignées qui
nous paraissent avoir dû être les plus fortes;
et de même que nous disons que la vue des
miracles nous eon ver tirait, oe même ceux
que les miracles ne convertissaient pas di-
saient quQ la vue de Taccomplissement des
prophéties, dont nous jouissons aujourd'hui,
les aurait convertis.
Quelle est la plus grossière oe ces deux
illusions? Il serait cnflicile de le dire, tant
des deux parts les sommes de preuves se
compensent; et c'est là le motif qui fait que
les premières (Us miracles) ont dû cesser
proportionnellement, à mesure que les se-
condes {raccomplissement dss prophéties] en.
ont pris la place.
Remarquons, en effet, que du vivant de
Jésus-Christ rien ne le prouvait que ses mi-
racles; je dis plus, tout prouvait contre ses
miracles»
Aujourd'hui nous naissons chrétiens, nous
suçons, nous respirons le christianisme dès
le sein de nos nières, et toutaulour de nous,
dans la société, nous en inspire les croyances
et les mœurs. C'est en quelque sorte h plai-
sir que nous sommes incrédules; il faut
que les passions nous fasseut violence pour
cela.
Quand Jésus-Christ parut, c^était l'inverse;
les préjugés païens, et peut-être encore da-
vantage les préjugés iuifs, étaient contre la
foi. La nature même était du côté de ces pré-
jugés, et faisait avec eux un poids infini. Ce
n'étaient i>as de faux incrédules, des incré-
dules de mauvaise foi, comme la plupart do
ceux de nos jours, qu il fallait contondro,
c'étaient de Vrais, de sincères et de légitimes
incrédules, qu'il fallait convaincre : quedis-
je, des iucrédules 7 ce n'étaient pas des incré-
dules en particulier, c'était la masse de la
société, c'était le monde entier, c'était la na-
ture humaine, c*était ce milieu profond et
vasteoù s'agitait rhumaaiié, qu'il fallait re-
fondre, et faire |)a5ser de la sagesse des
hommes à la folie de Dieu.
Or , i^iur opérer ce renversement il ne
fallait rien moins que dos miracles. I^s mi-
racles n'étaient pas seulement la plus forte
preuve, mais /a seule preuve que Jésus*
Clirist pût employer.
âmes pieases, tandis qae la jouissance des biens
terrestres est réservée aoi mëclianis. L*éfuilibre ne
doit éure réiabK que dans le régne de mille ans os
dans nne vie future. La vérité cbrétlcmie coiiiredit
é;;alcinenl ces deux erreurs opiHibées.
147
MIR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MIR
lis
Même les prophéties ^ loin de prouver
Jésus-Christ peiAdanl saTie, proaTaîenl con-
tre lui, et le surnaturel rejoignait au natu-
rel pour lutter contre le^ lumi]ere«
Elles étaient de deux sortes, les anciennes
et les nouvelles : quant aui anciennes, gé-
néralement interprétées dans le sens humain
elles avaient ftiit concevoir l'attente d^ln
avènement glorieux et triomphant à la ma-
nière des grandeurs terrestres; et non-seu-
lement Jésus-Christ ne répondait pas à
cotte attente, mais il la heurtait de front
Sar Thumilité et Tabjection de sa vie et de
a mort. Quant aux nouvelles prophéties
que disait Jésus-Christ, quil convertirait
Ifi monde I quê^ quand il serait élevé en
croix, il attirerait tout à lui, etc., elles dé-
concertaient encore davantage toutes les
Idées, parce qu'elles faisaient de son humi-
lité et de son abjection, non plus un acci-
dent, mais un choix, mais un principe de
Succès qui bravait toutes les espérances et
Kuiles les conjectures.
Il résulte de là que les preuves que nous
fiyons aujourd'hui de la divinité de Jésus^
Christ (le succès de sa doctrine et Taccom-
plissement de ses promesses ), i\on-seule-
tneht les Juifs ne les avaient pas potir, mais
ils les avaient contre la croyance à Jé&us-
Chri8t;de sorte que sans les miracles ils
n'avaient aucun motif pour croire en lui. et
que ce seul motif avait à balancer, à forcer
foutes les raisons naturelles et même surna-
turelles d'incrédulité, qui, depuis lors, sont
devenues des raisons de foi.
Aussi TOjons-nous partout dans TEvan-
(^ile, Içs témoins des miraclesde Jésus^Christ
partagés entre la force de ces miracles et
1 elle des préjugés naturels et surnaturels que
nous venons de rappeler. Préoccupés , infa-
tués de leurs prophéties, et surtout du char-
nel aspect sous lequel ils s'étaient habitués
h en envisager l'objet, ils ne pouvaient rc-
renir du désenchantement que leur caur
S9ieri\ la simplicité et l'obscurité de Jrsus-
Christ) ils ne pouvaient se résoudre à voir
en lui ce christ qui devait les délivrer de
iouis kurs ennemis; et dans cet homme qu'ifs
avaient yu nattre au milieu d'Qux , comipc
l'un d'eux; dans ce fils de charpentier^ dont
les parents existaient encore dans la plus
basse condition, qui lui-même y était resté
caché pendant trente ans, et qui n*en sortait
4]ue pour s'entourer de disciples pris plus
bas encore, et se signaler, si j'ose ainsi dire,
par le luxe de la pauvreté et de la souffran-
ce; dans cet homme, dis-je, ils ne pouvaient
jamais plier leur orgueil pharisaïçiue à ado-
rer le Dieu. Cette répugnance invincible
étendait un voile épais sur leur esprit, sur
leurs yeux, et leur dérobait l'éclat des mi-
racles. Forcés quelquefois par cet éclat et
retenus par leurs préjugés, ilis étaient en
lutte avec eux-mêmes, et, s'p^semblant aur
/our de cet homme extraordinaire qui faisait
leur désespoir, ils lui disaient : Jusques à
quand nous tiendrez^vous l esprit en suspens!
(\tk) Joan, X.
Si vous êtes le Christ^ dites-le-nous claire^
ment (1241; c'est-à-dire, soyez-le convne
nous voudrions que vous le fussiez. Mais
Jésus-Christ, sans sortir de son divin carac-
tère, leur répondait avec simplicité : Je vous
parl^ et vous ne me croyez pas. Les miracles
que je fais au nom de mon Père rendent /e-
moignage dt moi. Mon Père et moi nous ne
sommes quun. A cette idée que cet homme
qui leur parle ainsi n^st qu un avec Dieu,
les Juifs perdent de vue ses miracles; tous
leurs préjugés se réveillent, et ils prennent
des pierres pour le lapider; et comme Jésus-
Christ, pour les confondre de nouveau par la
représentation de ses miracles, leur répli-
que soudain : Je fais devant vous plusieurs
œuvres au nom de mon Pire ; pour laquelle
est^e que vous me lapidez?^., les Juifs évi-
tent cette raison accablante, et poursuivent;
Ce n^est pour aucune de vos oeuvres que nous
vous lapidons f mais à cause de votre blasphème^
et parce qu'étant homme vous vous faites Dieu.
Combien de ceux d'entre nous qui de-*
mandent des miracles pour se convertir
eussent fait alors ce que firent les Juifs II!
C'est ainsi que les miracles avaient une
raison de nécessité toute particulière dans
l'état où était le monde au moment du
christianisme; c'était la seule preuve, et
elle devait être d'autant plus forte que
non -seulement elle était la seule, niai$
qu'elle avait contre elle toutes les autres, et
qu'elle devait les balancer jusqu'à ce que
celles-ci eussent fini de s'étabhr ; comme
ces arcs-boutants qui soutiennent en l'air
tout un édiflce repris en sous-œuvre, jus-
qu'à ce que le changement régulier de ses
appuis naturels soit terminé.
Mais celte raison» qui rendait les mira*
clés nécessaires à l'origine du christianisme»
nous découvre, par contre, la raison qui les
a rendus depuis lors de plus en i)lus super^
fluSf et qui par conséquent a dd les fair^
cesser, comme les Juifs n'avaient pas les
preuves que nous avons, nous ne pouvions
avoir celles qu'ils avaient, et il serait dillicil?
de dire quelles sont les plus fortes.
La vue immédiate des miracles est san$
doute une preuve oui doit exciter notre en-!*
vie; m^is l'établissement universel du
christianisme, I9 destruction du paganisme,
et la conversion de toute la terre idolâtre à
la croix de Jésus-Christ, n*e$t-ce donc rien ?
n'est-ce pas bien davantage?
Ce grand fait çst un miracle qui évidem-
ment a dû mettre un termç à tous les au-
tres, car à partir de lui (e but des miracles
a été atteint : le iritmde a été chrétien, et
n'a eu qu'à continuer à l'^lrç. Les miracles
n*avaient pas pour objet de convertir les
liommes individuellement, mjiis la société
des hommes, et ceux-ci seulement commo
membres de cette société. Avant cette con-
version, il n'y avait aucune raison poor les
individus de croire que Jésus-Christ était
Dieu, précisément |)aree que la société où
ils naissaient leur inspirait des préjugés
APOLOGETIQUE:
MIR
140
eoBlraires. II fallait donc des preures direo-
k>s de cette DivÎQÎlé, des miracles, parce que
tout élaic à eoBf enir, et la société, et |>ar
roQséi|«eBt les membres de la société des
liomwe^ Mais à partir do moment où cette
cooTersioD de la société a été ache? ée, I ou-
vrage des nîracles a été achevé. Il nV a
plus riea eu à coorertir. Les hommes sont
nés loat cooTertis. Ils ont dA croire sur la
foi de lears ancêtres. S'ils ont perdu la foi,
s'ils se soot ptrveriiif ça été leur faute.
Diea ne leor devail plus rien ; et alors
nièflie, pour revenir de cette incrédulité
Toloaiaire et coufiable, ils n'ont eu besoin
qse de rentrer dans le milieu des croyances
chrétiennes» où flotte le monde comme dans
sonéiéineBl.
Il en a élé dn diristianisme, cotte créa-
tioB morale» comme de la nature el de sa
créitioa matérielle. Au commencement
Dieu créa le dft] et la terre ; et comment les
créa-t-îl? Bécessairement ^ar des miracles.
Depois lors la nature subsiste, ci Dieu ne
lait |4as de miracles de ce genre; les êtres 5e
refirôdoisent maturelkmefK, en vertu i.n mi-
racle primitif de la création. Ainsi du cliris*
tiaoisaie : il sul»siste et se poursuit dans la
sodété dont il est la vie, sans qu'il soit lie>
uÀn de crnouveler les miracles par lesquels
ilaélèiondè.
El qa*ûn ae voie pas dans eatle foi tradi*
fiûBodle nne foi aveugle et dénuée de mo-
ids ; elh est pleine de lo^que et de raison.
Car, de même que Teiistence du monde
K^ppose la création et ses miracles, de
uême rexiatence du cbrislianisme dans le
asonde easdaît en remontant an gratul mi*
cadedesoD établissement^ lequel présup*
pose les aûrades qui Font fondé. Pour qui
considère alleolivement les éléments du
christianisme, et le chaos de dissolution et
de ténèbres d'où il est sorti, il y a dans son
étabUssemenl, sam$ la maim taueun homme^
un mirade déi^isif gni répond des autres,
qsi nons les fait voir dans leur effet, parce
que sans eax, comme dit saint Augustin,
il serait nins grand qu'eux. Je n*ai pas vu
les BîrMles, mais je vois le monde pa'ien
converti ; et alors de deux choses l'ane : ou
je m'explique le mande converti par les mi^
racles, eC ja ciois aux miracles; ou je ne
venxpas croire aux miracles, et alors je
9«iis foreé de Toir dans ce monde converti
sans miracles un plus grand miracle : dans
les deox cas, la Térité du christianisme et
sa divinité.
Ainsi les miracles ont dû cesser do mo-
ment où le monde a été converti, par deux
raisons: la première, |>arf'e que le but direct
des miracles a été atteint; la seconde, parce
fne ce bot atteint n'ayant pu Tétre sans les
anracies, oens les Cuit voir en loi.
Haie il y a «ne raison encore pins sensi-
ble eC iiitts admirable de la diminution des
miracMsà partir de l'établissement du chris-
tianisme, que nous avons indiquée et qu'il
fiai approfondir : cette raison est Taccom-
I lîssewent des projihélies.
Avant Jésus-Ciiti^t, les prophéties entre*
tenaient son attente dans le monde par Ip
peuple juif. L'accomplissement successif d|2
jflusieurs de ces prophéties concernant Icvs
destirées transitoires de ce peuple, nK>tivait
sa foi dans celles qui regardaient Tavéne-
ment ultérieur et définitif de Jésus- Christ.
Ainsi il avait pour raison de croire, les pro-
phéties elles-mêmes se justifiant les unes les
autres.
. Au moment où Jésus-Christ parut, il fut
méconnu, conformément è ces |iropbéties,
qui s*éclipsèrent ainsi dans leur propre an-
complissement. Cette preuve qui avait jusr
que-ià guidé le peuple juif disparut d<iii#s
son objet, ou plntôt devint objection, pierre
d*achoppemeait et de scandale. Alors les \n\r
racles durent suppléer à cette lumière per-
du^ et faire croire, contre toutes les appa*
rences, que Jésus-Christ était Tobjet des
anciennes promesses^ et que les nouvelle^
promesses, qu'il faisait lui-même en co«fir»
mation et en extension des premières, trou^
Teraient leur accomplissement : notammciU
que tous les peuides de la terre se conver-
tiraient à sa doctrine ; que le peuple juif
serait reioté, miséralde, et toujours errant
par tout Tunivers, en châtiment de son in-
crédulité déicide; et one la société fondée
par Jésus-Christ sur les luiôtres, TEglise
triompherait de tous les eflorts de l'enfer
par la seule rertu de sa croix, el demeure-
rait A jamais, jusqu'à la fin du monde, assistée
de son divin Esprit.
Ces nouvelles prophéties, comme les ao^
ciennes, étaient difficiles à croire dans l'état
de faiblesse et d'anéantissement où se trou-
vaient alors leur objet et leur auteur. Leur
accomplissement, qui fait aujourd'hui la
manifestation de la divinité de Jésus-Christ,
faisait alors, par la contradiction des appa-
rences, le scandale et la folie de la foi cliré-r
tienne. C'est pourquoi les miracles étaient
nécessaires pour eu cautionner la vérité.
Mais quand cette vérité commença A sa
justifier elle-même par l'événement; que les
nations se convertirent; que le peuple juif
exterminé, comme il avait été dit, commença
è traîner par le monde cette malédiction qu'U
s'élait attirée; que l'Eglise se forma dans le
feu des persécutions, et prit peu à peu sur
les débris du paganisme celte assiette im|M>-
'sante et terrible oui est devenue l'éeueil de
tout ce qui a eu l'insolence de s'y heurter:
alors le prodige de ces événements, non plus
seulement en lui-même^ comme nous l'avons
dit plus liant, mais dan» son rapport ponctuel
el Ùitéral arec tonteê les propkétieâ qui IV
vaient annoncé, ce prodige de l'accomplisse*
ment des prophéties vintdégager, pour ainsi
liarler, la parole de Dieu, et faire cesser la
nécessité des miracles |iarticuliers |iar un
grand miracle toujours subsistant.
c Jésus-Christ a fait des miracles, dit A ce
sujet Pascal, et les apôtres ensuite, et les
f crémiers saints en grand nombre, parce qua
es prophéties n'étant pas encore accomplies
et s'accomplissant par eux, rien ne témoi-
gnait que les miracles. Il était prédit que le
Messie convertirait les nations : comment
m
MIR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MIR
ISS
cette prophétie se fût-elle ^ccotnpHe s^ns la
conversion des natioos? çt comment les na-
tions se fussent-elles «inverties au Messie,
ne voyant pas ce dernier effet des prophéties
qui le prou venttATantdono qu*il ait été morti
ressuscité, et qu'il eQt converti les nations,
tout n*étalt pas accompli ; et ainsi il a fallu des
miracles pendant tout ce temps-là. Mainte-
nant il n'en faut pas, car les prophéties sont
nn miracle toujours subsistant (125). »
Ainsi, par une admirable con^pensation de
la Providence, qui veut qu*^ toutes les épo-
Îues il y ait à peu prè^ les mômes motifs de
M, les deux plus grands miraclea de la reli«
S ion, la réprobation des Juifs et la perpétuité
e TEglise^ deviennent chaque jour plus
éclatants, à mesure que nous nous éloignons
du temps des miracles^ Un homme gui aôir-^
tnerait quo Dieu lui a promis une vie de dij(
èiècles ne serait cru de personne s*il ne fai-
sait des miracles; mais dès au^l aurait dé^
passé trois cents ans, cette longévité sans
exemple serait un miracle continuel qui suf-
tliaii apparemment pour convaincre les plus
incrédules. Or le peuple juif, dispersé dans
toutes les parties de la terre depuis dix-huit
siècles, a subsisté dans cet état ae dissolution^
indissoluble (1S6), inouï auparavant dans
l'histoire, plus de temps que n'ont subsisté
les empires les plus célèbres; et l'Eglise ca-
tholique, de son côté, a duré déjà dix foia
plus ue temps que ne vivent d*ordinaire les
Sjrstèmes de gouvernement les mieux com«
binés.
Pascal ol:serve très-judicieusement queU
que part que les prophéties sont les seuls
' miracles subsistants qu'on peut faire. Et en
effet, les autres miracles particuliers cesse*
raient d'être tels par leur répétition, et de-
viendraient des phénomènes naturels. Mais
\\ n'en est pas ainsi des prof)héiies, parce
que là il n'y a | as répétition; c'est un seul
^dt singulier j n)»is tellement immense, qu'il
remplit tous les temps et tous les Sieux, et
que c'est cette universalité et cette perpé«
tuité qui font sa singularité. Il se compose
de deux parties : la prophétie et révéne*
ment. C'est la séparation ce ces deux parties
et leur accord dans cette séparation qui font
le prodige. Or quatre mille ana sont d'abor^l
exclusivement réservés à la prophétie, et le
reste des siècles à Tévénement ; la séparation
ne peut pas être plus tranchée, et son éten«*
duo. loin d'affaiblir te prodige, en est la plus
éclatante préparation. Et maintenant, quant
au prodige en lui-même, c'est-à-dire l'accord
de réTéqement avec la prophétie, la durée
ne peut l'affaiblir, tant s'en faut, puisqu'il
consiste précisément dans la durée ; c'est ià
l'cvénemenl, c^est là le prodige : la durée de
.1 réprotiation des Juifs, la durée de r£glise.
Ce lait non-seulement ne saurait devenir
ordinaire à force de durer, mais il devient
de jour en jour pins extraordinaire, et ce
n est pas seulement, comme dit Pascal, un
miracle toujours subsistant^ mais un miracle
toujours croissant: et non-seulement un
miracle, mais un double miracle : miracle
dans le fait en lui-môme, quand bien môme
il n'aurait pas été prédit, et miracle dans
son accord avec la prédiction.
Rousseau, faisant allusion aux miracles
de l'Evangile, ne craint pas de dire que les
miracles des imitosteubs se font dans aes cof"
rsfours^ ékuns des déserts et dans des chambres:
mais que ceux de la Divinité devraient ôtre
éclatants et manifestes, et avoir pour théâtre
la terre entière, comme de faire que le soleil
change sa course^ que les étoiles forment un
autre arrangement^ que les montagnes s'apla^
nissentf que la terre prenne un autre as^
pect^ etc. (127). Nous n'avons pas à discuter
cette grossière et judaïque exigence, mais
nous en tirerons occasion de remarquer que
les miracles de l'Evangile (sans accorder
3u'ils aient été^ faits dans des carrefours^
ans des éUserts et dans des chambres^ commo
il platt à dire à Rousseau), le cèdent en éclat
et en évidence à celui de l'accomplissement
des prophéties dont nous aommes les té-*
moins, puisque celui-ci a pour théâtre toute
la terre, pour durée tous les siècles; qu'il
grandit tous les jours, et qu'à l'heure qu'il
est il a atteint des proportions tellement
énormes, tellement en deoors du cours ordi-
naire de la nature, que les plus aveugles et
les plus prévenus en sont transportés aéion-t
nement, d'admiration et d'enthousiasme.
Ainsi à cette question : Pourquoi les mt-
racles ont été en diminuant à partir de Féia^
blissemenf du christianisme? trois raisons
sont venues répondre : 1** parce que le but
réel des miracles, la conversion du monde,
a été atteint; 2'' parce que ce but atteint,
n^'ayant pu l'être sans les miracles, les a rcn-»
dus dès lors à jamais visibles en lui ; 3" imrce
que ce but est devenu dans son développe-
ment et dans sa perpétuité un double mira-
cle, soit en lui-môme, soit comme accom-
plissement des prophéties, miracle qui va
grandissant dans la proportion de notre éloi-
gnement de l'époque des miracles; de telle
sorte que ce que le temps Ate d'impressiou
à ceux-ci, il I ajoute à celui-là, et qu'ainsi
la sagesse divine, qui fait tout avec nombre,
l^ûids et mesure, et se signale autant en ne
faisant rien de plus qu'ilne faut qu'en fai-
sant tout ce qu il faut pour atteindre à &es
Qns, se découvre de la manière la plus ad-
mirable dans cette belle économie des preu-
ves du christianisme, où l'esprit humain
trouve toujours également, quoique diverse-
ment, de quoi s'assurer de la vérité par la
raison, et de quoi la mériter par la foi.
MiRAci.ps. Mode de manifestation de Dieu
à l'homme» Votf. Jésus-Christ , art. 11,
§ ]. — Jésus*Christ a-t-il opéré des mira-
cles ? témoignages des Juifs et des païens ;
ibid. f H. — Sont-ils des prestiges ou le
fruii de l'imposture? ibid, — Le miracle est-
(îî^) Penséen^ ^ic. Feiigète, t. Il, p. SU. sunisgesiiU toujours dans un liquide, sans janai^
(ISU) On a judirifiisen ciil coiiipa» é 1rs Juifs dans pouvoir s*y mêler.
'e Hioudtf à dêi Iraguieiiis d'une niaiit^re iubolublu (|i7) Emile, Ijv. iv.
19
OiCTIOXNAIRE APOLOGETIQUE.
MON
151
il iapossiblef ibid.^ f lU. — Oi«e«:tions :
iMiM les doctrines <hiI eu des miracles ; les
Bifides soDl le résultat d*une science oo-
celte; AU. — Magnétisme; ibid. — MinK
de de rétablissement da christianisme.
Tuf. PMr^«4Tio9 M ùnisnAaisiiy. — Mi-
rade da temple de Jérusalem. Fey. Twmhm
m JiacBALBf • — Mirades de Jésus-Christ :
ot^edîons el réponses. Yow. note VL à la
il dl vol., Ol BfAMILB, I Vl.
MISEMCORDS infinie de Dien manifestée
pv rincimatîon et la rédemption. Foy. As-
msiVCORDIEinL —On a appelé ainsi
ctoi qui iaîsaient finir la dorée des peines
tics dûmes, non plus par Tanéantissement
ai pir rinstabiliie de tout ce qui est créé,
WÊÊS bien parce qo*il répugnait à la nature
de Dieu de poorsniTre ae sa rigueur éter-
idie on crime d*un moment. Saint Augus-
tia t distingué les différentes classes des
nisérieordieox (liS) . Il ; en STait d'abord
oaî peasaienl que ceu( qui seraient con-
«aiés an dernier jugement. Terraient un
lerae à leurs souffrances et que tous arri-
Teraidt lAt ou lard à un éternel bonheur :
ilsi'onieit cependant espérer la délivrance
deSiln.Qiielqoes-uns, en second lieu, tout
Cl mjaalque les méchants et les infidèles
Hdeal f&gîes d'une éternelle damnation ,
disueit qce Dieu, par pure miséricorde,
leur areorderait le pardon ani prières des
saiais; lis n'étendaient pas celte rémission
de peines an démon ni à ses anges. £n troî-
sièiie Iko, certains ne faisaient* attendre
ii délivranee deFenfer qu*à ceux qui, ajrant
iié Ifrés par le baptême, sont devenus par*
tkipiais du corps de Jésus-Christ, quelque
vie on ils aient menée ensuite, dans quelque
hérésie oo impiété qu'ils soient tombés.
Qistrièmement» quelques-uns ne faisaient
sortir des toormenis éternels que les seuls
ciiiiolk}oes pervers, et dans quelque héré-
sie on idolâtrie qu^ils fussent ensuite touw
Mi. En ciaqoième lieu, d*aatres ne per*
Bctiaieot Fespoir du pardon qu*à ceux qui
penévénient dans le catholicisme, tout ep
j vivant très-mai. Enfin il s*en trouva oui
cmvaicnt que Dieu se montrerait miséri»
rordieu dans son jugement |à Tégard des
impies qtti auraient lait Faumône, de telle
sorte qull ne seraient pas damnés ou se-
raient tA| on tard délivres de Tenfer.
Cesdifférentes manières de la piémeerrear
se dissipèrent devai;t fautorité de TEglise
^ lo proscrivit. lÀ monde, devenu cliré-
tien^ crojnit noiv^ersellement que Tenfer
soiit éternel, quand quelques protestants
il»)
Afi, lib. nu e. 17, ai seih
(I. M ée fcs œuvras , Bepomâa sm
prwimcûU} a abosé de la Mbiitité de
ftaiM
proever pir la raison qee rétemîté
ée Teaièr r^iogne à b jisliee et li la
IKm, leet ee adMeilaiit rcnfer élerMl par
Eerîttires. Celliis {ÊH$€omn sw ia
) sait la naiiéffe de raîaooeer de
(daes soa CkriMiiMuêmÊê rctsmuM^/tf)
ire à raoéantisseiHeBt du daniië
sepplice. Jeaa Leckfc (Parr/iiuîaii)
(129), les sociniens (130) et en dernier lieu
les naturalistes sont venus ^lUmuerce dogme
fondamental. Vog. EnfiMH ^ ÏTuairt des
PVIHES.
HITHRA, est<ll le 8*i»»^Espri|f Fey.
Il AED&UMB I 11.
MODE, ne peut^^étre déiçagé de la snb«
stance qn*aa moyen da signe, foy. Psvçbcn
iOGlB, i XII«
MOEURS PARTRlARCAIfg, Vof. Pa«
Tauacns. — Comparées aux moeurs bomé*
riques, Ibid,
lIOl, qu*est*ce dans la philosophie de
Fichte? I oy. PuLosoraiy na l*akolo. — Sa
nature. Yoy. A m.
MOÏSE, historien, théologien, législateur,
^tc. Foy. PuifTATcoQUB. — Cc qu'en disent
les auteurs païens. Jbid.^ S IV. — Son earac*
tère et sa conduite dans les trois grands
actes de son ministère. Ibid. , { X. — Sa
sincérité dans le récit du passage de la mer
Rouge. Fetf. Passaqi dk la mbi Rougb, i V.
— Toutes Tes sciences rendent hommage h
sa véracité. Foy. Scwsces, S 1. — Son por-
trait. 76id. —Son récit do déluge. Voy. De-
LLCK. -^ A--t*il pu s'assurer du fait fonda*
mental du déluge. /6td., i IL D'accord avec
les plus anciens historiens sur Foriginedcs
peuples. Voy. PsychoijOgib, § Xil.
MOIJICULES ORGANIQUES. Voy. Homue.
MONASTERES, leurs bibliothèques au
moyen âge. Voy. Sciaifcas, i 111.
MONDE, H*BX|STB PAS PAl L|:|'lfftllB. —
Ri:nJTATI0a na |.*ATBi|siiB et l>t' nt'4LisMX.
Prenons la nature telle que nous la livrent
les athées, existant par soi et a^is^nt lar
des lois éternelles; dans ces conditicuis
même nous espérons mettre à na son iw-
puissance.
Pour réfuter ratliéisme, on prouve d or-
dinaire que la matière ne se suffit pas à elle-
ménie; qu*elle est inca|)able de penser et
d^agir, et par conséuoent de s*ordomier.
Cette preuve se tire ae Tessence de la ma*
tière. Or, ce qui affaiblit cette preuve , et
lui Ait perdre de son autorité, c*esl que
cette essence est très-difficile à délenoinor,
et soulève de grandes contestations. Il sV
git, en effet, de décider si la matière est eu
non divisible à Pinfini. Prétendez- vous i|u*il
j a un terme à la division # on vous objecte
que cette partie indivisible n*est plus com-
posée, n*est plus étendue, n*est plus de la
matière » el on demande comment il se fait
Sue de plusieurs substances simples réunie^
résulte une substance composée. Préten-.
dez-vous, au contraire, que la division n*a
pas de terme, alors on ne conçoit plus com-i
auaqoe aassi Téleniîté et Y* afer pr le raiaonae-
Bcat; sans parler de ling , de TIlMaon, de Mon»
et aatres Anglais qai semMèrent ne pas la défend, e
assez vîgoareeseaMnt, «pwlqn^ hiibériens cnireni
ansst qee les sappliees de renier aanieni aa leiaiSi
enlie antres P^torsenins ei i^angins» Mca que cHie
mcnr soît eandaanée dans les anabspiisli^ r^
rartide 17 de la eeniessinn d^Angsbqnrf .
(130) Kmesi Sonems, entre aairrs. écrÎTÎt couUtt
réiernîté de 1 enfer.
ITin
MON
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MON
IfiQ
meut lin notiihre n'est pas composé d'unî-
lést et l'esprit s*étonne qu*iin objet fini se
prèle à une divi.«îon sans Un. Ceux que
frappe la première difficulté admettent que
i'éiendueest Tessenre de la matière; ceux
que Ja seconde louche davantage admettent
que la matière consiste en unités simples,
en forces. Selon ceux-ci , malgré Tappa-
rence, il n> a dans la nature rien de ce
qu'on appelle étendue, continuité, juxtaix)-
sition de parties possédant longueur, lar-
geur et profondeur. Comment, en effet,
ecmnaissons-nous que les corps existenti
Nous éprouvons une résistance, rien de plus.
Or qu est-ce que cette sensation de rési-
stance analysée nous donne? L'idée d'une
force qui réagit, de plusieurs forces asso-
ciées qui réagissent. Mais y trouve-t-on que
ces forces sont composées et non pas sim-
ples, qu'elles ont les trois dimensions? Nul-
lement; elle nous apprend seulement ceci,
que nous sommes modiflés d'une certaine
matière, que notre activité rencontre une
op|)02»ition. Notre tort est de vouloir Juî
fiiire rendre ce qu'elle ne coolfent pas, de
lui fiiiredire ce qu'elle ne dit pas, et ne
|ieui dire en aucune façon. J'ai froid , j*ai
eiiaud, et je sens une odeur, une saveur;
3ue signifient ces propositions? Que je suis
ans un certain état que je dislingue par-
faitement de tous les autres. Me prend-il
fantaisie de conclure de cet état ou je me
Irouve, qu'il y a hors de moi quelque chose
9ul est la clinicur, le froid, la saveur, l'o-
eur, alors je me trompe grossièrement;
car la physique et la physiologie m'en-
seignent que ces différentes sensations sont
pro<iuites par divers mouvements qui sont
i»urement des mouvements, et quil n'y a
rien dans la nature qui soit, indépendam-
ment de nos organes et de notre connais-
sance, la chaleur, Todeur, la saveur. Instruits
par ces exemples, nous devons donc, quand
nous arrivons h la sensation de résistance,
recueillir scnipuleuseraenl les idées qu'elle-
contient, ne pas en forcer la signification
par des interprétations arbitraires, et, par
suite, ne pas définir cet ohjet qui nous
transmet à tout instant des impressions, un
objet étendu, composé, mais simplement
une aggrégation de forces, et notre corps
lui-même une autre aggrégation semblable
de forces qui nous sont plus particulière-
ment unies. Que si nous voulons, par la
spéculation , tirer cette notion du vague, c|
nous la représenter avec exactitude, loin
qu'elle nous fournisse aucune, idée de com-
position, elle l'exclut; toute force nous pa-
rattétre essentiellement simple, une, comme
il paraissait à la raison de Lcibnitz.
Telles sont les deux théories principales
aui expliquent la nature de la matière. Si
oDCt dans nos raisonnements pour arriver
à Dieu, nous partons de l'une de ces théo-
ries^ atiendons-nouc à ce que les partisans
de r.intre nous arrêtent, et nous reprochent
de n'avoir rien prouvé. Et si nous voulons
yainere tous les fcrupulcs, nous devrons
liii>lllrcr que dans les deux cas, qtiqlle (jiie
soit l'opinion vrafet on obtient le même
résultat , que la matière simple ou comfio-
sée, est toujours incapable de produire
les phénomènes, les êtres, et rbarmooie 4e
l'univers.
Supposons d'abord qu'elle est réellement
étendue. Les athées soutiennent que, pour
expliquer rintellisence et la volonté, il ne
faut pas recourir a quelque chose d'étran-
ger à la matière. Nous la regardons d'ordi-
naire comme aveugle et inerte, et telle elle
se montre souvent en effet : ainsi la terri!
que je foule aqx pieds^ le marbre que je
taille en statues, les fleuves, la mer; de loua
cdtés je suis environné par des objets visr«
hies et palpables qui ne connaissent pas et
ne veulent pas : je me suis accoutuiné à as^
socier des qualités qui se présentent sou^
vent ensemble, et, dans cette prévention,
je déclare que toute chose qui tombe sous
les sens ne peut avoir ni raison, m senti-
ment, ni libre énergie. Hais c^est mal rai-
sonner : de ce qu'une portion de matière
manque de telles qualités, il ne s'ensuit pas.
que toute matière en soit nécessairement
privée. La pierre et le fer ne s'électriscnt
pas par le frottement; ce n'est pas une
preuve que le verre et l'ambre n'ont pas
cette propriété. Lorsque, à une certaine
époque, il n'y avait sur notre glotie que den
êtres inorganisés, on aurait conclu aussi
justement que la matière n'était pas capable
de vivre. Un jour, pourtant, elle a vécu:
un arrangement particulier des éléments lui
a donné une vertu qu'elle ne possédait pas
encore. Qui donc nous assure que, comiiio
à un moment elle a commencé de vivre*
par une certaine disposition des parties, h
un autre moment, par une autre dis|K)si-
tion, elle n'a« pas commencé de penser? De
l'un à l'autre, il n'y a que la différence du
plus au moins. Soyons donc plus circon-
spects dans nos iugements; apprenons de
la nature ce quelle est, et dis|)eiisoiis-
nous de grands efforts de logique là («ù il
ne faut que de l'observation et une facile
analogie.
VoilA l'asile des athées; ils croient qu'on
ne peut les y poursuivre. Du moins on I»
tentera; qu'on veuille bien se souvenir que
nous regardons ici la matière comme éten-
due nécessairement jusque dans la plus
minime de ses parties.
Au premier abord, il ne semble pas évi-
dent que la matière ainsi comprise soit iiK
cai^able de connaître ; mais à mesure qu'on
découvre les conditions de l'intelligence,
cette incompatibilité se fait jour. Savoir, en
effet, c'est savoir qu'on sait. Or cette cons-
cience que j'ai de mon O|)ération est unique;
il n'existe en moi qu'un seul centre où ton-
tes mes actions sont rapportées. Je veux,
j'aime, je hais, je souffre, je jouis, je pc 60u«
viens, ie raisonne, j'imagine; c'est un
même être qui affirme de lui toutes cas
opérations diverses; quand, dans le mémo
instant, j'ai chaud à une main, et froid h une
autre, il n'y a pas deux êtres dont l'un ait
chaud et Tiiulrc froid îc'o^t le même qui
IS7
IMKI
DICT;ON>AiRE APOLOGETiQL'ii:.
MON
158
é|*niOfe à b fois celte double iitt|>rcs$ion.
Aulaiil il j a de consciences distinctes, aii-
uot il j a de personnes séfiarées» d'indivis
«h»;elaiBsipoîir chaque individu, il n*yt*n
iqoone saille Ce point établi, admettons
pour on moment que la matière pense, je
demande qnelle partie de moi-même en aura
consdcoce. Une seule» direz-fOus; car*
comme je suis une personne onique, il
bot one conscience unique. Sans doute ;
mais oft se trouve en moi cet élément
Doa composé, lorsque selon votre défi-
sitkm même, toute matière est étendue et
difiâble, lorsque toute partie contient d'au-
tres parues, à l'infini? Or, si telle est votre
dodnoe, si elle me condamne h sacrifier la
simplicité de ma conscience et de mon être :
si elle foit de moi, qui me reconnais une
personne, la réunion d'individus sans nom-
bre, on plnt6t si elle ne trouve ces indivis
dos oolle part, forcé de rejeter un système,
une ooînîon, ou de rejeter le témoignage le
plos Clair, le plus fort do sens intime, do
m'iUiqner moi^^même, je n*hésite point, et
tieos la matérialisme pour une fausseté.
Je ma |»laee maintenant dans la seconde
tiiéorie, selon laquelle la matière consiste
en ooiiés. Id la difficulté qui se présentait
Um \ rbcorc n*eiiste plus, car nous som-
mes eo plein spiritualisme. Il n*j a plua
rien eo eîfei de composé, d'étendu, de réel*
iemeol divisible, et toutes les siAbstances
5eréJoiseot k une seule et même classe,
se fooliMident dans le caractère essentiel de
la siflq>lidté.
Cm fois cette théorie reçue, il est permis
de Aire plusieurs hypothèses sur la uais^-
saoce do monde. Celles qui, dans Tautre
Uléorie, étaient frappées d'impuissances par
le ficede celte théorie même, peuvent repa-
raître avec autorité sous cette forme nouvelle.
D'iberd» àe deux choses Tune : ou bien il
existe, dans le prinrioe, une multituded'êires
pareilleoient éternels, pareillement par soi,
où il n'en existe qu^un.
L Admetie^vous plusieurs êtres coéter-
oeb et par soi» voici les suppositions pos-
sibles : i* I/on d'eux est plus parfait et plus
poissant : doctrine iÂMiaxagore^ dTArUioU^
ele. etc. 2* Il est plus parCait, sans être plus
poissant : épicmrii$me. 3* Tons sont é^/ànx
eo perfection et en indéiiendaiicc ; atomiême^
éKirime de d'Holbach-
II, Admettez-vous, au contraire , qu'il
existe d*abord un seul être, voici encore
les suppositions possibles: 1* Ou cet être
ne produit nul être véritable et distinctt
mais seulement des phénomènes : pan^
théisme, ir Ou il produit des êtres réels, des
individus; soit qu'il crée de rien : eréaiion.
^ Soit qu'il les lasse avec 6à substance :
4' Dans ce dernier cas, ou il
sarde soo existence propre, au milieu de
sa fécondité : Pythagore. 5' Ou bien elle s'y
éptiise : mikéteme hégélien,
Voi]i«sj je ne me trompe, tous les systè-
o*es qu'on peut imaginer pour expliquer le
mon«k-. Je les parcourrai rapidement, me
Umant à marquer Te^jicocc de la | lu(mrt
d'entre eux cl le vice princii^al, et me ré-
férant aux réfutations com|ilètes qu'ils Ont
provoq'iées.
Première hypothèse : Plueieure êtres étcr^
neU et par sot coexistent ; un éCentre emjr^
plus parfait^ a poutoir sur les autres.
Nous sommes encore loin de l'athéisme,
mais du moins l'univers ne vient pas de
Dieu, et, au défaut de l'indépendance, c'est
quelque chose que d'exister par soi. La
question est de savoir si ces deux jugements
se concilient, s*il est possible qu'on soit su-
jet d'antrui quand on n'est |ias fiar autrui»
On avouera d'abord que la matière, ainsi
conçue, est indépendante de Dieu, quant à
l'existence; qu'elle ne peut être détruite
par lui; car eHe existe non par accident,
mais par la nécessité. Ajoutez donc qu'elle
n'existe fias nue et abstraite, mais telle ou
telle, revêtue de certaines gualités, mar^
quéc de certains caractères. La même né-
cessité qui la lait être, la lait aussi être
quelque chose de déterminé, ceci ou cela.
Et ce n'est pas ici une assertion gratuite;
les mêmes raisonnements qui s*appli4|uent
à Dieu, et nous forcent à croire cpi'il ne
saurait pas plus changer que mourir, s'ap*
pliquent avec la même rigueur à la ma*
tière ; et II bat renoncer a la certitude que
Dieu est impérissable et immuable, ou ad-
jnettre du même coup que la matière |iar«
tage avec lui, du même droit, ces mêmes
attributs. Lo principe par lequel on ju^e
une nature première, existante par elle*
même, quelle qu'elle soit d'ailleurs, est
commun à toutes les doctrines les |>lus op-
posées : athées et théistes y prennent leur
fondement. La matière a donc son essence,
sa nature, ses lois, éternelles comme son
être, et ainsi Dieu lui-même n'y peut rien
changer. Si la matière est lialK^rd en re-
pos, c'est sa nature d'être en repos; si elle
se meut conrusément, c'est encore sa na»
turc nécessaire que cette confusion.
Supposez-vous, renonçant à une prêtent
lion inadmissible, que Dieu se conforme
aux lois de la matière, et se borne à en dis-
poser autrement les parties, comme nous
faisons nous-mêmes, rapprochant les unes,
séparant les autres, ouvrier en grand comme
nous le sommes en petit; d'abord c'est une
entreprise bien médiocre pour un être si
graud, ensuite son intervention est |Hiriaite-
niunl inutile. Les lois physiques toutes soup-
les ont fait notre globe tel qu'il est, ont dis-
posé les unes au-dessus iïes autres les di«>
verses couches dont il se forme « élevé les
montagnes, creusé les bassins des fleuves et
des mers.
Ainsi tout ce bel ouvrage que les anciens
attribuaient à un artiste divin, et regardaient
comme fait d'une pièce, est l'ouvri^e des
lois, aidées du tem|iS.
En résumé* l'opinion que la matière a
existé éternellement en face de Dieu, ainsi
que lui, tirant d'elle-même son origine, et
c|ucDicu néanmoins a pouvoir sur elle, est
insoutenable. Il ne saurait loucher ni à Sîtn
cxi^teuve ni à ses lois, également abà«>lut:s ;
IS9
MON
MCTlONNAine APOLOGK'nQUE.
um
m
et si en le conçoit comme nn artiste qui fà-i-
Î;onne seulement un olnet^ sans en altérer
'essence, et suivant ses lois» il est inutile,
et fait ce qne les lois sont capables de faire
sans lui.
Seconde hypothèse t Biiu $i h tnatiêre^
pt^eiltement éitmehf $ani indépendanit fun
ée Vautre.
On demande alors à quoi sert la DiTinité,
du moment que tout dans TuniTers s>xpli-
Î|ue sans elle. Nous yoilk ramenés aux dieux
ainéants d'Épicure« Que Dieu existe ou qu*i(
n'existe pas, peu nous importe : il ne nous
est rien { il n est ni notre origine, ni notre
guide, ni notre fin.
Puis, comment est<»on instruit qu*i1 existe T
Ce n'est pas sans doute qu'on remonte des
[phénomènes et des êtres observables jusqu'k
ui , leur cause invisible ; car, nous l'avons
dit déjà, Tunlvers se sufDt. Est-ce donc que
jetant les yeux sur nos imperfections, nous le
concevons comme le ty|)e de cette |)erfection
sans mesure que noire raison nous révèle?
Mais ce n'est pas un Être parfait, celui qui,
renfermé en lui-même, vit dans une stérilité
et une oisiveté éternelles, sans amour
comme sans force, étranger, si on veut,
à nos vices, mais aussi étranger h nos
vertus.
Troisième hypothèse ; Toui le$ iire$ eo^
éiemels $oni du même rang ; et théorie d^Hé^
getj admettant une subelanee unique^ indé-
terminée^ qui fïroduit tout en se développant.
Allons au fait. Gomment se sont produites
toutes les créatures qui peuplent la terre? Le
naturalisme, è la recherche des faits qui peu-
vent appuyer ses prétentions, a accueilli avec
empressement l'idée de la génération spon-
tanée ou hétérogène. Depuis qu'au moyen du
microscope on a nu apercevoir des êtres, au*
paravant invisibles, non^eulement on a dé*
couvert tout un monde d'animaux vivants, et
se mouvant, qu'on n^avait pas soupçonnés,
mais on a cru voir encore que la matière
jnorijanique s'organisait d'elle-même dans
certaines conditions, que la vie naissait de
fa mort. C'était là une découverte précieuse
pour le naturalisme ; car si la matière nous
inontre tous les jours cette propriété en
exercice , pourquoi recourir alors à un
éfre étranger, à un Dieu qui la fait passer
d'un règne à Tutitre 7 Ce Dieu est une hypo-
thèse gra(uit0f parfaitement inutile, que la
rigueur de 1a science ne supporte point.
Quoi ) cette terre que je loule du pied va
former un homme I On se révolte à cette
idée ; il y a si loin d*un terme h l'autre,
3ue la raison se refuse à franchir une telle
istance.Lesnaturalistes ne sont pas si gros-
siers que de nous proposer leur doctrine
d'une niçon si choquante i au lieu de heur«
ter les esprits, ils prétendent les séduire,
et voici comment. Le vulgaire pense qu'il
try a aucun rapport entre un poisson et un
homme, un oiseau et un reptile, un ver et
et un oiseau, tant l'appflrence est diverse.
Kf, en effet, op ne voit pas trop au premier
alKird la rosseniblAnce entre un hotnnie et
un pqi:;bu|i, çiilfe un rosbi^riul et uiî scrprn»,
entre un ver et ce rossignol. Le peuple
sépare donc profondément ces classes d'ê-
tres, et croit que pour passer d'on ver à un
mammifère, il faut un bond énorme. Le
naturalisme combat cette idée.On juge mal,
dit-il, de la nature, quand on ne compare
entre eux que les êtres extrêmes ; il faut
voir l'ensemble; rapprocher l'une de l'autre
toutes les diverses organisations, et alors,
au lieu de ces brusques contrastes^ qui pa-
raissaient tout à l'heure, on remarque une
gradation continue et insensible, qui vous
conduit sans effort de l'être le plus éié*
mentaire à l'être le plus compliqué. Aifisi
parcourue, nulle distance n' effraye ; qu'on
accorde à la matière le pouvoir de for-
mer l'animal le plus simple, il serait
difficile de lui refuser le pouvoir de produire
l'animal voisin qui en diffère de si peu ; de
celui^i on atteindrait sans peine ranimai
qui est immédiatement au-dessus, et peu ^
peu on arriverait jusqu'à l'homme.
D'ailleurs, il ne serait pas nécessaire que
l'homme naquit sous sa forme même. On ne
sait pas quels changements peut apporter
chez les êtres l'influence des circonstances
où ils se trouvent, l'opération incessante
des agents physiques; et par conséquent, il
ne serait pas nécessaire que la nature fit un
si grand effort pour engendrer un individu
d'une espèce supérieure; elle y pourrait
suppléer par un autre travail, qui modifie-
rait des espèces inférieures une Cois e^jsen«
drées, ponr les élever.
Enfin, toutes les classes d'êtres vivaiUs
sont liées ))ar un rapport beaucoup plus étroit.
Des savants, s'appliquent k l'embr^^o^éuie,
ont cru trouver que l'œuf d'où doit sortir
plus tard un homme, ne contient pas dans
les premiers temps un homme en petit;
qu^en ouvrant cet œuf à différentes épo<iues,
on y voit d'abord une simple monade, puis
un ver, puis k un certain intervalle, et après
d'autres formes, un poisson, et ensuite un
reptile, bientôt un oi3eau, enfin un homme,
dont la figure persistera. Si ces observations
sont vraies, il n'y a pas entre les classes
d'êtres vivants cette différence si tranchée
qu'on suppose d'ordinaire; en réalité, il
n'existe qu on seul type, avec des esquisses
plus ou moins légères; la nature travaille
sur un seul plan, et comme tout artiste» elle
ébauche son oBuvre avant de l'achever; elle
l'ébauche d'abord grossièrement, au jioint
que l'œil le plus exercé ne recoondltrait pas
son dessein : c'est une masse où Ton ne dis-
cerne rien, sans nulle beauté; mais laissez
faire lartiste, cette ^asse, toçt à l'heure
informe, se distingiie,* \os po^rties se déta-
ohent^ les détails s accusent; laissez-le faire
encore^ il y met la derçière m^in, et vous
admirerez uç chef-d'œuvre. A.iosi la forme
la plus imparfaite de 1^ vie, la monade, est
liée & la H>rme la plu^ p^riaite^ du moins
selon notre connaissance, qui. eHrhommc;
c'est le grand chemin de la nature, et tou-
tes les autres formes sont purement des in-
tertiiédiaires qui marquent les teiuos d'aiTÔt
de Id loue jflastiquc. "•
ICI
DiCTIOM^IAlilE APOLOGETIQUE.
um
f€i
Séttsissez ces théories ; la première, qui
àcmae à U matière le pou? oîr de s'organiser
elle-aBéiiiet par la seule influence des lois
<)«i la régissent ; la seconde» cpn rapproche,
qai fond eoseoiible les organisations en ap'
rtreoce les plus éloign&Bs; la troisième,
S' les fttt se substituer l'une à l'aotre par
Ineace des milieux où elles existent ; la
dcrûère» qui les ennsage comme des ébau-
ches plus on moins panailes d'une forme
uiqie, et ecmcluez. Ce qui se passe main*
tenant pour la naissance d'un individn dans
uB or;^ne raché, s*est passé jadis à ciel dé-
roerert An commencement, comme aojour-
dltai, la Tte a pris possession de la matière»
en saîTant tes mêmes drarés» car la nature
o'i DBS deux procédés» eue est constaramenC
nimme.
Ob demandera» il est vrai» comrarat il
s'est Sût que la matière s'organisât un jour
plus lét oue l'antre» et comment il s'est fait
assâ quaa lieu d'une seule et même
csfièce d*ètrea« il naquit des espèces diOé-
rrntes. Ce sont deux questions que nous
alloBS examiiier.
La {RCfloère question se résout d'elle-
nèiDC« •« Blême que les propriétés fhysi^
qBcsetdUnqBes de la matière ne se réYè*
lent qae dans certaines circonstances déter-
Binées de Blême aussi cette autre propriété
ça'eila pomède» de rirre» demeure cachée»
tant jpw les eireonstances nécessaires à son
dévebppaBent sont absentes» et paraît dès
qi'eiles paraôsoit La rencontre de perticu"
les Batéiiellct» sous certaines conditions
de dislance» de forme» de chaleur» d'éleo-
iricilét de lumière» etc.» suffira pour opérer
ce fhangrmmt Sons nos yeux» quand ces
draonsiaiiees se réunissent, la Tie jaillit de
Il laatière inerte ; et bien arant nous» aussitôt
qae le f^obe» incandescent pendant des siè-
cles» a été propre i la Tie^ quand la chaleur
a été amsarée» par exemplci des phénomè-
nes noareaax ont marquées nouYel eut» la
■siière a commencé de Tirre.
là seconde question n'est pas plus em-
iitfrmsante. La même cause qui dit que la
■urifre organique s'oi^nise» fait aussi
«pi'eilesn développe plus ou moins. Suppo-
sez les circonstances défilTorables» ell0 s ar-
t#ie dès les premiers pas» et ne tous lijre
qB*ane monade ; aupposex'les» au contraire^
aussi conTesiatrfes qû possible» elle atteint
sa llmile» ei tous arex un homme* Puis»
entre ces deux termes extrêmes» conçerex
des intermédiaires» des stations, et tous
aarez ainsi la création Tirante tout entière.
Consultes l'histoire de notre globe» elle
Téfifiem cette théorie. Qui Toyer-Tous pa-
raître BOX premiers et aux derniers temps T
Les monades et Âiumairité ; Tune ouTre la
série des formes >iTanleSf l'autre la cidt ; et
oile-lè» qui est la première en date est la
Ucmière dans la hiérarchie^ comme ceKe-ci,
•lui est la dernière venue, est la première
l«r le rang. Ainsi» quand l'air est encore
ciBbrasé» le sol mal refroidir quand la na-
ïve est encore saoTage» il naît des êtres
^issiers, qui se placent immédiatement
au-^dessus de la matière inerte ; puis» à me-
sure que la violence des agents physiques
se calme» ils suscitent et entretiennent des
êtres plus délicats; et chaque catastrophe
3ul change les conditions de la terre» change
u même coup ses babilants. Que reut-on
de plus? Cette Tariation semblable de deux
phénomènes» constatée par des expériences
si fréquentes, n'est-ellu pas une preore ma-
nifeste que l'un est la cause et l'autre
l'effet?
Dès lors il n'est pas besoin de recourir
k rinterrention d'un être étranger pour
expliquer la formation des espèces rirautcs;
la nature se suflit*
Le naturalisme» se présenlaift atec ces ap-
puis» ne fierait pas à dédaigner. La doctrine
de la génération spontanée sonrit aux esprit»
amis de la simplicité; elle mène bien
a tant sans au'on y pense. Si peu qu'on
lui accorde» le reste soit : on lui donne un
Ter, elle prend un homme» tant est vrai
ce spirituel adage : il y a plus loin de rien
h quelque chose» que de quelque chose h
tout« La loi de continuité» qui lie entre
elles toutes les formes Tivanles» satisfait^
pour sa part» l'intelligence, qui a horreur
du ride. Enfin» l'unité du plan des êtres
animés» indépendamment de la beauté de
cette découTerte et de l'ordre qu'elle intro-*
doit dans le monde f est un argument
formidable en fareur de l'athéisme. L'n
effet» ce qui choque ordinairement dans
cette doctrine» c'est qu'on fait produire
à la matière areugle toute la ranété des
êtres» et que cette Tariété marque claire-'
ment un dioix^ une industrie qu'elle ne sau-
rait aToir. liais ici cette difiiculté ne sub^
siste plus. La matière n a qu'un seul des-
sein, elle ne tend de toute éternité qu'à
produire un homme. Or» cette persistance
a prendre toujours la même forme » indique
si nettement la nécessité» une tendance
areugle et fatale » attacliée au fond de Titre,
qu'on oublie l'art qui existe dans l'œurre,
pour ne songer qu'à son uniformité: on
n'est pas plus surpris de roir la matière
tomber dans cette disposition» qu'on n'est
surpris de T<»r les corps s'attirer les uns les
autres; c'est son essence» une propriété
iliséparable ; dès qu'on reconnaît qu'elle
existe, elie existe ainsi» et qu'elle existe
éternellement» elle existe ainsi étemeU
lement.
Nous allcma chercher si un athéisme
aussi redoutable doit on non être admis,
quelle est la solidité de ses fondements» et
s^il peut tout expliauer.
RecoMiaissens aabord qu*on n*est paa
athée par cela qu'on admet une des quatre
lois naturelles que nous Tenons de citer «
ou toutes ensemble* U est Trai que le na-
turalisme les peut iuToquer ^ et Qu'elles lui
sont d un grand secoors^maîs le tnéisme les
ti^ut ittToquef aussi en témoignage de la
roTidence. Ceat donc ici nue affaire de
science uniquement » point de parti. Ceit
dit» constatons les jugements de la scieuM
sur la Térilé de ces quatre k»is«
IG7
MON
DICTIONNAIKE APOLOGETIQUE.
MON
les
en i7i, et Porphyre et Eusèbe 5ontd*accord
pour en fixer la aur<5e à moins de neuf ans.
Suivant eus, il doit avoir péri dans une
Ïuerre vers Fan 182. Comment alors les
uifs, en 188, ont-ils pu parler de sa mbM
comme d'un événement récent? Imagine-
rait-on, par exemple, que de nos jou^s len
membres .d*une communauté t*eligleti$é
quelconque, écrivant une lettre à leurs frè-
res habitant un pays très-voisin, pour leur
ap(!|rendre que le souverain qui les oppri-
mait est mort, prissent ce soin six ans après
révénement? La rencontre de ces deux hisi^
toriens dans le même témoignage, fut
considérée comme décisive contre Thisto-
rien juif, et Prideaux, sans hésiter, adopta
leur opinion c^mme exacte (138).
Eh bieni Frohiich a prouvé d*une ma*
nière incontestable que les deux hisioritnê
êe trompent. D*abord, il a produit deux mé-
dailles portant le nom d Antiochus, Tune
datée de 183» Tautrede 18i; deux ans, par
conséqiient, après le temps que ces histo-
riens hxent comme celui de sa morL Sur
Tune on lit :
BACIAEÛC. ANtcoxotl TTP : 1£^ : ACT AllP«
bu roi Aiiiioclios de Tyr, Faslle sacré, 184 (139).
La discussion sur ces médailles a con-
tinué jusqu'à notre époque. Ernest Werna*
dorff reconnaît Tauthenticité de la dernière;
il reconnaît qu'elle prouve d'une manière
satisfaisante qu'Antiochus Sidetii a .vécu au
delà de l'époque qui lui est assignée par
l'histoire profane;, et il semble même
ajouter son propre témoignage à celui de
Frohiich, en s'expriroant ainsi : « En ce qui
c touche les médailles et les dates qu'elles
< portent, . je suis volontiers de son avis ,
« parce que, grAce aux soins d'un homme
<i très-hahile en cette matière, j*ai pu, comme
« Frohiich, avoir sous les veux et entre les
« mains plusieurs médailles frappées par
• Tordre d'Antiochus (l^Oj. » Gottliebi son
auxiliaire , est moins traitable ; il doute
({ue la légende ait été bien lue; il suppose
que probablement une légère altération dans
une lettre aura changé le nombre 181 en ce-
lui de iSf* (lU). Mais quand nous reconnaî-
trions i^omme irrécusahie tout ce qui a été
écrit contre ces deux médailles, il en existe
d'autres produites depuis les observations
des deux frères, quijsemblent mettre la ques-
tion hors de4ioute : car Frolilich a ensuite
{oublié une médaille du même roi , portant
a date de 185 (iU) ; et Ecrkhel en a ajouté
une quatrième frappée en 18G (Itô).
M. Tochon rejette les deux premières
médailles , principalement celle de 184, par
des motifs autres que ceux de Wernsdortf,
. (138) Aticien et nout, Teuamenî réunit ^ tabh
éhnin. à fin U du vol.. A* éd. 1749.
(159) P. U.
' (140i Ùe font^huê kut. Sifnw, p. 13.
(lAl) Vbi tup.f sec. XLii, p. 79. Vu). U réponse,
p* 288.
(I<4i) Ad Humùmata regum reffrtim» etc., p. G9.
(143) SffUoge numorum teierum, p. 8. Doctrina
numorum refemm, lom. III, p. i3i*«
mais qui sont admis par Eckhol . S<ilon lui
le A ou 4 supposé, qui est ptresque effacé i
i>arait être un b ou % d'une forme panicu-
tière (lU). Contre lés deutdernières médait>
les, il n'allègueht qtie des faisotis ^pétiett-^
ses; il fait valoir les difficultés qu'oh reu»
contre (^uattd on veut les considérer comme
authentiques, au mépris de tant d*autorités
historiques (lU) . A queloues égards, il se
montre peu juste pour Frohiich ; il De cesse
de soutenir que le savAnt jéstiite iilaoe la
mort du ^oi en 188 (IM) ;et, en conséquencei
il demande comment il se fait que nous
ayons des médailles de son successeari
Antiochus Grypus, portant la date de 187
Îihl), Or Frohiich place la mort d'Antiochus
Svergéte en 186 (1«8) . De la sorte , comme
aucune médailled'AntiochusGrvpusne porte
dédale antérieure à cette dernière, l'opinion
de Frohiich reçoit une confirmation qu'on
peut Appeler négative. Jusqu'ici donc l'appli^
cation des médailles a servi k défendre la
chronologie de l'histoire sacrée.
IV. -^ Médailles (TAptinëe rappelant le ëOQTeiiir da
déliigfei
Ces médailles ont été toutes frappées dans
la ville d'Apamée(Phrygiei Asie-Mineure).
Au témoignage de Pline, c'était une villa
célèbre qui porta d'abord le nom de Kùtumi
{Kelcenœ) et ensuite, do ki^utôc [Kibotot^
arche) ; enfin elle fut appelée Apamée^ d*Apa-
me , mère d*Antiochus Sotcr, au rapport de
Strabon (149) ; elle est assise sur le nord des
fleuves le Méandre et le Martvas.
Il existe trois médailles des empereurs»
frappées à Apamée, et présentant toutes les
trois le souvenir du déluge. La première est
do Lucius Septime Sévère Pertinaxy qui a ré^
S né de l'an 193 à Tan 211 de notre ère. La
euxième est àl'effigiede rempereurMarrm
qui fut empereur vers l'an 2t7. La troisièire
représente Terapereur Philippe le Pirtf qui
a régné vers Tan 2i&.
Le revers do ces médailles représente une
arche nageant sur les eaux. Au dedans de
cettearche, apparaissent, à mi-corps, unhom*
me et une temme. En dehors, on voit une
femme revêtue d'une loozue robe, et un
homme couvert d*une espèce de tunique;
Tun et l'autre élèvent leurs mains vers le
ciel. Au-dessus du couvercle de larche est
perché un oiseau, tandis qu'un autre oiseau
se soutient dans les airs, tout près de Tar*
che, et porte dans ses pattes un rameau
d'olivier.
Nous allons maintenant faire connaître
succinctement les principales discussions
auxquelles ces médailles ont donné lieu, et
les raisons qui prouvent que c'est véritable*
(144) Dittcrtaîionf p. SSi
(li5) P. U.
(146) P. i4, 39, etc.
(i47) é Conmi6Di alors supposer aue la mort
rAaUochui £vergète puisse éire acrivee fan 188;
elle serait postérieure av rèsne de son fils. > P. til.
(148) Aniio CLXxxvi. Circa kitc tempus contig^u
extsiimo cœdem Antioclti VU Ëvergeln, p. 88.
(149) St»as.| Uv. xu.— Plis.i liv. v, t. 39.
î&
MON
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
HON
f7tf
Deot an souTenir du déluge de Noé qu'elles
KpréseolenL
Le presniei* auteur qui en ait parlé, est
Falconer (150). Son opinion était que les
deux |ienoQDa^;es représentés dans rarche
et hors de Tarche, sont Oeiicalion et Pyrrba ;
que le geste de leurs bras indique qu'ils
jettent des pierres derrière leur dos, et que
(es oiseauiL que Ton j Voit sont ceux que
Denealîoo envoyait hors de Tarche, au té-
moignage de Plularque (151}, pour s'assurer
de relit des eaux.
y^ il restait à expliquer les lettres mie,
ffW, qu'il assure aroir lues sur la médaille.
Faîeoner pensait que c'était un emprunt
que les Apaméens avaient fait à nos livres
«aiots, en appliquant à leurs croyances le
B-va d*an personnage de la Bible; et il prou-
vait son assertion, en citant les nombreux
«Bprmts que les mystères grecs avaient
taiis aux antiquités judaïques.
Quelque temps après , Bryant, dans sou
ÂMmlfuderamctenne mythologie [ib2)^ revint
lar <Ts mfidailles, et soutint avec beaucoup
de fofce ropinion de Falconer, dans la par-
tie oh cet auteur pensait qu'il s'agissait, sur
en uiMaflles, du déluge de Noé.
% ToccasioD de son ouvrage, les discus*
irons et les redierches se ranimèrent en An-
iMerre, e( produisirent trois dissertations,
qai famt consignées dans VArehéologie
fribtiée par la société des antiquaires de
l/^res (153).
L'auteur de !a première, Barrington , es-
f9jê de prouver que les fibres gravées sur
les oédaîUeSy avaient rapport au déluge de
IHicalion et de Pyrrba. Mais comme le mot
ifûE loi faisait obstacle, il ne faisait pas dif-
traité d^assurer qu'il avait été mis pour le
aot ViUt «o«#, qui est le pluriel duel de
l7«« et il expliquait ce mot par ce passage
dthide: m09duo^ iurbatumus, A nouideux,
caiif forwÊJûmM la foule,
La denriéme dissertation^ composée par
te D. Milles, s'attaque aux médailles elies-
fiièoes. Milles pense qu'il n'y a d'authenti-
ques qœ celles qui portent écrit sur l'arche^
es lettres de i^Eûa, Neoki lesquelles; dit-il,
forent ensoite changées par les faussaires
ta eeOes de kue. D'après cette opinion, qui
B'est pas soutenable, dit Eckhel, Milles croit
•^ae ces médailles n'ont rapport, ni au dé-
lice de Moé, ni à celui de Dencalion ; mais
qu'elles font allusion à quelque culte parti-
celier des Apaméens^ dont nous n^vons
nmiae connaissance.
iM troisième dissertation est une lettre
du sarant abbé Barthélémy, lequel, consulté
l» les auteurs anglais, s*abstient de pro-
&'ncer sur l'interprétation de la médaille,
:^is assure qu'il est hors de doute que les *
'inu\ premières lettres sont nq.
Après avoir cité ces différents avis, le sa-
n
Son oavratt a pour litre : DiêêertaUo de
Apmtmemn Mkmeolmmeî éilueu twmm exhi-
OK, I6a7.
ISf) PLCTAtQce, De toUrtia ammalium^ n* 15.
lïSl AmJifgth af aneient mffthologie^ iouL II,
IliCflOÏXAlaS âPOLOGÉTIQCS. II.
vaut Eckhel expose son sentiment, lequel
est que ces médailles t'ont pu faire allusion
qu'au déluge de Noé. Nous allons exiioser
siierînctement les raisons sur lesquelles il
s*a|ipuic (15^).
En premier lieu, tous les savants sont
obligés de conveiiir que celte arche qoi vo-
gue sur les eaux, cet homme et cette fem*
me qui y sont renfermés, cette colombe qui
rapporte une branche d'olivier^ et cet aulrd
oiseau qui est perché sur l'arche, convien-
nent au moins autant au déluge de Noé, tel
3u'il nous est raconté dans la Bible, qu'au
éluge de Deucalion, tel que nous en par-
lent Tes auteurs profanes. Bien plus, il est
plus que probable que quelques circonstan-
ces, notamment celte de la colombe, envoyée
hors de l'arche, paraissent n'avoir été attri-
buées à Deucalion, par Plntarque, qui vi-
vait au second siècle de l'ère chrétienne ,
que parce Qu'il avait entendu parler du dé-^
luge de Noe.
Examinons donc les circonstances parti-
culières oui ont fait penser à quelques au-
teurs qu il s'agit seulement du déluge
grec.
Tous se fondent principalement sur ce
que les deux personnages sortis de l'arche;
jettent des pierres derrière leur dos ; mais
cela est loin d'être prouvé. En effet , si 1 on
examine attentivement les deux figures, on
verra qu'on peut interpréter leurs gestes de
toute autre manière ; (rabohl, on remarque^
ra que la paume de leurs mains n'est point
fermée, comme elle le serait si elle tenait
une pierre pour la lancer. C'est ainsi que^
sur une médaille des Tyriens, on toit Ibrt
distinctement la pierre que Cadmus tient
dans sa main (155) ; on ne voit pas, non
plus, qu'il y ait des pierres en l'air, ou d'au-
tres éparses sur la terre.
—Mais; disent les critiques^ nous voyons
qùé ces deux personnages ont la main éle-
vée, n'est-ce pas là le geste de personnes
qui jettent quelque chose derrière elles ?
— Sans doute ; mais combien d^autres
choses ce geste peut aussi désigner 7 Nous
avons en effet une infinité d'exemples, tirés
d'anciens monuments, sur lesquels on voit
des figures ayant la même position, et que
les artistes ont donnée à des personnes qui
ne Jettent pas des pierres, mais qoi pérorent^
qui sont aans l'admiration, qui s efforcent
o'apaiser des querelles, qui invoquent la di*
tinité, ou font toute autre chose que de je-
ter des pierres.
Pourquoi donc se refuser à reconnaître
dans cas deux figures, Noé et son épouse,
nouvellement sortis de l'arche, manifestant^
en élevant leurs mains vers le ciel, leur ad-
miration et reconnaissant qu'ils n'ont été coiv^
serves que par uu miracle? C'est ainsi que
chez les Athéniens, la loi ordonnait d'élever
(155) Ârciueologia pmb&sked *f îhe Mdefy of
amliquaHes ûfLomdom^ tom. iV, p. 515.
(154) Voir IK}rf riiia Nummorum reterum, too. Ul;
p. 152, 8 vol. ÎD-S* ; Yieiiue:
(155) Vaula!(t, in Colon, ittb Cordhno cl Gd^
lieHO,
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MON
DICTIO.NNAIUE APOLOGETieUE.
UÙS
m
les csains vers le ciel lorsau'on faisait des
vœux à la Divinité (156). G est ainsi que les
Argonautes firent le même geste lorscpi'ils
se lurent emparés de la toison d'or.
« Les héros de Mynie, nous dit le poëte,
furent remplis d'une grande joie, et élevè-
rent leurs mains vers les dieux qui habi-
tent le vaste ciel (157). »
— Mais, iit-on encore, comment les Apa-
méens de Phrjgie, non chrétiens k cette
époque, ont-ils pu aller chercher» pour leurs
monnaies, un type tout à fait étranger à
leur ville et à leur religion ?
— On répond d'abord qu'il n'est aucun
érudit qui puisse présumer assez de soi-
même t pour espérer découvrir l'orisine et
les causes de tout ce que les peuples de
l'antiquité ont cru devoir consigner sur
leurs monuments; il n'en est pas un, non
plus, qui soil assez déraisonnable pour se
refuser à croire à un fait attesté par des
monuments, sous prétexte qu'il n'en connaît
f)as les causes. Nous devons donc croire que
es Apaméens ont jugé convenable de rap^
peler le déluge de Noé sur leurs médailles,
précisément parce que ces médailles nous
présentent ce f&it avec la dernière évidence.
H est cependant quelques considérations
qui peuvent nous rendre compte de leur
conduite, et nous aider à dissiper les voiles
qui couvrent ce fait historique ; ces considé-
rations nous sont fournies par les livres
Sibyllins, livres trop vite condamnés par les
érudils des siècles derniers (158). Falconer
les avait dé^'à invoqués; mais, préoccupé
de ridée qu il s'agissait, sur ces médailles,
lu déluge de Noé et aussi de celui de Deu-
caUon, it n'en avait pas tiré tout l'avantage
qu'ils offrent pour l'explication de la pré-
sente quesUon.
Voici le passage de^ livres Sib)rllins(159] :
« 11 y a sur le continent de la noire Phrygie
une montage haut élevée et inaccessible ; on
rappelle Ararat, parce que c'est là que tous
durent se réfugier. C'est de là que prennent
naissance les sources du grand fleuve, le
Marsyas. C'est sur le sommet de cette mon-
tagne, que l'arche (Kibotos) se reposa lors-
que les eaux se furent retirées. »
On peut tirer de ce passage les conclu-
sfuns suivantes, toutes en faveur du senti-
ment que nous défendons :
f II s*agit ici évidemment du déluge de
Woé, et non de celui de Deucalîon, dont Tar-
che, dit-on, s'arrêta sur le mont Parnasse,
tandis que les plus anciennes histoires
(153) Voir DÉMOSTnÈ.HEs, adv, Macarlato», 1038,
et adv. Uidiam^ p. 611.
(i67j npmç Mcvvixc {ity lynOiov, av 8'«o« yc^^;
AOccvaTêi; ôiipov, o7 ovakvov cvpuv ^ovatv.
(Argon, v. lOif.)
H58) Voir la mention qui a été faite dans le
nf 59 des Annales de pltHus,, tom. VII, p. 351, ci^un
Mémoire de M, Futur, tn à la Société littéraire de
Londres, dans loquet fauteur rébabllite Tautorité
nous disent que l'arche de Noé s'arrêta sur
le mont Ararat.
2** Le lieu où cet événement arriva est
désigné, dans les vers Sibyllins, par des
caractères très-clairs, et qui ne permettent
pas de douter qu'il ne s'agisse ici d'A|)amée*
C'est d'abord le nom de Kélanès de Phrygie
qui lui est donné, et puis celui de Kibotos,
qui est cité un peu plus bas; et nous avons
vu qu'Apamée avait primitivement porté ces
deux noms. Ensuite^ ^indication du fleuve
Marsyas, qui en effet prend sa source au
pied d'Ai}amée, ne laisse aucun doute.
On voit donc que c'était une tradition
ancienne, que l'arche du déluge 2»'était ar-
rêtée à Apamée ; or, ce déluge est celui de
Noé, et non celui de Deucalion. Il s'ensuit
3ue les Apaméens n'ont i)u nppcler que le
éluge de Noé, lequel seul avait Quelque
rapport avec leur ville, et non celui ue Deu-
calion, dont ils n'avaient aucune raison
particulière de rappeler ou de conserver le
souvenir.
Il ne faudrait pas que l'on vint objecter
ici que les vers Sibyllins ne sont pas d'une
authenticité à, labri de toute critique. Ils
n'^ont pas besoin d'une plus grande au-
thenticité pour nous servir dans ta question
actuelle. En effet, il est certain que ceux
qui les ont composés ont suivi une tradition,
une croyance qui existait de leur temps. A
cette époque donc, il y avait des personnes
Îui croyaient que la montagne qui domine
pâmée était ce mont Ararat^ où s'arrêta
Y Arche , et ils devaient être d'autant plus
portés à le croire, que le nom ancien de
cette ville était Kibotos^ c'est-<\-dire Archs,
nom qui n'a pu lui être donné que d'après
quelque allusion à un vaisseau ; or, Af>aroée
ne se trouvant pas sur le bord de la mer,
d'où lui serait venu ce nom?
On connaît d'ailleurs combien les Grecs
étaient portés à accueillir tous I#s traits qui
pouvaient donner à leurs villes quelque re-
nom, témoin leur dispute sur la patrie de
Jupiter, de Bacchus, d'Homère, etc.; il ne
faut donc pas s'étonner que les Apaméens,
ayant appris d'une manière queicon€|uc,
qu'une tradition portait que l'arche s était
arrêtée chez eux, aient saisi cette occasion
de se donner de l'importance^ en attachant
à leur ville le souvenir d'un événement si
célèbre dans la vieille antiquité. Peut-être
même ont-ils voulu, en frappant ces mé-
dailles, contrebalancer et détruire les pré-
tentions des Grecs, qui se vantaient de ce
que Deucalion était venu aborder sur une
de quelques-uns de ces livres.
(159) *EffTiSt Tc ^/svycqc.cicè qrcî^oco picXacyijf (a)
*Ott* a/sa au^no-eo^ai ctt* outû nicrrtç tyMw%
^Ev TOuT«o fieyiàn èè iroOiJ mttAvfAtoç in-
(Uv. I, X. soi ; Paris, Didot, 1841.)
(a) Au Ken de mcX«Ivi,«, que poriciit maintenant les vers sybyllins, Eckel lit ici Kùmi^^ , avec Bocbarl, Géographie
sacrée, liy. i, ch. 5; d*autant plus que KtWtv^; et )uX«iv« signifient l'un et.Fautre iwîr. D'ailleurs ic mot mùmnit est ap-
pît^ué à la Phrv^*e, au liv. i», v. 407. , ^ •
m
«ON
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MON
174
de leurs montagnes. Ceci eiplique de reste
commeoi ils ooi pu faire usage de lliistoire
de Noé, et apposer soa nom sur leurs mé-
dailles, bien que ce nom leur fût étranger.
Mais ee qui surtout nous doit déterminer
à reconnaître que c'est bien le déluge de Noé
lioot on a Toulc rappeler le souvenir sur
ces méJaiJIes, c*e$t le nom de ce patriarche
inscrit sur le côté de Tarcbe. Car, s*ii est
douteux que la troisième lettre, presque
eotièremenc effacée, soit un E, au moins
e$t-il hors de doute que les ileux premières
soBl HO. Or* aucune conjecture plausible ne
peut élre laite sur le sens de ces lettres par
ceui qai ne Teolent pas Toir sur ces mé«
dailles le déluge de Noé, tandis que tout se
réaoit ^nr prouver que c'est de ce déluge
qull s agit. Ainsi toutes les figures de ce
tjpe nous disent que c'est nae qu'il but
lire ici, et rinscription, à son tour, donne
■ae ooufelle preuve que c'est du déluge
de Noé que les figures veulent parler. D'au-
leurs, ce n'est pas sans raison que les Apa-
luéens ont inscrit ce nom sur leurs médail-
les : cooiine ils roulaient distinguer leur
<ié!oge et leurs médailles de celui de Deu-
caiiOB el des médailles oui avaient été frap-
{•ées pour en rappeler le souvenir, ils ont
dû inscrire le nom de kûe, qui seul était
capable d'ôler toute ambiguité.
£a oBire, plusieurs eiemples viennent
90QS prouver que c'était une chose reçue
cbcz les anciens, d'inscrire sur les vaisseaux
iBémes les noms des personnages dont ils
rappelaient le souvenir. C'est ainsi que les
Magnésiens et les Ioniens nous ont laissé
plusieurs médailles qui portent aussi un
vaiflMao, ei le vaisseau porte écrit sur un
de ses côlés le nom d'APro, Ar^os, bien que
te nom n'appartint, ni à leur ville, ni à leur
nation ; mais pour avertir ceux qui Terraient
Ces médailles , de quel vaisseau ils rappe-
bieat le souvenir. Les Apaméens ont dû
bire de même, et inscrire sur leur vaisseau
le nom de celui qu'il devait contenir, et par
conséqueot Noé.
Toutes les circonstances, comme toutes
les recherches et toutes les critiques, s'ac-
cordent donc à reconnaître que les médailles
des. Apaméens nous ont conservé la preuve
qve le soa venir du déluse de Noé, et le
nom de ce patriarche s'étaient conservés
c:>ez les peuples de l'Asie.
Sur la forme carrée donnée à Tarche sur
tes médailles d' A pâmée, le docteur Wise-
BU[n.a recueilli quelques documents que
nous copions ici.
« On pourrait objecter qu'une pareille
t^ire donnée à l'arche s'accorde aiflicile-
l€<*-6l> Borna lubUrranea; Borne, 1631, lom.'I.
I- 'i5, 351. 355; loio. Il, p. 14i.
ici; /Hrf. 539, 551,566.
'Il»3) O^ser^aûom topra aUtad frammtnli di vasi
Atidhidi wtirû^ loin. I, 6g. 1.
iî^p DiMMertmtm de dtMbw embUmatibus mu$mi
urd, Cmrphui, Rome, 1748, p. 18. Bîancbioî a aubsi
^Mié,d*après «a ancien verrp, une représenulioa
et b Méing scène <rn jnin'ature.
ittS; ViDfrt las eiempK» dans Annfçbi, t. II, p.
ment avec la description que les historiens
sacrés ou profanes nous font du déluge ; les
uns et les autres supposent que non-seule*
ment Noé et sa femme, mais aussi toute sa
fomiile et un grand nombre d'animaux, ont
été renfermés dans l'arche. De telles cir-
constances ne peuvent guère être exprimées
par la fij^re d*un petit coffre contenant
deux individus. Pour lever cette difficulté,
je proposerai une cf'mparaisôn entre les
premiers monuments chrétiens et la repré-
sentation que nous offrent les médailles.
Personne ne peut douter que dans les mo-
numenls chrétiens, on ait eu en vue le récit
de TEcrilure. Eh bien 1 1 arche y est toujours
représentée comme un coffre carré flottant
sur un courant d'eau ; on n'y voit que la
personne du patriarche jusqu à la ceinture,
et au-dessus la colombe qui lui apporte la
branche d'olivier. Telle est la manière dont
le sujet est représenté sur auatre sarcopha-
ges dans les dessins d'Aringhi (160-61) ; ainsi
on le trouve dans la peinture de la seconde
chambre du cimetière de Calliste (162), et
enfin sur une feuille de métal dont le sé-
nateur Buonarrotti nous a donné le des-
sin (163), et Ciampini Texplication (16^).
Quelques-unes de ces peintures montrent
le. couvercle du coffre ouvert sur la tète du
patriarche, ainsi que dans les médailles d'A«
pâmée (165). Dans celles-ci encore, la figure
de Noé est quelquefois .représentée en de-
hors de l'arche, sur la terre fermé, avec la
colombe symbolique, qui sert à le désigner;
car, parmi les symboles chrétiens les plus
communs , Beldetti compte celui-ci : < Noé,
quelquefois dans Tarclie et quelquefois en
dehors, avec la colombe (166). » E^fin la co-
lombe est de temps en temps perchée sur
l'arche, comme on le voit sur la médaille
dont nous donnons le dessin; mais alors
la figure du patriarche est omise. Il en est
ainsi sur la pierre de Foggi, décrite par Ma-
machi (167). »
y. — Snr le Utre de BasUicot que Ton Vnnre dans saint
iean.
Saint Jean donne au père du jeune homme
3ue Jésus guérit de la fièvre, sans le voir et
'une seule parole, le titre de pmaùirw^ que
la traduction française rend par seigneur de
la cour; or, on objectait que ce titre était
totalement inconnu en Palestine (168). Mais
voilà que Texactitude de cette dénomina-
tion vient d'être démontrée par une inscri-
f>tion trouvée sur la statue de Memnon,
aquelle fait mention d'un Ariemidore^ sei-
gneur de la cour (basilicos) du roi Ptolé"
mée (169).
67, 105, 187. 515. ^ '
(166) Obsenaiioiu sur les cimtUtres^ Rome, 1720,
tom. 1, p. 22. s ^
(167) Origine et aniiquiU des chrétiens^ liv. xs«
UMB. III; Rome. 1731.
(168) Observationes flavianap, p. 144.
(169) AfTttuZtàpoç Ux^ysuMin fkaàtxovi. Mt'KTCi,
Recueil d'ùb'urratwns religieuse» , diaprés le» mar^
bres grecs^ dans les Miscellatua de Copenhague, looi.
I, I8iG.
175
MON
DICTIOlNNAIRE
Vl. — loscriplions prourapl le granJ nombre des Martyrs.
Gibbon et Dodwel avaient avancé que le
nombre des martyrs n*avait pas été 1res-
considérable, et que TEçlise, après le règne
de Doniitien, avait joui d*une tranquitlité
parfaite (170). Or, toutes ces assertions sont
détruites par les inscriptions recueillies par
Visconti (171), par Aringhi et par d'autres.
Kn voici une de ce dernier, qui expliquera
quelles difficultés éprouvaient les cnrétiens
pour conserver les corps de leurs martyrs.
« Alexandre n'est pas mort; il vit au-des-
sus des étoiles, et son corps repose dans cette
tombe. Il a cessé de vivre soûs Pempereur
Antonin, qui ne lui paya que par de la
haine ce qu'il lui devait do faveur et de
bonté. Car, tandis qu^il fléchissait les genoux
pour sacrifier au vrai Dieu, il fut entraîné
au supplice. 0ht malheureux temps, où,
au milieu de nos cérémonies sacrées et de
DOS prières, nous ne pouvons être en sû-
reté, même dans des cavernes! Quoi de plus
misérable pour ik)us quel» vie? Mais d*un
autre côté, quoi de plus misérable aussi que
la mort? Car nous no pouvons pas même
être ensevelis par nos amis et par nos fa-
milles (172). »
y\\. — Qui doit c^irc cm de la Bible qui dit (i»*il y avait
du via en Kgvptc, ou d'Hérodote qui dit cxpfe^mettl
qu^ii û'y eu avait pas.
« Dans le siècle dernier, les livres de
Moïse furent souvent attaqués, à cause des
raisins et des vignes^ et peut-être du vin (173)
dont il y est fait mention (17l!i>), comme appar-
tenant au sol et aux usages de l'Egypte (175).
Car Hérodote nous dit expressément qu'eu
Egypte il n'y avait point de vignes (176), et
Fliitarquc nous assure que les naturels du
pays abhorraient le vin, le considérant
comme Ye sang do ceux qui s'élaienV révol-
tés contre les dieux (177). Ces autorités pa-
rurent si concluantes, que les assertions
contraires de Diodore, de Strabon, de Pline
et d'Athénée furent considérées par le
savant auteur des Commentaires sur les lois
de Moïse comme ne pouvant infirmer tou-
tes ensemble le seul témoignage d'Héro-
dote (178). De là, il conclut qfi9r\& vin était
prescrit dans les sacrifices juifs, à l'eilet de
détruire tout préjugé venant des Egyptiens
k regard de cette boisson, et pour détacher
i*ncore davantage le peuple élu de son affec-
tion renaissante pour ce pays et pour ses
institutions. Plusieurs savants ont partagé
cette opinion. Le docteur Prichard citt les
nblations de vin parmi ceux des rites hé-
breux qui sont « ou en rapnort d'imitation
ou en contradiction avec les lois de TE-
g^vpte (179), » Et comme ce rite assurément
^ fil9) Décadence et chute de V Empire romain, chap..
fff,ei bmeftationes Cfprianœ^d'ni, il, p. 57.
(i-71) Memêrie romane di anttclnta^ lom, 1, 182.%.
\ïl^) Alexander morlmut non Mf , etc. Aai.NGni,
Sioma tubterranea^ tooi. U^ p. 685.
(173) ^ttlfl. XI, 5.
(174) Gen, xi, 9; xuii, 13.
(175) Voyez Bcllst, Répontet critiques; Besan-
con, 1819, tom. III, p. Ui.— Le Bibie vengée, de
Dua.es, Brcscia, 18il, lom. Il, p. 214.
APOLOGETIQCE. VLQiS 176
ne saurait être rangé parmi ceux de la pre-
mière classe, je suppose que nous devins
considérer le docteur Pricnard comme étant
de la même opinion que Michaëlis. Tant
que l'autorité d'Hérodote a été jugée supé-
rieure aux divers témoi^^nages des autres
écrivains, on n'a pu opposer que de faibles
arguments à l'objection fondée sur cette au«
torité. Aussi nous voyons les antcurs qui
ont entrepris de la combattre recourir à des
conjectures puisées dans l'invraisemblance
d*une telle supposition, ou imaginer une
différence chronologique de circonstances
et un changement de coutumes entre les
temps de Moïse et ceux d'Hérodote.
« Mais les monuments égyptiens ont décidé
la question, et naturellement l'ont décidée
en faveur du législateur hébreu. Dans \a
grande Description de f Egypte^ publiée par
le gouvernement français après l'expédilion
faite dans ce pays, M. Costaz fait le tableau
détaillé de la vendange égyptienne, depuis
la taille de la vigne jusquli l'extraction du
vin, en se réglant sur les peintures qui se
trouvent dans l'Hypogée, ou souterrains
d'Jbilithyia, et il blâme sévèrement Héro-
dote pour avoir nié rexistence de la vigne
en Egypte (180).
« lilh 1825, cette question fut agitée de
nouveau : dans le Journal des Debaîs^ un
critique, rendant compte d'une nouvelle
édition d*Horace, en pnt occasion de faire
observer que le vinum mareoiicum^ dont if
est parlé dans la trente-septième ode du pre-
mier livre, ne pouvait être un vin d'Egypte,
mais devait provenir d'un district de l'Epire,.
appelé Maréotis. Cet article parut dans le
journal du 26 juin. Le 2 et le 6 du mois sui-^
vant, Malte-Brun, dans le même journal^
examina la question^ principalement en co
qui touche )% témoignage d'Hérodote. Au
reste, dans ses preuves, il ne remonta pas
plus haut que les temps de la domination
romaine et grecque. M. Jomard entreprit
de discuter ce point plus à fond, et dans
une feuille périodique, pkjs propre à de
telles questions qu*un journal quotidien, y\
poussa ses recherches jusqu'au temps des
Pharaons. Après les peintures déjà citées
par Costaz, il en appeUe aux restes d'am^Ao--
re«, eu vases à vin, trouvées dans les ruines
des anciennes villes de l'Egypte, et encore
imprégnées du tartre <(ui y fut déposé par
le vin (181). C'est depuis la découverte de
l'alphabet hiéroglyphique par Champolliou
3u'on peut regarder la question comme
écidée;car il parait maintenant certain que
non-seulement le Tin était connu en Egy-
pte, mais encore qu'on en faisait usage
dans les sacrifices. Dans la peinture des of-
(l7e)Llv. n,cb. 77.
(177) De hide et Osiride, ^ S.
. (17S) Toia. III, p. 121 et&uiv., Irsd. augh
^179) Analyse de la mylholvgie des EgyptUit^t P«
441 — (GuÉNÉB, Lettres de quelques Jutfs; Vêùs^
1S21, toin.l,p. 192).
(180) Deicnptîon de C Egypte, Autiq.,l0CD. 1, p. 62;
Paris, 180S.
(181) Bulletin universel^ sect. 7^ lom. IV, p» 78»
IT7
mcnO^CvlIRE APOLOGETIQUE.
MON
|T8
fra^'îtM; jïims Torofw représ^nl(^5, cotre aa-
ires doDSp des Oâcous remplis dTune cou-
I^cr rouge josqa'aa goulot, qui est blanc
tomme toul Tase transparent; et on lit au-
l*rès eo caractères hiéroglyphiques, le mot
I?H qai« en cophle, signifie vin (182).
• Rosellioi a représenté, dans les planches
de son bel ouTrag't, tout ce qui concerne
la Tendange et Ta manipulation du Tin.
Auparavant, il arait publié à Florence un
ia% relier égyptien, tiré de la saJerie du
gfaiidsluc : on w Toyait une prière en ea-
lai'tères hiérOi^Typhiques adressée comme
i; le suppose, à la déesse Atbyr, et dans
lacvelle oa la conjurait de répandre sur le
défunt do TÎn, du lait, et d*aulre$ substan-
rfs salutaires. Ces objets sont représentés
\^r des Tases qui sont censés les contenir,
H leurs noms sont écrits à Tentour en hié-
roglrphes. Autour du premier yase^ on TOtt
la fmc, la frou^At, et le carrée caractères
pMMiétiqoes des lettres EPH (183); et je ferai
obserfcr ici que le savant Scnweigauser,
dans SCS remarques sur Athénée, paratt
(louter de Texactitude des assertions ae Ca-
saubon, qui prétend que i^tç était le mot
^Srpticfl signifiant iTtu (18%), quoiqjue la jus-
tesse de eetle interprétation soit clairement
proBTée fÊg Euslalbius et Lycophron. S*il
eût écrit après qu*on a eu découvert ce mot
eiprimi en caractères hiéroglyphiques, il
aoraJI smos doute chanj^ d'opinion; et,
d'an autre côté. Je ne doute pas que Cham-
l^lfion et Rosellini n'eussent appuyé leur
Jfllerprétation du témoignage de ces deux
anciens écrirains, s'ils Teussent connu.
— IftS
égrp^ieBiies. — iBunorUUlé de rime.
IMS. -* Arts d^sgréments. — Husique.
— Jeo des femmes. — Combats de tau-
Les manmnents deFEgypte, arec les scul-
ptures ei les peintures au'ils renferment, se
l>résenteD4 scus un triple point de Yue. On
peut les considérer comme ouvrages d*art,
n»mme documents historiques ou comme
féraoigoages, pour confirmer ou réfuter les
ootioiis que nous fournissent, sans les prou*
Tpr, les Bébreux, les Grecs ou les Romains ;
00 finalement comme des moyens de déter-
miner rétat de I9 ciriUsation à l'époque de
1 i-rectioa de ces monuments. Sous le pre*
mier rapport, il y a peu de chose à dire ; le
caractère de Tari égyptien était véritable-
tuent stéréoty|)é, car il était sujet au con-
tr&le de la caste sacerdotale, et tonte dévia*
lion des formes établies était prohibée. Sous
le poiol de vue historique, ces monuments
présentent nécessairement de grandes la-
cunes, car tous les rois n*aimaient pas à
I4tîr; leur valeur historique est cependant
(fS2) Letirei à M, le duc dé Biacûs^ première,
lettre^ pu ùJ»
ifSSi ir«a bas ' relief égvpiieii de b galerie de
llareBee. Ibid.^ 1826, p. 40. Wilkinsoo s aussi la
le Même oioi. Mat, hierogL^ p. 16, note 5.
p. 1 1S. 11 trouve le mot ipnif dans«ane ciialion de
V>|p|io, ^«oiiiQe dans un auirc passage il lise (liv. x,
considérable corame-eipKoalion subsidiaire
des documenta écrits; et notamment le
Peniateuque en reçoit des éclaircissements
3 ni dissipent menreilieusemeut Tobscurité
e certains passages.
Quant à lYtat de ta civilisation^ des dé«.
couvertes récentes nous ont fourni les
moyens de déterminer Tétai social de Tan-,
cienne Egypte; nous avons des peintures
de leur vie puMiqiie et de leurs mœurs
domestiques; ces peuples nous ont légué.
tous les détails de leur manière de vivre
depuis le conseil du roi jusqu*au berceau
de Tenfant, non point décrit en termes
vagues, mais leur pensée ayant pris corps,
par les formes de la peinture et de la scul-
pture, n'exigeant aucune étude préliminaire
pour être comprise, ni une science bien,
profonde pour être interprétée.
Il y a peu de nations dont les formes ex-
térieures de la civilisation aient aussi clai*
rement révélé Topinion intime sur laquelle
elles étaient basées, comme les anciens
Egyptiens. Il est impossible de contempler
quelque grande collection de leurs antiqui-
tés, sans apercevoir que ta pensée la plus
influente, aans leurs opinions religieuses
et sociales, était la croyance d*one conti-
nuation de rètre après la mort. Mais cette
croyance était grossière et sensuelle: c'est
pourquoi ils mettaient tant d'importance k
la conservation des corps. L*ancienne E:^ypte,
cojimela Chine moderne, était spécialement
gouvernée par le bâton. Los Musulmans,
qui connaissent bien son efficacité, ont un
proverbe favori : « Le bâton est descendu
« du ciel, c*e5t un bienfait de Dieu.» Les
maîtres de l*Eg3rpte, dans tous les siècles,
se sont évertués à faire jouir les peuples de
ce bienfait. Ammien Marcellin dit que, de
son temps, on se faisait un point d'hon-
neur de supporter la bastonnade pour élu-
der le paiement des impôts. La même chose
a encore lieu de nos jours.
M. Witkinson, qui a |)assé plusieurs an-
nées dans les toml>eaux de Thèbes et <io
Memphis, pour dessiner les peintures qu'ils
renferment, nous a transmis de curieux
détails sur les arts de Tépoque la plus re^
culée. Ainsi, dans le tombeau de Thothmo-
sis 111, contemporain de Moïse, et proba-
blement le Pharaon de l'Ecriture, on voit
un cordonnierarmé de Talène et du tranchet,
de la même forme que ceux dont nous nous
servons, et faisant usage du tire-pied re-
tenu par son orteil. Dans le même tableau,
on voit un ébéniste incrustant un morceau
de bois rouge dans une planche de syco-
more jaune; à côté de lui, est un petit
coffre marqueté de bois de diverses cou-
leurs. Un autre ouvrier prépare de la colle
lAiB. IV, p. 55) ôXir«. Ce savant rrîtiqne sembla
avoir proaré que le dernier lexie est le plos correct.
{Ammadv. in Âth.; \9M^ ton. V, p. 575.) Cepen-
dant la décoarerie, en caraeléres hiérogl^hiqnea^
do mot égyptien donné aa vin par les anciens écri-
vains, ainsi que les anlrcs déiails rapportés dans le
te\le, doit être considérée cmunip on arguneat puis-
sant en faveur du svsicii.e pliouéti<iuc.
179
MON
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MON
iSO
Sue son camarade applique à deux pièces
e bois pour les réonir, et celte peinture a
au moins trois mille trois cents ans l L'ha-
bileté des Egyptiens pour allier et travailler
les métaux est suffisamment prouvée parles
nombreuses pièces dont fourmillent les mu-
sées de l'Europe. Ils avaient surtout le se-
cret de donner aux lames de bronze un
certain degré d'élasticité, comme on peut
le voir dans le poignard du Musée de Ber-
lin, ce qui probablement dépendait de la
manière de forger le métal» ei dans les jus-
tes proportions de Talliage. Certaines habi-
tudes parmi les hommes de la même pro-
fession se retrouvent quelquefois dans des
«!ontrées très^éloignées ; et dans les tableaux
en question, on voit souvent le scribe avec
sa plume de roseau derrière l'oreille pen-
dant qu*il parle à (}uelqu'un, comme nous
le voyons tous les jours dans nos maisons
de commerce.
Le soufflet» comme on l'emploie encore
dans quelques provinces du Midi , étak
connu des Egyptiens. C'est un sac de cuir
avec une douille, sur lequel un homme
nresse avec le pied ; une ficelle, qu'il tient à
la main^ sert a relever la peau pour faire
rentrer l'air. Dans la tombe d'Amunoph 11,
quatorze cents ans avant Jésus-Christ., on
voit un Egyptien qui se sert d'un siphon
pour vider un vase qu'on ne peut pas re-
muer. Il n'est pas improbable que cette
invention soit due à la nécessité de laisser
déposer l'eau bourbeuse du Nil.
D'après la fréquente répétition de ban-
quets et de festins que l'on voit sur les
monuments, il est évident que les E^ryptiens
étaient un peuple très-sociable; ils n'ont
rien négligé de ce qui pouvait proToquer
ou augmenter la gaieté; la musique, les
chansons,, la danse, et même des sauteurs.
Bes jeux de hasard occupaient le temps entre
rarnvée des conviés et le commencement
de la fête. Les personnes de haut rang
venaient en palanquin et. en chariots, et
escortés par une nombreuse suite; on voit
môme des coureurs, comme c'était encore
la mode chez nous dans le dernier siècle.
Dans la première pièce on trouvait de
l'eau pour se laver les mains et les pieds;
l'absence de gants et les sandales ouvertes,
ren(lai.ent cette pratique générale parmî les
anciens. Dans quelques occasions on offrait
des vêtements aux convives, et négliger de
s'en revêtir était manquer de respect au
maître de la maison: Ceci explique une des
paraboles de Jésus, qu*un convive fut igno-
minieusement expulsé parce qu'il n'était
pas revêtu de l'habit de fête ; circonstance
qui a tant exciié les clameurs des philoso-
phes du xviu* siècle, parce qu'ils ignoraient
cette particularité des habits fournis aux
convives par Je maître du festin. Ensuite
on répandait des parfums précieux sur les
invités, coutume que les Juifs avaient em-
pruntée des Egy|)tiens, et qui se pratiquait
encore en Palestine du temps de Notre-
1185) Matth. XXVI, V. 6, 7.
Seigneur (185). Les reproches que Je pro-
phète Amos [186) adresse aux Juifs sur leur
nite de table, ne sont que la description
d'un banquet égyptien.
Une troupe de danseurs de profession se
composait d'hommes et de fbmmes; les
hommes faisaient aussi des tours de force,
des sauts périlleux, ou marchaient la tête
en bas, etc. Parmi les jeux, on voit le jeu
d'échecs et la mora des Italiens. Plusieurs
des peintres égyptiens montrent beaucoup
d& talent pour la caricature. II y a un ta-
bleau au Muséum britannique, où des dames,
dans une réunion, sont représentées dispu-
tant sur la beauté de leurs boucles d'oreil-
les et l'arrangement des tresses de leurs
chevelures, avec une vivacité, un esprit de
rivalité tout à fait caractéristiques. Dans
une ou deux occasions, Tartiste, ften galant»
a peint des dames que le plaisir de boire
avait entraînées trop loin, et qui ne peuvent
plus dissimuler leur indiscrétion.
I^s dames jouaient & la balle relies étaient
assises sur le dos de celles qui avaient nian-^
que, et lorsqu'une joueuse manquait à son
tour, elle servait de siège à une nouvelle.
Cette manière était connue des Grecques,
qui appelaient les vaincues des ânes^ parce
qu'elles étaient obligées d'obéir à celles qui
avaient gagné. Les escamoteurs se trouvent
aussi dans les fêtes ; le professeur Rosellini
a publié une gravure, dans laquelle on voit
quatre coupes renversées, et sous une d'elles,
une balle est cachée par le charlatan, dont
le coup d'œil rusé et le regard plein d'in-
dulgence malicieuse, le rendraient di^ne de
figurer parmi les plus habiles de nos jours;
en y voit même le niais^ qui se présente
fiour deviner sous quelle coupe est la balle.
1 serait difficile de trouver dans nos temps
modernes quelque coutume ou quelque
amusement qui ne se retrouveraient pas
chez les Egyptiens du temps des Pharaons.
Ainsi,, on voit un singe, un petit chien ou
une gazelle près de la maîtresse de la mai-
son, tandis que les convives viennent la
saluer à mesure qu'ils arrivent; les jouets
d'enfant sont aussi variés que chez nous,
même y compris les pousas; les nains, que
nous avons vus à la cour de nos rois, il y a
deux siècles, étaient aussi à la cour des grands
en Eg^^pte, et quelquefois aussi par su-
perstition, ils prenaient auprès d'eux des
créatures difformes, ou qui avaient quelque
ressemblance avec l'aspect d'un de leurs
principaux dieux, Phtah^Sokary-Osifis^ la
divinité informe de Mempbis. Il est assez
singulier que les Egyptiens aient eu, il y a
trois mille cinq cents ans, les mêmes gcûts
qu'on a revus depuis à Rome et dans l'Eu-
rope modernje.
Les combats de taureaux n'étaient pas
oubliés, et /«â torvéadore$ étaient plus in-
trépides que ceux d'Espagne, car ils atta-
quaient l'animal, n'ayant qu^Jne main de
libre, et se faisaient lier l'autre pour mon-
trer leur courage et leur dextérité. L'espace
(186) Amos^ VI, A, 6.
m
MOR
DICTIOMNAIRE APOLOGETIQUE.
MOU
I8<t
oe noas pennet pas de présenter tous les
nn[Ta:hcn]ents oae les coutumes de ces
ucieos peuples offrent avec les nôtres, et
surtout afec celles du peuple Juif, dont les
IWres sacrés se trourenl ainsi expliqués de
h manière la plus évidente ; car la Véracité
hisioriqae de Moïse ne peut plus, d'après
cela, donner lieu au plus léger doute. On
trourera de nouveaux documents dans le
erand ouvrage du professeur Bosellini, le
digne successeur de Champollion.
MOORE (Sir Thomas), réfuté sur la ques-
tioo des antipodes. Voy. Antipodes.
MORAL. Fruits du christianisme dans
r»rdre moral. Voy. risTRODucTioN on tête
dû premier vol., § XI. — L'ordre moral
dans ses rapport^ avec la peine et la jouis-
sance. Voir. Ei.TJs, 51.
MORAI^ DU FOVRiÉmsiiE. Voy. FouniÉ-
11S11.
MORT fia). — Par suite des progrès de la
Kéologie et de la paléontologie on a été con-
âoitHaire Tobjection suivante :
• Les théologiens prétendent que la mort
est le r^ltatdu péché; cependant si Ion
TDlerroge les entrailles de la terre, on y
trouTefianombrables fossiles qui attestent
des desUnctions bien antérieures à la créa-
limi denM)inine. Ces temps mystérieux qui
précédèreot Tavénement de Thomnie sur la
terre, nous présentent la mort organisée sur
une écielle immense. Des marbres, des
ra/ca/res, des cra^îes , des grès, des marnes
cootiennent un nombre incalculable de corps
réirfflés, jadis doués de sensibilité et de vie.
Ceci est indal>itable. Les savants, les géo-
logues, les physiciens, les naturalistes le
confirment a Tunan imité. Cependant les
théologiens enseignent que la mort est en-
trée dans ce monde par le péché ; et que
sans le péché, jamais elle n'eût paru sur la
terre. Or, nous trouvons la mort et le mal
largement établis ici-bas, bien avant la créa-
tion d*AMain. Partant. Thistoire de la chute
</e DOS premiers parents ne peut être qu'une
aliéi^onc, un noytne oriental dont on a perdu
le sens. Si donc le récit hébraïque, reçu pour
la plus rationnelle et la plus vénérable des
traditions, le livre inspire, donne lieu à des
alisurdîtés pareilles, comment croire aux
autres genèses? D'autre part^ puisqu'on
rencontre des n^ythes au frontispice de cha-
que histoire, pourquoi ne s'en trouverait-
i( pas dans celle de .Moïse, le vétéran des
chroniqueurs T »
Dès lors 9 s'éloignant du Christianisme,
sasnectdnt chaque tiistoire, récusant L'auto-
rité de toute tradition, les panthéistes es-
saient, par les seules lumières, de l'idée,
d'éclairer le passé , et, par le passé, de for-
muler Tavenir. Au moyen de la raison pure,
ils précisent des faits généraux sur lesquels
s'appuie leur doctrine. Loin de procéder
régulièrement, en progressant du connu
vers rinconnu, ils veulent, du doute nositif
monter h la certitude, et partis de 1 hypo-
lIST) Kmt Martin, De rédueathn des merci de
f^nhtte, lom. Il, p. 2^4.
thèse et du système, arriver à la vérité. Unc^
fois débarrassés de la tradition, rien n'en-
trave leur marche; ils se précipitent dans
le panthéisme, ce vaste carrefour de toutes
les erreurs.
C'est réellement pour n'avoir pu concilipr
avec les principes des sciences naturelles»
les prétendues suites du péché origineU quo
les théologiens allemands, développant l'i-
dée de leur docte maître, Eichorn, a savoir,
l'existence du mythe dans le premier chapi-
tre de la Genèse, ont ouvert leur école* à
tous les abus. De là, négation de la divinité
du Christ, négation de l'inspiration des saints
livres, négation de la rédemption : l'homme
n'a pas été réhabilité, puisqu'il n'était pas
déchu. On ne relève point ce qui n'est pas
tombé ; et il n'est pas tombé , puisque le
récit de sa chute est purement mythique ; et
il est mythique, sous peine d'être déclaré
mensonger : car la science dément sans ré-
plique, les prétendus effets dn péché origi-
nel. Ainsi : — ils ne veulent point de la
déchéance, parce qu'ils dénient les suites
du péché d'Adam : la douleur, les maladies,
les poisons, la mort, etc., — parce qu'ils
prennent, de très-bonne foi, son récit pour
un mythe rudimenlaire; — et toujours ils
aboutissent à la négation absolue de la
chute. Puis, sous le prétexte que nous sou-
tenons l'absurde, sans entrer en discus-
sion, ils nous mettent hors de débat. Le té-
moignage des savants est leur Gn de non-
recevoir, pour nous débouter de l'instance
en polémique.
£n détruisant le dogme de la déchéance,
les panthéistes effacent par un seul argu-
ment le Christianisme entier. Il faut qu ils
nient, de toute leur puissance, la realité
de la chute, car en démontrant que l'homme
est déchu, la dernière objection contre la
Genèse disparaît. Rien ne peut, dès lors, in-
firmer ce témoignage. S il est admis que
l'homme a fait le mal, et introduit la mort
dans l'humanité, que deviennent les objec-
tions contre les livres saints? A quoi se ré-
duit le progrès continu? Quel sort reçoi-
vent ses associés, le fétichisme et le sau-
vase, autrement dit l'homme primitif?
Prévoyant ces inductions, la philosophie-
moderne s'est attachée à repousser obstiné-,
ment les résultats du mal originel. Dans uq
livre que le panthéisme couronna soIenneU
lement à l'Académie française , la déchéance
est formellement niée. Lon y établit que la
mort n'est point une punition (187). D'au-
tres cherchant à pallier la précision du (ait,
disent : a II n'a pas appartenu à l'humanité
d'empêcher Taccom plissement de ce qu'on a
considéré comme .une chute ; car a cette
époque, pas plus que l'enfant, l'humanité
n était libre (188) ; » sans lamâis tenir
compte de ce fait primordial, ils raisonnent
dans l'hypothèse de son inexistence. — Re--
marquez qu'il s'agit, dans le dosme de la
déchéance, non-seulement de l'Kgliise callio^
(188) Hîst. phîtotoph. des progrès de la zoologie
Qcnérale, ton). I",p. 140.
m
VOR
DIGTIONiNAIRE APOLOGETIQUE.
HOTi
184
liqiie, mais du Christianisme entiçr; non-
seulement du christiai)vsrqey mt^ïs de toute
religion actuelle ou passée. Tout rit reli-
gieux ressort de la chute primitive. Détrui-
sez cet événement, ânéantisscz-le dans
l'histoire , les institutions, la conscience de
l'humanité, et il n'y a plus d'explication
possible de notre condition ici-bas. Et là
raison, épouvantée , tournoie dans un af-
freux vertige, se sentant attirée par 1 abime
nanthéi clique, — pas d'autre alternative dans
l'univers : Déchéance ou panthéisme.
Parce que ce fait est attaqué avec astuce
çt vigueur, noi^s devons démontrer claire-:
pienl la vérité de son essence.
Si le pr6tre monte en chaire, s'il [>arle
jiveo antoritS s'il appartient è l'Eglise, si
l'Eglise appartient à Jésus-Chris^ si Jésus-
Christ nous a appartenu, en se donnant pour
nous et à nous, ce n'est qu'en force cfe ce
dogme. Si le Libérateur nous a affranchis,
c'est que nous étions esclaves. S*il novis 9
sauvés, c'est que nous étions perdus. La
venue de Jésus-Christ en ce monde eat fon-
dée sur la rédemption; la réJemption ^ur la
déchéance. La déchéance est un fait unique
et universel, priuitif et primordial, connu
par toute la terrei, Qt même dans les cieux,
qui a sa place dans l'éternité, qui tquche au
Créateur outragé, à l'ordre souverain troublé,
^ux plus intimes perceptions de rintelli^ence
çt du c(te,ur,à la miséricorde divine. Quicon-
que nie ia déchéance, nie autant le christia-
pismè que .toute religion, autant toute reli-
gion que notre histoire, autant toute histoire
(|ue toute notion de l'humanité, que toute
4'ustice : nous» disons pins : Quiconque nie la
[échéance, nie DieuV Car si l'homme n'est
point l'auteur du mal, il vient de Dieu. Donc.
DÎQu est mauvais ou impuissant, et ici il
faut bl^isphémer logiquement, et la raison
PURE vd se faire peur h elle-même, si elle
ne s'est pas aguerrie au delà du Rhin,
Pierre angulaire du temple catholique, le
dpgmè de la déchéance est aussi une pierre
d'achoppement pour l'orgueil des sophistes.
Et cependant force doit rester à la vérité. 11
faudra bien que notre doctrine, rejetée par
ues dcîctéurs, soit replacée avec respect sur
sa basé; et que ces fiers architectes de la
raison, servent à l'accomplissement de ces
prophétiques paroles : Lapidem quem re-
prooaverunt c^aificantes , factus est in capui
angnH (189). Tous lés efforts de l'orgueil,
Î)réventions de l'erreur, échoueront contre
a puissance d'un fait plus ancien que l'his-
toire. Et malheur à qui repoussera ce 'dogine
fondamental des dogmes, car il est encore
écrit : Et qui ceciderit super lapidem istum^
ionfringetur [iÙO):
L'esprit de ténèbres ne s'endort pas. A
l'instant où la géologie hasardait ses pre-
miers pas, il faisait surgir une nouvelle dif-
ficulté, relative aux destructions qui précé-
dèrent l'apparition de l'homme sur ce globe.
Quand les objections, extorquées aux plani-
sphères et aux zodiaques, sont anéanties, il
(189) PiaL cxYH^ 2«.
en exhume des entrailles du sol, afin d'op-
poser le Créateur lui-même à l'historiogra-
phe officiel de son œuvre. Il ne s'agit plus
maintenant de divagations astronomiques,
d'arguments tirés d'arsutiesî mais de faits
que heurte notre pied, que mesure notre
main, qui restent a la portée de nos vérifi-
cations. Cette dernière attaque de l'impiété
est aussi neuve que la science même d'où
elle est sortie. Jamais les sophistes païens,
les théurgistes d'Athènes et a*Antiocne, les
hérésiarques de la Renaissance, les déistes
et les ath4e$ de l'Eticyclopédie, ne uossédè-
rent une arme ainsi - trempée. Combien Bo-
lingbroke, Voltaire, Lamëtrie, réduits à
rajuster les syllogismes éthiques de Celse, de
Porphyre et de Julien n'auraient -ils pas
tressailli de joie, à la découverte d'un argu-
ment qui se montre, se sent, se palpe, se
produit en fait et en corpsi
Abrégeant tout pVélicUinaire, qous (jillons
aborder cette difficulté menaçante.
§1.
C'est, à la vérité, une opinion vulgaire,
que le péché d'Adam engendra la mort et
I étendit à toute la nature; mais l'Eglise
déclare-t-eile que, sans ce péché, la mor(
n'etit jamais paru sur la terre?
Nous ne le pensons point.
Si, de ce que la mort suivit le crime d'A-
dam, des catéchismes ùn\ conclu qu'elle nei
commença pour le reste des êtres, qu'à da-
ter de ia chute, ils ont mal enseigne. Cette
opinion leur appartient en propre : car l'E-
glise étant infaillible, ne saurait professer
Terreur. Nous soutenons que. loin de s'op-
poser aux inductions rationnelles de Tanthro-'
pologie, de la géologie, de l'anatomie com-
parée, la doctrine catholique semble plutôt
supposer, antérieurement à l£) déchéance,
un état d'organisation végétale et animale,
pareil à celui que nous observons aujour-
d'hui.
En conséquence, arrachant à la mauvaise
foi et à la prévention leurs derniers pré-'
textes do doute ou de retard, nous venons;
sommer la science de $e réconcilier sans dé-
lai, ^vecson aïeule, l'Eglis^.
Tpute vérité repose en germe dans le§
livres saints. Donc jamais, durant le déve-
loppement futur de l'humanité, ils ne con-:
Iredifont les progrès de la science. Pour
rappeler celle-ci au respect dû à l'Ecriture,
il suffit d'en donner 1 explication la plus
scientifique, par conséquent au fond, là pins
simple. Qu on se le persuade bien : l'obsti-
nation des esprits étroits ne saurait préva-
loir contre l'évidence. Loin de profiter k ^9
cause du catholicisme, elle en détourne des
îritèlligences cultivées, et lui attire d'irvjas7
tes préventions. Bien que le texte soit im-
muable, son exposition peut admettre des
considérations, des révélations qu'on n'y
avait point encore aperçues, parce qu'il eût
été, sans doute, inutile de les découvrir plus
tôt. Chaque chose vient en son temps. C'est
(190) Matth. $xi, 44.
us
XOR
MGTMKflNAIRE APOLOGETIQUE.
MOR
186
Il même on sigae dif in que cette immula-
Ulitép qui suffit à tous les âges, ài tous les
lieui, se troare toujours en avance sur les
besoins et Jes pro^çrès des siècles. Le plus
antbenliqae monameot de l'histoire, la Bi-
ble, ce pain spirituel des intelligences, Yia*
tique qn*eniportent les générations dans
leur passage sur cette terre, demeure au-
dessus de la science mortelle. Les hommes
Iieareot ne pas le comprendre, mais la ?é*
nié y reste écrite jtisqu an jour où le Livre
de vie, expliquant Tunivers , s'ouvrira à la
face des nations pour le jugement Gnal.
Ealre des explications diverses, préférons
tuQjoors celle qui concilie Topinion des sa*
vants avee la tradition catholique. Aujour-
(Thai une nouvelle bxpuc4tion est devenue
urgente. Les géoio^es ont commencé, sans
Urvr aucune induction, à établir Texistence
de la mort ayant laf création de Tbomme ;
des Dhiloso^riies en ont conclu Fimpossi*
Lilite da lait réel et historique de la chute
c*Adam. Nous ne saurions nous taire plus
I«iD^teiDps; le silem^ est interprété contre
nous. Aux veux des érudits, il parait un
bonbeux acquiescement à une erreur que
DOQsdédarons capitale.
Ceux qoi enseignent que sans la déso-
béissante d'Adam, et' le désordre qu'elle
eatraioav tous les animaux seraient restés
^ert^ivoresp se trompent lourdement. Car, si
le caniassier convoite la chair, ce n'est
point de son plein gré et j ar son choix. 11
0 j est pas moins forcé, que l'oiseau à se
servir de ses ailes ^ur voler.
T aviez-vons pris garde ? Soutenir qu*au
moment de I4 condamnation d*Adam, cer*
laîns animaux, primitivement destinés à
rirre d'herbages, ont, par une dépravation
stjliite, été arides de chair, c'est dire : leurs
irMinds^ leurs intestins, leur structure,
leur puissance de manducatioh, de diges-
ûfpiu de respiration, de vfgueur musculaire
oat été réformés. C'est dire encore : leurs
flattes ont diangé de forme pour saisir la
proie; leur ^eule, d'ouverture et de force
f^^ar remporter; leurs entrailles se sont
rrtréries ; les uns se sont retranchés deux et
:>s]nlt trois estomacs, les autres ont reçu
**is dents d^one dimension différente. 11 y a
•^a pondération nou%eIIc dans les rapports
.7 l'existence, le nombre des individus, la
rr^Toductioa, la consommation, la végéta-
'. -n, en on mot , une création nouvelle.
Cest attribuer au péché, d*où ne pouvait
^.nir que la perturbation. Tordre, la ré^u-
'^té, une économie admirable.
Des i^oranls peuvent facilement admet-
tra le r&iaie Carnivore ou frugivore comme
ti3 Mmple changement de mets, mais aux
r^^ris de Tanatomiste et du naturaliste,
C'Ti lois infaillibles et spéciales règlent l'as-
K filiation dans chacun de ces divers ré^i-
£.^5. Ce n'^est point la dent, mais le sys-
ïA-3e entier de son organisation, qui sépare
.erfoîTi're de Tanimal fait pour vivre de
'•Jir.
Afin que le carnassier saisisse sa proie, il
-.faut une griffe, conséquemment une
distribution particulière de inusd^s, de
tendons, une disposition spéciale d^s pha-
langes, favorisant une certaine mobilité
dans les doigts et combinée avec la force dans
les ongles. De plus, comme il doit exécuter
des mouvements variés de trait, de constric-
tion, de raideur avec Tavant-bras, et que ses
os s'articulent sur l'humérus, les impres-
sions et le jeu de ces muscles nécessitent
une fermeté et une résistance dans l'épaule,
modifiée selon l'instinct et la taille, et les
habitudes des espèces. Puis, quand il a
saisi , il a liesoin d'une radcboire propor-
tionnée à la grosseur habituelle de sa proie»
avec une certaine forme de condyle, une
certaine, puissance du nerf crotaphite, une
convexité mesurée .le Tarcade zygomatique,
et d'une vigueur calculée dans les vertèbres
et les attaches des muscles qui soulèvent sa
tàte, pour emporter sa pâture. — A cet effet,
le cou de tous les carnassiers est plus court
et plus ramassé que celui des herbivores,
surtout des ruminants.
La forme de la dent^ commandée par Tin-
testin, entraîne celle de la mâchoire , ta
composition du tronc, autant que celle des
vertèbres et des extrémités postérieures ai*
dant à la rapidité des mouvements géné-
raux.
Toutes c«s nécessités se déduisent Tune
de l'autre, à ce point que Tétroitesse de
l'omoplate, l'absence de clavicule et d'acro-
mion suffit pour déterminer, à la simple
vue, le caractère timide et le régime her-
bivore d'un animal. Pareillement l'absence
d'avant-hras mobiles suffit pour obliger un
quadrupède an régime végétal. L'animal à
sabot, n'ayant aucun moyen de saisir et do
déchirer une proie, est pacifique, faute de
pouvoir être offensif.
Les animaux herbivores à pieds fourchus
sont ruminants. Leur système digestif de*
vait être d'autant plus compliqué que leur
système dentaire était plus imparfait, lis
sont pourvus de quatre estomai». Les autres
herbivores, ayant presque toujours des
dents canines aiguës aux deux mâchoires,
broient, divisent, triturent plus complète-
ment leur pâture ; ils ne son t pas ruminants.
Ces différences attestent ja plus savante or-
ganisation.
Qu'on nous pardonne ces détails. Ils ser-
vent à démontrer combien les mœurs des
herbivores et les mœurs des carnassiers sont
soumises à leur mode d'alimentation. —
Le ventre domine l'animai. — Chaque indi-
vidu devant, pour soutenir sa vie, s'assimi-
ler une certaine quantité de molécules or-
ganiques; plus la nourriture qu'il prend
contiendra de principes fortifiants, moins le
volume en devra être considérable. Le ré-
gime carnassier se composant de substances
plus riches, les intestms qui y sont dispo-
sés, se trouvent moins étendus. Au con-
traire, les herbivores, étant obligés d'ingérer
une plus grande masse d'aliments, puisque
leur qualité abonde moins en molécules
organiques, ont reçu plusieurs estomacs,
ou en supplément, des intestins d'une amçl^
IS7
MOR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MOR
m
dimensien. — Invariablement, le canal in-
testinal des herbirores est d'une capacité
relative bien plus considérable que celui
des carnassiers. — Quand les herbivores
Dont qu*un estomac, par compensation,
leurs intestins se trouvent munis de poches
presque égales en étendue & la panse des
ruminants.
Le nombre des estomacs et la capacité
des intestins varie en raison du régime :
Ainsi les chameaux, girafes, lamas, antilo-
Ees, cerfs, élans, rennes, mouillons , bœtifs,
isons, béliers» etc., vivant exclusivement
d'herbes, sont pourvus de quatre estomacs.
-^ Ceux qui ajoutent aux herbages une
nourriture plus substantielle, tels que les
chevaux, ânes, lièvres, lapins, cochons
d'Inde, etc., ont encore, outre l'estomac,
un cœcum qui en tient lieu. —Les animaux
rongeurs et granivores, tels que les san-
gliers, hérissons, castors, gerboises, écu-
reuils, etc., qui vivent surtout de fruits et
de racines succulentes, n'ont que des boyaux
peu étendus. — Les animaux exclusive-
ment carnassiers, les tigres, hyènes, pan-
thères, léopards, lynx, jaguars, etc., n'ont
qu'un estomac et des intestins d'une capa-
cité comparativement moindre que tous les
autres. — Forcément ils doivent compenser
J)ar la qualité le peu de quantité, et choisir
es aliments les plus nourriciers, les plus
chargés de molécules organiques.
La fixité de cette règle est invariable.
L'inspection des intestins, comparés à la
grosseur de l'animal, donnera d'avance la
naiure de son alimentation, et par suite, de
ses mœurs. Car les naturalistes, unanimes
sur ce point, ont dit : -^ « Le naturel et les
mœurs dépendent beaucoup des appétits, i»
— Or, l'appétit est dirigé par l'intestin. De
sa conformation particulière résultent sa
fré^juence et son énergie. La forme et le»
proportions de l'intestin ont donc com-
mandé celles des mâchoires, du cou, du
bec (191), des griffes, des pieds, etc. Selon
ce principe, 1 échelle des appétits donnera
l'exact rapport de la façon de vivre de cha-
que espèce, et, en l'observant, on retrou-»
vera^ parmi les habitants de l'air, les mê-
mes difîérencds que présentent entre eux
les hôtes des forêts.
En effet, chez les oiseaux comme chez les
quadrupèdes, les carnassiers n'ont qu'un
estomac, des intestins plus courts, un cœcum
peu développé; tandis que les granivores
{>ortent des intestins étendus, formant de
ongs replis, et, souvent encore, plusieurs
oœcums.
Cette loi parait générale.
Les oiseaux de proie, outre le peu d*é-
tenduc de leurs intestins, sont privés de
gésier, de jabot et de double cœcum. — Les
oissaux qui vivent exclusivement de grai-
(191) Toutefois le bec crochu ])eui avoir une an-
tre destination, et ii*êire pas i*unique indice du ré-
gime Carnivore. Plusieurs variétés d'oiseaux à bec
trés-crocbu, préfèrent à la chair des fruits à écorce
et k cosse dure.
nés, outre leurs deux cœcums et leur gésier
appareil musculeux destiné à triturer les
parties résistantes de leurs aliments, ont
un jabot qu'ils peuvent remplir afin d'aug-
menter la masse de leur nourriture et le
multiplier leurs repas, même en parcou-
rant l'atmosphère. Toujours par ce motif
que leurs aliments contiennent moins de
substances nutritives, la quantité doit en
être plus grande.
Si la structure de l'intestin était la même
chez tous les animaux, on serait fondé à
croire, d*après leurs différences de naturel
et de régime, que tous pouvant se nourrir
d'herbes et éviter l'effusion du sans, il y a
eu abus et perversité dans l'appétit des
destructeurs. Hais la physiologie, la zoo-
logie, l'anatomie comparée démontrent sans
réplique qu'ils n'ont pas le choix de leurs
aliments.
Bien plus : loin de rendre destructrices
des espèces qui vivaient paisiblement, !e
f)éché n'a pas même rendu carnivores, reU
es qui pourraient l'être aujourd'hui. Plu-
sieurs variétés de solipèdes, de fissipèdes et
tous les rongeurs, qui au besoin mangeraient
de la chair, se contentent de végétaux (192).
Certains herbivores pourraient, pendant un
temps donné, subsister de chair; aucun
carnassier ne pourrait vivre d'herbe.
Il en est de même chez les oiseaux. Les
granivores seraient tous carnassiers au be-
soin, même le mélodieux rossignol et le
gracieux faisan. La plupart des oiseaux ti-
mides et vivant habituellement de graines,
ont commencé dans le nid, par manger de
la chair, ne fût-ce que des insectes et des
débris de viandes délaissées du gerfault.
Si l'insecte Carnivore dérogeait aux lois
primitives, rencontrerions-nous une orga-
nisation aussi savante que régulière parmi
lesdévorateurs» etdes analogies constantes
entre les fonctions des races, soit dans les
airs, soit sur la terre?
Comparez les rôles.
Dans les deux empires règne Tabsolutlsme,
et dominent les déprédateurs. La loi souve-
raine qui les régit, atteint Toiseau au sein
des nues, comme le quadrupède au fond des
vallées. La postérité des tyrans n'est jamais
nombreuse. Celle des tribus ' pacifiques ne
peut être comptée. La puissance proliGque
s'étend en raison inverse de la grandeur. —
Les grands quadrupèdes produisent moins
que les petits. — La ponte des grands oi-
seaux est moindre que celle des petits. —
Ainsi que chez les quadrupèdes, parmi les
oiseaux, les grands carnassiers vivent seuls
dans leur aire. — Plus la famille se propage,
f>lus s'isolent les individus. — Comme le
ion, l'aigle ne souffle pas que ses petits
s'établissent près de son domaine.
Sérieusement, attribuera- t-on au désordre,
(192) Tous les rongeurs vivraient plus longtemps
nourris uniquement de chair, qu*en se réduisant a
one seule substance végétale, telle que avoine, cIkhu,
navels, etc. — Voir les expériences de Magendie sur
la nutrition.
m
VOR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQ&f:«
IIOR
190
à la oonfosion, suite da péché d'Adam, ces
rapports étonnants d'emplois, de mœurs, de
suprématie, d'infériorité entre les animaux
des deox règnes?
Rapprodiez de la terre l'empire des airs ;
foiis Kncontrerez Taîgle pour représenter
Ja fière générosité du lion ; le vautour, l'in-
saiiable cruauté du tigre; les milans, les bu-
ses, les coitieaux, la voracité puante des
chacals, des loups, des hyènes. Vous aper-
cevra des oiseaux abandonnant les restes
de leur repas, et, pareils au cfaatpard et au
serval, recherchant une proie toujours irai-
ehe; les uns sur des rocs, se posant à l'affût
cornait: le glouton en embuscade ; les autres
ciiassant au vol, ainsi que l'once et le puma
à la course. Ceux-ci ne guerroyant que la
ouir, tels que le léopard, le coguar ; ceux-là
vi7«ot de pèche, ainsi que ïe phoque, la
loutre et Tours blanc. Plusieurs remplissent
l'office de fourmiliers, d'insectivores. Plu-
sieorspar leur jabot, leur eésier, leur dou-
ble ccBcum nou.< rappellent l'ordre des rn-
HiiBiQts. Partout des nécessités semblables
établissent des analogies d'instinct, au-
tant parmi les oiseaux que chez les quadru-
pèdes.
5 11.
Ikos le pbc universel de la création,
Boas remarquons qu*è toutes les époques
DO sy$iiine de destruction générale, con*
(reiialaaeé par un renouvellement con-
tinoei, a contribué à accroître, pour les
animaux, la somme du bien-être sur la sur*
iàce tout entière du globe.
Parmi les prévisions les plus importantes
(Joot nous trouvons la preuve dans Tanato-
Diie des animaux fossiles, plusieurs sont
propres aux organes qui leur ont été donnés
pf or saisir leur proie et la mettre à mort.
El comme des desseins dont la révélation
JIC15 est fournie par des instruments évi*
demmeol façonnés dans un but de mort et
d€ destruction peuvent , au premier abord ,
sembler mal en harmonie avec le plan d'une
création toute fondée sur la bienveillance,
el rendant à produire la plus grande somme
> biea-étre pour le plus grand nombre
w'io'Jividiis 9 il est bon que nous disions
«jneiques aiots sur l'histoire de cette quan-
u:é énenne d'animaux du monde ancien» qpii
ne furent créés que pour détruire.
La mort une fois établie par le Créa-
teur comme une irrévocable condition de la
lie. il a dû entrer dans ses desseins de bien-
veillance de rendre aussi doux que possible,
jeur ébaeune de ses créatures, ce triste
usme de tonte existence. Or, la mort la plus
dc<oce, an proverbe le dit, est celle qu*on
attend le moins ; et, bien que pour des rai-
^»ùs morales et propres à notre espèce, nous
Cfcaumdioas au ciel de détourner de nous
rette fin subite, il n'en est pas moins vrai
que pour les animaux, c'est là ce qu'il y a de
p-Itts désirable. Les douleurs de là maladie,
-3 'iécrépitude de la vieillesse, sont les pré-
rj«rseurs ordinaires de la mort , lorsqu'elle
tu amenée par un affaiblissement graduel.
C'est dans l'espèce humaine seulement que
tous ces maux sont susceptibles d*allége-
ments; car nous possédons en nous des
sources nombreuses d'espérance et de con-
solation , et c'est au sein des douleurs que
l'humanité trouve à développer les senti-
ments de charité les plus élevés et les sym-
Cathies les plus tendres. Mais rien de sem-
lable à ces (acuités n'existe dans les ani-
maux inférieurs. Là, point de tenflresse,
point d'égards pour ceux qui sont faibles ou
cassés par les années : aucun soin n*y vient
alléger les douleurs de la maladie; et la vie,
prolongée jusqu'aux époques reculées du
déclin et de la vieillesse, ne serait pour
chaque être qu'une série de longues misères.
Avec un pareil système, la nature offrirait le
spectacle quotidien d'une somme de souf-
frances énormes, si on venait à la com|iarer
avec la somme de jouissances qui a été ac-
cordée aux animaux. Bans ce système , au
contraire , où les êtres sont soudainement
détruits et promptement remplacés, tout ce
qui est faible ou cassé est bientôt délivré de
ses maux, et le monde n*est habité que par
des myriades d'êtres doués de toutes leurs
facultés et jouissant de tous les bienfaits de
Texistence; et si, pour un grand nombre, la
part de vie qui leur est accordée n'a que
bien peu d'étendue, du moins peut-elle être
considérée comme un bienfait non inter-
rompu, et la douleur momentanée d'une
mort soudaine et inattendue n'est plusçu'un
mal bien léger, si on le compare aux jouis-
sances dont elle vient arrêter le cours.
Ainsi donc, des deux grandes divisions
dans lesquelles se sont toujours partagés les
habitants du globe, herbivores et carnivores,
ces derniers, dont l'existence semble au
premier abord avoir pour but d accroître la
somme des maux pour tous les êtres animés
qui les entourent, nous apparaissent sous
un point de vue tout opposé, dès que nous
venons à les considérer dans l'ensemble de
leurs rapports.
A tout homme qui, dans Téconoroie de la
nature, ne s'arrête pas aux résultats géné-
raux , le globe peut paraître le théâtre d'une
Suerre incessante et d'un carnage sans r^le.
lais toutes les fois qu'un esprit plus large,
étudie les individus dans leurs rapports
avec le bien général de leur propre espèce»
et aussi des autres espèces qui lui sont asso-
ciées dans la grande famille de la nature»
il ramène bientôt tous les cas isolés, oà le
mal parait se montrer, k servir d'exemple
qui prouve combien tout est sulK>rdonné à
un système de bien-être universel.
Dans cette manière d'envisager les choses»
non-seulement la somme totale des jouis-
sances auxquelles sont ap^lés les animaux,
s'est agrandie par la création des races car-
nivores, mais ces dernières sont une source
de bienfaits même |K>ur les races herbivores
qui sont soumises h leur terrible domina-
tion.
Outre le bienfait si désirable d'une mort
qui vient les saisir au moment où va com-
mencer la maladie ou la caducité, il en est
191
uoa
DICTIONMIRE APOLOGETIQUE.
MOR
m
lin sutro cntîore doat sont redevables à
rcxi&iei)(;o<ics carnivoreisles espèces mêmes
qui (ieviennent leur proie : VqsI la sorte de
contrôle que ces dernie'rs exercent sur leur
accroissement excessif, en détruisant un
grand nombre d'individus pleins de* jeu-
nesse et de vii^uewr. Sans ce frein salutaire,
chaque espèce s'accroîtrait à un tel point
que, bientôt arrivée à une exubérance fu-
neste, elle ne trouverait plus à se nourrir,
et que le groupe tout entier des herbivores,
désolé par le fléau de la famine, ne se com-
poserait plus que d'êtres dont chaque jour
iWs milliers seraient enlevés par la mort
lento et cruelle de la faim. Tous ces maux
ont été prévenus par rétablissement du
pouvoir destructeur des carnivores. Leur
action contient chaque espèce dans des li-
mites convenables. Les malades, ceux qui
isont estropiés ou affaiblis par TAge, ceux qui
.dépassent le nombre fixé dans les prévisions
i>rovidentielle$, sont immédiatement dé-
voués à la mort, en même temps qu'ils sont
^insi délivrés des maux qui les affligeaient,
leurs cadavres servent de pâture aux carni-
vores , leurs bienfaiteurs, et la place qu'ils
laissent accroît d'autant le bien-être des
animaux de leur espèce qui leur survivent
pleins de santé.
Cette même police de la nature qui est
pour les animaux terrestres un bienfait
si grand, s'étend de même sur les habitants
des mers et n'est pas pour eux un moindre
bienfaiL Parmi c^s derniers, en effet, il y
a, de même que parmi les premiers, toute
une grande division qui ne se nourrit que
de végétaux, et qui fournit la pflture à
toute Tau tre division, laquelle ne peut se
fiourrir que de chair. Or, ici comme dans
e premier cas, il est facile de voir que , si
l'on suppose l'absence dos carnivores, les
li/»rbivores , dont rien ne limitera la mul-
tiplication, s accroîtront îndéQniment, sans
autre terme que eelui que viendra leur im-
poser la famine, et que, par une inévitable
conséquence, la mer ne sera plus peuplée
que de créatures chétives traînant miséra-
blement leur existence h travers toutes les
liorreurs de la faim , à laquelle ils devront
infailliblement succomber tôt ou tard.
La mort ainsi donnée par la dent des car-
nivores, si on la considère comme le terme
ordinaire de la vie chez les animaux, nous
apparaît sous le point de vue de ses résul-
tats comme un bienfaiL Elle sauve un grand
nombre d entre eux de toute cette somme de
douleurs, compagne inséparable de la mort
naturelle chez tou^t les êtres animés; elle
abrège, elle supprime môme pour tous les
êtres créés inférieurs à Thomme les misères
de la maladie, les accidents et les langueurs
de la décrépitude; elle réprime si salutaire-
ment leur multiplication excessive que le
nombre de ceux qui reste est exactement
celui qui peut trouver à satisfaire tous ses
besoins. Aussi la surface de la terre et les
profondeurs des mers sont-elles habitées par
des milliards de créatures animées dont le
bien-être dure autant que la vie^ et qui,
pendant le petit noiHibro de jours (|iii leur
sont accordes, s'acquittent avec joie des fonc-
tions pour lesquelles elles ont été faites. La
vie, pour chacun dé cea êtres, n'est qu'un
festin continuel au sein de l'abondance. Uno
inort prématurée vient-elle en arrêter lo
cours; c'est un intérêt qu'il paie, inlérôt
bien faible pour i^ d^^te qu'il a contractée
envers le fonds commun destiné à laliuien-
tation de l'ensemble des animaux, et auquel
if a pui$é tous les matériaux qui entrent
dans la composition de son corps. C'est par
ce movei) que le grand dj^me de la vie uni-
verselle se co||ti(iue sans relAche ; et quoi-
que les acteurs, si on les considère comme
individus, charigerit à chaque instant, cha
que rôle n'en demeure pas moins rcrapti
sans interruption, Ips gépérations succé-
dant aux générations. A\i\s\ la face de la
terre et le sein des mers se renouvellent
sans cessé, et la vie se tpaiisinet avec le
bien-être par un héritage qui ne s'éouise
jamais.
8 m,
Si quelque catéchiste enseigne dans ces
commentaires que, sans le péché d'Adam,
les animaux vivant entre eux en parfaite
harmonie, n'auraient jamais, ni convoité la
chair ni subi la mort, il se trompe. Et son
erreur lui appartient. Dans sou infaillible
sagesse, TEgiise nous prescrit seulement de
croire ceci :
— Le péché a introduit la mort dans Thu-
inanité, •— la faute d*un seul est entrée dans
tous. — Et tous, issus d'un seul, naissent
aouillés à cause de leur origine.
La profonde vérité de ce dogme, lès phi-
losophes et les traditions des peuples la
confirment unanimement. Mais loin d'établir
3ue la mort de l'homme ail entraîné celle
esanimaux, des divers passages de TEcri-
ture et des Pères sur ce sujet, il résulte plu-
tôt que la mort existait antérieurement à la
création d'Adam ; et que le péché a fait
tomber l'homme sous cette loi commune, de
laquelle il était exempté
Remarquez-le bien :
D'abora, l'homme n'était pas nécessaire-
ment immortel par sa nature — Sa nature
simple ne le rendait pas immuable et perpé-
tuel ici-bas. La théologie nous apprend (|ue
— Adam devant à une grAce surnaturelle,
son immortalité phvsique, — il aurait pu
être créé mortel, selon la condition géné-
rale des corps organisés, et des êtres vivants
sur ce globe.
Nous le répétons : dans son état de pure
nature^ l'homme pouvait être créé sujet h la
mort; mais TEternel ayant daiené le former
h son image et à sa ressemblance, l'avais
doué de puissance, de justice et d'immortn-
lité. Son exception de la mort, privilège
unique dans l'univers, relevait d'une srâcn
toute surnaturelle. Il n'est donc point éton-
nant que devenant orgueilleux et rebelle,
et perdant la divine ressemblance qu'il de-
vait garder, il ait perdu Kimmunité qui en
formait le glorieux apanage.
vu
XOR
OiCtIONMAIIIE APOLOGETIQUE.
ÙOR
191
Comme i'oiiionlait la force et la Tie, tant
q9t l*homme restait uni areo Dieo, il était
iSBorteL Mais dès qu'il Toolait s'en sépa-
rer, il retombait dans «a pwre nature ; et
VMïi tiré eu limon terrestre, il devait y
rentrer, ainsi que les autres créatures qui
en éUient produites. Car : iaui ce qui vient
et U terre rtimmnun dauM la terre^ ainsi que
teniti lee emmx rentrent dan$ la mer (l^X^), Et
tetteooBséoiieiice est tellement directe, que
Dieu* endqpoaillaDt Adam de son pririlégc,
^•jï rappelle Tinlériorité de sa pure nature.
Après lui avoir dit qu'il retournera dans In
lerre d'où il a été pris, il ajoute : — Parce
qnt tm e$ uamuUref iu retourneras en pous*
iitre ,1».
âiiat Alhanase avait profondément compris
reue question transcendante , lorsqu'il écri*
Tiit : c Far la transgression du commande-
ment de Dieu» nos premiers fiarcnts furent
réduits k la eradition de leur propre nature^
de manière qœ^ comme ils avaient été tirés
da néaiu, ib furenl con'lamnés avec justice,
à éprouver dans la suite la corruption de
leur être... Car enfin, l'homme est mortel de
9Â nature (i%j. b Ghii, un corps formé de
l>Qttssièffe doit retourner en i>oussière.
L'homme m'tjunais été immortel nu même
titre que les pors esprits. Il Tétait par une
laveur sans eiemple, et condiliounelle-
meol jflDOfriée, qui l'éJevail et le maintenait
«411$ une position bien su|»érieure à sa
) ro|*re sphère. Ecoutons è ce sujet le pen-
seur qui a le plus, peut-être, médité sur les
unses et les effeU du péché orisinel I —
• L imaortalilé id bn», dit<jl , ne lut jamais
acquise A llKHBme par droit de naissance.
Toof coq» terrestre doit périr par la disso-
iatioB de ses parties, à moins quune volonté
an Créaleor ne s^j oppose; cette volonté se
naaifesta eo laveur de nos premiers pères.
ttea plmiie dans le jardin délicieux, I arbre
de Tîe, qui avait la propriété de repousser
iê moru A cet arbre mystérieux était attachée
î'immortalité de l'espèce humaine. Loin de
cet abri protecteur l'homme n'était plus
qa'uae créature frêle et périssable, soumise
mx Ms qmi Fuissent les corps créés (195).»
Ainsi la morty principe supérieur du gou-
verameat universel, n'a pas été créée par
: bomme. Elle est reconnue pour la loi des
"xps or^ganisés, puisque, sans le péché, il
3>a eût pas été atteint, donc elle loi était
antérieure.
En efTet^ lorsque Dieu formule sa prohi *
..non, il attache une peine à Tinfractioa de
fa commandement. Il dit à Adam : Vous
de wMft. Ici l'Etemel agit en légis^
; eommeaateurde la justice; pourtant
1. ne lui eajilique point ce qu'est la mort.
L annoBoe suD(Hement qu'elle sera sa peine,
si Adam la connaissait parfaitement,
s'il s'était agi d'un mouve*
^ ' i ' ^
'I9r) Erdi. KL, II.
ISS* Qmim pmtfts es ^ et in fmiverem rererterit^
«LUI, f9.)
ISi^ S. ATSASiAte, De incermel. Verhi Dei, n* 4;
mr,^ iMB« 1, p. 50.
ïsl) S. AccvtTis, J/J, Quœêi. Vet. et Amt.
ment aussi prodigieux que celui de Tapf a-
rition de la mort, de son organisation, son
extension à tous les êtres vivants, d'uno
puissance immense et inconnue, Dieu lui
aurait appris la gravité de ce châtiment, et
son prophète Moïse, législateur aussi, n'eût
Es omis un récit d'une telle importance,
oiais loi pénale n'est rendue sans déter-
mination de peine. — Or, nécessairement
pour qu'une peine soit déterminée, il faut
d'abonl qu'elle suit connue. — Dans le sens
le plus ngoureux. Dieu, soleil de la justice
(196) ne pouvait menacer Adam d*une peine
qu'il ne connaissait pas. Et il la lui aurait
certainement expliquée, s'il ne I eût i>arfai-
leiuent connue.
Dans les documents de cette procédure,
si siraj)le et si terrible à la fois, aucun dé-
tail ncstà négliger. Remarque! combien
est absolue la défense, et quel prix attache
à son observance le Créateur. Non*seule-
ment il déclare très*formellement la peine :
morte morieris^ mais il le fait longtempa à
l'avance. Comme de la soumission, du choix
d'Adam, va dépendre sa condition, il doit
avoir le temps de la réflexion. Donc l'ordre
divin, et le châtiment réservé à son infrac-
tion, lui sont notifiés avant même qu'il ait
reçu la compagne de sa vie, avant quo
nommant les corps et les animaux de ee
globe, il ait pris possession de son gouver-
nement. La défense et la déclaration de la
pénalité, ont précédé cet acte d'investiture
royale. Antérieurement à Texistence de
l'humanité ( car Khumanité comprend le
pluriel, et Adam était encore seul ), la loi
qui l'embrassait tout entière jusque dans la
suite des siècles, avait été promulguée. Et
comme dès le principe, Adam savait la dé-
fense et la peine qu'entraînerait sa viola*
lion ; lorsque le Cmteur prononce la sen-
tence, il se tait. Il ne forme pas ArraL
devant sa miséricorde, il ne sacousT pas en
osACE, car il se trouve sans excuse aucune.
Son silence reconnaît lb bibs ':iu6i de l'ar-
bitre suprême. En examinant cette aflàire,
on j observe la plus stricte légalité.
Cette déclaration de la peine, antérieure-
ment au délit, est si évidente, que le con-
cile de Trente, dans son décret sur le péché
originel, n'a pas manqué de relever cette
forme irrépro<mable de justice (197).
Donc Ifrmort régnait avant l'homme.
La rèçle lui est appliquée comme peine.
Pour lui, qu'une grâce surnaturelle élevait
au-^lessus de son empire, elle atteste une
dégradation. Il perd sa qualité d'immortel >
et rentre dans la condition physique des
brutes. Il est réduit à sa propre nature. Les
t^mes du concile, dans son décret sur le pé-^
cbé originel, précisent, avec une réserve ad-
mirable de justesse, le caractère de celte
déchéance : in éUerius eommutatum fkisse
Tesimm. q« 10. p. 4M#
(f1N$) ùim^ soieU de jmsiiu, qui quérii fer ses
rayons. {Malaek. m, 20.)
(197) c Aiqtte ideo Burten, qvam artca itti com<«
minatiis fuerat Devs, etc. i [CoueiL 7n<l., sesj. v,
svu janii 1546. Decreuée peccai. oriçiiu
198
MOR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MOR
196
(198)9 rhomme tomba dans un état inférieur.
Un des membres Les plus érudils de la
Coajpagnie de Jésus a traduit excellemment
le morte morierisj de la Vulgate par : vous
deviendrez sujet à la mort (199). Ces mots
constatent la préexistence de la mort et ap-
puient Texpression de saint Justin, au su-
jet de la race humaine qui, « depuis Adam,
est tombée sous le joug de la mort (200j. »
Il ne s*agit point id d'une perturbation
complète, d'un remaniement général des
instincts, des rapports créés, et d une refonte
des êtres, mais simplement d'un assujettis-
sement à un ordre déjà établi , et dont
rhomme se trouvait exempté. Le docte
Bergier, en disant qu'Adam « pouvait «'exemp-
ter de la mort en ne péchant pas (201), »
exprime implicitement, que cette exemp-
tion, était une exception a la loi générale
des êtres.
Donc encore, la mort était avant l'homme.
De l'état présent, nous induisons, avec
certitude, que les dispositions, les classifi-
cations actuelles d'herbivores et de carnas-
siers existaient antérieurement à l'homme.
On trouve des ruines, des vestiges de des-
tructions immenses, avant l'époque où il
eût pu vivre; Les ossements fossiles de cer-
tains carnivores dont les congénères habi-
tent maintenant nos forôts, étant construits
sur un modèle exactement conforme aux
espèces qui vivent de nos jours, démon-
trent qu'ils possédèrent des organes, et par
conséquent des instincts de nature sembla-
ble. Des tribus de carnassiers fossiles, ours,
hyènes, lions, tigres, carcajoux, etc., of-
frent la même structure que leurs analo-
gues vivants ; il suit qu'ils reçurent les mê-
mes instincts. Les mœurs dépendent de
l'appétit. Le ventre gouverne l'animal. Il ne
saurait y avoir erreur ici; car dans ses for-
mations, la nature procéda par des moyens
identiques, même à Tégard des simples
corps organisés. L'étude microscopique des
végétaux fossiles, dont les analogues sub-
sistent aujourd'hui, a mis ce fait hors de
doute. Donc nous sommes pleinement auto-
risés à conclure que la mort régnait avant
la création de 1 homme. Seulement elle
n*était point un mal ; elle opérait avec régu-
larité les renouvellements, et préparait sous
les yeux de la Providence l'époque où
l'homme pourrait habiter ce globe.
Ceux qui s'obstinent, contre les témoi-
gnages des sciences naturelles et le senti-
ment des Pères, à voir dans saint Paul que
la mort est le résultat du péché, lisent mal.
Voici textuellement le passage dont ils s'au-
torisent à tort : Comme le péché est entré dans
le monde par un seul homme, et la mort par
h péché, ainsi la mort est passée dans tous
les hommes par un seul en qui tous ont pé"
ché (202). L Apôtre des nations, parlant des
(198) ConcU. Trid. sess. v, ITiunii 1546.
(Id9) p. Bemruter, Histoire du peuple de Dieu,
toiu. 1", iiv. I, p. tl.
(iOU) S. JuSTiii, Dialêguc avec Tryphon, n* 88.
I'aUI) BtEGiEii. JMclîonn. théulog., lom. 1«% article
ÂBàê.
effets du péché, ne peut les entendre hors
de l'humanité. La mort est passée dans tous
f)ar un seul, comme le péché est en(f^ dans
e monde par un seul homme : Pesez ces ex-
pressions. La mort est entrée dans le monde,
mais au même titre que le péché dont elle
était le châtiment: Stipendia enim peccati,
mors, comme il dit ailleurs (203). Voilà
pourquoi il ne parle point de la terre, ni de
son organisation; mais du monde. Ce monde
qui représente uniquement l'humanité, et
I humanité oublieuse de Dieu ; — ce monde,
qui hait ceux dont les œuvres ne ressem-
blent pas aux siennes ; — ce monde^ dont ie
prince, depuis la chute d'Adam, a reçu
l'empire de la mort (20^) ; — ce monde, dout
le prince a été chassé par Jésus (205); — ce
monde dont l'Agneau de Dieu eûace les pé-
chés, et auquel le pain de Dieu descendu
du ciel, vient donner la vie (206).
Comme la mort, le péché existait avant
l'homme. Voilà pourquoi TApêtre inspiré,
ne dit pas que le péché ou la mort aicnl élé
Î produits sur la terre, mais introduits daas
e monde. — Le péché régnait au cœur de
l'archange rebelle. Adam fiit séduit du de-
hors. — La mort régnait sur la terre, daas
les organisations inférieures. — Ainsi il ue
s'agit point de la création, de la production
de la mort sur la terre, applicable aux ani-
maux, mais de V introduction, de l'entrée de
la mort dans le mande, et de sou extension
à l'homme, qui ne lui était pas encore sou-
mis. Et par cela même, la mort qui n'est
qu'une foi régulière, et une condition na>
turelle de l'existence de l'animal, sert de
punition et d'affliction à Thumanilé 1 Sti-
pendia enim peccati, mors! L'incorrupli-
bililé matérielle, don divin attaché à rétat
d'innocence, de justice, de grâce saacti-
flante dont était revêtu Adam, fut enleréeà
toute sa race, et la mort resta pour elle un
sujet de désolation et d'effroi. Ce n*est \)ss
d'hier que fut écrite cette plaintive excla-
mation : « O morll que ta pensée estamère
& un homme qui vit en paix au milieu de ses
biens 1 » Il s'attache un indéfinissable cha-
grin à I idée de voir son corps s'évaporer
en çaz subtils, en fluides impondérables, el
restituer à la terre les éléments qui le com-
posent. Une anxiété poignante, une vaçue
terreur à Taspect de 1 avenir inconnu, 1 ef-
froi du silence, de la fin. . . , les deux extrê-
mes, l'horreur du néant, et l'horreur plus
affreuse encore d'une éternité terrible, dou-
leversent notre flmelEt Taversion de la
pourriture précède les angoisses de l'agonie.
Comme cette dissolution n'entrait pas dans
la destination primitive de l'humanité, que
la grAce faite à son chef Texemptait de la
décomposition que subit toute organisation
terrestre ; elle en a instinctivement horreur
(20t) S. Pâuli, EpiitoL ad Roman., cap. v, 12.
(S03) Rom, vu 23.
(204) Conciiiî Tridentini decrelum, art. i.
(205) Nuttc princeps mundi ejicielur forai, (Joan,
x|i, 31.)
(206) Joan. vi, 33.
«:
MUS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
^;' Tout homme éprouve une aTersion
iDtioie, à ridée de la mort, car elle est une
[•uailioQ. Tantjis que nous la subissons en
«• aimables, comme rexécution d'un arrôl cri-
MDel, pour les animaux elle constitue Tac-
' ojplissemenl proYidenliel d'une loi géné-
rée de Vunif ers.
, hsqtt*^ présent, nous ne jojons pas que
h Ibéoloàe «nseigne rien de contraire aux
l>fu^ de la science et de Tobservalion.
UE^iseue professe ni la minéralogie» ni
la tioiaûque, ai la zoologie. £lle parle aux
t.ommeSf des hommes et pour les hommes»
unîquefflfflL Ce que l'on peut uniquement
affirfl^d'mace» c'est que» jamais, elle ne
MneflopposiUoD avec les YÉRiTés scienti-
fiques; car la rérité est une. Ici même» bien
<iael\e n'ait |«s prononcé péremptoirement»
idrceUe madère» on ne saurait rien in-
r ûoire de ses paroles, qui autorise l'opinion
I derimonaeeet de la routine. Il y a en-
' cûctlidmirer comment, dans les expres-
sions dAÏoise, celles de saint Pâul» de saint
Aiiiihise,lesaiot Augustin» du concile qui
de^ ail, TÂitial diverses hérésies» sanction-
uer ta bises de la foi» relativement & la
chaude VboiDme et à ses conséquences ;
«ians luoia le ces monuments» qui cm-
brâiseotoupiriode d'environ trente siè-
cies, et torném aune époque où les noms
de ^ifi^eeldanatomiecomparée n'étaient
jojfl/;ji aeserencontrepas une parole» un
sentimeolfiu ait contredit les sciences à
^enir. Ce n'est point ainsi que procèdent
dans f»r philosophie les écoles humai-
Hoir PI Disu, comment il faut l'enlen-
..re, Ttfjf tÉFAUTiOH» § IJl. — Mort, comme
I LâuiueDt, moyeu da réintégration. Voy.
Mirainox, { III. — Mort de Jésus-Christ»
JbK/'e réelle? Yoy. Résurrection.
MOETIflCATION. Yoy. Ame, i 1.
HOATS. Les imes des morts étaient-elles
les^éfliuisciiez les anciens? Foi/. Posses*
iios, i lY.
ïorifSDi u Création. Yoy. Création»
|iV.
MOITEMENT DR LA Terre ; réfutation de
( 1^ i^^roooe à ce sujet. Yoy. Terre.
; Mum Ati£. Ce qu*en dit M. Libri» ré-
'Aj^'iQ. Yoy, Sciences.
^ILET. }oy. UouuB.
mriPUClTË DES Espèces DANS l'Hu-
><«frc; réfutation de cette hypothèse. Yoy.
'i^iUIIAI5IB$, {11.
Ml >i(il£ chez les Egyptiens. Yoy. Mo-
^ ZIMS COXriRIIANT LES RÉCITS DE LA Bl-
^âSAAD, réfute Strauss. Foy. Mytiiisme»
IfYS
MYSTERES.
198
1
'*0 Celle i^ltkm épargne ces saintes Ames
*>9nM M tcrae de lesr pélermage, que l*amour a
^**ted^ éiBS celte vie, hors de ce monde pé-
*^* et fH rccoRquiêreot par Jésus- Christ cette
1^ ^ c« b fie éteroelle. Stipendia enim peccati
La deniière démarche de la raison est de
connailrc qu'il y a uoe infinité de dioses qii
la surpassent; elle est bien faible si elle ne va
pas jusque-là.
(Pascal.)
Les choses révélées de Dieu par la pro-
phétie lYoy. ce mot) surpassent la portée
naturelle de notre entendement» et sont
ainsi pour nous en dehors de toute démons-
tration et au-dessus de toute compréhen-
sion. Si elles n'étaient qu*indémontrables»
l'esprit s'y résiçnerait peut-être encore»
puisque » même dans Tordre naturel » il est
des vérités qui s'attestent et ne se démon-
trent pas, telles c|ue les faits anciens dont
se compose Thistoire; et si l'homme obtient
créance à son témoignage pour les choses
humaines, on n'entend pas bien pourquoi
on la refuserait à Dieu pour les choses clivi-
nés. Mais il y a cette différence» que l'objet
de la prophétie est incompréhensible en
même temps qu'indémontraule» et c'est là
ce que le rationalisme ne saurait lui par-
donner, i» Quoil dit-il» vous présentez la
prophétie comme la lumière du monde, et
cependant vous confessez vous-mêmes qu'on
ne la comprend pas. Vous appelez vos
dogmes du nom significatif de mystères ;
vous faites gloire en quelque sorte de l'ob-
scurité qui règne dans la révélation ; vous
vous écriez è la suite de vos livres : O pro^
fondeur de la sagesse et de la science de
Dieu! Que ses jugements sont inscrutables
et ses voies au-dessus de nos investiga^
tions (209)1 Or, comment ce qui est mysté-
rieux» obscur» inscrutable» incompréhen-
sible enfin, peut -il être la lumière du
monde? Pour nous» c'est-à-dire pour tout
homme qui ne renonce pas à sa raison» le
mystère esta la fois inutile et absurde ; inu-
tile» puisqu'on n'en saisit pas le sens ; ab-
surde, puisque là où le sens échappe» il
ne reste rien de rationnel. »
Telle est la double difficulté qui surfit
devant nous» et qui exige un double éclair-
cissement. On nous dit que le mystère est
inutile : j'en prouverai futilité. On écoute
qu'il est absurde : j'en prouverai la ratio-
nalité.
§1.
CUlité du mystère. ^ Faiblesse de Hiomme grec el
romain devant l'homme cbrétieu apportant l'incompré-
iiensîble.
Il est certain » et ce serait une grande il-
lusion de vouloir le cacher» il est certain
que la parole de Dieu nous révèle des cho-
ses qui passent notre raison ; et s'il en était
autrement, Dieu n'aurait aucun motif de
nous parler» puisque nous pourrions dé-
couvrir par nous-mêmes les vérités dont il
lui plairait de nous entretenir. Mais Dieu
est plus grand que nous; placé à l'horizon
de 1 intini» qui est son essence, il voit co
mors; gratta amUm Deu vtta mterna in CkmtoJésu
Domino nostro. (Aom. vi, 23.)
(208) Cfr. sur celte question le savant ouvrage
de RoscLLV DE LoRGFES, De la mort avant VUomnu*
(209) Rom. Il, 59.
199
IITS
DICtiONNAltlE APOLOGEtiQiJE.
MtS
20(
qu
le
qno nous ne voyons pas, et nous dît ce que
tiersonne ne saurait nous dire que lui.
Pourquoi nous le dit-il ? Pourquoi , ne pou-
vant ou ne voulant nous donner Tévidence
des choses qu*il noua révèle, nous les ré^
vèlc-t-il? Où est l'utilité de cette communia
cation (210)? L'utilité est une chose de fait:
Vous niez l'utilité de l'incompréhensible; ie
la soutiens. Peu importe^ en ce moment* la
définition exacte de ces mots: comprendre,
ne pas comprendre. Peut-être sufQrait-il de
les détinir pour terminer la quesUon ; mais
je ne le veux pas. Je les laisse dans votre
esprit tels qu'ils y sont, et parlant de l'idée
vulgaire, qu'être utile c'est faire du bien,
je me demande : l'incompréhensible fait-il
du bien à ThommeT S'il fait du bien à
l'homme, si l'histoire le prouve avec une
entière évidence, totl^ les raisonnements
que vous opposerez à ce résultat tomberont
comme des coups perdus. En matière d'uti-
lité, le résultat décide de tout. Il n'importe
'on s'explique ou qu'on ne s'explique pas
bienfait i le bienfait existe. Y a-t-il quel-
qu'un qui ait méconnu un bienfait, sous le
pt*étexte qu'il ne se rendait pas compte du
procédé par lequel son bienfaiteur l'avait
servi?
Je renouvelle donc ma question : L'in-
compréhensible fait-il du bien à l'homme?
II ^ en a qui se croient assurés de ne! rien
devoir à cet étrange bienfaiteur. Disciples
de la raison, ils estiment qu'ils se sont for-
més par eux-mêmes, et qu il n'est entré que
l'évidence dans la composition de leur es-
Erit. Mais encore auc cela fût vrai, un
omme n'est pas l'homme et je parle de
l'homme. Je parle de vous tous, contempo-
rains du xix* siècle, liés par vos pères
aux â^es qui ont précédé, apfiartenant
ensemole à un grand mouvement historique
qui a changé la face du monde, et qui a pré-
])aré à chacun de vous une autre destinée
que celle dont l'eût doté le cours de l'an*
cienne civilisation^ Voilà l'homme réel, ce-
lui que j'interroge, et non l'homme idéal
qui s'est séparé, crojt-il de la paternité de
son temps. Or, cet homme réel, qui Ta
fait? Qui a fait l'humanité moderne? N'est-
ce pas le christianisme? £t en est-il un seul
parmi vous qui niera la supériorité de
l'homme chrétien sur tous ceux qui ont été
les (ils d'une autre génération ? Si vous eti
doutiez, je vous dirais : Comparez- vous
vous-mêmes à la plus illustre et à la plus
parfaite humanité qui ait régné dans le
inonde avant et depuis vous. Certes ^ c'était
une grande race que celle qui eut Athènes
et Rome pour patrie, race féconde en légis-
lateurs, en sages, en héros, mémorable dans
la guerre par ses conquêtes, dans la politi-
que par ses institutions y dans la paix [)ar
ses arts, et qui, éteinte depuis de longs siè-
cles, nous appelle encore autour de ses rui-
nes pour nous y donner des leçons. Mais si
merveilleuse qu'en ait été l'histoire, qui de
vous consentirait à renaître dans cette anti
quité? Qui de vous sacrifierait tes droits oi
les devoirs de l'homme chrétien à toute ](
gloire du Grec ou du Romain. En lisant le*
plus belles choses qu'ils nous ont laissées
nous sentons, depuis letiri dieux jusqu*]
leurs vertuSj qtte ce sont des peuples en
fants, et l'excellence môme de leur liiiéra
ture, loin d'être le voile de leur infériorili*
en est l'éclatante et immortelle révélation
Les chefs-d'œdvrede ces deux langues iron
jusqu'à la dernière postérité pour être ui
ténioignage qu'on peut alliei' la barbarie de
mœurs à une exquise culture de l'csprilf e
une grande faiblesse de pensées à une ad
mirable science du stjle. Aussi , quand li
christianisme, né avec le monde mais in
connu de lui, se leva pour apparaître à cHi*
société ingénieuse et puissante qui n'atji
jamais eu d'égalé sur la terre, il n'eut qu*
parler et h mourir pou^ en ruiner la civili
^atioti. L'homme grec et romain ne put teni
devant l'homme chrétien.
. Et qu'était-ce donc que l'homme chrétien
Qu*apportait-il avec lui de plus forlquW
thènes et que Rdme; Athènes, matlress
dans la science de dire ; Rome, maitress
dans l'art de combattre et de gouverner? C
qn^il ap[K)rtait, une seule chose (]ui conte
nait tout te reste 2 l'incompréhensible. II an
nonçait au monde que la race hunfiaim
souillée dès l'origine, recevait et transmel
tait avec son sang la solidarité d'une faut
inexpiable; mais que Dieu, un en troi
personnes, avait envoyé son Fils sur la lerr
pour prendre notre nature dans le sein d'un
vierge, et nous racheter par un sacrifice y(
loniaire du péché et delà mort, il annoi
çait que ce mystère s'était accompli ; que I
Fils de Dieu, venu en chair, avait parudai
la Judée, qti'il y avait enseigné, et que m
à mort sur une croix , enseveli dans un bi
pulcre, II était ressuscité ie troisième jou
assurant par sa mort son triomphe sur lep<
ché, et par sa résurrection son triomphe si
la mort. Tel était le dogme chrétien, ol l
aussi le principe de la civilisation qui voi
a faits ce que vous êtes en renversant tou
l'antique société. Ou niez votre supériuri
sur les idées cft les choses du paganisme, (
reconnaissez l'utilité de l'incooipréhensibl
Vous pourriez croire que le christiauisii
renferme deux parties distinctes : l'une m
sonnable, qui est la source du bien qu'il
opéré dans le monde; l'autre mystérieux
qui n'est qu'une eliteloppe dont ona couve
par hasard de hautes vérités et de salut
vertus. L'Evangile , en effets ne se décoii
pose-t-il pas ainsi naturelleoient? S'il y c
question de miracles et de dogmes qui roti
ternent la raison, on y voit plus souvent 0
core un Sage qui enseigne au peuple u
morale simple et sublime,' la douceur,
modestie, la patience, le désintérossemei
la justice, et ce qiâ comprend tout dans i
seul précepte, l'amour sincère do Dieu
(910) A Tart. Surnâtcaalisue, nous donnerons' à cette question une réponse mét.iph}'s{t;tac; ici m
répoudons par des considérations d'u» autre ordre.
IITS
IMGTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
«TS
îfA
des bomnies. Faut-il s*é(onner qu'un code
êusâ parlait, émané d*une âme pure qui
souliat ja$qa*à la mort les leçons qu'die
araii données, ait produit à la longue dans
le i^enre bumain un salutaire et mémorable
tfïkJ II est imfïossible- de lire FEvangile
Mos souhaiter au moins de devenir meiU
irur, et ce vœn, dercnu celui d'un grand
O'^ffibre, a fiai par se réaliser dans quelques-
nns auiy de siècle en siècle, ont orné le
Moade de leurs Tertus. L'incompréhensible
n'est là qu*an accessoire sans portée ; c'est
U lable qui précèiie ou qui re^t la vérité.
Je cuoTîeas que le cbristianîsme aboutit tout
reliera lamour de Dieu et des hommes, et
•pje là gît le secret du changement prodi-
gieai qu'il a introduit et qu'il maintient
|iaraii nous. Mais cet amour, si longtemjis
luécoona de la terre, si difficile encore au-
joarriiui à coooaltre par sa propre expé-
heoce, loin d'être la cause de la révolution
cuorale opérée par le christianisme, est cette
rvTolotioB elle-aiême dans son effet dernier,
JiQssuo effet le plus profond. L'Evangile,
<1 tes-voos, a lait aimer Dieu et les hommes ;
il est vrai, je le sais, je le dis, mais comment
f<'\\ fanreau à les faire aimer, eux qui ne
rétnenl |«s depuis quatre mille ans? Par où
a-t-îltiréte eorar humain de Tégoïsme de
yts fassions, et surtout de l'égoïsme de ses
terias? £sl-ce |iarce qu'il a dit : Aimez
Dieu, aimez les hommes? Hélas I s*ii n'eût
<tff que cela, il eût eu juste la puissance
</o exereent sur nous tant de iihiJosophies
mortes ou rivantes qui nous lionorenl de
Iturs conseils. On eût élevé une seule
sialae à Jésos-Cbrist, au seuil d'une aca-
démie; on eût possédé son portrait dans
ies musées des peuples civilisés, et depuis
rîtopiimerie, oo eût écrix dans toutes les
lao^aes de FEurope que ^Evangile est un
beau livre; mais le fiauvce n'eût connu ni
le livre ni Je sage, et le cœur de tous eût
•iiûtiané de jouir de soi dans les sens et dans
iVirgueil.
• Voulez -TOUS savoir, s'écrie Lacor-
•^ire, oomment Jésus-Christ nous a élevés
v**rs Dieu et nous a penchés vers l'homme?
Sortez de Notre-Dame, et regardez à votre
uiiclie. Sar un monument, sans mérite par
«art'liiCeclure, vous lirez cette inscription :
flOTci.«DiEu. Peut-être Tinscription a-t-elle
** «{4ra de la pierre, je l'ignore, mais elle
siUsisie dans la mémoire et dans la langue
Mifieople* csequi&ttflit. Francliissez la voûte,
• Hantez Tescalier, levez les yeui sur l'image
S'ui e^ «u«dessus de cette porte^ vous y
. r^sz z L*iioiiME-DiKU. Allez plus loin en-
'' le. pénéirez dans la cellule d'une de ces
errantes volontaires qui consacrent leurs
ffixTs aux infirmités du pauvre ; vous êtes
«caoe« beau, riche, et elle-même est revêtue
Zone beauté qui sort de la vertu; offrez-lui
vMre main. Elle vous ré|K>ndra : Hoi, l'£-
p»/tfta D« DiEcl Si ces trois mots incompré-
^asibtes, fHôuUDieu^ V Homme-Dieu^ l"E*
pomse de Dieu^ ne vous éclairent pas encore*,
'•«-«^landez à cette âme pourquoi elle a quitté
.^ Tempérances du monde pour se consumer
D1CT107I5A1BE APOLOGÉTIQLE. II.
dans un hôpital, entre des douleurs étran-
gères : elle vous dira son secret. De qui
voulez-vous l'apprendre sinon de ceux qui
ont l'amour dont vous cherchez la cause?
Elle vous dira qu'elle aime Dieu, parce que
Dieu l'a aimée jusqu'à mourir, et qu'elle
ain:e les hommes, parée que Dieu, en pre-
nant leur nature et en mourant poux eux,
en a fait une partie de son adorable bouté.
Si Dieu n*est (las homme, s'il n'est pas mon,
assurez-vous qu'il n'y a plus d'Epouse de
Dieu, ni d*Hâtel-Dieu; la vertu du chrétien
sort de Tincompréhensible, comme la fleur
sort de la terre. L'incompréhensible est
TAme du chrétien, il est sa lumière, sa force,
sa vie, sa respiration. Dites que cela est fou,
je le veux bien. Je n*ai pas entendu vous
prouver que cela n'était pas fiiu« njais que
cela vous sert. Voilà soixante ans que vous
essayez de vous [^^sset de cette folie, et de
conserver les bienfaits du christianisme en
en répudiant les dogmes; c'est à vous de
voir SI vous avez réussi, ji
L'homme est un animal divin, et l'incom-
préhensible est sajnourriture. Si iamais ce don
du ciel lui était pleinement retiré, vous auriez
un spectacle que ie ne peux pas dépeindre,
parce qu'on ne la jamais vu. Le paganisme
lui-même, tout dénué qu il était, renfermait
des restes confus de l'incompréhensible |iri-
mordial, et c'est ce débiis qui a fait sa gran-
deur en de certains peuples et en de certains
temps. Quand Rome est résolu d'asseoir sur
une colline solitaire le centre et le fondement
de SB puissance future, die y bâUt à la fois ua
temple et un camp, laissant entre deux un es-
pace vide, qui était comme le siège où elle se
tiendrait debout, une main sur ses armes et
l'autre sur le ciel. C'est de là qu'elle a regardé
et dominé TuBivers, y puisant une sagesse
aussi invincible que son courage, et lorsque
ses triomphateurs lui amenaient les rois et les
dépouilles des nations, ils montaient à ce
Capitole comme au lieu tutélaire où leurs
victoires avaient pris naissance dans la
volonté des dieux qui rhabitaient. Ce carac-
tère religieux dura autant que la vertu et la
liberté de Rome. Les sacrés mystères i>rési-
daient à tou^; on les |K)rtait jusque devant
l'ennemi , et ces iameux généraux , qui
avaient reçu de la fortune et de leur génie
tant d'assurances de vaincre, n'osaient se
confiera une bataille sans avoir consulté |)ar
des augures Timpénétrable conseil des dieux
du monde et de la patrie. Alais quand Cieéroa
put avouer qu'il ne concevait pas que deux
augures eussent le secret de se regarder sans
rire, Rome toml»a du Capitole au Palatin, du
temple des dieux au (lalais ilQs Césars, et
bientôt Tibère, suivi de Néron, prodigua le
mépris de sa tyrannie aux vivants et aux
morts du peuple-roi. Riez tant qu'il vous
plaira des poulets sacrés; mais sachez du
moins que, quand il n'y eut plus de poulets
sacrés, il n'y eut plus de Scipions. £t le
même spectacle, issu de la même cause»
vous le rencontrerez (lartoot dans l'histoire
du monde. Partout la décadence des peup*^
est née de la décadeuce do l'imcompréljc^ -
7
203
MYS
DICÏIO.NNAIHE APOLOGETIQUE.
&1YS
m
sible, cl la terre a dévoré tous ceux qui
n'ont plus reeardé du ciel que ce que l'œil
en découvre a Thorizon.
J'aime donc les Egyptiens d'avoir'placé le
sphynx à rentrée de leurs temples. C'est
bien là le vieil ami de l'homme» et son na-
turel introducteur dans l'infini. Méprisez-le
tant que vous le voudrez; appelez-en à la
raison pure, aux droits sacrés de l'inteUi-
gence humaine : pour moi, je m'en tiendrai
au sphynx, tant que je le verrai à la porte
des vertus gui fondent et des gloires qui ont
une postérité.
Ralionabililô &» »y»lère, prouvée par rincomprébensir
ble dans lous les ordres de phéaomèBes : u mtUëre,
l'e'^prU, Dieu. — I.e scepticisme. — Le cfansUantsme
parle doffmaliquemeiil, donc son dogme est ane Idée
raUoQneUe.
Cependant, me direz-vous encore, pour-
quoi le sphynx? pourquoi rincomprénensi-
b'IeT Ici, vous changez de question, vous ne
me demandez plus de vous prouver lutililé
de l'incompréhensible, mais de vous donner
la raison de son existence dans le genre
humain (^11).
Rien d'absurde ne pouvant être utile, et
surtout utile à l'humanité tout entière, il
suffit que l'incompréhensible fasse du bien
aux hommes pour en conclure qu'il est essen-
tiellement rationnel. C'est pourquoi quicon-
que dit du christianisme qu'il est le bienfai-
teur du monde, celui-là dit en même temps
que l'incompréhensible, loin de contredire
la raison, en est le dernier et le plus magni-
fique effort. Cette preuve néanmoins, toute
suffisante qu'elle soit, ne répondrait pas, je
]p sens, au besoin que vous avez d'appro-
fondir un si grave sujet. Je veux donc pren-
dre une voie plus directe, et vous montrer
fiu'en toute chose rationnelle il entre un
élément incompréhensible, comme en toute
chose incompréhensible un élément ration-
nel. Dès lors il ne vous sera plus permis de
penser que la raison et le mystère sere-
jfoussent mutuellement, puisque l'un n'est
jamais sans l'autre, et que, comme l'ombre
2»'associe k la lumière dans la nature, il en
est ainsi dans les profondeurs infinies où
notre intelligence est aux prises avec la
vérité
J'affirme d'abord qu'en toute chose ration-
nelle il entre un élément incompréhensible.
Rien n'est plus à la portée de la raison que
les corps qui peuplent l'espace, et surtout
que les corps dont se compose le globe ha-
bité par nous ; la raison les voit, les touche,
les pesé, les mesure, les confronte, les ana-
lyse, elle en fait tout ce qu'elle veut. Et ce-
f>endant comment nomme-t-elle ce qui dans
es corps est soumis à ses observations T Elle
le. nomme un phénomène, c'est-à-dire quel-
que chose qui apparaît. Energique et sincère
aveu, qui prouve qu'elle ne voit pas tout le
corps, et que si quelque chose s'y livre à sa
curiosité, quelque chose s'y dérobe aussi.
En doutez-vous î Considérez cette autre ex-
pression par où la science désigne le corps
lui-même, expression bien autrement for-
midable et désespérée, et qui est au phéno-
mène ce que la nuit est au jour. Elle appelle
donc le corps une substance, c*est-à-d)re ce
qui est dessous, ce je ne sais quoi qui est
sous Tapparent. Et, en effet, qu'est-ce que
le corps ensoiTQuand vous avez constate sa
couleur^ son poids^ le mode d'agrégation de
ses parties, Faction qu'if exerce sur d'autres
corps, savez-vous ce qu'il est 7 La chimie
moderne, et avant elle I alchimie, ont essayé
sans doute de poursuivre la substance jus-
qu'à ses dernières profondeurs* et de lui ra-
vir le secret de sa composition. Elles y ont
même réussi à un degré qui tient du pro-
dige et qui a mis à nu devant nous des m} »-
tères que la nature avait longtems soustraite
à nos investigations. Néanmoins Tombren'a
fait que reculer sans disparaître, et la place
qu'elle a cédée à la lumière n'a oas diminué
pour nous l'abtme de l'inconnu. Nous savons
que les corps, eoutniints {lar l'analyse, se
résolvent en un certain nombre de substan-
ces que nous appelons des éléments : mais
ce qu'est l'élément, nous ne le savons plus.
La matière se réfugie là comme dans un
fort où elle brave l'orgueil de nos ex[»érieu-
ces et la dictature de notre volonté.
Il en est du germe végétal et animal
comme de l'élément minéral, mais avec une
circonstance qu'il n'est pas inutile de remar-
quer. La science a prise sur l'élément miné-
ral, en ce sens qu elle peut le ramener à
constituer de nouveau un corps proprement
dit ; mais quand l'analyse a décomposé les
germes de l'ordre animal et végétal, elle est
impuissante à y rappeler le principe de vie
qui y était contenu. Elle n'a plus sous ses
instruments que des débris inanimés ; elle
voit, elle touche la poussière mystérieuse
d'où devait s'élancer le cliêne séculaire des
forêts ou l'aigle, habitant de leurs sentiers
perdus : mais cette poussière est morte dé-
sormais. Pourquoi morte T D'où vient que
le sépulcre brisé, l'être vivant a disparu ?
Qu'est-ce que la vie 7 La vie est dans un
germe ; elle y demeurera des siècles, soli-
taire et silencieuse , sans se t>erdre et sans
a^ir : mais que l'analyse y porte la main, la
vie s'enfuit, comme si la nature jalouse
tenait à devenir plus incompréhensible à
mesure que son ouvrage devient plus par-
fait.
Vous en aurez dans l'homme une trop
irrécusable preuve. L'homme est corps et il
renferme dans son corps tous les inconnus
de l'univers matériel, tous les faits qui se
voient sans s'expliquer. Mais conjointement à
ce premier mystère, dans le tissu complexe
d'une personnalité unique, il porte un se-
cond abîme plus effrayant que le premier,
l'abîme de la pensée. L'homme pense, il veut,
il est libre, il se gouverne, toutes choses
dont on ne voit aucune trace dans les corps,
et toutes choses qui échappent aux prises
les plus ingénieuses de l'analyse scientifique.
Jamais savant n'a \m attirer la i>onsée dans
(211) Nous la donnerons au mol Surnaturalisiie au<iuel nous renvoyons (§ Y ei VIj.
1 1
315
UT
DlCTIONiNAlRE APOLOGETIQUE.
IITS
9S»
soQ creuset ; jaioais il n'a pa la souaietirc h
luaine iosIraroentatioD. Le spiritualiste
affirme qo*elle n*e$t pas fille du corps, mais
ione autri! sabslance qu*il appelle l'esprit,
H qui, dëooée de ûgure, d'étendue» de cou-
leor.de poids» de tout ce qui nous est connu
|iir les sens, coostilue une réalité dont rien
de Tisible ne saurait nous donner la plus
<ÀjscQrt et la dIus lointaine représentation.
Aiasi tout à Iheure, an plus bas des êtres,
rélément minéral, bien qu'en restant sous
DOS yeoi, échap|)ait dans son essence aux
efforts de notre lUTestigation ; un peu plus
tuai, dus le germe animal et fégétaU la Tîe
s*eiih^«itdemnt nos recherches, et ne nous
\^$mi pas même la consolation d*entreToir
le rcnort d*où jailiit son acti?ilé ; raaiote-
naatfoîd fespril qui, h aucun moment,
soostocaneiMÎBe, par aucune fmage, ne se
faisseapprodier de nous, quoiqu'il soil nous.
Le malnialîste, il est vrai, nie Tespril et
^ootieotqoe la pensée est un simple effet
<ia cDipf parreau à unecertaine perfection :
aaiscvla est-il plus clair? Nous expliquons-
Bcms dafanta^ comment la matière, qui
Qe pense i«mt par elle-même, puise dans
nœ oranisatioa quelconque la faculté de
peoser:
Quoi qu'il en soitp nous pensons, et dans
le OTStère personnel de notre [lensée il en
sur^l un mitre plus profond encore, que
ihtQfipp^oas l'étemel, Tinfini, le principe,
DieiL Jte méoie que la nature est rliorizon
naiorel Je noire œil physique. Dieu est Tho-
rizoo oéeessaire de notre œil intellectueL
?ioas ne pouTons souieTer nos paupières
"^Dsroir l'espace indéfini où se meuvent les
(Drps^ et nous oe pouvons éveiller notre
pensée sans qu*e1le découvre la c^iuse (>re-
Oiière qui contient en soi tout le possible
d loot le réel. L'impie peut lui refuser le
KHD de Dieu ; il peut essajrer de confondre la
'tuse avec l'effèi, en transportant an monde
n^Me ridée qpe nous avons de l'être sub-
^^UDt par SOI : mais cet effort désespéré
i(f^neni ïm profondeur du mystère qu'ha-
bite la peasée^ et quoi qu^elle fiasse, elle a
>not die réCernité. Quelle est Tintelli-
è^ placée en face de ce dernier abîme,
f'i dira : Je l*ai sondée 1 Quelle est l'flme si
*tste qu'elle soit, qui ne s'est arrêtée, triste
•^ pensive, devaiit ce mot si court : Dieu 1 Un
9Umt nous confond, et nous voici en pré-
"eue de rinfioil Vous le représentez-vous?
^ 'ius représentez-vous une substance sans
f'^'Oiinencemenldans sa durée, sans bornes
'>iBi son être, remplissant tout de sa pré-
>^Ke et de son action, quoique concentrée
^ ue îodirîsîble unité qui n'a de lieu
ji'en elle-même? Le jour fuirait avant que
jMsseacberé la nomenclature des mystères
('iatenus dans ce mystère suprême où pour-
taat toute vie prend naissance avec toute
^'arté. Car, tel est notre sort de rencontrer
^ î^Dèbres aux choses mêmes où nous pui-
• zs la lumière. De la terre à l'esprit, de
^«yrit à Diea, dans les trois sphères de no-
'" ^Kax\atioa etde notre activité, une main
vire autant que proiigue a savamment
mêlé l'ombre 'qui nous aveude à la splen-
deur qui nous ravit. En vain Ta raison s'in-
diçne de cet adultère hyménée ; il faul
qu elle accepte l'incompréhensible comme
le livage qui contient l'évidence, ou bien
que, renonçant è la vérité, elle lui dise dans
le scepticisme un ir-évocâble adieu.
Le scepticisme n'est que le désespoir d'une
intelligence assez grande ()Our connaître
qu'elle ne voit le ioui de rien^ selon Tox-
pression de Montaigne, mais trop faible pour
respecter dans le mystère la limite inévita-
ble imposée & l'esprit créé. Tandis que le
rationaliste vulgaire, enivré de ses propres
idées, croit comprendre tout ce qu'il pense,
le sceptique, avec autant d'orgueil et plus
de pénétration , discerne le côté faible de
la science humaine et conçoit un dégoût
sombre de la vérité I Promenant son mélan-
colique regard sur rencbainement progressif
des choses ei l'arrèlant & l>ieu, il se deman-
de : Est-ce que ie comprends Dieu 7 Non;
eh bieni Atoos Dieu. — Mais, moi-même,
mon esprit, est-ce que je le comprends?
Non; eh bien 1 ôtons Vesprit. — Mais la ma-
tière, à tout le moiosl La matière! .sans doute,
je là vois, je Teipérimente, et pourtant sais-
je ce que c'est? Puis-je dire que je la com-
prends? Eh bien 1 ôtons la matière^ —Ainsi,
de degré en degré, de désespoir en déses-
poir, la raison s*écanouU en elle-méaoe,
selon l'énergique expression de saint Paul,
et sur les ruines, incerlaine do toute réalité,
elle se dit avec une lamentable angoisse :
Que sais-je et que suis-je ? Le doute, il est
vrai, ne descend pas souvent jusau'à cette
profondeur où rien ne subsiste dans l'es-
irit ; mais quelque part qu'il s'arrête, il est
e meurtrier de Tâme, et plus haut ou plus
lias, il n^a qu'une même cause, qui est
le refus de consentir à l'incompréhensible
comme à une nécessité et à un aliment de
la raison. Pour moi, si j'en étais là, si je ne
reconnaissais le signe du vrai que dans une
absolue clarté , je vous le déclare , je ne
croirais pas plus à la matière qu à l'esprit,
l>as plus à Tcsprit qu'k Dieu ; ic me serais à
moi-même une énigme douloureuse , un
souffle dans le désert, une plainte dans un
sépulcre, le jouet d'une existence sans prin-
cipe ni but ; j*irais dans mes jours au hasard
de chaque soleil, entre la tristesse d'hier et
Il joie de demain, n'attendant rien de plus
delà vie, rien de plus de la mort. Hais, grâce
à Dieu, j'adore dans l'évidence l'ombre qui
la limite; je sais que la vérité, objet uni-
que et saint de mon Ame tout entière, est
grande comme l'infini, et que l'infini n'étant
compréhensible qu'à son égal, c'est-à-dire à
lui-même, il est naturel que je ne voie rien
jusqu^au bout, mais dans une mesure qui
suffise pour connaître sans suffire pour
éjmiser.
De même qu'en toutes choses rationnelles
il se rencontre un élément incompréhensi-
ble, dans toute chose incompréhensible il
se rencontre aussi un élément rationnel ,
c'est-à-dire Tidée. L'idée est tout ce que voit
rcsj)rit, et Tespril ne voyant rien que par
I
207
MÏS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYS
20}
Si lumière primitire, qui est la raison, il
s'ensuit que toute idée, si problématique
qu'elle soit, est un élément rationnel. Or,
le christianisme, dont nous confessons que
]e dogme est incompréhensible, )e christia-
nisme porte évidemment dans son dogme
luôme le trésor de l'idée, et si tous en dou-
tez, je ne vous en donnerai qu'une preuve,
c'est qu'il parle. Le christianisme parle, il
parle dogmatiquement depuis dix-huit siè-
cles : donc, si incompréhensible que soit
son dogme , son dogme est une idée, et par
conséquent quelque chose de rationnel.
Est-ce que ce raisonnement vous étonne?
Est-ce que vous n'auriez jamais réfléchi à ce
aue c'est que parler? Parler, c'est enchaîner
des mots, et des mots n'étant que des idées
vivantes sous une expression, parler c'est
enchaîner ces idées. Quiconque parle donne
la preuve qu'il voit quelque chose dans son
esprit , et qu'il transmet à l'esprit qui l'é-
eoute tout ou partie de la lumière dont il est
éclairé. S'il en était autrement, la parole ne
serait cfu'utie suite de sons tombant dans
Toreille et non dansTintelli^ence; elle serait
du bruit, et encore un bruit sans signiflca-
tion. Mais quoi ! me direz-vous, est-ce que
l'absurde ne parle pas aussi? Et puisqu'il
parle, serait-il donc une lumière, une idée,
un élément rationnel ? Sans doute , il est
tout cela, et s*il ne l'était point, il lui serait
impossible de parler et d'être entendu. L^ab-
surde est l'évidence du faux, et le faux n'é-
tant qu'une vérité dont on abuse, c'est la
vérité cachée dans le faux oui lui permet de
s'énoncer. Une erreur absolue ne repr&en-
tant rien à l'esprit, ne susciterait aucune ex-
pression dans la pensée ; ce serait le néant
pur. La gloire de la vérité est de vivre jus-
que dans Terreur, et d'illuminer la parole
qui l'exprime de manière à ce que l'absurde
saute aux yeux de l'entendement. Loin donc
qu'il n'y ait pas d'idée ou de substance ra-
tionnelle dans l'absurde, elle s'y trouve h un
si haut de^ré, que tout le monde dit à l'ins-
tant : Voila qui n'a pas le sens commun.
L'absurde est la seconde révélation du vrai,
peut-être plus puissante que la révélation
directe, et c'est pourquoi les mathématiques
emploient si souvent cette forme de raison-
ner qu*on appelle démonstration par l'ab-
surde.
Je reviens donc 5 ma pensée : le christia-
nisme p«irle, il parle dogmatiquement de-
puis tiix-liuit siècles, cl ainsi, tel incom-
préhensible que soit son dogme, sou dogme
est néccssairenient une idée, c*cst-à-(Jirc
qùelqucclioso de rationnel. A Ja bonne heure,
ilirez-vous^ mais quelque cliose'dc rationnel
h la façon do Tatisurde; car puisque Tabsurdc
parie autant que riiicompréheiisible^ qui
empêche do confondre rincompréhensibic
avec lui ? Ce qui en empêche, c'est que l'un
n*csl pas Fautre; c'est que l'absurde est
l'évidence du faux, tandis que l'incompré-
liensiblo manque h la foi de l'évidence du
faux et de l'évidence Ju vrai. L'incompré-
hensible est ({uelquc chose que la raison ne
s'explique! pas, rien de plus. Nierez-vous
son existence? Nierez-vous cet état parlicMi-
licr de resj)rit humain? Mais je vous ai fait
voir que rincompréhensible nous poursui-
vait jusque dans les objets de science; je
vous l'ai montré comme le terme nécessaire
de nos plus hautes clartés. Si rincompré-
hensible se confondait de sa nature arec
l'absurde, il n'y aurait d'ombres nulle part,
puisque l'absurde est aussi clair qu'une
démonstration. Etant donc prouvé que l'in-
compréhensible est une catégorie aistincte
de 1 esprit humain, un état a part si vous
l'armez mieux, où l'entendement n'a ni
l'évidence du faux, ni l'évidence du vrai, il
restait cette diOiculté,quenepascon)nrenitre
c'est ne rien voir. Contre cette difficulté, que
devais-je faire? Vous démontrer que l'in-
compréhensible n'est pas l'exclusion de toute
idée, et par conséquent de toute vision
rationnelle. A cet effet, je vous ai dit : Le
christianisme est incompréhensible dans
son dogme, et cependant le christianisme
dogmatique est une idée; il est une idée,
puisqu'il parle. Vous me réijondrez à cela,
que fabsurde parle bien aussi. Oui, mais ii
parle avec le caractère de l'absurde, c'esl-è-
dire avec l'évidence du faux, tandis que le
christianisme parle avec le caractère de
l'incompréhensible, c'est-è-dire avac Tab
sence dunedécisive clarté, soit pourle faux,
soit pour le vrai.
Cependant si Texemple du christianisme
vous embarrasse, par la préoccupatioa oii
vous seriez que sa doctrine est manifeste-
ment empreinte du signe de l'absurde, je
veux bien l'écarter du débat où il n entre
pas nécessairement, et je vous dirai. Com-
prenez-vous l'élernité, rinùni, Dieu? Com-
prenez-vous un être qui existe par soi,
qui est parce qu'il est, sans commenceinenl
ni fin ? Comprenez- vous Tunion en une
seule personne de deux substances aussi
opposées que le corps et l'esprit? Comprc-
vous l'action du corps sur respril, et dt»
l'esprit sur le corps ? Non assurément. £h
bien I tous ces mystères si profonds, si im-
pénétrables, présentent-ils, oui ou uon,
quelque idée a votre entendement? Si vou^
me répondez que oui, et vous ne pouvez
pas me répondre autrement, j'en conclus
que l'incompréhensible, malc^ré son obscu-
rité, n'emporte pas avec soi l'exclusion de
tout élément rationnel, et c^est la seule
chose que j'avais à démontrer. Car, remar-
quez-le bien, il ne s'agit entre nous, dansée
moment, que de l'essence générale de l'in-
compréhensible. Vous m'avez dit que l'in-
compréhensible considéré en soi, dans sa
nature même, était une absurdité. Et moi.
me tenant pas h pas sur vos traces, j'ai dû
vous prouver que cela n*était pas, et que
proposer à l'homme la contemplation d ua
mystère, loin de déshonorer son intelligence,
c'était l'élever dans des répions dont il est
le naturel et sublime convié. Car, ai-je dit,
la raison elle-même renferme un élément
incompréhensible, et l'incompréhensible à
son tour confient un élément rationnel;
l'évidence, en montant vers !e pôle supê^
ÎW
MTS
DtCTIONNAlRE APOLOGETIQUE.
MÏS
21(»
rieur des choses, donl elle esl le grand che-
min, y rencontre Tobscurité, elle myslère
ffi descendant du ciel nous apporte une lu-
mière digne de son nom propre, qui est la
rérélation.
ftroù TOUS Tojez que la dîflërenne entre
l'unlrenalnrel et Tordre surnaturel ne consiste
l«s fo ce que tout est compréhensible dans le
preoiierylandîsqnetoutestincoropréhensible
dans le second* mais en cequelesTéritésde
«vlaî-ci ne sont pas susceptibles d*une dé-
ttitAslration directe , tandis que les ?érités
tle celQKià découlent par voie de eons^-
«foenee dn germe lumineux qui est notre
raiiOQ. Ainsi Dieu, quoique inserutable
«lans son essence, est un dogme de la nature,
IHfce que nous le concluons de la lumière
profffe qnt esl en nous ; mais Tunité de Dieu
fo trots personnes distinctes est un do^mc
•le ta révéiation, parce qu'il nous est impos-
MUe de le détiuire d'aucun principe ration -
Gfl.
A tout le moins, tous penserez peut-être
quil j i pins d*oliscurité dans Pincompré-
l«iisU)le surnaturel quedans l'incompréhen-
îUile natarel. Or, je ne puis que tous répé-
ter tes uroles de Jésus-Christ : Je suis ta
Immènèmmmde; celui qui vient après moi
•i sMfrAe^nsr dafu les ténèbres^ mais il
amrm k hmUre de la vie (212). Et ces autres:
Mn, la lumière^ je suis venu dans le monde^
afn fme fmrsnme eroii en moi ne demeure
p^tmtàÊOsUs timibres (213). Et celles-ci, de
rapAre salât Paul aux chrétiens d*Ephèse :
y^ms éiitx auirefois ténèbres^ mais maintenani
fsmê êtes lumière dans le Seigneur; marchez
r^mme des fU de la lumière (214). Partout,
•tins rEcriture* Tordre naturel, comparé à
f'Hdre somaturel, est appelé ténèbres, et
Hm-eî,la lumière, la vie, la ▼oie. laTériié.
Ces! qu en effet, si loin el si haut que par-
viemie la raison la plus pure, elle ne con-
Aitt Bien qae par des notions imparfaites
«réfîTées dn spectacle des choses flnies ou de
il contemplation d*elle-méme. Or, Dieu est
iovf. Qui ne le connaît pas ne sait rien ; qui
lecoimaft uMd sait mal ; qui le connaît |ieu
^il peu. Et puisque la raison ne s'élève à
lai an*impanaitement, comme il est trop
Ti^bie, il est juste de dire qu'elle est une
tnble aurore d'un grand jour, un miroir
^ijDatiqoe et douloureux de la yérité.
ibzs si INen, touché de notre ignorance
ucoreile, nous a apporté sa propre science ;
l'il nous eofifesse ce qu'il est, ce qu*il voit,
c^qall sent, ce qu'il veut; s*il nous initie
iai profondeurs de son éternité, à son ac-
i^AQ sur le temps, aux motifs et aux plans
:«<a ProTidence, alors sans doute, notre
'ni itttfrjeor ne discernera qu'avec peine les
'--uses inflniesde celte révélation, il demeu*
^ au-dessous de l'horizon céleste comme
• eft au-dessous de Fimmcnsité créée, et
Vjvte&iîs qui dira qu'il ne sait pas davan-
>^? qui o*appellera ténèbres son étal pré-
cédent, et lumièresonélat nouveau? J'avoue
que 1 ombre s'augmente avec la clarté; mais
c'est !a loi de toute science et de toute lu-
mière. Quel est le savant qui ne découvre
plus d'abîmes, à mesure qu'il pénètre plus
loin dans la nature? Quel est le soleil qui,
en tombant sur les corps, n'en fasse saillir
une ombre d'autant plus forte queses rayons
sont plus ardents ? Si le fini lui-même, en
s'ouvrant à nos regards, devient d'autant plus
mystérieux qu'il devient plus visible, que
sera-ce de l'inOni (215)?
iiu
NouTeaax déTeloppements «or le mjstère. — Point de
«ience aams myslère. — Eiisteuce el myslère de Vuk-
fmmeia armd, ^ L'infini dans l'étendue. — L*infim
du» la diirêe. — Existence el mystère de Vm/bnmetd
petit. ^ Les incrédules ne peofentse refuser à croir«
à la refigkMi à cause de ses mystères.
Depuis que l'étude des sciences a fait,
parmi nous, ces étonnants progrès dont
quelques incrédules se montrent si fiers,
on dirait, à les entendre, que leur raison a
conduis, avec l'espoir de tout expliquer, le
droit de ne rien admettre sans le concevoir
pleinement, et que l'humble foi du chrétien
ne convient plus à l'élévation de leur génie.
Pourtant cette raison si dédaigneuse, si
hautaine, n'a pu découvrir encore une cause
première, sans sortir de l'univers physique
livré à ses investigations. Le mouvement,
la matière, ne sont que des effets qui la
forcent de remonter à une volonté impul-
sive, k une intelligence créatrice, sans la-
quelle ils n'existeraient pjis. Le monde vi-
sible suppose donc nécessairement un autre
monde qui échappe à nos regards ; toute
science a donc SES MYSTÈRES qu'il ne nous
est |)as donné de sonder.
D'où vient cependant qu'à ce seul mot de
mystères, prononcé par la religion, certains
esprits se révoltent et ne veulent pluscroire?
d'où vient le mépris qu'ils afltchent pour
tout ce qu'il leur plaît d'envelopper sous le
nom de mysticisme? c'est que luonime, dis-
trait par l'imagination et captivé par les
sens, réfléchit peu à ces innombrables my3-
tères qui l'environnent. S'il les méditait
sérieusement, s'il y pensait seulement quel-
quefois, il s'arrêterait bientôt, saisi d une
respectueuse ffajeur, devant la majesté
suprême, qui lui apparaîtrait débordant de
toutes parts la création au milieu de laquello
il fut jeié; il reconnaîtrait, sans hésiter, son
i^orance et sa faiblesse, et dé|K>serait aux
pieds de la religion l'orgueil mal entendu
de ses téméraires pensées.
Mais c'est surtout en présence du mystère
de l'Infini que tombe cet orgueil humain, et
que se dévoile la prodigieuse faiblesse de
notre intelligence accablée par la grandeur
divine. Non, rien, dans les mystères que la
religion nous propose, n'est plus propre à
déconcerter la raison et à lui faire sentir
fortement ses bornes, que cet infini où no-
îfî i
1 'i-
. vin, H
. iJi, 16.
(il ï) Ephn. Y, 8.
\i\:\) Crr. Lâcobd., tom. 11.
m
MYS
DICTlOiNiNArRE APOLOGETIQCE.
xns
212
tre esprit se perd* devanl lequel Timagma-
tion recule effrayée, et que cependant l'in-
crédule ne peut éviter; car, de quelque côté
qu'il se tourne» au sein de retendue et de
la dorée, il le rencontrera toujours, et Yin-
finiment grand d*un côté, rinfinîment petit
de Tautre, s'offriront à lui comme deui abî-
mes entre lesquels il tremblera de se voir
suspendu.
L'expérience nous apprenti que plus un
objet s éloigne, plus Tangfe qui mesure sa
grandeur est petit. Si donc un objet est vi-
sible sous un angle très-petit, il faut au*il
soit éloigné du lieu d*où on le considère,
d'une distance d'autant plus forte que son
volume sera plus grand. Cest sur ces prin-
cipes d'une évidence pratique qu'est fon-
dée la théorie astronomique desparaUaxei.
On démontre à l'aide do cette théorie ,
qu'une distance de trente^qiêatre miiliofi$
ciifia cent mille lieues existe entre le soleil
et la terre ; en effet, la parallaxef e'est-à-
dire l'angle sons lequel un spectateur placé
dans le soleil verrait les quinze cents
lieues formant le rayon de la terre, est de
8" 73 ; et une simple opération prouve
que la dislance indiquée corresj^nd h ces
tJottnées.
« Pourfourrrir une idée de cette immense
éloignement, dit M. Francœur, dans son
Urmiographie ^ nous ferons remarquer qu'un
boulet de vingt-quatre, chassé par seize
livres dQ poudre, parcourt, au sortir du ca-
non, &30 toises par seconde, ce qui revient
^ 663 lieues par heure. Ce projectile, s'il
conservait cette vitesse, parcourrait dune
quinze mille neuf cents lieues par jour, et
eepHendam il lui faudrait environ sii ans pour
arriver au soleil. »
Voilà donc à quelle énorme distance il
fiaut se transporter pour ne plus voir que
sous un angle de 8" 73, un rayon de quinze
cents lieues. Mais, que serait-ce donc, si
ce rayon était de sii mille, de dix mille, de
quinze mille lieues ?... eh bien t ce ne serait
rien auprès- des étonnants résultats que
fournit encore la science.
Une base bien autrement étendue, une
base, la pins lar^e qu'il ait été donné à
l'homme de choisir pour y édifier ses cal-
culs, se présente comme un moyen de me-
surer, s'il était possible, Téloignement des
étoiles. Cette base est le diamètre de l'é-
cliptique, aux deux extrémités duquel la
terre revient tous les six mois, et ce dia-
niètre a soixante-dix millions de lieues.
(216) Vranographie de Francoccii, p. 47 et 48. —
\oir anssi CtxpoêUion du système du monde^ par
I.APLACE, édition in-4% p. 394 et 595; et snr la théo-
rie des parallaxes , l'AstroMmie physique de Biot,
tom. 1, p. 240 et suivantes.— ^n peut voir, au sur-
plus, rariicle inséré par M. Ârago dans V Annuaire
du bureau des longitudes pour iS^i, p. 386 et sut-
vaotes. Cet article laisserait entrevoir la possibilité
de calculer la distance des étoiles, à Taide du mou-
vemeht de rotation d'une étoile autour d'une autre,
remarqué dans quelques-uns de ces couples binaires
oonnuK sous le nom û*éloiles doubles; il n'y aurait
qp. à comparer les durées des deux d«mi-révoluiioiis
Ëloignez-vous maintenant perpendicul^ire^
ment à cette ligne, reculez dans les profon-
deurs de Tespace jusqu'à ce que ses extré-
mités se rapprochent et se touchent dans le
lointain, jusqu'à ce qu'elle ne vous paraisse
f)Tus qu'un point k peine perceptible dans
'immensité, vous n*ffvez pas encore atteint
la région des étoiles. Dire que leurdîstaïK^e
est cent raille tcns au moins plus grande que
celle da soleil, est donc trop peu, il faut
renoncer è l'apprécier; il feut reconnaître
avec rautetiraejà cité, «^qne les dimensions
^ de la terre et du diamètre mène de Véclip-
«r tique t sont nulles comparativement h
« cette dislance ; » et c'est avec réserve
— de peur de n'en pas dire» encore assez —
qu'il sera permis d'ajouter « qu'aux yeux
« du spectateur placé dans l'un ne ces astres,
^ l'épaisseur d'une sme suflirait pour ca-
« cher notre système planétaire, motyu'i/
<r fotV vingt fois plu$ long que Féeliptique.
« (216). »
A la vue de ces prodigieux espaces dans
lesquels flotte notre univers, gui n'éprou-
verait d'abord un tremblement involonlaire7
qui ne s'effrayerait de se voir comme perdu
au milieu d'une telle immensité? cependant
tout cela n'est rien encore, ou plutôt ce n*est
3u'un grain de la poussière éclatante du
rmament. Autour des milliers de soleils
dont brille cette })oussière des mondes, s'é-
tendent d'autres espaces non moins eCTroya-
blés, et se déroulent d'autres immensités :
chaque point étincelant dans l'azur est le
centre d'un nouvel océan où nagent peut-
être de nouvelles planètes enchaînées à de
nouveaux systèmes ; chaque blancheur cé-
leste est un gouffre où s'engloutissent tous
ces océans comme de faibles flots; et par
delà tous ces soleils, par delà tous ces mon-
des, qu'y a-l-il?... Encore d'autres espaces
sans bornes, encore d'autres océans 'dont
les rivages fuient d'une fuite éternelle.
Et vainement l'imagination s'éimiserait-
elle dans les plus incroyables eflijrts peur
trouver des limites à cette incommensurable
étendue; elle n'y réussira jamais. L'homme
fût -il capable de traverser l'espAce avec
la rapidité de la lumière ; eût-il les ailes
puissantes des [anges rebelles de Hilton ,
f>lus rapides que la lumière même; pût-il
rancbir en un instant des myriades de
mondes, et continuer en ligne droite son
vol infatigable pendant des myriades de
siècles, jamais il ne serait arrêté par aucune
barrière; toujours il pourrait aller plus
ascendante et descendante do satellite stdlaîre, eo
conclure le temps qu'il a fallu ài la lanière pour
traverser Varbite de ee sàiellile (que Ton suppose ta-
diné par rapport à notre globe), et déterniiuer par
suite le diamètre de cet orbite, qui deviendiait la
base d*un triangle au sommet duquel nous serions
placés. Mais riraperfeetion de nos instruments et
Textrôme proxi mué apparente des étoiles doubles.
Tune par rapport à Tautre, paraissem devoir oppo-
ser des oUsiacles insurmontables à la réalisation de
ce calcul, ingénieux ; il n^est donc pas probable qti^
la distance de ces astres noussoit jamais eoimue;
c'est un secret que Dieu b^est réser>é.
•J3
MYS
DICTiONNÂiRE APOLOGETIQUE.
MYS
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l'itii , ei parcourir oe rtoaiéiles dislan-
res el s'enfoncer sans espoir dans de ncu-
veaai espaces : car il aurait devant lui...
FiufmL El si Dieu donnait à la terre, sub; -
tenenl agrandie par un merTeilleax effet
de sa toole-fniissance, les dimensions du
tanameol qui Tenrironne ; si tout ce qui
la covTre, et nous oui rhabitons, et le fir-
manient laiHn£me« s a^andissait à la fois
dans b même proportion* que pensez- vous
Î|iie deviendraient pour nous alors ces gouf-
res épouvantables de retendue, qui nous
enveloppent maintenant, et nous rempHs-
«std^ane religieuse terreur? Ils ne seraient
riea. L'agrandissement simullané de toute
la création pourrait être tel, que la vaste
«Bcnnte des mondes actuelleinent visibles
se troBvât réduite, par rapport à Tbomme,
I rinsaisissable petitesse d^un atome , sans
qi]11s>o fili même aperçu ; et les champs de
l lofini s'ouvriraient toujours à sa pensée
ramiDe un abtme désespérant, où elle s*é-
pnisertiten vain à sVlancer sans fin etsans
itpos.
iiasî, rbomme ne peut réfléchir un
iiisiaiit à rétendue, sans que Tinfini se pré-
refile aussitôt à son esprit, forcé de subir
U4i«ttiiatîon de cette grande idée... Mais
est-ce bien Tinfini qu'il voit directement ?
n'est-ce pas plutôt uu vague loinlaîn dont les
bornes inassiaiables pourraient exister sans
70I/ /ni fât donné de les atteindre? N*est-
re pas de Timpuissance de ses efTorts vers
ces bornes inconnues, qu il conclut à l'exis-
tHice de l'infini, comme un voyageur fa-
li^oé qui renonce à toucher au but de son
Torage !... et puis, un esprit fini peut-il avoir
('.» Idées véritablement infinies 7... Ecoutons
U réponse d^un de nos plus grands métaphy-
siciens, de cet homme « qui a bien pu, dit
M. de Naistre, s*^arer dans la route de la
vérité, mais qui n en est jamais sorti. »
iprès avoir affirmé « que l'esprit voit
adoellement, que son objet immédtat e$i in-
fmi^ qnli Toi: aeiueitement que retendue in-
idlipble est infinie » , Malebiancbe lyoute :
c Et ee n'est pas, comme vous le pensez,
f«ree qu'il n*en voit pas le bout ; car si cela
éiaii, il poorrait espérer de le trouver ou du
•oins il poorrait douter si elle en a ou si
elle n'en a point; maîi, c*e$t farce fuil voit
f^kememi au die n^en a ponU.... Lorsque
resprit kiense k retendue intelligible, lors-
qo il reol mesurer l'idée de l'espace, il voit
, EMrelien» mr kt méiapk^ù-
relâfJM, fttmkr entretien, 1». 98 el t9;
( MfHiea, p. 51 ei 5^ édition de Ro-
La réalîié de Ildée inlliiie en teila que
d^ que naire esprit eonnall le fini,
reMfqaedeFénelon: < On ne connall le
^*e« Ini aitriboant «ne borne, qai est
nésalîon ÎTane pltts gran.le étendue. Ct
qmt la privaiioo de riottoi. Or, on ne
lis se représenter la privation de Tin-
ceneevait l'infini néine, comne on ne
roir la maladie si on ne concevait la
s n*ea que la privation. » (ExiUenu
^iére partie, ehap. iv, | î.) — H est
^ conirsier la réalité de Tinfini, en admet •
i^oce du fini. « Paurqnoi rimparfaii scrailr
iai,»iae
ta
clairement qu'elle est infinie ; il ne peut
douter que celte idée ne soit ijiéplisake.
Qu*il en prenne de quoi se représenter le
lieu de cent mille mondes, et à chaque ins-
tant encore cent millefois davantage, jamais
cette idée* ne cessera de lui fournir tout ce
3u*il Ciudra : Fe^prit le voit et n'en peut
outer; mais ce n est point {lar là qu*il dé-
couvre qu'elle est infinie; c'est, au contraire,
parce qu'il la voit actuellement inflniCf qu'il
sait bien qu'il ne répuisera jamais....
« Oui, nos idées sont finies, si par nos
idées vous entendez nos perceptions, ou les
modifications de notre esprit*; mais si vous
entendez, |iar l'idée de l'infini, ce que l'es-
prit voit quand il y pense, ou ce qui esi '
alors l'objet immédiat de l'esprit, assuré-
ment cela est infini; car on le voit tel. Pre-
nez-y garde, vous dis-je ; l'impression que
l'infini fait sur l'esprit, est finie, il v a même
plus de perception dans l'esprit, plus d'iin-
firession d'idée, en un mot, plus de pensée,
orsqu on connaît clairement et distincte-
ment un petit objet, que lorsqu'on pense
confusément à un grand, ou uième à Tin-
fini ; mais quoique l'esprit soit presque
toujours plus touché, plus pénétré, plus mo-
difié par une idée finie que par une infinie,
néanmoins il y a bien plus de réalité dans
l'idée infinie, que dans la finie, dans l'élre
sans restriction, que dans tels ou tels êtres
(217). >
Tel est le coup d'œil perçant que ce maî-
tre de la science contemplative a jeté dans
rablme profond de Tinfini ; et il n'est pas
un esprit tant soit peu méditatif, qui ne re-
connaisse la justesse de ces idées appliquées
à rétendue.
Or il en sera de même si notre esprit
veut considérer attentivement la durée ; qu'il
s*épuise à remonter le fleuve des temps et
le torrent des âges, ou qu'il en suive le
cours, il ne pourra s'arrêter devant aucune
i)ome, et toujours il lui sera possible d'avan-
cer encore. Mais a-t-il besoin d'une telle
expérience pour acquérir l'idée de l'infini
dans la durée ? Non ; il l'aperçoit, il la dé-
couvre de suite sans intermédiaire et sans
recherche ; il dit : quelque chose a existé
et existera de toute éternité, et il n'y a pas
de vérité qui le frappe d'une lumière plus
éclatante et plus vive.
Maintenant laissons la raison humaine se
débattre sous le poids de cette idée de fifi-
î), ft^écrie Bwsuel, et le parlail ne serait-il pas?
cesl-à-dire, pourquoi ce qui tient le plos du néant
serall-il, et ce qui n*en tient rien du ton! ne serait-il
pas? Qa*appeUe-l-on parfait? on être à qui rien ne
manque ; qii*appelle-l-on Imparfait? on être à qui
qoelqne chose manque. Pourqnoi réireà qoi rien ne
manque ne leraltril pas, pluiét que réure k qui
quelque cbsie manque? d*oà vient que quelque
chose est, et qu'il ne se peut pas faire que le rioi
soit : si ce n'est parce que Feue vaut mieux que le
rien, et que le rien ne peut pas prétaluir sur I eire
ni empêcher l'être d'être? mais, par la même raison,
l'imparfait ne peut valoir mieux que le parfait, m
être plutôt que lui ni rempècber d'être.» (Bossiet,
première Elévation sur les mysiéres.)
îrs
MYS
DICTlONiNAIRE APOLOGETIQUE
MTS
2!6
fnimeni grctndùnns retendue et la durée..,.
Qu'est-ce que cet infîni? est-il composé de
rrties?.... lion. S'il l'était on parviendrait
le trouver , en ajoutant incessamment
l'unité à elle-même. Or, nous venons de
le voir, l'esprit a beau ajouter les distances
aui distances, les années aux années, il ne
peut, quoi qu'il fasse, arriver, par ce pro-
cédé, à rinnni en étendue ou en durée. Si
cet infini était composé départies, « il se-
«f rait pair ou impair, dit Pascal ; or, il est
M faui (]u'il soit pair, il est faux nu^il soit
t impair; car, en ajoutant Tunilé, il ue
« change point de nature. * Il n'est donc
j!oint mesurable; de môme qu'il ne peut-
être formé par la multiplication, il ne peut-
être soumis à la division ; de même qu'on
n'y peut rien ajouter, on n'en peut rien re-
trancher; il échappe à toutes les opérations
lie notre esprit; il est indivisible; il est
simple; il est UN; nous n*en savons pas
davantage.
Cependant cet espace borné que je mesure
est dans l'infini, et comment se fait-il qu'il
y soit, sans en être une partie? (218).... Mais
si cet espace est dans l'infini, il y a donc dans
l'infini quelque chose oui se mesure..., et
le temps estaussi dans l'éternité ; et comment
se fait-il qu'ily soit, sans qu'il y ait rien en elle
•pii se puisse appeler une partie d'elle-même
on qui se paisse diviser?... mais|ne semble-
l-il pas que Tinfini se divise à mon égard en
deux parties? nai-je pas dans l'étendue
un inmii à ma droite, un infini à ma gauche,
un infini sur ma tête, un infini sous mes
pieds ?n*y a-t-il pas dans la durée une éter-
nité qui nous a précédé, une éternité qui
nous suivra, une éternité nassée, une éter-
nité future?... Non, non, les murmures de
la raison frémissante sont impuissants ; ils ne
sauraient altérer l'immuable idée de l'infini.
Ne parle? ni d*orîent ou d'occident , ni
d'avenir ou de passé; ne dites pas que
rhomme est place à un point où V infini finit ^
(il 8) I Si, en séparant le globe <|iie iiou»li;ibilon8
ite9 espaces immenses qui reiifironnent , nous
croYODS que ces es|)aces denieoreni encore infinis,
M s ensuit que je puis augnienler rinfini, puisque je
puis ajouter à ces espacifs i^ans bornes ni>tre globe
que j^en avais séparé par la p<;nsée ; et ainsi ce svra
la un fini el un uifini tout à la fois : et si ces espa-
ces que je sépare de la lerre demeurent finis, il s*en-
Sttit que deux finis, savoir la terre el ses espaces,
joints ensemble, font un Infini, ce qui n*esl pas moins
rontraire à la raison, i (TraUé de la vérité de la re-
ligion chrétienne, pM Abapie, I. I, p. 119.)
(^19) Voir II Dissertation f!e Gerdil, t. Illde ses
OEuvres, p. 2GI; Maclaurin, Traité des fluxions,
introd , p. 41; Mairan, d*Alcmbrrt, etc.
(220) Mystère : chose cachée et secrète, impossible
ou difficile à comprendre. Défiuition de Vtncyclo-
pliie.
{tii) Malebranrbc, Entretiens sur la métaphysique
H la religion, deuxième entretien, p. Ai cl i5. —
Ocscaucs propose de réserver à Dieu seul le nom
rîn/îni, f i d'appeler indéfini les choses dans les-
4t'elles nous ne remarquons point de limites. (Voir
Princives de philosophie, in-i», p. !(>.)
(Si2) c >e veux imaginer, &*é<:rie Bossnrt, il y a
ih ou sept iiiille ans, ei avant que le monde iiU,
eûJLniti une suce ssioii infinie de i évolutions et de
où Vinfinirecommtnce; la raison métnevous
le défend ; rim|>o$$iliilité d'une suite actuel-
lement infinie de termes, soit permanents
soit successifs, est géométriquement démon-
trée (219), et la contradiction choauanke des
mots, dit assez d'aiHeurs toute i absurdité
de la pensée qu'ils eipriment.
Ainsi nulle proportion, nuls rapports ne
se peuvent établir entre le fini où nous vi-
vons, et rinûni que nous voyons sans le
comprendre : une différence absolue, essen-
tielle, les sépare ; l'un est dansTautre comme
s'il n'était pas. Le fini ne peut modifier Tin-
fini; il ne peut servira l'expliquer; il ne
peut l'embrasser, ni discuter son essence
ou scrutersa nature ; il ne peut que répéter
de lui cette seule parole : IL EST; et nul
ne saurait le concevoir, s'il n'est infini
comme lui. Philosophes I voilà )e mystère
(220); inclinons nous, il le faut. Avouons
notre jEaiblesse ; et dans cette grande idée
de 1 infini» reconnaissons la prcseuce d'un
Breu qui n'a pas moins droit à Tobéissance
de nos esprits qu'à la soumission de nos
cœurs.
En effet, ^ Dieu, l'Etre ou l'Infini, ne sont
Îu'une même chose (221.) » L'infini en
tendue, en d!irée,dans ce qu'il a de positif
(abstraction faite de toute imperfection et
de toute borne), est donc comme l'infini en
tout sens, un véritable attribut de Dieu ;
non quefétendue et la durée que nous voyons
fessent partie de l'essence divine ; il y aurait
absurdité à le penser, et blasphème à le pré-
tendre. L'espace, tel que nous le concevons,
mesurable» composé, divisible, fut créé avec
la matière, et ne serait rien sans elle; ainsi
en est'il du temps que nous mesurons» que
nous comptons, et qui n'est non plus qu'une
partie de la création universelle (2i22). Mais
l'infini qui n'a rien de commun avec ce
temps et cet espace créés, appartient à Dieu,
seul éternel , seul présent partout, ayant
avec tout ce qui existe des relations de
monicnls entresuivîs dont le créât* iir en ait choisi
un pour y Wxtr le cumnienceinenl du monde : et je
ne veux pas comprendre que Dieu,, qui fait to«i, ne
lioiiTe rien de fait dans son ouvrage avant qu'il
a/i^fte; qu*ainst a\anl le comureneetnenl du inonde
il n'y avait rien du tout qu • D eu seul, et que dans
le run il ii*y a ni suca'Si»ion, ni durée, ni lien qui
soit, ni rieu qui d^'uieure, ni rien i|uî passe : parce
que ie rirn est toujours rien, et qu^'il ii*y a rien t»iis
de D.t'U que ce que Dieu fait... Le t4 mps a com-
mencé selon qu*il vous a plu, 6 mon D eu! cl vous
en avez tait le comincnCMnenI tel qu*U vous a )il»i,
comme vous eu avez fait la suite et sa succession,
que vous ne cessez de développer du centre immua-
b'e de voire éternité. Vou^ avez fait le lien de in
même sorte que vous a^ex fait le temps.., le lieu eu
l'espace est une étendue ; et un espace ou étendue,
des proportions, des dislances, dc.> égalités, ne sont
pas un rien : et si Ton veut que vous trouviez toutes
faites ces distances, ces étendues, ces pr«>portions,
sans les avoir faites vous même, on r tombe dans
Terreur de ceux qui melicnt quelque chose hors de
vous, qui vous soit néc« ssairenicnt coéleriiel, et
ne soit pas votre ouvrage. O Dieu! dissipez ces
fausses idées de l'esprit de vos serviteurs. » (Eléi>
tions à Dieu sur les mystères, troisiéuie stniatr-e,
treizième élévation.)
il
HTS
IMCTIONAIRE AIH>I.0(;ETIQU&
MTS
SIS
iufsenee, sans aucun ra|»|ior( de durée ou
lie mesure, rclalions mystérieuses et ineiïa*
Mes qce lui seul d^nnatl ; à Dieu* seul in-
finu seul canakie de se coroprendre.
1^ voili donc, celle grande cl majestueuse
i<!éedeDîea, se Gonfondanl arec celle de
rinlioi on de Pélrc; hors dVIle* il n'y a
que bomcs, imperfections, néant; en elle
seule se lrT>uve l"ôtre nécessaire, le princi-
pe, la cause première, la raison générale de
tous les êtres. Tout ce qui n*esl pas inflni
est crW. Tout ce qui se petit concevoir non
eiisfant, â commencé; nnfini seul se suflit
k loj-Bème, et rien ne se suflît sans lui;
resfttee, le temps (créatures comme nous),
B*eiisleDl ▼éritaklement que pour nous, et
o*oot dliifluence que sur nous. Il n y a ni
moment, ni soccession, ni pmerès, ni dé-
Hin dans TinCni; et lorsque l'incrédulité
|4iilo5oplnque s*étonne que Dieu n*ait pas
créé le monde plus tôt, lorsqu'elle demande
s*il était bien nécessaire de réfléchir pen-
dant toute une éternité ayant de proi-^er h
Faceomplissement de ce grand œuvre, elle
De voit pas qu*eMe dit un non-êms; et c'est
un wtm-iens aussi que de demander ce que
•leTteudra le temps, lorsque Féternité s'oii-
Tiinpinr bous; car autant vaudrait cher-
cher oè est le fleuve tari, dont les eaux se
sont perdues dans l'immensité de l'Océan.
Via/bnmfut grande sérieusement médité,
5e présente donc à la fois comme la vérité
la pios certaine, le dogme le i)lus impor-
tant, et le plus impénétrable des mystères.
Il ooof reste maintenant à puiser, dans
(a considération de rinfinimeni petit, de
iNrovelies preuves de l'impuissance de
notre raison, et des bornes de notre in-
lellîi;enee, en présence de la grandeur
Je Dîeo. Ici le mystère n*est pas moins
pmfond, et si nous y réfléchissons avec
soîQ, il deriendra même plus effrayant en-
core poor notre faiblesse. Ce n'est plus
hors ue nous, et par delà les régions inac-
cessililex du firmament , que notre pensée
va s*élancer 1 la recherche de finfini ; c'est
dans la plos petite particule de la matière,
c'est dans le moindre grain de sable, que
BfiQS le retrouverons tout entier.
Mais, de même que Timmensité de Tuni-
vers nous a serri de degré pour nous élever
d'alKwd k la notion de rtnfiniment grande
ainsi nous admettrons avec moins de réjiu-
gnance, et nous concevrons mieux la divi-
sîbiKlé à rinfiui de la matière , ou rtn/fnt-
mnu ptiii • quand nous aurons atiaissé nos
regards sor ces dernières subdivisions des
coips, au delà desquelles les yeux ne voient
plus rien.
Or, quelle que soit l'imperfection de nos
»ens, Tobservation et le calcul fournissent
<je si étonnants résultats , que l'imaj^ina-
tion, livTi'e à elle-même, aurait eu peine à
ks supposer ou à les prévoir.
On eonnalt les exemples cités par Boy le:
â Aogsbourg, un habile tireur d'or fit îfun
fram de ce métal, un fil de huit cents pieds
H*' (ovg. Ce fi] aurait pu être divisé en trois
:x*!!!ioa5 six cent mille larties visibles.
Les doreurs se servent tous les jours >ic
feuilles Ires-déliées, qui, bien iiattues, fieu-
vent être amincies encore. Trois cent nii!lo
de CCS feuilles superposées, font l'épaisseur
d'un pouce : donnons-leur un \H>nv.e carré
de surface, chacune d'elles |»ourra être divi-
sée en six cents petits fils visibles, et chacun
de ces petits fils, en six cents parties visi-
bles : chaque pouce carre seradonc divisible
en trois cent soixante mille parties. Or, un
grain d'or est divisible en cinquante pouces
semblables: donc il peut être divisé en dix-
huit millions de parties visibles.
Nous pourrions citer encore les observa-
tions microscopiques faites sur les animal-
cules infusoires : les plus petits de ceux re-
marqués par le fameux Leweohoeck, étaient
à un ^rain de sable ordinaire comme un à
un milliard ; ils ont cependant des vaisseaux
« et du sang dans ces vaisseaux, et des hu-
meurs dans ce sang, et des gouttes dans ces
humeurs, et des vaneurs dans ces gouttes; »
et tout cela s'est développé depuis que, bri-
sant l'œuf qui leur servait de berceau, ils
commencèrent à s'agiter lU à grandir.
Enlin , quelle ne doit pas être la ténuité
des corpuscules o<loriférants qui s'exhalent
de certains corps I Placés dans une vaste en-
ceinte, ces corps y peuvent séjourner long-
temps, remplissant de leurs émanations sans
cesse renouvelées, un énorme volume d'air;
et cependant leur pesanteur n'en sera pas
même légèrement altérée.
Tous ces exemples, qu'il serait facile de
multiplier encore, nous prouvent qu'il faut
se garder d*assi^ncr à la divisibilité de la
matière des limites infranchissables sur le
témoignage des sens aidés même par Jes
meilleurs instruments. Ce qui semblait
échapper à toute décom[)Osition possible
avant les découvertes modernes, s est pré-
senté aux regards surpris des savants, com-
me un monde nouveau peuplé d'innombra-
bles merveilles ; ce qui nous parait aujour-
d'hui le dernier terme de la petitesse, de-
viendrait encore un monde, si nous avions
des instruments ou des sens plus parfaits.
Ainsi, descendant toujours les degrés de
cette échelle décroissante, nous pourrions,
si l'imperfection de notre nature n'y mettait
obstacle, diviser et subdiviser à l'infini le
plus petit grain de poussière, sans trouver
jamais une particule élémentaire à laquelle
s*arrètât forcément cette interminable ojté-
ration; et la raison seule le dit, à délaut
d'une exfiérience impossible; arrivez, en
effet, après une longue suite de réductions
et d'amoindrissements, au plus petit volume
qui se puisse imaginer : la molécule obte-
nue sera-t-ellc étendue ou inétendue? Dans
le premier cas, l'opération n'est pas finie...,
divisez encore; dans le second, une ques-
tion se présente : comment des (tarties iné-
tendues [K)urraient-elles constituer un tout
étendu? comment l'agrégat serait-il d'une
toute autre nature que les éléments dont il so
compose?
Devaut cette objection insoluble lonibciU
tous les systèmes ima;^iné5 pour expliipier
SI9
MYS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYS
m
la ( omposilion des corps, depuis les atomes
frEpicure jusqu'aux monades de Leibnitz;
nier la divis'bililé à Tinfini de la matière,
c est nier que retendue lui soit essentielle,
c'est lui donner des éléments immatériels:
c'est se jeter, en un mot, dans une contra-
diction Qagrante nour éviter un mystère.
Reconnaissons-le donc : l'étendue, comme
la quantité mathématique, n'a point d'unité
ru de fraction indécomposable ; et la simple
notion de la matière (essentiellement éten-
duej démontre déjh qull ne saurait exister
des corps simples dans la nature.
Ainsi tout concourt à démontrer que Fé-
/eitcfue, et par conséquent la matière, sont
dÎTisibles à Finfini dans toute la rigueur du
mot; et celte conclusion s'applique d'une
manière bien plus sensible à ta durée. En
cfTot, tandis que la division actuelle à Vinfini
de la matière ne sera iamais exécutée par
rhomme, la divisibilité a Tinfini de la durée
se présente , au contraire, comme un fait
incessamment accompli. Qu'est-ce que le
présent séparé du passé et do l'avenir? Ce
n'est rien ; et pourtant c'est sur ce rien^ sur
cet infiniment petit i que l'homme flotte et
s'avance au milieu du temps vers l'éter-
nité.
Maintenant, écoulons encore les murmu-
res de la raison en présentée de ce nouveau
mystère, ^infiniment petit est un véritable
néant 9 si on l'envisage comme élément du
mouvement, do l'étendue ou de la durée, et
cependant c'est à Taide de ce néants de ce
n'en, gue les quantités variables ont pu être
soumises à la puissance du calcul; et ce
calcul, chef-d'œuvre de l'intelligence hu-
maine, n'opère pas seulement sur la notion
de rinfiniment petit , il en distingue encore
de dififérents ordres, et les résultats obtenus
présentent la plus rigoureuse précision (223).
Comment cela se peut-il? comment un rien
a-t-il pu féconder les plus belles théories de
la science ?
^ ^infiniment petit est un pur néant 1 Mais
G*est aonc un néant que le point de tan-
gence entre le cercle et la ligne, entre la
sphère et le plan.... Ainsi, sup[)osez un
globe de marbre exactement spherique, sé-
paré d'abord de la surface rigoureusement
plane d*un plateau de marbre, et placé sur
cette surface ; et dites-moi s'il existe entre
ces deux corps ainsi rapprochés, plus de
contact matériel que durant ieur séparation ?
La raison l'affirme d*abord : il lui paraît ab-
surde de soutenir que deux corps, reposant
l'un sur l'autre, ne se touchent pas matériel--
lement. Et cependant il lui faut dévorer cette
absurdité apparente : car il n*existera jamais
entre le plan et la sphère, quelque grande
qu'on la suppose, qu'un seul point de tan-
(i^) Qiiris qne soient les efloris de plusieurs
g<^ninétres pour baiinir du calcul diliéreiitiel et inté-
gral t4)ute idée d'infiniment petit, il est impossible
de méconnaître que celte Idée, c'tte noUoii n*a pu
é re écartée; que toutes les méihodes remploient ou
lu présupposent, et quelle est au fond la base essen-
tielle de chacune d'elles. — Quant aux inlîniment
petits de dillercDis ordres, il est vrai quMs ne cou
gence, point mathématique^ n*est-à-dirc iuli-
himcnt petit, indivisible, inétendu, et par
conséquant non matériel.
Etourdie par ces premières difficuTIlés, la
raison voudrait en vain essayer de nier le
principe qui les fait natlre : la divisibilité à
l'infini de la matière est démontrée, il faut
en accepter toutes les conséquences.
Or, parmi ces conséquences, il en est une
foule d'autres dont l'énoncé déconcerte la
raison, et dont les preuves la subjuguent
sans qu'elle cesse d'en être révoltée. Telle
est cette incroyable proposition démontrée
]iar Keill : une ligne cube de matière peut être
étendue dans un espace aussi grand qu'on le
voudra. Divisez, en effet, cette portion de
matière par tranches, en petites lames,
que vous mettrez les unes à côté des autres;
subdivisez encore ces petites lames à TinGni,
et placez toujours les nouvelles tranchas
(îue vous obtiendrez & côté des anciennes:
i! n'est pas de surface, quelque grande
qu'elle soit, qui ne puisse être entièrement
couverte de la sorte : rien ne saurait d'ail-
leurs borner une telle 0|iération. Après
avoir recouvert ainsi un globe quelconque,
il sera possible de le garnir eu tous sens
d*innombrables réseaux; et un grain de
sable suffira pour envelopper cl remplir
l'univers.
Cela est absurde, dira-t-on... ; mais quel
est le monde, parmi ceux qui roulent aulour
de nous, ou qui étincellent sur nos téleb,
qui ne puisse se retrouver tout entier avec
les mêmes proportions, la même variété,
les mêmes formes, dans le plus petit grain
de poussière? Qui nous dit que, dans un
de ces corpuscules flottants dans l'air, au
gré du vent, n'est pas renfermé un monde,
un univers semblable au nôtre? Avons-
nous sondé l'abtme de l'infini ? en connais-
sons-nous la profoiKleur? Si Dieu voulait
rapetisser notre système, au point de l'en-
velopper tout entier, avec tous ses soleils et
ses vastes espacés dans l'invisible sein d*un
atome, ne le pourrait-il pas? S'il faisait ce
prodige, qu'en saurions-nous ?... Tout n'est*
il pas relatif dans les idées de grandeur et de
mesure?... Et si Dieu peut enfermer l'uni-
vers dans un atome, qui Tempêchera de dé-
velopper un atome dans l'univers?
On! que l'orgueil humain est misérable
et digne de pitié, devant la redoutable obs-
curité de ce mystère I Qu'ils sont à plain-
dre ceux qui méconnaissent ici l'existence
et la grandeur de Dieu, manifestées visible-
teient par la faiblesse même de notre raison !..
Cette énigme, qu'elle ne peut s'expliquer,
ne faut-il pas qu'il y ait un être qui en pos-
sède le secret? Ce mystère, impénétrable à
Tesprit de l'homme, ne suppose-t-il pas une
courent jamais dans le calcul, et qne ceux d*uo or-
dre inférieur sont toujours nésliges en présence de
ceux d*nn ordre sujérirur. Mais ce n'en est p99
moins une idée absurde que celle dlnfiniutent pe-
tits de divers ordres : quand la corde est évanouie,
que sont devenus le sinus et le sinnsrverse? Conçoit*
on qHcl<iue chose de plus petit que riufioiiueitt
pciii?
Î2I
IIYT
dictionnaire; apologétique.
MYT
^H
iMlaresojiêrieore, une intelligence suprême
qui es doniioe les hauteurs et en aissipe
le ombres par sa lumiière immortelle?
?loa» la révolte de Timpiété contre les di-
yios enseignements de la religion n*est pas
jastiilée par la raison, comme le soutient
ooe philosophie menteuse. La raison I qu*on
la laisse se recueillir loin du tumulte des
passioBf ; qu*on empêche les nuages de la
oMTvplioo de monter jusqu'à elle; alors elle
■e fera pas nn |nis dans les sciences sans y
tfOttferdes prenres de sa dépendance; alors
elle ne refbsen plus de croire sur la parole
do Mea ; alors la religion et la science s'em-
brasseront i jamais; et loin que les progrès
de fesprit humain en soient retardés, notre
Sijdété TÎeillie, retrempée aux sources de
la k»« Terra se rouvrir devant elle Tère des
piodes découvertes, des sublimes înspira-
lioDs, rère des grands hommes ei des chré-
tiens Mètes.
MYTHE. Foy. M rmisMs. — Sa définiUon.
nu^ i il. — Sa vériiable nature. Ibid. —La
leatation de Jésus-€hrist est-elle un mjthe?
Têfl. Ti^TAHOH DB JÉSUS -Christ, g II.
MTTHISME, SYMBOUSMfi, LÉGENDE.
L'oMbre partooi a remplacé le eorps-
Oa*est-fe qu*un mythe, un symbole, etc.?
Ta eienple mieux qu*une définition fera
comprendre ce qu*on entend par ces mots.
SoQs sommes en Tan 2155; nous entrons
dans ooe université d'Allemagne ( le mythe
fleurit surtout en Germanie }, et là nous 0$^
rsUms an cours d*un professeur qui adresse
i ses nombreux élèves le discours sui-
Tiat:
■ Messieurs,
« Assez et trop longtemps les peuples,
abusés par des traditions sans bases, ont
bissé la Cable usurper les droits de lliis*
iM're ei se placer à côté d'elle dans les es-
prits. Il afipartenait h la critique de notre
siètledesé|iarerTune de l'autre et d'indiquer
dairemeot aux bommes à idées larges quels
ftits doivent être acceptés par eux, quels
astres doivent être rejetés.
« Mj^ dans des temps éloignés de nous,
on avait prouvé que le prétendu poète de la
gnerre de Troie, le fameux Homère, n'a ja-
sais existé: plus tard il y a bientôt quatre
cntsaiBS (c'était en 17W), un philosophe
que la France ne sut pas apprécier, Dupuis,
avait démontré que Jésus de Nazareth, au-
teur de la secte cnrétienne dont la plus pure
et la plus nombreuse, celle des chrétiens
cadioliqoes, se meurt depuis plus de six cents
aas déjà et ne peut désormais vivre long-
leapa, que Jésus, dis-je, n'était qu'une allé-
ptrie do soleil ; d'autres personnages, dont
ta réalité avait été admise de toutes parts
9ans plus d'examen, s*évanouissentde même
vms Tobservation approfondie d'historiens
philosophes, et il semblait que l'humanité
(ai) Les îtiées qni forment le fond de ce mii ra
««•vre apiartieHiicoi, non nas à nous, mais à N. Pé-
f'^ bibliothécaire de la ville d*Ageo, qui les a déie-
était à jamais prémunie contre de pareilles
erreurs.
« Eh bien, admirez l'incroyalile crédulité
des masses : il v a trois siècles et demi, une
fable toute semblable s'est trouvée tellement
accréditée que, jusqu'aux plus p andsgénios*
tous racceptèrent ou du moins feignircni
habilement de Taccepter comme une incon-
testable réalité.
« Je veux parler de la prétendue existence
de Napoléon Bonaparte, dont la croyance do-
vint tellement générale, tellement enracinée
dans les esprits que, pendant deux siècles,
celui-là eût passe pour fou qui aurait tenté
d'en démon trerl'absnrdiléfSurtouten Franco,
où l'orgueil national attachait naturellement
une haute importance aux glorieux exploits
que la renommée prêtait à ce héros.
« 11 est cependant delà dernière évidence.
Messieurs, que l'histoire de Napoléon n'est,
comme celle de Jésus, comme celle de Bac-
clius et d'Adonis, gu'une iable imaginée du
soleil ; et il faudrait ne pas posséder les pre-
mières notions de la mythologie pour refu-
ser de le reconnaître,
« Prouvons-le, en passant rapidement en
revue les principales cirqpnstances qu'on a
prêtées à la vie de ce fabuleux héros (^^).
■ D*après les divers historiens :
« 11 s appelait Napoléon Bonaparte:
« Il était né dans la Corse, Ue de la Médi-
terranée;
« Sa mère s'appelait Lœiiiia;
« 11 avait trois sœurs ;
« 11 avait quatre frères, dont trois furent
rois;
« Il eut deux épouses, dont l'une lui donna
un enfant mtle ;
« 11 apaisa, en France, une révolution qui
jetait partout la terreur ;
< 11 commandait à seize maréchaux d'em^
pire, dont douze en activité de service;
c 11 triompha dans le Midi ei succomba
dans le Nord;
« Enfin, après nn r^e de douze années,
qu'il avait commencé en arrivant de TO-
rient, il alla mourir dans les mers occiden-
tales.
« Voyons si chacune de ces dix circons-
tanaes n'est pas évidemment empruntée du
soleil.
« I* Tout le monde sait que le soleil est ap-
pelé par les [loëtes ilpoMoi», nom aui signifie
exterminateur. Il fut donné au soleil parles
Grecs qui, devant Troie, perdirent beaucoup
de soloats par suite de cnaleurs excessives,
lors de Toutrage lait par Agamemnon à
Chrysès, prêtre du M>leil.
« Or Apollon est le même mot qn'iépo/eon.
Tous deux dérivent d'Àic«>av«* ou «r^^fi* .
verbes grecs qui signifient tuer, exterminer,
de sorte que déjh l'N initiale est la seule
différence entre Apollon et Napoléon. Mais
cette différence, loin de détruire l'étymolo*
gie , la confirme au contraire.
loppécs avec infiniment d^esprîi dans vne pciiie Ivo-
'-liure înlîlalée : Comme quoi KapoUvn ru jnmaU
2i3
MYT
DICTlONiNAIRE APOLOGETIQUE.
lliT
2âi
« En cfTet, le vrai nom de notre liùros
prétendu était, non pas Napoléon, mais bien
Néapoléon^ comme on le voit encore aujonr-
dMiui sur divers monuments de la capitale
de la France. C'est donc la syllabe Né qui
se trouve ici en plus. Or, n^ou nai signilîe
on grec feries^ vraiment^ asiurémeni; de
toile sorte que Né apoléon ou Napoléon
signifie le Dieu vraiment exterminateur, le
véritable Apollon.
ff Le second nom, Bonaparte ^ s'explique
aussi clairement que le premier.
« Bona parte signifie en latin, du bon
coté^ en bonne part : il s*agit donc I& d'une
chose qui a deux côtés, 1 un bon, l'antre
mauvais. C'est certainement le double effet
de la révolution par laquelle le soleil pro-
duit le jour et la nuit : c'est une allégorie
des Perses. C'est l'empire d'Oromaze et celui
d*Arimane, Temnire des anges de lumière
et des esprits Je ténèbres; et comme on
dévouait autrefois à ceux-ci par cette for-
mule : abi mata parte , nul doute que par
Néapoléon Bonaparte on n'ait voulu si-
gnifier le véritable Apollon envoyé à la
France en bonne part , pour son bonheur,
pour exterminer ses ennemie,
« 2* En vous rappelant, Messieurs , que
les poètes grecs avaient fait naître Apollon
à Délos, lie de la Méditerranée très-rap-
prochée de la Grèce, où étaient les princi-
paux temples de ce dieu , vous concevrez
sans peine que les auteurs de la fabuleuse
légende aient placé la naissance de leur
liéros dans la Méditerranée également, mais
dans rile de Corse , qui se trouve sur les
côtes du royaume de France où ils voulaient
le faire régner.
« 3* D*après la même légende, la mère de
Napoléon s'appelait Lœtitia^ mot qui, signi-
tiant la ioie, désigne ici Taurore qui répand
ta joie dans la nature, parce qu'elle enfante
au monde le soleil, en lui ouvrant les portes
de l'Orient.
« Chez les Grecs, la mère d'Apollon s'ap-
(ftclait LœtOf et, tandis que de ce nom les
iomains firent lalone, (es [)oetes français
aimèrent mieux en fiiire Latitia^ parce que
ce mot est le substantif du Terbe inusité
lœto^ qui veut dire avoir de la joie.
< k^ Pour ce qui est des trois sœurs du
prétendu fils de Lœtitia^ je n*ai pas besoin
de vous dire i Messieurs , que ce sont les
trois Grâces , sœurs d'Apollon.
« 5* Les quatre frères qu*on a donnés à
TApoilon français, sont certainement les
quatre saisons de l'année.
« Et ne vous étonnez pas. Messieurs, de voir
les saisons représentées par des hommes. En
latin, TOUS le savez, les noms des quatre sai-
sons sont masculins : en français, trois l'ont
toujours été, et à l'époque à la<|uelle remonte
l'invention de notre fable, c'était un point
très-controversé entre les grammairiens de
France, que de savoir si le dernier, TAu-
tomne, était masculin ou féminin. Pas de
difficulté là-dessus, par conséquent.
« Les trois de ses frères qui furent rois
sont î lePrintcmos, qui règne sur les (letirs;
rÉté, qui règne sur les moissons; et TAu
tomne , qui règne sur les fruits. On a dit
qu'ils tenaient leur royauté de leur frère
Napoléon, parce que c'est de l'influence du
soleil que ces trois saisons tiennent tout.
L*Hiver ne régnant sur rien, on a dit que le
quatrième frère n'avait pas été roi.
«( Si pourtant on prétendait que l'hiver
n'est pas absolument sans empire et qu'où
lui attribuât la principauté des neiges et des
frimas dont il blanchit nos campagnes, ceci
viendrait encore à l'appui de la vérité que
nous développons. C'est là, selon toute ap-
parence, ce que les poètes français ont in-
diqué par la vaine principauté dont ils nous
montrent revêtu le quatrième frère de Na-
poléon. Cette principauté, ils l'ont attachée
de préférence au village do Canino , parce
que ce mot vient de Cani, qui signifie les
cheveux blancs de la froide vieillesse ; ce
qui rappelle l'hiver.
« Et notez que ce frère n'aurait eu cette
principauté de Canino qu'après la décadence
de Napoléon et de ses trois autres frères ;
parce qu'effectivement l'hiver commence
quand il ne reste plus rien des trois belles
saisons, et que le soleil est très-éloigné de
nos contrées.
« Vous voyez également, dans cet éloi-
gnement du soleil et des belles saisons, le
sujet de la fabuleuse invasion des peuples
du Nord, qui, en renversant Na|X)léon, au-
raient fait disparaître en France un drapeau
de diverses couleurs dont elle était embellie,
pour y substituer un drajieau entièrement
blanc. C'est là 1 emblème ingénieux des fri-
mas que les vents d'hivers, appelés par les
poètes , Enfants du Nord , apportent à la
place des belles couleurs que maintenait le
soleil.
« 6* Napoléon, dit-on, eut deux femmes,
dont une lui donna un enfant mâle. Or,
vous savez que le soleil , d'après la mytho-
logie, avait eu deux femmes : la Lune, dont
il n'eut point de postérité, et la Terre dont
il eut un fils unique , le petit Borus. Cesi
une allégorie égyptienne dans laquelle le
jeune Horus , fils d'Osiris et d'Isis , repré-
sente les fruits de l'agriculture que donne
la terre fécondée par le soleil. Aussi a-t-on
placé la naissance du fils de l'Apollon fran-
çais au 20 mars, à l'équinoxe du printemps,
é|)oque à laquelle les productions de l'&gri-
culture prennent leur grand dévelopfiement.
« 7* L'hydre révolutionnaire, qui jetait
partout la terreur et que vainquit Napoléon,
est certainement ce serpent Python qui ra-
vageait la Grèce, et dont Apollon la délivra.
Ce fut là son premier exploit, d'après la m^'-
tholoçie; aussi nous dit-on que c'est eu
étooftant l'hydre révolutionnaire que Napo-
léon commença son règne. Que si l'on a
figuré le serpent Python par une révolution,
c'est que les mots revohuio^ revolutus carac-
térisent bien le serpent, qui, soit dans ses
mouvements, soit dans son repos, se pré-
sente toujours sous forme d anneaux et
roulé sur lui-même.
« 8" Notre fabuleux héros avait, dit-on.
ÎT.
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
^6
douze maréchaux en actifilé de service et
«iiulre en non-aclirilé. Endcmment, les
o«>oze premiers sont les douze signes du
lojiaque marcbân! sous les ordres du soleil,
ri commandant chacun une dÎTision de Fin-
romlirable armée des étoiles. Les quatre
autres sont les quatre points cardinaux, qui,
immobiles au milieu du mouvemeut géné-
rât, représentent très-bien la non-acti?ité.
• 9* La Ibroe do soleil dans le midi, sa
sarcbe rers les r^ons septentrionales,
après réqaînoxe du printemps, le retour
<fi1 la rencontre do tropique boréal il opère
<ur ses pas Ters le midi, en suivant le si^ne
^ti Cancer ou écreth$e fainsi nommé pour
eiprimer cette marche rétrograde du soleil),
tout reia, toos le vojrez clairement, iles-
sievs, a lait imaginer les triomphes de
?Upnléon dans les contrées méridionales,
son expédition dans le Nord, Ters Moscow,
et la retraite désastreuse dont cette exfiédi-
tioB avait été suivie.
• H^ Enfin « Messieurs, tout le monde
«aisit dès le premier coup d*Œil ]K)urquot
Toa a dit que Napoléon élait venu par mer
étrOhemt (de I1^v|>te) pour régner sur la
Traaee, H qi]*il avait été disparaître dans
les mtn ^teideniales ^ après un règne de
iaasranf.U bodraitètre avengle pour ne
pas voir là le lever du soleil à TOrient et
Mm amrèer à TOccident, après sa course de
émmkara sur Tborizon. // n*a régné quun
/MT, a dit le poêle Casimir Delavigne, qui,
tien qii*iJ n*ail pas osé le proclamer, parce
qvH vivait à une épofiue où cette erreur
état trop répandue, na certainement vu
quïïBt nctlon du soleil dans ce prétendu
tfén. Il n*a régné quun jour; quoi de plus
pfétfsL*.
« Iteos aorions pu. Messieurs, vous pre-
mier, à rappoi de la vérité que nous ve-
nons «rétablir, bien d'autres considérations,
liieQ d'autres faits. Nous aurions pu surtout
îAfoqoerdes actes du roi Louis XVIU, dont
les dates sont inconciliables avec le rèf^e
^B précendo empereur. Mais nous tenions
à fffendre la question au cœur, à roinhatlre
*-a lable par la fable même, en mettant au
^rand jonr les sources où Ton a été puiser
^oos les faits racontés de ce héros imagi*
taire.
« Noos Pavons fait, vous le vojez, Mes-
^i^ars^ avec un plein succès. Napoléon n'est
';j*une allégorie du soleil. C*est démontré
f^r ses deux noms, par celui de sa mère,
jar ses trois sœnrs, ses quatre frères, ses
«kux femmes, son fils, ses maréchaux, ses
exploits ; c*est démontré par le lieu de sa
niissance, par la région d où il partit |H)ur
rif-.'ner en France, i^ar les contrées où il
triompha et celles où il succomba, par la
«lurée de son règne, par la région où il dis-
(laniL Refbser de le reconnaître, c'est vrai-
ment DÎer révidence.
€ Qoe quelques intelli^nces crédules
continoent de regarder Texistencc de Na|K>-
léoa comme une vérité historique, nous ne
C9US en étonnerons pas. Ne voil-on pas au-
juord^^hui encore, six cents ans après les
démonstrations de Luther et de Calvin, plu^
4le trois siècles après les explications lucides
du savant Dupuis, une foule d'hommes de
tous pays croire plus fortement ane jamais
à la réalité de I existence du Chrisl, è la
vérité des dogmes ridicules qu*on dit prê-
ches par lui!
< Pour vous. Messieurs, ces deux person-
nages sont désormais appréciés; tous deux
sont pour vous sur la même ligne. L'exis-
tence de Napoléon Bonaparte n est qu*unc
fable, absolument comme l'existence de Jé-
sus-Christ; les liatailles et les conquéles de
Tempcreur français sont ni plus ni moins
chimériques que les prédications et les mi-
racles du Dieu des chrétiens. »
A force de travai*, certains hommes sont
devenus extrêmement adroits dans l'exer-
cice de cet art. Ils escamotent le fait le plus
éclatant avec la dextérité du prestidigiiaieur
gui fait dis|)areltre une muscade, a^i^. la
facilité de ces dégraisseurs ambulants dont
le savon miraculeux enlève de voire habit
les taches les plus rebelles.
Il jr a cependant, entre nos artîstes-dé-
graisseurs et les artistes-philosophes, celti?
diflSrence remarquable, que les premiers
enlèvent une tache u'autant plus facilement
qu'elle est plus nouvelle, tandis que les
autres ne peuvent enlever un fait que quand
il est déjà bien vieux. Le Ait doit avoir au
moins trois siècles d*existence pour être
soumis, avec quelque succès, à fexpérience
de la suppression symbolique^ et la réussite,
bien entendu, devient plus protiable à me-
sure que ce fait remoute à one plus haute
antiquité.
Avec cette condition d'antiquité reculée,
il n*est pas dans toute l'histoire une seule
tache... un seul fait qui ne puisse être en-
levé, si vous vous adressez à un philosophe
possédant bien son art.
SI
Béalké Ustiiriqiie de Jésus Christ. — \atgre et lob de
lliistmre. — tes Ut>is élémeols de l'histoire : Ecriture
pablknie, faits publiques, Uauie publique. — Applic»-
tioB des caractères de llrisloire à la vte de iésii»-
ChrisL. — Tjdle. Pline le Jeune. — PiopuitloB tar-
de l'histoire de Jésus-Christ.
Le Christ est-il une chimère ou une réa-
lité? appartient-il à la fable ou à l'histoire?
telle est la question. Pour la résoudre, nous
devons nous enquérir, avant tout, de la
nature et des lois de fhistoire ; car, tant
que nous ne les connaîtrons pas, il nous
sera impossible de décider si Jésus-Christ
est ou non une figure historique. Je vais
donc traiter de rbistoire, après quoi nous
verrons si le Christ y est présent ou s'il en
est absent
L*homme vit dans le temps, c*est-k-dire
dans un élément singulier qui le fait à la
fois vivre et mourir; il s'avance entre un
passé qui n'est plus et un avenir qui n'est
pas encore, et-s*il n*avait pas la faculté de
rassembler en lui ces trois états de son exis-
tence, il ne ferait que naître incessamment
sans jamais parvenir à posséder la vie. Car
2i9
Ufl
I>i£TIONNAIRR APOIX)r.ETIQUE.
M\r
iis
1 peine aurait-il fait nn pas que loubli en
aaralt emporté la trace * et ainsi serait-il
toujours (leTant lui-même comme une om-
bre qui sort de terre et qui s'éranouit. Dieu,
contre cette terrible puissance du temps, lui
a donné la mémoire, par laquelle l*homme
TÎt dans ce qui n*est plus aussi bien qu'il
▼il dans ce qui est présent, en sorte que,
ressuscitant a toute heure, quand il le Teut,
ses jours anciens, il se Toit dans la pléni*-
tnde de sa personnalité, semblable à un édi-
fice dont les assises ont été suocessiTement
posées, mais gue Toeil parcourt et découvre
tout entier. Or, la mémoire qui suffit à
rhomme pour vivre, ne suffit pas à Thuma-
nité ; tandis que Thomme est un avec une
mémoire qui subsiste autant que lui, Tbu-
mjnité est multiple et sa mémoire expire
à chaque génération, ou du moins il n*en
transmet a la génération suivante qu'une
laible partie. Le père raconte au fils ce qu*il
a vu ; le fils le redit au petit-fils ; mais, à
chaque degré, le souvenir s'obscurcit, et
peu à peu la lumière de cette tradition
n'éclaire plus que les sommets lointains des
plus grands événements : encore finit-elle
|)ar se dégrader ; les lignes se confondent
aux yeux d'une postérité qui s'éloigne tou-
jours, et si Dieu n'intervenait pas pour por-
ter secours au genre humain perdant la
trace de lui-même, on le verrait demeurer
dans une éternelle enfance entre un passé
informe et un avenir inconnu. L'expérience,
source de tous les progrès, lui manquerait
ix)nslamment. Ni la vérité, ni l'erreur, ni le
bien, ni le mal» ne se connaîtraient que par
un (-.ombat puéril, recommençant toujours
au même point, spectacle indigne de
l'homme, indigne de Dieu, où la vérité et
le bien, faute d'une carrière aussi g[rande
qu eux-mêmes, ne pourraient jamais dé-
ployer Iburs caractères de stabilité et d'im-
mortalité. Dieu, uui avait pourvu par la mé-
moire à l'identité progressive de l'homme,
(levait évidemment pourvoira la perpétuité
continue du genre humain pêf une mémoire
conforme aux destiné^^ de ce vaste corps,
c'e8t-à-dire par une mémoire une, univer-
selle, certaine, capable de lui donner la
conscience totale de ses œuvres, depuis le
commencement jusqu'à la fin. En pariant
ainsi j'ai défini 1 histoire.
Lliistoire est la vie de l'humanité présente
à elle-même comme notre propre vie nous
est présente; l'histoire est la mémoire du
monde. Mais quelles difficultés pour la créerl
Dieu allume dans notre intelligence un flam-
beau qui éclaire notre passé, parce gii'il est
notre intelligence même, une et indivisibie,
voilà qui est fait f mais comment donner au
genre iiumain, multiple et divisé, une sem-
blable lumière? Comment lui donner une
mémoire immortelle, à lui qui meurt cha-
que jour? une mémoire immuable, à lui
qui n'est que changement? une mémoire
certaine, à lui qui peut douter si facilement
de ce qu'il ne voit pas ? Dieu y pourvut en
nous donnant l'écriture. Par elle, une chose
dite une fuis peut être entendue toujours;
un s|)ectacle une fois donné neut être vi-
sible toujours : elle saisit le fiot qui passe
et le rend étemel. (Tétait déjà Timmortalité
et rimmutabililé, ee n'était pas encore la
certitude. Car le bux s'écrit comme le vrai.
On a écrit, c'est bien ; mais qui lUOus ga-
rantit la vérité de ce qui est écrit ? Un
homme, il y a deux mille ans, a fait un li*
vre où il raconte les choses dont il affirme
avoir été témoin : Qu'est-ce qui nous prouve
qu'il n'a pas menti, et que la fable ne nous
soit pas arrivée sous rhabit apparent de
l'histoire? Evidemment, l'écriture toute
seule ne répond pas à cette question ; l'his-
toire commence avec elle, mais elle n'est
EBS l'histoire dans la totalité de ses éléments,
'histoire, s'il y en a une, doit commander
à notre esprit avec la même autorité quo
toutes les puissances qui ont reçu missioa
de le ^gouverner. De même quil y a au
monde une force morale qui ne nous permet
pas de dire qu'il est légitime à l'enfant de
tuer son père, une force mathématique qui
ne* nous permet pas de iiàtir une maison
sur un plan privé d'équilibre, de même
aussi il doit y avoir au monde une force his-
torique qui ne nous permette pas de dire à
l'histoire : Tu as menti. Si cette force
n'existe pas, l'histoire n'existe pas non
pi us.
Quelles sont donc les conditions de l'his-
toire, ou plutôt quelles sont les conditions
d'une écriture historique? Car l'écriture est
l'élément fondamental, persistant, substan-
tiel de l'histoire. Sans récriture, nous n'a-
vons plus que des traditions plus ou moûis
confuses ; mais comme l'écriture peut trom-
per, il faut que nous connaissions les con-
ditions qui élèvent l'écriture à l'état d'écri-
ture historique, c'est-à-dire à Tétat d'écri-
ture authentique, certaine, infaillible, vraie.
Ces conditions sont au nombre de trois.
Premièrement, l'écriture doit être nublt-
que. Tout ce qui est secret n'a |)oint crauto^
rite; toute écriture mystérieuse est uno
écriture vaine, parce qu'elle n'a pas été
contrôlée. Rien n'est puissant en ce genre
que par le contrôle de tous. Le peuple est le
seul notaire capable de certifier sa propre
histoire, {larce qu'il est la réunion de tous
les Ages, de toutes les pensées, de tous les
intérêts, et qu'une conjuration populaire,
pour mentir à la postérité, est un spectacle
qui, loin de s'être vu, ne peut pas même se
concevoir. Un homme fabrique l'erreur; an
peuple a trop d'idées et de passions diver-
ses pour s'entendre dans le but de tromper
les siècles futurs. Un peuple, d'ailleurs, n est
jamais seul; il vit entre des peuples con-
temporains dont Thisloire est mêlée à la
sienne, et fût-il ca[>able d'un mensonge una-
nime, il soulèferait inévitablement la pro-
testation du siècle même sous les yeux du-
quel il aurait inauj^uré son complot.
La seconde condition de l'écriture, pour
arriver à l'état d^histoire, est de porter sur
des événements publies. Tout fait qui n'est
pas public n'est pas du domaine de 1 his-
toire, par kl raison que je disais tout à
fis
M^f
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
IITT
330
llicore; car on fait qui n*est pas publie,
qui est-ce qui Ta ru? C est un homme, ce sont
injîs hommes, si tous le Touiez; mais This-
toire ne peut pas reposer sur le témoignage
tfan homme, ni de trois hommes; ce n'est
plus là de rhistoire, c'est du mémoire. Le
méfDoire porte sur des foits miréSt tandis
qoe rhistoire porte sur des érenements pu*
Llics. Par exemple, que Louis XIY ait con-
qois la Flandre, la Franche-Comté, l'Alsace»
u L4)rraine, qu'il ait attacJié ces provinces
aa rojaoffle de France, d'abord par ses ar*
iD€s, pais par des traitée, Toilà de l'histoire,
rt sDot des événements qui intéressent la
France et toutes les nations de l'Europe, et
rfli oat eu cent millions d*hommes pour
ss«rtateors. Mais que Louis XIV, dans sa
cliambre k eooeber de Versailles, ait dit en
pcfeenee de M. le duc de Saint-Simon telle
parole qui est rup()ortée dans les livres de
CCI hooine d*espnt« ce n'est plus là que du
niéBioire. Sans doute, cet élément secondaire
edtre pour beaucoup dans la composition des
aoMles do genre humain, [Uirce que nous ne
sa(iporterioas pas des récits où n'apparai-
tnirotqoe les grandes lignes de l'arcbitectu rc
histonqae; les détails privés nous charment
S las encore que les mouvements généraux
0 DHNide ; ils se rapprochent davantage de
notre existence personnelle et font descen-
tln jusqul ooos les plus éminents person-
oa^ des temps accomplis. Dénués d'atJeurs
de ia solennelle certitude de rhistoire, ils
oe iBiaqDent pas toujours d'une sanction
%nie, quoique d'un onlre inférieur; les a&-
U'ift» privée s'entrelacent aux actions pu-
lii^oes; des témoignages nombreux et con-
rardtnts établissent le rap|H)rt des unes aux
lorres et le tout va d'un pas qui n'est pas
irt.p inégal. Cependant, dès qu'on aspire à
^ rtriitnJe historique absolue, il est néces-
*iin de sé(>arer les deux éléments et de
rto-Jre an premier, par cette séparation,
tiBle sa force et tout son éclat.
Là troisième condition nécessaire pour
âerer l'écriture à Tétat d'histoire, est que
les faits se coordonnent dans une trame pu-
i'i^*|ae et générale. Rien n'est isolé dans les
éféoements du monde; ils se lient entre
rox par un enchaînement semblable à celui
qui resserre les idées dans le tissu logique
«l'on discours. L'histoire doit reiiroduire
ceue génération continue, de manière à ce
qaelons les faits qu'elle rajpjx>rte entrent
fiatarelleroent dans la suite des choses dont
i'enseoblé progressif constilue la vie du
^re haoïain. Un Ait solitaire n'est pas un
Uiî Ustoriqoe ; il ne se tient pas debout, il
t4 en Tait. Ken moins encore appellerons-
L oi de ce nom un Dut qui ne peut prendre
; 3>e dans la trame générale de rhistoire
siûs en troubler toute l'économie; c*estle
^ me infaillible de l'imposture. La force de
-.Uoire, comme la lorce de tout ordre
réel, est dans l'ensemble et la liaison. Quand
.a Lomme est seul, ce n'est rien; cpiand un
îiJ est seul, ce n'est rien. Mais qu'un
: 'ume entre en société avec d*aulres, c*est
^.K CauiillCy un peuple, c'est le genre hu-
main tout entier. Et de même, qu'un fait
entre en société historique avec d'autres,
et non pas seulement avec d'autres, mais
avejc tous les autres, au'il soit nécessaire à
la trame générale de I histoire, que l'histoire
ne puis>e pas se construire sans cet événe-
ment, et alors il n'a pas seulement la force
d*un fait historiaoe, il a la force de l'histoire
tout entière; il faut le subir ou nier la vie
totale du genre humain.
Ainsi, écriture publique, faits publics,
trame publique, voilà les trois éléments de
l'histoire; et quand ces trois éléments sont
réunis, j'affirme que l'histoire existe, et
Î|u'on ne saurait y résister sans résister à la
orce même du sens commun. En effet, fK>ur
que dans ce cas-là l'histoire fût trompeuse,
voici ce qui devrait être possible : il ftudrait
qu'un homme, le premier venu, exposant
en public des événemenis d'une nature pu-
blique, ces événements su|>posés faux fus-
sent admis comme vrais, et rattachés, lual-
fré leur fausseté, à la trame générale de
histoire. Or, cela est de toute impossibilité,
et rien n'est plus simple que de vous en
donner la preuve. Permettez-moi seulement
une supposition. Je suppose que demain
matin il me plaise de publier un livre dont
je résume ainsi la substance : Le 1" janvier
1847, la France a déclaré la guerre aux trois
grandes puissances continentales de l'Eu-
rojie. Cette guerre avait pour but de rétablir
le droit des gens et la foi des traités compro-
mis par des actes violents. On s'est rencon-
tré dans les plaines de Majence. La France
comptait six cent mille hommes si»us Ihs
tfrmes, les ennemis en avaient un million.
La bataille a duré dix jours eonsécsitifs ;
le dixième jour , au matin , le sort s'est
prononcé en faveur des Français. Les plé*
nipotentiaires de l'Europe se sont réunis
à Mayence et ont signé un traité qui a mis
fin à la guerre par un partage nouveau du
continent européen.
Je vous le demande, croyez-vous que ce
roman politique eût des chances d'imposer
à la postérité? N'est-il pas manifeste que la
France l'accueillerait avec le plus profond
mépris? Si la France l'acceptait, u'est-il
pas manifeste que toute l'Europe le livre-
rait à la dérision ? Et si , par un acte de dé-
mence universelle, la France et TEurope
consentaient à le révêtir d'une al>surde au-
torité, n'est-il pas manifeste qu'on ne {par-
viendrait pas à l'introduire dans le tissu de
l'histoire, puisque l'état de toutes les affaires
coiitem)ioraines, et jfàt suite, de toutes les
affaires à vaoir, serait en contradiction avec
cette prétendue pierre et ce traité fictif? Le
mensonge, pour se soutenir, exigerait un
mensonge perpétuel, et la coiyuration d'un
seul moment contre la vérité, une conjura-
tion fpoursuivie jusqu'au dernier jour du
monde. L'impossibilité d'un tel concours et
d'une telle persévérance dans une impos-
ture universelle, n*est pas seulement une
impossibilité morale, c'est une impossibilité
métaphysique et absolue.
Or, à quelque époque de l'humanité que
231
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
UYT
• «#2
nous nous re|)orlions, celte impossilnlilé
sera la même. Partout et toujours, une écri-
ture publique rapjiortani des événements
publics qui se placent naturellement dans
la suite générale de Tiiistoire, sera une écri-
ture authentique et vraie, parce que partout
et toujours il y aura impossibilité, dans de
Celles circonstances, de tromper le {;eure hu-
main sur sa propre vie ou d'obtenir de lui
de se mentir à lui-même sans but et
contre toute raison. Et , remarauez - le
bien, Thistoire existant une fois, le temps
n'a pas le privilé^^o d*en diminuer la
force; il la confirme, loin de la diminuer.
Je dis d abord, qu'il ne la diminue pas, et
pour preuve, je vous propose ceci. Pensez à
César, puis pensez à Louis XIV, et cherchez
à discerner si la 'certitude historique de
Louis XIV, et la certitude historique de
César diffèrent par la plus légère nuance
dans votre esprit. Evidemment , elles ne
diffèrent pas, et |)ourtant dii-seut siècles sé-
parent Lonis XIV de César, liais ces dix-
sept siècles s^évauouissent devant votre pea-
sée, |»ar le coupd'œil électrique qui la porte
subitement de Tunà Tautre, il uii fait voir
non-seulement que la base historique de
César est la même que la base historique de
Louis XiV« mais encore qu*en doutant du
premier il faudrait douter du second, puis-
cjue sans César l'histoire tout entière per-
drait son enchaînement, et avec son enchaî-
nement la principale cause de sa solidité. Je
dis davantage encore, je dis ((ue le temps
contirme la certitude de Thistoire au lieu do
la diminuer. Pourquoi cela? Parce que le
temps, à chaque pus qu'il fait, développe la
toile historique, et que chaque point de
l'histoire entrant en participation de la force
solidaire du tout, plus cette force s'accroit
par la répercussion des événements les uns
sur les autres, plus chaque point particulier
s assied, se soutient et s'étend. Ainsi, Moïse
a été consolidé par Jésus-Christ; car bien
que Moïse eût écrit publiquement sur des
événements publics, la trame de l'histoire
était courte de son temps; elle avait besoin
de gagner de Tampleur, et lorsque Jésus-
Christ s'y fut placé, sa présence illumina le
passé mosaïque, comme l'avenir chréiien
devait à son tour rejaillir jusque sur Jésus-
Christ. D'où il suit que nous ne faisons pas
un mouvement, à Theure qu*il est, sans ai)-
porter encore à Moïse Téclat d'une nouvelle
conGrmation, parce que, danstoutcequenous
faisons, c'est lui qui nous jporle, et c'est
nous, à notre tour, qui expliquons tout ce
qu'il a fait. Le fil de l'histoire va et revient
sans cesse du passé à Tavenir, de l'avenir
au passé, et ce que nous voyons de nos
yeux sera plus clair k notre postérité qu'à
nous-mêmes, parce qu'elle achèvera sur la
toile où nous travaillons des dessins qui ne
sont pas encore sortis de la main de l'ouvrier.
Comme un édifice dont le faite couvre la
base, ainsi est Thistoire ; comme une terre
qui s'affermit è force d*être foulée aux pieds,
ainsi est encore l'histoire sous les pas des
générations. En un mot le temps, qui sem-
blait le plus grand ennemi de l'histoire, une
fois qu*elleestfondée,la protège et raOerom.
Mais rhistoire exisle-t-elle ? Tout ce que
nous venons de dire est-il autre chosequ*uue
magnifique spéculation? Le genre humain
connalt-il sa vie? Y a-t-il au monde une
histoire du momie? C'est demander, s*il
existe des écritures publiques contenant une
longue trame d'événements publics: or, ces
écritures et cette trame sont sous vos yeui.
L'humanité connaît sa vie primitive fMir
quelques traditions fondamentales, recueil-
lies à temps et que confirme leur univer-
salité; elle connaît sa vie subséquente de-
puis Moïse par une histoire interrompue,
qui est allée toujours en se déveio.ipant. De
Moïse à Hérodote, c'est l'aurore de 1* histoire;
d'Hérodote à Tacite, c'est la matinée de Vhïs-
toire ; Tacite en est le raidi, et ce n.idi dure
encore. 11 est même devenu plus éclatant
depuis trois siècles, par une invention ce-
lètîre qui a augmente de beaucoup la publi-
cité et Timmortalité de récriture. Comiue
Dieu avait donné récriture h nos ]^rv.s
quand la tradition était en péril de s'obs-
curcir, il leur a donné fimprimerie quand
récriture elle-même était menacée d oubli
et de confusion par la trop grande quantité
des monuments. L'imprimerie a sauvé Tbis-
toire quinze cents ans après Jésus-Christ,
comme l'écriture avait sauvé la traditiuu
quinze cents ans avant lui.
Cela étant donc, et Thistoire existant
depuis trente siècles passés, la question est
de savoir si Jésus-Christ est dans l'histoire
ou s*il est hors de Thistoire. J*aflirme qu*il
est dans l'histoire, et que nul au monde n y
occupe une place plus importante et plus
assurée que la sienne.
Qu ai-je à faire pourle prouver? Evidem-
ment trois choses: montrer que la vie de
Jésus-Christ est contenue dans une écriture
publique, qii*elle est un tissu d'événements
publics, et qu'elle entre naturellement daus
la trame publique de l'histoire.
Or, la vie de Jésus-Christ esi contenue
dans tes évangiles, et les évangiles sont une
écriture publique ; voilà ma preuiière pro-
position. Mais vous m'arrêtez immédiate-
ment et vous me dites: Qu'est-ce qui prouve
que les évangiles étaient une écriture pu-
blique? Ne sont-ce pas les évangiles eux-
mêmes, et ne prouvez-vous pas ainsi la
question par ce qui est une question ? Si
les évangiles commençaient ou étaient toute
rhistoire, il serait dilhcile pcut-^tre de ré-
pondre à votre interruption; mais vous
n*avez pas si vite oublié» je le pense, qi>e
riiisloire préexiste à Jésus-Christ, et Dici*,
qui voulait nous donner la certitude de
l'existence et des gestes de son Fils, avait
apparemment préparé le terrain où nous
devions un jour le Rencontrer. Ce terrain,
c'est l'histoire, et au temps où se place la
vie de Jésus-Christ, c*est-à-dire Auguste,
l'histoire avait dans le monde ujiôtat qui ne
dépendait pas de nous. Ce n'est pas nous,
catholiques, qui faisions Thistoire ; elle se
faisait sans nous et contre nous. £lle était
ss
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
M\T
SU
ffltre les mains de uos eiiiiemis, et si nous
aaaoeocioQs alors l'histoire de l'Eglise t
'îiieda monde se poursuivail sur un plan
^Tii o*étaic pas le nôtre et où aucun nou-
\v\T De nous était réserré. Or» voilà 1 liis-
lureque j'invoque en ce moment pour éta-
blir la publicité des Evangiles, dirai-je,
.;D'ils étaient une écriture imblique, parce
^ïiis appartenaient à une société doctrinale
fuUique.
Que les premiers chrétiens formassent
*aOe société doctrinal e» la chose est claire
ae siji; que cette sociéîé fût publique, cela
nc^ pis douteux non plus, et pourtant il
irfi^^ne d^ rétablir avec la dernière ri-
gueur, car toui glt là. On conçoit, en effet,
quequelqaes hommes réunis sous terre et
prdiiaut ane doctrine secrète eussent pu
, rcparer dans rotnbre un livre mystérieuic,
t|ui b eût été lobjet d'aucun contrôle et qui
itffûtnpaDdu de main en main, en çaiçnant
:e l'auiorité avec Je temps. Mais si la so-
ci\ê Ces chrétiens a été publique tout d*a-
>)râ;si,dès le surlendemain de la mort du
Christ ses apôtres ont paru sur les places de
'j Jodétet bientôt sur les places de Tempire
Tomin, provoquant non pas une guerre
•ju^le, mfis une ffuerre éclatante; s'ils ont
ca bardimefilaux Juifs : Jésus de Naxarethf
iU hmmg ûfwouvé de Dieu parmi vou$^
puusMl par U$ vertus^ les prodiges et les
sffu$ que Dieu a faits par lui au milieu de
r«ttf, comme vous le savez ; ce même Jésus
q^t, tfiifMi Us eonseih et la prescience de
Oiem, t9u avez livré et mis a mort par la
met» 4a méchants^ Dieu Va ressuscite (^^).
N, inlsés devant tous les tribunaux de
/ecjpîre, lort'|u*on leur dit: Quiôtes-vous?
iScQt répondu : Nous sommes chrétiens,
re^t^^ire les enfants du Christ gui a été
cnàmorU mais que le bras de Dieu, plus
pjly>àiii que toutes les conjurations de
< )joffita«, a tiré de sa tombe et a élevé pour
'in a jamais la tête et le chef de toutes les
u:^oas; s*ils ont dit cela, s'il est certain
v.tfi l'ont dit, certain non pas seulement
.'«r des écrits venus de nous, mais par des
c nu venus des étrangers, de nos ennemis,
«: une multitude de monuments, j'aurai le
--uitde conclure que la société chrétienne,
< )0Q commencement, a été une société pu-
\. 1 {ae, et que, à la différence de tant de
'Ujs€s qui se préparent sous terre , parce
n'eiles n'ont pas foi dans leur force et leur
T.'iumité, r£^lise catholique a commencé
l iwliqaement comme elle a continué publi-
;3ement.
Arrivons à la preuve, et écoutez Tacite,
('lus célèbre des historiens. Tacite, chargé
.«/ I^ieu de «raver dans Thisloire l'acte de
'^ ï>anoe et Pacte de mort de son Fils unique
/-.îUi-ChrîsL Vingt-sept ans après ce grand
>'viàe du Calvaire, Néron eut la fantaisie de
-'a tr Rome, et, pour couvrir Fhorreur de
'.ii^ alyMoinable action, il fit saisir, dit Ta-
t, une itnmense multitude d'hommes. — m-
5i?j Ut. Il, Î2, 23, !Î4.
DlCTt03l5AlRB AP0L0r.KTlQrE, II.
gens mullitudo. Quels étaient ces hommes?
Tacite va les définir : C*étaient des hommes
que le vulgaire appelait Chrétiens^ — quos ru/-
gus christianos appellabat. Ueinar(|uez ce
mot vulgus. Vingt-sept ans après la mort de
Jésus-Christ, le nom de ses disciples était
vulgaire à Rome, la capitale du monde. Mais
qu'est-ce que c'était gue les chrétiens? Ta-
cite va nous le dire : Lauteur de ce nom était
le Christf — auctor nominis hujus Christus.
Vous entendez, et la date de ce texte, qui
n'a jamais été contesté par personne, est
authentique; elle est marquée par Tincendie
de Rome, l'an 64 de l'ère chrétienne, c*est-à«
dire vingt-sept ans après la mort de Jésus-
Christ. Mais est-ce la tout? Non, vous allez
entendre mieux , vous allez entendre la
Symbole des apôtres sous la plume et avec
l'encre de Tacite. L'historien avait à dire ce
Îue c'était que le Christ; il continue donc :
'auteur de ce nom était le Christ^ qui, sous
le règne de Tibère ^ avait été mis à mort par
le procurateur Ponce-PitatCf — auctor nominis
hiijus Christus f quij Tiberio imperitantCf per
procuratorem Pontium Pilatûm supphcio
af[ectu$ erat. Encore une fois, est-ee Tacite
qui parle ou est-ce le Symbole des apôtres?
Le Svmbole des apôtres dit : Qui passus est
sub Pontio PiUUo ; Tacite dit : Qui per pro^
curatorem Pontium PHatum supplicio affe"
dus erat. C'est bien Tacite, un étran^^er, un
profane, un homme qui, en écrivant ces
choses sur un indestructible airain, ne sa-
vait pas même ce qu'il disait. Et que disait-
il des chrétiens, cfe cette immense multi-
tude que le vulgaire appelait du nom de
chrétiens ? Il en disait ce que voici, tou-
jours dans le même texte : Cette détestable
superstition^ réprimée pour le moment, faisait
une nouvelle irruption^ non-seulement dans
la Judée f origine de ce mal^ mais jusque dans
Rome^—repressaque in prœsens exitxalis su^
perstitio rursus erumpebat^ non modo per
Judœam^ originem hujus mali^ scd per urbem
etiam. Quel texte, quelle précision, que de
choses on deux lignes ! Amsi donc, vingt-
sept ans après la mort de Jésus-Christ, Tes
chrétiens formaient à Rome une immense
multitude; ils étaient connus du vulgaire
sous leur véritable nom ; môme avant cette
époque, ils avaient déjà été réprimés par
l'autorité publique, mais cette répression ne
les empécnait pas de se propager avec une
telle puissance que Tacite raupelle une ir-
ruption. Ils comparaissaient élevant les tri-
bunaux et y rendaient témoignage de leur
foi ; car Tacite ajoute qu'ils furent saisis
sur leur aveu, — primo correpti qui fateban^
tur. Ils étaient odieux à tous, — invisos^ et
leurs mœurs difléraicnt tellement des mœurs
générales, que, selon la remarque de This-
torien, ils furent moins convaincus du crime
d'incendie que de haine envers le genre Au-
main^ — haua perinde in crimine incendiif
aiiamodio humani generis convicti suni (22()}«
Et Tacite savait tout cela ; il était au cou-
rant de la vie de Jésus-Christ ; il connais-
(2iG) Annales, livre xv.
8
-SZ5
HIT
DrCTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
MYT
m
sait Ponce*Pilale ; le drame du Calvaire lui
était présent.
Voulez-vous une autre preuve de la vie
publique descbrétiens dès l'origine du chris-
tianisme? Dieu et Thistoire ne vous la refu-
seront pas. L*an 98 de T-ère chrétienne,
soixante- el-un ans après la mort de Jésus-
Christ, Trajan monte sur le trône, et This-
toire nous apporte une lettre d*un de ses
proconsuls au sujet des chrétiens, ie })ro-
consul de Bithynie et du Pont, Pline le
Jeune, homme célèbre. Car, remarqnez-lc,
quand Dieu veut écrire l'iiistoire, il n*est
rs malhabile à choisir ses historiens. Tout
l'heure nous étions avec Tacite^ voici
maintenant Pline le Jeune dans une lettre
oUicielle adressée à Trajan. Il écrit à l'em-
pereur pour le consulter sur la procédure
qu'il faut suivre contre les chrétiens; car,
dit-il, « je n'ai jamais assisté à ce genre de
causes, et je ne sais pas ce que Ton a cou-
tume d'y rechercher et d'y punir, ni à quel
degré. Mon hésitation nest donc pas mé-
diocre pour savoir s*il faut tenir compte de
la différence des âges, ou ne s'en pas f)réoc-
cuper; s'il faut pardonner au repentir, ou
sïlest inutile de cesser d'être chrétien quand
une fois on l'a été; si c'est le nom que l'on
poursuit, même exempt de crimes, ou si ce
sont les crimes attachés au nom. » Quelles
questions de la part d'un homme d'esprit et
(l'un homme de bien! Un nom coupable 1
des crimes attachés à un nom 1 Mais que
.voulez-vous? Pline trouvait sur son chemin
des habitudes déjà invétérées contre une
société d'hommes en lutte ouverte^vec l'em-
pire romain, et Ton voit jusque dans les ab-
surdes choses qu'il dit le désir d'être le plus
doux possible sans déplaire à l'empereur.
Sa lettre se termine jiar ta remarque « qu'un
jrand nombre de personnes de tout ftge, de
tout rang et de tout sexe, se trouvaient com-
promises, et que d'autres le seraient plus
tard; que non*seulcment les villes, mais les
bourgs et les camj)agnes, étaient inondés do
x;etle contagieuse superstition ; qu'enfin les
temples désolés, et les cérémonies sacrées
interrompues depuis longtemps, commen-
çaient à revivre, grâce aux poursuites exer-
cées contre les chrétiens. »
Cette peinture, jointe à celle de Tacite, ne
laisse aucun doute sur le point capital (|ui
nous préoccupe, savoir : que, dès l'origine
du christianisme, les chrétiens vivaient dans
une société constituée publiquement. Et
d'ailleurs, le résultat même qu'ils ont ob-
tenu dans le court espace de trois siècles, en
est une preuve surabondante. Au bout de
trois siècles, les chrétiens ont été les maîtres
de l'empire romain^ ils ont porté au trône
le premier César qui eût embrassé leur foi,
et, non contents de ce prodige de leur puis-
sance, ils ont dit à Constantin : Recule jus-
qu'au Bosphore, car ici^ à Rome, doit être
posée la chaire de saint Pierre, le pécheur
de Galilée* Et Constantin, par une obéissance
instinctive à ce commandement inexprimé
de la Providence, alla porter jusqu'aux bords
de TEuxin une preuve encore subsistante
de l'avènement social de Jésus-Christ. Or,
jamais société secrète n'a été capable d'un
tel succès. Tout ce oui commence dans rcoQ.
hre s'achève dans l'ombre. Quand. on vous
f^arle d'une société secrète, c'est comme si
'on vous disait que le néant s'est associé.
Sans doute ces complots ténébreux pourront
travailler sourdement, ébranler les fonde-
ments des Etats, préparer des jours de rui-
nes; mais ils n'arriveront jamais à la vie ré-
glée et publique. Tout ce qui commence
sous terre est frappé de l'incapacité de vivre
en plein jour et eo fileinair. C'est pourquoi
l'avènement de la société chrétienne à l'em-
pire, sous Constantin, est une preuve suffi-
sante ^ elle seule que Toeuvre chrétienne a
été une œuvre constamment publique.
Mais si les premiers chrétiens formaient
une société publique et en même temps une
société doctrinale, il s'ensuit nécessaire-
ment que leurs écrits étaient publics* Cher-
chez à concevoir une société doctrinale pu-
blique qui cache ses écrits, vous n'en viendrez
pas à bout ; car comment serait-elle publiaue,
si elle ne disait pas hautement ce quelle
croit; et comment dirait-elle hautement ce
qu'elle croit, si elle cachait ses écrits et ceux-
là même qui servent de fondement è sa loi?
Encore que les Evangiles n'aient pas été ré-
digés à l'instant même qui suivit la mort et la
résurrection de Jésus-Christ, ils se publiaient
dans tout l'univers par les prédications apos-
toliques, et lorsquils parurent successive-
ment, la tradition, toute jeune et toute vi-
vante, se fondit avec eux dans une même
authenticité. Une lutte de près de trois centi
ans commença sur le texte même des Evan-
giles, entre les catho iques d'une part, les
hérétiaues et les philosophes de Tautre port.
Cette lutte a laissé des monuments très-
nombreux. On y voit Celse et Porphyre
suivre pas à uas, sur tes Evangiles, la vie
du Sauveur. Ils n'en contestent pas !a publi-
cité et l'authenticité. Les hérétiques font
quelque chose de plus. Non-seulement ils
argumentent du texte sconsacré par Tadlié-
sk>n de l'Eglise, mais ils se fabriquent des
Evangiles apocryphes pour les opposer aux
Evangiles approuvés, tant il est vrai que
toute la discussion portait sur ces textes.
fondamentaux. On a eu la simplicité de se
faire une arme coiitre nous des Evangiles
apocrypiies, c*est-à-dire d'invoquer contre
Jésus-Christ des livxes où les principaux
mystères de sa vie et de sa mort étaient re-
connus, et où l'altération mèaie de certaines
f parties prouvait d'autant plus la vérité de
'ensemble. II est très-simple qu'une grande
publicité appelle des contrefaçons; c'est
mènic là le signe par excellence du succès.
Toute idée, tout style, tout mode qui réus-
sit, provoque une nuée d imitateurs ou de
spéculateurs. Mais qu'est-ce aue cela fait à
l'nomme ou à la chose qui est robiet de tout
ce travail? A tout le moins, ce n est [)as la
mbllcité qui en souffre; or, la publicité de
a vie de Jésus-Christ par les Evangiles et
les livres primitifs des chrétiens, est préci-
sément le point que je voulais établir, et je
{
t57
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
238
oe crois pas que tous en deii andiez davan-
ll^e en ce niiiment.
La vîe de Jésus-Christ a été entourée dès
foripne d'une immense publicité. Ses dis-
ci(»)<^ ont formé dès J'origine une société
publique : leur profession de foi, leurs écrits
(lOtremiJi tous les tribunaux et toutes les
écoles (le U terre, et Qnaicment en trois
siècle»» Tempereur était publiauement chré-
tien, et le vicaire de Jésus-Cnrist siégeait
pôbliqueroent à Rome. Tout cela est certain
|tf riiisloire profane autant que par This-
U)ire chrétienne. Ce premier point est ac-
quis.
QuDtaux événements qui composent la
lie même de Jésus-Christ, leur nature est
lussi d*ane manifeste et éclatante publicité.
De quoi s'agissait-il 7 Etait-ce d*un philosophe
eoseignant quelques disciples sous un por-
tique ou dans un jardin? N*était-ce que So-
mtê. si célèbre soit-ilTNoUt il s'agissait
û uo bomme fondateur d'une religion nou-
uiie, chose qui touche à tout, aux tradi-
it<>&&,aux k>is« aux mœurs, aux sentiments,
ioi intérêts les plus sacrés; il s'agissait
(i'unbuiame fondateur d'une religion exclu-
sif e, et qui ne se proposait rien moins que de
rc&ierscr tous les cultes et tous les sacerdo-
ces eûAa&ts; il s^agissait d'un bomme opé-
rait, disttl-on, en public des prodiges
iaoois, et accum^)agne partout d'une foule
ÎBBomhnblet attirée par ses œuvres et sa
doetriae; il s'agissait d'un homme appelé
u tribunal suprême de sa nation, condamné,
mis è oiort, puis, disait-on, ressuscité, et
ifiDt envoyé ses disciples à la conquête mo-
nieëarimivers; il s agissait d'un homme
Jjaajftossi à soulever une foi inébranlable
oias le cœur d'une multitude d'hommes de
Uiatesies nations, et devenu par son nom
senJ Je point de ralliement d*nne nouvelle
toaéU. Si jamais il y eut des événements
pabliesj c*élaient assurément ceux-là.
£t ces événements qui contredisaient toute
ià vie passée du genre humain, qui devaient,
yr conséquent, s'ils étaient faux, être re-
j«a&sés de la trame générale de l'histoire
(«if une invincible impossibilité de les y
14/n; cadrer « ont-ils ou non pris leur place
vaos cet enchaînement rigoureux de la vie
funuaine depuis trois mille ans? Ils ont fait
i:<u5qu'j prendre leur place: sans euxThis-
t'ire e^t une énigme incompréhensible. En
f5et, de Moïse h Fie IX, ces deux termes ex-
irémes des annales du monde, quelle est la
oaestiofi principale de l'histoire? Est-ce la
biodation et la chute des empires d'Assyrie,
Ij guerre de Troie, les conquêtes d'Alexan-
^Tif , là fortune des Romains, l'élévation des
Kuples modernes, la découverte de l'Amé-
nque. les progrès de la science et de l'indus-
ine dans les temps nouveaux? Non, aucune
•:e ces questions, si vastes qu'elles soient,
0 tsi la question principale de l'histoire,
'ci*e qui embrasse fa totalité des trois mille
i&s, q«i vivent dans la mémoire du genre
ïamaLn.La question principale, parce qu'elle
'^jbtienl tout, le passé* le présent et l'avenir,
e>i celle-ci : le monde ayant ôté idolâtre dans
les temps antérieurs è Auguste, comment
esl-il devenu chrétien dans les temps pos-
térieurs? Voilà les deux versants qui parta-
gent toute l'histoire, le versant de l'anti-
quité et le versant des âges nouveaux ; l'un
est idolâtre, nlongé dans le matérialisme la
plus effréné ;Vaulre est chrétien, purifié aux
sources d'un spiritualisme accompli. Dans
le monde antique, la chair prévaut publi-
quement sur l'esprit; dans le monde pré-
sent, l'esprit prévaut publiquement sur la
chair. Quelle en est la cause? Qui a produit
un changement aussi grand et d'une étendue
aussi générale entre les deux temps de l'hu-
manité ? Qui a modifié à ce point la forme
humaine et le cours de l'histoire? Vos pères
adoraient des idoles; vous, leur postérité,
venus d'eux oar un sang corrompu, vous
adorez Jésus-Christ. Vos pères étaient maté-
rialistes jusque dans leur culte ; vous êtes
spiritualistes jusque dans vos passions. Vos
pères niaient tout ce que vous croyez; vous
niez tout ce qu'ils croyaient. Encore une
fois , quelle en est la raison ? Il n'y a pas
dans l'histoire d'événement sans cause, pas
plus qu'en mathématiques il n'y a de mou-
vement sans un moteur. Où est la cause his-
torique qui a fait du monde idolâtre le monde
chrétien, qui a donné Charlemagne pour
successeur a Néron? Vous êtes obligés de la
connaître ou du moins de la chercher. Nous,
catholiques, nous disons que ce change-
ment prodigieux correspond à l'apparition
sur la terre d'un homme qui s'est dit le Fils
de Dieu, envoyé pour effacer les péchés du
inonde; qui a prêché l'humilité, Ta pureté,
la pénitence, la douceur, la paix; qui a vécu
pieusement avec les petits et les simples;
qui est mort à une croix, les bras étendus
sur nous tous, pour nous bénir; qui nous a
laissé dans son Evangile sa parole et soc
exemple, et qui, ayant ainsi touché l'âme
de plusieurs, pacifié leur orgueil et corrigé
leurs sens, a laissé en eux une joie eatme
si surprenante que le parfum s'en est ré-
|>andu aux extrémités du monde et a séduit
jusuu'à la volupté. Nous disons cela. Oui,
un nomme, un seul homme a fondé l'em-
pire des Chrétiens sur les ruines de l'em-
pire îdolâtrique, et nous ne nous en éton-
nons pas, parce que nous avons remarqué
dans rhi«>toire que tout bien comme tout
mal part toujours d'un principe, ou d'un
homme dépositaire de la force cachée du
démon ou de la force invisible de Dieu.
Nous disous cela, et nous appuyons notre
parole de monuments ininterrompus qui
commencent à Moïse pour venir jusqu'à
nous; nous en appelons à une publicité de
trente-deux siècles consécutifs; nous lions
entre «ux le peuple Juif, Jésus-Christ, l'E-
glise catholi<{ue, ou plutôt nous ne les
lions pas entre eux, ils se présentent à
nous étroitement enchaînés dans une suite
de choses qui se soutiennent l'une par l'au-
tre ; nous en appelons enfin à toute la trame
de l'histoire, et au nom de cette trame im-
mense qu'il est absolument nécessaire
d'admettre et d'expliquer, nous vous disons;
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
«\T
240
Jésus*Chri5t est le mot siiprënie de l'his-
.ioire, il en est la clef et ia révéialion. Non-
seulement il entre dans l'histoire, il s*y
place au milieu de tous les événementSy
sans peine et à Taise, mais Thistoire n'est
pas possible sans lui. Essayez, en suivant
Xa ligne des monuments, de passer du monde
.ancien au monde nouveau et de vous expli-
quer sans Jésus-Christ comment le Pape a
j-emplacé les Césars au Vatican. Le pourrez-
vous? £t si une lueur de bonne foi reste
au fond de votre âme, neserez-vous pas
obligés de dire comme nous : Oui, c*estau
Christ, au Calvaire, à ce san,^ répandu, que
la rénovation du genre humain a commencé.
Aussi avant notre Âge, personne n*avait
osé nier la réalité historique de Jésus-
Christ, personne. Avant vous, bien avant
Yous Jésus-Christ avait des ennemis; car
-avant vous Torgueil existait, et l'orgueil est
le premier ennemi de Jésus-Christ. Avant
TOUS, Jésus-Christ* avait des ennemis; car
^avanlvous la volupté existait, et la volupté
est la seconde ennemie de Jésus-Christ.
Avant vous, Jésus-Christ avait des ennemis;
car avant vous Tégoïsme existait, et Té-
^o'ismc est le troisième ennemi de Jésus-
Christ. £t cependant, lorsqu'il a paru pour
la première lois, quand il est venu avec sa
croix saper votre orgueil, insulter vos sens,
traîner votre égoïsme aux gémonies, que lui
a-t-on dit? L'orgueil, la volupté, l'égoïsme
avaient alors, comme aujourd'hui, à leur
service des gens d'esprit, Celse, Porphyre,
toute l'école des Alexandrins, et les gens
heureux qui aiment la vie, et la tourbe des
•courtisans toujours prête à voir dans la vé-
rité une secrète ennemie du pouvoir ;
(ju'ont-ils dit du Christ? lis l'ont poursuivi
j>ar le supplice des siens, par la dérision de
sa vie, par la discussion de ses dogmes, par
l'oppression appelée au secours diine cause
que trahissait la liberté ; mais leurs livres sub-
sistant dans mille débris, srâce à Timprime-
riu, que j'appelais tout à rheure le salut de
l*histoire, leurs livres en font foi, pas un
d'eux n'a nié la réalité de la via de Jésus-
X]hrist. Vous seub venus dix-huit siè-
43les après, et croyant que le temps, qui
ronGrme l'histoire, en est le destructeur,
vous avez osé combattre la clarté même du
soleil, espérant que toute négation est au
moins une ombre, et que l'imbécillicé hu-
maine, cherchant un refuge contre la sévé-
rité de Jésus-Christ, accepterait toute arme
pour se défendre et tout bouclier pour se
couvrir. Vous vous êtes trompés. L iiistoire
subsiste, malgré la négation, comme le
cœur de l'homme subsiste malgré la débau-
che des sens, et Jésus -Christ reste, sous
l'abri d'une publicité sans exemple et d'une
nécessité sans contrejioids, au sommet de
Tbisloire.
Toutefois, vous me jetterez un dernier
mot, TOUS me direz : S'il ne s'agissait que
de faits humains, tels que ceux dont se
composent les annales ordinaires des peu-
ples, il est manifeste que la vie de Jésus-
Clu'ist contenue dans les Evangiles serait
hors de toute discussion. Mnis il s'a^t dans
cette vie d'événements qui n'ont aucune
Proportion avec ceux dont nous sommes
abituellement les témoins. C'est un Dieu
qui s'est fait homme, qui est mort, qui est
ressuscité; comment voulez-vous que nous
admettions de si étranges faits sur un en-
semble de témoignages humains? Car enfia
des écritures publiques, des événements
publics, la trame publique et générale do
l'histoire, tout ce concours de preuves est
purement de l'homme, et c'est sur ce fon-
dement mortel que vous posez une histoire
où tout est surhumain. La base croule évi-
demment sous le fardeau.
Je ne méconnais pas la force de cette ol>-
jeclion. Oui, je comprends que, quand il
s'agit de l'histoire d'un Dieu, il y faut une
autre encre que pour l'histoire du plus
grand homme du monde, c'est vrai. Mais
aussi, je crois que Dieu a résolu Tobjection
en créant pour son Fils unique, Jésus^Ihrist,
une histoire qui n'est pas humaine, c'est-
è-dire qui est dans des proportions si
au-dessus du néant de l'homme, que la
puissance historique ordinaire n'y aurait
évidemment pas suffi. En effet, où trou-
verez-vous l'enchaînement du peuple juif,
de Jésus-Christ et de l'Eglise catholique?
Qu'y a-t-il de pareil nulle part? Et, de plus,
sans revenir sur ce qui est déjà énoncé, di«
tes-moi, je vous prie, parmi les histoires
que vous connaissez, celle qui a eu pendant
trois siècles .des témoins morts pour l'at-
tester? Où sont les témoins qui ont donné
leur vie en faveur de l'authenticité des plus
grands hommes et des plus grands événe-
ments? Qui est mort pour assurer l'histoire
d'Alexandre? qui est mort pour assurer
l'histoire de César? Qui? mais personne.
Personne au monde n'a jamais répandu son
san^ pour communiquer un degré de plus
d'éviuence à la certitude historique de quoi
que ce soit. On laisse l'histoire aller son
train ; mais la faire avec son sang, cimen-
ter le témoignage historique pendant trois
cents ans avec du sang humain, voilà ce qui
ne s'est pas vu, sauf de la part des Chré-
tiens, ^our Jésus-Christ. On nous a interro-
gés trois siècles durant, pour savoir qui nous
étions; nous avons dit : Chrétiens. On nous
a répondu : Blasphémez le nom du Christ»
et nous avons dit : Nous sommes Chrétiens.
On nous a tués pour cela dans des suppli-
ces affreux, et, entre les mains des bour-
reaux, notre dernier soupir exhalait le nor«^
de Jésus, comme un baume pour le mou-
rant et un témoignage pour le vivant au
siècle des siècles, Jésus-Christ. Nous ne
sommes pas morts pour des opinions, mais
pour des faits : le nom même de martyrs lo
prouve, et Pascal a dit excellemment : « J'en
crois des témoins qui se font égor^jer. i^ Et,
quoiqu'il y ait insolence à vouloir mieux
(lire aue Pascal, je dirai pourtant mieux <^ue
lui : J en crois le genre humain qui se l&ii
égorger.
Voulez-vous une autre marque par où se
révèle encore Télévalion de Jésus-Christ
tu
MYT
DîCTlONiNMRE .VPOLOCETIQOE.
MYT
31^
dans rhîsloire, par-dessus toute histoire ?
Diies-moi quel est Tancien peuple du mon-
de, le plus célèbrei à votre cBoix, qui ait
lèissé des gardiens sur sou tombeau pour y
garder son histoire 7 Où sont les survivants
des Assyriens, des Mèdes, des Grecs, des Ro-
miinsT où &ont'ils7Quel peuple mort rend
téffloigna$ça de sa vie? Un seul peuple, lie
peuple juify à la fois mort et vivant, reli-
que du monde ancien dans le monde nou-
veau, et témoin à charge contre lui-même
du Christ par lui crucifié. Dieu nous a con-
serve cet irréprochable témoin ; je le pro-
(iQis, il est là I regardez-le I le sang est dans
s^fflains. Kt nous aussi, catholiques, nous,
r^fise, nous sommes à côté de lui, nous
partons avec lui et aussi haut que lui. So-
aëté vivante et universelle, nous portons
dans les cicatrices de nos martyrs le sang
versé tiar nous pour rendre témoignage a
l'histoire de Jésus-Christ; et, de son côté,
société vivante aussi, universelle aussi, le
{«euple juif porte un sang qui u est pas le
Memmais qui n*estpas moins éloquent que
le nôtre. Il y a deux témoins ici et deux
san^. ftegardez-Ies 1 regardez à la droite et
^ \a ^^e du Christ : voici le peuple qui
Ta cradbe, voici le peuple qui est né de sa
cnûx. Ils vous disent tous deux la même
cbo»e ; tous deux souffrent depuis dix-huit
eealsêasun martyre qui ne se ressemble
pAs, mais qui a lu même source; tous deux
sont ennemis, et ils ne se rencontrent que
liaosune seule chose: Jésus -Christ! Ahl
vous portez un défi à Dieul Croyez-moi »
qnaad Iliomme porle des défis à Dieu, sa
iVovideoce s'est inévitablement ménagé
une réponse, et vous venez d*enten(lre, au
>iijc(de lliistoire de Jésus-Christ, celle qu'il
TiAss ISut. (Lacordaire, 42* confér.)
dn mythe. — Mythe de Promélhée. — Appli-
e la Uiéorie mylhiqiie à Jésus-Clirist et aux
u — Le Christ c'est l'humanité. Réfutation de
— FormaUon et véritable nature du mythe. —
Candfefe scriplarar de Jésus-Christ. — Les ëvangâ-
;. — Le cercueil des ennemis du Christ.
Qtiam de
et
Nous venons de prouver la réalité histo-
ri'fue de Jésus-Chnst, et, en même temps,
j'anibenticité des Évangiles. Peul-êtr<*, en
Rje lisaut, vous vous êtes demandé à qui
}\u voulais, et s'il était bien nécessaire de
se donner tant de peine pour une chose
qui ne semble pas contestée. Vous vous
teriez trompés en cela. Non-seulement dans
us ouTrage célèbre, sur [^Origine de tous les
euUts^ Dupuis a nié la réalité historique de
iésos-Cbnst, mais il n'est pas un incroyant
qui, à quelque degré, ne lasse de mémo, et
&'ail besoin d*élever des nuages entre son
esprit et celle foraudable ligure du Fils de
I^iea Tenu dans la chair. i)e là vient que
tons entendez redire si complaisamment et
M laossement qu'aucun témoignage contem-
f-oraio, en dehors de Técole chrétienne,.
n'atteste la présence de Jésus-Cbrist sur le
tbéAtre de rhistoire. De là vient que le fa-
meux texte de Flavien Josèphe, sur la vie
cl U mort duGlirist, a été si vivement franpé
de suspicion, 11 n'est pas d'incroyant que I»
certitude historique des premiers temps du
christianisme ne trouble et n'importune, et
qui ne tienne à haut prix le moindre doute
à cet égard. Il fallait donc leur en ôter la-
consolation. Battu sur ce terrain, le ratio-
nalisme a tenté un autre efifort, non plus
pour anéantir la vie de Jésus-Christ, mais
pour la dénaturer. Après avoir dit ou fait
entendre que la vie du Christ était une fable,
le rationalisme lui-même s*est aperçu que
c'était trop demander à lacrédulité humame;
il a craint la lumière toute-puissante du bon
sens, et au commencement de ce siècle, non
pas en Angleterre, non pas en France, mais
en Allemagne, un système nouveau s est
produit. On a dit : La vie du Christ n est
pas une fable, c'est un mythe. ^
Qu'est-ce donc que le mythe? quest-co
que cette théorie autour de laquelle le génie
allemand tourne depuis bientôt soixante
ans?
Lorsque, dans une belle nuit, vous por-
tez vos regards sur cette voûte céleste dont
Pascal a dit : « Le silence éternel de ces es-
paces inconnus m'effraye l » par delà les as-
tres que votre œil y découvre sans peine, et
comme à l'extrême frontière de l'étendue,,
vous discernez je ne sais quelles étoiles
problématiques. Sont-elles le fruit dune
vision que trompe l'éloignement? Ont-elles
une totale subsistance? ou plutôt leur ap-
parition n'a-t-elle pas pour cause tout a la.
fois une illusion d'optique et une certaine
réalité? Ainsi arrivera-l-il si, au lieu d ex-
plorer les régions profondes du firmament,,
vous plongez un regard curieux jusqu aux
frontières de l'antiquité. Vous y remarque-
rez des récils qui inquiéteront votre mtel^
ligcnce, incertaine si elle doit les repous-
ser tout à fait ou les admettre tout à fait.
Je choisis Promélhée pour exemple, vous
connaissez le thème de Promélhée, cet
homme audacieux qui a dérobé le feu du
ciel, et que Jupiter, en punition d un si
grand rapt, a fait clouer sur un roc, où sort
cœur est dévoré parun vautour. L'antiquité
était pleine de ce récit, dont Eschyle a fait
une des tragédies les plus singulières
du théâtre grec. Qu'était-ce au fond que
Promélhée? Etait-ce une fable pure? H
est bien difficile de le penser , 1 homme
part toujours dans ses croyances et ses
souvenirs de qiielqjie réalité, et lorsque
ses croyances et ses souvenirs ont un ca-
ractère universel, il n'est pas fosique de
Ids déshonorer par un dédain absolu. Ma^s,,
d'un autre côté, rangercz-vous dans I his-
toire le thème de Promélhée? Nous ne le
pouvons pas davantage. Comment admettre
qu'un homme a dérobé le feu du ciel, que-
Dieu l'a enchaîné à un roc, et que son.
cœur, toujours renaissant, y est la proie
d'un vaulour qui ne se rassasie jamais 7 Nous
sommes ici évidemment entre la fable et
l'histoire. Un événement relatif aux desU-
nées religieuses du genre humain s'est passe
au fond des siècles primordiaux; tous les
peuples en ont emporté la mémoire dauîi
143
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
H¥T
UA
leurs émigrations; mais à mesure que
}*ombre du passé grandissait sur le monde,
la pliysionomie véritable de cette tragédie
antique a perdu de sa clarté; Firoaginalion
a porté secours h la mémoire, et Prométhée,
cloué sur son roc, est devenu l*expression
populaire et impérissabFe d'un grand crime,
suivi d*une grande expiation. C'est là le
mytne. Le mythe est un fait transfiguré par
une idée, et Tantiquité nous apparaît à sa
frontière, je répèle Texpression, comme
gardée par une légion de mythes, qui tous
sont l'expression altérée de quelque vérité.
Cela étant, dît le docteur Strauss, l'un des
plus célèbres tenants de l'école mylhi-
aue (227), pourquoi Jésus-Christ ne serait-
pas un mythe^ pourquoi les évangélistes
seraient-ils autre chose qu'un ensemble de
mythes, c'est-à-dire de feits réels transfiîju-
rés par des idées ? Voyons si la chose n est
pas possible, et, en second lieu, si elle n'est
pas réelle.
Qu'elle soit possible d'abord, l'analogie
ne laisse guère lieu d'en douter. Est-il une
nligion, soit l'idolâtrie, soil le brahma-
nisme ou le bouddhisme, qui ait une autre
subsistance que celle d'un vaste ensemble
do faits et d'idées altérés les uns par les
aulresî Si vous le niez, chrétiens, vous
vous portez à vous-mêmes un bien grand
coup; car vous affirmez par laque l'huma-
nité est capable, tant elle est dépourvue de
sens, d'adorer pendant des siècles des fa-
bles dénuées de toute espèce de fondement,
soit traditionnel, soit idéal. Evidemment
vous ne \e pouvez pas; vous devez con-
venir, sous peine de vous blesser vous-
inômes,.que partout où l'homme a fléchi le
genou avec quelque universalité et auelc^ue
perpétuité, ii avait devant lui des laits in-
crustés dans des conceptions. Mais si c'est
là le phénomène général, pourquoi le chris-
tianisme ne se serait-il pas produit sous
l'empire de la même loi? Sans doute les
chrétiens adorent des faits; Jésus-Christ
est un fait; seulement, comme dans toutes
les occasions de celte nature, le fait primor-
dial, quoique certain, a subi dans la pensée
de ses adorateurs, avec le cours du temps
et la fascination d'une idée préconçue, des
modifications qui le tirent de l'histoire pure
Sour le ranger dans l'espace des mythes,
lue Jésus-Christ n'ait pas subi une transfor-
mation aussi complète qu^ les faits plus
lointains de la haute antiquité, on peut
sans crainte y consentir ; mais le plus ou
le moins n'est qu'une question secondaire,
et il n'en reste pas moins que la personne
du Christ et l'événement chrétien sont com-
pris dans la loi générale qui rattache au
mythe toutes les religions connues.
On peut d'autant moins en douter, que la
publication des Evangiles n'est pas contem-
poraine du Christ. De l'aveu même des
chrétiens, un assez grand nombre d'années
de tradition et de prédication a précédé l'ère
de l'Ecriture évangéiique, et si Ton s'en
(2î7j Vof^. la uolc Xr, à la un du volume.
rapporte à une critique exacte, ce ne sera
pas avant U moitié du n* siècle qu'il sera
permis de placer le rèsne assuré du Nou-
veau TestamenL Que d espace laissé à Ti-
magination et à la foi pour transfi»rmor
Jésus-Christ I
Cette transformation était d'autant plus
facile, remarquez-le bien, que l'idée mes-
sianique préexistait à Jésus-Christ, fiien
avant qu'il parût, cette idée courait daus les
veines du peuple juif; une foule d'hommes,
attentifs à la voix des prophètes, s'étaient
occupés du Messie à venir, et après que
le Christ s'en fut attribué la mission, il était
naturel qu'on lui en appliquât tous les traits.
L'idée messianique était le moule où se for-
mait depuis des siècles le mythe de Jésus-
Christ ; Jésus-Christ n'avait en quelque sorte
qu'à se laisser faire, et lorsqu'il fat mort, sa
vie entra de soi-même, comme une matière
en fusion, dans le monde du messianisme»
d'où il sortit enfin tel qu'il est aujourd'hui
sous l'œil étonné des générations.
L'analogie, le temps, l'idée préconçue du
Messie, toutes ces circonstances nous mè-
nent à conclure que le christianisme a pu se
former, comme toutes les religions de l'an-
tiquité, par le principe de la transfisuralion
mythique. Mais un examen plus sévère nous
conduira bien au delà de cette conclusion,
et nous fera discerner dans le Nouveau Tes-
tament tous les caractères d'un mythe ac-
compli.
Premièrement, la vie de Jésus-Christ, telle
qu'elle est rapportée dans les Evangiles, est
empreinte d'un merveilleux continuel. De-
puis l'ange qui annonce sa conception au
sein de la vierge Marie, jusqu'à sa résurrec-
tion et son ascension, pas un événement de
celte existence n'est conforme au cours de
la nature. Chaque parole enfante un ijro-
dige, chaque pas est un miracle, et le mira-
cle semble lutter avec lui-même pour se sur-
[ casser de moment en moment et confondre
es dernières espérances de la raison. Or,
précisément le merveilleux est l'inséparable
compagnon du mythe et a le même siège
que lui. Où trouvons-nous, en effet, le mer-
veilleux? Est-ce sous nos regards, proche
de nous, dans le monde moderne, enfin?
Jamais. Tout ce que nous voyons est sim-
ple et naturel; des lois générales, d'où pro-
cède un ordre constant, régissent le monde
qui est devant nous; Dieu n'y intervient en
aucune manière par des coups bizarres et
subits; mais il ^aisse aux causes secondes
leur indissoluble enchaînement. Où donc
trouvons-nous le merveilleux? Là môme où
nous découvrons le mythe, dans Tanliquilé.
L'antiquité est le siège de l'un et de l'autre,
et le mythe même ne nous est révélé çiue par
la présence du merveilleux. Qir si rien n'é-
tait merveilleux dans l'anliqufté, tout serait
histoire. Mais alors, qui est-ce qui distingue
le merveilleux de Jésus-Christ de tout au-
tre merveilleux? En soi, rien; quant à <a
place, rien encore, puisque cette place est
su
MYT
DrCTiONNAïaE APOLOGETIQUE.
MYT
Si6
rjntiquiié. Pourquoi donc, s'il vous plaît-,
coupez-Tous en deux Tanliquilé, l'une
fioise, Iratre rraîeî Pourquoi repoussez-
Toasdao5 le mythe le merveilleux antérieur
1 Jésus-Cbrist, e( donnez-vous rang d'histoire
au Hierreilleax qui lui est contemporain?
La raison ne saisit aucun motif de ce discer-
Demeot, si ce n*est que vous appelez le
taiDpsde Jésus-Christ un temps historique,
(«> opposition h d'autres époques que vous
ipplez des temps fiftbuleux. Mais le mer-
Teilleux est justement le trait propre qui
distia^e les siècles de la fable des siècles
4e lliutoire ; car , sans cela , où serais le
ihncipe de leur distinction?
âi second lieu, il est manifeste, à la pre-
Bière lecture des Evaneiles, qu'ils ne pré-
vient aucune suite chronologique, rien
^i aononce l'histoire , mais que ce sont de
siffifiles matériaux ramassés au hasard dans
tfseprits, sans même queTon se soit Inquiété
d'jioettre la moindre vraisemblance a har-
tbmt. Tout y est confusion et contradic-
tioQ tiîB}. Le docteur Strauss n'a eu quà
laisKT courir son regard et sa piume pour
former ouatre volumes des incroyables mé-
Vn»es dont ils sont remplis. Et il ne faut
pi c& accuser les évangélistes ; c'est là
mèiae la preuve de leur sincérité. Ils ont
imlemjike comme ils l'ont trouvé, flottane,
indécis, eemtradictoire à lui-même, comme
tout ce qui sort du confluent ténébreux des
âitset des idées. Plusd*un siècle avait passé
nir la vie de Jésus*Christ ; on en avait pro-
neaé les lambeaux de l'Orient à l'Occident,
«'osie coup de sentiments et de pensées
qoi avaient des oriefnes diverses, et bien
«roeletype eût quelque unité, à cause de
^ force messianique qui était le point de
déî^rt primitif, néanmoins il était impossi-
hie que Télahoration finale do tant d'élé-
n^fiits ne portât pas des cicatrices visibles
àa désaccord et de la variété.
Vous le To^ez, la réalité historique de Jé-
f05-Cbrist n est plus niée^ on ne vient plus
se briser contre la constitution même de
riii«toiro, et néanmoins, tout en demeurant
un fait, Jésus-Christ est désarmé de la puis-
sance du fait. D'un autre côté, il n*est
plus nécessaire de combattre Timpres-
sion de bonne foi qui résulte de sa vie et
de la vie des siens. On accorde cette bonne
foi. Jésus croyait. en soi et Ton croyait en
lui.. On y crovait devant César; on y croit
devant Tincrédulité. Nos pères donnaient
leur sang pour des faits et des idées. Seule-
ment, nous ne les entendons pas bien, et il
est permis, il est honorable, il est glorieux,
de vivre et de mourir pour des choses que
Ton n entend pas bien.
C'en est donc fait du christianisme! Il ne
reste donc rien de la vieille foi des ancê*-
tres I Tant de siècles ont tout souffert pour
un rêve, et combattu pour un fantôme I Oh t
non; consolez-vous, la main qui fait la bles-
sure peut aussi la guérir. L'humanité n'est-
elle pas infaillible? Ne cache-t-elle pas tou-
jours des vérités profondes sous Temblème
des symboles? Brisez d'une main coura-
f;euse cette grossière écorce qui vous cache
es trésors intellectuels de la pensée chré-
tienne 1 Eh bien 1 n'apercevez-vous pa^
quelles vérités éclatantes resulendissent à
vos regards surpris (229) ?
Tout ce que l'Evangile nous rapporte du
Christ est vrai de l'humanité. N est-ce pas
elle qui naît de la mère immaculée et clc^
l'esprit invisible? N'est-ce pas elle qui fait
des miracles et qui domine le monde en as-
sujettissant tous les jours la matière à ses
lois? C*est elle qui est véritablement sans
souillure et sans tache, parce que son déve^
loppement providentiel est toujours sainl et
légitime, parce qu'elle marche à travers ïe^
siècles vers un but divin ; c'est elle, enfin,
qui monte au ciel en se dégageant des enve-
loppes grossières de la nature pour s*unir à
celle vie universelle qui pénètre et qui 'gou-
verne le monde (230).
Ces rêves étranges d*un gnoslicisme bi-
^3S) Toiiâ eomment M. Coquerel a parié de la
nbitlsié ec de Tadressa du professeur allemand.
« Sa^eue, dil-il, Tliabilelé de ses rapprochémenls,
*a4fvs&e de sa mise en œuvre, Tart de déffuiser oe
^«1 tu faible et d*cia$(érer ce qui semble fort, Tan
ie fa&tir toot un écliafaudajçe d*objections ou d*as-
tniMMis* sur un rien, sur un mot, quelquefois sur
!• efaiff^, une syllabe, une lettre, n a jamais peui-
tue été pootsé plus loin ; jamais le texte de PEvan-
^fle, q«*oo noBS |asse Tespression, n*a été déchî-
^•esé de ee&te façon. Le scalpel le plus acéré de
I asaloniste à la main la plus eiercee ne se pro-
•cse pas avec plus de légèreté ^ travers le déiiale
des filwes et des nerfs, que la critique du docteur
Mnoss à travers le labyrinthe d*un récit qu'il ré-
luU, poor ainsi dire, à Tétat de squelette...; et,
fonr continiier une comparaison qui est malheu-
reaiement juste, on voit, en le lisant, que le doc-
ie«r Stansa travaille sur ce qui est pour lui un
raâavTC ^ phrase est sèche et froide comme sa
Kasée.... 11 dépouille la piéié de sa i;f)be blanche
•hi fie^tîB de TAgneau, sans plaindre un roonieni ha
vuiiié. Tout occupé à détruire, il ne s*émeut point
Ct son ceuvte de destruction, et c*est avec la même
stoique insensibilité qu*aprè8 nous avoir ravi , dans
son idée, le christianisme, il avoue ne savoir comment
le remplacer. Mais non l en vain ce géani du scep-
licisme s^est placé entre les colonnes du templa
pour le renverser. Ses efforts n'auront servi qu*à
les affermir, i (Réponse au livre du docteur Slrauêi^
p. H.)
(229) Cfr Strauss, Vie de Jésm, disseH. finale.
— Les mêmes idées sont contenues dans sa Dogmih-
iique chrétienne.
(230) c Strauss, dit M. E. Quiaet, exprime ceHe
conclusion aussi nettement qu'on peut ie désirer,
lorsqu*il résume sa dcotrine dans cette sorte de
iitaïue métaphysique : < Le Christ, dit-il,. n*est pas
un individu, mais ure idée, ou plulôl un gtnrc,
à savoir, Thumanité. Le genre humain, voUà le
Dieu fait homme ; voilà Teufaist de la Yier|[e visible
et du Père invisible, e*cst-à-dire de la matiéfe et de
Tespril; voilA le sauveur, le rédempteur, Timpec-
cable; voilà celui qui meuK, oui re&stiscile, qui
monte au ciel. En croyant à ce Christ, a sa mort, à
sa résurrection, Thomme se justifie devant Dieu. i>
Je cite ces paroles, non-seulement parce qu>l)es.
r<^sumcot tout le sysiéme de Tauieur, mais ausst
Ul
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
313
zarre ont cessé il*étrc le patrimoine des
cerveaux germaniques. « Jésus fut-il réel-
lement un homme céleste et original, ou un
sectaire iuif analogue h Jean le haptiseur?
dit la Liberté de perner. Nous aimons à croire
que le personnage réel offrit dans sa fier-
sonne quelques traits du personnage idéal.
Toutefois, ne compromettons pas notre ad-
miration là où la science ne peut rien dire
de certain, et arrivera peut-être un jour à
des négations. Qui sait si Jésus ne nous
apparaît si dégagé des faiblesses humaines,
que parce que nous ne le voyons que de
loin, et à travers hs nuage de la légende?
Qui sait s*ii ne nous apparaît dans Thistoire
comme le seul irréprochable, que parce que
les moyens nous manquent pour le critiquer?
Hélas I il est bien à croire que si nous io
touchions, comme Socrale, nous trouverions
aussi à ses pieds quelque peu de limon
terrestre. Qui sait si dans ce cas, comme
dans toutes les autres créations de Tesprit
humain, Fadmirable, le céleste, le divin, ne
reviennent pas de droit à Thumanité? £n
^énrral, la bonne criti(}ue doit se défier des
individus, et se garder de leur faire une
trop grande part. C*est la masse qui crée;
car la masse possède éminemment, et avec
un degré de S[>onlanéité mille fois supérieur
les instincts moraux de la nature humaine.
La beauté de Béatrix appartient à Dante, et
non à Béatrix ; la beauté de Krischna appar*
tient au génie indien, et non à Krischna ; de
môme la beauté de Jésus et de Marie appar-
tient au christianisme, et non à Jésus et à
Marie. Sans doute, ce n*esl pas le Iiasard
qui a désigné tel individu pour fidéalisation.
Mais il est des cas où la trame de l'humanité
couvre entièrement la réalité primitive. $ous
ce travail puissant, transfotmé par cette
énergie plastique, la plus laide chenille
pourra devenir le plus idéal papillon*
« Telle est la christologie du philosophe.
Il ne confond pas dans son adoration le héros
réel et le héros idéal. 11 faut sans hésiter
adorer le Christ, c'est-à-dire le caractère
résultant de TEvangilc; car tout ce qui est
sublime participe au divin, et le Christ évan-
gélique est la plus belle incarnation de Dieu
uans la plus belle forme, qui est Thomme
moral; c*est réellement le Fils de Dieu et
le Fils de Thomme, Dieu dans Thomme. Ils
ne se trompaient pas, ces grands interprètes
du christianisme, qui le firent naître sans
père sur la terre, et attribuèrent sa généra-
tion, non à un commerce vulgaire, mais à
un seiu virginal et à une opéi-ation céleste.
Mythe magnifique, symbole admirable, gui
cache sous ses voiles la véritable explication
du Jésus idéal I Mais quant au Galiléen qui
parce qireilcs »onl rcxp'.cssioii la plus claire dj
cette apolbéose du genre liumain à laquelle nous
avons tous concouru pins ou moins depuis quelq^ues
années. Dépouiller Tindividu pour enrichir l*espec(%
diminuer I homme |)Our acciotlre Thumanité, voilà
la pcMiic. On met sur le compte de tous ce qu*(»n
n*0BCi-ail dire de soi. L'amour- propre est en monte
lemps abaUuctdéific. Cille i«!éc a une ccriairiegiaK-
dcut Lljniqnc qui nvub cnchanic lou:>. Ccilc giau-
a porté ce nom, je ne le co?inais pas Sans
doute la curiosité du critiaue doit souhaiter
d'éclaircir ce curieux problème historique,
mais au fond les besoins de Thomme reli-
gieux et moral y sont peu intéressés. Et que
nous importe tel petit fait arrivé en Pales-
tine il y a dix-huit cents ans? Que nous
importe que Jésus soit né dans telle ou telle
bourgade, quMI ait eu tels ou tels ancêtres,
que ses ennemis se soient partagé sa tuni-
que et l'aient abreuvé de tiel? Laissons ces
questions aux archéologues du lieu. Ho-
mère serait-il plus beau, s*il était prouvé
que les faits qu'il a chantés sont tous des
faits véritables? L'Evangile sera-t-il plus
beau s'il est vrai qu'à un certain point do
l'espace et de la durée, un homme a réalisé
l'idéal qu'il nous présente? La peinture d'un
sublime caractère ne gagne rien à sa con-
formité historique avec un héros réel. Le
Jésus vraiment admirable est à l'abri de la
critique historique; il a son trône dans la
conscience morale, il n'a à craindre quo
d'être détrôné par un idéal supérieur; il est
roi encore pour longtemps. Que dis-je? sa
beauté est éternelle, son règne n'aura pas
de fin. L'Eglise a été dépassée et s'est dé-
passée elle-même; le Christ n'a pas été dé-
) assé. Les temples matériels du Jésus réel
s'écrouleront, les tabernacles où l'on croit
tenir sa chair et son sang seront brisés; déjà
le toit est percé à jour, et Teau du ciel vient
mouiller la face du cro3'ant agenouillé. Mais
le Jésus idéal, le Christ est immortel. Tant
qu'une conscience humaine aspirera à la
beauté morale, tant qu'une Ame élevée
s'exaltera sympathiquement devant la réali-
sation du divin, le Christ aura des adora-
teurs par la partie vraiment immortelle de
son être. Car, ne nous y trompons pas, et
n'étendons pas trop les limites de 1 impé-
rissable. Dans le Christ évangélique lui-
même, une partie mourra; c'est la forme
locale et nationale, c'est le juif, c'est le
thaumaturgie; mais une part restera; c'est
le grand maître de la morale, c'est le juste
persécuté, c'est celui qui a dit aux hommes :
V'^ous êtes fils d'un même père céleste. Le
dieu et le prophète mourront; l'homme et
le philosophe resteront; ou plutôt la nature
humaine, source éternelle de beauté, vivra
à jamais dans ce nom sublime, comme
dans tous ceux que l'humanité a consacrés,
j)Our se rappeler ce qu'elle est, et s'en-
thousiasmer de sa propre image. Voila lb
Dieu vivant, voila gblli qu'il faut ado-
rer (231). »
Nierai-je l'existence des mythes? Non, le
mythe me paraît historiquement la chose du
monde la i)lus véritable. J'admets que
deur est-ulle réelle, et ne nous ahusons-nous pas
é rangement les uns les auins? Voilà la question.
Supposé donc que nous voulions nous cxalier avec
loul le genre liumain, il ne Taul pas renier la dt-
giiité de la personiie : loul le ^énie même du chris-
lianisuie est de Ta voir consacrée d*uiie maniéro
aU^oluc. I (E. QiiNET, Allemagne if Italie^ 11, 390.)
(^31) Les hisioncui critiquei, de Jésus da;;s La
Liberté de pcHSi'i\
flD
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MYT
S50
niomme, abandonnée la tradilion pendant
tu lon^ cours de siècles, fiait par ne plus
bien discerner Vencadrement et le texte
pnifltlifdcs érénements. Comme un tablenu
devant leouel le spectateur recule toujours,
!e genre nomain recule devant le passé, et
r.hicn qu'il le regarde, il vient un moment
i.û >a Tae 5*oliscurcit. Cependant, l'imagina-
iioo, travaillant sur ce spectacle devenu
l'^BUio, y ajoute des traits nouveaux; l'idée
Guniinele fait, et il se produit quelque chose
qoi D'est plus ni une histoire ni une fable,
mais que nous appelons un mythe. La my-
Ibdogie c.«t Tensemblc de toutes les créa-
liottsde IVprît humain entre l'ombre et la
liffiière de ranliquilé. Car, remarqnez-le,
nueJestle théâtre des mythes? C'est fan-
i< joilé, ou plutôt c'est la tradition aban-
•lofiDée toute seule au cours de l'humanité
qai la porte en avançant et la poussant.
Cm la tradition pure qui est le siège du
niylhe. Mais là où se lève l'écriture, là où
aitparatt le récit immobilisé, là où Tairain
S'nfilural est posé en face des générations,
îj'inslMi la puissance mvlhique de l'honnne
^ vMOoniL Car alors le fait reste devant lui
-^n$ Hiproportions véridiques, il reste en
fKiisiaiftU&t h son imagination, et mille ans
n'î peof «it pas plus qu'un jour. Jamais, de-
puis fijroJole et Tacite, vous a-t-on signalé
desmjtbes dans l'histoire? Charlemaçne
esH7 devenu un mythe au bout de mille
'6>?C/ori$ au bout de treize cents? Au-
çîl^t^Cësar, en s*enfonçant dans le passé,
•ktiMls pris quelque am»arence mvlhique?
V«o;ltî |)oini le plus éloigné où Inistorien
'•'Jerne cherche à découvrir le mythe,
• i'*U pr exemple, le commencement de
^'»aie, Romulus et Rémus. Pourquoi? Parce
«]ie W^n qu*on s'approchât de l'écriture,
.'•a qa elle préexistât dans d'autres pays,
;;'.'* n'avait pas encore reçu la garde do
^uMidre romaine. Mais une fois l'écriture
▼ nme, une fois qu'elle s'est emparée de la
''luic générale de l'histoire, à l'instant lo
•ule tttylhi<|ue est brisé.
Or, Jésus^hrist n'appartient pas au rèi:çnc
• Iz trailiiion, mais au règne de récriture»
i î-st né en pleine écriture, sur un terrain
- ; j) e^t impossible au mythe de prendre
r-înf* cl de se développer. La Providence
"dit toTit prévu et tout préparé de loin, et
ous vous Ates demandé quelquefois pour-
i >j Jé^uS'Christ est venu si tard, vous en
'^-ez maintenant une raison. Il est venu si
»r J pour n'être pas dans l'anlirniité, pour
•" reau centre de l'écriture, car il n'est pas
■ première écriture, il s'en est bien gardé;
n>sl i»as la preinière écriture, il est Té-
-lurc afirfcs quinze cents ans, et si vous ne
■' -lez compter que depuis Hérodote, il est
•r-T^rc récriture après cinq cents ans. Ainsi
- f^K mo«1erne, et quand même le monde
-ri^rait des siècles sans nombre, comme
.' rboyen de l'écriture tout est présent,
' 'î^ que d un coup d œil et avec la rapidité
'éc!air nous parcourons toute la chaîne de
t t'iire, Jésus-Christ est àjamais nouveau,
*\9 4an& la pleine réalité des événements
qui composent la vie connue et certaine du
genre humain.
Je pourrais m'arrèter là, car vous voyez
bien que la machine mythique est par terre,
puisque la condition fondamentale du mythe»
qui est l'absence de l'écriture, manque en
Jésus-Christ. Le docteur Strauss lui-même
convient expressément que le mythe n'est
pas possible avec l'écriture; aussi cher-
che-t-il à dépouiller Jésus-Christ du carac-
tère scriptural en reculant la publication
des Evangiles aussi tard qu'il peut. Nous
verrons bientôt la faiblesse de cette res-
source, si vous me permettez de suivre pas
à pas la trace de son argumentation.
L'analogie, dit-il, est contre Jésus-Christ,
puisque le mythe est la base de toutes les
religions connues. Je le nie. Le mythe est
la base des religions de l'antiquité, sauf le
mosaïsme, parce que tous ces cultes plon-
geaient leurs racines dans une tradition
dont l'écriture n'avait point arrêté les om-
bres cl prévenu les écarts. Mais, l'écriture
venue, les faux cultes eux-mêmes, tels que
celui de Mahomet, ont pris une consistance
historique qui les sépare manifestement des
sacerdoces et des dogmes corrompus do
l'antiquité. La différence saute aux yeux.
C'est pourquoi, nous chrétiens, et vous qui
combattez le christianisme, il ne nous vien-
dra pas même à l'esprit de combattre Maho-
met en faisant de sa personne un mythe,
et du Coran un recueil mythique. La force
de l'écriture, sous l'empire de laquelle il a
vécu, nous interdit jusqu'à la pensée d'une
aussi chimérique témérité. Nous sommes
contraints d'avouer qu'il est un personnage
réel, qu'il a écrit ou dicté le Coran, organisé
rislamisme, et notre seule ressource contre
ses prétentions sur nous est de le traiter
d'imposteur, de lui dire énergiquement :
Tu en as menti. Mais la chose est plus diffi-
cile en ce cas, le succès tout aulrement
coûteux, et voilà pourquoi lo rationalisme
dispute avec tant d'art au Christ sa puis-
sante réalité. Quoi qu'il en soit, ranalo;;ia
que l'on invoque pour étendre le nuage du
mythe jusque sur lui est une analogie sani
fondement. Une grande ligne do démarca-
tion sépare en deux hémisphères tous les
cultes connus, l'hémisphère mythique et
l'hémisphère réel; celui-là contient les cul-
tes formés dans les temps primitifs, sous
l'empire d'une tradilion mobile; celui-ci
contient les cultes vrais ou faux que l'écri-
ture a enchaînés dans une histoire et un
dogme déterminés. Pour rejeter les pre-
miers, il suffit de leur opposer leur nature
mythique; pour rejeter les seconds, il faut
entrer dans la discussion de leur valeur
historique, intellectuelle, morale et sojîialc.
Il est vrai que l'on conteste à Jésus-Christ
son caractère scriptural, mais comment?
])arceque, dit-on, il est im|Kjssible d'établir
que la publication des Evangiles ait eu lieu
avant l'an 150 de l'ère, d'où il suit que le
type du Christ a flotté pendant pi us d'un siè-
cle à la merci de la tradition. Quand je l'ac-
corderais ! quand j'accorderais que nos
S5I
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
m
Evangiles n*on( point paru avant Tan 1501
Mais avant 150, 1 i^criture existait en dehors
ile l'école cliKaiennc; elle existait chez les
Juifs, chez les Grecs, chez les Romains, sur
tout le théâtre où se débattait la question du
christianisme ; Thistoire était fondée par la
publicité et l'immutabilité des monuments.
Avant 150, on annonçait Jésus-Christ mort et
ressuscité dans toutes les synagogues qui
couvraient, et môme au-dolh, la surface du
monde romain; on Tannoncait publiquement
dans le» palais des césars et au prétoire de
tous les proconsuls. Avant 150, Tacite et
Pline le Jeune attestent qu'il en était ainsi.
Ces j)rédications, ces témoignages, ces dis-
cussions, ces luttes, ce sang, tout cela était
public, était écrit ; ce n'était pas une tradition
morte, livréeauichancesdu temps et deTima-
gination pendant mille ans d'indifférence et
de paix. On donnait au même moment sa pa*
rôle et sa vie, ot trois sociétés ensemble, sou-
verainement intéressées à ce riui se passait,
la société chrétienne, la sociétejuive et laso-
ciété romaine, se renc-ontraientsur le champ
de bataille dont vous circonscrivez vous-mê-
mes à un peu plus d'un siècle la limite tra-
ditionnelle. Eh quoi! ces Juifs à qui Ton
disait : Vous avez tué Jésus-Christ ; ces
princes et ces présidents dont on foulait aux
pieds les ordres au nom de Jésus-Christ;
quoi I pas un d'eux ne s*est aperçu qu'il s Va-
gissait d'un mythe à l'état de formation?
Non, tout le monde était dans le sang, et
par conséquent dans la réalité; tout le
monde était dans la discussion, et par con-
séauent dans la force et dans la gloire de la
publicifé qui est le fondement de toute l'his-
toire. Peu importe donc la date des Evan-
giles; car l'histoire porte les Evangiles. S'ils
n'ont paru que cent vingt ans après Jésus-
Christ, ils vivaient avant de naître, ils vi-
vaient dans la bouche des apôtres, dans le
sang des martyrs, dans la haine du monde,
dans la poitrine de millions d'hommes qui
confessaient Jésus-Christ mort et ressuscité!
Quelle jjîtié, quelle faiblessel Comparer
une religion dont les origines sont aussi pu-
bliques et militantes, et dont la tradition
n'aurait précédé l'écriture que de cent vingt
ans, à ces cultes sans histoire, plongés pen-
dant deux mille ans dans les eaux mortes
d'une tr/iJiiion qui n'était conflée è per-
sonne, et pour laquelle personne n'a jamais
donné une goutte de son sang.
J'ai à peine besoin de vous dire que nous
n'acceptons pas la date qu'on veut bien as-
signer à la publicMion des Evangiles. Les
Evangiles sont des écritures publiques ,
contenant des faits publics qui entrent dans
la ^rarae publique de l'histoire; ils portent
le ï\om de trois apôtres, et d'un disciple cé-
constances, soit contraire à la vérité. Les
lois mathématiques de la publicité ne le
permettent pas. Les Evangiles sont des apô-
tres; ils ont la valeur de leur témoignage et
la date de leur vie, c'est-à-dire la date d'une
vie contemporaine et la valeur d un témoj.
gnage contemporain. Ce détail d'authenticité
se soude à l'authenticité générale des origines
chrétiennes et n'en est pas séparable. Jugez,
encore une fois, durapportqui existe entre
de tels monuments et les mythes obscurs
sortis de l'abîme sourd et sans lumière de
la haute antiquité.
En vain pour rejeter Jésus-Christ plus lofa
que son temps, appelle-t-on au secours l'idée
messianique qui avait préparé sa venue.
D'abord Vidée messianique n'était |)as un
mythe; elle appartenait à un peuple scrip-
tural, h un peuple écrivant et écrit, et elle-
même était une part de son écriture. C'était
une idée fixe et un fait fixe. Mais quand
même primitivement le messianisme eût élé
un mythe» il ne peut plus garder ce carac-
tère dans son application à Jésus-Christ.
Car cette application i Jésus-Christ était
moderne; elle s'opérait à une époque toute
scripturale et publique, et par conséquent,
3uoi (lu'il en eût été dans le passé, le mythe
isparaissait au ^rand jour de Jésus-Christ
et de son siècle. I^ question réelle étouflfait
la question chimérique.
Kestent les signes mythiques que Tonprt^-
tend découvrir dans l'histoire même de Jé-
sus-Christ. Le premier de ces signes est le
merveilleux. Le merveilleux, dit-on, est le
caractère mythique proprement dit ; partout
où il se montre, l'histoire disparaît; carie
miracle étant impossible en soi, tout récftqui
le contient ne saurait évidemment être histo-
rique. Ainsi, nous dit le docteur Strauss,je
renverse toute votre dogmatisation par ce
seul mot : L'Evangile est un tissu de mira-
cles; or, le miracle est impossible: donc
l'histoire en est impossible aussi, et, par
conséquent, cette histoire n'existe pas. Ce
ne peut être qu'un mythe.
Que le miracle soit impossible ou non,
c'est une question de métaphysique que j'ai
déjà traitée et sur laquelle je ne reviendrai
pas. {Voyez Miracles et Jésus -Christ,
art. III.) Mais, à tout le moins » c'esi une
question ; vous, rationalistes, vous n'admet-
tez pas la possibilité de l'action souveraine
de Dieu en ce monde; nous, chrétiens, nous
l'admettons. Or, nous sommes des hommes
comme vous, des intelligences comme vous;
si vous êtes nombreux, nous le sommes
plus que vous ; si vous êtes savants, nous
le sommes autant que vous ; et, tandis que
vous niez le miracle, nous en demandons
tous les jours à Dieu, persuadés qu'il mani-
feste ainsi sa puissance et sa bonté à notre
égard, môme encore aujourd'hui. Nnus al-
lons plus loin ; nous ne concevons pas l'idée
de Dieu sans l'idée d'une souveraineté qui
puisse se manifester par la toute-puissance
de son action, en sorte que pour nous la
négation de la possibilité du miracle est la
négaiion même de l'idée de Bieu. Dieu, se-
lon nous, est miraculeux de sa nature, et
si l'histoire cesse par le miracle, nous pen-
sons que Dieu cesse sans le miracle. Un
abîme sépare, vous le voyez, cps deux senti-
ments. Que s ensuit-il ? Il s'ensuit que l8
G
ÎI\T
DICTrONNAinE APOLOGCTIQLE.
MYT
SÎV»
jïsàbWUé du miracle esl une question, et
Mf «oséquenl que décider de la réaîité de
lr.<îAitc car 11 présence ou l'absence du
i «ide, c esl décider une question par une
•tîT^ question» procédé contraire aux règles
t« ia logique eldii sens commun. 0»oi I des
l'-cuments sont authentiques, ils s'enchaî-
n-nilesunsauxaulres dans un ordre visi-
••ie et c«>u$tanl, ils se lient 5 toute la suite
dt iaîie humaine publique , ils sont inatla-
7'iaiMeç, certains, consacrés, c'est folie d'y
tiîncher ; mais le doigt de Dieu s'y trouve,
tt *\Qi^ qoi a créé le monde, et cela suffit,
JTitsioire a disparu. Vous me dispenserez,
n:è<Be en supposant que le miracle soit
f'Trtoauliqoeen soi, de nier le certain à
rjixse de l'iBcerlain. Nous autres chrétiens,
r >i5 admeltCDS rincertajn sur la foi du
rf naru : ducuD a sa logu|*ue.
On insiste en faisant remarquer que le
CkvtTdlleoiesdeseul caractère qui dislin-
çse la fibkde l'histoire. Cela n'est pas; la
lipeéedéiMrcalion entre l'histoire et la
ttiAe âU ailhrs ; elle gti dans la différence
ii«< ^ïoses sans suite et sans monuments
|ioblic$aT«e des choses suivies et orientées
4eU»i»T»rlspar la publicité.
Skfwiijleûce l'eût voulu, Jésus-Christ
o%<kl «fi'jBi5eul historien conduisant
<rû!ifcw/i/iB(fe le fîl de sa vie avec une
f fï/rf rf/ow/ogigue qui eût mis chaque
I «rt» diwsa rraie place, et le tout à l'abri
de II pfas légère discussion. Mais la Provi-
Arteewl'i pas voulu. Elle souhaitait que
rwmkfûl l'œuvre de plusieurs hommes
tfïffefflijdïgc, de génie, de style et de
j*itf de me, cl dont aucun ne rassemblât
»0!W SI ploffle tous les matériaux de la vie
*?'^wtflMi$ de simples fragments dont
leacria^me fût arbitraire. La pensée de
«wfoffij était de faire de la'bio^raphiede
^ï/ï*iflfl miracle de vérité intime que Toeil
k/<fli ralgaire pût discerner, et qu'on ne
VEiuD'jài en aucune autre vie de quelque
i Que que ce fût. En effet, dès le premier
f^M, k ffloltiplicité des évangélistes est
^'fao/e, non-seulement à cause du fron-
I ««e, qui porte des noms différents, mais
l.'finnel de leur nature personnelle en
l'-^i^ndesEvaUc^iles. On voit, on sent que
|«iii Vathieu, saint Marc, saint Luc, saint
«sa.soQt des âmes diverses, et qu'ils bu-
i'^ol chacun de leur côté la figure de leur
"'!> liien-aimé, sans prendre le moindre
*"He ce que fait leur voisin, ni même
-"t aoe demande ia suite de la chrono-
' .'*. Ue là un choix arbitraire de frajgment.s
-<.;;faat de liaison, des .contradictions ap-
''Mes, des détails omis dans celui-ci et
' *>rtésdans celui-là» une multitude de
**^>sdoDt on neserend aucune raison.
' • e^t Trai. Et pourtant c*est bien dans
1 {<utre évangélistes la même Ggure du
'\ la même sublimité, la même ten-
";% U même force, la même parole, le
'^•^ accent, la même singularité su pi êiuc
> ' 'Vsiononiie. Ouvrez saint Mathieu, le
'^ ''ain, ou saint Jean, le jeune homme
\ !*el(,oBleniplalif ; clioi^issoz telle phrase
que vous voudrez dansTun et dans l'autre ,
aussi différente lar l'expression que par le
sujet, et prononcez-la devant dix mille hom-
mes assemt)Iés: tous lèveront la tête, ils ont
reconnu Jésus-Christ. Et plus on montrera
le désaccord extérieur des évangélistes*
plus cet accord intime d*où ressort Tunité
morale du Christ deviendra une preuve de
leur fidélité. S'ils rendent unanimement ^i
bien la figure inimitable de Jésus-Christ,
c*est gu'il est devant eux ; ils le voient, tel
qu*il rut et tel Qu'ils n*ont pu Toublier. Us
le voient avec leurs sens, avec leur cœur,
avec l'exactitude d'un amour qui va donner
son sang ; ils sont à la fois témoins, pein-
tres et martyrs. Cette pose de Dieu devant
l'homme ne s'est vue qu'une fois, et c'est
pourquoi il n'y a qu'un Evangile , bien qu'il
y ait quatre évangélistes.
Aussi quelle âme y est insensible? quelle
âme n'oublia un jour la science aux pieds
de Jésus-Christ peint par ses apôtres? Écou-
tez, pour en finir, une parole française qui
nous consolera des fureurs d'une science
Îue l'Evangile n'a pas désarmée. Elle est
'un homme dont je vous ai déjà cité le ju-
Sement sur Jésus-Christ, et elle exprime
ans une langue claire et heureuse le senti-
ment que laisse au profane comme au chré-
tien la lecture de l'Evangile. « Dirons-nous
que l'histoire de l'Evangile est inventée à
plaisir? Mon ami, ce n'est pas ainsi qu'on
invente, et les faits de Socrale, dont per-
sonne ne doute, sont moins attestés que
ceux de Jésus-Christ. Au fond, c'est recu-
ler la difficulté sans la détruire; il serait
bien plus inconcevable que plusieurs hom-
mes a accord eussent fabriqué ce livre, qu'il
ne l'est qu'un seul en ait fourni le sujet.
Jamais des auteurs juifs n'eussent trouvé
ce ton ni cette morale; et l'Evangile a des
caractères de vérité si grands, si frappants,
si parfaitement inimitables, que l'inventeur
en serait plus étonnant gue le héros t»
Voilà la langue française et le génie fran-
çais. Et c'est pourquoi vous ne devez nas
être surpris de revenir au Christ après l'a-
voir quitté. La lucidité de notre intelligence
nationale soutient en vous la lumière de ta
grâce» et vous fait traverser comme des
géants ces abîmes hérissés de science, mais
d'une science qui brave i'âme. Soyez fidèles
à ce double don qui vous porte vers Dieu ;
jugez de la puissance de Jésuç-Christ par les
efforts si contradictoires et si vains de ses
adversaires, et permettez-moi de vous rap-
peler, en finissant, un trait célèbre qui peint
cette puissance, et dont quinze siècles ont
confirmé l'éloquente propliétie.
Quand Tempereur Julien s'attaquait au
christianisme par cette ruse de guerre et de
violence qui norte son nom, et qu'absent de
l'empire, il était allé chercher dans les ba-
tailles la consécration d'un pouvoir et d'une
popularité qui devaient, dans sa pensée»
achever la ruine de Jésus-Christ, un de ses
familiers, le rhéteur Libanius, rencontraul
un chrétien, lui demanda» par déribion el
avec toute l'insnlle d'un succès déjà sûr^ cft
Î55
MTT
DICTIONNAIRE
que fiiisail le CiaUléen ; le cbrétien ré|K)ndiC :
Il fait un cercueil. Quelque temps après,
Lil)anius prononçait Toraison fanèbrc de
Julien devant son corps meurtri et sa puis-
sance é?anouic. Ce que faisait alors le Ga-
liléen, il le fait toujours, quels que soient
farme et Torgueil qu'on oppose a sa croix.
Il serait long d'en déduire tous les fameux
exemples; mais nous en avons quelques-
uns qui nous touchent de près» et par où
Jésus-Christ, à Teilrémité des âges , nous
a confirmé le néant de ses ennemis. Ainsi,
quand Voltaire se frottait de joie les mains,
vers la fin de sa vie, en disant à ses fidèles :
n Dans vingt ans. Dieu verra beau jeu, »
le Galiléen faisait un cercueil : c*était le
cercueil de la monarchie française
£t aujourd'hui, en regardant TAl-
lemagne agitée par les convulsions d'une
science qui n a plus de rires, et dont vous
venez do voir un si lamentable travail, nous
pouvons dire avec autant de certitude que
d'espérance : le (ialiléen fait un cercueil, et
c'est le cercueil du ralionalisme. 'Lacor-
DAII.E, 42* confér.)
fin.
Caractère et crlUque do livre de Slrau», (lar Edgard
Quînet.
« On a souvent demandé d*où peut venir
rimniensc relenlîssemcnl de rouvrnge du
docteur Slrauss. Cette cause n'est point
dans le slylc de l'écrivain. Ce lanj^ngo
trisle, nu, géoniélrique, qui, pendant quinze
cents pages, ne se déride j}as un moment,
ce n'est point là la manière d'un amateur
de scandales. Quant à ses doctrines, il n'est
pas, je crois, une de ses propositions les
plus audacieuses qui n'ait été avancée, sou-
tenue, débattue avant lui. Comment donc
expliquer le prodigieux éclat d'un ouvrage
qui semble fait do la dépouille de tous?
Lorsqu'on vit qu'il était comme la consé-
quence mathématique de presque tous les
travaux accomplis au delà du Rhin depuis
cinquante ans, et que chacun avait apporté
une |>ierreà ce triste sépulcre, rAllemagne
savante tressaillit cl recula devant son-œu-
vre; c'est là ce qui se passe dans ce pays
depuis tiols ans.
^ « En oITcl, si Ton y suit pour un moment
l'esprit qui a régné d'ans la [philosophie, dans
la critique et dans l'histoire, on s'étonne
seulement que celte conséquence ail lardé
si longtemps à paraître. On ne peut manquer
de voir que le docteur Sirauss a eu des pré-
curseurs dans chacun des chefs d'école qui
ont brillé depuis un demi-siècle etqu'il était
impossible qu'un système tant de fois pro-
phétisé n'achevât pos de se monirer. » (Ed-
gar Qljnet, Allemagne et Italie, t. II.)
El ailleurs :
^ L'impression du vide immense que lais-
serait l'absence du Christ dans la mémoire
du '^enre humain ne lui coûte pas un soujûr.
APOLOGETIQUE., MIT u
Sans œlère, sans pKi>sion, sans haine, il
continue tranquillement, géométriqueroem
la solution de son pniblème. Est-ce h dire
qu'il n'ait pas le sentiment de son œuvre el
que, sapant l'édifice par la base, il ignore ce
qu'il faitl Non, sans doute; mais cest une
chose propre à l'Allemagne que ce genre
d'impossibilité. Les savants y ont tellement
peur de toute apparence de déclamaiioD qui
pourrait déranger l'assiette de leurs sys-
tèmes , qu'ils tombent à cet égard dans \m
défaut tout opfiosé. Ce que la rhétorique esi
pour nous en France, les formules le sont
pour les Allemands : une prétention qui,
changée en habitude» finit par devenir na-
turelle. Ils prennent volontiers dans leurs
livres la figure inexorable de la fatalité sur
son siège d'airain. A la lecture de le! ou-
vrage vous prendriez l'auteur pour une
âme de bronze que rien d'humain ne peut
atteindre
« Je reconnaîtrai que dès Touverturede
celle histoire on voit clairement que le
SYSTÈME EST COXÇL' PAR AVA?(CE, Qu'lL NE MIT
PAS NÉCESSAIREVE^iT DES FAITS, QVâV. COV
TRAIRE l'aUTELR, AVEC LA FERME VOLONTÉ DE
TOLT T RAMENER, SE S'eN DÉMETTRA D£\i>T
ALCLN OBSTACLE, QVE PAR LA IL EST ENTRAi>K
A LNE INTOLÉRANCE LOGIQUE QUI RESSEMBLE
A UKE SORTE DE FANATISME ET RAPPELLE ÀVK
PLUS DE SAN(;-FROID ET DE UATURfrÉ L ESPRIT
EXTERMINATEUR DE DUPUIS ET DB VOL^EY.
J'ai n.ômc quelque sérieuse raison de cruire
que, revenu de la première fougue de la
discussion, il ne serait pas éloigné d'admet-
tre la justesse de celle critique. Un second
reproche que je ferai à cet ouvrage, parce
que la critique allemande n'y a pas assez
insisté, c'eslque l'intelliçence et Ia^ollnai^-
sancc, il est vrai prodigieuse des livres,}'
semblent étouffer le senlimcnt de toute roa-
lité. Au milieu de cette né^^ation absolue
de toute vie, vous êtes vous-même teuté do
vous interroger pour savoir si vos im|»rcf-
sions les plus personnelles, si voire soulHo
et votre Âme ne sont pas aussi par liasanl
une copie d'un texte égaré du livre de la
fatalité et si votre propre existence ne va
pas soudainement vous ôlre contestée com-
me un plagiat d'une histoire inconnue. Dès
que l'auteur rencontre un récit qui sonde
la condition des choses les plus ordinaires,
il déclare que celle narration ne renferme
aucune vérité historique et qu'elle n«; peu!
être i|u'uu mythe. Or n'est-ce pas apj>auvrii
cl ruiner la nature cl la pensée que de ks
mettre ainsi tout ensemble sur ce lit de Pro-
cusle? N'acce])tcr pour légitime que les im«
pressions conformes au génie d'une société
merle, à la manière de la société présente
n'est-ce pas borner étrangement le cœurdi
l'homme? Sommes -nous donc si assuré
d'être en tout la mesure du possible? (
docteur! que de miracles se passent dan
les âmes et que la connaissance des livre
ne nous enseignera pas 1 Que Penthousias
Bic el l'amour et les révolutions sont là
r*
».'•
>»i
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
S!;8
u>ad$ grands maîtres I Qu^ils savent de
5^ que toutes les bibliothèques du
L nie ne nous enseigneront jamais I . .
< Vautres fois ]*auteur substitue à la sim-
,Mnté des Ecritures une abstraction qui me
leflible répugner étrangement à leur génie.
AiQ&i ti rencontre de Jésus et de la Samari-
uiotiuprès d'un puits le renvoie naturel-
?>sifDi à celles d'Éiiézer et de Rébecca, de
lacobeideRachel, de Moïse et de Séphora.
v>$ ressemblances, fortiflées, il est vrai, de
pteon circonstances tirées du dialogue,
ttr:^msentà sa conclusion ordinaire, que
» f réjl n'est rien autre chose qu'un mythe.
ir* !e reui bien; mais ceci admis, la difli-
'.liié augmente; cette courte narration qui
.irUiinn tel cachet de simplicité, oue va-
!-^uedcTeBir!Une formule de la pliiloso-
T :iic de lliisloire. La Samaritaine au bord
•.'ipaitswiremWème d'un peuple impur
Vau rompu Talliance avec Jéhovah. Le dia-
^»:w Uwl entier n'est que la figure des re-
''}t:oi!s des premiers chrétiens avec les Sa>
r.&ri*aia$. Hais comme l'auteur nie que ces
re'.aiv>Qs lient jamais existé en effet , il ne
uois t«teplns qne le symbole d'un sym-
ivncUi^d'un réve,Vombre d*uneom-
t»iv. Idlesûiiianque sous les pas. De bonne
/'»/• ces ihstneijons rédigées en légendes
i7f soot-elles pis tout le contraire de l'es-
I rit (/e5fri02Jles? L'auteur est ici dans les
t».^rifi5iD«/emes, dans la synthèse de Hé-
1^1. Il esl dans le xu* siècle, il n'est plus
oiasler.
• Aiflmje regrette qu'après s'être ense-
^'V disi la litiérature des rabbins et du
fdW.iJo'ait pas eu recours plus souvent
m wjpîs modernes qui pt-ignent la vie
^lOntnlhsms convaincu qu'il aurait
(rmééms le spectacle des peuples du Le-
ai/ foelqoes traits qui auraient éclairé son
Kjti il eût fait plus, il eût tempéré par là
tf ttadince évidemment trop constante à
^*iréiaire en abstractions. Sil eût un peu
■■««WTOché de ces rivages des apôlres,
«* ^oes du lac de fîalilée, le Christ en-
màans l'orage, les flots apaisés par ses
•î^'H ne lai eussent plus, j'imagine, paru
*?âtiDentdes fictiODs sans corps, imita-
^ bséradites du passage de la mer Rouge
^Unresée la vertu embarquée sur un
-*ift orageux.
I Sans entrer dans plus de détails, oombien
t ueslions me resteraient encoreàexami-
^r!Si répoaoe du Christ était propre à
'-«îenlioo dune mythologie? en uuoi la
•TfM d'Alexandrie pouvait contiôler les
«asnations de Jérusîdem, ce qui condui-
"^ireiamen de l*esprit de critique dans
' «'Dde romain ; si trente ans ont dû suf-
^ i rétablissement d'une tradition toute
'-juira$e?si le ton des évangiles apocry-
r-^nest pas fort distinct de celui des livres
"via^ues? si les AcUi de$ apôtrei tenus
i* avérés ne présentent pas des récits
'.-ues h ceux des évangélistes? si les
>i.es dans les monuments primitifs ne
*r.
sont pas expressément séparées du récit, et
si, par conséquent, la démarcation do l'his-
toire et de l'allégorie n'a pas été observée
{»ar les écrivains eux-mêmes? la préface de
* Evangile selon saint Luc si raisonnée, si
méthodique, siphilo-^ophique, est-ce bien là
l'introduction d'un recueil de mythes? Les
Epitres de saint Paul ne portent-elles pas
une telle empreinte de réalité que ce témoi-
gnage rejaillit sur l'époque précédente? et
cet homme si semblable a nous, si voisin do
nous, que nous le touchons de nos mains,
ne plaide-t-il pas pouria vérité, pour l'inté-
grité historique des personnages que nous
n'atteignons que par son intermédiaire?
Voilà autant de points qu'il faudrait exami-
ner de près. A l'éi^ard de la comparai-
son des Evangiles et \|S poèmes d'origine
populaire, je T'accepte eTje dis : Charleraa-
gne a élé transfiguré par les imnginations
du moven-ftge; mais sous la fable était ca-
chée rliistoire, sous la fiction des douze pa-
ladins il y a l'auteur des Capituiaires , le
conquérant des Saxons, le législateur et le
guerrier. Comment sous la tradition des
apôtres n'^ aurait-il qu'une ombre? Il me
suiOra aujourd'hui de livrer ces questions
aux réflexions des lecteurs qui m'auront
suivi jusqu'ici.
« Ce qui ne peut manquer de frapper ceux
qui entreront {ilus avant dans cet examen,
c'est çiu'au point de vue de l'auteur, le
christianisme serait un effet sans cause.
Comment cette figure dépouillée du Christ,
ombre dont il ne reste aucun vestige appré-
ciable, larve errante dans la tradition, aurait-
elle dominé tous les temps qui ont suivi ?
Je vois l'univers moral ébranlé, mais lo
premier moteur m'échappe. Si dans le Nou-
veau Testament il n'y a point de spontanéité,
d'où est sortie la vie? Le monde civil serait-
il né d'un plagiat? Si la nouvelle loi n'est
rien aulre chose que la reproduction de l'an-
cienne, si l'esprit de création n'a éclaté nulle
part, si le miracle du renouvellement du
monde ne s'est point accompli, que faisons-
nous ici et que sommes-nous dans les mu-
railles de l'ancienne cité? Ce qui démontre
en effet la grandeur personnelle du Christ»
ce n'est pas tant l'Evangile que lo mouve-
mentet l'espritdes temps qui lui ont succédé.
Je ne saurais rien des Ecritures et le nom
mèmede Jésus serait effacé de la terre, qu'il
me faudrait toujours supposer quelque part
une impulsion toute-puissante vers le temps
des empereurs romains. Lorsque M. Strauss
dit à cetéeard : « Nous regardons l'invention
« de l'horloge marine et des raisseaux à va-
« peur comme au-dessus de la guérison do
« quelques malades de Galilée, » il est visi-
ble qu'il est la dupe de son propre raisonne-
ment; car enfin if sait bien comme moi que
le miracle du christianisme n'est pas dans
cette guérison, mais bien plutôt dans le pro*
diçe de Thumanité étendue sur son grabat,
puis guérie du mal de l'esclavage, de ta lè-
pre des castes, de l'aveuglement de la sen-
sualité païenne et qui subitement se lève et
marche bien loin du seuil du vieux montiA
259
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
SGO
Il sait bien que le prodige n est pas tout en-
tier dans l*eau changée en vin aux noces de
Cana, mais plutdt dans le changement du
monde par une seule pensée, dans la trans-
figuration soudaine de Fancienne loi , dans
le dépouiUement du vieil homme, dansTem-
pire des Césars frafipéde stupeur comme les
soldats du Sépulcre, dans les barbares domi-
nés par le do^me qu'ils ont vaincu , dans
la réforme qui le discute» dans la philo-
sophie qui le nie, dans la révolution fran-
çaise qui croit le tuer et ne sert qu*à le
réaliser. Voilà les miracles qu*il fallait com-
parer k ceux de Taslrolabe et de Taiguille
aimantée.
« Quoil cette incomparable originalité du
Christ ne serait qu^une perpétuelle imitation
du passé, et le personnage le plus neuf de
Thistoire aurait été perpétuellement occupé
à se former, ou, comme quelques personnes
le disent aujourd'hui, &« se poser d*aprà$
les figures des anciens pronhètesl On a
beau objecter que les évangélistes se con-
tredisent fréquemment les uns les autres,
il faut avouer à la fin que ces contradictions
ne portent qu« sur des circonstances acces-
soires, et que ces mêmes écrivains s'accor-
dent en tout sur le caractère même de Jésus-
Christ. Je sais bien un moyen sans réplique
pour prouver que cette figure n'est au une
invention incohérente de l'esprit de 1 hom-
me. Il consisterait à montrer que celui qui
est chaste et humble de cœur selon saint
Jean, est impudique et colère selon saint
Luc; que ses promesses* qui sont spirituel-
les selon saint Matthieu, sont temporelles
selon saint Marc. Mais c'est là ce que Ton
n'a point encore tenté de faire; et l'unité de
cette vie est la seule chose que l'on n'ait
point disputée. Sans nous arrêter à cette
observation, excepterons - nous, pour tout
estpiiquer, la tradition populaire, c*est-à-
dire le mélange le plus courus que l'histoire
ait jamais laissé paraître, un chaos d'Hé-
breux, de Grecs, d'Egyptiens, de Romains,
de grammairiens d'Alexandrie, de scribes
de Jérusalem, d'esséniens, de sadducéens,
de thérapeutes, d'adorateurs de Jéhovah, de
Milhra, de Sérapis? Dirons-nous que cette
vague multitude, oubliant les différences
d'origines, de croyances, d'institutions, s'est
soudainement réunie en un seul esprit pour
inventer le même idéal, pour créer de rien
et rendre palpable à tout le çenre humain
le caractère qui tranche le mieux avec tout
le passé et dans lequel on découvre ^l'unité
la plus manifeste? On avouera au moins que
voilà le plus étrange miracle dont jamais on
ait entendu parler, et que Teau changée en
vin n*est rien auprès de celui-là 1 Cette pre-
mière difficulté en entraîne une seconde;
car loin que la plèbe de la Palestine ait elle-
même inventé l'idéal du Christ, quelle peine
ces intelligences endurcies u'avaient-elles
pas à comprendre le nouvel enseignement 7
Ce qui demeure de la lecture de TEvangile, si
on la fait sans système conçu à l'avance,
sans raffinement, sans subtilité, n'est-ce pas
que la foule et les disciples eux-mêmes
sont toujours disposés à saisir les paroles
du Christ dans le sens de l'ancienne loi,
c'est-à-dire dans le sens matériel? N'y a-Ul
pas contradiction perpétuelle entre le règne
tout spirituel annoncé par le Maître, et le
règne temporel attendu par le peuple? La
plupart des paraboles ne finissent-elles pas
par ces mots, ou d'autres équivalents : o A
« la vérité il parlait ainsi, mais eux ne l*cn-
« tendaient pas? » Preuve manifeste, preuve
irréfragable que l'initiative, l'enseignement,
c*est-à-aire 1 idéal, ne venaient pas de la
foule, mais qu'ils appartenaient à la [Per-
sonne, à l'autorité du Matlrei et que la révo-
lution religieuse, avant d'être acceptée par
le plus grand nombre, a été conçue et im-
posée par un législateur suprême.
« Si quelque chose distingue le christia-
nisme des relisions qui Tout précédé, c'est
qu'il est l'apothéose, non plus de la nature
en général, mais de la personnalité même.
Voilà son caractère dans son commencement
et dans sa fin, dans ses monuments et daus
ses dogmes. Comment ce caractère manque-
rait-il à son histoire? S'il n'eût dominé ei-
clusivement dans l'institution nouvelle ,
celle-ci n'eât été qu'une secte de lagraade
mythologie de l'antiquité. Au contraire, le
genre humain l'en a profondément distin-
gué, parce qu'elle s'est, en effet, établie sur
un fondement nouveau. Le règne intérieur
d'une âme qui se trouve plus grande que
l'univers visible, voilà le miracle perma-
nent de l'Evangile. Or ce prodige n est [las
une illusion ni une allégorie, c'est une réa-
lité. De la même manière que dans le pa-
ganisme, la nature palpable, la mer, la nuit
primitive, le chaos sans rire, ont servi de
base véritable aux inventions des peuples:
de même ici, l'Ame infini'e du Christ a servi
de fondement à toute la théogonie chré'
tienne. Car, qu'est-ce que l'Evangile, sinon
la révélation du monde intérieur?
« En cet endroit, je rencontre un étran^je
raisonnement. On dit : Le premier terme
d'une série ne peut être plus f^rand que ce-
lui qui la termine. Ce serait là un effet
contraire à la loi de tout développement;
d'où l'on infère que Jésus, étant le premier
dans la progression des idées chrétiennes,
a dû nécessairement rester au-dessous de
la pensée et des types des générations sut*
vantes. De cette proposition, il résulterait
également que Jésus céderait la place a
saint Paul, saint Paul à saint Augustin,
saint Augustin à Grégoire VH...
« Et sur ce terrain mobile chacun se dé-
truisant l'un l'autre, et n'y ayant pjus rien
de fixe dans la conception du saint, du juste,
du beau, du vrai, qui sait si nous ne nou^j
trouverions pas, en définitive, être le terme
ascendant de celte échelle de sainteté? Cai
nous aussi nous sommes à l'extrémité d'une
série : on prouverait tout aussi bien par \l
qu'entre Homère et Virgile, c*est le seconJ
qui fut le matire Mais dejHiis quand lins
piration de la beauté, de la justice, do i^
vérité, est-elle une progression arithmOli'
que ou géométrique ? On yoit qn'il ne sa
»
IITT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
M\T
262
jiplflida Christ seul, mais bien du prin-
3pe mime de toate personnalilét et que
rt4 ia à nier la vie même. Pour moi, je
re^^ persuadé que la personne du Christ
SiiltelleiPeQtinrtiedel édifice de Thistoire
>^\m dix-huit cents ans, que si vous la
re&ranchez, toute autre doit être niée par
\\ DèmeraL^OQ et au même litre ; et sans
se iéoDoeerter aucunement, il faut admettre
oMUBc conséquence inévitable une huma*
Dit* sans peuples, ou plutôt des peuples
sans vndifidus : générations d*idées sans
toroes, qui meurent, renaissent pour mou-
tiieMRatt pied de l'invisible croix oCi
reste éienellement suspendu le Christ uni-
pcnoanel du panthéisme.
I Lanteur exprime d*ailleurs cette con-
eJusioaiQSsi nettement qu'on peut le dési-
rer, lonao'ij résume sa doiUrine dans cette
s<jrtê d€ litaDie métaphysique : t
< U Christ, dit-il, n est pas un individu,
• nais use idée, ou 'plutôt un genre, à sa-
• loir rkaniaDité. Le genr« humain, voilà
« ie DieQ (ait homme, voilà Tenfant de la
• îiO);e rbible et du père invisible, c'est-
« Min de la matière et de Tesprit; voilà
« ieSaavev, le Rédempteur, l'Impeccable ;
«nâfkedoiqui meurt, qui ressuscite, qui
• BMlt la rieL En croyant h ce Christ, à
«ttMrt,i sa résurrection, l'homme se
«JBstifedertttDieu. » Je cite ces paroles,
i7atf-«i/r0ea( parce qu'elles résument tout
ksjstéùitét 1 auteur, mais aussi parce
4|a'eliefiofi( l'expression la plus claire de
cette ^éose du eenre humain à laquelle
MMifons tous plus ou moins concouru
^^pwjieloues années.
«A^ilJer rindividu pour enrichir
fttpfo^ diminuer Thommc pour accroître
'wiff//^ roilà la pente : on met sur le
tUfftetleious ce que l'on n*oserait dire de
iu /j/nour-propre est en même temps
éSjtiu et déilié : c^tte idée a une certaine
rafideor titanique qui nous enchante tous.
I candeur est-elle réelle, et ne nous
)a5-oous pas étrangement les uns les
? Voilà la Question. Si l'individu ne
fpeotpas lui-même être le juste, le saint
eicelleDce : s'il n*est pas un même esprit
Dieu: s*it est incapable de s'élever au
^me idéal de la vertu, de la beauté, de
liitperté, de l'amour, qu*est-ce à dire?£t
tment ces attributs deviendront-ils ceux
IFespèce? Dites-moi combien il fautd'bom-
Bpour faire l'humanité? Deux, trois indi-
los aiteiodront-ils cet idéal? Si ceux-là
suffirent pas» trois mille, trois cent mille,
i millions , qu'importe le nombre, y
»Mront*ils davantage? Entassons tant que
s te voudrons ces unités vides, te résul-
iH^ra-t-ii moins vide qu elles 7 Ne voyons-
i ^as que nous faisons-là un travail
rosé; que si la personne humaine n'est
ï\m néant aliéné de Dieu, comme nous le
cUous, les peuples aussi, de leur côté,
soQt que des collections de néant, et
qu'en ajoutant les nations aux nations, les
empires aux empires, quelque beaux noms
Ïue nous leur donnions, Inde, Assyrie
rèce,iRome, empires d'Alexandre, de Char-
lema^'ne, de Napoléon, nous avons beau
multiplier les zéros, nous n'enfantons que
le rien, et que toujours prétendant à l'infini,
nous ne faisons en realité qu'embrasser
dans l'humanité un plus parfait néant, puis-
qu'il est le compose de tous ces néants en-
semble? Si cela est vrai, il en résulte que
toute vie, toute grandeur comme toute mi-
sère relèvent de l'individu. Supposé donc
que nous voulions nousexalter avec tout le
genre humain, il ne faut nas renier la dignité
de la personne; tout le génie même du cnris-
tianisme est de l'avoir consacrée d'une ma-
nière absolue : car si la vie de Dieu fait
homme a un sens compréhensible pour
tous, irrécusable pour tous, c'est qu'elle
montre que, dans 1 intérieur de chaque con-
science habite l'infini aussi bien que dans
l'âme du genre humain et que la pensée de
chaque homme peut se répandre et se dila-
ter jusqu'à embrasser et pénétrer tout l'uni-
vers moral
« Si l'on insiste pour savoir en quoi con-
sisle cette mésintelligence, je dirai claire-
ment que le panthéisme tente aulourdlmi
de se substituer en Allemagne à 1 esprit de
l'Evangile, et que c'est à cela que se réduit
tout le débat. Jusqu'à quel point l'institu-
tion chrétienne est-elle assez souple pour
que cette seconde réformation puisse s'ache*
ver sans rupture? Le Dieu tout personnel
du crucifix peut-il devenir le Dieu subs-
tance sans que les peuples s^aperçoivent de
ce changement, toutes les gradations seront
ménagées et insensibles? Tout est contenu
dans ces paroles. Le Christ, sur le calvaire
de la théologie moderne, endure aujour-
d'hui une passion plus cruelle que la passion
du Golgotna. Ni les pharisiens, ni les scri-
bes de Jérusalem ne lui ont présenté une
boisson plus amère que celle que lui ver-
sent abondamment les docteurs de nos jours.
Chacun l'attire à soi par la violence, chacun
veut le receler dans son système comme
dans un sépulcre blanchi. Quelle transfigu-
I*ation va-t-il subir? Le Dieu de Jacob et de
saint Paul deviendra-t-il le dieu de Parme-
nide, de Descartes (232), et de son disciple
Spinosa? Nous vivons tous à notre insu
dans l'attente de cette grande, de cette uni-
que affaire. » ( Edgar Quinet, Allemagne et
Italie, t. II, page 3d4 et suiv.)
IV.
Preuves internes en laveur de Toriglne apostolique des
évangiles. — L'origine apostolique des cvaogi.es com-
bat Ijiypothèse du myltie. — Faits secondaires coniir-
mant la réalité historique des récils contenus dans les
évangiles; prédicaUou et miracles des apôtres; saint
Paul et ses epitres; établissement du christianisme
« Pour peu qu'on connaisse les Evangiles,
qu'on ait appris à les analyser dans leurs
:(&2) Oê ne Toll trop ce que Descartes fait ici , entre Parméttide et Sphàosa. ( Voy. la Biographie
^f)»carlet el ses écritt apologétiques.)
•m,^.^
^^
M\T
DICTIOXN.URE APOLOGETIQUE.
MYT
^G4
détails, à les com|)arer dans leur ensemble,
on ne peut manquer d*y reconnaître certains
traits dont on ne saurait expliq^uer la pn^-
scnce qu'en admettant que les livres qui les
renferment sont l*œu?re d*horames qui ont
vécu aTecJésuSydctérooinsoculairesdes faits
qu'ils rapportent, l'œuvre des apôtres ou
de leurs disciples. Ces traits sont en grand
nombre. Je n en rappellerai que quelques-
uns, qui m*ont toujours frappé et rempli-
ront sullisamment mon but.
« Les érangélistes n*ont pas écrit à la
manière des auteurs modernes ; ce n'est
pas une histoire philosophique qu'ils met-
tent sous nos yeux ; simules narrateurs des
faits qui les ont frappés, jamais ils n'y
mêlent leurs propres réflexions; ils lais-
sent parler les événements eux-mêmes. Un
biographe de nos jours se fait un devoir,
avant de raconter la vie de son héros, de
dépeindre son caractère tel qu'il Ta com-
pris ; les auteurs sacrés ne nous disent pas
un mot de celui de Jésus ; mais, grâce aux
détails minutieux dans lesquels ils sont en-
trés, au soin qu'ils ont pris de ne rien omet-
tre de ce qui peut mieux faire connaître leur
Mattre, le lecteur peut facilement créer dû
nouveau ce caractère; il soflit pour cela de
rapprocher les récits, de les comparer et de
concluro. Si l'on essaye ce travail, que cha-
que chrétien doit faire pour sa propre édilî-
ealion, on est frappé de la facilité avec la-
quelle il s'opère ; il a fallu réunir une foule
de traits épars dans quatre récits rédigés
par des auteurs différents, dans un but dif-
férent, dans des circonstances qui ne sont
pas les mêmes; et malgré cela, les faits
s'enchatncnt d*une manière naturelle ; ils
forment un tout uni et compacte, d'où res-
sort une idée claire de ce qu'était Jésus.
Aucun trait nouveau ne vient contredire
Topinlon qu'ont fait naître ceux qui précè-
dent. D'un bouta l'autre des Evangiles, c'est
le même Christ qui paraît à nos yeux ; dans
le cercle étroit de ses disciples et au milieu
d'une foule enthousiaste, dans la demeure
du péager modeste ou à la table du phari-
sien superbe, au bord de la mer de Tibé-
riade ou dans les places de Jérusalem, au
jjiéloire et sur la croix, c'est toujours fêtro
bon et compatissant aux souffrances des
mortels, toujours noble et pur, humble dans
lesuccès, résigné dans l'épreuve, indulgent
pour le pécheur qui se repent et s'amende,
censeur sévère du vice qui se cache sous
les dehors de la vertu. On 1 lorsque je con-
sidère de ce point de vue les récits évangé-
liques, je me refuse à y voir l'œuvre do
l'imposture, ou la réunion des traditions
populaires, plus ou moins conformes à l'his-
toire véritable. I^s modifications apportées
dans les laits par leur passage de bouche
en bouche, ou par une relation inexacte,
changent trop la physionomie générale des
récits, pour que, rapprochés les uns des
autres, ils puissent ainsi cadrer ensemble ;
(235) CVâl ce qtt'oni prouvé Lakdxer, Hco,* Pa •
L&y, par une fuulc de rapprocUeuieuts ingénieux.
je ne puis m'expliquer ce caractère de Jésus,
toujours identique à lui-même, quoique
formé de traits épars puisés à des sources
différentes, qu'en supposant que les hommes
les plus capables de l'apprécier et de le com-
prendre, des apôtres témoins de sa vie ont
réuni ces traits, et en ont fait part à leurs
disciples.
«Eu racontant la vie du Sauveur, les
évangélistes se sont souvent trouvés en con-
tact avec l'histoire du temps; et le carac-
tère de cette époque, que nous font con-
naître d'autre part les auteurs juifs et ro-
mains, se retrouve fidèlement retracé dans
nos récits sacrés. La critique la plus minu-
tieuse peut les suivre dans leurs moindres
détails, les examiner sous le point de vue
des mœurs, des lieux, du temps, du langage,
etc. : partout se révèle une connaissance
exacte de toutes ces choses (233). Et cepen-
dant quelle époque était moins favoraole à
un imposteur pour y placer une histoire in-
ventée, ou moins facile à reconstruire sur
les vagues données de la tradition? Cette
époque a été signalée par une suite de révo-
lutions successives, c^ui, dans le court es-
pace d'un siècle, ont introduit chez le peu-
J)ie juif les changements les plus rapides et
es plus variés, et, chose curieuse, à peine
arrivée à son tenne, elle ne laisse plus au-
cune trace. Quarante ans après Jésus-Christ,
les armées romaines pénètrent en Pales-
tine et portent partout la terreur et la dévas-
tation ; Jérusalem tombe devant elles, la
charrue passe sur les ruines du temple : plus
de deux millions d'hommes périssent sous
le fer ennemi ou sont emmenés captifs; le
peuple juif a perdu pour jamais le pays de
ses pères (23i^). Une tradition .ne traverse
pas impunément une révolution de ce genre.
Si l'histoire évangélique, appelée à retracer
une époque si promptement effacée, se pré-
sente comme tldèle dans ses moindres dé-
tails, c*est que ceux-là même qui y jooeul
un rôle l'ont retracée de leur main, ou ra-
contée à des disciples chargés de la trans-
crire sous leurs yeux.
c A ces deux indices, si fort en faveur
de l'origine apostolique des évangiles, nous
pouvons enjoindre un troisième plus facile
encore à apprécier. Il est tiré du ton même
des auteurs sacrés et de leur mode de nar-
ration. Qui pourrait ne pas voir dans leur
langage celui des premiers fondateurs de la
foi chrétienne? On ^reconnaît ce sens droit,
cette âme pure et pieuse qui dut les faire
choisir par Jésus fK>ur compagnons desuu
ministère, cette simplicité, cette candeur
de l'homme qui raconte ce qu'il a vu ou
entendu, sans chercher à Tembellir, parce
que la vérité est toujours assez belle par
elle-même. Peu jaloux de satisfaire une
vaine curiosité, pénétrés de la grandeur de
leur tAche, ils passent soms silence toutco
qui n'est d'aucun intérêt pour la foi et la
vie chrétienne ; leur seul but est défaire
(i5i) Voffez Capefigve, Ristoire de* Juifi nu
moyen àtje, toin. 1, cit. 3*
MYt DICTiONNAtftE APOLOGETIQUE.
Jîf ^u*^«s comme le Christ, le Fils de
-rJ f^^^iveur des hommes. Partout
• «swa ^^ ^^^ *™^"'* pour le Maître >
«•odwoSf^/^" no™» q"^ ''on ne peut
«li«»m ton^ hommes qui l'ont person^
MYT
2Ôd
Tue
j^jlMî^oséés, qui ont pris pour de-
bwcheiim^^«''on retrouve dans la
de réciisffi ^e faussaires ou
i Ooc (il ^"OwS.
.«nul iiMt« '^^ 'es partisans du système
rS/£„. "^ occupons î L'époque à la-
^iSt^P'^wlt, et dans laquelle se
d^Sé^^!'^ est mythique. One ten-
ff^JZl^^ i la crédulité, l'amour du
/^T^^^^-^«>J«nce aux miracles domine
V^^' 1-Mmagination mobile du
/*«P'7*f« s'empare des moindres faits,
if-5 moemià son eré, et en dénature ainsi
lu taleur. U Judée entière est dans Tat-
tiriiie do Veisie, ce libérateur d'Israël, an-
ymi ^ 1^ Prophètes sous les plus pom-
r^u5esifflaîïS'.Ç ^st alors que le Christ se
ujiir* uW* ^.^^ charpentier se déclare le
"***J^-j 4^ti>^^ns; il étonne, il confond
t^\» ^^fJP^'^sse sur ses pas ; on ad-
^V*\^^î5^ sagesse et l'éloquence
iMï^^^^v^s leçons: on l'entoure,
U>^T^^\Wt «Dpressement \ les pauvres,
'^^ yjj/îjr/iwéf, te malades, tous les petits
f^ ^oadeàojii il se déclare le protecteur
-^l'^ifli^ûnfua cortège rie disciples; et
•^p»04^l**fisien8, jaloux de ses triom*
^|^d*lafa?eur(ju*il a su se captiver,
i^rnoiatauCalraire, Jérusalem entière
^jpflUfflpIe son supplice. Quel thème pour
eii^W*' «s mythes 1 Le peuple, qui re-
laie jis(a immolé sur la croiXi ne voit
^tf/fii un simple homme; il raconte
i gfeeeptbousièsme rangélique douceur et
I ii miffïiiion sublime que le juste a mon-
tréesdanssà lenie et terrible agonie. Les
éjMnhàisfersés par la peur, se rassem-
Weiib iii reprennent peu à peu courage,
r!S54;/igiifeaiqueleur Maître est ressuscité,
firceqail l'a promis f comme ils l'espèrent,
ibkcnneaif etliientût l'annoncent partout
tf ec iif Mpidjté. Quelques Ames avides de
!Krf«illes embrassent avec foi ces récits;
ce loales parts dans la Palestine, on se ras-
«Mftle au nom du crucifié. L'Eglise chré-
* — est fondée. Dès lors l'histoire de
de l'ancienne loi ; la simple biographie du
moraliste sublime a enfanté le mythe de Gol-
gotha I
4 II y a quelque chose de vrai dans ce
raisonnement, tiôus nous empressons de le
reconnaître. Oui, la croyance aux miracles
régnait au temps de Jésus. Oui, la vie et ta
Sersonne de Jésus étaient capables d'en-
ammer les imaginations et de fournir ainsi
matière à des récits mythiques ; mais en ré-
su Ite-t-il que nos livres sacrés soient les
dépositaires de semblables récits? Pour en
juger ainsi, il faudrait n'avoir aucune don-
née sur les auteurs dé nos évangiles et sur
les sources auxquelles ils ont pUisé i or, nous
n*eii sommes pas réduits là. Nous savons
Sue des apôtres ou leurs disciples ont ré-
igé ces livres \ dès lors il n*est plus pos-
sible que le mythe y ait pris place.
« On sait qu il faut au moins trois géné-
rations pour le produire, et les cinquante
ans laissés à sa formation supposée, par le
fait de l'origine apostolique cies Evangiles,
fait que nous avons démontré, ne sont pas
un espace do temps suffisant pour lui donner
naissance.
et Ce n'est pas tout ; un mythe se forme
lentement, à la longue, par des additions
successives ; ici nous avons au contraire,
dès le début, une histoire complète, offrant
l'ensemble de ces faits merveilleux que le
témoignage seul peut confirmer, mais aue
l'imagination même la plus féconde d un
peuple ne peut créer tout à coup.
4 Cette histoire, en outre, est toujours
restée la même; ta tradition la respecte et
ne cherche pas à la dénaturer, ou si plus
tard la légende essaye de le faire, le bon
sens de l'époque rejette ces falsifications
mensongères (235), tandis que le mythe
multiple dans ses formes se diversifie à l'in-^
fini.
it Enfin, les récits qui hous sont parvenus
sur Jésus ont été rédigés par des témoins
oculaires; la génération contemporaine les
a vérifiés, et la réfutation la plus éclatante
aurait pu faire à l'instant justice de l'impos-
ture. Ce sont les disciples mêmes de Jésus
qui nous transmettent son histoire | ils ne
sont pas inconnus k la foule qui les a long-
temps remarqués aux côtés de leur Maître)
acteurs eux-mêmes dans la plupart des
scènes quUls décrivent, ils en connaissent
tous les détails. Ce ne sont pas des étrangers
qui les retracent à nos yeux, c'est saint Mat-
ttiieu, (lui , pendant trois ans et demi, n'a
pas quitté le Seigneur; c*est saint Jean, le
disciple bien-aimé de Jésus, qui, dans l'in-
timité de ce céleste ami et dans ses rapports
avec Marie, dont il est devenu le second
fils, n'a pu rien ignorer de ce qui concernait
son Mettre ; et cette histoire consacrée, les
apOtres la signent de leur nom».. Le mythe,
au contraire , n'a point de père ; de nVst
qu'après avoir pour ainsi dire,~ t Tlnsu do
tout le monde, jeté ses pro|6ndes radnes,
M éel est destinée à passer à la posté'
A^«t sera consignée dans ses annales.
— OofoD envisage maintenant cette his-
<<»>« /aeontée dès l'abord avec tant d'en-
ttoitfiasmei lorsqu^après avoir passé de
Mvtiieen bouche elle aura été transcrite
ttv les évangiles, et Ton verra quels chan^-
^eets notables la tradition a su y inlro-
duirt. Elle a joint des prodiges à la réalité ;
^'*« a prêté au Christ des miracles qu'elle a
^Qliipliés à l'infini ; elle a réuni sur cette
^U; Téuérée tous les oracles messianiques
'^ Oo kiii que fie bonne heure rEglise sut Evangiles, des fablas menaODgèrei ffenfariDéei Jana
^«'«{•tfr les récits vérilat^s, contenas dans les les apecrypiies*
DlCTlOTINAiRE APOLOGÉTIQUE. II ^
i
4r.7
int
D CTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
2CS
qiril sorj^it tout à coup ; il n^apparalt que
comme un phénomène, et presque toujours
on ignore son berceau.
« Le mythe est donc impossible au temps
de la rédaction des évangiles; il na pu
prendre place dans nos livres saints : les
apôtres eux-mêmes, eussent-ils voulu l'y
introduire, ne l'auraient pas trouvé.
a Cependant, comme nos adversaires pour-
raient nous contester encore le Mi de l'ori-
gine apostolique d6s évangiles, base essen-
tielle ae notre réfutation de leur système,
exposons la série des arguments irldirecls
qui, nous paraissent concourir au même
résultat par des voies différentes.
« On nie la réalité deâ faits éyangéliques
qui concernent le Sauveur; mais alors com-
ment expliquer la prédication des apôtres,
qui les prennent pour thème de leurs exhor-
tations a la ibule?
« Retranchez les évangiles du canon ; pla-
cez les Actes en tête du Nouveau Testament,
et vous pourrez, en vous appuyant seule-
ment sur les Actes j reconstruire l'histoire
de Jésus.
« £n efTety que disent les apôtres lorsque,
)*evenus de leur terreur première, embrasés
d'un zèle nouveau, transformés pour ainsi
dire en de nouvelles créatures, ils appa-
raissent intrépides devant le peuple assem-
blé?
« Cinquante jours se sont h peine écou-
lés depuis que Jésus est sorti du sépulcre,
et Pierre élève la toix au milieu de Jéru-
salem : Israélites^ dit-il & la foule qui l'en-
toure, apprenez ce que je vais vous dire^ et
soyez attentifs à mes paroles. Jésus de Naza-
reth a été un homme à qui Dieu a rendu té-
moignage devant vous^ par les merveilles^ lés
miracles et les prodiges qu*il lui a donné de
faire au milieu de vous^ comme vous le savez
vous-mêmes. Ce Jésus vous a été livré par dés
mains impies, selon le dessein déterminé et la
prescience de Dieu; vous l'avez pris et vous
l'avez fait mourir en le crucifiant. Mais Dieu
Fa ressuscité en rompant les liens de la mort,
à laquelle il était impossible quil restât assU'
jetti (236J. £t^ dans cette éloquente improvi-
sation, il Ile se borne piis, eeimme on peutic
voir, à proclamer le fait capital de ha résur-
rection, il fait un appel solennel Aux mira-
des opérés par le Cnrist) il prend à témoin
ses auditeurs de la réalité de ces prodiges
qu'ils connaissent eux-mêmes; plus loin, il
oaentionne la naissance merveilleuse de
Jésus ; il rappelle qu^il est sorti de la famille
de David (237); il raconte sa mort sur la
croix» son ascension dafis le^ cieux (238),
de telle façon que ce discOui's, qui sert en
quelque sorte de péristyle aux Actes ^ s(e
présente à nos yeux comme un résumé clair
et rapide de tout ce qu'il v a de plus impor-
tant dans les récils évangéliques. Le peuple,
(i36) AcUsi II, 44, 15, 22, 24.
(237) Ibidem, n, 30.
(238) Actes^ ii, 83.
(259) Ibidem, u, 41.
(249) Claubwurdigkeit der er. Geichichte, p. 373.
^ loin de contredire l'Apôtre dans ses allu-
sions positives à des faits qui se trouvaient
alors dans le domaine de la publicité, ap-
plaudit à son témoignage, et trois mille juifs
se disent chrétiens. L*£glise chrétienne est
fondée (239).
« Poursuivons maintenant la leeture du
livre des Actes; avançons dans le détail des
faits qu'il renferma. Que trouvons- nons?
Toute une série nouvelle de prodiges opérés
par les a])ôtres, et qui, s'ils sg trouvent saos
rapport immédiat avec ceux que le Christ
accomplit lui-même, en sont du moins la
continuation; )missance merveilleuse des
disciples, qui se présente à nous comme
un reflet animé de la gloire iniraitahl6 du
Maître. Il n'y a donc point de solution de
continuité, ni de rupture dans la manifesta-
tion de cette force miraculeuse, si étonnante
dans l'histoire de Jésus; non-seulement elle
apparaît avant lui dans les prodiges qui si-
gnalèrent la naissance du Précurseur et la
{)romesse de sa venue, mais elle se mani-
èste encore après sa mort. Comme l'a dit
élégamment Tholuek, le soleil de la Judée
a eu son aurore et son couchant HM). Que
faire alors do ces miracles dans 1 iiypothèse
du mythe? Quelle place leur assigner? Ne
confirment-ils pas d'une manière éclatante
la réalité de ceux qu'on cherche à faire dis-
paraître du champ des évangiles?
« Mais nous voulons encore aller plus
loin. Supposons qu'on refuse absolument
de nous accorder l'authenticité des Actes
et l'argument que nous tirohs de ce livre,
il reste encore les Epitres de Paul, dont '
les plus importantes n'ont jamais été atta-
quées {2ki), même par les plus violents ad-
versaires de la fiible, les Epttres de Paul
que Strauss lui-même a respectées. Or, que
sont ces Epîtres sdns les évangiles? Ne
supposent-elles pas d'un bout à l'autre /a
Vérité des récits qu'ils renferment, tfj font-
ils pas allusion à chaque pa^e?
« Les enseignements écrits de TApôtre
ne sont autre chose que le développement
animé des vérités évangéliques^ qu'il appuie
sur les faits qui leur servent de base. C'est
une foi sincère en Jésus- Christ qu'il ré-
clame, et la profession publique de TEvaii-
gile. Quand il parle de grAce et de résigna-
tion^ cesi au baptême^ c'est à la mort et à
la résurrection de Jésus qu'il fait allusion.
8'ag?t-il de l'espérance du salut pour le vrai
tidèlej c'est sur le» soatfrances du Sauveur
qu'il s^appuie; veut-il prouver la résurrec-
tion, c'est celle du Sauveur qui en garantit
)a certitude à ses yeux. 11 ne ]»rélen<i savoir
quune seule chose, c'est Jésus-Christ^ et Jé^
SUS' Christ crucifié. Et ces faits, il ne son^e
pas même h les discuter^ il les cite h chat|ue
instant, il en parle comme d'une chose «i<l«
mise, sans la moindre contestation de la
(241) Nom parlons des Epttres aux Itoniain^ ^
Calâtes, f, u; CoriiUhiens, Philémon, Coloê*9^éi^\
Ephésiens, Philippien$, The$»alonicicns. Voyei 1^^
assertions de db Wettc, letatives à chacune d^cllt^^
(£îii/eî7 tw d. N. T., 5- édition.)
de
îttrT
mCTIONNAiRE AP0L0GETIQU6.
MT1
vo
ZJ^?^ auxquels îl s'adresse. Bien
j°s les schismes naissants auxquels
ne» V^^ dans le cours de ses lettres,
j. ^« *^*^ P^s que ces schismes aient ja-
•IrnwJ^^'^ céuse dcs doutes élevés par
rS^ .^*^^»P'es sceptiques sur la réalité
rwiii ^^ ^ ^^"s ; personne alors ne
m -w^ «mythes ; c'est sur Vinterpréta-
T^ wul donner aux paroles du Maî-
X csi SUT le sens des mystères, du'on se
tt?^ ou nu on dispute à cette époque ;
uw^fflldéPaul, les auti^es sont d'Apol-
^i^istous se font honneur d'appartenir
j> ^^^ .comment expliquer la conversion
•eiWel son apostolat, sans admettre la
•JWJ» absolue des principaux faits évan-
^iWîPaal. disciple de Gamaliel; Paul,
*ws la science de la loi ; Paul, cette
ulelligence, cet être doué de tant de
I» de sensibilité, d'éloquence; cette
ç ¥ M fois élevée et tendre, aurdit abjuré
y pi^ypc pour embrasser une doctrine
tffBMtt sur des superstitions 1 Lui, con-
liBiymndes éTénements sur lesquels il
«fafcsiprttirtiion, lui qui marche è côté
«S inaptes de Jésus, qui siège dans leurs
aaBMtttteSi et qui a pu recueillir auprès
«feu iMtts les lumières* dont il atait be-
s«îttMttssé tromper par une fable
«,el,penécuteur d'une secte mé-
îiivée^ 1/ ^B ml ie^envL l'adepte soumis*
%MB3 laiiv '^^fliage que l'opprobre, et sans
«ttife perspeente que celle de l'échafaud I
ç2rsX fwtf ^^^ prévaloir des mythes que cet
^cm0^ ^ étoduant et sublime caractère,
^^nt ^^^ ^ànt de zèle, tant d'efforts,
fggt de Ukois^ parcouru la terre et les
^10^ exposé mille fois sa vie I Quand on le
t^^^nm»! avec tant d'instances sur le fait
^pôiMie la résurrection, qui ne sentj
i sfio Kfn pénétré, à la forme si puissam-^
0e0/iffiriDa(ilre de ses assertions, qu'il a
f«raei7/i sur câ fait les témoignages les plus
éetiUnts^ et que l'évidence seule a pu dé-
iHinioer ses convictions? Ou Paul a vu
l IsBsezi personne sur le chemin de Damas,
\4i U i tm-m^me entendu sa Voix, ou bien
'JM n*e$t qu'un insensé 1 11 faut choisir
[9tnc€sdeni alternatives; entre ces deux
iniiûes il n'jr a plus de terme moyen. Si
[Ab/, tel que nous le connaissons, tel que
Ontoire et ses propres écrits le révèlent,
^ttétre victime d'illusions aussi gros-
ii^ slofs il n'y a plus de garanties de
f^^iiéf toute certitude disparaît. L'A-
^//?de$ gentils nous parait un problème
^f/ahk et sans analogie dans l'histoire de
^rit iiomain.
>3loQs fioiirrions nous en tenir aux ré^
li^ios qui précèdent ; il nous semble que
' bien assez d'arguments pour tout
litit Tfffa C/oKifti, xxv; YUa Neronii, xvis
tx:»} Awialef , xv. U.
MU' E^lêtûia ad Trajanum^ lib. x, 97.
>U5; In des bisioriens les plus sceptiques, Spil-
Na rreonntt la codeur de la révolution opérée
I» le monde |»ar riutrodnciion du chrislianisme :
fUftM^B^apaseooiNPe suhide révolmioo pareille
homme libre de préjugés, et que dominé
l'dmoui^ sincère de Id vérité ; mais, avant de
quitter ce sujet, nous voulons faire une der-
nière hypothèse^ pour achever de dissipei*
les moindres doutes qui pourraient planer
encot^e dans l'esprit de nos lecteurs.
« Nous supposons pour un instant que le
canon ne subsiste pas , nous n'avons ni les
Evangiles, ni les Actes, ni même les Ept^
très. 11 ne nous reste absolument aucun mo-
nument écrit de cette histoire merteilleuse
de Jésus , qu'on veut nous faire prehdre pour
mythique; nous supposons même que Paul
lirait pas plus existé que fés lettres qiril adres-
sait à Ses Eglises chériesi Eh bien I même dans
ce cas extrême^ un fait imposant, un fait so-
lennel, V établissement de VEglise, suffirait
{>our combattre l'hypothèse de Strauss , et
a réduire à néant.
« Une Eglise s'est fondée, il y a plus de
dix-huit siècles , ce fait nous est attesté par
des historiens profanes; c'e3t Suétone (24.2),
c'est Tacite (243), c'est Pline le jeune (244]jqui
le confirment, nous le voyons nous-i-memes
sous nos yeux. Le fondateur de cette Eglise
est un Juif, un enfant de cette nation qu'on
méprise en dehors comme superstitieuse et
grossière : c'est un Juif cruciQé « puni du
plus infamant supplice ; il est sorti d ailleurs
des derniers rangs de la société > c'est le ûls
a'nn artisan modeste. La religion qu'il a
préchée s'établit non^^seulémeut en Palestine,
en dépit des persécutions les plus rigou-^
reuses ; mais elle franchit les limites de cet
obscur pays; elle envahit la capitale du
monde connu , la Rome des Césars , ce foyei*
de civilisation raffinée , ce centre éclatant de
toutes les lumières , de tous les talents de
Tépoque; non-seulement elle l'envahit^ mais
encore elle v établit son empire , elle dé-
trône le culte des faux dieux f elle résiste
aux attaques acharnées des prêtres et des
Chilosophes ses ennemis: elle soumet les
arbares eux- mêmes à ses lois; elle régé-
nère le monde entier* et le reconstruit sur
un plan nouveau. La société se transformé
I)ar elle» elle crée un droit nouveau, des
ois nouvelles i des lûœurs nouvelles; des
sages cherchent en vain à la détruire , elle
résiste à tous leurs efforts, et bravant les
révolutions qui menacent de la renverser,
elle survit à elles toutes, elle renaît après
mille orales, plus grande et plus puissante
que jamais. Tous les yeux se tournent vers
elle« c'est à elle seule que l'avenir est pro-^
mis I
L « Et l'on voudrait que ce fût un simple
homme qui par la seule force de son génie
ait su accomplir cette œuvre merveilleuse
(245) I On fait de l'artisan obscur de la Pa*
lestine , cette contrée ignorante des lettres,
des arts I de toute philosophie, un sage plus
à celle qui s'actomplît dans Tespace de quelques an-
nées, il y a plus de dis-huit siècles, p.lr un Juif nom-
mé Jésus, révolution i peine remarquée dans ses
débuts, et si étonnante dans ses conséquences. #
(Grundriis der GeêMeiKlêdêr chrUtHcken Kireht
tom. 1, p. 26.)
«71
BIYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
2-iî
grand que Socrale, Platon, Zoroaslre, Con-
fuciiis? Non, une telle supposition n'est pas
possible. Il n y a que Jésus, Fils de Dieu,
auteur des miracles, ressuscité des morts et
reçu dans le ciel à la droite de son Père cé-
leste, qui puisse expliquer la naissance,
rétablissement et le succès de l'Eglise chré-
tienne. Botranchez de la tête du Christ toute
cette auréole merreilleuse qui Tentoure,
vous arez une énigme dont il est impossible
de trouver le secret. On nous objectera peut-
être l'exemple de Mahomet... Mais Mahomet
a vaincu par le glaive, et Jésus n'a eu pour
tout instrument de ses triomphes que quel-
ques femmes tremblantes, quelques péii-
Ï;er8 obscurs, quelques pécheurs sans crédit
246). »
§V.
Formâlion de» premières communautés chréUennes: ■—
Caraclére des évangélistes. — Applicâiion des passa-
ges de l*Ancieii TeiKament aux temps messiauiqutfs.
« On ne peut assigner à une œuvre aussi
grande que le christianisme un commence*
ment petit ei indigne d'elle ; le cèdre, destiné
à surpasser tous Tes autres arbres, ne peut
venir de la graine de Thumble noisetier. La
religion mosaïque avaii une autorité divine^
et chaque juif avait la ferme conviction quHl
était un membre du peuple choisi de Dieuj et
qxie les destinées d^ Israël^ depuis les patriar-
ches jusqu'au Christ^ étaient placées sous la
conduite toute spéciale de la Divinité. Com-
ment dans ces oirconslances eût-il pu se
trouver un seul juif qui s'attachAt au fonda-
teur d'une nouvelle doctrine, sans s'être
préalablement convaincu que cette nouvelle
doctrine devait également son origine â là
révélation dit'the , en un mot, aue celui qui
était venu était bien réellement le Messie at*
tendu depuis longtemps et annoncé par les
prophéties? Or, pour acquérir cette convie*
(ion, chaque juif n'a-t-il pas dû d'abord
examiner si la doctrine et les œuvres de Jé-
sus étaient en harmonie avec la dignité du
Messie ?
« Les Actes des apôtres {n^ l-i7) nous mon-
trent la première communauté se formant
avec la coopération divine , selon la pro-^
messe de Jésus. Au v. ^1 il est dit : « Ceux
« donc qui reçurent la parole de Jésus, se
tf firent baptiser, et il y eut en ce jour environ
« trois mille dmes qui se joignirent (aux dis*
« pies.) V Dans ce chapitre, une vérité con-
lirme 1 autre : pour que la première commu*
nauté chrétienne se format non-seulement
dans le judaïsme, mais au milieu de Jéru-*
salem et malgré l'opposition puissante du
pbarisaïsme, il était nécessaire que sa pre-
mière racine y fût plantée tout d un coup et
si profondément, qu'il n'y eût plus moyen de
l'arracher. Mais aussi, pour que trois mille
personnes se fissent baptiser et embrassas^
sent la foi chrétiennCf malgré le courroux
et les anathèmes des pharisiens, il était né*
cessaire que tout ce que les évangiles ra-
content de Jésus fût précédemment arrivé.
Ici aussi le motif de foi le plus puissant i*s(
le Christ crucifié et ressuscité^ comme il est
dit, III, 15 : a Vous avez fait mourir l'auteur
« de la vie ; mais Dieu l'a ressuscité d'entre
« les morts, et c'est de quoi nous (les apô-
a très) sommes témoins. » Les meilleurs
d*entre les juifs résistaient encore à la doc-
trine du Christ et à ses miracles, qui ne fai*
saient qu'une impression passagère sur un
peuple tout adonné aux sens; mais le fait
incontesté de la résurrection du Christ crttafé
les poussait à la foi avec tant de force, qoils
sacrifiaient leur vie et leur liberté pour iV
mour du Christ, et la lumière éclatante que
ce fait avait jetée dans leur esprit rejaillissait
sur tout ce qu'ils avaient vu et entendu pré-
cédemment de ce même Jésus. Ici les faits
se confirment réci[)roquement : la. résurrec-
tion de Jésus était certaine, la formation
des Eglises et l'extension de sa doctrine en
étaient la suite nécessaire; et de même en
renversant la proposition : s'il est certain
que nous possédons maintenant la religion
chrétienne* qui doit son origine h la foi
persérérante des apôtres et des premières
JSglises, il est également certain c)ue Jésus
est ressuscité. L un ne peut s'expliquer que
par l'aolrei et pour mettre en doute «ette
connexion historique, il ne faut apercevoir
que la surface de la vie et du cœur de Tboni-
me. Tous les doutes spéculatifs, de quelque
nature qu'ils soient, se taisent devant le lan-
gage éclatant des faits et la ?oix puissante et
victorieuse de la vérité*
« Comment un mythe serai t-i! possible
dans cette circonstance ? D'où les juifs au-
raient-ils tiré le mythe de Ja résurrection,
eux dont toute l'histoire n'offre pas un seul
fait analogue ? Où trouver ici le temps né-
cessaire pour que la longue chaîne de \ê ira^
dition puisse se former, et altérer le fait par
l'adjonction des légendes populaires? Six
semaines écoulées depuis la mort de Jésus
suffisent-elles donc pour frapper d'aveugle-
ment les témoins oculaires et auriculaires, k
tel point qu'ils ne voient plus la lumière du
jour et aillent ajouter foi aux rêves aébuleux
de quelques imaginations en délire? Ad-
mettre ici un mytlie, c'est se mociuer de Ja
révélation divine^ et renier de la marière la
plus impudente ï esprit qui a donné h la
première Eglise chrétienne sa consécratiou
et son gage de durée éternelle. Maïs àq
même que dans tous les temps les adora-
teurs du Christ s'elTorcent de prendre part
à cette première consécration de TEsprit-
Saint, de même aussi depuis celui qui a
renié le premier l'Esprit-Saint, ou voit Tis-
cariotisme se propager à travers tous les
âges, et relever la tête avec une force nou-
velle dans les raffinements de la science et
de la critique moderne.
« Depuis le commencement jusqu*à la fin,
les récits des évangélistes se composent
d'une série d'éJrénements extraordinaires
et d'actions surprenantes attribuées à Jésus*
(216) Examen critique du système de Strauss, par E. Hussard, Biinistre protestant à Genève (1839).
«
MTT
DICTIONNAIU: APOLOGETIQUE.
MYT
Î7i
et rhisloneo oe se lasse jamais de nous
fféscsler des scènee de plus en plus mer-
ftdiemses. L'homme porté par j*orainîsa-
Bîucîoii de sa raison a toujours recnercher
W rapport de reflet i la cause» et habitué à
D«sarer tontes les forces d*après une loi »
foii id tontes ses peines inutiles. Et cepen-
cunt ee rédt n'a point pris naissance dans
rfir-imne terre des prodiges, aux temps
bbaleax de la mjrtholi^e. Cest dans les
teiDps dassiqoea des Romains t après les
époques de la plus hante culture des Grecs^
WioqadleaTail eu le temps de se répandre
jaS'jQftAn les peuples les plus éloignés ,
c'est «■ ailieu aun pajs où s'étaient con-
servés les plus anciens monuments du culte
itirn le fta% par, de la lé^slation et de la
orilisalinQ , que se produit ce phénomène
eitrin^liiiaîre*
c Les éTangélistes ne sont point des his*
loriess eieroes, dont l'imagination place
lins riflie de leur héros les projets les plus
e^és, et qui saisissent le c6te brillant et
ijèd <ks érénements, ainsi que l'enchaîne-
ami aaltipie de tontes les causes qui agis-
9eQt naltuiémenL lis ra<;ontent ce quMIs
ont fil ci entendu, ou au moins ce qu'ils
c«fti|fm des témoins immédiats, et cela
(l'one ttuîirt si simple et si dépourvue
d*artîte, qaelle confond le scepticisme
bi$lorn|ve et te réduit au silence.
' QatreoqBêest bien pénétré de l'idée du
thnsdnhm^ soutiendra que ces person*
aa^es oai réellement existé , enseigné et
aTnCtqoVn particulier le héros autour du-
quel «epoope toute l'histoire ne brille pas
d'oae huaiire empruntée à l'imagination de
«^^JoraiearSy mais qu'il a bien réellement
f^mpé cC opéré ce que lui attribuent les
ttia^es. Il reconnaîtra également que
Ir-ol le lassé de l'histoire juive ne peut
/n.'aier ailleors que dans Papparilion do
iéiaisss relations les plus profondes et les
fjos secrètes , et que le point culminant de
iaifioire religieuse suppose nécessairemeni
u pareil point de départ.
«liais telle n'est point la doctrine de
Sftoss. Son héros n est autre chose qu un
snad personnage que les évangélisles ont
€MiTen d*iuie auréole de traditions légen-
^cre». Quel tissu de contradictions I Les
ft'-V!«rs da premier et du quatrième évan-
s!e srmt-ils des disciples de Jésus, oui ou
^4? S'ils le sont» ce ne sont alors que des
'•^teurs, puisqu'ils lui attribuent des
^^Jies et des actions qui ne sont pas
vnm. £t, dans ce cas, ce n'est pas b tradi-
Uufl «/n ment, ce sont \es témoins oculaires.
S les auteurs de ces évangiles ne sont point
>i disciples, il faut alors que la |iarabolc
;ibon fiasteur et les dernières paroles «jue
^ quatrième évangile nous a conservées
'"•^oent d'un homme plus j;rand que Jésus,
'tr elles contiennent I espnt le plus profond
-1 christianisme. Pourquoi donc cet homme
'tu est'il resté inconnu? Mais cet homme
-iHDéme n'est qu'un im|K)stcur, car dâ
"^viblables paroles ne peuvent avoir été
• ueillies dans les traditions populairc:>.
Nous nous trouvons ainsi placés avec les
évangiles, non-seulement dans un monde
de mythes, mais dans le royaume' de l'im-
posture. Certes, le père du mensonse a bien
le droit de laisser tomber de ses lèvres un
sourire de joie ironique* puisqu'il a réussi
k faire de l'Evangile un assemblage de
mythes* et à traduire de nouveau Jésus de-
vant Caîphe, jtour y entendre iK>rter un faux
témoignage contre lui.
« La main du disciple Jean se révèle de
diverses manières dans le quatrième évan-
gile-
« Jean, i, li : El le Verbe a été fait chair^
et il a habité parmi nous , et nous avons vu
sa gloire.
• Cliap. XIX, 27 : Puis il dit au disciple :
Voilà votre mère; et depuis cette heure-là le
disciple la prit chez lui.
« Chap. XIX, 33 : Celui qui Fa vu en rend
témoignoact et son témoignage est véritable et
il sait quil dit vrai^ afin que vous le croyiez
aussi.
«( Chap. XXI, 2V : Cest ce même disciple (le
disciple qui ne meurt |X)inl) qui rend témoin
gnage de ces choses et qui a écrit ceci. Et nous
savons que son témoignage est véritable.
« Ces passages ne peuvent se rapporter
qu'à Jean, comme auteur et en même iem\fs
comme témoin oculaire. Or si le quatrième
évangéliste n'est pas Jean, c'est déjà un
imposteur, par là même qu^il se donne pour
lui. Il ne peut donc pas être question de
léçendes par rapport au quatrième évan-
gile, mais seulement de mensonges. Main-
tenant , si le monde avait à choisir entre
regarder le quatrième évangéliste comme
un menteur, ou le livre dont nous nous oc-
cupons et qui Taccuse d'imf>osture, comme
une œuvre souverainement inutile et déplo-
rable, nous ne doutons pas un instant du
résultat de son choix.
c Selon Strauss, l'exposition et Torne-
mentation du style dans les évangiles tra-
hissent la manière mythique. Certes , per-
sonne n'avait fait cette découverte avant lui.
Selon nous, ils ressemblent bien plutôt à la
chronique la plus simple dont l'auteur ra-
conte ce qu'il a vu et entendu sans orne-
ments et sans donner son jugement |)arti«
culier.
c En examinant les évangélistes saint
Marc et saint Luc , on n'y découvrira pas
plus de traces de légendes que chez les évan-
gélistes disciples. Marc et Luc, aussi bien
que les disciples, sont conteniiH)rains de
Tactivité publique de Jésus, et il leur était
facile de se mettre en rapport à chaque ins-
tant avec les témoins oculaires et de s'ap-
proprier ce qu'ils en apprenaient.
c Nous devons cej)cndant convenir qu'il
existe une différence entre les documents
qui regardent la naissance et l'enfance ce
Jésus , et ceux de sa vie publique. L'intro-
duction des mythes est d autant plus inad-
missible, que les narrateurs sont plus rap-
prochés de la source à laquelle ils puisent.
Les circonstances de la»naissance et de Ten-
fante de Jé^us, que les cvangélislo no':s
875
vrr
MCTIOXNâIRE APOLOGETIQUE.
MYT
^76
racoctenty $6 trouvent ^atu^el^em^^t anté-
rieures dp trente années à sa vie publique;
maïs cp temps est encore bien loin de sufQre
pour jpler sur les événements le voile d'une
obscyrité complète, et pour Oter aux évan-
gélistes Matthieu et Luc, qui nous ont tr^ns-
luis les détails les plus circonstanciés, la
possibilité de prendre des informations aur
i»rès des témoins oculaires encore vivants.
la effet, quoique le berceau d*un enfant 3oit
entouré de prodiges multiples , on peut
concevoir cependant que le souvenir s*en
efface dans la e^nération suivante ; mais il
se réveillerai de nou\e^u si cet enfant, de-
venu homme, acquiert une grande célébrité
pt provoque ainsi la génération nouvelle à
prendre des informations près de celle qui
l'a précédée. Il faut sans doute une grande
circonspection pour distinguer le vrai du
faux» )e certain de l'incertain, ce qui est lé-
gendaire de ce qui est historique; mais, après
tout, celle tâche n'excède pas les forces d'un
esprit impartial. Nos critiques savent-ils
donc de science certaine que les évangé-
listes n'ont pris aucune information de ce
t$enre, et qu'il$ se sont contentés dç nous
jaconler des l^genc|es et des bruits popu-
laires? Strauss porte ipi jusq^à soixante
{ins le temps que les légendes ont eu pour
se former, ce qui est complètement lau^*
Car autre chose est le temps eu les rensêir
p;nements ont pu se prendre et les docu-
ments se recueillir, ce qui a pu arriver ici
^u bout dé trente aps, et le temps auquel le
(ruit des recherche^ est parvenu à l£^ con-
pflissftnce du public, gi l'on s'étepdait da-
vantÂg;e sur cette question, il est certain
fiue le poids des arguments ferait pencher
a balance du côté de ceux qui admettent
^es renseignements antérieurs pris par les
disciples, à une époque où il était facile^de
distinguer les légendes de la vérité.
« Mais il en est tout autrement lorsque 1^
personne du Christ, arrivée à toute sa ;orce,
parait sur le théâtre de la vie publique,
enseignant et agissant. Là les faits se con-
servent dans la mémoire dans toute leur
fraîcheur, et la véracité des qisciples que
nous pouvons sup|)Ose^ sans difllculté ne
I)ermet pas d'admettre qu'ils aient dénaturé
es faits Les évangélistes sont dos hommes
dont le caractère [garantit le témoignage.
Que IVmée des critiques et des sceptiques
se mette en campagne , qu'ils ailieiit dans
Tarsenal de la science chercher leurs armes
les mieux trempées, elles seront 'impuis-
santes contre la vérité du Verbe, fixée main-
tenant pçr l'Ecriture, et il leur arrivera
comme aux ouvriers qui ont rejeté la pierre
qui est devenue la pierre angulaire : Celui
gui tombera sur cette pierre s'y brisera ; çt
elleécraseracelui^urqui elle tombera. [Matth,
« Le roc solide sur lequel l'Ëvangile est
bâti ne ()eut être entamé par le marteau
de U cfilique ; toutes les armes s'émousseut
contre Iqi, et les critiques peuvent se coui-
parer au petit anim*Si de ta fable qui s'élaU
écorché eu cherchant à ronger une lime, et
suçait son propre sang avec la plus grande
satisfaction.
« Ne se lassera-t^on point à la fin de sus^
pecter toutes les sources f de dénaturer le ca^
ractêre des évangélistes t de se moquer de4
promesses de Jésus et de renier VEsprit-Saint?
Les apôtres sont des témoins remplis du
Saint-Esprit, et Jeap en particulier, qui ne
quitta pas Jésus un seul instant jusqu'à sa
mort, et pénétra dans son esprit plus pro-
fondément que les autres, semble avoir Aé
appelé ^ compléter ce que les synontiqaes
n ont point traité. Soupçonner cet homme
de Dieu de falsification , c'est pécher contre
l'Esprit-Saint, L^ critique moderne devait
arriver jusqu'à cet abîme; elle a attciat
maintenant (es dernière3 limites du négatii;
dans lesquelles la religion chrétienne dii-
parait complètement. Or là où cesse la re-
ligion , là commence le désespoir, comoio
nous Tavons^vu chez Judas Ischariote. Votre
cri est : Liberté de l'esprit; vous voulez
qu'il prenne son essor dans toutes les di-
rections, soit en politique, soit en histoire,
soit en religion ; je n'ai rien à dire h enla^
mais je sais que celui qui a perdu le res^
pect pour ce qui est saint peut servir lo
monde, mais est inutile à Dieu , et je sai3
encore plus certainement que quiconque
nie le Fils , n'a pas non plus le Père |K>cr
lui. (IJoan. Il, 23.)
tf Le judaïsme sort du cercle ordinaire de
la vie des peuples et forme une uatiou com-
plètement à part dans ses mçeurs, s^ cousU^
tutioH et Sj| religion.
« D*où vient cette religion pure ap milieu
des diverses idolâtries païennes? d'où, vient
cette législation au milieu de royaumes des?
potiques? d'où viept cette admir^blç réunion
du prêtre, du législateur et du ch*if militaire
dans un temps od l'histoire des autres /^en^
pies n'ia encore que des fables à nous />n5T
scnter? comment est-il possible que la plus
pure de toutes les formes de gquvernement,
le véritable théocratisme, (lit ^i^ inventée à
cette époque? caria sortie d'Egypte remouu
à huit cents aps au delà de la première olym-r
piade et de la fondation de Rome ? D'où vien-
nent donc toutes ces choses à une époque
où il ne pouvait être question d'aucun dé-
veloppement rationnel dans les idées d*un
ordre élevé ? Ce peuple ne pofie-t-il pas stir
son front le sceau de la révélation ? le Dieu
fin, éternel^ vivant^ qui se révèle lui^mimt^
possède seul la vérité, et à c«(use de cela suq
culte ne devait point disparaître du monde.
11 fallait donc qu'un peuple fût choisi poui*
garder dans son sein )e véritable cuite de
Dieu. Cependant le judaïsme n'est nulle pari
\o but et 1^ fin, il n'est que le moyen d*ar>i-
ver à up but plus élevé. Il portait en lui la
ffromesseque toutes les nations trouveraient
cur salut dans la postérité d'Abraham et de
David, et cette promesse était étroitement
liée à celle du Messie, qui devai t toul accotn -
fdir. C'est pourquoi nous voyons sans cesse
es prophètes designer un personnage c^ui
doit venir et en vue duquel tout le reste
*doit précéder. L41 semence seulement est dé-
n
MTT
DiCTIONNAIRR APOLOGETIQUE
MIT
S7S
joséedans le judaïsme, mais le fruiL est le
JfosiV qui appartient à i^humaDilé tout en-
itnt. Ce If essie a paru en Jésus-Christ, et
Ha accompli toutes las prophéties qui ren-
>2jient témoigiidge de lui. Le Christ dit : Ke
prMsezpas que je sois tenu détruire la loi et
la propkèies : je ne suis pas tenu détruire^
mets wcfmpUr. (Mattk. t. 17.) — Car je vous
Uéisem tériié^ le ciel et la terre ne passeront
foinl, me UnU ce qui est dans la loi ne soit
û€t»mpli jusqu'à un iota etjusquau moindre
fnic. (IM., 18.) Quelle preuve plus puis-
sante ponvait-il j avoir d£ la venue du Mes-
^e, qse raccomplissement en lui de toutes
!es prophéties? Aussi voTons-nous souvent,
BOfrscîdcment les disciples, mais le Christ
hii-«tee» faire allusion i ces prophéties,
aâa de tdre naître dans la Judée la foi au
Messie veflQ« foi nécessaire au salut de ce
pivs.
c Beoaloos maintenant Strauss. Il interver-
tit k question d^une manière inconcevable,
d raisoone ainsi : « II n*est pas vrai que les
pro|Mlîes se soient accomplies dans Tindi*
fîdfl appelé Jésus, mais ses sectateurs ont
doBoé naissance h des légendes sur son
eMDpte, et se sont servis après coup de ces
^aTnp» deFAncien Testament pour en com-
poser une aaiéble de gloire qu'ils ont placéa
svr la tèie de kor maître, m On ose à peine
s cfl fier à ses jeax lorsqu'on voit employer
iûasser nUstoire du Messie prAcisiément
Jes ônonMates qui jettent sur sa personne
la loaiîcffv là plus vive. Ces passages n*é-
uîntéoBc pas, selon Strauss,des prophéties,
mais sealenept des idées fantastiques, pro-
doit accidentel des jeux de Timagination,
ihotkstjie poétione et élevé favorisait Tap-r
js'katioa que ses disciples firent à leur mat-
Ut mr embellir son {listoire. Quelle dé«
psditioQ du caractère de ces hommes rem*
piisde la crainte de Dieu 1 La richesse de
ndsiofre juive est convertie en pauvreté, et
fasoite des rérélationsdont elle est remplie
setroove ainsi ray^e.d*un seul trait. Quelle
■ est pas ral>erration de ce peuple qui, sous
^ eofiduite de s^ destinées et d'hommes pé^-
titrés de rSprit de Dieu, vit dans l'attente
foA Messie sortant de son seiq, et n*enfante
à ta place gu'un héros (ils des légendes I
i-smsa-t-il bien réelicmont été crucifié à Jé-
rusalem ? quel a donc été son crin^e? Strauss
^'ègae ses idées de nature à bouleverser le
*^e. Hais sa dcx^trine et ses {laroles sont-
e'«s donc révolutionnaires ? Elles ne font
^'c«vrir le cœur, le purifier des éléments
ouatiis, 7 répandre la bonne semence, et
li «oaduire à Dieu ; mais elles ne boulever-
**vi point le monde. £t d'ailleurs quelle part
«oit revenir è Jésus dans ces paroles, puis-
fsft selon Strauss, le quatrième évangéliste
« tant ajouté de ses propres doctrines ? Pi-
•ite ne trouve en lui aucun crime et lenvoie
i Hérode ; Hérode ne le juge pas non plus
«t lerenroie à Pilate; alors tout le peuple
^ écrie : Crucifiez-le! crucifiez-le ! queson sanq
f'Tt^UÊte sur nous et surnos enfants. Qua-t-il
donc fait, puis(|ue ses juges ne trouvent rien
en lui qui mérite la mort, et que cependant
'le peuple en tumulte demande sà tète ! H
était le Christ 9 et cUtait là son crime. Nous
trouvonsia solution de cette question (Matth.
xxin, 3i, 35) : Cest pourquoi je vais vous
envofer des sages^ des prophètes et des doc^
teurs^ et vous tuerez les uns, vous rmct-
fierez les autres ; vous en fouetterez d'autres
dans vos synagoges , et vous les persécuto*
rez de ville en ville^ afin que tout le sang
tnftoceiU qui a été répand sur la terre re^
tombe sur vous^ depuis le sang dAbel le
juste Jusqu^au sang de Zacharie^ fils de Ba^
rachte^ que vous avez tué entre te temple et
r autel. — Vers. 37 : Jérusalem! Jérusalem!
qui tues les prophètes et lapides ceux qui te
sont envoyés^ combien de fois oi-je voulu ras-
sembler tes enfants f comme une poule ras-
semble ses petits sous ses ailes^ et tu ne Cas
{}as voulu. — Aet. des ap.^ vu, 52 : Quel est
e prophète que vos pères n'aient point per*
sécuté? ils ont fait mourir ceux qui prédi-
saient favénement du Juste^ aue vous venez
de livrer et dont vous avez été tes meurtriers.
« Strauss taxe les évangélistes de partialité
dans le portrait qu'ils font de Jésus : voyons
donc les témoignages du peuple et des pha-
risiens, qui sont consienés dans les Evangiles
d'une manière si aimpie qu'elle exelut toute
arrière-pensée,
« U est souvent dit : « Les pharisiens n'o*
saient mettre la main sur Im, parce que le
peuple le suivait et le regardait comme un
Erophète è cause des actions qu'il faisait. »
es pharisiens disaient : // chasse les dé-
mons par Béelzébud leur prince. Ils cher*
chaient à s'emparer de lui, parce qu'il gué*
rissait le jour du sabt)at. Les pharisiens ne
niaient donc pas ses actions, et se conten-
taient de blAmer la manière dont il les fai-
sait. Quelques-uns d'entre le peupledisaienl:
Le Christ f quand il viendra^ pourra-tnl bieu
faire plus de miracles que cet homme ? Le con*
seil des grands prêtres et des pharisiens s'ex-
primait ainsi : Que ferons-nous? cet homme
fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons^
tous croiront en lui. Et les Romains vien^
dront et prendront notre pays et ses habitants.
Et Caïphe dit : // vaut mieux quun homme
meurt que tout le peuple. Le grand prêtre lui
dit : Je vous ordonne de la part du Dieu vi-
vant de nous dire si vous êtes le Christ^ le
Fils de Dieu.
f II faut bien que nous croyions à ces té-
moignages, car autrement nous ne pouvons
motiver sa i^ranJe célébrité, son accusation
et son crucitiement. Hais si ces témoignages
sont véritables, il s'ensuit çpie ce n'est point
par des idées révolutionnaires qui, du reste,
sont sansinfluepce quand elles ne sont point
accompagnées d'actions, mais parson activité
surhumaine, que Jésus a acquis une célébrité
assez grande ^«our ébranler l'esprit du grand
piètre, à tel point que celui-ci vint lui de-
mander s'il n était pas le Christs le Fils de
Dieu {2i7) . •
"tkJ) i/Jicerictitme de noire époque pour sertir d'appendice a Couvrage publié récemment et qut a pour
«7d
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
280
S VI.
{.^Orient an lempi de la prédication de rEfangile.— Rt-
cfaûses iDielleclaeUes du momie anc|fa ; sesdîsposi-
tioiis à réard da chrisUaiMsme. — L'A«ie oocidentâlB
«a siècle d^Aogiute.
Un des auteurs de VEncyclopédie noutelle
disait, il y a quelques années, aui phiioso-
pffes du XTiii* siècle : « Pour expliquer mo-
destement une si grande anomalie entre
vous et vos devanciers, direz-vous que tous
avez paru dans un siècle de lumières ,
et que les fondateurs du christianisme
paquirent au milieu des ténèbres? Quoi!
je christianisme précédé par les écoles
grecques, précédé par Platon et par Âris-
tOte, PRÉCÊDB PAR L*ESPR1T DE DOtTE QVÎ
AVAIT DÉTRUrr LE P0LYTHÉ|S1|E, IC ChnStia*
pismct venant triompher d*Epicure et de
Tacadémie sceptique, a paru dans un temps
de ténèbres ? Alexandrie, Rome, Athènes,
)e séjour de Tignoranceet des ténèbres |....
£hl ce sont ces ténèbres mêmes qui vous
ont en partie éclairés. N*est-<;e pas la Grèce
et Home qui ont engendré, vers le %y* siè-
cle, cette renaissance d'où vous êtes sortis
vous-mêmes, qui avez renversé le chrîsiia-
liisme? Quels monuments d*une plus forte
et d'une plus haute raison avez vous pro-
duits qui effacent les monuments de Vart
Çrec et de )a philosophie grecque? les scien-
ces oi\t été perfectionnées de votre temps ,
mais il faut convenir que les anciens les
avaient d^à fort avancées ; de quelle dé-
couverte ne trouve -t^on pas chez eux le
iserme et le pre^entiment?
« Le christianisme est né au milieu de
toutes les lumières concentrées de l'Orient,
Ue la Grèce et de Rome , et il a d'abord
vaincu toutes ces lumières, ou plutôt il
$'est servi de toutes ces lumières pour vain-
cre. Examinez ce que furent les premiers
Pères avant d'être chrétiens, ils avaient été
philosophes^. Cje sont des disciples de Platon
ist des écoliers de Cicéron qui ont propagé
la doctrine dq Christ (2M). >
Et c^st dans une pareille époque qu'on a
Ima^né de placer ce qu'on appelle la for-
ination de la mythologie chrétienne (2^9) 1
Au temps où fiarurepl les premiers pré-
dicateurs du christianisme, ce qui domine
dans (es esprits, c'es( le sarcasme et l'ironie,
le dédain du mond0 invisible, la passion
effrénée du plaisir, le mépris du genre
humain poussé jusqu^à ses dernières exa-*
gérations (250). C*est dans une pareille
situation des opinions qu*oi\ est venu pro-
poser au monde ré(range mystère de la.
iiire : (.a y\e de Jésos, par Strauss, par G. A. Es-
cHK.fMAYpR, prafeêscur à Tubingue (1855).
(248) Pierre Leroux, Encyclopédie nouvelte, art.
Çhriêtianisme,
(ii9) c Que f^i^ail donc alors la science de TAsie-
Mii»et|re, de la Grèce et de TËgypic , et comment
ll'4-l-e)ie. pas reconnu , environ dix liuit cents ans
afiut le docteur Stmuss, que ces légendes fabuleu-
ses u*étaient que des fabh^? Cet argument, pour
quiconque connaît Teftpril de la science de a^Ue épo-
que, est d'une foTce extrême, i (A. Goqurrel.)
(230) Cf. VwxKi DE luAUPAG>v, Les C'6«rj;— Ât.-
crèche et de la croix. C'est aux épicuriens
(251), successeurs d'Horace, que les prédica-
teurs apostoliques venaient annoncer la frar
temité universelle, la mortification des sens,
l'immolation do l'esprit et du cœur. On ny
veut donc pas songer , l'ami de Mécène venait
de mourir et Lucien allait bientAt paraître!
Cependant nos adversaires croient nou voir
sortir de ces inextricables difficultés. Nous
accordons-, disent-ils, que tel était Pétat de
l'Occident quand on y prêcha I*Evaneile;
mais ce n*est pas dans le palais de Séneque
ou dans les jardins de Néron que le christia-
nisme est né; c'est au sein de rOrieni
mystique et visionnaire, au milieu de peu-
ples encore enfants et faciles h\ séduire,
qu^l a planté sa croix. Lucien n'était pas
è Jérusalem ou à Samarie pour y flageller de
ses amères épigrammes les rêveries de quel-
ques bateliers çaliléens (252).
Telle est l'objection sur laauelle on insiste
avec complaisance ; mais au il est facile de la
résoudre, en examinant les faits avec plus
d'attention I L*Orientdo ce temps-là ne res-
semblait en rien aux sociétés immobi/es et
dégradées de la Haute-Âsie et de TAsie mé-
ridionale. Les soldats d'Alexandre et de
Rome avaient porté dans toute la région oc-
cidentale de cette partie du monde leur
scien<-e et leur littérature. Paul était riiojen
romain, civis Romanus sum ego. Il citail aux
Athéniens leurs savants et leurs poètes. Il y
ayait à Jérusalem, même sous les yeux du
Christ et des apôtres, des épicuriens décla-
rés, qui essayaient de combattre par des sar-
casmes ce qu'on leur disait de la résurrec-
tion (253). La domination intellectuelle do
Rome, comme cela arrive toujours, s^éitii
étendue avec l'empire de ses armes. Pour-
rait-on dire que les vaincus d'Àuslerlitz,
d'iéna et de Wagram ignorassent les idées
religieuses des soldats de Napoiéod î Ifar^,
quand même il n'en serait pas ainsi ,
quand même on voudrait, par uqe fiction in-
soutenable, comparer l'Asie gréco-romamc
aux sociétés immobiles de l'Asie orientalis
on n'aurait pas beaucoup gagné. En effet, co
n'est pas à Babylone, ce n'est pas en Perse,
ce n'est pas en Arabie que l'Eglise primitive
fait les plus grands progrès ; elle va poser
audacieusement sa tente dans les cités les
plus savantes, les plus sceptiques, les plus
remuantes, les plus eançrenécs du monde
romain* C'est à Antioche, a Ephèse, à Alexan-
drie, à Athènes, à Corinthe, à Rome entlu
qu'elle va planter aux yeux des philosophes
cette croix de bois qui devait changer et pu-
zoG, Histoire de CEifliêe^ I ;— LÉi,4ifD, Démonstration
évangélique; — Dtellinger, Origines du chrisliantMVur;
— RoHRBACUER, Histoire nniverseUede C Eglise catho^
tique t IV.
(25i) Cf. sur les doctrines des é))îcurii>ns de c< lie
époque un intéressant article «le M. Félix Ro»ioi},
dans les Annales de vhitosovhie chrétienne , mars
iS5i.
(^52) La Liberté de penser triomphe 4c ctrtte diOi-
cuiié.
(253) Cf. Luc, XX, et / Cor. xv.
^fhumi
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MTT
2Si
t-« tSMÎ^-ElailH^elà éviter la lumière?
Nl»tatioDL;L^^*men? Etait-ce chercher les
m mùf^^^^^ etcrédules (254)? Est-ce
l«*«î'y '^^ légendes ? N'avons.
if4^T^**Qedire avecJ.-J. Kousseaut
« ^^ !kÎ *** ^^ *** SOCRATE, DONT PIR-
Wï «tu» ** ^^^'"^ MOINS ATTESTAS QU«
mic tiîu** ^* Jâsos? Chbwt. »
ffiwr"^» avant de qu-itler la Judée,
•™*^«^^^ surmontât
r^®^ «WEculiés, « Le christianisme,
*""^W M. Coquerel, mt sobti iMifé-
^^^JJ* W iLDÉB, et s'est avancé triora-
1SL A?i P«"Ples païens. Or, la Pa-
""■jg gttu a celte etK)Que comme environ»
pecwsagqcepaipm,^^ elle en rencontrait
[^Wtfnries frontières; d'un côté, la Ju-
SLUtui^A^^^^* en Egypte, la célèbre
wieii A/ciandne, avec ses gymnases, ses
'les. «toeuse bibliothèque; Alexandrie,
remp/ie de Juifs, et dont les relations
^^^^f^Oi éiaieoi si fréquentes que
etUedemère ville il se trouvait une
-™S^ ^/exaiidrins ; Alexandrie *
^fXi\ » docte connaissaient la mission
ieiWttUwD te précurseur, et où l'on élur
ifoi/ alOTS piqs qu'il :Athènes (255). Vers
/ï)a«tvVtelB<lfe v^ojreit l'Arabie, où une
riftrûedeliiQettce de la Grèce s'était réfu*
UéeVÎiiitl^''^*^^^^*'^ et de l'oppression
al E€Bt^««î^^.?**^» la Judée avait à ses
!nnries^^^^^ ^sîe Mineure, presque
r^.^ des fûî*^ ^^ science ; Pergarae ,
\''* . i«iriiûûÎH^^AxV^«^^d« c^"e d'Alexan.
il*>tt^**?SS!sû>^\^\^opâlre, d> être trans^
^V!^lu^^0^ o>a^^mi Paul avait reçu Ten-
^**^«rfî ^^ ^* jeunesse même de Rome
^ ^^itmir^» ol dont les écoles, selon
l^f^é de penser affirme que chez u8
ils iDftbes se forment avec une facitiié
fsn bien k développement de la my-
iiie. Ltf^ auditeurs que sâmt Paul
iikoM sur TAgora ii*éui0|it pis, oe
tf joiriiiiie aussi atqpide que rinsmue la
fiktffgiiqiu. 0e leUes comparaisons ne peu-
É«0tofMO ga*aux ignorants.
,fCea BM ville magnifique que ceue ville
ji'iinAxnaiE; ville savante, vi|teopuleiw
^nlato'r, peul^^re plus peuplée et plus
pMf lame, certainement plus commerçante,
mûère ti phis belle. Un songe, di«ait>on,
iî*«é i Alexandre Padroirable enipUet^ment
\ /oiare. Entre la mer et un grand lac,
étekx liaTres magnifiques, Tun pour Ten*
e pour la sortie; commandant ^ toute
de la Méditerranée oui n'a pas d*autre
le firoiriontoire de Libye (cap de Bone)
-^; staûon nécessaire sur la route de
•or celte de Tlnde; Alexandrie lève un
i« Biaaaes de denrées précieuses que le
_ foH arriver par la mer Rouge; elle ex-
tpiaa leos les produits de rindasirie égyp-
,ii ctabliaaeni en »a laveur une balance ma-
tjor la supériorité des droits d'entrée sur
' de sortie; Alexandrie est la capitale de
la seconde ville du monde. Voyeï main-
t^fue^ SUT le Mil, ces bras du fleave semés
'm <fe lien% de débauche, ces milliers de
^t qoi imonseni illummées, portant aux joies
iease Canope le peuple tout entier
1^ trafic et le plaibir leront-its négli-
ciuice? VoyeA ces gymnases, ces musées,
Strabon, surpassaient cellea d'Alexandrie et
d'Athènes ; Aritioche» ^ qui Gicéron rend, en
termes si forts, dans son Oraison pour Ar-
chias^ le témoignage le plus honorable h
cause du grand nombre d'nommea instruits
qui y demeuraient ; Antioche, où le nom de
chrétien commença d'être mis en usage. Le
christianisme, au sortir de la Judée, avait à
traverser ces centres divers de eonnaissan*
ces historiques, critiaues et philosophiques
du moment. Il avait a passer sous ce con-
trôle ; il avait à subir ces jugements enta-
chés de f)ar(iaUté bien plus que de faveur. •
Le spirituel et savant auteur peint ensuite,
de la manière la plus frappante, le caractère
investigateur et critique de la science de
ce temps-là} il se demande comment ces es-,
prits inquiets et curieux, si rapprochés des
événements, n'ont pas pu faire les étonnant
tes découvertes dont Strauss voudrait se faire
honneur.
« En fait de trésors intellectuels, le monde
était riche. Dans la philosophie, restaient
ouverts à l'investigation tous les sj^stèmes
de la Grèce; toutes les questions avaient été
soulevées; toutes les notions mises en avant
ou détruites; toutes les formes de la spécu-
lation humaine épuisées, on le pouvait croire^
par une pléiade de génies supérieurs (256).
Dans les sciences, arrêtées, il est vrai, par
des causes particulières à l'antiquité, que
de notions pourtant s'étaient produites 1 que
d'hypothèses ingénieuses avaient été avan-
cées, de vérités avaient été atteintes par la
démonstration ou saisies par la conjecture !
Dans l'éloQuence, que de grands modèles
et de granas souvenirs | Et quant à la poé-
sie, quel souille admirable que celui qui
ces bibliothèques, ces écoles où la jeunesse de tout
Tempire vient demander le savair qu*on chcrcbaii
autrefois daas Athènes. Qans le palais même des rois,
une savajite asadémie a ses conférences , ses stu-
dieuses promenades, ses doctes banquets. Plus loin,
sont des meuuinenta, des temples, un hippodrome «
la nécropolis, cité des morts, est grande et magnifi-
que comme la cité des vivants : la rue la plus étroite
suffit au passage des chars ; au centre de la ville se
croisent detix rne$, larges de cent pieds chacune et
bordées de colonnes, sur une longueur de six stades
peur Tune, de trente stades (enviion une lieue un
quart) peur Taïutra. A tout cela, comparez la ville
de Romolus, sa populace injocupiée, sa richesse Im-
productive, son commerce qui n'a rien à échang[ef
contre les produits du dehors, ses constructions ir-
régulières, ses rues étroites, ses faubourgs mats^ius-,
rencombrement, le âé>accord, souvent la petitesse
de ses monnmenis. Par Alexandrie, l'inf^ijknce
GRccQVfi TRIOMPHAIT EN Egtpte ; elle faisait oublier
k la fois Rome qui se tenait è jKin dans s^ défiance
poliitgue,et l^antique esprit égyptien qui disparais-
sait. Les dieux ^recs faisaient la guerre aux dieux
du pays. (Franz de Champagny, L#« CMars^ 111. 25.
— Cf. aussi Ballanche, AUxawine^)
(256) c Les siècles qui nous ont précédés nous
appartiennent. Ces illustres philosophes des temps
passés sont nés pour nous instruire et pour nous
Sider... Nous pouvons discuter avecSocrate, dou-
r av4T Cafnéade, nous reposer avecEpîcure, vain-
cre la nature homaine avec les stoïques, la dépasser
avec les cyniques, vivre comme le monde lui-même,
en communauté avec tous les siccks, ctc.^. i (^t-
^^:QUF, De brevitate vitœt U.)
%%z
un
DKTIONNAIRB APOLOGETIQDB.
MTT
ttl
respirait dans Homj^rOv Sophocle, Pindare,
expliqués et transmis par une tradition mm
interrompue, par tout un sacerdoce de rap-
sodes et ^imitateurs! Dans les arts, enfin,
la perfection gpec(jue était partout proposée
à I émulation et à rélude; on tenait en main
les nombreux chefs-d'œuvre des Phidias et
des Praxitèle. En un mot, pour nouer la
chaîne desiradilions intellectuelles, on n'en
était pas réduit, comme nos aïeux du xvi*
siècle, à deviner Tantiquité sur dos débris
souvent obscurs et mutilés, déterrés après
bien des Ages et restitués par une tradition
laborieuse : mais on connaissait et on com-
prenait, par la possession pleine et entière
de leurs œuvres, par la tradition et lYntelli-
f;ence héréditaire de leurs pensées, par la
umineuse auréole d'une gloire sur laquelle
le temps n*avait jeté aucun nuage, —dans
la philosophie et dans la science, Pythagore,
Platon, Aristole, — dans l'éloquence, Cicé-
pon et Démosthènes, — dans la poésie, Ho-
mère et Virdle, -^dans les arts, Phidias^
Ictinus, Zeuxis (357). »
LVgueil qu'inspirait aux intelligences
cette haute culture intellectuelle et artisti-
que les disposait à juger avec une très-grand^
malveillance le christianisme naissant.
« Le constant reproche adressé par le po-
lythéisme savant et par la philosophie or-
gueilleuse aux premiers chrétiens, c'était la
profonde ignorance dont ils semblaient tirer
vanité, et le mépris que professait « cette
« secte étrange pour les produits de Tari et de
« la science des Hellènes. » Au point de vue
de la philosophie pt de la belle littérature,
Tantiquité gréco-romaine était parvenue à
un degré de noble raffinement qu'aucune
^tude nouvelle ne pouvait égaler et encore
moins surpasser. Si les arts avaient enfanté
la Vénus de Praxitèle, le Laoooon respirant
la douleur sous le marbre, ou l'Apollon
Pythien aux formes accomplies, les lettres
vivaient donné Homère, Virgile, Horace, Ci-
céron, et la pléiade de poètes, d'historiens,
de moralistes da grand siècle d'Auguste,
JLes élèves et içs fils d'une littérature si
livancée devaient paturelleqaent railler n ces
pauvres d'esprit, dont I9 prétention était de
changer les lois éternelles du monde, 9 Les
premiers chrétiens eux-mêmes, loin de se
poser comme des philosophes et des lettrés,
mettaient pour ainsi dire leur soin na'if à se
séparer des jouissances de l'esprit comme de
celles de la chair, afin d'acquérir le royaume
céleste, sj en dehors des espérances et des
idées polythéistes. Ils enveloppaient dans le
même mépris jes chefs-d'œuvre de l'art et
les merveilles de l'intelligencei à leurs yeux
inspirés par le démon.
« Les écrits primitifs des chrétiens, les
Evangiles et les Actes des apôtres son(
d'une divine simplicité , d'une beauté in-
comparable; comf)Osés en hébreu, e|i grec...,
co sont de pieuses chroniques, d'admira-i
blés récits qui se sé|)arent d'une manière
(257) FiUMz D« Ci^aPiCHT, Us Césars, IV, 131-
absolue des formes élésantei et des grâces
de l'esprit, si remarquées parmi les pro-
ductions de l'antiquité. Les paraboles évan-
géliques, qui s'enveloppent de poésie bi-
blique et de la pompe orientale sont, pour
les sujets et le style, d'une naïveté si tou-
chante qu'elles pouvaient et devaient être
dédaignées par les écoles superbesde laGrèce
et de Rome. La génération du siècle d*Au>
guste jusqu'à Nerva, arrivée aux dernières
et srandes limites de la philosophie, de h
poésie et de l'histoire, devait sourire à (»s
pastorales de la Syrie et de la Palestioe, ^^\
se ressentent de la vie et de la profession
première de .leurs auteurs. Les épitres
apostoliques adressées aux fidèles de la
communauté chrétienne, ne sont que des
traités de discipline et de morale k Vus»^e
exclusif d'une secte presque inconnue ; il r
règne une douceur inaltérable, une majesté
frave et sévère, mais les érudits qoi oai
tudié la littérature augustale, doivent ny
connaître que le monde polythéiste ne pou-
vait admirer ces divines épttres qui, è ses
yeux, égalaient à peine les lettres de Cicé-
roq à Atticus et la correspondance spiri-
tuelle et sérieuse de Pline le Jeune. Si l'A-
pocalypse faisait entrer la doctrine chré-*
tienne dans une atmosphère de prophéties
et de prédictions mystiques, Rome sensua^^
liste se préoccupait peu de ces allégories
sombres et fatales qu elle reléguait arec /es
livres sibyllins, si poétiquement traduits ou
interprétés par Virgile au x* Uvre de
VEnAde.
« Ainsi aucune production littéraire du
christianisme primitif ne pouvait exercvr
un grand prestige sur le monde |>oh-
théiste, sinerde son intelligence el de m
philosophie. Le siècle d'Auguste a^vail lou-.
ché les dernières limites de TesprU hymai/i :
3 ui oserait le dépasser? Que les habitsuis
e la Judée, de la Syrie, d'Antiocbe ou
d'Alexandrie, pussent admirer les formes
d'un style qui empruntait ses images audé*
sert et à la vie pastorale, cela se conçoU;
mais les écoles de la Grèce et de Rome
avaient des traditions littéraires d'une au-
tre importance , tout entières ^çcueiilie^
dans les riantes çt riches émotions du i^Sj^a-
nisme (258).
« J'ai déjà fait connaître les diverses
nuances de la philosophie ancienne depuis
les pythagoriciens, les disciples d'ArisVoVi e^
dePjaton, jusqu'aux stoïciens,quidominaîenl
les derniers temps de la société romaine. A
quelques nuances spéculatives ou pra|î<{ues
queces systèmes pussent appartenir, tous re-
poussaient également les principes et les m vs-
tèresdecette fraction dujudalismeagenouilîée
devant la croix ) les uns s'en raillaient avoc
nn esprit orgueilleux, les autres les exa-
minaient avec indignation et colère. Tous
repoussaient, comme d'étranges nouveau-
tés, le dogme delarésurrectiondelachair...,
la rédemption des péchés, rincarnation, cet
(258) Capcfigue , Les quatre premiers sièdeë de
r^j/fse chrétienne^ 11, t-i.
^\Hi
MYT DICTlONNÀiRB APOLOGETIQUE.
**|Mi^^ ^'fv^lation enseignée qui fai-
•Wi\.i»Y*Ç fondement du christianis-
■*^ SI fJ^le d'Alexandrie, si bienveil-
^4oJ^?,P^ttr toutes les doctrines, et
?fe ei u. '* mission d'en eflfacer les as?-
MYT
«se
^«îDeiJl^niradictions, dans son syn-
âigDdfiçQ^^^nt, n'aurait pas eu lam^me
!>»e, k j^P^^r le dogme chrétien, si ce
- •^ïûel(|J**^^f» avait consenti às*assi-
ées néopûi ^^nes ^^^ maximes capitales
point, la ^^û»ciens (260). Mais , sur ce
absolue, 1^ ^."KHAnce des évangélistes était
dogtùt è p^J^'^tianisme n'admettait pas un
ii/ewûrff/ik ^^ ^^^^ • *' repoussait les
«îinwb, 9f ^^^B^e les stoïciens ou les épi-
tf'Oiimènt ifT ^^ même ténacité. De là ce
ffiiié du Ti^ *' ^^ haine que la philoso-
iJt^yt^ hostilité que cette philoso-
;'.'f;^™7rfme flïçon générale, avec les
'•^ n J^!i°?'^K*que érudite et railleuse,
^' f?"v!,^^-^ («eS), qui appartenait à la
vs ;iîile écofe (/tf -Platon et d'Epicure; son
Jfif(9uri mtùti^ (263) est un manifeste
j^nde ^w^w et ^'psprit contre Tensei-
««vDftûlo'f*"^^ cl^ussoïi ensemble et ses
ih
t-*i
^îui\\5' '^ J*^^ ■"<'6 avec hardiesse les
a.tti!ictt<»«^«*^^ Planisme, son origine et
J.n4i^*«^J?^ • ^'«bord il le preqd au
!!Jnld«'^l?7^^^e, à sa formation prir
J^?-;,il5«t^^iv^ifen scène pour atia-
^^ ifijlotf!^- ^^damentpux et Tensej-
^^^î*tStonfî^*\^^ ; il déclure avep dédain
^c^* ijkû^^\Tie sont que les apostats de
^ft^jipP^' "^^ofendément instruit dans
« 2^*^ ^^^'^'*^™^' ^^'^^ réfute, avec Ip
fb^ jes ^^^^®5i les nouveautés annon-
ii<<^ l'Etanjçile, et conteste surtout l(i
rfj^jide la révélation messianique (26i).
^^J^secooaot le vêtement grossier du
^cèse tfCl^que à la fois le christianisme
^SiDOMjisaDe comme deux branches du
Zftéârîire mythologique né sur le sol ar-
ijfitde la Perse et de l'Inde, Celse, en cri-
rie Mbile des choses historiques, compare
ails* les assertions, les apprécie et les
kte Vime par l'autre. Son but est do met-
ea opposition le Christ, saint Piefre,
\t Pâuf, d'attaquer le supernaturalisme
«/.Aires, il veut démontrer que l'action
i/iD/aqne était commune aux néoplalo-
eas et que d'autres que Jésus avaient
i4e$ fliincles et commandé 4ux esprits»
fDI» < Le» formules niènips du stoïcisme sont
ni celles d*une profonde ii différence sur
de la TÎe future. Séuéque ajoute : c Nec
lioTrebimoi o^c deos ; rcunus lonriem ma-
I este, deos malos non esse ; » d*où le phi-
condot qqUI ne fjiut ni culte ^\ temple. (S£-
r. ùe èeaelicUM.)
V«0> c CeUe fusion de doctrines, Alexandre*Sé-
R avati cherché ii l'accomplir en acceptant le
rWHt p^rmï les dieux de rOlympe placés d^ns son
i^«imre fvrif é. i
'^i ) Il ne faut donc pas sVlonner si le cbngtia*
•••^ f«i M iâîeusement examiné.
)^> t Celse était un diseij»le d*Amraoniu8, et vî-
«•■I. par oNifléqu«'nl, au milieu du u' sièck. >
•> >} « JIÔ70C «>99«f, Ici est le titre dts vieux ma*
Ce manifeste, d'une certaine portée, produi-
sit un grand effet au milieu du monde po^
iytéiste, qui craignait tant le christianisme
et ses progrès. Celse avait la renommée d'un
philosophe et d'un érudit; maniant l'ironie
avec habileté, les Grecs, pour lesquels il
écrivait, aimaient ses ouvrages, et ce fut un
rire universel contre les Evangiles, quand
le discours de Celse se répandit parmi les
polythéistes (265). On crut la Ibi nouvelle
mortellement atteinte nar un livre de celte
portée, qui eut une punlicité immense.
et Lucien, de l'école épicurienne, s'était
aussi posé au milieu de ses contemporains
comme un çrand railleur de croyance (266).
Nulle tradition, nulle foi respectable n'6*
taient h l'abri de son dédain; peu de coutu-»
mes échappaient à sa verve moqueuse, et
ses Dta/oj)^«« si pétillants d'esprit racontent
les travers de ses contemporains, les folles
fêtes des courtisanes, les iectet à reneav^
Jupiter eonfondUf les aventures de râne^ con«
tes licencieux en rapport avec les mœurs de
la société grecque et romaine, Tout un récit
de Lucien est consacré aux aventures d'un
philosophe du nom de Pérégrinus, grand
coureur de doctrines. Après avoir essayé
de toutes les Initiations, le cynique adopta
la foi nouvelle r « Ce futè cette époque, dit
« Lucien, qu'il apprit le secret admirable de
« la reliffion des chrétiens, en s'associant en
% Palestine h leurs prêtres etk leurs docteurs.
f Cea malheureux (les chrétiens) sont forte->
et ment persuadés qu^ls jouirr>iit un jour
« d'une vie immortelle, et ils courent eux-t
c mêmes s'ex()Oser à la mort et au supplice ;
« leurpremierlégislateurleura mis gif têtu
« qu'ils sont TOUS frèrbs (267); ils rejettent
« constamment le dieu des Grecs et n'adorent
f que le sophiste crucifié ; ils règlent leurs
« mœurs et leur conduite sur ses lois, mépri-
« saiit les biens de ce monde, et mettant en
ff commun ce qu'ils possèdent.» Ce récit de
Lucien est d'autant plus précieux qu'il cens-?
tate toutes les vertus, toutes les grandeurs
de la vie chrétienne} ce que raille le philo<«
sophe est précisément ce qui élève si haut
la doctrine nouvelle, la fraternité, le mut
tualisnie. Lucien raconte comment Péréjçri-
nus, associé k celte croyance, fut jeté dans
les fers, et ici se rattache un récit curieux
sur l'empressement des fidèles autour des
captif^ et des confesseurs de la foi. « Dès I4
« matin on voyait rangés autour d^ la prison
nuscrîia et celui qiradoptent les copiroenta leurs. >
(i6i) f Au reste, Touvrage de Celse ne nous est
connu que par les fragments qu*a publiés Origène,
mais ces fragments sont textuels. >
(265) On peut juger maintenant 'si le polytht^isme
était décidé à subir sans coiitréle tous les myt/ies
chrétiens, comme La Liberté de penter n'a pus rougi
de Taflirmer.
(266) c Lai meilleure édition des œuvres de Lu-
cien est celle qui a été publiée à Halle, par Schneider
(1800). Lucien était né à Samosaie, mais on ignoie
précisément la date de sa naissance. On sait la
renommée collégiale de ses dialogues. »
(267) On voit comme le rationalisme éult disposé
& recevoir le dogme de la fraternité humaine.
287
HTT
DICTIOJrNAlRfc APOLOGETIQUE.
HYT
m
« une foule de vieilles femmes, d*bomraes et
«I d'enfants orphelins; lesprincipaax chefs de
« la secte passaient la nuit auprès d'eux, après
« avoir corrompu les geôliers et apportant
c desalinientsdelouteespèce, et, de concert»
« ils célébraient leurs mystères.» Le philo-
sophe Lucien rappelle ain£«i une des plus
belles scènes de la vie des martyrs, ce dé-
vouement fraterneJ de tous pour un, cette
existence en commun, qui des catacombes
allaient aboutir aux fers de la captivité et
au cirque sanglant.
« Dans le dialogue non moins curieux du
Phihpatrist ou du catéchumène, Lucien
revient encore sur las dogmes chrétiens et
spécialement sur la Trinité (268), à laquelle
il fait allusion : « Par quoi veux-tu que je ju-
«c re ? Est-ce par le Père céleste tout-puissant,
« par le Fils issu du Père, par leSaînt-Ésprit
« procédant du Père, un en trois et trois en
ff un? Il ne faut pas divulguerce mystère» et
M je t*iip[irendrai, si tu veux^ ce que c'est que
« cet univers, comnient et par qui il a été
« formé, ainsi quemeTaenseigué le Galiléen,
f qui a été ravi au troisième ciel, où il a
« Appris des choses merveilleuses; carj*étais
«comme toi avant mon initiation, il m'a
« renouvelé par le baptême 6t m'a racheté des
« enfers pour me mettre dans le diemin des
« bienbeureux(269).»Ainsi6'exprimeLucien.
11 résulte de ce curieux passage, assez con*
forme au dogme, c|ue,des l'origine de l'en-
seignement, le principe de la Trinité était
si complètement admis dans l'Eglise ortho-
doxe qu*un polythéiste railleur pouvait l'ex-
pliquer dans une de ses satires moqueuses.
Philosophe épicurien, Lucien ne comprend
pas aussi les macérations et les austérités de
la vie chrétienne, qui s'impose les douleurs,
les ieûaes, les privations volontaires r « Les
«k voyez-vous pâles, décharnés, courbés vers
« la terre; ils ne se plaisent qu'à s'entretenir
« de nouvelles fâcheuses: d pauvres malheu-
« reux, n*élcvez pas trop haut la parole, de
« peur d*irritor les lions qui ne respirent que
« le sang et le carnaee (270j. Je ne dois pas
ff omettre de parler des jeunes chrétiennes
f qui passent les naitsàchanterdes hymnes.»
« Sous les apparences d'injures et d'accu-
sations, il y a ici Téloge de la constance et
du dévouement des chrétiens : au point de
vue sensualiste, les Epicuriens ne pouvaient
jusUQer des malheureux assez pauvres d'es-
(Ws) c Haet ne croit pas que cet ouvrage soii de
Lucien ; mais Fabrioîus le restitue î^ son auteur vé-
ritable. Voyez Tarticle très-remarquable de M. Ik>isT
sonade sur Lucien dans la Biographie univenelle de
M. Micliaud. I
(S69) c Ce passade de Lucien dans son Philopatri$
suppose une véritable étude de la foi et du dogme
chrétien parmi les philosophes des écoles coniein-
poraines. Us en étaient trèi-préoccuv4M comme tVun
fait nouveau et puiuant, i
(270) c II fait ici allusion aux martyrs ; épicurien
et sensualiste, il ne peut comprendre ce dévouement
à une idée. Il vivait dans la période de Trajan à
Adrien, temps où la persccuUon populaire poursui-
vait les chrétiens dans toute sa force, >
(271) c Ndiil aliud iuveni quam supersiitionem
piavam et iuimudicam, ne<}ue eutm ci vitales t;^u-
prit pour se condamner à des souffrances
volontaires et à la mort, h cause de certaines
doctrines spirituelles qui n'ajoutaient rien
aux jouissances de la vie. La philosophie et
la politique du Tieux monde formulaient
des griefs plus irrités et plus graves contre
les chrétiens : « Je ii>i rien trouvé , dit
a Pline, aue les sectateurs d'une superstition
V nouvel le, dépravée, imraoade; eileanon-
« seulement envahi la citéf mais encore cette
a contafçipn a atteint les bourgs, les villages;
« la religion barbare, étrangère (271 ) aime
a les ténèbres et fuit la lumière (272). »
c Embrassons d*un seul coup d*Œil toute
la partie du monde oriental qui nous reste
à parcourir, depuis Péluse et les sables
d'Arabie jnsqu*aux sources de TEuphrate et
aux rives du Pont-Euxin. C*est la qne se
sont accomplies )es grandes résolutions
asiatiques, que les empires ont passé les
uns par-dessus les autres, que les races
superi)osées se touchent et se confondent.
Là trônent, dans les rochers du Liban ou
dans Ta rêne du désert, toute une fourmilière
de souverains obscurs, tétrarques, plirlar-
ques, dynasles ; tremblants vassaux, qui se
taisent et se retirent modestement à la voii
d'un proconsul (273). Là vous rencontrcrex
et la cité de David, la ville, dit Pline, la
plus célèbre de l'Orient (27i); et Tyr la
phénicienne, jadis si puissante, aujourd'hui
jobscur atelier où Rome fait iàhnquer la
pourpre de ses consuls.; et Palmyre, k ville
de Salomoti, cette perle jetée dans le sable
du désert, station commerciale entre Vln^^
et TAsie, royaume flottant entre le Romain
et le Parlhe, cause de plus d'une guerre
{275). Autiocho, Séleucie, Laodicëe» ce\t
A13TRES VII.LES oBEcpUES ,(276) sout nées fie
l'invasion macédonienne^ Et enfin cent qua-
tre-vingt-seize peuples celtes, si Pline les a
bien comptés (x77}j à la suite de Ywuptiou
4e Brennus, Oiit fondé dans le centre Je
l*Asie Mineure la république des Galates.
« Hais par-dessus l'antiqle Orie!(t, i^
conquête macéponienne et la civilisation
GRECQUE ONT DÉBOROi. LcS diCUX greCS SOHl
partout auprès des dieux antiques, coufon*
dus sans répugnance ou séparés sans être
ennemis. Le grec se parle dans les villes:
LES RHETEURS, LES PHI|<OSOPHES, LES ÉCRf*
VAINS ORECS AEONUENT PARMI LES F|LS DE CES
CITÉS ASIATIQUES (278). Tarse enseigne à t*0-
tum, sed vices etîam atqne agros soperstîtioRÎs %si«u&
contagio pervagau est, i Ainsi s'exprime Pline avec
une sorte dloquiétude philosophique.
(272) Capefigue, Les quatre premiers %iècle^ de
Vtgltse chrétienne, I, 218-925.
(273) € Les cinq rois de Comagène, d^Emisénle^
de la petlle Arménie, du Pont et de Ghalcide, réunis^
en présence du gouverneur de Syrie, se reUrem nttr
Tordre qu^il leur donne, » (JostinB, Ànt.jud.^ is.ix,
8.)
(274) ' Longe clarissîma urbinm Orieitiis , ut^
Judseie modo, i (Pline, Hist. nat,^ v, 14.)
(275) Ibidem, v, 25.
(276) L*Asie Mineure n*étaît donc pas an Eempi
d* Auguste un pays de t^auvagcs abrutis.
(277) tttst. nal., 52.
(278) Tous cç» lUits prouvent lo caractère f^u
i
(ii
I
MTT DICTIONNAIRE Al^OLOGETIQÙE.
ies sciences ellâ littérature hellénique
UYt
SM
.allez pi as loin; Toastrouyerez la
; Qua pas la Gi-dee de M iltiade et de
«triste et languissante comme on la
k Xthèaes « sensuelle et déshonorée
on la rencontre à Corinihe ; mais
(rèce d'Homère, la Grèce asiatique, suare,
iine, ricbe, souriante, sans prélention
pusuDce ni de liberté. La Troade^ terre
' desÂants homériques ; Tlonie, Téri-
UTOHudtt génie grec; en un root,
ImU celte cAte occidentale de TAsie Mi-
. acwMlqNiis la Propontide jusqu'à la pointe
Kaleske de Rnodes; c'est là aujour-
niiGrtoî féri table, et une des plus ma-
griigoes portions de l'empire romain. Les
«rioBs iderreui de la Thessalie, les arides
txda Céphise sont bien tristes main*
loue le génie et la gloire les abandon-
us ici, sur ce long riYage où la mer
t dosuié tant de golfes et tant de ports ;
AttieesUtô riches et glorieuses de Rhodes^
d€ Qtt, de Lesbos ; près de ces beaux
Oe^m qui, dans leurs méandres infmis,
pnNDteit STec eux une f\ra!cheur et une
«ibotthm de Tfeétation que la Grèce ne
contfKfii|<M];aIaTue de ces magnifi*
4^ HW de ces horizons à la fois sua-^
^ftÊ et pmm que ne saurait deriner
/libfttottfooord, qui peut demander quel"
^oeeôwdeplosl qui peut avoir besoin
emcôte dïadéjîendance , de gloire ou de gé-
«ief
t Aussi, jif celte terre facile à gourernerf
les m (fe Perse ont -ils été salués comme
f^àesm) la domination macédonienne
M/ i pis tmuYé de rebelles; et un procon-
*>l« tfn oaelqaes esclayes armés de fais*
JWt et de haches inutiles, sans une co-*
Mn^voQs un soldat, est le souverain aisé-
mtpté de cette Asie Uineure où cinq
nllesi selon Josèphe (281), fleurissent
^le sceptre romain. Ces peuples, en eSètf
JOni pas d'intraitables Doriens, des Spar-
"^ 6/oache$ ; ce sont des ioniens^ race
spiriiutilef plus sensible, plus appli-
rOoios énergique et moins guerrière;
démocratique, oui fait bon marché de
^trié pour régalitéi et du patriotisme
italique des anciennes cités pour quel-
drose comme la liberté intérieure, le
iTement commercial, le bien-être indus-
i<ie$ cités modernes.
jCesentiment démocratiaue et cette in^
financière caractérisent la race
foe^i laquelle ont appartenu et la riche
*f et la sage Marseille, et la commer-
ithèoes. Les institutions de toutes ces
ont une base commune ; elles repou^
ém pariraSi que La Hbirté de penur fatt de
au temps de la prédicatioii eliré-
I) H'aridioiis pas que Tarse est la patrie da
Ap4cre«
) c Atia aaMena et féconda, i (Tacite, Germi^
aassl AiiM.,lii. 7.)
i) Joianc, ik belh, n, 16.
:j Celle libcnéde discustioa en lootes chose»
Jmftt
sent ce patriotisme aristocratique qui, dans
les cités doriennes, organise l'Etat seule-
ment pour la guerre. Elles honorent le com-
merce; elles excitent le sentiment démocra-
tique; elles promettent tout à tous (282),
système excellent lorsqu'il ne conduit pas à
la ruine. Cicéron, lui Komaini s*indigne de
Yoir, à Tralles et à Pergame, le simple ar-
tisan, le cordonnier^ se mêler aux délibéra-
tions publiques (283). Mais, en même temps,
Cicéron nous fait comprendre rhabileteii-
nancière de ces villes^ qui savent se passer
de trésors et de riches domaines; elles lè-
Tent des imuôts et elles empruntent (28^) :
c'est toute 1 économie financière des Etats
modernes opposée à celle de Tantiquité.
« Aussi cette province d'Asie regorgeait
d^ richesses [285). Foulée tour à tour par
Home et par Mithridate, par les légions el
Eir les publicains, après avoir payé ans
omains jusqu'à 12,000 talents (environ 69
millions), elle demeurait encore la plus opu-*
lente province que possédât la république^
et seule accroissait le trésor, quand les au-
tres ne faisaient que payer leur défense (286)4
L'Asie était le grand atelier, comme Alexan-
drie le ^rand entrepôt de l'empire. Par Dé-
los, station du commerce entre l'Europe el
l'Asie, arrivaient à Rome, à Tltalie, à toaf
l'Occident, les étoffes de laine de Milet, les^
fers ciselés de Cibyraf les tapis de Laodicée^
les vins de Chio et de Lesbos.
< Ces villesi asservies par le droit de la
conquête, demeuraient libres par le fait de
leur richesse. Smjrme^ Ephèse, TraUcs, sou-
veraines chacune de plusieurs bourgs el
commandant à tout un pays, étaient comme
les villes anséatiques de Tlouie. Les deux
fédérations carienne et lycienne, avec leur»
bourgades, leurs députés, leurs assemblée»
communes, nous rappellent l'indépendance
des Suisses au moyen Aae ; et dans leur»
réunions délibérantes où (%aque ville, selon
son importance, envoyait un ou piusieur»
mandaûires, nous trouvons un exemple de
ces formes que, sous le nom de gouverne^
ment représentatif, notre siècle se flatte
d'avoir inventées. Enfin, aux deux extrémi-
tés de cette province d'Asie, deux cités ma*-
ritimes, filles d'une autre race, plus aristo^
cratiqnes et plus nationales, par suite plus
suspectes aux Romains, Rhodes et Cvzique,
l'une sur son rocher au milieu de la mer,
l'autre dans une lie de la Propontide jointe
par un pont à la terre ferme ; ces deux villes
des eaux nous représentent Venise. Rho<^
des surtout est vovageuse, navigatrice^ con*
quérante comme Venise s gouvernée comme
elle par une aristocratie à la fois marchande
et nobiliaire» elle fertne au peuple ses arse-
proove qoe le chrittlanisme était discalé atae une
enilèra indépendance.
(285) Ckéror, Pro Fiaceo, 6.
(284) CicArom, Fro Fiaeco^ 7, 8.
(185) Cicéron, Pto iêge Mamliû^ 7; Pro Rëkwht
et Vexoellent chapitre de M. Deuvalu, Egêuamig
poUti/fue^ IV, it.
(286) QcÉRON, Pro Ufe MnnHia, 6.
295
MYT
DICTIOXNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
Î96
Oa sait que c est à propos de la naissance
des grands hommes que l'esprit poétique
des peuples enfants déreloppe toutes ses
ressources d'imagination. Cependant il ne
faut pas oublier que les fleurs légendaires,
dont on a couronné le berceau des héros»
rappellent toujours la nature du sol qui les
Vit naître. Toute la tendance des raylliolo-
gies grecques, bouddhistes, chinoises et in-
diennes,' se révèle dans les naissances do
Persée, de Bacchus^ d'Apollon, de 8akia-
Mouni , de Lao-Tseu, de Vichnou, de
Krichna. Ce fait est admis de tous les sa-
vants, et n^a pas besoin àe démonstration.
B*il en est ainsi, si Tincarnation du Christ
avait été imaginée par l*esprit populaire» elle
devrait aVoif un caractère essentiellement
Judaïque, h moins qu*on ne prouve que ce
mythe prétendu est une importation étran-
gère. Or, qui s*avisera de dire que ce sont
les Yoguis de Tinde ou les prêtres de Boud-
dha qui ont inventé la naissance miracu*
ieuse du Fils de Marie? Si une telle idée a
im séduire quelques esprits, le chef de
l'école mythique a reculé devant une pareille
absurdité. Il a mieux aimé supposer que les
Juifs avaient copié leurs traditions sacrées;
qu*on avfût donné au philosophe de Nazareth
une naissance merveilleuse comme celle
disaac, de Samson ou de Sarouel; mais il
n'a pas remarqué une difficulté capitale, ({ui
rend absolument impossible une explication
61 superficielle et si intolérable des faits.
Qu'on reiise avec attention l^Ancien ïeslao^
ment, œ qu'il raconte de la naissance de
quelques grands hommes du peuple élu : il
n'y a pas la un seul mot qui puisse mener à
ridée d'incarnation* idée si étrangère aux
habitudes et auK opinions du bas peuple de
la Judée (298). Bethléem et Nazaretn ne sont
pas la terre classique des Avatars. 11 ne faut
pas, par une illusion d'imagination * nous
transporter d'un seul bond des rives du
Jtiurcfain aux bords de la mer du Bengale.
pirs IVnraiii conftacré I Dieu et réservé à de grandes
clesiînéei : lel était le cadre de rigueur. De là UNJt
Un lécii (lu iroisiéme évangile sur la naissance de
Jean-Bapiisie, et la plupart des circonstaoces de
celle de Jésus, entre autres le canlique de Marie*
iniilé évidemiueiit de celui d*iniie. De là dans les
évangiles apocryphes, qni exagèrent jus<|u*à la
n iii.->ce ce procédé de calque, tout un groupe de
rirconaUiitces analogues autour de la naissanee de
Marie, i (La liberté de penser. Historiens criltqiiftf
de Jéttus.) — L*auteur n*a pas en la sagacité de voir
Tablme qui sépare Tidce de la naissance de la
Vierge, telle qu'elle est conçue d'après TAncieu
Testa nient au cba pitre m de V Evangile de la no/t*
vite de Marie, de la notion de Pincarnailon du Pds
de dieu que prééent«.nt les évangiles canoaîques.
(298)*i>i Ion objectait (fue les «prophètes de la
Syn:igiigue avaient sur le Rédempteur futur les idées
les plus éie^'é«s, it ne nous serait pas diflimle dé
faire remarquer q«e te peufjle, au temps de iésus^
Citrtsi, par «uiie de ses préjugés stsiiboels «t gmfr-
siei'S, détiaturMii loute rancienne iraOkieu JMÎve^
Le Metiie (|U'il comprenait ii*éiaii pas le Fik 4e
Ditu eugendré dans la splèndenr dea S9ipês# mais
(a) On peut voir le mot JfeMM dani les TabUê gM*
tUes de$ Amialei de p/uiot. chréL, où «n trouvera det
Les suppositions de Strauss donneraieot &
croire que les populations de la Judée se
faisaient de Jéhovah, TElernel, au nom trois
fois saint et incommunicable» la même idée
que les brachmanes ont de leur oomplai<aoi
et facile Vichnou, qui descend vingt fois
dans les ténèbres de ce monde, pour satis-
faire les vains caprices de l'imagination îd-
dienne. Tel n'était pas le Dieu du Sinai^qu
avait fait jaillir les motides de la nuitpn>*
fonde du néant. L*idée d'incarnation éiiii,
de toutes les conceptions, celle qui deuil (e
moins facilement s'enraciner ilans Vt&pi.
des Hébreux. Cette nation tenace et nM\ù
a conservé pour elle toute son antipathie.
Est-'-il donc possible de supposer que la
mtfsse ignorante du peuple se soit emftfrée
tout d'un coup d'une idée si étrangjre i
Tesprit national, pour embellir le tereeaa
pauti-e et nu de l'eniSlint de Bethléem? Peut-
on supposer encore que cette foule aveugle
et crédule se soit plu à faire naître dm
vierge le Sauveur désiré des nations? £st-e«
que dans Tbistoire des Hébreux ce prinlé^o
est attribué à ud seul de leurs grands nommes?
Nous ne sommes pas ici dans la pairie da
célibat, nous ne sommes plus sur les bonis
du Gange 1 C'est par des cOnfusioos de ce
genre qu'on peut faire illusion aux esprits
superficiels .et sarts instruction positive.
Mais la science véritable sait percer ce fra-
gile tissu pour aller jusqu'au had des dto^
ses, pour atteindre les réalité solides et
vivantes de Thistoire. La méthode de Veié-
gèse allemande pourra plus d^ui^e Io\s
séduire les théologiens improvisés de nos
revues françaises. Cela n'a rien dVUonnanl.
La science de la religion est ce qu'il y a Je
plus rare dans un certain monde, qui se
pique pourtant d'érudition. Mais tant qu i\
restera sur la terre de France un seul pritm
catholique ) il lui sera permis de prales/eo
au nom du bon sens national, contre toutes
les rêveries germaniques (299). LVdmirable
un guerrier Tanatique comme Barcokéba^. (Gf.Sài.'
VADon, Histoire de la domination romaine, U, cb. 6.)
(i99) Après avoir déoioiilié le désaccord de ïby-
pothèse ni^Ftliique avec les données les plas pwV
tivt^s de riiistojre, V^thîager met en relief mie con-
tradiction psycbologîqtte qui ressort do fond mètae
du système. Celle contradiction, qui ii*a (oére été
remarquée, n*en est pas moins une despiai cho^
qutiites de rbypotliéftO mythique^ Strauss tapooyi
en effet que l>s Juifs du temps de Jésiks-CW\a
attendaient un Messie dont la vie merveilleuse ferait
oublier Ëlie et Elisée. On croyait, de J'aveu roeii.e
de Strauss, que ce Fils du ciel reproduirait dans sa
prodigieuse existence tous les oriides des voyant
d'israél. Les penplt^ TattendaleiH comme les plaulH
desaédiées auendtnt la rosée du soir. Il ctrculaH
dans tout rOricnt comme une rameur d*aiteute et
d'enthousiasme. Totis les peuples saraiepi que Ir
Saint alUit paraitre (0). Sî b vie de Jésus a été
aussi pile et aussi décolorée que Strauss Ta répète
cent fois, qui donc aurait pu sViser de voir dans
ee Fits de charpentier, sans éclat et sans gloire, le
Uessie désiré des natiousf Qui aurait dope pu s*r
méprendre? D*où viendrait cette étrange anleur et
preuTes nombreuses de cette asserUon, et dan» Uosâ-
HwA, leWrei wr Jéeus^Christ, u h
w
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
S0S
iotelligence de notre patrie a fait bonne et
lipide jostioe de la métaphysique aile-
lunde. Kant. Hegel et Schelling n'ont pas
|i( oublier chez nous Bossuet et Pascal (300).
KÎ^iéroas aussi que l'esprit si clairroyant de
KHre pajrs appréciera bientôt à leur juste
nlear les Scoieiermacher« les de Wette, les
hulus et les Strauss (301).
VIII.
Chmd»nisine et mjrUiologie.
La Tie des peuples enfiints est. le temps
jb légendes. Les mvthes sont comme un
bois sacré qui cache la source profonde des
flnjiJres. Quand les nations se séparèrent de
bindidoD ré?élée« pleines I comme elles
Téimi, de Jeunesse , de passions fougueu-
tts et d'imagination « elles produisirent le
locode des fables» mélange bizarre de con-
repiioQs seasuelîes et sanguinaires. Mais
files j^eonent» en Tieillissaut, un caractère
positif et pratique. La réalité, pAle et sévère»
iitcbire les guirlandes fanées de la poésie.
C^ D'est |)as dans Tâge mûr des peuples que
setrourent les Titans et les vainqueurs des
Qoostres. Auguste n*esl pas» comme le fon-
dateur de Rome , allaité par une louve ;
Ttuèuùstode ne recommence pas les travaux
•llercole et de Thésée. Or la société chré-
te( M s'est pas développée dans la jeu-
nesse enthousiaste d'une nation. Le Christ
^i ni sou Auguste» et il est mort sous
TihènAl est bien vrai qu'on peut dire que
'< première communauté chrétienne était
iossi ua peuple nouveau» qui allait verser
^ les reines du genre humain un sang
^usjeaoe et phis pur; cependant» l'Eglise
(A ce (eraps-la ne peut pais être comparée
aux tribus primitif es» toutes bouillantes de
passions effrénées, et dominées par une
imagination tour à tour barbare ou sen-
suelle. Sa jeunesse n'a pas les rêves do
l'enfance (302) ; elle n*a point grandi dans la
profondeur mystérieuse des forêts et des
sanctuaires voilés : elle est née au milieu
des controverses et au sein de la lumière»
par le souffle puissant de l'Esprit divin. Dès
les premiers jours de sa vie» elle a foulé
aux pieds toutes les illusions orgueilleuses
qui pesaient sur l'ancien monde. Les pre-
miers disciples du christianisme n'étaient
pas une horde d'Arabes pillards et cruels»
racontant autour des feux du bivouac la
grossière légende du désert. La première
communauté chrétienne n'était pas un chœua*
de l)acchantes gorgées de vin et de débau-
ches» faisant retentir l'air de cris sauvages
et de cymbales barbares.
Quand on vient è examiner le caractère
des apAtres» il s'en faut qu'on trouve chez
eux la tendance qu'on est obligé de prêter
aux organisateurs d'une nouvelle mytholo-
gie. Il est impossible d'être moins doué d'i-
magination ; la foi ne se forme chez eux
aue paisiblement et par degrés. Leur con-
uite après la résurrection sufQrait seule
pour montrer quelles précautions ils prirent
avant d'accepter les merveilles qui s'oiiraient
à leurs veux. Il serait difficile de transfor-
mer un nomme comme Tapdtre Thomas en
esprit visionnaire. D'ailleurs» leur situation
Eerilleuse en présence de la SynagO|[ue était
icn propre à calmer les imaginations les
plus ardentes. On aperçoit dans toute leur
vie une tendance sérieuse» positive et pra-
tique^ qui ne s'accorde guère avec l'habitude
cr^Mmeot saos bornes que montrèrent partout
kxpfédicaiearsde la nouvelle doctrine? Pour qui
runaU \ff% lois éternelles de Tesprlt humain , do-
fuiiB^arey miracle, les morts refisuscitës ne
Mfin'M jett iTetiraiii. L'histoire du christianisme,
<iiiiHpleet il naturelle quand on veut bien admei"
i^iiindiiioa des faits, devieni dans toutes les
Aè^ries raiioaaiistes un entassement de .merveillns
a {fiiopoMibiliiés. Les défenseurs de rËvaiigîlc
i^M( pâi assex pesé, ce nous semble» cette coHsi-
^iiOQ foiidanieuiaje. II ne suffit pas de déchirer k
ytuiir les pages du livre sacré pour les jeter au
^i. Il hni ensuite écrire rbistoira de cette éioii-
wtte téf oistiott morale dont leChristest Taulenr.
roi liort que le ttl délié des sysièiues se brise
^u les mains des faiseurs ilâ romans. Ber^ier ré-
P^i aux écrivains du dernier sièele qu*ils n'en
mi^nipas flui'avec le christianisme; nous aubsi
i«i» (NODs dire aux ennemis du Sauveur Jésus '
Un^i qo*i]s n*eflaceront pas facjjemeot sa glorieuse
^- >tc rtiisioire de l'huminiié. Saint Augustin di-
^ >ui iiirrédules de sou teuips : i Si le Christ
^ I lus fait de» miracles , le monde changé et cou*
|mi u't:»t.il pas la plus grande des merveilles? i
1^ l^oti leiis catliotique a toujours , lui, naïvement
**V]^(\n*i\ n>zistait Jamain dWet sans c^iuse. Ce
<• MQuemeiit est simple , niais il est concluant.
ijOO) Ou peut voir dans la Hevus des Deux-Mon^
|<4 ce i|ueil. Saissel peu;^ de ces prétendus grands
*m»oci oiie M. Cousin appelait , il y a quelques
^w^y : Meê wuiUreM ei mes ami$ , le* chcfi de la
^*i0fkit fonl^ifcporatiie.— (Cf. Saisset, lUvue des
DeHX'Mondes^ iSiG , De la philosophie positive.)
(391) C*esl c« qu'ont r«ii, même en Allemagne»
plusieurs hisioriens célèbres qui , dans leurs appré-
ciations sur la valeur historique de la Bible , se sont
élevés au-dessus des préjugés des théologiens luthé-
riens
(502) c L'enfant, dit îm Liberté depetaer^ pro-
jette sur toutes choses le merveilleux qu*il trouve en
sou âme. Celle c:harmante petite ivresse de la vie
qu'il porte en lui-même « lui donne le vertige; il ne
voit le monde qu*à travers une vapeur doucement
colorée; jetant sur toutes choses un curieux et
joyeux regard , il sourit k tout, tout lui souilt. De
là ses joies et aussi ses terreurs : il se fait un monde
fantastique qui Tenchante ou qui fefiraye, il n*a
pas cette claire distinction qui , dans l'Age dé la ré-
Uoxion , sépare si netiemenl le moi et le non-moi ,
et nous pose en froids observateurs vis-à-vis de la
réalité. Il se mêle k tous ses récits ; le narré simple
et oljectif du fait lui est impossible; il ne sait
point risoler du jugement qu*il eu a porté et deTim-
pression personnelle qui lui eu est restée. Il ne ra*
conte pailes choses , mais les imagiualioM qu'il s^est
(ailes à propos des choses ^ ou pluiàt il sê raconte
ui-mème. ueufaut se crée à son tour tons les uiy-
ihes que Thumanité s*est créés : toute fahle qui
frappe son imagination est par lui acceptée ; lui-
même s*en improvise d*étriinges, et puis se les
aflirme. Tel fut Téclat de Tesprit humain aux épo*
ques mythiques. Sans préméditation mensongère,
la fable naissaR d*elle même. (La Liberté de penur ,
liist. Cl it. de Jésus.)
DlCTIOKlfAlRB APOLOGÉTIQUE. IL
10
299
MYT
DICTlONNAmE APOLOGETIQUE.
MYT
500
des rêveries qu*on veut bien leur prêter. Ils
transmirent» en mourant, à TEdise primi-
tive ce caractère de simplicité héroïque et
d-antifMthie pour la poésie légendaire. Fa-
buiasdevita, avait écrit saint Paul, et les pre-
miers chrétiens conservèrent cette devise.
Ils écartèrent de la tradition véritable toutes
les imaginations arbitraires qui se trouvent
dans les évangiles apocryphes. L'histoire de
ces légendes, comme il est facile de le dé-*
montrer, suffit pour l'apologie de l'Eglise
primitive. En faisant délie un pêle-mêle
d'enthousiastes visionnaires, onna pas as-
sez réfléchi sur le caractère que l'histoire
lui conservera toujours. L'éminente sain-
teté de ses premiers fidèles, leur passion
pour la vérité, les dangers qu'il leur fallait
courir pour la foi, tout la leur faisait gar-
der avec une admirable vigilance. L'Apôtre
des nations n'avait-il pas condamné comme
sacrilèges toutes les altérations de ce dépôt
sacré? N'avait-il pas dit encore qu'il ne fau-
drait pas croire un ange qui prétendrait te-
nir du ciel un nouvel Évangile?
11 y a de fausses comparaisons qui sédui-
sent toujours les esprits vains et superficiels ;
mais quand on vient à pénétrer jusqu'à la
source même des choses, on s'aperçoit bien-
tôt que le christianisme est né de la vérité,
tandis gue la mythologie païenne est née de
la passion.
Cependant, nous rencontrons ici une ob-
jection dont nous ne pouvons dissimulc^r
l'importance. Il est incontestable, disent nos
adversaires, qu'il y a entre la mythique des
peuples païens et la théologie du christia-
nisme des ressemblances profondes et sai-
sissantes (303).
M. Pierre Leroux, dans V Encyclopédie
nouvelle^ a beaucoup insisté sur ces analo-
logies. Il prétendait prouver parla que les
fondateurs du christianisme n'avaient fait
que développer et populariser tous les prin-
cipes de l'ancien dogme païen conservé m vs-
térieusement dans les écoles philosopni-
ques ou bien dans les sanctuaires du sacer-
doce. Cette objection, qui parait très-sé-
(305) D'après récole de Strauss, les hnnienses pro-
grès faits dans l'étude des mylhologies auraient
puissamment servi à affaiblir J'aulorité historique
de la Bible. Harless appelle avec raison cette ma-
nière de raisonner scandaleuse et dérisoire. Cela
est Trai, et pour reprendre la difficulté dès son prin-
cipe, il me semble que le point de départ des my-
thicistes ne soutient pas Texamen ae la science.
Ueyne ayant remarqué de frappantes analogies entre
les traditions sacrées des peuples et certains faits
racontés dans les livres de Moïse, on s'empressa de
conclure précipitamment que tous ces faits étaient
un simple produit de l'esprit légendaire. Il est vrai
que les circonstances de ces histoires ont été sou-
vent enfantées par l'imagination populaire. Mais Tu-
niversaiité et l'identité perpétuelle du fond prouvent
évidemment que les légendes se sont surajoutées à
une base, d'une autorité bistori(|ue iticontesiable.
Or il suffit d'examiner la tradition contenue dans
le Peiitateuque, sa Fimpliciié» sa brièveté, son ca-
ractère philosophique, pour reconnaître qu'elle a
servi de point de départ aux légendes poéuques du
|tniyibéisiuie. C'est pour avoir méconnu ces idées si
clciuviitairos et si rationnelles que Ëichhonij Gabier,
rietise au premier coup d*œll, ne peut véri*
tablement pas supporter Texamen de ia
science. Ce qui en fait la force, c'est la sup-
position arbitraire que le Sauveur préteo-
dait annoncer à la terre une doctrine jus-
au*alors complètement inconnue. Mais si
I on vient à réfléchir que la religion chré-
tienne se proposait de continuer les révéla-
tions de rËden (30^0 et du Sinaï, on avouera
que, bien avant Jésus-Christ, le chrislia-
nisme avait de |)rofondes racines dans Ik-
cien monde. D'ailleurs, du fond de laite
de corruption et de servitude où il était
plongé, le genre humain devait rêver sans
cesse les merveilles delà réparation future.
II 7 a tant de sang et de larmes dans toute
cette histoire du vieux monde, que Ton
comprend facilement pourquoi rhumanité,
entraînée par ses rêves ardents, cherchait
aux cieux les premiers rayons dusdieilde
justice. M. Tabbé (îerbet, dans son profond
ouvrage sur le dogme générateur^ a fait sen-
tir d'une manière énergique et ?ive le be-
soin perpétuel de la présence de Dieu qui
dévorait la société païenne. Ce besoin,
d'ailleurs, n'avait-il pas sa racine daus une
ancienne promesse faite aux ancêtres de la
famille humaine? C'est là le principemys-
térieux des théophanies et des incaroatioos.
Les peuples qui ont conservé le plus long-
temps les souvenirs traditionnels, ODtdonoé
beaucoup plus de développement que ks
autres à la théorie de la reaemptioodirine.
Il est étonnant que nos adversaires aient
constamment méconnu un enchaînement
d*idées pourtant si facile à saisir. La préci-
pitation avec laquelle ils examinent et ju-
gent le magnifique ensemble des faits qui
composent l'histoire de la révélation i)eut
seule expliquer leurs erreurs. Le christia-
nisme, qui est une chose si grave, est étu-
dié dans les livres de nos savants moilernes
avec une pétulance déplorabJciqu^on rougi-
rait d'employer, s'il s'agissait de fiier iadate
d'un Pharaon ou de reconstruire le sque-
lette d'un ptérodactyle (305). Pourtant iicst
question crune doctrine qui a bÂti de ses
Schelling, Bauer«Vatcr et de Wetle pr'kentlirent mi'
Uier le caractère mythique de fAncien Te^uniciiu
On n*en resta pas là : Krug ,llorsl. Gabier, Weg^bc;-
der, Daub, Bauer, Kaiser, Amiiion, Berlbold et de
Wette trouvèrent bientéi des mythes daus le iV«'
veau Testament. Pourtant, comme on reconnaisisii.
en faveur de son authenticité , des arguments très*
forts, Taltaque lan^^uissaît. Il se trouva, beureu;^
ment pour le système, que quelques tbéoiogiens
tournèrent leurs efforts de ce côte. L'auibeniicue
d'un ou de plusieurs évangiles fut attaquée surc*:^
sivement parBreischeider, Scbultz, Schleieiniclieri
Sieffert, àchneckenburger. On conçoit les eflbm
qiron a faits dans ce sens. De Taveu même w
Strauss, si les évangiles 8<mt au tben tiques, le sjs-
tème mythique n'est qu'un rêve. Or il s'en wui
beaucoup que les ntvUiicistes aient renverse m
constante tradition de l'Eglise. On en peut juger P«r
les objections que Strauss met en avant daus sou
Introduction. ,
(504) Pour briser cette chaîne des révélation!, tes
partisans du système mytliique ont nié uoaDiJU<^
ment la chnte primitive. .
(305j Nous ne voulons pas citer d'autre nettf^^
30t
MIT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MIT
30S
mm rigoureuses le mer?eilleux édiGce de
b société moderne, d'une doctriiie de la-
(jueile dépend évidemment la vie morale
de5 î>e»plest cl sàns laguelle la force pré-
TauJraii contre le droit, la chair contre
re&iffit. Quoi qa^on dise du spiritualisme de
« siècle, il ne comprend (306) véritable
Biejit que les forces matérielles (307). On
toit des hommes qui se disent graves, con-
umer leur intellij^ence et leur vie sur une
question de statistique , de chemins de fer
«m de canalisation. Mais quand il est ques-
\iondes bases les plus profondes de la reli-
pjft. de Tordre et des mœurs, ils répondent
4UC dédain, comme les savants de l'Aréo-
l«:e répondaient à saint Paul : « Un autre
fur Qous parlerons avec vous de tout
^la (308) I ^
la seule chose que nous puissions avouer
à nos adversaires, c'est que la mythologie a
mji de se mêler à l'histoire du chnstia-
fnsme. Hais sa tentative a rencontré dans
feûdèlesde TEglise primitive une résis-
tance ({ui devrait éclairer les esprits les plus
revenus en foveur de Topinion mvthique.
est Trai, il s'est développé au milieu des
fopuUtions chrétiennes, sur la vie du Christ
<A ses actions, un cycle de légendes popu-
l«jrt>. Nous les avons encore; il n'est pas
ûifiicikde les comparer à l'Evangile. « Ce
^P^l'ènn^ résumé de riiisloire ëvangélique que
b^ tnMtToiis dans La lAberté de pemer : i A peine,
KÇikire, en exprinianl de tons les évangiles ce
<iv'i'i coiiiieiiiiriii de réel, oblieiidraji-on une page
bUU)ire de Jésus. Ouand ou dit qu^il jinquil el
MMJ«tihesM eu Gulilée, qu^ii ne reçut aucune
tkn\m kltéuique, el que uiéine sou cducalion
!*»t fui peu soignée; qu'il lil dans sa jeunesse
^\ttei Tojjges à Jérusalem où son iinaginaliuu
wmfttieiii Inpressioniiée, eioù il enira en corn-
MfuiioQ avec fesprit de sa uaiion ; quM précJia
*>« <)ociriiie peu onhodoxe à Tégard du judaïsme,
iklmte euraretnie peul-élre deprevincialisme; car
B Caillée inii mal faniée pour rorihodoxie comme
rr la iMireié de sa langue; que les Juifs rigoureux
irtnc une vive opposition et réussirent k le
■ire Dteun* à mort; quand on a ajouté que ses dis-
[J^lttttçciEHT (reçurent est tûen inveniét) uroba-
U^eni ion cadavre, el que soii qu'il ne lut pas
"^0 «ori, feoii innecente supercberie (quelle inno-
M^!|i KMi leui anire moyen qub nous ne sommes
Monicés M DIRE (sû;),on crut qu'il était ressuscilé,
Mcsidii mT-ÉTBB. » (La Uberlé de penter, llis-
jjflew crUiqoei de Jésus.) — Ce peut-être devrait
«vt (erril)lejiieiil réfléchir des liommes qui u'ont
Ë ^certes la péiiétraiiou îles Euler, des Pascal, des
,^U.desRossuei!
(386) I Pour comprendre Jésus, dit La Ubtrlé de
^tiiCsUltTtC ENDOBCI AUX Ml&ACLES?! Queliu
NMdeiir phitosopbique!
^) Si^ ran doutait encore de Tesprit de ce
*^i qu'an se rappelle ces étranges paroles :
(UieseK iilentique avec ie monde; un homme re-
^ǻenie une parcelle de ce Dieu. On peut dire avec
v^Mn de l'kttMianHé entière qu'elle eh esi une in-
fini. Âussi« le but de toutes nos uiatitutions
"'^^^ est b réhabiliuiion de la matière, sa
^i^ratiûM dans set droits, sa reconnaissance
'/^'{teoie, la sanctiftcaiion morale... Nous pour-
>^tois le bien-être de la matière, parce que nous
T^!L^ la divinité de Tbomme se roauifesie
^^Xttcat dans sa fornie cerperelle... Nous fondons
-'t^Boeraiie de dieux terrestres, égaui en béa-
sont, dit M. A. Coquerel, des recueils d'em-
[>runts faits aux évangiles canoniques, nié-
es de fables, de légendes, de merveilles
puériles, grossières, absurdes, quelquefois
impures et plus souvent barbares. Et la my-
thologie du christianisme , si vainement
cherchée par l'ingénieuse incrédulité du
docteur Strauss dans les livres sacrés, est
là. a Si les évangiles canoniques doivent
être considérés, ainsi que les ai:>ocrjphes,
comma les produits de Fimagination légen-
daire de la première communauté chré-
tienne, comment se fait-il qu'on trouve,
entre ces deux résultats de la même cause,
des différences si essentielles et si profon-
des? Comment se fait-il que, par le plus
étonnant des miracles, quatre recueils, sor-
tis comme les autres de la source féconde
des passions populaires, portent empreint,
à chaque ligne, ce caractère de grandeur et
de majesté, qui saisissait si fortement l'in-
telligence élevée du philosophe de Genève?
Herder disait souvent du Quatrième évan-
gile ; « La main d'un ange la écrit I » Si ce
siéraphin descendu des cieux n'est autre
chose que la muse qui parle au fond du cœur
des peuples enfants, comment se fait-il que
les évangiles apocryphes reproduisent si
mal la sublime poésie des bateliers gali-
léens (309j? Comment se fait-il que la gran-
litude et en sainteté... Nous voidons le nectar et
rambrotsîe, des manleaui de pourpre, la volupté
des parTiinis, des dauses, des nymphes, de la mi^
sjque, des comédies, i (U. Hkinb, De l^ Allemagne
depuU Luther,) — Ces articles, dont i*auteiir a depuis
fait un livre, ont paru d' abord dans la lUvue des
Deux-iloadet^ en i834. Si Ton regardait ce prodi-
gieux délire comme l'expression désordonnée des
passions d*un seul lionime, qu'on écoute M. P. Leroux,
en tenant Gepenilant compie de ses utopies : c 11 n'y
a plus, dit il, d*autre nuilière d'échange entre les
hommes que l'or; ei celui qui en est privé n'a rien
à demander aux autres, et par conséquent rien à eu
recevoir. Ce n'est plus même Thomme qui régue sur
rhomme, c'est du métal qui régne, c*esi la propriété
qui règne; donc c^esi de la matière qui règne, c'est
l'or, c'est l'argent, cVst de la terre, de la boue, du
fumier. Supposez un amas de fumier, couvrant dix
lieues carrées de terrain, quel que soii l'Iiomiue au-
quel appartiendrait cet amas de fumier, cet homme
seraii un des princes de la terre aujourd'hui , et U
aurail le droit de faire passer à un autre, fût^-ce un
scélérat couvert de crimes, toute sa puissance. Au-
trefois, on possédait la matière^parce qu'on avait un
litre dans la société; aujourd'hui, c'est l'inverse. Ou
a litre dans la société à titre de la matière que l'ou
possède. Donc, encore une fois, c'est la matière qui
règne. Ia sociélé d*aujourd*bui danse autour du veau
d'or. > (Cf., dans les Aana/«f de philotofhieehrélienne,
le Tableau de la sociélé sans le chrinianisme, par
M. Pierre Leroux.)
^ (308) Audiemui u de hoc ilerum, {Act. xvii, 22.)
(309) En parlant des évangiles apocryphes, j'ai
fait constamment allusion aux apocryphes de la se-
conde classe, les seuls qui soient le produit de l'ima-
gination populaire. Les a|>ocrypbes de la première
classe ne sont, au contraire, qu'une reproduction
des récits des évangiles canoniques, auxquels on a
quelquefois ajouté quelques renseignements tirés de
Iti tradition qui ne sont pas toujours dénués d'im-
portance. — Cf. Fabricius, Codex apocryphut Novi
Teitamenli; — Bcrgier, teriitude de$ preuves du
christianisine ; — Glairi:, Introduction au Noutmu
à
305
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
7.04
(leur des idées et Tadmirable conYenance de
i*eipre6Sion ne se soient rencontrées que par
hasard dans les pages qu'une Eglise igno-
rante et passionnée a déclarées, je ne sais
jï\ Comment ni pourquoi, la parole de Dieu
et l'œuvre des apdtres? La conserYation des
évangiles apocryphes est donc véritable-
ment, à mes yeux, bn événement providen-
tiel; un fait sensible, plus éclatant que la
lumière, et qui démasquera toujours, par
une comparaison qu'il esi impossible de ne
Ks faire, les adversaires contemporains de
évangile. S'est -on iamais avisé de confon-
dre les légendes cariovingieniies avec l'ou-
vrage écrit par ^inhard, contemporain des
faits (310) ; le roi^chevalier des romans du
XII' siècle avec le restaurateur de l'empire
d'Occident? Ou sait que les Roland, les Re-
naud, les Turpin ont été singulièrement
transformés par I imagination des masses,
et la poésie gigantesque ou barbare des lé-
gendes n'a jamais été confondue uar les sa-
vants avec les documents tout à fait dignes
de foi que l'histoire nous a transmis sur le
(ils de Pépin. Pourtant, en frappant d'un
même anathèmé les écrits des àpftlres et de
leurs disciples, et les légendes populaires
produites par la poésie df^s masses, les ad-
versaires de l'Ëvangiie ne s'aperçoivent pas
qu'ils feraient comme un savant qui met-
trait absolujnent sur la même ligne les écrits
<i'£ginhard et le rpman des Quatre Hh
Àymon. Est-ce là de la critique véritable?
Parce qu'on trouve à chaque instant la fa-
ble, faut-il renverser toute l'histoire? £st-il
sûr que le vrai et le faux ne puissent pas
être démêlés dans les traditions dupasse?
Testament; — Hug, Introduction au Nouveau Teita-
mentj — Thilo, Codex apocryphus Novi Testamenti;
' -~ C.-C.>L. ScHMiDT, Corpus omnium veierum apo-
ci:yphorum; — Bibcu, AUctarîum codicis apocryphi
Nàvi Testamenti Fubrieiàni; — Kleuker, Les apo-
cryphes du Nouveau Testament ; — F. de BEAirso-
BRB, De Novi Testamenti libris apocryphis, — Brij>
MET , Les évangiles apocryphes. — Ces écrivains
'n*oni pas tous jugé la question au poiul de vue ca-
tholique. .
(310) Cr. Eginhard, Vita et gesta Caroli «St^ni, et
Chronique^ et Touvra^e intitulé : Histoire fatte par
Turpin, archevêque de Reims, contenant let prouesses
et laits d'armes advenus au temps du roi Charte-
magne et de son neveu Roland, translatée du latin en
français,
(51 1) Il est encore très-curieux de comparer avec
les évangiles canoniques les mythes qui se sont for-
més au sein du mahoiuétisuie sur là vie du fonda-
teur du christianisme. Car la réunion étonnante du
puéril et du fantastique, de la simplicité et de Taf-
feciation, qui se trouvent dans ces traditions musul-
manes» rend plus frappante encore la peinture naïve
et constamment vraie des évangiles.
(5iî) Socrate dit dans Platon : c II faut attendre
2ue quelqu^un vienne nous instruire de la manière
ont nous devons agir relativement aux dieux et aux
liommes. Il n*y a qu*un Dieu qui puisse nous éclal -
rer. i (Cf. Platon, Alcibiade.) — c On voit par le
Timéej dit Tahbé Foucher, que Tattente ceruine du
docteur universel du genre numain était un do^me
reçu 9 qui ne souffrait pas contradiction. » (Cf. Fou •
CHEB, Mémoires de f Académie des inscriptions,
t. LXXI, XX, 147.) ~ Voilà pour la Grèce. — Ecou-
^tons la Chine : c En nous attachant facilement aux
Nous n'avons pas besoin de livrer ce^
' questions aux discussions de la science con-
temporaine, le sens commun ne les a-l-il i^as
tranchées depuis longtemps (311) ?
Nous conclurons par ces paroles remar
quables du prisonnier de Sainte-Hélène -
« Les esprits superficiels voient de la res-
semblance entre le Christ et les dieux def
autres religions. Cette ressemblance D*exist6
pas. Il 7 a, entre le christianisme et quelque
religion que ce soit, la dislance de Tinfini.
' Le premier venu tranchera la question
comme moi, pourvu qu'il ait une vraie con-
naissance des choses et Texpérience des
hommes. »
Jix.
Publicité des faits évangéliques. — Attente universeUe
du Bleasie.'— Mahonet jugé par Napoléon. — Les apA-
très. — Jean-Baptiste.
Il existe dans Thypothèse mythiaue une
contradiction qui tient au fond même du
système. Cette contradiction, qui n'a guère
été remarquée, n'en est pas moins une des
plus choquantes que Ion puisse sigi.aler.
Strauss suppose en effet que, du temps de
Jésus-Christ, les Juifs attendaient un Me^io
dont la vie merveilleuse ferait oublier £(ie
et Elisée. On croyait, de Taveu même de
notre adversaire, que ce fils du ciel repro-
duirait, dans sa prodigieuse existence, fous
les oracles des voyants d*lsraël. Les/>eup/es
l'attendaient comme les plantes desséchées
attendent la rosée du soir (312). H circulait
dans tout TOrient comme une rumeur
d'espérance et d'enthousiasme (3i3k Tous
' les peuples savaient que le Saint allait pa-
traditions anuques, dit Kouei-Kou*Tseu, nous sa-
vons que le Saint existe avant tout ce qui a été pro-
duit, f (Cf. Préhaee,' &/<Pc/a Vestigia, dans les Ajt-
; nales de philosophie chrétienne, xvui.) Les peuples
Tatiendent, comme les plantes flétries attendent U
rosée. (Cf. Scuhitt, De la rédemption du gemre In-
main, trad. Heorion, 45.) Âbel Réroasat avoue qoe
, ridée de la venue d'un saint était répandue eo Chine
six ceuu ans avant Tére chrétienne. (Cf. Akl Rc-
MISAT, Morale de Confucius, Invariable milieu, vK
ù'i, liv. vMi, 94, note 160.) — La Perse atiendait
dans Sosioch un libérateur futur, qui devait réparrr
les maux rausés par Âbriman. (Cf. Crccxea* Ui^
[ toire des religions de Pantiquité, notes de Guigniaut
' sur les Religions de la Perul) — Quant à Tltide, U
ii*est pas i.éctssaire d*accumuler les prenves. —
f Tout le système bindou» dit M. Rossignol, est pé-
nétré du dogone d*un médiateur, i (Cf. Rqssicno^^,
Lettres sur Jésus-Christ, i, lettre 5.) — Noos ne
multiplierons pas les citations, puisque dos adver*
saires ne semblent pas, cette fois» contester les faits.
. — « De temps immi^morial, disait Voliaire, c'éiaic
chez les Orientaux une maxime que le Sage vie»-
drait de POccident. i (Voltaire, Aâditiw» à tk'u-
toire, 15.) Yolney disait à son toar : c Les iraili>
. tiens sacrées et mythologiques des temps aaitérieuis
avaient réoandu dans toute TAsie la cn^yance d'au
grand médiateur futur, d*un juge final, d*uii sau-
veur, d*un conquérant, d*un roi, d*nn IHeii législa-
teur, qui devait ramener Tàge d*or sur la terre et
délivrer les hommes de Tempire du maL • ( Yolksi,
Les Ruines, 226.)
(313) Ce fait est aUesté par le lémoigim^ de Ta-
cite et de Suétone.
«5
HYT
blGTIONiNAIRE APOLOGETIQUE
Mît
306
tiiire. Si la rie de Jésus a été aussi pAle et
ii)$si décolorée que les mythologues Toni
fipété cent fois, qui donc aurait pu s'aviser
leToir, dans le 61s d'un charpentier sans
klaietsaos Eloire, le Messie désiré des na-
iûos (314)? Qui aurait donc pu s'y mépren-.
Ire? Doù Tiendrait cette étrange ardeur et
M dévouement sans bornes que noontrèrent
firtout les prédicateurs de la nouvelle, doc-
trine (315) ? Supposons qu'un homnâe se
ionlre aujourd'hui et se dise le prophète
die (lis de Dieu, s'imaginera-t-on pour cela
f&'i) 8 tait des miracles et accompli les pro*
^es?On comprendrait une piareille in-
mmt de la part d'un homme qui» par la
puissaoce ou la ruse, pourrait a^ir lorie-
fteol sur les imaginations populaires (316)^
Kib qu'on voiQ dans quelles circonstances
lartit dd se former la mythologie chré-
NQcLefilsde Marie était mort sur une
en^ix, et il n'était pas ressuscité. 11 était
lUttditdes grands et des princes du peuple,
IIIii!4il,pottr croire eu lui, s'exposer aux
persécutions de la Synagogue ; si ses disci*
pksMaieDl jamais eu pour lui quelque en-
tki)(bia$iQey les circonstances étaient bien
(copresà le faire disparaître. On a vu des
■Jthologiea commencer par la grandeur
ii^oiqai,parla fascination du génie mili-
Uirf. Hiis 01^ trouver, dans l'histoire des
wto« ttfle mythologie qui commence au
ptedJ'un gibet? Imagine-t-on qu'en voyant
'^ur maUre cloué au poteau des esclaves,
«es disciples se soient enthousiasmés pour
(3UI a. i]LLMJUCN, Que tuppoêê la fondation de
fUui^f «R crucifie? — Ker». Faîrt principaux
itt^iiiwe étau^li^iue; — EscnKiiiiAVEB, hcario*
ibf,ch. IV. — I Le cèdre, qui est destiné à sur-
pKrioos les attires arbres, diien parlant du chris-
mmt rélOi|iient Escbenmay^'r, peut-il venir de
ftpainede rbamble neiseiier? »
tSIS) Cf. Emjusriiayeb, J$carioti*me^ cli. iv. Le
lUraii 4|iill fait de la vie de sauil Paul est un des
Ibreourquabies morceaux de la liuérature théo-
^3f6) Ceii ce qu'a fait Mahomet, et Napoléon a
tattdé sa vie, avec celle du Chrisi, un paraUéte
^ MUS ne pouvons résister à Tenvie de citer ici :
^(Valtoset, aans doute, prodame Funiié de
1^; o-ue vérité est Teêsence et le dogme principal
' » rdigioii. Je le recouuais; mais loul le monde
<iQ*d ae Taffirme que d'après M<>îse et la iradi-
jaive. L'esprit de Mahomet, ou plulét son ima-
- Jtion, 1 (ait tous les frais de tous les autres dug-
^de PAlcoran, livre plein de confusion et d*obs-
w\\é^ (Tua novateur passionné qui se tourmente
|Mr re«Hidr«, avec le génie, des questions qui
m plus lames que le génie, et il n'ahoutt( vrai-
pnA(\uk ées larpitndes! Tant il est vrai qu'il n'est
i^ a personne, même à un grand homme, de
Haifireilesalisfaisanlëur Dieu, le paradis cl la
^^ faiurf , si Dieu ne l'en insiniil lui-nièuie préa-
Ui^tfieat ! Ausii Mahomet n'esl vrai qu'autant qu'il
>'ilMie for U Bible et sur Te seutîmeut inné de hi
'Wjitfe de Di^u. — Pour tout le reste , l'Alcoran
»''û inimeut qu'un sysièiuc hardi de domination
'UeaTaliiiMuieut politique, — Partout l'homme
'•4jiua» le montre à découvert dans Mahomet.
^'' bueur de toutes les passions les plus chères au
^«BrJc llHH»me, coniuie il caresse la chair!
f Ile hf je part il fait à la scnfuaUlé ! — Esl-co
ce crucifié qui avait trompé leurs espérances
et compromis leurs destinées? Non, on ne
peut accepter une plus révoltante absurdité
psychologique, surtout si l'on tient compte
du caractère des apôtres, que nous voyons,
jusqu'à la Pentecôte , dominés par une
tendance positive qu'ils ne dissimulent
pas.
11 était d'autant plus difficile de se faire il-
lusion sur les miracles du Sauveur, que sa
mission tout entière s'était exécutée sous
les yeux de ses plus redoutables ennemis.
Quelle a été, en effet, la vie du Christ?
Quel a été le caractère de ses miracles? Est-
ce dans l'ombre que s'est passée son exis-
tence? A-t-il prêché dans des conventîcules
mystérieux? A-t-il fui la lumière? Il fQut
l'avouer, les maladroits faiseurs de légen-
des, qu'on dit avoir inventé cette histoire,
choisissaient bien leur temps I en donnant
à la vie du Rédempteur un cadre si bien
tracé, des circonstances si nettes et si pré-
cises, ils acceptaient comme à dessein, tout
ce qui pouvait démasquer et confondre leur
follç crédulité. Strauss, n'a pas contesté
l'authenticité des Actes de$ apôtres (317) :
qu'il lise donc, dans les premiers chapitres,
les admirables discours de saint Pierre (318)
et de saint Etienne (319), prononcés devant
la multitude et devant le sanhédrin lui-
même. Quelle vivacité I quelle conviction 1
quelle logique I S'il se fût agi d'une pure il-
lusion dlraagination, pourquoi les meur-
triers du Chrtst n'ont-ils jamais essayé de
vers la vérité de Dieu qu'il veut entraîner l'Arabe ,
ou vers la sédnclion de toutes les jouissances per-
mises dans cette vie, et promises comme l'espoir et
la récompense de l'autre ? — Il fallait enlever un
peuple: l'appel aux passions fut nécessaire, à la
tioiine heure I 11 a réussi ; mais la cause de son
iriomphe sera la cause de sa ruine. Tôt ou tard le
croissant disparaîtra de la scène du monde , et la
croix demeurera. Le sensualisme tue , en défini-
tive Jes nations aussi bien que les individus quioni
la folie d'en fiiirc la base de leur exisiei»ee! — De
plus, ce faux prophète s'adresse à une seule na-
tion , et il a senti le besoin de jouer deux rôles , le
rôle politique et le rôle religieux. Il a eirecti-
venient Conquis et possédé toute la puissance du
t)remier. Pour le second , s'il en a eu le prestige, il
n'en a pas eu la réalité. Jamais il n'a donne de
preuves de la divinité de sa mission. Une ou deux
fois il veut s'étayer d'un miracle, et il échoue lion-
teusement : personne ne croit h ses miracles, parce
que Mahomet n'y croyait pas lui-même , ce qui
prouve qu'il n'est pas aussi aisé qu'on se l'imagine
d'en Imposer sous ce rapport Si le titre d'impos-
teur s'accole facilement au nom de Mahomet , il
répugne tellement avec celui du Christ que je ne
crois pas qu'aucun ennemi du christianisme ait ose
l'en flétrir. — Et cependant il n'y a pas de uikieo,
LE Christ EST «NIMPOSTEBR. ou IL EST DIEU. > (Cf.
DE Beau TERNE , ,Senliment de KapoUon , cli. h ,
(517) Depuis le D' de YTettc, Baor, M. Maury et
Schraderonf essayé d'afl'aibllr l'autlienticilé de ce
livre , mais il n'ont pas même entame les argumenta
si forts de Lardner, Palcy et de Tholuck.
(518) Cl. AclM Apotl,^ II.
'5iî)) Cf. -Acitts Apoit,, Ml.
367
MTF
mCnOflNAIRE APOLOGETIQUE.
mnr
soft
conraiiicre d*imposlDre ces disciples simples
et naî6 qui les accusaient derant la oatioa
tout entière du plus grand des forfaits?
Pourquoi n*a-t-on pas fait d'enquête?
Pourquoi n'a-t-on jamais rien inventé qui
fût tant soit peu raisonnable ? Quelque sup-
position que Ton fasse, ces conclusions au
sens commun j'^tteront toujours à terre les
adversaires de PEyangile. Si, au contraire,
il est impossible de contester la publicité
des miracles du Sauveur, on s'explique les
hésitations, les fausses mesures, les embar-
ras du sanhédrin. On comprend le change-
ment subit, le zèle et la fermeté des apd-
très. II est plus facile d^accepter des mira-
cles que de dévorer tontes les absurdités
des systèmes rationalistes: vaines chimères
qu'emporte le flot du temps et qui dispa-
raissent plus vite que les nuées poussées
par le vent de Forage!
Ajoutons à ces considérations une ré-
fleiion d'une grande portée qui nous est
suggérée par le docteur Ullmann (320). La
personnalité de Jésus, telle que Strauss la
représente, une vie si complètement livrée
à Texamen, une existence qu'on nous dé-
peint comme si prosaïque et si insigniûante
était-elte véritablement propre à mettre en
émoi l'imagination populaire? Si quelque
personnage de ce temps-là était capable
d'exciter Tenthousiasme de la foule, c'était
bien plutAt Jean-Baptiste, dont la parole
puissante remuait si profondément les po-
pulations de la Judée. Sa vie, d*ailleurs
pleine de rudesse et d'austérité, était beau-
coup plus eu harmonie avec les tendances
du génie national, et rappelait d'une ma-
nière oien plus frappante la tradition véné-
rée des prophètes d Israël. Jean-Baptiste ne
laissait point sur les sables des déserts la
trace de ses pieds; son 'existence inconnue
et profondément mystérieuse se prêtait bien
plus facilement aux combinaisons arbitraires
de la légende et de la poésie (321}. D'ail-
leurs, puisque Ton suppose qu il avait été
le mattre de Jésus-Christ, comment peut-on
admettre que l'imagination de la foule se
soit emparée du disciple pour laisser è peu
près dans l'ombre et dans l'oubli le prédica-
tcur populaire du désert? La mythologie
chrétienne, au lieu de s'organiser d'après
Tordre naturel des idées, aurait donc violé
toutes les lois de l'analogie et du bon sens.
Il n'y a donc, dans de pareilles hypothèses,
ni science sérieuse ni réflexion solide. 0*est
un parti pris k l'avance (322), qui brise im-
pitoyablement tous les faits qui ne peuvent
pas entrer dans le cercle de fer qu on veut
vacer autour du christianisnie.
(320) et, ULLIIA5II, Examen de la Vie de Jétui^
dans les Etudes el critiques de 1836.
(321)Cf. Khvn, Vf> de Jéên$ . i, 161-300; —
Alzog , Hiiloire univer$êUe de VEgli$e , le Christ el
le sièrie aposioliqiie ; — Tillenont, Mémoires
Êour servir à rUisloire ecclésiastique , i , saint Jeaii-
iaptiste.
(322) La même réflexion s^^ppliqne à la Dogma-
tique de Strauss el aux autres ouvrages du niciiic
genre , publiés par les théologiens rationalistes.
M. Edgar Qui net Ta voue maigre son ad-
miration pour l'et^èse allemande, c Arec
le même désir de rester dans ta vérité, je
reconnaîtrai que, dès l'ouverture de rette
histoire, on voit clairement que le système
est conçu par avance ; qu*il ne naît pas né-
cessairement des faits; qu'au contraire,
l'auteur, avec la ferme volonté de tout y
ramener, ne s'en démettra devant ancDH
obstacle. Que par là il est entraîné è nne Iq-
tolérance logique qui ressembTe i une sorte
de fanatisme, et rappelle avec plus de sang-
froid et de maturité l'esprit exterminateur
de Dupuis et de Volney. j'ai même quelque
sérieuse raison de croire que, revenu de la
première fougue de la discussion, il ne se-
rait pas éloigné d'admettre la justesse de
cette critique. Un second reproche que je
ferai à cet ouvrage, parce que la critique
allemande n'y a pas assez insisté, c est que
l'intelligence et la connaissance, il est vrai,
{frodigieuses des livres, y semblent étouffer
e sentiment de toute réalité. Au milieu de
cette négation absolue de toute tic, tous
êtes vous-même tenté de vous interroger
pour savoir si vos impressions les pins per-
sonnelles et votre âme ne sont pas aussi,
fiar hasard, une copie d'un texte égaré du
ivre de la fatalité, et si votre propre exis-
tence ne va pas soudainement vous èire
contestée comme un plagiat d'une histoire
inconnue (3i3). i>
Unité, originaUté, sabliinité, sfncérilé, indrenitilt de
l*Evangile.
Un professeur allemand^ gui répondait, il
y a quelques années, au livre du docteur
Strauss, écrivait dans VIndicateur liltéroiTt,
ces remarquables paroles : « Les évangiles
sont unanimes sur la sainteté extraordinaire
de la personne et de la vie de Jésus, et leurs
témoignages ne seraient pour nous que des
mythes 1 Ces témoignages, considérés comme
des inventions sou volontaires et dans un
but quelconque, soit involontaires, derieii-
draient de pures absurdités! Où doncaurait-
on pu prendre les traits du portrait de Jésus,
tel que nous le retracent unanimement les
quatre évangiles , si ce n'est chez celui qu ou
peut appeler le messager de la vie, rhomrae
divin, 1 homme entièrement pur? Comment
ses disciples, qui appartenaient aui classes
les plus ignorantes du peuple, purent-ils
s'élever eux-mêmes à de si naules concei'-
tiens idéales ? Pourquoi apf)Iiciuèrenl-il5
ces traits précisément à cet individu?-
Assurément, on n'en peut douter, p^rce
qu'ils y furent contraints parla personnalité
si vivante et si merveilleuse de Jésus (3i^};
(32^) E. QniicET, Allemagne et Italie, III, '^^-^
Sur Toriginaliié de l'Ëvangile , voy. note XII, à i<
fin du volume.
(3i4) Cf., aiip Texcellenee du capaclère moral de
Jésus-Christ, Bergick , Traité de la vrais religton,
3* part., cb. m, art. 2 ; — Atmé. FendemenU de M
Foi, I, 4H ; — Vkrwet, Traité de la vraie reliçjton,
III, liv. V ; — DuvoisiN , Démênstrarwn évaHgéli(l*^*
52-78 ;— Abbadie, Traité de la vraie religion, n, f^;
lion 2, ch. 8 ;— Geotius, De veritale retigimi d^^
*w
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
310
ctsi d'elle qu'ils reçurent d'abord ce por-
trait. Admettre la composition involontai-
rement mythique, c'est-à-dire fabuleuse, de
If fie de Jésus, est une absurdité. »
y. E. Qoinet, qui n*est pas suspect, a dé-
veloppe ces quelques pensées, si pleines de
justeise et de solidité, avec une énergie qu'il
»«rai( difficile de surpasser.
«Quoi! dit-il, cette incomparable origi-
nalité du Christ ne serait qu'une perpétuelle
loiitalion du passé, et le personnage le plus
neuf de l'histoire aurait été occupé perpé-
tuellement à se former, ou, comme quel-
ques personnes le disent aujourd'hui, h se
()0^fr d'après les figures des anciens pro-
; te? On a beau objecter que les évangé-
\m se contredisent fréquemment les uns
les autres, il faut avouer à la fin, que ces
loolradictions ne portent que sur des cir-
ronstances accessoires, et que ces mêmes
(«rirains s'accordent en tout sur le caractère
ii;êmedeJésu5-Christ. Je sais bien un moyen
•^'iN réplique pour prouver que cette figure
îi'itqo'ane invention incohérente de T'es-
{irit de l'homme : it consisterait à montrer
iu> celui qui est chaste et humble de cœur,
^W saint Jean, est impudique ot colère,
i^o:: saint Luc; que ses promesses qui sont
'MhiaeHes, selon saint Matthieu, sont
i«'ni|H7re!les, selon saint Marc; mais c'est là
^^'ofl n'a |>oint encore tenté de faire, et
(uni^é de cette vie est la seule chose qu'on
iJâit ^loiot discutée. Sans nous arrêter à
't«e observation, accepterons-nous, pour
•îJl expliquer, la tradition populaire, c'est-
•-life le mélange le plus courus que l'his-
(«irr ait jamais laissé paraître, un chaos
•^Hébreui, de Grecs, dEgvptiens, de Ro-
Baios.de grammairiens a Alexandrie, de
^ibes de Jérusalem, d'esséniens, de sad-
(JiK^ns, de thérapeutes, d'adorateurs de
JéijOTah,deHithra, deSérapis? Dirons-nous
ijo^" cette vague multitude, oubliant les
ffiiTéreoces d'origine, de croyances, d'inslitu-
boo5, s'est soudainement réunie en un seul
«prit, pour inventer le même idéal, pour
créer de rien, et rendre palpable à tout le
pnre humain, le caractère qui tranche le
Btieux avec tout le passé, et dans lequel on
^^nnalt Tunité la plus manifeste? On
t^'^aera au moins que voilà le plus étrange
I rjjrade dont on ait jamais entendu parler,
l^'fi^ l'eau changée en vin n'est rien auprès
i^^elui-lè(325)-»
I Lohgiualité de l'Evangile ne s'explique
I *'»««, lib. u, cap. 18;— BcRGiER, Apologie du chris-
**••'*«<, i,ch. 3, § 1-4;— Pascal, PentéeSy cb. 11.
' '^>) E, QouiET, Ailemagne et Italie^ ii, 582. —
^^tt-sw exprimail à Sainte - Hélène, avec non
aûin ifâergie et avec une concision plus grande
T •-*•» *«»|Flli; WlIC «VIK? «^ ▼«i^il^i UMVil \\MM.^^%J\j » 'VW^a
*'*^ee)iTre procure à ceux qui y croient! Que de
«^«Hûi yadmirent ceux qui l'ont médité!— Tous
'^n^u T «ont scellés et solidairi*s l'un de Tautre,
«'••lelrt pirrresd^an même ctliOce... Le Christ ne
^^ |af,ti nMiésiie jamais dans son enseignement,
*^ '• niirailie affitmation de lui est marquée d*uu
pas mieux dans l'hypothèse mythique, que
sa merveilleuse unité. Le Nouveau Testa-
ment est un livre à part, qui ne ressemble
évidemment à aucun autre. La grandeur
des idées qui est constante, ne revêt jamais
les formes de l'enflure ni de l'exagc^ra-
tion (326); il y règne un mélange de sim-
plicité et de profondeur, qui est le caractère
propre des œuvres divines. Fidèles témoins
des faits, les évauKéiistes les rapportent
avec la naïveté et l'émotion que ces faits
devaient tout naturellement leur causer.
On sent que les hommes qui ont rédigé ce
livre ont vécu dans une atmosphère toute
divine, et qu'ils ont conservé quelque chose
de l'admirable sérénité du maître dont ils
rapportent les paroles et les actes. Si l'E-
vangile avait été écrit bien loin du spectacle
des événements, comme on l'imagine, il
n'aurait pas une pareille physionomie. Avec
tant soit peu d'habitude des hommes et des
affaires, une déposition quelconque présente,
avant tout contrôle et tout examen, l'inévi-
table cachet de la simplicité naïve et de la
candeur pariaite. Comment peut-on supposer
3u'une tourbe de visionnaires eût pu tracer
'une manière si étonnante, ce prodigieux
tableau des passions et des idées de toute
une époque qui s'appelle l'Evangile? Et
pourçiuoi un pareil pnénomène ne s'est-il
jamais reproduit dans aucune autre cir-
constance, ni dans aucune mythologie?
Pourquoi les légendes de Bouddha, de Kri-
chna, de Rama, de Lao-Tseu, de Zoroastre,
d'Apollonius de Tyane, n'onl-elles jamais
ce caractère? Pourquoi, dans ces sortes de
compositions littéraires, découvre-t-on tou-
jours, au premier coup d'oeil, l'absence de
la vie et de la réalité? L'Evangile, dites-
vous, est une mythologie; mais comment
donc se fait-il que la même cause ait produit
des effets si divers? Je sais bien qu'il y a
plusieurs sortes de mythologies ; que les
mythes sanguinaires des Eddas ne ressem-
blent guère aux scènes mystiques du fiha-
gavat-Gita ou aux légendes voluptueuses de
la Grèce. Mais ici la différence n'est pas
seulement dans la forme et dans le carac-
tère des passions qu'on met en jeu, elle
affecte le fond et la substance elle-même.
D'ailleurs, si l'imagination des premiers
chrétiens se fût avisée de parer la grande
figure du Christ de tant de fleurs et de poé-
sie, pensez-vous qu'elle eût laissé dans leur
simplicité rude et grossière les disciples
cachet de simplicité et de profondeur qui captive
rignorant et le savant, pour peu qu*ils y prêtent leur
attention. Nulle part on ne trouve cette série de bel-
les idées , de belles maximes morales , qui défilent
comme les bataillons de la niHice réleste, et qui
{produisent dans noire 5me le même sentiment que
*oo éprouve à considérer rétendue du ciel resplen-
dissant, par une belle nuit d'été, de tout Téclat des
astres. — Non-seulement notre esprit est préoccupé,
maii il est déminé par cette lecture, et jamais TA-
me ne court risque de s*égarer avec ce livre, i (De
Beauternb, Sentiment de Napoléon, iv, 106.)
(326) L'illustre Joseph Gœrres a parfaitement dé-
veloppé ce caractère des livres saints dans son Et •
sai bur rilistoire universelle.
511
MTT
DICnONNÂfRE: APOLOGETIQIJE.
MYT
5li
fidèles, ces apôtres bien-aimés, propagateurs
de son œuvre et de sa parole? Pourquoi
a-t-elle conservé avec tant d'exactitude la
dureté de leur cœur, la paressé de leur •
intelligence, lesouvenirde leur fuite, enfin,
tout ce qui dans la pensée d'une foule amie
du merveilleux, devait singulièrement ra-
petisser les proportions de leur vie T
Ce n*est pas ainsi qu'agit la poésie légen-
daire. Elle peint Roland et Renand tout
aussi grands que Cbarlema^ne. Les fils d'O-
din, dans les Eddas, se placent avec une
audacieuse mirjesté autour du trône formi-
dable du Jupiter des Scandinaves. Ici, les
choses se seraient passées fout autrement.
L'Eglise primitive, qui avait un si grand
intérêt à peindre sous df^s traits merveilleux
les premiers prédicateurs de l'Evangile, leur
a laissé toute la rudesse prosaïque, les
ftenséea populaires des pécheurs gatiléens.
I est impossible d'admettre tout à la fois,
dans l'Eglise primitive, une extravagante
passion du fantastique , et un sentiment si
Tif de la vérité historique. M. Edgar Quinet
avait donc raison de dire a Strauss, en par-
lant des apôtres : Ce sont bien là de$ hommes
et non pas des mythes I
Si^l'on supposeque l'Evangile est l'oeuvre
de Timagination populaire ^ comme le veut
le rationalisme contemporain, il est encore
(327) L*éviiience Intrinsèque du christianisme est
dans la coBtroverse chréiièiine une question de la
plus haute Importance. — Les anciens apologistes ont
émis sur ce point bien dps vues capiuiles. Cf. Brr-
ciEB, Traité de la vraie religion^ 5' partie, ch. 3, art.
I, et 3* partie, eh. 7; — Aymé, Fondements de la
foi^ I, 4d3 ; — De la Marr, La foi justifiée^ propos.
VI ;— Verkbt, Traité de la vraie reliaimi, iv; — Dw-
toism. Démonstration évangélUme, 87; — Abbaoie,
Traité de ta vraie religion^ ii, 4* sect.; — Gérard,
Le comte de Valmont, ni, leitr. 2;— Le François,
Preuves de la religion^ part, iv, sect. 2, tom. III ; —
Pet, La loi de la nature perfectionnée; — Sermon de
Dradfort, dans La défense des »avant$ anglais^ ii ;
—Sermon de Stahhope, ibidem^ 3* point, )i;^Je-
NTics, Evidence du christianisme; — Erskine, Â^-
ftexions sur révidence intrinsè^e du ehriêtianiâme ;
«— Sermon de Tijrner dans la Défense des savants
anglais^ m ; — Grotius, De veritate religionis ckri-
stianœ^ lib. h, cap. 11-16: — Bergier, Certitude des
preuves du christianisme, 2' part», ch. 9-10; — Du-
GUET, Principes de la foi , m, 4' part., ch. 5 et 7 ;
— De Montazet, Jnstructionpastorale contre Cincré'
.duUtét 2* part., n*" 34-50 ; — Frayssinoos, Défense
du christianisme^ m, 290^319; —De La Luzf.rne,
Instruction pastorale sur Vexcetlence delà religion;-^
De Trevern , Discours contre l incrédulité, 2' et 3*
discours ; — Hearn, Principes fondamentaux du chris^
tianisme,
(328) Chateaubriand, parlant de Rousseau sous le
rapport religieux, nous parati l'avoir montré sous
son véritable jour, dans ce peu de lignes : c Rous-
seau, (iit^il, est uu des écrlvalnbdu xviii* siôcle dont
le SI vie a le plus de charme, parce que cet homme
Iii7.arre à dessein 8*était an moins créé une ombre
<le religion. Il avait foi en quelque chose, qui n*éiail
p»s le Christ^ mais qui pourtant était VEvangile, Ce
fantéroe dn christianisme , tel quel, a quelquefois
lionne des grinces ineffables à son génie. Lui qui
sVt^t élevé avec tant de force contre les sophitites,
n'cùl-il pas mieux fait de &*ahandonncr à toute la
tendresse de son àme, que de se penlre, comme
plus difficile de rendre raison de son admi-
rable sublimité (327). « La majesté des Ecri-
tures m'étonne, s'écriait rinconséquent au-
teur A'Emile (328), la sainteté de l^ETangile
Krie à mon cœur. Voyez les liTresdes poi-
sophes avec toute leur pompe ; qu'ils sont
petits près de cçlui-Iàl Se peut-il qa'un li-
vre, à la fois si sublime et si simple , soit
l'ouvrage des hommes? Se f)eut-il qne celui
dont il fait l'histoire, ne soit qu'un homme
lui-même? Est-ce là le ton d'un enthonsiaste
ou d'nn ambitieux sectaire? Quelle douceur,
quelle pureté dans ses moBijrsI Qaelle grâce
touchante dans ses instructions f quelle élé-
vation dans ses maximes! Quelle profonde
sagesse dans ses discours 1 Quelle présence
d'esprit 1: Quel naturel et quelle justesse dans
ses réponses 1 Quel empire sur ses passionsi
Où est l'homme, où est le sage qui sait agir,
souffrir et mourir sans faiblesse et sans os-
tentation ? Quand Platon neint son juste ima-
ginaire couvert de tout I opprobre du rrinf^e
et digne de tous les prix de la vertu, il peint
trait pour trait Jésus-Christ (329); la ressem-
blance est si frappante t que tous les Pères
l'ont sentie, et qu il n'est pas possible desV
tromper. Quels ))réjugés, quel aveuglement
ne faut-il pas avoir pour oser comparer le fils
de Sophronisque au fils de Marie 1 Quelle dis-
tance de l'un à l'autre (330)1 Socrate, mou-
eux, dans de vains systèmes, dont il n'a M qoe ra-
jennir les vieilles erreurs?.!
(529) I Le juste parfait , dît Platon, est ^\\ \ t\nî
cherche, non pas à paraître vertueux, mais à ré;r«*.
Il faut qu*il soit privé de Testimedu public; car s'il
passe pour juste , il aura des honneurs et des ré-
compenses, et Ton ne pourra savoir s^il pratique ta
justice pour Pamour de ces biens oo pour la justice
elle-même. Il faut donc qn*il soit dépouillé de tout,
excepté de la venu ; il doit n*en avoir pas mê-
me la réputation , mais passer pour injuste et mé-
chant ; et, comme tel, être fouetté, touruienie, mis
dans les chaînes, privé de la vue, et, après avoir
souffert toutes sortes de maux, expirer sur une croix. •
{HépubL , liv. )i.) 11 est Impossible d'avoir mieux
spériflé la lin douloureuse de Jésufr-Ghrist, qui ce-
pendant n*eut lieu que bien longtemps apH^ U mon
de Platon.
(330) Marmontel, revenu des erteurs eu rationa-
lisme moderne, a rendu un bel bommaae à*la divi-
nité de Jésus-Christ, i Le caractère de Socraie, d«t-
il, est beau, mais il n*a rien qui soit au-dessus de
riitimain. Il plaide sa cause devant ses juges artv U
dignité d*nn sage ; mais il rapelle sa vit*, 9^s mœurs,
sa doctrine et les services qu*il a reiidiis à sa patrie,
et le bien qu*ont fait ses leçons. Il méprise la mon,
mais à cause de sa vieillesse, ^t parce qn*cllc lui
procure une fin douce, au lieu d*uiie fin doulenrettse
qtril trouverait inccs^imment, et qu'il ne saurnit
éviter. £i lorsqii%in de ses amis lui demande p«:nrqnoi
il a i;cgligé de prolonger ses jours, écoulez la rëpotiâ';i
f il m eût fallu mourir tourmenté p:ir Ifs malndies^
f ou au moins par la vieillesse sur laquelle s^acnw
< iiiulenl tous les maux, ou au moins par la privn-
lian lie tous les plaisirs. > (Vie de Socrate par \é-
ropuom). AsBuréuietit tout cela est d^m liouiine. Hirn
de semblable dans Jésus-Christ; il prédit sa mort
.1 ses di>ciples; il leur annonce que Tiin d*eux le
livrera, il le nomme et Padmct à sa table; vî d:iii$
le miimciit que ce disci, le le livre. Il reçoit son Iri-
ser, cl rappelle bOn ami ; et à ceux qui vieniinit
Tarrétci; ; < Vous venez comme pour saisir un voleur:
/•♦.
513
MTT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
^14
ran(58n5 douleur, sans ignominie, soutint
lisémenl jusqu'au bout son personnage; et
si cette facile mort n'eût honoré sa vie, on
(jouterait si Socrate, ayec tout son esprit, fût
autre chose qu'un sophiste. Il inventa, dit-,
ufl, la morale; d'antres avant lui l'avaient,
imse en pratique: il ne fit que dire ce qu'ils»
AraieDlfait, il ne fit que mettre en leçons .
leurs exemples. Aristide avait été juste,
mnt (|iie Socrate eût dit ce que c'était que.
ia justjce ; Léonîdas était mort avant que
Sûcrate eût fait un devoir d'aimer sa patrie;
Spirte était sobre avant que Socrate eût
M la sobriété; avant qu'il eût loué la
T(ft'j, la Grèce abondait en hommes ver-
(oeax. Mais oi^ Jésus-Christ avait-il pris
rfi^zles siens cette morale élevée et pure,
dijnt )ui seul a donné les leçons et l'exero-
pie? La mort de Socrate, philosophant tran-
liuiileuienl avec ses amis, est la plus douce
qn'oD poisse désirer; celle de Jésus expirant
(lins les tourments, injurié, raillé, maudit
deiootna peuple, est la plus horrible qu'on
iHiisse craindre. Socrate, prenant la coupe
rmpoisonoée, bénit: celui qui la lui présente
rtqni pleure; Jésus, au milieu d'un supplice
«ffrçui, prie pour ses bourreaux acharnés.
Oqi,$i la vie et la mort de Socrate sont d'un
^?^liTie et la mort de Jésus-Christ sont
•^uQ Uea. Dirons-nous que l'histoire do
^Emgit est inventée è plaisir? Ce n'est
posiiosi qu'on invente ; et les faits de So-
ff^te» dont personne ne doute, sont moins
auestés que ceult de Jésus-Christ : au fond,
cesi reculer la difiiculté sans la détruire. Il
Krait plus inconcevable que plusieurs born-
ai d'acccrd eurent fabriqué ce livre, qu'il
i^Test qu'un seul en ait fourni le sujet.
lm\i des auteurs juifs n'eussent trouvé ce
^'G ni cette morale , et TEvangile a des ca-
bières de vérité si grands, si frappants, si
i^rfiiteanent inimitables, que l'inventeur
«*o serait plus étonnant que le héros (331).»
£hl)ienl ce livre merveilleux, c'est une
^'iile fanatique et visionnaire qui l'a rêvé !
Oueiques pécheur» de Galilée ont fait mieux
<f>e ne m'avez-viios pri6,lear dtuil, lorsque, ions
«iMn,(hui$ le temple, j*enscignai8 au milieu «le
'««N»?! De fanx témoins raccusctil; il {çanle le
^^<Me : Jiiui mtem taeebat. Ce n*eiic i|ii*;iti moment
^ )e poiiiife radjnre, au nom <le Dieu vivant, de
^Mittti le Chrbl, le ViU de Di<;u, qu*il répond :
l^/'Mesots • (Mabmoïitcl, Leçom tur la morale, p.
>*$.)>. MarnuHitel dil plus loin, en parliint île
^'Mlbriii : i L'histoire nous n peint des liomincs
ntttleau par quelque vertu ; la philosophie nous en
1 iJiiié qoelqDc»*unft ; Téloquenre en a célébré ; la
H^ eo a pu feîmlre; mais un ciractère aussi
MiAaniMent accompli que celui de Jésus-Christ ne
*^^Mais tncé« iiiéuie dans les actions les plus fa-
•itaitts «les poéies. (Mabmontel, tM<f., p. 77.)
■^1) iean-lar^nefl Hocssbau, Emile^ iv, 105. —
'^ D*eii point Ici un tmil d*esprit, une pensée bril-
^*i«;e*eattu trait de lumière qui commande la
"*tTicti<M, et que rincrédulilé ne peut pas plusolis-
cirrtr par «les sopbîsmcs, qu'affaiblir par le niépris.
(jMSMcai, eu flfei, ces hoiupies si ignorau'ts et si
^'■'{^Haaraietil'its pu inventer, cVsl'à-dire inmvcr
7v^(>émrs une morale si au* k'MUS «leleurn l:iil»i(*s
' '••^e«, et remire avec tant de justesse une di.c
^'■t i^UiU aTOwiiêiit ne pas entendre? Coninieui
dans leur enthousiasme naïf que Socrate,
Zenon, Cicéron, K.ong-Fou-Tseu , Sakia-
Mouni,Zoroastre,mieuxquela.Grèce, mieux
que i'iude, mieux que la Chine, mieux que
llome, mieux c|ue le monde entier I C'est là,
certes, un curieux prodige que nous livrons
aux méditations des gens qui ne veulent
pas de miracles? Cette petite communauté
de visionnaires et de rêveurs a eu plus de
sagesse, plus de raison, plus de bon sens
qiie n'en onteu les plus fortes tètes de l'hu-
nianilél Elle a trouvé dans ses rêves la fra-
ternité universelle, la prodigieuse doctrine
du sacrifice, la réhabilitation des esclaves,
les droits des peuples, en un mot la civilisa-
tion moderne. Que Ton compare, par exem-
ple , VEihiaue d'Aristote au sermon sur la
montagne; le Timéede Platon au discours
de la Cène; la République du philosophe de
l'Académie avec la première communauté
chrétienne, et J'on comprendra peut-être
enfin quel miracle c'est c|ue le christianisme!
li reste encore à signaler un privili^ge
spécial et providentiel dé l'Evangile. Les li-
vres sacrés de m^thologies, fruits de l'ima-
gination populaire, sont perpétuellement
empreints d un caractère temporaire et lo-
cal. Il n'v a, dans la morale qu'ils imposent
ou dans les dogmes c|u'ils présentent comme
nécessaires, rien qui s'adapte aux exigences
perpétuelles du cœur et de l'esprit de l'hom-
me. Ces législations, purement humaines,
supposent toujours un état politique inflexi-
ble et particulier, de telle manière qu'une
révolution entraînerait nécessairement la
suppression du système religieux qui sert
de base 5 tout l'ordre social. Mais, est-ce là
le caractère de l'Evangile? Sa morale et ses
doi^mes ne conviennent-ils pas à tous les de-
grés de civilisation et de sociabilité? Les
peuples savants du xvir siècle n'ont-ils pas
accepté l'Evangile comme les tribus erran-
tes du Paraguay? Le christianisme n'a-t-il
pas été prêché sous l'empire des Césars et
dans les communes industrieuses et turbu-
lentes du moyen flge? La liberté ne lui fait
auraient-ils pn inventer lotîtes ces chosest^ qui ne
peuvent pas venir dans resprti «le celui qui invente,
et que n'auraient eeriainenient pu invpnter (l«fS lioiii^^
mes qui n*:Hiraient voulu «pie tioniporîCommnit
auraientHls, pu imaginer ce grand caraolért; de
Jésus-Clirist qui ne se dément jamais, qui est tou-
jours ce qu'il (toit étr(% itMijours «ligne 4e s^n origina
céleste, toujours tel«|uepar»li le deuinnder la natur<;
de sa mission* et le grand luit «lu'il se prop«>se de
remplir? Non, un |»ortraii si sMldime et si eraiul. si
Itien d^iccord dans i«Hites ses parties, si «lépoiiillé
de tout art et de toute déclamation, si éloigne «le
lout ce qui pnit senlir le panégyrique et reloge,
irexislerait point, si le divin oiiginal nVût |>oiiii
esistél C'est un «her-crœuvredonl les évan{(clistei
n'eussent jamais été capaUies, s*ils n'eusseiil tra-
vaillé sur le vrai, et copié «l'après nature; et certes,
dans la suppositi<m qu'il n'y ait jamais eu de r di
«te Dieu, pnmiis et envoyé au momie, nous n anrioi.s
jamais «M l'Evangile tel que nous le lisons; et i'Ins-
loire de Jésiis-l«liris»t, que nous y tnnivons, doit éiro
reléguée au rang des clioses Impossibles dés l'instaui
«>ù on ose la travestir on iiiie légende apocryphe. •
{De BuvLoCNe, Mélanges.
815
MYT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
MYT
316
es peur. Il triomphe aux Etals-Unis et dans
saTanle universitc^ d'OxI'ord ; il saura vi-
vre également sous le pouvoir absolu des
czars de Saint-Pétersbourg. Il a vécu sous
les césars et sous la Convention nationale ;
il a supporté tout è la fois Néron et Rok)es-
pierre, sans désespérer de son avenir et de
son immortalité (3312). Qu'on inlerrojçe quel-
qu'un des s,vstèmes religieux qui disputent
au christianisme Tempire de la terre; qu'on
demande au brahmanisme, au bouddhisme
ou au mahométisme de franchir la frontière
de leurs fleuves sacrés et de jeter aux qua-
tre vents du ciel, comme Ta lait TEvangile,
la parole de la vie ; qu'on leur dise de bra-
ver les révolutions politiques, les catastro-
phes sociales, la licence efl'rénée des jour-
naux, les convulsions de l'anarchie et les fu-
reurs du despotisme! Qui pourrait croire
qu*nn seul de i!es grands systèmes de supers-
tition pût affronter le regard de lynx de
rbérésie et de la philosophie? Croit-on c\ne
le mahométisme et le bouddhisme auraient
vécu longtemps sous l'œil pénétrant des
Celse, des Porphyre, des Bayle et des Vol-
taire? Imagine-t-on facilement que les Des-
cartes, les Leibnitz, les Newton, les Bossuet,
les Pascal (333) eussent accepté la théologie
des Védas comme celle de l'Evangile (334.) ?
A peine y a-t-il queiqjues années que la li-
berté de discussion vient de toucher le ma-
hométisme, et déjà, du moins en Europe, le
formidable colosse menace de tomber en
poussière. Mais l'Evangile seul conserve un
caractère spécial qui ledistingue au premier
(3?2j c Le ninlioniétismc , disait le vainqueur
«rÀiisierlitz, les céréitioiiics tie Niima, sonl bien plus
i\ei œuvres tie légishiiion que <ies religions. — En
eiïel, cliRCiin de ces ciilies se npporie plus à la terre
c|u*au ciel. Il s'agit là surtonl d'un peuple el des
intéréis d*une nation. El nVst^il pasëvldenl que la
vraie religion ne saurail éire rirconscrile à un seul
pays? 1^ vérhé doit enibrnsseï' Tuniveis. Tel esl le
cbrisilanisme, la seule religion qui détruise la nu-
lionalhé; la seule qui proclame Tunlié el la fraier-
nlié absolue de Fespèce bumaine ; la seule qui soii
purement spirituelle, enfin la seule qui ;is8igne à
tous, sans dislinriiou, pour pairie, le sein d'un Dieu
créaieur. — Le Cbriai prouve qu*il est le bis de TE*
tcniel par son mépris du temps ; tous ses dogmes
sîgnilieiit une seule el nièuie chose, c rëleruiié. •
— Aussi comme TboriKon d« sou empire s'étend el
se prolonge inliuimentl Lu Cbrist régne par delà
la vie et p:ir delà la mort! Le passé et l'avenir sont
également à lui ; le royaume de la v rite n'a en
eflt'l el ne peut avoir d'autres limites que le men-
songe. Tel esl le royaume de l'Evangile, qui em-
brasse tous les lieux rt tous les peuples. Jésus li'esl
emparé du genre buinain ; il en fait une seule na*
lion, fa nation des lionnèies gens, qu'il appelle à une
vie parfiite. Les ennemis du Cbrist relèvent do lui
comme ses amis, par le jugement qu'il exercera sur
tous, le Jour dn jugement. > (De lisAUTERKS, Sen-
timent de l^apoléon sur le rArûliViiiMine, cb. U, Si9.)
(355) f On pourrait, disait d'Aieudiert, produise
aisiément la liste desgrands bomuiesqui ont regardé
la religion comme l'ouvrage de Dieu, liste capable
d*ébranler, wême avant Cexamen^ W% meilleurs
esprils, main sulllsaiite an moins pour inqmser si*
le.ire à une foulo de conjuré», ennemis iiiipuissants
de ^ériléi nécessaires aux bummcs, que Pascal a
défcidues, que Newton croyait, que bcbcaries a re-
coup d'œil de tous les syslèmes religieux
qu'on veut lui comparer. Il n'a ni frontière
ni patrie. Comme la providence de Dieu, il
embrasse Tunivers , il est dans les somç-
tueuses basiliques de l'Europe, et sous la
cabane de feuillage des sauvages erranls du
Canada (335). Seul, il a eu la prétention
d'embrasser l'univers et de rétablir l'uni lé
dans les entrailles déchirées du genre hu-
main. Jamais une pensée de ce genre n'aurait
pu sortir des préventions étroites de quel-
ques bateliers galiléens. La merveilleuse
flexibilité de TEvangile n'a pu naîlro
dans la têle d'un homme, parce qu'il uy a
pas d'homme qui puisse embrasser rhuiiia-
nifé tout entière par son intelligence et par
son amour.
Citons, en terminant^ les considérations
éloquentes de M. de Boulogne sur le uiêmc
sujet :
« L'histoire de la vie de Jésus-Cbrisl est
une des preuves de la religion la plus frap-
pante et la plus sensible. Elle porte avec elle
des traits de vérité si naturels et si tou-
chants, qu'il ne faut pour s'y rendre qu'un
sens droit et un cœur disposé au bien. Qui
peut, en effet, méconnaître et cette empreinte
de divinité qui distingue l'Evançile de tous
les ouvrages de l'homme, et cette impression
de vertu qui en naît de toutes les pago5,
ainsi qu'elle sortait de la personne du Sau-
veur du monde? Quel est donc ce lirre uni-
que dans son genre, dont ta majesté é^ale la
simplicité? Quel ton jusqu'alors inconnu 1
Quelle manière ravissantel Quel natureU
p<»ctée8. I (D'Aleubert, Eloge de BemoniUi.)^LR
ttuii respectées esl trop fiii'ble pour Di*scarlrs. —
(Cf. Demonstratioiii émngéliqun de M. Migne, Urs-
cartes.) — M. Bouillier, ilans S(m Uistoire de h ré
vohuion cartésienne^ a eu rbeureuse idée Je faire de
Descai'tes nu sceptique!
(35 i) c J.imais le paganisme, disait Napoléon à
Sainto-Hclène, fut-il accepté comme la vérité .ili>
soiue par les sages de la Grèce, par Pytbsgorcmi
par Socrate, par Platon, par Ânaxagore ou par Pc-
riclés? Au contraire, les plus grands esprits,
de|Hiis Tapparition du cbrislianisme, ont eu la fin,
et une foi vive, une foi pratique aux my.stères et aux
dngires de Tl^vangile : non-seulement Bas&uci ci
Fénelon, dont c'était Tétat «le le prècber, mats Dt*s>
cartes el Newton , Leibnitz et Pasc;d, (^riicilU; t^i
Itaiinc, Cbarlemagne et Louis XIV. IVoù vient oru«
singularité? Qu'un symbole aus&i niy.Ntôrîcux et oti^-
cur que le Symbole des at>6tres ait été reçu avec un
profond respect par nos plus grands liomiiics, l«fi«tis
que des tiicogonies puisées dans les lois de la iiattir»*,
et <|ui irêuiîent , à vrai dire, que dos cxtdicatttiits
sysiémaliques du monde, n'ont pu parvenir à imi
imposer à aucun bouiuie insiiuii... Le paganisme
esl Pœuvrc de rimunue ; ou peut lire ici noire iuil>è-
cilité et notre cacbel qui sont écriu partout »
(Cil. De liEACTERXK, Setituuetil de ^apolégu j^arr U
chrisiiaumne 9 1>.) — Il esieurieuv de comparer re^
paroles avec celles de ioscpb de Maiblre. (Vt^îi ta
note à la lin du vol.)
(5ù5) Itien n'est plus toucbant que la propagation
du cbrislianisme parmi les races barbares du tioii*
veau monde. (Cf. Baibild Uoumoi., Souvenirs des
sermons du P, Laverlorhère ^ ie missionnaire </« 4m
mer Glaciale, dans Le Correspondant du i5 avril
1851.)
517
Mît
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
M\T
518
Qoelle candeur I Quel invincible caractère
de bonne foi et de sincérité! Comment ne
fêsse rendre k ci^tair cfinnocence, et à celte
ingénuité qui ignore l*art de$ précautions,
qui jamais ne cherche k surprendre; k cette
noble simplicité» qui, aussi éloignée de toute
prétention que de toute emphase, ne perd
jamais de vue son objet, ne s'écarte jamais
dans des routes étrangères, et jamais ne dit
un sent mot qui ne tende h sa fin? Où donc
DOS évan^élistes ont-ils pris cette admira-
ble concision, qui, en si peu de mots, dit
tifllde choses et des choses si étonnantes
et si sublimes, si ce n*est dans celui qui
est la parole elle-même? Qui leur a révélé
cette morale et si simple et si étendue, et si
iianteet si populaire, si ce n'est celui qui
est la source de la morale et la morale elle-
même? Quels écrivains inspirèrent jamais
pins de respect, et méritèrent plus de con-
flsnre? Témoins de tons les faits qu'ils ra-
content, auditeurs de toutes les instructions,
sans prétention comme sans espérance, au-
dessns de toute illusion et de tout intérêt,
ils n'entreprennent ni l'éloge, ni l'apoloçie
de leur maître ; ils ne cherchent jamais m à
1q\ concilier l'admiration, ni k le préserver
<ia bUme; ils racontent aussi uniment ses
buoiliatlons aue ses vertus , ses faiblesses
fue ses miracles ; ils ne montrent ni recon-
m^ocepour ses bienfaits, ni compassion
pwuf Ses soufi^rances ; et partout on les voit,
rmnmelui, sans passion et sans enthousias-
me. S'ils ont k se défendre de quelque pré-
Tentian, c'est de celle qu'ils ont conçue
ç'^stre sa personne ; et s'ils ont quelque pré-
ji;éèérjirler, c'est la répugnance elle-même
([Qils ressentent pour ses préceptes. On sent
tndemment qu'ils n'ont pas plus l'intention
ïîe tromper que la crainte d être démentis;
p'ils laissent parler leur sujet, et que c'est
btopius la vérité qui les presse que la ma-
nière de la dire qui les occupe. C'est la mar-
rbe de gens tellement familiarisés avec la
grandeur des événements dont ils sont les
bistoriens, ou'ils en ont perdu jusqu'k Té-
t^^onement. ils écrivent ce qu'ils ont vu et
eotepda; ils l'écrivent sans réflexions com-
Ae ils le croient, sans aucun doute; ils ne
soupçonnent seulement pas que d'antres
puissent en douter; ils ne se cnargent que
, W) De BooLOCMB, CEuvrei compièiet. Mélanges.
,tjo8toiif nm* page de Pjiîtcal sur le siyle de TEvan-
V^uCt style, ilil-tl, est admirable en tant de nia-
*î<^ H entré aoires en ne menant jamais aiictine
J^çetive contre les lioarreaut el ennemis de Jésus-
urisi; far U n'y fn a aucune de la pari des liisio-
fctt eoDire Judas, Piiale, ni aucun des Juifs. Si
<ai< Bodestîe des bistoriens évangéliques avait éié
yée,ausii bien que tant d*aoires traits d%in si
*^ cmciére, el qu'ils ne l'eussent afieciée que
des faits ; ils vous laissent en tirer les con-
séquences : ce n'est pas leur faute si elles
vous déplaisent, et si vos passions en mur-
murent. Les commentaires et les explica-
tions ne les regardent pas; la seule tAche
qu'ils se soient imposée, c'est d'être rigou-
reusement exacts : ils ont fait leur devoir
d'historiens fldèles; ne leur demandez pas
autre chose.
« Qu'on nous montre , dans toute l'anti-
quité, un seul historien qui, même de loin,
approche de ce grand caractère d'impartia-
lité, de véracité et de sagesse ! Il n'^ a pas
même jusau'aux apparences contradictoires
des évangélistes qui ne déposent en leur fa-
veur, en nous prouvant qu'ils ne se sont ja-
mais copiés , qu'ils ne se sont jamais con-
certés ; et néanmoins ils s'accordent k un
tel point sur les enseignements et sur les
faits, que, quand nous n'aurions qu'un seul
évangeliste, nous y trouverions le même
système de religion et de morale que dans
les quatre évangiles réunis. A qui donc
faut-il croire, si ce n'est pas k de pareils té-
moins? Sur quel monument historique peut-
on se reposer , si celui-ci peut être légiti-
mement suspect? Quelle règle avons-nous
pour connaître la vérité, si c est ainsi qu*on
{>eut écrire le mensonge ? Comment la bonne
bi est-elle faite, si ce n est pas Ik son caractère
etsonaccent?£tquepeut-il manquer k notre
certitude, lorsque ces hommes, qui ont écrit
ce qu'ils ont vu et entendu, meurent enfin
pour défendre ce qu'ils ont écrit (336). »
La plus savante et la plus complète réfu-
tation qui ait été faite en France du docteur
Strauss et de ses adhérents, est celle que
nous devons k M. l'abbé Chassay. Nous ren-
voyons k ses nombreux travaux sur ce su-
jet, particulièrement k sa Défense du chris^
tianisme historique, Voy. encore Le Christ et
VEtangile^ Strauss et ses adversaires en Alle^
magne^ etc. — Chaque article de ce Diction-
naire est une réfutation du docteur Strauss.
Consultez principalement les art. Jésus-
Christ, Surnaturalisme, Prophétie, Apô-
tres, Luc (saint), Jean (saint), Marc (saint).
Evangile, etc. Voy, Rationalisme, § H.
MYTHOLOGIE; le chrislianisn^e est-il
une mythologie? Voy. Mythisme, § VIIL
pour le faire rem.'^rquer ; s'ils n*;ivaieiil osé le rr-
inarqiier eux-niéines, ils n*niir:iieiii p:is inniiiptc do
se procurer des ainîs ipii eussent fuil ras rcni:it4|iir»
il leur avantage. Ilai.s comme ils ont :igi iti* l;i Mtrlo
sans afTeclaiion et par uu mouveuieul inut dcsinié-
rcssé, ils ne l'oul fait remarquer .n pei-sonuo; et]c
crois que plusieurs de ces choses n'ont pnini cié
remarquées jusqu'ici ; et c'est ce qui lémuiKue la
froideur avec laquelle la chose a cié faite. Pascal,
Pensées.]
519
NAl
DICTlONNAmE APOLOGETIQUE.
PlAl
5S0
N
NAHUM, accomplissement de ses i>roplié-
ties sur Niiiive. lor/. Prophéties, § 111.
NAISSANCE DE JESUS-CHIllST, circons-
tances Qoi L^ACGOMPAGNikRENT. — Parmi les
circonstances qiij, selon Tévanï^iie de saint
Matthieu (cb. uj^accompa^nèrent la naissance
du Sauveur, il en est quelques-unes qui ont
été plus particulièrement attaquées par les
naturaliêtes et mythologues : ce sont Vétoile
3m apparut aux mages qui vinrent adorer
ésns-Christ; le massacre des jeunes enfants
ordonné par Hérode, et plusieurs autres faits
qui se rattachent à ceux-ci.
91.
De rétoile qui apparot aux mages.
Saint Matthieu rapporte (ii» 1,2,. 9, 10) que
des mages vinrent à Bethléem pour adorer
Jésus-Christ, et qu'ils y furent conduits par
une étoile qui allait devant eux, et qui s ar
rôta à l'endroit où était l'enfant. Or, disent
les adversaires de nos divines Ecritures, ce
seul énoncé prouve Jusqu*à Tévidence la
fausseté de ce récit. Car personne n*ignore
2ue les étoiles, à raison de leur immense
lévation, ne peuvent indiquer une ville,
pas même un pays, bien moins encore une
maison. Si t on dit qu*une étoile s'abaissa et
s'approcha vers la terre |)our marquer la
maison où était Jésus, on tombera dans une
absurdité plus ridicule que la première,
puisqu'eu s'abaissant dans l'espace, celte
étoile aurait couvert par son étendue non-
seulement Bethléem et toute la Judée, mais
encore tout notre hémisphère.
Pour répondre à cette objection, nous ne
ferons pas valoir les différentes explications
naturelles qu'on a données de ce fait incon-
testableuieilt miraculeux. Ainsi nous ne di-
rons pas avec Michaëlis, que l'étoile qui ap-
parut aiix mages de l'Orient est une comète;
ni avec Miinter, que c'est un astérisme ou
constellalion, c'est-à-dire une corvjonction
d*étôiles; ni avec Hug, que c'est une étoile
nouvelle et extraordinaire telle qu'il en pa-
rait quelquefois dans le ciel. En effet toutes
ces explications s'éloignent plus ou moins
du texte sacré ; et quelques efforts qu'aient
tentés leurs auteurs pour les cx)ncilier avec
les paroles de TévangéHste, ils ont complè-
tement échoué. Toutefois, nous, sommes
loin de croire qu'on ne puisse trouver un
moyen légitime de maintenir la véracité du
récit et la réalité historique du fait qu'il
contient.
La difficulté des incrédules tombe d'elle-
même, dès que l'on considère que le terme
aster {hrnhp) employé dans le lexte grec, et le
, (537) lIoMER.. Iliad., iv. 75-78.
(558) A ces exemples cifés par Biillel dans le des-
sein de inotilrer que les Lalins preiiaioiu qiieli|ue-
fois le mol itella dans le sens de uiéiéure luinincxj^,
mot latin Stella de la Vuigate soni suscepti-
bles non-seulement du sens d'étoile pro-
prement dite, mais encore d'un simple mé-
téore lumineux qui, vu à une certaine dis-
tance, a toutes les apparences d'uue étoile.
Cela posé, toute la question se réduil à sa-
voir si Dieu» dont la puissance inGnie a
formé les cieux, créé tous les astres, qu'il
tient suspendus dans Tespace au moyen de
certaines lois qui sont l'œuvre de sa sagesse,
si Dieu, disons-nous, n'a point eu la f)o$si-
bilité de créer aussi un météore lumineux
' h l'aspect d'une étoile ordinaire, et de le
faire concourir au dessein qu'il avait d^anie-
ner les mases de TOrient aux pieds daVerbe
fait chair. Or tous les astronomes qui méri-
tent ce nom savent parfaitement qu'ils re-
cevraient un démenti de la science elle-
même, et qu'ils se couvriraient de ridicule,
s*ils se prononçaient pour la négative. Mais
nous avons à prouver que les paroles du
texte évangéliaue permettent la sup|>osjtion
d'un météore lumineux, formé miraculeu-
sement assez près de la terre, et dirigé dm
son cours par la main divine qui Tavait pro-
duit; la chose n'est pas difficile.
D'abord le mot grec aster se trouve employé
par Homère dans le sens d'un météore au-
quel il compare la descente de Minerve sur
la terre (^7). Aristote s'en estégalementservi
avec la même signification au premier livn^
des Météores.
Quant au latin Stella^ il « a la douhle si^
gnification du mot grec, dit avec raison Bulj
let. Voyez, poursuit le même criliquC|
l'Histoire naturelle de Pline, livre xvni|
chap. 35, et Virgile, livre i" des Géorgiqati
vers 365 et suivants.
Sœpe eiiam tteUas^ venio ^mpendenie^ tidebit
PracipUes cœlo labi ÇS5S)»
« Nous pouvons même, sans sortir de
Ire langue, donner un exemple de cette (k
ble acception. On appelle parmi nous et
un météore qui paratt souvent en été
forme d'une étoile oui tombe, et ce nVsl
seulement le peuple qui parle ainsi;
philosophes, qui se piquent d'une si grai
exactitude dans leurs expressions, no s\
pliauent point autrement. 11 n'est pas ]
qu'à des météores factices que mms
nommions ainsi. Telles sont ces étoiles
lesquelles les fusées se terminent assez ii
vent.
« Les Arabes appellent aussi étoiles
météores lumineux qui semblent tomber
ciel. Voyez le poëmed'Abulola, page^23l
recueil île Golius, à la suite de la gramuil
d'Erpénius.
nous en ajoiilerons un empriinié de Cicéron. L'o
leur laiiii a désigné en eflei sous la itoui de irajt
Stella*, celte vupcur ignée en forme d*cloile qui (il
et b'élcinl.
st
NAI
DICTIONNAIKK Âl»OLOGËTIQUE.
NAI
32Î
I Les Chinois sont dans le même usage.
«Jelisais, dit Fontenelle, dans un abrégé
«e.' annales de la Chine, écrit en latin, qu*on
$ ToU des milliers d'étoiles à la fois qui
bimkntduciel dans la mer avec nn grand fra-
easouquî sedissolvent ets'en vonten pluie ;
{«!« D*a pas été tu pour une fois à la Chine ;
jaitroofé cette observation en deux temps
i^'z éloignés, sans compter une étoile qui
m ra €re?er vers l*Orient comme une fu-
sé^, ioujoors avec un grand bruit. Il est fâ-
Am\ que ces spcctacies-Ià soient réservés
à II Chine, et que ces pays-ci n'en aient ja-
mi eu leur part. »
• OoTûitbicQ, et M. Fontenelle le fait
i5«ez connaître par les paroles qui termi-
fieot sou récit, que ces étoiles qui tombent
to la mer, que cette étoile qui fait une
triinée de lumière comme une fusée, ne sont
pas de Téritables étoiles, qu'elles ne peu-
ffntélreque ce météore lumineux que
BOds appelons étoile tombante. Leur* grand
loiûbre, le bruit qu'elles font, la pluie
qo'f Iles produisent» sont des ornements dont
it( Chinois, qui exagèrent tout ce qui les
i^rde^ont embelli ce phénomène pour le
rtkreplus merveilleux. Remaruuez que ce
|tQ{>tft formé depuis tant de siècles, placé à
iMif^iiédu inonde, donne, comme nous,
h nm iféloile au météore dont il est ici
(/ur>//ao : tant est ancienne» tant est uni-
teMie la coutume de donner aux choses
te QfHDde celles dont elles ont l'apparence!
Cd donc bien injustement que les déistes
l>iAiDeo( Moïse et les autres auteurs de nos
Itms saints d'avoir parlé du système du
NiiJe et des choses naturelles non selon
la réalité, mais selon les apparences, puis-
Suil^ n'ont fait en cela que suivre le ian-
K'^ de tout Tuni vers, celui même que les
fiiosephes emploient tous les jours dans
fOffliDeiTe de la vie (339). »
Quant à la manière dont tes rationalistes
inexpliqué ce récit, elle cho(jue bien plus
Nesjesfraisemblances que Tinterprétation
PBsumaturalistes. Ici nous laisserons parkr
Knoss, dont les réflexions sur ce point
P^ ont paru très-judicieuses i « D'après
inpiicalion naturelle, dit-il (3/»0), le but réel
in luyagede ces hommes n'est pas de voir le
kttnrjuveau-oé; l'étoile qu'ils observèrent
Sa [tas été Toccasion de leur départ; mais
^ sont venus à Jérusalem peut-être dans
!^ Tues de commerce. Ce n est que parce
!nls entendent parler çà et là dans le pajrs
ao roi nouveau-né» qu'ils sont frappés
foB météore céleste qu'ils avaient récem-
^t aperçu, et i*s désirent de voir eux-
|>^es renfimt dont il est question. Par là
Ji diminue sans doute ce qu'a de choquant
[l^rlance donnée à l'astrologie dans l'ex-
wiion ordinaire, mais ce n'est qu'en for-
V^He sens des mots; car, lors même qu'on
leurrait transformer sans difficulté des iùBl'
1^i«>rx] en marchands, néanmoins leur
HoLUT, Répomet eriliqueêf t. Il, p. 355-
».
'^^l Stuum, fie de Jésuê, 1. 1, p. i, p. 209.
but dans ce voyage n*a pu être un but do
commerce, puisque, à leur arrivée à Jérusa-
lem, ne qu'ils demandent d'abord c'est le roi
des Juifs. Ils indiquent coiqme raison de
cette demande l'étoile qu'ils ont vue dans
l'Orient, et qui a été aussi la cause de leur
voyage actuel ; et ils disent que le but de
leur présence en Judée est IVidoration qu'ils
doivent offrir au nouveau-né (vers. 2).» On
ne conçoit pas, en elTet, comment de3 exé-
gèles qui, comme rationalistes, font profes-
sion d'admettre le sens littéral ou historique
des termes du texte sacré, prétendent ce-
pendant ne point s'en écarter en donnant
des explications aussi forcées.
Mais en combattant avec tant de raison
l'explication rationaliste, Strauss tombe dans
une autre erreur non moins grave et non
moins choquante, dès qu'on veut se dé-
pouiller de toute prévention. En effet, pour
• détruire toute réalité historique dans ce ré-
cit de saint Matthieu, il prétend que « la
prédiction de Balaam sur une étoile qui
dcTait si)rtir de Jacob (Num. xxiv. 17) n'a pas
été cause, con^me Je crurent les Pères de
r£glise, que réellement des mages aient re-
connu une étoile pour celle du Messie, et
se soient rendus en conséquence à Jérusa-
lem ; mais elle a été cause ijue la légende a
supposé, au moment de la naissance de Jésus,
ram)arition d'une étoile reconnue comme
celle du Messie par des astrologues. La pro-
phétie mise dans la bouche de Balaam se
rapportait, dans lorigine, à quelque roi
d'Israël, puissant et victorieux, mais elle pa-
rait avoir reçu de bonne heure une applica-
tion au Messie (:i&l). »
C'est bien gratuitement que le censeur de
saint Matthieu nie l'influence de la prédic-
tion de Balaam, et qu'il donne un démenti,
lui, Strauss, à tous les Pères de l'Eglise,
comme il oserait à peine le donner è un cri-
tique de sa force et de son siècle. D'abord,
> uesons bien les paroles des mages : Où e$t
le roi dee Juifs gui a M enfanté f Carnouê
avons vu son étoile en Orient^ et nous sommes
venus l'adorer, {Matih, ii, 2.) Que signifie,
: en effet, cette étoile du roi des Juifsï d*od
vient une dénomination aussi singulière et
aussi étrange? Quelle liaison y a-t-il entre
. un astre de cette nature et un monanpie de
la Judée? Que chez les anciens, réioile eu
. général ait été prise comme symbole de la
royauté; qu'Ovide appelle Fabius Maximus
l'astre de sa nation : suœ gentis sidus (342) ;
qu'Isaïe lui-même nomme le roi de Baby-
lone Lucifer (xiv, 12); il n'y a rien là quidoive
nous étonner; nous trouverions même au be-
soin cette métaphore en usage dans toutes les
langues connues; mais qu'un astre particu-
lier, attribué aux rois des Juifs, ait été connu
' chez un peuple qui habitait à l'orient de la
Judée, et que l'idée de cet astre ait été ru-
veillée précisément à l'époque de la nais-
sance de Jésus-Christ, sans que rien y ait
(34t) Vie de Jéint, t. L p. i, p. 276.
(3fô) OviD. Fpist. ex Pa/i/o. I ni.ép. 5, vers. 9.
va
NAI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
NAl
VU
Qontribué (car c*est ce que les mythologues
sont forcés d'admettre dans leur système),
voilà certainement un phénomène unique
.1 ans)*histoire, et qui surpasse toute croyance
liumaine. Pourquoi donc ne pas admettre
plutôt a^ec les Pères, les interprètes chré-
tiens» tant protestants que catholi(|ues, les
anciens interprétais juifs et un grand nom-
bre de modernes, quu les mages, compatrio-
tes et successeurs de Balaam, vinrent sur la
foi de sa prophétie, à Jérusalem chercher le
nouveau roi? « En quel endroit de TEcri-
ture, demande avec raison O. Calmet, la ve-
nue du Messie est-elle désignée sous le
nom du lever d'une étoile, et par quelle au-
tre voie ces étrangers pouvaient-ils connaî-
tre que ce nouveau phénomène désignait la
venue du Messie attendu des Juifs, sinon
par la prophétie de Balaam, qui s'était con-
servée dans leur nation et gui était passée
jusqu'à eux par une tradition de père en
tils(3i3)7»
C est encore sans fondement aucun que
l'on prétend que dans l'origine la prophétie
de Balaam se rapportait à quelque roi dis-
raêl puissant et vietorieux.Ici les mythologues
ne sont que les simples échos des rationa-
listes ; mais pourquoi se borner à une
pure assertion , quand il fiiudrait produire
de bonnes preuves? Cependant Strauss
croit sans doute en fournir une de bon aioi,
quand il dit : « S'il est vrai que la traduc-
tion du Targum d'Onkelos : Surget rex
ex JacobOf et Musias (unctu$] ungetur in
Israël^ ne prouve rien, attendu qu'ici un^
dus mis en re^'ard de rex pourrait signifier
un roi ordinaire; néanmoins plusieurs rab-*
bius, d'après letémoi^na^ed'Aben-Esra (3&&}
et d'après les passages cités par Wetstem et
Schœtlgen, ont rapporté la prophétie au
Messie. Le nom de Bar-Cochba, que prit
le célèbre pseudomessie sous Adrien , avait
été choisi conformément à la prophétie de
Balaam, interprétée messianiuuement(3tô}.)i
Mais d'abord, il est faux ae dire que le
Targum d*Onkelos ne prouve rien, sous
prétexte que le mot unctui mis en regard
de rex pourrait signifier un roi ordinaire ;
car, premièrement, le texte du paraphraste
ne porte pas un roi en général, mais te roi ;
car le mot h alga est au cas emphatique ,
comme disent les grammairiens. Or, le roi
ne peut signifier que le roi par excellence,
l'oint de Jéhovah, dénomination qui à toutes
les é|K>quesde Thistoire des Hébreux a dési-
gné le Messie. Secondement, le mot meschiha
est également emphatique; par conséquent,
il ne signifie pas un personnage quelcon-
que consacré par l'huile sainte, mais le
consacré^ Foint par excellence, c'est-àniire
encore» mais d'une manière plus expresse
et plus déterminée , le Messie promis dès
Toriginedu monde. Une troisième remarque
importante à faire, c'est que dans ce passage,
où se trouve le parallélisme le plus rigou-
reux , le second hémistiche n'est qu'on ei-
plicatif du premier; t>ar conséquent, omm
si l'auteur eût dit : Le roi sorttra de Jacri
c'esl-à-dire le Messie sera oint en hraèi C'est
au reste ce que Jonathan a parfaitement fait
ressortir dans sa paraphrase; car après aroir
dit dans le premier hémistiche : < Vn roi
(mbuch) fort régnera dans la maison de
Jacob , » il ajoute dans le deuxième : % Et
sera oint le Messie^ etc. » Ajoutons que m
ne sont pas seulement plusieurs rabbins qui,
d'après le témoignage d'Aben-Esra, ont rap-
porté la prophétie de Balaam au Messie,
mais un grand nombre ; ce qui dans notre
langue exprime une toute autre idée.
§«.
De la venue des mages ï Bethléem, et dôs iiiU qd s'j
ralUcheuL
Suivant nos adversaires , le récit de saint
Matthieu sur la venue des mages à Bethléeoi
etsur plusieurs autres faits qui s'y ratia-
chent, et se lisent au deuxième chapitre
de cet évangéliste, ne peut être considété
que comme un vrai conte, puisque d'an
côté l'historien Josèpbe garde le silence sur
plusieurs de ces faits, et que tous présen-
tent des invraisemblances qui ne sauraient
se trouver dans une histoire véritable.
Lescenseurs de saint Matthieu se font sin-
gulièrement illusion, pour oser traiter aiosi
la narration de c;et évangéliste. D'abord,
quoi qu'ils puissent dire , son titno^iia^e
estdu plus grand poids, et pour bienlecom-
prendre, il faut considérer que cet ap6lre
est un auteur contemporain^ qui a composé
son évangile peu de temps après la mort
du Sauveur; qu'il a écrit pour les Juifs et
dans la langue des Juifs ; que le fait qu'il rap
porte ici est un fait public et éclalaat. El
d'abord, ne s'est-il point passé à Jérusalem,
cette cité si grande, si fréquentée encore an
tempsde Jésus-Christ?Toute la cour du ffm
Hérode n'en fut-elle pas témoin? D'un autn
côté» quoi de plus éclatant que la venue d*
trois sages de l'Orient, conduits par un
étoile merveilleuse, que le massacre d
tous les enfants de deux ans qui se trou
vaient à Bethléem, qui n*est qu'à deo
lieues de Jérusalem ; fait étroitement 11
avec la venue des mages? Ajoutons qu
l'époque où saint l^latthieu écrÎTait ceti
histoire, il devait y avoir une multitu(
de personnes qui avaient vécu au tem]
où ces événements s'étuient |»a$sés. Il fa
encore observer que non -seulement
n'y avait rien de (nus opposé k l'intéi
de la cause que saint Matlieu défendait ,q
de controuver un fait de celte nature, c
la fausseté pouvait en être si facilemc
découverte! mais que cet événement, e
visage dans ses suites , ne |iaraissait ne
lement glorieux à Jésus* Christ, puisq*
le représentait ne pouvant échapper à
puissance d'un prince de la terre qu
(343) D. Calmkt, Diueriaiion sur le» mageg qui Uorœ,, II, p. 152) : lluiU hilerpreuiî sunt lixc
wmremi adorer JéiUS'Ckrist. Mcssia. •
(3i4) I iii toc. ^um. XXIV, 17 (dans Sgucettgen, (545) Vis de Jisue, 1 1., p. i, p. î76, 177
SD
NÂl
PICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
NAl
S26
IreDaot la faite. < Qu*éUit-il nécessaire de
îifiosporter en Egypte?.... s'écrie Celse.
U Diea suprême ne pouvait-il pas garder
«iD fils en sûreté chez lui, après lui avoir
éfjà dépéché deux anges (346j ?» Si Ton
ftse aiteDliTement toutes ces circonstan-
ces, un demeurera convaincu que jamais
tto homme de bon sens» comme on doit con-
venir qu'était saint Matthieu , n*aurait pu-
blié on bit de cette nature, s*il n'était pas
ff'fiiemenl arrivé. Commeni , en eiïel, au-
niUI pu s'abuser au point de compter sur
ta (ni des Jaifs à une histoire dont la faus-
sMceûlpuétre si aisément mise au grand
juu^' Aussi, jamais personne n'en a contesté
idvémé. Saint Justin et saint Irénée, tous
'ledi suleurs du ii* siècle , la rappor-
kni iàus leurs écrits. Origène , dans ses
Inreseonlre Celse, la suppose déuiontrée.
Tt)u(e cette histoire se trouve dans le
frotéraogile de saint Jacques, qui, bien
fiti ne soit pas authentique, remonte à
,w é|)oque assez ancienne, puisqu^it a
titf nié par les Pères, Nous la trouvons
A55I lion^^ r Evangile de C enfance du Sauveur
q&'Henri Sikiusa traduit de Tarabe en latin,
f^ (^oidit en propres termes que leb mages
nmit adorer Jésus^CbriSi en suivant ies
l«rpiicliûns de Zoroastre, fameux philoso-
imHtePerses.
1*0 /«ot encore citer, en faveur de This-
<<'/rei/Êi mages, le lémoigna^çedeChalcidius,
|Li(X»ûpJie platonicien, qui, dans son com-
ffiffiUire sur le Timée de Platon, après avoir
prié d'une étoile qui annonçait les maladies
itijmorty ajoute ces paroles : « 11 faut remar-
foer une autre histoire bien plus sainte et
i^^s digne de vénération ; car elle nous
niporie rapparîtion d'une certaine étoile
fttj le présageait ni des maladies ni la mor-
UHiét mais la descente du Dieu adorable
«r la terre pour sauver les hommes, vivre
•ti milieu d eux et les combler de ses fa-
|iturs. Des sages de Chaldée ayant aperçu
|Ptaeétoile durant la nuit , comme ils étaient
jimès dans la connaissance des astres , ils
«mirent à chercher ce Dieu nouveau-né;
^i^rsquIlsTeurent trouvé, ils radorôrenl
p lui offrirent des vœux dignes d'un si
p3MKeu{3W). »
, Daw une de ses notes sur ce passage de
p!cidiQS,Fabricius cite un fragment d'dn
h'm inédit, qui parle aussi de l'histoire
i! )>toile des mages, et dit, entre autres
cV'Se$,qu'kla naissance du Verbe do Dieu
Ki^ fut leur guide en leur faisant connaître
pik oaissance comme déjà accomplie, et
p leur annonçant un si grand bienfait.
I Fibricius prétend que ces deux auteurs
fiA des» chrétiens démises ; ils parlent , en
tfet, de Jésus-Christ comme les païens
••^n ont jamais parlé, puisque le premier
î'M'Pelle Dieu , et le second verbe de Dieu.
Cmeodant d'autres critiques pensent que
'client des philosophes platoniciens, qui,
»*«s adopter tous lespréjugés des païens i)ar
^5) Vtfj. OtiCE!! . ConlT, Cets., I i.
rapport à la personne de Jésus-Christ , n'en
avaient pas néanmoins embrasssé la reli-
gion. Quoi qu*il en soit, ils nous présentent
deux anciens philosophes du m' et du iv*
siècle, qui confirment de leur témoignage
l'histoire des mages d'Orient,
L*évangile de saint Matthieu, disent les
ineréduldes, rattache à la venue des mages à
Jérusalem un fait dont Texistence ne parait
nullement certaine, cl au*on peut même dire
tout h fait invraisemblable; nous voulons
parler du massacre des innocents (ii, 16).
D'abord, cet événement n'olfre aucune certi-
tude historique. En clFet, Thistorien Josèplie,
qui ne dissimule aucune des cruautés d'Hé-
rode, ne fait point mention du massacre de
tous les jeunes enfanls,ordonné parce prince
en conséqucnre de la nouvelle qui lui par-
vint qu'il était né un roi des Juifs. Nous di-
rons avec Bullet, à qui nous empruntons la
plus grande partie de celte réponse, qu'il y
n plusieurs choses dans Suétone et dans
Tacite que personne ne révo(]ue en doute,
quoiqu'elles ne soient attestées que par un
seul de ces historiens. Or, y a-t-il de 1 équité
à refuser cette contiance à saint Matthieu,
sous prétexte qu'il est le seul qui ait parlé
des enfants égorgés? La réilexion que nous
avons faite au mragraphe précédent sur l'ap-
parition de l'étoile et la venue des mages
est parfaitement applicable ici ; le massacre
de ces jeunes victimes de la cruauté est un
fait public, éclatant, arrivé du temps desaint
Matthieu qui le rapporte, et dans la patrie
même de cet évangeliste; ce qui suilit [tour
prouver que saint Matthieu en le racontant
mérite toute confiance. Quel motif, d'ailleurs,
aurait pu le portera inventer cet événement?
£st-il glorieux à celui doiit il écrit la vie?
£st-il propre à lui concilier l'affection de
son peuple? au contraire, il est aux yeux de
la chair déshonorant pour lui. Quoi! celui
qu'on vientde donner pour Fils deDieu,pour
maître absolu de l'univers, est obligé de fuir
pendant les ténèbres de la nuit dans une terro
étrangère pour sauver sa viel Qiioit cet en-
fant, dont les anges ont annoncé la naissance
comme le sujetd une grande joie, occasionne
peu de jours après une calamité publique I
Il faut donc convenir de bonne foi que Té-
crivain sacré n avaitaucune raison de feindre
ce massacre, et qu'au contraire il en avait de
très -bonnes de le passer sous silence, s'il
n'eût pas été sincère.
Ajoutons que si Josèphe n'atteste pas le
massacre des innocents en termes exprès, il
le rond vraisembiablf^, et qu'il le fait pour
ainsi dire entrevoir dans l'histoire qu'il nous
a laissée des actions et des mœurs d'HéroJe.
Ce prince, selon lui, futsoupçonueux, déliant,
excessivement jaloux de sa couronne, cruel
jusque la férocité; son règne fut un règne
de sang ; épouse, enfants, alliés, sujets, sans
distinction de naissance, de dignité, de rang,
d'âge ou de sexe, furent les victimes de sa
barbarie, 11 faisait mourir, dit l'écrivain juif,
(547) Voy. S. Uippolyti Opéra, p. 3i5; coraul#
Jo. Alberto Fubriciot
H7
Mal
DtCnOHNAlRE APOLOGETIQUE.
MAI
S28
sons le premier prétexle qui se présentait,
ceux qui avaient le malheur de lui (aire le
moindre ombrage ; il n*épar^a pas même
Costotiare, Lysimachus, Gadias, surnommé
Antipater» et Dosithée, les meilleurs de ses
amis. La deruière maladie de ce prince, qui
fut assez longue, augmenta inCniment ses
sou|>(ons et sa cruauté; il devint insuppôr*
table à tout le monde et à lui - même ; tout
lui faisait ombrage, il tomba dans une mé-
lancolie si atrabilaire qu'il voulut se donnet
la mort, et qu*il ordonna à sa sœur Salomé
de faire tuer à coup de flèches, après son
tré|»as, les plus considérables des Juifs qu'il
avait fait enfermer dans l'hippodrome. Or
qui ne voit que dans ces circonstances le
massacre d*une centaine d*enfants, parmi
lesquels il 7 en a un qu'on disait être né roi
des Juifs, est un trait qui se place comme de
lui-même dans le tableau de ce prince cruel
et liarliare.
Ne pourrait-on pas dire encore que si Jo-
sèpbe n'a pas fait une mention expresse de
cet infanticide , c'est que les grands événe-
ments qui sont arrivés dans le même temps
ont attiré toute son attention? La Judée, en
effet» n'offrait alors qu'un spectacle plein
d'horreur : la famiHe Totale déchirée par
des haines implacables, six mille pharisiens
rebelles, une sédition excitée dans Jérusa-
lem, la conspiration d'Antipater, la mort
violente de ce flis dénaturé, la mala'iie ex-
traordinaire du roi, les noires fureurs dont
il était agité, ses variations sur le choix d*un
successeur, l'ordre barbare qu'il donna de
massacrer les principaux des Juifs; ce sont
là des objets qui , ayant paru beaucoup plus
considérables à cet historien que le mas-
sacre de quelques eniïints, i'auront unique-
ment occupé.
Ajoutons ciue Josèphe ayant composé son
histoire sur les mémoires de Nicolas de Da-
mas, il peut bien se faire ^ue cet annaliste,
qui est très-favorable h Herode, ait omis ce
massacre iMiur ménager un peu la mémoire
de ce prince. Il jieut se faire encore que Ni-
colas de Damas ne IrouvAt pas Hérode si
criminel, à cause des raisons politiques qui
auraient porté le monarque juif à cette san-
glante exécution, etque Josèphetue trouvant
(las ce lait relaté (ïsins ses mémoires, n'en
ait rien dit lui-même.
On peut donner une autre raison du si-
lence de Josèphe; c'est qu'étant juif, et dési-
rant singulièrement d'un autre cêté flatter
les païens, il aura retranché de son histoire
la venue des mages, si glorieuse à Jésus-
Chriât, dont^la religion était alors délestée
par les Juifs et (lersécutée par les empereurs
romains^ Et la dépendance esseiitielle qu il
y a entre la venue des mages et le massacre
des innocents loi aura fait aussi omettre ce
dernier fait. Celte supposition (tarait d'aulant
mieux fondée, que s'il a parlé de Jésus-
Christ une fois, c'est en peu de mots et
parce qu'il y était comme forcé |)ar l'éclat de
fes miracles qui avaient rempli la Judée, et
dont la mémoire était encore toute fraîche.
Mais n ayant pas la même nécessité de par-
ler de la venue des m^es et du massacre
des jeunes innocents , il n'a pas cru devoir
en parier dans son histoire.
Enfin le.silence de Josèphe n*est après tout
qu'un argument négatif, tandis que le té-
moignage de saint Matthieu est une auto-
rité positive. Or, dans ce conflit les règles
de la critique ne permettent pas même d'hé*
siter; l'argument positif doit l'emporter.
Ainsi , quand nous n'aurions dans cette dis-
pute que le témoignage de l'évangéliste à
opposer aux incrédules, l'avantage seraii
pour nous ; mais pour appuyer sa narration
nous, avons encore une autorité qui aux
yeux de nos adversaires sera bien supé-
rieure h la sienne , c'est celle de Macrobe,
qui raconte entre les bons mots d'Auguste,
que cet empereur ayant appris que paraii
les enfants qu*Uérode, roi des Juifs, avait
fait tuer dans la Syrie, Asés de deuz ans et
au-dessous, son fils avait été. enveloppé dans
ce massacre, dit: I! vaut mieux être le pour-
ceau d'Hérode que son fils. Cum audiuet
Jfkter pueros quoi in Syria Herode$ rtx /m-
dœorum intra bimatum juaii interfeù fiHtêm
quoque eju$ Qccitum, ait : Metiuê est Ècrodit
porcvm esse quam filium (348).
On élève, il est vrai, contre ce passage
plusieurs diflicultés c|ui tendent h prouver
qu'il ne saurait servir d'appui au récit de
saint Matthieu. Ainsi, on objecte qu'il est
trop moderne, Macrobe n'ayaùt écrit qu'il
la fin du IV' siècle. On objecte encore
qu'il suppose que le fils d'Hérode fut enve-
loppé dans le massacre; ce qui est une faus-
seté historique, et prouve clairement
au' Auguste n'a jamaiç pu tenir ce propos,
^ndit, enfin, qu'il est possible et même
vraisemblable que Macrobe n'a trouvé dans
l'auteur ancien qu'il copie que ce aeul mot
d'Auguste :. // vaut mieux éire le pourceau
d'Hérode que êon fiU; et çiue sachant par les
chrétiens au'Hérode avait fait massacrer un
grand nombre d'enfants, il aura saisi cette
circonstance pour en faire l'origine du bon
mot. Pour donner plus de poids à cette der^
nière objection, on fait observer que Tex-
pression de Macrobe, intra bimatum^ paraît
évidemment copiée sur l'évangile de saint
Matthieu. — La première objection, loin
d'être solide, n'offre même rien de spécieux.
En effet, qui ne voit, même au premier as*
pect , que Macrobe , tout en rapportant ce
bon mot, n'en est pourtant pas l'auteur.
Puisqu'il rattribue à rempereur Auguste ; il
a certainement trouvé dans quelque an-
cien écrivain dont il l'a emprunté; et c*e$t
probablement du temps même d*Auguste
que le propos a été recueilli dans quelque
ouvrage. Quoi qu'il en soit, Macrobe ou I ^
auteurs anciens qui lui ont transmis ce fir >-
pos d'Auguste ne trouvaient pas absurde \ e
récit du massacre des innocents.
Quant à la seconde difficulté, on a tmil
droit de répondre que la mort d'Antipater
'SiS) Macrob., SaturHal. L 11, r. 4.
m
Nâl
DICtiONNAiRE APOLOGETIQUE.
NAI
S3»
on d'iristobold n'Uyilnk précédé que de quel-
ques semaines seulement le massacre des
Iniioceots, ii est très^vraisemblable qu*Au-
goste apprit en mAme temps hi nouvelle des
(îeui éTeoemeuts, et qu'il les réunit dans
ie boo mot que cette nouvelle lui inspira.
D'iilleurs» ne peut-il pas être arrivé que
Vacfobe lai*inème, ou lauteur ancien che<
qui il a puisé ce bon mot» soit par igno-
raflce, soit pour rendre le bbn mol plus pi-i*
qtDiit, ait lié au même temps les deux évé-
nements^ ouoiqu' ils se soient passés à des
é|)0|Qe$ dinérentes ?
lilroisième difficulté ne paratt pas plus
solide qne les précédentes. D*abord^ c^est
U)it(àâit gratuitement qu*on suppose que
Nirrobe n a pris de l'auteur qu'il copie que
If jeolhon mot d'Auguste, et qu'il a ajouté
ùtt lui-même la circonstance qùt y a donné
oimioQ. Du moins, il nV ai certainement
non dans ce qu'il dit qui exige une pareille
»pfxisition; au contraire , ce qui semble
piolit ressortir de son texte, c'est qu'il ne
tiNMrta le bon mot qu'à cause du lait lui-
mie, e*esi-à^ire le massacre des jeunes
«fuis. D*flilleurs, l'analogie d'expression
^se iroQVe entre le philosophe platoni-
œn et notre saint évangéliste peut-elle en
i«<}(i&e critique autoriser la conclusion de
>«» ddrersaires? C'est l'expression inira
^uiatm que Macrobe. selon eux, aurait
«-'Ojfufliée de l'Evangile, parce qu'elle n'est
*o\rii qu« celle de a bimatu qu on lit dans
ii.n( iUattlneu. Mais quels autres mots pou-
wi eaiplojer Macrobe pour exprimer 1 idée
'i^nfiflls âgés de deux ans? car c'est cette
1^ qu'il fallait rendre pour être conforme
^'•9 vérité, et c'est par conséquent celle qui
^^iit nécessairement se trouver dans tout
«uuieot quelconque destiné à transmettre
'ctte histoire. Ajoutez qu'il y a entre les
'^•ài textes nne différence assez marquée
^ur qu'on ne paisse pas regarder comme
ttriam et démontré que l'un a été copié sur
faatre. En effet, Hacrobe dit tout simple-
Beot titf m bimaium ; tandis qae le passage de
not Uatttiieu porte a bimatu et infra. EnflUi
Kui-on supposer que Macrobe, païen et
nu>eo)i juré du christianisme, ait voulu em-
Eu/iler quelque chose au récit des évangé'>
^^? Ainsi, rien ne parait s'opposer è ce
|bvû emploie le jiassage de Macrobe pour
^«i^toer la narration de saint Matthieu.
Enfin, il est encore une autre nreuve de
M rêrîté du récit évangélique. Gelse , ou
htttùt le Juif qu'il fait parler dans son ou-
^y dit que Afarie fut obligée de se reti-
^enBf{jpte, où elle éleva son fils en secfeté
«pourquoi Marie fut-elle obligée de se
Wirer en Egypte (39^9)? C'est donc qu'elle
wit menacée par un ennemi puissant qui
^^fioàûi sa domination sur toute la Pales-
^i car autrement , pourquoi eût-elle été
^ i'^m et dans un fiays qui lui était étranger?
^ cet ennemi puissant ne peut être qullé-
Me, qui poursuivait sonnls, parce qu'il
iiu donnait de l'ombrage, et qu'il était 1 en«
^M) F«|. Ofticcfi., Conira Ceii,, 1 1.
DKTIONNAIRB APOLOOÉTIQUÉé II<
fant-roi que les mages étaient venus adorer.
Ainsi, cette fuite, avouée par Celseet par
les Juifs, explique parfaitement|toute l'his-
toire des mages et du massacre des Inno-
cents.
MaiS) Objecte Schleiermâcher» ce massacre,
outre qu'il est l'acte le plus horrible de
cruauté, choque de plus toutes les vraisem-
blances; car si Hérode voulait faire mourir
Jésus-Christ, il n'était pas nécessaire de ré-
pandre tant de sans^, il lui était très-facile
de savoir dans quel lieu de la petite ville
de Bethléem les étrangers venus d'Orient
avaient déposé leurs présents, et de décou^
vrir bientôt ainsi et la mère et l'enfant. -*
Mais, pour expliquer cette conduite d*Hé-^
rode, il ne faut pas seulement tenir compte
de sa cruauté, iV faut encore y feire entrei^
son esprit défiant et soupçonneux. Cette dis-»
position, qui était le propre du caractère
d'Hélrode, s'était, selon Josèphe, accrue de
jour en jour, et était h la fin de sa vie par-»
venue à son plus haut degré. Après avoi^
été trompé par les ma^es et blessé dans son
endroit le plus sensible, qui était la crainte
d'être déposé du trAne de Judée^ il n'est pas
vraisemblable qu'il ait Voulu se fier à des
demandes et à des enquêtes sur lesquelles
il pouvait encore être trompé. Mais» d'après
son caractère cruel et ombrageux^ il dut
t)rendre les mesures les plus promptes et
es plus eflicaces, quoique les plus cruelles
et les plus atroces.
11 est permis, sans doute» de conclure dô
ces diverses considérations que ce massacre^
quelque inhumain et barbare qu'il paraissci
n'est nullement en opposition avec le carac^
tère d'Hérode.
A ce récit de saint Matthieu se rattachent
quelques faits dont nos adversaires révo-»
quent en doute la vérité historique, sous
E rétexte qu'ils présentent les invraiscni'
lances les plus choquante.^. Examinons ces
divers faits > et voyons s'ils méritent réelle*
ment cette censure flétrissante»
Saint Matthieu rapporte que toute la ville
de Jérusalem prit part aux alarmes d'Hé^
rode : Turbaius est lierodeSf et omnis JerO'*
êùlyma cum illo, (ii, S.) Il fallait donc que ce
Î rince fût très-aimé des Juifs; cependant
osèphe nous assure que sur la fin de son
rèsne, temps auquel les mages sont arrivés
à Jérusalem, Hérode était détesté de toute
la nation. -—Nos adversaires prennent évi-
demment le change. L'évangéliste n'affirme
pas que la ville de Jérusalem fut troublée
pour les mêmes motifs qu'Hérode; il dit
simplement qu'elle le fut avec lui» c*est-à<*
dire que la nouvelle d'un roi des Juifs qui
venait dé naître excita une certaine émo-^
tion, non -seulement dans Hérode» mais
encore parmi les habitants de Jérusalem*
Comme les intérêts personnels du roi n'é-»
taient pas absolument les mêmes que ceux
de ses sujets , les motifs de son trouble de-*
vaient nécessairement être différents. Ces
derniers eux-mêmes durent avoir des motifs
351
NAI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
^M
S3f
différents ddns leur agitation et leur émoi,
parce qu'ils n'étaient pas tous animés des
mêmes sentiments. Ainsi , les uns purent
craindre qu'Hérode ne fit tous ses efforts
pour exterminer cet héritier légitime du
trône de David ; les autres furent probable-
ment effrayés par la crainte des guerres
qu'entraînent ordinairement ces change-
ments de dynastie; d'autres, enfin, purent
bien, dans leur fcû vive au Messie rédemp-
teur, n'éprouver à la nouvelle qu'apportèrent
les mages qu'un sentiment d'admiration et
d'espérance, par la pensée que le temps des
Îromesses divines étant enfin accompli, le
uste, le Prince de la paix^ qui était l'attente
des peuples et surtout de la nation juive,
apparaissait au monde. D. Calmet nous sem-
ble avoir parfaitement résumé en un seul
wot toutes ces considérations : «( Chacun,
dit-il, raisonna sur cette affaire à sa manière;
Toutefois, ajoute le savant interprète, per-
sonne ne se mit en devoir de chercher le
nouveau roi ; la crainte qu'on avait d'Hérode
tenait tout le monde en su^ens (3S0). »
Ce qui prouve le peu cfe confiance que
mérite saint Matthieu comme historien, di-
sent nos adversaires, c'est ia facilité avec
laquelle il se contredit dans cette même
histoire des mages; car il nous représente
d*abord Hérode comme croyant aux prophé-
ties, puisqu'il les fait consulter par les prê-
tres et les docteurs pour savoir le lieu où
devait naître le Christ (ii, 4); et il suppose
immédiatement après qu'il n'y ajoutait pas
foi, vu qu'il le montre s'efforçant de dé-
truire celui qui, d'après la prophétie de Mi-
chée, réunissait les caractères du Messie
(vers. 13, 16, 20), — Mais cette contradiction
qu'on reproche ici à notre évangéliste n'est
simplement qu'apparente. £n effet, si Hé-
rode fait consulter les prophéties, ce n'est
pas qu'il y ait réellement foi, mais c'est
pour connaître le lieu où, selon ia croyance
des Juifs, leur Messie devait naître, afin
qu'en envovant dans ce lieu il pût plus fa-
cilement détruire l'objet de leur attente et
empêcher les troubles publics que cet évé-
nement pouvait jiroduire dans ses états.
Ainsi, ce prince joue simplement le rôle
d'un hypocrite; il feint un grand respect
pour les oracles prophétiques, pendant qu*il
interroge les prêtres sur le lieu que les
])rophètes ont assigné à la naissance du
Messie ; mais il est bien déterminé à étouf-
fer dans son berceau l'enfant attendu par
les Juifs., et qui devait lui enlever ia cou-
ronne. Cette explication, fondée sur le texte
même de saint Matthieu, suûit pour faire
disparaître la prétendue contradiction dont
on l'accuse si gratuitement.
Jl est dans le récit des mages, objecte- t-on,
u neutre trait dont la fausseté se trahit par
l'invraisemblance même du fait que saint
Matthieu y raconte. Ainsi , selon ce récit,
Hérode se contente d'envoyer les mages à
Bethléem, en leur recommandant seule-
ment de s'informer de l'enfant qui devait y
être né, et de lui en porter des nouvelles.
Or conçoit-on qu'un prince aussi soupçon-
neux et aussi cruel une le suppose saint
Matthieu ne soit pas allé lui-même à Beth-
léem , ou au moins n'y ait pas envoyé des
satellites affidés pour massacrer sur-le-
champ celui dont la naissance loi causait
de si vives alarmes? — Nous convenons que
cette difficulté fasse au premier abord une
certaine impression ; mais nous pensons en
même temps qu'une attention sérieuse por-
tée sur la conduite d'Hérode peut facile-
ment la lever. Hérode a dû juger de la
conduite qu'il avait à tenir dans cette cir-
constance si délicate tout autrement que ne
lont fait les auteurs de cette objection. Ce
prince, qui était très-rusé, pensa, awec rai-
son, que le moyen le plus sûr de découvrir
l'enfant qui lui faisait ombrage était d'en-
voyer les ma^s, qui, étant étrangers et
ayant* entrepris un long voyage pour venir
rendre leurs hommages à ce roi nouveau-
né, seraient exempts de tout soupçon; la
sincérité de ces bons mages, l'accueil qu'il
leur avait fait, la consultation des prêtres et
des docteurs qui avait eu lieu par son en-
tremise, le désir hypocrite qu'il avait té-
moigné d'aller lui-même rendre ses hom-
mages à ce nouveau roi, devaient naturel-
lement lui persuader que les mages revien-
draient à Jérusalem lui rendre compte de
leur découverte, et gu'il pourrait ahrs
sûrement et sans bruit se défaire de son
nouveau rival: Il craignait avec raison qu'eu
y allant lui-même, ou en y envoyant des
satellites, il ne fit un éclat qui non-seule-
ment l'aurait empêché de découvrir l'enfant,
mais aurait fourni à ses parents mêmes un
moyen facile de le soustraire à toutes ses
Coursuites. A ne consulter que la prudence
umaine, Hérode ne devait pas tenir une
autre conduite; et si nous la trouvons sin-
gulière et incroyable même, c'est parce que
nous ne la jugeons que depuis qu elle a été
déjouée par la sagesse infinie qui se rit de
la prudence des humains. Si donc nos ad-
versaires se placent dans celte question au
véritable point de vue de la critique et de
l'histoire, ils n'accuseront pas saint Matthieu
d'avoir dans ce récit choqué les vraisem-
blances.
D'après la narration de saint Matlliieu»
la venue des mages et son objet auraient été
-connus et publiés dans Jérusalem: mais s'il
en eût été réellement ainsi , comment quel-
qu'un des Juifs et surtout des prêtres ne se
serait-il pas transporté à Bethléem , qui
était si proche de Jérusalem? Cette seule
considération , disent les censeurs de notre
évangéliste, suflit pour faire rejeter comme
fausse la narration de saint Matthieu. — Quoi-
que la venue des mages eût fait dulM^uit dans
Jérusalem , cependant il est certain qu'Hé-
rode, qui craignait les troubles et les désor-
dres auxquels pouvait se porter un' peuple
qui, d'ailleurs, lui était si peu affectionné,
et qui soupirait si vivement à cette époque
(550) D. CkLytzi, Comment JUtér, sur S, MiU^ti'^n. »• "
S35
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OICnONNAlRE APOLOGETIQUE.
NAI
334
ii\}ïis ta venae cl*un légitime héritier de
itarid» a dû s'efforcer d ensevelir la nais^
sim de ce nouveau roi dans le silence ;
luiià poarquoi il fait venir les mages en
secret : clam voeaiis magis^ et leur recom->
mande de s*Joformer avec soin de la nais-
sance de cet enfant. Il ne paratt point que
le peuple fût informé que ce nouveau roi
était né à Bethléem ; les principaux des
ftfélres et des scribes furent consultés par
(e prince pour savoir où le Messie devait
naître; mais il ne leur dit point le soupçon
qo'il êTait qu'il iQt déjà né. Quoi qu'il en
\é\y il paraît certain que leur réponse ne
foi point alors divulguée. Hérode donna sû-
ment à entendre aux prêtres et aux doc-
teurs de la loi .qu'il se chargeait de faire les
eogoètes nécessaires ; or, après au'un prince
iQssi soupçonneux et aussi cruel s'était saisi
de celte airoire , il n'y avait point de sûreté
l^or eut d'aller en personne a la découverte
•i'oo eo&nt qu'il détestait comme son rival ;
use pareille démarche les aurait d'autant
pios compromis» qu'ils Jouissaient delà plus
grande autorité dans la nation. Ils firent ,
dîDs cette . occasion , dit saint Augustin »
comme ces pierres placées sur les routes ,
lefqoelles montrent le chemin, et ne bou-
geât pas de leur place (351).
11 eat encore quelques traits qui se ratta-
àm à Thistoire des mages rapportée par
MiA{ Matthieu, et qu'il est impossible d'ad-
aieUrea»mme vrais , parœ qu on ne saurait
(a donner aucune explication. Ainsi, par
neniple, comment expliquer pourquoi Ué-
fv'ie a différé si longtemps de s'informer de
<*' fo étaient devenus les mages? Et s'il a
faii promptement ces perquisitions, n'est-ii
f^ encore impossible d'expliquer comment
liirie a osé venir à Jérusalem pour la pu-
roication?— Cette difficulté, qui parait une
ùHplos considérables qui aient été soule-
vées contre la narration de saint Matthieu ,
D'est pourtant pas insoluble. En effet , il
^uifitf pour y répondre d'une manière satis-
bisanld , d'établir une hypothèse dont nos
iciversaire$ ne puissent en aucune manière
(iiomrer la fausseté ; de supposer, par exem-
ple, qu'Hérode , après le départ des mages ,
)H été obligé de faire un voyage. Nous ne
oiruQs pas précisément , avec plusieurs an-
"''0$, qu'il avait dû à cette époque se rendre
tKomeavec s%% deux fils, Aristobule et
iltiandre,pour les accuser devant Auguste,
f^rie qu'il serait difficile de justifier la coïu-
'^'icace de ce fait avec celui qui nous occupe
'*>}i^ cette discussion ; mais la situation où
^ trouvait alors \%. Judée, et même l'état de
;«ût« d*Hérode, rendent très-vraisemblable
f supposition qu'il devait être absent de
^^riualem, ou qu'il fut contraint de porter
^^te son attention sur d'autres affaires
quil lai était extrêmement important de
i^^Qrsuivre sans relAche. Car ce fut peut-
^e dans ces temps qu'éclata la révolte de
>f^l) AccosT., sermo I, De Epiphan.
'^^ Voy. Joscra., Antiq.^L xvn, c. 2.
(^) V«y.lMBni. Amiq.. C. 5, et De Beiiojud.^
pluB de six mille pharisiens, qui non-seule-
ment refusèrent de prêter serment au roi et
à l'empereur, mais encore persuadèrent à la
belle-sœur d'Hérode, femme de son frère
Phéroras, qu'il fallait se défaire du roi,
parce que la volonté de Dieu était d'ôter le
royaume à Hérode et à ses descendants
pour le donner à son mari. On sent, en
effet, combien la découverte de cette conspi-
ration dut occuper Hérode], d'autant plus
que ses serviteurs les plus affidés faisaient
partie des conjurés (352). Ce fut peut-être
aussi à la même époque qu'eut lieu le juge-
ment d'Antipater, jugement dans lequel il
présida lui-même avec QuintiliusVarus, gou-
verneur de Syrie , et porta la parole contre
son fils (353). Quant a sa santé, l'histoire
de sa vie nous apprend qu'elle se trouvait
dans un état tel que ses médecins le faisaient
voyager pour prendre les eaux. C'est ainsi
que quelques jours même avant sa mort, il
alla prencire, d'après leur conseil , celles de
Callirhoê au delà du Jourdain (35&-). Nous
demandons maintenant s'il y aurait lieu de
s'étonner qu'Hérode ait différé de s'informer
de ce qu étaient devenus les mages après
qu*il leur eut dit de se rendre à Bethléem,
et si l'on peut, sous ce prétexte, rejeter le
récit de saint Matthieu, comme rapportant
un fait entièrement invraisemblable! Ajou-
tons qu'Hérode , qui n'avait aucun doute sur
la sincérité des mages , et qui se confiait
f pleinement à eux dans cette affaire , a pu
es perdre de vue pendant son absence , et
que c*est sans doute pendant cette absence
que Marie et Joseph sont venus à Jérusalem
Eour exécuter la loi de la purification. Enfin,
[érode n'a-t-il point pu croire que les mages
s'étaient trompés, et que n*ayant trouvé
aucun enfant qui portât les marques de la
royauté , ils étaient retournés dans leur pays,
confus de leur fausse démarche et sans avoir
osé se présenter devant lui à Jérusalem ? Ce
qui montre surtout qu'il y avait quelque
raison pour laquelle Hérode était resté dans
une sorte d'inaction et de négligence dans
cette affaire, qu'il [était cependant très-im-
portant pour lui de poursuivre avec chaleur,
c'est sa conduite ultérieure. En effet, à peine
a-t-il appris ce qui s'est passé dans le temple
à la purification de Marie, que comprenant
par là qu'il est réellement né à Bethléem
un enfant extraordinaire, il change tout à
coup : ne songeant donc qu'à se défaire de
son rival, et ne prenant conseil que de sa
fureur, il ordonne impitoyablement le mas-
sacre des Innocents. Ainsi s'évanouit la dif-
ficulté proposée par les censeurs de saint
Matthieu.
Enfin, objectO'-t-on encore, ce qui prouve
le peu de confiance que mérite le récit de
saint Matthieu, c'est que saint Luc, dont on
vante tant l'exactitude, le contredit formelle-
ment. En effet, selon ce dernier (ii, 92 et
seq.), aussitôt que les jours de la purification
1. 1, c.- 30. 32.
(354) Voff. Joasrs., Antiq.^ llv. ivn^ c. 8.
Sj5
fikl
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
NAI
ZM
furent accomplis, Marie et Joseph allèrent à
Jérusalem pour présenter Tenfant au S^-
teneur, et après avoir exécuté tout ce que la
oi prescrit pour cette présentation, ils re-
tinrent en Galilée, à Nazareth, qui était le
lieu de leur demeure. Saint Matthieu rap-
porte les choses tout autrement; car, selon
lui, les parents de Jésus recurent d'abord
la visite des mages, laquelle occasionna
leur fuite en Egypte; et ce ne fut qu'après
le retour d'Egypte qu*ils vinrent habiter
Nazareth. Si l'on dit que l'arrivée des mages
n'eut lieu qu'après la présentation, les ma-
Î;es ne purent trouver alors Tenfant à Beth-
éem ; jIs durent le trouver à Nazareth, où,
selon saint Luc, Marie et Joseph étaient
retournés après la présentation, et où ils
avaient fixé leur demeure. Si l'on prétend,
au contraire, que les mages sont arrivés
avant la présentation, il s^nsuivra que la
1)résenlation n'a pu avoir lieu, puisque c'est
a venue des ntages qui, selon saint Mat-
thieu, occasionna la fuite en Egypte. Enfin,
si, pour échapper à la difficulté, on dit que
Mario et Jose|)h, à leur retour de l'Egypte,
sont revenus à Bethléem pour y recevoir
la visite des mages, et de là sont allés à Jé-
rusalem pour y faire la présentation, on se
met alors en opposition avec saint Luc, qui
suppose Que l'enfant fut présenté quarante
)ours après sa naissance, et avec saint Mat-
thieu, qui nous dit que Marie et Joseph, à
leur retour d'Egvpte, u'osèmut pas aller en
Jurlée h cause uÂrchéiaùs qui y régnait. —
Cette difficulté , sur laquelle quelques cri-
tiques ont beaucoup insisté pour combattre
^authenticité des deux premiers chapitres
lie saint Matthieu, ne laisse pas d'ôtre fort
spécieuse. Ce que nous avons dit précéclnm-
nicnt répond suilisamment à quelques [)oints
particuliers de cette objection ; nous nous
bornerons donc ici à lever la contradiction
apparente entre les deux évangélisles. On
peut opposer à cette difficulté deux solu-
tions différentes, tirées du caractère des
deux évangiles. La première est celle de
Uug. Voici comment cet habile critique la
présente : « La question, dit-il, est de sa-
voir si Texpression de.saint Luc, après qu'ils
eurent tout accompli selon la /oi, ils revin-
rent à Naxarelh (u, 39), doit être prise dans
un sens tellement rigoureux quelle doive
exprimer qu'immédiatement après la pré-
sentation, et sans aucun autre événement
intermédiaire, Marie et Joseph soient reve-
nus à Nazareth. Or ii ne parait pas cp'un
doive la prendre d'une manière si rigou-
reuse et SI précise. Car c'est la coutume de
saint Luc, de terminer ses récits par une
formule de conclusion qui n'exprime qu'une
maxime générale (jui ne se rapporte à au-
cun temps déterminé, et qui est assez sou-
vent une addition superflue. C'est ainsi qu'il
termine le récit de rapparilion de l'archange
Gabriel à la saiute Vierge par cette formule ;
(355) JXJluc, Einleit. in dk Sebriften des Neuen
TeêtametUê, Tb. Il, Seii. S5tt; zweite AuUage. —
Voy. aussi H. Ouiuuseu, BiUUckcr Commeiuar
Et range s'éloigna d'elle, (i, 38.) De même il
ferme la narration des bergers qui étaient
accourus à la crèche du Sauveur par ces
mots : Et les bergers s'en retournèrent glori-
fiant Dieu, (n, 20.)^ Après le cantique de
Zacharie, il ajoute immédiatement : Et fea-
fant croissait et se fortifiait en esprit (i, 8i);
et après plusieurs récits particuliers, il ter-
mine ainsi : Et Jésus croissait en sagesse^
en âge et en grâce devant Dieu et devant les
hommes, (ii, 5â.) Or la phrase qui nous oc-
cupe est précisément du même genre : Aprêê
qu ils eurent accompli tout ce qui était or-
donné par la loi du Seigneur^ ils s'en retour-
nirent en Galilée^ à Naxareth^ leur ville. El
Venfant croissait et se fortifiait^ etc. (n, 39,
40.) Ainsi, on doit prendre ces paroles pla-
tôt comme des formules de conclusion que
comme des expressions qui déterminent ri-
goureusement le temps; et saint Luc veut
dire seulement d'une manière générale qno
Jésus, après avoir été présente au temple,
devint un habitant de Nazareth, sans ex-
clure pour cela tout intervalle de temps qui
aurait eu lieu entre ces deux événements^
et sans nier les faits qui auraient pu se pas-
ser dans cet intervalle intermédiaire (355). »
La seconde réponse à la difficulté est do
M. Cellérier. « D'après ce que nous avons
vu du but et du genre de saint Matthieu,
comparés à ceux des autres évangélist&s,
dit-il, il est clair qu'il ne faut pas tirer des
conséquences trop rigoureuses de l'ordre
dans lequel il raconte les faits, ou des li-
mites dans lesquelles il parait les renfer-
mer. A plus forte raison ne doit-on pas,
comme ici, les tirer de ce qu'il ne dit pas,
mais de ce que l'on suppose seulement qu'il
a eu l'intention de dire. Toute la difficulté
gtt en ce que les mases trouvent, à ce qu'on
affirme, l'enfant Jésus à Bethléem. Mais
qu'on lise saint Matthieu (chap. ii) avec at-
tention, on verra qu'il n en dit pas un mot.
Hérode les y envoya, voilà tout; mais ils
ont pour guide l'astre miraculeux qui les
conduit au lieu où était l'enfant (ivwm «v liv
To irm^ioy). OÙ était-ce? Nous n'en savoirs
rien, puisque saint Matthieu ne le dit |mis.
Il ne tient pas à nous donner les circons-
tances exactes et suivies du fait, mais à nous
montrer les sages de l'Orient prosternés
devant l'enfant né à Bethléem, do la ra^e
de David. Le reste n'a pas d'importance pour
son but, il ne i)arait pas sVn inquiéter.
Pourquoi, après ia présentation, la sainte
famille ne serait-elle pas retournée à Na-
zareth, chez elle, et pourquoi les magea
arrivés alors à Jérusalem, n auraieat-iis |ias
été conduits en Galilée par ht lumière cé-
leste? Si l'on admet cette supiH>sition, on
peut traduire saint Luc à la lettre, et il n'y
a plus l'ombre d'une contradiction entre
les 6vangélistes. — La même réponse s'ap-
plique paiement au T. 23, où saint Matthieu
semblerait indiquer que la sainte Cuuille
uher Stmnuliche Sehriften des Ncucn Tcstamenlt, I,
I45î zweite Auflugo.
557
!UT
DICTIONNAmE APOLOGETIQUE.
NAT
S3&
ne (lemeori k Nazareth qu'après le retoar
dE/jpte. Saint Matthieu n'avait point en-
core parlé de Nazareth, il n'avait eu aucune
(jtmm de le faire : la chose qui importait
.1 m but était de dire que Jésus était né à
Mi\éem (v.i), et uon que sa mère de-
meurât eu Galilée. S*il parle maintenant de
Mzarelb, il est évident que ce n'est pas pour
cuaiiJêter le récit, mais pour faire remarquer
qiA>$uir2nC les prophètes, Jésus devait être
a|)(H'!é Sojoréen, Voilà la manière d'écrire
rblsioire de Jésus. Quand donc il nomme
ctHk fille pour la première fois, il est tout
Mffiple qu'il ne dise pas la ville de Naza-
rîl!), f^ rî> leo^Uv... (Ittc. Il, 39), mais une
tdk tî»' ffiX:v ^tyofâmv.... Il est d'ailleurs fort
Ko&ible Que Joseph n'eût habité précé-
demiueDt Nazareth que momentanément et
fidr hasard (356). »
NAPOLEON, comme quoi il n'a jamais
uiité. Foy. MrraisMB. — Belle parole sur
Jésii5-Cbribt. Vop. Jésus-Christ, art. 1, § II.
!(ATLRAUSME de J.-J. Rousseau. Voy.
CaiTc,!!!. — Dévelop[iements sur ce sys-
l€ioe. Yojf. Rationalisme, | III.
>ATCRAUSTES ou NATURISTES. — On
lipeile ainsi certains théologiens protes-
ta&is raiionalisles qui prétendent ramener
biiitséyangéliques aux lois de la nature,
e^ les expliquer par les sciences naturelles,
i^pfajsique, la chimie, l'exégèse, etc. C'est
k ifiéorie soutenue en France par M. E. Sal-
^erie, dans son livre sur les sciences oc*
^/^^;eten Allemagne, par Eichhorn, Pau-
iiiN etn. Voici les appréciations de la Liberli
àpmersur ces théiologiens qui confondent
1^ faits surnaturels avec les fables gros-
sières de la mythologie.
« la homme, dont le nom n'occupe pas
^i rkistoire de l'esprit humain la place
<|u'il mériterait, c'est Eichhorn.... Les re«
ctierches mythologiques de Heine avaient
K^zaj^raodi son norizon pour qu'il sentit
il oécessité d'admettre l'intervention divine
ciiez tons les peuples, à leur Age primitif,
ûa de la nier chez tous. Chez tous les peu-
pe$, observait-il, en Grèce comme dans
iOrient, tout ce qui était inattendu et Ui'^
C'^Qipris était rapporté à la Divinité; les
»*:tt vivaient toujours en communication
«/ee des êtres supérieurs. En dehors de
i'Mstoire hébraïque, personne n'est tenté
^ croire à la réalité littérale de pareils ré-
tiu.Mais évidemment, ajoutait Eichhorn, la
Justice exige que l'on traite les Hébreux et
îes iioii-Hébreux de la même façon (357) ;
ro sorte qu'il faut, ou placer toutes les na*
i>*^flS durant leur enfance, sous Tintluence
(oiuiQutie d'êtres supérieurs, ou refuser de
miire des deux côtés à une telle influence..
A<i(uettre uasupematuralisme primitif, corn*
o^uu à toutes les nations, cest créer un
iDOQde de fables. Ce qu'il y a donc à £aire,
'^c (Mirt et d'autre , c est aa concevoir ces
*<^ieas récits dans l'esprit de leur temps.
(3SS) £iMj «Thm imrod. erUique au Nounau Tu-
Sans doute, s'ils étaient écrits avec la pré-
cision philosophique de notre siècle, il fnu-
drait y voir ou une réelle intervention de
la Divinité, ou la supposition mensongère
d'une telle intervention; mais, provenant
d'une époque primitive qui n'avait point de
philosophie, ils s'expriment sans artifice et
conformément aux iciées de l'antiquité. Nous
n'avons, il est vrai, aucun miracle à admi-
rer; mais nous n'avons non plus aucune
fourberie à démasquer; il ne faut que tra-
duire, dans notre langue, la lanuue des pre-
miers siècles. Tant que l'esprit humain n'a-
vait pas encore pénétré la véritable cause
des phénomènes, il dérivait tout de forces-
surnaturelles; les hautes pensées, les grandes
résolutions, les inventions utiles, et surtout
les songes à vives images, étaient des effets
de la Divinité, sous 1 influence immédiate
de laquelle on se croyait placé. Et ce n'était
{ms seulement le peuple qui embrassait ces
àciles explications; les hommes supérieurs
n'avaient eux-mè«nes aucun doute à cet
é^ard, et se vantaient, avec une pleine con-
viction, de relations mystérieuses avec la
Divinité.
« Sous les récits merveilleux delà Bible,
il faut donc, disait Eichhorn, chercher un
fait naturel et simple, exprimé à la façon
du temps. Ainsi la fumée et la flamme de
Sinai ne furent autre chose qu'un feu que
Moïse alluma sur la montagne pour aider à
l'imagination du peuple, et avec lequel, par
hasard, coïncida un violent orage ; la co-
lonne lumineuse était une torche qu'on
portait devant le front de la caravane ; l'ap-
f carillon radieuse de la face du législateur
ut une suite de son grand échauffement, et
lui-même, qui en ignorait la cause, y vit
avec le peuple quelque chose de divin.
« C'était un pas immense d'avoir assujetti
le corps des écritures hébraïques à la mémo
critique que le reste des œuvres de Tesprit
humain. Il fallut quelque temps pour qu'on
s'enhardit jusqu'à appliquer la même exégèse
aux écrits du Nouveau Testament, compo-
sés à une époque plus rapprochée de nous
et objets d'une vénération plus spéciale.
Eich&orn , comme tous les réformateurs ,
s'arrête au premier pas et n'applique que
très-timidement la méthode rationnelle aux
faits évangéliques ; à peine la hasarda-t-il
pour quelques récits de l'histoire apostoli-
que, comme la conversion de Paul, le mira-
cle (le la Pentecête, les apparitions évansé-
tiques. Ce fut en 1800 que fe docteur Pautus
entra k pleines voiles dans cette mer nou-
velle et conquit la gloire d'un Evhémère
chrétien. Paul us distingua avec beaucoup
de finesse ce qui, dans une histoire, est fait
(élément objectif), ou jugement du narra-
teur (élément subjectif). Le laiU c'est la réa-
lité qui sert de fond au récit ; le jugement
du fait, c'est la façon dont le spectateur qu
le narrateur l'a envisagé, l'expacation qu'il
(557) Ce priucipe serait vrai sans rinlerveniion
divine. Une fois qb fait biilprîqaeaieDl constaté»
tttui ve brilLuit édifice s'écreule»
339
NAT
DTGTIONNAimS APOLOGETIQUE.
NAT
540
s'en csl donuée à ]ui-*méme, la manière dont
le fait s*est réfracté dans son individualité.
Les Evangiles, au point de vue de Paulus,
sont des hittoires laites par des hommes
crédules et de vive imagination. Les évan-
gélistes sont des historiens à la façon de ces
naïfs témoins qui, en nous racontant un fait
tout simple , ne peuvent s'empêcher d*y
mettre du leur et de nous le présenter avec
le merveilleux dont ils l'entourent eux-
mêmes. Pour avoir la vérité, il faut se met-
tre au point de vue de l'époque et séparer
le fait réel des enjolivements que la foi
crédule et le goût du merveilleux j ont
igoutés. Paulus tient fermement à la vérité
historique des récits; il s'efforce d'intro-
duire dans l'histoire évangéliaue un étroit
enchaînement de dates et de laits ; mais ces
faits n'ont rien qui sorte de Tordre habituel
et oui exige une intervention surnaturelle
de forces supérieures. Pour lui, Jésus n'est
pas le Fils de Dieu dans le sens de l'Eglise,
mais c'est un homme sage et vertueux ; oe
ne sont pas des miracles qu'il accomplit,
mais ce sont des actes de hasard et*de bonne
fortune.
« Quelques exemples feront comprendre
ce qu'une telle exégèse avait d'ingénieux,
mais aussi de subtil et de forcé. Soit, pàv
exemple, le récit de l'Evangile sur la nais-
sance de Jean-Baptiste : ce récit renferme
deux faits surnaturels, et par conséquent
inacceptables : l'apparition de l'ange et le
mutisme subit de Zacharie. L'apparition
s'expliquait parles lois habituelles de l'an-
gélophanie. Pour les uns, ce fut un homme
qui lui apparut et lui dit ce qu'il attribue à
un messager céleste; pour les autres, ce fut
un éclair qui frappa son imagination ; pour
d'autres, ce fut un rêve ; pour d'autres, une
extase ou hallucination provoquée par l'état
mental où il se trouvait, par le désir d'avoir
de la postérité, i)ar la fonction religieuse
qu*il accomplissait, par l'odeur de l'eurens,
peut-être aussi par une sollicitation de la
femme, semblable à celle de Racbel à Jacob.
L'esprit ainsi excité, dans la demi-obscu^^
rite du sanctuaire, il pense, tout en priant,
à l'objet de ses souhaits les plus ardents;
il espère maintenant ou jamais être exaucé,
et est, par conséquent, disposé à voir un
signe dans tout ce qui pourra se montrer.
La fdmée de l'encens qui s'élève, éclairée
par les lampes du sanctuaire, forme des fi-*
gurcs; le prêtre s'imagine v apercevoir une
image céleste qui Teffraj^e d abord, mais de la
bouche de laquelle i 1 croit bientôt entendre la
promesse de ce qu'il désire. A peine un
doute léger commence-il à naître dans son
cœur, que le scrupuleux Zacharie se re-
garde (Somme coupable et se croit répri-
mandé par l'ange qui lui reproche son in-
crédulité. Quant au mutisme , une double
explication est possible : ou bien une apo-
plexie subite paralyse réellement sa langue,
ce qu'il prend pour une punition de son
doute ; ou bien Zacharie, par une supersti-
tion juive, s'interdit lui-même, pendant
quelque temps, l'usage de la parole qa*il
s accuse d'avoir mal employée. Toutes les
circonstances du récit sont ainsi acceptées
comme réelles, n>ais expliquées. Les non-
veaux exégètes ne songèrent pas un mo-
ment à se demander si tout ce récit n*était
pas une fiction conçue sur le moule des
circonstances que l'Ancien Testament place
à la naissance de tous les grands nom-
mes (358).
« Soit encore le récit de l'Ëvangile sur le
jeûne de Jésus, qu'il aurait prolongé durant
quarante jours sans rien prendre (ovx cf«7<>
ovScv). A en croire les rationalistes, qua*
ranle était un nombre rond pour signifier
plusieurs jours; ou bien cette abstinence
ne fut pas complète et n'exclut pas les her-
bes et les racines. Hoffmann, plus spirituel
encore, Qt observer qu'il est bien dît que
Jésus n'a rien man^é, mais nulle part qu'il
n'ait rien bu. Or il nous rapporte qu'un
enthousiaste s'est soutenu pendant qua-
rante-cinq jours avec de l'eau et du thé. A
la vérité il mourut, dit-il, non de faim, mais
delà fausseté de son sentiment!
« Tous les faits merveilleux de la vie de
Jésus étaient expliqués d'une manière ana-
logue. Ainsi, la lumière céleste des bei*gers
de Bethléem ne fut ni plus ni moins au 'une
lanterne qu'on leur ()orta aux yeux. L étoile
des mages fut une conionotion de planètes
ou une comète; et s'il est dit qu elle les
accompagna, cela doit s'entendre du fanal
Îu'on portait devant eux pendant ,1a nuil.
luand il est dit que Jésus marcha sur la
mer, cela veut dire qu'il rejoignit ses disci-
ples à la nage, ou en marchant sur le bord.
Quand il calma la tempête, cela signifie que,
dans une circonstance désespérée, il saisit
le gouvernail d'une main ferme. Là multi-
plication des pains s'explique par des maga-
sins secrets ou par des provisions que Tes
auditeurs avaient dans leurs poches. Les
riches en avaient trop , les pauvres en
avaient trop peu, ou n'en avaient pas du
tout. Jésus, en vrai philanthrope, leur con-
seilla de mettre le dîner en commun, et il y
en eut de reste. Quand il est dit que Jésus
descendit aux enfers, cela veut dire toul
simplement qu'il fut enterré. Les anges de
la résurrection ne furent autre chose que
des linceuls blancs que les pieuses femmes
prirent pour (des êtres célestes. L'ascension
s'explique par la supposition d'un brouillard
à la faveur duquel Jésus s'esquiva adroite-
ment et se sauva de l'autre côté de la mon*
tagne.
« C'était là, certes, une étroite et mes-
auine exégèse bien peu propre k sauver la
ignité du caractère lue Jésus; exégèse toute
de subtilité et de tours de force, fondée sur
l'emploi mécanique de quelques proc^édés
d'explication (extase, éclair, orage , nna^
ge, etc.) ; exégèse d'ailleurs bien .inconsé-
(358) Voy, à Tart. Uallccuiàtiok § 111 , la .réTutaiioD que Strauss a faiie de cette ioterprétaiioa*
Uï
NÂT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
NAT
515-
queute (339); car si les narrateurs sacrés
hn( brnidé sur les circonstances, pourquoi
imirsiforlà leur véracité sur le fond du
rtvii? Dans une hypothèse» pas plus que
•lans TauCre» il n'est facile de croire à Tins-
pralion du Saint-Esprit; et Starck avait
>pie(i(ae raison de dire à ces demi-rationa-
I>ie5 ; « Vous vous tireriez plus facilement
w (i'affaire en disant que personne ne connaît
< iesdrùles qui racontent de pareilles aven-
t tjres; que ce sont d'insignes menteurs, et
" ;u? tout ce qu'on allègue en faveur de leur
jTubité est un conte en Tair (360). »
• Aussi, ne tarda-t-on pas à sentir l'in-
^;.iîsaDce de ce mode d'interprétation. Ei-
«IhOfo lui-même, le pèredei évhémérisme
t iiiliqoey reconnut la nécessité d'une exé-
pseplus large pour quelques parties des
i:Tres de l'Ancien Testament, et particu-
hèrement pour les récits de la création et de
lacbole de l'homme. Après en avoir tenté
airerses explications naturelles, et avoir
iiiitenu, eu scrupuleux théologien, qu'il
seraii Indigne de la Divinité d'avoir laissé
lONérer un fragment mythologique dans un
i.trv révélé, il reconnut plus tard la puéri-
r.'édeces tentatives et ne vit plus, dans le
tià précité , que la traduction mythique
'je «tle pensée philosophique : Le désir
o'jQ ffleilleur état est la source de tout le
cal dans ce monde (361 j. »
M. E. Salverte rejette la résurrection de la
fiî.'eiieJaïr et ne voit dans le fait qu'une
irtioo bienfaisante qui ne renferme rien de
îjrnatiu'el. « Son père, dit-il, a imploré le
îtrours de Jésus. On vient annoncer qu'elle
•^ft-isé de vivre. Jésus rassure Jaïr; il dit
iOMiivemeut aux personnes qui (pleuraient :
Sf pUurex point : lorieune fille n'est point
f^vTU^ mais seulement endormie. Il la prend
i^rh main, l'appelle à haute voix : sa
r'>iûralion renaît; elle se lève ; et par Tor-
<ire de Jésus , on lui donne des aliments.
{Lue, vni ; Mat th. ix). Une fille de douze ans
que rend malade le travail de la puberté,
l'.Qibe dans un sommeil comateux et léthar-
Mque: Jésus l'en retire... Supposer qu^elIe
i^*i vivait plus, c'est supposer que Jésus a
iroféré un mensonge , en disant, elle n'est
i'mt morte: supposition à la fois déraison-
nable et injurieuse; je dirais blasphématoire,
'i lenthousiasme de la reconnaissance ne
i'Ttait avec lui l'excuse des erreurs qu'il
'iilanle. » (Des sciences occultes y ch. 20,
(. 350J. — M. Maurv ne voit là aussi qu'une
^'thargie {Essai sur Us légendes^ p. 237.)
écoutons ledocteur Strauss fairejustice de
'.^ âUpp05'itions insoutenables.
« L'eiplication naturelle, dit-il, procède
id avec une conQance toute particulière ;
carellecroit avoir ensa faveur la propre
(l^riaration de Jésus , quand elle soutient
îie la jeune fille n'était pas réellement
niorte, mais qu'elle était dans un état de
'défaillance semblable au sommeil. Et non-
C^) Noos enregUtrons loog ces aveux.
^'''^) Lts coïKiiiuateurs de Slrauss penchent vl-
^^^^mûx vers une théorie que Starck indiquait aux
seulement des commentateurs décidément ra*
tionalistescomme Paulus, ou des (demi -ratio*
nalistes comme Schleiermacher, mais encore
des théologiens décidément surnaturalistes
comme Olshausen , croient, en raison de la
déclaration de Jésus, ne pas devoir songer
à , une résurrection. Le commentateur
nommé en dernier lieu attache une impor-
tance particulière à l'opposition qui se trouve
dans le discours de Jésus et pense que ,
puisque aux mots — elle n'est pas morte f —
sont joints les mots, — mais elle dorty — les
premiers ne peuvent pas être entendus sim-
plementdanscesens : — elle n'est pas morte,
puisque f ai dessein delà réveiller; — ce qui est
fort singulier, puisque si cette addition in-
dique que la jeune fille n'est pas morte, c'est
seulement parce que Jésus a le pouvoir de la
ressusciter. On invoque en outre ce que
Jésus dit touchant Lazare {Joan. xi, ih)',
passage où les expressions Lazare est mort^
AûÇKpoç RTrc^avc , forment exactement la
contrepartie des expressions que nous
examinons en ce moment : — l'enfant n'est
pas mort. — Mais précédemment aussi,
Jésus avait dit de Lazare : celte maladio
n'est pas mùrlelle, «'x^ n àvBivtia oOx hxi ïr/io«.
OàvoTov (v. k). 11 nie donc auss dans le
passage de Jean la mort de Lazare ; il sou-
tient comme ici que c'est un simple som-
meil, et cependant il parlait , dans le cas
de Lazare, d'un véritable mort. En con-
séquen.ce,.Frilzsche a certainement raison
quand il paraphrase ainsi les paroles de Jé-
sus dans le j>assage que nous examinons :
Ne regardez pas la jeune fille comme morte ,
mais croyez qu'elle dort t car elle va bientôt
revenir à la vie. D'ailleurs, quand, plus
loin, Matthieu (v. 5) fait dire à Jdsus : Les
morts ressuscitent , vfx/>ot ,lyti^ovT«c, cet évan-
gélisle, n'aj'ant encore jusque-là raconté
aucune résurrection, parait avoir songé à
celle-ià môme.
« Mais indépendamment de la fausse in-
terprétation des paroles de Jésus, l'explica-
tion naturelle a encore plusieurs autre^
diflicultés. Sans doute on ne contestera pas
que dans plusieurs maladies il ne puisse ^
survenir des états qui simulent la mort ; on
ne contestera pas non plus que, à cause do
l'imperfection de la médecine parmi les Juifs
d'alors, une syncope n'ait pu être j)rise faci-
lement pour une mort véritable. Mais alors,
d*où Jésus a-t-i! su qu'il n'y avait ou'une
mortapparente chez cette jeune &lleTQuand
bien même le père lui aurait rapporté, avec
toute exaclitucle, la marche de la maladie,
quand bien même il aurait eu une connais-
sance préalable de l'état où se trouvait la
jeune fille, ainsi que le suppose l'explica-
tion naturelle, toujours est-il que l'on est ,
en droit de demander comment il peut assez
compter sur ces vagues indications pour
déclarer, prégiiéoient d'après l'interpréta-
tion que ^ilHHHMiitgs donnent à ses pa-
rdfion
^toriens criiiquciL
S43
NAT
BICTIQNNÂIRE APOLOGETIQUE;.
NAT
m
rôles, qiie Tenfant n^était pas mort, conlrar
dicKuiremeiit à l'assertion des témoins ocu-
laires et sans avojrvu encore ]a malade.
C'eût été une témérité, c*cût été même une
folie, si Jésus n*avAit pas eu, par voie sur-
naturelle, une connaissance assurée du vé*
ritabie état d^ choses,. Hais alors on quitte
le point de vue de rèiplication naturelle.
Paulus va plus loin ; le membre de phrase :
— Jésuê prit la ntatn, — et le membre de
Îhrase : f enfant resêuscit^^ — qui sont sans
oute réunis chez Matthieu fort étroite-
ment, le sont encore davantage par les mots
— aussitôt — et — sur-le-champ, — dans les
deux autres évangélistes; eh bien! cela n*em-
pêcbe pas Paulus d*inte^c(iler, entre ce$
deux membres de phrase, un traitement
médical qui dura quelque temps ; et Ventu-
Tini n*hésite pas à nommer un à un les re-
mèdes qui lurent employés I OIshauscn ,
pour combattre de pareilles atteintes pointées
arbitrairement au texte, soutient fermement,
et avec raison, que d(ins l'opiniou des nar-
rateurst la parole vivifiante de jFésus, et
nous pouvons ig^uter le contact de sa main
UJunie d'une force divine, furent les inter-
médiaires de la résurrection de la jeune
Çlle. » {4.-p.rF. Stbauss, Yie de Jésus^ tr^.
^ittré.) *
Montrons encore par un autre exemple
Vimpuissauce du naturalisme yo\x\ expli-
quer les faits évaugéliques. Voyons, tou-
jours d*après Strauss, si Texplication qu^il
donne au miracle de la résurrection Su L|h
;are est sati$ri|isante.
« Moins dans la troisième histoire de ré-
surrection qui est propre à FEvangile de
^ean, et où Lazare est non un homme mo^^t
^éceoimept où que Ton porte au tombeau,
n^ais unmor^ enterré depuis plusieurs jours;
^oins, dis-je, il semble que Ton puisse son*
ger è une explication naturelle, plus les ra-
Çonalist^s ont employé d'artifices et de dé-
veloppemeuts pour lever les difiiouli^. • •
« L'explication naturelle s'appuie sur les
Siémes prémisses que dfins le récit précé-
ent, à savoir qu-un homme déposé depuis
quatre jours dans un tombeau a pu 0tre
rappelé à la vie, et que I9 chose, })ossible ep
SOI, r^st encore davantage en raison de la
coutume juive; possibilité que nous ne
contesterons pas ici dans le spns absolu. Cel(i
posé, elle commence en faisant une suppo-
sition que qo^s ne devrions peut-être pfi^
laisser passer» c'^st que J^sus s'informa
exactement des conditions de la maladie au-
firès du messager que les sœurs du malade
ui envoyèreiit, et que la réponse qu'il fit à
ce messftger \ Cette maladie n'est pufs mor^
tellôf etC,, oevrv 4 àvOiwta oOx Ibre inso^ Oovarov
(v. 4}, n'est qu'une conclusion tirée par lui
des renseigqements qu'on lui donna, et
n^exprime que la conviction gu'ils lui inspi-
rèrent, que la maladie n'était pas mortelle.
Il est nue particularité de la conduite sub*
demeura encore deux jours d'ins la Péréç.
(v. 6.) En effet, d'après la supposition rai(^
par l'explication naturelle, il put juger que
sa présence à Béthanie n'était ftas duno
nécessité urgente. Mais comment se f«it-ii
que ces deux iours étant écoulés, non-seu-
lement il se résolve à y aller (v. 8), mais en-
core qu'il conçoive une tout autre idée de
l'état de Lazare, et que même il ait la nou^
Telle positive de sa mort, qu'il annonce au\
apôtres , d'abord d'une manière fij^uréo
(v. 11), puis ouvertement.? (v. ik.) ici Yeu
nlication naturelle éiirouve une notable so-
lution de continuité, qu'elle ne rend que
plus frappante en imaginant un second mes-
sager, qui apporte au bout des deux jours
è jTésus la nouvelle de la mort de Lazare
survenue pendant Tititcrvalle. Le rédacteur
de l'Ëvongile n'a pas du moins eu conuais-
sance d'un second message, autrement il
en aurait fait mention; car le silence qu'il
garde sur ce mesrotge donpe à tout le récit
une autre apparence, à savoir que Jésus a
eu, d'une manière mi^'aculeuse, connaissance
de 1(^ mort de Lazare. Jésus, lorsqu'il fut dé*
cidé à se rendre à Béthanie, dit aux apôtres
qu'il voulait réveiller Laz^ire endormi, w^
tt^To^.... iiuirAqju, [Joan. XI, 11.) L'expliq-
tion naturelle se rend cooiptc Je cette cirn
Gonstfince çn supposant que Jésus conciul,
des renseignements fournis par le n^essa^'cr
3ui lui annonça la mort de Lazare, aoe ce
ernier n^étâit que dans un état léthargi-»
que. Bfais ici, pas pli^s que plus haut, nous
ne pouvons attribuer à Jésus une téiuériii
assez peu sage pour qu'il ait donné, araul
d'avoir vu le prétendu mort, Tassurance j^or
sitiye qu'il vivait encore. Au point de >uo
de Texplic^ition nç\turelle % les paroles que
Jésus prononce en cette occasion font une
nouvelle difficulté ; il dit, en effet, à ses
apôtres (v. 15) qu'il se réjouit à cause d'eux
de ne s'être pas trouvé à Béthanie avant et
pendant la mort de Lazare, q/ïnçu'f/acroten^.
«! L'explic{ilion que P^^utus donne de ces
paroles, 6'est que Jésus aurait craint que la
mort de Lazare, survenue en sa présence,
U'eût ébranlé leur foi en lui. Elle a d'abord
contre file l^ remarque de Gabier; le verbe
wtfTXiXKù ne p^ut PAS avoir, sans ^utre expli-
cation, la sigoification négntive de: ne pas
perdra la foi^ que l'on rendrait bien plutôt
par une phrase telle quç celle-ci: Afin qm
votre foi ne vous abandonne pas^ ha un ixlii^
4 irioTiff 90V. (Vpy. Luc. XXII, 32.) En second
lieu, on ne montrera nulle part que le^
apôtres se soient fait une idée (le Jésus com-
me Messiç telle que la mort d'un homme
ou même d'un ami etlt été incompatiMc
avec sa présence.
a  partir de l'arrivée de Jésus è Béthanie,
le récit évangéliqùe devient up peu plus fa-
vorable à l'^explicàtion naturelle. A la vérité
quand Marthe lui dit (v. 21 et <eq.) que s'il
avait ét^ présent^ spn frère ne serait \^s
moit; quand elle egôute : ifais je sais que,
mfmeà pris^t^ tout ce que vous demanderei
à Dieu, Dieu vous raccordera^ iïïA rai ^y^ 9^*
Su hqi «y çùxi^n tôv Omv. Sûaii vti ôOièCj ce^
:45
HAT
DICTtONNAlilE APOLOGETIQUE.
NAT
346
expressions paraissent renfermer , d^uoe
BAoière non méconnaissable» l'espérance de
Toir le défani rappelé à la vie par la puis-
sance de Jésos. Mais Jésus lui donnant Tas-
suranee que son frère ressuscitera^ kmffrnvtrat
• iklfiç 99V, elle répond découragée : Oui,
au dernier jour, (v, 2I^.J Cette réponse prête
<ies secours à une explication qui dès lors
suppose, rétroactivement à Texpression pré-
cédente de Marthe (▼. âS), unsens mal pré-
cisé, à savoir, que même aujourd'hui, et
bieo qu'il n'ait pas conserTé la vie à son
frère, elle a ce|)endant foi en Jésus, comme
éUDt celui à qui Dieu accorde toutes ses de-
iuao«ies, c'est-à-dire comme étant le &vori
de la Dîyioité, le Messie. Mais Marthe ne
uilpas : Je crois, wt/mju, elle dit : Je sais,
9^ et la tournure : Je sais que telle ou telle
chose se fera pourvu que tu le veuilles , est
une ibrme ordinaire, maïs indirecte, de la
{Tière, d'autant moins méconnaissable ici,
que lobjet de la demande est clairement
manifeste par l'opposition qui avait précédé.
II e!>tdOQc clair que Marthe veut dire : Tu
n'as i^as empêché, il est vrai, la mort dp
mon frère ; mais il n'est pas trop tard, même
nainienant, et sur U^ demande Dieu le ren-
dra à toi et i nous. Sans dou^ il Cpiut fid«
ffi^Ure qœ Marthe change dp septiment ,
puisque l'espérance qu'elle avait ^ peipp
eipriinëe est déjà éteinte dans sa réponse
(r. ih). Hais cela ne doit pas beaucoup nous
rarj>reodre chez une femme qui, ici et ail-
leurs, se montre très-mobile; et, dans ce
tas particulier, on s'en rend sufTisaniment
cûoipte par la forme de l'assurance qu'avait
ùjnnée Jé^tis. En effet, à ^a demande indi-
recte, Jlarthe avait espéré un assentiment
irécis; mais Jésus ayant répondu d'une
manière tont à bit générale et avec une ex-
fression par laauclle on avait coutume de
caractériser la résurrection à la fin d0S temps
;mvTi9vr«), elle répliaue, moitié piquée,
moitié découragée , (ju elle sait que Lazare
ressuscitera au dernier jour. L'explication
naturelle fait justement tourner à son pro<p
tit cette expression de Jésus si générale,
H !es expressions encore plus indécises :
Jt suis la résurrection, etc. ; iy*» i î/u i àv«9*
ffsci;. 2. T. h et elle dit que Jésus était encore
n Je songer à un résultat extraordinaire ;
C4>nséquence, il ne donne à Marthe que
> consolations générales, promettant que
I il. le Messie, procurera une résurrection
liture et une vie bienheureuse à ceux qui
l'utoni cru en lui. Mais plus haut Jésus
araii parlé (v- 11] Avec assurance à ses apô-
im d un réveil de Lazare ; il faudrait donc
>i:u*ii eùi changé de sentiment pepdant cet
l:iU;rTalle; or on ne trouve aucun motif à
jui changement. De plus , quand Jésus , sur
k point de procéder a la résurrectioq dp La*
tare, dit à Jlarthe (v. 40} : Ne vous ai-j^ pas
" i aucj si vous croy^, tous verrez la gloire
t Dieu T Ovx taK«v 9U, w Iwê ircorf vo^Ct >hfvt
«« «i^ Tm> omû, il fait évidemment allusion
0 Yersel 23, dans lequel il entend, par con?
«•luem, avoir prédit la résurrection qu'il
va opérer. S'il ne la caractérise pas d une
»•»
'.•:5
manière plus précise, et s'il cache de nou-
veau la promesse à peine donnée relative-
ment au frire, iiUljoç, en des promesses gé-
nérales pour celui qui croit, ict^rtvtn (v.
etseq.), il le fait à dessein, afin d'éprouver
la foi de Marthe et d'agrandir son horizon,
c A ce moment Marie sort avec un cortéfos
et ses pleurs touchent Jésus au point de lui
arracher des larmes. C'est une circonstance
que l'explication naturelle invoque avec une
confiance particulière ; elle demande si Jé-
sus, dans le cas où il aurait été sûr de la
résurrection de son ami, ne se serait pas
approché avec la joie la plus vive de ce tom-
beau, duquel il avait la conscience de pou*
voir à l'instant même le retirer vivant. En
conséquence, elle entend les mots il frémis--
sait. heCùtfti'TKfïy. 33] frémissant, ffi€pifc^|Af-
voc (v. 38) d'un effort violent pour corn primer
la douleur que lui avait causée la mort de sou
ami, douleur qui se fit jour par des larmes,
j^iHTfv. Mais l'étymolo^e d'après laquelle
ce mot signifie fremere tn aliquem ou m se,
et l'analogie de l'usage dans le Nouveau
Testament, où il n*a jamais que la signifi-
cation de faire des reproches à quelqu'un
(Matth. IX, 30 ; Jfarc. i, M ; xiv, 5), mon-
(refit que If^e^cf^faOcc exprime un mouvement
il§ colère, non de douleur; et, dans le cas
|)articuiier-où il est joint, non au datif d'une
autre persoupCi mais au mot tù ir/cii.ua7c
et f^ i«vTf , il devrait être entpndu d*un mé-
contentement muet et retenu. Ce(lp signifi-
cation conviendrait très-bien au verset 38,
où ce mot est répété; car les Juifs.aj^nt dï\
aufiaravant : Cet homme, qui a ouvert les yeujç^
dun aveugle, nepourrait-il pas faire que Lur
xare ne mourût pas f ovx «3ûy«ro our«^, o^ « otr
•v:^ fcii hnùay^ ; Cette remarque appartient
en tout cas, à des gens ^ui se scandalisent,
puisque l'acte antérieur de Jésus les eiu-
fiéchait de comprendre sa conduite actuelle,
et, à son tour, sa conduite actuelle de com-.
Iirendre cet acte antérieur. La première
ois que %^^pipia*.m% {Joan. xi, 33) est em-
ployé, les larmes que chacun versait peu-
vent paraître avoir excité en Jésus plutdt
un sentiment de tristesse que de méconten-
tement ; mais il est possitile aussi qu'il ait
fortement désapprouvé le peu de foi, iUyo-
irtgrca, qui sc manifestait. Si Jésus lui-même
fondit en larmes, cela prouve seulement que
son mécontentement sur la génération in-
crédule qui l'entourait devint de la tristesse
en s'adoucissant, mais non que la tristesse
ait été, dès le commencement, le sentiment
qui le remplissait. Enfin, quand les Juifs
(v. 36), apercevant les larmes de Jésus, disent
entre eux : Yoyex combien il F aimait, t9f,
9ÛÇ ifùn «<nôv, cela parait être plutôt contre
Î|ue pour ceux qui considèrent l'émotion de
ésus comme de la douleur occasionnée par
la mort de son ami, et comme un sentiment
de sympathie avec la douleurde ses scaurs ;
car, de même que le caractère de la narra-
tion de Jean fait, en général, attendre une
opposition entre lesens véritable de la con-
duite de JésuSf et la manière dont les spec-
347
NAT
DICTIONNAIRE Al'OLOGETIQUC.
NAT
318
tateurs la compenneD^ de même en parti-
culier les Juifs, oi'lov^acbiy sont toujours,
dans eet évangile , ceux qui entendent
mal, ou interprètent mal les paroles et les
actions de Jésus. On invoaue encore' le ca-
ractère ordinairement si doux de Jésus, à
qui ne conviendrait pas la dureté qu*it au-
rait montrée s*il s'était choqué des larmes
si naturelles de Marie et des autres (362j 1
Mais le Christ de Jean n'est nullement étran-
ger à une pareille manière de penser. Celui
qui, au Seigneur de cour^ j3«7c>cx6c, le sup-
pliant instamment de venir dans sa mai-
son guérir son fils, adresse la leçon sévère :
Si vous ne voyez des signes et des mira-
cleSf vous ne croyez points iav pii ^^ctfa rcti
TJpara (9qTC, ou fi)î TrcerTfvoT.Ti (/oaft. IV, hS) \
celui oui, voyant les apôtres hiessés de la
dure allocution du vi' chapitre, les prévient
par des paroles aussi incisives : Cela vous
scandalise-l'il ? Tovxo vuûç trxen^ukiÇu ; et vous f
ne voulez-vous point aussi vous en aller?
fii xai ùfAilç Oihrt v^ayctv [Joan. VI, 62, 68);
celui qui repousse l'observation de sa pro-
f»re mère se plaignant du manaue de vin,
ors de la noce de Cana, par les mots ci-
après : Femmey quy a-t-il de commun entre
vous et moi ? xl ^fioc xeû voi^ yvrat (Joan. II, h);
celui (fui éprouvait le plus vif mécontente-
ment dans toutes les circonstances où les
hommes, ne comprenant pas ses actions et
ses pensées supérieures, se montraient pu-
sillanimes ou importuns ; celui-là, dis-je,
avait ici une raison toute particulière de
ressentir un pareil mécontentement. Ainsi,
comme, d*après cette inter[)rétation du pas-
sage, il n'est nullement question d'une dou-
leur de Jésus causée par la mort de Lazare,
l'explication naturelle perd l'appui au'elle
croyait trouver dans cette particularité.
D'ailleurs, dans l'autre explication du verbe
itt€pc|etâ<r9ff( , l'émotiou momentanée qu'il
éprouva par sympathie avec ceux qui pleu-
raient, peut très-bien se concilier avec la
E révision au'il avait do la résurrection de
azare (363). Et comment les paroles des
Juifs, qui lui reprochaient de n'avoir pas
fait |)Our Lazare ce au'il avait fait pour un
aveugle, auraient-elles été* propres, ainsi
que le soutiennent les interprèles rationa*
listes, à exciter en Jésus l'espérance que
Dieu, en ce moment, ferait peut-être pour
lui quelque chose de signalé? Les Juifs
exprimaient, non l'espérance qu'il pouvait
ressusciter le mort, mais la conjecture que,
peut-être, il aurait été en état de conserver
la vie du malade. Marthe, en disant que,
maintenant encore, le Père lui accordera ce
au'il demandera, avait donc été déjà au-delà
u dire do ces Juifs ; de sorte que, si de
pareilles espérances avaient été excitées
pour la première fois en Jésus par quelque
chose d'extérieur, elles auraient dû l'être
dès auparavant, et par conséquent avant ces
larmes de Jésus dont on s'appuie pour pré-
(362) LociE, 11. s. 388.
(363) Fl4tt, /. c, R. 104; Lucx, (, e,
(364) Flatt. 8. 106; Olshause^n, 2, s. 269 (2t«
tendre qu'un pareil espoir ne s'était pas en-
core éveillé en lui.
« LorsqueJésus ordonne qu'on dtela pierrjD
du séputcre, Marthe dit : Seigneur , il sent
défà^ car il y a quatre fours qu il est U, k.v/»ii,
q3i9 oÇci, Tf TCjDTatoc yûfi IotL {Joan, Yi, 39.) Ces
expressions ne prouvent pas que la putréfac-
tion eûtd^èréellementcommencé, et qu'un
retournalurel à la viefût impossible; c'est ce
3 ne les interprètes surnaturalistes ont accor-
éde leur côté (36^), car elles peuvent être
une simple conséquence de l'intervalle de
Îuatrc jours qui s'était déjà écoulé. Mais
ésus, écartant l'observation de Marthe, in-
siste pour qu'on ouvre le tombeau (v. W),
et il dit que, pourvu qu'elle croie, elle verra
la gloire de Dieuj o^ci rnv 3i^ay roO dcoû ; com-
ment aurait-il pu prononcer ces paroles,
s*il ne s'était pas senti, de la manière la
Elus précise, la puissance de ressusciter
azare? D'après Paulus, ces paroles signi-
fiaient seulement, en général, que celui
S[ui est plein de confiance obtient, d^une
àçon quelconque, une manifestation glo-
rieuse de la Divinité. Mais quelle manifes-
tation glorieuse de la Divinité y avait-il i
obtenir en ouvrant le tombeau d'un homme
enseveli depuis quatre jours, si ce n'est sa
résurrection? Et quand Marthe assure que
la putréfaction a déjà dû s'emparer de son
frère, quel sens les paroles de Jésus, dans
leur opposition avec celles de Marthe, peu-
vent-elles avoir, si ce n'est qu'il s'agit îc\
de préserver Lazare de la putréfaction?
Mais pour apprendre avec toute certitude
ce que les mots : gloire de Dieu^ ^ôç« tow »t«y,
signifient dans notre passage, on n'a qu'à
se reporter au verset «, où Jésus avait dit
que la maladie de Lazare n'était pas mor^
telle^ izfoç Oâvarov, mais était survenue pour
la gloire de Dieu, vnsp xf,ç Hho* tov Ofov.
Ici, l'opposition que renfermaient les mots:
non mortelle^ prouve invinciblement que
les mots ^ôift roo eeoo indiquent la gloiifica-
tîon de Dieu par la vie de Lazare, et, puis-
qu'il était déjà mort, par sa résurrection ;
espérance que Jésus ne pouvait se hasarder
à faire naître, justement dans le moraent le
plus décisif, sans avoir une certitude supé-
rieure qu'elle serait accomplie (365). Aussi-
tôt après l'ouverture du tombeau, el avant
d'avoir crié au mort : Sortez dehors^ ^cî^&o il'»,
il remercie son Père d'avoir exaucé sa prière.
Au point de vue de l'explication naturelle,
cela est présenté comme la preuve la plus
manifeste, non pas qu'il a rappelé Lazare
à la vie par cette parole, mais que, en jetant
le regard dans le tombeau, il l'a aperçu déjà
ranimé. On ne devrait pas, en vérité, atten-
dre un pareil argument de théologiens qui
connaissent l'Evangile de Jean. Combien ne
lui est-il pas familier (par exemple, dans
l'expression : le Fils de r Homme fui glorifie^
èio^étfxBn ô *Y(ôff toû A'^Opûnou) de représenter
comme déjà accompli ce qui se commence
Aiifl:i|;e.)
(365) FLiTT, s. 97, r.
v$
NAT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
NAT
550
seulement, et ce (]ui va se faire I Combien,
dans ce cas particulier, n*était-il pas con-
venobie de relever la certitude que Jésus
avait (l*étre exaucé, en indiquant comme
ûéik réalisé raccomplissement de la prière I
D'ailleurs, de quelles fictions n'a-t-on pas
k^m pour expliquer ultérieurement, soit
rrjtnmeDt Jésus s'aperçut que Lazare était
rerenu à la vie, soit comment ce dernier
mit jHi y revenir ? Entre l'enlèvement de
b pierre et la prière du remerciement
alrejsée par Jésus, dit Paulus, est finter-
n::e (Jéi:isif où s'opère le résultat snrpre-
itjii;il faut qu'alors Jésus, encore éloigné
o'fielquespas, se soit aperçu que Lazare
m'iL A quel signe? demanderons-nous,
Wlui Tenait un coupd'œilsi prompt et si
^Orrelpourouoi à lui et à nul autre? On
f'fljedure ou il reconnut pardes mouvements
^ rf'tour à la vie ; mais avec quelle facilité
Hc ijourail-il pas se tromper, puisque le
B^^rt gisait dans une grotte obscure ?,quelle
it'iipitaiion que de déclarer, sans un exa-
B-tQ )>lus attentif, avec tant de rapidité et
•e 1 récision, la conviction où il était de la
V"> Lazare 1 Ou, si les mouvements du
'•^îfDilo mort étaient forts et non mécon-
Dai^sabit^, comment pouvaient-ils échapper
'•isiMstants? Enfin comment Jésus pou-
Mik^ signaler, dans sa prière, l'événement
'1*» allait s'accomplir, comme une manifes-
tation de SA mission divine , s'il avait la
b'ovieDce d'avoir non opéré, mais aperçu
iirtourrection de Lazare ? Pour prouver la
Mbtiité naturelle du retour de la vie chez
I^r^ déjà enterré, les rationalistes invo-
Mt le peu de connaissance que nous
''û^ des circonstances de sa mort suppo-
*^ia promptitude de Tenterrement cnez
^^uifs, puis, la fraîcheur de la grotte, la
^v o<ieur des Aromates, et enfm le cou-
^Maircliaud qui, au moment où la pierre
f '^nlerée, entra et vint le ranimer. Mais
2^ f^ détails ne s'élèvent pas au-dessus
i^'ij i:as degré de la possibilité, lequel
1^<'^«1 à la plus haute invraisemblance, ce
' renJ im|iossible de concevoir la certi-
aur. laquelle Jésus annonça d'avance
uilat (366). Ces annonces précises de
1 va se faire, formant le principal
•eà une explication naturelle de ce
raphe, ont été par conséquent Tobjet
critique des rationalistes , et ils ont
éde se délivrer de l'embarras qu'elles
IjuuÀaient eo supposant qu'elles ne pro-
'ent pas de Jésus lui-même , mais
les ont pu être ajoutées par l'évangé-
aprës Tévénemeot. Paulus même a
cotre autres l'expression je le réveil'
^wyin* cvfôy (Joan. XI, 11) beaucoup
l'fecise, et il s'est hasardé à conjecturer
' narrateur avait omis, après l'évé-
'Unnpem^lre atténuant aont Jésus
' ^r ce point comparez pariicuUèremeot
Ji LiJfke (ly Stbauss.).
V '-^ . 7, f7Ï ff. Meander aussi ne se montre
;>« tfuiie pareille c onjecture au sujet du
' ^iit, ^49. Tsindis que ces expressions pa-
«Oïbkr apiiifCOiir 9 nou à Jé«us, mais à
s'était servi. Gabier a développé cette sup-
position ; non-seulement il partage la con-
iecture de Paulus, mais encore il est disposé
ï mettre uniquement sur le compte de
l'évangéliste les mots pour la gloire de Dieu
vittpxic mrsrov etov (v. h). De même, verset
15, où il e$t dit : Je me réjouis à cause de
vous, de ce que je ne m y suis pas Irouvéafin
que vous croyiez, x^^P^ livftâÇ, ha, Tria-tivoniTty
oTc ovx ^v fxcc, il suppose que Jean , après
l'événement, a renforcé quelque peu les
expressions de Jésus. ïïnQn, même pour les
paroles de Marthe (v. 22) : Je sais que, même
à présent, tout ce que vous demanderez à Dieu,
Dieu vous raccordera, il accepte la pensée
qu*ilyalàuncadditiondufaitderévangéliste
(367), De celte façon, l'explication naturelle
s'est reconnue impuissante à se tirer, par ses
propres ressources, des difficultés que pré-
sente le récit de Jean ; car si, pour s'y éta-
blir, elle est obligée d'effacer plusieurs pas-
sages justement les plus caractéristiques^
elle avoue implicitement que le récit, tel
3u'il nous est donné, n'est pas susceptible
'être interprété naturellement. A la vérité^
les passages dont on constate, en les écar-
tant, Tincompatibilité avec l'explication ra-
tionaliste, ont été choisis avec beaucoup do
parcimonie ; mais les détails dans lesquels
nous sommes entrés montrent oue, si l'on
voulait mettresur ie comptede l évangéliste
toutes les particularités de ce paragraphe
aui répugnent à l'opinion des rationalistes»
ne resterait, pour ainsi dire, rien de tout
ce qu'il refiferme qui ne dût être considéré
comme une fiction postérieure. Ainsi, ce
3ue nous avons fait nous-mêmes pour les
eux récits de résurrection examinés aupa-
ravant, a été implicitement fait pour la der-
nière et la plus remarquable histoire de
cette espèce, parles différents essais d'expli-
cation qui se sont succédé, à savoir qu*il ne
reste plus que ralternative, ou d'admettre
commesurnaturel l'événement, ou, si comme
tel on le trouve incroyable, denier le carac-
tère historique de la narration. » (Strauss,
Vie de Jésus f trâd. Littré.)
Nous pourrions multiplier'les exemples,
mais ceux-ci suffisent sans doute au lecteur
pour apprécier l'impuissance et le peu de
succès de la méthode naturaliste, t Dans
cette exégèse, dit Strauss, on complète des
documents par des conjectures, on prend
pour textes écrits ses propres hypotèses,
on fait des efforts pénibles et stériles pour
représenter comme naturel ce que le docu-
ment donne pour surnaturel. »
NATURE. Voy. CRiATiov. — Etat de na-
ture. Toy, Psychologie. — Placée avant
respritdans le système philosophique de
Schelling. Yoy, Philosophie de l absolu.
NATURISTES. Yoy. Natoraustes
Jean, elles ont paru à DietTenliacb, dans Bettholofs
KtH. Journat, 6, 8 7 ff., ne pas appartenir même à
Jean, et attendu qu*il regarde le reste de cet évan*
gîle comme rédigé Dar cet apdtre, il a admis que
ces passages éuleotaesinierpolaiious. (D' Strauss.)
351
OPT
DICTiONNAIRE
NÊANDER, objection contre TEucharistie.
Yoff. Eucharistie, S lU*
NÉANT, tirer du néant, sens ridicule
donné par le rationalisme à celte expression.
Voy. Création, | H. — Qu'est-ce que le
nénnt dans la philosophie de Hegel ? Voy.
Philosophie db l* absolu, § II.
NÉBULEUSES, résolubles en étoiles |iar
le lélesoo|ie de lord Uoss. Voy. Coshogome.
NÈGRES AFRICAINS, traditions bibliques
conservées chez eus. Vov. Races humainks,
§ X. — Leur psychologie. Voy. Races
uuMAiNBSySX. — Leurs pratiques relijçiou-
SCS, Jbid. — Obsèques, cérémonies publi-
ques, pèlerinages. Jbid. — Kécompenses et
châtiments après la mort. /6ic/. — Métcaipsy*
coso. Ibid. — Sont-ils dé|K)urvus d'aptitude
aux sciences, aux lettres, etc. Voy, note
XIX à la fin du vol.
NIEBUUR, son opinion sur fendroit où
les Hébreux passèrent la mer Rouge. Voy.
APOLOGETIQUE. OPT S»
Passage de la ver Rotas, { II.
NIHILISME; c*est & lui qu*aboutit la
théorie de Tabsolu. Voy. Philosophie de
l'absolu, § H.
NINIVË. Véracité des prophéties qui 1a
concernent. Voy. Prophéties, § III. — Im-
portance de la découverte de^ ses ruines
|)Our confirmer la véracité de Thistoire bi-
Llinue. Ibid.
NOÉ. Traditions des peuples sur ce jia-
triarche. Voy. Déll'GE, IS II. — A-l-il pu
constater retendue de ce cataclysme 7 Ibid.
NOIR. Hommes <le la race sémitique affco
tés de celle couleur. Voy. Races humaiices,
NUBILITË chez les divers peuples. Voy.
Races dliiaines, | VI.
NUMiSMATIQUE. Vient au secours de
saint Luc accusé d'ixiexactitudo. Voy. Lcc
(Saint).
o
OBJECTIONS DE BAYLE SUR LE VAL. Voy,
BIal.
OBSESSION. Voy. Possession?.
OBSTACLES PHYSIQUES vaincus par la
catholicité. Koy. Catholicité. — Obstacles
h la propagation du christianisme. Voy.
Propagation do christianisme.
OCÉAN ; a-t-il envahi les continents lors
du déluge? Voy. Déluoe et note I h la fin du
Tol. — Son invasion aurait-elle détruit les
animaux marins, fluviatiles et lacustres?
Voy, la notel.
OCELLUS DE LUCANIE. Son panthéisme
idéaliste. Voy. Panthéisme, § \,
ŒUVRE DE LA RÉGÉNÉRATION. Pour-
quoi progressive. Voy. Saltjt, f II.
OMAR, a-t-il détruit la bibliothèque d'A-
lexandrie? Voy. Bibliothèque o* ALEXANDRIE,
5 IV.
ONOMATOPÉE, est-elle forigine du lan-
ga^^e? Voy, pote XVII, à là (On du vol. et
Psychologie, § VIII.
OPHIR. Voy. Psychologie, §IV.
OPTIMISME. - L'optimisme, ou le sys-
tème d*anrès lequel Dieu serait tenu au
plus ()ariail, à été imaginé pour résoudre la
question de Torigine du mal et répondre
aux arguments de Bayle. Parmi lesdéfen-
seurs.de cette bridante hypothèse» paraissent
fiVL premier rang Malebranche et Leibnitz»
(leux des plus beaux génies philosophiques
jiu XVII* siècle et de tous les siècles. Jamais
plus grands esprifs ne tentèrent une entre-
prise aussi audacieuse; ils montrèrent bien
quel élan le christianisme peut donner à de
vigoureuses iptelligences i mais ils flrent
yoir aussi, par leurs méprises, combien est
incurable la faiblesse de la raison humaine.
Toutefois il y eut un moment d'éblouisse-^
nient et d'enthousiasme ; Jamais le çénie de
1 homme n*avait pris un vol si hardi, ni ré-
solu en apparence d'une manière plus par-
faite un plus difficile problème. C'était un
succès inespéré dont rentralnement (lourait
mener loin ; mais TEglise» qui ne s'émeut
de rien parce qu'elle compte sur la pro-
messe divine, resta caïme au milieu de loiit
ce bruit d^attaque et de défense. Quelques-
uns de ces docteurs d*abord» puis tous à la
suite les uns des autres/ repoussèrent W
nouveau système , dont la réfutation se
trouve aujourd'hui dans tous les livres.
Le premier tort de ses auteurs fut de vou-
loir l'établir a priori et par voie de démoii.^
Iralion rigoureuse. Ils ne pouvaient j réussir
sans bouleverser les notions du uni et de )*iuU-
ni,eteneirétilsallèrentdonnerrunetrauin>
contre redouble écueil.Un monde, le plus
parfait de tous, et auquel par conséquent
on ne puisse rien ajouter, est une contra-
diction dans les termes; s'il est fini, on
peut élargir ses limites; s'il est inGiiî, il
est Dieu. Prétendre que Dieu est tenu au
plus parfait, c'est donc en réalité soutenir
qu'il n'a pu rien créer. Cette conséquence
esi particulièrement sensible dans I expli-
cation de Leibnitz.
Ce philosophe établit en principe que
Dieu ne peut rien faire sans une rai>4iai
sullisante; de sorte^ qu'il ne saurait m* d.*
terminer à un choix entre deux inoiidt !
également parfaits, parce qu'il n'y a p«is d<
motif de préférer l'un h l'autre; è plus torti
raison ne choisira-t-il jamais le rnrin«i<
moins parfait de préférence au plus parfouj
ce qui serait contraire à sa sagesse. Puîs<|U(
Dieu s'est décidé à créer un monde, ou doii
conclure du fait de sa création que c<
monde est le meilleur de tous. Ainsi rai
sonne Leibnitz; mais rien n^est plus faibl
que ses raisonnements.
Nous avons dit déjà que la conséqucnc
est inadmissible, parce que la perfertioi
absolue ne peut se trouver dan^ la créalimi,
le princi[>e n'est pas plus vrai» ou du moi m
il ne l'est pas dans le sens de l'auteur.
S5
OPT
DICTlONiNAlRE APOLOGETIQUE.
OPT
5:>4
foQ roulait se r^résen ter la volonté divine
o)ioiDe une sorte de balance qui pencherait
KKjjoursdu côté de la raison la plus forte»
et où des raisons égales resteraient en équi-
libre, la création aurait été absolument im-
po>5ible, (puisqu'il ne |)eut rien exister qui
l'ait une infinité d*équivaients et de multi-»
^'^. £a effet, parce que Dieu a créé une
(errr, un soleil» des étoiles» niera-t-on que»
dans Qoe autre partie do res[»ace» il ne
poisse créer encore une terre, un soleil» des
Mei, un monde enfia parfaitement sem-
kl))e à celai que uous habitons? S*il peut
(/«ff'leux mondes égaux» il peut en créer
une infinité. N*existe-t-il pas» d ailleurs» des
m}m équiralents d*atteindrc le même
hii! Qu'importe que les astres se meuvent
<ûrieolen occident» ou d*occident en orient»
le inonde ait commencé plustôt ou plus
.(^ae le même résultat soit obtenu par
lai ou par une autre également simple»
un bomme ou par un autre doué des
^iffies qualités et placé dans des circons*
tocts semblables? C'est trop visiblement
'«/oi^erdusens commun, que de regarder
ln>oie Impossibles des créations égales ou
Hiiuleutes, et de supposer que Dieu res-
itmtttemellement eu suspens entre deux
VttH^de la même valeur» comme si tous
hi ij^tèmes n'avaient pas leur équivalent«
iUHfSila nécessité de se décicfer n'était
(non motif sufGsant pour fiiire un choix.
Un autre cAté» il est évident que» quelle
pi v)it la perfection de notre monde» en
Mtipliaot toutes les parties dont il est
to^'é, yisibles et invisibles» naturejles
wtttorelles» par dix» par cent» par mille.
Ml changera point le rapport de ces ptr-
h «itre elles et on ne troublera point
Értarmonie ; qu'elles p*)urront concourir
pie même succès h la Qn commune» et
Je résultat Gnal sera dix» cent» mille fois
(ooâidérable. A la vérité» en mulli-
le bien» nous multiplions aussi le
(bais comme les deux mondes seraient
portion géométrique et qu'il n'exis-
«ians chacun entre le bien et le mal
rapport arithmétique» car le mal est
elle è prendre sur le bien» si dans le
le plus petit le bien excède sur le
dans le plus grand il excédera encore
Uge. Supposons un monde où la
e du bien et du mal soit comme 6» le
étant représenté par 4 et le mal par
scès de l'un sur lautre sera exprimé
En multipliant ces deux termes par 6»
n il pour Je bien » 13 pour le mal, et
>éqoent une différence six fois plus
4ue dans le premier cas: Il est donc
il)le d'assigner à la uerfection des
de Dieu un terme qu elle ne puisse
ri; pour qn'il en fût ainsi» il faudrait
^création tout entière dans l'absolu»
oe Murait avoir lieu qu'à certains
^ par rincamation du Verbe» Thuma*
tt.nle de Jésus-Christ a été élevée à
[^^ité infinie ; la moindre de ses ac-
'^d'one valeur incompréhensible; ses
hommages rendent h Dieu une gloire souve-
raine et surpassent ceux de toutes les créa-
tures possibles, à cause de l'unité de per-
sonnes qui fait tout attribuer au Verbe divin.
Mais, à moins de donner dans les rêveries
insensées d*£utycliès, on doit reconiiattre
que» dans l'Honime-Dieu» la nature humaine
reste nature humaine; que par conséquent
elle est limitée. Si, par sa dignité, elle se
rattache à l'absolu» par son essence elle reste
donc nécessairement dans le relatif, et sous
ce rapport elle peut Atre agrandie itidi^fini-
ment. Lorsque le chef reçoit un accroisst'-
ment, les membres doivent grandir dans la
même proportion» aGn que le rappoit des
parties et l'harmonie de Tensemblc soient
conservés. Donc le monde ménie dans lequel
se trouve comprise Tincarnation n*est pas le
meilleur possible.
Halebrancbe s*est trompé en supposant
gue Dieu ne pouvait créer le monde sans y
faire entrer 1 incarnation^ Dieu»^se suffisant
à lui-même» est tout à fait libre de créer ou
de ne pas créer, de donner la préférence à
un monde plus ou moins parfait, avec o»i
sans Tincarnation. Lui refuser cette liberté»
c'est» à l'exemple des panthéistes, le sou-
mettre à une nécessité fatale; c'est le dé-
pouiller d'un avantage dont la privation fe-
rait perdre à Thomme même la meilleure
part de sa dignité.
En reprenant dans le sens contraire le
système de l'illustre métaphysicien, c'esl-à-
(fire en étudiant ce que Dieu a fait» au lieu
de s'égarer dans la recherche de ce qu'il au-
rait dû faire» on obtiendrait à peu près tous
les avantages de l'optimisme sans s'exposer
à ses inconvénients. L'on pourrait» en effet»
raisonner de cette manière : 11 n'a point plu
à Dieu de nous faire connaître son plan tout
entier, mais il nous en a révélé la partie
essentielle et fondamentale. Comme il y a
de la proportion» de l'harmonie dans ses
œuvres» nous pouvons juger du tout pur une
partie, et mesurer fa grandeur de Téditice
sur les dimensions du fondement. Les natu-
ralistes sont venus à bout de recomposer los
animaux antédiluviens au moyen de quel-
ques dél)ris de leur gigantesque organisa-
tion échappés aux ravages du temps ; ils ont
deviné la structure et la proportion dé tous
leurs membres par l'inspection d'un seul.
Non contents d'avoir» pour ainsi dire» remis
sur pied leurs énormes masses» ils les ont
fait marcher devant nous» et nous ont dit
leurs mœurs» leurs instincts» l'élément dans
lequel ils vivaient» Tagilité et la force dont
ils furent doués. Les naturalistes se sont-ils
trompés? Non, parce que la sagesse divine
a combiné les diverses parties de l'organisme
d'après des lois constantes et des proportions
immuables. Cette justesse des rapports que
Dieu ne néglige pas dans des ouvrages indi-
gnes» ce semble, de ses mains divines» l'au-
rait-il mise en oubli dans la formation de la
société des élus» son œuvre principale» le
but final de la crcalion? Il ne saurait en
être ainsi.
En nous révélant l'incarnation» Dieu no*»**^
555
OPT
MCnONNAlRE APOLOGETIQOE.
OPT
ki«
S»
montre donc d'une manière éridente qa*il
a voalu donner à notre monde des propor-
tions immenses, incompréiiensibles, dépas-
sant de bien loin rintelligence de tout esprit
créé. Si l*ange et Tbomme restaient dans
leur état naturel, Touvrage de Dieu serait
monstrueux : d'un côté, la grandeur infinie
dans l'incarnation du Verbe; de Tautre, la
faiblesse et le néant de la créature ; ce serait
comme une colonnade magnifique, digne du
plus auguste édifice de l'univers, servant de
péristyle à une chaumière. La société des
élus est souvent comparée à un corps, nous
Tavons déjà dit ; pour que toutes les parties
de ce corps, qui est le chef^'œuvre de la
sagesse suprême, soient dans de justes pro-
portions, elles doivent perdre leurs qualités
propres et participer à celles de leur divin
cher par une union intime, radicale, suIh
stantielle avec l'essence infinie ; union dont
la nature nous est inconnue, quoique nous
sachions qu'elle ne sera point personnelle.
Oui, nous deviendrons un jour participants
de la nature divine, et la firomcsse que le
tentateur fit autrefois à nos premiers parents
pour les séduire (368), se réalisera pour sa
confusion et pour la gloire de Jésus-Christ,
notre Rédempteur; nous serons véritable-
ment comme des dieux. Comment cela se
fera-t-il ? Encore une fois, nous Tignorons.
Qu'importe? Aurions-nous cru |)Ossible l'u-
nion hypostatique de deux natures contrai-
res, si nous n'en avions un exemple dans
celle de notre corps et de notre âme? Nous
ne participerons point à la divinité de cette
manière, ce privilège appartient à Jésus-
Christ seul ; mais Dieu n a-t-ii qu'un moyen
de communiquer sa nature? Au-dessous de
l'union personnelle, n'en existe-t-il point
d'une espèce différente qui puisse nous éle-
ver par delà les limites de la nature, et nous
relier substantiellement à l'infini? II en
existe sans doute; prétendre le contraire, ce
serait refuser à Dieu le pouvoir de faire
moins, après lui avoir accordé celui de faire
davantage. Poursuivons.
Dans l'absolu il n'y a ni plus, ni moins ;
tout est égal, parce que tout est infini ; ainsi
toutes les unions hypostatiques imaginables
du Créateur et de la créature intelligente
sont identiaues sous le rapport de l'abso-
lu, mais elles peuvent dilTérer de valeur
relative.
Si l'union du Verbe avec une intelligence
créée était une œuvre isolée et ne se liait
d'aucune manière au plan général de la créa-
tion, elle serait sans doute, en ce qu'elle a
d'infini, le suprême effort de la puissance
divine, elle honorerait Dieu souveraine-
ment ; mais elle resterait inutile au monde
et laisserait les créatures dans leur bassesse
et leur indignité premières. Au contraire,
en devenant la pierre fondamentale de l'édi-
lice, elle ne perd rien de sa valeur propre,
et communique un prix immense, ^ urnatu-
{TieSk) Cenèu, m, 5.
i5t>9) Luc. u, 14.
rel, aux différentes parties du tout dans le*
quel elle est entrée.
L'incarnation appartient à un plan plus
vaste que l'union avec un pur esprit. Daos
cette dernière hypothèse, la matière resterait
en dehors de l^influence du Dieu-Ange ;)e
monde visible ne rendrait à la suprême qi^
jesté qu'un hommage indigne d'elle ; rhouh
me n'existerait fias ou n'entrerait pour rien
dans le dessein principal de la ProTidenoe:
surtout il n'y aurait point de mère de Dieu;
Marie, le grand chef-d^œuvre de la création,
serait devenue impossible. Au moyen de
l'Incarnation, tons les êtres possibles, esprit
et matière, sont représentés auprès de Dica:
l'esprit, parce que Jésus-Christ a reçu une
Ame intelligente et libre comme la nôtre; la
matière, parce que tous les éléments ont
servi à la formation, au développemeDl, i
l'usage, aux besoins du corps du Verbe fait
chair. On a dit que Thomme est un petit
monde ; celui qui est à la fois le FilsdeDieu
et ûls de l'homme a résumé le monde en sa
personne, afin d*en présenter l'hommage à
son Père céleste.
L'incarnation, avec les souffrance* et la
mort, manifeste mieux les attributs dirios
et les misères humaines que l'incarnatioo
seule ; elle doit exciter plus vivement dans
les élus l'amour, la reconnaissance, radoii-
ration, tous les sentiments d'où naît le bon-
heur, et par conséquent mieux atteindre la
fln du Créateur, ainsi exprimée dansTEvan-
gile : Gloire à Dieu au plus haut de* rteuA
et paix aux hommes de bonne volonté tur k
terrt (369).
Dans un monde qui tient à l'absolu par
l'incarnation, il importe peu gue le côté qui
reste dans le relatif soit supérieur, inférieur
ou égal à la partie correspondante d'un aulre
monde. Le rapport du uni à l'infini estcomma
celui du néant à l'être ; avec des zéros accu-
mulés sans Qn, vous serez à jamais égale-
ment éloignés de l'unité ; avec des êtres dois
multipliés éternellement, éternellement tous
resterez à une distance infinie de l'absolu.
Le prophète avait raison de dire : TovAts les
nations sont devant Dieu comme si tlUi
n étaient pas^ il les regarde comme un pnr
néant (370). Vous aurez beau les élever, le$
agrandir hors de mesure, elles n'en resten^oi
pas moins un néant à ses yeux ; tous les ac»
croissements possibles ne sauraient changer
le rapport, il demeurera éternellement hû-
muable.
De ces différentes observations concluons
que, s'il n'est pas permis de mettre noire
monde au-dessus de tous les mondes {xissi*
blés, au moins peut-on soutenir qu*il appan
tient è la classe des plus parfaits. S'il eiiste,
en effet, des mondes d'une classe tellement
élevée qu'on n'en conçoive pas de supérieur
re, il est clair qu'il ne faut pas chercher le^
conditions de leur perfection dans l'ordre du
relatif, mais dans celui de l'absplu. Or l'in-
carnation (on est bien forcé d'en convenir]
(570) ha. XX, 17.
s:
OPT
l>ICTIONXAIR£ APOKOCETIQIiEL
OPT
ipç«tientjk ce dernier orJre, et de plus,
<i«» le iiûn préféré de Dieu, elle se mêle
^^éumlà loat ; i riinmaoîlc, une à la fois
'2 Adam et en Jésus-Christ; à la hiérarchie
«^(«rsesprilsdont rttomme-Dieu est aussi
^arf, de sorte que les élus de la terre et
^^» du ciel forment sous lui un même
'- 'T^-L'tDanialion n'est pas pour cela uni-
^e«île,cest-i-dire, que les élus ne cessent
/«.uiidèlreeiii-aiémes |iar leur uuion inti-
^t im Dieu en Jésus-Christ. La nature
iii^iuiiioe sera transformée et divinisée, l'es-
iafinie pénétrera notre substance
elalomièreda soleil pénètre le cris-
r/ U pins pur, elle tiendra se peindre et
féAMûrennoos comme dans une glace
f^Ue ; e*est alors que nous porterons véri-
tJi/ieaieiA^ oons-mémes fimagc et la res-
^^^^iOUott de la Dirînité, €{ui sera toutes
^^>- *e5eoii(His,etne nous laissera que Teiis-
.^tyiïT uidiTiduelIc et la personnalité humai*
vt- T« fsi le mjsière d'amour, de sagesse
^ -i* f^J^^cequele christianisme a révélé
Oan^dlMf pas craindre que nous soyons
ilol/tipJom. Cne chose ressort clairement
•• rCcriiue, c'est que nous serons un jour
um a rescoce divine d'une manière encore
îfiobiuiiicqioîqne nous sachions que celle
ooiMis'opae en Jésus-Christ et par Jésus-
OuiiL lis telles qui étal>lissent cette dou-
ble rérilé sont en grand nombre, nous n'a-
vDfis qse rembarras du choix. Comidértz^
él rapine saint Jean (^1}* quel amour le
^f^^iu a témoigné^ en vouiant que nous de-
rminsréeiiemetU ses fiis el que nous en ayons
^^UinXitl pourquoi U monde ne nous con-
^ p^àu^ parce qu il ne connaii pas noire
^^i.Mtthiea-aiméSf nous sommes dès ce mo^
^'^ /o iMfaïUs de Dieu ; mais ce que nous
^lu lu ^9ur iCest pas connu encore. Nous
Wu^itf, lorsqu'il apparaîtra dans sa gloire^
^'^ dirimdrons semblables à lui^ parce que
•^w/e terrons tel qu il est. Saint Pierre s'ex-
]r^ d'une manière plus concise et plus
f '^j^Jque, en disant que nous participerons
^ 4 sature divine (372). Les disciples ne
^^'Tiieoi parler autrCinent que le maître ;
'^i^^Jirist avait dit : Si quelqu'un m^aime
^ iVina ma parole^ et mon Père Vaimera^
^>"iu viendrons à luij et nous établirons en
^^ ïïotre demeure 1373). Et un peu aupara-
^^CLiEn ce jour-iày cotis connaîtrez que je
^c<mnaa Père^ et vous en moi^ et moi en
"^^iu. Admirable unité de Dieu et de la
""-îciure consommée par la médiation de
-*î-..Mirîstl
^ grand Ap6tre ne s*exprime pas en ter-
"csd Vioias éner^ques (374) : D/eu, dit-il, a
*i^ Jttus^knst pour chef à V Eglise, qui
^ »• corpsf et dims laquelle trouve sa plé-
^Mt celui qui accomplit tout en tous. £t
' ^ loin dans la même Epllre (373) : Le
^^uttstla téte^ de laquelle tous les membres
ilU tpii. !'•, 111.
♦^; i—m. iif , 43.
du corps^ parfaiiemeni unis et liés ensemble^
reçoivent lu vie par les organes qui lajrans^
mettent à chacun deux selon la mesureparti-
cuiière, 11 suit de là gue la sainte humanité
du Fils de Dieu n est, en quelque sorte»
complète que (lar l'incorporation des élus
avec elle; do mèaicquerâmc humaine, faite
pour animer un corps, ne pussède sa pléni-
tude et n*esr, |K»ur ainsi dire, achevée que
par son union avec re corps; ou de même
qu'une tôle, destinée à régir des membres,
n'arrive â la perfection de so nature qu*eu
s*unissant h une organisation complète par
le nombre et la pro|K)rtion des parties. Mais
comme le principe du mouvement, du sen-
timent et de la vie réside dans la tête, il est
clair que le eor|»s de l'Eglise en général et
de chacun de ses membres en particulier r^
coit toutes ces choses de l'influence de
leur divin chef, et Ton ne s*étonne pas d'en-
tendre saint Paul s'écrier : Ce n^est plus
moi qui vis^ cest Jesus-Christ qui vit en
moi (;<7G).
Cette union du chef avec les membres et
des membres les uns avec lés autres existe
déjà sur la terre par les sacrements, et en
particulier par l'Eucharistie qui nous com-
munique la sulistance du Verbe incarné. S'il
en est ainsi dans ce monde misérable, où
nous sommes à tout moment exposés à per-
dre Dieu pour l'éternité, que sera-ce lors-
que les noces de l'Agneau seront venues (377);
lorsque le grand sacrement du Christ et de
l'Eglise s'accomplira (378), et que, comme
répoux et l'épouse, ils seront deux dans la
même chair ? Evidemment sous tant de
symboles magnifiques se cache un mystère
que nous pouvons entrevoir dès à présent»
mais qui ne nous sera pleinement dévoilé
que dans le siècle à venir.
Ainsi, notre monde est au premier rang
des plus parfaits par rincarnation, {lar les
Suunrances et la mort du Verbe fait chair,
par la parlicipation des élus à la gloire sub-
stantielle, au bonheur de Dieu. Deux choses
cependant peuvent embarrasser l'esprit : le
mal mêlé au bien, le bien lui-même borné
dans son étendue et dans le nombre de ceux
qui y participent. (Foy. Mal.)
Quant aux bornes du bien, la question
est sans difficulté pour ceux qui admettraient
rhypolhèse du progrès à l'infini. Sur quel*
Î[ues dimensions que l'on conçoive un monde
orme, lenôlre finira par atteindre et dépas-
ser cette mesure; ce n'est plus qu'une ques-
tion de temps, qui n'en est pas une lors-
qu'on a l'éternité devant soi.
Même en restant en dehors de cette sup-
position, on ne regardera pas la limitation
du bien comme pouvant donner lieu à des
difficultés sérieuses, si l'on se souvient que
dans notre monde l'absolu se trouve à côté
du relatif. La société des élus, dans son
chef et dans ses membres, a été élevée à une
(575) Ephes. iv, 15-16
(576) Catai. u* 20.
(?77) Apoeal. xii.
(378) Ephis. V.
3:^9
OPT
DICTIONNAIRE APOLOGEtlQUE.
OPt
i
dignité infinie; elle possède tout, puisque
Dieu lui appartient comme son patrimoine
et son héritage; il est impossible sans doute
qu*e)le connaisse tous les trésors qui sont
en sa possession, c*est la suite nécessaire de
l'immensité de ses richesses ; mais elle saî^
3u*elle peut y prendre à pleines mains peu-
ant réternilé, sans les épuiser jamais:
après cela, qu*importe au prédestiné que la
société dont il est membre soit placée un
peu plus hayt ou un peu plus bas dans Tin*
fini, si tant est que Ton puisse parler ainsi?
Question oiseuse d'ailleurs, et qui recom-
mencerait éternellement, quelque dévelop-
pement que Ton voulût donner à la partie
relative de TEglise triomphante ; parce que,
dans toute hy{K)thèse, il resterait une série
infinie à parcourir avant d'atteindre le der-
nier degré d'élévation. Le même raisonne-
ment peut s'appliquer au nombre des pré-
destinés, puisque ce nombre rtant indéfini*
ment susceptible d'augmentxition, les objec-
tions valables contre une supposition le
seraient contre toutes. Il faut donc consi-
dérer la dignité des élus plus que leur mul-
titude, c'est-à-dire encore, 1 absolu plutôt
que le relatif.
Pourquoi, d'ailleurs, voudrait-on rendre
les prédestinés plus nombreux? Est-^ce pour
augmenter la gloire extérieure de Dieu?
L'incarnation suffit abondamment et l'on ne
conçoit rien au delè. Est-ce à cause des
êtres qui ne sont pas com()ris dans le plan
divin et qui resteront à jamais dans le
néant ? Ce qui n'est pas ne saurait avoir ni
droits, ni désirs, et, de i)lus, ceux qu'on
prendrait n*ôteraient j^as la difficulté à l'é-
gard de ceux qu'on laisserait. Est-ce [pour
les élus eux-mêmes ? Ils possèdent tout en
Dieu, même les compagnons qu'on veut
leur donner. Est-ce enfin pour la perfection
de l'œuvre divine? Mais il faut croire que
Dieu , qui est admirable dans les plus pe-
tites choses, ne l'est pas moins dans son
grand ouvrage, et que le corps mystique
de Jésus-Christ est parfait par l'harmonie,
le juste rapport et le nombre de ses mem-
bres. On conçoit que la perfection d6 ce
corps suppose des membres déterminés dans
leurs mesures, dans leurs fonctions comme
dans leur nombre, et tellement déterminés
que, eu ajoutant ou en retranchant, on fe-
rait perdre au tout quelque chose de sa
beauté ; il faut que chaque partie, et toutes
ensemble, soient dans une exacte propor-
tion avec la tête qui les régit. L'humanité
du Verbe incarné est donc le terme de com-
f)araison auquel doivent être ramenés tous
es membres, en tenant compte de leurs
fonctions particulières et de là fin générale
que Dieu s'est proposée dans la formation
du corps tout entier. Rien n'est plus con-
forme a la raison, et l'on doit voir sur quel
fondement repose la croyance que la fin
des siècles arrivera, lorsque le nombre des
élas sera complet. Mais pourquoi nous mar-
quer timidement des limites dans l'évalua*
(579) Jaan, i.
tion de ce nombre? Dieu aura-t-il craint i
faire sa part trop forte? Ne faut-il pas
le corps soit digne du chef» due la gr<in(
du peuple réponde à celle au roi 7 Le [
de Dieu est assez vaste |)our y faire eiH^
plus que nous ne sommes capables d mi
giner. Contentons-nous de ce aue m
possédons, et çardons'^nous de vouloir ajd
ter à l'œuvre divine, nous ne pourrions (h
la défibrer. '
Ainsi, supposer des créations autériem
ou contemporaines qui ne se rattacherai^
Sms à la nôtre, c'est aller contre des teij
brmelsde l'Ecriture, où nous voyons!]
iiité du monde en Jésus-Christ enseigii
de la manière la plus claire. Supposer <]
créations futures n'est guère phis permi
il y aurait de la témérité à les mettre en il
hors de Jésus-Christ, Fils et héritier de Die
et de la déraison à les relier à lui, parce qu
en résulterait plusieurs corps sous un sa
chef, ou un corps monstrueux sous i^
tête parfaite (379).
Ne regret tons lias davantage lesinventio
des panthéistes. S'ils admettent unecréatii
simultanée de tous les êtres possibles, c'(
une absurdité de plus ajoutée à celles dtj
est rempli leur insoutenable système; s
se réduisent à une création successiye,
ne sont pàs plus avancés que nous; ils r<
teront à jamais infiniment éloignés de ïi
fini. 11 ne suiTit nas d^ailleura d émettre d
opinions, il faudrait au moins qu'elles u
ruassent d'être discutées. Or iln'exislpfi
sous le soleil de plus opposé à la raison,
plus antipathique à la conscience huinaii
que le panthéisme. Y a-t-il un homme
monde, a moins qu'il n'ait perdu Tespri
auijl'on puisse persuader, cfe manière à i
uer sur l'ensemble de sa conduite partie
lière, que la création, avec ses mille y^r
tés, ses forces contraires, ses contras
sans nombre, n'est qu'un épanouisscmt
de moi, un produit de son énergie iniln
ou un simple phénomène de la vie de l'ê
universel? C'est bien là cependant le (M
théisme dans ses déductions les plusrig(
reuses. Mais ce système mitigé et rédui
l'afOrmation de l'unité de la substance d
devient pas plus facile à soutenir. Sans
1er chercher plus loin, l'existence du mal
celle de la matière font toucher au doi^tt
absurdité. Le mal ne saurait appartenu
l'essence divine, la pensée et la volonté s<
des attributs incompatibles avec la maiiè
cela est clair comme la lumière du jour,
tous les sophismes du monde ne parvic
dront jamais à obscurcir une vérité si é
dente. Laissons donc là ces idées chiiDé
quesde la création successive ou simul
née de tous les êtres possibles.
Cependant, il faut en convenir, on %ou
quelque peine à penser qu'une infinité d'
telligences, qui auraient pu louer et béi
Dieu, resteront à jamais dans le néant. 1
saints, voyant que Dieu pouvait arriver
ses Qns par une infinité de combinaisons i
m
m
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAL
562
férenteset de mondes supérieurs au ndtreà
plusieurs égards, les saiats ne demeureront
pi étrangers à ce sentiment, dans la peu-
1^ qu'ils ont été préférés par une bonté
pataite i tant drames dont la fidélité aurait
lufui répondu au bienfait de la création
fti celui de la rédemption. Ils éprouveront
le besoin de rendre gloire à Dieu pour les
fcresdoQt ils tiennent la place et auxquels
tl .De donnera jamais Texistence. L'auguste
DèndeJésus-Cbrist s'associera à ce pieux
^ir, car elle aussi n'a pas mérité sa haute
ti iocomparable dignité, quoi qu'elle fût la
Cdiçae; il en est de même de la sainte
«Dite du Fils de Dieu. L'Eglise du ciel
iMtefitière, dans sou chef et dans ses mem-
bcs» aspirera i s^étendre, à se dilater, pour
edrir à la Divinité un juste dédommagement,
«ioDQibler le vide immense d'une création
• prtidie, de manière que Tétre soit au
Boios représenté comptéfement hors de
Km, comme il est réaUsé en lui tout entier
régénération du Verbe et là procession
Saiiit-EspriL
A l'arliGle Elos bous avons vu que le
talireea est incalculable. Si nous suppo*
Mms l'eiistence d'un nombre égal de mon-
feSiSopérieurs au nfttre par leur étendue et
knMobrede leurs habitants; si nous don-
iNtticbacnndeces mondes pour roi, pour
>n|frp.et, en quelque* sorte, pour Dieu un
à» prédestinés, de manière que cette im-
irtbe assemblée de rois-pontifes, hiérar-
Aiquefflent constituée et formant comme
■tevasle pyramide dont Jésus-Christ serait
ftymmet, offrit à Dieu Thommage de tou-
;ii les créations qu'elle représente; nous
^ions avoir enfanté le système le plus
.M, it le plus magnifique, et trouvé la
•jh beureuse explication des divers en-
«ibde l'Ecriture où les élus sont appelés
Jet héritiers de Dieu. Eh bien! ce serait
Jwre là une création bornée, et il resterait
«champ infini jà parcourir pour atteindre
^dmiières limites de l'être et du possible.
t^^ius ont été faits si grands, que toute
pit'î les resserre, les met à l'étroit; il leur
pi î infini pour s'y déployer en liberté.
9B<'^|iie vaste que soit la cité éternelle, si
les intelligences, restées ensevelies dans le
néant, ne s'y[ trouvaient représentées d'une
manière éauivalente, les prédestinés, à l'aide
de la lumière divine, découvriraient au delà
de son enceinte des es[)aces illimités, et
s'étonneraient de voir Dieu au-dessous de
lui-même dans les dimensions de son em-
pire immortel, après l'avoir admiré si grand
et si magnifique dans l'ordonnance d'un
monde destine à périr. La supposition con-
traire satisfait également l'esprit et le cœur.
On aime à se figurer tous les êtres sans
exception, venant rendre hommage à l'au-
suste Trinité ou par eux-mêmes ou par
leurs représentants. C'est alors que les
bienheureux seraieut véritablement rois et
pontifes, et au-dessus d'eux tous Jésus-
Christ, roi des rois et pontife universel.
Dans cette hypothèse nous le demandons»
que serait le mal à côte du bien?
ORANG-OUTANG, l'homme en descend-
il 7 Koy. Homme.
ORDRE SURNATUREL. Voy. Suknaturâ-
LisME.— Ordre humain, exige la foi comme
Tordre divin. Voy. Foi.
ORGANES des animaux. Sont-ils restés
les mêmes dans les différents âges géologi-
ques? Voy. Hommes, art. I, S IV.
ORIENT, au temps de la prédication
évangélique. Voy. Mtthisme, { VL — Ber-
ceau du genre humain. Voy. Psychologie,
§ V et VII.
ORIGÈNE. Ses paroles sur Platon fausse-
ment interprétées par Leclerc relativement
l la Trinité. Voy. note XKII, i VIII, à la fin
du vol.
ORIGINALITE de l'Evangile. Voy.
note XII, à la fin du vol.
ORIGINE de l'homme et des êtres organi-
sés. Voy. Homme. — Origine des peuples.
Vou. Psychologie, § IV.
ORIGINE de nos connaiss/mces. Voy.
Psychologie, § IX. — Origine de nos idées.
ibid.,S Xet suiv.
ORIGINE du mal, examen des théories,
et solution parle christianisme. Voy. Chute,
S"-
OROSE (PAUL), Voy. BuLiOTuiQUE d'A-
lexandrie.
i
p
MviENS (AUTEURS), témoignent de la
P^ lUuvlede chrétiens dans les premiers siè-
■î».v Yoy, Propagation do christianisme ,
|lll< ~ Ont-ils parlé du passage de la mer
mittVoy. Passage db la mer Rouge, { IV.
I^w-ils parlé des miracles de Jésus-Christ
*•!« apôtres. Vog. Note VI, h la fin du vol.
-'Ués en faveur de l'authenticité desEvan-
f^^. Yojf. Evangile, j I. —Leurs aveux sur
« fe>satign des oracles. Voy. Demon, jlV.
'I^'xoanaisscnt-les possessions. Yoy. Pos-
»;»K)5, §11 et III.
i^AIN, sacrifiée du pain chez les mages et
^-^^ presque tous les anciens peuples. Voy.
^^wm£. f III.
Dictionnaire apologétique. IL
PALÉONTOLOGIE,Tottrnil-elle des preuves
en faveur du déluge Vojf. Déluge, §I. -^ Les
découvertes de cette science ont anéanti l'hy-
pothèse du panthéisme sur Torigine des êtres
organisés. Voy. Homme, art. I, | IV.
PALESTINE. Voy. Judée.
PALINGÉNÉSIE. (Rtgenerath^ renaissan-
ce). — Nous verrons à Tarticle Renaissance
dans l'Humanité que si, comme uous le mon-
trerons, cette vaine théorie est incompati-
ble avec le progrès numérique du geora
humain, «tte M'est pas moins incompatibto
avec le progrès de son action. (Quelques
considérations vont nous en * ^
pleinementi en étudiant ce g'
S93
ϻAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUe.
PAL
364
pelé les palingénéiies du monde, formule
philosophique qui, avec celle de la méump"
$yeos€f a ODscurciy dans la pensée humaine,
la foi à notre destinée finale et consommée
dans le i>onheur ou dans la misère.
La palingénésie (380), qui veut dire ici
renaiêsance^ de ioutti choies après leur des-
iruction {38i)f a été moins généralement
établie que la métempsycose; celle-ci
était en quelque sorte nécessaire à la durée
du monde, qui devait être éternelle dans la
pensée de quelques philosophes ijxecs, tan-
dis que les palingéuésies supposent la tin de
Tunivers actuel, pour qull puisse être réta-
bli. Cependant, comme Tidee de la création
prouremcnt dite ne se perdit jamais dans les
traditions anciennes, de môme la foi à une
destruction nrocliaine de ce qui existe s*était
conservée dans renseignement philosophi-
que. Ces deux idées sont corrélatives et se
supposent nécessairement. Aussi un grand
nombre de philosophes crurent-ils que le
monde finirait. Ce fut un des dogmes fon-
damentaux des stoïciens, qui le faisaient
périr par embrasement, suivant que Tex-
plique Cicéron (382). Tel fut le sentiment de
Chrysippe, de Numénius, de Sénèque (383),
q^ui appartinrent à cette école. Les épicu-
riens eux-mêmes croyaient que le monde
finirait par la désunion des atomes, comme
Lucrèce la chanté dans son livre De la Aa-
iure des choses {3Sk),
Ovide a célébré dans ses Métamorphoses
la croyance des peuples sur les destinées
futures du monde, qui doit être entièrement
brûlé (385). D*autres poètes latins, comme
Stace et Properce, annoncent aussi la tin
des choses. En remontant plus haut dans
l'histoire de la philosophie grecque, on
trouve Heraclite et Empédocle admettant
Tembrasement futur du monde , suivant
une tradition qui serait descendue, d'après
Plutarque, d'Hésiode et d'Orphée. Les si-
bylles elles-mêmes prononcèrent sur le tré-
pied des sanctuaires, que le monde serait
consumé. La même crovance se retrouve
d'ailleurs chez les peuples de l'Orient, du
Nord et de tout les climats.
Ces divers accents qui annonçaient par-
tout l'agonie future de Tordre présent, s ac-
cordaient avecles paroles d'isaïe qui disait :
« Elevez vos yeux vers le ciel, ramenez-les
ensuite sur la terre: les cieux se dissipe-
ront comme la fumée; la terre sera détruite
comme un vêtement ; ses habitants péri-
ront avec elle ; le salut que j'ai promis est
éternel et ma justice subsiste a jamais (386). »
(580) Nous verront plus bas qu*on 6*est aussi
seivi de €« mot pour expritucr la résurreciiou des
corps.
(381) C*est là la dëOiiîtion de la palingénésie
primiinre, pour la disUnjjjuer d*une auire palingé-
nésie qu*auraieni enseignée plus lard les disciples
de Pyihagore ei de Plaion d*aprés Origèue (lib. v,
c. 2S, coniraCe/s.), et qu'aurait posiiivement admise
Pyiliagore iui-niéuie, d*apr6s saint Jérémo [eontra
Kiijf.), et suivant laf|uclle les choses qui avaient été
ru\enaiciii toutes les mêmes sans deiiructiou prén-
lable du monde.
David avait prophétisé avant lui : Qhs les
deux périront et que vous (Dieu) vous res-
tez^ tandis qu^ ils i usent commeun vêtement^ y.
Îue les montagnes couleront comme de la cire
étant la face du Seigneur (387). Mais nulle
part dans les Ecritures on ne voit d'une ma*
nière aussi précise ta manière de la destruc-
tion du monde que dans la seconde Epitre de
saint Pierre, qui dit : Or, les deux et la terre
qui sont meUntenantf'se conservent par lamésne
paroleet sont réservéspour étrebrûlés par le feu
au' jour du jugement et de'la ruine des imptcs. Et
unpeu*plMS bas: Le jour du Seigneur viendra
comme un voleur; et aior«, au milieu du bruit
dune grande tempête^ les deux passeront, les
éléments embrasés se dissoudront, et la terre
avec tout ce quelle renferme sera consumée
par le feu (388). Ce passage de l'Apôtre doit
être pris dans son sens littéral, puisque le
feu qui détruira le. monde est comparé aux
eaux du déluge qui le submergèrent. Qui
pourrait croire que les chrétiens, en profes-
sant le dogme de la Gn du monde si généra*
lement reconnu partout^ aient pu passer,
suivant le témoi^^nage de Minutius Félix
dans son Octave^ pour des séditieux et des
criminels d'État qui prétendaient arracher
par le feu cette terre au pouvoir des gou-
verncments politiques ?
Si le monde devait être embrasé, il devait
aussi renaître de ses cendres, comme le
1)hénix qui renaît sur son bûcher, cet em-
ilème mystérieux, sous lequel se cocser*
vèrent deux points du dogme catholique, la
résurrection de la chair et la création des
cieux nouveaux et de la terre nouvelle.
Avant d'entrer dans ce développemeut, étu-
dions d*abord les erreurs qui surgirent de
Ja tradition primitive obscurcie et déna*
turée.
Il ne fut pas difficile à Tesprit humain
d'étendre indéfiniment la palinsénésie du
monde, qui doit renaître une fois de ses
cendres, suivant les Ecritures. Le plus grand
nombre des stoïciens , plusieurs anciens
philosophes grecs et quelques peuples de
rOrient crurent à la palingénésie conti-
nuelle du monde. Dans cet ordre d*idées»
tout ce que nous voyons vit et doit mourir;
et il renaîtra en même temps d'autres êtres
de même espèce, un autre ciel, une autre
terre, d'autres astres. J'ai déjà remarqué un
f>eu plus haut que cette forme sous laquelle
a palingénésie se produisit d'abord, fut plus
tard remplacée ou modifiée chez plusieurs
philosophes par cette autre forme de re-
naissance, qui ne faisait plus détruire et
(382) Lilj. n. De luUura deorum,
(385) Hercul. OEta^ acL ni.
(384) De rerum iSaiura, lib. v.
(385) Eue quoqn^ in /alh reminitciiur , nd[or€
\tempm^\
Quo mare, quo leUus^ correplaque regia cetU
Ardealf et mundi moles operoin iaborm.
(OviD., Metamorpkoi.^ t.)
(386) Ua. Li, 6.
(387) PmL XCV4. 5.
(388) n Petr. m, 7-10.
Sfô
PAL
DICTIONNAIRE APOLOCETIQUE.
PAL
366
i
rrQooreler le monde , mais qui ramenait
(iicfeiiieot les mimes choses « les mêmes
bommes et les mêmes conditions, à certaines
^ues périodiques du temps^ Cette paiin*
pHk plas rjcente est en effet attachée A
(c qtt*OQ a appelé les périodes astronomi-
i^ue^, bien qae peut-être chez quelques pen-
ses inciras, comme chez les Chaldéens,
pilménésie de Tunivers ait dû arriver
iii^i à Teipiration de certains cvctcs. Quoi
^')ien soitf on avait cru dans rantiquité,
^oe les mourements célestes seraient ac-
omplis dans un certain temps donné» après
l»jDd le soleil et la lune, et roême, suivant
i|tKl<|Qe$-uas, les planètes, devaient se re^
tniUTer au même point du ciel. Le temps
(l^ttiie révolution fut appelé une période
b(n)Doinique. La première qu*on crut con-
aiilre e( dont Bérose s*e5t servie est de
loiianteans (389). On ne tarda pas à s'aper-
tiToir quelle était imparfaite. Les Babylo-
«enseo cherchèrent une autre, en multi-
pliant GO par 10, et on eut 600 ans ou le
m* de Bérose. Elle n'est exacte que par
iiirurt au aosiof, ou 60 ans, dont elle est
j^iplet et c'est pourquoi Josèphe Tappe-
w la grande année. Cicéron, Servius, Ma«
^ et d autres ont avoué que ce cycle est
i^^ra problème. La période de 3600 ans,
MMr«f de Bérose, ou la grande année pjr-
lN;w{ue, est encore plus imparfaite ; il
^f saiTant la remarque de Legentil, que
ft^P^odes puissent être considérées sous
>M autre point de vue que de ramener les
M);onc(ioiis de la lune au soleil, ou les
iift^s au bout d*un temps fixé et déter-
feoé. Ce point de vue parait à ce savant
veéfideiument celui de considérer la lune
ftrnpiiort à son apoffée, ce que les astro-
t>A» appellent la révolution anomalisti-
^(ie la lune.
^etie impuissance de déterminer d'une
tfoi^re exacte les révolutions célestes dans
Bieaips délerniiné, se fait encore mieux sen-
rJao! la Grèce, où Ton ne put pas même
kr d'abord la durée d'une année (390) na-
i^ile, qu*on borna à trois mois , puis à
Kii/e, puis i dix ; et où lorsque, plus tard,
i«uulu( élablir la durée de Tan sur le
«rsde la lune, il arrivait qu'en moins de
i*^p( ans l'hiver avait pris la place de
^' En vam ils crurent avoir trouvé le
^J^n de ramener les différents mois de
iraQDêe à la même saison, en intercalant
^ ireizième mois de deux en deux ans.
Ue période à laquelle on donna le nom de
^idcy excédant de deux jours environ
^vée des deux années solaires, produi-
iieii huit ans près d*nn mois d'erreur (391).
nrroédièrent à ce défaut par un défaut
u grand encore , c'est-à-dire, par la lé-^
déride, cycle où Tintercalation du trei-
a^ mois ne se faisait qu'après quatre an-
K révolues ; ce qui tous les huit ans don-
^) On rappelle le Souos de Bérose.
^) CfMlML, ۥ 19. SOLIN., C. i.
,'WiCcooi.,c. 1«-
i^> Afoi., Itb. iu.
nait près de troisjoursd'erreurdeplusquela
diatride. Enfin les Grecs inventèrent Voctaé^
téride ou tnniatMde^ ainsi nommée de ce
que ce nouveau cycle recommençait chaque
neuvième année. Vennéatéride paratt avoir
eu lieu dans la Grèce dès le temps de Cadmus.
Ce prince sorti d*un pays civilisé put enri-
chir les Grecs d'une connaissance qui n'é-
tait due qu'à des peuples plus instruits que
ceux chez lesquels il tenait s'établir. Du
moins trouvons-nous que sous ce prince il
est Question d'une granoe ann(^e, et que cette
année est de huit ans (3^. S'il est vrai que
les peuiiles de la Grèce n aient pas, avant le
règne d'Atrée, fait attention au mouvement
propre du soleil d'orient en occident (393)»
et que cette découverte ait été cachée' sous
l'emblème de l'affreux repas qui fit reculer
cet astre d'horreur, les siècles héroïques
furent trop peu avancés en astronomie, pour
fonder la palinsénésie du monde sur i'ac»
complissement d'un cycle révolu.
Dllésiode à Thaïes, la science grecque
s'enrichit des découvertes de l'Orient et de
l'Egypte, qui divisait l'année en trois cent
soiiante-cinq jours (391^); mais il n'est nul-
lement Question d*une période qui aurait
embrasse la révolution complète des mou-
vements du ciel, puisque même l'année
olympique n'étant ijjue de trois cent soixante '■-
deux ou même trois eent soixante-un jours
(395), en quatre ans, se serait écartée de
quatorze jours du cours du soleil, et après
cinquante ans les jeux olympiques eussent
été transportés du premier mois qui suit le
solstice d'été au solstice d'hiver, si l'obser-
vation du lever de quelque astre n'en eût
ramené la célébration à sa véritable place.
Vint ensuite le fameux cycle de Méthon
1(396), qu'on a appelé le nombre d'or, com-
)Osé de dix-neuf années solaires, f)endant
esquelles arrivent précisément trois cent
trente-cinq lunaisons, du moins à très-peu
près, puis ensuite la correction, parEudoxo»
de l'octaétéride attribué à Gléostrate de Té-
nédos. Il serait inutile de poursuivre nos
recherches sur les travaux postérieurs en
astronomie; rien n'y prouve qu'on ait pré-
tendu avoir trouvé une période générale.
Quoi qu'il en soit, aujourd hui que Fastrono-
mie a multiplié les observations au moyeu
d'instruments beaucoup plus précis» il est
certain que tous ces cycles ne sont que des
approximations plus ou moins grossières, où
les erreurs iraient en s'accumulant avec les
années. D'un autre côté, l'analyse maihéma-
tique ayant démontré que les éléments des
orbites sont affectés de diverses variations
qui marcheront dans le même sens pendant
un très-grand nombre de siècles, et dont les
limites, fort différentes les unes des autres,
ne pourront jamais être connues qu'impar-
faitement, c'est une idée fausse que de
croire à l'existence d'une certaine période
ï
95) STrAS., 1. 1, p. 23. Ltxizx De Àur0in
594) Laekt.
595) Hiitûiri dé ranrowomii. ». iU-i
(59tf) Eu Tau 159 avant ié'
367
PAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAL
«
qui ramènera simultanément toutes les pla«-
nètes dans les mêmes positions respectives
où elles se trouvaient à une époque anté-
rieure.
11 arriva ainsi que Tidée de destruction et
de palingénésie du monde, vraie en elle-
mAnie, se trouva établie sur un fondement
ruineux, sur Vexaclitude présumée des pé-
riodes, si tant est que celles-ci aient précédé
la première, ce que je ne saurais entière-
mont Admettre. Que peut-on conclure en
c|['et de certains cycles connus dis la plus
. haute antiquité, eomme le cycle de la se-
inaine, dans le fait qui nous intéresse? Il ne
peut exister aucun rapport, entre une pë-
, riode qui ne divise (Mis même exactement
Tannée solaire, et une multiplication quel-
conque de cet espace de temps pour embras-
ser rcnsemble des révolutions inégales des
astres.
La palingénésie indéfinie du monde se
présente donc comme une erreur, en ne la
considérant qu'au regard de son principe
qui était faux ; son mode et ses conséqueu-
ces s'opposent aussi de tout point aux.no-
lions le plus généralement reçues et aux
conclusions quen prétendent tirer les r«-
naUsanU dans r humanité. Et d'abord un
monde qui se renouvelle toujours et dans
les mêmes conditions détruit complètement
Téternité des supplices des grands criminels
que tous ont admise, et ne s'oppose pas
moins au repos final et consommé des Ames
très-justes. Si l'on ne veut pas que les an-
ciens aient pu se contredire d'une manière
aussi patente, expliquons le sens véritable
que le mot de palingénésie a dû nécessaire-
ment eiprimerdans son acception naturelle
et primitive. Nous le trouvons dans la théo-
logie de l'Orient, d'où l'idée de métempsy-
cose et le renouvellement de toutes cho-
ses se répandit plus tari dans l'Egypte et
dans la Grèce.
La double mauière de faire finir le monde,
tantôt parle feu et tantôt par l'eau, attii-
buée aux Cbaldéens, ne se trouve confirmée
]mv aucune analogie dans les lois physiques.
£u supposant que tel eût été le fond de la
croyance de ce ])euple, il s'ensuivrait sim-
plement qu'il n'eût pas attaché au mot de
palingénésie Tidée d une destruction com-
plète du monde, mais seulement d'un grand
cataclysme, avec lequel po.urrait subsister
l'éiernité des récompenses et des cbÂti-
luents; mais nous avons assez d'autres té-
moignages pour nous assurer quel fut le
sens précis de ce mot.
On lit dans le Vedas (397) qu à la fin de
chaque Age tout périt, que tout est sub-
mergé; il n'y est nullement question d'une
destruction et d'un renouvellement intégral
du monde. Dans le Thibet, 1<îs difi'érents
âges de l'univers se renouvellent sans chan-
gement des formes. Suivant Fréret, les In-
dous croient à la création et à la fin du
monde sensible sans qu'il se renouvelle.
Dupuis, professeur au collège de Lisieux, à
Paris, établit, dans son mémoire sur l'on-
gine des conslettalions^ que la recréation de
toutes choses n'était chez les Perses oue le
renouvellement annuel de la nature. Quand
la source vraie de la tradition de la renais-
sance du monde eut totalement disparu de
l'esprit des peuples, la nature se présenta
comme d'elle-même pour expliquer ee qu'il
y avait de mystérieux dans l'attente d'un
aussi çrand événement dont on ne connais-
sait plus la manière. La philosophie dé-
passa ensuite la révolution annuelle de la
nature, on chercha une grande année sécu-
laire, où toutes les choses passent se repro-
duire. C'était la chimère des stoïciens, dont
quelques-uns, tout en admettant la fin du
monde, semblèrent méconnaître son renoa-
yeliement, et ainsi les croyances générales
de lantiquité se combinent et s'accordent
lorsqu'on a bien compris le sens caché de
leurs svmboles.
D'ailleurs, les palingénésies éternelles du
monde, sait qu'on les entende dans l'une ou
l'autre acception que nous avons indiquées
plus haut, détruisent la liberté de l'homme,
son identité et ses progrès. 11 est bien évident
2ue si ce que nous appelons l'individu e.st
ternellement attaché au retour néeessaire
du monde, il n'est plus quelque chose de
distinct de la nature qui se reprodait dans
ses difi'érentes parties. Si l'on admet la
palingénésie indienne, où les individus re-
paraisseQt sous d'autres lormes, bien qu'ifs
conservent la forme humaine , l'identité
de l'être disparait, puisque ce qui le per-
sonnifie est anéanti àcliaque renouvelle-
•ment : et partant plus de progrès possible,
car le progrès dans l'ôtre ne se conçoit et
ne peut s'apprécier qu*pn comprenant ses
divers états> rendusimpossibles par l'absence
de l'identité. Si au contraire on aimait mieux
la palingénésie telle que l'enseigoèreot
quelques philosophes grecs, et par laquelle
tout reparait exactement dans les mêmes
conditions qu aux états antérieurs, ici en-
core tout progrès est anéanti, puisque tout
est nécessairement le même et par suite
stationnÀire. Li\ liberté n a plus de sens dans
un tel physicisme, la destinée de Tboniiue
est purement mécanique. S'il n'y a plus de
liberté, il n'y a plus de raison d'agir dans
l'être intelligent ; car, encore une fois, Tes-
pèce qui se borne aux formes matérielles
n'est pas perfectible. Disous-fe hardiment,
l'anliquité n'a ras cru il la palingénésie q^ue
l'auteur de VUumanité a inventée dans son
cerveau ; celle que les premiers peu|>les ont
attendue ne détruisait nullement réterniié
du ciel et de l'enfer. Nous avons encore des
témoignages plus que suffisants.
En eifét, la première idée d'une palingé-
nésie cosmique, endos périodes déterminées,
semble avoir pris naissance dans la Cbal.lée
et dans la Perse, où nous devons chercher
la confirmation de ce que nous avons avancé
sur le sens de la palingénésie. Or, il est
facile de suivre, dans le Zend-Avtsia des
(397) Parallèie des religiont.
I
PAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUB.
PàN
370
hirses(398), les diverses phases de Tanta-
^isiDequis*établit et se prolonge durani
certaines périodes entre Ormuxd^ roi de la
bière, et Ahrimanj le prince des ténèbres.
Ûai-ci était primitivement par comme le
pmnier né, mais sa baine et son orgueil
l'iTaiint lait condamner par l'Etre suprême
ihibiter, pendant une période de douze
Lille ans, les espaces gue n*éclaire aucun
fijoD de lumiërey le noir empire !des ténè-
[ff>. BieDldt la guerre entre les deux puis^
anc» était descendue des régions intellec-
iftflks et supérieures jusque sur la terrCtOÙ
Hrmn fait souvent triompher Tempire
jtt!fl)èbre.s dans le cours des trois dernières
p^M qui forment le cycle des douze
feiiie iQs. Néanmoins les Ames f)ures n*ont
riiQi craindre; elles sont averties par les
kfii esprits. Le triomphe du bien est résolu
bns Irs arrêts de TEtre suprême, Tépoque
Irielriûfflphe arrivera iniailliblement. Au
iKmeni où la terre sera le plus profondé-
M affligée des maux que versent sur elle
b»pmsde perdition» le prophète Soiio$€h
Mira régner sur la terre, et lui rendre
B beauté, sa force, sa pureté primitives;
Ikera les bons et les méchants ; après la
«rrectioa universelle des bons, les esprits
lin les conduiront au séjour de VélemelU
Jteiii, Ahriman, ses màuvaii démons et
tas les méchants seront jetés dans un tor-
Itti de métal liquide : dès lors la loi d*Or-
puJr^era partout (399). On lit dans tout
iquioous reste des monuments de la Ca-
Mtei du gDOticisœe, que les erreurs, les
>rre$, les séductions, le mal qui en est
Isooree, et en général cette affligeante
'mïi des esprits purs et des mauvais
1% n'existaient pas dans Torigine. Une
le Tint troubler cet ordre; mais lorsque
bue qui se poursuit entre le bien et le
sera parvenue à la période déterminée,
mel viendra lui-même rétablir dans
piUuDivers la primitive et haute harmonie
p («fait répondre à la musique sphérique
Isjstème de Py thagore.
Ces efforts de l'esprit humain vers son
e» consommé se reproduisirent sous des
es mystérieuses dans l'erreur des Va-
^Qieos. La Sophia ou Léon dégénéré,
^e qu elle est sortie du Plérôme pour
flt«ciier h la terre, gémit, comme l'âme re-
tise, sur sa triste situation. Bardesanes
içoiail flans un de ses hymnes, s'écriant
ic le Psalmiste : « Pourquoi, ô mon Dieu
iK'jQ roil m'as-tu ainsi abandonnée? » Cet
Mr [iour le monde supérieur réveillé en
k lui fit voir dans le Christos qui vint à
to«^>urs la parfaite ima^e de la lumière
lra<f. £lle l'aima de tout son être ; il la
li:a dans la marche de son épuration; elle
kaitde nouveau avec lui comme sa pri-
iiti^e compagne.
lanlesdnes,]^ansrhyronedont nous venons
t ("Vler, représente cette union sous Ti*
'4; Sv Abriman, Zend-Atetia, vol. 1»
' ' )l4iTU, Iliitoiu du gnonichmc^ vul. I.
mage d*uiv hymen; il parlait aussi chi ban-
quet qui devait célébrer cette sublime et
irrévocable alliai^ce, car l'hymen a toniours
été le symbole d'une union indissoluble.
Nous devons convenir que si la tendance
de ces systèmes asiatiques' à un dégagement
définitif pour tous les esprits coupables, des
liens du mal et de la matière, détruit le re-
tour éternel des palingénésies, il n'en est
1>as moins vrai qu'elle attaque l'éternité de
'enfer.
Nous répondrons h cette difficulté, en ré-
futant les erreurs qui ont attaqué cette éter-
nité (MO).
Nous conclurons donc que l'erreur qui
s'est produite par Oriçène d'abord, et au-
jourd hui par les renaissants dans VHuma^
nitéj est un fait tout à fait exceptionnel
dans l'histoire de l'esprit humain, et par
conséquent faux, contradictoire ; nous achè-
verons de nous en convaincre, en jetant un
coup d'œil sur les vérités catholiques qui se
dénaturèrent plus tard dans les erreurs de
la métempsycose et des palingénésies, je
veux parler de la nÉsonaECTiON des conrs
et de la geéation dbs cibux nouveaux et db
LA TERRE NOUVELLE. (Foy. CCS mOtS.)
PANTHEISME. — Nous diviserons en trois
paragraphes ce que nous avons à dire sur
cette erande aberration de l'esprit humain.
Dans Te premier, nous ferons l'histoire du
panthéisme idéaliste ; dans le second, celle
du panthéisme matérialiste, et dans un troi-
sième, nous montrerons les conséquences
de ce système et nous le réfuterons.
il*
Dtt panthéisme idéaliste.
II nous faudrait remonter bien haut dans
les siècles pour trouver l'origine du pan-
théisme. Nous en voyons le germe déposé
dans les védas, oh certaines formuler de
langage au moins équivoques, nous présen-
tent Dieu comme l'Etre unique, et les créa-
tures comme des êtres illusoires. Qu'on
doive entendre ces formules dans un sens
absolu, ou qu'elles n'aient eu d'autre objel
que de caractériser vivement ce que nous
appelons nous-mêmes le néant de la créa-
tion, en présence de Dieu, toujours est-il
qu'elles sont devenues plus tard rexpression
propre du panthéisme. Ainsi le Ytâania ab-
sorbe posiUvement toutes les existences dans
une seule, celle de Brahma, qui est tout.
Brahma est Têlre un, éternel, pur, rationnel,
alTranchi de toute limite, à la fois actif et |»as-
sif ; actif, parce qu'il produit les transfor-
mations apparentes ; passif, parce que celui
qui transforme est en même temps celui qui
est transformé ; en un mot, dont les divers
êtres ne peuvent tout au plus être conçus
que comme les noms ou les formes multi-
ples, formes qui. d'ailleurs, sont purement
illusoires. 11 est remarquable que tous les
(400) Voy. EwrBR, Etemité drs rei!iis,llistRi-
CORDICUX.
m
PAN
DICTlONNÂinE APOLOGETIQUE.
PAN
3TÎ
systèmes de panthéisme qui ont été imagi-
nés postérieurement, ne sont que lu repro-
duction des idées sur lesquelles se fonde la
philosophie Tédantiste. C'est toujours ndée
u unité gui prévaut sur Tidée des existen-
ces particulières, distinctes, individuelles;
c'est toujours le flni qui s'efface et s'éva-
nouit pour s'absorber clans l'infini ; c'est tou-
jours la coexistence des deux termes de la
création qui est déclarée imfiossible. Mais,
dans le vedanta, les êtres particuliers, n'é-
tant pas même de simples modifications de
la substance divine» et l'univers n'étant plus
Îue le spectacle de ses propres pensées que
^ieu se donne à lui-même, en contemplant
toutes les combinaisons qu'elles pourraient
Srésenter, si elles étaient réalisées hors de
lieu, le panthéisme n'est pas seulement la
confusion de tous les êtres dans une seule
existence éternelle et infinie; c'est encore
un immense scepticisme dans lequel dis-
paraît, non-seulement le monde matériel
et le monde moral, mais l'unité divine elle-
même, puisqu'en rejetant comme illusoires
toutes les noliom di$iincte$ pour ne retenir
que celle de l'unité absolue, il enveloppe
celle-ci dans le naufrage commun de tou-
tes les vérités ; car l'idée de l'unité est dis*
tinete^ est souverainement dUtincte^ et ne
subsiste dans notre intelligence que par son
opposition avec toutes les autres, et parti-
cuiièrement avec celle de variété et de mul-
tiplicité.
Le panthéisme de Pvthagore présente un
autre caractère. Le Vedanta n'admet point
de production, parce que cette production
ne serait possible qu'autant aue Brahma
posséderait en lui le principe réel d'imper-
lection, de limitation, de composition, tou-
tes choses incompatibles avec son essence
même. Selon Pytha^re, au contraire , la
monade, ou l'être principe, renferme ori-
ginairement Tesprit et la matière, mais sans
séparation, sans division. Ils sont confondus
en eliedans Tunité absolue de la substance.
De l'unité sort le multiple, et le multiple
c'est l'univers. Ainsi ce n^est point par
eréaiian^ mais par déiachêmmi^ que la ma-
tière est siN*tie de Dieu. U en résulte gue
Dieu est h la fois le principe de la periec-
tion et de imperfection, du variable et de
l'invariable, du bien et du mal, puisque l'un
et l'autre ont été originairement renfermés
dans la monade : conception qui détruit à
la fois ta notion de Tindivisible unité de
Dieu, et celle de son inaltérable pureté. Car
ouoique le but moral de la philosophie py-
thagoricienne soit de délivrer rinteUigence et
la volonté de Thomme des liens de la matière,
l'idée de la confusion primitive de la ma-
tière avec l'esprit, dans le sein de la monade
infinie* n^en est pas moins l'idée fondamen-
tale de son système.
La pensée de Pythagore se retrouve, mais
déjà modifiée, dans les ouvrases qu'on at-
tribue généralement à Timée de Locres et à
Ocellus de Lucanie, quoique leur authenti-
cité, selon M. de Gérando, soit au moins très-
douteuse. Dans le livre qui porte lé nom de
ce dernier, l'univers apparaît comme une
immense unité, qui comprend toutes choses,
comme un seul être , in^irodoit , immuable,
indestructible, qui n'a pas commencé, qui
ne doit point finir, et dont les parties seules
changent et subissent des rapports diffé-
rents, des formes et des combinaisons nou-
velles. L'idée d'Ocellus diffère de celle de
Pythagore comme l'idée de /otofti/diffère
de celle d'unité. Selon celui-ci, loul était
primitivement un; Funité est le principe
universel d'oii tout est sorti, la racine de la
dualité j de la pluralité. Suivant Ocellus,
tout est dans le tout^ tout est avec le tout ;
l'univers enfin est un système ordonné, par-
fait et complet de toutes les natures, car rien
n'est hors de lui ; si quelque chose est,, il
est compris dans lui.
Timée de Locres, l'auteur présumé du
livre de FAmt du moticfe, matérialise encore
davantage l'idée primitive des pythagori-
ciens. L'unité n'est pas conçue dans son
svstème sous une notion purement méta-
Imysique, mais sous celle d'une individna-
ite dans laquelle viennent se confondre et
s'identifier tous les êtres. Le monde est un
corps, un immense organisme, dont Dieu
est l'Ame ; cette flme, placée au centre et s'é-
tendant k la circonférence, embrasse l'uni-
vers.
Les doctrines primitives de Técole itali-
3ue retenaient encore la notion d*une pro-
uction des choses , quoiqu'elles laissassent
cettte opinion dans le vague, ou plutôt la
dénaturassent, en se représentant la produc-
tion des choses sous l'idée d'une émanation
de la substance divine. Hais, dès son début,
l'école éléatique se demanda si la production
est possible, et nia cette possibilité, en prou-
vant que, dans le système émanation, ce qui
parait commencer existant déjà antérieure-
ment, la production n'est qu'apparente, et
que s'il n'existe pas de production réelle^
toute existence individuelle distincte n*esl
aussi qu'un pur phénomène. Si quelque
chose a été faite, disait Xénophane, elle a été
faite de ce qui était ou de ce qui n*était pas.
De ce qui n'était pas, cela est impossible;
car, rien ne se fait de rien. De ce qui était,
cela est impossible encore; car puisqu'elle
était déjà, elle n'a pas été faite. Partant donc
de ce principe, que rien ne saurait passer
du non-être à l'être, il en conclut que tout
ce qui existe réellement est éternel et im-
muable. De là |il considérait toutes choses
sous la loi de l'unité. Dieu, comme étant l'ê-
tre le plus parfait, et unique, parfaitemenl
semblable et égal à lui-même ; il n'est ni li-
mité, ni illimité, ni mobile, ni immobile.
Parménide, rigoureusement conséquent
au principe d'unité posé par son mattre, et
partant de l'idée de l'être pur, qu'il idenii*
fie avec la pensée et la connaissance, en con-
clut que le non-être ne saurait être pnssi*
ble, que toute chose existante est une et
identique, qu'ainsi ce qui existe n*a point die
commencement, qu'il est invariable, indÎTi*
sible, qu'il remplit l'espace tout entier, et
n'est limité que par lui-même; que, par
373
PAN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
374
cooséqaent, tout changement, tout mouve-
ueDt est uae pure apparence.
Xoos passerons lé^rement sur les systè-
nesgnostiquesY dans lesquels la création tout
mtiére est pr&ientée comme une immense
série d'émanations décroissantes, depuis les
tm qui constituent le plérômeou le monde
Kifiéhear, jusqu'aux diverses existences
({ui composent le monde inférieur, et dont.
hsource est le démiurge. Nous nous borne-
loos également à mentionner les doctrines
oldiistiques, où tous les Mves de la nature
teooent selon divers degrés de perfection, de
tm&fke, on de la lumière primitive, et où
biutière elle-même est conçue comme une
ronleosation et un obscurcissement des
njons de la lumière, et toute substance
considérée comme divine.
Mais celle de toutes les théories ancien-
oe5, à Teiception du Védanta, où le pan-
théisme idéaliste a été formulé dans sa plus
ptnde rigueur métaphysique, c'est peut-
(ire celle de Plotin, qui, par Tidentificatioa
É^lue de la connaissance avec la chose
coonue, du subjectif avec Tolgectif, efface
bste distinction entre les êtres.
TcQt ce qui existe est en vertu de Tunité,
«luo, eta en soiTunité. Néanmoins, Pexis-
lea^eetTunité ne sont point identiques; car
c^^;g( o|}jet comprend une pluralité. La
rdty>Q n'est pas non plus Tunité même, car
«'^ a)nte nple Funité d'une vue parfaite.
Ion hors d*elle, mais en elle-même ; elle est
'eoiD^nie temps ce qui contemple et ce qui
et roDtemplé ; donc elle n*est point simple,
iil« est douille; elle n'est point l'être premier
i«i(riniilif, mais seulement l'unité déduite
irtjùérivéc de quelque autre principe dont
Hlf procède. L/unité primitive n'est point
tt« chose, mais le principe de toutes choses,
l' tien cl la perfection absolus , ce qui en
n est simple, et ne tombe point sous la
«uQoepiion de l'entendement; elle n'a ni
>)<>Jntiténi qualité». ni raison, ni Ame; elle
f'M ni en mouvement, ni en repos, ni dans
»pace, ni dans le temps ; ce n'est ni une
mitémimérique, ni un point, car le point
it l'unité numérique sont compris dans
^elque chose, savoir le divisible; mais
testrëlre pur sans aucun accident, dont on
M concevoir Tidée e.n songeant qu'il se
Mffit constamment à lui-même ; elle est
pempte de tout besoin et de toute dépen-
wice, de toute pensée et de toute volonté ;
^ n>st point un être pensant, mais plutôt
h pensée elle-même en acte ; c'est le prin-
(ip<^< la cause de tout, l'infiniment netit, et
Riniéme temps, par sa puissance, Vinfini-
^<Ql grand, le centre con^mun de toutes
ftwes, le Bien, Ditu.
^ • Lunité est aussi représentée comme la
twiière primitive, la lumière pure, de la-
*rj^'lc découle incessamment un cercle lu-
nineux; elle possède la vision et la science
^ ^i-m£me, mais sans dualité de termes
*iBs réflexion) ; elle est & la fois la pure
'îftualité, et 1 essence de tout ce qui e^t.
l- io, le parfait, coule de la région supé-
'^nre ; i^ut ce qui procède de lui, rêlre.
la raison, la vie en découle éternellement ,
sans qu'il perde rien de sa'substance;car
il est shnpie, et non colleetif comme la ma-
tière ; et cette provenance n'est point une
férnaatron dans le temps, mais elle a lieu
selon l'idée pure de cause et d'ordre, sans
nulle volonté, car vouloir est ehanser. En
premier Keu il en émane, comme la lumière
émane du soleil, quelque chose d'éternel
qui, selon Plotin, est ce qu'il y a de plus
parfait ; c'est l'intelligence absolue, «ovç ,
qui contemple l'unité, et qui n'a besoin
2ue d'elle seule pour être. De l'intelligence
mane à son tour l'âme, l'Ame du monde,
^;p^ Tov tTKvT^c, ou x&y o>(uy. Tels sout les trois
principes de toute existence réelle, et ils
ont eux-mêmes leur principe dans l'unité ;
c'est la Triade [Trioê] de Plotin.
' « L'intelligence est le produit et l'image
de l'unité; en tant qu'elle conteniple l'u-
nité comme son objet, elle devient sujet,
et se distin^e de ce qu'elle contemple ; de
\h une dualité. En tant que cette intelligence
envisage le possible dans l'unité, le possi-
ble se détermine, se limite; il devient l'ef-
fectif et le réel, h , il suit de Ik que l'in-
telligence est la réalité première, hase de
toutes les autres et inséparablement unie
avec l'être réel. La pensée, la chose pen-
sée et la chose pensante sont identiques;
ce que l'intelligence pense, elle le constitue
en même temps. C'est en pensant toujours,
toujours de même, et pourtant toujours
quelque chose de nouveau, qu'elle produit
toutes choses; elle est la somme des exis-
tences, la vie infinie dans sa total ité«
«c L'Ame est le produit de l'intelligence ,
elle en est la pensée, pensée, à son tour,
féconde et plastique. Elle est donc elle-
mênr^e intelligence, seulement avec une
connaissance et une vision plus obscure,
parce qu'elle contemple les objets non en
elle-même, mais dans l'intelligence, étant
douée d'une force active qui dirige ses
regards hors d'elle. C'est une lumière non
originale, mais réfléchie, principe du mou-
vement et du monde extérieur. Son activité
propre est dans la contemplation, OcMpî», et
dans la production des objets par cette
même contemplation. C'est ainsi qu'ello
produit & son tour divers ordres d'âmes ,
entre autres, l'âme humaine, dont les fa-
cultés tendent à s'élever ou t s'abaisser.
Celle du degré le plus bas, dirigée vers la
matière, est aussi une force appliouée à la
foruie ; c'est la faculté sensitive et végétative»
ou la nature, f\Krtç.
« La nature est une force intuitive , mo-
trice, qui impose la forme à la matière, force
plastique et vivifiante, pensée créatrice ,
iiyiç frocûv ; car forme, fl^oç, fiopfi^ et pensée,
Xoyoc, sont une seule et même chose. Tout
ce qui se passe dans la nature est l'œuvre de
l'intuition, et est fait pour elle. Ainsi se dé-
veloppe du sein de l'unité, comme du point
central d'un cercle, la plura^^J^re divi-
sible et la vie, par voie d'' " '^ns
l'unité se distinguent la ^
car c'est la forme qui c
37S
PAN
DKTiONMAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
S7G
«t elle suppose nécessairement qaelone
chose de non déterminé, m«is susceptible
de recevoir une détermination.
« La forme et la matière, TAme et le corps
sont inséparables; il n*y a point eu de
temps où le tout ne fût point animé ; mais,
ponr la pensée, la distinction est possible ,
et de là naît la question : Qu'est-ce que la
matière, et comment a-t-elle été produite
par lunité, puisque celle-ci est le principe
de toute réalité? La matière est quelque
chose de réel dénué de toute forme ; elle est
l'indéterminé susceptible de recetoir la
forme, et elle cstavcc celle-ci dans le mê-
me rapport que Tombre arec la lumière.
L'unité, comme produisant .toute réalité,
sort sans cesse d'elle-même : or, au dernier
échelon de cette production perpétuelle,
arrive un dernier produit, au delà duquel
i\ul autre n'est plus possible, terme dernier
d*où rien ne peut sortir, et qui ne conserve
1>lus rien de l'unité et de la perfection. —
/Ame par sa contemplation progressive,
qui est t^n même temps production, se crée
à elle-même le théâtre de son action, c'est-
à-dire l'esjMce. L'Ame est une lumière allu-
mée par l'intelligence, et qui rayonne jus-
qu'à une certaine portée, au delà de laquelle
commence la nuit. L'Ame regarde cette nuit,
et lui appliquer une forme , parce qu'elle
ne peut rien soutfrir autour d'elle qui ne
soit empreint d'une pensée, et elle se fait
ainsi, au moyen des ténèbres, une habita-
tion belle et variée, inséparable de la cause
qui Ta produite , c'est-a-dire , qu'elle se
donne un corps. De là la matière intelligi-
ble et senstlile, etc. » {Manuel de Tenne-
«lan.)
Scot-Erigène, dont les idées ont des rap-
ports frapiiants avec celles de Plotin, et
rappellent en même temps les concepiions
pauthéistiques de l'Inde, part également de
l'unité primitive, pour aboutir au système
de l'identité absolue.
« Tout ce qui est perçu dans les créatu-
res, dit-il, soit dans le domaine des sens
corporels, soit dans celui de l'entendement,
n'est autre chose qu'une sorte d'accident
d'uii€ eseenee incompréhensible, qui se
donne à connaître par la quantité, la forme,
le lieu et le temps, en sorte que nous
voyons non ce qui est, mais qu'une choie est.
« L'essence suprême se communique et
se transmet par une suite de dérivations
auxquelles les Grecs ont donné le nom de
paritcipation. > Voici comment Jean [Scot
explique cette transmission: « Le fleuve
entier découle de la source première ; l'onde
3ui en jaillt se répand dans toute l'étendue
u lit de ce fleuve immense, et en forme le
cours qui se prolonge indéfiniment. Ainsi la
bonté divine, l'essence, la vie, la sagesse, et
tout ce qui réside dans la source universelle,
s'éDancbent d'abord sur les. causes primor-
diales et leur donnent l'être, descendent
ensuite par ces mêmes causes sur l'univqr-
salité de leurs effets, d'une manière ineffa-
ble, dans une progression successive, pas-
sant des choses supérieures aux inférieures;
ces effusions sont ensuite ramenées à b
source originelle par la transpiration ca-
chée des pores les plus secrets de la n<iture.
De là dérive tout ce qui est et ce qui n'est
pas, tout ce qui est conçu et senti, tout ce qui
e>t supérieur aux sens et à l'entendement. Le
mouvement immuable de la bonté suprême et
triple, de la seule véritable bonté sur elle-
même, sa simple multiplication^ sa diffusion
inépuisable qui part de son sein et y re-
tourne, est la seule cause universelle, ou
plutôt eUe est tout^ car si l'intelligonce de
toutes choses est la réalité de toutes choses,
cette cause qui connaît tout, est tout ; elle
est la sexkXe puissance gnostiaue ; eltenecon-
nati rien hors d^ elle-même ; it n'y a rien hors
délie: tout est en e//e, elle seule est vérita-
blement. 9 (De gérando, Histoire comparée
des systèmes de philosophie.)
Comme les mêmes idées se trouvent re-
produites, à très-f>eu do chose près, dans
tous les systèmes idéalistes qui ont apparu
aux diverses phases du moyen Age, reci
nous dispense d'entrer dans de longs détails
sur chacun d'eux. C'est toujours la même
formule panthéistique présentée avec de
légères variantes dans l'expression, mais
sans aucune différence essentielle. « Tout
est Dieu, et Dieu est tout, dit Amaury de
Chartres. Le Créateur et la créature sont un
même être. Les idées sont à la fois créatricis
et créées. Dieu est la fin des choses, en ce
sens que toutes choses doivent rentrer en lui
pour constituer avec lui une immuable in-
dividualité. De même qu'Abraham et Isaac
ne sont que des individualisations de la na-
ture humaine, ainsi tous les êtres ne sont
que des formes individuelles d'une seule
essence. » Selon Jordan Bruno, rien n*existo
que ce qui est un, car tout ce qui n>st y^as
un, n'est, en tant que multiple, qu'un com-
posé, et toute composition n'est qu'un en-
semble de rapports, et non une réalité.
L'unité est donc l'être, et l'être est l'unité;
à moins d'admettre aue tout est relatif, opi-
nion repoussée par la raison humaine qui
tend à I absolu, il faut reconnatlre une unité
absolue, sans parties, sans limites. Dans
cette unité, l'infini et le fini, l'esprit et la
matière, le pair et l'impair sont confondus.
De là résulte l'identité absolue de toutes
choses; car les principes les plus généraux
de la différence des choses sont le fini et
l'infini, l'esprit et la matière, et cette dis-
tinction, qui ne peut constituer une diffé-
rence réelle dans le sein de l'unité absolue»
n'indique qu'une diversité de modifications
dans le même être un et universel. [Précis
de rhistoire de la philosophie,)
Mais dans les temps modernes, le pan-
théisme a revêtu des formes plus savantes;
et quoique le fond des idées soit toujours
le même, il se présente avec un caractère
Çarticulier qu'il est im)>ortant de saisir,
oici d'abora comment M. Hippeau résume
la doctrine de Fichte :
« Kant avait reconnu et mis en saillie Tes
deux termes de toute connaissance humaine,
savoir, le sujet ou le moi qui la possède, et
Î77
PâN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE*
PAN
S78
M/r/ou le nofi-moi qui en est la matière.
)iais il s'agissait de constater cette dualité
primitirp, de faire au moi et au non-moi
u part et de la lui faire d'une manière ri-
coureuse et irrévocable. Or, Rant avait dit :
(>qaiest universel et nécessaire dans nos
rein'senlatibns appartient au sujet ; ce
({ullya de véritable et particulier appar-
ucDl à Tobjet ; et la roalité résulte de la
réunion de run h Taulre. Mais, d'après la
mfKfue de la raiton pure, le sujet est un
phcDom^ne ft $es propres y put; sa na-
ture intime lui est aussi inconnue que
allé ée Tobiet ; il est lui-même varianle
(lios celles de ses représentations gui nous
[missent constantes : il pourrait enrore
é{re soumis h d'autres variations possibles;
(>n ne Toit donc ]^as pourquoi le sujet doit
été, [ijulôt ({ue l'objet, le principe de ce
•]aii ? a de nécessaire et d'universel dans
le système de nos représentations. Où donc
esi la réalité, si le moi est un phénomène,
dleDOQ-rooi anssi un phénomène? Si vous
letlcoModez au moi, le mot vous renvoie à
Utjtt, car les formes, les catégories, les
tdéesne sont rien sans la matière que les
stasiburnissont; mais, d*un autre côté, si
Tfcs demandez la réalité à l'objet^ Vohjtt
>t^vri-nToie au mot ou au sujet.
«Fichte, er, après lui, Schelling durent
frvi<saireiuent chercher un principe absolu
rt inconditionnel à ces deux phénomènes:
e; roici ce qui amena Fichte à trouver ce
principe dans le sujet Iui*m6me.
« Tout en laisant naître la réalité du con*
'«ors du sujet et de Tobjet, la philosophie
om;qtie avait montré une sorte de prédilec*
tviQfH)ur le suiet, et lui avait fait la part la
^ib considérable. Toute unité vient de lui,
ri p«r conséquent tout paraît venir de lui;
vr il n'jr a point d'intuition sensible sans
nilé, point de jugement sans unité, point
le raisonnement sans unité... dès lors un
BDtemporain de Kant, Jacobi, put prévoir
t prédire que Ton tenterait de tirer tout
b sein du sujet, et Fichte justifia sa pré-
ictioB.
« Poar établir sur des bases certaines la
l^ede la seience, Fichte ne partit point
ose décomposî tien de l'intelligence, ainsi
se lavait fait Kant. Selon lui, ni la cons-
bre ni sts objets, ni la matière de' la
i^joaissance ni ses formes n'existent pri-
Mirement, mais sont produites par un
Ueda moi et recueillies par la réflexion.
< seole proposition gui ait une certitude
iiiiMiate, c'est celle-ci : Moi est moi. £lle
^rte sa preuve en elle-même, et peut elle-
tocservirdepreuvei toutes les autres pro-
''étions. C'est en vertu de ce principe uue
^tjofeeiQent a lieu; or, juger est un fait
^U oh acte propre du mot. Le mot se pose
l^'Oc lui«mème; il est l'agent et en même
^\^ le produit de l'acte, et c'est ce dout)te
^'•'^ qui bit la conscience. L'activité primi-
^v*: <m mei consiste en une réflexion sur
^-(Déme, qui a sa raison dans un obstacle
'« met nécessaire, éprouvé par lactivité
^ ;u^là indéfinie. Le mot se pose comme
snjet, en même tomps qu'il s'oppose comme
objet h ce point de résistance. Le second
f)rincipe déterminé par le premier est co-
ui-ci : Moi n'est pas non-moi. 11 reste &
évoquer encore, par un nouvel efl*ort de l'art
philosophique, un troisième prinripe non
contingent quant à sa valeur, et contingent
quant a sa forme. A cet efl'et, il faut trouver
un actcldu moi, où puisse se rencontrer
dans le mot l'opposition du noiu%noi, sans
que le mot périsse. Or, la réalité et la né-
gation ne sauraient se trouver réunies c^ue
dans ce qui est fini, limité. La limitation
est donc ce principe que nous cherchons.
« Maintenant la limitation nous conduit à
la divisibilité : tout divisible est une quan-
tité; par conséquent, dans le mot sujet à li-
mitation doit être contenue une quantité
divisible : ainsi le mot comprend en lui-
même quelque chose qui peut y être mis
ou retranche, sans que pour cela le moi
cesse d'exister. Fichte reconnaît donc un
mot divisible et un moi absolu. Le mot
oppose au moi divisible un not^moi égale-
ment divisible. Tous deux sont posés dans
le mot absolu et par lui, comme étant ap-
1>réciables et délerminables l'un par l'autre.
)e là ces deux propositions : le mot se pose
comme déterminé par un non^moi, qui li-
mite l'activité absolue en lui; 2* le mot se
pose comme déterminant le uon^moi\ la
réalité de l'un sert de limite à la réalité
de l'autre.
« C'est ainsi que Fichte crut avoir trouvé
le moyen de concilier l'idéalisme et le réa-
lisme; d'après cette théorie, toutes nos
conceptions, tous les phénomènes de notre
intelligence se réduiront à deux points de
vue dun même fait, dans lesquels nous
considérerons tantôt le mot comme actif, et
le non-moi comme passif; tantôt le mot
comme passif, et le von^-moi comme actif.
' « Suivons le mot dans ses développements :
une fois posé, il se heurte contre le non^
mot qui le 'limite, qui le repousse lorsqu'il
▼eut s'étendre. Dans ce choc, le moi signale
l'obstacle et le crée; car s'il n'y avait pas
de mot, où serait le non-moi? Le non-moi
ressort donc du mot; même en lui résistant,
il est sa créature; donc le monde c'est mot.
Dieu n'existe iK>ur mot que parce que j'y
f>ense; c'est mot qui le construis comme
'idée la plus haute de Tordre moral du
monde. Hors de mot, il n'est pas; en moi, il
est. Dieu est la création sublime de l'homme,
et l'homme doit travailler à ressembler à ce
Dieu qu'il fait lui-même, qui est le résultat
de sa conscience et de sa moralité : donc.
Dieu, c'est mot.
« Je règne donc sur tout ce qui est; j*en
suis le principe, la source, le centre; je suis
l'être lui-même, je suis cause indépendante,
je suis libre. »
Il est remarquable que cette théorie indi-
vidualiste, l'antipode de tous les autres
systèmes de panthéisme, avait eu déjà son
expression dans les opinions philosophiques
des Bouddhas; le, comme dans les concep-
tions du ]»hilosophe allemand, la notion
379
PâN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
580
d^iinité et de réalité est transportée de Dieu
au mot;. bien loin queje mot soit« ainsi que
toute individualité quelconque, purement
phénoménal, c'est au contraire 1 existence
du mot qui est considérée comme la seule
existence réelle; c'est le moi qui est éter-
nel et qui tire de son nropre fonds tous les
phénomènes. Cenenoant Fichte modiHa
plus tard ses idées, et changea son point
de départ. Ce n'est plus Tactivité du mot
qu'il pose en firincipe, c'est: l'existence
absolue de Dieu, ctmrae réalité unique,
fmre et indépendante , dont le monde et
a conscience portent l'image et l'empreinte.
Il nous reste maintenant à exposer som-
mairement le système de Scbelling. D'abord
ami de Fichte, il avait été séduit par sa
tiiéoric de la subjectivité absolue, dans la-
quelle il croyait trouver cette unité systé-
matique que Kant avait promise et n avait
point donnée. Devenu plus tard son rival, il
substitua à cette théorie celle de Videntilé
absolue^ que Tenneman expose de la manière
suivante dans son Manuel de fhistoire et de
la philosoohie : « C'est en poursuivant cette
idée, que la science doit reposer essentiel-
lement sur Tunité originelle de ce qui sait
et de ce qui est su, gue Schellins arriva
enfin au système de r indifférence au diffé-
rent^ en quoi consiste, dit-il, la mesure de
Tabsolu ou de Dieu. Cet absolu est annoncé
h notre esprit par un acte absolu [de con-
naissance, acte ^dans lequel le subjectif et
Tobjectif concourent implicitement et indis-
tinctement Ce que se propose la philo-
sophie de Schelling, c'est donc de connaître,
au m.oyen des idées de la raison, l'essence
et la forme de toutes choses ; pour elle, être
et connaître sont identiques. C'est un idéa-
lisme transcendantal, qui fait sortir toute
science non plus du principe trop exclusif
du moi, mais d'un principe plus élevé, de
l'absolu renfermant dans son sein et le moi
et la nature...
« L'absolu n'est ni infini, ni fini, ni être ni
connaître, ni sujet ni objet : c'est ce en quoi
se confondent et disparaissent toute opfjosi-
tion, toute diversité, toute séparation,
comme celle de sujet et objet, de savoir et
être, d'esprit et nature, d'idéal et réel; c'est
donc inclivisiblement l'être et le savoir
absolus, ou l'essence collective de tous les
deux. C'est l'absolue identité de l'idéal et
et hors d'elle il n'est rien réellement; par
conséquent il n'est rien de fini qui existe en
soi. Tout ce qui est est identité absolue et
son développement propre. Ce développe-
ment a lieu par les oppositions de termes,
qui, résultant de l'absolu identiaue, comme
le type et l'empreinte, comme la face et le
revers, comme le pôle et son antipode, sor-
tent du sein de cet absolu avec un caractère
dominant, tantôt plus idéal tantôt plus réel,
et qui rentrent réunis;de nouveau par la loi
de totalité, d'où celte' proposition : L'iden-
tité dans la triplicité esi la loi du déreloppe-
ment. Or, ces dégagements de Fabsolu sor-
tant de son immobile uniformité, Schelling
les qualifie de diverses manières, les nom-
mant tantôt division de labsolu on mode
de différence ( dans son opposition des vrais
rapports de la philosophie de la nature avec
la théorie de Fichte); tantôt révélation
spontanée de l'absolu, tantôt encore chute
des idées tombées de Dieu ( dans son ou-
vrage intitulé : Philosophie et Beligion),
Celle manifestation nous donne la possibité
de connaître d*une manière absolue, et la
raison est elle-même, en tant qu'absolue,
ridentité de l'idéal et du réel. La forme
essentielle de Tabsolu est la connaissance
absolue, connaissance dans laquelle l'iden-
tité, l'unité passe à l'état de dualité, et peut
se rendre par cette formule : A = A. En
conséquence voici les principales consé-
quences de cette doctrine : i** Il n'existe
qu'un seul être identique : toute différence
entre les choses relativement à leur réalité
est purement quantitative et non qualitative,
et réside dans la prédominance du point de
vue objectif ou subjectif, de l'idéal et du
réel. Le fini, produit d'une réflexion toute
relative par sa nature, n'a qu'une réalité
apparente. 2*" L'être absolu se révèle dans
la génération éternelle des choses, lesquel-
les constituent les formes de cet être uni-
3ue. Toute chose est donc une manifestation
e l'être absolu sous une forme détermioéo,
et il ne peut rien exister gui ne participe
de l'Etre divin. De là |il suit que la nature
elle-même n'est point morte, mais vivante
et divine, ainsi que l'idéal. 3"* Cette mani-
festation de l'absolu s'est produite juir les
oppositions ou corrélations qui apparaissent
è différents degrés du développement total
où se rencontre une prédominance diverse
tantôt de Tidéal, tantôt du réel; ces opposi-
tions ne ;sont donc que l'expression de
ridrntité. La science est la recherche de ce
développement; elle est une imagée de l'u-
nivers, en tant Qu'elle déduit les idées des
chosesde.Iapenseefondamentalede l'absolu,
d'après le principe de l'identité dans la tri-
plicité, et en tant [que dans cette construc-
tion, comme rappelle Schellins, elle repro-
duit la marche de la nature, c est-à-dire la
succession des formes qu'elle revêt tour à
tour. Or, cette construction idéale est la
philosophie ( science des idées ) : le pins
haut point de vue philosophique est celui
suivant lequel on n'envisage dans la plura-
lité et la diversité qu'une forme relative,
et dans cette forme que l'identité abso-
lue. »
Enfin, pour terminer cette longue énumé-
rationdes formes sous lesquelles l'idéalis-
me s'est produit, nous dirons quelques mots
de Hegel, l'un de ses derniers représentants
en Allemagne. C'est aussi Vunité qu'il cher-
che en*tout et partout. Cette ufUte^ il la voit
dans V identité de l'existence et de la pen-
sée, et dans /'um^^ de la substance qui existe
et qui pense. Cette substance, c'est Dieu,
qui se manifeste et se développe sous toutes
sr
PAN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
38i
les formes. Par I^abstracCion de retendue et
df la pensée, en réduisant retendue à n^ètre
qo*uii point indiyisible, et la pensée une
notion qui D*a rien de distinct, Hegel arriye
è fémUf qui renferme retendue et la pen-
sée. L'absolu sera à la fois Tétro pur et la
notion pure, Tétre et Tidée, Tidéal et le réel.
L'ibsoinaura la faculté de se manifester, de
se déTelopper» et il se développera en trois
époques. L'idéei Tétre ou Tabsolu se revë*
Un d'abord des qualités abstraites et for-
vera la logique : elle apparaîtra comme
30Qd6 extérieur, et ce sera la nature; elle
coDbQuera ce développement comme esprit.
km sont constituées les trois parties de la
ptiilosopbie de Hegel.
Ho ponlbéisqie matérialiste.
Comme le panthéisme a i)Our conséquence
immédiate de corrompre ou plutôt de dé-
truire la notion de Dieu, et n est, à le bien
pnodre, qu'un athéisme déguisé, son ex-
pression la plus vraie, sa conclusion la plus
Ngiqoe et la plus pratique est le matéria-
liHBe;car te premier et le plus infaillible
del de l'altération ou de l'anéantissement
deTidéede Dieu dans les intelligences, c'est
^iinvr l*borome tout entier aux sens et &
inudère, dont les réalités le touchent de
trop lires, pour que les croyances qu'elles
délenDinent en lui ne résistent pas è toutes
lesfictioBs de la raison, quelque effort qu'il
tee pour les réduire dans la spéculation &
h simple idéalité. L'idéalisme le plus com-
plet, le plus absolu, se résout donc en défl-
BjtiTe dans le matérialisme. Dès que Dieu
B'eslpins au'une idée, ei une idée fausee^
Teaipirede la matière est assuré, la domi-
ution des sens et de Jours nécessités est
^lie, et toute la viedel*homme s'ordonne
en conséquence. C*est ce que prouvent in-
Tiociblement toutes les théories sociales et
lioinanitaires qo*on a essayé de fonder sur
^ panthéisme. Toutes, sans exception, abou-
lusent i la divinisation et an culte de la na-
ïve, parce que dans tout système où Dieu
s'identifie et se confond avec la nature, c'est
^^cessairement la matière qui est Dieu.
Voilà pourquoi Spinosa nous parait être Tin-
l^fprèie le plus exact et le plus sincère des
mrines pantbéistiques dans les temps
Mêmes, et c'est aussi pour cette raison
<}Qe nous avons voulu clore Thistoire de
^Ue grande erreur par l'expositioa de son
'istèmequi résume teus les autres» et par
^^uel s'expliquent toutes les folies des seè-
vres de nos jours.
Spinosa ne fit d'ailleurs que reproduire,
|v x^vc siècle, le vaste nrstème de matéria-
lise qai s*était organise parmi les Arabes
jwtt les sociétés secrètes dont la Syrie et
^%p(e furent les principaux foyers; sys-
i^e qa*OQ peut ramener aux maximes sui-
^Qies : Il n V a pas d'autce Dieu que la na-
li<R matérielle; pas d'autre culte que celui
^Q Pbisir; pas d'autre droit que celui de
» Kifie. U doctrine de David de Dinant
petit également être considérée dans se3
points principaux comme contenant le ger-
me du spinosisme. Pour lui, comme pour le
philosophe juif. Dieu est la matière uni-
verselle : les formes, c'est-à-dire tout ce qui
n*est pas matériel, sont des accidents ima-
S inaires. La matière première dépourvue
e toute qualité, et conçue néanmoins com-
me quelque chose de positif, tel était, se-
lon lui , le fond commun do ce qu'on dési-
gne, soit sous le nom d'esprits, soit sous
celui de corps ; et comme elle devait être
nécessairement identique partout, par cela
même qu*elle n*avait aucune propriété spé-
ciale, il en concluait l'identité absolue de
toutes choses. A la vérité, lorsqu'il disait
que Dieu est la matière, il n'entendait pas
ce mot dans le sens qu*il reçoit lorsqu on
l'applique uniquement aux corps ; mais son
système n'en rentrait pas moins dans le
panthéisme matérialiste, puisque d'une part
il identifiait radicalement l'esprit avec la
matière, et que, d'autre part, c était sous la
notion de celle-ci au'il se représentait la
substance universelîe. {Précie de rhiitoire
de la philosophie.)
Ce sont ces mêmes doctrines que Spinosa
a développées plus tard avec toute la rigueur
de la métliode mathématique, et dont il pré-
tendit donner la démonstration complète,
en la présentant comme la conséquence ma-
nifeste des principes qu'il disait emprunter
à Descartes lui-même. « Cet esprit de rné*
thodeet de précision scientifique, dit Ten-
neman, Taraenak cette théorie remarqua-
ble, suivant laquelle il n'existe qu'une seule
substance. Dieu, l'être infini av«:c ses attri-
buts infinis d'étendue et de pensée; toutes
les choses finies étant de pures apparences»
des déterminations ou modes de l'étendue
infinie et de l'infinie penséo. » La substance
n'est pas un être individuel, m.iis elle fait
le fond de toute individualité; elle n'a point
été«faite, elle subsiste par elle-même (cauea
sut). Il n'y a que l'individuel, ou, autre-
ment, les modifications des attributs infinis
de la substance qui commencent à être, sa-
voir : du seia de l'étendue infinie, le mou-
vement et le repos ; et du sein de l'infinia
pensée, les modes de l'intelligence et de la
volonté. Tout corps particulier, toute intel-
ligence finie ont pour fond et pour soutien,
les uns l'étendue sans limite, les autres, la
pensée absolue ; et ces deux infinis forment
entre eux une unité nécessaire, se oorres«
pondent intimement sans qu'aucun des deux
ait engendré Tautre. Toutes les choses finies,
corps et Ames, sont en Dieu ; Dieii est leur
cause immanente {causa naturans) : il n'est
point lui-même une chose finie , auoique
toutes les choses finies procèdent de la subs«
tance divine, et cela nécessairement et non
lias en vertu d'idées et de buts prédétermi^
nés. Il n'y a point de hasard. Il n'y a qu'une
nécessité unie en Dieu avec la liberté, parée
qu'il est l'unique substance dont l'existence
et les actes ne sont lim**^ "•* ■«^•.une au-
tre. Dieu agit en verf '-**^
rieure, inhérente a<
385
PAxN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
5SI
son être, et sa volonté est inséparable de sa
connaissance. Il n'existe* point de causalité
finale déterminée librement vers tel ou tel
but, il n'existe de causalité que celle de la
nature même et de sa constitution propre.
La notion directe immédiate d'une inaivi-
dualité réelle et actuelle s'appelle l'esprit,
Tâme (mens) de cette individualité; et réci-
proquement celte individualité, considérée
comme l'objet direct d'une telle notion»
s'appelle le corps de cette âme. Ces deux
choses ne forment qu'un seul et même ob-
jet, que l'on envisage tantôt sous l'attribut
de la pensée, tantôt sous l'attribut de l'éten-
due. Toutes les idées, en tant qu'on les rap-
ftorte à Dieu, sont vraies; car toutes les
idées qui sont en Dieu correspondent par-
faitement à leurs objets ; d'où il suit que
toute idée absolue, en d'autres termes toute
idée (;omplète en nous , correspondante à
un objet, est une idée vraie. Le faux a sa
raison dans la privation de la pensée, résul-
tat de son application à des idées désordon-
nées et corrompues. L'essence éternelle et
inQnie de Dieu comprend en soi l'idée de
toute réalité particulière; et réciproque-
ment la notion de lêtre universel et inQni,
comprise implicitement dans toute idée, est
une notion adéquate et parfaite. Par consé-
quent l'esprit humain possède indubitable-
ment une notion adéquate de cet être divin.
C'est dans la pensée active et vivante de la
réalité de Dieu que consiste notre félicité
suprême ; car plus nous savons la reconnaî-
tre, plus nous sommes portés à vivre selon
ses volonti''S, et en cela consiste à la fois no-
tre bonheur et notre liberté. Notre volonté
n'est pas absolument libre. En effet, l'âme
est déterminée elle-même par une autre
cause, et ainsi de suite. 11 en est de même
des autres facultés de notre ftme, dont
aucune n'est absohie et indépendante en
soi.
§IIL
Conséquences et rôAitaUon du panUiéisme.
Nous avons dit que le panthéisme n'était
qu'un athéisme déguisé. G est cette assertion
que nous avons & justifier, et par là même
sera démontrée l'ab^rdité de cette doctrine.
Car tel est le caractère particulier de cette
monstrueuse erreur, qu'en détruisant la
notion de Dieu, elle ruine du même coup le
système tout entier de la connaissance hu-
maine.
1* £l d'abord le panthéisme dénature l'idée
de l'unité divine. L'unité des panthéistes
n'est point cette unité substantielle, cette
«saenco pure, simple, indivisible que notre
raison, d'accord avec la foi, conçoit distinc-
tement, toutes les fuis que, dans ses con-
iemjilations intellectuelles, elle s'arrête sur
ridoede Dieu, et cherche à la saisir dans sa
véritable nature. Dieu est un et immatériel,
Toilà ce que nous avons démontré. Mais ce
que les panthéistes appellent l'unité premiè-
re, absolue, n'est qu'un com(>osé de parties,
qu'un assemblage bizarre de choses inio-
b»^rentes et contradictoires, qu'une horrible
confusion de toutes les existences, qu'un
monstrueux chaos où le fini et l'infini, le
contingent et le nécessaire, le relatif et l'ab-
solu, l'actif et le passif, le subjectif et t'oli-
jectif, le connu et ie connaissant, les causes
et les effets, les phénomènes et les lois, les
esprits et les corps, le moi et la nature, le
monde et Dieu, l'éternel et le passager, le
variable et l'immuable, sont jetés pêle-mêle,
et ne forment plus qu'un tout, qu'une im-
mense synthèse, qu'on n'a pu avoir l'extra-
vai^anle pensée de ramener à l'identité,
qu'en faisant violence à toutes les notions
du sens commun. Si Dieu est l'unité pure,
comment la notion de cette unité est-elle
conciliable avec la pluralité et la diversité
des éléments que les panthéistes font entrer
dans l'idée de leur Grand-Tout 7 Si Dieu et
l'univers no font qu'un, ce n'est plus sous
la notion d'unilé que Dieu se présente à
nous, mais sous la notion de muhipliciti.
Alors Dieu n'est plus que la réunion de toutes
les choses de ce monde. Mais qui dit riunion^
dit tout le contraire de Vuniit. Et en suppo-
sant que toutes les existences fussent réu-
nies sous la condition de l'ordre et de l'har-
monie, cet ordre, celte harmonie supposant
nécessairement la distinction des êtres et
nullement leur confusion, seraient tout au-
tre chose que l'identité.
Mais dès que Dieu cesse d'être un, il cesse
[)ar cela même d'exister. Dieu est tout dans
'hypothèse des panthéistes ; mais, dans la
réalité, il n'est rien. C'est un pur néant,
qu'ils ne nous font voir nulle part, tout en
prétendant qu'il est partout. Je dia que le
Dieu des panthéistes n'est rien ; car une
chose n'existe qu'à la condition d'être dis-
tincte. Et si Dieu, dans nos conceptions, ne
se distingue de rien ; si rien ne détermine
l'idée une nous en avons, c'est que l'objet do
cette idée el cette idée elle-même ne sont
que des chimères ; car qu'est-ce qu'une idée
sans objet distinct ? Peut-il même y avoir
idée, là où il n'y a point d'objet capable
d'être discerné, reconnu, parmi les mille
autresobjets auxquels correspond la connais-
sance humaine. Or, Dieu, dans le systèmedes
panthéistes, n'est pas un être distinct, qui
ait son existence propre et indépendante, car
il ne se distingue ni du fini ni de l'infini, ni
de l'esprit ni de la matière, ni du chan-
geant ni de l'invariable, ni du phénomène
ni de la substance, ni du moi ni de la natu-
re, ni de la mort ni de la vie, ni du blanc ni
du noir, ni du vrai ni du faux, ni du bien
ni du mal, ni de la rondeur ni de la quadra-
ture ; d'où il suit que, comme il e:i»t parlai-
teroent indéterminé dans son essence, dans
sa nature, dans ses attributs, et qu'on ne
peut rien atlirmerde lui positivement, il nj
a réellement rien qu'on puisse en affirmer,
si ce n'est qu'il n'est pas, et que son exis-
tence est purement négative. Remarquons
eu effet que nous n avons l'idée claire du
fini que par son opposition avec Tm/Sfit, du
variable que par son rapport de contrariété
arec Vinvariable, de 1 esprit une par sa diffé-
5Sa
PAN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
58C
reBced*a?ec la malièrey du mot que par son
utilhèse avec le non^moiy du bten que par
sà distinction d'avec le mal. II est évident
que $\ le Goi n*était pas distinct de l'infini,
resprit de la matière, le mode de la substan-
ce, le moi de la nature» le vrai du faux, le
bm du mal, il n*y aurait en réalité ni fini
D! infini, ni esprit ni matière, ni mode ni
sulslance, ni mot ni monde extérieur, ni
rninifaux, ni bien ni mal. Donv ri fout
inclure que si Dieu ne se distingue en
ri^n, c'est qa*il n'est rien lui-même. Donc
Impression la plus vraie du Dieu des pan-
iliéisies, c'est le moi néant. Et voilà com-
mi, en Toulant prouver que Dieu est tout,
Itli^qoe les conduit à cette inévitable con-
s^wnce, qne Dieu n'est rien.
f Après avoir détruit l'idée de Tunité en
Dieajes panthéistes ne détruisent pas moins
rsdicaiement Fidée de la substance divine.
leVédanta, par son idéalisme absolu qui ne
leisse sii1)sister l'unité divine que comme
UQ« pure conception deTesprit sans réalité
bnrs de Fentendement ; Pjjthagore, par la
Mbfasion profonde qu*il fait de la matière
tille resprit dans le sein de la monade éter*
Tifile, confusion qui, en effaçant la distinc-
iMAii»deux substances, anéantit en réalité
Tuv^t (autre, puisque, si elles ont pu être
omiuirement indistinctes, coexister sans
imm ui séparation, on ne conçoit plus
matni elles ont pu devenir distinctes et
>éf4fées ; Fichte, par son système de la
nitjtftmté absotwSf d après lequel le mot et
le non-moi ne sont ix)nsidérés que comme de
iioipies phénomènes de notre intelligence,
et ^e réduisent à deux points de vue d*un
Bi^e fait, à deux formes d'une même pen-
>«et fiuisque Dieu et la nature n*étant que
>.mi*yt limitant par ses propres idées, et
I'rm' n'étant lui-même que le reflet de la
^oscience s'oLijectivant devant son propre
f^rd, toute réalité substantielle disparaît
m milieu de celte fantasmagorie; Schelling,
pr son système de Videnlité absolue^ qui,
P>^dnten princi[)e l'absolue indifférence du
Citèrent, efface toute distinction entre Tidéal
^ le réel, entre le fini et l'infini, entre l'être
(lie non-être, entre le sujet et l'objet, par
«^'nï«*]aent entre le mode et la subistance,
'^ire la qualité et la chose qualifiée, de
^^rte que toute opnosition, toute diversité,
l'^Ue séparation disparaissent au sein de
l'^iernelie confusion où toutes les idées sans
ncqition viennent aboutir et s'identifier
^m le néant ; Hegel, par sa théorie de / afr-
'okqui absorbant iVtrr dans Vidée^ ou plutôt
^iii De reconnaissant d*aiUre entité que Vidée,
'uiaitreiistence absolue, et annihile en
'-(^ toutes les réalités de l'univers ; enfin
^'iQfisa, par son identification de l'esprit et
•f Id matière, qui, comblant l'abîme qui
%^t^ les deux substances, et confondant
^/stesles notions que nous avons de Tune
•idH'aulre, met resprit dans Timpossibi-
l'iémidqQe de caractériser et par consé-
«>efit (l'admettre l'une ou Taulre-Mais com-
^;:'e$t principalement sur les arguments
** Spinosa que s'appuie le panthéisme mo-
derne, ce sont ces arguments que nous nous
attacherons surtout a combattre.
Spinosa interprétant dans te sens de sa
doctrine ce que Dëscartes avait dit de la subs-
tance, qu'il définissait: Ce qui n'a pas besoin
d'une autre chose pour exister, en concluait
que tous les êtres Unis ayant besoin de Dieu
pour exister, ne pouvaient être conçus que
comme de sim])les atti iLuts d'une substaLce
unique ou de l'être divin qui seul existe
indépendamment de toui« autre chose. Mais
cette substance unique, quelle était sa natu-
re ? devait-on la dire matérielle ou si iri-
tueHe 7 On doit juger, dis^ait Spinosa, de la
nature de la substance par ses attribua. Or,
suivant la philosophie deDoscartes, il n'exis-
te que deux attributs fondamentaux, l'éten-
due et la pensée, et, de l'aveu des Carté-
siens, l'étendue suppose une substance ma-
térielle.'
Mais d'abord les cartésiens répondaient
que s'il est vrai de dire qu'une substance est
ce qui n'a pas besoin d'une autre chose,
comme sujet dans lequel elle réside, /an-
Suam subjecto^ une substance peut cepen-
ant avoir besoin d'une autre cnose, comme
principe et cause, tanqtutmprincipio et causa.
Cette distinction présu{)posée, il s'ensuivait
bien que Dieu est la seule substance com-
plète et absolue, puisque, sous aucun ra|)-
port, il n'a besoin d*une autre chose ; mais
il s'ensuivait aussi que les êtres finis, quoi-
qu'ils eussent besoin de Dieu, comme prin-
cipe et cause, pouvaient être des substances
incomplètes sans doute, m^ds réelles, puis-
qu'on les concevait comme sujets d'attri-
buts, et non comme simples attributs d'un
sujet.
En second lieu, de ce qn'il n'existe que
deux attributs fondamentaux, l'étendue et la
pensée, il ne s'ensuit pas qu'il n'y a qu'une
seule substance, la substance matière, car
si l'étendue suppose la matière, la pensée
supj)Ose l'esprit : et l'on ne pourrait identi-
fier la substance, sujet de l'étendue, avec la
substance, sujet de la pensée, qu'en identi-
fiant la pensée simple et indivisible par sa
nature, avec l'étendue divisible et multiple.
Or, c'est cette identification que Spinosa est
obligé d^admettre pour conclure l'unité de sa
substance Dieu, taisant ainsi violence à la
conscience humaine qui rattache invincible-
ment à l'unité du moi toutes les modifica-
tions de la pensée, comme la raison rattache
h un sujet multiple et composé toutes les
modifications de l'étendue. Ainsi la confu-
sion qu.'il fait de la nature, de la pensée
avec celle de l'étendue le conduit nécessai-
rement à dénaturer Tidée de substance, puis-
que nous ne connaissons clairement la ma-
tière que par son opposition avec l'esprit, et
que nous ne distinguons l'une de l'autre
qne par la distinction de l'étendue et de la
pensée. Donc effacer cette distinction, c'est
anéantir l'idée de substance, el, par l'in-
compatibilité de deux attributs qu'un même
sujet ne peut évidemment réunir, en rendre
la conception impossible : car rien n'est plus
contradictoire que l'unité et la pluralité.
387
PâN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
S8S
efiTet» dans le système de Spinosa, Dieu,
considéré seulement sous le point de Tue
de la pensée, serait parfattemeot un et iden*
tiaue & lui-même. Hais, considéré sous le
point de vue de retendue, il serait multiple
comme la matière, il ne serait qu'une col-
lection d*atomes, en un mot, il ne serait
autre chose que le monde physique, avec
tous les corps qu'il renferme ; c'est-à-dire
qu'il serait h la lois un et plusieurs, simple
et «M)mposé, indivisible et sujet h la division.
Or il n y a point de substance de cette na-
ture ; donc sa substance-Dieu n'est qu'une
chimère.
3' Les panthéistes porlent encore plus di-
rectement atteinte, s il est possible, à l'idée
de Dieu, en niant toute production, toute
création ; or, si Dieu n'est plus créateur, il
n'est plus tout-puissant; s'il n'est plus créa-
teur, il n'est pius l'être nécessaire, il n'est
plus cause; et s'il n'est plus cause, il n'est
plus rien, attendu que nous ne le connais-
sons que par l'idée de cause, et par l'idée
de cause suprême, universelle, nécessaire.
Dieu n'est plus créateur, selon les pan-
théistes, car, dans tous leurs systèmes, ridée
d'émanation est substituée à l'idée de créa-
tion. Or, l'idée de création implique la réa-
lisation de ce gui n'était pas, tandis que
ridée d'émanation implique seulement, ou
la manifestation de ce qui existait à l'état
latent, ou le dégagement d'une réalité anté-
rieurement distante, mais confondue avec
d'autres réalités, ou le développement de ce
qui existait déjà, avec toutes ses parties con-
stitutives dans un germe.
La doctrine des Hindous., comme celle
de Pytbagore. comme celle des Eléates mé-
taphysiciens, comme celle des gnostiques,
sont toutes d'accord pour n'admettre aucune
production réelle, et pour abolir ainsi l'at-
tribut essentiel et fondamental de la Divi-
nité, sa puissance créatrice.
C'est cette puissance créatrice dont Spi-
nosa s'applique k démontrer l'impossibilité.
Partant des principes dont Descartes s'était
servi pour prouier l'existence de deux sub-
stances distinctes, l'esprit et la matière, il
prétendit, au contraire, en conclure l'iden-
tité absolue de substance, en ce sens que
tous les êtres particuliers ne pouvaient être
conçus que comme les attributs d'un seul
sujet, «i La définition cartésienne de la sub-
staiice reposait sur la distinction de sujet et
caus^ : elle impliquait qu'il existe ou qu'il
peut exister non-seulement des substances
d'attributs, mais une substance, cause pro-
ductrice d'autres substances. Or, suivant
Spinosa, cette production répugne ; car, ou
la substance qui produit et la substance
produite ont des attributs différents, ou
elles ont les mêmes attributs. Si elles ontdes
attributs différents, on ne peut concevoir
que l'une soit la cause de l'autre, puisque la
cause ne peut pas produire ce qu'elle ne ren-
ferme pas. Si, au contraire, elfes ontles mê-
mes attributs, elles ne sont pas distinctes?
Comment, en effet, Descartes prouve- t-fl que
l'esprit ei la. matière sont des substances dis- .
tinetesTll le prouve en s'appuyant sur cet
unique fondement, que l'attribut de l'un, la
pensée, n'est. pas l'étendue qui est l'attribot
de l'autre. Donc, disait Spinosa, on ne peut
alarmer la distinction des substances que
par la distinction même des atuîbals;6t,
dès lors, si la substance qu'on suppose
productrice, et la substance qu'on suppose
produite ont les mêmes attributs, elfes oe
peuvent pas être deux substances «lifféren-
tes. » (Précis de Chisioire de la pkilo$opkit.)
Bayle Gt observer que ce dilemme ne dé-
montrait pas ce que Spinosa prétendait dé-
montrer; car, dans l'hypothèse où la sub-
stance productrice et la substance produite
ont des attributs différents, on ne peat con-
clure de ce nue la cause doit contenir ce
qui est dans 1 effet, qu'elle doive le contenir
sous le même mode ou au même degré ; la
cause infinie peut contenir éminemment,
c'est-à-dire, sous un mode parfait ou infini,
ce Qu'elle communique à ses effetssous uo
mode fini ; dès lors, bien que les subslanees
produites aient les mêmes attributs que la
substance qui les produit, en ce sens qu^iis
se trouvent é.ninemment en celle-ci, elles
ont néanmoins des attributs essentieileœent
différents, en ce sens que ce qui estiaipa^
fait en elles est parfait dans leur cause. Si,
au contraire, les deux substances ont les
mêmes attributs, il s'ensuit bien qu'elles ne
sont pas différentes spéoifi(]tu6ment; mais
il ne s ensuit pas qu' il ne puisse exbter^oos
les mêmes attributs, deux substances indi-
viduellement^et numériquement distinctes.
Ainsi, Spinosa qui prétendait n'attaquer
par ses arguments que l'idée de création,
attaauait l'existence même de Dieu dans ce
qu'elle a de plus manifeste etdeplussensi-
bleà l'intelligence humaine. Dieu, sansdeute,
a en soi la raison absolue de son existence;
il existe indépendamment du monde, et
ce n'est pas par l'existence du moode
qu'il a créé que s'explique son existence.
Mais pour l'homme, cette existence ne se
révèle que par le rapport du monde à sa
cause, et dans l'ordre logique de nos con-
ceptions, Dieu, considéré en dehors de
toute révélation, n'est que la raison pre-
mière, éternelle, infinie, du monde et de
tous les êtres qu'il renferme. Nier touia
(production, c'est donc nier nou-seulemeot
a cause, mais encore les effets; car les ef-
fets ne s'expliquent pour nous que par la
cause ;;et s'il nous était possible de ne plus
croire à celle-ci, nous aurions la mèoa
raison de ne plus croire à aucune existence,
à aucune réalité. Ainsi, l'athéisme de Spi*
nosa conduit directement au nihilisme.
4* Le panthéisme détruit Tidée dmfini.
Dieu est tout : voilà la formule la plus ri-
f;ourense, la conséquence dernière et abso-
ue de cette doctrine : mais quoique, en
théorie, les {vinthéistes ramènent tout à
l'identité par le fait, et par le langage même
dont ils se servent, ils admettent la distin-
ction du fini et de l'infini, puisqu'ils noi-n-
ment l'un et l'autre, et qu'ils ne pourraient
les nommer, s'ils ne concevaient pas leur
:»9
PAN
DlCTIOiNNAlRE APOLOGETIQUE.
PAN
590
f
(»P|iOsition, lear différence. C'est donc par
une pure fiction de la raison qu'ils les con-
fondent; car» dans leur esprit, ce n'est pas
leur identité qui est réelle, c'est tout au
lus lear unification. En un mot, ils veu-
eo( oue tout soit un^ et pour que tout soit
ijo,i[ faut nécessairement que la multipli-
uié soit absorbée dans l'unité, que toute
Ttriélé disparaisse dans le sein de Téter-
fiti.'le et unique existence. Hais, tout en
mlînèni que tous les ôtres de la création
ce sont que les modifications d'une seule
substance, tout en prétendant que les divers
iDoiJesde l'étendue et de la pensée ne sont
quâ les manifestations ou les formes de
leiisteoce universelle; ils conçoivent for-
n^eni ces modes, ces manifestations
imm finies, comme passagères, comme
successives, comme contingentes; cartons
l<â phénomènes de la pensée ne sont pas les
niéiiies, toutes les dimensions de l'étendue
Be mi lias identiques. Ces modes de la
posée se bornent mutuellement dans les
temps; ces modes de l'étendue se bornent
ftciproquement dans l'espace. Or, si toutes
os choses oe sont que les attributs de Tu-
mié absolue, voilà le Qni introduit au sein
^ rinfîni; voilà le changeant et le va-
nUilcffièlé avec le nécessaire; voilà la
{'ioralitf et le nombre confondus avec l'iu^
ûi^kibit; voilà l*imperftction qui souille
Ikûmipiible pureté de l'être parfait. Il y
'p^^; il est évident que l'union, eu, si Ton
veflt, l'unification du fini avec l'infini dé-
inuj^ par cette adjonction, même la notion
<kriQ(ini; car l'intini plus le fini ne fait pas
riaâfli. Celui-ci change de nature, du rao-
JE(ii(qu*il reçoit et absorbe en lui le fini.
Its bornes de Kun deviennent les bornes
^i'sotre, puisqu'alors l'infini, devenant
A5re{rtil}|e d'augmentation et de diminu-
^«it perd sa qualité absolue, pour rentrer
à^ la sphère des choses relatives.
^' le panthéisme détruit l'idée del'éter-
otéelderiiumutabilité de Dieu. En etfet
^ qui est étemel est nécessairement tou-
fonle même. Ainsi, dans le système chré-
^o»Dien, conçu comme parfaitement dis-
^tdes créatures, est par le même clai-
Rfiieut conçu comme éternel, parce que
^*^ (ie contingent n'entrant dans la notion
?>^ la foi nous eu donne, son éternité n'est
{■our DOtts que son éternelle identité avec
*^'Qiéffle. Lors donc que nous parlons de
^ éternelle justice, de son éternelle sa-
P=^^, (le son éternelle bonté, de son éter-
^•'^ YoloDlé, etc., nous entendons parler
^•Imenietabsoiumentd' une justice, d'une
'*^8^, d'une bonté, d'une volonté qui ne
^ cémentent jamais, qui ne se modifient
^^^S qui n admettent jamais ni plus ni
*^'w, ni commencement, ni pro^^rès, ni
H^entation, ni diminution, ni enfin rien
r^^V^^ ressemble, à l'instabilité et au
'^l^dement. Mais dans le système panthéis-
^* ^ distinction de^ êtres étant effacée, et
N ce qoi existe dans la nature, tout ce qui
^Muitdans le monde, tout ce qui appa*
^<ui aosyeuxy naissances et destructions.
mouvements et renouvellements, formes et
phénomènes de toutes sortes, n'étant que la
manifestation indéfiniment variée de 1 exi»-
tenr.e divine, l'éternité de Dieu n'est plus
compréhensible. Il y a même contradiction
dans les termes ; car qui dit instabilité, chan-
Sement, développement, dit tout le contraire
'éternité. Si les diverses formes du monde,
si les diverses révolutions de la nature, si
les diverses phases de l'humanité ne sont
quedes transformations, des développements
successifs de la substance divine, celle-ci
n'est pas éternelle ; elle ne l'est ni dans son
être qui, par ce développement et cet ac-
croissement d'existence substantielle, reçoit
de continuelles adjonctions, ni dans ses
modes qui varient incessamment, sous le
rapport de l'espèce et du nombre, du temps
et au lieu, etc. En un mot, ce qui ^st d'une
évidence absolue, c'est que l'immutabilité
e^t la condition de l'éternité. Or, comment
soutenir sans absurdité que Dieu est im-
muable, lorsque l'idée la plus claire que
les panthéistes nous en donnent n'est que
l'éternel spectacle des évolutions et des mé-
tamorphoses de la nature ; lorsque, dans
l'hyjiothèse où tous les êtres n'en font qu'un,
la vie divine ne peut être que la perpétuelle
succession des innombrables accidents de
l'universTon abeau vouloir se faire illusion,
rien n'est plus certain, aux yeux de ma
conscience, que les continuelles transfor-
mations de ma pensée, que Tinsiabilité de
mes idées et de mes sentiments ; rien n'est
plus certain pour mes sens, que la mobilité
des combinaisons de la matière, que la va-
riabilité des apparenccc visuelles, que les
changements de toutes sortes dont le monde
des corps est le théâtre. Or, si mes pensées
ne sont que des modes de la substance uni-
3ue, Dieu change continuellement avec moi
e sentiments, d'opinions et de volontés; et
il faut en dire autant par rapport aux pen-
sées de chacun de mes semblables, de cha-
que société, et de l'humanité tout entière
aux diverses époques de son existence. De
même que si toutes les figures dont l'éten-
due matérielle est susceptible ne sont que
des manifestations de rêtre divin, Dieu
change à chaque instant avec la nature se-
lon les saisons, les années et les siècles ; et
au lieu de dire que tout est identique, il
faut dire que cette prétendue unité divine
n'est pas un seul jour, pas un seul moment
semblable à elle-même. Donc elle n est pas
éternelle, puisqu'elle n'a pu exister sans
attributs, et que tous sont contingents.
6" Enfin le panthéisme, en niant la dis-
tinction des êtres, non-seulement détruit en
Dieu l'inaltérable pureté de son essence, et
dans l'homme la liberté, mais encore atta*
que la première, la plus évidente, la plus
inébranlable des vérités de sens intime et de
sens commun. Et ici nous avons à démon-
trer la fausseté de cette doctrine par la pro-
fonde immoralité'de ses conséquences non
moins que par rabsurdîji^jii, ''^ «■'•ncipe.
Si Dieu est tout, to^* «*Vle
mal, le crime et 1^
SOI
PAN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
:;m
les actions que nous admirons; comme celles
que nous avons on horreur, lés faits qui ex-
citent nos remords* comme ceux dont^notre
conscience s*app1audit. Et qu*on ne dise pas
que dans un système où tout est identique,
où tout ce qui arrive est un résultat néces-
saire de Ténergie de la^ubslance, la notion
de vertu et de vice est radicalement détruite.
Elle Test théoriquement sans doute,- et du
pointde vue où se place fictivement Spino-
sa; mais elle ne Test pas et ne peut t'étre
de fait, du point de vue de la conscience
humaine. Il fallait bien aue Spinosa admit
la distiiictiou du bien et du mai, du jqste et
deTinjuste, puisque si la supposition d'une
fnorale à côté d^une nécessité absolue est
étrange et contradictoire, elle prouvait du
moins que, dans Pesprit de ce sectaire, Ti-
dée du devoir avait résisté à tous les eCTorls
de sa raison pour tout réduire à l'identité;
car la notion de morale implique celle de
devoir, et s'il existe une règle quelconque
do conduite, il faut admettre /lu moins com-
me possibles des actes contraires et des
actes conformes à cette rè^le. 11 est vrai
que si l'on explique sa doctrine morale
par sa doctrine métaphysique, la just-ice,
relativement à chaque ^tre, ne pouvait
être conçue que comme la mesure de sa
puissance, puisqu'il faudrait pour la con*
cevoir sous une autre nqtion, rentrer dans*
les idées de loi divine obligatoire et de
libre arbitre ; ^mais il s'ensuit que ce 'so-
y)hîsto était inconséquent avec lui-même,
ou i(u'il s'était fait illusion au pointde s'i-
maginer que la morale pouvait se concilier
avec la fatalité; et non pas qu'il eût absolu-
ment perdu le, sentiment des distinctions
morales, et qu'il confondit réelleuïent dans
sa pensée le vice et la vertu, le juste et
Tiujdste, le bien et le mal. Ainsi, lorsque
8pinosa suppose l'existence d'une morale,
il suppose par cela môme le rapport des vo»
lontes et des actions humaines avec Jds
principes et les règles qu elle établit, rap-
port d opposition dans les unes et de con-
formité dans les autres. Mais comme il ad<
met d'une part une nécessité absolue, qui
pèse sur toutes les choses finies, ei d*autrc
))art l'identité absolue de toutes ces choses
arec l'unité divine, les volontés et les actions
humaines, soit bonnes, soit mauvaises, soit
contraires, soit conformes à la morale, ap-
partiennent, en tant que détermination de
l'infini, à là suhstance nécessaire do Dieu,
et n'en sont que les modifications. Voilà
donc l'essence divine souillée par le mal et
l'imperfection, vQilà tous les vices, tous les
-crimes, toutes les infamies divinisés ; voilà
Dieu chargé d^ toutes les immoralités, de
tous les eicès, de toutes les turpitudes que
toutes les passions enfantent: mais aussi
voilà la vertu dépouillée do tous ses méri-
tes, de toiitesa gloire, de toutes ses récom-
penses ; car comme elle n'est que le résul-
tat du développement nécessaire et illimité
lie la substance unique, elle se produit dans
l'homme au même titre que le mouvementdes
cor|AS célestes, ou l'accroissement successif
des plantes, entraînée, comme toutes les
choses dépendantes de l'action des lois de la
nature, dans la connexion f&tale des causes
passagères.
Et ce n'est i>as là une conséquence particu-
lière du panthéisme de Spinosa: c*est celle de
tous les systèmes panthéistes sans exception;
c'était celle du Vedanta, qui^ par la connais-
s;ince de l'identité de touîl^ les existences
avec Punité pure, prétendaitTitTranchir l'hom-
me de toute erreur, de toute ignorance^ de
toute activité propre, de toute liberté,et par là
même de tout péché et de toute possibilité
de péctier. De sorte qu'on ne peut mettre
' le pied dàns^ le panthéisme sans être entraî-
né par la force de la logique à nier, toute
religion et toute morale; toute religion, en
effaçant l'idée de la justice et de la sainteté
de Dieu ; toute morale, en détruisant le libre
arbitre et l'imputabilité des déterminations
humaines. Voyons, en effet, M. Cousin 8>f-
forçant de dégager l'activité libre du moU
du milieu des autres phénomènes de la
conscience, la distinguant avec soin de la
sensation et ^e'ià passivité, la considérant
comme le signe le plus évident de la per-
sonnalité, accumulant les arguments pour
dém - rer sa réalité. Voyons-le ensuite re*
mon . par l'idée du mot et du non-tnoû
c'est-â- lire, par celle des caiises et des ni6-
stanees contingentes^ à la notion d'une cause
substantielle unique au delà de laquelle il
n'y a plus rien à chercher relativement à
l'existence; vous croiriez qu'il va conclure
de là la distinction de Dtf u, de Ihomme ei
de la nature. Nullement, «i Le Dieu de la
conscience, dit-il, n'est {>as un Dieu abs-
trait, un roi solitaire relégué par delà la
création sur le trône désert d*une éternité
silencieuse et d'une existence absolue qui
ressemble au néant même de l'existeiioe;
c*est un Dieu à la fois vrai et réel, à ta fois
substance et cause, toujours siitïstance et
toujours cause, n'étant substance qu^en tant
que cause; c'est-à-dire, étant cause absolue,
une et plusieurs, éternité et temps, espace
et nombre,, e^ssence et vie, indivisibilité et
totalité, principe, fin et milieu, au sommet
de Tôtre et à sm plus humble degrés infini
et fini tout ensemble, triple en/Sn; c^est^à-
dire, d la fois DieUf nature et humanité. En
effet, si Dieu n'est pas tout^ il n'est rien. »
Or, comme Dieu n'est assurément ni Tiiu-
lAanité, ni la nature, nous devons croire,
selon M. Cousin, que Dieu n'est qu'un mot.
Et c'est 1^ effectivement la conclusion la
plus légitime du panthéisme, puisque si
Dieu était identique à la nature et à l*hu«
manité, il ne serait ni plus infini, ni plus
éterncli ni plus immuable que la nature, ni
Plus saint, ni plus juste, ni plus parfait que
humanité, ou M. Cousin voit lui-même le
mélange du bien et du mal, et le contraste
de la perversité et de l'innocence, des plus
horribles forfaits et, des plus admirables
vertus.
Il nous reste maintenant à examiner ce
fameux principe de l'identité de toutes cho*
ses qui Tait le fond du oanthéisme. £st-Il
3»!
PAN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE).
PAN
idi
mi qoe (otH soit identic[iie? Esl-il vrai
(juii oVâit noile part de difTérences, d*op-
p^Kioûs, de conlradlctiotis, d'existences
iistindes el séparées? I^es panthéistes l'af-
inoent; mais sur quoi s'appuient-ils? Que!
M leor principe de certitude? Quel est
k«r rriterium do vérité? Est-ce le téraoi-
|9iizede5 sens? Biais les sens distinguent
.jf^ étendues tangibles, des formes, des sons,
ùt$ coaieurs et des odeurs. Le géomètre
4hieatifie pas le cercle iivoc le triangle ;
lephTsicien, les solides avec les fluides; le
^mie, rbjdrogène avec )*oxygèue ; le
liin^orior, la couleur écarlaie avec ta cou-
Inr bleue; le grammairien, les vxiyelles
iteclescoosonnes; le musicien, le r^avec
ief«l; le botaniste, le narfum de la roseavec^
r«leiirdQ camphre; le gourmet, la ^ave^t
ikodre arec celle du vin de Bordeaux; et
fhumnie frileux, le froid avec le chaud. Est-
«letéiDoigaage de la raison? Mais la rai-
un distingue resfiace d*avecle temps, le
iMle d'afec la substance, la cause d*avec
MK lejaste d*avec l'injuste, le beau d a-
** If iiid, le phénomène d*avec sa loi, le
]î\m\\e d*8vec sa conséaiience, etc. Xa
niviine rassemble pas deux iilées, sans
eilj« la différence, etc. Est-ce le f<^?»oi-
Cie de il conscience? Mais laconsi. ,.ice
siietûttt aussi clairement le m, V dn
9»*9i. et les phénomènes de la pensée
àia'» des autres; elle ne confond pas le
fmkxez la douleur, et le remoid^ avec
liiiqoi accompagne la vertu. Sur quoi
fcfron donc se fonder pour déclarer Ti-
pMlé de toutes choses? Car, en dehors de
6 trois témoignages, il n*y a plus aucune
% aucune tiase d*alIirmation. Cest ce
M. Buehcz démontre parfaitement dans
;F>'fage suivant: « Le panthéiste, dit-il,
\mi de {irincipe de certitude ni de cri-
en aucune ctiose... Il ne lui est point
îs de (larler de la certitude des sens,
les «ens a*ont rien h voir qui ne soit
i^me et eux-mêmes ; de la certitude
b raison, caria raison est lui-même,
^ttoatet partout. Aux yeux du |)an-
^tc, il ne peut y avoir de différence
e la veille et le rave, entre la raison et
tlUie; car cest la substanée unique et
'erselle qui éprouve tout cela. Les rè-
ie> de Phorame qui dort et aliéné sont
m^ aux pensées de Thomme éveillé et
pbuDl de ses facultés intellectuel les. Que
F*ilnier?Hien également. Les Bouddhis-
[J'^'nt parfaitement conséquents lorsqu'ils
furent que tout est illusion et rêverie, et
F i<^ hommes éprouvent comme Dieu
i^^flic une hallucination continuelle et
Pliliirc. »
J^'^ntefois nous n'admettrons pas avec M.
™ïei qu'il ny a absolument rien à espc-
^ d'une discussion avec un panthéiste,
■coiQ qu'il nous est impossible de lui faire
J^i'fer une certitude qui soit en dehors, et
* ''Ji-même, et de. nous. Il est vrai de dire
*^i doute que le panthéiste n*a aucun
•■^f«ï de véritier ses conceptions et d'en
■*''»f la certitude. Mais* pourquoi ? Préci-
Dicn(n?fAir.B APOLUGsriQtiE. 11.
sèment parce que son principe d^identit*^
absolue est posé en dehors de tontes les
données fournies par la conscience, la rai-
son et les sens. Il est posé par un acte
d*a(Tirmation arbitraire qui n'a point de ra-
cines dans rintelligence, et quia contre lui
toutes les croyances naturelles de lesprii
humain. Mais cet acte d^aflirmation fait-il
taire dans te panthéiste là voix de la cod-
* iinre, des sens et de la raison; y détruit-
' il la nature humaine? Non. Les perceptions
du panthéiste sont les nôtres, il entend
'donc, il comprend donc très-bien, quoique
malgré lui, les objections qu!on lui oppose;
il en sent toute la valeur; et comme il parle
le même langage que nous, il distingue in-
dubitablement tout coque nous distinguons
nous-mêmes.
Ainsi nous ne chercherons même pas eu
dehors de lui-même un critérium de certi-
tude pour renverser son système. Cest dans
sa propre conscience que nous en trouve-
rons la réfutation. Or, que dit la conscience
à chaque individu ? C*est quMl existe comme
individu distinct de tous les autresr indivi-
dus, comme personne distincte de toutes
les autres personnes. Et la preuve que le
f>anthéiste croit h son existence propre, à
a réalité de son mot, de sa personnalité,
c'est que, selon qu*il parle de lui-même ou
qu*il parle à un autre, ou qu'il parle d'un
autre, il se sert de mots différents, dont la
signification est três-claircmcnt déterminée
dans son esprii ; sachant fort bien que ces
trois termes» je, /u, t7, exprime^nt, non pas
un seul être, mais trois existences distinctes,
trois personnalités séparées. Si ces trois
personnalités sont identiques, pourquoi
irais mots pour exprimer la même chose ?
ou pourquoi ne les omploie-t-il pas indif-
féremment, quand il parlede soi? Mais non,
il sait ce qu'il veut dire,xiuand il dit: mot,
ioi^ lui. Et il sait tout aussi indubitablement
Sue quand il parle à Tun de ses semblables
e lui-même ou de quelque autre homme,,
il ne parle ni à Dieu, ni de Picuj ni d'au*
cune portion de la divinité. Selon la doc-
trine panthéiste, comme il n'y a qu'uns»
seule substance, il n'y a au monde qu'dnc
seule personne, qu'un seul mot, au n(»iu
duquel devraieiit parler tous les hommes,
puisque toute pro|K)sitfon devrait avoir pour
but d*anîrmer une de ses modifications. Eh
bien ) ici encore le panthéiste se dément h
chaque instant ; car quand H me parle de >a
douleur, de sa tristesse ou de ses besoins,
il veut bien certainement que je croie qu'il
s'agit de ce qu'il éprouve, de ce qu'il souffre
dans son âme ou dans son corps, el non de
ce que souffre Dieu, ou de ce que souffrent
les autres hommes. Etsi, réduit h la misère,
il me tendait la main ppur demander l'au-
mône, il croirait avec raison que je l'insulte,
si je lui répoTidai^que rien ne doit lui man-
quer, attendu que tout est dans tout^ ou bien
S), m'appuyant sur le principe d'identité,
je niais la distinction des pauvres et des
riches, de la disette et de Tanondance, de la
faim et de la satiété.
39»
PAN
DfCTIOiNNAIRE APOLOGETIQUE.
PAN
506
Si mon esprit était un mode de la subs-
tance divine, il me serait impossible de me
concevoir vivant d'une existence propre et
particulière, de déterminer les bornes de
mon individualité, de me séparer dans ma
pensée de sa substance unique dont ma pen-
sée serait un des attributs. Cependant j'ai
ridée distincte de mon fttre et de son iden-
tité» et ma conscience me révèle tous ses
états, toutes ses opérations. Je me conçois
très-clairement comme autre que Dieu dont
j'ai ridée, et dont l*idée dans mon esprit ne
se confond nullement avec celle que j*ai de
moi-même. Or, ceci serait inexplicables dans
Fhjrpothèse des panthéistes, car Vidée du
moif q^ui est certainement celle d*une exis-
tence individuelle et limitée, devrait dis-
paraître et s'absorber entièrement dans la
substance uniquef dont l'idée est tout aussi
incontestablement celle de inexistence uni-
verselle. Cependant autant d'individus dans
rhumanité, autant de consciences, autant
de îTêoL Conciliez, si vous pouvez, cette plu-
ralité de moij attestée par le langage, par la
foi commune, par le témoignage de l'huma-
nité tout entière, avec la supposition d*un
seul être. Si tous mes souvenirs, toutes mes
pensées, toutes mes alTections, toutes mes
volontés étaient les modifications de la
substance divine, la conscience de toutes
ces modifications serait dans cette substance
unique, et non pas dans moi. En un mut,
comme il n'y aurait qu'une ieule persan-
nolilé àxi monde, il n'y aurait qu'une seule
conscience d'une existence infinie ; et chacun
de nous n'a en soi que la conscience d'une
existence finie, passagère, contingente. Donc
l'identité de Dieu et de l'homme est une ab-
surdilé.
Mais est-il besoin de présenter sous des
formes nouvelles des arguments que l'on
retrouve partout, et ne suflit-il point de re-
produire ici les objections irréfutables que
Bayle opposait au système de S|3iuosa dès
le premier moment de son apparition ; ob-
jections qui auraient ruiné complètement le
panthéisme, s'il ne s'agissait contre lui que
d'avoir raison. « Considérez, dit-il, avec
attention ce que je vais dire : S'il y a quel-
que chose de certain et d'incontestable dans
les connaissances humaines, c'est cette pro-
position : Opposita sunt quœ neque de se in-
vicem^ neque de eodem tertio secundum tdem,
ad idem, eodem modo atque tempore^ vere
affirmari possunl ; c'est-à-dire , on ne peut
pas affirmer avec vérité, d'un même sujet,
aux mêmes égards et en même temps, deux
termes qui sont opposés ; par exemple, on
ne peut pas dire sans mentir : Pterre se
porte 6ten, Pierre est fort malade; il nie cela
et il VafRrme. Les spinosistes ruinent cette
idée, et la ialsifient de telle sorte, qu'on ne
sait plus où ils pourront prendre le caractère
de la vérité ; car si de telles propositions
étaient fausses, il n'y en a point qu'on pût
garantir pour vraie. On ne peut donc nen
se promettre d'une dispute avec eux ; car
s'ils sont capables de nier cela, ils nieront
toute autre rais^.ui qu'on voudra Icir allé-
guer. Montrons que cet axiome est Irès-faui
dans leur système, et posons d'abord pour
maxime incontestable que tousies titres quo
l'on donne à un sujet pour signifier once
qu'il fait ou ce qu il soutfre, conviennenl
proprement et pbysicjuemeut à sa subslanccr
et non pas & ses accidents. Quand nous di-
sons le fer est dur, le fer est pesant ; il s*e&-
fonce dans l'eau, il fend le l>ois, nous or
prétendons point dire que sa dureté est
dure, que sà pesanteur est pesante, etc. : re
langage serait trop impertinent ; nous vou-
lons dire que la substance étendue qui h;
compose résiste, qu'elle pèse/qu'elle desecDil
sous l'eau, qu'elle divise le bois. De uèmct
quand nous disonsqu'un hommenie^ aftirine,
se fAche, caresse, loue, etc., nous faisons
tomber tous ces attributs sur la suttslancc
même de son âme, et non pas sur s^ peiH
sées^ et tant qu'elles sont des accidents et
des modifications. S'il était donc vrai,
comme le prétend Sninosa, que les hommes
fussent des modalités de Dieu, on parlerait
faussement quand on dirait : Pierre nie
ceci, il veut cela, il affirme une telle chose;
car réellement et d'effet, selon ce s.vsièiDef
c'est Dieu qui nie, qui veut, qui aiBrmcet
par conséquent toutes les dénomioalioRs
qui résultent des pensées de tous les hom*
mes tombent proprement et physiquement
sur la substance de Dieu. D'où il s'ensuit
que Dieu hait et aime, nie et afllrme \^
mêmes choses, en même temps e( selon
toutes les conditions requises pour faire
que la règle que j'ai rapportée, touchiml les
termes opposés, soit fausse ; car on ne sau-
rait nier que, selon toutes ces conditions
prises en rigueur, certains hommes nai-
roent et n'aflirment ce que d'autres homvm
haïssent et nient. — Passons plosavaut. Les
termes contradictoires, vouloir et nttoMr
pasf conviennent selon toutes ces eondilions,
en même temps à différents hommes; il but
donc que, dans le système de Spinosa, 11^
conviennent à cette substance unique et
indivisible qu'il nomme Dieu. C'est doue
Dieu gui , en même temps, forme raclede
vouloir, et qui ne le forme pas ï l'égard
d'un même objet : on vérifie donc de lui
deux termes contradictoires! ce qui est ie
renversement des premiers principes de ia
métaphysique. — Comme un cercle carri
est une contradiction , une sul)stance t'est
aussi quand elle a de l'amour et de la haino
en même temps pour le même objet. Cu
cercle carré serait un cercle et il ne léserait
pas : voilà une contradiction dans toutes les
formes ; il le serait selon la supposition, et
il ne ie serait pas, puisque la ligure carri^*
exclut essentiellement la circulaire. J'en dis
autant d'une substance qui hait et qui ainie
la même chose ; elle l'aime et ne l'aime pas;
rien ne manque à la contradiction : clic
l'aime, car on le suppose; elle ne l'aime pas,
vu que la haine est essentiellement esclu-
sive de l'amour. Voilà oe que c'est que la
fausse délicatesse : notre homme ne pourait
souffrir les moindres obscurités ou du pén-
patétisme, ou du judaïsme, ou du cbristia-
37
PAM
DICTIONNAIHK APOLOGETIQUE.
PAN
5M
flisine, ctil embrassait de tout cœur une
hT|K)Uié$6 qui alKe ensemble deux tormrs
libM opposés que la fi^re carrée à ia cir-
C!i!ffjre»erquifait qu'utie infinité d*attributs
jiscordtnts et hieonipatibles 6t toute la va*
rjé(i et ranti)iiithie des pensées du genre
tamaiB, se ?érifient foutes à là fois d'une
srale substance très*simple« Où dit ordi-
onremeflt f HO/ raptia, ioi titnsust autafnt de
intinents que de tètes ^ mais, selon Spi-
Boj^f tous lessentiments datons les hommes
lolltdn!$uDeseu^e M(e. Rapporte^ simple-
fotnt de telles choses, c*est lesféruier> ts'est
(sbrretorr clairement les contradictions;
erii est iDBnifestey ou que rien n*esl im-
pssible, BOQ pas même que deui et deux
mot douze, ou qnMI y à dans roui vers
Aiffil de substances que de sujets qui ne
Ïovent recetroir en même temps les mêmes
Dominations.
■Vais, si c'est, physiquement parlant, une
Éssrdité prodigieuse qu*un sujet simple et
ttVjuesoit modifié en même temjys par les
fttsies de tous tes hommes, c est une abo-
■isaiion exécrable, quand on considèi'O cecr
àdtédela morale. Quoi donc! l'être in-
hil'èfre nécessaire, l'être souverain emeni
(Hfiil m sera point ferme, constant^ im-
MUelQae dis-je, immuable! il ne sera
fD on seol moment le même ; ses pensées
nncctkrôni les unes aux autres sans fin
tfjsas cesse; la même bigarrure de pas-
Âmset de sentiments ne se verra pas deux
ki^. Oia est dur à digérer, mais voici bien
|è:mfe mobilité continuelle gardera beau-
tiop d'uniformité, en ce sens, que toujours
-fiDrane bonne pensée Têtre infini en aura
:Wede sottes, d'extravagantes, d*impures,
•fil^minables. Il produira en lui-même
'ijiiesles folies, toulos les rêveries, toutes
ifcsaletés, toutes les iniuuités du genre
JRBiin. H en sera non-seulement ia cause
K'ieoie, mais aussi le sujet passif, le aub-
mm inJutsionis ; îl se joindra avec elles par
h^m la plus intime qui se puisse conce-
" r ; lar c'est une union pénétrative , ou
-iûL uoo vraie identité^ puisque le mode
'^i point distinct réellement de la subs-
e modifiée. Plusieurs grands philosophes
(ouTant comprendre qu il soit compatible
<> lélre souverainement parfait, de souffrir
^erbomme soit si méchant et si malbeu-
i« ont supposé deux principes, Fun bon
autre mauvais; et voici un philosophe
^trouve bon que Dieu soit lui-même Ta-
P'etle jialient de tous les crimes et de
l^tes les misères de Thomme. Que les hom-
^ H haïssent les uns les autres, qu'ils
noire assassinent au sein d'un bois, qu'ils
•ttjeojblent en corps d'armée pour s'enlre-
^(r,<iue les vainqueurs mangent quelquefois
^ laincus, cela se comprend, parce qu'on
*';p>ose qu ils sont distincts les uns des au-
*^>*et que le tien et le mien produisent
l^treenides rissions contraires. Mais que
"' hommes n étant que la modification du
^^ être, n'j ayant par conséquent que
l^^uqui a)çisse, et le même Dieu en nombre
v-< >e modifie en Turc se modifiant en Hon-
grois, il y ait des guerres et des batailles,
c'est ce oui surpasse to«s les monstres et
tous les aéréglements chimérioues des plus
folles têtes qu'on ait jamais renrermées dans
les petites maisons. Remarquez bien, comme
je l'ai iiéQh dit, que les modes ne sont rien,
et que ce sont 4cs substances seules qui a,^is-
sent et qui souCTrent. Ainsi, dans le système
de Spinosa, tous ceux qui disent : Lès AllC'
mands ant tué dix mHte Turrs^ parlent mal
faussement, à moiiis qu'ils n'entendent que
Dieu modifié tn Allemande a tué Dieu modifié
en dix mille Turcs; et ainsi toutes les nhrases
par lesquelles on exprime ce que font les
hommes les uns contre les autres, n'ont
point d'autre sens véritable que celui-ci :
Dieu se hait lui-même ; il ut demande des
grâces à lui^méme^ et se les refuse; H se per-
sécute^ H se tue ; H se mange; il se calomnie;
il ienvoie sur Nckafaud, etc. Un l)on esprit
aimerait mieux défricher la terre avec les
dents et les ongles, que de cultiver une hy-
(lothèse aussi choquante et aussi absurde
que celle-là.
« Ce serait une phrase impertinente, bouf-
fonne > burlesque, que de dirfe : iajoie est
gaie^ la tristesse est triste; c'est une sembla-
doivent être dites de la substance dont
rhomme n'est que le mode. Comment a-t-on
pu imaginer qu'une nature indéjendanle,
qui existe par elle-même, et qui |V)sSède
des perfections infinies, soit sujette h tous
les malheurs du genre humain? Si quelque
autre nature la contraignait à se donner du
chagrin, à sentir de ia douleur, on ne trou-
''veraii pas si étrange qu'elle employât sou
autorite è se rendre malheureuse; on di-
rait ! Il faut bien qu elle obéisse h une force
majeure; c'est apparemment pour éviter un
Elus grand mal, qu'elle se donne la gravelle,
I colique, la fièvre chaude, la rage ; mais
elle est seule dans l'univers; rien ne lui*
commande, rien ne l'exhorte , rien ne la
prie. C'est sa propre nature, dira Spinosa,
qui la porte à se donner & elle-même^ en
certaines circonstances, un grand chagrin et
une très-vive douleur. —Mais, lui répon-
drai-je, ne trouvez-vous pas quelque chose
de monstrueux et d'inconvenable dans une
telle fatalité?
« Les raisons très-fortes qui combattaient
la doctrine, que nos âmes sont une portion
de Dieu, ont encore plus de solidité contre
Spinosa. On objecte à Pythagoras, dans un
ouvrage de Ciceron, qu ii résulte de cette
doctrine trois faussetés évidentes : 1* que la
nature divine serait déchirée en pièces;
2* qu'elle serait malheureuse autant de fois
que les hommes ; 3* que l'esprit humain
n'ignorerait aucune chose, ]>uisquil serait
Dieu.
a Spinosa s'est embarrassé dans une hy-
pothèse qui rend ridicule tout son travail.
Premièrement, je voudrais savoir è qui il
en veut, quand il rejette certaines doctrines
et qu'il en propose d'aul^ "^^^
599
PAN
DICTIONNÀIIIE APOLOGETIQUE.
PAN
490
dra des vérités ? veuMI réfuter des erreurs?
Hais est-il en droit de dire qui! y a des
erreurs? Les pensées des philosophes ordi-
naires» celles des Juifs» celles des Chrétiens
ne sont-elles pas des modes de Pétre inflni,
aussi bien que celles de son éthique ? Ne
sont-elles pas des réalités aussi nécessaires
h la perfection de Tunirers que toutes ses
spéculations? N'émanent -elles pas de la
cause nécessaire ? Comment donc ose-t-il
prétendre qu'il y a là quelque chose à rec-
tifier ? £n second lieu, ne prétend-il pas que
la nature» dont elles sont des modalités» agit
nécessairement ; qu'elle va toujours son
grand chemin ; qu'elle ne peut ni se détour-
ner» ni s'arrêter» ni qu'étant unique dans
Tunivers» aucune cause extérieure ne l'ar-
rfttera jamais, ni ne la redressera? Il n'y a
donc ri^n de plus utile que les leçons de
ce philosophe. C'est bien à lui» qui n'est
qu'une modification de substance» à pres-
crire à l'Être infini ce qu'il faut faire Un
homme comme Spinosa se tiendrait fort en
repos s'il raisonnait bien. »
Est-il assez démontré par tout ce qui pré-
cède que le panthéisme est condamné par le
sens commun » que révolte l'hypothèse ab-
surde de l'identité universelle; parla cons-
'cience qui se résume tout entière dans le
sentiment de l'existence personnelle» dans
la distinction du mot et du non-^mei; par le
langage qui se fonde tout entier sur la dis-
tinction des mots» des idées et des choses ;
par la science dont tous les principes et tou-
tes les applications reposent sur la dis-
tinction des êtres ; par la raison qui nous
fait croire invinciblement à la distinction
et à la pluralité des substances» et qui nous
conduit à la notion de Dieu» non pas» eomme
le prétendent les panthéistes» par l'idée de
l'unité absolue» mais par l'idée de la cause
universelle» l'idée de l'unité divine étant
postérieure à l'idée de cause, puisque l'idée
de cause» étant appliquée au monde et à ses
phénomènes» n'est ramenée à l'idée d'unité
que par l'idée de l'ordre et de l'harmonie qui
régnent dans la nature; par la morale qui a
sa base dans la distinction des volontés fmies
et de la volonté infinie» dans le rapport de
conformité ou d'opposition des actes libres
avec la loi suprême» dans la différence du
vice et de la vertu, du mérite et du démé-
rite; enfin» par la religion qui» n'étant que
le lien d'indépendance et d*amour par lequel
l'homme est uni à Dieu» la créature au Créa-
teur» cesse d*eiister»du moment que Dieu et
i'bomroe» le Créateur et la créature sont
identiques » du moment que les deux termes
Î[ui la constituent nécessairement se con-
ondentdans une seule et même existence»
du moment que toute distinction est effacée
entre l'Etre nécessaire et fêtre contingent»
entre la perfection souveraine et l'imperfec-
tion» le pur et l'impur» le bien et le mal.
D où nous devons conclure que le panthéisme
est un monstrueux mélange de scepticisme,
d'athéisme et de matérialisme » c'est-à-dire
le résumé» et comme le syncrétisme de tou-
tes les extravagances qui ont pu jamais se
produire par l'esprit humain.
Mais tout faux système s'explique par le
but pratique en vue duquel il a été ima-
giné. Or» suivons l'histoire des sectes pan-
théistes» et il sera facile de comprendre
combien cette trilogie philosophique était
commode pour les passions. Par le scepti-
cisme qui est au fond de la doctrine de Ti-
dentité absolue, les panthéistes étaient en
mesure de nier toutes les réalités qui les
gênaient; en réduisant toutes choses à on
système d'illusions et d*apparences» ils n'a-
vaient à craindre aucune des distinctions
physiques et morales qu'on pouvait leur
objecter. Par l'athéisme qui se déduit logi-
quement de leur manière de concevoir la
Divinité» ils pouvaient indifféremment ideo**
tifier l'homme avec Dieu» ou Dieu avec
l'homme» soit en absorbant Tinfini dans le
mo9\ soit en absorbant le mot dans Tinfini ;
et dans l'un et l'autre cas» lune des deux
Scrsonnalités disparaissant et «^évaporant
ans l'abstraction » il ne restait plus que
Têtre» ou plutôt l'existence universelle, de
qui il n'y avait absolument rien à afTirmer,
ni oui ni non» ni vrai ni faux» ni b'en ni
mal. En effet» il est évident que rhumanité*
Dieu, ou le Dieu-humanité ne se devrait à
lui-même ni culte, ni obéissance» ni rému-
nération, ni chAtiment; la volonté par qui
le devoir serait rendu étant identique à celJe
qui imposerait. Par le matérialisme» au-
quel toutes les tendances du panthéisme le
ramènent par le fait, la nature, c'est-i-dire
la matière» se trouvait divinisée dans lous
ses phénomènes, dans tous ses accidents,
dans tous ses mouvements quelconques»
c'est-à-dire» dans toutes les impressions sen-
sibles, dans tous les désirs charnels, dans
toutes les inclinations de l'esprit, qui se
développent à l'orxuision de Taction des
corps sur les sens. Qu'importe aux panthéis-
tes que ces phénomènes matériels soient ou
non des réalités? qu importe qu*on leur
objecte» d'après les principes mêmes de leur
idéalisme» que les plaisirs de la chair, les
voluptés du corps ne sont que des chimères,
des ombres» des fantOmes? Ils passeront
aisément condamnation sur Tidéalité de ces
phénomènes» pourvu que vous leur acoop*
dlez la permission d'en jouir à leur aise^
ne fût-ce qu'à titre (Vapparences. Ils tous
ré{)ondront o^ême que c est pour cela qa*î\s
en jouissent sans remords» car comment
incriminer des illusions^ qui ne sont d*ail-
leurs que des modes de la substance in-
finie?
Les disciples de Carpocrate» de Marc, de
Valentin, les templiers» lessaints-simonions
de nos jours» étaient donc très-conséquenis
avec leurs doctrines» lorsqu'ils regardaieni
les plaisirs les plus honteux comme une
espèce de contribution que Tâmedeyait «ux
anges créateurs» et les actions les plus in-
fâmes» comme des actes de vertu; lorsqu*ils
prétendaient rétablir l'unité sociale absolue,
par la destruction de la propriété et du ma-
riage» auxquels ils substituaient la continu-
^
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
402
mié des femmes et des biens ; lorsque,
^loa le témoignage de saint Irénée , ils
ff^tudaient par la prière aux plus alx)mi-
aibies débaudies, persuadés qu'après ces
qrocations le silence et la sagesse éten-
mnt sur eux un voile impénétrable;
l>r$((Qe, pourrele?er la chair de l'anathème
{urU' cootre elle par le christianisme, ces
•l-rniers posaient en principe que les pas-
»ms .«mensuelles doivent avoir leur pleine
dtfltière satisfaction, comme les senti-
neols da cœur et les besoins de la raison,
dinKesioDt en religion la théorie la plus
rM|»lèlederiinmoralité,de la promiscuité,
Unioe des mœurs et de la famille (401).
FIXTHEISME dos religions dans Tlndc.
r«|, Itoubiisme, |V. — Nouvelle réfutation
4 pinthéisme. Voy, Etres, comment ils
9ft m Dieu (scholie). — Réfuté dans ses
lUories historiques. Voy, Philosophie pan-
niisnQCK db l*histoire. — Panthéisme
Wérîaliste réfuté* Voy. Homme.
hPACTÉ; en avait-on entendu parler
uni )a condamnation de saint Hilaire
•i'irles; erreurs réfutées. Voy. Hiliirb
toi, i Vil. -^ Sa perpétuité et sa stabi-
iaé.r«y. Ylntroduetion, J XV.— Voy. l'art.
'AFEfU PBlMACTi ET SOU AUTORrrÉ DOG-
Rien dansioule I1iis<a|re eccléslasti*
qa« 11*681 aiMsi inriacibleineiildôiiiODlrô
que la suprémalie monarchique du Soa*
verain Ponlire.
(Comle M Maistee, Vu Pape,
L I, c. 6.)
B est, dans le monde, une royauté su pe-
lure à toute autre, par l'élévation de sa
Rlear et la sublimité de son histoire.
Qié spirituelle : les souverains d*ici-has
*i^cnt que sur l'homme extérieur; plus
waseel hlus puissante, elle domine sur
•Inies; elle en a reçu le gouvernement;
• ^n porte, non-seulement le sceptre,
J« les destinées dans ses mains. Leur vie
M entière attachée h deux clefs mysté-
'^'^ dont elle est seule dépositaire; par
elle leur ouvre dans le temps le
r'We trésor de la vérité qui éclaire, de la
[^ q»n sanctifie, et par Vautre, du seuil
wtohe et de l'espérance, elle les in-
Maii dans les régions de la gloire et de
•roortaliié.
Jovaatésans l)ornes : les empires, même
•rlusTastes, ont leurs limites; il est un
per, une colonne , un fleuve, au delà
■^aels le bras de leur chef, f\il-il un
••f ou on Auguste, n'a pas le droit de
Jwodre, ni sa voix celui de se faire écou-
Pî DMis elle peut commander partout ; son
j^tine embrasse tous les Etats, et la ligne
• »e$ frontières se confond et recule avec
J»'»î des rédons connues. Royauté immua-
J: îJJDŒîiable dans sa forme, qui reste per-
wHIeaient identique avec elle-même, et
^"^ant accommodée à toutes les épo-
1^; immuable dans ses traditions et ses
*^5es,| toujours anciennes et toujours
nouvelles, comme la vérité dont elles éma-
nent; immuable dans son autorité, qui,
aujourd'hui môme, tient encore par des
racines plus vigoureuses et plus profondes
que jamais au cœur de l'humanité. Royauté
exemplaire : sur un espace de plusieurs
siècles, vingt autres dynasties vous montre-
ront tout au plus un ou deux princes im-
maculés; presque tous fléchissent sous le
poids des séductions inséparables de la puis-
sance. Elle, au contraire, existe depuis deux
railltians; plus de deux cents fois sa cou*
ronne a changé de fronts ; et, chose admi-
rable autant qu'elle est certaine! parmi ceux
qui l'ont ainsi représentée, le mveau de la
vertu plane habituellement bien au-dessus
des trônes qui les entourent ; souvent ils le
font monter jusqu'au plus éclatant héroïsme,
et c'est à peine si, a travers la continuité
de cette splendeur, vous surprenez trois ou
quatre noms dont on puisse ne pas vénérer
la mémoire.
Enfin, royauté bienfaisante : que ae pou-
voirs oppresseurs ou stériles dans le passé!
Pour elle, ce n'est point sur la force qu'elle
fut établie, c'estsur l'amour, et elle ne l'ou-
blia jamais. A la puissance spirituelle elle
a joint dans la suite des Ages la puissance
temporelle; sa tiare s'est enlacée d'une
double auréole; mais, en prenant les deux
glaives, elle n'a pas cessé de régner par
l'amour, et dans les deux ordres de choses,
ce sentiment l'a toujours richement inspirée
|H)ur le bonheur du monde. Dissiper en tous
lieux l'erreur et la barbarie, prévenir ou
consoler les malheurs et les désastres pu-
blics, recueillir les débris et l'exil de toutes
les hautes infortunes, nréparerTaffranchis-
sement ou défendre la liberté des peuples,
soutenir les droits ou protester contre les
excès des puissances, sauver la civilisation
moderne des ennemis et des naufrages qui
l'ont menacée le plus solennellement dans
sa marche laborieuse, réveiller, encoura-
ger, féconder la science, la poésie, les beaux-
arls, et faire éclore par son sourire leurs
plus brillantes merveilles ; s'associer, et le
plus souvent encore, donner le branle aux
grandes réformes sociales : voilà ce qu'elle
fit dans tous les temps, voilà ce qu'elle fait
encore. Vous comprenez cette royauté ; c'est
celle dont l'auguste Pie IX est couronné ;
c'est la puissance des Papes.
51.
Ce qn*il fiiut entendre par la saprémaUe du Pape. — Ello
a pour fondement sa primauté d*honneur et de Juridic-
tion dont taint Pierre a été revêtu. — Examen critique
des teites évangôlimiea qui prouvent cette suprématie
de saint Pierre. — objections et réponses
Ici se présentent tant de préjugés popu-
laires, tant de faux exposés de nos doctrines»
qu'il est nécessaire de mettre en avant quel-
ques observations préliminaires. Qu'est-ce
donc que les catholiques entendent par la
suprématie du Pai^e? Rien autre chose assu-
rément que ceci: savoir, que le Pape ou
évoque de Rome a, comme successeur ih
'^U Cf. |*£iiaî tur te punthéume dani U% êociélét moderna, par H, Mabet.
4a?
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
m
siînt Pierre, aatorilé et juridiction dans
Tordre spirituel sur toute l'Eglise ; qu'ainsi
il en est le chef visible et le vicaire du
Christ sur la terre. Cette idée de la supré-
matie renferme deux prérogatives distinc-
tes, mais étroitement liées : t" que le Saint-
Siège est le eeiître de lunité ; 2^ qi>'il est
la source de Taulorité. Il résulte^ de la pre-*
mière de ces ])rérogatives, qve i&as les
fidèles doivent être en communion avec le
Saint-Siège, par Tintermédiaire de leurs
})asteurs respectifs, qui formen.t une chaîne
non interrompue q^i lie le dernier des
membres du troupeau h celui quû en a éié
établi le pasteur universel. La rupture de
eette union et de cette communion «constitue
le crime affreux du schisme, et détruit un
principe essentiel et fondamental de la reli-
gion du Ghfist.
Nous cFoyons. pareilien^ent que le Pape
est la source de Tautorité, de sorte quetotis
les pasteurs du second ordre dans TKglise
lui sont soumis, et reçoivent, directement
ou indirectement,. leur juridiction de lui et
par lui. Ainsi c'est entre les; mains du Pape
que réside le pouvoir exécutif pour toutes les
affaires spirituelles, qui concernent TË^Iise;
e*e$t à lui qu'est confiée la charge de con-
tirmer ses frères dans la foi ; son devoir est
de veiller à la réforme des abus et au main-
tien de la discipline dans toute l'Eglise ; s'il
vient d s'élever quelque part une erreur,
c'est à lui défaire les recherches nécessaires
)K)UT )a découvrir et la condamner, et de
Famenerles réfractaires à la soumission, ou
de les retrancher, comme des branches
mortes, de la vigne. Dans le cas de dfeor-
dies graves et capables d'entraîner de dan-
gereuses conséquences, en matière de foi
ou de discipline, il convoque un concile
gf^néral des pasteurs de l'Ëglise, le préside
en personne ou par ses légats, et sanctionne
l>ar son approbation les canons ou décrets
q'ii y out été portés.
Que les hautes prérogatives attribuées par
)es catholiques au Souverain Pontife leur
inspirent pour lui la plus grande vénération,,
on ne doit pas s'en étonner; il serait au
contraire contre toute raison de penser
qu'on pût lui refuser le respect que demande
son subUme ministère. Une si haute dignité
a des droits à la vénération, sans eiaminer
si celui qui en est revêtu est exempt de
toute espèce de faute ou de péché. C'est une
calomnie souvent répétée, que les catholi-
ques s'imaginent que le Souverain Pontife
esta Tabri de toute, trausg^ressiou morale,
et qu'il ne peut commettre aucune action
coupable. Je n'ai pas besoin de réfuter une
imputation si absurde et si grossière. Non-
seulement nous savons Que, malgré son élé-
vation,^ il est sous le poids de la malédiction
prononcée contre Ad<^m, tout (lutant que le
dernier de ses sujets; majs encore nous
croyons que soQ élévation même ne fait que
Tesposer à de plus grands périls encore;
nous croyons qu'il est exposé à tous les
dangers d'olfenser Dieu, qui nous sont or-
dinal t'c*<, et obligé d'avoir recours aux mê-
mes précautions et aux mêmes remèdes qu«
les autres hommes frafçiles.
La suprématie que Je viens de définir esi
d'un caractère purement spirituel, etna
rien de commun avec la possession d'une
i'uridîctioo temporelle. La souverwoeté du
'ape sur tous ses domaines s'est pas une
portion essentielle de sa dignité. Sa supré-
matie n'en, était pas moindre avant que ses
domaines temporels lui fussent acquis ;pi
si les décrets impésétrables de la Prori^
dence déi)Ouillaient dans lasuite des àj^eslc
Saint-Siège de sa souveraineté leniporeiie,
comme il est arrivé à Pie VU, par PasuN
f nation d'un conquérant, son pouvoir sur
'Eglise et sur les consciences d« fidèles
n'en recevrait aucune atteinte.
Cette suprématie spirituelle n'a aaeon
rapport non plus avec l'influence plus élen-
due que les pontifes exercèrent autrefois
sur les destinées de l'Europe. Que le chef
suprême de l'Eglise ait acquis natureUemeol
la plus baule iiofluence et l&i^us puissaiie
autorité sur un état social et poliliçue, qui
avait pour base les principes catholiques, ii
n'y a en cela rien d'étonnant ; ce pouvoir a
comm(Hicé et a ftni avec les institulioos qui
l'avaient fait naître ou l'avaient soutenu; et
il n'entre pour riea dans la cvoyance tenue
par l'Eglisu relativement à la suprématie
du Pape.
La prééminence attribuée à lévégoede
Rome par l'Eglise catholique repjosant sur
ce fait, qu'il est le successeur de saint Pierre,
il s'ensuit que le droit qu'elle prétend avoir
d'en agir ainsi doit nécessairement avoir
Four fondement la preuve incontestable que
apôtre était véritablement revêtu de cette
primauté d'honueur et de juridiction. Le
sujet do la discussion qui va nous occuper
preseute ainsi deux points distincts; nous
allons donc d'abord examine^ si saipt Pierre
a été investi par Jésus-Christ d'ume pri-
mauté, non-seuloment d'honneur, mais en-
core de juridiction sur les autres a|»ô|res;
et, s'il en est ainsi nous devons décidefi
ep second lieu, si ce n'était qu'une simple
préro^iiiiv^ personnelle, ou si elle devait
nécessairement se transmettre à ses succes-
seurs jusqu^à la fin des temps.
1* C'était un usage pratiqué par les
docteurs juifs d'imposer un nouveau pom
à leurs disciples, lorsqu'il leur arrivait de
se distinguer par quelque succès éclatant;
c'est aussi le mojren dont 8*est quelquefois
servi le Tout-Puissant pour signaler un
événement important dans la vie ofe ses ser-
viteurs : il les récompensait de leur tidélilé
passée en les honorant de quelque titre
glorievix et éclato^nt. C'e$t ainsi qu*il cliao-
gea^ les noms d'Abraham et de Sara
(Gen. xvii, 5, 15}, lorsqu'il forma avec le
[)remier Tailiance dont la circoncision était
e signe, et qu'il promit è celle-ci un iiis
dans ses vieux jours, qu'il les bénit Tun et
l'autre, et leur assura que d'eux naîtraient
des naiiont et des rois de peuples. C'est ainsi
encore que Jacob reçut de lui le nom
d'Israël, lorsquoi aprè$ la lultb qu'il a^ut
m
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
406
soulanno coptre fange» il Tassura qu'il lui
m\i toujours donné de prévaloir contre
b hommes. (6en. xxxii, 28.)^ Il est singu-
fierau'àu mooient même où Simon fut pré-
vniéàootre divin Sauveur, il en reçut la
jwmesse d'être honoré d*une distinction
>.inblable : Vous êtes Simon^ fils de Jean^
•rBi iwfs appéli CéphaSf qui veut dire Pierre»
/(M. 1, 42.)
Ce fat dans foceasion où il confessa la
in:s5ieR divine du Fils de Dieu que cette
|.roQ]fôsa fut accomplie. Jésus-Cnrist, au
osiaieocefflent de se réponse, l'appelle en-
'U( par son ancien nom : Vous éUs bien-'
brftt/, Simfm^ fils de Jean^ parce que ce ne
$fnd point la chair ni le sang qui vous ont
rtfikceei^maii mon Pire^ qui est dans le ciel.
fuis il procède à l'inauguration du nouveau
tm qail voulait lui donner : Et moi^je vous
iu fui eottf êtes Pierre. D'après l'analogie
^(«exemples cités plus liaut, nous devons
tr«'UTer dans ce nom quelque allusion h la
ï^Qipense et à la gloire dont il était
Aro.n(t4mé. C'est ce qui a Heu en effet. Le
Liib de Pierre signifie un roc : car dans la
:x)2ac qçe parlait Jésus- Christ en cette
"liioB, il fl y a pas la moindre différence,
•.ttiâtiQJourdMiuu autre te nom porté par
v^i i^iàlpe, ou tout autre qui a le même
iibai(|ieiai, et le terme dont on se sert le
^'Kûniinairemcnt pour exprimer un roc
viiooe pierre (en syriaque kypho). Ainsi la
îhn^it notre Sauveur doit présenter aux
•rtiiiesdc ses auditeurs le même sens que
«îlKi : Et moi t je vous dis que vous êtes un
rv. Xoyei maintenant comme l'autre partie
«ijiscoors du Sauveur s'accorde bien avec
lr<l(fliul; et sur ce roc je bâtirai mon Eglise^
d/apar/ei de F enfer ne prévaudront point
mift file. Telle est la première prérogative
Nt saint Pierre est honoré : le Sauveur
Mre qu*il est le roc sur lequel TEglise^
pinloiiélre indestructible, sera bâtie,
â; Noire Sauveur continue en ces termes :
^j( tout donnerai les cltfs du royaume des
'^fiTittiout te que vous lierez sur la terre
rv liéûuHi dans le cte/, et tout ce que vous
^ei sur la terre sera délié aussi dans le
V, La seconde prérogative est la posses-
îoo des def$« et le pouvoir de faire des
hrets qui seront nécessairement ratifiés
iw le ciel.
^ A ces deux pouvoirs si étendus, qui lui
lot ici conférés, il nous faut ajouter une
Nre mission spéciale qui lui est confiée
irès la résurrection, lorsque Jésus exige
i loi une triple protestation d'un amour
if^rieur à celui des autres apôtres* et que
^ trois fois il le eharge de patlre tout son
^peau, ses agneaux et ses brebis. (Joan.
«•15.18;)
Cest principalemefit sur la forée de ces
<s^ges que l'élise catholique s'est ap-
Q)4e pour enseigner que Pierre a reçu
^^ l>reéminence et une suprématie spiri-
lle. Et en effet, si dans ces diverses rais-
ins Pierre a reçu un pouvoir et une juri-
Non qui lui soient propres et supéneurs
I trui qu'ont reçus les apôtrcsi il faudra
reconnaître sans hésiter que la suprématie
que nous lui attribuons lui a été réellement
conférée par Dieu.
Or, par là même que Pierre est établi \e
fondement de l'Eglise, cette iuridiclion Itii
devient nécessaire. Car quelle est la pre-
mière idée que présente cette figure, sinon
que tout l'édifice s'élève dans l'unité, et
trouve sa solidité dans son adhérence à la
base qui lui sert d'appui et de soutien? Mais
ce qui a naturellement lieu dans un édifice,
malérlel, par le poids et l'enchaînement des,
parties qui le composent* ne peut avoir une,
existence solide et durable, dans un corps*
moral, que par une influence corapressive,
ou par Pexercice de l'autorité et du pouvoir.
T^ous appelons les lois la base de l'ordre
social, parce qu'elles ont pour but d'assurer
par leur exercice les droits véritables de
chacun, de punir les transgresseurs, de juget^
les différends, et de produire dans tous ceut
qui sont de leur ressort une parfaite unifor-
mité de conduite. Nous donnons à notre
triple autorité législative le nom de fondC"
nient de la constitution, parce que d'ellu
émanent tous les pouvoirs qui régissent les
parties secondaires du corps politique, ef
que c'est sur elle que repose le gouverne-
ment, ainsi que toutes les modifications et
les réformes qu'il esi nécessaire de lui faire
subir.
Remarquez, je vous prie^ que ce raison-
nement exclut la possibilité, non-seulement
d'une autorité supérieure, mais même d'une
autorité égale et de même rang. Car, si l'au-
torité des lois n*est pas souveraine; s'il
existe une règle qui ait la même force et qui
soit indépendante de leur contrôle, quoique
se mouvant dans la même sphère et agissant
sur les mêmes objets, vous serez forcés
d'avouer qu'elles cessent par là même d'ê(re
la base d'un ordre qu'elles ne peuvent plus
garantir ni priéserver. Que s'il devait s éle-
ver dans l'Etat un nouveau pouvoir qui eût
la même autorité que les pouvoirs suprêmes
alors existants pour le régir^ le gouverner
et le diriger, sans que ceux-ci puissent
intervenir en rien, les mettant ainsi au défi
et les narguant impunément, je vous le
demande, toute l'économie politique ne
serait-elle pas nécessairement renversée,, et '
ne s'ensuivrait- il pas une désorganisation
universelle? N'est- il pas évident que ces
pouvoirs perdraient le nom qu'ils portent^
et cesseraient d'être le fondement de notre
constitution? Appliquez ce raisonnement h
saint Pierre. Il est établi le fondement d'un
édiiice moral qui est TEglise. Ce titre même
implique le pouvoir de rassembler dans un
même tout les divers matériaux qui entrent
dans la composition de cet édifice sacré; et
ce pouvoir, comme nous l'avons vu, consiste
dans le droit suprême de contrôler et de
gouverner les parties qui le constituent.
On a objecte (et c'est la seule interpréta-
tion du texte dont nos adversaires puissent
se servir pour faire une objection qui n'est
que spécieuse) que cette prérogative dO'
pierre s*est réalisée par l'honneur qu'il a
407
PAP
MCTIONNAJBE APOLOGETIQUE.
PAP
40»
eu cl 6tre eavové le premier pour conrertir
à la foi les Juifs et les gentils : en sorte qu*il
est vrai de dire que l'Eglise est née et sortie
de luit et qu en ce sens il est Térilabiement
le fondement de l%};1ise. &Iais serait-il alors
lo roe sur lequel l'Ëglise est bttie? Si notre
Sauveur eût dit : Tous poserez le fondement:
peut-être pourrait-on donner ce sens-l& h ses
))aroles. Mais n'y a-t-il aucune difiTéreuce
entre cette phrase et celle-ci : Vous serez le
roc sur lequel je bdiireû mon Eglise? En
d*aulres termes, celte expression tigurée ne
veut-elle dire rien autre chose, sinon que
Pierre commencera la construction de Tédi-
fico, qu'il en posera la première pierre?
Doniieriez-vous h quelqu'un le nom de roe
pour exprimer un simple rapport entre lui
vi un édifice? Ce nom de roc n'emporte-t-il
pas avec lui une idée de stabilité, de durée
et de solidité, ou n1ndiquc-t-il qu'un simple
coinniencemcnt?
Veut • on appliquer ce principe à un
cxcm^)le du même genre? L'Evangile fut on
premier lieu prêché aux Irlandais par saint
Patrice; et aux Anglo-Saxons par saint Au-
gustin : oserez-vous dire que saint Patrice
ou saint Augustin sont \^ fondement ûq ces
deux Eglises, ou le roc sur lequel elles
ont été bâties ? Quand il est dit ae Jésus-
Christ qu'il est le fondement unique sur le-
quel on doit bâtir (I Corintk. m, 11), per-
mettrez-vous aux ariens de soutenir qu'on
ne peut r4>nclure autre chose de ce texte,
sinott que le ehristianisme est sorti de lui,
et non qu'il est lo consommateur de notre
fiii comme il en est l'auteur (EpAes. ii, 20);
qu'il est la fin de notre religion comme il en
est le fondateur ? Quand ilest dit que nous
sommes bâtis sur le fondement des apôtres^
{>ermeltrez-vous aux libres penseurs de |)ré-
tendre que celte expression ne leur attri-
bue pas d'autre honneur que celui d'avoir
été les premiers prédicateurs de la foi , et
ne marque pas du tout que leur autorité
puisse être citée en preuve du christianisme
ou de ses vérilés ? Et cependant n'auraient-
ils pas droit de raisonner ainsi, si de ce que
Pierre est appelé le roc sur lequel l'Eglise
est fondée, il n'en résultait d'autre consé-
quence, sinon qu'il était celui qui devait
commencer à jeter les fondements de l'E-
glise ?
En second lieu, notre Sauveur ne dit pas
seulement que Pierre est le roc sur lequel
l'Eglise doit être hêlie, maisde plus il ajoute
qu'en consé^encede ce fondement, l'Eglise
doit être inexpugnable et indestructible.
Sur ce roc je bâtirai mon Eglise^ et les portes
de Venfer ne prévaudront point contre elle.
Je dis donc au'il résulte évidemment de ces
paroles que FEglise doit être impérissable,
en conséquence de ce. qu'elle est fondée sur
Pierre, parce que les idées de fondement
solide et d'édifice durable ont une liaison si
étroilo et si naturelle, que iei règles ordi-
naires du lan;;a^,e nous obligent de reton-
nntlre que leur réunion ici n'est (jue la con-
s'quonre de celle liaison (lu'ellcs ont entre
elles. Ci Ions en preuve de ceci un fait qui
nous est familier : Quand notre Saufcur (ii(
que l'insensé bâtit sa merison sur k tabU,
que les flots se débordèrent^ que te souffle dn
vents vint frapper cette maison et qu'dU
s'écroula {Matth. tu, 27], nous en con-
cluons snr-le-champ, quoique cela ne soit
pas dit expressément, que le sens de ces
paroles est que la chute si prompte et sib-
cile de cette maison doit être attribuée au
défaut de solidité de ses fondations. De
même nous devons attribuer la solidité de
la maison bâtie par l'homme sage k c^ qu'il
est dit qu'elle était fondée sur un roc^ bien
que notre Sauveur ne l'ait pas déclaré d'une
manière expresse, (/btif., 25.) Ainsi donc»
dans le cas qui nous occupe, par là mémo
Sju'il est dit que l'Eglise de Dieu doit être
ondée sur Pierre comme sur un roc, r.
qu'en même temps il est déclaré qu'elle e$(
h l'épreuve de toute puissance destructive,
nous en devons conclure que cette préser-
vation de toute ruine est la conséquence
naturelle de la manière dont elle est fondée.
Ainsi Pierre n'est pas seulement le premier
ouvrier de l'Eglise, mais il en est le vérita-
ble appui ; et cette qualité, comme nous
l'avons déjà vu, requiert la puissance et
l'autorité.
La seconde prérogative de Pierre, la pos-
session des clrfs, et le pouvoir de lier et de
délier, n'implique pas moins Tidée de juri-
diction et de pouvoir. On a égaleroenlioler-
prêté le texte qui contient cette [>réroga(i>e
en ce sens qu'il en résultait simpiemeut
que Pierre devait ouvrir les portes de l'E-
glise aux Juifs et aux gentils* Mais qui
]K)urrait se décider à croire à une significa-
tion aussi froide, je pourrais même dire
aussi vile que celle*ci ? A-t-on jamais tu
chez les écrivains, soit sacrés, soit profanes,
cette image employée dans un sens sembla-
ble ? La remise des clefs a toujours été le
symbole de la transmission de l'autorité
souveraine du commandement. C'est en ce
sens qu'elle est employée dans rKcriture.
Dieu mettra sur Vépaule (du Messie) fa tltf
de ta maison de David ; il ouvrira^ et pr*
sonne ne fermera; tljermera, et personu
n'ouvrira (Isa. xxii, 22 ; Apoe, ui, 7 ; hh
XII, 14, et Isa.xxj 6 : La pcissancb socvKRAi^tc
est sur son épaule) ; c'est-à-dire que Dieu lui
donnera le pouvoir souverain dans la mai-
son de David. 11 est dit encore de la méroc
manière qu'il a reçu les clefs de la mort
et de Venfer (Apoc. i, 18), (loiir signiticr
son souverain domaine sur l'une cl sur
l'autre.
Chez les peuples orientaux, la liaison du
[louvoir réel avec les emblèmes qui en sont
a tignre est très-fortement marquée. Nous
apprenons du plus fidèle des liistoriens
orientaux que les clefs du temple de la Mec-
que étaient entre les mains d'uue tribu par-
ticulière,, il qui était en même temps confin
le commandement de la place; et ces deux
choses étaient si nécessaifomeat liées eu-
semlile, que, si les clefs matérieHos venaient
à être extorquées par fraude k celui qui en
était possesseur, il perdait irrévocabletieni
J09
PAP
DICTIONN.VIIIË APOLOGETIQUE.
PAP
4iU
ym fooîeraifl domaine iur le sanctuaire*
Ailleurs ce même historien prouve rpie la
i^>s5e5sion de remblèmc conférait en réalité
f (N)UToir doot il était la représentation
'lOi). là même analui^ie exi&tait aussi,
jtiuique peut-être avec moins de force, chez
irSDA(ioris européennes. Car, lorsqu'il est
uJ((]ue les clefs d'une ville ont été remises
} quelqu'un par son souverain, est-il jamais
reouàJa |K>n.<ée d*entenclre par 1^ qn'il lui
jttélé seulement donné le pouvoir d*eo
ouuir et fermer les portes au\ étrangers et
m Douveaux venus ? Et quand on dit que
ific!efs d'une forteresse ont été livrées à un
i\Mi<}Bérant, qui ne comprend à Tiiistant
L^éme qae la possession de cette place forte
ni ^t également transférée ? NVsl-ce [)as
;ii)sidcec même sentiment qu*est né lu*
vi;i deTcnu aujourd'hui une simple céré-
uoQie, quand le monarque visite cette cité,
>l>a fermer les portes et de lui en présen-
w les cie& par jcs mains du premier ma-
fbtrat ; roulant signiflcr par là que Tau-
affilé soureraine domine au-dessus de Tau-
tKiié purement déléguée ? Quand donc
Pifnv reçoit les clefs du royaume des cieux,
'«'iel'Ei^Irse, nous no fKiuvous le considé*
rtrauireoient que comme investi de Tauto-
niesoveraine à son égard.
l'&Bien dire autant du pouvoir de lier
fiéeé&itr. Soit que nous entendions par
'»/H}Qroir le droit de commander et de dé-
hàn^oa de punir et de panJonner, car ce
«ùai U les deux seules interprétations qui
ieolquelque plausibilité ; soit que, ce qui
(Mbien plus probable encore, nous réunis*
UNS ensemble ces deux pouvoirs, toujours
^'il que celte façon de parler impliqueunc
|iifro|^aliTe de juridiction.
Intio la charge illimitée de paftre tout
kinjupeau du Cfirist implique Tidée desu-
iTfuMtie et de juridiction sur tout ce trou-
frài. Car la charge de pattre le troupeau
«( ia charge môodo de le gouverner et de
kcoQJuirc. Dans les anciens auteurs cias*
^m, tels qu*Horaère, donrt les ima;;es ont
kplus de rapport avec celles des Ecritures,
fen»is et les chefs de peuples sont honorés
4 nom de pa$teurt du peuple. Dans TAu-
*'<i Testament* la même idée se présente à
(M.)ue instant, surtout lorsqu'il est parlé
et David, et que Ton met en contraste sa
iltriuière occupation, qui fut de veiller à la
jyrie des troupeaux de son père, et la
ti)r;e qui lui fut imposée plus tard de ré-
A'Mur le peuple de Dieu. (77 Beg. v, 2; Ps.
«uiu, 71, 72 ; Esech, xxxii, 1-10; Jer. m,
^^H) Ato'L Fr.DA*. Spécimen hitl. Arab : Oiford.,.
<'«. Le |NiiKa;*« iliiiit il vsl ici i|iiesUoii se trouve à
^f î*i tla ii*& c. ei à la p«ge 555 de la Iradiiclioii,
V* nldil qiHf la ganlc ilii It'inple delà Mt^npie de*
^«rm à la tribu dt*s kho'niiUiSp jus^prau nioiiiciit
-3^11 rept éveilla ut Abii-nasliaii, eu cial d*ivre$sc,
«"^ tfH'lii le» clc's h Kosay, en présence do tciiioiiis.
^'<«4jKo.aT envoya s<in fils en irininplic avec ces
^f« I U ll<'rj|iic, et Vs rendit »ux lialfiianls de I*
•<r. .Ihv^.t^ian, revniu à ta raison, si; re|ienlU de
( 111*4 jvait r^ii, iii;ii» 4*e repciiiir fui iiitilile et
' «-'u litt ï ce prevcrlH! : Une perte ptu» niaUieU'
1& ; XXIII, 1, 2, 4; Nah. nu 18» etc.) C'est
rimage favorite des prophètes pour décrire
le règne du Messie et celui de Dieu sur son
héritage choisi, lorsqu'il aura recouvré
ses faveurs. (7«a« xl. tl ; ilfirA. vu, 1^ ; Ezeck.
xxxii, 10, 23, etc.) Et notre divin Sauveur
lui-même adopte ce même langage pour
exprimer la liaison qui existait entre lui et
SCS disciples ; il les appelle ses brebis qui
evUendent sa voix ei le suivent, (Joan. x.)
Nous rencontrons également la même idée
à chaque pas dans les écrits des apôtres.
Saint Pierre appelle le Christ le prince des
pasteurs (7 Petr. v, 4), et ordonne au clergé
de paître le troupeau confié h ses soins.
(Ibid.t 2.) Saint Paul rappelle aux évoques
assembles par lui à Ephèse qu'ils ont été
placés par TEsprit-Saint è la tète de leurs
troupeaux pour gouverner l'Eglise de Dieu.
{Act. XX, 28.)
En un mot, et pour résumer tous les
arguments tirés de ces diverses attribu-
tions, si elles n'assurent pas à saint Pierre
une véritable juridiction et une véritable
autorité, il faut nécessairement dire que
les apôtres n'en ont reçu aucune nulle
part. Prenez tous les titres qui leur sont
donnés, et vous n'en trouverez pas qui four«
nissent une preuve plus décisive en faveur
de leur autorité que la qualité qui leuresi
attribuée d'être les fondements de l'Eglise ,
que le pouvoir dont ils sont investis de lier
et de délier, avec la certitude de voir leurs
jugements ratitiésdansle ciel, que la charge
eiifîn qui leur est imposée d'être les chefs
et les pasteurs du troupeau du Christ.
Ainsi, saint Pierre est*il , d'abord dans
le voisinage de Cesarée-Philippe, et en-
suite sur le bord de la mer de Galilée,
solennellement investi d'une autorité et
d'une juridiction qui lui est propre et per*-
sonnelle, en récompense de la double con-
fession de foi et d'amour qui était sortie do
sa bouche ; et comme son nom est changé
en celte circonstance et que le Sauvcnrs'est
ailressé à lui personnellement, il en résulte
une preuve évidente que ce privilège lui
était exclusif. Il fut donc élevé à une auto-
rité d'un ordre distinct et supérieur à ccllo
des apôtres ses collègues, autorité qui s'é-
tendait à toute l'Eglise, par la mission dont
il est chargé de pattre tout le troupeau ; oui
excluait toute idée d'autorité égale et rivale»
comme étant le roc sur lenuel tous doivent
trouver une éternelle unité ; qui entin surw
pose un pouvoir souverain, en vertu de la
])OSSCssion des clefs. En voilà plus qu*il no
rrftse que celle tTAbH-HasItun, \a même idée esl rc«
produite encore aux pjig. 48â cl 561. i La surinlen*
dancc du temple et us clefh furcni cnirc les mains
descnfauts dismaêl, jusqu^au nionictil, sausdoiiie,
où ce pouvoir passa aux mains de Nalusli. Après
Ciiui-ci, il remua eu la possession des Jorbnnntcs»
comme il osi prouvé par ce vers du pocmc d'Amer,
iiU de llareili. jiirlianiite : < Nous |ios8cdàine» 'a
rfqle dit ia sainte maison npiés Nalieili. i Ainsi les
i*cux idées desiuiple possession des «Icfi» du temple
cl ia Mirintendauce du temple, soûl cvidciuiucut
kces tubcmtlc.
41t
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGbTIQUE
PAP
m
faut pour prouver )a suprématie du chef
des apAtrcs.
Il n*y a que deux moyens d'échapper h cette
conséquence : Tun» de nier le fait qui sert
de base à notre raisonnement, et ce n*est là
qu'une faible objection ; l'autre, de nier les
consé(|uences , et celui^^i mérite une plus
guindé attention.
Par le premier de ces moyens, je veux
parler des efforts tentés il y a quelques an-
nées et nmouvelés récemment, pour prou-
ver que le roc sur lequel le Christ promet
de bAtir son Eglise n'était pas Pierre, mais
bien le Christ Jui-méme. On suppose qu'a-
près s'être adressé à cet apdtre dans la pre-
mière par(ie. de la phrase, et lui avoir dit:
Vous êtes Pierre, c est-à-dire un roc^ notre
Sauveur chan^çea tout à coup l'obiet de son
discours, et que, se repliant sur lui-mémo.
Il dit de lui-même : Et sur ce roc je bâtirai
mon Eglise. Celte interprétation, vous en
serez convaincus, doit moins se féliciter
d'être plausible qu*ingénieuse ; elle semble
plus propre h traliir les expédients auxquels
nos adversaires so sentent obligés de recou-
rir pour éluder la force de nos arguments,
qu'à y opposer une sérieuse résistance. Si
la particule conjonctive et le pronom dé-
monstratif ce {et sur ee roc) ne sufliseni pas
jK)ur unir ensemble les deux membres de
la même phrase, il n*est plus au pouvoir des
for.nes grammaticales (le le faire. Si Ton
vient à s*écarter une fois du sens naturel et
littéral d'une phrase, sous prétexte quau
moment où elle fut prononcée elle se trou-
vait expliquée |)ar ties signes on des gestes
qui sont supprimés dans le récit, il s'en-
suivra que Timagination devra servir autant
que notre raison dans l'interprétation des
Écritures. Et, en etfet, tous ceux qui con-
naissent toutes les altérations introduites
dans rinternrétation des livres sacrés par la
science biblique des temps modernes i)anni
les protestants d'Allemagne, savent qu'au
moyen de cet expédient, d'imaginer et de
suppléer des regards, des gestes et des mots
Îfu'ils prétendent avoir été supprimés, on a
Htt les tentatives les plus audacieuses et les
plus effrénées pour saper les vérités des mi-
racles les plus importants du Nouveau Tes-
tament. On pourrait, avec tout autant de
raison, partager les paroles que Dieu adressa
à Abraham, lorsqu'il changea le nom de ce
patriarche ; et après ces mots : El désormais
vous ne serez plus appelé Abram, mais vous
porterez le nom (TÀbraham^ parce que je vous
Mi rendu le père de plusieurs nattons^ nous
pourrions interpréter les paroles qui sui-
vent immédiatement : Et je vous multiplierai
é l'infini {Gen. xvti, 6, 6), comme s adres-
sant non au patriarche, mais à son fils Ismaél ;
H n'est besoin pour cela que de supposer,
avec autant de droit que pour les paroles de
notre Sauveur dont il est ici question, que
l'ange indiquait celui-ci en le prononçant.
Voioi maintenant une autre objection à
notre raisonnement, qui est à la fois plus
plausible et d'une plus grande im()ortance
que !a première, parce que, sans cherdier à
éluder le sens naturel des termes, elle lenl
& les dépouiller de toute leur force; qu'eue
admet les faits dont l'évidence est palpaj^le,
et n'attaque que les consé(]uencos que nous
en déduisons. Il est vrai, c<«r c'est ainsi
qu'est conçu le raisonnement de nos ad-
versaires, il est vrai quQ Pierre a reçu uq
pouvoir et une juridiction, et que ce pou-
voir et cette juridiction lui ont étédonné$,à
titre de privilège $()écial et personnel, comme
une récompense due & l'excellence de ses
mérites; mais il n'est pas moins vrai* qu'il
ne fut rien accordé à Pierre en cette ooc4i-
sion qui ne l'ait été plus tard aux douzo
apôtres. Dans YApocalypse^ les noms de$
douze apôtres de r Agneau {Apoc. xii, U)
sont inscrits sur les douze fondements ilc
la Jérusalem céleste. Saint Paul dit aux fi-
dèles que les apôtres sont le fondement sur
lequel ils sont construits. (Ephes. ii, 20.)
Donc ils ne sont pas moins que Pierre io
fondement de TËgiise. De même, au cha-
pitre xviii de saint Matthieu, tous les douzu
apôtres reçoivent précisément le même pou-
voir de lier et de délier sur la terre, et las-
surance d'une pleine ratification de leur
jugement dans le ciel, qui est donnée è
saint Pierre au chapitre seizième. Ainsi les
prérogatives dont il est ici honoré sontpitts
tard étendues à tous ses collègues, et tout
ce qui lui est accordé à titre de privilt^ge
(personnel se mêîe et se confond Jansune
mission commune et générale, où les autres
apôtres se trouvent placés de niveau axec
lui.
Cet argument, je l'avoue, présente, au
premier coup d'œil, une certaine apparence
de force, et je ne suis pas surpris de Toir
plusieurs commentateurs protestants se fon-
der presque uniquement sur ce raisonne-
ment pour rejeter la suprématie de Pierre.
Il serait.assuréroent facile d'en éluder toute
la force; mais je préfère en faire un argu*
ment en ma faveur. Pierre, dit-on, n'a reçu
aucune primauté de juridiction, parce qu il
n'a point reçu de pouvoir ou de mission
personnelle et spéciale qui n'ait été, dans
une autre occasion, communiquée aux an-
tres apôtres collectivement. Or, est-<;e ainsi
que vous raisonnez dans les autres cas sem-
blables qui se présentent dans i'£cnture,
ou plutôt ne raisonnez-vous pas alors d*uHe
manière diamétralement opposée? Prenons
quelques exemples. Notre divin Sauveur a
constamment inculqué à tous ses disciples
et même à tous ses auditeurs, la nécessité
de le suivre. Celui seul qui me suit ne marcht
pas dans les ténèbres {Joan. vm, 12); tous
doivent prendre leur croix et le suivre (Marc.
VIII, 38) ; toutes les brebis doivent connaître
sa voix et suivre leur pasteur. (Joan, x, k.)
Quand donc il adressa personnellement. «i
Pierre et à André, à Matthieu et aux fils du
Zébédée, la même invitation : Suirej-moû
conclurez- vous de là que la même invitation
ayant été en d'autres occasions adressée
éj^alement à toute la foule des Juifs ausM
bien qu'aux apôtres, Jésus n*ordonnait \^
h ceux-ci de le suivre d*une manière sj^
IIS
PAP
DICTIO.NNAIRE APOLOGETIQUE,
PAP
4(4
cial'jet plus p.irlicuUère? De mfimc >l est
waveot répété que notre Sauveur «aimait
reodreroent ses apôtres : il les appelait non
^i8^ ses serviteurs, mais ses amis ; bien plus,
mil autre n*a jamais éprouvé plus d*âmour
i»)ur ceai qui! aimait que Jésus ne leur
rna marqué en donnant sa vie pour eux.
Joan. xni, 1 ; xv» 12, 15.) Quand donc saint
JeAoesUppeié simplement le discinie bien-
d.W, quoique tous les autres disciples aussi
siieot appelés bien-aimés^ voudriez-vous en
ronclure que Jésus, n*ayant rien dit de cet
i]todan5 une occasion qu'il n'ait dit éga-
«i.cQlde tous les autres dans d'autres cir-
ntiL^taûceSy il s'ensuit que son amour pour
]m n*aTait rien de particulier et de spé*
liai? Ua autre exemple encore. Tous les
apûlresont également reçu la mission d*en-
y^ii^ner toutes les nations, de prêcher l'Evan-
(à!èè toute créature, en commençant par
iimsaieai et la Samarie jusqu'aux.dernièrcs
nirémités de la terre. (Malth. xwiii, 19,
^\k(t. 1, 8.) Lors donc que l'Esprit do
Ti^y leur ordonna de séparer d'eux Saul et
bniabé |)Our exercer leur ministère auprès
uf» gentils [Act. xiiu 2); ou bien lorsque
hal s'appelle lui -même individuellement
îAfù;re des gentils, en conclurez-vous ja-
uibqiie, cette mission individuelle étant
to/trôiée et comprise dans la mission gé-
lénle donnée & tous, Paul n'a pas été du
(vot chargé d'une mission personnelle, n'a
losre^'iici plus que les autres apôtres, et
3*4 fait que s arroger sans fondement l'apos-
(ijl des gentils comme la charge qui lui
iorail été spécialement confiée? Si, dans
&'J5 ces divers cas, vous refusez d'admettre
^ fiareiiles conclusions, pouvez-vous les
•^«Ure lorsqu'il s'agit de Pierre? Et com-
<^«o( les pouvoirs particuliers et personnels
4qH a reçus se trouveraient-ils invalidés
Hr ceui qu'il a reçus conjointement avec
•:> antres apôtres?
Mais j'ai avancé uue je no me contenterais
)^de répondre à l'objection, que je nréfé-
»:» CD tirer une nouvelle preuve en laveur
i^ma cause; «t la voici en peu de mots,
b'après les exemples que j'ai cités, il est
^Ti'jent que je |ieux proposer comme cou-
M'iaence cette rèj^le ou cauon pour Tinter-
pr^taiioo de l'Ecriture : que, quand un titre,
io(» prérogative* une mission, sont donnés
i 'laelqu'un en particulier, quoique les
vaines privilèges aient également été don-
nés à d'autres collectivement, parmi lesquels
iiOtait lui-même compris, on en doit con-
clure qu'il a reça ces privilèges d'une ma-
nière spéciale et dans un degré plus élevé
W les autres. Voilà précisément le cas
^iH lequel se trouve Pierre. Si les autres
^>ôtres ont été investis de quelque autorité
'<'ir»s les missions qui leur ont été imposées,
iuaad même Pierre n'aurait reçu en parti-
culier rien autre chose, on devra cependant
^oniuitre qu'il a reçu par là même cette
«ttioriié dans un plus haut degré que les
•ntre$. Mais iieul^tre ne serez-vous pas
^" lit»d*entcDdre la réponse h cette objection
'*""' '•« bouche même d'un Père du m' siècle,
qui appartient à l'Eglise gnHMjue. Voici e4#m«
ment s'exprime à ce sujet le spirituel et sa-»
vaut Orîgéne : « Ce qui avait d'abord M ac-
cordé à Pierre eemble Vavoir été également à
tous. Mais, comme il devait être donné à
Pierre quelque chose de supérieur et de
plus excellent, cela lui a été donné en par*
ticulier : Je vous donnerai les chfs du
royaume des cieux. Ceci eut lieu avant quo
ces paroles, tout ce que vous lierez sur la
terre (qui se trouvent au chapitre xvin),
eussent été prononcées. Et, de fait, si l'on
considère les termes de l'Evangile, nous
verrons que ces dernières paroles du Sau-
veur sont communes à saint Pierre et aux
autres; mais que les premières, cfui s'adres-
sent uniquement à Pierre, emportent avee
elles l'idée d'une grande distinction et d'une
grande supériorité. » [Comment, in Matth,^
t. III, ]). 612.) Je pourrais aioutor que la
charge de paître le troupeau du Christ n'est
donnée nulle part aux autres apôtres, et,
supposé Qu'il en fût ainsi, h quoi bon, je
vous le demande, notre Sauveur aurart-il
exigé de Pierre une triple assurance qu'il
Tainiait plus que les autres, pour ne le jugcp
digne que d'une récompense en tout sem-
blable?
11 est encore un autre passage que je n'ai
pas compris au noml)rc de ceux que j'ai
cités, parce qu'il n'exprime pas formelle-
ment une tradition do pouvoirs, quoir/ie
cependant il marque clairement une distinc-
tion entre les prérogatives accordées h Pierre
et celles accordées aux autres aj^ôlres, ci
qu'il montre bien que Pierre fut l'objet d'un
soin et d'une protection toute spéciale. Et
le Seigneur dit: Simon, Simon y voilà que
Satan a désiré de vous avoir pour vous crible^'
comme on crible le froment ; mais foi prié
pour toi afin que ta foi ne défaille point: toi
donct lorsque lu seras converti^ affermis tes
frères. (Luc. xxii, 31, 32.) Dans re passage,
le Christ semble établir une distinction mar-
quée entre les desseins de Satan contre tous
les apôtres, et l'intérêt qu'il porte h Pierre.
C'est lui qui est l'objet particulier et spécial
de la prière du Sauveur, afin que sa foi no
défaille point, et qu'une fois relevé de sa
chute, il affermisse cette vertu dans le rœur
de ses collègues dans l'apostolat. En lui donc
cette vertu devait se trouver en mesure plus
abondante; or, à quoi bon, s'il ne devait
avoir aucune espèce de supériorité sur les
autres membres du collège apostoliaue? on
plutôt la charge même d'allermir leur foi
n'exige-t-elle pas nécessairement qu'il soit
placé dans une position plus élevée qui le
mette au-dessus d*eux ?
Je me suis suffisamment étendu sur les
preuves qui établissent que Pierre a reçu
dans un plus haut degré que les autres a|.ô-
tres une juridiction suprême et une véritable
primauté sur toute l'Eglise; cl en consé-
quence de cette prérogative, nous le voyons
partout nommé le premier entre les apô-
tres {Matth. IV, 18; x, 2; Luc. ix, 28,
32, etc., etc ; Gai. i, 18; ii, 8), toujours à leur
tête dans les actions qu'ils exercent en corn*
415
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
416
inun. (Matth. xit, 28; xv, 15; xyi, 23; Act.
iVv 19; XII, 13). et parlant toujours comme
Torgane de l*E|{lise (Maith. xviii» 21 ; xxx,
27; xiTi, 23; Act, i, 15; ii« U et seqq.; iv,
8; T. 8; yui, 19; xv 7, et alibi passim.)
n.
Celle primaulô d*bonneur el de juridiclion n*était pas,
dans saîDl Pierre, ane simple prérogative peraonnelle.
— Preuves qu^elle devait être et qu'elle a uié de fait
transmise i ses successeurs — Témoignages des Pères.
—Conséquences qui s*ensuivraient, pour le cliristia-
hisroe« de la supposition que la supremaUe du Souve-
rain PonUfe est contre nature et sans Fondement dans
la constitution de TEçlise cbrélienne.— Réliabililation
des Papes du moyen âge par les historiens protestants,
Voigt, Hurler, etc.
Mais si Pierre a été véritablement honoré
de cette distinction comme nous venons de
le Toir, n*était-ce pas là un privilège per-
sonnel qui a uni avec celui qui en a été gra-
tifié 7 Le temps est venu d'examiner ce point
particulier, et de vous prouver qu'il Ta
transmis à ses successeurs sur le siège qu'il
a occupé lui-niôme.
Je pense qu'il ne sera pas nécessaire d'é-
tablir par des preuves en forme que Pierre a
été le premier évègue de Rome. Les monu-
ments encore subsistants dans toutes les par-
ties de cette cité et les témoignages des ûcri<-
vains ecclésiastiques des premiers siècles,
mettent ce fait absolument hors de doute,
et il suffit de dire que des auteurs qui occu-
pent les rangs les plus éminents dans la lit-
térature et qui se sont signalés par leur
opposition à la suprématie du siège oe Rome,
tels que Cave , Pearson , Usher, Young et
Itlonael (403) l'ont tous reconnu et s'en sont
montrés les défenseurs. Parmi les modernes
il suffit de remarquer qu'aucun écrivain
ecclésiastique de quelque réputation ne
prétend nier ce fait. -1 Pierre, ainsi que l'ob-
serve saint Irénée, euccéda Lin; à Lin^ Ana-
clet: puis est venu en troisième lieu Clément.
(Adv. hœres.f lib. m, cap. 4.) A partir de
cette époque, la suite des Papes est •certaine
vi non interrompue jusqu'à nos jours. Ces
préliminaires une fois établis, je vais exposer
sommairement quelques-unes des raisons
c^ui prouvent que la primautéde saint Pierre
^ est |)erpétuée dans la personne de ceux qui
occupent son siège.
D'abord, il a toujours été admis dès le
commencement que toute prérogative, quoi-
que personnelle, de juridiction apportée à
un siège par son premier évéque, se conti-
nuait à ses successeurs. Ainsi le siège d'A-
lexandrie fut occupé en premier lieu par
saint Marc, qui, comme disciple de Pierre,
exerçait une juridiction patriarcale sur
TE^vple, la Libye et la Pcnlai)ole; et celte
Iuridiclion est restée jusqu'à ce jour attachée
i son siège. Jacques gouverna d'abord l'K-
glisc de Jérusalem, et exerça son autorité
sur toutes les Eglises de Palestine; et l'évo-
que de Jérusalem porte encore aujourd'hui
le titre do patriarche. Pierre fixa d'abord
son siège à Antioche, el ce siégea toujours
conservé sa suprématie sur une lahge por-
tion de l'Orient. De même donc, si Pierro
apporta au siège de Rome non-seulement
un droit de palriarchat sur tout rOccidenl,
mais encore un droit de primauté sur le
monde entier, cette juridiction accessoire
devint inhérente à ce siège, et dut passer
par mode de substitution à ses succès-
seurs.
Mais il semblerait peut-être que noas fai-
sons reposer la suprématie du Saint-Siège
sur la même autorité que celle despatriar-
ehats, qui n'est que d'autorité ecclésiastique
et de pure discipline, tandis qu'au contraire
nous soutenons qu'elle a pour base un droit
imprescriptible. Je dis donc, en second lieu,
qu elle a été transmise comme une institu-
tion divine dans TËglise de Dieu, dont elle
forme une partie intégrante et essentielle.
Jésus-Christ est aujourd'hui ce qu'il était
hier. Tel gu il a établi son royaume dans le
principe, il doit ainsi se perpétuer jusqu'^
la fin des siècles : la forme de gouvernement
qu'il a instituée au moment de sa fondation
ne saurait être changée, et elle doit conti-
nuer de la régir jusqu'à la fin des temps.
Pourquoi donc l'autorité épiscopale n'a-l-
elle pas été seulement l'apanage des apôtres
et des disciples ? Pourquoi leurs successeurs,
dans leurs sièges respectifs, ont-ils pris en
main leur bâton pastoral, et se sont-ils ar-
rogé le droit d'enseigner et de commander,
de reprendre et de punir, comme ils le 6rent
eux-mêmes , sinon parce que la nature
même de l'Edisc demandait que le lemiisne
pût en rien altérer sa constitution hiérarchi-
Sue? Or, si Pierre a vraiment établi le fon*
emenl de l'Eglise, ce n'a pu être dans celte
intention qu*après sa mort le fondement de
TEglise fût entièrement détruit et les pierres
du sanctuaire dispersées çà et là.
Cette figure, prise des fondements d'un
èJifice, renferme évidemment deux choses:
l'unité et la durée. Car l'unité dans un édifice
résulte de ce que toutes les parties qui lo
composent sont liées ensemble par les mêmes
fondations ou la même base ; aussi les Pères
des premiers siècles ont-ils compris que ia
suprématie avait été donnée à Pierre princi-
palement pour assurer à l'Eglise ce précieux
avantage. Un des douze est choisi^ dit saiol
Jérôme, afin que^ par Inexistence d'un cV/i
toute occasion de schisme soit écartée. (Ààf.
Jovin., lib. i, 1. 1, part, ii, p. 168.) Pour ma-
nifester Vunitéf dit saint Cyprien, i7 ordonna
que V autorité sortHiP un seul. (De tmîf ., p. 19^']
Vous ne pouvez nier, écrit saint Optât, fMe
saint Pierre^ le chef des apôtres^ ait établi un
siège épiscopal à Home. Ce siège est uniqutf
afin que tous les autres puissent conserver
r unité par leur union avec lui; de sorte que
quiconque voudrait élever une autre chaire à
côté de celle-là serait un schismaiique et un
prévaricateur. C'est dans cette chaire^ qui est
le berceau de l'Eglise^ que saini Pierre s'est
assis. {De schism. Donai.^ lib it» p. 28.)
(405) Voyez les Vie* des saints, de Bcti.rr, 39 jtiiii, ou bien cousuticz BAnoiiius, Noël Alku t^u,
ou it>m uutie liiaiericu ccclô^iasli*|tie.
ilî
PÂP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
iia
Or,si>POiiroonsciTer Tunilé dansTEglise,
notreiiirioSauveur a jugé rinslilulion d*une
liriaiaulé nécessaire, lorsque la ferveur du
iihstiaoisme était dans toute sa force et
rjins toute sa pureté ; lorsque les apôtres
uraient encore dis|)ersés dans tout l'univers
(f liirrgés par une assistance spéciale de
. Ls{»rii*Saint ; que le nombre des cti rétiens
HJit encore comparativement petit; que
{<res(]ue tous les membres de i^Ëglise appar*
i/iuieatàun même élat, parlaient une même
jjo^ue et Quêtaient divisés par aucun pré-
•^^t politique ou national, je vous le
itiamÏQf cette précaution aurait-elle été
(Boins nécessaire lorsque le refroidissement
>.'• Il céleste cliarité, la diminution des lu-
Lm dans les pasteurs, la dispersion des
bieies en fies lieux si éloignés, et la division
«iWBats et des royaumes, ont infiniment
fifaiiili les moyens humains et les chances
morales de conserver Tunité de la foi et do
,n{ique? Si donc Tunité est un caractère
nnoliel (le la vraie foi, et si Tinstitution
k me suprématie a été le moyen établi pour
l^^nf^ comme le démontrent évidemment
''i.ée même de sa fondation et les témoi-
pA^i^ (le l'ancienne Eglise, il s*ensuit que
«tUr suprématie est aussi nécessaire à la
^nii: religion du Christ que Tunité qu*eilo
c»t&ii\«l(e à maintenir, et par conséquent
Atloilftre perpétuelle.
^$dt)nd caractère renfernté dans cette
fe»r)>(iela fondation de TEglise sur le roc
«owlipiVrre, est la durée. J*ai déjà fait
^(jue les paroles de notre Sauveur indi-
V^flt clairement que la durée de TEglise
^ QQe conséquence de sa fondation sur
te base solide. Mais pour être éternelle et
*t^lruclible en conséquence de ses fonde-
^K il Taul nécessairement que ces fonde-
*cBU ne puissent manquer, et qu*ils sub-
^^bl éternellement. Nous avons vu que
*^é fondation consiste dans la juridiction
Maie conférée à Pierre; il en résulte
*wt nécessairement que cette juridiction
^m doit durer dans l'Eglise jusqu'à la
■•les siècles.
i'i troisième lieu, l'autorité de Pierre de-
^ dans les desseins de Dieu, être perpé-
Ueoans le christianisme; car nous voyons
P'f ^è$ les premiers âges de TE^^Iise, tout
' Oionde reconnaissait son existence dans
jn >urcesseurs, comme un droit qui leur
>^i inhérent. Le Pape Clément examina et
^>;<i les abus qui s'étaient introduits
^ ' iiiglise de Corinthe ; Victor, ceux qui
[fîJtfni élevés dans l'Eglise d'Ephèse; et le
|H^ Etienne, i^eux qui s'étaient glissés dans
H'i>c dWfrique. Saint Denis, au m' siècle,
^^iu homonvmc, le patriarche d'Alexan-
v'tiiâ comparaître devant lui, pour y rendre
^l>te de sa foi, parce qu'il avait été accusé
li^jQie |«arses ouailles, et le saint patriarche
|^:3iu pas un insunt à obéir. Quand saint
lUnèst fut dé|)Os$édé de ce même siège
'^•«landrie par les ariens, le Pape Jules
^ louies les |iarties à son tribunal, et tous
^f Garnirent. Non content de rétablir ce
^^ patriarche sur son siège, il prit encore
connaissance do la cause de Paul, patriarche
de Constantinople, et le rétablit de la même
manière. Le grand saint Jean Chrysostome;
]iatriarche de la même Eglise, ayant été dé-
posé injustement, écrivit au Pai>e Innocent
pour le prier d'instruire sa cause. J'ai choisi
ce petit nombre de faits, qui nous montrent
les évèques de Rome dans l'exercice de Tau-
forité suprême sur les prélats et même sur
les patriarches de l'Orient, dans le cours des
quatre premiers siècles, comme un simple
spécimen d*un bien plus grand nombre d'au-
tres que je pourrais rapporter ici.
Pour vous donner en entier les témoi-
gnages des Pères sur ce sujet, il me faudrait
prolonger cet article bien au delà des bornes
ordinaires; je me contenterai donc d'un
choix bien limité. Voici comment s'eiiprime
faint Irénée, un des plus anciens Pères :
Comme il serait trop long d'énumérer toute
la suite des successeurs (des çtpùtres)^ je me
bornerai à V Eglise de Rome^ la plus grande^
la plus ancienne et la plus illustre des Eglises
fondées par les alorxeux apôtres Pierre et
Paul^ recevant d eux sa doctrine ^ qui a été
annoncée à tous les hommes^ et qui^ par la
succession de ses évèques^ est parvenue jusqu'à
nous. A cette Eglise^ à cause de sa primauté
qui rélève au-^Ussus d'elles^ toutes les autres
Eglises doivent avoir recours; ie veux dire les
fidèles de tous les pays de ta terre. Après
avoir ainsi fondé et instruit cette Eglise^ ils
en confièrent le gouvernement à Lin; Lin eut
pour successeur Anaclet ; puis, en troisième
lieUf vint Clément. A Clément succéda Eva-
riste^ qui eut pour successeur Alexandre;
puis ensuite Sixte f qui fut suivi par Télés-
phorCf Hyginf Pie et Anicet, Mais Soter
ayant aiiccéflW à Anicet^ Eleutkère, le douxiime
pontife depuis les apôtres^ gouverne aiijour-
d*hui CEglise. lAdv. hœres.f lib. au, cap. 3,
p. 175.)
De même Tertullien pro)K)se un moyen
expéditif d*apaiser les différends et les con-
troverses, en invitant les parties adverses à
s'adresser à TEdise aposlolique, qui sa
trouve le plus àleur portée. Sx c'ea/, dit-il,
en Afrique^ Rome n^ est pas loin; il est facile
d'y en appeler. Puis il ajoute : Eglise for-
tunéCf que les grands apôtres ont imprégnée de
leur doctrine et de leur sangl (Pe prutscript.^
cap. 30, p. 338.)
Si nous descendons un peu plus bas, saint
Cyprien nous tient le même langa^^e; voici
en effet dans quels termes il s'exj rime :
Après ces tentatives, après s^étre choisi à eux--
mêmes un évéquCf ils osent mettre à la voiU
et porter des lettres de schismatiques et de
gens profanes à la chaire de Pierre et de TA*-
glise principaUf où f unité sacerdotale prend
sa source , ne faisant pas réflexion que les
membres de cette Eglise sont ces Romains {dont
la foi est préconisée par Paul) auprès desquels
la perfidie ne saurait avoir ct'acc^a.. (Ep. 54,
p 86.) Ainsi saint Cyi>rien ne rapi>elle pas
seulement le siège de Pierre et TEglise prin
cipale, il ajoute qu'elle est la source unique
de l'unité, el quelle est préservée de toute
erreur pariio soin spécial de la Providence.
êVè
Pkp
DiCtiONNAinE AtOLOGKTiQUK
PAP
423
Le concile tenu à Safdique, en Tlirace,
k la requèle de saint Alhanase, et auquel
assistèrent trois cents évoques, nous four-
nit un autre témoignage remarquable et
encore plus décisif. Voici comment il s'ex-
prime dans ses décrets : Il semble três-con'
{Episty iynod, ad Julium Rom, Conc. Gen,^
t. Il p. 661.) Voilà donc un concile qui re-
connatt le ciroit de dernier appel au chef de
l'Eglise; et il déclare en termes exprès qu'il
entend par là la chaire de Pierre où rési-
dent ses successeurs.
Saint Basile le grand a recours au Pape
]>amase, au sujet de l'état de détresse où se
trouvait son Eglise ; et, pour mieux le tou-
cher, il lui rappelle ûes circonstances où les
pontifes de Home sont intervenus autrefois
dans les affaires de son siège. Voici comment
il s'exprime : Nous savons f par des documents
que nous avons eu soin de conserver^ que le
bienheureux Dtnys^ qui comme vous se dis»
iingua par sa foi et ses autres vertus^ visita
par ses lettres notre Eglise de Césarée^ con^
sotanos pères, et délivra nos frères de V escla-
vage. Or notre situation présente est bien plus
déplorable encore. Si donc vous ne vous déci-
dez à venir promptement à notre aide, bientôt
tout le monde sera soumis aux hérétiques, et il
ne se trouvera plus personne à qui vous puis*-
siez tendre la main, (Ep. 70> ad Damasum,
tom. III, p. 16i.) Dans un autre passage il
raconte qu'Eustathius, évèque de Séhaste,
ayant été déposé, se rendit à Rome ; qu'il
ignore ce qui s'est passé entre lui et l'é-
véque de cette cité ; mais qu'à son retour
Eustathius présenta une lettre du Pape au
concile de Thyane , où il fut sur-le-champ
rétabli sur son siège. Voilà donc qu'un
évèque d'Orient en appelle au Pape, revient
avec une lettre du Pontife de Rome à un
synode provincial ; et quoiqu'il soit évident
que saint Basile en cette circonstance pense
qu'il y avait eu quelques raisons de pronon-
cer sa déposition, cependant, sur la simjile
exhibition de la lettre du Souverain Pontife,
il est rétabli dans ses droits.
Saint Jérôme, écrivant au même Pape, s'a-
dresse à lui absolument dans les mêmes ter-
mes que le ferait tout catholique de nos
jours; peut-être même va-t*il plus loin en-
core : Je ne veux suivre aucun autre que le
Ckrisif uni à la communion de votre sainteté,
c'est-à-dire à la chaire de Pierre. Je sais que
l'Eglise est fondée sur ce roc. Quiconque
mange C Agneau hors de cette maison, est
un profane. Quiconque n'est pas renfermé
dans l'arche, périra dans les eaux du déluge.
Mais, ivmme il ne m'est pas possible, retiré
comme je le suis dans les déserts de la Syrie,
de recevoir le sacrement de vos mains, je suis
vos collègues, les évéques d^ Egypte. Je ne
connais pas Vitalis, je ne suis pas en commu-
nion avec Mélice, Paulin est un étranger pour
moi (c'étaient des hommes dont la foi était
suspecte); celui qui ne recueille pas avec
vouSf dissipe. (Ep. 1^, ad Damas., t. IV, p. 19.)
Il est un |)assage att:|Uel j'ai déjà fait a •
lusion, comme étant l'expression des senti-
ments de saint Jean Chrysostome | je vais
vous citer ce passage» parce qu'il est d'une
énergie et d'une force remarquable. Il écrit
au Pape Innocent, évèque de Rome) au su-^
jet de ce qu'il avait été dépossédé de son
siège et traité de la manière la plus injuste :
Je votM prie d'ordonner que tout ce qui a été
fait méchamment contre moi^ lorsque jyiais ab-
sent et que je ne me refusais pas à unjugemcnt^
soit de nul effet, et que ceux qui ont procédé
contre moi de la sorte soient soumis à une
peine ecclésiastique. Faites-moi la grâce^ à moi
qui n'ai été convaincu d'aucune faute, deiouir
de la consolation de vos lettres et de la so-
ciété de mes anciens amis, (Ep. ad Innoc.^
tom. III, pag. 520.) Cela ne snppose-t-il pas
la croyance aue l'évêque de Rome avait ju*
ridicton sur les évêques d'Asie, et le droit
de punir; et cet appel d'un patriarche de
Constantinople au Pontife romain n'estai
pas une attestation pèremptoire de son sou-
verain domaine sur l'Eglise universelle?
En outre» le même saint s'exprime encore
d'une manière plus énergique dans ces au-
tres i>aroles : « Pourquoi le Christ a-t^ii versé
son sang ? Certainement pour sauver ces bre^-
bis dont le soin a été confié à Pierre et à
ses successeurs. » (De sacerd., lib. ii, cap. 1,
tom. 1, pag. 372.)
Ces citations ne forment pas la vino'tiènj«
partie de celles que j'omets; mais il est une
autre classe de passages que je ne dois pas
passer sous silence; ce sont les térooif^ua-
Ses multipliés des conciles générauxi c est-
-dire des conciles de toute I Eglise, qui re-
connaissent l'autorité suprême du Pepe
dans les décisions sur toutes les matières
ecclésiastiques. Cette suprématie du pon-
tife de Rome était toujours réclamée en son
nom par les légats apostolîaues qui y pré-
sidaient, et toujours aussi elle était recon-
nue i\es Pères ou des évêques qui compo-
saient le svnode. Par exemple, au concile
d'Ephèse, Philippe, un des délégués du Pape
Céléstin, s'adressa en ces termes à cette as-
semblée vénérable : Nul n'en doute: tous Us
siècles en effet ont reconnu que le très-saint
Pierre, le prince des apôtres, la colonne de
la foi et le fondement de l'Eglise, a reçu de
Notre-Seigneur les clefs du royaume céleste,
et le pouvoir de remettre et de retenir les pé-
chés. Il vit encore aujourd'hui dans la per-
sonne de ses successeurs et il exerce toujours
ce pouvoir par leurs mains^ Notre saint
Père Célestiny le successeur légitime de Pierre,
et qui tient maintenant sa place, nous u en-
voyés en son nom à ce saint concile, conro-
que par nos très-chrétiens empereurs, pour la
conservation de la foi qu'ils ont reçue de leurs
pères. (Conc. gén., tom. III, act. 3, p. 02<L)
De même, les Pères du concile de Chal-
cédoine, après avoir entendu la lecture de
la lettre (^ue leur avait adressée le Pa|)e
Léon, s'écrièrent d'une voix unanime: C'est
la foi de nos pères; Pierre a parlé par la
bouche de Léon; c'st ainsi que les apôtres ont
enseigné. (Ibid,, t. IV, p. 3(î8.) El, lorsq^fà la
«
PAP
DICTiONNAlRE APOLOGETlQtlE.
PAP
491
Mm h sjDode, ils s'adressèrent à ce
jà/fl/ Pontife, leurs expressions sont si re-
Qisr]ual)les que je ne saurais in*ecnp6cher
^ le5 ciler : « Dans la personne de Pierre^
tcriveot-ils, gui nous a été donné pour inier-
friit. tous comervez la chaîne de la foi^ d'a^
frfi le cottunandement de voire Maître^ et elle
iwtni jtuquà nous. Cest pourquoi^ vous
ifui fris pour noire guide^ nous avons en-
ifi^Rda térilé aux fidèles , non par noire i/i-
UffrilAlion privée f mais par notre confession
mnme. Si donc deux ou trois personnes se
Hnml réunies ensemble au nom du Christ^
ûatBumiUeu telles^ combien plus a-t-il dà
NtroKrer arec cinq cent vingt de ses minis-
im!Aw4essusd^euXf comme la tète au-des-
Wiles membres, V0U4 avez présidé par ceux
fia îimtnt voire place. Nous vous conju'^
ms ionc é^konorer notre décision par vos
àmir, et comme nous sommes en parfait
Kcnrd avec le chef (de VEQlise)^ que votre
iii\%mt achète et accomplisse ce qui con^
i<tii À rof enfants. Dioscore (ait éclater sa
m (outre celui à aui le Christ a confié le
«a de sa rigne, c est*à-dire contre votre
miiïi apostolique. » (ibtd., p. 834., 835,
v>>as le voyez donc, ce u*est pas là une
^.bfie oouf elle» mais au contraire toute
l2&iii|uiié s'accorde avec nous à croire que
^!^ diria Sauveu r a donné à Pierre une
Kffémi(i et une primauté sur son Eglise,
(tfj'elies se sont perpétuées à travers les
^ màntSf dans la personne de ses suc*
^^m, les évèques de Rome. Nous les
^^< exercer des actes d^autorité décisive
iinard des plus hauts dignitaires de !*£-
^(l'Orient; nous les voyons reconnus
Miiie juges suprêmes |)ar les plus savants
fnire les Pères ; nous avons rappelé en
Bb^ énergiques la déférence et la soumis-»
À des conciles, même généraux, à leurs
iciiioQs et à leurs décrets. Si cela ne suflit
^m prouver la croyance de ces siècles
iiibilà suprématie du Pape, je ne sais
^< comment arriver à reconnaître ce qu'ils
cru et enseigné sur un sujet quefcon*
Jbis, en quatrième lieu, la meilleure in-
FprêiatioQ d*une prophétie est l'histoire
F>0Q accomplissement. Les prophéties qui
wn^aient la dispersion d'Israël et laban-
r> ou Dieu devait le laisser, sont restées
Poures jusqu'au jour où elles se sont trou-
ât aciM)ffliiIies. Les Juifs devaient-ils être
V]<!emeDt privés de leur temple, ou bien
triuQie autre forme de culte national? De-
^tiiirih simplement être destitués de tout
^lemement domestique, ou devaient-ils
PMre toute espèce de droit de cité et de
kiiuunauté avec le reste du monde? Lisez
t prophétie à la lueur du flambeau de
^toire, et tout est clair, logique et cou-
KûkcanL Maintenant, appliquez cette règle
^h promesse bite à Pierre. Un pouvoir qui
>^d descendre de lui se trouve existant
^kfi en &^e, au sein du christianisme, sans
^^ a&s'jjetti à aucune des variations, vicis-
"'fi^etiaterrapUunsde toute domination
temporelle. Il forme lu chaîne unique qui,
sans rupture et sans interruntion, lie ea«
semble à travers tous les siècles, et unit les
uns aux autres les éléments de Thistoire sa-
crée et profane. Car^ tandis que de eourtes
dynasties naissent et meurent autour de cette
puissance sacrée, Thislorien, pour fixer l'é-
poque de leur commencement, des événe-
ments qui s y rapportent et de leur Guy n*a
d*autre moyen i|ue de les rapporter à la
succession non interrompue de ceux dans
les mains desquels elle a résidé< Qu'on ne
dise pas non plus que celle perpétuité est
le résultat d*un hommage aveugle payé à
Tautorité des Souverains Pontifes. A diver**
ses reprises, leur patrimoine a été usurp6
. parles étrangers, leur capitale a été sacca^
gée par les conquérants, leur chaire réduite
en cendres par les harl^ares; ils ont été uen»-
dant plusieurs générations retenus dans! exil
par leurs sujets rebelles; ils ont été jeié»
dans les fers, mis à mort; en un mot, ils
ont éprouvé tout ce qui met fîn aux dynas-
ties mortelles et aux principautés humaines.
Mais une vigueur mystérieuse semble ani-
mer cette race de |>rinces sacrés; et, tandis
que Ton voit d'autres évêchés effacés de la
surface de la terre, ici les pontifes succè-
dent aux pontifes, en dépit de tous les obsla-
clés : le conclave pour leur élection se tient,
tantôt dans une province éloignée de rita-
lie, tantôt en France ou en Allemagne; tou-
jours un successiçur est élu dans les formes
prescrites, et recQnnu de toute TEglise, et
toutes les tentatives faites pour en rompre
la suite avortent et deviennent inutiles.
En même temps, cette |iuissance pontifi-^
cale exerce une influence marquée sur la
civilisation, la culture et le bonheur dea
hommes. Avec les vertus de ceux qui eu
sont successivement revêtus, on voit fleurir
les vertus de toute la terre; les vices bien
rares, il faut l'avouer, mais, hélas I trop in-
fluents de quelques-uns d'entre eux hou*
vent un funeste échodans le restedu monde
chrétien, qui en ressent les fatales atteintes.,
Les vertus humaines sont comme une mer.
qui s'élève ou s'al)aisse, qui est en flux ou
en reflux, par cela seul que la vertu des
pontifes est en progrès ou en diminution.
Mais là ne se borne pas l'influence de fan-.
torité pontificale. Le sort de touie la reli-
gion semble être attaché à sa destinée; on
peut dire que depuis plusieurs siècles elle
n'existe plus nulle part que dans son union
et sa dépendance avec elle ; point de pas-
teurs qui ne reçoivent d'elle leur juridiction ;
point de prédicateurs qui ne œnfessent
avoir appris d'elle les doctrines qu'ils dot-
vent enseigner; point de fidèles enfin qui ne
fondent Téspoir de leur salut sur leur unité
de communion avec elle. Tout ce qui brille
dans la religion semble n'être qu'un reflet
de sa lumière; formes et cérémonies, lois
et canons, symboles de foi et termes de com-
munion tout dérive d'elle avec une pleine
obéissance. .
Un système qui dao»** •-''• -*^ '«^es se
trouve sienlièrer ^-
i^
PÀP
DICTIONiNÂlKl!; APOLOGETIQUE.
PAP
4^1
nisroe, et qui en rè^^le roxistence, ne sau-
rait 6tre une simfile niCKlificalion acciden-
telle ; il doit, ou former une partie intégrante
de sa constitution, ou exister ainsi depuis
longtemps malgré lui; c'est, ou un organe
essentiel, nécessaire h ses fondions vitales,
qui agit avec une puissante énergie jus-
qu*aux dernières extrémités de ce corps
mystique; que dis-ie, c'en est le cœur et
l'âme, ou bien ce n est qu'un monstrueux
assemblage qui s'y est fortement attaché et
comme profondément enraciné, et qui exerce
dans toutes ses parties une inllu«?nce désor^a-
nisatriceet fatale. Vous platl-il maintenant
de le considérer dans ce dernier sens? Alors
\ayez dans (|uel abîme de dilUcultés vous
allez vous jeterl
D'abord, vous mettez en pièces, que dis*
je? Vous réduisez complètement en poudre
toutes les plus belles merveilles du christia-
nisme. La soumission du rœur et de la vo-
lonté à l'enseignement de la toi, l'espérance,
qui nous fait jeter l'ancre dans un autre
monde , les biens de \a charité religieuse ;
Taffection qui unit les caractères les plus
opposés, l'attachement le plus héroïque aux
grandes maximes de la religion, toute la
science des docteurs , toute la constance des
martyrs, tout le dévouement des pasteurs,
en un mot tout ce oui fait du christianisme
quelque chose de plus saint, de plus noble,
ue plus divin quece que la terre ou l'homme
avaient produit dans les temps qui avaient
précédé, tout cela n'a existé nulle [uirt, ni
en aucun temps, qu'en communion avec
cette autorité usurpée , ainsi que vous le
supposez, et s'est fait gloire de lui payer
un tribut de respect, de lui prêter son appui
et de lui rendre témoignage. Proclamez- vous
que ce ne sont là qu'autant de témoignages
rendus h une monstrueuse fausseté et h une
alfreuse déception? Mais alors, vous leur
ôtez nécessairemeut toute leur force en ma*
tière de preuve, et il vous faudra chercher
ailleurs les preuves les plus belles et les
plus touchantes du christianisme.
En second lieu, vous devez aussi consi-
dérer la protection continuelle et non inter-
rompue que cette institution a reçue de la
divine Providence. La destinée des institu-
tions iiumaincs est de croître, de fleurir,
puis de tomber en décadence, elles com-
mencent diliicilement, subsistent un peu de
temps et disparaissent sans retour, nulle
dynastie, nul royaume qui ail atteint la
moitié de sa durée : nul dessein , même le
plus favorisé de Dieu, qui ait traversé vic-
torieusement tant de diverses vicissitudes,
son partage semble avoir été celui du juste ;
la tribulation paratt lui être envoyée pour
l'éprouver et la punir, et non pour la dé-
truire. Quoi 1 su|)iK)serez-vous que cette in-
tervention extraordinaire de la Providence
ait été toute en faveur d'une usurpation
anticbrétienne, qui ne fait qu'égarer les
iiommes et ruiner la cause de Dieu?
KnUn, vous devez reconnaître que le Tout-
Puissant s'est constamment servi de cette
terrible atK>stasie comme du seul moyen
qui fût entre ses mains jiour conserver cl
propager sa religion. Comme de tunique
moyen pour laeoraerver; car, durant le cours
de tant de siècles, \ms une hérésie, je pari?
de celles que les protestants eux-mêmes sont
forcés d'appeler de ce nom, n'a été condam-
née, étouffée et déracinée autrement que par
le ministère et les décrets de l'autorité pon-
tificale. Ariens, macédoniens, eulychiens,
nestoriens, pélagiens et mille autres encore,
ont été anathématisés par les Papes; et tel
est le moyen unique par lequel la doctrine
et la foi de l'Ealise se sont conservées pures
et intactes de leurs erreurs. Ce n'est qu'au
nom et })ar l'autorité des Souverains Ponlifes
que les conciles ont été convoqués et les
canons promulgués , et qu'ainsi s'est accrue
et conservée la moralité des fiJèles. Commr
Punique moyen delà propager; car tontes k's
contrées de la terre, qui ont été converties
au christianisme depuis le temps des apôtres
sont redevables de ce bienfait au Saint-Siège.
L'Ecosse, rirlande, l'Andelerrc, l'Aile-
magne , le Danemark , la Hongrie , la Po-
logne et la Livonie ont été converties dci'uts
le cinquième siècle jusqu'au dixième, (vir
des missionnaires envoyés de Rome. Los
Indes orientales et occidentales lui ont la
même obligation; on peut dire qu'elles ne
connaissent du christianisme que la foi uc
l'Eglise romaine devant laquelle elles s'in-
clinent avec soumission. Et je puis d/rr,
sans crainte d'être contredit, que tandis quM
n'y a peut-être pas de pays sur le globe où
le Souverain Pontife ne compte un grand
nombre de sujets, aucune autre Eglise ne
peut se glorifier d'avoir possédé avec quelque
étendue ou avec quelque durée, le pouvoir
défaire des conversions. Eh bien 1 mainte-
nant, à toutes les époques où vous devez
supposer que Dieu a usé de ce système anti*
chrétien, comme de l'unique instrument
propre à conserver et h propager le chris-
tianisme, remarquez gue rautorité pontifi-
cale se glorifiait publiquement de ces suc-
cès, et les présentait comme une preuve
néremptoire qu'elle était le roc sur lequel
le christianisme est fondé, le représentant
de la seule autorité en vertu de laquelle il
devait être reçu comme venant de Dieu. Mais
ne résultera il- il |ias de votre hypothèse que
Dieu aurait lui-même soutenu de la manière
la plus eflieace, une si horrible et si terrible
déception?
Ne m'alléguez pas que Dieu sait tirer le
bien du mal, qu'il peut se servir des plus
mauvais agents, et qu'il importe peu que
l'Evangile soit prêché par un esprit de ja-
lousie, pourvu qu'il le soit en elTet. (Phiiipp.
I, 17.) Ce n'est que dans les cas ettraonli-
naires que Dieu a recours à de tels moyens ;
ce n'est pas là le cours ordinaire de sa Pro-
vidence. Je conçois bien qu'il envoie un
Sennachérib ou un Nahucnodonosor pour
convertir son peuple et le purifier en le châ-
tiant ; mais je ne saurais , sans blasphémer
sa bonté, penser qu'il puisse lui donner,
pour chefs ordinaires, de pareils liumnie>,
et leur confier habituellement et pendant
m
PAP
DICTlOiNNAlRE APOLOGETIQUE.
PAP
i26
«les sikles le soin de proléger et de défendre
m béritage et sou culte. Je conçois bien
rocore que fialaam , qui était venu pour
maudire, se] trouve forcé, malgré lui, "de
i>^oir le peuple du Seigneur et de prophé
liser k teter de Véloile de Jacob ; mais je
fif puis admettre, sans outrager sa sainteté,
/[oe les prophètes , depuis Samuel jusqu'à
Iblichie, n'aient été qu'une suite d'autres
BibiiDfGOotraints, contre leur gré, à in-
siroire une nation qu'ils auraient surpassée
fn méchanceté. Paul aussi n'a pu supposer
que lOHS les apAtres et tous les prédicateurs
ce iÏTangile, durant les siècles, n'enseigne-
nieDtles dogmes du christianisme que f>ar
m esprit de jalousie. Tel est cependant
fiWiDe où vous vous jetez ; telles sont '(les
dilbltésdans lesquelles vous tombez, en
apposaotaae la suprématie du Saint-Siège
a'ieiisiédaas le cnristianisme que contre
h ^loolé divine,
^apposez, au contraire , que cette supré-
uiie ait été donnée à Pierre , alors , tout
c^coQséqaent, tout est merveilleux, tout
«tsablioe. Nous suivons à travers tous les
b^rtccomplissemeutUela promesse; nous
utsapliqqons comment elle a résisté au
t^^taotde convulsions, comment elle
^istreieiée tant de fois invincible de des-
iwJ» lots tempétueux; comment elle est
ttifffr à la ruine qui frappe toutes les
ytitptions humaines, et a été le roc qui
fcnuti toutes les parties de ce vaste bAti-
Mnoebase si solide, qu'il s'en est formé
feifiiif édifice, et les a conservées inébrao-
wdans tons les siècles.
' M» c'est une institution dont la subli-
Mesl di^e de Dieu. Voir ainsi la rcli-
PidereDir un objet sur lequel la terre et
ws ses vicissitudes n'ont aucun empire ;
Ï^ 3e rit des bornes que le génie de l'homme,
«oiaio plus puissante encore de la nature
Mposées pour intercepter les communica-
pnfnlfelcs peuples; qui sait faire'.respec-
|e( observer ses décrets à des peuples qui
pi jamais entendu le nom et les conquêtes
MOfoe, qu'autant qu'ils se trouvent liés
N HTités qu'ils en ont reçues; qui em-
twe dans un intérêt commun et dans
iens de la charité, les peuples les i)lus
reots de langage, de couleuret de figure;
Slk^,en vérité, l'idée que nous eussions
*ous former d'une religion qui aurait eu
hauteur Celui à qui appartiennent les
■^«w de la terre (PsaL xciv). Quelle
P^que celle-là, qu'à la grande fôte de
nQes* lorsnue le souverain pontife étendra
^inset bénira tout son troupeau, cette*
pdiction traversera les mers eljles océans,
Pvi«^Qdra à des climats que le soleil n'éclai-
^ l'As encore de sa lumière , et tombera
^'^e une rosée sur des églises qui ne re-
^^Qt les nouvelles de ce grand jour, que
v^tmps après que les feuilles que nous
^^'M présientement en boutons sur les
f ^"^i se seront desséchées et seront tom-
f'^^àm le sépulcre que leur creuse l'au-
W»i pénible de nous détourner de ces
DlGTI09fXAUlE APOLOGÉTIQUE. 11.
pensées consolantes pour aborder les objec-
tions Que les préjugés ou l'ignorance ont
soulevées contre ce que 'n«us avons dit de
l'autorité pontificale. Mais je sais qu'il en
est peut-être qui désirent m'arrêter et me
rappeler qu'il y a des volumes écrits contre
les crimes et les iniquités des Papes. Ou me
dira qu'ils n'ont été, pendant des siècles,
qu'une suite d'hommes remplis de l'esprit
du monde, n'aspirant qu'à la puissance ter*
restre, et ne cherchant qu'à arracher la
couronne de la tête des souverains ; saisis-
sant averardeur toutes les occasions de lutte
contre la puissance temporelle et de se
rendre à la fois les chefs politiques et les
maîtres spirituels du monde. Pour réponse ,
je ferai d'abord observer que, quelle que
soit l'impression dont on puisse être affecté
par rapport à la conduite de quelques-uns,
ou même de beaucoup des pontifes romains,
on n'a pas le droit |de s'en faire une règle
pour l'interprétation [des paroles du Christ,
ou pour juger de l'existence d'une institu-
tion. Beaucoup de ceux qui ont été honorés
du titre de grand prêtre chez les Juifs , de-
puis Héli jusqu'à Caïphe , ont déshonoré leur
rang ; et ce()endant la sainteté de cette dignité
et son institution divine, n'en ont reçu au-
cune atteinte ; et ni notre Sauveur, ni saint
Paul n'ont enseigné qu'il fallût lui refuser
le respect et la vénération, Nous savons que
parmi les apôtres eux-mêmes, il y en eut
un capable de trahir son matlre; par consé-
quent, de commettre le crime le plus abo-
minable qu'ait jamais éclairé le soleil , sans
que pour cela l'apostolat ait rien perdu de
sa diffnité. Nous pouvons dire de ta môme
manière que si Ton voulait compter le nom-
re des Papes qui ont déshonoré leur carac-
tère, il ne serait pas, relativement à ceux
dont les vertus ont fait la gloire du chris-
tianisme, dans la même proportion que le
perfide Judas, par rapport au collège aposto-
lique. Si donc la dignité des apôtres n'a rien
perdu par la trahison de Judas ; si leur ju-
ridiction n'en a souffert aucune diminution,
je vous le demande, l'institution de Tau-
torité pontificale doit-elle être condamnée
pour les crimes de quelques-uns de ceux
qui en ont été revêtus?
Mais à ce sujet il se présente une foule
d'illusions et de déceptions sans cesse ré-
pétées et capables de nous porter à nous
étonner comment on a pu se laisser prendre
à de si grossières faussetés. D*aboru il est
d'usage do confondre ensemble le caractère
privé^, individuel du Pontife, et sa conduite
publique; et cependant il y a en cela une
distinction nécessaire à faire, comme je l'ai
observé au commencement de cet article.
Notre Sauveur, en conférant aux Panes un
pouvoir si étendn , leur a donné, sils en
étaient indignes, les moyens de faire beau-
coup de mal, comme ceux de faire le plus
grand bien : cependant il ne leur a pas ôté
pour ceJa leur responsabilité personnelle;
il les a laissés en possession de leur libre
arbitre, dans la position par con*'
la plus dangereuse à laquelle la
m
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
i»
humaine puisse se trouver exposée. Do là
résulle la possibilité qu'un certain nombre
<le Papes se soient montrés indignes de leur
caractère. Qu'il en ait été ainsi, personne
ne le nie; mais en même temps il faut re-
connaître que dans une foule d'exemples, on
a dénaturé ici les faits [Ans que dans aucune
autre partie de l'histoire, rour ce qui est
des Pontifes des premiers siècles « personne
no contestera qu ils n'aient été dignes de la
])lace qui leur a été donnée dans le calen-
drier des saints. Pour les Pontifes des der-
niers siècles, il est reconnu de même, non-
seulement des écrivains catholiques, mais
même des auteurs protestants, non pas d'une
époque éloignée, mais d'une date toute ré-
cenie, que depuis le changement de religion
-^survenu dans quelques parties de 1 Eu-
rope , depuis et avant la réforme , rien n'a
été plus exemplaire et plus digne de la
place qu'ils occupaient, que la conduite de
40US ceux qui ont rempli la chaire de saint
Pierre.
Ainsi donc, la seule époque de l'histoire
<iuiait pu fournir toutes ces objections, ce
sont les siècles appelés le moyen Age, ou
les siècles de ténèbres. Or, tous ceux çiui
4)rétendent juger cette période de l'histoire,
sont en général totalement étrangers à l'es-
prit qui l'animait; ainsi, sans être en état
d'apprécier sous leur véritable point de vue
les mesures qui furent alors suivies, et
ne les jugeant que d'après les vues non
moins particulières et plqs étroites du temps
joii ils vivent, ils condamnent la conduite
4ies Papes, comme n'ayant eu d'autre mobile
-^ue le désir de l'agrandissement temporel
et de l'empire souverain du monde. Mais
un ravon de lumière commence à pénétrer
dans le chaos et la conftision où les préjugés
^nt plongé l'histoire de ces temps malheu-
reux; et il part d'une source qui doit rendre
tout soupçon diOicile. Depuis ces trente der-
nières années, il. a paru une foule d'ou-
vrages dans lesquels la conduite des Papes
du moyen âge a été non-seulement réhabili-
tée , mais encore placée dans le point de vue
le plus sublime et te plus magnifique. Et je re-
mercie Dieu de ce que ces ouvrages, comme
Je ^viensde le dire, partent d'une source
qui ne saurait être suspecte; car ils ont
tous des protestants pour. auteurs. Dans ces
dernières années , il a -été publié plusieurs
vies ou réhabilitations du Pontife ç|ui a
.été regardé ( omme le ty^e personnifié de
-cette soif d'agrandissement qui est attribuée
.aux Papes du moyen âge : je 'Veux parler de
Grégoire VII, connu vulgairement sous le
<aiun de Hildebrand. Dans un grand ouvrage
JTolumineux, publié il y a quelques années
Dar Voigt, et approuvé par les plus célèbres
nistoriens de 1 Allema^e moderne, nous
jvoyons la vie dece Pontife, rédigée d'après
des documents contemporains, d'après sa
luropre correspondance et les témoignages
tant de ses ennemis que de ses amis. Il ré-
(iOl) Eichborn, Luden, Léo, Huiler et beaucoup
4*auire« écrivaias protesunts.
suite de là, et jp voudrais bien i)Ouvoir vous
citer les paroles mêmes de 1 auteur, que
tout historien qui Isaura s'affranchir de
misérables préjugés et d'idées {inreuient
nationales, et considérera d'un point plus
élevé le caractère de ce Pontife , sera forcé
de le reconnaître pour un homme d*un
esprit très-supérieur, d'un désintéresse-
ment parfait et du zèle le plus pur, un
homme qui dans toutes les occasions a su
agir comme sa position demandait quMI agit,
et qui n'employa jamais d'autres moyens
que ceux dont il avait droit de se servir.
Voigt est suivi en cela par d'autres écrivains
qui en parlent avec un enthousiasme qu*un
catholique même ne saurait dépasser; on
a remarqué qu'un de ces auteurs ne put
jamais parler de ce Pontife sans une sorte de
ravissement (Wk).
Il a également paru un autre ouvrage
fort intéressant : c est la Vie d*Innocent III,
un des Pontifes;iles?plus dénigrés qui aicoi
occupé le^siége de Rome, écrite par Hurler,
ministre de 1 «église protestante d jiHemagne.
Cet écrivain a examiné de nouveau avec une
froide éauité les allégations portées contre
ce Pontire; il a basé entièrement son travail
sur les monuments de l'époque, et il est ar-
rivé è cette conclusion, qu'il n*jr avait dans
la conduite de ce Pape rien qui fût digne
de reproche. Qu'elle doit être au contraire
l'objet de la plus haute admiration. Pour
donner une idée de l'esprit dans lequel cet
ouvrage est fait, je vais tous citer deux
passages qui peuvent s'appliquer au sujet
3ue je traite , considéré en général. Voici
enc comme il s'exprime : Instrument im^
médiat entre les mains de Dieu pour assurer
le plus grand bien de la eommunautéf tel dut
être considéré par les chrétiens de ce temps^là^
par les ecclésiastiques , et encore plus par
ceux qui approchaient davantage au centre
de F Eglise f* celui qui en était le chef. Toutes
les puissances de ce monde ne travaillent que
pour le bien d'une vie terrestre^ pour une fin
transitoire: V Eglise seule a en vue le salut de
tous les hommes f et travaille paur une fin
d^ étemelle durée. Si le pouvoir temporel rient
de Dieu^ ce n'est pas dans le même sens^ dar s
(a même mesure , ni dans les mêmes limites
Sue le souverain pouvoir spirituel de cette
poque, dont l'origine^ le développement, féten*
due , et Vinfluence {indépendamment de toutes
les formules dogmatiques) forment le spec-
tacle le plus remarqtuible de Vhistoire du
monde (405).
Dans un autre passage , il s'exprime
ainsi : Portez vos regards en arrière^ remon-^
tex d'une époque quelconque à d'autres temps^
et voyez comment l'institution de la papauté
n survécu à toutes les autres institutions de
f Europe ; comment f dans les variations sans
fin de la puissance humaine^ elle seule est de--
meurée invariable et a conservé et retenu le
mémeesprit. Serez^vous surprisque plusieurs
la regardent comme le roc qui seUve inf^
(405) HuRTCR, Geichidite pabiat Innocent ///,
semer Zeitgenossen; llamb.^ t85i, voL 1, p. 56.
m
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
430
^ruMU au-dessus des vagues orageuses du
Tâi esssjé de tous présenter en abrégé
les arguments sur lesquels s'appuie la su-
prématie des successeurs de saint Pierre.
Musarez ru sur quelles bases nous Téta-
[t'mas : ce sont des textes clairs de 1 Ecrî-
m, interprétés, sans violence, simplement
(j'iprès leur construction et leur analogie à
c'autres passages de la sainte ^>arole de
Diea. Vous avez ru comme l'institution de
Itutorité pontificale s'est transmise et main*
i^oepar une suite de siècles et de pontifes
}\^û celui qui occupe aujourahui la
(Jiredesaint Pierre^ le glorieux Pie IX.
Considérons maintenant la papauté dans
.va autorité dogmatique, dans sa mission
t'Ktriaale.
§ni.
Ué^m^mt de l'Eglise comme autorité doctriuale.
-Il est le dépositatre de l*auU>rilé de l'Eglise, comme
)>BToir dosmatique. — Des grandeurs de la mission
«Ciinle A»t U est invesU.
h homme illustre disait, au commence-
atni de notre j^ièclcy que ia plus admirable
tttriQtes les institutions, c'était la papauté.
O&u peut se défendre de tenir le même
bopct quand on examine, dans sa nature
tf «<co objet, la mission doctrinale des sou-
vfw pontifes. Il y a dix-huit cents ans,
n&( extraordinaire arriva dans le monde.
b pécheur de la Galilée racommodait ses
Itô: il s'appelait Simon ; et voilà qu'un
msuné Jésus passe et lui dit : « Suis-moi 1
«teferii devenir pêcheur d'hommes. » Et
kf'écheur le suivit. Et plus tard Jésus dit
>jïécheur;€ Tu es Pierre, et fsur cette
^ je LAliirai mon Eglise, et les portes
l'eofer ne prévaudront point contre elle.
'^ a bien demandé à te cribler pour te
billir; mais j*ai prié pour toi ; ta foi
rhaocellera point, et ton devoir, comme
pririlége, sera d'abord de prêcher et
ligner comme tous les autres, mais
te d asseoir, de fortifler et de défeu-
au besoin la croyance de tes frères :
inw fraires tuos. Tu les raffermiras
[bernent, par l'autorité de tes décisions
énergie de ton courage :par l'autorité de
^écisions, en dissipant leurs erreurs et
bfiUeurs incertitudes; ])ar l'énergie de
Pcourage, en t'opposant, comme [un mur
Priiû, soit aux séductions qui tenteraient
&•»$ surprendre, soit aux tyrannies qui se
^«nieraient pour les opprimer : Confirma
Tti, •
^ quand le maître qui lui confiait ce
*>i ministère fut parti pour le ciel, le
'ierpililéen s'en alla par l'univers rem-
if ses instructions. Répandre la vérité,
--épand .> ^
'ies prédications qui, semblables h de
>â coups de ûlets, saisissent unn fois
[J^^ mille, et l'autre fois cinq mille hom-
^tii confirme la vérité dans ce concile
^^} IW., p. 70,
apostolique dont il préside les réunions et
promulgue les décrets; il soutient l'indé-
pendance de la vérité en annonçant Jésus*
Christ, malgré la Synagogue qui lui com-
mande le silence et le jette dans les cachots,
parc^ qu'il ue peut se taire. De Jérusalem il
court a Antioche ; mais ce n'est point en-
core là le lieu de son repos. Comme l'œuvre
qu'il médite doit être impérissable et uni-
verselle; comme elle doit envelopper dans
son influence et toutes les régions et tous
les As;es, il choisit, pour l'asseoir, un sol
plus ferme que la mobilité de l'Orient, et
plus haut qu'une \cilé subalterne. Au sein
du Latium, au pied de quelques monticules
qui semblent peser sur son front comme
une^couronne de murailles crénelées, une
ville repose dans la force et la splendeur ; et
sur l'une des collines qu'elle embrasse, un
palais s'élève avec un rude orgueil. Cette
ville, c*e$t Rome, devenue, par sept cents
ans de sage politique et de colossales con*-
quêtes, la dominatrice des nations; ce palais,
cest celui de ses consuls transformés eu
empereurs. Du faite de ce séjour, comme
du sommet d'un observatoire gigantesque,
ils ont promené eu tous sens 1 avidité de
leurs regards; partout oil ils ont aperçu un
coin de terre libre encore, ils lui ont dit:
Tu seras une proie I Et leurs aigles dévo-
rantes s'y sont précipitées, comme la fou-
dre dont on les disait messagères; elles ont
porté des chaînes et des erreurs à tous les
peuples, et à leur retour, dans les plis des
drapeaux arrachés à ces nouveaux esclaves,
elles ont rapporté, aux Césars qui les avaient
lâchées, autant de faux dieux pour leur
Panthéon que de dépouilles et de trophées
pour leur Capitole. Voilà précisémant où
Pierre vole s'établir. C'est au cœur de cette
autre Babylone qu'il place le centre de cette
autre Jérusalem dont il doit être la pierre
fondamentale. Là où le despotisme et* lo
mensonge régnent unis par des nœuds sé<
culaires, il dresse un trône dont la vérité
partagera l'usage et la gloire avec la charité.
Enfin, sur les mêmes hauteurs, d'où les
conquérants romains n'ont entrevu les na-
tions que pour leur envoyer la servitude et
en aggraver les ténèbres, lui vient fonder
une dynastie de pontifes qui, se disant, ^i
son exemple, serviteurs de tous les hom-
mes, débiteurs et appuis de toutes les Ames,
s'occupent sans cesse, et à tout prix, de
leur faire arriver et de leur garantir la
plus riche de toutes les lumières, la plus
précieuse de toutes les libertés : la lumière
et la liberté des enfants de Dieu. Et voilà
l'origine et le plan de la papauté ; en voilà
le type immuable et suprême'; en voilà
l'idée et la mission.
Ainsi, un homme qui garde, au sommet
de l'Eglise catholique, le trésor général dos
célestes oracles dont elle est dépositaire ;
un homme qui en soit gardien, non pas pour
en jouir seul, comme un sage égoïste; non
pas simplement pour le coiumuniauer à
J
431
PAP
DICTIONNAIRE APOLOCETîQUE.
PAP
IZÎ
quelques rares adeptes» comme un chef
d'école, mais pour en jeter les enseigne-
ments aussi loin qne le jour lance ses feux,
c'est-à-dire, jusqu'aux extrémités du monde ;
un homme qui , pour cela, sentinelle per-
rUuellement attentive, cherche sans cesse
décourrir, dans le plus profond des espa-
ces et sous les vapeurs les plus lointaines
de l'océan , les peuples égarés qui s'y ca-
chent; un homme qui, du moment où il en
aperçoit, se hâte de leur faire porter la
bonne nouvelle par des anges de lumière ;
un homme enfin qui, non-seulement s'ap-
plique à doter de fa science divine les na-
tions qui ne lont pas, mais encore, après
cela , veille à en maintenir l'unité sans di-
vision, l'inlégrilé sans tache, la dépendance
sans entrave, et soit prêt à résister, s'il le
faut, jusqu'au sang, a quiconque voudrait
ou la corrompre ou l'asservir : c'est là le
Pape. Et quelle institution sublime I Quelle
magnifique sollicitude que celle qui lui est
imposée l Qu'il sera beau, sur la montagne
sainte, avec son oreille toujours penchée
sur l'abîme des siècles, épiant toutes les
aspirations à la vérité pour y satisfaire,
tous les bruits d'erreur pour les confondre,
tous les soupirs de servitude religieuse pour
affranchir ou consoler les Ames qui les
exhaleront I
Autant la mission des successeurs do
Pierre est admirable en elle-même, autant
est remarquable la hdélilé qu'ils mettent à
la remplir. Qu'est-ce que l'Evangile? C'est,
en matière de vérité religieuse, une doctrine
complète. Il ne contient pas seulement,
dans ce qu'ils ont de raisonnable, ces dog-
mes d'égalité et de fraternité aux(iucls cer-
tains esprits étranges voudraient maintenant
réduire toute la loi et les prophètes; il ren-
ferme encore, d'un côté, toutes les notions
dont nous avons individuellement besoin
pour éclairer nos devoirs et notre destinée;
d'un autre côté, toutes les connaissances
nécessaires è la société pour lui découvrir
les sources de Tordre et du bonheur. Avec
•ce trésor, l'humanité possède tout ce qu'il
lui importe de savoir; il faut simplement
qu'il lui soit communiqué; et c'est précisé-
moRt ce que font les Papes avec une ac-
tivité magnifique.
Voyez a leur tête, voyez comme saint
Pierre en épanche h flots les richesses sur
l'Asie Mineure, la Grèce, l'Espagne; et, par
les coopérateurs de son apostolat, sur la
Perse, les Indes, l'Egypte et l'Ethiopie I
Quelle n'est pas l'ardeur de ceux qui lui
iiuccèdent pour régaler daus son zèle à semer
la lumière I Comme partout où manque la
lumière, partout ils s'empressent de faire
éclater un rayon de l'astre évangélique. Le
paganisme des Romains, joint au culte des
druides, forme sur la Gaule des ténèbres
F lus épaisses que Tombre de ses iforèts : à
ordre du Pontife suprême, Trophime, De-
nis, Gatien accourent; ils prêchent au midi,
au nord, à l'ouest, et Tobscurilé s'éclaircit.
•N'est-ce pas à la parole de saint Eleuthère
et de saint Grégoire que la vérité s'est levée
deux fois sur la Grande-Bretagne? Et la
Germanie, qui donc ose renverser ses fa-
buleuses croyances? Ce n'est pas un légion-
naire de cette ancienne Rome, dont elle a
humilié la gloire dans les champs où périt
Varus; c'est Boniface, c'est-à-dire un apô-
tre délégué par Grégoire II, chef spirituel
de la nouvelle Rome. Les siècles se précipi-
tent. Un nouveau monde éclot pour ainsi
dire des entrailles de l'Atlantique, le vi-
caire de Jésus-Christ y fait retentir la pa-
role de vie, au même instant où l'Espagne
y déploie le drapeau de la conquête. £t
maintenant encore, si la vérité a pu péné«
trer une seconde fois dans le grand empire
du milieu, à la suite des boulets qui en ont
ouvert l'entrée; si, en même temps qu'elle
multiplie ses martyrs dans le royaume d'An-
nam, elle cherche une grève inaperçue pour
redescendre au Japon; si elle a des întcr-
[)rètes qui voguent avec les sauvages de
'Australie dans leur canot d*écorce, au ris-
que de périr dans Jes flots ou d'être broyés
sous les dents de quelques tribus inhospi-
talières, n'es:-ce pas de Rome que part le
branle de cet immense apostolat?
Oui, telle est la gloire de la cité pontifi-
cale et sa ditTi^renc'e d'avec les autres cités.
Ailleurs, il faut le dire, à Londres, à Co-
Îenhague, à Saint-Pétersbourç, on apprend
parler tous les idiomes, mais dans un in-
térêt national ; h Rome, il est un collège
sublime où Ton enseigne aussi tontes les
langues, mais dans un intérêt religieux cl
humanitaire. Là, c'est pour former des am-
bassadeurs ou des consuls; ici, c'est pour
former des apôtres. Là je vois bien aussi
des papes qui jettent des émissaires à tous
les vents; mais ce sont des papes laïques cl
calculateurs; de leurs missionnaires ils font
des agents politiques; au lieu de sanctuai*
res , ils leur commandent d'élever des
comptoirs sous la tutelle du canon, et d'ex*
ploiler le sol sans trop s'inquiéter des âtiics.
Ici, au contraire, c'est un pontife qui, à la
place du glaive, symbole très-souvent d'c*^
goïsme et d'erreur, porte une croix, sym-
bole 4out ensemble de la lumière et du dé-
sintéressement. 11 la remet à (juclques-uns
de ses prêtres et leur dit : Voici l'arbro de
la science et du salut; allez le planter sur
les plages les plus lointaines et les plus dé-
vorantes. Dans ce travail ne songez ni k
mes intérêts ni à votre vie; la seule chose
que je demande et que je souhaite à votre
courage, c'est que le vaisseau qui doit vous
emmener aujourd'hui comme prédicateurs
de ta vérité, demain vous ramène à moi
comme ses martyrs. Voilà les Papes. Nous
autres nous en ^appelons sans cesse à la
propagation des' lumières, et nous ne sa-
vons pas nous remuer pour les répandre.
Rome parle beaucoup moins, et elle agit
beaucoup mieut; elle fait comme le soleil
qui se tait au fond du firmament et rayonne
en même temps avec une infatigable iibi ra-
lilé sur le monde.
Propagateurs de la vérité, ils en furent
aussi toujours les arbitres éclairés et les
13
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
AU
Tfogeursiocorraptihies. Voici un contraste
oerreilleusemeQt étrange. Au sein des
eciies antiques, on vit bien des savants
nQsuItés. Socrate, Platon, et, avant eux,
fMbagore, objets d une certaine vénération,
fireol sans doute appelés par plus d*uu
(iiiosophc ou d*un monarque à résoudre
1^ problèmes plus ou moins formidables.
Ibis ils n*étaient p&s officiellement établis
pnirédaircir ies doutes qui agiteraient le
sK«(iV. Mais, après tout, ceut qui invo*
([mi leurs décisions sont assez rares, si
imabreux qu'on les suppose; ce sont quel-
^«fssàtaats isolés; mais enfin ies réponses
<pl!s ont faites soni le plus souvent, ou
itodes en détail, ou disparates dans l'en-
$eatb'e,et, comparées les unes aux autres,
ami des flots de contradictions qui se
kortent mutuellement et se brisent. Tel
h le sort d'Athènes et de ses sophistes, tel
ta Celui (le Rome antique et de ses saj^çes.
Il ce que je (fis des rois de la pensée, il
htk (lire aussi des rois de la puissance.
(leiietrADes sur lesquels l'erreur s*ost
BKff sous cette couronne de fer ou de dia-
CHtsiQiie de mains portant le sceptre,
KKAiserries de leur autorité pour la ré-
ÊROo l'accréditer parmi les nations I
.ci»se étonnante I au centre de Rome
jj^tooe, un homme existera pour être
,mc/e onifersel ; ce sera là sa destination.
^Ktous les siècles aussi bien auiourd*hui
I'ilr a deux mille ans, de tous les coins
Il lerrc, de Paris, de Varsovie, de 8yd-
//lieUeiico, de Pékin, l'on aura le droit
lecoosulter, et on le fera. Un doute sur
tnditions s'élève, on le lui soumettra;
iiérésie éclate, elle lui sera portée!; une
"talion s'engaçe, on en appellera à son
ial;des conciles s'assemblent, on ne
rien que sous sa présidence et comme
psoQ inspiration. C'est-à-dire, en d'au-
p!^nne<), que des questions aussi diver-
qamnoml)rabIes lui seront proposées ;
'îiins parfois exclusivement dogmati-
e: morales, nniis aussi questions sou-
. liées, soit aux bases de la politique,
llàcellpsde la philosophie, à l'expérience
Mu i»on sens, aussi bien qu'à la foi. Tel
p le manichéisme, qui détruit l'unité
mQ et la sainteté du mariage; tel sera le
éranisroe, qui renverse la liberté de
(ne; tel sera le calvinisme, qui en
aiit la responsabilité par le rêve d'une
^^abiiité chimérique! A tout cela les
s répondront; ils lixeront toutes les in-
'ludes, et trancheront toutes les difli-
; ils termineront tous les diiférends,
«nneront ce qui leur semblera des
iirs, dégageront ce qui leur paraîtra des
^^i|«s. £i dans leurs jugements, sur
w d'objets variés, et pendant près de
pî^ njillc ans d'arbitrage, vous trouverez
^^MleconUiiuité d'exactitude et de pré-
•*«'jn. qu'on ne pourra dire si elle fut
**»«iUf€ même par un seul nuage. Depuis
!** i*i Pierre jusau'à Pie IX, plus de deux
|*^'i papes , divers d'origine et d'cdu-
I * Mîi, se succéderont dans ce grand minib •
tèrc, et tous auront la même justesse comme
le même enseignement. 11 y aura parmi eux
des Alexandre VI ; leur sainteté'subira des
éclipses passagères, et le rayon de leur doc-
trine n*en connaîtra point. Ils traverseront
des époques inégalement éclairées, et quel-
ques-unes ténébreuses; mais leur sagesse,
sur les points essentiels, ne fléchira point
avec le niveau des lumières publiques. On
essaiera différentes fois de les surprendre
ou 4e les contraindre, mais rien ne pourra
ni tromper leur coup d'oeil, ni égarer leurs
anathèmes. « Rome a prononcé, la cause
est finie; » voilà ce que proclameront les
Pères après saint Augustin. « Jésus-Christ
a parlé par .la bouche de Pierre; » voilà ce
que répéteront constamment les conciles.
La rectitude et le sens commun se sont ex-
primés par le Pape; voilà ce que diront
éternellement les hommes sérieux Ainsi»
comme le publie Bossuet, l'Eglise romaine
restera-t-elle doublement vierge, et ne con-
naîtra ni hérésies ni faux systèmes, elle
frappera directement ou par contre-coup
tous les genres d'erreurs, sans jamais ei>
enseigner aucune, et, par une gloire au-
dessus de toutes les autres, elle ne sera pas
moins la colonne et l'appui de la raison
que le fondement de l'orthodoxie. Trouvez
à cet homme, si vous le pouvez, ou un seul
démenti sérieux, ou un second exemple
dans l'histoire!
L'irréprochable saçesse, portée par les
Papes dans leurs décisions, ne peut être
égalée que par le langage qui les exprima.
On dit souvent, en parlant des grands hom-
mes, à quelque ordre d'ailleurs qu'ils appar-
tiennent, qu ils ont une langue à part. Oq
nomme la langue de Corneille; il est une
langue de Pascal.; on répète encore de nos
jours que Napoléon eut la sienne. Comme
le {;énio a son Idiome, les ministères et les
puissances ont aussi le leur : idiome qui xvà
manque pas d'une certaine noblesse, mai?
toujours aride et sans aucune vibration.
Il existe dans le monde une autre langue
qu^on connaît peu, qu'on cite rarement, et
qui cependant est magnifique entre toutes
les langues humaines : c'est celle des sou-
verains pontifes. Après celle des B.critures,
c'est bien ce que je connais de plus tranché
et de plus admirable. Elle respire une ma-
jesté tellement naturelle et sublime, qu'on
y salue comme involontairement le rayon
Je plus beau de la majesté éternelle sur la
terre. A la dignité se joint le calme. On sent
que celui qui parle possède la vérité comme
dans sa plénitude et dans sa source; il ira
()oint d'efforts à faire, point de mouvements
à se donner pour l'atteindre ni pour la ré-
pandre; c'est la paix do Dieu laissant débor-
der, sans trouble et sans aeitations, les
flots de celte lumière immortelle, au sein de
laquelle il habite et dont son intelligence
surabonde. Enfin par le caractère le plus
glorieux, cette grandeur n'est pas sèche ni
altière ; cette tranquillité n't^at pas ffoUfe et
morte. A l'une et "^■Ifci
modestie onclucu'
455
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
436
fam d'inciTable tendresse, qui tempère la
première et vivifie la seconde. C'est l'accent
aun père s'échappaut de la bouche d'un
oracle; et jusque dans ses décisions les
plus hautes, jusque dans ses sentences les
Elus austères, on voit que la royauté s'ou-
lie, que Ténergie se contient, que l'indi-
gnation se modère, que le courroux se sur-
monte pour laisser prévaloir ou du moins
apparaître l'cibandon de la simplicité, les
ménagements de la douceur et les angois-
ses de l'amour. Ses foudres, avant d'éclater,
se sont attiédies dans ses larmes. Vous
n'avez peut-être jamais lu, ai bulles ni en-
cycliques parties de Rome? s'il vous en
tombe sous la main, je vous invite à ]e$
parcourir, et vous verrez si leur style ne
vaut pas mieux que celui de tous les proto-
coles du monde, et n'est pas un écho de la
langue qui doit se parler au ciel !
Propagateurs admirables de la vérité reli-
f pieuse, tuteurs ^inflexibles de son intégrité,
es papes le sont encore de sa liberté.
Attila, c'est-à-dire le fléau de Dieu, s'est
abattu sur l'Italie. Aquilée, Pavie et Milan
sont en poudre; le vainqueur pousse déjà
sur Rome ce formidable cheval dont le pied
foule si bien Therbe des champs et la gloire
des cités semées sur son passage, qu'elles
ne savent plus renaître. Valentinien trem-
ble et reste immobile. Mais saint Léoa $*a-
vanoe, et le barbare recule. D'autres Altila
so sont montrés dans l'histoire. Celui-I^
s'élançait contre des villes; ceux-ci s'atta-
quaient aux consciences; celui-là n'aspi-
rait qu'à mettre des monuments en débris ;
les autres prétendaient réduire la vérité en
servitude. Mais à ce dernier genre d'oppres-
seurs, comme à l'autre, le Saint-Siège a
toujours eu des Léon pour opposer une
di^uel A l'origine, c'est Néron et toute cette
suite de tyrans que la Rome impériale pro-
duisit dans ;5a féroce décrépitude : je vois
alors saint Pierre mourir crucifié sur le
Janicule, comme son maître le fut sur le
Golgotba; il érige, pour ainsi dire, un se-
cond calvaire sur lequel, à son exemple,
presque tous les pontiies des premiers Ages
se laisseront égorger pour sauver la liberté
de la foi» Viennent ensuite les princes hé-
rétiques de Ra venue et de Constantinople;
ils luttent de despotisme et presque d'atro-
cité avee les persécuteurs païens. Mais
fureur inutile^ Jean I*'' mourra dans les
cachots de Théodoric, Symmaque protestera
contre Anastase, Sylvère sera martyr plu;
t6t que de condescendre aux caprices hété-
rodoxes de la cruelle Théodora; et ainsi le
siège apostoliaue soutiendra-t-il, contre ce
nouvel ordre d'ennemis et de brutalités, ses
saintes traditions d'héroïsme et d'inflexible
indépendance. Que, vers le moyen âge» les
empereurs d'Allemagne ne se contentent pas
d'épouvanter les peuples par une licence à
la rois effrénée et sanguinaire comme celle
des musulmans ; qu'ils se mêlent de tran-
cher des points de théologie, pour usurper
ensuite des droits de juridiction ; qu'ils mal-
traitent les évèques assez courageux pour
refuser de puiser leurs pouvoirs à la source
de ce pontificat laïque et sacrilège, Aleian-
dre III, Grégoire IX, Innocent IV seront là
{)Our abriter le sanctuaire, contre cesenva-
lissements et ces violences d'une autocra-
tie que le vice déshonore et que l'oi^util
égare.
Si, après cela, franchissant tous les îl-
termédiaires, nous venons h notre époque,
de quelle scène magnifique ne nous rappel-
Ieroi|$-nous pas que le monde naguère a été
le témoin et le Vatican le théâtre? Deux scni-
verains s'^ sont rencontrés. L'un, chef d'un
empire gigantesques et maître des plus
nombreuses armées fdont le fardeau pèse
aujourd'hui sur le globe ; l'autre, rui^d'uu
Etat modeste, à peine gardé dans ses terres
par quelques rares lésons, mais, en retour,
Ï>ère d'une famille spirituelle éparse k tous
es vents des cieux ; celui-là, regardé comme
appuyant son sceptre d'airain sur les âmes,
jusqu'à y étouffer la libre palpitation des
croyances rcatholiques; celui-ci, chargé par
le Dieu dont il est le représentant, de pro-
téger et l'indépendance de la vérité et celle
des consciences qui l'ftbritent. Et le vieillard
du Vatican tira alors une sublime pArole
de son cœur octogénaire. En présence des
peuples qui regardent, au milieu des gou-
vernements qui font silence, sous les Tou-
tes de ce palais où les ombres de deux ceols
pontifes généreux le considèrent, d'Doe
voix où le respect et la dignité se confon-
dent dans un accent commun, il adresse ces
mémorables mots à l'hôte couronné qui
vient lui rendre une visite, dans la cilé
même où quelques-unes de ses victimes
sont venues chercher un refuge : t Tous
deux, sire, nous uaraltrons devant le Juge
su|:)réme, moi plutôt que Votre Majesté,
mais Votre Majesté viendra après moi; Tun
et l'autre nous aurons à rendre compte de
notre gouvernement'. Cette pensée m'im-
pose le devoir de défendre ceux de mes ti-
dèles enfants qui vivent dans les États de
Votre Majesté. » Tant il est vrai que l'es-
prit de Pierre, le sentiment et le zèle de si
mission remplissent et animent encore ao
jourd'hui les héritiers de sa couronne l
Au noble langage de Pie IX, ne se ra(>-
pelle-t-on pas involontairement le prince
des apôtres soutenant les mômes intérêts
et proclamant la môme liberté devant les
tribunaux de la Palestine et les empereurs
de la vieille Romel
Ainsi, sublime par son but, la mission des
souverains pontifes ne l'est pas moins par
la II anièredontils l'exercent; ils répandent
le bienfait de la vérité avec un zèle infatiga-
ble; ils en maintiennent l'intégrité avec
une irréprochable sagesse; ils en protègent
l'indépendance avec une inflexible fermeté.
• Je pourrais ajouter qu'à cette gloire,
Dieu se fait souvent un bonheur d'en allier
une autre, gloire lugubre, il est vrai, mais
cependant majestueuse. C'est qu'il appuie
de temps en temps la mission de ses pou-
tifes par des coups éclatants de Providence;
c'est qu'il venge plus d'une fois par de*
13)
PAP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
43r
({liiitnenLs formida*j»]es leur autorité më-
(onoue, ou leur liberté mise aux chaînes;
r>5( qu'on f)Ourrait composer un livre qui
Ml à penser sur la mort des persécu-
(tur^des Papes, comme Lactance en a fait
i8$urla mort des persécuteurs de TÉsIise»
ÎJaiiDOflijd n'inâsie pas sur cette idée» je
ms pne de la féconder vous-mêmes et de
à rmtjer par vos lectures.
Cnaatre phénomène qui me parait peut-
^fîitplos digne dé remarque, cest que ja-
uL^uitinu approbationdu Saint-Siège n*est
Iticiiiie avec indifférence,- ni une con-
'^uiioQ, ni une excommuni<^tion de sa
Ejcceplée avec mépris et sans douleur,
àreurssont toujours chères, ses coups
mjf\m sensibles. Vojez Luther : une bulle
•arrivée de Rome qui le condamne, il la
Miebieo» éi vous le voulez, sur la place
^ii{Qe; mais la blessure qu'elle a faite
niioaâaie demeure, jusqu'à là (in de ses
», me et brûlante. Impossible à lui
jfcUier ou de dédaigner la sentence pon-
Mû; sa rage sans repos et ses invectives
aiiflierrapiion l'attestent; il no parle
jM)i(l(iPape aue pour le flétrir de noms
'jfmr^ ou le charger d'exécrations infer-
iBb.preave éclatante que le trait qu'il en
;Wlît^ ne cessait de torturer sa con-
\§tmti de désoler son orgueil I Ce n'est
llUttifalement l'impression des moines
M^; cest celle des rois et des empereurs
fliéiDes quand ils sont excommuniés,
tmeot Henri d'Allemagne essaie-t-il de
uerdes anathèmes de Grégoire VU; il
im(6 malgré lui, il a besoin de cher-
• pâf les décrets de quelques concilia-
teiias sous sa présidence, à se dis-
ses foudres que Rome a lait éclater
8 lèle. On dit que plus tard Henri YUI
•cterre ne fut pas moins tourmenté de
;râcede Clément VIL II eut beau se
proclamer chef suprême de l'église
cane, cet acte d'un parlement usurpa*
H scbismatique ne 1 empêcha point de
^Rger qu'avec angoisse à celui qu'il
'kitdédaigneusement l'évèque de Rome.
â*aalres faits semblables ne pourrais-
encore vous rappeler? Que de poten-
ce me serait-il pas facile de vous mon-
ki (lune part dédisant, par manière do
les royautés et les constitutions les
t affermies, de l'autre, ne pouvant
»rter i'anathème d'un Pape, alors même
W ^s[ leur prisonnier et leur victime?
tfoti Tient à celui qui l'exerce ce prodi-
pouToir de troubler et de désoler ceux
»qui le méprisent ou le persécutent?
Ail que le souvenir et le nom de Démos-
$ufiisaient pour désoler le père d'A-
^^ je le conçois. Démosthenes était
^< ^U |)ar la vigueur de son éloquence,
forait soulever toute la Grèce comme
^ul homme, contre le prince Macédo-
Bioi menaçait de l'envahir. Mais ici,
p »ois-je? Souvent c'est un vieillard
r«W sous le poids d'un âge presque sé-
^^|fe. il ne peut disposer d'aucune force
* lelle, parfois même il est dans un ca-
chot, il ne lui reste que sa parole et sa
plume. Dans cet état d'impuissance et d'op-
pression, il dit un mot, il jette un lambeau
de parchemin à travers les barreaux de sa
prison, et c'est assez pour troubler, et pres-
que désespérer, ou des sectaires faroucheSt
ou des monarques terribJes.Ils brisent avec
son autorité, et ils sont vexés de son cour-
roux; ils Tétouffent dans leurs serres, et
ils ont peur de ses cris ou de ses soupirs.
Comment expliouer cette force magique
dans la faiblesse? Comment ces alarmes et
ces inquiétudes dans la force? Ah! c'est que
ceux oui sont frappés reconnaissent malgré:
eux, Clans ce vieux pontife qu'ils oppriment
et qui les condamne, une dignité surhu-
maine; en dépit d'eux-mêmes, ils le vénè-
rent pour le représentant de la Justice, pour
le vengeur suprême de la vérité, et c'est
pourquoi, tout en se dérobant à son empire,
ils se montrent froissés de ses excommu-^
nications; elles les abattent comme une
explosion de la fureur divine.
Frappé des coups de Rome, on s attriste ;
séparé de sa vie, on se dessèche individuel-
lement. Que de chefs de secte ou d'écolb»
dès que Rome les a eu condamnés, ne se
sont pas vu déserter par tout ce qu'il x avait
autour d'eux d'esprits droits et de conscien-
ces honnêtes ! Les nations ne se dessèchent
pas moins comme caractère et comme di-
gnité morale. C'est une des grandes scènes
de l'histoire ecclésiastique que le moment
où. se prépare et s'accomplit le schisme des
Grecs, d'une part sous Photius, et de l'autre
sous Michel Cérulaire.
Deux Papes, également remarquables
comme ^énie et comme vertu, occupent
alors le siège de saint Pierre, et, tous deux,
quand ils voient Constantinople sur le
point de briser avec Rome, prédisent à
celle-là que si elle se détache de celle-ci,
rameau séparé de la tige, elle ne tardera
pas à passer par la pourriture pour tomber
en poussière. Prophétie trop littéralementjus-
tiQée 1 Où en est aujourd'hui cette Eglise d'Or
rient qui fitéclore autrefois tant de pontifes,
aussi nobles de caractères qu'ils étaient su-
blimesd'intelligence?A-t-elle retenu dans ses
veines le sang des Grégoire et des Chrysos-
tome ? Ah ! quelle horrible déchéance date
f)Our elle de sa rupture avec le centre de
'unité catholique 1 A la place du Pape,, elle
a bien mis un patriarche ; mais ce patriar-
che est un fantôme. Ses véritables chels, ce
sont les souverains de ce Bas-Empire, si
digne de son nom; despotes misérables,
dont l'esprit et la vie présentèrent le hideux
mélange d'un mysticisme ridicule et d'une
l)izarrerie parfois bouffonne, presque tou-
jours licencieuse et cruelle. Ils débattaient
gravement des questions théologiques, et
portaient des décrets de pénitence ou de
moralité; puis, au sortir de leurs ^îonciles,
ils allaient édifier les peuples et recomman-
der leurs arrêts par des meurtres atroces,
des divorces scandaleux ou d'infftmes or-
gies. La religion, ils n'y tounhâiAUi aod
pour en fausser les doctrines
439
PAP
mCTlONNAinE APOLOGETIQUE.
PAP,
m
ministres et le culte ; TÉtat, ils ne s'en oc-
cupaient que pour ropprimer ou le perver-
tir, réunissant ainsi sur leur front le triple
stigmate de sophistes, de corrupteurs et de
tyrans. Les membres étaient dignes de la
tôle. Devenu schismatique par complai-
sance pour les empereurs, Tepiscopat s'en
est fait l'esclave, et, dans cette servitude, il
a perdu toute noblesse. Plus d'indépendance
dans la foi : il croit et enseigne ce que veut
le prince; plus de dignité dans la contro-
verse : comme ses maîtres, il no vit que de
chicanes et d'équivoques ; plus d'élévation
dans la conduite: il imite les mœurs gros-
sières de ceux dont il est le courtisan ; plus
de zèle dans le ministère : pourquoi se
tourmenterait-'il quand les Ames et fa vérité
ne sont plus rien pour lui, tandis que le
sourire du monarque est tout? Plus môme
d'humanité dans le cœur, et personne d'en-
tre vous n'ignore que si tant de fois les ca-
tholiques de rOrienl, restés fidèles à Rome,
ont été persécutés par les empereurs de
Constantinople, les évéques grecs et schis-
matiques ont été pour beaucoup dans ces
orages, et que, s'ils ne les ont pas toujours
provoqués par de perfides manœuvres, du
moins ils les ont toujours vus avec une joie
barbare.
Tel fut le schisme grec , avant l'établis-
sement définitif do l'islamisme dans la cité
de Constantin, tel il est encore aujourd'hui
pour le fond du caractère. Pour les autres so-
ciétés schismatiques, il en est presque aussi
de môme. Vovez en Angleterre, voyez en
Suède, voyez dans cette portion de la pauvre
Pologne qui vient d'apostasier; voyez, en
un mot, partout, partout où Ton en a fini
avec la soumission pour le Saint-Siège,
partout vous rencontrerez un abaissement
fit us profond, à mesure qu'on sera plus vio-
emment et depuis plus longtemps éloigné
de l'Église romaine.
Il en est autrement quand on tient par des
nœuds étroits à cette tige sacrée. Avec la
plénitude de la vérité, elle possède la plé-
nitude de la dignité morale, ei elle la com-
munique aux branches qui vivent desa sève.
Tout cequidépend de sa puissance, elle l'attire
avec elle à la hauteur descieux; tous les mem-
bres fortement liés au corps dont elle est
l'Ame, elle les fait battre de ses propres pulsa-
tions, et ces pulsations sont sublimes, parce
qu'elles sont celles de Dieu môme. Qu'ils
sont donc mal inspirés, ceux qui, dans les
empires fidèles encore à Tunité, poussent
parfois à rompre avec le siège de Pierre 1 Ah I
qu'ils le sachentbienlcequi élève et soutient
le plus eflicacement les caractères, ce qui
alimente, ce qui développe, et perpétue
avec le plus do succès le sentiment et la
possession de la vraie grandeur dans les
Etats chrétiens, ce ne sont pas les bruyantes
leçons de la presse, ce ne sont pas les maxi-
mes pompeuses descendues de nos tribunes
parlementaires. C'est le plus ou moins de
noblesse, propre à cette portion de catho-
(407) Tbiees , Uitloire du Comulai et de rEmpire.
liques et de TE^Iise universelle qu ils abri-
tent. Voilà le sel qui, selon l'expressico de
l'Ecriture, en féconde le mieux la terre;
voilà, le ferment qui, suivant un autre mot
de l'Evangile, y fait lever plus heureusement
la masse de la pâte. Et cette portion de
l'Eglise elle-même, en France con^me ail-
leurs, tire la plus grande partie de sa vi-
gueur, de son union avec l'Eglise, sa mère
et maîtresse. Tant que nous autres, enfants
de ce r(»yaume, nous serons énergiquemont
affectionnés à Rome, nous porterons nos
croyances toujours pures , dans une cons-
cience toujours haute,dans une flme toujours
indépendante. Mais du moment où nous
briserions avec elle, l'affaissement de tous
les Etats schismatiques deviendrait infailli-
blement le nôtre; en nous révoltant comme
chrétiens, nous nous appauvririons comme
valeur morale. Astres imprudents, nous
nous serions détachés de notre centre, et
nous ne tarderions pas à descendre dans la
nuit, c'est-à-dire dans les hontes de tous les
peuples dégénérés.
Et ne disons pas : Le joug de Rome est on
joug étranger, et chaque nation doit à sa di-
gnité comme à son indépendance de s'en
affranchir. Un joug étranger I <« Eh bien, oui,
vous dirai-je d'abord avec Bonaparte. Mais
remarquez une chose : c'est que le Pape est
la meilleure des institutions, et en même
temps la plus inébranlable de toutes; on ne
peut le détruire, et l'on aurait tort de vou-
loir s'en passer; et avec cela, au lieu de nous
plaindre de ce qu'il est étranger, noos de-
vons plutôt en remercier le ciel. Quoildans
un même pays, se figure-t-onuneaulorilé
pareille à cûté du gouvernement de l'Etatl
Liée au gouvernement , on criera au
despotisme; séparée, des rivalités seront
à craindre. Le Pape est hors de Paris, c'est
bien. D'un autre côté, il nest ni à Madrid,
ni à Vienne, c'est bien encore ; et pour cela
nous pouvons supporter son autorité spiri-
tuelle. A Madrid et à Vienne , on est fondé
à en dire autant. Croit-on que, s'il était à
Paris, les Viennois et les Espagnols consen-
tiraient à recevoirsesdécisions?On est donc
heureux qu'il existe; qu'en existant, il ré-
side hors de chez soi ; qu'en résidant hors
de chez soi, il ne réside pas chez des rivaux,
qu'il habite entin dans cette vieille Rome,
loin de la main des empereurs d'Allemagne,
loin de celle des rois de France ou des rois
d'Espagne, tenant la balance entre les souve-
rainscatholiques, toujoursprétàs'élever.con-
tre le plusforts'il devient oppresseur (407)1 »
Ainsi pariait le réorganisateur de la France,
dans un langage dont les dernières paroles
semblent une prophétie contre lui-même;
il ne s'offensait pas, mais il s'applaudit)'
sait plutôt de ce que Rome fût à l'étranger.
Du reste, qu'importe ici la pensée dos
hommes d'Etat? 11 s'agit seulement de te
qu'enseigne la foi ; et que dit-elle? Rome, un
joug étranger! Mais l'Eglise est universelle;
c'est un bercail qui dtil embrasser tous les
j
u\
PAP
DlCTlOxNNAIRE APOLOGETIQUE.
PAP
m
{>eu))lc; et puisque lo Pope en est le pas-
teur souverain, comment serail-il étranger
3uei!|ue part?N'e.st-il pas chez lui partout où
compte des ouailles? Un joug étrangerl
&)mmesi, suivant Je beau mot de Bossuet,
le lien commun, qui doit faire ici-bas de
bot de royaumes un seul royaume de Jésus-
Ciirist,|)ouyail devenir étranger à des chré-
tk^ns! In joug étranger! Mais qu*Gst«ce que
. k Pajw? C est le dépositaire suprême de la
icffic; noQ-seulement il en est le déposi-
|jire«mais il eu est le dispensateur et le
rcQ^far public; et comme la vérité n'est
Itnogère pour aucun Etat, comme toules les
P^$Hms ap{iarlienncnt h son domaine et
Ituftesles sociétés à sa juridiction, celui qui
aérien ce monde forgane principal et le
tafeorauthentique ne saurait non plus élre
tara justement pour étranger par aucune
•Btion! Loin donc de nous ce langage I
hiin de nous Topinion qu'il exprime 1
liflio de nous cette pensée d'émancipation
'^ordinairement l'accompagne ! Elle s'ins-
[fierait d'un blasphème sans motif et sans
lOose. A quel danger, à (}uel inconvénient
Bendrait-on se soustraire, en repoussant
lùrité de Rome comme un joug étran-
rlDf a deux hommes dans le Pape, on
■il&en : le prince temporel et le chef
'^fill^. Si le prince temuorel voulait
jMrmqnelque empire au detiors, je con-
Ims/s (ja'on protestât. Mais non. Comme
ul5e[K>rneà ses Etats, sans se mêler
loucher en rien aux institutions des au-
peuples ; le pouvoir dont il fait usage
dtlh de ses terres et dans les royaumes
ntsdu sien, est un pouvoir tout s[)i-
1. Quels que soient les actes qui en
i'nt, il ne nuit jamais, ni à l'indépen-
de$ gouvernements, ni à la mesure
pect et d'obéissance à laquelle ils ont
dnnts, ni à la paix et à la prospérité
Dations qu'ils régissent. Au contraire,
•< on l'entrave et plus ces intérêts sont
rt-^. Quand Rome est plus libre; quand
•f pose moins de défiance, d'inquisition,
Vuialités et d'obstacles à son action sur
Eglises particulières ; quand les pou- •
i civils la traitent avec une plus large
dvconOance et d'amour, elle|ne se sert de
latitude que pour donner plus d'essor
liMtable esprit du christianisme'; et plus
ÉÎ^rit salutaire se développe sous son in-
pice, mieux aussi vont les choses du côté
Koissances et du côté des peu[>les. Ainsi
m n'a rien h craindre de rester sous le
^:e de Pierre, uiakré que celui qui le
pvtna soit pas le chef de la patrie.
*fc«ju'on n'aille pas rappeler ce moyen âge
Itt5 Papes, dit-on, faisaient irruption dans
inire temporel 1 Ce serait agiter un é|K>u-
fcauil puéril. Les Papes savent conjpren-
k H «Jistinguer les époques. Au moyen
t, Tesprit el le droit public leur accor-
u la faculté d'intervenir entre les prin-
h^»t les peuples, dans de certaines con-
tc'.is; ils en u5%/*renl; et tout le monde
".ut;nt aujourd'hui que re fut pour le
fci*.:ur de 1 Europe et de la liberlo. Main-
tenant, au contraire, de nouvelles idées ont
prévalu; ce privilège, que l'opinion géné-
rale et le respect universel décernaient aux
pontifes de Rome, on le leur conteste, on lo
leur nie! Ils no l'exercent plus, etse tiennent
renfermés sévèrement dans les limites de
leur puissance spirituelle. Ainsi comme ils
étaient jadis de leur temps , ils en sont en-
core aujourd'hui ; ils en seront toujours; et
quand on les entend représenter comme rê-
vant et regrcllaiit sans cesse le xi% le xn'el
le xnr siècles; (|uand on voit des hommes
partir de ce motif pour porter h s'en déta-
cher, on se demande vraiment si ce langage
n'est pas de la niaisantorie.
Non, les ponliies romains n'aspirent point
è l'asservissement des puissances; ils n'as-
jïirent qu'à leur élever des trônes plus sa-
crés dans la conscience des peuples. Non,
ils n'aspirent point non plus è troubler la
tranquilité des nations, en se mêlant indis-
crètement de leurs affaires. Ce qu'ils veu-
lent, c'est tout simplement d'en maintenir
la foi sans alliage, les mœurs sans altération,
la religion[sans oppression comme sans fai-
blesse. Ce qu'ils veulent, c'est tout simple-
ment, confondant tous les genres de sollici-
tudes compatibles avec leur ministère pas-
toral et réclamés par le bonheur des nations,
que nul besoin et nul malheur public, oueilo
qu'en soit la nature, ne leur restent étran-
gers, et que de leur âme, comme d'un vaste
foyer de lumière et de chaleur, déborde
sans cesse un intarissable océan de vérité et
de miséricorde dont les flots et les bienfaits
s*cn aillent éternellement inonder et vivi-
fier tous les coins de l'univers. Ce qu'ils veu-
lent enliu, c'est que si les diverses branches
de la famille humaine , divisées de croyan-
ces et de communions, ne consentent pas h
leur décerner, dans un amour et un respect
unanimes, le double nom d'oracle el do
père, toutes au moins soient forcées de re-
connaître qu'ils possèdent h la fois et la
sagesse et la boulé que ces deux titres sup-
posent.
Heureux le monde, s'il sait rendre hom-
mageà cette paternilési légitime, si bienveil-
lante, et en accepler la tutelle I Heureuses les
nations, si elles se décident jamais, dans leur
ensemble, è faire remonter au pontife suprê-
me un reflux d'obéissance et d'attachement
proportionné à la sainteté de son [K>uvoir, et
à l'immense charité qui de son cœur s'épan-
che sur le monde 1 Heureuses si elles vou-
laient toutes s'abriter sous sa main, comme
elles sont déjà (outes com{)rises dans la dou-
ble étendue de ses droits et de son affection!
L'humanité jouirait alors du bonheur qu'elle
poursuit, à uolre é|:oque, de ses rêves les
plus ardents. A en croire ce que chacun
répèle, les peu|)lcs aspireraient maintenant
à se fondre dans une vaste unité de senli-
menls. De loricnt à roetident, des pôles à
l'équaleurj les cœurs, prélcnd-on, s'appel-
lent et se répondent, innalients de voir
tomber les barrières qui les divisent, et de
substituer à leur vie morcelée, à leurs bat-
tements solitaires, uoe vie cor
445
PAP
DICTIONNAIRE APOLOCETIQL'E.
PAS
4U
communes palpitations. Mais qui réalisera
ce VŒU sublime? La philosophie? Elle no
fait que désunir les intelligences et mettre
le monde moral en poussière. Les religions
nationales? Elles n'enfantent pour Tunivers
que des rivalités et des fractionnements,
comme elles ne produisent que tyrannie et
malheur pour chacune des sociétés qu'elles
dominent. Il n'est que le catholicisme, avec
son Pape, qui puisse, comme nous le dési-
rons, lier les divers tronçons du genre hu-
main en un seul et même faisceau. Le Pape
seul représente des croyances capables de
réunir les esprits en une seule et même foi:
je Pape seul exerce une puissance assez
douce pour caiitiver tous les cœurs, a>sez
haute pourque les rois puissent la|$ubirsans
abaissement; assez indépendante pourque
nulle jalousie de nation n*ait droit de la
repousser comme incompatible, assez souple
pour pouvoirs'étendreàvolonté et créer sous
ses ailes un abri pour toutes les sociétés
qui jamais demanderont à y prendre pla«;e.
Sans détruire les nationalités, elle peut effa-
cer les divisions. Avec elle la patrie subsis-
tera, les formes du gouvernement demeure-
ront; mais Tégoïsme sera éteint; les hostiltés
qu'il inspire se seront évanouies. D'un bout
du monde à l'autre, par dessus toutes les fron-
tières, non point anéanties, mais du moins
abaissées, on se pressera la main, et, après
s'être tourné du côté de Rome pour dire à
son pontife: Mon Pèrel On se tournera les
uns vers les autres, le sourire sur les lèvres,
Kamitié dans le cœur, et on se dira : Mon
frère 1 Puisse cet âj^e d'or, que Leibnitz rê-
vait autrefois, se lever sur le monde 1 Et si
les autres peuples ne veulent pas, ou reve-
nir, ou rester unis avec celui qui peut seul
nousen nrocurer le bienfait, soyons-lui pour
jamais fidèles 1 La France fut toujours ho-
norée d'une bienveillance spéciale par le
Saint-Siège; il nous considère encore main-
tenant avec un œil de particulière tendresse.
De son côté, TEglise gallicane elle-même se
distingua, dans tous les temps, par la sou-
mission la plus Gliale aux successeurs de
Pierre. Evêques, rois et peuples en donnè-
rent, en mille occasions, les marques les
p.us éclatantes. Ah ! conservons éiernello-
ment inlact ce trésor que nous ont transmis
nos pères 1 Gomme eux, tenons à passer
pour les enfants les plus respectueux et ies
plus dociles de Rome I C'est une gloire qui,
par sa splendeur, vaut bien celle des armes
ou de la civilisation, et qui soutiendra mieux
jiar sa force l'avenir de notre sociétô'chan-
celante. Plus nous serons appuyés sur celte
pierre auguste, qui sert de londement à l'E-
glise universelle, plus nous participerons &
rimmuable solidité et à Timpérissable exis-
tence de l'Eglise elle-même.
PAPYRUS. Manuscrits sur i.apyrus trou-
vés en Egypte. Voy. Sciences § L — A servi
a écrire le Pentateuque, ibid. — Un manus-
crit de la Loi mosaïque a pu être retrouvé
après mille ans dans le temple de Jérusalem,
puisqu'on a des contrats sur papyrus de
Tépoque des Pharaons. /6/rf.
PAQUE. Débat à ce sujet sous le pontifi-
cat du Pape saint Victor ; erreurs de MM. Am-
père et Am. Thierry refutées, Foy. Victor
(Saint).
PARABOLE. Les paroles de Jésus-Christ
dans l'institution de l'Eucharistie sont-elles
une parabole? Voy, Eugharistib, §111.
PARADIS TERRESTRE. Sa situation.
Yoy. Psychologie., ( V.
PAR AVE Y (M. DE), ingénieux rapproche-
ments au sujet de la tour de Babel? foy.
Babel.
PARCHAPPE (le docteur), nie le surnatu-
ralisme. Voy. DÉMON.
PAROLE. A-t-clle pu être inventée. Yoy.
Psychologie { VI, — considérée dans ses cap-
ports avec la raison. Yoy, Psychologie, § XI.
— Parole de Dieu, manifestant à rhonime
des vérités de l'ordre surnaturel. Voy. Pao-
phéties
PASSAGE DE LA MER ROUGE. — En par-
tant de TE^pte, les Hébreux avaient à leur
droite une chaîne (je monta;;nes, à leur
gauche, les Philistins et les Amalécites, der-
rière eux, les Egyptiens qui les poursui-
vaient, et en face la mer Rouge (Exod. xiv).
S'étant aperçus que les Eg^^ptiens allaient
les atteindre, ils furent saisis d'effroi, et ils
se plaignirent à Moïse de les avoir retirés
de l'Egypte pour les faire mourir dam le
désert. Mais Dieu, après les avoir délivrés
du joug de l'Egypte, devait, par un nouveau
miracle, les arracher aux périls dont ils
étaient menacés. C'est pourquoi il dit à
Moïse : tf Elève ta verge, étends ton bras sur
la mer, et divise-la, afin que les enfants d*ls-
raël marchent à sec au milieu de son lit.
Pour moi, je vais endurcir le cœur des
Egyptiens, afin qu'ils entrent après tous
dans la mer, et que je fasse éclater ma gloire,
tant dans la personne de Pharaon que dans
ses chars, ses cavaliers et toute son armée.
C'est alors enfin que les Egyptiens recao-
naîtront que je suis Jého va.» [Ibid. 16-18.)^..
Moïse donc ayant étenduson bras sur la mer,
Jéhova la fit retirer par un vent brûlant et
impétueux, lequel ayant soufflé toute la
nuit, en dessécha le fond, en sorte que les
eaux se divisèrent. C'est ainsi que les en
fants d'Israël marchèrent à sec au milieu de
la mer, ayant à droite et à gauche un mur
formé par les eaux. Les Egyptiens, qui les
poursuivaient toujours, entrèrent après eux
au milieu de la mer, avec tous les chevaux
de Pharaon, ses chars et ses cavaliers. Mais
Moïse ayant étendu de nouveau son bras sur
la mer, elle reprit, dès la pointe du Jour,
son cours impétueux, pendant que les Egyp-
tiens qui fuyaient, se trouvant à sa rcncctn-
tre, furent précipités par Jéhova au milieu
de ses flots. C'est ainsi que les eaux étant
retombées, couvrirent, de manière à ce qu'il
n'en échappât pas un seul, les chariots, les
cavaliers et toute l'armée de Pharaon, qui
étaient entrés dans la mer en poursuivant
les enfants d'Israël; tandis que ceux-ci
avaient marché à pied sec au mlieu de la
mer, ayant à droite et è gauche un mur
formé par les eaux (27-29). » Alors Moise et
m
PAS
DICTIUNNAIKE APOLOGETIQUE.
PAS
446
les Israélites chantèrent un cantique pour
n/iiire grâces à Dieu de cette délivrance (xvj.
Ce récit, comme on le voit, montre clai-
rfmnu par son seul exposé, que le pas-
i i';e «le la mer Rouge par les Hébreux est
00 véritable miracle, et que la narration
)j 5i(up/6 et si naturelle de Moïse porte un
u^hpide vérité qu'on ne saurait mécon-
ultre. Cependant les rationalistes modernes
so'jlieonentqnil n*j arien de miraculeux
tfjQs cet événement, vu qu'il est aisé de lui
p^i.nenies causes naturelles. De leur côté,
in m rétiules reprochent hardiment à
liseii avoir ajouté à son récit des circons-
tBi*«5 propres à rendre le fait plus mer-
M>ui, et d'avoir ainsi transformé en nîi-
ffiVuo événement purenient naturel. Ils
irHtDJent même iiue cet historien a inséré
•»)« il narration des traits qui rendent le
lii ab>o|iiment incroyable. Ajoutons» que
.flsfiours écrivains, tout en professant qu ils
jlliRedent nn miracle dans cet événement
jttrsonlJDaire, lont eiLpIiqué de manière à
h rendre bien peu sensiljle, pour ne pas
[fe fort douteux. Maïs avant d entrer dans
|.)i<!brus5ion de ces divers points, il est im-
i(iitntd'en traiter quelques autres qui se
.ttKtÉeat aux premiers. Ainsi nous exami-
' f««r quelle route les Hébreux arrivé
tbiuer Rou^e, lorsqu'ils partirent d'E-
r;<juel est 1 endroit où ils la traverse-
;tiotiD s'ils la traversèrent réellement,
tifQ s'ils ne se bornèrent pas plutôt à un
pié circuit, de manière à revenir sur la
rive qu'ils venaient de quitter.
inaïc psr bqaeUe les Hébreux arrivèrent a îa mer
Rouge.
iqoe Moïse lui-même nous ait tracé, en
oe sorte, ntinéraire de sa marche, en
nt avec le plus grand soin ses divers
ments, comme ces lieux ont changé
<ts,il est bien diflicile de s'en former
Uée juste et précise. De là deux oui-
différentes. Selon la première, les Is-
?8,au sortir de l'Egypte, seraient allés
à Suez, ville située à l'extrémité sep-
RODaie de la mer Rouge ; puis, au lieu
I doubler, pour se rendre dans le désert
tt/te, ils seraient revenus du côté de
Fpte en côtoyant les bords de la mer, et
^ ainsi devant Pbi-hahiroth, où ils au-
it été atteints par Pharaon, qui les pour*
Krantla seconde opinion, soutenue par
}' Sicard, jésuite, qu'on sait avoir vi-
IIa lieux et tout examiné avec l'attention
scrupuleuse, les Israélites ne prirent
la route de Suez, quoique la plus
R«;car ils se seraient rapprochés de la
<les Philistins, chemin qu'ils devaient
VoT. Utiret édifiantes , t. V, et Mémoires
iVoMMi de la tompagme de Jésus au Letant^
^••1. aittii dans la bible de Veiice, Disserta-
*^^ U pùuafe de la mer Rouge par Us Ué*
ï^' I CuBicof, Disserl. de trajectione maris
^*f ViaucLif, Ânmerkf zum xweitcn Buch
éviter, et qu'ils ne prirent point en effet,'
d'après la narration môme de Moïse {Exod.
xm, 17). Lesavantjésuitepensedc plus que
la vallée qui conduit de Suez h Béelséphon,
qu'ils auraient dû traverser, n'ayant environ
qu'un quart de lieue de largeur, n'aurait pu
être franchie en si peu de temps par une
troupe composée au moins de deux millions
de personnes ; d'où il conclujl que Moïseprit
un autre chemin qu'il tiace de la manière
suivante. De Ramesf^ès le chef des Israélites
se dirigea vers la plaine de Gendeli pour ar-
river à Socoth, d où 11 continua sa marche
dans la plaine de Ramiié aGn de joindre
Etham. En quittant ce dernier endroit, au
Heu de se retirer dans le désert de la haute
Egypte, comme Pharaon s'y attendait, il re-
vint un peu sur ses pas cour gagner la plaine
de Bédé, qui le conduisit à Phi-hahiroth ,
entre Béelséphon et Magdalum. Ce fut au
moment de ce retour qu'on avertit Pharaon
que les Hébreux, au lieu de se retirer dans
le désert de la haute Egypte, prenaient lo
chemin de la mer Rouge, afin de pouvoir
abandonner entièrement son royaume. Cette
marche ainsi tracée par le P. Sicard semble
assez conforme au texte biblique, et par con-
séquent présente quelque probabilité (1^08).
)e Teodroit où les Hébreux passèrent la mer Roage.
L'ignorance où Ton est nécessairement
aujourd'hui par rapport à l'objet de la se-
conde question quenous avons a examiner,
a fait nattre principalement deux opinions
différentes sur l'endroit précis où les Hé-
breux ont effectué leur passage de la mer
Rouce. Ainsi, parmi les critiques qui ont
étudié ce point d'antiquité; les uns, au nom-
bre desquels se trouvent la plupart des dé-
fenseurs des deux sentiments relatifs à la
marche des Hébreux depuis leur sortie d'E-
gypte jusqu'à la mer Rouge, prétendent
qu ils traversèrent cette mer vis-a-vis de la
plaine de Bédé; !es autres, tels que Leclerc,
Michaëlis, Niebubr, Rosenmûller, Dubois-
Aymé, Léon de I^borde, etc., veulent que
ce soit beaucoup plus au nord, c'est-à-dire
tout près de Suez, à l'extrémité du golfe
(409). Examinons ces deux sentiments.
Plusieurs raisons assez plausibles sem-
blent motiver l'opinion de ceux qui préten-
dent que les Israélites ont passé la mer Rouge
vis à-vis la plaine de Bédé. En effet, ce
point se trouve dans la direction de la mar-
che des Hébreux telle que l'a tracée avec
quelque apparence de raison le P. Sicard ,
comme nous venons de le remarquer dans la
question précédente. Ajoutons que d'aprè:!
ce sentiment, les Israélites devaient néces-
Mose, cap. xiv; Niebcdr, Description de P Arabie^
t. il, p. 283 ei saiv.; Rosknmoller , Schol in Exod.
xiv; DuBois-AviiE, Notice sur le séjour des Hébreux
en Egypu et sur leur fuite dans le déurt, p. 2di de
la Description d^Egyp/c; Paris, Inippîmerie impériale,
181^ ; Léon de Laboude, Commentairs géographique
sur H Exffit et les Nvnibfes, p. 79.
447
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
44S
sairement se trouver cernés et enfermés (Je
toutes parts; d'un côlé par les déserts, et
de l'autre par les montagnes; devant par la
mer Rou;:;e et derrière par la cavalerie de
Phcraon. Troisièmement, la mer en cet en-
droit n'a que trois lieues de largeur, et elfe
offrait aux Israélites un passage d'autant
plus facile et plus commoae, que son fond
n*y est ni boueux ni hérissé de ces coraux
trancliantsqui teurauraient déchiré les pieds
et If bas des jambes, et que l'on rencontre
dans d'autres parties de la mer, ni embar-
rassé par l'algue marine ; mais il est sablon-
neux comme le terrain des plaines voi-
sines.
A la vérité on a opposé quelques difficul-
tés à ce sentiment; mais elles nous ont paru
peu solides. Ainsi Rosenmûller dit qu'il n'est
pas vraisemblable que les Hébreux se soient
avancés si loin le long du rivage de la mer,
d après le récit de Muïse, puisque Is ne l'at-
teignirent que le dernier jour de leur mar-
clie. Mais cette difficulté ne peut avoir quel-
que valeur que dans l'hypothèse que les
Israélites n'arrivèrent à la mer Rouge que
par-la pointe de Suez, ce qui n'est pas prouvé,
comme on l'a vu dans la question précé-
dente, où nous avons considéré au contraire
comme plus probable l'opinion du P.Sicard,
qui conduit les Hébreux jusqu*au golfe par
une ligne plus directe. Rosenmûlïer nest
pas plus heureux, quand il dit que la mer
Rouge vis*à-vis de Bédé est trop large pour
qu'une si grande multitude d hommes ait
pu la traverser en si peu de temps, et trop
profonde pour avoir été mise & sec par les
moyens qu'assigne Moïse, c'est-à-dire par un
vent et le tlux des eaux. En effet, notre cri-
tique suppose que ce dessèchement du lit de
la mer n eut pour cause qu'un simple vent
ordinaire et le flux auquel ce golfe est su-
jet; mais cette supposition est tout à fait
gratuite ; nous espérons môme prouver un
S)eu plus bas qu'elle est réellement opposée
i la vérité (MO).
Parmi lès défenseurs du second sentiment,
Niebubr est celui qui nous semCle Tavoir le
mieux développé. Nous suivrons donc pas
h pas ce savant écrivain, en ajoutant quel-
ques réflexions. Ainsi ta ))remière raison
qui Ta déterminé h faire passer la mer par
les Israélites à Suez, c'est parce que c'était
la route ta plus courte et la plus ordinaire-
ment suivie quand on sortait de l'Egypte.
Cette raison ne paraît pas d'un grand poids;
car ce qu'il importail le plus aut Héijreux
n'étaitpoinl précisémen tdc prendre le chemin
le plus court, mais celui qui ne devait faire
naître aucun soupçon dans l'esprit de Pha-
raon; puisque ce prince avait permis seule-
ment aux Israélites d'aller sacriûcr dans le
désert , mais non point de quitter entière-
ment l'Egypte.
Niebuhr ajoute, qu'en prenant la route de
Bédé, les Israélites s'engageaient dans un
chemin plus long et plus difficile, qui les
éloignait du moni Sinai. -- Mais lo P. Sicard,
qui a visité les lieux aussi bien que Niclmhr,
ne pense pas, comme lui, que cette roule
fût impraticable et trop longue pour avoir
été faite en trois jours. D'ailleurs ce chemin,
dans un temps où TEgypte était cultivée,
pouvait être plus facile qu*aujourd'hui ; vu
que les sables ont lait tant de ravages depuis
cette époque.
Un troisième motif, c'est que les Israélites
n'auraient pas voulu suivre Mo'ise dans une
pareille route. — N'est-ce pas une assertion
purement gratuite? Sans cloute l'histoire de
ce peuple nous montre combien il se portait
aisément aux murmures, et quelquefois
môme à la révolte; cependant, comme un
grand nombre de pnxiiges dont il devait être
encore tout pénétré venaient de prouver la
divine mission de Moïse, on ne peut guère
supposer qu'il n'aurait pas voulu s'abandon-
ner à la conduite d'un pareil chef; d*aulaot
plus qu'il l'a suivi pendant quarante ans
dans les déserts de l'Arabie.
La troisième raison que notre savant
voyageur /ait valoir en faveur de son opinion,
c*est que si les Hébreux avaient pris le che-
min de Bédé au lieu de celui de Suez, Pha-
raon n'aurait pas cru qu'ils voulaient quiller
l'Egypte sans retour, et par conséquent il ne
les aurait pas poursuivis comme il leGtselon
l'Ecriture. — Une élude un peu plus atten-
tive du texte sacré aurait prouvé à Niebuhr
que son raisonnement n'était pas très-logi-
que. A la vérité, la Genèse dit que Pharaon
poursuivit les Israélites (xiv,8, 9); niaiselie
nous apprend en même temps qu'ils étaient
déjà loin, lorsqu'on annonça a ce prince
qu'ils s'étaient enfuis (â, 4, 5); ce qui auto-
rise à penser, avec le P. Sicard, que si les
Hébreux s'étaient dirigés vers Suez, dès leur
départ, le roi d'Egypte n'aurait pas manqué
de penser qu'ils ne voulaient plus revenir
dans ses Etats, et se serait mis aussitôt en de-
voir do les arrêter. Si donc il ne les pour-
suivit {)as dès les premiers moments, c'est
parce que les voyant prendre le chemin qui
conduit dans les déserts de la haute Egypte»
il crut tout naturellement que c'était là qu'ils
se rendaient pour offrir leurs sacrifices. Mais
informé bientôt après qu'ils quittaient cette
direction et s'approchaient de la mer Rouge,
pour aller sans doute doubler \a pointe de
Suez, il partit avec son armée, courut à leur
poursuite, mais lorsqu'il put tes atteindre,
ils étaient déjà parvenus sur le bord de la
mer.
EnQn Niebuhr regarde comme une chose
impossible que Pliaraon ait voulu s'en-
gager dans le lit de la mer desséché oii*
raculcusement , après avoir été témoin de
tous les miracles opérés par Mo'ise; mais il
trouve tout simple que ce prince ait passé,
du côté de Suez, le bras de mer qu'il a pu
croire desséché naturellement par le vent
joint au reflux des eaux. Notre célèbre voya-
geur ajoute que la mer Rouge peut avoir uu
quart de lieue à Suez, et qu'au temps de Moïse
elle pouvait être plus large et plus profonde,
(410) KoscMiCLLER , Scholifi in Lxodum, p. 279, 27i.
il9
PAS
ro'^Ju'onDesauraitdoulnrqu'elIo ne
I Ueeducôlé du sud. — 11 est surprenant,
I en itTof, que Pharaon, qui avait vu tant de
i »HJi;es Q\)Ms par Moïse, se soit risqué
I îfiiirer dans le lit de la mer miraculeuse-
wDî desséché. Cependant, quand on pense
If'Minalion el àl'opiniûlreté que ce prince
iirtildéjà montrées en sa personne, lorsque
Tfcbfi Diultipliail en Egypte les miracles les
Ijjoj propres à dessiller ses yeux, et à triom-
lerdei'areugleaaent le plus opiniâtre, et
'mÀ on considère môme que son endur-
'^oient et sa résistance semblaient s*ac-
titliKet se fortifier à chaque nouvelle plaie
fuie frappait, I*étonnement cesse ou du
'BÉ5 diminue beaucoup. Sa conduite si
l^nlière en cette occasion s'explique d'ail-
hrsiDut naturellement, tant parle trans-
art furieux dont il était animé en poursui-
ptles Hébreux, qu'il croyait déjà altetn-
P, (j^ie par ! aveuj^lement extraordinaire
AiiDieQ le frappa en ce moment, et que
IbJtureeiprimo si énergiquement par ses
'pua : Murabo cor ejus^ac persequetur
»«.;W.xiv, k.) Ajoutez h cela lobscu-
iHtffodnite nécessairement {)ar la colonne
iâttfe qui Teropëchait de bien distinguer
:kiaoùi) se trouvait.
fN^la retraite des eaux de la mer vers
luil.0His n'avons aucun intérêt à la nier
biiâuus semble même qu'elle tourne.
Incertain rapport, au détriment de l'o-
nde i^iebuhr et de tous ceux qui veulent
ilei Israélites aient traversé la mer tout
fiieSupz. En etlet, un des motifs pour les-
tfeseriliques prétendent que le passage
is eu lieu vis-à-vis de la piaine de Bédé,
foe le golfe, en cet endroit, est trop
'titrop profond pour qu'une multitude
'(uosidérable que celle des Hébreux ait
Ikiraverser en si peu de temps, et j^our
m vent joint au flux des eaux ait mis à
r^ lit Je la mer. Or, si au temps de Moïse
tr s'avançait beaucoup plus au nord, la
*]m touchait & Suez devait par consé-
Uêtre beaucoup plus large et beaucoup
frufuade qu'elle ne l'est aujourd'hui,
tenter au passage des Israélites les
Mcultésque l'on trouve pour Bédé.
§II[.
'Msge réel de la mer Rouge par les Hébreux.
^oadés que le récit de V Exode oCi le
D(!f eoosidérations à la fois géologiques et
'^proovenl qu*andenneineiil la mer Rou^e
ao nord t>eaucoup plus qa^aujourXhui ,
-eUe allait jasqa*auprè8 de la ville de Saba'h-
0> attribue généralement ce changement à
<aiues différentes : à la retraite des eaux , et
aération des sables au fond de la mer, prés
. mais M. Léon de Laborde n*admet que
^aiére, soutenant c qu*il n'y a aucune raison
iMef ao citangement physique dans le pays,
laecdm produit par Teucombremeut des sa-
' lion de Labobdb , Commentaire géographi-'
oTixodr, p. 30.) Cette diversité d'opinion,
^ M le voit, ne change rieu à la thèse princi-
fi GtK.TttTon. Hi$i. 1. I, c. iO; D. Tnon.,
^'«^CorimA., c. i; Tostat., Quœst. 19 in cap.
DICTIONNAIRE APOLOGLTIQUE. PAS 450
se soit passage de la mer Rouge se trouve rapporté,
présente des difficultés insurmontables ,
plusieurs anciens auteurs cités dans saint
Grégoire de Tours, ainsi que saint Thomas,
Toslat, Paul de Burgos,Génébrard, Grotius,
Valable, Aben Ezra, et d'autres savants rab-
bins que nomme Fagius (^12), ont prétendu
que les Hébreux ne iraversènint pas réelle-
ment la mer Rouge d'un bord à raulre,mais
qu'ils remontèrent, simplement de l'endroit
où ils étaient en un autre endroit un peu
plus haut, et qu'après avoir fait dans le lit
du golfe comme un demi-cercle, ils revin-
rent sur la même rive. Or, voici ces difficul-
tés. Premièrement, la mer Rouge est trop
large pour qu'on puisse la traverser dans
un espace de temps aussi court que celui
que les Israélites ont pu avoir. Secondement,
le texte sacré qui fait passer les Israélites
par Ethanij avant qu'ils soient entrés dans le
lit do la mer [Exod. xni, 20; lYum. xxxiii,
6), les fait encore marcher dans le désert
aEtham après qu'ils sont sortis du golfe
(iVum. XXXIII, 8} ; ce qui, en effet, semble
prouver que les Hébreux ne traversèrent
pas réellement la mer, mais qu'ils se bor-
nèrent à faire un circuit qui les ramena dans
le même désert qu*ils avaient quitté en en-
trant dans le goUe.
Cette opinion n'est pas {)lus fondée en
elle-même aue dans les motifs sur lesquels
on prétend 1 appuyer. D'abord elle est for-
mellement opposée aux paroles mêmes du
texte sacré, qui dit à la lettre que les eaux
furent fendues^ partagées [kVi)^ et que c'est
au milieu de la mer que les Israélites mar-
chèrent (414), ayant à droite et à gauche
un mur formé par les eaux [Exod. xiv, 21,
22). Le texte biblique ajoute que les Egyp-
tiens, qui les poursuivaient toujours, en-
trèrent après eux au milieu de la mer (vers.
23) ; ce qui indique clairement que les Hé-
breux passèrent d'un rivage à l'autre.
Une preuve bien forte encore que les Hé-
breux ont réellement traversé la mer Rouge
d'une rive à lautre, c'est la trnditiun de ce
peuple, laquelle rend le témoignage le plus
formel à cette vérité. Or, cette tradition re-
monte jusqu'à Moïse; car, sans parler du
texte de V Exode cjue nous venons de citer,
et qui suppose clairement un nassage d'une
rive à l'autre, on lit au livre aes Nombres •
De Phi'hahiroth ils passèrent par le milieu d9
XIV Exod.; Pacl. Burgens, in cap, xiv Exod,; Ge-
nebRm Chron.^ ad ami. 2i59; Grotius, ad vert, 19,
cap. xiv Exod.; Vatabl. in Exod. xiv.
(415) Tel est, en efl'ei, le sens ri^^oureax du verbe
héiiieii BAQAii employé par M<.iâe.
(41 4) LVxprcs&ioii betiioch ne saurait se traduire
autrement que par au milieu, C*e>t en effet son sens
primitif et naturel. Par conséquent les lois de Tlier-
inéneutique n'auioriseraient à lui en donner un au-
tre dans ce passage, qu'autant que le contexte
Texigerait : or le contexte léclame au contraire ici
cette signiUcation. Le«eul verbe être fendu, partagé
en deux, peut-il permettre de reittendre autremenlt
Au^si Gesenius, tout endf*" '"oi fflt par-
fois syiumymc de bk dar "*' *^l
au milieu. (Gesemus, L
4M
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
43i
la mer dans le désert (xxxin, 8). Or le teile
ne saurait comporter un sens différent de
celui que nous donnons. D'ailleurs ce même
sens aun passage effectué au travers du
Ht de la mer se troure aussi mentionné
dans les Psaumes (lxxvi, 13; lxxvii, 13;
€xiU9 3, 5), dans Isale (lxiii, 11), dans Ha-
bacuc (m, 8» 10, 15), et surtout dans le livre
de la Sagesse fx, 17» 18; xix, 7). Enfln les
anciens Juifs, Josèphe,Phi1on, etc., ont cru,
comme nous, que leurs pères avaient passé
«a mer Rouge d'un bord à l'autre.
On pourrait demander encore avec le P.
Sicard, où cette prétendue route des Israéli-
tes dans la mer aura pu aboutir, en suppo*
sant qu'ils soient revenus sur le même ri-
vage, c'est-à-dire du côté de TEçypte. Est-
ce au pied du mont Eutaqua, qui est sur le
bord occidental de la mer Rouge ? Est-ce
près de la ville de Suez, située vers l'extré-
mité septentrionale? Ces deux sup|)ositions
sont également impossibles et hors de toute
Traisemblance; c'est ainsi qu'en jugera qui-
C4)nque saura la carie du pays. Et d'abord
ce ne peut être au [ned du mont Eutaqua ;
vu que cette montagne est très-éJevée et
très-escarpée, et que d ailleurs l'espace étroit
et resserré qui la sépare de la mer permet-
trait h peine d'v placer deux régiments : or
l'armée d'Israël comptait plus de deux mil-
lions d'individus. Ce ne peut être non plus
à la plaine de Suez; car ce cercle fait dans
la mer aurait eu nécessairement huit ou
neuf lieues de Ions. En effet, tout voyageur
qui examinera les lieux avec soin, sera forcé
d'avouer que ce détour établit cette distance
entre le mont Eutaqua et Suez. Mais outre
3ue ce système allonge sans n(^cessité la route
es Israélites dans la mer d'environ quatre
lieues, en les faisant aboutir à Suez, on les
éloigne du mont Sinaï, et on les expose à re-
tomber entre les mains • des Egyptiens ; au
lieu que s'ils ont traversé la uier d'un bord
à l'autre, ils n'ont eu que cinq ou six lieues
de chemin à faire, ils sont entrés dans l'A-
rabie Pétrée, se sont apjirochés du Sinaï, et
ifont eu plus rien à craindre de la part des
Egyptiens.
A ces preuves fournies par le P. Sicard,
nous ajouterons un autre argument, dont
on a essayé vainement d'éluder la force ,
comme nous allons le voir. Si les Hébreux,
au lieu d avoir traversé le golfe d'un bord à
l'autre, s'étaient bornés, comme le veulent
uos adversaires , à .faire un circuit sur le
bord occidental delà mer Rouge, ils auraient
dû nécessairement remonterdu sud au nord.
Mais le texte original porte à la lettre que
le vent qui dessécha le lit de la mer, et ou-
Trit dans son sein un passage libre aux Is-
raélites, était le vent qadiii, c'est-è-dire le
vent d'orient [Exod. xiv, 21). Or, comment
le vent d'Orient aurait-il pu ouvrir une roule
circulairedu sud au nord? Evidemment il ne
pouvait en ouvrir une que de Test à l'ouest,
(il5) Bellon, Observât. 1. n, c. 58; NiEbuiiR,
Deicriffl. de l'Arabie, i. II, p. 289; voici ses propres
parole : c Aprte avoir mesuré la largeur du golfe
ou de l'ouest à Test. Ainsi, les Hébreux qui
étaient à l'ouest traversèrent donc la mer de
l'ouest à Test, c'est-à-dire du bord occiden-
tal an bord oriental.
Mais, objecte-t-on, le mot Hébreux giDni
pourrait se prendre ici pour un tenlvioUnt,
impétueux^ abstraction faite de son point de
départ, d'autant plus que l'Ecriture remploie
quelquefois dans ce sens. Mais la significa-
tion primitive et rigoureuse de ce mol étant
vent d'orient , comme tous les hébraisants
sont forcés d'en convenir, il faut que le con-
texte, ou Quelque antre circonstance de cri-
tique ou d herméneutique s'oppose formel-
lement à ce sens, pour qu'on puisse légiti-
mement l'en dépouiller; c'est un principe
sacré et incontestable en exégèse. Or, mm
le demandons h nos adversaires, le molirqui
lésa portés à détourner ainsi la si^niGralioo
première et fondamentale dcoADiuneyient-
il pas uniquement de ce qu'elle est inconci-
liable avec l'opinion particulière qu'ils oot
cru devoir embrasser relatiyement au p-
sage de la mer Rouge? Mais, on le sent bien,
une critique juste et équital)le ne $aurai($e
contenter d'une pareille raison. Quant aux
divers endroits de l'Ëcriture que nos ad-
versaires allèguent en leur faveur, nous di-
rons d'abord qu'il n'est' pas démontré que
l'idée d'orient en soit absolument exclue;
nous ajouterons ensuite que tous ees passa-
ges appartiennent à des livres poétiques, oà
le terme hébreu pourrait à la rigueur se
trouver employé dans celle significalion
métaphorique, sans qu'on fût autorisé pour
cela à lui supposer ce même sens dans le
récit 'purement historique du trajet de la
mer Rouge.
Tels sont les motifs qui doivent faire reji'-
ter cette opinion. Mais puisque ses partisans
prétendent la justifler par quelques difliiul-
tés qu'ils opposent au sentiment contraire,
voyons si elles sont fondées.
La première difficulté, c'est, comme noos
Tavons dit, que la mer Rouge présente entre
ses deux rives trop de largeur pour qu on la
traverse dans un espace de temps aussi petit
que celui que les Israélites ont pu aroir;
mais si l'on admet avec Leclerc, Micbaélis
Niebuhr, Rosenmiiller, etc., que leslsraéllN^
ont passé la mer à l'extrémité du golfe de
Suez, elle ne saurait être d'aucune nk^u
puisqu'il est incontestable qu'en cet endroil
la mer Kouge n'offre que très-peu d'étendue;
c'est ce qu^ffirment, outre Strabon el'Dio-
dore de Sicile, tous les voyageurs modernes
qui ont visité les lieux. Sans parler des au-
tres, Bellon assure qu'en cet endroit la mer
Rouge n'est qu'un simple canal qui n'a pas
plus de largeur que la Seine entre Harfleur
et Honfleur; et Niebuhr dit qu'elle na cer-
tainement guère plus de quinze cents [^
(415). On objectera, sans doute, qu'au temps
de Moïse elle était plus large et plus pN-
fonde, puisqu'il parait incontestable qu elle
près de cette ville (Suez) , je l'ai trouvée de 1,5U
pas, ou 3,406 pieds de roi .
ISS
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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454
s f5( retirée depuis cette époque du cAté da
sQiJ; mais comme il n'y a aucun moyen pos-
sible de constater d'une manière sûre et cer-
taine quelle éuit au juste la largeur et la
ppifoDdeur du golfe, tout en les supposant
pi considérables qu'elles ne le sont auiour-
Âai, ii est permis de passer outre à l'ob-
jKiion.
Dans llijpothèse gue le passage des Hé-
irenx se soit effectué à la Tallée de Bédé, la
fficutté De restera pas encore sans réponse.
hemièrement, le P. Sîcard assure aue la
ver Rouge n'a pas, dans cet endroit, la lar-
anrqae les auteurs que nous combattons
bi attribuent, et que Ton TOit représentée
i tes presque toutes les cartes de géographie ;
' cile n'a en réalité que cinq ou six lieues
^Naaplus. Secondement, les Israélites ont
iDoiiDeucé leur trajet vers les huit heures du
Or, comme fe remarque Michaëlis, et
s lai Rosenmûller, depuis ce moment
u'è la première Teille du matin, c'est-è-
jusqu'à trois heures après minuit, ils
, «.eu UD temps suffisant pour traverser un
^^Kedecinqousix lieues. A la vérité, nos
iti«rsiires veulent que les Hébreux aient
; hisé passer les deux premières .veilles du
làiiuendre que le vent eût séché le fond
'te»ide la mer; mais cette supposition
«ffitèement fausse on au moins sans
kimai En effet, le texte sacré ne dit
îie i^rt que les Israélites, à la vue de ce
m tracé dans le sein de la mer, aient
'io six benres entières, tusqu'à ce que
fooJde la mer fût des'séché. On j lit, il
'fni, <)ue le vent souiDa pendant toute la
Lmais non point que le lit de la mer ne
Nia sec qu à la fin de la nuit. D*ail-
^ Dieu, (]ui avait ouvert à son peuple
àfimm libre au milieu des flots, qu*il
isusjjeodus à droite et à gauche comme
murailles, ne pouvait-il pas sécher en
binent le limon qui aurait été au fond
l^iDer? Enfin le P. Sicard assure que le
f de la mer Rouge n'a point de vase, mais
Ifist sablonneux, et à peu près comme
rrain des terres voisines ; et Niebuhr
>e(«sitivement qu'il est tout à fait sa-
leoi depuis Suez jusqu'à la vallée de
>del. Or, cette vallée est située beaucoup
au midi que celle de Bédé, où nous
isons que les Hébreux ont traversé la
f par conséquent ils n'ont pas eu cet
We à leur passage.
seconde difficulté est beaucoup plus
'tise, puisque le texte sacré, qui fait
r les Israélites par Eiham avant leur
;dans la mer, nou& les montre encore,
leur trajet maritime, marchant dans le
^iEtham. Or, le lieu nommé Elham se
"^1 H. E. G. Paolttt {Sammlung der merkwur-
^Jàten in den Orieni. Tb. V. Seil, 570) peine
* ^ bom bélitea signifie proprement <o-
coinme «on analogue arabe séparation ,
• d^ou eoUine$ sablontteuies el Uparétê
J* ^nire ; et que ce nom a été donné à lout
J^} ^le les l^raéliles traversérenl , et qai
^jisq«*a:is frontières de TEgypte et au-deli,
"^ IBM peui le voir dans les. S ombres (xxxui|
trouvant situé à Toccident de la mer Rouge,
le désert de ce nom devait s'y trouver aussi.
Cependant le P. Sicard a répondu à cette
objection d'une manière qui a satifait les
critiques les moins favorables à la véracité
de nos livres saints. Le savant jésuite fait
d'abord remarquer qu*en hébreu Etham ou
Ethan est un mot générique qui convient à
tout désert rude et sablonneux. D'où il ré-
sulte que la seule conclusion logique que
l'on puisse tirer du texte sacré, c'est que les
Hébreux, en sortant de la mer, entrèrent
dans un désert, qui, étant rude et sablon-
neux, avait reçu de là le nom de désert
dT Etham; et par conséquent il ne s'ensuit
nullement que ce désert fût du côté de l'E-
gypte plutôt que du côté de l'Arabie. Paulus,
fameux rationaliste d'Allemagne, dans ses
notes sur le commentaire du P. Sicard, con-
firme cette explication en Tappuyant sur des
considérations philologiques (^16). De son
côté, Rosenmûller, après avoir rapporté l'ob-
jection de nos adversaires, ajoute que Leclerc
a déjà remarqué avec raison que le nom
(TEtham a été pris du village iïÈtham^ situé
à l'occident du golfe Arabique, et donné à
toute cette vaste solitude qui se trouve à
l'occident du eolfe de Suez, et s'étend à lo-
rieut de ce golfe (417).
Ainsi ces difficultés sont bien loin de
prouver que les Israélites n'ont |X)int réelle-
ment traversé la mer Rouge d'une rive à
l'autre.
Do passage mincttleax de la mer Rooge.
Pour expliquer d'une manière naturelle le
passage de la mer Rouge, les rationalistes
ont eu recours à des moyens différents. Les
uns ont soutenu qu'il était uniquement leffet
du flux et du reflux, auquel, comme on le
sait, cette mer est sujette ; les autres veulent
qu'un vent extraordinaire, mais naturel, ait
refoulé les eaux de manière à laisser le lit
de la mer à sec; d'autres, enfin, ont admis
l'action simultanée de ces deux causes. Afin
de donner plus de poids à leur opinion, nos
adversaires s'appuient sur plusieurs consi-
dérations. Arlapan, cité par Eu&èbe (VIS),
nous appronJ que Moïse profila de la con-
naissance qu'il avait du flux et du reflux
pour faire passer le peuple à marée basse;
tandis que Pharaon, s'ét^nt imprudemment
engagé dans le même | assage quelques heu-
res après, et au moment du flux de la mer,
fut englouti sous les flots avec toute son ar-
mée. En second lieu, si ce trajet eût été mi-
raculeux, il aurait dû être célèbre chez toutes
les nations voisines; aucune cependant ne
parait en avoir eu connaissance, puisque au-
6. 8).
(il 7) f Sed recte j:im monoit Clericus, verisimile
esse, ab oppido Etham, ad occidentale sinus Arabie!
littus silo, in deserti linibos, nomen esse factura
loti illi soliiudini, non modo ad occtdenlem sinoa
Suentis siiae. sed eiiam ad orientem porreciae, adeo-
que îniimnm sinus recessum ambitu siio comple*
dent. I (RdSENMULLER, Schoi. m Exod. xv, tt.)
(418) EosRB , Prœpar. evang.^ 1. ix, c. i7«
45»
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
m
cune n'en a parlé. Enfin Josenlie compare ce
passage des Israélites à celui des soldats
d'Alexandre dans la mer de Pamphylie, et il
n'ose affirmer qu'il y eût du surnaturel.
Ces moyens, proposés par les rationalistes
pour expliquer naturellement le trajet de la
mer Rouge, sont tout & fait insuffisants en
eux-mêmes, et les raisons sur lesquelles on
prétend les établir n'ont aucun. fondement
solide; on n'a besoin, pour s'en convaincre
pleinement, qu'à donner quelque attention
aux preuves suivantes.
Le premier moyen naturel que les ratio-
nalistes proposent pour expliquer ce i^assage,
est le flux et le reflux dont Moïse profita pour
faire passer la mer aux Israélites. Nous n*au-
rons pas de peine à montrer combien ce
moyen est loin de fournir une explication
satisfaisante. £t d'abord, comment concevoir
que le flux et le reflux aient pu laisser un
passage tel que Moïse le décrit? A la vérité,
nous ne partageons pas l'opinion de ceux
qui contestent que le golfe Arabique ait son
flux et reflux, comme les autres mers qui
communiquent avec TOcéan ('»19j, mais nous
ne saurions admettre que ce flux et ce reflux
aient été suffisants pour faciliter le trajet
des Israélites. En euet, les voyageurs qui
ont visité les lieux assurent que les eaux, à
la pointe de Suez, où nos adversaires suppo-
sent que les Hébreux traversèrent la mer,
montent vers le rivage pendant six heures,
et descendent pendant le même espace de
temps, après un quart d'heure de repos. Ils
ajoutent que quand l'eau est tout à fait basse,
elle laisse à sec un espace d'environ trois
cents pas assez ferme pour (]u*on puisse s'y
{iromener (&20], comme quelques-uns ont
ait (&21). 11 est évident que ces trois cents
pas que la mer laisse à sec pendant que Teau
est basse, ne peuvent rester en cet état que
pendant un quart d'heure, car durant les six
premières heures la mer se relire peu à peu
du rivage, et pendant les six qui suivent elle
se rapproche du bord, diminuant ainsi pro-
gressivement la largeur du terrain desséché;
(je manière que le [)lns qu'on puisse accor-
der, tant pour la durée du temps que pour
l'étendue de la plage desséchée, se réduit à
deux cents pas durant six heures, et à cent
cinquante pendant huit heures, terme que
n'a pas dépassé le trajet des Israélites, selon
le récit même de Moïse. Car on ne peut mar-
cher sur le sable aussitôt après que l'eau
s'est retirée, surtout lorsque c'est un sable
mouvant, comme Diodore de Sicile le dit de
celui de la mer Rouge vers sa pointe. Or,
d'après ces considérations, ne doit-on pas
|419) Voy» les réflexion* que fait à ce sujet Nie-
bolir dans sa Description dé VArabie^ t. Il, p. 505 et
ralv.
(iîO) Voy. Bernier , Lettre à J/. de Chaumont,
évéquè d^Acqs ; MonisOiN, Voyage du mont Sinat, L i,
ch. ii.
iitï) Thevrnot, Voyag.^ cb. 25.
(42i) Yotcl les propres paroles de rillustre aca-
démicien , qui faisait partie de ropédillo i sclenii-
fique d*Egypie ; cNous avons vu. daus Tan vii de
la répnbiiiiiie française, le général Booaparte, rêve-
uani des Fontaines de Moïse, vouloir, au i.eu de
reconnaître comme physiquement impos-
sible qu'une multitude de deux millions
d'hommes, de femmes, d'enfants et d'escla-
ves, chargée d'ailleurs d'une quantité prodi-
gieuse de bétail, de meubles et de dépouilles
des Egyptiens, ait pu faire un |)areil trajet
dans un si court es|)ace de temps, ni mêoiti
dans un espace double, quand même on dou-
blerait encore la largeur du terrain?
Il est dans le récit de Moïse un autre fait
qu'on ne saurait expliquer par ce moyen;
nous voulons parler de la destruction totale
de Tarmée de Pharaon, engloutie avec lui
sous les eaux. En effet, rien ne paraissait
plus facile, surtout pour des hommes à che-
val| que d'échapper au reflux; car eu su{»-
posant que les premiers eussent été surpris
par les flots et submergés, c^ux qui les sui-
vaient n'auraient pas manqué de revenir sur
leurs pas et de s'approcher de la côte. £n
vain M. Dubois-Aymé, qui ne veut rien Toir
de miraculeux dans cet événement, sHorce-
t-il de l'expliquer par Texemple de Bona-
parte, qui, dans son expédition d*Ëgyple,
ayant voulu traverser la mer Rouge dans un
endroit guéable, près de Suez, afin d'abréger
sa route, faillit y périr lui et toute sasuiie
(422). Il n'y a pas dans ces deux faits la
moindre parité, puisque dans la tentative de
Bonafiarte personne n'a péri ; que d'ailleurs
le général était accompagné seuleioeot de
quelques ofliciers, et qu'enfin le daogerqu il
courut en cette occasion ne saurait en aucune
manière être comparé è fa catastrophe qui
engloutit sous les flots le roi égyptien avec
sa cavalerie, ses chars, en un mot, avec toute
sun^armée.
Un troisième motif qui doit empêcher tout
critique impartial et éclairé d'attribuer au
flux et reflux le passage do la mer Rouge.
c'est le texte biblique même, qui nous dit
expressément que les eaux du golfe s^étaot
divisées, s'élevèrent à droite et à çauche,
comme deux murs, et laissèrent ainsi au
milieu de leur lit un passage libre auxerw
fauls d'Israël, tandis que, lorsque les Egyp-
tiens qui les poursuivaient lurent eûirés
dans la. mer, elles retombèrent, reprirent
leur cours ordinaire, et enscveIirentsou> les
flots les ennemis des Hébreux. Or, si les
Israélites n'avaient opéré leur trajet qu'àli
faveur du flux de la mer, ils n'auraieuteu
des eaux que d'un seul côté. Il est vrai qno
les rationalistes ne voient dans cette fiarlie
du récit qu'une expression poétiçiue, yraio
dans l'intention de l'auteur, mais qu il ne
faut pas prendre au pied de la lettre, et que
les incrédules prétendent que c'est une cir-
coiilourner la poînie du golfe, traverser la mer an
gaé qui est près de Suez ; ce qui abrégeait sa rouiô
de plus de deux lieues. C*était au commencement
de la nuii, la marée montait; elle B'accmt plus ra-
pidement que Ton ne 8*y atlendaif, et le général,
ainsi que sa suite, coururent les plus grands Czv
gers : iis avaient pourtant des gens du pays pour pu-
des. (Notice sur le séjour des Hébreux en Egypte» «t
$ur leur fuite dans le désert, dans la Descripiion de
t Egypte, 1. 1. p. 311, note 3 ; Paris, Iniprimcriî «o»-
périale, 1809.)
k^'
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETiQUE.
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458
xaunce iofentée à dessein par Moïse pour
/«oer à UD taii purement naturel toutes
-y apparences d*oa miracle ; mais nous al-
"•as précisément montrer tout à Fheure que
-4 première opinion est erronée, et que la
^MMide est aossi fausse qu'injarieuse au
fcoérable historien des Hébreux.
Un teot Tiolent, disent les rationalistes,
filmique d'autant mieux le passage de la
n.ef Bouge, gne c*est.à cette cause que Moïse
rittribae lui-même dans sa narration (Exod.
\n, il), el qu'il j a des exemples de gran-
des rinères desséchées par un yent sem-
blable josqu'à la distance de plusieurs lieues;
car, saas parler de la nyiëre de la Plata en
Améritioe, où ce phénomène s'est renou?elé
il oja pas bien longtemps, n'a-t-on pas vu
ea âailaode» dans Tannée 1672, le reflux se
mainieiiir pendant douze heures entières
|4r TeSTet crun Tent violent qui retenait les
eaai el les empêchai! de regagner le ri-
!io«s avons plusieurs considérations à
uire en réponse à cette objection. Puisque
00» «tfersaires nous opposent, comme fa-
vorisant leur opinion contre notre senti-
ment, le texte même de Moïse, pourquoi
nenprauMBl-îls si arbitrairement qu* une
famé, ccUeqni convient à leurs idées |)ar-
ticolières? E«K« ainsi qu'on doit agir en
tiaoa«lMriii^0ealtquc? et ce rêle est-il di-
goedeiégètes francs et locaux?
Si donc les rationalistes invoquent le vent
lopétucox dont parle Moïse, ils n'ont aucun
«Jroit de loi refuser l'influence et Tacttou
qoe loi attribue le même Moise. Or, cet écrt-
uiOfiànoin oculaire du fait, ne dit point
qae ks eaux de la mer Rouge furent re-
classées par reflet du veut dans la direction
4<le(ir canal* comme il est arrivé à la ri-
n« de la Plala; mais il affirme qu'elles
wii àé divisées en deux parties, en sorte
'i'j'ii y ta arait des deux côtés des Hébreux
2j oiOiDent de leur trajet. Or, un vent ordi-
Uff*, quelque fort, quelque impétueux
luoa le suppose, ne saurait produire un
t^*eil phénomène. 11 faudrait, en effet, pour
'«^ que ce vent, n'ayant souQlé (jue sur
:^ partie des eaux, n'eût point agi sur les
'^ui voisines. II faudrait encore que cette
^fikxkf concentrée sur un point, eût duré
t«iiiiant huit heures consécutives sans di-
^ukaiion^ et eût cessé immédiatement après
"^feait heures, au moment même où les
^riîens Tenaient d'entrer dans la mer,
éVm ^ ne point manquer de les engloutir.
Nous Je demandons maintenant, pour opé-
'^ un semblable prodige, ne fallait-il pas
^-^oessairetnent un vent extraordinaire et
■tracuienx, un vent que Dieu seul pouvait
'^îojer, c^imme à point nommé, et diriger
V :aie manière conforme aux desseins pro-
v«icntieLs qu'il avait sur son peuple?
L'action simultanée de ces deux causes
rvement naturelles, quoique a>'ant un ré-
>;ihat pins efficace, n'est pourtant uoint suf-
iiaS) fl Hon Mie» allovenio beilîns in Cleeiniiin
Arabîci repirlli potnerunt Qactus, nisi sepleii-
l>ICTI03r?(AinK APOLOGKTIQtK. II.
fisanle |)Our expliquer le passage de la mor
Rou^e. Et d'abord, un vent qui aurait souf-
flé dans la direction du flux n'eût jamais di-
visé les eaux, comme nous venons d'en laire
la remarque ; il n'eût fait que les repousser
dans le canal de la mer; et dans ce cas, les
Hébreux n auraient pu avoir, selon le texte
biblique, les eaux à droite et à gauche, puis-
qu'elles auraient été toutes repoussees et
amoncelées sur le cAté opposé à la direction
du vent et du reflux. En second lieu, les
flots n'auraient pu être repoussés dans la
direction du flux que par un vent de nord ;
c'est une vérité évidente et que Rosenroûl-
ler, tout rationaliste qu'il est, n'a pu s*em-
pêcher d'admettre (^33}. Or, Moïse nous
assure que celui qui régnait sur la mer
Rouge au moment du passade des Israélites
était un teni d'orient. Quelaues critiques,
il est vrai, prétendent que le mot hébreu
QADiM n'a point été employé ici par Moïse
dans son sens primitif et rigoureux de vent
?ui vient de forient. Dans leur opinion,
historien sacré aurait simplement voulu
désigner un vent qui avait toute l'impétuo-
sité, toute la véhémence de ceux de l'orient;
mais nous avons montré un peu plus haut
qu'on n'a aucun motif raisonnable de dé-
pouiller ce mot du sens de vent dCorient^ qui
est sa signification primitive, et que si nos
adversaires se le permettent, c'est unique-
ment dans l'intérêt de l'explication patti-
culière qu'ils font de ce passage [V^)-
Enfin , quand nous accorderions que ces
causes naturelles ont pu par elles-mêmes
riroduire le dessèchement du lit de la mer,
e passage des Israélites et la destruction
des Eg}'ptiens, les circonstances qui aecom-
))agnent cet événement en font néanmoins
un miracle qu'on ne saurait méconnaître.
Eneflet, n'est-ce point contre toutes les
lois de la nature, que ce vent violent ait été
prédit par Moise (Exod. xiv, 16); qu'il ait
commencé à soufller au moment même où
ce serviteur de Dieu a élevé sa verge,
étendu son bras sur la mer (vers. 21), et
qu'il ait cessé aussitôt que les Israélites sont
arrivés à l'autre bord du golfe? N'est-ce pas
encore contre toutes les lois naturelles, que
les eaux, a^ant repris leur cours dès que
Moïse étendit une seconde fois son bras sur
la mer, aient englouti toute l'armée des
Egyptiens (vers. ^)? Mais citions, à l'appui
de nos réflexions, un beau passase de Hi-
chaëlis, rapporté par Niebuhr. « M. Michaê-
lis, auquel j'avais envoyé mes réponses è
ses questions, dit, p. 51 de sa Traduction
de VExode^ que je ne m'accorde avec lui
dans l'essentiel sur le passage des Israélites,
qu'en ce que je le regarde comme un mira-
cle ; mais il dit aussi, pag. 52-53 : Moïse ne
put, par aucune raison hnmaine, prévoir le
dessèchement de la mer qui sauva et lui et
le peuple , il agit par inspiration dirine. Ce
dessèchement fut une œuvre de la Provi-
dence qui avait résolu de délivrer son peu-
trionali. i (ScM. m Exôi.^ p. tlô.)
(il4) Voy. cHleisas, f IH.
15
4r>9
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
pic. La prévision certaine de col événement
était surnaturelle au suprême degré, puis-
qu'il n*est jamais arrivé que cette seule fois;
et sa connaissance prouvait la mission di-
vine de Moïse autant çiu'aucun miracle eût
pu le faire. Moïse, qui, contre le but de sa
marche et sans nécessité, se tourna vers le
côté d'Afrique de la mer Rouge qui lui cou-
pait le chemin de TAsie, qui se vit environné
d'Egyptiens et qui aurait dû périr s'il n'é-
tait arrivé un fait inouï et unique; ce
Âloïse qui, au lieu d'exhorter son peuple,
resserré entre la mer et l'ennemi, à une
vigoureuse défense, lui promet que Dieu le
délivrera sans armes, lui ordonne de mar-
cher vers la mer sur laquelle il étend sa
verge et lui commande d'ouvrir un chemin
h ce peuple, et oui agit comme s'il prévoj^ait
d'une manière sure celte èbe extraordinaire,
arrivée cette seule fois dans notre monde;
cet homme doit tenir sa mission du maître
de la nature, qui seul pouvait révéler ce
qu'il avait arrangé dans celle-ci pour le sa-
lut des Israélites. » J'avoue, reprend Nie-
buhr, que le découvrement du fond de la
mer, qui même, selon M. Michaëlis, était
surnaturel au [suprême degrés V opération de
la Providence : la tempête supposée qui, dans
l'espace de vingt-quatre heures, soufflait de
deux plages contraires, pendant que le vent
y est constamment six mois nord et six
n)ois sud; Vobéissance de la mer^ qui offrit
au peuple d'Israël un chemin, dès que Moïse
eut étendu sa main sur elle ; j'avoue, dis-je,
que toutes ces circonstances me paraissent
autant de miracles. Si tout cela s'est passé
très-naturellement, je ne sais pas encore ce
que les savants entendent par le mot de mi-
racle, et je cède volontiers à l'opinion de
M. Michaëlis (4.25). »
Les témoignages historiques, et, d'un au-
tre côté, le silence prétendu des peuples
voisins, sur lesquels se fondent les rationa-
listes pour ne voir dans le passage de la
mer Rouge qu'un fait purement naturel,
nous ont paru peu fondes, et surtout très-
])cu propres k donner quelque valeur réelle
i\ leur opinion. D'abord il ne faut point ou-
blier que le témoignage des anciens Egyp-
tiens, ennemis jures des Hébreux, ne peut
être que suspect. Cependant si, comme nous
l'avons vu dans l'objection, les prêtres de
Memphis, au rapport d'Artapan, ne conve-
naient pas du passage miraculeux de la mer
Rouge, ceux d'Héliopolis, de l'aveu du même
Artapan, enseignaient <t que Moïse avait
touché l'eau de sa verge, et que les flots
s'étant écartés à droite et à gauche, il avait
fait passer son armée à pied sec (426). »
Quant au flux et au reflux, il n'en dit abso-
lument rien. Or, suivant Hérodote, les Hé-
liopolitains étaient regardés comme \qs plus
sages et les plus savants des Egyptiens (427j.
Leur autorité doit d'ailleurs être d'un plus
(425) Voy. NiXBUHR, ûeseription de r Arabie^ t. li,
p. 298, «î)9.
(i2(>) AiiTAP. apnd EoifiB., Prœpar. étang. 1. i.\,
c. 17.
grand poids que celle des prêtres de M
phis, parce que l'aveu (fe i'inlerven
d'une puissance divine ne saurait Atre n
bué qu'à la force de la vérité et à la e
riété du fait, quelque motif qu'aieni
avoir ceux de Memphis pour le nier.
Quant aux Arabes, il serait faui de
qu'ils n'ont pas eu connaissance de cet
nement; car, sans parler d'une fouli
noms propres qu'ils ont donnés, soit l
droit où ils supposent que le passage (
mer Rouge s'est effectue, soit à tous les
très lieux qui ont été le théâtre deplusi
autres faits mémorables qui se rattache
celui-là, voici ce que nous apprend le
vant voyageur naturaliste Shaw, quiao
ché sur les traces des Hébreux, ài^
déserts de l'Arabie , et qui s'est appligoi
suivre toutes leurs stations jusqu'asoM
Sinaï : «i Les Israélites sortant de RaiDe»
dit-il, marchèrent quelques jours dans
pays ouvert, ayant suivi peut-être iaiot
route par laquelle leurs ancêtres étaiest
nus en Egypte : c'est ce qui parait par
que nous lisons dans l'Ecriture, qui po
que r Etemel parla à Moïse ^ disant: h
aux enfants d Israël , quils se détouf^t^l
au ils se campent devant Phi-hahirotï, n
Migdol et la mer^ vis-à-vis de Mai-]
phon : vous vous camperez à Fendroit (fie
près de la mer; lors Pharaon dira des enfa
d' Israël : Ils sont embarrastU a» pa^y
désert tfiïi\x% les montagnes de Moc-co«i
de Suez) les a enfermés. Les Egyptiens avri
effectivement lieu de croire que leslsra
tes, dans la situation où ils se trouvai
ne pouvaient pas leur échapper. Us m
alors les montagnes de Moc-caliear
qui leur barraient le passage de ce d
les montagnes de Suez les enferma'
nord, et ne leur permettaient pas
dans le pays des Philistins ; la roc
était devant eux à l'est, et Pliar^
son armée fermait l'entrée de la valll
rière eux à l'ouest. Cette vallée se
à la mer par une petite baie qui
iïas extrémités orientales des moaU
dessus décrites, et s'appelle K
Israël^ ou la route des Israélites^
d'une tradition gui se conserve j
jour parmi les Arabes^ et qui pnrti
peuule la traversa. On la noaiB
Baiaeah [Bédé)^ peut-être à cause du
nouveau et inouï qui se fit près de
que la mer, après s'être partagée,
gnit et engloutit PAaraon, sescharii
gens de cheval {kW). » Ce lémoi
d*autant plus précieux (fu*il nous
Arabes qui, ayant toujours habité
ges de la mer Rouge, ont perpél
moire de ce passage miraculeux p
qui en rappelle le souvenir, cl qu
du fait a pu seule occasionner;
soupçonnera point , comme le
(427) Heeodot., I. n, c. 3.
(4i8) Shaw, Yo^ages de Barbarie et
t. Il, p. 31.
m
PAS
DiCTiaXNAlilE APOLOGETIQUE.
PAS
ÀSfi
Ulel» qu'on peuple puisse sUmaginer
^:'ane oauon entière a traversé la mer^ et
:a1i reuille consacrer par on monument
.e iétire de son esprit (hSS).
Hais les Arabes ne sont pas les seuls qui
i/estent le passage miraculeux de la mer
l :zt, Achior» chef des Ammonites, en
. :r:e l Holopheme , comme d'un évéue-
L^ùi très-connu et très- familier à ce peu-
p'e: car il lui en raconte tous les détails et
todtesles circonstances (430). Les Philistins
eax-oêiDeSy quoiaue ennemis mortels des
iuirem comme les Ammonites, semblent
jissi aroîr consenré la mémoire de cet évé-
neiMfit Du moins un passage du I" livre
•!cjIm« le donne à entendre, car il fait
Mf^iai Philistins : « Malheur à nousl qui
E*^ûs sanTera de la main de ces dieux su-
(*toes? Ce sont les dieux qui ont frappé
!ts E^piiens de toutes sortes de plaies dans
k daert » (nr, 8.)
be sâQ côté, Diodore de Sicile dit « que les
f-tft;4es ichtbjophages qui habitaient le ri-
uzt octideotal de la mer Rouge tenaient
pif tniîtioo qu'autrefois cette mer s'était
«.•iTerte pir un reflax violent; que tout son
f/Q-l mil paru à sec et courert de rerdure*
'.•^ Mai s étant partagées en deux parties;
fâiis qu'ensuite il était survenu un flux im-
j'^uieoiqaî réunit les eaux (^1). • Le flux
d nûai on/iaaire, quelque fort qu'il soit»
E* séptre point les eaux : celui dont parle
iNrkJore, fsi ùutrii la mer et la partagea en
im^ est nsîblement le miracle si célèbre
i>.i tes Hébreux.
hstift dit, d'après Trogue-Pompée» « que
Mobe eu s*enfujant emporta les dieux de
/Xffj4e, et quelles Egyptiens qui le pour-
ssirmt furent contraints par les tempêtes
''te f>Q retourner chez eux (432). Mais ces
'^fées qui favorisèrent la fuite de Moise
'*'ziL\ea remarquables dans un pays où il
i ?ct très-rarement. N'est-on pas légitime-
-fiii autorisé à voir dans ce récit un fait
r^ trojable qui a été défiguré? N j aper-
:c.:-on point des traces sensibles du passade
-nculeux de la mer Rouge, à travers les
-rntions artificieuses par lesquelles les
I^j, tiens cherchèrent à le déguiser? On ne
-i^nit en douter ; il faut qu'un événement
^'tiocemait les Hébreux et les Egyptiens
4.*. ^^nné lieu à cette fable, dont le foud est
^Jr^^mmeni historique. O» quand on lit
^w^prérenlion le passage de la mer Rouge,
i; «i impossible de ne pas y reconnaître
j rV^nement historique qui a servi de base
«'. rédt fabuleux que nous venons de citer.
Enfin, rbîstorien Josèphe reconnaît for-
Lt.>emeat le miraculeux passage de la mer
i.i^, el qu'il n'y a pas de ressemblance
■îrièie entre ce passage et celui des soldats
'«^\>xandre sur le boiid de la mer de Pam-
;*Tlie. Voici ses propres paroles : « L'admi-
^''> conducteur du peuple de Dieu, dit-il,
^rès avoir achevé'sa prière, frappa la mer
•(9i> BtxuLT. Répomus crill^es^ t. 1, p. 251.
i:^) Jmdîik^ V, li-U.
iiï) Dm», bic., L m, op. 3.
avec cette verge miraculeuse, et aussitôt
elle se divisa et se retira pour laisser aux
Hébreux un passage libre, et leur donner
moyen de la traverser à pied sec , comme
ils auraient marché sur la terre ferme.
Ifoîse voyant cet effet du secours de Dieu ,
entra le f^remier, et commanda aux Israélites
de le suivre dans le chemin que le Tout-
Puissant leur avait ouvert contre l'ordre de
la nature {h33), » Peut-on reconnaître un
miracle en termes plus exprès?
Cependant on nous objecte le passage sui-
vant comme réfutant celui-ci, et nous pré-
sentant la véritable opinion du célèbre his-
torien des Juifs : « J'ai rapporté toutes ces
choses comme je les ai trouvées dans les
livres sacrés. Or, personne ne doit regarder
comme incro^pable que des hommes qui vi-
vaient dans l'innocence et dans la simplicité
de ces temps anciens aient trouvé dans la
mer un passage pour se sauver, soit qu'elle
se soit ouverte d'elle-même, soit qu'elle
l'ait été par la volonté de Dieu ; puisqu*à
une époque beaucoup plus rapprochée de
nous, la mer de Pampnylie a ouvert dans
son sein une larse voie aux soldats d'A-
lexandre, roi de Macédoine, qui n'avaient
aucun autre moyen de continuer leur route;
Dieu ayant voulu se servir de ce prince
pour détruire l'empire des Perses. C est ce
que rapportent tous les historiens qui ont
écrit la vie d'Alexandre. Je laisse néanmoins
à chacun le soin d'en juger comme il vou-
dra (hSk). >
Mais la teneur même de ce passage montre
qu'il n'est nullement en opposition avec le
précédent. En effet, dans le premier Josè-
phe est aOirmatif dans toutes ses expres-
sions ; chaque mot révèle en lui une con-
viction profonde ; dans ce dernier il ne
rétracte rien. Il commence même par recon-
naître que c'est dans les livres saints de sa
nation qu*il a puisé le récit du passage mi-
raculeux de la mer Rou^e. Or, cette source
était sacrée pour lui ; il a dans plus d'un
endroit de ses ouvrages consigné sa profes-
sion de foi sur l'autorité infaillible et divine
iles Ecritures consacrées chez les Juifs. Si
donc il cherche à rapprocher le fiassage de
la mer Rouge de ce que les Grecs racontaient
de celui de la mer de Païuphyliepar l'armée
d'Alexandre, ce n'est évidemment que dans
le désir de rendre plus croyable aux gentils
le récit des écrivains sacrés. Car un homme
sensé, admettant, comme Josèphe, l'autorité
historique et divine de la Bible, ne s'avisera
jamais d'établir une comparaison entre envi-
ron deux millions d'hommes qui, en une seule
nuit traversent à pied sec avec leurs trou-
peaux et leurs bagages un bras de mer lai>;e
de cinq lieues, après que la mer s'est sejia-
rée en deux pour leur laisser un libre pas-
sage, et une partie d'une armée qui tout
entière n'était que d'environ trente-cinq
mille hommes, et qui passa le long du ri-
(432) JosTui., lib. XXXVI.
(455) Joscn., Anlta., 1. u, c 6, 7.
(454) Ibid., c 7.
4G3
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGKTÏQUE.
PAS
▼âge do la mer de Pampliylie, dans un en-
droit où tout le monde peut passer.
A la vérité, QuinterCurce dit qu'Aleran-
(Ire s'était ouvert un nouveau chemin, par la
mer (U5). Mais ces paroles emphatiques nous
sont expliquées par Arrien et Strabon. Ar-
rien remarque (WG) « qu'onne pouvait passer
le long du rivage entre les rochers et la mer
de Pamphylie, à mains que le venl ne fût
nord, parce que ce vent empftchait la marée
de monter autant que lorsque le vent du
midi soufflait : Alexandre 5'étant aperçu qu'il
faisait un vent du nord très-violent, profita
de l'occasion ; après avoir envoyé une par-
tie de son armée faire le tour des montagnes,
il risqua de'passer lui-même avec le reste
le long de la mer. x Strabon ajoute a au'il y
a une colline dans la mer de Pampnylie,
nommée Climax, le long de laquelle est un
passage ; quand l'eau de la mer est basse,
cette colline est entièrement découverte ;
mais on ne la voit plus dès que l'eau recom-
mence à monter. Alexandre, continue-t-il,
étant venu en cet endroit, voulut la passer
avant que les eaux remontassent ; mais
comme c'était alors en hiver, la mer grossit
avant qu'il l'eût traversée, et il fut obligé
de marcher tout le jour dans Teau jusqu à
la ceinture (U7). » Il est clair maintenant
qu'il n'y a aucune parité entre le passage
d'Alexandre et celui des Israélites, quel
qu'ait été d'ailleurs le dessein de Josèphe en
les comparant.
Nous croirions faire injure à la raison
éclairée de nos lecteurs, si nous insistions
davantage sur cette question. Il faut fermer
volontairement les yeux à la lumière pour
nôtre point frappé de l'éclat' si brillant du
miracle opéré au passage de la mer Rouge.
Pour notre part nous regardons comme un
des plus inconcevables mystères la bonho-
mie des rationalistes sur ce point.
De la sincérité de Miûse dans tout le récH du passage
de la mer Roiige.
Le passage des Hébreux au travers de la
mer Uouge, disent les incrédules, ne paratt
miraculeux que dans les circonstances que
raconte Moïse. Or, n'est-îl point permis de
supposer que cet historien a pu ajouter ces
circonstances h sa narration pour rendre le
fait plus merveilleux, et qu'il ait ainsi trans-
formé en miracle un événement purement
naturel ?
Nous dirons d'abord que cette supposition
eât une injure aussi sanglante que gratuite
faite à la mémoire d'un homme illustre, qui
commande le respect et la vénération. La
lecture la plus superficielle de ses ouvrages
sutDt pour écarter bien loin de lui toute idée
d'imposture. Pour nous, nous nous semons
le cœur déchiré, en voyant une Ame aussi
pure et aussi belle, soupçonnée de fausseté
fi35) QciiiT. CuRT., lib. v.
l456) Areian., Expedit. Alex, mag^ l \.
(457) Strabo, Ceoyr,, 1. xiv, c. 11.
(438) DuBOis-AxHÉ, Notice sur le séjour de$ Hé-
et d'imposture. Que l'incrédulité nous pan^
hideuse quand elle se porte à de f>areilse|
cèst Et que sa cause semUe mauvaise, pui
3u*elle croit ne pouvoir la défemlre aue n
^horribles calomnies I Toland avait déjà d
Sue ce fut un stratagème de Moïse ; ma
epuis, un de nos savants, M^Dubois-Ajin
a prétendu que cet historien a pu d'aula
plus facilement embellir son récit de ci
constances merveilleuses, qu'il ne puh
son histoire que quarante ans après Ter
nement, dans un temps où tous les témoi
oculaires étant moris , ne pouvaient pi
réclamer. « On sait, en effet, dit-il, quec'tj
dans la terre de Moab (Deut.hh;x\nA
XX.XLI, 9 et 25) que le livre de la loi fut pulil
pour la première fois, quarante ans m
que les Hébreux furent sortis d'Egypte (Jtti
1, 3). Il n'existait alors dans tout Israël H
deux témoins des faits consignés dans J
Pentateuque, Josué et Caleb (Dent, \, 35, 3
et 38), qui , favorisés de Moise et hérilie^
de son pouvoir, secondèrent conslammcfl
ses desseins. {Num. xiv, 6.) Les pelili en
fants qui ne savaient pas encore disceroH
fe bien et le mal, lorsque leurs pères tm]
paient dans le désert de Pharan , ataienj
obtenu du Seigneur d'entrer dans ta vw
promise {Deut. i, 39); pouvaient-ils, deved
nommes, connaître les forces de leurs irib
au moment où elles quittèrent TËgyp/c,
rejeter le témoignage de celui qui élailJ
fois leur législateur, leur prophète, m
souverain absolu et redouté (W8)? »
Nous nous garderons bien de rendre, a
nom de Moïse, injure pour iiyureàM.D»
bois-Aymé et à ses autres détracteurs. Si
saint conducteur des Hébreux avait eu à j
ger les ouvrages du savant acadéniirien,
raurait fait incontestabiemenlavecplusdi
quité et plus de justice ; il aurait sans éoui
eu plus d'une erreur à y relever, »
n'aurait certainement pas attaqué sa probii
et sa bonne foi. Nous tâcherons (Jnui||
nous-méme cette sage réserve, cette bel
modération.
Nous ferons observer en preini*'r k
que c'est tout h fait arbitraireiueni ^
M. Dubois-Aymé place la composili^'" "
l'histoire dû passage de la inerKouge.^"'
rante ans après l'événement. II parait» *
contraire» plus probable que Moïse écn^J^
les événements au fur et à mesure q^
arrivaient ; de même qu'il rédigeait l^f ^^
et les ordonnances lorsque Dieu les luiup
nail. Cette supposition n'a rien que deu
ordinaire et de fort naturel. S'il fallaiiniet
en croire le témoignage de beaucoup
critiques habiles, la disposition des mai
riaux du Pentateuque viendrait à l'ai^jw}'
notre hypothèse. A la vérité, notre auTC
saire se fonde sur plusieurs passa^^es <
Deutéronomej mais il ne s'est pas apen
qu'il en tirait de fausses inductions. a>
treux en Egupte et iur leur fuiu dam le ài*f^^ ^
la Description de r Egypte, U I, p. 5l6;Partfr ^v
marie impériale, 1809.
i'I
PAS
DICTIONNAIRE APOLOCETIOUC
PAS
46S
Uf j, le seul de ees passages qui ail rap*
(vdi une rédaclion est celui nui se trouve
in chapitre xxxi, t 9 et 24. Mais il ne pa-
rt:: Dalleinent certain qu*il soit question en
T. eodroit de Coot le Ptntaieuque : à ne
. >35ulter que le texte, il semblerait beau-
: .)'! plus probable qu*il ne s^agit que des
I j;*ilres précédents, xxTn, xxviu, xxix,
iii« ou tout au plus du Deuiéronome. De
1 Tieot qu'une foule d^interprètes aussi
<LM que savants ne Tenteodent pas du
PriUêtaugiu tout entier,
£a sapposant même que récrivaiB sacré
tùtTOola parler des cinq livres de la loi, on
at ^allraic légitimement en conclure que ces
liTreso'éUient publiés qu'alors pour la pre-
uiicre fi>is; la seuie conséquence que le
<voiexle permettrait de tirer, c^est que Moïse
tii bue ose copie particulière et authenti-
que de la loi, qu'il remit aux lévites pour
êirt conservée a côté .de l'arche d'alliance,
a «einr de témoignage contre les Israélites
>iiu,^i6) ; eumme les rois étaient obligés,
<ie Wnr côté, d'en transcrire un exemplaire
l^tur ieor proore usage, et d'après la copie
<iQe deraieot leur fournir les prêtres de la
inlMi de Léri (xvn, 18).
Eafa. qoand il serait démontré gue le
Pniikane cl par conséquent l'histoire du
/•«sisageae la mer Rouge n^ont été réelle-
tuent pMiés umr la première fois que qua-
nDleioiiprts œ dernier événement, on
M seml aoilement en droit d'attribuer ce
reun/ aa dessein formé par Moïse de
iTimper si indignement les Hébreux dans
(jnetiûrede cette importance, car il pou-
ui( Tjroir une foule de motifs différents
;-^flr lesauels il n'avait point fait plus tût
cd(e f4il)]ication.
VitA an fait que M. Dubois-Aymé ne
ssufiit révoquer en doute, c'est que le can-
L'iœqm se trouve au chapitre xv fut com-
i^j6é par Moise et chanté par tout le peuple
idtmédiatement après le trajet des Israéli -
t«i.U9;. Or, ce cantique fait les allusions
*^ plus évidentes à ces circoastauces mer-
f-jiieases qui, selon notre adversaire, au-
riKsi éié inventées pour transformer un
itporemeot naturel eu un miracle des plus
CiGoasts. C*cst ainsi, par exemple, qu'on
••' la verset 8 * Au souffle de ta colère les
f'ii te S0mi amoncelés f Veau qui coulait s'est
'fT« m s'arrélant comme une montagne
»4, et Jea vagues mugissantes se sont
h'o tu mdUeu de la mer ; paroles qui ne
VAL «n effet, qu'une simple reproduction
^ oriles qui se trouvent dans l'histoire
s^iflie du passage des Hébreux, et qui nous
^■^renneot que Moise ayant étendu son
!'2s sur la mer, JétK>va la fit retirer par un
«col impétueux, qui ayant soufflé toute la
l'Oit, en dessécha le fond, eu sorte que les
«aai se divisèrent, et que les Hébreux pu-
r»ia ainsi marcher k sec au milieu de la
wS) F«9« les preoves pliiloiiigi<|iie8 que M. Tabbé
^^uÊt a ili»iiué«i de celte aMeition dans soo ou«
^S/t ialitailé : Le Pentateuque avec une traduction
^ofRir, eic, ull| Exopc, p. il7, it8.
mer, ayant à droilo et à gaucne un mur
formé par les eaux (xiv, 21, 22).
M. Dubois-Aymé ne se borne pas à regar-
der Moïse comme imposteur, il rend aussi
complices de son imposture Josué et Caleb,
qui, dit-il, favorisés de Moise et héritiers de
son pouvoir^ secondèrent constamment ses
desseins. Ici notre critique cite, à Tappui de
son assertion, le livre des Nombres (xiv. G) ;
mais le passage invoqué ne prouve nulle-
ment que ces deux personnages aient été
disposés à soutenir le mensonge et la fraude;
il BOUS apprend seulement que Moïse et
Aaron ayant entendu les murmures îles Hé-
breux après le récit infidèle au'on leur avait
fait du pays de Chanaan, et leur menace de
se choisir un chef et de retourner en
Egypte, se prosternèrent le visage contre
terre en présence de tout Israël , et que de
leur côté, Josué et Caleb, qui avaient été
du nombre des espions, déchirèrent leurs
vêtements, cherchant par leurs exhortations
à apaiser la multitude et à la ramener à de
'ineilleurs sentiments. Or, cette conduite de
leur part, loin de montrer de lAches com-
plaisants, toujours prêts à se plier aux pré-
tendues vues intéressées du chef d'Israël,
était au contraire toute dans l'intérêt dn
peuple, qui par sa révolte s'ex|x>sait évi-
demment à la vengeance divine. Rien donc
dans ce trait historique ne permet de penser
que si Moïse avait jamais formé des desseins
qui répugnent naturellement i une âme
honnête, il eAt trouvé ces deux Israéli^ei
dis|>osés à les seconder. Ainsi notre adver-
saire aurait dû mieux choisir ses exemples,
ou, s'il n'en trouvait point, parce qu*en effet
il n'en existe aucun, il n'aurait pas dû es-
sayer de porter atteinte à la réputation d'un
homme dont le caractère a toujours com-
mandé le respect et la vénération.
Enfin, c'est contre toute vérité que le
savant académicien prétend qu'au moment
où le livre de la loi fut publié pour la pre-
mière fois, c'est-à-dire selon lui quarante
ans après la sortie d'Egypte, il nV avait
dans tout Israël que deux témoins des faits
consignés dans le Pentateuque^ Josué et
Caleb. En effet, pour que cette prétention
eût un fondement légitime, il faudrait dé-
montrer que tous les Hébreux, & l'exceptioa
seulement de Josué et de Caleb, avaient
péri dans le désert, conformément à l'arrêt
])orté par le Seiicneur, de punir les Israéli-
tes qui avaient déclaré vouloir se choisir un
nouveau chef et retourner en Egypte; mais
l'Ecriture elle-même prouve que lorsque
Moïse dit lyum. xiv, 1, 2) que tous les
enfants d'Israël murmurèrent contre Jé-
hova, et qu'il proteste ensuite qu'aucun de
ceux qui ont murmuré n'entrera dans la
terre promise ( vers. 23 ), ces expressions
doivent être prises dans un sens limité,
puisqu'on lit au verset 29 de ce même cha-
(440) Le mot bébreo red, qae noiis avons rendit
par montagne^ signifie propreoient amas énorme^
grand monceau; il répondDarfaitemeiit à boha Hiiir,
employé aa ch. xiv, 22, 29.
467
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
m
pilre : « Vos corps seront étendus morts
dans ce désert. Vous périrez, vous tous dont
on a fait le dénombrement , depuis vingt
ans et au-dessus, et qui avez murmuré con-
tre moi. 9 D*où on voit que tous les Israé-
lites qui n'avaient pas encore atteint l'âge
do vingt ans au moment de la rébellion, et
ceux (Te tout âge qui n'avaient pas pris
]mrt aux murmures (car il n'est pas croyable
que sur une multitude composée de plus de
deux cent mille hommes, deux seulement
n'aient pas murmuré) ont pu échapper à la
mort. Ajoutons que, sans dire avec Origène
que les prêtres et les lévites n'ayant point
tenté le Seigneur, ne furent pas enveloppés
dans le châtiment commun (Hl), nous
pouvons affirmer qu*£léazar , grand-prétre,
survécut au désastre, puisque nous voyons
son nom Tigurer en tète des chefs qui tirent
le partage de la terre promise entre leurs
tribus (kk2). Nous ne nous arrêterons point
à montrer que la contradiction qui résulte
du rapprochement de ces divers textes n'est
purement qu'apparente, car il n'est pas
d'exégète qui ne sache que certaines expres-
sions générales de l'Ecriture doivent se
prendre dans un sens limité, et que le mot
tous en particulier s'emploie assez sou-
vent pour exprimer l'idée d'un grand notn^
bre (IkS).
Il résulte de ces considérations que lors
même que de tous les témoins oculaires du
passage de la mer Rouge il ne s'en serait
pas trouvé un seul vivant quarante ans après
la sortie d'Egypte, il y avait une multitude
de témoins auriculaires , qui ayant vécu
longtemps après les premiers, avaient dû
nécessairement leur entendre raconter en
mille occasions ce grand événement, qui
leur rappelait leur délivrance du joug igno-
minieux de l'Egypte, et qui était célébré
dans les cantiques populaires de toute la
nation. Or, si ce trajet de la mer Rouge
n'eût été que l'eflet du flux et du reflux, et
que dans le moment où il a été effectué on
n'en eût pas jugé autrement, tous ces nom-
breux témoins auraient-ils gardé le silence?
N'y aurait-il pas eu au contraire de vives
réclamations contre les circonstances mer-
veilleuses, étrangères au fait, inouïes jusque
alors, et ajoutées par Moïse pour transfor-
mer cet événement simple et naturel en un
prodige le plus étonnant ? Un pareil silence
serait en histoire un miracle non moins
surprenant que la violation des lois de la
nature au passage de la mer Rouge.
On voit maintenant le peu de portée, di-
sons !nême rinsignifianco complète de la
réflexion par laquelle se termine l'objection
de M. Dubois-Aymé.
Mais.l'opinion des incrédules que nous
combattons dans ce paragraphe, non-seule-
ment fait de Moïse un faussaire et un im-
posteur, mais elle suppose encore dans les
(4^1) OiiiGE!f., nomil. 27 m Num.
(iiî) CofQpar. Num, xslxiv, 17 ei seqi|. avec Jot.
I|T, I vi seqq.
(445) c Scciijiiuin euiii canonem quem sa;pe ex-
hommes qui vivaient à l'époque du pas^Ke
de la mer Rouge, un renversement d'idées
qui détruit toute certitude historique et
morale. D'abord, comment pourrait-on croire
que les Egyptiens n'aient pas connu auvsi
bien que le conducteur des Hébreui le flux
et le reflux du golfe de Suez ? L'heure de ses 1
marées pouvait-elle être ignorée des Egviv j
tiens qui vivaient sur ses bords, et qui'ba- ■
bitaient Magdalum et Béelzéphon, quand \
les paysans les plus rustres et les plus
grossiers de nos côtes connaissent parfaite
ment le même phénomène? Ignore-t-oni
Paris et dans les environs le flux et le reâui i
de la Manche? Comment donc aurait-on
ignoré à Memphis et dans le pays deGes^eo
celui de la mer Rouge ? Quoi ! ces Egyptiens
dont nos adversaires eux-mêmes piw/>
ment si haut la sagesse, les lumières, l'ha-
bileté en tous genres, auront été du lemps
de Moïse un peuple composé d'une mntti-
tude innombrable de fous, qui se semnt
précipités dans la mer, lorsqu'elle commen-
çait à remonter, sans penser ni à son (lui,
ni au temps de la pleine lune qui les éclai-
rait, ni aux marées des équinoxes? Personne
n*aura averti le roi ni les chefs, ettoosau-
ront péri sous les flots ?
Il n'est ni plus facile ni plus naturel de
penser que parmi deux raillions dlsra^Iilcs.
dont la plupart avaient demeurédèDsIslerrv
de Gessen, peu éloigné de Sue2,auPUDn a wii
connaissance du flux et du reflui de la mer:
que Moïse a pu fasciner les yeuide louie
cette multitude au point de lui persuader
qu'en traversant le golfe elle aYêUHroile
et à gauche les flots élevés comme un mur.
Ajoutons que quelques moments aupara-
vant tout le peuple s'était révolté contre
Moïse en voyant arriver l'armée des Egyj»-
tiens : N'y avait-il donc pan des tombms
en Egypte pour nouê enterrer^ s'icriami-
ils; et fallait-il venir dans un désert où mi
devions trouver la mort? (Exod. x^i^i'
Assurément, un peuple, qui était dans^«
pareilles «lispositions, ne pouvait se laiss^f
tromper par Moïse, en croyant tout ce qa il
lui aurait plu d'imaginer. I\ est vrai q»^
certains incrédules sont allés jusquàsoa-
tenir que les Israélites ne traversèrenl W'
tre chose qu'un nuage épais, qu'ils prim»^
pour les eaux de la mer Rouge; mais ((««''^
3u'ail été leur stupidité, il n'est pas pertû^-.
e supposer que tout un peuple vm^^
d'environ deux millions de personnes 1«»
portée jusqu'à Ce point. D ailleurs, ésn^
l'hypothèse de ces incrédules, VatB^ "^
Pharaon elle-même a dû aussi niaRbcf a
travers les nuées sur une terre fetwe; ce-
pendant comment se fait-il qu'elle ait cw
submergée? Le miracle du passage de l»
nier Rouge, tel que nous le comprenouN
n'est-il pas plus accessible à la raison qu uwj
pareille hypothèse?
posiiimiis Scripltiramm, omnia non ad loium rrl
renda e»se, sed ad partem maiiiuaiu. i (liii*^'''
rptst. 146 ad Damas.)
9
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETlQUi:.
PAS
470
|VL
t U Traisemblance de imit le rocit du passage de la mer
Rouge.
L^s incrédules et les rationalistes, commo
911S en avons déjà fait la remarque, ne se
)nt pas bornés h nier ce qu*il y a de mira-
rteux dans lo trajet de la mer Rouge, ils
•(encore prétendu que le récit dans le-
lel cel événement se trouve consigné,
■tient plusieurs circonstances entièrement
imisemblables, et (jui autorisent par là
Mme à révoquer !e fait en doute. Sans tirer
)ltte eonséc(uence, d*autres écrivains, qui
dbeuent Pinspiration divine, ont trouvé
Iwres mêmes circonstances des diflicul-
llqai leur ont senii)lé assez graves pour
k engager A donner au texte sacré une
^ieatioo par laquelle ils ont cru les ré-
Mre d'une manière satisfaisante (4U).
Hous concevons que, considéré au point
f Toe du rationalisme, cet événement pa-
t»$e dans plusieurs de ses parties tout à
il incroyable ; mais, si Ton suppose, ce
eu reste nous croyons avoir solidement
li un peu plus haut (| iv), savoir qu'il
fiV^is'effectuerainsi que Moïse le rapporte,
ans un vrai miracle, tous les traits de la
virtumi paraissent non*seulement possi-
lki,iiaVsliès-psiroples et très-naturels. Ajou-
ta» qoe mi adversaires ont exagéré cer*
; lÊÙes dtSeuMés ; ainsi, par exemple, ils
fiéiendeni que les coraux aigus et tran-
ckints aussi bien que les algues marines
40Bt le golfe est hérissé, ont dû nécessaire-
^Htf empêcher les Hébreux de le traverser;
ition aussi erronée que gratuite. Car
ge s*est fait ou aux environs de
me de Suez, comme le soutient Nie*
,ou Tis-à-vis de la plaine de Bédé,
le croit le P. Sicard. Or, selon Nie-
H ForskaU on ne trouve dans le pre«
eodroît ni corail ni algues ; et dans le
er, le fond, suivant Je P. Sicard, est
nenx, comme le terrain des plaines
conçoit aisément encore que le fait
ux millions d'hommes traversant Tes-
de trois lieues qu*a la mer Rouge vis-
_ i de la plaine de Bédé» dans l'intervalle
fhftit heures, paraisse d'autant plus in-
^^?mblable, qu'il a fallu un temps bien
considérable pour faire déGler une
aussi nombreuse. Mais la chose pa-
bien moins surprenante, si 1 on con-
fie Dieu, qui voulait délivrer son
te la servitude d'Egvpte, a pu faire
^ttn à Moïse ce qui allait arriver ; en
que celui-ci disposa sa troupe le long
h r6le, en la développant sur une ligne
^ ' érable ; et que la mer s'élant ouverte
nae largeur proportionnée h cette ligne,
feraéliies la traversèrent en présentant
trè»-grand front.
IS eu une supposition, émise par quelques
^tirs, qui ferait disparaître la difficulté,
•j»e nos adversaires seraient bien en
m^ de rejeter légitimement. On sait qu*il
I ««il
y avait beaucoup d'Israélites nomades, qui
menaient paître leurs troupeaux de la terre
de Gessen jusqu*aux environs de Pélusc, du
côté du désert de l'Arabie, Or, rien n'em-
pêche, en effet, de supposer que ces Israé-
lites ne se rendirent pas à Ramessès, d*oCi
partit le corps de leur nation, mais qu'ils
reçurent de Moïse Tordre d'aller l'attendre
de l'autre côté de la mer'Rouge ; ce qui di-
minua les embarras et la longueur du pas-
sage. Au reste, quelque hypothèse qu'on
imagine, il faudra toujours admettre une
intervention miraculeuse de la Providence;
parce que tous les moyens purement natu-
rels seront insuffisants pour expliquer toutes
les circocstances de ce passage extraordi-
naire. Mais alors n'est-on pas légitimement
fondé à croire que le même Dieu qui, 'pour
sauver les Hébreux, dessécha le fond cie la
mer, leur donna aussi la sagesse et la pru-
dence nécessaires pour éviter le désordre et
profiter- habilement du temps, enfm aug-
menta leur force et leur agilité pour se
soustraire au danger auquel, sans ces se-
cours, il leur était impossible d'échapper ?
Certes, pour peu qu'on pèse ces considéra-
tions, on en conclura nécessairement qu*il
n'est point invraisemblable que les Israé-
lites malgré leur grand nombre, aient pu,
dans l'espace de huit heures, franchir un
intervalle de trois lieues, par une ouver-
ture immense, car on peut la supposer aussi
large qu'on voudra, vu que Moïse en disant
que la mer fut divisi^e^ ne détermine en
aucune manière la distance qui sépara les
eaux amoncelées des deux côtés.
Enfin nos adversaires trouvent tout à fait
invraisemblable que les E^y[)tieus ne se
soient pas aperçus qu'ils étaient entrés dans
le lit de la mer Rouge ; umis, comme nous
l'avons déjà remarqué (§ ii), ce fait n'a rieu
qui doive surprendre, quand on pense à la
fureur dont ils étaient animés en poursui-
vant les Hébreux : quand on considère, d'un
autre côté, que la colonne de nuée, qui les
tenait dans une certaine obscurité, les em-
pochait nécessairement de bien distinguer
l'endroit où ils se trouvaient ; et quand on
songe que, puisque Dieu voulait les exter-
miner, il était tout naturel qu'il les aveu-
glât d'une manière surnaturelle, eu leur
otantla pensée du danger dans lequel ils
se précipitaient, d'autant plus qu'il avait
déclaré formellement à Mo'ise que telle était
sa volonté : J'endurcirai le cœur des Egyp^
iiens^ afin qu'ils vous poursuivent : et je serai
glorifié dans Pharaon et dans toute sonarmée^
et dans ses chariots et dans sa cavalerie.
{Exod. xiv, 17.)
Il résulte de cette discussion, que si on
admet dans le passage de la mer Rouge une
intervention miraculeuse de la Providence,
intervention, au reste, que Moïse n'exclut
nullement de sa narration, toutes les parties
de son récit se conçoivent aisément, et il
n'en est pas une seule qui choque la vrai-
semblance. Ainsi rhisloire de cet événc-
*«l; Vojr. plus haut ao % U.
47!
PAS
DICTIONNAIIIE APOLOGETIQUE.
PAS
4:î
nient mémorable porte d'un bout à Tautre
le cachet de l'exactitude et de la sincérité
de récri?aîn sacré qui nous la transmise ;
et nous ne pouvons que plaindre Taveugle-
ment des incrédules nui la considèrent sous
un point de rne tout a fait opposé (U5.)
PASSAGE DU JOURDAIN. On lit au cha-
pitre m du livre de Josué^ que ce succes-
seur de Moïse ayant annoncé de la part de
Dieu aux Israélites que, lorsque les prêtres
qui portaient l'Arche sacrée entreraient dans
le Jonniain, les eaux laisseraient le lit du
fleuve à sec, pour donner passage au peuple,
i'i prédiction eut tout son effet. Or, disent
les incrédules, c*eût été prodi^er les mira-
cles à pure perle que d'en employer un pour
favoriser ce trajet, vu qu'on pouvait aisé-
ment jeter un pont de planches sur le Jour-
dain, ou bien le passer à eue.
Nous examinerons tout a l'heure si c'eût
été réellementprodiguer des miracles % pure
perte que d'en opérer un pour favoriser le
passage du Jourdain aux Hébreux qui étaient
sous la conduite de Josué; discutons aupara-
vant les points principaux de l'objec-
tion.
D'abord, nous en convenons, il nous se-
rait bien diflicile de démontrer que les Hé-
breux n'auraient pas pu, à la rigueur, con-
struire un pont sur le Jourdain ; mais nous
demanderons à nos adversaires par quels
arguments ils pourraient prouver eux-
mêmes que les Israélites, au temps de Josué,
ronrâdissàicnt l'art de jeter des ponts ; qu'ils
éliiient assez accoutumés à en faire pour en
(^s^^^y^T un sur le Jourdain, dans les cir-
constances oix ils s^ trouvaient au moment
où ils ont passé ce fleuve. Ce qui est certain,
c'est que le nom même de ces ouvrages ne
se trouve dans aucun de leurs livres sacrés,
Îjnoiqu'il v soit parlé souvent de guerres
aites au delà du Jourdain. Ce n'est pas tout;
nous demanderons encore, iondés sur quoi
nos adversaires soutiendraient que les Hé-
breux avaient en ce moment avec eux une
(luantité suffisante de planches ou de ma-
driers. Enfin nous désirerions savoir com-
ment les Israélites auraient pu construire
si aisément et si promptement un pont assez
large pour passer environ deux millions
d'hommes sur une rivière qui s^étendait
'usqu'à ses bords les plus éloignés, comme
^Ecriture le dit dans ce récit même (Jos. m,
15); comment enfin ils auraient pu réussir
dans cet ouvrage sans que les travailleurs
fussent attaqués par les Chananéens.
Pour répondre & la seconde partie de l'ob-
jection, les apologistes de la religion, comme
Bullet, Du Clôt, etc., en ont appelé à la
largeur et à la profondeur du Jourdain; les
témoignages des voyageurs ne manquent
pas en cfiet, et plusieurs assurent même
que le débordement de ce fleuve est moins
considérable qu'il ne Tétait autrefois. On a
fait valoir surtout l'impossibilité de le tra-
(iS5) Vatr la nolft XII hn à la fin ilu volume.
(Ufij Du Clôt, Uible vvngéef l. Il, p. "iôC ; I von,
verser à gué au moment ou le passade des
Israélites s'est effectué; puisque, selon le
t exte même (xni, 13), il se débordait de 1011(85
parts; c'est ce qui a fait dire à DuGloi:
« A présent il n'est guéable que sur la fm
de Tété et seulement en quel(|uesendroiKi
Selon le P. Eugène (Description de la Tmr-
Sainie)y i\ est constant au'il ne le fut jamais
dans le temps de son débordement : |i€ul-
on trouver des gués dans une rivière, lors-
qu'elle passe ses bords et se répand de tuu>
fôtés (ik6}7 Cependant, sans parler de la
relation du lameux voyageur Barckhari,
qui assure que les Arabes trouvent encore
aujourd'hui le moyen de jMsser le Jourdain
h gué dans certains endroits à eui connos.
lors même que le lit du fleuve est entière-
ment couvert d'eaux, il faut bien conrenir
au'à répoque même dont nous parlons le
euve était reconnu pour guéable, puisqoo
l'historien sacré dit gue les hommes e&-
voyés par le roi de Jéricho à la poursuile
des espions de Josué, prirent le chemin qui
mène au gué du Jourdain : SmUi mt
eo8 per viam (fuœ ducit ad vadum Jorkm
(n, 7) ; et qu'il ajoute môme qu'après «roir
rempli leur mission les espions rerioreDi
trouver Josué après avoir repassé le Jour-
dain : JranfmiMO Jordane. (ii, 23.) M^,^
qui est plus fort encore, c'est ce que npmi^
1 auteur du premier livre des ParBlipowènes;
nous y lisons, en effet, que lorsque Par/W
fuyait le roi Saâl les chefs de la tribu de
Gad étant accourus à son secoa» anec unu
armée, passèrent le Jourdain au pemjcr
mois de l'année, dans le temps où Use dé-
borde : Isti 8unt oui iransierunt Jordanero
mense primo quanao inundareconiunU*\}^\
8-15.jOr, ce mois est précisément celui oii
se faisait la moisson des orges (4W)tC'esM-
dire celui-là môme pendant le<l^*'*^*^
breux passèrent le Jourdain sous Joflw
(m, 15.)
Ainsi, cet argument n'est pas péreroploi».
bien qu'il y ait de la différence entre ic
passage d'une rivière par quelques bonirac»
ou même par une armée de deux njiile^o'*
dats tout au plus, et un peuple d*entirf»o
deux millions d'individus , traînant à $<
suite armes et bagages, et toutes les aot^
choses nécessaires è son existence et a ^^
divers besoins.
Les rational istes corn me RosenmiillcTi<¥J^
croient à l'authenticité et à la véracité du
livre de Josué, en sont réduits à dïTe<\^
Josué conduisit les Israélites sur le gué fl"'*
ses espionsavaientsuivi quelques jours*"!'?'
ravant ; et qu'ainsi ce passage du Jourdain
n'a rien que de fort nature! et très-ordip^^^*^
quoique la présence de l'Arche, qw hg^^^
elle-même celle do la Divinité, lui donn^*
toutes les apparences d'uu fait miraculeux
Sous ce rapport, ces critiques différent de
mythologues, qui, comme Maurer, prétca
dent que l'historien hébreu a eu le desseii
«
(147) Vov. Vlntroduclton histonmu tt c^^f[
livres de i\iiicien et du Nouveau Teitamcnt, l."iP
155, par l'abbé GUire.
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAS
i^i
el.de faire prendre le change h ses
ors, en revêtant de circonstances mi-
teuses un événement commun et ordi-
et dont le récit est absolument sem-
le i eelui dans lequel Quinte -Curce
nte Alexandre traversant le Tigre
son armée » au moment même où ce
e parait plus violent et plus impé-
s il àut s*abnser d*une manière étrange
se figurer que le texte sacré puisse se
k de pareilles explications ; le voici tel
ttt dans le livre de Josué ; que le lec-
soit lui-même juge et qu'il prononce :
vft d«f à Josué: Je commencerai aujour-
à ( élever aux yeux de tout Israèi , afn
Mcke que je suie avec îoi^ comme j ai
r Jfei^e. Donne donc cet ordre aux
fw parleur VArchty et dis leur : Lors*
•tai ferex entrés au bord du Jourdain^
Wfu arrêterez dans cet endroit du
Et io$uédit aux enfants dT Israël: Ap"
s-Miu, et écoutez les paroles de Jého^
fHn A'eii. Et il ajouta : Voici le signe
" nu eonnattrex que le Dieu vivant
wlUmde vous et (fuil chassera et dis^
émA tous le Chananéen, le Héthéen^
IMa, b Phérézéen , le Gergéséen^ VA-^
Il le Jébuséen : F Arche d'alliance
à toute la terre marchera de^
mt Êê travers du Jourdain. Prenez
iouie hommes des douze tribus
m de chaque tribu (U9); et^ lors*
its frêtrts qui portent V Arche de Jéhovah^
'n de toute la terre^ auront mis le
les eaux du Jourdain^ elles dispa-
mais les eaux qui viennent aen
s'arrêteront f et formeront une seule
. Il arriva en effet que le peuple étant
éeses ternies pour passer le Jourdain^
fn tête les prêtres qui portaient VAr*
M ceux-ci étant arrivés au fleuve^ et les
eowunençant à couvrir leurs pieds (le
' m alûrs avait comblé ses rives^ comme
durant la moisson) les eaux qui ve^
ten haut s'arrêtèrent et formèrent^ en
celant 9 une masse qui s'étendit au delà
I, vUlt située à côté de Sarthan ; mais
fui descendirent dans la mer de la
» c'est^'-dire la mer Salée^ disparurent
ment. Le peuple passa ainsi vis^à^vis
ifiko. Cependant^ les prêtres qui por^
T Arche de Falliance se tinrent toujours
hmger sur la terre desséchée du lit du
m; et tout Israël passa le fleuve éga^
è see (m, 7-17.)
BttÙk'il pas, en effet, de lire ces paroles
foir que le passage du Jourdain n'est
oent un fait commun et ordinaire, et
I présence de l'Arche se lui donne pas
ent les apparences d*un événement
^leoxT Et ifabord, que signifient ces
es de Bien adressées h Josué : Je com-
^rai oujaurd'hMi à f élever aux yeux de
Jsrait, Otez le prodige surnaturel de ce
*f V^y restera-t-il de propre à donner
^#) Qi'CVT. Ci'xr.v tf»^ Alex., 1. iv, c. 9
l
de la gloire à Josué, et k relever son mérite
aux yeux des Israélites? Et que |)euvent
signifier ces autres : Aj^ au'il sache que je
suis avec toi, comme j'ai été avec Motse, Les
quatre derniers livres du Penlateugue at-
testent d'un bout à Tautre que Dieu n'a
presque jamais manifesté l'assistance et le
secours qu'il prêtait à son serviteur autre-
ment que par les prodiges les plus éclatants.
C'est par des miracles continuels que ce
saint homme parvenait à dompter le peu-
ple opiniâtre qu'il avait à conduire; et on
voit clairement, par l'histoire de cette nation
c'est-à-dire par ses murmures et ses révoltes
si souvent renouvelées, que tout moyen
naturel eût été insuffisant pour le gouver-
ner. Or, c'était la même nation que Josué
avait sous sa conduite; et la mission du
nouveau général n'était ni moins difficile
ni moins périlleuse que celle de Moïse son
prédécesseur.
On peut même dire que, si le passage du
Jourdain n'est pas miraculeux, le tableau
que l'écrivain sacré en a tracé devient'tout
entier une énigme indéchiffrable; bien plus
l'ensemble du récit n'offre qu'un non-sens
bizarre et ridicule. D'après cette hypothèse,
en effet, il faut nécessairement supposer un
manque de sens complet dans Josué adres-
sant cet ordre au peuple : Purifiez-vousj car
demain Jéhovah fera parmi vous des choses
admirables (m, 5); ordre d'ailleurs tout h
fait semblable h celui que Moïse avait donné
aux Israélites pour les préparer au grand
miracle du Sinaï. (Exoa. xix, 10 et suiv.)
On s'explique encore moins eet empresse-
ment à faire enlever du Jourdain douze
grosses pierres pour élever à Galgala un
stèle destiné k rappeler aux siècles futurs le
trajet de ce fleuve [Jos. iv, fc-6, 20), si ce
fait n'a rien de surnaturel de la part de Dieu,
rien d'extraordinaire et de remarquable de
la part de Josué et de son peuple ; car il ne
faut ni habileté ni courage pour passer un
fleuve sur un gué que la nature elle-même
y a formé, et qui est le passage ordinaire
de tous les habitants du pays.
Knfin, nous lisons dans cette même his-
toire que lorsque Josué eut érigé ce stèle &
t'ialgala, il dit aux Hébreux : Quand vos en-
fants demanderont un jour à leurs pires : Que
veulent dire ces pierres? Vous le leur appren-
drzjk et leur direz : Israël a passé à pied sec ce
Jourdain^ Jéhovah votre Dieu en ayant séché
les eaux devant vous jusquà ce que vous fus^
siez passée comme il avait fait auparavant à
la Mer Bouqe, dont il sécha les eaux devant
nous jusquà ce que nous fussions passés: afin
que tous les peuples de la terre reconnaissent
que le bras de Jéhovah est un bras puissant^
et que vous révériez vous-mêmes à jamais Jé-
hovah votre Dieu, (iv, 21-2%,) Or, il faut de
toute nécessité ou admettre ici un vrai pro-
dige divin, ou retrancher tout ce discours
du livre de Josué: car ce n'est pas seulement
un trait particulier inséré dans la narration
(liD) Ofi voit an c-iMpiire iv ^ quoi devaient ser-
vir ccb douze lioniiuo».
475
PAS
DICTIONNAIRE APOLOGKTIQUE.
PAT
rp
générale par une main étrangère, c*est en-
core une imposture qui ne peut que nous
donner une niée tout à fait fausse et men-
songère de cet événement, et tromper la
foi et la religion du lecteur de la manière
la plus déboutée.
Nous ne dirons rien du dessèchement
ifune partie des eaux du Jourdain, et de la
suspension et de Tamoncèlement énorme
de Pautre, au moment précis où les prêtres
entrèrent dans le fleuve, conformément à
la prédiction qui en avait été déjà faite; ce
sont des faits qui parlent assez haut d*euT-
mômes, pour qu'il ne soit nullement besoin
de recourir à des preuves ultérieures.
Ainsi, tout dans cette histoire concourt à
démontrer que ce n'est ni h gué ni sur un
|K)nt de planches que Josué et les Israélites
tint passé le Jourdain, mais que c*est sur le
lit même du fleuve qiie ie Dieu des Hébreux
a miraculeusement desséché.
Quant à ce qu^objectent nos adversaires,
que c'eût été prodiguer un miracle h pure
perte, nous répondrons que, toute autre
considération à part, il semble bien diflicile
que, placés à une distance de plus de trois
mille ans d'un événement, nous ayons des
données suflisantes pour prononcer, sans
crainte de nous tromper, que Dieu n'avait
aucune raison légitime d'y intervenir d'une
manière surnaturelle. Au surplus, comme
la question réduite à ces termes est une
question de simple bon sens, nous laissons
a nos lecteurs le soin de la résoudre. Mais,
passant du genre à l'espèce, nous dirons
3u*abstraction faite de la promesse formelle
e Dieu à Josué d'être avec lui comme il
avait été avec Moïse, ce qui veut dire évi-
demment qu'il continuerait à opérer des
prodiges sous son commandement, comme
il en avait opéré sous celui de Moïse son
prédécesseur, il fallait que l'entrée en cant-
Jiagne du nouveau général fût signalée par
un événement propre à donner aux Israélites
le courage et la confiance nécessaires pour
hasarder toutes les fatigues et toutes les
chances d'une conquête dont l'entreprise
paraissait ausssi difljcile en elle-même que
le succès incertain. D'ailleurs, Moïse ayant
commencé sa mission sous les auspices et
avec l'aide des miraclesî, il convenait d'autant
mieux que Josué ne fÂt pas moins favorisé
3ue lui sous ce rapport, qu'il n'était consi-
éré que comme le délégué de Moïse, quoi-
qu'il lût son successeur ; car d'un côté Dieu
lui commande d'observer et ^accomplir toute
la loi que son serviteur Moïse lui a prescrite
(Jos.^lj 7); et de l'autre, Josué lui-même
recommande aux tribus de Ruben et de
l]ade« et à la demi tribu de Manassé de faire
exactement ce que Moïse leur a ordonné.
(Vers. 12, 15). D'ailleurs, c'était Moïse qui
avait délivré Israël de la servitude d'Egypte;
c'était lui qui l'avait formé en corps de na-
tion. Ces faits, joints aux apparitions de^Je-
hova^ dont il était sans cesse favorisé, avait
donné à sa mission une supériorité incon-
testable sur toutes celles dont auraient )mi
être chargés ses successeurs, eiravaienlen-
vironné d un prestige et d'un i^clat qui au.
raient compromis l'autorité de Josué, si c(f
même Jéhora n'eût montré aux Uébreuv
par un miracle éclatant, que ce nouveau
chef devait être pour eux un nouveau
Moïse.
PASTEURS (PEUPLES). Foy. Patbiaecoes
PATRIARCHES. — La vie des patrianhes
s'offre à nos regards sous les images les \\h
nobles et les plus riantes; ces sages n'
l'ancienne loi semblent avoirretenu quelque
chose de la félicité d'Ecien et de rinuocenci
des premiers âges. On sent qu'ils éiiieii
plus près que nous de la Divinité, et qu'elle
daignait quelquefois habiter et coaverstir
avec eux. Pour peindre ces mœurs mm,
ce mélange de grandeur et de simpiioié,
cette politesse sans élude, qui n'est (jiie
l'expression de la bonté ; ces rois conduisdii
leurs peuples, comme leurs troupeaux, avpr.
la houlette du pasteur; ces fils si doeilei,
ces mères si tendres, ces époux si Odèb,
ces vierges si gracieuses pour les élraQger5,
et cependant si modestes et si pudiques, il
faudrait le style de Moïse oti le piootau
d'Homère : attachons-nous à des id^es moins
brillantes, mais plus graves et plus utiles.
Un auteur moderae (M. Dunojerj, (raçaoi
pour ainsi dire l'échelle de la mUsâtioût
a divisé les peuples en peuples $aurage5,
Ïeuples nomades, peuplesa esclaves, peu(ite$
privilèges, peuples industriels. llsmlain^i
une nation dans toutes les phases de son
existence, et il cherche à montrer que plus
elle croît en civilisation ^ c'est-à-dire enin-
dustrie, — pour Tauleur c'est la même cto.
— plus elle acquiert en même temps de li-
berté et de bonheur. Sans examiner le mé-
rite de ce système, sans faire ressortir I«5
conséquences funestes de ce malérialLm'
social, qui pèse tant dans la balance ila
commerce, appliquons cette théorie, qu«^
nous sommes loin d'admettre, à rexanito
des différents états par lesquels a passé le
peuple juif.
Dans quelle classe placerons-nous ie>
patriarches? ce ne peut être que dans la pre-
mière, c'est-à-dire dans celle des çe«P
nomades ©u pasteurs ; toutefois qu'on »
garde bien de confondre l'état nomade, cei
âge d'or du genre humain, avec cet tt(û.«!^'
vage , inventé par nos philosophes. La so-
ciété, en effet, a été constituée dès le com-
mencement, et la barbarie est un réredeia
civilisation. .,
L'histoire sacrée, après avoir fait \^ f'
nombrement de la parenté de Noé, ajo^}^
Ce sont là les familles des enfants de i|?y
selon les diverses nntions qui en sont som^'
et c'est de ces familles que sont f^^^*,}!^
les peuples de la terre après le déluge (^l-
Ces paroles révèlent Toiigine de la souett'
On voit tous les peuples sortir du se "
d'une même famille; la royauté dut cire •
premier gouvernement des hommes,
I
(130) Goièief i, 52.
rî
PAT
DICTKmNAIRE APOU)GETIQUL\
PAT
178
tJe n*est qo*ane suite « et pour ainsi dire
nce eitensiOD de la paternité; mais, comme
Tobsenre Montesquieu » si le pouTOir du
j^ a du rapport au gouvernement d'un
i^jïU apris la mort du père, le pouvoir des
frères on après la mort des frères, celui des
ciunns-germains , ont du rapport au gou-
Trniement de plusieurs. La puissance po-
Jidqoe comprend accessoirement Tunion de
plosieurs familles. Il fallut donc, pour per-
pftaer la rojaulé, avoir recours à une insti-
tulioa qoit si elle n*est pas conforme à la
utore, dut au moins se présenter natnrel-
leoicil à Tesprit des premiers hommes ; je
veux ptrier du droit d'aînesse. La Genise
De vm dit pas quelle part avait alors Ta! né
diosie patrimoine commun, elle nous ap-
preod seulement que l'atné recevait du père
unt bénédiction plus solennelle ; c*e(ait
T^mr loi comme une espèce de sacre qui
nnfestissait de la puissance. Lorsque Esaû
» présente à Isaae, et se plaint de la pré-
fèm» accordée h Jacob, Isaac lui réfK)nd :
Jrrii iùbli votre seigneur ^ eifai oêsujetti
i m itmmÊiion iout $e$frèr€ê;je F ai affermi
daa» la pastetiiim du blé ei du vin^ ei après
rck. Rat fis s que me resie^i-il queje puisse
fwtfMrvew (Ul) ? L'autorité ainsi trans-
mise da pèit aux enfants par une simple
béoédidioo, acquérait un caractère sacré, et
troopiif Boe tempérance et un appui dans
/esp/of doux sentiments de la nature. Enfin,
fe prarenieiDent domestique se liait telle-
meol ifl gouvernement politique, qu*il ne
iàmi pias qu'un avec lui , caractère qui
cistiftpe les premiers Hébreux dei autres
f«a;l(s anciens , chez lesquels on voit le
/«ort/îr domestique s'unir souvent comme
ëàseatou comme soutien avec le pouvoir
»-altic, mais sans jamais se confondre en-
i&meni arec lui. S'il s'élevait quelque
cjnaooau sein des familles, les brancncs
'^e^elte famille, formant comme autant de
inias^ se séparaient, et chacune d'elle allait
<T^-er ses tentes sous un ciel plus propiœ.
^'e^t ainsi que les hommes étaient soumis
«Piètre esclaves, libres sans être isolés.
>i maintenant nous voulons rechercher
ii^'M était la législation civile de ces petits
^iples, nous éprouvons quelque embarras;
'9r la Gemése ne cite aucun texte, et cepen-
-lot les enfants d*Abraham s'étaient assez
vafiiplîés pour avoir besoin de lois : nous
- 'S ooo tenterons, pour expliquer ce fait,
c* t que dit Montesquieu des peuples ))as-
leon:
« (Test le partage des terres qui grossit
/^Acipalement le code civil; chez les nations
<^ron n*aura pas fait ce partage, il j aura
''es-pea de lois civiles.
« On peut appeler les institutions de ce
^apte des mœurs^ plutôt que des lois.
•Chez de pareilles nations, les vieillards
ç«î se souviennent des choses passées, ont
Tse grande autorité; on n'y peut être dis-
t9^ par les biens, mais par les mœurs et
}*r les conseils, v
En effet, chez les j)atriarches, c'étaient les
mœurs et les traditions qui tenaient lieu de
lois.
C'était un beau spectacle que celui de ces
vénérables vieillards, rois et pères de fa-
mille, législateurs et pontifes, historiens et
philosophes, héritiers des promesses divi-
nes, dépositaires de toutes les coutumes et
de tous les souvenirs. Noé, Sem, Abraham,
Isaac et Jacob , se tiennent pour ainsi dire
par la main, et forment comme une chaîne
non interrompue, dont le premier anneau
touche au berceau du monde. Avec quelle
religieuse mémoire on conservait les noms
des ancêtres 1 y a-t-il chez les nations mo-
dernes beaucoup de familles qui puissent
produire des généalogies semblables k celles
qu'on trouve dans la Genèse 7 Si les patriar-
ches conservaient avec soin les titres de leur
noblesse, ils veillaient avec plus de soin en-
core h ne pas en altérer la pureté. Abraham
se marie dans sa famille, et donne une fem-
me de la même race k ce fils, objet des bé-
nédictions célestes, et Isaac fait observer à
Jacob la même loi. C'est en vivant ainsi ,
étroitement unies entre elles, que les famil-
les des patriarches transmettaient intactes
et sans mélange les traditions reçues de Dieu
même. La langue, la reli^pon, les mœurs et
les arts, tout dans cette société naissante por-
tait l'empreinre de cette innocence et de
cette simplicité qui ne peuvent appartenir
qu*à l'enfance du monde. Arrêtons encore
nn instant nos regards sur un tableau si dif-
férent de celui qu'offre aujourd'hui notre
vieil univers.
La parole est le premier lien social ; aussi
la Bible nous apprend que, dans le principe»
la terre n'avait qu'une seule langue et qu'une
même manière de parler. Depuis que ce texte
a. été commenté avec tant de science et de
profondeur par l'auteur delà législation pri^
mitive^ il est devenu la profession de foi des
philosophes même et des incrédules; en ef-
let, à quelques exceptions près, tous recon-
naissent que l'invention de la parole est une
.chimère, que l'homme n'a pu exister sans
parler, et que, s*il eût été muet à quelque
époque de son existence, il le serait encore.
Ils ont senti que« comme les chrétiens, il
fallait, sous peine de ne rien expliquer, faire
tiescendre le Verbe du ciel. La civilisation,
avec tontes ses lois et tous ses arts, n'est
qu'une suite du langage ; ôtez ce moyen de
communication , et cet édifice des connais-
sances humaines qui s'élève jusqu'au ciel,
sera interrompu ; les ouvriers de Babel se-
ront frappés aune éternelle inaction.
La langue des patriarches répondait par-
faitement aux besoins, aux sentiments et
aux idées d'une société n.'iissanie. Tout re
que l'homme invente ne se perfectionne qu'a-
vec le temps, mais tout ce qu'il tient de Fau-
teur de la nature, porte dès l'abord le ca-
chet de la perfection. J'ajouterai, pour les
croyants, ao'une langue que les aus^s et
Dieu lui-même ne dédai(;naient pas de par-
wl CcJ*., xivii, 37.
479
PAT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
VAX
i^
hr, Lovail eonserver je ne sais quelle em-
preinte divine. Elle oure en effet un modèle
de familiarité sans t»assesse » de noblesse
sans enflure» et Timprcssion fidèle des mœurs
patriarcales. Point Je ces tours durs et beur-
t<Ks qui annoncent un peuple sauvage» point
de ces expressions molles, délicates et po-
lies, inventées par le luxe et la corruption ;
tout est simple, naturel et vrai dans ce style
des anciens jours; il y a là comme un écho
de voix divines ; et en effet c'était du ciel
que la muse bébraïque attendait ses inspi-
rations, et ses poètes étaient prêtres et pro-
phètes.
La religion, dans ces premiers temps, était
simple comme tout le rester etc*est une chose
remarquable que toutes les religions, à leur
naissance, ont été d'une grande simplicité.
Si nous voyons les Grecs, dès leur origine,
peupler TÔlympe, c'est qu ils ne voulurent
pas abandonner les dieux qu'ils avaient ame-
nés aVec eux de l'antique Egypte. Au reste,
il y a encore une grande ditférence entre la
théogonie d'Homère et d'Hésiode , et celle
des siècles corrompus de la Grèce : au temps
d'Homère, on n'élevait des temples qu'à la
Force, au Génie, à la Verlu, à la Beauté ; au
temps de Périclès, tous les vices avaient
leurs autels. A Rome, la religion de Numa
était d*une telle simplicité, que quelques
auteurs l'ont regardée comme un déisme
pur; sous les empereurs, on comptait les
dieux par milliers.
Les patriarches n'avaient pas, comme les
autres peuples, altéré la vérité par des fa-
bles; une obéissance prompte et absolue
à la volonté du Très-Haut, Tespérance d'une
vie meilleure qui devait les consoler des
maux de cette terre qu'ils traversaient en
roffogeurSf selon l'expression de Jacob, tels
étaient leurs dogmes; un autel de pierre
élevé sur le bord du chemin en mémoire
d'un bienfait du ciel, un sacrifice où l'on
offrait les premiers-nés des fruits et des
troupeaux, la prière sur la montagne au le-
ver du soleil; voilà tout leur culte, toutes
leurs cérémonies.
Jt) ne parle |)as ici de ces apparitions et
de ces alliances mystérieuses, de ces entre-
tiens fréquents avec les anges et avec Dieu;
c'est la partie surnaturelle et miraculeuse
de la Bible, et nous ne nous occupons ici
que de la ()artie morale et politioue.
Une langue et une religion suliisent pour
civiliser un peuple; le luie et les arts ne
sont qu'un superflu. 11 est yrai que les so-
ciétés avancées ne peuvent pas plus s'en pas-
ser qu'un enfant de grande famille ne peut
se t^asser des aisances et des agréments de
la vie ; mais les autels sont inutiles, et le
luxe serait gênant pour des peuples pas-
teurs qui vivent en plein air, et qui n'ont
d'autre toit que le dôme du ciel. A quoi
servent les arts chez les peuples que nous
appelons civilisés? à la splendeur de la re-
lijjioB, de TEtat et des particuliers : la reli-
gion leur demande des temples, des statues
e.i des tableaux ; l'Etat, des monuments di-
gnes de sa richesse et de sa gloire; les par-
ticuliers, des objets qui flattent leurs sm
et leurs passions. Chez les peuples nomades,
la religion est trop simple, trop pure, pour
avoir besoin des arts; Dieu est )iartoa(,son
image nulle part, l'univers entier est soa
temple, l'Etat est pauvre, oapIulAl il n'existe
pas encore; il n'y a que clés familles, les
particuliers songent aux besoins et 4u\
jouissances de la vie; ils sont bien là où ils
trouvent à manger pour eux et pour leur^
troupeaux.
Ces réflexions s'appliquent surtout «m
patriarches; ils dédaignaient mèmeragri*
culture, le premier et le plus utile des dri)
(si l'on peut appeler un art ce qui pour Ie<
nommes est une nécessité], mais I agricul-
ture n*était pas encore une nécessilé ûm
un temps où la nature avait une yW^mié
féconde. Chose remarquable, ragricultoni
est frappée d'un égal mépris à la naissance
et au ueclin des sociétés. Elle n'est en hon-
neur que chez les peuples qui, sans noir
perdu tout à fait leur simplicité priniiiiTe,
ont appris à seconder la nature, au lieu Je
s'abandonner à elle. «(La principale occupa*
tion des patriarches, dit Fleury, c'est km
de leurs troupeaux ; on le voit par toute lear
histoire, et par la déclaration expresse (juc
les enfants de Jacob en firent au roi dE;
gypte. Quelçiue innocente que soii l'isrl-
culture, la vie pastorale est plus piMe, M
première fut le partage de Cm et l'^atro
d'Abel ; elle a quelque chose deplussiiD(>fe
et de plus noble; elle est moins pimblcs
elle attache moinsà la terre, ettotttetoiselle
est d'un plus grand profil. Le vieui Cai»u
mettait les nourritures, même médiocres
avant le labourage, qu'il préférait auxaulrc?
moyens de s'enrichir. » il est curieui «
Yoir l'abbé Fleury, précepteur d'un pnnce
du sang, au milieu des pompes du xyh' siè-
cle et de la cour brillante de Louis XI».
faire un si bel éloge de la vie pastorale. La
naïveté charmante qui fait le principal œe-
rite de son livre sur les mœurs deslsri^i;
tes, présente un contraste frappant aTece>
mœurs de son temps, et prouve aue la reli-
gion et la vertu forment autour decer»
hommes une solitude inviolable où Ittùm
ne saurait pénétrer. . .
Malgré ce mépris des patriarches poDH^*
arts, la llenèse nous apprend qu Abw^"'
était très-riche, et qu'il avait beaucoup^oî
et d'argent; mais elle ajoute qu'il ♦^of]**^
alors de l'Egypte. Nous lisons qu'Eljé^'^
offrit à Rébecca des bracelets etdes{>eD(ljnh
d*oreilles qui pesaient six onces dor; ^^
biiouxavaient-ils été fabriqués dansle/^a^^S;
ce fait serait difficile à concilier arec ^^^^^
ce que l'Ecriture nous rapporte des bamui-
des et des occupations ordinaires des i»-
triarches. il faut donc croire que ces bijou?
aussi bien que l'or et Targent, avaient eu.
apportés de l'Egypte; c'est toujours t^"^^
mystérieuse Egypte que Ton rencontre
première dans la découverte des arts.
Après avoir montré tout ce qu il )* ^
de bon, de pur et de noble dans les aiœ^^
et dans les institutions |)alriarcales, u
Ul
PAT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAU
Âfa
g ponritre impartial* de direquel-
•yie chose des TÎces et de la rudesse de
€tat société naissante. Je ne parie pas de
r^^larage^ parce qu'il était si doux qu'il ne
■rfîte pas même ce nom; il est Yrai cepen-
éiatqiie l*homme étaitla propriété de rbom-
■^, mais la douceur du mattre tempérait ce
}Qe cet état pouvait avoir d*bumiliant.
est-être qu*k Torigine des sociétés, dans
Tal/seoce des lois protectrices, il est néces-
iiire aucune partie de la population se sou-
■^XXe a Fobéissance, ou plutôt à la prolee-
ikui de quelques hommes privilégiés. C*est
par le patronage que presque partout !*es*
«/ava^ a commencé; chez les patriarches,
ies serviteurs faisaient ^lartie de la famillCy
eu coffloie la iamille était le gouvernement,
re5clave avait la dignité du sujet. Fixons
maintenant notre attention sur la condition
ues frinmes dans les premiers Ages du
nioode.
(>n ne saurai! croire combien les femmes
5ont redevables k la religion chrétienne et à
Il cinKsation moderne. II semble que les
uriens aient r^ardé le^ femmes comme
a{«parteQant à une autre nature que lliomme,
lini ils ont mis de distance entre les deux
s^ies. Les peuples modernes ont donné aux
femmes, DOtt-scukment une existence socialb
et plus noble et plus douce, mais encore une
nourelle rie morale pleine de délicatesse et
r/e cbarmes. Lacté de leur affranchissement
et du déreloppement de leurs facultés dale
«ie la profDulgation de TEvangile. Si la ser*
ritoJe dorade Thorome, elle dégrade davan-
t2^ la femme, parce qu*elle a moins de
résislaoee à lui opposer : voilà ce qui expli-
ue celte nullité absolue des femmes dauB
€s aûcîens gouvernements. Plus on appro-
die da berceau du monde, plus cette domi-
oaiion de Tbomme sur la femme se fait sen-
tir; ii semble qu'on entende encore retentir
ftixe malédiction prononcée par un Dieu
irrité : Fmia Mertz sous la puissance de votre
■«rû el ii vous dominera (452). Le pouvoir
uivital des patriarches était aussi étendu
*\jt\e pouvoir paternel, c'est-à-dire absolu.
l!i étaient les seigneurs de leurs enfants et
ue leurs épouses; mais ils exerçaient ce
^^Tfiii avec une espèce de dignité qui empè-
c*«ait fobéissance de dégénérer en ser-
l!i est des usages qui sont si étrangers à
n^A idées et à nos habitudes, qui choquent
telieiaent notre susceptibilité, que nous no
f<^aroiis les expliquer par les règles qui
ji/QS servent aujourd'hui à juger le cœur
l.uaatn. Ainsi, dans la Genèse, nous voyons
<i^ femmes présenter elles-mêmes une ser-
▼lote à leur mari, pour en avoir des enfants
Wiflt elles ne rougissent pas de s'enorgueillir,
M les maris accepter ce présent avec recon-
■«îssance; nous voyons un père se servir
<ie rombre du voile nuptial pour substituer
une de ses filles à 1 autre, et le nouvel
«poux» afin de ne pas exciter de jalousie, les
{rendre toutes deux pour femmes. Notre
l
délicatesse moderne ne pardonnerait pas de
telles mœurs. Cétaient pourtant celles des
rois et des plus saints hommes de la terre ;
c'étaient aussi celles des héros d'Homère.
Mais îd la critiaue doit s'arrêter, et ne pas
chercher à soulever le ?oile, car Dieu est
caché derrière.
11 est d'autres faits qu'elle |)eut blAmer
avec moins de scrupule, et qui peignent
cette rudesse, quelquefois cruelle, qui se
mêlait à la simplicité native d'un peuple du
reste si veclueux : la haine sanglante et la
longue querelle d'Esaû et de Jacob, la coi>-
duite barbare des frères de Joseph, Ta ven-
geance pleine de honte et de perfidie que
Simon et Lévi exercent sur tout un peuple
dont le roi avait fait outrage à leur sœur,
prouvent ijue les mœurs ne sont pas tou-
jours aussi parfaites que les lois.
Terminons par une comparaison de Moïse
et dHomère, des patriarches et des héros.
On ne peut se dissimuler, au premier coup
d'œil, que les Grecs, au temps d'Achille et
d'DIvsse, n'Qussent un degré de civilisation
de plus que les Hébreux au temps d'Abraham
et de Jacob : les uns ont des gouvernements
et des lois, tandis que les antres n'ont que
des familles et des mœurs; la Genèse ne
nous offre pas un tableau semblable à celui
que nous présente l'Odyssée. Lorsque Télé-
mi|^ue assemble sur la place publique les
principaux citoyens d'Ithaque, pour délibérer
sur les destinées de son royaume, n'aper-
çoit-on pas déjà Athènes dans le lointain,
avec ses assemblées populaires? Chez les
Grecs dépeints par Homère, la guerre est
déjà un art, la politique une science; chez
les patriarches, la guerre n'est qu'un acci-
dent fort rare, ce ou'on appelle politique est
inconnu. Mais, s'il y a de grandes différences
dans la vie publique, il jr a peut-être plus
de rapport dans la vie privée des hommes.
Priam, Nestor, Abraham, Isaac, nous sem-
blent contemporains, et en quelque sorte
frères; Nausicaa, purifiant dans une onde
pure les vêtements de la famille, fait un gra-
cieux pendant avec Rébecca allant puiser de
l'eau à la fontaine, où Rachel conduisant les
troupeaux de son père. On retrouve dans les
caractères la même simplicité, la mênie
franchise, la même énerve, et quelquefois
la même rudesse. IÇnfin, il est une chose qui
assure aux premiers Hébreux une supério-
rité incontestable et une merveilleuse com-
|.ensalion ponr tous les avantages qui leur
manquent : c'est la pureté de leur religion.
Elle donne à leurs mœurs une auguste no-
blesse, qui surpasse de beaucoup la gran-
deur des siècles héroïques : preuve évidente
que la vérilablecivilisation naftde la religion.
Sur la longévité des patriarches, toy. le m<t
LONGÉVITÉ et la note IX à la fin du volume, et
sur les vices de l'âge i«triarcal, l'art. Salut,
S H.
PAUL (SAINT), arAtrb. — Quand nous
opposons aux [^artisans du système mythi-
que le témoi$!nage du grand apôtre des gen-
ii52) 5»^ viri poUttale eris, et ipu dominahitur lui. {Cen. m, 16./
4S3
PAU
DICTIONNAIRE
tils en faveur des faits surnaturels» ils se
contentent de nous répondre arec sang-
froid : Paul est un visionnaire I
Cette solution ridicule et banale com-
mence à devenir à la mode. Les plus grands
hommes du christianisme, les apôtres, les
François d'Assise, les Dominicjue, les Ignace
de Loyola, les François Xavier, etc., n'ap-
paraissent plus, dans les histoires du ratio-
nalisme. Que comme des cerveaux exaltés,
assez semblables aux Yo^uis ouauxSann^a-
sis du brahmanisme indien [iS3). On évite,
par celle suirituelle invention, d'appliquer
aux vieux néros du catholicisme Todieuse
épithète d'imposteurs; on sort ainsi du
point de vue étroit et mesquin du xviii* siè-
cle; on veut ménager nnvincible répu-
gnance de toutes les âmes, et le nombre en
est grand, qui conservent encore au fond du
cœur quelque sentiment catholique. Mais il
n'est pas plus difficile, dans l'histoire, de
reconnaître les fauatiaues que les impos-
teurs qui voilent sous le manteau de la reli-
gion leurs projets et leur ambition. L'esprit
visionnaire a ses caractères et ses marques
extérieures, tout aussi bien que le calcul et
la fourberie. Puisque nos adversaires nous y
obligent, nous aurons la patience de compa-
rer avec les faits leurs suppositions arbi-
traires.
La vie de saint Paul, dont il s'agit uni-
quement ici, présente-t-elle les caractères
qui constituent un enthousiasme rêveur et
fanatique? Et est-ce une de ces Ames crédu-
les^ qu'on captive et qu on entraîne sans
qu'elles sachent résister ni conserver aucune
indépendance? Ce n'est pas ainsi qu'il appa-
raît dans l'Eglise primitive. Les premières
prédications des a|)ôtres, qui convertirent
un grand nombre de Juifs, ne le (gagnèrent
pas à la nouvelle doctrine. L'admirable
défense de saint Etienne devant le sanhé-
drin, son courage, son martyre, sa résigna-
tion, n'adoucirent pas la rudesse de ses
antipathies. 11 est donc clair qu'il n'était pas
une de ces intelligences qu'entraîne la pre-
mière histoire merveilleuse qu'on jette au
milieu des masses. Il était trop éclairé, il
avait trop d'habitudes sérieuses et positives,
pour n'exiger pas, avant de se laisser con-
vaincre, les preuves les plus fortes et les
plus décisives (&54). Tarse, où saint Paul
avait pris naissance, était une des cités les
plus savantes de l'Asie occidentale. Le futur
apôtre des nations, citoyen romain, avant de
(455) Voy. HALLOCINATiON.
(i54) c Oii vuii par rhiBtoire de saint Paul, dit
avec beaucoup de raisoo LiiUetoo, d^une manière k
n*en pouvoir douter, qu*ii n^était rien moins que
crédule. H semble même avoir donné dans Texcés
contraire, puisqu*il ne se rendit ui aux miracles de
J 'SU8-<^brist, dont il avait sans doute ouï parler à
Jérusalem, ni k eelui que les apôtres Pierre et Jean
opérèrent en son nom, après sa résurrection, sur ie
boiteux qui demandait l'aumône à la porte du lem*
pie, ui k Targument que saint Pierre tirait de cet
événement eu faveur de la résurrection de Jésub-
Christ devant les princes des prêtre^, les magis-
tiais, les anciens et les Kribes, » etc. (Littleton,
APOLOGETIQUE. I>AU ai
compiler ses études religieuses dans Técoit
de âamaliel, connaissait déjà la littéritarv
sceptique et moqueuse de la Grèce. C'est
donc en vain qu'on essayerait de le peindri;
comme un de ces esprits que Tignorantc
prédispose à toutes les illusions. Nous le *
voyons en effet, même après sa conTer$io&, J
manifester pour les fables et les légeoila
une souveraine antipathie. Il reocmmaiidel
ses disciples de ne pas laisser altérer par da
contes de bonne femme ledépôtsscrédeii
tradition évangélique (^55). L*esprit posit
domine constamment toute sa Tie. Orgii»
sateur habile et patient, il gouTerne m
une prudence constante et merfeilleiise s
communautés chrétiennes qu'il fonde à to^
les coins du monde.
Nous avons la correspondance de mi
Paul ; qu on y trouve, s'il est possible, (piel-
que trace de l'esprit visionnaire I Est-il pos-
sible de ménager avec plus d'adresse le<
Ëréventions et les passions des homiotO
^t-ce là quelque chose qui ressemble ii
rinQexiMe raideur du fanatisme? Peakn
avec plus de modération tenir un coffl/'ie
sévère des circonstances, des dilBealtés, dc^
faiblesses et des i mperfections de ceoi qu'il
veut convaincre? Est-ce là letonfoosuetii
d'un sectaire? Il règne dans toutes ces let-
tres une connaissance si admirable de li
nature humaine qu'il est impossililed'éààp'
pcr à l'irrésistible attrait qoe/ear lecture
inspire. Pourtant ce n'est pas une liabitode
des esprits exaltés d'observer ateeunesi
subtile délicatesse toutes les faiblesses du
cœur de l'homme. Il y a dans les cemaoi
exaltés trop d*impatienceetdeYiTacilé(K)Qr
qu'on puisse les soupçennerd'uneaUenti«ff
si minutieuse et si profonde. Le seDliaeni
de la réalité et de la vie leur échappe p
que à chaque instant ; ils aiment mm^
comme Swendenborg, décrire les nioinics
fantastiques créés [>ar leur imagiuatioqqo^i^^
peindre ie monde de Ja nature et des fiii^
Tel n'est pas le génie de saint Paul: on b^
peut pas même l'accuser de ce pendiaQU
la contemplation qui tourne quelq*^
les têtes faibles. Rien n'est propre coiuiiie-^
mouvement et l'action à calmer l'exallai^^"
d'un esprit visionnaire; et dans son ap^sj^^
lat, qui ne fut pas très-long, saint m^
rempli de sa parole et de ses œuvres m^^^
monde gréco-romain, tour-à-lour detaQ^^*^
proconsuls, au milieu des synagogues tUj^
l'aréopage et dans les palais de Néron \W
La religion chrétienne démontrée par la fpi«"*^*
et Vapostolat de saint Paul, dans les /)*fiiW»'f*"-'"
de 11. Tabbé Migiie. IX, colonne 675.)
ii55) Anite» fabulas devita. . ^_.
.'Epitre aux Colossieiu nionire l'»ffl»-''^,M
lui causait une exaluUon enttioubia&ie ei Iv'^^
tion de la pîélé. (Col. ii, 16-i5.) . .
(4M) Ou se fera une juste idée des i^»^*
travaux de saint Paul eu parcourant ce Mwo» ^
lieux oà il a pa,sé aunonçant i Evangile, tl 4<i> "
disposé selon Tordre de ses vovages. . ,
Tarse en Cilicie (Aei. x\u 59;; Jer«s»le» r
xxu, 5) ; Damas en Syrie (Âct. ix, 8); rAr«b^.e '^1
1,17); Damas (ibid.) ; Jérusalem (Ad. Ui »» r «^
t<s5
PAU
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
PAU
486
l.^ nrcoostaDces Ton mis en contact avec
;joi d*hommes elaTec tant d*idées qu*il était
t -^possible que ses conrictions ne subissent
( «5 les pins rades épreuves.
liais quand on rient k considérer les cir-
^astancesde la conversion de saint Paul, il
c^ impossible de Tattribuer, comme font
t^ adrersaires, an hasard fortuit d'une
^^ffucination passagère. A-t-on jamais va
rimagiiDation renverser les préjugés et dé-
truire tout d*un coup les convictions d'une
vie entière ? Il faut qu'une idée se soit en-
r^nce bien longtemps dans un esprit ma-
Ui^ avant de lui faire voir, au milieu des
'.e^x, des fantômes éclatants de lumière.
Or quelles étaient les dispositions de saint
iMal en allant à Damas? Etait-il depuis
\yfù^emps sous Fimpression de la religion
^N-rreHe? Etait-il bien disposé à croire que
■r christ ressuscité fût assis au haut des
n^u\ sur on trône éternel ? Fervent discî-
[^v de la Svnagogue, persécuteur ardent du
'..hstianisme (UT), si TA pôtre avait subi
'inâoence d^uue hallucination, an lieu du
C-'rist triomphant, il aurait dû voir plutôt
M Mse OQ Etie Tencourager à défendre la re-
.i'jQ Ténérée des patriarches et des pro-
V 'vèifcs. Vcs dkoses se passent toujours ainsi
1. 1^1 : Cénréeiicf. ix, SO); Tarse (f^.); la Sjrrie
rt la Qbât (UL i, 21 ) ; Tarse {Aet. xi, 25) ; Aiilio-
r etm SmeiAa, xi, 26); lérusaleai {Ad. xi, 30) ;
Kfiiotke em Sjrîe {AcL xiii, 2) ; Seleucie eo Syrie,
prcs àe rOrHiie {Aci. xiii. A); Ite de Cypre, iiala-
m\mt I J^. un, 5) ; Papbus (Aet. xiii, 61 ; Perge en
Pïapfcflie {Aei. xui, 15); Aotlticlie en Pjsidie [Aei.
lui, li*, 2; Tiwu m. II); leonie an Lycaotiie {Act.
ïi'. I; ièid,)i Ljstre en Lycaonie {Aci. xiv, 8;
i«*m'.;; Aerbe en Ljcaouie [Aci. xjv, 2U): Lysire
ifLut, 21); konie {ibid.); Antiocbe en Pisiilie
•'»ii.f; Pierfe {Act. xiv, 25); Aiialie en Pampbylie
rï^); AMiociie en Syrie (Act. xiv, 26) ; Jënisalem
i'U XT, 2); Anlioche en Syrie {Aci. w, 30); la
>|^« et b Ctlide [Aei. iv, 41) ; Derbe (Aci. xvi, 1);
L.'tre Ktkid.); b Pbrygie {Aet. ivi, o) . la Calaue
'v 1.} ; ia Mysie {Aet. xvi, 7); Troas en Mysie (Act.
*-M. s»; De de Samothrace (Aet. xvi. II); Ncapolis
«i.»; Piidippêsett Macédoine {Aet. iti, 12; P/if.
0 9, I ; I TkeM. ii, 2) ; Amphipolis en llacétioine
fx xTii, I); Apollottie en Macédoine (ibid.);
*«E&&aloiiîqae en MacéJoine {ibid.; I The^. ii, I);
' -*ce en MacéJoine {Aet. xvii, 10) ; Albènes (Aet.
1 :. 15, 1 ; Thet. m, I); Corintbe en Achaie \Act.
I IL, I); Ct-ucbiée, le port de Corintbe {Aci. iviii,
* ^ ; Epiftéae en lonie (Act. xviii, 19) ; Césarée (Act.
' % 22); Jérusalem (ffrîd.); Auuucbe eu Syrie
-i.-; U Pbrygie (^cf. xviu,23); la Galatie (tfrid.;
'-- :% 14, I ; Cor. ïti, I); Epbése (Aet. xix, I);
Tnai H Cor. Il, 12); la Macédoine (Aet. xx, I);
:7jTne(ffom. XT, 19); la Grèce (Act. xx, 2); Co-
r.uhcil Cor. jv, 19; xi,54; xvi, 5; 7/ Cor. i, 15);
i Hj«eitoine (Aci. xx, 3) ; Pbllippes (Aci. xx, 6) ;
rr>ju (f^ûf.); Assos {Aci. xx, 13; Ile de Lesbos,
JUikne iwlc . xx, I4);ile de Samos (An. xx, 15);
7-'^yte en lonie (ibid.) ; Milet en lonie (ibid.) ; Ile
^ l»s (Aci. XXI, I ) ; Ile de Rbodes (ibid.) ; Paure
tz Lycûs (iéti.); Tyr en Pbéoicie {Aei. xxi, 3);
r.Mewais (Acf xxi,7); Césaréeeo Iodée (Aei. xxi,
I : ièrasalem (Aet. xxi, 15) ; Césarée (Aci. xxiii,
-3 ; Sidon (Ai:i. xxvu, 3); Myra en Lycîe (Act.
uuj, 5) ; Ile de Crète, Beaux-Pons lAei. xxvii, 8);
br de Malte (A^. xxvui, I); Ile de Sicile, Syracuse
4rf. xsTiH, I}); Rb^e en Italie {Act. xxvui, 13);
'vA&2al ea lulie (tèt'if .) ; Marcbé-d*Appiasy pnès de
Suand il s*a^t d*exal(a(ion ; jamais un sol-
at de la croisade n*a cru voir le prophète
de ristamisme se monlrerk lui rayonnant
dans les cieux. Les fiartisans du systèmip
mythique sont pourtant obligés de faire pour
saint Paul une supposition complélemeni
analogue. Hais cette supposition, tout ar-
bitraire qu'elle est déjà, est en désaccorii
avec les circonstances du récit, telles qu'el-
les sont rapportées par les Actes des apôtres.
Paul, en effet, ne crut pas seulement toi r
rimage de Jésus-Glirist, maisi! entendit sa
voix, mais il fut renversé de cheval, mais il
fut frappé d'aveuglement. Cet aveuglement
surnaturel et si impossible à exnliquerfut
si complet que les soldats qni raccompa-
gnaient furent obitgésde le faire entrer dans
les murs de Damas, en le conduisant par la
main (^58). Il ne recouvra même la vue
qu'après qu'un chrétien de la ville, nommé
Ananias, lui eut imposé les mains (459). On
est donc obligé d'admettre que l'hallucina-
lion aura aussi saisi tout d'un coup ce chré-
tien inconnu, et que laiiôtre, dont il- éta:t
impossible de constater. la cécité, aura été
guéri par la force de son imagination préci-
sément au moment même où les mains d'A-
nanias reposaient sur sa tète.
Rone (Act. xxvui. 15) ; les Trois-Tavemet, prés de
Rimie \ibid.) ; Rome {Act. xxviii, Ib) ; Ile de Créle
(Tit. I, 5); la Judée {Utb. xiii, 23); ColoMet m
Pbrygie (PkU. 22); Ephée (/ Tint, i, 3); la Maré-
doiue (Pkil. s, 26 ; il, 24) ; Nicopiilia en Epite (TU.
lit, 12) ; TAsie Mineure (/ Ti m. m, 14 ; iv, 13) ;
Trous (il Tim. iv, 13); Milet {li Tim. iv, 20); Co-
nnlbe (ibid.); Rose {li Tim. iv, 17).
f 457) Il écrivait eo effet aux Galatea : Soium emm
9obis facio^ fratret^ eoaugelium qmod esangeliiêtum
est a mtf ^mia non est $ecundum hominem : ne^ine
enim ego ab komine «ccefn illnd neque didici; sed
per revelationem Je9u Ckriiti. AndistU enim conver-
»asionem meam atiqmmuio in jmdmsww : qnmiimm
supra modo m penequebûr Eeclenam Dei et expu-
gnnkam iilam^ et proficiehnm in jmdniimo $uffrm
mmltoê coœtaneoê meas in génère meo^ nbi^nd^mlins
œmulutor existens patemanm mearum truâiiiemnm.
(Cal. 1, tM4.)
(458) Ecoutons-le raconter loi-nèine aux JuTs les
circoiisiauces de ce grand événement : Facium est
anlem^ ennie me, et apffropinqnanie Ùamasco medim
die^ subito de eœio cireumfui9it me lus eofnoim; et
décident in ierrom audivi vœem dieentem miki :
Saule, Sauie, quid me peruqnerit f Ego uuiem rea-
pondi : Quis es. Domine ? — Distique ad me : Ego
sum 'JeêUM Naxarenus^ qnem tu persequeris. Et qui
meeum erani lumen quidem viderunt^ vocem autem
non audieruni ejus qui loquebaiur mecum. Et dirt :
Quid fadam^ Domine f Dominus autem dixit ad me:
Surgens tade Damascum ; ei ibi iibidicetur de onuit-
bus quœ te oporteai facere. Ei qumm non tiderem
prœ elaritûle luminis t7/t«s, ad manum deductus a
eomitibus^ teni Damascum. Ananias autem quidam,
tir secundum legem tesiimonium kabens ab ommkms
eokabilaniibus fudteis^ remens ad me, et adstams^ di-
xii mihi : Saule^ frmier, respice. Et ego eadem kora
respexi in eum. Ai ilie dixit : Deus pairum nostro-
Tum prasordinami le, «f eoginoseeres voltmtaiem ejus,
ei videres justum, et audires vocem em are efns; quim
eris teslis illius ad amnes komines^ eorum qum widi^ti
et audisiu Et nmne quid moraris f Exurge et ènpf i*
Mre, ei ablue peccata twa, insocato nomîne ifsius.
lAet. xiii,t»*l7.)
(459) Cf. Act. u, 12-20.
487
PAU
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAU
Mais, si la conversion (i€ saint Paul est
cnmplétemenl inexplicable au point de vue
de nos adversaires, toute son existence l'est
bien davantage; car, non-seulement cet
homme étrange a été le |)lus insensé des
hommes, mais il acommuniqué safolieà tout
ce qui l'environnait. Toute sa vie il .a cru
0{)ércr des miracles, et il a fait accepter
cette prétention à une inflnité d'hommes.
Saint Luc, médecin d'Antiocbe, esprit cul*
tivé, com [Mignon des travaux et des prédi-
cations de IVkpôtre, nous a laissé une bis*
toire complète de tous ceux qu'il a vus de
ses yeux ou touchés de ses mains. Les juifs
ou les païens convertis par saint Paul dans
tes villes les plus savantes et les plus scep-
ti()ues de l'ancien monde, ont cru aussi aux
miracles de l'Apôtre. Il les a pris plus d'une
fois à témoin de la vérité des prodiges qui
éclataient parmi eux, avec une assurance qui
respire la conviction la plus complète. Ses
lettres sont là pour l'attester (MO). Dira-t-on
que cet homme singulier avait le pouvoir
extraordinaire de bouleverser toutes les
têtes, etque sa parole, pleine de fascination,
rendait visionnaires les esprits les plus
simples 7 Mais c'est là une supposition si
exorbitante, tellement en désaccord avec
(i60) 4 Ce Paul, il calme et si modeste» dît le doc*
t< or Tlioluck, |iorle de pouvoirs exiraordi mires, de
miracles ei de prophélies, comme de dioses qui ren*
ireni iJans le cercle ordinaire de son eipérience. 11
parle lui-même de ravissements merveilleux qu'd a
epiouvés (II Cor» xii, 2), quoique ici même oa re-
connaisse encore sa modesiie, car 11 n'eu fait men*
lion que dans ce passage. Les Aeteê ont raconté les
iniraHes que Paul a opérés; il parle lui-mênie des
prédications et des œuvres, àe$ prodigei et des mi'
racUi par iesqueU H a propagé P Evangile* {Rom. xv,
19; li Cor, XH, li). Les Actes des apôtres ont parié
du don miraculeux des langues chez les confesseurs
du Seigneur. Paul remercie Dieu deeequ*il possède
«;e don, et même à un degré émineot. (i Cor. xiv,
I8.)* Mais nous reconnaissons encore ici sa modes-
tie. En effet, pour extiorier ses frères dans une iau-
gueconnuo, il est dispotié à sacrilier cet état exiaii-
que qi.i aviit tant de charmes p«iur celui qui s'y
trouvait plongé. L*appaiitiou du Christ gtoritfé in-
dique le moment où Paul changea de vie« (Aet, xxit,
iO; XXVI, 15.) Dans ses EpUres, il parle de cet évé-
nement comme du plus iiuportaut de son exisience;
mais si, d*unc part, il Tonde sur cette apparition sou
dniii et son élévation i l'apostolat ( 1 Cor, u, 1 ),
d'un autre celé, il la raconte avec rhumiliié que lui
âubpirait la pensés d*avoir jusi|ue-là persécuté le Fils
de Dieu. {4 Cor. xv, 8, 9. ) Les Actes des apôtres
Tont mention de nombreuses uianirestations et de
forces miraculeuses au milieu de TEglise, et Paul
les présente comme un fait généralement connu des
dirétietfs. (i Cor. xti,.8-i0, 14.) i (Tholuck, Cr^t*
tiUté de Cnistoire évangélique^ traduction De Vairo-
|$er, 40e, 408.)— < Saint Paul, dans ses Epitres, dit
un écrivain une M. de Chateaubriand a beaucoup
vanté, paile ues dons miraculeux comme de quelque
dmse de trés-connu. 11 les appelle les dons du Saint-
t2«prit, et quelquefois le Saint-Esprit. Celui qui vou-
drait éter de ses Epitres tous les endroiis où il en
Ifarle, eu éterait sans doute une des plus considéra*
lilês parties, c A Tun, dit-il, est donné par l'Eiiprit
la parole de sapiaice, et à Tautre, selon le meute
Esprit, U parole de connaissance; et à Fautrela fui
ea ce même Esprit; et à fautre les dons de guérison
en ce môme Esprit ; et à T^utre dçs opérations de .
tous les fisits de l'expérience, qu'eHc
mérite même pas les honneurs d'une ij
cussion sérieuse.
H. Salvador, en écrivant son livre de /^n
Christ et ea doctrine^ n'a pas accepté rhv|
thèse de Strauss pour expliquer la couvi
sion et Tapostolat de saint Paul. Il lui i
porte assez peu, dans son enthousiasi
judaïque, de ménager Thonneur des fooi
teurs de l'Eglise primitive. Pour M,U\^
des nations est un esprit adroit bien piui
qu'enthousiaste; un de ces caractères ru*
et inflexibles qui sont disposés i tout £t
pour le triomphe de leurs idées (461). L
crivain juif, qui continue d'Holbach et V
taire (462), ne paraît pas professer unegrao
estime pour 1 exégèse nouvelle. Après an
réfuté le professeur de Tubiasue, nousooi
retrouvons donc vis-à-vis de Tbvpothèsed
xviii* siècle, q[ue les hommes de ïkxki
H. Salvador n abandonneront qu'à la dei
nière extrémité, tout en essayant d'adouc
ce qu'elle présente de trop insupportable.
Cependant, la supposition qui veut &ir
de saint Paul un homme sans mivAm
sincère, n*est pas moins en désiecon/ «ici
les faits que l'hypothèse mythiooe(U3).0{i
serait alors nécessairement m4 ^^ ^^
vertus ; et à Taotre la prophétie; et à Tutn le
de discerner les esprits; et à Tautre la divmhé i
langages : mais ce seul et ménie Esprit iiitiM(|
eetckoses, distribuant pariicoltéreneoi liéjN
selon qu*il¥eut. » — Vous voyez eomioeni laifliN
suppose en passant ce fait comme un fait il(ip|
rience, et oue chacun connaissait. CependaDt,ilc
remarquable qu*il ne s*agit pas làd'ua seuidef
dons, mais de plusieurs dons luirsculeni, ei ^
sont même à couvert d^illusion et d*artiic«.
quand on aurait pu supposer que eeruiies
avaient re^u le don de parler des Uoian, (
ces gens n*auraient pas été dëme ntÎM d*abonl
des personnes qui savaient vériiableffleoi
toutes ces langues-1^, comment y en poufait-it
d'autres qui expllquaieoi les langues et qui(
daient les gens de toutes les nations, et A'is^
Suérissaient les malades, et d'autres ^i ^^^
es venus, et qui avaient la foi des miracb?^*
(Abbahie, Traité de la vérité de la religiouckrfii»
u* 8«^ction, ck. 11.) ,
(4;BI) c Paul, dit-il, Adèle à son principe de r<"
toutes les formes pour arrivar k ses fins. > i^^
non, 11, 352.) — Du reste. M. Salvadoreu irii^
liarrasiié sur ce terrain, car il incline aiUen»'''
garder saint Paul comme dupe des illusM^.^^
imagination et de sa nature passionnée. < ^}^}^
pie de toutes les Smes impétueuses «ti^^*"'
sait ni hair ni aimer k demi. Une de ces f»»»^
à regard de Técole naissanle succéda pronpi^i^
dans son cœur à 1 autre. 1—4 Peui-^tre soii ira^j
proie aux agiotions insépamblex de srs pr<*^
crut-elle voir un décret du ciel dans Quelque
téore inattendu. » (Salvados, ibidem, tl\ ^ ;f
(462) Cf. 0 Holbach, Histoire critique de Ui
Christ^ Tableau des saints. Examen criu^^
vie et des ouvrages de saint Paul;— ^^
Dictionnaire philosophique, article Paul, et t
important de milord Bolingbroke. — L'écola v
rienne copiait Julien. (Cf. S. CvaiLLE, coniu l
livre III.)
(463) Quoique nous ayons déjà Jugé YW
mjtbiqne appliquée àPhistoirede 8si»t rs\iu
sommes bien aise de reproduire iei <|Qoqii
flexions d>in des éaivains les plus disung
09
PAU
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAU
410
loir, diins sa eonversioti et dans son apos-
t liât, rien quan calcul ; dans ses souUrances
d'Ions sa fie, rien qu*une combinaison de la
|ioIûi<iue humaine. Mais, quand on Yient à
fercfMirtcraax circonstances dans lesquelles
fiint Paul altandonna le indaïsme» il devient
itiMiiiimenl impossible aaccepter une soin-
(inn toute pleine d'embarras et de contra-
diilions.
On feint, en effet, d'oublier quelle était
k^KualioD des chrétiens de la Syrie, quand
mira Tévénement de la route de Damas,
ib rhrislianisme était proscrit à Jérusalem ;
Eoenoe venait d'être mis à mort; la Syna-
ftçne afait donné des ordres impitoyables
ffKirlaire rentrer par la violence, dans Tu-
nitp nationale, les sectateurs de la nouvelle
(gli5€. Humainement parlant, la cause du
Àristianisme semblait perdue.
F^mJaut ce temps-là, Paul s'avançait à la
t^tedes^s soldats sur la route de Syrie. 11
P'flsique s'il prenait la défense de la reli-
:?Q0 nouvelle, il remplirait le monde du
mil de sa doctrine et de son nom. Il rêva
<i<i;n<iuA(ede l'univers, et il entreprit sur-
>;^)i4nip de tromper la Synagogue, les sol-
it^ les apôtres, les chrétiens et la postérité
*' Hiitme. C'est là le plan qu*on lui sup-
l^/^.Sais plus on le représente politique
^t pradeot, moins une pareille idée devait
if^^ri son esprit. S'il était dominé par la
la^iootles richesses, que devait-il attendre
A ce) communautés chrétiennes qui fai-
^|^s|De tbéologîque. Elles prouvent qu'au delà
*Kb le trouvent des esprits émiiiente pour pro-
^ffcottut lea excentriciiés de la nouvelle exé-
^•(Posrquol atlacbe-t-oii si peu d'importance
tini>oinTi\anl, dont la dépositiou, appréciée à sa
*>le«r, toflirait seule pour renverser dans la
^m toute recule de critique sceptique.? Qu*on
2,<^P|Klle I^bI prenant plaisir à voir lapider
min;, ravageant l'Eglise chrétienne, allant par-
* ^>as le» maisons pour en arracher les hommes
itb tomes et Its jeter dans les prisons, ne res-
^tcooire les disciples que menaces et carnage,
^aaidtt frand prêtre des lettres pour les svna-
^ de Damas, afln d'avoir Tautorisation d em-
^ pieds et poiugs liés à Jérusalem tous ceux qui
H^ adopté la nouvelle doctrine. Qu*on se repré-
'^^QMite ce persécuteur des chrétiens s*arrétaut
«|OQr dans sa route, et eela non par su te de
r^rt renseignements obtenus des disciples, ou
* ^therdies laitea sur la réputation que Jésus
21 hitiée dans le peuple, m as par suite d*un
m'oeiiiprormid et iu&iantané survenu dans son
p diani^ement si grand qu*il devint le premier
r^pioQ du christianisme et surpassa tous les au-
r ipôtres par le géuie, le zèle et la puissance de
P^trines et de ses œuvres, et au*on demande
^l^^ui mythiques et aux natuialistes Texplica-
* <>e celle énigme psychologique. Si ce cliaiige-
^f c^dû à l'apparition du Seigneur, comme il tn
7^*\ touveot témoignage devant les tribunaux,
fr^oe est résolu; mais alois prenez tous vos
paeouires et tout votre arsens.! de critique my-
n^iu* i^^'^* dans les abîmes les plus pro-
^' de la mer. Si ceue apparition n'était qu une
P*^>gorie ou une illusion, expliquez noub alors
r|'"<*i)i«tie a pa produire tout à coup la lumière
r'^nie de Tidée curétienne la plus profonde. Ici
l^'^^ue $*sgiic dans un cercle vicieux de conjec-
• <^i« fait violence à toutes les lois de la psy-
l>lCTtO!(!i4IBE APOLOGETIQUE. 11.
saient de la pauvreté la première loi de leur
existence? Si c'était la soif du pouvoir qui
le jetait dans une pareille folie, il devait sa-
voir, par tout ce qui s'était passé sous ses
yeux, que les chefs de la nouvelle doctrine
n'avaietit trouvé jusqu*iei que des fers, des
opprobres et des persécutions. D'ailleurs, il
connaissait la Synagogue; ne savait-il pas
qu'elle n'accepterait point de sa pnvi une
pareille imposture? Ignorait-il que les sol-
dats qui raccompagnaient étaient dévoués
au sanhédrin? qu'on pourrait à chague ins-
tant les citer en témoignage contre lui, quand
il raconterait le prétendu miracle arrivé sur
la route de Damas? Pouvait-il encore penser
que les chrétiens recevraient sans déûauce,
au milieu de leurs rangs, un homme qui
les avait si cruellement persécutés? Com-
ment peut-on admettre qu*Ananias, qui n'a-
vait jamais vu l'Apôtre, se soit prêté tout
d'un coup à favoriser sa grossière impos-
ture? On est donc obligé de supposer que,
quand même il aurait voulu inventer le mi-
racle de sa conversion, il n'aurait jamais pu
par là réaliser un projet aussi extravagant
que celui qu'on veut bien lui prêter. £n
outre, il aurait rencontré toute sa vie les
mêmes difficultés. Comment aurait -il pu
faire croire aux chrétiens des Eglises qu'il
fondait que la nature obéissait en esclave à
sa voix? Comment aurait-il pu leur dire
que ce n'était pas par l'éloquence humaine,
mais par la vertu des miracles qu'il les avait
chologle et de la physique, elle mutile eonipléie*
ment le fait pour le livrer au sortir de ses mains
comme Tenfant sans vie arraché violemment du seiu
de sa mère. L'apparition dans laqiielle Jésus.se ma-
nifesta à Paul, sa cécité, sa guérison par Ananie,
son baptême et son Institution comme apétre et
témoin du Seisi eur, et la seconde apparition dans
le temple de Jérusalem, où le Christ lui renouvela
les mêmes recommandations, le remplirent d*une
sainte certitude de la résurreetian, et cette convic-
tion fut encore confirmée plus tard par le témoi-
gnage oculaire des apôtres, comme il le fait enten-
dre. (/ Cor. XV, 4-8.) Aussi, Jésus crucifié et res«
suscité devint-il le thème principal de ses prédications.
Dans une question où tout est intuition, sentiment,
eipérience et rapport immédiat des témoins les
plus dignes de foi, institués par Jésus lui-même, uni
pourrait donc avoir Timpudence de parli-r de mythe
et devenir vous dire que < Paul, le fougueux adver-
c saire du christianisme, s'est laissé détourner de la
c persécution par un prestige illusoire, et a ajouté
c foi au bruit de la it^surrection que les apôtres
c avaient fait courir, et qui circulait alors parmi le
c peuple? » Une circonstance qui n^est pas sans im-
portance, c*est qu'aussitôt après Tapparition, et
avant d*avoir vu les apôtres tt par conséquent pu
recevoir d'eux des renseignements plus précis sur
rhistoire de Jésus, Paul commença aussuôt à an-
noncer la révélation du Fils de Dieu dans TEvangile»
(Cf. Cal. 1, 15-19.) — Gomment expliquer cela, si ce
n*est par une illumination immédiate qui exclut
toutes les légendes et toutes les suppositions de
persuasion résultant des récits des dîselples? Ltt
apôtres le reconnurent aussi par la suite comme on
témoin appelé par le Seigneur lui-même, ce qu*ils
n'auraient certainement pas fait s'ils n'a\ aient pas
cru à la vérité tie cette apparition, i (Eschknmater,
hckariotisme, iv, Preuves contre ropinlon mythi-
que.)
191
PAU
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAU
A
amenés h ta connaissance de la vérité? C'est
là pourtant te langage qu'il tient avec assu-
rance è des hommes élevés dans les défiances
et dans les doutes du paganisme et de la
philosophie 1
Si quelqu'un s'avisait de calomnier se-
rleusement le grand caractère de TAiiûtre
des nations, je n'eiigerais de lui qu'une
seule épreuve, ce serait de lire la collection
de ses lettres renfermées dans le canon du
Nouveau Testament. On respire dans chaque
ligne de ces pages sublimes un parfum de
sincérité qui |)énètre jusqu'à I Ame sans
qu'on puisse s'en défendre. Le^rand évéque
de Constantinople, saint Jean Chrysostome,
rien qu'en lisant les épitres de* TApôtre,
avait contracté dans cette étude une irrésis-
tible affection |)our leur auteur. Saint Paul
vit en effet tout entier dans sa correspon-
dance avec ses tristesses, avec ses joies,
avec ses fatigues, avec ses consolations,
avec toute sa grandeur et avec toutes ses
souffrances. Il épanche son âme tout entière
dans le cœur des fidèles qu*il a convertis à
(ICI) i La piété de cet apôtre, dit Abbadie, éclate
en tant de manières dans ses Epitres, qu*on ne p«'ut
la croire fausse et affectée sans se faire violence.
€ir, quand un homme se contraindrait dans une
occasion, le moyen quM se contraigne de la même
«one pendant tout le cours de sa vie , dans toutes
ses aciions, dans toutes ses paroles, dans la manière
de dire les choses, qui est souvent plus capable de
découvrir le fond du cœur que les choses mêmes
que Ton dit? Je sais que rhypocrisie se couvre de
Texiér eur et des apparences de la vertu ; mais, en
vérité, il y a toujours un je ne sais ({uoi, un air sim-
ple et naturel dans la véritable vertu, qui ne se trou-
ve pas dans Thypocrisie; ou plutôt, Phypocrisie nVsC
pas si habile et si éclairée , qu'elle ne se découvre
d'un côté ou d'un autre , et qu'une parole qui lui
ccbap|>e iie la fasse vi)ir. Je conseiiScepcndani qu'on
examine les Eplires de saint Paul, pour voir si l'on
y remarquera rien que de naturel ei de sincère. Se-
raii-il possible que du sein de la malice et de la per-
fidie d un homme qui %ienl accuser sa nation d'un
crime qu'il sait être faux, sortissent tant d'exhorta-
tions à craindre Dieu, si fortes , si touchantes et si
répé ées, qu'elles remplissent les écrits de saint
Pa;.l; celle humiliiéqui i apporte tout à Dieu comme
au centre du Lien, nous disant avec. tant de vérité :
Qu'as lu faii que lu ne l'aies reçu? Et si tu l'as
reçu, pourquoi l'fu glorifies-tu? Nous soniuKS à
vous, vous êtes à Christ • et Christ est à Dieu; ei
qu'on en \li sortir celte horreur pour le vice, qu'il
ne perd aucune occasion de témoisneri et qu'il ex-
Îriiiie d*une manière si vive et si forte? » (âbbadie,
railé de la vérité de la religion , 2* section , cb.
il.)
(4G5) I Sa charité ne se découvre pas moina sen-
siblement dans ces soins si passionnés qu'il a de
aanctiflt-r ses frères. Toutes ses Eplires ue soni
qu'un tissu de tendres exhortations, ou plutôt de
prières ardentes qu'il leur fait à s'aimer les uns les
autres. Il veut qu'ils vivent sobrement, justement et
religieusemenL II s'adresse aux serviteurs et aux
maîtres, aux pauvres et aux riches, aux pères et
aux enfants, aux Jeunes gens et aux vieillards. N'é-
tant préoccupé pour personne et ue haïssant per-
sonne, il s'épanche en actions de grâces et en béné-
dictions pour tous, il leur tient uu langage tendie
et touchant ; Il les appelle ses petits enfants, ses
bien -aiinés, ses euitaïUes, sa gloire et sa couronne.
Et quel éat son but en leur parlant de cette ma-
nière? C'eet de leur Inspirer l'umour de Dieu et ce-
la vérité et à la justice. Son amoor de Dieg,
qui est immense (&64) etqQis'élèTequet*
uuefois jusqu'au ciel par des élans dum
éloquence pleine de majesté et de poési(|
son amour de Dieu ne fait que dilater li
sensibilité naturelle de son âme elle rendcf
plus compatissant, plus doux, plus miséri*
cordieux pour les souffrances de sesfrèrci
dans le Seigneur (i65). Sa condescendanix
est pour eux si sublime et si forte, qui
s*humilie profondément pour les coDsoier
de leurs faiblesses. Il va jusqu^à leur n*
conter les temi^étes de son flme ellestuoiiil^
tueuses agitations de son cœur. Il a bidj
soin, à cnaque instant, de rappeler qgi{
toutes les merveilles qui se sont faites fi
lui, c*est la vrAce de Dieu qui les a û|)érée&
On sent qu'il est plus à Taise quand ilpark
de ses fautes et de ses misères, (|QeqiiaRd
il est obligé de faire valoir les privilèges da
son apos'tolat. 11 n'y a, dans aucune de sa
pages, rien qui sente ce retour sursoie
même, ni ces subtilités d'orteil que les
ambilieui ne savent pas dis^imaler (Mj,
lui du prochain, i (Abb4Die, ibid,)
(466) t Dans son EpUre aux tphéMm{(àn,ia],
il se nomme lui-même le moindre deiSiiuU.ud2u
sa première aux Corinthiens (chap. xr), il ^ii qril
est le dernier des apôtres et qu*il ne oériie puiul
d*éire apêtre, ayant persécuté TEglise de kM-
Christ. Et dans sa première jk Timolliée (ebip. 1) :
C*eil, dlt-il, une parole de foi et dipe iétrt repu
avec ioumiision^ que Jéius-Chriit eitmuiuiU
monde pour muoer Us pécheurs^ exire M^b jt
$ni$ le premier. Mais fat obtenu ïïttûmfii,^^
que je fusie le premier en qui JétuMriH \^ pt *
raitre toute sorte de patience^ pour imir it u^t
à ceux qui croiront en lui, pour avoir Utitttnéit
II est vrai que dans la second.; EpUreauxC^mt^i
(chap. m}, il dit qu*il n*a élé inféiar en lieflsu
plus grands des apôircs. Hais cousidêrOQt ïvxi-
sion qui lui a anaché c(s paroles. In faux (lu^
teur employait contre lui fintrigue ei la a\mw,
avait fait révoquer en douie son aposiolalpanoi*^
Coriiiibiens. Ne pas soutenir coulre celle aUsq«!3
dignité apostolique eût été trahir son devoir e( Il
charge que Dieu lui avait conliée. Il était dooc for»
de se faire justice à lui-même, etdesjuieDircee»*
raciére d*ou dépendait tout la succès et Peffitiei».
de son ministère parmi eux. Mais de quelle dia'^I
le fait-il ? Ce n*est point avec celte vaniié i ^V^i
se livre un homme orgueilleux, quand il p^ttU'"'
ver roccaston de se vanter, ni par no puiupesi <>'
tait des prodiges et des miracles quM avait op^
dans les différentes parties du monde; mh puaie
exposition simple et modeste des travaux sass ooa-
bre qu'il avait soufferts dans la prédicauVn de li-
vangile. Il se contente de leur rappeler qi*e 1rs prfv
ves de son apostolat avaient paiu dans losie^^rte
de patience, dans les miracles, les pr« dig« e*''*
effets extraordinaires de la puissance diviiic- (litt^
xii, 12.) Pouvait-il lien dire de moins, ei cette»»;
nière de se gloriOer u*esi-elle pas 1 buoiilii^ ta^^
Il s*eu excuse pourUni plusieurs fols, et leur reft|e
souvent que c*est malgré lui quil parie de lûm^
me, encore que ce fût pour sa défeose. tiOfs^^*
dans la même Epîire et dans la nicoie occasioo. "
pai le de son ravi>seni< m au ciel, avec quelle ^"*'
destie ne le fait- il pas? Il ne se nomme poist li"'
même. Je connais, dit-il (chap. xiij, aa *«"*?'*
Jésus'Chmt^ qui a été ravi jusqu'au troitièiat f^ '
et linmédiaieiiieiil apnés il ajoute : Je me t<j^^
dit-il, de peur que qtielquun ne m'estime «s-^t^.
de ce qu'ti voit m moi ou de ce qu*il entend de w»**
4î*3
PAU
D1CTI0N?ÎA1IIE APOLOGETIQUE.
PAU
491
Oo ne fera jamais croire à quelqu'un de
v^flsé que lliomme, oui a tiré de son Ame
l< magnifique éloge aè la charité, que tout
'uréùen derrait relire sans cesse (467), n*ait
Hé qa*an rusé sectaire. La langue de Ta-
Dioar difin ne s'imite pas; la parole des
lo^es ne tombe jamais sur des lèpres cor-
rompues. Dieu, dans sa bonté, n'a pas per-
rJs qu'une bouche indigne pût profaner
1» mystères du ciel ; et ou ne pourrait mon-
trer, dans les écrits des imposteurs ou des
hi|Vicriie$, quelque chose qui ressemble à
Il merTeîlleuse correspondance de fApdtre
'1*^ Dations.
La Tie de saint Paul est là comme sa pa-
rjle pour protester contre ces odieuses
i-u{iutitions; et, quelle vie que celle-là I
TrifaiJIer de ses mains, paraître devant les
ir^roosuls, traverser les émeutes, parcou-
rir les mers, s'arrêter devant les synago-
.-ues, braver toutes les puissances humaines,
v.'lertTan bout du monde à l'autre avec la
T^Wlé de l'éclair, telle a été l'existence
•:*nn bomme qui, pendant quelques années,
L renipli de toute son activité la société
çrcco- romaine (M8}. Quand on étudie avec
noe sérieuse attention l'apostolat de saint
Paal, il est ini|>ossible de saisir l'apparence
«!u calco). U ne reste, dans les cités qu'il
cna^élise, qee pour y trouver des persecu-
ti'»ns et 4fs comtMits. Quand l'épreuve va
tiOT, (foao'J la tempête va s apaiser, quand
ij reeooDaissance et l'amour des fidèles se
Iféf^rent à environner leur apôtre bien-
â'nié, à le consoler de ses fatigues et à le
t.H«M ii phn contraire i Pesprit de vanîf é et ii la
r-tû^ae de ees enthoasiasles qoi a*aitribuent des
nTisttaeals ei des visions, ei qui, croyant n*en
iT«r jamais asseï dit sur ce sujet, en remplissent
te tatmea? Cette retenue ne suffît pas encore à
unaJestie: Uy ajonie l'aven de ses infirmités, et
vmioBaiiqv'allei lui oni été données conune un
rvure-poiôs , pour empêcher que la grandeur de
Ks rêrélatiotts ne réle\àt ouu-e mesure. Il est bon
^? resarqaer ici qu*il avait eu ee ravissement on
Ijue TisioB du paradis quatorze ans auparavant....
Mais n ae parle de cette vision même que pour ré-
p««idre i «■ faui .docteur, et renferme en trois
pintes ce qu^il en dit, s^eicasant souvent d*étre
uUife d*ca parier. II ne se fait pas même uu mérite
^ neoés de ses travaux apostoliques, quHI relève
P'iBcipaleaMut dans cette Eplire. Car voici comme
<* s es ciplîqoc dans iz pr<>mière Eplire à la même
k^ (chap. m) : QttVil Paul ei qu'e$t Apollon ? C#
^ iOMtqtu ks mbùitres de celui en qui vous avez
^ni. ekicun idon U don qu'il a reçu du Seigneur.
^'*i flanii^ Apollon a nrroU ; mata c^esi Dieu qui
< iuMé taeeroiMêemeni. Or^ celui qui plante nVsl
^^^ n celui qui arrou; maii Dieu snU qui donne
^^^oûsARMi. Et dans un autre endroit de la mè-
^ Epitre, il dît (cbap. xv) : Ceêt par la grâce de
<v« que je suis ce que je iuit. (LiTTLeroBC, La con-
tnuoa ei Capostolat de sainl Paul, dans lus Démonê-
<'^«tt émingéliques de M. Migne, IX, col. 977-78.
^Cr.^eDcore AaainiE, 2' section, ch. 11.)
. [^'î) Combien reléve-i-il IVxcelleuce de la cha-
'Ue? Quand je parlerait, dit-il, le langage des hom-
^tt mémeU langage des anges^ si je n^aivoinî la
'T^f/e suis comme l" airain qui résonne. Quand je
'^^irikiuTais tout uwn bien aux pauvres et que je li-
natis «OK ewps pour être brûlé, si je ii*ai point de
'^^nU, cela ne me profite de rien. La charité eH
récompenser de ses peines, c'est alors qu'il
s'en va, voyageur éternel, semant partout
dans les sillons du monde paien cette pa-
role de Dieu qu'il ne veut pas garder cap*^
tive. Il ii'v a pas, dans toute Thistoire de
lantiquité, uu seul homme peut-être qui
ait plus rapidement franchi les espaces et
méconnu toutes les difficultés. Il ne s'arrête
que dans les fers ; et encore, l'Evangile n'est
r»as enchaîné avec lui, et il prêche Jésus*
Christ jusqu'au fond des cachots (469).
^ Est-il possible de supposer qu'il ait rêvé
l'incompréhensible triomphe du christia-
nisme sur cette vieille société romaine si
corrompue, si forte, si éternelle en appa*
rence? £st*il possible qu'il ait entrevu à
l'horizon des siècles les triomphes de la
croix? Ne se faisait-il pas illusion sur la
puissance de sa parole et de sa prédication?
Oh I non ; car il répète à chaque iustant que
l'Evangile doit paraître à tous un scandale
et une folie, qu'il n'est qu'un avorton, que
le christianisme a contre lui les sa^es, les
nobles et les savants, que les chrétiens sont
!e rebut du siècle, et que, s'ils n'avaient pas
Tespérance de la vie éternelle, ils seraient
les plus misérablesde tous les hommes (470k
Mais savez -vous pourquoi l'apôtre allait
toujours ainsi en avant comme poussé par
une main invisible? Savez-vous pourquoi
sa parole franchissait les mers et volait lus-
Îp aux extrémités du monde, pourquoi les
ers ne l'arrêtaient pas, pourquoi les magis-
trats ne pouvaient contenir la prédicatioiî
de l'Evangile, pourquoi les peuples gron*
d'un esprit patient : elle se montre bénigne. La chM-
rite n^est point envieuse. La charité n*use point d'in^
solence; elle ne s'enfie point ; elle ne se conduit pas
malhonnêtement, elle ne cherche point son propre
profit; elle ne u dépite point; elle ne pense point à
mai; elle ne se réjouit point de tinjustice ; mais elîe
u réjouit de la vérité. Elle endure tout , elle croit
tout, elle espère tout. Voilà quelle est l'idée que saint
Paul avait de la charité. On y voit la forée du bon
sens et de la vraie vertu , et non pas les faiblesses
et la bizarrerie de la superstitlou. U préfère la cha-
rité aux dons miraculeux. On voit bien là Tespritde
la vraie religion. (Abbadie, Traité de la vérité de la
religion, 2* sectiou, 41.^
(468) L*Ap6tre écrivait, en effet, aux Corinihiena,
en parlant de lui-même : in laboribus plurimis, in
carceribus abundantius , in plagis supra modum, in
mortibus fréquenter. A Judœis quinquies quadragc"
nas, una minus accepi. Ter vtrgts cœsus ium, semel
lapidatus sum, ter naufrafium feci, nocte et die in
profundo maris fui, in itinenbus sœpe, periculis fiumi-
ttum, paiculis latronum^ periculis ex génère^ pericu-
lis ex gentibus, periculis m civitate , periculis in so-
litudine, periculis in mari^ periculis in falsis fratri-
bus : in labore et œrumna, in vigiliis multis, in famé
et siti, in jejuniis multis, in frigore et nuditate. Prœ-
ter nia quœ extrinsecus sunt instantia mea quotidia-
aa, sollicitudo omnium Ecclesiarum. Quis infirmatur
et ego non infirmor? Quis seandalizatur et ego non
uror ? Si gloriari oportet, quœ infirmitatis meœ aaml,
gloriabor. (Il Cor. xi, 23 et aeq.)
(469) in Evangelio laboro ustpu ad vincula, quasi
maie operans : sed verbum Des non est alligatum.
Ego fton solum alligari, sed et morî paratus sum
propter nomen Domini Jesu. (Il Tim. ii, 8.)
(470) Presque toutes ces paroles sont de saint Paul
lui-même.
495
PEC
DICTIONNAIRE
daient en vain contre ce céleste messager
qai venait réveiller dans leurs cœurs la
vertu endormie ? C'est qu'un jour Jésus-
Christy Verbe de Dieu fait chair, avait quitté
la splendeur des cieux pour venir choisir
lui-même» au milieu des loups dévorants,
ce fils de Benjamin» rebelle et persécuteur,
et en faire le grand apdtre (Vli).
PAUL (saint), apôtre, que pensait-il du
«élibat? toy. Célibat. — Ses Èpitres, Yoy.
Mtthishe, I iV. — Ses prétendus débats
avec saint Pierre, suivant M. Quinet. Voy.
Pierre (l'apôtre saint) § II.
PAULIN (saint); erreur de M. Beugnot à
son sujeL Voy, Aristocratie gallo-romaine,
5".
PAULUS, théologien - naturaliste. Voy.
Naturalistes.
PAUTHIER, ses idées sur l'influence re-
ligieuse de riiide antique refutées. Voy. In-
Z^IANISME.
PAUVRE. Voy. Elus, i II. ,
PEAU, son histoire au point de vue de la
diversité des races humaines. Voy. note
XVIIià la fin du volume.
PÉCHÉ ORIGINEL.
Soperfoo slnipo.
(Dakts, ItifernOf cant. tu.)
« La croyance que l'homme est déchu et
dégénéré, dit Voltaire, se trouve chez tous
les anciens peuples. Aurea prima sala est
4Btas^ est la devise de toutes les nations.
<fc72). »
Cet aveu de Voltaire vaut à lui seul tout
«n volume de preuves. Ajoutons que non-
seulement tous les peuples de la terre ont
cru l'homme déchu et dégénéré^ mais encore
qu'ils l'ont cru déchu de la manière et avec
les circonstances qui prêtent le plus à l'in-^
crédulité dans le récit de Moïse : un fruit
défendu, un esprit mauvais se glissant sous
la forme du serpent auprès de la femme ;
celle-ci , séduite par ce serpent, séduisant à
son tour l'homme; tous les matix de l'es-
pèce humaine dérivant de cette transgres-
sion, et la race entière punie pour la feule
de son chef, voilà le fond commun de toutes
les traditions de l'univers. Ce fait imposant
est acquis.
De là je tire un raisonnement sans ré-
plique en faveur de la vérité de ce fonde-
ment de notre religion.
Tant de peuples, si divers en tout le
reste, si séparés, si dispersés, ne peuvent
se trouver d'accord sur un fait unique que
parce que ce fait s'est réellement passé à
l'époque de leur commune origine, et a fait
une impression profonde sur la source
même du genre humain; et c'est bien le cas
de s'écrier avec Cuvier : — EUhI ponible
que ce $oit un eimple hasard qui donne un
résultat aussi frappant? — Les idées de peu-
ples oui ont si peu de rapports ensemble,
dont la langue^ la religion^ tes mœurs^ nont
APOLOGETIQUE. PEC 45
rien de commun^ s'aeeorderaient-ellei m t
point, si elles n'avaient la vérité pourbast
Le fait sur lequel nous raisonuonseof
moment est un fait complexe, singulier, di
plus mystérieux, et dont les détails carac
téristiques sont tirés d*un ordre eniièn
ment surnaturel : d'où il suit qae Tunivei
salité de croyance sur ce fait est dauui
plus inexplicable si elle ne tient à sa pn
fonde vérité, et gue l'argument de Tilliuii
géologue grandit de toute rélrangotéd
sujet auquel nous l'appliquons.
Pour faire concevoir notre pensée, qrf
nous soit permis de descendre à une coo
paraison bien simple.
Je suppose qu'un fragment de carte»
donné, et qu'il présente une coupure d-'
et régulière. Si d'autres morceaux de
sont rapportés, et que, par le rappu.
ment, elles s'adaptent exactement au pi.
juier fragment, il y aura lieu de croire qi
cet accord n'est pas l'effet du hasard, et pn
vient de l'union primitive de leurexisteoe
Mais je suppose maintenant qu*au lieu (
présenter une coupure droite et réguliè«
le premier fragment soit tout ce qu'on ir
imaginer de {mus bizarre et de plus im
gulier dans sa conformaYion : alors Tépreu
sera beaucoup plus décisive, et si les autr
fragments viennent s'enchâsser eiacteo»'
dans tous les caprices de la découpure dufr:
ment supposé, on aura la plus forte preu
de leur sincérité respective et de leurp*
mitive unité: et Ce moyen est précisée
la plus haute garantie matérielle auai
f)u inventer les hommes, de la sincérité
eurs accords à travers les espaces im
par la navigation, et qu'à cet effet ils
appelé charte-partie (carte-partie).
Cette comparaison s'applique d*e]le-Q)êil
à notre sujet.
Si les traditions universelles n'éuu
d'accord avec le récit de Moïse que sur
lait simple que l'homme est îiéchu el d^
néré, ce serait déjà une grande preuve
la vérité de ce récit. Mais ce n*est pas 4
lement sur l'ensemble du récit quecell
cord existe, c'est aussi sur ses déiaib,^
tails des plus sinçulier^ Qu'ya-l-iU
effet, de plus sinsuiler que ceci : le ^
humain tout entier déchu dans le mail
la faute d'un premier homme; la déchc«
de ce premier homme venue elle-aita<^l
la femme; par la femme en rapport aicc
être surnaturel, malfaisant, et, cequilj
de plus particulier, se produisant sou»
forme d'un animal, plus particulièrem
sous celle du serpent? — Certes, perso^
ne disconviendra que toutes ces circou^i
ces ne soient singulières, bizarres; eti
crédulité à qui je m'adresse en ce moffl'
ira même jusqu'à m'accorder qu elles
raissent absurdes ; du moins c'est ce qu'(
a toujours dit, c'est la seule arme qu*<
oppose à la vérité de ce fondement de no
«/l*V^?/ ïï;/****^ CHàSSAV, Le Christ et lEvan^ chrét. dém. parla eonvers. et ravouoi di S. Pt
gtle, L il ( Allemagne ) ; - Littleton, La relighu (i72) EssM^rleV^^ϝnJ^^^
iîî
TEC
DICTIONNAIRE ÂroLOGETIQ!JE«
PEG
498
Tligion. Eb bieni c*est par cetle arme
Déine qQ*elJe est vaincue : car toutes ces
;jrroo5l3nces, surtout celles qui choquent
»plib par leur apparence d*al)surditéy ayant
«ssédans les traditions universelles, sont
iereotteSy par cette absurdité même, au*
in( darpmeots invincibles de la parfaite
^(é da récit de Moïse , auquel ces tra-
itions Tiennent de toutes parts s'adapter ;
Iresl le cas de dire ce mot célèbre : Credo
tinaiiurium. — Ouï, plus les circonstan-
e$ caractéristiques du récit de Moïse sont
Innges, io? raisemblables, absurdes si vous
ouiei, plos il est impossible que le sens
DuioiuD les ait universellement et identi-
wement imaginées chez tous les peuples
Il oioode, et s> soit invariablement attaché
mi 00 grand fondement; et plus il est
értssaire d'admettre que c*est le fait lui-
éw qui s*est imprimé dans la tradition
rimJtiTe, avec une telle force que tontes
H traditions successives et universelles en
alirardérempreinte.
De (|uelqae côté qu'on envisage Tesprit
mm, il est impossible d'expliquer l'accord
laiTffsel sur ce point, autrement que par
^^if\iiy et la vérité à sa plus haute puis-
^ule mystère du péché originel choque
Il riiiûfl humaine, plus il soulève de con-
i^Kiions, plus il est obscur, incompré-
Mule, impénétrable, moins est-il croyable
pli se soit insinué naturellement dans
ri['rit (le tous les hommes, et que l'uni-
tf^t'jut entier se soit pris à l'imaginer et
krroire identiquement ; car, ce qui paraît
brde i une personne, le doit paraître, à
nu forte raison, à deux, à trois, à cent,
^que le <eii« eomnmn s'oppose de plus
I plus à son admission.
Q«esion veut faire la part la plus large
II faiblesse de Tesprit humain, et le su|>-
Hrr accessible aux impressions les plus
Blastiques, j y consens ; mais cela même
[s'opposer encore invinciblement à raxl-
ioioQ uniferselle et permanente d'une
^terreur: car celle facilité même de
iH*ritàla recevoir et è la forger, donnera
cot^t à cette erreur une rivale et une
Htière. Si une même erreur pouvait être
kéraiement approuvée, ce serait celle qui
i*e.ublerait à la vérité, et qui serait ron-
[B^e aux dispositions naturelles de l'es-
Pitumain. 7oii« /fa peuples ont pu adorer
^^iil, dit fort bien Malebranche : Pour^
^■Ce$t que cei aetre éblouit généralement
^ l<ts kommee. Mais si un peuple insensé a
^^ Ui souris, un autre aura adoré les
^*}m cAté donc qu'on envisage l'esprit
^iîQ, soit sous le rapport du sens com-
'o« qui en fait le fond et qui se refuse è
^^ lonjjiemps et uniformément le joug
l^treor, soit sous le rapport de sa dis-
^uion k se séduire lui-même ou à être
^U qui fait varier Terreur suivant le
^l< et les lieux, on arrive toujours à ce
^*^^i E9trfiien$ i»r la métaphysique, xni.
résultat, que plus une chose s'éloigne de la
vraisemblance, plus elle est bizarre et sin-
gulière, moins elle a de chance d'tmirer-
salité et de perpétuité; et que dès lors, si
elle présente ces caractères, c'est nécessai-
rement qu'elle a à sa base et dans son fond,
un principe de vérité primitive, d'autant
plus puissantt quMI aura ea à combattre,
pour se maintenir également partout, ses
propres apparences d erreur.
II.
De la lentalioo du premier homme, — Hiérarchie des
êtres, proereaston ascendanie et progression descen-
dante. ~ Les esprits supérieurs bons et mauvais. —
Relations entre les êtres spirituels. — Esprits sapè-
rienrssoomis à l'épreuve, leur chute. — Le serpent.
On fait cette objection : « Qui pouvait ten*
ter Adam dans le sens de l'orgueil et de l'é-
goïsme? N'était-il pas seul au monde avec
une compagne aussi sainte que lui? »
Non, Adam n'était {Mis seul. L'homme
appartenant par son corps au monde visible
de la matière, et par son ême au monde
invisible des esprits, était le centre où l'or-
dre total des choses créées prenait son
unité. Dieu, pour établir l'ordonnance du
progrès indt^Gni des êtres, entre le néant et
lui, avait dû se servir de deux éléments^
Tun de petitesse, qui est la substance maté-
rielle, loutre de grandeur, qui est la subs-
tance intellectuelle, d'où il élait arrivé au
point de rencontre nécessaire entre l'une
et Tautre, qui est l'homme. L'homme, ainsi
placé à la frontière des corps et des esprits,
le premier de l'ordre inférieur, et le der-
nier de l'ordre supérieur, avait avec tous
les deux des rapports qui constituaient
leur unité; car, s'il n'eût eu de commerce
qu'en bas ou en haut, le mouvement gé-
néral de la création, au lieu de remonter
sans interruption jusqu'à Dieu, se fût brisé
à son centre même, ne laissant pas le moyen
de concevoir pourquoi le Créateur eût voulu
et fondé l'ascension progressive des êtres.
Cardes êtres qui n'ont point d'action les
uns sur les autres se demeurefit étrangers,
et leur super^iosition hiérarchique, au lieu
de former une harmonie, ne fait que don-
ner au chaos l'apparence de Tordre. Adam
était donc uni aux deux hémisphères du
monde, par des rapports réels, et loin d être
perdu dans la solitude d'une oisive perfec-
tion, il était de tojutes les créatures celle
qui, correspondant è plus de choses, donnait
et recevait plus de vie. Dès lors sa tenta-
tion était une œuvre aussi facile que logique,
et l'on ne peut la contester qu'en soutenant
l'une de ces trois propositions : ou qu'il
n'existe pas d^esprits supérieui-s à l'homme,
ou que ces esprits n'ont point de relation
avec l'homme, ou enfin que, placés sous la
loi du libre arbitre et de l'épreuve, aucun
d'eux n'a pu faillir et tenter l'homme dans
le sens du mal. ,
Qu'il y ait des esprits d'une nature plus
élevée que la nôtre, il est aisé de s'en con-
vaincre, en considérant le spectacle dis
490
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
soo
tshoses lel qu*il nous apparaît. Le monde
^t Yisiblement composé d'une suite in()é-
finie d^étres qui, des })lus obscurs degrés de
^organisation de la vie, s*élèvent lentement
les uns au-dessus des autres, dans une
Toriété féconde dont le terme inférieur ne
se découvre nulle ]>art. Quelque loin que
nous descendions à travers les abtmes de
la nature, le vide ni le néant ne s*y mon-
trent jamais; li où notre œil s*arrète, le
pressentiment ne s*arr6te pas, et si la science
vient k créer quelque instrument qui ac-
croisse notre vision du côté de Tinfiniment
petit, nous comptons avec stupeur, plusieurs
mondes dans une goutte d'eau. Comment
st) ferait-il que la progression ascendante
des 6tres fût moins riche que leur progres-
sion descendante? Comment la toute-puis-
sance divine se serait-elle épuisée dans la
diminution, et une fois parvenue è la limite
où commence l'esprit, n'eût-elle trouvé
aucune ressource pour en multiplier les
degrés? Est-il possible de le croire? Est-il
possible de s'imaginer que l'homme soit le
sommet de la création, et que le don de
rinlelligence ne se soit épanoui qu*à tra-
vers les langes et les ombres du corps? Il
est vrai, nous ne voyons pas de nos yeux
sensibles la hiérarchie des esprits purs;
mais voyons-nous toute celle des corps?
Avons-nous pénétré jusqu'au fond du fir-
mament pour y saisir la dernière étoile, et
jusqu'aux entrailles de la terre pour en
arracher les derniers secrets? Le monde
matériel se dérobe h nos regards, et nous
nous étonnons que le monde spirituel ne
se livre pas à leur effort grossier 1 Nous le
découvrons pourtant, mais en la manière
de connaître qui lui est propre ; c'est-à-diro
par rinlclliiçcnce, par cette loi de la pensée
que nous appelons l'analogie, et qui ne nous
permet pas de briser une progression au
point où elle perdrait, par cette rupture, sa
valeur et sa raison d'être, La multiplication
hiérarchique des esprits est la conséquence
nécessaire de la multiplication hiérarchique
des corps inanimés e| des corps vivants:
ou bien il faut admettre que Dieu a n\pins
tenu aux créatures intelliçentes qu'aux vers
de terre; qu'il a moins fait pour approcher
les êtres de lui que pour les en éloigner.
Cela n'est pas possible. Tout a été conçu et
exécuté pour les êtres capables de connaître
et d'aimer; l'amour est le principe de tout,
la raison de tonl, la lin de tout, et par con-
séquent, c'est dans les êtres qui en ressen-
tent le mouvement qu'il faut chercher la
plénitude des opérations de Dieu. Si Dieu
a été fécond à l'endroit de la poussière in-
sensible ou simplement animée, il Ta été
raille fois davanla^ije à l'égard de cette glo-
nt'use substance qui pense et qui veut.
S'il a distribué la poussière en phalanges
innombrables diversement pétries, il a bien
autrement compté et rangfe la seconde en
bataillons distincts de puissance et de gran-
deur.
Que je dise h un philosophe rationaliste
^ue les étoiles sont vides, qu'aucun habitant
doué de raison n'y fait son séioar, Len
prendra occasion de blasphémer le christia-
nisme, lui imputant de séparer la malièix;
de l'esprit et de peupler l'espace de mondes
sans cause et sans objet. Et si je lui oorre
un horizon plus vaste que celui de l'éibcr,
si je le conduis par delà tous les globes
lumineux dans l'espace pur et intelligibie,
il s'étonne que je veuille lui donner des
habitants dignes de lui, plus rapprochés de
Dieu, entrevoyant de plus près le M
éblouissant de son éternelle gloire I Mais
quoi I c'est la démence ordinaire à qui fuit
la vérité ? Les anciens n'en étaientpas atleinL^
comme nous, parce que, moins riches de lu-
mière Que nous, ils ne sentaient pas k
besoin d'en combattre l'éclat. Rien ne leur
était plus familier que la notion desesprlLs
et l'on serait tenté de croire qu'elle {vissaii
en eux avant la notion mèmeaelaDiTiniié.
Ils ne se persuadaient pas que rhoaiiuc,
tout grand qu'il fût , combiftt suilisaïa-
ment Tablme qui le sépare de Dieu, lis se
croyaient entourés de génies remontant de
degré en degré jusqu'à la source supréac
de l'intelligence, et même, par TelTet sans
doute d'une tradition opiniâtre, ils distitt-
guaient ces génies en deux classes, lesboib
et les mauvais ; toute leur histoire est [deine
de cette croyance, et les plus erands hom-
mes ne se défendaient pas deV'mpressm
au ils étaient ar^compagnés dans leurs succès
e quelque influence active et surltoiBaine
qu'ils appelaient leur bon génie. Gomme
aussi, lorsque des revers rnenaçaienUeur
fortune, ils se ressentaient d'un Toisinaée
obscur et terrible qu'ils appelaient leur
mauvais génie, et dont ils croyaient quel-
quefois, comme Brutus à Philippes,enirt-
voir une réelle apparition ; tant est naturelle
aux hommes la pensée que l'humanité n*^
renferme ))as tous les esprits, mais qo'|;)le
n en contient, au contraire, qu'une première
ébauche et une faible portion; tant ils voiil
au-devant de cette autre conséimence, quf
les esprits supérieurs ont avec le nAlreuii
commerce habituel 1 . .
En effet, Tharmonie, comme je le to/
tout à l'heure, ne résulte pas du faiiipal^
riel de la superposition des êtres, œais'^^
l'intimité de leurs rapports. Des éinf^^^^
rapports nerendrontjamais le son de Tu*
et sans unité, point d'harmonie, point d or-
dre, point de beauté, le chaos seul. Se re-
présenterait-on le monde physique coroiw
un amas d'astres jetés sans lien entre eui
dans lesprofondeurs de l'espace? Sufliraitij
à leur ordonnance d'être placés à l'égy
les uns des autres à des intervalles niatlié-
nialiquement proportionnés? Personne nt
le penserait, et dans tous les cas, Newton»
pénétrant le m vslère de leur activité réu*
proque, a élevé jusqu'à la certitude sciw»-
titique la loi de leur attraction. 1^ «'H'*
s'attirent à travers les solitudes de I »nw««-
transmettant Tordre suprême avec un ^'
M
pu:
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
503
leuee exact que les si c]es ^s plus que les
distances ironl suspendu jamais. Si telle
est funion des corps, si tel est leur com-
merce, quel ne doit pas Atre celui des es-
priis? L^ corps n*ont qu'une activité pas-
MTe, eo quelque sorte, sans conscience sans
lilierté; les esprits senieuYentd'eux-mémes,
i!$ n'ont point de i-esanleurqui les arrële
ou les retarde, point de lieu qui les circons-
crive; ils sont où ils appliquent leur pensée
et leor volonté, et s'ils ne peuvent, comme
Dien, être présents partout à la fois, à cause
(ie la limite intérieur de leur essence, il ne
leur but que le temps de vouloir pour être
au terme de leur dé^ir. L'Ame humaine ne
tarait nous donner une image de cette
rimdilé, parce uu'élant unie a un corps,
rite parlicaiie en lui des incapacités de la me-
«T)reetdo poids,prisonniëre sublime qu'une
l'^ù<ée enlève jusqu*à Dieu , et qui cepcn-
diflt demeure à terre tristement retenue
mr le compagnon de vie qui lui fut donné.
iUis ces liens, qui entravent sa substance, ne
voat pis à ^ détruire Je vol de ses facultés;
en tant qa*elie pense ou qu'elle veut, sou
éa^jjt est celle de Téclair qui passe de
Viinént à Foceident. Et par la, elle est en
étaidcoorrespondre avec toutes les tribus
dlnteiK^nces, quelle que soit la hauteur
oà la iBcio de Dieu les ait placées dans la
spèêre intelligible qui précède immédiate-
ineoi la sienne propre ; soit que lui-même,
eo sa bonté, leur communique nos pensées,
v)if qa'elles leur parviennent directement,
if est manifeste que la substance spirituelle
a an moins autant d'activité pénétrante que
la sabstaace matérielle, et que s'il y a
tnasmission de celle-ci à travers tout l'orbe
de rimmeosité, il peut bien y avoir trans-
mission de celle-là à travers tous les champs
de la vie. En un mot, comme l'nnivers phjr-
^iqiie est un , l'univers moral est un aussi,
li oV a pas deux mondes de la matière, ni
par conséquent deux mondes de l'esprit. Et
1 unité supposant des relations réciproques,
ces relations existent entre les Ames de toute
trempe et de tout degré.
liais (|uelles relations? celles évidem-
ment qui sont propres à la nature spirituelle,
des relations de pensées et de vouloirs, de
pensées et de vouloirs selon le bien, lorsque
les esprits sont dans l'union de Dieu ; de pen-
sées et de vouloirs selon le mal, lorsque les
esprits sont séparés de Dieu. Car, desup-
p««er que Thomme seul est tombé dans le
mal, que nul au-dessus de lui n'avait im-
patiemment supporté le joug de l'ordre,
c'est retrancher des sphères supérieures le
libre arbitre et Tépreuve, c'est-à-dire ce qui
donne aux êtres leur valeur personnelle ,
ainsi que nous l'avons démontré. {Voyez
Epaeuvk, Mal, etc.) Pourquoi cette excep-
tion? Pourquoi Dieu aurait-il diminué le
prix de ses créatures en les élevant à un
état plus parfait? L'universalité est le carac-
(471) Coi. m. !
(175) Dv grec dcâCoXi>ç, Tormé de Siâ, à travers,
et de tiûjM, jeicr; StaCâ)^^, je croise, je Ua-
tère des lois; elles s*appliqucnt à tous les
êtres du même genre, et s il est une classe
d'intelligences qui ait été soumise aux no-
bles conditions du libre arbitre et de Té-
preuve, toutes l'ont été, et l'ont été d'autant
plus qu'elles appartenaient à un rang plus
remarquable de leur commune hiérarchie.i
Aussi toute la question qui nousoccu|>e est
renfermée dans cette seule question : Y a-
t-il des esprits supérieurs à riiommc?Ce
point admis, le reste va de soi, et telle est
la raison qui inspire h l'incrédulité une ré-
volte si décidée contre l'existence de ces
esprits. Elle voit d'un trait oii le premier
aveu la conduira. Dès que Tunivers prend
ses vraies proportions, dès qu'au delà du
monde sensible et du monde humain se
révèle le monde purement spirituel, les
barrières étroites de la matière et de l'ima-
gination s'évanouissent, Tunité morale des
choses se montre dans toute sa splendeur,
et les scènes bibliques qui occupent tout
ce large espace, au lieu de paraître des
songes, se trouvent seules au point de vue
de la réalité. L'incroyance a besoin d'une
extrême petitesse : le grand lui fait peur,
parce qu'elle y rencontre Dieu.
Mais quoi! me direz--vous, le serpent?
cette terrilîle ouverture du drame : Or, le
serpent était plue rusé que tous les êtres rt-
vants de la terre çue le Seigneur Dieu avait
faits {klk). Hé quoi ! faudra-t-il tout vous
dire ? Dieu, qui a tout nommé,, avait à nom-
mer rintellieenre détestable qui^ tombée
par sa faute de l'état de lumière et de sain-
teté, employa les débris survivants de sa
puissance à séduire le cœur de l'homme.
Et ce nom avait une grande imfiortance,
parce que nommer c'est révéler. Il devait
exprimer avec une énergie sensible le ca-
ractère du tentateur, et stigmatiser à jamais
le prosélytisme du mal. Aussi Dieu ne s'y
prit-il pas en une seule fois. A mesure
qu'on avance dans le développement histo-
rique de la lutte, on voit Tesprit d'erreur se
ffroduire sous de nouvelles dénominations.
I est appelé Salan^ c'est-à-dire Vadtersaire^
puis le aioMe^ c'est-à-dire la volonté qui s' est
mise en travers (i75) , puis le démon^ c'est-
à-dire le mauvais génie. Mais aucune de ces
appellations ne fut la première, bien qu'elles
semblent manifester le prince du mal avec
toute sa postérité. Le nom primitif est celui-
là mêmequi vous émeut: le serpent ! Comme
le serpent caché dans d'obscures broussailles
s'élance en siillant sur le voyageur inattentif,
ainsi le corrupteur invisible des âmes leur
tend ses pièges pleins d'artitic^, de mensonge
et de poison. C est là son caractère j)rincipal
et celui de tous les siens. 11 est, selon l'ex-
pression de l'Evangile, le père du mensonge
(476), et la diSérence qui demeure éternel-
lement entre le prosélytisme du bien et
celui du mal, c'est que le premier est sin-
cère, et le second lallacieux. Le bien n*a
verse.
(476) Jean. viii. 41.
505
PEG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
roi
rien de cadié ; il se montre sans crainle et
dans sa nudité, parce qu*il est le vrai, le
juste, le beau, le saint. Le mal, au contraire»
a peur de lui-niômc devant les autres; il se
couvre de Tèlernents d'emprunt, il affecte
un but qui n'est pas le sien, et ce n'est qu'à
la longue, après avoir habitué sea victimes
aux ténèbres et h l'opprobre, qu'il] ose leur
dire ses derniers secrets. Il a, en un mot,
les allures du serpent, et il inspire la même
horreur à quiconque le reconnaît ; un fris-
son, un mouvement en arrière ,et le dres-
sement des cheveux. C'est pourquoi qui-
conque est sincère ne lui appartient pas.
L'erreur elle-môme, lorsqu'elle est de bonne
foi, lorsqu'elle a pour cause une ignorance
invincible, perd sous ce bouclier Te carac-
tère du mai, et la doctrine catholique Ta
toujours professé. Quiconque pourra dire :
II est vrai, je me suis trompé, mais, ô mon
Dieul vous qui lisez au plus profond des
cœurs, vous savez que je me suis trompé
sans ma faute, et par conséquent que je n ai
jamais trompé I... Celui-là n'aura point à
souffrir du regard de Dieu. Il aura été sin-
cère, et le père du mensonge ne trouvera
rien en lui qu'il puisse revendiquer comme
son œuve et sa part.
Dès lors substituez dans le récit de la
Genèse l'être nommé à la métaphore de son
nom, qu'avcz-vous ? le voici : Or^ Fesprit
mauvais était plus rusé que tous les êtres vi"
rants de la terre que le Seigneur Dieu avait
faits^ et il dit à la femme : Pourquoi Dieu ne
vous c^t'il pas permis 'de manger de tout arbre
du paradis?... Et Vesprit mauvais dit encore
à la femme : Vous ne mourrez point t mais
Dieu sait qu^ au jour où vous aurez mangé de
Varbre , vos yeux s'ouvriront^ et vous serez
comme des dieux ^ sachant le bien et le mal...
Et Dieu dit à F esprit mauvais : Parce que tu
as fait cela, tu es maudit entre tous les êtres
vivants et les bêles de la terre; tu ramperas
sur ta poitrine^ et tu mangeras la terre tous
les jours de ta vie ; je mettrai une inimitié
entre toi et la femme^ entre sa race et ta race^
elle Cécrasera la tête et lu lui tendras des em-
bûches par derrière (W7j. Y a-t-il rien de
plus simple et de plus naturel que ce récit?
La seule expression obscure qui y substitue
celle de ramper sur la poitrine et de manger
la terre , est une conséquence du nom mé-
taphorique imposé à l'esprit déchu, et si-
gnifie la bassesse du rôle auquel il est désor-
mais condamné à l'égard de l'homme, loin
de la région snblime qu'il habitait autrefois.
Quelle que soit l'interprétation, il faut bien
l'entendre ainsi, puisque le châtiment est
évidemment imposé au tentateur et non pas
à la forme dont on suppose qu'il se serait
revêtu. Du reste, vous avez de cette histoire
un autre commentateur que moi. Quand
l'apôtre des dernières visions, le prophète
bien-aimé du Christ, celui qui avait lu l'a-
venrr dans la poitrine de son mattre avant de
le lire à Pathmos, quand saint Jean eut vu eu
révélation la lutte suprêuie du bien et du mal,
(477) Gen. m, i cl suiv.
il en termina ainsi la sanglante description:
Et projeclus est draco ille magntu, serpent
antiquusy quivocatur diabolus et Satanasani
seducit universum orbem. — Et fut jeté bat
ce grand dragon^ Vantique serpent quieti
appelé le diable et Satan, et qui séduit (oui
runivers {W7*), Aux deux extrémités de la
Bible, dans la Genèse et dans l'Apocalypse,
au commencement et à la fin du draine de
riiumanité, l'esprit de ténèbres apparat! sous
le signe du serpent» et le prophète, comme
s'il en eût reçu la mission spéciale, a soin de
nous expliquer que c'est le serpent antique,
celui qui est appelé d'autres noms, qui tous
ensemble désignent la même personnalité
en exprimant la même perversité.
§11.
Eclaircissemeiits.— Avona-noo^ commis perMoiieHaiieit
la faute de noUre premier père Y «- Sort deseii&iii
morts sans baptême.
Écartons d'abord les idées puériles que
l'ignorance se forme au sujet du péché ori-
ginel. On se persuade que, d'après rensei-
gnement de l'Eglise, tout homme qui vient
au monde a commis t>crsonuellement la
faute dont le père du genre humain sesl
rendu coupable : c'est là tout ensemble une
démence et une hérésie. Pour que nous
eussions commis en iiersonne, par voie do
perpétration ou de comidicité, la faute ada-
mique, il faudrait de deux choses Inoe, ou
que la personne d'Adam eût élé la iiôin*, ^n
que l'acte même de sa rébelliou nouseûiéié
transmis. L'une et l'autre de ces supv«fv-
tionssont absurdes. D'une part, la personna-
lité est incommunicable, nul n'étant soi que
soi-même; et, d'une autre part, les actes soûl
intransmissibles, parce qu'ils sont d'une m-
catholique a toujours distingué nettement
le péché originel du péché personnel, leur
donnant des noms divers p(^ur que la fan e
du langage imprimât dans les esprits la di-
versité de leur essence. Le péché person-
nel est celui dont l'homme vivant, et avant
conscience de lui-même et de Dieu, a volon-
tairement posé l'acte; le péché originel est
le péché dAdam transmis a tous par fa pro-
pagation de la vie. — Peccatum Àdœ propa-
gatione transfusum omnibus : ce sont les ei-
pressions du concile de Trente. Remarquez-
en la propriété. Le concile définit le péché
originel en l'appelant Te péché d^Adarn; il ne
l'attribue pas à chacun de nous |Nir voie île
perpétration ou de complicité, mais par voie
de propagation : or, si nous en eussions
})Osé l'acte, si nous en étions les auteurs ou
les complices, tous ces termes manqueraient
d'exactitude.
Faites une autre remaraue. Vous avez vu
baptiser des hommes adultes, et vous stkYei
que le baptême, dans la doctrine catholique,
a pour but et pour effet <le purifier l'Ame du
)eché originel. Or, le |»rêtre, en versant
'eau sainte sur le front du coupable béré*
(477*) ApocatypsCf xii, 9.
I
m
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
506
dîtaire, loi a-t-îl jamais demandé s*il se re-
peolait de celle faute ? Non : è tout autre
uécheor cette question est posée, elle ne
l'est pas i celui-ci. Pourauoi donc, s*il en
était fauteur ou le complice, s'il en avait
['fodait lacle, si cet acte lui était personnel ?
Ce n'est pas tout. Le crime mérite châti-
ment, et dans la doctrine de l'Eglise il mé-
rile un clifttiment éternel, si l'homme ne l'a
jiiMQt ré|iaré avant d'èlre appelé devant Dieu
l<ar la mort. DUcedUe a me, maledictû i^
ifnem œiemum; — Allez , maudits 9 au feu
etemtl (i78) : Toilà quelle est dans l'Evan-
gîiela formule suprême de la condamnation.
Par elle, le pécheur opiniâtre est à jamais
séparé de la présence de Dieu, qui est le
preaiier et le dernier besoin de sa nature ,
ri le supplice qui résulte pour lui de cette
irrémédiable privation est consommé dans
son corps uar une souffrance inférieure ,
mais terrible cependant* Or, tel n'est point
\t serf qae la doctrine catholique assigne
aoi âmes qui meurent chargées de la seule
îiste originelle. Saint Au^stin, le plus dur
des dodenrs en cette matière, dit expressé-
mi'at que la peine du péché de naissance
e>U% moindre de toutes les peines. Levissi"
m»o«MMi pœnam, £t saint Thomas d'A-
quio, ontrejiassant cette pensée déjà si hé-
Dîgne, enseigne que les entants morts sans
bii4émf^ avant toute autre culpabilité que
relie qu'ils ont héritée d'Adam, ne souffrent
01 h iieine intellisible attachée à la priva-
tion de Dieu , ni la peine sensible qui est
dans les damnés la compagne inséparable de
<e[ie-Iâ. Ils sont loin de Dieu, sans doute,
piiis'|u*ils n'ont pas reçu la semence de l'in-
601 par le don de la grâce ; mais f)récisément
;«rce qu'il ne l'ont pas reçue, ils ne souf-
frent (las de la privation qui en est la con-
séquence; ils vivent dans la sphère des
choses finies, image parfaite de la bonté de
Dieu, mais image qui leur suffit, parce qu'ils
De se sentent point ap|)elés nlus haut. Leur
corps, sans être transfiguré, n'est pas non
|ilus soumis à la douleur ; ils y habitent en
fiaii, sous un vêtement qui n'est point celui
«fe la gloire divine, mais qui n'est pas davau-
fa:;e celui d'une ignominie contractée par
d**s *actes personnels de dépravation. Ce
K^Dl des êtres déchus plutôt que tourmcn-
té5« et, pour me servir d'une admirable cx-
r^ression de sainte Bri>;iUe, iU sont plus près
de la miséricorde de Dieu que de sa justice.
Encore n'est-ce pas là tout ce que la théo-
logie calbolîque peroiet à ses docteurs au
Mi)et de ces âmes, que Virgile lui-même ,
«Uns un vers Cameui, avait rencontrées au
*^aîl infranchissable de réleriietle félicité,
il en e:>t qui ont aflirmé que les enfants
norts sans baptême |)ai viennent à la per-
Cr.'tîon de liéatitude que la nature peut don-
Qtr. Le cardinal Cajetan et le cardinal Sfon-
«irate ont été de cet avis, aussi bien que le
f<ameux Jérôme Savonarole dans son traité
de la vérUé de la foi.
Que conclure ue là, sinon que le péché
originel diffère autant du péché personnel
que la peine de l'un diffère de la peine de
1 autre. C'est la peine qui est la mesure du
péché, et là où elle est incomparablement
moindre, pour ne pas dire tout à lait di-
diverse, le péché aussi est à la fois et moin-
dre et divers? Donc, nous n'avons point
commis Tacte d'Adam, il ne nous a pas été
transmis, il ne nous est imputable ni par
voie de perpétration , ni |>ar voie de com-
plicité.
Ce pas fait, nous avons écarté l'absurde ,
mais nous n'avons pas pénétré dans l'in-
térieur du mystère i>our nous en rendre
raison.
iiil.
CoDsidéralioDS sar la iraasmisBioo svbsfaDlielle de la
chute primilive. — Elfel de Tacle mauvais sur l'âmr,
—^ir le corps. — De la phrénologie au point de vue
de la théologie.
Les actes élant intransmissibles de leur
nature, si le péché n*était qu'un acte, il
mourrait avec lui-même, et il n'en resterait
rien que le souvenir dans la mémoire du
coupable et dans la mémoire de Dieu. Mais
il n en. est pas ainsi. Tout acte, bon ou mau-
vais, produit dans l'homme qui en a été l'au-
teur, pour ne parler que de l'homme, un
état permanent qui affecte son âme et son
corps, qui subsiste jusqu'à ce qu il ait été
détruit par une action contraire, et oui» à
cause de la transmission substantielle de
l'homme à sa postérité, est susceptible aussi
de se communiquer avec la vie.
Je dis d'aboni que le péché produit un
état, c'est-à-dire une manière d'être perma-
nente. En eifet, riiomiiie, aussi bien que
toute créature, est substance et action, rien
que cela. L'action sort de la substance dont
elle est l'efCcacité, pour produire un effet
au dehors ; mais elle ne peut eu sortir
qu'en agissant sur elle, comme un volcan
ne fait son éruption qu'en étant la première
victime de sa soudaineté. L'acle est la subs-
tance qui se meut, et la substance ne se
meut pas sans subir son propre mouvement*
sans en garder la trace et comme la cica-
trice. Le mouvement se répètc-t-il, la traco
devient plus profonde, le rrtour de l'acte
plus facile, et si l'acte est mauvais, c*esi-à-
dire contraire aui lois de l'ôire qui l'a com-
mis, la substance est nécessairement atteinte
d'une plus ou moins grave altération. Fairo
mal, c est se faire du mal à soi-même, et il
est impossible de se faire ilu mal à soi-
même sans blesser le fonds d'être qui porta
avec nos actes toute notre personnalité.
L'âme est la première qui ressent jn effel
substantiel de nos mauvaises actions. Sim-^
pie et indivisible dans son essence, elle a
des facultés altérables, l'intelli^^ence, la mé-
moire, la volonté, la sensibilité ; le mal y
édifie des ruines d'autant plus subsistantes
que la nature où il opère est moins prompte
au changement. Sous ses coups redoublés,
rinteiligence perd sa pénétration, la mé-
moire sa vigueur, la volonté sa rectitude, )a
(17?) J/a«A. xxv,4t.
SOT
PEC
DICT10NN.VIRE APOLOGETIQUE.
PEC
m
sensil)ililé son entraînement. Mais (nul
intime que soit cette dénadence, elle n*est
encore que la superGcie du sépulcre que
creuse eu nous le péché. Avant son api>a-
rilion dans notre âme, noire âme était unie
à Dieu : le péché la sépare de cet hôte ja-
loux qui, en se retirant, la laisse pauvre et
vide, tel que serait l'Océan si les eaux se
tarissaient dans ses profondeurs. Sans doute
l'Ame demeure raisonnable, mais elle cesse
d'être divine, elle n a plus avec Dieu qu'un
rapport indirect, qui la livre aux seules
forces d'une nature flnie et détournée de sa
vocation. Aucune ruine ne saurait èlrc
comparée à celle-là. £n tout ce qui périt et
s'altère, la perte ou le 'changement n'est
que de peu ; la mort n'est qu'une décom-
position d'éléments bornés qui se retrou-
vent sous d*autres formes et se rajeunissent
au sein même de la destruction. Ici, la raine
est inGnie, et rien ne sort d'elle qu'un
anéantissement de plus en plus profond, à
moins que Dieu ne retourne à cette Ame
perdue et ne lui rende avec sa présence le
Î;erme efficace de l'éternité. C'est pourquoi
a théologie catholique appelle le péché la
mort de làme^ expression sublime qui peint
adroiral^lement l'état de cette substance im-
mortelle de sa nature, et qui cependant, nar
la retraite de Dieu, tombe tellement au-<ies-
sous de ses besoins, de ses droits, de ses
vertus et de sa destinée, que sa vie même
jevient une mort, et la persévérance de
celte vie une mort éternelle.
Aiusi, tout rapide que soit le péché, om-
bre fugitive et déjà oubliée, il a fait à l'Ame
nne blessure qui ne passe pas avec lui.
L'acte n'est plus, l'état qui en est la suite
persévère, état dMnjustice et de privation ;
djinjustice à l'égard de Dieu relégué loin
d'une créature qu'il avait faite par amour,
de privation pour l'âme séparée de celui
qui est le principe unique de sa perfection
et de sa félicité.
Mais Thomme n'est pas seulement un être
spirituel ; il renferme dans sa personnalité
un corps qui ne lui est pas plus étran-
Per çjue son Ame. Que devient le corps sous
action du péché? Y reste-t-il insensible?
N'en reçoil-il aucun contre-coup qui en
altère substantiellement les organes, et
qui le rende à la fois complice et victime
Iiermanente des désordres de la volonté ?
ci, la science humaine répond pour nous.
Elle nous apprend que l'esprit et le cor|iS
rivent d'une communion perpétuelle et se
renvoient réciproquement l'ctrct de leurs
actes, ou plutôt qu'ils les produisent en-
i»emble par un concours où 1 initiative et la
1|rinci|)ale puissance appartiennent tantôt à
*un, tanlAt à l'autre des deux acteurs. Dans
)e mystère du péché, quelquefois les sons
présentent à l'âme un objet qui ne la tou*
obérait point sans eux, et l'unissant à leur
convoitise, ils la souillent d'imaginations
et de désirs auxauels son essence est étran-
gère et succombe pourtant. D'autres fois,
079) l^om, vu, 17; Jonii. vni, 54.
c'est l'âme oui éveille dans son sein d^s
passions intelligibles, telles que Tor^ueil,
et qui ensuite appelle les sens au i^rtage
des voluptés Qu'ils ne connaissent point.
Dans l'un et 1 autre cas, le corps conserTe
la trace de l'ébranlement qu'a subi la per-
sonnalité tout entière de I homme; la riiâir,
au plus profond de ses replis, Ci^çoit du pé-
ché des stigmates invisibles qui se traduisiut
ensuite dans les traits du visage et y com-
posent cette physionomie honteuse, accusa-
trice, incorruptible et publique des secrets
de la conscience. £n ces derniers temps, la
spéculation scientitique ne s'est pas coHtcn-
tee de démontrer les rapports généraux tfd
physique avec le niora/, pour me servir ilc
ses propres expressions; elle a voulu péné-
trer plus avant et surprendre la nature au
siège uiême où s'opère la suprême renron-
trc de l'âme avec le corps. Comme le cer-
veau est le sommet incontestable de notre
organisation extérieure, et que, de lut, |iar-
tent tous les fils moteurs de notre aclifiié,
en même temps qu'y reviennent toutes les
impressions rapportées du dehors par les
sens, il s'est trouvé des esprits qui ont ex-
ploré l'enveloppe oi!i repose cet organe sou-
verain, et ont cru y reconnaître, à des signes
infaillibles, l'aclion du bien et du mal. On
peut abuser de cette découverte, si c'en
est une, et la tourner au profit du matéria-
lisme et du fatalisme ; mais il est aisé Je la
ramener à des termes chrétiens» et loin qio
la théologie ait lieu de la repousser , elle a
toujours cru, d'une manière générale,^ ce
résultat de l'influence réciproque de Tâme
et du corps. Soit que les sillons creu^és
dans la chair par le péché alK>utissent fina-
lement au cerveau et y laissent leur aclite
empreinte, soit que leurs vestiges se défio-
sent ailleurs ou partout, le fait est en lui-
même inévitable et certain. L'homme e^l
un, et tous ses actes, émanés ensemble de
sa double nature, ébranlent substantielle-
ment Tune et l'autre du même coup. Qai
pourrait le nier, après avoir coRi|)aré la
physionomie de l'homme de bien et de
l'homme de péché ? Quel observateur, même
superficiel, ne devine au moins les grands
coupables et les grands saints? D'ingenieoi
esprits, aidés de l'histoire, ont décomposé
les traits dont le mélange forme les innom-
lirables variétés de la figure humaine, et ils
ont rendu sensibles à l'œil le plus Tulgalrf,
dans des ligues saisissantes, toutes les
nuances du crime et de la vertu.
Vous croyez que c'est peu de chose, le
péché 1 Un désir et un instant, dites-vous,
qu'est-ce que cela 1 Ah 1 qu'est-ce que cela I
Le désir passe, l'instant s'évanouit, mais
l'abîme est fait. Lepéché habite en vous (WJ\
selon la terrible expression de saint Paul:
Il lient Dieu loin devotre âme, il corrompt
vos facultés intelligibles, il donnée ^olre
chair sa forme, il est plus que votre hôte, il
est votre dominateur, selon cette antre pa-
role de Jésus-Christ lui-u.ôme : Quiconque
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
510
arcùWÊpUt le péché est Vesciate du péché.
Vous ne TOUS possédez plus, vous ^tes pos-
séfiés par un autre, el cet autre, c'est une
faim contraire è votre raison, une faim d'ani-
oial qui vous pousse hors de vous, à la bauge
et à la fange. Aussi toute l'antiquité, d'ac-
cord en cela avec le christianisme, disait
qu'ii o j avait ici-bas qu'un homme libre,
savoir : Tbomme de bien. L*homme de bien
lai seul n'a point de matire, parce qu'il
n obéit qa*à la justice et h la vérité.
Je ne veux pas dire que le péché ravit k
lliomme Tusage du libre arbitre, et le ré-
«iuit à on état de servitude complet ; non,
le libre arbitre n'est pas détruit dans l'hom-
me pécheur, il n'est qu'affaibli el incliné.
Mais cet affaiblissement et cette inclinaison
suffisent pour lui ôter la pleine jouissance
•!e son âme et la sainte indépendance d*un
entant de Dieu. Affranchi de Dieu, il sert
quelque d)ose qui n'est pas même sou
corps, mais un instinct dépravé, issu de la
corruption réciproque des sens par l'esprit,
et de l'esprit par les sens, et qui demeure
eo lai souvent plus fort que lui, jusqu'à ce
qae IHeu fasse descendre au fond de cet
iblme an rajon de sa lumière et un couj»
<ie sa vertu.
Inl et rhércéné ou de la traosmissibflil^ dans Tondre
iM> dans l'ordre moral. — Poarqaoi Oieo
âme pure dam un corps soOilté?
Soft donc que nous considérions l'homme
dans sa partie supérieure et pensante, soit
goe nous le considérions dans sa partie in*
krieure et organique, ou même dans l'unité
^mpleie de son indivisible personnalité,
en haut, en bas et au centre nous j trou-
Toos le fléché sous un mode permanent, at-
taché à ses os, rongeant sa substance et
Pétrissant sa vie. Cela posé, un tel état qui
e<t lelat de péché, est-il héréditairement
transmissîlile avec les privations et les al-
térations qni l'affectent substantiellement.
Or, q^i pourrait le mettre en doute? L'hom-
me n est pas un être sans aïeux et sans pos-
térité ; il vient de (jIus loin que ses propres
années, et se survit h lui-même dans de
longue» générations. A la différence deTes-
prit pur, qui n'a que Dieu avant et après
lui, rhomtne doit au corps dont il est re-
vêtu rinappréciablo privilège de se perpé-
toer dans une race illimitée par la transmis-
sion de son sang, de sa forme et de sa vie. Il
transmet son saujj personnel, celui qu'il a
niulé dans ses veines en lui communiquant
i'ardeur de son âme, et non pas un sang
vague et indéterminé, qni ne serait pas plus
le $if»n que celui d'un autre, et qui, appar-
if'nant à tons, serait incapable de lui don-
ner un lils, son propre O'ivrage et sa vraie
foniinnation. Si à ne considérer que la ma-
tière brute, le sang est uniforme, ce que
/ignore, et ce dont je ne me soucie pas, il
§en faut bien qu'il en soit ainsi moralement.
Tout homme, par le sentiment habituel qui
l'anime, soniHe ou purifie le flot qui coule
en lui, et en fait une liqueur vile ou géné-
reuse, capable d'une race puissante ou mé-
prisable. Le sang, modifié par l'Ame, modi-
fie à son tour la forme org^inique du corps,
et l'honime, en vertu de sa faculté propaga-
trice, communique à sa postérité cette foriuo
intérieure d'où jaillit la physionomie, et
d'oi!k sort la facilité du vice ou de la vertu.
C est cette forme qui constitue proprement
la race, et qui donne è chaque famille et à
chaque peuple ses goûts, son caractère, son
histoire et son Identité. Le fils est l'image
du père par cette communication de la forme,
et les enfants d'un même père dans toute la
suite des siècles, se renvoient cette image
primitivement unique qui fait leur patri-
moine et leur parenté. Patrimoine impuis-
sant toutefois, parenté stérile, si la vie ne
pénétrait ces éléments profonds, la vie même
du père qui se poursuit au dehors de son
sein, et qui lui rend dans d'autres entrailles
le battement de son propre cœur. Entendez,
entendez ces mystères : ce sont eux qui tout
l'huinanité. Sans eux, l'homme existerait
peut-être, mais non pas l'humanité. L'hu-
manité est un tronc unique qui a fleuri dans
la main de Dieu , son premier | ère, qui a
poussé des rameaux sous toute retendue du
ciel, mais des rameaux qui ne perdent ja-
mais le sang et la forme de la vie de la sou-
che patriarcale, où tous, morts et vivants,
anciens et nouveaux, puisent leur ressem-
blance et leur unité.
Est-ce là tout? L'âme n'a-t-elle rien à faire
dans la perpétuité du genre humain ? Tout
ce mystère est-il un mystère de fange orga-
nisée coulant dans un moule qui ne change
et ne s'use pas ? Oh I non, croyez-en vos
pressentiments. Pâme n'est pas étrangère
ici ; car l'âme est la grande chose de l'hom-
me, et sans doute elle entre [K>ur une pan
dans la constitution de Tliumanité. Mais
quoi 1 l'âme n'esl-elle pas une substamn;
simple, indivisible, et par conséquent in-
transmissible ? Oui, j'en conviens, el cepen-
dant le fils ne pourrait être étranger au père
par son âme sans penire sa ressemblance
avec lui et sans donner li la paternité un
caractère purement extérieur et animal. 1^
père n'est père que par ce qu'il engendre
une personne humaine, composée de père
et d'âme, et qui le c«)ntinue par une res-
semblance prise des deux côtés de cette
double nature. C'est pourquoi, dans l'œuvre
de la |>erpétuilé, riiorame ne transmet pas
seulement sa substance matérielle, il a reçu
de Dieu un pouvoir plus haut : être créé et
incapable de créer à son tour, il ]iénètre
par son vouloir jusqu'à la toute-puissance
créatrice, et en vertu de la loi qui a fait de
la paternité une partie de son essence, il
somme Dieu plutôt qu'il ne le sollicite do
produire une âme et de l'unir au corps qui
doit perpétuer son sang, sa forme, sa vie, et
lui donner, avec le concours de l'âme, le
glorieux et doux nom de père. Dieu obéit ;
un souffle descend sur le limon obscur qui
est déjà l'homme et qui ne Test pas encore;
511
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE,
PEC
51^
qui Test par la disposition de ses éléments,
qui ne Test pas encore» |iarce qu'il y manque
un esprit capable de connaître et d'aimer.
Ce souffle est celui*Ià même qui anima le
premier homme ; il roconnait celte vieille
terre préparée autrefois de la main de Dieu»
il y verse avec amour et respect une Ame
3U1 n'était pas tout h l'heure une Ame née
e la volonté de Dieu» pure» sans tache»
vierge, ne portant en elle qu'une image» qui
est celle de Djeu. Mais tandis qu'autrefois
le timon primordial était pur lui-même et
sans aucun droit ni pouvoir de paternité,
ici TAme rencontre deux forces auxquelles
il lui faut se plier : la force organique et
assimilatrice du père et la force corruptrice
du péché. Elle entre dans le moule paternel,
affaibli et vicié par l'absence de la grAce
divine, par l'altération du sang, par la dé-
génération de la formel par la pauvreté de
la vie, et là, victime involontaire et qui ne
se connaît pas encore, elle reçoit 1 image
de Thomme déchu et en continue la tra-
dition.
On a demandé souvent pourquoi Dieu en-
voyait une Ame pure dans un corps souillé
parle péché. Pourquoi? vous venez de le
voir. Ce n'est pas Dieu qui envoie les Ames,
c'est vous qui les évoquez. C'est vous, hom-
mes doués d'une vie transmissible, investis
du droit auguste de la paternité, c'est vous
qui, sur l'ordre de votre chair» appelez les
esprits à vous et les forcez de recevoir avec
votre image la honte et la gloire d'être votre
postérité. Si cette puissance vous eût été
retirée, c'eût été l'arrêt de mort du genre
humain. Dieu» qui voulait sauver l'huma-
nité, vous a laissé la vie dans sa plénitude »
il a maintenu la loi de la transmission hé-
réditaire, sans laquelle, demeurés au néant,
vous n'interpelleriez pas sa justice et sa
sagesse, et, accomplissant de sa part tout ce
qu il avait proniis, il permet à votre misère
de souiller les Ames qu*ilcrée pour vous, et
à votre ingratitude de le blasphémer pour
le mal dont vous êtes les auteurs.
IV.
Commenl îliumaoUé estreUe foupoble et pourquoi piiniA
d une faute qui De lui est pas personnelle? — Loi de
la solidarllé, -^ entre Tànie et le coriis, — dans les fa-
milles, — dans les naUoiis, — dans rliumanité.
Si je ne me trompe, j'ai prouvé deux
choses, la première, ()ue le p('*ché produit
dans l'hoiiimeunétat permanent de désordre
qui afToce son Ame et son corps substan-
tiellement; la seconde , que cet étal de dé-
sordre e>t hércditai renient transmissible
d'une manière physiolojjique , c'est - à -
dire, comme une maladie, en vertu des
lois générales qui régissent l'Ame et le
corps dans l'œuvre de la paternité I C'est
beaucoup déjà, et pourtant ce n'est pas tout,
car cette maladie clu péché, elle est imputée
h la viclime qui la reçoit sans le vouloir,
3 ni la subit comme une condition nécessaire
e sa naissance, sans qu'il ait dépendu
d'elle d'y donner ou d'y refuser son consen-
tement : comment cela peut-il ôireî Ceni-
ment, aux yeux de la souveraine juslke,
l'homme déchu est-il autre chose qu^unèire
malheureux? Il a perdu Dieu par le crime
de son premier père, on le conçoit : Dieo,
qui s'était donné gratuitement, a pu se re-
tirer gratuitement de la race d'un con|ial)ic
et l'abandonner aux effets persévéranlsd'une
corruption qui ne venait pas de lui. Mi
appeler cette race elle-même couiwble, lui
imputer sa misère à crime et sa perle i
chAtiment , voili qui confond notre cœurld
que Dieu lui-même Ta fait. Il est vrai, vous
nous l'avez dit , le péché originel n*est [las
{mni dans la postérité d'Adam comme une
àute personnelle, il s*en faut bien, \m
enfin, il est puni. Pourquoi? A quel litre?
C'est une simple privation, nous avez-roiis
dit encore , et même une privation qui n'ei>
traîne aucune douleur de l'Ame, parce qat
l'Ame , n'ayant pas reçu la semence du bieo
éternel , est incapable de connaître et de
ressentir ce qu'elle a perdu. Oui, mais ce-
pendant c'est une peine , et c'est h cau^e
d'une faute que Dieu tient éloignés de lui les
enfants qu*il avait faits pour lui. Comiueni
cette faute retombe^t-elle , si peu que ce
soit, sur toute l'humanité?
Je ne puis vous répondre que par on seul
mot, mot célèbre, sans lequel il est impas-
sible d'entendre l'histoire de l'horDoeel sa
f)ropre justice , mot qui est de toutes les
an^ues, et que voici : solidarité. Que teul-
il dire? Il veut dire nécessairement quelque
chose, et quelque chose de vrai, sans quoi
il n'existerait pas. La solidarité, telle que
le ^enre humain l'a toujours conjiue et com-
prise, est une communauté de mérite et de
démérite, de gloire et de honte, entre des
êtres liés ensemble par un principe d*unilé.
Partout où il y a unité il y a communauté
morale» et la communauté morale n'est pas
autre chose que la solidarité. Ainsi, entre
l'Ame et le corps, si différents qu'ils soieut,
il existe un lien qui fait de l'un et de l'autre
une seule personne. Eh bien! le corps,
quoiaue incapable de bien et de mal, et par
conséquent de responsabilité, est cependant
comptable des actes libres de l'Ame» etii oe
s'est oas rencontré de législateur asseiio-
sensé pour dire : l'Ame seule est coupable;
l'Ame seule doit être punie-Et ne croyez jws
aue Ton s'attaque au corps par impuissaoce
e s'attaquer directement à l'Ame : uont la
pensée commune n'est pascelle-li.Eofrap'
\\aui le corpsdu coupable, la justice humaine
entend faire un acte juste dans sa totalité,
et non pas un acte qui passe par rinuocent
pour atteindre le criminel. LAineseuie,il
est vrai, conçoit le crime, seule elle je
veut, seule elle le commande; mais m\'
visiblement unie au corps, elle ne conçoit,
ne veut» ne commande et n'exécute qu arec
le corps ; la communauté de vie eni^eniirele
communauté morale; et chaque membre
solidaire de tous ne s*étonnepasquc Içsui^
plice parvienne jusqu'à celui qui n'a pas
commis la faute, mais qui s'y trouve enve-
SIS
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PBC
514
lof»()é |jar one info!nn(airc coopératîoa. Le
tiras a fnppé, la léte en ré|iond , et toute la
terre applaudit au rers du Cid :
Qsaad le bras a fallH, Ton en punit la téie.
De même et mieui encore, an sein de la
famille, il eiisle un principe d'unité qui a
^a source dans la transmission du sang, et
lour conséquence une solidarité d*autant
fins forle que Ton est plus près du tronc
<J'i>ù el!es*épand. Toute famille compte dans
500 patrimoine l'honneur qu'elle a reçu de
««s aîeoi 9 €t cet honneur ombrage la léte
(ie reofani qui vient de naître arant même
quil soit capable de nommer la gloire, en
Dommaot sou ()ère. En vain réclamerez-vous
contre cetle disposition du mérite; en rain
tatrailefez-TOusde préjugé sans fondement,
ie préjugé tous subjuguera vdus-mème, et
loréqult s*agîra d'unir TOtre sang à un autre
«aog, votre race k one autre race, vous
& estimerez rien plus que cet incompréhen-
siUe héritage de rhonneur, comme vous ne
redooterex rien plus que la rencontre d*une
MMiillnre bérédiiaire, fût-ce dilns Tobjet le
f.ûs aimé et le plus digne de Pétre. Je vous
k^iDande* la maiu sur votre cœur, épouse-
riez-foas la fille d'un misérable. Y a-t-il au
moftile «n amour qui vous persuadât de
birtï fMrepostéritéce douloureux présent?
Vues ^miserez le malheur, jamais la honte,
tî ttjùçemeM de votre âme me suffit contre
T*ftn ruson. Votre âme n'a pas tort : le fils
efifesaiig, la vie, Timage, la continuation
dd père; il perftélue, quoique imftarfiiite-
itifiil, la cause qui a fait le mal et trouve
r'fprubre dans le mal.
Vous me direz qae cette condamnation
fi'tfl pas sans relevailles, qu'il j a des eiem-
Hfs d'un retour de l'opinion, et qu'une so-
li^rité de gloire s'est plus d'une fois super-
}fOb6e à Doe solidarité contraire. Oui , et qui
'^ nie? Le mérite personnel peut racheter
le démérite originel, et il n'en est pas du
wéshonnear transmis comme du déshonneur
(|iu vient de nous. La justice humaine, aussi
Uen que la justice divine, distingue aisé-
ment ces nuances et ne se trompe pas sur le
ét^ de responsabilité. Le coupable primitif
est le vrai « le grand coupable , le coupable
kéréditaire, victime du sang qu'il porte , est
noe infortunée prolongation d'autrui, et
Téquilé lui montre de loin la piscine labo-
rieuse où tout grand cœur peut dépouiller
le vieil homme et rajeunir son sang.
Au-dessus de funué de famille et de la
M>lidarité domestique, est une unité plus
«asie qui engendre une solidarité plus pro-
fonde, je veux |jarler des nations. Un peuple
n'eM pas rinforme assemblage de quelques
uiiriades d'hommes ré|<andus sur un même
irrriloire; il est la postérité d'un patriarche
qui , de chef de famille et de conducteur de
iriba, est devenu le |)ère d'une. race nom-
i«reiise et puissante , unie par les lois , les
tiMiurs 9 les institutions , la terre et les sou*
Tt-nirs. Un peuple est une communauté qui
n'a qu'une âme et qu'une histoire. Un peuple
tst uo; îilentique a lui-même dans lo«ite la
suite des siècles ; il agit, selon l'expression
de l'Ecriture, comme un seul homme, met-
tant dans les affaires humaines le poids de
sa masse et de son unité. (Test pourquoi il
est responsable en tant que peuple, et le
r^uple ne commençant ni ne finissant jamais
M ou lel point particulier, sa responsa-
bilité enveloppe toutes les générations qui
le composent et tous les artes qui consti-
tuent l'ensemble de sa vie. En doutez-vous?
Doutez-vous que la France porte dans son
sein la tradition solidaire de tout ce qu'elle
a fait au monde? Doutez-vous ^ue votre
nom de peuple soit une réalité vivante qui
accom|>agne chaoue Français et rappelle en
lui la mémoire des fautes et des vertus de
nos aïeux? Doutez-vous de la grandeur com-
mune qui est en chacun de vous, et ne vous
estimez-vous qu'au |[)Oids de votre mérite
perÂonnel ? Le Romain disait avec orgueil :
Homanuf eiriêsum ego. Vous le dites comme
hii , parce que vous sentez comme lui qu'un
grand peuple habite en vous. Oui , nous re-
vivons dans nos aïeux par le sang qu'ils
nous ont légué, et nos aïeux revivent eu
nous par ce même sang que nous leur de-
vons. Nous étions en Clovis, lorsque, sortis
i\<^s austères foréls de la Germanie , il jetait
au delà du Rhin le regard qui promettait à
sa race la possession des Gaules et la ruine
des Romains. Nous étions en lui lorsqu'il
écoutait Clolilde sous sa tente, lorsqu'il priait
) Tolbiac, lorsqu'il courbait la tête sous la
l)éné<lietion de saint Remr, en recevant le
liaptéme du Christ. Nous étions en Charle-
magne, passant les Alpes pour ven|;er la
papauté outragée et asseoir son indépen-
dance au milieu des nouvelles nations. Nous
traversions la mer avec Fhiii[)pe-Auguste
et saint Louis |iour délivrer le ^aintsépulcre.
Nous étions de la ligue qui défendit notre
antique foi contre les armes de l'hérésie,
et plus récemment encore, on nous a trou-
vés sur l'échafaud où coulait le sang de nos
pères pour .nous conserver le titre et les
droits de chrétiens. Tous ces mérites sont
les nôtres, tous ces souvenirs parlent de
nous-mêmes. Du haut de l'histoire où la
C)stérité les voit, la France apparaît comme
ur cause invisible et subsistante, et du
haut du ciel où Dif^ii l^s récompense, sa
justice ne couronne qu'une âme et ne oro-
clame i|u'un nom.
Ces exemfiles font voir que la solidarité
est une loi générale du monde , et que si les
familles et les nations y sont sujettes, l'hu-
manité tout entière, en la personne d'Adam
qui la contenait et la représentait, a bien
pu en soutenir l'action. De même que chacun
de nous porte les fautes de son sang, comme
membre u'une race et d'un peuple, nous les
|iortons aussi comme partie substantielle
du genre humain , avec cette diOérence que
les solidarités (K>stérieures k la solidarité
primitive sont nécessairement bornées et
imparfaites, tandis que la solilarité pri-
mitive , étant le principe de la responsa-
bilité humaine, surpasse toutes ses filles
en étendue et en jirofondeur. En étendue,
515
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEC
518
car Adam est le seul homme qui ait ren-
fermé en lui tous les hommes , qui leur ait
transmis à tous sans exception son sang» sa
forme et sa vie ; en profondeur, car il est le
seul qui, par sa faute, ait séparé de Dieu le
(;enre humain. Les fautes subséquentes des
lommes , des familles et des peuples , trou-
vent cette séparation accomplie et ne peu-
vent y ajouter qu'une aggravation. Nulle
créature humaine^ sauf Adam, n*est en
droit de se dire : J'ai perdu le monde;
comme nul autre que Jésus-Christ n*e$t en
droit de se dire :J ai sauvé le monde. Adam
a ouvert la série des crimes, Jésus^CbristJa
sériedes grâces el des vertus : chaque homme
ifjoute à ces deux tables des mérites et des
démérites propres, et cireffe des solidarités
secondaires sur la solidarité universelle;
mais aucun n*e$t la souche, aucun n*est le
fleuve, aucun n'est Tunité primordiale d'où
découle la perte ou le salut commun.
Vous voyez donc |)ourquoi la transmis-
sion héréditaire de Tétat de péché à la des-
cendance d*Adam n*est pas seulement un
malheur, mais une certaine ))articipatioa
qui a pour conséquence un degré d*impu-
ta'bilité. Dieu , en considérant le genre nu-
main avant toute réparation, n'y voit pas
seulement un désordre perpétué, il y dé-
couvre encore la cause permanente de ce
désordre, qui est la nature humaine elle-
même issue d*Adam et ne faisant qu*un avec
lui. Cette cause, il est vrai, n'est plus entière;
la personnalité d'Adam y fait début et y
est remplacée par la personnalité de ses
descendants. C'est pourquoi l'état de péché
qu'ils portent en eux ne leur est pas imputé
comme à leur premier père, seule cause
intégrale de la séparation de l'homme avec
Dieu. £n Adam , la peine est tout à la fois
privative elaffliclive; dans sa postérité, elle
n'est plus que privative, sans aucune dou-
leur, ni de l'âme, ni du corps. Dieu se tient
retiré de l'homme qui s'est retiré de lui,
voilà tout.
Que si cette condition des choses vous
semble encore dure, considérez que le don
de Dieu à l'homme était gratuit, surnaturel,
infiniment supérieur à toute espérance
d'uh être créé. Considérez, en second lieu .
humaine, et que, dans le plan de la créa-
tion, elle ne devait entraîner que la com-
munication et la diflusiondu bien. C'est
l'homme qui a corrompu la loi de la solida-
rité et en a fait un instrument de propaga-
tion du mal, cl malgré cette corruption,
1 effet premier de la loi subsiste encore.
Jésus-Christ , le sauveur du monde , s'en
est emparé pour appliquer au genre hu-
main tout entier {¥oy, Uépabation) le mé-
rite expiatoire de sa vie el de sa mort;
si la solidarité nous a perdus, c'est la
solidarité qui nous sauve, et le bien qui
(>i80) Bom. V, 15.
(481) Exod. XX, 5 el 6.
en sort surpasse le mal qui en est le fruit,
C'est pour<iuoi saint Paul ne craint pss de
dire : // n'en est pas du péché commt dt k
grâce. Si beaucoup sont morts par la fautf
a un seul^ combien plus la grâce de Di(u
abonderait-elle en beaucoup dans la gràct
d'un seul autre homme ^ Jésus-Christ (UOJI
Et déjà dans l'ancienne loi , au milieu des
foudres du Sinaï, Dieu disait à sou peuple:
Je suis le Seigneur ton Dieu , le Dieu fort H
jaloux^ ^ui visite F iniquité des pères doM lu
enfants jusqu'à la troisième et quatrième^
ration de ceux qui me haïssent j et qui fan
miséricorde iusqu à la millième généraiûmdt
ceux qui m aiment et qui garSimt me» c^m-
mandements (^81). Paroles mémorables et
(]ui montrent commenty^d'une même loi d\»ù
jaillit le bien et le mal, Dieu sait tirer plus
de satisfaction pour la miséricorde que pour
la justice. (il8^) (Yoy. Mil, Liberté, C«éi-
TION, RÉPARATION, etc.)
§ VI.
BépoQse lux objecUoDs de U. de Lamemnii
« La théorie chrétienne de la transmission
du péché re(K)se, » dit Tauteur de l'fipfiM
d^une philosophie^ « sur rhypolhèsed'unélal
primitif de pierfection impossible en soi, el
manifestement oiiposé à la première loi de
l'univers, la loi Je progression, entertude
laquelle chaque créature, semblable eo re
point à la création tout entière, parcr^urt
successivement, depuis le plus bis degré
d'être ou de bien, les phases du déreloppe-
ment que sa nature comporte, jusauà ce
3u*elle subisse, par la dissolution inevilabie
e son organisme, )a condition de tout ce
qui, limité dans l'espace, l'est nécessaire-
ment dès lors dans le temps (4^). »
La perfection primitive n'est pas impossi-
ble en soi , nous en demandons pardon à Tau-
teur, pourquoi le serait-elle et sous çiuel rap-
port? Répugue-t-il que l'homme soit exempt
de concupiscence et de péché, naturellement
enclin à la vertu, doué de lumières supérieu-
res & celles de notre état présent? Nous n'attri-
buons pas d'autres privilèges à Tâmed^Adani
innocent, il est clair que Dieu a pu les lui ac-
corder. S*étonne-t-onde rimmortalité,deré-
ternelle jeunesse assurée à l'homme, s-'il ne
péchait pas % Qu'y a-t-il encore d'impossible?
Ne sait-on (.^as que les lois du monde phy-
sique sont arbitraires et dépendent de ta
libre institution de Dieu; qu'il ne lui en
coûtait pas plus de faire Thorome immortei
que de le condamner à la mort? « Ce qui
est limité dans l'espace, dit-on, Test néces-
sairement dans le temps. » Limité du cAi^
de Forigine, oui, mais non autrement: il
est nécessaire que Tètre contingent soit
créé, ou qu'il ait un commencement, il Q^
l'est pas qu'il tinisse. Au reste, puisque la
loi de progression est la première loi de
l'univers , Thomme arrivera tôt ou tard i
une perfection au moins égale à celle qix'
nous supposons en Adam; pourquoi Dieu»
i\%\ *) Lacoedaire, 65* coiif.
(482) Esqui$9e d'une philosophie^ I. U,P*^*
Îî7
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGLTIQDE.
PEC
518
n'auraîNl pas pu la lui donner tout d*un
coup sans le faire passer par les degrés in-
fcrieurs?
La loi du mérite par la liberté et Téprcuve
f5t aa moins égale en importance k celle du
{trngrès; Adam a donc dû être libre et pou-
uÂr, abuser de sa liberté. S'il la fait comme
nous le croyons, pourquoi n'aurait-il pas
clé l'oni par la |ierte des avantages attachés
ï réuid'iDOOcence? Quoil la loi de progres-
sion est-elle si importante, que, de peur de
la contrarier, le crime doit rester impuni
yjiis un Dieu juste et ennemi de riniguité I
'jui poorrait le croire? D'ailleurs, la foi de
1 Eglise sur un état primitif plus parfait n*a
ncn de contraire k ta loi de progression; si
AtUiu fût resté fidèle, il aurait, comme s'ex-
prime l'aoteur, parcouru successivement
\m\es les phases du développement que
(.'ufuporte la nature ; par sa chute , il est
luaibé bien bas sans doute ; toutefois rien
A*f TempAche de recommencer de là un
r^yaveau progrès et de monter peu à peu
jusqu'au degré le plus élevé au'ii soit donné
(Tattrindre ; la religion est l instrument de
re r^loor progressif vers l'état premier, pas
antre chose. Que dis-je? l'incarnation et la
luori 4a Fils de Dieu ont fait plus que ré-
|iarer levai : où le péché avait abondé, dit
«aiQi Paul (483), la grâce a été surabon-
fjjnle. » i plusieurs égards uolre état pré-
M0< est inférieur à Tétai primitif, cela est
^rji : mais en somme et par la miséricorde
ijÎTÎoe, il vaut mieux , il constitue un pto-
pt5 rentable.
La loi de progression, telle que l'entend
JU. de Lamennais , est une chimère, mais
une diiiuèf e à laquelle on attache le plus
traod prix , et nous en savons bien la rai-
viQ : on voudrait s'en faire une arme de
w'ts^iruction contre toutes les religions posi-
t<re^, el s'en servir en particulier pour
anéantir le dogme des peines de l'autre vie.
Mzï^ ooiumedans celte entreprise on se met
*-ii opposition avec la foi du genre hu-
u:ain, i^mme un contredit les notions
1^ plus claires des attributs de Dieu et
tir la liberté de l'homme, il faudrait au
Tboins, pour se donner une apparence de
raison, nous montrer la loi de progression
^itrn établie sur la terre, en y régnant sans
ronte^tation. On le tenterait vainement,
s'il V a dans le monde une loi universelle,
^ao^ exception, cest moins la loi du progrès
querelle de la déchéance ; ou plutôt pour
nire la vérité, elles y existent toutes deux ,
•îe telle sorte cependant que la décadence
•^t une suite nécessaire de la constitution
!iivrale de Thonime, et le progrès un effet
tLJra^-uleux de la providence de Dieu. Com-
ment en serait-il autrement? Rien ne parait
auisi inconciliable avec la nature humaine
'}09 le progrès, et cependant le progrès
rtiste dans le monde. Noire suiet nous
aîtiêne naturellement à prouver, rliistoire
a la main, Texislence de ce double fait,
l/élal des sauvages, des nègres, des ha-
bitants de la Polynésie, de tous les peuples
enfin étrangers à noire sainte religion,
prouve assez que l'homme abandonné a lui-
même, déchoit nécessairement; le sort des
nations civilisées concourt k la même dé-
tutions les plus vantées, les lois les plus sa-
ges peuvent à peine rendre plus lente une
décadence inévitable ; ces lois, ces institu-
tions dégénèrent h leur tour, car, tout ce qui
est humain |K>rte en soi un princi|»e de dé-
périssement et de mort. Le christianisme,
lui-même, n'a pu nous mettre k l'abri de
cette insurmontable nécessilé : tant elle pèse
cruellement sur les enfants d*Adaml L'afiTai-
blissement progressif de la discipline et des
mœurs est un fait visible, on le remarque
dans le clergé, dans les corps religieux
comme dans le peuple; chez les nations les
plus chrétiennes, la société civile el la so-
ciété religieuse sont travaillées de cette ma-
ladie. Au commencement les institutions,
combinées d'après les mœurs et les besoins
du 'temps, sont d'ordinaire assez fortes pout*
maintenir l'accord nécessaire entre les gou-
vernants el les gouvernés ; plus tard , par
l'effet de la décadence des mœurs publiques,
elles deviennent trop faibles, les liens se
relâchent, un malaise, un trouble se fait
sentir dans le corps social , et après d'assez
longues souffrances arrivent les crises et
les t)Ouleversements.
Le christianisme diffère des autres reli-
gions en ce qu'il |K>ssède un principe de
vie, une énergie intime, qui non-seulement
arrête le cours de la dégénération, mais qui
ramène les vertus premières au sein d'une
société corrompue. Evidemment de toutes
les institutions existant sur la terre, le chris-
tianisme est la plus forte contre l'action du
tem{is. Or, sur quels principes fondés et
par quels moyens le christianisme rend-il
d'abord la décadence moins rapide , et fait-
il ensuite remonter la société au point où
la déchéance a commencé? Agit-il confor-
mément k la doctrine du progrès? Nulle-
ment, il suppose partout la déchéance, la
déchéance continue, un penchant au mal
qui doit être combattu sans relâche, qu'il
combat en effet |)ar toutes les forces dont il
dispose; et ces forces sont immenses, l'ex-
périence l'a démontré.
Certes, les fondateurs d'ordres religieux
connaissaient le cœur humain, ils avaient
étudié à fond le grand art de conduire les
hommes ; que trouve-t-on dans les règles
dont ils ont comi)Osé Tobservaiion k leurs
disciples? Partout des précautions, partout
des entraves; une succession d'exercices
qui ne laissent pas le religieux un seul mo-
ment è lui-même; les vœux de pauvreté,
de chasteté, d'obéissance, qui le retiennent
sur la pente du mal comme par des chaî-
nes invincibles; ajoutez les graves médita-
tions la solitude, le silence, le travail, la
li8ô)RMi.v,20.
M9
PEC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
PEC
530
niorliQcalion des sens* de l*esprU et du
(*œur, la surveiliance rigoureuse des chefs»
leur allenlioD à contrarier la volonté en tou-
tes choses. Cepeu Jant, malgré tant de nré-
servaliis, le relflchcment s'introduit à la lon-
gue, il faut enfin des remèdes extraordi-
naires |)Our arrêter le cours du mal et rap-
peler la ferveur des premiers jours de Tins-
tilution. Aui époques les plus glorieuses
de la durée de ces écoles de sagesse, quels
hommes se sont distingués entre tous les au-
tres par rtiéroïsme de leurs vertus? Ceux
qui ont encore encliéri sur Taustérité de la
règle, ceux qui, se regardant comme les
plus faibles des hommes, ont montré jus-
(|u*à leur deraiëre heure une crainte près-»
que exagérée d'eux-mêmes, une vigilanee,
une attention toujours soutenues. Tous les
grands corps ont compté quelques-uns de
ces illustres personnages, auxquels l'Ëglise
a érigé des autels ; Tinitialion fidèle de leurs
exemples a élevé jusqu*au ciel la gloire des
ordres monastiques; Tabandon de leurs
maximes a été le signal de la décadence, du
dépérissement et de la mort.
Oh I que la plaie de Thumanité est pro-
fonde! C'en serait fait depuis longtem|)s de
la vérité et de la vertu sur la terre, si, au
moment où tout allait s'abîmer comme dans
un gouQ're, Dieu n'eût tout sauvé par une
intervention miraculeuse de sa providence.
Où en serions-nous aujourd'hui sans le dé-
luge, la révélation de Moïse et la prédication
des apôtres? Où allons-nous en ce moment?
Que présage une dépravation d'esprit et de
cœur toujours croissante? A quoi faut-il
s*attendre, si Dieu, par les moyens qui lui
sont connus, n'opère pas bientôt dans la so«
ciété une rénovation radicaie?
Mais la Providence ne se contente pas de
soutenir l'humanité sur le penchant de sa
ruine, elle la fait toujours remonter plus
haut que le point d où elle était descendue.
Ainsi la loi de Moïse est l»Ius parfaite que
Ia première loi donnée à Vhomme ; l'Evan-
gile est au-dessus de l'Ancien Testament,
et, nous n'en doutons pas, Tépoque à la-
quelle nous touchons peut-être, sera plus
glorieuse |K>ur le christianisme que toutes
celles qui ont précédé. Après avoir long-
temps décliné, la vérité s'est développée k
à travers les Ages par de brusques secous-
ses, pour ainsi dire, semblable à un flam-
beau qui se rallume et devient plus brillant
au moment où il allait s'éteindre. Oui, ces
deux choses sont également prouvées par
Texpérience des siècles. L'humanité des-
cend par son propre poids; cependant Dieu
a su, en laissant subsister la loi delà dé-
chéance, faire suivre à la société une pro-
gression ascendante dont le terme n'est pas
encore connu. Laconsé(|uence est évidente:
le doçme du péché originel et celui de la
réhabilitation sont d'accord avec les lois et
les faits de l'humanité.
Continuons à citer M. de Lamennais {h8h)i
« L*liëréditaire transmission <lu péché ren-
(484) Esquiise. l. Il, p. 58,
ferme, dit-il, une contradiction absolue
Qu'est-ce que le péché dans sa cause mo-
rale? Une volonté mauvaise ou désordon-
née. Qu'est-ce que la volonté? L'acte propre
du moi dans un être individuel, intelligent,
ou l'individualité elle-même, en tant qu'ac-
tive et intelligente. Iji volonté est donc,
comme l'individualité, essentiellemenl in*
communicable : le péché est donc incomnia-
nicable également. Kn outre, il implique
la liberté qui, dérivant de Tin tell igeiice,
n'apparatt qu'avec elle. A?ant qu'elle exîMe,
le péché n'est donc pas possible; et quand il
existe, il n*est que l'abus qu'on en fait.
« Le péché d'ailleurs est, ou ua acte de li
volonté, ou un état déterminé par un acle
de la volonté, ou l'un et l'autre ensemble.
Comment pourrait-il ,v avoir iW^cbé avaot
qu'il y ait ni acte de la Volonté, ni Tolomé!»
L'auteur ajoute (M^) : « En supposant
que l'humanité a néciié dans le premier
homme qui la reniermait ; que, coupable
comme lui, elle a dû être condamnée eofnroe
lui; que des millions d'êtres hamains ont
été dès lors, avant de natlre, destinés en cette
vie h d'innombrables misères, et dans une
vie ultérieurs à ime éternité de tourments,
on a tout à la fois renversé les notions fon-
damentales des choses, et cho^jué, au fooil
de la conscience, le sentiment inné du iuste
et de riiyuste, lequel répugne invincible-
ment à cette solidarité de faute etdecMli-
ment aussi bien qu'à l'éternité deeelui-ci;
car l'éternité du châtiment implique l'éter-
nité du crime, et aboutit logiquetûeni à
l'hypothèse de deux ))rincipe5 coéteraels
et indépendants. »
La plu|)art des objections contre le dogme
du péché orisinol roulent sur une double
é(]uivoque relative aux termes de péché et
de punition. On raisonne sur le premier
comme si, d'après la doctrine, l'homme nais-
sait coupable de In faute d'Adam, de la même
manière que s'il l'avait commise; ei sur le
second, comme si la peine de la tache ori*
ginelie consistait à être privé de bieus ri-
goureusement dus, ou à souffrir des maai
dont on aurait le droit d'être exempL Cette
confusion de termes se conçoit dans les au-
teurs peu instruits de renseigneaiont de
l'Ëgtise, on ne la comprend pas dans M. de
Lamennais.
En effet, ou son raisonnement est en de-
hors de la question, ou il faut dire que le
péché originel est en nous exactement et
sous tous les rapports de la même manière
qu'en Adam, et que nous en sommes éga-
lement responsabfes, que nous devons Tef-
facer par l'emploi des mêmes moyens ou
en être punis par les mêmes tourments*
Mais jamais l'Eglise de Dieu n'a enseigne
rien de semblable. En Adam le péché origi-
nel était un acte de la volonté, une faute
personnelle; en nous c'est un vice de cons-
titution, une tache de famille, une flétrissure
imprimée à toute la race à cause du crime
de son chef; Adam était coupable,nous som-
(485) Esquisse, t. II, p. 60.
91
KC
MCTIONNAIRE APCH^GETIQUE.
PfiC
522
mes lAJtçies; son péché lai avait laissé la
boole el le remords, à nous TiaipiiissaBce
fC fiocapacité. La révolte da premier homme
iflecu à la fois sa personoe et sa nature : sa
fersoQoe, eomme la constituant responsa-
tJ« eBTers IKeo ; sa nature, comme la dégra-
otnt et la Tictant d*ntle manière profonde.
\U]gri la loi de solidarité entre les mem*
.■r«s d*oiie même fami fief Adam ne pouvait
tnasDelCre i sa postérité sa responsabilité
r-^oanelle, sf ce n*est en partie; mais la
c^'fniptioii de sa nature^ il nous Ta trans-
'..ise (oot entière » et par la constitution et
■e mode de communication de celte nature,
1. éui{ impossible qu^il en fttt autrement.
Les IfaMogiens^ dont Topinion pourrait
dMoerleplos de prise aux objections des
ia^oles» ne vont pas plus loin. Selon ces
^•'ctears, ta lauKe du premier homme» con-
'li^rte comoie transgression actuelle de la
' ijie Meo, n^est physiquement imputable
M'i*'! lai seul ; niais la tache iiabituelle de
reie baie est substantiellement la même en
Dvos.Ceia lait une différence inCnie. Pour
c<i^r ie |)trdon de son crime, Adam de-
tiii se repentir, faire pénitence, et de plus
^in ooarert des mérites du Réparateur;
(cue (ienière condition suffit pour nous.
<)o <k«Be le baptême aux petits enlants, in-
ça^aUes (Tiae^douleur que l*on n'a d ailleurs
jiadis Jffliandée aux catéchumènes. Oui,
aosidé&msnos adversaires de trouver, dans
t/>3(f^^li5iiiiedela tradition^un seul motten^
^lâ élililir la nécessité de se repentir du
p^ê originel pour devenir enJbnt de Pieu.
^ 0 j trouvera rien non plus sur le
0 -pat prétendu des tourments éternels, in-
^ué5 aux homnnes non régénérés, à cause
.a seal péebé d*origine; ceux en qui les mé-
r^*^ de Jésns-Cbrist ne Tout pas eflhcé ne
^trmai jamais Dieu. Cest tout ce que nous
1- lîOQs affirmer, le reste est abandonné
121 discussions de l'école.
^'>tts avons déjà parlé des opinions des
ci'^^^ens sur le sort des eiuants morts
^rasl d'aroir r efu le baplême ; bornons^nous
' ' ce momenl i quelques remarques es-
-airelles,
l^^ar décider si les peines réservées aux
'::l4ats non baptisés sont injustes, il àu-
•^lU savoir si elles ne consistent pas pure-
'•^«Qt dans la soustraction de certains biens
•l^eDieu n*est pas tenu d'accorder à la na-
Ur« bamaine. Dans notre état actuel, nous
i-affroos jusqu'à un certain point la peine
^^ b bote cTAdam et celle du sens ; mais
•*« peines sont tellement adoucies, tellem^
^'^-uicées pas les biens de la vie, que la
F«Jpirt consentiraient sans peine à les voir
la.*er étemeUement; la privation de Dieu
^ ^ douleofs corporelles n'excluent donc
r^ nécessairement toute espèce de bonheur,
^^ons-nous accordé k nos adversaires
'^ie la tache originelle entraîne la peine du
^fts, il ne leur serait pas permis de cofl-
^^ que la vie est un présent funeste fiour
^ eubnu des infidèles. Qui sait dans
.»6( EtqmMU, U II, p. 54.
DICTI03I9A1AB APOLOGÉTÎQCB. II.
quelles proportions diverses peuvent se
combiner les biens et les maux de la nature?
Oseraiiron dire que Dieu n'a pu créer un
monde où le mal soit mêlé au bien? Com-
naent dès !ors expliquer celui que nous ha-
bitons? S*il Ta pu, comment sait-on que le
mal entre dans le sort des enfants entachés
de la faute originelle pour une quantité plus
forte que ne le permet la justice? Et sll n'y
a pas d'injustice dans ce mélange du bien
et du mal, qu'importe qu'il existe en vertu
de b loi constitutive de l'univers, ou par
suite de la révolte du premier père des hom*
mes? La justice n'étant plus en cause, il ne
reste à' examiner que les raisons qui ont dé-
terminé la sagesse divine à permettre la
transmission du mal; ces raisons sont décisi-
ves, nous croyons Tavoir démontré. — Voy.
Mau
Ea résumé. Dieu n'impute pas aux hom-
mes le péché originel, il ne les en rend pas
responsables, ne les en punit pas, comipe
s'ils l'avaient commis par un acte libre de
leur volonté : telle est la doctrine de l'E-
glise catbolii|ue. Nous pourrions nous en
tenir Ik» mais il faut répondre à tout.
Quand M. de Lamennais igou le que l'éter*
nité du châtiment réputé à la conscience
et au sentiment iiipé du juste et de l'injuste,
il énonce une proposition visililement fausse ;
car, s'il en était ainsi, le genre humain tout
entier ne croirait pas k Tenfer. La r/iison ne
vaut pas mieux que l'assertion : < L éternité
du châtiment implique, dit-on, l'éternité
du crime, » passe; « elle aboutit logique-
ment à l'hypothèse des deux principes coé-
ternels et indépendants. » C'est précisément
le contraire qui est vrai; si le crime restait
impunij on pourrait croire que la justice
du bon principe est entravée par la'pnissance
du mauvais ; mais lorsqu'on voit le coupa-
ble puni d'un supplice éternel, on ne peut
s'empêcher de voir en même tem^is la con-
séquence logiqueet nécessaire qu il n existe
donc point de principe du mal, éternel et
indépendant ; car il révélerait son existence
en défendant ses partisans de la vengeance
de son ennemi. Rien n'est plus évident.
On avait donc eu tort de dire avec tant
d'assurance (486), c qu'en ce qui touche
l'homme, l'hypothèse d un dualisme primitif
ét^nt écartée, le problème dnmal n'onre plus
que deux solutions : l'unasimple, naturelle,
consolantCf en harmonie avec toutes les lois
de Dieu et de la création ; l'autre inconcilia-
ble avec ces mêmes lois, triste* sombre,
accablante,. et. conduisant à des abîmes au
bord desquels le genre humain tremblant,
éperdu, est obligé de renier et sa conscience
et sa raison. »
Encore ici il faut renverser la proposition
de l'auteur, pour être dans le vrai. Le dogme
catholique de la transmission du poché
n'est point contraire aux lois du monde, ni
oppoÂé k la conscience et à la raison ; on
vient de le voir. Mais c'est peu dire : s'il
existe un système sombre, triste, donnant
17
825
PEC
MCTIOiNMAIRE APOLOGETIQOE.
TEC
52;
d'horribles idées de Dion, on le trouvera
dans les liTres des adversaires de noire en-
seignement SOT le péché originel ; la doc-
trine catholique est seule véritablement
consolante. Nous l'avons déjà démontré ail-
leurs (V87). Quelques mots suffiront ici.
Le mal physique et le mal moral existent
dans le monde, indépendamment de tous les
systèmes. Les ennemis du christianisme,
obligés comme nous d*en rendre raison, sont
réduits à soutenir, ou que le Créateur n'a
pas pu faire mieux, ou qu'il ne l'a pas
voulu. Dire que Dieu ne pouvait donner à
rhomme plus d'empire sur ses sens, plus
de penchant pour la verlu, un cœur plus
droit, un jugement moins sujet à faillir ;
qu'il ne pouvait supprimer ni la douleur
ni les maladies, ni la nécessité d'un travail
pénible, ni les dangers dont notre vie est
sans cesse environnée, c'est fermer volon-
tairement les yeux sur l'essence des lois
de la création, où tout dépend de la libre ins-
titution du supréftie ordonnateur des choses.
i)ire que Dieu, sans nécessité, sans com-
pensation d'aucune sorte, a bien réellement
voulu créer le monde tel qu*il est, avec ses
souffrances, ses erreurs, ses crimes, c'est le
)>résenter aux hom^mes sous les traits de ce
sombre génie du 'mal rfivé par les mani-
chéens, ^ue voyons-nous, en effet, dans l'u-
ni vers 7 Tous les peuples de la terre ont soif
de vérité, de justice et de bonheur. Cepen^
dact, si les pnilosophes disent vrai, Adam,
Noé, Moïse, Jésus - Christ, selon nous
appelés par la Providence k conduire les
}K)mmes à l'accomplissement de leurs
subîmes destinées, ont été d'abominables
imposteurs, et lesfaits les plus glorieux de
leurs disciples doivent s'ajouter a la longue
liste des crimes dont ce monde a été le
théfttre. Le genre humain a été livré h la
merci de tous les fourbes qui ont voulu ou
3ui voudront encore se parer du grand nom
e Dieu et se dire ses envoyés; la supersti-
tion, l'impiété, l'idolâtrie, les cuites les
plus hideux et les plus cruels se sont partagé
le monde; ce que nous avons cru la vérité
est une {erreur plus raffinée et plus fatale.
Comment peu^-on donner le nom de père
et de roi k un Dieu qui tolère ou . plutôt
favorire de tels désordres dans son empire?
Comment croire à sa justice , à sa bonté,
à sa providence? Cet univers est un jeu
bizarre et cruel de sa puissance, où 1 on
ne voit aucun dessein suivi, si ce n'est
i-elni de faire tout servir au tourment des
malheureux humains. Oui , si la révélation
est un mensonge, tout en nous est un
présent de la haine^ du Créateur, même ce
qui est bon. Ainsi l'homme aime la vérité
et la vertu , et une barrière insurraontabJe
l'en sépare à jamais; lorsqu'il s'est rendu
coupable, le remords, le repentir, naissent
naturellement dans son âme, mais rien
de prévu , rien d'établi pour le réconcilier
avec lui-môme, pour lui faire retrouver le
repos de la conscience. Si le monde mo-
(487) Yoy. Mal. art. II.
rai était régi par des lois mécaniqQes,
après avoir établi ces lois, Dîea aurau
pu laisser les choses aller d'elles-mêmes;
mais, ayant donné è l'homme la liberlê,
et une liberté qui penche vers le mal, si;
ne lui apprend rien de ses devoirs» s'il n •
lui accorde aucun secours |H)Qr ré.sisler
à ses penchants ou pour se relever de s^
chutes;, il faut dire, ou qu'il aime le Tb>
plus que la vertu , ou qu^il nous a caVs
afin de se donner lui-même le spe<-iac'<>
des malheurs que produisent les pas^^lo* «>
déchaînées. Voilà le Dieu que la naluro
impose aux philosophes, lursqu*ils refu-
sent de se soumettre à celui de rE^an*
gilel
Dans le système chrétien , le mal eiW:
sans doute, mais non' d'après le prenixir
plan, non d'après la volonté et rinstilutioL
de Dieu; il existe, mais comme conséquente
de la liberté humaine, et avec d*ample^ ci
surabondantes compensations. Nous l'a-
vons déjà dit, la loi de la communion uni-
verselle est bonne et sage , elle Test tlarr.^
toutes les hypothèses ; dans celle «Je !'inn )•
cence conservée, parce que le bien d'un
seul devenait le patrimoine de tous; daib
celle de l'innocencfe perdue, parce quVli»
est Se principe de la réparation du mal it
de l'acquisition d'un bien infinimeDt su-
périeur à tous ceux auxquels on aurait jm
prétendre, si le Fils de Dieu neiaii /<<>
descendu sur la terre pour nous radi^t.T.
Ainsi la sagesse, la sainteté, Ja misén-
corde paternelle de Dieu se montrent jus-
Sie dans nos misères et nos crime>, et
plus qu'ailleurs. Oui, notre Dieo e>i
véritablement un père; on le voit da»>
nos livres saints s entretenir avec le i»re-
mier homme, l'instruire de ses devoirs • t
de ses destinées; après la désobéissaiice.
il excite le coujpable au repentir par sf>
reproches, il lui inflige une peine médiit-
nale, il lui promet un libérateur, et ce lib^*
rateur c'est son Fils qui sauvera les homffi^*> \
en mourant poqr eux sur la croix, comme
un criminel. Lajustice divine se trouraol
désarmée pour l'immolation de cette graojr
victime, la miséricorde pourra désormais
s'exercer sans obstacle; quelque nombreux ;
quelque énormes que soient les crimes de»
coupables, jusqu'au dernier^noment un at ij
de repentir suflira pour en obtenir la rémi:^
sion. Que veut -on de plus? TimpuDUé
dans l'autre vie? C'est demander au dina ]
monarque d'encourager lui-même à la
révolte les contempteurs de son autoritô
suprême. Lexemption de toute souffrante?
dans ce monde? Ce serait enlever au ju%u
une occasion de mérite, au méchani un
moyen d'expiation, à l'un et à l'autre un
préservatif contre Tenlraînement des pas-
sions. Quoi! Le système chrétien n^pu^rr
à la conscience et à la raison, pan^e q^c
nous avons quelque chose à soutfrir c >
conséquence d'une faute étrangère I Mavs,
dans le vôtre , pour quelle raison sommes-
B5
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
52G
Doas malbeureai? Pour quel crime avons-
Doas été condamnés à morlT Vous trouvez
raisonnable que Dieu ait fait lui-même » au
commencement, une nature humaine telle
oue nous la voyons, et il ne lui aura pas
été permis de la laisser descendre jusque-
là par la Ciate de celui en qui elle se trouvait
d'abord concentrée tout entière t il aura
tilla gue la Providence bouleversÂt toutes
\t$ lois établies |)Oor empêcher la déchéance
du genre humain I Dans notre doctrine,
«a moins, on voit un dessein suivi, grand,
sublime, digne de Dieu i mais, dans la vôtre,
est-il possible de trouver une idée, un plan
quelconque, si ce n*est celui de se faire des
malheurs de Thumanité un barbare passe-
temps? El c*est là ceiiendant ce qu*on appelle
f une solution simple, naturelle, consolante,
^0 harmonie avec toutes les lois de Dieu
tl de la création 1 » En vérité, c'est pro-
di^eoxl Voyez Ual, Liberté, Création,
liPAlATION.
PÊCBÉ. Dans quel sens il a introduit la
iu<~»rt dans le monde. Yoy. Mort. — Peut-il
être expié après la mort? Yoy. Enfer, g UI*
PÊDICDLUS NIGRITARUM ou pou des
cèdres , objection et réfutation. Foy. Races
uiiAtns, I V.
PEI!i£S TEMPORAIRES, conséquences.
rOf.tnRlITÉ DES PEINES, g I.
PELLETAN, ses idées sur l'homme primitif.
Tâf. PnncHOLMiB , S 1 et XIU. — Son opi-
nioo lar rortgine de la parole, i&îd., g VIU.
P£?UTENCE. — Le traité sur VEducation
dt$mèrt$ de famille f par M. Aimé-Martin,
ouvrage qui a obtenu un grand prix aca-
«Jéfflii|oe, renferme un grand nombre d'ei-
ceotricités religieuses et philosophiques,
eic., les ones renouvelées des Grecs, les
aaires fraîches écloses des méditations de
iauteor. Nous en signalerons quelques-
uDes SOT la pénitence.
il.
L'Etaaglie ne prècbe-l-U pis la peoiteBee?
« Dira-t-on qne cette doctrine, qui blesse
tuâtes les lois de la nature, accomplit les
lois de l*£vangile? Ouvrons les deux li-
vres.
« Que dit TEvangile ? Aimez Dieu, aimez
les hommes ; Tamour est l'accomplissement
lie U loi.
« De même la nature, par ses bieniaits,
manifeste Dieu et nous invite à aimer les
hommes. . .
« Ainsi, la doctrine de Jésus n*est pas la
loi transitoire de Moïse» mais la loi stable
«Je la future. Fils de Tbomme, il a huma-
nii^é les vertus célestes en les apportant sur
U terre ; fils de Dieu, il a sanctifié les ver-
tus terrestres en leur promettant le ciel.
Toutes ses actions nous ramènent à la fa-
miJIe^ et non au clottre, et non au désert:
<48S) Liv. IV, 6.
(4M) VH wpni.
(4M; Cesi aiasi qve Rousseau, ea tèta de sa Nou-
ftiU UéUnu^ apprécie cet oavrage, dont M. Aimé-
assis aux noces do Cana, il bénit le mariage
et lajoiedes festins; au milieu des docteurs,
i{ bénit les petits enfants, l'innocence et la
maternité. Vojez-le rendre le fils à la veuve
et la fille au pèrel voyez-le sanctifier lami*
tié en pleurant sur Lazare qu'il ressuscite;
consacrer la société humaine en appelant
à lui tous les peuples de la terre, et ramour
de la patrie, en versant des larmes sur Jé-
rusalem : et dites .'quelle action d*homme,
quel sentiment naturel, quelles pensées hu-
maines et célestes nous pourrions repousser
en présence de Jésus-Christ I
« Mais, s'il n'appelle pas les hommes aux
macérations, de toutes parts il les appelle à
la rè^le: il ne dit point à la fiiible Samari-
taine : « Pleurez vos fautes, faites péni-
tence 1 » il lui dit : Allez en paix et ne pé-
chez plus!
« De même, le père de famille ne con-
damne pas l'enfiint prodigue au cilice et
aux larmes ; il lui prépare un festin et se
réjouit de son retour.
c Ce n'est donc ni par le jeûne, ni par les
larmes, ni par de longues prières que
l'homme est appelé à glorifier le Seigneur,
mais par l'amour, mais parla charité, mais
par 1 usage légitime des plaisirs attachés
aux dons de la divinité (488). »
Si, comme le pense M. Aimé-Martin , les
prêtres enseignent c qu'aller au bain, dé-
jeûner, diner, se marier, avoir des enfiinls,
soigner son ménage, se consacrer k sa fa-
mille et à son pays, est un état de péché et
de damnation (w9), n l'auteur a cent fois
raison de dire que la pénitence qu'ils prê-
chent est étrangère à l'Evangile; mcis,
grâce au ciel, nos prêtres n'ont sur Tart de
guérir le mal moral et de conduire an bien
ni les idées que M. Aimé-Martin leur attri-
bue, ni celles qu'il leur suggère; c'est-à-
dire qu'ils ne conseillent pas plus k une
mère de négliger son ménage pour se sau-
ver, que de rappeler son fils à la vertu? en
lui donnant k méditer ce livre dont l'au-
teur même a écrit « qu'il doit scandaliser
les honnêtes femmes (^90). » Nos prêtre^^
parlent parfois de jeûnes' et d'austérités;
mais en cela ils ne font que répéter les ins-
tructions de l'Evangile. M. Aimé-Martin le
nie; consultons donc le livre sacré.
Le fils de Marie, après avoir reçu le bap-
tême de Jean, s'enfonça dans le désert, où
il passa quarante jours k jeûner. Commen-
çant ensuite le cours de ses prédications, les
premiers mots qu'il prononça furent un or-
dre défaire .pénitence (%91). La foule aug-
mentant de jour en jour autour de Jésus, il
se plaça sur une montagne : Bienheureux
les pauvres en esprit! dit-il; bienheureux
ceux qui pleurent ! Malheur à vous qui êtes
rassasiés! malheur à vous qui riez mainte-
nant ! car vous gémirez et pleurerez. Puis il
traça les règles qu'on doit suivre lorsqu'on
Martin faii le manod du pénitent. Tenuns-coas-cn
à Topinion de Rausseao sur sou roman.
(49i) Maltk. iVy 17 : Cœpit... dicere : PœniUntiam
agite.
527
PEM
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
m
jeâne» pour que cet acte n'ait d'autre té-
moin que Dieu.
Ces austérités, cependant, il ne les impo-
sait f)às à ses disciples. On lui en demande
la raison. Or» est-ce qu'il fit entrevoir qu'au
foiid il n'aimait pas ces sombres dévotions
déjeunes et de larmes! Non pas ; il répondit
que le temps des austérités viendrait aussi
pour ses disciples, mais qu'ils n'étaient
point encore préparés à cette vie nouvelle
(i^92)« Aussi les y dispose-t-il tous les jours.
Quand il les envoie évangéliser, ne leur re-
commande-t-il pas déjà le dépouillement
des biens de ce monde? ne leur dit-il pas de
ne posséder ni or^ ni argent, ni double vê-
tement, pas même un bâtonj)our alléger les
fatigues du voyage (^93)? £t s'ils ^veulent
aller ensevelir un parent, n'ordonne-t-il
pas de laisser les morts ensevelir les morts
(4%) 7 Quelques-uns de ses disciples lui de-
mandent pourauoi i!s n'ont pu guérir un
possédé ; Jésus leur répond, non pas qu'ils
n'ont point assez aimé, mais que ce genre
si rebelle de démons n'est vaincu que par
le jeûne et la prière (495). Touche de sa
doctrine, un jeune homme l'inlerroge sur
ce qu'il doit faire pour arriver à la perfec-
tion de la vertu, et il entend avec elTroi le
doui Jésus lui commander, non pas d'ai-
mer, puisqu'il est i l'âge de l'amour, mais
de vendre tout ce qu'il possède, puis d'en
donner le prix aux pauvres, et qu'alors il
sera pariait (496).
Jésus n'a-t-il pas loué la pénitence faite
pàrNiniveà la voix de Jonas? Ne s'est-il
jias écrié: Malheur à toU Corozatnt mal-
heur à toiy Bethjiàide I car si les prodiges
accomplis au milieu de vous avaient été ac"
complis autrefois dans Tyr et dans Sidon^
elles auraient fait pénitence sous le cilice et
dans la cendre ? Un homme, jeune encore et
de race sacerdotale, vivait alors au désert. Il
perlait un vêtement de poils de chameau et
une ceinture de cuir autour des reins; sa
nourriture se composait de sauterelles et de
miel sauvage. S*ii laissait parfois les hom-
mes pénétrer dans sa solitude, c'était pour
leur dire : Faites pénitence l et pour leur ad-
ministrer un baptême de pénitence (497).
Or, cet anachorète, ce martyr volontaire,
savez- vous comment Jésus le nomtnait? Il
l'appelait le plus grand des enfants des
hommes et cet £lie annôdcé par les pro-
phètes (498). 11 avertissait que, dépuis les
jours de Jean, le royaume du ciel souf-
fre violence, et oue les violents seuls le
ravissent.
Des promesses et des menaces sanction-
naient les prédications du Sauveur. Au dis-
ciple fidèle il promet le céleste royaume du
Père; mais il menace le pécheur impéni-
tent du ver qui ne meurt jamais, du feu qui
ne s*éteint pas, de cette prison où le mau-
vais riche est éternellement séparé d'Abra-
(492) Matth. ix, 14.
(493) Matth. x, 10.
(494) Hatih. vui, 12.
(4^5) Matth. xvn, 20.
ham par le chaos. Qui ne se rappelle que
Jésus exige aue nous pardonnions, si doqs
voulons espérer le pardon; qu'il nous re-
noncera devant son Père, si nous le renon-
çons devant les hommes; que la porte con-
duisant à la vie est étroite, et que bien |*eu
la trouvent TEnfin, après être né sur la paiilr,
après avoir vécu célibataire et pauvre, Jé-
sus mourut insulté sur une croix.
M. Aimé-Martin a cité contre la doctrine
de la pénitence ces deux exemples: l'indul-
gence au père de famille qui tua le veau
Çras au retour de Penfant prodigue, el ic
facile pardon accordé par Jésus à la femoie
adultère (qu'il ne fallait pas confondre ave:
la Samaritaine). Il y a deux réponses i pré-
senter à cesditficultés.
1** Le but que se proposait Jésus dans cc^
occasions n'exigeait pas qu*il {uirlAt du dt^
voir de la pénitence corporelle. Quand 1)
proposa la parabole de Tenfani prodigue
dont le retour fut si paternellementaccaeiHu
il le fit pour montrer avec quelle bonté Dien
reçoit le pécheur repentant. Or, l'exposition
des conditions plus ou moins strictement
requises pour un repentir véritable n'appar-
tenait pas au sujet que Jésus expliquait |)ar
son touchant apologue.
Dans l'histoire de la femme aduU6n%
nous voyons Jésus se proposant de dqoue;
la malice de ses ennemis , qui espéraient
prendre en défaut son indulgence ou sa sé-
vérité. Il suffit donc alors au Sauveur deditv
à la femme coupable, à mesure que ses ai-
cusaleurs s'éloignaient :/« ne vous condam-
nerai pas non plus; allez et cessez depéchv
(^99).
â^Si la bonté de Jésus se révèle dans res
deux exemples plus que sa justice, qui veut
que le pécheur se châtie pour n'être |»as
châtié, c'est que le Sauveur, comme nous
l'avons déjà vu à l'occasion du jeûne, duni
il n'imposait pas encore strictement la Un
aux disciples c'est que le Sauveur, disons-
nous, tout en prêchant le principe génial
du rachat des fautes par la pénitence, n eii-
gèait, dans les cas particuliers, aue le re|cn-
tir du cœur, attendant, [tour i applicaiiou
complète de sadqctrine, que la vie nou-
velle eût plus profondément régénéré rc>-
prit humain, qu'elle Peut mieux armé lour
cette lutte contre la chair.
La conduite de Jésus, dans ces deux cir-
constances, n'est donc ni une négation dc
sa doctrine sévère, ni une contradietioti.
C'est précisément parce que la loi du
Christ ressemble è celle delà nature qu'elle
renferme des pages austères. La terre u'a-
t-elle donc pour nous que des fleurs el d<^^
parfums^ et les idylles de M. Aimé-Martin
sur le printemps et l'amour nous cacheni-
elles le spectacle des maladies, des Gatai*I}>-
mes ? Chose étrange 1 le Mentor des mèK^
de famille trouve que la mort est un bien,
(496) Matth. six, 31.
(497) Matth. ui.
(498) MaUh. xi.
(499; Luc. XV ; Jeaa. tuu
5^9
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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5^ù
{•arce qu elle déblaye la route devant les
;:ënéralioiiâ qui arrivent; il la trouve un
iâen, parce Qu'elle porte la vie et la pensée
àufie ooovelle argile (500); et il appelle
cependant folie la mort aux joies du monde,
|iour déblajer devant certaines natures les
f»)ules de la vertu, pour montrer par d'hé-
roïques exemples aux esclaves de la passion
la possibilité de la victoire, ou pour se dé-
Touer plus complètement au service des
(norresl C'est là vraiment ne comprendre
i|ae le plaisir. Je plaisir des sens. Il n'y a
que malière au fond de cette rhétorique et
de eetle philanthropie. Que faime bien
Qiieai l'Eglise me faisant lire, dans l'Ëvan-
siiie, le double devoir de la charité pour mes
irères et de la sévérité pour mes seules pas-
sions!
m.
«.>u£e I été b doctrine de Bounhlooe sur la pénitence?
• De celle doctrine terrible, insatiable de
JiiiDés {hors de VMglise point de salut),
l'm Tojoas naître une autre doctrine in-
Mluble de supplices: la doctrine de lapé-
liiieace. Ecoulez Bourdaloue: c La pénitence
iii use Tcrlu qui doit prendre contre nous
l^intiréu de Dieu: qui, aux dépens de no-
tre «(Sûiuie, doit venger et apaiser Dieu. »
J. r, serm. sur la zerité de la pénitence^ p.
IW.; Or. pour que la pénitence soit son-
fjrmt à (adroite raison, elle penchera vers
Jin^iiear; car elle doit être proportionnée
âu crime, et quel plus grand crime qued'of-
(eoHT Dieu! (Serm. pour le quatrième di-
/bajjche de l'A vent, p. 501.) « Frappez,
irai»i«z, sï'crîe le prélre ; soyez inflexible:
ui^e Ucbeet molle pénitence n*a rien qui
r s^enibleà fiodi^nalion de Dieu. » (T. 1",
diS Œuvres, p. 1J9.)
« Maintenant, si vous avez foi, que vous
0 t'Ujiez-vous des devoirs de cette vie? Il
*'a^'ii hiea de gagner le pain du jour 1 . . .
Prei»3rt*2 les fouets, aiguisez le fer, jeûnez,
î-^uffrez, mourez, soyez martyrs: surtout
f'Oiat (Je repos, surtout point de pitié; car
voire |>éoitence n'égalera jamais la colàre
uQ Dieu vivant (501). »
Comment M. Aimé-Martin a-t-il transcrit
et comment a- t-il compris ces extraits des
uiscours de Bourdaloue? Deux points à
eiaminer.
Lauleura cité de Téloquent jésuite trois
{•assaç;es: le premier, tiré du sermon sur la
iétériié de la pà^ilence, est exact (502) ; le
^evOod (303) ne se trouve ni à l'endroit in-
«
<'j^} Liv. ui, cb. 30. — La mort semble encore
uo Lien à H. Ilaitin, parce qu'elle nous conduit à
^0. Ne seniii'il pas plus exact de dire qu'elle est
w mil, souvent affreux, mais à Tnccasion duquel
uoQs arrive le plus grand des biens, la possessioo
lepicu? "- ^ ^
\ôO\)EdMc.d€smière$de(am,^ liv. iv.cb.9. — Nous
pâtirions plus loin de la maxime : Hors de r Eglise
yu'M de «Wac.
\m) IT« diauincbe du 1" ATCot, Sur la sévérité
^if pémlatu^ 1*' point, 3* alihéa.
ioO 5) Les mois soulignés par M. Aimé -llarlin dans
J^ ciution et les daq suivants se lisent à Teu-
«(oii imlii{ué dans la note précédeute. La troisième
diqué, ni ailleurs, car ce n'est pas Bourda-
loue, c'est M. de la Palisse qui a pu difis^
que /e p/tM ^ratid des crimes est d'offenser
Dieu : comme si Dieu n'était pas offensé par
tous les crimes 1 La troisième citation nous
offrira quelque chose d'aussi curieux, mais
dans un autre genre. «Frappez, frappez,
soyez inflexible, » liait-on crier par rora-
teurè la page 199 de ses (Kuvres (8M); et
pourtant il s'était borné à ces mots : c A
parier simplement et dans les termes les
|>lu5 éloignés de l'ami^lification, k quoi,
dans le sujet que je traite, je fais profes-
sion de renoncer, dites-moi, chrétiens , une
lâche et molle pénitence a-t-elle quel-
Îue chose qui ressemblée cette indignation
e Dieu (505) 7 » Ainsi donc, l'orateur a voulu
parler simplement, et l'on traduit sa phrase
en frénétiques exclamations; il redoutait
l'amplification, et on lui prête de la décla-
mation. H. Aimé-Martin a donc lalsifié les
textes de Bourdaloue.
Recherchons maintenant ce que l'illustre
orateur entendait par la pénitence. Ne la re-
présentai t-il qu'armée de torches et de fers
tranchants?
Elle était, selon lui, le repentir de nos fau-
tes, accomf>agné, il est vrai, de quelques aus-
térités, mais manifesté surtout par 1 amende-
ment de notre conduite. Ecoutons-le lui-
même : ft Quelque usa^e que nous fassions,
du sacrement de la pénitence, nous ne nous-
corrigeons pas, parce qu'à mesure que nous
péchons, nous ne nous punissons pas... Si le
châtiment du péché suivait de près le péché
même; si nous avions assez de zèle pour ne
nous rien pardonner; si, malgré notre déli-
catesse, autant de fois que nous oublions nos
devoirs et pour chaque infidélité oii nous
tombons, nous avions le courage de nous
imposer une peine et de nous mortifier,
j'ose le dire, il n'y aurait plus de vice qu'on
ne déracinât, ni de passioa qu'on ne sur-
montât... On peut se punir.... en s'obligeant,
])Our rentrer eu grâce avec Dieu et ^ur lui
fayer le juste tribut d'une satisfaction qui
honore, à faire telle ou telle œuvre de piété,
à pratiquer telle ou telle austérité, à se re-
trancher tel ou tel plaisir permis, à se pri-
ver de telle ou telle commodité [506). »
« Si ces heureux siècles de la première
ferveur du christianisme duraient encore, où
un seul péché... était expié par les exerci-
ces les plus iaborieui,... peut-être nous
pourrait-il venir dans l'esprit qu'une telle
citaiîon est aussi tirée do même sermon. Qa*a donc
voulu M. Aimé-Martin «d aflccUnt de varier ses in-
dieatîoBS? N*anrait-il pas eu quelque peu la préten-
tion de faire croire qu*avant de formuler son appré-
ciation de la doctrii^e de Bourdaloue, il Tavait bien
étudiée ; qu^il avait bien comiNiré eatre eux les di-
vers discours de Toraieur, et qvC'û ne s*a((i8sait pa»
toujours des mêmes jiacesf
(504) Cette page f99 correspond au seruion Indi-
qué dans Jes dtnx dernières notes.
(505) Toujours aui même seraMo, 4* allaéa du»
!«' point.
(506) ll« Avent, 1Y« dlmaoclM, m* partie du
mon Sur la pénitence.
531
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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53S
sévérité passerait les bornes, et co serait à
moi, comme défenseur des intérêts de Dieu,
à la justifier... Mais nous n*en sommes plus
là... Elle {h pénitence) n*a plus rien de sé-
vère que ce que votre raison mémo vous
présent. ••
c oui, en quoi consiste et a toujours con-
sisté son essentielle sévérité» c*est à nous
réduire aux bornes étroites de la raison que
Dieu nous a donnée... : car c'est là ce qui
nous coûte, et ce que nous trouvons de plus
difficile dans la pénitence; à nous inter-
dire tout ce que notre raison nous fait con-
naître, ou péché ou cause du péché; à arra-
cher de nos coeurs nos affections que nous
jugeous nous-mêmes criminelles et sources
du péché ; à renoncer à mille choses agréa-
bles, mais que nous savons être pour nous
des engagements au péché... Hors de là, on
se sDumettralt à tout le reste, et, pourvu
au'on en fût quitte pour ce qui était or-
onné par les anciens canons, pn consenti-
rait sans peine qu'ils fussent renouvelés; on
jeûnerait, on se couvrirait du ciliée et de la
cendre... mais d'étouffer une vengeance dans
son ccBur,... voilà ce qui révolte fa nature...
« Cependant voilà ce que j'appelle (souf-
frez cette expression) et ce qui est en effet
le raisonnable delà pénitence,. . si raisonna-
ble, que vous seriez vous-mêmes scandalisés
si on ne l'exigeait pas. Le reste était d'insti-
tution humaine, mais ce raisonnable est de
droit naturel et divin; le restç a pu changer,
mais co raisonnable subsistera toujours, et
est en quelque sorte aussi immuable que
Dieu (507). » Or, qu'est-ce que Bourdaloùe,
sans cesser d^tre raisonnable et chrétien,
pourrait changer à ces conseils sur la péni-
tence tant intérieure qu'extérieure?
De la double épreuve que nous venons de
faire subir aux pages critiques de M. Aimé-
Martin, nous pouvons donc conclure que le
censeuc a déflgurô le texte et la doctrine du
jésuite, en les parodiant d'une manière parfois
atroce et parfois ridiculç.
§m.
La doclrioe de la pénitence a-t-el!e rendu Bossuet fatar
liste et cruel ?
« A cette ferveur de la pénitence (préchée
par Bourdalouç)^ Bossuet ajoute, comme arti-
cle de foi, la prédestination de l'homme à
l'enfer et au paradis. En sorte que ces tortu-
res que Bourdaloùe nous impolie comme né-
cessités peuvent être des vertus stériles
suivant Bossuet, puisque, ayant de r^aître,
l'homme est élu ou réprouvé sans appel.
(Œuvres de Bonnet, édition in-4% 1. 1. p. 191
et 192.) Voilà la religion telle que nos mi-
nistres l'enseignent ; voilà l'homme tel que
le fait le prêtre (508). »
J*ai cherché dans les Œuvres de Bossuet,
édition in-i% Paris, 1772, au tome et aux pages
qu'on indique, et ce aue j'y ai rencontré,
c'est le commentaire des psaumes lxxv et
(507) i'^ point du sermon Sur la sévérUé de la pi-
iiHence, déjà cité.
(508) Liv. IV, ch. 9, p. 457.
Lxxvi, fort étrangers au sujet dont parle M.
Aimé-Martin. Je regrette que ce dernier ail
été assez sobre de détails pour nous refuser
le titre de l'ouvrage spécial auquel il nous
renvoyait, et où nous devions voir J'évêqoe
de Heaux fataliste, lui adversaire du fatalisme
protestant et janséniste*
Quand on a étudié les travaux du grand
évèque sur la grâce, la liberté et la |>rédes-
tination, l'on y distingue deux parties : sa
crojrance qui est celle de l'Eglise, et les sys-
tèmes particuliers à l'aide desquels il tâi-nait
d'expliquer cette croyance. Les SYStèmes
explicatifs qu'il imagina sont, je ravoae,
écrasants ; mais ils ne sont que des opinions
particulières, n'ayant pas, ce me semble,
rencontré, beaucoup d ideptes. Quant à la
croyance même de Bossuet, quant à ce qu'il
aOirmait, il n y ava.it plus rien qui de loia
ou de près ressemblât au fatalisme. Il sau*
veg^rdait aussi bien la liberté que la grâce,
et il a énergiquement renfermé sa pensée
dans une phrase devenue classique : « La
première règle de notre logique, dit-il, c est
qu*il ne faut jamais aluindonner les vérités
une fois cx)nnues, quelque difficulté qui sur-
vienne, quand on veut les concilier; mais
qu'il faut au contraire, pour ainsi parler,
tenir toujours fortement comme les deux
bouts de l«i chaîne, quoiqu'on ne Toie pas
toujours le milieu, par ou l'encbaluement se
conlinue... Nous allons examiner, dans cette
pensée, poursuit-il, les moyens de coodlier
notre liberté avec les décrets de la Provi-
dence (509). » Bossuet croyait donc à la li-
berté humaine aussi bien qu*aux décrets de
Dieu. Qu'il ait pu se tromper dans Texplica-
tion de l'inexplicable mvstère de Taction de
Dieu sur l'hpmme reste libre, qu'il ait pu
se tromper eu supposant que tels ou tel5
anneaux réunissent, dans la nuit sacrée, les
diverses parties de la chaîne dont les deux
bouts sent dans ses mains, personne ne le
nie ; mais on nie, comme l'évèque de Meaui
le fait également dans la citation précédente,
quHl ait {prêché le principe du fatalisme
et de la prédestination quand même à l'enfer
ou au ciel.
« Bossuet,... ^énie superbe, intelligence
dominante du siècle de Louis XIV, son noui
rappelle tous les prodiges de l'éloquence et
toutes les puissances de la foi. Le voyez-vous
feuilletant dans la solitude les ouvrages théo-
lo^ques de Tun des plus illustres princes de
l'EgliseY Tout&coupses yeux s allument, ses
lèvres trembleot, ^es cheveux se hérissent,
l'horreur s*empare de lui. Que s'esl-il donc
passé dans le moinde chrétien ?Oluel sacrilège,
quelle impiété, réveillent les foudres de son
âme? Un saint prélat, le cardinal Sefondrate
(510), ému de compassion pour les petits
enfants morts sans baptême, ose soutenir
qu'ils ne sont point condamnés au feu éter-
nel de l'enfer, « Sentiment bas et énervé,
« s'écrie Bossuet, qui détruit la force dj 1^
(509) Traitéilu libre arbitre, cb. 4.
(510) Lisez S/bn(/nilf.
5S
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DiCTION?<AlRE APOLOGETIQUE.
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534
« piété J. X, Lettre au saint pontife Inno-
• cent l7//« p. 175), nouveauté élrauge, er-
• reur détestable» langage inouï qui nous a
I frappé d*étoonement. n {Idemy p. 167.)
Alors, cédant à la sainte colère qui lé trans-
j vrte, le prélat s'adresse au Pape et lui de-
DanJe la punition du coupable ; il reut que
cette poDition soit vigoureuse, car il con-
vcDt de frapper d*aulant plus rudement que
.Vrreur part d*un lieu plus élevé. {Iden^ p.
KTT.. « La damnation des enfants morts sans
• t^plème, dit-il» est de foi constante dans
. l'Ej^lise. » {idem^ p. 177 et 183.) Ain^i Ta
. -Jeridé le docte Denis Petau, et Témi-
< Dealissime Bellarmin, et le concile de
• Ljon... •
• ESrajante doctrine, qui supolée Tauto-
rité de la nature par Tautorité ae Petau et
Je Noris! le prélat croit soumettre sa
rai5«)D eu cédant au besoin de brûler et de
^«aaioer. . Bossuet livre tous les enfS&nts aux
sii-pliccs des enfers, et Jésus-Christ se W-
c'.e contre les apdtres, qui les repoussaient
Ku des paroles trop dures. Bossuet dit
quiîs sont l'objet de sa haine et de Taver-
sioa de Dieu, et Jésus-Christ dit positive-
ment que le royaume de Dieu est pour
ceu qai leur ressemblent. Notez que Jesus-
Oihst parle ées enfants des Juifs et des
l')ieas, el non des enfants baptisés (511). »
^ Voaoi Bossuet, avec quelques autres pré-
l9is, aUaqua certaines doctrines de Sfon-
tJ:3i#», il n'in-voqua la sévérité du Pape ni
H.'Qtrele cardinal, ni contre Topinion qui
rieuipuit de peines sensibles les enfants
h orts sans baptême.
r Bossuet ne demanda jamais la flétrissure
•J^ Sfondrate ; il écrivait : « Ce n'est qu'au
'irre que nous en voulons et à la mauvaise
•ix-trioe, et non à la personne, dont nous
respectons la vertu el la dignité. — Nous
^^rons très-aise, non-seulement qu'on mette
à couvert la personne, mais encore qu'on
i'ùOQore et qu*on la recommande (512). «
Il parlait toujours de ce cardinal avec un
ffûfond respect, et, dans la lettre même
'iirigée contre nne partie de son livre, il lui
projiguait les titres de personnage tris-ci-
^'Vf... recommandable par tant de belles qua-
^ite$.„ (Thomme excellent... dont Véle'gance
<•' le talent rirent dans la mémoire (513).
Telle était l'estime de l'évêquc de Mcaux
[*our le pieux cardinal. Par conséquent,
<elle espace de p}thonisse que M. Aimé-
Mariin nous montrait il n'y a uu'un mo-
ment, et qu'il nommait Bossuet, n a donc pas
louésé sa foreur jusqu'à solliciter du Pape
looocint le chiiiroenl du pieux Sfondrate
Iri^-pa^sé.
^ B^jssuet 9-t-il aflirmé que les enfants
nKtris sans baptême eussent à souffrir dans
{i'> flammes en enfer?
L'éfèque de Meaux, Sfondrate et toute
l'Eglise croyaient également que les enfants
luorts sans la grâce dn baptême ne jouis-
ïMI|IJT.ui,cb. i,p.237.
(512) Lettre 5 de h coUeetion des LeHreê tur le
7«i€iismr; lettre 112.
sent pas de la vue de Dieu. Mais, de quel
nom appeler cette privation? Sfondrate
chercha une expression dont l'imagination
ne fût point effrayée ; Bossue!» au contraire^
pressentant des consécjuences fftcbeuses cpii
pourraient sortir un jour d'une expression
plus sentimentale que juste, nomma sans
détour cet état des enfants : damnation.
> Cependant, comme dans la damnation,
c'est-à-dire dans la privation de la vue de
Dieu, il y a, aussi bien que dans la vue
même de Dieu, une infinité de degrés. Ton
n'est pas nécessairement condamné aux
flammes éternelles et aux éternels grince-
uients de dents, parce qu'on est damné.
Nous avons déjà fait observer ailleurs que
le plus tendre cceur de mère peut supposer
à ces petits enfants un bonheur tel, que la
philosophie de tous les adversaires de cette
doctrine de r£glise n'ait rien de mieux 1
rêver (5U).
Or, que pensait Bossuet de celte opinion
Elus douce sur le sort des enfants non
aptisés ? Il ne la partageait pas, mais il ne
la condamnait pas; il se bornait à soutenir
que l'état de ces petits enfants, quel qu'il
soit, doit se nommer damnation.
Voici le passage incriminé par M. Aimé-
Martin : « Sfondrate refuse d'appeler damnés
ceux que plusieurs théologiens croient
exempts de la peine du sens, c'est-à-dire du
supplice du feu éternel : que nous importe-
{cette opinion des théologiens) ! Ce n'est point
sur cela que nous contestons. Que Toncon*
suite, si on le veut, le très-docte Denis Pc*?
tau et l'érainentisssime Henri Noris... Pour
nous, nous passons sur cela, et nous le lais-
sons disputer par les théologiens. Mais tout
ce qu'il y a d'énorme dans l'erreur qui al)-
sout de l'enfer et de la damnation des enr
fants morts sans le sacrement du Christ
nous préférons l'exprimer en nous servant
des paroles du cardinal Bellarmin plutôt que
des nôtres (515). »
Bossuet, dans ce fragment d'épttre, dit.
et répèle près d'une demi-douzaine de fois
qu'il ne recherche pas si les enfants non
baptisés souffrent ; que ce n'est |>as l'opinion
négative qu'il conteste, el pourtant M. Aimé-
Martin assure que Bossuet cède au besoin de
les brûler; il assure que Bossuet s'indigne
quand la pitié ose soutenir qu'ils ne sont pas
condamnés au feu! Evidemment le sujet du
débatsoulevé par l'évêçiue de Meaux échappe
complètement au critique,
M. Aimé-Martin ne s'est pas borné à gé-
mir sur les doctrines adoptées par Bossuet,
il a bien voulu encore prouver au prélat,
par la tendresse de Jésus pour des enfants
non baptisés, que le baptême n'est pas né-
cessaire à l'eniance. Que j'aime à voir l'ins^
tiluteur des mères enseigner aussi l'Evan-
gile à Bossuet I Le prélat était modeste ; il
ne se fâchera peint au ciel de celte leçon»
contre laquelle toutefois il se présente, un»
(515) lettre 201 des Lettres déverui.
(514) Voy. Vtcnt iieiciiiel.
(5i5j Loure 201, u^t wpra^
5S5
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
8SS
petiln (ii/TicuUé. En effet, quelle raison
M. Aimé-Martin à-t^l de croire que ces
enflants bénis par Jésus n'avaient pas été
purifiés de là faute orig;in6lIe par la cérémor
nie expiatrice qui, avant le baptême chré-
tien, elistéit certainement chez les Jûits ,
et très -probablement même chez le$
païens (516).
On ne peut se Caire une idée des préjugés
de M. Aimé-Hartin sur cette doctrine chré-
tienne qu*il maudit. Ainsi, à i\)ccasiondc
la maxime Hor» de VE^ist point de satut^
qui, selon lui, ne laisse guère d'espoir d'âtre
sauvés qu*è <<( quelques adeptes crédules et
3ans lumière, » il écrit : « Diras-tu : Je
nrappuierai sur la sagesse, je serai juste et
miséricordieux, j'aimerai Dieu par-dessus
toute chose 6t mon prochain comme moi-
même? Vertus sans pouvoir, si tu es né à
Genève, àCoâstantinople, & Madras, & Pékin^
dans les ténèbres d'une erreur que tu ne
cannais pas^ ou d'un mensonge quô les
hommes te donnent pour la vérité : nors de
rJEglise point de salut (517). ji Eh I non, mou
mattre^ nous ne condamnons pas à l'enfer,
sous quelque latitude et en quelques ténè-
bres qu'il soit né, IHiomme qui aime Dieu
etsoa prQchaii^; quiconque obéit à ce que
Dieu lui donne de grAces et de raison ac-.
complit la, loi (518)\
M. Aimé-Martin ne dit-il pa3 encore :
« Des hommes méchants (4 mon Dieu!) vous
ontfaitipéchant comme eux; ils ont crié
enfbr> pénitence, expiation, damnation : j'ai
eu.peu de foi en leurs paroles... Comment
la perfection serait-elle sévère à la faiblesse?
comment la bonté serait-elle impkicable au
rofieniir (519)? » — Mais quand donc fios-
suot ou Boardatoua vous a.-t-il prêché que
D'eu damnerait la faiblesse repentante?
Martin ignore profondément la religion dont
il sechargQ de donner des leçons & Bossuet.
Quels, sont lea.réspjUls sociaux de ladocUUie de 1$
pénilenc^î?
« Point de déchéance, point d'expiation»
mais une épreuve... L'étude des lois de l'a
nature nous apprend que Dieu a fait de la
vie une épreuve, et noup^ une pui^itlon.
L'épreuve est le combat des bo9î;ies et des
mauvaises passions, de I^ matière et de
l'esprit... Toutes les conséquences d^l'éf-
preuve sokt sociales^ morales et divines :
e!le veut compléleç l'homme t la Vertu au
lieu de la pénitence, la règle au lieu de la
mutilation. Toutes les cojis^que^ces de
(510) Voir sur ce sujet la Juêtification de la ihéo-.
logte moraU de eaita Ligpiorù par S, Em. l^e eardioal
Gousset, arcbevèque de Reims, eh. H.
(517) LIv. IV, ch. 9, p. 456.
(518) La ibéologie nous apprend que cet homme,
Ear robéis&ancc à ce qa*il connaît de la volonté de
»ieu, est censé vouloir accomplir ce qu*ii en ignore,
eu par conséquent, est censé désirer le baptême.
(lUiLLT Cl Receveur, Thevlogia dogmalka et mora-
l'expiation sont sauvages, humorales ot
cruelles : elle veut des supplices, elle de-
mande du sang... les croisades, les dra-
Î;onnades, >es auto-da-fé, la Saint-Barthé-
em 7, lui apparaissent comme des œuvre.s
de miséricorde : les sacrifices humains sont
tes charités de Teipiation^.. Le salut du
monde par le sang est la justice de la Pro-
vidence t et c*est Il)omme qui est charcé de
tue^ l'homme. (DEMâisTRE«5oire'«9 d€ Sainu
Pét$r$hourg^ t. W.) Entendez-rvous ces exé-
crables paroles ? Celui qui les a prononcées
était plein de foi, et, en conséquence du
principe de l'expiation, il faisait de la guerre
Uhe institution divine, âe Tinquisilion une
nécessité morale, et tlu bourreau la pierre
angulaire de la société (520).'»
La doctrine de la pénitence est Jugée an-
tisociale par M. Aimé-^Martin^ pai'ce qu'elle
fait regarder la douleur comme utfe expia*
tion. Cette idée d*expia(ion répugne è notre
moraliste pour trois raisons : parce qu*elle
lui semble 1* avoir produit dans l'histoire
une longue sériede*crimes;2" avoir dicté
à de Maistre d*atroces maximes ; 3* n*ë(re
pas conforme à la natui^e comme le serait
le système qui ne voit dans les souffrances
qu'une épreuve.
i"" Les faits que il Aimé-Hartin rattache
\ la doctrine de l'expiation n'j ont aucun
rapport. Jamais, en effet» les auteurs des
croisades, des dragonnades^ des auto-d^-fé,
de la Saint-Ba^thelemy, qui ne fut, iTùU
leurs, qu^ine subite résolution de la poliii*
que de Catherine de MôdiciSt jamais les au-
teurs de ces guerres et (le ces massacres ne
les ont entrepris pour (aire expier è ceux
qu'ils fraippaient leurs erreurs religieuses
et les laver dans le sang. Jamais Ton n'a
cru qu'un huguenot brûle fût un iiérétiaue
converti : on songeait à le punir, et nulle-
ment à le purifier.
2** Quant aux idées de de Maistre^ d'abord,
s*il y a de l'exagération, la doctrine chré*
tienne de l'expiation ne doit pAs plus en
ré|)t)ndre que l'Evangile ne répond de^ pré-
tendues maximes évangéJiques prêtées par
M. Aimé-fMartin à Jésus^Christ. Ensuite^
l'odieux des assertions de de Maistre de ht
trouve guère que dans la manière infidèle
dont le critique les expose. Ainsi, Tautcur
des Satr^ç^ de Saint-Petersbourji ne dit pas
Sue l'inquisition ait élé une nécesiité morait;
dit que ce fut une nécessité politique
imposée à, l'Espagne pac la haine des Juii5
el des Maures (5âl|. Si la guerre lui parait
une institution divine^ c^est è la manière do
la peste et des autres fléaux dont nous de-
vons. cheiTcher ^ purger.le globe(Sà2). En-
Qn, lorsqu'il a pris le bourreau pour pierre
(ts, tenu IH, De bapthm^^ cap^ % art. 2, prop. S,
quacst. i.)
(5td) Ut. IV, ch. 10, p. I6i.
(520) Lîv. Ml, cil. 31, p. 363, etc.
(521) Lettrée à un ffentilHomme ruue f«r Clnqm*
$iuon d'Espagne,
(522) QonsUiràlions sur ta France^ cb. S. — S^i-
ries de Saint-Pétersbourg^ entrelien 7, p. 26. —
Eclairàssetncni sur (es sacrificeSfjdk» \ Pv4H*
557
PÊN
DICTIONNÂIIIE APOLOGETIQUE.
PEN
5)8
jfl^nhirc de la société, il n*a pas fait autre
chose, dans son pittoresque langage, que
ije déclarer la société, telle que nous la
ri)nnais$on5, incapable de subsister sans la
peine de mort (223). Toutes choses gui ne
m^rïïàkni ni que Ton maudtt la doctrine de
iVtpiatioii, ni une l'on donnât à l'éloquent
plémiste les uénominations d'homme en
étimeet de courtisan du despotisme sacer-
^fai et de possédé du démon (52^). Savez-
vmqde le doux Mentor des dames a toutes
wrtes de cordes à sa lyre, même celte de
Tinjure?
3" Pour rester fidèle aux leçons de la na-
torft faut-il dans le mal physique ne voir
fûune épreuve et non pas une expiation?
Je coDTiens que la nature ne parle pas
d'eipiation (325), mais elle ne parle pas
difantaee d'épreuve. Vous souffrez, et vous
«ites : C'est une épreuve. Bien. Mais l'am*
Qil, que ?ous douez d'intelligence comme
)V)(Dme, souffre aussi, et il ne peut dire :
^e m'importe la douleur I elle est une
^uTe. Pourquoi donc l'animal souffre-
N)?N'6 répondez pas, comme vous avez
osfTé de le faire : « Cherche un animal qui
•ttsoif, et qui ne puisse découvrir une fon*
ttu)e(525). » A guoi sert-il de nier l'évi-
te! Eh I oui. Ton a vu des animaux
Mrti de soif et de faim h côté de leurs
Mres morts avec eux (527). La nature
<Al donc pas plus du sentiment de M. Ai-
ip-lfartin âne de celui du catholique ; elle
Hile et multiplie le problème de la souf-
nfice, elle ne relpliiîue pas.
Combien ne serail-il pas facile de rétor-
ver contre l'opimoQ de M. Aimé-Martin
«ies ses invectives adressées à la croyance
«reipialionl Un athée ne pourrait-il donc
B lui dire aussi : « Les conséquences do
lirevre sont sauvages, immorales et cruel-
I : elle veut des supplices, elle demande
i sang. Je souffre, et vous prétendez que
^^ tine épreuve 1 Mais que voulez-vous
tt Totrc Dieu tout bon fasse de mon sang
dt! mes larmes? Dieu, à vous en croire,
1 lutter en moi, pour m'éprouver, de
^i\ Smréeê^ ecc, entretien 7, p, 6.
^}i Uv. III, cb. 54. p. 578, 579, 580.
i'^ti Dten aurait pu noua créer dans le principe
V toDtei nos nisèreô, noire pente au mal, et
*ftpoir d*one autre vie. (Bailly et Receveur,
*^^$ia dopn, ti moral.^ I. III, De gratta^ pars, i,
^ ••I
-Wi Lir. n, eb. 23, p. 71,
'^') U méine difficnlié s*adres8e-trelle au cathu-
"it^ipeiiiHMi lui 4ire: Si la souffrance est une
fttUoo pour rbomme, qu*esl-elie pour Taniroal?
^ est ponr ranimai la loi générale de la na-
^ éui»lie, j*ignore pour quel motif, par le Créa-
[^ mais cette loi aénérale, dont un privilège
^laa>att etempté rhofflflie, s'il c4t rempli cer-
tes condiiiont , esl devenue pour lui, après la
Ne i^Adan, un châtiaient, une expiation. (Voir,
11- Itowui de Lorgves Touvrage intitulé : De la
^l«fiai Clumme. — r Voir Tart. Moet.
^^) ÏMoi $UT les mœurs des nations, cb. 145.
V cacore au eh. 4, sur la cbote originelle, un
*^ta»eu. :
' '•^) • Ces désordres, ces misères de la vie nu-
<i: f/Lt croire parfois que les anciens prophètes
bonnes et de mauvaises passions : c'est danc
è dire qu*il s*est plu à tendre des pièces h
ma faiblesse?... Malheur aux enfants du
père qui croit ainsi : pour éprouver sa fa-
mille, comme Dieu la sienne, un tel hommo
mettra son étude h être cruel ! a
Voilà comment les vaines déclamations
de M. Aimé-Martin au nom de la nature se
retournent contre lui-même. La nature, je
l'ai déjà dit, ii*a point de réponse nn peu
consolante à Ténigme des douleurs. Aussi ce
n'est pas sur elle que se fonde la foi du
chrétien, c'est sur la révélation.
Chose étonnante et si^alée par Voltaire
lui-même l « De tant de religions différen-
tes, a-t-il dit, il n'en est aucune qui n'ait eu
pour but principal les expiations. L'homme
a toujours senti qu'il avait besoin de clé-
mence (528). » La croyance du chrétien
sur la vertu expiatoire de la souffrance est
donc celle du genre humain, croyance qui,
d'après son universalité, doit évidemment
remonter à une source unique, au premier
homme et à la révélation primitive (529).
M. Aimé-Martin n'a donc rien à invoquer
à l'appui de son opinion de l'épreuve, qu'il
croit éminemment sociale, tandis que la
croyance à l'expiation, qu'il repousse comme
antisociale, est forte de la tradition reli-
gieuse universelle et de la révélation (530).
« Peut*ètre Cillait- il passer | ar toutes les
turpitudes du moyen Age pour arriver à de
meilleures idées. Mais un lait bien constaté,
c'est que les lumières nous sont venues par
l'Evangile, malgré le sacerdoce, qui avait
bâti dans les ténèbres. Non que la société
chrétienne ait manqué de docteurs, d'écoles
ou de bibliothèques : les écrits étaient
nombreux, mais stériles ; l'esprit humain
refaisait sans cesse la même pensée. Lors-
2u*on se plonge dans cette étude, on est
pouvante du vide. De l'éloquence, des idées
poétiques, ascétiques, théolog[iques, la mo-
rale des anachorètes, la religion de la péni-
tence, les visions délirantes du somnambu-
lisme, l'apologie du martyre, voilà ce qu'on
r<encontre à chaque pas dans ces Pères de
ai les prêtres chargés d*annoncer la volonté divine
dans les initiations et les sacriflces, ne parlent pas
au basarJ quand ils disent que nous sommes nés
pour expier certains crimes commis dans une vie
antérieure. Par là se vérille également celle parole
d'Aristote, que notre existence terrestre est un sap-
pUce pareil k celui de ces malheureux qui, lomliéa
entre les mains des brigands étrusques, étaient con-
damnés à un genre de mort cruel et raffiné : on liait
leurs corps vivants k des cadavres. » (Cicéron,
Uort^nsiuSf trad. de Panckoucke , tom. XXXVI,
p. 4tii.)
(550) En tikCliant de montrer que M. Ainté-Maitln^
ne peut éuMir son système de Tétat dVpn nve eu
cette vie, je n*ai pas voulu nier le lyaicme Ini-
méme, puisque la foi m*ordonne de croire ^ue k
vie est i la (oit épreuve et expiation. Je nie suis seu-
lement proposé de prouver que ce n'est pas la na.t
ture qu'il fout ici consulter, la révélation sachant
seule bien clairement quelle est notre destînauoi\
ici-bas. L*opinion de M. Aimé-Martin est lui em-
prunt fait k TËglise, ce dont Tauteur ne se souvienl
plus.
539
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PLM
540
TE^Iise qu'on vante tant et qu*on lit si peu.
Poinl d*idées larges et généreuses, (las ur
de ces sentiments évangéliques qui embras-
sent le genre bumain, nulle intelligence de
Tamour de Dieu et du prochain : 1 aumône
au lieu de la charité, le fanatisme au lieu
du premier commandement, les ciliées, le
fouet, le jeûne au lieu de la rertu, le fana-
tisme d*un corps au lieu du dévouement à
la patrie et à Thumanité; rien, rien, abso-
lument rien pour Tamélioration des peuples
vi la civilisation du monde. De sainl Jérôme
h Bourdaloue, de saint Augustin à fiossuet,
toujours le Dieu terrible. Te Dieu des ven-
geances, Texcommunication, la damnation,
renfer. Les saints lisaient TEvangile sans
en rien tirer ni pour eux, ni pour les au-
tres. Ils po'^sédaient seuls le livre qui devait
civiliser les peuples, et ils s'en servaient
pour établir et pour régulariser des moines.
Nous avions les austérités de l'Inde au lieu
de la morale du Christ. Il a fallu l'invention
de l'imprimerie, seconde révélation, pour
leur arracher ce livre et le donner à l^ni-
vers. Osons le dire, sans le ^énie de Faust
et de Gutlemberg, la doctrine de Jésus-
Christ était perdue pour l'humanité. L'Evan-
gile n'existe véritablement que de cette
époque, et l'intelligence de sa morale ne
date que de l'avènement de Fénelon (531). »
Paraon I pardon pour tant de blasphèmes
contre le génie civilisateur de nos Pères
de l*£glise ! Celui qui les a proférés va les
rétracter. Nous avons entendu ses paroles
de colère et de haine; quel doux épanche-
ment de vérité et de tendresse nous allons
admirer maintenant!
«C'est donc à l'Orient, resté barbare,
dît-il, que nous devons les deux livres qui
ont civilisé l'Occident : la Bible... l'Evan-
gile, cette création du monda moral, qui ne
promettait aux hommes que les biens du
ciel et qui aflirmo l'immortalité !
«Ici commence la théologie de l'autre
moitié du clobe (de IVccident). Celle-ci
s'est appuyée sur l'éloquence et la vérité.
Elle s'est enrichie d'une suite de grands
noms depuis saint Jérôme jusqu'à Bossuet;
depuis saint Augustin jusqu'à FénelonJ;
entin elle possède le livre qui a renouvelé
le monde...
« Il y a plusieurs époques dans l'histoire
du christianisme : l'époque de sa naissance,
et les époques d'hérésies, de controverses et
de réforme. L'époque de sa naissance est le
plus grand événement de l'histoire des
hommes; c'est la régénération du globe par
la foi et la charité... Celte époque sublime
eut ses saints, ses martyrs, ses Pères, comme
on les a appelés, du nom le plus doux que
l'homme puisse donner à l'homme. Alors
toutes les cités , toutes les populations
avaient leur père. On les trouvait partout,
dans les catacombes où ihs priaient, dans
les thébaïdes où ils s*humiliaient, dans les
amphithéâtres où ils mouraient Dieu sem-
blait les avoir chargés de la double mission
de réformer les vices du monde civilisé aui
allait disparaître, et de dompter les bordes
barbares qui, du fond du Nord, accouraient
au sac du grand empire. Ceux-là ae savent
3 ne tuer ou mourir ; ils viennent se venger
e douze siècles de conquêtes; mais quel
étonnement 1 Au lieu d'armée à combattre,
ils trouvent des hommes qui liénissent eeui
qui les égorgent, des hommes qui, lorsqu'on
leur arrache leur tunique, offrent encore
leur manteau, qui, lorsqu'on les frappe au
visage, tendent humblement l'autre joue. Il
y avait, dans ce mépris de la vie et des ri-
chesses, quelque chose do grand qui sur-
passait les barbares. Le fer n'eût pu les
vaincre, la charité les dompta ; et c'est
ainsi que de la plus épouvantable confusion
où se soit abîmé le monde un sentiment in-
connu fit peu à peu sortir l'ordre^ la sa-
gesse et une civilisation nouvelle.
^ La grandeur des événements, les lattes
sublimes de la résignation et de la foi con-
tre Rome et les barbares; l'étrangeté deU
vie chrétienne au milieu de cette dissoln-
tion universelle;, les prédications conti-
nues de^ Pères, leurs courses pastorales à
Jérusalem, à Rome, à Athènes, à Antioche,
à Constantinople, dans la Syrie et dans la
Uaule, pour arrétei? les armées, convertir
les peuples ou fléchir les rois, tels seot les
prodiges de l'histoire à cette éBoqne. Voilà
ce que racontent les Pères de 1 E^ise grec-
que et romaine, avec cette éloquence sim-
ple et passionnée qui fût sans modèle avant
eux, et qui n'a pu être égalée que par les
nouveaux Pères de l'Ëglise du siècle do
Louis XJV (532).
« L'Evangile est la source sacrée de tool
le bien qui est aujourd'hui sur ta terre. Les
autres religions nous appellent au boabeor,
ceMe-ci nous appellera la résignation, tous,
heureux ou malheureux, car elle sait que
les heureux ont aussi leurs souffrances.
Grande et admirable doctrine, fondée sur
notre double nature, elle ne nous promet
rien ici-bas que la persécution et la dou-
leur; toutes ses récompenses sont dans le
ciel, et c'est en y attirant nos regards par la
foi et l'espérance qu'elle a démalériali<é
le monde !
« Telles sont les vérités que le temps a
consacrées dans les œuvres de Gerson, de
saint François de Sales, de Fénelon, deMa^-
sillon, de Bossuet, do Bourdatouc, de Ni-
cole, de Fleury, de Malebranche,d'Abbadie,
et de cette multitudede beaux génies, leurs
émules sublimes ou leurs disciples, continua-
teurs des Pères de l'Eglise grecque et latine,
et voués comme eux au culte de la vérité.
Avec quel soin religieux nous avons re-
cueilli ces œuvres saintes, illustrées |iar le
temps, consacrées par notre reconnaissane^»,
et qui, après avoir été la gloire de l'Europe,
(531) LIv.it, ch. n,p. 469.
(&3i) luiroduclion au Panthéon lUiéraire, sect. n, ch. 1, p. 58, édition de 1837.
MI
PEN
DICTIONNAIRE APOIjOGETIQUE.
PEN
543
<<''Qt defenos la coasolatioo du genre bu-
caiD '333) I
« L^histoirede l*Eglise est une histoire à
j^rt, QDe histoire morale jetée à travers
l'histoire matérielle des peuples et destinée
ï la spîritoaliser. Au milieu de toutes les
(b'j^es qai passent, de toutes les croyances
fil meurent, de tous les dieux qui s'en vont,
ce est surpris de rencontrer quelque chose
•:'imiDuabie, une société qui ne meurt |>as ,
une reliîpon qui grandit. C'est que cette
ÏZ'ise n*est jias née de l'ignorance des peu-
y is ou de 1 ambition des hommes , comme
( uies les autres religions (534), mais des
limières du ciel et des besoins de Thuma-
&ité. Son point de départ est la perfection
Liroie ?ers laquelle gravite le Kcnre bu-
miiii« et qiiand nous Ta voyons plus belle»
K D*est pas elle qui change, c'est notre in-
uliiçeDce qui est en progrès.
« Ânssi quelle puissance ! comme elle
4(13(46 les rois, comme elle soumet les peu-
]'.ts\ Son histoire est encore l'histoire du
Eiiï^de. Après Rome conquérante vient Rome
rru-ieose et civilisatrice. L'Europe lui doit
'I ibarcbe progressive et l'Occident son
''iz:M S35). »
«Annt le vm* siècle, l'Eglise ne cesse
d^ojplortr la douceur des juges contre les
lisacqas des cbrétietas ; elle sauve la vie à
t'>us!escriQÛnels; son but est la conversion,
limis la mort. Les œuvres de saint Augus-
-a i^moigoent de eette horreur du sang ; la
Semence jest de droit ecclésiastique... Il
rtî dorîeux pour relise d'avoir protesté
-} première contre le sang versé, soit au
COQ de la justice, soit au nom de la reli-
f on (536). >
U défense des Pères et des moines ne
r^uTait être plus chaleureuse, ni la répara-
0"o d'honneur qu'on leur devait plus écla-
t3DlC.
Nous avons encore à recueillir de M. Ai-
Dé'Martin quelques-unes de ces variations
«i^ûi finissent toutefois à la gloire de l'Eglise.
> La vie de pénitence tue la vie de de-
voirs, c'est-à-dire la société et l'humanité...
« Vous appelez la pénitence ; elle nous dé-
laie: vous appelez la solitude ; elle nous
'lènature. La preuve que l'homme n'est pas
r il j-our l'isolement, c'est qu'il n'est vrai-
'.ent homme qu'au milieu de ses sembla-
i >< : là seulement toutes ses facultés se
^•rTe'.oppent : là seulement il se complète
[ 3r le génie et la vertu (537}. >
C est M. Aimé-Martin qui va nous mon-
trer la solitude et la pénileace fournissant
QQ remède nécessaire à la corruption de la
liti de lempire romain et à la servitude du
'"■•jen âge.
' Peut-être les excès de Fascétisme et du
^'•inacbisme étaient-ils un des éléments in-
(S35) Introdactîoa au Panthéon lUUraire^ ubi
f.'a, rh. î, p. 47.
KÎ^^ EiceptoDs cependant le mosaîsme.
'5S5) btrod. au Panthéon litt.^ sect. tu, cb. 5,
^oj6) l'H tu^a^ p. 375.
dispensables d'une régénération complète.
Le monde, à cette époque, n'entendait que
par les sens: Rome, en mourant, l'avait
laissé matérialiste et athée. 11 fallait le dé-
matérialiser, détruire l'empire du corps par
la mort des sens, spiritualiser les âmes par
le mépris de la matière, arriver à la con-
naissance de Dieu par le détachement com-
plet ae soi-même, et à la nécessité d'nne
vie immortelle par les dégoûts d'une vie
terrestre. Sous ce rapport, la vie d'austérité
et de pénitence fut ravorable au genre hu-
main. Elle prouvait la supériorité de l'es*
prit sur la matière; elle offrait le grand
spectacle d'un intérêt matériel qui renon-
çait aux richesses et aux grandeurs terres-
tres pourj quelque chose d'idéal placé au
delà; elle développait dans l'homme cette
faculté vivifiante qui lui infuse les vérités
inconnues en l'entraînant vers l'infini ; dès
lors il V eut comme une révélation de nos
véritables destinées. L'invisible fut plus
puissant oue le visible, et le monde passa
du néant à l'immortalité (538}.
« Quel génie sublime, ayant conçu le pro-
jet de sauver l'honneur de l'humanité, éleva,
dans cet enfer du moyen âge, comme un
empire céleste, hors de la portéedes tyrans,
sons la ^arde des croyances et des conscien-
ces 1 qui lui inspira cette comlânaison pro-
fonde, ces lois viriles qui de chaque monas-
tère, de chaque église, de chaque évêché,
faisaient une république indépendante, et
de toutes ces républiques une vaste famille
répandue sur l'immensité du globe 1 Puis-
.«sance plél)éienne, courbant les tètes nobles
et royales; puissance royale et divine, choi-
sie dans les rangs du peuple, à la face du
monde féodal ; puissance intelligente, éle-
vée en haine des puissances matérielles,
des puissances armées, et destinée à les
soumettre. Peuple roi de tous les autres
peuples, se formant par la science, se gou-
vernant par l'élection, s'isolant par le céli-
bat; toujours jeune, toujours fort, ollrant
le premier et peut-être l'uuique exemple
d'une monarchie absolue, fondée sur des
institutions républicaines...
« Tel fut l'empire du gouvernement pas-
toral. Ajoutons que,... seul sur le globe, il
honorait l'intelligence en lui donnant les
dignités que le monde n'attribuait qu'à la
noblesse, et l'on reconnaîtra d'un coup
d'œil Toriginc de son |K)uvoir et les espé-
rances de son ambition. Tout est compris
dans ces mots : unité de doctrine, égalité
devant la loi, élection des intelligences au
sein de TEglise (339). »
Que souhaiter de M. Aimé-Martin après
de telles rétractations? La doctrine des Pè-
res n'est donc pas antisociale, puisau'elle
a été nécessaire |>endant quinze siècles, et
(S57) Education des wereSj etc., liv. iv, cb. C,
p. 431.
(538) Education des mères^ etc., liv. iv, ch. â»
p. 4^.
(oôO) Liv. IV, ch. 8, p. 450.
545
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
U4
que les chefs-d'œuvre qu'elle a inspirés
sbflt devenus la consolalion du genre hu-
main.
Il est encore dans le traité de ÏEducation
des mères une admirable nage qui répond
aux reproches souvent repétés» même par
M. Aimé-Martin» contre le mo^en Âge» pour
n*avoir pas su tirer de l'Evangile ni rédiser
en code les conséquences sociales des prin-
cipes du Sauveur.
<i Jésus-Christ» dit-il» invite les hommes à
lamour de Dieu et des hommes» attendant
de ce seul précepte la réforme de tous les
maux qui pèsent sur Thumanité. Il ne parle
pas de rien changer, et par lui tout a été
changé.
« Pour rendre cette observation plus frap-
pante, nous citerons un seul fiiit : l'escla-
vage. L*homme était alors une marchan-
dise; on le conduisait au marché comme
une bète de somme. Que Jésus eût tonné
contre cet infâme trafic; qu'il en eût appelé
aux nations de la barbarie des nations» on
Teût écoulé sans l'entendre : l'usage était
général» et l'aveuglement faisait le droit,
hose admirable! he Dieu se tait sur le cri-
me» mais il établit la confraternité du genre
humain; il dit : Tous les hommes sont
FBÈBES ! et l'esclavage disparaît à mesure
que lïntelligence de cette vérité se fait sen-
tir au monde civilisé.
« Les grandes révolutions n'arrivent qu'a-
vec l'intelligence des grandes vérités.
« I^ marthe tracée par Jésus-Christ est
doue la seule, qui puisse régénérer le
monde. Il faut établir les principes sans at-
taquer les préjugés qui ont les nations pour
défenseurs» et tout attendre du temps et de
la raison univers^^lle. La vérité n'efface l'er-
reur que lentement et graduellement, com-
me l'aurore effare les ténèbres (540). »
Voilà bien des citations; mais ne fallait-il
pas qu'après tant d'injustes eensures contre
l'Eglise» contre les prèlres» les moines» la
pénitence» le jeûne» l'expiation et leur in-
fluence dénoncée comme luneste et barbare,
ne fallait-il pas que M. Aimé-Martin nous
fournil un long erraia de ses trop nombreu-
ses inadvertances?
Peut-être aura-t-on remarqué combien ,
•quand il proclame les bienfaits du catholi-
cisme, le style de M. Aimé-Martin est plus
élevé, plus pur et d'un éclat plus serein, que
lorsqu'il s'irrite contre notre foi. U vérité
est encore la meilleure des muses (oVl).
PÉNITENCE. Voy. Confession.
PENSÉE» son origine, examen critiqQc des
systèmes. Voy. Pstcologie» § VIU el XIV.
PENTATEUQUE (541*). -Ouvrons les an-
nales de l'humanité» interrogeons les mr^
muments primitifs; cherchons qntàU est
l'histoire la plus ancienne et la plus aulhcn-
tique, le livre qui remonte le plus haut dans
le passé et peut le plussûremcDt nousmn-
duire jusqu aux sources du genre biunain,
fleuve immense dont l'origine, comme celle
du Nil» semble se perdre dans des ré^iuos
inaccessibles.
Evidemment» les littératures grecque h
latine ne peuvent rien nous offrir de sâr e(
de précis sur les origines de rhuniaDitû ri
de la religion. « Vous autres Grecs, tous
n'êtes que des enfants» disait orgueilleuse-
ment un prêtre égyptien ; vous d avez poioi
de sagesse blanchie ^)ar les siècles. > h
Grèce» en elfet» est bien jeune auprès de
l'Orient, et pourtant elle ne sait pasoêiue
son histoire primitive; elle n'a retenu que
les fables dont on amusait son enfance
Rome en sait encore moins que la Grèit.
Les traditions du Nord se sont éteiules arei:
la voix des bardes, et les récentes compi-
lation de l'Eiida en gardent è rielDeu»
faible écho. En vain les peuples barbares
de l'Afrique et de l'Océanie» et môme de
l'Amérique» interrogeraient leur méiuoiri',
il n*y reste guère que des traces incohéren-
tes d'un passé récent. Ne recherchez plus
les .annales de TEgvpte, elles sont ensevelies
S0U3 les ruines des temples, au fond des
hypogées; les inscriptions les plus ancien-
nes ne pourraient nous reporter jusqu an
temps d Abraham; et d'ailleurs, elles ut!
peuvent seules nous révéler la reliiîion pri-
mitive. L'histoire des Chaldéeas, des Assv-
riens» etc.» est aussi perdue» et surcc>
ruines» c'est à peine si nous voyons errer
quelaues vagues et flottantes lueurs. Seuls.
les Cbinois^Tes Hindous, les Perses eli»
Hébreux prétendent» avec des chances |)iu$
ou moins grandes de succès» à la primauté
historique. Sans doute les annales desautres
peuples ne sont pas è négliser; si incooi-
plètes» si désordonnées qu'elles soiend U ;
a encore de précieux débris sous leurs faille^
amoncelées; mais c'est un labyrinthe ou le
(510) J'aurais bien voulu extraire encore de Tou-
viage de M. Aimé-Martin (liv. ui, ck. 54 el 38, et
liv. IV, ch. 4) quelques réflexions sur la guerre pré-
sentée comme moyen providentiel de civilisation et
comme entreprise sublime, quan.i elle a un motif
religieux : ce qui n*est pas peu surprenant après les
injures de fauteur contre de Maislre pour avoir
également cru que la guerre est un moyen dont Dieu
se sert daus le gouvernement du monde coupable.
Les remarques de M. Aimé-Martin sur le sul»lime
4es guéries religieuses n*ont pas eropôcbé qu*il ne
renouvelât toutes les accusations faites d Vdin;iire
contre TEglise à propos des Albigeois (liv. n, ch.
33). Selon Pusaga aussi, il a neglij^é oe dire que
ces hérétiques, en ravageant les ^liscs, en outra-
geant et en dispersant les piètres, en égorgeant le
légat romain» en s^assoclant les bandits noones
Routiers, avaient donné de trop justes causes à une
{(uerre'. Geue guerre fut atroce, comme les ptvrti
'étaient toutes an moyen ftge» et comiae f 11**^ '^
sont toujours; mais le premier assailUol, ce toi
rhérésie.
(54i) Cf. Def. de V Eglise, par M. Fabbé Gorioi.
(541*) Des mots grecs irivri, rîji^, et xcOx^f •<["*'
trumeni, livre. Les cinq livres que renferme le rta-
tateuque sont la Genèse, VExode, le LéHiiqsi. 1 »
Nombres et le Deutéronome, Ces noms ue te irno'
vent que dans les Septante et la Vnigaie. Ckscsn*^
ces livres est désigné dans les Bibles bébrtiqv^
par un mot qui est le premier par lequel il tsm-
mence. Ainsi berêschith, in princiviOj as comtnin(f
ment, désigne la Genèse, et ainsi oes autrci.
M
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IMCTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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516
til seul (le la critiqae ne saurait nous con-
liairc; il bal qoe la lomiëre vienne de plus
>< ihm (ttaots; sans aoUienUdlê ; ont mbi des alléra-
lh«« profiMides. — Des livres indiens ; manquent d*aa-
ttetiidté ; lânû^nage de B. Constant ; ont été alté-
ra — Lirres peisans; le Zenda-Tcsta ne remonte qu'k
u fia ds ff âède avant lésiis43irisL
Après les traditions desHébreux/cellesde
iaCiiine sont incontestablement les plus
iamioeoses. Il s'en faut bien, néanmoins»
«joelles ooos offrent les mêmes garanties
•,ue rbistoire biblique, et nous conduisent
aoi^M sûrement au berceau de rbumanité.
D'aijonJ, nous devons mettre de côté les
S^ lignes ou Kaua Fo-bi» ou le fond primi-
tif de IT-lmj^; car nous ne pourrions pas
[•ia$ T troufer Thistoire primitive que dans
ies ii leUres de notre alphabet. D ailleurs,
i^incieos commentaires comaosés sur ces
tiérogivphes sont perdus (542). Les monu-
niesitsles plus anciens qui existent mainte-
Tuat en Chioe sont donc, les Kings de la
v«ie des lettrés ; mais leur origine se perd
«.^QS la Qqit ; leur âge et leurs auteurs sont
ai'Milument inconnus; tout ce que nous
MTuifi,c*est qu'ils 3ont antérieurs à Con-
(uciasqmles a refondus {543). Encore si
Doos les iTJons tels qu'ils sortirent des
inaifli de nilostre philosophe 1 Mais on sait
^m quelle foreur Chi-hoang^i surtout s^ef»
y^li deo effacer jusqu'au sourenir. La
f>enersité et lama u Taise foi d'une multi-
to^^e de sophistes leur ont fait subir des
altérations plus profondes encore ; c*est ce
«IDâTooent même les savants chinois qui
gardent le plus d'admiration pour ces lirres.
Le Ckou'king^ qui» par sa nature, devait
Tendre le ^ïus de jour sur Thistoire anli-
•iJ^ est précisément celui de tous qui a subi
ô atteintes les plus irréparables.
'ni) Voy. Amm. de Phil. cbrét., I. XV, |«g. 18 et
ȔT.. fi U Deuripiion de Vemp. de la Chine, par le
1^. bc fliLDc, u 11, p. 288.
'>^ I A te iwnte de la chronologie et de This-
i ve, dit Schlotser, on ne sait si Cooracius a vécu
^ Ms oa 500 ans avant Jésus-Christ. It est probable
P'ii fut coDleniBurain de Xenès, i84 ans avant ié-
HM:iirist » lUht. umv. de rAniiqmlé, t. I, p. 98,
tnd. fr)
[M) Cae édition de ce livre, avec iexie^ traduc-
^ (nnçnse et eommemlaire^ par M. Julien, a paru.
«Si5) Abel iUnoiiT, Aoav. Méi. m., ton. II,
(546) c Les vieilles chroniques avaient péri dans
'ioceiHlie généiai de l'an 213. » (IM^ p. 137.)
^>47) Voir : La rMlatiau fnimiihe^ ou te» grands
m(ip€$ du ckrûtiamsme dimonlrés par les écriuet
**à»cumaas des peuples les plus anciens^ et spécio'
'J-m par Us liwres canomques des Chinois^ par
^"nnaui Joseph Schmitt , curé de Steinbach ;
^^•àsèai, 1854. — Urûfenbamng, oder : die grossem
^^n éer ckrislentkums, nasehewiesen in den sagen
^ Vrksudeu der AltesUn VoUut, YoriLÛglich in den
^ $. Uaoa. Bûebem der ehinesen^ etc. — Voir aussi
l^nMKiiuaBi, Die pMasopkie^ etc.; La philosophie
<flu U disehppemeut de thUtoire^ i" part; Bonn,
i«t7.
iS48) Voir Part. Libiahisiu.
\U9) Dana rarticle cilé plus haut, nous avons
Les livres des 7ao-ise ont, il est vrai,
échappé au vandalisme de Chi-hoan^'-ti ;
mais le plus ancien de tous, le Tao-te-king^ ne
remonte (^s au delà de sii siècles avant
Jésus-Christ; d'ailleurs ce n'est point un
livre historique, mais un traité d^ philoso-
phie (5S^}.
Enàn, l'Hérodote de la Chine, Sse-ma-
thsiaUf n'écrivait qu'un siècle avant notre
ère (545). Dès lors, malgré son bon sens et
son érudition, on comprendra liacilement
qu'il ne peut être comparé à Moïse; car il
lui est postérieur de quatorze siècles, et il
n'eut à sa disposition que les lambeaux de
chroniques écha|^)pés à la proscription géné-
rale, ou les traditions éimrses dans la mé-
moire des vieillards (546).
Du reste nous sommes bien loin d'avoir
intérêt à diminuer Tautorité des traditions
chinoises, car elles confirment nos croyan-
ces de la manière la plus décisive. Tout
porte à croire que la religion patriarcale
s'altéra beaucoup plus lentement chez les
descendants d'Yao, que dans les autres con-
trées du monde antique, et l'on peut voir,
par l'ouvrage du P. Prémare, quels tré-
sors sont enfouis dans les monuments litté-
raires du Céleste Empire (547).
Quand de la Chine on descend dans l'Inde,
on trouve encore une obscurité bien plus
profonde. L'âge des principaux livres san^*
crils a été discuté ailleurs (548), et il n'en-
tre pas dans notre plan d'insister beaucoup
sur une matière presque épuisée. — Rappe-
lons d'abord ce qui a été dit de la littérature
des Brahmanes, nous parlerons ensuite des
livres bouddhistes.
Le monument le plus ancien de la litté-
rature brahmanique, c'est la collection des
Véda* (549). Mais quelle est l'origine de ces
livres mystérieux ? Pour répondre à cette
question capitale, nous n'avons que des £a-
cueilli les aveux d'un grand nombre de savants sur
TinauiJienilcilé des VéJas. Toutefois, à ces témoi-
gnages nous en ajonteroits encore un : il est d*un
homme qu^on n'accusera pas de préoccupations or-
tbodoicf , de B. Constant.
< Les Vèdes originaui, dit- il, les Aluhtèdes, sont
perdus; lesbrahmes en coavienuenL Les détails que
ces bramer cummunii^uèrent à ilolwell sur la révé-
lation et la transmission de ces livres, démontrent
que, même depuis leur rétablissement, d'après la
tradition, ils furent nlondus encore, et que, par
conséquent, la doctrine qu'ils contiennent fut sou-
Yent modilîée. Suivant ces deuils, 4,D00 ans avant
notre ère, le Dien suprême, pour réconctlii r à lui
les espiits tombés, confia d*abord à Brahma la loi di-
vinedansnn langage céleste ; Brahma Tayant traduite
ea sanscrit, en forma les Vèdes. Mille ans plus tan*,
les brabroes écrivirent sii commentaires sur ces pre-
miers livres. Ces commentaires sont les six angas,
Sui traitent de la prononciation dt s saintes voyelles^
e la liturgie, de la giamniaire, du rythme sacré,
de rastronomie et de la signification des mois mys-
térieux. Cinq cents ans s'écoulèrent, et deBOuv«aux
commenlateurs publièrent une seoonJe Inieipréu-.
tion dans laquelle ils s'écartèrent du sens primitif
et interpelèient beaucoup d'allégories et beaucoup
de fables. De ïk naquirent les qnatre Upenoèdes con-
tenant les lègles de la mé<!ecine, de la musique, de
la profession des aimes et des arts mécaniques; et
547
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DICTIONNAIRE APOLOGETI(lUE.
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^W
bles, et, qui pis est, des fables contradic-
toires. L*tiistoirc des Yédas est enveloppée
d'ombres impénétrables» et tout ce qu'il est
possible d'apercevoir à tarvers ces ombres,
se.réunit comme pour désespérer la criti-
que. £n effet, pendant une longue suite de
siècles, et peut-être même jusqu'à nos jours,
une combinaison toute particulière de cir-
constances a facilité les interpolations et les
additions; or, si nous étudions ce vaste re-
cueil dans son état actuel, ou plutôt les som-
maires et les extraits incohérents parvenus
à notre connaissance , nous y trouvons des
traces évidentes et nombreuses d'altération.
Indépendamment de ces preuves intrinsè-
ques, les textes opposés et rivaux, les onze
cents écoles qu'ils ont fait naître, et les
aveux même dBs Hindous, tout démontre
que cette compilation est de divers auteurs,
de diverses époques, et uu*elle a subides
rédactions successives et discordantes, aban-
donnée qu'elle était aux flots inconstants de
mille sectes ennemies.
€es faits sont avoués par les savants les
plus enthousiastes de l'Inde; aussi, a-t-on
imaginé sur Tâge des Védas une multitude
de systèmes inconciliables. Leur origine
avait d'abord été reportée à plus de trois
mille ans par delà notre ère; mais William
Jones et Colebroke ont réduit successive-
ment cette fabuleuse antiquité à seize, puis à
quatorze siècles avant Jésus-Christ. Plus ré-
servé encore, le brahmane Ram Mohun-Roy
ascontentededirequeVyasa,compilateurdes
i 8 quatre Vp-angas, dans le premier desquels on a
renfermé plus tard les 18 Pouranas.
c Enfin, 3,500 ans après Tappiration des \ede8
originaui, cinq écrivains Inspirés prési>nlèreni une
nouvelle rédaciion. L*un<i*entreeui, Fifaxa, fauteur
des pouranas^ est aussi celui du grand poème épique
des Indiens, le Mahubarata. Mais ce Vyasa pourrait
bien n*avoir été qu*uu nom géuérique désignant une
série de commentateurs des Vèdos. L'incertitude
qui est répandue sur Tépoque de Vyasa, et que les
efforts de M. Bentley n*unt pu dissiper, nous ferait
peircber vers cette opinion. Les contradictions des
Indiens à cet égard sont manifestes et choquantes.
D'une part, ils séparent le Ramayan, poème qu'ils
attribuent à Valmikv, du Mahabarata de Yyasa par
une distance de SG^'UOO ans ; ei de Tautre ils affir-
ment que ces deux poètes se sont souvent rencon-
trés et consultés sur la rédaction de leurs poèmes.
Vyasa est de plus un personnage mythologique;
Untôt une régénération de Brahnia, née dans ce troi-
sième Âge, quatre ans après Tentrevue de sa mère
avec un Richi ; tantôt une incarnation de Vichnou
dans le sein de la jeune Kaly demeurée vierge
après lui avoir donné le jour.
< Le second rédacteur des Vèaes fut Ifanov, plus
connu que le premier législateur des Indiens (As.
i?e«. I, 1G2). Le recueil de s?s lois est le plus ancien
Code : mais ce Gode n*a été probablement ni Pou-
vrage d*un seul homme ni rœuvre d*un seul siècle.
(IIeebek, /itd.. H, 440.) Les trois autres rédacteurs,
de Taveu des Brahmes, se rendirent suspects d'héré-
sie. Nous n'examinerons pas la vérité du récit; mais
il indique suffisamment les refontes réitérées de la
religion indienne. Tout le monde connaît les impor-
tantes déclarations de Wilfort sur les falsifications
du Pandit, qui lui avait Iburni les matériaux de sa
comparaison entre les fables de TlnJe et celles de
lEgypU\ (Al, Ret. VIII, 251.) On peut, ce nous
Védas, vivait «il y aplus ùtdtux militante
et Colebroke paraît s*ôtre en déûnilire ar-
rêté à celte modeste prétention. — Enfin,
M. Bentley a osé soutenir qu'aucun as
Védas n'était antérieur à rinvasion maho
métane, et il s*est efforcé de le prouYer,$(*it
par des observations astronomiques, m
par différents noms de princes m^^oDib-
' tans insérés dans le texte.
Quant aux autres monuments delà litié-
rature brahmanique, on ne saurait, par au-
cune conjecture un peu vraisemblable, leur
assigner une date aussi ancienne que celle
du Pentateuque, et les indianistes les pics
illustres Tavouent expressément. Tous ces
livres ont d*ailleurs subi de nombreuses et
profondes altérations ; dans tous, l'aDlique
est mêlé avec le moderne d'une manière dé-
sespérante. Les époques même les plus rsp-
procbées de nous sont pleines d*incerlitQ<jp,
et les ouvrages, dont l'Age peut être Oie
d*une manière certaine, sont tous assez ré-
cents.
Nous pouvons donc conclure ptr ces [vi-
roles de B. Constant : « L*époque d'aucon
des monuments brahmaniques n'est incciD-
testable ; l'authenticité de plusieurs est dou-
teuse ; et, comme ceux qui sont apocr^pha
sont toutefois empreints de rimagiDation
brillante et bizarre et de l'excessive abstrac-
tion qui caractérisent les productions lia(^
raires et philosophiques de celle contrée,
on est d'autant moins en état de Oxer h
dates, de démêler les opinions priioitiTe^,
semble, eu tirer des conséquences gnTasiirlcsfal-
siflcaiions des livres indiens en gétiéral.
c Les indigènes eux-mêmes ne contesient pa$«
falsîûeàiions, mais se bomenl à les excuser en cissii
que la corrupiion du siècle force les sages à y^
aux vérités les plus sublimes l'appui d*Qoelab«leiN?
auliqui(é.S'il était, de plus, conslaié, coniiDe rairme
l'abbé Dubois, que le climat détruit assez rtpKi'^
meut tous les manuscrits pour forcer les brabnai
les recopier chaque siècle, on conçoit combieiKfiD-
terpolalions, d*ahérations de doctrines deTnieiii es
résulter.
< Si Ton rCÂéchit encore que, durant treize i qu-
torze cents ans, ces monuments amsl muiiléi, c>i
copies ainsi refondues, ces commenuires dost ^
auteurs avaient à faire prévaloir une opinion b^o*
rite, ont servi soit d^occasion, soit de texte, à dâ
ouvrages philosophiques ou métaphysiques dï»
lesquels chaque secte donnait son système cobu»c
le seul primitif et vériuble, on appiécieralatié-
fiance qu*il faut apporter dans leur examen. EneK
il suffit de les parcourir avec quelque aiteotionpoof
reconnaître que, loin de contenir uuedocirioent"^,
Ils sont, pour la plupart, Tauvrage de réforoateon
et d'inspirés qui voulaient intmréter, ^nrer, cei-
à*dire modifier et transformer la docmoe reçue. U
Néardisen, par exemple, que les Indiens du B.npie
et de toutes les provinces septentriolialesdeiliHic
regardent comme un S/iai(er sacré, tandis que khi
du Décan, de Goromandel eidu Malabar le ie,eU»>i,
est un pur système de métaphysique admis panoi
les livres saints, grjice à la progression d«s iàé»,
ainsi qu'auraient pu Pitre les ouvrages des écUcùfi^*
si le polythéisme^ épuré par eux, u fût numum. »
(Beii/amin Gonstamt, De la religion comidém dtt<t
sa source^ ses formes et ses déHloppeMffffh ^ *''
ch. C.)
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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S50
et de déterminer la marche et le progrès de
ces epinioDS (S50). ^
La littératare bouddhiste nous Dffre-t-elle
4ie5 documents plus authentiques et plus an-
rii-ns?
CeUc question mérite examen, car A.
Rèinusat jiense que les écrits des boudtihis-
tes sont bien supérieurs à ceux des brahma-
&':s au pointde Tue historique. A Ten croire,
lissent remplîsde traditions curieuses (551),
H il en donne poor preuve un fragment de
r Emryciapf die japonaise j contenant une liste
(bronologique de trente-trois personnages
i^mstres, par lesquels la doctrine secrète de
Bouddha aurait, dit-on, été transmise jus-
•qu*an tT siècle de notre ère environ. Nous
pourrions observer d'abord que la valeur
fii5iori<|ue de ce fragment n*a pas semblé
au55î irréfragable à tous les savants qu'à
l'illustre orientaliste qui Tavait découvert,
liais nous ne voulons pas revenir sur ce
p<&întdéjà touché ail leurs (553); il nous suf-
fira dlnsister sur une distinction impor-
tante. On ne doit pas, ce nous semble, met-
ire sur la même ligne les bouddhistes de
llnde et ceux de la Chine ou du Japon. Je
doQle fort que les bouddhistes indiens pos-
sèdent beaucoup plus de souvenirs hislori-
i^esque les brahmanes. Les différences qui
l€5 séparent sont toutes extérieures et leurs
peadîaiiis intellectuels sont absolument
identiques. A. Résumât lui-même nous eu
f'.*urail la preuve. — « Ceux qui ont insti-
toé la religion samanéenne étaient de ces
sages de 1 antique Orient qui aimaient à
s'eiprioier par énigmes et par symboles,
qoi dédaignèrent de dire raisonnablement
des choses raisonnables, et qui , pour rien
au monde, n'auraient voulu émettre une vé-
rité sans lavoir préalablement déguisée en
fiUavagances. » — Et un peu]plus uiin : « Le
sîstème mythologique le plus embrouillé,
qîu soit né en Asie, se trouve combiné dans
le liouddhisme, avec des subtilités physi-
qotrs telles que jamais aucune école aOcci-
•ient n'en a enseigné d'aussi complètement
iiânlelUgibles, même depuis cinquante ans
553;. k — Je le demande , ces paroles ne
s'appliquent-elles pas au brahmanisme avec
la plus parfaite exactitude? N'indiquent-elles
pas précisément les tendances qui ont em-
j-ècfaé rhistoire de se développer parmi les
sectateurs de ce culte ? Comment donc ces
tendances auraient-elles produit un effet
toat contraire dans le sein du bouddhisme,
iorsqa'il se propageait encore au milieu des
munies populations, sur le même territoire,
dans les mêmes circonstances (S5i^) 7
Ce quicouQrme ces doutes, c'est que jus-
qu'à ce jour l'on n*a pas plus découvert de
livres historiques parmi les bouddhistes do
C550) De Im reMom. considérée dams sa iource,
t fmrmes ei ses dérelcppememu^ liv. vi, ch. 5.
(S5ft)jrér. «., LLp 114.
<5aS) Voir tor les Traditions hindomes fart. L^au-
{55^ /M., p. 130.
i^Si) A. W. Seblegd déclare qa*aprés de loogs
tiortt, il o*a pa découvrir aaeoae différence esseu-
rinde que parmi les brahmanes. A. Rémusnt
incline néanmoins à croire qu'il doit en
exister que nous ne connaissons pas , et
il appuie cette conjecture sur les détails
historiques, géographiques et chronologi-
ques où est entré l'auteur du fragment cité
plus haut. Mais, si je ne me trompe, ce rai-
sonnement n'est [ms d'une grande force; rar
on pourrait en faire un tout à fait sembla-
ble sur les histoires des nations brahmani-
ques composées par certains érudits euro-
péens. Or, cependant on aurait grand tort
de conjecturerque les brahmanes leur avaient
fourni des documents d'une certitude incon-
testable. — Que les bouddhistes de I Inde
aient possédé, même avant l'ère chrétienne,
des légendes historiques, géographiques,
chronologiques, nous le croyons sans peine;
les brahmanes en ont eu aussi à une épo-
3ue sans doute très reculée. Que les érudits
e la Chine ou du Japon aient fait, depuis
douze ou quinze siècles, des travaux cu-
rieux sur ces légendes samanéennes, nous
l'admettons volontiers. Lorsque le culte de
Fo commença à se répandre dans la Chine
etauJapon, Tesprit de critique et toutes les
sciences qui se rattachent à 1 histoire avaient
pris déjà un grand développement dans ces
deux contrées ; l'influence indienne dut sans
doute lui être fatale, mais elle venait trop
tard pour les étouffer; et le penchant des
nouveaux sectaires pour les rêveries my-
thologiques ou philosophiques trouva saus
doute un frein dans les habitudes positives
des populations qu'ils voulaient convertir.
Il est clone tout à fait vraisemblable que le
bouddhisme possède des documents histo-
riques dignes d'attention , depuis qu'il est
sorti de l'Inde; mais ces documents doivent
être nécessairement bien postérieurs à cotre
ère ; car c'est pendant les premiers siècles
qu'il a commencé ses conquêtes au Nord et
à TEst, et c'est seulement du v* siècle que
datent ses grands progrès. Aussi la première
traauction des livres de Bouddha ea chinois
est de 418 après Jésus-Christ, et la seconde
de 695 (555).
Supposons toutefois que le 6ottddAtime ait
possédé des livres historiques avant de sor-
tir des contrées qui furent son berceau, il
est évident que ces livres ne pourront en-
trer en parallèle avec le Pentateuque, sous
le rapportde l'ancienneté etderauthenticité.
Les plus anciens seraient sans doute ceux
que les Samanéens considèrent comme sa-
crés, et qu'ils attribuent aux fondateurs de
leur religion. D'après le savant que nous
avons déjà cité tant de fois, < ces livres ont
cerlainement été composés en sanscrit, et,
suivant toute apparence^ à une époque très-
rapprochée de celle où Ton a coutume de
tielle entre les dogmes, b morale et le enlie da
brahmanisme et du bouddhisme. MM. Creuzet et
Gutgniaut, après avoir cité ces paroles, avauenl
qu'ils n*ont pu trouver de diOéti^iioe que daos la
coiistiluiion hiérarcbii|ue de tes deux religicma.
(V. iÏMf. des ReL de Vautiq,, I. I, k i, textes el
Bules.)
(555) A. IUai;siT| «^i stt|»., p. iiO.
95i
PEN
DICTIONNATRE APOLOGETIQUE.
PEN
S5i
de placer rexislence terrestre de Bouddha.
(556.) V — Admettons ce fait, admettons
que « l*on s*est attaché à coaserver ces li*
Très avec uo soin scrupuleux (557) ; » sup^
posons enGn que Ton doit fixer à Fan 1029
avant Jésus-Christ, la naissance de Chakia-
mouni (558) et que ce personnage est bien
Fauteur des doctrines exposées dans \à fleur
majestueuse (559) ; ces doctrines et ces livres
seront toujours postérieurs au Pentateu^ue
d'au moins cinq siècles. Mais il parait qu un
des deux ouvrages réunis sous le nom
d^Hoa-'yan ou de la fleur majestueuse ^ est
postérieur à Chakia-mouni; car les légendes
bouddhistes l'attribuent à Ven-tchu^sse-li
(yertu innefEable) et à A-^nan (le joveux). Or,
d'après V Encyclopédie jt^onaise^ fe premier
de ces deux personnages vivait vers SH)5avant
Jésus-Christ, et le second mourut vers 805.
Il parait du reste, comme nous le dirons
plus tard, que ces livres renferment seule-
ment des rêveries mythologiques ou méta-
physiques, et qu'il n'y a pas d'espoir d'y
trouver des documens historiques dignes
d'attention* »
Ainsi ni les disciples de Coqfucius et de
Lao-tseu, ni les Brahmanes, ni les bouddhis-
tes ne peuvent nous offrir un livre aussi
ancien que celui de Moïse. Voyons si les li-
vres persans remontent plus haut dans l'an-
tiquité.
Le plus ancien monument où soient
réunies les traditions persanes est sans con-
tredit le ZendrAvesta^ apporté en Europe et
traduit par Anquetil-Duperron.
Si nou3 en croyons Kbode, parmi les
monuments si divers qui forment cette
compilation, quelques-uns seraient anté-
rieurs, et la plupart postérieurs à Zoroas-
tre (560); mais il est plus sage de s'en rap-
porter à la tradition qui nous présente ce
réformateur comme 1 auteur principal des
(556) A. Réxusat, ubi snp.. p. 105.
(557) Jbid.
558) i^ùi., 117-118.
(550) Ibid. — f La réunion complète des livres
où sont expliquées les dilTérenles doctrines qu! com-
posent la philosophie de Bouddha se nomme en chi-
nois, Hoa^yan ou la fleur majestucuu. On comprend
sous ce R'im beancoop <l*ouvrages qui n^ont Jamais
extsié, et qu*on suppose avoir été rédigés par Pt-
lou*tcke*na'jou-lat, c'est-à-dire, par Bouddha pré-
sent partout. La mythologie bouddhiste partage la
fleur mqjestueuu en dix classes ; mais la 1" ei la 3*
ont seules une existences réelle. Ce sont : lM*abrégé
fondamenlat, Lio^pen-king, divisé en 80 chapitres, et
2* Le Uia-pen-king. — A. Rémusat ne nous dit rien
de Poiigtne du premier, mais voici comment il s'ex-
prime sur celle du second, d'après le Dictionnaire
iliéolog4qae<Saii|.safi9-/a-soii. < L'origine de ce livre
esi toute miracttlease ; un des PAon-aa, ou dieux du
scconJ ordre, surnommé Lonn^-CAoïi, étant entré
dans le PalaU des Dragons^ c*esl-Â-dîre dans le Pa-
radis, y vit tes trois parties du grand ouvrage qu'on
nomme immaffinable, ou ie livre des Cent Sextil-
iions. La dernière de ces trois parties contenait cent
mille kiei (périodes de 4 membres de phrase» cbacan
de 5 ou 7 mou) distribués sous 48 sections. Loung^^
chou s'atucba à les graver dans sa mémoire, et il
les révéla ensuite aux hommes du siècle, i P. 147
et 148.
livres sacrés du Hagisme. Malbeureosemcm
on ne s*accorde ni sur son caractère, ni sur
sa patrie» ni sur Tépoope de sa mission.
Plusieurs écrivains qe Vantiquité le foot
remonter jusqu'à 6»000 ans avant noire ère;
mais tous les savants rejettent avec mépris
cette insoutenable prétention. Toutefois
quelques-uns, entraînés par Tesprit de sy <;-
tème, ont reporté Tâge de Zoroastre auiidà
des limites de toute histoire connue, iinsi.
Rhode met (riif rcup» sous le règne dugoel
parut Zoroastre» ou Zerdouscht^ avant Ninu$
et les Assyriens ; Yolney arrive h peu près
au même résultat» et fait Zoroastre conteiu-
porainde Ninus, qui vivait» suivant lui, eo'
viron 1»200 ans avant Jésus-Christ. — Une
seconde opinion^ mise en avant par hhk
Foucher» lait descendre le réformateur d*Iran
sous la dynastie des Mèdes, et voit dacs
Gustaps Cyaxarès T*. Ce sentiment a e(é
fortement soutenu d'après le Zeni-Atena,
par Tychscn et par Heeren ; mais Rbode a
tourné contre eux leurs propres ai^uineols
pour les faire servira l'établissemeotdeson
système» et par là on a pu voir combien
ces arguments étaient faibles.
M.'Guigniaut n'hésite pas à déclarer que
le çénie des livres zends et des traditions
religieuSes de rOrient a été bien mal com-
pris par ces savants et surtout par Voloev
(561.) Pour lui» d'après Zoéga et quelques
autres» il admet plusieurs Zoroastres, doot
le dernier aurait vécu au temps de Dariui
Hystaspes. » Ce dernier^ dit-*il» est le seul
dont semblent parler les livres des Parses,
le seul historique; les autres ne sont que
des mythes ou même de purs symboles. »
Cette hypothèse s'accorde au fond avec l'opi*
nion commune. C'est pourquoi tous les
orientalistes placent la venue de Zoroastre
vers la fin du vi' siècle avant notre ère^ e(
(560) c Les fragments qui noas restent nefoniicbi
qu'une portion peu considérable de rensemble in
livres divers qui portent le nom de Zoroastre. Cci
Hvres se divisaient en %i sections» sous le non it
nosk^ en zend nasçka. Nous ne possédons qu\iDe|»r«
tie de la 90* appelée par les Perses Yen^ad, A
cette portion du iè* Nasçka, il faut ^'ooter le iirn
de la liturgie» connu par les Perses soos le bw
dixescbne (en e« nd YoçHa^ sacriiioe)» et daflslequ<l
on retrouve des fragments de quelques autres îVai^-
Ce livre est accompagné d*ttii petit recoeild'iDToc^
lions que Ton peut cependant en délaciier, et qoi
prend alors le nom ,do Vispered. Ces trois oomgt^'
sont réunis en un seul par 1rs prêtres parses, eiil>
reçoivent alors le nom de Vendtdad^adé, Eufio, i&
Parses cmiserveot» sous le nom de iesckts et «k
Neaechs, d'anciens fragmenta» dont ptosieori <»< s»
Ués^and intérêt, i (BuBNOur , Cmmestaire sur
VYaçna.) — Le Boundekesck et»t un livie pefaln qu>
vient immédiatement après les livres zeulsdais
Testime des Perses; il ne faut pas le confonJfe arrc
le Sadder-Boundehesch^ qui est en .parsi susii ii "
que les deux autres sadders. Ltsadderesi un eiiriit
récent des livres. zends*
(561) Il va même jusqu'à traiter ropiaioo «>u(^
nue par Rbode et par Volnej» de bisârre^ àef»-
tuite et de tout à fait extraordinaire. {S. Hi»^»^^
rel. de Cant., t. I, u* partie, p. QGÙ-m.)
v^
PCX
DICnÔNNAiRE APOLOGETIQUE.
PEN
SKt
:'>fltJfieot GusUsp avec .Darias, Gis d*Hys-
Il {laratt donc hors de doule que le Zend^
iftUa a été composé vers le temps où les
Jaifs élaient en capCÎTilé à fiabjlone^ et ré*
f^ndiient ieors traditions reli^euses dans
ip.Dtes les grandes Tilles de TAsie. Les tra-
ditions {lefsaties confirment puissamment
rtUe vérité en nous montrant Zoroastre en
apport tfec lesdoctenrs hébreux. Ce point
irté, da reste, solidement établi par les
'•fi'^atalistes les pins savants et les plas
j'Mtieai, entre autres par Hyde, Anque-
t -Daperroa, Klenker» Herder, Jean de
Voiler, Ualcoloi, Gœrres, et M. de Hammer
ç:t Ta fortifié de preuves nouvelles (562.)
N>35 ne nous arrêtons pas à examiner
'-) autres monuments de la littérature per*
»r.Qe, (larce qu'ils sont trop modernes pour
"Ji-Tter beaucoup à notre sujet. Le Scha^
•'-^à, 00 livre des rois^ ibt oomi)osé vers
! n tMde notre ère par Ferdousi ou Fir-
v%as5u~ Le Dabisian et le Déêotir auraient
1 ^enplasdlmporlance pour nous s'ils étaient
' i.nes de foi ; car ils décrivent une période
'••^ 3 reiidoQ d'Iran» anlérieure à Zoroastre
nn^B^lHom^ son prédécesseur. Par mal-
'r>^3r« le MûTo» n*a été, dit-on, rédigé que
f-^s !e inr siècle par un mahométan de
ù-'ieff.j>e;el, si récent qu'il paraisse, il
re p 55^ encore qu'une authenticité fort
y-ihnse, n est Trai qu'il s'appuie sur des
r 'saflienls plus anciens, entre autres sur le
Ifftniir: mais il est très-incertain si son au-
l'orjjaauitSTu ce dernier ouvrage où il
ir-^wi puiser (Srâ).
li:5a le DésaSir ne nous offre guère plus
:e ^nnties. D'après M. de Sacy et plusieurs
î-{'« orientaJistcsi sa date est nécessaire-
■=t postérieure à l'hégire, et, selon toute
"«•«mLlance, ne remonte guère au delà
' mr siècle ; M. de Hammer seul le juge
^uioap plus ancien, du moins en quei-
^ô [tariies. Quoi Qu'il en soit, nous som-
es loin d'avoir intérêt à déprécier ces mo-
i:iien\s ; car, au lieu de nous être opposés,
Mcnfirment de tout leur poids Tensei^e-
icr.1 de la Genèse sur la religion primitive.
Il résulte des observations précédentes
^'aocuQ des livres chinois, hindous, per-
a>. ne |)eut, sous le rapport de Tancien-
*ié, eatrer en parallèle avec le Peutaleu-
i^; car, nous le démontrerons bientôt, ce
oument est antérieur à Fère chrétienne
^nriron quinze cents ans. Il a été corn-
ue à une époque où le paganisme était
l%i Voir Hioe, De reltgione teUrum Penmrmm^
«a. 17U4, iii-4*. — AsttiiETiL-DFPCBRON, Zemi-
<x«, etc. ; Paris, 1771 « 3 vol. in-4*, traduits en
esiod avvc de précieuses additions, par J. F»
rtiker : Ânhaia mm, Zend-Atesia ; Riga, 1776-
M« I7S3. — CoEiBCS, Da$ Heldenbuch von Iran
I bm Sdwkjumih des Ferdu$ii ; Berlin, 1820, el
f<A(i9ttc*,eic.— MâixoLv, But, de Peru^ irad.
«ç — Çahmek, Ueidelb. Jahrbncher der Litt. —
H'iœr^/aArHcAer. — ZotCk's , Abhandl. — J.
un'i Werkê, — Heckch, ideen^ etc. — Oo peut
V PMr de ptas amples Indicalions bibliographie
DiCTio:«5aiaE afolog^iqub. II.
encore une nouveauté, et où les soutenirs
de la religion primitive n'avaient pu s'esi^
cer de la mémoire des peuples. Les pk*eipiers
apologistes du christianisme s'attachaient à
nrouver que Moïse avait précédé tous les
législateurs, les philosc^hes^ les poètes et
même la plupart des dieux de l'Egypte, de
l'Asie Mineure, de la Grèce et de Rome (564);
nous pouvons ajouter maintenant que le
fondateur du iudaîsme écrivait longtemps
avant les législateurs, les poètes et les phi-
losophes de l'Asie centrale et de la Haute-
Asie, Si Pythagore^ Zaleucus, Cérondas,
Lycurgue, Hérodote, Homère, Hésiode»
Sanchoniaton, Bérose, Manéthon, sont mo-
dernes auprès de lui ; Lao-tseu, Confucius^
Ssé-mathsian , ChakiaHaQOuni,Vyasa,Manou»
Zoroastre lui sont aussi bien postérieurs.
Soit donc qu'on interroge la littérature des
Hellènes ou les livres des parsis, des brah-
manes, des bouddhistes^ des lettrés ou des
tao-sse, dans quelque secte, chez quelque
nation qu'on se place pour observer les ori'>>
gines de l'homme et de la religion, toujours
et partout on voit apparaître l'œuvre de
Moise au sommet des traditions antiques.
C'est donc évidemment vers ce point culmi-*
nant que l'on doit se diriger tout d'abord»
quand on cherche à s'orienter d'une manière
certaine dans lliistoire primitive; c'est de
Ik seulement que l'on peut voir autour de
soi se dessiner avec netteté les routes di^
vergentes où s'élancèrent les peuples deve-»
nus infidèles.
111
Les iDiules des peoples QiinolSî Indiens, Persans, etc., à
reiception d« celles des Joifr, ne présentent qu'obsoïK-
rilé elincerUlnde et n*ont ancnn cwactère historiquei
Si l'histoire biblique^ l'emporte sur toutes
les autres par la date de sa composition, elle
les surpasse également par sa clarté et sa
certitude.
D'après Varron, les temps historiques de
la Grèce ne dataient que de la première
olympiade, 776 ans avant J.-G. (Ap. Cehsor.
De die natalii c. 21 .J Au delà tout paraissait
à ce savant, sinon fabuleux» du moins très-
incertain. Si l'on excepte la nation Juive,
et oeut-étre les Chinois, la critique ne peut
guère remonter plus haut dans les annales
de l'Orient.
£n effet, Rlaprolh et Windischmann s'ac-
cordent à placer le commencement de l'his-
toire certaine en Chine à l'année 7fô avant
Jésus-Christ (565). Si nous acceptons le té-
moignage du Chou-kingf il nous reportera»
qoes, CftciJZBn, Ae/t^ions de rAntiquilif L I, part, u»
p. 667-668.
(363) Voir A$ict. Joum, de Calcutta^ Janvier 1819
et novembre 1820. — W. Ebs&ixc, dans les Trait-
saelioM de la Société de Bombaïf, t. U, 18i0 ; Hei-
delberg, Jahr Bûcher der LiiL^ 1833, n* 6^ 12, 13^
etc. — Creczeb, uH bup.^ p. 671.
(564) Y. S. JosiiB, Théophile d*AnUocb«i, dé-
ment d'Alexandrie, Origène, S. Cyrille d*Aleian«
drie,etc.
(565) KLiPaoTH, Crédibilité des kiêtoriens astatU
qws dans PAna poif/glotta ; ce Mànolre a été ifteé»
18
559
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
5)9
di lion a prêtés è leurs types immortels (581 }• »
Mais « peut-être est-il plas difficile encore
pour rbistoire de la religion que pour l'his^
toire civile chez les Perdes» de concilier entre
eux les témoignages des écriratos classiques
de Tantiquité, et ceux des auteurs orientai;X|
nationaux ou autres ; aussi les modernes qui
ont examiné ce sujet n*OBt-i)s pas manqué
de se partager en systèmes fort divergents
ou même contraires.
«( Les uns, tels que Foucher et Zoe^^a
(pour ne pas remotiler jusqu'à Hyde, Pn-
deauxy etc.)» n'attachant qu'une médiocre
importance aux livres zends» ont cherché de
E référence la solution des principaux pro-
lèraes dans les récits des Grecs et des Ro-
mains,
« Les autres, et c*est le plus grand nombre,
considérant le Zend-Avesta comme le recueil
authentique des livres sacrés des mages, au
temps des derniers Achéménides, se sont
surtout proposé de mettre en accord avec
ces précieux originaux, les documents qui
nous ont été transmis, soit par les auteurs
classigues, soit par les orientaux modernes.
Parmi ces derniers se distinguent Anque-
lil, Kleuker, Herder, et plus récemment,
MM. Gœrres, Creuzer et de Hammer.
« D'autres enfin, se prenant do passion
pour les antiques écrits qui portent le nom
lie Zoroastre, et leur sacrifiant toute autre
source d'instruction, alors même que, par
une critique des livres zends plus sévère
qu'on ne l'avait faîte jusqu'ici, ils y recon-
naissent, sauf le Vendiaad et un certain
nombre de morceaux, des fragments d'épo-
ques très-différentes, ont essayé de retracer,
d'après le Zend-Avesta seulement, tout le
système religieux et liturgique des Perses,
que, par une bizarre inconséquence ou com-
binaison, si l'on veut, ils reportent ensuite
aux âges primitifs* M. Rhode est l'auteur de
cette théorie nouvelle à tous égards, et qui
paraît d'abord séduisante, mais qui ne ré-
siste pas à un examen impartial (582). »
M. Guigniaut compare ensuite et discute
ces divers systèmes. Mais ce qui résulte
ilus clairement des recherches et des con-
, ecturcs auxquelles il se livre, c'est que
rbistoire religieuse de la Perse est pleine
de problèmes insolubles. Aussi Klaproth ne
fnit-il commencer l'histoire certaine dans
cette contrée qu*au m' siècle après Jésus-
Christ (583).
S m.
Incontestable supérioriié da Pentateoque. — Aveugle-
nient de ceux qui» dôdiûgnant de ie consulter, se fali-
gueut à poursuivre des ombres.— Problèmes insolubles
en dehors du Penlaleuque. — Chao» des 6lémeuts po-
lythéistes.
On le voit, nul monument profane ne
(i$8l) nitl. des tél. de ianl., p. 686.
(581) Ibid., p. G93.
^585) Asia polygloUa ubi sup. Pour complël«r les
nbëervatioiis précédentes, nous allons reproduire k\
le tableau où M. Klaproih résume sou opinion sur le
commencement ds Thistoire certaine cliez les peu-
ples asiatiques.
DEPUIS KOTllE iai SlicLCS
Uindous cl Mongols^ xu*
fieut nous conduire bien sûrement k trarers
*antiquité jusqu'au berceau du genre hu-
main. Dès lors, n^est-il pas sage de s'adresser
d'abord au Pentateuque quand on teul cou«
natlre lori^ne de tous les cultes 7 Ne doii-on
pas au moins le consulter quand on cherche
de bonne foi et sans détour si ie genre hu«
main a débuté par le fétichisme le plus ab-
ject, comme le dit la philosophie ralionaiisl?,
ou bien, au contraire, par un monolhéisnie
très-pur, eommel^enseigne le cbfistianisffip!
Moïse atteste que la religion primitive k\
identique dans ses bases à celle que ]>rD'
fesse aujourd'hui l'Eglise; il atteste que le
polj'théisme est une déviation, une chute,
un mouvement rétrograde^ et non un pre«
mier pas, dans la route du progrès. Pourquoi
reut-on rejeter obstinément son témoigoagi^
dans cette question? Pourquoi refuse-i-on
de lentendre? — Chose inconcevable 1 On
étudie, on accepte tout, si ce n*est la Biblel
On enregistre gravement les fables les ptos
absurdes, on dépense des trésors d*éruditios
à bâtir des systèmes sur les fantaisies de
tous les poètes païens, sur le sable mouyaot
de la mythologie, et Ton rejette cette bs5e
de granit que Dieu même avait posée à l'ori-
gine des tt^mps pour asseoir solidement lé-
diûce de Thistoire I — On accueille avec en-
thousiasme le plus obscur manuscrit exhuiDé
du fond des pagodes hindoues, et loa oe
tient nul compte de ce livre vénérable qui a
FSiSsé trente-trois siècles au grand jour, sons
œil de la critique et de la science, sous la
f)rotection de la foi la plus yive et du resfHM
e plus profond l — On s'enferme dans la
Huit du paganisme, et Ton refuse d'éleier
les yeux vers cette lumière éclatanle qui
brille au delà I
Mais pourra-t-on du moins se faire m\
une illusion complète et durable? Non, cer-
tes^ car, on a beau Cairer 1® phare est toujoors
là, qui luit à Thorizon ; le vent des passions
ne saurait l'éteindre. — Et puis, si épa s^e
que soit la nuit des traditions païennes, l j
È mètre encore çà et \h quelques rafODS.
ème à cette lueur pâle et douteuse, on
peut reconnaître que la religion n^à pciot
eu dans les temps anciens une marche sâitn-
dan te et progressive, mais au contrait eqii'eiic
a été s*altérant de siècle en siècle; unn**
gard attentif retrouve jusqu'au fond desi'^us
grandes erreurs, et sous les rites les |)iu^
honteux, l'empreinte sacrée des dogmes, de
la morale et du culte peints dans la Genèse"-
Toutefois, au sein de ce^ ténèbres, le
doute est faciles Tout apparaît dans un cer-
tain vague; tout se prête à mille conjectures
et Ton peut aisément supposer aux objets iJ
forme et la couleur qu'on désire ou qu^^"
Persans,
TliibéUms,
i^Airr NOTRE ÊRB
Arméniensv
Géorgieas,
Japonais.
Ounois
III"
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tàau
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PEN
S«jS
T^Te. Il es( donc nalard de s*arr6ter et de se
i-ii-r dans cette région obscure quand ou
Teu?9 comme dit saint Paul, apprendre tou-
j urs , sans arriver jamais à une science
qu'on redoute : Semper discenUs et ad scient
/idiji rerUaiis nunquam pervenienles (58^).
>oDs plaidons amèrement ceux qui fuient
*t <rand jour des traditions hébraïques et se
f3tigaeot i poursuivre des ombres qui s*é*
vin<missent sous la main qui les presse;
nous prions pour eux» nous n*espérons pas
\<â cooTaincre. Hais nous nous adressons
aux hommes d'une volonté pure, à ceux qui
ne rejeUent pas les faitSi comme une subs-
UQce molICt dans le moule d un système
a priorU qoi cherchent avec ardeur la vé-
rité et marchent droit à elle n'importe oh
tWt se montre. A ces hommes, nous di-
roos:
C'est s'exposer volontairement à faire
bosse route que de s'engager sans CI et
vsrs gnide dans le dédaie des mjthologies
(isieBoes. Jaicais, par cette méthode, on ne
^.^•am découvrir d*une manière certaine
qjcUilé le point de départ de toutes les
Te'.ipoos. Quand on Tadopte, en effet, on
biiUi^Uéleroiiner d*une manière précise,
irréfragable, Tordre dans lequel les diverses
f^noes do polythéisme se sont engendrées
1^ oûaic» autres. — Or c'est là une enlre-
/rise ouiufestement impossible ; car, avant
i^ot, il iâudrait une ciironologio détaillée
iie toutes les variations du polytiiéisnie ;
M35 dirooolo{çie , point d'histoire ; mais
rtCe diroQoIogie des temps fabuleux, elle
iK/os manque complètement; il ne nous
mie que des anneaux épars et brisés de
c^e longue chaîne. Voiri une série de
q'iestioDs que nous avons droit de poser à
ya adrersaires, et dont ils doivent une so-
Jtuion :
A âuelle époque ont commencé le cuite
de» génies, le culte des éléments, le culte
des astres, Tapotbéose des grands hommes ?
— On De sait.
Ouaod est-ce que l'on a, pour la pre<-
znière fois, personnifié les attributs divins?
— On ne sait.
Dans quel siècle, et chez quel peupie les
JQjages et les svmboles ont-iis été d abord
identifiés avec Je diou qu'ils représentaient?
-~ On ne sait. \
Quel est celai qui déifia le premier les
choses utiles et nuisibles, les vertus et les
Tices 7 — On ne le sait pas davantage.
El si Ton ne peut iixer la date absolue
u'aueun de ces cultes, pourra-t-on du moins
découvrir leur date relative? Non, histori-
quement cela est impossible.
Le culte des génies a-t-il précédé celui
<!f9 éléments et des astres? Le spiritualisme
a-t-il devancé le matérialisme religieux?
Les forces qui dominent et dirigent le monde
physique furent-elles primitivement conçues
et honorées comme intelligentes et person-
i^elles ? L'homme s'osl-il agenouillé d'abord
ûirant tous les objets particuliers qui exci-
taient son amour, son admiration et sa ter-
reur? Ou bien, a-t-il débuté par un pan-
théisme vague, par une adoration spontanée
de Tuniversalite des choses ? — Sur toutes
ces questions, et sur une foule d'autres,,
l'histoire se tait. — Pour suppléer à son si-
lence, on a bien imaginé des systèmes psy-
chologiques, ontologiques, etc. ; mais on a
beau dire, ce n*e£t pas là de l'histoire. Tous
ces systèmes ont d ailleurs un petit incon-
vénient, c'est qu'ils commencent par suppo-
ser ce qui est en question, à savoir, que
l'homme a été créé dans une ignorance ab-
solue et qu'il a dû sortir, par ses seules
forces, de son abrutissement primitif. On
pose en principe que Dieu n*a pu se per-
mettre en aucune façon d'influer sur le dé-
veloppement religieux de Thumanité. En
vain, les croyants représentent que cela le
regardait assez pour quïl pAts'en mêler un
f»cu; on ne veut pas le lui permettre. Cela
ui est défendu de par la philosophie, et sa
soumission à cette défense est un postula-
tam qu'il n*est pas même permis de dis-
cuter.
Mais laissons là toutes ces théories a.
priori; revenons aux systèmes oui préten-
dent s'appuyer sur le terrain des faits et
de l'observation, et continuons d'énumérer
les problèmes qu'ils sont tenus de ré-
soudre.
Varron distingue trois théologies diffé-
rentes qui coexistaient au sein de chaque
culte païen : là théologie poéiique^ la tMolo^
gie politique et la théologie physique. La
première satisfaisait aux exigences capri*
cieuscs de l'imaginalion populaire; la se-
conde traduisait les vues des législateurs et
servait les intentions des magistrats ou dcsL
hommes d*£tat; la troisième s éiaborait dans
les écoles de philosophie.— Eh bienl possé-
dons-nous une chronologie sûre et détaillée
des innombrables vicissitudes qu'a subies
chacune de ces théologies dans Tiniérieur
d*un seul culte polythéiste? Savons-nous
jusqu'à quel point chacune d'elles a pénétré
et modifié les deux autres? Dans quelle pro-
portion, par exemple, l'astronomie, la phy-
sique et la philosophie se sont^lles mêlées
aux syml>oles idolâ triques? Ces sciences
ont-elles produit les cultes païens comme
une expression poétique et populaire do
leurs théories? — Ici encore l'histoire est
muette et tous les efforts des mythoeraphes,
pour lui arracher une réponse, ont été com-
plètement impuissants. Ni les évhéméristes,
ni les allégoristes n'ont pu reconstruire les
annales des temps fabuleux, et Ton aura
ïieau combiner tous leurs systèmes par
l'éclectisme le plus habile, on échouera
toujours et nécessairement ; on n'élèvera
que des théories sans base, qui (tomberont
d'elles-mêmes aux premiers coups de la
critique.
Certes, quand on étudie le polythéisme
dans on seul auteur, au point de vue
étroit d'une école particulière, on s'en faU
v^4) // Tim. m. 7.
d65
PKF
BfCTIONNAIIIE APOLOGETIQUE.
PEI
S-U
une idëe bien incomplète *et bien fausse.
On ne saurait imai^iner à quel point de
confusion il était arrivé dans les derniers
temps de son existence. C'est un amas im-
mense d'éléments hétérogènes et mille fois
bouleversés par des révolutions de toute
espèce. Remuez ces débris « vousij trouve-
rez pêle-mêle des allégories morales, des
légendes historiques, des fragments d'épo*
pées nationales ou humanitaires, puis des
emblèmes et des svmboles scientifiques, des
cosmogonies et des théogonies sans fin,
compliquées d'astronomie, de physique, de
géologie, de métaphysique, decabale, etc., —
et rien n'indique la date de toutes ces ruines !
Encore, si ces fragments épars conser-
vaient leurs formes primitives, on arriverait
peut-être, par une étude attentive, à devi-
ner leurs rapports et la place qu'ils oecu-
Î aient dans 1 ensemble de l'édifice. Hais
ien des causes diverses les modifiaient in-
cessamment, et les rendaient bientôt mécon-
naissables. ^£t d'abord, chaque jour de
nouveaux éléments venaient se combiner
avec les anciens. Mille superstitions absur-
des et dégradantes étaient successivement
inventées pour satisfaire tous les caprices
des passions. -^ Puis, tandis que des cultes
inconnus surgissaient de toutes parts, les
cultes plus anciens, par des variations et
des divisions inGnies, s'efforçaient de com-
plaire à une foule mobile et changeante.
Aussi, prenez au hasard une divinité
quelconque du Panthéon grec, romain, hin-
dou, persan, égyptien, etc. ; suivez-la dans
toutes les fables qui racontent son histoire,
et vous la verrez prendre successivement
tous les caractères. Ici, c'est un génie ; là,
c'est un astre; ailleurs, un élément, puis un
héros déifié, ou bien un symbole moral, un
emblème scientifique, une catégorie logi-
que, quesaisrje? C'est un Protée insaisis-
sable qui se dérobe à toutes les étreintes
par de continuelles métamorphoses.
£t lors même que les formes extérieures
du culte restaient immobiles, sa significa-
tion intérieure et secrète subissait mille
vicissitudes. Qui pourrait calculer toutes les
interprétations discordantes auxquelles se
E liaient, à la longue, des mythes et des svm-
oles le plus souvent fort obscurs dès leur
origine ?
^ Mais, à toutes ces causes de confusion,
s'en igoutait une dernière non moins active
et non moins puissante, je veux fdire les
relations commercialQ^, politiques, guerriè-
res, qui amenaient Ifequemment des em-
prunts ou des échanges entre les cultes des
divers peuples. L'Orient et l'Egypte pas-
saient ileurs superstitions à la Grèce, qui
f^lus tard leur reportait les siennes, et l'Ha-
ie ouvrait ses temples aux dieux de toutes
les contrées soumises par les Romains. 11
est impossible d'imaginer la complication
produite par cet entrecroisement, cette pé-
nétration réciproque de tous les cultes ido-
làtriques. Mais c'est surtout dans les der-
niers siècles qui précédèrent le diveloppc.
ment du christianisme que le désordre fut
au comble. En vain, à cette époque, les do-
cuments historiques se multiplient et de-
viennent plus sûrs, plus détaillés; à mesura
que le jour se fait sur ce chaos, on comprend
mieux qjjJU n'y a point de remède, et qud
nulle critique, nulle analyse ne sauraiiy
rétablir un ordre véritable.
Non, ce n'est pas par cette route qu*il faoU
'ensacrer à la recherche des orieines r^hJ
s engager
gieuses; s'y enfoncer, c'est s'exposer volo
tairement a s'égarer et à manquer le but.'
Marchez-y quelques instants, bientôt tuusI
la verrez s'effacer devant vous et se pcrdr*j
dans un désert sans limites, oi^ il n'y a plus
de guide, plus de sentier battu, où mm
voix ne répond à votre appel, où nulle éloilQ
ne brille aux cieux pour vous diriger.
Je le demande, si la chronologie des trois
derniers siècles venait à disparaître enlièr^
ment, pourrait-on, après deux mille ans,
reconstruire l'histoire du protestantisu.e
moderne? Que faire, s*il restait seulemeni
des lambeaux sans date de ses innombrables
symboles, des feuilles déchirées de Lolher,
de Zwingle, de Calvin, de Servet, de Swe-
demborg, de Schleirmacher, de Strauss, de
Leroux, etc.? — Est-ce par l'élude de ces
fragments contradictoires (ju'on pourrait dé-
terminer la forme primitive du cbrisria-
nisme ? Est-ce |)ar cette voie qu*il faodrail
rechercher l'histoire de l'Eglise aranllaré-
vol te de Wittemberg? — Assurément, si
une pareille méthode venait à s'établir au
xLv* ou au xLvi* siècle, de savants philoso-
phes pourraient fort biep alors voir TEglise
primitive dans la secte protestante la plus
obscure et la plus dégradée, et présenter le
catholicisme du xx* siècle comme un déve'
loppement naturel des doctrines p^ofe5sée^
dans le sein de la réforme. Beaucoup de
science, beaucoup d'esprit seraient peui-
être dépensés pour établir ce paradoxe. Mii^
en serait-il moins absurde? — Eh bienîrVsi
ainsi que procèdent aujourd'hui nos histo-
riens de l'école progressive et nos philoso-
phes panthéistes. Ils prennent au sein du
protestantisme antique la secte la plus dé-
gradée, le fétichisme, et ils en font, au
nom du progrès, la religion primitiye. Ccli
posé, le christianisme apparaît naturelle-
ment comme le dernier effort de la raison
humaine et le résumé de ses travaux en
matière religieuse. Mais la méthode em-
ployée par ces écrivains pour donner à leurs
systèmes u(ie apparence de vérité est con-
traire à toutes les règles les plus évidentes
de la logi(^ue et du bon sens. Car ils rejet-
tent ce qui est clair pour ce qui est obs'ur.
et ils préfèrent les traditions les plus p -
contes aux plus anciennes dans une queMicn
d'origine. Ils ne tiennent aucun comnleiie
Thistoire la plus authentique et la plus luoii-
ncuse, et ils se condamnent à combiner, de
la façon la plus arbitraire, des fables in-ij»-
telligibles, des rêveries contradictoires (5tt*i.
(584*) Cl,U. De Valrogeb, dans les Afin, c/e phîl, chnt.
sss
KN
MCTiaNXAlIlE APOLOGETlQUe.
PEN
566
inr.
ivVr^'tnié àê PnlJtevqiie; prêtres eilriasèqoes. —
TfsdMka cuMtMte et mniBe des Juifr et des cbré-
iitwi. — PcBtamqjoe snoarilain. — Témoignages de
Ta kpilé praCne.
Robhes, Spinosa et ao grand nombre de
friti|ues allemands, tels que Vaier, de
ViHiç^ Harmann, Boblen» Walke, Gésé-
nnis etc.» prétendent que le Pentateuque
D>M point toat entier de Moïse. Ces enti-
ânes ne roient généralement dans les par*
ti"^ principales du Pentateuqne que de
iioples mémoires, écrits les uns par Moïse
kiHntee, et les antres par quelques-uns de
$^ contemporains, et recueillis plus tard
f«r naekqne compilateur qui ne s*cst pas
Umé à les réduire en un corpe d ouvrage,
nais qui y a fiit de nonilireoses additions.
i>"iQ(à l'époaue à laquelle cette rompila"
iioo aurait été faîte, ces mêmes critiques
•> «'ireordenC pas entre eux : les uns reu*
\fiA qoe ce soit entre Josué et Samuel,
c'istres à fépoque de David, quelques-
ia<|iefiflaot la captivité de Babylone, plu-
sirorseafin sous Ésdras.
AMrnf, médee-in de Bruxelles, pense que
b Gom est tine simple compilation de
d:vm aéaioires écrits par des auteurâ in-
mniQi H rassemblés par Moïse in un corps
ii>ri>ffiflf.
5KriQ9 liions démontrer, contre cesdiffé-
mle( meurs, raotlienticitéduPcntatcuque
p«r lP5 trois sortes de preuves qui servent
^'0iin9ir«ment dans la critique à établir
i'2rj0ienliriléil*un livre. Les deux premières
^«1 dirrttes ou |K)silivcs: ce sont les preu*
ve5 es!nadèi|tics et intrinsà(|ucs ; la troi-
siéfflc rsl india^*cte ou négative.
Commeaçi»os |Kir les preuves extrinsè-
ques.
I. L'aotlienlicité du Pentateuoue est chez
les Joiis un dogme fondamentaU et, parmi
les chrétiens, c*C5t au moins un lait constant
^ re^rdé comme essentiel dans 1 histoire
^c la religion. Si quelques hérétiques des
premiers siècles ont paru douter que Moïse
fût l'auteur de tout ce que nous lisons dans les
livres qoi portent son nom, ils n'apportaient
0 antre preuve à la foi puliligue et univer-
Vflie lie ri^;lise qoe Timpossibilité où ils se
^''raient de concilier leur doctrine avec cer-
tA'05 passages de Moïse. C'est ainsi que,
tlans ces derniers temps, Eichhorn, après
iToir soutenu Tauthenlicité du Pentateuqne
fn eénéral, déaesjiérant d'en Gnir, par une
ei|.Tieatioa pare et simple du texte, avec
les iliiUrnillés que le Pentateuqne présentait
au sj«tème dogmatique qu'il s'était formé
l^T avance, a prétendu, dans la dernière
éùitton de son Introdueiion, que les parties
l'nnrifialesdece livre n'étaient qu'une com-
inUtion faite dans le temps qui s'est écoulé
eotre Josué et Samuel, et que si Moïse en
s^ail écrit qnelques fragments, ses contem*
loraîns avaient pris jpart à l'ouvrage aussi
^i«rD que lui| et que le compilateur j avait
fait lui-même beaucoup d'additions (585).
Or, ni le sentiment de- ces hérétiques, ni
l'opinion nouvelle d'EichhoFn> ne sauraient
conlre-balancer le témoignage unanime de
toute la nation juive, c|ui dépose sur un fait
qui lui appartient uniquement et qui s'est
passé dans son sein et sous les yeux de ses
pères. Si on parcourt tous les livres de l'An-
cien Testament, soit historiques, soit pro-
phétiques, on y voit aisément deux choses :
1* que parmi les Juifs on a toujours supposé
comme un fait constant et indubitable que
Moïse avait laissé un livre qui contenait ses
lois; â" que ce livre, dont les auteurs sacrés
eirlent si souvent, et qu'ils attribuent k
Oise, était le Pentateuque que nous avons
aujourd'hui.
!• Parmi la multitude d'autorités qui con-
courent à établir que les Juifs ont toujoura
regardé comme un fait constant et indubi-
table, que Moïse avait laissé un livre où ses
lois étaient contenues, nous nous bornerons
à citer ceHes qui sont néiressaires pour for-
mer la chaîne de la tradition. Le premier
témoignage que nous invoquerons est celui
du Pentateuque lui-même, qui nous apprend
que Moïse est l'auteur de Quelques écrits.
Au chap. xvu, vers. 4, de YËxode, Dieu or^
donne à Moïse d'écrire dans h litre les per-
fidies des Amaléciles, la guerre qu'il a euQ
k soutenir contre eux, et leur future des-
truction. Dans le même livre (xxw, 4, 7, el
XXXIV, 27), il est dit expressément queMoiso
a écrit non-seulement les lois, mais encore
les diverses apparitions de Dieu, el, par con»
séquenr, la partie historique du Penfalcu-
que. Au chap. xxxm, vers. 1, 2, des Nom-
bre^j on lit que Moïse a décrit les campe-
ments des Hébreux dans l'Arabie Pélrée.
Le Deutéronome n'est ni moins positif, ni
moins formel; mais, avant d'exposer les
preuves qu'il fournit en faveur de notre
thèse, nous ferons une observation qui noua
a semblé nécessaire. Les Juifs, c'est un fait
incontestable, ont toujours donné le nom do
loi au Pentateuque, et celui de seconde lot
au Deutéronome, par la raison qu'ils î ont
considéré comme l'abrégé ou la réj^tition
de la loi contenue dans les livres précédents.
Il est donc dit dans le Deutéronome que Moïse
écrivit la loi et la donna aux prêtres, enfants
de Lévi... et à tous les anciens d'Israël. Et
après qu'il eut achevé d'écrire dans un livre
les ordonnances de cette loi, il donna cet
ordre aux lévites qui portaient l'arche de
l'alliance du Seigneur, et il leur dit : Prenez
ce livre, et mettez-le à côté de V arche du Sei-
gneur votre Dieu, afin quil y *erce de témût-
mage contre tous. (Deut. xxxi, 9-26.) Biais
ce livre, écrit par Moïse, et déijosé entre les
mains des prêlres, est le môme que les rois,
en yertu d'une loi particulière, devaient
transcrire pour leur usage particulier (tOitf;
XVII, 18, 19) ; le même qui fut retrouvé dans
le temple sous le règne de Josias. {IV Ueg.
XXII, 8; // Parai, xxxiv, 1^.) Et soit tio ou
(:«)£• W. n^^GSTC^BEiic , Die autheniie de9 Pentalcuchit; Berlin, 1836, Enter Ponrf., Scii.
m
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
57!
point; mais il en restera toujours assez
pour prouver sa thèse, qui est aussi la nô-
tre (588), Nous nous dispensons d'autant
plus volontiers de rapporter ces passages,
qu'ils se saisissent facilement à fa simple
lecture, et que les adversaires mêmes de
l*authenlieité du Pentateuque conviennent
de cet accord entre la prophétie de Jérémie
et le Deutéronome (589).
Nous ajouterons un rapprochement qui
a échappe à Kueuer, mais qui n*en est pas
moins réel. Au cnapitre xxxiv, verset 14 de
sa prophétie, Jérémie reproche aux Juifs
d'avoir vjolé la loi qui leur enjoignait
d^aflTranchir leurs esclaves après six années
de service. Or cette loi se lit dans VExode
(xxi, 2).
Baruch cite des passages incontestable-
ment extraits de plusieurs livres du Penta-
teuque, outre qu'il fait des allusions évi-
dentes à quelques faits historiques qui y
sont rapportés. On peut le voir surtout au
chap. II, vers. 16, 29, et comparer les pas-
sages du Lévilique xvi, 14, et du Deut, xxvi,
15. Mais voici qui est plus précis encore.
Baruch, après avoir dit quil n'v a point
sous le ciel de maux semblables a ceux de
Jérusalem, ajoute qu'ils sont écrits dans la
loi de Moïse : Secundum quœ scripta sunt in
legt Moysi (ii,3);et un peu plus bas, il
rappelle à Dieu que c'est lui-même ({ui a
ordonné à Moïse, son serviteur, d'écrire sa
loi en présence des enfants d'Israël : Sicut
loeuhis es in manu pueri tui Moysi ^ in die
qua prœvhpisti ei scribere legem tuam coram
jiliis Israël (vers. 28).
Ezéchiel rapporte aussi un grand nombre
de lois et de sentences visiblement emprun-
tées aux livres du Pentateuque. Ainsi, par
exemple, le chap. iv, vers. 6 do ce prophète,
n'est autre chose que le chap. xiv, vers. Si
iïcsNombrts; le vers. 11 du chap. xx est une
transcription littérale du vers. 5 du chapi-
tre xviii du Lévilique; de môme que le
vers. 12 du même chap. xx est une imitation
pure et simple du chap. xx, vers. 8, et du
ohap. XXXI, vers. 13 de VExode. Si l'on com-
5 are encore le chap. xuv, vers. 22, 28, 30,
I, et le chap. xlv, vers. 12, avec Iet?i/. xxi,
14 3 Num. xviit, 20; Exod. xxii, 29; ïxx, 12;
Levit. XXVII, 25; Num. ni, 47, on verra san$
(588) < Fac forluila esse molta eomm, qaae cita*
vinius, consensus saepius tam accurale expressoa
esi, lit statim suboculos cadat. i (Ibid.^ p. i8«)
(589) P(ous nous bornons à confronier le prophète,
avec les quatre premiers livres du Pentateuque, et
nous empruntons au même Kueper le tableau sui-
vant:
Genèse i, 2; ier. iv, 23. -— Gen. i, 28;
i«r. III, 16.— Géit. VI, 7; Jeu ix, 9.— Cen. iriii, 24;
Jet, xKXf, 56. — Gen. xi, 5; Jer. li,25, etc. — Gen.
XV, 5; 4er. xuiu, 32 et xxxiv. — Getu xvni, \\\
hr, XXXII, 17.— 6Vw. XIX, 15; ier. t.i, 6, 50.—C<î«.
XIX, 25; /er. xx, 16. — Gen. xxv, 26; Jer. ix, 3. —
Gen. XXX, 18, 20; /er. xxxi, 16, 47. — Gen. xxxvii,
25, etXLii, 56; Jer. xxxi, 15.^eA. xux, 17; Jer,
viii, 16.
HxoDE IV, 10, etc. ; /«r. i, 6, 7, et xv, 19. — Es.
VII, li; Jer. L, 53. — Kx. xvi, 9 ; Jer. xxx, 2!. —
t>. \x, 8,9, !0, 11 ;Jcr. xvii, 21. — flr. xxii, 20 ;
?eine que le prophète a*a ftiit que copierla
entateuque.
Daniel parle plusieurs fois de la loi de
Moïse. Au chap. ix, vers. 13, il dit que la
malédiction dont le peuple Juif a été frappé
est la même qui est écrite dans la loi de
MoLse : 5icu/ scriptum est tn legt Moysi^
malum hoc venit super nos. Or, cette malé-
diction prononcée contre les Israélites in-
fidèles a la loi est rapportée au chapitre
xxvn-xxix du DeutéroHome. Vovez encore
ce prophète au chap. xiii, 62, ou il fait de
nouveau mention de la loi de Moïse, et aa
chap. IX, vers. 15, où il raconte la sortie
de l'Egypte, telle que nous la lisons dans le
livre de lExode (xiv, xv).
Les petits prophètes nous fournissent
aussi des preuves manifestes de rauthenli-
cité du Pentateuque. Osée, qui tient le p^^
mier rang parmi eux, ne fait autre chose,
dans les quatorze versets dont se compose
le chapitre xii de sa prophétie, que de citor
les livres de la Genèse et de VExode. Hais
outre cela, il y a dans toutes les parties de
ses oracles prophétiques une multitude de
termes et de locutions que tout bébralsant
de bonne foi reconnaîtra nécessairemeot
appartenir au Pentateuque. Nous ferons la
même observation par rapport au prophète
Amos ; aussi nous bornerons-nous à indi-
quer au lecteur les passages saivanLs >a-
voir chap. ii, vers. 9, 10; chap. iv, vers. 11,
en rinvitanl à les comparer avecfAombrfi
XXI, 24 ; Deut. ii, 2k ; Exod. xiv, 21; M
VIII, 2; Gen. xix, 2% (590^.
Abdias, dans son chapitre unioue, fait al-
lusion à plusieurs passages de la Gcnè^^
On peut s'en convaincre par la seule lecture
de sa prophétie, dont le verset 10 surtout
est une citation pure et simple de ce pre<
mier livre du Pentateuque. (Gen. xitu,
42.)
Michée, après avoir dit que le Seîgneor
avait envoyé au-devant du peuple dlsraél,
Moïse, Aaron et Marie, rappelle l'histoire
de Balap, roi de Moab, et de Balaam, fils de
Béor (vi, 4, 5); or celle histoire esl rappor-
tée au livre des Nombres (xxii-xiiv). L»
vers. 15 du même chap. vi de Jlfi>W« n'est
que ridée du Deutéronome (xxviu, 38) ex-
primée avec une légère différence dans Je$
/ar. V, 28. — Ex. xxxn, 9, ier. viu 26.— E». ni».
16; Jer. xvn, 1. — JEjt. xmiv, 7 ; Jer. xn, Hi ^
Xïxn, 18.
Lévitiqub xnt, 45 ; Thren. iv, io.^Lev. xu, !•;
Jer. V, 2. — Lev. xix , 16 ; Jer. vi, 28, el ix, 5. -
Lev. XIX, 27 ; Jer. ix, 25. — Lev. xix, 34; Thres^J^
12. — Lev. XXVI, 6; Jer. xiv, 45.— /-^r. xxti.IS;
Jer, II, 29.— L«r. xxvi, 53; Jer. iv, 27. '
NovoREs V, Il el seq<|. ; Jer. n, 2 et §«1(1.— *«••
VI, 5, etc. ; Jer. vu, 29,— iV»m. xvi, U; Jer. xixu.
27,— iViim. XXI, 6; Jer. vin, 17.— A'iim. xxi, ».*'
XXIV, 17^ eic; Jer. xi.vni, 45, 46, eixui, I'».-
Num. XXIV, 14, 16; Jer. xxvj, 8, 9.— Aw». wi"»
7, 8; Jer. vi, 12, ei viit, 10.
(590) Les lecteurs familiarisés avec les \»V^
hébraïque et allcnnande.irouverQfa daQ^Hc^^P'^'
bcig {Die Aulhenlie des Peniateuches^ Seil,i^l-'
un grand nombre de passages enipranléiau lonu-
icuque par les prophètes Osé^* et .iinos.
'» I
srs
TES
DICnONNAlRE APOLOGETIQUe.
I>EN
574
Itrtnes. niée que Ton trouve aussi dans
àgfée h, 6)« mais reTètue encore d'exprès-
sioas différentes.
Zacfaarîe, en recomoiandant aux Juiâ
frn, 10) de ne point calomnier ni la veuve»
ni iorphelin, ni fétranger, ni le pauvre,
u'arait-îi pas en vue la loi qui se lit au
diap. im, vers. 21, 22 de VExode ?
Malacbie, le dernier des prophètes, après
^oir fait allusion à plusieurs passages du
iVarateuque (591), termine ses prédictions
l«r ces paroles, qui sont un témoignage
iiTéfùsable en faveur de la thèse que nous
iOoienoQs : « Souvenez-vous de la lot de
Voise, mon serviteur, de cette loi que je
/ai ai donnée sur la montagne d'Horeb, afin
qa'il portât à fout Israël mes préceptes et
mes ordonnances (iv). » Cet exposé per-
lu^c, sans doute, de dire avec Kneper :
« Tous les livres prophétiques sont rem-
plis de passages empruntés du Pentoteu-
«l'ie. Or cette seule circonstance, si Von
j fût bien attention, suffit pour réfuter
tous ceux qui prétendent qu*au temps des
f'TQçbètea le Pentateuque n était pas encore
«Mnposé (592). »
Leltouveau Testament nous fournit en-
core des preuves aussi claires et aussi déci-
sives de Fauthenticité du Penlateuque. Nous
lisons dios saint Matthieu (vu, 4), que Je-
.*n5-Chri5tt dit k un lépreux qu'il venait de
goérir, u'aller $e montrer au prêtre, et dof^
frir ie don prescrit par Moise. Or, cette loi
Kcscrite aux lépreux après leur gnérison,
K? trouve eipressément au chap. xiv du Lé-
vitique.
Saint Marc (xii, 26) cite cette parole du
Storeur : tTatez-voue point lu dans le livre
tk Ifolse ce que Dieu lui dit dont le buisson?
/r suis le Dieu d'Abraham^ etc. ; passage
fo on lit en effet dans VExode (m , 6). Les
la-JrJueéens, auxquels Jésus-Chnst s'adresse
iêj, venaient de citer eux-mêmes (vers. 19),
Mos le nom de Moise, la loi du lévirat
la'oo trouve dans le Deutéronome (xxv, 5).
Saint Jean (v, kê) fait dire à Jésus-Christ :
^ r<>K# croyiez Moïse, tous me croiriez aussi,
wce aue c'est de moi quUl a écrit» Le même
Vangéliste rapporte une question adressée
a Sauveur par les pharisiens, et dans la-
[oelle Ils disent que Moise a ordonné dans
t ioi do lapider les adultères (vu, 5). Or,
elle Joi contre les adultères est exposée au
hap mx, vers. 10 du Léritique.
L*apôtre saint lacrroes, en parlant des
utfs '' AcI. X?, 21), dit : il y a depuis long»
*^ps^ en choque ville, des hommes qui leur
nnf^ncent Moïse (e'est-è-dire sa loi) dans les
^^ngnguts, ou on le lit chaque jour de
Saint Paul, après avoir rappelé aux Co-
rutfaiens (// Cor. m) un passage de VExode
CJLXXT, 30) où il est dit que les enfants
^l^raël n'osaient Gxer leurs regards sur
l«»L«e, a cause de la lumière éblouissante de
'ni TÎ^a^e, et que ce servileur de Dieu met-
tait un voile sur sa face quand il leur parlait,
aioute : Ainsi , jusqu'à ce jour, lorsqu'on
(leur) lit Moise, ils ont un roih sur te
cœur.
Enfin, Philon, Josèphe,tous les tatmudistes
et tous les rabbins, nous donnent le Penla-^
teuque pour un ouvrage de Moise.
S* Après avoir démontré que les JuiEs ont
toujours supposé comme une chose cons-
tante et inaubitable que Moïse avait laissé
un livre où ses lois étaient contenues, i\
re^te à prouver que ce livre est le Penta-
teuque même. Dans tous les passages que
nous venons de citer, et que nous avons ex-
traits des auteurs sacrés qui ont vécu de-^
puis Josué jusqu'à Malachie, on a remarqué
un livre de la loi, cité constamment sous le
nom de Moïse. Or, ce livre, révéré à toutes
les époques et dans tous les Ages comme le
code des lois religieuses, civiles, politiques
et militaires du peuple hébreu, ne saurait
être différent de celui que nous apiielons
Pentateuque , et nous avons plus d'une
raison solide pour appuyer noire asser-
tion.
D al)ord, le Pentateuque est le seul livre
connu qui ait porté le nom de Moïse; nos
adversaires les plus opposés seraient bien
en peine de nous donner un démenti sur ce
point. Mais alors, sur quel fondement con-
testeraient-ils au législateur des Hébreux
un ouvrage que toute sa nation lui attribue
unanimement pour lui prêter on ne sait quel
autre livre, dont il ne reste la plus légère
trace, ni dans rbisloire, ni dans la tradition
des Juifs?
En second lieu, on a pu voir dans le nu-
méro précédent, que les passages des divers
auteurs de l'Ancien et au Nouveau Testa-
ment où il est fait mention des livres de
Moise, ou supposent, ou indiquent, ou rap-
portent en termes exprès des faits et iles
lois qui se lisent dans le Pentateuque, et
qu'ils ne disent rien qu on ne retrouve dans
quelques-uns de ces cinq livres. Or, nous le
demandons à tout critique sincère et éclairé,
peut-il v avoir une preuve plus forte de
ridentité du Pentateuque et du livre qui so
trouve |»erpétuellement cité sous le nom de
Moïse? Oserait-on, en toute autre matière,
manifester le plus lé^er doute là où se f rou-
ventdes démonstrations aussi rigoureuses
et aussi convaincantes?
Troisièmement, les caractères mêmes par
où les écrits attribués à Moïse sont désignés
dans le Pentateuque, conviennent parfaite-
ment aux livres qui portent son nom. Il est
dit en efl'et, dans le Pentaleuque aue Moïse
écrivit les discours du Seigneur, tes paroles
de Valliance, les apparitions de Dieu, et les
campements des Hébreux dans V Arabie Pé-*
trée, etc. Or, n'est-ce p^s là précisément ce
qui fait la matière de VExode , du Létiti-
rie, des Nombres et du Deutéronome? Quant
la Genèse, elle n'est qu'une introduction
aux livres suivants; nous ajouterons ici
• rwOI I C^jpnpar. Maltuh. il 2 atec Les. xxvi, t4-
'. i^ewt- xi^iii, 15.
(51H) c Jereinbs libror. sacr. ioterpres aique viu-
dex, > p. 4S.
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pm
ACTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
bTii
arec Eusèbe, que Tadmirable théologien et
législatenr des Hébrpux, voulant donner à
ce peuple une législation toute sainte et
toute religieuse, n^employa point un eiorde
Ou une préface ordinaire et commune» mais
qu il alla puiser dans la théologie de ses an-
cêtres les principes de ce qu'il devait ensei-
gner; qu'en conséquence, il commença son
ouvrage par la Genèse^ qui est comme la pré-
face des lois qu^il prescrivit; qu'il tit paraî-
tre en této de cette introduction le souverain
Aqteuret Créateur de toutes choses visibles
pt invisibles, en le dépeignant sous les traits
flji législateur, du gouverneur, du maître et
|Jii roi de l'univers, qu'il gouverne comme
une grah^P cité, avec une sagesse jointe à
uiie puissance et à une bonté infinies, et en le
représentant aux Israélites comme l'auteur
jle toutes les lois, tant de cellesqu'il va leur
prescrire que de toutes les autres qui sont
gravées dans le fond de leurs cœurs (593).
Quatrièmementenfin^ilestconstantetgéné-
paiement reconnu que les Juifs de tous les
temps et de tous les lieux n*ont jamais eu
d|aulres usages, d'autres principes de reli-
gion, de politique et de morale, que ceux
du Penlateuque. 11 n est pas moins constant
qu'ils ont reçu de Moïse les lois et la reli-
^ion qu'ils ont toujours observée. Or, ces
seuls faits doivent nécessairement être aux
jeux de tout critique qui ne s'est point laissé
aveugler par la prévention, une preuve évi-
dente que le Pentateuque est le code primi-
tif de ta législation de ces mômes Juifs, et
par conséquent l'écrit original de leur légis-
ia.'eur.
H. Bossuet parlant des Samaritains, dit :
« Une secte si faible semble ne durer si long-
temps que pour rendre témoignage à l'anti-
quité des livres de Moïse (594)7» Cette ré-
ilexion du grand évéque de Meaux suppose
que le Penlateuque samaritain est beaucoup
plus ancien que le Penlateuque hébreu, et
que par là même il doit servir h établir son
aulhenticilé. Il résulte de l'hisloire même
ics Samaritains, que leur Penlaleui|ue ou
Code, comme rappellent généralement les
critiques de nos jours, remonte au moins au
temps où l'un des successeurs de Salmana-
sar, roi d'Assyrie, le même probablement
qu'Assaradou {/ Esd. iv, 3), envoya à Sama^r
rie un des prêtres qui en avaient été amenés
captifs, pour apprendre à ses nouveaux ha-
bitants, qui étaient idolâtres, la manière
dont ils devaient honorer le vrai Dieu,
ff C'est donc originairement par les Israélites
àéparés de la tribu de Juda, remarque judi-
cieusement Du voisin, que la religion et les
livres de Moïse sont parvenus à la connais-
sance des Samaritains. Mais les Israélites
(schismaliques, de qui les avaient-ils reçus ?
Si la haine qyi, depuis le temps de Zoro-
l)abel, a toujours régné entre les Samaritains
et les Juifs, ne permet pas de croire qu'un de
ces deux peuples ait emprunté de l'autre son
culie et ses livres sacrés; la môme raison
(593) Euscn., Vrœ]mT.^ î. vu, c. 9.
(594) Dhc. lur I hhi uuiv.
prouve aussi que les Israélites, depuis leur
schisme, n'ont pas reçu de la tribu de Juda
leurs livres et leur religion. Il faut dire que
les Juifs et les Isiiaélites ont puisé dans une
source commune; il faut chercher Torigine
du livre de la loi dans les temps où toute la
nation se trouvait réunie sous un mèrae
Souvernement : il faut même reculer la date
u Penlateuque bien au delà du schisicc
des dix tribus. Jéroboam n'aurait eu ganie
de conserver un livre si contraire à ses in-
térêts et à ses desseins, si lui-naême et les
Israélites complices de sa révolte n'eussent
été persuadés que Moïse en était Taulear.
Or, cette persuasion, qu'elle qu'en ail été
l'origine, n'avait pu s'établir et s'enraciner
qu'à la faveur du temps. Ce n'était passouj
le règne de Salomon qu'elle avait pris nais-
sance : il eût été facile à Jéroboam de d(^
truire une opinion si nouvelle. Ce nétaii
pas non plus sous le rèçne de Davidt qui
eut tant de peine à se faire reconnaître [ur
toutes les tribus, et que nous voyons cuiiti-
nuellement occupé de guerres civiles et
étrangères; outre qu'un intervalledes^jiunto
ou quatre-vingts ans no suflit pas |iour af-
fermir dans toute une nation l'autorité (hn
livre de cette qalure. Mais, en remonlaot
depuis David jusqu'aux premiers succes-
seurs de Moïse, l'histoire aes Juifs ne nous
présente que des temps de désordre et li^
narchie, peu favorables à la supposilioa
d'un livre qui ne pouviiit être admis que da
consentement de toute Ift i[\ation. £n deux
mots, continue Duvoisiu, l'exemplaire saoïa-
ritain est plus ancien qu'£sdras, plus ancica
que Salmanasar plus aqcien que Jéroboan),
Salomonjet David. L'authenticité du Pen-
tateuque est donc appuyée sur les traditions
immémoriales de deux peuples diviséspnes
sentiments d'une jalousie et d'une baioe iih
vétérée (595), » j
III. Quand les auteurs profanes auraicit .
gardé un silence absolu sur ce qui concerne
les Juifs, on ne devrait certainement poin»
en être étonné; ce silence s'expliquerait
tout naturellement par le peu de ct>aimcrw
de cette nation avec les étrangers. Copen-
dant une multitude d'écrivains égyplienit
grecs et latins de l'antiquité, ont parlé d"
Moïse et de ses lois, ce qui conûnne puis-
samment la tradition des Juifs touchant
l'authen licite du Penlateuque. Parmi ces
écrivains, il en est plusieurs dont les ou-
vrages ne sont pas venus jusqu'à nous;
mais leurs témoignages sont consignés dans
d'autres écrits. C'est ainsi qu'on retrou?e
dans Josèphe, saint Justin, Talien, Clémenl
d'Alexandrie, Athénagore, Eusèbe de U»-
rée, etc., ce que disaient du législateur u&
Hébreux, Manélhon, Philocorus d'Albènes,
Eupoléraon, Appollônius-Molon, Ptolémee-
Ephestion, Apion d'Alexandrie, Nicolas do
Damas, Alexandre Pql^histor, Artapaiii elc.
Quant aux autres écrivains de ranliiiuiit
profane dont nous possédons les ouuagcj»
(593) Lautorité dc$ livres de Moue étabjiefj dé-
fendue contre les incrédnies, p. i, cli. % P« 5I'5j«
577
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
f:
78
ilSDenoQsUissentégatemeutaacundoutesur
la connaissance quUTs avaient de Moïse et de
sa ié^islation. Dans l'énumération qu'il fait
des plus célèbres législateurs de l'antiquité»
dioiïoft de Sicile dit qu'il y avait eu chez
les Juife un certain Moïse qui leur laissa
des lois qu'il prétendait avoir reçues du
diea Jao (2^)f c est-à-dire du dieu Jéhoya;
(jr Je terme hébreu était susceptible de ces
Ceux prononciations. Il est certain du moins
que plusieurs sectes de gnostiques, ainsi
que Diodore lui-même» avaient adopté la
fremière. Cet auteur dit ailleurs que Moïse
'iilt chef d'une colonie sortie d'Egypte;
çj'ii divisa son peuple en douze tribus;
','i'il défendit le culte des images» dans la
\ tfrsuasion que la Divinité ne pouvait être
représentée sous une forme humaine; qu'il
[ re-schTÎt aux Juifs une religion et une
L.3r.ièrede vivre toutes différentes de celles
•-^5 autres peuples (597.)
^'^rabon s'explique à peu près de la même
r^Jiaièrc; il fait l'éloge de Mo'ise et vante
>cs i&slitutions f596).
Quoique enveloppé de fables et de calom-
u es, le fond de Tnistoire de Moïse toucliant
\ -.n^ue des Juifs se retrouve dans Justin»
V&uréTuleiir de Trogue-Pompée» et dans
Tacite. Ces deux historiens s'accordent à
tiOfomer Jfoise comme le fondateur et le ié-
^lykteur de la nation juive (599).
JaTénai» dans sa satire xiv, parle de Moïse»
de ia vénération que les Juifs avaient pour
5es lirres» de leur aversion pour les cultes
ttraogers, de l'observance du sabbat, de là
vircoQcision» de l'abstinence de la chair de
^-ift (600).
Daas son Traité du Sublime (ch. 7)» le
Tjéieur Longin dit : « Le législateur des
iuifs» qui n'était pas un homme ordinaire
' ^^X ô r^x*^ Mp ) f ayant parfaitement
'''«D',11 la grandeur et la puissance de Dieu»
l'a exprimée dans toute sa dignité au com-
loencement de ses lois, par ces paroles :
b\ca dit, que la lumière soit faire, et la lu-
tujère fut faite. >
On peut voir encore dans la Démonstration
hmngétiqut de Huet» et dans la Vérité de la
religion chrétienne de Grotius» les passa-
if^ non moins précis d'un grand nombre
'auteurs profanes qui ont fait mention de
^'"ive et de ses écrits; nous nous dispen-
iib d'autant plus volontiers de les mettre
i sous les yeux du lecteur» que ceux que
"«s Tenons de rapporter suflisent pour
• utrer que Moïse et ses écrits ont été con-
• ad' aaus Tautiquité païenne.
AutkealiirUc da PeBUIeiM|De ; preaves inlriosèques.
preuves intrinsèques , comme nous
jTons déjà remarqué» sont prises du fond
i S96) Daoa. Siaiu» Eùiwr.^ 1. u
i hSàl) Fvmfm. ajmd PhoL Biblioth. eod, 2ii.
« :*9H} Steabo» 1. XVI.
« Mi9> Jc»TUi. XXXVI ; Tacit.» AnnaL^ I. v, c. 5.
ifyiOi Qoi^B sortiU metueDlem sabbaUi patrem,
>a prder ovbes el cœ!i «unen adofaai ;
de l'ouvrage et des caractères d'authenticité
qu'il porte en lui-même. Or» le Pentateu-
que est plein de ces sortes de preuves. Il
sufQt» en effet» de jeter nn coup d'œii générai
sur les faits qui y sont racontés» sur les
personnes qu'on y voit figurer, sur l'ordre
et la disposition des choses» enfin sur le
style et la manière d'écrire de l'auteur, pour
if reconnaître le siècle et la main du légis-
ateur des Hébreux»
I. Tout ce oue le Pentateuque renferme,
tant en fait crhistoire et de religion qu'en
fait de politique et de géographie» décèle un
écrivain très-ancien» convient parfaitement
à Moïse» le plus ancien des historiens» et ne
peut guère convenir qu'à lui seul. C'est
ainsi que la création du monde» l'innocence
{)rimitive» la corruption de l'homme» le dé^
uge» la dispersion des peuples» la naissance
des empires» la fondation des villes» la topo-
graphie» la description de la vie domestique
et pastorale des patriarches» leurs festins,
leurs funérailles, leurs mariages» leurs sa-
crifices» sont décrits d'une manière qui ne
peut convenir qu'à un auteur qui a composé
son ouvrage d'après les monuments et les
mémoires conservés dans les fioimilies» et
d'après une tradition orale qui» transmise
par peu de bouches» était encore fraîche.
Mais tout cela ne peut se concevoir qu'en
supposant un écrivain qui vivait dans les
temps les plus reculés» d'un écrivain très-*
peu éloigné de la source des traditions pri-
mitives» de Moïse» en un mot. Tont ce que
l'auteur du Pentateuque dit surtout de I £-
g}'ple et de l'Arabie montre qu'il y avait
longtemps résidé. L'esprit égyptien qui rè-
gne dans son ouvrage a généralement frappé
tous les critiques, et Valer lui-même, tout
adversaire qu*il est de l'authenticité du
Pentateuque. L*auteur parait exactement
informé des affaires de l'Egypte ; il y fait
continuellement allusion; il en emprunte
ses figures et ses images; il parle avec
exactitude de la mer d%gypte» du mépris
que les Egyptiens faisaient des étrangers»
ûes pasteurs» etc.» etc. Or» dans tous ces
détails» il n'est rien qui ne s'accorde parfai-
ment avec les relailons des auteurs profanes^
lorsqu'elles portent quelque caractère de
vérité. Pour ce qui est de la législation mo-
saïque» elle se distingue surtout par sa cou-
leur égyptienne. Spencer et Warburton ont
remarqué la plus grande ressemblance entre
les rites égyptiens et les rites mosaïques.
Or» nul autre que Moïse» qui avait vécu à la
cour de Pharaon» ne pouvait être assez inst
truit des lois et des règlements de l'Egypte
{^our en faire un choix et l'approprier à sa
égislation. Eichhom» parlan t des quatre der^
niers livres du Pentateuque» dit : « Si aueU
que chose peut prouver invinciblement a un
ami de la vérité la haute antiquité de ces
Tîil distjre potant humaïui carne suillam,
Qua pater absUuaîl, moi cl pnepuUa poeont
Ronnoas a<llem solîli cootemnere leges,
Judaicttn efiiscunl, et senraiit et inelount j«s«
Tra'lidit arcano quodconiquo volumiDe llosd*.
5*29
PEN
DÎCTiONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
m
livres, c'est assurément Tasserablage de ces
traits sans nombre d*une vérité minutieuse»
qu un imposteur n'aurait jamais su trouvier
plus lard. Je veux en recueillir ici^deux ou
trois seulement. Les derniers livres de
Moïse supposent évidemment beaucoup de
choses que de son côté l'histoire nous a
transmises sur les anciens Egyptiens. Ils
avaient en horreur les sacrifices sanglants
(Ex. VIII, 22] ; c'est Peau du Nil qui les abreu-
vait d'ordinaire (vu, 18). Les coups mortels
étaient chez eux punis de mort (ii, 15). L'é-
tude de la nature était réservée à une seule
classe d'hommes habiles» prétendus enchan-
teurs (vu; VIII, ik). L'Egypte avait une caste
militaire, et en même temps une armée tou-
jours prête à marcher fxiv, 6). Les pierres
précieuses étaient gravées en creux (xxxviii,
9-llj Un écrivain moins familiarisé que
Moïse avec l'histoire d'Egypte eût-il pu
comfiarer l'ancienneté d'Hébron avec celle
de Tanis? Un auteur plus moderne eût-il pu
parler avec autant d'exactitude de la future
conquête de Chanaan ? N'eût-il point inséré
3uelque part Tordre de détruire les temples
es idoles? Les Chananéens n'avaient que
des autels et des bocages, et c'est toujours
ce que Moïse suppose... Comme on voit
dans ces livres les progrès des connaissan-
ces et de la civilisation? Dans la bénédic-
tion de Jacob, le patriarche célèbre le bon-
heur de Zabulon, qu'avoisinera la riche et
commerçante capitale des Sidoniens. Dans
le cantique de Moïse, le poëte a quelque
chose de plus à dire à la même tribu, et il
fait allusion au verre que les Sidoniens ti-
raient du fleuve Bélus, etc. (601). i^ Les ré-
flexions de Duvoisin sur ce même sujet sont
encore plus décisives en faveur de la thèse
que nous soutenons ici. « Les quatre der-
niers livres du Pentateuque, dit cet excel-
lent critique, ont tous les caractères d'un
écrit original et contemporain ; on y voit
les noms et la description des lieux où les
Israélites campèrent , depuis leur sortie
d'SgyP^^J^isqu'au passage du Jourdain; le
dénombrement de chaque tribu, les noms
des chefs et leur généalogie ; Ténumératiou
très-longue et très-détaillée des dimensions
du tabernacle, des matériaux employés à sa
construction, des autels, des candélabres,
des vases, des tables, tout ce qui servait à
sa décoration; l'ordre des sacritices, le nom-
bre, la nature, les qualités des victimes, les
fonctions des prêtres et des lévites, leur con-
sécration, jusqu'à la forme de leurs vête-
ments, tout est marqué avec cette exacti-
tude minutieuse qui ne peut convenir
qu'au temps de la première institution. »
« Un cuite chargé d'une multitude d'ob-
servances arbitraires, demandait que le lé-
gislateur entrât dans cette multitude de
pra(i(]ues religieuses : il fallait tracer aux
ouvriers les mesures du tabernacle, le dessin
des ustensiJes et des meubles sacrés em-
. (^2*' EïcniiORN, EittUitung in da$ A. T. 3« éJiliois
I Ua, noie, cité dans J.-E. CELtmiER, Introduction
» la li€ture de PAnc. Te%t.^ pag. 427, 428.
ployésau culte divin, le modèie des uaiiii>
du grand prêtre. Vn dénoinbreraeiu du
toutes les tribus et de toutes les famillo
était nécessaire pour que chacun recoauût
le poste qu'il devait occuper dans les mar-
ches et dans les campements. Enfin ia
description des lieux où s^élaient passés los
principaux événements servaient à graver
dans 1 esprit des Israélites toute la suite di*
cette importante histoire. Ces^ vues conve^
naient sans doute au temps dé Moïse et au
caractère dont il était revêtu. Mais si le
Pentateuque n'est pas son ouvrage, si Taa-
teur de ce livre a vécu longtemps après
l'établissement de la religion des Juifs,
pourquoi tant de détails, de longueurs, de
répétitions sur des objets connus, surannés
et auxquels on ne devait prendre mua
intérêt? Fallait-il de longs discours (Kiur
apprendre aux Juifs l'ordre du service lévi*
tique, les fonctions des prêtres, leur consé-
cration, la forme de leurs vêtements, elpoui
leur faire connaître la structure et Jes or-
nements du tabernacle, toutes choses au;-
Ïuelles ils étaient accoutumés dès Tenfaoce!
Uait-il nécessaire de décrire avec lanUo
soin les déserts de l'Arabie, à un peuple
établi depuis longtemps dans ia Palestine:
de lui marquer si précisément l'ordre et
la marche des campements, et les posK$
occupés par les ditrérentes tribus, el ie>
noms des chefs qui les commandaient? te
ces détails étaient convenables, intéressaub,
nécessaires pour le temps de Moïse; m^
supposez qu'ils soient d'un autre siècle ii
d'un autre écrivain, rien de plus déplia*
de plus fastidieux^ de plus inutile (ii02l -
11* La manière dont les personnages ipi
figurent dans le Pentateuque y sont repré-
sentés, otfre encore une preuve non équi-
voque de son authenticité. Celui qui parle
dans le Deutéronome a évidemment tous les
caractères d'un homme qui par les plu)
grands prodiges a tiré son peuple de t2 ;
captivité d'Egypte, el qui, au piedduSinii,
lui a donné des lois et un gouvernemenL
Ce même homme parle à un peuple sot»
les yeux duquel se sont passés tous lei
événements (ju'il raconte; il l'en prend s«ibj
cesse à témoin , il parle avec unfeu, u»o
véhémence et un ton de conviction q»u n^;
peuvent convenir qu'à celui qui a été lén»o»i^
et instrument de leur délivrance, il l^n •
en un mot, comme Moïse aurait dû iains
et comme le demandaient absolument louu»
les circonstances. Or, quel écrivain po^u-
rieur aurait pu se transporter si parlîn^-
ment dans toutes les circonstances des
temps, des lieux, des personnes, des érr
nements qui devaient avoir lieu à ceijt
époque? Nous devons donc conclure que f
Deutéronome est l'œuvre de Moïse; mais 'e
Deutéronome suppose nécessairement i^j
quatre livres qui le précèdent : ce qu» f-j
dire, en d'autres termes» que Moise «>»
(602) Vauterité des l'meê de MoîHihU^*^
pag. 64-66. , , ...
5gt
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
5tô
térilablemenl Kaateor des cinq livres qui
portrntsonnom.
III. L ordre et la disposition des choses
contenoes dans le Penlateoqiie s'expliquent
•dmirableroeat bien* dans J*bjpothèse que
Uolse soit Tauteur de cet ouvrage. D'abord
il est très^naturel qu'un législateur qui
ëtrit Tbistoire de sa lé^slation la fasse
précéder d*une introduction qui apprenne
lorigine du peuple auquel il donne ses
îoL5v et la grandeur du Dieu qui veut bien
consentira devenir son roi.Un pareil préam-
bule était nécessaire pour faire connaître
aui Hébreux leur origine, la suite de leurs
anréiresy et les droits qu'ils leur avaient
Uissés. Ainsi la Genèse devait entrer dans le
pUn de Tonvrage de Moïse, législateur des
Joîli. Il était encore naturel d'apprendre
«ai Juifs la manière merveilleuse dont ils
allient été tirés d'Egypte, et avaient reçu
U loi sor le Sinaï, les prodiges du désert,
qui afiient été l'occasion de ces lois, en
&êae temps qu'un puissant motif pour les
hiTt oteerver. Or, c'est précisément le but
q\ie remplit Y Exode: et si nous poussions
|sQs liûQ DOS observations, nous verrions
^4eUmt,dans les autres livres, est parfaite-
fiie&i rjQlibrme aux temps, aux lieux et aux
rirtûosuacc) où se trouvait Moïse. Le
Prouieoçoe renferme des répétitions, des
înaspùiiûims et des contradictions appa-
rrores, qall eût été facile à un faussaire
fJYnier. On remarque encore que la narra-
tioa est souvent coupée par de longs dis*
'oars, qoe les lois y sont mêlées avec les
fèsts, qu'elles manquent de cette suite et
ik relie liaison que l'on trouve dans tout
co^e exictement rédigé. Or, comme le dit fort
;adieieusenaent Dnvoisin: « Ces négligences,
cette confusion, doivent se trouver dans le
Penuteuque, si Moïse en est l'auteur: il
z; afail i»as besoin de transitions étudiées,
ae réflexions, d'éclaircissements, pour çer-
^uaJer aux Israélites des faits qui venaient
(ie 5e passer sous leurs yeux ; il écrivait
isoios pour les leur apprendre, que pour
'es rappeler à leur mémoire, et pour y pui-
':*-r des motifs qui pussent les engager à
'•iiiScTvation de ses lois. De là, ces répéti-
''^jds fréquentes, ces discours véhéments,
''*is exbortations, ces reproches, oui nais-
^^'Qt si naturellement du fonds de 1 histoire;
taudrait n'avoir aucun goût pour ne pas
l'^ounaltre dans les discours de Moïse le
««raclère original d'un législateur. Les lois
v>jut mêlées avec l'histoire, parce çue sou-
Trat un fait donnait lieu à l'établissement
d'one loi ; elles sont rapportées sans ordre,
larce qo'elles ont été écrites aussitôt que
Niiiées (603). »
IV. Le style dans lequel le Pentatenque
•^t écrit, nous fournit une nouvelle preuve
^ià haute antiquité de ce livre. On nous
cispensera sans doute d'entrer dans des
UO) UamionU des Hntes de Mcise, p. i, di. 3,
«. ««,67. , ^
^ ■ 004) Kof . Dcvoisw , Vautorili de$ Uvra de
'^^ ue, p. 1, cil. 5,paf . 89-105. Cet auteur, eu com-
délails gui ne seraient compris que par un
très-petit nombre de lecteurs; mais en même
temps nous déûons les hébraîsants les plus
habiles de nous démentir, quand nous af-
firmerons que dans tout le Penlateuque les
couleurs de la narration portent le cachet
de la plus haute antiquité; que la diction
jusqu à Abraham est remplie de figures et
d'images d'une simplicité et d'une naïveté
charmantes, qui peignent au naturel les
mœurs patriarehales Quant à la langue
même du Pentateuque, elle ne trahit jamais
son antiquité; jamais, en effet, on n'j trouve
un seul terme, une seule expression mo*
derne, tandis qu*on y remarçiue des ar*
chaïsmes, ou expressions primitives qui
ne se rencontrent pas dans les livres posté-
rieurs ; car, bien que la langue hébraïque
ait toujours conservé ce caractère de sim-
plicité qui la distingue, elle a cependant
acquis de nouvelles expressions, de nou-
veaux tours de phrases. Nous citerons ce-
{tendant, en faveur de l'antiquité de la langue
du Pentateuque, un exemple que tout
lecteur peut facilement comprendre. Les
mois de l'année n'ont généralement pas de
noms propres dans le Pentateuque ; ils n'y
sont désignés que par l'ordre (fans lequel
ils se succèdent; le premier, le second, le
troisième mois; mais dans les livres des
Jiois et les suivants, ils ont chacun leur
dénomination particulière.
|VI
AntbenUcité du PenUteomie ; preure indirecte — Dans
l'histoire des Juifs, Il n j a anoine époque à laquelle
CD puîKe placer la supposiUoa du Peolaleuque. — N'a
pu être laonq*ié par l.sdras.
Les raisons que nous avons ' fait valoir
suffisent sans doute pour convaincre tout
esprit raisonnable de l'authenticité du Pen-
tateuque; cependant, par surcroit de preuve,
et pour ne laisser aucun prétexte plausible
à nos adversaires, nous allons parcourir les
principales époques de l'histoire des Juifs,
et nous montrerons qu'il n en est aucune
à laquelle on puisse, avec quelque vraisem-
blance, placer la supposition du Pentateu-
que (60&}.
Les ennemis les plus déclarés de l'authen-
ticité des livres qui portent le nom de
Moïse, ne sauraient disconvenir que le
Pentateuque, tel que nous l'avons aujour- ^
d'hui, existait deux cent cinquante ans avant
Jésus-Christ; car c'est vers ce temps que .
fut faite la version grecque des Septante.
Ils sont forcés de convenir encore que
depuis Esdras, qui vivait quatre cent
cinquante ans avant Jésus-Chnst, les Juifs
n'ont jamais cessé de lire et de révérer le
Pentateuque, comme le titre fondamental
de leur religion.
Ne faut-il pas être atteint de folie et d ex-
travagance )K)ur accuser Esdras d'avoir
batunt Voltaire, réfute les .critiques allemsads de
BOtre époque ; e*esi pourquoi nous ne talançons pas
à faire ici usage de tous si^ argunieiiu.
Md
PEiN
DICIIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEK
lai
fabri^é le l^entnteuque? D'abord^ Esdras
n'arHta dans la Judée que l*an hSS avant
Jésus-Christ; or, dès lan 536 Zorobabel
s'y était rendu accompagné des chefs et
d une partie de la nation, et y avait rétabli
l'ancien culte, dans Ja forme prescrite par
la loi de Moïse* comme on le lit dans le
livre même d'Esdras : Et surrexU Josue^
filius Josedec, et fratres ejiis sacerdotes^ et
Zorobabel filius Salathiel, et fratres ejusj et
œdificaverunt altare Dei Israël^ ut offerrent
in eo holocautomata^ sicut scriptum est in
lege Mot/si viriDei. (/ Esdr. ili, 2.) La loi de
Moïse était donc connue des Juifs avant
qu'Esdras vînt de Rabylone à Jérusalem..
En second lieu, sous Zorobabel, et par con-
séquent, avant Esdras, les Samaritains de*
mandèrent à rétablir le temple, conjointe*,
ment avec les Juifs, donnant pour motif
qu*ils servaient Dieu de la même manière
(ju'eux : Ita ut vos quœrimus Deun% testrum
{l Esdr.iyf2); ce qui, rapproché deceque nous
ovons dit un peu plus haut en parlant du code,
samaritain (col. 575-576), prouve que le Pen-
taleuque existait longtemps avant Esdras.
Troisièmement, les Juifs contemporains
d'Esdras étaient les fils et les pelits-Ols de
ceux que Nabuchodonosor avait transportés
de la Palestine dans la Chaldée; ils avaient
sntis doute une religion, un culte, une ju-
risprudence. Les lois de cette rénublique
renaissante étaient ces mêmes lois que
Zorobabel avait remises en vigueur, les
mômes que Ton suivait à Jérusalem et dans
toute la Judée, avant la captivité de Baby^
lone. Esdras pouvait-il créer de nouvelles
lois, etpersuader aux Juifs qu'elles faisaient
partielle Taurienne cfmstitution? Il serait
certainement plus facfla de nous persuader,
à nous, Français, que depuis Porigine de
notre monarchie tous les tribunaux ont
constamment suivi le Code Napoléon, et
qu*ils n'en ont jamais connu d'autre. Ainsi
dans l'opinion de nos adversaires, Esdras
aurait écrit un roman, et aurait dit à ses
concitoyens : Voilà l'histoire de votre légis-*
laleur et de vos pères^ voilà le code sacré
du gouvernement et de la religion de vos
ancêtres; le livre que Moïse a laissé à son
peuple, que tous vos historiens et tous vos
prophètes ont cité d'âge en Age: que vos
pères, vos rois et vous-mêmes n'avez cessé
de lire jusqu'à présent; et c'est sur l'auto-
rité de ce nouveau code, fabriqué par ses
propres mains, et par Conséquent inconnu
jusqu'alors, qu'il aurait forcé un grand
nombre de Juifs à renvoyer les femmes
étrangères qu'ils avaient épousées, et dé-
gradé lous ceux qui avaient usurpé le rang
de lévite, et s'étaient arrogé les fonctions
du sacerdoce. Des suppositions aussi ab-
surdes se réfutent d elles-mêmes. EnCn,
suivant la belle remarque de Bossuet : «Si
la loi s'est perdue et demeure si profonde-^
ment oubliée, qu'il soit permis à Esdras de
la rétablir à sa fantaisie, ce n'était pas le seul
livre qu'il lui fallait fabriquer; il lui fallait
composer en même temps lous les prophètes
anciens et nouveaux, c'est-à-dire ceux qui
avaient écrit et devant et durant la capii.
vite; ceux que le peuple avait vu écrirr,
aussi bien que ceux dont il cohservsii li
mémoire ; et non-seulement les prophèlrs,
mais encore les livres de Salomou ei Ib
psaumes de David, et tous les livres d'his-
toire, puisqu'à peine se trouvera-t-il dans
toute cette histoire un seul fait considéia-
i)]e, et dans tous ces autres livres ud seul
chapitre qui, détaché do Moïse, tel quo
nous l'avons, puisse subsister on seul mo-
ment : touty parle de Moïse, tout y esllonn
sur Moïse ; et la chose devait être ainsi, puiv
que Moïse et sa loi, et l'histoire qu'il a kn-
te, étaient en effet dans le peuple Jaif(ou(
le fondement de la conduite publique ei
particulière. C*était, en vérité, à Esdras, une
merveilleuse entreprise, et bien nonvelV'
dans le monde, de faire parler en in^flic
temps avec Moïse tant d'hommes de can*-
tère et de style différents, et chacun diuio
manière uniforme et toujours semblable :
elle-même, et faire accroire toute coupi
fout un peuple, que ce sont là les lirns
anciens qu'if a toujours révérés, et les nou-
veaux qu'il a vus faire, comme s'il n'avait
jamais ouï parler de rien, et que la conoaiV
sance du temps présent, aussi bien que
celle du temps passé, fut tout à amÉo»
lie (605). »
11 est absolument impossible quêlPsW^
vres de Moïse aient été sufiposés depuis la
mort de Salomon. En effet, un critique
éclairé et libre de préventions^ pour [«eu
qu'il réfléchisse à la révolte des dix IribJS
schismatiques, à la rivalité, à la baiiie ei
aux guerres continuelles dont elle fut sui*
vie, ne se persuadera jamais que les Jui6
et les Israélites se soient réunis et enteodiit
pour fabriquer une loi commune aux dm
peuples, ou que Tun ait adopté l'ouTra^e
de 1 autre.
EnQn, le Pentateuque n'a pas pu êtie
supposé dans Tintervalle gui sépare Mobs
de Salomon« Nous lisons bien dans Tbisloir:
des Hébreux que Salomon fit bâtir un leui^
pie magnifique, et augmenta la pompe dJ
culte; mais lorsque ce prince monta sur
le trône, il trouva la loi de Moïse élal'li'::
avant lui, aussi, le service sacerdoiatf^
lévitique s*observait, les fêles prescrite
dans le Pentateuque se célébraient régu-
lièrement, et la forme do la religion éia'.
déterminée. Le règne de David ne présente
aucune innovation sous ce rapport : Saul
Samuel et les juges, ne connaissent p^^
d'autre loi que celle de Moïse. 11 est vrai
que sous les jugcs^ les Israélites se rcnJi-
renl souvent coupables du crime d'idolâine:
mais, au milieu des plus grands eicès, on
retrouva des traces et des vestiges de !« 1"'
mosaïque. C'est ainsi que Miehas, 4°'
honorait des idoles dans sa maison, croyait
avoir besoin d'un prêtre de la race de U^^'
{Judic. xvn, M3.) Avant le règne de Sauii
(603) Bossuet, Diicoiir» sur l'histoire toiîv., p^ u, t\\31i
»
KJk
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
jTint même le gouYernement de Samuel, à
cse épuqiie où les Hébreux rivaient dans
vae entière Kcence, nous tojoos l'arche
•:rliaflce déposée à Silo, un grand prêtre
«» la race d*AaroD, ses fils qui reçoivent les
'Dm les du peuple, mais qui transgressent
i^^ lois des sacrifices et les devoirs des prê-
tres (/ Beg. I, u); nous voyons encore des
^îe5 qui se célébraient i un temps déter-
i.îiié, et pendant lesquelles on montait A la
i^is^n dm Seigneur pour Tadorer (/tuftV.
iT« 19); enOe, dans ces temps d*anarcbic
(t';e trouble, nous voyons s'ebserver des
1^:5 concernant les hérilages et les mariages
*c!rt parents, et absolument conformes à
ce:!«s da: Pentateuque. (Cora(>ar. Ruih iv,
srec ikmi. xkt.) Ainsi, la loi de Moïse se
irmve i toutes les époques de Thistoire
iti Jai&; par conséquent, il est absolument
'jDjossîbie c|<ielle ait été supposée dans
^zt^m teaps.
Tdies sont les preuves sur lesquelles
i^4se rauthenticité da Pentateuque, le
\t'^'/.ga»gt constant et luanime de la nst-
t>jflJuiTe, les caractères du livre lui-même,
«( luapooibiHté absolue qoMi ait étésup-
\'^ tes des temps postérieurs è Moïse.
!^iOQs onesera-t-on les doutes anciens et
réotaftsiMs contre Pauthenticité du Pen-
tâiemmltmàt mots suffiront |)0ur répon»
dre; oHif dbiîa^oas soigneusement ces
dtui cksses d'objections.
I^ anciens érndits, frappés de quelques
éàks H de quelques noms plus modernes,
«ccoîés (i et là au texte , ont voulu quel-
'i^tfois hire passer ces broderies récentes
Mr la trame elle-même qu'elles recoo-
iTu^ol. Mais ces fils étrangers ne tenaient
iMe ê réiofle ; presque toujours on pou-
w les ealerer sans que le vide y parût ,
«B»que le tissu en fût moins entier et
coics serré. Fresque toujours on recon-
Bi^saît ilnterpolation moderne ^i la faci-
î'-ié 'je la faire disparaître. On avait beau
àscaier des détails, peser et combiner des
^j\s gratter quelaue angle de la pierre, fé-
:^ e restait solide et imposant; le Pcnta*
^iue et chacune de ses cinq divisions
:4;eflt encore en rapport avec Moïse, dignes
>• !ut et explicables seulement par lui;
»>:fts de hautes leçons et de sublimes beau-
r^Usse trouvaient toujours en harmonie
•^ le temps, le but, le lieu, toujours le
I sjement de Thistoire et de la législation.
Sé UQ oiot, la critique a dû condamner quel-
-n phrases et quelques mots, mais elle
^ ['U atteindre Tensemble. Telle a été
-.stoire des doutes tant qu'on s*en est tenu
a laiu.
D'autres savants, par une marche oppo«
K ta lieu de se soumettre aux laits , les
:! voulu plier aux principes. Ce sont« en
^:ser«l, les rationalistes modernes. Des
^'9^Des d*aii grand nom et d*un caractère
i^e de respect, conduits par une philoso-
phie vicieuse et par une méthode peu loçi^
•manier théoriquement toute possibilité
des miracles avant d^xaminor tes lémoig^ia-
ges qui en prouvent rexistence, se sont
contentés de dire : il y a des miracles dejis
le Pentaleugue, donc le Fentateuque n'est
pas authentique, car là Fimposture serait
impossible. (Important aveu, dont, en pas-
saut, il est bon de nous emparer.) Puis étu-
diant alors les Csits, ou plutôt les éclairant
d^une lumière équivoque et partiale , ces
écrivains se sont bornés à j choisir habile-
ment ce qui pouvait favoriser leur théorie.
— Mais, si le Pentateuque B*est pas authen-
tique, qu'est donc ce livre? Quand a-t-il été
écrit? Comment expliquer son existence,
son sljrle, sa renommée, son pouvoir? Dif-
ficiles questions qu'on a voulu résoudre à
force de travail et d'esprit. On a cherché,
supposé, imaginé; on a construit, à l'aide
des hypothèses plutftt que des faits , de Ti-
masination plus que de l'histoire, et enfin,
aprês bien des veilles, des efforts et des li-
vres, on a découvert et conclu que le Pen-
tateuque était... un poème épique 1 Je n'i-
magine pas que mes lecteurs attendent une
réponse sérieuse A cette assertion, nouvelle
et déplorable preuve iïes erreurs du talent^
ou même du génie, qtiand il manque d*im-
partialité. Bn tout cas» pour apprécier la va-
leur de cette dernière bjrpothèse, il suflû de
lire de sang-froid et de bon sens, d'abord
le Ponlatenque, puis rhistoire des Hébreux
{606}.
§YU.
iatésrité du PeBlaleai|iie. >- il a'a été altéré ai avant Ja
ffladmiOB da camm ni depuis. — Tt
Le Peotateaqne est authentique. Ce livre
qui nous raconte avec naivuté les touchan-
tes histoires des patriarches, qui nous fait
suivre la marche de ta Providence dans la
législation et le salut des Uélireux, ce livre
est bien' Toeuvre de Moïse. Mais nous est-il
parvenu sous sa forme originaire? N'a-t-il
jamais été modifié, dénaturé depuis son au^
teur? En un mot, est-il intègre? et tel qu'il
se trouve en nos mains, mérite-t-il notre con«
fiance?
Pour répondre i cette question nouvelle,
distinguons entre les temps écoulés depuis
'Moïse jusqu'au retour de la captivité, épo-
que de la condusion du canon , et depuis
cette époque jusqu'à nos jours.
Le Pentateuque a-t-il été altéré avant la
oondusiou du canon?
Oui, mais seulement dans des détails mi-
nutieux, étrangers au fond des choses. Quel-
ques noms modernes ont été accolés aux
anciens, Quelques gloses ou quelaues dates
ajoutées; la mort de l'écrivain a été racon-
tée par son successeur; peut-être même Jo-
sué a-t-il le premier réuni, par un lien his-
torique, les discours, les cantiques, les lois
?ui composent le BeuUéronome ^ et qui sont
œuvre de Moïse, mais rien de plus. Il n'a
été touché ni à la législation, ni à l'his-
toire, ni aux caractères , ni aux faits. Le li-
vre est intègre. Il n est pas nécessaire de le
M. faf. la note XIO, à la£n de Tokme.
DicaiotSAims appm>gêtiqcs. II.
I»
S87
PRN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
SU
prouTer en détail, rautbenlitilé une fois
ndmise. Tous les caractères internes d'au-
thenticité que nous avons reconnus, démon-
trent que le Pentateuque n*a pas subi d'ai--
lérations profondes. Puisque les récits, les
lois, le ton, le stvle nous conduisent à y re-
connaître le siècle et la personne de Moïse,
ves récils , ces lois et ce style ne sont pas
Tœuvre d*un autre siècle etd^un autre écri-
vain. Ainsi donc le livre que nous lisons est
bien c^lui que Moïse écrivit. Naus y trou-
vons bien ce que cet illustre envoyé de Dieu
a fait, a dit, a pensé. Ces miracles en parti-
culier, ces prodiges qui étonnent et saisis-
sent l'imaguiation, apj arliennent bien au
récit nriroitif. El comment les en distinguer?
C'est le fonds même de Thistoire, sa subs-
tance et son es[;rit. Ils sont la clef de la
voûte, car ce sont eux qui nous révèlent les
conseils divins et nous expliquent les suc-
cès. Que resterait-il de Thistoirc mosaïque
si on les en ôtail? Tout est authentique ou
rien.
Depuis le retour de la captivité, le Penta-
teuque a été conservé plus pur encore de
toute altération.
Le Pentateuque samaritain suffirait à le
])rouver. Il découle d'une source spéciale;
il nous représente bien lo texte qui, lors du
schisme, était entre les mains des dix tri-
bus; il nous donne plus sûrement encore
celui qui, avant Jésus -Christ et depuis la
captiviié, était entre les mains de 1 Enlise
samaritaine. Les manuscrits conservés, tran-
scrits dès lors par les seuls Samaritains, et
découverts chez eux dans les temps moder-
nes, ont été soigneusement collalionnés. Or,
ils renferment, à de b'gèresditîérences près,
lo même texte que l^hébreu. La démonstra-
tion qui en résulte n'esl-elle pas complète ?
On pourrait tirer une preuve, ou du moins
une présomption du même scnre , des fa-
milles juives énarses dans TAsie dès les
temps anciens. Je n*y insiste pas ici, parce
que leurs manuscrits sont moins bien con-
nus, et parce que leurs synagogues ne sont
pas, depuis des milliers d*années, comme
celles des Samaritains, sans communication
avec les Juifs d*£urope.
Des arguments plus décisifs et plus directs
sont à noire portée. Je ne les développerai
point, parce que je dois éviter ici les dis-
cussions scientifiques et arides, mais j'expo-
serai en peu de mots les plus saillantes. Ce
sont la multiplicité des versions anciennes
qui ont reproduit Tancien code, et le soin
des Juifs pour nous le transmettre et nous
le conserver. Ces nreuves ont ceci de remar-
quable, qu'outre 1 intégrité de TAncien Tes-
tament, elles démontrent encore la protec-
tion spéciale dont la Providence Ta couvert.
Dieu ne voulait pas seulement que les ora-
{ les précurseurs du Christ nous parvinssent
jansleur pureté, il voulait de plus que nous
rie^ipussions pas m^me douter de leur origine
raitique, et par conséquent divine. 11 voulait
xjue, le voyant lui-même en quelque sorte
veiller à leur conservation, nous crussions
les recevoir immédiatement de lui comme
I
les Juifs» en dépit de la distance des siècles
et des lieux.
L'Ancien Testament a été traduit dans un
grand nombre de langues , mais les seules
versions dont nous voulions parler ici, sont
celles qui remontent à Fère chrétienne ou
environ. A cetie erande éitoqne, presque
tous les livres de rancienoe loi avaient k
traduits en chaldéen, pour l'usaze des Juifi
d*Orient, auxquels le véritable hébreu deTe<
nait toujours plus étranger; en grec,po!if
TEglise juive d'Alexandrie, qui le connais-
sait moins bien encore. Ils le farentjfQ
après on syriaque pour les chrétiens d'E-
desse et de Nisibe. Ces trois versions «
sont conservées; nous en (lossédonsdeso-
pies et des éditions nombreuses, et pnf
quelques diversités sans importance, e!|f
noMS représentent le même texte, les ^
mes livres, les mêmes oracles et les nièLn
)hrascs. Cependant, cet accord n'est \m\
e résultat <f une intention des interprè(e),
ou d'une fraude des savants. Ces trois soeun,
une fois sorties du sein de leur mère com-
mune , ont été séparées pour toujours [jr
les événements, et par une rivalité qui se-
siste encore. La version chaldéenne, soi-
gneusement conservée et consultée par \<^
Hébreux, est restée inconnue aux chréte
pendant les premiers Ages de l'Eglise, ei
n'est entre leurs mains que depuis deui l
trois siècles. Les chrétiens de Sjriefle con-
naissaient guère plus la version grecque^
que les Grecs ne connaissaient la syria(jue;
la version grecque, propagée dansW\^-
cident, traduite à iion tour eu latin, et de-
venue, sous celte seconde forme, Tohielda
respect exclusif de l'Eglise romaine, n'awit
?;arde de rien emprunter aux autres, qu«
es Occidentaux d'ailleurs ne connaissaieni
point. Le concert de ces trois témoins e5t
donc d'autant plus remarquable c^u ils u'i(^^
lamais pus'entefidre, que ces versions élakc^
la propriété d'Eglises rivales et de religion^
ennemies, l'ouvrage d'adversaires acbaro^
de Chrétiens et de Juifs, de Chrétiens (!<>'
rient et de Chrétiens d'Occident, de Juifc^'
Palestine et de Juifs d'Alexandrie. Elles sa-
cordent cependant entre elles. Elles m^
donnent donc avec certitude le texte «Dtj*
que et vrai de l'Ancien Testament, tel qu"
existait avant Jésus-Christ.
De ces trois versions, la grecque {connj^
sous le nom de version des hcplflnieM^^
longtemps presque seufe en usagie cliei '«*
Chrétiens. Elle était mise, par leslidèleMe
Conslantinople et d'Egypte, au-dessus fteuie
de l'original hébreu, dont ils ignoraiem
presque l'existence. Sous sa forme laiifif»
avons-nous dit, et sous le nom de l«j'''
elle régnait sans partage sur l'Eglise dO ci-
dent. Si, pendant qu'elle était seule connue
du Nil à la Tamise et du Ponl-Eaxin an Ta:^
le texte hébreu et sa version chald^^^'^o-:
ignorés des chrétiens et mal connus ^^^
Juifs, se fussent perdus, qu'en fûl-il résa '^
pour la religion? Que l'authenticité (les of
clés sur lesquels s'appuie le chrislianisto ;
n'aurait eu pour garants que les GtiniH^ni
KS
BiCTIONNAmE APOCOGETIQCE.
PEN
aii-inémes ; qu'on eûl puiraiter ceax-cide
iogfs partiaoi, de dépositaires înGdèles ei
f;e I incrédalHé, avide d*objectioD$, les eût
10 jonracciisésd'aToir eux-mêmes M[)ri<pié
ki aatiqiies prophéties dont leur religion
se targuait, prophéties que quinze siècles
dlsDorence et de disputes feur auraient
Meh pa donner le désir, le besoin et Tocca^
BOQ dlBYenter. Cette objection eât été gra-
re, mais Dieu lui-méne s*est chargé de la
préreoir. Pendant -oes ^inze siècles^ les
Hiife orasenraient le corJe hébreu, et quand
\t moment fixé par 4a Proridenee est Tenu,
sas eo abandonner 4a garde, ils Tout laissé
lut «ux chrétiens. Pendant quinze siècles,
lt« Jnils seals font étudié, ce texte. Font co-
|v,aMljFsé, etenfln imprimé. Ils ont reillé
hnr ce précieux dépôt arec la persévérance
o(>«4iB^, la passion d*iui avare qui garde
«jg trésor. Qu'en en juge par les détails sui-
vants.
Dq m* an xf siècle, deux académies
juves, éty>Hes Tune & Babylone , Tautre
i T^Wriade, n*ont pas cesse de s*oecuper
*H code hébreu ; non pas de son sens on
ôe Ms préceptes, mais de sa forme, des
mMs, des lettres dont il était composé. Pen-
^tVmil cents ans, il s*6st trouvé des sa-
vials QoaAseax et célèbres, qui, dans deux
académifs, em dévoué 4eur existence à
compter ef décrire ces lettres et ces mois, à
distiagiur les consonnes, les voyelles, les
^Tftats^ oamtHen d*une espèce , combien
•fine lolre, à retourner de toutes manières
kun Cistidâeux ^t insignifiants calculs.
Vous les possédons encore^ ces calculs ; et
;dj «OFsit ta patience de les vérifier, y trou-
erait peui-étre la preuve mathématique de
^fltégnté du texte hébreu. Ce travail n'ex-
:e $aas doute que le rire de mes lecteurs.
vahlions pas cependant que si cette giçan-
^ue niaiserie des anciens rabbins était
irùitemeot inutile à leurs contemporains
à leur Eglise, Dieu Toulait qu'elle fût ga-
Qt à la «Atrede leur fidélité Avigilanie»
icAtfihB machinale, è préserver l'intégrité de
iflcien Testament. Qui oserait maintenant
Qter de Tauthenticité des oracles, dont de
s hommes ont été constamment les de-
ntaires? Qui oserait supposer quMIs ont
^ifié ce livre dont ils semblent adorer Jes
'iodres iolo#, et qu'ils Tont falsifié contre
ir intérêt propre, en faveur de cette Eglise
'étieoae qui les persécutait et qu'ils ab-
sent T
:hosc étonnante 1 Ce sont les Juifs qui ont
désignés par la Providence pour être dans
s les âg3s les dépositaires et les garants
cette cbane sacrée qui les condamne ! Ce
i eu qui veillent à son intégrité dans
itérèt de la foi chrétienne. De|iuisdix-
t siècles, r£glise juive, cette épouse dé«
isée qui pleure sous le palmier, tient les
IX attachés sur ce livre. Elle le montre
lemeol à ceux qui lui demandent les ti-
s de son ancienne gloire , le fondement
s«s espérances ou la sentence qui Ta frap-
; elle est toujours là pour démontrer
igine et la fidéûté de ces pages étonnan^
tes, que ne peuvent effacer ni les révol«~
tiens ni les sièicles.
iTiii.
Yéndté du Featatewiiie,— Ctnctèret tirés de U natim
des dioses, da bpgige, de b TnisenbUaee historioM!,
de U vaisembUme eo8aiqgoiii4oe,de U vnlMaiblaiice
arch(&ologiqiie.
Nous avons prouvé Cantique origine du
Pentateuque, et sa fidélité matérielle à con-
server la forme que lut donna Moïse. Hais
cela ne suffit point em^ore. Ce livre a-t-il
été trac^ par une plume instruite et sincère?
mérite-t-il notre confiance, malgré ce qu'il
a d'extraordinaire dans sa forme et ses ré-
cits? Est-ce un de ces livres véridiques
auxquels l'examen donne toujours plus de
prix, ou bien est-il de ceux que l'homme
raisonnable et droit rejette bientôt avec
dégoût, parce que la réflexion lui en dé -
voue l'imposture?
Pour repondre, nous rechercherons suc-
cessivement ses caractères de vérité, et les
indices de son autorité; en d'autres termes,
sa crédibilité et.sa divinité. Nous trouverons
ses droits à la première, d'abord dans le
livre même ; ensuite dans les confirmations
que le tem(À lui a fournies.
1* Je Jes trouve d'abord dans la nature des
choses. Le Pentateuque est authentique. Les
récits qu il renferme ont donc été écrits sous
les yeux des témoins des faits, en présence
des monuments destinés à en conserver la
mémoire, au moment même oH les événe-
ments avaient lieu. Cela une fois^admis, la
vérité des faits racontés est démontrée* De
quelle fraude* en effet, peut-on soupçonner
encore l'historien qui inscrit à mesure,
pour l'usage des spectateurs ou des acteurs,
ce qu'ils ont fait ou vu comme lui? Si Hojse
trompé, six cent mille témoins peuvent le
démentir ; ce sont leurs crimes et leurs
souffrances qui remulissent son histoire.
S'il avait trompée, ils rauraient démenti, car
ils n'étaient rien moins que confiants et do-
ciles, car celte histoireles contraignait trop
souvent à rougir. Moïse cherclie-t-il donc a
soustraire ce livre à leurs regards? Non, il
les contraint h le lire, à le iransmet re à
leurs fils. Ils obéissent et pourvoient à eu
que la postérité là plus reculée n*ignore pas
qu'ils ont été coupables et punis. — Doute-
rez-YOUS de la vérité de cette voix accusa*
trice qu'ils n'osent, qu'ils ne peuvent con-
tredire.
r â" Le langage du Pentateuaue inspire la
conviction. Naturel, sans prétention, tout
simple, il ne porte jamais Tempreinte de
rim|.H>sture. L'enthousiaste ou le jongleur
cherchent à frapper Timagination; rare^
ment ils réussissent à éviter l'affectation et
r^mphase^ Moïse est toujours simple et vrai.
Si son style s'anime, c'est en quelque sorte à
son insu; i 1 est ébranlé malgré lui par les
grandes choses qu'il voit ou qu'il lait. Et
cependant, qu'on le remarque , Moïse étiit
poète 1 Quand il ne veut plus commander à
son émotion , ses chants de reconnaissance
ou de Tictoire témoignent de la véhémence
de ses.impressions ; mais lors^^u'au lieu de
nCTION>AlRE APOLOGEnQCE.
K5
%
chanter il raconle, il raconle simplement,
oaïTementy prosaïquement. Ce même homme
quit sur !e bord de la mer Rouge, célébrait
le guerrier dont le nom est l'Etemel (607),
Toyait les flots s*amonceler à son souffle, et
les chariots de Pharaon jirécipités de sa main
cx)mme une' pierre au fond des abtmes ; ce
même homme, au chapitre suivant, raconte
le don du pain céleste sans appareil, sans
avoir Tair d*en être étonné, ne songeant, ce
semble^ qu'à donner clairement les moin-
dres détails de Tévénement. Quand pourra*
t-on croire à la sincérité d'un historien, si
ce n'est quand elle se trahit par de tels con-
trastes? cela nous conduit à faire remarquer
nne antre qualité de son récit : la minu-
tieuse exactitude des descriptions. On peut
la reconnattre, et dans le chapitre dont il
s'agit, et dans presque tout TÈxode; dans
le récit de la construction du Tabernacle,
dans celui des souffrances des Hébreux,
dans celui des plaies qui les vengèrent, par*
tout on retrouve le même soin à donner les
détails, importants ou non, non pas comme
importants, mais comme vrais. La çréle
tombe sur l'Egypte et la ravage. Or le Un et
Foroe avaient été détruite^ remarque Thisto-
rien (608), parée que Forge était en épis^ et
que le lin avait pousié sa tige. Mais U fro^
ment et Féveautre ne furent point détruits^
parce qu*ils étaient moins avancés. l\ me
semble que c'est là le ton de l'homme véri-
dique, et non du charlatan imposteur.
L'ordre des récits, d'ailleurs, cette méthode
purement [chronologique ({ui inscrit de
suite et jour par jour tes lois et les faits, à
mesure qu'ils se présentent, fsans tenir
compte de leur nature ou de leur liaison,
n'est-il pas. un indice d'exactitude et une
preuve oe vérité ?
3"" La nature des faits racontés nous four-
nit un nouvel argument.
On m'objectera peut-être les prodiges de
la Genèse et de VExode. Mais des prodiges
sont-ils donc, par eux-mêmes, et avant tout
exanien, la démonstration du mensonge?
non pas , du moins, pour le philosophe,
qui fidèle à la base de toute science et
de toute méthode, remonte des faits aux
théories, au lieu d'imposer des théories aux
laits. Nous examinerons plus loin si le Pen-
tateuque ne renferme aucun caractère de
divinité qui doive nous inspirer pour ces
prodiges,' du respect et de la foi; nous ve-
nons de montrer que la nature des choses
et celle du récit nous conduisaient à les
admettre; notas avons de plus à remarquer
ici, que, malgré ces prodiges, les faits ra-
contes ne donnent point l'idée d'une tiction«
Si Moïse eût voulu tromper, il eût au moins
su flatter ou l'orgueil national, ou l'imagi-
nation déréglée de ses compatriotes. Mais,
quel inventeur stérile ! quel étrange impos-
tourl Le nom et l'&ge de dix patriarches,
voilà tout ce que son imagination lui four-
nit de remarauable entre Adam et Noé I
(607) Exod. XV.
{flO%)Exod, IX, 51, 3Î,
Dans les premiers diapitres de ia Genèse,
on trouve quelques noms propres, qo^lioe)
laits grands, sans doute, par le Diea qui m
manifeste et par leurs immenses rés>jlULs
mais racontés en quekpes mois sar» en-
tourage et sans appareiL Dans ce gui suit,
nous trouvons de petites révolutions, de
petits rois, de petits inddents, de petites
guerres, des scènes domestioues oa pa^i^
raies, toujours dans une faruile haruiODii'
avec fe siècle où elles sont [rfa&^s ; mm
histoires, qui nous retracent avec simplifié
ces temps anciens niais qni n'ont, cerl^s,
rs Taîr d'inventions orientales, desiincei
eflrajer ou à séduire I Les Oneobux,
juifs, persans ou arabes, s'y prenneotao-
trement (lorsqu'ils révent des aTeotum
gent d'embellir. Que roo prenne
et une nuits, le Koran, Josèphe même, ^
que l'on compare.
Est-il besoin d'iyouter que la véracité de
l'historien se reconnaît à ses STeui? Dé*
guise-t-il donc ce qui pourrait nuire à sonbot
ou offenser les Juifs? Va-t-il ao-deTaotè
objections? Cache-t-il les fautes des aik(*
très des Héhreax, de Joseph, de Iwk^i
Lévi? Que dis-je ? cacbe-t-il son propre p^
ché, celui d'Aaron, et la sentence qai les
frappe 40US deux?
b** Cette comparaison sera plus tnpféDfà
encore si l'on étudie i*origine4escliosei<i
ia fois dans Mo'ise, et dans les pins wliquei
documents des païens. C'est chei ceûyA
dans les traditions de la C^aldée, de TE-
gypte ou de l'Inde, qu'on trouvera protoB-
dément empreint le cachet du measoDge.
C'est là qu'on trouve de monslrvettse^
théogonies, unissant d'une manière bizarre
les cieux, la terre, aux plus viles créatures
aux plus fantastiques conceptions, peuplifl^
l'espace de dégoûtants demi-dieux, le tei^^
d'orgueilleuses myriades, et Thisloireil^
lisibles généalogies. Voità comment iBren-
tèrent toujours ceux dont rimagioati^
sans frein, voulut raconter au hasard to-
rigine de l'univers, ou du moins, qui d0
craignirent pas de mêler leurs capricieuses
fantaisies aux débris inal conservés (1<^
traditions primitives.
« Que I on compare, dit à ce sujet Bf"*
horn (609), les récits de Moïse arec ^
plus anciennes histoires de l'antiquité > ^^
sentira bien vite laquelle de ces diverses
sources est la seule pure. Il n'en estpaso/jc
qui.pùisse, le moins du monde, soateoir le
parallèle avec la Genèse: qui puisse a^
moins retracer quelque ombre de la ^im*
plieilé, de rexactitude et de la vérité pnii^
sopbique de ce livre étonnant. Hors de 13.
ce ne sont plus que traditions populaïf*^
et fabuleuses, où les plus profonds érudtts
les hommes les plushabil.es à démêler i^
allégories et à expliquer les symboles^ "*
savent cependant trouver aucun sens. W
(609) EiCBHOiUf , Emleilung in daf A. T. § i^> ^'
édiu
mCTIONNAlIlE APOLOGETIQGK.
PEN
$94
mh les temps .es plus anciens, les histoires
Nil nous parlons ont été mal comprises
^ nations qni les cooserYaient ; déjà alors
râ^rées |>ar des ornements déplacés, par
^ expliealions ridicules, par des interpo*
'ions et des mélanges, elles étaient deve-
ues inintelligibles : l'idée que renfermait
nuâliTenieDt ce rx>rps grossier, en avait
;«;aro Ainsi, par exemple, la plus an-
«nae philosophie, celle qui recherche et
s>eîgne rorigine des choses, devenue le
Ms M>uTent absurde et risible chez les au-
*«> peuples, à force de méprises successif-
cr«, est toujours, chez les Hébreux, pleine
w simplicité, de dignité, de vérité. Elle est
r.efflent indépendante des chimériques
' ijnnations des autres peuples, tellement
i. Prieure i toutes ces rêveries, que, par
mit seul, la Genèse mériterait déjà la
.iroone qne nous lui décernons. »
â* Remarquons enfin, comme nDuvellé et
:treièfe preuve de la véracité du Penlateu-
\it^ la vraisemblance des mœurs qu*il dé-
|r jtt. Teoiprante à Eichhorn le développe-
izieoide cette idée, et je me contenta de le
t^Qire.« La forme des récits de \aGeniief
^*A'ï \à preuve la plus certaine de son au-
t:3«Qûdifc pour l'homme capable de sentir
W iMtiiR\«ile simple, de se re|)Orter à
r»dolesc»ce Al monde, et de se figurer la
vie domtsàqne des peuples pasteurs. Le
V'tB de /lûiàire doit changer comme les
U5âgi5de§ hommes. Il doit ressembler tour
à / 'ur à l'influence variée de chaque peu-
f-'e, de chaque siècle et de chaque révolu-
f'H). Or, la Genèse dépeint, avec une vérité
rcflurjuable, Teniance et la jeunesse du
g are bamain. Souvent les récits de ce livre
» réduisent à Thistoire domestique de
; Iniques bergers; partout on y retrouve la
.*• :4e et franche simplicité des mœurs nas-
. 'aies. — Si, dans une de ces heures favo-
ru/les où rame s'ouvre d*elle*mème aux
^Qtiments paisibles et simples, vous avez
i avec une attention entière et une douce
'ùoùoa quelque trait de la vie d*Abraham,
ri^aac ou de Jacob, lisez ensuite de la
uénie manière quelque portion de celle de
>and, de Salomon ou de quelqu'un des
'ws dlsraêl : vous sentirez aussitôt la
ii^Uoce qui sépare les deux histoires comme
» deux époques, et toute l'infériorité de
e> derniers tableaux. Là, c'est une nature
• jte simple qui émeut et entraîne; ici,
>)t encore la nature, mais moins véhé-
ienic et moins franche. Là, toute la candeur
fooe simplicité sans voile; ici, déjà plus
t'vléa^^ance et moins d'originalité. Là, le
*'xa^ naïf du coBur humain ; ici, Tem-
^eiotp des premières formes de la civilisa-
"0 et du luxe. — Si Tàge et Thabilude
>' a« 6!ent la faculté de rappeler, pour faire
tv^ ei[>érience les sentiments et les émo-
LvQsde la jeunesse, essayez-la sur quelque
lo^Qt dont ^1 éducation n'ait ooiut encore
*iï« Ctn, xiT, 18.
•^tti G«i. \Tiii. 6-8.
*'i Cctt. xxvji, 25.
faussé le çoAt, et vous verrez auelle im^
pression différente cette Ame tendre reeevra
de ces récits si divers.
c 11 faut cependant avouer aue ces cou-
leurs si vraies perdant, hors de l'original,
une grande partie de leur vivacité. Je ne
veux point faire ici le procès aux anciens
ou aux nouveaux traducteurs; mais i'aflirme
qu'aucune traduction ne peut rendre cette
simplicité d*une nature sans fard, cette
fraîcheur de coloris qui font le charme de
la Genèse. Comment reproduire, dans nos
langues compassées, abstraites et froides,
ce langage simple, antique, libre, vif et
sans parure? Le patriarche hébreu a, certes,
à se plaindre de ses juges modernes. Ces
hommes téméraires ont hardiment con-
damné, sur d'infidèles copies, un monument
original qu'ils ne c^mnaissaient point, dont
rien ne pouvait leur donner une assez
exacte idée.
c Allons plus loin. Quel imposteur eût
jamais pu retracer avec une vérité aussi
exacteles progrès successifs de la civilisation
et de la société? Comment eût-il conservé
oette gradation si peu étudiée, dans des
objets si divers, avec des incidents si mi-
nutieux, si naturels, si parfaitement liés,
et de manière à soutenir le plus sévère
examen sans trahir la fraude?
« Abraham sort de la Mésopotamie, pairie
des peuples bergers, et tous les détaris de
sa vie clénotent un vrai nomade. Bes hôtes
viennent-ils à lui? Il court choisir au mi-
Jieu de son bétail le jeune chevreau qu'il ap-
prêtera lui-même, comme le Patrocle d'Ho-
mère. Il n'offre pas de vin à ces étrangers»
et cette liqueur, cependant, n'était pointa
cette époque inconnue en Palestine (610).
Il leur présente du lait, comme un nomade
devaitle faire (611).Isaac,au contraire, riche
de l'héritage d'Abraham, moins étranger
aux habitudes des Chananéens amollis, fait
usage du vin (61â). Un chevreau, enlevé du
pâturage, ne sulBt plus à ses goûts comme
il suffisait à ceux de son père. Il désire du
Sfibier, il le fait apprêter à sa manière pre-
érée (613).Son palais est exercé à distinguer
les viandes, et c'est par une ruse que Ré-
becca réussit à lui faire prendre le change
{6ik}. Demi-nomade et demi-laboureur, il
prend à ferme un champ du roi de Gérar,
et ne se contente plus d'être riche en trou-
peaux (615).
c L'écrivain moderne qui aurait inventé
cette histoire sons le nom de Moise, n'eût
pas manqué de faire faire à la civilisation
de nouveaux progrès avec Jacob. Il eût
blessé la vérité sans s'en douter, et l'bistô-
rien du Pentateuque est réellement plus
fidèle aux vraisemblances de l'histoire. La
civilisation recule quand Jacob,, laissant la
Palestine, passe vingt ans en Mésopotamie,
au sein de la vie nomade et des habitudes
pastorales. Elle avance, au contraire, avec
(613) Gen. isvn, 4.
(Hli)C;cK. s\vii,9.
(615) C'en, uvi^ tz.
I^
PEN
4>1CTI0NNAIKE APOLOGETlQVe.
FGN
m
Esaû, parce que ce1oi>-ciaemeure en Pales-
tine et s'allie aux Chananéens...
« Le commerce multiplie peu à peu les
rapports des diverses nations. Au temps
d'Abraham, nous ne voyons encore aucun
échange de blé entre VE^pte et Chanaan.
Pour éviter la famine , le patriarche est
obli^de se transporter iui-mème, avec tous
les siens> sur les bords du Nil. Au temps
de Jacobr ce commerce est établi (616). Pour
le faciliter, déjà des caravansérails sont éta-
blis sur la route (&17). Partaot d'Arabie, des
caravanes ismaébles portent aux Egyptiens
des épices, des résines et du baume ; dans
l'occasion même, ils achètent ou vendent
des esclaves (618). Les Egyptiens ne font»
f>ar eui-'mémes, aucun commerce extérieur ;
a Genist le suppose, et Thisloire nous le
dit.
« L'Egypte, plus anciennement constituée
que les nations voisines, remporte, comme
de raison, en civilisation et en luxe. Déjà,
au temps d'Abraham, les pharaons (wt une
cour (619)^ Abimélec, roi d'une colonie
égyptienne chez les Philistins, imite en
})etit les rois de la métropole : il a, comme
eui^, des serviteurs et des courtisans 7620).
En Palestine, au contraire, le roi de âalem
vit comme un simpte particulier (621). Entre
Abraham et Jacob, Te luxe de l'Egypte fait
(Je grands progrès. Au tempsde Joseph ,
nous voyons à la cour d'Egypte de grands
(UgnitaireSy des chambellans, des surinten-
dants, de grands échansons, de grands pa*
netiers, un srand vizir, une police, une
Crison d'Etat (6^), des médecins attachés à
personne des grands, et un pompeux ce*
rémonial. Joseph, comme grand vizir, est
servi à une table à part, et les Egyptiens
oui maneent chez lui prennent place a celle-
4e son chambellan (6^). Pharaon n'admet
point Jacob à une conversation familière»
comme avait fait un de ses ancêtres à Abra*
bam, mais à une audience en forme, avec
tant de roideur et une si orgueilleuse affa-
bilité, que le style même du récit en garde
l'empreinte (62ii^). Diverses solennités ac-
compagnent l'installation des fonctionnaires
royaux ; Joseph, à son entrée en charge ,
reçoit une chaîne d'or, un costume magni-
fique, une suite et un anneau. En Mésopo»
tamie, où les Ghananéens n'avaient pas en-
core étendu leur commerce, on trouvait,
au temps de Jacob, peu d'or et peu d'argent.
Les échanges en nature sont, à cette époque,
le seul moyen connu de se procurer des
objets nouveaux. C'est en gardant les trou-
peaux pendant vingt années» que le patriar-
che gagne ses deux femmes, des esclaves
et du bétail. En Chanaan, au contraire, et
(616) Gen. xu, 57.
617) Gen. xlii, 27,
618) Gen. xxxvn, 25.
(919) Gen. xii, U, 15. .
(6a0iCeii. xxi,22;xxvi. 26,
(621) Gen. xrv.
i622) Gtn, XL.
623) Gtn. xuii, Z%
dans le voisinage de cette Phénicie qoi
tenait déjà dans ses mains le coromercedtt
monde, au temps d'Abraham, on n'a déj^j
plus recours aux échanges; l'argent le'
remplace, comme matière précieuse. Il d*
pas encore reçu d'empreinte, mais od V
pèse pour déterminer sa valeur (625). Peut
etre,eependant,lesPbéniciensavaient-ilsd
quelques monnaies grossières au temps
Jac^ (026). {Vou. MoiioiiEHTs,etc.,{i.
« Nulle part il n'est fait mention de ch
vaux dans les quarante-quatre premi
chapitres de la Genèse. C'est à l'occasioD d
voyage de Jacob en Egypte que les ch
envoyés par Jo$e|)b nous les montre
pour la première fois en usage. L'histui
nous apprend, en effet, que dan& ces sied
reculés ils étaient usitâ en Egypte, "^
presque inconnus en Palestine.
« Les formes des conventions civiles n^
pellent, chez les patriarches, la plus \mi
antiquité. Dans Homère, les contrats se foot
de vive voîx, et pour les rendre oblieatoi-
res, c'est i la garantie des dieux que 1 oi a
recours ; on les accompagne de préseots t\
de cérémonies symboliques. De la mtoe
manière, Abraham donne sept brebis è Aiu-
métec, en mémoire de l'alliance qu'ils re*
nouvellent, et de la cession d'un putls con-
testé (627). Jacob et Laban élèvent uo mon-
ceau de pierres pour être témoin de leur
réconciliation (628) ; ils lui \mpeseut uo
nom destiné à la rappeler, coaunearaieol
fait encore AÛmélec el Abraham ||ES9).Cest
en présence de témoins que ce d^ruicr
achète la caverne de Hacpela (630) ; Bom<le
cette seule garantie, il se croit assuré que
sa propriété ne lui sera jamais disputée.
C'est ainsi que, dans Homère, les Giees et
les Troyens regardent comme certaine Teié-
cution du traite, parce que les deux armées
ont entendu les promesses verbales do
contractants.
« Le pas rétrograde que, dans les iirres
de Moïse, la civilisation paraît iairc après
le déluge, est tout à fait conforme à la na-
ture des choses. Avant cette catastrophe, ia
civilisation semble plus avancée qu'au teoifi^
d'Abraham. Alors, par exemple, on coooati
l'usage du fer; ensuite, bien du lea^)ssV
coule avant qu*il en soit de nouveau qoei-
tion. D'autres arts encore sont ensevrfo
dans l'abîme qui engloutit le (^enre ^
main, et seront une seconde lois invcoiès
dans la suite des Ages*
« Mais n'était-ce donc jpas là ce qui deriit
arriver? Une seule famille survit au déluge
et peuple de nouveau l'Asie désolée. Pou-
vait-elle donc sauver toutes les connais*
sauces et tous les arts? Les possédait-elle?
Ge)i. XLVii, 7.
Gen. XXIII, 16.
Gen. XXXIII, 19.
Gen. XXI, 30.
Gen. XXXI, 46.
Gen. XXI, 51 •
Gen. xxiik
(626)
(627)
(628)
(629)
(630
PEN
DICTIONNAIUE ArOLO<;KTIQI R.
PEN
^ qoanil nous le supposerions, «fail-elle,
lorès le délage, Toccasion immédiate de les
fctercer? Elle devait, avant tout, pK)nrvoir à
î- -Q exislence: voilà ce qui exiiseait tout son
iii-'ps ei toutes ses forces; voila aussi ce qui
n îuait les arts de luxe, et ne permettait
^'î.iercer que les plus communs et les plus
;^«.e5saires. Il était donc im{iossible que
f rjsieurs des connaissances du monde an*
:'-J!uv΀D ne demeurassent oisives, et ne
fttÂseot oubliées après cette grande époque,
;'iNi|u'à ce qu*nn heureux nasard les vint
remiuer aux hommes. Si donc- Moïse, au
^Q de laisser paraître ce retard de la civi-
.c^^(ion, nous Teût représentée comme
><ant loujc»urs continué sa marche ascen-
.•2ie« c*est bien alors que nou> devrions
^J jf^onner la Gdélité de i historien. »
Dchborn n*a |«arlé ici que de la Cenise;
cs^ite preuve deviendrait plus saillante et
'j.is complète encore, si on rappliquait à
ICL
1 criei 4b PeafJlMqiie. — GonfimuitioD par les décou-
"iervcs. — RestrictioDs et esplications. —
— Confinnaliobs chrooologiqaes. — ExleiH
le de b chronolofrie. • - Coîncideiices hicio-
çTià^Mi» — Aslonté cnussanie de la Geuése.
\ mesure que les temps s*écoulent, et
q'^\€sUvTts saints, dépôt de la vérité re-
l.^neuse, reaontent plus haut dans les
hn3^de raatiquité. nous vovons s^aOat-
biir (jueiqnes-unes des preuves sur tes-
qutlles leur autorité repose. Les traditions
lisoriques s*obscnrcissent ou se perdent,
.1 cri ique devient plus conjecturale, les
ûyijoîh^es en Tair sont plus faciles, et la
(.>iùace des lecteurs s*ac4;rolt à mesure que
Iti movens d*examen diminuent. Gardons-
D03S d*eQ eonclnre aue les preuves de la
rcrélation aillent en s affaiblissant. D'autres
[Couves s'accroissent, en revanche, et font,
2 (Lon avis, pluf que* compenser. Ce sont
ce les que fournissent en grand nombre la
;erpétuité et les progrès de certains faits
zii'>raux. Ce sont encore celles qui résnl-
tcQtJe nouvelles découvertes et de confir-
Mjijons imprévues, d'autant plus frappan-
ttN qu'elles se rapportent à des faits plus
antiques, et résolvent des problèmes plus
."D^temfis obscurs. Le Nouveau Testament
i tk' peut-être de la première de ces deux
.^ .'jrces ses plus fortes et jtius touchantes
îteuves, et la seconde en fournit d^assez
lra{»fi«iules à TAncien. Ce sont celles-ci que
nous avons à indiquer dans ce paragraphe.
Avant tout, il faut bien s'entendre, et je
rjiumenca par une remarque importante
sot Tobjet etTeffet de ces preuves.
11 importe de distinguer soigneusement
i'iulorilé des livres saints de Taulorité des
uiit-rprétations humaines, deux choses qu'on
L'i utanque guère de confondre. Dès lors
V at ce qui porte atteinte à la seconde, sem-
i-e ébranler la première; confusion pleine
u^erreurs, et sur laquelle je veux insister.
I* est fieo extraordinaire que ces deux chu-
tes s'ttjentifient dansqueh{ues esprits; mais
l-»ur élrc naturel, reîa u en e:>i pa> niuias
fâcheux. 1^ parole sainte devient ainsi so-
lidaire des erreurs et des méprises humai-
nes. Dans tous les âges, on s en est pris à
la Bible, des fausses idées, des préju^s,
des notions incomplètes, des erreurs scien-
tîGquesde ses iuterprètes. Qui pourrait dire
que d'attaques publiques et de doutes ca-
chés n'ont pas eu d*autre source! Combien
d'incrédules secrets ou de sceptiques dé-
clarés n ont perdu la sécurité de la foi que
parce qu*ils voyaient, avec toute raison,
erreur ou absurdité, non dans l'enseigne-
ment même de la Bible, mais dans ce que
lautorité d*autrui leur avait toujours donn)
pour cet enseignement !
Ces méprises ont été déplorables, mais
elles peuvent devenir utiles, en nous lais-
sant cette leçon-ci, nécessaire encore do
nos jours : Tout certains que nous puissions
être de l'authenticité des livres saints, de
la révélation qu'ils contiennent, il est très-
possible que nous nous trompions sur le
sens de quelques-unes de leurs portions,
au moins eu ce qui touche la science et
l'histoire, surtout dans l'Ancien Testament.
Il est très-possible que des découvertes
scienliflques et critiques doivent changer
un jour notre manière d'entendre bien des
choses, et (|ue ces découvertes confirment
réellement la Bible, tout en renversant des
opinions de détail regardées à tort comme
bibliques.
Cela est surtout vrai pour la (ren&e, livre
dont l'antiquité se perd dans la nuit des
âges, et qui renferme de vieux documents,
dont quelques-uns sont antérieurs à Moïse ;
qui sait? peut-être à Noé; livre qui rapporte,
en trois mots, une révolution du glèbe, on
un prodige merveilleux, et qui, dans
son style monumental, figuré, lapidaire, ri
légué d'éternelles énigmes aux cntiques cl
aux savants. Ils ont fait, à ce sujet, des
expériences qui doivent rendre prudent
pour l'avenir.
Le chapitre x de la Genèse ne paraît, au
premier coupd'œil» renfermer que des gé-
néalogies, et indiauer que des rapports de
père et d'enfant. Il y a deux siècles que
Bochart s'avisa d'y voir des généalogies de
peuples, et des rapports de colonies et de
métropoles. L'étude plus approfondie de ce
document, sa comparaison avec les docu-
ments profanes, ont changé la conjecture
de Bochart en un fait avéré, dont nul cri-
tique instruit n'oserait maintenant douter.
Cette explication admise, il en est résulir^
une contirmation réeliede la Genèse et de
son exactitude. Or, si la chose, au lien de
se passer entre les savants, avait occupé le
peuple des fidèles, si ce chapitre eût été de
ceux sur lesquels les théolb^enss'anpuient,.
et qui excitent l'attention, il est très-possi-
ble qu'on n'eût pas si facilement renoncé
à son interprétation ancienne et naturelle,
et la découverte ^ui, aux yeux des hoinm^
judicieux, ajoutait réellement du poids à
son autorité, l'eût fieut-ètre ébranlée aux
Jeux de chrétiens moins éclairés. Je jiasse
un autre exemple, trop connu i>our éli^
t09
PEN
DICTIONNAIRE
étran(£$r h mes lectearsi mais trop saillant^
trop décisif pour ne pas aroir ici sa place
marquée*
Au commencement i Dieu créa les deux et
la terrcf nous dit la Genèse; puis elle nous
parte de six œuvres du Créateur accomplies
suceessirement en six jours. Tant qu'on
n'a point demandé aux sciences le com-
mentaire de ce texte, on nV à vu qu'une
création unique et unirerselle en six jours
de YÎngt quatre heures chacun. Mais a me-
sure qu'on a mieux étudié la constitution
de )a terre, force a été de mieux entendre aussi
}c récit de Mo'ise. On a donc distingué entre
le premier et le second Tcrsct de la Genèse^
entre la création et la réor^nisation du
i^Iobe. On a compris quMi avait existé entre
e grand fait de la création première et cette
réorganisation ou restauration de notre
plajiele, décrite par Mo'ise, une série de
phénomènes ou de révolutions, attestés
i)ar les formations géologiques et Tenseve-
lissement des fossiles tels que la science
If s constate. On a rejeté ces ipoyues indé-
terminées dans lesquelles on avait imaginé
de transformer les six jours génésiaques,
hypothèse aussi inconciliable avec le texte,
quelle torturait d'une manière étrange,
fiu'avee les découvertes géologiques qui
lont entièrement ruinée (031). Ainsi les
six jours du récit de Moïse ont été rendus
k kur signification ordinaire, définie avec
une si rigoureuse précision par l'historien
sacré, mais dans le sens d'une réorganisa-
tion^nond'une création primordialectnnani-
té de toutes ces théories cosmogoniques,
géogéniqucs et paléontologiques, qu'on
ajustait si laborieusement à la Genèstf a été
Victorieusement démontrée.
Ce dont nous venons de voir d'aussi frap"
pants exemples peut arriver encore. Des
travaux archéologiques se préparent ou
s'accomplissent, qui, en dévoilant l'ancienne
histoire d'Egypte, confirmeront^ sans doute,
d'une manière éclatante les récits de Mo'ise.
Pouvons-nous assurer qu'à certains^ égards
ils ne nous les feront pas comprendie au-
trement au'à cette heure? La chose est fa-
cile à prévoir, ou même est déjà arrivée.
£n voici un exeiiiplepeu important en lui-
même, mais qui confirme singulièrement
notre thèse. En suivanl, d*un coté, la chro-
nologie d'Dshérius pour les Hébreux, de
Tautroy celle de M» Champollion-Figeac
pour les Egyptiens, on est arrivé à trouver
que (e pharaon qui poursuivit les Israéli-
tes au bord de la mer Rouge, est TAmé-
nophis Ramsès deManéthon. D^autres indi-
ces encoi*e confirment cette hypothèse. Or,
Ton affirme d'ordinaire, d'après VExode^
(lue le perséculeurdes Hébreux périt dans
la mer Houge, en essayant d'y passer après
eux ; les entants même le savent et l'appren-^
(65!) Vop Tsrt. Création, §V, dans ce Diction-
naire^ el noire Dictionnaire de coimogenie ei de pa-
iéontologie^ art. JooRS-PÉatODES, Coshogohie, Hobe*
ruov-, Maacli. dl Serres, Bccruind, Mmisied, et<-.»
ti .,eus
APOLOGETIQOC. PEN m
nent dans leur catéchisme. Il n'y a pas nn
abrégé d'histoire sainte qui ne le répèle.
Cependant on voit, par lachronolode 4yp-
tienne, que cet Aménophis Rarosj^ suné-
eut dix-sept ans i l'époque admise pour la
sortie d'Egypte. Voilé, ce semble, onecoo-
tradictioR positive, et si les deoi chroDo*
logies sont exactes, le récit de l'Exode ne
devient-il pas suspect? — Non, siaalieo
de s*en tenir à l'interprétation vulgaire, on
lit soi-m6me VExode avec attention, car on
n'y trouvera pas u n mot destiné à affirmer
que le monarque lui-même ait péri atecsi
eavalerie et ses soldats.
Cette observation a, an fond, pea fïnii-
rèt pour l'ensemble du Pentatenque, mais
la leçon de réserve, d'examen, de défiaocp
des interprétations vagues et vulgaires, fi
en résulte pour nous, est en revanche trt^
significative (632). Au reste, c'est à ce titre.
el non comme résultat constaté, que [a
rapporté cette discussion, car lachronoiore
hébraïque renferme encore trop d'élémeu'» i
douteux pour mettre ces calculs à Tabride ]
toute incertitude. |
Viennent maintenant des découvertes g^ ,
logiques, physiologiques, archéologiqiif5.
géographiques, qui aient, avec la 6m,
quelque point de contact, qui la GOofiroKOl
en s accordant avec elle, mais autren^oi
que nous ne l'imaginions, qui, eoéclAir-
cissant certaines obscurités, condoisentà
entendreautremenl quelques passigei/Co/ze
découverte affermira la foi de ceux qui
sauront renoncer à leurs anciennes idées et
aux interprétations reçues; maiseHesen
pour les autres une cause de déGanceeUû
doutes, peut-être un grief contre la science
et les lumières.
L'homme éclairé, bien plus saga, toit
dans les progrès de ce genre, un motif puis-
sant d'encourager et de suivre ces recher-
ches, qui peuvent nous instruire U)U]Ou^
mieux sur la nature de l'inspiration el^ur
la véritable manière d'interpréter les livres
saints ; il y voit aussi un motif de réserve
et de prudence dans les théories histori-
ques et scientifiques surtout, qu'il adopte
sur l'autorilé de Ta Bible, et dans les lulrr-
prétalions de celle-ci. Il y voitenenuw
loi de l'humanité, qui vit de progrès elOe
mouvement au moral comme au pbysmi«-
santé, religion, science ou vertu, peu »C'
porto, rien ne subsiste que par le dévcioj;
pemcnt, c'esl-îi-dire par le cbangemenl. ^^
qui est immobile languit , s'efface it
meurt. .,
Ainsi donc, au lieu de craindre les dé-
couvertes de la science, lorsqu'elles |00f-
raient changer en quelques points nos w»
bibliques, sachons, je le répète, les appeler
de tous nos vœux. Ne nous effrayons |«^
de quelques modifications quelles pourroni
(634) Cet exemple a été tiré cïa fexcdlcr.t^
vrage de M. Greppo (vicaire général de Pelley,i»^
tulé: E$$aiêur le mième hiéroglyphtquei^''l'^*
U critique $acrée ; Paris, Dondey-Uupre, i»»»
mu
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
VES
f^^pfiTle à nos idées. Les bases de la tcH-
cMo et les grands traits de la rérélalion ne
peoTent changer; ce n*est |ias là ce qne les
biéroglrphes de Thèbes, ou les fouilles géo-
l^dques pourront altérer jamais. L*amour
•ie notre INeu, la bonne nouvelle du salut,
k deToir« la conscience, Tarenir, Toilà no-
tre trésor à ]*abri de toutes les découTcrtes;
et les méprises à rectifier ne porteront ja-
mais que sur des récits mal entendus, des
Mssa^ isolés et des histoires peu iropor-
iinles. Mais, en revanche, de quel ftrix ne
»ont pas, pour le fidèle docile et amoureux
de 11 Téritéy quelques pas de plus vers cette
vcritéfSi faiblement entrevue ici-bas? Quelle
-J'Hioeur encore d'affermir sa foi, nrécisé-
Btni par ces changements inévitables, qui
1 ébranleraient infailliblement, la trouble-
n:ent du moins, si nous apportions à Tin-
trpréUtiOD biblique des principes moins
i^r^es et moins judicieux ! Quelle douceur
««» Voir, à ehaque pas en avant, l'histoire et
•iiulore mieux aaccord avec notre foil
•i'iripérer, de croire, avec pleine conviction
•ne chaque progrès nouveau augmentera
il ;mxft de cet accord, accroîtra nos lu-
niims sur le sens de la Bible, comme sur
sa <lifiailél
tetewxis maintenant au sujet direct de
ce ptitaapha et aux confirmations réelles
que le raitaliaque, ou du moins la Ge*
mht ê Iroavées dans les découvertes mo-
dernes. Les réOexions qui précèdeut nous
en oui déjà donné des exemples sail-
bflts.
Il j]*esC aocan point sur lequel la Genèse
ait éîi aussi violemment attaquée que sur
ia c&roooiogie, et il n'en est aucun peut-
^tre sur lequel les attaques aient été plus
Tictoriensement réfutées par des savants
!Lodenies, qui, le plus souvent, ne son-
(^knt guère à ce résultat. On voulait faire
;f genre humain plus vieux que la Genèse
c« h permet : on opposait a celle-ci les
»*.t?les s^ns fin accumulés dans les tradi-
tions de llode, de l'Expie et de la Chine.
Cae réflexion préiudicielle aurait dû, ce
$emh]ey inspirer plus de réserve aux adver-
saires de Moise. En fait d'antiquité, comme
Le merveilleux, le témoin qui diminue est
:a général plus croyable, et celui qui aug-
iiit'Ote, plus suspect. L'orgueil national des
:«eaples d*Asie les portait à exagérer Tan-
ienneté de leur origine et de leurs empi-
*e<, plutAt cfu'à la rabaisser. Mais non, tout
lait bon contre Moïse, et on ne pouvait
Kvoir tort en l'attaquant. Cependant la
H^'ence marchait ; histoire, critique, géolo-
g^.e. astronomie, tout cheminait de concert.
(>e partout jaillissaient chaque jour des ré-
i^'iliats imprévus et nouveaux... et rappro-
':-;5 les uns des autres, ces résultats sont
lenos démontrer que l'espèce humaine était
[ las récente que le globe ; que les rêves
c'anliquité de certains peuples n'avaient
r en de. réel, et qu*on ne pouvait rien op-
\ > er de sérieux aux dates de Moïse. Pour
,(iô.î) Vo§ez le Journal des iatanti^ lévrier 1823,
r ' ^ etc., et ma» 1823 p. 155, etc.
exposer ici cette discussion et son issue, il
ftudrait un gros livre que je ne veux pas
faire, et des connaissances que je n'ai^Mts*
Heureusement que ce livre existe, quoique
composé dans un but différent. Fruit du
génie de la scitnce, d'un immense travail»
et d'une plume exercée, le Discours sur les
révolutions du globe^ placé par le célèbre
Cuvier en tête de ses Recherrhes sur les os^
sements fossiles^ démontre réellement ce que
nous avons affirmé. L'auteur, en effet, quoi-
3 ne occupé de dévoiler la nature et non de
éfendre la religion, prouve sans réplique,
et la nouveauté de Vespèce humaine, et
celle de nos continents. Personne ne se flat-
terait sans doute de dire mieux ou plus, et
il serait difficile d'extraire ou de choisir. Il
vaut mieux renvoyer mes lecteurs à cet ou-
vrage, et ne rappeler ici qu'un seul triom-
phe de la chronologie mosaïque , triomphe
tout récent, au spectacle duquel le monde
savant vient d'a<sister.
Parmi les attaques que la science a es-
sayées contre l'autorité du Pentatf:uque, il
en est peu de plus modernes et de plus con-
nues que celles dont les antiquités égyp-
tiennes ont été l'occasion. Associés à une
expédition célèbre dont ils partagoaient tous
les périls, des hommes distingués qui étu-
diaient avec autant de courage que de per-
sévérance les merveilles jusque-là mal ob-
servées de la vieille Egypte, épris d'un en-
thousiasme un peu partial , mais assez na-
turel, pour les monuments, objet de leurs
travaux et f^age de leur gloire, se sont fait
quelques illusions sur leur importance et
leur ancienneté. Les fameux zodiaques, en-
tre autres» d'Esné et de Dendéra, leur ont
paru offrir la preuve d*une inralcu!ab!e an-
tiquité. Aussitôt cette prétendue découverte
fut publiée, comme ayant décidé la ques-
tion, et reculant la civilisation égyptienne
bien au delà de Moise, ou même du déluge.
Mais depuis que l'un de ces zodiaques, ap-
porté en Europe, a été exposé aux regards,
aepuis que les recherches accumulées des
voyageurs ont permis à d'autres savants
encore d'étudier un grand nombre de mo-
numents égyptiens, papyrus, momies, tem-
ples et tombeaux, avec leurs hiéroglyphes
et leurs inscriptions, les choses ont bien
changé, et c'est en faveur de la Genèse que
la question s* est trouvée résolue. D*abord
l'examen de ces monuments divers, lait
avec plus de sang-froid, a réellement assez
diminué l'idée que l'on se formait de leur
grandeur et de leur importance, comme des
sciences et de l'état de civilisation dont ils
étaient le gage (633). Le prestige une fuis
évanoui et les premières exagérations écar-
tées, on a discuté la question avec une cri-
tique plus impartiale. On s'est surtout at-
taché aux zodiaques, on les a comparés avec
les explications de leurs savants admira-
teurs; les doutes n'ont pas tardé à naître et
à s'accroître. On a refait les calculs, et ils
n'étaient pas exacts (63i) ; oji a éprouvé les
(65i) Voyez Biot, Recherches «vr ptntîcurs points
de C astronomie é^ptitnne.
983
PEN
DlCTiONNAIRC APOLOGETIQUE.
PEN
60i
hypothèses, et elles menaçaient ruine. Plu-
sieurs autres hypothèses nouvelles, toutes
différentes des premières et diverses entre
elles, ont été essayées avec peu de succès.
Une seule chose a été prouvée dans ce con-
flit, c*est que Ton ne pouvait plus croire à
Teitrême antiquité de ces zodiaques : tous
les nouveaux systèmes étaient aaccord en
ce point (635). Bientôt de nouvelles ressour-
ces se sont présentées, et on a pu aller plus
loin encore.
Deux savants, entourés l'un et Taotre,
quoique à divers titres, d'une célébrité mé-
ritée, puissamment secondés, sansdoute,^r
la masse de richesses dont les musées euro-
péens se sont enrichis depuis quelque
temps, ont enfin soulevé le voile qui cachait
à nos yeux l'histoire de ces merveilles du
monde ancien. Certes, personne ne s'atten-
dait que sur le front de ces temples ruinés,
construits, disait-on, trois mille ans avant
Jésus-Christ, sous ces peintures mystérieu-
ses qui devaient renfermer les premières
connaissances du monde encore enfant, ils
découvriraient à tous les regards les noms de
Ptolémée, de Cléopatre ou de Trajan. C'est
pourtant ce qu'ils ont fait. M. Letronne, en
discutant à la fois la construction de ces mo-
numents et les inscriptions grecques qui se
retrouvent sur quelques-uns (636), M. Cham-
polli<m le jeune, en saississant enfin la
valeur des trois classes d'hiéroglyphes dont
ils sont chargés (637), sont arrivés au même
résultat. Chose remarquable 1 au même
moment, des savants anglais parvenaient
à lire de même les mômes noms, par des
efforts tout à fait isolés, et par des métho-
thodes différentes (638); méthodes très-
imparfaites, sans doute, et mêlées d'erreurs,
mais suffisantes cependant pour ce premier
et singulier succès. Au même moment en-
core, des arti.«tej y parvenaient par l'étude
de la sculpture et àe l'architecture des mo-
numents en question (639). Des voyageurs
confirmaient ces découvertes sans s'en dou-
ter, par les manuscrits et les momies qu'ils
rapportaient à l'Europe (6&0), et il a été
démontré de la manière la plus irréfragable,
par trois ou quatre voies différentes, que
ces trop fameux zodiaques, peu dignes de
tant de renommée, étaient postérieurs à
Jésus-Christ, ainsi que les édifices sur les
Slafonds desquels ils étaient peints (6j^l). Si
[. Champollion, en réussissant à lire les
hiéroglyphes des temples, a rabaissé plu-
sieurs de ces monuments jusqu'au siècle
(6S5) Voyez Touvrage de Biot cité plus haut; la
Notice sur le zodiaque de Detidéra^ par M. de S lui-
Martin ; la Revue encydopédiquef tome XV, p. 252
et suiv.; le Journal des tavanU^ avril et juillet 1824,
^. 2.56» etc., 402, etc.
^^56} Becherchfs pour servira {'histoire de CEgypte
pendant la domination des Grecs et des Romains, —
Voyez encore le Journal des savants^ avril et juin
1825, p. 198, etc., 344, etc.
(6'5/) Précis du système hiéroglyphique des anciens
Egyptiens.
(638) Voyez Essai on D' Young*s and M, Cham-
9f/to»*s vnoneiic system of hieroglyphicy etc.; by
1. Sait; Londres, 1820. — \oycz aussi la répouse
?i
des Antonins, d'autres, il est vrai, ont trodTé
dans ses travaux une date antique et eer
taine ; mais, confirmation nouvelle et digne
d'attention ! aucun monument ne s*esi en-
core trouvé plus ancien que les pharaoBs
de VExode et de la Genèse.
Maintenant le procès est jagé; lesadTer-
saires de Moïse ont laissé sans réponse les
assertions positives de ses défenseurs cl les
faits constatés sur lesquels elles reposent ;
ils ont avoué, par leur silence, la précipi-
tation de leurs jugements et rincorreclion
de leurs calculs. Une pareille victoire n'ap-
prendrai t-el le pas enfin aux hommes qnt
croient en la parole de Dieu, ce qu*ils dot-
vent craindre des attaques analogues qui
pourraient encore survenir.?
Pour avoir droit de l'espérer cependant,
remarquons-le bien, il faut ne demander]
Moïse que ce qu'il peut et prétend donoer;
il fautnien expliquer, par conséquent, «
que nous appelons la chronologie mosai*
que. Je n'entends point, et personne de
Tersé dans ces matières n*entendra qu'elle
détermine l'époque de la naissante do
Î^enre humain, ou celle du déluge, mij
aisser une incertitude de quelaues aso^i
ou plutôt de quelques siècles. 11 fant ledire
sans détour : la Genèse ne peut foaroir li-
tière à un calcul très-précis. VèMt an
lieu d'un calcul, les manuscrits ou /es re^
sions antiques nous en présenta/ les élé-
ments de deux ou même trois divers, ddoi
les résultats difièrent entre euidetoiU
neuf siècles. Il faut choisir entre ces trois
chronologies, ou plutôt, comme on ne penl
le faire avec certitude, H faut reconnaître
que la chronologie mosaïque laisse réelle-
ment à rénoaue de la création de l'homaie
une latitude ue près de mille ans. Cne s^
conde circonstance vient encore ansmen-
ter cette incertitude et étendre ce chanic.
La chronologie mosaïque n'est point dim*
ment enseignée. Nulle part Moïse n*a dit:
tant de siècles se sont écoutés depuis \ém
jusqu'à Noé, depuis Noé jusqu'à ce jour.
On déduit seulement ces résultais, des gé-
néalogies que renferme l'Ancien Teslameiii.
Or, ces généalogies, loin de se prêter tou-
jours à des calculs bien rigoureaxjy ^nl^'*
duisent presque nécessairement divers j»-
jets de doute. Je ne parle pas seuleiii«!
des méorises des copistes, si faciles et ^^
fréquentes, quand , au lieu d'une som^
totale, ils doivent reproduire un grand nom-
bre de sommes partielles, exprimées d y^'
de M. ChampolUon^dans le Bulletin dt Ff*^'
(Sciences historiques) de janvier 1926, elle ^•n"''
ûes savants de mai 1826. n,
(639) MM. Huyoi et Gan. Yoyei Letbo^^ ^'
cherches pour urvir^ etc., In-rodiictioii, p. }^^'
(640) Voyez Letrosse, Obsenatioiu fn^'f '
archéologiques sur les représentations todiacaif* f"'
nous restent de l^antiquilé. — Voyw cflcore k ^f"»
nal des savants^ juillet 1824, p. 598. . ,,
(641) Ce qui parait mainicnanl le pl"s P^?^^^
c*esl que ces peintures zodiacales éiaieni de* iw«
astrologiques, doiit Tusage s'iutrodaisH en Hf.i*
sous les empereurs.
mCTIOSaiAlRE APOLOGETIQUE.
PEN
dinaire en simples chiffres, ni des erreurs
presque inévitables dans les sommes to-
taies, avec Thabitude des Orientaux, de don-
ner comme entiers des nombres rompus.
Mais je veux parler surtout de l'habitude
lien constatée des Juiiis» de supprimer sou-
reot quelques-uns des chaînons Je leurs
groéa'o^es, en présentant le petit-fils comme
immédiatement né de Taïeu]. Il jNiralt qu'ils
(lisaient cela quand le père avait vécu peu
de temps, où bien avait joué dans Tbisloire
un rftie moins remarquable ; peut-^tre même
l«ur donner aux généalogies quelque chose
de plus svroétrique et de plus régulier.
Pimreux, la certitude de l'origine était tout,
t{ les intermédiaires peu de chose. La gé-
u«^aio^e de Jésus-Christ dans saint Mat-
Utieu suiDrait seule, au besoin, pour don-
Df-r Texemple et la preuve de ce que nous
iTaoçons. D'antres généalogies, insérées à
ôoabie dans l'Ancien Testament et dans les
V.Tres divers» prouvent, par leurs différen-
ces, des omissions du même genre. Sans
dciQie les séries de patriarches aue présente
h» FenUtenqoe, avec l'âge de chacun d'eux
à la nai^nce de son fils aîné, ces séries
{•las anriennes et plus importantes que les
fcair» {linéalogies des livres saints, indi-
(^ucmvA fins grand soin apporté à la dé-
tenaiMâoiida t^mps; mais elles n'excluent
poiot lOBlàtft la possibilité de semblables
omissiaQs.Ujàp\us encore : ce ne sont pas
seakmeBi les négligences du texte, mais
tfjsi Jes erreurs des critiques, qui ont trop
resserré la durée de la chronologie mo*
sai'joe. Ceux-ci, méconnaissant la véritable
nalore des calculs du Pentateuque, ont tiré
suarent de tel ou tel passaf^e des coosé-
qoeoces rigoureuses, démenties par tel au-
tre, et ioeooapatibles avec le tout. C'est ainsi
que, malgré Taffirmation positive du texte
sacré .'6iz) : Jl y avait quaire cent trenie an$
{oe les lêraéliUi étaient en Egypte^ les chro-
coloristes ont longtemps soutenu qu'ils n'v
eo avaient passé que deux cent-quinze^ abr^
c**ant ainsi de moitié la durée assignée par
Tf! Peniatenque, pour la multiplication du
(•caple (M3).
li résulte de ces considérations diverses
que, si les généalogies de l'Ancien Testa-
ment sont des monuments parfaitement sûrs
de Texistence et de Tordre des personnages
quelles présentent, eUes ne forment pas
ût& éfémeots aussi certains d'un calcul chro-
noic^que exact ; Moïse, ne l'oublions pas»
De lait nulle part ce calcul. II n'est pas
même probable qu'il ait eu l'intention d en
i>>oner les éléments. Quand donc nous dé-
codons l'autorité de la chronologie mo-
^que, nous affirmons seulement qu'elle
•:^U en général, exacte, plus que les chro-
LolOfpes profanes qui la contredisent, qu'elle
($i«) Exod. xu, 40.
•G43) \9yez. sur ce sojet, d*excelleiites lliéscs de
V. I^ouirmc; Genève, 1S26.
'&44) \'of€z à ee sujet la Lettre à M, C. Coqueret
wr te 999ième kiérogfffpkique de M, Champoilian^
touûdéré dmm m« rapports arec f Ecriture sainte^
par A. L. C CoQixaxL, pasteur à Amsterdmn («c-
ne permet de soupçonner que des erreurs
restreintes, et qui ne pourraient s'étendre,
Eir exemple, k de longues suites de siècles,
enfermée dans ces bornes, cette chrono-
logie triomphe de toutes les objections;
chaque découverte scientifique, chaque tra-
vail bien fait sur ces matières, au lieu de
l'ébranler, la confirme, et, j'en ai la con-
fiance, la confirmera toujours.
Les découvertes de If. Champollion n'ont
|ias seulement rendu témoignage au Penta-
teuque en rabaissant l'ancienneté de la
vieille Egypte, mais encore en découvrant
dans son nistoire des coïncidences avec la
Bible, et la solution de quelques objec-
tions (&kk). Ces coïncidences sont de diver-
ses sortes : j'en indiquerai de noms , de
mentrs et d'Au/oire.
De noms. —Les noms égyptiens qui se
rencontrent dans l'Ancien Testament, s'ex-
pliquent par la lan^e des hiéroglyphes.
Ainsi IGen. xu, ko) il est question de Poti-
phérah, prêtre ou gouverneur d'On (ville
nommée par les Grecs Héliopolis, cité du
soleil). Or, le nom de Potiphérah ou Pélé-
phré, retrouvé dans des manuscrits hiéro-
glyphiques etln avec l'alphabet de M. Cham-
pollion, sisnifie celui qui appartient à Ré^ le
dieu Soleil. Le sens du nom, en égyptien,
coïncide donc exactement avec les fonctions
attribuées à l'homme, en hébreu. Aulre
exemple du même genre. Je tire celui-ci de
il. Greppo (6U). On a longtemps et vaine-
ment disputé sur le sens du mot pharaon,
nom biblique de tous les monarques égyp-
tiens ; entre mille conjectures, on avait pu
remarquer celle de Jablonski, ^ui croyait
pouvoir l'interpréter par le roi^ d'aprèsquel-
ques débris de l'ancienne langue éjûrptieune.
— On a un être surpris, on a douté peut-
être de 1 exactitude biblique, en ne trou-
vant aucun nom semblable dans les catalo*
Fues hiéroglyphiques des monarques de
Egypte, non plus que dans les tables roya-
les de Hanéthon ; mais les doutes eut dû
cesser quand, par une rencontre curieuse
et vraiment frappante, H. Champollion a re-
trouvé dans ce nom la désignation d'un ser-
fient, signe allégorique des souverains de
*£gyple et symbole de leur puissance, dont
leur tiare était habituellement surmontée.
De mcturs. — Je laisse ici parler M. Co-
querel (646) : « La dix-huitième dynastie de
llanéthon et le règne de Sésostris,qui ouvre
la dix-neuvième, paraissent avoir été l'épo-
que où les arU, en Egypte, oçl atteint leur
perfection. Toutes les découvertes de
M. Champollion tendent k confirmer ce fiait :
alors de grandes constructions ont été com-
mencées; les belles statues, les belles cou-
leurs , les inscriptions bien sculptées re-
montent à ce temps, au delà duquel on n'a
lodlemem à Paris); Amsterdam, I8î5. Les coîDci-
dences qui saivent sont priocipalement tirées de cet
opufculc. — Voyez aussi rioiéressaut ouvage da
M. Greppo, dont il a déjà été question.
(645) P. tiO.125.
(640) P. 5! et 32.
M7
PEN
MCTIONNAIAE APOLOGETIQOE.
PEK
^^
encore rieo trouTé. Nous allons Toir que
Sésoslris et lloïsc ont été contemporains ; et
la sagesse que ce dernier puisa chez les
Egyptiens, les ohjets d*arl qu il fit exécuter
pour le tabernacle, les inscciptions tracées
sur des métaux et dejs pierres, les yases et
les candélabres, les tissus colorés, la fonte
du y eau d'or, n'ont plus rien dont Tincré-
dulité doive s*étonner. On ne demandera
plus sur quoi Moïse a pu écrire le Penta-
teuque, trop long pour n'être j)as écrit sur
des matériaux portatifs, et qui, d'ailleurs,
devait être gardé dans l'arche ou à côté
{Deui. XXXI, 26), puisque Ton possède des
papyrus qui remontent à ce temps. On ne
demandera plus comment le souverain sa-
crifiraleur Hilkya, sous le rëçne de Josias
(lIReg. xxii; II Chron» xxxiv), a pu retrou-
ver dans le temple, après une période d'en-
viron mille ans, Tautographe de Moïse,
puisquvs d^s papyrus de cette époque exis-
tent et sont encore lisibles. »
D'histoire (647). — Le conquérant nommé
Sésostris |iar les Grecs, retrouvé sur les
monuments égyptiens sous le nom de Ram-
sèSf avait parcouru successivement, en vain-
queur, l'Asie et l'Afrique. On demandait,
avec quelque raison, comment il n'en était
fait aucune mention dans le Pentateuque, non
plus que dans les histoires juives subsé*
quentes. A une époque ou à une autre , ce
semble, les annales sacrées auraient dû nous
le montrer ravageant la Palestine et lui im-
posant tribut. On avait bien voulu le retrou-
ver dans Sésack, vainqueur de Roboam (648);
mais il faHait pour cela, se soumettre à un
anachronisme cfe quelques siècles, et ce n'est
pas ainsi qu'on peut étudier l'histoire et dé-
îendre la vérité. — Des documents égyptiens
expliqués par M. Champollion, en même
temps qu'ils nous font reconnaître Séson-
chis dans le Sésack de la Bible, nous donne
la date certaine de Sésostris. Or, il monta
sur le trône quand Israël errait depuis vingt-
deux ans dans le désert, et le double passasse
du conquérant dut coïncider avec l'exil du
peuple. On est, de plus, conduit h conclure
de 1 histoire, que Sésostris suivait la mer au
nord, pendant que Moïse s'enfonçait dans les
sables plus au sud; qu'il revint par mer
neuf ans après, et que, ni à son départ, nia
son retour, l'armée du conquérant ne dut
avoir le moindre contact avec la caravane
sainte du peuple de Dieu. La difficulté est
ainsi levée par une plus exacte connais-
sance des faits. -- Convenons-en toutefois,
cette frappante et curieuse coïncidence re-
pose sur l'exactitude de la chronologie hé-
braïque, exactitude, avons-nous dit, qu'il
est possible de contester ; surtout, il est
vrai, pour les temps antérieurs à Abraham,
mais aussi pour ceux qui suivirent. La date
de Sésostris, donnée par les monuments
égyptiens, est désormais certaine; celle de
la sortie d'Egypte ne Test pas autant. Les
meilleurs et les plus nombreux chronologis-
tes s'accordent sur la date que nous avons
admise avec nos deux auteurs, U% l isûq
avant Jésus-Christ; mais que d'élémeois
douteux dans ces ealenis! Bien des dirono-
logistes allemands font remonter cette dite
un ou deux siècles plus haut, en alloDgeuit
davantage Tépoone des Juges, époque vagae
et obscure, sur la durée et l'bistoire de la-
quelle les livres saints ne donnent que des
renseignements partiels et ineomplets, e(
pendant laquelle Sésostris pourrait Ibrtbieo
avoir longé la Palestine sans laisser de tra-
ces dans Tfaistoire Ibiblique. Ainsi, renar-
2uons-le, si la coïncidence disparaît, la dif-
culte disparaît aussi. Au reste, il faut le
dire, c'est sur la chronologie sacrée que
nous avons surtout besoin de lumières, ci
que l'archéologie égyptienne pourra nom
en fournir. C'est Ik nn des grands serric^s
qçe nous pouvons en espérer. Descbréliess
3 ni savent en qui ils ont cru, et au cm
esquels TEvangile a fait sentir sa psiv
sance, peuvent attendre ces nouveani ré-
sultats avec quelque impatience, sansdùoie,
mais, qu'ils se le disent bien, sansaoeufie
inquiétude.
Une réflexion doit encore trouver p^
dans ce paragraphe. A la fin du siècle der-
nier, la uenèse a été attaquée avec violence
comme toutes les autres parties do livre
divin. On l'a représentée comme l'œurrcde
l'ignorance ; la science et la nalore; disèH-
on, la contredisaient à chaque pige. Qve
n'a-t-on pas été rechercher? De quoi ne
s'est-on pas avisé? A quels syslto«snV
t-on pas consenti à recourir, pow\& con-
vaincre de fausseté? Il semblait qucligtio-
rance la plus stupide pu! seule y ajouler
foi. — Le moment même où cette disposi-
tion paraissait établie dans tous les esprits,
était celui où les sciences ont fait les pms
grands progrès. Les mêmes Ijoramesqui
repoussaient les lumières de la foi, coiw-
craient en même temps toute la puissance
de leur volonté, de leur savoir et de leur
talent à l'étude de la nature, du calcul ou
de l'antiquité. Toutes les sciences ont fait
de concert des pas énormes, et les quarante
premières années du xix* siècle seront tou-
jours^une époque glorieuse pour les progre
de l'esprit humain, quelques résultats qw
puissent donner les suivantes. Dans un i«
état de choses , les savants étant si ^
disposés à croire à la Genèse, si ardenLU j
trouver des erreurs, et en même temps si
puissants] en moyens de les décourrir, ne
devait-on pas s'attendre h voir démasquer
ce livre, s'il était en effet l'ouTra|e(itt
mensonge? Ses méprises et ses frauder o^
devaient-elles pas être enfin dévoilées sans
retour? 11 est arrivé cependant tout a«"v
chose.Les découvertes nouvelles, au licu"<.
ruiner son autorité chancelante, lonl res-
pectée, l'ont même restaurée. On F'
maintenant la reconnaître, la défendre, san^
être rayé du catalogue des gens éclairrî|.
Ses ennemis éprouvent de la résistance; on
les attaque à leur tour sur leur terrain, «^«
(647) CoQCERCL, p. 32 46. - Greppo, p. 241-252 (648):/ Heg. xvi, 25 ; II Chron. iii, 2.
9W
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
610
^ en chasse et ils se retirent désarmés. Ce
^^Itat, si peu probable en apparence, ne
x0r\ril donc rien à 1 intelligence de Tbomnie
uariial qui en est témoin?
iQaelque lecteur pensera, peut-être, gue
résultat pourra bien être dû tout sim-
tment au désir d'être agréable à tel gou-
roement ou tel monarque, dont les opi-
nais relieieases sont fortement pronon-
és, A cela je réponds que mou observation
porte pas seulement sur cinq ou six
s, mais surdO ouM; sur les savants d'un
ml pa^s« mais sur ceux de toute TEurope ;
r le silence des ennemis de la Bible, mais
r leur déiaite, ni enGn sur des opinions
ftncéesy mais sur des découvertes et des
la. La nature de Talphabet hiéroglyphi-
e, les noms qu*avec son aide on a dû
« sur les temples égyptiens, sont des
Is aussi indé|)endants de rinfluence du
MLToir, que la plaque d*or trouvée derniè«
fcBent dans les fondements d'un de ces
ÎM^es prétendu antérieur à Moïse (649} ,
ane inscription grecque» où se lisent
aotm de Ptolémée et de Bérénice ; ou
encore que le zodiaque, daté de Tan
4e Tr^, rapporté d'Egypte par M. Gail-
^ (ISO). Des écrivains marquants ont pu
tete prendre la défense de la Genise
r'Ém à l'autorité, mais on ne pense
vm, fkupne^ que les adversaires de ce
Mine jRot porte la déférence jusqu'à se
fcnsera>avaincreinju8tement d'erreur (651).
/tf rfemande la permission de traduire
^eljties lignes d'Eichbomsur le même su-
it /'aime à citer cet auteur, d'autant
pinF suspect en pareille matière, que s*ii
I TA/mirateur de Moïse, il n'a cependant
^5 su TOir en lui quelque chose de
$5 qn*un homme habile et un historien
prenant.
^ L'iiistoire que renferme ces livres (le
fNateuque) n'a rien à redouter du plus
Eureux examen. Les attaques les plus
itixses n'ont pu créer à Moïse des obsta-
ftdoQt son livre n*ait triomphé. Elles ont
Et entouré d'une splendeur nouvelle
réricé qu'elle se flattaient d'obscurcir.
raic-on ne pas s*étonner, quand on s'a-
Isoit ^iie le livre historiaue, le plus an-
^ ({\n existe, est vérifie, confirmé par
IQe découverte nouvelle dans la littéra-
, la géographie ou Thistoire naturelle
ÎTOrientT Comment toutes ces choses
irent-elles à l'éclaircir? Auprès des
tes clartés qui, Jusqu'à présent,
été successivement répandues sur ce
presque entier, le petit nombre de
il^ que couvrent encore les voiles de
^tiquitéf est bien peu de cho>e. Lé temps
.-^a, sans doute, où ces voiles seront
^ |iar les hommes d'un autre flge, comme
^ff%) LeTBMois, Reehtrelut^ «te, p. 7.
^'^) i^T»i>iwiE, Obunatiom critiques et arehéoloé
^. cte.. p. «*.
i y ÇMoamtAl ne pas remarquer, par exemple.
__ d*iia fcomme aussi savant que H. Fourier?
^^snkûwiticieo célèbre, vétérao de rexpédilion
^K( ec secrétaire pecpéiaet de TAcaJélaie des
il a été donné è notre siècle de leyer ceux
qui arrêtaient nos devanciers (652), »
Une dernière observation sur le caractère
personnel du législateur hébreu et sur celui
de ses écrits. Aucun historien n*a écrit dans
des conditions aussi graves, aussi solen-
nelles que Moïse. Ce n'est pas un poëte
comme Homère ou Hésiode, écrivant sous
l'inspiration de sa fantaisie, se proposant de
charmer les imaginations et de s'assurer une
immortalité terrestre. Ce n'est pas un histo-
rien comme Hérodote et Thucydide, compo-
sant un thème oratoire pour concourir aux
Erix qui se décernaient dans des jeux pu-
lics. Ce n'est pas enfin un annaliste adu-
lateur ou censeur de ses contemporains,
distribuant la gloire ou l'infamie au gré des
partis, et se renfermant dans le cercle d'une
idée ou d'une nationalité, comme la foule
des historiens. C'est un pontife, c'est un pa-
triarche écrivant sous les veux de tout un
peuple et pour ainsi dire du çenre humain,
relatant des événements publics dont Tuni-
vers avait été le théAtre, et fixant par l'écri-
ture ce que toute la terre racontait. Chez
lui, pas de préface, d'exorde, ni de précau-
tion; pas d'arrangement, pas de dessein
concertés, nul souci de plaire ou de ne nas
être cru ; le récit, rien que le récit ; probable
ou improbable, naturel ou miraculeux ,
profond ou naïf, tout sort de sa plume avec
une austère simplicité, comme s'il n'eût f?.it
qu'écrire, et que ce fût un autre, ayant l'in-
telligence des choses qu'il écrivait, qui les
eût dictées. Il est bien évident qu'il écrit au
sein de la persuasion publique; que les
choses qu'il raconte se soutiennent de leur
propre crédit, et que les impressions d'é-
tonnement, de doute ou d*incrédulitc que
nous sommes tentés d'éprouver en le lisaiit
ne se rencontraient nullement chez ses con-
temporains; autrement il s'enterait plus
préoccupé lui-même. On voit, on sont qu'il
est porté sur l'opinion publique de sou
temps, et pour ainsi dire sur la voix d'un
peuple, sur la voix de Dieu. Cette impres-
sion va jusqu'à déconcerter l'incrédulité la
plus hardie et à lui faire tomber les armes.
Ce n'est pas à Moïse seul qu'on s'attaquerait
en rejetant son récit, ce serait à tout un peu-
pie, a tout un monde, qui le lui a dicté et
3ui Ta reçu, en présence des monuments et
es traditions toutes vives qui le garantis-
saient, et dans les circonstances les plus pro*
près à le confondre s'il eût été fabuleux.
ÎX.
Divinilc du Penlaleoqce. — Caractère el coodoitê da
Mi'îse dans les trois gruads actes de son nioistère : l*
ladôUvrance des Hébreux; 2" le voyage au désert; S*
la législatioa.
La divine origine du Penlatouque est in«»
sciences, était l'atitevr des calculs sur lesqaeN s'^ih
puyait ranciquité des zodiaques. CefM'ndani, au iiii«
lieu des objecticins multipliées et décisives qui coiii-
baiteiit et tiétruisent cette antiquité, ilu> rien ëciit
pour la défendre.
(652) Eicnuoiisf, Einleitung in da$ A. T. y 442 3*
éditimi.
€11
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
P£N
611
séparablcmcnt liée i sa crédibililé. Ce
Moïse, qui parle au nom de Dieu» qui dé-
litre le peuple h main forte » épouvante
Pharaon sur son trône, et partage la mer
Rouge devant Israël, s'il n'est un imposteur,
est un envoyé divin. D*un autre côté, pour
croire à toutes ces choses, nous avons be«
soin de garanties qui satisfassent le cœur et
3u*approuve la raison. Nous avons besoin
e reconnaître, d*admirer en lui l'envoyé
divin, pour être bien assurés que nous ne
sommes pas le jouet d*ttn imposteur. Il faut
donc étudier Moïse et son œuvre sous ce
point de vue nouveau. J'ai confiance qu'au
milieu des obscurités dues à l'ancienneté
des temps, aux nécessités des circonstances,
à la grossièreté des hommes, nous trouve-
rons, è côté dès prodiges du Pentateuque,
d'autres prodige^ non moins décisifs que les
miracles du Nil ou du désert.
I. Moïse était chargé de délivrer les Hé-
breux du joug de Pharaon. Etait-ce. une
chose aisée? Pour répondre, oonsidérons
les trois acteurs qui sont en scène : le tyran
égyptien, le peuple hébreu, Moï^.
Pharaon commande à un peuple nom-
breux, riche, guerrier. Lui-même porte à
un excès surprenant l'obstination et l'au-
dace. Quel ton despotique dans ses répon-
ses! quelle ténacité dans ses idées 1 quelle
promptitude dans ses mesures I quelle vi-
gueur opiniâtre dans sa résistance I Les
iléaux du ciel le frappent sans le faire cé-
der ; tout au plus peuvent-ils l'étourdir un
instant; bientôt le ressort comprimé se re-
lève, et au milieu de ses champs désolés, de
son ))alais infecté, de sa cour tremblante,
tandis que l'Ë^ypte retentit encore du cri
de douleur qui I a traversée. Pharaon s'é-
crie : Qui est l'Eiernel? Que f obéisse à sa
voix! Il n*hésite pas à braver son propre
peuple, Moïse, les flots de la mer Rouge, et
le bras de TËternel qui les tient suspen-
dus.
Le peuple hébreu , tant qu'il est en
Egypte, ne montre que défiance et mollesse.
Ne croyez pas qu'il sache souffrir et com-
battre pour la liberté. La première condi-
tion de son salut est qu'il n'ait rien à faire
pour l'obtenir. Hors de l'Egypte, son his-
toire ne présente que désobéissances et
murmures. La moindre dilTiculté Tarréte,
Ithaque privation l'abat, la seule vue de l'ar-
mée des Egyptiens le consterne^ et dans sa
route. Moïse est obligé de lui faire, à tout
firii, éviter la terre des Philistins, parce
que ces six cents mille esclaves aimeraient
mieux «lier reitrendre leurs chaînes sous
le fouet de l'exacteur, que de se frayer un
passage avec leurs armes. Voilà ceux qu'il
faut délivrer, malgré eux, des serres u'un
peuple guerrier et d*un conquérant opi-
niâtre. Voyons l'homme qui se charge de
cette étrange entreprise.
il faut distinguer dans Moïse deux épo-
ques, et comme deux hommes différents.
Kous verrons plus loin le caractère qu'il
déploie dans le désert, et la raison du chan-
gement qui s'opère en lui. Pour le moment,
nous ne nous occupons que de ce qu'il élait
au commencement de soli ministère, tory
3u'il délivrait les Hébreux. Il avait mi
oute beaucoup de zèle, de patriotisme 4
de foi. Voilà îles dispositions nécessaires
à son entreprise ; mais peuvent -elles sujlut
à un homme médiocre ? Il avait, ce seaible,
plus besoin encore des qualités qui en iiû*
posent à la multitude, et qui peuvent doiiih
ner les événements. Souplesse et fermeté,]
courage et présence d'esprit, prorapliii*
et sang-froid, voilà les éléments nécessaw
res à tout conquérant, à tout fondateur d'en»^
pire, à tout chef de parti ; et voilà aussiJ
faut le dirct ce qui parait manquer com(>lfii
tement à Moïse. £labli depuis quarante «1
dans une terre étrangère, il n'a point acquik
par ses talents ou ses services, la contiaQ|
de SQS compatriotes. Privé de l'art de Ia|ic
rôle par une infirmité qui en altère les >
gaues, et par rembarras, la timidité, rés»^
tat nécessaire de cette circonstance, il il
sait point agir sur la foule, saisir un tak
tant favorable et mouvoir les passions ^ soi
gré. H tremble à l'aspect de lamissioû(|(if
DiBU lui confie; il le conjure à cina l^
prises d'en charger quelque autre i M
flaoe. Bientdt, contraint d'obéir, iiselnp
la première défaite, - ei croit tout ^
parce que, dès l'abord, il n'a pas tout gagiii.
Le peuple lui témoigne son déplaisir p«
ses murmures, et méconnaît sa BimtL
N'attendez* pas que cet étrange cùef de fa-
mille travaille à le-calmer par saorésencc
adonner une direction différente à ses ii^
sions agitées, à tourner au profiidesacasf
cette première crise; non, il nesailque^^
mir, se décourager, se plaindre aiuèrtiutt^
devant son Dieu. Voila ce qucslSluis^l
qu'attendre d'unpareil libérateur? Mm
peut-être, par un patriotisme irréilàiiii
dans une entreprise au-dessusdesesM
il ne réussira qu'àirriterle tyran, qu'àj
contenter $esconcitoyens,dontil aurarew
par le fait la servitude plus pesante, w
s affliger d'avoir fait du mal à ceui qui
aime, en voulant leur faire du bien. Cd
ce qui arrive, en effet; on ne voit pas toa
ment avec aussi peu de ressort dans le J*
ractère, de souplesse et d'activité dans le'
prit, il pourrait, je ne dis pas aaieiifif*
bien la révolution sainte quil ose Ml*
prendre, mais seulement lui procurtf*"
succès momentané. Elle a été cependaiii!^
rieusement terminée, cette audacieusejj
treprise; les Eébreux sortirent ^'^
peu après la tentative infructueuse que d«
venons de rappeler ; ils en sortirent prosw
conjurés par les E-yrptiens et par Pl'^r»!
lui-môme, chargés desdons de leurs oppra
seurs^ est-ce donc bien là ce mérnfi IJJ
raon, ces mêmes Hébreux, ce même Mo»
que nous venons de contempler? OuJi|
sont les mêmes ; et comment eipliflu^*
fin brillante de ce drame, si <l« ^j'flj
hommes interviennent seuls pour \^ «
nouer? „,.,
11. Dans ce second période de son ffimn
tère, Moïse montre un caractère un l'eu uiiiv
PEN
DlGTiONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
6t4
I. Il a plus d'inteiligence, de fermeté, de
fiance en Dieu. Au fond, il est toujours
éme, et il est.aisé de retrouver, dans
Gloire de sa Tieillesse, le même penchant
découragement et à la défiance, le même
mge de zèle et de faiblesse, de dévoue-
t et de timidité, qui avaient caractérisé
Ige mûr et sa jeunesse. Cependant, je le
^te, on s*aperçoit aussi de quelque ac-
tsseinent de confiance et de fermeté; il
pte davantage sur Tévénement» sur
u« sur lui-même; les murmures l'aflli-
j\ autant, mais l'effrayent moins. Ce phé-
Hucne est digne de remarque ; au milieu
tpérils nouveaui, extrêmes, avec un tel
Hple à conduire, et chez un chef de qua-
tingls ans, ce n'était pas à un progrès
ce sens que nous devions nous atlen-
• Tout homme impartial verra, je pense,
assez de probabilité dans ce cliange-
tt le résultat et en même temps la preuve
pHidi^ que Moïse s'étonnait lui-même
oovoir opérer.
antres circonstances de ce voyage nous
vent bien plus fortement encore Tin-
tion divine. Tout y est singulier.
n'y fait rien comme un chef ordinaire.
Vibord, au lien de suivre le rivage de la
(Oar passer d'Egj pte eu Chanaan, il
4i but de la route. 11 voulait, et
fs dit que cela était nécessaire,
lepàjs des Philistins, pour épargner
'/eomhèi h ses faibles soldats. liJais quelle
îe |irend-il pour les sortir h la fois de
nte et de danger? 11 prolonge leur séjour
f^rpte, dont il fallait se hâter de fuir; il
éioj^e de Chanaan, où ils tendaient à
Rvi?r; il les retient derrière la mer Rouge, *
nts n'avaient aucun moyen de franchir; il
renferme à Pihahiroth (653), dans une
Iftuie eneeinte de montagnes, entre la mer
Luri défilé. Ce passage périlleux offrait à
raoo un moyen trop certain, en appa-
iiii s de les soumettre de nouveau, pour
fa'il no se hAtAt pas de venir l'occuper,
mt ce qai arrive. Le tyran triomphe, Iqs
fibreux s'épouvantent. En effet, un miracle
jNàl pourait les sauver. Si le miracle n'est
hsarriré, que l'on explique non-seulement
^ salut des Israélites, mais encore la con-
e de Moïse.
Cae fois en Arabie, que fait-il encore? Il
quarante ans dans ces régions dé-
ifiées, où de rapides caravanes n*échap-
ft qu'avec peine à l'influence meurtrière
ksoift de la faim, des sables et du vent
désert. Il parcourt, il croise dans tous les
cette plaine aride et sauvage, si redou-
des voyageurs; on dirait qu'il craint
'tu sortir. Si l'on admet que Dieu lui-
aie présidait à la marche des Hébreux et
^rro/ait à leurs besoins, je crois deviner
^^ bul : je vois quMI voulait laisser tomber
'^ ^j' îf s sables de l'Arabie cette génération
^-^rrée, à laquelle la maiion de servitude
e^néme n*avait pu faire désirer la liberté,
\«% prodiges de l'Egypte inspirejr de la
\^Ex9d. tiw, 1-9; Num. xxxm, 7,5.
confiance; je vois qu'il élevait sous les tentes
d'Israël une nation nouvelle, qui, dès Ten-
fance^ accoutumée aux privations, aux fati-
gues, aux combats et à la discipline» devait
avoir toute la force nécessaire pour la con-
quéte^de Chanaan. Mais si Ton.veut que ce
plan, au lieu d'être celui du Dieu djsraëli
soit celui d*un simple homme, d'un Moïse
octogénaire, il devient dès lors inexplicable.
Comment donc ce Moïse faisait-il subsister,
au milieu du désert, cette immense armée
de vieillards, de femmes, d'enfants et de
lAches? Où trouver, d'ailleurs, le conqué-
rant, le fondateur qui consente volontaire-
ment à retarder de quarante années Taccom-
plissement de son projet favori ; en d'autres
termes, qui préfère le laisser imparfait, et
2ui s'arrange à mourir en route? Lorsque
olomb eut découvert le continent inconnu,
objet des travaux et des souffrances d'une
vie toute pleine de génie et de dévouement,
qui lui eut sérieusement proposé de croiser
un demi-siècle sur ses bords avant tVy des-
cendre? Non; ce n'est pas ainsi qu'agissent
les hommes : ils sentent qu'un lointain ave*
nir ne leur appartient pas, et ils sont trop
impatients du succès pour le renvoyer aussi
loin. Cette conduite ne convient qu'à celui
qui est « patient, par e qu'il est éternel. »
Je vais plus loin. Quand on pourrait ex-
pliquer la conduite de Moïse sans Tinter-
venlion de la Divinité, aurait-on expliqué
pour cela la soumission du peuple è co
bizarre projet? Comment cette nation, si
prompte à la révolte et toujours prête au
murmure, souffre-t-elle que son chef lui
refuse arbitrairement l'accès à la terre du
repos, et que, parvenue jusqu'à la frontière,
on Tempôche cependant d'y entrer, avec le
projet avoué de l'ensevelir dans le désert?
Comment ne contraint-elle pas son conduc-
teur à la tirer enfin de ce vaste tombeau,
soit pour entrer en Chanaan, soit pour cher-
cher une autre demeure, si la terre de la
promesse est d'un accès trop difficile, fallût-
il même retourner prendre le joug des pha-
raons? N'a-t-elle donc pas déjà plus d une
fois regretté les jouissances sensuelles et
faciles que lui laissait l'esclavago? Cette sin-
gulière docilité du peuple me paraît prou-
ver deux choses : d abord, que le séjour du
désert était adouci par les bienfaits de Dieu,
que ce Dieu se chargeait de nourrir et de
soutenir Israël au milieu de ces sables
meurtriers ; ensuite, que la route était indi-
quée |)ar une main divine, et que le peuple
recevait Tordre de la marche, non pas de
Moïse seul, mais de cette colonne de nuée
et de feu, qui, signe de la présence divine,
reposait sur le tabernacle, à la vue de tous
les enfants de Jacob.
Plus nous examinons la conduite de
Moïse au désert, plus elle nous fournit de
remarques du même genre. En voici nue
dont je suis singulièrement frappé : Moïse,
ce chef choisi de Dieu, dont la main parfaire
les eaux de la mer, obtient du ciel U vie-
615
PEN
DICTIO.NNAIIIE APOLOGETIQUE.
PEN
eu
toire» ou appelle !a foudre sur les rebelles;
lloîsey qui ne peut, ce semble» conduire lo
peuple que par Tenthousiasme de la con-
fiance et par la soumission de la terreur, ne
se contente pas cependant de lui raconter
ses propres hésilalions et ses premières fai-
blesses : il lui confesse de plus, de vive voix
et par écrit, qu*il vient de pécher comme
conducteur d'Israël et comme envoyé du
Très-Haut; qu'une punition sévère lui est
infligée : quil lui sera refusé d'amener son
entreprise à sa fini Chose étrange I Comme
si ce n'était pas assez des défiances et des
reproches répétés des Hébreux, Moïse cher-
die-t-il donc de gaieté de cœur à en provo-
quer de nouveaux? Veut-il donc abattra
toute confiance chez le peuple, en lui annon-
çant qu'il l'abandonnera bientôt, au moment
môme de la crise? La présence du chef que
Dieu exauçait toujours, et qui commandait
k la nature, ne devait-elle pas être, précisé-
ment à cette époque, encore plus nécessaire?
11 faut donc reconnaître que cet homme
simple et droit raconte sans artifice tout ce
3ui se passe et tout ce qu'il sait. Il n'est
onc pas un imposteur qui, pour arriver à
ses fins, se targue d'une prétendue mission
céleste. Il est réellement l'envoyé de Dieuc
S*il ne l'était pasjl serait évidemment aussi
peu capable de feindre ce divin ministère
que de le remplir.
111. Ce dernier acte du ministère de Moïse
nous prouvera, comme les deux précédents,
et d'une manière analogue, que l'œuvre du
conducteur d'Israël était réellement l'œuvre
de Dieu. Nous ne parlons pas ici des princi-
f>es, du but, des ressorts admirables de la
éf^islation mosaïque. Pour le moment, je
fiup|[K)se reconnu que cette législation était
habilement conçue et très-propre k remplir
son but. C'est un fait que mes lecteurs ne
peuvent faire difficulté de m'accorder. S'ils
eu doutaient, ils n*auraient qu'à réfléchir à
la durée de ces lois et aux effets qu'elles ont
produits. Cela supposé, j*ai quatre remar-
ques k faire.
Moïse connaissait sans doute les. usages
égy [(tiens, hébreux, arabes; il aurait pu,
sans le secours de l'inspiration divine, les
employer plus ou moins heureusement dans
fia législation nouvelle. Hais il nous faut ici
tout autre chose; et c'est le talent de choisir,
de combiner, d'inventer pour l'avenir, que
ison œuvre dénote. Les institutions qu'il
donne aux Hébreux sont créées pour eux,
préparées pour leur postérité, adaptées à
jour future patrie. Si elles sont basées sur
les habitudes et les mœurs du peuple tel
qu'il existe, elles n'en sont pas moins évi-
demment destinées k le transformer en un
peuple nouveau. Si elles font reconnaître
un ))eu|)Ie né en Egypte, elles indiquent
plus clairement encore, un peuple qui n'y
doit plus rentrer. Elles portent, en un mot,
l'empreinte de combinaisons profondes et
île vues éloignées; et lorsqu'elles font des
emprunts aux lois égyptiennes, ce n'est
(654) Kxod. xvni, 15-27.
jamais qu'avec des modifications aussi im.
portantes qu'habiles. Or, Moïse avait-il n?r
lui-même, a un degré suffisant, les connais-
sauces et les facultés que cela supiios^?
Voici un fait qui me semble décider li
Suestiou : quand Moïse se vit au milieu du
ésert, à la tête du peuple, chargé de la in-
ple tâche de l'enseigner, de le juger et de te
conduire, il ne sut point s'aviser par lui-
même de la simple et facile organisation qui
pouvait lui en fournir les moyens.il pensait
assez faire en y dévouant sa personne «
son temps. Assis en plein air, il écoutait, v
jugeait, il enseignait toute la journée ses si!
cent mille soldats, leurs femmes et leun
enfants, épuisant ainsi ses forces sans suIDre
aux besoins. Il fallut que son beau-pèr?
Jéthro lui apprit ce qu'il y avait à faire (651
n lui donna l'idée d'établir une hiérardi
de subalternes, qui, touchant d'un côtén
peuple et de l'autre au chef, feraient cons-
tamment communiquer celui-ci avec la na-
tion, assureraient à chaque portion de ceil^
là une protection plus réelle, et au condoc*
leur du peuple une autorité plus efiicace.Ei
cette idée si naturelle, ou toute autre or^*
nisation du même genre, ne s'était point
présentée à l'esprit de Mo'iso, sans iloue
parce qu'elle n'avait point de rapport arrc
les habitudes égyptiennes. Et ce serait lui
qui, nouveau Lycurgue, aurait innuléyaim
le secours du Très-Haut, la lépskioDjim
cette machine si puissante à ta fois dans ses
forces, et si ingénieuse dans leurWhre;
cette œuvre de génie, toute calcmée pc\ir
un long avenir, destinée à enraciner les
Hébreux dans le sol de Cbanaan par leurs
habitudes et leurs besoins, h les éloi;nierà
jamais des coûts de l'Egypte I... C'est lui qui
aurait imaçmé d'unir la force religieuse ait
force politique, de manière qu'elles se sou-
tinssent l'une l'autre sans jamais s'entraîner
ou se combattre! Ce serait li un téritabe
|)aradoxe, difficile i persuader. Ainsi don;.
plus nous avançons dans Texamen du inioL«*
tère de Moïse, plus des difficultés insoluble
s'entassent sur l'hypothèse incrédule qui
veut faire de cet homme extraordinaire d:>
imposteur habile » donnant les inspraw
de son génie pour celles de la Divinité.
Hais encore, comment Moïse a-t-il obleci
la soumission du peuple aux lois qu'il b
impose? Ces lois n'étaient pas faites 1*'-^
lui plaire. Si elles lui assuraient des pn>'
priétés, des mœurs et des fêtes, il devait y
voir avant tout d'intolérables gènes et d'éloi-
nelles privations; et dans le culte, et dans ia
vie civile, et dans la vie domestique, cl dap^
les relations sociales, et dans les entrepri$v$
militaires, commerciales ou agricoles, par-
tout ce ne sont que restrictions, p€ncM"!![
comprimés, joug pesant et nouveau, \oiii
Kurtantcequ'il fallaitsubstituer aux Tie»'J*
bitudes puisées dans l'exemple de rEgfP!^
et de Chanaan. Ah 1 pour soumettre volonia!-
rement un tel peuple à de telles lois, in» J
plus qu'un homme, plus que Moïse : il w»'***
^7
PEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
CIS
)>0 désert, Sinai, Ia colonne de nuée bt la voix
^ Dieu. 11 fallait que, nourri, conduit [»ar
VTrès-Haut« le peuple se trouvât placé de
manière k n avoir point de volonté propre,
Ido pouvoir ni examiner, ni délibérer, ni
toisir; k recevoir comme un bienfait, et en
fuie temps comme une nécessité, tous les
S tires comme tous les dons de cette main
vine!
Qaelques-anes do ces lois sont tout h fait
OfipHoables si Moïse était un imposteur;
sr elles sont de nature à supposer le con-
tours et la garantie d*uue Providence narti-
olière. Dans quelques cas, en effet, il faut
pe Dieu Iui-m6me s*engage à sanctionner
là rendre exécutable la loi : sinon, elle va
branler ia foi du peuple, et faire soupçonner
ilé^islateur dHmposture. Je pourrais citer
hisieors cas de ce genre; je me borne à un
lui.
Tous les sept ans, la terre devait rester
•ns culture. Ce u*est point ici le lieu d'exa-
ftiner les motifs politiques, agricoles et relî-
^ax de cette institution bizarre en appa-
ir&tcJe me borne h ce fait : Moïse promet,
de la part de Dieu, quMi n'en résultera
f tbais de disette; que, malgré la double
«ilAf dont les terres étaient chargées, le
wUu des récoltes précédentes pourrait
suffire ^Viconsommation de deux ans (655).
LetpMâzce ne pouvait-elle pas immédiate-
njfotk démentir 9 si le Dieu, qui fait urospé-
r^r (es fruits de la terre , n'eût été d qccord
?T^ lui? Bien plus; voici qui rend cette
réUeuon plus frappante encore : le peuple
Hi'fuel $*adressent cette promesse et cette
M ^5t an peuple nomade et pasteur, qui n'a
oirt/ acquis de science et d'habitudes agri-
lUs^ dont rinexpérience ou la paresse
>jrraieiit facilement, à elles seules, faire
litre les disettes dont Moïse le déclare à
(i nous examinons enGn les institutions
! Moïse relativement à lui-même et aux
«afagcs qu'il aurait pu tirer de sa préten-
^ imposture, elles ne nous surprendront
1^ moins.
Toute imposture a un bnt, et un but plus
I orioins intéressé. On trompe pour Tar-
mU pour les jouissances ou pour la gloire.
ipar une combinaison bizarre, l'amour
hommes est jamais entré pour quelquo
te dans une fraudé, nul doute que même
i on n'ait su concilier au moins les
ftIbHs de son amour-pro{)re avec ceux du
Mre humain. Si l'on trompe pour faire
ffe'i^ipher ses opinions ou son parti, on
lirt quelquefois oublier ses intérêts pen-
(di ia lutte, mais on s'en souvient après la
noire. Règle générale : un imposteur ne
Ktilie pas longtemps. Or, Moïse s'est ou-
4 s'est oublie jusqu'au bout; et cepen-
dant point de milieu : si Moïse n*esl pas uu
prophète divin, il est un imposteur dans
toute la force du terme. Ce n'est pas, comme
à Numa, une fraude unique et légère, desti-
née à assurer un bienfait, que nous avons à
lui reprocher, mais une suite de fourberies
dont plusieurs seraient atroces; une dissi-
mulation profonde, délovale, perfide, san-
guinaire, continuée pendant quarante ans.
Si Moïse n'est pas un prophète divin, il n'est
plus le sauveur du peuple, mais sou tyran
et son meurtrier. Eh bien! je le répète, cet
imposteur barbare s'est toujours oublié lui-
même, et son désintéressement personnel,
de famille et de caste, est un des traits les
plus extraordinaires de son administration.
Quant à sa personne, il doit mourir dans
le désert; il ne connaîtra jamais le repos,
l'abondance et les fêtes qu'il assure à ses
compatriotes ; il ne partage avec eux auc
les fatigues et les privations; il a do pnis
qu'eux ses inquiétudes sur leur sort, le spec-
tacle de leur désobéissance, et le perpétuel
supplice de leurs murmures.
Quant à sa famille, il n'appelle point ses
fils à lui succéder; il les relègue, sans distinc-
tions et sans privilèges, dans les rangs obs-
curs des enfants de Lévi ; ils restent même
en dehors de la famille sacerdotale. Diffé-
rent de tous les autres pères, jamais Moïse no
place Guersçom et son frère en vue de la
nation^ne leur fournit l'occasion d'acquérir
auelque gloire ou quelque faveur. Samuel,
éli, abandonnent a leurs fils une partie du
pouvoir paternel, leur permettent mémo
d'en abuser; mais ceux de Moïse seront,
dans le voyage, les simples portefaix du ta-
bernacle, comme tous les autres enCants do
Kéhath ; s*ils osaient jamais soulever les
voiles étendus sur ces meubles sacrés, dont
ils doivent supporter le fardeau, la mort se-
rait leur châtiment.
Quant à sa caste, on accuse souvent Moïse
d'avoir établi une théocratie au profit des
prêtres , de leur avoir appris à gouverner
despotiquçmcnt, en abusant du nom révéré
de Jéhovah. A entendre les incrédules, à
lire leurs ouvrages même les plus moder-
nes (656), on croirait que toute la richesse
et ia ])uissance étaient remises entre les
mains des sacrificateurs. Autant vaudrait,
en vérité, accuser Cicéron d'avoir conspiré
avec Catiiinal Les auteurs de ces inculpa-
tions si étranges , quoique si fréquemment
répétées, ont-ils donc lu Moïse?
Moïse avait refusé à la caste sacerdotale le
monopole des lumières et toute part aux
Êropriétés territ(»riale6. Seuls de tous les
[ébreux , ces hommes, dont on exagère la
{puissance , n'avaient point d'héritage en
sraël ! Et cependant Israël sortait de TE-
gypte, où il avait vu les prêtres posséder en
^^»0^\,Voge^0 yareieaipte, Reinie», Eeon^Mme pu 6iî-
1 9\r9fÉUd€MAfah€$eideiJuif*.Céi^uteur,mj^''
•c d«R9ie à tant de titres, comme homme, comme
« it (I eomtnt écrivain, a eu le Cori de juger le
raok^jtet ^^^^ d*i»préa le Penlaieuque même,
DlCTlO^INAlRE APOI.OCÉTIOIE. il.
mais «Taprès iêi commandements d'homme^ par les-
quels les raliliins Tout tféflguré, quelquefois aussi
diaprés 1rs «sages modernes dés Orientaux. Avec
ces élémenis emHQtfs. il a De aièler ii Moise ana
ibëocraiie "' '*alon avec le
PentaU'uq
619
PEN
MCTIONXAIHE APOLOGETIQUE.
PEU
m
Îiropre un tiers des campagnes* mettre tontes
es connaissances en ré^e k leur profit» en-
veloppées qu'elles étaient dans les mystè-
res des hiéroglyphes, enfin tenir en tutelle
les rois dont ils étaient de droit les précep-
teurs, les conseillers et les juges. Israël
était accoutumé à ce prinlége, et il eût sans
doute trouvé naturel que le législateur nou-
veau le lui imposât. Où donc trouver une
caste sacerdotale moins dangereuse pour la
lilverté publique et pour le gouvernement?
Où trouver surtout un désintéressement plus
complet que celui de Moïse? N*est-ce pas là
le caractère de l'homme droit, qui veut le
bien général et non son intérêt propre; de
l'homme docile qui obéit à Dieu sans résis-
tance et sans calcul ?
Quand je viens à méditer sur ces diffé-
rentes idées , quand je réfléchis sur tout le
ministère de Mo'ise, sur sa vie, sur sa mort,
sur son caractère, sur ses facultés et ses
succès, il en résulte pour moi la conviction
la plus intime qu'il était Tenvoyé de Dieu.
8i vous n'en faites qu'un lé^^isiateur habile,
qu'un Lycurgue ou qu'un Numa, ses actions
deviennent incompréhensibles; on ne trouve
plus en lui les aifections, les intérêts, les
vues qui expliquent d'oniinaire le cœur
humain. La simplicité, l'harmomie, la vrai-
semblance de ce caractère si naturel s'éva-
nouissent; elles font place à je ne sais quel
assemblage incohérent de dévouement et
il'imposlure, d audace et de timidité, d'in-
ca])acité et de génie, de barbarie et de sensi-
bilité. Non ! Moïse était inspiré de Dieu, il a
reçu de Dieu la légiâlalion qu'il transmet
aux siens; ces cinq livres, où il la dépose
nvec leur histoire, ont bien été écrits sous la
garantie de ce Dieu ; ils renferment bien sa
jparole (657).
§xi
Bhioilé du PenUteoqae. -^ Théologie de Moïse. -^ Com-
paraison avec la philosopliie grecque.
fassoQs à un autre examen plus propre
encore h affermir la foi de l'homme instruit
et sérieux.
Au milieu de la civilisation progressive
de l'ancien monde, on voit un peu^ile stu-
pide, qui, méprisé du genre humain, vé-
gète opiniâtrement sur un petit coin de
terre. Il ne prétend à aucune gloire litté-
raire ou scientifique; il n*a ni philosophes
célèbres, ni artistes distingues. Il reste
étranger au mouvement intellectuel qui
entraîne à ses côtés les peuples de la Grèce
et de l'Orient ; sa langue est pauvre, son
ignorance extrême, la pensée reste chez lui
sans développement et sans essor; il est pres-
que, entre les peuples, ce que sont parmi
les hommes ces êtres ébauchés, que des fa-
cultés imparfaites condamnent à végéter
dans une longue enfance. — Cependant il
connaît une chose, une seule chose, et il
est seul à la connaître; cette connaissance
fut refusée à la sagesse des Grecs et à l'or-
gueil des Orientaux. Cette chose, c'est Texis-
(C57) Voy, la note XIV, à la fin du volume
tence éternelle et suprême da Bien umqoe
qui a fait on eommencemaU Its neuj er fa
ierrt. Seul il en parle d*une manière digne
de sa grandeur ; le reste du genre homiin le
méconnaît. Tamlis qu'ailleursdcs géniesiin.
mortels, faits pour chanter la gloire do Tr^
Haut, l'outragent par leurs mdignes coo-
ceptions; tandis que quelques sages le
cherchent en tâtonnant, et se réjouissent
tont an plus à la lumière de quelque nyon
]iâle et incertain, le peuple juif adoré le
seul Dieu devant lequel les hommes puiy
sent se prosterner sans rougir. Cooirasi^
étrange I Le peuple juif, le plus stopide, k
plus Ignorant de tons, lui qui n*a janiai.
reçu de ce qui l'entoure que des leçons dl-
doUtrie I qui a passé quatre siècles dit>
l'esclavage de rkgypte, de cette EgT.7/;
dont, suivant l'expression d un poêle, ii
dieux habitaient les étables et crobsuea:
dans les jardins I... C'est lui aui seal i
connu la vérité la plus relerée, la plus im-
portante et la plus abstraite de toalesl LV
t-il découverte par hasard? La doK-il i .v
f>ropre sagesse ? Suppositions absurdes qso
e moindre examen lait tomber.
Ce contraste vaut la peine que nousnons
y arrêtions. Peu de choses, mieux ooeceUti
opposition, peuvent faire sentir lauibiei^e
de la raison humaine laissée à s^ propri^
forces et la nécessité d'admettre nolerreo-
tion divine dans l'a religion juife. Comewi
ne pas s'étonner, en voyant An les Hé-
breux des idées si justes et si modes sur
la Divinité, et chez les philosophes p&iens,
dans leurs écoles les plus célèbres, aux
époques ou l'esprit humain se défelopt^sit
avec le plus de vigueur, des conceplious h
imparfaites, si erronées. Entrons à ce sujt
dans quelques détails, que mes lectear?
pardonneront, je me flatte, à reitrôcne iin-
portance de cette matière. Bornons-nous ^
E rendre nos points de comparaison chei'f^
ommes et dans les siècles les plus diTtni-
gués ; je veux dire chez les Grecs, de Thilèi
à Zenon. C'est dans tout l'éclat de sa gloire,
que je veux examiner ici la sagesse hii*
maine. Je ne parlerai que des hommes qui.
s'élevant au-cfessus de leurs contemporain'
dans la théologie naturelle comme to^
philosophie, semblent, au premier o^p
d'œil, prouver contre notre thèse. ï^t^'
ment en sera plus décisif.
Les sages de Trcole d'Ionie fnrenl \^
premiers qui raisonnèrent avec un \^^!^
Erofondeur sur la nature de la Divioii^
eurs raisonnements incomplets 1^ eonlui'
sirent cependant à un mélange d'atliéiM^»
et de panthéisme ; présage enrayant |»i;]'
leurs successeurs dans Ta carrière quii^
viennent d'ouvrir. Au milieu des l»'ntbrff
où ils se débattent, on aperçoit cep 0:<>^^
quelque clartés douteuses qui semblersieoi
annoncer l'approche du jour. On lioniQ^''
grand par son génie et sa vertu, Anfli^^'o*^*
s'dève en jefl*et par luî-roêrae à I idée du
vrai Dieu. Mais cette apparition brilUn'f'
G3\
FEN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
612
^^oiblabte à un des météores «nllammés de
Ij ouiu s*évaQOuil aussitôt» et laisse d'au-
ù^nt plus apercevoir la profondeur de l'obs-
Lirité qu*elie avait un instant dissipée. Ce
io fut là qu'un phénomène isolé» dû à un
oureax hasard» et sans influence sur les
.-lo^rès de Fesprit humain. Les successeurs
:' Aoaxagore ne surent point reconnaître
i ct>nserTer la vérité» qu*il avait un instant
^foilée ; ils Grent immédiatement retoni-
' -r la philosophie^ dans les conceptions
r-v'ssiëres de leur siècle et de leur école ;
« fit la raison de Thomme avait de peine à
t'^lever au vrai Dieu» par sa propre puis-
O^eel •
,Les pythagoriciens s^ouvrirant une mar-
nouvelle, mais toute la puissance d*une
tance infiitigable» jointe à une imagina-
i^levée» à une méditation profonde, ne
va pas cette école de la grande méprise
laquelle reposa toute sa philosophie.
' ndant les lois avec les causes» ils ad-
rcnt l'harmonie de Tuni vers» etsemblè-
I presque en méconnaître rinlelligence
inauice. Vient ensuite Técole d £lée.
Aûus trouvons des hommes plus indé-
Is» plus réellement» plus profonde-
penseurs. Ils f<3nt un pas de plus que
cm qui les ont précédés ; ils veumnt
Ji*rir ttwient et pourquoi quelque chose
'''^fk; msk bientôt» punis d*avoir méconnu
£ns8s de leur raison» égarés dans ces
leur vue se trouble , leurs pas
ceJleut ; ils affirment que tout est ap-
Bccf que rien n*est réel. Xénopbanes»
chetp reconnaît un Dieu» mais lui re-
)lie fwuvoir de communiquer Texistence
fe'e ga*il ait jamais créé quelque chose.
Jifaie de ce philosophe s engloutit et se
M dans les flots d'un idéalisme sans
H et SAos rivages ; le malheureux est la
pière victime de sa monstrueuse erreur;
vie se décolore; il ne voit autour de lui
iioensonges» ombre» néant ; il meurt dans
aa.;oisses de cette incertitude universelle
f soa cœur repousse» mais dont sqs
t& raisonnements Tenvironnent et Top-
fient*
k|iendaot allait bientôt paraître sur la
%\e sage le plus remarquable» le plus
in peui-Atre de l'admiration et de l'a-
ir tles hommes» que le monde ait encore
raie assit la religion naturelle sur
'es bases» il défendit la vraie
il enseigna Timmortalité de l'âme
létrihution future. Le premier» au
ffe s*aiiresser à des disciples choisis» il
^ t &es enseigneiMuts à un plus grand
re de ses com|iatriotes» parce que» le
ler, il ne vit dans la sagesse qu'un
'û d*ëtre utile» et qu'il aima cette noble
*» josqn'à lui sacritier sa vie. Il luirut
V^e s*étaient à la fois corrompues l'élo-
** « e Ja jiolitique» les mœurs et la philo*
^ * ff» ei il entreprit de tout réformer en
' ^ (eoips. Laissons parler un auteur
Quel est donc celui qui s'élève»
qu
Est
jui ose se dévouer pour ce grand ouvrage ?
Est-ce un homme puissant qui dispose de
Tinfluence attachée au pouvoir, à la fortune,
au crédit? Occupe-l-il une magistrature im-
portante dans la république ? est-il appuyé
par des amis nombreux et forts? est-il en-
touré d'une clientèle qui le fasse respec-
ter? surpasse-t-il ses adversaires en élo-
quence?... Non, c*cst un homme simple et
{>auvre» d'une condition obscure ; il est
seul, il n'a pour lui que rascendant de son
génie et l'autorité de son caractère; toute
sa puissance est dnns sa vertu; car sa
science et son génie lui-même ne sont au-
tres que sa vertu La philosophie s'était
corrompue.... il fallait qu'elle retrouvât un
organe digne d'elle, un organe dont l'a-
mour des hommes» l'amour de la vérité
dictât seul toutes les paroles... un organe
tel que Socrate... Ses actions devaient être
en tout la conGrmation de ses maximes ; il
devait être en tout conséaucnt è lui-même;
la plus grande des immoialions devait lui
imprimer le dernier sceau; le sage qui en-
treprenait celte réforme devait être prêt è
en devenir la victime volontaire. Il fallait la
vie et la mort de Socrate (658). »
Ah I sans doute» la Providence avait quel-
que grande vue en donnant à la terre cet
homme étonnant I Peut-être avait-elle des-
sein d'ouvrir les cœurs des mortels à l'amour
de la vertu, en la leur montrant comme per-
sonnifiée sous des traits humains aussi sim-
Cles que touchants. Peut-être jugeait-elle
on d apprendre aux hommes quel est le
vrai caractère de la sagesse» et quelle est
alors aussi sa haute et simple dignité ; jus-
qu'où l'homme peut s'élever par elle» ouand
elle sejointàune vertu désintéressée. Peut-
être voulait-elle donner d'avance aux païens
une brillante» mais im| arfeite ébauche de
l'Eiro céleste, qui devait un jour» comme
Socrate» enseigner la vertu, vivre dans la
misère» et mourir dans les supplices i our le
bonheur de l'humanité ; mais qui devait
s'élever au-dessus du sage Athénien, par son
enseignement» sa vie et sa n.ort, autant que
par sa nature et son pouvoir. Hélas 1 Socrate»
cet homme prodigieux» qui sembleavoirreçu
une vacation divine» et qui se croyait ho-
noré de secours surnaturels» Socrate ne ré-
forma cependant ni ses contemporains» ni
ses compatriotes ; il passa comme Anaxa-
Sore, mieux compris de quelques-uns» sans
oute» et laissant sa doctrine en dépôt k des
disciples plus dignes de lui ; cependant» il
produisit en tout moins d'effet» if fût beau-
coup moins utile que tant de grandeur et de
vertu n'auraient semblé devoir l'être. Son
histoire démontre au moins à l'homme im-
partial et réfléchi» rinsuinsance de la philo*
Sophie pour éclairer les peupleset perpétuer
la connaissance de la vérité. Socrate était si
loin d'atteindre ce but, qu'il ne sut pas
même confesser devant ses juges le maître
unique de Tunivers» ou ne crut pas utile de
le faire. Ce grand homme mourant sembKiil
TA) DLcéftâXoo, niêtofre comparée des »yttèmeg de philosophie, V é"
' •<»«
t>i3
PEN
-encore accorder quehjues égards aux divi-
nilés mensongères qui déshonoraient sa pa-
trie, el en l*nonneur desquelles son sang
ai ait couler. Quelque grand d'ailleurs que
le prince des sages nous paraisse, quand nous
10 rapprochons de son siècle et de ses ri-
vaux, si, le considérant en lui-même, nous
ïe comparons à l*idéai de perfection absolue
ei de pleine vérité dont Je monde avait be^
soin, nous serons obligés de reconnaître que
sa vie ne fut pas exempte de taches, sa tbéo*
k)gied*errcurs, safoi d hésitation, et son mar-
tyre même de quelque déguisement.
Ses disciples conservèrent lo souvenir de
ses leçons, et ]>arurent quelque temps se faire
du Dieu suprême, des idées moins indignes
que le reste des païens. Comme Socrate avait
éié l'homme lo plus vertueux du paganisme,
IMalon en fut le génie le plus brillant ; il
iMirla de Dieu à la fois comme un grand phi-
losophe et comme un grand poète. Mais
lorsque, pour contempler de plus |)rès la Di-
vinité, cet aigle de la philosophie planait
dans le monde des abstractions, pouvait-il
être suivi du vulgaire, et compris de tout le
monde ? Se comprenait-il toujours bien lui-
même ? Est Ci.* ainsi gue Ton persuade, que
l'on entraîne la multitude, que Ton extirpe
l'idolâtrie ?
Platon d'ailleurs admettait l'éternité de la
matière, el cette seule et grave erreur, com*-
bien ne rabaisse-t-ellepas l'idée qu'il se for-
mait de Dieu ?
Après lui, son disciple Arislote se présente
sur la scène» avec un genre de talent et de
caractère bien opposé. Le philosophe de Sta-
gyre avait appris de Socrate et de Platon à
deviner le Très-Haut, et probablement au-
cun païen n'en a jamais parlé d'une manière
plus exacte et plus étonnante. « Aristote,
<>r41naireiuent si froid, si sec, s'anime subi-
tement et s'élève, lorsque la pensée de la
Divinité se présente & lui... C est un grand
et beau spectacle pour les amis de la vraie
philosophie que de voir les deux plus beaux
génies de l'antiquité, Platon et Aristote, si
opposés d'ailleurs, se retrouver dans un si
jarfdit accord à lYgard de la doctrine sur
aquelle reposent les plus grands intérêts de
la morale et de l'humanité ; se réunissant
sur les pas d'Anaxa^jore et de Socrate, pour
offrir Thommage de la raison humaine au
suprême auteur de toutes choses (659)1 » —
Oui, j'en conviens, c'est là un grand el beau
spectacle ; cependant, avec quelle force il
peut démontrer encore l'insuffisance de la
raison humaine pour acquérir, et surtout
pour conserver la connaissance du vrai Dieu î
Je pourrais insister sur les inconséquences
qui déparèrent aussi la théologie d'Aristote.
Il parla correctement de la nature divine ;
mais sa philosophie, tendant h un véritable
(639) DECfeRANfK). elc., lome II, p. 3^-358.
(tfOO) Les iiiciuJttlrs de mu jours oitl-iU <looc le
droit, pour le dire eu pu»Miii», de faire houi.eur à
11 pbitosophic, dt la llié«toi;ic ii.ilurelie dont ils
««nni tiers, el si le chrisiia .ÎMiiâ ifeOl jamais éclairé
tHK ou leiiri piTOS, csl-ii bien certain qu'ils fusseiit
plus avuo'jôâ à cet égard que les acil''*:*s*rs de So-
DICTiONNAIRE APOLOGETIQUE:.
matérial
PLN
W
i
ialismc, dépouillait réelleoutut Dia
de son pouvoir, et trans|»(>rlaii à [uniTS
visible Tactivitédeson auteur. Mais je Te
me borner à uno seule remarque. Ce rii
héritage de Socrate, cultivé par deux dei
successeurs, ce fruit laborieux du génjej
de la vertu rénnis à un degré extraoniiDi(
dans trois hommes, élite de rhumaniléii
dissipe el se perdbienlAl après eux ;taiit(
grandes vérités étaient au-dessus de iai
tée ordinaire, tant les peuples laissés à
seule raison étaient peu aptes k lesc
prendre. Slraton , disciple d'Arisloie
athée L*. Vint ensuite Epicure, qui, cl
vaut à rbomme toute force morale, ï kl
ciété tout esprit public, dépouillant Bi(
sa 'providence, et TAme humaioederia,
taillé, fil bien plus de mal aux hommes]
Socrate n*avait pu leur faire de bien.l
posa au sein de la civilisation amolliej
goutte empoisonnée » et ce principe i
meux, rintectant bienlAt de proclieenj
çhe, légitimant tous les crimes, dessé
toutes les vertus, dévelopiiant tons)»
produisit bientôt ces générations hi'
et souillées, qui effirajèrent le m
leur corruption. Quelques ètnes relifl
el fortes s^mdignèrent, il est vrai, à cef
lacle. Le Portique conçut lo projet de i
ner le patriotisme dans les sociétés ta
nés, de rendre à la religion sontrlhM^.
conscience sa félicité désintéressée^Mfflb
nirel son Dieu. Mais, flottant efiire le
térialisme cl le panthéisme, les secU)
de Zenon ne surent proposer à Tadan
des hommes, que je ne sais quel Diegj
porel, qu'ils composaient de lumière,
lelligence el de feu, et qu'ils nommait
Nature.
Arrêtons-nous maintenant, et jeto
regard en arrière. Nous verrons d'abo
chez les Grecs, dans le cours de biend
des, quatre hommes seulement, aid
uns des autres, semblent avoir réussi
connaître Dieu sous des traits digues
majesté.
Ces hommes, en second lieu, ontei
d*influencesur leurs contem)K)raios
enseignements ont été mal compris)
disciples. Il semble que de telles vérii
fois découvertes, ne devaient, oe
plus être oubliées. Mais non, il n'eu
ainsi. Le fait prouve que ce sont
qui étaient presque le moins facileoi
sies et le moins sûrement conserva
Enfin, ces hommes ne s*adressaieoi
qu'à des disciples elioisis, el leur tran
talent, souvent en secret, les vérités <l<
monde entier avait besoin. De ces ||
philosophes, un seul s'est adressé i d'
qu*à des philosopl>€s, aucun n*a son
craie et les diseiplfa d'Anaxagore! LV
semble indiquer, au contraire, ^ue la pbii<
laissée à ses propies forces* luiît lepi<»
par tomber dans Tun des deux abîmes eou^
quels elle marche toujours , rattiétsme a k
théisme.
è
dt
il3
PKN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
PEN
GiH^
ciiple, tous parlaient un iangago au-dessus
t sa portée.
Fortoos è présent nos regards sur le peu-
:r* hébreu: nous j ferons précisément les
••aarquds opposées, «t Moïse », dit h ce su-
: \l. B. Constant (CCt), « Moïse, avec une
i^i'-né merveilleuse, parle à des hommes
' >'»$iers la langue qui leur convient; et ce-
•ei'iaot il ne plie que rarement sa doctrine
; -J exigences de leur grossièreté. Ses con-
.--^ions consistent dans les mots plus que
r^ les rlio:$es; ce sont des nuages passa-
f^i <}uî n obscurcissent que pour un instant
qu il j a de sublime rians les notions de
^re suprême. Les questions oiseuses, les
^blèiues insolubles, sont soigneusement
""es. Le législateur des Juifs ne recher-
inl, comme les prêtres de TEgypte ou
oJe, ou comme les philosophes de la
^,de quelle substance Dieu se compose ;
existe dans retendue, ou s*il existe hors
'étendue ; s*il est fini ou s'il est infini ; si
aiistence est éternelle et nécessaire, ou
e fut Tœuvre à la fois subite et tardive
inexplicable volonté. Le prophète de
khappe également à ces écarts d'une
lution déréglée, qui répandent sur les
I topulaires dont tes prêtres repaissent
Mwvie, un vernis tour à tour révoltant
Mtiiliailiiet à ces subtilités toujours sans
jjwpfrt 401 ont précipité le théisme philo-
M^Uj^deTInde dans un labyrinthe, dont
wktwcesi inévitablement l'athéisme ou le
éîsme Dans le récit de la création,
/ il tant sans doute accorder ce que le
6 de rOrient exiee qu'on accorde a tout
de ce genre, il n est parlé ni d'une raa-
(Êt inerte et rebelle qui ^êne le Créateur,
aon œuf mvstérieux, ni d'un géant mis
pièces, ni d'une alliance entre des forces
'Q)$fes et des atomes sans intelligence, ni
h nécessité qui enchaîne la raison, ni du
^ qui la trouble. »
loîse^ el tous les auteurs hébreux après
. (hirlent constamment de Jéhovah» comme
ibcot le dire» non des disciples de TE*
fe, mais des envoyés de Dieu. Sa toute-
fbmce, son omniscicnce, son unité, son
^ .é^ son immatérialité, toutes ses pér-
is enOn, si souvent méconnues des
de la Grèce, sont constamment pro-
par ces grossiers enfants de la Pa-
connaissance du vrai Dieu n'est pas
aux écrivains ; elle est populaire
k$ luiis, parce que le langage de leurs
sacrés» même sur ces matières» est à
de toutes les classes du peuple.
chose admirable f en style simple ,
plein d'images, que Moïse et les pro-
% troorent moyen de donner sur Dieu
ées réellement les plus exactes et les
" Velerées, tandis que les philosophes ne
"^^ issaient, le plus souvent, qu'à envelop-
pes iiiécs très-peu philosophiques, dans
f^.
' %> fV /tf religion^ eon$idéiée dans ta êource,
^ * TW) fi tê$ développements , tome II, p. ?I5-
un style obscur à force d'abstraction. Qu'on
lise le chanitro xl d*Isaïe ; on y verra la
puissance, les œuvres, Tunité, l'immensité
divines, rappelées sous des formes à la fois
claires et poétiques, dramatiques et justes.
Voilà le iansage que le peuple peut enten-
dre et aime à écouter; voilà comme on per-
suade la. multitude en même temps qu'on
l'éclaire. Comment entendre sans étonne-
ment ces écrivains sacrés, quand ils nous
|)flrlent de la Divinité ? S'agit-il de nous
donner Tidée de ses perfections, de sa na-
ture? rien n'est assez grand, assoz sublime :
Il habite une lumière inaccessible : Où irai-je
loin de ton Esprit^ où fuirai-je loin de ta face ?
Si je monte au cielf iu y es ; si je descends au
sépulcre^ tu y es encore. Sa justice est comme
de hautes montagnes ; ses jugements sont un
profond abîme. Il a créé les deux par sa pa*
rôle et toute Vannée des deux pat le souffle de
sa bouche. Le peigûont^ls dans ses rapports
avec nous? rien de plus simple et de plus
sensible. Il s'irrite, il s'apaise, il se rcpent,
il s'émeut. Ah ï voilà le Dieu oui forma
rhomme. 11 sait quel langage il iaul lui te-
nir. 11 sait que la Divinité impassible du
philosophe ne dirait rien à son âme. lise
révèle à sa raison et s'accommode à sa na-
ture. Il dévoile ses perfections à son esprit»
et il parle à son invagination, à son cœur :
il le prend par ses endroits sensibles.
Mais encore, comment arrive-t-il qu'en
prenant de la sorte un style tout en images
et en sentiments, un style par conséquent
fort éloigné de Texactitude philosophique,
comment arrive-t-il que les docteurs de
l'Ancien Testament trouvent moyen de ne
rien laisser échapper, qui puisse donner au
peuple une direction fausse, retarder les
progrès de son intelligence et le faire
retourner à son idolâtrie ? Comment arrive-
t-il qu*en manifestant l'état de la gloire
divine aux Hébreux épouvantes, le Penta-
teuque ne leur montre cependant aucune
figure en Horeb (662|? que ces Hébreux qui
entendent la voix céleste (663), qui voient
le trône de l'Eternel sur Sinai (664}, qui
parlent sans cesse de ses yeux, de ses mains,
de ses oreilles, ne soient cependant jamais
conduits par leurs livres sacrés à lui attri-
buer une forme humaine? ce qu'ont fait
cependant toutes les my tholo^ies des siècles
anciens, et toutes les superstitions des âges
modernes. Pourquoi les images que les
auteurs hébreux sont réduits a employer»
pour donner quelque idée de la j;loire qui
entoure le Très-Haut, et des manifestations
extraordinaires de sa présence ne sont-elles
empruntées qu'à des formes vagues et bril-
lantes, propres à inspirer une lerreur reli-
gieuse» mais trop confuses et trop incertaines
pourqu'un peuple enclinà l'idolâtrie essayât
de le reproduire et de les adorer? Si Moïse
n'est pas un prophète inspiré, que l'on ex-
plique cette (f^nigme, et le contraste marqué
(662) DeuL iv, 1î, 15.
(665) Deul. v, 24.
(664) Exod, XXIV, 10.
€27
tEN
OICTlONiNAIRE APOLOGETIQUE.
PEN
que présentent ses leçons et son peuple, avec
les leçons et tes compatriotes des philoso-
phes païens (665) I Si d*autres prophètes
inspirés n*ont pas suivi Moïse, que Ton
explique une autre énigme non moins sur-
£ Tenante : la conservation du théû^me de
loïse à Jésus^hrist, chez un peuple tout
matériel» passionné pour l'idolâtrie, entouré
d*idolfltres, tandis que les disciples même
d'Auazagore ou d'Aristote, ces doctes nouf-
j-isscms de la Grèce savante , laissaient
promptement cette belle lumière s'éteindre
entre leurs mains. T avait-il donc moins de
distance, des sublimes leçons de Moïse à
l'intelligence des grossiers enfan s de Juda,
que des sages enseignements de Socrate à
1 esprit exercé de Straton et d*Epicure?
On pensera f peut-être, que j'aurais dû
prendre mes points de comparaison ailleurs
3ue chez les Grecs, et que les anciennes
octrines delà Chine et de l'Inde n'eussent
eis produit un contraste aussi favorable aux
ébreux.— En effet, en remontant plus haut
dans lanu't des siècles, en nous rapprochant
de c.'tte Asie centrale, premier berceau du
genre humain, nous eussions pu trouver un
théisme plus pur et plus répandu. N'ifflportel
Je pourrais demander si ces leçons furent
claires , populaires , comprises , sans mé-
lange d'erreurs graves et de principes fu-
nestes. Je pourrais demander pourquoi ces
doctrines n'ont eu d'efficace et de durée
que chez les grossiers Hébreux , pourquoi
chez ces autres peuples si vantés, le sensua-
lisme ou i'i.léalisme les étouffèrent bientôt.
Si j'entrais dans cette discussion , je souiw
çpnnc que l'opposition de la théologie mo^
sâïque et de ses effets aurait bien encore sa
force (666). Mais i'ai une autre remarque en
vue. La pliilosopnie et la ftrt s'accordent, à
mon avis, k prouver l'existence d'une révé-
lation primitive, accordée à la première
enfance du genre humain, par le Dieu qui
rélevait après, l'avoir mis au moiflde. Quand
on remarque chez tant de peuples de l'anti-
quité, une religion plus éclairée à mesure
qu'on remonte vers les siècles d'ignorance,
et toutes les horreurs d'une abrutissante
superstition, quand on redescend, au con-
Iraire, vers la civilisation et le savoir, il
irest guère permis d'en douter. Or ces res-
tes de théisme, épàrsdans les nuages de l'anti-
i{uité, mesemblentdusk cette révélationpre-
mière, bien plus qu'aux efforts delà raison.
Ce sontdes lambeaux arrachés à ce trône de
l'Eternel, jadis visible aux yeux surpris de
toutes les familles humaines. Chez les Grecs,
les restes de la révélation primitive étaient
(665) J'aime à consigner ici une déclaration po-
sitive de M. B. Constant (tome II, p. 219-2S1) :
« Noos le dirons donc avec a*autant plus de convic-
tioa,que notre opinion 8*est formée lentement, et,
tmur ainsi dire, mal^^é nous. L'apparition et la
dtirée du théisme juif, dans un leuips et chei un
peuple égaîemi nt incapable d*eu concevoir 1 idée et
<!•* ta conserver, sont a nos yeux des phénomènes
nii*on ne saurait expliquer par le raisonnement, i
Q lelques pages plus haut (p. 213), il montre que
Muîse n*a pu puiser se3 nobles idées de la Divinité
tellement déguisés sous les emblèmes ma-
tériels de la mythologie, que respérience
V est plus décisive ; nous j contemplons
bien réellement les efforts de la raisoD hi.
maine pour s'élever à son atlteur. Au reste,
le contraste des anciennes doctrines tbéis^
tes de l'Asie avec celles qui les remplacé-
rent, est à mes jreux une preuve de plos
que )a philosophie ne peut, à elle seule^
comprendre Dieu tel au*il est, et que ses
efforts, pour s'élever si nant, la font presque
toujours retomber dans quelque abîme.
Cela noua conduit, d'un c6té, droit à I« né-
cessité de la révélation et k son eiistenct;
de rautr«^, à la divinité du Penlaleuqoe.
Si, après avoir comparé la doctrine da
Pentateuque à celle de la sagesse humaine,
nous en comparons les récits, et enqufl(;tie
sorte la théologie bistoriaue, aux cosmif-
nies païennes, même à celles de cesaoUques
régions où l'on voudtiiit chercher des ri-
vaux à Uoïse, la supériorité de celoi-d
n'est pas moins remarquable. ^'oQs riToos
fait observer plus haut, mais nous arnos dll
réserver, pour cette place-cî, une ritim
importante : La sutiériorité de la Utét
siir les antiques iabics de TEgypte, de
l'Inde ou de la Chaldée, est d*autaot plus
frappante qu'elle a beaucoup de ehoses
communes avec toutes, et qu*clle parait
renfermer le dépôt primitif des Téri^éj (/if-
figurées dans les autres. Quelques Sto de
lumière dérivés de la Genèse, eodessoor-
ces de la Genèse , modifiés ,altérés t\ ptts-
que perdus chez toutes les antiqoes ImV
les du genre humain, peuvent à )a lois ev
f>liauer ces ressemblanees et faire ressortir
a clivine supériorité de la version seule au-
thentique, conservée et transmise parMobe,
sous la direction du Dieu qui Tenvoyaii.
CONCLUSIOX.
Quand on réunit, auand on pèse séfico-
sèment tous les motics de confiance eldstl-
bésion qui environne le livrede laFibK
et en particulier le Pentateuque, auqup
viennent se rattacher toutes les autres {••lo-
ties, on est frappé d'un saint respecien
l'ouvrant; on sent que l'homme n*a ps$>B
venté f-es grands et mystérieux réciis «[^
qu'il n'a fait aue prêter sa main poor^
tracer. Si parfois la légèreté de nottt^'*
prit se choque de quelques invraiseaiw»-
ces , nous nous en repentons bientilt I^^
que nous sentons que l'on ne peuiqo^
l>erdre dans celte lutte avec l'esprit de Dic«
Aussi je comprends que Thonime \^P^.
sceptique de notre Age, lord Byron, ait nni
dans les doctrines secrèfes da sacerdoce ég)P|^<
doctrines bien éloignées de ce haut degré <le p««f
c Le tliéisnie, dii-il, qui s'y amâlgainail *^^ ^
panlhéisme, ressemblai! peu à la notion de ron
de t)îeu, lelle que les livres hébreux "««•J'.P^
lent, simple, claiie, éubtissant enircla r^^Z,
les honunes des rapports moraux. Ce denucr cini
icre consiifue la différence essentielle qui separri'»
deux espèces de théisme. •
• (C66) Voy. Indianisue*
r
PEU
HCnONNAIRE APOLO^TIQOE.
F2?
esa
fcrécriresnT une Bible oes lignes qui y ont
f Iroarées «près sa mort : « Dans ce livre
iugnste est le mystère des mystères. A)i 1
ieoreox entre tons les mortels ceui è qui
fiea a dit la grftce d'entendre, de lire,
le prononcer en prières, et de respecter
|iaroles de ce liTre t bearem ceux qai
treot forcer la porte, et entrer violem-
»<>Dt dans les sentiers I Mais it vaudraU
uoiT qu'il ne fussent jamais nés^ me de tire
^MT douier ou pour mépriser (667). »^'
PÈRES HE L'EGLISE. Ont-ils pensé ou
brfé du mystère de la Trinité à la manière
m Platoniciens? Foy. note XXH. à a fin
ih Tol. —Cités sur les possessions. Toy. Pos-
Nssiox;— sur les oracfe^des païens. Voy. D&-
m%, i iV. — Réfutation des accusations de
IL Letronoe à leur sujet. Voy. CosMOGaA-
rtiE, — Leurs témoignages démontrent To-
rizioe de la Trinité et de l*Eucharistie. Yoy.
DuGnst I II et 111. — Témoignages en la-
ytMx de la primauté du Pape. Yoy. Pape, § 11.
- Témoignages en faveur de I authenticité
de5 Eran,{iles. Yoy. Evangile, § 1 — Leur
t^ffloigna^ démontre la règle d*auturité
oHDmerèxiedefoi. Yoy. RteLB de foi, § III.
- Âtta((!Ki par M. Aimé-Martin ; réfutation
l«r \u\-mènie. Yoy. PiNrrENCE, { IV. —
Pères des pcemiers siècles, ils témoignent
tie \i mottitoda des chrétiens. Yoy. Pso-
rifiinoT ar chbistiaxisme, | III.
?£Kf£niBIUTÉet PROGRÈS. Yoy.Vnu
lÙS^ynîl P1?(TRÉ1STIQLE DE L HISTOIRE, § IV.
P£RF£i:TION, a pour instrument le
nul, dans Tieuvre du Créateur. Yoy. Mal,
ITL U i IV.
PEKFECTIONNraiENT graduel des os-
[vces, réfutation. Yoy. Uohme. —• Perfcc-
l/o/inement de Thomme et des races humai-
nes. circoDStances oui y concourent. Yoy.
Uces HtvAXiiEs, i XII. — Perfectionnement
oMlectuel et physique de i*homme d*après
•iurier. Fay. rovminisMB.
PERIODES ASTRONOMIQUES. Voy. Pa-
l^r.ÉsÊStK.
PER1L4NENCE des BSPfccES. Yoy. Houme.
PERPÉTUITÉ BT STABIUTÉ do curistia-
MSE. Yoy. VintroduelioUf S XV.
PERSANS, leurs livres ne remontent
là Zoroastre, c'est-à-dire à la fin du vr
kle aTanI Jésus -Christ. Yoy. Pbnta-
tQiE, g I. — Ils ne présentent qu'obscurité
mccrtitude. i6td., | II.
PERSONNAGES célèbres de Tantiquité,
lés d*hallDcination. Yoy. Uallccination,
I.
PERSONNAUTÉ DIVINE niée dans la
kidicée humanitaire. Yoy. Théodicée
!^£TAD (le P.), son sentiment snr le
itonismedes saints Pères. Yoy. note XXII,
et II à la fin du volume.
PEUPLE. Kj avait-il que le menu peuple
i fût chrétien au iv* et au v* siècle 7 Ké-
ation de 11. Guizot. Yoy, Aristocbatie
oAixo-BOiiAiHE, 1 1. — Scs disposîtions-oa
Judée au temps de lésns-Chist étaient-elles^
favorables à la formation du mythe? Fay.*
Htthisme i Vil.
PEUPLES. OnUls commencé par Tétai de
nature? Yoy. PstchoijOgie, f II et lU. — Ac-
cord de Moïse et des plus anciens historiens
sur leur ori^pne. Yoy. Psychologue, I IV.
PHALANSTÈRE. Yoy. FoLRiiRisMB.
PHlLOSOraUE DE I/ARSOLIT. —Le pro-
grès de la raison, amené par lechristianisme^
rend presqoe impossibles aujourd'hui des
erreurs autrefois puissantes. Par exem|]Je ,
le dualisme, qui conçoit le monde comme
le résultat de ueui princifies éternels et en-
nemis, ne trouverait pas aujounrhui un seul
partisan; et Talhéisme atomistique, qui ne
voit dans le monde que des éléments maté-
riels et finis, quoiqu'il ait fait une aj)parition
pendant le dernier siècle, n'aurait d'accès
aujourd'hui qifauprès de quelques esprits
Srossiers et étrangers aux premières notions
'une bonne philosophie. Rendons justice à
nos contemporains, ils ont le sentiment de
Tinfini et celui de Tunité. SVçarant trop
souvent dans la recherche de cet infini, dans^
la poursuite de cette unité, ils ne conçoi-
vent pas leurs vrais caractères, et n'établis*
sent pas leurs vrais rapports. Par voie de
conséquence, ils peuvent même être conduits
jusqu'à la négation et à la destruction de
l'unité et de l'infini. Mais enfin cette grande
pensée a lui dans leur intelligence; le rayon
divin a touché leur flme. Il ja là une fra-
ternité d'esprit « que nous aimons è signaler ;
là se trouve l'espérance d'une réunion fu-
ture que nous saluons de grand cœur. Plus
que jamais donc des discussions sincères,
graves, bienveillantes, sont nécessaires; c'est
l'unique rooj-en de rapprocher des esprits
laits pour s'entendre et qui déjà se toucnent
par plusieurs points.
Dans le monde rationalisto,il règne au^
jourd'hui unecertaine uniléqu'il importe de
constatel", car c'est le vrai moyen de se ren-
dre un compte fidèle de Tétat de Tesprit hu*
main. Mais pour arriver à cette conception
de l'unité delà pensée à une époque donnée,
il est nécessaire d'embrasser, dans leur en-
semble, les systèmes philosophiques. La
France et l'Allemagne sont les deui nations
philosophes des temps modernes. Toutefoisi^
il faut reconnaître que le rationalisme s'est
développé chez nos voisins avec beaucoup '
plus de suite et de conséquence que parmi
nous. Leurs systèmes nous dévoilent bien
vite le fond des doctrines, parce qu'ils sont
complets. Ce qui est obscur et enveloppé
dans les théories françaises , est manifeste
et avoué dans les théories allemandes. Je
ne veux pas dire, sans doute que nos voi-
sins possèdentun méthode d'exposition meil-
leure que la nôtre et un langage plus clair
que le nôtre ; sous ce rapport, nous leur
sommes très-supérieurs, et ils le reconnais-
sent; jnais, en métaphysique, ils vont plus
loin que nous. Je commencerai donc cet ex-
(^ /) CEutrei de lord Bifron; Mélanges, tome 11, p. 486, tradoction d*Araédéc Pichot.
€91
PHI
DiCnOlGIAIflE
fiosé- ^r les systèmes allemands plus corn-
plels que les nAtres.
II.
riiflosopbte atlenande, son unité, malgré I* diversHé de
ses systèmes; too oHgtaie ; ses principes générani ; ses
principAQx résultais; opposilion absoluei entre celte
philosophie et le christianisme. — Origine immédiate
de lldéatisme sobjectif de Fichte , de l'idéalisme ol>-
jeclif de Schelliog, du système parement logiane de
Hegel. -«-Fichte; but de sa théorie; point de dépari;
le mot créateur et unique réalité ; le moi individuel et
le moi absolu ; application des principes posés. — No-
tion de Bien [d'après ce système. — RéfuUtion du
principe fondamental de cette théorie.
Quand on parle des systèmes qui , depuis
cinquante anî«. se sont développés chez nos
voisins d'outpe-Khiû, on les appelle du uora
général de philosophie allemande ; et c'est
avec raison; puisque, malgré la diversité
de ces systèmes, cette philosophie est une.
le crois utile de signaler ce caractère gé-
néraU a?ant d'examiner aucun système par-
ticulier.
L'unité de cette philosophie se trouve
dans ridentité d'origine, de principes et
de résultats.
D'abord elle est née du mouvement im-
primé à la pensée par Kant. Le but que se
Koposa le philosophe de Kœnisberg fut de
unir de la philosophie toute supposition,
toute hypothèse. Il voulut démontrer ratio-
nellemcnt tous ses principes. Comme nous
arrivons à la connaissance des choses par
l'intermédiaire de nos facultés passives et
actives, Kant pensa qu'il fallait d abord étu-
dier ces facultés elles - mêmes. De là sa
célèbre critique du jugement et de la raison.
Son analyse patiente et profonde vint aboutir
à ce résultat : qu'il n'existe pas un lien
nécessaire entre nos facultés et leur objet ;
entre notre esprit et le monde extérieur ;
entre notre raison et le monde métaphy-
sique. Nos facultés ne furent donc aux yeux
de Kant que des formes vides, des instru-
ments , des organes ' incapables de nous
mettre en ]>ossession d^i la réalité des cho-
ses. Il arriva donc à un scepticisme réel ,
et ouvrit un abîme entre les facultés hu-
maines et la réalité des choses.
Le problème de la réalité de nos connais-
sances soulevé par Kant a donné naissance
à la philosophie allemande. Les disciples et
les successeurs de Kant ont voulu combler
J'abîme qu'il avait ouvert entre le sujet et
l'obiet, entre l'homme et l'univers. Rester
fidèle à la méthode strictement rationnelle
dont Kant avait donné l'exemple, et en
même temps échapper à son scepticisme,
tel fut le but que se proposa la philosophie
nouvelle.
Kant avait trouvé le scepticisme , parce
qu'il avait cru que nos facultés ne nous ap-
prenaient rien de l'essence des choses. De
prime abord, la nouvelle philosophie s'em-
pare de Tessencedes choses, et franchit d'un
bond Tabîme que Kant avait creusé entre
ila connaissance et rèlre, le sujet et l'objet.
jElle* affirme que Tèlre est dans la counais-
esance ; qu'êlre cl co«nallrc sont identiques ;
APOLOCETIQI^E. PHI «5]
3ue, par couséqueut» notre connaissance
es choses nous met en possession de leur
essence. Et comme notre être propre est
l'objet immédiat de notre connaissance,
comme nous nous connaissons d'abord non^.
mêmes, il est nécessaire eue nous saisis-
sions eu nous-mêmes, et dans la connais-
sance de nous-mêmes, l'essence des chose;:.
Ce ))rincipe, point de départ de toute la
spéculation allemande, en renferme un au-
tre. Si être et connaître sont identiques,
si se connaître soi-même est connaître l'es-
sence des choses, il faut nécessairenocnt que
cette essence soit en nous, et qu'il n'y ail
en réalité qu'une seule substance dans le
monde. Cette substance unique estrahsola,
qui se déyeloppe n(^î'P^JsSi?-:îrncnt, ci d'une
manière intinle dans la nature et dans Tes-
S rit humain, et qui arrive dans rintelligeoce
umaine à la connaissance de lui-même.
Voilà l'idée la plus générale et en môme
temps la plus simple de la philosophie
allemande ; c'est la philosophie de Taksolu
et de son développement.
Cette philosophie implique nécessaire-
mont la négation de tous les priucip<>>
établis. S*il n'y a qu'une seule subslaore,
il n'y a pas de distinction absolue et réeilc
entre le fini et l'iuGni. Si l'absolu se dén-
loppe dans la nature et dans l'esprit iiu-
main, il n'y a pas un Dieu parfait, un Pieu
personnel antérieur au monde, distinct du
monde et cause du monde. Si VàbsolQÛé-
veloppe son essence dans la prodaction du
monde, il n'v a pas de création i[to\i\Ae.
Ainsi, rien n est plus opposé que la ddcvhne
chrétienne et la philosophie de l'absolo.
En partant des principes généraux qu\
sont les bases de la philosophie de ral)SOiu,
on peut s'arrêter h des points de Tue divers.
Ces points de vue sont au nombre de trois
et ils ont donné naissance aux trois gran^i^
systèmes de la philosophie allemande. Od
peut se placer su point de vue du moi; $<:
concentrer dans le moi ; le poser cnm\^
l'absolu lui-même, et chercher a endéiiuire
l'universalité des choses ; alors on arrive i
l'idéalisme subjectif de Ficbte. Ou \m
on peut se placer au sein de la réalité;
embrasser en même temps le moi elle
monde, et les considérer comme les dére-
loppemeuts de l'identité absolue ; par <^
procédé on obtient l'idéalisme obiectiliic
Schelling. Enfin, on peut sortir de M^
réalité ; se placer au sein des lois puremem
logiques, dans un monde abstrait ; et alurs
on aboutit à la théorie purement logique et
abstraite de Hegel.
La première difGcuUé au^on rencontre
dans 1 étude des systèmes allemands, c'est b
langue même gu^ils se sont créée. Il f^^^
d'abord se faire un dictionnaire, et fii^^
d*une manière nette le sens de termes qui
reviennent sans cesse, et qui reçoivent une
acception tout à fait éloignée de celle qu'iN
ont dans l'usage ordinaire. Ces singularité^
(le langage sont-elles un avantage? Je veu^
vous faire connaître l'opinion «f un homme
qui, pour sa part, n'a ims peu contribué i
63
pm
OiCnONMAlRE APOLMfiTlQUfi.
$U
<^ ionoTatioBS. « Les Alleoiandsont si long-
temps philosophé seulement entre eux»
qu'ils se sont peu à pea écartés, dans leurs
idées et leur lansage, des formes universel-
iemeot intellipbles» et qu*on en est venu à
l'Teodrepourm^uredu talent philosophique
tes degrés de cet éloignement de la manière
rommane de penser et de s*exprimer. Il me
serait facile a en citer des exemples. Il est
irrîTé aux Allemands ce qui arrive aux fa-
milles qui se séparent du monde i>our vivre
oniqaement entre elles, et qui finissent par
a<Jopter, entre autres singularités, des ex-
f rei^ioos qui leur sont propres» et qu^elles
seules peuvent entendre. Après quelques
efforts infructueux pour répandre au denors
Il philosophie de Kant, ils renoncèrent à se
rendre intelligibles aux autres nations, s'ba-
i'itaèreot à se regarder comme le peuple
élu de la «philosophie, et la considérèrent
comme quelque chose qui existait par soi-
what aune existence absolue et indépen-
âi&te^ oubliant que le but de toute pnilo-
sopUe, but souvent manqué, mais qu*il ne
iaat jamis perdre de vue, est d'obtenir Tas-
seobment universel en se rendant univer-
teileneat intelligible. Ce n*est pas à dire
T<wir (daqp*il fSlIe juf^er les ceuvres de
peioét t$mmit des exercices de style ; mats
iMOle pkihM|lûe qui ne peut être intelli-
gible pov iPBtes les nations éclairées, et
aeeessrUa à foutes les laneues, ne saurait
Are, pir cela même, la philosophie vraie et
ooi>efseile(C68).
Est^e un étranger ou un adversaire de
j« philosof^e allemande qui tient ce lan-
m^ f Non, c^est un des fondateurs de cette
philosophie , c'est Scbelling luinmëme.
Uttoiqne ces paroles puissent être prises
pour un arrêt porté contre la philosophie
nrmanique, ou, du moins, contre plusieurs
ce ses parties, elles ne doivent pas nous
détourner d*nne étude dont les résultats
saai importants.
Le premier système dont je dois vous
présenter on aperçu , celui de Fichte, em-
^'ioîe sans cesse les expressions de mot, 'de
i^-moi^ de stf/el, d'objet f de con$cience,
Pvor Pidite» le moi représente la sensation,
e seutimentt Tintelli^ence, la raison, la
ulonté, en on mot, Tactivité qui est en nous,
fui est nous-mêmes. Le non-moi équivaut
a monde extérieur et au monde de Thu-
\ièuiié^ Le sujet et Vobjet ne sont que de
ouveUes manières de désigner le moi et le
^o-moi. Enfin, par le mot de cofu ctence il
e faut pas entendre le sentiment du bien
l du mal ; ce mot désigne tout ce monde
ilérieor que nous portons au dedans de
'ius-mémes, et peut équivaloir à la pensée
rfléchie.
Quel est le but avoué des théories de
icbte ? Ce philosophe ne se propose rien
koins que d aflrancliir le moi, ou Vhomme,
Er U>ute passivité et de toute dépendance,
eion loi» rtiomme» soumis aux seules lois
t >a propre nature, allrancbi de tout em-
pire étranger, ne peut rien recevoir du
dehors, et ne doit rien qu*à lui-même.
Fichte veut douer Tbomme de la liberté
absolue, de la toute-puissance; il en fait la
force spontanée et créatrice. Vous allez vons
convaincre qull n*y a pas lieu à m'accaser
d*exagération,
Kaot n*avait pu faire disparaître la dualité
de Tobjet et du sujet. Fichte, voulant rem-
placer cette dualité par Tunité, cherche un
principe capable de fonder Tuoité absolue
dans la pensée et dans le monde, et ce
principe, il croit ne pouvoir le trouver que
dans I homme, dans le moi, et dans la cons-
cience. Le principe de la philosophie doit
être en nous, dans la sphère du sujet, dit-
il, car nous ne savons que ce qui est en
nous ; nous n*avons le droit que de parler
de nous, et de nous affirmer nous-mêmes.
Oublions donc tout ce qui nous est exté-
rieur ; fermons la porte de Tâme à tout ce
qui vient du dehors; abandonnons le monde;
concentrons sur^ous-mêmes, sur notre moi,
tout re£Fort de notre attention; c*est là vé-
ritablement où nous trouverons la lumière.
Ce que nous connaissons premièrement en
nous c*est notre propre activité;ce sont toutes
les modifications, toutes les représentations
qui existent en nous; en un mot, c*est notre
conscience. Celle conscience naît et se déve-
loppe quand, par la réflexion, nous commen-
çons à apercevoir tout ce qui se passe en nous,
tout ce qui se meut et s*agite sur ce théAtre
intérieur que nous portons au dedans de
nous-mêmes. Le moi se représente ainsi
lui-même k lui-même; il se représente un
objet qui est lui-même; itêepose lui-même^
exj)ression sacremcntelle. La conscience se
fiit donc elle-même. L*activité qui est en
nous se réfléchissant elle-même nous donne
sa véritable origine ; elle ne relève donc que
d'elle-même.
Tel est le premier fait que Fichte constate,
qu*il pose <x>mme une vérité évidente, im-
médiate, et qui n a pas besoin de preuve.
De cette pensée, de cette conscience, qui
vient de se créer elle-même par sa propre
activité et sa puissance de réflexion, le phi-
losophe veut ensuite tirer l'universalité des
objets et le monde extérieur. Le problème
peut paraître difficile ; voie: comment il est
résolu par Fichte.
Mon activité, mon moi, éprouve uc choc
qui force le moi à se replier sur lui-même;
ma puissance vient se heurter contre un
objet qui résiste, se dresse devant moi, et
se pose comme une borne, une limite, une
négation de mon activité et de ma puissance.
Aussitôt liait en moi te sentiment d'une
existence distincte de ma propre existence,
d'un non-moi, d'un monde, d'un objet, et
d'un objet qui agit sur moi pour me limi-
ter.
11 semble ici que Fichte abandonne son
grand principe. Si le moi a sa limite dans
le non-moi, si le sujet est borné i>ar Fobjet,
le moi n'est donc plus absolu, tout-pnis-
'(^*S* Im^€m€nl de SckcUing wt If. Coiuin, traduction de M. Gbuusloi.
pm
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
pn
snm, rréatear ; et le $7stème e^t renyersé
par 8« base.
Comment Fichle échappera-t-il à cette
dffBculté ? Il reconnaît sans doute qne le
monde est une limite du moi. Mais il ajoute
que c'est la conscience* le moi lui-même,
qui pose ceUe limite. En effett dit-il, qui
est-ce gui pense le monde extérieur, le non-
moi, si ce n*esl le moi lui-même? Qui est-
ce qui pense les choses qui sont hors de
moi, si ce n*estmoi ? En pensant les choses,
je lesifose, je leur donne Texistence. L'i-
mage des choses s*élève des profondeurs de
nùn-moi ; je les conçois comme existantes;
je leur attribue une réalité; joles obisctivb :
et Toilà le monde eïtérieur. Toutes ces re-
iirésentations naissent donc de mon activité
libre et intelligente.
Il est vrai que le moi, en se distinguant
de ses Représentations, et en s*opposant le
inonde, rencontre des bornes. Mais comme
€<^s représentations et ce non-moi sont un
l>ro<h*U du moi lui-même; comme cette
*?Pl^sition est un résultat de son activité;
il suit que c'est le moi qui se borne lui-
même, et que, tout en s opposant un non-
moi, il ne cesse pas d'être absolu, inOni cl
souverainement libre. Voilà la solution que
Fichtc propose et que nous examinerons
bientôt; poursuivons Texposé de son sys-
tème.
Le monde n'est donc qu'une forme de
notre activité, une borne de notre intelli-
gence. Le moi est l'unique réalité, l'unique
principe; il pose lui-même les bornes qui
sont en lui. Unique réalité, ce moi n'est en
nous que dans sa forme individuelle ; et
pour bien saisir tout le système, il est né-
cessaire de le concevoir dans sa forme
absolue. Le moi contient tout en lui-même;
tout est en lui ; tout sort de lui ; mais tout
est en lui d'abord à Tétat irréfléchi. Pour
arriver à la conscience de lui-même,' il doit
se développer et manifester tout ce qui
repose en lui. Ce dévefopperaent et cette
manifestation s'opèrent, lorsque Tunilé es-
sentielle du moi se divise en deux éléments
ITincipaux, en sujet et en objet. Le subjectif
et l'objectif sont comme les deux formes,
les deux aspects, les deux organes de la
force active, essence de toute chose. Sous
.0 premier aspect, elle représente; sous le
second, elle est représentée; mais c'est
toujours la même force. L'absolu est donc
ridcntité même de ces deux asnects; et
comme le développement de l'absolu n'a pas
determe, il se produit dans une série infinie
de formes individuelles.
Le moi en lui-même étant l'activité ab-
solu, est absolument indépendant; car de
qui pourrait-il recevoir des lois, puisau'il
est I unique existence, l'unique réalité? Il
f!St l'absolue liberté, puisque les bornes
qu il s'oppose, les limites qu'il met à ^a
propre activité, sont son ouvrage. Le moi
a son but en lui-même; il esté lui-même
sa On, puisqu'il n*cx1slc que par lui et que
pour lui.
Fichte cherche ensuite à déterminer le
e»
but pratique de cette activité du inoi, et
alors il arrive à une théorie du devoir* el
de l'ordre moral, du droit et de l'état, dans
laquelle il n'est pas nécessaire de lesuiyre.
Tel est donc l'idéalisme transceodaDl
Fichte place l'homme sur le trône de l'ab-
solu; il lui ordonne de créer le monde par
le jeu des notions de son intelligence; et ce
monde, simple modification du moi loi-
même, n*a d'autre réalité que celle que le
moi lui prête. Ce système a été regardé
comme un prodigieux effort de la pensée
humaine. Quelque puissance quil imm,
j avoue que je ne suis |ias tenté de 1 admi-
rer, même en le considérant, indépendam-
ment de sa valeur intrins^e, comme une
sorte de construction poétiaue. ln¥olootai*
rement je me rappelle ces géants de h Fable
qui entassaient les montagnes |)ourescaiader
le ciel, et <jui, par ce vain et stérile labeor,
{ortaient jusqu'aux nues encore plus le
témoignage de leur orgueilleuse faiMei^e,
que celui de leur puissance réelle.
Je n'envisagerai pas le système de Fic'de
dans toutes ses applications, ni danstouie;
ses conséquences. Me renfernoant dam li
théodicée, je demanderai seulement à Fictit»
ce qu'il fait de Dieu dans son système
Partout où je trou ve la franchise» e( les
idées nettement exprimées, je sois porl(^ è
leur applaudir. Dans la discussion des srs*
tèmes, i*aime mieux une erreur neitmeni
formulée qu'une pensée douteuse^ eoreV
pée de voiles et de nuages, et qui ms
échappe lorsque vous croyez la saisit. So\is
ce rapport, nous devons de la recunna\s-
sance à Fichte; car il a su s'exprimer d'une
manière nette et précise sur le dogoieton-
damental de la raison et de la vie. Flcbte
déclare donc sans détour que le monde, tel
qu'il le conçoit, n'étant qu'une fonncJf
notre activité et une limite de Tespritt ne
peut nous fournir aucune donnée, pour ci)
conclure Texislence de Dieu et ses pcncf-
lions. Un Dieu personnel, créateur du oioiw«
et distinct du monde, évidemment ne KOi
pas trou ver place dans son système. Liu'>
lisme transcendant conçoit Dieu comme Inr-
dre que nous sommesappelés à réaliscr.D:«i
n'est que la loi morale ; la loi quidétenfliflf
la suite des événements ; il n*est que lil^
lisatiou du vrai, du beau et du bon : 1^^'
moral, en un mot. ^ .
Je ne vous signalerai pas rinutilwi «
vide, rimpiélé d^une notion pareille de»
Divinité. J'ai un moyen plus court d en noir
avec l'idéalisme transcendant; c'est de too^
montrer tout ce qu'il y a de forcé, d élro»«
de contradictoire dans Tidéo génératrice on
système : la ruine de la base entraine cen»
del'édiflce. , ^^,.
D'abord, il est juste de rappeler gj
Fichte, averti par l'universelle clamer
qu'excita j'apparition de son sj^stènie, f
mécontent d une doctrine qui ne pouj;'
satisfaire la droiture de son âme, mm
sans cesse ses principes, el arriva en Jt •
nier lieu h une théologie plus en harin<)7
aveo les lois de la raison et les besoin ^^^
PBl
BICTIONNAlilE AMILOGETIQUE
PUl
658
y. oalore ImiDaîoe. Mais* sous celte seconde
^ me^ son système est plein d'incohérences,
I aappelle pas un examen sérieux. '
Quand OD lit Fichte, quand on converse
^^ec cet homme» on se sent oppressé
,^maie dans un ]leu sans air et sans In-
,^ ière; on sent qu'il y a là quelque chose
^^ yiolentf de fatal» qui vous i)ousserait
ors de toutes les limites de la nature bn-
luiiie. Comment me persuaderairje que
elle intelligence dont l'ai le droit d'être
tr, sans doute, mais dont ie ne puis ce-
rodant méconnaître les défiiillances» est
kcliTîié même absolue, infinie ? Comment
S4 persuadera i-je que tout ce qui est hors
• nioi n'existe que par ma pensée, n*est
ai*uoe moditication de mon moi, et ne pos-
|de d'aotre réalité, que celle gueje lui
lête. Il est vrai que j'invoque ici le bon
E«, le sens commun, pour lequel certains
iosopbes d'outre-Rnin professent un
y»nd aédain. Du fond de leur cabinet , ils
pibtruisent le monde à leur façon, avec un
•ufond mépris de ce qu'ils appellent Tem-
linsme. Il laut donc combattre ces philoso-
Ae$ avec leurs proj>re^ armes; il laut leur
IKMTer que leurs principes ne se sou-
tMRieot pas, et renferment de palpables
«uttoficlions.
Soelb^si le non-moi n'existe que par
y tioi, et si le moi n'existe que par le non-
Aci k oon-moi est aussi nécessaire, aussi
9l^ila que le moi lui-même. Parlons plus
ÛM ' si le monde est la condition du déve-
b/^f^ment de l'intelligence, le monde est
^M nécessaire, aussi absolu que rintelli*
■Dre elle-même. Partant, le monde exté-
Ifur est aussi réel que l'intelligence elle-
iffie; et Tidéalisme tombe dans une
ttniière Gontradilion, lorsqu'il n'attribue
f>^;tlîté qu'à l'idée. Pourquoi le moi, Tac-
fité infinie Tient-elle misérablement se
9rier contre des bornes? Pourauoi ces
0ines, pourquoi cette prison ou vient
Wermer l'absolu? Vous me direz que le
fti»e pose à lui-même ces bornes. Qu'im-
vte? ces bornes cessent-elles d'être des
VDes, parce que le moi se les donne? Il a
luvoir, ajouterez-vous, de les dépasser
« reculant sans cesse. Mais reculer la
e, c'est la déplacer; ce n'est pas la
disparaître. La borne est donc dans
nce nidme de l'absolu, de Tinlini; et
arrivons à une nouvelle conlradic-
fia , si le non-moi n'est qu'une ar^pa-
t\ comme le moi n'existe que par l'op-
tion du non-moi , il n'est pas plus réel
ieiion moi lui-même; et nous venons
oous perdre dans le néant,
f's contradictions , aperçues dès l'origine
^fes amis et les disciples deFichte, furent
P^alées par Scliellfng et par Uégel lui-
''^ itr. L'impossibilité de s'arrêter à la doc-
Ao de Ficbte fut démontrée à tous. On
rha donc des routes nouvelles, mais en
;N^.Tvant toujours le |)oiiit de départ de
"^ Vile, On se plaça toujours dans le moi ; et
^ proMème à résoudre fut toujours celui
de l'identité de l'objet et du sujet. Ainsi ,
Fichte a été le véritable fondateur de la fibi-
losophie de l'absolu. 11 était donc nécessair*)
de connaître ce système avant de passer à
ceux qu'il a engendrés.
I n.
Point de départ de Sciiellin^; Il place la nature* «avant
Tesprit. --> La nature est vivante; elle est Je premier
développement de Tabsolu, et ne doit jamais èlre sâ-
Krée de lui. — Loi do développement de Fabiiolu. —
mment l'absolu arrive k rintelligence et k la liberté.
— Loi du progrès indéOni.— L'absolu n'existe que par
son développement dans la nature et dans l'esprit. —
Observations générales sur celte théorie. — 11 &ut
dierrher dans Hegel les preuves qui manquent dans
Scbelling. — Méthode et* métaphysique de Hegel. —
Point de départ dans la pore abstraction. — Elimina*
lion de toutes les idées corrélatives. —LV/re-néanl;
le devenir. — App'icaUon du principe. — RéfutaUon
de Hegel. —Impossibilité d'expliquer le mouvement
réel et logique de l'être ; de rendre raison de la réa-
lité. — Le devemr est Tinfinl, ou le néant absolu ; dans
les deui hypothèses la théorie de l'absolu croule ; ré*
ponse aux difficultés de Hegel. — La théorie de l'ab-
solu n'est que le mkHisme.
La base de la philosophie de l'absolu,
avons-nous dit» est dans ce principe» que
la connaissance du moi nous donne 1 essence
même des choses, identique au moi lui-
mAme. Fidèle à ce principe» Scheling se
place au sein de la conscience humaine e(
dans le moi; mais tandis que le moi de
Fichte est le moi individuel » celui de Scbel-
ling est le moi absolu. Fichte était parti
d^une activité f)urement idéale; Schelling
[lart d'une activité idéale et réelle à la fois.
I place même l'activité réelle avant l'activité
idéale; en d'autres termes»il place la nature
avant l'esprit; et au lieu de détruire la
nature de l'esprit» c'est l'esprit qui procède
de la nature. Nous ne sommes donc plus
obligés aux incroyables efforts qu'exige la
la théorie deFichte» pour se représenter
l'univers tout entier comme créé par le moi»
et comme une simple modification» une
simple borne du moi lui-môme. Nous sor-
tons de ces vues étroites» de cette position
violente; nous nous trouvons au sein de
l'activité absolue et réelle» qui est toutes
choses et qui opère en toutes.
Pour se laire comprendre, Scbelling exige
d'abord que l'esprit se dépouille, s'il le
[>eut, des notions ordinaires qu'il se fait do
a nature.'Nous nous représentons la nature
rommc une substance inerte en elle-même»
et mise en mouvement pardes forces actives.
Non, dit Scbelling» ne vous figurez pas la
nature comtne une sorte de germe inerte,
comiite une substance morte» soulevée»
mise en branle par des forces vivantes; la
nature est elle-même ces forces» ou plutôt
cette force» ccUe activité essentielle qui se
développe dans l'espace» et qui» par ses
mouvements d'expansion et de contraction »
forme les corps et donne naissance à la
matière. L'impénétrabilité, la résistance pas-
sive qu*on attribue à la matière» no sont
que cette activité elle-même remplissant un
heu donné de l'espace» et repoussant les
autres corps qui voudraient occuper le même
lieu. Tout est donc vivant dans la nature,
et cette matière qui nous parait inerte est
PHI
IHGTHKINAIRE APOLOGETîQUE.
m
le plus bas degré do cette vîe unirerselle,
qai s'ëlëre progressÎTement du monde inor-
ganique aux êtres or^^anisés et à rhomme.
Ce que nous appelons dans rhomme, esprit»
raison, existe déjà dans le degré le plus
infime de Tètre. Ainsi, il n'y a dans le
monde que ce mouvement d'une seule et
unique aetirité f»our devenir toutes choses ,
en passant du plus bas au plus sublime
degré de l'existence ; de là la grande maxime
de Fidéalisme objectif : Qœ iaui est un et
Mentique quant à Veggence.
Cet être universel, cette activité à l'état
de pure rossibilitéetde pure puissance d'un
développement infini , s'appelle la nature;
manirestée, réalisée dans les êtres, elle
prend nom à'un%ver$: et la réunion de ces
deux aspects forme le toul; l'absolu» le un,
l'identique.
Tous les êlres individuels reposent dans
la nature comme dans leur principe, et ne
sont qwe les formes , les manifestations de
son activité. Identiques à la substance même
de 1 absolu, ils ne doivent jamais être consi-
dérés séparément de lui, comme Tabsolu
lui-même ne doit jamais être séparé de la
nature. On ne peut pas séparer les effets de
hi cause, ni la cause des effets. Que sont des
effets sans cause? rien. Qu'est-ce qu'une
cause sans effets? rien encore. Le monde ne
doit donc jamais être séparé de son principe.
Mais comment s'opère le développement
de 1 absolu? Il nous est donné de le saisir
dans le fait même de la vie, dans le déve-
loppement des germes. Étudions donc ce
développement de la vie dans les germes ;
il nous donnera la loi du développement de
1 absolu dans les deux sphères de la nature
et de l'esprit. .
La force vitale, dans les germes, paraît
comme enchaînée et refoulée en elle-même;
mais cette force est essentiellement élastique;
elle est Télasticilô elle-même ; elle fait des
efforts continuels pour briser les chaînes
qui paraissent lier son activité, pour porter
a la circonférence tout ce qui se trouve dans
son centre, en un mot, pour se développer.
Vo3-ez cet œuf couvé }>ar l'amour maternel :
Jl s, y fait un mouvement intérieur; la vie
vent rayonner du centre à la circonférence,
et le jeune poussin vent manifester à l'exté-
rieur tout ce qui est déjà dans sa nature.
Le poussin, dans son développement, agit
exactement comme s'il avait sous les yeux
un modèle pour régler son action , une loi
qu 11 dût suivre. Cependant, il n'en est rien ;
en réalité, rt agit sans conscience ; il agit
fatalement, aveuglément, et se développe
sans connaître la loi qui préside à son dé-
yeloppement. Tel est le caractère du déve-
loppement de l'absolu dans la sphère de la
nature ; il n'a pas conscience de lui-même
et de son action ; il réalise un type qu'il ne
connaît pas , qu'il n'a pas conçu d'avance; il
le réalise aveuglément» fatalement.
wnnez au poussin le sentiment de lui-
même^ la connaissance du développement
qui s opère en lui, la connaissance du type
qu U réalise , et dès lors vous le douez de
conscience et de libeKé : de conscience , cai
il aperçu tout ce qui se passe en lui, il i
réfléchit lui-même; de liberté, car il rea
et il aime son développement; et il le ?eQ
et il l'aime selon la mesure qui le délârniifle
Ceci est notre propre histoire; mma/oHo
mtne, de te fhbula narratur. C*est on noos
mêmes , c'est dans rhomme que l'ai
arrive à celte sut-conscience^ à celle lîL
Le développement de Fesprit se faii , il
vrai , d'après une loi nécessaire; ou \L
il fiiut dire, pour plus d'exactilade , que
développement est nécessaire, car il ^
impropre de parler de loi lorsqu'il nV
pas de législateur. Mais quoique néces&a
ce dévelonpement est essenticllemenl lif
En effet, l'esprit, en agissant conformé
à sa nature, n'est soumis à aucune Tio!
extérieure, et n'obéit qu'à lui-même. l
se concilient la liberté et la uécessiic,
pluldt ainsi s'identifient la liberté i
nécessité.
La vie universelle ne sMIève que rar
gré à cette conscience de soi-même, à (
nberté, à cette sphère de l'esprit, nous
vous déjà reroar;]ué. Ici se montre lai
la perfectibilité indéfinie et du progrès
tinu. Le monde inséparable de son prr
la cause du monde inséparable desoo
constituent la vie éternelle et infioie, ,
est soumise à cette loi de la progression;
cette loi s'impose au principe et ikcê
du monde, comme au monde lQi-fl)éBe;i
est la loi même du développement de f
solu. ' ^
On parle beaucoup de progrès parmi ui
et'on a raison, puisque le progrès est la
de tous les êtres finis ; mais ce qu'il )
d'affliçeant, c'est de voir qu'on tourne
nroffres contre le christianisme, tandis '
le cnristianisme seul le rend concevaU
possible. Quand on parle de progrès hoi
christianisme, on ne s'entend pas soi-m
ou bien on admet cette théorie, qui,
dérant le progrès comme la loi univc
du monde, y soumet Dieu lui-même. L
nous, les partisans du progrès indéfini
remonte pas aussi haut, et ne sont pas
loux d'une métaphvsique aussi proft
Aussi ils réduisent la doctrine du proj
une théorie qui ne se soutient pas, et
pas conséquente avec elle-même. '
dant, et peut-être à cause du vagtie -
le laisse, ce mot magique de progrès fa
nombreuses dupes. Mais revenons à î
ling.
Pour réaliser celte progression in
qui est sa loi, l'absolu doit pouvoir re
successivement toutes les formes ; ei
être capable de ces transformations su
sives, il ne doit affecter primitivement
essentiellement aucune forme pariicalti
L'absolu, originairement en lni-môn)Pi|
possède donc aucune forme déterminée;
n'est pas l'étendue, il n'est pas la penséej
n'est pas l'intelligence, la volonté, l'espn!
il n'est pas la matière. 11 n*est qu'une r»
possibilité, une pure puissance d'^ f^^!^
toutes choses; cl, pour se réaliser, il dt^J'
iif
iiicncMCUoie ajhmjogctique.
.jiriser em laHoêaie» se pardculariser en
«loe moltiplidlé infinie. Ainsi» l'infini |>asse
•laos le fini ; et par œtie opposition du fini
i ilnfiai, rêtre se développe dans rexia*
Sdielling» après avoir posé Ions ees prin»
'ipcSy passaol à lear application, étudie
«.'aboffd la natora» et cherche à constater
tas les fiuts qo'die noos présente, dans les
:<n5 qu'elle nous révèle, le niooTemeot
> rafaaolii. Il eoostroit ahirs une philoso-
;bie de la natore, qni a donné son nom
>a srsièfDe qn'il a créé. La philosophie de
1 esprit Tient après celle de la nature ; et
re^tsedéreloppe par Thistoire, Tart, la
Tst'fiov eC la philosophie.
|jDrs«me Pesprit humain est panrenn, par
h philosonfeie, à se r^jarder lui-même
ci-isaie rabaoliie activité» développée dV
UwA dans la nature et ensuite dans la oons-
cvaee ; quand Tesprit humain a alCrmé
r^leatilé de toutes dioses ; alors le cercle
sàtrotsleiiceestdos» et Tabsolu estcom*
pict. !tous mt suivrons pas Schelling dans
tcMu ees applications de son princi|ie.
Td tA llAfialisme objectif. Il est évident
cette théorie , la nature et Tes*
ai enxHDèmes leur principe et
il oe peut se trouver hors du
la Heu créateur et distinct du
laamode matériel eiislant d abord
iKfhcafJr principe de TespriL Ce qui pré-
^èk iagi^ûement Tesprit est une pure puis*
»aaft^ qiû n'est rien en elle-même. Dans
û Baùue, radivité essentielle s'élève de
^^ en degré, de la pesanteur h la lu-
^'«Tf, de la lumière à la vie, de la vie h
"^iriî et à la pure idéalité. L'esprit, Fin-
têfii^ence, la volonté, ne se trouvent donc
;a5 ao poînC initial du développement; ils
3( sont qa'à son terme ; ils n'ouvrent pas
a «irière ; ils la fermeoL II n*j a donc pas
czicneorement au monde un esprit étemel,
MHaît* infini. Il n'y a que Factivilé abso-
i«Tie la Tie universelle, se dévoloppaot
( o/c^ressi vement , et perfectible à l'innoi;
f-t lui implique qu'elle n'est jamais actuel-
etjieot complétée, qu'elle ne possède jamais
ûiie eiistenoe définitive.
QMô d<»ctnne est la négation la plus
'OtB|flète de la doctrine chrétienne. Dans le
Loaile de la pensée, nous touchons le pôle
• ri^osé au pôle chrétien. Le rlirtstianisme
r ius enseigne que Dieu est Tèlre infini,
rîmiel, personnel, se suffisant pleinement
. îQi-mème, et créant le coude par un pur
«let de sa bonté. La philosophie de l'absolu
u- et ce Dieu distinct du monde, et cette
• réaiion du monde. Elle met h la place de
I^.eu un principe, une force indéterminée ,
sai n*est rien en elle-même, qui se déve-
•^« nécessairement dans la matière, et ar*
"ive à la liberté et à rintelligence par Tes-
[ni humain.
Ce système veut que l'essence des choses
o^His soit donnée dans la connaissance de
&>Qs-ménies, parée que cette essence est en
>Mis. liais n'est-ce | as supposer ce qni est en
.'-e^U«jn ? Il pK*senle la nature comme une
activité spontanée et absolue, lorsque Bolie
expérience personnelle et quotidienne noua
apprend que nous sommes passils eu mille
larconstances ; lorsque nous ne voyons au*
con germe se développer, s'il n'est fécondé
par un agent extérieur, s*il n'est soumis à
une action du dehors. Cette simrie obser^
vatiim détruit la théorie de l'absolu, qui
eii^ impérieusement que tout germe soit
actif par lui-même, et ne doive son déve-
loppement qu'à lui-même.
Le monde se développe avec ordre ; il
manifeste dans toutes ses parties et «tans
son ensemble une magnifique harmonie ; et
cependant, la théorie de l'absolu nia un
plan du m(mde, antérieur au monde , un
plan conçu et réalisé par une intelligence
parfaite.
Le développement de la vie est soumis ,
nous dit-on, à une loi fatale; et cependant on
parle de liberté. Il est vrai que par la li«
lierlé on entend la pure exemption de la
contrainte. Dans ce cas, le polype ou le co*
rail, qoi certes n'éprouvent pas le besoin
de chan^r de place, jouissent d*une liberté
aussi pleine que celle de l'homme, à la seule
différence de rintelligence.
Vous pensez sans doute qu'un système,
qui vient heurter de front les sentiments
communs de notre nature, étales croyances
générales de Thumanité, est appuyé sur des
preuves bien puissantes? je cherche ces
fireuves sans les trouver. Je vois bien que
'on signale çk et là des difficultés dans la
doctrine chrétienne, et qu'on veut leur
échapper par la théorie de l'absolu. Quant
à 6es |>reuves directes, on n'en donne pas ;
on se contente de dire : Vérifiez en vous-
mêmes toutes nos déductions, et si elles ne
sont pas conformes à ce qui se passe en
vous, à votre expérience intérieure, rejetez-
les. J'ose affirmer qu'il n'y a pas un boni-
me, un seul homme qui puisse rendre le
témoignage que les choses se passent en lui
c^mme le veut le système. Schelling lui-
même n'a-t-il pas infirmé son propre sys-
tème, lorsque, après vingt àus de silence, il
n'a élevé la voix aue pour eu modifier les
assertions principales?
Si Schelling n a pas cherché à démontrer
scientifiquement la théorie de l'absolu, cette
oeuvre a été entreprise par son disciple, de-
venu maître à son tour, oar Hé^el.
Le système de Hégei estau fond celi|i
même de Schelling : celte identité a été re-
connue et avouée par les deux maîtres. Les
principes, îes résultats sont identiques; il
n'y a de différence que dans la méthode.
Mais la méthode nouvelle de H^el, donnant
à son système un caractère spécial, et avant
pour but la démonstration rigoureuse Je la
théorie de l'absolu, est un objet très-impor-
tant, et qu'il faut oonnaitre. Nous trouve-
rons ici l'occasion, en approfondissant le
système que nous examinons, de le i^our-
suivre dans ses derniers retranchements, et
de dévoiler tout le vice qu'il renferme.
Je vais donc essayer de vous donner une
idée de cette méta(Âiysique qui sert de base
618
MCnOMNAlRE APflLOGETIQUC.
FUI
lU
au vaste système que le philosophe de Ber-
lin a conçu* et réalisé dans ses principales
parties. Hegel ne se place pas au point de
Tue réaliste de Schelling ; il gra? it les som*
mités les plus ardues de Tahstractton ; et
s*étahlit au sein de la logique, ou plutôt de
la métaphysique. Par un procédé d'élimi-
nation qui consiste à dépouiller successive-
ment la pensée de tous les concepts qui «
ayant des relations mutuelles, s'affirment
et se nient réciproquement, il cherche l'i-
dée la plus générale, et contenant toutes les
autres. Cette idée est celle de l'être, qui
seule résiste à sa dissolvante analyse. Aussi
ost-ce la seule gu'ii retienne, et dont en-
suite il veuille tirer tout le système de la
raison; Voici son procédé :
Nous ne pouvons pas penser l'être sans
nous le représenter sous certains caractè-
res ; et le trait distinctif de ces caractères
est qu'ils s'appellent et se repoussent réci-
proquement. Quand je pense à l'être, quand
je parle de Tètre, je mêle représente néces-
sairement-comme absolu ou comme relatif,
comme un ou comme multiple, comme né-
cessaire ou comme contingent, comme éter-
nel ou comme temporel , comme esjjirit ou
comme matière, enfin, comme inhni ou
comme fini. Tous les caractères énumérés
venant se résumer dans ces deux derniers,
pour abré^r, nous n'opérerons que sur les
deux derniers termes, ceux do Tintini et du
fini; et tout ce que nous dirons d'eux pourra
s'appliquer aux autres. Ué^^el remarque donc
que ces deux termes de la raison, le fini et
rinfini, s'appellent réciproqiiement. Essayez
de penser l'un sans penser Vautre en même
temps ; essayez de parler de l'un sans nom-
mer l'autre; vous ne le pouvez pas. Mais
il V? plus loin ; et il prétend que ces termes^
cff se* supposant et en s'appelant, se détrui-
sent Tun |)ar Taulre. £n elTet, poursuit-il ,
quand je dis de l'être qu'il est hni, j'affirme
qu'il n est pas infini ; et quand je dis qu'il
est infini, j affirme qu'il n'est pas fini. Ces
deux termes se nient donc réciproquement,
ils sont en opposition ; ils luttent, et se <lé-
truisent l'un l'autre. Ce tte opposition m'o-
blige à chercher au delà du fini et de l'in-
fini un terme qui les réunisse, où ils se
•oufondent, duquel ils procèdent. Si ce
terme n'existait pas, il n'y aurait pas d'u-
nité dans la pensée.
Ce terme dernier et suprême ne peut être
que ridée la plus générale et la plus vaste, la
plus comprénensive et la plus féconde, l'i-
dée même de l'être. J arrive donc à l'idée
d'être, qni n'est ni fini, ni infini, et qui
peut devenir l'un et l'autre.
Mais ici se manifeste une nouvelle rela-
tion. L'idée de l'être en appelle et en sup-
i)Osc une autre, qui, de son côté, l'appelle et
la suppose elle-même. Je ne puis pas penser
Têtre sans penser en même temps le néant ;
je ne puis pas penser le néant sans penser
l'être. Qu'est-ce que le néant ? c'est 1^ né-
gation de l'être. Qu'est-ce que l'être? c'est
la négation du néant. Toutefois, il n'arrive
nas à la relation entre le néant et l'être ce qui
advient à la relation existant entre le fini et
l'infini, et que nous venons de voirserésoi.
dre dans la destruction réciproque de on
deux termes. Loin d'être une relation d'o^
position et de lutte, la relation entre le nW
et l'être est une relationifMeafAeafriolMXiii
être auquel nous arrivons par réliiuinaiidli
de toute qualité, de tout monde, de toute d
termi ua ti on; cet être absol ument indétenot
est le vide lui-même. Nous ne saisi
nous nedistinguonsy nous n'apercevons ri
Cet être dépouillé, cet être na est donc
néant loi-même. Ainsi Hegel arrire à
maxime fondamentale, le néanUt titrt
ideniiqueê.
Toutefois , cet être-néant n'est im
néant ahsolu. C'est un néant féeoDd;
un milieu entre le néant absolu et II
développé; c'eal U devenir^ dat leerde
devenir est ce qui n'est pas, mais ce qui
être ; ce qui se fait.
Une fois en possession de cette idée
devenir, de ce aevent'r, rien n'arrèleri
Hegel. Sur cette base, il va élever sa
physique; avec ce devenir il va
monde. Ici nous ne suivrons pas
ne vous le montrerai fias évoquani
que sorte, du sein de ce devenir,
lormes de l'intelligence, toutes lesldl,
monde métaphysique ; déroulant 1*
comme on développe un germe d
parties les plus ténues, dans ses fi
plus délicates. Les transformations
ses, les déterminations multiples de
venir donnent successivement naissi
la qualité, à la quantité, à la mesure, à Fi
tence, à l'essence, à la notion, àlavi
l'idée.
Après tous ces mouvements logi
ridée sort de son abstraction ; elle se
lise, et devient la nature, en passai
plus bas degré des êtres matériels au
élevé.
Développée pleinement dans cette s\
l'idée monte plu& haut : elle devient 1*
l'esprit avec conscience de Tidentilé
verselle et de l'infinité. Et alors se fe
lui le cercle de l'absolu.
Il faut convenir qu'il y a dans toui
déductions une étonnante puissanea
prit et de conception. Ce système "^
contredit l'effort le plus puissant .
fait pour soutenir la philosophie del
Jamais, pas même dans Spinosa, elle^
lait montrée avec cet encnatnemeot d'
ces procédés rigoureux, ces déduct
vantes. Et cependant, j'ose le dire
elle n'aviHt étalé sa faiblesse avec plas
gueill et nuH^ part ailleurs on ne
d'une manière plH^ évidente et fAns \
ble le vice radical de cette théorie. C
que je vais essayer de vûas montrer
quelques courtes réflexions.
Pour se bien rendre compte de Tj
de Hegel, il fiiut se placer a son poioi
départ. Nous avons vu que ce point de
part est l'idée abstraite de l'être, de l'être 4
au néant, ou du devenir. D'abord onf
demander d'où procède le mouTCoieni K
us
MCTlOlCfAlRE àPOLOGETIQUe.
U$
.\àe de réire ; d*où lai Ticol !a force de se
oéreiopper; pourquoi le germe obscor et
roTek>|«pé ne reste- l-il |«as étemellemeat
lians cet éut inertef dans cet état de tor*
;^r? Invomier ici la natare , la nécessité
:<s choses c est ne rien dire ; car la bonne,
I naîe philosophie noos manifeste on tout
l'iire onire de déTeloppements ; et puis-
<;ït\ j a une antre explication de Tongine
•jti choses* il ne landrait pas se contenter
> poser nne assertion gratuite et sans
pctures: il laodraittde bonnes raisons : or
'« s'en donne pas. Je remarque donc (fu^on
aVxpliqne ras ce mouvement de Tétre-
taùU qui le dit passer au devenir. Mais
(«et n'est €|Qe la moindre des difficultés.
Cet être é^l au néant, ce devenir, qu'est-
f , sinon une pure abstraction lopque ?
<>j'e»l-ce €|ae Feiistence sans élre existant?
«^a'est-ceqiie Tètre sans Teiislence? encore
uefoisune pQreabstraction.Maisquepeut-il
(-rorewr d*ane abstraction ? Comment une
atriinctioo peut-elle être féconde? Comment
tr*r iTone abstraction, et le monde mêla-
fLpifÊtf et la nature, et Tesprit? Cne aixs-
tncôûaaedonnequ*une atistraction. Jamais
4r«ae idée abstraite vous ne tirerez rien de
rcel H ie vivant. Vous aurez donc une
ittUn ihÉheiie, un monde abstrait. Le
monde réd vins échapjiera toujours ; et ce
sera perle |itas arbitraire des procédés, ou
p/etft par nne eontradiction, et en niant
'"Cre principe, que vous pourrez passer à
a rét£rté. On pourra toujours vous défier
^jeler le pont qui doit unir vos abstrac*
t/'ifis i la Tîe. Toujours vous serez renfer*
ré dans le cercle d*aîrain qu une pensée
i3'2adense aura tracé autour de vous. Vous
;>'Qrrez mesurer les esj aces logiques. Mais
'^loe voas voudrez sortir de ce do-
'Jiiie, de ce labyrinthe où vous vous per-
«- 2. le fil eondurteur se brisera dans vos
Latins, et TOUS irez vous heurter contre on
i9f indble c4tftacle. Certes, c'est un grand
>. ce dans on svstème de ne pouvoir expli-
\-itT la réalité, la vie. Dans ce fait est la
rrare éTidente que ce système n'est pas
v\[ ressioo de la vérité, et qu'il y a, dans
e svstème, une lacune immense, une er-
rar capîlnle. Le moment est venu de lès
i^naler.
On cons dit que rAre-n^bnl, ou le deve-
:r, est le principe de tontes choses. Dans
^tie proposition , et sous les formes de
ftbstractiCMi, s^enveloppe, se dérobe et se
Kbe one erreur capilale et monstrueuse,
' ne crains pas de le dire. Il laut dédiirer
5 voiles qui la couvrent, la dépouiller,
\ mettre è nu, afin que vous puissiez la voir
vns toote sa difformité. Je rédame ici une
vere alteniion.
Je dis que cet être-néant, ce devenir est
iijûni lui-même, ou qu'il n'est rien, aliso-
unenl rien ; q[u'il n'est que le néant alisulu.
•os la première hypothèse, nous avons
nn de cause contre Hegel; et le Dieu in-
rM, le Dieu vivant et réel que nous ado-
tt^ e»t Téritablement le priucipe des cho-
-», *a cause universelle. Dans la seconde
hypothèse, Hegel affirme la plus grossière
des contradictions ; il établit la théorie dn
nihilisme absolu, et la vérité triomphe en-
core de lui.
Eiaminons la première hypothèse. D'a-
bord il est évident que pour devenir il tant
être déjà ; le devenir est le développement;
le 'développement suppose un germe , et le
germe renferme nécessairement tout ce qu'il
manifeste dans son déreloppemenULe deve-
nir suppose donc l'être. Mais au pointoù nous
nous sommes placés avec H^l, il n'existe
encore aucune modification, aucune déter*
mination, aucune particularisation dans l'ê-
tre. L'être ne connaît aucune borne; com-
ment et par «pioi serait-il borné 7 Sa forme est
donc l'infinité elle-même; l'être est vérita-
blement infini. Or, nous savons tout ce qui
est contenu dans l'idée de l'inOni ; nous
savons que l'infini est toule vérité* toute
beauté, toule bonté, tout être dans la sim-
plicité la plus absolue.
Qu'estrce qui pourrait nous eropêdier
d*aflirmer ici cette infinilé de l'être ? serait*
ce, comme le veut Hé^el, à cause de la cor-
rélation et de l'opposition de ces deux ter-
mes infini et fini; opposition qui les détruit
Tune par l'autre? Mais quelle étrange con-
fusion 1 est-il bien philosophique de faire
des conditions de notre intelligence les lois
mêmes de l'être? Quand il serait vrai que
ridée <lu fini accompagne toujours dans no-
tre esprit l'idée de I infini, et que ces deux
idées nous aiiparaisseut toujours dans une
opposition réciproque, s'ensuivrail-il que
ces deux idées se détruisent muluellement?
Quoi, aflSnner le fini, ce serait nier, détruire
l'infini ! et aussitôt que je concevrais le fini,
l'Infini cesserait d'exister! K'est-il |>as évi-
dent, au contraire, que la borne oue je ))Osc,
en affirmant le fini, est dans ce fini lui-mê-
me, et laisse Tinfini dans toute son infinité?
Comment la réalité des êtres finis, partici-
pant dans un de^ donné à la force, à Fin-
lelligence, h la vie, détruirait-elle la force ,
rintelligence, la vie infinie? Bien loin de
là ; c'est parce qu'il y a un infini réel et vi-
vant que le fini est possible.
Dans ces raisonnements je suppose que
les idées du fini et de l'infini sont insépara-
bles pour notre esprit. Ce|>endanl il est
certain que nous .concevons Tinfini tout
seul » et se suflisant pleinement à lui-mê-
me ; et ouoique le terme qui l'exprime soit
n^tif, ridée ne nous représente pas moins
la suprême réalité.
C'est donc une étrange opinion de croire
Sue l'infini, pour vivre de sa vie, a besoin
e se diviser, de se particulariser, de se dé-
terminer, en un mot, de passer dans le finit
Car s'il est vrai oue le fini soit la deslruc-
tion de l'infini, il s'ensuivrait que l'infini,
|iour vivre et se développer, a besoin de sa
détruire. Etrauj^é infini 1 C'est encore one
grossière illusion de concevoir quelque
chose au delà du fini et de rinfini , un être
qui ne serait ni fini ni infini, comme le
veut Hegel. Tout être est nécessairoracnt
fini ou infini ; au delà il n'y a qu'une abs-
647
PHI
0ICT10N?iAIA£ APOLOGETIQUE.
m
(A
traction logique toul à fait impuissante et
stérile»
Aucune des difficultés que Hegel nous
oppose ne peut donc nous arrêter, elles
sont vaines ; elles s'évanouissent ; et Tin*
fini Tivant, réel et personnel, reste vérita-
blement le principe des choses. Dans son
devenir^ Hegel pose donc Dieu lui-même;
mais alors toute sa théorie s'écroule, et il
faut rentrer dans Tidée chrétienne de la
création.
Celui oui affirme le devenir affirme Tètre ;
et, dans la région où nous sommes, affirmer
Tètre c*est affirmer TinOni , c'est tout dire.
Nous venons de le prouver. Hais puisque
Hégel exclut formellement ce sens , que lui
restera-t'it, et que sera son devenir? Ce de-
venir n'étant pas l'infini » n*e5t et ne peut
être que le néants C'est la seconde hypo-
thèse que nous avons formée. Ici notre tA-
che estfat^ile. Du néant que peut-il sortir?
rien ; ex nihilOf nihil. Placer le néant au
principe de l'être, c'est la plus étrançe des
aberrations. Hégel le sentait, puisqu'il cher-
cliait un milieu entre le néant et l'être, le
devenir; et nous lui prouvons que ce mi-
lieu est illusoire. Donc si Hégel veut être
conséquent, il doit partir du néant absolu;
à lui le labeur d'en déduire l'univers:
La méprise que nous signalons ici est la
caus(5(?e toutes les lacunes , de tous les vi-
ces de la lii4ùri6 hé$;.élienne. De là l'impos-
sibilité d*expliquer le ;nouvement logique
et réel dans l'être; de li l'impossibilité de
sortir de l'abstraction; de là enfin le terme
iatal où Hégel vient alx^utir. N'ayant pas
voulu partir de l'infini vivant et réel, du
Dieu do la conscience et de l'humanité;
ayant voulu soumettre l'infini h la loi de la
progression , et faisant Dieu perfectible, il
n'aboutit qu'au nédnt. En effet, à quelque
moment de la durée que vous conceviez le
mouvement de l'absolu, qui se développe
éternellement dans la nature et dans 1 es-
prit, ce mouvement n'est jamais arrêté;
l'absolu a toujours devant lui une infinité
de développements. II se fait toujours ; il
n'est jamais. Par conséauent l'absolu n'existe
dans aucun moment cfonné; il n'existe pas
véritablement; et il n'y a de réel que le
fini, et sa progression sans principe et sans
but. En des termes plus clairs, I existence
est une illusion, et il n'y a de réel que le
néant.
Oui, le néant, voilà le fond de toutes ces
théories de l'absolu. Dépouillé de tous les
ornements dont on le charge, l'absolu nous
laisse voir ce vide affreux, ce deuil univer-
sel; comme ce tombeau qui brille de l'é*
clat des marbres et des sculptures, et qui
ne recèle qu'un peu de cendre et quelques
atomes de poussière. Ainsi, les lois univer-
settes se vengent; ainsi, la pensée or^eil-
leuse et téméraire trouve son châtiment
dans se& propres systèmes.
Je crois avoir tenu la promesse que ie
vous avais faite de comtuittre la théorie de
l'absolu sans me servir d'aucune considé-
ration morale et pratique, et par des prin-
cipes purement rationnels. L'appr^ntioQ
de ces conséquences, je les abandonne \
vos consciences, et à voseosars. Sorlelmo.
ton du temple de l'absoia il faut écrif^
comme Dante au seuil de reafertOvous
?ui entrez ici, laissez, laissez respérance..
lus de litierté morale, plus d'amuur, pliu
d'immortalité, plus de vie et de bonheur!
l'existence n'est qu'une ilJasion , ia rie
n'est qu'un'songe cruel, et la mort n'est mie
le néant I...
PHILOSOPHIE PANTHÉISTIQDE DE
L'HISTOIRE. — La philosophie de TbiV
toire, au point de vue panthéistique^iét^
fondée en Allemagne par Fichte et Scbel*
ling. Hégel, venu après ces deux philoso-
phes, a résumé et complété leurs trams;
et, malgré certaines différences, les doctri-
nes historiques de ces trois pbilosopb
concordent dans leurs principes et dai»
leurs résultats. Les idées émises par SpI-
nosa sur la nature et l'origine de la rela-
tion ont trouvé chez ces écrivains leur «lé-
veloppement et leur complément.
Les théories historiques do MM. (m%
Michelet et Lerminier, ont avec les dacm-
nes allemandes des rapports qui équinleal
à une identité réelle. Partant du \mm\t
jMinthéistique hautement avoaé, les siiou
simoniens, lorsqu'ils ont voulu iaire m
philosophie de rhistoire, devaieol se ren-
contrer avec leurs prédécesseun Mpé
des différences tranchées, qui (iffloeiKi
des points de vue particuliers ^Ues addi-
tions et h des modifications m eii^ue
écrivain a introduites dans Sà théorie per-
sonnelle, il résulte de cet ensemble ie ira*
vaux une doctrine une . et identique, qa<*
l'on peut appeler la philosophie paoth&li'
que de Thistoire.
Le principe interne, la force eacbéeqoi
réside dans l'humanité et produit tons)»
phénomènes de la vie humanitaire, estiJeo
tiquement le même princiiie^ la même to
qui produit tous les phénomènes da moad?
extérieur et de la nature. Dieu est àm
l'humanité, il est l'humanité; en elleeipsr
elle il se développe et se manifeste. \nCf
terminé en lui-même, sans attributs, m
vie propre, il se manifeste par le moodf ^
Ear l'homme. De là la nature et i*hisl^'^
lais au milieu des formes les plusditer>e^
et de la multiplicité inlinie de ces défckr
pements, ce principe reste toujours iMt-
que à lui-même; au fond, il ny ^^.^ ^^''
table existence que la sienne; la dirers)!^
et la multiplicité ne sont qu'apparence ei
illusion.
De cette base métaphysique, les panthéis-
tes concluent et sont obligés de conciunr
que l'esprit humain se développe jar^
seule vertu, qu'il n'a nul besoin d*^\^^^'
tion extérieure. Par une nécessita m^
rente, l'esprit humain produit la pen*^»
crée les idées, le langage ; enfante la ^
ciété, les arts, la reti^on, la philosoplni*:
Ces manifestations des puissances iiiier^
de la nature humaine doivent être tam
pies, diverses et successives : de là !« '^*''
U9
PHI
mCTIOiNNAlRE APOLOGETIQUE.
PHI
tifl)ité de toutes les formes que rev^t 1a
>easée, et la nécessité de ses transi'orma-
toos successires et toujours progressives.
L'erreur, le vice, le mal ne sont pas, ou
lesont que cette diversité et cette succes-
ion, source de toute harmonie et de toute
•faute. Il n'existe pas non plus de vérité-
Jisoluc et immuable, puisque le change-
Aeut est la loi de la vie.
Tels sont les principes et les fondements
eia philosophie panlhéistique de l'histoire.
' A été prouvé que ces doctrines, basées
iif la plus fausse métaphysique , n'expli-
aent pas Tesprit hum^n; qu'admettre cette
Tic interne qui produit tous les phéno-
^nes de la vie humaine, c'était au fond ne
tn admettre, et que, de la part de nos ad-
■rsaires, tout se réduisait à dire : L'homme
sse et parle i>arce qu'il pense et parle ; ce
U n est ni scientifique, ni clair. Il a été
«Duré aussi que l'homme ne peut inventer
liiées. ni le langage; qu'il a besoin d'une
ttiuiion extérieure pour naître à la vie
ilrilectuelle et morale, comme à la vie
[âque; qu'il est passif lorsqu'il reçoit les
comme lorsqu'il apprend le langage.
lUksse présentent avec des caractères
vlà, d'universalité,, d'immutabilité, de
tfMûii, qui ne permettent point de les
""nhisriu moi m au monde. L'admirable
\de là pensée et de l'expression n'a pu
£>nné par Thomme, qui le conço t à
)e (668J. Il existe donc au-'lessus de
irne une intelligence souveraine qui
rVi)t les idées, à qui elles appartiennent,
(ui les manifeste. Cette conclusion est
tiiyée sur toutes les traditions histori-
s qui ont admis une révélation primi-
f faite à rhomme. La tliéorie sur Tori*
« de la pensée, aue nous avons discutée,
Jonc nen de pniiosophique ni d*histo-
ir. La notion qu'elle nous donne de l'er-
r et de la vérité, du bien et du mal, in-
ùVvables avec les faits humains, n'est au
\ que la théorie du scepticisme, la con-
un même du bien et du mal, le chaos
llectuel et moral.
principes généraux une fois posés, le
1er objet d une théorie historique est
;er les époques de l'histoire et des
ormatious successives de la pensée
ne. Les explications que nous offrent
iibéistes rendent-elles raison des faits?
s de véritables explications? Telle
question que nous avons à examiner.
ne nions \»as sans doute qu'il ne se
£e iÏAus ces théories des aperçus ingé-
, Jes vérités de détail, des vérités ité-
Mes. Mais nous prétendons ({ue tout ce
Ht nous donne pourjes lois du déve-
"'-ment limnain et de l'histoire est faux
ï »f«05é aux faits historiques. Dans cette
^e, nous nous occuperons principale-
M des déveiop|>emenis religieux et phi-
\ituques.
il.
Première époaue du développemenl relifljeoi , le féU
cbisme. — L hypoUièse d*uD éUl priroitusauvage oo de
barbarie est renversée par l'histoire comme oar la
saine métaphysique.
Le premier degré du développement hu-
main, suivant les panthéistes, est le féti-
chisme ou la religion de la nature. L*homme
d'abord, nous dit-on, ne se distinguait pas
de la nature; sa vie n'était qu'un instinct
obscur et impersonnel. Peu h peu il apprit
à se connattre, à se séparer de tout ce qui
l'environnait; le moi se fit jour à travers le
non-moi. Mais l'homme naissant devait être
dominé ftav la grandeur du spectacle qui
s'offrait à ses yeux.. La nature lui apparais-
sait comme une puissance inconnue et ter-
rible. Passant tour à tour des sentiments
de l'admiration à ceux de la crainte, il ado-
rait la nature dans ses puissances bienfai-
santes, et tremblait devant ses terreurs et
ses fléaux; do là l'idolâtrie et la magie.
L'homme à cet âge, réduit à l'état sauvage,
h la barbarie la plus complète, était sans
lois, sans espoir d'avenir, sans famille; il
errait dans les forêts et disputait aux bêtes
féroces la proie qui devait devenir sa nour-
riture. Souvent il engageait une lutte ter-
rible avec son semblable; le plus faible de-
venait la victime, I horrible pâture du plut
fort. Le saint-simonisme a vu dans Tan*-
thropophagie le premier de^^ré de l'industrie
humaine. Telle est, nous dit-on, la véritable
origine et la première forme de la civilisa-
tion.
L'état sauvage est un fait incontestable,
puisqu'il existe encore dans les forêts de
l'Amérique. La question à décider est celle
de savoir si cet état est primitif, ou bi n
s*il n'est qu'une dégradation. Nous avons
longuement établi ailleurs(669) que l'homme
n'a pu se développer spontanément, qu'il
n'a pu inventer ni \& |)ensée ni la parole, que
par conséquent il a commencé par la science,
ce qui renverse l'absurde hypothèse do
Fétat sauvage comme l'état originaire de
l'humanité. B*ailleurs si Thomme eût com-
mencé par cet état, pourquoi et comment
en serait-il sorti? Lorsque les philosophes
veulent explic^uer le passage de l'état sau-
vage à une civilisation commencée, ils prê-
tent au sauvage des idées et des besoins
empruntés à un état plus avancé; des idées
et des besoins qu'il ne pouvait avoir. Cette
remarque se trouve contirmée |>ar l'expé-
rience : jamais on n'a vu les sauvages s'éle-
ver par eux-mêmes à la civilisation; ils y
ont toujours été initiés par un peuple déjà
civilisé; ceci ne souffre aucune exception.
Des marques évidentes de dégradation se
font reconnaître chez ces populations mal-
heureuses, errantes dans les forêts, et con-
firment tout ce que nous apprennent les
taxis et le raisonnement. M. de Maistre, qui
a jeté un grand jour sur celte question,
comme sur toutes celles qu'il a, traitées «
*'^' Y(ty. rf^icuoLOCif;.
Vtr,r:nyyAiht apologétique. II.
21
«51
piii
DICTIONNAIRE AP(M.OGCTIQUE.
Pin
OS)
1
1
noua fait un tableau effrayant de la dégra-
dation des sauYages (670)
Toutes les traditions des penples, tous
les monuments historiques, le haut degré
de civilisation auquel furent élevées, dès
leur origine 9 les plus anciennes nations,
nous fournissent encore des preuves irré-
fragables contre la priorité de 1 état sauvage.
En effet, tous les peuples ont connu Tâge
d*or, tous ont su que Thomnie avait joui
d*un état de perfection et de bonheur, tous
ont conservé un vague souvenir de l'antique
déchéance. Quelle force, quelle valeur peu-
vent avoir des hypothèses arbitraires œntre
une tradition universelle et constante? Les
plus anciens monuments écrits que nous
possédions, sans parler des livres de Moïse,
soni contraires à Thypothèse de i*état sau-
vage. Après les Hébreux, les Indiens ()os*
sèdent incontestablement les plus anciens
livres du monde. Le code de Manou, les
Védas, k côté de déplorables erreurs, ren-
ferment de sublimes vérités, des idées très-
hautes de la Divinité ; Hegel lui-même en
fait Taveu. Ces livres s'adressent à un peu-
ple civilisé, et qui a toujours connu la ci-
vilisation. Aucune trace certaine de cette
barbarie piimitivct qu'on nous donne pour
le berceau de l'humanité, ne s'y fait remar-
quer; bien loin de là, une tristesse pro-
fonde, ridée d'une chute lamentable et d une
déchéance universelle se trouvent au fond
de la cosmogonie de Manou. Les monuments
des arts et des sciences des peuples primi-
tifs nous offrent encore leurs gigantesques
débris, qui semblent porter un déti a la
science moderne. Pour expliquer cette civi-
lisation avancée, on aurait vainement re-
cours à une antiquité indéfinie. La certi-
tude historique ne remonte guère au delà
de huit siècles avant l'ère chrétienne. Mal-
gré tous les efforts d'une science ennemie,
la chronologie de Moise n'a point été ren-
versée; au contraire, toutes les déc/>uvertes
modernes la démontrent.
L'hypothèse fondamentale des panthéistes,
pour expliquer le développement de l'hu-
manité, contraire à la saine métaphysique,
l'est donc aussi aux réalités historiques.
jlï.
£poquei secondaires du dôvetoppemeat religieux. — Ou
nj trouve pas le Ucn de succession et de prûgr(*8 eiigé
par les théories panthéisUques. — EniaJuiUou. — DÛa-
lisme.
Sont-ils plus heureux en avançant dans
la carrière de l'histoire? Leur système exige
impérieusement qu'il ait existé un lien de
succession et de progrès entre les formes
diverses qu'a revêtues la pensée humaine.
Ils s'efforcent d'établir cette succession, de
liémomrer ce progrès. Ils mouirent l'idée
religieuse grossière, va^juc, indéterminée
dans rindc, se j^pirilualisant, se détermi-
nant toujours davantage daus sa route par
(670) VoH. celte peiuiure de VéM sauvage par le
comte de Naiiire, à Tari. Pstcbologic, j 111, où
nuui L-aiiousatie qucsiioo avec plus de deuils.
la Perse, TEgypte et la Grèce. Celle idée
arrive à son plus haut degré d*unilé et lie
spiritualité dans la Judée, berceau do cliris-
tianisme. La conception de la destinée ha-
maine est toujours analogue aux phases de
ridée religieuse; la liberté et la moratiii
vont toujours en se dévelopfiaai et en gno*
dissant de l'Inde au cbristianisuie clàrEar
rope moderne. Que le lecteur veuille kifi
se rappeler les théories de Hegel, qui ontéii
la véritable source des autres. ]
Le système de l'émanation est au fond de
toutes les doctrines religieuses dft l'Inde;]
se trouve dans les plus anciens monuine
écrits de ce peuple. Ce système, cooi
nous l'avons vu (671), n'était qu'uDeall
tiou du dogme de la création; Scblc
l'envisage sous ce point de vue, lorsq
dit : «i Si l'on considère le système indieo]
l'émanation comme un développementi
turel de Tesprit, il est absolument ioei
cable; si, au contraire, on l'envisagecM
une révélation altérée ou mal couii
tout s'éclaircit, le système devient tr
cile & explianer (672), h Ce dogme
source du polythéisme et des niytlul
il enfanta aussi le panthéisme, qui
la traduction philosophique. La philo ,
panthéistique se développa dans nolîL
la plus haute antiquité; nous la trofliRt
dans les plus anciens écrits et les phsîf
ciennes écoles philosophiques de ce
L'école védanta, venue la dernière i
veloj)pé cette doctrine avec plus de se
de rigueur; mais elle existait déjà,d'l
le témoignage de Sehlegel, dans les
anciens systèmes philosophiques. Le
théisme indien a été le plus rigoureaiij
plus conséquent de tous; les pbilosu''
védantistes sont arrivés aux Uuiites de
doctrine, et leur conception fondamei
n'a pas été dépassée» Les panthéistes
dernes, Schelling^, Hegel lui-mëue, ^
en réalité rien ajouté au système. Cr
dant cette doctrine nous est donnée a>
la science absolue et le dernier tcrffit
tous les progrès de l'esprit. Quatre
ans de durée, la multitude des peuple
religions diverses, les révolutions, lesj
res, tous les événements qui se
duits sur la scène historique, n'ont
but, nous dit-on, que l'enfanteû)!
rieux du progrès humain. Plus
que nos pères, nous voyons ce pr
compli , nous jouissons de sus bii
nous concevons l'identité universel!
l'aflirmant, nous savons tout. Pépl
illusion de l'esprit de système! Lati<
qu'on nous donne comme Kapogéedel
prit humain était connue, enseignée i]
I»lus de trois mille ans au fond de TOnj
elle a fait des apparitions successives d
le monde occidental; quelques philos»!
soiHI
iplesri
l'ont adoptée ; les masses 'ne Pont j^
comprise i l'humanité a poursuivi soo <t^
(67!) Voy. EmkKkjHKi el Cbéatior, {I.
(672} ^Mot sur lu iangus el In fhih}»M
tiudottif traduction de M. Uazcrs, p. ïi^»
l
fô
rai
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
Pin
€61
min sans s'arrêter à eiie. Toujours hostile
•u rériutle progrès, celle «ioctrinc s'est
luonlrée contraire aux intérêts de fliuma*
/i;l«'; elle a inspiré un fanatisme absurde»
.Vrr/é là raison et jusiifié la corruption mo-
-ait*. Ce seul fait de l'eiislence du pan-
Fftéisme aux éiioqaes les plus recalées ,
>ri>uire donc qa il n'y a pas eu sous ce rap*
^rt progrès dans la connaissance humaine,
i dément toute la théorie historique des
%nlbéis;es.
les panthéistes cependant reulent qu il
ait eu progrès lorsque Tesprit humain est
issé des anciens syslèraes unitaires, Téma-
tUm ti le panthéisme, aux hjrpothèses
lalisles. L'idée religieuse se serait perfeo-
pnée, selon ces philosophes, par le dua-
toe^rsan. Il faudrait dire, au contraire,
h I idée religieuse s'est égarée dans le
ihsoie; car si tout est «« , les sysfômes
ires sont la yérité, et le dualisme n'est
mensonge. Encore ici la théorie du
s est en défaut.
traditions primitives altérées, l'éma-
jfioo, le panthéisme, le dualisme, des faits
itekiiies, des faits physiques constituent
MM commun de toutes les my tholo^ies,
piinmt modifiées suivant les temus, les
Hn, W caractère de chaque peuple. Au
kees diversités, les savants recon-
fidentité de ces inythologîes, et les
t à quelques éléments fondamen-
|B. Le thème a reçu bien des vjiriantes,
f0«u fond il est resté le même. Les di>
§ûlés qui se trouvent dans ces doctrines
É Jonc plus dans la forme que dans le
Ik plus accidentelles qu'essentielles. Ce*
Maol les panthéistes semblent placer le
très dàas ces variantes purement aeces-
fts. ToQS ces systèmes d'ailleurs i même'
fias contradictoires, ont été conteinpo-
la chez les divers peuples. Ainsi, jjen-
I qu'une doctrine unitaire régnait dans
de et dans l'Egypte, le dualisme triom-
It en Chaldée et en Perse. Que devient
^ la succession des doctrines exigée par
ttiéories panthéistiques^
i « ML
^Me do dirlstiaiitaDe reoverae loales ces Uiéories
(ues ; vains efforts pour Tespliqaor.
le fait contre lequel viennent sur-
louer et se briser les efforts et les
Ltooa des [Minlhéistes, c*est le fait de
^ lion chrétienne. Un petit peuple
rips obscur'et ignoré, séparé des au-
tionis par les barrières naturelles des
r);nes qui l'environnent, comme par
fs, ses RMBurs et son génie, poss^e,
r un ique richesse, un livre incontestable-
II /e plus ancien dn monde. Dans ce livre
fMuve une doctrine distincte de toutes
i^ictrinas professées par les autres peu-
Celte docirine non-seulement se dis-
^i«? des autres doctrines, mais encore
les condamne, les anathémattse ; elle se
* (ooinie la néj^ation des croyances
)%5 également parles nations civilisées
^r les peoples barbares. Dan^ ce livre
est enseigné, de la manière la plus for-
melle et la plus claire, le dogme de l'unité,
de la spiritualité, de la personnalité de Dieu.
Dieu a tiré le monde du néant, il la créé
par sa parole toute-puissante; ce monde,
au sortir des mains de Dieu, était pur et
parfait; le mal s'y introduisit par l'abus de
la liberté créée; Dieu permit cet abus par
des raisons di<^nes de sa sagesse. Ce livre
nous fait donc connaître Torigine de l'er-
reur, du vice, des dégradations^ des souf-
frances qui pèsent sur la nature humaine.
11 nous marque aussi l'origine de tous les
peuples ; nous donne le moyen de ramener
a l'unité les vérités éparses et altérées con*
servées dans leurs traditions, et nous ex-
plique les f^iuses qui ont amené ces déj^ra-
dallons successives des vérités divines. Mais
s'il nous fait connaître le mal, il nous eu
montre le remède; il conserve les espé-
rances consolatrices du genre humain, il
prophétise le salut. Cette œuvre de répara-
tion s'accomplit dans les temps marqués.
L'homme est régénéré, les vieilles erreurs
de l'esprit disparaissent ; les vices du cœur
sont corrigés; des vertus nouvelles sont
fondées; tous les hommes sont appelés au
banquet de la vérité et de !a chanté. Tout
se lie, s'enchaîne dans ce livre, les dogmes,
les faits et les institutions ; tout concorde
pour former une unité compacte et indivi-
sible. L'idée la plus haute de la destinée
humaine, la plus pure morale s'allient aux
enseignements dogmatiques. Tout se déve-
loppe, mais rien ne change, rien ne varie;
la vérité esl toujours une.
Voilà les faits que le panthéisme esl tenu
d'expliquer. Comment s'y prend-il? Remar-
quons d'abord que si le panthéisme est la
vérité, le christianisme est la plus grossièn;
et la plus impie de toutes les erreurs. Rien
n*est plus op|)Osé que ces doctrines; elles
sont en contradiction flagrante et palpable
sur tous les points , sur la notion de Dieu
comme sur celle du monde, surj'orijjino
du mal comme sur la destinée humaine.
Entre des doctrines qui sont les deux pôles
opposés de la pensée humaine, tout com-
promis est impossible; toute alliance, une
jirétention absurde; toute identité, un non-
sens. Or, c'est cet accouplement monstrueux
que les panthéistes veulent opérer. Ils sont
forcés de reconnaître que le christianisme
est la plus haute manifestaiion de l'idée
religieuse, qu'il est la source de tous les
véritables progrès de l'humanité. Mais cet
aveu se conçoit-il dans leur bouche? Si ces
(ihilosophes ont la vérité pour eux, le cbris*
tianisme est la i>lus étonnante des aberra-
tions de la pensée humaine. Comment l'er-
reur et le. mensonge ]>euvent-ils être si
utiles aux hommes? Comment se fait-il que
les religions qui sont- parties du dogme
jianthéistique n aient servi qu'à abrutir et à
dégrader l'espèce humaine, et que le dogme
opposé, quon doit regarder comme une
déploiable erreur, soit la source de la di-
gnité, de la liberté ' " — "'-^x ^-muaine?
Le chnslianismi *uu
C55
PHI
DiCTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
PIO
63(
développemeiU des doctrines anciennes^
ses dogmes se retrouYent dans loutes les
traditions orientales. Comment des doctrines
aussi opposées peuvent-elles partir de la
mémo source? Comment la négation et
Taflirmation peuvent-elles être identique-
ment la même chose? Quoil le christia-
iiisiiie n'est que Tancien système de Téma*
nation, le panthéisme , le dualisme? Qui
pourra soulenir, en face des faits et des
enseignements si précis do la révélation
mosaïque et chrétienne, une assertion |ui-
reiile? Quand et comment s est opérée cette
fusion impossible 7 Qu*opposerez-vous de
plus ancien au livre de A* oïse 7 Direz- vous
que ce législateur a emprunté ses doctrines
aux Egyptiens ou aux Indiens? Mais, en-
core une fois, il y a contradiction entre son
dogme et celui de ces nations. L'emprunt
aurait-il pu se faire après Moïse? Mais la
doctrine hébraïque n'est-elle pas parfaite*
ment une et identique, ne se rattacne-t-elle
pas tout entière au Sinaï, à Moïse, aux pa-
triarches; et le christianisme n*est-il pas la
conséquence forcée du mosaïsme? Quelle
dissonnance (ouvcz-vous constater dans
celte parfaite unité? D'ailleurs, avant toute
discussion doctrinale, ne faudrait-il pas
renverser les faits divins du christianisme,
les bases historiques sur lesquelles s'appuie
sa divinité?-
Les interprétations des dogmes chrétiens
tentées par les panthéistes sont le produit
de ces préoccupations systématiques, qui
leur font chercher lorigine de la doctrine
chrétienne dans les anciennes traditions
orientales. Hegel n'a voulu voir dans les
dogmes de la trinité et de Tlncarnation que
les transformations de l'esprit. Le Père, le
Fils et le Saint-Esprit représentent, selon
ce philosophe, l'intini, le fmi et l'union de
tous les deux ; d'abord l'identité, puis la
distinction, puis ensuite le retour à i'iden*
tité. Or, telle est la loi du développement
do l'idée. Le dogme de Tincarnation n'a
point une signitication moins philosophique;
il repr<isente l'apparition de Tidéal dans le
réel, l'union de ndée avec la forme. L'in-
carnation est donc perpétuelle; elle se con-
tinue dans les siècles; aussi le Saint-Esprit
est touiours présent à l'élise. Le péché
originel n'est que l'imperfection native de
notre nature, la condition même do tout ce
qui est fini. La rédemption n'est que l'effort
que fait l'esprit pour se dégager peu à peu
des liens de la matière, pour arriver à la
pleine manifestation de toutes ses puissan-
ces. Ces interprétations ont été reproduites
avec des modilications par les éclectiques.
Les idées dessaint-simoniens rentrent aussi
dans ce point de vue , quoiqu'ils les aient
/exprimées sous d'autres formules (673).
Que le lecteur chrétien nous pardonne de
reproduire ici ces blasphèmes; la foi souffre
(673) Voyez «:i quatrième lettre d^Eugèoe Roi>rigub
dau8 le Nouveau chriëtianisme,
(674) c l iniiiter ircdiiuus, et simpliciter confi-
iCiiiur, quod uiius solus e^l irerus l>e<i9... Ciealor
lorsqu'elle voit les objets les plos augustes
et les plus sacrés de ses croyances probo^
par des mains sacrilèges. Cepeodafil les
esprits faibles sont ébranlés par ces préten*
dues explications; il ne s'agit donc pas de
dissimuler le mal, mais de le combattre.
Lorsqu'un chimiste veut analyser m
substance, il ne commence pas par raoéaa-
tir ; lorsqu'on veut expliquer un iail, od k
commence pas par le nier; détraire uns
chose, ce n'est pas en rendre raison :ot^
tel est le procédé de nos interprètes jiaik
théistes. La bonne foi semblerait euge
lorsqu'on veut expliquer les dogmes ell
mystères de l'Eglise chrétienne^qu'ool
entendit et qu'on les présentât coiome T
S' se elle-même les entend et lespréseï
justice semblerait exiger qu'on ne o
mençftt pas par tronquer et mutiler
enseignements de l'Eglise pour les lui '
tester ensuite avec plus d*avanta^e.UI^
s'est exprimée sur tous ces objets m
clarté la plus grande, la précision la {'
rig^oureuse ; d-immenses controverses ool
agitées sur ces matières ; à ces eontrow^
ont pris part les esprits les plus éMC
les plus hautes intelligences qui aieUllH
noré l'humanité; les formules letftei
nettes ont été dressées, et se trouTeotM*
que sur les lèvres des petits enfants. Wi
les mystères, vous en avez la triste liiwll;
mais, de grAcel ne nous donoexiWMli
interprétations panthéistiques poureesfl9>i
tères eux*m6mes« Ne vous mettez pas 4
lieu et place de l'Eglise ; recevez ou njeiii
ses enseignements, mais ne les d^tfli
pas. Avec un pareil procédé il est iifli4
sible de s'entendre, et les discussions "
viendront à jamais intenuinabies.
Une simple observation renverse et
truit toutes ces prétendues interprélati
et sépare à jamais le dogme cbréiieo
doctrines (lanthéistiques; cette éternelle
mite est le dogme de la création. L'i
a puisé ce dogme dans les enseignt^
divins de la révélation» et la formell
énoncé dans le quatrième concile géué
Latran (67^).
Dieu n'a point tiré le monde de sa
tance ni d'une matière préexistante;
créé |)ar sa puissance intinie; il l'a''
néant. Le monde est donc radicale^
tinct de Dieu ; Iiieu est inûniment
du monde ; le monde devant lui n'est
néant. Cependant les interprètes panll
parlent de ce principe que le monda
Dieu, qu'il est une partie de Dieu ; le a'
pour eux est le Verbe de Dieu ; ii n'y
Dieu que l'intini , le fini el leur rapjio
Dieu est tout, si tout est Dieu, ij se
que Dieu s'incarne sans cesse et di^
nature et- dans l'humanité. Les autres i
prétations ne sont que les conséquen
celle-ci ; on ne peut y voir qu'une tr
omnium invtstbilîum el visIliiUwi, spiritoaii"*
corporaiium, qui sua omnipoieuii viriuu midJ"!
inilio lenipot'i« ulramqu€ de mhiio cot^iài^^^^^
ram, » (Conc, Latcranense iv, auuo lit 5.)
m
DICf lONNAlRC APOLOGETIQUE.
PHI
65^
rion du i^anthéisme. Le panthéisme n^'est
fependant pas nouveau dans le monde.
L*£giise Ta rencontré souvent sur sa route
i travers les âg^es. Plusieurs grandes et dan-
gereuses hérésies n'ont été qu'une transfor-
mation de 1*esprit panthéistique. L'Eglise a
toujours poursuivi et proscrit cet ennemi
Kius tontes les formes dont il s'est enve-
loppé pour se dérober è ses coups; elle Ta
ferrasse dans ie néoplatonisme et dans le
:;nostici.snie. Il y a uonc une (irodigieuse
préoccupation à confondre les dogmes et
'f's mystères du christianisme avec les doc-
nnes panthéistiques. Telle est cependant
es$enr« tie toutes les interprétations de
H» philosophes : ils entendent la Trinitél,
Incarnalion, le péché originel, la rédemp-
iDa dans un sens panthéistique. Or, TKglise
iloujours rejeté et maudit ie panthéisme;
bac il y a mensonge et immoralité h nous
Iniier leurs interprétations pour les mys-
Iro chrétiens.
1
. |iv.
lèvie du «rmbolisroe ; ses impossibilités. — hspport
)liUrelisiofi et de la philosophie. — l<a perfectii>ilité
■nie ftojgrès, — Uludun des panUii^istes.
. Cfftte manière d'envisager la religion a
'àiWittiirce de ces théories du symbolf^ne
ftt M aujourd'hui tant de vogue et de
Jmt» La religion n'est considérée que
iMoe une allégorie métaphysique et mo-
m/r. coninie une poésie populaire; sesdo;^-
Aesonlautue chose que de Toutologie
tJe la psychologie. Que d'esprits jeunes
^/nattenlifs se laissent séduire à ces faci-
explications qui, au fond, n'expliquent
I 4 La religion est une écorce qui ca-
oous dit-on, une manne délicieuse
ir i'esfH-iU Brisez cette écorce et vous
'ez éclore Ja vérité pure. » En des ler^
plus clairs, vous en verrez sortir les
ilelligibles systèrhcs de métaphysique
juteuse qui ne sont que le panthéisme;
19 en verrez sortir le moi absolu de
le, ridentité de Schelling, l'idée de
^n la triplicité phénoménale et la tri-
iié absolue de M. Cousin, etc..
M est démontré que le contenu de la
ion est dilTérent de ce que les philoso-
jianlliéistes veulent y voir, qu'il en
léme le contraire ; si les dogmes chré-
dé(*as8ent, par leur profondeur et
riubiimité, l'expérience comme la raison
ftâne, et nous donnent les plus hautes
^9 plus pures idées de Dieu et de
nme , te théorie du symbolisme est
Iversée. Les dogmes sont des faits divins,
faits réels et vivants qui deviennent
kl de la foi. La foi sans doute veut et
hélerer à Tintelligence ; elle doit cher-
^k comprendre ce qu'elle adore : Crede
^^ttUigaê^ nous dit saint Augustin. Mais
l^le cooiroencepar nier ces faits divins, si
k n0 ^oit en eux que de la poésio, elle
■[uît la liase sur lafiiietlc doit s*élcvcr
'i^Qce «Je le raison.
'^'•^1 Vojf. lIltlIISME.
D'aHleurs nos philosophes nous ont-ils
expliqué Torigine de ces prétendus svmbo-
les et leur nécessité ? Sans doute fa foi,
Tamour, Tenthousiasme religieux emprun-
teront k la poésie son langage et se servi-
ront de ses mouvements, de ses couleurs,
de SOS images. Mais il y a loin de là à ce
système d'allégories qu'on veut voir dans la
religion. Qui l'aurait conçu, qui Taurait
formé? Les inventeurs devaient posséder
ridée dans sa forme absolue, pour être ca-
pables de lui accommoder un symbole con^ .
renable. La religion étant un tout parfaite-
ment harmonique et un, qui n*a pu se for-
mer successivement et |)ar parties, a dA
éclore complète dans la pensée de ces inven-
teurs, avec le cortège des idées et des sym-
boles. Ces hommes devaient donc posséder
des facultés extraordinaires qui ont disparu
dans Thumanité. Quels étaient-ils? Qu'on
les nomme, ces hommes prodigieui, philo-
sophes avant tout et capables de donner à
leurs idées ces formes indestructibles qu'on
appelle les religions. Ces hommes, on les
place dans Tenfance de l'humanité au pre-
mier degré du développement de l'esprit.
Ils étaient donc inflniment siipérieurs à
leurs contemporains. D'où leur venait cette
supériorité? Comment ont-ils pu la faire
accepter? Par quel moyen ont-ils réussi à
imposer leurs idées et leurst institutions?
Ils ont destiné les svmboles au peuple, les
idées aux philosophes, aristocrates de la
pensée; Tespèce humaine a été divisée ainsi
en deux castes éternelles, qui jamais ne se-
ront confondues. Tels sont les mystères que
présente la théorie du symbolisme; ce*^.o
théorie part d'une base ruineuse, le pan-
théisme; elle n'a rien d'his*.crique ; elle
renferme d'inextricables difficultés; elle
n*est qu'une impossibilité (675).
C'est d*après cette manière d'envisager la
religion et la philosophie, que les panthéis-
tes conçoivent et établissent les rapports
entre elles. On s'expliquera aisément, après
tout ce qui a été dit, pourquoi la philoso-
phie est pour eux le plus haut et le dernier
développement de la pensée humaine, celui
qui vient après tous les autres, celui qui
explique et fait comprendre tous les autres;
mais nous savons aussi tout ce qu'il y a
d'arbitraire et. de faux dans ces théories.
Nous venons d'exposer les bases méta-
physiques et histonques de la doctrine do
la perfectibilité indétinie et du progrès hu-
manitaire. Jamais les mois de perfectibilité
et de progrès n'avaient autant résonné que
dans notre siècle, et nulle part autant que
dans les écoles panthéistiques. Les pan-
théistes s'intitulent les hommes du progrès;
ils veulent, disent-ils, faire progresser Vïï\\r '
manité. Pouvoir étonnant des mots sur l'i-
magination des hommes! Combien se lais-
sent tromper par ces mots magiques 1 Com-
bien croient de lionne foi que les hommes
qui les ont toujours à la bouche sont les vé-
ritables aïOlres du progrès! Là se trouve
m
MCnONHAIRfi APOLOGCTHtOC-
m
cependant une iilasion grossière. Si tout
est an* si tout est identique, si toutes les
fiDroies sont équiralentes en réalité, qve
deviennent la perfectibilité et le proj$res ?
ppHTent-ils se concevoir? Vous aurez le
changementt mais le progrès, jamais. Poor
affirmer le progrès, pour le mesurer, il iaut
avoir une idée juste et 6xe de la nature
humaine et de së destinée; il faut admettre
quelque chose d'immuable, le progrès ne
pouvant être qne le développement de ce
cjui est. Les pantiiéistes ne partent \^s d*une
idée absolue de la vérité, ne reconnaissent
pas de tvpe de la nature humaine, ne sa-
vent d'eu vient rhomme ni où il va; com-
ment pourraient-ils donc constater le pro-
grès 7 D'ailleurs, leur théorie historique du
S*ogrès ne peut se maiuleinr en fiice |des
its; nous ravons prouvé. Tous les grands
f>r0j;rès de l'humanité ont été obtenus sous
'influence chrétienne. Le christianisme seul
peut nous donner la loi du développement
progressif de la nature humaine.
Après avoir examiné les applications du
panthéisme h la philosophie de l'histoire,
nous devons considérer maintenant les théo-
ries de l'Etat, de l'art, de la science. Nous
nous contenterons de Quelques observations
sur ces matières.
L'Eut, rait, I» fdence , TaTenir, au point de lUt pan-
Uiélste.
n est frès-difljciie aux tianthéistes d'établir
les rapports de la liberté el de l'association,
de rinuividu et de l'Etat : M. Pierre Leroux
ne dissimule pas les difficultés de ce pro-
blème. On peut dire en général que» par la
nature de leurs doctrines, les panthéistes
doivent tendre à absorber l'individu dans
TEtat, à donner à l'Etat une force et des
droits illimités. Ces tendances se sont mani-
festées avec évidence dans tes théories so-
ciales du saint-simonisroc ; M. Lerminier
fait le même reproche aux théories politi-
ques de HégeL
Hais si, d'un cAté» les panthéistes sont
portés à nier la liberté politique comme ils
nient la liberté morale, de l'autre, consacrant
toutes les idées, tous les caprices de l'indi-
vidu, puisqu'ils en font un dieu, ils élèvent
en face de fa force publique la force indivi-
duelle établissent dans la société une anar-
chie permanente, ou ne lui donnent d'autre
appui que la force.
«L'art, cette création du génie de Thomme
social» n^est pour les panthéistes que la ma-
nifestation de l'idée par la forme. Or, l'idée,
c'est tout, c'est Dieu. L'^art est donc une ma-
nifestation divine; l'arliste, au moment de
l'inspiration, est identifié au tout : il lui sert
d'organe. L'art est donc, comme la nature,
une forme de développement de Tabsolu, et
ainsi il a en lui-même sa vérité, sa loi; il
est au-dessus de toute règle et de toute me-
sure, il est transcendant. Le but de Part,
c'est de représenter la vie sous telle forme;
et quelle que soit cette forme, belle ou hj.
deuse» morale ou immorale, poono aueile
exprime quelque chose de rêtre, <f^*m rt-
jirésente une idée ou éveille ooe idée, elle
est lionne, légitime, en tant que repr^ota-
tion de ce qui existe et m«ifestation de
l'absolu. De cette maaière, tout tombe dins
le domaine de l'art. La reli^on li'esimide
l'esthétique, de la symbolique; et si le a-
tholicisme est la plus sublime des reKgioos,
c'est moins )»ar son esprit, par sa doctrJDc,
par sa parole grave et ses mystères, qse |«r
sa forme : ce sont ses cathédrales avec km
flèches, leurs ogives, leurs rosaces; c'estsoa
culte avec ses cérémonies, ses nompes, »
musique et ses chants qui le rendent encore
aujourd'hui si intéressant. Combien de do6
contem|)orains sont religieux de ceUe façon,
plus eu imagination que daas rime, plos
IMir un goût d'artiste que par an besoin de
Dieu reconnu et avimé I L'art s'irrsn(i;e mer-
veilleusement de celte vague religiosité qui
admet tous les symboles, pourvu qu'flj
trouve du sens et de l'idée, il en esideoièiDe
de la société et do ses inslituliODS, eonsidi-
rées sous le point de vue panthéistique if
l'art. La société e^t une scène, un graiii
drame oik chaque homme joue un rtlet jmI)-
qu'il y tient sa place, et y développera (ian-
tant plus de grandeur et de vertu qte son
rôle sera plus important, c'est^-dire <fuj)
aura plus de part à Taction génénk; goïl
manisfestera plus de la vie oninmlfe. De
U les traits principaux qui cmci^^^^
l'art de nos jours et le défigureit; f d^
tion du grandiose, qui veut faire sentit U
tout dans chaque chose, montrer de la pro-
fondeur jusque dans les moindres détails, ce
qui donne un sublime grotesque, coajç^
l expression outrée du trivial el du m
donne de Tignoble et de l'horrible; la pn-
tention de ne suivre aucune règle, pircc que
le génie n'en connaît pas, parce que len*
tliousiasme ne peut s'y astreindre; la îk)&;
tion des lois morales et des conTeDanGesqoi
entravent, dit-on, par des conventions arl)i-
traires, l'expression du beau et du subuioi
(676). » .
La science, telle que le matérialismeâi
dernier siècle l'a faite, ne présente gf^
qu'une collection de faits et d'obserrU^
sans unité, sans lien et sans vie. A ^^^J
mité opposée se trouve la science fum^'
tique. Celle-ci dédaigne robservstion Kl ei-
périeuce, et ne procède qu'a pri9ri Pan* J|
connaissance de l'absolu, elle poss^^ j
science universelle; pourquoi irail-etjcp^
niblenicnt se traîner sur la route de I cij<"
rience? Sa méthode est plus facile; eilep
d'une idée donnée par Tintuitioa. Celle we«
devient le principe générateur de la scient'^*»
qui consiste à. déduire de cette idée [es wi^
et les faits. Telle est l'origine de laphilosa-
phie de la nature, dont les panthéistes alle-
mands se sont tant occupés. Ecoulons ic
jugement d'un homme dont iiersonae ne sef*
tenté de récuser l'autorité dans ces maWrf*
(G7W M Bai-tmîs, Correspcttdance phibêoittiquc^ tome IF.
m
PHI
DICTlOIfNAlRK APOLOGETIQUE.
PIE
«52
Si nous conlinnons» dit Tillustre Cuvier
ans 5on Diicoun sur le progriê de$ êciences
nHureUtê^ k rapporter toutes nos sciences
iiysiiiues k l'expérience généralisée» ce n*est
ss que nous ignorions les nouveaux essais
e quelques métaphysiciens étrangers pour
er les phéoGiiièncs naturels aux principes
lâonoels, pour les démontrer a priori ^ ou
otome ces métaphysiciens s'expriment» pour
•. >nuslraire h la conditionnalité.... Nous
Awjiis vu dans les applications de ces prin-
ipcsauxiliversoniresde phénomènes, qa*un
>u trompeur de rcsjirit où Ton ne semble
lire quelques pas (|u*à i*aide d*cxpressions
jurées, prises tantôt dans un sens, tantôt
ins un autre» et où Fincertitude de la route
e décèle bien vite» quand ceux qui s*y don-
«nlpoursuides ne connaissent pas d'avance
M'uloù ils prétendent qu'elle conduit. En
ifci, la plupart de ceux qui se sont livrés h
rs rcclierches spéculatives» ignorant les
lits positifs, et ne sachant pas bien ce qu'il
M\ démontrer» sont arrivés à des résul-
iis M éloignés du vrai» qu'ils suflTiraient
-qr faire soupçonner leur méthode de dé-
^nïiration d être bien fautive. )»
l! nous reste à ajouter un mot sur les
^^'•mpanthéisiiquesde l'avenir. Tous les
PfliWi!te$ se sont occupés de l'avenir» tous
f ofiTliamanité des promesses et des pro-
Kif/{!$ magnifiques. Le bonheur doit couler
1 . Wn l)ord sur celte terre ; l'âge d'or» lo
■rr/rt terrestre sont devant nous ; nous y
i'ii'ns. Les panthéistes allemands pro-
'*'!((nl la réalisation complète do la notion
^'^roii; une religion qui sera le résumé et
i^Huplénient de toutes les autres; uno
encc sans mystères; un art dont les créa-
■ms seront aux chefs-d'œuvre du génie que
«s i^ssétlons» ce que le soleil dans sou
ein midi est è son aurore; il n'y aura plus
»{«ju>iices ni de souffrances. On sait com-
cn les sainis-simoniens et les fouriéristes
H>ot montrés uroJi^ucs de promesses et
mfrreijles. L avenir est un champ libre
• IVuadnation peut à son gré élever les
«* brillantes constructions. On n'a pas à
iinire de voir les applications démentir
• théories et les conrajncre de folié. Mais
<^ procédé est facile, est-il bien rationnel?
V^s cette longue discussion» il nous
•We superflu d*Atlaqner sérieusement cea
tt^tiijues utopies, t^ur base étant ren-
^1 comment |>ourraient-olles subsister?
'V^ntliéistes, avec leurs idées fausses des
•*^^ et de l'homme» pourront-ils remédier
'' niant de la tic et la rendre heureuse?
'j'blalilcs à ces empiriques qui tuent le
lUiJe pour le guérir» par l'application de
'f^ |»riniipes ils ne feraient qu'aggrayer
«•aut de la swiélé. En niant la vérité et
^ri« alisolu, ils ôtent toute force h leurs
^^'\\tvs nouveaux, à leurs nouvelles théo-
'^ *jHiah*s. Que pourront-ils répondre aux
''M«*ntsTComnienl pourront-ils harmoni-
r 9vec leurs systèmes les idées et les teu-
"«'♦^•î» contraires qui se produiront infailli-
'""lit et avec les mêmes droits que les
^f^? L'antagonisme sera donc éternel et
sans remède. Les panthéistes placent le bon-
heur dans la satisfaction des passions ; maïs
est-ce bien connaître la nature des passions
3ue de croire qu'on puisse les satisfaire par
es jouissances restreintes? et cependant la
restriction de la jouissance n'est-elle pas
impliquée dans l'idée même de la société?
Quelle compensation pour les sacrifices que
la société exige? quelle consolation dans les
maladies, les injustices» les souffrances de
tout senre? quelle consolation devant la
mort ?
D ailleurs» ce banquet de l'avenir auquel
on nous convie avec tant de magnificence»
ne ressemble-t-il | as un peu au supplice de
Tantale? Il fuit toujours devant nous; que
d'obstacles entre cet avenir et nous ! Cc[:en-
dant nos souffrances sont réelles; les maux
de la vie pèsent sur nous sans consolation;
la fatalité nous brise. Pourquoi sommes-
nous déshérités du bonheur? Pourquoi nos
p6res, pourquoi toutes les pénérations hu-
maines» qui nous ont précédés dans la vie
et dans la mort, sont-elles exclues de cet
avenir, de cette félicité future? Quelle iné-
galité dans la condition humaine !
Le panthéisme, dans ses théories de l'ave-
nir comme dans toutes les autres» se montre
donc ennemi de la nature humaine.
PHILOSOPHIE et CATHOLICISME en pré-
sence de la question du mal. Yoy. Mal. —
Impuissance de sa philosophie à résoudre la
question du mal. Voy. Mal. — Philosophie
spiritualisle; la solution de la question de
1 origine du mal. Voy. Chute» § II. — Philo-
iophie positive de MM. Conite et Littré; son
affreux matérialisme. Voy, Démon. — Philo-
sophie grecque; comparaison avec la théo-
logie de Moïse. Voy. Pentateuque, § XI. —
Impuissance radicale de la philosophie pour
remplacer le christianisme dans la société.
Yoy. Vlntrodticiion, | V et suiv. — La phi-
losophie a produit» suivant M.Jouffroy» tous
les maux ae la société. Yoy. V Iniroduciiont
SIX.
PHUÉNOLOGIE au point de vue théolo-
gique. Voy. VÈCBÈ ORlGIflEL» § III.
PHRENOLOGISME. Voy. Ame» S L
PHYSIOLOGIE INTELLECTUELf-E. Yoy.
AiiE. — Difficultés et systèmes de la physio-
logie sur le principe vital. Voy. Ame, § Vit.
— Physiologie des races humaines. Voy,
Races uumaines, S YI.
PHYSIOLOGISTES (les médecins) et les
riossessions. Voy. note X YI k la fin du voL—
mpuissance des physiologistes pour expli-
quer le principe pensant* Voy. Ame, § III.
PHYSIONOMIE des religions. Voy. Stn-
IfATÙRALlSME, $ lY.
PHYSIQUE des Hébreux. Voy. Déluge,
M.
PHYSIQUE et MORAL; leurrapoori. Voy.
Ame, s IX.
riËRKE (l'apôtre saint)
|î.
'Uf nt judaisasaanl?
isalem» dit M.Qui-
t entre deux mon-
ce
PIE
DICTIOXNAIIIE APOUIGCTIQOC.
riR
GGl
des, le monde juif, considéré comme ortho-
doxe, et tout le reste de Tunivers. Quelle
conduite suivre pour les réunir,? C*est la
question qui est encore posée aujourd'hui
sous des noms différents. Les uns pensent,
et saint Pierre est de ce côté, qu'il ne peut
y aroir de communion arec les nations
étrangères, si elles ne rentrent d'abord dans
la loi judaïque, dans les rites et la circon-
cision d'Abraham: c'était obliger le monde
entier d'entrer par la porte étroite de la
Judée; c'était nier le mouTcment de l'esprit
dans tout l'univers, hors de Jérusalem; c'é*
tait contraindre le genre humain de recom-
mencer la migration des Juifs; c'était écrire
sur le sable ou désert : Hors de )à point de
salut.
« Dans cette première assemblée, il en est
d'autres, et saint Paul est avec eui, qui dé-
clarent que la communion se fait par l'esprit
nouveau (677).»
Saint Pierre, au concile de Jérusalem,
n'enseigne pas que les rites judaïques fiis^
sent nécessaires aux chrétiens ; il soutient
le contraire. On n'a pour le prouver qu'à
ouvrir les actes mêmes de cette assemblée.
Or, nous y lisons : Pluiieurs de la ucte des
pharisiens^ qui avaient embrassé la foi^ se
levèrent^ disant qu'il fallait circoncire les
gentils et leur commander de garder la loi de
Moïse. Lee empêtres donc et les prêtres s'as^
semblèrent pour cette question^ f/, après un
grand àébmtf Pierre se leva et leur dit : Mes
frêreSf vous savez quil y a longtemps que
Pieu m*a élu parmi vous^ afin que les gentils
entendissent par mu bouche la parole de l'E-
tangile et qu ils crussent... Maintenant donc^
pourquoi tentez^ous Dieu^ en imposant à ses
disciples un joug que nos pires ni nous n^a^
vons pu porter (678) ?
Ainsi, le chef des apûtres déclarait in-
lolérables les lois mosaJ((]ues; M. Quinet
les lui fait déclarer indispensables : Qui
donc, sur la doctrine de saint Pierre, croi-
rions nous mieux que saint Pierre lui-
même?
L'apôtre n avait pas attendu cette cin-
quante unième année, pour annoncer que
la nouvelle foi était libre du joug de la
Synagogue. Lorsque Corneille, eentenier
de la lé),;ion italique, lui demanda le bap-
tême, Pierre lui répondit . « Vous savez
combien il est odieux à un Juif de s'unir à
un étranger, et d'entrer chez lui; mais Dieu
m'a appris à n'appeler ancun homme pro-
fane ou impur... En vérité, je crois que Dieu
ne fait point acception des personnes, mais
qu'en toute nation, celui qui le craint et
pratique la justice, lui estagréable... Comme
Pierre parlait encore, poursuit le texte sa-
cré, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux
qui écoutaient la parole... Pierre dit : Peut-
on refuser Teao du baptême è ceux qoi om
reçu le Saint-Esprit comme nous (679)ii
Saint Pierre croyait donc le gentil aussi
bien préparé à la foi nouvelle par saram
et sa conscience, que le Juif par ses eipii-
tions léçales; il n'était donc pas, au milleo
des chrétiens, le défenseur arriéré da no-
saîsme qui, bien loin de se voir coimû^/
comme orthodoxe par les apôtres^ était pro-
clamé déchu, pour céder la place au chris-
tianisme prédit par les prophètes.
T eutrfl aoUgoDlsme de doctrines eitie sut Piene
et salot Paul ?
Dans cette première assemblée de Jéru-
salem^ dit M. Quinet, il en est d'autres,
et saint Paul est avec eux, qui déclireoi
que la communion se lait par Tesprit doo-
veau, non plus par les rites de Jacob et des
patriarches ; que dès lors, sans [tasser \m
le temple de Jérusalem, les nations élrao-
gères peuvent entrer dans la vie et riinité.
De ces deux sentiments qui contenaienl
toute la destinée du monde, lequel a pré-
valu dans ce premier conclave? Lecbristii-
nisme, plus vaste, plus universel de sain
PftuI, remporta, ce jour là, sur lecbrislia-
nisme et la liturgie lapidaire de saint Pierre.
Il est décidé, sous rinspirationdelafenir.
que l'Eglise de Judée n*entravera pas II-
glise universelle, que les rites du puséne
sont qu'une chose secondaire, fvf M f"^
mière et véritablement Tuni^oei est la
vie de l'esprit. Ainsi cette première âWm
de l'Eglise naissante se résout par U li-
berté (680). »
Nous avons déjà vu qu'au concile oe
Jérusalem il ne s'engagea aucune lutle entre
les deux apôtres, puisque saint Pierre |)en*
sait comme saint Paul, sur la séparation ^^
l'Eglise et de la Synagogue, et qu'il avii(.
le premier, amené des gentils à la foi nou-
velle , sans les faire passer par Fancm if^
pli. ,
Ce sera sans doute le fait suivant, irn^t
à Antioche, que l'imagination poétique ^^
H. Quinet aura grandi jusqu'aux |tro[inr
tions d'un combat entre le passé et 1 avenir,
la servitude et la liberté, dans la lice d'un
concile.
Pierre et Paul se trouvaient k Anlio^^i
auanil il survint des envoyés de févé'P'
e Jérusalem. Pierre, qui jusqu'alors n'aTtU
pas craint de manger avec des païens con-
vertis, s'éloigna d eux alors secrèlenien|. *
cause des circoncis. Les autres Juifs M^
rent cette dissimulation ; Paul s'en indii;»)
et la condamna publiquement (681).
Puisque la précaution de saint Pierre pour
empêcher un tumulte, a été blâmée j^ar
saint Paul» je n'entreprendrai |ms de IV^
(677) Le dirkttamimê et la Révolution françmse.
p. 67.
(678) Aet. XV, 5 et seq.
(679) AcUi des Apôtres, x, v. Î8 et suivants. Je
rroif , dit saint Pierre, que Dieu ne fuit point accep-
tion des personnei ; c esl-k-di* c qu'il appelle à 1 Evan-
gile aussi bien le gentil qtle lé Juif. ,.
(680) Le christianisme et la Révot. [ra*(., j^^
supra. — Les mots français souligaés, comme a <)
première ligne de cet extrait, se trouvent sjjfniti
au leite pour Texpliquer.
(681j ùaî. H, il,jau.
663
FIE
1HCT10N?IAIIŒ APOLOGETIQUE.
pœ
6G6
caser; mais il o*esl pas moins rrai uue le
rhef 4^ apdtres ii*a jamais prêché la né-
cessité du judaïsme ; if n*est pas moins vrai
que sa dissimulation ne faisait que bien
indirectement supposer cette nécessité Les
rttojens 4*Antiocne n'élaient-ils pas habitués
i Toir Pierre manger avec eux, et les chré-
tiens de Jérusaleiti ne Tavaient-ils pas en-
tendu plusieurs fois déclarer que les étran-
gers ne deTaient fioint être astreints aux
cérémonies légales (682)?
Sa condescendance pour la paix ne sau-
rait donc être changée en un enseignement
f^jsilif : « QuMI ne peut j avoir de commu-
nion avec les nations étrançères, si elles ne
rentrent d^abord dans les rites et la circou-
CLMOD d*Abrabam. »
Si M. Quinet* ne voulant point tenir
compte de ces explications, accuse saint
Pierre d'aroir tenté, par cette conduite,
d>nchatner au judaïsme le nouvel esprit
«Lrétieo, qu'il ▼ prenne garde, son bhlme
reUiDbe avec plus de force encore, sur saint
Paul rémancipateur.
Voyez comme ce dernier (toussa bien plus
luin que saint Pierre les ménagements
iHHirseï anciens coreligionnaires. Craignant
a Jénisa\eak la multitude qui Paccusait de
«iég^ger les Jaifs des prescriptions mosaï-
ques, i]£^it de faire un vœu, s adjoignit
«/'ij(re Israélites ayant aussi des vœux à
êtxomplir^ et se chargea des frais communs
<i6 le cérémonie (683). Chose plus grave
roeore: étant h Ljstre, Paul s'attacha Ti-
iiiothée, fils d*un païen, et, à cause des Juifs,
iî le lit circoncire {GSh). Il imposa le sceau
o'iliraham sur la chair de son disciple. Dans
M défense devant Félix, il .s'appuja sur ce
■o'jI était venu à Jérusalem pwr adortr^ ei
pt'on ratait trouvé se purifiant dans te tem^
^.G85}. Au tribunal de Festus, il insiste
>ar ce qu*il n*a prêché ni contre la loi des
laifs, ni contre le temple (686). Captif à
^Ofoe, il réunit les Juifs, et les premières
•croies qu*il leur adresse, c*est qu*il n'a rien
ait conire les coutumes paternelles (687).
E>t-il donc vrai que cet apôtre ait plus
'empiétement rompu que saint Pierre avec
I Synag^^ue, et qu'il ait osé rendre TEglise
ibré, tandis que le chefofliciel des cliré-
ens aurait lente de river Ta venir au passé?
reconnaissons que tous les deux, l<»rsqu'ils
uîent assaillis de difficultés sctnblables,
fniaient de même aux circonstances, et res-
eciaient également des préjugés que le
iruips seul fiouvait détruire.
(S
qoe le cbrisUanisaie indépendant attribué
\ salai Paol T
« Voulez- VOUS savoir comment la liberté
«"^i) A€t^ Y, 47; SI, 4 et laiv.; xv, 10.
•iPC) JUt, m, 24 ei suiv.
«atl; Act. XVI, 3.
**^n Act. SUT, H, etc.
-Mi6^ AU. xsv, 5.
VST) A£t. s mu, 17.. *
618) Le cknstiwÊismt etla Rétoi. franc, uhi sa-
ra.
et Tautorité se 'concilient, dit M. Quinet^
suivez un moment saint Paul. II se sent em-
prisonné dans Tancienne Judée; Tonibre du
vieux temple pèse sur lui ; il ne respire à
l'aise qu'au milieu des peuples étrangers,
lorsque sur les deux rivages de TAsie et de
TEurope, il embrasse le genre humain. Il
emporte avec lui les paroles du Maître;
mais quelle indépendance, quelle audace
d'interprétation 1 Vous voirez heure }iar
heure l'Eglise nouvelle se lever, s*épanouir,
grandir dans cette âme. Où s arrétera4-elle
au milieu de cet infini? Il a une sorte de
jalousie sublime; le voisinage des autres
apôtres l'embarrasse; il lui faut, comme à
un aigle, un horizon qui soit tout & lui;
dans son mépris du passé, il veut des Ames
neuves, des villes neuves, où la parole n'ait
pas encore germé. Cette indépendance, cette
spontanéité, il la communique à ses Égli-
ses (688) »
Cela signifie que l'Apôtre des nations
façonna l'Evangile & son gré, et qu^atin d'ê-
tre plus libre dans ce travail, il s'éloigna
soit de la Judée, soit des autres apôtres :
trois choses contraires à l'histoire et aux
paroles mêmes de saint Paul.
Cet ennemi des chrétiens, ayant à sou
tour reçu le baptême, demeura quelque
temps avec les disciples à Damas, où il
annonça le Christ dans les synagogues (689),
puis il partit |K)ur Jérusalem, y vit Jac<j*jes,
evêquc de la ville, demeura quinze jours
avec Pierre (690), et vécut dans la société
dos disciples, prêchant sans crainte la reli-
gion qu'il avait persécutée. On voulut le
tuer, et il se retira dans sa patrie. Barnabe,
au nom de l'Eglise d'Antioche, le vint pres-
ser de se rendre dans celte ville, et nous
Fy voyons, instruisant la multitude pendant
toute une année (691). 11 y reçut l'imfKisition
des mains et l'oinlre d'aller remfilir sa mis-
sion spéciale au milieu des païens. Il par-
courut donc, avec Barnabe, l'Asie mineure
et l'Archipel, puis revint dire anx 6dèles
d'Antioche quelles merveilles Dieu avait
opérées par sou ministère. Il séjourna long-
temps parmi eux (692). Des Juifs layant
repris de ce qu'il affranchissait des obser-
vations anciennes les néonbytes sortis du
paganisme, il se rendit a Jérusalem, et
consulta les apôtres (693). Son but n'était
pas seulement de demander leur avis sur
ce |K)int, mais encore de leur faire connattre
TEvan^le qu'il prêchait, |)Our ne pas s'ex-
poser à travailler en vain. On l'approu-
va (69i), et même saint Pierre, dans ïune
de SCS ÈpUreSf rendit témoignage h la sa*
Pesse i\es écrits de son très-cher frère
aul (695). Nouveau séiour de cet apôtre à
Antioche, puis nouvelle course en Grèce,
r689; Aci. ix, 19, etc.
(690) GaL i, 18.
(691) Act. XI. t25, etc.
(6St2) AcL xni et xiv.
(693i Act. IV.
(694) iial. n, I, 7, etc. iurum ascendi lercscty^
mam^ etc.
695) // Petr. nt, 15 et 16.
K7
ne
DICTIONNAIRE APOLOGETiQUR.
afec Silas. Parloof, 5nr son passage, il en-
seignait les dogmes décrélés à Jérusalem
(696\ et quand t) écrivit aux Gaiatos, il
leur rappela son union afec les colonnes de
TEglise (697). Surnatiirellenient averti à
Mitet que la fin de ses travaux approchait*
il accourut célébrer, dans la capitale de la
Judée, la fête de la Pentecôte. Les frères
laccueiliirent avec toie^ et se réunirent pour
écouter le ré<it de se5 conquêtes sur la
gontiliié (698}. Devenu prisonnier de Festus,
et en ayant ap|>elé à César, il fut conduit à
Kome. Il V avait lon[;t(Miips qu*il souhaitait
voir ces chrétiens, dont la fui était célèbre
dans tout J*univers, et, qnoiqu*il ne les eut
pas enfantés au christianisme, il leur avait
adressé une do ses principales Epftres. Les
aumônes que, dans ses missions, saint Paul
recueillait nour Jérusalem (699), témoignent
encore de la fraternité qu'il conserva avec
ce centre de TEgiise, pendant les premières
années du christianisme.
Cet abrégé de la vie apostolique de saint
Paul réfute M. Quinet. Pour les sujets de
sa prédication comme pour le choix des
lieux où il exerça son zèle, Paul fut tou-
jours d'accord avec ses frères. Que s'il ne
resta pas à l'ombro du vieux temple, il j
vint toutefois s'assurer qu'il ne prêchait
pas en vain. Et, d'ailleurs, leauel donc
des autres envoyés y demeura, nors saint
Jacques, évêque de la cité sainte? Saint
Jean n'alla-t-il pas à Ephè'çe, saint Thomas
dans les Indes, saint Pierre è Rome?
Sjiint Paul dit dans son FpUre aux Bo-
iitatW, qu'il n'a pas évan^élisé les peuples
<diez lesquels d autres ministres de la sainte
parole avaient passé avant lui (700). Dois-je
en conclure avec U. Quinet, que cet aigle
•cherchait un horizon qui fût tout à lui, et
dans lequel il pût exercer ses aidons i un
vol non moins audacieux que le sien? Cette
conclusion est chimérique, puisque saint
Paul a soin d'avertir que s'il ne s'arrêtait
\m cliez les nations déjà instruites de l'E-
vangile, c'était afin que les ouvriers du père
de famille ne consumassent pas leurs forces
sur les mêmes sillons (701). Il ne laissa
pas cependant de prêcher de vive voix, ou
par écrit aux habitants de Damas, de Jéru-
salem, d'Antioche, de Rome, convertis par
d'aujres misMonnaires.
D'où il suit que saint Paul ne se montra
pas plus embarrassé du voisinage des autres
apôtres, qu'indépendant lorsqu'il inler|»ré-
tait la doctrine du Maître. Son rog.ird, je Ta-
TOue, a plongé plus profondément dans les
ténèbrejs saen^s de nos mystères; mais ef-
frayé lui-même de ses révélations comme
d'une témérité, il eut soin de les faire sanc-
tionner par ses coopéraieurs.
Saint Pierre ne prêcha pas un christia-
nisme tout judaïf^ue, ni saint Paul un chris-
tianisme modifié à .sa fantaisie, et si, à
(69r>) Aet. XVI, i.
<«U7) CiiL II. 9.
(61)8) Ail. XX et XXI.
(OOÎI) /low. XV, 25 ; / Cor. xvi, I ; ix, t ; // Cor.
Antioche, il crut devoir reprendre saiot-
Pierre d*un déguisement, il se vit bien sou-
vent, plus tard, forcé de recourir lui-même
à de semblables expédients. H n a doDe ao-
can titre à devenir le patron spécial des
sectateurs du progrès religieux.
PIERRES MONOHENTALES. -Nousli-
sons an chapitre ir, ib-^ du livre de Jom,
que ce grand capitaine ordonna à douze
hommes choisis des donze tribus de preiulre
au milieu du Jourdain chacun nue pierre
sur ses épaules, pour rappeler aux enfanls
disraêl le passage miraculeux deoeflenvi.
Ou lit encore au verset du même chapitre,
que Josué fit placer douze autres pierres m
milieu du Jourdain, Or, objecte-t-on, ce ré-
cit est évidemment faux dans toutes se$pl^
lies. Et d'abord, comment aurait-oo jm
trouver d^ns le lit du Jourdain douie ^m-
ses pierres, puisque , selon le ténioigDi:e
des voyageurs, ce fleuve ne contient queifo
Sdble et des cailloux? En second lieu, »
que Ton nous raconte des douze mm
pierres placées dans le Jourdain ni \k
Clus du fondement. Car quel aurait été i(
ut do Josué en cela ? Ce ne pouTsil é!r«
que d*élever un second monument (tour |«r*
pétuer le souvenir du passage de ce fliurr.
Or, un tel monument ne pouvait alteintire
son but; car, quelle que soit la grosseur
présumée de ces douzes pierres, onoesno-
rait admettre qu'elles aient pu siir|»5$er/i
surface des eaux ou résister lon^p^àlâ
raoidité des courants.
Nous sommes loin de croire, roiMBcnns
adversaires, que tout est faux danuerêrU;
nous pensons, au contraire, qu'on oès&M'
rait en attaquer solidement la véracité. Et
d*abord , qui pourrait prouver que te cou*
raiit du Jourdain, qui' est très-rapide et tim
se trouvait alors au moment de sesdM^
ments, n*ait pu rouler dans son lit <)^
pierres d'une certaine grosseur, qui \^'
vaient se trouver sur ses bordsT N'en Irou^'^
t-on pas fréquemment dans les lits des rv-
vières? B'ailleurs, le fond sablonneui ^
rivières re|K>sant ordinairement sur dr»
pierres, il était facile d'en décooTrir«î
creusant dans le sable. Or, il n'y adansiw'
cela rien qui puisse, en l)onue irlifl»''
autoriser h donner un démenti à Téen'*"
sacré, auteur de ce récit.
Quant aux douze pierres dont il e5t|>«^'^
au verset 9, beaucoup d'interprètes souiw»-
nent que ce sont les mémos que les d"«^^
enfanU d'Israël ont dû prendre dons le Jour-
dain {vQrs. S), et qui étaient destinées jelf
ver du monument dans le camp des Israé-
lites ; les raisons sur lesquelles ils se fonw
sont surtout les suivantes. Outre que '^
version arabe a omis le versot9Jesjniq«'
le traduit ainsi : Et ils dreêfèrent Usàcuit
pierres quils avaient prises au W"'''' ?*
Jourdain sous les pieds des préirth c^c î^^"
IX, 1 ; GaL il, 10.
(700) nom, XV, 20.
(701) nom. XV, S(» et 21.
PIE
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PIE
670
rondement rhistoricn Josèphe ne parle qae
duo seul monuiuenf. Troi.sièoieinent« on ne
rotlnotle part qne Josué ait reçu Tordre d'en
élenr pinsieurs.
.Airant de répondre, détruisons ces diflli-
roilés de critique. La leçon de la version
arabe, qui a omis non-seulement le yersel 0,
mis encore une jgrande partie du huitième
ioU, selon les lois de h critique* être con-
»iJérée comme fautive, puisqu'elle est la
u»ule qui ait fait cette omission, et que tous
\t*^ autres monuments du texte sacré n*ont
pD cet endroit aucune lacune. Quant à la
•orsion syriaque, il est évident qu'elle a
nut à lait mal rendu Thébreu, la seule com-
«raison des deux textes suffit pour s*en
«Kf aincre. Le silence de Josèpne sur un
"^nd monument n'est qu'un argument né-
'; d'ailleurs cet historien a tellement
uré le récit de Fauteur $acré, que son
oigaage ne mérite aucune considération.
D, quand bien même Josué aurait reçu
Ire exprès d'élever un seul monument,
tomifrait-ii iro'il n'a pas pu en ériger
Intres? Quoi! il n*auraitpas pu être ins-
^ipar les circonstances, pour laisser un
ftwtBir du prodige que Dieu venait de
IhicQ faveur du peuple hébreu dans le
«latee où le miracle avait été opéré?
Vais 0OUS avons dès preuves sans répli-
jp yrïl s'agit au verset 9, et d'autres
jfcrrw et d'un autre monuments D*abord,
«(^pierres étaient les mêmes que celles
h rerset 8, l'auteur aurait déterminé le
m hébreu abanim en le faisant |)réoéder
1 1 article ; car c'est une loi de la langue
crée que les écrivains de l'Ancien Testa-
tnt observent avec la plus scrupuleuse
éliié. Au reste, l'auteur lui-même nous
fournit une preuve irrécusable; car
latà reTenir, au verset âO, sur les douze
^filières pierres dont il avait en effet déjà.
AJeroenI parlé, il ne manque pas d'em-
grer Tarticle délerminatif^; il y joint
■le on pronom démonstratif pour don-
* ]Aus oe précision à son discours ; car
n ces propres paroles : <« Et des douze
rres, de celles-là même qu ils avaient
tiKs du Jourdain, Josué éleva un monu-
tt à Galgala. » Ce qui contraste d*une
ÎÂère frappante avec la rédaction du
9, où on ne trouve absolument aucun
qui rappelle les premières. Qne ces .
» remarque judicieusement Rosen-
(702), soient autres quecellesdont ii
'jestioii dans le verset précédent ( ver-
i'. c'est ce qui ressort clairement du su-
Eême du discours; car il serait atisurde
Imposer que les Israélites auraientporté
kord les douze pierres à Galgala, ou ils
aient camper (c'est-à-dire à trois lieues,
iron du Jourdain), et qu'ils les auraient
vrtées ensuite dans le lit de ce fleuve,
ff V éfi^T on monument. C'est ce qu'ont
lafreinenl eompris et fauteur de la ver-
^ grecque d'Alexandrie et la Vulgate la-
ifui ont traduit : Jo$ué nrit awui douze
^i. Ro5iJ«a*ïï^» S'hiUa in Jos.f p. 57, 5§.
auire» pierres, etc. Ainsi, deux monuments
ont été élevés, l'un dans le Jourdain, l'au-
tre à Galgala. Osl encore ce qu'a très-bien
établi Van Uerwenien dans sa dissertation
sur le livre de Josué. {Disputât, de UbroJa-
fii^ page 20.)
AcesréflexionsdoRosenmûllcr, nous ajou-
terons un argument sans répli(|ue pour tout
hébraisanfl qui connaît suffisamment la ma-
nière do narrer des historiens de l'Ancien Tes-
tament. Au lieu du futur conversif, que l'au-
teur emploie dans tout ce qui se rapporte au
récit de son sujet principal, c'est-a-dire au
monument que Josué devait, d'après Tordre
de Dieu même, éricer à Galgala, il fait usage
au verset 9, du prétérit, lequel, sert à déta-
cher un fait particulier de la narration qui
ocf^upe principalement l'historien, et devient
un véritable plus-que-parfait. Or, cette con-
sidération suffit seule pour étdblir solide-
ment notre thèse. On conçoit aisément, en
effet, que Josué voulant, avant de s'éloignor
du Jourdain, 'laisser un souvenir du pro-
dige que Dieu venait d'y opérer, ail dû
avant touly ériger un monument analogue
à celui qu'il devait élever quelques instants
plus tard à Galgala. Voilà donc pourquoi il
fit ramasserdouze autres pierres, qu'il posa
à l'endroit même où les pieds Aes prêtres
s'étaient arrêtés, et où les eaux du fleuve
avaient commencé à se sécher, parce que
cet endroit était plus particulièrement le
théâtre du miracle. Mais passons à une ob-
jection de toute autre nature; voyons si ce
monument ne pouvait pas atteindre le but
que Josué s'était proposé en l'érigeant, cl si
parla même le récit de ce passage ne mérite
aucune confiance.
Il faut remarquer avant tout que Josh«»
érigea ce monument, non pas au milieu du
lit du fleuve, mais sur une de ses extrémi-
tés, là précisément où Tarche s'était arrêtée.
Or, d'après le texte même, ce serait sur un
des bords du fleuve ; car on lit au chap. III,
vers. 8 : Tu donneras cet ordre aux prêtres
qui portent Varche f alliance (c'est Dieu qui
parle à Josué) : Lorsque vous serez renus
jus^u*au bord (oiiD qetsé) des eaux du Jour-
<fain, mais en aedans du Jourdain^ vous vous
arrêterez. C'est comme si Josué eût dit aux
prêtres : ^ Sans attendre qne vous so};ez en-
trés dans le lit ordinaire dn Jourdain, dès
que vos pieds seront mouillés de ses eaux ,
arrêtez-vous, demeurez-là, jusqu'à ce que
vous receviez un nouvel ordre. » Celle ex-
plication que nous donnons ici se tiouvc
confirmée par le texte sacré lui-même , qui
porte un peu plus bas (vers. 15); Lorsque
les porteurs de Tarche furent arrivés ou
Jourdain^ et que les pieds des prêtres qui la
portaient furent mouillés au bord de l'eau
(bigtsé bavmagih) les prêtres oui por-
taient tarche d*alliance de Jehovah s'arrê-
tèrent, (vers. 17.) A la vérité, le texte HÎ
ici : betkoch hayyarden liltéralemcnl au mi-
/leu cfii Jourdain; mats outi'e que le terme
hébreu rendu ici par milieu signifie très-
G7t
PIE
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
(11
t
souYonl un point quclconçiucde rintérîeur,
et que joint à la préposition bb» il donne à
cette particule la signitication rigoureuse
dedans^ dedans^ dam V intérieur même, .si-
gnification qu'elle perd quelquefois nour ex-
primer le simple rapprochement^ la juxta
position: il est cerlain qu'il ne peut expri-
mer ici fau verset il) que Tidée d'intérieur
puisqu'il remplace simplement la particule
BE, danst qui se lit dans les phrases paral-
lèles (vers. Set 13) et que la signification de
milieu se trouverait en opposition avec
inATSE, extrémité^ bord, qui, comme nous
venons de le voir, est employé en deux en-
droits dilTérenls par Thistonen, pour mar-
quer exactement la place où les piètres por-
teurs de l'arche s arrêtèrent^
Ainsi, ce n*est pas au milieu, mais c'est
sur le bord du Jourdain que Josué a dû
élever son monument; et comme le passage
de ce fleuve s'ctrectua à Tépoque de ses dé-
bordements (m, 15), la place où s'arrêta
l'arche, et |iar conséquent où le monument
fut érigé, n'étant couverte par les eaux que
dans le moment des débordements, le mon-
ceau de pierres pouvait se voir pendant
presque toute Tannée et résister longtemps
à Taction des eaux, qui devait être très-
faible en cet endroit.
Mais, dans le cas même où Josué aurait
placé ses douze pierres au milieu du lit du
neuve, on ne serait nullement fondé à pré-
tendre qu'il aurait manqué son but. Il n'est
pas dit, en eiFet, qu'il ait voulu ériger un
monument durable, et qui laissât des traces
visibles comme celui de Galgala. Plusieurs
autres motifs ont pu ranimer: un mouve-
ment d'enthousiasme, joint à un sentiment
de reconnaissance envers le Dieu d'Israël,
a dû tout naturellement lui inspirer l'idée
de marquer par un signe quelcon(|ue l'en-
droit signalé par un si grand prodige. D'un
autre coté, la vue de ce spectacle était très-
propre à frapper les Israélites et à impri-
mer bien avant dans leur esprit le souvenir
de ce passage miraculeux du Jourdain,
d'autant ni us qu'il est fort vraisemblable
que Josué leur adressa un discours analogue
aux circonstances. Sans aucun doute ce
monument a dû faire sur eux une impres-
sion plus vive que celui de Galgala. Gomme
ils se seront plu à raconter à leurs descen-
dants tous les détails de cet événement I Avec
quelle émotion ils se seront représentés à
leurs yeux occupés aufonddufleuveàérige>
un monument de pierres sursonlildesséchél
Pourquoi, enfin, Josué n'aurait-il pu faire
ce que pratiquent tous les jours nos sol-
dats? Sans attendre que la nation élève un
trophée à leurs armes victorieuses, ils veu-
lent laisser sur le théâtre même do leur
triomphe quelque marque particulière de
leur victoire, sans s'inquiéter si elle subsis-
tera longtemps, et souvent môme avec la
certitude que l'ennemi la fera bien tftt dispa-
raître. Mais, n'rmporle, il ont obéi à un
mouvement spontané que le bonheur et
\ ivresse du succès ont fait naître en eux.
PIGMENT, existc-t-il chez les blancs?
Yoy. Races humaiiiks, I III. — Recherches
anatomiques.]Foy. note xVllI k la fiR*du toI.
PLAN, y a-t-il unité de plan dans le rèpe
animai. Yoy. Homme. — Variété de plaas.
Yoy, ibid,
PLATON, la Trinité chrétienne vienklle
de [ce philosophe grec|? Yoy. TawiTÉ, JIV.
— examen des divers passa^^es de ses^tiu
relatifs à la Trinité, etc. Yoy. nota XXII
Îi IV et suiv.— Peinture du juste par ce |ihi*
osophe. Yoy. Mttbismb, § X.
PLATONICIENS, le dogme de la Trinil^
leur a-t-il été empruntéîFoy. TBisrrfc,5V.
platoniciens nouveaux , leurs ima;;inatinti<
au sujet de la Trinité. Voy. note XXil, |\).
PLINE LE JEUNE, ce qu'il dil des chré
tiens. Yoy. Mtthisme, |1.
PLOTIN, son opinion sur rorigiocde li
Trinité; réfutation, Yoy. Trinité {Vel
note XXII, § IIL — Son nanttiéisme idfi-
liste. Yoy. Panthéisme, § 1.
PLU1|C est-elle l'unique cause du déiQ;;e*
Yoy. DÉLUGE, 1 1 et II.
PLUT ARQUE, cité sur les démons ei^or
leur influence. Yoy. Posskssio:« Jll. -i
quoi il attribue la cessation des oracles. %
DÉMON, § IV.
POLYTHÉISME, chaos qu'il nrésHnic su
point de vue de l'histoire de Vhuinaiiitr
Yoy. Pentateuque, §III.
POPULACE, dans les commenctetaml^Bj
a-t-il eu qu'elle qui ait cru aux mnclfsdi
Jésus-Christ ? Yoy. note VI ft la fiodo ni
POPULATION du globe avant k dilu^^
Yoy. DÉLUGE.
PORC-ÉPIC (rHOMME). Yoy. noie \Mtt
PORPHYRE, cité sur la cause de lacessi
tion des oracles. Yoy. Démon, { IV.
PORTRAIT de Jésus-Chust. Foyièscs
Christ. — Portrait du prêtre ralholiqui
par Aimé-Martin. Yoy. Prétbb.
POSSESSION. — C'est Télat d'une per-
sonne dont le démon $*est rendu maître.^
distingue la possession de Vobsesêionii'^f^
prem i ère» I e démon agi t au dedans de rtioofl^
dont il s*<^st emparé; i^at la secoode* ii ij»
seulement au aehors. Le possédé s^w
démoniaque ou bien énerguminCf d*ufl t»*^
grec qui signifie agité au dedans.
Les faits de possession parltdt^,^
leurs ditrérents genres, ont-ils existét&j'^^
ont existé, d*où vient qulls n*existeo(p
La guérison d'un aveugle-né, larésontt-
tion d*un mort sont de grands miracles, iii^|
au moins n'a*t-on h croire que le œir*'*
en lui-même ; son sujet existe et mJ^'!^
dans la nature : un aveugle, un mort. M»^
dans les miracles qui ont pour objet la !^|'
rison des possédés, tout est en dehors a<^^^
nature actuelle, et la guérison , ei stïm^
au préalahic, la possession. On confoil (p^
le mJracle ait cessé, mais T^tat de ik^'^'^^
devrait se reproduire. Que s1l n'eiiste j<j
c'est qu'il n'a j^s existé, c'est qu'"^'*;
illusoire; et alors le miracle de sa guén^^'"
s'évanouit, tous les autres miracles refKî<*j^
sur la même autorité sont comprorDi^i^v
doute le plus légitime envaliit (unt«
croyance.
\i
;s
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
674
Cesi à cela qu'il faut repondre.
Véini de possession» dont il est tant parlé
ms l'Evangile et dans Thistoire des temps
^tolJques, est considéré comme un état
iturel par sa fréquence, ou surnaturel par
s caraclères.
Si on le considère comme un état iiatu-
I, OQ oe saurait en conclure qu'il n*a ja-
ùseiisiéf de ce qu'il n'existe 'plus, pas
os qu on ne fiourrait dire que la lèpre n'a
Dais eiisté pîarce qu*il n'y a plus aujour-
m de lépreux.
i^i on le coQdidère comme un état surna-
rel répété (et c'est 1^ en effet, selon nous,
D rrai caractère)* il échappe» par son or-
e, \ loule règle et à toute analogie natu-
lie (J'exi>tence et de durée, et on ne peut
>n conclure de sa diminution ni de sa ces-
De cela seul qu'il n'existe plus on ne peut
Di- cuoclure qu'il n'a pas dxisté; on ne
ui même tirer aucune induction qui en
vblisse la croyance (703).
UQ(roa?e oiéine^ dans son caractère sur-
'M une raison d'analogie avec les mi-
.ie$ qui lui rend applicables toutes les
')«'Q$ qae nous ayons données de la
.*umdon de ces derniers. — Voy. Mi-
CtisoQrtes réflexions pourraient suffire ;
tti^ im allons donner une plus ample
it^iinn h ceunqai aaifeclcraient encore
*iiJilIiculté, en traitant successivement
ijcmiiude de l'état de possession et de
Hkàim de ce phénomène.
§1.
l^Mf d 1 (ait de possession par le démon. — Preuves
•^(Je i'LTaogi.e, d«s Actes des apôtres, des Pères
•*^>Ke prUniUve, Ju silence on de l'aveu des
ris.
1 fait indubitable ressort de la lecture
évangile, des Actes des apôtres, et de
jltmiquc chrétienne des deux premiers
<s : c est que Véiat de possession par le
«t tel que nous l'entendons,. était dans
i^ps-ià considéré par tout le monde f
tiens, juifs, païens, comme un élat
^ notoire. On ne soupçonnait même
ilors riucrédulité qui s est formée à ce
^jV/Juis qu'on n'en voit plus d'excm-
On disait un homme qui a te démon^
x«on dirait aujourd'hui Uta homme qui
^haduc.
-^ exemple est compromettant» dira-
*'//e$t probable, en etlct, que ce qu'on
•«H alors avoir le démon n'était autre
^1 11 esi des crilif|ues qui rejeiKent le pliéiio-
' lie» |Khtoet«îoiis« p8ir4'e quVii raidmeiiaiit,
> ils, ou est forcéiiieul obligé d'admelire aussi
^ni^ane individu deux priucipet înlenies d*ac*
Ci «lipuaés^l'un à Taulre. Ces criiifiues ou-
' ^uf doute que le déttiou n^au poiul principe
■0 ^ mouvcttieiits qu*!/ csiuse duos le corps
■^^^ , oiab quM u*esl qu*UN simple ageui
^ii extérieur, dooi tonio la puiMMice , se
' * 'giter iiitiMbl«inenl les parties du corps de
!•*« . cl i ticf cer une certaine siotion sur sou
«^r les parties les plus iitiiiues ; les dcmuns»
chose que l'état éfileptiqùe, -frénétique ou
lunatique.
— Non ; car cos dernières maladies, h l'é-
gard desquelles, du reste, l'art médical n'a
fait aucun pas, étaient caractérisées et noq[i-
mées alors comme aujourd'hui, et l'état de
possession en était distinct.
Ainsi, nous lisons dans saint Matthieu
que ir le bniit des miracles bienfaisants de
Jésus-Christ s'étant répandu dans toute la
Syrie , on lui amenait toutes sortes de ma-
lades, ceux qui avaient des maladies de lan-
gueur, les frénétiques^ cbcjx qui avaient des
DÉMONS, les lunatiques^ les paralytiques... »
Yariisianguoribusj lormentis comprehensos^
ET QUI D^eXONlA HAREBANT, ei lunùUcOSj et
paralylieos (704).
On voit par ce passage : 1" que l'état de
possession était publiquement avéré; 2* qu'il
était distinct des autres états avec lesquels
il nous parait qu'on aurait pu le confon-
dre, lormentis comprehensos^ — lunaticos.
A chaque pa^e des Evangiles nous trou-
vons des exemples semblables qui témoi-
gnent de la notoriété et de la distinction de
létat de possession : Jésus s'arrêta dans un
lieu champêtre^ environné de ses disciples et
d'une multitude énorme de peuples qui étaient
venus de toute la Judée ^ de Jérusalem et des
côtes maritimes^ et de Tyr^, et de Sidon^ pour
r entendre et se faire guérir de leurs maux. Et
ceux qui étaient tourmentés par les esprits
immondes étaient guéris (705)| et on lui ame-
nait BK GRAND NOMBRE dcS pOSSédés du dé-
moUj et ils étaient guéris ; et la foule^ frap-
pée de stupeur^ se disait : N'est-^e pas là le
fils de David ? Ce que les pharisiens ayant
oui , ils dirent : Il ne chasse les démons que
par Béelzebuth , pritîce des démons (706).
Jésus ayant appelé ses douze apôtres leur
donna puissance et autorité sur tous démons^
AVEC le pouvoir de guérir les maladies (707).
Or, les soixante et douze s'en retinrent avec
joie^ lui disant : Seigneur^ les démons mêmes
nous sont assujettis par votre nom (706).
Qu'on nous dispense de citer d'autres exem-
ples; ils sont communs, et nous aurons lieu
d'en citer de nouveaux dans un instant.
Mais ceux-ci suffisent pour établir que l'état
de possession était notoire et distinct des
maladies. Ce n est pas seulement sur le té-
moignage |iarticulier des ai>dtres que la
certitude de ce fait repose, c'est sur le té-
moignage de la société tout entière de ce
temps, qui parait à travers leur récit ; car
tout homme de sens, fût-il d'ailleurs in-
crédule, sera forcé de reconnaître que les
en un iiioi , uesonl, suivnmin reumrquc jmliricnse
de Benoit XIV , que de simples iiinteiirs exiéricurs
qui out trév-pen de pouvoir sur r&iiie , et qui ue
peuvent nuire au corps que selon la nif^ure que
Dieu leur accorde. (Voj. De strvonm Del beatifi-
cùt.^ I. IV, c. 9, Mri.S, 5.)
(7U4> Uaith. IV , U.
(705) i.tfc. VI, 17,19.
(706) Mmtk. XII , SI , 24 ; vni , 16.
(707) ÈInfêk. IX , I.
(7U8) Ifa/lA. x,l7.
675
PSO
MCTIONNAIIIE APOLOGETIQUE.
POS
6:(
évangélistes ne se seraient (vas exprimés
ainsi, si partout autour il*eux.rétat de pos*
session n*eût été un phénomène constant.
Ce qui fait bien TOird*ailleurs que cet état
ne rentrait dans aucune maladie normale f
c*est que ses caractères extérieurs n'étaient
pas toujours les mêmes: ainsi tel possédé
était frénétique, tel avait été rendu sourd,
^aveugle et muet tout ft la fois; 'tel autre
était |K>ussé h se jeter dans feau ou dans le
feu; un autre était tenu constamment cour-
l)é avec violence, sans |K>uvoir jamais se re*
dresser (709) ; en un mot, la possession ne
ressemblait à aucune maladie particulière,
mais revêtait diverses infirmités sans se con-
fondre avec aucune d'elles. Il fallait bien
que cet état présentât, à travers ces diver-
ses infirmités, un caractère tout particulier,
car sans cela on l'aurait confondu avec ces
infirmités mêmes, et on n'aurait pas distin*
gué tel frénétique d'un autre frénétique, tel
muet d'un autre muet, etc., en disant de lut
qu'il éiait poêsédé du démotiy comme une
chose quetout le monde voyaitotcomprenait.
14 y avait en effet, dans la |)osscssion, des
caractères accidentels et particulier» qui tra-
hissaient, |)ar des effets physiques ou mo-
raux, la |>résence d'un agent surnaturel et
satanique (710).
C'est surtout par le contact des possédés
avec la toute-puissance du Christ que la
présence de cet agent, que toute sa rage et
toute sa nature maudite jéclataient, s*accu-
sant lui-même, avec des cris et des hurle-
. ments, comme l'auteurdcs misères du {lenre
' humain, et confessant la divinité terrime du
Fils do Dieu, qui venait renverser sofi em-
pire. Mais le Sauveur modérait cet (''datant
témoignage, et lui ordonnait de se taire en
le chassant (711).
Jésus-Christ avait solennellement délégué
son pouvoir sur les dé.nons aux apôtres; et
nous voyons ceux-ci, dans les Actes ^ user
de ce pouvoir. C*est ainsi que, dans la ville
de Pliilippes, saint Paul guérit, au nom de
Jésus, une Tdle [lossédée, (lui procurait à ses
inattres un gain considérable en découvrant
les choses cachées (7J2). —Nous lisons aux
mêmes Acles^ que dans la ville d'Ephèsc, où
se trouvait Paul, des Juifs de la race sacer-
dotale, a^ant voulu éprouver cotte souve-
rain 9 puissance du nom de Jésus sur les dé-
mons, tenteront la guérison de quelques
jms.sé.lés par celte adjuration ; Je vous ml-
jure par Jésus que Paul prêche^ mais Tcsprit
immonde ré|K>ndit : Je connais Jéscs, el je
sais qui est Paul; mais vnus^ qui étes-vousf
(709) TcIk soiil les ilivcr« cxciuplos de |>osscs-
sioii C4msigtié& Uaiis ri«lv;iiigiic.
(.710) Voici ipi«lf|iie« uui «les Mgiies reciieilli«
par le« plus habiUs luliirulisics cl pliyi»i«:iciis :
1* lorsque les possédés dciucttreiil sui^peiMluK en
l*air peiiikiut un l«iii|is considérable, sans que l'ail
puisse y avoir aucune part; 2* rors4|u*ils parlent dir*
férenles langues sans les avoir apprises, eirépoiiileui
jiible aux quenlions (|u*on leur fail iians ces ian-
• gnes; 3* lori»iprils révelenl te ipil se passe aciuelle-
nient f\;%ns des lieux éluignés , s9ns que i on puisse
auriliuer veUe coiuiaissiincc au liasard ; 4* lors-
qu'il;» ilccuuvrt'ul de» chubcs cacbce:» qui ne |ieu-
El un des possédés, se jetant sur em, le$
couvrit de mauvais traitements. Cet évéoe-
ment ayant été su de tous les iuib et de
tous les gentils qui peuplaient la ville di;.
plièset la crainte s'empara des cœurs, elle
nom du Seigneur Jésus fut glorifié (713).
Voilà ce que nous lisons dans les fnmgiflfi
et dans les Actes: et, k moins que de se rin
de ces livres, les plus authentiques, les (ihs
véridiques, les plus saints de tous les lirres,
il faut admettre la certitude de l'eut de |x».
session. A ne prendre ces livres inèmesqoe
comme des livres ordinaires, on est forcé
de voir, dans ce qu'ils dis^mt surcesojel.
la croyance universelle de ce temps foodée
sur les faits les plus constants et les mm
équivoques. Aussi ne trouvoiis>nous Duiie
|iart qu ils aient été contredits è cet eodroil,
soit par les Juifs, soit par les païens.
Le scepticisme moderne trouvera peol-
être que ces faits se sont passés surun M»
tre trop étroit, trop reculé* tropk Tabride
la critique par Totiscurité sainte qui Tenre*
loppe, et demandera , puisque les faits de
ce genre étaient alors si constants, ijoiio
les lui fasse voir ailleurs que dans la Jadà
Toute satisfaction .peut lui ètredooié,
et ce lliéAtre qu'il trouve trop étroit ti si-
lari^ir. Ce n'est pas au sein du judaïsme seu-
lement que ces phénomènes se soot pro-
duits, mais c'est aussi et surtout en bee du
monde païen, elaucœnrdesacivitisi/laow
de son empire. C'est là surtout ^Te^pn]
de mensonge a été confondu, eli{irocliair
lui-même les grossiers artlflees par lesquels
il abusait l'espèce humaine.
Entre tous les moyens de propasalion^ii"
l'Evançile, celui-ci a été pendonl pius «i<*
deux siècles, le plus décisif et la ptus |)a-
tent. Nous ne concevons rien de pioutMi-
cluant que les témoignages que nous allons
en donner.
« C'est de Jésus-Christ seul, ditsaiodn^
née en face des païens, que ceui qui léser
vent tiennent la grâce, cliacun selon k^m
cju'il a reçu, d'opérer des merveilles pi
1 utilité des hommes. Les uns, en effelfiha^'
sent les démons avec une autorité si «m*
veraine, si elHcace, que ceux qui en étiieu'
tourmentés, surpris et recoanaissanl> >^
leur délivrance, se convertissent à IS^
se, etc. » (714).
« Nous chassons, dit un autre célèbre i|^
logiste, les esprits trom|)eurs; et ils aruoeDi
que c'est par l'eflicace de nos prières i^ui»
sont chassés des corps. Saturne, SérapiN Ju-
piter, s'accusent en fuyant, kt c'est, ôfiw
vont être nainrellenicnt coMnuC'i, comme bF*"-
sces , les ilc»irs , les senfliim*.kls mflérîeiiri «le fff'
laitues |H;rsoiiiies. — Voy. les Lettres de V. ««
Saint-André sur les possédts; les Lntm Mskf^
de l>. La Tastc wx défêusemn éês esmniùHt;»
ÙisêeriniioM ilc D. Calnkt s«r tes shssshn H jn
pQssêssiQMs au démon^ Bible liUrifffM, IM^ ^^
|i. 293. Yey. aussi l\Nivr»ge de M. u Hiavioi.
Des esprits Si de leurs mutujestaJutii fsiàij'*^*
(7ii) Mare, ni, IL
(7l<a) Aet. xvt, V. f6.
(7f 5) Àct, XIX.
(711) S. iRCff., hb. Il, c. ^«
fl
PUS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
678
L>!fi1 VOTtS PBiSENCE QLML9 NOOS RENDENT
loiGXACB. Si TOUS ne croyez pas ce que
us vnus (lisons, pouvez- vous ne pas croire
qu'ils disent eux-mêmes (715) ?
(>rii;ènp, s'adressanl h un des «lus rio-
ns ennemis du cHrislianisme, à Celse» lui
ma éi^alement ce fait, que « iou$ tes
iri les démons sont ciiasst'^s par le seul
(0 lie Jésus (716). »
lalius Firmicus Maternus, si connu par
ijcfensc de Ja foi, Tappuie sûr les mdtiies
^ewenls, et la justifle |>ar les mômes pro-
p : « Votre Sérapis, » dit-il (et h qui
lyûMous qu'il adresse la parole? C'est à
[[)byre, cet autre implacable ennemi de
{luvslères), « voire Sérapis est donc ohli-
ilel^omparaftre aui ordres d'un homme,
mimiii de rompre le silence qu'il vou-
ii garder. Vos dieux n'osent faire tout le
I qu'ils méditent, retenus par la force des
vie5 sacrées ; et ce que vous adorez est
U à souffrir les tourments dont nous
è><ms les im|X>5tcurs (717). »
^taoce, dans son admirable livre Des
imoM ditinesy dit encore formellement,
j^\\ia ces paroles : « Les démons trem-
m ilevaiit les adorateurs du vrai Dieu,
fiA'kmiu les fait sortir des corps. Flagcl-
«r^res paroles sacrées, non-seulement
»aiuK>^t qu'ils ^ont des démons, mais
>^ /i!> dénoncent eux <* mêmes leurs
^ ces noms sous lesquels ils se font
^iim les temples; et ils font cela le
MsurfAt en présepice de leurs adorateurs,
Koiestent quelquefois avec d'horribles
•fiueiKs qu'ils sentent qu'on les bft et
oiles brûle, et qu'ils sont prêts à sprlif
"wps qu'ils possèdent (718).
iai55e plusieurs autres témoignages
itiirectset aussi formels, Arnobe, £u-
. saint Athanase, etc., pour venir à cc-
u ^rand saint Cyprien. Enuméra.it les
%es que recevaient les nouveaux bap-
• d dit : tt 11 leur est donné de rendre
II aux plus furieux et la douceur aux
tiques ; de chasser les démons, de les
^t ^ la confession de leur misère, de
^fe'f/lef, de redoubler l'anlvur du feu
« déiore (719). »
^urs, s'adressant h Démétrien, engagé
{< culte des idoles, et un des plus fu-
persécuteurs de la foi chrétienne (720),
(«qu'il lui dit : «Ohl si vous vouliez
*lisiT. Fr.ux . Diatog,
'*'ORic., Cont. Celé', \i\uu
^ Ik error. prof, relig.
^' Lact. , Dffv. insiU. , lib. il , c. 15* Voyez
^l»IT,C. Î7.
'> S.CimeM, cpîst. t, sd Donat.
h Deinéirieii éuli investi d*uiie charge piio.i-
II lui ilouiiaii lieu «fe^ercer sa r;ige conir*^
*'eliens , €1 saitii Cyprieii p»7«i de sn léle le
limrage ;ivec le<|U«l il coiift^ssa la véi'ilé.
) S. tmitfi, Episi. ad Dememan.
>i ^p^cg. c. 23.
•i \<Hit kVMis négligé plusieurs autres lëinoi-
k;ci9cii«Uiu Dou» croyons di'voîr uieiitioiuicr
1«* <:e Sidpîce Sévère, c J'ai vu , <lii-il , nu
l( élevé en Tair les bras cieiidus, ih rapprocti*'
^iteft de isiîul Merlin (Dtal. 5 , c. t») ; i
les entendre vous-même et voir comme no*i8
les conjurons, comme nous les torturons
avec nos fouets invisibles ! vous les enten-
driez jeter des cris, pousser des hurlements,
des gémissements, avec une voix humaine,
sous les coups que la puissance divine leur
fait sentir par nos paroles... Venez donc, et
connaissez la vérité des faits que nous vous
disons; et puisque vous vous dites adora-
teur des dieux, croyez ce qu'ils nous disent
sur eux-mêmes : que.si vous voulez être per-
sonnellement lo sujet de votre croyance,
vous entendrez (larlcr de vous ce même es-
prit trompeur qui vous aveugle. Vous ver-
rez ceux que vous suppliez nous supplier,
ceux que vous adorez nous craindre. Vous
verrez sous notre main, tremblants ei en-
chaînés, vos maîtres. Certes, vous aurez
lieu de rougir de vos erreurs, lorstjue vous
les verrez lorcés, par nos questions, à dé*
celer, vous présent , et leurs prestiges et
feurs impostures (721). »
Qu'uu texte si fort et si précis, après tant
d'autres, est fait pour jeter d'inquiétude
dans l'Aipe de rincrôduiel
£l toutefois en voici un plus décisif:
« Voici la démonstration par le fait, » dit
Tertuliien dans son célèbre Apologétique ^
en s'adressant à la puissance païenne :
« Qu'on fasse venir devant vos tribunaux
un possédé notoire; qu'un Chrétien, quel
au'il soit, n'importe, commande à cet esprit
e parler; et que si, n'osant mentir à un
Chrétien, il ne coiifes^^e pas uu'il est vérita-
blement un démon, et qu'ailleurs il se dit
faussement Dieu, répandez sur le même
lieu le sang do ce téméraire Chrétien
Qu'y a-t-il de plus manifeste et de plus sûr
qu'une [lareille preuve? Voilà la vérité elle-
même avec sa simplicité et son énergie
(722). »
Non, il n'y a rien de plu« manifeste et de
plus sûr : c'est la vérité Biime; et le scepti-
cisme n'est plus [K>ssible d'àpvh des témoi-
gnages aussi imposants, aussi nombreux,
aussi unanimes, aussi explicites et aussi
formels que ceux de tous ces grands hom-
mes parlant en face de leurs bourreaux, avec
la double autorité de leur génie et de leur
ver.u, et i)osaut leur tête eu gage de la vé-
rité du fait dont ils provoquent la solennelle
et juridique ex péri^iee (723).
Joignez h cisk te silence de leurs adver*
cdiit de sahK Paoliii, si disiingué par sa iia'ssaiici»,
ses luiuières, son dë^intére^en eui, el ta saitiieié;
lequel, dans la Vie île saini Fcll\ de Nolo, aUe.^te
AVOIR vp un possédé marcher contre In toute d^uut
égliu, ta tête en bas, •nm ifue ses habits fussent dé^
rangés ; «l que cet homme fut ijuéri au tombeau de
iaint Félix. — Ceries , iiiitis ne koinmcs pas en-
tliH k la ciédolilé, l:«m »'en r»iil! inaU nous ne-
prouverîoiis que de la pitié |»OMr celui qui iwécoii-
nalirait les Uires du léjnoignage , les ciraclCfes «le
la vérité, ei les devoirs iotniiie les droiU de la
niisoti, à ce poini de ne pas savoir cioreà des
faits ainsi certiflés, nniquenieiii parce qu'il* sont
incomprélieiidbles. Cest nne singulière imprudwee.
aurait dit MentAigiie , et une hardiesu dangereuse et
^tre Vubiurde témértté quelle
679
VOS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
POS
m
sairesy qui ne tes démentent |vis, qui n osent
pas relever leur dffi, ou plutôt qui convien-
nent, comme Julien, du fait des [>ossédés et
de leur guérison (724).
L*état de possession par le démon h Tori*
gine du christianisme, et Taction du chris-
tianisme sur cet état, est donr un fait cerr
tain, quelque préjugé que sa disparition de
nos temps inoiterues élève contre cette cer-
titude, et quelque inexplicable que paraisse
cette disparition.
fn.
ExplIcatioD dtt phénomène des pctssewions. — Croyance
universelle à Teiistence et âi linfliience des démons.-*
Les possessions au temps de Jôsus-Chrislj servent h
manilèster la divinité dn Libérateur; contribuent après
Je mi-Christ ji rétablissement du christianisrae.---Pour-
quoi elles ont cessé.
Qu'il y ait dans le monde un certain genre
d'esprits malfaisants que nous appelons dé-
mons, outre renseignement de la religion,
c'est une chose qui a été reconnue par le
consentement commun de toutes les nations
et de tous les peuples. Nous Tavoiis prouvé
ailleurs. [Voy. Démon.)
Ce qui n'est pas moins positif, c'est que
tous les peuples du monde, à travers Tim-
mense diversité de langues, de mœurs et de
religions qui les sépare, ont eu sur lorigine
de ces démons, sur leur chute, leur caraC'
tère, leur rapport primitif et funeste avec
rhumanité, sur l'influence maudite et per-
nicieuse qu'ils ont contractée depuis lors sur
elle, et enfin sur la répression que devait
leur faire éprouver le Libérateur attendu
par toutea les nations, une croyance telle-
ment identique dans la sin^xularilé de ses
détails, qu'on ne saurait absolument Texpii-
quer que par une révélation primitive etua
grand événement originel. Ce fait se trouve
assorti de tontes les justifications désirables
dans les divers articles de ce Dictionnaire
auxquels nous renvoyons le lecteur.
En un mot, on peut affirmer, avec une
conliance que la science justifie d'autant plus
qu'elle est plus profonde, que l'enseigne-
ment du christianisme à ce sujet est la
croyance même de tout le genre humain,
conservée dans une tradition plus pure, et
vérifiée dans son objet.
Or le christianisme nous enseigne, com-
me on le sait, que l'ange rebelle et déchu,
par la faute irrémissible qu'il avait commise
dans le ciel, devint avec ses complices l'ar-
tisan du mai sur la terre. « Quand Dieu créa
les purs esprits, dit Bossuet, autant il leur
donna de part k son intelligence, autant leur
en donna-t-il à sontpouvoir; et, en les sou-
mettant à sa volonté, il voulut, pour l'ordre
(7ii) S. Gtkil., C. Julian.
<725) lloséiDET , Elévm, $ar it$ myuèrei»
<7!26) Entre aiiircs preuves iioiiil)ieiise.s qui eia-
liliSKCiil io rapport île cette révéla tiuu chrciiciii.e
snr les démons avec la croyance de tontes les iia-
lions , lions rapproclHsrons scutenieni ici ces pas-
sages lie Piuianiiie : c Je ne sais si nous ne devons
|ioîn( a«lnM*tlre , lont estrange qu'elle nous paroisse,
celle opinion queranHquUé nous a iranêmUf : qu'il
y a (tes ilénions envieux et méelinnts, qui s*atia-
client pur jalousie aux liotntiics vertueux, mettent
du monde« que les natures corporelles «;
inférieures fussent soumises à la leur, se-
lon les bornes qu'il avait prescrites. Les an-
Ses déserteurs et condamnés n'ont perdu
ans leur chute aucun des avantages et es
dons de leur nature, ni la puissance, ni lii
vigueur, ni l'activité ; tout est entier en m,
excepté leur justice et leur sainteté, etcon-
séquemment leur béatitude. L'intelligence
leur est demeurée aussi perçante et aussi
sublime que jamais, et la foix^e de leur vo-
lonté à mouvoir les corps parcelle inèaie
raison leur est restée comme da débris de
leur effroyable naufrage. Mais Dieu leari
tout changé en mal, et ce qui leur serrait
d'ornement leur tourne maintenant à sof'-
plice. ils sont devenus superbes, trorapenn
et envieux, et réduits, |>ar leur misère,»
triste et noir emploi de tenter les horom
ne leur restant plus , au lieu de la féiiciié
dont ils jouissaient dans leur origine, que!^
plaisir obscur et malin que peuvent trouver
des coupables è se faire de$comnliceJ,ct
des ' malheureux à se (donner ces coin-
pagnons de leur disgrâce (725). «Ce-
pendant, quelle que soit la malice destlt*
nions, ils ne peuvent exercer leur pwwir
sans la permission de Dieu, qui retieDti«ar
fureur dans certaines bornes; quiresimui
en eux, comme il lui platt, la liberté de nuire
aux hommes: qui la donne plus oo mm
grande, selon que sa souveraine $|2«^/0
luge convenable aux intérêts desip^J
la punition des pécheurs, ou à kfmtctioù
des justes.
Au commencement, celte puîs8iïi«çw-
verse fut lâchée contre l'homme dans toulc
la force native de sa liberté, pour lui ^n
procurer l'exercice, et lui donner lieu da-
jouteVà la perfection de sa nature celle df
sa volonté. L'homme faillit à répreuTe;S(«
ennemi devint son vainqueur. Celui-ci pfj
da sur lui un empire malfaisant, par leqi»
il le traîna à toutes sortes d'erreurs et de «;
sordrcs, jusqu'à s'en faire adorer, el w
faire une reli^jion el des divinités de »
crimes mêmes. .
Mais Dieu, qui avait permis cette W«
expérience de la faiblesse humaine et*"
malice des démons, devait nous faireemfr
ver à son tour celle de sa bonté secoonj
et toute-puissante, en abattant notre eaaf»
au plus fort de son triomphe, selon ceili»-
tique promesse tant de rois rcnutiTejee |*f
les prophètes : Je mettrai une invnitu ««^J
toi et LE FILS DE LA FEMME ; H /Vrfai«B «
téte^ et tu ne pourras que tenter de U m*""
au talon (726).
obstacle à leurs lionnes actions, cl ttarj^^f^
dans regprit «les troubles et «les fwyciirs iini^
teiit et quelquefois nicuuies «'sbnitileiH Icor »ff' ^
de peur qu%îii ileiueiiraiit fermes et i«**"J? j^
diiiis le bioH, ils ii\iy;iil eii^ P»"*^**^' *^iV''
iHori , une lueilleure vie que n'eM la Iw- Vi^-a
Dion., uoniii. II.) — t Xéiiocr» le lient «ije wjf
nialeucoutrcux où il se fait «*l dit q«eK|««
lioiiteusc cl vilaine, ît uVstime |ionU ^^^fl^
p;«rlie4iue aux bons dieux; »•*•* *l" " V-^fi»»
des ualuros granik-s et puissanics.a» w«w
M
POS
DICTIONNIIRE APOkOGETiOUE.
POS
m
Telle élâii la graade mission du libérateur
ésQS^hrist.
£t maintenant rexplicalion que nous re-
kfnhons se découvre:
Jésus-Christ venant chasser le démon du
ioo(/e, où il régnait en maître, devait ma-
feter sa puissance dans ce sens. La malice
I démon, qui n*était parvenue à tromper
s hommes (|u*en les aveuglant sur elie-
èiue, devait être exposée dans toute sa
mrsiféetson impuissance. Pour rendre
ijiération de notre délivrance plus sensi-
t cl plus convaincante, il fallait que le
iaripe du mal fût mis à nu et traîné au
ud jour, dans toute son horreur et toute
iiDisére;il fallait que la lutte entre lui
aotre Sauveur fût ouverte, et queTaction
: oriire ennemi devint plus ostensible ,
«irque la toute- puissance qui nous en de-
vrait fût plus éclatante.
Mr (éloigner qu*il était vraiment le
onurdesflmes, Jésus^Christ dût paraître
SsuYeur des corps ; et pour qu*il parût
îdurear des corps de manière à faire voir
ûieuit le Sauveur des flmes, il dut per-
^tquelaméme puissance malfaisante,
Jfv»édait les flmes, possédât aussi cer«-
^f'^fde manière qu*en la chassant
itrts^xj^ il parût clairement qu'il avait
t;5Hir0Jrde la chasser des flmes, et qull
tirrntablement notre Libérateur. Ce fut
W(«!a(|ue lorsque Jésus-Christ voulut
Mi/ester, il permit aux démons de se
^iii^ter aussi, et qu*ils imitassent en queU
t^urle son incarnation, afin quMls de-
^n{ visibles en un sens et corporels,
«unissant au corps de l'homme dans
^ma de lui nuire ; et qu'étant liés
les clialnes que leur malice avait for* .
^f ils fussent ainsi amenés devant leur
|et leur maître, condamnés par lui en
tic comme des esprits impurs, et chas-
tosuitedu temple intérieurqu'ils avaient
^ pour lo souiller, et de tous les tem-
extérieurs, où ils cachaient sous une
^ majesté le plus honteux al^issement
plus profonde misère dont la créature
upable. L'incrédulité ne comprend rien
|*(«sédés de Gérasa, et à la demande que
tliésus-Chriat les démons qui les tour-
iiient, d'entrer dans un trou()eau de
ws;mais rieu de plus significatii quand
P4 ei mil aeoinUbles, qui ont plaisir que
^ de telles cIioms pour elles, i ( floMê
ifombattre, dll ftaini Paul, contre in put*"
'<• ténèbrtê , coNTai les esprits de malice
Y^ »A!is L*AiR« {KpUet. VI, 12.) — f Empëdo-
SMHs au qu*ils Bout punis et cliasiiés des
^loffeoies qtt*ils ont commises... A cela
>U« oaîrvement ee que Ton récite de Typhon,
^ par son envie et sa nialignitë Ipusieurs
i*^ r,liosei , ei qu*ayaat mis tout en combas-
t r«aiplil de maits et de misères la mer et la
> ^i puis en fui ponl,et la femme et sœur
^ra fit la vengeance, esteignant et amortis-
r^se et sa foreur.... D*antres disent que ce
^* la Temme , mais u» de ses descendants,
<tpi ne tua pas do tout eiitièremeni Typhon ,
«i osta la force et la pul^ance de pouvoir
M f'iire... La Diviaiié ne voulutpas permettre
DlCTtOHXAlAE APOLOttiTIOVE- U.
6n considère ces anges, autrefois de lumière,
et qui marchaient les premiers devant le
Très-Haut, ces esprits tJe mensonge deve-
nus les princes du monde où ils sefaisaient
adorer partout comme des dieux, forcés de
déceler la noirceur de leur usurpation et la
bassesse de leur misère, à ce point de se
faire un temple du c^rps de ces vils ani-
maui, et de le demander à Jésus-Christ
comme une grâce : et deprecabantur eum
tpiriiuSf dicentes : Mille nos in porcoi (727) 1
Quand on demanda à Jésus-Christ pour-
quoi Taveuglei-né qu'il allait guérir était
affligé de cette infirmité, Jésus-Corist répon-
dit : a Cet homme n*est point né aveugle,
parce qu'il a péché, ni ceux qui Pont mis au
monde ; mais afin que les ouvres de Dieu pa-
raissent en /ut. » Cette explication, de la
bouche de Jésus-Christ, vient s*adapter elle-
même à notre sujet: et à la question, pour-
quoi V avait-il des po^^^de'tf du temps de Jé-
sus-Cnrist ? la réponse à faire est celle-ci :
Apn que les œuvres de Dieu parussent en eux.
Par le miracle de la guérison de Taveugle-
né et des autres infirmités naturelles, Jésus-
Christ ])araissait bien supérieur à la nature;
mais ce n'était pas assez pour caractériser
sa divinité, puisque d'autres que lui avaient
fait autrefois les mêmes prodiges. La qua-
lité spéciale surtout en laquelle il venait, de
Libérateur du monde et do vainqueur de
Satan, n'en ressortait pas invinciblement.
On pouvait, selon l'anoienne opinion des
mages, qui s'était glissée dans toutrOrient,
et qui a re|)aru dans les manichéens et les
albigeois, croire que la puissance du démon
était indépendante de celle de Dieu ; on
f|ouvait, avec les sadducéens et les matéria-
istes, nier l'existence de ces esprits ou leur
inlluence ; on pouvait, comme les païens,
reconnaître cette influence, mais se mépren-
dre sur sa nature jusqu'à lui transporter
les honneurs dus h la Divinité ; on pouvait
enfui, comme les Juirs, connaître la vraie
nature et la vraie influence des démons*
mais ne considérer Jésus-Christ que comme
un prophète semblable à Moïse, ou même
un enchanteur semblable à ceux que Moïse
avait confondus. Toutes ces erreurs devaient
être dissipées par des faits décisifs. U fal-
lait que le Fils de Dieu fil des œuvres que
nul autre n'eût faites^ comme il le dit lui-
qucsa puissance (deTjrplion)fufttdu tout anéjn'ic,
mais seulement la lâcha et la diminua, voulant que
le combat deuieurasl. i Plutarque, De iûs et Osirit^
11*' XXIV, XXXIV. — Les traditions drs autres peu-
{>les du monde ne sont pas nioius frappantes p:ir
eor concordance avec la révélation cli retienne, et
de toutes on peut dire , comme Plutarque de celle
des Egyptiens : A ceim ressetaèle nailnment. (Voy.
Démon.)
(727) Mare, v , H ; Luc. viu , 3I.,^ C'est ainsi
que,[dans la divine parabole de PËnTant prodigue, ce
malheureux est représenté enoiairt ans pourceaux
leur sale nourriture. Mais , moins coupable que
range rebelle , rhomme ici-bas peut encore se re-
lever par la pénitence, et prononcer avec des lariyie^
ce mot que l'enfer irent^Midra Jamais : Surf nm j et
xbo ad pairem^ et dieam < ' "^ - ' ' '
«85
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
(ÎS4
même, et qu'il commandât non-seulement à
la terre, mais aux enfers. Il fallait que Ken-
nemi du genre humain parût sous ses pieds
dans toute sa fureur et sa dépendance, et
proclamât lui-même le triomphe de son
vainqueur.
Aussi, lorsque ces esprits immondes al-
laient d'eux-mêmes au-devant de Jésus^hriit,
se roulant à ses pieds^ et criant. Tu es le Fils
de Dt eu (728), laisse-nous; qu'y a-t-il entre
nous et toU Jésus de Nazareth^ Fils du Très^
Haut ? Nous savons qui lu es ; tu es le Saint
de Dieu (729j. Es-tu venu sitôt nous tourmen-
ter? Ne nous chasse pas encore^ ne nous re-
jette pas encore dans l'éternel abîme, permets-
nous plutôt d'entrer dans te corps des plus
vils animaux ; lorsque le Sauveur, avec une
majesté calme, étendant sa main souveraine,
disaii: Esprit immonde, tais-toi, et sors de cet
homme, je te V ordonne ; et qu'à l'instant, à
travers les convulsions de la plus épouvan-
table rage, l'enfer lâchait sa proie, alors stw
pebant omnes in magnitudine Dei (730)!!!
A la vue de la résurrection d'un mort, le
peuple avait gloriQé Dieu, disant : Un grand
prophète s'est levé parmi nous, et Dieu a visité
son peuple (731). Mais à la vue des démons
chassés, une respectueuse terreur perçait
plus avant dans les âmes, et on se. deman-
dait : Qu'est-ce que ceci ? et quelle est cette
nouvelle doctrine, puisque son pouvoir s'é-
tend jusque sur les démons, qu'ii leur com-
mande, et qu'il en est obéi ? Ne serait-ce pas
le Fils de David que nous attendons (732) ?
Vainement les pharisiens veulent-ils don-
ner le change à la multitude, en disant : Jl
chasse les démons, il est vrai ; mais ne voyez-
^ous pas que c'est au nom de Béelzébuth ,
prince des démons, dont il est possédé? Ils ne
font par là que donner lieu à ce syllogisme
invincible de Jésus-Christ, qui confirme
tous nos raisonnements : Tout royaume di-
visé d'avec lui-même périrait à l^instant. Et
si Satan chassait Satan, il serait divisé davec
lui-même et se détruirait. Si donc je chasse les
démons, ce ne peut être au nom de BéeU
zébuth, mais par la vertu de Dieu.,,. Donc
LE RÈGNE DE DiEU EST ARRIVÉ PARMI VOUS (733).
L'opposition des deux règnes était en effet
rendue évidente par l'extrême différence
que la délivrance des possédés mettait entre
les deux rois, et l'expulsion visible de Sa-
tan mettait en relief l'apparition du Fils de
Bieu : In hoc apparuit Filius Dei, ut dissol-
jvat opéra diaboli (13k).
Ce fut pour cette raison que les posses-
sions continuèrent d'être fréquentes après
la résurrection de Jésus-Christ, afin que les
apâtres et leurs disciples montrassent à tout
le monde quel était sou pouvoir. Aussi
voyons-nous les premiers dépositaires de ce
pouvoir en être eux-mêmes transportés
d'enthousiasme , lorsqu'ils revinrent aux
(7Î8) Mare, m, 11.
. .X729) Luc. iV , 34.
(750) Luc. IX , 43.
(731) Lttc.vn,i6.
fûeds de leur Maître apr^s en aroir .„,.
'essai. Retournant avec joie, dit l'ETangilç,
ils dirent à* Jésus-Christ : Seigneur^ Mi«E
LES DÉMONS nous sout soumis par la Ttrtu dt
votre noml (735) 1 Quelle conGance et (joel
courage cette expérience de Tachon ditine,
dont ils étaient les minisires, ne devalklle
pas en effet inspirer. aux apôtres et à leurs
successeurs? Qu'avaient à craindre des hoDi>
mes qui faisaient trembler les démons, e(
quel gage de la vérité de celte parole ; Cou-
ndile, ego vici mundum ! C'est là, c'est dao$
les miracles qu'ils opéraient, c'est surtoui
dans leur pouvoir sur les démoDs, manifesié
f>ar la guérison des possédés, que se \iom
e secret de leur audace à s'attaquer à 1 uni-
vers païen, et de leur rapide succès. Âk>i
nous voyons, dans les Actes des apôtra^
qu'un des [)lus grands pas que la doctrine
chrétienne ait fait en ses commencemeûts
fut dû à l'événement que nous avons déjà
rapporté des faux exorciste5 juifsi et do mal
qui leur advint d'avoir voulu conlrefiiire la
puissance du nom de Jésus, à l'imitation <l«
Faut. Cet événement, disent {esActa^tmi
venu à la connaissance de tous les hi[i(t
gentils qui habitaient Ephise, la <err»nV
battit sur tous (cecidit timor super omo^
et le nom du Seigneur Jésus fut txM,tt
plusieurs de ceux qui avaient cm mmt
confesser leurs péchés. Il y en eutûmitras'
coup de ceux qui s'adonnaient avj «m^
occultes, qui apportèrent leurs ftftf ^ (<*
brûlèrent devant tout le monde, im croit-
sait la parole de Dieu puissamm^^ (t n
renforçait (736).
Cet élément de conversion devint sorioui
souverain lorsque le christianisme, sorinio
la Judée, se trouva face à face avec le pai«-
nisme, qui était plus parliculièremenlliM-
vre de l'esprit de mensonge. Là, selon qw
nous l'avons vu par tant et de si forts t'^
moignages, Dieu permit que les démofô
s'accusassent eux-mêmes hautement, par^^
bouche des possédés, comme les auteurs (<
les objets de ce culte infâme et exirava^'
qui déshonorait l'espèce humaine. Qii«»^
impression ne devait pas faire sur les jtfiM^
ce spectacle, fréquent alors, de la puissiB»
des Chrétiens sur les démons, et de la a^
fession de ces esprits de ténèbres, q^J^*
n'étaient autres que leurs dieux I Sj^eti*'
auquel les Chrétiens les conviaient m^^
tant de confiance, ou même qu'ils s ottr^«J
à leur donner en public et au pied m^
de leurs tribunaux. Ce fait a beau nouM«-
raltre étrange, il ne saurait être cooie^j^
sérieusement lorsqu'on considère, v^^:!
duite des Chrétiens, si unanime, sio\j^JI^
et si résolue, non-seulement à i*"^^;
mais à l'offrir pour expériment do le'in"';
2'» le silence de leurs plus violents ennemi»»
qui provoqués sans cesse sur un V^^^
Marc, 1..27 ; MaUlt. xu , i3.
(735) .. Igtiurpervenitinvotregum
XII , 25 , ^.)
(734) i Joan, ui , K.
(735) Luc. X, 17.
(73(>) AcL XIX , 17 , 20.
Dti (l'J
:'X
K
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
688
'eiN/; /)*/ répondent pas un seul mot; 3'
nlio Je grand nombre de conversions qui
0 1 laicul le fruit, et tout le paganisme qui
) (fevint bientôt la conquête. C'est là en
fetuiiedes choses qui servit le plus au
i^rèsda christianisme parmi les paient»
irce qu elle était le plus sensiblement dis-
^ dans ce but, selon que nous Tavons
pliquéplttshautyet que vient le confirmer
langage de Tertullien. « Le pouvoir que
MS avons sur \ts démons, dit- il auxpaïens^
us vient du nom de^ Jésus-Christ et des
un* es que nous leur faisons de sa part et
celle de Dieu. Craignant le Christ en
ett,e(Dieii dans le Christ, ils sont sou-
» aui serviteurs de Dieu et du Christ.
M, eu notre présence, à notre comman-
ib'^ol, elTrayés par la pensée et parTimago
ftu éternel, vous les voyez sortir des
:yi, pleins de furuur et couverts de hon-
; tous les crorez lorsqu'ils vous trom-
il croyez-les de même lorsqu'ils vous di*
( k vérité.,. Les témoignoges de vos
ufonibeaucoup deChrétiens^ parce qu*on
[ciii les croire sans croire au Christ.
. . 1) enflamment la foi à nos saintes
•W)^ ils atTeruiissent le fondement de
'■•w?'»{)irance.,. Toute cette confession de
■« iimqui avouent qu'ils ne le sont pas,
'I. :iVi point d'autre Dieu que celui des
'*n'(i!),sul]it saus doute pour nous justi*
•• tî pour vous convaincre d'adorer le
•''•"«je... Je crois n'avoir rien à ajouter à
'-î'Oitstration de la fausseté de vos dieux,
>:Mérité du nôtre. L'autorité de vos
LT mêmes est venue mettre le sceau à
i^t'oce et à la force du raisonnement, a
>"i( le monde comprend maintenant
N'joi les faits de possession parurent
^i h l'époque de la venue de Jésus-
M, et se produisirent pendant tout le
» que le christianisme eut à dissiper
sne()res du paganisme. C*est qu'il fallait
<%!> ténèbres, pour être dissipées, pa*
ntt telles^ et que la lumière aussi parût
>(VIle était. Ce n'est que par opposition
:eij jiouvait avoir lieu, et par une op-
i<'n sensible comme tout Tétait alors.
tvia, il ne suffisait pas que la lumière
!i (îans les téoèbres, les ténèbres ne
'•'Bien d^autres aperçus, féconds en întéréi, se
¥f^!Uièi à nous, mais nous avons dû nous en
Nr.iii nous auraieut eoiralnés trop loin : c*esi
^•^ à j suppléer. Nous lui recommandons
^! k méditer sur la révolution profonde que le
>fli^ne a faite dans le monde moral. Comment
iM^me, avec ses ignominies et ses extrava-
'. »es boucheries humaines, ses prostitutions
»*'S &es mystères infimes, sen monstruosités
*' (orte, ^-tril pu exister au sein même des
^n\s antiques, el y être passé en cours de
1 ce point qa*il y coulait sans bruit comme
>r«i3, et que cVat pour cela même que nous
QflnAiik»ODs qu*im parfaitement ? Comment un
l^rofood, si invétéré, si incurable qu*on ne le
^, *-t-il cédé rapidement à Taciion du
liit^ne ? Comment a-t-il disparu sans retour ?
nx rhumamié en a-t^lle été aussi radicale*
Nrie, et s*en décage-t-elle de plus en plus ?
^ciit,il y a là deux états de fia/«r«dbtincts;
l'auraient pas comprise ; il fallait que vss
ténèbres s'accusassent elles-mêmes, et que
le môme esprit qui aveuglait les âmes ser-
vit à les désabuser. Averties ainsi par l'au-
torité même de leur erreur, celles-ci n'a-
vaient plus alors à faire qu'une opération de
foi pour acquiescer à la vérité, en attendant
qu'elles la connussent en elle-même. Par la
même raison, ce moyen extraordinaire de
révélation a dû cesser quand l'erreur a été
entièrement refoulée dans les àbtmes, et
que son empire a eu fait place à celui de la
vérité.
Pour saisir cette explication, et en géné-
ral tout le mécanisme de la révélation chré-
tienne, il ne faut jamais perdre de vue ce.
que nous avons dit si souvent : Que la vérité
divine, s'adressant à des intelligences libres,
doit leur ménager sa lumière de telle sorte
qu'elles aient toujours de quoi la connaître
par l'évidence, mais toujours aussi de quoi
se l'assimiler par la foi ; qu'elles soient
averties sans être forcées ; et que, comme
l'air qui entre dans les poumons, cet air
vivifiant de l'âme ne lui fasse jamais dé-
faut, maisn'y entre cependant que paraspira^
tion. C'est pour cela que du vivant même
de Jésus-Christ, et dans toute sa conduite,
nous le voyons tour à tour se montrer et se
cacher, entraîner par des miracles et déses-
pérer par des mystères, parler par paraboles
pour qu*en voyant on ne voie points et qu'en
entenaant on n'entende points c'est-à-dire
qu'on ait de quoi regarder el de quoi écouter
et de quoi croire^ pour qu'on ait de quoi âé*
couvrir^ et de quoi faire^ et de quoi mériter.
C'est pour cela, en particulier, que nous le
voyons tempérer ie témoignage que lui
rendaient les démons, pour ne pas précipi-
ter hors de propos et à contre-temps la ma-
nifestation d'une vérité qu'il ne voulait
faire connaître que par degrés et selon les
dispositions des esprits; c est pour cela, en-'
fin, crue ce témoignage $ dû être retiré du
monde lorsque, victorieuse de l'enfer, cette
vérité en a eu refermé les portes, ei que
assise au-devant, elle a vérifié de plus en
plus cette promesse : elles ne t^HÉvAunnoNT
PAS (737).
Ainsi s'expliquent les états de possession
rétat de décbéance et Pétat de réhabilltption ; Tcm-
pire de Satan et Tempire de Jésus^lirist. Le paga-
nisme craiparé au chiistianisme, c/ans des conditions
de civilisation du reste parfaitement égales^ accuse
un éjsarement surnaturel, saianique ; c*est, j*ose le
dire, un état de possession en grand. Le monde païen
a été exorcisé par la croix de Jésus-Clirist, et son
prince a été jeté /rors, comme le disait ce divin Sau-
veur : princfps hujus mundi ejicietur foras. La puis-
sance de ce génie du mal se fait bien sentir encore,
mais c>st au fond des abîmes du cœur, sourdement,
et par le phénomène de la tentation morale; nubien,
quand elle éclate au dehors et en actions, elle y esc
stigmatisée par les mœurs publiquesi et ne prescrit
jamais. Elle n*est pas détruite^ mais elle est surmon^
tée, selon Tantique tradition. Esclaves par nos vices,
nous sommes du moins libres par nos remords ; il
ii*y a pas possession du mat. mais combat, et en
somme victoire au bien. <^* ~^* Tétat
iuvcrse et raccompliaseme '^.
687
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
dans leur rappoH avec le christianisiney
leur fréquence à son origine, et leur dimi-
nution depuis son établissement (738). Nous
avons TU ci-avant, d*ailleurs, la preuve his-
torique do leur existence, indépendamment
de cette explication. Il n*y a donc qu'un
pjrrrhonisme étroit qui pourrait doutej* de
celte vérité, ^puisqu elle a pour elle deux
garanties dont Taccord constitue en toutes
choses la cerlilude transcendante : le fait
et sa loi. Quand on a d*une part la preuve
historique d'un fait, quand d'autre part on a
une loi qui l'explique, et que ce fait et cette
loi s'accordent, se correspondent, jouent,
i)Our ainsi parler, l'un dans Tautre avec
justesse tout à la fois et avec aisance, alors
on a la plus haute certitude i)ossible, la cer-
titude complète, la certitude vivante, parce
au'e'le se combine du physique et du moral,
u fait et de ridée, et cette certitude est même
d'autant plus forte que le fait est plus sin-
gulier, parce que son accord avec la loi qui
Fexpjique est une expression d'autant plus
rigoureuse de sa vérité.
§111.
Théories explicaUves de quelques tiiéologicns proles-
tants : les possessions ne sont que des maladies natu-
relles; Jésus-Oiiîst ei les apôtres ont conformé leur
langage à un préjugé Tulgatre. — Réfutalion.
On conviendra sans doute que ce que
nous avons dit dans les paragraphes jirécé-
dents suUit bien pour établir le fait des
possessions diaboliques au temps de Jésus^
Christ et des premiers siècles de r£glise
chrétienne. Cependant nous croyons néces-
saire d'insister et de réfuter avec détail les
théories exégétiques que certains théologiens
Srotestants et même catholiques ont hasar-
ées sur ce sujet et qui nous paraissent
.beaucoup plus spécieuses que solides.
Quelques théologiens protestants, tout en
admettant la véritédes livres duNouveau-Tes-
lament-et lainission divine de Jésus-Christ,
1)rétendent néanmoins qu'en expliquant
e récit des possessions évatigéliques d'après
]es règles d une interprétation ré^ilinie, on
n'est pas obligé d'admettre. la réalité de ces
possessions, maiscju^on |)etit absolument les
entendre de maladies extraordinaires que le
vulgaire attribue au déiuon, et dont la gué-
risou miraculeuse était une preuve incon-
testable de la mission de Jésus-Christ. Voici
quel est le fondement do cette opinion, de-
venue très-commune parmi les protestants,
et qui a même trouvé quelque accès auprès
des catholiques d'Allemagne. Les dénions
dit-on, n'étaient, selon les Tirées, que les
Ames des morts qu'ils supi^osaient revenir
sur la terre pour troubler les vivants, et
causer toutes ces maladies extraordinaires
dont on ne pouvait ni assigner la cause ni
trouver le remède.^C'est pour cela qu'on ap-
ipia conUret eaput ttiuin, tt tu insidiabem calcaneo
ejuê. — Dans ce phénomène général rentrent main-
tenant les phénomènes paruculiers de possession
corporelle. Ce sont des symptômes qui ont suivi le
sort du principe, et qui ont eu pour objet de le révê-
3
fêlait le mal caduc le mal sacré. Chez les
atins, on attribuait à Cérès et aui lams
toutes les espèces de folie. Voilk pourqooi
on appel/lit les fous cerriti ou larmi. Les
Juifs, à l'imitation des Cbaldéens et da
Egyptiens, attribuaient aux bons anges tous
les etfets naturels dont ils ne comprenaient
1>as la cause, et rapportaient au détûon
es maladies extraordinaires, telles que la
manie. Il y a môme, nrétend-on, quatre eu-
droits dans l'Evangile où rexpressioa df-
monium habet est synonyme de imanir. Or 1^^
Juifs attribuant ainsi au démon toutes ie>
maladies rares et extraordinaires, Mm-
Christ et les apôtres ont pu conformer loir
langage à ce préjugé vulgaire, de nike
qu'ils s*y coniormaient inconlestableii<nii
sur bien d'autres points relatifs aux scien-
ces naturelles, et dans lesquels le laD^'3:''
consacré n'était pas plus exact. jy§su&-CiiriM
a parlé en effet aux malades comme sli?
avaient été réellement possédés. Au reste,
il n'a fait que ce que font tous les jour» h
médecins qui, poiir inspirer plus de ces-
fiancé à leurs malades, et par ce mojesfs-
ciliter leur guérison, affectent un \tm
qui convienne à leur état de délire. Ainsi
au lieu de les contredire et de les réroller, it^
entrent dans leurs vues, approuvent tout <^e
-^u'ils disent. Content de soulager ses o><l>
es, Jésus-Christ s'est peu embarrassé Je
déclarer à la multitude la vraie cmeéecu
maladies. Les évangélistes diseRi; il ^
vrai, qu'au moment de la guéttoaleiii^
mon sortait; mais c'était pour secoBlotn^^t
au langage des Juifs qui ne cûqc('(s\^^^^
de guérisons possibles a ces roalatlies f^
par l'expulsion du démon qu'ils cro)ïù'"(
en être l'unique cause.
Quelque spécieuse que soit ce^te olf*
tion su premier aspect, elle peut facileoidd
se résoudre. D'abord, tous les |)eupb*
monde ont toujours cru que des êtres »
visibles appelés démons venaient quelqti^
fois s'emparer des hommes et leur causer ^
férentes maladies, «i Quïl y aitdans le aïo&iit
un certain genre d*esprits malfaisants 4V
nous appelons des démons, dit Bossuel,ctf
une chose qui a été reconnue par le <*•
sentement commun de toutes les naliov* \
de tous les peuples (739). p Les Chal*^
les Egyptiens, les Juifs, les Grecs et lej!»*
mains, étaient imbus de cette opinion ;i;<A
un point dont conviennent nos advers«i*<i
eux-mêmes. Or, comment expliquer uns»
timent aussi général et aussi unaniise, )a
n'y a jamais eu de imssession rée!lc' l^
croyance aussi universelle doit nccvs^*
rement venir ou d'une révélation \mi^^
faite aux hommes sur le pouvoir du (ie»^'^'
ou être le résultat de quelque pùss^'^
certaine; car tous les peuples, si opp'^JJ
sur tant de choses, n'auraient pu s être uw
1er extraordinairement, en vue de guérisaol^'^
Hallucination et Démon.)
(738) Voir la note XYI, à la fin du volons.
(759) BossoBT, Première trniwiMfur lesiif^'
t. Xil, p. 169 ; éait. de J. A. Letwt.
3)
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
690
•
«uiement accordés h admeUre des posses-
oasda (léiuou, s*ils n*avaîcnt pas été con^
ùum par quelaue raison qu*il existait
^ilénions, et qn ils pouvaient agir sur les
))imie5. De même que lo consentement do
IIS lis iiommes h admettre des miracles
viire, comme dit Pascal, qu*i] y en a eu
I rériiablcs, de même aussi le consente-
rrilde tout le genre humain à admettre
5 f-ossessions doit i/rouver qu'il y en a eu
i(!<jues-uncs de réelles.
Eii second lieu, la réalité des possessions
ilmonlre d*unc manière plus efficace
•!e récit des évangélisles; car c'est un
iDiJjie certain que, dans Tinterprétalion
s Ecritures, il faut toujours les expliquer
.rèsleseiis le plus simple et le plus na-
hl, ùi non d'après les sens les plus forcés
eb |)lus extraordinaires. Or, qui peut
•f'jue le sens qui suppose des possos-
ciMéciies ne soit le plus simple,le nlus
jh:, celui qui se préseule d'ahord à l'es-
i, e( qui y entre facilement et sans au-
ii t'iîori? La preuve en est que tous les
ifiiTsCbrétienSy tous les anciens Pères
'«••» les interprètes, jusqu'à nos jours,
il va que des possessions diaboliques
»» '«. ttcit des é Yangélistes, et ont con-
.jfj'Jîjus-Chrisl avait prouvé sa mission
Viii^ 'ilsion des démons, tandis que le
ti p L'xclut la réalité des possessions
^. uraordinairo et si peu naturel, qu'on
.•Jt j être amené que par des tours de
'îj'e\égèse et par le préjugé dogmati-
•;i commun parmi les rationalistes, qu'il
îNie point de démons, et que toutes les
^.>ioas sont impossibles. En effet, dans
e iivpothèse, Jésus-Christ parlerait aux
ou!> qu'il chassait des possédés, un lan-
• iUe jamais homme de bon sens ne
•rail employer. Car, les démons n'exis-
I^S le discours du Sauveur ne peut
'<^^er qu'aux maladies ou aux malades
ûitM.es. Or, n*csl-il pas contre le bon
que la Sagesse éternelle ait voulu
^^er ia parole à des maladies; qu'il leur
■miuôvJé de se taire, leur ait demandé
^ (i'»ui$, leur ait défendu de divulguer
"allié de Fils de Dieu, leur ait permis
^•T dans Je corps des pourceaux ; per-
-u dont ces maladies profitent, à l'ins-
•e manière que deux mille de ces ani-
^ >e précipitent dans la mer? en un
r ^.sus-Christ parlait à ces maladies
''■>' on parle à des êtres réels et intol-
')• Or, que! médecin a jamais ainsi
à des maladies? Qui s'est jamais ' en*
ï'ï avec la fjèvre?Qui a jamais com-
i^ la [laralysie de dire quelque chose
hiluà répilepsie de tenir tel ou tel
>Jrs? Qui a ordomié à la manie de sortir
•rps dun Ijonime pour entrer dans ce«
uii iK)urceau? Si Ton dit que Jésus-
I ^'adressait non à la maladie, mais au
le lui-même, son discours devient en-
plus inexplicable, puisqu'il commande
mon de sortir du corps des deux .pos-
ilc (léra^a pour entrer dans les corps
U4 uuUe pourceaux, et que sou com-
mandement est exécuté h l'instant. Or, les
possédés pourraient-ils sortir de leurs pro-
pres corps et entrer dans ceux de deux mille
pourceaux? Ainsi, dans le sentiment de nos
adversaires, le discours de Jésus-Christ de-
vient tout à fait inexplicable et même d'une
al)surdilé qui passe toute croyance.
On a voulu expliquer les paroles du Sau«>
veur en cette occasion, comme celles des co-
1>erniciens, qui, tout en se conformant au
angage vulgaire sur le mouvement du so-
leil, sont loin d'adopter les fausses idées
qu'il suppose.Cet argumentestbeaucoupplus
spécieux que solide. Premièrement, quoique
Copernic se conformât dans les occasions
ordinaires au langage reçu, il ne le faisait
cependant pas toujours i quand il était avec
ses disciples et dans la société des savants,
il savait bien produire .ses véritables pensées;
tandis que Jesus-Christ et ses apôtres, dans
toutt^s les circonstances, dans le commerco
intime comme dans tontes les relations ex-
térieures et publiques, dans les conversa-
tions les plus sérieuses et dans les écrits
qu'ils ont composés pour nous servir d'ins-
tructions, ont toujours employé le même
langage. Or, si, comme le veulent nos adver-
saires, ce langage eût été contraire aux
idées çiuils avaient dans l'esprit, commeni
n'auraient-ils jamais laissé échapper le moin-
dre éclaircissement, surtout ayant eu ()lus do
mille occasions de déclarer leurs véritables
sentiments? Celte hypothèse, il faut en con-
venir, établirait un phénomène bien plus
extraordinaire et bien plus incroyable pour
la raison humaine que celui des posses-
sions.
Secondement, personne s'avise-t-il jamais
de parler un langage contraire aux idées
qu'il a dans l'esprit, s'il n'y est forcé par
Quelque motif puissant? C'est ou la crainte
e ne pas être compris ou les ménagements
qu'on a à {^rderavec les personnes h qui on
parlo, ou bien entin la persuasion où l'on est,
qu'il n'importe en rien a la vérité qu'on se con-
forme au langage ordinaire. Or, aucune do
ces raisons n'a pu porter le Sauveur à parler
invariablement des démoniaques comme s il
leseûl crus réellement possédés. Ce n'était pas
assurément la crainte de ne pas être compris
des Juifs; car quoi de plus simple et de plus
aisé que de dire que les {Personnes qu'il
guérissait n'étaient pas réellement possé-
dées, mais seulement maniaaues? 11 ne fal-
lait point inventer de nouvelles idées et des
moti différents, puisque, selon nos adver-
saires, être possédé du démon ou être ma-
niaque sont des expressions absolument
synonymes. Ce n'était point non plus par
ménagement pour les Juifs : Jésus-Christ a
montré plus d'une fois qu'il ne craignait
point d'attaquer les préjugés des hommes ;
il n'a pas épargné les pharisiens et les prê-
tres eux-mêmes. Enfin ce n'était point parce
Sue cette erreur était indifférente à la saino
octrine. Nos adversaires, du moins, ne sau-
raient le prétendre sans se mettre en con-
tradiction avec eux-mêmes, puisqu'ils ne
cessent de se plaindre qu'on nourrit ia su-
9sn
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
m
perstition en soiilenaDt la rénliU^ des pos-
sessions, et qu'il faut absolument effacer
cette tache des actions du Sauveur, pour
qu*eIlessoientassortieshsondivin caractère.
'Joute cette démonologie n*est, selon eux,
qu'un reflet de l'idolâtrie qui nous représen-
taitleDieudu ciel abandonnant le gouverne-
meut decetuniversà des génies subalternes,
ce qui, disent-ils, est contraire au dogme de
la Providence et à la doctrine de l'Evangile
sur l'état des démons et des Ames des morts.
Mais JésusrChrist, qui était venu sur la
terre pour flétrir la superstition, et montrer
la faiblesse de Tempire du démon, devait^
ily par son langage, favoriser des idées aussi
fausses? N'était-il pas obligé de déclarer à
toute la terre que Satan n'avait aucun pou-
voir sur les hommes ; que tous les démons
n'élaient que des êtres chimériques, créés
λar la superstition et l'ignorance ; que tous
es démoniaques n'étaient que des cerveaux
malades, et les exorcistes juifs et païens que
des dupes ou des imposteurs.
Troisièmement. Si Jésus-Christ n'était pas
obligé de délivrer les hommes de cet absurde
préjugé, il était au moins de sa véracité
divine de ne ])as le confirmer ni de l'enra-
ciner encore plus fortement dans les esprits.
Or, c'est cependant ce qu'il aurait fait, si
les possessions n'étaient point réelles. Car,
lorsque les scribes et les pharisiens l'accu-
sent de chasser les démons par Bécizébub,
il ne nie point qu'il exerce un pareil nou-
voir; mais après leur avoir fait sentir l'ab-
surdité d'une hj'pothèse où Salan se com-
battrait lui-même, et avoir conclu gue ce
n'est pas \)ar Béelzébub, mais par la iniissance
de Dieu qu'il chasse les démons, il tire im-
médiatement de ce pouvoir divin une preuve
convaincante de la vérité de sa mission :
Porro si in digilo Dei ejicio dœmonia, pro-
feclo pervertie in vosregnum Dei, {Luc. xi, 20.)
Or, Jésus -Christ pouvait -il appuver sa
mission surune |)reuve entièrement lausse?
Pouvait -il, pour s'accréditer , confirmer
Terreur et la superstition ? Devait-il donner
du relief aux œuvres prétendues du démon,
et nourrir ces faux préjugés que son mi-
nistère Tobligeait à déraciner? donne-t-il
le moins du monde h entendre qu'il ne fait
en cette occasion qu'un simple argument
ad hominem f
Mais pour faire toucher au doigt toute la
fausseté de la supposition de nos adversaires,
citons un autre exemple où Jésus-Christ, de
lui-même, et sans y être amené par aucun
raisonnement antérieur des Juifs, donne
encore l'expulsion des démons comme une
preuve authentique de sa mission divine.
Quehjues pharisiens ayant essayé de l'inti-
mider, en lui disant qu'Hérode le cherchait
pour le mettre à mort, Jésus-Christ leur
répondit : Allez dire à ce renard : Voici que
je chasse les démons^ et gue je rends la santé
aux malades^ aujourd'hui et demain ; et dans
troiA jours je serai mis à mort, (Luc, xiii, 32.)
On voit, en effet, par ces paroles que Jésus-
Christ compte évidemment parmi les fonc-
tions de son ministère, non-seulement la
guérison des maladies, mais encoro reijia).
sion des démons. Ainsi, c'est par ces oeut
marques que les hommes doivent connatire
qu'il est l'envoyé de Dieu, Or, rien ne l'o-
bligeait en cette occasion à distinguer m
deux opérations merveilleuses , et à les
donner l'une et l'autre comme les caraclèn^s
de sa mission. La guérison des maladits
suffisait abondamment pour la prouTer;
l'expulsion des démons ne pouvait ser-ir
qu'à autoriser l'erreur, si les possessicns
en étaient une. Ainsi, il faut nécessairemeiil
dire que le Sauveur a autorisé Terreur
volontairement, sans nécessité , sans y éire
forcé par aucun raisonement de ses adrer-
saires.
Quatrièmement. Jésus-Christ n'aurailjas
dû au moins confirmer dans celle errenr
ses apôtres et ses disciples, pour qui il
n'avait rien de caché, et à qui il ne ûmi
pas les mêmes ménagements qu'à la nio!(.*
tude. Or, cependant la manière donl il kr
a parlé, quand ii leur a donné sa mm.
a dû nécessairement les y confirmer, luii-
a ne, quand il envoya ses soixanlew
isciples, ii leur donna non-seuleffie.ii{f
pouvoir de guérir les maladies, maispr^e
celui de chasser les démons: inprmosmf.
dœmones ejicite, {Matth. x, 8.) El lorspi'ja
moment de monter au ciel, il enToic'K^
apôtres, il donne encore comme oiirp
do leur mission et comme l'effet œ^rf"-
leux de leur ministère, non-sculcffl«t^<'^
guérisons dos maladies, mais ewnK l'et*
pulsion des démons : In nomine ww ^^
nia ejicientf super œgros manus iwponwl a
benehabebunt, (Mare^ xvi, 18.) Mais déve-
loppons un peu la belle preuve que foumi^
sent ces paroles: distinguer soigncmera^îit
le pouvoir de chasser les démons de i^^jn
de guérir les maladies; après avoir coofnî
ce dernier pouvoir, conférer encore >
premier; donner l'un et Taulre poui'«f
comme la marque de la mission de ^
apôtres et de ses disciples, et coromedeTJûî
êlre l'un et l'autre J'efTet merveilleuî «J«
leur ministère, suppose éviderameni tj»*
l'expulsion des démons n'est pas un pouy-'f
purement imaginaire , et qui doive êff^
confondu avec la guérison des maladies, it
c'est ce qu'a fait Jésus-Christ; il a i\^
visiblement à entendre à ses apôlres iju'- «?
pouvoir de chasser les démous étaii w
pouvoir réel. Donc il les aurait conlint;^
dans l'erreur, si les possessions ellesD'*
mes n'étaient pas réelles. Telle csl «u^j'i
l'idée qu'ont eue les apôtres de ce merTril-
leux pouvoir; ils en ont narlé de la vn^^
manière, et l'ont exercé après lui. Saj"i
Paul à Phi lippes et à Ephèse a chassé i<?^
démons. Comment peut-on regarder comj»'*
naturelle la connaissance qu'avait des chf^
cachées celle fille de Philipj)es dont il r^;
parlé dans les Actes des apôtres? (m 16 '•
suiv. ) puisqu'un exorcisme praliqoH^^
saint Paul la lui fit perdre, au point «p'
ses maîtres, se voyant privés du f:ain f"''-
sidérablo qu'elle leur procurait, cn|'rir*«?*
occasion de persécuter le saint apOir^-
(
■
I
05
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
€9^
Si (les aptMros nous passons aux premiers
*^p5 de I Eglise, nous verrons tous les.
lionumcnts les plus anciens déposer en
iKurdela réalité des possessions,
D'al)Or(i, TEglrse, dès les temps apostoli-
QC5, a établi un ordre ecclésiastique, celui
>iorcislc, dont la fonction propre est de
►.3«ser les démons du corps des possédés ;
irclordrea persévéré jusqu'à nos jours.
m, TEglise a cru dans tous les temps
B*ilyavaildes possédés, et que ses mi-
gres avaient le pouvoir de les exorciser
llea chasser les démons.
En second lieu, ce pouvoir était regardé
«mue si certain, que les apologistes do la
<ijion, ainsi que nous l'avons vu, n'ont
Horainlderolyocter aux païens comme une
•«.•uve irrécusahle de 1 impuissance des
jBionselde la vertu toute-puissante du
mille Dieu. C'est ce qu'on peut voir dans
i[K)lu^'ie de saint Justin au sénat romain,
iteson dialojjue contre Triphon ; dans
int Irénée, nui assure que les démons
iiMinfâillibleracnt chassés du corps des
-Tçiimèncs par la puissance de l'Eglise,
i^mi qui en sont délivrés se convertis-
f^Uafoi; dans Terlullien, qui n'est pas
«l'n^kmcl en plusieurs endroits de ses
^"^tse( surtout dans son Apologétique.
■
inû], ces délivrances miraculeuses sont
^it*-spar Minu lius Félix, Origène, Eu«
(^ Lactance, sa int Alhanase, saint Gré-
rMl»î Naiianze, saint Jérôme, saint Au-
^% en un mol par tous les Pères,
rn^isièmement, ces faits étaient si in-
ilestabies qu'ils ont été avoués par les
<K'rands ennemis du christianistne, par
ien l'Apostat, qui dit que Jésus n'a nen
d^ mémorable, à moins qu'on ne veuille
îrder comme de grands exploits d'avoir
pi les malades et chassé les démons.
t«e au avouait aussi le célèbre Volusien
Ha lettre à saint Augustin : u Les dé-
15 chassés, disait-il, les malades guéris,
îiorLs ressuscites étaient peu de chose
'un Dieu , puisque des hommes en ont
valant.» Celse avouait lui-même que
^ avait chassé les démons ; mais il
endait, comme les Juifs du temps du
»«ur-el les Juifs d'aujourd'hui, que c'é-
[ar Béelzébub qu'il opérait cette expul-
«dierveilleuse.
httrièmement, la réalité des possessions
*»"mve encore par une multitude de faits
'^Ms dans les monudients ecclésias-
f'^set dans les histoires modernes, dont
-riain nombre au moins est tellement
^t-Mé qu'on ne peut fes nier sans tomber
'•eplus impudent pyrrhonisme. Ajou-
qae les phénomènes de ces possessions
* rien de commun avec ceux de la ma-
•1^ IVpilepsie, et autres affections ex-
f^linaires. Il est vrai que les adver-
^^! < Edator bic aliquis sub triounadbus ve-
» 'luem d<enione agi constei ; jusstfs a quolibet
>^'2Q<i spiritus îlle, tim se daeaiotiem conlliebilur
■^•Of qnaoi alibi Deum de falso. i {Apotoget,,
saires. que nous combattons n'admettent
généralement pas l'autorité de ces monu-
ments; mais il en est d'autres, dont le té-
moignage ne devrait pas leur paraître sus-
pect. Ainsi, Cudworth cite, entre plusieurs
autres exemples de faits analogues, celui
d'un possédé qui, au témoignage deFernel,.
médecin de Hen ri II, et d'A mbroise Paré, pro-
testant, parlait grecet latin sans jamais avoir
appris ces deux langues.Xe célèbre critique
. Leclerc, qu'on ne prendra jamais, sansdoute,
pour un esprit crédule, rapporte aussi plu-
sieurs faits d(i ce genre dans sa Bibliothè^
que choisie (t. XIII). De là, Mosheim avouo
qu'il ne saurait partager l'opinion de ceux
qui prétendent que tous les monuments
ecclésiastiques qui rapportent des histoires- ,
de démoniaques délivrés par les exorcis-
mes des anciens Chrétiens, sont controuvés
et nullement authentiques. Le savant pro-
testant ajoute que si cette opinion était une
fois admise, on devrait craindre de voir non-
seulement toute l'autorité de ces homme»
vénérables qui ont vécu dans les premiers
siècles du christianisme entièrement dé-
truite, mais encore l'histoire de notre Sau-
veur lui-même tout à fait dénaturée, et
souillée par des esprits profanes et corrup-
teurs : Verum etiam ad ipsam Salvaioris
nostri historiam plane pervertendam et eon--
taminandam profanis mentibus patefiat adi'^
tus. (741)
|IV,
Examen criUqoe de la théorie de labn et réfutation de
ses arguments.
Les preuves qui établissent la croyance en
ia réalité des possessions ont toujours paru
si fortes et si évidentes, qu'il ne s est jamais
élevé un doute sur ce sujet, au point qu'il
serait peut-être impossibicde citer,jusqu'att
moment de la réforme protestante, un seul
interprète chrétien qui ait expliqué autre-
ment le texte évangélique; et encore est-i(
vrai de dire, que, môme depuis cette épo-
que, la plupart des exégètes s'en tenaient
toujours au sentiment des anciens. Ce n'est
donc que depuis la naissance de la nouvelle
exégèse que le rationalisme s'étantjinlroduit
dans le domaine de l'Ecriture sainte» et
ayant fait tous ses efforts pour en bannir
jusqu'aux plus légères traces du surnatu-
ralisme qui y domine dans toutes les parties,
on n'a plus vu dans les démoniaques do
l'Evangile que des hommes atteints de ma-
nie, d'épilepsie, d'hypocondrie et, autres
maladies extraordinaires. Le mal, comme
nous l'avons déjà remarqué, n'a pas répandu
seulement ses ravages parmi{les protestants,
dont tes principes dogmatiques laissent aux
croyances une grande latitude ; il a même
gasné plusieurs catholiques, /lont le princi-
pal est le célèbre lahn, un des critiques les
plus remarquables qui aient écrit sur la
Bible, mais dont la hardiesse et la témérité
c. 25.) Voyez plus haut, §.
(7il) J. L. MosiiKMiL's, apud. R. Gubwobtui Sj^s-
tcma mtd'eciuate^ \, H, p. 158, iiot. t; ciiit. socuoda.
C95
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
m
égalent le profond savoir. Il faut dire qu*il
sesld*autant |)Iusc{rorcé d'étabi'lr son son-
timontf qu'il ne le recardait comme opposé
ni & l'Evangile ni à la doctrine de TE^lise
catholique. Ses talents et son érudition
Tont mts h même de faire valoir tout ce qui
peut se dire en faveur de celte opinion;
comme il n'a négligé aucun des arguments
de ses devaDciers* et que les critiques qui
ont écrit après lui n'ont rien ajouté de nou-
veau, nous n'avons pas cru pouvoir mieux
faire que de présenter un exposé de la
théorie qu'il a dévelopj>ée dans son Arcliéo^
logie biblique^ et d'essayer de la réfuter, en
prenant un à un ses divers arguments.
« 1. Jésus-Christ et les apôtres^ dit notre
antagonistet ont dû attacher au mot démon
le même sens qu y attachaient les Juifs, les
Grecs et les Romains; autrement ils n^eus-
sent pas été compris de ces peuples auxquels
ils s'adressaient. Or, ce mot signifiait chez
les Juifs, les Grecs et les Romains, non le
démon proprement dit et tel que nous Ten-
tendons dans le langage ordinaire, mais les
âmes des morts qui, après avoir mené une
vie criminelle qu'ils avaient finie d une ma-
nière violente, étaient supposées venir sur
la terre tourmenter les vivants. Celte
croyance était évidemment une vérilable
erreur que Jésus-Christ et les apôtres n*ont
jamais pu autoriser. Donc, ils n ont pas cru
que toutes ces possessions dont ils parlent
lussent réelles, et on doit expliquer aulre-
luent leurs paroles. )>
lahn et tous ceux qui partagent son opi-
nion insistent beaucoup sur cet argument;
cependant, quoiqu'ils puissent dire, il s'en
faut beaucoup qu'il soit péremploire. D*a-
bord, il est faux de dire que les Juifs, les
Grecs et les Romains aient restreint le sens
du mot de démon aux seules âmes des
niorls. Ce mot signifiait en général parmi
eux un génie soit bon soit malfaisant. La
chose est si claire, que nous pourrions nous
.dispenser d'en fournir la preuve. Nous nous
bornerons donc h rapporter les témoignages
de deux lexicographes dont Tautoriié est
généralement reconnue, surtout parmi nos
adversaires. Schleusner, dans son Diction-
naire du Nouveau Testament^ dit que dalmùn
(daifiv)v)siguifiechez les auteurs profanes tan-
tôt un dieu on une déesse, et tantôt un génie
puissant envoyé par les dieux. Ce savant
appuie son assertion sur Tautorité d'Ho-
mère et de Pindare (7<V2). Il en est de même
ûe dalmonium (Sm^ioviov); il signifie, selon
lui, ou un être divin, ou un génie puissant,
inférieur aux dieux, mais supérieur aux
héros, et qui aiiproche beaucoup de la di-
vinité.; et encore ici Schleusner indique
})lusieurs passades des auteurs profanes en
àveur de ce qu'il avance ('7^3). firetschnci-
der n'est ni moins positif ni moins formel
dans son Lexkon manuale N. T. Or, son
témoignage est d'autant plus précieux, qu'il
(7il) IloifKii.. //îa</. , XIX, 188 Pwdar., olymp.
XIX, p. 5«
considère la croyance aux démoniaques de
TEvangile commeune s unersli lion des Juifs.
On a pu donner auelqueiois le nom i^ài-
mon aux âmes aes morts, qu'on vt^Mi
commodes génies malfaisants; mais c est
une erreur historique que de prétendre que,
surtout chez les Juifs, il ait été restreint i
cet unique sens. Le diable étant un esitrit
puissant et malfaisant, on conçoit coiiioiem
les Juifs hellénistes ont pu lui donner le
nom de démon.
En second lieu, il est très-certain que !ei
auteurs sacrés n'ont point restreint le mot
démon aux seules âmes des morts; il o'j a
dans le Nouveau Testament aucun passage
d'où on puisse le conclure. Aussi, ni
Schleusner, ni Rrelschneider, que noasve-
lions de citer, n'ont-ils donné ce sens ï m
seul des endroits où il s*y trouve employé.
fiien plus, il y a dans les Evangiles h
passages qui supposent évidemment qu'il
s'agit de démons proprement dits, puisquoa
sup()Ose que Bécizébub était le prince de^
démons uue Jésus-Christ chassait (Lw.ii
15), que Satan tombait du ciel lorsque le<
soixante-douzcdisciplcs chassaient ces eqii!*
vais esprits {Luc, x, 17, 18); puisque b
Sauveur dit de la femme courbée qoVik
était liée par Satan (Luc. xiu, 16); et w.
saint Luc, dans lesÀctes des apôtru [i.«;.
assure, en parlant de ces possédés, fi'^
étaient tourmentés par le diable jvs» r^>
itetf^okoM). Or, nous avons montré pltfiif"'
que le mot grec dm&o/ojr.lorsqu'ilelp'of-
dé de farticle déterminatif, signiilel(»lv:i9.
aussi bien que Salan^ le démon propRUieiA
dit.
Troisièmement, on ne peut nïieuxiii;«f
du sens que les écrivains du Nouveau Tiv
lament ont attaché au mot d/mon que i^ar is
sentiment de l'Eglise primitive el la tnJi-
lion. Or, l'Eglise primitive et la tratoa
n'ont jamais cru que les démoniaques
de l'Evangile fussent possédés par les &»)q
des morts, mais uniquement par Icsdénioii^
propretnentdits. On a bien prétendu qu<*
quelques Pères de l'Eglise avaient eu ctil«
opinion, mais c'est à tort; ils ont pu d-^
avec saint. Justin, que tel était le senlimtii
des païens,'mais ils ne l'ont janaais dooiie
comme leur appartenant ; car, dans une [uuF
tilude d'endroits de leurs ouvrages,'iU {>'«•
priment trop clairement en faveur des da-
mons proprement dits, pour qu'il soit pos>i*
ble de leur attribuer celte opinion absurJ?.
2. Il n'y a rien dans les ailectidns des d^
moniaquesqui indique nécessairement une
possession diabolique réelle; tous leaj^
symptômes peuvent, au contraire, s'eipli*
quer aisément par des maladies pureuieM
naturelles, telles que la manie, répiiepsu'.
l'hypocondrie et autres alTections de '^'
geui*e. Les possédés de Gérasa {Stalth. vuu
28 el suiv. ; Marc, v, 1-20 ; Lue. vm. 27 il
suiv.) avaient tous les symptômes de la tiii-
(743) Jambl., vu. Pyîhagor., c.îl,S4, éditiûs-
leri. Ou peut \oir encore d'auires CénioigMges ^
CtJDWORTH, Sy$(ema inieUcclutiU^ t 1, c. 4, b« ''^i.
»
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
6W
r.
oio mtsaRliiropîquc ; ils fuyaient ]a compa-
:nio des hommes, habitaient dans les tom-
i!edut, brisaient les chaînes dont on voulait
liS lier; ils poussaient des cris effrayants;
«qui, selon les médecins, convient parfai-
fweni aux maniaques de cette espèce. Le
mulique dont parle saint Matthieu (xviiy
3; cl sainl Luc (ix, 36} avait toutes les af-
piMs de l'épi ie(^ie. 11 éprouvaitdes con-
«liiuiis de tout le corps» criait tout è
t»uf), ré))andait de i*écume, tombait daus
{«u(!tdAnsle feu, se sentait tourmenté
ni fliangcments delà lune, puisc]u*on lui
onijcleooffl de lunatique. Or, disent nos
iîFr^aires, toutes cesauections sont, selon
s u^édecins, celles de Tépilepsie natu-
•lie. l4 jeune fille possédée d'un esprit de
«"jion.Jonl il est parlé dans les Actes des
Mim (xvi, 10), était atteinte d'une bal-
u'Hialio:] pieuse qui la faisait prophétiser.
rémn Dous assure que les insensés étaient
la^ Tusagc de prophétiser et de gagner
••;ie beaucoup d'argent par ce nïoyen..Les
^M^> s sourds et aveugles, dont il est parlé
«1^ l'Evangile, peuvent n'avoir été que des
wf;.ij]ues, puisque, selon le docteur Es-,
** '». l'épilepsie produit quelquefois le
>^v<K'ei Ja surdité. De même, la femme
'"-î'tçcut aussi n'avoir été qu'une épi-
Mii'.j«rce que c'est le propre de Tépi-
-«ï*/"? courber le corps et d amener avec
*» psieurs dérangemenls physiques.
(^•^^•iu'ya dans les démoniaques aucun
V- t''ie qu'on ne puisse expliquer d'une
îW'U'ualureUe et d'après les principes
faiiudccine; et, par conséquent, on ne
'i^illeaienl recourir pour les expliquer
t}>«Tfliion du démon.
'»'u^ avons plusieurs réjionses è opposer
îipuhjuciion. D'abord, quand nous ac-
linons que les symptômes qui se mani-
kitni «Jans les démoniaques de l'Evan-
5< ni absolument les mêmes que ceux
ttjania(|ues et des épilepliques, nos ad-
*ir<;s ne gagneraient rien è cette espèce
«•mce.>sion; car ils n'auraient aucun
* den conclure que ces maladies ne
w?ûi rpfiir du démon; puisque ce malia
'•Il ayant le pouvoir d'agir sur la ma-
'« l'eut absolument en avoir été la cause.
' "savons de plus, par le témoignage
iiJiMc de Jésus-Christ et des évangélis-
\iff ces symptômes, quelque naturels
*'ts suppose, Tenaient de l'opération
<^on ; puisque , comme nous l'avons
' 'viDtré, les paroles des démoniaques
"OxpUcables dans toute autre hypo-
' . e( ({ue reiomple des coperniciens ne
'(i être allégué pour en donner une ex-
^*i'>n convenable.
>«i ré^nduns encore qu'il n'est pas
'>n qu'on puisse expliquer nalurelle-
t tmt ce aue r£vangile nous dit des dé-
ia')ues. Il est dit, par exemple, que
iU(!Jé;b us aborda au pays des Gérasé-
%«lfiu\ possédés sortirent des caver-
it vinrent à sa rencontre, en criant :
>'. ^'tjf. MB Dklionnaire de la fiblCf àrarlicle BeseMcne^ c'est-à-dire possédât.
Jésus^ Fils de Diru^ éUs-vous venu ici pour
nous tourmenter avant le temps ? {Matth. viii,
28, 29.) Nous le demandons à nos adversai«
res : comment ces hommes, qui habitaient
un pays où Jésus n'était jamais allé, ont-ils
pu le reconnaître aussitôt pour le Fils de
Dieu? Assurément ce n'a été par aucune
voie naturelle; car autrement ils auraient eu
lus de pénétration que les prètrres et toute
a Synagogue. Remarquons que ces démo-
niaques se plaignent à Jésus-Christ de eo
qu'il vient les tourmenter avant le temps;
plainte qui ne peut venir de ces malheu-
reux eux-mêmes qui réclamaient son se-
cours, mais oui venait, sans contredit, des
démons qui les possédaient et qui redou-
taient la divine puissance de Jésus-Christ.
Ajoutons que les démons qui possédaient
ces malheureux démoniaques demandent à
Jésus-Christ qu'il leur permette d'entrer
dans le corps de deux mille pourceaux qui
f)assaient aux environs; et que le Sauveur
è leur ayant permis, ils sortent aussitôt du
corps de ces deux hommospour entrerdans
celui de ces animaux, et sur-le'>champ
tout le troupeau se précipite dans la mer.
Voilà certainement un phénomène qu'il est
impossible d'expliquer naturellement , et
contre lequel tous les efforts des rationa-
listes viendront infailliblement échouer.
Car, si ce n'est pas le démon qui sort, ce
doit être ou la manie ou les maniaques
eux-mômes Si c'est la manie, comment peut-
elle se communiquer h deux mille pour-
ceaux? Quant ù la seconde hypothèse, elle
est d'une absurdité qui révolte le bon sens.
En effet, les maniaques peuvent-ils sortir
de leur propre corps, et entrer dans celui
des pourceaux? Pour se débarrasser de ce
passage, lahn dit que ce sont les deux
possédés qui, s'élant^jetéssur les pourceaux
par l'effet de leur manie, les précipitèrent
dans l'eau ; mais, alors, que deviennent les
paroles de l'Evançile: At illi (dœmones)
exeuntes^ abierunt m porcos^ et ecce impetu
abiit totus grexper prœceps in mare , et mor-
tuisuntinaquts? {Matth. vni, 32) paroles
qui indiquent clairement que ce ne sont pas
les maniaques, mais les démons dont ils
étaient possédés, qui entrèrent dans les
pourceaux. De plus, entrer dans les pour*
ceaux et se jeter extérieurement sur eux^
sont des expressions bien différentes. Si
nous soutenions, nous, que deux hommes;
ont précipité deux mille pourceaux dans la
mer, les mythologues no manqueraient
point de s'écnier que c'est une fiction poé-
tique, vu que la chose est en dehors do
toute vraisemblance. Winerdit, à la vérité»
qu'il n'jra eu qu'une partie du troupeau qui
fut précipitée dans les eaux (7W); mais son
assertion est contraire à l'Evangile, qui dit
expressément que tout le troupeau,qui con-
tenait deux mille pourceaux, fut précipite.
Ajoutons que c'est sans fondement qu'on
prétend expliquer toutes les affections des
démoniaques de l'Evangile par la nâanie ou
609
POS
DICTIONiXAÏRE APOLOGETIQUE.
POS
rOO
par ré|>îlepsie; car on nous parle de qnel-
quos-uns' qui étaient sourds el muets ;^or,
le mutisme et la surdité ne sont point les
effets ordinaires de la raanie et de Tépi-
lepsie; nous trouvons, au contraire, des
hommes très-intelIigcnts parmi les sourds
et les muets, et capables d'acquérir des con-
naissances dans les hautes sciences. Parmi
les nomJ)reux sourds et munis qu'on voit
dans les maisons où on les instruit, nous
ne trouvons ni nianiarpies ni épileptiques.
L'énilepsie peut, sans doute, dans ses pins
violents accès, priver de l'usage de la parole
et occasionner quehjues désordres dans le
corps ; mais il j a loin de là à un état fixe et
))ermanent de mutisme et de surdité, tel
qu'était celui des sourds et muets dont
parle l'Evangile. La femme courbée dont il
est fait mention dans saint Luc, ne l'était
point devenue par un paroxysme épilepti-
que, qui ne dure que pendant l'accès, puis-
que cet état persévérait depuis dix-huit
ans. Ainsi, c'est sans raison qu'on prétend
que tous lesdémoniaquesdeTEvangileétaient
maniaques ou épileptiques.
3. Au temps de Jésus-Christ et des apô-
tres, poursuivent nos adversaires, les ex-
pressions, ^frepo*5^(/^ du démony être délivré
du déinon^ n'avaient d'autre sens que celui
d'être atteint de manie et en être çuéri ; les
médecins, qui re^ardaientcetle manie comme
naturelle, se conformaient à ce langage;
donc, Jésus-Chri<t et ses apôtres, en guéris-
sant cette maladie, ont pu aussi s'y confor-
mer, quoiqu'ils ne pensassent pas qu'elle
vint de la possession du démon ; par consé-
cjuent, on ne peut pas inférer de leurs pa-
roles la réalité des possessions.
Nos adversaires sont entièrement dans le
faux. D'abord, prétendre que ces expressions
n'indiauent qu'une maladie f)uremcnt natu-
relle, c est aller contre toute vérité. Il est cer-
tain, au contraire, qu'ons enservaitexclasive-
mentpourexprimerqu'un mauvais génieétait
l'auteur de la maladie. L'objection suppose
que, d'après l'usagecomraun du discours, ces
expressions n'emportaient pas plus l'exis-
tence du démon, que ces paroles Bacchwn
bibere^ Cererem manducare, dont oti se sert
quelquefois, n'expriment la présence de
Bacchus el de Cérès; car ce sont les exem-
Îdes qu'apporte lahn. Or, il est absolument
aux de dire que les Juifs et les païens, en
disant qu'un nomme était possédé du dé-
mon, ne voulussent pas exprimer la pré-
sence réelle du démon sur le corps de cet
homme; puisque, selon nos adversaires,
c'était alors l'oiJinion commune. Donc, ces
paroles, selon l'acception générale, expri-
maient la présence réelle des démons; donc,
Jésus-Christ et ses apôtres, qui s'en sont
servis sans aucun correctif, ont voulu ex-
primer une possession réelle. On ne peut
rien conclure de l'exemple des médecins,
qui regardaient ces maladies comme natu-
relles, puisqu'on ne sait ni les expressions
dont ils se servaient en en parlant, ni les idées
qu'ils y attachaient. S'ils regardaient effec-
tivement ces maladies comme purement
naturelles, ils avaient Icrtde dire qu'elles
venaient du démon, et ils ne dev&iem sur-
tout rien ajouter qui conlirmâtles hommes
dans cette erreur. Mais, quoi qu'il on soii
de leur langage en ces occasions, il est du
moins bien certain que Jésus-Christ ne de-
vait point se conformera un langage qui j
exprimait une croyance superstitieuse qu'il
était oblij^é de corriger. Il devait surtout
ne rien ajouter qui pjlt contipraer les boni-
ni'^s dans cett« erreur. Or, c'est cependant
ce qu'il aurait fait, si les possessions n'é-
taient pas réelles, puîsqu'd parlait au dé-
mon, conjurait le démon, lui commandait
de sortir du corps du possédé; et les évan-
gélistes ajoutent de leur côté que le dé-
mon, obéissante sa voix, sortait du coFjt)
du possédé, il suit évidemment de ces con-
sidérations ({ue Jésus-Christ et les apôtre^
ont confirmé par leurs paroles et leur rfuc-
Irine cette démonologie, qui, selon laiifi,
était une branche de 1 idol&trie.
4. On ne doit pas prendre à la lettre h
riarolcs de Jésus-Christ et des apôtres SDr
es possessions, s'ils indiquent claireniwi
ipj'ils ne les considèrent que comme rfe>
maladies. Or c'est ,ce qu'on peut mnnlw
par plusieurs passages du NouveauTcsta-
ment : l*ils mettent toutes les maladies aa
rang des possessions : Sanando orna op-
t}res808 a diabolo, (Act, x, 38.) 2* Ils «"p*^!-
ent guérison la aélivrance des po5s&i(?>.
3' Ce pue saint Marc appelle ûèm,s»int
Matthieu l'appelle maladie. 4" M to^
quoiqu'il parle souvent des personnes soê-
ries par le Sauveur, ne parle jamais des Av-
moniaques : preuve qu'il les ranime daas h
classa des malades. 5" Lorsque l'apôlre saint
Paul fait l'exposé des dons sumaiureis v-
cordés aux premiers fldèles, il ne parle bbI-
lemenl du pouvoir de chasser lesdénmr.<;
preuve évidente qu'il range aussi les i^ft^-
sessions dans la classe des maladies naïu-
relies. D'après ces passages, on voilciairenieiii
que dans le langage des écrivains sacrc>,
les possessions ne sont que des mala^it^^*
par conséquent, quand ils disent que JfcflJ
chassait les démons, ils ne veulent /itrt
autre chose, sinon qu'il les guérissaiH«
leurs maladies ; et eu cela ils ne faisaleo»
que se conformer au langage reçu.
Nous avouons sans peine que les possr^
sions diaboliques accompagnées de dés»^-
dres qui troublent Tâme el le corps "sont Jt^
espèces de maladies, et qu'elles pett^fli
être rangées dans leur catégorie. l'E?"^'
elle«même, qui croit sans aucun dooteam
possessions, appelle dans les prières de l or-
dination les exorcistes des médecins "
suppose qu'ils opèrent des guérisons. w^^
effet plusieurs des symptdroes extérieursoi^
démoniaques ressemblant beaucoup à j^^^
de quelques maladies, on peut conswéf^»
ces possédés comme atteints do maftdie^
dont le principe est le démon. Ainsi trHi*
les passages dans lesquels on range lesd*
moniaques parmi les malades, oùIûd/'
que les démoniaques sont guéris, <•«'"
parlant d'un possédé, on dit qu'il est n^*=
r<M roS DICT;ONNxURE ArOLOCETIQUE.
1.-»^»% ne prouvent ahsouliimenl i ien contre
[,« tlièse que nous soutenons, ni absolument
\\en en fWveur de celle de nos adversaires,
on peut direqu*6tre possédé, c'est être ma-
|»Je; mais nullement qu'être simplement
©fllade, c'est être possédé du démon. Il
t4 certain du moins qu'on ne trouve celle
Ê»>f>ositiondans aucun écrivain sacré,et que
rnii les textes allégués par Jahn, il n en
1 pas un seul qui puisse légitimement la
^u»er. Quanl au passage des Actes de$
'^^treê (x, 38) où on jit que Jésus est venu
unt du bien, et guérissant lous ceux qui
ieot tourmentés par le diable, il ne la
uve point efficacement, puisque saint
rn», auteur de cette réflexion, ne com-
nd pas nécessairement tous les malades
ris par Jésus-Christ, mais simplement
s les possédés. Nous pouvons, nous, au
traire, prouver jusqu'à l'évidence, \\nt
*ieurs textes, que les évangélisles dis-
uaient positivement et clairement les
\ es des sim|)les malades : « // leur don-
dit saint Matthieu, puissance sur les esprits
mrspour les chasser ^ et pour guérir toutes
» de langueurs et dHnfir mités, (x, 1.)
Marc n Vst pas moins précis : // guérit^
^^usieurs personnes de diverses mala-
eL il chassa plusieurs démons, mais il ne
permettait pas de parler , parce qu'ils sa*
fui il était, (i, 3ï.) Enfin, pour nous
dans nos citations, nous n en rappor-
5 plus qu'une: Ils étaient venus, dit
iLoc, pour r entendre et pour être guéris
urs fnaladies, parmi lesquels il y en avait
qui liaient possédés d'esprits impurs, et
lém'rni guéris, (vi, 18.) L autorité de ces
m est irrécusable. lann lui-même a été
♦é de convenir que les deux pouvoirs,
Inde guérir des maladies ordinaires et
ki de chasser les démons des possédés,
POS
703
lincontestablemenl distingués par Jésus-
jiu et ses apôtres; mais s'il a bien senti
dtfliculté, il n'y a guère satisfait, puis-
s'esl contenté de répondre que les ma-
« des démoniai^ucs étaient seulement
mie el Tépilepsie. Notre-Seiçneur a dû
(Itslînguer des autres maladies ; mais
to être simplement malade n'est plus Té-
falent d*élre fiossédé du démon, ce que
]lr[;ucnents de lahn tendaient à établir;
plus, s*il|)rétend qu'il n'y a que la ma-
t répilepsie qui soient synonymes des
sîons évangéliques, il se jette dans
re inconvénient, puisqu'il lui faudra
nir que tous les démoniaques de TE-
le étaient des maniaques ou des épi-
Itiques; supposition d'autant plus im-
tfêibie, que les évangélistes nous parlent
iéémoniaquessimplement sourds et muets,
4/ rinûrmiié est difl'érente de la manie et
/e'f>ilepsie. Pour se tirer d'embarras,
' *i prétend que les sourds et muets sont
Snairement maniaques; réponse ridicule
i^DcJamment réfutée par l'exemple de
^ v\e sourds et muets qui sont su.scepti-
^ A'uDC éducation complète, et qui ren-
^Ujhfès de longues études dans la société
-cdes facultés intellectuelles qui ne le
cèdent pas à celles des autres hommes. De
son côté, Wincr répond que les possédés
sourds et muets pouvaient être épileptiques,
]>arce que l'épilepsie produit parfois le mu-
tisme et la surdité; sans* doute, Tépilepsie
dans le temps des accès peut ôler pour quel-
ques moments Tusaj^e de Touïe et de la pa-
role, mais elle ne produit pas un état de
surdité et de mutisme permanent, comme
c'est le cas des sourds el muets de l'Evan-
gile. Enfm, quand il serait vrai que les dé-
moniaques de l'Evangile ne sont que des
maniaques et des épileptiques, il faudrait
toujours dire que cette manie et cette épi-
lepsie viennent de la possession du démon,
puisque Jésus-Christ admet si clairement
cette possession diabolique, qu'il donne
l'expulsion des démons comme un caractère
de son divin ministère; et aue son langage
en ces occasions est tout à lait inexplicable
et indigne de lui, s'il n'y a pas de possession
réelle. Le seul fait du renvoi des démons
dans les corps do deux mille pourceaux, suf-
fit seul pour renverser toute la théorie do
lahn el de ses partisans.
5. Pour prouver la réalité des possessions
évangéliaues, disent nos adversaires, on
allègue le témoignage des Pères de l'E-
glise et l'ordination des exorcistes; mais
ces deux autorités ne sauraient être de
quelque poids dans cette question. D'abord
le témoignage des docteurs de l'Eglise n'est
nullement unanime; et de plus, il n'a pas
f)our objet un point oui concerne la foi ou
es mœurs. Quant k l'ordination des exor-
cistes, ce n'est qu'une pratique de l'Eglise
qui, selon le Père Véron dnns sa Règle de
la foi, peut être appuyée sur une opinion
simplement probable, et n'est point immua-
ble comme la foi.
Cette objection porte è faux dans toutes
ses parties. D'abord il n'est pas vrai de dire
que le témoignage des Pères n'est pas una-
nime ; car pourrait-on en citer un seul qui
ait enseigné que les possessions de l'Evan-
gile ne furent que des maladies purement
naturelles, auxquelles le démon n eut point
de part? De plus, l'objet de ce témoigna^^e
n'est point étranger à fa foi, puisqu'il a rap-
port à un miracle que Jésus-Christ a donné
comme un des caractères de sa mission, et
que les anciens apologistes de la religion
cnrélienne l'ont allégué aux païens comme
une des preuves du christianisme. Enfin,
si ces saints docteurs avaient eu sur les dé-
moniaaues de l'Evangile les sentiments que
nos adversaires leur prélent, ils se trouve-
raient opposés à la aoctrine de la Provi-
dence, telle que l'Eglise nous l'enseigne.
Il n'est pas plus vrai de dire que l'ordina-
tion des exorcistes n'est qu'une simple pra-
tique de discipline qui peut n'être basée
que sur une opinion simplement probable,
et qui dans tous les cas n est point invaria-
ble comnie la foi elle-mô:îje. Celte ordina-
tion esi un rite sacré, un ordre saint, par
lequel l'Eglise universelle fait profession
de conférer à ses ministres un pouvoir sur-
nalurcl. Or un pareil rilc ne peut être fondé
705
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
%
sur Terreur; car i^*est-ce pas ))rofesser Ter-
reur que de déclarer par le rite le plus so-
lennel qu'on donne un pouvoir tout à ftiît
chimérique et opposé même, selon lahn, h
la saine doctrine de la Providence? L'Eglise
déclare son sentiment, non*seuIement par
ses décisions, mais encore par ses pratiques.
Ainsi TEglise a de tous temps baptise les
petits enfants, et saint Augustin concluait
de cette pratique, contre Pelage, Texistence
du péché originel ; l*Eglise était encore dans
Vusage de demander Je secours de Dieu
pour toutes les actions chrétiennes, d*où
saint Augustin concluait encore, contre les
. pélagiens et les semipélagiens, que la çrâcc
était nécessaire pour toutes les actions.
L'Eglise était aussi dans Tusa^e de ncja-
inais rchaptiser ceux qui l'avaient été par
les hérétiques, et c'est de là que les Pères
ont conclu la validité de leur baptême. De
même, puisque l'Eglise, depuis les premiers
temps, est dans Tusagede donner à sesexor-
(isles le -pouvoir de chasser les démons,
nous devons conclure que ce pouvoir existe
réellement. Il n'y a que Tesprit du protes-
tantisme, ou plutôt du rationalisme, qui
puisse faire hésiter sur des principes aussi
incontestables.
6. Un sixième argument que Ton fait va-
loir contre les possessions, c'est que si Jé-
sus-Christ et les apôtres en avaient admis la
réalité, ils auraient contredit leur propre
doctrine, puisque toute cette démnnologie
est contraire aux idées qu'ils nous donnent
de la Providence; qu'elle est comme une
branche de l'idolâtrie païenne, qui abandon-
nait à des génies subalternes le gouverne-
ment de cet univers. En outre, tous ces dé-
mons n'étant que les âmes des morts, qui,
d'après l'opinion commune, revenaient obsé-
der les vivants, étaient iiar conséquent des
êtres chimériques, dont les écrivains sacrés
n'ont jamais pu admettre l'existence; d'au-
tant plus que les âmes des méchants, étant
retenues (Uns les enfers, ne peuvent point
revenir sur la terre pour tourmenter les vi-
vants. Si donc ils n'ont pas expressément
condamné cette superstition, s ils se sont
conformés en ce point au langage vulgaire,
c'est que celte superstition se trouvait sut-
fisammcnt réfutée par leur doctrine et par
les cures naturelles que les médecins fai-
saient tous les jours de ces prétendues pos-
sessions. Une réfutation plus expresse eût
été inutile dans un temps où ce préjugé,
profondément enraciné, dominait tous les
esprits; et elle eût inévitablement entraîné
les apôtres dans des disputes interminables,
3ui les auraient détournés de la prédication
e l'Evangile, objet et but principal de leur
mission.
Mais Tintervention des démons dans le
monde n'est point opposée à la doctrine de
la Providence, puisque ces esprits impurs
ne peuvent rien opérer sans la permission
de Dieu, qui sait faire servir leur malice à
1 accomplissement de ses desseins, comme
nous l'avons déjà montré. En second lieu,
cette croyance ne tire n lUement son origine
des idées païennes de l'idoUtrie, qui donnait
à ses dieux subalternes une puissance bien
plus indépendante que celle que nous ac-
cordons au démon. Elle vient plot6t de la
révélation, qui nous apprend reiistencede
cet esprit de malice qui a séduit dos pre-
miers parents, qui tente coDtiQttellemeDl les
hommes, qui, selon Texpressioa de raptire
saint Pierre, rôde auiour de «oui rommi ira
lion rugissant f pour nous dévorer (/ Peir, i ,
8), qui a affligé le saint homme Job de iinl
de maux, qui a osé tenter le Fils de Dieu
lui-même, enfin qui, selon saint Jean
(Apocat. XII, &}, est 1 auteur de ndoiâtrie. II
laut nier tout l'Ancien Testament etsuM
le Nouveau, pour prétendre que l*î dta
n'a aucune action dans le monde. ÂjouloBs
qu'il n'est {toint vrai dedirequelesdéiuoes
admis par les Juifs et les apAtresnesonl
Î[ue lésâmes des morts ; nousatons déjà re-
nte cet absurde paradoxç de lahn; ilsenii
inutile et entièrement superflu d'y reTenir.
Enfin, si l'intervention des démons dan» (e»
choses de ce monde était contraire à iadt^
trine de la Providence , et entachée du w
de TidolAtrie, Jésus-Christ et les aiiôtressih
raient-ils jamais pu la supposer, et soU'iti
la confirmer positivement dans leurs dis-
cours ? Ils auraient dû au contraire ia cofr
damner ouvertement, et purger aiosikrr-
ligion d'une superstition aussi crioiiaelif.f^
Sauveur a reproché aux Juifs itimvrs
bien moins considérables, et coviK/D dts
préjugés bien plus enracinés. La dûatt des
Oi)])OSitions ne lui a fait jamais saoîtet n
respect humain les intérêts de la iki^^"^^
était venu enseigner aux hommes.
On voit par cette discussion oomLicn M
les arguments de lahn sont peusolibtt
f)eu concluants; il en est encore deuiw
esquels le savant critique n'a f«s fort in-
sisté; mais comme pourtant la plupart de^
adversaires des possessions évangéiiquesr^
ccssentdeles reproduire, nous allons essaw
d'y répondre.
7. Si les possessions étaient réelles» now
dit-on, on devrait trouver des traces de levr
existence dans tous les temps, dans tou^i()
lieux, et par rapport à toutes sortes de |«r*
sonnes. Or, il est facile de remaniuerqaf
ces prétendues possessions n'ont lieu ^
dans les temps d'ignorance, où la ^
l)erstition domine, et que sur des |fersoDi«
d'un esprit faible qui éprouvent quelqtia
atteintes de mélancolie ou d'autres malai'**
qui affectent le cerveau, les entrailles et b
parties nobles; ce qui est assuréfflenlunc
preuve évidente que ces [possessions inco-
nent plutôt du tempérament que de lA'*^
ration du démon.
Il y a dans cette olqeclion un fice dcr«j
sonnement qui eu détruit toute la wleur e.
toute la force quenos ad versairesy suppos^'J^^
En effet, les i)ossessions pourraient ii^'
réelles, sans pour cela qu'elles dussent a^ojf
lieu dans tous les temps et dans tou^ if*
lieux ; car elles ne sont pas des résultais nt-
cessaires des lois générales; elles «c^^;
pendent que des règlements particuli^f'
f
1>08
D:CTiœ<NAlRE APOIXMSETIOUE.
PRE
706
fait
u'on nous nasse ce mol) de la divine Pro-
lienco; elles ne sont soumises finalement
j*à la volonté particulière de Dieu, qui,
ion les desseins de st sagesse, permet à
i esprit malfaisant de îuurrnenter les hom-
aSf soit pour punir leurs crimes, soit pour
ruuvcr leurs vertus, soit enfin pour (riom-
er avec plus d'éclat de cet ange apostat
li a voulu disputer au ciel et sur la terre
iionneur de la divinité. Nous nMgnorons |)as
^e fincrédulité sourit de pitié à ces re-
lions, mais elles n'en sont ni moins cer-
nes ni moins justes, puisqu'elles font la
e de Téconomie générale de la religion
élée ; et que sans cette doctrine le clu-is-
isme aussi bien que le judaïsme devient
lit le plus inconcevable pour l'esprit de
mme, et le problème le plus insoluble
or la raison bumaine; fait et phénomène
Mm ne saurait nier; ils sont lun et Tau-
sous nos y eux.
Yrélendrc que les possessions véritables
Doltiplient h proportion de l'ignorance
de ta superstition des hommes, et que
4éaioniaques sont tobs des personnes
^f»iffii faible ou qui ont le cerveau îlé-
c'esl une assertion gratuite, et que
mrs seraient bien en peine de prou-
Cekest vrai sans doute des possessions
», puisque plus on est ignorant et su-
^âreux, plus on est disposé h attribuer
démon ce qui n'est (]ue reffet d'une ma-
0 naturelle dont on ignore la cause; et
f^rieace montre en elfel alors que ces
indues possessions, qui au fond ne sont
de simples maladies, ne se trouvent
virement que chez des cerveaux faibles
dérangés. Mais quant aux possessions
Iles» eile^ sont indépendantes des siècles
lorance et de superstition. Elles avaient
au siécio d'Auguste, au temps des apô-
éclairés par l'Esprit-Sainl et Jésus-
t : la Sagesse éternelle les a regardées
le réelles. Elles ont continué Jans les
e [iremiers siècles de l'Eglîse, dans le
des Basile, des Jean Chrysostoroe, des
e eides Augustin, qui n'ont pas fait
ité de les admettre. Enfin 1 histoire
en offre des exemples même dans ces
rs temps; il est vrai que nos adver-
eii contestent l'authenticité, mais où
les preuves qui justifient leurs dénéga-
1t Ils refusent de croire au témoignage
Meurs les plus respectables, et 0 faut
nous les croyons, nous, sur leur simple
ie.
ideiDOientil n'y a le ni justice ni équité,
faut qu'une cause soit bien mauvaise
aaïkd, pour la soutenir, on est obligé de
^urir à de pareils moyens de défense.
iCj liuitîème et dernière objection porte
^ la difficulté d'expliquer comment il se
' qoe la Judée ait été pleine de dénionia-
^s AU teoips de Jésus-Christ et que dans
"^ T« siècle ils aient disparu... Nous en
< ^ns donné la raison à la £n du § Il ; nous
v-^nia/ons le lecteur. [Voy. Démon, Hal-
<«irJo3i.j
POSSESSIONS et médecins physiologis-
tes. Voy. note XVI^ à la fin du volume.
POU des Nègres. Voy. Rages humaines,
POURANAS. livres indiens, examen cri-
^ tique. Voy. Indianisme, § H.
POUVOIR DOGMATIQUE dans rjBgliso
Foy. Pape, §111.
PREDESTINATION. — Ce mot signifie à
la lettre une destination antérieure ; mais
dans le langage tbéologique il exprime le
dessein que Dieu a formé de toute éternité
de conduire par sa grâce certains bommes
au salut éternel.
a Si Dieu, disent les philosophes, a pré-
destiné ses élus non-seulement à la gloire,
mais à tel degré de gloire; par conséquent
à telle mesure correspondnnte de mérites, il
doit employer des moyens infaillibles, n'im-
porte lesquels, pour les leur faire acquérir.
Toutes les circonstances de leor vie, la paix
et la guerre, le vice et la vertu, la liberté et
la grâce entrent dans le décret divin; il ne
tombe pas un seul cheveu de la tête de ces
favoris du Très-Haut sans un ordre particu-
lier de sa providence; tontes leurs bonnes
œuvres sont comptées, leurs fragilités, leurs
crimes mômes sont l'objet d'une permission
spéciale; en un mot, tout sert h leur salut,
et rien au monde ne peut les faire déchoir
de leur trop heureuse destinée. Mais rien
aussi ne peut dérober à la sienne Tirifur-
tuné dont la place est marquée dans l'enfer;
fAt-il orné de toutes les vertus, sa réproba-
tion est certaine, tandis que l'élu, souillé de
tous les crimes, n'en sera pas moins infail-
liblement sauvé. Ledécret est tout, la natur:)
des moyens d exécution ne mérite pas d'at-
tention. Dieu atteij^nant son but par la li-
berté et par des lois infaillibles avec une
égale facilité. S'il.ravait voulu, tous les hom-
mes seraient sauvés; mais il prend les uns,
il laisse les autres sans nécessité, arbitrai-
rement ou par des motifs étrangers aux in-
téressés. Et ne dites pas que le mérite em-
porte l'élection; car le mérite, étant surna-
turel, ne jpeut venir que de Dieu qui le
donne ou le refuse à son gré, de telle sorte
qu'il couronne ses largesses dans les élus,
et punit ses rigueurs dans les réprouvés. La
doctrine de la prédestination est donc impie»
immorale, désespérante, propre seulement
h inspirer la haine de Dieu , à décourager
l'homme de bien , à faire considérer le vice
et la vertu comme des mots vides de sens,
puisque l'un ne nous exclut point du ciel et
que 1 autre ne nous garantit point de l'en-
fer. »
Ce raisonnement fiaratt d*abord sans ré-
{(tique, et il n'est au fond qu'un sophisme.
LUtre l'élection et la réprobation, pas de
milieu, il est vrai; c'est un point décidé
depuis longtemps contre d'anciens héréti-
ques qui avaient imaginé un étal mojren
entre celui des bienheureux et la privation
do la vision béatifique. Tous ceux que ne
renferme point le décret de la prédestination
sont également réprouvés, en ce sens qua
leur exclusion de la gloire est absolue»
707
PRE
DICTIOriNAIRE APOLOGETIQDE.
PR&
71»
Mais de même qu*il y a plusieurs demeures
(7ii^5) dans la maison de notre Père céleste
à cause de r-inégalilé des mérites des élus:
ainsi, ies divers ordres des réprouvés ont-
iis des sorts ditrérents. L*hérésîarque n*est
assurément pas plus privé de voir Dieu, que
i^eiifant mort dans le sein de sa mère; s'en-
suit-il que leur destinée est la môme, uu*il$
doivent éternellement rester placés 1 un à
côté de l'autre? Jamais TEglise n'enseigna
une pareille doctrine. Or, Tiiomme qui,
sans être associé aui mérites de Jésus-
Christ par ia fiarticipalion à Ja foi et aux sa-
crements de rEj^lise, serait resté jusqu'à la
lin de sa vie, exempt de toute faute grave,
à l'aide des secours que Dieu ne refuse pas
à Tinlidèle, eot homme aurait cent fois plus
de droits à la bienveillnnce divine que ren-
iant retiré de ce monde avant d'avoir pu y
courir le moindre danger. Si Dieu ne juge
pas à propos de le sauver pan des voies ex-
traordinaires, qu'en fera- t-il? Le condam-
nera-t-il à des lourments éternels pour
(|uelques légères violations de la loi? C'est
impossible, puisque ces violations de ia loi
en matière de peu d'importance, ne sont pu-
nies dans les chrétiens, bien moins excu-
, fiables sans doute, que d'un châtiment pas-
sager. Le recevra-t-il dans le ciel? impossi-
ble encore; puisque nous supposons que la
faute d'Adam subsiste toujours en lui. Un
parti reste à la Providence, c'est de réunir
J iuOdèle exempt du crime, après une ex-
piation suffisante des fragilités inséparables
de notre nature, aux enfants morts dans la
souillure originelle, et de l'associer à leur
destinée ; c>n est assez pour mettre à cou-
vert sa iusiice.
La plupart des objections de nos adver-
saires viennent de la confusion des idées et
des te.-mes, il sufiTil souvent de les éclaircir
pour répondre à tout. Ainsi, nous n'en dis-
convenons f)as, il y aura un nombre im-
mense de réprouvés, c'est-à-dire, d'hommes
exclus ae la gloire du ciel, sans la moindre
faute de leur part (746) ; car, il faut [>our la
posséder, être appelé de Dieu, nul ne pou-
vant s'appeler soi-même ; mais nous n'a-
vons garde de dire qu'en donnant l'existence
à ces hommes. Dieu leur a fait un présent
funeste; les plus rigoureux de nos docteurs
ne vont pas jusque4à. Les réprouvés dont il
est dit : Il vaudrait mieux pour eux qu'ils ne
fussent jamais nés (7/i.7), sont ceux qui,
comn)e Judas, se sont rendus personnelle-
ment coupables de quelque crime énorme.
Or, on ne devient pas coupable sans le vou-
loir librement.
Mais Dieq ne se montre-t-il pas injuste
en préférant à un idolâtre, homme de bien,
orné do toutes les vertus morales, un meur-
trier, par exemple, un parricide, dont tout
le mérite se réduit à avoir touché l'eau bap-
tismale à son entrée dans la vie, et, avant
de monter sur léchafaud, à s'être rendu en-
fiu, de guerre lasse peut-être, aux instances
(745) Joan. iv, 2.
(746) Tels sont ks enfants des infidèles.
d'un prêtre dont la palienoe, la charité, le
zèle ont été plus forts que son obslioalion?
— Non, car la possession du bien infini n'é^
tant due à personne. Dieu peut la refti$er«t
la donner à qui il veut, et à telles condiiious
qu'il lui plait. — Mais du moins iaSftf^esse
n'est-elle pas ici en défaut? — Nullemenl;
la gloire des élus est surnaturelle, un mérite
surnaturel peut seul donner le droit d y pré-
tendre. Supposez un architecte qui\eul
construire un palais de marbre, et préseniez-
lui des pierres d'une autre espèce, maisartis-
tement travaillées, d'un grain merveillm,
d'une dimension monumentale, il les refu-
sera sans examen; elles ne sont point pro-
pres à entrer dans son édiSce. Ainsi Dieu
repousse loin de sa face toutes les &roes qui
n'ont point été transfigurées par lavertaiia
sang de Jésus-Christ. 11 les a laissées (lad»
leur forme originelle pour des raisons dooi
l'explication a été donnée ailleurs ; dès iors
il a dû les rejeter comme incapables de re-
cevoir une gloire dont la privation est leur
seule peine, lorsque des prévarications li-
brement consommées ne leur ont point mé-
rité d'autre châtiments
Loin de décourager la bonne volonté^Dieti
s'applique à ne pas désespérer la mhwm.
Lorsqu'un homme refu«e d'étudier la (béorie
et de s'exercer à la pratique d'un arl on don
métier, on peut le prédire avec nmmctf,
il n'y deviendra jamais habile. îiïouM
concurrents qui se disputent Infini de /<
course reste immobile à sa p!acefMi^|l9«
ses rivaux concourent, parcourenl raçvi'î-
ment la carrière, indubitablement H ne seft
pas couronné; mais quand je voisuûhouiiQô
se livrer h tous les crimes, éviter Icsgens
de bien ou les persécuter, blasphémer ia re-
ligion, scandaliser ses frères, puis-jc assarw
que cet homme sera réprouvé? Non; peoi-
être la Providence rallend-ello à quelijw
catastrophe ou à la mort. Puis-je dire qinl
sera sauvé? encore moins; carsiDIeaD-î
doit pas une pleine sécurité h. la verlu.i
plus forte raison ne doit-il pas auviceii
certitude de l'impunité. En un mot, louw
les mesures sont prises pour faciliter là pe^
sévérance du juste et la conversion du (^
cheur; et voilà la réponse que Dieuai-ff»
parée au trop fameux dilemme que n*
entendons repéter si souvent.
Si je suis prédestiné, dites-vous, quelqnç*
crimes que je commette, je serai saa^^*1
je ne le suis pas, j'aurai beau faire, je 5ef«
damné. Et moi je réponds : Si Dieu aT«'^
ordonné les choses de telle manière f ^
votre argument eût le sens coranjuneifit
servir de règle à ia conduite d*un liom'»[:
raisonnable, il ne mériterait pas u*ôlrea|'j«e«i'
le roi des intelligences, il se serait visill'**
ment4Sloigné de son but, il aurait conipf'*
mis sa gloire par un défaut de privoyancy
incomprébonsible dans le Jùgislaleor r-
plus incapable. Mais il n'en est pas aion'
meurt-on dans le péché mortel, on eslpen.".
(747) Mann, xxvi, 24.
?5
PUE
il
IaDS la justice* on est sauvé. Cette loi n'ad-
Qi-t pas (rexc;eption« ne laisse aucune place
] arUitraire. La yertu est un art dont le
irisiianisme enseigne les règles ; suivez-
> inviolablement jusqu'à la fin, votre pré-
idUnalion est certaine. Mais lorsque vous
t • rrhez au rebours de ces règles, que vous
iMlez aux pieds tous vos 'devoirs, dirai-je
141 vous êtes réprouvé? Encore une fois,
^e le puis ; qui connaît les secrets de la
, >éricorde inluiie? Je dirai que vous avez
vUe chances mauvaises coutre une bonne,
V oela suffit pour rendre votre conduite
lexcusable. Une preuve, d'ailleurs, que
Mre raisonnement prétendu n'est gu'iin
»!ii$me misérable, c'est que celui qui l'a))-
fquerait au gouvernement de ses affaires.
Ï serait h bon droit pour un insensé.
i\ ne dites pas que cette objection n'en
Il une que pour le christianisme ; elle
pi»te pour tout le monde, et elle est plus
■ilwirrassante pour les autres nue pour
Ci.<; les athées, les panthéistes, dont nous
TOUS pas à nous occuper ici, sont seuls
Impenses d*y répondre. En effet, ceui qui
Iteettcnt une vie future, où le vice et La
Ipla reçoivent chacun leur salaire, ne sont-
pv^Oblîgés d'expliquer, aussi bien que
• vooniuoi les uns naissent dans des
Sks ils vivront environnés de séduc-
tandis que d'autres sont placés dans
tuâiion la plus heureuse pour la vertu?
r/ijoi des âmes ardentes, passionnées,
iUimewii portées à tous les vices, et des
tères doux, paisibles, à qui la vertu
(•irait coûter aucun effort? Pourquoi les
Kmi enlevés de ce monde avant tfavoir
^é Dieu» tandis que la mort semble at-
tire, |>our frapper les autres, qu'ils aient
Ile comble à leurs crimes? Evidemment
$ ceux qui croient à Timmortalité de
esont sous le coup de ces diflicullés,
lenl insolubles pour eux, parce qu'ils
Auraient comme nous expliquer le mal,
iDriout le prévenir, le réparer ou le com-
fer par un plus grand bien.
iux mémo qui, croyant en Dieu, veulent
£" îJanl que tout en l'homme meure avec
t\\^y ne sont pas plus avancés pour cela.
six n*ya rieu à attendre audelà de cotte
lu moins dans celle-ci les parts devraient
laites avec équité. Mais comment ex[>li-
t^ils tant de destinées si différentes,
uiement pour les individu^, mais pour
îlles, les nations et le genre humain
éme aux diverses époques de son exis-
? La domination et la servitude, la ri-
e et la misère, la santé et la maladie,
uitc et la gloire, la sagesse et la folie
Binent -cl les donc de la môme main ?
lUtènt qui vient de natlre dans un palais
^'Lui^il mieux la faveur du ciel que celui
' •} ¥U le jour dans une chaumière? Aux
' \ de Dieu, la femme a-t-elle moins de
' %que i*iiomme; les blancs sont-ils d'une
^ i:i»ture que les noirs, les Européens
" ]^«^ condition supérieure à celle des autres
Nvons de la terre? Que nos adversaires
r Jeot d*abord raison de ces différences^
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE:.
PRE
710
puis ils viendront s'attaquer à nous ; mais,
sans leur demander une explication impos-
sible, répondons-leur jusqu'au bout.
On conçoit la création des élus, c'est une
faveur pour eux qui ne Ivse les ^droits do
personne ; Dieu les a préférés, il était lo
maître de ses dons; mais comment lui, qui
est si bon, a-l-il eu le courage de faire un
choix parmi les êtres encore cachés dans le
néant pour en faire sortir les réprouvés?
quel présent funeste il leur a fait? osera-
t-on dire encore qu'il les aiuïe, qu'il leur
veut du bien, qu'il a livré son Fils à la mort
fjour leur salut? Cu ennemi aurait-il pu leur
aire plus de mal qu'en leur donnant l'exis-
tence? Ainsi parlent les philosophes. Voici
notre réponse.
Dieu n'a pas créé notre monde pour le
mal, mais pour le bien ; il n'a pas été déter-
miné à le choisir entre tous les autres par
une préférence de haine pour les réprouvés,
mais par un sentiment de prédilection pour
les élus. En parcourant la série infinie des
combinaisons proi)rcs h réaliser son dessein,
la pensée de Dieu a rencontré notre monde ;
il y a vu tous ses tlus sans exception depuis
le premier jusqu'au dernier, et chacun d eux
avec le degré précis de mérites qu'il lui
voulait, il a donc créé le monde avec ses
lois et ses habitants, ; parmi eux sont des
infortunés qui se perdront [lar leur faute;
Dieu voudrait les sauver ou les laisser dans
le néant; mais il ne le p('ut sans compro-
mettre le succès de son entreprise, ou sans
donner atteinte h ses atlriliuts. Ainsi les ré-
prouvés reçoivent la vie, parce qu'ils font
partie de la création où les élus sont renfer-
més. Dieu aime plus les élus que les ré-
prouvés, cela est vrai, et pour cette raison
il ne renonce pas à la création du monde,
malgré l'intérêt contraire des derniers: tou-
tefois il montre son affection à ceux-ci par
l'emploi de moyens qui servent à diminuer
leur mal autant que possible, comme nous
rex})liquons ailleurs. ( Voy. Eteumté des
PEINES.)
Mais si Texistencc, les crimes et le sup-
plice des réprouvés appartiennent essentiel-
lement à la combinaison qui assure la glo-
rification des élus; s'il estné^'essaire, coma)e
le disent saint Paul et Jésus-Christ même,
qu'il y ait des hérésies et des scandales,
apparemment telles hérésies et tels scanda-
les, par conséquent tels hérétiques, tels per-
sécuteurs , etc. Donc Dieu prédestine quel-
ques hommes au mal, ou il les fait naître
sous l'empire d'une nécessité fatale qui les
entraîne. Un mot suffira pour éclaircir cette
difficulté.
Sans doute le péché, le scandale, les hé-
résies sont nécessaires , mais pourauoi ?
parce que l'homme est libre ; si nous étions
dominés par une fatalité invincible, non-
seulement le péché ne serait pas nécessaire,
il serait impossible. Le rôle de la Provi-
dence n'est pas de nous pousser au mal :
mais plutôt de nous en détourner et de faire
servir à notre avantage celui qui est inévi-
table. Il n'y a pas cu un Luther et un Vol-
711
PRE
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRE
71Î
tiirc k cause (l*un décret qui aurait pré-
destiné ees hommes funestes h scandaliser
i*E^iise de Dieu; il y en aurait eu cent, si
la Providence ne l'eût empêché; le scandale
se serait montré en pure perte» si elle n'avait
su le faire contribuer à la gloire de la reli-
gion.
Les hommes sont, en vérité bien inconsé-
quents; la prédestination est cent fois plus
étroite, plus inflexible dans l'ordre naturel,
dont personne ne se plaint; que dans Tordre
surnaturel contre lequel tout le monde ré-
clame. Le christianisme n'existe que pour
combattre le mai, seul il en a trouvé la rai-
son et le remède ; le genre humain périssait,
il est venu lui rouvrir la porte de la vie; et
un l'accusera d'enseigner une doctrine im-
(Htoyable, on se fera contre lui une arme de
celte même question du mat qu'il a si pé-
remptoirement résolue! £h bien! quoique
nous l'ayons déjà fait, montrons encore une
fois par quel inexplicable aveuglement la
jihilosophie veut faire retomber sur le chris-
tianisme des reproches qui ne peuvent s'a-
dresser qu'à elle.
La prédestination divine n'est pour rien
dans le mal moral, si ce n'est afin de le
guérir ou de le rendre profitable; elle a or-
donné le mal physique comme préservatif
ou comme remède du mal moral, elle est le
principe de tout le bien qui se fait sur la
terre. En toutes clioses le Chrétien verra la
main d'un Dieu toujours attenliTà prévenir
ou à réprimer le désordre, hexciteri homme
de bien, h intimider le méchant. Ëst-il té-
moin du triomphe passager de l'erreur, des
prospérités de fimpie, des souffrances du
juste? il ne se scandalise point, il sait que
Dieu tirera sa gloire de. tout et que l'ordre
sera rétabli pour toujours dans un monde
meilleur.
Interrogez, au contraire, les incrédules ; ils
ne sont sûrs de rien pour l'avenir, et quant
au présent, il faudra bien qu'ils avouent
que les excès les plus monstrueux d'injus-
tice, de débauche, de cruauté appartiennent
essentiellement à la nature humaine telle
que Dieu Ta faite primitivement, telle qu'il
a bien réellement voulu la faire. Oui, Dieu
est sorti de son éternel repos t)our créer un
monde, où selon les incrédules, l'erreur, a
toujours dominé; le christianisme, auquel
se sont soumises les nations les plus éclai-
rées de l'univers, est une imposture gros-
sière et criminelle par-dessus toutes les au-
tres. Le païen se contentait d'honorer
Jupiter, Mars, Apollon, comme des dieux ;
les Chrétiens adorent Jésus comme Dieu, le
Dieu unique, le Dieu éternel et inflni.
Chose incroyable, ce monstrueux mensonge
s'est trouvé environné d assez d'apparences
de vérité pour séduire les Ames les plus
saintes, les plus grandes, les plus généreu-
ses, subjuguer les plus beaux génies, pous-
ser des huilions d'hommes a lui rendre
témoignage par le sacrifice de leur vie. Ce
n'est pas assez, cette doctrine usurpatrice a
sauvé le monde de la corruption païenne,
de la barbarie du nord et du midi ; elle a
affranchi la femme, consacré rcnbnt, Itsé
les fers de l'esclave, consolé les raailieureux,
mis en honneur le dévouement etltîsacri^
fice, (jue sais-je? Je ferais une énuraéraiiofi
infinie, si je voulais tout dire. Comme
pour rendre son règne éternel, ceUo mêue
doctrine est devenue, par la permission t]i!
Dieu, nécessaire à tous; les peuples infidèles
périssent semblablemenl s'ils cessent del'é-
tre. Après une si complète abnégation doses
})ropres intérêts, ou plutôt avec une si|>r(i-
bnde insouciance, un si parfait mépris de a
que nous pourrions dire ou penser de lui,
n*est-il pas naturel que Dieu ait laissé les iiour
mes se débattre avec leur destinée, les fort)
écraser les faibles, les pervers corromiirç
les innocents, les doctes abuser les simpipi.
les puissants préconiser te vice el persécud
la vertu. Dieu a voulu ces résultais, car )l
n*a rien fait pour les prévenir; il lesaTOih
lus pour eux-mêmes, e-ar il n*en lire aucun
profit pour sa gloire ni pour le bonlieur d'
ses créatures; il faut en venir là; c'eitlj
conséquence nécessaire (te Tincréilulité.
Supposons maintenant, s'il est poisili?
d'en trouver de ce caractère, un cocla(i-
leur de la révélation, s'exerçant à la jaii-
que de toutes les vertus, veillant de |rb
sur ses passions pour les tenir en bride, o»'
se permettant jamais rien de contraire à ij
raison ni h la conscience; sup|)0soo$ce5f^e
arrivé à sa dernière heure, eisnogMal^
sou sort éternel. 11 ne trouve pisiiiBSM
sa vie, je le suppose, une seule atfioaiioiil
il ait à rougir; il voit au eontraircd^^-
gés consolés, des orphelins proléjfe, i»e^
pauvres nourris et vêtus; en esl-re asseï
j»our attirer sur lui, pendant rélernil'ito
laquelle il va entrer, un regard faTorablcili]
ce dieu- bizarre qui, n'ayant riendemacuï
à l'homme, ne lui doit rien, el regar-
dera peut-être comrao une offense qw,
sans son aveu, on ait osé prétendre ^if^
bonnes grâces ? Dieu sourd ot inûcïibhi
qui, pendant six mille ans, ti fermé Toreill'
aux cris de l'humanité gémissante, coiih
ment pourrait-il ne pas rejwusser la dej
mande d'un salaire qu'il n'a point prouiw.
Puisqu'il a donné le succès aux uiécbatiu,
aux fourbes, aux imposteurs, aux Ivjans,
ne sont-ce pas là ses vrais amis! Si! ^
quelque vertu ignorée qui ait échappé H
séductioq ou à l'oppressiou, n'est-ce p*
malgré lui el aux dépens des précauW
qu'il a prises pour l'empêcher de naître oa
pour l'étouffer après sa naissance? Encort
une fois, que doit attendre rhomme de et
maître farouche et impitoyable?
Prenez au contraire le Chrétien le p^
coupable, tout noir de crimes, condaw»'
môme par la justice humaine à portcr>3
tête sur l'échafaud. Si dans ses dermers
jours la foi de ses premières années se r^
veille, s'il prête une oreille docile auif^
rôles du ministre sacré; il sentira sonlo^f
s'attendrir et la douce espérance couIer»l3i^
son cœur flétri. Il sesouviendraafec«Dioor
du Dieu cruciûé pour lui, do la cléiaeo'
Vierge Marie, l'avocate des pécheurs, «
!
■1
I
7i3
PRE
DlCTiONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRE
7i4
consolatrice des infortunés. Il confessera
.;r»$ crimes avec une confusion» une dou-
h*ur qui auront plus de charmes qu'il n'en
frimva jamais dans ses coupables plaisirs.
|.4jr$que le prétre« étendant ta main sur sa
\t le humiliée» lui dira : Je vous absous de
f^jb crimes ; il sentira au calme de sa cons-
[} ence» à l'apaisement de ses remords, à
jfje {loix de 1 Ame inconnue pour lui» qu'il
..t justifié 1 Alors il se lèvera avec courage,
\r^ livrera au bourreau sans résistance» at-
>fi(lnra la foule assemblée par son recueil-
V^nent et son air serein» et après avoir une
fM'uière fois embrassé» comme un frère»
pHX aux pieds duquel il était naguère
liistcrné, il montera» lui» le criminel» le
■«urtrier» l'horreur du genre humain» il
C notera sur l'échafaud avec la ferme espé*
nce d*ètre bientôt reçu dans l'immortelle
ciélé des héros de la foi et de la vertu.
^•y. LfBBRtfi ET BÉPARATION, § II.)
ikËDIGTlON d'événements futurs» etc.
Fïfli* PBOPHéTIES*
nSSËNCfi RÉELLE de Jésus-Christ en
neurs lieux» phénomène naturel qui
i^ à le faire comprendre. Voy. Eucua-
s» { 1 et UI» et Dogmes» § III. — Exa^
;4es textes de l'Evangile relatifs à Tins-
jeocbaristique et réponse aux objec-
Ây. DoâMES» § III. — Démontrée
^'Af>aditioo. /frid.ȤIII.
»IK£rRE. Le prêtre qui croit à sa religion
^nécessairement ennemi des hommes ?
Aimé Martin a osé l'affirmer. Ecoutez ;
Le prêtre romain qui croit toute sa reti-
„x cl ceci est de grande conséquence» est
fbessaircment ennemi des hommes» puis-
fsJe genre humain» et ceci est article de
i est ennemi de Dieu» né dans le péché
prédestiné au feu éternel. Au milieu des
•èlircs qui Tenvironnent» il n'entrevoit
hae sinislro lueur : c'est la puissance de
tm, inscrite en traits de flamme sur la fi-
«ciiu monde. Tousleshommes lui apparais-
hcominedes damnés» et son âme, ravagée
tl.i peur, s'abtmedans ses contemplations
Idyables qui ont fait dire h saint Grégoire
(Xazianze ^ue ses craintes du jugement
^iipr ne lui permettaient pas de respirer.
C*est peu de dessécher le cœur» ces
ines rompent les liens fraternels qui
leot les hommes entre eux ; elles dé-
t jusqu'i la charité évangélique» en
treignant d'abord aux seuls catholi-
rooiains, puis au petit nombre des
puis» d'exception en exception» à l'u-
qui est le prêtre lui-même» si seul il
avoir la (01. Égoïste par conviction» il
fanatique par 9mour de Dieu et pcrsé-
- jr par amour des hommes. Les crimes
la foi sont les plus effroyables de tous»
ils se commettent saintement et avec la
-^riirlion de la vertu (748)» »
^ * De ces deux alinéas, l'un nous montre
^ jTèire abtiné sans relâche dans d'effroya-
!sroTitcmpIations; l'autre le fait reparaître»
^%M} KdmcaêioH des mères de famille, liv. iv, c. 9.
l'^lUr. n, ch. «4. p. .77 : • Toul palpttaal de
DlCTIO^N^IRC APOLOr.f-TIOlC. 11.
mais comme un égoïste qui s'absorbe dans
son propre amour. Quelle est par hasard la
moins ridicule des deux idées?
2* Saint Grégoire s'épouvantait è la pen-
sée du tribunaf. suprême ; mais le disciple
de M. Aimé Martin ne peut pas non plus
songera la mort sans frisson ; car, si notre
moraliste cherche parfois à nous guérir de
la peur des sévéntés divines» il annonce
aussi parfois que l'âme rencontrera un juge
au delà du tombeau (7^9). Esl-ce que» parce
qu'ils ne sont pas éternels» les châtiments du
Dieu de M. Aimé Martin ne sont pas à re-
douter?
S"" La foi nous apprenant que Jésus est
mort bour le salut du monde» tous les hom-
mes n apparaissent pas au prêtre comme des
damnés » prédestinés au feu éternel.
4' 0^'est-ce gu*on nous veai avec cette
absurde supposition d'une charité se res-
serrant du genre humain au catholique» du
catholique aux élus» et de ceux^^ci au prêtre
seul ? Ecoutons, pour toute réfutation, l'a-
mende honorable que M. Aimé Martin a
faite de ces grotesques injures à la charité
du prêtre croyant :
« Les missionnaires...» le monde s'éclaire
devant eux» et le recueil de leurs relations
compose bientôt, sous le titre de Lettres
édifiantes, un ouvrage sans modèle parmi
les anciens» unique parmi les modernes»
où se trouvent i^éunis les prodiges de la foi»
les actes des martyrs» la science des rlatu^
ralistes» la majesté des idées religieuses
aux tableaux les plus sublimes et les plus
frais de la nature.
« Les Lettres édifiantes et curieuses ont
mérité les éloges de Montesquieu» de Buf*
fon» de Bernardin de Saint-Pierre et de Cha-
teaubriand ; Voltaire s'est appuyé de leur
autorité» et le plus grand des géographes
modernes, le savant Danville les cile souvent
avec admiration dans ses précieux mémoi-
res. En elfet» il n'y a pas un coin du monde»
une solitude reculée où nos missionnaires
n'aient porté la parole évangélique. Leurs
lettres nous arrivent de toutes les latitudes:
il y en a de datées du pied d'un arbre au
milieu d'une forêt vierge de l'Amérique» du
palais des empereurs barbares de l'Asie, et
de la hutte des sauvages. La fatigue et les
périls excitent leur zôle» et partout où il y a
des Ames à conquérir» des cœurs à émou-
voir» des misères à soulager» vous êtes sûr
de les rencontrer actifs» humbles» mais iu-
domptables, et poursuivant leurs œuvres Je
chanté jusqu'au martyre I...
• « Telles sont encore les admirables his-
toires de Charlevuix» Dutertre» Duhalde»
Labat, LaQteau» Osârius et Lopez de Casta-
gne ; relations pleines de charmes, où l'his-
toire de la nature se trouve divinement
mêlée à l'histoire des hommes, tableaux su-
Mimes des forêts vierges de l'Amérique» des
steppes, des savanes» des llanos » des pam-
pas^ ces vastes déserts de sable» d'eau et de
crUc longiic luUc, il {Vhomme)st trouve en préseoce
du niaUic qui doit le récompenser oa le punir, p
33
ÎI5
VIXE
UICIIONNAIUE
Verdure qui aj>paraissen( cuminc sorl«iiU tic
la main do Dieu, cl qui aUcndent la main
de riiommo pour recevoir leur seconde
création.
V Le caractère saillant de toutes ces his-
toires» c'est la foi et Tamour qui se résu-
ment dans la charité, sœur nouvelle des
muses anli(|ues. Plus vous les lisez, plus
vous êtes touché de riiumilité de l'histo-
rien, et de la grandeur de son œuvre. Le
livre qu'il écrit n'est que Taccident d'une
mission plus haute qu'il s'impose. La cha-
rité le fait voyageur, législateur, historien,
naturaliste, astronome, géographe. Il court
d'un monde à l'autre pour instruire et pour
bénir, et c'est en accomplissant l'Evangile,
qu'il recueille sur sa route les mœurs, les
usages, les histoires, et surtout les super-
stitions et les théologies harhares, c'est-à-
dire toutes les formes diverses par lesquel-
les l'âme humaine s'est fait jour jusqu'à
Dieu (750). »
C'est dans ces admirables pages, dignes
<lu Génie du christianisme^ que je reconnais
le prêtre trop déGguré tout à l'heure par celle
caricature où on nous le présentait comme
doublement malheureux de sa croyance:
malheureux dans ses rapports avec le genre
humain, où il ne trouve guère que sa per-
sonne à aimer, et malheureux encore en
lui-môme, où ne vil que la peur sans espoir,
sans souvenir du Christ rétleraptcur. Aussi,
remarquez que l'éloge du sacerdoce est tout
fondé sur des faits, au lieu que la satire qui
vn avait été faite n'était que la bizarre ex-
l)losion d'un accès de mauvaise humeur.
Suivant M. Aimé Martin, le prêtre ne doit
ni croire au symbole catholique, ni obéir
au pape, ni pratiquer la pénitence, ni se
vouer au célibat, ni. aspirer sur la terre à la
;^ainteié (751). Que doit-il donc faire pour
remplir dignement sa mission ? Quelle règle
lui trace le nouveau révélateur de l'Evan-
gile et de la nature? Quel type de perfection
lui met-il devant les yeux? Le mariagel Le
mariage I c'est la grande réponse de M. Aimé
Martin; le mariage c'est l'infaillible pana-
cée morale, c'est tout l'homme, c'est tout le
prêtre.
— «Pourquoi, dit le Mentor des dames,
si elle {r Église) porte un cœur de mère, né
dirait-elle pas à ses fils :... Allez ; faites-
vous des cœurs chastes , et choisissez vos
épouses sous le chaume du laboureur, par-
mi les dernières de vos brebis, dans celle
classe utile et laborieuse, ((ui a aussi son
sacerdoce, car elle nourrit le geare hu-
main.
« S'il abritait d'heureux époux, loin du
monde, et cependant au milieu des hom-
mes, le loit du presbytère s'élèverait dans
nos campagnes comme le temple de l'amour
conjugal.
(750) IiUroduciion nu PanUiéon littéraire^ seetlon
TUS Voyages, p. 445.
(7ol) I En se séparant du monde, 'c saint veut
s'élever au ciel, mais son corps rembarrasse ; p<iiir
se faire ansp, il se ïmi brulc. > Il a failli c lier ccue
APOI-OCETIQLi:. W(L ^
« Mais, d ira- t^on, quel clmrme une rimiiw
grossière et sans lettres réjMiridra-i-cllo sur
la maison du pasteur ? L ij^norancc de la
îille des champs n'est iioinl aussi profwKJe
qu^on le suppose La femme tlu hbouroHi
a plus d'idées, iilus de prévoyance, pli»
d'autorité que celle de l'arlisan. Souvcni,
il est vrai, son langage manque de poliies5c
et ses manières de aouceur ; mais imu
ce voile, rassurez ce cœur liraide, mmi
avec elle dans la faranagnc, et ses conn.iK-
sances toutes naturelles dcvicndronl [Kiur
le savant lui-même une source de savoir.
Elle vous dira le nom des planlct uiik
leur usage et leur culture; vous apprendrei
d*elle quels sont les signes qui font pres-
sentir les tempêtes ou espérer un beau i()iir.
la saison prescrite au retour des omn.
la fleur qui parait la [)renrière» celle quitiiofr
ire les lieuresouqui se ferme k rappmck
de la pluie : sa science comprend I>x|k^'
rience du village, les souvenirs des vieil-
lards, les exemples de sa mère et les (rara'n
de ses compagnes : car toutes ces \mt
filles ont appris à élever les lrou|ipam,ii
préparer le iaitage, h blanchir le iiOpXà
tiler le'lin, à aimer et à soigner les |«iii5
enfants.
« L'ordre et l'exquise propretéréçncraier;
donc sous le toit du pasteur. Sa tahk k<'
pitalière serait toujours couverte d'un %^
blanc, filé dans sa propre maison; oc j^^r-
rail, avec tous les biens que tlomltal^'Oi
des légumes et des fruits conserréspar l«
soins de sa compagne. Des flea«m\*
raient ses jardins, une vache et dcjàanis
animeraient sa prairie.
« Rapprochée des paysans par sa bajillr,
oe la bourgeoisie par son mari, la {eiû\û<i«l'«
pasteur deviendrait le lien gracieux de K^'t
Téchclle sociale. Un chapeau de pail'c alifi-
terait son visage, et ses adroites mains tr
prendraient à relever avec grâce sa bclledw
velure. Modèle de ses compagnes, elte iJf-
merail leur goût, dégrossirait leur parirtv
épurerait leur langage. i
« Le mariage des prêtres, c*csl, en oj>
très termes, la réforme du clei^gé cl la nT.-^
lisation du monde.
« Sans doute la vie du prêtre 6 vangéii'l»
a ses privations comme toute vie liumiwS
elle a ses devoirs et [ses combats, pl«^ '^
mission du pasteur, qui est toute de bKj^
vaillance et d*indulgence. Celui-là ne ?«•
che pas les austérités, naais la règle; il *^
ctifie par sa présence jusqu'à îa joie —
festins, et, chaque dimanche, sa douce o
pagne conduit les choeurs dans le temple'
la danse sous la feuillée : car, au villa-^
toutes les fêtes sont religicuseSr cl scct^'
brent à l'église et aux champs (753). *
De si ridicules imaginations sur le "^
riage des prêtres sont un cliâliuicnt ik'^
aflligeante parodie (]*un moi de Pasal pour (p <
lecteur la crût possible.
("32) Liv. IV, ch. i I, passiin. — Cf. Doit e« •^
ir. de r'LoniAM, i * partie, c. 31 •
fA
ri7
PUO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQLE.
PRO
m
f:raaifes(cau'irifligc la Providence h l'en-
luMiii «lu célilial religieux. Faut-il après cela
r^'ihercher les inconvénients qui attriste-
.iient de telles unions? Faul-il | prouver
/lie la moitié au moins du savoir attribué
MI filles des champs leur est complètement
' rânL^ère-, et que Tautre moitié se trouvera
•ns le moindre petit livre à dix centimes ?
f.»î non. Je me contente de présenter celte
: «ipie du mariage dos prêtres, comme les
: ».irtiates, afin de détourner leurs enfants
',j rivresse, plaçaient sous leurs yeux des.
^tes ivres. Pour moi, je vais relire le récit
ti tribulations du pauvre vicaife marié de
akefield.
iPRICHARD, cité sur les caraclèros des
|ces huDQaines, Foy. Races humaines, § III.
iPRIMAUTË du pape. Voy. Pape.
jPRlNCES; la justice prèchée aux princes
prHincmar était-elle moins humaine crue
iUede Bossuet? Appréciations de M. Ampère
?it sujet réfutées. Voy. Hincmar, § XVIII.
i; nUORITË des races. Voy. Rages hlmai-
;WOBLÈMES INSOLUBLES dans !e poiy-
tmsme.Voy. Pentateuque, § III. — Aucun
Il «eux qui tourmentent Tesprit humain
^'' <ié résolu par la philosophie. Voy. Vin-
^§V1IL
IKKIÈS CONTINU. — <rest le nom que
?. Leroux a donné à un nouveau sys-
Jf* philosophie que ce libre penseur a
pné. Ce système se rattache au mouve-
( philosophique du siècle par le prin-
Je la perfectibilité indéfinie; il s'endis-
e en reconnaissant la nécessité d'une
ffion. M. Leroux lait d'abord observer
ilc ralionaliste, au moyen de ses induc«
h et «Je ses déductions, ne peut arriver
îdes Téritésdu genre des vérités mathé-
liqucs. La vie, hors de laquelle II se place
4>n p. fiai de départ, lui échappe entière-
ni; il est impuissant à la modifier. L'in-
ifltialisme n*oQ're aucune certitude et
li^encire que Tanarchie intellectuelle.
Kathôliques ont donc raison de procla-*
îla nécessité d*une tradition; mais leur
ttion est vieillie et sans influence. M. Le-
Il ne reconnaît d'autre tradition que la
Ktton actuelle et vivante de Thumanité.
icroyances, nos idées actuelles ne sont
nées avec nous. La vie se transmet de
[lions en générations suivant certaines
Uliumanité n'est point une série rom-
;f anneaux fragmentaires; elle est bien
une succession continue de forces
omises pour produire un effet. Où est
tro vie, où peut Atre notre force, sinon
•» les sentiments que nous ont transmis
mviu* siècle et la révolution? Ces senli-
-»t$ forment donc une tradition vivante :
-«e résument dans les grands principes
iiberié^ iïégatité et de perfectibilité, La
\\\.\oii nous mène à un principe supé-
^\t;ce principe supérieur, c'est le dogme
vrojrès. La dortrine du progrès et de la
r-iec(jl»iHté apour appui et pour fonde-
nt la tradition tout entière de Tère rao-
^oe; car fère moderne n'a été qu'un lon^
travail pour arriver à Tenfantement de cette
vérité. Cette doctrine a par elle-même quel-
que chose de vague et d'indécis , elle doit
être précisée. M. Leroux définit donc le
progrès une série incessante et continue de
perfectionnements; de là le progrès con-
tinu. Ainsi tradition, progrès et prou:rès
continu : telles sont les bases du système
de M. Leroux. Cette conception le conduit à
une conception plus générale encore, à celle
do la philosophie même» qu'il définit la
science de la vie sous tous ses aspects. Or,
la vie n'est gu'un changement continuel,
une création incessante, une série continua
de progrès. Ce développement progressif so
montre partout dans 1 univers, dans Tordre
des constructions successives de la terre,
comme dans la formation de la matière des
astres; dans la série des degrés successifs
par lesquels a jmssé. l'animalité « comme
dans celle des changements quont subis,
harmoniquement à elle, les milieux qui
Tentourent et par lesquels elle vit. L'huma-
nité est soumise à la loi générale; elle su-
bit des transformations successives qui la
poussent toujours vers un état indéfiniment
t)lus parfait. Mais le terme extrême de ses
destinées nous est aussi inconnu que le
point initial. Les questions d'origine et de
tin, non-seulement en ce qui regarde l'hu-
manité, mais aussi pour tous les êtres, sont
enveloppées de ténèbres ; nous sommes en-
tre deux mystères... Malgré ces obscurités,
la science de la vie constitue proprement la
philosophie qui n'est pas distincte de la re-
ligion. Ces deux termes synonymes expri-
ment les degrés difl'érents dune même chose.
Toute religion commence d'abord par êtro
une philosophie. Le christianisme a été une
philosophie avant d'être une religion. Le siè-
cle appelle de tous ses vœux une religion :
il la demande sans cesse, il la demande à
tout : qu'il ne se décourage et ne se déses-
père pas; nous aurons une religion lorsque
nous aurons une science complète de la
vie. Sachons que les travaux actuels des
géologues, des anatomistes, des historieus,
les travaux de la science, en un mot, sont
sur la route de la religion. Que la philoso-
phie s'emparantde ces travaux, édifie soli-
dement la tradition du genre humain et le
progrès divin du monde, et nous serons re-
ligieux, et nous aurons une religion. Pour
arriver à cet important résultat, trois gen-
res de travaux se présentent à faire : r II
iaut perfectionner la tradition; S"* constater
le progrès dans le passé; 3'' du progrès con-
tinu déduire l'avenir.
Perfectionner la tradition, c*est marcher
vers la tradition universelle du genre hu-
main; c'est expliquer le passé. Mais s'élever
à la tradition universelle, ce n'est pas ab-
sorber et perdre le sentiment philosophique
moderne dans les idées du passé. Dans ce
sentiment se trouve le foyer de notre vie ;
de là partent pour nous le passé et Tavenir.
Le passé peut et doit nous servir d'aliment
pour l'entretenir, le fortifier, le purifier*
D'après notre sentiment et notre vie ac*
719
PRO
DICTIONNAIRE
tuollc, ou d'après le principe d égalité et de
liberté, nous jugeons les institutions anté-
rieures cl les diverses philosophies qui ont
été élevées au rang de religion, nous voyons
en quoi elles ont servi le progrès et la cause
de i humanité.
Constater l6 progrès dans le passé, c'est
constater la suite, renchatnement, la vie;
ce n'est pas établir de chimériques rapports
de supériorité d'une époque sur une autre.
Car si les formes successives qu'a déjà re-
vêtues l'humanité sont, aux yeux de Dieu,
qui connaît son ouvrage et le but où l'hu-
manité marche, de plus en plus parfaites,
elles peuvent fort bien n'avoir pas ce carac-
tère pour nous, ignorants que nous sommes
du but où elles s acheminent. Ainsi, dans la
marche de l'humanité, nous trouvons la
suite et Tenchaînement, mais nous ne trou-
vons pas toujours amélioration et pro-
grès (753).
Ce progrès continu, que nous ne pouvons
pas constater d'une manière certaine, doit
nous guider cependant dans nos prévisions
de l'avenir. Ce qui a été ne sera plus; le
passé doit Être transformé. Quel sera cet
avenir? nous l'ignorons. Pour nous ache-
miner vers lui, nous n'avons que notre vie
actuelle. Nous devons donc nous inspirer de
la tradition actuelle de la France et de VEu-
rope ; prendre les questions comme les ont
posées la philosophie et la révolution, et en
chercher la solution avec la vie qui est en
nous, avec originalité, avec spontanéité,
sans nous incliner comme des vaincus sous
les fourches eaudines du passé.
Nous ne croyons pas qu'on nous accuse'
d'avoir expose peu fidèlement, ni même
d'avoir affaibli la doctrine de M. Pierre Le-
roux. Cette doctrine se réduit en résultat
aux principes de liberté et d'égalité politi-
que. Ces principes ne sont certainement pas
des principes faux ; mais nous croyons que
M. Leroux les appuie sur une base ruineuse;
nous croyons que le simple eiposé des faits
renverse sa théorie de la certitude, et que
le fond de sa doctrine n'est que le pan-
théisme.
Est-il bien vrai que les principes de li-
berté, d'égalité, de perfectibilité obtiennent
ce consentement universel et actuel qui est,
suivant le philosophe que nous combattons,
l'unique sceau de la certitude? Ces princi-
pes ne trouvent-ils pas des contradicteurs?
Sont-ils entendus partout de la même ma-
nière? Les hommes qui les nient ou qui
les tronquent sont-ils en dehors de la na-
ture humaine, ou bien la vie actuelle de
Thumanité se produit-elle par des manifes-
tations contradictoires?
' Si ces principes sont controversés, s'ils
doivent être discutés, comment peuvent-ils
rallier et unir les hommes? comment peu-
vent ils servir de base à la certitude hu-
Hjaine?Au milieu de ce conllit des opi-
nions, par quel moyen parviendrait-on à
constater le consentement? Ce consente-
Al OLOGHTIQl'E. PRO :4i
ment doit-il être absolu et sans confradii.
leurs? Dans ce cas, le consentement n'exisi»»
sur aucune vérité ; il n'y a plus de consen-
tement. Si on ne parle que d'un consenle-
ment général, comment pourra-t-on déter-
miner le degré de généralité suflisanl pour
engendrer la certitude? Vous voulez qu'on
reconnaisse et qu'on vous accorde que k
tradition vivante et actuelle de rhuraafiiii^,
la seule chose certaine, la seule Tériléq^i
subsiste, se trouve dans les principes de li-
berté, d'égalité, de perfectibilité. Nousrt-
pondons : Vous demandez trop ou troppcù.
Vous demandez trop; car ces principes ns
posent évidemment sur une certaine noliori
tle la nature et de la destinée humaine, air
certaines notions d'ordre et de justice; ci«
notions elles-mômcs impliquent celles (,
loi, de législateur, de devoir; elles se rj!-
tachent à quelque chose de Qxeet d'imoiu}-
bic dans la pensée humaine. Vous deirjjo-
dcz donc trop, vous qui répudiez (oui s
passé, vous qui n'admett<5zrien dunraaii;li
et d'absolu dans l'es idées humaines, cotui'
nous l'établirons bientôt. Mais d'un sot'.
côté, si vous dépouillez ces principcu^
idées nécessaires qui les rendent inleiJ.:'-
blés, quel sera leur sens? comment r'"-*
ront-ils servir à unir le» hommes, à amii'-
rer leur condition? Comment ferw-vn^
sortir de ces principes toutes te ùnic^
nécessaires aux noranaes ? Toutes lesfnniv
ces sont à reftfiro, dites-vous; j»«s</uc(/<'
viendra l'humanité dans cctiutteole u^
croyances nécessaires à sa vie? Eu ^^'ï^*^''"
dant donc qu'on reconnaisse les pw|'.^
de perfectibilité, de liberté, d'*égaliic,eïiUi.-
dus dans le sens le plus indéteraiioé ci '^
jdus arbitraire, comme les seules souri- ^
de la certitude humaine, vous demaiv-fi
tro[) peu.
D'ailleurs, sur quelle base fait-on rci-o^'
en délinitive, la certitude de ce cod>cd;i
ment actuel et vivant de rhumaniié:?>i
Tinfaillibilité même du genre buQi<'i
Voici, selon cette doctrine, en quoiconsi;
cette infaillilnlité : l'esprit humain pos^
certaines notions, certains principe
sont la vérité môme; cette vérité nesl'i'
la manifestation de la vie; mais celte Ter
ne se développe qu'à la condition de ^
taines formes qu elle doit revêtir, el C
sont proportionnées aux Ages divers el "
divers besoins de rhumanité. Ces for
sont passagères et périssables; /»insi ^1
cien polythéisme a été remplacé |ar le cH
tianisme. Telle est la condition de W
humain, qu'il croit fermement possWci
vérité absolue, complète, la vérité en(t|
même, lorsqu'il obéit à ces croyances jtJ
raies et nécessaires. Ces croyances iv;*'
dant, suivant l'auteur, étaient des erf*?'
grossières que le progrès de la raisondt^|
dépasser un jour. A ces époques de crov'
ces erronées, le consentement, M trS'i»
vivante de l'humanité étaient donc
sur l'erreur et orodamaient J'erreurjcU
(753) Pourquoi alors la doclrfr.c du progrès conlimi?
:i\
KO
DICTIONNAIRE APOLOCETIQL'E
PRO
i ^2
<]nï Père de la perfeciibili^é moderne, J'es-
iril humain a été constamment le jouet de
l'erreur. Il s'est trompé lorsqu'il a adoré
Brabma, Vicbnou et Siva dans l'Inde; il
<'est trompé lorsqu'il a adoré Bouddha en
Ciineet au Thibet, Isiset Osiris en Egypte,
Urujudz en PersCi Jupiter et tout l'Olympe
en Grèce et en Italie. Il s^est trompé surtout
lorsqu'il a incarné le Verbe dans Jésus, lors-
qu'il a adoré Jésus. Ainsi l'histoire humaine
u'est qu'une suite et un enchaînement d'er-
reurs, erreurs nécessaires, erreurs bienfai-
santes. Pour nous, par le progrès de la rai-
S'}n moderne, plus heureux que nos pères,
mus j^QTons connaître la vérité absolue,
la Tenté dans sa forme pure, la vérité ca-
4 liée ou défigurée sous les anciens mythes ;
rioas possédons la rentable science, la
.vience de la vie. Toute l'Europe au moyen
!^e fat Tîctime d'une fatale illusion; elle
^ora un homme qu'elle prit pour un Dieu;
Itses{»rils les plus distingués participèrent
ï celte erreur, comme le vulgaire. Le même
rgarement se retrouve à l'époque de la nais-
sance du christianisme, époque cependant
(lelomièreet même de scejiHticisme. L'es-
) riiliaiDain n*échappe à l'ancien polythéisme
^ut \mt tomber dans un nouvel anthropo-
morptâsiBe, inférieur au premier, sous plu-
sieurs ranports. Avant le christianisme, nous
vjjoDsduis le monde entier les supersti-
tioQS tes plus folles, les cultes les plus ab-
fanies, qui se maintiennent encore chez
/«res'jiie toutes les nations orientales. Eh
iiierr/en lace de cette masse d'erreurs que
D'^as déclarons inévitables et saintes , nous
;ro^lafflons la raison humaine infaillible.
Sooâ nous attribuons la mission d'interpré-
trr ces croyances ou plutôt ces erreurs au
Kojen de la raison même qui les a engen-
drées; et nous avons la conviction profonde
]ye nous ne nous tromperons pas dans nos
if'ipréciations. Nous avons la conviction pro-
fonde que ta raison qui s'est égarée jusqu'à
lotre époque nous manifestera la vérité
lure, et que le consentement qui a sanc-
iODDé Terreur Jusqu'à nous, sera désormais
^ garant de la vérité infaillible. Nous avons
1 certitude que nos neveui ne raisonneront
15 sur> notre compte comme nous raison-
nas sur nos pères... Est-ce assez de décop-
'jtïs? Comment ne voit-on pas que le con-
ïotcment ayant sanctionné l'erreur jusqu*à
o> jours est infirmé par cela même, et de-
lenl incai)able d'appuyer les principes
Qe i on présente comme la vérité? Com-
leot ne Toit-on î>as au'on creuse l'abtme du
rpiicisme universel, où vient s'engloutir
: se perdre toute vérité?
iT.>i) Voff» le dernier naméro de la Revue ency-
{17^) Vatf» VEuafctopédU nouvelle, art. Christian
(73C) L*arC ThMogie, par le méine auteur, modi-
t tes principes énis daos Tarticle Ciet, ou. plutôt
nr en sulisftitne de contraires. Dans farticle Ciei,
I |«artaai de la production de Tunivers,. H. Rcy-
hud s*écrie : i Comment concevoir que Dieu ait
«liais p« s'abstenir d^une émanation qui lui était
Avec cette théorie de la cerliludo, on ne
peut admettre au 'une vérilé mobile et chah-
geante, c'est-à-aire une vérité qui n'est pas
une vérité. Que nous importe qu'il y ait
toujours quelque chose d'identique et de
vrai au fond des croyances humaines, si
nous ne sommes jamais assurés de le con-
naître ? si nous devons toujours passer par
des formes toujours illusoires? Les vérités
mathématiques, dans ce système, deviennent
tout h fait inexplicables,*^ une anomalie vé-
ritable. Seraient-elles aussi des formes pas-
sagères de la pensée humaine? Quel droit
aurait-on de le nier? La théorie de la cer-
titude que nous présente M. Pierre Leroux
ne serait donc que celle du scepticisme lui-
même, si elle n'était pas un vrai panthéisme.
En effet, la manière dont M, Pierre Le-
roux conçoit la vie et ses développemenis
est certainement une concoplion panthéis-
tique. C'est ce qui ressort avec évidence
des idées qu'il a soutenues dans |;ia-
sieurs articles de la Revue encyclopcdi-
que et de VEncyclopédie nouvelle, et par-
ticulièrement dans son livre De Vhumauité,
de son principe et de son avenir. Il nous
suffirait d'avoir constaté que M. Pierre Le-
roux admet rinfaillibilité du genre humain
et la notion d'une vérité mobile et variable,
pour être certains de ses tendances paolhéis-
tiques ; mais nous ne sommes-point réduits
à ces inductions. Dans un célèbre article
sur les mystères du christianisme (754), M.
Leroux rejette la Trinité chrétienne comme
un dogme incomplet et une explication in-
suffisante de Dieu , parce que, dit-il, le
dogme chrétien de la Trinité n'explique pas
le changement en Dieu. M. Leroux admet
donc en Dieu un changement ; or, le chan-
gement en Dieu n'est concevable qu'autant
qu'on, identifie Dieu avec le monde, qu'au-
tant qu'on ne fait du monde et de Dieu qu'une
seule vie. Dans sou article sur le christia-
nisme (755), M. Leroux prétend que le chris-
tianisme n'est qu'une secte de la religion
universelle. La religion universelle, suivant
ce phiIosopbe,commencerait dans l'Inde avec
le Brahmanisme. Or il est incontestable et
reconnu par M. Leroux lui-même, que l'éma-
nation et le panthéisme étaient le fond des
doctrines indiennes ; donc le panthéisme
est un dogme de la religion universelle.
Mais c'est surtout dans l'article Ciel de
VEncyclopédie nouvelle que les doctrines de
l'école progressiste se dessinent nettement.
Là M. J. Reynaud (756), directeur de VEn-
cyclopédie avec M. P. Leroux, enseigne la
nécessité, l'éternité, l'infinité du monde.
« On ne saurait admettre qu'il puisse y avoir
aussi esuniidle, et qoe les trots pnncipes aieai pu
demeurer un seul in&iaDi en présence sans entrer
dans cette sublime conTersation qui les unit, et
dont U rétuUat est Vunivers? AuUnt vaudrait con-
cevoir que le premier principe, avant d^engendrcr
les deux antres principes qui dérivent de lui, avait
pu subsister pendant toute son éternité dans son
isolement. Ces deux questions sont du même ordre :
la oréaiion est le développement extérieur, comme
ia Trinité est le développement uilaieur. > .Mais
tt3
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
PRO
?J
deux souverains-bieus différents. Le sou-
verain-bien est unique. Or, il nous est cer-
tain que Dieu et l'u'nirers coexistent ; donc,
c'est dans cette coexistence que le souverain-
bien réside. L'univers n*a pas d'autre com-
mencement que le commencement de Dieu
même... La création est un phénomène d'une
signification purement théologique, » c'est-
?i-dirc, dans le langage de M. Reynaud,
d*nnc signification mythique, «t La création
n'est autre chose que le produit instantané
de la puissance, de la sagesse et de Tamour
de Dieu; elle est la.conséquouce immédiate
de l'existence du Créateur, et il n*y a point
de suspension entre l'achèvement de la gé-
nération divine et le commencement des
émanations de TEtre créateur. C'est ce
qu'ont bien entendu les brahmes, qui, dans
leur cosmogonie, lors du réveil de Brahma,
f placent sans interruption la création de
'univers à la suite de la production des
personnes secrètement contenues dans le
Tout-Puissant endormi. »
M. Reynaud s'efforce ensuite de prouver
l'infinité du monde, et voit dans cette qua-
iité une preuve nouvelle de son éternité et
de sa nécessité. Si le monde est infini, éter-
nel et nécessaire, le monde est indispen-
sable à la vie de Dieu. L'existence de Dieu
n'était pas bonne^ dit M. Reynaud, avant
l'émanation de Vunivers. Mais dès lors le
monde est partie de Dieu ; le monde est Dieu
même. Dieu et le monde sont donc identi-
fiés, puisqu'ils sont nécessaires l'un à l'au-
tre. Or telle est l'erreur du panthéisme.
MM. Leroux et Reynaud, pour corriger le
Eanthéisme de leurs prédécesseurs, sem-
lent admettre en Dieu une vie personnelle
et distincte de l'existence du monde. Mais
cette vie que Dieu trouve en lui est infinie,
3iiel est, suivant M. Reynaud, dans Tarticle Ciel, ce
éveloppement intérieur, quelle est cette vie de Dit u
en lui-même? c Dieu présidant au mouvement infini
de Tunivers, voilà la vie active ; Dieu en face de
lui^même^ et sans autre objectivité que te néant ^
voilà ia vie contemplative. > Si Dieu en face de lui-
même est en face du néant, sa vie intérieure est
nulle : la vie divine ne peut être que Tactivité créa-
trice. En uo mot, toute la doctrine de Tarticle Ciel
se résume dans cette proposition, textuellement de
M. Reynaud : i Vexistenee de Dieu n^était pas bonne
avant la création de t^unirers. i II est impossible,
nous ne craignons pas de le répéter, de ne pas voir
le panthéisme dans celte doctrine.
^ Nous sommes heureux de pouvoir signaler dans
Tarticle Théologie une doctrine qui se sépare des
irincipes que nous venons d*exposer. Quoi de plus
oppose à ces principes, quoi de plus formel' que ces
paroles que nous lisons dans Farticle Théologie :
• U implique contradiction que Dieu ait besoin de
rien d^ extérieur à ia personne,.. Dieu connaît par-
faitement sa propre vie. C*est à cette connaissance
parfaite qu*il a de lui-même, indépendamment de
toute existence extérieure, que se rapporte essentiel-
lement le Yeriie catholique, différent surtout, à ce
qu'il semble, de celui des fiatoniciens, en ce que
ce dernier, qui se réduit au modèle idéal de Puni-
vers dans Pesprit de Dieu, ne se détache pas avec
autant d^indépeiidancequerauiredelacliose créée...
Le Verbe considéré dans la création n'c&t qu*une face
Secondaire du Verbe envisagé dans son principe
KUmiCj c'est àdire du Verbe v ^"cssaire, coububslan-
ou non. Dans le premier cas, ïi esiimpos.
sible que Dieu ait besoin d'une manihu.
tion extérieure, ou de se produire ao dehors.
La création alors, quelque prodigieuse,
quelque indéfinie qu'on la suppose, nepent
rien ajouter à. la félicité divine. La créatioa
par conséquent ne peut être nécessaire, el
partant elle n*est point infinie ni éternelle.
Dans la seconde hypothèse, qui est celle de
y Encyclopédie j la vie divine ne serailp
infinie, elle aurait besoin de se compiéler
par la production du monde. Mais celle tIc
divine mériterait-elle le nom de vie? qu est-
ce qu'une vie incomplète, qu'est-ce quuue
vie inachevée? et cette vie serait celle de
Dieu I Les écrivains de VEncyclopéik se
font donc illusion lorsqu ils Jislingucnl eu
Dieu une vie intérieure et une vie eilé-
rieure, lorsqu'ils lui accordent une vie pro-
pre. La vie de Dieu, dans leurs princi(>e'.
ne peut être que sa maaifeslation dans le
monde et le fini. U faut donc tecoonaiin
que les panthéistes, en refusant à Dieu art
vie propre, la personnalité, Tinlelligeiu,
la liberté ; en réduisant Dieuà irélrcqw*
principe ^indéterminé du mouJe, la U^
aveugle qui produit tout ce qui existe, i:l
été beaucoup plus conséquents que M.
Leroux et Reynaud qui, pour échap|)cr3ai
inconvénients de ce système, font viole^rc
à la logique. Ce n'est point ici lel/efl(/«
nous occuper de la réfutation AMmlbém
Il nous suffit d'avoir constaté ndcDiiiNe
la doctrine de VEncyclopédie nowtlU m
cette doctrine. (Voy. Patithéisme.)
PROGRÈS impossible dans les sjs»
de palingénésie. Voy. PALisGÉxéstt.-Fn^
grès, matériel et moral ; ce qu'il t^uUû
penser. Voy, Races humaines, § llll. -^^^
grès et succession dans le dévelappe"'«^^
tiel, éternel, i On ne peut mieux dire. « U cm-
déraiion de la création en Dieu ne prend dûBCp»
dans la théologie qu'après la conridéraiion p^
diale de Dieu en Dieu, Bien que U*un cartdcre pus j
simple, puisqu'il s'agit de ce qui est voulu ^tvv%
el non de c* qui est nécessaire en Dieu, crtteo**
sidération nécessaire est infinie aussi, i ^•^^^''t.
s'eiplique de la manière la plus nette toucbiouâK
qualité (Tin/ini qu'il att ibue au monde, c u *
é.idenl qu'il y a un infini d'un ordre infimmenir
périeur aux infinis créés, puisque le Crealeor »
nécessairement à Tinfinî au-dessus des prodHd'"^
qui émanent de loi; la connaissance ^^,f^''
peut donc s'exprimer que par l'infini élevé s » P"
sauce infinie. » Ajoutons que c'est là le venu*
infini, dont l'infinité du monde n'approcbe pas
La manière dont M. Reynaud envisage Yot^l^^^
la théologie est pleine d'erreurs. Il reconnaîi la»^
ccssilédela foi; mais la révélation n est potit »
qu'un vague et obscur pressentiment, une wnî^
ture tout bumaine. Au lieu de conclure deiwtv*
de la raison, el de IHmmense besoin de ^^^^^^
est en nous, la nécessité d'une réfélalion e* Jw
autorité divine, il admet une sorte <J'inspirat^«» "J
dividuelle aux formes variables, coulraircj, pf^'y^
sives, ei ne s'aperçoit pas qu'il He iravailleqo^n
le scepticisme. Toutes ces formes, nous Jj'j'*''^
d'accord avec la forme absolue qui est en niei».
celte forme ne nous étant pas connue est p«'ur »
comme si elle n'était pas. La vévilé et la ttrui
sont ruinées par leur base. ( Vvy, Ciei- et Tiw*
lilO
DICTIONNAIRE APOLOGETlQliE.
PRO
7S$
religieoi de lliamiiiiiCë ; existent-ils t Voy.
PntLOSOraiK PAXTBéiSTIQtE DE LHISTOIBE,
SU- — Progrès' indéfini, sa loi dans le sjs-
Utme de Schelliog. Voy, Philosophie de
L*JLBSOLUt S 11.
PROMÉTHJËE, DiTtfae. Toy. Mythisme,
\ II. — Doiinées philosophiques gue ce my-
the présente sur la chute primitive. Voy.
IIÉif03r, {1. •
PROPAGATION DD CHRISTIANISME.
ÂccipietU virtKtem Sfnritus sancH
mpenemetiUsmvos, ef erith mhi
ieHeM m Jerusaiem, ei m ommJudaa
€f Samaria, ei usqiœ ad ultimum
Urrm.
(Act, apasUd, i, 8.)
Lorsque Jésus-Christ parut sur la terre, il
5 a dix-but t siècles, toutes les nations, soit
\^\i ées, soit barbares, à l'exception d*une
>^!e, relié des Juifs, étaient plongées dans
ke^téoèbresderidolâtrie. Irréligion païenne,
il est TFHi, n*était qu'un amas de grossières
erreurs qui ne pouTalent soutenir les regards
O'une raison éclairée; mais néanmoins elle
liait pour elle tout ce qui était capable de
!'iî assurer, ce semble, à jamais les affections
H \es booiinages des peuples. Profondément
^ar%cîikée par Thabitode, soutenue de tout
le poiAs de l'antiquité, appuyée de toute
TautorilédM lois, embellie de toute la pompe
«Jes iUes; des charmes de la poésie, des jeux
et des plaisirs du théAtre, défendue par le
zèie intéressé des pontifes et des prêtres des
faux dieux, combien l'idolâtrie était-elle en-
core agréable et ch^re à cette nature faible
cf contMupue, dont elle flattait tous les pen-
rbants l if est pourtant au milieu de ce chaos
de superstitions et de vices que JésuMIhrist
eQToie ses disciples porter la lumière ; c'est
Oeraot ees nations égarées dans les voies du
n-eoâonge et de l'iniquité que les apôtres
«loi vent rendre témoignage à la sainteté, à
la doctrine, aux merveilles de leur divin
yaltre : Eriiis mihi testes usque ad ultimum
urrœ. Quel dessein que celui de changer la
religion, les mœurs, les habitudes, les usages
•la monde païen; et cela par la prédication
«:e quelques hommes obscurs qui n*ont reçu
<rn |>ar(age que l'ignorance et la grossièreté !
<Juelle force dans les obstacles 1 quelle fai-
tV^esse dans les moyens! quelle apparente
aiûpossibilité de tout succès 1 et si Tentre-
^itise réussit, quelle merveille 1
En consultant l'histoire, l'expérience et
le cœur humain, on découvre aisément par
'juels moyens les personnages célèbres qui
« nt paru sur la terre ont pu réussir dans
/eurs desseins. 11 est des ressorts qui, mis
t-o jeu par des mains habiles, ont une action
-,«ui55^ante sur l'espèce humaine; on la sub-
j'j^ue par la force, on la dirige par la poli-
niiïe, on reniraîne au. cri de la liberté, on
Tsuîre par l'appât des plaisirs et des biens
Nt ia terre, ou l'éblouit par Téclat du talent
et du savoir : tels sont les moyens humains
'ie succès. C'est par eux que les philosophes
^rirîens ont formé des écoles, que les légis-
'\tf*urs ont maîtrisé l'esprit des peuples, que
•es conquérants les ont vaincus, que Maho-
met, en particulier, a fondé sa religion et
son empire. Hais, si aucune de ces ressour-
ces humaines n'avait contribué à l'établisse-
ment du christianisme, ne serait-il pas rai-
sonnable de penser qu*il y a eu ici quelque
chose de surnaturel et de divin ?
Pour mettre cette vérité dans tout son
jour, je vais faire une supposition qui vous
frappera peut-être, si c'est pour la [)remière
fois qu'elle vient se présenter à votre esprit.
J'oserai prêter è Jésus-Christ des paroles
qui ne sont jamais sorties de sa bouche sa-
crée ; mais on sait avec quelle aimable con-
descendance il conversait avec les hommes,
il répondait à leurs questions, il entrait dans
une sorte de discussion avec eux sur Tes
titres de sa mission divine; et si la supposi-
tion que ie vais hasarder fait ressortir davan-
tage sa gloire et sa puissance, j'es['èrc qu'on
voudra bien me la pardonner.
Me transportant par la pensée aux (enijis
anciens où toutes les nations étaient ifJoià-
tres, je suppose qu'au moment où Jésus
commence de parcourir la Judée pour > an-
noncer sa religion, il est rencontré pnr un
philosophe très-versé dans toutes ces cou-
naissances que le monde estime ; je supfiose
que Jésus ait avec ce philosophe la conver-
sation suivante : — Quel est, demande ie phi-
losophe à Jésus, quel est votre dessein en
parcourant ainsi les villes et les bourgs de
la Judée, pour enseigner aux peuples une
doctrine nouvelle? — Mon dessein, répond
Jésus, est de réformer les mœurs de toute la
terre, de changer la relieion de tous les peu-
ples, de détruire le culte des dieux qu'ils
adorent, pour faire adorer le seul Dieu véri-
table; et, quelque étonnante que paraisse
mon entreprise, j'affirme qu'elle réussira.
— Mais ètes-vous plus sage que Socrate,
plus éloquent que Platon, plus habile que
tous les beaux génies qui ont illustré Rome
et la Grèce? — *Je ne me pique pas d'ensei-
§ner la sagesse humaine; je veux convaincre
e folie la sagesse de ces sages si vantés, et
la réforme qu'aucun d'eux n'eût osé tenter
dans une seule ville, je veux l'opérer dans
le monde entier par moi ou par mes disci-
Ïiles. — Mais du moins vos disciples, par
eurs talents, leur crédit, leurs dignités,
leurs richesses, jetteront un si çrand éclat,
qu'ils efiTaceront le portique et Te lycée, et
qu'ils pourront aisément entraîner après eux
la multitude. — Non, mes envoyés seront
des hommes ignorants et pauvres, tirés do
la classe du peuple, issus de la nation juive,
qu'on sait être méprisée de toutes les autres ;
et cependant c'est par eux que je veux triom-
pher des philosophes et des puissances de la
terre, ainsi aue de la multitude.
— Mais il faudrait du moins que vous
pussiez compter sur des légions plus invin-
cibles que celles d'Alexandre ou do César,
qui portassent devant elles la terreur et l'é-
pouvante, et disposassent les nations en-
tières à tomber à vos pieds, i— Non. rien de
tout cela n'entre dans ma pensée. J'entends
que mes envoyés soient doux comme des
agneaux, qu'ils se laissent égorger par leurs
703
POS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POS
m
sur Terreur; car n'est-ce pas i)rofesser Ter-
reur aue de déclarer par le rite le plus so-
lennel qu'on donne un pouvoir tout h îaM
chimérique et opposé même, selon lahn, h
la saine doctrine de la Providence? L'Eglise
déclare son sentiment, non-seulement par
ses décisions, mais encore par ses pratioues.
Ainsi TEglise a de tous temps baptise les
petits enfants, et saint Augustin concluait
de celle pratique, contre Pelage, Texistence
du péché originel ; l*EgIise était encore dans
l'usage de demander Je secours de Dieu
pour toutes les actions chrétiennes, d'où
saint Augustin concluait encore, contre les
. pélagiens et les semipélagiens, aue la çrâcc
était nécessaire pour toutes les actions.
L*Eglise était aussi dans l'usage de noja-
mais rchapliser ceux qui Tavaient été par
les hérétiques, et c'est de là que les Pères
ont conclu la validité de leur baptême. De
même, puisque l'Eglise, depuis les premiers
temps, est dans Tusage de donner à sesexor-
dstes le -pouvoir de chasser les démons,
nous devons conclure que ce pouvoir existe
réellement. Il n'y a que Tespril du protes-
tantisme, ou plutôt du rationalisme, qui
puisse faire hésiter sur des principes aussi
incontestables.
6. Un sixième argument que Ton fait va-
loir contre les possessions, c'est que si Jé-
sus-Christ et les apôtres en avaient admis la
réalité, ils auraient contredit leur propre
doctrine, puisque toute celle démonologie
est contraire aux idées qu'ils nous donnent
de la Providence; qu'elle est comme une
branche de i'idolÂlrie païenne, qui abandon-
nait à des génies subalternes le gouverne-
ment de cet univers. En outre, tous ces dé-
mons n'étant que les Ames des morts, qui,
d'après l'opinion commune, revenaient obsé-
der les vivants, étaient nar conséquent des
êtres chimériques, dont les écrivains sacrés
n'ont jamais pu admettre Texistence; d'au-
tant plus que les âmes des méchants, étant
retenues dans les enfers, ne- peuvent point
revenir 5ur la terre pour tourmenter les vi-
vants. Si donc ils n'ont pas expressément
condamné cette superstition, s ils se sont
conformés en ce point au langage vulgaire,
c'est que cette superstition se trouvait sut-
fisamment réfutée par leur doctrine et par
les cures naturelles que les médecins fai-
saient tous les jours de ces prétendues pos-
sessions. Une réfutation plus expresse eût
été inutile dans un temps où ce préjugé,
profondément enraerné, dominait tous les
esprits ; et elle eût inévitablement entraîné
les apôtres dans des disputes interminables,
3ui les auraient détournés de la prédication
e TEvangile, objet et but principal de leur
mission.
Mais Tintervention des démons dans le
inonde n'est point opposée à la doctrine de
la Providence, puisque ces esprits impurs
ne peuvent rien opérer sans la permission
de Dieu, qui sait faire servir leur malice à
l'accomplissement de ses desseins, comme
nous l'avons déjà montré. En second lieu,
octte croyance ne tire n illement son origine
des idées païennes de l'idolâtrie, qui donnait
à ses dieux subalternes une paissanre bien
plus indépendante que celle que nous ac»
cordons au démon. Elle vient plot6t de li
révélation, qui nous apprend reiislenceda
cet esprit de malice qui a séduit nos ^
miers parentSt qui tente contiauelleineniifli,
hommes, qui, selon l'expression de l'ap^f*^
saint Pierre, rôde autour de noui commt
lion rugissant f pour nous dévorer (/ Peir,
8), qui a affligé le saint homme Job det
de maux, qui a osé tenter le Fils de Di
lui-même, enfin aui, selon saint ]e(
(ApocaL XII, &), est 1 auteur de l'idolâtrie.
iaut nier tout l'Ancien Testament et suri
le Nouveau, pour prétendre que le dé
n'a aucune action dans le monde. Âjou
qu'il n'est point vrai de dire que les dé
admis par les Juifs et les apôtres ne
S[ue lésâmes des morts ; nous avons déji
uté cet absurde paradoxç de lahn; il
inutile et entièrement superQu d y m
Enfin, si Tintervention des dénions daof
choses de ce monde était contraire i il
trine de la Providence , et entachée Ai
de Tidolâtrie, Jésus-Christ et Jes a|4lni
raient-ils jamais pu la supposer, d
la confirmer positivement dans leois
cours ? Ils auraient dû au contraire It M
damner ouvertement, et purger ainsi II
iigion d'une superstition aussi crimineV
Sauveur a reproché aux Juifs de» er
bien moins considérables, et combatln
préjugés bien plus enracinés. La crainte
oppositions ne lui a fait jamais sacritir
respect humain les intérêts de h yérité
était venu enseigner aux borotûes.
On voit par cette discussion combien
les arguments de lahn sont peu soli^
f)eu concluants ; il en est encore deun
esquels le savant critique n'a pas fort
sisté; mais comme pourtant laplapa"
adversaires des possessions évangéliqo
cessent de les reproduire, nousalloQse
d'y répondre.
7. Si les possessions étaient réelles,
dit-on, on devrait trouver des traces dej
existence dans tous les temps, dans
lieux, et par rapport à toutes sortes
sonnes. Or, il est facile de remar
ces prétendues possessions n'ont
dans les temps d'ignorance, oi^
perstition domine, et ({ue sur des i^ei
d'un esprit faible qui éprouvent qo
atteintes de mélancolie ou d'autres mi
qui affectent le cerveau, les entrailles
parties nobles; ce qui est assurémeot
preuve évidente que ces possessions r
nent plutôt du tempérament que de I
ration du démon.
Il y a dans cette oligection un ?ice de
sonnement qui en détruit toute la valeti
toute la force que nos adversairesysup
En effet, les possessions pourraient
réelles, sans pour cela qu'elles dussent at
lieu dans tous les temps et dans tous
lieux ; car elles ne sont pas des rfculiats
cessaires des lois générales ; elles ne
pendent que des règlements particuh
w
M8
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRE
708
fqu'on nous nasse ce mol) de la divine Pro-
Tidencc; elles ne sont soumises finalement
qu'à la Toionté particulière de Dieu, qui,
5(ioo les desseins de si sagesse , permet à
r^ic<[)rit malfaisant de tourmenter les hom-
:ife$, soil ooar punir leurs crimes, soit pour
^.rouvcr leurs vertus, soit enfin pour Inom-
jéer arec plus d*éclat de cet ange apostat
pi a voulu disputer au ciel et sur la terre
lionneurde la divinité. Nous n'ignorons |)as
ne l'iacrédulilé sourit de pitié à ces ré-
Iffions, mais elles n'en sont ni moins cér-
ames ni moins justes, puisqu'elles font la
use de Téconomie générale de la religion
Mléc; et que sans cette doctrine le chris-
jiniSme aussi bien que le judaïsme devient
ebiiie plus inconcevable pour Tesprit de
krnme, et le problème le plus insoluble
«tir la raison humaine; fait et phénomène
ton ne saurait nier; ils sont l'un et Tau-
KMiUillOSjeUX.
frclendrc que les possessions véritables
tuulllplient à proportion de Tignorance
t> la superstition des hommes, et que
eiûéuoniaqucs sont tous des personnes
Siaesprit i'aibie ou qui ont le cerveau dé-
insf, c'est une assertion gratuite, et que
^HHts seraient bien en peine de prou-
Hr.Crliest vrai sans doute des possessions
ikUfi, puisque plus on est ignorant et su-
pniiimif plus on est disposé à attribuer
Ji (!éajon i:e qui n*est que Veffet d*une ma-
Kîeitaiureile dont on ignore la cause; et
h^rience montre en effet alors que ces
ttiiOilaes possessions, qui au fond ne sont
n de simples aialadies, ne se trouvent
ktJTement que chez des cerveaux faibles
1 dérangés. Mais quant aux possessions
illes, elles sont indépendantes des siècles
iporance et de superstition. Elles avaient
!B au siècle d^Aujsuste, au temps des apA-
a éclairés par TEsprit-Saiul et Jésus-
isi : la Sagesse éternelle les a regardées
ibue réelles. Elles ont continué dans tes
Mire premiers siècles de l'Eglise, dans le
^e des Basile, des Jean Chrysostome» des
finie etdes Augustin, qui n*ont pas fait
liiité de les admettre. Enfin 1 histoire
vb en offre des exemples même dans ces
vtkiers temps; il est vrai q^uc nos adver-
htien œntestent Tauthenticité, mais où
N<es preuves qui justifient leurs dénéga-
wUs refusent de croire au témoignage
^idieurs les plus respectables, et il faut
"r nous les croyonsy noust sur leur simple
Evidemment il n'y a là ni justice ni équité,
rt (sut qu'une cause soit bien mauvaise
fnd, pour la soutenir, ou est obligé de
x>urir à de pareils moyens de défense.
^ huitième et dernière objection porte
' la dilBculté d'expliquer comment il se
^)ue la Judée ait été pleine de démonia-
K> au temps de Jésus-Christ et que dans
^ siècle ils aient disparu... Nous en
'lu doooé la raison à la £n du § II ; nous
cnto/ons le lecteur. {Yoy. Démon , Hal-
POSSESSIONS et médecins physiologis-
tes. Voy. note XVI^ à la fin du volume.
POU des Nègres. Voy. Rages humaines,
§V.
POUHANAS. Livres indiens, examen cri-
« tique. Voy. Imdianismb, § II.
POUVOIR DOUMATIOUE dans TEgliso
Yoy. Pape, § III.
PREDESTINATION. — Ce mot signifie à
la lettre une destination antérieure ; mais
dans le langage théologique il exprime le
' dessein que Dieu a formé de toute éternité
de conduire par sa grAce certains hommes
au salut éternel.
a Si Dieu, disent les philosophes, a pré-
destiné ses élus non-seulement à la gloire,
mais à tel degré de gloire; par conséquent
à telle mesure correspondante de mérites, il
doit employer des moyens infaillibles, n*im-
|jorte lesquels, pour les leur faire acquérir.
Toutes les circonstances de leor vie, la paix
et la guerre, le vice et la vertu, la liberté et
la grâce entrent dans le décret divin; il ne
tombe pas un seul cheveu de la I6lc de ces
favoris du Très-Haut sans un ordre particu-
lier de sa providence ; tontes leurs bonnes
oeuvres sont comptées, leurs fragilités, leurs
crimes mômes sont l'objet d'une permission
spéciale; en un mot, tout sert h leur salut,
et rien au monde ne peut les faire déchoir
de leur trop heureuse destinée. Mais rien
aussi ne peut dérober à la sienne l'iiifur-
tuné dont la place est marquée dans l'enfer;
fût-il orné de toutes les vertus, sa réprol)a-
tion est certaine, tandis que Télu, souillé de
tous les crimes, n'en sera pas moins infail-
liblement sauvé. Ledécret est tout, la nature
des moyens d exécution ne mérite pas d'at-
tention. Dieu atteignant son but par la li-
berté et par des lois infaillibles avec une
égale facilité. S*il.ravait voulu, tous les hom-
mes seraient sauvés; mais il prend les uns,
il laisse les autres sans nécessité, arbitrai-
rement ou par des motifs étrangers aux in-
téressés. El ne dites pas que le mérite em-
porte Télection; car le mérite, étant surna-
turel, ne peut venir que de Dieu qui le
donne ou le refuse à sou gré, de telle sorte
qu*il couronne ses largesses dans les élus»
et punit ses rigueurs dans les réprouvés. La
doctrine de la prédestination est donc impie,
immorale, désespérante , propre seulement
è inspirer la haine de Dieu, à décourager
rhomme de bien , à faire considérer le vice
et la vertu comme des mots vides de sens,
puisque l'un ne nous exclut point, du ciel et
que l'autre ne nous garantit point de Ten-
fer. »
Ce raisonnement |iaratt d*dbord sans ré-
plique, et il n*esl au fond qu*un sophisme.
Entre l'élection et la réprobation, pas de
milieu, il est vrai; c'est un point décidé
depuis longtemps contre d'anciens héréti-
ques qui avaient imaginé un état mojren
entre celui des bienheureux et la privation
do la vision béatifique. Tous ceux que ne
renferme point le décret de la prédestination
sont également réprouvés, en ce sens que
leur exclusion de la gloire est absolue.
1SI
PRO
DfCTIOmAlHE AimOGETIQOK
PRO
CcsC ce qu'on deses(>rit5 les plus cons-
rtencieni et les plus éclairés de notre temps,
M. Troplong, a noblement exprimé dans
s >n fooao racmoire, lu à rinstitul. De Vin-
fluente du chrisiiani$me sur le droit romain.
Tout en ménageant les prétentions et les
susceptibilités pbilosophiijnes qui l*écou-
taient, l'éloquent juriste vient è s'expliquer
comme il suit :
« La croix snr laquelle Jésus-Christ
avait été immolé était devenue l'étendard
d'une religion qui allait ré^^énérer le monde*
et les apôtres étaient partis de la Judée
pour apporter aux nations la parole évan-
géllque. Tout ce qu'il y avait de principes
f'iviiisateurs disséminés dans les diverses
écoles philosophiques qui partageaient les
hautes intelligences de la société païenne,
le christianisme le possédait avec plus de
richesse, et surtout avec l'avantage d'un
système homogène, où toutes les grandes
vérités étaient coordonnées avec un atlnû-
rable ensemble , et placées sous la sau-
vegarde d'une foi ardente. Mais, en outre,
de ce ydise de terre qui, comme le disait
^aint Paul, renfermait les trésors de Jésus-
Christ, s'échappaient des notions de n. orale
qui allaient trouver les masses délaissées
par la jihilosophie, et leur révélaient la vraie
destinée de l'humanité sur cette terre et
après la vie. — Le christianisme, en effet,
n a pas été seulement un progrès sur les
vérités reçues avant lui, qu'il a élargies,
complétées, et revêtues d'un caractère plus
sublime et d'une force plus sympathique;
niais il a été encore (et ceci est au pied de
la lettre, même pour les incrédules) une
descente de V Esprit d'en haut.
§11.
Seconde merveille, la résdution de prêcher le cbrisUa-
oisme à l'univers.
Après la conception du christianisme par
les apôtrCsS une seconde chose nous frappe,
et découvre encore à nos yeux sa divinité :
c est leur résolution de le prêcher à l'uni-
vers.
Comment ces pauvres srensont ils espéré,
comment ont-ils osé se lancer dans une si
folle entreprise; alors c|ue tous les moyens
humains leur manquaient, que toutes les
puissances humaines leur barraient le pas-
sage?
La plus petite action a son stimulant : ce
stimulant est en raison des difficultés et des
ressources. Telle est la loi invariable do
notre nature ; elle est ainsi faite ; et cette loi
est aussi nécessaire dans l'ordre moral que
colles de Téquilibro et de la mécanique dans
Tordre physiuue ; ajoutons, enfin, qu'elle
estd*autant plus exacte que l'absence do
culture et de développement moral et intel-
lectuel laisse ^à la nature de l'individu, en
qui elle agit, olus do soumission à s'v con-
éhloulssanies qui lui valurent le surnom A*aigie de
Patmof?Las cuurlcs épUrcs clle-uièmes de saint
Jacques, de saint Pierre, et de saint JuJe, ne rcn-
(crisentellos pas toute ia substance du chriâtia*
13!
former : chez d'autres, l'obsentnce de cello
loi a pour garantie le poids de la raison-
chez celui-ci, elle a toute la paissanr« dé
J 'instinct. Cela posé, figurez-vous d*un côié
une entreprise aussi colossale que celle de
changer le monde, de le coafertir, de le
retourner, si je peux ainsi dire, de fond ea
comble ; figurez-vous de l'autre cAlé le plus
entier dénument de ressources qui se puisse
concevoir : ai fortune, ni habileté, ni séiuc-
tion, ni force, ni rien, rien de ce qu'il but
pour entraîner mftme un enfant ; et entre
ce néant de ressources et cet amas infinide
difficultés, placez un homme d'une inture
simple, mais saine, à (yii la proDOsilionsoit
faite d'aller à l'entreprise ; et entin supposez
qu'il y aille, qu'il s y jette, qu'il s*j pr^i-
pite avec une confiance que rien u'arrèie,
bien qu'elle ait prévu toutes les difficultés,
et que ces difficultés se soulèTent smm
passage : ou la raison n'est plus rien, et ia
nature humaine n'a plus de règle ; ou bito
il y aura dans cet homme un stimulanld'oQe
force incalculable, que je peux ignorer,
mais que j'affirme. Je suis disposé àloiii
croire, plutôt que de croire qu'il agisse abi
sans impulsion, et sans une impulsion (fue
je m'attends à trouver extraordinaire ccœiiie
sa confiance. Or tels se présentent à nooslc^
douze apôtres, c'est-à-dire aue nous avcij
douze sujets d'expérience de notre mson-
nement, dont aucun ne fléchit. Anssujors-
que je les entends dire et pubUeri»ftiii0t;oi
qu'ils ont vu Jésus-Christ ressasàlé^(piy^
ont reçu l'esprit de -Dieu, je hwâssans
peine, je suis obligé de le cfoireipa^e^lttîî
cet événement surnaturel n'est pasiffiÇOî^^*
ble à la Divinité, qu'il se trouve dans m
harmonie parfaite avec tout ce que je sab ,
déjà de Jésus-Christ, et que, si je Vèurt«» j
ie suis obligé d'embrasser à la place, daj» •
l'action des apôtres, une chose contre nature
qui ne se conçoit pas, qui ne peut pas s'a- .
pliquer, une impossibilité monstrueuse,;
comme serait dans l'ordre physique \a.
homme qui marcherait sansjamoeSf cemiraufej
de prédilection de Rousseau. :
Pour sortir du cercle de ce raisonnemni^
il faudrait pouvoir trouver une cause li»-i
maine Quelconque qui expliquât la déle
nation des apôtres a l'entreprise de la c^'
i
version de l'univers. Or c'est ce quon
pourra jamais. Ici se présente la discus^ù^
si souvent faite parles apologistes, des <fis
vers motifs humains qui auraient pu |»<w
ser les apôtres à cette gigantesque enwj
prise. Nous allons laisser Bossue! \n\m
cette partie avec cette pleine vigueur de bjj
sens qui fait comme le ten[i|>érameat«t^'^
génie. C'est une page peu connue, et qui«
extraite de son panégyrique de saint A»*
dré(758): . j
« Dans une si étrange entreprise, je *
dis pas avoir réussi comme ils oui fait, t»
nisme? n^eii accusent-elles pas Umie ïk proton^
^758) Nous engageons à lire avec auetiioa rfl
relire celte page» vrai cbef-d*Qeu%'re de nisostitt^
échappé d*unc main qui scnaail des dsels*^<r<>^
nO
MS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRE
708
((|(j'on nous passe ce mot) de la divine Pro-
Thienco; elles ne sont soumises finalement
qu'à la TOlonté particulière de Dieu, qui,
5doD les desseins de si sagesse , permet à
r^(e5|)rit malfaisant de iourmenter les iiom-
ries soit pour punir leurs crimes, soit pour
«•jirouvcr leurs vertus, soit enfin pour (riom*
|iier a?ec plus d*éclat de cet ange apostat
«nia Toulu disputer au ciel ef sur la terre
lltonncurde la divinité. Nous n*i^norons pas
due rincrédulité sourit de pitié à ces re-
levions, mais elles n'en sont ni moins cer-
taines ni moins justes, pnisqu*elles font la
Mse de l'économie générale de la religion
rj-rélée; et que sans cette doctrine le chris-
itaiii<me aussi bien que le judaïsme devient
le fait le plus inconcevable pour Tesprit de
l'homme, et le problème le plus insoluble
[iinr la raison humaine; fait et phénomène
luVn ne saurait nier; ils sont l'un et Tau-
.ftious nos yeux,
Prétendre que les possessions véritables
.<" iflultiplient à proportion de Tignorance
:k la superstition des hommes, et que
i-^ 'léiuoniaques sont lobs des personnes
^jn esprit faible ou qui ont le cerveau dé-
m^f, c'est une assertion gratuite, cl que
xx^a'tfiurs seraient bien en peine de prou-
w.ùbest vrai sans doute des possessions
i((?<»'''5, puisque plus on est ignorant et su-
^i^^'tieux, plus on est disposé à attribuer
i4 léfflon i:e qui n'est yue refTel d'une ma-
stic naturelle dont on ignore la cause; et
rri{<'rienc6 montre en elfel alors que ces
ftiendues possessions, qui au fond ne sont
ftie (le simples maladies, ne se trouvent
ileclivemeDl que chez des cerveaux faibles
« dérangés. Mais quant aux possessions
relies, ellas sont indépendantes des siècles
'i^orance et de superstition. Elles avaient
»eu au siècle d'Auguste, au temps des apA-
!^ éclairés par l'Esprit-Saint et Jésus-
J^iM : la Sagesse éternelle les a regardées
nftiQie réelles. Elles ont continué dans les
Nre premiers siècles de l'Eglise, dans le
^k des Basile, des Jean Chrysoslome, des
^ùffleetdes Augustin, qui n'ont pas fait
>i!i>iilté de les admettre. Enfin riiisloire
M>»s en oITre des exemples même dans ces
^iers temps; il est vrai quo nos adver-
sités en contestent l'authen licite, mais où
jolies preuves qui justifient leurs dénéga-
-'«>? Ils refusent de croire au témoignage
^Uûteurs les plus respectables, et il faut
»^ nous les croyons, noust sur leur simple
«Mie.
Kndemmentil n'y a là ni justice ni équité,
t il but qu'une cause soit bien mauvaise
^4od, pour la soutenir, on est obligé de
tcourir à de pareils moyens de défense.
Ij huitième et dernière objection porte
ir la difficulté d'expliquer comment il se
91 que la Judée ait été pleine de démonia-
^ au temps de Jésus*Christ et que dans
^(re siècle ils aient disparu... Nous en
^^ns donné la raison à la An du § II ; nous
renvoyons le lecteur. (Foy. Démon, Hal-
^auTiox,}
POSSESSIONS et médecins physiologis-
tes. Vojf. note XV1« à la fin du volume.
POU des Nègres. Voy, Rages humaines ,
§V.
POUKANAS. Livres indiens, examen cii-
^ tique. Voy. Indianisme, § II.
POUVOIR DOGMATIQUE dans TEgliso
Foy. Pape, §111.
PREDESTINATION. — Ce mot signifie à
la lettre une destination antérieure ; mais
dans le langage théologique il exprime le
* dessein que Dieu a formé de luute éternité
de conduire par sa grflce certains hommes
au salut éternel.
« Si Dieu, disent les philosophes, a pré-
destiné ses élus non-seulement h la gloire,
mais à tel degré de gloire; par conséquent
à telle mesure corres()ondante de mériles, il
doit employer des moyens infaillibles, n'im-
porte lesquels, pour les leur faire acquérir.
Toutes les circonstances de leor vie, la paix
et la guerre, le vice et la vertu, la liberté et
la grâce entrent dans le décret divin; il ne
tombe pas un seul cheveu de la tôle de ces
favoris du Très-Haut sans un ordre particu-
lier de sa providence; tontes leurs bonnes
oeuvres sont comptées, leurs fragilités, leurs
crimes mômes sont l'objet d'une permission
spéciale; en un mot, tout sert h leur salut,
et rien au monde ne peut les faire déchoir
de leur trop heureuse destinée. Mais rien
aussi ne peut dérober è la sienne Tinfor-
tuné dont la place est marquée dans l'enfer;
fûl-il orné de toutes les vertus, sa réproba-
tion est certaine, tandis que l'élu, souillé de
tous les crimes, n'en sera pas moins infail-
liblement sauvé. Ledécrel est tout, la nature
des moyens d exécution ne mérite pas d'at-
tention. Dieu atteignant son but par la li-
berté et par des lois infaillibles avec une
égale facihlé. S'il l'avait voulu, tous les hom-
mes seraient sauvés; mais il prend les uns,
il laisse les autres sans nécessité, arbitrai-
rement ou par des motifs étrangers aux in-
téressés. El ne dites pas que le mérite em-
porte l'élection; car le mérite, étant surna-
turel, ne peut venir que de Dieu qui le
donne ou le refuse à son gré, de telle sorte
qu'il couronne ses largesses dans les élus»
et punit ses rigueurs dans les réprouvés. La
doctrine de la prédestination est donc impie,
immorale, désespérante, propre seulement
è inspirer la haine de Dieu, à décourager
l'homme de bien , à faire considérer le vice
et la vertu comme des mots vides de sens,
puisque l'un ne nous exclut point du ciel et
que rautre ne nous garantit point de l'en-
fer. »
Ce raisonnement fiaratt d'abord sans ré-
plique, et il n'est au fond qu'un sophisme.
Entre l'élection et la réprobation, pas de
milieu, il est vrai; c'est un point décidé
depuis longtemps contre d'anciens héréti-
ques qui avaient imaginé un état mojren
entre celui des bienheureux et la privation
do la vision béatifique. Tous ceux que ne
renferme point le décret de la prédestination
sont également réprouvés, en ce sens que
leur exclusion de la gloire est absolue.
1
:^
PRO
DlCTIONNAmE APOLOGETIOUE.
Re
dans un dernier banquet* les témoignages
«es plus touchants de son amour, et les as-
surances les plus réitérées du prochain ac-
complissement de ses promesses. 11 ne leur
dissimula pas les ignominies* les souffrances
et la mort qu'il avait à traverser; mais il fir
briller au travers Tespérance de sa résurrec-
tion, et Teffusion de cet esprit oui devait
leur apprendre toutes choses, et réaliser par
eux celte dominalion universelle» ce règne
éternel du Christ, qui était la grande allento
héréditaire de leur nation. Eblouis de cette
espérance, et sans doute aussi touchés de
tant d'amour, ils promirent d'être fidèles.
Pierre surtout, leur chef; jura de rester iné-
branlable, quand même tous les autres flé-
chiraient. Mais vaincs promesses! chiméri-
que ardeur que la confidence sympathique
de Jésus-Christ allumait dans ces âmes sim-
ples, mais que laffreuse réalité de sa passion
et de sa mort ignominieuses allait abattre,
en s'interposant entre eux et iuil Bientôt,
en effet, il ne nous apparaît plus que seul
dans les mains de ses bourreaux. Dans le
commencement, Pierre le suit encore, mais
de loiftj et pour voir ce ijtie tout cela devien-
dra. Un instant après, il le renié à la voix
d'une simple servante, et, par trdis fois, il
proteste qu'il ne l'a jamais connu. Enfin,
cette troupe timide, digne d'un tel chef, se
dissipe si bien qu'on n'en rencontre plus un
seul dans la suite, si ce u'est l'apôtre saint
Jean, dont la compatissante amitié reparaît
parmi des femmes au pied de la croix, alors
que ia mort de la victime désarme ses bour-
reaux, et qu'il n'y a plus à lui donner que
la sépulture. «
Toutefois, dans ce profond naufrage de la
fidélité apostolique , où, nos pécheurs se
montrèrent si parfaitement hommes, tout
espoir n'aurait pas dû, ce semble, les aban-
donner, puisqu'il n*était rien arrivé que '
leur Mattre ne leur eût annoncé, et que c'é-
tait après sa mort qu'il avait aiourné la ma-
nifestation de sa puissance. 11 pouvait res-
susciter le troisième jour, comme il l'avait
j)romis. N'importe, cet espoir avait été im-
puissant pour les tenir ralliés. Qu'eût-ce
donc été si le Christ n'eût pas en effet res-
suscité? Non-seulement ce faible sentiment
d'espoir eût achevé de les abandonner, mais
encore il se fût nécessairement tourné en
un juste dépit d'avoir été ses dupes.
Quelques circonstances viennent justifier
cette interprétation naturelle des disposi-
tions des apôtres. Nous ne les voyons pas
d'abord bien empressés du soin de surveil-
ler l'événement de la résurrection de Jé-
sus-Christ, et ce ne sont pas eux, mais des
femmes, qui font le pèlerinage du saint tom-
beau. La curiosité môme ne leur fait pas
faire un pas. Scandalisés par la mort igno-
minieuse de Jésus-Christ, ils sont trop bien
«
(759) Ce voyageur était Jésus-Cbrist, TEvangilc le
dit ; mais comme nous nous plaçons pour le moment
$iu point de vue de rincrédulilé, nous devons sup-
poser, à cause dVIte, ce que TEvangile dit de nos
doux disciples, cl ce qui n*cst que trop vr»i pnu^ la
plupart : Lcur$ yetu étaient (iés^ en sorte qu'Us ne le
persuadés que celui qui vient de se laii
traiter de cette sorte ne saurait être un Dit
aussi laissent-ils passer le troisième
sans faire aucune démarche. Nous en
vous seulement deux voyageant sur le
min d'Ëmmaûs, et qui, dans le tabler
vrai que l'Ëvangile nous fait do leur
sonne, reflètent très-bien les disposii
que nous venons de concevoir : Et toicÇi
1 Evangile, que deux d'entre eux allait
jour-là même ( le troisième jour et su
soir) en une bourgade distante de tov
itades de Jérusalem^ nommée Emmaiis,
causaient entre eux des choses q^ti rem
de se passer. Et il arriva que, pendant ^
devisaient et discutaient ensemble sur
un voyageur (759) s^ approchant chi
avec eux, et leur dit : De quoi vom ei
tenez-vous ainsi tous deux en marchoi
quateS'VouSf que vous êtes si triste» f-l
vous seul si étranger dans JérusalerHy h
pondit Fun d'eux, que vous ne sackù
choses qui viennent de s'y passer cesjfna
— Lesquelles? repartit-il. — Tonchml
de Nazareth, dirent-ils, qui fut wpit^
puissant en œuvres et en paroles ixmll
et devant tout le peuple; et commt
souverains prêtres et nos magistrau
condamné à mort, et Font crucifié. Or
espérions que ce serait lui qui serait t(
dempteur a Israël; néanmoins^ avec Iqu(
c*est le troisième jour aujourd'hui
choses se sont passées. Il est vrai qut
ques-unes de nos femmes nous ont éponxi
ayant été de grand matin à son tomhml
rayant pas trouvé, elles sont accoutt
nous, disant avoir eu une vision danfl
leur ont dit qu'il vivait. Quelques-um S
nous sont bien allés vérifier te tait :U
beau est vide, mais, pour lui, ils ne ht
Vtt{760).
Telles étaient les dis[)Ositions des aji
dispositions qui méritaient bien quelj
Christ leur dit soudain : O stupides^ ei\
tardifs à croire l
Enfin , un dernier trait vient acbci
tableau de l'incrédulité et du décourofC
apostolique: il est simple, mais signif
et c'est Pierre, le chei do la troui'c,
nous le fournir : Je m'en retourna
dit-il dans le mémo temps h Thoi
quelques autres disciples. Et novt
nous y allons avec toi, lui répondircfl\|
ci (761). ,
Voila les apôtres redevenus M
Jusque-là ils avaient espéré, quoique I
meni , sperabamus i mais maintenanl^t
chef lui-mômc qui donne le signal et I'
pie de l'abandon , vado piscari, el ff
reprendre son premier métier.
Tels étaient les apôtres , alors môi
la présence de Jésus-Christ, ou son i
venir récent, ou enfin l'espoir de ses
connaissaient point,
(760) Lue. XXIV, 13, 14. — Qad ion de
3Ion ami! ce n^est pas ainsi qu'on inteste,
{lii\) Vado piscari, ventnms et nos lfC«w
\M, 5.)
PKO
INCTiaNNAiRe APOLOGETIQUE.
PRO
7S3
itesH'S pouYaîcnl encore les émoGYoir :
t^os simples, niais grossiers, incapables de
IcToa^ment, de courage ♦ de foi, de rien
!a irénéreox et d'citraordinaire, et retom-
t;in( pesamment dans leur naturelle condi-
El cependant voici qu'à qaeUines joors de
- nous retrooTons ces mêmes hommes rén-
•s tous en un seul projet, qui est de mou-
r {lour Jésus^hrist, de prendre sa croix ,
'. 'io la faire adorer dans cette même yilie
•1 elle fume encore de son sang, au milieu
• rc même peuple qui a crié naguère :
hi''*n le crucifie:- et que $on sang retombe
>fr nouM et sur nos enfants! ei en face de
« mêmes docteurs, de ces mêmes ma^s-
i')>,'{ui ont soulevé ce peuple et légitimé
• Tizf: sanguinaire. C'est dans cette même
V '>rdis-je, au milieu de ce même peuple,
' ' ^i^e de ces mêmes magistrats , que les
^ 'UfK. si lAches à défendre Jésus-Christ
.)& i il rivait, sont résolus à le faire adorer
] ^D'I il est mort. Leur zèle pour la eloire
. c*" supplicié, de ce maudit, ne se borne
iî>.iï: c*est toute la Judée, toute la Sa-
. :r>, toute TAsie, la Grèce, Rome même,
V;'s reolent faire tombera genoux , au
: '-\ 4e nnstrumeni de son supplice. Ce
i '>^i f«s WÊsez pour leurs âmes dévouées ,
< i'S (fiototent encore davantage , et Tuni-
urs toat entier est saisi dans les étreintes
' tr it-ar prosélytisme. Eux , si circonspects
' .' 51 Uriib à croire, si fugitifs et si disper-
'<:eax, redeveniis pêcheurs, les voilà tout
• ''^p redevenus apôtres , ils se raffermis-
'^nt poor ne pins broncher; ils avancent
I ur ne pi fis reculer : pas un traître, et les
' lueries , et les menaces, et les tourments,
i !a mort pleuvent de tous côtés ; et Jésus-
[".rist n est plus là, et il est mort, et il n*a
as tenu sa parole de ressusciter, et il les a
"«mpés, et tout est perdu jusqu'à cette
■^'e espérance I... Qui que vous soyez, con-
u'iez voire nature humaine, et demandez-
n S! t«iut ceci n*en est pas le renversement?
'/ù a pu venir tout a coup, dans de tels
'.i^ies et dans de telles circonstances,
:t : confiance? d*Où cette opiniâtre énergie ?
' 'J ce zèle et cette assurance qui se rient de
II <rt ne craignent pas la mort, non-seule-
'.nt pour elle-même, mais pour le ren-
r^cTuent de leur entreprise? S'ils ont revu
(^Wrist ressuscité, s*ils Tout bien vu, s'ils
s'ji tous TU, sMIsont reçu la force invin-
!•!*.• (Je Tesprit de Dieu, s*ils font eux-
>*:i'ies, à oha!{uc instant, Texpéricnce de
l'y- assistance surnaturelle en opérant des
tracles, s*ils cuérisscnt des boiteux de
ir ombre seule, s*ils font trembler les
H *ns , je conçois qu'ils ne tremblent pas,
n^ns que le zèle et Tamour de la vérité,
n( ils |K>rtcnt en eux tant de gages, les
.{'vrtent, et qu'ils déQent l'univers , sûrs
ic régénérer avec le secours de celui qui
t créé ; je conçois toute leur vie sainte et
'j^tolû]ue, je conçois leur mort héroïque
généreuse, je conçois tout, et j'admire!...
.IIS si tout cela n est pas , si le Christ est
M*': dans le tombeau , s'il ne leur est pas
apiparu comme ils le disent, si Ja pusillani-
mité et la déCance, dont ils n*avaient pu so
défendre, lui vivant, sont justifiées par une
mort sans retour; si rien de nouveau ne
s'est passé en eux et autour d'eux depuis
que nous les avons laissés tremblants et fu-
gitifs, n'espérant plus, et rentrant dans leura
bateaux de pêcheurs , ohl alors, je n'y
conçois plus rien , toute ma raison se perd
dans un chaos d'impossibilités sans issues ;
et au lien d'un événement que je comprends
très*bien pouvoir être dans Tordre surnatu-
rel , qui dépasse la coutume sans choguer
la raison, qui même l'élève et la ravit en
se nouant à un ordre de faits et de vérités
qui précèdent et qui suivent, et dont Ten-
cliatnement compose le tout le plus barmo^
nieux , je me trouve avoir un événement
qui devrait être parfaitement clairet intelli-
gible, puisqu'on le dit naturel • et qui ce-
pendant est le renversement de la nature et
le désespoir de la raison.... Je ne saurais
hésiter : incrédulité et absurdité I c'est trop I
Je me jette du côté où m'apoaraissent la
raison et la foi.
im.
TniMène nenreHIe, le SÊeeis qai accompiaDe ea leoi
lieox U prédicaUoo des ap6(res.
C'est ici le prodige du prodige : les douze
pêcheurs de la Galilée ont réussi 1 Le plus
étonnant succès a couronné l'entreprise la
plus colossale, et en apprence la plus in-
sensée I Oui , c'est de 1 orient à Foccident,
c'est de fond en comble que le christianisme
a envahi le monde païen et l'a dissout en le
pénétrant : c'est là l'histoire, la grande his-
toire, toute l'histoire, à partir du premier
siècle. Alors s'élevèrent du pied des trônes
des Césars , et face à face avec leur puis--
sance, ces grandes voix des apologistes
chrétiens, si pleines de raison, de calme, de
dignité, de conscience, de liberté. Surpris
d'une résistance ({u'il n'avait encore jamais
rencontrée, jamais ima^née, et ne ojnce--
vaut rien au principe qui la nourrissait, le
colosse romain devint furieux. Il souleva
toutes ses forces, ces mêmes forces. par les^
quelles il avait conquis le monde et se lo
tenait asservi, et enveloppa le christianisme
d'appareils de mort. Il avait tout ce qui as-
sure le triomphe dans Tordre des choses
humaines : la force, la séduction, l'opinion,
la vraisemblance, tout, si ce n'est la vérité
Pendant oue les magistrats décrétaient la
mort des Chrétiens, ceux-ci n'avaient d'en-
couragement et de refuge nulle part sur la
terre : ni dans la pitié du peuple, qui, avide
de spectacles de sang, applaudissait à leur
supplice et les y poussait; ni dans l'opinion
des sages et des philosophes, qui, jaloux de
leur vertu et offusqués de leur doctrine, les
raillaient; ni dans la révolte et la défense
naturelle, à laquelle, par principe d'ordre,
ils n'eurent jamais recours ; ni enfin dans la
nécessité et le désespoir, ces derniers slimu*
lants du courage, puisfjue toutes les |)ortes
de la vie et de la société, avec ses honneurs
et ses plaisirs, leur étaient ouvertes^ et que
%ô
tnO
jusqu'à leur dernier sou^Jir il ne tenait qu'à
eux «i'y rentrer. Néanmoins, calomniés, mé-
jK-isés, abandonnés, repoussés de la terre
ent4ère, subissant niilfe morts dans une
seule mort, et, jusque dans le fort des plus
affreux supplices, libres de vivre, sollicités
de vivre, les Chrétiens dé tout rang, de tout
âge, de tout sexe, mouraient... Et c'est
ainsi que le christianisme acheva de vaincre,
et qu afirès trois siècles de celte affreuse
lul^e il n'y eut plus que des Chréliens (702).
Mais entrons dans le détail des preuves
de celle merveilleuse propagation du chris-
tianisme envahissant l'univers par la plus
rapide diffusion.
La vérité de la propagation rapide du
christianisme est un fait facile à prouver.
D alx)rd, lorsque Jésus-Christ remonta dans
les cioux, indépendamment des troupes
nombreuses de peuples qui l'avaient suivi
dans le cours de sa carrière, et dont une
grande partie l'avait abandonné, indépen-
damment de ceux que la crainte avait em-
pêchés de se déclarer pour lui , il comnlail
pUi3 de cinq cents disciples, auxquels il
s'était montré après sa résurrection. C'était
beaucoup, quand on les considère comme
les témoins de ce grand nnracle ; mais c'était
bien peu, si on veut voir en eux la semence
de cette multitude de Chrétiens qui devait
peu à peu couvrir la face de la terre.
C'est après le retour du divin Sauveur
dans les cieux, et au moment où ses disci-
ples vieun(*nt de recevoir le Saint-Esprit,
que commence, pour durer pendant près de
trois cents ans, ce grand miracle de ta pro-
mulgation de l'Evangile. Dès le premier jour
où les apôtres ouvrent leur prédication, trois
mille personnes sont converties. lAcl. xi,
41.) Peu de jours après, un second discours
de saint Pierre fait cinq mille prosélytes.
{Act. IV, k,) A peine la foi a franchi les limi-
tes de la Judée, et voilà une multitude d'é-
glises fondées de tous côtés. (Théodoret,
Jnlerp, in 1$,^ ii, ih.) Environ dix ans après
la mort de son maître, saint Pierre adresse
sa première EpHre aux fidèles dispersés
dans le Pont, dans la Galalie, dans la Cap-
])adoce, dans l'Asie, dans la Bithynie. (JPelr.
1, 1.) Nous avons des Epitres de saint Paul
aux fidèles de Rome, de Corinthe, de Galalie,
d'Ephèse, de Colosses, de Philippes, de Thes-
salonique^ de Crète. Les Actes des apôtres
font mention de beaucoup d'autres endroits
où TEvangile avait déjà des disciples, d'An-
tioche, d'Athènes, de Damas, de Césarée, de
Milet, de plusieurs autres villes. Et il ne
faut pas croire que ce fussent les seuls pavs
(762) c Après la mort de Jésus-Christ, dit Jean-
Jacques Rousseau lui-même, douze pauvres pécheurs
et artisans entreprirent d'instruire et de convertir le
monde. Leur métliode était simple : ils prêchaient
sans art, mais avec un cœur pénétré ; et de tous les
miracles dont Dieu honorait leur foi, le plut frap-
pant éiaii la sainteté de leur vie : leurs disciptei
Buivirenc cet exemple, et le succèp fut prodigieux.
Les prêtn H païens alarmés tirent entendre aux prin-
ces i)ue TElai étaii perdu parce que les offrandes
diminuaient; les philosophei, qni.ne Ir.iuvaient pas
ACTIONNAIRE APOLOGETIQUE. PRO ^
où la fui eût été plantée. Saint Paul, da
VEpitre aux Romains, leur dit qu*il av
rempli de TEvangile toutes les ré^^ions,
tournant depuis Jérusalem jusque riilyri
{Rom. XV, 19.) 11 leur annonce Que leur {
est célèbre dans tout le monde. [Rom, i
Cette assertion ne doit pas nous éloon
quand nous voyons les autres apôlres ^
perses sur toute la terre, portant lareligi
de Jésus-Christ dans rËlhiopief dan?
Scytbie, dans la Perse et jusque dans l'bi
Tel était déjà, lorsque les apôlres aller
recevoir le prix de leurs travaui, c'esl^
dire environ trente ans après qu'ils
avaient commencés, Tétat où ils laissai
la relidon. Saint Clément, qui occupa
siège de Rome très-peu d'années après
Pierre ) atteste que de son temps le noi
des chrétiens surpassait déjà celui des Ji
(Epist. 2, n. 2.)
Nous pouvons citer un témoin assuré
non suspect, du grand nombre de chré
formés par les apôtres dans le cours de
ministère. C'est Tacite qui paile '"^
(ianisme de la manière la plus m
En rapportant Tincendie de RonKam
dixième année du règnedeNéroQ^ii
vient qu'il y avait alors dans la seà
de Uome une multitude immense dt
tiens, multitudo ingens. (Annal lllw
c. lA.) Voy. Mtthisme, § 1.
A répoque dont parie Tacilet
vivait. Saint Augustin en rapporte un
dans lequel ce philosophe s expritoe
sur les Juifs :« Les coutumes de celte'
scélérate ont fait de si énormes
qu'elles sont déjà reçues dans toute la
Les vaincus ont donné des lois à leurs
queurs. ^ (S. Ai^o. De ctr.DeiJib. Tif
oaint Augustin dit qu'en nommaDtles
Sénèque a en vue les Chrétieus
confondait alors avec les Juifs, parce
tiraient leur origine du judaïsme.
Au commencement du second sièc
autre païen de haute considération,
seule la propajjation de celte religion
éiant encore bien plus étendue. C'esl
le Jeune, gouverneur de la Bithynij"
consulte 1 empereur Trajan sur di
ditTicultés relativement à sa conduite'
les Chréliens. Son plus grand em
le grand nombre de ceux que la pe
met en danger. Il y en a de tout âgeJ
ordre, de 1 un et de l'autre sexe. C
pas seulement dans les villes, cestd
bourgs et jusque dans les campag^
pénétré la contagion de cette super
Il ajoute qu'avant les moyens qu'il
leur compte dans une religion qui prècheTti
se joignirent à leors prêtres. L.es railleriei rt
jures pleuvaient de toutes paris sar la noaveiKj
les persécutions s'élevèrent, et les pfr$<^;ii^
firent qu*accélérer le progrès de celle relipi^
voulaient étouffer. Tous les Chréliens m^^
martyre, tous lés peuples ejunieiit au i^W^
riiisioîre de ces preniil^a temps est on proJ'l*|
tînuel. > (Réponse au roi de l*oiog»€, t. XIV P*^
que
(A
il
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
m
rnpiojés, et dont il espérait le succès, les
-liiples commençaient à être abandonnés;
ae les solennités avaient été longtemps
} fcrrompues , et que les victimes étaient
•tenues très-rares. (Pun. II ad Traj. ep,,
>. T, epist. 97.)
Tihériaous rend compte à Trajan que,
Ion ses ordres, il s'est lassé à punir et à
^rer à la mort les Galilécns qui viennent
lui sous le nom de chrétiens; qu'ils ne
*Mnt de s'offrir d'eux-mêmes à la mort;
ce quel'Tues exhortations, quelques me-
aces qu'il ait employées pour les détourner
•s« déclarer de cette religion, la persécu-
iDt les soutTrances ne Tes arrêtent pas.
ll£RU!f 1 ad Trai. de christ. Relatio , PP.
)/., t.ll, pa^. 181.)
i même siècle, deux auteurs païens,
rais très-déclarés du christianisme, sont
témoins non suspects de sa grande dif-
n.
premier est Lucien, qui introduit l'im-
ur Alexandre , disant que la province
i>ùl est pleine d'athées et de Cnrétiens,
e si on veut se rendre Dieu favorable,
les chasser à coups de pierres.
.TCs, AlexandeTf seu Pseudomanlis .
rmgQd estCelse, qui tantôt reproche
laib ^Tabandonner la loi de leurs pères
'un homme puni du dernier supplice
., coni. Cets.^ t. II, n. 4); tantôt regarde
e une absurdité que, tandis que Jésus*
i riwani n'a pu persuader personne,
sa mort ses disciples persuadent tant
oses à tous ceux qu'ils veulent. (/6id.,
lîc Justin, qui florissait vers le milieu
ce siècle, déclare qu'il n'y a aucune
kfj'hoinnies, Grecs ou Barbares, de quel*
iaoru qu'ils soient ai)pelés, soit hamaxa-
l>, qui liabitent sur des chariots, soit
fta leSy qui n'ont point de maisons, soit
pites» qui vivent sous des tentes, parmi
Ïicîs il ne soit offert des prières et des
os de g;râces à Dieu le Père, au nom de
hs-Christ crucifié. (S. Justin, DiaL cum
H., c. 117.)
ni Irénée, postérieur à saint Justin de
ue temps, pour montrer que la foi est
me dans toute l'Eglise, fôit mention
lises qoi sont dans la Germanie, dans
~e, clans les Gaules, dans l'Orient,
^ypte, dans l'Afrique, dans les ré-
qai sont au milieu des terres. (Contra
, lil>. I, c. 10, n. 2.)
nt Clément d'Alexandrie observe que
piiosophes n'ont pu communiquer leurs
urines qu'à leurs com()atriotes, parmi
jaels encore ils n'ont eu qu un petit
lire de disciples. Mais^ ajoute-t*il, la
le de notre Maître n'est pas restée res-
ic dans la Judée, comme celle des phi-
p!jcs de la Grèce; elle s'est répandue par
!c la terre; parmi les Barbares comme
ui\ lt*$ Grecs, elle a porté la persuasion
^^ V.S nations, dans les bourgs, dans des
^^'^cmièrcs ; elle a amené à la vérité un
Mn*,tnUTc de ceux qui l'ont entendue,
'
et même plusieurs philosophes. {Stromat.f
lib. VI, c. 18.)
Tertullien écrivait à la fin du second siècle
et au commencement du troisième. On peut
juger avec sûreté de l'état où était le chris-
tianisme à cette époque I par ce qu'il en dit
en plusieurs endroits. Dans son ouvrage
aux nations (I. i, c. 1) : « Vous gémissez,
leur dit-il, de voir croître tous les jours le
nombre des Chrétiens. Vous criez que la
cité en est obsédée. Vous déplorez les pertes
Sue vous faites de chrétiens de tout sexe,
e tout âge, de toute dignité, qui vous
abandonnent dans les châteaux, dans les
campagnes, dans les îles. » Ecrivant à Sca-
imla, gouverneur d'Afrique, qui était porté
a la periiéi^ulion^ : « Que ferez-vous, lui dit-il,
de tant de milliers d'hommes et de femmes
de tout âge, de toute dignité, qui viennent
s'offrir à vous? De combien de bûchers, de
combien de glaives n aurez-vous pas besoin?
Que ne souffrira pas Carthage qu'il vous
faudra décimer, quand chacun aura reconnu
ses parents, ses commensaux; quand elle y
aura vu peut-^ôtre des hommes et des dames
du plus haut rang, et jusque dans votre or-
dre, des proches et des amis de vos amis ?
Ayez pitié, sinon de nous, au moins de vous-
même. Ayez pitié, sinon de vous, au moins
de Carthage. Ayez pitié de cette province
qui, dès que votre intention sera connue,
se trouvera exposée aux vexali«)ns des sol-
dats et des ennemis de chacun. >» {Ad Scapu"
lam^ c. 6, versus finem.)
Mais il ne parle nulle part avec plus d'é-
nergie que dans son Apologétique. « Nous ne
sommes que d'hier, et nous rein plissons
tout votre empire, les lies, les villes, les
châteaux, les compagnies, les camps, les
tribus, los décuries, les palais, le sénat, le
barreau; nous ne vous laissons que vos
temples. Nous pourrions même, sans arme
et sans révolte, mais par notre seule sé|»a-
ralion;, vous combattre. Si, étant une mul-
titude aussi nombreuse, nous allions nous
retirer dans quelque partie éloignée de l'u-
nivers, votre domination serait confondue
de la perte d'un si grand nombrede citoyens.
Leur seul éloignement vous punirait. Vous
frémiriez de la soiitude où ils vous laisse-
raient, de ce silence universel, et de la stu-
l)eur où resterait votre univers comme
mort. Vous chercheriez à qui commander. »
{Apol.9 c. 3.)
Origène, qui vivait au lu' siècle, alttîste
la connaissance qu'a tout le monde de cette
vérité, que la prédication de l'Evangile s'est
propagée d'une extrémité de la terre jus-
qu'à I autre, et que déjà il n'y a presque au-
cun lieu qui n'ait reçu la semence de la
parole divine. (In Genes.^ homil. 9, n. 2.) |
• Un fait important nous montre quelle
crainte la grande multiplication des chré-
tiens inspirait à cette époque aux païens,'
de voir le christianisme devenir la religion
universelle. L'empereur Alexandre Sévère
avait envie d'élever un temple à Jésus-
Christ et de le placer au rang des .dieux ;
mais il en fut détourné, parce qu'on l'assura
i45
!»R0
DlCtlONNAlUE APOLOGETIQUE.
PRO
îi
qu'après avoir consulté los choses sacrées,
il avait été trouvé que, si son projet s'effec-
tuait, tout 1o monde se ferait chrétien, et
ose les autres temples seraient abandonnés.
Si c'était un écrivain chrétien qui rapportait
ce trait, on pourrait en contester la vérité;
mais il n*est pas possible de le révoquer en
doute, quand on le lit dans Lampride, his-
torien païen et contemporain. [VUaAlex.
Sev.f c. 43.]
Nous avons la preuve que le christia-
nisme avait pénétré jusque dans la famille
impériale, et y avait beaucoup de partisans,
dans ce que rapporte Eusèbe, que la persé-
cution excitée contre le christianisme par
Maximin, meurtrier et successeur dA-
lexandre Sévère, eut pour motif la haine
que portait cet usurpateur à la famille de
.son prédécesseur, dans laquelle il y avait un
grand nombre de Chrétiens. [UisL ecclés.y
fib, Yi, c. 28.)
Saint Cyprien compare l'Eglise de son
temps au soleil dont les rayons éclairent le
monde , à un arbre dont les rameaux cou-
vrent toute la terre, à un ruisseau qui ré-
pand partout SCS eaux. (De unit. Eccles.)
Nous voyons dans Tapologie de Minutius-
Félix, que dans ce siècle les païens repro-
diaient aux chrétiens les rapides accroisse-
ments de ce qu'ils appelaient leur exécrable
superstition. 11 leur répond en convenant
de cette prodigieuse multiplication des
Chrétiens : a Nous ne nous en glorifions
pas, dit-il. A nos yeux nous sommes très-
nombreux; devant Dieu nous ne le sommes
pas assez.» (Minutius Félix, Octavius^ n. 9
et 33.)
Arnobe écrivait, vers la fin du m* siècle,
son ouvrage Contre les nations. 11 faisait
aux païens d'alors le même raisonnement
c[ue nous adressons aux incrédules d'au-
jourd'hui. 11 leur donnait de môme, comme
une preuve de la religion , sa diffusion ra-
pide et universelle.
Il presse celte preuve en divers endroits.
« Si, comme vous le croyez, dit-il, l'histoire
de ces faits n'est pas vérilable, comment
a-t-il pu se faire qu'en aussi peu de temps
le monde entier se soit trouvé rempli de
cette religion? Comment des nations de
pays si éloignés, de climats si différents ,
ont-elles pu se réunir d^nsunseul esprit ? »
(Adv. gcntesj lib. i, c. 55.) «N'est-ce pas, re-
prend-il ailleurs, à vos yeux, un motif suffi-
sant pour croire, de voir dans un temps
aussi court nos dogmes répandus sur toute
la terre; de voir qu'il n'y a aucune nation
de mœurs si barbares et si éloignées de
toute douceur, qui, convertie par l'amour
de Jésus-Christ, n'ait adouci sa rudesse, et,
reprenant des sentiments plus humains i
n'ait recouvré sa tranquillité? » {/ftid., lib. ii,
c. 5.) Dans un autre endroit, il attribue aux
miracles du Sauveur et des prédicateurs de
sa loi cette réunion de tant de nations et de
peuples, si ditférenls de coutumes, dans
une seule foi et dans un même esprit; il
pafie des choses merveilleuses qui ont été
opérées dans l'Inde, chez les Sûres, chez
los Perses, chez les Mèdes, dans TArMije
dans l'Egypte, dans TAsic, dans la Svrk
parmi les Calâtes, les ParlheSjlesPhry^ou
dans l'Achaïe, la Macédoine, rE[.ire, ili
los îles, dans toutes les provinces qucp
court le soleil levant et le soleil coucha
enfin dans Rome la dominatrice « dans
Quelle les hommes attachés aux instiiuiMif
(le Numa et aux antiques soperslitiâv
n ont pas laissé cependant d'abandonnari
préjugés paternels, et de venir se réuaii
la vérité chrétienne. (/6td., c.li) \\M
qu'à cette époque la diirusion unive
du christianisme fût une vérité bienr
nue, pour que les défenseurs de cetie
gion on fissent, contre leurs advcrsâi
base d'une de leurs preuves, ne s'occa
sent pas même à la prouver, mais ra
nassent d'après ce fait, comme d'ap
principe certain et avoué de tout leioâi
Tout cette chaîne de témoignagci
l'accroissement progressif et rajâde dij
religion chrétienne nous conduit aui Ai
nières années du iii* siècle et auioiofflÉ
cernent du iv% et doit préparer à «W
religion chrétienne devenue diDs reiii|MI
romain celle du plus grand m\x^é
attendant que nous la voyions irès-v»»*
temps après devenir la religion domisH
par la conversion de Constantin
Nous apprenons do Lactance que D*
tien, porté par son propre flllacheiDÇjl
paganisme, et de plus , excité par ia
sa mère à persécuter les Chrétiens,
pendant arrêté pendant longtemps, et
béra pendant tout un hiver avant
déterminer. Ce qui le retenait, était
sidération de la grande abondance de
3u'il lui faudrait répandre, ellacraiw
anger de troubler tout l'univers. (L|
De mort, per^ec, c. 11.)
Mais voici des faits qui établissent,)
plus clairement encore, qu'à celle (f
notre religion l'emportait de beaucoï
l'idolâtrie [>ar le nombre de ses par*
Maxence, fils du persécuteur Mî
aussi cruel que son père, et depuis 1
cuteur comme lui, ayant usurpe Ut
fit semblant, dans le commencetnenl
domination, de professer la reli5i<3j
tienne, et cela dans la vue de se
au peuple romain et de lui plaireJ
Ilist. ecclés.^ lib. viii, c. Il))'
croyait donc que le parti des Cbréti<
le plus nombreux et le plus fort, p^
malgré ses préjugés, il croyait ulilc
ranger.
Eusèbe nous a conservé deux a^^w
then tiques de l'empereur Maximin
établissent incontestablement la n^^|
rite. Le premier est un édit.de pcr
qu'il avait lu sur une colonne, etdans
Maximin disait que les maux de i'
étaient arrivés à cause de l'erreur f
cieusedes Chrétiens, laquelle entrai"
leurs esprits, avait répandu ses M
sur l'univers presque entier. (^''f'I
l. IX, c. 6.) Le second est une loH
même prince aux gouverneurs de i»n»
;s
PRO
IHCnONNAlRE APOLOGETIQDE.
PRO
74S
ans laquelle il dit que les empereurs Dîo-
iêliea el Maximin s'étaient déterminés à
eriéculer le eliristianisme , parce que
r«sqae lotis les hommes, abandonnant le
dite des dieux, allaient se mêler et s*unir
la geni cbrétieuae. (/7i>/.ecc/â.,l.ix,c.8.)
I est impossible de produire un témoignage
:ii5 positif et une autorité plus trancîiante.
Mais nous avons encore Tareu de nos
Jrersaires eux-mêmes. La plupart des in-
rédales assurent goe ce oe furent ni la
ne d^une croix miraculeuse, ni lexamea
M preuves du christianisme, qui détermi-
èreat Constantin à lembrasser. Ce fut,
is^'nl-ils, la politique de ce |)rince qui lui
>Q«eilla de mettre les ciiréliens dans son
irii. N<JttS sommes bien éloignés d'admettre
I vérité de cette inculpation à la mémoire
'ua empereur aussi religieux; mais» de
^tie assertion de ses ennemis, il résulte
ri «ieiameat qu'ils reconnaissent la vérité,
•fus nous forcent à prouver contre eui,
êToir, qu'avant Tavéncment de Constantin
\^ ir&oe, le christianisme était déjà la reli-
roaU plus nombreuse. S'il ne Tavait pas
ké, • U politique de Coustaiitin eût été la
\ : us maladroite et la plus fausse du monde*
H reste démontré par cette suite d auto-
r\iès,iulde chrétiens que de païens, les-
«iiueis, malgié leur inimitié, s'accordent
I iCMir lUesIcr le môme fait, que le christia-
Aitsffif, (bus ses commencements, s'est pro-
-rr«$fireiDeot et rapidement accru dans 1 em-
, -ine ANDain, qui formait alors la plus grande
^srtif da nioade connu. (EtTsis., Orai. de
^^^Comsuuu.) Tellement qu'en moins de
r^is siècles il est devenu la religion la plus
^•|iiadiie, et qu'au commencement du
['jairiéme le nombre des chrétiens excédait
c-i ui des païens. Nous n'avons |)a^ autant
^ mcoanienis des pays qui ne feisdient
3^ partie de l'empire, parce que nous ne
>Ufiais!NMis pas d'historiens de ces nattons ;
~*is nous sommes assurés que la religion
r était aussi établie. Nous venons de rap-
orttc les textes de saint Justin, de saint
'ément d'Alexandrie, d'Arnobe, qui le
iseot positiremenL Êusèbe et Théodoret
i*'{jortenl de mime que la prédication
»5lolique s'étendit bien loin au-delà des
mites de l'empire. (Eusèb. , Démonstr.
ntuf.^ lib. m, c. 7.) On voit, du temps
Origène, se tenir en Arabie des conciles
ixquels ce grand docteur est appelé. On
it qu'il y a eu en Perse de grandes persé-
laons. (THion., Uisi. eccUi.^ I. v, c. 38.)
§1V.
proptgalioo du dirisUaoisaie ne y eut
ee Que cooune roavnge de Dâeii.
Ile èiaBsanle
fixe rcganlee que
Li conversion du monde avait été an-
jiicée par les prophètes jUusieurs siècles,
rant la venue de Notre-Seigneur. Les Juifs
\ étaient persuadés ; ils l'attendent encore
I arrivée de leur Messie futur, sur la foi
Èsandeiis oracles. Nous n'en citerons qu'un
Kit nombre; on peut voir les autres dans
aet. (DÙÊunutr. étang.^ prop. 9, c. 58.)
Uieu avait prédit à Abraham que toutes
Di(mo:iSÀUiE apologétique U.
les natîofis de la terre seraient bénies en son
nom : dans la prophétie de Jacob, le Mes-
sie est annoncé comme un chef qui doit rzs^
sembler les peuples sous ses lois. {Gen. xxji,
18; xLix, 10 )
Dans le psaume ii, le Seigneur dît au Mes-
sie : Demandex^je tous donnerai les nations
pour héritage^ et vous mettrai en possession
de toutes les contrées de la terre. Ilans le
i)5aume xxi, v 28, 29 : Toutes lee contrées de
a terre se souviendront du Seigneur et se
tourneront vers lui; toutes les nations vien^
dront Fadorer^ parce que l'empire defunivers
lui appartient; ilrègnera sur toueîes peuples^
Dans les derniers temps^ dit le prophète
Isaïe, la colline sur laquelle est phicée la mai-
son du Seigneur^ s'élèvera uu^déssus des plus
hautes montagnes ; toutes les nations y vien-
dront en foule t et diront : Venex^ aUons à la
montagne du Seigneur ^ à la maison du ^Dieu
de Jacob; il nous enseignera ses volontés et
nous fera marcher dans ses voies : car la loi
. viendra de Sion^ el la parole du Seigneur sor^
tira de Jérusalem ; il jugera les peuples et en
corrigera un grand nombre. [Isa. ii, 2. —
Traité de la vraie religion^ f . \ III.)
Jésus-Christ lui-même avait prédit les
progrès de sa doctrine. Dès le commence-
ment de son ministère, il déclare que son
£vangile s'étendra jusqu'aux extrémités de
la terre; il le compare à un |)eu de levain
qui se mêle avec toute la pâte, et la fait en-
trer en fermentation ; au grain de séneré,
une des plus petites semences, et dont la
tige s'élève à la hauteur d'un arbre; au bon
grain que le père de famille sème dans son
ciiamp, et qui produit une abondante moiv
son, malgré l'ivraie que l'ennemi y a semée
pendant Ta nuit. Il prédit en termes formels
que les Juifs le feront mourir. Rien assuré-
ment, dans le cours ordinaire des choses ,
n'était plus propre que cette mort prématu-
rée à déconcerter ses mesures et à iaire
avorter son entreprise. Mais c'est de là mô-
me qu'il en fait dépendre tout le succès.
« L'heure est venue que Je Fils de l'homme
doit être glorifié. En vérité^ en vérité^je vous
le dis : Si le grain de froment^ en tombant
dans la terre^ ne meurt pas^ U demeure sté"
rite; mais après quUl est mori il parte beau-
coup de fruit... Le monde va être tugé, U
prince du monde ta être chassé dehors. Et
quand on ni'aura élecé de la terre^ f attirerai
tout à moi : ce qu'il disait^ ajoute Tévangé-
liste, pour marquer de quelle mort il devait
mourir. »
Pendant tout le cours de sa prédication,
Jésus avait déclaré qu'il était envoyé vers
les Juifs, et non vers les gentils; et cepen-
dant il prédit, tantôt sous des paraboles dont
le sens n'était pas équivoque, tantôt de la
manière la plus expresse, que les étrangers
viendraient de l'orient et de l'occident, du
septentrion et du midi, s'asseoir avec Abra
ham, Isaac, Jacob et tous les prophètes ; tan-
dis que les enfants, c'est-à-dire les Juifs se-
raient exclus du roj^aume qui leur avait été
préparé.
L univers est témoin deraccomplisscmcat
2k
^n
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQrC
FttO
'W
littéral de cette prédiction si peu Traisem-
bfflble. Mais combien d'aillenrs elle parait
ificonséqucnte dans la l)Ouche de Jésus-
Cliristl Si les Juils ne devaient i^as croire
en lui , eux qui voyaient les miracles, qui
attendaient le Messie f et qui savaient que
les temps marqués pour son avènement
étaient eooolés» quelle apparence qu*ii trou-
vât plus de foi parmi des peuples à qui le
Messie et les prophètes étaient également
inconnus, qui n'auraient ni vu ses miracles,
ni entendu ses instructions, et qui de plus
n'auraient besoin, |K)ur justifier leur incré-
dulité, que de l'exemple de sa propre ua«
tîoni
Avant la publication de I*Evan{jile> on n vi-
vait pas encore vu de religion qui se f(U éta-
blie au milieu des persécutions, et malgré
tous les elforts de la puissance publique. A
ne consulter que J'expéiience du passé et
les -conjectures les plus raisonnables sur
l'avenir, le fondateur dn christianisme de-
vait-il prévoir que sa doctrine, si favorable
aux bonnes mœurs et & Tordre public, se-
rait persécutée à outrance dans des {lavs où
Ton professait impunément Tépicur^isme
et le sadducéisme? Devait^il compter sur
rattachement et sur le courage de ses a|>ô-
tres, jusqu'à se persuader qu'ils lui ftHraient
tous le sacrifice de leur vie? £tail-il naturel
de croire que, cet enthousiasme insensé jias-
sant des apôtres à leurs auditeurs, on ver-
rait les Juiis et les païens courir en foule
au baptême et au martyre? Enfm. puisque
Jésus prévoyait la guerre cruelle que sa re-
ligion aurait à soutenir, ne devait-il pas au-
toriser, inviter même ses sectateurs à se
mettre en défense et à repousser la tovce
par la force?
Je relis ses dernières instructions aux
apôtres, et j'y reconnais autant de prophé-
ties, toutes justifiées par une suite d'événe-
ments que la sagesse humaine ne pouvait
ni [>réydir, ni sou|)çonner, ni juger possi-
bles.
Voilàj dit*-il à ces hommes pusillanimes
qui devaient l'abandonner lâchement la
veille de sa mort, voilà que je vous envoie
comme des brebis au milieu des loups. Défiez-
vous des hommesy ils vous livreront dans leurs
assemblées: ils roiM battront de verges dans
leurs synagogues. Vous serez traînés à cause
de moi devant les gouverneurs et les rois ,
pour me rendre témoignage. Le frère livrera
son frire^ le pire livrera son fils à la mort ;
les enfants s'élèveront contre leurs parents et
les feront mourir^ et vous serez hais de tous à
cause de moi, Lheure approche que celui qui
vous tuera croira honorer Dieu, Lorsquils
vous traîneront dans les synagogues^ devant
les magistrats et les puissances^ ne vous met-
iex pas en peine de ce que vous direz pour
potre défense; car à l'heure même le Saint-
Esprit vous enseignera ce quil faudra dire.
Vous aurez des afflictions dans le monde ;
maiSf prenez confiance^ j'ai vaincu le mondei
T enverrai sur vous le don de mon PèrCj qu.
vous a été promis^ et vous serez revêtus delà
(orce d^en haut. Vous recevrez la vertu du
Saint-Esprit qm descendra sur tùus^ tttous
me rendrez témoignage dans Jérutalem.^tm
toute la Judée et la Samarie^ et jtiifuW
extrémités de la terre. Allez donc, iii«(r«iin
toutes les nations. Voilà que je suîè ûm tow
j^isqu^à la consommation des siiclei,
^ ous le voyez, l'établissement du cbri5-
tianisme n'est pas l'ouvrage da hasard etdf
quelques circonstances heureuses. Lts op-
positions qu'il devait rcnconlrerdelapirt
des puissances, les violentes persécutions
que les apôtres allaient es:»uyer, leur intré-
pidité, leurpatienoe héroïque dans lesloar-
menis, la sagesse de leurs discours en pré-
sence des ma^sCrats, les succès rapides de
leur prédication dans la Judée el jo^ne
dans les provinces les plus reculées de rein-
pire romain, Jésus a tout prévu, toolprédil
tout dirigé.
Consiuéré en lui-même et sans rapport
aux prédictions, soit de rÂncien,soiNii
Nouveau Test)iment, l'établissement dttchri*
stianîsme est un phénenièoe qu'on ne peut
expliquer sans les miracles de l'Erinijilei
ou sans recourir à la puissance deeeluKioi
dispose de l'esprit et du cœur de rbOBiaif
comme il veut : chercherons-nous les «fi-
scs naturelles de cette révolution, eadm^
la nature même de ta doctrine ohrétieooeiOa
dans les qualités personnelhrs de ceut (|tii
renseignaient, ou dans les disposrteci
les préjugés des peuples à qui elieéiaK»'
noncée, ou dans l'ignorance, lacrMuiitcei
les besoins des premiers chrétioiu»0o^tfA''
dans l'influence du gouvernement
V La doctrine chrétienne n aTttlmip^
pût lui promettre un pareil suceè5.\\t5i
vrai que» par la sublimité descsdOrTR^*'^
Kr la pureté de sa morale, le Christian»
mportait infiniment sur tes retigionsit»*
minantes. Hais ces dogmes sublimes tie-
taient nullement à la portée du peuple; n
les philoso(>hcs ne pouvaient qu'être reTO"
tés de ces mystères qui confondaienl M
leur savoir, et ne s'accordaient arec la l»"^
cipes d'aucune secte. Parce qu'ils bwcbi
pas idolâtres» les chrétiens ^'urent longtewr
regardés comme des athées. On porU i*
hame et la prévention jusqu'à les accuser iic
commettre dans leurs assemblées Icscrmi^
les plus abominables. .
La morale évangélique était trop serw?
pour un siècle où régnait la corruplion »
plus elTrénée. Elle ne devait, tout au plus
être goûtée que du petit nombre dliOiBœ«»
raisonnables et vertueux qui ne (bot sert?
nulle part. Le gouvernement ne vit pis»**
vantage qu'il pouvait en retirer pouf w
mœurs publiques. Jamais il ne se donna'*
peine de l'exauiiner. Les princes, lesmab*»**
trats, les philosophes, ne la connurent |<»
mieux que le vulgaire. Marc-Aurèle lo*-
même, stoïcien inconséquent, i»ersécuu«t
christianisme; et dans &es Réflexion* »*'*'
les, il lui fait un crime de lacoûstancc qo«
inspire au milieu des tourments. Têus'«*
préjujp'és de l'éducation, de l'habilude cl ««
la politique, conspiraient contre la dW^''
religion ; et si, aujourd'hui que ces fr^i^:!^
•ïw
PM
ACTIONNAIRE APOLOGEtKH^E.
I*U0
^^
«'existent plus^ o«i (Uulôt quUls existent en
^areur du cbristianisuie » nous voyons au
cniUeu de«fi«us un si grand nombre d*mcré-
> Jules, pourquoi sup|)Oseriez-YOus qoe les
««l>ùtres«*oiileii besoin que depropaser loin*
JfM*inne iiour s aliacher une luuUi^ude in-
«^«ifubrable de prosélytes ?
2* Noublions pas une autre cotisidéraliou
r;iea importante, parce qu'elle «prouve que
I on ne doic établir aucune parité -entre le
christianisme et tesfausses relij^ions. Toutes
es religions, excepté celle de Moïse qui iak
^rtie du christianisme, sont fondées ou
mrdes miracles clandestins, ou sur de vieil-
i( traditions également inaccessibles à la
'-itique, également propres à nourrir Ten-
HLviasme et la crédultté. Hlais le christia-
nie, au moment de son origine, n^était
(3 riiistoire de ce qui venait de se passer
Judée, sous les yeux de toute la nation,
fan voie d'abord que Texamen d'une his*
ai pohitque et si récente donnait moins
(triscA terreur que les opinions spécu-
lives ou traditionnelles des fausses reli*
ut Par qui la religion chrétienne a-t-elle
pi énoncée? Jésus venait d*cxpircr sur
'ftwcffùx, et il semblait que sa religion dût
lair afec lui. Mais il avait ordonné à douze
^jtfi&ciplos de la préclK^rdaus la Judée
^ cillas tout Tunlveps. Comment osait-il
uuer sur -leur obéissance posthume ?
/ eai|»irè e$pérait-il conserver sur des
Is découragés et désabusés |>arsa mort?
îsv vit-on jamais un chef départi choi-
plus mai ses coopérateurs?
jle n'était pas trop pour une pareille en-
Ikftrise, que la réunion de toutes les qua^
la qui |>euvent im()0ser aux hommes, les
luuir oa lea sut^uguer^ La con(|uôte du
mde, -la création aune monarchie univer-
îl? sur les esprits, n'était [tas quelque
Iftse fie $î facile, que l'on dût en ahandon-
t le soin^ des hommes vulgaires. Cepen-
lat, c*est àdouze misérables pécheurs, sans
i^itees, sans courage, sans élévation, que
tt^s coolie Texéoution de ses vastes des-
ps. AJIez, leur ditril, instruisez toutes les
0115, et soumeltez-les à ma loi. Quoi! les
qui root crucirié 1 les Grecs, si fiers de
philosophie 1 les Romains, qui croient
ir k leurs dieux T-empire du monde!
ces peuples dont ils ne connaissent ni
s, ni les mœurs, ni la languel quel
:e commandement! quelle mission!
ministres I Cependant les apôtres ont
et ils ont vu la doctrine de leur maître
ie dans toutes les .provinces de Tempire
^- in*
"1* AUribues^vous le suc(«è8 des apôtres
* X dispositions fovoraMes qu'ils trouvèrent
>^5 les esprits? Direz-vous que les Juifs et
N (>aiens étaient préparés à recevoir la déc-
rue chrétienne î
C« serait une erreur manifeste. Pour ce
Sui est des Juifs, il est certain <fne jamais
s ne se montrèrent plus attachés à la reli-
gion de Moïse, qu*à 1 époque de la prédica-
tion des apôtres. Dn en trouvera la preuve
dans tous les livres du Nouveau TestamcDC,
et dans Thistoire de Josëphe. Il est encore
certain queues luiîsregaraaient le christia-
nisme comme un culte incompatible avec
celui de Moïse. Ce fut le zèle du peuple
fH}\K la loi qui fournil aux ennemis de Jésus
e prétexte ae sa condamnation. Les apôtres
eux-mêmes «ne furent Jamais accusés d^au-
tre crime que de blaspTiéraer contre le tem-
ple, et do vouloir détruire l'ancienne reli-
gion. Ijùs préjugés superstitieux du peuplri,
la politique des magistrats, finléPStdos prê-
tres, l'honneur de la nation, tout s'élevait
contre la nouvelle doctrine.
Les Juifs devaient haïr le christianisme^
les [>âiens devaient le mépriser. Une rcli-
:;ion née dans un nays d^icrié parmi toutes
es nations éclairées, comme le berceau
d'une superstition triste, absurde et odieuse
au genre humain (763); une religion pros-
crite dans le lieu triême de son origine, dés-
honorée par le siu)plice de son auteur,
annoncée jiar des hommes dépourvus de
tout ce qui peut inspirer la confiance;
une religion austère dans ses 4iréceples, in-
compréhensible dans ses dogmes^ et qui
otTrait à ses sectateurs un Ifieu crucifié pour
objet de culte et pour modèle- le clirislia-
nismo, en un mot, était peu propre à s'atti-
rer l'attention des Grecs dt des Romains.
Ces peuples dédaigneux et corrompus n'é-
taient ])as disposés à quitter des supersti-
tions anciennes et domestiques, qui flattaient
rimagination, les sens, les passions, la Vi*i-
nitc nationale, pour un culte étranger qui
ne respirait que la pauvreté, les humiliations
et la fuite des plaisirs.
Mais, disent les incrédules, lorsqno lo
christianisme s'annonça dans le monde, fi-
dolâtrie était tombée dans leplus grand dis-
crédit. Les philosophes, les orateurs, les
poètes, s'en moquaient ouvertement. Il nn
liiut donc pas s'étonner que ces esprits
faibles , qui ne peuvent se |>asser d'une re-
ligioiv, aient accueilli le christianisme, a
qui d'ailleurs la pureté de sa morale , et la
régularité exemplaire de ses premiers secta-
teurs, donnaienl tant d'avantage sur le culte
idoUtre.
Au temps de Jésus-Christ et des apôtres,
ridolÂtrie était la religion de Temiure ro-
main. Ses fêtes, ses pontifes , ses augures,
toutes les observances de son culte faisaient
partie de Tordre public. Les anciennes lois,
qui défendaient sous les peines les plus sé-
vères l'introduction des cultes étran^Acrs,
étaient en pleine vigueur; Tibère venait de
les renouveler contre les Juifs. Quelle que
fût l'opinion des philosophes et des gens de
lettres, le peuple n'était point désabusé. S'il
y avait des esprits qOi aflfectassent de se
mettre au-dessus des préjugés populaires «
<'t5| « Csten instîiuta liaistra, fœda, pravitate vatuere ..• Judmnua mos atnurdos sarJiJuiiqae. t
751
pno
DlCTIONNAmE APOLOGETIQUE.
PRO
leur iK*étea(lue sagesse ne les menait guère
qu*à rathéisme où à une indifTérence totale
en matière de religion. Rien n'annonçait
que Tidolâtrie dût tomber d'elle-même. Elle
se soutint encore quelque temps sous les
empereurs chrétiens, malgré la rigueur de
leurs édits. Les progrès de la phîiosonhie
et des lumières n'ont eu aucune part à la
chute du paganisme : an contraire, ce sont
les philosophes, c'est un Porphyre, un Jam-
blique, un Lihanius, un Julien, qui s'en dé-
clarent les défenseurs, lorsqu'il est près do
succomber aux attaques du christianisme.
Mais quand vous supposeriez, contre
toute raison, que dans les circonstances où
se trouvaient les apôlres, il ne devait pas
leur paraître itnpossible de renverser Fido-
latrie, il reste à expliquer ce qu'il y avait
de plus diflTicile dans leur entreprise, l'éta •
blissementde \euf propre religion. Le culte
populaire aboli, il devait arriver naturelle-
ment que les gens éclairés et vertueu;c se
tissent une religion philosophique et raison-
nable, tandis que la foule se serait précipi-
tée dans rimpiété ou dans de nouvelles su-
perstitions. L'abjuration de l'idolâtrie ne
conduisait pas nécessairement à la profes-
sion du christianisme : elle en éloignait bien
plutôt tous ceux qui voulaient secouer le
joug de la religion ; et j:Our ceux qui étaient
du petit nombre des bons esprits capables
de goûter l'excellence de la morale chré-
tienne, il leur était facile de se l'approprier,
en la transportant dans leur philosophie ^
« comme ont fait Epictète et les empereurs
Marc-Âurèle et Julien.
Le christianisme était prêché en même
temps aux Juifs et aux gentils. S'il n'eût
trouvé de sectateurs que parmi les Juifs, on
ne manquerait pas de rejeter ce succès sur
l'ignorance, la crédulité, la superstition, si
souvent reprochées à cette nation par les
écrivains profanes. S'il n*eût été embrassé
que par des Grecs et des Humains, on pour-
rait se défler d'une opinion qui se serait
formée loin du théâtre des événements. Mais
que répondre au suflrage réuni des comjia-
triotes et des étrangers?
L'opinion des premiers fidèles , dit l'in-
crédule, mérite peu de considération. Le
christianisme , dans son origine, n'a trouvé
de sectateurs que dans le petit peuple pré-
paré à la séduction, non-seulement par son
Ignorance et sa crédulité, mais encore par
son infortune et par les espérances, les con-
solations, les aumônes que lui oUrait une
religion bienfaisante, amie des pauvres et,
des malheureux.
]1 est vrai que les apôtres comptaient un
plus grand nombre cle prosélytes dans la
classe du peuple que |)armi tes riches et les
savants. Saint Paul lui-même en fait la re-
marque dans plusieurs de ses épîtres. Mais,
loin de former un préjugé contre le chris-
tianisme, la facilité et l'empressement avec
lequel ce ffrand nombre de pauvres et d'i-
gnorants 1 ont embrassé, prouveront plutôt
que, {)Our y croire, il ne fallait que de la
simplicité et de la bonne foi. S*il s'agissait
:5i
d'une doctrine fondée sur le raisoDnemem
on sur des recherches savantes et difficiles
Popinion du peuple ne serait d'aacan poids'
Mais lorsqu'il est question de faits éciattoti
et notoires qui ne demandent qae desym
et des oreilles, l'homme simple et ignorant
peut juger aussi bien que le philosophe:
et s'il se montre plus disposé h croire,
c'est qu'il ne s*étuaie pas & combattre, par
de vaines subtilités, rimpression Dsta-
relie que fait sur son esprit le rapportde
ses sens.
Cependant il ne faut pas s'imaginer qoe
l'Eglise ch rétienne, dans ces premiers leD)()s
ne lût composée que d'ignorants et de i»i«
sérables de la lie du peuple. Le conlraire
est prouvé par les épîtres mêmes de saiiH
Paul, où nous trouvons des préceptes d
des conseils pour toutes les condiliom,
pour les maîtres comme pour les esclaves,
pour les riches comme pour les paurrf5,
pour ceux qui s'adonnaient à l'étude deia
loi ou de la philosophie , aussi bien que
pour ceux qui vivaient du travail de leurs
mains.
Parmi les disciples de Jésus, ï%h\tm
évan^élique nomme un Nico(ièffle,prt
des Juifs^ un Joseph d'Arimalliie, nohlt^-
curiouj ou, comme porte le texte urecn^
Ole sénateur^ un Zachée, homme rimtiél
des publicains , un Jaïre, prince deksfW"
goguej et plusieurs autres d'un rangéliV
gué. Nous lisons dans le livre igsÀctrs,
que dès le commencement delaRédicidi^n
des apôtres, un grand nombre oefti^^^
tnuUa turba sacerdotum^ et mémeplm»
phari5iens obéissaient à la foi. Lecenim
Corneille, Teunuque de la reine Caodate,
leproconsul Paul, Denis l'Aréopagite,étaieui
des personnes considérables. A Thessalouw
que, les premiers qui embrassèrent la f<ji
tenaient un rang distingué dans la ville, (A
ils ne se rendirent qu'après avoir comparé
l'enseignement des apôtres avec la doctnoe
des Ecritures. (Ac/., 17.) Parmi lesEplié*
siens qui crurent à la prédication de saioi
Paul, il y avait des hommes lettrés, puisqua
plusieurs apportèrent des livres impies ou
superstitieux, et en brûlèrent pour imo
somme considérable.
Le consul Flavius-Clément et Doini|il«
son épouse, tous deux (mrents de DomilieOf
périrent dans la persécution alluûiéeparM
empereur. Pline atteste qu'il y avait en Bi-
thynie des chrétiens de tout rang et de toule
condition, omnts ordinis. Tertullien aver-
tit Scapula, proconsul d'Afrique, que pana
les chrétiens qu'il veut immoler, il tnw-
ver« des sénateurs, des. femmes de la pi;^^
haute naissance, les parents de sbs ami*
Dans un de ses rescrits, lempereur U'^'*
rien reconnaît que des sénateurs et u^*
femmes du premier rang ont embrasse ■'•
christianisme.
J^es monuments qui nous restent desdiu
premiers siècles de r£glise> les lettres u^*
saint Clément de Rome, de saint Ignace, (l*;
saint Polycarpe; les écrits d'Hermas,dc5^ii -
Justin, d Alhénagore, sans parler de Q«w^*
■
I
'^
MO
DÎCTIONNAIRE AP0L0G£1IQCE.
PRO
75li
tas d'Aristide, de Méiilon et d*ane înQnité
d^aoifes dont les ooTrages ont péri, font as-
iK'i Toir que ie ebrisUanisine dans son ori-
gioe n'était pas réduit à une multitude igno-
rtote et imbécile.
Dans le treisième siècle, lorsque la preuve
des bits étangéliques conservait encore
loat son éclat, et que les monuments ori-
pMQi étaient entre les mains de tout le
Donde, les hommes les plus savants, les plus
bcaoi génies, un Tertullicn, un Origène,
00 Bammonins d*Alexandrie, Jules Africain,
siiol Cjrprien, Lactance, Eusèbe de Césarée,
rooâao'enl luurs veilles à Télude et à la dé-
fense du christianisme* Depuis sa naissance
pi5qii*à nos jours, la relii^on de TEvangile,
Jéiaigeée pai le bel esprit, le demi-savoir
el ie iib^iinage , a constamment obtenu
Ibommage de tout ce qu*il y a eu de plus
célèbre par le génie, leslumiéres el les ver-
tas.
>Comaiieot rincrédule -ose-t-il compter,
lemi les moyens de séduction, les espé-
rances, les consolations, et jusqu'aux au-
luôoes que le christianisme ourait à ses
Les esipésanccs et les consolations de la
La diféUeone n'étaient pas de nature à
^tUrairkmiiltitude ; elles ne pouvaient faire
qaekpie îapression que sur des âmes ver-
toeoseï; «fement déterminées à sacrifier
Imos /es intérêts du monde et des passions,
io désir du salut étemel. Que le peuple se
itiise fireodré à lappÂt de la licence ei de
^'iiQpQjiité, c'est une chose naturelle et trop
<rûiaaire : mais que, sans motif, sans exa-
Licfl, malgré tons ses préjugés, il embrasse
Elle doctnoe qui Toblige à la vertu* la plus
usière, qui ne lui présente aucun avantage
i^^porel, el Teipose à de nouvelles peines
ri à de nouveaux dangers, c'est un genre de
knioction <lont il n'y avait pas encore eu
w'ciemple.
Ces aumônes, si souvent recommandées
iaos les Efitlrcs de saint Paul, étaient un
>2t*D faible dédommagement pour la gêne et
es périls inséparables alors de la profes-
sa du christianisme. 11 s'en fallait de
leaoooup qu'elles pussent suffire aux be-
oios de tous les convertis, et certainement
^^ies n'étaient pas destinées à nourrir Toi-
lîeté. Car saint Paul lait une loi rigoureuse
a travail, eo disant que celui qui ne tra-
aille pas, ne mérité pas de manger. Quelle
justice, quel travers d'esprit, de chercher
Ji argument contre le christianisme dans
ne institution où l'on ne devrait qu'admirer
^ désintéressement et la charité qu'il ins-
ire ! Quelle inconséquence, de ranger les
imùnes parmi les moyens de séduction,
Aund on prétend que l'Ëglise n'était alors
>»mposée que de misérables I Etaient - ce
^ Juifs ou les païens qui en faisaient les
r^nds ? et si c'étaient les chrétiens, comme
1 faut bien le supposer, par quel motif ces^
'^mmes opulents avaient-ils été gagnés à la
eiigion ? i
5' Kntin attribuera- t-on les progrès du
-jistianisme h TinQuence du gouverne-
ment, h !a prolecticn des empereurs? Mais^
au contraire, le christianisme s*est établi
dans toutes les parties du monde connu,
sans aucun secours humain, et malgré tous
les efforts de la puissance civile. En effet,
depuis sa naissance jusqu'au temps de Cons-
tantin, le christianisme n'a presque jamais
cessé d*être en butte aux plus violentes per-
sécutions. A Jérusalem , les apêtres sont
emprisonnés, battus de verces on misa
mort. Partout où ils portent leurs pas, les
Juifs les poursuivent, les accusent devant
les tribunaux, ou soulèvent le peuple cootre
eux. Néron rejette sur les chrétiens l'incen-
die de Rome, et les fait expirer dans des
supplices affreux. Domitien, Trajan, Sévère,
Décins, Valérien, Aurélien , Dioclétien et
ses collègues, publient des édits sanguinai*
res contrôle christianisme. Les gouverneurs
des provinces ajoutent h la cruauté des lois
impériales. Dans toute l'étendue de l'empire,,
une populace su|)erstitieuse et féroce de-
mande à grands cris le sang des chrétiens.
Leurs tourments font partie des spectacles
et des jeux. publics. Thistoire ecclésiastique
compte dix persécutions générales ordon-
nées par des édits ; mais lors même que les
empereurs semblaient accorder quelque
répit aux chrétiens, il s'élevait des pprsécu-
tiODS locales, autorisées en quelque sorte-
par les anciennes lois qui défendaient d'in-
troduire de nouvelles religions.
Que dans les légendes apocryphes du
moyen-âge, on ait exagéré le nombre des
martyrs, je le veux bien ; mais à s'en tenir
aux monuments originaux» aux écrits con-
temporains d'un Tertullien, d'un saint Cy-
prien, d*un Lactance, d'un Eusèbe de Césa^-
rée, aux actes authentiques ({ui sont parve-
nus jusqu*à nous, aux témoignages mêmes
des auteurs profanes, de Tacile, de Pline,
de Dion, du jurisconsulte Ulpien, de l'em-
pereur Marc-Aurèle : on ne peut calculer
combien de milliers de victimes ont péri
dans cette guerre de trois cents ans, où les
chrétiens ne montrèrent de courage que pour
aller au devant de la mort ou i>our la re-
cevoir. Tel était le danger qui menaçait
continuellement les sectateurs de la nou-
velle religion, que les païens, par une dé-
rision barbare , les appelaient nommes de
roue,, hommes de bûcher, semaxiif tarmen^
tkiL
C est donc un fait incontestable que la foi
s'est étendue et affermie au milieu des per-
sécutions, et que le sang des martyrs,
comme dit Tertullicn , est devenu une
semence féconde : Semen eU sanguis chri-
Miianorum.
Concluons donc que le christianisme n'a:
dû ses premiers succès ni à la nature de sa
doctrine, ni aux qualités personnelles de
ceux qui l'enseignaient, ni aux dispositions
et aux préjugés de ceux qui l'ont reçu, ni
enfin à rinfluenc3 du souvernement. Si rai-
sonnant dans rhyrolhèse do la fausseté du
christianisme, je cherche à m'exp.iquer le
phénomène singulier de son établissement
ci de ses progrès avant le règne de ConstaïF
78S
PRa
DfUTIOX.MIRE APOt<H:CTiQOE.
rm
•.a
tfn, je ne découvre aucune proportion entre
les moyens et la fin, entre la fiiiblesse des
causes et Ta grandeur de reflet. Tout ce qni
^ se passe^ dans cette hypothèse, me paraît en
* contradiction arec Tes princrpes connus de
Fordre moraf. Je ne conçois ni Ta conduite
des premiers docteurs de tTvangrre, nt celle
de leurs psosélytcs, ni celle de feurs ad-
rersaires». Tous agissent constamment con-
Ire la pente de toutes Tes affections humai-
nes; et la conrcrsioB du monde devient
Îour moi une sorte de prodige pfusinccoy»-
le que tous les pcod^es derhistoire évan^
gélique.
Mais dans Fhypotfièse de la vérité du chris-
tianisme, tontes les difficultés s'aplanissent,,
loules les invraisemblances disparaissent.
Sans parler de raclion toute-puissante de
celui qui plie à son gré les co^rs et les es-
prits,, et dont la grâce fécondait la. parole
de ses envoyés, le christianisme renfermaft
m Iui-m6me les causes et 1» rafisoii suffi-
««inte de ses conquêtes sur le judaïsme et
Fidojatrie. La conversion du monde serait
un prodiçt: iacxplîcable^ si elfe n'avait eu
youir motifs les prodiges consignés dans les
annales de l'Eglise.
« Ici se (Mrésootent tpois choses incroya-
bles, dit saint Augustin. Il est incroyable
«lAJe le Chcist soil ressuscité. Il est incroyar
ble que Te monde art pu le croire. Il est
incroyable que ce soit un petit nombre
«niommes ignorants et de la lie du peuple,
«|ni aient persuadé ce fuit» mfime aux sa-
vants. De ces trois cluoscs incroyables,, ceux
4ui disputent contre nous refusent de croire
la. première. Ils voient la seconde de
leucs yeux, et ils ne peuvent dire comment
elle s'est faite, à moins d'admettre la troi-
sième.
«(. La résurrection du Christ est publiée,
cpiie dans le monde entier. Si oflc n'est pas
croyable,, pourquoi tout Tunivers la croit-
il ?. Si un grand nombre de savants et d'hom-
mes distingués s*é(aient donnés pour té-
moins de ce prodige, il serait moins élon-
Bant que le monde les en edt crus, et je
Ae VOIS pas pourquoi Ton refuserait au-
jourd'hui de tes croire. Mais si, comme il
est vrai, le monde a cru sur le témoignage
d'un petit nombre d'hommes obscurs et
ignorants, comment se trouve-i-il encore
des entêtés qui ne veulent pas croire ce
qu'a cru le monde entier? Celui qui, pour
«Toire» demande de nouveaux procliges, est
lui-même un prodige monstrueux, puis-
ifu'il résiste seul à la foi de Tunivers*.. Si
1 on ne veut pas croire que les apôtres eux-,
mêmes aient opéré des miracles en preuve
de la résurrection du Christ, ce sera pour
iftous un assers grand miracle que toute la
terre ait cru sans miracle. » (Zà civU.Dei^
lib. 3^\, c. 0.
§v.
JDcmtèrcs eonsiderqlioiis sur rctablisseincnt du clirislia->
uisiue.
L*argumcnl qui résulte de l'établissement
*U christiAnismc est le plus fort , parce
quMl est Te plus immédiat 4e tous lis ar*v
ments : O^t celaî que Toh appelle aif L
fiifitfm. Sa force eai en ratsoi de la x^xk>
tance de eeitti auqiie) oa l'oppose. Il s «u.
puie sur l'incrédulité elle-même peur la
convaiiicre*
Vow ne croyez pas, dites-voHs, i la di.
vhiité de Jésus-Christ, et vous Mpouvr^
prendre I» doctrine de la creii au ^u
absohr. U y a des choses dam eettedoc-
trîpe qui, malgré tons les raisoniemcDis
tous les faits, tons les principes et Ions b
résultais, qu'o» peut rassenUer pour es-
sayer de voos la persuader, vous choquent,
e^Tempêchent d entrer dans votre esprit;
on a beau faire» vous aves beau faire tous-
méme, dîtes-veus, vons ne |)0HYe2 iroir la y
foi... la* ioî rédie, )» fof enhère, Iifeiqui \
adore, qui quitta tout, s'il le faut, c(()ai i
menrt pour soir ol)jel.ie n'ai pas \ rocher- <
cher la cause de cette incrédulité omniétn.'
el invincible. Bien certainemest, mi^sA
pas dans )a pure raison et la droite toM
et vous en êtes bien moins ianoc^^iu fi
voos ne vous le persuadez. Htis eolui,
quelle qu'en soit la cause, le fait eiiste; «i
cette cause vous paraît naturelle etlégitint:
vous ne pouvez pas croire, et il tous lia*
drait des miracles peur vous coaierlir.
Soit ; mai^ convenez cependant (f^ ^
r^hristianisme auquel vou» ne poum /v$
croire est bien pfus croyable mi|wfl<'iiH>
3ue lorsqu'il parut- peur la prea*f*'^
ans le monde. Vous êtes nédas^^"'
vous l'avez troirvé toui étebiif çWttiAft
ses influences, yous avez été chreto l'iiQ^
d'être homme, et il vous a Uluse»^^
tous vos préjugés d'enfance pour cesserjle
Tétre. Assurément votre disposition à lift-
crédulité em été bien plus franche cl bieu
pfus entière, si vous n'aviez pas été életé
dans ûts idées chrétiennes : qu'eftl-ce doBo
été, si vous aviez été nourri dans un \sAm
tout à fait opposé? Ce n'est pas tout : toiR
incrédulité d homme a encore Asunaonler
d'autres obstacles, à balancer d'aulrescofl-
sidérations; car, enfin, si le chrisiiam^ra*
ne vous parait pas littéralement dirin, a« j
moins est-il imposant par sa durée, v«f^
bienfaits, par ses rapports, par scsgloiï^*^' ,
Il existe, et il existe seul ; aucune rtlip^»
ne lui est ouposée. C^est te cuhe de la pa-
trie, c'est le cuhe àts ancêtres, c'mi \^
culte du monde civilisé. H a pourhiil»'"'
ce qu'il y eut jamais de grand, de b^o-
d'iïluslro dans le monde, el nous ne pa-
vons nomnrer rien de ce qui a leplw?'!"*
noré fesprit linmain sans en réveiller Hiiff-
Vous êtes incréduhe malgré tout cela; q^«*^
serait donc votre incréduHté sans cela H>«*
seraîl-elle dans un état de choses ^\m^^
lement inverse, si jamais fe mot dcchnv
tîanismc n'avait sonné à vos oreilles, el >i'
nourri, éicvé, formé dans des idées, «'^
coutumes, et des mœurs toutes païeftDfN
vous entendiez dire pour la première v^^"*^
qu'un supplicié veut être adoré, Donp»*^'!
côté, mais à la place de tous les dieui, ^W^
le culte brillant s'identifie aviîc tousJe>rM
AT
mo
DICTIONS A1RK APOLOCeTlQLC;.
no
liig^<, toos les souvenirs, tous les intérêts,
fTHjtes les passions, de la pairie, de la m>-
-iéîé et de la nature ? que rinstniment des
riérutlons, qui se dresse sur les places
;uMiques, doit désormais être préféré à
nul, et dereuir, dans les idées abjectes,
lornUes et repoussantes, qu'il réreille,
'unique sujet d étude, de gloire et d*affec*-
ioo, qui doiveTOus occuper, tous absorber
u.<quA renier tout ce qui n'y serait pas
>*nfV>raie9 et a mourir au- besoin |H>ur le
roBfesser ? Pourrait-il se présenter à votre
h(prit et i votre bouche aaulrcs qualirica^
lions à appliquer k cette doctrine que celles
fiif lui prodiguait le plus grave, le plus
rievé de Unis les e$|»rits. Tacite : dabomi-*
wdbU imfamit^ dexécrahle supersiition^ d* o-
imutH apiniàire romjuraiion contre le genre
knmam , dîgme^ Sétfe' éiouffée par loue les
fmppUrmT
Vous êtes incrédules^ dites-vous aujour-
d'hui , et il vous faudrait des miracles pour
^•»Qs convertir, et votre conversion elle*
nièiDe serait un miracle : quels miracles
b'»4-U donc |ias fallu |iour -convertir le
monde païen ? et quel prodige n*a pas été
mit coaversion ?
Car votre nature n'est {las difforenle de
ttWt 4es autres hommes; et c*est dans le
c)ènie IbuA d'idées, de jugements et d*in-
«îDets que vous puisez votre incrédulité*
t>ileHO aepent même faire quelque illusion
^aVff paraissant s'inspirer de ce sens Aicmotii,
Ht et iois commun. Ce que vous éprouvez,
«Y ^e vous auriez éprouvé, si la Provi-
d^ore TOUS avait fait naître dans le paga-
•isole, tous les antres hommes de ce temps
oot dû natnrellemept l'éprouver. Vous êtes
■0 petit aM>9de qui pouvez vous donner h
i'»a5-mênse l'idée de ce qu*élail et devait
erre ie BKMide entier k Tégard du christia-
nisme; et si ce christianisme est pour vous
^njourdlioi incroyable, il devait Tétre, et
( é(re cent fois plus, à la société païenne.
De là je conclus que si le christianisme
e<^t incroyable, il est incroyable que le
■uuode eotier lait cru naturellement. Il Ta
^ni, donc il est croyable, ou bien il a été
Todtt croyable par des caractères visible-
ment surnaturels : par des miracles.
Vous n'admettez pas les miracles : ^ D*où
^tentdonc, vous dirai-je avec saint Augus-
iio, qu*en des siècles si polis, le monde a
iru sans miracles des choses tout i fait in-
croyables? Direz-vous qu'elles onl été crues
l'iarî-e qu'elles étaient croyables? i^ue ne les
>rr>yez-voos do^c vous-même?... Voici à
>{aoi se réd^iit notre i:aisonnenient : Ou des
•"lioses incroyables qui se voyaient ont per-
suadé une chose incroyable qui ne se voyait
[as; ou cette chose était tellement croyable
qu'elle n*avait p^s besoii^de miracles pour
être crue ; et en ce cas, comme dans Fautre,
vit-on iauiais une plus grande opiniâtreté
que celle de nos adversaires ÇJGk) ? »
Cet ar^piment est sans réplique.
'ce qui achève de fermer le cercle de
la flémoii!^tration qui en résulte, ce qui ne
laisse aucune issue, je ne dis pas k la sub-.
tililé, mais au bon sens, c*est la manière
dont tout le monde a cru cette chose in-
croyable.
Nous favons vu : rien n*a porté le monde
h croire cette chose qu'un petit nombre
d*hommes grossiers et ignorants, qui n'a-
vaient aucune teinture des t>elles-lettres
point de grammaire, point de dialectique,
point de rhétorique, en un mot de pauvres
pêcheurs. Le fait est là ; et s'il pouvait être,
le moins du monde ébranlé, il y a longtemps,
que l'incrédulité se serait attaquée à loi,
tant il est accablant jiour elle. Mais, aussi
certain que pertinent, jamais il n'a été con-
tredit; et, dans ses eitrémités, l'incrédulité
a été assez malavisée pour s'en faire une
arme de ridicule et de discrédit contre les
chrétiens.
Nous acceptons ce ridicule et ce discrédit,
et nous nous glorifions d'un Pierre, d*un
Jacques, d*un Jean, plus que d'un Augus-
tin, d*un Bossuct e^ d'un Pascal, parce que
nous nous glorifions de î% vertu même d^
Dieu, beaucoup plus visible dans ceux-là
que dans ceux-ci.
Elle y éclate, en effet, k éblouir les yeux
dans rétablissement du christianisme par do
tels hommes; et, pour nous resserrer dans
le simple raisonnement, nous dirons seulc-^
ment ceci :
Une chose n>st crue par la généralité des
hommes que parce qu'elle est vraio^ou paiyre
qu'elle est vraisemblable. On ne peut cen-
tester cette profiosition, car elle ne pourrait
l'être que iiar celle-ci : Les hommes f>eu-
vent croire vrai ce qu^ls savent en même
tempe être faux : ce qui est une pure absur-
dité. Il faut donc, pour être crue, qu'une
chose soii croyable, ou iiaraisse l'être, ou
soit vraie ou soit vraisemulable.
Or, Ifr vraisemblance d*une chose ne peut
venir que de deux sources : de la chose en
elle-même, ou des moyens qui sont employés
pour la.persuadcr. Cela est évident
La chose en elle-même, ici, le cbristi^i'^
nisiiie, était pour le monde |Miîen le coiiib|e
de l'invraisemblance; nous qpus le sommes
représenté assez, souvent pouc qu'il soit inu-
tile d'y revenir. C'était le plus partait con-
tre-pièd de la raison d'alors, du sens fiaîen,
populaire comme philosophique; scandale
aux Juifs, folie aux gentils, une vraie extra*
vagance, stultitia : plus on y réfléchira,
plus on en restera convaincu.
Les moyens employés pour la persuader,
si vous faites abstraction des miracles, sont
è l'avenant. D'où vient cette abominable in-
famie, celte exécrable superstitionf devait*
on se demander. Par quelle autorité se re-
commande-t-elle? Quels en sont les prédi-
cateurs et les garants? Sont-ce des chefs de
partis, ou des philosophes, ou de Ijeaux di-
seurs ? D'où sortent-ils? quelles sont leurs
ressources? et qu'y a-t-il à gaener avec eux?
Us sortent de U Judée et du limon w 14
\M^ La clU àe DieUf Ûv. xxu, c. 8.
Tt»
PW>
Jlldée) lis ne savefit riei^ et ils se tanlcnt
4le àe' rien saroir; ce sont des pécheurs qui
^mt laissé leurs bateaui pour courir le
ineldde, et qui ne disent autre chose sinon
qu'un nomfné Christ, supplicié à JérusAlem,
est ressuscité ; qu'il faut les en croire, et en
conséduencoy Juifs^ qu*il faut abandonner le
culte ae nos pères ; prêtres des dieux^ au'il
iiut renrerser leurs autels; phllosopnes,
qu'il faut lious ranger parmi les ignorants ;
maîtres, qu'il faut fraterniser avec nos es-
^'aves^^esclaves^ qu'il fau^ rester plus que
jamais soumis à nos maîtres; tous, qu'il
laui souffrir... Je le demande^ l'invratsem-
bfance d'une telle prédication eut-elle ja-
Inais rien do comparable que Tinvraîsem-
blancede la doctrine?
Si cette doctrine avait été prèchée par des
Itommes éclairés et illustres^ on concevrait
à peine qu'ils eussent pu naturellement la
tie^suader; et si des gens grossiers comme
es apôtres avaient prêché une doctrine dans
le ^àùi du jour, sensuelle et commode, il
est pareillement à croire qu'ils n'auraient
Iias produit grand effet. Dans le premier cas,
a doctrine eât tué la prédication; dans le
Second cas, la prédication eût tué la doc-
trine. Que devait donc produire la réunion
de la doctrine de la croix avec la prédication
ÉpoStc^lique?
Sans doute, pour nous qui avons tu mar*
êher à la suite des apOlres les Chrysostome,
les Bdssuet, et à qui dix-huit siècles de ré-
flexion ont appris à saisir le rapport admira-
ble de la doctrine chrétienue avec le mode
de sa prédication, nous n'en sommes pas
oiTù^qués ; mais avant qu'elle se fût établie,
tout enveloppée gu elle était de ses propres
ttivstèrea inexpliqués, et plus encore des
tsalomnies et des faux jugements qu'elle
soulevait dans le paganisme, n'ayant, pour
sauver le scandale et la folie de sa croix,
que des apôtres qui en étaient la vivante
image, et qui auraient com[)romis la plus
traisemblable et la plus séduisante des doc-
trines, il est impossible d'imaginer rien de
Elus impropre à se faire jour. L'invraisem-
lance de la doctrine et l^invraisemblance
dé la prédication se confirmaient, s'accrois-
saient réciproquement pour produire le plus
parfait chef-d'œuvre d'invraisemblance.
Puis donc que ce n'est pas la vraisem-
blance qui a ouvert les voies au christia-
nisme, et qu'au contraire elle les lui fer-
mait, qui a pvL le faire percer et pénétrer si
largement, si ce n'est la vérité, sa propre
tenté, c'est-à^ire sa divinité, plus forte que
tout, et se créant elle-même des moyens mi-
raculeux pour arriver à sa un, ou créant di-
rectement cette fin sans miracles, par un
seul plus grand miracle?
Où trouver ailleurs que dans l'essence du
christianisme lui-même, et dans une action
-extra-humaine» le secret d'un triomphe aussi
dépourvu de moyens humains, aussi en dé-
pit de tons les obstacles humains, et d'un
triomphe aussi complet, aussi rapide, aussi
durable ?
Avez-tous remarqué parfois, dans une
MCTIONNAIRE AP6L0GET1QCE. rmi :^
matinée d>utomne, le soleil se levant dans
i&leroedoDl
il est le foyer dissipe ta coacbe nuageuse
qui l'enteloppe : il parait, mais privé de
rayons et semblable k m spectre delà-
mière. Encore celte première apparitioD
ta-t-el)e lui être disputée et devenir poor
lui la cause de nouveaux combats, de noo-
yeaux triomphes. Voici, en effet, que la
même chaleur qui Ta dégagé des Tapean
qui Tentouraienf va frapper au loin ta terre
humide et soulever des va^ieurs nouTeiles,
qui montent remplacer les premières et en-
sevelir de nouveau l'astre qui se les est «(•
tirées. Mais sa chaleur, incessammentactm,
dtssi{>e encore celles-ci, et eo te dissipaDi
en fait naître d'autres oui ne laissent p»
de trêve à cette lutte, ouïe vainqveur lii'
sorbe les obstacles & mesure qu'il les m-
lève, et les soulève à mesure qa*il iesih-
sorbe, jusqu'à ce qu'ayant achevé dépurer
la terre et de pomper l'humidité des ik
l'astre géant déchire une dernière fois le ri-
deau qui TOilait les cieui, et, dans \m
azur profond et épuré, se fait saluer pirii
nature ranimée comme son libérateorets»
roi.
C'est ainsi que s^est fait rélaltlissenieot
du christianisme, h travers trois siècles Je
Eersécutions soulevées par son iflr<abfiii«
lance et vaincues par sa vérité.
Cest une création. Le chrisliiaisoxs^té
fait dans le monde, comme levMfit^^'
m^me, de rien ;il a été tiré du néaalAom
la structure, rien de nlus jjrand-.tttl^^
monde moderne. Voyez le fonderrionl, c wlw
néant même : douze hommes df n>n. to-
Christ, voulant prouver qu'il élail ttc«»
a fait ce qui caractérise Dieu, ce à quoi
seul nous connaissons Bleu; de marnera
que nous fussions obligés de croire m
Fils au même titre que nous croyoosw
Père, et qu'il n'y eût que les athées q«ï
fuissent ne pas être chrétiens. 11 a reut(
'œuvre de Dieu en nous. El pour quenou*
fussions forcés de le reconnaître, iV ««»»*'
les choses qui ne sont pas^ pour aboUr cm
qui sont: il a écarté avec soin de son u|«j
ration tous les éiémcnls naturels qui anraiw
pu nous la cacher, et non-seulemenl in^|
écartés, mais il a permis qu'ils se loorDasst»
contré. Il a agi seul avec rien, contre »
Et ce n'est que lorsqu'il a eu bien fait wtj
distinctement son action créatrice, lors^m»
a eu achevé de convertir le monde pw i*
seule vertu de sa croix méprisée, quii*
permis aux puissances humaines Taincu»
d y mettre la main et de s'en glorifier.
On peut même dire qu'il a faiti'l^Hû^
de créer; car, comme l'observe très-biï»
un vieil auteur, « c'est plus de refanmr
que de créer : car, en la création, ncn \
résiste au créateur, et rien n'erapescliequîj
ne manie et façonne sa créature comme i»
veut; mais en la restauration et rdr
mation on a è combattre et à forcer (i
M
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
^Gi
eoalpe, li peine» et encore la Tolonté cor-
rompue (7€5). »
Si Doas ne sommes pas frappés de foule
1a pandenr de ce prodige^ cela tient h ce
qu il s*est passé dans Tordre moraU et qu'en
général noos en sommes moins affectés que
lie Tordre pbjsique. Mais un peu de ré-
fleiion nous dira que Tordre moral a ses
Uiii aussi constantes et aussi nécessaires que
r Iles de Tordre plij'siquCt et que lorsque le
}4)éoomène se produit aussi en grand que la
rrforme do genre humain |»ar le cbristia-
rtsme, son auteur a aussi liien fait preuve
iedmnitéque si, comme le suppose Rous-
vao, il eût tenu ce langage : i Mortels* je
rvos annonce la Tolonté du Très-Haut; re-
•'•noaissez k ma roix celui qui m'envoie.
i'«nionne au soleil de changer sa course,
-SI étoiles de former un autre arrangement*
-ut moniagnes de s'aplanir» aux flots de
«\-SeTer, h la terre de prendre un autre as-
'•rt. »
La révolution opérée par la seule croix
.*: iésus^hrist dans le monde u*est ims
CiOiBsmerreilleuseyn'est pas moinsdivine;
it^ comme dit le poète, tin mystère à donr
^rrétifrÛMWUj à briser notre corps et notre
iat,
iaTcAe^le problème a été posé admira*
l'ïfiBtst, anec Tindication de sa solution,
jar Bv ji|ge bien impartial, et alors que
t' 9les cèoses étaient encore entières.
Jésas4!Xms^i venait de mourir, et la folie
(> /j prédication de sa croix en était à son
jéïfQU lorsque les apôtres, repris de justice
pouree fait, comparurent devant les magis-
î^at^de Jérusalem. Le grand prêtre leur
.(I : — Se TOUS avions-nous pas expresse^
nn^i défendu Renseigner en ce nom- là ? ce-
^^tukmi vous avez rempli Jérusatem de voire
i^'irime^ ei vous roulez nous charger du sang
k cet komsme. — Lors Pierre et les apôtres,
Codant, dirent : Il faut plutôt obéir à
^eu quentjr hommes. Le Dieu de nos pères a
asusciié Jésus^-ce Jésus que vous avez mis à
frt en le clouant à la croix. (Test lui que
^eu a élevé à sa droite pour être Prince et
i vrm r, e£ donner à Israël la rémission des
ttkés, XowLS sommes ses témoins dans tout
f que nous tous disons^ et le Saint-Esprit
if Dieu fums a donné Vest avec nous — Les
tf^istrats ayant oui ceci crevaient de dépit,
rJéli lieraient de les faire mourir.
Lors ^ continue Thistoire, un pharisien
fotmé Gamalielf docteur de la loi^ homme
imoré de tout le peuple^ se levant dans le
^nseil^ commanda qu on pt retirer les apô-
et un tnoment. Pms , s adressant à ces col'
7ve«, il leur dit ceci :
Israélites! prenez garde à ce que vous allez
'reâ regard de ces gens-là. Dernièrement , un
rtain Théodas parut, se prétendant être
iT€.*#i lârre des créatures^ de Riymond Sccoxd,
ktait an Utio pir Michel de Montaigne, p. 5:21^
fT««) Aci, V.
\'C7) Bâ.vuB, Dicttonn, eril.^ an. Uakomet^ rem. 0.
"imt rétablisieaieni du chrisUanisnie, cfr. tous les
tt<zisfcs Ci lNirliuil(è:eaiCDt ttndes vkiles, sur
^ qudquechose. Quatre cents hommes environ sê
joignirent à lui; mais il fut tué : tous ceux
qifil avait séduits se débandèrent, et il n'en
resta rien . — Après lui, un second prétendant
surgit f Judas de Galilée; à t époque du dé-
nombrement du peuple. Use fit suivre d'un
gros rassemblement: mais il ne tarda pas à
périr à son tour, et totts ceux qn'il avait ga^
gnés furent pareillement dissipés.
Et maintenant voici ce que f ai à vous dire:
Départez^ous de ces gensnà, et laissez-les.
Car si ce dessein vient des hommes , de lui-
même il se détruira: mais s^il est de Dieu,
TOUS si*v pouvez rien. Prenez garde que
Févénement vous ne tous trouviez avoir lutté
contre Dieu lui-fnéme!
Ils se rendirent à son avis (766).
Si cet homme judicieux et sage' reparais-
sait aujourdituiy s*il achevait de lire This-
toire incroyable de Télaldissement do chris-
tianisme, dont il vit le début, s'il voyait la
croix dominer encore nos cités du haut des
grandes basiliques, et sur le siège de Rome
encore assis, après dix-huit cents ans, le
successeur de ce même Pierre qui comjiarut
devant lui , que pensez-vous qu il di-
rait?
Il dirait ce que le môme lion sens qui le
lui avait fait pressentir a fait dire à Bayle,
en dépit de tous les sophismes :
« L Evangile, prêchée par des gens sans
nom, sans étude, sans éloquence, cruelle-
ment persécutés et dcstiîués de tous les ap-
puis humains, ne laissa pas de s'établir en
peu de temps par toute la terre. Cest un fait
que personne ne peut nier, et qui prouve
que c'est Touvrage de Dieu (767). »
PROPHÈTES (facx), Thumanilé a-t-elle
été trompée i)ar eux en matière de religion?
Voy. SLR?(ATt*RALisiiE, $ II. — Prophètcs as-
similés à des malades et à des somnambules;
réfutation du docteur Leuret. Yoy. ualll-
CI!«ATIO?(, S II.
PROPHETIE (768). — Au mot Slbxati-
RALisuE nous ferons voir que Tordre surna-
turel se décompose en deux actes: Tun cor-
respondant à notre faculté de connaître,
c'est la prophétie; Tautre, à notre faculté
opérative, c est le sacrement. (Voy. ce mot.)
Ici nous n'avons à nous occuper que de la
prophétie.
La prophétie est une parole de Dieu ma-
nifestant à Thomme des vérités que sà rai-
son ne saurait atteindre par elle-même, et
qui, cependant, sont nécessaires à Taccom-
plissement de sa destinée.
Ce qui domine dans cette définition, c'est
la parole; la parole est le premier élément
prophétique. Mais qu'est-ce que la parole?
Un homme vient au monde. Ses jeux, ses
oreilles, ses lèvres, tous ses sens sont fer-
més, n n'a aucune idée du néant qui le
U Christian,^ U IV, par Anf^. Nicolas: — De Là Lo-
ZEBXE, Dissert, sur la rérié de la reii^on; — Do-
voisi!f, Démomt. étang. ^ etc., tîc.
(708) Ce mol ici, comme on va le voir |iar ta dé-
liniUon, ii*a aoc«n rapp tI avec propkéiie dans ib
scBS de prédiction, (loy. Tart. suirant.X
T65
PRO
DlCTtONNAlRE APOLOGETIQUE;
PRa
m
rc|QUe, ni de Tôlre où il arrive; il s'ignore
Itv.-^iièiiitt et tout le l*cste avec lui. I^issez-le
tel qae la nature vient de l*ébauchert lais-
sez-le Ih nu et muet, plutôt mort que vi-
vant : il vivra ][)eut-étrev mais il vivra sans
Je savoir, hôte informe de la création, Ame
perdue dans l'impuissance de se trouver
elle-même. Ses yeux s^ouvriront sans qu'on
y lise une pensée, et son cœur battra sans
qu'on y sente une vertu. Heureusement
qiikelquie cliose veille sur lui. La providence
de la parole le couvre de ses fécondes ailes ;
la paiTOle se penche incessamment vers lui ,
lo regarde, le touche, le retourne, essaie par
ses frémissements d'éveiller cette flme en-
dormie. £t enfin, après des jours qui ont été
des siècles, tout à coup, de cet abîme sourd
et insepsiblo, de cet enfant qui à peine a
fait croire par un sourire qu'il entendait Ta-
|nour qui Ta mis au monde, la parole s*é-
ehappe et répond. L'homme vit cette fois:
il pense, il aime, il nomme ceux qu'il aime,
il leur rend en une .parole tout l'amour qu'il
en a reçu.
Mais ce n'est là que le commencement de
l'homme. Lui, le prédestiné de l'infuii, no
connaît encore que le sein de sa mère, son
berceau, sa chambre, quelques images pen-
dues aux murs, tout 1 espace que l'œil em-
brasse d'une feoétre ; une heure est pour
lui rhi$(oire,.UQe maison l'univers, une ca*
resse la fin dernière des choses. Il faut qu*il
sorte de cet étroit horizon et se prépare à
marquer sa place dans cette société hale-
tante, où tous, ayant les mêmes droits dans
les mêmes devoirs, vont lut disputer la
{(!oire de vivre. Tout à l'heure il descendra
'escalier paternel, il paraîtra dans la place
publique ; son oreille entendra le froissement
douloureux des ambitions qui se heurtent
et des idées qui se repoussent, et, conime
une feuille tombée dans les Ilots d'une mer
émue, il s'étonnera pour la première fois du
lifix que coûte la vie et des mystères qu'elle
contient. Qui les lui expliquera? Qui l'in-
troduira bien ou mal dans la science de
Hiomme, cette science dont les éléments
sont le passé, le prisent, l'avenir, la terre
et le ciel, qui touche au néant par un de
ses pôles, à l'infini parTautreTCe sera la
{larole encore; non plus la parole de son
]'ère et de sa mère, mais une [)arole hasar-
cieuse, qui étouffera peut-être en lui les
Sermes de la vérité, qui, peut-être, les y
éveloppera, selon l'esiirit des maîtres qui
Uirigeront le sien, car il aura des maîtres;
il ue peut se soustraire à ce second règne
4e let parole sur lui. La parole l'a mis au
monde ; la parole a donné l'éveil et le pre-
mier cours à sa peftsée ; quoi qu'il veuille,
quoi qu'il façse pour *$oo bonheur ou son
malheur, la parole achèvera son œuvre ; elle
en fer» un vase de foi ou d'iixcroj ance, une
victime de l'orgueil ou de la charité, un
esclave des sens ou du devoir; et si la li-
berté lui demeure toujours contre le mal,
ce sert pourtant à la condition d'appeler à
son aide une meilleure parole que la parole
. ilùi 1 aura tromui.
Voilîli l'histoire de l'horomc; éiwjlei cell».
du peuple. Un peuple est assoupi dans Im
mœurs de la barbarie ; il ne connaît pas roème
le premier des arts, qui est d'assujcllir la.
terre à ses besoins. Comme ranimai, il rit
d'une proie. L'a-t-il rencontrée, il dort au-
t»rès du feu qui le chauffe ou de l'arbre qui
e couvre, jusqu'à ce que la faim lui com-
mande de disputer aux forêts et au hasard
son incertaine subsistance. Il n'a (toint de
patrie. Le sol même où il est errant a*a reyu
de son travail aucune coRsécralion, de sa
puissance aucune limite, et eacoie qu'il ^
garde les os de ses ancêtres, it y luarche
sans passé et sans avenir. Vient-on Ty trou-
bler, il s'y défendra comme une bète ÛD^e
dans sa tanière, mais sans pouvoir faire d»
morceau de bois qui lui servira de défense
ni une épéc ni un drapeau. L'idce lui mu-
que, et avec elle la vertu, le progrès, This*
toire, la stabilité.
Mais voici que tout change. Ce i^euple
s'assied: il dresse ^a tente, il creuse dr>
fossés, il pose des gardes, il a quelque Gbose
de durable et de saiot è garder. Untenplc
lui offre, sous une image sensible, le Aei
qui a fait le monde, le père de la justittft
1 habitant des Ames. Il l'adore en esprit, il
le prie avec foi. Le soleil ne passe plus Mir
sa tête comme un feu qui s'éteinl le soir il
se rallume au matin, mais tommkgmc
mesure des Ages, apportant à àmtjoifr
son devoir, à chaque siècle sa imc.l^cD
comnte les révolutions, et distritaesaiifo*
pre liistoire dans le cycle où toutes V-sm*
tions ont renfermé la leur. Ce neuj^t'^^
enfin ; il révèle sa présence pariles kooa^
qui ont un nom, par di^s ai:tes qui uni oïl
empire. Mais qui l'a tiré de sa mortaQlé-
rieure? Qui a fait d'une peuplade barli«re
une société régulière et civili$ée?Qui?liiti
la même puissance qui a fait rboiuuieM^
parole. Orphée est descendu des luonlagnei
de la Thrace \ il a chanté, et la Grfct i^^i
sortie toute vivante des accents desa iyfc
Un missionnaire a paru dans des soiiiudci
avec un crucifix pour harpe; il anoj|»n]^
Dieu, et des sauvages simples jubt]»'^ *^
nudité ont couvert de^ feuilles leur pudeur
naissante. Les enfants ont souri à ri»«'<
de la parole, et les mères ont cru auxièvie*
qui apportaient à leur lils la béDWicii'û
du grand esifHt..
Voulez'vous d'autres seèncs prises 9^y
sociétés vieillies î- Ua |)euple, a|»rài «»i|]f
tenu longtemps avec hoiuieur le sceplred^
sa destinée, a. perdu peu è peu le seib"*^^
grandes choses; il n'a plus su croire, w d«î-
libérer, ni se dévouer; on Ta lu mwvuj'^
à un comptoir, pesant des écus danseoej
balance au lieu ivy peser le sort du uio^J^'
et n'ayant plus d'entrailles que pour le w*
monotone et sot de l'argcnl. Avec faUi^^^
ment du caractère est venue la serviiiHif».
les tyrans se sont joués de ce peuple en m
imposant des lois dignes de ses mœurs. ^'
ont trouvé des complices jusque daii> ''"''
traditions de la liberté, et le foruuu w u^
bune, le sénat, ont été les noms dcjii ii>'^
J
SJ
rno
DICTlONNiURE ArôLOGETiQt E
vm
766
JurerC raYilisscment des Ames et Topr
roWe (le leur tyrannie. Mais pendant que
re'DMf nt la corruption et la peur sur cette
l'urbe dégénérée ; pendant que tout se tai-
t\i, excepté te mensonge, la caloumie, la
iMotij la bassesse de cœur et d*es()rit, à
i] iDoment qu*on n^attendait plus, il sVst
iKun réveil et un retour; Domitien a di&-
ara^Nerva a succédé. Qui a ainsi suspendu
•cours des ruines ? Qui a ramené, ne fût-ce
o'tia jour, des noms et des souvenirs lion-
êtes? Ne le demandez pas : la |:arule s*est
Ii55éc dans les interstices de la tyrannie;
le a rencontré çà et là, comme dans un
lanip moissonné, des Ames demeurées
vts de leur siècle; et semant par elles le
laii) de la force antique, elle a ranimé le
Ml, le r>euple, le forum, les dieux éteints,
ûuijeslc tombée, et tous ensemble, ressus-
luiten un môme jour, ils ont donné aux
Mills et aux morts une sainte et dernière
firilion de la patrie.
iu delà du peuple, il n'y a plus que lu
«re huniarn, et lui peut-être aussi aura-
l(l>rouvé la puissance magique de la pa-
tk.Lui |)eut-èlre aussi, plongé dans la cor-
^Aioa et la servitude, aura-l-il une fois,
«Bk cours de sa longue histoire, connu
kIrasaUlement divin de la résurredion.
i Tucri Taviez oublié, rappelez-vous eo
t'a»/ le monde à Taurore des temps que
y disons les nôtres. Assistez par la pen-
#i fune des fêtes où il apportait h la fois
liiteux et ses mœurs, ses idées et ses
b. Choisissez le cirque ou lampliitiiéa-
t les jeux ou les mystères, telle scène
ique qu'il vous plaira. Regardez : tel était
Ëïnuili:. Ce monde-là n*est [dus. Des au-
t chastes convient les générations au re-
Memont laiiorieux de leurs sens ; et la
ts, signe de mortification et d'humilité,
lieu de donner Tesclavo en spectacle à
î maîtres cruels et dissolus, marche de-
\i les princes pour leur enseigner la dou-
ir« devant les peuples pour reur donner
euurage d'une vie grave et pauvre. Le
g versé n'appelle plus d'applaudisse-
iits, si ce n'est quand on le donne dans
Srand et volontaire sacrilke; la chair
Sonurée |iar Timpudeur de Tâme ne s'ot-
"lus à l'adoration publique, et la pureté
tache a su se bâtir, au milieu des
les villes, des retraites qui ne sont pas
illustres, tant le cœur de Thomme
élevé dans rintelligcnce de la vertu,
ne rencontre plus sur le fmnt des
ais des traces de mutilations; Toreille
plus frappée du bruit abject des sup-
privés, et la justice publique elie-
e u'aïqiaratt que rarement aux regards
•ectés ùes citoyens. Une rue est un asile
>c rencontrent des créatures qui ont
itc^ en elles- mêmes le signe de leurs
i\u, et l'inégalité visible des conditions
* vuiève iK>int aux pauvres leur plate et
^rdiguite. Que dirai-je de plus? le cœur
de riionmie est ent'ore faible et dévoté de
passions, et cependant l'humanité est ti;an>-«
ligurée; elle porte au plus profond de se&
entrailles une semence de bien contre la^»
quelle aucuu crime ne peut prévaloir, et
qui condamne an mépris de tous les mê-
mes choses qui avaient usurpé dans Tancieu
monde les hommages de tous. Qui a* fait
cela? Encore une fois» et je me lasse de lu
répéter, c'est la parole. Un homme est venu»
qui s'est dit Dieu, et qui a dit au nom do
Dieu : Bienheureux les pauvret I Bienheureux
les doux! Bienheureux ceux qui pleurent t
Bienheureux ceux qui ont faim et $oif de ta
Justice! Bienheureux les purs de cœur! Bien^
heureux ceux qui souffrent persécution pour
la justice (7G9). Il a dit cela, et la parole c|ui
fait l'homme, qui fonde la civilisation, qui
affranchit les peuples, cette méiue parolo
sur les lèvres du Christ a donné une nou-
velle force ou plutôt une nouvelle naisbanco
à l'humanité.
Il est manifeste |)ar Hk que la parole est
la première puissance du monde, qu'elle
est la C4use de toutes les révolutions heu-
reuses et malheureuses dont ronchaluemcnt
compose rhistoire, et qu'ainsi vous ne de-
vez pas vous étonner qu'elle soit un élé«
ment de l'ordre surnaturel, et que projihé-
tiser ce seit parler.
J'ai dit de plus, que la prophétie est uno
parole de Dieu. £t ici, le rationalisme, qui
a consenti jusipi'à jirésent à mon discours,
ne me permet pas d aller plus loin. 11 estime
3ue l'idée de Dieu et celle de la parole sont
eux idées incompatibles ; que Dieu étant
un être purement spirituel et la parole un
simple mouvement de l'air produit par les
organes physiques de la voix, on ne peut
sans dégrader la majesté divine lui attribuer
une si vile opération.
Faut-il répondre h cela? Faut-il vous faîro
remarquer qu'on dégrade la notion de la
parole pour (a refuser à Dieu? Quoi ! vous
Ggureriez-vous que de l'air agité, en quel-
que manière que ce fût, eût la puissance
d'obtenir les effets prodigieux que jo vous
ai décrits? Sans doute h cause de notre état
présent où TAine est unie h un corps, la pa-
role aussi a un corps; elle entraine une
action extérieure qui met de l'air en mou-
vement. Mais ce n'est là que le fantôme de
la parole. Fermez vos lèvres, recueillez-
vous, renfermez votre Ame en elle-même ^
n'entendez- vous pas qu'elle vous parle?
N'entendez-vous pas que sans l'ébranlé-^
ment d'aucun organe physique, elle arti-
cule intérieurement des mots , prononce
des phrases, enchaîne un discours? M'cii-
tende/-vons pas qu'elle s'anime, s'échauffe,
qu'elle devient éloquente , qu'elle vous
persuade , et que cependant tout est
immobile au centre et aux extrémités de
votre corps ? La parole extérieure n'est
que Iq pAlc et mourante es pression de la
'^) Muiih. V, 3 wq.
faf
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE..
PRO
7CÎ
parole intérieure, et la parole intérieure,
c'est la pensée elle-même sVn^endrant au
fond de Pâme par une immatérielle fécon-
dité. S'il en était autrement, si parler n'é-
tait flue remuer de l'air, concevriez- vous
que Pair fût le véhicule des idées et des
sentiments, qu'il allât saisir votre intelli-
gence dans ses impénétrables réduits et
renlever h ses propres conceptions ? La pa-
role est une puissance spirituelle, unie dans
riîomme à un organe sensible et lui don-
nnnt Timpulsion, comme Tftme, dans la to-
talité de ses forces, donne l'impulsion à
tout le corps. Dieu, qui est esprit, peut donc
^Ire parole; il peut nous parier intérieure-
ment sans rémission d'aucune voix enten-
due des sens, et nous parler extérieurement,
s'il lui platt de donner à ses communica-
tions un caractère de publicité et d'authen-
ticité. Il est vrai qu'en soi-même Dieu n'est
pas uni à un corps, et qu'ainsi sa parole
n'a pas un organe qui lui soit naturellement
ri personnellement soumis; mais ta nature
tout entière est à son é^ard plus obéissante
que notre corps à nous-mêmes; il a sur
elle le droit de toute la puissance créatrice,
et il lui est aussi simple d'en user, qu'à nous
d'user de la portion de matière organisée
qui nous est assujettie.
En tant que puissance spirituelle, la pa-
role appartient donc h Dieu, mais elle lui
appartient plus notoirement encore sous un
autre point de vue. En effet, si, considérée
dans sa racine première, la parole n'est au-
tre chose que la pensée faisantson apparition
au dedans et en face de l'âme; si elle est
l'entretien de Tâme avec elle-même, elle
est aussi la faculté de l'âme d'entrer en
rapport avec une autre âme, de l'initier à
ses vues, à ses t^oûts, à ses volontés, de se
verser en elle, s'il est permis de parler ainsi,
et de recevoir h son tour, par un échange
sympathique, la plénitude de l'âme étran-
l^ère. La parole est le lien des es[)rits, non
pas seulement des esprits associés à un
corps, mais des esprits purs, et qui se sont
récinroquemont visibles dans la splendeur
(le leur essence ; car, cette clarté ou ils sont
ne les livre pas à la merci les uns des autres.
Ils ont leur sanctuaire fermé, le lieu libre
oà ils pensent en face d'eux-mêmes, et
c'est par une parole volontaire, parole
abstraite et sublime, qu'ils s'épanchent
cœur à cœur pour se donner dans une
plus grande et plus parf;fite effusion. La
parole est h la fois l'entretien des esprits
avec eux-mêmes et avec les autres esprits;
elle est une faculté du dehors ainsi qu'une
faculté du dedans : elle est le moyen d'ini-
liation et de communion par excellence.
Or, dites-moi, refuserons-nous à Dieu la
puissance d'initier et de communier? Refu-
serons-nous à celui qui a établi tous les
rapportsdes êtres entre eux, depuis le grain
de sable jusqu'au séraphin, lui refuserons-
nous le pouvoir d'entretenir des rapports
(770) I Cor., XIV, li).
(771) Sap. 1, 7.
avec les intelligences, de leurcommuniquer
ses pensées et ses volontés , de leur par-
1er enfin ? Rien n'e$t sam voix dm k
monde (TiO), dit l'apôtre saint Paul; rien
n'est jsans voix, parce que rien n'est san)<
communication, et Dieu seul serait è la foii
le silence et l'isolement 1 Dieu seul se lair«i|||i
et se tiendrait h part dans un eiil mmmi
comme sa nature I Non, ma raison ne le com
çoit pas plus que mon cœar,etc'e$UYecM
transportde revidence que je réjièteces mi
du livre de la Sagesse : L'esprit duSti^ni^
a rempli toute la terre^ et celui qui renftn
toutes choses a la science de la toix (771
Vous entendez : Celui qui renferme to
choses. En effet, Dieu étant Te type prioi
dial des êtres, ils ne possèdent rieu q
Dieu ne le possède plus parfaitemenu
puisque la parole est en nous, il est née
saire Qu'elle soit en Dieu dune manii
ineffable et infinie. C'est aussi ce qa'i
scigne la doctrine catholique, et ee
Tapôtre saint Jean nous dit avec une si
fonde élévation h l'entrée de sonETtoj
Au commencement était Dieu, et leftfii
en Dieu, et le Verbe était Dieu (77i).hBi«-
que votre parole est le fruit de lott^tflli'
1 expression et répanchementdeT(Anta^
il y â aussi en Dieu quelque chose qoieAk
fruit, l'expression et l'épauchemcnt de
flmo, qui est Dieu de Dieu, lumière de Im
Sour me servir des termes do cooci
icée. Et de même que toute la fon
votre parole est dans votre âme, loa
force ae la parole divine est aussi dai
source d*où elle iaillit. L'avez-vous w
que, qu'il y a des paroles mortes ei
paroles vivantes, des paroles qui tomH
terre comme une fï^clie sans viçur
d'autres qui tombent dans l'esprit
une flamme qui dévore? Et certes
n'avez pas cru que leur différence ven
l'air plus ou moins ébranlé par la fore
canique dos poumons. Leur différcuce
de Tâme, qui est le principe de la [iai
Une parole morte est celle qui sort i
âme morte; une parole vivante estcell
sort d'une âme vivante. Lorsqu'un oral
dans une matière capable d'éloquenc<*i
prie sans vous émouvoir; lorsqu'il
laisse maîtres de vos résolutions, rt
blés à l'erreur ou à la vérité, croyez-k
c'est qu'une Ame ne vous a point pan
il est impossible, si une âme vous eût
que la vôtre lui fût demeurée étrangei
est impossible à une âme de suinr
tressaillement le souffle d'une autre dn
Et vous voudriez ôter à Dieu ce soûl
l'âme 1 Lui qui est l'âm« éternelleniei
infiniment vivante; lui qui est loole
tout épancheraent, toute effusion, vou;^
driez lui ôter ce qui nous reste à nous
les murailles glacées de la chair ipy.;
Dieu a horreur de celte prison où 1"
cherche à l'enfermer, et qu'il nops dit
quemment dans son Evar^jçile : TAow"
(77ij Joan. i, t.
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PUO
7:a
pù$ seutemeni de pmn^ mais de toute pa^
t fMi procède de la bouche de Dieu (T73] 1
CueiTet, tandis ^\xe la parole de l'hoimne,
me la pJus éclairée et la pins éloquente,
coatient par elle-même .que des vérités
uffisantes à la vie du genre humain, la
Tile de Dieu nous rerse en abondance les
sors d*Qne sagesse à laquelle la nôtre ne
.1 atteindre qu'en Tacccptant. Elle est la
aiére médiatrice par où Vintelligence in-
[0 élève yers soi les intelligences créées,
lear cooiDQunique des notions qui, tout
surclassant leur nature, les approche
irLmt de leur 8n. Cette oi)ération n a rien
» de très-concevable et do très-siraplo.
iW parole est nécessairement en équation
!c la pensée dont elle est le jet et Tex-
«Moo; autant vaut la pensée d'un être,
^l vaat sa pétrole. Or, la pensée de Dieu
aussi grande que lui-même, c'est-à-dire
^ mesure; et par conséquent sa parole,
i qu'il la garde au dedans, soit qu'il la
Aiixse au dehors, contient nécessairement
f mérités inaccessibles à notre esprit par
je d'évidence et de démonstration. Mais
ji%Uent et l'indémontrable ne sont pas
ittdlijibles; et énoncés par Dieu, afiir-
ÉÊ |ir lui, ils deviennent pour l'intelli-*
MDi(|ûles reçoit un incomparable foyer
#ttrlU]de et de lumière. L*inlclligcnce ne
?}fÊsrin&nu mais elle le sait,
p/iifténomène, toute proportion gardée ,
ofitre à nous dans l'ordre purement
m. Quelle est, en effet, I action de là
De bumaine sur l'homme à Tétat d'en-
bnt croit à son père, qui lui communi-
ëans un langage simple, mais aflirmatif,
lérités que cette frêle intelligence n'est
falpable encore de se démontrer, et qui
Bdaot tirent peu h peu Thomme de
Oraoce native où il est enseveli, for-
t sa pensée, élèvent son cœur, et font
tre mû par la connaissance et l'amour.
rai plus loin : je dirai que dans toute
' qui enseîene il y a un mystère d'au-
et d^initiation. Je dirai que vous, mes
porains, è quelque degré de l'âge
ae vous soyez parvenus, vous n'êtes
Ire chose que les initiés de la parole
-neuvième siècle. Vous croyez peut-
vous vous êtes faits vous-mêmes;
tous trompez, c'est le dix-neuvième
qui vous a faits. Et qu'csl-ce tjue le
avième siècle? Une &me qui s'exprime
e (larole, laquelle parole s'est irans-
en opinion publique, vit dans l'air
vous habitez, s'insinue jusqu'à vos os, et
I gouverne à votre insu, à moins qu'une
Me plus puissante ne vous ait alfrancliis
II1J6-I& en vous faisant respirer une autre
•dJIeurc vérité. Telle force d'esjjrit que
% roos croyiez, telle grandeur de earac-
^ ou de génie dont la nature vous ait
%c» au fond, nul de vous n'est par lui-
même indépendant de son siècle; nul de
vous, par son propre timbre, ne rend une
parole plus élevée que la parole de son
temps. Même quand vous le devancez, vous
n'en êtes que les échos et les serviteurs.
Tant l'homme a besoin d'être instruit par
une pensée supérieure h la sienne! tant il
est dans sa destinée d'écouter, de recevoir
et d'obéir! Or, à qui doit-il plus qu'à Dieu
cette obéissance? La parole d*un siècle est
sans doute une autorité digne de respect :
elle est le résultat d'un grand mouvement
de l'esprit humain, cause par une lonçuo
suite d'événements qui ont fait pencner
d'un côté la balance des choses et des idées;
mais ce n'est là qu'une station dans la vicis*
situde. Le vent de l'avenir portera bientôt
sur d'autres ancres la mobilité du monde;
et, bien qu'une certaine logique subsiste
dans cette inconsistance, il n'y a rien, même
dans tous les siècles pris ensemble, qui ait .
un caractère à mériter notre foi. Nous la
leur donnons pourtant, parce que" l'ordre
naturel lui-même, guoioue nous pressant
de toutes parts, est si proiondément compli-*
3ué, qu'il nous faut un maître pour nous
ire le secret d'un seul jour.
Et nous ne voulons pas que Dieu nous
dise le secret de l'éternité! Mais c'est en
vain que nous nous y opposons : il y a
dans le monde un autre enseignement que
celui des siècles, une autre parole que la
Kirole de l'homme. Celle-ci change et passe,
algré tant de lèvres ingénieuses qui en
ont été l'organe éloquent; malgré IVcriture,
qui a prête son airain à l'immortalité des
choses bien dites, la langue humaine n'a pu
fonder le temple de la vérité. Les colonnes
en sont par terre, remuées d*Age en Age par
des constructions où l'on grave la prophétie
de leur durée, et oui tournent en ruines
sous la main des édiûcateurs qui viennent
après. L'homme détruit l'homme, et le temps
moissonne le temps. Un seul édifice est
debout entre les décombres où gisent pêle-
mêle les œuvres contradictoires de la parole
humaine. Celui-là porte pour inscription :
La parole de Dieu. C'est cette parole qui,
après avoir créé le monde et l^omme, no
ne les a pas abandonnés à la merci de leurs
propres pensées, trop faibles devant un tel
ouvrage, mais les a initiés au mystère do
leur principe et do leur fin. C'est cette parole
qui, ayant une fois dit son secret. Qu'elle
seule connaissait, n'a plus cessé de le re-
dire au ciel et à la terre, appelant par leurs
noms les âges et les races, suscitant des .
prophètes contre tous les oublis, des apôlroa
contre tous les mensonges, circulant dans
l'esprit du genre humain comme son sang,
souvent altérée, jamais éteinte, tirant des
éclairs de l'erreur et la vie de la mort. C'est
celte parole qui est le christ-ianisme, qui est
l'Eglise, qui est l'unité et la stabilité, qui
est tout ce qui demeure au milieu de tout
ce qui s'en va. Otez-la du monde, si vous
pouvez, au'y restera -t -il? Le temps Qt
TZ) Maith\ IV, 4.
m
mo
DtCTIONNAlUf:
Vhomme : lo temps, qui passif cirhommn»
*()iii (loijtc« iVcst trop peu pour une âme.
J'ai analysé' la prophétie en tant que la
parole est son premier élément. Mon inten-
tion est ite rechercher si eWe n'ai contient
pas U4I aiiH*e, et quel semftt ce second éit'***
mont. Afin d'y parvenir, j'étudiefiai imnié-
dîntement avec vous le mécanisme de la
parole, comme étant la racine |>rophé(i(]ue
<iii nous pourrons découvrit ce que nous ne
connaissons pas encore.
L*otret de la parole est TiHumination de
IVntendcment et la drrection de la volonté
Comment se produit ce miraculeux phéno-
mène? Par quel proct^é la parole illumine-
t-«dle l'esprit et meut-elle le vouloir? II faut
d'abord supposer qu'elle s'adresse à une iu-»
telligence, c'est-à-dire à une (acuité capable
de connaître; car si elle s'adressait h mi
*ô(re,quel qu'il f^t, incapable de connais-
sance, elle n'y déternÛRerait tout au plus
qu'une sensation. A vnsi l'animal -entend ma^
«tériellement la parole, quelgues-uiis même
la reproduisent avec fidélité; mais elle ne
rause en eux due des mouvements instinc-
tifs liés à l'ordre sensible dont ils font par-
tic. Cette première condition iiécessairc h
4'eflicacité de la iiarole étant \Hisé(S que se
.passc-t-il entre l'intelligonce qui perle et
rinlelligencc qui écoute? Evidemment la
))remiëre présente à la seconde un objet in-
4olligibte, c'est-à-dhre une vérité. Car toute
▼érité, si profonde qu'elle soit, est intellii^i-
♦>le et peut s'énoncer au moyen dç la parole,
qui est le moule et la re|>résentatioh du
vrai. Je suppose, par exemple, que vous
ignoriez les matliématiques , et que j'aie
mission de Vous les apprendre, voici une
vérité de cet ordre que je devrais quelque
jour vous présenter. Si l'on construit un
rarré sur I hypothénuse d'un triangle rec-
tangle, la surface de ce carré sera égale à la
surface des carrés que l'on construir-ait sur
ies deux autres côtes du niAme triangle.
€*«est là une proposition de géométrie élé-
«acntarre qui estîncontestable et démontrée.
Cependant ceux d'entre vous qui n'ont pas
étudié ks éléments de cette science œ
m'ont pas m6iiie entendu; ils ont eu la sen-
sation des -mots que j'ai prononcés, et pas
rtovanta^e. Pourquoi cela? EsIkîc aue cet'3
|>roposition ne serait pas une vérité? Eilo
•est une vérité. Est-ce que celle vérilé ne
«erait pas à la portée de Vintelligcnce
fiumaine? Elle est à la portée de rintelli-
4;ence iHinuiiiie, et n>éme h la portée d'un
«impie écolier de mathémaUques. Pourquoi
•donc ne {'entende z*- vous |>asî Manilestc-
*nent parce qu'il ne suffit pas, pour que la
fiarole ait son effet c'illuminalion, qu'elle
jirésente à l'esprit un objet intelligible. Il
ifâut, de plus, que les termes dont l'enchaf-
nement logique constitue la parole aient
leur évidence individuelle, afin que l'esprit
en saisisse le sens, c'est-à-dire découvre
sous clwque mot l'idée qui s*y trouve, et
par suite lidée générale que renferme le
discours. C'est ce qui a lieu par la défini-
tion. Au moyen do U définition, la parole
en
ArOLOGËTlQUE;. PAO -)
illumine la parole en la décomposam ilan^
des éléments si simples, que ihaque mui
devient un éclair, ou, si vous rainiez mieux
un rayon de la lumière totale qui fera réri-
dence de l'esçrit.
Laissez moi vous en donner la preuve
définissant lÀ propositiofi ()ue jal chu
pour exemple.
Un triangle est une figure (lêterrainée par
trois lignes qui se renconlrent cîe niaoièit
h produire trois angles. iLorsqu'un des angles
est droit, c'est-à-dire formé par deux ligne?
qui tombent perpendicafeinemcni Tune sur
I autre, le triangle s'appelle reclangle , daw
ce cas-là, le côte du triangle opposé à l'angle
droit est le plus g1*and des trois, étant niaW
feste qu'à mesure que les angles sékp^^
sent> le côté qui leur correspond s'agranM
en proportion. Ce grand côté du triangh
rectangle est l'hypothénuse. Si on lepreil
|»our base d*un carré, et que l'on en con*
stfuise deux autres sur les petits côiés dx
môme triangle, te carré de rhy^tothénu»
aura une surlace égale à Iti surface desiim
autres carrés.
Vous entendez maintenait la propi*
lion. Elle li'est plus pour vous une suxe
de mots, mais une suite d'idées qui fonirtit
par leur liaison une idée nouTelle. U
parole s'est éclairée elle-nrètne 3.\ se
définissant.
Mms est-ce là tout ? Le mysière rfe H/h-
tialioti est-il accou^pli, la lunaièrt î'w^-p^'*
faite dans votre entendemeuff lfoo,»o5
doute; vous voyez clairetne* « <!«« ^*
parole veut vous dire , mais vooswwi
tias encore si ce qu'elle vousditesimu
tien ne vous assure qu'en eflel \e «ni
de l'hypothénuse soit égal en surface m
deux autres carrés du triangle recUnglt»
vous n'en avez ni l'évidence, ni lacerliloA
C'est à la parole à vous les donner, eldi
le fera parla démonstration, c'esl4-*ljjl
et! vous montrant que celte idée houw
pour vous est cependant cotileouo (Wl
d^'aulres idées, qui forment par leur iiinjjj
cible et primordiale clarté îe fends «w
de votre raison. La parole prendra t^
déc obscure, la conduira pas à («s j#
qu^au foyer intelligible qui est le rttttt
e^ le flambeau de votre -ânae , I* W
senlera là au principe d'où elle i^sm
et vous donnera dans le sentiment de W
unité ce trait de lumière qui est révideofll
ce repos de l'esprit qui est la cerlilude; *
bien, si la démonstration n'est pas po5>îW|
soit parce que la vérilé proposée esld*
ordre qui n'a pas son principe itan* '*
tendement humain, soit parce quelle
partientaux profondeurs, d'une science
vous n'avez pas le temps ou la volofllé d
quérir, alors la. parole}, vous iniwnl
une voie plus courte, vous |irésentera
caractères d^anlorité qui revèlenl ii
d'une suffisante et légitime sanction.
Telle est la stratégie naturelle de la[«f«
El cependant malgré cette triple pui$«tt=
do la proposition , de la définilioneti^r)
démonstratioui la parole n'est pas as^^^^
iiJ
PRO
DICTIONNAIIIK APOLOGETIQUE.
pno
774
,|usu<vèSt?ou$ pouvez lui résister; vous
iinuvez lui refuser votre assenttuient, braver
S.1 lumière, et* retranchés dans le fort de
ros convictions prf3|)reSt ne pas même sen»
iir, au remords lointain de votre cons-
nencet que la vérité vous a parlé. Vous
Hes faibles et libres; Ja faiblesse el la li-
«f(é vous protègent toutes deux contre
ascendant de la parole. I^ faiblesse vous
fr^lie Téclat du vrai qu elle contient, la
inerte vous permet de n*cn {KIS subir le
m^. Il faut donc plus que vous proposer
lirai, plus que vous le définir» plus que
ms le démontrer : il faut vous le per-
iiilor. Persuader, voilà Téternel honneur
lia parole humaine et divine, voilà la
boire dont Montaigne devait dire, et non
{lie Marathon ou de Platée, quelle est la plus
]tque le soleil ait rue de ses yeux , puis-
Mie est la victoire de la pensée sur
}ileus plus grandes puissances du monde,
:bililesse et la libcrié.
inxs comment et par quoi persuader 7
ftutcz-cn rexemplç.
lo 17.38, TAngleterre était gouvernée
Vun ministre qui voulait la paix, et qui
cvoulaità tout prix. Or, en ce temps là
un matelot anglais fut pris sur mer,
et mutilé par des Espagnols, événe-
<{iii produisit dans toute TAngleterre
çniiJ mouvement d*indignation publi-
' «V$iinmoins le ministère entendait
er la paix et le parlement britan-
V était décidé comme lui. Le matelot
idans les rues de Londres, y montra
races sanglantes des injures qu'il avait
5, et remua si bien par ce spectacle
kueil populaire, que le parlement ne
révilcf de le voir et d'écouter sa plainlc.
utta donc à la chambre des communes i
|irès avoir raconté avec une brièveté
oa et simple TaUentat dont il avait été
kiiitie, il termina par ces mots : « Quand
£>{kagnols m*eurcnt ainsi mutilé, ils
lurent me faire peur de la mort, mais
replat la mort comme j'avais accepté
Ira^e, en recommandant mon âme à
i> et ma vengeance à ma patrie. » La
rre fut déclarée. Cet homme sans lettres
•)t eu besoin que d*un auart d'heure
r changer les conseils de son pays,
' ' le ministère à tirer Tépée, le parle-
à roter les subsides, la nation à applau-
el le sang humain à ^tasaev par-dessus
rt^e. Il avait persuade. |
i>U5 les jours vous assistez àcestriom-^
,de îa parole ; ou du moins , s'ils sont
rares que je^ ne dis, tous y assistez
luefuis^ ne fût-ce qu'en souvenir, eii
t re|iortant aux scènes fameuses de Vé-
Èetuc. Vous entendez Démosthènesobte-
t la condamnation d'£schine, Cicéron
int tomber des mains de César Tarrèt
Li|çarius, et vous vous demandez en
i coni^tsie cet art souverain sans lequel
tivun ei la justice ne sont pas sûres de
f m, par qui Terreur et la passion l'em-
•. f t iropsouvcnLOui, la parole éloquente
.MIC dominatrice qui se fait obéir ; mais
qu*est-ce que Téloquenco? que peut-elle
mettre dans la parole déplus que la lumière
et la vérité? y a-t-il quelquechose an mondo
déplus persuasif que la lumière, de plus
fort que la vérité? Oui, ce qui est plus fort
que la vérité est le principe d'où elle émane;
ce qui est plus persuasif que la lumière^
c'est le foyer d*où elle jaillit; ce qui est
plus grand que la parole^ c'est l'âme où elle
vit et d'où elle sort, L'éloquence est l'âme
même; l'éloquence est l'âme rompant toutes
les digues de la chair, quittant le sein qui la
porte et sejettant à corps perdu dans l'âme
d'autrui, Après cela , étonnez vous qu'elle
commande» qu'elle règne ; je le crois bien>
c'est une âme mise à la {.lace de la vôtre*
.N'est-il pas simple que cette âme qui est
cliez vous, en vousi qui est vous-même plu»
que vous-mèmo) vous dise: val et vous allez;
viens! et vous venez; ploie le genou! et
vous ployez le genou.
Bref, le mystère de la parole à l'état d'é-
loquence, c'est la substitution de l'âme qui
parle à l'âme qui écoule; ou, pour parler
avec une justesse qui ne laisse rien à re»
prendre : c'est la fusion dé fâme qui parle
avec l'âme qui écoute. L'éloquence n'a qu'un
rival, et encore ce rival ne 1 est -il que parce
qu'il est éloquent : c'est l'amour. L'amoufi
comme l'éloquence, fond les cœurs, et leur
pouvoT, si dissemblable en apparence, a la
même cause et le même eiïet.
Or, pas plus à Dieu qu'à l'homme, il ne
suflit de proposer, de définir et de démon"*
trer le vrai. Car Dieu rencontre à sa parole
les mêmes obstacles que . l'homme à la
sienne, et de plus grands encore. Au lieu
que la parole humaine n'est que Torganc
de pensées accessibles aux intelligences fi«
nies et qui ont leur racine avec leur preuve
dans rorbi(«» naturel de la raison, la parole
divine, essentiellement révélatrice, apporte
avec elle des vérités* dont l'univers est à
peine rombre« dont la raison n'est qu*uu
reflet, et auxquelles nulle mesure n'est ap-
plirable que l'infini. Si donc l'homme est
faible devant les choses qu'il voit et qu'il
louche, si sa propre histoire lui est un la*
byiinthe et son propre esprit un abîme, que
sera-t-il devant I infini dévoilé par une
simple aflirmation? S'il est libre contre
l'homme; combien le sera-l-il plus contre
Dieu, être pla* é si loin de lui, et d'autant
moins violent dans ses opérations qu'il est
le maître absolu de tout? Sans ]doute, pour
donner créance à sa parole^ Dieu l'appuiera
de signes éclatants; mais ces signes eux*
mêmes seront sujets à discussion, et encore
que l'esprit, Jmuet en leur présence, ne srtt
qu'opposer à la splendeur de leur témoin
Kiage, il trouvera toujours au dedans de
i-même, soit par l'obscurité de la chose
révélée, soit par le seul effort de la liberté,
un principe de résistance et d'illusion. Les
Juifs ont vu trois ans Jésus-Christ agir au
milieu d'eux en souverain arbitre de la
nature ; ils lui ont amené trois ans toutes
les infirmités du ûorps pour qu'elles fus*
sent guério« r,nr un siouiue de sa bouche ou
77»:
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE
PRO
nô
par le conloct de ses vêtements; ils ont as-
sisté aux miracles de sa mort après avoir
été spectateurs des miracles de sa vie : et
:Copendant, malgré tant de signes dont ils
'étaient les témoins, malgré les prophéties
antérieures dont ils étaient dépositaires et
dont ils attendaient raccompiissementt un
voile est demeuré sur leurs yeux. Ils n'ont
pu croire à Thumilité de Dieu ; la foudre
les eût convertis peut-être, la bonté en a
fait des aveugles et des ingrats. Dieu s*est
trouvé trop petit pour eux, et les majestés
terribles du Sinaï leur ont caché la miséri-
corde qui les visitait. Il en est ainsi de cette
foule a âmes (\\n languissent ou s'irritent
dans l'incrédulité. Les miracles de soixante
siècles passent devant eux comme un ha-
sard sans cause, ils confessent que cela est
grand et étonnant, mais sans abaisser leur
cœur au pied du mystère que couvrent ces
magnilicences perdues pour eux. Selon
l'expression de lEjriture, ils voient et ne
voient pas , ils entendent et n'entendent
pas (774j. Le Livre de vie est sous leurs
mains, avec Tinimitable sceau de la toute-
puissance divine; ils le regardent, le tou-
chent, y pensent un instant, et passent
outre.
Il ne suffit donc pas h la parole de Dieu,
pour s'établir dans les âmes, de s'autoriser
de miracles certains,. il lui faut vaincre en-
core la résistance de l'homme à la vérité
divine; il lui faut ébranler, toucher, per-
suader enfin. Il faut q^ie l'esprit de Dieu,
seul capable de contenir l'intini, descende
l^ar une influence immédiate dans le vase
étroit de notre cœur, réchauffe, l'inspire, le
transtigure, y produise, mieux que J*éIo-
(juence humaine, l'assimilation de Tâme
inférieure h l'âme supérieure. C'est Ih que
gît tout entier le commerce de Dieu avec
l'homme et de l'homme avec Dieu. Si l'âme
éternelle ne s'anproche point réellement de
l'âme créée, même ici-bas, la religion n'est
qu*ua rêve sur leauel nous devons pleurer.
11 faut écrire à la porte de ses temples,
comme à la porte de l'enfer : Voias^ qui en-
treXf laissez respérance. C'est ros[irit de Dieu
qui donne la vie à la parole divine, comme
c'est Tesprit de l'homme qui donne la vie à
la parole humaine. La parole séparée de son
esprit n'est plus qu'un mort dans un tonj-
beau. Or, Dieu étant toujours vivant, sa
parole aussi l'est toujours. Une fois envoyée
ii^ i>oxi sein, quelque part qu'elle aille, et
en quelqae forme qu'elle subsiste, elle est
jQSsistée de son père qui vit en elle et elle
par lui. Tandis que la parole humaine s'en
va giourir au premier sillon que creuse le
lemps, et ne rend plus à l'oreille des géné-
i^dtions qu*un écho dédaigné de ceux gui
croient lentendre encore, la parole divine*
sème son immortalité dans les racines du
monde. Elle est féconde après mille ans
comme au jour où elle fut dite ; elle inspire
(774) Luc. \ui, 10.
(775) P«.L, 45.
(770) Sap. IX, 17.
t77Jj IsQ. il, 2.
:^
la même foi, suscite les mêmes œuvres, se
reconnaît aux mêmes signes cl les ctbie
tous par celui de sa vie.
^ Cette vie a un nom célèbre dansThisloiN
des rapports de l'homme avec Dieu; die
s'a|)pelle la grâce, c'est-à-dire ledoniraoït.
rite, le don par excellence. Etquel iloD,efi
effet, plus grand que l'esprit de Dieu lui*'
môme mis en contact intime avec lesprit'
de l'homme I Voilà la merveille comroeQcét;
avec le monde, et dont les prophètes auooo-
çaient d'heure en heure la consointualioi^
par le Christ. David disait : Seigneur^nt
rejetez pas de votre face, et nenUvtz pas
moi votre Esprit-Saint (775). Salomon
sait : Seigneur, qui saura votre pensét
vous ne donnez la sagesse, etsivoutntnw
du ciel votre Esprit-Saint (llH), isaîedis
V Esprit du Seigneur se reposera tur
l'Esprit de sagesse et d'intelligeiuf^ l'Eti
de conseil et de force, VEsprit de scimt
de piété (111). Joël disait au nom de Di
Je répandrai mon Esprit sur toute ckair;
fils et vos filles prophétiseront ; voi m
songeront des songes^ et vos adolesctUi
ront des visions (778). Le précunwf
Je vous baptise dans Veau, mais iù
un plus fort que moi. dont je ne smftÊf
gne de délier la chausswe; cf/ui-làir*
baptisera dans C Esprit -.Saint et éuà
feu (779), Et Jésus-Christ disait: Qmi
serez livrés pour moi, ne pensez pas i
au langage que vous tiendrez, cjr la
vous sera donnée en cette heure-ià; tt
pas vous qui parlerez, mais V Esprit it
Père qui 2)artera en vous (1^), Il disait
core : Je prierai mon Pire, et il toui
nera, pour demeurer étemellemeni arec
un autre Paraclet, VEsprit dt véritéy
monde ne peut pas recevoir ^ parce qui
voit pas et ne le sait pas; mais, tou^^toi
connaîtrez f parce qu'il demeurera en n
vous en lui (781). Non pas que Jésus-C
Fils de Dieu et vrai Dieu, n'eût cooiiu
que à ses disciples la grftce et h vérité
il était rempli, mais parce qu'étant leV
éternel, il avait été chargé plus pariici
rement de semer la parole, qui esl ie
mier élément prophétique, tandis q"0
fusion de la prâce, sOi^ond élémeul
prophétie» avait été réservée dans toi
plénitude à la troisième personne
Sainte-Trinité , coéternellement iss
Père et du Fils, fruit et lien de leur ai
terme dernier de liiur fé<^ondité divine,
cause de cela,, devant mettre le sceaa
de la vie à l'œuvre do Dieu dans le t
Il convenait aussi que les deuxélé
prophétiques, la parole et la grâce,
qu'inséparables l'un de l'autre, eusse
pendant une émission distincte, aûn
l'humanité, avertie par la grandeur
double avènement, ne se crût pas cai
de communiquer avec Dieu, même au m<
de sa parole, sans Tassistauee perpéiucl
(778) JoeL u, 28.
(779) Luc. m, i6.
(780) Jdatt. X, 49, âO
(78lj Joan. Xiv, 17.
n
PRO
778
inlime de I*Esprit divin. Tel fui le but et
iel csi Je sens de cette fameuse journée où
e Paraclet annoncé par Jésus-Christ des-
mdxi Tîsfblement sur les apôtres, et, leur
miHjanI les restes de fiiiblesse et d'obscu-
i\é qu'ils ctonservaient encore, en fil ces
nninies dont le sang, après celui de iésus-
lirist, h fondé sur Ta lerre le rèirne de la
îrit^.
Oui de nous n'a connu par une expé-
rnre personnelle la réalité du niyslère
opliélique? Tous, nous avons reçu la se-
riice de celte parole qui ne ressemble à
vtone autre; tous, un jour ou laulre, en-
[\$ ou jeunes hommes, nous avons senti
notre Ame une onction qui la rem-
it de lumière et nous apportait dans de
s larmes le goût du bien, Toubli des
la paix et la présence de Dieu. Ce
vfd, tout nous fut dit. Aucun homme ne
en rendra la ioie; aucun amour ne
en ramènera le uarfum, si ce n*est
r qui nous fut donné clors^ et quii
la bouté divine elle-même, n*attendi
nous aimer de nouveau, qu'un regret
^n désir de nous. Puissions-nous tirer
cœur ce désir et ce regret, et, par
IKMde expérience de la grâce, rede-
m touîours les enfants et les ap6-
Il seule parole aui ne trompe ja^
^HÉTIE, essence durulte. Voy. Slr-
I.BXB, I I. -- Son unité, Ibid.j § III.
\ieeiion du rationalisme réfutée. i6td..
Est le complément de notre lumière
Ile. Jbid.
PHÊTIES ( Prédiction D*ÊvéNBUENT8
sous l'inspiration divine). — Dans
^hole du mauvaiê riche {Luc. xvi) ,
I lisons que, ce réprouvé demandant
IdBzare resauscitflt pour aller attester aux
[frères qu'il avait laissés sur la terre la
If de Taatre vie et leur en faire éviter
IDumaenU, il lui fut répondu : Ils ont
et les prophètes ; qu'ils les écoutent...
Ut n'écoutent Moïse ni les prophètes,
croiront pas non plus^ ^[uand même
*un des morts ressusciterait.
e est, en effet, la force des pro()bé-
ur celui qui en examine attentive-
'antiquité, le nombre, la répétition,
on, l'antériorité certaine et radmira-
rd avec l'accomplissement, qu'on
que le miracle qu'elles étalent est
nd que la résurrection d'un mort.
, la vie à ce qui n'est pas, ne suppose
us de puissance que fa prédire en ce
«t pas, lorsque* la prédiction est tel-
éloignée, tellement circonstanciée
ctaclTe, (pi'il n'y a que l'auteur de
qui peut avoir confié le secret de son
Inienl. La puissance de prédire se con*
alors avec celte de produire^ et n'en
o*nne dérivation. Le temps n'oppose
n voile moins épais, un silence moins
que la mort aux investigations de
me ; ce sont deux abîmes également
blCtlON^AlRE APOLOGETIQUE. PRO
fermés ; ce sont comme les deux mains de
Dieu, par lesquelles il donne l'être ou le
relire : lui seul peut les ouvriv et faire voir
ce que lui seul peut faire.
§1.
Caractères el défini lion de la propliélie. — Elle est po»-
sîble. —Elle est suriialureile. — Conséquences.-^
Vraies et fausses j»ronhéties, leurs caractères dislinc-
lifs. — Diflicull*'f et objeclion'i résolues.
Toute prophétie est une prédiction, mais
toute predfction n'est pas une prophétie.
D'abord, nous disons que la prophétie
est une prédicliun : elle a pour objet Tan-
nonce des choses futures. La déclaration
faite au nom de Dieu des choses passées
ou présentes qui sont secrètes s'appelle ré-
vélation, mais ce n'est pas une vraie prophé-
tie, et ce n'est qu'improprement que plu-
sieurs saints Pères lui ont donné ce nom.
Nous disons ensuite que toute prédiction
n'est pas une prophétie, ce qui exclut deux
sortes de prédictions.
En premier lieu, on ne peut pas mettre
au rang des prophéties les prédictions qii
se font d'après la connaissance que Ton a
des causes naturelles. L'astronomie prédit
des éclipses; le médecin, les crises des ma-
ladies; le physicien, les phénomènes de la
nature ; toutes ces conjectures , plus ou
moins vraisemblables, quelquefois même
certaines, ne placent pas celui qui les pro
duit parmi les prophètes t les païens eux-
mêmes ne les regardaient pas comme ap-
partenant à leur divination.
En second lieu, elles ne sont pas non
plus des prophéties, les prédictions faites
en l'air et au hasard, qui cependant se réa-
lisent quelquefois, parce que les événe*-
ments qu'elles annoncent étaient dans l'or-
dre de la possibilité, peut-être même de la
probabilité. Il faut de plus, pour constituer
une vraie prophétie, que la chose prédite
ait été prévue avec certitude.
D'après ces observations, nous déGnis*
sons la prophétie, la prévision cerUiine et
la prédiction des choses futures dont la con-
naissance ne peut pas être acquise par les
causes naturelles.
La première question qui se présente est
de savoir si la prophétie, telle que nous ve-
nons de la définir, est possible. Nous répon-
dons deux choses : la première, gu elle est
possible à Dieu ; la seconde , qu elle n'est
possible qu'à Dieu.
1* Comme nous avons démontré la possi-
bilité du miracle par la toute -puissance de
Dieu, de même par sa presc ience noui( prou-
vons la possibilité de la prophétie. Pour
contester cette vérité, il faudrait soutenir
que Dieu, ou ne prévoit pas tous les événe-
ments, ou ne peut pas en donner & Thom-
me la connaissance, deux absurdités ; car^
d'une part, comment imaginer que celui
oui, de toute éternité, a ordonne tous les
évém^enls futurs , les ignore? De l'autre,
(pnçlm iiÉ<«»tBFnance peut-on apercevoir à ce
Cf. Sf . LACimpàiBE, Conférence 56*
DltTIO!f!«AlRE APOLOGÉTIQU
25
PRO
DICTIONNAIRE ArOLOCETIQUE.
PRO
'n
«que Dieu communique h Thorame cotte con-
naissance? Est-ce la révélation en elle mô-
me qui répugnerait? nousavons prouvé le
contraire ; est-ce la révélation seulement
des choses futures? qu*y a-t-il là qui im-
{clique contradiction? Dieu a pu rendre
'homme capable de prévoir certaines cho-
-ses pftr la lumière naturelle; qu'y a-t-il donc
de répugnant à ce qu'il lui découvre dans
Tavenirdes événements que la seule lumière
naturelle ne peut faire apercevoir? la pro-
i)hétie n'implique contradiction ni du coté de
)ieu9 ni du c6(é de Thomme; elle est donc
évidemment possible.
On comprend difficilement qu'un écrivain
célèbre ait cru attaquer la possibilité de la
prophétie par le raisonnement suivant : Il
«st évident qu'on ne peut savoir Tavenir,
parce qu*on ne peut savoir ce qui n'est pas.
(Voltaire» Philosophie deThistoirey ch. 21,
Des oracles.) Avec ce bel argument, on éta-
Idira de même qu'un astronome ne peut pas
prévoir avec certitude les éclipses qui ne
scmt pas encore : c'est précisément ce qui
n*6iiste pas encore qui peut eue l'objet de
la prévision et de la prédiction. La parité
est exacte ; il n y a qu'une différence; l hom-
me prédit ce qui n est pas» mais ce qui ne
«urpasse point ses lumières; Dieu seul pré-
dit ou fait prédire ce dont Texistence future
excède toutes les connaissances humaines.
2" Puisque la vraie prophétie exclut les
-connaissances naturelles , i) est évident
-qu'elle est de l'ordre surnaturel, et. par une
conséquence ultérieure, qu'elle ne peut
venir que de Dieu. Elle est un genre de
miracle que Dieu seul peut opérer^ soit par
lui-m/jrae, soit par ceux à qui il en donne
le pouvoir. Cclui-lh seul peut donner une
connaissance certaine des événements pro-
fondément cachés dans l'obscurité de l'ave-
nir, qui est le maître de les déterminer» et
qui, étant la cause première de tout ce qui
existera, peut donner à ses prédictions Tac-
€omplissement, sans dérober aux causes se-
condes qu'il dispose à son gré» sans faire
violence aux causes libres, et sans rien re-
trancher aux causes nécessaires. II est évi-
dent d'ailleurs, qu'il est au-dessus de tout
pouvoir humain non-seulement de diriger
les événements lointains » mais même de
pi'é voir les causes soit nécessaires, soit acci-
dentelles» qui» dans le cours des siècles»
pourront influer en différents sens sur les
futurs contingents» sur ceux spécialement
qui dépendront de la volonté d'hommes
qui n'existent pas encore.
Dts deux principes que nous venons d'é-
tablir» que la prophétie est en soi possible»
mais qu elle n est possible qu'à Dieu» résul-
tent deux conséquences évidentes.
La première, que la prophétie (nous ne
parlons que de celle qui est véritable et
conforme h la notion que nous en avons
donnée) est la parole de Dieu» comme le roi-
raclB est son œuvre. La seconde » qu'elle
doit captiver notre assentiment, et qu il se-
rait déraisonnable autant qu'injuste de n'y
pas ajouter une foi entière. Si par sa pre-
science» Dieu connaît toutes les choses 3111-
quelles il donnera l'être par sa véraciié, i: ^
rend certaines celles qu'il daigne maDlfeslr '
Lors donc que nous voyons une religion
prédite de cette manière, longtemps avani
son établissement, nous sommes obligéMji
la regarder comme véritable, et de doq> \
soumettre. C'est ainsi qu'ont raisonné lou*
les anciens apologistes du christianisoie;!^
ont constamment opposé aux jnit's el wa
l>aïen$ qui Tatlaquaient, l'autorité su[irê!i:
des prophéties ; ils faisaient valoir celH '
preuve victorieuse : les Justin (apol. I. j
cap. 53); les Théophile {ad Autolicuoi, lid. i
I. c. 14); les Alhénagore (ilegat. proCli}v I
Hiani$^ n. 9); les Clément d'Alexâiii:. '
(Stroniat. I. vu, c. 2); les Origène. (ronU
CeUumy I. 1» n. 35); les Laclance ;/^'r'> j
instiLf I. IV, c. 10); les Jérôme [Coma \
in Iscc/e^ias/.); les Augustin (De /iderofi'
quœ non videntur^ c. 3, n. 5). Saint irib
déclare que les instructions des pro;ii''>
ont dû rendre facile la foi en Jé^us-Orb'
{Contra hœres,^ 1. iv, c. 23.) Orijfbé.
que Celse a omis à dessein la ))rei:r' ..
plus forte au sujet de Jé$uS'Ciiri>U'
des prophéties» parce qu*il scnlaiiri.D. ^
sihilité d'y répondre. {Contra Celsm^lï^^
n. 13.) Ne croyez pas seuleraenlàcji>r.-
sonnemeuts, dit saint Cyrille de Jéru>îii«.
vous pourriez croire qu'on vou5fa^/i/la^'-
par des sophismes : ne croyez go iui'l'-
ses qui avaient été prédites pirlfispn'F*'
tes. Vous pouvez soupçonner Otto (\u^^^^
présent; mais quel soupçon pettl-oûuv'r-
voir sur celui qui a prophétisé pliisdctt»\V
ans avant l'événement? (Ca/erAM^^^^^^
Avant ces grands docteurs» Tapùire htm, .
après avoir rapporté qu'étant sur la m^'"' 3
gne sainte il a entendu la voixcébiv*}'
proclamait Jésus*Christ Fils de Diea, aiiK
ajouté : Mais nous avons le discours («th
phétique» qui est encore plus cerlaiD.v".
Petr. 1» 18, 19.) Saint Augustin, coniicts/
tant ce texte» dit qu'en effet lavoii|<»
phétiq»?'^ a» pour convaincre les incr.Miûi<J
quelqui^ chose de plus fort que la ^^}^j^
me descendue du ciel. On attribuait i ■
ma^ie les miracles de Jésus-CbrisU on atp
rait pu attribuer à la même cause la ^
céleste : mais dira4-on qu'un homme tW
magicien avant de naître, (seroo. U> Dt^
bi$ Jsaiœ ac de verbis apostoli^ cap. 26, Q. ^
La prophétie étant, jiar sa oatare. 4
chose surnaturelle» fait partie de ï^
surnaturel de la Providence : or tootc^^^
dre» et par conséquent la prophétie, s^; if
porte au salut de l'homme» et à la vrai«i
ligion qui en est le moyen. La prophétïM
peut donc pas avoir un autre but, soit ilirn
soil indirect. Nous voyons» en effet, «i^
nos livres saints» toutes les propWt»«J
rapporter comme à leur Gn, soit imméôw
soit médiate» à l'objet spirituel. Le |«
grand nombre, à partir de la prédiclioDM
a Adam » annoncent la venue du Mes>i<**J
conversion des gentils, le jugement ^éneji
et d'autres objets également spiriluei>. -*
nous en lisons d'autres qui se raj^j^rUri"
«
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
73Ï
es évëDements temporels, tels que la suc-
(^iMOD des empires et les révolutions des
la(s. Mai5 outre cotte Gn prochaine, immé-
iate et directe, elles en ont une autre plus
oignée, médiate etindirecld : c'est de prôn-
er, par leur accomplissement plus pro-
jairi, la vérité dcsaulrcis proj/heties rela-
res à la religion, et de confirmer la foi
j'on doit y avoir. Elles rentrent par là dans
)rdte surnaturel de la Providence, et con-
urent de même que les autres à établir la
rite de la religion.
Oc n'est point par le cours des astres, par
s entrailles des animaux, par des augures,
it Ws autres moyens dont se. vantait le pa-
lùsme, que Dieu publie ses |)rophéties.
m voyons que les personnes sensées ,
\piiï les païens, h'y croyaient pas. Les au-
tres eux-mêmes connaissaient la vanité
i leur fausse science, et en convenaient
Ii9 le particulier , quoiqu'ils crussent
Intr^cui de maintenir Topinion de leur
fetté, pour contenir le peuple dans la re-
ptm nationale. (Cicer., de Divin., 1. ii,
S3.] Dieu annonce quelquefois par lui-
Aise les choses futures, mais plus ordi-
linnent il emploie, pour ce miracle com-
Al (our les autres, le ministère d'hommes
ffitt lainteté érainente qu'il inspire, et
b touche desquels il place sa pa-
(IfReg. 21, 10.) Mais des imposteurs
/ prétendre que Dieu les a revêtus
mic importante mission; et on a vu
souvent de tels hommes, soit dans les
e5 religions, soit même jusque dans la
hle. Les livres saints nous présentent
'gr^n<l nombre de faux prophètes qui
h} aient le peuple de Dieu et qui Tindui-
fnl en erreur. Ainsi, lorsque Dieu dai-
»annoncer aux hommes des choses fulu-
, il est de sa justice, de sa bonté, de sa
•cité, de donner des moyens certains au x-
b nous puissions reconnaître que c*est
Sablemcnt de lui que vient la prophétie.
€5 camctëres distinctifs de la vraie et de la
^ prophétie, peuvent être de deux espè*
9Î0US appellerons les uns positifs et les
^^ n éga i ifs. Nous entendons par caractères
fe ecux qui prouvent qu'une prophétie
crttableet vient effectivement de Dieu,
appelons négatifs ceux qui montrent
€ est fausse et Touvrage de l'impos-
Lcs premiers engagent à y donner
•X?, les seconds è la refuser. Je vais
cer par examiner ceux-ci,
>rcinier caractère nécessaire, pour
regarde une prédiction comme ve-
Je Dieu, est que celui qui l'énonce,
re que c'est de la part de Dieu qu'il la
He, el qu'il est son envoyé. On sent que
9t peut être là qu'une note négative, car
Il très-possible qu'on se dise iaussement
ttnistre de la Divinité;, et dans le fait,
but prophètes qui 1 rompaient le peuple
U ceux qui abusaient de la crédulité des
Wv, prétendaient que c'était au nom do
.•0 qu'ils parlaient. Mais ceux qui con-
«tnrnt eux-mêmes que ce n'est pas au
i*i de Dieu qu'ils prédisent, déclarent.
P
par cela même, qu'ils ne font pas le pro-
|)héties. Telles étaient ces personnes dont
il est dit, en plusieurs endroits de l'Ecriture,
qu'elles avaient un esprit de Python, (/flcg^.
xxviii, 7; Act. XVI, 16.) tels sont en-
core parmi nous ceux qui se disent sor-
ciers^ et qui prétendent annoncer l'avenir
d'après les révélations du démon.
On présente comme un sigtie de la pro^
phétie, la sainteté du prophète. Mais il faut
convenir que ce ne peut pas être un signe
positif. Le caractère moral d'un homme ne
peut pas être assez parfaitement connu, pour
former une preuve démonstrative de sa vé-
racité. Un hypocrite peut très-bien venir,
au nom de Dieu, apporter de fausses pro-
phéties. On pourrait même prétendre que
ce n'est pas absolument une note négative ;
qu'à parler strictement, le défaut de sainteté
ne prouve pas la fausseté du prophète. Par
exemple le fait de Balaam, personnage très-
élorgné de la sainteté, et cependant lionoré
du don de prophétie, montre que Dieu «c
sert quelquefois de pareils ministres. Ma»s
un exemple, et peut-être encore un petit
nombre ({'autres, ne doivent pas former un
principe^ et quand on connaît celui qui se
donne pour prophète comme un homme
vicieux^ on est légitimement fondé à croire
que Dieu n'en a pas fait son organe.
Un autre signe distinctif de la vraie et de
la fausse prophétie est, dit-on, la pureté
de la doctrine en faveur de laquelle elle est
faite. Cette note n'est pas plus positive que
les précédentes. Il est possible gu'un homme,
pour s'attirer de la considération, se donne
faussement pour prophète, annonce des
événements éloignés qui ne se réaliseront
pas, et qu'eu même temps pour ne pas se
décréditer, il prêche la doctrine la plus pure.
Ce sont des choses très-conciliabks que la
saine doctrine et les mauvaises mœurs;
que la vérité sur un point et l'imposture
sur un autre. Mais la fausseté de la doctrine
pour laquelle est faite la prophétie est une
marque certaine de la fausseté de la pro*
phétie, et est véritablement une note néga-
tive. Il ne peut pas être l'organe de la Divi<
nité, celui qui prêche des dogmes évidem-
ment contraires à la croyance générale et
constante du genre humain, ou une autre
morale notoirement perverse. Dieu se con-
tredirait, lui-même, si .«a prophétie était en
opposition avec ce qu'il nous enseigne.
L exemple de Balaam ne peut être objecté sur
ce point. 11 n'avait pas sans doute une saine
doctrine, mais ce n 'était pas pour accréditer
ses erreurs qu'il prononçait sa prédiction.
Passons maintenant des notes négatives
aux positives, et des caractères qui font
discerner les fausses prophéties à ceux qui
font connaître les véritables. J'en remarque
d*abord deux; les miracles opérés par les
prophètes et les prophéties d'événements
prochains exactement réalisées.
Le miracle est, comme nous TaTons mon-
tré, le sceau de la Divinité, la lettre de
créance qiie le TOBl^iiijSsant donne h ses
envoyés. Le "*^ s'annon-
783 PUO DICTIONNAinE APOLOGETIQUE.
çant comme un proî^hôle du Seiçneur opère
lie vrais miracles, il prouve qu'il est en effet
le ministre du Très-Haut, et que foi doit
^Ire ajoutée h ses paroles, comme émanées
de la véracilé divine. Si ces paroles sont
des prédictions, il est évident à tous ceux
qui ont la certitude des miracles que ce sont
do vraies prophéties, et que refuser d'y
croire, est refuser croyance h Dieu lui-
ro(^me. Nous voyons souvent, dans l'Ancien
Testament, les prophètes accréditer leur
mission en faisant dos miracles, et, dans le
Nouveau, Jésus-Christ confirmer ses oracles
par les prodiges qu'il opère. Souvent le peu-
ple, frappé d'élonncment à la vue de ces
.merveilles, à cette marque le reconnaissait
hautement pour un prophète.
Un autre moyen par lequel Dieu confirme
la vérité des prophéties, qui ne doivent se
réaliser que dans des temps reculés, est de
produire d'autres propb^uies dont le terme
est Irès-rapproché. Ceux qui voient l'accom-
plissement actuel de celles ci ne peuvent
lias douter de l'accomplissement futur de
celles-là. Ils sont assurés que Dieu, qui a
iait cadrer l'événement avec les unes, ne se
démentira pas, et saura de même effectuer
les autres. C'est ainsi que, dans l'ancienne
loi, les prophètes annoncent souvent des
fiiits de rorare lem[)orel qui doivent arriver
dans des temps plus ou moins prochains.
Ils confirment par ce mojen, et rendent
certaines, toutes leurs prédictions lointaines
sur le Messie et sur sa religion. « Les pro-
phètes, dit Pascal, sont mêlés de prophéties
particulières et de celle du Messie, afin que
.es prophéties du Messie ne fussent pas
sans preuves, et que les prophéties parti-
culières Bo fussent pas sans fruit. » {Pensées
ûe Pascal^ ch. 25, n. 18.) De même Jésus-
Christ prédisant ce qui doit arriver inces-
samment à lui-même, à ses disciples, au
peuple juif, donnait à la génération mémo
qui vovait se réaliser ces prophéties la
certitude de raccomplisssement oc ses pro-
phéties plus éloignées sur l'étendue et;la
perpétuité de sa religion et sur son second
tvénemenl.
Une dernière note do la prophétie, et
celle-là est la plus décisive, celle qui captive
le Iplus communément l'assentiment, c^est
son accomplissement ; mais il faut que cet
accomplîssemeBt n'ait pu, ni avoir lieu par
hasanf, ni être naturellement prévu. Ce
caractère est à la fois positif et négatif. 11
est évident d'une part qu'un événement
2ui n*a pu 6tre prévu que par Dieu, n'a pu
tre préditque par lui; et deVautrepart, ilest
égalementévident qu'une prédictiouquiuese
réalise point ne vient point de Dieu, qui
n'a pu ni se tromper m vouloir tromper.
Ici, quelques incrédules nous font une
difficulté. La prophétie dépend de l'événe-
ment, et l'événement dépend de la prophé-
tie.La prédiction ne prouve que parce qu elle
est réalisée, et la réalisation ne prouve que
parce qu'elle a été prédite. N'est-ce pas là
évidemment un cercle vicieui ? Non, il est
au contraire évident que ce n'en est pas un.
PRO
ÎS'.
Le cercle vicieux consiste en ce que (ieo\
propositions se servent récippoquemonUi'
preuve, et c'est ce qu'on ne voit pas ici La
prédiction n'est pas la preuve de ^évén^
ment, ni l'événement la preuve de la pré-
diction ; mais ta prédiction revêtue des qiw-
lités requises, et révéïiement qui y cadre
exactement, sont deux choses qui cnnron-
rent ensemble à une seule et même d(.
monstralion ; ce sont deu\ narlics de b
preuve d'une vérité, ou plutôt de deoi vé-
rités, savoir : d'abord de la divine missinn
de celui qui fait la prophétie, ei ultérieure-
ment et conséquemmenl de la cerliluile di
ce qu'il déclare de la part de Dieu. Toub
cette objection est fondée sur l'équivoqoo
des mots dépendre ^X prouver, \a prophciie
et sa réalisation dépendent Tune aeiauin»,
non pour exister, non pour être coDnu>\
mais pour former conjointement une df-
monstration, laquelle, par Tabseace de IW
ou de l'autre, serait incomplète. Laproitei;
prouve par son accomplissement, ei h-
complisscment prouve par la prophélicu.;
en avait été faite, une troisième chose, u^t
elles ne se prouvent pas réciproqueoiéfi/:
la conformité de l'événement à laprèiida
est bien pour nous un signe que la piitin*
tiou est venue de Dieu; mais la prédirlion
antérieure n'est pas ce qui nous nioaireqm
l'événement est l'œuvre divine. Nou.« ^'C-
m es assurés d'ailleurs que tousteéu^ik^-
nements sont réglés par la sourenûierrc-
videuce.
De tout ce que nous- venons tfeiiio>eT,\\
résulte que la prophétie forme une ptçuxc
solide de la religion, quand on esi i^^î^^'a
d« quatre choses : que la prédiction a éVJ
faite avant l'événement, que révénemerA ;
a exactement correspondu, queceiévôfl^,
ment n'avait pas dû, du temi<s de lafw-
diction, èlre prévu d'après des causes D^
turellcs; et enfin que fe concours de Rîe-
nement avec sa prédiction ne peuipasèirt
un effet du simple hasard.
l es incrédules font plusieurs objeriiMiis
sur la prophétie en général ; nous û)ii
bornerons à rapporter les principales.
« C'est un fait, disent-ils, qui ne peul-^ira
contesté, que les peuples de tous les icaij»
ont cru aux prédictions, elles ontaUnbiic*^
à leurs 'divinités. Si on en doutait, il mi^«
rait, pour s'en convaincre, de parcourir
traité de Cicéron sur la divination. Dai*^
Êremier livre, sous le nom de sota ^
luintus, il rapporte toutes les manièn^i'
[)révoir Favenir, et s'efforce de prouTcr^î*^
on la doctrine des stoïciens, que lesôl^*
peuvent et doivent communiquer aui ho:
mes la connaissance de Ta venir (Cicek
divinaiione^ lib. i, c. 38.) Dans le ^^^'^^
livre, parlant en son propre nom, il ^^'^^
tout ce qu'a avancé son frère, et préleudl»
toutes les nations sont dans I erreur icr<^
jet. Que peut-on donc, ajoutent les incrè»»
es, conclure des prophéties en faveur d et
religion qu'on ne puisse de même ea c^
dure pour les autres? Cest unepreuvtT*'
est commune à toutes» puisque toutes ^
;S5
PRO
DICTIONNAIRE ÀPOLOGEllQUE.
PAO
78e
Vur» oracles. Les aruspicos, les augures,
k< /'(opliètesy tout cola se ressemble. Entre
V 'âlrasde prédiciioiis, on ne doit pas faire
•liK de cas des unes gue des autres. »
Cesi un absurde raisonnement, et tout !e
\otnlo en conviendra sans difficulté, de
ire : 11 a été publié de faui principes mo-
ju Xy de faux arguments, de fausses histoi-
1^5 ; donc il n'y a pas de vrais principes,
V vrais arguments, de vraies histoires. Ce
u»jf Ton propose ici est précisément le
iHiie raisonnement. On a vu de fausses
n^phéties; |)ar conséquent il n^> en a pas
e >'êrîialiles. C'est, au contraire, parce qu^ii
eti:>lé de vraies prophéties, qu'il en a été
rt^enté de fausses. La manière ordinaire
V)Ul se produit l'imposture est de contré-
es la vérité ; ainsi cette objection, loin de
ver contre nous, prouve au contraire
tous les peuples et tous les hommes ont
nnu la possibilité, l'efficacité et même
réalité des oracles de la religioa primi-
de la vraie religion,
question n'est pas de savoir si les po-
tes ont eu leurs prédictions ; il s'aKÎl
iner si les prédictions de ces idoiA-
trevétues des mêmes caractères que
4o christianisme. Il ne suffit pas de
les aruspices et les augures res-
aux prophètes; il faudrait le
.Dans le fait, entre les uns et les
if n*j d qu'un trait de ressemblance,
Îu'ils préifisaient des choses futures :
èreot sur tout le reste,
abord ce qu'annonçaient les i)rétendus
liseurs de l'avenir, parmi les idolâtres,
réalisait pas, et les plus superstitieux
fco&eurs de la divination en convenaient.
^A., De divinaiioney lib. i, c. 38.) Une
me prédiction non effectuée démontre que
jki <|ui l'a faite n'est pas l'organe de la
Ê'nité. Que l'on cherche, dans tous nos
^ sairts, une seule prophétie qui n'ait
fi-ii son accomplissement.
U'^ au^uresjesaruspices, uavaientrien à
lii'ifc ilumauvais succès de leurs prédic-
W^. Parmi les Juifs, le faux prophète de-
létrc mis à mort. (Deuler, xviii, 20.) Le
j>rop}iète était celui dont la prédiction
" po:> vérifiée par l'événement.
oriirJes, de quelque genre qu'ils fus-
aralerit pourol)jetloujoursde satisfaire
icsilé (Je ceux qui les consultaient,
|ue toujours de flatter Icnr vanité,
utâtion, leurs (>assions. Les prophètes
ne <}onnent rien à la curiosité du peu-
k i|ui ils parlent; ils ne le flattent pas,
mirai re ils le reprennent avec sévérité
cassions et de ses crimes ; ils lui an-
nt souvent des fléaux et des misères ;
.int) ils lui promettent des prospérités,
a condition qu'il les méritera par sa
•
y a une autre différence importante
l<«s oracles du paganisme et les pro-
ies de l'Ancien Testament. C'est que
iii'lè sont en petit nombre, relatifs cna*
in d un seul point, n'ayant aucune suite
n icnant à rien. Celles-ci sont extrême-
ment multipliées, c'est une quantité de
prédictions toutes relatives au même objet*
au Messie et à sa religion, et qui sont inti-
mement liées à toute rhistoire judaïque.
« Mais, c'est la seconde objection, le dé -
mon peut faire des prophéties : les Pères
de l'Eglise en conviennent; ils lui attribuent
la plupart des oracles du paganisme. Si la
prophétie peut-être le langage du démon,
comment peut-on y reconnaître avec certi- *
tude la parole divine? x
C'est une question r^ui partage les savants,
de décider si les anciens oracles du paga-
nisme que Ton rapporte étaient tous des
impostures humaines, ou si quelques-uns
étaient des œuvres diaboliques. Vandale et
Fontenelle, d'un côté, ont soutenu qu'il n'y
avait, dans toutes ces prédictions que des
fourberies de prêtres intéressés. Le P. Bal-
ihus et Soigneux de Correvon ont prétendit
au contraire que, parmi les oracles, il y en
avait dont le démon était l'auteur. Nous
ignorons la mesure de connaissances que
Dieu a données au démon sur les choses de
ce monde. On neut admettre que par ces
lumières naturelles il peut prévoir des évé-
nements futurs auxquels les nôtres ne peu-
vent atteindre. Toutefois nous ne pouvons
lui accorder la prévoyance des choses oui-,
dépendent de volontés libres sur lesquelles-
il n'a point de puissance et qu'il ne peut pas
connaître. Au reste, quelles que soient les
choses que ses lumières naturelles lui font ■
prédire, ce ne sont pas Ih de& prophéties :
nous dirons de celles-ci ce que nous avons
dit des miracles. Si le démon peut en faire
de l'ordre surnaturel,. ce n'est que par une-
permission particulière de Dieu ; mais on
peut être certain que Dieu ne lui permettra
pas d'en faire de telles f sans donner un
moyen de découvrir leur auteur. Dieu n'au-
torise point de prodige pour accréditer le
mensonge : il doit à lui-même, à ses divins
attributs, à sa véradté, à sa bontéi à' sa
justice, de prévenir l'erreur funeste où ils
entraîneraient. (F. Déuoii, Possession.)
Ces principes et ses distinctions établis»
nous allons constater dans les livres de l'An-
cien Testament la magnifique suite des pro-
phéties qui annoncent la venue d'un Libé-
rateur promis à la terre.
§11.
Progrès el caraclère de Tiilée messianique chei le peu-
ple juif. — ProphéUes el IradUious uniyereclles sur
la venue d*un Médiateur, le Messie, le Désiré des na«
lions. — Accomplissement des proyhéUes en Jésus*
ChrisU rime des âges qui i*ont précédé aussi bien que
des lemps qui l'ont suivi.
L'idée messianique circulaitdans les Yeioes
du peuple Juif comme son sans le plus pur»
et sans elle il est impossible d eipliquer oi
sa foi ni ses destinées. L*idée messianique
se composait de quatre éléments. Sous son
influence, ce peuple juif croyait en premier
lieu qu'un jour le Dieu un et Ccéateur adoré
par lui deviendrait le Dieu de toute la terre,
il croyait de plus que cette rérolution.
s'accomplirait par un seul homme appelé le
Messie, le Saint, le Juste, le Sauveur, lo-
Désiré des nations. Il croyait que cethotmn^
787
PRO
DICTIONNAIIIE APOLOGETIQUE.
PRO
«ierail jnif, <Jc la tribu de Juda et de la
maison de David. 11 croyait enfin que cet
homme prédestiné souffrirait et mourrait
pour accomplir TqpuYre de transformation
dont la Providence l'avait chargé.
Que telle fût la loi du peuple juif, il est
aisé de s'en assurer près de lui-même, puis-
qu'il est vivant, eit que, malgré quatre mille
, ans d'une attente qui, à ses yeiix, ne s'est
pas encore réalisée, il n*a pas cessé de rendre
un imperturbable témoignage à l'espérance
de ses aïeux. Mais ne nous contentons pas
de sa parole présente ; ouvrons lés monu-
nieals de son liistoîre, et suivons-y les pro-
grès de l'idée messianique à travers lesprin-
ci{)aies phases qui marquent le développer
mont de la nation elle-même, telles que sa
n-iissance. sa formation en corps de peuple,
le point de sa, maturité, sa décadence, sa
c'i|)ti vite, et sa renaissance au pied du second
tcHi|)le édifié par Zorobabel.
Nous voici dans les champs de la Chaldée
avec Abraham, et nous allons entendre la
première parole qui fut comme la semence
de la race hébraïque. Remarquez qu'il ne
s'agit pas desavoù: si cette parole est vraie,
si elle a été dite par Dieu ; il s'agit seule-
ment de constater Tidée que le peuple juif
avait de lui-môme et de sa npission ici-bas.
Qu'il se trompât dans cette idée , c'est une
autre question) à juger plus tard.
Dieu donc, selon les monuments hébraï-
ques, dit à Abraham : Sors de ta terrcy et d^
ta parenté^ et de la maison de ion père^ et
viens dans ta terre que je te montrerai ; et je
ferai de toi une grande nation^ et jç te bffniraif
et je rendrai ton nom magnifique et tu seras
béni. Je bénirai ceux qui te béniront^ je mau-
dirai ceux qui te maudiront^ et en toi seront
bénies toute^s les nations de la terre (783).
Ainsi, dii même coup, et d'une manière in-
séparable, deux mille ans avant Jésus-Christ,
le peuple juif vient au moudei( et avec lui
l'idée me.ssianiqùe, l'idée qu'il porte dans
son sein une bénédiction qui se répandra
surtout l'univers.
Abraham sort de la Chaldée et vient s'éta-
blir dans la terre promise à sa postérité. Il
y attend jusqu'à un fige centenaire le (ils
auquel il doit transmettre l'héritage mes-
sianique ; ce fils lui est donné ; et lorsque
reafant est parvenu à toute la grâce d'une
heureuse jeunesse, Dieu demande au patri-
arche de lui en faire un holocauste sur une
montagne mystérieuse. Le vieillard, avec
une foi inébranlable en la sagesse et la
bonté de Dieu, lève la main sur son fils
unique et bien-aimé, et il entend cette
seconde parole plus forte et pjus distincte
que la première : Je rai juré par moi-mêmey
parce que tu as fait cette chose et que tu n'as
pas épargné ton fits unique à cause de moi^je
te bénirai et je multiplierai ta semence comme
les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur
le rivage de la mer. Ta semence possédera les
portes deses ennemis^ et en ta semence seront
«783) Ctn. XII, 1-3.
{lU) ikn. xMi, lC-18.
bénies toutes tes nations de la («•re[76i). U
serment est aiouté à la force de la proiuesse,
et il est indique plus clairement que 1a
bénédiction messianique se répandra sur le
f;cnre humain tout e(ilier, non par Abratiaiu
ui-mème, mais par sa postérité.
Isaac, âls d'Abraham, entend la mèoiç
promesse et la même prophétie ; elles sont
redites à Jacob,; fils d'isaac. Les trois frr^
mières générations hébraïques, ainsi coti
firmée$ dans l'espérance du Messie, s*é|t8;
nouissent ep douze patriarches, pères euv
mêmes de douze tribus, et iacoo, près j
mourir, les rassemble aiutourdesonm|)oii|
clore le premier âge messianique par i
))rophétie solennelle qui résumé les pr^
dentés, en leur donnant uneDOuvellc ;d
sion. Ayant donc autour de lui ses dut
enfants, il annonce à chacun d'eut,
quelques traits caractéristiques, quel
Içur rôle dans l'avenir. ArrivéàJuJa^ill .
dit ces mémorables paroles : Juia^talHà
te loueront : tf main sera sur la tête de le
ennemis,' et les fils de ton père tïdoraM
Juda est le petit (fun lion ; tu esmii^i
filsy pour saisir ta proie^ tu fes ewMlf^
te rq)os comme un lion et une im
réveillera ? Le sceptre ne sera poiM
Juda^ ni un chef dt sa race^ jusqu'à cr|
tienne celui qui doit être envoyé tt guî
Vatttnte des na^'ons (785). Ainsi, au (ûC
où l'hérédité patriarcale se subdivise eni
branches, la branche où naîtra le Mes
désignée, ce sera celle de Juda, el le
préotîsliné de l'apiiarition messianique
marqué d'un si^^ue que la postérité
naîtra facilement.
Le sangd'Abraham, d'isaac
ac et de Jacokj
ultipiiedaûsf
désormais fécond ; i) se multi|i!
ter^e qui lui a doimé rhospitaiilétCtdetî
biqnlôtun objet de crainte etdejaîoosj
passe de l'exil à la servitude, afin de||
dans la tribulation un a[)prenlissage a^
saire h se$ hautes destinées. Ou cn4
1 mordre, on le forlilîe ; Israçl est un poï
iloïse Iq. tire de TEgj'pte el le niène.àlr
le désert, au pied du Sinaï, d'où doMei
les lois qui doivent le gouverner. Sir
suivez cette marche prolonde d'un si
peuple ; vos ^eux d'enfant en ont a(
vu les merveilles ; regardez-les de ne
avec la pensée de l'homme fait. De
ments en campements, Israël arrive ei
du Jourdain, aux frontières de ce lerr
habité par ses premiers ancêtres, elil«
possession est promise à leur poslériléjj
rencontre tout un peuple en armes allct»
ces aventuriers qui ont s[)Olié TEg}}^
dont la marche a retenti dudéierlju>qul
collines de la Judée. Moab a ranimé >ch
taillons ; il a dressé ses autels conîof
ses chefs ; Israël est debout avec ses fetDta
ses enfant^s ses soldats, ses lévites, \m
caché sous des peaux d'animaux le tat)crt
de du Dieu qui vient de lui parler au Nfl^
un homme de l'Orient s'avance cuire
(785) Cou xnx, 8-10.
T«9
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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190
ficux (tcupies. Aa//ir, Jil-il, Balac^ le roi des
Mcabiies, m'a fait venir dAram^ des monta-
rjn(f de VOrient^ it rna dit : Viens et maudis
Jocob : hâte-toi de rmir, et déteste Israël.
Cojnmpnr maudirais-je celui que Dieu ne mau-
iti j[Ms ï Comment déttsterais*je celui que le
"^tigneur ne déteste pas ? Je le verrai du haut
1rs rochtrs^je le considérerai du haut des
'Mines ; ce peuple habitera solitaire et ne
tfa point compté parmi les nations. Et
i*fHrlant qui pourra compter la poussière de
^ncob et connaîtra le nombre de la descendance
^ItraH (786) ? Ces bénédielions imprévues
P'jîivanlent Moab ; on conjure le prophète,
e changer de langage ; s'il ne veut pas mau-
ire, on le conjure au moins de ne pas bénir.
*f^>\s fois Balaam ouvre la bouche, trois fois
bcnit le peuple conquérant qu'il a sous
^^euxy et enfin la prophétie messianique
échappe de son sein comme malgré lui :/€
•rerra/, mais non pas maintenant ;ie le con^
lapitrai^mais non pas de près. Une /toile se le-
fradf Jacob ^ et une tige surgira d'Israël ; elle
i;i,'era hs chefs de Moab et soumettra tous Us
£F.'i deStéh... Hélas ! qui sera en vie quand
[tfG ces choses! Ils viendront delltaiiesur
IrirmeSf ils subjugueront les Assyriens ,
'uniront leur domination sur les Hébreux^
li^ ils périront eux-mêmes (787) .
Inwquez-Ie encore une fois, il ne s'agit
A savoir si Balaam était ou non prophè-
ms seulement de consiater le cours de
messianique dans \ix vie monumentale
'^uple Juif. Vous voyez cette idée pren-
/iJ un développement nouveau; ce n'est
un patriarche israélite qui annonce la
lue du Messie et rétablissement de son
jme sur tous les enfants de Seth, c'est-à-
n (l'Adaro, c'est un étranger. Et il désigne
teireojislances de son avènement avec une
Çspicacite bien étrange, puisqu'il va jus-'
h Jésigiier la domination des Romains sur
fricnlet sur le peuple Juif comme le signe
fcorseur de Tapparition du Messie.
BaM.I et Salomon marquent le point le
is élevé de la monarchie hébraïque, et
Keux commencent ces hymnes nationaux
religieux connus sous le nom de psaumes.
iDtés dans le temple de Jérusalem aux
des grandes solennités, ils exprimaient
e manière publique le sentiment inté-
r« les espérances et les vomx de toute
tion. Or il est facile d'y reconnaitre
messianique, se faisant jour è tout
js dans râtne du poëte et du peuple. En
t lisant, vous y remarquerez des passages
que c^tui-ci : Toutes les nations de la
tr se. ressouviendront du Seigneur et se con^
fitront à lui ; to.ites les familles des;?efi-
^' adoreront en sa présence^ parce que le
ytume sera au Seigmur et que lui-même
l'tfrnern les nations. Tous les grands de
î^rre mangeront et adoreront ; tout ce qui
^rcnd dans la tombe s^abaissera devant
788).
'ifj) :Vififi. sxiii, 7-10.
T87) iV««. xjiiv, 17, 23, 24,
-rwo Psai. 1X1.28-30.
>?>; ha. LU, i.
Plus tard encore aux approcnesdc ladéca*
dence et de la captivité, sopt cents ans tou*
tefois avant Jésus-Christ, l'idée messianique
prend dans Isaïe une clarté et uneabondance
d^expressions qu'il est impossii)le de vous
rendre parce qu'il faudrait vous citer des
pa^^es qui vous fatigueraient par leur nom-
bre et leur longueur. C'est lui qui voit 1^
Messie sortir de la race de Jesse, pèr-e de
David, et qui décrit à la fois; comme si on
était au Calvaire et au Vatican, la splendeur
des souffrances et des triomphes de Jésus-
Christ. lAve-toiy lève-toi^ revêtS'^toidetaforce,
Ston, prends tes vêtements de gloire^ Jérusa-
lem^ cité du Saint y parce que V immonde et
Vincirconcis ne passent plus dans tes murs
(789). Quils sont beaur^ sur tes monts^ les pieds
de celui qui annonce et qui prêche ta paix^^
qui annonce le bien, qui prêche le saluty , qui
dit à Sion : Ton Dieu régnera (790)... Le Sei-
gneur a préparé son bras saint sous les yeux
de toutes les nations, et toutes les parties de
ta terre verront le salut de notre i>teu(791).....
Mon serviteur aura Inintelligence, il sera ex-
alté, il sera élevé, il sera sublime outre mesure.
Cependant, comme plusieurs se sont étonnés
de tes misères, Jérusalem, ainsi son visage
sera-t-Usans gloire parmi les hommes, et sa
figure parmi le», enfants des hommes. Il arro-
sera la multitude des nations ; les rois tieur
dront leur bouche fermée devant la sienne
parce que ceux auxquels il n avait point été
annoncé le verront, et ceux qui n'en avaient
point entendu parler le contempleront (792).
Et immédiatement après, Isaïe commence la
description des douleurs et des ignominies,
du Calvaire, et il l'achève en douze versets
consécutifs. Puis il reprend sans s'arrêter
ses chants de triomphe : Celui qui t'a fait,
dont le nom est le Seigneur des années, celui"
là régnera sur toi^etton Rédempteur, le Saint
d'Israël, sera appelé le Dieu dé loulei la terre
(793).
Mais c'est à Babylone, pendant la captivité,
six cents ans avant Jésus-Christ, que Tidée
messianique a revêtu une forme qui va jus-
qu'à la clarté et la précision mathématiques.
Faut -il vous rappeler la prophétie de
Daniel ? Ecoutez-la donc : Sotxante-dix se-
maines ont été abrégées, sur ton peuple et sur
ta sainte ville, pour que la prévarication
soit consommée, et ^ue te péché prenne fin^
et que l'iniquité soit détruite, et qu*arrive la
Justice étemelle, et que la vision s'accomplisse
avec la prophétie, et que le Saint des saints
soit oint. Sache donc et fais attention : à
partir du décret pour le rétablissement de
Jérusalem jusqu'au Christ -Roi, il s'écoulera
sept semaines et soixante-^deux semaineSf le
Christ sera mis à mort, et il n'aura plus
pour peuple celui gui doit le renier. Et un
peuplequi doit vemr avec un chef renversera
la ville et le sanctuaire, et la fin sera la dé-
vastation, et après la fin de laauerre^une
désolation fixe, Cevendant ralliance sera
(7S0) Ibid., 7.
(791) Ibid., 10.
(792)/frtd., 1515.
(793) ha. uv, 5
79Ï
rao
D1CT10NNAIR£ APOLOGETIQUE.
PRO
m
eanfirmée pour la muliitude dans une se-
maine^ et au milieu de /a semaine» Vhostie et
le sacrifice cesseront f et rabomintUionde la de-
sokuion seira dans le temple^ et la désolation
persévérera jusqWà la consommation et à la
fin (794).
Je ne BQ*arr6te pas à faire ressortir les
traits de ce discours qui ressembla moins à
une Yue de l^arenir qu'à une narration du
passé. Le cours des choses m'emporte et oie
conduit pour entendre au pi^ du second
temple, cinq cents ans aYanl Jésus-Christ,
ce dernier mot du prophète A^ée : Encore
un peu de tempsy dit l^Sfigneur des armées,
etj ébranlerai U ciel et la terre^ et la mer et
le désert^ et j ébranlerai toutes les nation^^
et te désiré de toutes les nations viendra^ et
je remplirai cette maison de gloire^ dit le
Seigneur des armées La gloire de cette
seconde maison sera plus grande que la gloire
de la première^ et dans ce Ueu-ciie donnp'ai
la paix (795).
Quelle suite à travers tant de siècles et
d'événements l Quelle fidélité k une même
idée de la part de tant d'hommçs que les
Ages séparaient 1 Mais Tidéa messianique
ne s'est pas même renfermée dans la tradi*
tion particulière du peuple juif; elle a ymssé
le Jourdain, TEuphrate, l'Indus, la Médi-
terranée, tous les océans, et, portée sur les
ailes invisibles de la Providence, elle a pé-
nétré chez les peuples les plus divers et les
\Aus lointains, pour y créer une espérance
uniformeet un universel souvenir.Confucius,
k l'exti^éroité orientale de l'Asie, parlait
d'un saint qui était^ disait-il, le véritable
sainte et qui devait venir de TOccident.
Virgile, traduisant en vers les oracles de la
sybille de Cumes, annonçait au siècle d'Au-
guste la veuue d*ùn enfant mystérieux, fils
de Jupiter, destiné h bannir du inonde les
vestiges de l'antiauité; et à commencer un
ordre aussi granci que nouveau. Tacite, à
propos du rèf^ne de Vespasien, s'exprimait
ainsi : « C'était une persuasion répandue,
que, suivant d'antiques écrits sacerdotaux, à
cette époque-là môme, l'Orient devait préva-
loir, et des hommes sortis de ^ Judée s'em-
fïarer du gouvernement des choses, » Les
rationalistes du xviu' siècle, contraints par.
l'évidence, ont avoue souvent cette unani-
mité de l'attente messianique. Voltaire a
(iit : « C'était, de temps immémorial, une
maxime chez les Indiens et les Chinois,
que le Sage viendrait de l'Occident. L'Eu-
rope, au contraire, disait que le Sage vien-
drait de l'Orient (7%). » Volney a dit :
« Les traditions sacrées ft mythologiques
des temps antérieurs avaient réjancludans
toute l'Asie la croyance -d'ua grand média-
teur qui devait venir, d'un juge final, d'uu
sauveur futur, roi, Ôieu, conquérant et lé-
gislateur, oui ramènerait l'Age d'or sur la
terre, et délivrerait les hommes de l'empire
du mal (797). » Boulanger, sous une forme
(794) Daniel, ix, 24-27.
(795) Agg. ii,7.8,iO.
["^Oi}) AdftUiom à rhhtoi
re générale, p. 115.
encore plus générale, a confessé que tous
les peuples avaient eu tme cjpecicutte de
cette espèce^ et il ajoute cette étonnante [4.
rôle, qu'on pourrait appeler l'Orieni, \
pôle de l'espérance de toutes les na/(oni(79().
C'est le mot même de J^cob à son lit ij^
mort.
U est donc certain, l'idée messianique 1
été l'Ame du peuple juif, peadantlecouni
des deux mille ans qui ont précédé Jésu^i
Christ, et cette idée s'était ré|)andue rbci
tous les peuples du monde avec une teili
unanimité, qu'il n'est p^s mÊine possible dj
s^en rendre comple par les communitalioQi
de l'hébraïsme avec la geolililé, maisijul
faut supposer uiie diffusion de celle i"
antérieure mème^ Abraham. El celle
messianique, si extraordinaire dans
universalité, son progrès, sa persévérai
sa, précision, s'esl-elle enfin accompliet
elle s'est accomplie : le Dieu, un et créai
de la Bible hébraïque est devenu le Dici
presque toute la terre, et les nationioir
qui ne l'ont pas encore accepté lui
nommage par un certain nombre J)
teurs que la Providence élit danslnr
Et cette incroyable révolution, qûTiil
accomplie? Un seul homme, leChnl'
d'où était-il, le Christ? Il était Juit,>
tribu de Juda, de la maison de BariL'
comment l'a-t-il accomplie, retle p\
gieuse révolution sociale et religieuse^
souffrant et mourant, comme David,
Daniel, l'avaient annoncé
Maintenant je vous prie^ qu^en
vous ? Voici deux faits parallèles et
respondants, tous les deux certains,
les deux d'une proportion colossale,
2ui a d!U*é deux mille ans avaol i^
hrist> l'autre qui dure depuis dii«l|
cents ans après Jésus « Christ ; Vunl
annonce une révolution considérable ell
possible à prévoir, l'autre qui en esiW
corn plissement, tous les deui ayant I'^
Christ pour principe, pour terme, pourc
d'union. Encore une fois, qu'en pensez-voi
Prendrez-vous le parti de nier? Mais qu
ce que vous nierez ? Sera-ce reiisW
ridée messianique ? Mais elle est da
peuple juif, qui est vivant, dans lot
suite des monuments de son histoire.
les traditions universelles du genre h
dans les aveux les plus exprès de la jW
fonde incrédulité. Sera-ce l'antérioriie
détails prophétiques ? Mais le peuple
qui a crucifié Jésus-Christ et quiauflin
national et séculaire à lui ravir les prei
de sa divinité, vous affirme que ses Ecn|i
étaient aulrefoisce qu'elles sontaujouw
et pour plus de sûreté, deux cents cinqu
ans avant Jésus-Christ, sous le roi uEal
Ptolémée-Philadelphe, et par ses owjj
tout l'Ancien Testament, traduit en gfl
est tombé en la possession du monde gw
du monde romain, de tout le mondemi"'
(797) Les Ruines, p. 228,
(798) Recherches sur l'origine du desTOi'^^' *''*
lai, section x.
:rj
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
oiis retoumerez-vous vers l'autre pôle de
m; uestioD, et nierez-vous l'accomplisse-
iL-m de ridée ûiessiaui(jue ? Mais I Eglise
!f/coliaue, fille de cette idée, est sous vos
*u \t elle vous a baptisés. Sera-ce au point
î r encontre de ces deux formidables événe-
umis que vous chercherez votre point d'ap*-
11 lî Nierez-vous que Jésus-Christ ait vériné
urB sa |)ersonne Tidée messianique, qu*il
( juif, de la tribu de Juda; de la maison
1 ^avid, et le fondateur de l'Eglise catbo-
^\ e sur la double ruine de la Synagogue
a 41 l'idolAtrie ? Mais les deux parties m*
>^ ssées, et irréconciliables ennemies, con-
^\#nenl de tout cela. Le Juif dit : oui, et le
\é\\en dit: oui.Direz-vous que cette ren-
Êre d'événements colossaux, au point
is de Jésus-Christ, est Teffôt du hasard?
U\e hasard, s'il y en a, n'est qu'un accî-
U bref et fortuit, sa définition exclut l'idée
buite ; il n'y a nas de hasard de deux
l« ans, et de dix-huit cents ans par-dessus
famille ans. Direz-vous enfin que c*est le
ilit d'uue longue conspiration, par la-
ie le peuple juif, ambitieux et tbéolo-
a cherché h se créer dans le monde
nJe existence ? Quoi I une conspira-
làiicux mille ans, iondée sur un chef
««santé générations devront attendre,
"ÙBdra créer Après l'avoir si patiem-
42/i'iidu ? Héias I ou a bien de la peine
'irvr en faveur d'un homme vivant ;
iera-ee eq faveur d'un homme qui
tci)QS9 et qu'on suppose devoir naître
éiAh\ue indéterminée I Et ;'emarquez
tet homme venu, Jes Juifs l'ont cruci-
ns doute parce que le supplice faisait
de la conspiration. Remarquez de
fiju'ils Tout nié après comme avant le
4icc, sans doute pour assurer le succès
de la c4>nspiration et tout le succès
d^ition et de théologie qu'ils s'en pro-
land Dieu travaille, il n'y a rien à faire
re lui. Les proportions de Jésus-Christ
le<5 temps qui l'ont précédé sont plus
Mnles encore que les proportions toutes
ie:> de sû vie et de sa survie. Car enfin,
id on vit, on est une puissance, on a
i::(îon, il est possible de concevoir que
jnes circonstances ont favorisé un
lue d*uu rare génie et lui ont donné sur
llulemporains un immense asccndcnt..
jk opres la, mort, il reste de^ auiis, des
Pie5, le souvenir d'une vie qui a été
S, et par conséquent un moyen suryi-
..^^action. Mais sur ce qui nous a précé-
»ur le passé, que peut-on ? Qui (^e nous,
ftinent qu'il soit, peut se fa^re un ancô-
Qui de nous, voulant établir une doctri-
ne créera un avant-garde de générations
tiièles à une parole qui n'était pas
)ru ? Qui de nous présentera au monde
di'ux doctrinaux, s'il nest pas vérila-
ïeni fils d'une doctrine antérieure à lui?
I«.* passé est une terre close ; le passé
n'est pas même un lieu où Dieu pui.
agir, à moins qu'il n'y agisse d'avance en v
préparant. Si Jésus-Christ avait été comme
l'un de nous, tombé sans une préexistence
providentielle entre le passé et Pavenir, it
eût vainement demandé à l'histoire accom-
plie et fermée un piédestal qui le reportât
de vingt siècles en arrière de son propre
berceau. Au lieu de cela, Abraham, Isaac,
Jacob, David, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Da-
niel, un peuple tout entier, le genre humain
lui-même, viennent le reconnaître et le
saluer dans les bras du vieillard Siméon,
s'écriant au nom de tout le passé, dont il est
le dernier représentant : Maintenant^ Sei-
gneuTj vous laisserez mourir votre serviteur
en paix, selon votre parole^ parce que mes
yeux ont vu Vauteur de votre salut que vous
avez préparé à la face de tous les peuples pour
être la lumière révélatrice des nations^ et la
gloire de votre peuple Israël (799).
C'est ici le comble : Jésus-Christ nous
apparaît le mobile du passé autant que le
mobile de l'avenir, l'âme des temps anté-
rieurs à lui aussi bien que l'âme des temps
postérieurs h lui. Il nous apparaît dans c.3S
ancêtres, appuyé sur le peuple juif, qui est
le plus grand monument social et religieux
des temps anciens, et dans sa postérité, ap-
puyé sur l'Eglise catholique, qui est la plus
grande œuvre sociale et religieuse des temps
nouveaux. Il nous apparaît, tenant dans sa
main t^auche l'Ancien Testament, le plus
grand livre des temps qui l'ont précédé, et
tenant dans sa main droite l'Evangile, le
Ï)Ius grand livre des temps qui l'ont suivi.
li cependant, ainsi précédé et suivi, il est
plus grand en lui-même que ces ancêtres et
que sa postérité, que les patriarches et les
prophètes, que les apôtres et les martyrs.
Porté par tout ce qu'il y a de plus illustre en
arrière et en avant de lui, sa physionomie
personnelle se détache encore sur ce fond
sublime, et nous révèle, en sur|)assant ce
qui semblait au-dossus de tout, le Dieu q\\}
n'a point de modèle et qui n'a |»oinl d'égal.
C'est pourouoi, h la vue de celle triple mar-.
cjue de la dfivinité, avant, pendant et après,
dans les ancêtres, dans la postérité, et dans
le temps même de la vie, levons-nous, le-
vons-nous tons ensemble, qui que nous
soyons, croyants et non croyants. Levons-
nous, croyants, avec le respect, l'admira-
tion, la foi, l'amour pour un Dieu qui s'es^
montré à nous avec tant d'évidence, et qui^
nous a choisis entre les hommes pour nou£^
faire les dépositaires de cet éclat splendide,
de sa vérité ! Et nous qui ne croyons pas,
levons^nous aussi, mais avec crainte, avec,
anxiété, comme des hommes qui sont bien,
petits , avec leur puissance et leur rai-
sonnement, devant des faits qui remplis*
sent tous, les siècles et qui sont si pleins
eux-ro^mes de l'empire et diS la majesté do
Dieu (800) I
Inc. Il, 29, 30,31, 3Î.
{F
volume.
'^t
rao
DICTIOHNÂIRË APOLOGETIQUE.
PRO
1»
confirmée pour la muliitude dans une se-
maine^ et au milieu de ïasemaine^ f hostie et
le sacrifice cesseront^ et Vabominaiionde la dé-
solation sera dans le temple^ et la désolation
persévérera jusqu'à la consommation et à la
fin (7M.).
Je ne m^arréte pas à faire ressortir les
traits de ce discours qui ressembla moins à
une Yue de Tavenlrqu'à une narration du
passé. Le cours des cho.^es m'emporte et me
conduit pour entendre au pied du second
temple, cinq cents ans avant Jésus-Christ,
ce dernier mot du prophète Aggée : Encore
un peu de tempSy dit l^ Sfigneur des armées,
et j'ébranlerai U ciel et la terrcy et la mer et
le désert^ et j ébranlerai toutes les nations.^
et le désiré de toutes ks nations viendra^ et
je remplirai c^tte maison de gloire^ dit le
Seigneur des armées La gloire de cette
seconde maison sera plus grande que la gloire
de la première^ et d^us ce Ueu-dje donn^ai
la paix (795).
Quelle suite à travers tant de siècles et
d*événements 1 Quelle fidélité k une même
idée de la |:)art de tant d'hommçs que les
âges séparaient! Ms^is Tidéa messianique
ne s*e$t |ias même renfermée dans la tradi*
tion particulière du peuple juif; elle a passé
le Jourdain, TEuphrate, Tlndus, la Médi-
terranée, tous les océans, et, portée sur les
ailes invisibles de la Providence, elle a pé-
nétré chez les peuples le^ plus divers et les
plus lointains, pour y créer une espérance
uniformaet un universel souvenir.Confucius,
h l'extrémité orientale de l'Asie, parlait
d*un saint qui était^ disait-il, le véritable
sainte et qui devait venir de l'Occident.
Virgile, traduisant en vers les oracles de la
sybille de Cumes, annonçait au siècle d'Au-
guste la vei^ue d un enfant mystérieux, fils
de Jupiter, destiné à bannir du monde les
vestiges de l'aniiauité; et à commenter un
ordre aussi grancl que nouveau. Tacite, à
profios du rèf^ne'de Vespasien, s'exprimait
ainsi : «(, C'était une persuasion répandue,
que, suivant d'antiques écrits sacerdotaux, à
cette époque-là mènie, l'Orient devait préva-
loir, et des hommiçs sortis de la Judée s'em-
r^arer du gouvernoment des choses, i» Les
rationalistes du xviir siècle, contraints par.
Tévidence, ont avoué souvent celte unani-
mité de l'attente messianique. Voltaire a
(lit : « C'était, de temps immémorial, une
maxime chez les Indiens et les Chinois,
que le Sage viendirait de l'Occident. L'Eur
l'ope, au contraire, disait que le Saige vien-
drait de l'Orient (796). )> Volney a dit :
«I Les traditions sacrées et mythologiques
des temps antérieurs avaient répandu dans
toute l'Asie la croyajice -d'uni grand média-
teur qui devait venir, d*un juge final, d'uu
sauveur futur, roi, Ûieu, conquérant et lé-
gislateur, qui ramènerait l'&ge d'or sur la
terre, et délivrerait les hommes de l'empire
du mal (797). » Boulanger, sous une forme.
(794) DanieL ix, 24-27.
(795) Agg. ii,7,S,10.
(•790) Additions à C histoire générale, p. 15.
encore plus générale, a confessé que tous
les peuples avaient eu une ejpecioem de
cette espèce^ et il ajoute cette étonnante pi-
rôle, qu'on pourrait appeler l'Orienl, le
pMe de P espérance de toutes les nalion9{Mj,
C'est le mot m^e de J^^cob à son lit do
mort.
Il est donc certain, l'idée messianique a
été l'Ame du peuple juif, peodam le court
des deux mille ans qui ont précédé Jé$u&.
Christ, et cette idée s'était ré))aDdQe ebei
tous les peuples du monde avec une tell»
unanimité, qu'il n^est pias m&me possible d^
s^en rendre compte par les communiialioni
de l'hébraisme avec la gentilité, mais(}tti
faut supposer une diffusion d^ celle ir"^
antérieure même a Abraham. El celte i
messianique, si extraordinaire dans
universalité, son progrès, sa persévérance
sa précision, s'esl^elle enfin accomplie ?0t,
elle s'est accbin plie : le Dieu, un et créaleuî
de la Bible hébraïque est devenu le Bicttdl
presque toute la terre, et les nationsmiM
qui ne l'ont pas encore accepté luireoiM.
nommage par un certain nombre ùéùSi^
teursque la Providence élit danskvsei('.
Et celte incroyable révolution, qùïito
accomplie? Un seul homme, le Chrâll
d'où était-il, le Christ? Il àait Juil,il1l
tribu de Juda, de la maison de DaTill
comment l'a-t-il accomplie, cette p
gieuse révolution sociale et religieuset
souffrant et mourant, comme David/
Daniel, Tavaient annoncé
Maintenant ie vous prie^ qu*en pe
vous ? Voici deux faits parallèles et
respondants, tous les deux certains,
les deux d'une proportion colossale, î^
qui a d!U*é deux mille ans avant lé^
Christ > Taulre qui dure depuis dii-N
cents ans après Jésus r Clirist ; VtiQ %
annonce une révolution considérable et i|
possible à prévoir, l'autre qui en est II
corn plissement, tous les deux ayant Wsj
Christ pour principe, pqur terme» pourfl
d'union. Encore une fois, qu'en pensez-voi
Prendrez-vous le parti de nier? Mais qof
ce que vous nierez ? Sera-ce TexisleocÉ
l'idée messianique ? Mais elle est dans^
peuple juif, qui est vivant, dans ton'"
suite des monuments de son histoire,
les traditions universelles du genre hu
dans les aveux les plus exprès de la plus
fonde incrédulité. Sera-ce i'antériorilé
détails prophétiques ? Mais le peuple i
qui a crucifié Jésus-Christ et qutauainti
national et séculaire à lui ravir les preo
de sa divinité, vous affirme que ses Ecril^
étaient autrefoisce qu'elles sont aujounJ »
çt pour plus de sûreté, deux cents cinquai
ans avant Jésus-Christ, sous le roi d'EgJI
Ptolémée-Philadçlphe , et par ses ordri
tout l'Ancien Testament, traduit en gri
est tombé en la possession du monde jî|*
du monde romain, de tout le mondecîTilt-
(797) Les Ruines, p. 2â8.
(798) Recherches sur forighie dn rff jpnffswc or»-
tal, section x.
!G
PRO
DICTIONNAlIiL APOLOGETIQUE.
PRO
yus retournerez-vous vers l'autre pôle de
I question, et nierez-vous J'accomnlisse-
icnl de ridée niessiaiii<jue ? Mais 1 Eglise
iiliulique, fille de cette idée, est sous vos
eux, elle vous a baptisés. Sera-ce au point
e rencontre de ces deux formidables événe-
ments que vous chercherez votre point d'ap-
ui? Nierez- vous que Jésus-Christ ait vérifié
)iis sa personne Tidée messianique, qu*il
lit juif, de la tribu de Juda; de la maison
} David, et le fondateur de l'Eglise catho-
i):ie sur la double ruine de laSynagoçue
Je PidolAtrie ? Mais les deux parties in*
le^sées, et irréconciliables ennemies, con-
i-nnent de lout cela. Le Juif dit : oui, et le
^iréiien dit: oui. Direz -vous que cette ren-
mire d'événements colossaux, au point
'c^is de Jésus-Christ, est Teffet du hasard?
aU le hasard, s'il y en a, n'est qu'un acci-
»iitbref et fortuit, sa définition exclut l'idée
: suite ; il n y a pas de hasard de deux
i:l€ ans, et de dix-huit cents ans par-dessus
M% mille ans. Dire?-vous enfin que c'est le
MA liai d'une longue conspiration, par la-
*irkle le peuple juif, ambitieux et théolo-
ttiAn a cherché h se créer dans le monde
îinr gmnJe existence ? Quoi t une conspira-
4: deux mille ans, fondée sur un chef
u-WfÀsanle générations devront attendre,
tl fi'iltttdra créer Après l'avoir si patiem-
««ifi'/cudu ? Hélas I on a bien de la peine
•É»i/'irer en faveur d'un homme vivant }
■*.*tra-ce ep faveur d'un homme qui
ni>iepas, et qu'on suppose devoir naître
i&e é|xi.{ue indéterminée I Et remarquez
e. * et homme venu, les Juifs l'ont cruci-
vQs doute parce que le supplice faisait
De de la conspiration. Remarquez de
i<iu'ils l'ont nié après comme avant le
vhce, sans doute pour assurer le succès
i iJe la conspiration et lout le succès
•liilion et de théologie qu'ils s'en pro-
lâient.
llrADd Dieu travaille, il n'y a rien è faire
Ire lui. Les proportions de Jésus-Christ
lies temps qui l'ont précédé sont plus
•p/intes encore que les proportions toutes
nés de sa vie et de sa survie. Car enfin,
Wl on vit, on est une puissance, on a
'"lion, il est possible de concevoir que
oes circonstances ont favorisé un
te d'un rare génie et lui ont donné sur
(emporains un immense ascendant..
dpre3 la, mort, il reste des amis, des
e«?, le souvenir d'une vie qui a été
« et par conséquent un moyen survi-
Inaction. Hais sur ce qui nous a précé-
îfur le passé, que peut-on?Qui(^enous,
iiinent qu'il suit, peut se fa^re un ancô-
'(juide nous, voulant établir uncdoctri-
fe créera un avant-garde degénérationsi
i 11 ièles è une parole qui n'était pas
IDre ? Qui Je nous présentera au monde
•feux doctrinaux, s'il n'est pas vérila-
iiient fils d'une doctrine antérieure à lui?
*.Vv (Misse est une terre close ; le passé
n'est pas même un lieu où Dieu pui.
agir, à moins qu'il n'y agisse d'avance en k
préparant. Si Jésus-Christ avait été comme
l'un de nous, tombé sans une préexistence
providentielle entre le passé et l'avenir, il
eût vainement demandé à l'histoire accom-
plie et fermée un piédestal qui le reportât
de vingt siècles en arrière de son propre
berceau. Au lieu de cela, Abraham, Isaac,
Jacob, David, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Da-
niel, un peuple tout entier, te genre humain
lui-même, viennent le reconnaître et le
saluer dans les bras du vieillard Siméon,
s'écriant au nom de tout le passé, dont il est
le dernier représentant : Maintenant^ Sei^
gneur^ vaut laisserez mourir votre serviteur
en paix^ selon votre parole^ parce que mes
yeux ont vu Fauteur de votre salut que vous
avez préparée la face de tous les peuples pour
être la lumière révélatrice des nations^ et la
gloire de votre peuple Israël (799).
C'est ici le comble : Jésus-Christ nous
apparaît le mobile du passé autant que le
mobile de l'avenir, l'âme des temps anté-
rieurs à lui aussi bien que l'âme des temps
postérieurs h lui. Il nous apparaît dans c.;s
ancêtres, appuyé sur le i)euple juif, qui est
le pins grand monument social et religieux
des temps anciens, et dans sa postérité, ap-
puyé sur l'Eglise catholique, qui est la plus
grande œuvre sociale et religieuse des temps
nouveaux. Il nous apparaît, tenant dans sa
main t^auche l'Ancien Testament, le plus
grand livre des temps qui l'ont précédé, et
tenant dans sa main droite l'Evangile, le
plus grand livre des temps qui l'ont suivi.
Et cependant, ainsi précédé et suivi, il est
plus grand en lui-même que ces ancêtres et
que sa postérité, que les patriarches et les
prophètes, que les apôtres et les martyrs.
Porté par tout ce qu'il y a de plus illustre en
arrière et en avant de lui, sa physionomie
personnelle se détache encore sur ce fond
sublime, et nous révèle, en surpassant ce
qui semblait au-dossus de tout, le Dieu q\\\
n'a point de modèle et qui n'a |)oint d'égal.
C'est pourouoi, h la vue de cette triple mar-
aue de la dfivinité, avant, pendant et après,
dans les ancêtres, dans la postérité, et dans.
}q temps même de la vie, levons-nous, le-
vons-nous tous ensemble , qui que nous
soyons, croyants et non croyants. Levons-
nous, croyants, avec le respect, l'admira-
tion, la fof, l'amour pour un Dieu quji s'es|
montré à nous avec tant d'évidence, et qui^
nous a choisis entre les hommes pour nous^
faire les dépositaires de cet éclat splendide.
de sa vérité ! Et nous qui ne croyons pas,
levons-nous aussi, mais avec crainte, aved
anxiété, comme des h^immes qui sont bien,
petits t avec leur puissance et leur rai-
sonnçmenl, devant des faits qui remplis*
sent tous, les siècles et qui sont si pleins
eux-mêmes de rempire et de la majesté da
Dieu (800) I
Uwr. n, 29, 30,31, 32.
(800j Voij. h note XV, à la ^n du volume.
m
rao
DICTIONNAIRE APOLOGETIQDE.
PRO
m
confirmée pour la muliitt^e dans une se-
maine, et au milieu de la semaine^ V hostie et
lesacrificecesseront^ et Vahominaiionde la dé-
solution sera dans le temple^ et la désolation
persévérera jusqu'à la consommation et à la
fin (794).
Je ne m'arrête pas à £sûre ressortir les
traits de ce discours qui ressembla moins à
une vue de Tavenlr qu'à une narration du
passé. Le cours des choses m'emporte et me
conduit pour entendre au pied du second
temple, cimi cents ans ayant Jésus-Christ,
ce dernier mot du proph&te Aggée : Encore
un peu de tempsy dit IfSfigneur des armées,
et j ébranlerai U ciel et la terre^ et la mer et
le désert^ et f ébranlerai toutes les nations.^
et le désiré de toutes les nations viendra^ et
je remplirai cette maison de gloire^ dit le
Seigneur des armées La gloire de cette
seconde maison sera plus grande que la gloire
de la première f et dans ce Ueu-cijt donnerai
la paix (796) .
Quelle suite & travers tant de siècles et
d*événements l Quelle fidélité èi une même
idée de la pari de tant d'hommçs que les
âges séparaient 1 Mais Tidéa messianique
no s'est cas même renfermée dans la tradi*
tion particulière du peuple |uif; elle a [)assé
le Jourdain, l'Euphrate, Tlndus, la Médi-
terranée, tou5 les océans, et, portée sur les
ailes invisibles de la Providence, elle a pé-
nétré chez les peuples les plus divers et les
plus lointains, pour y créer une espérance
uniformeet un universel souvenir.Confucius,
k l'extrémité orientale de l'Asie, parlait
d*un saint qui était, disait-il, le véritable
sainte et qui devait venir de IH3ccident.
Virgile, traduisant en vers les oracles de la
sjrbille de Cumes, annonçait au siècle d'Au-
guste la veuue d un enfant myslérieui, fils
de Jupiter, destiné à bannir du monde les
vestiges de l'antiauité; et à commencer un
ordre aussi grancl que nouveau. Tacite, à
profios du rèf^ne de Vespasien, s'exprimait
ainsi : « C'était une persuasion répandue,
que, suivant d'antiques écrits sacerdotaux, à
cette époque*lè même, l'Orient devait préva-
loir, et dçs hommes sortis de la Judée s'em.
fiarer du gouvernement des choses, v Les
rationalistes du %\i\i' siècle, contraints par.
Tévidence, ont avoué souvent cette unani-
mité de l'attente messianique. Voltaire a
liit : « C'était, de temps immémorial, une
maxime chez les Indiens et les Chinois,
que le Sage viendirait de TOccident. L'Eur
rope, au contraire, disait que le Sage vien-
drait de l'Orient (796). » Volney a dit :
<« Les traditions sacrées et mythologiques
des temps antérieurs avaient ré| andu dans
toute l'Asie la croyance -d'u^ grand média-
teur qui devait venir, d*un juge final, d'uu
sauveur futur, roi, Dieu, conquérant et lé-
gislateur, oui ramènerait TAgo d'or sur la
terre, et délivrerait les hommes de l'empire
du mal (797). x Boulanger, sous une forme
(794) Daniel, ix, 24-27.
(795) Agg. u, 7, S, 10.
(7%) A(((tUton5 à r histoire générale, p. 13.
encore plus générale, a confessé que tous
les peuples avaient eu une txpectaiitt dt
cette espèce^ et il ajoute cette étonnante pi-
rôle, qu'on pourrait appeler rOrlent, le
pôle de r espérance de toutes les fia/ioni(798).
C'est le mot mfime de Jacob à son lit do
mort.
Il est donc certain, l'idée messianique a
été l'Ame du peuple juif, peodant le cours
des deux mille ans qui ont précédé Jésus.
Christ, et cette idée s'était ré|)andue rhei
tous les peuples du .monde avec une telle
unanimité, qu'il n*est pas même possible de
s^en rendre compte par les communirate
de l'hébraïsme avec la genlililé, mais qu il
faut supposer une diffusion d(^ celte idée
antérieure mème^ Abraham. K( celte idée
messianique, si extraordinaire dans m
universalité, son progrès, sa persévéranreei
sa précision, s'est-elle enfin accomplie? Oui,
elle s'est accoaipliô : le Dieu^ un et créateur,
de la Bible hébraïque e^t devenu k Dieu du
presque toute la terre» et les nations m^ioe^
qui ne l'ont pas encore accepté luireoinii
nommage par un certain nombre d'adon-
teurs que la Providence élit dans leur m
Et cette incroyable révolution, qui Tato
accomplie? Un seul homme, le Christ El
d'où était-il, le Christ? 11 était iuU; de la
tribu de Juda, de la maison de Darid.Et
comment Ta-t-il accomplie, celte proJ^-
gieuse révolution sociale et religiense^Eu
souffrant et mourant, comme Dan^M^f
Daniel, l'avaient annoncé
Maintenant ie vous prie^ gueaîet«i-
vous ? Voici deux faits parallèles t\ cm-
respondants, tous les deux certains t ^^
les deux d'une proportion colossale, Un
qui a d!U*é deux mille ans avant lim
Christ, l'autre qui dure depuis (liï-iiu>
cents ans après Jésus * Christ ; Tun qui
annonce une révolution considérable et nu-
possible à prévoir, l'autre qui en eslUc-
complissement, tous les deux ayant Ite-
Christ pour principe, pqur terme, pour W
d'union. Encore une fois, qu'en pensez-Tous
Prendrez-vous le parti de nier ? Mais quesl*
ce que vous nierez ? Sera-ce reiislencetj?
l'idée messianique ? Mais elle est daiis «
peuple juif, qui est vivant, dans io"te '»
suite des monuments de son histoire, m^
les traditions universelles du genre huuûaiOi
dans les aveux les plus exprès de la pljïs P^*^
fonde incrédulité. Sera-ce rantérionlé «Iî^î
détails prophétiques ? Mais le peuple m
qui a oruciQé Jésus-Christ et qmauninicfOi
national et séculaire à lui ravir les prcutt^
de sa divinité, vous affirme que ses Ecriljrp-'
étaient autrefois ce qu'elles sont aujourd t»"'-
et pour plus de sûreté, deux cents cinquane
ans avant Jésus-Christ, sous le roi dEgvi'i
Plolémée-Philadelphe , et par ses urdro-s
tout l'Ancien Testament, traduit en grc|^.
est tombé en la possession du monde p»'
du monde romain, de tout le mondeciri"^^'
(797) Les Ruines, ji, 228.
(798) Recherches sur t'originedH de$rf*ti$m( Q^
lai, section x.
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:rj
PRO
DICTIONNAIIUl APOLOGETIQUE.
PRO
Vuus retournerez* vous vers Tau Ire pôle de
;) question, et nierez-vous J'accomplisse-
iQtfDl <ie ridée n]e$siani<}ue ? Mais I Eglise
attioliaue, fille de celte idée, est sous vos
Teust elle vous a baptisés. Sera-ce au point
iie rencontre de ces Jeux formidables événe-
luenls ()ae vous chercherez votre point d'ap-
, uj? Nierez-vous que Jésus-Christ ait vériné
.ons sà personne Tidée messianique, qu'il
«Oit juif, de la tribu de Jnda; de la maison
lie IMvid, et le fondateur de l'Ecluse catho-
.i'iae sur la double ruine de la Synago^e
vi Je TidoLItrle ? Mais les deux parties in«
{•re^sées, et irréconciliables ennemies, con-
viennent de lout cela. Le Juif dit : oui, et le
Chrétien dit : oui. Direz-vous que cette ren-
'•ntre d'événements colossaux, au point
. rtus de Jésus-Christ, est refltet du hasard?
H3isle hasard, s*il y en a, n*est qu'un acci-
.enl bref et fortuit, sa définition exclut Tidée
e suite ; il n"y a pas de hasard de deux
..ilie aos^et de dix-nuit cents ans par-dessus
f.'ui mille ans. Direz-vous enfin que c'est le
''^:>uUat d*une longue conspiration, par la-
quelle le peuple juif, ambitieux et théolo-
^;t;Q, a cherché à se créer dans le monde
i-ni- ^oJe existence ? Quoi 1 une conspira-
vi'iu ae teai mille ans, fondée sur un chef
•rir^vjisaale générations devront attendre,
1- 1 qull baéfa créer «près Tavoir si patiem-
imuiaUeoJa ? Héias I on a bien de la peine
a an$inm en faveur d'un homme vivant ;
•;fle 5era-€c en faveur d'un homme qui
p •fiiste |ias, et qu'on suppose devoir nattre
^ Que épOt{ue indéterminée 1 Et remarquez
• 'J^, rei homme venu, les Juifs l'ont cruci-
. - *. vos doute parce que le supplice fiiisait
' rtie de la conspiration. Remarquez de
"' *ï^'ju'iis Tout nié après comme avant le
-^ i'I'iice, sans doute pour assurer le succès
à\ de la conspiration et tout le succès
'--aibliiiion et de théologie qu'ils s'en pro-
. •eïUient.
Qaaod Dieu travaille, il n'y a rien h faire
^Dire lui. Les pro[K)rlions de Jésus-Christ
"aa^ les temps qui l'ont précédé sont plus
.ijipantes encore que les proportions toutes
vi/ies de sa vie et de sa survie. Car enfin,
i4/)'J on vit, on est une puissance, ou a
rjf a:tion, il est possible de concevoir que
ridines circonstances ont favorisé un
iiuie d*un rare génie et lui ont donné sur
>roniemporains un immense ascendant..
?(:e après la, mort, il reste des amis, des
' if>lcs, le souvenir d'une vie qui a élé
le, et par conséquent un moyen survi-
Di li* action. Mais sur ce qui nous a précé-
<, sur le passé, que peut-on? Qui de nous,
éinineot qu'il soit, peut se fa^re un ancé-
.'.^ Qui de nous, voulant établir uncdoctri-
, se créera un avant-garde de générations
[à fidèles à une parole qui n'était pas
>:ore ? Qui de nous présentera au monde
» aïeux doctrinaux, s'il n'est pas vérila-
^.icierit fils d'une doctrine antérieure à lui ?
H Ile passé est une terre close ; le liasse
n'est pas même un lieu où Dieu pui.
agir, à moins qu'il n'y agisse d'avance en >
préparant. Si Jésus-Christ avait été comme
l'un de nous, tomlié sans une préexistence
providentielle entre le passé et l'avenir, it
eût vainement demandé à l'histoire accom-
plie et fermée un piédestal qui le reportât
de vingt siècles en arrière de son propre
berceau. Au lien de cela, Abraham, Isaac,
Jacob, David, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Da-
niel, un peuple tout entier, le genre humain
lui-même, viennent le reconnaître et le
saluer dans les bras du vieillard Siméoo,
s'écriant au nom de tout le passé, dont il est
le dernier représentant : Maintenant^ Sei-
gneur^ vous taisserez mourir votre serviteur
en paix^ selon votre parole^ parce que mes
yeux ont vu Fauteur de votre salut que tous
avez préparée la face de tous les peuples pour
être la lumière révélatrice des nations^ et la
gloire de votre peuple Israël (799).
C'est ici le comble : Jésus-Christ nous
apparaît le mobile du passé autant que le
mobile de l'avenir, l'âme des temps anté-
rieurs à lui aussi bien que l'âme des temps
postérieurs à lui. Il nous apparaît dans c.3S
ancêtres, appuyé sur le peuple juif, qui est
le plus grand monument social et relieieux
des temps anciens, et dans sa postérité, ap-
puyé sur l'Eglise catholique, qui est la plus
grande œuvre sociale et religieuse des temps
nouveaux. Il nous apparaît, tenant dans sa
main gauche l'Ancien Testament, le plus
grand livre des temps qui l'ont précède, et
tenant dans sa main droite l'Evangile, le
plus grand livre des temps qui l'ont suivi.
Et cependant, ainsi précédé et suivi, il est
plus grand en lui-même que ces ancêtres et
que sa postérité, que les patriarches et les
prophètes, que les apôtres et les martyrs.
Porté par tout ce qu'il y a de plus illustre en
arrière et en avant de lui, sa phybionomie
personnelle se détache encore sur ce fond
sublime, et nous révèle, en suritassant ce
qui semblait au-dessus de tout, le Dieu qui
n'a point de modèle et qui n'a point d'égal.
C'est pourauoi, à la vue de cette triple mar-
que de la aivinité, avant, pendant et après,
dans les ancêtres, dans la postérité, et dans
le temps même de la vie, levons-nous, le*
vons-nous tous ensemble , qui que nous
soyons, croyants et non croyants. JLevons-
nous, croyants, avec le respect, l'admira-
tion, la foi, l'amour pour un Dieu quj s'es^
montré à nous avec tant d'évidence, et qu^
nous a choisis entre les hommes pour uous^^
faire les dépositaires de cet éclat splendide.
de sa vérité ! Et nous qui ne croyons pas,
levons-nous aussi, mais avec crainte, a veâ
anxiété, comme des hrimmes qui sont bien,
petits , avec leur puissance et leur rai*
sonnemenl, devant des faits qui remplis*
sent tous les siècles et qui sont si pleins
eux-mêmes de l'onipire et de la majesté de
Dieu (800) !
0) Lmc. Il, 29, 30, 31, 3i.
(800; Voy. h itoio XV, à b lui du volume.
705
PUO
DICTIONNAIPE
8V
Aiconiplissempiil ïill Tal des prnpliélics de l'Ancien Tes-
Limcrit concernant Ninlve, Bjbylone, Tyr, TEgyple ;
leur véracité confirmée par les découvertes des voya-
geurs modernes.
NiîiivE. — A l'histoire al>régée de la créa-
tion, du inonde anté-cJiluviea, Je la disper-
sion du genre humain après le d&luge et
des divers établissements qu'il a formés^
l'Ancien Testament ajoute une histoire des
Hébreux depuis le temps d'Abraham ju$(pj*à
l'époque du dernier des prophètes, pendant
une durée de quinze cents ans. Tandis (]ue
la partie histori(|ue de l'Ecriture trace ainsi
depuis son origine l'histoire du monde» les
propliéties nous présentent une perspective
qui atteint jusqu'à sa fln. C'est une chose
digne do remarque que l'histoire profane,
cessant d'être fabuleuse, commence à deve-
nir claire et authentique à l'époque même
h peu près oii Unit l'Iiisloire sacrée, et où
commence raccomplissemedtdes prophéties
qui ont rapport à d'autres nations que celle
(les Juifs.
Ninive, la rapitaie de l'empire d'Assyrie,
a été pendant bien des siècles une ville très-
vaste et très-peijplée. Ses murailles, si l'on
en croit les descriptions données par les his-
toriens païens, avaient cent pieds de haut,
et GO milles de circuit ; elles étiiient flan-
quées de quinze cents tours, de deux cents
pieds de hauteur chacune. Celte immense
cité, ayant fait pénitence à la prédication de
Jonas, sa destruction avait été écartée pour
un temps; mais étant retombée dans ses ini-
quités, elle a été frappée d'une ruine coni-
l»lète. Les Assyriens avaient cruellement
oj)primé les Israélites, pris Samarie, et em-
mené les dix tribus en captivité. (JV licg.
XVII, 5, 6; xviii, 10-13, 34; fcWr., iv,
2.) Ils s'emparèrent aussi de toutes les villes
forliiiées de Juda, et levèrent d'énormes
tributs sur les Juifs. Mais la gloire et la
puissance do l'Assyrie et de sa ville capitale
ont disparu, comuie la nombreuse armée de
Sennachérii), son roi, mise en déroute en une
nuit par l'ange du Seigneur.
Un historien grec, qui fait souvent al-
lusion à une ancienne prophétie concer-
nant cette ville, et en parle comme d'une
chose connue des Ninivites, cet historien,
décrivant la manière dont elle fut détruite ;
dit que rarméo des Assyriens fut assaillie à
l'improviste par les Mèdes, au moment d'un
festin et lorsqu'ils s'étaient gorgés de vin;
qu'incapables alors de résister à l'ennemi,
ils périrent pour la |)lupart; que le fleuve
étant monté à une hauteur excessive et sans
exemple, par suite des pluies longues et
abondantes, abattit un grand pan de mu-
raille, ouvrant ainsi un passade à l'ennemi,
et inonda la plus basse partie de la ville ;
que le roi, perdant tout espoir et pensant
que la prédiction allait s'accomplir, fit éle-
ver un immense l)ûcher, et, y ayant mis le
feu ainsi qu'au palais, fut consumé par les
APOLOGETIQUE. PRO -^^
flammes, lui, sa maison et ses trésors ; que
les Mèdes enfln, s'étant emparés de la ville,
après un siège de trois ans, en emportèrenl
un grand nombre de talents d'or et dargeot
à Ecbatane.
Comme de vastes eaux qut pssient, Jfhm
déracinera cette contrée^ et les ténèbrtifm*
suivront ses ennemis.
Que sont vos pensées contre Dieuf Ui-
même consommera votre ruine, et jamaû ne
s'élèvera sur vous une seconde trihuiatm.
Comme les épines s'entrelacent^ ainsi rovi
vous unissez dans Vivresse dei festins: kt^
1ère de Dieu vous dévorera comme le (kum
aride, {Nahum i, 8-10.}
. Les portes des fleuves se sont ouvertes, da
flots de guerriers s'élancent et le temfleaéti
renversé...
Ninive était aux anciens jours comme u
tac plein d'eau ; les flots de ses hbltanu n
sont écoulés. Arrêtez! arrêtez I et i7 n'en «(
pas un qui revienne.
Enlevez Vargent^ enlevez For : ses rirktm
sont immenses, ses trésors sont innomkulk.
Ninive est désolée, déchirée/, elîe^ntstfki
qnune ruine : tous les c^urs tombent aàr
faillanccy tous les genoux tremblent, (mk
reins chancellent, tous les visages sontnt.mii
par la douleur. (Nahum u, 6, 7, 9, 10.;
Voilà que tes soldats sont des fe^nmiû'i
milieu de toi : les portes de tes vHlasmrfut
d'ellfs-mêmes à tes ennemis ; lefeueniém"i
les barres et les verroux.
Le feu de l'ennemi consumera tHirm\ii
tu périras par le glaive; il te démmmv^t
l'insecte consume l'herbe des chamfi.\'^à'^
III, 13, 15.)
Que tes marchands égalent en noDi6w In
étoiles du ciel : ils seront comme cetnmms
qui ont couvert la terre et qui ont dhpon.
Tes princes et tes grands sont comme*
essaims nombreux qui^ dansl'hiter^ àeuW
un abri sous les haies; le soleil a foru^f^l
s'envolent ; on ne connaît plus la place ({^^^^
occupaient. (Nahum m, 16, 17.)
Jéhova étendra sa wain vers raquim »
perdra le peuple d'Assyrie: il désolera Mf^^^^»
elle sera aride comme le désert.
Les troupeaux reposeront dans son «•
ceinte, avec tous les animaux sauvages: ''
pélican et le hérisson habiteront dans ta
ruines ; les oiseaux crieront sur ses (entirti.
le corbeau se fera entendre au-dessus </<«*;
portes, ses palais de cèdre seront renterif^-
Et l'on dira: Voilà cette cité superbe, ((^
se
cœur
point ^.,...,^. ^ .,. - - —- ^
en un désert, en un repaire de be'tes samiJf^
Tous ceux qui passent près d'elle «/J^ "
frappent des mains. (Sophon. n, 13-15.)
Le lieu où Ninive avait été bâtie est <Jt-
meure longtemps inconnu (801). Ilaélédaitf
ces derniers temps visité pardifférents voj»*
geurs. C'est maintenant un vaste désert, ^^i
l'on rencontre des monceaui de décoffil»^^
dont les principaux sont en partie recoc-
(S(\) i Où sont-ils CMS remparts de Ninive? dit
(liuiHeSf c. ^ cl 5.)
Volnoy ; Nuiivc dont le bow à f^
m0
.wv!»
PBO
DICTIONNBIAE APOLOGETIQUE.
PRO
798
verUu*e gazon, et ressemblenl aax restes tics
rdoules et des relranchements des anciens
ijmps romains.
Ces raines viennent d*apparpttre de nou-
reaa au grand jour; il en existe des frag-
ments magnifiques aux musées de Paris et
je Londres.
Tandis que la plupart des savants ont con-
>i'Jéré cette découverte comme donnant en-
îia les moyens d'écrire l'histoire de TarrAi-
(tKiure assyrienne^ pour nous, ce qui seul
Lous a intéressés, c'est de rechercher les
îreuves nouvelles qui devaient en ressortir,
.j.'Nms les faits racontés dans notre Bible.
C*rilj nous n*en doutons aucunement, le but
•"i^vîdentiel de cette découverte ; on va voir
V Ji.»nas, si nos autres prophètes ont dit
•raf, quand ils ont raconté les merveilles des
•*. :'i»5se$ et delà puissance assvrienne ; s'ils
■ r-l dit vrai quand ils ont pr^it Tabaisse-
• .ent el la destruction de cette colossale
; ui^saoce. Chose admirable I naguère on
traitait I*hisloire de notre Bible de fables,
!^3 ntenanS encore Strauss et TAIIemaf^ue
^•.u!cnt faire passer pour des mythes This-
^•\re de Jésus et les apôtres ; les personna-
ges >iQl placés si loin, disent-ils, que Ton
U' \^jA lire assuré de leur existence... £t
v-iîb que BOUS retrouvons les ponrails, les
Livroiseffls contemporains de personnages
•; 11 {>o( existé au viir et ix* siècle avant Je -
«as et les apôtres. L'Ëgrpte nous a donné
iefhjTiraîi du roi Roboam^ les Juifs fabriquant
hs briques 9 peut-être même le tombeau de
T inspecteur qui les présidait (802] ; voilà que
Xîoive nous rend probablement les portraits
ii Tobie, d'Osias, d'Ezéchias, de Nabucho-
ùoaosor, d*Ho1ophernp, etc., que la terre
cascrvait depuis pi us de deux mille ans. Qui
fieat calculer les témoignages que Dieu se
maserve encore cachés dans ces immenses
rrr|»(es, vrais musées, qui contiennent les
ûir^.s de la fidélité et de la véracité de ses
vcits? Qui sait ce que l'on lira sur ces ins-
rnptions ninivites et égyptiennes conservées
)rec tantde soin et d^exactitudeîOnne dira
ja< ici gue Thistoirça été altérée et conver-
i> en légendes, que chaque copiste, chaque
iècle j a ajouté quelque chose ; voici des
mlograpbes de deux mille, trois mrlle, qua-
re oiille ans; ils sortent de la main de Té*
Tivdîn, ils ont été conservés» el sont plus
urhentîques c(uc tous les titres conservés
}.ez les notaires et dans, les archives pu-
AÏ-iaes. Vous n'avez qv'à yous appro-
her et à les lire, car, que pas un chrétien
tVn doate, la science moderne lira ces ins-
r:|«t ions. Elle les lira comme elle a tu le
end^ le sanscrit, le chinois, c'çst-à-dire,
-.vricoup mieux qqe ne les fisent les peu-
^--^ <jui on conservé ces écritures. Atten-
•ns* seulement, attendons. Dieu ne manque
. . h 1 ui même, ni à ceux qui croient à sa
.irole.
!tf ^ Flandin termine ainsi son savant Rap-
^ vr/ sur CCS ruines el leur découverte : i Je
.^ti. Voir c« Uomuncnu, lorac VIII, p.'.g.^ 113 (l" sc^ie;. d t. VI, p. 1.10 Cy .crie) lîçs Aun^Us 4ê
\^^^^^û chfét»
laisse à la science des philologues et à rba-
bileté des archéologues le soin de décider
toutes les questions graves que la pioche a
fait surgir de terre, en lui dérotiant les pré-
cieux restes de cette grande capitale de l'A-
sie occidentale, que Dieu frappa si violem-
ment de sa colère. Jamais, à aucune épogue,
on n*a fait une découverte archéoloj^ique
aussi importante que celle des palais re-
trouvés sous le village -arabe de Knorsaijad;
car les idées que Ton a eues jusqu*à ce jour
sur Ninive étaient très -confuses, très-con-
tradictoires ; eu faisant la part trop large aux
récits figurés et éminemment poétiques de
l'Orient, on était tout près de croire fabu^
leuses les traditions de la Bible el d'Héro-
dote. La découverte de H. Botta aura un
double résultat : elle justifiera Hérodote et la
Bible aux yeux de ceux qui les accusaient
d exagération^ et elle révélera dans toute sa
majesté et toute son élégance un art qui fait
comprendre à quel degré de civilisation était
déjà arrivé cet empire, qui n'avait i»aru
{;ran(i que par ses conquêtes.
Babylo.ne. — Ce nom rappelle à rimaçî-
nalion étonnée el l'immensité de celte ville
superbe, la plus vaste peut-être, après Ninive,
de toutes celles dont les annales d'aucun
peuple ont jamais fait mention, et sa prodi-
gieuse antiquité, et la puissance de ses rois,
cl la magnificence de ses monuments placés
au nombre des merveilles du monde, el les
malheurs dlsraël, opprimé cl arraché da sa
patrie par les souverains de Babylone, el les
oracles des prophètes, qui annonçaient, avec
tant d'énergie et des couleurs si brillantes,
la ruine future de celte orgueilleuse cité.
Les débris gigantesques , qui ont bravé de*
puis tant de siècles les efforts du temps et
fa main destructive des hommes, sont encore
là pour attester l'emplacement oîi 'fut Baby-
loj.e, et pour certifier l'accomplissement
des prophéties. Le silence et la désolation
régnent dans ces lieux qui retentissaient
autrefois des acclamations et des chants d'un©
immense population. Le lion et le chacal on.|
établi leur retraite solitaire dans les souter-
rains de ces mêmes palais qui furent té-
moins des fêtes brillantes et des pompeuses
orgies de Nabuchorlonosor et de Balthazar.
Ces champs si fertiles de l'antique Baby-
lone sont voués aujourd'hui à la stérilité la
plusaffreuse.Desmaraîsînfects, des bruyères
épaisses ont succédé à de magnifiques cul-
tures, arrosées par deux beaux fleuves, le
Tigre et l'Euphrale. Tout le pays présente
Pimage d'un vaste désert, où l'on voit à
peine errer quelques tribus arabes , qui do-
minent sans opposition sur ces tristes soli-
tudes. Partout règne le silence de la morl;
et les lions qui peuplent Us marécages de
cette contrée et partagent avec les Arabes
l'empire de ces plaines, troublent seuls,
i)ar leurs rugissements , le calme lugubre
tles nuits, et portent ia terreur dans 1 âuie
du voyageur, que fatigue duraul le joui m
799
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
continuité d'un spectacle aussi affligeant que
monotone.
Depuis deux siècles, des voyageurs éclai*
rés et courageux se sont plu à fouiller le
sol qui fut le théâtre de la puissance de Se-
niiraniis et <le Nabuchodonosor, è interroger,
d'un œil curieux ces ruines majestueuses;
et de savants géographes ont consacré leurs
veillos à éclaircir les diflicultés que présen-
tent les récits des écrivains de l'antiquité
sur la topographie de la ville de Bahylone.
Ce sujet a été envisagé sous toutes les faces
et discuté avec autant d'érudition que de
sagacité et de critique.
L'un des meilleurs ouvrages qui aient été
publiés sur les ruines de Babylone est celui
de Rich, résident d'Angleterre h Bagdad,
dont l'ouvrage a été traduit en fran(;Vis par
M. Raimond, ancien consul à Bassora, qui
a résidé pendant quinze ans dans le pacha-
lick de Bagdad. L'exactitude des descriptions
de l'auteur anglais, confirmée par son tra-
ducteur, nous a déterminé à lui empruiiter
les passages les plus intéressants.
C'est à Mahavil que commencent les ruines
de Babylone; l'Euphrate les traverse du
nord au sud. Ce fleuve croit quelquefois
l'hiver au point d'inonder tout le pays d'a-
lentour : les ruines alors se trouvent telle-
ment submergées que les vallées qui les
coupent, se changeant en marécages, il y
en a une grande partie dont on ne peut
approcher. On s'est beaucoup récrié sur
riromense étendue qu'Horpdote attribue à
Babylone; d'ajïrès l'inspection des lieux et
!f:s morceaux de briques répandus çà et là
daiis les environs (803), et le voyageur
anglais et son traducteur ne balancent pas
à admettre les dimensions que les auteurs
profanes assignent à cette ville célèbre, et
les calculant à quatre-vingt-quatorze toises
et demie, ils trouvent que l'enceinte de
Babylone est de Jix-huit lieues. C'est le
sentiment de Beauchamps, oui, après en
avoir examiné attentivement les restes, leur
reconnaît un diamètre de six lieues. Nous
allons laisser parler maintenant notre voya-
geur.
« C'est à neuf milles d'Hillah, sur la route
de Bagdad, que commencent les ruines de
Babylone ; tout le pays offre par intervalle
di^s vestiges de bâtiments où l'on découvre
des briques cuites au feu et durciesau soleil,
«•idu bitume. Trois éminences surtout fixent
rallcution par leur grandeur : la première
consiste en une masse de ruines de onze
cent verges de longueur; elle peut être,
dans la partie la plus élevée , de cinquante à
soixante verges environ au-dessus du n'veau
de la pleine. On n'y a trouvé que peu de
belles briques entières....; il y a près de là un
(803) Un voyageur éclairé, M. Olivii^r, qui a vi-
ftiic lui* môme, à la fin du xvui' siècle, le \asi6 ler-
riiin qu'occupait Babylone, faii la rt*marque sui-
vante : I Le sot sur If'quel Babylone fut assise, à
vingt lieues au sud de Bagdad, ne présente, au pre-
mier aspect, aucune trace de ville ; il faut le par-
CfMirir en entier pour remarquer quelques buttes et
«lU.biues dévuiions, et pour voir que la tcnc a été
petit dôme entouré d'une enceinte ohlon^ue
qui renferme , à ce qu'on prétend, la dé.
pouille mrortelle d'un des fils d'Ali, nommé
Amran, et de sept de ses compa|;nons,qiii
furent tués à la bataille de Hillah.
ff La seconde grande masse est d'une figure
presque carrée de sept cents verges de iuoj
et de large. Son angle sud-ouest commcoct
à l'angle nord-ouest de l'émincnce dWmrai
par un rideau fort étevé, qui a près de ''^m
verges de largeur. Beauchamp 6t ici sei
observations. C'est , h n'en pas douter, l|
partie la plus intéressante des ruines j
babylone. Chaque vestige qu'on y déroovflf
annonce un assemblage ds bâtimens
beaucoup supérieurs à tous ceux dont
reste des marques au côté oriental.
briques en sont du plus beau type. Cet
droit en est le plus grand magasin, et nial^
3u'on en ait tiré et qu'on en tire sans ct^
e grandes provisions, il semble qu'il jd
a toujours en abondance. Il est résulta A
ces fouilles de grandes excavations ém
lesquelles on voitdcs murs de briquesroiHl
bâtis aveo une liaison de roorlierlctoa.
de très-bonne qualité, et de phs,|iari
les objets épars en général sur lasumfc
ces éminences, des morceaux de vasesifi*
bûlre, de belles poteries, de marbre, clBi
grande quantité de tuiles vernies, (ionll
couleur et l'éclat sont étonnemmenl ir
Dans un creux, près du cdté méridional
découvris une urne sépulcrale depo
qui avait été cassée en creusant. Toutp
on a trouvé des os humains qui se sont
vérisés aussitôt qu'on les a touchés.
« AFin de faire plus en détail ladescriplll
de cette éminence, j'ajouterai au'àphiM
deux cents verges de Textrémité seplenw
nale se présente un ravin de près de oi
verges de long et de trente de lar^e, l
quarante et cinquante de profondeur, irejj
par ceux qui cherchent des lyriques: ili
côté, on voit encore debout un pandei^
railles de quelques verges, dont la M
aussi nette que parfaite, semble avj)if|
la façade de quelque bâtiment; de W
un amas de décombres si confus que
dirait que le ravin a été pratiqué dan
bâtiment solide. Sous les fondcuiet^
bout méridional , on a percé une uuv
d'où se découvre un passage souterrain
le plancher est carrelé, et le mur, de à
côté bâti de larges briques cl de bilmnei
couvert de pierres de sable , de pl"^^
verges de longueur et d'une d'cpai>seur
fardeau que portent ces pierres est s\f
cjue les murs sur lesquels elles reposent
IJcncbé considérablement. Le dessus df
jwssage est cimenté de bitume; l'autre pi^^
du ravin l'est de mortier, et toutes les u
presque partout remuée. L&, des AralH^s Mni «
pés« depuis plus de douze siècles, i fouiller la (<
et k rairer Its briques dont ils ont bàli en RW
partie Cufa, Bagd;id, Mesclied-Ali, Mesched-Hf^
ilillah cl presque toutes les ville? qui se \rm
dans ces couirées. • {Voyaqe dan$ rrniï'ir^ <>"n
rt:gtjpie et la Syrie, !80i, 1 >ol. in-8*.)
M
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
802
lies soni chargées de caractères. Le bout
fptenlrional du ra? in paraît avoir élé Ira*
er«é par one muraille très-épaisse de bri-
a^s jaanes cimentées de mortier d'une
Idjicheor éclaianle, et qu'on a enfoncé en
reo^dnt pour v chercher des briques. Un
eu au nord de I& , je découvris ce que
eanrbamps n avait vu qu'iœfiarfaitement^
t qu'il avait pris pour une idole» sur la foi
K gens du pajs (80b). On me fit le même
ipporl; on vieillard arabe avait trouvé cet
iole en fouillant; mais ne sachant qu'en
lire, il I avait enfoncée de nouveau (805). Je
^ Tenir ce vieillard, qui indiqua l'endroit,
(je mis un certain nombre d'hommes h
outrage. Au bout d'une pénible journée de
iiuue, ils déblayèrent assez de terre pour
Delaisserapcrcevoir, placé sur un piédestal,
in liun de granit gris commun ; il avait une
itiie colossale et une ouverture circulaire
t la gueule où Ton pouvait introduire lé
i-'in;.
• Co f>eu à Toccident, le premier objet
V;^ l'on remarque est appelé par les natu-
rs ;«(es du {tnySf Kassr^ ou palais ; c'est une
.•^:'- raine à découvert, en partie détachée
"^ '*H^mbrcs. Celte ruine consiste en plu-
y^.Ki&arailles et en plusieurs piliers de
h:\ {tckb d'épaisseur, tournés vers les
•VisL'tpots cardinaux, en quelques en-
r<i$*jnïés de niches... Dn peu au nord-
^v.>e}vrésente Tarbro célèbre que les na-
urrlidopajs appellent Athètu qui, selon
'i\. {tassait des fleurs du temps de l'an-
lioeBabvIone. Ils prétendent que Dieu
i rréserré exprès de fa destruction de cette
^'e, afin d'offrir à AHxïxï lieu convenable
''sr attacher son cheval après la bataille de
l''ah. Cet arbre est un espèce de rideau ;
t c'en reste plus que la moitié du tronc,
■jj annonce qu'il a été d'une grosseur con-
l'iêrable. Le bout de ses branches est en-
cre f*arbitement verdoyant ; quand le vent
is^ite, elles rendent' un bruit sourd et
^éiaaoolique. Cet arbre est toujours vert,
^i>eif.blant en quelque sorte au lignum
'^9, et d'une espèce, à ce que je crois, très-
ire dans le pays (806). Les habitants affir-
ment qu'à l'entrée de la nuit il est très-
ingereiix de s'approcher de cette éminence,
>nre quelle est hantée par une multitude
t mahns esprits*
• A un mille au nord du Kassr^ oh à cinq
^ RiJiah, et i neuf cents verges de I'ëu-
^rate, se voit la dernière éminence qui
'^»l> neuHell. p. 509.
*^*5' It est vnisnubhble qae plusieurs morceaux
■^oessesoot perdus de celle manière. Les habi-
nu du pajs donnent le nom d^idoles k tuules les
rms chariiées dMnscripiions ou de 6gores.
^^} U traducteur qui a enrichi le mémoire de
nidi de notes et d^obsenrations très-intéressantes,
' iâ la remarque suh-ante : < Les restes do Kaur^
^le nom a passé jnsqn*i nous, attestent qu'un
^ a existé dans cet endroit, el qu*îl a été beau-
^ plos haot ; et à voir leur poisilion fort au-
^^ <ta niveau de la i^ine, on dirait que le Kassr
^ >iiiié «iriine montagne ou sur d'autres b&iisses
|n élevées. La concordance de la descripUon de
'• Kck auc celle de Diodore est si remarquable sur
termine celte chaîne de ruines. Piétro dej*
la-Val le, qui Ta décrite, décide que c'était
la tour de Bélus. Reunell a adopté celte
opinion. Les habitants du pays appellent
c^tle mine Mudjéiibé^ c'est-à-dire, renversé
sens dessus-dessous. Le Mudiélitié a une
forme allongée, la hauteur et les côtés qui
regardent les points cardinaux* sont irrégn-
liers. Le côté du nord a deux cents verges
de long ; celui du sud deux cents dix-neuf;
celui de Test cent quatre-vinçt-deux ; celui
de l'ouest cent trente-six. L'élévation de l'an-
gle le pi us haut est de centquarante-un pieds.
La face occidentale, qui est la base, est aussi
la pitis intéressante par rapport h la vue
qu elle offre du bâtimenL On voit près du
sommet, un mur un peu élevé avec des inter-
ruptions, bâti de briques crues mêlées avec
de la paille, ou des roseaux hachés menus,
et cimentés de mortier de terre grasse qu'on
n'a pas épargnée : il y a, entre chaque cou-
che de brique, une couche de roseaux.
L'angle sud-ouest est surmonté d'une es-
pèce de tour et de lanterne ; le sommet est
couvert de décombres ; en creusant on dé-
couvre dans quelques-unes des couches de
briques cuites cassées, qui ont été cimen-
tées de mortier, et jiar ci par là des briques
entières chargées d inscriptions. Le tout est
couvert de morceaux de poteries, de briques
vitrifiées, et même de coquilles, de pièces
de verre el de mère-perle. Comme je de-
mandais à un Turc comment il s'imaginait
que ces dernières substances avaient été
apportées là, il me répondit sans balancer :
Par le déluge. On aperçoit dans divers en-
droits des tannièrcs de bêles féroces ; j y
trouvai une grande quantité de piquants de
porc-épic, et, dans la plupart des cavités,
une multitude de chauve-souris et de hi-
boux.
« Au côté septentrional du Mudjélibé,
près du sommet, est une niche ou retraite
assez élevée pour y admettre un homme
debout. Derrière, il y a une ouverture basse
qui mène à une petite cavité d'oti sort un
passage à droite, qui se perd dans les dé*
combres.Les naturels l'appellent leSerdaup
on le Cellier; un homme resriectable m'in-
forma qu'en y cherchant des briques, il y a
quelques années, on en retira beaucoup de
marbre, et ensuite une bière de bois de
mûrier dont une partie paraissait couverte
de bitume. Cette bière renfermait un corps
humaiu, enveloppé étroitement dans un liu-
ce point, qiril est bien clair que le pnîaîs dont il e^t
ici pnrié ne peut éire que celui des fameux jardiuh
su$pendu$. Pour moi, je la regarde comme une preive
qui est au ticlà de toute di pute ; Tarbr^ qui e.>t uii
peu au nord-est en offre une autre qui ne Test pas
moins. Mais ce n*est pas ce qu*en dit la t adîliim,
qui m'a porté à y avoir rfcnuf8;fy ai éîé déîermiiié
p:ir les quatre conàidcrattons suivantes de locjlité,
rexistenoe de cet arbre sur le sommet de ces raines
prés du Kassr et dans Penceinte du jardin suspendu,
son espèce qui est très-rare et inconnue d»ns le
pays, son air de vétusté s*accordant avec le p'and
àgê qu^on lui suppose, et la considération qu*il j a
des arbres qui vivent au delà de deux mille ans. »
805
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
POO
m
ceui qui tomba en poussière aussitôt qn'il»
fut c\|)Osé à Tair. Ce récit, joint à la consi-
dération que c'est le lieu le nlus favorable
à délerminer quelque chose du plan origi-
naire de celle ruine, m'engagea à mctlre
douze hommes à l'ouvrage, afin d'ouvrir
d'en haut un passage dans le Scrdaup, Ils
creusèrent dans un fût ou dans un pied-
droit creux de soixanle pieds carrés, revêtu
de belles briques et de bitume, et tout rem-
pli de terre. Ils y trouvèrent une poulrede
iiois de daltier, une lance de cuivre, et
quelques vases de terre ; il y en avait un
cj^ui était très-mince, et qni avait à Tcxlé-
rieur quelque restes d*un beau vernis
blanc. Après trois jours de travail, ils péné-
trèrent jusqu'à l'ouverture, et découvrirent
un passage étroit de près de dix pieds de
hauteur, à moitié plein de décombres, con-
tenant des briques cuiles cl des. brlcjucs
crues : les unes avec des inscriptions, et L»s
autres comme à l'ordinaire, avec une cou-
che de roseaux entre chaque rang (807), ex-
cepté dans une ou deux assises, près du
bas, où elles étaient cimentées de bitume ;
singulière circonstance dont on no saurait
rendre compte.
« Ce passage paraissait comme s'il avait
originairement eu un revêtement de belles
Lriq tes cuiles et de bitume pour cacher
celles qui n'étaient que durcies au soleil,
dont le corps de bAtiment était principale-
ment composé. Kn face de ce passage il s'en
f)réscnleun autre rempli de terre jusqu'au
)aul, ou mieux le môme continue vers l'est,
où il s'étend probablement À une distance
considéiaLle, peut-être même tout le lon^
du côté du Wudjélibé : en le creusant j*ai
découvert près du sommet une bière de bois
«vec un squeletle bien conservé. Sous la
lêle de la bière il y avait un cailloux rond ;
au dehors un oiseau de cuivre y était atta-
ché, et au dedans se voyait un ornement de
la même nature, qui semblait avoir été sus-
pendu à quelque partie du squelette. Cet
incident, s'il y avait le moindre doute, place
l'en ciennelé du squeletle au delà de toute
dispute. Après l'extraction de cette bière,
on déterra un peu plus loin dans les décom-
bres le squelette d'un enfant. Il est vraisem-
blable que tout ce passase, quelque grand
qu'il fût, était occupé de la même manière.
« Je vais examiner maintenant tout ce
qui resle de Babylone sur le côté occiden-
tal du fleuve. La masse, qui est de beaucoup
la plus remarquable et la plus frappante de
toutes les ruines de Babylone, est située à
six mille environ au sud-ouest de Hillah.
Appelée par les Arabes Birs-Nemrod (808^,
(807) Ce bilunie el c^s roseaux qui se trouvent
iDôlés à ces ruiner s'acoident parfailenient avec
rhistoire sacrée el profane, licrolote el Diudore
parlent dest roseaux dont se servaient le3 Babyloniens
pour la construction de leurs édifices ; et Muhe iMt
dans la Geit^te (xi, 5) : c Kt ilssedînuirun àTautre :
A//011S, fahons «^s briqua^ et cuisons-les au feu.
Ils se servirent donc de briques comme de pierres, et
de l/itume comme de ciment, 1
(808; L*éiymolugie du mot birs fournit un sujet
et par les Juifs la prison de Nalmclioloti".
sor. Klle a été décrite par Eramanael Mail!.;
et Niebhur, à qui la craitlc des Arabes qu
permit point de la voir de près.
« J'ai visité le Birs-Nemrod dans un nu.
ment qui répondait tout à fait à la grandeur
de son effet. La matinée était dWord m*
§euse, et nous menaçait d*une grande clmie
e pluie. Mais comme nous nous appriv
chions du but de notre voyage, lesnoa;?!
qui s'étaient accuinulés se séparèrenCfl
nous laissèrent entrevoir le Birs, dominanl
sur la plaine, présentant Tapparence d'um
montagne ronde couronnée d'une lour,aTe[
un rideau élevé qui s'étend le long doi "
pied. Comme pendant la première (iarii«»
notre promenade nous fûmes enlièreni
privés de la vue de celte ruine, cela ri
empêcha d'en acquérir par gradalion h
en général si nuisible à reffet, cl si pa
culièrement regrettée de tous ceux qui r
lent les pjTamides d'Egypte. A pcmofûra
nous parvenus à une distance conveni
qu'elle s*offril tout d'un coup à la yw»
milieu des masses roulantes do nua;;fi5fl
et épais, obscurcis en quelques ami^
celle espèce de brouillard dont lawûli
produit quelque chose de sublime,!
cjue des traits d'une couleur vive, présa^
1 orage, étaient répandus dans kûh^Ai
delà, et servaient à donner quelque iJèaf
la solitude du pays désolé oi!l se trouve
tuée celte respectable ruine.
« Le Birs-Nemrod est une énini
d'une figure oblongue de 762 vergei. dd
conférence, coupée à l'orient par un f
profond; elle n'a que 50 à CO pieJs d'él
lion, mais à l'occident, elle s'élève on (^
à 190 pieds do hauteur, et son sominetj
termine par une muraille soHde de briq^
de 36 pieds de hauteur sur 28 de lar:e,
minuant de grosseur vers le ftîle , qui,
rompu, irréçulier et fendu par une p
crevasse qui se prolonge jusnu'à un
de la hauteur. Cette muraille est p
d'outre en outre par de petits trous ca
qui sont disposés en losange. Les
briques cuiles dont elle est bâtie
chargées d'inscriptions, el le cimenl,
semble être du cimenl de chaux, qut^
soit difficile de distinguer la nature
liaison des couches, tant elles sont s
ensemble, est si admirablo qu il est rt
irapossibbî de détacher une de ces i>r
sans la casser. Le reste du sommclde
éminence est couvert d'énormes nio)
d'ouvrages de briques d'une forme im
minée, tombés ensemble, et changés!
solides masses vitrifiées, comme si
curieux ^ ceux qui prennent plaisir à de p
discussions. Il sendiie que ce ue soii (»a> us
aral)e ; car il ne se tro.uve dans celle langue tii
expression qui y ail rjpport, et les pe/>oiiB4
mieux insl.u.U-s du pays ne pureiilni direpntfi
il est appliqué à celte raii.e. Un luoi cbaUe.a'
beaucoup de res!»eroblance avec celui de ^irJ.si|
habitations des démons ou dénert sablQiiHcvs.v
de l* auteur.)
15
PIIO
iraient subi TacUoD du feu ic plus vio-
»nl(809), ou qu*oa Jcs eût fait sauter avec
e la ()OU(lre à canon. Ce[>cndant on peut
^i-|jien distinguer les couches de briques,
3 qui est un iait sinçulier que je no suis
ts en état d*expliquer.
c Ces ruines extraordinaires sont les mè-
les dont parle le P. Emmanuel qui ne
a aucune attention à la hauteur prodi-
leose sur laquelle elles sont élevées. Cette
Dinence est elle-même une ruine, creusée
ï ravines par le temps, couvorle de débris,
Hiimo partout ailleurs, et de morceaux de
erres noires, de pierres de sable et de mar-
V. Dans la partie orientale, on distingue
sèment lïos couches de briques durcies au
M, mais sans aucun roseau quelconijue,
rroiislancc qui nous semble attester la
luifi antiquité de cette ruine, parce qu'on
MU ve toujours ordinairement des roseaux
îi il y a des briques crues.
« Dans le côté du nord on aperçoit des
mues de bâtiment qui portent une grande
Sïeinblanco au monceau de briques. Au
leiderétuinencc, on découvre un escalier
peine élevé au-dessus de la plaine dont
rvssilue excède de plusieurs pieds la base
^ubîeou mesurée. Toute cette ruine est
KtbRhd*une enceinte carrée comme au
^n^lM^ mais en beaucoup meilleur état
tf^'ifle plus grande dimension. A une
Wf distance de Birs, et sur la même
îflc'iue le côté oriental, il j a une autre
SM^e beaucoup plus longue que large,
<[Qi n'est pas inférieure h celle du Kassr
I ê'éîation : sur le sommet sont deux
tiljbé ou oratoires
I Le fiirs-Nemrod tire un nouvel inlérôt
la possibilité qu il y a que c'est la même
^■f que les descendants de Noé, sous la
Huite de Nemrod, élevèrent dans la
ittc de Sennaar et dont l'achèvement fut
frrompu d'une manière si mémora-
;8io). M
^ons n'avons pas rapporté à beaucoup
Houl ce qu'il y a d'intéressant dans le
moire de M. llich, mais ce que nous en
^) Iq coinpalrîoti de M. Rich, qui vient de
tirfiibyloi.c, fait la même observation : i Ce qui
«de la loar de Babel, qui fut conslruiie en bri-
ii préseuie, dit-il, Taspecl d'une montagne bnïlée,
tV^t les saintes Ëcrilures Tavaieiit prédit. Du
|i^ de la tour la vue s^arrèle sur les amas éuor-
ififormenl les ruines delà Babylone ancienne.
' ''f^gear, en contemplant cette scène , n'a pu
^iKf de reconnaître avec quelle exactitude k s
étions d*l8aie et de Jéréinie se trouvent accom**
'■^lîabyloiie n*est plus habitée ; rArabelui-n«éme
^le plus sa lente ; ces lieux désoléi ne sont plus
uo affreux désert. > (Voyaae du capilaine Kepvel
^<oiie, publié en 1829.)
^lU) Void, sur ces fameuses mines les réflexions
ta foyageur qui visitait, il y a quelques aanëes,
H^ue de Babyloue : c Une heure et un quart de
^ de plus nom [conduisit à la rive N.-E. de
"Cvaie, jttsqae-là dérobée k notre vue par Us
tei loQfaes et variées des ruines qui proclamaient
^rout ei.ons au mil eu de ce qui fut jadis Baby-
K : Sar notre droite étaient des masses colossales
wcicouet constructions qui ressemblaient plutôt
^ eaicenœs naturelles, qu*à des terres cou-
DICTIOiNNAIRE APOLOGETIQUE. PRO 806
avons cité suffit pour faire connaître létat
actuel des ruines.
Ecoutons Isaïe :
Ruine de Babylonc^ révélée à IsaiCf fils
d'Amos,
Dressez V étendard sur la plus haute mon-
iagne^ poussez des crîs^ armez vos bras^ et
que les guerriers se hâtent d'arriver.
J'ai donné mes ordres aux soldats que j'ai
choisis: fai appelé mes braves dans ma colcre .
ma gloire les anime.
Voix de la multitude sur les montagnes,
voix comme d'un grand peuple; c'est h
bruit du tumulte des rois et des nations réu-
nis.
Ils accourent des régions éloignées^ des
extrémités du ciel. Reconnaissez le Seigneur :
t;ot7d les instruments de sa colcre.
Poussez des hurlements ; le jour du Seigneur
approche... Jour crueU plein d'indignation^
et de fureury qui fera de la terre un désen,
jour qui exterminera les impies.
Je violerai les crimes de celte contrée et
l'iniquité des impies; j'abattrai l'orgueil des
supcrbesy jliumilierai l'insolence des tyrans.
Le juste malheureux est plus précieux pour
moi que l'or le plus pur.
Voilà que je susciterai contre eux les
Mèdes^ que leur or ne pourra éblouir.
Cette superbe Babijloue, la gloire des royau-
mes, l orgueil des Chaldcens^ sera détruite
comme Sodome a Gomorrhe.
iAle sera déserte jusqu'à lu fin des siciles;
les générations ne la verront pas rétablie;
l'arabe n'osera y planter sa tente; et les
pâtres n'y laisseront pas reposer leurs trou-
peaux.
Elle deviendra le repaire des bétes féroces;
ses palais seront remplis de serpents , des
oiseaux sinistres s'y feront entendre ; des
boucs sauvages y bondiront.
Des hiboux se répondront l'un à l'autre
dans les palais ^ et des reptiles se traîneront
dans ces édifices consacrés à la volupté. (C.
XUI.)
Je m'armerai contre eux^ dit le Seigneur
vrant les restes d*anciens et magnifiques édifices.
A TEst s*offraient aussi des chaînes de ces tas
ondes, mais dont plusieurs n'avaient que la hauteur
des allérissemenls des canaux que nous avions p-ti^
sé>. L*ensenible de la scène était singiiiièr. ment
imposant. L^Euplirsi le errant dans la soliiude, comme
un monarque pensif parmi les rtiines silencieuses de
son royaume dévaslo, paraissait encore un noble
fleuve, malgré les chargemcnis si di'plorables surve-
nus dans rétendue de son cours. Sur ces rives étaient
encore ces roseaux chenus, ces saules grisâtres aux-
quels les captifs dMsiaêl suspendaient leurs harpe-,
refusant toute consolation, tout amusement parce
que Jérusalem n'éiait plus. Mais que h reste de la
scène était différent d'autre fois, du temps où s s
collmes hachées étaient des palais ; ces lotigs ter-
tres serpentant, des rues ; ceite vabte solitude rem-
plie de sujets alTairés, sans cesse rn mouvement, do
rorgueilleuse Aile de I Orieni ! Maintenant sa «les-
truction est telle que Ton ne trouve même plus la
trace de ses somptueusis demeures. Le ter deKnUi"
iruclion ê^est étendu sur elle. > {Voyages faits eu
Géorgie^ fl en Perse, etc., eu 1830, par sir ItgbeitKLa
FORTEB.
8€7
PRO
DlCTIOiNNAIRE APOLOGETIQUE.
PRO
m
des armées: j'éteindrai le nom de Babylone,
je perdrai les restes, les rejetonSy la race dit
te Seigneur.
Je nen ferai qu'un mnrais , repaire des
animaux immondes : je promènerai sur elle
la verge de la destruction. (C. xiv.)
Descends, assieds-toi dans la poussière,
vierge, fille de Babylone; assieds-toi sur la
terre: il n'y a plus de trône pour la fille
des Chaldéens,
Assieds-toi en silence, entre dans les ténè-^
bres, fille des Chaldéens : on ne Cappellera
plus la reine des nations.
Tu disais : Je serai toujours la reine des
peuples ; et tu n'as pas songé à ton dernier
jour.
Et maintenant écoute, cité voluptueuse, qui
reposes en assurance et qui dis en ton cœur :
Je suis, et il n'y a que moi; je ne serai
jamais veuve, et f ignorerai la stérilité.
Ces deux maux viendront soudain en un
jour sur toi, la stérilité et la viduité : tes
prestiges, tes enchantements, ne pourront t'en
garantir.
Le mal viendra sur toi, et tu ne'sauras pas
son lever: et une calamité fondra sur toi et tu
ne pourras la détourner : des angoises s'ap^
pesantiront sur toi, et tu ne les auras pas con-
nues.
Parais avec tes enchanteurs et ces artifices
que tu appris dés ta jeunesse, tu verras
s'ils ajoutent à ta force. (C. îlvii.)
Nous ne pouvons tout citer. Cependant
écoutez encore Jérémie :
Babylone sera un monceau de pierres, la
demeure des bétes sauvages^ stupeur, siffle^
ment, nul n^y habitera jamais,,.
Comment a été emportée la plus belle ville
de la terre? comment Babylone est-elle de-
venue un objet de stupeur parmi les nations ?
Ses cités sont devenues un objet de stu--
peur, sa terre déserte et inhabitable: terre où
personne ne demeure, où ne passe pas le fils
de Vhomme, (C. li.)
Lisez tout ce chapitre où le siège et la
prise de Babylone par Cyrus sont décrits
avec une précision si admirable avant la
naissance du conquérant (811j.
(811) c Au sujet du siège de Babylone, Hérodote et
Xéiiophon rapporlei t, par une coïncidence parfaite
avec ce qu^avaieni préd i isaïe et Jéiémie, que les
Mèdes et les Perses, réunis sous Cyrus (qui avait été
annoncé par haie |>lus de cent ans avant sa nais-
sance, comnie élevé par Dieu lui-même pour subju-
guer les nations en sa ptésence, lui servir d^inslru-
ment dans la punition de ses e nemi8,ei délivrerson
peuple), marchèrent sur Babylone et Tassiégéreni ;
que U'S Babyloniens, enfermés dans leurs murailles
inexpusnables, ne pouvaient en aucune nian ère être
a tirés à un combat en pleine campagne, mais res-
iMif nt an contraire dans leurs positions, et craignaient
d'en venir aux mains ; que Cyrus forma le projet de
détourner le cours de l'Euphrate qui traversait la
Ville, et d'eu conduire les eaux dans le fameux lac,
tendant ainsi un piège à Babylone ; que le lit du
fleuve ayant éié desséché, de manière à ce qu'on
pût !e ti averser à pied St c, Tennemi entra daus le
canal ; que par la négligence des gardes, les portes
qui conduisaient du fleure k la ville n'étaient pas
femiées; que Tarrnée réunie des Perses et des Mèdes
péuéirant ainsi par stratagème et comme furtive-
Ces prophéties se sont accomplies par de-
grés. C) rus n'oublia rien pour rendre miié-
râbles les habitants de Babylone (812); il t
passait pourtant une partie de Tannée ;mai^
ses successeurs lui préférèrent Suse, K»r5c.
polis et Ëebatane. Babylone voulut mi ven-
ger de ce mépris en se révoltant au commen-
cement du règne de Darius, nisd'Hysiapc;
mais ce prince ne Tcut pas tlulôt pn<<,
qu'il fit abattre ses hautes nniraiiles et aliin-
donna ses habitants à la discrétion du so!-
dat victorieux (813).
Sous les princes macédoniens, la coii^
truction de Séleucie, sur le Tiiire, |.orta I.
dernier coup à Babylone. Séïeucus en lit
passer les habitants dans la nouTclle viilf
il n*y laissa que les murs , le temple de h^
lus, et quelques Chaldéens à qui il peruiii
d*habiter auprès de cet édlGce (81^).
Au temps de Pline, on n'y voyait piusp
ce fameux temple. Lorsque Pausaoias écri-
vait, vers le milieu du ir siècle, il o»
restait plus que Tenceinte des murailles Jr
Babylone y où du temps de saint Jérôuf,
les rois de Perse tenaient enfermées è
bètes de toute espèce qu'ils y entreteoini
pour le plaisir de la chasse. Ces mumi:.^
lurent entièrement rasées en 1037, eia:-
jourd*bui ou en trouve à peine la trace.
Tyr. — La superbe Tyr, qui couvraiiv
mers de ses flottes, et dont Torgueil m
que les désordres égalaient la riebessee/'j
puissance, Jéhovah l'avait é%h\wB\m'
damnée par la bouche d'EzéckW. îi«i«!
allons montrer que les prophéties wA iv
aussi littéralement acom plies sur celte Yt><
célèbre qu'elles l'ont été sur Babjionc.>oii>
nous servirons pour cela du téraoignagi' ôc*
voyageurs; nous invoquerons surlooi «tu
d'un auteur qu'on ne soupçonnera pas ^c
vouloir favoriser la cause de la religion, i^ï
elle a la douleur de le compter au nombrt
de ses plus ardenls adversaires, Volne;.
en qui nousuous plaisons, malgré ses W.
à reconnaître une érudition peu eomuiuM
jointe au talent d'observer et d'écrire, a en-
richi son Voyage en Syrie d'un fragiûeal
précieux sur le commerce de rancieoneTvr.
ment nu milieu de la cité, avant choisi à J* «*'
pour cela la nuit d*unefjte annuelle des Bab}loiu6ii
O^bylone fut prise sans le savoir; que stspri*.ftV
ses capitaines el sts guerriets qui se nTwsai'oi'Mj
avoir célébré des leslîns el s'éirc eaivrés, i«jw
égorgés à rimprovisie et dormirent du sommei! *
la mort ; que Babylone euOn, qui n>ali jw»»"* ^
prite auparavant, lut ainst p.ise sans r&jslance.»
un moment et p^r un moyen qui, avanl d'ôrt^î*'
rement exécuté, éiait demeni'é inconnu a» rw fi ^*
habitants, qui ignoraient le danger qui i« m^i0^
(la ville éunt dune si gran.lc étendue !) i»si"''
montent où les courriers et ceux qui c**'*"^ '^"*'^
de transmeure les nouvelles, se rcnconirere» "»
uns les autres, apportant en même iemps » b^*J
velle quePennemi éuii entré dans la vilw. « ^^
Babylone était prise. » {ha. xn. î; t^^« »î/V.
«7 ; Jer. l, 38 ; li, il, 27, 50, 36, 57.) - k«^"'
Accompl. des prophéi.
(812) Cyrop., Iiv. vu.
(815) Htaoo., Ilist. \\u
'8U) Strab., Géogr,, xv.
09
PRO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUC.
PRO
«10
!&4
[ est tiré de Tun de ces écrivains hébreux
ans lesquels le Tuli^aire des iocrédiiles
!>uipraît sans doute de reco&oallre dei pro-
(télés, mais auxquels oo ne lient refuser
1 moins le titre de poètes pleins de verre
i de génie. Voici ee fragment que M. de
olnejr n*a pomt dédaigné de traduire.
Viik êuperbe^ oui reposa au bord de$ merê,
; quidiê : Mon empire êéiemdau sein de
/an, /eouie F oracle prononcé contre ioi!
k pariée ion commerce doua le$ Ue$ /• jnlo*-
n, chez le$ kabiianiê des ierree inconmuee:
fus ta main les sapins deSanir deviensuui des
lisieoMJCf tes cidres du Liban des métSj les
împliers de Bjfsan des rames: tes matelots
siscjf^mi sur le buis de Chjmre^ orné d'une
arqueierie d'ivoire: tes pacillons soiU tissus
e plus beasÊ lin tEg^e: tes vêtements sont
»«a de fkpackuhe et de la pourpre de FAr^
HpH: Siéon et Arouad t'envoient leurs
smemrs^ Djabal ses habiles constructeurs:
M §éomitres et tes sages guident eux-mêmes
ff proues ; tous les taisseauz de la mer sont
uMogés à ton commerce: tu tiens à ta solde
f f CTM, le Ludien et CEgmtien ; tes murailles
1-^ parées de leurs bouctters et de leurs cui*
ruscf. Les enfants éT Arouad bordent tes pa^
rspcu : €tte$ tours f gardées par des Phéniciens f
ifnUmt de leurs carquoîs. Tous les pays
9 empressent de négocier avec toi : Tarse
^^oif à tes nuirchés de Forgent t du fer^
dt féiëin , du r^omb ; rionie , le page des
M^ifuee et de tefflis^ Rapprovisionnent d*rf>
/orcr et de vases é^airam ; F Arménie fen^
>'V ite mules f des chevaux f des cavaliers:
1 1les nomsbreuses échangent avec toi Fivoire
f féhène: le Syrien F apporte le rubis^ la
vurpre^ les riches étoffes^ le corail et le jaspe,
a enfants d'Israël et de Juda te vendent le
Qmemt^ le baume ^ la murrhe et FhuUe: et
2mas f envoie le vin de Hatbon et les laines
les. Les Arabes d'Oman offrent à tes mar-
ohds le fer polit la caneltCf le roseau aro^
Uique : et F Arabe de Dédan , des tapis pour
isieoir: Its habitants du désert et Ces chênes
Kédar payent de leurs chevaux et de leurs
neaux tes riches marchandises: les Arabes
Saba (dans FTémen) Fenrichissent par le
mmerce des aromates f des pierres précieuses
de For: les facteurs de F Assyrien et du
aldéen commercent eusssi avec loi, el te
tdent des manteaux artistement brodés^ de
rgent , des mâtures , des cordages et des
très : enfin les fameux vaisseaux de Tarse
Uàtes gages. O Tyr^ fiire de tant de gloire
de richesses! bientôt tes flots de la mer
téteront contre toi^ et la tempête te préci-
sera am fond des eaux. Alors s'engtouti^
kt tes trésors : avec toi périront en un jour
I cowusurce^ tes négociants ^ tes carres*
adonis » tes matelots , tes pilotes , tes
listes^ tes soldats^ et le peuple immense qui
nplit tes murailles : tes rameurs déserteront
A 16) Essch. xivi K xivii.
917) Eseeh. xyvi.
^18) ypfny en Syrie et en tggpu ; looi. H, p.
,K19) foyagten Syrie, t. H, p. 908.
lAlEE APOLOGÉTtOCE. II.
tes vaisseaux: tes pilotes s'assiéront sur le
rivage, F œil mome et fixé contre terre ; tes
peuples gue tu enrichissais, les rois que tu
rassasiaîSf consternés de ta rviiir, jHteront
des cris de désespoir: dans le deuil, ils ron-
peront leurs cheveux, ils jetteront de la
cendre sur leur Iront dépouillé, ils se rouleront
dans la poussière f et tls diront : Qui jamais
égala Tyr, cette reine de la mer (816) ?
Voici ee que dit le Seigneur : Les pierres
Îrécieuses formaient ton ornement : les rubis^
I topaze, le Jospe, la chrysolite, Fonix, le
béryl, le saphir, Fescarboucle, For, brillaient
sur toi. Semblable au chérubin, tu étais établie
sur la montagne sainte du Seigneur: — ton
cœur s'est enflé de ta beauté: tu as perdu
ta sagesse et ta gloire. Je veux te renverser
sur ta terre: je veux te mettre aux pieds des
roiSf pour quils contemplent ta ruine. —
Dans ta multitude de tes crimes, et dans Fini^
quité de tes traflcs, tu as souillé ta pureté^
c'est pourquoi je te renverserai, je bouteterse^
rai tes édifices qui s'écrouleront^ en débris
enflammés, — Je te rendrai à la pierre^ et tu
serviras à sécher tes fllets, et tune seras plue
rdfàtie: car, moi, Jéhovaht fai parlée ait le
Seigneur Dieu (817).
M. de Volnej, en comparant Tétai actuel
de Tvr avec la prophétie, Ait, malgré son
incrédulité connue, celle réflexion rcroar«>
qnable : « Les révolutions du sort ont ac»
eompli cet oracle. Au lieu de celte ancienne
circulation si active el si vaste, Tyr, réduil
à Tétai d'un misérable village, n*a plus»
pour tout oommeroe, qu'une exportation de
quelques sacs de g[rain8 el d» colon on de
laine, et pour négociant, qu un facteur grec
au service des Français de Sa'ide, qui aune
h peine de quoi soutenir sa famille (8i8). m
« Le sort a frappé Tyr, la reine des mers,
le berceau du commerce qui civilise le
monde (819;; ses palais ont fait place à queK
ques cabanes chétires ; le pécheur indi^nl
habile les caves voAtées où jadis sVnlassaieni
les trésors du monde ; une colonne delioutt
au milieu des ruines, marque la place où
était le cosur de la cathédrale consacrée |Mir
Eusèbe (ffîO). » Le voyageur anglais Maun-
drel dit qu'on ne voit plus dans Tyr que des
débris de murailles, de voûtes el de colonnes
brisées, et qu'il ne s'y trouve pas une seule
maison entière. « Il semble, dtl cet anieor,
Sie cette ville ail été conservée co ce lien
comme une preuve visible de l'accomplît»
sèment de la parole divine : Elle sera coaune
le sommet d^un rocher, et elle servira à sé-
cher les fllets des pécheurs (Kl). >
« La seule curiosité, dit J. Bruce, m'enj^a*
gea è passer par Tyr, el je devins le tnste
témoin de la vérité des prophéties... Deux
misérables pécheurs, après avoir attrapé un
peu de poisson, venaient d'étendre leurs fi-
lets sur ces rochers de Tyr (822). «
(820) MALToaoïi, Précis ie le yhyrepk
l82ii Foyflfe étAlep à JénueUm.
(82S) Vogege eux tonrce* eu Nil^ en
Aèifuime, *
ketem
m
PilO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAO
l\\
i.*EGifPTE. — Ce fut un des plus anciens et
des plus puissants royaume de la terre. Les
impérissables pyramides, les ruines de ses
villes et de ses temples, les superiies sépui*
turcs do ses rois, dont plusieurs ont 6iè.
ouvertes par Be!zoni {Voyage en Egypte et
en Nubie)y sont aujourd'hui autant de mo-
numents de son antique splendeur : leur
Tnagniflccnce est au-dessus detouledescrip-
tion, et le nombre des villes et des bourgs
qu'elle renfermait et qu'Hérodote norte à
Tingi millCf est à i)cinn croyable, btins la
description qu'il fait de TEgj'pte, cet auteur,
appelé le père de l'histoire , en parle comme
delà contrée la plus fertile, avantage qu'elle
devait tout à la fois h la nature et h Fart,
et comme réunissant à elle seule plus de
merveilles que toutes les autres ensemble.
Encore aujourd'hui, quoique ses anciennes
villes et ses temples soient en ruines, l'E-
gypte excite èi chaque pas Tadmiralion du
voj'ageur, ainsi quon peut le voir dans les
ouvrages de Norden, deDenon, d'Hamilton,
de Burckhardt, de Beizoni et autres. Des
temples dont la grandeur étonne, et leurs
énormes colonnes couvertes d'hiéroglyphes,
semblent dcstiués à rendre i)onn)>age au
seul vrai Dieu, au Dieu vivant, au Dieu
dlsraël,-en mettant dans tout son jour la
))artie historique et prophétique de sa pa-
role.
L'Egypte fut le sujet d'un grand nombre
de prophéties qui ont reçu autrefois leur
accomplissement, ainsi que Newton Ta dé-
montré dans ses dissertations sur les pro-
1>héties, et le temps n'a pu efiTacer encore
es 'marques par lesciuelles les prophéties
ont caractérisé ladestinéequi l'attendait(8â3).
L'Egypte pouTait se glorifier d'une longue
suite de rois; et elle avait conservé sa puis-
sance sans aucune interruption, depuis les
premiers Ages du monde. Sous ce^ rapport,
comime sous tous les autres, il s'est opéré
une révolution complète dans sa situation,
depuis lé temps des prophètes , révolution
qu'ils avaient formellement et clairement
prédite.
Envahie et subjuguée parNabucIiodonosor,
roi àù Babylone, selon la parole de l'Eter-
nel (824); subjuguée ensuite parles Perses,
sous Cambyse, et par les Afacédoniens sous
Alexandre le Grand (^5), FEgypte, après la
mort de ce dernier conquérant, fut gouver-
née pendant près de trois siècles par les
Ptolémées, descendants d'un de ses géné-
raux, jusqu'à ce que, vers l'an 30 avant l'ère
chrétienne, elle subit le joug des Romains;
depuis elle a été successivement au pouvoir
(«23) Yofet Ezech. xxis, 44, i5; xxx, 7, 12, 13;
.aux», 15.
(S24) Jerenu xli, 13; Ezech. xxx, iO.
(8i5) /la. lu, i , i3.
(826) Ezech. i&ix, 15; xxx, 12, 15. Il y a aujour-
d hui plus do deux n)i!le aus que ceue prophélie tTE"
zéchtel a élé prononcée. Quelle vraisemblance y
avaii-il aliira (pie TEgypte, ce royattoe s! vasie, ^i
l'iclie, bl fei lile, subirait, pendant tant de siècles, un
joug étrtngei*, sans pouvoir Jamais recouvrer sa !i-
LC.ié, ni avoir un souveralo nalurelT
des Sarrasins, des Mamelouks et des Tun^
Toute son histoire est celle de l'accomplii^
sèment des prophéties.
Voici œ que Dieu avait décifiréfjar Eié-
chiel : // sera petit entre tous ks royaumti^
it ne s'élèvera plus à ratenir au'dfsm d($
peuples^ et je [affaiblirai afin çu il ne (on-
mande plus aux nations. Je lirmai m
champs entre les mains des plut méckanuk
hommes ; je détruirai cette terre^ atec tout tt
qu^elie contient ^ par la main des élran^,
Moi^ le Seigneur^ fai parlé.., H n'y cur*
depuir vmgMrois siècles h ses |ir(H
priétaires naturels, elle a vu s'établir satii
cessivement dans son sein des Perses, Ms
Macédoniens, des Romains, des Grecs M
Arabes, des Géorgiens, et enfin celle rficej
Tartares, connus sous le nom de TurM
Ottomans (8â7),» i
« Les grands ofliciers, dit le mèQieM|
vain, se font de gros revenus en Teoda
aux rebelles leur prote<:tion et levi(
iluence.- - Nulle sûreté pour la vie ookfM^
priété. On verse le sang d'un homneewig
celui d*un bœuf. La justice mèmeWiOTi
sans formalité. Les Mamelouki, ^àm.
comme esclaves et introduits comme sM
usurpèrent bientôt le pouvoir el s'éloi
un chef. Si leur premier établissemcol
un fait singulier, leur per^)étualion eo
un autre qui n'est pas moins bizarre **
Ils se sont régénérés par des cst'JAvcs
portés de leur pays originel. Le sv
d'oppression est méthodique. Toul ce
le voyageur voit ou entend lui ra""
qu'il est dans une terre d'esclavage
tyrannie. En Egypte, il n'y a point de
moyenne, ni noblesse, m clergé, ni
cJants, ni pro))riétaires de terres, l
rance» répandue dans toutes les cla
étend ses etTets sur tous les genres do
naissances morales et physiques (S^)-
« On ne saurait imaginer, dit Gibbon.
constitution plus absurde que celle qui
damne les naturels d'un pays è une
vitude [)erpéluelle» sous une domi
arbitraire d'étrangers et d'esclaves. X
cependant l'état de l'Egypte depuis ^
cinq cents ans. Les plus illustres sulUi
dynasties Baharite et Bor^hite fureui
eu !^- mêmes des hordes tartares et
siennes , et les vingt-quatre beys ou
militaires ont toujours eu pour sucres:
non leurs fils, mais leurs domeslispic^ji'
Jl ny a plus eu de prince du pays (ft^ii
cette terre a été détruite et toul ce q<»'f^^^
(827) \0LN£Y, Vojfnge en Syrie et en Bgur^i
c. U.
(828) Il n'y a plus de Mamelo-jcks en E^rv^
ont lous élé déiriiits par les orJies du v{oh«
hémel-Aîr-Pacba, qui (es flt eilenniner par»
banals, qui les auaquèrenl à I* improviste, 1û-
lèrent à bout |ionaiil, ei les aciievéreiii ^ ^
sabre. Aucun d-eui n^échappa à cei liornb:^
nage.
(«29) VoLREV, Voyage en Syrie ei en figyr"
(830) Hisl, de la décad. de Cemp. rom » i '
NS
PRO
WCTlONNAmE APOLOCETiftllE.
PRO
814
lient, par ta main ^es éirangers. Elle aéléaf-
faiÙU el rendue petite entre tous les royau^
««.
Us pachas sont des tyrans et des étran-
j^rs; chaque nouveau pacha fixant lui*
uéraet i son avéncmpnt, le prix au*il doit
Mjer à la Porte pour son autorite et pour
4 ):ropriéié absolue du pays , la prophétie
t (roure littéralement accomplie. L'Egypte
I été livrée aux plus méchants des hommes.
Yoy. JcD^.)
PROPHETIES concernant le Messie, com-
Bcnl interprétées |V»r Salvador. Voy. Ju-
iibVB et Christianisme. — Prophéties sur
) ilestructioo du temple de Jérusalem véri-
(éos. Voy. Temple de Jérusalem.
PROSPER (Saist). — On ne sait rien du
ieu ()c sa naissance ; on sait seulement qu1I
W]\ni en Gaule vers te commencement du
r siècle. II Tut à la fois historien» contro-
m\sio et versificateur. Son poëme contre
esennomis de la grAce semble à M. Guizot
il un des plus heureux essais de poésie
lUlosopbique qui aient été tentés au sein du
trislianisme (ilisl, de la civil, en France^ t.
U.118.)» La polémique religieuse de saint
M>er fut engagée contre les pélagiens et
pieo.i-pélagiens.
fpraniicipalion que saint Prosper célébra, au t*
siècle, la suprémaUe de Rome?
HS^inl Prosper, dit M. Ampère, raconte
iicraenl l'histoire de la défaite des pela-
is. U sont quclaues vers remarquables;
nprématie du siège de Rome n*avait pas
Mue je sache, proclamée d'une manière
«plicite et avec une emphase si solen-
«Rome, le siège de Pierre, oui, devenue
h têle du monde à cause (le l'honneur
(ûoii rend h Tapôlre, lient par la religion
Ni ce qu'elle ne possède plus par les
S^ifci Uonia Pelri quœ pastoram honoris
fndfi capul mundo^ quidquid non poêsidetlarmis
»:lujiçne Unet,., : *
^Od ne pourra guère en dire plus dans la
k : c est déjh la Rome moderne, la Romo
ptp. qui domine par la religion le monde
f rancienne Rome possédait par les ar-
*». L assertion est un peu anticipée, mais
|M'iicou piututelle annonce un Rrand
[•c'est que Kome va se placer réelle-
*ï la tète du monde, au moins du monde
icntal : Fada capul mundo (831). »
! iraduction de M. Ampère mutile une
w»e(Ju passage de saint Prosper, son cora-
|Dtairo mutile le reste ; de sorte qu'il ne
w reste sous les yeux, selon les exprès-
^> (iu traducteur, qu'une emphase solen^
^^i\i Prosper n'a pas dit que Rome fût U
J^rl) Wmi. /t(f.,eic., t. n, p. 4a. — La prosodie
, **. !?«*" qwc, dans la ciiaiion de saint Prosper.
«««eme Ivtire du mot reH§hM fûl doublée ; j'ai
•*< * faute d'iropretsioD qui se trouve dani le
'^'^M.Ainpère.
capitale de l'univers chrétien « a cause do
l'honneur qu'on rend à Tapôlre ; » esl-:^e que
les mots latins : quœ pasloralis honoris facia
caput mundOf ont le moindre rapport avec
cette interprétation? De toute évidence ils
signifient que n Rome est devenue, pOur le
monde, la télé de la dignité pastorale. »
Selon te poëte, les successeurs de saint
Pierre sont donc les ehefs de la hiérarchie
ecclésiastique; éminente prérogative, sur la-
.quelleM. Ampère a gardé un profond silence)
Sa traductioù reconnaît pourtant que saint
Prosper accorde à Rome un empire spirituel
plus étendu que son empire politique. Oui,
elle le reconnaît ; mais« prenez donc garde,
voici l'adroit coramcnlaîre qui vient^ faire
justice des ménagements de la traduction.
M. Ampère déclare l'assertion de saint
Prosper un peu anticipée^ parce que la su-
prématie pontificale n'h j.nm«nis été si expli-
citement proclamée, et ne le sera jamais
davantage.
Si Tavenir ne doit pas avoir de plus écla-
tant horomage à la primauté des Papes, je
n'en suis point surpris : c'est quenfln les
Papes ne seront jamais plus élevés, dans
l*ordrespirituel, qu'ilsne lesont au v* siècle.
D*aiitre part si M. Ampère n*a rien entendu
avant cette époque, de si explicite, c'est
sa faute; au lieu de bien des minuties fort
inutiles qu'il a notées en lisant saint Irénée,
que n'a-t*il plus sérieusement étudié la doe-
trine de i'évéqnede Lyon sur la papauté?
Il aurait compris ce que les chrétiens, au
II' siècle, pensaient déjà de la plus puissante
primatie du successeur de saint Pierre, de
l'union que doivent conserver avec Rome
toutcfs les Eglises et ehaffue fidèle, de la
source toujours pure de ses traditions reli*
gieuses, qui peuvent remplacer celles de
tous les autres sièges épiscor>aux (832).
Les paroles de saint Prosper n*étaient donc
|>as, au v* siècle, une nouveauté si inouio
qu'on doive les soupçonner d'avoir été pré-
maturées.
Saint Prosper n'entendait certes pas pro-
clamer une chose inconnue, moins encore
une chose future : il ne tirait pas l'honis-
cope de la papauté ! Ce qu'il disait, il Taflir^
mait comme un fait positif, incontestable :
Faeta caput mundo. Ce qu'il attestait en vers,
et que l'on prend pour un poétique pres-
sentimeut, il le répétait en prose fort calme,
à l'occasion « du pontife Célestin, de véné-
rable mémoire, h oui le Seigneur prodigua
les dons de la grâce pour qu'il 'présidiH à
l'Rglise catholique (83:)).
Quoique poète, saint Prosper était thér-
logièn ; théologien si pou courtisan de Po-^
pinion et si inllexible dans ce qui lui pa-
raissait vrai, qu'il Iç publiait, dût M. Ampfre
y remarquer « parfois, comme il le dit, un
reflet livide de l'enfer (83^).» Or, un tel
(832) Contra liwreses., I. m, c. 5. •— FoirTatt.
IsLtnttL (Saiht).
(855) Contra cotlatorem, n* 58.
^83i) Hiil, Utt, ftc , I. n, p. TiH.
PAO
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PAO
l\\
écrivain a nécessairement pesé la vaiciir de
ses expressions en parlant des prérogatives
du Saint-Siège; nécessairement il s*est carié
de prendre le présent i»our Tavenir et runi-
vers pour VOccident^ malgré ce qu'il a plu à
M. Ampère d*imaginer.
Oui, c*esi encore Ik une transformation
que M. Ampère a fait subir è la pensée de
saint Prosper; Tempire spirituel de Rome,
qui, selon le )>oëte, s*étcndait par delà les
conquêtes des Césars, Tunivers dont il a
Carié, tout cela, dans la traduction de notre
istorien, est rapetissé aui limites de l'Oc-
cident.
Mais non; c'étaient bien réellement l'O-
rient et l'Occident que le poêle voyait ré-
unis par une même foi au pied de la chaire
do saint Pierre.
I II.
Le témoignage de saint Prosper sur la suprématie ro-
maine est-ii contredit par l'histoire de la lormalion de
la hiérarchie ecclésiastique?
« Au v siècle^ dit M. Ampère, le temps de
Tempire n'est pas encore venu pour Rome,
mais cet empire se prépare. Dans ce siècle,
les prétentions rivales des sièges éoiscopauï
furent définitivement subordonnées pur le
concile de Cbalcédoine à celles des quatre
grands métropolitains de Rome, de Constan«>
tinople, d'Antioche et d*Aleiandrie, qui re-
Jurent eiclusivement le titre de patriarches,
^ès ce moment, l'ambition de la suprématie
épiscopaîe ne fut plus possible que pour ces
quatre grands sièges, placés au-dessus des
autres. On sait leurs destinées ultérieures :
Antioche et Alexandrie se perdirent dans le
naufrage de la civilisation orientale; Cons*
tantinople lutta longtemps, pour mieux dire,
ne céda jamais, et finit par se séparer au
IX' siècle. Rome était seule en Occident, et
rOccideot devait être le théAtre de la civi-
lisation moderne ; Rome se trouva naturel-
lement à la tète de cette civilisation, au
destin de laquelle son ascendant a longtemps
présidé. Ou v* siècle au xvr, Rome a eu son
miUtHtum^ ses mille ans de puissance incon-
testée ; répoque où nous sommes parvenus
dans cette histoire est le point de départ de
ce règne de mille ans, et les vers de saint
Prosper peuvent en être considérés comme
la |)oétique inauguration (835). »,
Tout ce luxe aérudition tend à montrer
que saint Prosper poétise quand il donne
pour capitale au monde chrétien cette Rome
qui, au v siècle, ne réussissait encore, .selon
M. Ampère, qu'à se ranger au nombre des
quatre grands patriarcats. Pour arriver à sa
conclusion, rnislorien considère Tétat de
l'Eglise avant pendant et après le concile de
Cbalcédoine en 451.
Avant ce concile, il ne voit que préten-
tions rivales à la supériorité. C'est faux. 11
i835) 1761 aitpra, p. 43.
836) Oiic. Nuœnum^ can. 6. — Cône, Comttai^
iinopoUtanum, ann. 386, c^n. 2.
(837) Nous anrtfDB occasion de raeoDter ailleurs
roppo&liion que fit saint Léon à ce décret, opposl-
existait alors de grande^ métropoles, counne
nous le lisons dans les canons do concilede
Nicée, en 325 ; c'étaient Rome, Aleundrie,
Antioche et quelaues autres Eglises, mi*
semblablement celles d*Asie, do PoDtetde
Thrace (836). Excepté Tévèque de Jérusa*
lem, et, en quelque point, celui de ConsUn*
tinople, personne n aspire, re semble, à se
mêler aux grands métropolitains. II n'y eul
donc pas, avant 451, ces interminables guer*
res de prétentions, supposées par M. Àm*
père.
Au concile de Chalcédoine, on éri;;ea eo
patriarcats Jérusalem et Constanlinople,qtti|
joints aux trois autres cités patriarcales, es
portèrent le nombre h cinq , quoique M. Am*
[\ère n*en compte que quatre (8^].iérusa»'
cm eut pour territoire les trois Paleslines,
cédées par l'Eglise d* Antioche; onsouniilij
Constantinople les exarchats d'Asie, dePov
et de Thrace, sources continuelles de [m>^
bics en Orient par leurs dissensions ioli^
rieures. M. Ampère, au contraire, mOfê
les principaux patriarches cherchèmtf (
diminuer la foule de leurs rivaati^tt
auraient été maladroits, dans ce ca^lll^
truire d'insignitiants exarchats pourlaitft
placer par les patriarcats de JérusaleoAlk
Constantinople, s&ns compter qu'on préiaK
dît donner à celui-ci le premier rang tfÉ
révèque de Rome I Rien loin donc d^éei*^
des concurrents, les principaux méiro|
tains se donnèrent des égaux; ensuite,
eun décret ne règle que les cina grands
tropolitains porteraient ce nom oepatrian
dont cependant on les honorait déjà q«
quefois (838). 11 est bon de remarquer
quelle manière il fut adressé au Pape. Q
lut en plein concile et sans réclamation, tf
commencement de quelques requêtes, ei
paroles: « A l'universel archevêque etpalri
che de la grande Romel... A Léon, palritr^
universel de la grande Rome (839)1 )» Ce
n'empêiïhe pas M. Ampère.d*effacerlant({
peut révêque de Rome au milieu des
très pontifes de TEglise. Quoi qu*il en'
cet historien s'est trompé, on l'a tu, i
son tableau des entreprises du concile^
Chalcédoine contre les plus faibles pr'
dants au titre de patriarche.
Après le concile oecuménique de I
A miière aperçoit les patriarcats d'Orient
s'affaissent sous la barbarie de leurs cor
rants, puis la papauté qui se place ^tt
de la civilisation de TOccident : de l^i^
lui , tout le merveilleux de l'origine dl
puissante monarchie du Saint-Siése.
Notre historien pense donc qu AolK
Alexandrie et Jérusalem tombèrent tropi
sous le joug arabe jiour pouvoir dispiiW
suprématie à Rome. — Mais elles ne fut
prises qu'au milieu du vu* siècle; leief
n'aurait donc pas manqué à leur ambKt^
tion qni en suspendii quelque temps Tellèt. Voif.
LAtRE (Saint). I
(858) ConeiL Chatcedonente, art. 2. , J
(839) Act. 3, Lilieiius Theodori... LîkUttl»^
rionis. I
tfl
rao
OICTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
PSI
8tS
SI elles n*aTaieDlpas reconnu la préémiaenee
du successeur de saiot Pierre.
CoDStantinople, dit-on encore, lutta long^
ttmpi^ puis rompitau ix' tiicU. Il y eut sou-
fentf k Coostantinople, des évèqoes qui lut-
tèrent contre Tortuodoxie, mais il faut des-
cendre jusqu'à Pbotius, en 858 si. Ton Teut
reDcontrer un ambitieux luttant coutre la
suprématie ; è sa mort, d^ailleurs, on se rat-
tache an Saint-Siège. Le schisme actuel dale
(je Michel Cérulaire, au xi' siècle. Constanti*
nople a donc aussi bien eu le. temps de dis-
puter k Rome la primauté, et pen«lant huit
siècles, cependant, elle ne Ta pas osé. Ce n est
(iooc pas de la disparition trop prompte
des grandes métropoles orientales qu'est ve-
nue la supériorité de celle de loccident.
Qnand on prétend que Rome se trouva
mÊimreUtmeat m occident à la tête de la civi-
lisêiion moderne, et que Ton parait recoii-
joaitredans celte action ciTilisatricerorîKine
^ie son autorité spirituelle , on confond
V%^torité spirituelle des Papes et Theureuse
\Blaeoce qu'ils excercent sur le monde.
Lear pouvoir eeclésiastique date du Christ,
ft cefiit parce que déjà ils se trouvaient à
htèledeia société-religieuse, qu*ils mar-
thfercslà la tète de la société civile. M.
Anpèft m donc fort mal exposé les vicissi-
tudes de riiisloire de la papauté avant ,
imdtÊi e€ après le concile de Chalcédoine,
tiQm'mami pu recevoir des faits réels, s*il
bavait attentivement consultés, une ré-
pNise différente de celle de saint Prosper
sur le pouvoir des papes au t' siècle et sur
rori^ne de oe pouvoir.
t m.
t'eiacUtade htstorique de saiat Ptusper esi-€lle éon^*
tense?
• Après avoir salué l'Eglise romaine, dit
M. Ampère, il {eaint Prosper) raounte com-
mtni les Eglises d'Orient ont condamné
Mage. Ici, Prosper oublie que le concile
1ê Jérusalem et le concile de Diospolis
nraienl absous Phérésiarque (840). »
Les deux conciles rappelés par M. Ampère
esonl occupés de Pelage, qui voyageait
Jors en Asie. Mais ont-ils absous le nova-
air?
La preiDière de ces deux assemblées nous
M principalement connue par Thistorien
Irose» disciple de saint Augustin, et qui,
•vojé à cette époque par son illustre mat-
to auprdsde saint Jérôme, en Palestine, fut
avilé au sjnode. Découvrant d*assez nau-
aîses di^poùiioas dans le président, il pro-
,otê de laisser juger par les Latins, qui la
aanaissaient mieux, la doctrine du Breton
^■tolpé. Il fut donc décidé qu'on enterrait
Upapelnnocenl des frères et des lettres pour
Mêf>nm€ttre la cause de Pelage^ et que tous
*f» tiendraient à sa décision (841). Ce ne fut
iifttnt là « je l'avoue , une condamnation ;
Ms ce fut bien moins encore une al>solu-
yOf quand on se souvient qulunocenl 1"
rSM) VH supra.
[S4I î Osesa, Apotopa pro UhertaU n^kUriî^ dans
n. XILXÎ 4e b Pairolope tmiéne de M. Migue. —
A., Comâl,, ad. aan. 415 ConTcnuu Hicrbo'ymi-
anathématisa Pelage et son erreur.
Je dois convenir que cet hérésiarque fut
absous à Diospoiis. Mais, pour Dieu 1 dites
donc à quel prix I dites donc que, grâce à
ses restrictions mentales, il n'évita la sen-
tence dont on le menaçait qu'en se joignant
aux évèques |K>ur condamner tout ce qu'on
voulut, et principalement sa propre doc-
trine 1 Are ornnia Pdagiusêie anatkemati-
xavii ui nihil ad ea quoquomodo defendenda
disputationis attuterit (Ski).
Saint Prosper a donc été très-exact lors-
qu'il a dit des prélats orientaux « qu*ils
forcèrent, par une loi toute partemelle,
l'auteur de ce dogme impie à condamner
son erreur. Or, cette exactitude du poète
en parlant de Pelage nous est un garant
qu*il ne nous a point non plus trompes sur
la puissance des papes à son époque.
PROTESTANTISME, réfutaUon. Fey. Rà-
aLE DU roi. Foy. aussi Salut, S 11.
PROTESTANTS, pourquoi ne peuvent
avoir le caractère de la catholicité. Yoy.
CATHouciTé. — Objections qu^ils font contre
l'Eucharistie. Voy. Ecxhabistik f II et 111,
et DoGMBs, i 111. — Aveux de quelques doc*
leurs iirotestants sur l'utilité de la confes-
sion. Voy, COIIFBSSIOH.
PSYCHOLOGIE, ou L'HOMME INTEL*
LECTUEL ET MORAL.
Qoi« imruU les
«vont proavé que tool hoouM « hmoim
(feuseignemeoU Aucim bomme n a pu
les insuiiire, poismi'oii parle des pre-
nieis iHMiaes. il aut &imc qu'ils aieni
été iestniiU parquelqae éUeiDlelli-'
geol qui n*éuil DM bomme.
(FicuTB, Droit de îa nature.)
Danslesjstëmepanthéisteet la philosophie
éc!ectic]ue, rhomme arrivé sur la terre on
ne sait trop ni comment ni pourquoi 9
rhomme , sous Tinfluence de toutes les
causes naturelles, s'éveilleàla vie intellec-
tuelle et morale. Qu*on ne nous parle pas
d*une Providence qui , réglant toutavecor-
dre et sagesse, et proportionnant les moj^ei2S
aux fins, appelle Thomme à la vie ration-
nelle et morale. Qu*on ne nous parle pas
d'une raison divine éclairant Thomme par
les idées qM*elIe lui communique, comme
la lumière physique éclaire I organe cor-
porel, fécondant la pensée, et sollicitant la
réaction viule d'une adhésion libre et de
l*amour ; ces choses n*onl aucun sens dans
les doctrines udothéistiques. Li, on n*admet
que Taction aune force nécessitée, indé-
terminée et aveugle. L*homme est donc in-
telligent, parce qull est intelligent; il pense
et il parle parce aue penser et parler sont
dans sa nature. Il faudrait être bien diifi-
cile pour ne pas se contenter d*une explica*
tion aussi lumineuse.
Citons d*ahd)*d les textes :
M. Cousiif. — « La philo.sophie est ai nu-
manité ce que Thumanité est à la nature;
de même ce que Thistoire de Thumanilé eu
taniiK.
(8li) Labsf. , CoHcit.^
Diojtpotis., aan.
I
8f9
PST
OICTIONNAIBE APOLOGETIQUE.
rsY
S^D
^ rh!stoire de la namre, Thistoire de la
philosophie Test à Tbistoire de rhumanilé.
Une grande pensée aussi , tmepeni /e divine est
dans le monde ph^siqne^ mais elle y est sans se
connaître elle^mêffle ; ce n*est qu'à travers
les différents règnes de la nature, et par un
travail progressif qu'elle arrive à la cons--
eience d elêe-méme dans Vhomme; 1è, elle ne
se connaltd'abord que bien imparfaitement»
et c'est encore de degrés en degrés, et fiour
ainsi dire de règne en règne, et par le tra*
vaîl progressif de fhistoire, qu'elle parvient,
non plus seulement à la conscience, mais à
J'inlenigcnce pleine et entière d'elle-même.
Cette intelligence absolue (t adéquate de la
pensée par elle-même^ e*est l'histoire de la
philosophie {9h3). »
« Il en est du genre humain comme de
l'individu. Une révélation primitive éclaire
}e berceau delà civilisation numaine. Toutes
les traditions antiques remontent h un âge
où l'homme, au ^o^tir des mains de Dieu,
en reçoit immédiatement toutes les lumières
et toutes Tes vérités, bientôt obscurcies et
Gorromphes par le temps et par la science
incomplète des hommes. C'est l'a^^e d*or,
c'est r£den que la poésie et la religion pla-
cent au début de 1 histoire, image vive et
sacrée du développement spontané delà raison
dans son énergie native, antérieurement à
son développement réfléchi {WA). »
Becherchant les origines des droits de
l*i)omme : « comment, dit-il, et sous quelle
forme s'en est faite la .révélation ? il n'y a
rîcD de plus simple à comprendre. Dieu a
fait mieux que de descendre sur la lerre pour
proclamer lui-même ces droits devant l'hu-
manité attentive. Il les a gravés de sa main
au fond de toute conscience. Il a illuminé
tout homme venant en ce monde d'une lu-
mière h la clarté de laquelle chacun peut les
reconnaître, quand le temps est venu ; et
cela, sans le secours de l'expérience ni des
livres (8W). v
a Quand je parle de la raison il est bien
entendu que c*est la raison humaine que je
veui dire, et non point la raison divine^ qui
ne se révile jamais directement à Vhumanite
(846).
« La raison absolue est invisible et im-
palpable; comme elle ne descend point en
personne sur la lerre^ et que d'ailleurs nul
effort ne peut élever l'homme jusqu'à elle,
elle reste inaccessible à l'humanité (8i7). »
M. Daiuiron, — Pour instruire l'homme^
Dieu n'a pris ni visage ni corps, ni alfecté
telle ou telle forme : tout (ce qui s'est dit
de semblable sur celte matière est, à notre
sens, figure sainte cl poésie; il n"a pointeu
Toix cl langage, il n a enseigné nue sous
voile et n'a révélé que par symbole : c'est
comme père des lumières, comme auteur
(le tout ce qui est et paraît, que, se mani-
festant par toutes les puissances lîc la na-
(8i3) Intfod. à PHisl. de la phil,, 4* Icron, p. 54.
(8U) JM., V leçon, p. iO et il.
(846) /M.,p.sao.
(»17) /6ff/ , p. 30?.
ture et tous les pliénomèoes de Tunircrs,
il s'est fait scntirauiAmesellesainspim^s:
ainsi s'est passée I» révélation , ainsi dâ
moins l'enlendons-nous.
» Les écrivains dont nous {tarions [de
l'école théolo^ique) n'ont pas sans doute
entendu exactement, comme nous renteo-
dons, le fait qui vient d'être expli«)ué
Ils l'ont reganiée (la révélation) comme un
événement sur la natnre duquel ilnyaraii
à suivre que la foi commune et la leitrs
vulgaire : ainsi, ils ont persounifié ctl en-
seignement des anciens jours, dont il est
impossible do ne pas reconnaître Is meN
veilleuse intervention à l'origine de la so-
ciété ; ils Tout placé sous des traits, qq
extérieur et un habitue analogues à ceui
du maître humain; ils l'ont fait Tenir i
l'homme par voie humaine, |)ar une parole
et une action humaines, au lieu deleroir
dans l'ordre des choses, dans la manife!i<
tion de cet ordre, dans riuipression mer-
veilleuse et vraiment divine qu'il a dû pro-
duire aux pi*emiers jours sur des intflli*
genoes neuves et naïves. Ils ont a:lfflis(}iï/
n'était venu que par une expression vh
nature, celle du son et de la voiz, m!»
qu'il a dû être communi'iué par toutf ei-
pression, par tous signes capobles Je Dure
naître une idée dans I âme.
k Nous avons essfkvéj en le reoniwiUJ't
(le fait de la révélation), de l'éclaimrercfe
le démontrer; loin de l'avoir i/4»mj
avons cherché 5 l'établir plus Hfiteainl^
en faisant voir qu'il peut être niD«ftUtt\
lois naturelles de l'intelligence (8tô).i
M, Leroux. — « Dieu, dit ce cuDlinuâUnr
audacieux de M. Cousin, Dieudonoe^
l'homme pour demeure un lieu parliculW'.
TEden. L homme est alors heureux, woii/i»;
reux comme peuvent Vétre les anijnaKXi A(
reux cTune vie qui n^est pas réfléchie,\
émane directement et uniquement dt k\
universelle,.. C'était le bonheur, maisc'él
le bonheur sans la connaissance, le boni
heur qui ne sait pas et ne se pense pas luf
même. Tel est le paradis ou i'EJeo m
tif, le paradis terrestre, l'âge dV i»!»^
derrière nous. C'est la vie naturels
l'homme, déjà créé, mais non achevé.
{De Vhumanité, pag. 5^6-527.) ^ .
M. J. ItETNAUD. — « Si je ne fais ^f\
demeure du premier couple ce janhnuAj
mide si cher aux imaginations enfaotii^
je crois me montrer par là plus GdèlCt ^
seulement aux lois de la nature* et de I
philosophie, mais au fond même de
antique mythologie^ devant la profon:
de laquelle je m'indine, et qui, sous
symbole de l'Ëden, nous montre au m
de l'histoire, une riante forêt sous un ^
favorable, des hommes nus, sans indusin
sans connaissancesj sans méchanccléi vivij
au jour le jour des fruits s{x>nlané5 «le
(848) Essai sur CHistoire de la pAi/wp^J'
Francs au xi\* siècle, par Damiioii. i. "t M,
«3, 3* édit. — Voy. aussi H. de BROTOsrt. t «^
satioj primitive, passim.
PSÎ
DICTIONXAIUE APOLOGETIQUE.
PSY
821
rre, aussi ignorants de la mort que de
mmortalicé.
« C est également de la position da pre-
ier bomme sur Técheile des Ages, que dé*
ule sa condition morale. H émerge du
Hieu de TanimalUé; et encore tout impré-
lé des lois de rinsliuct, il tend à se déga-
r du monde de la nature par le libre arbi-
ï et la raisen, qui le fout homme, pour
^!ever dMiis le monde de la grâce, où,
:i:re de Ini-méme, il altcint Gnalemcnt
ijj(«eccabiiité. » [Ciel et ierre^ p. 202 et
s<im,].
On formerait des volumes de citations
oiidablcs.
Tout développement spontané de Tcsprit
iOidiii est une erreur de logique et de fait,
^que chose doit avoir sa raison sullisan te,
qui fait qu'elle est elle-même plutôt
*i.De autre. Or, dans le monde, tel que le
..;iveot les panthéistes, nous ne trou-
as l'^s une raison suffisante de Te.^prit
;>j.3iu. S*il est quelque chose de clair en
; k no.^ie, cVst l'impossibilité absolue de
rtrranité de la pluralité, le nécessaire du
•rtHo^ent, FinGni du Gni. Ces idées coesis-
::iklda.^ noire esprit sans pouvoir jamais
•! ttsiwe les unes dans les autres, et se
.1 ueaer ks unes aux autres. Or, le pan-
. riioie fioosiste précisément à absorber ces
rfà» les ânes dans les autres, à nier leur
lêrrDce radicale, en un mot à affirmer
.'cotilé absolue. Dès lors Tesprit humain
: un lait inexplicable; il n'a point sa rai-
^ ^Lillisaote clans le monde, puisque ses
'.'('(ions le dépassent; ni dans TinGui
i. suivani Tb/pothèse que nous combat-
5, n'a {^as d'existence propre, n'est pas au
j •Ji>tinc;ué du uni. De plus, le dévelop-
L^nt spontané de Tesprit humain se fe-
u'uue manière instantanée ou sueccs-
r. La première hypoth'èse est une asser-
i arbitraire, dénuée de preuves, inconci-
ÎM avec les faits; la seconde fourmille
t{^ssibililés de tout genre,
au:» La première sunposition l'esprit
kdîa serait arrivé tout a coup et par une
iiiuatîon soudaine à la vie intellectuelle
i'*raîe; il se serait connu etdislin^éde
ce qui n*élait {^as lui; il serait entré
\à'iueiiieni en possession de l'idée de
LTii, du fini, de leurs rapports; il aurait
cnicni connu la Gn de Thomme et ses
lu f-s. Toutes ces perceptions se seraient
if'.'^téçs en un langa^^e harmonieux et
lulruir vivant de son Ame. L'homme
inj serait devenu pour les autres hom-
un uiallre et un prophète.
'.Ui première hypothèse u'est qu'une
aiiou panthé'îstique de la notion de la
a.ioa ; dans les doctrines des panthéistes
n'a pas de sens. Ce que nous avons dit
tui possibilité de rendre raison dés idées
L'^i rit, au point de vue panthéistique,
L'iit ici dans toute sa force. De plus, il
atlcncUre dans les hommes pontifes et
rfirtcs des facultés surnaturelles et mi-
neuses* qui n*ont jamais reparu dans
• la série des développements humains.
et qui sont une choquante anomalie dans la
théorie que nous discutons. Le mystère se-
rait la point de départ d*une théorie qui veu^
les bannir tous. Ces facultés si brillantes no
t>euvent se concilier avec les misères que
Miistoire raconte du berceau d*un gmiki
nombre de peuples. Ces facultés, étant né-
cessairement unes, ne peuvent non plusse
concilier avec la diversité auc nous trouvons
dans les développements humains et dans
Thistoire. Chaque peuple, en effet, a sa re-
ligion, sa poésie, ^a philosophie. Ici nous
rencontrons Témanation et le polythéisme,
là le dualisme ; ailleurs, dans les écoles des
philosophes, l'athéisme. Chez un peuple
providentiel, nous admirons une doctnne
qui se montre inGniment supérieure aux
conceptions humaines. En partant de ces
facultés héroïques nécessairement unes,
attribuées aux premiers hommes et aux
pères des peu{iles, on n'expliquera jamais
ni les dégradations dont rhistoire témoigne,
ni les phénomènes divers qu'elle présente.
On omecterait en vain la prédominance
d'un élément sor un autre ctiez les divers
peuples, pour rendre raison de la différence
de leurs développements; car il ne s*agil
pas seulement de la {irédomînance d*un élé-
ment sur un autre, mais il s'agit d'une op-
position constante et d*une contradiction
manifeste entre les divers systèmes religieux
et phi]osophi(|ues des peuples.
La seconde hypothèse, celle d*un déve-
loppement progressif et successif, est la
plus généralement admise. Il est de maxime-
reçue dans cette théorie, que l'Age d*or et
le paradis terrestre ne se trouvent poict à
l'origine de l'humanité, mais au bout de sa
carrière. C'est le but où elle tend, et qu'elle
atteindra un jour. L'humanité a commencé
par le plus misérable des états : lo miiuve-
ment de la civilisation consiste à s'en déga-
ger peu h peu, pour arriver à un état tou*
jours meilleur.
Dans cette hypothèse, le monde seul esl
donné ; l'homme est placé en faee du monde;
c'est à l'homme à tirer de lui-même et dea
faits extérieurs qui le frappent et le modi-
fient, tout le système de sa raison. Il n'y a
pas d autre médiateur que l'esprit buoiaia:
la vérité est un produit, une élalioratioii
progressive de ses facultés. L'esprit hu-
main recèle . dans ses profondeurs toutes
choses, et les manifeste au dehors ; il est le
miroir des choses; il est la conscience et le
verl>ede Dieu. Mai^', pour qu'il se développe»
une condition est nécessaire, c'est la suc-
cession et le proj^rès. En effet, entre l'idée
de l'esprit humain que le panthéisme nous
donne, et les réalités historiques qui nous
montrent les misères infinies de la raison
et de la vie humaine, il y a un immense in-
tervalle; et c'est cet intervalle qu'on a voulu
combler par la théorie du développement
f>rogressif. Ainsi toutes les aberrations de
a raison, tous les vices du cœur, toutes les
misères qui ont flétri et souillé la triste
humanité, ne sont point aux yeux des pan-
théistes des dé;:radations cl des corruptions;
K25
P5Y
DICTIONNAIRE APOLOCETÎQUE.
PSI
«il
ce sont» aa contraire, des étals normaux,
divins; ce sont les moyens de tout déve-
Joppcment» de tout progrès. Nous entendons
fei le langage de Spinosa, de Fichte, de
SeliclHng, de Hegel, des Saint-Sirooniens ;
nous entendons les éclectiques eux*roème$»
qui ont adopté en partie ces théories.
Le principe du développement progressif,
entendu dans !e sens des panthéistes, noUs
paraît entièrement arbitraire ; quand on ad-
met raction d'une Providence, et le retour
de l'homme déchu à un état de perfection
où il fut créé, le (progrès est intelligible;
ma:*s de quel principe rationnel les philo-
£0|thes que nous combattons peuvent^ils
tirer la nécessité de leur déveIop()emeut
progressif? Pourquoi Tliomme n*est-il tenu
il
qu'au Doui ne sa carrière 7 Pourquoi
n'est-eile pas aussi au point de départ?
Quelle choquante inégalité entre les desti-
nées des divers Ages de Thumanité I qu'on
ne se rejette pas sur les nécessités des
fiiiis; car ces faits sont expliqués dans un
sens bien différent par le catholicisme.
Nous demandons une preuve a priori de la
nécessité du développement progressif, on
ne l'a pas donnée; on ne peut pas la don-
ner. Des analogies tirées des divers Ages
de Thomme et de l'ordre physique ne sont
pas des preuves. Nous demandons, nous le
répétons, la raison pour laquelle l'homme
est tenu de ne montrer ses puissances que
Tune après l'autre ; pourquoi il n'est d'a-
bord qu un sin^e perfectionné, en attendant
de devenir philosoohe de Tidentité ab-
solue.
Dana l'hypothèse qfxe nous examinons,
comme dans la première, l'homme a tout
créé, toot inventé : ks sciences, les arts,
la société^ la ' parole, la pensée, JNea lui*
uième... Or, nous disons que l'homme
nlnrente pas la pensée, ni la parole ;
qo*il oe crée pas les conditions de sa vie» ni
lea lois de sa raison, ni les croyances de sa
nature.
Noits avons fait voir les impossibilités
physiologiques de la transmutation d'une
espèce animale quelconque en un homme,
en démontrant la permanence, l'immutabi-
lité des espèces dans les deux règnes orga-
niques, aussi bien aux Ages géologiques
quà l'époque actuelle (8i9); il ne nous sera
SIS plus difficile de montrer les impossibi-
tés psychologiques qu il yak supposer que
l'homme ait pu tout inventer, tout créer
dans l'ordre intellectuel et moral.
Comme les philosophes que nous com-
battons partent nécessairement de Vétat de
fio/ure, voyons d'abord ce que nous devons
penser de ce point de départ de toutes les
doctrines erronées sur l'orisdne tie l'huma-
nité.
(8i0) Vof. IIOIIMS niYSIQL'C*
(860) c 0 ingénia houilnUiiis iiMli^na, quac bas
lucjH a» p.uiul<;v«ut! Miscro» aiquc miscrakles, qui
Vkomme de (s Hoaire, sofvast J.4 Btuoeicreiim
CfiUqne et'réfaUtkNi.
La Gmêse du xviu* siècle et du nAire se
trouve formulée très-hardiment dans un des
ouvrages de J.-J. Rousseau. C'est à Técotcde
ce génie paradoial qu'appartiennenlUM.Goa-
sin, Damiron, P. Leroux, I.Reynaud^laplu*
{lart des zoologues, anthroiiologues^ eilino-
graphes et philosophes de la France et de
I Allemagne. Toub partent de rAoïmnt de l«
nature^ idéal éternel des doctrines philoso-
phiques et sociales modernes (8S0). Nous
allons donc reproduire les textes priDci{iaui,
les assertions les plus curieuses du îmm
discours sur Vorigtne et lei[oniîmmt%itV\^
galiîi parmi les hommes. Nous transcriroos^
tout en l'abrégeant, le texte même.
<K L'Aomtne de la nature^ CD supposaotqQli
ait été rencontré par les voyageurs, n'aji-
mais été exactement reconnu ou décrit. 0
ne peut être évidemment ni un ciriHiii
même un barbare, c'est tout au pins udm*
rage. Mais les sauvages décrits par les nn»
geurs sont pour la plupart déjà f&^t^H
méchants, et tout au plus juste milieaoft
le civilisé et l'homme de la nature. Càrâ
est à égale distance de la stupidité des Mts
et des lumières funestes de rhomniecirilisé;
à défaut d'observation directe, cet kmi
primitif doit être reconstruit par te w/»
lumières de la raison, étudiant \'bMflo\'
même en rapport avec les êtres «oje»"-
ronnent. Voici donc son histoiit, mt^
des livres, qui sont menteurs, m^^
nature^ qui ne ment jamais. Tout ce qt»»»*
d'elle sera vrai; il n'y aura defaunpt^^
qu'un pauvre civilisé y aura inTolonturc-
ment mêlé de ses propres préjugés.
« L'homme est le mieux orianisé de$ «j-
maux; se rassasiant sous un cTiêne, se dé*
lérantau premier ruisseau, troutanl sod i»
au pied de l'arbre qui lui a fourni son repts,
s'appropriant Tinstinct de tous les aumiattfi
parce qu'il n'a pas d'instinct propre; ne 5*
vivant que dans les individus les plus ro-
bustes; maintenant et développant son ij
lité par l'exercice, sa force par \mm
d'outils; balançant les animaui, ses ntjoj
ou ses ennemis, par la force ou I adressej
lancer des pierres ou à manier un MIod.
plus grands périls viennent des inCrmi
naturelles : reufauce, la vieillesse, les dwi
dies ; mais, somme toute, la vie move»
est plus longue avec les instincts et le ré^'J
de la nature, qu'avec les ressources de J
civilisation et de la médecine. Lhomme(^«^
nature EST fort et robuste comme tous p
types libres et primitifs d'animaux doin^
tioues, car ta domesticité énerve et m^
La civilisation étant une dotteâli "J
tiq
drit.
portée au plus haut degré, ybommecv'm
est encore plus dégénéré que ÎM,""'^'"
maux domestiques. Le premier lioœœej"
se m (les habits et des œaisoBS cominii**
slttlUtiam snara llUerU memorisew* w»*™*'
(LàCTASCE, Div. ms»il.,lib. vi, c. W.)
^
PSI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PST
(v^e aussi grande faole que celui qui^ ayant
Q^os un terrain» s*aYisa de dire : Ceci est à
I» i! Mais Tindustrie et la propriété suppo-
ecat tieabcoup d*idées antérieures.
m Le premier êemtimemi de lliomme fui
tl m de son existence ; son premier soin»
ip0ii b roRserro/ioii de son individu^ fut la
•odser? alion de l'espèce. L*amour, acte pu-
ttDeol anima), une fois salisfoil, les deux
«les ne se reconnaissaient plus, et TenÂnt
Défoe n'était plus rien à la mère» $Uôi quit
>ùvtûU $e pauer d^elle. Pour la conservation
le riodifidu, il fallait lutter contre les élé-
uents, contre les animaux... Les rapports
le HoiJiYidu aux circonstances extérieures
ir^iuUiretu ia réâexion après la prudence
ostinctiYe et machinale. Il connut sa supé-
ntarité sur les animaux ; dès lors, un reiçard
icrté sur lui-même prodrisit le premier
£ purement d'oKueil. Posé lu premier rang
par son espète, il se prépara de loin à y pre-
teodre par son indindu. Ceci fortifia le goût
téiêêciaiiùm avec ses semblables, associa-
tion eorore êssez bornée et n exigeant pas
■0 faafofe plus raf&né que celui des cor-
netUes ou des singes. Des cris inarliculés,
Uanuwp de gestes et quelques bruits imi-
latiis dàrcnlt pendant, longtemps composer
la taapavnJTerselle, principalement créée
pw TmàtÈt à qui la curiosité et l'interro-
06oÊ$M le plus utiles. A cela se joignaient,
- Jftf dkaque contrée, quelques sons inarti-
atU$ et conventionnels : on eut des langues
^^rticiilières, grossières, imparfaites, et tel-
its i peu près qu'en ont encore aiyourd'hui
urenes nations sauvases.
• là parole et même la pais/e étaient donc
nrammmes à l'état primitif de l'homme ; l'une
: faotre ont été le commencement du pro-
rès : privilège assez triste, car si l'homme
Il doit le soulagement de quelques misères,
lui a dû la création de toutes.
« Mais puisque parole, pensée, sollicitude,
e SOSTjHu naturelles à l'homme, l'incapa-
ié de taire ou d'entretenir le feu, labsence
t parole chez les singes, et l'orang-outang
I piartimilier, ne sont pas des raisons suffi-
lates pour séparer ces animaux d'avec Tes-
\ce buDDaine, dont ils pourraient bien être
touche première. La perfectibilité ou pro-
ès peai avoir élevé l'homme au-dessus de
a état originel. Les voyageurs ont tort
sppeler les singes des monstres, car ces
oDStres engendrent, et il n'est pas certain
rUs De donneraient pas de produits par
or eroisement avec l'espèce humaine. Cette
rpothèse probable garantit d'avance la aïo-
lué ei FuiUUé d*nn pareil essai.
• Tout animal a des idées et les combine;
lomme ne diflère, à cet égard, de la bête
le du plus au moins : ce n'est donc pas
ot retUmdement de r homme qui fait la dif-
reaoe que sa qualité d'agent libre. La bête
létt i la nature; l'homme, éprouvant la
éoie impression, se reconnaît libre d*ac-
jîescer ou de résister ; et c'est surtout dans
consrieooe de cette liberté que se montre
spiritualité de son âme. Celte liberté est
Itrcooier sympl6me, le premier instrument
de la perfectibilité fou proj;rès); mais la per-
fectibilité, faculté distinctive et presque illi*
mitée, est la source de tous nos malheurs ;
et le sauvage de rOrénoque a raison de stu-
péfier son enfant en lui aulatissant le front :
Ear là, il diminue avec I entendement ia li«
erlé et le goût du progrès, et Tenfant re-
trouve la simplicité [resque animale et le
bonheur originel.
• Quoi qu'en disent les moralistes, Ten-
tendemert humain doit beaucoup aux pas-
sions, lesquelles, d'un commun aveu, lui
doivent beaucoup aussi; c'est par leur acti-
vité que notre raison se perfectionne : nous
ne cherchons à connaître que parce que nous
désirons jouir. Chez l'homme sauvage, les
désirs ne passent pas les besoins physiques :
la nourriture, une femelle, le repos. Les
seuls maux qu'il reconnaisse sont la dou-
leur et la faim; il ne comprend pas et ne
redfiute pas la mort ; l'animal homme ne sait
ce que c est que mourir : les angoisses de la
mort sont une des plus tristes acquisitions
de l'homme sorti de la condition animale,
ou état naturel primitif.
« Hobbes a eu tort de faire l'homme mé-
chant, et de lui attribuer des passions qui
sont l'oeuvre de la société. Le calme des pas-
sions et l'ignorance du vice empêchent les
sauvages de mal Caire. L'amour de soi et la
iûtié pour les souffrances d'autrui, voilà la
bnds principal de l'homme naturel : chez
lui , l'identincation à antnii est infiniment
plus étroite que chez l'homme sachant bien
raisonner. C'est la raison qui engendre l'a-
mour-propre, qui replie 1 homme sur lui-
même, qui le sépare de tout ce qui le gène
et Tafflige ; c'^t la philosophie qui l'isole,
qui lui lait dire en secret, à l'aspect d'un
homme souffrant : Péris si tu veux, je suis
en sûreté. L'homme sauvage n'a point cet
admirable talent. Dans les émeutes, les que-
relles des rues, la populace s'assemble,
l'homme prudent et rafnné s'éloigne ; c'est
la canaille qui sé[iare les cr»mbattauts; c'est
elle qui empêche les honnêtes gens de s'é-
gorger. La populace et la eanaitle ont con-
servé les bons sentiments du sauvage et de
rhomme de la nature.
« Avec des passions si peu actives, les
hommes, plutôt farouches que méchants,
n'avaient entre eux aucune espèce de com-
merce; ne connaissaient ni la vanité, ni la
considération, ni l'estime, ni le mépris ; n*e-
vaient pas la moindre notion du tien et du
mien, aucune véritable idée de justice, mais
aussi aucun goût de vengeance. Une occa-
sion fréquente d'association et de lutte a pu
être fournie par l'amour : cette passion ,
cause de tant de désordres chez les civili-
sés, a motivé des lois nombreuses et sévè-
res , mais hélas! insuffisantes. Qui sait mê-
me si les désordres ne sont point aggravés ,
engendrés même par ces lois? Le moral de
l'amour est un sentiment factice, habilement
exploité par les femmes civilisées pour éta-
blir leur empire; ce sentiment moral est
nul chez le sauvage, pour qui toute femme
esi bonne : ce besoin une fois salisfaiti tout
817
rsY
DICTIONNAIRE APOLOCCTIQUE.
ni
^
iWsh est éteint, car Haiagination , qui fait
tant de ravages i)armi nous, ne parle point
à des cœurs sauvages.
« Sans doute cet isolement, cette simpli-
cité farouche, avaient leurs inconvénients ;
une observation , un rudiment d'invention
quelconque, périssaient avec Pinventeur; il
n'y avait ni éducation ni progrès; l'espèce
était vieille, et V homme restait toujours en-
fant; car il errait dans les forêts, sans in-
dustrie, sans domicile, sans guerre et sans
liaison, sans parole^ sans nul besoin de ses
semblables, comme sans nul désir de leur
nuire; peut-être sans en connaître aucun
individuellement. Mais aussi, dans le véri-
table élat de nature, l'égalité est plus facile
et plus commune. Quand il y aurait de vraies
.différences individuelles, quel avantage les
plus favorisés en lireraient-ils au préjudice
des autres? Là où il n'y a noint d'amour, de
quoi servirait la beauté? Que sert l'esprit à
des gens qui ne parlent jms, et la ruse à des
gens qui n'ont point d'affaires? Comment
les forts apprécieraient-ils les faibles chez
des sauvages isolés? Due foule de différen-
ces passent pour naturelles chez les hom-
mes civilisés, tandis qu'elles sont unique-
ment l'ouvrage de l'habitude, et des diffé-
rents genres de vie que les hommes adop-
tent en société. Les états divers développent
inégalement les forces de l'esprit ou du
corps; l'inégalité naturelle doit augmenter
boaucoup (îar l'inégalité d'institution, et
une éducation commune serait le premier et
lo plus solide fondement de l'égalité : cela
rappellerait Tuniformilé, sinon la simplicité
du monde pricpitif.
« Un temps immense a pu s'écouler avant
le développement des vertus sociales et per-
fectibles que l'homme avait reçues en puis-
sance. Pour cela, il a fallu le concours /br-
tuit de plusieurs causes étrangères qui pou-
vaient ne janiais naître. On peut découvrir
ces causes par les seules lumières de la rai-
son: peut-être aussi a-t-il plu à Dieu de tirer
un certain jour les hommes de l'état où ils
avaient si longtemps et si heureusement
vécu. Peut-être Dieu donna-t-il la parole et
l'esprit d'association, puissants instruments
de perfection, d'où l'homme libre et actif a
lire, au total , bien plus de misère que de
bonheur ; la preuve, c'est qu'on trouve beau-
coup de civilisés qui S'éprennent de la li-
berté des sauvages en abandonnant les raffi-
nements des villes, et que jamais un sauva-
ge n'abandonna ses forêts sans regrets. Il
éprouva de pareils regrets quand les insti-
tutions humaines commencèrent leurs effets
désolants; mais il était trop tard pour fuir;
Vétat dénature^ éminemment favorable à la
population, avait déjà rempli la terre en*
lière.
« Rien n'est si doux qu'un sauvage dans
son état primitif. Cet état fut la véritable
jeunesse du monde; et tous les i)rogrè$ ulté-
rieurs, degrés apparents vers la perfection
de l'individu, furent des pas réels vers la
décrépitude du mondé. Dès qu'unborame
eut besoin du secours d'un autre, dès qu'on
s'aperçut qu'il était utile i Tin seuld'aToir
des provisions pour neui, YégalUédi$j)mt:
la propriété s'introduisit, le travail deT.ni
nécessaire, l'esclavage et la misère germè-
rent avec les moissons; le fer et le hlé ont
cîvilist'' les hommes et perdu le genre lm«
main. Il y eut lutte entre les droits du plu«
fort et (lu premier occupant, les puissants «I
les misérables se faisant de leur force ou da I
leurs besoins une sorte de droit au bieul
d'aulrui équivalant selon eux à celui df»*,
propriété. En réalité, ce droit de propriété »
n'est valable que comme représentatif dntr^'
vail, création nouvelle et immi^diateduiraj
vaif. Dès lors, les riches qui n'ont pas acqu
ce droit de cette façon sont exposés \ ui
guerre perpétuelle. Bien plus rinduslrii
lui-môme, en disant : j'ai bûti co mur; j'
gagné ce terrain par mon travail, s'enteuili
répondre : Qui vous a donné les aligr
nîonts? En vertu de quoi prélemlez-v
être payé à nos dépens d'un tratail
nous ne vous avons pas im^oséll
vous qu'une multitude de vos frères
ou périt de besoin de ce que votfM
trop , et qu'il vous fallait un consoU
exprès et unanime du genre humrift
vous approprier yur la substance comi
tout ce qui allait an delà de la vô(r«)
fruits sont h tous et la terre n'esté per$or
9 Le riche conçut enfin le projet le
réfléchi qui soit entré dans l'esprit hw
co fut d employer en sa laveur les 1
mêmes de ceux qui l'attaquaient) de
ses défenseurs de ses adversaires, de
inspirer d*autres maximes, de leur dai
d'autres institutions qui lui fussent
favorables que le droit naturel lui
contraire : «Unissons-nous, dit-il,
«t garantir de l'oppression les faibles.
« tenir Its ambitieux et assurer è <<li^<
« la possession de ce qui lui ap|Kirlienl.
« lieu de tourner nos forces contre m
« mêmes, rassemblons-les en un [n»u
« suprême qui nous gouverne selon drs
« sages, protège tous les niembresde U
a cialion et re()ousse les ennemis eoniind
« Tous les hommes coururent au-de
de leurs fers; ils étaient grossiers et fi
h séduire. Ces lois, cette association
nèrent de nouvelles entraves au laiM
nouvelles forces au riche, détruisireo
retour la liberté naturelle^ fixèrent |h)
mais la loi de la propriété et de l'in
et d'une adroite usurpation firent un
irrévocable; et pour le profit de quel
ambitieux assujettirent désormais toal
genre humain au travaili h la servitude,
misère. Car une seule société établie«
voisines durent suivre l'exemple : il*
s*unir pour faire tête à des forces unies
commisération ou la pitié pour le pnul
a snbsisté un peu plus longtemps <iAC^
droit international sous le nom dedroii^
gens. Mais laconqoôle et la guerre, lepûi
d'honneur national fanéantirent bieaj^
et ce beau sentiment ne subsiste que <W
quelques grandes Ames cosmopolites.
« A force de voir les lois éludées, on ?oi
r
M
PSÎ
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
fon
g?a à confier à des particuliers le dange-
reux dépAt de l'autorité publique et Texé-
Ciiiiondes délibérations du peuple. Dire que
leschefs furent choisis arant gue leur con^
êidêration fut fuite . que les ministres des
lois existaient oranr U$ loismémes^ c*est une
supposition erronée qu'on ne doit pas com-
ftjUre sérieusement. Les hommes n'ont pu
Bn^cr è se donner des chefs que pour dé-
ItrDJre leurs libertés, et comme le dit Pline
p Trajan, « n*ont cherché un prince une
• ,'oorn*avoir|)as un maître.» Les trois ior-
(5, démocratie» aristocratie, monarchie»
uTiennent des différences plus ou moins
ndesqui se trouvaient entre particuliers
moment de Vinstitution, La démocratie
."Daiença certainement» car la fortune» les
nts étaient moins disproportionnés chez
hommes les moins éloignés de )*état de
l'.'jre. Plus tard» l'ambition des chefs per^
'i ua les charges dans leur famille. Le
- ^V délaissa augmenter sa tranquillité arec
• \ >enrttoJe; les rois s*égalèrent auxdieux et
< 'imitèrent leurs esclaves eomme du bétail.
l3;4ys oà personne n'abuserait des lois et
> a'magistrature n'aurait besoin ni de
nnsiMts ni de lois! Hais comment espé-
M'ccfaïqMndf sur presque toute la terre
fritsée depuis longtemps» rillustration
Lo» CuDâfas se mesure au nombre de gêné-
rn;<>35lktnéantes qu'on y peut compter! Si
\'i rott une poignée de puissants ou de
'. tes au latte des grandeurs, tandis que la
: u'^ rampe dans l'obscurité et la misère,
Vstque les premiers n'estiment les choses
ùi ils jouissent qu'autant aue les autres
s sont privés» et que sans changer d'état,
{cesseraient d'être heureux si le peuple
i^ait d'être misérable,
f Par fesclatage^ le dernier terme de l'iné-
lité« le cerde du progrès et décadence
3chent au point de départ, une sorte d'é-
!ité recommence ; il ne reste que la loi
plus fort ; c'est un nouvel état de nature
(S responsabilité et presque sans souci,
Tesclave finit par se complaire dans son
•clion. Hais pourtant» le despote n'est le
Itre qa*aussi longtemps qu'il est le plus
: ! la force maintenait le sultan : la force
eoTerse ou l'étrangle. Rsclave ou peuple
rimé, tant qu'on est contraint d'obéir et
.nobéit^ onfait bien. Sitôt qu'on peut se*
"T le joog, et qu'on le secoue» on fait
f>re mieux ; car ou nous sommes fondés à
rendre notre lil>erté, ou on ne l'était pas
*us i'dterl
Le gonrei nement d'un seul» et par suite
lonarcbie a été souvent regarde comme
oDtinaation de la société d'une famille
larcale oMtssant à un nère. Cela sup-
^, comme fait primitif ^ rassociation du
? et de la mère d'abord» ensuite des en-
s arec les parents. Nous avons déjà dit
, iians Tétat de nature, le père 'et la mère
e choisissent pas, ils se rencontrent mo-
itaiiécDcnt sans s'aimer, et se quittent
s se connaître. L'cnfanl est donc indif-
ft et inconnu au père, il le détient à ta
a'is^Uôt après son rw/Viri/r. Lockc on ac- .
cepfant l'association primitive» par ta fa-
mille, a donc rejeté sans preuve i erreur do
Hobbes, prêtant aux hommes primitifis des
raisons de demeurer les uns près des autres
et près de telle femme, comme les hommes
tfaujourd'hni. Autrefois comme aujourd'hui,
il a pu 7 avoir utilité à l'association età
la famille, mais la fin morale d'une chose nesi
pas suffisante pour rétablir comme un fait. Le
profit de l'union des parents ne prouve dr^ll»*
ment que cette union ait été établie parla
nature ; on pourrait aussi bien dire que la
nature a institué les arts, lei^mmerce et tout
ce qu'on prétend être utile aux hommes I i
« Qn.ind la famille s'établit, le père n'est
le maître de l'enfant qu'aussi longtemps que
le secours du père est nécessaire à cet en*
faut. Au delà de ce terme ils deviennent
égaux. Le fils indépendant, ne doit que re»»
pect et reconnaissance» mais non |jas obéiê*
sanee! La reconnaissance est bien un devoir
qu*il faut rendre, mais non un droit qu'on
puisse exiger. Bans la civilisation très«
avancée les biens du père sont les liens vé-
ritables qui retiennent les enfants dans la
dépendance. »
La voilàen esfiriî et en lettres cette Genèse:
le voilk ce catéchisme qui depuis 1753 rem-
placerait la Bible et VEtangile^ au moins
chez les philosophes de notre pays.
Un siècle tout entier a été en travail pour
obéir^ Rousseau : le Discours de l'inégalité
et la première page du Contrat social con-
tiennent toutes les thèses de la révolution
de 89 et Idu socialisme pour la moitié déjà
réalisé. On a démoli presque tout ce que
l'ancien temps avait laissé debout. Le brait
au milieu duquel nous vivons annonce peut-
être la chute de tout le reste. Placés en lace
de Vidéaly si voisin de Tépreuve pratique,
nous sommes en demeure de l'examiner
sans ménagement» comme sans délai.
La popularité toujours croissante de
J.-J. Rousseau montre assez sa grande in*
fluencesur les théories sociales les plus en
laveur, le sommaire tel que uous le donnons
ici pr^ise la parenté directe avec les sys-
tèmes suivants :
Culte de la raison» de l'être suprême»
théophilanthropie. Droit imprescriptible de
l'insurrection. La démocratie, état le plus
naturel et le plus ancien de l'humanité; droit
divin de la république. Loi agraire de Ba-
IxBuf. — Saint-Siroonisroe avec progrès, re*
ligion naturelle» hérédité contestée. —
Fouriérisme avec rimpeixabilité des pas-
sions et leurs libres attractions. — L'huma-
nitarismc ennemi des nationalités » la paix
Eerpétuelle» le respectdes animaux. — Louis
lanc. A chacun selon ses besoins , r£tat
serviteur» l'éducation uniforme. — Commu-
nisme Spartiate de Cabet. — Eug. Sue : Nui
n'a droit au superflu, tant que quelques-ucs
manquent du nécessaire. — Lamennais, la
raison universelle. — Souveraineté de la
raison, rationalisme» adoration du fait et
de la fatalité ou nécessité. — La religion
naturelle du Vicaire savoyard renouvelle
par H. Cousin, adorateur de la nature et
(31
PSY
IHCTIONNAIRË APOLOGETIQUE.
PSï
a
du style enOaromé. L*anarchie de M. Proud-
hon. — La plupart de» zoologues. — An-
thropologues et ethnographes avec riiomme
singe (851).
Rousseau, qui s*est moqué d*Adam, pre-
mier roi légitime et seul au monde comme
Rohinson dans son lie» repousse définitive-
ment l*ori^ine divine de notre espèce, pour
admettre Tidée |>anthéistiquede la /roni/br-
mation des êtres ^ dans une chaîne perfec-
tionnée. Le singe représente encore l*an-
cienne population de la terre; le singe est
notre aïeul; il est certainement plus heu-
reux et peut-être plus digne que son des-
cendant. Pourtant ridéal homme de la nature
est quelque chose d'un peu différent : c'est
nn sauvage sans malice, le plus bénin des
Caraïbes, le plus imprévovantdes riverains
de rOrénoque, ceux-là mêmes qui abattent
un arbre pour en manger le fruit.
Si Rousseau avait connu les découvertes
des derniers voyageurs, il aurait peut-être
reculé son idéal vers TAustralie où végètent
des races encore plus dégradées et plus mi-
sérables : nègres à cheveux plats , ignorant
Tare et les flèches, ayant les membres grêles
et affamés, réduits à se nourrir d'insectes et
de reptiles. Rousseau ayant complété son
éducation si superficielle, et devenu, je sup-
pose, bon naturaliste ; Rousseau abandon*
nant Tabsurde prétention de tout deviner,
par la seule force de son imagination; Rous-
seau aurait éprouvé un grand mécompte au
jour qui a vu clore l'inventaire des races
humaines et des habitants humains de notre
globe. Le sauvage le plus sauvage vit par-
tout en société; il a partout quelque chose
comme une famille; il aime et connaît une
femme et des enfants; il obéit à un chef; il
parle une langue aussi compliquée et i]on
moins savante que les idiomes des civilisés.
Tout cela s*est retrouvé, non pas seulement
chez les sauvages chasseurs , mais chez les
pêcheurs, chez les insectivores.
La science précise aurait mis fin aux dé-
clamations sur notre régime végétal, aux
niaiseries sur la marche à quatre (Uittes, sur
le nombre des mamelles. La science aurait
montré à Rousseau l'homme bipède de par
ses pieds et ses mains, omnivore et Carnivore
de par ses dents et ses intestins, sans compter
la preuve expérimentale de tous les siècles
et (ie tous les f ays. L'agronomie lui' aurait
montré cent es| èces végétales grandies par
la cuUure, et autant de races d'animaux
embellis et fortifiés par la domesticité. Le
dynamomètre qui a mesuré les forces des
lutteurs anglais et des sauvages les plus
robustes aurait montré à Rousseau l'avan-
tage éternel du civilisé sur l'homme de la
nature. Les tontines et les statistiques lui
auraient prouvé combien la vie moyenne
croit avec le bien-être et la prévoyance.
($51) M. Pelletan nous fait ce portrait de rbomme
p îiniuf :
c Successeor imméilitt de ranimai, quHl coiui-
nnatt dans la pragression des eiistences, il accom-
pi ssait comme lui sa dcitinde aa kasard ; sa nourri*
L'hyeiène et la médecine lui auraient «ppru
que dans nos cités et dans nos campagnes (>&
arrache à une mort i)récoce et même aux b.
firmités, une foule d enfants nés très «faibles,
une foule de malades et de blessés qni rkl
les sauvages seraient voués et sont effecti-
vement voués à la mort. Lhistuire el li
Séographie, mieux étudiées, lui a{)|re:>.
raient qu'on n'a trouvé nulle part rti
populations immenses d^homoies priroiiili
vivant selon le régime de la nature. U
grande fabrique du genre humain $up|<(>e
toujours une société plus prévoyante eulus
avancée, l'état pastoral au moins. Unique
du sens commun trouvera toujours hm
peu compréhensible cet état denaturt^mi
faisant le vide autour de l'individuparla^
sence de la famille et de rassocialioo cod*
tinue, et tantôt accumulant dans quelques
forêts, <}ue dis-je 1 sur la terre entière oa
population plus drue que k* prolélarlat k
nos plus vastes cités.
La perfectibilité, capable à un jourM
de sur^uisser la langue des corneilles etder
singes, dut nécessairement être prioMr
d'un état moins parfait. PerfectibiliiéoiftO'
grès est un plan incliné qui d'un cMéts-
cend toujours .comme de l'autre côté il oBOnit
sans cesse. Cabanis et Gall n'ont eo rieo i
changer à la formule de Rousseau: tel*
licence de Thomme et celle de la Un m
diffèrent que du plus au momMIibtrU
et la spiritualité de l'Ame sosfdtnioes
précautions oratoires, quand tetwMé
comme la parole et la pensée peutbittt^^^
de toutes pièces par le progrès, et quaniV^*^
manitéa végété pendant des siècless&osMciu
parole, pensée ou liberté , bien plus 4^"^
l'espèce humaine fut identique i ïts,\èâ
singe dans les temps encore plus aoneos.
Alors au moins les passions huni/>is|l
avaient cette irresponsabilité, cette iofatlii»
bilité que les élèves les plus sagacêd^
Rousseau ont revendiquées pour toutes I
époques sociales, et qu'ils ont appelées tr
vail attrayant, légitimité de la jouissan
réhabilitation de la chair. AveccecasuisJ
commode, il est bien facile d'accepter
bonté absolue de l'homme ; facile de nier
mal, la chute et l'expiation. Seuieuiei
comme partout l'homme souffre, se \m
et meurt; comme partout il prie cl aspire
un état meilleur , mftme dans ces m
sauvages où des observateurs distraits d (
vu que la béatitude stupide ou Tinui^
rence bestiale, il faut recourir à daui
explications plus d'accord avec les faits-
meilleure de toutes est fournie par ià
des langues sauvages montrant, daosces rai
déchues, les enfants déshérités de nalj'
grandes et illustres du vieux monde; «t»
abrutissement expiant la bute de \^
aïeux, coupables sans doute de qm^'
ture était la proie, aa aodélé ra;iroapenent. 9^^
roicile un abri, son mariage l'*cc^P^?î;^ «
le tatouage, son culie ua effroi, son luip»"
écho. I {Profe$si(m de /bi, etc., p. 'w
PST
DICTIONNAIRE APOLOGETIQVE.
P8t
851
ran«1 crime ; oonpables aa moins d'avoir
iqligé la pratique et ooblié les traditions
e la dignité humaine et des industriel ca-
ables de la maintenir.
Rousseau glisse cauteleusement sur les
rati4|iies induslrielles sans lesquelles pour-
int 1 individu et l'espèce ne peuvent vivre
t durer. II a fallu cependant confesser que
mtes les industries Gxécs sout principale-
lenl iradiiianneUes : les élémeilts en furent
iitle fois découverts et perdus par les tA-
innetnents individuels, liais entin « il y a
3 société, dès qu*un inventeur a transmis
>Q œavre ou son exemple à un frère, h un
U. Cela doit avoir eu lieu de très-honne
etire, car le chêne, notre prétendu premier
ère nourricier, ne vient pas partout, et en
>at cjis ne donne pas ses glands en toute
ii«^n. Si Ton en réservait de Fautomoejus-
3*1 la prochaine récolte, la provision, la
rérovaoce, Temmagasinemenl, la richesse
s <t3ienCdéjà! Comment fit donc Thomme
l'^I/, avant ejpoisé les glands? comment fit
tv>miire isoÙf réduit à attaquer les daims,
"S iMioos les bœufs sauvages? Que dis-jc 1
«^Virtos, les tigres, les jaguars? Comment
Ji!V>mme, réduit à poursuivre les pois-
vm dans Feau, les oiseaux dans l'air? If se
fit iidcf pK la force d'un autre homme ou
pirriodoilrie d'un frère ou d'un père édu-
or^or. iGrr l'industrie pour nier l'associa-
&o, nier Fassociation pour nier l'industrie,
7*N tourner dans un cercle vicieux. L'in-
*hirie est un Ciit aussi large et aussi vieux
K /association. Si Rousseau n'eût fermé
s T^ax pour rêver plus à son aise, il l'eût
%fru dès le commencement du monde et
m manifestement encore au nord qu*au
ttî. La famille humaine a commencé vers
ftotre de l'Asie, pays comparativement
id. Elle était appelée vers le sud par la
l^ur du climat; mais elle se jeta vers
iTégions fraîches ; c'est là du moins qu'elle
It^péré davantage. Car au midi la cha-
ir énerva le corps et l'esprit, dégrada la
)bté physique, après la beauté morale.
8 pays des longs hivers, la lutte contre
éléinents est plus longue et plus achar-
t; triomphes nouveaux et mus beaux
Ir ractivité, pour là dignité humaine!
conabien d'admiration, de quel orgueil-
ei optimisme Rousseau s'est donc privé
disputant l'industrie à l'homme primitif!
b Toici bien d*autres injustices plus
aites ; voici des larcins plus scandaleux !
Tn seul homme a pu subsister adulte et
lé : c'est Adam sortant parfait des mains
bîeu ; tout autre humain ayant commen-
far i*enfance a eu certainement des édu-
fnrs dans la personne de ses parents.
Koorcissez tant qu'il vous plaira la pé-
ile où l'enfant ne peut se défendre ni
[imenler : dix ans, six ans, c*est assez
gr avoir reçu et échangé beaucoup d*i-
.*5. Vous trouvez la période assez longue,
^jsittoa assez expansive pour v avoir rat-
ié Torigine première H'*ine langue par-
lée. L'enfant et la mère, l'enfant et le père,
la mère et le père auront échangé beaucoup
de sentiments au bout desquels il y a, de
toute nécessité, beaucoup de droits et de de-
voirs réciproques. Le travail est trop dur
pour une mère toute seule; elle se sera ad-
joint pour l'adoucir, l'homme qui fut de
moitié dans la conception, prime irrésisti-
ble, condition indispensable de la durée de
l'espèce. Cette association au profit de la
progéniture se voit chez tant d'animaux
moins forfaits que nous, et vous la contes-
teriez à l'homme? et vous ne voudriez pa.«
que Vinielligence eût rapidement discipliné et
anobli F instinct ^ quand le but de la nature
y trouvait tant de profits! quand le cœur
des parents y puisait tant de joies ! O Rous-
seau, père dénaturé, vous deviez donc trou-
ver une épouse digne de vous. Mais, en sup-
posant que vous ayez jugé l'ancien monde
sur vos plus tristes sentiments, d'après les
plus tristes exemples de voire ménage,
aviez-vous donc oublié votre enfance? que
vous avaient donc fait vos parents pour éri-
ger en type éternel et légitime la rancune
et l'ingratitude des fils?
Dans le second chapitre du Contrat social^
Rousseau admet la fainille comme la plus
ancienne et la seule naturelle de toutes les
sociétés. Cette concession tardive a plusieurs
restrictions fort graves. D'abord celte so-
ciété est ancienne, mais |)as primitive et
contemporaine de notre première ap|Niri-
tion sur la terre. Ensuite, selon Rousseau,
le lien naturel cesse aussitôt aue les enfants
n'ont plus besoin du père. S ils continuent
à rester unis, ce n'est plus natureliemtni^
c'est volontairement et par convention» Le
fils adulte est devenu l'égal de son père au-
quel il doit tout au plus respect et recon*
naissance. Ici arrive une atroce définition:
la reconnaissance est bien un devoir qu'il
faut rendre, mais non un droit qu*on puisse
exiger.
Le code pratique universel a dégagé un
autre droit que toutes les subtilités physi-
ques ne sauraient occulter : à la place des
mois va^es reconnaissance et respect, il a
dit : obéissance ! et ce droit le se peut exi-
ger.
Les temps naïfs et sévères virent l'auto-
rité paternelle élargie jusqu'au droit de vie
et de mort comme Tes droits que le despote
et le maître s'arrogeaient sur l'esclave. Les
temps plus doux traitent les enfants comme
les sujets d'un bon roi. L.aspiration à l'éga-
lité, la révolte du fils, préliminaire de l'in-
surrection égalitaire des sujets, est un des
progrès semés par le xvi* siècle, et c'est le
quaxer pacifique (8^) qui s'en fit le premier
propagateur. L'anabaptiste avait déjà éman-
cipe le fils par le baptême tardif. Le baptême
reçu en naissant impose effectivement une
langue, une patrie, une religion surtout»
entraves que le père avait tort sans doute
de croire suffisamment compensées, et le
tort plus grand d'imooser ai| bis pour la vie
<^i ^mr Bist, é€s fuoUrs^ par lliLiu!<i», Reme des beux Mondes.
SS5
Pi>Y
DICTlONiNAiRE APOLOGtTIÛLE.
PSY
entière. Des codes atlardés concèdent en-
core eu père infirme on vieilli le droit d'exi-
ger des aliments. Si le Qls est ruiné ou vaga-
bond, il trouvera dans ses vices une nou-
velle garantie de son émancipation entière.
Le j)ère qui n'a rien à léguer ne doit rien
attendre de son fils. Rousseau a lâché le
grand mot : « Les biens du père sont lesliens
véritables qui retiennent ses enfants dans la
dépendance. »
Il y avait jadis un autre bien qu'un père
mourant même sans fortune léguait d'ordi-
naire à ses enfants honnêtes et respectueux,
sa bénédiction ! Un legs redoutable dont il
pouvait frapper un fils ingrat et rebelle, sa
malédiction! Molière, digne précurseur de
Rousseau, nous a montré le Gis débauché
raillant et répudiant d'avance un tel héri-
tage!
11 fait bon croire cependant que sur le
reste de notre planète et même de notre
pays, les parents infirmes ou ap[>auvris
trouveront encore la consolation et les se-
cours de la tendresse liliale. Sans cela, nous
partagerions un moment Télran^e admira-
tion de Uousseau pour les forêts américai-
nes et pour leurs sauvages habitants. Ceux-
là du moins vénèrent leurs pères à I égal des
caciijuos et des sachems qui eux-mêmes re-
présentent l'autorité traditionnelle du pre-
mier père de la tribu I Quand la mort a
moissonné j)lusieurs générations de ces
vieillards pieusement ensevelis à Tombre
des chênes et des pins solitaires, le sauvage
expulsé de sa patrie par le quaker alTrancTii
des préiugés du vieux monde, le sauvage
dit en pleurant : « OssemenLs de mes pères,
levez-vous et suivez-moi dans I exil. »
MaisJ.-J. Rousseau ne faisait que déduire
les conséquences d'une doctrine dont il
n'était pas Tinvcnteur. D'où cette doctrine
lirait-elle donc sou origine? C'est ce qu'il
faut maintenant chercher.
§n.
Origine, progrès et coo^c^iuences ftiorstes de la croyance
en rétai de luture.
Tous les philosophes, tant anciens que
modernes , sont forcés de l'avouer, il nesl
pas de monument authentique et coexistant
de l'état de nature : ce n'est donc que sur
des conjectures que les anciens en ont par-
lé, et sur des ouï-dire que les modernes y
ont cru. Ainsi c'est sur des préjugés que
les premiers ont assis leur croyance, et les
seconds sur leur ignorance et leur crédulité
tout ensemble.
Les plus anciens peuples, les Babyloniens,
les Assyriens, les Egyptiens, n'ont p^as con-
nu la ci*oyance en l'état de nature ; bien loin
do se dégrader par des ancêtres ignobles
iiiTérant peu des animaux, ils exagéraient
les connaissances de leurs pères; et les
sciences ou'ils avaient acquises eux-mêmes
par Texpûrience, ils les donnaient à leurs
prédécesseurs de temps immémorial; en
sorte que, bien loin de se perdre dans l'i-
gnorance des temps, c'était dans la science
Ues temps qu'ils «e perdaient, faisant recu-
ler les annales de leur civiiisallc^ i^jçqj^
delà de la vérité. Car nous connaiss^ni
maintenant leurs fondateurs; nous savoy
quand Nembrod , Assur commeu^reoi ♦
régner sur eux.
Cependant ces peuples ne nous sontcos-
nus par aucune nistoins suivie. Lelcniji,
qui a effacé leur nom de dessus la terrai
dévoré pareillement les monumenlsfrajilei
sur lesquels ils avaient sans doulcconsucî
leur origine, leurs actions, la durée de fer
puissance ; de telle sorte qu'environ riii:i
siècles avant notre ère, d'épaisses lénùifâ
se trouvent répandues sur tous ccsgranb
empires, et dérobent à nos jeui, nooleur
existence, mais les faits qui l'ont remplit
Car si nous ne connaissons plus la suite
leurs rois, de leurs guerres, de leurs ei
ditions, de loin en loin quelque roi.q
que homme, fameux par ses vertus ou
ses vices, est nommé daos Id seule Imtoli
contemporaine que Ton connaisse; H'i
paraît là avec tout son peuple et loiile
civilisation, comme pour téuioiguerdeli
continuation de leur existence. En sont
donc que ce ne sont pas les peuples^dù
(es historiens des peuples qui uianqni
Mais peu à peu les monuments im-
nent plus fréquents et plus suivis, te tr4&
se succèdent régulièrement les uosioiaD*
très : les révolutions déplacent le pooroir,
et, chose remarquable, avec ces prwiéreî
histoires, nous apparaissent leseiB/iim/tf
plus grands, les plus vastes lOVUDepoof
urouver que toutes les famillsdti^QlTtQ-
rermées dans leur sein, et quelewciiM-
tion était continuée de fort loin. Ce n^
doncnoint chez ces premiers peaplesquil
faut cnercher l'origine de la crojance «
l'état de nature.
Dans un petit coin de TKurope (al
peuple dont Jes destinées ont été remai
Lies, Son origine est h peu près incarne
comme peu])le , son influence est de]
longtemps nulle, mais ses législateurs el
philosophes, ses opinions et ses scie
dominent encore dans teut l'univers. U
ble et le mensonge, au rapport ujôuie de
historiens, président à son herteau.
f)lus savantes recherches n'ont pu débro
er les rapports incohérents que nous
laissés ses poètes, ses historiens eises
losophes. Ce que Ton sait, c'est (jue d
ou trois fois des étrangers, venus d£g
et dePhénicie, allèrent ranimer ion e
tence, et lui portèrent le flambeau a
civilisation plus avancée. Par des cauJ
nous inconnues, et que l'éloigneineDl <
temps rend faciles à concevoir, lesOrv^fs
purent conserver un souvenir exact del
oriffine. La plupart des traditions éiaitni
térees ou perdues, lorsque les villes d Aii
nés, d'Argos, et plus tard celles de N'«
et de Thèbes furent fondées. Ils vnaii
ainsi sans documents certains sur leur»/ _
gine et sur leurs ancêtres, lorsque, leurs'^
laiions s'élanl étendues, leurs gou»efœ
ments avant pris de la consistance, le* ^''
commençant ^ ftire 4:ultivés, il ^eu^*'
PSY
DlCTIOiVNAlRE APOLOGlilTiQUK.
r£\
«59
ilit u /eux des hommes curieux de faire
ir histoire. Malheureusement ils étaient
parés des autres peuples par des guerres,
r h metf par des montagnes» et par des
êjugés, obstacles plus grands que tout le
sic. Ne pouvant donc avoir connaissance
> iraJiiioas des autres peuples, el fjeut-
f ne le voulant nas, les poètes, qui fu-
li d'abord les seuls historiens , s'empare-
it des vagues notions qui restaient en-
re, les entourèrent de fables, s*enfoncè-
udaiis la nuit des temps, et composèrent
lrlli^loi^e primitive, par inspiration. Les
iraios gui les suivirent reçurent ces no-
us auiquclles ils ajoutèrent encore, sui-
ai que U dieu les Possédait. C'est ainsi
K fieu à peu les fables d'Orphée, attirant
I U;es farouches par la douceur de ses
lots rt civilisant les hommes par les at-
ilide niannonie, celles d'Ampbion, b&-
puil une ville au son de sa lyre, et autres,
fouvèrent a?oir une aussi grande auto-
quedc véritables histoires, plus grande
Blaire; car quelque divinité favorisait
ijwrs cps croyances, qui passèrent bien-
ibcur sacrées.
kheude rejeter toutes ces fables, et do
un silenco |)rudeut sur les époques
les philosophes, qui vinrent
lioiitèreut la plupart de ces idées, et
Jbol le fondement do leur science,
e sauvage, sortant de cet état par
de ses facultés, se créant & lui-môme
i5,$a religion, ce sont des principes
es dans toute la philosophie grecque.
?oii percer plus ou moins dans Pia-
Euripide, fiérose, Diodore, Strabon, et
«leinent chez tous les écrivains grecs
. Aristûte aussi, faisant une histoire des
Baui, ne Gt nos difTicultéde faire entrer
lORje dans leur catégorie, sauf la pre-
rc' |>lace qu'il lui assigna de son chef.
pure fut encore un de ceux qui contri-
rt-ni à mettre ces idées en système,
k avoir décrit, avec la véracité et la cer-
iequn Ion sait, comment cet univers
Formé par le concours des atomes, il a
ide nous dire comment Thomme sortit
^ude la terre, comment il abandonna
mia el arriva à la civilisation.
^ les Grecs, viennent leurs fidèles
en i)cience, et leurs serviies copistes
urs, les Romains. Au temps oi^ Uoiue
]i^s de phitosoplies, au temps où le
^iVlle adorait, n*avait ni temples, ni
s, uuiis où Tcncens fumait en plein air
It^'auiels de gazun (651), elle n*admet-
Ns l'état de nature. Mais, lorsque par
on')uètes, elle eut étendu sa domination
» •riiiieb, toutes les erreurs de la Gièco
*; Voir Platoîi dans le Prolagoras, infulio,
*.ri/« Lois, lîT. m, p. 804. — Euripide, cilé
^tTiRoiB» ^ jlacUh philos,^ lib. i, c. 7. —
^« <ldD& le Syncdl, p. 18. — Diodorr, 1. 1, p.
<> ^ ; L V, p. 587. — Stsâbon, I. iv, p. 506 ;
f W ; I. XIII, p. 885.
y Vtftr TcaTULfciBM, Apotêgétique, C. xxiv.
•") Voir De natura reruiif, liv, v ver?. 9i5 cl
pénétrèrent dans son sein, avec ses dieux,
sa politique et ses philosophes. Lucrèce,
nourri dans les écoles d^Atliènes, y puisa
les principes d'Epicure, et fut probablement
le premier qui les fit connaître à Home,
cinquante ans à peu près avant noire ère
(8«^;. Alors Tétude de la philosophie ayant
prévalu, les idées grecques sur Télntde na-
ture et Toriginc de Thomme, furent encore
accueillies par la plupart des écrivains la«»
tins (856). Or, il est curieux de voir avec
quelle assurance et quel ton d*hi$torien, avec
quelle satisfaction même, ces fiers Romains,
qui se croyaient tous un peu plus que des
rois, parlent des ancêtres primitifs du genre
humain. On dirait qu*ils voulaient faire ou-
blier que leurs fondateurs étaient des vo-
leurs, en prouvant que les ancêtres de tous
les hommes avaient été de vils animaux.
« Quand les hommes sortirent du sein de
la terre, au commencement du monde, nous
dit Tun d'eux (857), ils étaient peu diffé-
rents du reste des animaux : c'était uu
troupeau hideux, privé de la parole, mutwn
et turpe pecus. Ils se dispulaient les glands
et les abris à coups d*ongles et de poings,
ensuite avec des butons, puis avec des ar-
mes, que la nécessité leur ajiprit à fabri-
quer Ils n*avaient point encore Tinven
tion du feu pour apprêter leur nourriture*
dit un autre (858).... Il n'y avait ni lois, ni
coutumes; chacun s'emparait du premier
butin que la fortune lui otl'rait Indépen-
dant, chacun ne travaillait et ne vivait que
{)our lui seul. L'union do Thomme et de la
ennno av«iit lieu dans les forêts, selon leur
penchant mutuel, souvent aussi selon que la
))assion violente des hommes les y portait.
Quelquefois ils s'attiraient les uns les au-
tres par Tappât de quelques glands, d'une
pomme sauvage, ou d'une poire choisie
La nature leur apprit ensuite à varier el h.
combiner en plusieurs manières les in-
flexions de la voix; alors on donna un nom
à chaque chose, selon le besoin qu'on eut
de l'exprimer. »
Telles étaient les croyances philosophiques
des Romains sur l'origine de l'homme et la
formation des premières sociétés. Ces prin-
cipes pénétrèrent jusque dans leurs lois, non
point les lois premières de la république,
mais les Codes subséquents composés par
des sophistes et des philosophes. « Le droit
naturel, disent-elles en propres termes, est
ce que la nature apprend h tous les animaux.
Car ce droit n'est i>as seulement propre à
Vhomme^ mais encore il est commun a tous
les animaux qui sont sur la lerrc, dans la
mer ou dans les airs (fôo), » Ainsi nous
voyons l'houime, qui à perdu ses véritables
(S5G) Voir Sallcstc, De betlo Jugurthino, n. xxi.
— OicÉRON, Pro P, SeàliOt n. n; tl De inventionc^
lib. I. — IhcLi. fah. 145. — Jvvcnal, salyr. xv,
vern. 151, — Macrode, /n somnio 5rtpiont«, liv. n,
c. 10.
(857| Horace, i, Sai. m, vers 99 cl seq.
(858) LccuÊCR, déjà cité.
(859) Digeste^ 1. j, lit. 1, Dejustitia etjun* Vcyez
ausïl ImtUutct * i, (il. i.
psir
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
M\
M
bles titres nui le mettent en société avec
Dieu, obligé de s*abaisser vers la terre, d'en-
tier en comparaison avec les animaux, et
d'établir société avec eux. Voilà ce que nous
apprend l'histoire.
Mais elle nous apprend encore que ce fut
vers ce même temps queFemjpire romain se
précipita vers sa ruine. Jamais les droits de
rbomme, les lois naturelles, les peuples, ne
furent plus méprisés et plus foulés aux
pieds, que vers le temps ou les philosoplics
établirent les droits et la morale, les sujets
et le pouvoir, d*après leurs systèmes et leurs
raisonnements. Chacun le sait; il n'y eut
bientôt ni droits, ni morale, ni pouvoir, ni
sujets, et la société romaine fut dissoute en
entier. Tandis que quelques sophistes, tris-
tes et lointains échos des philosophes gui
les avaient précédés, disputaient avec passion
sur les commencements de la société, iis ne
s'apercevaient pas qu'elle disparaissait du mi-
lieu d'eux, ou au moins ils ne le crurent
Sue lorsqu'ils se virent écrasés par la chute
e l'édifice dont ils cherchaient h établir les
fondements.
Mais, pendant que cette société philoso-
phique s écroulait, dans une nation où les
traditions historiques sur le commence*
ment de l'homme et des sociétés s'étaient
conservées par des monuments séparés de
tout mensonge, il se formait une société
nouvelle. Tandis que les philosophes per-
daient les peuples et se perdaient eux-mêmes
dans les forêts, le fondateur de celle-ci rap-
pela un simple fait, dont il fit le fondement
de la sienne : à savoir, que l'homme était
sorti tout sociable des mains de Dieu; qu'ainsi
c'était avec Dieu lui-même qu'il avait d'a-
bord été en société pour continuer à Têtre
avec ses semblables.
Les hommes se précipitèrent en foule dans
cette société, et voulurent appartenir à ce
])euple, dont l'origine était pure, noble et
assurée, bien différente de celle des philo-
sophes, dont l'origine était ignoble, avilis-
sante, et, pour comble de pitié, fausse et
trompeuse. Les hommes de cette société ne
se perdirent plus dans des systèmes chimé-
riques : connaissant avec certitude que Dieu
les avait créés, que Dieu avait créé leur so-
ciété, ils ne disputaient plus sur leur état
primitif, ils n'en faisaient pas découler leurs
droits ni leurs devoirs; orfueilleui de leur
origine, ils étaient orgueilleux encore de
leur état présent. Ainsi ils vivaient tran-
quillesi et avaient relégué les livres et les
dissertations des philosophes çrecs et ro-
mains dans la poussière des bibliothèques
et des couvents, ou au moins ils ne les re-
gardaient que comme de brillantes chimè-
res, dont s'étaient al)usés ceux oui ne con-
naissaient pas la vérité.
Cependant peu à peu le goût des études
reprit eu Europe : de tous côtés l'esprit bu-
main, longtemps stationnaire et rétrograde
au milieu des révolutions des empires et
des invasions des barbares, se réveilla. Mal-
heureusement n'étant pas assez fort pour
asirpar lui-même, pour juger par lui-même,
trop faible encore |K)ur séparer seul Terr^uf
de la vérité, il ne chercha qui coutialirob
i>ensées des autres, et s'y attacha, comiii
l'enfant dont l'intelligence se débarrasse l
peine des langes du berceau croit à la pi^
mière parole qui! entend prononcer. Toi
les savants de ce temps se proslemèni
avec gratitude devant les opinions des li
leurs au'ils avaient découverts. Il n\v «dl
de si ODSCur philosophe grec qui n*ait*eu s)
admirateur et son bdèle disciple. Quandf
parcourt l'histoire de la renaissance des "
très et de la philosophie, on ne sait sil
admirer ou sourire, lorsqu'on rencontre
même temps et dans la mênr^e person
si vastes travaux, de» connaissances si
verselles, une pointe d'esprit si pénéiri
une discussion des questions si mino(N
et puis une bonhomie de croyance, une
fiance de créduliié, un respect pour les
nions du maître, une sincérité d'ad
Sue l'on ne peut expliquer. Le non
'un auteur grec ou latin exaltait iT
tion des savants scolastiques ; os
pendant combien de temps l'aulorW/i
tote décida de presque toutes ta
tiens.
Une autre cause qui contribua
ment à introduire parmi nous la
à l'état de nature fut l'étude do àrà
main. Dès que le Code des loisromai
été découvert, vers le xu* siècle, la pi
des clercs et des lettrés de cette é
reçurent avec enthousiasme, Tétudièi
commentèrent, et ne considérèrent I*
sèment des sociétés, les droits des citu]
les devoirs des sujets, que d après lesl
tiens exprimées dans ces lois. Ce fut
que commença à revivredans la société
tienne la croyance étrangère et hété~
de Véiat de nature.
Je ne suivrai pas le développemei
cette opinion dans tous ses deuils. Il
d'avoir noté comme un fait inconte
qu'à mesure que Télude des auteurs
et romains s'étendit et que les lois roQ
prirent plus d'autorité, la croyance en
de nature se glissa sans opposition, el
que, sans que l'on en prévit les consé
ces, dans toutes les écoles de droit
philosophie. Aussi la voit-on reparai
tous les ouvrages des savants qui
de ces matières. On était en même
chrétien et platonicien ; on respectait
ment les pères et les philosophes; ilj
lautorité de l'Evangilê et celle des
romains; l'on admettait l'origine de la
nèse et celle que les poètes grecs avr
donnée au monde, et le tour était accooir
d'un grand désir de faire advenir le r^i
Christ sur la terre, aux moyens de la pi
Sophie grecque et païenne.
Mais c'est en vain que l'on veut roall
ou détourner une doctrine. Le grain de
ment n'est pas plus sûrement renferojéi
une terre lertile, qu'un mauvais priflc!
dans renseignement. On peut-être ^f
que toutes les conséquences en soriiroj
D abord ce ne furent que quelques éctv"
w
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
8ia
Mes quif de loin en loin, poussés par un
ispril bardi et entreprenant, commencèrent
I mettre en avant, souvent sous Fa simple
me de théorie, les résultats pratiques des
irincipes de Tétat de nature. Alors une cla-
Heur générale s*ëlevait contre eux ; mais
pme il arrive toujours, ni les clameurs,
i les explications, mies demi-réfutations,
j|e5demi*coocessions, ne firent disparatlro
n (aui principe, et cette croyance prit de
b en plus de la faveur.
EoOn parurent Hobbes et Spinosa, qui,
rec audace et avec une sorte de talent,
ms<èront à bout toutes les conséquences,
retendirent que les droits que i homme
tni de la nature ne peuvent prescrire;
imsi il était encore libre, indépendant
) (out lien politique, moral ou social,
miecela était dans l'état primitif; et en
maniièrent l'application et l'exercice. Jus*
Bf'nt effrayés de ces terribles conséquen-
s*]ui se [jfésentaicnt pour entrer dans la
^uque, les auteurs orthodoxes jugèrent
/: était urgent de s'opposer à ces nou-
liii défenseurs des droits des peuples :
Ml 5e levèrent-ils en foule pour combat-
- entraînant à leur suite, dans l'arène,
"'^férodition sacrée et profane pour en
'«Twciears adversaires. C est à cette biwi-
^*i''«i}|« intention que nous devons le plus
^tiJe ces ouvrages. Le droit de la na^
^fiéetgenSf de Puffendorff.
C'iiinie dans cet ouvra^fe l'auteur s'ef*
^ d'établir partout aes conséquences
Nonables et vraies, comme c'est lui que
'^^Nrtdcs pfjilosopbes et des légistes ont
i i>«jur modèle, et que Ton cile encore
))t^s jours son autorité dans les écoles,
5 HDuf y arrêterons un moment, non pas
f ie réfuter, mais pour prendre note de
Ȏ(/io.Jo qu'il a suivie, et que nous
ons erronnée.
^ nVst jas l'histoire qu'il prend pour
I ni aux monuments qu'il demande une
»i"n; comme Hobbes et Spinosa, il isole,
uiue Je SCS semblables, et le place ainsi
l'éiat de nature; puis, après avoir adopté
ï'Vi](»5 principes, il veut prouver qu ils
*jis(>nt è des conséquences tout oppo*
Ainsi, tandis que ses adversaires ra-
ti»*nr les hommes de la société vers les
^-ïi ribdépendance , état que l'on re-
•i.*>ait pour primitif, ce qui, à notre
i-i&it assez conséquent,.lui, il veut les
^ de l'état de nature , avec les seules
! et les seules lumières que l'homme
^ eues dans cet état, et sans aucun sa*
de la révélation (860), vers la société,
^oi.iélé chrétienne elle-même : chose
ardue ; car il faut convenir qu'il n*est
^>t(* de tirer un animal des forêts, puis
aire un homme et un Chrétien,
voit donc qu'au lieu de prendre la
I • j*aT0ue qna les écrivains s (crét, dit-il
*'mcnt, n4.iis foorn^sseiit de grandes luniières
■Hinaltre plut oertainemeiit et plus dislincie-
'» principes du droit naturel. Mais cela nVin-
p s qn on ne puisse découvrir et démontrer
CiCTIOîÇJfAlBE A^OI^OGÉTIQUE,
croyance et les traditions chrétiennes pour
point de départ, Puffendorff les prend pour
le but où il veut arriver. Il se croit la force
non-seulement d'y venir lui-même, mais
encore d'y conduire les autres. Uqe seule
considération sufQra pour faire envisager la
méthode, et, nous osons le dire, Terreur ca-
pitale de Puffendorff et de tous les savants
qui l'ont suivi.
Vhomme a-t^il reçu une loi, et Dieu lui
a*t'%l donné quelques facultés et quelques
droits?
Telle était la question, et toute !a société
chrétienne, toute la terre même répondait
uniformément que oui. Il ne s'iigissait que
de consulter l'histoire, qui n'avait pas un
langage douteux ou énigmaiique : Puffcn^
dorf, au contraire, a dit dans son ouvrage :
// nest pas convenable à la nature d$
r homme de vivre sans quelque loi (861).
. Ainsi, par le seul changement de la posi*
tion de la question, toute la religion, les
droits de l'homme, ses facultés, ses devoirs
se trouvent réduits en une thèse philosophie
que, où chacun peut répondre suivant ses
erreurs et ses préjugés ; et l'homme e»
entier fut livré aux disputes des savants.
Malheureusement ce -système prévalut»
Dans tous ces longs combats qui ont eu lieu
entre les philoso[)nes et les Chrétiens, nous
voyons régner la même erreur capitale ;
dans ce grand procès qui se poursuit encorot
les uns ont soutenu que l'homme est né
libre, indépendant, sans loi et sans pouvoir
au->c!^.5sus de lui; que les peuples se sont
eux-mêmes et de leur pleine volonté réunis
eo société; conséqucmment qu'ils sont les
maîtres de rester en société et de régler les
conditions de leur obéissance, qui ne peut
jamais être due, mais seulement accordée
et concédée, parce qu'ils n'ont jamais perdu,
ni pu perdre aucun des droits qu'ils avaient
dans l'état de nature. Les autres assuraient
que l'homme est obligé de vivre en société,
qu'il n'y a jamais eu de contrat social, que
le peuple n'a pas le droit de se choisir un
maître, ni de se soustraire à l'autorité do
celui qui le régit, parce que, quel qu'il soit»
il tient son autorité directement et immé*
diatement de Dieu lui-même; que soit que
l'état de nature ail existé, ou non, l'homme
aurait pu en sortir, s'il s'y fût trouvé, par
le bon usage de ses facultés naturelles.
On le voit, les uns v croyaient fermement,
et en demandaient les conséquences ; les
autres les supposaient par leurs principes,
et refusaient seulement de tirer les in-
ductions qui en découlaient nécessairement,
Ainsi peu à peu, et même par des efforts
contraires, se trouva établie l'opinion de
l'état de nature.
Ici je ne citerai, ni les auteurs, ni les
ouvrages ; car ce furent ie» principes d^
solidement ces principes sans la secourt de la révëir
latjoR, par les seules forces de la raison naturelle, i
( Voyez Droit de la nature et des gens, par Purrua*
DORF, édit. in-i*, I. ii, c. 3, p. 189.)
'8(il) C*ei»t le litre du 1" chapitre du livr» lU
27
%i5
PSY
DICtlONNAlKE APOLOGETiaUE
PCT
8U
lous los auteurs et de tous les ouvrages,
témoin cette académie de savants, qui avait
tellement perdu toute connaissance du
commencement des sociétés, qu'elle crut
nécessaire, pour son instruction, de mettre
au concours : Quelle était l'origine de Viné--
galité des conditions parmi les hommes ? de-
mande qui reçut pour réponse le fameux
discours de Rousseau, où il était établi que
Tétat de nature était Tétat primitif, et que
l'homme qui pense est un animal dépravé;
doctrine qu'il n'avait pas inventée, comme
il en fait la remarque lui-même (862), mais
dont il tirait les conséquences airectes et
nénessaires.
De tous cAtés, on s'éleva contre ces con-
séquences, et l'auteur fut traité d'insensé,
même par plus d'un philosophe. Cependanty
ceux qui le trouvaient trop absolu et trop
paradoxal, adoptèrent &es principes politi-
ques, qui n'avaient que les paradoxes de
1 état de nature pour fondement. Bientôt
ce;s principes sortirent des académies et des
écoles, et passèrent dans la tète des hom-
mes à gouvernement. Toute la tourbe des
économistes, des légistes, des méthodistes
les exploita. Us pénétrèrent dan^ le conseil
des rois, et s'assirent sur le fauteuil de la
magistrature. En vain le pouvoir voulut
llitter contre cet ennemi nouveau ; la lutte
n'était plus possible, les forces étaient iné-
?;ales. Aussi, l'ancien pouvoir tomba avec
racas, et avec lui l'ancien ordre de choses :
car on avait touché au fondement môme de
la société.
Les législateurs qui suivirent se donnè-
rent pour vouloir reconstruire à neuf tout
l'état social. Ils réglèrent, établirent, ren-
versèrent, fondèrent comme s'ils venaient
de sortir des forêts, et qu'ils eussent à en-
trer tout nouveaux dans la société. Comme
si nous fussions descendus directement des
Grecs et des Romains , et que nous n'eus-
(8G2) c Toas les philosophes, dit-il, qui ont exa-
roiné le fondemeiil des sociétés ont senti la «lécessiié
de remoDier jusqu'à Fétat de nature ; mais aucun
dVos n*7 est arrivé, i Eti eflVt, le vérifabte état de
nature est celui où il n'y aurait ni société, ni lien,
ni religion, ni parole* conséquemment ni pensée :
c'est ee qui faisait dire à Rousseau que Vhomme qui
penu e$t un animal dépravé.
(865) Cf. M. Boii?iETTT, Annales de philos, chrét.^
1. 1".
(S64) Les ruines gigantesques de TEgypte, de
rinde, de TAsie Mineure et de la Grèce antique, les
constructions cyciopéennes, les pyramides, etc., se
dressent encore sur le sol pour attester la puissance
de la civilisation et des arts à une époque voisine du
déluge. Les découvertes de Tarcheologie dans les
forêts vierges de TAmérique montrent que là, comme
partout, c*est la civilisation qui est ancienne et la
barbarie qni est nouvelle. Les traditions et les lan-
gues mêmes des sauvages sont aussi des ruines qui
révèlent h grandeur primitive de ces races déchues»
ou les rattachent à des nations civilisées. Et c'est
en vain que rincrédulité appellerait les siècles à son
secottis; car la géologie, venant à Tappui derbis-
loire, nous démontre rorigine réceute de Thomme,
et oppose une barrière infranchissable aux fabuleu-
ses cnronoloffles qui voudraient reculer indéfiniment
dans le passé. Liiypothése de Tétat de nature est
sions |K)int d'autre origine, point d'anlre
généalogie que celle que nous donne Enw
cure et Lucrèce, l'on adopta leurs théorie^,
et l'on chercha h les mettre en pratique. i*\
la scène n'avait pas été déplorablemeul en.
sanglantée^ il y aurait de quoi sourire uf
pitié, de voir ainsi une grande nation (le>-
cendre à copier un peuple mort sur la terre,
et à vouloir mettre en scène les mui^i
théories rêvées par les philosophes grer*
romains. Les Français avaient abjuré aloi
toute idée nationale et chrétienne. Cerle
non-seulement nos pères dans la loi, ma
nos ancêtres les Gaulois et lesFranbao-
raient frémi d*un tel degré d'avilissemenlj
et de bassesse. Car, quand ils repdussaii
le christianisme, c'était pour rester fidèli
aux rites et aux croyances de leurs pèi
mais cesser d'être Chrétien, même Fraoc
Gaulois, pour se faire Grec ou RomaiDjt
aurait de quoi faire douter de la perfecl^
licé humaine (863).
Telle est l'histoire abrégée de rorigii
des accroissements et des conséquences
la théorie de l'état de nature. Ce que
venons de dire suffirait pour faire conin»
dre la nécessité d'abandonner ce sysm
qui H*est appuyé sur aucun monuœefiU
qui restreint notre science historique ifé*
poque de la renaissance de la ciTilisiti<o
grecque. Mais nous avons des argooeott
d'une nouvelle force sur lesquels il cooneil
d'insister.
§ IIL
Les monaments historiques sur l'origine étVsjHfA'
pies prouvent que, par le £iit, Vélatde nOBii^f^»
existe.
Pour démontrer cette vérité, il nous
fira de remonter aussi haut qu'il est i^s
ble dans l'histoire de chacun des p!us
ciens peuples, et de faire voir que, ddusi
commencement qui nous est connu, lei"~
pie était déjà civilisé (864).
encore complètement démentie par le resperijj
anciens poar la haute antiquité et par les sou^r^
de rage d'or, du paradis terrestre, etcsoun
qui se retrouvent chez tous les peuples de U
et du nouveau monde.
Si rhomme n'eût été d'abord qu'un singe od]
mieux conformé que les autres, ce respect pourli
tiquité serait inexplicable ; le genre hoifiaiu, M
marche ascendante et progressive, n suraii dû;
sur son passé qu*un ringard dedaigneui ; fier de (
dir chaque jour, d'élargir sans cease les Itox^^
son être, il n*eût dâ se souvenir de son enhatt^
pour la mépriser. Quel plaisir pour son orguco*
comparer sans cesse ce qu'il serait deveuv fl ^
propres eflbftsà ce que Dieu l'aurait faitpnm't'
ment ! £t néanmoins, nulle part dans rantiqu it^
ne trouverez cette vaniteuse doctrine du ^^^^
ment progressif, surtout en matière religieuse;
tout, au contraire, se reiic'.ntrc le dogme de u_
chéance et de la corruption croissante da cm
humain : Thistoire qui s'ouvre parrâgc dor.PJf;
Satya-youga aboutit à l'âge de fer, au Kéi-m
la vie qui était primitivement de 80,000 an? *"
nuera jusqu'à 10 ans. La vraie religion, e wl^
des ancêtres ; car, dit Cicéron résumant loow
croyances anciennes, Antiquitas proàmi eccca'i
deos^ {De legibus^ 1. n, n« il.)
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
846
[^ genre homaio, à Tépoque de la sépa-
lon des peuples dans la plaine de Sen-
sr (Ters I an du monde 1800), se divise en
•1 grandes histoires : celle des Hébreux,
Egyptiens, des Babyloniens, des Assy-
rî s ei des Mètles.
.'histoire des Hébreux est la seule qui ne
r^nte pas d'interruption. Nous sommes
ï •! avoir des notions aussi certaines sur
autres peu[iles, parce qu'ils n'ont pas
L ^ervé leurs monuments, mais leurs ffis-
res ne remontent précisément qu'au
x\'S où les enfants de Noé se dispersè-
•Jiara va commencer l'empire de l'Egypte,
RD n »m est encore répété dans les Iradi-
ft> des peuples d'Orient ; Nembrod jette
fondements de l'empire de Babylone;
wr fonde celui d'Assyrie, et un troisième
, de Japhet établit celui des MèJcs.
le rai déjà dit (865), on n'a que peu de
&5ei^nements sur les commenceitents de
f anciens peuples; on sait seulement que
■i;»îre d^Egypte continua d'être indépen-
ttU tandis que, vers l'an 2240 du monde,
■as roi des Assyriens, ayant vaincu Na-
iDizar, roi des Babyloniens, et battu l'ar-
j*e d« MèdeSf réunit ces deux peuples
'•«ssoft oléissance, et forma de ces trois
-•Taaaiesceque l'on appelle l'empire d'As-
rne. Peu de choses sont connues sur cet
V^e, mm plus que sur celui des Kgyp-
•ns Jepois celte époque jusque vers l'an
!^, où d'un côté l'on voit régner Boccbo-
>'jr l'Egypte, et Sardanapale sur l'Assy-
. Soos le règne de ce dernier cet empire
démeiûbré, et les royaumes des Baby-
kas et des Mèdes recommencèrent.
e nj*arrête un moment à cette é|)oque,
a que ce sont là jirécisément les temps
lesquels les plus épaisses ténèbres sont
ifliJues : je n essayerai pas de les dissi-
Ajà chose nous est impossible, à moins
. quelque jour, l'avare Mort, qui partout
îurs a dévoré les peuples, mais qui, en
pte, a été chargée pour ainsi dire de les
*rver, ne vienne révéler quelqu'un des
iOibraliles secrets qu'elle garde à ces
unes extraordinaires qui, |>ar une puis
« que dans un certain temf)s on aurait
^îée diabolique, mais qu'à présent nous
imons divine, se sont mis en communi-
iU avec les hommes des premiers temps,
ivers les siècles et la poussière des tom-
II. En attendant ces renseignements,
la Providence a [ieut-ètre destinés à
T siècle, où un mouvement si grand et
r-9a a été donné |>ar quelques bornages,
C* Voir le paragraphe précédent.
Ow • Voir la iienè$€j c. ii, vers. 6 el suiv.
iiT> Le lac Mœris, creufé pour conlenir les
t* ci.lnio«'diiiaire6 du Nil. (Voir dans la Detcrip-
j rkg^e, t. I. un Mémoire sur U lac Mœrh^
H JottAKi». — Voir aussi Pococke, D'A^viLti:,
K-5i Lrs pyramides d'Egypte étaient drsli^ll^*s à
- Mf les criidies «le qufli|ues souverjins, s^lon
•m de la filufuin des savant*». Celle de Gliizeti
'.^iri*bai 474 piei** i|^ i^éiéviiioit perpeudlcu-
à la recherche des vieilles traditions et des
vieilles croyances, aGn de se remettre en
communion avec tous les peuples, tous les
temps et tous les âçes, nous émettrons quel-
ques assertions qui, nous l'espérons, ne se-
ront pas démenties par ces vieux témoins,
SI jamais ils se lèvent de leur oubli et de
leurs sépulcres. Or, ces assertions contre-
disent précisément tous les systèmes de
1 état de nature, suivant lequel Thomme au-
rait commencé par ne rien savoir, et serait
arrivé à la civilisation actuelle par la per-
fectibilité progressive de son esprit et de ses
lumières.
En effet, c'est pendant ces derniers temps
que nous voyons exécuter les plus grands
travaux, réunir les plus grandes armées,
exister les plus vastes, les plus puissants
empires. £taient-ce des hommes d une civi-
lisation peu avancée et d'une science peu
perfectionnée, que ces enfants de Noé qui
entreprennent de bâtir une tour qui tou-
che le ciel, et qui poussent l'ouvrage jus-
qu'au point que Dieu crut nécessaire de
descendre lui-uiéme pour venir arrêter leur
entreprise (866) ? £taient-ce des {)euples peu
capables que ces Egyptiens qui creusaient
un bassin pour contenir toute la pluie que
Dieu leur jetait du haut du ciel et des mon-
tagnes (867) ? Et ce roi qui bâtit un tom-
beau, comme Dieu fait des montagnes, seu-
lement |>our annoncer sa puisbance (868) ?
Etaient-ils peu avancés dans les arts, ces
peintres qui faisaient des couleurs capables
de résister à l'action libre de l'air après
trente siècles, et ces mécaniciens qui soule-
vaient à la hauteur de six cents pieds des
masses qui braveraient toute notre mécani-
que? et ces sculpteurs qui gravaient sur le
granit des oiseaux, dent un voyageur mo-
derne a pu reconnaître toutes les espèces
(869) ? Voilà ce qiioïki fait ces peuples dans
ces temps que 1 on ne connaît par aucune
histoire. « Où place-t-on donc les prétendus
temps de barbarie et d ignorance? Déplai-
sants philosophes ont dit : Les siècles ne
nous manquent pas : ils vous manquent
très-fort, car Tépoque du déluge est là pour
étouffer tous les romans de l'imagina-
tion (870). ^
Ainsi ce n'est point chez c«s peuples qu'il
faut aller chercher des preuves de l'exis-
tence de l'état de nature.
Mais il est un autre peuple chez lequel
nous avons vu qu'a pris naissance Topinion
de l'état de nature. Interrogeons ses monu-
ments et ses traditions historiques, el sa-
laire; la base est de 716 pieds 6 pouces ; mai«
ou croit (|n*avec l'ancien revêtement râévation étaii
de 505 pieds ||f et la base de 73i pieds 6 ponces.
( Yotr^ pour les détads, la Description des fnframides
de Ghiieh, par le colonel Geobert.)
(869) Voir la description des peintores el des
bas^eliefs de Thébev, etc., dans le grand ouvrage
sur TEgypte ; ainsi que le dernier voyage da
M. QiampoUioa le jeune.
(870) Le comte Joseph de Haistre.
;^^.
847 PSI DICTIONiNAIRE APOLOGbTlQUE
•*hons sur quel fondement il appuyait sa
croyance.
Voyons d'abord ce que Ton connaît de
probable sur les époques historiques de ses
annales (871).
Jusqu'à l'an 2087, les Grecs nomment eux-
mêmes ces temps inconnus. Cest à cette
époque que Ton place Fexisience de Sa-
turne, Jupiter, Neptune et Plulon, autre-
ment appelés Tilans : il est dit qu*ils for-
mèrent un vaste empire dans l'Europe, qui
était alors déserte : événements que 1 on
Eeut placer du temps de Tharé et d*Abra-
am.
Quels étaient ces Titans? on n'en sait
rien ; on croit cependant qu'ils sortaient de
l'Egypte. La monarchie fondée par ces prin-
ces étrangers ne subsista pas longtemps.
Après la mort de la famille des Titans, ce
vaste empire fut dissous.
Quelque temps après, vers Tan du monde
20^, de nouvelles colonies sorties de l'E-
gypte et de la Phénicie, passèrent dans la
Grèce et fondèrent de nouveaux royaumes :
parmi ces royaumes furent ceux* d'Athènes
et d'Argos.
Les traditions des Athéniens citent Ogy-
gès, vivant vers l'an 2173, en même temps
qu'Inacbus vivait à Argos. Après Ogjrgès,
on ne sait plus rien jusqu'à Actée, qui vi-
vait vers Tan 2250, lequel fut remplacé par
Cécrops, venu encore de l'Egypte, et qui
bâtit, vers Tan 2M)0 (872), Athènes, qu'il ap-
pela alors Cécropia.
A cette époque commencent les temps
historiques. Un monument des plus impor-
tants et des plus authentiques nous sert de
guide, ce sont les marbres de Paros, qui
nous donnent la chronologie des principales
époques de la ville d'Athènes (873).
Tels sont les nuages qui couvrent les
commencements de l'histoire des Grecs.
Maigre ces nuages, nous pouvons encore
assurer que les arts et les sciences j[ avaient
été cultivés avant les temps historiques, et
que par conséquent la civilisation avait
passé chez eux avriitla barbarie. De grands
travaux et d'anciens monuments, existant
encore, prouveront ce que nous avançons.
Au centre de la Béotie, tout près de celte
Athènes que l'on voudrait nous f^L'e regar-
der comme le berceau de la première civili-
sation de ce pays et du monde, se trouve un
lac d'une grande étendue, le lac Copaïs. Il
reçoit dans son sein une douzaine de petites
PSY
SU
rivières, entre autres le Cépliise, non
connu des |)oëtes, !esc|uellesdcscen(iemdej
hautes montagnes qui l'environnent de tout
côtés... Mais en préparant ce lac \mr rhn
voir aux eaux de ces rivières, Dieu sea^
blait avoir oublié de leur donner une issai
en sorte que les eaux, moDlant inseosiblj
ment, menaçaient de tout engloiUir, ji
qu'au sommet des montagnes, pour se |i
cipiter de là dans les plaines environnaol
et les dévaster. Alors il se trouva des hoi
mes qui, suppléant pour ainsi direMc
bli de Dieu, ouvrirent des canaux sont
rains à travers les flancs d'une omnla
d'une largeur de plus de deui lieues, \i
faire écouler ces eaux dans la mer M
Quels sont ces hommes? on ne Ta jauiai^
Dans quel temps ont-ils fait ces iraviri
on Tignore encore : les historiens, qui]
sont venus que quelques cenls ans al
Jésus-Christ, ne peuvent rien nous en "
mais ces ouvrages existent : cescanaui.
au nombre de plus de cinquante. BieOj
des puits ont été ouverts du soniniel <
montagne à une profondeur étoaoïotei
pouvoir l^s visiter; et en effet, SMtoar
dit qu'Alexandre le Grand les fil
le nom de l'homme qui se cbargetiM
entreprise nous a été conservé; il Ai
niait Chahis (87&). Certes, on ne dit
que ces hommes ont creusé ces souie
comme des taupes font leur terrier?!
ici de l'art, du courage et de la perséT<'
il a fallu des ingénieurs habiles el '
vriers endurcis aux fatigues ; il a
un mot urîe civilisation perfectiont
certes on croira difficilement q^uedesj
qui sondaient les montagnes jusque
leurs racines et les perçaient de chl
nombreux eussent besoin d'apprenJrei
Cérès l'usage du pain, d'un Triptof
êremier * emi)loi de la charrue, ou
acchus le secret d'oublier les falif
de chercher de nouvelles forces danj
S'ils ont reçu quelque nouvelle mi
d'employer ces différentes connaissaw
faut au moins avouer qu'ils [)ouvaicnl
lement s'en passer, et que ni eux ail
pères n'étaient dans l'état de nature;
toute cette mythologie des poêles mc^
se perd dans 1 imagination (875].
De tout cela on peut conclure
faux qu'il ait jamais existé, même eo
3uelques-uns de ces peuples, rooit
écrivent les partisans de l'état de
2871) Quelques-unes de ces époques diffèrent un
peu de ccMes que M. Guvier a données dans son Ira-
vail. On sait aue ce désaccord provient des différents
SYSlèmes de cbronologte. Nous suivons le ubleau de
Goguot.
(872) C'était environ mille cinq ceurquatre-vingt-
deux ans avant Jésus-Cbrist.
(873) Ces marbres furent trouvés à Paros par le
lord Arondel ; ils ont été transportés à Oxford : c'est
gour cela qu*on les nomme indifleremment les mar-
res de Paros, d* Arondel ou û'Oxford.
(87i) Voir Strabon, I. iv; — nARTBÉLEMv, Voyage
du jeune Anacharsis ; — Maltebrl'n, Précis de géo-
graphie^ etc., liv. cxvii, loiue VI, p. 135, — et Dep-
^WG^DescripL topogrùphiquede lu Grèce, 1. 1, p. 150.
Les monuments cyclopéens ou pélasgiqiui
aussi qu'une civilisation dont rbisioire n^
pas conservé le souvenir a passé dès le coi
ment sur la Grèce.
(875) La Chronique des marbres d*A
sous la rubrique de i398 : c Depuis oue.- <
selon Gbandlêrj... publia ses \ers, coaoi» J
ment de Proserpine, la rechercbe qu*cfl fit'
les fables qui concernent ceux qui en rfçu
grains sous le régne d'Erichtée^ li s'esi écou
ans. > Voilà ce que croyaient les Grecs. li>
daient comme ttcs fables toutes ces arefli
leurs dieux, que i'ou voudra l pre^q^e r
croire à D0us-racm(;s comme d«s véraes.
ool
i
IB
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGEÎlQtJe.
PSY
«Mh:
*e^t-à'dire sans lois, sans chef, sans morale,
aius cÎTilisaiion quelconque : peuples qui
{««iraient eonau, ni Tusage du pain, ni
usage da feu. Et quand les poêles, dans les
ges (Je U ciTÎIisalion, viennent nous parler
Orpb^, aliirant par la douceur de ses
hanis les hommes errants dans les forêts, ou
Afflpbion, engageant au son de sa Ivre
» Grecs de Béotie à hâtir la ville do Tbè-
es, ils ne font que nous donner des fables,
u confirment ce que j'ai avancé, c*esl
a'avant cette civilisation, il y en avait une
itre, qui n*élait pas Tétat de nature. Tout
^t]ae Ton peut accorder, c'est qu*avant
arrirée des colonies «^^^yptiennes, ces peu*
"^ par leur position géographique, en-
durés «run côté f>ar la mer, et deTautrepar
t iiaaies naontagnes, de vastes (orèts et des
éûlés étroits, qui leur servaient comme do
arrières, furent un peu plus isolés que les
aires peuples, un peu moins qu'eux con-
errèrent les traditions primitives, un peu
yjtos furent civilisés : ce oui explique le
joovement rapide de civilisation qui se
lanifesta chez eux, lorsqu'ils furent mis
a CQQtict avec les autres peufiies.
Sa dbl, vers la guerre de Troie, 1217
ans amiiotre ère, les usages, les coutu-
mes, klamac, tout annonce que les arts
êViiaol trér-perfectionnés ; le seul poème
i'Baàèn eo est une preuve ; et nul doute
"•*'■'*•' lui Un y ait tu d autres écrivains qui
r^im ekanté aautres guerres^ comme le
t Horace.
Que si nous voulons savoir d où leur était
ttoe cette civilisation, nous n'irons pas
crcher une succession indéGnie de siècles,
lis nous laisserons parler les Grecs an-
ifts eax-mëmes, et nous écouterons Pla-
I, qui nous dit : « Ce qu'il importe le plus
\ mine de savoir, s'apprend aisément et
ftèttemenisi quelqu'un nous l'eùseigne. »
tqui avait appris aux hommes cette civi-
ittaio ? nous le saurons encore d'un Grec,
.nous dît: • Je ne doute pas que les arts
ient été primitivement des grâces accor-
s aux hommes par les dieux (876). »
I est aussi un autre pays dont on a beau-
ip parlé dans le dernier siècle, comme
issant, non pas l'ignorance, mais la ci vi-
sion fort au delà des époques assignées
Thistuire sacrée. Sur celait nous lais-
sas parler un savant géographe, M. Hal-
raa.
Les ennemis de la religion chrétienne
icbeut« comme on sait, une grande im-
taace à déterrer quelque peuple dont les
ules remontent au delà du déluge de
.%oa même au delà de l'époque de la
•tion du monde, telle que Moïse l'indi-
K ïjes prétendues antiquités é^ptiennes
iMibyloniaones ayant été ramenées par la
u fue à leur juste valeur, on se rejeta sur
vie et la Chine. Les merveilles lointaines
pireni plus de vénération. La Chine fut
césentee comme ayant formé un empire
très-civilisé et très-norissantqua'œ mille
cinq cents ans avant Jésus^hrist. . ^ .
« Malheureusement, la Chine elft-mème
a vu naître des historiens assez sincères
pour rejeter toutes les fables que Hôn. ra-
conte sur /^o-At et Hoang-ti. Ils n'osent pas
même garantir les tradilions qui veeardent
le règne d'/ao« être probablement ailéfforî-
que, et qu on place à vinçt-trcris siècles
(2357) avant Jésus-Christ. Mais en quoi co&-
sistèreut les travaux d'Iao 7 il dessèche des
marais, il chasse les bêtes sauvages, il cul«
tive une terre déserte; et ses domaines
avaient si peu d'étendue qu'il les parcoa-
rait qualre fois dans Tannée. Dix siècles plus
tard (en IMl avant Jésus-Christ) nous voyons
les princes de la Chind se transfiorter d'une
province à l'autre avec tout leur peuple,
nomade comme eux, et c6mrae eux logé,
tantôt dans le creux des rochers, tant Al dans
des cabanes de terre. A répo(|ue où floris-
sail Confunius, cinci cent cinquante- un
ans avant Jésus-Christ, toute la Chine au
midi du fleuve bleu était encore déserte.
« Rien, dans les annales de la Chine, n'an-
nonce à cette époque une grande nation;
aucun monument authentique n'atteste La
puissance de ceux qui relevèrent; les li-
vres, écrits sur un papier très-fragile, con-
tinuellement recopiés, ne peuvent pas of-
frir de lumièresbien sûres; d'ailleurs, on
assure que, deux siècles avant Jésus-Christ
(en 213), un monarque barbare fil détruire
tous les écrits qui existaient alors. Il faut
donc se résigner, avec les savants Chinois, à
ne faire remonter l'histoire de la Chine qu'à
huit ou neuf siècles tout au plus avant no-
tre ère actuelle. Le système qui vise à une
plus haute antiquité doit son origine à des
caprices modernes de quelques lettrés, et à
la vanité des empereurs.
« Mais, nous dira-t-on, des observations
astronomiques, reconnues exactes par un
grand géomètre (877), remontent à onze
cents ans avant Jésus-Christ. En laissant
de côté les objections qu*OB pourrait -faire
sur rauthenlicité de ces observations, en
admettant qu'elles n'ont pas été imaginées
par les Chinois modernes, elles prouvent
seulement qu'en 1100 avant Jésus-Christ, il
existait en Chine une tribu, une ville civi-
lisée, et qui avait produit des savants.
L'Asie orientale a pu avoir, comme en Eu-
rope, ses Grecs et son Athènes. 11 y a loin
de là à la formation d'un immense empire.
Il y a aussi loin de 1100 ans à 2300 ans. La
civilisation grecque et romaine naquit et
s'éteignit dans un moindre espace de temps
(878). »
Il ne reste plus qu'un seul pays sur la
civilisation duquel peut exister encore quel-
que doute, et ce pays est un monde. L'an
1477 de notre ère, un de ces hommes dont
le sein est entouré d'un triple airain, comme
le dit un poêle, se confia sur un frêle vais-
seau et découvrit un continent nouveau. Là
f^ HimCKATE.
^77) De Lavlace, Système du monde.
^878) Précis de tfi géograjpfâe-nnherseHe^ etc., par
MaLIEBRV!! 1. Lx t. 111 p. 556.
mi
PSY
DICTIONNAIRE
se trouvaient des peuples errant dans les
forêts, n'ayant presque d'humain que le
visage, se nourrissant, non-seulement du
fruit des arbres » mais encore de la chair de
leurs semblables , ne possédant aucun des
arts, aucune des sciences des peuples civi-
lisés. Aussi, plus tard, lorsque les philoso-
phes du xviii* siècle parcoururent le monde
pour chercher des précepteurs aux hommes
et aux gouvernements, ils s'arrêtèrent à
ces humains qu'ils appelèrent les enfants de
la nature > Les considérant comme libres,
indépendants, faisant le mal sans malice,
et dégradés sans vice, ils les établirent les
modèles de toutes les sociétés. On les vit
tressaillir de joie, comme ayant trouvé leurs
amis , leurs frères , les types vivants de l'hu-
manité. Qui ne connaît , et les éloges que
leur donne Montaigne , et la défense qu en
' a prise Rainai, et le respect et l'envie que
leur portait la tourbe des philosoohes? Chose
étonnante 1 ils avaient retrouvé l'état de na-
ture, et le chemin était ouvert devant eux;
jamais plus belle occasion ne pouvait leur
être offerte de rentrer dans leurs droits et
dans leurs jouissances; le même vaisseau
qui avait apporté des singes et des perro-
quets , aurait, pu reporter en échange ces
moralistes et ces philosophes ; mais non , il
ne tomba jamais dans la pensée d'aucun
d'eux ae rentrer dans cet état qu'ils préco-
nisaient tant, et dont ils parlaient avec tant
de tendresse.
Quoi qu'il en soit de la conduite des phi-
losophes, on trouva dans ce pays deux sortes
do peuples, les uns civilisés comme les habi-
tants du Mexique et du. Pérou, et les autres
sauvages. Or voyons dans les uns si l'état
sauvage était leur état primitif; et dans les
autres , si c'est de leurs propres forces qu'ils
étaient arrivés à la civilisation.
Je ne m'arrêterai pas à discuter les pro-
babilités plus ou meins grandes sur la
manière dont l'Amérique à été peuplée; quel
gue soit le système que l'on embrasse, tou-
jours est-il certain que ses premiers habi-
tants sont venus d'ailleurs, et que ce sont
quelques individus qui, ou de l'Afrique,
ou de la Chine, ou de la Russie, ou à la
suite d'un naufrage, ou à cause d'une guerre
et d'une transmigration sont venus peupler
ce pays. Cela est mis hors de doute, dans
ce moment , par les recherches et les décou-
v«;rtes des savants américains; ils ont
trouvé dans ce pays des mœurs, des usa^ces,
des connaissances, des erreurs, qui n'ont
pu venir que de l'Asie ou de l'Afrique, où
on les retrouve encore. Outre ces analogies
si frappantes et qu'on ne peut plus expliquer
par des idées innées^ un fait incontestable
nous assure de la présence d'anciens peu-
ples civilisés, fait contre lequel ne peuvent
s'inscrire les contradicteurs, puisqu'il est
encore permanent. En effet, le voyageur
(879) Voy. Ânn. de philoi. chréi,, tom. I, p. 153,
255 et 505; t. Il, p. 295 el 558; t. lU, p. 179, 502
61407; t IV, p. 19, et t. VU, p. 248 el 587. •
(880> Annales de la littérature et des arts.iom. X,
APOLOGETIQUE. PSY u
rencontre encore aujourd'lini de nmmw*
ses ruines de palais, de temples, de liaioi
d'hôtelleries publiques; on y voililosjijn
ramides entourées d autres pyramitiesàl
façon de celles des Indes el*de Siam. M
figures hiéroglyphiques d*animajii eU'm
truments sont gravées sur les rochers |
Syonite, voisins de Casiquiari; surlesbiti^
de rOhio, on voit encore les vestiges j
camps et de forts carrés (879). Il y\^
d'années, un violent orage, ayant écldté|iil
de Brownsvelle, dans Ja partie occidenti
delaPensylvanic,déracinaunchèDcéno(fl
dont la chute laissa voir une surfaeel
pierre d'environ seize pieds carrés,
laquelle était gravées plusieurs figures,
tre autres, deux de forme humaine,
sentant un homme et une femmCf s
par un arbre. La dernière lient des fi
la main. Des cerfs, des ours et des oi
sont sculptés sur le reste de la pie
chêne avait au moins cinq à six eei
d^existence ; ainsi ces figures ont ét«
tées long-temps avant la découvertedl
mérique par Colomb (880).
Ainsi, l'état de civilisation aétéle
état de l'Amérique ; or, si cela est,
vaues ne sont plus que des êtres
et leur état, qui encore n'est pas
simple nature, est un véritable étal
gradation; c'est de la |civilisalioD
sortis les sauvages, et là, comme \
la civilisation est le seul état prii
naturel.
La découverte des peuplades am
prouve donc le contraire de ce qui
draient lui faire prouver nos adre
Or qui pourrait nier leur état de
dation? _ ,
« On ne saurait fixer' un instant $1
gards sur le sauvage, dit un écrivain I
porté sur tous les objets un œil qui !
vancé les découvertes (881), sans lirel
thème écrit, je ne dis pas dans son!
mais jusque sur la forme extérieure dj
eorps/C'est un enfant difforme, rob
féroce, en qui la flamme de riatel'
ne jette plus qu'une lueur pâle et i
tente. Une main redoutable, appesao
ces races dévouées, efface en elles
caractères distinctifs de notre
la prévoyance et Ja perfectibilité,
vage coupe l'arbre pour recueillir 1
il dételle le bœuf que les missioi
viennent de lui confier, et le fait cuire
bois de la charrue. Depuis plus de t
des, il nous contemple, sans avoir
voulu recevoir de nous, excepté la
pour tuer son semblable , et Tcau
pour se tuer Jui-mème; encore Q^
jamais imaginé de fabriquer ces en
il s'en repose sur notre avarice qui ^
manquera jamais. Comme les sabsti
les plus abjectes et , les plus révoH
p. 286, 287.
(881) M. le comte de Naistrx, Soirées ^(
Pétenbourg.
153
PSfY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
84a
^nt cependant susceptibles d'une certaine
Régénération, de même les vices naturels
•le l'humaiMté sont encore viciés par lessau-
ri;'es. Il est voleur» il est cruel» il est dis-
M,iu ; mais il Test autrement que nous.
h\ir être criminels, nous surmontons no-
ire nature, le sauvage la suit : il a Tappétit
arrime, il n*en a point le remords. Pen-
diirii qae le fils tue son père pour le sous-
traire aai enuuis de la vieillesse, sa femme
détruit dans son sein le fruit de ses bruta-
bamottfs pour échapper aux fatigues de Tal-
liuoment. Il arrache la chevelure sanglante
ùi son ennemi vivant; il le déchire, il le
"ùtit et le dévore, en chantant. S'il tombe
iur nos liqueurs fortes, il boiti'usqu*à Ti-
rrf'sse, jusau'à la fièvre, iusquà la mort :
i^aiiment dépourvu et de la raison qui com-
Dinde à rhomme par la crainte, et de Tins-
indqui écarte l'animal par le dégôut, il
lit trembler l'observateur qui sait voir...
4ï barbare a pu et peut encore être civilisé
lar une religion quelconque, mais le sau-
'4;e proprement dit ne I a jamais été que
<r ie christianisme. C'est un prodige du
kmier ordre, une espèce dé rédemption
iHusifement réservée au véritable sacer-
^t. Comme un criminel frappé de mort
uiiulnepeut rentrer dans ses droits que
prilrt lettres de çrAce du souverain, et si
mil se lui dit r Vous êtes mon peuple^ ja-
ViMi ne pourra répondre : Vous êtes mon
fca i882). »
ic crois avoir prouvé que la civilisation
Hel'étatprimitif des sauvages de l'Améri-
ofietque le peu qui s'y trouve encore
'ar vient de cette civilisation prinaitive, ou
» «elle des peuples dont ils tirent leur
^cine. Avant de quitter cette matière,
i>ons encore une remarque sur la profou-
.iir (les vues et la justesse des raisonne-
cji(s des écrivains qui défendent le syS'
lue de l'état de nature. Puisque c est
•«M'^i portons aux sauvages lacivilisa-
'>n,ntqu ils ne peuvent la recevoir qu'avec
'^ne, il semble que i'on devrait en con-
ore qu'on ne peut pas se civiliser soi-
*n)p, que la civilisation a été apprise et
i'ellc estdonnée par des personnes qui
avaient auparavant. Mais non, les défen-
iirn de Vétal de nature disent : le sauvage
bt-^oin des gens civilisés pour sortir de
10 état de dégradation, donc les hommes se
tt civilisés eux-mêmes et de leurs seules
ptes; comme d'autres philosophes disent :
f&iaiit n'a jamais que les idées que lui
(%i) Noos eonsîff ocrons ici une observa lion pro-
nkd'oD savant pbvsiologiste, M. ledocicur Pros-
' t'Qtas. Voir son traité philosophique et physiolo-
f^dtl'hérédiié naturelle, etc. (1850). c Pour moi,
t 'i. je roj^arde comrae une des grandes preuves
I hérédité meoUle un fait que le contact entre les
vpli^s civilisés et 1^ peuples barbares a mis en
^n : c*est rimpossîbiliiéoùsoni les peuples liar-
f^ d'arriver au niveau des peuples civilisés de
^io ttttt et saoa passer par rbéi édité. Quehiue
'••rt que Ton fasse, deux étalé inégaux de civillsi-
»« lie peQvcnt s*assimiler tout d*un coup ; toujours
uiji du temps el plusieurs générations pour que
k bonnes moins ciûtivés puissent recevoir et coin-
donnent ceux qui l'entourent, donc les idées
sont innées, et la science vient naturelle
ment à l'enfant.
Terminons nos considérations sur ce su-
jet par une observation que nous croyons
essentielle. On trouve assez souvent dans
les anciens historiens grecs et latins, des
expressions qui feraient croire que les peu-
ples étaient nés, et étaient, pour ainsi aire,
sortis du sein de la terre qu'ils habitaient,
comme les plantes de leurs campagnes. Les
Grecs emploient le mot d'avrôx^oviff el les
latins celui d'aborigines. Je me rappelle eo
ce moment aue les Athéniens, les Latins,
les Gaulois, les Bretons sont qualifiés de ce
nom. Mais il est facile de voir (jue les au-
teurs, ou les peuples n'employaient ces ex-
pressions que parce qu'ils ne connaissaient
pas leur origine. Pausanias le dit des Athé-
niens, mais on sait qu'ils venaient de l'E-
gypte ou de la Phénicie ; Denis d'Halicar-
nasse l'applique aux Latins, mais, dans le
même chapitre (883}, il assure que avant ces
aboriginesy il y avait les Siculiens, qui eux-
mêmes avaient chassé d'anciens habitants.
César le suppose des Gaulois, parce qu'ils lui
dirent qu'ils étaient enfants de la terre: mais
on sait qu'il s'est trompé dans ce qu'il a écrit
des croyances de ce peuple. Tacite le dit des
Bretons, que nous savons être, ainsi que les
Gaulois, d'orisine scythe. Ces historiens et
ces peuples n ont donc voulu dire que le
long espace de temps qu'ils habitaient dans
leur pays, si toutefois comme je le i)ense, et
comme je pourrais le constater mieux un
jour, ils n ont pas prouvé par là qu'ils
avaient conservé une tradition bien précieuse
el le souvenir de leur véritable origine, en
disant ainsi en Orient comme en Occident :
nous avons été tirés du sein de la terre (884j.
I IV.
Le merveilleux accord de Moise et des plus anciens his*
loricus surroriiiiue des peuples ne^rmeipas d'ad-
mettre la barbarie comme poiqt de départ de la société
à l'époque du déluge.
Un matérialisme glacé voue son culte et
son encens à la nature seule, à l'humanité
pauvre, dégradée, infirme , chancelante qu*il
sépare violemment de toute alliance/ de
tout appui divins. Enfermé dans la raison et
rejetant toute révélation surnaturelle , il
prétend anéantir tout un monde, le monde
régénéré. Il veut repousser le monde entier
vers je ne sais quelle religion naturelle qui
n'avait pu sauver l'homme de la dégradar.
E rendre les notions des hommes plus civilisés,
>*béréiiité qui agit activement pour maintenir Icji
nations civilisées 4 leur point et pour leur permettre
des^avanctT'au delà, rfaérédité s'oppose d*aborcl,à
Tinrusion des nouvelles idées dans une population
sauvage et puis concourt à la modification des es-
prits. Mais cVst ce rôle nécessaire de riiérédité qui
exige tantdet*'mps p'>ur que les hommes sauvages
se transforment. > ( Voy. notre Dicl, d* anthropologie,
art. Hérédité.)
(885) Anliquitéê romaines^ ch« 1;
f (884) Cf. M. Bo«NETTY, tbid.—M. de Yalrog£11,
Ann. de f>/ii/. chrét, ({' série), t. lll
èS3
tsï
biCtIONNAlRË ÂPOLOGËtiQUE.
PSY
Sl4
ilôh ta plus honteuse» ni Tarracheraux plus
cruelles ignominies. Il voit avec une joie
féroce, des générations prêtes à retomber
dans le fïttal abrutissement auquel le chris-
tianisme les avait enlevées. Ennemis et flat-
teurs acharnés de l'humanité, ces esprits
téméraires ne craignent pas d'amonceler
sur elle, non plus les eaux du déluge qui
Tinonda, mais ces flammes qui -dévoreront
la terre quand la foi aura disparu.
Dans ces honteux efforts du naturalisme,
il y a un crime immense que la langue fran-
çaise n'a pas encore nommé ; c'est plus que
rbomicide» plus que le parricide.
Quand Sarason , saisissant les colonnes
de TédiQce qui le couvrait, les renversait,
sûr de périr dans leursdébris avec un grand
nombre, c*étaient du moins les ennemis de
sa patrie qu'il accablait. 11 vengeait, il sau-
vait Israël. Mais vous, philosophes audacieux,
quand, par une inspiration qui n'est plus
certes, ni divine, ni humaine , vous rejetez
la pierre angulaire, quand vous sapez les ba-
ses, oue vous ébranlez toutes les colonnes
d9 l'éaiQce bâti par la foi chrétienne, ce sont
des frères, des amis, c'est la patrie que vous
entraînez avec vous sous d'affreuses mines.
C'est le monde entier que vous précipitez
de nouveau dans l'abîme de la corruption do
l'esprit etoie la corruption du cœur. Dans
votrç funeste délire, vous voulez l'homme
sans la révélation divine. C'est l'homme dé-
gradé, abruti, l'homme idolâtre, souillé et
sanguinaire. Osez donc saluer encore l'ave-
nir et. chanter le progrès I
Cependant on ne cesse de répéter sous
toutes les formules : « Le point de départ
de l'homme et de la société est la barba-
rie (886). »
« «ous n'avons aucun scrupule quand
nous proclamons, non comme une chose de
foi, mais comme un fait démontré, la bar-
barie universelle) primitive» la domination
de la matière comme point de départ (886).)»
M. de Brotonne, que nous citons, conçoit
les races humaines, « réunies sur le môme
sol, vouées à la même barbarie, s'unissant
entre elles comme les animaux et au milieu
des animaux dont elles avaient la brutalité.
L'homme, à cette époque, n'avait d'autre
mobile que son instinct, manifestation gros-
sière de la sensation la plus directe et (la
moins féconde, énergie matérielle et méca-
nique mise en mouvement par l'attrait ou la
crainte (887). »
«( L'espèce existait à l'état brute» à l'état
(885) Titre du ch. 2 du livre iv de la CitilUation
primitive de M. de Brotonne, conservateur à la l)ibl.
de Sainie^Geneviève. Ce livre n'a pas d'autre buf que
de prouver la brutalité primitive de l*espèce hu'
maine.
(880) M. DE Brotoni>ie, loc d^.p.âli.
?887i Ibid., p. 274.
(888) Ibid.^ p. 493. M. dj Brotonne s'appuie sur
un passage de YEsquiêse d'une philosophie qui se ter-
mine par ces paroles : c 11 a fallu gue le genre hu-
main eût son enfance, comme il faut que chaque
Aomme ait la sienne ; et ce que Teufance est pour
chaque homme elle Ta été pour le genre humam. »
(T. 0, p. t1},)
de véritable bimane, privée de pensée et de
langage et bornée à l'instinct de cooserTi*
tion. Il n'y avait ni distinctions ni orcani^^
tion, même la plus simple, mais agrégation
grossière comme celle des animaui qui md
chent en troupes, et possèdent cet iastiocl
commun qui n'admet ni changemenl ni [iro-
grès (888). •
« L^homme primitif ne peut être conçu
que dahs l'état errant et sauvage, saai
arts, sans police, sans lois. C'est sous ce
aspect qu'on est contraint de TenTisager
d'après les cosmogonies anciennes, sans^ ei
excepter la Bible. Donner aux enfants di
Caïn l'invention des arts, c'est assez lji^
qu*avant eux il ne pouvait exister que Féu
sauvage, ou un fabuleux â^e d'or, quiu.a^^
quait de tout et surtout d'idées [889j. »
L'état sauvage ou barbare est saus don
un fait incontestable, puisqu*il eiisleeiK
dans les forêts de l'Amérique, dans lest
de rOcéanie, etc. La question t décider i
celle de savoir si cet état est primitif, ou hifS
s'il n'est qu'une dégradation. Quoique um
ayons déjà démontré dans les jimpjèa
précédents que l'hypothèse d'un élâtonm*
tif de barbarie ne repose sur aucinml<^
se trouve au contraire en onposiùou wtt
riiisloire de tous les peuples, cm\M
cette thèse est soutenue avec taiiluo|àDii'
trelé par la philosophie moderne ; on H
présente avec une érudition apparenled
des raisonnements si spécieux, que 14
croyons devoir insister sur sa réfutalioj^
multiplier les preuves qui en font vuifj
peu de fondement. ;
A moins de se jeter aveugléraonltell
conceptions o prton ot sans portée, à uid
de nier les faits les plus incontestables H
est obligé de reconnaître qu'il n'y a tn|
deux épogues où l'on puisse placer cet é(l|
de barbarie originelle du genre humain :fl
à l'époQue qui suivit immédiatement le il
luge, c est-a-dlre dans la famille même^wi
vée des eaux, ou à l'époque de la preimèfi
apparition de l'homme sur la terre. 1
Nous n'avons pas à démontrer ici le fi
du déluge, dont le souvenir, comme n^
Tavons vu (art. Déluge), a été c^im "
dans les traditions de tous les peuples [i^
Mais Moïse ne s'est pas borne à noua
crire cet événement si mémorable; il 1
trace encore,, comme une suite nalurelli
son récit, le tableau de l'origine des [»ea|^l
issus de la famille unique écbapp^^ii
naufrage universel. Or, dans nos temi^u^
(889) Ibid., p. i85.
(890) t Leschronologtstes,1e8 historiens, les
losophes 6*accord«ntence point qu'ils font refp(«
leurs recliercbes ou leurs récils jusqu'à une é^^
à laquelle tous seraUachent sans être d'accord
la nature, l'étendue, le moment précis, qnelqv»^
même sur la vérité de Télément auquel pouruni
soot tous contraints de s'arrêter. Mais guelb'"
soient les opinions qu'ils adoptent, le probléaK' ur
expliqué de la dispersion des peuples, après n"
catastrophe dont l'universalité et les rioses sont «»
autre problème aussi peu résolu que le preiSKr^
place comme la limite extrême de rhisioirc no)H>*
selle. I (M. DE BaoTONKE, Cte. prîw. p. 280)
157
KV
MGTIONNAUUe AMLOGETIQUE.
tST
8S8
iemesi les énidils et les TOjageurs^ animés
i*aD immense désir de connaître les peu-
ples sur lesquels on n'avait que des dén-
iées Tasnes et incertaines, se sont lÎTrés à
les recherches infatiga^iles sur les plus an-
iens emfiîres* qui ont étét pour ainsi dire,
eiaits ; leur étendue, leurs limites ont été
'>ui liées, examinées, fixées de nouveau sur
Ks C4irtes. Il était impossible que, dans ces
ecberches, on ne revint pas à examiner ce
|ue le plus ancien des livres , la Bible,
OU5 a conservé sur les anciens peuples et
^s anciens royaumes. On y est revenu
onc, et tons les séographes sont tombés
'accord qu*aucun livre ne donne des ren-
«^ignenients (.lus clairs, plus certains, plus
fiaillés, sur le commencement des peu-
^'«» e: leurs différentes transformations ou
r^nsuiigrations. Pour mettre cette vérité
*<Qs tout son joui', nous allons citer le pas*
^<e suivant, où un maître de la science
T^j^raphique, M. Maltebrun, rend un magni-
Mue bomroageaux connaissances que Moïse
'•^us a conservées sur l'origine des plus an
■•Mi* peuples.
« ^OQS n^avons point d*aperçus géographi*-
1 roes dignes d'attention qui soient antérieurs
- '«IX de Moïse (an du monde 2460). Les
ftvret 4e cet historien, et ceux de ses suc-
' «r>se«n»eDntiennent les notions des Hé-
c.reas, ite Phéniciens des Arabes, et des
safres pniples de l'Asie occidentale (8^).
.4 près Moïse» le plus ancien auteur oui nous
r:»ami5se Fidée u*une géographie, c est Ho-
^n (an du monde 3000) ; il nous faitpar-
'^•urir toute la sphère des connaissances, des
r «-iitions et des fables répandues en Grèce
: dans FAsie Mineure (892).
< 11 ne faut chercher dans les livres de
'4>lse et dans les autres anciens écrits des
ftreuz, que ce que l'ensemble du texte
^ge à y chercher, savoir : des indications
ir le siège primitif des nations de l'Asie
ddentale. Chargé d'une mission plus su-
ime, l'auteur de la Genèse n'a pas voulu
ire une géographie; il ne s'explique point
r la structure générale de la terre ; il
Indique, d'une manière reconnaissable,
tntres grands fleuves que le Phral ou
Tuphraie^ et le Nil^ qu'il appelle fleuve
Mizraîm ou 6'Egvpte : Une chaîne de
.^ntagnes est nommée Ararat ; et, si Ton
cDpare tous les passages où il en est parlé
Ml) BoauBT, Ceogr» sacra, ; — Spicileg, geo»
rA. Beàrmomm,
&±l VoM, Coêmographk de$ ancUru^ en aîle-
•4 ; — Sca4K!iEiiA5i?i, Ceographia Uom. — Schlë-
• A^ ^etfgraph, Bom.
«93) C^n, vin, 4. — Il Reg. xix, 57. — /««.
»«, 58- — Jerem. u, 27. — Tob, i,24.
t9i; 9ocBAKT, PhaUg. i, 3.
9^39 CjcUô question aujourd'hui n*est pins dou*
se. Les saviou de Caloiua ont monu-e ^ue Tbis-
% des Baiioos, les progrès de leurs ëmigratîocs
^ptalstioiw, BOUS raiDéaent au point central dé-
Biaé psr Hoîse.
^ céAbre. William Jones, président de la Société
itiq«e« a piouvé dans une dissertation, que tous
4t la ferre descendaient d*une souche
i avaient eu autrefois le méiiie berceau ;
(893), on reste persuadé que c'est dans les
branchesdu Taurus, répandues en Arménie
et en CburdisCan, qu'il faut chercher ces fa-
meuses montagnes, près desquelles l'hislo-
rien hébreux place le second berceau du
genre humain (89i). Il est certainement re-
marquable que le point de départ d'où Moïse
dit commencer la dispersion des peuples,
est placé par lui à peu près dans le pays le
plus central de toutes les contrées ancien-
nement peuplées ; car les Indiens à Test,
les Scandinaves ou Golhs au nord, et les Nè-
gres ou Elhyopiens occidentaux, trois racés
très-anciennement établies dans les con-
trées qui portent leur nom, se trouvent à
peu près a des distances égales de la Méso-
potamie ou de TArménie. D*un autre côté
on est frappé de Textrème faiblesse de la
population de l'Amérique, des terres du
grand Océan et de l'Afrique méridionale,
malgré la beauté et la fertilité de ces ré-
gions. Ces deux circonstances pourraient
bien engager un historien judicieux à pla-
cer en Asie occidentale le poii-.l où a dû
commencer la population du globe, $*il fal-
lait absolument prendre un parti [895). Bor-
nons-nous à exposer ce qu'il y a de plus ^k)-
sitif dans le texte de Moïse. Nous y voyons
toutes les Dations de l'Asie oci:identale, que
cet historien a connues , ramenées à trois
familles : l'une, celle de Sem comprend dos
f>euples pasteurs, habitant sous des tentes ;
'autre se compose des nations industrieu-
ses et commerçantes, dont Cham est la sou-
ciée ; eniln, au nord des deux autres, la race
de Japhet établit ses belliqueux empires.
«( Sur un de ces points, l'antique tradi-
tion iïes nations les plus éclairées coïncide
d'une manière frappante avec les récits
de Moïse. Cet auteur, et plusieurs autres
écrivains hébreux, disent positivement que
les contrées riveraines de la Méditerranée,
les Iles des gentils^ furent peuplées par les
descendants de Japhet. Or les Grecs et les
Romains font descendre le genre humain,
c'est-à-dire toutes les nations à eux con-
nues, de Japeiusj dont le nom ne diffère
pas essentiellement de Japhet (8%).
« Encouragés par cet accord vraiment sur*
prenant, des hommes d'une vaste érudition
ont cherché à flxer le nom et le siège pri*
mitif de chaque peuple descendant de Ja-
phet, de Sem et de Cnara (897). Mais,com-
d^après cela, il se propose cet inléressant problème :
quel doit ètns le lieu d*où les diSerentes peuplattes
sont parties, comme d'un point eentral, pour aller
liabiler les diverses contrées de la terre ? et il mon-
tre quil n*y a d'autre point propre à satisfaire ^ ce
problème, que celui qui nous est assigné par Moibc.
(Yovez les Recherches asiaiiqiies.)
(896) IlEsioos, Op. dier., v. 50. — Oyid., Me-
iam.^ i, 82. — Abistopb., Nub.^ v, 994. — Bob.,
], od. 3.
(897) Parmi ces savants, on distingue Docbarl,
Cumberlaiid, Fourmout, Court de Gebelin, etc. Ce
dernier, dans le discours préliminaire sur les origi-
nes grecques, parle des connaissances historiques
de Moïse d*une manière bien remarquable. « Mais
qu*a de commun Moî>e av^c les Grecs, diront ceux
qui affectent de ne faire aucun usage des connab-
859
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
ment supposer que de simples noms de fa-
mille aien«t été conservés à travers les vicis-
situdes des siècles ? Comment reconnaître
les demeures ou les traces des tribus erran-
tes, qui n'élevaient aucun monument? D*ail«
leurs ces recherches n'appartiennent pas»
dans toute leur étendue, au plan de ce traité ;
nous nous bornerons aux résultats géogra-
phiques les moins sujets à contestation.
« Descendants de JapheL — On reconnaît
Vfon ou Jelon des G.recs , père des Ioniens^
dans lavan; et ilfa^ai désigne vraisembla-
blement les Mèdes, Il y a d'autres noms
d'une interprétation plus diOicile: tels sont
ceux de Gomer^ de Magog et autres. Ils pa-
raissent désigner des peuples voisins du
Pont Euxin et du Caucase. Celte mer inhos-
Eitalière, ces montagnes redoutables, sera-
ient être les limites de la géographie mo-
saïque du côté du nord ;du moins les prin-
ces mêmes de l'érudition ne nous ont rien
appris de positif, dès qu'ils ont voulu con-
duire les nls de Japhet plus loin (898) ; ce-
pendant Théras pourrait bien avoir du
rapport avec les JAraces, si voisins de
l'Asie.
«Un des descendants de Japhet, par lavan,
est nommé Tharschich^ et serait, selon Jo-
sèphe, la souche des Ciliciens^ dont Tarsus
était la ville principale. Cette opinion n'a
rien d'invraisemblable; elle se rattache à
Texplication du nom d'Iavan qu'on vient de
donner, ainsi qu'à celle !dcs noms Dodanim
ou plutôt Rodaninty les habitants de Rhodes
et (lElisa^ VEolide ou bien VElide. Mais il
est difficile, malgré les efforts de quelques
savants modernes (899), de voir dans ce
Tharsis de la Genèse^ le pays lointain dont
les richesses furent l'objet des voyages en-
trepris en société par les Hébreux et les
Phéniciens, du temps de Salomon. Saint Je-
sances historiques de Moïse, sous prétexte quM ne
faut pas mêler le sacré avec le profane ? Ce qu'il a
de commun avec les Grecs, poursuit Gebelin, levoicî :
C*est de nous 2\oir conservé le vrai tableau de leur
origine, c'est de nous avoir transmis une tradition
inflniment précieuse, dont les Grecs eux-mêmes ont
laissé fiétrir la pureté : c'est en apprenant aux
Israélites leur propre origine, d'avoir tracé de main
de maître la première carte géographique qui ait
existé, restes précieux des antiques connaissances
qu'on irait acheter au poids de l'or chez les Indiens,
les Chinois ou les Mexicains, et qu'on dédaigne,
parce qu'on les trouve dans Pouvrage d'un législa-
teur qui, u'eût-il élé qu'un homme ordinaire, aurait
droit de nous étonner par ses profondes connais-
sances dans les arts et dans les sciences, et qui joi-
gnait à l'avantage d'être historien, celui de poète
sublime, i (Honde primitif, t. IX, p. 46.)
< La géographie de TEcrllure, dit le savant Plu-
che, est d'un prix inestimable. Prenons le Pcntaieii-
que ou la Genèse seule ; voyons Torigine et les pre-
miers progrés des n.itions. Dans le récit de Mi>îse,
on trouve, je l'avoue,' des lieux et des peuples que
l'éloignement des temps obscurcit : mais de lout ce
au*il nomme, ce qui est encore reconnaissable dans
9s temps postérieurs justifie sa narration par une
étendue de coniiaissanc<*s qui prouvent ou riiiFpira-
tion, ou le secours d'une tradition lldcle. Vous ne
trouverez nulle part chez les profanes une pareille
exactitude, i {Concorde de In fjéografih. et Prépar,
§
v6me a observé et M. Gosselin (900) a prouvé
que le mot Tharschichj dans les passages
où il est question des voyages que les Phé-
niciens et les Hébreux faisaient en parlsnl
du port d'Ëziongeber^ sur la mer Rouge, n^;
dénoteaulrechoseque«lagrandemer(dOl) i
« Jamais un mot n'a produit des rechercht-j
plus savantes, ni un plus grand nombre dé<
crits. Le seul Ophir peut lui être comparu
à cet égard. 11 parait que YOphir [m] M
les flottes de Salomon rapportaient Icstr/^
sors de Tlndoustan, et lOphir dont parV
Moïse (903) étaient deux contrées ab^^olu*
ment différentes, comme la différenceorltn»-
raphique des deux noms hébraïques aurai
û le faire voir aux savants qui onldinuit
cette question, d'autant plus que, danfli
version des Septante, VOphir de Moisp
rendu par Oupheir^ et celui des temps
Salomon, par Soophira (904). Le prei
était sans doute une contrée de FAra
Heureuse; mais l'autre, la patrie des pieri
gemmes, des bois odoriférants, de Ford
l'étain, semble devoir être cherché dans
Indes orientales. Les Phéniciens, ii(n»jr«
prol>ablement la nature des moosim^oi
vents périodiques, pouvaient bienww
soin de trois ans pour aller à la côlÊdelli
doustan méridional, pour y faire ^j
achats et pour revenir aux |)ortsder
mée. .Les successeurs de Salomon i
perdu la souveraineté de ces porls^ on
çoit que les navigations des Phénicici
des Hébreux durent cesser, et celle
mière découverte de l'Inde n*eui am
suite.
« Descendants de Sem. — Mais, après*
suivi les indications géographiques!
écrivains hébreux jusq.u'aui dernières Ir
tes de leur mappemonde, vers rorienl
nord (ce qui déjà nous a obligé de descd
évangét, i" partie, page 105.) Voyez aussi laG^
phie ancienne de D*Anville.
Terminons cette noie par le témoignage
d*un orientaliste moderne, qui se disiingoe
variété et retendue de ses connaissances :
c De tous tes vovages que oous cachent i««i
dit cet écrivain, le plus imposant, sans dou
celui de ce solitaire qui, s^échappant de }k
conduisait une nation dans le désert, pariaii
face avec Dieu, et donnait une croyance au
législateur Le Peniateuque est le ma
écrit de ce grand voyage, et cnose étrange I â
nous en rapportons à riiisiorien qui, deno$
a cherché le plus laborieusement les orig»
livre a reconquis historiquement TimporOQ
lui attribuaient les croyances religieuses ; Sri
y trouve la première origine certaine des cbr
§ies. » (Ferdinand Denis; la PhUosttptiiednt
ans la Re^iue de Paris de déeentbre I8.'i)
(898) BOCHART, P/lfl/eflf^— CUIIBERLA5I»,<M
Imm ; Leibnitz, SuHU. etc.
(899) H\RTfi\îiS, Recherches sur TAsicM^^^^
— Bredow, Recherches géograph.^ Il, âi>.>.
(900) Gosselin, Recherches sur ta géiigrapi^'
cicnne,\l 120-185.
(901) Wahl., Indostan, 1, 205, noi.
(902) // Chron. vui, 18.
(903) Gen. x, 29.
(901) Consultez Michael, SpkUcg* g^ojf.
m
PSf
mCTIONÎ^ÂlRE APOLOGETIQUE.
PSY
86i
è des siècles postérieurs k Hoisc), il est
temps de revenir à Texamen des pays dési-
gnés comme le séjour des Sémites oa des-
cendants de Sera. Les Hébreux étaient à
mèmedebienles connaître, puisque c*é(aient
leurs frères et leurs voisins. Aussi, cette
partie de la géographie hébraïque est bien
précieuse; elle indique Tidentité d*origine
de presaue Ions les anciens peuples des
bords de V Euchrale, d'une partie de l'Asie
Mineure, de la Syrie et de l'Arabie : iden-
tité parfaitement constatée par la ressem-
blance de leurs langues , car l'arabe, l'hé-
breu, Taraméen ou l'ancien sjria(|ue« ont
autant de rapport entre eux que I italien,
Tespa^nol et le français (905).
• L Elanif i'Elyniaïs des Grecs, longtemps
nn royaume indépend<int, VAssur ou VAs-
tfrie^ et YAram^ qui est la Syrie, rappellent
incontestablement trois noms des tils de
Sem; le dernier semble connu d'Homère
qui en aura fait ses Arimi. Mais on ne s'ac-
corJe fias aussi bien sur LteJ, qui nous pa-
rait pourtant être la nation des Lydiens^ si
puissante dans l'Asie Mineure. On dispute
STissi pour savoir si les Chaldéens^ si triste-
taenl célèbres dans l'histoire juive, descen-
deûl â^Arphacsadj qui est la souche des Hé-
Irciiiet de tant d autres peuples sémiti-
(joes, et qui paraît s'être d'abord établi dans
lAnBéaie et dans la Haute Assyrie, où l'on
if^ure une province Arrapachitis. On a
biéxe cherché à retrouver les Chaldéens,
Untùt dans les Chalybee des Grecs, tantôt
(Jaos les 5cyfAf« qui firent une invasion dans
l'Asie; on en a voulu faire une race indi-
gène qui serait la souche des Arméniens et
desiftfrifff (906]. Mais toutes ces discussions
des savants modernes n'ont pu fixer les sens
(les indications vagues que les écrivains hé-
breux» postérieurs à Moïse, donnent en
passant sur ce peuple d'abord féroce et con-
qoérantf bientôt riche, civilisé et adonné
aax scî<^nces.
t C'est dans l'Asie occidentale quola géo-
graphie hébraïque, d'accord avec tous les
auteurs profanes, indique les plus anciens
empires que nous connaissons. Leurs im-
menses capitales, Babel ou Babylene, et Ni-
nite ou Ninus, ont disparu. Nous cherchons
en vain leurs décombres (907), mais le sou-
venir des Assyriens et des Chaldéens est
consetTé par Thistoire des peuples qu'ils
ont soumis. Alors, plus encore qu'aujour-
d'hui, les ravages de la guerre changeaient
l'état et les liinites des pays qui devenaient
la proie d*un conquérant. On amenait en
(905) Vofez tes aoteurs cités par Adeliiig, i/t-
tkridaie^ I, 300 et soiv.
(906) MiCHAEL., SpicUeg. geog. , II, 77 ; I0&. ^
SaujOCZEa* dans Eichbobh, Répertoire oriental^ VIII,
115. — FatCDBiCB, dans EicBHOR!« , Bibliothèque
oriemt., IL, 425.
(907)'Dé|mis le moment où écrivait Malieorno,
1810, idosieurs vovagears ont découvert les immen-
les raines de Babylone et de Msive, et les ont dé-
crites 9cw€C beaucoup de détail ; voir le n« 5, tom. I,
p. 516, et te n* 23, lom. IV, p. 359, des Annales. —
lu ce Qumient d*immeuses fouilles ont eu lieu par
captivité des nations entières; on leurassi-
(;nait de nouvelles demeures (906j. Dans
es superbes capitales de Ninive ou de Ba-
bylone, les princes captifs et les hommes
les plus distingués parmi les nations con-
quises, apprenaient à se connaître; des
caravanes y apportaient tout ce qui était
nécessaire au luxe barbare de ces temps.
De semblables communications ont dû faire
nattre les idées élémentaires de la géogra-
phie. Toutes les grandes armées qui, dans
ces siècles, inondaient TAsie occidentale,
tiraient leur force principale de la cavale-
rie. Un écrivain hébraïque dit en parlant
des Chaldéens : a Leurs chevaux surpassent
eh vitesse les panthères; leur cavalerie
arrive comme un essaim d'aigles, plus rapi-
des que le vent (909). » Ces circonstances
expliquent à la fois la rapidité des conouétes
dont parle Thistoire de ces siècles, et 1 éten*»
due des connaissances géographiques répan-
dues parmi les peuples dfe rAsie occiden-
.taie, mais qui semblent cependant se borner
à ce qu'on pouvait connaître au moyen des
voyages par terre.
1 Au midi des empires de Ninive et de
Babylone, plusieurs peuples, amis de la
liberté, changeaient de domicile au çré de
leur humeur inquiète. La géographie des
siècles les plus reculés distingue déjà les
Edomites^ connus des Grecs sous le nom
(ÏJduméens; les Madianites^ très-ancienne-
ment adonnés au commerce , mais dont le
nom disparaît bientôt; les Nabàioths^ ou
Nabathéens des Grecs et des Romains, tribu
[principale parmi celles du nord -ouest de
*Arabie, qui font remonter leur origine à
Ismaël ; beaucoup d'autres tribus arabes du
centre et du midi, qui regardent comme
leur souche Joclan {jectan)j et parmi les-
quelles les Homérites établirent, dans IT^
men, un empire longtemps heureux et puis-
sant (910); enGn, les célèbres Hébreux^ qui,
d*apres leurs propres livres, sont en parenté
avec tous ces peuples, et se disent comme
eux descendants de Sem par Arphacsadf
assertion confirmée par la ressemblance des
langues (911). Moïse connaissait même le
nom de Hadramauih ou Hazarmaveth^ con-
trée d'Arabie, encore ainsi nommée de nos
jours (912). De môme que nos voyageurs
modernes, il distingue deux cantons dii
nom de Chavilah ou Chaulan. 11 désigne
Sana sous le nom d'Uzal, encore usité (913).
Semblables aux Bédouins modernes, la plu-
part des anciens Arabes, et les Hébreux eux-
mêmes, menaient une vie errante; rois de
ordre du gonvrniement français ; on possède Ik^ Paris
ttiot un musée de débris de NiniTe,el plus de 50,000
pieds d*iuscriptîons ont été copiées sur les seuls
murs d*un palais. Voy. PaoraÉTics, § V.
(908) Jerem, xiix. — Ezech. xxx, etc., etc.
(909) Bahaeuc, i, 6, 9.
(910) SciiiLTE^s, lltitoria imp, Joctanid,, 11,
39 f le.
(911) Gfn.x, 21-^. ^ ., „
(9l2)G>ii. X, 7, 29; — MirHAEUS, Spicflfg,,\\,
202 ; — Hartma^îi, Hedterchei, II, 2îi.
(λI5) NuiBCHB, DescripL, f, 201 (en ail.).
863
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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m
leurs déserts, aa milieu de leur heureuse
famille et de leurs troupeaux innorabrables,
ces patriarches n^avaient rien à envier aux
monarques de la terre; ils ne demandaient
au ciel qu*un peu d'ombrage» du gazon et
une fontaine. Il y avait aussi des tribus agri*
coles ; les Homérites élevèrent des digues
pour retenir les torrents des montagnes, et
des aqueJucs pour en distribuer les eaux
dans les champs (9U). D'autres tribus, ayant
dompté le chameau, employèrent ce navire
du désert à transporter en Syrie, h Babylone
et en Egypte, les parfums et les |)ierres" fines
de rArabic Heureuse, et plus tard les pro-
duits de l'Inde, que le commerce maritime
amenait sur les côtes de TArabie ^915j. Il est
impossible de déterminer à quelle époque
ont commencé les liaisons des Arabes méri-
dionaux avec l'Inde, et leurs établissements
sur la c5te orientale d'Afrique. Ils connu-
rent l'art d'écrire (916); mais il n'est resté
de leurs plus anciens ouvrages que des poé-
sies admirables, qui ne fournissent aucun
renseignement géographique.
« Descendants de Ham ou Cham.^ La troi-
sième race d'hommes connue à Moïse et
aux Hi»brenx est représentée comme la pos-
térité de Cham ou Ham^ troisième fils de
Noé; et les malédictions dont tous les écri-
vains hébreux la chargent semblent prouvi^r
qu'elle a dû différer des peuples sémitiques,
soit pour la constitution physique, soit pour
la langue et les mœurs. Le nom môme diê
Ham ou Cham signifie, en hébreu, ou la cou-
leur foncée de ces peuples, ou la chaleur du
climat sous lequel ils habitent (9I7j. Ce nom
se retrouve évidemment dans celui de Cham
ou Chamia, donné à l'Egypte par les indi-
gènes, dans les temps anciens et moder-
nes (918). Il est également incontestable que
le nom u'un des uls de //am, 3ïizr (au [ilu-
riel Mizratm)^ est le môme qui, chez les
A^rabes et les Turcs, désigne enrore aujour-
d hui l'Egypte, principalement le.Delta (919).
Ce point de la géographie mosaïque semble
donc très-clair; el, s'il nous est im|)ossible de
retrouver d'une manière certaine tous les
S peuples indiqués comme descendants de
fizraïm, il nous est pourtant permis de
croire que les Hébreux connaissaient toute
1 Egypte et une partie des côtes africaines
du golfe arabique.
«On ne peut guère non plus douter que le
nom de Kusch, donné à un des fils de Ham,
ne désigne les peuples de l'Arabie méridio-
nale et orientale, où les géographes grecs et
romains connurent les villes ou peuples de
Saba^ do Sabbalha^ de Reghma, et autres,
dont les noms, selon les auteurs hébreux,
appartiennent à des descendants de Kusch:
mais que, d'un côté, ces mêmes peuples se
(9U) Reiske, De Arabum epocha velustissima :
tapt., i7i8.
(915) Me&sddi, Hi$t. Jocianid., p. 181.
(91«) Job x\x, 24.
(917) FoRSTER, Efnst.
(918) Plut., fii Iside ; — Hartmann, Etjypieti, p.
4 \ ci ISlIDOR.
(919) fiDRisi, Airka, cd. Hartmann, p. 32i.
soient répandus autour du golfe persique, et
que de I autre ils aient envoyé une colonie
en Abyssinie, ce sont des Questions pour la
résolution desquelles, ni les écrits des Hé-
breux, ni les autres monuments ne dous
fournissent des détails assez étendus et as>ez
authentiques (920j.
K La géographie des Hébreux présente des
lumières bien plus pures, quand elle nous
retrace l'ancien état de la Palestine. Celle
contrée,, théâtre d'une des plus anciennes
révolutions physiques consacrées par l'his-
toire, de celle qui fit écrouler Sodome el
(iomorrhe dans les abimcs de la mer Morte
(921), devait le nom sous lequel les Grées la
ronnurent, aux Philistins, peuple sorti de
l'Egypte, et qui avait d'abord cherché un
a^ile en Chypre (922). La Palestine était ha-
bitée par une foule d'autres tribus qui lou*
tes descendaient de Chanaan fils de Aam.Ceiie
circonstance pourrait servir à eipliquer
pourquoi les Phéniciens, qui parlaient la
langue chananéenne, trouvèrent tant de faci-
lité à se répandre en Afrique. Lecouioierfe
florissant de Tyr et de Sidon nous étonnera
moins, lorsque nous nous rappellerons coKh
bien les auteurs hébreux nomment de ni-
les murées dans la Palestine et dans laSr*
rie. Damas, Hémath^ Hébron, Jéricho, exis-
taient longtemps avant Athènes ; Sidon e>l
déjà célébrée par Homère ; et la $uj)£rl/tr
Tyr, la reine des mers, nommée p«f kf
écrivains hébreux du temps de Dariti.ai'd
préparer pendant plusieurs siècles itlîe
grandeur commerciale dont le prophèltïi^i-
chiel traça le brillant tableau a une époque
où Rome, sous le premier des Tarquins,
commençait à changer ses chaumières eu
des maisons. Les cèdres du Liban, les clièoes
de la Bôzanée, les bois les plus précieui du
Chittim [Citium, en Chypre), servaient à U
construction des flottes de Tyr; son port
était le marché de l'Asie, de I Egypte et du
la Grècej les caravanes de TArabie Heu-
reuse, venues d'/irfefi,de Caneei d autres vil-
les, y apportaient les pierres gemmes, te
épiceries et les étofi'es de l'Inde; TEgyptico
y vendait les toiles fines ; Damas y envoyait
ses laines d'une blancheur éblouissante;
l'argent, l'étain, le plomb, tous les métaux de
l'Asie Mineure y arrivaient par les vaisseaui
de Tarschisch qui peut-être ici désigne Tar-
sus en Cilicie; les Ioniens y achetaient des
esclaves, ,et probablement toute sorte d'ou-
vrages de manufacturé (923). »
Les partisans de l'état de barbarie origi-
nelle n'ont rien à opposer à res téuaoignaifei
des maîtres de la science, dont les recher-
ches approfondies concordent si merveil-
leusement avec le livre sacré. Etaient-ce
des barbares que Noé et ses entants et les
^ (920) MicHAEL., SpicUeg.geog., I, «43 ; - £«»•
HOiUf, Prog. de Kuschan*: AmsUdl, i774;LPMU,
6lC.
(921) BcscBiNG, dans les Annates des non^g^^ ^
\dh) MiCHkZL., SpkiUg.,U 278, 308.
(925) Ezechiel, xxvn, 5, 20.
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mCTIONNÂIRE APmjOGETIQUE.
PSY
fils de ses enfants, qui s*cnTont fonder des
Tilles et des peuples aux quaire Tenls du
ciel? II nous semble que dans le récit l>i«
blique» cette famille patriantale se présente
a^rec des conditions de développement in-
tellectuel et moral qui ne permettent pas de
mettre en doute un degré très-remarquable
de ciTîlisation. On y trouve la religion ei le
culte d'un seul Dieu, Tautorité |>aternclle«
les deToirs des enfants. la vertu récom-
pensée à r^té du vice puni» la science et
les arts nécessaires dans la construction de
/arche, le soin des troupeaux, lagricul-
tare^ etc. Ce ne sont pas là, sans doute, d( s
iniiif*i»s de l>arbarie. Si donc, en deçà de
•-eue date, on a trouvé des nations sauvages,
f'est une chute, une dégradation, mais nul-
lement un état originel.
Ce serait une ressource désespérée d'à*
voir recours à la pluralité des espèces hu-
waines. Sur ce point aussi on trouve toutes
les sciences, Tarchéologie, la philosophie,
là psychologie, la linguistique, l'éthuolo-
iie^ ete.y s'unissanl de concert pour démon-
trer Tunîté des races (1 ojf. Races hcmaixks.)
C^ n*est donc pas à l'époque du déluge et
«Un» la Cunille patriarcale de Noé, d*où sont
vjtùs tous les peuples, qu*il faut chercher
^ctt« hmtarie des races humaines dont on
noos pale, s* unissant entre elles comme les
mmêmmtrei au milieu des animaux ^ dont elles
^rmitmi la brutalité. {Voy. plus haut H. db
fiaoros^iB.j
§Y-
Ctt^SOMms oacdeTaUréoDÎr le premSer séjour de llKMDme,
— GonsideratHiiis générales. — Espèces animales. —
iipèees végétales. — Fansse interptréution deqœl-
fies paflMgcs de la Genèse donnée par M. de Brolonne;
ffâiiaiion.
H nous reste à examiner si l'état de gros-
sière bartMrie qui rabaissait notre espèce au
fiiveau de la brute, a été celui des premiers
rommes. Cette théorie a contre elle les tra-
hi :i:ons des peuples qui, de Taveu de Vol-
f^ire (llâij, ont lc;is eu pour devise ce vers
J u poète:
Aurea frima sala est œias ..
L*&ge d*or le premier apparat sur la terre.
Les preuves en sont partout dans les au-
teurs latins, grecs, persans, indiens, chi-
Mt^ etc., et il y aurait peu de mérite à les
ir^rumuler ici. Nous aimons mieux montrer
ralKird que Tabjecte hypothèse du natura*
i^me s*accorde mal avec les conditions du
«-jour on des lieux dans lesquels, de Taveii
e \m philosophie (9â3), en cela d'accord
vec les monuments les plus authentiques,
bmame fut placé à son origine.
Jî est incontestable que toute chose occupe
^rla lerre la place que i ui assigne sa cond i tion
'%siqne et la dépendance nécessaire où elle
H des caoses qui la consti tnen t, la conservent
U. la modifient d'après les lois qui lui sont
^rticulières. Des cas d'anomalie ne délrui-
^( pas la proposition dans sa généralité.
Nous pouvons dire oue, s'il est vrai que cer*
taines espèces de plantes et d'animaux sont
particulières i certains climats, il ne l'est
pas moins que la majorité des régétaux
utiles, des animaux qui ont été appropriés
aux besoins de l'homme, doit se retrouTer
au point central où l'homme a eu sa pre-
mière patrie.
La science constate que la terre ou le
séjour qui allait devenir celui de l'homme
était préparé pour le recevoir. Chacune des
formations successives était venue en son
temps et lorsque les conditions en harmonie
avec son existence étaient réalisées. La créa-
tion animale, par exemple, n'avait pu \a
conserver sur le sol qu'après que la crâ«
tion végétale lui avait préparé l'asile et la
nourriture. Ainsi l'homme, dernier terme de
la création animale, pour ne le considérer
que sous ce rapport, ne pouvait se conserver
qu'après que les animaux inférieurs desti-
nés à i'aidec ou à le nourrir se seraient
multipliés sur la terre. Tout endroit sur la
terre ne peut donc pas être choisi indiffé-
remment pour y reconnaître le séjour pri-
mitif de I humanité. Il résulte du rapport
entre les êtres, les conditions de leur exi^
tence et le lieu qu'ils habitent, que l'homme,
au moment où il prit place sur cette terre,
qu'il devait moditier de tant de manières,
mais oui n'obéissait encore qu'à s^s propres
lois, dut trouver son séjour disposé non«
seulement pour le recevoir, mais pour lui
fournir tout ce qui devait satisfaire à ses
besoins plus nombreux, soutenir sa faiblesse
plus grande, faciliter son avenir, si différent
de celui de tous les autres êtres animés.
Cela fut ainsi incontestablement, puisque
l'homme existe et qu'il est chargé de pour*
voir, par lui-même et à l'aide des prodnc*
lions naturelles, à sa conservation.
Ce premier lieu fut donc celui où un cli-
mat moins hostile et des secours plus nom-
breux réunissaient les avantages divers et
nécessaires au développement et d'abord au
maintien de l'espèce. Cela ne veut pas dioa
que tout s'offrit à l'homme sans travail. Ricki
alors n'eût stimulé son activité; et l'activité,
c'est la vie même. Cela signifie seulement
3 ne l'homme prit nais^ance en un lieu où son
éveloppement et sa conservation étaient
possibles, où une nature féconde et facile
laissait recueillir ses dons sans un travail
impossible à l'être qui en prenait pos-
session.
Voilà ce que l'observation nous apprend,
et ce qui explique à la fois et la nécessité
d'un premier séjour approprié à l'impuis-
sance de l'homme, et la facilité au'il a eue à
se conserver, à se multiplier plus tard sur
d'autres points où il aurait péri s*il avait pu
y naître.
Fondés sur ces considérations et sur les
données historiques et les traditions qui
nous y autorisent, nous ramenons donc la
création ou le premier séjour de Thomme à
•«>r^) Essai sur les metmn, ch. 4.
N*jiJ; Vof. par exemple, M. pic Baotoioie, Civil. pHauliaf , liv. iv.
867
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DICTIONNAIKE APOLOGETIQUE
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861
un point central, dont la détermination ré-
sulte de recherches de différente nature. Ces
recherches nous conduisent invinciblement
î reconnaître, non pas rigoureusement, mais
f\ar approximation, cette première patrie de
'humanité entre les 30* et 40' degrés de lati-
tude nord, et les 40* et 70* degrés de lon^ji-
tude à l'orient du méridien de Paris (^6).
Mais il ne suffit pas, pour établir le séjour
primitif de Thumanité aux lieux que nous
venons de désigner, que les recherches his-
toriques nous }r conduisent; il faut encore
que la population primitive ait pu trouver
la les moyens matériels qui devaient assu-
rer son existence, et cette dernière démons-
tration ne fait pas défaut plus que les autres
à l'assertion que nous nous sommes cru en
droit d*émcttre et de soutenir jusqu'ici.
L'homme est partout également fait pour la
société, mais il ne peut la constituer et
Faméliorer que par le développement de ses
facultés et à l'aide d*instrumenls et d'agents
qui multiplient ses forces et facilitent Tex-
tension et l'application de ses idées. Pour-
(juoi ne parvient-il pas à sortir de Tétat sau-
vage dans un lieu, tandis que dans un autre
il entre dans les voie$ de la civilisation?
Pourquoi reste- t-^il immobile ici, tandis
qu'ailleurs il étend son être? c'est que son
action s'exerce en vertu des secours qu*il
rencontre., c'est qu'il trouve ici les instru-
ments de civilisation qui lui manquent ail-
leurs. L'Indien de l'Amérique du sud, de|aiis
qu'il est en possession du cheva!, commence
un état social analogue à celui des Tartares.
Privé de ce puissant moyen et de tous ceux
qui sont l'aiguillon d'une civilisation, il
avait vécu jusque-là dans une tout autre
direction.
Les chances de civilisation et l'étendue
de cette civilisation, partout où elle a pu se
faire jour et se propager, sont subordonnées
aux instruments que l'homme trouve à sa
portée. Il fallut qu*il s'en lit des auxiliaires
et que ta nature elle-même lui fournît les
moyens sans lesquels il serait resté enseveli
dans son impuissance. 11 résulte de ce que
la sociabilité était une condition nécessaire
(9i6) On trouvera dans les Annales de phylosophU
chrét,, t. XV, 2* série, p. 245, un article curieux de
M. le ckev. d«*. Paravey sur le premier séjour d»;
Thomme. C<*t article est intitulé : bu pialeau cufmi"
nant du mondt, ou du plateau de Pâmer et de ses
quatre fleuves^ considéré comme étant le lieu de rEden
et du moiu Mérou des Indiens. Ce plateau de Pâmer
eat terminé vers l'ouest par la chaîne du Bélour et
fait partie du Turckestan (ancienne Bactriane) sous
le 70* degré de longitude et le 40* de latitude nord.
D*aprèi Topinion la plus commune, le pays d'Eden,
rcnlermaDt le paradis terreiti*e, aurait été situé en
Arménie. On lira avec un vif intérêt sur cette ques-
tion, les recherches de M. Eugène Duré et de
M^Fabbé Grégoire Kabaragy, garabed, collègue de
M. Bore à PAcadéuiie arménienne de Venise. (Voir
Correspondances et Mémoires dà M. E. Boré, 2
vol.)
Voici ce que nous donnent les étymologies d<*s
noms employés da.is la Genèse pour la descTipti'U
du paradis tenestre.
L'Ëttruel planta Ghin - h - aden^ un jardin dans
attachée à son développement, et la raose la
plus active de ce développeioeot ultériettr^
que la Providence a pu et dû placer le ber-
ceau de l'homme au lieu où les instruments
de conservation et de sociabilité se trou-
vaient en plus grand nombre. Nous oe
disons pas tous; nous nous boraons à pen-
ser que là se trou vait tout ce qui était iffl-
médiatement nécessaire. De proche en pro-
clie, comme pour appeler reitensioo de la
famille humaine et entretenirractiviléaveo-
tureuse qui devait la propager sur la terre,
s'otfraient de nouvelles ressources, de» fruits
plus variés, des animaux plus numbreuiou
plus dociles. 11 fallait, pour que Tactiviié
de l'homme ne s*endormit pas au sein d'une
existence trop facile et trop assurée, que l'ai-
guillondu besoin se fit sentir à lui. La double
condition à la(|ueHe les localités deTaieni
satisfaire, c'était donc de réunir les moyens
de vivre avant toute industrie, et une éco-
nomie pour ainsi dire providentielle daus
la répartition des moyens qui laissent m
place aux besoins et une source à racliviie
dans l'utilité et l'agrément des découverlev
Il est d'évidence palpable qu*au nomlnv
des éléments de civilisation Q^ureDt,aTai
tout, les mo)[ens d'alimentation et de con-
servation. Si l'homme ne possédait qse
rinstinct des animaux, l'instinct satis£»i,
nul besoin nouveau ne viendrait stiortf/er
son activité, et la prévoyance lui serait in-
connue. Mais, il n'en est poioT m :
l'homme pense et combine ; la satisbction^le
l'instinct est pour lui le commenceo^ttiUc
laction de l'intelligence, et là est lasoure
de cette ardeur incessante qui ren\rsl&^
vers le nouveau» par Tesprit du mieui.
C'est lace qui, à l'origine, ne lui permit paî
de s'arrêter à la première et incertaine saiib-
faction du besoin et le conduisit à cberckr
un état meilleur, comme il le fait encuit
aujourd'hui. Le domaine de rintelligema
rationnellement ses bornes dans le clianiP
limité concédé à notre nature, mais il nui
a pas d'autres, et ces limites nous lesi^arf
rons. Par rapport à nous l'intellii^enee e>l
infinie, et chaque jour elle étend et perK*
Ëden. Los Septanie ont ren.ln oe niotptrrK^«^<ri
pris du chatdeen. La racine de ce mot uotb dvuft
ombrage de vofupté.
Les noms de guatie principales branches à» f{«*
qui sortait d'Eden sont :
i* Le Pichon ou Picon; ce serait le ?lzsft^^
la Colchide (Havila); u*après Slrabon (L tu) ii'b''*
riait des jpailleitf s d*or, ainsi que le du ans^iBl'i^
2* Le Gihofi ou Guichon^ qui signifie imrétnatir
rapide. On croit que c'Cii VAraxe^ très-rapide enw*
( t prenant sa source eu Artitéai**.
3* Le Tigre, Tiypi: d«s Septante, en bébr«i Ihif*
K' /, qui signifii* rapide comme une flèche ; c'cS'i >»>**
ce que signifie Tigre ei. p :rsan et en médiquciO*'^^'*
Cl'rce, !. IV, cb. 9. — Maussac, îm not. ad PUi- ^
fia min.)
4» VEuphrate, de Ibébreu Phrat, qui croit, V^
fructifie.
Voir Panalyse d'un ouvrage înédîl do P. Préns^
sur les vestiges des principaux dogmes €bréiîeii«)i*
r«:i retrouve dans les hvrcs cbiiiois; àmsL% ^
phil. chrét., t. XYI, 2* série, p. «W.
2
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DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
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870
ionne sod domaine. Dès le début, l'intelli-
ence Tint donc féconder rapidement les
remières ressources acquises» les combl-
er, les conserver et constituer ce premier
>nds d*où devait sortir une si merveilleuse
uissance.
Cestàcette faculté précieuse que lliomme
dû de ne s'arrêter que peu de temps
la ressource unique puisée dans les fruits
pontanés de la terre. Nous disons peu de
ï'mps, parce qu'en effet la persislance dans
ette nourriture, insuflSsante quand elle est
eole, n'aurait pas répondu à Fétonnantc
ctivité que supposent les premières décou»
ertes. Que Ton envisage le travail vérita-
lemeot prodigieux qui s'opère dans la tète
e 1 eofiint gui a tout à apprendre, et tout
«qu'il doit savoir pour donner un sens à
es premières paroles, et Ton se fera une
née de la promptitude avec laquelle cette
'remière éducation s'opère dans des cer-
*'èu\ neafs et continuellement en exercice.
^ premières découvertes, l'invention des
/•>miers arts, nous frappent d'élonnement,
'jrtoul i>ar la succession rapide qui dut
''t-iialer leur développement.
Il semble que tout dut être simultané
*.^us les premiers essais de l'homme. Un
r^ile, àt% instruments de chasse, paraissent
au«M «ifles, et utiles au même moment que
/a DoerriCure et le vêtement. Le besoin, et
;«• tte^An présent, impérieux, stimula i'in-
ri?:îi^nee et produisit ces prodiges de l'in-
l:i^'/ne naissante.
O fut donc avec rapidité, qu'aux fruits
;^'^»ntanés de la terre, Tbomme joignit une
'/>urritnre plus substantielle. Il la trouva
ans \es animaux sauvages ou domestiques,
\ dans la culture des végétaux nourris-
%ûls.
La question des végétaux et des animaux
fvenus utiles h l'homme, se divise. C'est
'ii>ord le lieu où ils prirent naissance,
ais Tasser vissem eut des espèces animales
: ta culture des espèces végétales. Ce qui
>us occupe ici, c'est la première question;
le se borne à la reconnaissance de leur
'emtère patrie. Si elle ne peut être établie
#>ili¥ement dans tous les cas, au moins
ftit-on assigner d'une manière approxl-
Btîre et plausible la patrie des auimaux
des ▼égétaux les plus utiles. Une géo-
*aphie zoologique et botanique comporte
autres détails que ceux dans lesquels nous
>uvons entrer, elle se propose un but tout
itre que celui que nous poursuivons. De
tte question si vaste, et que le savoir
is^i positif qu'il est immense, d'un Hum»
>' Jt, pourrait seul aborder, nous n'envisa-
rons rapidement que la moindre partie.
o*étaît pas nécessaire que la création tout
itîère se trouvât représentée aux lieux où
lOmme prit naissance, mais seulement la
^ioa des êtres créés, végétaux ou ani-
èuXf sans lesquels la conservation de
'i^'Oime aurait été impossible. Nulle part
^ae rencontre d'une manière complète la
Union des êtres des deux règnes. C'est
^ùc seulement là, où se trouvent en plus
grand nombre ceux qui sont indispensables
ou utiles, que la probabilité du séjour pri-
mitif est la plus grande, autant pour eux
que pour Thomme lui-même.
Les migrations qu'auraient pu subir les
végétaux et tes animaux, sont plus difficiles
encore h discerner que celles de rhomme.
Ici du moins, la volonté, libre ou contrainte,
préside, et on comprend des masses aven-
tureuses ou exilées qui se transportent à de
grandes dislances. Avec une industrie en-
core bien peu perfectionnée, l'homme peut
s'accommoder à d'autres climats, et, par la
variété de ses ressources, subir sans danger
des influences non moins diverses. Il n'en
est plus de même pour les êtres desquels la
pensée est absente, ou dans lesquels elle
est renfermée dans les bornes de la vie ani-
male. A la rigueur, on comprend lesanimaux
iK)ursuivis, et fuyant devant les attaques de
l'homme ; les semences conQées au veiit, et
portant de proche en proche les fruits variés
que modifieront les climats; mats cela ne
suffit pas pour nous expliquer toutes les
productions; des animaux semblables ou
analogues, se retrouvent à de grandes dis-
tances, sans que les intervalles qui les sé-
parent aient conservé le témoignage d'un
passage antérieur, ou d'un séjour intermé-
diaire. La même observation s'appliaue aux
végétaux, et il est difficile pour les uns
comme pour les autres, de les retrouver à
l'état sauvage ou primitif. La culture, le
croisement, la domesticité, ont altéré beau-
coup de types. Dans sa lutte contre la nature,
lutte sans repos comme sans terme, l'homme
ne s'est pas borné uniquement au soin de
sa défense ; il a bientôt reconnu que, parmi
ces animaux qui le menaçaient, quelques-
uns, plus doux que les autres, pouvaient
être réduits en esclavage. La modification
3ui suivit le passage de l'état sauvage à l'é*aK
omestique, la perpétuité imprimée à cette
race domestique, altéra profondément, et
souvent d'une manière irrévocable, l'espèce
originelle.
La recherche des. types sauvages et de leur
séjour primitif, n'est donc pas toujours pos-
sible, et les lumières que l'on peut tirer de
ce mode d'investigation ne s'appliaueraient
pas à tous les cas. Mais, à leur défaut, et
quand on est privé de la ressource de l'ob-
servation directe, d autres renseignements
{)euvent, jusqu'à un certain point, nous
aire asseoir un jugement probable. Par
exemple, on ne retrouve pas l'espèce sau*
vage du mouton, ou plutôt une espèce dans
laquelle, à la suite de modifications pro-
fondes, on pourrait se croire fondé à placer
son origine ; il est devenu tellement do-
mestique, qu'il n'est guère possible de le
concevoir dans un autre état, et peut-être,
en effet, la domesticité ne l'a-t-elle pas mo-
difié essentiellement.
Les animaux domestiques se sont en gé-
néral tellement écartés de leur type origi-
nel, que ce'n'est plus qu'à l'aide de l'inves-
tigation scientifique que l'on peut resaisir
leur souche sauvage; on n'y rattache même
87}
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
S7!
quelques-uns d'tDlre eux que systémati*
quement, et des doutes très-légitimes conti-
nuent d*exercer la sagacité des naturalistes.
Plusieurs espèces animales, aujourd'hui
nettement séparées par les distinctions que
rhabitude a introduites, peuvent n*étre que
des races factices auxquelles on ne peut
assigner aucune espèce pour tige C'est dans
celte catégorie que Pal las (927) range le
mouton, la chèvre, le chien et la plupart
des volatiles. Mais le chevaji Tâne, le tau-
reau, le chameau, le dromadaire, ces véri'-
tables auxiliaires de l'homme, se sont peu
écartés des espèces sauvages. C'est toujours
à l'Asie centrale que Pallas, et après lui les
autres naturalistes, les rapportent.
Or, si l'homme, pour se développer et
pour arriver h ce développement avec la
rapidité qui semble y avoir présidé, avait
besoin de ces puissants auxiliaires, c'est
dans leur patrie qu'il a dû prendre nais-
sance, Duisque» pour les posséder réunis,
ou les aller chercher, et les transporter sous
toute autre latitqde,il aurait dû jouir d'une
civilisalion oui ne pouvait se produire sans
eux. Leur (ait, leur toison, leur chair
môme, lui ont fourni la nourriture et le
vêtement ; leur secours a rendu sa chasse
plus productive; enfin, le perfectionnement
qui a surpassé tous les autres, oui a été le
fondement véritable de la société, l'agricul-
ture, ne serait sans eux qu'un travail aussi
peu productif qu'il serait pénible.
C'est aux merveilles produites par le se-
cours des animaux, et en particulier du
plus utile de tous, le bœuf, que la société a
dû sa richesse agricole, et par conséauent
sa fixité. La reconnaissance des peuples a
perpétué, par des honneurs qui trouvent
du moins leur excuse dans l'immensité du
service, l'assistance Qu'ils lui ont due. La
race bovine a été déifiée dans l'Inde ; en
Perse elle était le symbole du soleil; tout
le monde sait le rûle qu'elle joua en Egypte.
Le cheval sauvage se retrouve encore oe nos
jours sur les bords do la mer Caspienne,
dans les mêmes contrées où la mer Scy-
thiquc septentrionale a multiplié des hordes
auxauelles ont succédé les Tartares. Les
Scythes trouvèrent à la fois dans le cheval,
le lait et la chair qui les nourrissaient,
rinstrument et le compagnon docile de leur
vie errante. Son existence dans l'Asie, et
l'emploi que l'homme en a su faire, se
trouvent aussi constatés par le signe pri-
mitif qui le désigne dans 1 écriture chinoise.
Le dromadaire et le chameau, aue nous
sommes habitués à voir en Arabie et en
quelques parties de l'Afrique, vit aussi dans
le nord-est de la Perse. L'âne a été, <lit-on,
retrouvé à l'état sauvage dans la même con-
trée. Le chien est partout. Partout il dut
£tre l'ami de l'homme, son compagnon de
ebasse, son serviteur utile pour la garde et
la surveillance des troupeaux.
Les diverses zones du globe paraissent
(9i7) Acad, de Saint-Pétersbourg, I780,n« partie.
(9^S) STHiDON, lîv. XV
avoir leurs céréales particulières; les plus
utiles de toutes, le blé et le riz, ippartien*
nent à l'Asie : le blé est un proiluit du nord
de cette contrée, tandis que le riz croît sur*
tout dans la partie mériclionale. Le fromeot,
suivant quelques naturalistes modernes, a
été retrouvé dans TArménie et la Perse sep-
tentrionale, à sou état naturel primitif. U
culture s'en est emparée et semble \mr
rendu propre à l'Europe, particulièremeDi
à la France et à l'Angleterre. Les mm\
auteurs donnaient la Babylonie pour pa(ri<»
aux céréales de l'Asie, Le blé nuir, ou sar-
rasin, est venu dans l'Occidenl, avec plu-
sieurs autres végétaux, à la suite des [peu-
plades émigrantes. L'avoine se rattache k. a
race celtique. Les végétaux nourrissants «e
trouvent ainsi répartis entre les différent
zones. La zone torride, entre toutes^ ûm
sa partie asiatique, où le riz dotoioe, parli«
culièrement dans l'Inde, semble contecir
le plus grand nombre de céréales; le (pi-
ment se montre prihcipalement ms \i-
tropiques. La Syrie était, au temps do S(rs-
bon (928), la limite de la culture du m
La fève commune, attribuée par les uo^i
l'Egypte, est placée par les autres eolrt;
mer Caspienne et la Chine.
Mais, nous l'avons déjà remarqué, ita-
me, avant de chercher dans les céréateun
aliment solide et fortifiant, dutaroirre*
cours aux fruits qui s'otfraieat i Ioj 51^5
culture, et sans exiger les soins <<aoe/o«
dustrie que le temps seul pouviil loKaire
découvrir. C'est donc principaleaiwt,(lii\s
la question qui nous occupe, la pairie àh
fruits qu'il nous importe de signaler.
Slrabon (929) et Tournefort, à bien d^
siècles de distance, sont d'accord pour pla*
çer en Géorgie, sur les cèles de la nier
Noire et les environs du Caucase, les |>oni«
mes, les poires, les pèches et d'autres fruib
à noyau, aussi bons sans culture que n^^
produits de la crefTe. Le fijjuier, aussi sou-
vent mentionné dans les livres sacrés ipe
dans les auteurs profanes, faurnissait uito
nourriture habituelle aux peuples de TA^e.
La culture de la vigne est tout à fait |tarti
tiiulière à l'a race caucasienne; et pour su
origine ce ne serait qu'entre le iniili ^^
l'Europe et J'Asio que I on pourrait bô^iltf'
Moïse tranche la question |>ar ce qu'il rajC
porte de Noé, par les raisins de la lerf'
[)romise; ce qui prouve assez que l3 vijiii*
était cultivée et appréciée dans toute rA>MV
longtemps avant que TOccident connût la
première lueur de la civilisalion. L'oraft:?
appartient à l'Inde orientale et àbChinr;
les citrons ont été ap[)orté$ de la Médieaui
Romains; tout le monde sait Thistoire J'''
. cerises, conquête célèbre dont Lucullu^^ «^'^
richit l'Italie.
Maintenant, nous le demandons, est-il utte
contrée sur la terre où les espèces animai
et végétales se rencontrent, nous ne dis<)Di
I»as en aussi grand nombre, mais eu à^^
(9^9) Strabojï, !iv. m.
ra
PSt
mCTK»fNAllt£ AP0U)GET1QI]E.
PS¥
«74
aand aumbre, pour aroir pu fournir h
^oaime les secours sans lesquels, pour lui,
rirre aurait éié impossible. L'orgueil des
peuples les a engagés à peu près tous à
> lacer le berceau de rhumanite dans leur
'Topre patrie ; mais œs prétendus autocb*
houes fi*ont h nous offrir, à côté de leurs
^rélenlions, <|u*une misère qui les surpasse
i les an^tiL La première bmille aurait-
Ile vécu dans ces montagnes de TAfrique
rui, i défaut des fruits de la terre, ne pro-
uitde temps immémorial oue des esclaves?
Ikaoaafl «era le serviteur de ses frères, dit
»'oé (990) dans la malédiction dont il frappa
on fils. La placerons-nous À rAltaï, où la
opalation n a pu s*étendre et se maintenir
[ne par ta domesticité des animaux et pos-
j|neurement aux premières conquêtes de
industrïa naissante? Si des races nous pas-
flos «ax peuples, nous arrêterons-nous à
t^p&e, où toute Tie est une conquête de
tcirillsatioo? En Grèce, où, de Taveu de
«s historiens, le gland fut la nourriture des
Premiers habitants, où l'art de l'agriculture
u( la leole oooquéte des ^ècles et le fruit
4rdiff des legons des dieux? Dans la Celtique,
v>nt te civifisafion, plus tardive encore, a
ttaiempronléè l'Asie, et que nous classons
«laitt \t Int successif des populations ? Nous
ne pukHip^ des prétentions moins écla-
Laoïes at aHiins fonaées encore^ s^il est pos-
CeM danc au nord de l'Inde, à l'orient de
ta Ferse om dans l'Arménie, que nous rap-
«Heat Fane et Fautre méthode. C'est là «eu->
emeoi qae se trouvent en plus grande quan-
\té les animaux et les végétaux en général,
( en particulier les auxiliaires de la civili^
itàfm. Caat sur cette terre féconde que
\ftrissent les fruits les plus savoureux,
Hu ce ciel Inmiaenx et puissant que les
Maies se propagent en abondantes mois-
MIS. Cest là aussi que l'homme a dû naître.
Dl'e part ailleurs il n'aurait trouvé avec la
ême abondance le soutien et déjà Fembel-
tsement de sa vie. C'est de là qu'il est
trti pour s'élancer dans les voies du pro-
ès terrestre. De là date son premier pas
srs la limite inconnue qu'il poursuit par
igrandissement de ses fiicuués^ par ses
oqnéles dans l'ordre moral et intellectuel,
son capprochement vers le modèle idéal
B beaa, du bien, du vrai, dont le tjrpe est
e Diea et le besoin dans tous les cœurs
«ils, dans tous les esprits sincères,
if aoo5 semble donc que l'étude des lieux
; d affres Moise, fut placé le i>erceau des
emiers hommes, loin de fiivoriser la sup-
aîlioa d'un grossier état de nature, le re-
fisse at contraire invinciblement* Si les
^sources matérielles doivent être comptées
rmî les conditions et les moyens de civi-
atiofiy oà pourrait-on en rencontrer de
os importantes et en iilus grand nombre
le dnôa la contrée occupée par Adam et
s (lesceiHiaBts T M. de Brotonne, qui re-
^hsÊl tant cela, n'en affirme pas moins
que « l'homme primitif ne peut éire conçii
que dans l'état errant et sauvage, sans artf,
sans police, sans lois. C'est sous cet aspect
qu'on est contraint de l'envisager, d'après
les cosmogonies anciennes, sans en excepter
la Bible. Donner aux enfants de Caïn Tin-
vention des arts, c'est assez dire qu*avant
eux il ne pouvait exister que fétat sauvage,
ou un fabuleux flse d'or qui manquait de
tout et surtout d'ioées.
« Dans l'bjpothèse qui nous présente
rhonime formé complet au physique et au
moral, nous nous heurtons contre des ira-
|)Ossîbilités de toutes sortes. Nous sommes
forcés de reconnaître dans Tétre, tout à
l'heure confondu dans le néaut et qui vient
d'être produit à U lumière, non-seulement
toutes les facultés en germe et en manifes-
tation, mais de le supposer armé de tous les
instruments qui assurent son empire et ser-
vent à l'exercer. De cet état complet, par un
inexplicable changement, i»ar un oubli plus
inconcevable encore, il aurait passé appa-
remment à l'ignorance la plus absolue, car
entre la première eénération heureuse et
éclairée, et la seconde ignorante et maudite,
où placer la dégénérescence? 11 faudrait
donc l'accepter comme possible, en la tai-
sant commencer dès l'apparition du premier
homme, et même dans une partie de ta vie
d'an seul homme ; car, dès la seconde gé-
nération et successivement dans celles qui
s'y lientt nous voyons les hommes inventer
les premiers arts encore grossiers, et cela
aussi bien dans la Genèse mosaïque que dana
toutes les Genèses profanes (d31}. »
Ce n't!St pas sans étonnement qu'on voit
an auteur aussi grave que M. de Brotonne
s'embarrasser dans des raisonnements qui
supposent une inconcevable ignorance du
sens que présente le texte sacré. « Donner
aux enfaats de Caïn l'invention des arts,
c'est assez dire qu'avant eux il ne (touvait
exister que l'état sauvage ou un fabuleux
âge d'or qui manquait Ue tout et surtout
d idées. »
Caïn et Abel, les premiers enlants d'Adam^
étaient l'un laboureur, l'autre pasteur de
brebis. Or, ces deux professions ne peuvent
s*exercer sans industrie, sans arts, sans ins-
truments, au moins ceux de première né-
cessité. Peutron supposer sans absurdité que
ceux qui leur avaient donné le jour, qu\i-
dam et Eve, les premiers membres ou plutôt
les chefs de cette iamille primitive, fussent
à Féiai iauvage et moins civilisés que leurs
enfants? Où donc M. de Brotonne a-l-il vu
que les arts, surtout ceux de première né-
cessité, n'ont été inventés que par les enfants
de Caïn ? Moïse nous dit que label fut père
de ceux qui liabitaient sous des tentes; cela
ne signiGe pas qu'il ait inventé ou les tentes,
ou les peaux e't les étoffes qui servaient à
les construire. Moise nous dit aussi que
Jubai fut le père d'une (amiHe où Ton savait
jouer des instruments à corde; ces arts de
luxe supposent une civilisation assez avaa*
'^<^0) Cemèse^ cap. ix, 25 : Maiedictus Chanaan^ unms urtonm erit fratribut saU.
^^31 > CimL prim., p. 149.
DUcn05HAlAfi APOLOGÉTIQLE. IL
as
875
PSY
DICTlONiNAIRIi: APOLOGETIQUE.
PSY
re
céc; mais rien ne nou^ autorise à croire
qu avant Juhal on ne connût ni la musique
ni la harpe ou la cithare. Il en est de même
encore de Tubaleaïn» qni savait polir et per-
fectionner toute espèce d*ouTrages en fer et
en airain : Acuentem omne opiâcium mri$ et
ferrie dit Thébreu ; qui fuii malleator et faber
ni cuHcta operarœris et ferrii dit la Vulgate.
Ces textes ne disent nullement que Tubal-
caïn fut rinvenleur dos ouvrages en fer et
en airain, mais simplement qu*il était ou-
vrier.
Où M. de Brotonne a-t-il appris qu'Adam,
après sa chute» passa de Fétat complet au
phutique et au morale dans lequel il avait
été <;reé, à Fignoranc'e la plus aoêolue f Dieu
ne cessa de s*occuper des deux coupables ;
il leur fit dei tuniques de peaux et les en re.-
vétit (Gen. u, 21); voilà pour le vêtement ;
et s'il les bannit du jardin de délices^ c'était
pour qu'Adam labourât la terfe d!'où il avait
été tiré {Ibid,, v, 23); voilà pour la nourri-
ture; Adam la tirera du sein de la terre
par ragricttllure. Notre premier père, d'ail-
leurs, ne faisait que continuer l'exercice
•d'un art (]ui ne lui était pas inconnu, puis-
qu'tï avait été ptacé dans le jardin d'Eden pour
le cultiver et U garder^ dit la Genèse (932).
• Au point de vue où nous nous sommes
Elacé dans ce paragraphe, c'est-à-dire au
. arceau des premiers hommes, il n'y a donc
rien encore en faveur d'un état de nature^
et, s'il y a eu dégénérescence, elle est évi-
demment postérieure à ce point de départ
de l'humanité.
§ vr.
La nature et les fiieultét de rbomme prouvent que l*état
de nature n'a pu exister.
La philosophie moderne, en publiant que
riiomme a: trouvé; les. idées sans idées, les
(irincipes sans principes « le langage sans
angage, admet aussi qu'il a trouvé la . v^
rite, qu'il a trouvé la société, qu'il a trouvé
Dieu. Donc, premièrement, l'esprit humain
reconnu comme première cause et premier
principe duiout, est aussi le souverain iuge
qui décide en dernier ressort du vrai ou
du faux, du bien ;0u du mal. — Donc aussi
il peut changer le rapport, entre les élres,
détruire ceux qui existent, en établir de
contraires, décomi>oser à son gré Tordre
social, Je bouleverser, le renverser; car ce
qu'il a (aUi il peut le défaire... et qui l'en
empêcherait? — La crainte des hommes? —
L'histoire est là pour ré|)ondre. — Celle
de Dieu? Mais qu'est-ce que Dieu dans notre
bvDOthèse? Dieu... c'est une notion, une
idée que l'esprit humain a trouvée par sa
seule puissance. Dieu , vous répondent nos
adversaires , est la conquête^ — ils diront
même, si vous voulez, — la plus noble con"
quête de l'homme : la concession n'est pas
trop forte... Buffon en a dit autant du che-
val. — Mais, que fera donc l'homme de cette
oonquéte d'une nouvelle espèce? Sans doute
il pourra traiter comme les autres cet étrange
(932) Cà. n, 15.
captif; le vendre, lencKalner, l'enroyerea
exil, aux carrièr<*s, au gibet... ou, si rom
le bonheur de vivre sous ce qu'on appeiiç
un réi^ime modéré, on l'âdmeltra peut-êire
dans I état en qualité de mefcenaire;qi}i>
sais-je? il pourra même prétendre à tipro.
tection, k la bienveillance, aoifareDrs,tt
s'élever à la condition d'an élranser qu'on
surveille ou d'un employé quon sala-
rie.
Mais si un pareil désordre peut min
dans la société, il A'en est pas de même (k
l'intelligence qui est, tôt oa tard, forcée ds
tirer les dernières conséquences des prin-
cipes qu'elle a posés. Une fois qu'elle i
chassé Dieu du trône, un vide immeose >«
fait autour d'elle; car si Dieu n'occupe ii
première place, à laquelle lemettra-t^!..
En vain, pour combler Tabime, elledhm
créatures : DieUf c'est moi, c'est toiii»cVi
toute la création; la création estmueU(M<
le mystèredemeure toujours. VaioemenUa-
core s'enivrant de son orgueil, ellesérne.
J>ieu n'est au un mot ^ c*estmoiquihiirm'
c'est une idole que je me suis faiu H fitf
brise: les ténèbres s'épaississent, awii
terrible apparition ne cesse de la poi-
vre, et c'est alors que, fatiguée de tint (K
mécomptes, épuisée de tant d'effor(5,d^G»
de toutes sea recherches, et josqqe ûm
Thorrible tentative de s^anéantir (/ja5 jV
doute, elle laisse* échapper, commeMer^
explication de l'énigme, le mléérûm
providentielle ; assemblage iMoœi^çn-
sihie de paroles qui, sérieusemenl \)C(^n(t^)*
cées, ne sont que le monstrueuiacim\)\>v
sèment de l'absurdité et du blasphèmcU
c'est là pourtant le mot, le dernier luatùc
toutes les doctrines,de tous les syslèmes,ii?
toutes les philosophies modernes!
C'est là que sont fatalement coaduiis \m
les philosophes qui, dans rhisloiredelW
inianité, prennent |»our base la croyance «
l'état de nature. Après avoir mcoiré (|«f
cette théorie n'a de fondetiieni dansautui
fait, est en contradiction avec rhislûire«kj
tous les peuples, prouvons encore ^^^tm^
n'est plus inconciliable avec.la oalureelto;
facultés de fhomme.
S'il n'est. point de monument surreJ*^
tence de l'état de nature, il semble quêtas
devrait renoncer à. vouloir J'élablir; ^
les philosophes ont une ressource per|*i
tuelle pour suppléer aux histoires el an
témoins qui leur manquent. Ceux donc P^
Ont commencé à soutenirce système, comfli
ceux qui en ont parlé après eux, onteur^
cours à la méthode ordinaire philoso|ibiq«^
c'est-à-dire qu'ils ont prouvé leurs hsi^^
tions par leurs pensées et leurs réflexions
sur ce qu'ils ont appelé la nature de Tbo^Mf
et ses facultés; ils sont descendus ^n <^^
dans d'eux-mêmes, ont consulté leuresp"^
el c'est là qu'ils ont vu \efait de l'étal de m-
ture. Ainsi c'est surunefolliculedeqoelqoj*
printemps qu'ils ont prétendu trouTerécfl»
l'histoire des commencements.
m
MT
B!£TI0?i3IAIRE APOLOGETIQUE.
PS^
S7.^
SoiT<Nis-Ies dans cet étrange eiamen.
La iiremière chose qui entre dans Ja na-
ture Je riiomme est sans doute son exis-
lenre ; or, dans son existence sont compris
(ieui èires de nature direrse, son corps et
50Q âuic. Voyons si Tun et Tautre pour-
raient exister dans l'état de nature : parions
(fabord du corps.
Arriré dans ce monde ehétif, privé de
force et peut-être de sentiment, ainsi qu'un
Torageur éj^aré qu'une vague incertaine a
jeté sur une Ile inconnue, meurtri, déchi-
ré fvar de nombreux écueils, l'homme, à
5oa arrivée à la vie, est le plus faible de
t^'os les êtres vivants. Impuissant pour se
«timserve^ lui-même , pour se dâTendre ,
|w»itr se nourrir, il sera la propriété ou la
|TOf c de quiconque se présentera pour le
conserver ou le détruire. Son ira^missance*
e»t telle que s'il reste seul, sans offense et
«QS violence, il meurt comme un de ces
itm-n. hrillants, mais mensongers, dont on
il* cottoati l'existence que par la lueur ap-
IMTCOte mi Ja termine.
9ios adversaires ne peuvent disconvenir
ée ce frit; or, remarquons qu'il commence
è^l détruire Téut de nature et d'indé-
pvaÉM absolue. L*état d*isolement n*est
dOKMéans la nature de l'homme, il faut
dÊ^iwtre à l'enfant. Mais celle-ci même
«'aMMfe, et souvent blessée à mort, ne
l^mték fès encore. Si le père ne donne
irini ?t il Taulre ses soins, et ne de-
ainsi le représentant d*une société,
nourriture et sans force pour s*en pro-
f, ils mourraient tous les deux , comme
Il Iraoclie et son fruit séparés du tronc
iK^carricier qui leur donnait la vie.
CJepeodant, grêce è la nourriture que sa
tt^re lui donne, l'enfiint continue son exis-
|ir»ce. Mais voyez encore combien son corps
ne peu lait pour être seul. Il lui sert si peu,
|D "oD dirait en quelque sorte qu'il n'en a
loinl. Comme un de ces fiiux dieux auxquels
i paganisme ignorant rendait hommage, il
ï des pieds qui ne marchent pas, des mains
|Bi ne f leuvent rien saisir, une langue inca-
«ble de orononcer une parole : c'est sa
«ère, oa la société qu'elle représente, qui
n tient lieu de tous ses membres, et semble
Ire en quelque sorte son corps, en sup-
léint à ceux dont il ne peut faire usage. En
Ret, pendant assez longtemps, elle est les
hds qui le portent, les mains qui le servent,
I langue qui exprime ses besoins^ comme
le est le pain qui le nourrit, et le breuvag;e
ni ledésaltère. C'est ainsi que l'homme vit
\ Kmndît par le secours d autrui; sans ce
xours son eorps ne pourrait exister, il n'a
me pas été fait pour l'état de nature.
Vojons ee qu'il en est de son âme.
Lame ne prouve sa nature que |iar st:s
eaitéêt et ses facultés par ses actes. Car il
imoum est pas donné de la voir en elle-
looe et dan^ son essence. Notre orgueil a
ta oBamiorer,notre connaissance ne ()eut
'oindre à cette substance , qui cependant
t nousHnèmes. Qn dit qu elle est faite
^ur rétat de nature, parce que, par sa
nature, elle se suffit à elle-même , et fieut
tirer toute la civilisation du bon usage do
ses facultés. Nous voyons pourtant que le
même service que la mère rend au corps ,
elle est obligée de le rendre également à
Tâiue. Dans cette première enfance, IVnfant
n'a ni volonté, ni désir, uu du moins il n'a
pas les moyens de les manifester. Ce qu'on
Ini donne, il le reçoit; ce qu'on lui im|)ose,
il l'acce|)te : sans volonté, sans examen, la
soumission fait sa force, et robéissame sa
•x>nservation.
C'est ainsi que Tenlance passe quelque
temps dans une dépendance si absolue et si
(*ntière, qu'il semble douteux s'il est plus
attaché^ à la vie qu'à la mort; au moins,
puisqu'il faut rec^»nnaltre que c'est un être
vivant, n'est-il pas encore un homme ; car
il n'entend ni la voix qui lui parle, ni ne
connaît la vie dont il est animé.
La philosophie passe sons silence ce temps
de nullité et de dépendance absolue de la
vie de iliomme. Cepen.lant, c*est au mo-
ment où ce roi de la création prend iiosses-
sion de son empire, qu'il convient d exa-
miner quels sont ses droits au commande-
ment. Appelons donc la philosophie i notre
tribunal, et demandons-lui raison de ses
doctrines.
Ici, nous ne suivrons point les philosophes
dans les raisonnements diffus et incohérents
dont ils ont embrouillé leurs pensées et
leurs doctrines. Cette méthode doit être
abandonnée; c'est un dédate de faits erronés,
de suppositions gratuites, de paralogismes ,
de pensées, de paroles, d'arguments, dans
lesquels se perd nécessairement quiconque
veut y pénétrer.
Au lieu de nous égarer dans les théories
de la métaphysique, rappelons nos adver-
saires aux laits et à l'observation. Reportant
donc leur souvenir au moment où ils étaient
nus , sanglants , sans force et sans puissance,
aux pieds de celle qui leur avait donné te jour,
nous leur demandons si l'état de société était
nécessaire àleur existence, ou s'ils pouvaient
se suffire è eux-mêmes. Il faut qu'ils parlent,
car c'est le qu'il leur faut établir leurs droits,
user de leurs forces, prouver leur indé-
pendance , et rejeter ce joug de puissance
absolue que la société lait peser sur leur
âme et sur leur corps.... Mats non, chaque
philosophe n*a fait d'autre usage de toutes
ses facultés que celui de se jeter avidement
sur le sein de sa nourrice , qui voulait bien
le lui offrir; ainsi il s'est servi de tous les
bienfaits de la société , se réservant de dé-
clarer solennellement dans la suite qu'il
n'eu avait pat besoin.
En eUM , la philosophie ne répond rien à
toutes ces questions; elle se déclare inha-
bile auprès d'un lierceau, et se contente de
citer l'enrant à comparaître dans son école
lorsqu'il aura dix-huit ou vingt ans, pro-
mettant de lui prouver clairement alors que
le secours de la société ne lui était pas né-
cessaire; bien plus, qu'il lui a été nuisible
)iar les préjugés qu'elle lui a inspirés, et
ga*tl{)eui| par lui-même et de lui-même, se
879
PSY
DfCTlONNAiliE
conserver» se guider, b^insCruire, et qu'ainsi
il est indépendant » il est Irbre; et il n*est
sur cette (erre aucune loi , aucune autorité
3ui aient le droit d*eviger la soumission
e son esprit ou de son corps.
Pour nous^ continuons k suivre les déve-
loppements successifs de Tenfant. Sou corps
prend tous les jours de nouveaux accroisse-
ments y et presque sans sa ()articipation , et
sans autre bienraitde la société que celui de
lui offrir de la nourriture, de la lui faire
prendre, il se forme; mais il n*en est pas
de même de son âme. Après être resté quel-
que temps dans une nullité absolue, comme
être intelligent, Tenfant commence adonner
Suelque signe de connaissance. Tandis que
eux de ses sens , la vue et Touïe , le ser-
vent les premiers, deux actes humains, les
Premiers qui soient adressés è ses sembla-
les, des gestes et des cris se manifestent.
En naissant il poussait des son5 plaintifs et
faisait des mouvements, mais ce n'est que
depuis que sa vue et son ouïe ont pris quel-
3ue perfection, qu*il fait des gestes et pousse
es cris. On répond aux uns et aux autres,
«t bientôt reniant comprend la mère, et la
mère l'enfant. Les signes qu'elle lui fait,
il les lui rend, et ils ne retournent pas vides
de sens. Les accents qu elle lui enseigne, il
les répète ; et cet écho n'est pas dénué d'in-
telligence. Insensiblement, ses yeux, ses
mains, les traits de son visage, sa bouche
Eofèrent tous ensemble un langage qui se
it comprendre, et comme si Dieu v«>ulait
confondre les facultés hautaines dont nous
nous glorifions dans un âge plus avancé,
cet être qui ne sait ni comparer, ni exaoïi-
ner, ni approfondir, apprend, comme en se
i'ouant, quoique langue que ce soit, c'est-
i-dire, ce qui fera dans la suite le désespoir
de plus d'un savant arrivé k toutie la hauteur
de sa scien(*.e. Il reçoit, il essaye, il répète;
quand il s'égare, on le redresse ; il est sou-
(953) c L'Eiat de pure nature où Voa suppose
rhomme sans pensée, sans parole, est un éiat idéal,
imaginaire, qui n*a jamais exisié ; la nécessité de
la loii|(ue habitude des parents à renlaut produit la
société au milieu du désert. > (Bupfon, Histoire nai,
de$ Quadrup ; nomenclature des singes, i, VIII, édit.
de U^pet, 1818.)
c Uo empire, un monarque, dit-il encore, uhe fa-
mille, un père, voilà les deux extrêmes de la société!
Ces extrêmes sont aussi les limites de la nature ;
si elles s^étendaient au delà,u*aiirait-on pas trouvé,
en parcourant toutes les solitudes du gIob«;, des anU
maux humains, privés de la parole, sourds à la voix
comme aux signes, les mâles et les femelles disper-
sés, les petits abandonnés, ete ? i {Discours wr ies
animaux camoêsien.)
(954) Peut-être que ces varialions, jlans leurs dif-
férànces les plus marquées, ont eu encore Dieu pour
auteur, lorsqu'il confondit le laiicage au pied de la
tour de Babel. Ce qui répond sumsamment aux ob-
{ections prises de la différence dite radicale de cer-
taines langues. Au reste, plus d*un savant a soutenu
rhypotliése que toutes les langues remontaient à une
source unique, système appuyé d*assez bonnes preu-
ves. Mais ceci n^eutre pas dans le fond de la présenie
discussion. N(»us croyons pourtant devoir citer un
pass.^-: d un de no!» plus anciens Pércs de TËglise,
qui t «.mriine, au sujeide la p;irol«s à peu |»rés uans
APOLOGETIQUE. m («
mis, et b:ent6t il vit une seconde fois, I
parle (933).
Or, avant d*examiner de quel usage lu
est la parole, voyons s'il aurait pu rioTeu
ter sans le secours de la société. En graol
nombre d'écrivains ont prétendu etpréie
dent en/u>re que le lant^age est rouvrige
rhomme, et que ce fut là une de ses prem
res conquêtes au sortir de Télat de oaio
Plusieurs philosophes chrétiens , snrtoi
dans ces derniers temps, ontsoutenu le om
traire, et pensent que la parole est uu ti
présent de Dieu, que c'est là une image <
une émanation de ce Verbe^ qui est en lui
dont il est le P^e; que c'est par ce Terbe
cette parole révélée sensiblement et e^
rieurement à rhomme dès le commencer '^
que IHeu s'est mis en communication
sa créature; que c*est par cette pamie
l'homme a eu ses pensées qui ne sont
la parole intérieure, tandis que la
n'est que la .pensée manifestée au d
que c'est encore par la parole que les
sées se communiquent et se traoso
qu'ainsi la parole ne peut pas être iifa$ri
vrage de rhomme que ses penstti;
que le seul ouvrage de l'homroetei
rôle, c'est la variété des formes qnik
sentent (934). Certes, nous appiaudifiôlj
cette doctrine ; car elle rapproche rhâr
de Dieu, elle le met en commuaicatioo
directe, plus sensible, plus naturelle
lui. 11 est temps de le reconnaître, Di
a été trop éloigné, trop séparé de
Dans le pauvre étalage de sa science on
pas assez souvent fait apparaître ce
nom, pour consolider ses connaissanc
lier entre elles, en montrer la raison» it
l'origine. Honneur donc à eesphil
sincères qui ramènent souvent Dieu
leurs méditations, dans leurs leçons et
leurs livres (935) I
Cependant ce n'est point de rautoritéi
i
les mêmes termes que M. de Bonald. i
ff Noire p/nsée pousse la parole de loa f<
vaut cette expression du prophète: monemra
une tfonne parole ; et chacune est dislinfo^ d^
tre, ayant un lien propre et sépiré^ I'm^ ''
coeur, Tautre sur la langue : tonU^fois elte
pas Soignées, et ne peuvent être Tune sa»
car la pensée n^est point satu la parole, ni I»
ians la pensée ; mais la pensée fait la parol<^
quelle elle parait, et la parole montre la pan
laquelle elle est. La pensée est comme une
cachée au dedans, et iz parole une peuve
produit au dehors ; la pensée passe dan* ii
et la parole communique la «peiiséa aui )•
L*une est comme le père, savoir, la peiisee,
d'elle-même; TautreoiNiime le fil», savoir, li
pnisqu'd est impossible qu'elle soit afajii u
sée, ni qu*élant avec elle, elle vienoe debots.
le Père étact la {[rande pensée, la pensée uoit
a pour premier imerprète et piemier orpuc*
fils, le Verbe, i (Saint Deius iTiUeMwfn^ oiet
saint Atbanase.)
<955; I L*bomme a aussi peu iaveoiélebij
qu*il s'est inventé bil-mème ; car umie in^caj
suppose un dessein, une volu!nté»uH choîf deD"!^
Mais la peusée a aussi |peu précédé te stgi^* 4*
silène a précédé la peusee. L'une ne pe»( P^,f:
ter sans laui e 1-cs rcDréscnUtionsiftdiw*^''^
81
PSY
DICTiaNNAlKE APOLOGETIQUE.
PSt
SSi
PS rtisons de ces écri Tains que nous oous
>rTiroiisJci pour pt*ourcr que la r>arole n'a
n ^ire inventée par l'homme; chacun peut
OIT leurs aripjments dans leurs ouvrages ;
f>fj5 préférons citer Rousseau et son fameux
isrourê surf origine et les fondements de Fin^
mlité parmi les hommes: et nous le citons
)n-seulojiienl |iaree c|u*ii est notre adver-
ire dans celte question, mais encore parce
le nous croj'ous ses raisonnements sans
plique.
• QQ*il me soit permis, dit^il, de considé-
r un instant le» emt>arras de Forigine des
D^es.... La première réflexion qui se
ésente est d'imaginer comment elles pu-
ât devenir nécessaires. Car les hommes
avant nulle correspondance entre eux, ni
i-un besoin d'en avoir, on ne conçoit ni la
•« ^^rssité de cette invention, ni sa possibi-
^, si elle ne fut pas indispensable. Je di-
: t/ieo comme beaucoup d autres, que les
ngues sont nées dans le commerce dômes-
)ne des pères, des mères et des enfants ;
»is outre que cela ne résoudrait point les
lijectiops, ce serait commettre la faute de
eux qoit raisonnant sur l'état de nature, v
mapocteot les idées prises de la société,
r oient iBopars la famille rassemblée dans
ioe Biaaiabttation et ses membres gar-
das! «Dlreeux une union aussi intime, aussi
^-rmaaente que parmi nous, où tant d*inié-
'^^^ comiDuns les réunissent ; au lieu que
ïr-.5 cet état primitif, n'ayant ni maisons,
caUoes, ni propriété d'aucune espèce,
acofl se loçeaitau hasard, et souvent pour
>«- seule nuit ; les mâles et les femelles
int<^ent fortuitement, selon la rencon-
, l'occasion et le désir, sans que la parole
OH interprèle nécessaire des choses qu'ils
lient à se dire : ils se quittaient avec la
^e facilité. La mère allaitait d'abord ses
^^tns pour son propre besoin ; puis Tba*
[ide les lui a^aut rendus cbers, elle les
irrîssait ensuite pour le leur : sitôt qu'ils
ient la force de chercher leur pâture, ils
ardaient pas à quitter la mère elle-même,
rooame il n'y avait presque pas d*autre
rea de se retrouver que de ne se pas per
de vue, Vs en étaient bientôt au point de
(jas même se reconnaître les uns les au-
Remarquez encore que l'enfant ayant
s ses besoins à expliquer, et par couse-
nt plus à dire à sa mère, qje la mère à
fant,c'estluigui doit faire les plus grands
s de l'invention, et que la langue qu'il
"Soie doit être en ^ande partie son pro-
oavrage; ce qui multiplie autant les
;ue$ qu il y a d'individus pour les par-
: à auoi contribue encore la vie errante
iisliér *« praveiit avoir lieu indépendamiiieiit des
)t% qui k^ expriment ; nais le» idées générales
imprHiSiblrs à concevoir et i former b»us les
>s q«i seale réonhs^ni leurs fraiis épar^ , fixent
H Itsor donnent d«- la réalité. •
l«r
1 1 a%p Eêsmis de phiios.^ de polit, el de lit.^ U V
C. SaUms cette icfloiîmi d'? RtML^scan. qui
\^ BDC pcaséc de H. de Bt>ualJ eu de M. de
et vagabonde qui ne laisse h aucun idiome
le^t^mps de prendre de la consistance : car
de dire aue ta mère dicte à Tenfant des mots
dont il devra se servir pour lui demander
telle ou telle chose, cela montre bien com-
ment on enseigne des langues déjà formées,
mais cela n'apprend pas comment elles se
forment.
1 Supposons cette première difficulté vain-
cue, franchissons pour un moment l'espace
immense qui dut se trouver entre le pur
état de nature et le besoin des langues, et
cherchons , en les supposant nécessaires,
comment elles purenlcommenceràs'établir.
Nouvelle difficulté pire encore qu^la précé-
dente; car si les hommes ont eu besoin de la
Îarole povr apprendre à penser^ Us ont eu
ien plus besoin encore de savoir penser pour
trouver Fart de la parole (936) ; et quand on
comprendrait comment les sons de la voix
ont été pris pour interprètes conventionnels
de nos idées, il resterait toujours è savoir
quels ont pu être les interprètes même de
cette convention, pour les idées qui, n'ayant
point un objet sensible, ne pouvaient s'in-
diquer ni par le geste, ni par la voix ; de
sorte qu'à peine peut-on former des conjeo
tures supportables sur la naissance de eet
art de communiquer ses pensées et d'établir
un commerce entre les esprits (937)- *
Ici Rousseau se hasarde à donner lui-
même ses idées sur la manière dont les lan-
gues commencèrent ; mais, rencontrant à
chaque instant de nouvelles difficultés, il
finit par ces paroles remarquables :
« Je m'arrête à ces premiers jmis, et je
supplie mes juges de suspendre ici leur lec-
ture pour considérer sur l'invention des
seuls substantifs physiques, c'est-à-dire, mit
la partie de la langue la plus facile à trouver,
le chemin qui lui reste à faire pour exprimer
toutes les pensées des hommes, pour pren-
dre une forme constante, pouvoir être par-
lée en publie, et infiuersur la société : je les
supplie de réOé<*.hir àce qu*ila fallu de temps^
et de connaissances pour trouver les nom-
bres, les mots abstraits, les aoristes et tous
les temps des verbes, les particules, la syn-
taxe; lier les propositions, lesraisonnements,
et former toute la Iq^quedu discours. Quant
à moi , effrayé des difficultés qui se multiplient^
et convaincu de Fimpossibilité presque démon-
trée que les langues aient pu naître et s'éta-
blir par des moyens |mremeiif humains^ je
laisse à qui voudra Tentreprendre la discus-
sion de ce difficile problème, lequel a été le
F lus nécessaire de la société déjà liée à
institution des langues, on des langues
déjà inventées à réiablissement de la so-
ciété (938). »
Ifaislre.
(937) CEurres eomplèus de J.-J. Roosseaa,!. 1,^
Si, in-8*. Lyon, 1 796.
(958) /fr.,' p. 93. — Noos répondons la par Tor-
pane de Roussean i oeui qû croient le langage une
invention rcflécliie; nous répondons plus loin à ceux
qui le regardent comme un produit spoftsané des fa-
nitltcs humaines.
VSÏ
DICTIONNAIRE
Je ii*iii rien h ajouter ) ces preuve» : l'im-
possibilité de rinrention de la parole me
paraît démontrée, même aux yeux de Rous-
seau. Tirons maintenant les conclusions
do. cette démonj^lration, ei appliquons -les à
Texistenee de Tâme.
Si lliorome n^arait pu parler, dans Télat
de nature, que serait devenue son Ame?
qu'aurait-elle été? Ici nous le demandons
à tous les filiilosophes : quelles que soient
leurs opinions sur la nature, oUf comme ils
le disent, sur l'essence de Tâme, ils avouent
tous que la pensée est une de ses facultés
essentielles ; or , s*il faut la parole pour
penser, que serait doncTâme dans un état
où il n'y aurait pas de parole ? nous ne
voulons pas ici exposer les différents systè-
mes sur iWiçine des idées ; quels qu'ils
soient, les philosophes ne peuvent s'empé->
cher de convenir qne c'est par la parole, et
par la parole reçue de la société que Thomme
exprime ses pensées , et par parole nous
entendons tout geste, toute expression qui
est le signe d^une idée. Ils ne peuvent s'em-
pêcher de convenir encore que ces pensées,
dans l'enfant, ne sont jamais différentes de
celles que la société au milieu de laquelle il
vit possède, et que jamais on n'en a vu un
seul manifester une idée dont il n'eût pas
déjà reçu une expression ou une image, ou
une indication quelconque au dehors de
lui. D'où il suitque la société, en lui donnant
la parole, lui donne les idées et les connais-
sances qu'il manifeste d'abord. Or. si l'âme
était dans l'impossibilité d'à voir aucune de
ces idées, je demande encore ce que serait
cette Ame ? J'ose même demander siée serait
même une Arne ? Nous^avons démontré que
le corps se dissoudrait et tomberait en pous-
sière, s'il, ne recevait pas de la so(!iélé un
secours que le Créateur a établi nécessaire
h son existence : je ne dirai pas ici que
Tâme tomberait en poussière, mais à coup
sûr elle tomberait dans un état analogue A
relui du cor) s. Car nous savons que s'il est
dosâmes belles et brillantes, il eu est de
laides et de difformes; nous savons que
s'il faut au corps une nourriture, il en faut
aussi une h Tâme : que si le pain est la vie
du corps, la parole e.«t la vie de Tâme ; con-
séquemmenl, s'il n'y avait pas de parolo,
l'âme Ferait privée de la vie, elle serait
morte, en sorte que nous po^irrions l'appe-
ler en quelque sorte une âme cadavéreuse,
une âme de pourriture, de poussière et de
boue.
Ces raisonnements nous i>araissent al)so-
lus pour démontrer que ni le.corps ni l'âme
n'auraient pu exister dans l'état de nature;
ainsi ceux qui ont voulu établir cet état par
les preuves métaphysiques de la nature de
l'âme et du corps, ont méconnu l'essence
môme (ie ces deux substances, sont tombés
dans le paralogisme continuel que leur
reprochait Rousseau, lequel consiste en ce
que, en admettant la néçeaMté de remonter à
APOLOCCTiQO^ PSt ini
cet e'tfit^, ils n'y arrirûient /amoii, Nous
pourrions 4oncl>QrRer ici nos remarques;
cependant, puisque nous avons cité Rooi^
seau, et. que nous l'avons trooré faroris»it
nosdoctrines, nouscroyousutiledelesonrc
encore quelques instants : nous compreo-
drons mieux, son système, etnouspourroos
mieux distinguer ce qu'il y a de vraietee
qu'il y a de faux dans son D/icouri m r^
rigine et le* fondements de Fmégalité pm
les hommeSf et dans son Contrat social. Biea
plus, nous nous servirons de ces dcui ni}-
V rages pour défendre la vérité ; car loujoiih
elle peut chanter c^mme le vieux sacrift'»-
teur juif ; jLe salui,fious vient de noi mm,
et de ta main dexeux qmnamhaxutnl {^|.
Nous remarquerons d*abord, comme Qci^
Ta vous déjà dit, que ce. n'est pas Roussetu
qui a établi la croyance en Tétai de naturr,
elle était déjà dans l'esprit de tous Its »
vants. « Les philosophes, dit-il ini-fiiéflie,
qui ont examiné le fondement de la sodiii.
ont tous senti la nécessité de remonter jii«>
qu'à l'état de nature, mais aucun d'eux or
est arrivé (%0). » Or cela était eiadem'
vrai. Ils supposaient d'abord IliomoK^
réfat de nature, et de suite le fais^i^ottaÉ^
dos forêts, et le poussaient au milfeuée'a
société, qu'ils déclaraient être le bnloô li
devait tendre. Rousseau trouva qu'ilsalM
un peu trop vile, et voulut leur wnow
que, dans cet étatcju'ilsadmettaiM 'wif
n'avait le droit ni de parler ni de pen.vr. J*
par conséquent, que ni la ptoweni <*
parole, et à plus fucte raison autttw^iî*
distinctions de, la société, ni lasociéiej^^'^'
même, ne lui étaient naturelles; q«»»'i*'
l'homme qui pense est un aoiuial ilépraTè;
que la nature avant fait les hommes potf
vivre dans les forêts la société leur «*
nuisible, et est la cause de tous lesmaw'ij
nous voyons. Telle est la. suite et WW
renchalnement.des. idées de Rousseau-
Ses adversaires et même ses amis lu
effrayés do ces conséquences, et de
c6lés on s'éleva contre lui ; pour n
suivant la manière dont nous avons c^
déré la question, nous souliçnJrons M
si Ton adfmet une fois l'état de nature, loj
ce3 conséquences sont vraies, sont p^
sont raisonnables; nous soutiendroii'^ 1"!
lors riiomme n'est, et ne doit être mm
personne ; qu'il est libre, qu'il e^^^/""f3'
dant; que toute inégalité. daivs. ic«. «*^i
dans les rangs, dan$ la ft^rtune, est m
que le peuple est la source de louip'>'Y
et qu'enfin le Contrat social est Tévwg»^
1(5 code des nations. Bieq pl"*'»/?!'?^
Rousseau de pusillanimité et de w»»»'^^
nous soutiendrons qu'il n'est P«s«;t,*"J^'
assez loin; qu'il aurait dû plus fortewp
encore blâmer rétablissement des ^^
et rechasscr les hommes dans les forwî
il sera toujours vrai de dire que » f"^
doit rester dans Pétat où il a été rréi^P
doit y retourner, s'il en est sorti, eiqo
(959) Satuîem ex inimich nostris^ et de manu omniam qui odcrunt noa. (Lifr« f, V» 71.)
(940) Œuvra complète», 1. 1, p« 9^.
rsT
pICTIONNAlIiC
P
r 0
MtTiTrtqoedans^ceiui OÙ Dieu la placé
ts le eemmencenieiit. - ^ ^
jkinsiv si Tëlat de oalure a existé, foute la
>clriiiede Rouseau est )a nôtre, rar elle
I conséquente ; mais lorsque, sortant des
polhèses et des théories, il descend à la
atkioe el à l'établissement des sociétés
tuellesv lorsqu'il trouve le fondement des
ciélés dans la détermination libre des in-
▼idus qui la composent, qu'il constitue
s états sur un contrat social primitif,
qa*U éUbiit la liberté et l'égalité de
loaiiBe sur son état naturel et primitif,.
ors nous lui rappellerons ^ue cet état est
le chimère ; alors nous lui rappellerons
aies les diflicultés^u'il reconnaît lui-mé-
e insormontables, et surtout nous lui op-
»etons œ qu'il dit lui-même de son pro-
*« eunage : « 11 ne faut pas prendre, nous
il «il, les recherches dans lesquelles on peut
liU^ersurxe sujet, pour des vtriiéê hiiiO"
>^as«f, mais pour des rahonnemenU hifpo-
^ t$ €i €ondiiionn€iSf plus propres à
ir la nature des choses qu'a en mou-
la Téritable origine, et semblables à
que iont tous les jours nos physiciens
kformation du monde. La religion nous
de croire que Dieu luirméme ayant
mes de l'état de nature immé-
t^ris la création^ ils sont inégaux,
41^ a voulu qu'ils le fussent (9^1). •-
•fouerons ensuite avec lut, «que le
/■^ioo De nous défend pas de former des
iqertores tirées, de la seule nature de
'La«3ainieet des élres qui l'environnent, sur
p ^D'aorait pu devenir le genre humain,
i£ lot resté at>andonné è lui-uièine (942). ».
\mhquelebon sens nous défend de tirer
• eeC état hypothétique les mêmes conclu-
t^as pratiques que s il était réel.
yous finirons par cet aveu remarquable
1 même jihilosophe : « Il n'est |*as venu
ms Tesprif de la plupart des nôtres de
lufer f |ue Tétat de nature ait existé, tandis
ni est évident, par. la lecture des livres
très, que le premier homme, ayant reçu
UDédîateaient de Dieu des lumières et des
iCceptes, n'était |joint lui-même dans cet
M , et qu'en ajoutant aux écrits de Moïse
foi que leur doit tout philosophe chrétien,
bot nier que, même avant le déluge, les
Mtmes se soient jamais trouvés dans le
If état de nature, à moins qu'ils n'y soient
louibés par quelque événement extraor-
ioatre ; fiaradoxe fort embarrassant , et
«t è fait impossible à prouver (9U).»
i VIII
Ms^tr d*aoe rérélatioo prioiitive potir lV;rolotioD in-
telleruiene el norale de I homine.
Dans réiat d'abrutissement originel où
BQ suppose l'homme, avec ce mélange in-
lièrent d'atiori^ênes, d'autochthones,éclos
eia vase ou engendrés du singe^ on n'ex-
'i<]ijerait jamais cette unilé profonde de
Oil; (JEmttres complètes^ t. J, p. 51.
• '•iiv làf J.« 1. 1, p 5-1.
• «jr»; (f.mrreê complètes ^ l. I, p. ^4* — Cf. Bo>-
APOLOGETIQCË. PST SS6
'langage, de mœurs, de traditions surtout,
3tti fait de l'humanité un seul corps. Hais
épourvu de la force et de l'instinct naturel
aux animaux, l'homme eût bientdt disparu
de la surface du globe ; la-brute, en effet,
arrive au monde armée pour ainsi dire de
toutes pièces}* elle .naît parfaite. L'homme
natt seulement perfectible par l'éducation et
la société. En supposant qu'41 eût survécu et
se fût habitué è la vie animale, jamais il
n'eût cherché à en sortir. . -
4 Si les hommes, dit un éloquent philoso--
phe, dispersés sur la terre non^me les ani-
maux, «avaient dû établir d'eux-mêmes et
sans secours la forme intéiueure de l'huma
nité, nous trouverions encore des nations
sans langage, sans raison, sans religion,
sans morale, car ce que l'homme a été,
l'homme l'est encore ; mais aucune histoire^
aucune expérieneene nous permetde croire *
que Thomme vive nulle part comme l'oran^
outang. Les fables antiques que Diodore et
Pline racontent de ces monstres humains
privés de tous sentiments portent avec elles
un caractère évident de fausseté. Il en est
de même des récits des poètes qui , jaloux
de relever la gloire de. leurs Orphées et de
leurs GadmuSy exagèrent la (grossièreté, des
empires naissants do l'antiquité; les temps
oh ils. ont vécu et le but de leurs ouvrages*
diminuent également l'autorité de leur té-
moignage. En suivant les analogies du cli-
mat, il parait évident qu'aucune nation eu-,
ropéenne, surtout aucune tribu de la^rècey
n'a élé dans un état si abject que les Nou-
veaux-Zélandais ou que les Pécherais de la
Terre de Feu ; encore , dans la dégradation
même de ces peuplades , retniuve-t-on des
traces d'humanité, de raison el du langage
c Siy comme nous l'avons vu, les qualités
les plus distinguées de l'homme, heureuses
capiacités qu'il apporte en naissant, ne s'ac-
quièrent et ne seiransmettent, à propre-
ment parler, que par la puissance de l'é- •
duration , du langage , dé la tradition et-
de l'art , non - seulement les premiers*
germes de celte humanité devaient sortir^
d'une même origine, mais il fallait encore
qu'elles fussent artificiellement combi-
nées dès le principe pour que le genre hu-
main fût ce gu'il est. Un enfiint abandonné
et laissé à lui-même pendant des années no
peut manauer de périr ou de dégénérer-
Comment donc l'espèce humaine aurait-elle
pu se suffire à elle-même dans ses premiers,
débuts? Une fois accoutumé i vivre de la
même manière que l'orang-outang , jamais
l'homme n'aurait travaillé à se vaincre , ni
appris à s'élever de la condition muette et
dégradée de l'animal aux prodiges de la rai-
son et de la parole humaine. Si la Divinité
voulait que l'homme exerçât son intelli-
gence et son cœur, il fallait qu'elle lui don-
nât l'une el l'autre; dès le premier moment
iv^'TiY. Ann. dephit,^ 1. 1. ^
(014) licBDCR, Idées sur la philesoplûe de Ckur
tohe^ t. Il, I. Il, c. 5, p. 210.
S87
PST
MGTlOiVNAlHE AftlLOGETIQUE.
PSt
de son exiM^nce, réducation, Tart, la cul-
ture ]ui étaient indispensables; ainsi, le ca-
ractère intime de rhumanité {>orte témoi-
gna.:^e de la Térité de cette ancienne philo^
Sophie de notre histoire (945).
« £i ranima) humain^ s*il eût été pendant
des siècles de siècles dans Tétat abject qu*on
lui proie, et que, par des proportions entiè-
reojenl difTércntes, il eât reçu la forme qua-
druf)ède dans le sein de sa mère, comment
eût-ii abandonné cet état de son pronre mou-
Tement et se fAt-il élevé à Tattituoe droite
de la condition de ranimai gui le courbait
vers la terre? Comment eât-il pu s'élever à
Tétat d'homme, et, avant qu'il ne fût homme
inventer la par&Ie humaine? Si Tbomme eût
commencé par marcher sur les pieds et sur
les mains , assurément il n'aurait point
ciiangé; et il n'j » que le prodige d'une se-
conde création qui eût fait de lui ce qu'il
est maintenant» et ce que son histoire et
Texpérience nous attestent à chaque pas.
« Pourquoi donc embrasserions-nous des
paradoxes dénués de preuves, et même en-
tièrement contradictoires, quand lir consti-^
tution de Thommo, l'histoire de son espèce,
et toute l'analogie de l'organisation terrestre
nous conduisent à d'autres résultats (9M).»
Pénétrons de plus en plus avant aans 1»
nature intel Noctuelle de l'homme, et voyons
quelles sont les conditions de son évolution
rationnelle, comment il arrive è la connais-
sauce, è la vérité, aux principes, qui le
constituent être raisonnable et i loral.
Nous n'apportons en venant au monne
aucune notion de vérité dans notre esprit,
mais seulement des facultés peur recevoir
et cultiver toutes les vérités qui nous se^
Tont offertes.
La société du genre humain, à laquelle
nous nous mêlons bientôt, nous offre de
toute part le trésor des vérités, des idées,
des connaissances qu'elle recèle. Nous les
aspirons avec une merveilleuse facilité;
nous les assimilons à notre intelligence
toute prédisposée à les recevoir; et^ par le
travail que nous leur faisons subir à notre
tour, nous l'es fécondons, et nous en ver-
sons les nouveaux fruits autour de nous
avec p)us ou moins d'abondance.
Mais ce travail de fécondation n'aurait
pas lieu si, préalablement, la. société ne
nous avait fourni l'élément premier de la
vérité que nous n'aurions jamais pu trouver
nous-mêmes. Nous n'avons pas la puissance
de produire de notre propre fonds la vérité ;
mais seulement, si j'ose ainsi dire, de la faire
provigner dans notre esprit. Les plus grands
f;énies, ceux qui ont enrichi )e cjomaine de
a vérité sur la terre, — Newton ,— Bossuel,
— Pascal , — n'avaient pas une seule idée
dans leur vaste esprit qui, de près ou de
loin, ne provint de leur association an
genre humain ; je dis plus : leur vigoureuse
fécondité tenait beaucoup, peut-être, è mille
(91.S) llentER, Idées, ele., tain. Il, liv. x, rb. 8,
p. i78.
(9i0) HcRDcn, Idé.'s, etc., t. I, ï. m, c. 6.
circonstances du temps et de la position où
ils ont vécu; si bien qo'isolés decescir*
constances, ils n'aurairat pas produit des
œuvres aussi marauantes, comme, privés de
tout contact avec le ^enre humain, ils nau-
raient rien produit et fussent restés arec le
vide naturel de leurs grandes facolMstlerges,
Concluons donc qu'il se liit déjè de la
société il nous une révélation de la rérilé,
au fur et à luesure que nous péoétroDs
dans son sein.
Maintenant eelte société des boœrnes, i
son tour, commiHif se tronve-t-el)e aroir la
vérité? — Ici il ne faut pas se payer d'é-
quivoques , et perdre le fil do raisonoe-
mont où nous sommes entrés. —Si^eoniuif
nous Tavons constaté , chaque homtpe tu
particulier n'apporte aucune notion de vé-
rité en venant au monde, et ne bitqaeS*
couder le fonds qu'il t trouve d^à, ii «l
radicalement impossiole de comprendre
comment la société, gui n'est qu'une s{rf
galion de ces mômes individus qui D'apfur*
tent aucune mise sociale, se trouTe fiépfi-
dant avoir nn fonds ; et on est forcé At»
dure que «quelque intelligence sup^nre
lui en a fait l'avavce» commeelte-iDèiDea
fait ravance& chacun de nous.
Que le génie d'un seul ou de plusieur?
hommes, d'un peuple ou d'un siècle, to
faire des pas de géant à la vérité; {se foo
domaine s'étende ou sr resserre iv ^ ('c
mouvement deTesprit humafin,àli»anl(ic
ses découvertes, ou des révolution dt ses
destinées, tout cela n'explique que \eile^;
loppement, que le cours de la Yérilé,ts^t^^
nullement son origine et sa source; eli rt^*
sonnant sur un peuple comme m un
homme, nous pouvons dire hardimcniqw
ce peuple ne s'est pas donné en principe 1*
vérité, qu'il Ta reçue de ses defanciersM
de ses voisins par quelque canal, par qu^
que innitration, comaoe ceux-^^i lontre^*^
è leur tour; tellement que si on poutflil
supposer une solution de continuité coio*
plete et infranchissable entre une génératid
dlïorumes et celles qui Tout précédée, «tw
génération, quelque travail qu'elle fil 5>^
elle-même, resterait éterBellemcnlassisfi
l'ombre de la mort intellectuelle, à jamais
dépourvue de tout élément de civilisaiioûf
ne vivant que par Tinstinct et parlcssen*.
et s'éteignant bientôt d'inanition mont^
dans les désordres de sa brutalité. .
L'observation des faits vient à rapptu '^
ce raisonnement; car, bien que rby|iouM*^
que nous venons de faire ne se son ja»Ji^[^
complètement réalisée, cependant les "^f*
(\es sauvages qui ont élé uécoufertes dauJ
rintérieur de TAfrique et de TAménque.
et l'état stationnaire d'abrulissemenl ^
elles ont vécu pendant des siècles, par suu?
de leur isolement, suffisent |iour dénicD-
trer que la société, pas plus qae riBd»y ;
ne peut se donner la vérité (»7),et. A^
(947) Le besoin <*« progrés diminue à v^!^^
l'on dcscn d rcebcllc de la cJVÎlisatiOD : t^« J;
que démontre rhistoire. Le sauvafB est es.^«^^^
PST
mcnaNNAlU APOLOGETIQCE.
PST
itre cAlé, la marche des lumières dans le
toode cÎTÎIisé nous fait Toir comment, de
•aération en génération, de peuple h pen-
te, de siècle k siècle, dti a tu le flambeau
ï la ciTiliMlîon, de!< arts et des sciences,
i communiquer de prodhe en pnicbe de la
lute Asie, qui parut être son premier
»yer, dans TÈgypte, dans TAsie-Mintiure,
iQs la Grèce et ses colonies, dans Rome et
s Etala actuels de TEurope occidentale,
où les lumières se sont projetées sur le
tonde ; de telle sorte que, par cette succès-
on et cette régularité de mardie, la rérité
0 is apparaît comme une céleste voyageuse
ai se eommunique à la terre, qui se rerèle
AI peuples comme aux individus, mais
vi ne prend pas naissance dans leur sein ;
oiremeot nous l'aurions vue paraître à la
4s sm divers points isolés, et sans eom-
•unicatîon les uns avec les autres (M8).
Pressant maintenant le dernier résultat
e notre investigation , et fiiisant Tapplica-
on immédiate de nos raisonnements et de
ios etiservations à la première génération
llKNomes qui parut sur la terre* nou.s nous
lemandons comment cette première société,
^~^«ii a transmis, révélé la lumière de la vé-
h\é4tootcs celles qui Tont sui^i^f > pu la
' elle-même. Ici la difllicuUé est re-
culée jusque ses dernières limites : il faut
tOBdfin. Or, il ne jieut y avoir deux senti-
il repoasse néiiia la dvilifation
aa h lai piésenle, et il ne foot ries moins
^m IcdétaaeaieBt béruH|iie fl la fi ree »unialoreUa
^•et Mttsioanairet pour l'arracber à son apaibie.
1 Les bfJes errantes que nous avons décoavertes
JMf-»wécs nax exuteiiéi dn monde eonnn n*oni
m Ijit ■■ seal pas ven la civilisation. Les babi-
ma to eélas qne Néarqoe a visitera sont encore
t p*ili éiaîeni il y a deux raille ans. A présent
iaïae alor», leors riebesses se composent d*osse-
■CMS aqnalii|oes ieiéa par les Ilots sur le rivage. Le
mém ne les a pas lasinnu, la misère ne les a pns
daréi. D en est de nérae dés sauvages décriis daoa
iHiqniié par Afatarebide et de noa jours par le
hefalier nraee. Ealearées de nations civilisées
■îMes tfe ce nijanme de Méreé, si conna par soii
icevdoee, ^gal ea pouvoir coorme en science au
attfdoee égyptien, ces bordes sont resléi^ dans leur
bmiisfieiBenl. Lrs ânes se logent sous les arbres
a se cantcataat de plier leurs nimeanx et de les
)Mer en terre... D*autres recueillent les essaims de
ameieiks poussées par les vents dans leurs déserts,
■ I s testas des crocod les et des cbevaux marins
pf. fa BMWt leur I vue ; et les maladies que Dindora
se produites par ces aliments impurs,
icore aujc»uffd*bui les deicendants de ces
■lalbeareases, sar la tête desi|nelles les stédes
mt pansé sans amener poar elles m améUoratioiiS,
lé nr-*fvés, ai déconcertes (a). >
C4 orpraûabt toutes ces tribus sauvages sont bien
tn-4esMta de létat de nature; elles oui toutt^ le
\^ prîiicitie et moyen de la civilîtalion ; louica
ées iraditioBS industrielles et même rels-*
C
incrojable! quand an dé'.sce, ou même un
décoavredatts wseatraiiles de la lern% i:ai»s
solides du globe des débris fossiles de
terlAcées, de polypes, d*étodes de nier« île
d^bulires, etc., il ne h*«&vise jaiuiii» de
ments sur le point ainsi précisé ; car il est
évident que ces premiers hommes, n'ayant
pu recevoir la vérité d'autres hommes ainsi*
qu'eux-mêmes Tout transmise, et d*un au-
tre côté étant comme nous incapables de se
la donner à eux-mêmes, ont dû la recevoir
du seul être de qui ils tenaient déjb la vie et
rintelligence; qu'il a dû y avoir originaire-
ment une société entre les premiers hommes
et DieUf comme il y en a eu depuis entre
les hommes, en un mot une première révé-
lation.
Le raisonnement qui nous a conduit \ ce
résultat peut, du reste, se ramener à des
termes bien simples.
Toute la question est de savoir si les r/-
riUi néetêsaireSf les idées univer$eUe$ sont
rnnées dans chacun de nous; car si elles ne
sont pas innées^ elles sont importées^ socia-
lement d'abord aux individus, et divinement
en principe h la socitéé.
Or le système des idées innées, générale-
ment abandonné, n'a consisté, d'après ses
premiers partisans, dont les plus éminents
sont Descaries et L-eibnitz, que dans quel-
ques prénotions si confuses qu'elles se con-
fondent presque nvec nos (acuités, sans
avoir assez de virtualité pour s*en détaeher,
en s'élevant k la hauteur et k la spécialité
éTune idée (M9).
Les vérités nécessaires, qui portent tout
penser que ces plantes oa ers amnia*'i olismrs ont
été prniluits dans œtte posîti'tn. 1>> b'in s«*im, plnn
fort que son système drs^niciîr de la rm%id«*mT, lui
persuade que ces débris onl été jetés dans celle po-
sition par quelque caia»trnphe.
Mais s'il reacontre des tiibus sanvages vivant de
la vie i!es brutes, et lomliérs, pou * ain-i dire, à l'é-
tat fossile, il n'hésitera pas à prorlamrr que ces
êtres déchus ont été pro^niis d»ns ci t ét«l, et que
c*e*t là lliomme primitif. Il se gar.1<raii bien d*«.
Buppiner qneles plus bnmfrfe*, les plus chéiifs d>n*
tre tous M êtres organisés mil manqué |:rimi iv '-
aM*nt des conditions iMopres i Senr développement,
et il n« reculera pa« devant une ass^iiion st-mldabie
q.*aud il s'agira de I bomme, la plus su^iîmc de luo-
tes les c éaiures let re»tres !
(918) Tout démontre hisloriquement que l'Orient
fut Ke ofre-aa do genre humain. D.:s colunirs, plus
on moin» brurquemeiil détairbé* s d • la premi^e fa-
mille ON nation, se répaitilîreni ^Nr b terre, n^em-
portant a%ec elles que de faildes provii»itins de civi-
liaiioii et de vérité qui s*épuiséient bieuiôt dai»a
Fi^iolemem, tandis que I* giaiid ié>enroir se main-
tint et h épancha r^uliéreuMit du haut île TAsie,.
d*ott la civilisation viiit, après plusicu*s siérles^
éclairer ks dissanJants des pri'mi rs émigrés. —
Ou n*st s lorigine récente de U rare huii.aiiie sur
lei;lobe, son uniié primitive de fiuiille it de lan-
gage bO t drs faits conquis et tSéfendus aujourd'hui
par la seif nce non mui.i» que |-ar U fui.
(9t9) Ifiirllectus buiiiaiius, qui rsl infîmus in or-
diiie iiiU Kectuum, et maiiuieiemuiiis a pfifeiiiH<e
iliviiii inleleilns. est in pounîia r«'sp*clu i le ligi-
Liliutti ; rt iu priuciph «si sicut tahuU raia^ in qua
ttihilesi iCfipiniH^ ni TbiluMiphus iii< il. in lu de un'h'
nui, c. 5, II* 14. QuoJ uiai.iftfsie a;paiet ei lioe
qu*»d i.) pri iipio sunius inteUi4;ei.lr» s«Juui in p^^
ifutia, poMnioduia auiem rfliciuinr iiiicUigcnlC!» n.
acm. SiG igiiur patct quod iniclligi re uuktrnio Cbl
M
CoasTurr, De la retigkm eoiulriérée d$M m womct, etc., 1. 1, p. 155-1^.
S'^l
P8Y
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
^
iVtificfiHie nos -connaissances, |Tovîenn«nt
(«mes en principe de notre contact avec la
so iété, où elles sonl infuses, où elles exis*
tont par le fait, et où «tout se transmet et
s*appren>i, m^mi> la vertu. Voilà qui est fondé
en observation, et que tout ce que nous
ayons dit précédemment sur la marche des
lumières dans le mixide élève à la hauteur
d'une démonstration.
Il en résulte que ce patrimoine de vérités
que possèJe la société no lui vient pas fon-
iiainentalement des hommes, puisque oeux-p
ci ne font qu'y puiser;— et que, m venant
pas des hommes, il no peut lui venir que
dfi Dieu, — Ainsi ce programme de princi-
pes que nous appelons la RAISON, ce code de
morale que nous appelons la conscience, -—
la loi NATURELLE cn uu mot, — n'est telle
que par ripport h une révélation pos-
térieure, et aux applications positives que
iious eu faisons; mais en elle«m£me, et
plar rapport h notre nature propre et indi-
vi(fuo!io, cette loi naturelle n'est aussi
qu'une loi rév^^lée, une loi apprise, une loi
transmise; et ce n'est que par réaction que
nos far^ultés, prédisposées à la recevoir, se la
font NATURELLE (950).
? Cette importante vérité d'une révélation
rRfMmvB, quel.|ue solidement établiequ'elle
soit |Vir les réflexions que nous venons de
déduire de la génération dt la vérié sur la
terre, est susceptible d'être corroborée par
des «onsitîérations et des iTenvesd'un au-
tre or Iro. De nouveaux aperçus et des plus
r th(»s vont lui servir de cnnlre-épreuve et
élargir la base de notre conviction.
I vni.
Ftai <ln la qiipsiiun sur i*or{gine de U pensée et do lan-
/nge—Esumi'ii critique de la théorie de M. £. Renan.
Ici se présente naturellement la grande
question de Torii^ine de nos connaissances,
une de celles qui, depuis plus de deux siè-
<:irs, ont le plus exercé l'esprit des philoso-
phes et qui méritent au plus haut degré
toute leur attention. Cette question est en
eirA.'t fondamentale et le point de départ de
toute philosophie comme de toute apologétii-
que. Elle est décisive dans la grande lutte
q:iO'Ulam pati, Mcuniliun loiiiiitn nioibtm passiotits;
et pcr coiisequens iiUrlliH^ius i*sl potenîia pasiha.
(Sitmma, i« p., quîcsi. 79, ail. 2, L I, p. il 10, éd.
M 12 e.)
Lst autem nauirale horoiiii, ut per sensibilia ad
iHicUigihitia veniai ; quia oinnî^ iiuslra cogitilio a
sennit iiiiiium liahei. (Siimma, i, q. 1, art. 9; ib.,
p. 4G8.)
T»-! chi, birr t'itridne de nos connaissances, le
s^'iitiiueni de suiiii Thomas.
i\oiis diseuiei DUS plus loin IVpînion de Descartes
ri do LeitMiiu stir les Idées innées.
< Snbtil«>s qu;L-dani seclae llieologiea» in oa sunt
ft' nkiitin, quinl in horainibus nunquam dari pos^^it
li^noraniiaînvincibirsjurisnaturalis prîmilivi. Ad-
iHiuuii» ttli.'|iie ideas iiiR itas, qua: se cnni hoinine
cii^^ceiHe lam luroinose evolvaiit, ut illas ali inlel-
l'Mu c gnosci in sociilatc ncrcssum sil. Si lalrs
I Um» unia as se paulaiim evolvcntes dannnns, cisi
neu iqtiain piobari possiiit, ccrte (ïj! ritiitia ri ra-
de la révélation chrélienue contre le ratio
nalisme incrédnln.
Le problème de i-origine de nos ronniti^
sauces est inséparable de celui de rorij^im
du langage. Où en' est donc aujourd'hui c«{t«
dernière question 7 Elle a liasse m troi
phases successives.
On a dal>ord commencé [Mir eovisagtir)
question comme* celle d*une invenlioDordi
naire, comme celle de la peinture, parexem
pie,, de récriture, de 1 imprimene , ou d
toute autre invention.
En limitant ainsi la question, on ne s'oc
cupait que des diflScullés rootérielles qo
auraient pu s*opposer h Tinvention du lao
gage; on considérait la parole à part,al4
traction faite du lien naturel qni peut |
rattacher à la pensée ; on supposait âid
hommes auxauels on confiait le soimli
venter laj)arole le plein usage de toutes letHJ
facultés intellectuelles, tel iquerhooiiDeh
possède dans son état, naturel, c*e5t-à-«iJN
l'homme entendant et parlant, rtioflifoe r^
vaut au milieu de.sesse*nblablese(jooiv
sant de tous les avantages qui iMmà
commerce social i On se demandait 4oDe»
rhomme, en le supposant dans le plmna
de la raison et de la pensée, serait ^\m
d*inventer le langage. En (Fautrei tenon^
on prenait, pour résoudre la question, il
point de <léf)art que Texpérience adep4
démontré être radicalement faux, et qui (^
conséquent rend désormais inutiles lesil
guuients employés à ce point de vue, m
prouver rim|K)ssibilité de 1 inventioD iii
mal ne de la parole.
Cependant, malgré cette hypothèse, oi
ne s'agissait que des difficultés matériell
h vaincre |>our instituer la parole, q"cl
été le résiiltat des réflexions de» phir
phes les plus sensés sur la question lu
ainsi posée? Avant et pendant que Condill
fiour expliquer comment la chose aurait
se faire par des moyens naturels, faisait f
1er et raisonner en philoiophe safatoei
staiue (951)» les hommes les plus réO^c'
depuis Lessius (9S2) jusqu'à Do Felier-I
virent la solution du problème hérissa
tant de difficultés , trouvèrent Tinstitir''
de la parole par Thomme environnée de
Il • .
lîo leslantiir, qno 1 in honiinîbus )nter nrsos
h's, in ^tttdi^ «U iiiiilisa natîviiale, cum u»u^
nia in iili.s mm sit, s** nunqu:un cvulvant, boa»
fam pautni nrosint, quain îpsa noda lalur'^
cuUas. (De l origine de la (oi nalureite, pirltA^
cliano ne deClôves, mon en 1781.)
((I50| Ce raiKonneineiti a pour lui VitiH^^'
IVxpérienc^. Conibii-n cridéfs (|id nous sont «i
ntfcii natureitéi^ qui le de^ivnAent deptuif")
rt qui Ci pendant ne relaient pas, Irnt y^* ^^
}' a dix -buil cents an^ * Je pane <le louics ^^ •
importées dans- le nitinde par le chiisOâiii^i^'
qui, repoussëes d'aboi d comme aQlin.i:u:o'<e
anlisociale» par la toriëië |>aîenne. sont d^'t^'
les bases nièiii» s de la raÎFon pul.liqoe et \ey "
riiiversellcj» <lu sens moral; si liie» qiif. nou><K
diKlîni;non!$ plus anjourd'hiii de U loi fu/irrt/tr*
(!KM) Trait nieê semntions.
(ÎKSi) Lovo infrR cîL
{V,l>7i) Cnt^ihismc pitUo$op-ùque^ n. l5-«
PST
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUe.
PST
t94
*obslaeleSy qolls la regardaient romme dé-
a<5«atles forées naturelles de Thomme» eC
u*il$ croyaient ne poaroir I expliquer au-
ctneiit que jiar une invention directe de la
iviaité.
Il r a pliis de deus cents ans que le sa-
int et pieux Lessins a résumé ces difB-.
11! tés ATec tant de clarté et de précision ,
ue nous ne [)Oiivons nous d^f**ndre de rap-
*>rterîci lextuellensent s^s paroles :
Son tnim prima nontinum inuitntio et Un-'
marum farmatio eâi ex hominum industria
^ eonrentiane , ut facile coUigere eet tum ex
ûro ariifieio quodsingutis in linguii cerni"
»*, ium ex ipea êacrœ Scripturœ [Gen. n)
ftrta mmratiome^ tum ex eo quod non ap-
^eat modus proponendif detiberandi et can-'
mtiendi m idem nùmen^ inter homines nul^
w tinguœ. Pane mille tiroe expertes omnie
dîomaiis m ineula remoia ab omni commère
io aliorum. Quomodo hi eanvenient ut de
ingwLiig nominibuM êtatuant? Quomodo hoc
^nsttium communicabunt êociis ? Quomodo
^^« smgmlas in deliberationem inducent ?
^«a«iimIo res spirituales^ ut funetionei po^
i^fmimrum animœ f Quomodo distinclioneê
Va^omiN, prœsentiê^ prœteriti^ fnturi^ mo^
in mperandi , oplandi et alia innumera ?
(N Mcii inflexione hœc êinguia eint signi^
ftmJÊf'Hino manifestum est^ linguas esse
imftimm divinum^ non inventum humamun^
FuifiÊam tamen jam semel constitiitœ sunt,
pnsmni rario modo misceri^ novart^ for^
msri [93k),
Toutefois, il faut en convenir, cette solu-
Kioa ne pouvait être définitive, elle ne puur
mit être regardée comme incontestablement
prODvée, parce qu'en prenant un point de
départ fautif on peut arriver au vrai comme
BD peut arriver au faut, mais sans qu*il soit
possible de constater d'une manière péremp-
iDire la valeur des résultats obtenus.
La question resta donc indécise. Mais bien-
Ut en réfléchissant Mir les raip^rts qui
existent entre la parole cl In pensée, on
roromençaà entrevoir la fausseté de Thypo-
Ibèse d'où l'on était parti, et par conséifueiit
la nécessité de revenir 5ur tout ce qui se
rallacbait k -la solution du problème. C'est
ilors que la question se In m va placi^ sur
an terrain nouveau. Voici les donuées que
(^iimit ce nouTcau point de vue.
Les pliilosophes qûelc]ue peu distingués
do t utesles écoles parvinrent à reconnaître
aue la parole est indispensable toutes les
rûs qu'il s'agit d'objets qui sont du ressort
<i« la raison et de la peuséOf ou, en d'autres
teones, que^ si l'homme peut s'occuper
nieotalement de choses sensibles à l'aide
u'images, les lools lui sont nécessaires pour
penser ai»x vérités abstraites, métaphysiques
ou morales, aux objets qui ne tombent pas
tous les sens. De là ils furent naturellement
eonduits à cette conclusion , q^ïi\ ne peut
plus être question de finvetuion humaine
de la parole, puisqu'il serait absurde de sup-
poser l'homme capable dMnventnr par lef-
fortde sa |iepsée ce qui lui est indispensable
pour fienser.
.Nous n'avons pas liesoîn de rap^ieler ici
la force de raisonnement déplovéo, pour
démontrer cette thèse , par M. De Bonald
dans SOS Recherches philosophiques et dans
Sà Ugislation primitirt.
Sons re rap{)ort et de la manière dont la
question a été présentée dans cette seconda
|;ériode, elle p^ralt.irrévocablement décidée.
Mais alin qu'elle eût une solution com-
plète, une solution qui condutstt à des con-.
séquences pratiques et importantes, il était
nécessaire de l'envisager sous un nouveau
|)oint de Tue, préparé naturellement par
celui où l'un s'ctait placé en second lieu.
Ce point de vue nouveau se trouve dans
la question de la spontanéité on de la non*,
spontanéité de la pensée. En effet , quand
bien même on reconnaîtrait comme una
vérité prouvée pour tous que l'homme ne
peut avoir inventé la parole, il serait im-
possible de résoudre d'une manière défi-
nitive la question de la véritable origine de.
la parole, aussi longtemps que l'on .n'aurait
pas résolu d*une manière également défini-
tive la question de l'origine spontanée ou non-
spontanée de la pnrole elle-même.Toujours il
se présenterait deux alternatives également
admissibles, savoir, l'institution divine ou la
formation spontanée du langage. Car tout
en admettant l'impossiblilité de l'invention
de la parole, il est facile de dire que, la pen-
sée étant le produit spontané de la raison,
la parole a été formée d'une manière égaler
ment spontanée, et par conséquent toute
intervention de la part de Dieu se trouve
de nouveau exclue pour l'origine de l'une
comme de l'autre.
Or c'est Ih le point capî al auquel vise
toujours le rationalisme, quand il s'agit de
l'origine de nos connaissances.
Aussi Ancillon lui-même, tout en niant
l'invention humaine du langage, se déclare-
l-il nettement pour l'origine siKintanée de
la fiarole :. « La faculté de former des idées
générales, dit-il , c'est-k-dlre de j>enser, en
inspire le besoin .{le besoin de former dos
signes) ; ce bes«nn du signe, est un instinct
de rii.telligence: la .création du signe le sa-
tisfait, et cette création est l'etiet de la
liaison étroite qui règne entre l'oi^ane de
l'ou'ie et celui de la parole. Ces facultés, ces
organes, ces bes<iins, ont coexisté, et co-
existent encore tous les jours. Comme toute
faculté tend à produire les actes qui lui sont
analogues, leur concours s|)ontané, naturel,
involontaire de notre part, a produit les élé-
ments du langage .... La grande diOlculté
dans cette matière, continue-t-il, est celle-
ci : Il but penser pour inventer et créer les
langues, et sans les langues il n'est pas pos-
sible do penser ; car on ne pense pas sans
notions, et les notions ne (leuvent être fixées
que par les mots. Le seul moyen de se tirer
tic cette difiiculté est de dire« comme nous
l'avons fait, que l'attractiitn naturelle entre
(951) De perffct.dir.j lib. vi, r. I, r. 31 : Anliierpli*, 1026.
«IK
PST
DICTIONNAIRE APOLOfiKTlQUE.
PST
In pensée et \n parole, et leurs affinités se-
crètes sont telles, qu'elles se sont récipro-
quement appelées, et qu'elles ont paru en
même temps (955). »
La première question qu'il faut donc exami-
ner ici» la question actuelle Ja auestion fon-
damentale et décisive, est celle ue savoir si en
effet la pensée se développe spontanément
en nous, ou bien si elle ne se forme que
j>ar le moyen de l'éducation ou de l'instruc-
lion reçue. L'importance de cette question
est telle, que nous regrettons vivement que
M. de Bonald ne Pâit pas traitée comme une
question préalable à celle de l'origine de la
jiarole. Par là il aurait donné è sa doctrine
une force irrésistible, il l'aurait démontrée
sans réplique, i! l'aurait mise k Tabri des
attaques auxquelles elle e$t maintenant en-
core en butte de la part des personnes qui
ne considèrent dans la parole mie son côté
matériel et extérieur, ou qui n ont pas en-
core pu se défaire de la supposition carté-
sienne et rationaliste de la spontanéité de la
raison.
Il est vrai que cet illustre écrivain n'a pas
entièrement négligé le côté de la question
dont nous parlons ici ; on trouve même dans
ses écrits toutes les données qui auraient
dû naturellement le conduire à ce point de
vue nouveau, et par lesriuelles on peut don-
ner à la question ainsi envisagée, comme
elle doit réellement l'être, sa solution pé-
remptoire. Mais jamais il n'a fait de ce|K)int
de vue la question principale, jamais il ne
lui a assigné le premier rang. Au lieu de
traiter principalement \à question de l'ori-
gjne de nos connaissances , il a pris pour
objet principal de ses études la question de
l'origine de la parole. Bien que ces deux
questions soient identiques au fond, il n'est
I>as du tout indifférent de présenter en pre-
mier lieu l'une ou Vautre des deux faces. Car,
d'une part, s'il est prouvé que la pensée ne
se forme en nous que par suite de l'éduca-
tion, la question de l'origine de la parole
perd à la fois son importance et sa difficulté ;
d'autre part, en présentant cette grave ques-
tion sous sa forme purement extérieure et
accidentelle, on s'expose k devoir répondre
h une ioule d'objections que des personnes
peu réfléchies ou prévenues ne cessent d*ac-
cumuler sans toucher iamais le point princi-
pal, comme le prouve a l'évidence la manière
légère dont l'école éclectique de Paris, et
en particulier MM. Damiron et Jules Simon,
ont attaqué et cru avoir réfuté la doctrine
de M. de Bonald (956).
Ainsi, pour nous résumer, la première
plia<^e qu a présentée le problème de J ori-
gine de la parole, est celle des difficultés ma-
iérietUi pour l'institution humaine du lan-
(955) E^ttaii de philoi., de poiiL et de /II/., t. I,
p. 75-75. — M. Daiiiiro«i 8*arré a à la roéoie solu-
lioN ; mais il y est arrivé à VMt d^une description
bieii pins légère et pins poétique. £ssaî,6ic., art.
De Bonald* (Voir G.-€* Ubaghs, Logicœ seu philoso^
phiœ rntwnaiiê eUmenîa, 4' éilit. p. iG8.)
(IK%i M. Daiiiro.v, E$$ai $ur rhiaL de ta phil, etc.,
art* DeBonaid; M. Ji'les Si MO?f, Kenie de$ deux
gage, même en supposant l'homoieiOQissaQt
du plein usage de ses facultés intelfecloellei
indépendamment de la f>arole; la deux-ièm^
est celle du rapport intime qui existe enin
la parole et la pensée: la troisième eniio,
dans laquelleelle est entrée aujourd'hui, est
celle où tout se réduit è la seule question de
la spontanéité ou de la non-sponianéité it h
pensée.
Or, cette dernière question n'en est pus
une pour tous ceux qui, au lieu de s'arrêter
è des préjugés ou à des hjpothès»es conçues
a friorif ont examiné avec impartialité les
faits, les observations et les expériences qui
prouvent la nécessité de rinstrociion pour
expliquer l'origine de la pensée. Car, paij-
que des faits nombreux, cerlaitis, incontes-
tables, nullement démentis par aucun fait
contraire, prouvent que là où l'instructiofl
a manqué l'intelligence humaine ne s'est
jamais développée, et que partout au m-
traire où la raison s'est formée, elle s'est
formée sous l'influeneede rinstruGtioD(fi7,\
force nous est d'admettre, avec toutes srs
conséquences, cette vérité désormais iaav-
tcstable, que la paroie exprimée, soituab*
ment, soit par écrit ou par geste8,eik
eonditio sine qua non de la formation kW
pensée, comme à son tour la pensée forah
est nécessaire pour la former o^igiQait^
ment ou la faire naître dans les autres, et
que par conséquent la parole et la pensée
ne sont pas le produit spontané de nos It
cultes, mais qu elles ont dû primilivemeot
être données en même temps à rhomme ^t
la part de la Divinité.
Cesi à ce dernier et si important résulut
que nous nous proposons d'arriver par une
série d'arguments que nous allons sucées
sivement uévelopper dans ce paragraphe et
drns les suivants.
Pour mieux faire saisir encore quel en
l'état de la question et faire bien connaîtn
à quels antagonistes nous avons affairt
nous allons extraire quelques passages d*ut
ouvrage dont l'auteur a parfaitement résumé
la thér>rie actuelle du rationalisme écl^ii-
que sur cette haute question; nous ▼oulon'^
Karlcr de la thèse sur le langage pabliée i«r
[. Ernest Renan dans la Liberté de penser.
Au xvin* siècle, selon M. Renan, « i erreur
était d'attribuer aux facultés ré&échies, i
une combinaison voulue et arbitraire, un
produit spontané des forcer humaines, a^t^
sant sans conscience d'elles-mêmes. »
Dans le premier quart du xix* siècle, in
question lit un pas par la théorie de la rv-
vélation du langa^^e soutenue principalement
par M. de Bonald. « Il y avait dans cette
théorie, dit M. Renan, un progrès réel et un
acheniineinenl è la véritable by|M>tbèse. •
mondêi^ août 1844. (Voir Tuuvrage dlé de M.
UbashStU. I65-IB9.)
(957) Voir Texposé et la discussioa de ces (su*,
eiiire autres, daas Touvrage cité ilc II. te pryf.
Ud\chs, p. UM81, ei dans les ëcrîu qitî s>tnM»-
vent indiquée. Voir aussi notre ouvraM Du larfÊ/r
et de $on rèie dans (a coHtniuîisH de h rvûon.
1-/
pm
DICTiOMiAlRE APOLOGETIQIIE-
PST
fje xTm* riède» 8Joote*l-il, avait toutdouné
la liberté, je dirai presque au caprice de
Itomioe. Due des écoles qui séJevaienl
ootre lui donna tout à Dieu. Le langage
fait d*abord été une ioTention humaine ; ii
«Tint maintenant une réTélation divine. »
>d, aux yeux de M. Rnan, est un tort
jife. « Les auteurs de cette tlièse, dit-il,
I soutenaient au profit d'un système de fi-
ëisme. • Vous comprenez, «m système de /t-
HMme! Cela dit tout. Osez donc argumenter
l avoir raison avec un sysiime de âdéismel
Enfin voici venir M. Cousin. « Celui-ci ,
I développant sous un jour nouveau la
srcbologie du spontané (Cours del818,|MM-
m; Cours de IffiS, 6* et 7* leçon, etc.), mit
s esprits sur la voie de la solution. A ce
»QTeau point de vue, le langage n*est plus
9 don du dehors ni une invention tardive
mëcanique Ce sont les ficui tés humaines
lai, pir leur force interne, agissant sponta-
é=maii et dans leur ensemble. Font produit
Hunae leur expression adéquate. La faculté
m signe ou de l'expression est naturelle à
i-^ionme. Tout ce qu'il pense, il l'exprime
[«(Meurement et extérieurement. Sans
j:^oMb^ comme on Ta dit avec justesse : < Ce
& est pis le signe qui fait la pensée, mais la
pcHèèfd fail le signe (958). » L'initiative,
:« foffsdEcace et causante viennent de 1 es-
pnf; mis aussi ce n'est pas par un choix
irtitnife que l'expression vient se joindre
\ ch^oÊû des actes de l'intelligence ; c est par
« fait même de notre constitution psycholo-
sque Rien non plus d*arbitraire dans j'em-
Moi de rarticulabon comme signe des idées.
le n'est ni par une Tue de convenance ou
<c oofomodité, ni par imitation des ani-
uax, que l'homme a choisi la parole pour
annuler et communiquer sa pensée, o\ais
•fte que la parole est chez lui naturelle et
sant a sa production organique et (|uant à
>n inlerpc«tatîon psycholo^que. Si on ac-
>rrfe en efltot k l'animal l'originalité du en,
jurqnoi refuser à l'homme l'ori^linalité de
I parole (MM? pourquoi s'obstiner à ne
>ir en celle-ci qu'une imitation de celui-li?
serait sans doute trop ridicule de regar-
K-r comme une découverte l'application <^ue
fK>mme a laite de l'œil à la vision, de I o-
rilie à TauditioQ : il ne l'est guère moins
appeler invention l'emploi de la parole
»nim€ moyen d'expression. L'homme a la
cuMédu signeondeTinterprétation comme
a celle delà vue ou de Touîe (960) ; la pa-
^e est le moyû de la première, comme
i^SS) Cocsn, Fr«f«. pWL. 1. 1, p. «lî. (3* édiL)
^9d9| La oonsëqueiice de ce beaa rsisouieaieiil
ft ««e les aiitmauz de b même ei|;èce, aysai les
«mes cris, res-pcee ktmme derratt earUMl snssi
koir k oiéme langage, puisque le cri de faBimal ne
ii est pas pies aaiarel que la parole à rbomme.
sMr^ ce que mms voyoas ? un autre tenant deréo>4e ^
fikariennea dil aut9.i : t L'homme a fatl sa langue
ommr les obeanx font leur chaoL II n*y s que b
ftflèrenee du simple au composé. > (DenocLua.)
i)») One dnctrine réduite à cet excès de para-
mic cslînflée.
{%ï} hkl puîsqu'H était enfant, on eompreod
MRde saiie que ceb a dû lui être très-aisé. Quel-
l'œil et l'oreiMe sont !es or^xanes des deux
autres. L'usage de larticulalion n'est donc
pas plus le fruit de la réflexion que Tusa^e
des autres organes de nos facultés. Il n'y a
pas un langage natnrel et un langage artifi-
ciel ; mais la nature, en même temps qu'elle
nous révèle nos forces, nous révèle les
moyens qui doivent servir d'instruments à
leur exercice.
« C'est donc un rêve d'imaginer un pre-
mier état oii l'homme ne parla pas, suivi
d'un autre oii il conquit l'usage de la parole.
L'homme est naturellement parlant comme
il est naturellement pensant, et il est aussi
peu philosophique aiinaginer un commen-
cement au langage qu'à la pensée... Le lan-
gage étant la lorme expressive, le vêtement
extérieur de la pensée, Tun et l'entre doi-
vent être tenus pour oontem|)orains.
< Ainsi donc, d'une part, la parole est
dans son tout l'œuvre de l'homme et de|s
forces qui résident en lui. De I autre, rien
de réfléchi, rien de combiné artificiellement
dans le langage, non plus que dans TespriL
Tout est i œuvre de la nature humaine»
agissant spontanément et sans réflexion sur
son effort.
« L*homme primitif put, dans ses pre-
mières années, construire cet édifice qui
nous étonne, et dont la création nous parait
si prodigieusement difficile, et il le put
MRS travail, parce qu'il était enfiuit (961).
Maintenant que Ja raison réfléchie a rem-
placé cet instinct primitif, à peine le génie
peut -il suffire i analyser ce que l'esprit
d'alors créa de tontes pièces et sans r son-
ger (9G2). L'humanité qui crée sa langue
n'éprouve pas plus de difficulté que la plante
qui germe (96âj.
« La réflexion n'y peut rien, les langues
sont nées toutes faites du moule même de
l'esprit humain, comme Minerve sortant
tout année du cerveau de Jupiter. »
Toutefois nous aurions tort de nous lai^
ser éblouir par ces comparaisons et ces
images vives et brillantes. Il nous faut beau-
coup retrancher de l'idée que les affirma-
tions intrépides de notre systématique au-
teur nous ont donnée d*abord des merveil-
leuses créations de la spontanéité. € Las
premiers essais ne furent que rudimen-
taires... Ce n'était qu'une expression syn-
thétique et obscure... Tout j était, mais
confusément et sans distinction... 11 est
difficile, dans l'état présent de nos connais-
sances, de déterminer davantage et de tracer
que Indiscret demanden peut-être pourquoi maiTe-
moisdle Lebbnc et la cuoip^gne, eiifamt, po«r«|uoi
Gaspar Hanse r, i nfani, etc. etc., ne cotutrmuiremt
pas anss^i cel édifice. M. Renan irmiTo pins simple
éc ne pas prévoir les objections, cela pouirait irmi-
bier ses ibéories m fnmti, il va droit à Tafarmation
oomme le bloe, déucbé du rocher, va dniii i rablme
an-dessus du*|uel il éiaii ausfieiMla.
(9ei) Oeelle admliaUe lacullé nous avons per-
due là!
(MS) La métaphysique du Inagafe ponsaaîtalofs
dans les léies huuuiines cuwe les '
dans les bois.
899
rs\
DICTIONNAIRE AROLOGETIQIE.
rsY
m
{es caractères de la langue qae parla rhonimc
lors du réveil de sa conscience, » On conçoit
oes embarras. La oiir tout était, mais von fa-
séneni H sanê distinction ^ (fans un pareil
chaos, il est dilHcile de rien voir, de rien
débrouiller. C'est ce qui fait que tout ce
que vous affirmez sur ce sujet est sans |ior-
téc aucune , et que votre théorie est un
édiGee en l'air.
«f 11 semble que Pliomme primitif ne vécut
point avec lui-mémo ni dans sa ronscience,
mais répandu sur le monde dontilsedis-
tinguaitè peine... L'homme primitif, comme
lenfant, vivait tout par les sens.» Voilà la
noble idée que Fauteur nous donne de ce roi
de la nature.
Conformément h Tidée qu'il se forme de
l'homme primitif, M. Renan affirme que « la
langue des {Temiers hommes ne fut que
Fécno de la nature dans la conscience hu-
maine, et que Tonomatopée fut le procédé
ordinaire par lequel ils formèrent leurs
appellations. » Ainsi le premier langage fut
Timitation des bruits de la natu.'*e (i)6'*).
ft II faut admettre, ajoute-t-il, dans les
premiers hommes un tact d'une délicatesse
infinie qui leur faisait saisir avec une finesse
dont nous n'avons plus d'idée les qualités
sensibles qui devaient servir de base à l'a;»-
pellation des choses... Ils voyaient mille
choses à la fois... »
On peut citer h l'appui de ceci le Boshis-
man et le Pescherai, par exemple, hommes
primitifs s'il en fut, n lesquels, suivant Sjiar-
mann (t. 1, p. 212-236), et d*Acosta {tiist.
natur. y moral de las Indias^ lib. vu, c. ^),
n'ont pour asiles que les buissons et lo
creux des rochers, et pour nourriture que
des racines sauvages et des plantes c|u ils
mangent crues, certaines espèces d'arai-
ignées, des serpents, des lézards et autres
reptiles, Técureuil volant, etc. (965) «. Que
le tact de ces gens-là doit avoir de délica-
itêstj et comme ils doivent être occupés
d'appellations onomatopéiques (966), et s ils
rotent mille choses à la fois^ comme cela leur
a été jusqu'ici d'une grande ressource!
Après cela je suis bien de favis de Tau-
tenr qui conclut là-dessus en ces termes :
« Nous devons renoncer à jamais à retrou-
ver les sentiers ca^iricieuz qu'ils parcouru-
rent et les associations d'idées qui les gui-
dèrent dans cette œuvre de production
spontanée. »
Cependant, quoiqu'il ne soit rien moins
que sûr de la manière dont les choses se
]>assèrent, notre auteur se prononce œntre
l'unité de langage à l'origine. « Peut-on
(964) Desmoulins dil aussi : i L'oreille recueillît
las bruits extérieurs et en fit les viiomaiopées ; elle
enregistra \té ezclamatioiis «|ionianéeit des pas-
siutis. Ce fonds modifié |Nir le capiice« par la tradi-
tion, donna des couibinaiions iottiiies coamie le ba- *
sard. > Si rarrangoineul de la matière homme est
un accident récent, une transformation dernière du
ver perfectionné, la parole M*est qu'une fonction fa-
taie comme le cliani des oûieaux. 11 y a pnidigieu^
8**inent de naiveté dans les prétentions de cette
écute.
croire, dit-il, que les premiers hommes, qui
se {possédaient à peine eux-mêmes eUuot
la raiiion était enct>re c/miuic un s^mu^f,
eussent réalisé cette unité è laquelle les
siècles les plus polis ont eu peine à atteio*
dre?... Au commencemeQt il j aYailsu'aQt
de dialectes que de familles : je dirai prtK-
que d'individus. » C'était ua peu cotuit e !a
tour de BabeJ,. On n'en doit point èirc sur
pris , les premiers hommes te potudaim
peine et leur raison Hait comme ua totige.
« Une richesse sans bornes ou plulîi sai
règle, ajoute-t-il, une synthèse ol»cure
tous Iqs élétnents entassés et indistii
tels étaient donc les caractères de la pe
e( de la langue des premiers lioiume^. i
oiiservations peuvent nous consoler de
perte à tout jamais de cette merveilleM
spontanéité dontrimmanit'^ fuldouéeiiii
origine et dont H. Heoan racontait tantôt!
prodiges.
En terminant, lauteur fait quelques ri*
flexions qui méritent d*étre rapproriite
(les considérations auxquelles il &e$t liné
si dogmatiquement dans ce qui pré(^.
a Quelles que soient, dit-il, les iulKiiiil
que dans l'état actuel nous poovwslint
sur le passé, il faut avouer (jne bien te
choses resteront toujours inexpliauéesi'^
les procédés primitifs de Tesprit huioi
cause de l'impossibilité absolue où \
sommes de les concevoir et Ue icsforoitti
« Comment exprimer un point de vuesj
tané dans des langues dont les terme:»
fortement réflexifs (GG7} ? »
Cette impossibilité absolue, on la
prend; c'est pour cela que toutes tus ai
mations restent sans valeur et quei
vous jperdez dans des hypothèses a pri
qui n ont pas plus de portée que n'ool
songes du malade dont parle le poi
cTi^rt somnia.
« Il faut dire que rbumanité,àcesé
reculées, était dominée par des inOiieD
qui n'ont plus maintenant d'analogues
qui ne sauraient plus amener les mi
effets. A la vue de ces produits é(ra
des premiers ftges, de ces faits qui '
blent en dehors de Tordre accoutu
l'univers, nous serions tentés d'j
ser des lois particulières, maintenani
d'exercices, »
Eh I oui , vous auriez grand Ik^
ces moyens extraordinaires, de ces r
ces placées, comme vous le dites, en
de l ordre accoutumé de l'univers : vous
tezja nécessité de l'ordre surnaturel*
ce mot vous effraye, vous ne l'écrirei
(905) Voy. aussi CooK^prem. toy.^ t II e( lil>
(966) M. Renan, vu supposaoc que Tuiiaoi
pëe fut le procédé ordinaire par Icqtiel ks prri»
homoics rornicient leurs appellaUuiis, ne prw
garde que ronoioatopée est tnujour» uu tertnt; (
pwé qui implique comparaison et Jugeioei-i:^
donc un vériuble progrès, un développesMini <v
langue et non un mot primitif. (Voy. hooieAVi
à la fln du volume.) . .„
(967) Cousin, Fruffm. phUos., i. I,p.36l.(^*al»
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
loi
INre» eomine Ja logique et le sens commnn,
que le oalurel a sa base nécessaire dans le
surnatorel, ce serait tous faire soupçon-
ner de lUféisme. Vous 6les donc condamné
è Toas tirer de la question comme tous
P'iurrexT ^ous ferez toutes sortes de rai-
Mioucnients à perte de* Tue ; puis eulln ,
tiowiné par la force de la Tértté, tous con-
tlurez par l'aTeu de Totre radicale im-
poissanee.
• liais il n*y a pas dans la nature de
goufemement temporaire ; ce sont les mê-
mes lois qui régissent aujourd'hui le monde,
et qui ont présidé à sa constitution. »
Vraiment, Monsieur? En étes-TOus bien
strî L*bomme^ ^r exemple, naît d*une
ftamie aojourd*bni ; direz-TOus que le pre-
mier homme est Tenu au monde de la
céme manière 7 Non sans doute ; tous
^les incapable de descendre à cette aiv^^nr-
vué. il y eut donc à la première ap{iari-
ton de Vhomme sur la terre des lois ditré-
r*^fltes de celles qui régissent aujourd'hui
: ^ monde; au n.oms, tous en couTiendrez,
l'Our ce qui concerne la naissance du pre-
^\«^ iodiTidu de l'espèce humaine. Quand
^«ts le feriez sortir par transformation de
fwkpie quadrumane ou de toute autre
tenie, m serait encore un fait en dehors de
r«df» «riinaire de la nature et de toutes
bl(»f actuelles connues. Pourquoi Toulez-
loss gu*il n'en ait pas été de sa raison
CDomedeson corps? Pourquoi, lorsque, de
Mlle âTeOy TOUS raisonnez là-dessus d*une
oisière si peu satisfaisante, ne reconnal-
Iriez-Tous pas une loi en dehors des lois
actoelles pour TéTOlution rationnelle de
JlKNnme primitif? Aucune question d'ori-
ipjie ne peut se résoudre que par l'admis-
jion d*one cause ou d*un principe surnatu-
tris Vous aurez l>eau faire, c'est toujours
B qu*il TOUS en faudra rcTenir. Aucune loi
fctoelle connue ne rend compte d'une quës-
Hem d*origine. L'homme qui na |«s été
iBseigné 9 à qui on n'a pas parlét ne pense
|Ms, ne parle pas; c'est un fait constant,
■fiirerselt sans exception ; donc si li? premi r
homme n'eût été enseigné, si on ne lui eût
pirlé, jamais il n'eût |)ensé ni parlé ; comme
jamais il n'eût eu d'yeui, d'oreilles, de cer^
reaa, ete», si Tauteur de son être ne les lui
f^( donnés.
■ li4is pourquoi, dites-TOUS encore» ces
hais étranges qui sisnalèrent les ori|fines ,
M se reproduisent-ils plus, si les lois qui
les amenèrent subsistent encore? »
Ce n'est pas en Térité sans raison iiue tous
reus biles une pareille objection. Il est en
.fiet bien surprenant qu'une faculté qui est
iinée en nous et nécessaire comme la fa-
nlté de Toir et d'entendre, ainsi que tous
<968) C'est a«sl te iMorle de M. PclleUii. V.
•^Itrcaa envoie Adam eocom muet à la «chasse avec
■ieifvcs ccMH|Mf(iiOfia, puif il faii celle réùexUm :
Le cbassear en euniuuii a baiioiii de dénoocer de
*yc «ois, d*na posie à Taalre, le passace du giUer.
eejoor-U, ea coarant stir les traces du ebcf reuil,
~ a irouTa- b |Min»le. • VoiU justement poiin|noi
ne soBUDCi pas iit«rrs, disent tous ces Sgaoa-
le disiez plus haut, ne s*exerce plus jamais?
Les lois eiistent les mêmes, tous le recon-
naissez, et les faits ne se reproduisent plus !
Cela est d'autant plus anormal, qu'on ne
saurait citer rien de semblable dans aucun
ordre de faits. Toute cause produit son effet,
toute loi engendre son phénomène ; et une
fiiculté que tous dites naturelle à l'homme
comme cellede TOir et d'entendre, estanjonr-
d*hui sans objet. C'est, dites-TOus, parce
que les circonstances ne sont plus les-mè-
mes. Il est Trai qu'aujourd'hui rhoœihe
parle, parce qu'on lui a parlé, et point du
tout spontanément. Mais pourquoi les indi-
Tidus séquestrés de la société ne font-ils
aucun usage de leur spon!anéité, et restent-
ils aussi dé|iourTus de la pensée que de la pa-
role? Si, comme tous Tavancez, « le besoin
est la vraie cause occasionnere de l'exorcin»
de toute puissance (968) » , mademoiselle
Leblanc et sa compagne n'éprouvèrent donc
aucun besoin de ce genre? Pourauoi le| re-
mier homiue, ou le premier couple buti a n^
eût-il été plu.<« stimulé par un tel besoin?
Pensez-Tous sérieusement et à part les né-
cessités de votre théorie, qu'il dût être bien
touniienté du besoin de créer ie Terbe et
lie travailler à la disposition syntaxique
des parties du discours? Biais d*ailleursque
fait le besoin ici ? N avez-vous pas dit que
riiomme i^ar/e nalurtUemenl comme itvoiit
comme il entend? Il ne dépend donc pas
plus de sa volonté de parler qu'il n'^n dé-
fteiiJ du voir ou iïentendre. Est-ce b en ce
que l'cipiVience confirme ?
« Ces facultés proiluctriccs sont restées
rouime acculées dans un recoin de la na«
ture. » Il est diflicile de croire que tous
ayez pu, sans rire , tracer cette li^^ne. Mais
Tqps n'ignoroz point, sans doute , le pou*
Toir des mots sur certaines imaginations.
Comme i>our achcTor de compromettre
Totre théorie , tous ajoutez : <i Ainsi , l'or-
ganisation spontanée, qui, à l'origine, Gt
apparaître tout ce qui Tit ( tout ce qui Tit 1 ),
se conserTe encore sur une échelle imper*
ceptible aux derniers degrés de l'échelle
animale. » Votre rapprochement n'est |)as
heureux, n'est pas adroit; il nous donne
une bien (lauTre idée de tos connaissances en
physiologie et en histoire naturelle. Quoi 1
Monsieur, TOUS en êtes encore à la génération
spontanée des corps organisés ? la science
marche donc inutilement pour vous? Sou
flambeau ne peut donc tous dessiller les
yeux? Le mot si dur de Linné tous est donc
toujours applicable (969) ? Votre génération
spontanée ue la pensée et de la parole dans
1 homme primitif ne Tant ni plus ni moins
Sue TOtre prétendue génération spontanée
es êtres organisés; ce sont deux produit^
relie de la pbiloâopbie. (Voy. Proftmon de foi dm
Kix' siècle^ p. 7i.) CeU là eiieerc Uii de ops livrts
qui font hoirie à Tespril bumaiii ei à noue épuqai-.
(969) Punrxfinre aux §éniraiwnê epoulanéeé^ U
faut avoir une éponge au lieu d'une cerwelle dont im
Uêe. ( V09. dans ce IHciimmmre Tart. GÉnÉaixioii
sHMCTAïite, «I le ofHnittenceaient de Fart. Hoiiss.
M5
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE;.
PSÏ
Mi
des mêmes sooge-creuxt deux misérables
chimères dont la science a fait justice.
Nous allons achever de le démontrer dans
les paragraphes suivants pour ce qui con-
cerne la snonlanéité de la pensée et de la
parole (970).
En lace de rêves si stériles et si pénible-
ment élaborés, plaçons le sentiment d*un
homme de génie bien autrement compétent
en cette matière : « Plutdt qixe de renoncer,
dans Texplication de Toriginedes tangues,
dit H. G. de Uumboldt, à Tinfluence d*une
cause puissante et preuiière, et de leurassi^
gner à toutes une marche uniforme et mé-
canique qui les traînerait pas à pas depuis
le commencement le plus grossier jusiiu*à
leur perfectionnement, j'embrasserais 1 o-
Einion de ceux qui rapportent 1 origine des
mgues à une révélation immédiate de la
DIVINITÉ. Ils reconnaissent au moins Tétiu-
tincelle divine qui luit à travers tous les
idiomes, même les pins imparfaits et les
moins cultivés (971). »
§«•
Im paît imiTBMiL m l'kwskigkeiibht Ksr l*oiiicii(s ok la
C0MIAI8BANCB KT LA CONDITIO?! PR£IUB|lB , KÉCCSSAlnK KT
SANS BXCBPTIOII, DK L*BVOLUTIOR KATIOIfKBLLB DAKS L*l!CDl-
non HUMAllf.
Principes géoénax qui domioetit loote recherche sur la
oilure des êtres et sur les lois de leur développement.
— ApplicaUou de ces pr incioes, 1* k la vie organique
dans i homme, 2* à sa faculté de scnUr.
Formulons d*abord les principes qui nous
paraissent devoir dominer toute recherche
sur les lois de la raison et sur l'origine
de nos connaissances.
Premier principe. — Dans le monde de
Texpérience, ^rtout où il y a action et vie
il y a un principe actif intérieur et inné. Un
principe d'action ne s*aquiert point- C'est le
fond même de la nature d*un être. Dès (Jue
Têtre est, il le possède, et il n'est ce qu*il
est que (larce qu'il le possè<ie.
Second principe. — Tout principe actif
est fait |)Our se développer, s exercer, agir
et, h moins que les desseins de la nature ne
soient contrariés, il se dévelopf)e effective-
(970) Une loi générale est constatée ]usqu*è Tévl-
deiice dans le inonde des réaUiés ourporell^ : c*est
b toi de génération, sans laquelle an« un élrc orga-
nii|iieet vivant ne péot r«*ce\oir rexisteiict-. Le con-
cours de deux èlna est reconnu indispensable 4
b prodttC'ion iI*hm troisième*
Il exiiite dans le inonde des inlellii^ences, «ne loi
«on N»oii«B oeriaiiie : c*€St la loi de géi|ér»4Mi« iiiiei-
lectoelte, en dehors de Uquelle nulle sulwtance
pensante ne parvient 4 la vie intelligente qui con-
vient h sa iiature. On n*a découv^^rt i.ulle pari, en
dehors de riiunianUé, un être scmblabi.» à rbonime
qni pât dire : t Je tiens mon existence de moi-
même, Je ne Tat pas reçue selon la loi C(»ininuiie.
Deux bonHMes ooncoureiit vuliiaircinenl k la prc^-
rrëatlon d*un troisième, voilà la loi de tous ; mats je
Mis à moi-même ma loi, nul auirc que moi u a
contribué au phéi«omèiie de nia producltou. •
Or, depuis six mille ans qne le monde existi*, on
ne vit aucun bomroe en debors de rbumauîié qui
pûl dire t c La parole e^i une iradUioti^ telle ei»i bi
loi commune ; les bomoies ne parlent que p^iroe
qu*o« k»ttr a parlé; moi seul, je uie sais soustrait à
ia loi universelle; seul et par moi-même, je me suis
ment. S'il arrive au*il ne puisse se déveloti.
per, il manque le but de sa nature; il resi»
incomplet et imparlait. Eu effet, c'est Teier-
cice, c est faction qui comiilèle sa naïuie.
Sans développement le principe existe, saos
doute, car ce n*est pas le développement
qui le iaitêt-re; mais il reste stérile; ci
n*cst ((ue (e dé^'C^.oppement qui lui fût
remplir sa destination , et qui le conduit i
ce qui est le but même de soq existeace.
Troisième principe. — Tout ce qui n'
pas Dieu, ou l'être par soi, dépeitd, n
seulement pour être, mais encûre elsurt
pour se développer, de conditions exiéri
res et nécessaires; le monde accessible î
raison n'otTre aucune exception à re pfi
cipe. Ces conditions ne sont pas Tèlre intr
ni la cause de son action, ni la raison de
développements : cette cause d action ot
trouve que dans le principe actif eldaoi
spontanéité naturelle; mais les cooditi
extérieures n'en sont pas moins iodi
sables à Taction du principe* Sans
n*y e pas nécessairement absence de,
cipe, i\ y 9i inévitablement absence deéfifi
lopnement ; il ^ a imperfertioDi Mii
Quatrième principe. — Le priociot''^
rieur d'action ne constitue pas seul m
d*un être. La vraie nature d*ua
nature complète comprend les co
extérieures, et en outre les dévelnp[
çiui se font, sous leur influence, par li
inhérente à l'être. Un être placé en di
de ces conditions» |)ar conséquent
damné fc rester stérile, serait donc
en dehors de sa nature.
Cinquième principe. La dépendance
se trouve tout (principe d'action, à ré|
des conditions extérieures pour pouTOit
développer, en d'autres termes, ta iiéci
des influences extérieures pour les
loppements d'un être, est ce qui coo
là toi de sa nature. Une loi naturelle d'(
effet qu'une liaison nécessaire entre une
tion et une chose extérieure qui la prov'^
et la dirige. Tout développement a don
loi, qui n'est ni l'être, ni le principe dV
fait un«t parole traditionnelle. > Aussi loi
que cet hooime eKoeptioniiel sera inUDuu
aura le droit de conclure, avee le pJus bauii'
cfri.itide, que la iiarole ne fut janaait in^
qu*eUc fut transmise.
Tel « at en effet le premier et prlacipal^
de la parole, celui aiM|Bal oo oe laît ni *
teniien, celui Béanmoins qui aurait A M\
ffardsde la vraie science : eVsique lapm
emiiieinuient et avant tout tradUionnelU.Twu
qu*on y prenne garje! oui, c*est le iVi^M
tradition qu*ii faui surtout envisager dans |ap
et en |iai tant d*one parole donnée on arri^
logiquement à un premier révélateur, que d'w
vement donné o» Muenie à ia peoe»sité d'im
miermoteur. . . J
Ungraad écrivain de Ma jo«rst*e6( eapnwjj
en pariant de U dépendance de l'l>oo^^,7^*^
ment aux autresàures : — Tout cequit d>u^ 1 **"n
a u» mode de vie pai ticutier. Te^prit, le c«iir<
corps, est soumis 4 uue loi d'uulou etd«^f
dam*e. , ,.
(971) Lettre à Abet de RimustU, pt 55-51.
FSY
DICTKKINAmfi APOljOGETIQUe.
PSY
Wt
tais qtfi est 11116 nécessite oaturelle imposée
n jetions, at» développements de létre.
rincipe d'action, lois d*ac(ions, actions
triiat do principe et régies par la toi :
H\à ce f|tti fermé la vraie nature d'un être.
Sixième prineipe. l\ est des lois générales
itqbeltes tous les êtres et toutes leurs
tiuassont ^gaiement soumises et il est
«lois spéciales à cliaque genre d*êtres.
• sont les dernières qui constituent la
itttfc pwriieuliire de clia<|ue être et de cha-
ise de ses actions.
Siftiime principe. Les ]o\Sipéciale$ de tous
léires créés se connaissent par Tobser-
lioo et ne peuvent élre connues que par
L'observation 9 voilk le seul moyen de
ter les lois naturelles, les lois spé*
des êtres. On observe les faits, on en
la liaison, la dépendance, TinQuence
Celle et nécessaire, on en déduit les
qa'on proclame telles. Les hypothèses
•soupçonner les lois, Tobservation seule
flél connaître. Ce qui est' connu est ce
observé : ce qui n*est pas observé
|ieut Tétre, reste nécessairement
II, plus ou moins probable, mais
«onnu avec certitude. Quand il s'agit
Sfiécialesqui régissent la nature des
ience ree //eest tout entière appuyée
vation : les byjjothèses forment le
ntt problématique de la science»
maintenant comment ces princi*^
vérifient lorsqu'on les applique à
envisagé sous le rapport phy*
Coasîdérons donc Thomme au mo*
(ju*]! vient de naître. 11 est vivant»
ie se manifeste par une foule d'actes.
B' Incîpe de sa vie, des actions qui cons*^
l et nMnifestent sa vie» est inbé-^
Ifc son être, en partie fait le fond de
^èlre. Le principe vital ne peut s'ac*
Hr : c'est une force active, contempo-
i de cet acte mystérieux par lequel le
ncir a fait rhônime; et c'est par ce
i^ qae l'homme apf^artientessentielle-
{ à la nature humaine. Comme il Ta
en recevant Tétre, il ne le perdra
cessant d*élre. Dire que le principe
^tit s'acquérir, c*esl dire qu on pour-
e vivre le fer, le marbre, etc.
is que deviendrait Tenfaot faible et
si le principe intérieur de vie qu'il
ne se développait point? Nous qui
s rbomme, ne voyons -nous pas
la perfection d'une nature qui n est
aebée dans l'enfant? L'homme a été
; mais il ne l'est plus : sa vie s'est
;»pée par en continuel exercice; elle a
en plus complété, affermi ses forces ;
% grandi sans cesse en puissance et en
sur; elle est, en un mot, devenue par-
h de la perfection qui couvienl à la na-
ilr(/maine. C'est la même vie; c'est le
iefirincipede vie; mais il y a la diffé-
|t ijut se trouve entre cette graine sècho
rike que je confie à la terre, et cette
ho rose qui épanouit au soleil se^ fleurs
Lll^5antes. L'enfant deviendra homme;
PICTI055AIIUC APOLOGÉTIQCE. IL
mais s'il se ilévcloppe, si sa vie n^est pas ar-
rêtée, contrariée, étouffée. En devenant
homme, il n'aura pas une vio nouvelle, il
n'acquerra pas un nouveau principe de vie;
seulement sà vie sera parfaite, achevée, rom*
plèteparlcsdéveloopementsqu'elleaurapris.
3* Sa vie so développera, pourvu toute-
fois que l'enfant se trouve dans les condi-
tions que la nature lui a rendues nécessaires»
indispensables. Il faut qu'il respire Tair
extérieur, il fnut qu'il jouisse de ta lumière
et qu'il ressente la chaleur vivifiante du
soleil. Il fautqu'itse nourrisse, et qu'il s'as-
simile une foule de corps et de fluides
difiérents de lui-même et extérieurs à lui.
Otezces conditions extérieures; isolez Thom-
me : vous ne lui enlevez pas son principe
intérieur de vie, mais vous gênez ce principe
dans ses développements, même vous en ren-
dez les dévelopijements impossibles; et vous
finissez par détruire le principe même» en
amenant la destruction de rêlre, c'est-à-dire
la mort : la mort, qui a sa cause moins dans
la destruction du principe intérieur, que
dans la suspension des influecces extérieu-
res à l'être.
4* C'est dans tout cet eneemble qu'il faut
chercher l'homme, tel que nous l'envisa-
geons ici ; c'est dans son principe de vie,
dans les actions que produit ce {>rincipe, et
enfin dans les conditions extérieures qui
gouvernent ces actions qu'il faut étudier la
nature de l'homme. En effet, isolez-vous le
f rincipe vital des influences qui président
ses développements, ou ne considérez-
vous que ces influences extérieures, vous
n'avez pas l'homme^ vous ne saisissez pas
sa véritable nature. Sans le principe itité-
rieur, sans la force innée' qui 1 anime,
Thomme ne saurait vivre, pas plus qu'une
statue de marbre ne saurait s'animer sous
l'influence des agents extérieurs, si puis-
sants sur nos organes. Mais aussi, sans l'ac-
tion de l'air, sans la nourriture q;se la na-
ture lui assigne, sans la vivifiante influence
de la lumi/.re« de la chaleur et de tous les
fluides nui nous pénètrent, notre principe
vital resle stérile, languit, et, à un certain
degré de privation et d'isolement, périt et
meurt sans ressource. Ainsi donc laissez à
l'homme son principe de vie, dont vous ne
pouvez le dé|>ouiller sans détruire son être
même, mais isolez-le des conditions exté-
rieures imposées \ son exercice, vous le pla-
cez en dehors de sa nature^ et vous le con-
damnez inévitablement à la mort, parce
Ju'aucun être ne peut vivre dans des con-
itions opposées h sa nature, et que l'isole-
ment complet, c'est la mort.
&" C'est dire que la vie physique de l'hom -
me a ses lois naturelles , ou ses nécessités ,
auxquelles elle est immuablement soumise.
C'est pour l'homme une nécessité de respi-
rer l'air, de se nourrir, de se pénétrer des
secrètes influences de tous les êtres qui !'en-
vironnenL Cette nécessité, il ne peut s'v
soustraire en partie qu'aux dépens des de-
veioppemcnls parfaits de sa vie; il no
peut s'y soustraire entièrement que sous
29
907
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PS\
M
peine de mort. Les lois naturelles de sa
vie, les nécessités de sa vie , les influences
indispensables à sa vie, entrent donc dans
sa nature^ tout autant que le principe vi-
tal qu'elles régissent. Elles ne sont pas l'être
vivant, elles ne sont j^as le principe de
vie ; mais sans elles il n*y a, à j^roprement
parler, ni homme, ni vie humaine, ni ma-
nifestation du principe vital, parce qu'elles
sont les conditions nécessaires de tout cela.
6' Tous les êtres vivants sont, comme tels,
soumis à des lois spéciales^ qui sont les lois
de la vie. Ainsi tout ce qui vit est en con-
tact avec l'air, et alimente sa vie en s'assi-
milant des corps étrangers : telle est la
loi propre de la vie, à laquelle l'homme est
soumis précisément comme le moucheron.
Il est d'autres lois encore particulières à la
vie, sans doute; mais, pour éviter les lon-
gueurs , nous nous bornons h rappeler ce
principe, que c'est dans ces lois spéciales
de la vie qu'il faut chercher la vraie nature
de tout être vivant, et par conséquent de
la vie humaine.
7** Mais aussi jamais vous ne connaîtrez
les lois de la vie organique , si vous ne les
observez^ si vous ne les constatez par un
examen long et attentif des faits qui tom-
bent sous les yeux. Je sais que la respira-
tion implique une loi nécessaire, parce que
je vois que tous les hommes respirent l'air,
qu*ils souffrent quand la respiration est gê-
née, qu*ils meurent quand elle est interrom-
Fue; je le sais, parce que l'observation me
a démontré. Je sais que c*est là une néces-
sité, une loi de la natnre de l'homme, com-
me je sais que c'est pour lui une loi et une
nécessité de mourir. Nous connaissons donc
les lois de la vie humaine, parce que ces
lois sont manifestées dans des faits connus
par l'observation, et que l'expérience mon-
tre toujours les mêmes. Cette connaissance
n'est pas le résultat d'un raisonnement abs-
trait, nous le savons parfaitement bien ; elle
exprime les nécessités auxquelles les faits
nous montrent la vie humaine immuable-
ment soumise. Et que dirions-nous, gue di-
rait h) genre humain d'une philosophie qui,
écartant tous les faits et fermant les yeux
aux résultats positifs de l'expérience, vien-
drait nous présenter une théorie de la vie
humaine ou serait niée la nécessité, c'est-à-
dire la loi de la respiration et de la nutri-
tion, ou bien dans laquelle l'homme vivrait
et se reproduirait comme la plante? Ne di-
rait-on pas que ce prétendu philosophe
substitue ses visions a la nature, et rem-
place les lois nécessaires à la vie par des
liypothèses sans réalité?
Considérons maintenant l'homme dans ses
facultés plus relevées, et, pour plus do clar-
té, attachons-nous à une seule de ces facul-
tés, la faculté de sentir. Cet examen prou-
vera combien il est vrai que les principes
établis )>lus haut sont d'une application gé-
nérale. Il est évident que la faculté de sen-
tir est intérieure et innée : aussi tous les
J)hilosophes sont unanimes sur cette vérité.
i«a faculté de sentir n'est pas acquise, ne
vient pas du dehors; elle est inhércnlel
l'Âme humaine, elle tient au fond même de
l'intelligence, où elle a ses racines. Pourea
trouver la première oriêine, il îam wmon.
ter par la pensée jusquà cemoraenlniTs.
térieux où Dieu créa l'flme humaine ^ ei,
avec l'être, lui communiqua tontes les poiù
sances qui la constituent et la dislingaeul
La volonté de Dieu, Tacte créateur de ^
toute-puissance, voilà la seule raison et ii
première origine de la faculté de seDtir.
En sortant des mains de Dieu, en arrivant
à l'existence, l'Ame humaine possède tOQi»
les puissances, toutes les forces qu'elle ]ko
jamais avoir; elle est parfaite, en ce m
qu'elle porte en elle les principes de look
les actions futures. Ma faculté deseolir ^
donc pas commencé d'être à moi à teiiei
telle époque de ma vie, elle n'est pas illii
ou d'aujourd'hui ; elle a commencé Icr^
moi-m(^me j'ai commencé d'être. Mais «
développements ont commencé :i une cfr
taine époque de ma vie, il y a eu uo mm
où mes yeux se sont ouverts ï la \m\Hi
du jour, et où tous mes sens stsoiHm»
éveillés et épanouis pour reeoâWiTlKi»*
pressions des innombrables obieU(|&c\i
nature étale devant eux. Et, je le sust»
pouvoir me tromper, si je tfaTaiswftt
ces diverses sensations, si mafacnltéiitf
relie de sentir n'était pas entrée eneiet«
si elle ne s'était pas développée, cjie s*
restée imparfaite, incomplète, eieilciD*
manqué le but de sa nature, la fin lîOQri
quelle elle a été créée. Elle existerai! i
doute, quand bien même je n'aurais jafi
eu aucune sensation, quand jamais elli
se serait manifestée par aucun acteil
elle serait stérile, semblable à une forif^
dort dans le sein de }a nature, ou à unetf
infécond dans lequel la vieneserévèlr
aucun signe apparent.
C'est pour agir que la faculté de îI
nous a été donnée, c'est pour sedérel*
qu'elle existe : agir et se développer, •
est sa nature. Mais ces déYeloiw
sont-ils possibles sans conditions exiw
res tl ditférentes de la force sponiao<»j
est en nous ? Voyez cet admirable
d'organes qui entourent notre âififj
servent d*instrument$; pénétrez ati^
que possible dans leur mystérico»
ture. Considérez la délicatesse ia^
l'ordre prodigieux des éléments
composent. De ces merveilles, porttf
regards vers d'autres naerveilles. Coo
rez cette lumière répandue dans IhW'
ces fluides subtils qui pénètrent no^*
nés et les êtres dont noas sommes cnr
nés; saisissez par la pensée lesrapi^^^
times qui unissent toutes ces cJk>s}'S
nos organes, et nos organes arec Hi»^
même; et alors vous aurez une id»
conditions dont dépend rcxcrcicc d«
sens. Retranchez la moindre de ces*
tions etde ces influences extérieures, ei
aussitôt est gênée dans l'exercice J<
sens : retranchez les princi{»l«>s, et
action des sens est suspendue. Vous o
«e)
PST
mCTIONNAlRL APULOGET.Ql'E.
PS\
9t3
imisez pas le prîacipet il esl là toujours le
luéiney alors que toute action» toute sensa-
Lioo a cessé, est devenue impossible; mais
il est stérile, iofécond : c'est uue faculté
gai existe* mais qui u*agit plus. Ainsi uu
ifeu;;le-né n*a jamais vu la lumière et ses
•nllaoLs phénomènes. Pourauoi? parce qu*il
(i;anque peut-être du sens de la vue? Non»
dr par là même qu*il a une âme» qu'il est
•uojme» il possède ce sens. Mais ses orga-
nes soot viciés; ils ne peuvent ai recevoir
u iraosniettre à l'âme les influences sous
csquelies la facuUé de sentir agirait et se
'manifesterait : là est tout le mjslère. Faites
; iml«r le voile qui couvre ses yeux» eplevei
i'oU&taele qui Tisole des êtres pour lesquels
i e^t fait» et aussitôt son âme, secondée
ir les organes» saisira les innombrables
uferveîlles de la lumière. Et pourtant cet
'.rengle n*aura \)as acquis une faculté iiou-
r^ I le» seulement il sera rentré dans les con-
•LBoos naturelles de son être; sa force in-
:"r^iire» innée » aura pu se développer eu
: 3ite liberté.
a donc des lois indispensables aux-
les sens sont naturellement soumis
kar exercice. Nous D*insistons pas»
ftt la chose est trou évidente» et n'est
lemiar personne, tes lois sont aussi
nwnes que le principe intérieur qui
Md capables de sentir» puisque la
> ^i^nuioii de ces lois entraîne inévitable*
u -^Bl là suspension de la sensation même.
C: comme c*est Taction et le développe-
1^^ qui perfectionne les sens» comme c est
tmr nature d'avoir des sensations» il est
brident que les lois qui régissent la sensa-
ioo»ei sans lesquelles la sensation n'est pas
^ible^ sont aussi naturelles que le prin-
E& méine de toute sensation. En un mot» la
Kable nature» la nature complète des sens
ipiiqae nécessairement» et une force inlé-
eare capable d'a^r» et une loi extérieure
acijon, et une action conforme à ces deux
rujes, et produite par leur mutuel rapport.
MrjDchez»ou la faculté de sentir» ou la loi
iprès laquelle elle doit agir» ou enGn la
asatioDt qui dépend de Tune et de lautre»
«$ irooquez la nature de nos sens» et vous
ojamnez l'âme humaine à n'atteindre ja-
lis le bot naturel pour lequel Dieu lui a
tné ses admirables puissances.
Orts lois» ces nécessités naturelles» com-
(nt les connaissons-ncus 7 Comment les
ttlosopbes sont-ils parvenus à la connais*
ike certaine et exacte des lois qui ré^is-
m la sensation? Il eslimjpossible d'hésiter
iiostant sur la réponse : ils y sont parve-
is par Tobservation uniquement» et uoique-
Uii ^r ce moyen. Voici comment ils ont
«ijéJé. ils se sont aperçus» par exemple »
pour avoir la sensation de la vue» pour
»*:
«Mr lo5 images des objets sensibles, Tbom-
^ te sert de ses yeux et d'aucun autre
::.3ae. Toujours guidés par l'observation»
" oBt vu que ces organes devaient être
: sa tués d'une certaine façon, et que» sans
certaines conditions essentielles» ils étaient
inutiles et la vue impossible, lis ont en-
core remarqué qu'en vain les yeux seraient
parfaitement disposés, si follet à percevoir
n'était placé dans un certain milieu et à
une certainedistauce. Et comme les mêmes
faits se renouvelaient toujours, soit lorsque
la vision s'accomplissait régulièrement» soit
lorsau'elle était gênée eu entièrement sus-
penuue» ils ont dit que ces faits impliquaient
et manifestaient des nécessités auxquelles
le sens de la vue est soumis. Ils ont dit que
c«s nécessités étaient les lois naturelles de
la vision. De là, dans toutes les pbiiosophies
du monde, ces axiomes qui expriment si
bien la nature de la vision : que U$ oraaneê
ioieni bien constitués; que fotitt soit à une
juste distance: qu'il soit place dans un mi^
lieu naturel. Personne ne le contestera» ce
sont les véritables lois qui régissent les ac-
tes de notre faculté de voir; et comme la
connaissance de ces lois est uniquement le
résultat de l'observation et de l'expériencet
on est sûr qu'elle renferme la science réelle
et positive du sens de la vue (972j.
§x.
Saite des développements de la Uièse posée en lêle da
pangnpbe prècédeiH. ^ Applicalioa des priocipcs
àè}k énoncés il la raison on à Toiigioe de nos idées. —
Que but-il entendre par idéef. innées T — £sl-ce dans
l'obserration interne on d ns les faits eitérienrs qu*il
Ciut eherdier l'origine de nos ooiinaissaDces? Erreur de
récole éco saise. >- Loi do développenent de l'intellH
gence dans l*enlanL — Kxemples d'individus hunbuus
séquestrés de la société avant Tosage de la raison. —
Sourds-muets. — Impuissance du rationalisme qui place
l'origine de nos connaissances dans la qiootanéité et
rindependance absolue de la raison.
Occupons-nous maintenant de la raison^
cette reine de nos facultés, par laquelle
l*homme est vraiment homme ; et voyons si
les principes qui nous ont guidés jusqu'ici»
ne peuvent pas aider à résoudre une ques*
tion qui, après tant de recherches, semble
encore aujord'hui indécfse.
Quelle est V origine des idées de la raison ?
— Homme fait et capable de réflexion» Je
me reolie sur moi-même, je trouve en moi
les idées d'être» de substance, d'infini, l'idée
d'un Dieji créateur et conservateur de l'u-
nivers» celle de bien et de mal moral, de
dftvoir, de justice» d'ordre, etc. D'où me
Tiennent ces idées qui font la base et la
vie de mon intelligence 7 Je ne les ai pas
eues toujours» du moins je suis sûr qu'elles
ne se sont pas manifestées toujours; et
pour m'en convaincre, je n'ai qu'à jeter les
yeux sur l'enfant, où je n'en aperçois au-
cune trace ; comment donc ont-elles apparu
en moi» et par quels moyens se sont-elles
une première fois manifestées dans mon
intelligence?
Elles sont innées» répondront quelc^iies-
uns, elles sont contem|ioraines de lAme
elle-même. En créant l'âme, Dieu y a im-
f)rimé ces idées comme un caractère indé*
ébile, et comme l'image de sa propre intel-
ligence: ce sont des prouriétés essentielles à
07f ) CL M. Fable Lo5it, txameii de ta question ûe rongiue de nos cûnn*sis$a;:ce$
9H
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE. PSY
rAm% des propriétés qu*elle ne peut ni
perdre ni acquérir. Elles sont innées ; nous
te Toulons bien ; mois qu'entend-on quand
on dit que les idées sont innées ? Car enOn,
il ne faut pjis se contenter d*un mot dans
uine question de cette importance; et quand
on Yoit Descartes hésiter et se contredire
peut-fitre dans ses définitions des idées in-
nées, quand on yoit ses propres disciplesy
si peu d'accord avec lui, et entre eu\ sur ce
sujet, il faut savoir se former, ou se résou-
dre à adopter une opinion précise sur le sens
de ces mots, si peu définis encore. Exami-
nons donc, je ne dirai pas toutes , mais
les principales opinions nue nous présente
sur cet objet riiistoire de la philosophie.
Quelques-uns ont cru que les idées innées
étaient de véritables connais^ances, des per-
ceptions actuelles et déterminées, des rc«
présentations dans toute la force du terme.
Ainsi, dans ce point de vue, Thomme du
premier mompnt de son existence connaî-
trait pieu, penserait à Dieu, précisément
comme nous. La connaissance de Dieu serait
la même dans fenfant d*un jour et dans
1 homme dont la raison est parfaite. II n*y
aurait qu'une différence, c'est que Tenfant
n'aurait qu'une connaissance obs>cure, tan*
dis que la nôtre serait claire et distincte.
Peut-être celte opinion a-t-clle ses racines
<ians l'hypothèse de Platon, qui attribuant à
notre âme une vie antérieure et parfaite,
avant son union avec notre corps, croyait
que Tâme, en tombant dans le corps, y ap-
portait des connaissances toutes formées.
C'est pour cela que, d'après Platon, nous
n'apprenons jamais rien ; lorsque nous sem-
blons apprendre, nous ne faisons que nqus
ressouvenir de ce que nous avons su déj^
réellement, et rappeler à notre mémoire
des connaissances qui sonteirvctivement dé-
posées dans notre intelligence. Ainsi, lors-
que nous croyons quq dans Tenfaiit la rai-
son pour la première fois acquiert la connais-
sance de Dieu, du bien et du mal moral, etc.,
nous nous trompons ; l'enfant ne fait que
se ressouvenird une connaissanc<e qu'il avait
déjà plus obscurément, mais aussi réelle-
sient, avant qu'après ce souvenir
Quoiqu'il en soit, cqtte opinion, qui en-
traîne après elle do graves i|iconvéniei)ts,
parait être aujourd'hui généralement aban-
donnée. Quelques-uns n'y voient qq^uu pur
roman, fruit de l'imagination, et même une
espèce de mythe, qu'aueqne raison philoso-
phiquenelégitime,etquetous|csfAit^commç
Je raisonnement ont complètement démenti.
Descartes même la re|>ousse quelquefois
avec beaucoup de force ; LeibnUz s impa-
tiente contre ceux qui la lui attribuent, et
n'est pas éloigné de la traiter d'absurde.
Enfin, H. Bordas-Demoulin , qui de nos
jours s'est efforcé de réhabiliter le carté-
sianisme dans sa partie la plus relevée et
la plus pure, n'a pas d'expression assez
sévère pour caractériser cette opinion. Ainsi
on peut considérer cette hypothèse comme
vroscrile en bonne philosophie ; et nous
I avouons, nous ne connaissons pas uu seul
philosophe de quelque renom qui U sou-
tienne aujourd*nui.
Les autres philosophes qai admettent 1^
idées innées aistinguent avec soin ces idéet
de la perception actuelle. Pour eux, h
idées innées ne sont pas une conoaissanee,
une représentation actuelle, une perceptioo
enfin telle que l'homme fait peut en avoir;
mais elles sont la base première dt ta raisnn
intérieure de toute connaissance et de toute
perception. D'après eux, Thoinnie au m
ment de sa création, l'enfant d'un jour o't
pas la connaissance, la perception de Dieu,
du bfcn et du mai, etc. ; mais il y a dans son
âme une propriété, une disposition par)]-
quelle elle est capable de connaître Dies.
et par laquelle elle le connaîtra eSectireDenl
un jour, en ayant de Dieu et de ses attrto
des perceptions déterminées. Sur cepoiol
Descartes , dans plusieurs endroits de îet
écrits, est d'accord avecLeibnitz,elM.lk>r>
das-Demoulin^ en résumant les passages 00
ces deux philosophes établissent cette &•
tinction, et en les présentant avec tOBteii
clarté désirable, a misée point horsdeliÉ
contestation.
Les cartésiens les plus éminentsiibp
guenl donc Vidée de la perception :(ti^
f»as la perception, la connaissance qui a^
nnée, c'est ridée. Nous ne connaissons;»
Dieu au sein de notre mère; st^tml
sans avoir jainais eu aucune perron ic*
tuellede Dieu, nous en avons Im VtiSt
dira-t-on, qu'est-ce enfin que celle chose
qui n'est pas la perception, quiiiesips^a
connaissance, qui n'est pas lareptfcetiU-
tîon, et qui pourtant reçoit le nom tfidêe.
et d'idée innée? Ici encore l'on reitcontie
deux opinions qui paraissent aa moiosv
pas s'identifier entre elles.
La première opinion tist celle i^ ^
carteSf qui incline à ne voir dans les r*
innées que de simples dispositions i
tains actes, et une faculté qui nous
capables de connaître un jour. Répondi
Tun dp ses nombreux adversaires, Des«
s'exprim0 de la manière suivante : « Il
semble que nous ne différons que sur
ippts. En e^et, lorsque mon adveijsaire
Qrme que I ânae rÇn nul besoip d'idées,
notions ovi cfè principes innés, et que d
autre côté \ï lui accorde la facullt^ depe^
(bien eplendu une faculté naturelle od
née), il dit ^u ibnd précisément la '^
chos^ que moi : les mots seuls sont u
rents. Car jamais je n'ai écrit ou p^'nse
notre Ame eût besoin d*idées innées ^i
raient quelque chose dé distinct dekp
même ^e connaître; mais, ayant rcn»!
en moi certaines pensées qui nedtViîffl^
des objets extérieurs, ni de ma volonté, »
bien de ta smile faculté de penser qui c**
moi, je leur ai donné le noria d'idées mof
pour les distinguer des autres. C'est danJ
sens qu'on dit que la générosité est djw
relie à certaines familles, ou que ccriaiwj
maladies, comme la goutte, la pi<?rr^' ^
naturelles à d'autres j non i>a$ que 10 '
fanis qui prennent naissance dans cei »
i
PSt
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
911
^i\^es soient fravailU^s Je ces mafadies au
rentre de leurs mères, mais parce qu'ils
i^ai^^ent avec Ut disposition ou la faculté do
Its contracter (973). » — « Ces idées, dit-il
!Ucore (97k), uonl d*autre source que notre
faciiKé de pcRser, et par conséqiient elles
mi innées, c'est-à-dire qu*elles^ sont ton-
durs en puissance dans notre Àme> En elTet^
t qui est daiBS une faculté u'esl pas en
Kte, mais seulement ea puissance ; car le
3oi même de ftcnlté ne crésigne rien autre
pane simple puissance. » Enfin, comme
i^r ne laisser aucun doute sur sa pensée,
•joute (975) : « Je déclare ici que pas les
'' innées je n*ai jamais entendu que la
nce de connaître. Que ces idées soient
elles OUL qu'elles soienije^ne sais quelles
M dtiflPérenles de la faculté deconnattre,
( fe que je n'ai jamais écrit ni pensé...
« n'ai-je pu m'empôcher de rire lorsque
TU Tanias de choses que cet homme, sans
meare de malice peut-être, a entassées
tsT me prouver ont le$ enfànlsn^ùnl pas la
^Miisante acluttte de IHtiu\ ûiufisi longumpn
\U iont tûnfirméé d^ns U sein de leurs
, croyant ainsi m'avoir complètement
I If est donc évidei^t, ce nous semble,
Éns les passages où Descartes s'expli-
Mêle plus de clarté et sans laisser place
mndre équivoque, il ne voit dans les
iaoées que des dispositions, qu'une
ace» (pi'une faculté oaturelle de con-
paraîtrait que Letbnitz ne trouvait pas
opiaioB entièrement satisfaisante ; car
pruj)Ose avec certaines modjlications
[aembtent en faire une opinion nouvelle,
ioilz, nous Pavons dit, s*accorde avec
cartes pour distinguer les idées innées
k |>erceplioit actuelle ; mais on dirait que
rlut les idées soient plus qu'une faculté :
Il considère comme des inclinations, des
lôsitioas, des habitudes, ou virtualités
irclles, et enfin comme des anticipations
lées au fond de Tâme. « Il s'agit, dit-il,
iaroir aï Cdme contient originairement
fnmctpeê de plusieurs notions et doctrines
teê oùjeis externes réveiltent seulement
lits occasions^ comme je le crois avec
Hi et même avec l'écple, et avec tous ceux
aireon«iit «ians celle signilication te pas-
\tfi saiiii PattI {Rom. ii^ 15)t où il marque
■I loi de Dieu est écrite dans nos cœurs.
faihteieas appelaient ces principes no -
a cnsnmunes^ prolepses^ c'est-à-dire des
Impûons fondamentales, ou ce qu'on
M poar accordé |>ar avance. Les malhé-
fcn^QS les appellent notions communes.
(^ilosophes modernes leur donnent
lires beaui noms, et Jules Scaliger par-
lêèrometMl les nomme semina œtemitatis,
isopi^rs^ comme voulant dire des feux
/nU, des traits lumineux, cachés au dedans
OMS^ que la rencontre des sens et des ob^
r%\ 5rscJU(Tet, LeiiTti^ 1. 1, lettre 00. -
7T*t ièidm
Th|. •>9«r/a«JP ê$$aii sur Ccnltndemcni ; avaiilr
jets externes fait paraître comme des étin-
celles que le choc fait sortir du fusil; et ce
n*est |)as sans raison qu'on croit que ces
éclats marquent quelque chose de divin et
d'éternel, qui ;>nrait surtout dans les vérités
nécessaires (97C). » — ii II est vrai qu'il ne
faut point s^imasiner qu*on i)uisse lire dans
finie ces éternelles lois de la raison à livre
Ouvert, comme Tédit du préteur se lit sur
son album, sans peineetsans recherche; mais
c'est assez qu'on les puisse découvrir en
nous à force d'attention, à quoi les occasions
sont fournies par les sens (977). )» — « Je nio
suis servi de la. comparaison d'une pierre
de marbre qui ftdes veines^ plutôt que d'une
pierre de marbre toute unie ou de tabletles
itides^ c'est-à-dire de ce qui s'appelle tabula
rasa chez les philosophes ; car, si l'âme res*
semblait à ces tablettes vides, les vérités se-
raient en nous comme la figure d'Hercule
est dans un marbre, quand le marbre est
tout à fait indifférent à recevoir ou cette
figure ou quelque autre. Mais, s'il y avait
des veines dans la pierre oui marquassent
la ligure d'Hercule préférablement à d'au-
tres figures, ccUe pierre y serait plus déter-
minée, et l'Hercule y serait comme inné en
quelque façon , quoiqu'il fallût du travail
pour découvrir ces veines et pour les net-
toyer par la polissuro, en retranchant ce qni
les empêche de paraître. Cest ainsi que hs
idées et les vérités nous sont innées^ comme aes
inclinations^ des dispositions^ des habitudes
eu virtualités naturelles^ et non pas comme
des actions^ quoique ces virtualités soient
toujours accompagnées de quelques actions
souvent insensibles qui y répondent (978).»
Ce sont là les deux opinions à l'une ou
l'autre desquelles s^attachent aujourd'hui
tous les philosophes qui admettent les idées
innées. Pour nous, s*il nous est permis d'ex-
primer notre manière de voir, nous croyons
qu'elles ne ditTèrent pas réellement ; du
moins nous adoptons et les idées de Des-
cartes et celles de Leibnitz, sans éprouver
la moindre peine à les concilier, et sans
pouvoir soupf;x)nner en quoi elles diffèrent
ou s'excluent. Nous admettons donc avec
Descartes les idées innées comme dos dis-
positions et des facultés naturelles 9ui nous
pendent capables de certaines connaissances,
et qui aideront à nous y conduire. Nous les
admettons, non pas comme une chose diffé-
rente de la faculté de connaHre^ mais comme
étant cette faculté même. En même temps,
nous reconnaissons avec Leibnitz nue les
idées innées sont des inclinations^ des dis-
positions ou. virtualités naturelles placées
dans la constitution même de Tintelli^once.
En un mot, pourvu qu'on ne fasse pas des
idées innées des actions^ des connaissances^
iies perceptions^ opinion d'ailleurs également
repousséc par Descaries et par Leibnitz,
nous admettons les idées innées dans le sens
propos, p. 2, éd. Cliarpenilcr
(977) Ï6frf., p. 4.
(978) !bid.^
()I5
PSY
DIGTIONNAIIIE APOLOGETIQUE.
PSY
m
le plus rigoureux, avec ces deux philoso-
phes, el comme ils les entendaient.
Cependant nous croyons devoir présenter
ici une observation qui nous parait ne pas
manquer d'importance, et qui nous semble
de nature à prévenir bien des équivoques
et les plus tristes malentendus. Qui de nous
n*a pas éprouvé bien des fois dans sa vie,
même après de sérieuses études philosophi-
ques, que quand il lisait ou entendait le mot
tdée^ la première pensée qui se présentait à
son esprit était celle de connaisisance et de
perception? En d'autres mots, qui ne s*est
{)as trouvé entraîné à confondre souvent
'idée et la connaissance? C'est qu'en effet,
dans le langage philosophique, le mot idée
implique ordinairement la notion de repré-
sentation, de connaissance, de perception
actuelle. Môme ce n'est que quand il s'agit
des idées innées que ce mot, perdant sa
signification ordinaire, exprime simplement
une inclination ou une virtualité. Ky au-
rait-il donc pas moyen de faire cesser cette
é(]uivoque en donnant aux idées innées un
nom qui les distinguât des perceptions ac-
tuelles, qui ne permit plus do les confondre
avec elles, et qui en même temps désignât
parfaitement la nature des idées innées?
Pour nous, nous croyons qu'on arriverait à
ce résultat en donnant aux idées innées le
nom de faculté innée.
En consultant l'analogie, eu nous tenant
à la doctrine commune des philosophes les
plus émincnts, nous savons à n'en pouvoir
douter que la raison, pour se développer,
dépend de certaines lois extérieures. Nous
n'avons pas dit encore quelles $ont ces lois ;
mais nous savons qu'elles existent. II s'agi-
rait maintenant de rechercher quelles sont
les ]q\s spéciales qui président à la formation
de la raison , et d'indiquer la méthode à
suivre pour les constater d'une manière
sûre. Alors nous parviendrions à connaître
la véritable nature de la raison, puisque
nous connaîtrions les lois particulières qui
gouvernent ses actes et son existence.
D'abord, en ce qui regarde la méthode à
suivre pour découvrir et constater sûrement
les lois qui président aux développements
delà raison, il est inutile, pensons-nous,
de prouver qu'on ne saurait faire une science
sérieuse et positive en se contentant de sim-
ples hypothèses. Qu'un philosophe, par un
etfort de la pensée, conçoive un système où
les développements de la raison se trouvent
expliqués et enchaînés d'une manière t>lau-
sible, qu'il construise la nature de l'intelli-
gence d'après un certain modèle qu'il a dans
1 esprit, et qu'il le fasse sans choquer ouver*
tement les lois de la logique, a peu près
comme en Allemagne chaque philosophe,
va nos jours, construit et explique l'univers;
rien n'est fait encore. L'accord logique et
l'enchaînement des idées prouve une con-
ception ingénieuse, il ne prouve pas la réa-
lité. La seule chose qui prouve la vérité, la
réalité d'une théorie sur les lois de la rai-
•00, c'est la conformité de cette théorie avec
les faits : les faits, voilà la base et la mesure
f
de tout système vrai sur les lois de la ni.
son, La raison telle qu'elle pourrait eiister
sans contradiction, la raison ï YM de pure
possibilité logique^' la raison dans un éùt
abstrait et dans une nature autre que II
sienne, n'est pas l'objet de nos recherM
car rien de plus stérile que ces laborieuse
hypothèses. Mais ce que nous voulons «of
naître, c'est la raison telle qu'elle ostéite
tivement, dans son état réel, en ub m
dans sa nature, sa nature actuelle. Or ici
réalités ne se révèlent que dans les bits
par les faits. Si nous voulons savoir
qu'est la raison, il faut l'étudier diios
actes ; si nous désirons connaître les
qui la gouvernent, il faut nous adresser
faits, et pour constater sa nature réel!
faut recourir aux enseignements de 1'
rience. En un mol, la méthode, el la
méthode à suivre ici, c'est la méihodi
servation.
Frappée des divisions qui désoleat
camp de la philosophie, et surioiil
stérilité de tant d'ardentes reche
cole écossaise se demanda s'il ne
lossible de mettre fin à ces inl
uttes, et d'asseoir enfin la philoso]
des principes certains. Kt, comme
Bacon, la méthode d'observation a
faire aux sciences naturelles des
merveilleux, elle se demanda encore
ne pourrait donc pas appliquer aoi
ces philosophiques le procédé au
physique était redevable de (an(
cieuses découvertes. Elle crut à iaï
lité et à l'indubitable succès de cet
treprise; et ce fut pour la réaliser q
formula ce principe fécond : que,
connaître les lois de la rai.<ion, il
s'adresser aux faits et les observera'
plus scrupuleuse attention.
C'était là, ce nous semble, une sage
sée, et quif à notre avis, restera dans
philosophie qui aspire , non pas à d'
nieuses hypothèses, mais à la vérité
pie et positive, comme Va faite la iM
Mais les Ecossais restreignirent trop
méthode ; ils crurent que la seule or^
tion légitime était l'observation intf
de sorte que tout philosophe qui
être fidèle à leurs préceptes deva
arriver h la connaissance réelle, se
à examiner les phénomènes de son
esprit. Toute autre observation était
rée illégitime, ou du moins ne poun
duire qu'àelos résultats hypotheiiqu»
certains. Par là même les Ecossais
obligés de proclamer que toute qQ
d'ortgfîne échappait à la science; /î^
qui concerne notre sujet, ils diicla
sans détour que le problème de I«l
tion de la raison était scientifiquement
soluble, cl que la philosophie ne saa
jamais avoir li-dessus que des hj{^^
plus ou moins probables, mais néce^^j
ment problématiques. En effet, comme»
pourrait-il qu'un philosophe, fùtH^^ei»"!
pénétrant et le plus paiient des ûmaa
arrivât, en étudiant les phénomènw'/i
1
PST
DICTIONNAIRE APOLOGETIOUE.
PST
9t8
tipre csprili à ce premier iboment où il a
I rusage de sa raisi^n, c( qu'il saisit par
>b$erTàtion sa raison même se formant
tr k connaissance explicite des grandes
trités moraies? En remontant le céurs de
lire fie, noas |)Ouvons, h Taide de la mé-
oiret arriver h ressaisir queh|ues-uns des
éoeiuenls les plus saillants de notre pre-
ière enfance; nous souvenir cki moment
I, pour la première fois, nous avons eu la
QoaisMuce de Dieu, de la loi morale; mais
105 voir, et nous obseiver dans ce mo-
enl, jamais. Cest pour cela que les Ecos-
i>uQ( rangé cette question d'origine |>arm.i
\ problèoies insolubles. Ils l'ont fait, et
il mérite notre attonlion, parce qu'il au*
ilfalludes faits pour la résoudre, et que,
m leur opinion , ces faits nous man*
idient.
V. Ancillon adopte en partiales doctrines
os5.ij$e$. c La première partie de notre
.,(iil*ii, s'écoule sans que nous sachions
us observer, faute d'attention réfléchie...
<r|K)qae où le goût et le besoin de la
laion se font sentir et deviennent do-
'Joi^, nous nous • trouvons en quelque
•^loat faits, et il nous est impossible de
''«dre notre rie par ses commence*
"'\H de découvrir comnien^ nous som-
^>îenus ce que nous sommes (979). »
^ ' les modifie heureusement et nous
'*i <mplétfr la méthode écossaise, en
:!aDt ï TobserTation purement intérieure
i»^rTaiion extérieure dont, on ne sait
>|H)urquoi, les Ecossais faisaient si peu
<âs. « Nous tâchons donc, dit-il, de sup-
f^^ ce qui nous manque toujours, même
'•{"'ilîaitde notre faute, pour possé-
l'juie I histoire de notre vie, en obser^
^ otec la plus grande attention possible le
iioppement des enfants (960). » Là est la
il^ictlà est la véritable méthode psycho-
<{ue, non pas tronquée comme chez les
»»i$, mais complète et telle que la na-
Hious Tindique elle-même. Il faut donc
'fverles faits et voir comment la raison
tévcloppo dans les enfants. Si, par le
*î" de loijservatiun, nous parvenons à
^^«lerdes faits généraux et toujours les
s^S nous serons conduits à ta connais*
'- des lois véritables de la raison, et,
(>)nséquent, nous saurons quelle est sa
^ réelle. Or que trouvons-nous si
^interrogeons les faits et si nous nous
'nons à une sévère observation ? Là est
i'^estion déci^ve, à laçiuelle nous ne
"R^ qu'une réponse sérieuse que nous
aulons en peu de mots .: Lenseignement
^' ut la loi naturelle qui préside aux
^ifti dételoppements de la raison.
*nl nous soit permis, avant de prouver
t thèse, de nous bien expliquer sur Ti-
de loi : les faits prouvent que cette
»><ation est nécessaire. Nous ne cher-
^i> pas Torigine première des lois qui
*eruent notre intelligence; nous ne
•0« /Vi dételoppements du moi humain, ch. I.
prétendons pas expli(|uer leur mooe d'ac-
tion. Toutes les lois ont leur raison der-
nière dans la volonté de Dieu, où se trouve
aussi leur explication déflnitive. Ici nous
nous bornons à considérer ce que sont tes
lois en tant qu'elles se manifestent. Or une
loi est une nécessité imposée aux êtres. La
respiration est une loi de notre vie physi-
aue pan'.e que c*est une nécessité naturelle
e cette vie. L'action des olyets extérieurs
sur nos organes est une loi de la sensation,
parce que c'est une nécessité imposée à no-
tre faculté de sentir. Le principe de causa-
lité est une loi do notre intelligence, parcu
que c'est une nécessité qui s'impose à tous
ses actes. Ajoutons que cette nécessité pré-
sente deux caractères différents : d'un côté,
lorsque les conditions voulues par la na-
ture se trouvent réunies, l'efTet est inévita-
blement produit; de l'autre, lorsque les
conditions manquent, rcITet no saurait su
produire. Cest-a-dire qu'une loi se mani-
feste de deux manières différentes, tantôt
par une influence et des eifcls positifs, tan-
'lôt, s'il est permis de le dire, par une in-
fluence et des effets négatifs. Lors([u'elle
s'applique à un être, Teffet qu'elle doit na-
turellement amener est nécessairement pro-
duit; et lursqu*elle ne peut s'appliquer,
l'efl'et ne se produit |>as et ne saurait so
produire. Il sera facile au lecteur de véri-
fier ces principes dans les exemples qui pré-
cèdent, ou dans tout autre exemple em-
prunté à une partie quclcont^ue de l'ordre
universel.
Or comment se fait le développement de
la raison dans les enfants ? Comment arri-
vent-ils à l'usage de la raison? Que nous
apprend l'obsèrvaiion sur la loi première
de nos connaissances rationnelles?
L'homme naît dans la société; au moment
qu'il ouvre les yeux à la lumière, Tenfânt
trouve à côté do lut un être de môme na-
ture que lui, mais dont la raison est for-
mée , et qui va lui donner les premiers
soins que la nature lui a rendus indispen-
sables. Ainsi placé sous l'influence et l'ac-
tion non interrompue d'une intelligence en
plein exercice, il y restera pendant les pre-
mières années de sa vie. La voix de sa mère
frappera à tout instant son oreille ; la lan-
gue qu'elle lui parle deviendra la sienne;
insensiblement ses facultés intellectuelles
se développeront sous l'action do la société
au sein de laquelle il grandit; un jour il
aura ru:>age de sa raison; il deviendra un
être moral, responsable do ses actes; et
jouissant de la raison et de la parole, il en-
trera plus profondément dans la société ora-
geuse de ta vie humaine^ selon l'expression
de saint Auçustin (981). Ce n'est pas tout : à
son début, la raison de l'enfant sera la tra-
duction et comme l'image de la raison de
ceux qui l'entourent; elle représentera à
leu près trait pour trait les connaissances,
es erreurs, les préjugés de la société où il
ï.
(981) « Viise hunianrc^ procdiosam soclctatem tl<
tius ingrcssus sum. i (fJonfes». !. i, c. t.)
m
PSV
NGTK»<NAIflB APOLOGETIQUE.
PSI
$»
commence h vivre. C'est ainsi que les cho-
ses se sont passées pour nous tous ; c*csl
ainsi qu'elles se passent aujourd'hui sous
nos yeux et dans tout Tunivers; n'est ainsi,
pour tout dire, Qu'elles se sont passées
toujours dans tous les lieux et dans tous les
temps. Tout bomuie qui a Tusage de la rai*
son» y est parvenu sous rioduence d'une
raison déjà formée» sous i'aelion d'un en->
seignement social. Voilé le fait ; rien au
monde de plus positif» de plus universel» de
plus constant que ce fait., Est -il possible
de n'y pas reconnaître une loi de la raison»
une nécessité nalurelle imposée à ses dé*
veloppements 7 Se |)Ourrait-il qu^un fait
qui jamais ne se dément, n'impliquât au-
cune nécessité» aucune loi naturelle? C'est-
i-dire » peut-on croire que Tbomme ne soit
pas dans sa véritable nature, lorsqu'il naît
dans la société» lorsqu'il est élevé» instruit
par la société et conduit par ses enseigne*
jnents h l'usage de la raison ?
Ce que nous venons de dire n'exprime
que l'influence positive de la loi de la rai«-
son; mais cetie loi se manifeste encore par
son influence négative. £n effet» une cons-
tante expérience que n*a jamais démentie uu
seul faiif prouve que tous les infortunés qui»
avant Tasage de leur raison» ont été séques-
trés de la société» sont restés de grands e»i-
fanls jusqu'au moment où, la société» les
recueillant dans son sein» les a initiés à la
vie morale. Ici nous pourrions citer une
foule de faits, surtout un lait qui s'est passé
de nos jours» et qui a ému toute rAlIemagne :
nous voulons parler de Tbistoire de Gaspard
Hauser» Teufant Je Nuremberg. A peine
entré dans la société» b peine initié a ses
premiers enseignements» Gaspard Hauser
manifesta les plus heureuses dispositions et
montra même un esprit distingué. Et pour-
tant» avant toute instruction» sa raison était
tellement endormie» son intelligence telle-
ment morte» que pour qualifier le crime qui
Savait isolé de la société de ses semblables,
un écrivain allemand inventa le mot d*as^
stifssinal de l'âme (9l^j. Nous croyons devoir
renvoyer aux auteurs qui ont recueilli la
plupart de ces faits» en indiqnant les sour-
ces et les autorités. Seulement nous dirons
un mot de la célèbre mademoiselle Leblanc.
Lorsqu'elle fut trouvée en 1731 dans la fo-
r6t de Soigny» près de CbAlons, elle était
dans toute la force de la jeunesse et parais^
sait â^ée de quatorze à dix-huit ans; pour-
tant c était une vraiesauvage^ non pas comme
ces sauvages de l'Amérique qui» malgré leur
dégradation» ont un langage articulé et l'u-
cage de la raison; mais elle était dans cet
état que Hobbes et Rousseau dans leurs r6-
T6S extravagants ont appelé Vétat de nature,
sans langage et sans aucun usage de sa rai-
son. « Ne connaissant aucune langue» dit L*
98^ CL Gaipar Hanur^ ou Exemple d^un aum^
tûi êur la tie de Pâme humaine^ par la chevalier tt
Fedcrbâch (allem.).
(98^) Eclaircissement sur la fille sauva^ ordinai-
rement à la suite de lEpitre sur t homme.
Racine, qui lavait interrogée après son iiiy
truction, elle n'articulait aucun son, eik-
niait seulement un cri de la gorge, (;i)i
était etfrayant. Elle savait imiter le cri k
quelques animaux et de quelques mm
(S^)... »Ce qu'il y avaitdephis élonnanUf
ceci» e'est que mademoiselle Leblanc arftitn
une rompagne, avec laquelle elleafail f«t
jus<]ae-la, et qu elle n^avait perdue (}oe de
puis trois jours. Les idées qu'elle poiui
dans ssi raison» le spectacle de Tuoims 1
présence même d'une compa^oe, nmia
pu faii'O sortir mademoiselle Leblanc d
lVn£ance; renseignement opéra cet e&ii
très-])eu de temp^; et après son io^it»
tion» cette fille intéressante se montra ra;i{
ble de comprendre et de pratiquer le$j
belles vertus du christianisme. « Voici â
une fille» dit Racine, qui» élevée panoj
animaux» et longtemps privée comine ti
de la parole», n'a eu d'autre objet ijur 4
chercher la nourriture de soo (^^
sitôt qu*elle entend les hommes pNk,i^
a bienl6t appris la manière iapn^
comme eux ses pensées; siiOt qu'on .•:>
parle de choses spirituelles» elle les mm -:
(984). » I
Le triste état des souras-niueis iwi
ajouter un nouveau poids à Japreuter
nous proposons ici. En effsl» quoiqu«wfi
au milieu de leurs semblables, et pu
communiquer avec eux par le moyeul
gestes, ils arrivent à Tâge mûr sans ami
a TusagQ de la raison » à moins qu'une st
truction intelligente n'ait éveillé eneuifl
précieuses facultés (jui» dans quelquenrl
grâce à l'enseignement social» se sont bm
Irées si puissantes. II est vrai» les soitf
muets» même avant toute instruction f
£ rement dite» se conduisent ext^rieurciw
peu près comme ceux oui les entouf«
plusieurs montrent dans leurs actions *i
posture» leurs gestes» une piété qu'on ff
rait appuj^ée sur la connaissance ctlaii
de la religion. Mais qu'on ne s'y imf^f
car après leur instruction, alors qu'on oj
que leur intelligence s'est éveillée soosj
tion sociale» ils avouent qu'ils ont lou^
agi machinalomcnl, sans comprendre
de ce qu'ils faisaient» obéissant en
une pure habitude d'imitation, 'ci»
citerons pas des faits» il faudrait iropjl
Qu'il nous suffise de dire que les mam
témoignages des instituteurs de .^ow
muets» réunis aux témoignages de m
fortunés eux-mêmes, ne laissent aucuoJij
raisonnable sur la nroiK)sitioû que w
venons d'énoneer (985). .
Nous croyons donc pouvoir concliîrn
renseignement social est nécessairo «in
veloppemeni primitif de notre inteJliè^j*
il est nécessaire» puisqu'en preflJ'^J i
partout où l'enfant est soumis à lin«"^
{9U) Loeù àt.
(985) Foy. les Bêekerches w l^J^l
iniellectuellei des sourds'mueu, par tf> ' «i^
7A10KE ; Louvain, i8i7.
PST
BKTNNIMAIRE APOLOGEflQI».
P8Y
9il
socMie, il arriTe inévitablement à Fosage
de la raiaeo» aa moment marqué par la na-
ture, et pourra qa*il n'y ait pas dans ses
drgaoes un vice que Ton ne saurait ni gué-
rir ni espliquer eomplétement dans aucun
$r$tème; il est nécessaire, r^isque, en se-
nund lie«, jamais l*homme soastrait à toute
oflaenee sociale n'arrive à Tusage de sa
raison. 11 est impossible de constater par
otoervation ou par rtiistoire Teiistence
fun seul homme, qui, sans le secours d*au-
m enseignement, soit eflectivcment par-
reno à la connaissance des grandes vérités
le Tordre îolellectnei ou moral. Là est
toae la loi première du développement des
iMes : et ainsi il est démontré que cette
Uesl aussi oataretlegue les idées mêmes,
iaisqa*elle est nécessaire à leur développe-
■eoL
Ceue doetrino ne platt guère au rationa-
ime moderne^ et certes, il est facile de
somprendre les metife de ses répiignanees.
Ei eCet» le rationalisme a pour principe, et
lie piorJame bien haut, que dans toutes se$
' oances, la raison est indépendante,
dans ses déterminations elle est an*
: c'est-è-dire que, dans Tordre spé-
comne dans Tordre moral, la raison
iMkelle-mème,et ne relève que d'elle-
finment pourrait-il donc, en res-
■i^uent avec soi-même, et sans ro-
\ pnncipes, ne pas soutenir la spon-
absohie delà raison, et comment
Mffvait-îl admettre sà dépendance à Tégard
« 1m société pour ses dé? eloppements pri-
Mîfir Aussi les philosophes qui appartien-
Ml 4 i*école rationaliste, tout en se divi-
M sur la manière d*expliquer Torigine de
is eoanaissances rationnelles, sont pres-
le tons d*aecord pour admettre Tabsolue
encanéité de la raison dans l'acquisition
^ tes oonoaissances. Les uns diront, avec
«Le , qoe toutes les idées viennent de la
■satioo comme de leur source première.
m antres, avec Platon , qu elles sont dans
«le ao moins du moment de son union
Ac le corps. Les autres, avec Descartes et
rtotit avec Cousin, assureront que la rair
i« fiacollé primordiale, se développe à un
ikitfiU mcewiii et arrive à la perception
i^elle des vérités de principe. Mais tous
^leiKlrcHit h dire que, dans tous les
, ce développement se fait sans le se-
w rs de renseignement social ; et, s'ils ne
I iseni pas, du moins toujours ils le snp-
;2ue le rationalisme affirmA ou suppose
.jsolue indépendance de la raison a Té-
->! de renseignement social, c'est un point
"on ne saurait contester. Mais ce qui ne
«s parait pas moins incontestable , c*est
&les philosophes qui l'affirment ou la
(posent sont réduits^ k Tafflrmer ou à la
»poser gratuitement, sans pouvoir jamais
yr un fait, un seul lait positif et bien avéré
serre d'appui à leur doctrine. Qu'on ou-
' les écrits des rationalistes les plus dis-
gcés* qa*on y cherche avec une scrupu-
le attention un fait quelconque qui légi-
time leur principe, on n'en trouvera pas
un seul. Et sans doute, tout le monde voit la
portée de cette observation» mais voici ce
que plusieurs font dans leurs brillantes hy-
pothèses. Ils prennent un homme né et élevé
dans la société, formé par Tenscignement de
la société, jouissant du plein usage de sa
raison, grAce à l'action de la société ; un
homme, en un mot, oui, depuis sa tendre
enfance, n'a pas cesse de puiser abonilam*
ment dans le trésor des connaissances so-
ciales; et puis ils disent que cet homme est
abandonné â lui-même^ aux seules lumières
de sa propre raison fui ne s^appuie que
sur eUe^meme^ et ils appellent cela n'avoir
pour guide que sa raison sMiire. De cette me^^
nière, il leur est fiicile de montrer que la
raison est capable de grandes choses, et que
c'est uniquement d'elle-même qu'elle tire
ses connaissances les plus relevées. C*est
ainsi que bien des fois nous avons lu, dans
les écrits les plus sérieux , que Socrate et
Platon ont été laissés à eux-mêmes, que leur
raison a été abandonnée à ses propres for-
ces, et que c'est uniquement par sa puissance
native qu'elle s'est élevée à la hauteur où se
sont placés ces grands hommes. Platon lais-
sé à lui-même et aux seules forces de sa
propre raison! C'est à n'en [las croire srs
yeux. Eh quoi ! est-ce donc que Platon a été
élevé loin des hommes , dans un désert,
parmi les animaux et dans la société des
ours? N'est-il pas né dans une société floris-
sante? Sa raison ne s'est-elle pas éveillée
sous Tinfluence de la plus brillante civilisa-
tion? N'a-t-elle pas été cultivée pardes maî-
tres habiles? If a-t-elle ras été plus tard s'en-
richir des trésors de TÉgypte et des antiques
doctrines de TAsie? Comment donc le ratio-
nalisme peut-il penser et dire que Platon
a été laissé à ses seules forces natives?
que Télévation de son génie prouve Tindé-
pendance originaire de sa raison? qu'elle
s'est formée par elle-même, pu isfjue, arrivée
k sa maturité, elle s'est montrées! puissante?
Nous le comprendrions^ si Platon était né
dans un déserl, et avait grandi dans un
complet isolement : nous n'y trouvons ipfune
absurdité, quand nous le voyons naître et
grandir dans cette Athènes, déjà alors le cen-
tre des lumières et i-omme Toracle de la
Grèce.
Dans tontes les considérations que nous
venons de présenter, nous n'avons pas même
indiqué le nécessité de la parole |K>ur la
formation de la raison. C'est avec réflexion
et à dessein que nous avons agi ainsi. En
effet, ce sont là deux questions toutes diffé-
rentes, et même au fond indépendantes Tune
de l'autre. Que la parole soit ou non néces-
saire pour que la société puisse pro|)Oser
son enseignement à Tintellijçence de Ten-
ftnt, toujours est-il vraiquelenseignemeni,
fût-ce |)ar le moyen du geste, est naturelle-
ment nécessaire* Il est même à regretter que
trop souvent on ait confondu ces deux ques-
tions, qui sont aujourd'hui si bien distin-
guées dans les ouvrages de nos princi|iaux
ocrivains. Nous croyons sans doute que la
^3
PST
DICTIONNAinE ArOLOGI?:TIUUK.
PSY
parole (996) est le moyen naturel par lequel
la soci^'té communique avec l'enfant : nous
tâcherons même de le prouver dans les pa-
ragraphes suivants. Mais ces rechercnes à
nos yeux ne sont qu'accessoires : la ques-
tion fondamentale est bien celle-ci ; l'ensei-
gnement social, quels que soient du reste
ses moyens, est-il ou n'est-il pas nécessaire
au développement primitif des idées T On
prouverait à l'évidence que la parole n'est
pas nécessaire à cet effet, qu'on n'aurait pas
même louché à notre thèse ; on ne peut la
renverser qu'en démontrant que J'iiorame ,
pour arriver à l'usage de sa raison, n'a au-
cun besoin d'imtruclion , et ne dépend en
aucune façon de la société (986*).
§ XI.
Suite de la Uièse sur rorigine de nos connaissances. —
De la parole dans ses rapports avec la raison. — Est-ce
la raison qui formé le langage ou le langage qui fbrme
la raison?
Partant do la raison, le rationalisme se
renferme dans la raison, IVapr es lui, chaque
homme trouve en lui-même, dans son propre
fonds, tout ce qui lui est nécessaire pour at-
teindre le but de sa nature morale. Éveillées
[)ar le spectacle de l'univers , irises en jeu
par une énergie purement intérieure et in-
dépendante de toute action sociale, ses fa-
cultés natives se développent d'elles mêmes;
elles s'élèvent par un progrès spontané et
continu à la connaissance de toutes les vé-
rités qui sont faites pour fhomme. Aucun
homme ne peut noùs apprendre que ce que
nous aurions pu connaître sans lui et par
nous-mêmes; nous n'avons pas besoin de
maîtres, chacun de nous est son maître à
lai-même ; chacm de nous commence sa
propre éducation intellectuelle, préside à
ses développements , et la conduit à sa per-
fection naturelle, sans dépendre à cet effet
d'aucune instruction extérieure. Les secaurs
de la société peuvent être utiles en ce qu'ils
bAtent ou étendent l'exercice de nos facultés
natives, mais ils ne sont pas indispensables;
l'enseignement n'est pas une nécessité, uqe
loi de notre nature morale ; à cet é^ard
notre raison jouit d'une indépendance illi-
mitée, a Quand je serais né dans une lie
déserte, dit J.-J. Rou.sseau, quand je n'au-
rais point vu d'autre homme que moi,.... si
j'exerce ma raison, si ie la cultive, si j*use
bien des facultés immédiates que Dieu me
donne, j'apprendrai de moi-même à le con*
naître, h 1 aimer, h aimer ses œuvres, à
Touloir le bien qu'il veut, et à remplir, pour
lui plaire, tons mes devoirs sur la terre.
QttVst -ce que tout le savoir des hommes
m'apprendra de plus (987) ? » Pourrait-on for-
muler avec plus de netteté Tesprit général
et les principes du rationalisme? Et ne com-
prend-on pas à l'instant M. Cousin, résu-
(986) Il n*esc peut-être pas inutile d'avertir que,
quand nous disons la parole^ nous entendons CeX"
pnMton de la pemée^ même par gestes.
(986 *) Cf. M. rabbé Lo.^ay, vp. cit., pag. 9 et
sttiv.
mant les idées de loute Técole dans cesmit
si-significatifs : « La philosophie est lait
mière de toutes les lumières^ rauiurilédi
autorités (987*) ? »
Or comment renverser ce syslèrae?To|
est la question que nous nous sommes {i
posée. Est' ce que la raison de chaque boiiii
est réellement et i^ar nature iodépendal
de toute instruction sociale, comme Tallir
le rationalisme; ou bien l'enseignement
cial entre-t-il pour quelque chose dansv
formation do la raison, esl-il la condiil
nc^cessaire de son développement priuiiÇ
Avons-nous besoin d'un inatlre qui ûj
conduise & l'usage de la raison, ou bu
nature nous a-t-elle affranchis de toute 1
telle, et comme l'assure Rousseau. e^i|
de nous-mêmes que nous apprenons lot
que nous devons savoir? Voilà ce que i
nous sommes demandé avant tout : €'es|
f problème que nous avons posa en ym
ieu , et que nous avons tftcné de rte
à l'aide , pensons-nous « des seuls pror«|
véritablement philosophiques. j
Appuyés sur Tanalogie la plusm
et sur des faits généraux et mm
nous affirmons que la raison quiçwtel
elle le principe et la cause de tous sestij
dans les idées et Ténergie qu'elle a rej
du Créateur, ne porte pas dans sonlj
toutes les conditions de son développed
Nous disons que dans son eicrcice elle
comme toutes les forces , soumise ï m
différente d'elle-même , et que « pour arj
à la i>erfectiou qui est le but de sa oar
elle dépend de l'instruction sociale. L'
cessité de renseignement social coim
dilion du développement de la rais^i
l'impossibilité naturelle ()our toute ii
gence humaine, de mettre enjeu etd'ei
ses facultés natives sans être ).»lacée,
l'influence d'une intelligence déjà fut
voilà la doctrine k laquelle noustcnonsi
tout, nous pourrions dire uniquement,
attachons à cette doctrine une sout(
importance, et comme philosopiiet
qu elle nous parait jeter un granl joi
la nature et la science de la raison; et c|
Chrétien, parce qu elle fera à jamais
raltre les sj'slèmes aussi arbitraires
dacieux du rationalisme , et qu'elle ai
inévitablement la ruine du rationali5:i|
môme, du moins tel qu'il se formul
jourd'bui dans la scieuC'C.
Nous croyons donc que tout liomiî)
arrive à l'usage de la raison.doit ce ni
non pas à sa raison seule, mais au5i
rapports que la société établit entre ^<
telligenco native et d'autres iiilell',4
d'éjà formées par le plein exercice <1^
facultés; et tous les faits nous fTcr
que l'impossibilité d'être mise en (\
avec d'autres intelligences parle mo>i
(987) EmiU, liv. w; Œuvres, t IX.pH^
de Genève. , ..^
(987-) Cours <rhht dt h phU., iutrodiKtioo,
kvon.
PST
MCTIONNAIRE APOLOGETlQtE.
IPSY
enseignemenCt retient rindÎTidu dans une
«r^«é(uelle enbnce.
Mais à ee propos on peut soulever cette
ccoode question : par quels moyens natu-
^Is II raison de I enfant est-elle mise en
:ipporKaTec la société? Comment la société
ommuniqne-t-elle arec rindiridu? Est-ce
ar le moyen des cris inarticulés, ou bien
ar le moyen du geste » ou bien par la pa-
ole proprement dite, ou bien par tous ces
nyens réunis?
Endemment ceci est une nourelle qnes-
>n , distincte au moins de cette autre :
«^oseigneroent social lui-mAme est-il né-
^saire à la raison de Tindiridu ? Demander
: Hnstniction sociale est nécessaire, ou
r»n, quels sont les moyens nécessaires,
* *(-à-dire naturels de l'instruction sociale,
> sont assurément des questions dilTé-
r.■:^?>. Quant à nous, la question une fois
M*-e Recette manière, nous croirions avoir
j(ki3pné contre le rationalisme, si nous
TTcnions à bien élalilir la nécessité de
'fi^cï cernent social pour la première for-
-»*i'~»adela raison, et nous serions assez
' l^ff^rent sur la nature et la valeur rela-
• ^r«l« moyens que la société emploie i#our
«mWrU raison naissante de Penfant. C*est
à tel pthl que, si cette dernière question
i ^^wrmas quelque inlérér, ce n est que
f^ur jsltnt qu'elle se rattache à la première
>. 1 f a'elle se confond ârec elle.
y r^id donc comme nous croyons pouvoir
'fer la aoestion : En principe, la raison
rm^'i-^Ue le langage, ou le langage forme--
•tl l^M raison ?
^*^'^^}f comme on le voit, une question
''•Djbrioe c|ue nous proposons; c*est une
jfsrion rigoureusement générale; c'est, en
n QB^t, une question de principe. Otez tout
ti^rrge articulé, prenez Tbomme au mo-
eui où iamais il n'a entendu la parole,
unt qu'il en soupçonne même l'existence:
1-ce que sa raison créera la langue? £st-ce
2e sa raison sera formée indépendamment
i tuut langage préalablement entendu, et,
•ns cette bypolbèse, créera-t-elle sponta-
•ment la langue, expression naturelle de
raison?
n y a deux solutions possibles à ce pro*
èioe, et, ce nous semble, il n'y en a oue
fux. On peut dire qu'en principe général
!st la raison, la raison formée, en plein,
ercice, qui précède la parole, et que, par
os/N|uent, cest la raison que crée la lau-
1^; on bien Ton peut soutenir qu'avant
iToîr entendu parler, l'homme n'a |;as
Lsage de sa raison, et qu'ainsi, bien loin
te ta raison crée la langue, la raison ne se
rme, ne se développe que sous Tinfluence
I la langue. En un mot, la raison crée la
trole, la parole forme la raison ; telles sont,
rsqu'on se place au point de vue général,
s deux seulAS réponses à donner au pro-
ème proposé plus haut.
Si la raison crée la parole, qu'est-ce qui
ttme la raison? Voilà ce qu'il faut se ae*
under avant tout. Et ici encore on ne peut
oniier qae deux réponses contraires. On
doit reconnaître que la raison ne sa forme
que sous l'influence de l'enseignement so-
cial : c'est la thèse que nous avons soutenue;
ou bien il faut affirmer que la raison se
forme elle-même par une impulsion pure-
ment intérieure jet spontanée, sans qu'elle
dépende en aucune manière de l'instruction
sociale : c'est la thèse de Rousseau et de la
plupart des rationalistes. Mais quant à ceux
qui défendent cette* dernière opinion, nous
les en^gerons, au nom de la science et de
la vérité, à sortir enfin de la voie des hypo-
thèses et des affirmations gratuites. Nous
leur demanderons des preuves, des preuves
de fait; nous leur demanderons surtout
qu'ils expliquent clairement les faits nom-
breux et constanlsqui prou vent que l'homme,
avant toute éducation sociale , n'est jamais
qu'un grand enfant.
Si, contrairement à celte dernière hy|)o*
thèse, Ton soutient qu'en principe général
le langage forme la raison, n'est-il pas évi-
dent que l'on se place toujours hors de la
thèse, lorsque, pour combattre cette opi-
nion, qui est la nôtre, on nous oppose un
bomme sauvage, qui, quoique sauvage, vit
pourtant en société, et qui parle une lan-
gue, celle de la société où il vit, et qu'il
a apprise au berceau? C'est précisément
comme quand il s'agit de Torigine de nos
connaissances : pour prouver que la raison
ne dépend en aucune façon de l'enseigne-
ment social, on nous cite Socrate, Platon et
d'autres, comme si la voix de leur mère
n'avait pas retenti à leurs oreilles dès leur
plus tendre enfance, et comme si la société
n'avait pas, par une instruction de tous les
instants, fécondé les germes natifs déposés
dans leur intelliffence. N'est-ce pas cette
manière de procâler qai éternise les dis*
eussions, parce que, détournant toujours
l'esprit de l'objet même qu*il s'agit de con*
sidérer, elle l'empêche de jamais voir clair
dans la question , et l'égaré dans le champ
sans limites des hypothèses? Ce qu'il fau-
drait prouver d'abord, c'est que le sauvage,
qu'on prend pour exemple, a dévelopfié
s|K)ntanément sa raison, sans aucun secours
de l'enseignement social. Ce qn*i( faudrait
prouver ensuite, c'est que ce sauvage, avec
sa raison ainsi formée spontanément, a créé
la langue dont il se sert, sans l'avoir en-
tendue d'avance, sans lavoir apprise, et
sans avoir jamais entendu les hommes par-
ler. Or ici nous ne craignons pas d'affirmer
que jamais on n'entreprendra de prouver
celle thèse, {larce qu'elle ne peut se prou-
ver, et que ceci est évident.
On nous dira que le sauvage ou tout
autre homme peut pourtant inventer et
invente en elTet des mots nouveaux , des
expressions inconnues et inusitées jusque-
là. Soit : nous ne voulons nullement le con-
tester. Cependant, disons-le, le sauvage
n'invente pas, il oublie. Mais enfin celui
qui invente un mot, que ce soit un sauvage
ou un bomme civilisé, a-t-il ou n'a-t-il pas,
au moment qu'il invente des mots, une lan-
gue qu'il parle depuis son enfance? A-(-il
1
917
PSI
MCnONNAHIE APOLOGETI06E!.
PSY
oa n*a-t-i> pas une raison formée, assez du
moins pour qu'il soit homme, pour qu'il
soit un être moral? Voilà la question. Et
d'où a-t-il Tusage de sa raison ? Et d'où a-t-iï
sa langue? C'est h cela qu'il faut répondre.
Car personne ne conteste qu'un homme qui
jouit de la raison et qui parle peut inrenter
des mots noureaui, dont au reste il trouve
le type et le modèle dans la langue même
qui lui est familière. Noos voyons que cela
se fait tous les jours, saus qu'auctin de nous
songe à dire que ceux qui inventent ces
mots ont inventé leur langue. Si donc, pour
résoudre la question de I origine première
de la raison et de la parole, on s*obst1ne h
prendre pour exemple un homme aui déjà
]ouit de la raison et qui parle une langue,
sans vouloir s'enquérir comment il est par-
venu au premier usage de la raison et de
la parole, on se condamne à ne jamais ftire
un seul pas dans la qjiestfon. Et si , pour
démontrer que l'instruction sociale B'est
nullement indispensable, pour le développe-
ment primitif de la raison et de la faculté
de parler, on choisit un homme élevé dans
la société, et parlant la langue do la société
où il est né, on renverse toutes les lois
d^une discussion scientifique, et l'on abuse
étrangement de la logique et du raisonne^
ment.
Tout le monde voit du premier coi»p
d'csil que la question de la formation de la
raison, présentée de cette manière, se con-
fondrait, pour ainsi dire, avec la (|uestion
de i*origine de nos connaissances. C'est
môme pour cela que H. de Bonald- s'est
tant occupé du langage et de son origine.
Son but constant a été toujours de démon-
trer contre le rationalisme la dépendaneo
de la raison à l'égard de l'enseignement so*
oial dans l'm^quisition de ses premières
eoiinaissances morales. Or, remarquant que
)a société parle surtout pour enseigner, il
s'est attaché à prouver la nécessité de la pa-
role pour penser. En efiet, on ne saurait le
dire trop clairement , il est impossible de
résoudre pbilosophi4|uemeiU le problème de
la formation originaire du langage sans
résoudre en même temps celui de la forma-
tion de la raison; puisque, comme nous
l'avons prouvé, si en principe la raison
crée la langue, il faut de toute nécessité
soutenir que la raison se forme elle-même
spontanément, et qu'au contraire, si la rai-
son pour entrer en exercice dépend de ren-
seignement social, il est démontré que la
raison ne crée pas la langue ; car la société
parle à l'individu avant que l'individu ait
aucun usage de sa raison» ni aucune idée du
langage.
Nous sommes ainsi amenés lout naturel-
lement à cette dernière question : Si le lan-
Bage forme la raison, qui est-ce qui crée la
mgue? Si les ftiits prouvent qu'il n'y a au-
cun usage de la raison là où il n'y a pas de
langage articulé, nucl est l'auteur de la pre-
mière parole \^r laquelle a été formée la
première raison? Quel est le véritable créa-
teur de la nrcnvièrc langue? Dieu, D^
seul : voilà I unique réponse possible ^ce(
question. Et faut-il s'en étonner? N'est-
pas iei une question d*ôrtginet elquandl
s'agit d^origine est-il possîble de rien «
pliquer sans Dieu? Est-Kse que Dieuu'j
pas en tête de tout? Les ratiooalisles ei
mêmes ont -ils le mojcn d expliquer
monde, son existeace et ses lois mds
monter jusqu'au suprême Auteur de ru]
vers? Connaissent-ils le secret (i'eiphqj
ïhomme physique et moral sansTinienl
lion du Créateur ?'
Jusqu'à présent nous n'avôss guère]
que préparer le terrain; il nous restes
ieuant à bfttir;: c'est-à-dire» il nous
{trouver qu'en principe c'est lelanga^d
brme la raison, et par censéouent iifl
pas d'usage de^ I» raison là ou Ton o*f|
pu apprendre la langue. Ici noosd
fidèle à la méthode que nous avons sii^
parce que c'est la seule fertile enrési'
nous avons presque dit, palpables
citerons des faits, des faits avérés, f*"
tables, et nous en tirerons les coi
qui s'en suivent rigoureusement.
Nous [lOttrrions d'abord rappelerm]
le plus constant et le plus générai daf
celui que nous avons déjà exposé
loaguement, et qui suffirait pour eoi
cre les hommes réfléchis; nous poui
montrer l'homme, naissant dans la
de ses semblables, et dès son berceaj
tendant retentir à ses oreilles la yoI
sa mèrc^ qui lui apprend cette langui
le bon seu» du genre hnmain a a(f
tangue maternelle. Biais nous laissons
preuve assez claire d*ellc-mêaaet ei
nous bornons aux seuls faits qui pt
que lout homme qui u*enteua pas
ne parle point.
•c Le P. Jérôme Xavier, neveu de
tre des Indes (c'était le flis de son fret
en 1594 se trouvait en qualité de ml
naiiHî dans Terapire du grand Mogo!,
contracté des rapports assez intimes
8or empereur Akebar : c'est ainsi
prince se faisait nommer lui-roêmei
nom signifie qui n^est inférieur à pi
Le missionnaire rapporte que, dans
conversations familières qu'il eut
monarque, et où il ne manquait (^
porter à embrasser la vraie reli^'i^
prince pour s'excuser en quelque su
lui prouver qu'il n'était i>oint indi
pour une démarche de cette imporlar
raconta de sa propre bouche cette ai
remarquable et curieuse : Il jr avait (
certain nombre d'années qu'il fil réol
enflants qui étaient encore à la maiïï
dans le plus tendre âge au n<nnbrf tff
il les confia à des nourrices, à qui »'
fense, sous peine de la vie, <1'*'^';, L
mais en leur présence une seule syllaWi
les fit confiner dans un appartenaen ii«
Pour s'aswirer davanuge de l'e«^"*J^,
ses ordres, et prendre encorede plu^SfJ",
précautions, le de.spote confia la surrcinai
m
PSI
DICTiMNAIliE AHMjOGfrriOL'e-
PS¥
Kù
t Jésus,
les ooarriioes méffles à dos gardes aflBdées,
|ii*il obligea aa méioe sUencù et sous la
Déme |>eiae| son inteotioB et son but étaient
le choisir et de regarder comme véritable
i religion du peuple dont ces enfants par-
eraient le langage. Ils étaient déjà parve-
lus à rage où 1 entance touche à la jeunesse,
1 où les facultés et les organes de Thorame
•ot acquis pour Tordinaire leur parfait
léfeloppement : quelle fut la surprise du
Dtioarqiie I il questionne ces enfants, \\as
me syllabe de réponse. Il renouvelle U-s
olcrro^tions k plusieurs reprises; il s'a^
wrcoit à leur air siupide quiU n'oni pa$
itef Fiéég de ht puroUy bien loin de comr
ptMdre ou de parier un langage. Toute Tex-
Mif son de leur pensée, pour ainei dire toute
WÊérieiUt se réduit â quelques gestes informes^
pB m'éimieni quune imitation grossière de
de Iturs nourrices^ et qui se bornaient à
^er les besoins de la rie animale, •
le judicieux et savant P. Jouvency
rsHiorte cette anecdote dans la cin-
partie de lUistoire de la Comiiagnie
liv. xviUy n* ik : c'est seulement
•celle cinquième partie qu'il est Tauteur;
««H écrite avec une clarté, une élégance,
pafc WH^ d^esprit rares parmi les moder-
BmÛÊes^ et surtout avec les précautions
bmine la plus sévère et la plus éclai-
dir «f 4V les documents les plus indubi-
OBenanque-l-il k ce fait? Est-il controuvé?
exagéré dans ses circonstances par
philosophe ami des doctrines que
défendons? Est-il peu concluant? Ou
~ par ce seul fait la question n*est-elle
déridée? Ici en effet, se trouvent réunies
les circonstances voulues pour dé-
er la nécessité de Téducation d*abord|
uite l'impossibilité d'avoir une langue
t d'avoir entendu parler. Ces enfanis
nt au nombre de trente, bien constitués,
vaut en société, si la société était une
è Jo^laposition d'individus humains et
^^lês une réunion d'intelligences: il j avait
^los doute assez de faces humaines pour
oqoer dans ces individus le développe-
C de leur raison et l'exercice de leur
é de parler, si la vue seule d'un visage
io sutiisait à cet eflét. Et pourtant m
rl^eot pas, ils n^aeaient pas Vidée du
ge^ et toute F expression de leur pensée^
ainsi dire toute nuUérieUe^ se réduisait
Iques gestes informes, qui n étaient que
ad ion grossière de ceux de leurs nourri^
ei se bomaieni à demander les besoins de
ie animate. Aussi, nous le demandons à
homme de bonne foi, nn philosophe
ftorait connaissance de ce fait, pourrait-
résoudre à n'en tenir aucun compte
^ ses recherches sur la formation de
^raison et de la parole ? Et s'il se hasar-
li (tasser outre, ne s'exposerait-il pas à
treJire U ^nature , dont les faits sont
ftlS» YusBTS, NoMtel essai sur la eeriUuae, c 6,
M fUône ici ne fait qa*obéir au boa sens aa-
la voie la plus claire et la moins suspecte.
Un second fait non moins décisif est celai
2ue nous fournit Thistoire de Mademoiselle
eblanc. Comme nous avons rapporté les
principales circonstances de ce Htit> nous
nous bornerons à quelques observations
qu'il est im|)orlant de ne pas penlre de vue.
Remarauons d'abord que Uademoiselle Le-
blanc éiait dans toute la force de l'âge, par*
bilement constituée, et que tous les organes
des sens avaient chez elle cette vigueur et
cette subtilité que l'on retrouve tnet tous
tes sauvages. Du c6té des organes rien ne
lui manouait donc de ce qu*il faut pour ar*
ticaler des paroles. En second lieu, elle
avait naturellement de l'esprit ; car a}>rès
son instruction, qui fut conduite assez ra-
pidement, elle montra une inlelli:|ence plus
qu'ordinaire. Rien ne lui manquait donc du
oftté de ses facultés intellectuelles. En troi-
sième lieu, elle avait une compagne; rien
ne s^opposait donc à ce qu'il s'établit entre
ees deux sauvages une communication à
l'aide du langage articulé : même si la vue
d'un visaze humnin suffit pour inspirer
l'idée du Tangage et conduire à l'exercice
de la fiiculté natnrelle de parler, il semble
que nos deux sauvages auraient dA néces-
sairement avoir l'usage de la parole. Enfin,
et c'est ce qui doit |ieut-étre frapper le plus
les hommes réfléchis, elle formait un cri
effrayant de la gorge, et elle savait imiter le
cri de quelques animaux; elle connaissait
donc la valeur et les combinaisons des sons.
Cependant elle ne savait pas en articuler un
seul, elle ne parlait pas. Mais, siiôi quelle
entend les hommes se parler, elle a bieniéi
appris lu manière t exprimer eomme eux ses
{censées, N*est«-il donc pas évident, comme
e dit encore L. Racine , que l'histoire de
Mademoiselle Leblanc nena [ait eonsksMre
Fétat où nous serions tome tasU aue noue
sommes, si nous aeions été eomme Me prêtée
en naissant de toute société (069)?
Encore nn mot sur Gaspar Uauser, l'en-
fant deNnremberg. Il parait qu'il avait quatre
ans lorsqu'il fu t renfermé dans son eachot, il en
avait seize lorsqu'il fut rendu k la société de
ses semblables. Cn homme le servait dans fu
prison; maïs toujours il gardait un profond
silence. Ce n'est que quand ses bourreaux
furent décidés à mettre fin à sa captivité,
que cet bonnne commença k parler à son
prisonnier. Cette parole humaine fût pour
le pauvre enfant une espèce de révélation
d'un mcnde inconnu. Le son de cette voix
s'imprima avec tant de force dans son oreille,
qu'il aurait reconnu la voix de son gardien ^
entre mille autres; ainsi l'assurait-il lui-
même plus tard. Comme probablement on
avait hâte de se débarrasser du malheureux
prisonnier, il était resté à peu près muet.
Aussi, lorsqu'il fut interrogé les premiers
jours de sa délivrance, |K)ur toute réponse,
.il pleurait; seulement il prononçait quel-
tarel en refusant de voir one société kumaime dana
Fespcce de eeoiDiunauté de vie qui avait uni Mlle
Leblanc et sa compagne
951
PSY
DlCTlONxNAIRE APOLOGETIQUE.
PS\
ques mois isolés qu'il avait appris depuis
Eeu de sou gardien, et qu'il répétait au
asard è tontes les questions qui lui étaient
adressées. Tel était G. Hauser à l'âge de
seize ans. Mais n'oublions pas qu'à peine
entré dans la société, il en apprit la langue
avec une facilité extraordinaire, et qu'il
donna les preuves les moins équivoques
d*un esprit distingué et d'une intelligence
peu commune.
Nous pourrions multiplier nos citations,
mais il nous paraît que ces faits sont plus
que suffisants. Appuyé sur une expérience
qui n'a jamais été démentie, nous croyons
être autorisé à conclure que l'homme ne
parle que parce qu'il a entendu parler, et
que tout individu qui n'a pas entendu ^)ar-
1er ne parle pas; ou bien, en principe^ ce
n'est pas la raison qui crée la langue^ mais
c'est la langue qui forme la raison. Après
cela, qu'on nous oppose une foule d'argu-
msnls spécieux qui semblent prouver la
possibilité logique de créer la langue ; que,
se plaçant en dehors de tous les faits et de
toute observation possible, l'on construise
des hypothèses plus ou moins ingénieuses
SLr l'origine du langage; que l'on se ratta-
che aux opinions également hypothétiques
de Condillac ou de Rousseau, "ou de Dami-
ron, ou de Degérando, ou de tout autre,
nous nous bornerons toujours à dire : Ré-
pondez d'abord aux faits; expliquez-nous
les faits; surtout, montrez^ious un homme,
un seul, ce n est pas irop, qui, sans avoir
jamais entendu parler, ait un langage arti-
culé; un homme oui ait une lançue qu'il n'a
pas apprise ; et aXors nous modifierons nos
raisonnements et nous reviendrons sur nos
pas pour soumettre nos preuves à un nou-
vel examen plus rigoureux que jamais. Mais
s'il vous est absolument impossible de nous
montrer un tel homme, parce (^u'il n'existe
pas et n'a jamais existé; et si, pour prou-
ver que l'homme n'apprend pourtant pas à
parler, vous nous opposez un sauvage qui,
dès 5on berceau, a appris la langue de sa
mère, cette langue qu'elle-même a apprise
de ses pères, comme ceux-ci l'ont apprise
de leurs ancêtres, nous répondrons toujours,
et évidemment avec justice, que vous no
touchez pas à la question, et que, contre
toutes les lois de, la logique, vous commen-
cez par supposer l'existence du fait mémo
dont vous voulez avec nous rechercher la
cause et l'explication.
C*est donc la société qui préside aux pre-
miers développements de la raison dans
l'individu; c'estréducalion sociale qui éveille
rintelligeucc, et c'est elle encore ciui nous
conduit tous à l'usage de la parole. Pour
pouvoir parler et jouir do sa raison les fa-
cultés natives ne suffisent pas, il faut do
plus un maître; et ce maître qui nous ins-
truit, ce moniteur qui nous guide, c'est la
société. A peine entré dans la vie, l'enfant
passe dans les bras de sa mère, qui le cou-
(990) Rc;c/icrc/ic< p/n7o»., c. 2, p. Il5,él.de Gand. —Cf. M. r.ibbé Loïat, op. «<., p. «7ct'seq.
vre de caresses, qui Ini parle sa langue
qui cherche à communiquer avec lui
tous les moyens qu'inspirent la lendress.
l'industrie d'une mère. L'enfant toit, il
tend, il sent, comme le comporte sa iaj
et délicate nature. InsensibleDiênl tdul
développe eu lui ; il devient pins câ[
d'attention; il voit mieux, il entend
distinctement, il sent d'une manière
vague et moins confuse, et alors aoss]
rai)ports avec ceux qui renlourenl se
tiplient et deviennent plus intciligenl^l
en état de profiter de tout ce c[a il sent
intelligence, qu'il lient de Dieu et qq^
Teille de plus en plus, lui permet de re
quer bientôt comment les persono<
milieu desquelles il grandit désignée
des mots les objets qui frappent ses ye
lui-même s'exerce à bégayer d*al}onlJ
[prononcer ensuite d'une manière ploif
es expressions qu'a conservées saiséa
C'est fe grand pas qui déjà l'introdoitl
la société humaine. Excitée et soole
les mêmes moyens extérieurs, m
gence native s'élève plus baul
voit, par exemple, il entend prier,}!
que sur les traits de sa mère une
sion inaccoutumée; jil pense i ce
frappe, car sa pensée s'étend cbaqt
il interroge avec toute la curiosité d|
fance, et insensiblement il apprend
naître, comme le peut sa raisonnai]
un maître placé au-dessus des hoi
de tous les objets qui l'entoorenti
ainsi que nous avons appris è parle!
doits par notre raison et les lois nal
qui la gouvernent. Sans le vouloir
le savoir, nous avons appris la lat
notre mère, qui nous ra enseigni
réflexion et sans dessein, comme ell(
apprise elle-même. C*est ainsi que pt
et par degrés nous avons appris à
Dieu, è nous connaître uous-mêmeil
devoirs de notre nature morale, pî
nous avoua vécu au milieu de
connaissaient tout cela, et que lenrs^
leurs actions, toute leur conduite
et excitant notre intelligence, l'onj
mettre en jeu les admirables {)i
qu'elle a reçues du Créateur. Et si
remonter jusqu'au premier père
humain, dans rintcnlion de recln
ce que nous appelons la loi de la
retrouve au berceau do la raisoni
rons avec M. de^fionald, et cro}'0|
conformément à nos livres sainte
que rhomme ait été créé parlant,
la connaissance du langage lui aiCI
pirée j»ostérieureroent à sa naissar
eu des paroles aussitôt que des })ei
des pensées aussitôt que des paroles;
pensées, émanées de l'intelligence ^upi
avec la parole, n'ont pu être qu6 àts
sées d'ordre, de vérité, de raison et de
tes les connaissances nécessaires à 1 b<x
et à la société (990). >
B
PSY
DlCTiOMNAlRE APOLOGETIQUE.
PSY
9Ô4
ixir.
iler du la^ige dans Ii constllution de la raison. — Sans
ie «i^ne, le mode ne peut être dégagé de la substance.
— Far cottit^ucut, sans Je signe, pas d'abslraclion, —
fa^ de géi^éralisaUon, — pas de jugement, — pas de
raa:soiuiemejit, — et iinaleuent pas de raison.
NOUS venons de constater deux faits d^unc
utionse |K)r(ée, faits évidents comme le
leii ; Ui premier, c*est celui de la nécessité
*o\ue de renseignement pour l'évolution
l«\^e<'tuelle ou rationnelle de Thomme; le
condc^est le fait de la parole orale, écrite
t{:esticu]ée comme moyen d'enseignement
de développement de Yintelligence ou de
lâjson humaine. Devant ce résultat de
H recherches sur l'origine de nos connais-
icest rtiypothèse rationaliste ne peut plus
soutenir. L'homme, tout homme est en-
|pi^,et enseigné au moyen de la parole, et
^ividu isolé, séquestre de là société de
I semblables, ou à qui on n'a jamais parlé,
fie enfant et ne parvient jamais à Tusage
la raison ; le monde rationnel demeure
nr lui h jamais fermé.
hjur donner à ces faits une nouvelle force,
• palpable évidence, nous allons pénétrer
to riotime constitution do la raison hu-
; nous allons la décomposer pour en
les éléments. Cette analyse des élé-
ie notre raison nous fera parfaite-
comprendre le rôle du langafje dans
>luiioïi rationnelle de notre intelligence,
r^sipera jusau*au moindre nuage sur la
Edoa capitale de l'origine de nos con-
fesances.
hï*y a-i-il et que peut*il y avoir dans
l^lligence humaine développée? Des idées
substances {maiér telles^ spirituelles^ in*
\aible9 ou êtres de raison }, des idées de
■les et des idées de rapports des modes
substances. Les idées de substances
érielles ou les idées sensibles sont les
les que nos sens puissent atteindre sans
fi:ours des signes. Aussi est-ce les seules
nous trouvions dans Vhomme de la na*
\ nous voulons dire dans l'individu hu-
i qui n*a jamais reçu les enseignements
a parole. Toutes ses idées ne sont que
iages et il ne peut saisir que des en-
;es.
aller au delà d'un sentiment général
queliiue sorte synthétique de diQ'é-
entre les cbo.ses (991), il faut étudier
ent les qualités qui leur apparticn-
cC comparer ces qualités entre elles.
comparaison des qualités ne produit
m résultat net et précis, tant que l'on
•t pas parvenu à les détacher de leurs
tis. Nous ne pouvons donc apprécier
Itle serait, sans le secours du langage,
JBtidue possible de ^notre connaissance,
9^1) I Toutes DOS impressions portent le nom de
Jkm/Hrs tant qa*elles demeurent obscures et con-
H' elles prennent le nom d'idées des qu*elles
Émcocnt i devenir distinctes.
' L^tnimal ne réfléchit point sur les phénomènes
t^irnrs ; îl sent : voilà tout. Les sensations se
cjeJcot en lai sans autre lien que Tunlié de Tétre
fur
qu'en déterminant jusau'à quel point l'homme
serait encore capable d opérer dans les
substances Tabstraction des modes.
Il y a deux espèces de noms nour eipri-
mer les modes. Les uns , que l'on nomme
adjectifs en grammaire, nous les font voir
dans une relation de dépendance h quelque
sujet exprimé ou sous-entendu. Tels sont,
par exemple, les mots solide^ mobilt^ so-
nore, etc. Les autres, tels que les substantifs
abstraits «o/idi//, mobilité^ son, etc., nous
les montrent en enx-mémes, inJépendam-
ment de tout sujet, et les élèvent au rang des
sul)stances. Nous concevons donc les modes
sous deux points de vue opposés; et cepen-
dant un seul de ces points de vue nous est
donné par la nature. Car toujours la nature
nous fait voir les modes engagés dans la
substance. Le vert est dans la feuille, la blan-
cheur dans le lait, la rondeur dans le i^lobe,
la pesanteur dans le eorps, etc. Le sujet et
les qualités sont partout inséparables. Par
3uel effort d'analyse l'esprit a-t-il pu séparer
eux conceptions qui fui arrivent toujours
unies et qui font partie d'un seul et même
fout? Pour abstraire lemodede la substance,
il n'a pu se prendre aux objuts. Les objets
n'auraient été qu'un obstacle, puisqu'ils nous
présentent toujours le mode dans un état de
dépendance nécessaire. Quand mon attention
se porte sur la blancheur du lait jedistingue
sans aucun doute cette modification, mais je
ne la déplace pas ; elle demeure liée à la subs*
tance , et je ne l'aperçois que comme partie
dans un tout. Pouvions-nous espérer plus
de succès en agissant sur nos idées ? Mais en
réalité notre intelligence ne peut concevoir
ni mode sans substance, ni substance sans
mode. Une substance sarjs mode et un mode
sans substance impliquent contradiction. Or
notre esnrit affirme quelquefois, jamais il ne
conçoit l'impossible. Le mode et le sujet ne
sont réels, ne sont même possibles qu en-
semble; ils se servent de complément Vuu à
Tautre. Ce n'est pas assez de dire que l'on ne
peut penser au premier sans pçnser au se-
cond. Ce serait supposer qu'ils sont deux,
tandis qu'en réalité ils ne font au'unel cons-
tituent comme deux faces corrélatives d'une
indivisible unité. Si toute séparation n'elle
du mode et de la substance est absolument
impossible dans la pensée comme dans la
nature, les substantifs abstraits n'expriment
qu'une apparence, et l'abstraction des modes
ne doit être considérée par le philosophe
que comme un phénomène artificiel produit
par remploi successif et distinct des signes
du langage.
Examinons maintenant les jugements bu-
mains qui ont tous pour objet d'unir un
mode à une substance, ou de l'en séparer.
qui les éprouve. Elles ne deviennent point objet ;
c'est pourquoi il ne les combine ni. ne les tnaiis-
forme, les laissant ce qu'e>lt^ sont, de simplet (ék*,
N*en serait-il pas ainsi, dans le mot humain^ d< s
faits de conscience, lorsqu'ils sont encore isolés
et qu'ils n'ont poinlété soumis à Taetivité réfléehiet 1
(Jacques Balmes^ PhHosophiefffnd^,^ 1. 1" , p. ii.6.)
951
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSÏ
ques mots isolés qifil av3il appris depuis
Eeu de sou gardien, et qu1l répétait au
asard h toutes les questions qui lui étaient
adressées. Tel était G. Hauser à T&ge de
seize ans. ^lais n'oublions pas qu*à peine
entré dans la société, il en apprit la langue
avec une facilité extraordinaire, et qu'il
donna les pre\ives les moins équivoques
d*un esprit distingué et d'une intelligence
peu commune.
Nous pourrions multi])lier nos citations,
mais il nous parait que ces faits sont plus
que suffisants. Appuyé sur une expérience
qui n*a jamais été démentie, nous croyons
être autorisé à conclure que l'homme ne
parle que parce qu'il a entendu parier, et
que tout individu qui n'a pas entendu ^tar-
1er ne parle pas; ou bien, en principe^ ce
n'est pas la raison qui crée la langue^ mais
c'est la langue qui forme la raison. Après
cola, qu'on nous oppose une foule d'argu-
ments spécieux qui semblent prouver la
possibilité logique de créer la langue ; que,
2»e plaçant en dehors de tous les faits et de
toute observation possible, l'on construise
des hypothèses plus ou moins ingénieuses
sur l'origine du langage; que l'on se ratta-
che aux opinions également hypothétiques
de Condillac ou de Rousseau, ou de Dami-
ron, ou de Degérando, ou de tout autre,
nous nous bornerons toujours à dire : Ré-
|)ondez d'abord aux faits ; expliquez-nous
les faits; surtout, montrez^nous un homme,
un seul, ce n est pas irop, qui, sans avoir
jamais entendu parler, ait un langage arti-
culé; un homme oui ait une langue qu il n'a
pas apprise ; et alors nous modifierons nos
raisonnements et nous reviendrons sur nos
pas pour soumettre nos preuves à un nou-
Tel examen plus rigoureux que jamais. Mats
s'il vous est absolument impossible de nous
montrer un tel homme, parce qu'il n'existe
pas et n'a jamais existé ; et si, pour prou-
ver que l'homme n'apprend pourtant pas à
parler, vous nous opposez un sauvage qui,
dès s»on berceau, a appris la langue de sa
mère, cette langue qu'elle-même a apprise
de ses pères, comme ceux-ci l'ont apprise
de leurs ancêtres, nous répondrons toujours,
et évidemment avec justice, que vous no
touchez pas à la question, et que, contre
toutes les lois de, la logique, vous commen-
cez par supposer l'existence du fait même
dont vous voulez avec nous rechercher la
cause et l'explication.
C'est donc la société qui préside aux pre-
miers développements de la raison dans
riudi vidu; c'est l'éducation sociale qui éveille
rintclligence, et c'est elle encore qui nous
conduit tous à l'usage de la parole. Pour
pouvoir parler et jouir do sa raison les fa-
cultés natives ne suQisent pas, il faut de
plus un niatlre; et ce maître qui nous ins-
truit, ce moniteur qui nous guide, c'est la
société. A peine entré dans la vie, l'enfant
passe dans les bras de sa mère, qui le cou-
vre de caresses, qui lui parle sa langue h
qui cherche à communiquer arec lui par
tous les moyens qu'inspirentla tendresse et
l'industrie d'une mère. L'enfant roit, il en-
tend, il sent, comme le comporle sa faible
et délicate nature. Insensiblement (eut se
développe eu lui ; il devient plus capable
d'attention; il voit mieux, il entend pjos
distinctement, il sent d'une manière moîm
vague et moins confuse, et alors aussi ses
rapports avec ceux qui l'entourenl seœul.
tiplient et deviennent plus intelligents. Fias
en étal de profiter de tout ce qu'il sent, sou
intelligence, qu'il lient de Dieu et qoi s*é-
Teille de plus en plus, lui pennet de reaiir.
quer bientôt comment les personnes n
milieu desquelles il grandit désigneot par
des mots les objets qui frappent ses yeui,ei
lui-même s'exerce à bégayer d'abonj rt j
f)rononcer ensuite d'une manière plasf?nD-
es expressions qu'a conservées saménioiri.
C'est fe grand pas qui déjà rintroduiijj^
la société humaine. £xcitéeet$outeD(ui/)»r
les mêmes moyens extérieurs, soDiaiel/h
gence native s'élève plus haut nv./i
voit, par exemple, il entend prier, ît«ttr-
que sur les traits de sa mère unenfns-
sion inaccoutumée; {il pense i ce i)iâ «t
frappe, car sa pensée s'étend chaque joûr;
' il interroge avec toute la curiosité de l'en-
fance, et insensiblement il appreiHl à con-
naître, comme le peut sa raison naissante,
un maître placé au-dessus des bommcs et
de tous les objets qui renlourenl. CeU
ainsi que nous avons appris à parler, coq*
duits par notre raison et les lois naturelb
qui la gouvernent. Sans le Touloir et su
le savoir, nous avons appris la langue de
notre mère, qui nous ra enseignée m\
réflexion et sans dessein, conome elle \'m
ap[)rise elle-même. C'est ainsi que peu à i&
et par degrés nous avons appris à coonaiut
Dieu, è nous connaître nous-mêmes et 1^
devoirs de notre nature morale, parce fl
nous avons vécu au milieu de ceaiffl
connaissaient tout cela, et que leurs parole
leurs actions, toute leur conduite éveilfi
et excitant notre intelligence, l'ont aidît
mettre en jeu les admirables fumn
qu'elle a reçues du Créateur. Et si l'oot
remonter jusqu'au premier père du ge
humain, dans l'intention de rechercher
ce que nous appelons la loi de la raison
retrouve au berceau do la raison, nous
rons avec M.dCiBonald, et crojons-ooi
conformément à nos livres saints: ti
que rhomrae ait été créé parlant, soitq
la connaissance du langage lui ait éléioi
pirée postérieurement à sa naissance, li
eu des paroles aussitôt que des penséest
des [censées aussfitêt que iies paroles; eti
pensées, émanées de rintelligencesupréi^
avec la parole, n'ont pu être que de^M^'
sées d*ordre, de vérité, de raison etdetw
tes les connaissances nécessaires i TboC
et à la société (990).»
(990) Reclècrches philos., c. 2, p. 1 15, é I. de Gand. — Cf. Bl. Tabbë Loat, op. cit., p, Î7et*seg.
«si
PSY
MCTiOraiAlRE APOLOGETIQUE.
PSY
9Ô4
ixn.
Ule à» iaaf>€^ ^^"^ ^ eoostitulioo de b raiaoo. — Sans
lesiEBe» le Mode ne peot être dégagé de li sobsuace.
— I^r nns&qaeul, saos.le signe, pas d'abstraction, —
ftti de géi|éralisatJoB, — pas de jogement, — pas de
II, — ei finaleioent pas de raison.
rai
Nous Tenons de constater deux faits d*une
loimense |K>rtée, faits évidents comme Je
soleil ; Itt premier, c*esl celui de la nécessité
absolue de renseignement pour l'évolution
iatelle^4ueile ou rationnelle de Thomme; le
second c'est le fait de la parole orale, écrite
ou cesticulée comme mojen d'enseignement
H de développement de Vintelligence ou de
ij raison humaine. Devant ce résultat de
iu>s recherches sur Torigine de nos connais-
«aaces, Hijpothèse rationaliste ne peut plus
«e soutenir. LMiomme, tout homme est en-
«n^oé^et enseigné au moven de la parole, et
' iCMiivida isolé, séquestré de la société de
^«' semblables, ou h qui on n*a jamais parlé,
r«£ te eobnt et ne parvient jamais à Tusage
'^ Il raison ; le monde rationnel demeure
pfr»tflui è jamais fermé.
ir donner à ces faits une nouvelle force,
pilpable évidence, nous allons pénétrer
I nolime constitution de la raison hu*
t m «t; noos allons la décomposer pour en
A ^nèiarles éléments. Cette analyse des élé-
m El notre raison nous fera parfaite-
comprendre le r6le du langage dans
j— ^^rtition rationnelle de notre intelligence,
• i Ripera jusau'an moindre nuage sur la
;u t^ioD capitale de Torigine de nos con-
&ar45»oces.
ç^tt'jra-t-iJ et que peut-il y avoir dans
fioti^liigencehumaînedéveloppée? Des idées
de substances {matérielles^ spirituelles^ in-
UUigMes ou êtres de raison ), des idées de
&4jdes et des idées de rapports des modes
lux substances. Les idées de substances
Miérielles ou les idées sensibles sont les
taies que nos sens puissent atteindre sans
t secours des signes. Aussi est-ce les seules
jtte nous trouvions dans Vkomme de la no-
iKTf^ nous voulons dire dans findividu hu-
uin qai n*a jamais reçu les enseignements
e la parole. Toutes ses idées' ne sont que
es images et il ne peu! saisir que des en-
nubles*
Pour aller au delà d*un sentiment général
I en queluue sorte synthétique de diffé-
mue entre les cbo.ses (991), il faut étudier
■parement les qualités qui leur apparticn-
tnt^ et comparer ces qualités entre elles.
W la comparaison des qualités ne produit
icun résultat net et précis, tant que Ton
est pas parvenu è les détacher de leurs
ijets. Nous ne pouvons donc apprécier
jHIe serait, sans le secours du langage,
rteadue possible de ^notre connaissance,
) c Timies DOS impressions portent le nom de
Atiaumts tant qa^elles demeurent obscives et con-
^^ft ; files i^reunent le nom d*idées dés qu'elles
uamescrnt a devenir distinctes.
« L*animal ne réfléchit point snr les phénomènes
Leriesrs ; Il sent : voili tout. Les sensations se
.ecéJent co loi sans aatre lien que Tanité de Pétre
qu*endéterminantjus(ra*àquel point Tbomme
serait encore capable d opérer dans les
substances Fabstraction des modes.
Il y a deux espèces de noms pour expri-
mer les modes. Les uns , que i on nomme
adjectifs en grammaire, nous les font voir
dans une relation de dépendance à quelque
sujet exprimé ou sous-^ntendu. Tels sont,
par exemple, les moU solide^ mobllt^ so-
nore, etc. Les autres, tels que les substantifs
abstraits jo/idi//, mobilité ^ son^ etc., nous
les montrent en eux-mêmes, indépendam-
ment de tout sujet, et les élèvent au rang des
substances. Nous concevons donc les modes
sous deux points de vue opposés; et cepen-
dant un seul de ces points de vue nous est
donné par la nature. Car toujours la nature
nous fait voir les modes engagés dans la
substance. Le vert est dans la feuille, la blan-
cheur dans le lait, la rondeur dans le ^lol>e,
la pesanteur dans le corps, etc. Le sujet et
les qualités sont partout inséparables. Par
quel effort d'analyse l'esprit a-t-il pu séparer
deux conceptions qui fui arrivent toujours
unies et qui font partie d*un seul et même
tout? Pour abstraire le mode de la substance,
il n'a pu se prendre aux objets. Les objets
n'auraient été qu'un obstacle, puisqu'ils nous
présentent toujours le mode dans un état de
dépendance nécessaire. Quand mon attention
se porte sur la blancheur du lait jedistingue
sans aucun doute cette modification, mais je
ne la déplace pas ; elle demeure liée k la sub£«
tance , et je ne l'aperçois que comme partie
dans un tout. Pouvions-nous espérer plus
de succès en agissant sur nos idées ? Mais en
réalité notre intelligence ne peut concevoir
ni mode sans substance, ni substance sans
mode. Une substance sans mode et un mode
sans substance impliquent contradiction. Or
notre esprit affirme quelquefois, jamais il ne
conçoit rimpossible. Le mode et le sujet ne
sont réels, ne sont même possibles qu'en-
semble; ils se servent de complément l'un à
l'autre. Ce n'est pas assez de dire que l'on ne
peut penser au premier sans pçnser au se-
cond. Ce serait snpposer qu'ils sont deux,
tandis qu'en réalité ils ne font qu'unel cons-
tituent comme deux faces corrélatives d'une
indivisible unité. Si toute séparation n'elle
du mode et de la substance est absolument
impossible dans la jpensée comme dans la
nature, les substantiis abstraits n'expriment
qu*une apparence, et l'abstraction des modes
ne doit être considérée par le philosophe
que comme un phénomène artificiel produit
|iar remploi successif et distinct des signes
du langage.
Examinons maintenant les jugements bu-
mains qui ont tous pour objet d'unir un
moile à une substance, ou de l'en séparer.
qni les éproove. Elles ne deviennent point ohjet ;
c'est pourquoi il ne les combine ni, ne les mus-
forme, les laissant ce qu'e>les sont, de simple faî(<.
ITen serait-il pas ainsi, dans le mot homaÎD, d« s
faits de conscience, lorsqti^ils sont encore isolés
et qa*ils D*ont point été soumis à ractiviié rélléeliie? »
(Jacques BxLuts^PhHosopkiefond^.^ 1. 1" , p. iijt.)
ÏÏX
PSt
DICTIONNAIRE
Suivant la pluport des philosophes, avant
d'affirmer qu*uu mode appartit^nt ou n'ap-
f)artient pas bun sujet, il faut avoir discerné
e rapport de Tun à Tautre (992). On ne
perçoit ce rapport qii^après avoir comparé
ses liimx termes. Pour comparer les deux
termes dont le premier est une id<^e do
substance, le second une idée de mode, il
faut, avant tout, que chacune de ces idées
soit isolée dans notre Ame. soit posée h part
et en face de Tautre. Mais puisque l'homme,
privé du langage, voit toujours le mode en-
gagé dans la substance, et que les concep-
tions de ces deux éléments corrélatifs for-
ment dans la conscience un tout indivisible,
sans l'usage des signes institués aucune
comparaison ne peut avoir lieu : les trois
parties que Ton distingue dans le jugement
sous les noms de sujets d'attribut et de rap-
port^ n'apparaissent plus isolées; elles for-
ment dans la i^nsée une senle et unique
conception ; et, si dans c^tte conception ou
peut apercevoir trois faces ou trois points
de vue distincts, il est impossible d'en con-
sidérer un seul ailleurs que dans le tout in-
divisible, où il est compris. Enfin, sans le
langage, les parties du jugement ne se pré*
senteraient pas non plus dans un ordre
successif ; car ici la succession n*c*it pas dans
la pensée dont (os éléments sont corrélatifs,
et par conséquent simultanés; elle est uni-
quement dans les termes de la proposition
qui exprime les parties du jugement, non
dans Tordre où l'esprit les forme, mais dans
Tordre où il les dislingue
On aurait tort do s'imaginer que ce raison*-
nement n'a qu'une valeur liypothétique
parce que, pour en déterminer l'objet, nous
avons supposé que tous nos jugements déri-
vent do la comparaison. Les dernières ré-
flexions que nous avons faites sur la simul-
tanéité et l'indivisibilité des éléments qui
constituent le jugement dans l'esprit humain
sont des corollaires généraux do Targument
I)ar lequel nous avions déjà prouvé que sans
e langage il est impossible d'abstraire le
mode de la substance ; elles sont donc appli-
cables à toutes les hypothèses que le lecteur
pourrait adopter sur la formation de nos ju-
gements. Si Ton admet que les logiciens se
soient mépris sur la nature du jugement, et
qu'il ne soit pas un résultat de la comparai-
son, il faudra le considérer ou comme une
perception analytique des qualités contenues
dans un sujet soumis à l'observation, ou
comme une conception immédiate et synthé-
tique du rapport, suggérée par Tins ti net ra-
(992) Toute idée de mode Implique un rappon ;
et, dans la réalité intellectuelle, on ue pourrait dé-
gager le rappari de Tidée m. 'me sans détruire celliv
ci. 11 y a, dans toute idée de mode même le plus
simple, deux éléments inséparablrs, Timpressioii
protluiie par âou objet et la couctpliou d'un rapport
qu«!coNque qui la détermine.
(993) c Mous ferons remarquer que si tous nos
raisonaeroenis rouieui, dans ce pai agraphe, sur la
substance el le mode, cVst que tous les objets de
noire pensée ^ont conçus sous le double point de
vue du sujet et di^l*atiribot, el par consàiueut de
fit
APOLOGfiTlQUÊ. Kï
tionnel. Or, quand le jugement se forme wr
1 analyse des qualités que Ton obserTe dans
un sujet donné, d*après la nature même de
Topération, les modes demeurent engajA
dans la substance et Tiudivisibiliié desur*
ties du jugement est un bit né.essiire
Quand il est un pro<tuit immédiat de Tin^i
tinci, Tidentiûcation et la simultaaéiié des
parties qui le constituent sont nécessai^^
ment impliquées dans -Torigine même qu'oc
lui assii^iîe. Je dis plus: Tactedu jugemeot
instinctif semble ne subir qu*à regret les
moditlcalions que le langaiçe a coutume
d'introduire dans la |>ensée. il est rare que
dcins la pratique, les inspirations du m
commun nous | résentent dislinf^temeot uq
sujet, un attribut et un rapiiort; elles oni
peine k se laisser traduire en propositioas,
et une tendance naturelle les ramèoe ioq-
jours k la forme du sentiment. Ainsi, dut
quelque hy()ol(jèse que Ton raisonoe, ûb
que Ton fait abstraction du langigt^oi]
trouYe toujours dans le jugement m n»*
ception simple, dont les faces sooi /ifeli^
ment inséparables et se Biontrenunaltt
nément. Le lion n a jamais posé idfldée^
moi, là Tidée de la force, et entrewte^i
idées la notion du rapport qui les aoil; p*
mais ii n*a dit en Iui*tuéme suocessifenni
et en séparant ces trois choses . Ji miifori
il les a senties dans ube. conception m\k
qui est une dans sa nature et triple dans ^
aspects (993).
Pour eontirmer ces vérités, faisons reair*
quer d*ai Heurs que, en supposant que le
mode pût en réalité ^tre conçu iodépeD-
damment de la substance» il serait impi^^^
ble de Tabstraire sans le généraliser. Tut
que je représente, par exemple» leterUé*
terminé d'une feuille, la blancheur partit»'
Hère â*un mur, il doit paraître évident qu
la feuille et sa couleur, le mur et sa M»
cbeur demeurent unis dans mon esprit. I(
les idées de mode sont tellement eo^^aJ
dans celles de sul>stance, qu'il y aurait fà
& vouloir se rappeler les unes sans lesu-
très. Qui serait assez insensé pour essi^tf
de se représenter les traits particuliers dm
ami absent sans éveiller aucune des auim
idées comprises dans la notion qu^îl a de «i
personne? Tant que les modes restent ifr!**
viduels dana notre pensée, nous lesconceioc i
donc. nécessairement dans les subsunra
qu'ils déteriuinent ; mais, de bonne ua«
quand la nature n offre k dos yeai que de
modes particuliers , diversement %^W^
entre eui et toujours attachés à qoe)(F
la substance et du mode. Celle corréhtioo enirf itf
tons no» jug^menls et en détermine universeilcB»*
U forme.
c Aucun ju^meni ue peut subsister dans yt»V^
s*il n*est e^i^runé. En sorte <|ue, sans le Iw^t^^
raison serait une furce ré«luite à nuaciloy,
c La perception extérieure, dans ranimât, œ »{
compléiant par aucunt: idée rationovlle, m ^> f*
au delà de U simple p«rceplioo. Dans rhoowr ^^
elle existe à Téiat de jugement» Aussi TboiDi»: »-
peut dire ce quil voit, i (H. Goruo, «P* ^
p. 151.)
P5T
DlCTiONNAlAE JUH>LOG£TIQUE.
PSf
ojef, croil-on qoe, sans le secours de la
^role, il fût possible de leur Aier ce qu'ils
ni de déterminé dans chaque être, et de
e plus Toir que ce qu'ils ont de commun,
oorformer la notion générale de biaiukeur^
faudrait les idées de papier, de lait, de
Mie, ete., étant données, isoler chaque cou*
!orparticc:lière du sujet auquel elle appar-
ient, et des autres quîdités qui sont unies
rec elle dans le même sujet ; après cette
reroîère abstraction, contrariée à la fois
.ir les objets et |iar la nature de la pensée,
1 ûudrait comparer entre elles les diTcrses
^>uleurs, pour saisir ce qu'elles ont de
^tnblable et de,diflerent, enfin concentrer
idosirement sa réflexion sur les ressem-
.inees qui les unissent. Je le dis avec la
l'js profonde cou Tict ion, cette suite d'efforts
k!rnil))es I combattus par un concours de
loses intérieures et extérieures, est an*
'essosde l'homme, dont la faiblesse ne serait
4s secondée parla paissance de la parole.
iv'ffaUms que, sans le langaze, la mémoire
aarat aucune prise sur 1 idée générale :
T. dans cette hypothèse, l'idée générale
^'existe qu'à la condition d'être réellement
^ ^radte. Or, une idée abstraite ne peut se
« *r ^ nos autres connaissances sans perdre
^-^«^«îMion caractère; elle n'est abstraite
t; . 'jotnlque l'effort qui l'a créée la retient
is> risolement. Par conséquent, dès que
.' is-.vnl cesserait d'agir pour la conserver
:Kr*eù\Oj elle disfiarattrait sans retour, ou
M. n irait de nouveau se fondre dans les
.*- es individuelles d'oii elle aurait été tirée.
^ Isn^êgd est donc un support nécessaire
Il notions générales; sans lui, elles n'au-
i>T}t dans I esprit ni consistance ni fixité,
i ' 'bomme renoncerait bientôt à créer péni-
•«-méat des idées qu'il se sentirait incaîtable
^ conserver (99k).
A iosi Fkamme de la nature verrait des
ttb52dnces matérielles, pierres, plantes»
nioiaux, ete.» mais, dépourvu du signe, 11
e [pourrait jamais dégager de ces substances
Dcon mode. Far conspuent, il ne pourrait
iBoais s'élever ni à fabstraction ni à la gé-
ralraition. L'abstraction, en effet, est un
rwédé de l'esprit qui considère la qualité
wlépendamment et hors de la substance à
K^aelie elle appartient Or, lesiçne, nous
»ODS de le voir, est absolument indispon-
ible à la formation de l'idée abstraite, et
3pprimer les noms qui expriment les qua-
lés des objets et les fixent dans notre esprit»
est anéantir l'idée abstraite. Ainsi, soppri>-
îer les mots contoir, san^ forme^ fig^^^f
Kr/e, iiemduet setuaiian^ idée^ jugement^ fth
nUé^ ete.,etr.,c'estsupprimerautantd*idées
^straites, e*est supprimer presque tout le
\9!U> On sait i|Bd WUe imnense raffirmaUcaJoua
kns b stfBCtare de la rals<m et da lanaage. Cette
;itntion CA csseateUement liée à ridée de Télre,
• pbMi eito n*ea ^e cette IJée eiprimée par an
KH, le «rrie» oa parole par exeeilcnee. Le verbe
4 ee qa*il y a de idas metapbyûqee daas renten
'^•'•1 kamain; sans lai« la raison serais împos*
\*V : tes perceptions, jaxtapo^éas, ne se lieraieitt
Ainais caseoiirte et oe formeraieot qa*nn amas cou-
DiCTIO!lSSAmB APOLOGÉTIQUE. IL
dictionnaire, c'cst*À-dire à peu près toute la
langue. Tous les mots d'une lan^e» à l'ex-
ception des noms propres, désignent des
points de vue considérés d'une manière
abstraite. La diversité des^^points de vue
produit la diversité des espèces de mots.
Les langues ne seraient même possibles à
aucun degré sans l'abstraction. Le langage,
en effet» se compose de propositions, et toute
proposition exprime au moins trois choses
séparément : le sujet dont on parle, sa ma-
nière d'être et le lien de l'un à I autre ; toute
proposition repose donc sur trois abstrac-
tions au moins.
A la suppression des mots qui expriment
rabstraclion, il fout joindre celle de tous les
mois qui expriment les idées générales. Car
qu'est-ce qu'une idée générale? Pas autre
chose que la connaissance d'une classe
d'êtres réunis ensemble par un attribut
commun. Or, les êtres ne nous sont connus
que par leurs qualités; les idées que nous
en avons ne sont autre chose que la réunion
des idées représentatives de leurs qualités.
LMdée générale se compose donc de percep-
tions ou d'idées représentatives de qualités
communes à tous les individus de la même
classe, de la même famille» du même genre,
sans en renfermer aucune de celles qui leur
sont personnelles ou propres. Or, classer
des substances» classer des modes, ne peut
se ftiîre qu^aû moyen de noms communs.
Tous les noms communs, homme^ cultiva-
teur^ mécanicien^ animal^ arbre^ pierre^ et
mille autres, expriment des idées générales.
Mais rhomme de ia nature n'a pas de noms
communs, n'a pas de signes ou de langage à
sa disposition : il ne peut donc avoir aidées
générales. D^un autre cèté, nous Tavons vu»
il n*a pas d'idées abstraites. Donc il n^a pas
la raison, qui ne se constitue, qui ne peut se
constituer qu'au moyen de ces deux classes
d*idées.
£n effet, qu'est-ce que la raison t C^est la
propriété dont est doué l'être intelligent de
voir, de reconnaître, pour se ^approprier
par l'affirmation, la vérité générale, contenue
dans les faits individuels et manifestée par
eux (Jugement); de voir, en outre, dans les
vérit& générales diint il est entré en posses-
sion, les vérités particulières, moins géné-
rales et même individuelles, qui en font
partie, et de les affirmer (raisonnement). Or,
pour l'esprit humain, il n*y a, à proprement
parler, vérité que dans les généralités; les
individus, comme les faits individuels, ne
l'intéressent qu'autant qu'ils sont l'objet ou
la matière d'observations» afin d'v découvrir
les vérités générales qu^ils renferment, ou
bien les termes d'application des vérités
fas, sembbUe à des raines sar lesquelles régoa le
sileDce et la mort. Mais» manie de cet iastnnaeni, la
raisoo réagit sor les pcroepiioaa qa*alle a reçaea,
poor les eoehaiiier les Bn«5s aax antres, chacaoe
sdon son afBoiié, rattachant ao même centre d*vBité
infeUectaelle celles qai sont idenilqnes* oa décam^
Risant par Tanalyse re qne le iangafe lui apporta
de rompliqaé pî»ar le réJoire à ses notions élenien-
Liirrs.
30
950
PSY
DICTIONNAIIIE APOLOtiETiQUE.
PSt
m
générales donl ils font partie. Toutes les
sciences se coroposeni do vérités générales
et des rapports que ces vérités ont entre
elles; et rintnlligence ne se nourrit que de
vérités générales, dont la possession donne
à Tbomme un ran^ si distingué dans la
création. Ainsi on doit coioprefidre que tous
les travaux de la raison se bornent*à cette
dout)le opération : tirer des faits individuels
les vérités générales qu'ils contiennent, et
trouver, dans ces vérités, les vérités moins
générales qui en font partie. C'est dans ce
cercle étroit, dont la raison ne peut sortir,
et par cette double opération sans cesse
répétée, qu'elle donne a l'intelligence tout
Je développenient que celle-L'i peut recevoir.
Ces deux opérations sont le jugement et le
raisonnement, ce qui suppose que rofFice de
Ja raison se borne à juger et à raisonner.
Mais, sans abstraction et sans généralisation»
il n'y a ni jugement ni raisonnement possi-
bles (995). Donc, faute du signe ou du lan*
gage, Vhomme de la nature^ ne pouvant s'éle-
ver à l'abstraction et à la généralisation, ne
pout non plus former aucun jugement, aucun
raisonnement, et ne peut par conséquent
constituer sa raison.
S^i.
Nature da lien qui unit la parule à la pensée; belles
harmuoies.
De tous les rapports qui peuvent unir en-
semble deux choses distinctes et différentes,
il n'en est pas de plus familier à tout le
DiondOf que celui qui unit la parole à la
pensée. Il s'établit dès l'enfance, et nous en
faisons un usage continuel. Ce rapport sort
non-seulement à manifester la pensée, mais
encore à toutes les opérations ue resp»'it;et
il entre tellementdans nos habitudes, qu'on
s'attache peu à s'en rendre compte ; aussi
est-il, en général, un do ceux qui sont le
moins bien exactement appréciés. Ce qu'en
ont dit la })lupart des métaphysiciens, est ou
erroné ou incomplet.
Les uns se bornent à présenter la parole
comme sicne de la pensée, fonction qu'elle
remplit eiieclivemenl; mais toute théorie
qui s'arrête là, est nécessairement incom-
plète : car les rapports de la parole à la pen-
sée, sont bien plus étendus, plus importants
et surtout plus intimes que ceux du signe
en général a la chose signifiée.
Les autres, et notamment Condillac [Lan-
gue des calculs) f Youlent que tous les mots
exprimant des idées générales, ne soient que
de pures dénominations , sous lesquelles il
(995) ff Les idées ffénérales de toute espèce, les
idées abslrai les, les idées composées, les opinions,
les croyances, les vérités intellecluellos et morales
de loui ordre ne peuvent se former, s^établir et %e
conserver qu*au moyen des mois auxquels el es sont
aliacliéet. » (De CKtiDhiLLkC^ Etudes iiénu de philos.,
1. 11, p. 274 el passim [18501.)
c B. Hoc unum me maie habet, quod nunquam a
me ultam veriiaUm agnosci, invenîri , probari ani-
ma«lveria, nisi vocabulis vel aliis sigok» in auimo
ikihibiiis.
4 A. Imo si charactor£8 abessent, nunquam quid
quani disiinclccogitareniu<i, neque ratiocinaremur. »
(Lkhimtz, Dial. de couuex, inter res et vtrba.
ne se trouverait point d'idées pro|iremeni
dites; ce qui réduirait tout le travail de l'es-
prit h n'opérer que sur des mots, à peu près
comme 1 algébriste n'opère que sur des si-
mes dont if néglige ta valeur; car louies
les opérations de l'esprit, roulant sur des
idées générales, ne peuvent se faire quia
moyen do dénominations générales; et dès
lors toute vérité deviendra purement nonii-
nale, puisqu'elle se trouve réduite ï dw
rapports de signes, et non d'Idées; ilovs
de vérité proprement dite, pour l'esprit fm.
main, que les yérités générales. D'aulre<,
enfin, appréciant mieux le caractère de lu
parole, paraissent lui accorder , et à elle
seule, le pouvoir de créer, pour ainsi dire,
les i(Jlées, du moins les idées intellectuciki,
et de les introduire dans l'esprit.
La [larole est*elle bien un signe artilViei
de la pensée ? n'en est-elle pas, au conlrAirr.
Je signe naturel, comme le cri est lesi^iif
de la douleur, et le rire , de la joie;to m
mot, comme tout ce que les métaphjsiric!:>
appellent signes naturels? Mais, afin dér>
ter toute équivoque, tâchons de nous eii}^
dre sur le mot naturel^ Que nous opfici^
à artificiel.
Par naturel, ou nature d?un être, onr-
tend la manière dont il est formé, la m»
dont il est né, natus^ car c'est là réirnio)))-
gie du mot. Mais il est un çrand mbr^
d'êtres, tous ceux dont la destinée est Je rs'-
cevoir un plus ou moins grand rféwlnffH"-
ment, qui ne portent, en naissaBl,l"«iw
[»artie de ce qui, dans la suite, doilcofi^^i^^^f
cur nature. Le reste j eslengerflicpoone
développer, dans les cîrconslancespanjùil
doit passer. Mais si, parmi ces circonslauce^
il s'en trouve qui contrarient plus ou m'iio?
le développement, rêlreseraprivéd'unep
tion de ce qui devrait constituer sa Daiur<^
Ainsi, dès sa naissance, un arbre porleen
lui tout ce qui est nécessaire à la piodtiç*
lion d'un fruit, c'est là sa nature; mais si»
sol, la température de l'atmosphère, conif>
rient cette nature ;J si le caprice luireira*
che conslamraenl les branches à fruit, |n«tf
ne laisser pousser que le bois, il manqu<?rt
nécessairement d'une partie de ce qui c^'^"
siilue un arbre de son espèce. De mte»
la nature de l'homme appartient, non•seûl^
ment tout ce qui résulterait en luidudéf^
loppemenldeson corps, tel qu'il aurait «
lieu s'il eût vécu isolément, mais eiwoa
tout ce qui résulte du développeawi *
son intelligence , tel qu'il s opère i^
— €Envr. philos., édiu Raspe, p. 509.)
t Nous ftoinro^ts aiiloriMS à établir coane
principe que, s«\ns l'uëage des sî^n^,^ lou^ |
pensées se seraient bornées aux mdlTÎdiis. »y
«ald-Strwart, Eléments de la philos, de rtfpm
tiuiin, l. I.) r * I
« Le langage est ceriainement la eoDditin&j
louif s les opérations complexes et peut-être p ^
les les opéraiions simples de la pensée. > (>• ^^H
Cours de 1819, r* parle, p. iOît.) , ^
Voir noli c ouvrage Du langage et de w» »*» "'^
la conititulioii de la raison^ ou ru** pAi/wP*"'
sur rorigine des connaiisauces humotna.
Ml
PST
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSÏ
911
la société de ses seniLlables, où il doit
remplir sa destination. Supposez rboni'-
me prîTé de cette société et de tout ce qui
en dérive nécessairement, il manquera d'une
portion de ce qui constitue sa nature; ce ne
sera plus Thomme; Tanimal raisonnable»
rintefligenoe servie par des organc!i» de
»*ii en était privé; et comme Inintelligence
ne se développe aoe dans la société , et au
mnyen de la parole, il s'ensait que l'état so-
riil est Fétat naturel de Thomme , et que la
psrole, lien indispensable de Tordre sociaU
l'irs duqoel Tindividu ne peut se dévelop*
œr et devenir homme, lui est également na-
:arelle, non qull la possède ou qu'il puisse
a po^ëder sans l'apprendre, mais parce
7-3e, doaé des moyens de l'apprendre avec
Vil lié, |>rédispose à s'en servir pour for*
(k-.r son intelligence, qui ne peut se déve-
>f per que par ce moyen, s'il n'en fait le si*-
ine de la pensée, il est privé d'une partie de
'- <iui constitue l'homme» et sa nature est
«'■tente.
La parole, signe, expression et corps de
A pensée, est une d&i lois fondamentales
'ie la nHnrc de l'homme. Comment confon-
drr on srgne de cette importance avec ce
-)îi OQ appelle signe artificiel? Entre la pa«
r<»> el tous les autres signes possibles de la
.«^nçée, il 7 a l'infini, parce qu'il y a une
■'ifféresce réelle de nature. Comme signe,
1 parole, et la parole seule lait tellement
«rde de lanature de l'homme, qu'on pour*
lil tout aussi bien rappeler animal parlant
uaniiral raisonnable; car nous verrons
if>ni6t qac la parole manifeste la raisoui
>n3me le corps manifeste l'Ame. Nous n'a-
«ns |>as besoin d'avertir, je pense, que par
mot parole^ nous n'entencfons pas seule*
ent I articulation » mais l'articulation ex-
vssion de la |)ensée.
Noos de vous ajouter que la parole, comme
me de la pensée, se distingue des autres
.nés appelés naturels, eu ce qu'il ne peut
re contredit. Suivant la manière dont on
Qt paraître aOécté, on pent contrefaire le
nie de la ioie et de la douleur ; mais si on
(«rime des opinions et des croyances
l'on n'a pas, on ne peut au moins expri*
?r des idées de quelque nature qu'elles
sent, qu'autant quelles sont actuenement
ésentcs à l'esprit. La parole est un signe
ruiin d*intelligence, et de l'intelligence
luelle de ce qu'on dit. Si elle ne remplit
tte condition, elle cesse d'avoir un sens,
n*est plus la parole expression de la peu*
p, et moyen de communication entre les
uimcs. La parole est plus que le signe de
^*ensée, elle en est l'expression et le corps.
L'expression : Qu'un orateur nous attacne,
us cbarme, nous éclaire, nous entraîne
r Ses discours, on dit qu'il s'exprime avec
i'ité, avec clarté, avec précision, avec
V^'ince, etc., etc. On dit : une expression
'^ choisie, une expression heureuse» une
'^ bien exprimée. Dans cette façon de
parler, la parole est-elle seulement consi^
aérée comme signe de la pensée?
Cn signe» proprement dit, indique lA
chose signifiée, mais il ne la porte pas avec
lai, il ne la montre pas. La fumée est signe
de feu, elle en indique l'existence. L'odeur
est sîsne de la proximité d'un cor|)s odo*
rant ; Te son» d'un corps sonore ; mais ni la
fumée, ni l'odeur, ni le son» ne montrent les
corps dont ils sont une émanation. La m*
rôle, non-seulement indique la pensée,
mais elle la tire, pour ainsi dire» de rin(é«
rieur de celui qui parle, pour la manifester
au dehors, la montreret nous en rendre par*
ticipants. C^est ce qu'indique le mot expri^
«er» tirtr de, en pressant^ mettre au deborsi
produire.
Il semble que la parole est en nous» oii
elle s'imprègne de la pensée» el en sort,
l'emportant tout entière avec elle, aOn
qu'elle soit saisie par tous ceux qui l'en*
tendent. Effet admirable que la parole seule
peut produire, parce qu'elle est le corps de
la pensée; quoiqu'elle soit de nature diffé*
rente, elle devient, par l'union qu'elle cou*»
tracte avec elle, ce qu'est dans Thomme, le
corps et l'âme. C'est l'union de la pensée à
la parole, modification d'une nature diffé-
rente, qui constitue l'intelligence, comme
l'union de l'âme avec le corps, substance
(paiement de nature différente, constitue
l'homme. C'est sous ce dernier point de
vue que nous examinerons la parole. De tous
ceux qu'elle présente à l'observation, c*est
sans doute le plus mvstérieux ; mais c*eat
aussi le plus admirable» le plus propre à
nous dévoiler la nature du langage, ses
caractères spécifiques, surtout le r6le im-
portant qu'il joue, et les fonctions diverses
qu'il remplit dans l'intelligence humainCâ
L'homme est un composé de deux subs-*
tances de nature différente, l'âme et le corps»
£i cette différence est telle» que nous ne
pouvons saisir aucune analogie» aucun rap-
port de nature entre les modifications de
l'une et les modifications de l'autre. Cepen-
dant elles sont unies, par un lien» à la vérité
incompréhensible» mais de la réalité duquel
il ne nous est pas possible de douter. 81
d'une part la raison nous démontre la di-
versité et l'opposition de leur nature» de
l'autre le sentiment nous prouve l'intimité
de leur union. L^effet principal de cette
union, dont tous les autres eaets ne sont
que des conséquences, est dé fondre ces deux
substances dans une existence tellement
commune» que nous ne saurions, non-seu-
lement les diviser, mais même les distin*
giier.
Or, en y fiiisant attention, noua trouve-
rons qu'il en est de l'intelligence de l'homme
comme de l'homme lui-même» L'intelli-
gence se compose de deux modifications de
nature opposée» entre lesquelles nous ne
trouvons rien de commun» qui ne nous pré-
sente aucune analogie; et cependant une
fois que l'habitude Ws a unies» le lien
qui les attache l'une à l'autre, devient eu
tout semblable à celui qui unit Tâme et le
9n
PSÏ
niCTlONNAlRK APOLOCKTIQUÉ.
PST
U\
ror|)S» ei produit éiacleracat les mêmes ef-
fets.
Par Tunionde \û pensée à la parole, deux
modifications de nature différente sont fon-
dues en une seule et même modification.
La pensée se fond dans la parole, la parole
s'imprègne de la pensée, et le résultat de
celte fusion les prive Tune et Tautre d'une
existence propre et indépendante, pour les
fâirejouir d'une existence commune. Elles
ne font plus alors qu'une seule modifica-
tion, composée de deux parties insépara-
bles, que nous ne pouvons même plus dis*
tînguer l'une de l'autre. Cette union donne
la vie à une^moditicaiion matérielle et inerte
de sa nature, et un corps sensible et pour
ainsi dire patuable à une modification pu-
rement intellectuelle; car, privée de ce
cc^rps dont elle se rev6t, la pensée, non-
seulement ne pourrait être saisie par les
sens, mais elle échapperait au sentiment
lui-même.
Si nous comparons l'union de la pensée
h la parole, à l'union de l'âme avec te corps,
phénomènes aussi mystérieux et aussi ad-
mirables l'un que l'aulre^ nous serons frap-
pés de la parfaite analogie, de la ressem-
blance absolue qiri se trouve entre eux ; et|
si nous écoutons le sentiment qui accom-
pagne toujours, soit rémission, suit l'audi-
tion de la parole, il nous sera facile d'y
trouver une notion exacte et précise du ca-
ractère propre de la parole, et le moyen de
nous rendre compte de tous les phénomènes
de riutelligence :
1* L'essence constitutive de l'homme con-
siste dans l'union de l'Ame avec le corps ;
l'essence constitutive de l'intelligence con-
siste dans Tunion de la pensée avec la pa-
role. La vérité de cette assertion sera mieux
sentie, lorsqu'en étudiant les effets de cette
union, nous verrons que l'intelligence sana
parole serait et demeurerait nulle.
â" L'union de l'Ame avec le corns est in-
dissoluble tant que dure la vie. L union de
la pensée avec la parole est aussi indisso-
luble, car la parole ne peut se présenter
qu'accompagnée de la pensée, et la pensée
no peut nous être sensible sans la parole à
laquelle elle est attachée.
3* C'est l'union de l'Ame avec le eorps
qui fait la vie de ce dernier , c'est la pensée
qui donne la vie k la parole ; la séparation
de l'Ame entraîne la mort du eorps ; la pa-
role, séparée do la pensée, n'est plus qu un
son, une sensation pure, une modification
morte, c'est-à-dire sans vie intellectuelle.
&•* L'Ame participe à tout ce qui est du
corps, le corps à tout ce qui est de l'Ame ;
de même la pensée participe à tout ce qui
est de la parole qui 1 exprime, et la parole
à tout ce qui est de la pensée qui l'anime.
5" Les modifications de l'Ame ont leur
principe dans les modifications du corps^ et
les mouvements du corps dans la volonté
4:e l'Ame; de même les modilicaiions du la
pensée ont leur principe dans l'emploi de
la parole ; et les mouvements de la pamle
dans les mouvements de la pensée. Toute
modification de la parole en apporte néces-
sairement dans la pensée, et toole moditi-
cation de la pensée en néeessile une dans la
parole.
6" Le corps est la sente manifestation
possible de I Ame, et la parole est la sente
manifestatton possible de la pensée.
L'Ame et la pensée n'ont rien de sensible;
ni l'une ni l'autre ne peuvent agir sur ies
organes de nos semblables, ni par eoii5<f*
quent leur être manifestées qu'autant qu'ei^
les sont réunies à quelque chose de matériel,
que ies organes puissent saisir.
7* C'est par le corps que l'Ame se mani'
feste k elle-même, et elle ne se sent qnepsr
les divers sentiments oui lui Tiennent do
corps ; c'est par la parole qoe la pensée «
manifeste à l'intelligence, et c'est do seoli-
ment de la parole que le sentiment de là
Eensée vient k l'Ame. Ceci parait nn dno*
le paradoxe , mais ee n'en est pas tmi»
une vérité, que nous reconnaîtrons si nobf
nous examinons avec attentioB.
L'Ame se sent par le corps et àas h
corps ; c'est au corps qu'elle rapporte ta
les sentiments qu elle éprouve « el e'eMn
corps tOQt entier qu'est rappcnrté Je senti-
ment d'existence lui«>même« Il est td/em^ni
fondu dans le sentiment d'existence <la
corps, que ces deux sentiments n'en fooi
qu un, que nous ne saurions di viier* et dans
lequel il nous est impossible de distinguer
deux éléments différents. Si la tûsoû V«
reconnaît comme double, c'est parce quU
nous avertit de deux existences distincte»
en soif mais fondues en une senlot comme
nous l'avons reconnu et constaté, en parlant
de l'union de TAme avec le corps, de U
nature et des effets de cette union« (Toy.
Ahb.)
De même c'est par la parole, et dans la pa-
role que nous sentons la pensée. Le sentiuitfut ;
de la pensée et celui de la parole sont telle-
ment fondus l'un dans l'autre, que le seutf
ment de la pensée est^ en même tempsT ^
sentiment de la parole et réciproquemeal
l'un et l'autre ne soutau'un sentiment uni*
que. Et si dans ce sentiment unique noea
en reconnaissons deux, <;e n'est pas i^arce
que nous pouvons les distinguer, €*est (pi '
nous le trouvons, quoique unique, destiné '
à nous avertir de deux modiOcations de !
nature différente. Doii il résulte que co
deux modifications, unies en nous par un
sentiment commun, ne sont qu'une seule r(
même modification, que la pensée est réel-
lement dans la parole, et que la parole tM [
proprement pensée.
C est sans doute Tanalogie de cette dooMt
union qui se trouve dans l'bomaae entre
l'Ame et le corps d'une part , et la pensée k
la parole de l'autre, qui a inspiré A un écn«
vain de notre époque (996), l'exiiressi*.!»
ingénieuse par laquelle il caractérise si i»((<i
ia parole, lorsqu'il dit qu'elle est une vc.r-
(096) Port ALI», De Ctuage et de rabus de IViprii pliilosophique.
MT
WY
DICTIONNAIRE APOLOGLTIQUE.
PSY
9iG
4able îiicani0«ioii de la pemée. La parole, en
effet, c'est la partie matérielle, et pour ainsi
ilire ebamelie, de rintelligence, cooime le
corps est la {Mirtie matérielle et charnelle
de riiomme. Aa moment de sa création
Time est incarnée par son union avec le
corps, et la pensée, à 6à formation, est en
«luelqae sorte iocamée par sa fosion dans la
fia rôle.
Nous voyons là ane dernière analogie qui
B*est pas moins réelle, quoique nous ne
puissions pas rigoureusement la démontrer
puisque nous ne savons rien de Tétat de
rime avant son union avec le corps. Mais
eo admettant ce qu'il y a de plus probable,
H qu'une saine philosophie ne peut s*em|)è*
(i:er de regarder comme certain, c'est-è-dire,
que Pâme est créée au moment où les or*
frines sont assez développés pour remplir les
fonctions qui doivent lui donner le sentiment
de son existence, et qu'elle est unie au corps
au moment de sa création, creando infundi-
'«r, infundeudo ereaiur^ comme a dit saint
Tlmmas, parlant alors en pliilosojibe et non
tn théologien, pour peu qu'on y wsse attcn*
• t«^o,OQ reconnaîtra qu'il en est absolument
\c même de la pensée s'unissanl à la fiarole.
V csi vrai de dire que toutes les idées
luteiledBelles, toutes les opinions, toutes
Id crovaoces, dont la réunion constitue
"iotef/^nce, et en détermine le dévelop-
pfmeiit, s*attachent à la parole qui les ei-
ifime dès le moment où elles sont formées»
et (Hj les mots eux-mêmes, élaborés par le
(nrail qui les a formées, sont prêts à les
rev«!TOir, i s'en |)énélrer, et à en devenir
>i|iressîon et le corps ; en telle sorte que
«ifl peut également dire d'elles : formando
t'ftimdumiurf infundândo formantur.
Cette union ae deux modifications de na-
jre différente, et par laquelle chacune par-
*\pe^ la nature de l'autre, est sans doute un
'iéaoaiène inexplicable ; maisia réalité en
iibï clairement démontrée par le sentiment,
lû est impossible de la contester. Nous
marquons cependant qu'il ne faut pas
eiooner que la modification principale de
looime^ que la propriété qui fait le fonds
.' son essence, et qui à elle seule le distin-
<e de tons les êtres qui nous sont connus,
nicî^ à la nature de l'être auquel elle
pariient, et nous présente le même mys-
e.
Ce n*est que par l'anioc des deu x sub**
inceSy fondues en nne existence commune,
I constituent Tbomme, que nous pouvons
j cliquer et rendre raison de tous les phé-
il c V^hammt prinltif ne pevt être coDçn que
s r«iaft mtnmi et tainrage, sans arts, saos police,
A Ms, en n not dans on éiat qui rappelle la vie
ycspéce hnaaine eiisuît à Téut brat, à Féut
téfitable bimane, privée de pensée et de langage,
^riiée à FiDSiInct de conservation. Il n*y avaii ni
•ntiîoos ai organisation, même la plus simple,
» «l^^jpiiion grotsîère comme celle des animaui
'o^rcbent ea iroupe el pos'édeul cet instinct
*A<in qvji n*admet ni diaiigement ni progrés, i
*i- BftOiv9Lic, Chit. vrim,, 0. 119 105. — Vof^
produit, rinûuence que Torsanisation exerce
sur TAme, et celle que lame à son tour
exerce sur roi^anisalion.
De même cette union de la pensée à .a
parole, fondue par là en une seule modifi-
cation, nous fournit le moyen d'expliquer
rintelligence, et de rendre raison de tous
les phénomènes qu*on observe en elle.
Nous remplirions un volume de ces admi-
rables harmonies du langage. Et cette mer-
veille des merveilles, que tout le génie des
plus profonds métaphysiciens ne peut par«
venir à comprendre, serait éclose un jour
du cerveau de quelque quadrumane eon*
templatif, préoccupé au fond des forêts
primitives de Tinvention des conjugaisons
et de la constitution de la syntaxe (997) !
On n*acceptera jamais ce système d'igno-
minie que la nature, le bon sens, Tbistoire,
la science et les faits repoussent invinci-
blement.
IXIV.
Le seol Cdt de sordi-matisme anéantit llirpoUièse da
Téfol de noftirf.— Témoignages des écoles des Sourd».
Muets de Paris, de Bocdeani, de Dublin, de Gronlngno,
de Berlin, de Leipskk, etc., — dn R. P. Lacoidaire.
Le système avilissant, qui suppose que
les hommes, d*abord grossiers et ignorants,
vivaient épars dans l'es bois à la manière
des bêtes, et que ce n*est qu*à force de temps
qu'ils ont acquis des connaissances et
trouvé le moyen de les combiner et de les
exprimer, peut être réfuté par une preuve
}ial[)ab!c, visible et à la portée de tout le
monde; je veux dire par Tignorance reii*
gieuse et morale des sourds-muets, et Pîm-
|K>ssîbilité où il se trouvent d*en triompher,
sans Taide et le secours d*au(rui. Le voilà»
Kuvons-nous dire aux philosoplies, cet
mmede la nature, dont vous nous avez
tant parlé ; il n'est pas né<7essaire d'ialler le
chercher au fond des forêts dans un état
imaginaire; les sourds-muets sontanmiiieu
de nous, au sein de nos campagnes et de nos
cités ; il y en a vingt cinq mille en France,
et, si la proportion est partout la même, six
cent mille dans Tunivers. Cependant tous
ces nombreux sourds -muets, au témoignage
de ceux qui les ont observés, examinés at-
tentivement, et, pour ainsi dire, analysés à
force d^expérience, n^nventent rien, u*ima*
(binent rien ; ils ignorent entièrement les vé-
liiés religieuses et morales, et, abandonnés h
eux-mêmes, ils doivent les ignorer toujours.
nnssi Lam \p.ck. déji cité, et la plupart des anibro^K)-
lognes f-t dos naiuralisles.)
M. Pelleun ne sait que dire do mode d*appariiion
do premier bomme sur la lene. t Comment, se de-
minde-l-il, rhomme est-Il né une première fois à la
vie? par quelle génération spontanée? par quelle
mystérieuse incutKiiîon? dans quelle larte, sons
quelle chrysalide a t-il végété, silenrit useraent en-
veloppé, jus4|u*au jour où il a pu marcher au so-
leil? I {Profeuiom dt foi, etc., p. 50.) Toujours la
pl*js grossière animalité originelle ; nous ne sortons
pas de là eu philosophie.
$47
PSI
OICTIONiNAlRE APOLOGETIQUE*
P8T
m
Donc voire homme de la nature serait en-
core dans l'ignorance du monde intellec-
tuel, s'il n'avait pas eu le secours d'un
uiattre; et comme ce maître a toujours été
nécessaire» il s'ensuit que le premier homme
a été créé instruit et parlant; que Thomme
de la nature, tel que le conçoit la raison
menteuse des philosophes, n'a jamais existé;
que l'état de société et de science, dans un
cerlain sens, est Tétat naturel et primitif de
l'homme; que les vérités intellectuelles
sont descendues du ciel, et que c'est de
pieu même que l'homme a reçu, avec le
don et la connaissance du langage, les no-
tions d'ordre, de religion, de bien et de
mal, et les rapports fondamentaux qui lient
le ciel et la terre, et les hommes entre
eux. Par conséauent toutes ces choses sont
vraies» comme la source dont elles émanent.
On ne raisonne pas contre les faits : ils
sont éclatants .de lumière , ils éclaircissent
les plus grandes difficultés, chassent la pré»
veiuion ,et l'erreur; et une question est
toujours résolue d'une manière complète et
décisive, lorsqu'elle repose sur des faits
constants et sur des observations uniformes.
Telle est la question sur les connaissances
intellectuelles des sourds^muets, privés
d*instraction,
Depuis la propazalion de la méthode du
célèbre abbé de 1 Epée, les sourds-muets
ont été soumis k des expériences multi-
pliées, à des observations infaligables, de
tous les jours et de.tous les instants. Des
maîtres habiles se sont constamment occu-
pés à les instruire et à les former. Qui peut
mieux dire, que les instituteurs des sourds*
inucts, quelles sont les connaissances des
sourds-muets. Qui peut mieux juger de
leur savoir ou de leur ignorance, que ceux
i^ui, par devoir et par nécessité, onl étudié
1 état de leur intelligence livrée à elle-pméme,
et .examiné avec le plus grand soin quelle
était sa richesse ou son indigence? Les
instituteurs des sourds-onuels ont assisté,
pour ainsi dire, au réveil de l'Ame de leurs
élèves, épié d'un regard pénétrant la pre-
niièronianifestatien de leurs pensées et de
leurs sentiments. Ils les ont interrogés avec
anxiété pour découvrir s'ils avaient que}-
aue notion de Dieu, de TAme, du bien et
u mal.,. Ils savent tout ce qu'il faut de
temps et de zèle, de patience et d'industrie,
pour annoncer k ces infortunés les vérités
religieuses et morales, et pour leur com-
muniquer un certain nomLre de connais*
sances, Obligés de les conduire pas à pas
dans le monde moriil, qui s*est ouvert de-
vant eux, ils ont remarqué leur surprise,
constaté leur ignorance, recueilli avec soin
tous les faits, les mtûndres faits, pour enri-r
chir d'autant leur ei^périence et leur mé-
thode
(998) Né à Versailles en 1712 et mon à Paris en
1789.
(999) L« véritable manière d iiutruire ies. $Qur4i
ei m«£-H; Paris, 1784 ; Averlisscment, p. i.
(liHH)) Lavéritable manière din$truire ie$ sourde
ei thue^$; PaiU, 1781; ÀveriissemcDt, pages 119
C'est sans contredit à ces hommes obser^
valeurs, expérimentés, ou*ll appartient de
nous dire quelles [sont les coDnaisstDces
intellectuelles des sourds • maels privés
dlnstruction. . . Nous allons donc consulter
leurs écrits et 'citer les passages les plus
remarquables. Ces citations paraîtront loi*
ffues peut-être; mais, encore une fois, toute
la question reposant sur des faits, et ee$
faits ne pouvant être connus que pr des
cltations,^il est nécessaire de les mmtiplier.
< Les sourds-muets, dit Tabbé de TEpie,
(998), sont réduits. en quelque sorte à la
condition des bêtes, tant qu'on ne travaille
I)as à les retirer des ténèbres épaisses dans
esquelles ils sont ensevelis (999). » Eioli-
qnant ensuite comment il parvint à leur
faire connaître Texistence de Dieu, il ajoute:
« Jusau'alors, si l'on écri?aii le nom de
Dieu, les sourds-muets levaient la maio ci
montraient le ciel (c'était le signe coirreauj
mais ce signe était pour eux vide de m.
Ils en conviennent, et ne cessent de le r^
1)éter... Maintenant ils comprenneolqueli
ouange, Tadoration et ractiondepi^
lui sont dues. Ce que nous bisou ito
nos temples n'est pins 'à leurs veo; %
simple spectacle, tel qu'ils se hf^uréal
(1000). ». Ténèbres épaisses, absence de
notions intellectuelles, voilà donc i'élal ^
sourd-muet privé d'instruction, au jog^ffleoi
d'un homme dont le témoignage ne peut
être suspect ; car l'abbé de rKpée anil
pour ses élèves l'amour et la tendresse i'^
père.
H. l'abbé Sicard (1001), oui a soBleoaii
Slorieusement l'œuvre de Vabbédellr^t
éclare à son tour que c'est une grande er*
reur de confondre le sourd-muet avec w
enfant ordinaire... Borné aux seul:» mouve-
ments physiques, il n'a pas même, avaui
qu'on ait déchiré l'enveloppe sous laquelle
sa raison demeure ensefelie, cet insiiQ'l
sûr qui dirige les animaux... Le sourd-œue^
est seul dans la nature, sans aucun eieroti
possible de ses facultés intelUctueUa, f>
demeurent sans action, sans vie...,à moia?
qu'une main bienfaisante ne parvienne i le
tirer de ce sommeil de mort... Quan^ au Rf^
ra/, il n'en soupçonne pas même Texisleûit.
Rapporter tout à lui» obéir avec impétuorw
à tous les besoins naturels, satisfaire tous
sesappétits..., s'irriter contre les obstacles v»
voilà tout le moral de cet infortuné... H d *
des yeux que pour le monde pbjsiqae, «
encore quels yeux l II voit tout sans intérêt ..
Le monae moral n* existe pas pour luù 'y'-
vertus comme les vices tofU aafur&ttf^*T^>^|
le sourd-muet dans son état naturel, le toi>^
tel que l'habitude de l'observation, en nm
avec lui, m'a mis à même de le dépeiw'^'
(1002). 9 Certes ce Jugement est sévère î ©aii
et 120.
(1001) Né en 1742 et mort en 1833,
(1002) Cours d'instructio» d'un souré-u*!^, '^
naissance, par M. Tabbé Sicard; seconde W'UJ'
Paris, 1803: Discours préliminaire, m- 9* ^^t^*'
â f
949
PSY
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
PSY
950
l'aulcor déclare qu^il est le résuHat de ses
luo.^es observations.
OonimeM. Sicard, son modeste et savant coU
]tvue,M. Tabbé Saivan (1003),dont la vie en-
(ière aété consacrée à Téducationdes sonrds-
luoels, s'est convaincu, par une longue expé-
ri«*n€e, que le sourd-muet ne se doutait ni de
Tesistence de la Divinité, ni de la différence
liioraiedn bien etdu maL« Le passage de la ré-
iiion matérielle à la raison intellectuelle est
très-pénible, dit-ily et demande beaucoupd*ap-
l'iicaiion, tant de la part du mattre que de
celle du disciple ; mais aussi quel plaisir et
<;uelle satisfaction pour tous les deui, lors-
(]ue la difficulté est vaincue!... Ce principe
une fois connu, au*il existe un esprit crea-
t:ar de toutes choses, bon, juste, étemel,
ies vérités de la religion et de la morale ont
roulé de source. L/intelligence du sourd-
muet s*esf agrandie... Son exiilence n'aplus
t,e celle d*un êimple automate imitateur,
c^'Wune elle était auparavant. »
M. Paulmier, instituteur renommé de Té-
r< le de Paris : c Le sourd-muet tant instruo-
t-.«>a est doublement sourd : il est sourd
u'auflitioa» puisque, privé de Kouïe, il est
I* i^ngé dans un silence éternel ; i7 ett $ourd
d fmiendementf si Ton peut parler ainsi, puis-
«i^i'aanioe main secourable ne Ta tire des
1 r.r:.res de Tignorance, où il est resté pro-
fooJémenl enseveli (lOOi^). »
L'intéressant sourd-muet £erthicr(f005),
an des meilleurs élèves de la maison de
Vms nous dit dans une de ses lettres :
In âourd'-muet privé éTinsiruction n^aura
jjmais la eonnaiseance, même vague et con-
Lie, d'un Etre supérieur auquel il doiie
ùbftssance^ respect et amour^ auquel il doive
<ompte de sa conduite, de ses pensées et de
ses actions.
.1 récolc de Bordeaux, l'on ne pense pas
autrement, ainsi au'il parait par celte lettre
de M. Tabbé Gouoelin, ancien instituteur et
j'iniunier do cette école. « Je ne crois jvis, y
•'St-il dît, avoir rencontré de sourds-muets
*;iji eussent !a connaissance de Dieu, avant
•;'ôire venu dans les écoles. Sur ce point,
■Vurs réponses ont été uniformes, et je n'ai
^:<tiiiai5 manqué de les interroger, lorsque
j ' les préparais à la première couimunion.
•J*"* qu*iJâ avaient vu pratiquer de la religion.
• e qu'ils en avaient pratiqué eux-mêmes par
.'TiiiatioD, ou pour obéir & leurs parents,
r/avait point élevé leur esprit à la connais-
:A/ice de Dieu. »
Un des instituteurs de Claremont, près
Dublin, après avoir déploré la malheureuse
' "Il iilicn dos sourds-muets, de vivre au mi-
*-'U .Je huvb i^arcnls, sans pouvoir commu-
• lOO:^j On lil dans VUnitert on 28 octobre 1838 :
^ 31. Salvao, cbanoiite bonorairc de la cathédrale de
^ jînt-Floor (Cantal), inslitoteor énicrile des snords-
Ai«jeis, e»l décédé le 12 octobre, à T^e de qoatre-
'>»t-u^ois ans, dans sa terre d*Auz«ite, prés Marat.
-** ^'igue ecdéstastiqne fut ravant-dernier élève de
^lA^^ •!« r£pée, et mérite de partager la reconnais^
'^* ^e publique qui ebt acquife si jusiement à son il-
"^^*-^^ malins »
"^^^U; Lettre de M, Paulmier^ inscièo daus la C'a-
niquer avec eux, continue ainsi : a Le sourd-
muet marche sur la terre, avant à la vérité
Je maintien et l'apparence extérieure de
rhomme, mais privé de tout ce qui constitut
essentiellement un agent moral; ignorant éga-
lement sa nature, sa destination et son Dieu.
Toutefois, eiclu par son état, de la connais-
sance du bien, malheureusement il n*est pas
à Tabri de commettre le mal.S*il est banni du
monde intellectuel^ il ne Test pas du monde
matériel, qui se présente à sa vue, et exerce
sur ses sens sa pernicieuse influence (1006). »
Amman, instituteur, danslesièoleuernicr,
de quelques sourds-muets à Amsterdam ,
s'écrie en parlant de ces infortunés . « Quel!»
stupidité dans la plupart de ces êtres dis-
graciés! Combien pou ils diffèrent des ani-
maux (1007)! i>
L'école de Groningue, dirigée par MM.
Guyot, tient le même langage; elle assure,
«que le sourd-muet est naturellement privé
de l'usage de la raison ; qu'il est en tout sem-
blable à un enfant, et qu'abandonné à lui-
même, il le sera toujours: que seulement
il a plus de force, et que ses affections, sans
rè^le et sans loi sont plus violentes : ce
qui l'assimile plus à la bête qu'à l'hom-
me (1008). n
M. Eschke, fondateur et professeur de
l'école de Berlin, a jugé les sourds-muets
de la même manière, comme on le voit dans
ses Observations sur les sourds-muets^ ou-
Yca^^^e publié par M. Amemann, et enrichi
de notes par MM. Bîester et Reimarus, de
sorte qu'il renferme quatre témoignages en
un. « Le sourd-muet y est-il dit, ne vit que
jK)ur lui; il ne connaît aucun lien social,
et n'a aucune notion de la vertu. L'éducation
seule peut l'élever au-dessus de la léle,
et ennoblir son être;... il ne saurit être
Suelque chose, tiint qu'il ne se trouvera pas
ans une école où il soit instruit. »
M César a faithLî^ipsick les mêmes obser-
vations qui ont été faites partout ailleurs. Son
témoignq<;e se trouve consigné dans une in-
troduction à l'ouvra xe de Raphaël et de
Pctschke, sur la manière d'apprendre d P«r-
ler aux sourds-muets. Voici conîmcnt il Ci^l
conçu: « L<fS sourds-muets ont, h !a vérité,
la forme humaine, mais c'est à peu près
tout ce qu'ils ont de rommun avec les au-
tres hommes . Privés de la parole, ils sout
également privés d'entrer avec eux en com-
merce d'intelligence... de pratiquer aucune
vertu sociale, et de s'élever de la grossièreté
dos sens, à la spiritualité de rintelligcnce...
Jamais ils ne parviendront à développer,
à former et à fortifier par l'usage les puis-
sances spirituelles de leur âme; par leur
xetle des Tribunaux, 18 mai 1836.
(I(H)5) Il est doyen des professeurs de lliisthut
ini):crtal des soiirds-mocts à Paris.
(i(MK>) lurêillgalion htto tlie principie* of the lut-
îîtution al Claremont for the éducation o] the deaf
and dnmtf; Doblifi, I8ii; petite brochure, p. 4.
(1007) Dissertation sur la parole traducUou de
Bai v%is DE Pré4i; ; p. iiO.
(UtOS) Dissertât vt jniidiea de jure surdo^muto-
rum, par M. Cii^of ; G.ouiiigut», I8il, p. 100.
Kl
PSY
IHCTIONNAIRE APOLOGETlQflE.
PSI
K3
inactioiif elles deviennent même de jour en
jour plus incapables de s'appliquer. Jouel
perpétuel des sensations que font sur eux les
objets et des passions qui s'élèvent dans leur
$me, ih n$ connaisêent ni lois ni devoirs^ ni
fuêtict ni injuêiicef ni bien ni mal: la vertu
et le vice eont pour eux comme ê'iU n^éiaient
pa$... Ils rapportent tout à eux-mêmes,
comme à leur dernière Qn» n'en connaissant
point d'autre (1009).... » •
Nous terminerons ces citations par le
récit d'un événement singulier arrivé à
Chartres, au commencement dq siècle passé.
Le voii*i tel qu'il est rapporté dans les Mé^
moires de F Académie des sciences, c Un jeune
homme de vingt-trois à vingt-quatre ans,
fils d'un artisan, sourd et' muet de naissance,
commença tout d'un coup k parler, au grand
étonnement de toute la ville. On sut de lui
que quelques trois ou Quatre mois aupa-
ravant, il avait entendu te son des cloches,
et avait été extrêmement surpris de celte
sensation nouvelle et inconnue. Ensuite, il
lui était sorti une espèce d'eau de l'oreille
gauche, et il avait entendu parfaitement des
deux oreilles. Il fut ces trois ou quatre mois
(i écouter saps rien dire, s'accoutumant à
répéter tout bas les paroles qu'il entendait,
et s'affermîssant dans la prononciation et
dans les idées attachées aux mots. Enfln, il
se crut en état de rompre le silence, et 11
déclara qu'il parlait, quoique ce ne fut
encore qu'imparfaitement. Aussitôt des théo-
logiens habiles l'interrogèrent sur son état
passé, et leurs principales questions rou^
ièrent sur Dieu, sur rame^ sur la bonté et
la malice morale des actions. Une parut pas
avoir poussé ses pensées jusque-là. Quoiqu'il
fût né de parents catholiques^ qu'il assistât
\ la messe, qu'il fût instruit k faire le signe
(le la croix, et k se mettre à genoux dans la
contenance d*un homme qui prie, t7 n'avait
yunais joint à tout cela aucune intention^ ni
caniffrts celle que les autres y joignent. Il ne
savait pas bieii distinguer ce que c'est que
la mort, et il n'y pensait jamais. // menait
une vie purement antmofe, tout occupé des
objets sensibles et présents, et du peu d*i-
dées qu'il recevait par les ^eux. Il ne tirait
pas même de la comparaison de ses idées
tout ce qu'il semble qu'il eu aurait pu tirer.
Ce n'pst pas ou'il n eût naturellement de
l'esprit; mais 1 esprit d'un homme privé du
commerce des autres, est si peu exercé et
si peu cultivé, qu'il ne pense qu'autant
qu'il y est indispensablement forcé pur les
objets extérieurs. Le plus grand fonds des
(1009) Rapbacls*Kih«st, Tauhe und ttumme reden
tu lehren, mit einer Vorrede des U. Ceiarit etc.,
8. 20, N. Tolg. ; Leipzig, 4821.
(iOiO) MUtoire de l'Académie roya(ft des sciences,
finiiée 1705.
(tOtl) M. rabbé Carton, directeur de riDitiiulion
des sourds-muets k Bruges, dan3 son Mémoire
couronné par l Académie de Bruxelles {yoir tom. X,IX
des Mémçires couronnés^ etc.) 8*ex prune aint»i à la
page 4 : c Lorsque uous nous examinons et que
num essayons de donner une date à lacquisiiioti
de hps itolioni moraks et intellectuelles^ aotre nié*
idées dea hommes est dans lear commerd)
réciproque (1010). » Ce récit est digne de
remarque, surtout à cause de sa confermilé
avec les observations Ciites par les institu-
teurs des sourds*muets (lOli).
Il est donc vrai que les sonrds-mnels,
privés d'instruction, abandonnés k eux-
mêmes, sont dépourvus de notions morales
et religieuses. Cette conclusion est une suite
nécessaire des témoignages divers que nous
avons rap^rtés. Comment, en effet, récuser
des dépositions unanimes, fondées sur lao-
torité de Texpérience? Partout on a recoonu
?ue le sourd-muet ne se doutaii pas is
existence de la Divinité; que les vertus et le$
vices étaient jpour lui sans réalité; quilnt
connaissait ni Dieu^ ni bien^ ni snal^ et fs'ii
n'avait aucune notion de la vertu ni du moiule
moral. Tarmi les maîtres les j[>Ius expert
mentes, il ne ^ratt pas y avoir de contra*
diction à ce sujet.
A cette série de témoignages dont Tioto-
rité est irréfragable, ajoutons celui tm
grand orateur, d un illustre et profond i^)o
qui a jeté tant de elarlé sur les plniîatr
problèmes du monde moral. « C*est«ifflia(
fondamental de la doctrine cathofim fit
le R. P. Lacordaire, qu'une parole oe Im
fut, dès Torigine, versée dans rfanmaniié,
et qu'elle n'a cessé d'v vivre el de s*y répio-
dre, soit pure, soit altérée, comme un écim
immortel de la vérité; écho souvent affaibli,
souvent corrompu, mais renaissant de >tô
ruines à travers les générations, ef nou$
rappelant avec Téloquence de la perpétviiié
Texistence de Dieu, sa nature, ses actes ;
comment il est le principe, la fin« le moyen,
la clef de nos destinées. Des traditions cntn-
rounes h tous les peuples et à tous les sîHes
attestaient de tout temps cette révélation
orale faite primitivement au genre humain;
la parole humaine elle*même, ronstammeui
transmise par voie héréditaire, el ne laissjini
entrevoir ni historiquement ni logiquement
la possibilité d'une origine par voiedMnveii-
tion, rendait aussi témoignage à }a réalité
d'une parole antérieure et divine donl Is
nôtre était issue. On avait découvert dans
les forêts rbomme descendu k Télat d'anima-
lité par suite d'un abandon précoce qui
l'avait soustrait à tout enseignement. La pa-
role n'était plus sur ses lèvres qu'un son
vague et inarticulé, qu'un cri barbare indi-
auantla présence des sensations etincapal*)^
ti transmettre des idées. Tous ces faits c^tiv
firmaient la page de l'Ecriture qui nous
montre Dieu parlant avec l'homme, et ache-
rooîre est impuissante h en fiier une : elltts se Irwi-
valent en nous au moment où la mémoire a cnm-
mencé son action ; il semble que ces netions bov^
aicnl aecoropagnés k notre entrée dans là vîi», o^
a u*elles soient innées en nous; mais on a rait jiisin-^
e cette opinion. Un seul fait d'ailleurs avraît sn(k
pour renverser complètement celte théorie: c*'^
rignorance des sourds-muets de naissance ; c\*&i i«
vide que Ton peut constater dans leur iDleiii^nr*
avant qu*il8 aient été mis en rapport avec les i<*
tiens ou les tra^iUtions sociales, i
»
PSY
mcnoNNAïae apologétique.
PSY
ranl par Teffosion de la lumière orale ce
[a^avait eoimnencé en lui le doQ de la la-
nière intelligible et de la hiiaière sensible,
fais il était résenré à notre époque d'ac-
juérir de eette Térîté nne démonstration
Qssi roenreillense aa*inattendue.
« Vers la fin du dernier siècle, un prêtre
inçais, touché du malheur de ces pauTres
réatares qui naissent prirées de la parole
arce qu'elles naissent prirées de Touîe, cir-
onstance qui atteste encore Tétroite liaison
Q mystère delà parole avec le mystère d'un
Dseignement préalable ; un prêtre, dis-je,
>DebédQ sort des sourds-muets, consacra sa
m à les tirer de leur douloureuse solitude.
fcretdc leur état intérieur. Il y parvint. La
ijjrîfé, plus ingénieuse que l'infortune, eut
L* U.tnbear d'ouTrir les issues que la nature
•cait fermées, et de verser en des âmes
f *<ures el captives la lumière ineffable,
^i«.»t<|iie imparnlile, de la parole. Le bien-
i était grand, laf récompense le fut davan*
^ -«. Dès qu'on put pénétrer dans ces intel-
^.vroccs inconnues, l'investigation n'y dé-
itht rien qui ressemblât à une idée,
r te dîs pas seulement à une idée morale
ei reripeise, mais à une idée métaphysique.
tvQi y était image de ce qui tombe sous les
^r.s n'en de ce qui tombe de plus haut dans
f<prïL La sensation y était prise en flagrant
cil dMmpuissance ; que dis-je, la sensa-
>Q ? L'intelligence elle - même, quoique
.Qée de la semence idéale de la vérité, quoi-
Je assistée de la révélation du monde
-osible, l'intelligence apparaissait dans les
•ords-aiaets à l^tat do stérilité. Des hom-
«déjà mûrs d'âge, nés dans notre civili-
tioBt qui ne l'avaient jamais quittée, qui
aient assisté à toutes les scènes de la vie
I famille et de la vie publique, qui avaient
( oos temples, nos prêtres, nos cérémonies,
« hommes interrogés sur le travail intime
leurs convictions, ne savaient rien de
eu, rien de Tâme, rien de la loi morale,
fn «le Tordre métaphysique, rien d*aucun
i l*rincipes généraux de l'esprit humain.
étaient à 1 état purement instinctif. L'ex*
rieoce a été répétée cent fois, cent fois
c a donné les mêmes résultats ; c'est à
me si, dans la multitude des documents
liiiés jusque ce jour, oq aperçoit quelques
uies ou quelques dissidences sur un fait
ssi capital, qui est la plus grande décou-
rie |isycbolo^que dont puisse se vanter
j^toire de la philosophie. Quoi donc 1 la
:i>éc avait-elle reçu dans la parole un
xiliaire si indispensable, que, sans son
ours, l'homme était condamné à ne pou-
■r sortir du règne des sensations? La pa-
e était-elle pour toutes les opérations de
itelligence • le point ou le moyen de
lotion entre l'âme et le corps ? Notre dou-
^ nature exigeait-elle cQtIo sorte d*incar-
t'Mti de ce qu'il jr a de plus immatériel au
rWe, ou bien Dieu avail-il voulu nous
ï* touiiTendre ia dépenlauce de notiecs»
9»
pri t en le rendant incapable de se fëeonoer sans
1 action extérieure de l'enseignement oral ?
« Quelle qu'en soit l'explication, il était
constant que l'homme ne parle qu'après
avoir entendu parler, et qu'il ne pense qu'ar
près que les idées contenues dans la parole
ont éveillé le germe intelligible déposé au
fond de son entendement. S^il ne possédait
pas ce germe intelligible, c'est en vain que
la parole, passant à trarers l'ouïe, irait sollici-
ter son intelligence, il ne l'entendrait que
comme un son et non comme une exprès*
sion, comme un son vide et non comme une
expression vivante de ia vérité. Hais la vé*
rite préexiste en lui, à la manière dont l'ar-
bre préexiste dans sa semence, et dont la
conséquence préexiste dans son principe.
De même que l'enseignement postérieur fait
éi:lore en chacun de nous une multitude in-
nombrable de déductions renfermées dans
les idées premières, mais dont notre esprit
n'avait pas conscience ; de même, l'ensei*
(^ement Initial fait apparaître à notre œil
intérieur les idées premières elles-mêmes.
Vous trouverez naturel que la parole vous
révèle les mathématiques, bien que vous les
possédiez tout entières dans les notions pri*
mordiales d'unité, de nombre, d'étemlue,
de pesanteur : pourquoi vous semblerait-il
étrange que la parole vous fit apercevoir
aussi les notions d'unité, de nombre, d'éten*
due, de pesanteur, qui sont la base des ma-
thématiques ? L'un des phénomènes n'est
pas plus singulier que Tautre; peut-être
même est-il plus aisé d'entendre le sommeil
intégral et profond d'une faculté que rien
d'analogue à elle n'a encore remuée, gue
d'entendre pourquoi cette faculté, une fois
mise en exercice, s'arrête dans sa voie, et
attend que la parole lui manifeste de snnpiea
conséquences de ce qu'elle voit clairement.
Toujours est-il que le fait est incontestable,
et que la parole est le moteur primitif et
nécessaire de nos idées, comme le soleil, en
agitant par son action la vaste étendue de
l'air, y produit la scintillation brillante qui
éclaire nos yeux.
c 11 suit de là que la doctrine catholique
est dans le vrai lorsqu'elle nous montre
Dieu enseignant le premier homme, soit en
faisant jaillir la vérité de son intelligence
par la percussion du Verbe, soit en lui an^
nonçant des mystères qui surpassaient les
forces de l'ordre purement idéal. En efiet,
puisque l'homme ne pense et ne parle qu'a*
près avoir entendu parler, et que, d'une autre
ftart, les çénérations humaines viennent
aboutir è Dieu, leur Créateur, il s'ensuit que
le branle premier de la parole et delà pensée
remonte è l'heure de lacréation etaété donné
è l'homme, ifui ne possédait rien, par celui
qui possédait tout et qui voulait lui tout
communiquer. Une fois ce mouvement inn
Iirimé, la vie intellectueUe a commencé pour
e genre humain, et ne s'est plus arrêtée de*
fmis. La parole divine, immortalisée sur les
èvres de l'homme, s'est r<^pandue comme
un fleuve intarissable et divisé en mille la-
mcaux à travers les vicissitudes des natious,
955
QfJl
DICTIONNAIRE
et conservant sa force aussi bien que son
unité dans le mélange infini des idiomes et
des dialectes, elle perpétue au sein même do
Terreur les idées génératrices qui consti-
tuent le fond populaire de la raison et de la
religion. Si la liberté humaine en vicie ren-
seignement, ce n'est que d'une manière li-
mitée; ses efforts n'atteignent pas jusqu'aux
dernières profondeurs de la vérité. La parole,
par cela seul qu'elle est prononcée, porte
dans son essence une lumière qui saisit
l'âme et se la rend complice, sinon pour
tout, du moins pour les principes fonda-
mentaux sans lesguels l'homme s'évanouit
tout entier. Ainsi, Dieu, par l'effusion de
son Verbe continué dans le nôtre, ne cesse
de promulguer l'évangile de la raison, et
tout homme, quoi qu'il fasse, est l'organe et
le missionnaire de cet évangile. Dieu parle
en nous malgré nous ; la bouche qui le
.blasphème contient encore la vérité, 1 af>os-
tat qui le renie fait encore un acte de fui, le
sceptique qui se rit de tout se sert de mots
qui affirment tout (1012). »
Oui, la parole de Dieu a commencé. De-
puis le jour glorieux oii l'homme fut créé
et couronné d honneur, un mouvement d'in-
telligence religieuse a été imprimé au mon-
de, une grande lumière a été mise sur la
tète de Tnomme ; malheur à celui qui ne le
reconnaît pas, parce que toutes les tradi-
tions, les lois de Tesprit, les données et
jusqu'à la faiblesse de la raison (1013) con-
Jessentle dogme d'une révélation primitive ;
malheur, dis-je avec le livre des traditions
sacrées, à celui gui le nie? parce qu'il se ré-
duit à l'état bestial, il necomprendplus, il se
compare et se fait semblable à l'anima! (lOU).
Catholiques, gardons noire couronne., notre
APOLOGETIQUE. QUI n
•
foi, notre espérance et notre amoar^teDons-
nous debout sur notre haute citadelle ;Dihi
la garde, elle est bâtie sur sa vérité. Plà(<
dans les profondeurs d'une vallée, Thomiik
voit à peine le brin d'herbe qa*il foule, et
la haie qui borne son champ; tout le r^^te
se perd ou se cache. Qu'il gravisse la iijoq«
tagne, le ciel devient immense ;If'^8stresse
lèvent et se couchent devant lui; son (ri
embrasse bois, montagnes, fleuves, vllie$cl
villages; c'est un aigle qui plane sur an
contrée. Que l'homme redescende, loij
s'éclipse de nouveau ; à mesure quiisâo^
gne du sommet, le ciel se tait petit sur
iéte, le jour diminue, les ténèbres se fi
l'aigle est redescendu à cùté de Tini
Laissons-nous donc emporter sur les
de la révélation ; les paroles de Dieu, r^
tées par les traditions générales, valent
ce me semble, celle d un homme reoipiii
misères et de tremblements. Croyons
disent de jeunes voyageurs oui onlso
les- douleurs de l'égarement dausTiotli
dance de la raison, croyons, et lediMC
doctrines humaines se dissipera, la /wr'
notre partage, nous marcherons me
rance ; à la hauteur de la révéJaM
est plus léelle, comniola portée de Td
vaste (1015).
PSYCHOLOGIE dts races indi^iaet
l'Amérique. Voy. Races humaines, i
— Des nations africaines, hotlenloK^s,
Ibid. §IX.— Des nègres africains.Mt
PUFFENDORF, erreur sur l'éUl de
ture. Vqy. Psychologie, § IL
PYÏELVGORE, son panthéisme idéal!
Yoy. Panthéisme, § I.
PYTHON, le même que Typfaon,Dier
mal. Voy, Démon, § IV. \
Q
ODESNEL. Voy. CLÉMETf XL
QUJNET (M. Edgar) prétend qne saint
Pierre voulait que les Chrétiens Judaïrassenl;
réfutation. Voy, Pierre (l'apôtre sftint), § I ;
— admet un antagonisme de doctrine en-
tre saint Pierre et saint Paul. Ibid., § II ; —
attribue un christianisme indépendant à
wint Paul. Ibid.j § IIL — Ses erreurs sur
saint Grégoire VII refutées. Voy. Gré-
goire VIL — Origine de l'Eucharistie; ré-
(1012) Voy. 49' conférence de Notre-Dame (an-
(115) Bayle, art. Manichéens^ noie D, lom. II. —
D'Alembert, Kioge de BerncuiUy.
(HHi) Davib, E€rU,Êaintey passif».
(1015) On trouver a. réunis dans noire ouvrage du
Langage, d^à cilé, un nombre considérable de témoi-
gnages à Tappui du sentiment qui admet la nécessité
<Ju langage et de reusaiguement pour la constitu-
tion de la raison humaine. On y trouvera également
la rcruutioD des systèmes rationalistes sur cette
même question.
It vitnt de paraître sur cet important snjei denx
ouvrages nouveaux. L'un a |»our trtte ; Essai sur
futolion. Voy. Eucharistie, $ IV. — S*'
tredit et contredit J. Reynaud sur la tli
gie des mages. Voy. Mazdéisme, §11.
erreurs sur Clément XI et la bulle In
/!«; réfutation. Voy. ClémextXI. -
sur la filiation dos langues. Voy. Btfll
BiAi!VEs, § V. — Réfute Strauss, l'tfj
TUISME, § III etX.
QDIRINUS, gouverneur de Syrie; di
tés. Voy, hvc (Saint) évangéliste.
Vaclimlé du principe pensant^ par M. P. fej
rédacteur du Journal historique de Lié^: \
est intitulé : Dé h valeur de la raison, p»r ^
Chast«^l. On r..^grette de voir ces deux iote)i>^
d^ailleurs si distineuëes, épaiser leurs f^^^^
faire valoir une série de prétendues àltècwti
puis longtemps résolues et la plupart tres^
tiques, sans avoir pu ou osé abordfr ce qui j
fond même de la question : Le rôle pty^^^"*
du langage dans la consiilutian de la rahon. [
sur ce terrain que nous avons appelé raiiofl-i*^
et ir^iditionalisles. En dehors du proWewf >]
l'Osé, on fera de la controverse saus alioaur,
avancer d'un pas
M
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
R
RACES HUMAINES.
Dieu 9 fait naître d'an seot tmlle
laraee InraiaiBe pour habiter saivloote
•a faee de la terre, détenoinaol let
temps de la dorée des peuples et les
Ufliites de leor demeure.
(S. Pacl, Actes des apàûres, xim, Î6.)
M.lioioiDe, soomis par son organisalîon a
iKre, k crottre et à moorirt subit des lois
>7DmoDesk tous les élres animés: mais un
tc-actère si parlicalier et si sublime le dis-
n. sue, qn*il est impossible de supposer le
i^port même le plus éloigné» entre lui,
e pour le commandement, et les brutes
> Toées uniquement sur la terre au soin de
: OAorrir et de se propager. Son altitude
rriite et élerée, qui indiaue le conrage en
lème temps que la dignité; ses mains, ins*
rninenls dociles de sa volonté, qui eiécu»
;nt les plus ma^ifiques et les plus utiles
'jTra^; ses yeus, qui s'éloignent de la
'•nssière, et dont le regard intelligent peut
ion4n rimmensité des cieui ; ses orôines
q>j% lii permettent d'exprimer sa pensée par
Ues sons articulés d'une variété infinie;
f unioo admirable de la force et de l'agilité
'J05 fous ses membres ; enfin l'harmonie et
1 perfection de tous ses sens, lui assignent
- preiDier ranj; parmi les êtres créés et lui
'>&neot le droH de réclamer, aussi bien que
fK/OToir de retenir l'empire de la terre.
La parole de Dieu a toujours considéré
liumanité comme descendant d'un père
Gii.fue et le grand mystère de la rédemption
pckse snr la croyance que tous les hommes
\l {léché dans leur père commun. Suppo-
z différentes créations d'hommes sans
;>f<ort entre elles, et le profond mystère
I péché originel et celui Je la rédemption
ot eflacés de nos livres saints. On corn-
trnd dès lors de quelle importance ri est
' répondre aux raisonnements de ceux qui
étendent qu'il est impossible de réduire
i variétés des familles humaines k une seule
pèce on de les ramener à un premier père,
' devons^nous pas répondre k ceux qui
iriuent que l'histoire naturelle a montré
s divisions si profondément tranchées
tre les caractères physiques des différen-
s nations, que jamais Tune n'a pu sortir
l'autre, et que l'action d'aucune cause
.'iztnable, instantanée ou progressive, n'a
nais pu convertir la forme et la couleur
jn Européen en celle d'un nègre, ou chan-
I lOIG) AtfXêanpoc xaxà jà f 9vq, ocra idftpt ta; Z^^ttc,
L 7K «Oq, oet» Af/uiTTiOf, xoi Opôxcc, xac Zxu9»c,
hmignomûmef cap. 1 ; 0pp. ^ Paris, 1619, t. I,
iltpy.)
liOlT) Ol Symt fUXaiftç 9tiXot* cêvc^cpcrflu ini toù^
r-f'xwan^ç^ nd AfOioirof. {Pkysiognom., cap. 6, page
S9. ) Aak Tt o2 AcOioiTf; nal oé AcyvirTiot ^Olâcaot
'o;... Zr^imf^t a 3qû ed T/n^ri;* orAvrépaç yip <xo*j'
'- l*»obinH,^ secL il, I. Il, p. 750,j
Ser *a peau de l'Ethiopien an point de pro*
uire la race asiatique?
II.
Coup o'œfl sm l'histoire oe h race bouuine oans l'anlir
quité et dans les temps modeniea. — Cbssificatloo éu%
, biie par let Greei, — par lef Egyptien. — Ecriviiiis
réeenu: ^yatèae de Campet ; qrstène de Maneobadi.
Distribatioo géograpliiaoe des funilles bomaioes. —
KcriTains qai nieot Vauté de la raee hamaiDe: Virejr,
DesaNmlins, Bory de St-ViaeeDl, Lamar^ P. Bérvd,
de ne&BDcat.
Jetons d*abord un coup d'œil historique
sur la question. Aristote paraît avoir cens*
taté la classification des races humaines
qui prévalait de son temps,- lorsqu'il dit
quec les anciens physionomistesdéciuaientclu
caractère d*une personne par la resseiq*
blance de ses traits avec ceux des nations,
qui différaient par l'aspect des manières,
comme les Egyptiens^ les Thraces^ les Sey^
ihes (1016}? » Ces trois peuples, avec les
Grecs ^ qui sans aucun doute servaient de
premier terme de comparaison, formaient
alors les quatre races d nommes ; mais il est
encore assez difficile de déterminer ce que
l'on doit entendre par les trois races dont
parle Aristote.
Et d'abord il est très-probable aue par la
race égyptienne f Aristote entend la race
nègre; et on en a la preuve en ce qu'en
plusieurs autresendroits, il joint ensemble les
races égyptienne et éthiopienne, leur attri-
bue les îuèmes qualités, comme la timidité,
des jambes crocnues, des pieds difformes,
des cheveux laineux, et donne pour cause h
tous ces effets la chaleur du climat (1017),
Hérodote est encore plus précis sur ce point;
car en parlant des habitants de la Colchide,
il dit cpi'il est prouvé qu'ils descendent des
Egyptiens, parce qu'ils sont noirs et ont la
tête laineuse (1018).
Pour expliquer cette opinion des anciens
auteurs , Biumenbach a supposé que la
race égyptienne avait dégénéré dans la suite
des siècles, et a essayé de prouver par des
monuments qu'il y avait eu trois tvpes dans
ce peuple, le premier qui s'approcne du mo«
dèle du nêgrCf le deuxième de IVndoii, et le
troisième du Berber ou Egyptien ordinairt»
(1019) ; mais cette opinion est insoutenable^
En effet , les monuments nous montrent
constamment le corps des Egyptiens pein|
en rouge ou basané^ avec de longs cheveuJi^
flottants^ et parfaitement distingué de celui
des nègres qui sont toujours peints d'une
11018} *Oti tuïônypois Uat xax crjXQXM^iç. (Lib. U«
04, 1, 1, p. 157. éd. LondoD, 1824.)
* (1019) Decjls, ColUcttonit, craniorutn diversontm
gftttiumiliustraia;G(BUin%.^ 1790, p. il. -^Spéci-
men historiœ naturalis antiquœ artis operibus illu-
siratœ. Ibid^ 1808, paije \\. — Beitr(ege iur naïur^
qesch'ichle; 2 ter., Ib. io 1811 ; Dueieblct, Katicnat
physioqttomonie unter den alUn j^^pUru^ p, 130»
959
RAG
DiCTlOUNAIRE APOLOGETIQUE.
RÂC
couleur noire arec des cheveux crépuê^ c'est-
à-dire avec les caractères que présentent
encore les nègres (1020). D'ailleurs, les mo-
mies, dont on a ourert un si grand nombre
de nos jours, offrent toujours dans leur
crâne la forme europe'enne ou cmucasienne^
et leurs cheveux sont moins noirs, bien
plantés, longs, et divisés en nattes retrous-
sées sur la ti&te fl021}.
Il faut donc absolumen» conclure que les
Grecs qui visitèrent l'Egypte , voyant au
milieu de ces peuples, dans leurs villes et
dans leurs armées un srand nombre de nè-
gres éthiopiens ou africains, les ont pris
pour la race indigène. Quant aux divisions
établies par les égyptiens eux-mêmes les
découvertes modernes nous prouvent qu'ils
en reconnaissent quatre comme les Grecs,
et qui sont, selon M. Chamnollion, les Egyp*
tient^ les Aiiatiqueê^ les negreê et les Euro'-
péem. Nous y reviendrons tout à l'iieure.
Le second peuple mentionné par Aristote
sont les Scyihet; or par Scyiket il faut en-
tendre sans aucun doute les tribut germa*
niques éparses alors dans la totalité de la
Scy thie. Ovide en offre les traits caractéristi-
ques, quand il nous les représente avec une
chevelure jaune ou blonde^ et n'étant jamais
coupée (1022). Hérode les dépeint sous le
nom de Boudini^ qu'il appelle une nation
grande et nombreuse, avec des yeux extrê-
mement bleus et les cheveux rouges (1023);
d*ailleurs, ce fait de la dispersion de la race
germanique dans une partie de l'ancienne
Scythie, a été confirme par Abel Rémusat
Ainsi Aristote, par les Ethiopiens et les
Scythes, a voulu caractériser les deux plus
grands contrastes de la couleur des races hu»
raaines, la noire des Éthiopiens, et la blanche
i\^i Germains .
Quant aux Thraces^ qu'il donne comme la
troisième race, différente des autres, il est
très-probable qu'il a voulu parler de la race
couleur olive ou mongole.
Passons Maintenant i la classification éta-
blie par les Egypiieus. C'est aux découvertes
de notre illustre Champollion que nous
devons ce curieux document. Suivons- le
dans les catacombes de Biban-el-Molouck.
« Dans la vallée proprement dite de Biban-
el-Molouck, nous avons admiré, comme
tous les voyageurs qui nous ont précédés,
l'étonnante fraîcheur des peintures et la fi-
nesse des sculptures du tombeau d'Ousiréi
l", qui, dans ses lé^çendes, prend les divers
surnoms de Noubéi, d'Athothi et (ÏAmonéi^
(1020) Voyez les figures coloriées dans les Vojaaes
de HosKiNs en Ethiopie,
(1091) Ap. DB Sacy, BelatioH de CEwpie. par
AlHl-Allaiir; Paris, 1810, page 269. [rallié^
(10z2j Hie mea eut recttem msî flatfii êcripta Co-
Qua$(jue aliai gentes barbarui hter habet ?
{Eptêl. de Ponto, lib. iv, ep. 2, 37,)
Los Coralli semblent devoir se confotidre avec tes
Gèles, on comparant ép. 8, 83 avec 10, 2. IJn
éiymologiste ^ imagination pourrait les regarder
comme les aiic^Ares d«s Kouriles. \iasqm\
Mixia if( hwc (gen») uunthvii inur Grccscotaue 6V«-
et dans son tombeau, celui d'OiiiîrA;!Diis
cette belle catacombe dépérit chaque jour.
Les piliers se fendent et se délitent; lespla-
fonds tombent en éclats, et la peinture m*
lève en écailles. J'ai fait dessiner et colontf
sur place les plus riches tabieaui de «tt
hypogée, pour donner en Europe une idéi
exacte de tant de maznificence. J'ai fait é^
lement dessiner la série des peupltt, &gud|
dans un des bas-reliefs de la première sall|
à piliers. J'avais cru d'abord, d'après lu
copies de ces bas-relieis publiées en k^^
terre, que ces quatre peuples, de race
différente, conduits par le Dieu Eùrut^
nant le bAtoa pastoral, étaient les oai
soumises au sceptre du Pharaon Ouâi
l'étude des légendes nous bit conoatm
ce tableau a une signifkalion plus géaéi
Il appartient h la troisième heure du '
celle où le soleil commence è bire
toute l'ardeur de ses rayons, et
toute les contrées de notre bémispbta.
a voulu y représenter, d'après la
même, les habitasUs de rEgypUHm
contrées étrangères. Nous avovte
sous les yeux l'image des dinM
thonmu connues des EgjptieiîSit
apprenons en mftme temps les gra '
sions géographiques ou éthnoya^f
blies a cette époque reculée.
« Les hommes» suidés par le pastenrd
pies, Hôrus, sontpgurésaunombrede
mais appartenant à quatre famiUtt bieij
tinctes. JLes trois premiers (les plus t^
du dieu) sont de cou/eurrotij;e«om6re,
bien proportionnée, physionomie doucei
légèrement aauilin, longue chevelure'
tée, vêtus de blanc ; et leur légende 1
signe sous le nom de rot-c!i-ke bovs
race des hommes^ les hommes pareicell^
c est-k-dire les Egyptiens.
« Les trois suivants présentent ub
très-différent : peau couleur de chair
sur le jaune, au teint basané, nezforie
aquilin, barbe noire, abondante et tera
en pointe, court vêtement de couleurs
riées; ceui-ci portent le nom de»"
(les Asiatiques).
« Entin les trois derniers ont la tei
peau que nous nommons couleur di
ou peau blanche de la nuance la plus
cato, le nez droit ou légèrement vo '
Jeux bleus, barbe blonde ou rousse,
au te et très-élancée, vêtus de vei^^
bœuf, conservant encore leur poili ^
blés sauvages tatoués sur diverses i
A malt pacatiê ptUê tnkU ota CeiU..»*
Vo» fera, flux 9ultut, verissiaui Mann i»H^
JSon coma, non ulla bmrba re«cc'a sv-
(THK., lib. v.eleg.«.l'^
Lucoin (llh* i), parlant d'une triba genuam
dit:
Et vot crimaero$ bellis arcere Ckûiff^i'
et XXI. .)
(1021) licchcvchcs surict /ifif/Ki'? Inrlnrc^* p-
ri
RAC
DICTMHINAIIIE MHHjOGCTIQOK.
RAC
vvS
la corps ; oo les nomme taiiiioo {U$ Euro-
< Je me hâtai de chercher le tablera cor*
espondant à celol*ci dans les autres tombes
0 aies, et en le retrouvant en effet dans
•Jusîeurs, les variations qoej'yobserrai, me
DQTaio<)airent pleinement qu'on a voulu
i,nirer ici fat kabiianiê des qiatre parties du
t^mdtf selon Tancien système égyptien»
aroir :
« I* £ef kAiUmiê de FBgyple^ qui, à elle
eule, formait une partie du monde , d*a-
le irèsHUodeste usage des anciens peu-
-^t
• ^ Les Asiaiiquee ;
« 3* Les habitants de Y Afrique, les n^e$:
a i* Eoin (et j*ai honte de le dire» puisque
^tsf race est la dernière et la plus sauvage
7 Ca série), les Euroféem^ qui, k ces épo-
-j^ rtcolées, il faut être juste, ne faisaient
t«> uae trop belle figure dans ce monde. 11
ija t entendre ici tous les peuples de race
.•"««ode et k peau blanche, habitant non-
r jakoeat FEurope, mais encore VAsie^ leur
' ^ot it départ
^ Cette manière de considérer ces tableaux
^ U'iutaot plus la véritable,, que, dans les
» jtrts tombes, les mêmes noms génériques
T-;/^nismt, et constamment dans le même
^'f»rt. Oa y, trouve aussi les Egyptiens et
'.> J/rkains représentés de la même ma-
L.ere,(eqai ne pouvait être autrement; mais
:5 Acnan (les Asialiaues), et les Tumhou
r^ rdtes européennes), ourent d'importan-
« et curieuses variantes.
« Au lieu de V Arabe oo du Juif^ si sim-
-î^fiieol vêtu dans le tombeau d*Ousire'i,
uie a pour représentants dans d'autres
«4«ljeiax (ceux de Rbamsès-Meïamoun ,
..y, trois individus, toujours k teint ba-
Âê, nez aquilin, œil noir et barbe touffue,
ai s costumés avec une rare magnificence.
uis fun, ce sont évidemment des As$y^
tm : leur costume. Jusque dans les plus
tiu détails, est parfaitement semblable k
lui iïcs personnages gravés sur les cy Un-
es assyriens; dans l'autre, les peuples
fiJef, oa habitants primitif de quelque
rtie de la Peree, leur physionomie et
UQoie se retrouvant en effet, trait pour
it^ sur les monuments dits pereépoUiains»
I représentait donc VAsie par Tun des
a[4es qui l'habitaient indifféremment.
■ Il en est de même de nos bons vieux
cètres les Tamhou: leur costume est quel-
^foi^ différent ; leurs tètes sont plus ou
•tas chevelues et chargées d'ornements
iersifiés; leur vélenient sauvage varie un
u dêiïs sa forme , mais leur teint blanc,
irs yeux et leur Ijarbe conservent tout le
raelère d^nne race k part. J'ai fait copier
colorier cette curieuse série ethnogra-
ique. Je ne m'attendais certainement «pas,
arrivant k Biban-el-Molouk, d'y trouver
1025) Teir LeUm éeriUi d^E^ypU ei de Nmkie,
itM ci 1899 par M. CBAnreixMUi le jeune, i»-^,
±11 et saiv.
10z6) Diwterimliom phiti^ue de M. Pîene (Uam,
des sculptures qui pourront servir de vi-
S nettes k Thistoire aes habitants primitifs
e l!£uropef si on a jamais le courage de
l'entreprendre. Leur vue toutefois a quel-
que chose de flatteur et de consolant, puis-
qu'elle nous lait bien apprfeier le chemin
que nous avon^ parcouru depuis (1025). •
La classification de la race humaine, fon-
dée sur la couleur et divisée en trois bran-
ches, dura assez longtemps* La terre était
divisée aussi alors en trois zones; les hom-
mes iris^biancê occupaient les régiane froi^
de$ ; les noire habitaient la z6ne torriae^ et
les kommee blonds et au teint plus ou moins
animé habitaient les zones tempérées.
Dans le siècle dernier, la pluiiart des au-
teurs, Leibnitz, Linné, Buffon, Rant, Hun
ter, Zimmermann, Meiners, Klugeî, etc.,
assirent sur ces principes leurs systèmes,
qui sont k peu prS^ tous rejeiés.
Vers le milieu du même siècle, on for-
mula un nouveau système. Ce système,
iœac^iné par le i^uverneur PownalU et coor-
donné, régularisé par Camper, consiste k
classer les diverses familles humaines sui-
vant la conformité de iitéte, et principale-
meut suivant le plus ou moins d'ouverture
de la ligne faciale.
Voici quel est le système de Camper, et
comment il expliquait ce qu'il appelait n
ligne faciale ou angle facial, comme rajipel-
lent encore quelques naturalistes.
Le crâne étant vu de profil, on tire d abord
une ligne du trou de l'oreille [meatus audi"
torius) jusqu'k la base des narines; ensuite
une seconde du point le plus i»roémincntdu
front k l'extrémité de la mâchoire supé-
rieure ou point où les dents prendront ra-
cine {la saillie alvéolaire de Vos maxillaire
supérieur). Il est évident qu'un angle se for-
mera k l'intersection de ces deux lianes, et
la mesure de cet angle, ou^ en d'autres
mots, rinclinaison de la ligne tirée du sour-
cil k la mâchoire, donne ce que Ton appelle
la ligne faciale^ et forme dans le srstème de
Camper le caractère spécifique de chaque
famille humaine (1026).
Par Finspection de la planche (fig. 1, 2,
3},' on aperçoit aisément l'application de
cette règle. On voit que l'angle lacial dans
rorati^-oulan;, espèce qui approche le plus
de la forme humaine, est d'environ 58 de-
grés (fis. 1), que dans le nègre et le Kal-
mouck la mesure est de 70* (fig. 2), et dans
l'Européen de 80*. (Fig. 3.)
Les anciens, qui sans aucun doute s'aper-
çureni que raugmentation de Fangle était
en proportion avec Tavancemeot dans Té*
chelle intellectuelle, dépassèrent la ligne
que l'on trouve dans la nature, et dans leurs
ouvrages les plus sublimes ils se sont aven-
turés k donner au front une saillie proé-
minente en surplomb qui augmente laogle
facial jusqu'k 95 et même 100 degrés (10B7).
SUT les éigéreiues réelles fM ffisentemî les trmks dm
nsage ckts Us hommes de difirenis ^9«, etc.;
Utreebl, 1791 , p. 3 M 55.
(1027) Vo^z la 2* plancke deCASu^, f. 3 et 4,
9(3 I^G DlCTIONNAmE AP0LOGÉTIQt]&
Co fait a élé posilivemenl nié par Blu-
jnenl)ach ; il dit que toutes les représenla-
fions de l'art ancien où se trouve un angle
semblable ne sont point des copies exactes
(1028). Mais je pense que quiconque exami«^
nota les têtes de Jupiter dans le muséum du
Vatican, parliculièpemenl le buste dans la
grande salle circulaire, ou les tètes les plus
mutilées des marbres d'Elgin, sera d'aris
que Camper a raison sous ce rapport.
Bhimenbach corabatlilavecforce le système
de Camper, «t prouva très-bien que le plus ou
moins d'ouverture de Vangle facial ne pou-
vait cependant rendre raison des différentes
variétés de l'espèce humaine, et que d'ail-
leurs il était sujet à de nombreuses excep-
tions. Alors il invenla lui-même un nouveau
système, lequel consiste à classer les hom-
njcs d'après la largeur de leur crâne^ et puis
d'après la couleur des cheveux^ de la p^au et
de liris des jeux. Voici ses paroles :
« La léte ou le crâne de l'homme, quand
on regarde d'en haut, présente une forme
plus ou moins ovale, doucement arrondie h
rarrière, mais rugueuse et moins régulière
en avant ii cause des os de la face. Si nous
examinons le crâne et la face, nous verrons
qu'ils se projettent à différents degrés et
peuvent se diviser en trois portions ; d'abord
le front, qui peut être plus ou moins dépri-
mé, ensuite les os du nez, et au-dessous de
ceux-ci les mâchoires avec leurs dents res*
pectives. 11 faut aussi donner une attention
particulière h la manière dont l'os malaire
ou de la pommette s'aiuste avec le temporal
ou 0$ dei oreilles par le moyen d*une arcade
appelée zygomatique^ tellement formée que
de forts muscles peuvent passer par-dessous
ei aller s'attacher à la mâchoire inférieure.
{Yoy. lig. 5.)
« Blumenbach place le crâne dans sa po-
sition naturelle sur une table, la partie pos«
térieure du côté de celui qui regarde, comme
il est placé aux fig. ^, 5, 6, et alors re^^ardant
de haut et d'aplomb : les formes relatives,
les proportions des parties ainsi visibles lui
donnent ce qu'il ai^pelle la règle verticale
ou norma vertivalis. En suivant celte idée,
il divise la race humaine tout entière en
trois familles principales avec deux inter-
médiaires.
« Des trois grandes divisions, il appelle la
première caucasienne ou centrale, la seconde
éthiovienne, et la troisième mongole.
KAC
y*
«t En examinant les dessins faits d«|i(^
ses ouvrages, on aperçoit i Vinstanl les dif*
férences caractéristiques de ces familK
Dans la caucasienne^ ou, coinnte d'aulttt
l'ont appelée, la variété circaaitnnt {ï\^\
la forme générale dn cadre est plus sjiqi
trique, les arcades zygomaliques realr
dans la li^nedu trait extérieur générait ,
les os des joues et des mâchoires som^nlfe
rement cachés par la plus grande proéol
nence du front* Les deux autres famill
s'éloignent de ce type dans des direct
opposées, le nègre est plus long el
étroit) et le Mongol d'une excessive la
Dans le crâne du nègre (flg. 5), on peoi
marçiuer la forte compression latérale
Grtie antérieure du crâne, au mojei
juelle les arcades zygomatiques, bieo
très-aplalies elles-mêmes, font ce[
une forte saillie au delà ; on voit aussi
la partie inférieure du visage se pi
tellement au delà de la partie so
que non-seulement les os des joud,
la totalité des mâchoires, et naème
sont visibles en regardant d'ea
surface générale du crâne est au»
et comprimée d'une manière
ble.
« Le crâne mongol se distingue
largeur extraordinaire de la face
quelle l*arcade zygoroatique est coi
ment détachée de la circonférence
non })as tant, comme dans le nègre, i
de quelque dépression dans cette pari
la tète, que par l'énorme proéminence
raie de Vos des joues, lesquelles é
même temps aplaties, donnent unee^
sion particulière à la face mongole. Le
est aussi très^dénrimé, et la mâcboir
périeure protubérante, de manière à
visible quand on la regarde dans une '
tion verticale, (fig. 6.)
« Entre la variété rauraatftifie el é
des deux autres, il existe une classe
médiaire possédant jusqu'à un certain
les caractères distiuctifs des deux eiti
et formant une transition entre le ce
elles. La classe entre la famille canf
et les nègres est la race mahye, et le
entre cette première famille et la
se compose de la variété amérieam
« Outre cette grande et première
tion caractéristique, il ^ en a d'autres
nature secondaire, mais non moins
el p. 43 et 55. L^art romain emploie le plus petit de
ces deux aiigles, et Tart ^rec le plus grand.
(tOiS) Spécimen histonœ naturatis antiquœ arlis
operibus illustralœ; iioniing., 4808, p. f5.
(1029) Le cerveau, qu*on prétend saisir dans la
mesure de l'angle, peut être trapu, c'est-à-dire bas
H lirge; rejeté en arriére, comme dans Tidéal pé-
ruvien, en conscrv.int toujours même volume, même
poids, même puissance. Aussi, la formule de Cam-
per, si elle est restée iJeniique pour le bui, a-t-ille
iité maniée ei remaniée quant aux moyens. Pinel a
doublé d^un angle postérieur Tangle de Camper, en
cherchant le symptéme de la folie ou ^e sa prédis*
position. Blumeiihach a inscrit dans un carié le
ciftue va du sîneiput; Owen trace la ntème Agine
en regardant le crâne par sa base; Cavîer
parer Taire du cerveau ou du cràoe arec
face.
Tous ces procédés peuvent avoir une y»>
lative et transitive pour daMer use roi' '
pathologie, d'anaiomie comparée et vnèM 41
graphie. L'élude directe des popalalions. r
rées entre elles d'individus, comparés en
nombreuse, fussentp-iis de la même aatim et
même tribu, retnerse toutes les suppositions et i
ks artilices du cabinet.
L'ampleur dn eràne^ sa capactté^ ne soy^r^
mènies dans toutes les raees bumaiues, si vm
croyons ce qu'ont écrit à ce sujet pre«|«e t^m
analoniîstcs. Ou a surtout opposé Je ciàoe ^e'^
15
RâC
OICTIONNAIRE APOLOGETIQUE^
AAC
965
reconnaître; elles Gonsistcot dans le teint,
I cherelore et les yeux des différentes
ire<. Les trois familles principales sont
istin^nées par autant de couleurs différen-
s. La famille caueoêiemne a le teint blanc,
n^gre noir, et la mongole est olive ou
une: les races intermédiaires ont aussi des
laoces intermédiaires : les Américains sont
xitréê^ et les Malais boêanéêf tannés.
• La couleur des chereux et de Tirîs suit
Ile de la peau d*une manière suffisamment
i'Jente* même dans la race hlonde ou cau^
sfeane k laquelle nous appartenons ; des
'rsoones avec le teint très-blond ou très-
jrué ont toujours les cheveux roux ou de
LÎear claire, avec les yeux bleus ou d'une
^luce légère, et Ton a appelé cette nuance
rariété sanihique de la race blanche.
fiS les personnes à peau brune, les che-
ai S4)nt invariablement noirs et les yeux
fl^ foncés, et l'on appelle ceux-ci la variété
fknw^. Cette conformité de couleur dans
$ différentes parties était bien connue des
-ietis, qui l'observaient strictement dans
urs «lescriptions des personnes.
• Dans les deux races mongole et nègre,
12, lesquelles la peau est foncée, les f%e-
--"-^ doivent être noirs et les yeux foncés.
L* rb^Tdtre aussi, outre sa couleur, a un
■*-eciére particulier dans chaque race ;
:::s l» race blanche elle est flexible, flot-
?.;.'e, modérément épaisse et douce au tou-
^.?r ; chez le nègre, très-épaisse|, forte,
jrte, laineuse et crépue; chez le Mongol,
i.:e, rare et droite. »
J' passe par-dessus plusieurs autres mar-
i*'^ diitinctives de ces races humaines,
[ri-e qu'elles sont moins importantes :
l'es sont la direction des dents, la stature
!3 forme du irorps. Je vais maintenant
Ker les limites géographiques de chaque
la de famille.
La caucasienne comprend toutes les na-
os de r£urope (excepté les Lldoos, les
[fiandais et les Hongrois} ; les habitants
J*AMe occidentale, en y comprenant
rabie, la Perse, et en remontant aussi
it que rOby, la mer Caspienne et lo
êem i edoi do nègre. Yoid les remarques de
noMriiig à cet égasd : c i*ai mesoié, dil-it, ptu-
n cràacs de nègres et presque loos mes erlnet
vipéens. dans le but de comparer leur ca^acilé
picctive; j*ai trouvé : 1* qu*uoe ligne conduite de
acioe du nés, le long de la suture sagiitale« ju»-
M Ikord da trou ovale, était plus courte ches le
re, la face ayant li même longueur; %• que la
«aléfeiice, prise en passant au-dessus des sour-
et daa os temporaux, éiaii moiudre aussi ; et«
la'aocm des diamètres transverses n*égalait les
roo conespondants des tèios eunmetnoes. i
proooaeeraU, dTapiès cela, que le crins et
dtt nègre ie:rfeat auniessous des propor-
I ao eervean de TËuropéeu? Aujour-
, ceU se répète saus qu*ou élève le
adre dooié à cet égani, et cependant 11 y a dix
i qoe cette croyance a é;é coiuiauoe par Tiede-
lu. Sa BBOoièffe d'opérer é:aît ceriaiaeaient meil-
n qoe celle de Sœmmering. Il pesait d*abord la
t dont il voulait déterminer la capacité, puis il
Gange ; enGn les peuples du nord de TAfri^
que.
l^ race nègr^ comprend tout le reste des
habitants de cette partie du monde que je
viens de nommer.
^ La race mongole embrasse toutes les na-
tions de l'Asie non comprises dans les va-
riétés caucasieirae ou malaise, ainsi que les
tribus européennes exclues de la première,
et les Esquimaux de l'Amérique septentrio-
nale.
La race malaise comprend les naturels de
la péninsule de Malacca, de l'Australie et
de Ja Polynésie, désignés en ethnographie
par le nom de tribus des Papous.
Enfin la famille américaine renferme tous
Jes Aborigènes du nouveau monde, excepté
les Esquimaux.
Ayant ainsi énuméré les auteurs et exposé
les systèmes les plus dignes de notre atten-
tion, puisqu'ils se rangent du côté de la
vérité, nous devons aussi faire connaître
nos antagonistes et dire quelles sont leurs
vues sur celte science. Il s'en trouve princi^
paiement parmi les naturalistes français,
qui malheureusement sont encore, an moins
en partie, dominés par les théories scenti*'
Ques du dernier siècle. Voltaire, en effet,
fut un des premiers h remarquer qu'un
aveugle seul peut douter si les blancs^ les
nègres^ les albinos^ les HottentotSf les La--
pons^ les Chinois et les Américains sont des
races entièrement distinctes (l(â(^. Desmou-'
lins, dans un essai qui, pour l'honneur de
l'Académie des Sciences, fut rejeté par ce
corns savant, affirme l'existence de onze fa-
milles indépendantes dans la race humaine
(1031). Bory de Saint- Vincent va encore
plus loin, et augmente le nombre des fa^
milles jusqu'à quinze, qui se subdivisent
encore considérablement. Ainsi la famille
adamique, ou les descendants d'Adam cons^'
titue seulement la seconde division de
l'espèce arabique, de VhomoArabicuSf tandis
que les Anglais appartiennent à la variété
teutonique de la race germanique, qui n'est
encore que la quatrième fraction de la gens
braccata ou famille portant culottes, dans
1 espèce japhétique, le homo japheticus^ qui
la remplissait de millet et la pesait de noaveao^
Celte eipérience, laite sur ipiarante et un individua
appartenant k la race éthiopienne, et sur soixanie
et onze crines de la race caueaslqoe, loi a montré
que la cavité qui recèle le cerveau du nègre n*a paa
noins do capacité qoe celle alTectée au cerveau de
rÊuropéen. Bien qu'Hamiltoo ait olHean des résol-
uis semblaMea à ceux que je viens de mentionner,
f éprouve, en les. consignant ici, îe no sais quelle
crainte qn^ils ne soient ou qu'ils a aient été dénen*
Us. Comme le crine du ntee est înoeoleslablemoiii
plus étroit en travers, il mut qu*il gagne, en lon-
gueur et dans le sens vertical, et surtout par réva«
sèment de sa bttc, ce qo*il perd dans le premier
sens. En reconnaissant un aikwgemeot du diaroèiro
antéro-postérieor du crlne du nègre, je repouasTf
comme on le voH, une des assertions de Smmmo'
ring.
(1030) Bisl. de Ruuie sous Piem U Cnndf
cfaap. f .
(1031) //ttf. nal. é€$ races kumm$us.
fKJl
RAC
DlCtlONNAinE
se divise en deux classes» celles que je viens
de citer, et une autre plus élégaannent nom-
luéei la geiis togata ou famille i)Ortant man-
teau (10 J2).
Virey appartient à la même école, quoiqoe
ses ouvrages soient encore pitis révoltants
})ar la légèreté et la frivolité avec laquelle il
traite les ooints les plus délicats de la mo-
rale et de fâ religion. Non content «fàttribuer
aux nègres une origine différente de celle
des Européens, il va presque jusqu'à soup-
çonner une certaine fraternité entre les Hot-
tcntots et les babouins (1033). Mais sur ce
sujet il a encore été surpdssé par Lamarck.
Cet écrivain prétend indiquer les pas par les-
quels la nature procède ou a |)rocédé dans les
temps anciens, en faisantsortirgraduellement
une classe d*ètres d*une autre classe anté-
rieure! de façon que, d*après lui» la nature au-
rait suivi une chaîne graduée de transforma-
tions successives, qui aboutit enfin à Tespëce
humaine par des métamorphoses inverses, il
est vrai, mais non moins merveilleuses que
celles que nous lisons dans Tancienne fable.
Les deux volumes de sa philosophie zoolo-
gique sont entièrement destinés à soutenir
celte tiiéorie dégradante. Dans le premier, il
veut prouver que l'organisation corporelle
da^rhomme~résurtë'(I*une modification acci-
dentelle, quoique naturelle du singe; dans
le second, il essaie de montrer que les pré-
rogatives de Tesprit humain ne sont que
Textension des facultés dont jouissent les
brutes, et diffèrent seulement par la quan-
tité du pouvoir de raisonner. Lamarck , sur
des arguments faibles et mal établis (103&>).
s arroge le droit d'affirmer que, parce que
nous voyons dans la nature une (gradation
existante d'êtres organisés , il doit y avoir
eu ()areillement un développement succes-
sif qui a fait sortir d'une classe inférieure
les animaux d'une autre classe supérieure:
et cela parce au*un animal, étant forcé par
ses besoins à des habitudes nouvelles ou
f>articulières, acquiert ainsi les modifica-
tions d'organisation qui, lui sont -nécessai-
res, bien que Jiea-acoup'degénérationsdoi-
vcnt peirsd'vérer dans cet exercice avant que
l'effet soit perceptible. Ainsi, par exemple,
un oiseau étant lorcé par ses besoins d'aller
h Teau, y nage pu y marche : ses succès-*
seurs font de même; dans le cours de plu-
sieurs générations, les efforts qu'il bit pour
étendre les doigts de ses pattes^ font pousser
(4032) DietiêM. da$$. d'hitt. natur., t. VIII. --
t L'iiorame )«pfaélique n*e8t lui-iDéme qu*uiie divi-
sion de la léiotérique ou race aux cheveux rottx, et
ruiiiié des «quinze races est niée. > (P. 531 .j
11035) Hntn natur, du genre humain^ l. Il, p. 457.
1054) Philotophie zoologique^ on exposition deê
eoHiidérationt nlativeê à Vhiiloire naturelle des ani^
maux^ par J.-B. Laiuack ; Paris, 1850. — Voir
pour oe point particulier tom. U,p.il5.J'ol}servenil
Ici que Steffiins nie t#ut k fait Inexistence d*unc
échelle graduée des êtres, parce que pour Tappuyer,
selon lui, les derniers animaux devraient venir
immédiatement après la plante la plus parfaile»
tandis que les ehaiiions de transilion dts deux or-
dres possèdent les qualités tes plus inférieures de
APOLOGETIQUE. R.\G ^
entre eux une membraiie, et il dcTient un
oilseau aquatique dans toutes les rè|;le$;oQ
bien il allonge ses jambes pour maither
dans les endroits plus profands» et graduel-
lement elle se prolongent comme celles de
le grue el da flamand (1035). Ces ûm
actions combinées, savoir, de nooTeaui be-
soins et la tendance de la nature à les satis^
faire, ont conspiré pour faire sortir rhooioe
du babouin. Une race de ceux-ci, p^olNlbl^
ment Vovàit^ d'Angola, pour quelque raisos
qu'il a oubliée, perdit*rhabitode de grioiper
sur les arbres et de saisir avec ses paltesiie
derrière aussi bled qu'avec celles de deTui.
Après qu'ils curent ainsi mtfché surlesDl
(rendant plusieurs générations/lears oeo)*
>res postérieurs prirent une forme plus ap*
propriée k cette nabitude et deiioreoi ds
{)iedsi et ces animaux acquirent aiosi ria-
ûtude de marcher droit. Dès lors ils De>
rent plus besoin de leurs micboires p^ur
briser des fruits ou pour se dMiml»
uns les autres ; ils pouvaient pour erii dé-
poser de leurs pattes de devant émm
des mains ; et de là par degrés levnMii
se raccourcit, et leur visage deriolNiff
vertical. A mesure qu'ils avancMb^
cette route vers VhumaniscUionj leon^
ces se changèrent en un gracieux sooni^t
et leur bredouillement se dé veloppa en soss
articulés. Telles seraient^ dit-il en concloani,
les réflexions que Fan pourraii (m^ i^
Vhomme n'était distingué des animai f»/
par tes caractères de son orgahisalm^ a n
son origine n'était pas différente dt ia Itut,
Malheureusement le second volume do coin
tient aucune autre preuve que rhommetil
une origine différente (1036).
Après avoir parlé de la protosion deplit-
tes et d'animaux qu'il suppose aroir ée
créés aux premiers jours du mondo babii^«
M. Paul de Rémusat s'exprime ainsi : • U
raison ne voit aucune objection i ce qnelij
même profusion ait présidé à la fonuaiin
du genre humaini et celui-ci pourrait am
^ru à la fois ou successivement sur piV
sieurs points -de la surface de la terre. U
même main qui a fait croître rberbedan
les campagnes de l'Amérique n'a-t-elle (H
y mettre des hommes ? « Revue det dus
mondes, 15 mai 185i^, p. 8M. ,
Voici ce qu'un professeur de la FacoM
de médecine de Paris enseigne en ce o;^
ment à la partie de la jeunesse fraiK»^
Ton et de Tantre ; tels sont les [»olypes, les iofaM-
res, les algues, etc., dont rorgantsâUos, soH fNi
la rapporte aa régne végétal, oa au régne aam
est au plus bas degré de l'écheUa. {Àntkrtfdêfi,
il. I?uch,_p. 6.)
(1035) Tom. 1. p. ii9. — Si qvdipieaoisatt
qui uagei.t, dit-il, ont de longs cots, caaa**
cygne et Toie, cela vient de lenr Mbîtade da fMa
leur lète dans Teau pour pécher. Pouf^'"'^
peut on demander, la même babiiodea'i-i^f'l
produit un eflét semblable dans le esun d a
sarct'Ue? . .
(1056) Fofr à Part. Homiib de m Dicthsui^ ^
rcl'utaiion de ceUe abjecte ibéorie. Fof . ass» rv>>
P:>\cH0L06ic du môme Dictionnaireé
RAC
NCnONNAlRE APOLOGETIQUE.
RAC
tf7«
. #^1 seocstine à Texercice oeVarlde gnérir :
* La plupart des autenrs qai onl médilé
i^i\ écrit sor Tethooiogie ne peuvent se fa-
\&Ui«riscr avec Tidée <]ue les peuples soient
ivitocbthones ou aborigènes. Comme il leur
répugne d'admettre qu*ils aient pris nais*
«Aco là où ils les obsenrent* ils les font
r^nir d*aillears,i)ar de longues émi^aUons,
cp mine si le problème, pour être déplacé,
fi*«=ii restait pas moins avec toutes ses diffi-
na liés Pourtant Fopinion que les peu-
p^.^s sont pour la plupart autochthones a
/^ «r elle d assez nombreux partisans, par-
m£ iesanels on citerait quelques autorités.
E Ve a été appujée par Desmoulins. Un spi-
r:t oel géologue, M. Ramond, a écrit : v Au
[' ^ra^ de la manîfestalion de la puissance
r -ëitrice, celle-ci a répandu k la lois, dans
.< «Btes les parties de notre planète, des ly-
i**— s dont I organisation est assortie à la con-
u Mha physique de chaque localité. » 0ans
\x3â discussion que la question de Tunité
> l'espèce humaine avait soulerée au sein
l^ Im sodélé ethnologique, M. Vivien, re*
oosasnt rojnnion de ceux qui, pour peu-
;'!«r l'âménqne, y conduisent des tribus de
=ca monde, s'écriait : c Autant vaudrait*
r
«iift que Therlie qui croit aux rires de
lae provient de celle qui couvre I^s
brAltai. «Déjà, dans le siècle der-
nier, ea célèbre philosophe avait écrit :
' Ëje fflèffle pouvoir qui a fait croître Fherbe
.ans les campagnes de l'Amérique y n pu
.KritTt aussi des hommes. >
« Quant à la preuve qu on prétendraii
rc^r de œ que la croyance à un couple
r:â<^oe se retrouve chez tous les peuples
t I<a terre, cet argument jet les autres con-
gélations mffihifues qui lui ressemblent
if été bien judicâeusemeot ap(»réciés par
. c&e Humboldt : « Nous ne connaissons, dit-
ni bisioriquement, ni par aucune tradition
rraine, un moment ou Tespèce humaine
lit pas été séparée en groupesde peuples...
■^ inondes isolées, se retrouvant sur
s FK>ints très-divers du globe sans commu-
tation apparente, font descendre le genre
naaiii tout iinlier d'un couple unique,
tte tradition est si répandue qu'on l'a
elquefois regardée comme un antique
iTeiiir des hommes; mais celte circons-
)ce même prouverait plutôt qu'il n'y a là
rone Iransmission réelle d'un fait, aucui
^dément vraiment historique, et que c'es
it simplement l'identité, de la conception
maioe qui jiariout a conduit les hommes
ne explication semblable d'un phénomène
I ajoate {plus loin : < Ce qui montre en-
e, daas les traditions dont il s'agit, le
aeCère manifeste de la fiction , c'est
elle prétend expliquer d'une manière
ifonoe à l'expérience de nos jours un phé-
nène en dehors de toute expérience, cè-
de la première origine de l'espèce hu-
liie. •
« Je ne puis supposer qu'un esprit déj^agé
de préjugés et des entraves que certaines
considérations eitra-scientifiques pourraient
metire h la litierté de la pensée, conserve
des doutes sur la pluralité primitive des
types humains....»
^ < Je compare les ethaolo^stes qui , par
rétude des monuments anciens, se flatte-
raient de nous faire assister aux premières
pliases de l'humanité, à des géologues qui
voudraient juger de la structure du centre
de U terre par Pexamen des excavations
microscopiques que la main du mineur
pratique dans la couche corticale du globe.
Les premiers ne remontent pas plus haut dans
l'histoire des événements passés, que les
seconds ne s'enfoncent dans les entrailles de
la terre : les uns nous racontent des événe-
ments d'hier« les autres ae dissèquent que
l'épiderme de notre planète. Combien dh
milliers d'années de barbarie avant que les
hommes aient institué les archives dans
lesquelles on fouille (1037) ! »
in
Xa dieone dVine crëatk» imiUiple ne pni ce eoDdlier
jvecle aeiiUiBeot universel de la ftaleouté hooMiae ;
— ni avec Je but onlqne vers lequel lend lliaaanUé;
— mi avec le centre on fojfer oommon d'où rajonnem
liMites les populaUons historiques et avilisses ; — m
avec la simplicité de la créalion et la soUdadié des
Imminet dans rœo vre eonomne ; — ni avec tes nwjeM
de coirtervaliQo et de dévekiiïpenient dont le iremier
séjour de rbumautté dut eue pourvu ; — ta enfin avec
les ifadiUons des peuples sur leur point de départ vri-
nitiC
•
C'est une vérité démontrée que les senti -
meuls qui doivent unir ks hommes sont
eeui* de paternité, de dévouement; qu'on
n'y peut déroger sans crime; que les reli-
gions, en inscrivant dans leurs codes le rcs-
Cect de la vie et de la liberté de tous les
orames, inscrivent au nombre des devoirs
religieux im véritable devoir de laoûlle ; et
que tout code de lois qui repose sur l'ex-
ploitation d'uneporlion de la famille humaine
jiar l'autre est un code condamné et flétri
que réprouvent également la nature et la
vérité.
Il est vrai qu'un lien plus étroit, plus fa-
cilement appréciable, susceptible (>oiir ainsi
dire d'une démonstration généalogique, unit
ceux qu'une complète conformité appelle
concurremment aux mêmes efforts, aux mê-
mes travaux, aux mêmes résultats. Cest
une parenté moins éloignée, les rapoorts et
les alliances Pont continuée matériellement;
toutefois, dans cette vaste diffusion et parmi
les hommes de même race, il n'existe en*
core en réalité qu^un lien moraL Si certai-
nes familles se rap(>rochent quelquefbis da-
vantage, c'est donc, toute proportion gardée,
de la même manière que les en&nts d'un
même aïeul dans une branche spédale de la
descendance, sans que la parenté générale
qui unit toutes les t>ranches à des degrés
^ <ka7> M. P. BASAIS, Cours de phfûetogU faii ^ b Faculté' de médedae de Parts de 1848 à 1858
\ p. 462 et 476.
DJcnoN^CAïae APOLOGériQCB. U. '1
Oïl
RAC
DICriONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
fâ
«livors soit détruite. La remarque remonte
<1l*s familles aux peuples, et des peuples à
rhumanilé.
I De quelque manière que Ton envisage la
fraternité numaine, on ne peut donner à
celte proposition une extension plus grande,
ol la doctrine ne peut être interprétée au-
trement. La parenté des descendants de la
même famille, effacée par le temps, oubliée
par la multiplication, la diversité des fortu-
nes, ne peut se retrouver qu'en remontant à
leur auteur commun ; les enfants d'une
môme famille humaine ne retrouvent aussi
leur*parenté qu'en inlcrroj^oant l'origine de
leur histoire, leurs migrations, leurs éta-
blissements, leur point de départ primitif.
Les enfants des races diverses, et principa-
lement des trois races principales, retrou-
vent leur identité dans l'histoire du genre
humain qui semble n'avoir eu qu'un même
l»oint de départ, qui appartient à une seule
espèce, dont les modiiicaiions pliysiologi-
([uos peuvent trouver leur explication dans
les observations de la science; ils la trou-
vent dans l'absence de documents propres à
les rattacher à des patries diverses, tandis
qu'ils abondent quand il s'agit- de les re-
connaître h leur souche asiatique. Ils la re-
trouvent encore dans la simplicité et l'u-
nité rationnelle de la création primitive,
c'est-à-dire en Dieu, livrant la terre à
l'homme sans distinction de conformation
et de couleur, ou plutôt sans que ces dis-
tinctions, qui se sont manifestées plus tard,
se fussent [)roduiles au sein de la réunion
primitive, où toutes les origines vont &e
confondre. Quels que soient dans celte doc-
trine, le progrès ou la dégénérescence, à
quelque temps que Ton fasse remonter la
création primilivcde l'homme, t'unité, e4 par
conséquent la fraternité ne peuvent être mis
en doute.
L'adhésion donnée à la solidarité de tous
les hommes, pris dans tous les temps et tra-
vaillant au développement de Tœuvre com-
mune de perfectionnement, suffirait seule à
prouver l'unité de l'espèce. Cela justifie en
principe et en fait le sentiment de fraternité
universelle oui est la loi de l'humanité, et en
dcvibndra déOnilivement le guide par la
propagation de la vérité. La multiplicité des
gerUies et la séparation absolue des races
seraient des faits contradictoires avec l'u-
nité qui leur serait montrée comme but
(1038).
Est-il bien rationnel d*a$$imi1er, comme
on Va fait, Tespèce humaine à une grande
machine dans laquelle la di versité des movens
se résume dans l'unité de l'action; de la
décomposer dans tous ses éléments pour en
(1038) Oetmoiilins n*eQ dit pas moins iiitrëpîde-
aienl que la diffusion det langues est anssi insoute-
natU que la dispersion des races. Les langues el les
tacts se sont soutenues sans se confondre.
(1039) Oii a dit que i*admissioa d^uoe race uni-
que et primitive met à TomniDoience diviue des
Sofmtê inoonveiiantes.
D me iemble d^albord bien aisé de comprendre
la meltipUdié et conséquemmenl l'inégalité
constater la variété et de la recomjioser en-
suito pour montrer ces éléments divers foor-
tionnant vers une même fin? Celte aoahse
conduit, suivant nous, à des conclusions
contraires à celles qu'on a voulu en tirer.
En effet, du moment aue nous abandonnoas
les surfaces, une machine décomposée noa^
offre des éléments s*aidant, s'engrenanlpour
constituer une force unique» mais divers
mais matériels, mais inertes en achors de
rimpulsion qui les fait mouvoir; 1 huma-
nité décomposée n'offre toujours que du
hommes, que ta répétition du môme inslru-
ment, complet en chacune de ses parties,
c'est-à-dire un élément identic^ue et des in-
telligenoes concourant par le lait de la v^
lonté à constituer une puissance unique et
lil}re.
Ces sortes de comparaisons» on nesaurr.it
tro{) le faire remarquer, se bornent toujours
à de grossières apparences, el ne peurfoi
présenter que des analogies iucoiopiétt^.
Celle-ci pécherait par sa base et \mmii
s'appliquer tout au plus, el sous toules;^
serves, au système universel et rnifnà
l'espèce humaine ; c'est-à-dire qu^fe«JS•
tème universel ne nous étant i^asaimi
nous ))Ouvons en saisir seuictueul qu^
apparences auxauelles d'autres apj)are&ie>
assez suporQcielles peuvent être rapporltt^.
Ici, du moins, la diversité des moyens cii
des rouages est évidente, el leur couc/«iri
nécessaire; mais quand l'hoaime interrieR!.
c'est comme force uniaue et ideuliq*:^.
L'homme est le seul represenlAnl deTadicii
morale. Puisque chacun des êtres qui eou -
posent l'espèce humaine est soumis âui
mêmes devoirs et doitarri ver au même \mu
c'est q^ue chacun a été compris dans là û* -
tributiou des fonctions sociales, d*uDc i>v
nière qui peut être inégale^ mais sans q ^.^
les degrés changent l'identité des fonciivr-
elles-mêmes. C'est cette considératiou ^p
nous a conduit à établir en principe l'aj-
torité absolue de l'espèce au point de ^ne ti
comme conséquence de son unité morale. |
11 ne suffit nas à nos antagonistes ^^*f
l'espèce soit la même, ils concèdent m^^
que cette unité de l'espèce sufDt pourcxt-
blir entre les hommes des liens de chan J
et de fraternité au point de vue moral ; us |
ils voudraient encore qu'un lien plus tir .1
autorisât la doctrine; que les races, in e]
{>endamment de la fraternilé de Tes^Mx^j
lissent sœurs par la chair et par le san^. '
Nous sommes convaincu, que cela est t''<
possible, et les observations qui vont suin
le démontreront pour tout esprit droit et i
partial (1039).
A priori^ nous pouvons dire que le
primitive des races, au lieu de mootrer la ^noii
du Dieu créateur, trabiraient ao coairaire soa
prévoyance et son ioiostîoe.
Lti parlitans du droit du plos fort uoaveai
un argument ca|Htai dans on systène qiiî soa
ratt rhumaoilé en plusieurs castes pbjstqs^'e'
inégales en aptitudes et en droits! Le jMr qn^ii «^r
décidé que lea Nègres ne sont qu'un éebelM ««
rieur aui singes, la I^iiioûié de kir eadavar
on
lue
DICTIONNAIRE APO;.OGeTIQlE.
RAC
974
des bommcs étant le mèmey auslsi bien pour
une race que pour l'autre, et s'adressant k
rbomme en général, une création multiple
et surtout différencrée est contradictoire
arec le deyoîr unique à accomplir. Dans la
création multiple se trouveraitsinon le germe
d'uae hostilité nécessaire au moins d*ua
antagonisme probable, lorsqu*iI nedoiteitis-
ter qu^association, ou tout au plus rivalité
d>ff6rls vers Taccomplissement du même
objeLp et tdle est la tendance universelle.
Nous pouvons donc présumer, également à
prtori, que cette multiplicité n*a point existé.
Cette réflciion, qui ne repose que sur une
donnée bien généntle, sans doute» nous con-
duit pourtant à examiner s*il n*y aurait pas
eu entre les variétés un point d^union
{ossible.
Nous avons établi [Voy, Pstchologib} que
toutes les populations historiques et civili-
sées rajonnaient à partir d'un fojer com-
mun, séjour de la première société orga-
Ce fait, certain pour la race blanche, arrive
â un très-haut degré de probabilité pour la
race jaune. Nous avons à examiner si, pour
cr*iie dernière race, la probabilité peut s*ac-
• -oilre, et si la race éthiopienne ou nègre
r.t tiendrait pas aboutir au même point.
Les races ne paraissent pas être séiiarées
entre elles, et pour ainsi dire graduées phy-
5iologiquement par des intervalles égaux.
Le nègre et le Mongol ne sont pasàlamème
distance du Caucasien. Le nègre est à une
plus grande distance du Mongol ou jaune,
que celui-ci ne Test du blanc. En un mot, la
.;i(Téreoce qui sépare les peuples de race
jaune des peuples de race blanche' est bcau-
•
rait 4éâniit'/emeni déinonlrée ; on élendrall bientdc
la ooaséqoeoce k la race nioogole dooi, eo œ oio-
nMot oèoie, la politique européenne commence la
conquête, et dont, par eonséqueni, rexploiiaiion
pMTa avoir à se justifler bicniéi. Quand même U
science ne nous éclairerait pas, quand même oo
nrjetterait l*a(flrmation des tradiuons sacrées, la
nsorale el Tinduction seraient des guides suflisauts
pour MM» montrer qa^ane création muliiple, pro-
iflaiaani des raeet intodes au physique et an moral
€ st une Idée inconciliable avec la bonié« avec la
jvjOioe divine. La cfaariié chrétienne trouvera un
sfypui dans la véritable science ethnographique pour
nACttre hors de contestation un do^me trop long-
temps dédaigné par Torgaeil, méconnu par Tiguo-
noee, paisnu*une simple nuance dans le degré
d'édncainm fut si souvent assimiiée à une diflérence
radicale tf*édiicabilîté. Les noirs d'Afrique, les ron-
ges d'Amériqne, les jaanes d^AsIe oni mis en escla-
vage desiboramesde lenr propre couleur. Les blancs
Usor avaient donné Texemple, puisqu'ils avaient fait
des esclaves et des. serfs avec des populations blait-
'tl^es avani d'asservir les populations basanées.
Quand on a visité les pays où la race blanche est
«dégradée et mêlée à la rare noire, on voit clairement
q« il n'y a pas tant k se glorifier d^étre blancs ni
tant â mépriser les nègres, f Tal eu k mon servioe,
<fii M. E. de Salles, des Turcs, des Arabes, des
^^htes, des Darfoorient, des Barabras; je les ai
''^^^^és I4NIS également imprévoyants et rasés, pa-
t^v^caxy nenteofs et voleurs. Triste assimilation de
VtVT décadence sociale! J'ai su d*assez prés les
grands bommes de cette barbarie qu'on appelle la
ciTiii ;MioD musoboane et je ne les al pas estimés
coup moins tranchée que celle qui distin-
gue tes nègres de toutes les deux. Aussi a-
t-on pu soutenir que les Mongols et les
Caucasiens avaient formé originairement
une seule race (1040). li faudrait entrepren*
dre un travail exclusivement renfermédans
ces questions, pour s'engager dans cette
polémique qui ne saurait être isolée d^s
preuves ou des i^onsidérations qui Tappuient.
Sans nous imposer la discussion sur cette
identité, nous pouvons au moins reconnaî-
tre dans rhjpothèse la preuve de similitudes
assez marquées, pour que les différences
présentent un obstacle moins formel aux
moiiiûcalions que le temps, les influences
locales et la culture de rintelligence au-
raient pu y apporter. La séparation actuelle
et moins profonde des deux races supérieu-
res, eu égard k la distance qui les sépare
toutes deux, quoique inégalement, de la race
nègre, pourrait donc, à la rigueur, être in-
terprétée par des raisons puisées dans Texa-
men des conditions auxquelles elles ont été
soumises, et la question d*unité en serait
fort simplifiée. Non-seulement elle le serait
par le fait, mais aussi f>ar les inductions
que Ton en pourrait tirer pour la race
noire.
Les populations nègres ne sont pas toutes,
et à beaucoup près, établies en Afrique.
D*un autre cÀté» depuis la couleur de la
peau, considérée comme premier caractère
différentiel, jusqu aux caractères complets
dont la réunion constitue la race noire pro-
prement dite, on peut suivre une séfte de
différences. Le point de départ de cette
série, en prenant pour type le caractère
caucasien, peut être établi a ulierceau même
supérieurs en génie k Toossa'nt-Looverture, à Des-
salines, à Cbri&topbc, malgré la diflénraco de Icuis
andes faciaux respectifs, i
Les naturalistes rroiil pas encore do'^né une pré*
cision gëométriqae à ce mot : dégradation pfaysi-
qn**. S*ils avaient la prétention de meure en rappo t
obligé de cause à rfl. t (causalité) telle modification
physique avec telle dégradation morale, nous renou-
vellerons les objection» logiques et les mille preuves
expérimentales qui ont ruiné le système pliréoolo-
giqne de Gall ! A suffli de trouver un seul nègre
édocable k la façon des blancs pour afiinner Téga-
lité des aptitudes chez les races ! Ces exemples ne
sont pas rares. Depuis le fameux Muiey-lsaïaêl, les
empereurs de Maroc ont ironvé parmi les nègres
plus d*un visir habile. Saint-Domingne a fait con-
naître les noms et actes d^administrateors capa-
bSes et de soldais heureux. L*abbé Grégoire et le
missionnaire Oldendorf oia colligé une biblioihé-
que déjà considérable de nègres liitérateurs. Les
Polynésiens n*ont pas d'industrie plus avancée, de
fétichisme moins grossier, de souvenirs plus longs
que les Cafres et kes Yolofs; une certaine ressem-
blance avec les Malais, avec les Américains, a solB
pour les classer an -dessus des néges. Si la civilisa-
tion aziéque et toltèqne fol qut:lque chose de coui-
Krable aux vieax ôdres potitiqoes de Hade, de
Egypte et de la Chine, le dédain pour les civilisa-
tions stationnaires nous met un peu au niveau des
Chinois modernes qui n*estiment et ne compreunent
Tesprit et la beauté qn^à la façon de leur pays!
(10^0) Wars, Âccimnt oflke writings, relisioH and
mannert ofihe Hinéawê
srj
RAC
DICTIUNNAIUE APOLOGETIQtJE.
RAC
n
attribué aux populations civilisées. Une des
otTjections les plus fortes que Ton oppose à
Tumté primitive des races et aux modifi*^-
lions attribuées à Tinfluence du temps et des
climats, est la couleur inaltérable de lapeau
et les conditions physiologiques qui lui
seraient |)articulières; cette objection tombe
devant la couleur d'une grande partie des
habitants de Tlnde. Leur couleur n'empê-
che pas de les compter au nombre des
membres de la race supérieure. La sépara-
tion de race ne se trouve plus fondée que
sur Ja différence des traits et des eue-
yeux.
Une portion considérable de la population
de rindostan est noire. Si, par les traits et
les caractères de la physionomie, elle se
rapporte au type caucasien, par la couleur
elle se rapproche des nègres de rAfriquc*
Les Malais, que les naturalistes hésitent à
rattacher à une race plutôt qu'à l'autre,
intermédiaires par le territoire qu'ils oc-
cupent entre l'Orient, l'indostan et la partie
orientale de l'Afrique, sont intermédiaires
aussi par leurs caractères extérieurs entre
les Mongols, les nègres et les Caucasiens
auxquels on ne peut pas dire qu'ils soient
plus étrangers qu'aux autres variétés.
Ainsi, sur une grande partie du globe,
nous voyons les races se mêler à leur point
de contact. Les combinaisons les plus com-
plexes ne parviennent cependant pas àfor-
mer, en résultat, une variété nécessairement
distim^te et qui doive être isolée des trois
variétés principales. Plus les rameaux se
rapprochent du siège principal actuellement
affecté aux races, plus le type particulière-
ment caractéristique de cliacune d'elles est
tranché. Ainsi, le nègre d'Afrique est, au
premier coup d'œil, radicalement séparé du
Caucasien de l'Himalaya comme du Mongol
de l'Altaï ; ce dernier est radicalement sé-
paré de ce même Caucasien comme il Test
du nègre. Mais entre les monts de la Lune,
où la race nègre a son siège, et l'Himalaya,
siège de la race blanche, il existe des popu-
lations intermédiaires, qui, par leurs carac-
tères extérieurs, peuvent être rapprochés
soit de Tune, soit de l'autre. Entre l'Altaï,
l'Afrique et l'Himalaya, il y a une sépara-
tion radicale ; mais le Malais offre un point
d'union où les trois races paraissent s'être
fondues en une seule ; entre l'Altaï et J'Hi-
malaya, enfin, il y a toute la distance du
Mongol au Caucasien, mais les nations inter-
médiaires tiennent de l'un et de Tautre.
Remarquons que, dans ces mélanges où la
race caucasienne figure, la position centrale
et dominante lui reste toujours. Historique-
ment c'est à elle que les autres se rattaclient
tandis qu'aucun document ou aucunej sup-
position raisonnable ne peut lui faire pren-
dre sa source à l'origine des deux au-
tres.
La race mongole reste enfermée dans
l'orient de l'Asie où, en général, elle a dirigé
ses conquêtes ; c'est là, du moins, que ces
conquêtes ont eu un caractère fixe et dura-
ble. La race nègre ne quille l'Afrique que
sous l'influence d'une volonté étrangère et
lorsqu'elle en est arrachée par un odiew
trafic. La race blanche, ennemie de celle
immobilité héréditaire, avide de chaD|,'e-
ments et d^arentures, se répand sur tuoiie
reste du globe, et rien n'arrête la luarchi
de ses envahissements. C'est elle qui a re-
trouvé les autres, les a refoulées ou soumi-
ses, et menace, par ses perpétuels accrois-
sements, non-seulement de les vaincre, niais
de les absorber ou de les détruire. Auhii
du parallélisme des races, nous pouvons
donc joindre leur union féconde el recon-
naître la prédominance du type particulier
à chacunes d'elles dans les races milles
comme proportionnelle au rapprochement
du rameau à la tige principale à laauellsil
se rattache.
Quand on soutient, comme on Ta fait, li
distinction absolue des races, ou est coodoit
à croire que les principales , si ee n'e$(
toutes, sont autocnthones du sol où Im
siège a été fixé. Mais on est arrêté touttfB*
bord par l'invraisemblance d'une tdktbc'
trine qui choque à la fois et la simiAiUée
la création, et la solidarité des boaiâ^
dans l'œuvre commune ; on Test en (it-
ticulier par une difficulté plus à noiHk
portée et à laquelle il faudrait avant M
répondre,
L'iioome se développe sans doute en rerlu
du principe progressif dont il est doué,iBaii
il ne peut agir conformément à ce princiit
qu'en raison des moyens dont il est entouré.
Ainsi, et sans tenir compte de rinrérioriiê
de race, le nègre n'aurait pu se développer
comme le Caucasien, comme le MonK^w.
parce que les conditions de sol, de clicuai,
de végétation, de popul^îon animale ne )
lui auraient pas permis. Le Mongol, dan5
les vastes steppes de son sol asiatique, arec
les exigences particulières à la rie noma<li%
à laquelle il était, pour ainsi dire, condamné
à se soumettre, ne se trouvait pas non ploi
dans les conditions favorables au déveio)v
pement rapide des populations. La dispersioa
des familles neutralise les forces activer tU
corps social comme la dispersion des idéts
en neutralise la puissance et la fécon-
dité.
Cependant, à moins de considérer Pe^tpêc.
humaine comme le résultat de combioêiT
sons aveugles et le produit du hasard, k'
développement de l'espèce dut être et fui
une des pensées divines dans la création
de l'homme. Il est donc naturel de ne i^as
séparer les moyens de la fin, et de crou<^
que l'homme a pris naissance aux niémt-^
lieux où existent les moyens de conservation
et de développement, où ii>us sommes ir:-
vinciblement conduits pour trouver la pl<i>
grande partie des espèces animales et lio
végétaux nourrissants. Plus on s'éloigne *L'
l'Asie, en effet, et dans l'Asie mêDie plu^
on s'écarte du centre et de la f>arlie oon*
dentale, plus les animaux réduits à la d*^
mesticité deviennent rares, moins le^ ty})€5
de genre sont nombreux. C'est au centre de
l'Asie que non-seulement les espèces sont
f.
91
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
979*
plus nombreuses, mais qu'elles sont plus
^/ipropriées aux services que Thointne en
{.«•urait (irer. La mftme observation s*appli-
ijueaux végétaux.
^ Tunion des races s*était faîte par le
rapi^rocbenient successif de chacune celles
('T5 leur point de contact actuel, il y au-
rj.idans ce fait une contradiction avec cette
rnyance générale, fondée sur les traditions
x^ peuples^ qni donne le nord de l'Inde
|iODr origine aaipeuple» de la Péninsule. La
race nègre, dépourvue de moyens et dMn-
itntions comme elle Test encore, ne pour-
fait s*y rendre aujourd'hui; h bien plus forte
^Abon ne Taurait-elle pas fait alors. Il y
kdMitcontradictionavec cette autre croyance
Mnoise qui fait venir de l'ouest les popu*
iuonsde rorient de l'Asie (lOUj.
La concordance de ces deux opinions est
Muarauable dans la question qui nous uc«
tijKî. La position rentrale que nous avons
vM^née à la race caucasienne à laquelle les
jtres Tiennent aboutir est nettement in-
< ioée dans cette double tradition. Le nord
<• riode et l'on est de la Chine se rencon-
..utprto'sément au point où nous avons
nslamroent trouvé la source des popula*
•'M primitives. L*observation et la tradi-
unsaccordent et sont loin d'interdire de
*«tr une origine caucasienne probable
I ''voles les races dans un temps dont la
Arèe nous échappe.
m.
'Shii-T^i di^linctilli des races, couleur, cheTelurCi confi-
ftr^iioa du corps ; se résument dans ooe organisation
unae. — Existence du piginentnm démontrée chez
i^ blancs comme chez les nègres. — Les cheveux dn
•'••Vrp ne sont pas de la laine. — Les formes de la tète
^i)^ ses parUes n'établissent pas entre les races une
4i%iiiicUoQ spécifique. — Unité de l'espèce humaine
Midoedes canctères de l'espèce en général.
L<'$ différences sur lesquelles on fonde la
«linction des races sont établies sur les
»riétés de la couleur, de la sXructurc des
'^venx, sur les différences de forme et do
•mlgoration. Nous présenterons la ques-
xi sous ce double aspect. S*il reste prouvé
le ces diversités se résument dans une
il'inisation uniguey et que les races peu-
l'i passer d'un état à l'autre, l'unité de res-
te sera constatée. La propagation, à partir
^n [Oint unique» ne pourra plus être con-
»tce par l'argument tiré des séparations
fac'î, et les conclusions qui précèdent
ruront le caractère absolu qui pouvait les
^r? paraître douteuses.
^près avoir examiné les phénomènes les
j^ frappants de la variété dans les rares «
«l'M leur Prichard pose ce principe, exprimé
ir Bluruenbach et adopté par M. Geoffroy
M.ii-liilaire, que la variété dans les races
i (lue « à une puissance vitale existant
in» Jes corns animés, puissance en vertu
*' laquelle 1 organisation reçbit des circens-
\IOit) < L*boiDine oili esUU né? A celte aoesUon,
«I les momiiDenU que Ton inierroge, répondent
^ «liiatre coins de la lerre : La Chaldi^s est le ter-
«tdt Vupèce humaine, i (lie comte De Lanjuihais,
'•foirii et S'outrage de H, de Paravey intUvté :
I t'onicuifi l'^IQte KT HIÉROCLYPUlQl^E DES CltUTIlCS
tances extérieures une direction particu--
Hère, et offre quelquefois des déviations
très - sensibles ae son uniformité géné-
rale (10V2}. »
H conclut (lOM) *t gue toutes ces varia»
tions sont possibles seulement dans certaines
limites, et qu'elles n*altèrent jamais le tjpe
particulier de l'espèce.
« Les hommes sont peut-être plus expo*
ses qu'aucune autre espèce d'animaux aux
diverses influences du climat; et, d'une aulie
part, la civilisation produit d«ns leur condi-
tion des changements plus grands que ceux
qui résultent de la domestication chez les
espèces inférieures
« . . . . L'influence des facultés intellec-
tuelles doit d'ailleurs s'exercer d'une ma-
nière beaucoup plus large chez les hommes
que chez les brutes Nous pouvons donc^
a priori, nous attendre à découvrir, dans
les caractères psychologiques des rae^s hu-
maines, des changements semblables h ceux
que nous observons chez les animaux, mais
qui seront portés & un degré incomparable-
ment plus grand.
« Je rechercherai (lOW) s'il y a un type
commun spécifique qui se conserve au mi-
lieu de toutes ces variétés, et je m'efforcerai
de déterminer si les différences que l'on
trouve, en comparant entre elles des races
humaii^es fort éloignées les unes des autres,
sont de nature à pouvoir rentrer dans les
limites du principe de variation. »
Nous n'essayerons pas de suivre l'auteur
dans lo développement des observations à
l'aide desquelles il établit ce type commun
spéoinque. Ces recherches ne sont pas de
nature à être données par extrait ou isolées
de l'enchaînement qui fait leur autorité.
Nous nous bornerons à donner les conclu-
sions qu^elles motivent, renvoyant à Tou-
vrage même pour les suivre et les étu-
diée (1046).
« Ce q«e l'on doit conclure du résiiltat de
ces recherches, continue le docteur Prichard,
c'est c*ril n'v a point entré la peau de l'Eu-
ropéen et celle des autres racés de différen-
ces organiques qui puissent faire sui>poser
dans le genre humain une diversité d'espè-
ces : et qu'au contraire, indépendamment
même des effets dus à Taction du climat ou
des autres causes modificatrices principales,
il y a véritablement transition, passade des
conditions de structure qui caractérisent une
race à celles qui en caractérisent une autre.
« La couleur de la peau ne constitue
point, chez l'homme, un caractère perma-
nent. Certaines branches delà grande famille
offrent des exemples de la variation de cou-
leur, de changement du blanc au noir et du
noir au blanc^ou de l'apparition accidentelle
des deux couleurs réunies dans un individu
dont le père et la mère ne présentaient point
ET DES LETTRES DE TOCS LES PEl'PLES.)
(104i) Hiêt. naturelle de Chomme, t. I*', p. *0.
(1043) Ibid., 1. 1", p. iOO.
(tOU) Jbid.. t. l'Sp. 1(M.'
aOld^ D' pRicuiDi», 0. 102 et seq.
979
RAG
DIGTIONMAIRE APOLOGETIQUE
RAC
cetlD parlictti«rUé. Les exemples sont mulli*
plies et autlieo tiques, et fa transmission
héréditaire de ces caractères noureaux dans
un individu ne Test pas moins. »
M. Flourens, modifiant ses anciennes opi-
nions, annonce (séance de l'Académie des
sdiences du 21 août 18^3} que la continua-
tion de ses recherches sur la coloration de
la peau Ta convaincu de l'existence du pig-
mentum dans' la race blanche (10{h6),et que,
cette portion de l'organisation qui avait
semble particulière aux races colorées étant
commune à toutes, Tunité de la race
humaine, contre laquelle cette différence
organique était un argument puissant, ne
pouvait être combattue par ce raoven.
Le savant physiologiste , bien loin de se
trouver en aésacj^ord avec le docteur Pri-
chard sur ce point, ajoute donc à la doctrine
de ce dernier toute l'autorité de son nom
et de ses nouvelles découvertes. « Lorsque
nous comparons, dit M. Flourens, brusque-
ment et sans intermédiaire la peau de
iliomme blanc à celle de lliomme noir, ou à
celle de Thomme rouge, nous sommes très-
portés à supposer pour chacune de ces races
une origine distincte ; mais si nous passons
4le l'homme blanc à l'homme noir ou à
l'homme rouge, par le Kabyle, par TArabe,
jiar le Maure, si nous faisons surtout aUen-
tion aux parties colorées de la peau dans
l'homme de race blanche, ce n'est plus la
différence, c'est l'analogie qui nous frappe.
« Ceux qui ont voulu soutenir cette belle
thèse de l'unité primitive de Thorome n'ont
procédé jusqu'ici que d'une manière indi-
recte. C'est toujours de quelques altérations
observées sur les animaux qu'ils ont conclu
à dés altérations semblables que pouvait
éprouver l'espèce de l'homme.
« Ici , l'anatomie comparée de la peau
nous donne, par l'analogie profonde et par-
tout inscrite de la structure de cet organe,
la preuve directe de l'origine commune des
rac^s humaines et de leur unité première.
L'homme est donc essentiellement et primi-
tivement tin. Je viens de le prouver par
l'étude de la peau (1047); je le prouverai,
dans un autre mémoire, par l'étuac du sque-
lette, et surtout par celle du crflne. »
Pour ce qui a rapport au système pileux,
à sa structure et à sa couleur, il est proba-
ble que les diversités ne dépassent point la
mesure des variétés qu'on observe entre
différentes familles appartenant à une même
nation. J'ai vu (lOW) quelques Européens
dont les cheveux étaient presque aussi cré-
(1046) c Toute la différence entre un blanc el im
nègre consiste dans une matière gélatineuse, plus
00 moins épaisse, qui couvre le cdié iniéiieur delà
peaa du dernier. Un bélier ne diffère souvent d'un
autre que par on palais blanc ou tacheté, et dont
les taches noires n'uut d*autre cause que cette même
humeur gélatineuse Le palais d*un chien est sou-
vent blanc d*un céié et noir de Tauire. L'humeur
Slaireuse qui produit la noirceur de la peau, peut
onc subsister en même temps avec la cause de la
blancheur dans une autre partie. Les Européens
iliciue ont auelquefois en quelques parties de leurs
pus que ceux des nègres; et panni ks
nègres eux-m6mes il y a une très-^ranie
variété, depuis la chevelure laineuse jusqu'à
la chevelure ondée. Mais cet aspect U\m\
doit fixer maintenant notre itteution, puis-
qu'on en a fait un des caractères qui établi-
raient une différence spécifique entre les
nègres et les blancs.
Dans les animaux, le poil et la laine dit
fèrent essentieiiement (10^9). c Le brin lai-
neux présente une grosseur inégale et ides
bords rudes et irreguliers ; tandis ()ue l«
poil est un tube uni, a contours réguliers ij
dont le calibre est presque égal dans toute
sa longueur.
« Les cheveux du nègre, tortillés, il e$t
vrai, et recourbés sur eux-mêmes, ne jkik
vent, en aucune façon, être assimilés ï li
laine Taivu et examiné avec soin, au ido^m
d'up grossissement d'environ quatre rênis
fois, cfes cheveux appartenante diUtoiei
races d*hommes, et je les ai comparés «la
laine d'un de nos moutons anglais. Le»ck-
veux d*un nègre, d'un mulAtre, depltti^iess;
Européens et de quelques Ahvssiniefi5,aBl.
été comparés tour è tour h la lainedsi»
ton de Southdown. Le brin de laiDtvA'
une surface très- rude et fort irréguli
mais ses bords n'offraient pas, à proprei
parler, de dentelures distinctes. Lescberi
du nèsre se montraient sous forme de _
lindrea surface unie : les cheveux des Abjt
siniens étaient aussi fort noirs, mais lew
ment diaphanes, qu'on aurait dit un rubi
noir s'allongeant à l'intérieur d'un tubeiï
lindrique. Les cheveux du mulâtre resse*
blaient, à cet égard, à ceux de FÂbyssiDi^
Les cheveux de l'Européen semblaid
presque complètement transparents. ^
« l)'après les résultats de ces obserTdiioil
il reste pour moi parfaitement démooM
que le nègre a des cheveux propremeoMili
et non pas de la laine; la différence er^
les cheveux du nègre et ceux de ITurui
consiste en ce que les uns sont plu$ li
et plus crépus que les autres, ditVérence
plus au moins, puisque chez quelques
ropéens les cheveux sont aussi eitr^ii
ment crépus.
tf On a coutume oe réf arlir en M^'^t
groupes les variétés qui se montrent
rcspece humaine, et le but principal au
on arrive est d'estimer l'étendue de l3
riation dans cette grande famille. Les m
tés de couleur et de conGguration parât
dépendre du climat, de l'élévation du \^}
de la distance à la mer, mais on a riu
c<'>rps des taches noires. On trouve oans b c«^
lii^ii d'Alhinus de ces morceaux île peau ri«
d*Ëuropécns, surtout autour des mamelles, i i^''*
de Haller contre Fo/rtfire,ctc., 2 vol.; Berne, l'^''
f Les difléreutes couleurs qui empreigneot k> f
riéiés de l'espèce humaine, résident doo M
répidenne, mais dans le tissu muqueux ei reti't
laire qui est immédiatement au-dfssoos. (û^n/j
7rai(^ élémeniaire de l'hisL nalur, des amm. p- <'
(1047) Voir la note XVin, à la tin du Toioinc
(1048) G*est le docteur Prichard qui parle.
(1049) D' Prichard t. 1", p. 159-140.
ISI
RAC
IMCTIONNAIRE ArOLOGETiQCE.
RAC
[|ué que les foniies du corps cbez les diflé-
rfQies races iiaraisseat'se modîGer plutùi
^oos l*iofloenee du genre de vie e( des ha-
1 itudes que sous cène du climat. Il y a dans
"rspéce bumaine, quoiçiue cela souffre beau*
•vup d^eiceptionSy trois variétés qui prédo-
iiiiient, l'une ebez les peuples sauvages,
jiilre chez les races pastorales» Tautre en-
ai chez les nations civilisées.
« L'une se rapporte à TAfrique et à TAus-
ralie, et se distingue par rallongement ou
^•^éaiinence des mAcboircs.
« La seconde, qui offre la face large et le
râne pjramîdal, appartient aux races no-
. a Jes, aux tribus oui erreut sur les bords
!e la mer Glaciale, Esquimaux, Lapons, Sa-
..•uèifes, Kamtscbadales ; elle s*éiend aux
iOQgols, Tongouses et races turques no-
jjJeSy à des tribus du sud de TAfrique, et
i |tlusieurs races indigènes du nouveau
i'oade.
^ Là troisième, caractérisée par la forme
siil'tique ou ovale, appartient aux nations
.irilisëes de l'Europe et de l'Asie, qui vi-
rcQt par l'agrieullure et les arts de la civi-
Lu^lion.
f On peut citer de nombreux exemples
'sK oations qui ont passé de Tune de ces
\ noes de tête à une autre, et qui ont modi-
>:.pair ainsi dire, proportionnellement
.' jr manière de vivre ; les Turcs, pour ne
(i.'f r qu'an cas entre autres : les Turcs no-
cjJes ont le crâne pyramidal, les Turcs
'ivilisés sont complètement transformés et
:r«t le caractère de tète européen. L'intro-
iuction des esclaves circassiens n'a influé
;ue sur les riches, la différence des mœurs
I séparé les Turcs des Grecs conquis, et
•.'pendant la transformation est générale. »
£n résumé, après de nombreuses com-
3 raisons entre les crAnes des différentes
s riétéSy et de ces variétés avec le crâne des
: jQ^es qui est à un intervalle immense de
I rarieté la plus dégradée, intervalle qui
i.ciot toutes les comparaisons qui se pré-
eiitent naturellement entre les variétés bu-
iisioes, le docteur Prichard conclut ainsi :
« L'examen des fails relatifs aux diffé-
eoces que nrésenient, dans les races bu-
uaiaes» les formes du corps et les profior-
tons des parties, nous conduit à conclure
a'aacone de ces déviations ne s'élève au
aog de distinction spéciûque. Cette con-
.usion repose sur deux arguments princi-
aux. Le premier, c'est qu'aucune des dif-
^rences en question n'exc^e les limites
es variétés individuelles, qu'aucune n'est
lus tranchée que les diversités qu'on ren*
*»otre sans sortir du cercle d'une nation
u même o'une famille ; le second, c'est que
:s variétés qui se montrent dans les races
uuiaincs ne sont pas, sous tous les rap-
orts, aussi considérables, à beaucoup près,
le celles que l'on voit se présenter chaque
lir dans les différentes races d auimaux
fc-^us u*unc mèuie souche* il n'y a pas, on
peut le dire, une seule espèce oomestique
qui n'offre des exemples nombreux de beau*
couj) plus grandes déviations du earactèro
typique de la raee f 1050). •
L'unité de l'espèce numaine se conclut
parfaitement de la notion même et des ca«
ractère-s de l'espèce, telle qu'on l'établit en
histoire naturelle.
Pour traiter cette question fondamentale
en anthropologie, il faut nécessairement
partir d'une appréciation positive des carac-
tères de l'espèee ; et pour que cette apprâna-
tion soit parfaitement applicable à l'homme,
nous devons la chercher plus spécialement
dans l'étude de la classe du règne animal
dont il partage complètement l'organisation»
c'est-à-dire chez les mammifères. Dès une
1 on attache au mot espèce l'idée d'un fait
primordial et constant, d'une création par-
ticulière, il iaut nécessairement lai suppo-
ser des caractères déterminés, dont les va*
riations sont renfermées dans des limites,
infranchissables. C'est en étudiant tour k
tour les différences qui distinguent les es-
pèces d'un même genre et celles qui sont
particulières à chacune des variétés d'une
même espèce, que l'on peut arriver à dis-
tinguer les caractères s|)éciûques des sim-
£les modifications qu'ils peuvent subir,
orsque nous venons a comparer entre elles
les espèces des genres les plus naturels de
la classe des mammifères, celles des genres
feliSf cheval, éléphant, nous trouvons tou-
jours, soit dans la forme extérieure, soit
dans l'organisation elle-même, une ou plu^
sieurs différences que l'action îles modifi-
cateurs ne saurait expliquer, et qui, dans
leurs variations, ne passent jamais d'une
espèce à laulre. Le plus superticiel de ces
caractères est le dessin, la livrée que forme,
soit dans le premier flge, soit pendant toute
la vie, la distribution des couleurs de la
robe. Le mode de distribution des poils, la
forme des dents, celle de la pupille, et plu-
sieurs détails de l'organisation, comme le
nombre des vertèbres de telle ou telle ré-
gion, enfin le cerveau, donnent aussi de
bons caractères distinctifs. La voix varie
aussi d'une espèce à une autre, et ce carac^
tère n'est pas des moins importants, puis-
qu'il permet aux individus d'une menu»
espèce de se reconnaître hors de la portée
de la vue, h la mère d'appeler ses petits, aa
mâle de se rapprocher de sa femelle. Ajou-
tons que les espèces du même genre se
coordonnent entre elles d'une manière dé^
terminée en série, et qu'assez ordinaire-
ment celles qui occupent k*^ extrémités du.
groupe portent des caractères qui iiidi(|uent
le' passage aux genri»s couiigus. Entin, i\ski\s
l'état de nature, les esièces d'un même
genre, quelque voisines qu'elles soient,,
vivent séparées et ne se mêlent jamais; et
quand Tliomme les a soumises, si elles
donnent des produits mixtes, la faculté du
reoroduction s'éteint ordinairement en eu\
.l*'i«i DTaiCHAiu, in-!77,l.l".
m
AAC
niCÏlOMAiRK ÂPOL06ETlQte.
Sic
m
dès là première géhéralion, et ne se pro-
)ofi)s^ p^ tfû delà de la troisième au de lar
(luàlrieme. Ce fait montre que ïes espèces
d'un mème^ genrer peavent avoir une cer«
lai Ae parenté, mais non une traie identité
de nature ; qu'en un mol^ les espèces sont
orjgînairemeAt distinctes.
Si nous cherchons maintenant à apprécier
les modifications qu'une roftme espèce peut
subtrf et que nous prenions les espèces do-
mestiques, celles de toutes qui ont subi les
ehangements les plus nombreux et les plus
eonsidérables, nous trouvons que ces elian*
gementSy respectant toujours assez le carac-
tère spécifique pour que les individus d'une
iuéme espèce se reconnaissent entre eux,
portent : 1" sur la taille et les proportions
des diverses parties ; â*. sur la distribution
et la nuance des couleurs; 3* sur Ja finesse,,
l'abondance et quelques autres caractères
des poils; k* sur ie développement de telle
à\i telle aptitude qui ressort de Torganisa-
ti^n et des caractères mêmes de l'espèce.
En outre^ les variétés d'une même espèce
se mêlent indistinctement entre elles, et
! produisent des races mixtes ou semblables
I Tun des types, selon le degré de différence
qui existe entre leurs parents; et dans les
nouvelles races qui en résultent, tes indivi-
dus sont toujours et indéGniment féconds.
Ces faits reconnus, il est facile d'en faire
Vnpplication aux races humaines. Si Ton
Recherche sur quoi portent les différences
qui caractérisent ces races, on voit Qu'elles
Intéressent exclusivement : 1* la taille et le
développement proportionnel du crâne et
de la face, leurs formes générales et celles
des traits du visage, mais jamais l'organisa-
tion elle-même; â" {a couleur, jamais dans
sa distribution ; S"" l'abondance et les autres
f)articularités du système pileux, la distri*
mtion exceptée ; V^ le degré de développe-
ment ifitellectùel et moral, jamais la nature
même de l^ntelligence et du sentiment. En-
fin les races humaines, de même que les va-
riétés de chaque espèce animale , se recon-
naissent, se mêlent indistinctement, et leurs
produits sont des métis qui se propagent
indéfiniment.
0n peut donc conclure dès è présent que
les différences qui distinguent les races nu-^
maines n'ont rien de spécifique; et d'abord
il est aisé d'établir qu'aucun des traits qui
caractérisent les variétés du genre humain
n'est exclusivement propre à l'une d'eMes.
Le nègre n*a pas seul et n'a pas toujours la
peau noire; l'Hindou, l'Abyssin, tous deux
de race caucasique, sont aussi noirs que les
plus beaux nègres; tandis ^uc le Hottentot,
que scsfor*mes rattachent a la race éthio-
pienne, n*offrc qu'une teinte brune peu fon-
cée. Dans» la race cauoasiquo, combien de
variétés sous ce rapport, depuis la blancheur
de l'Européen du nord jusqu'au noir d'é-
bëne des peuples de la même variété que
nous citions tout è l'heure ; combien, sous
le rapport de la finesse, de l'abondance, de
(1051) De gemrU hum, varictate^ de, p. 80
la couleur des poiis ; combien sous celui des i
teintes de Tiris t La frisure des deTeui.sij
caratotéristi())ie chei les nègres de Ii Côte^
d*Or, se pera peu k peu chez ceux daSte^
(;a1, et elle reparaît plus ou idoîds dii
'Oeéanie, et même i ndividueUement cbf
quelques Enropéens. On peut eu dire auî
tant des traits du visage, des formes et dï
proportions de la tète.
Tarlélés dali9 les végéUux et lesaDtmnn.— Le
— Le» troupeaux. — Le batut — Le dmeao.
mouton, etc. — Caractères d*uDC race se dérele.
dans une autre. — ^Famille arabe desbonhdQ Jour
Jans laquelle se présentent tous lentr^taoèt^
Lambert ou Thomme fwrC'épie.— Fimfiles à
surnuméraires ou aedt^tli.
, Nous avons dit qu'il n'y a pas parmi
animaux dcaiestîques une seule espèce
n'offre des eiemplës nombreux de besm
plus grandes déviations de son caractère
jjique qu'on n'en oliservedans lesyariï
de l'espèce humaine. Nous croyons d«
insister sur ce point en fixant un œoi
l'attention snr les variétés obscrrétf
les deux règnes organiques.
On trouvera au mot Hoarasfartickl
détails intéressants sur les lois de
dans les végétaux. Les variétés qm
fissent dans le monde végétal, soos
iiuence des circonstances extérieures
montrent Texistence d'une iniiuence m
fiante» dont l'action est contiDnelIc.
l'analogie entre les animaux et Thommej
plus étroite et plus applicable. L'orgM
tion physiguedè ces deux classes dèlresi
mes est tellemeiit semblable, les lois pirj
qùelleslenrs individus et leurs racesser
servent sont tellement identiques, leorsf
tions aux influences morbides, A Faction
causes naturelles» et, sous lesdiffëreotsi
dedomesticité et decivilisation,klinflQt
des combinaisons artificielles, sont tellei
analogues, que nous avons presque le
de conclure des modifications actnelli
l'une, aux modifications possibles de W
tre.
Or il est certain , ii est évident qne
animaux reconnus pour être d'une seolej
pèce se divisent, dans des circonslancis
ficnlières, en variétés aussi *distincles
celles de l'espèce humaine. Pareîcif
quant h la forme du crâne, ceux du "
et de la levrette italienne diffèrent kaiii
plus entre euxque ceux de l'Européen
nègre : et cependant tout critérium «1^^
pèce devra comprendre les deux eïtri
entre lesquels une chaîne de gradations
termédiaires peut être clairement étal;«ir
crâne du sanglier, selon robservaiioti]
Biumenbach, ne diffère pas moins de of
du cochon domestique, son descendant
duhilable, que ceux de deux races hur
nés ne diffèrent l'un de l'autre (lOoi). J
chaque espèce d'animaux domestiques
trouvera des variétés ailssi frappantes.
Les changements dans la couleur ei »i*
^
BAC
DICTiONNAIRE APOLOCEnOOE.
RAC
m
I furuie «les poils ne sont ni moins ordinai*
es ni moins remarquables. Selon Beckman,
ans la Gainée, tontes les volailles et tous
>^ chiens sont aussi noirs que les habi-
mts (10^). Le bœof de la campagne de
louie est myariableroert gris, tandis que
ans quelques autres parties de ritalie, il
SI généralement roux : les cochons el les
joutons sont presque tous noirs, tandis
n^en Angleterre le blanc est leur couleur
rédominante. Ed Corse , les chevaux , les
iens et les autres animaux deviennent
^réablement tachetés; et le chien de trait,
• •mme on rappelle, appartient à ce pays.
'.iMCurs écrivains ont attribué à certaines
.Ticres la propriété de donner une couleur
I bétail qui vit sur leurs bords. Ainsi Vi-
-liTcoliserve que les rivières de Béolie et
- Xanthe, près de Troie, donnaient une cou*
eur jaune aux troupeaux, d'où \6 Xanthe
|)ris $on nom (1053). M. Stew^rt Ross,
>ia5 ses Lettres sur le 'nord de V Italie^ dit
. ue loD attribue encore aujourd'hui au Pô
AJif seoiblablc propriété (105^). Et plusieurs
^« mes lecteurs se rappelleront probable-
3îent ici les blancs t roupeaux du beau Cli-
^ci&nus décrits par le poète :
Cm ilH, ClUumme^ grèges^ et maxima fourmi
^'vimt, tœpe-tuo perfusî ftumine sacro
^:^tm cd lempta deum duxere triumphot (1055).
informe du poil subit des changements
/33logQes. Toutes les tentatives pour obte*
zjr delà laine dans les Indes occidentales
-1 1 ^dioaé, je crois, fiarceque les troupeaux
;u«ioo j transporte perdent entièrement
•.jurlaioeel se couvrent de poils (1056). 11
n arrive de même dans d'autres climats
'^Mïuïs. En Guinée les moutons^ dit Smith,
tktùpeuàe ressemblance atee ceux iEu-
*pt^ quun étranger y à moins de les entendre
'/er, pourrait à peine dire à quelle espèce ils
p fiartiennmt ; car ils sont couverts seule-
t^ni d'un poil brun clair ou noir comme des
h.^ens. Aussi un écrivain d'imaJ nation ob-
i'wraii-iï que là le monde semble renversé^
dr les motUons ont du poil et les hommes
ni de la laine (1057). Un semblable phéno-
mène a lieu autour d'Angora, où presque
'US les animaux, moulons, chèvres, lapins
{ (hais sont couverts d'un long poil soyeux
•rtcéièbredansles manufactures de l'Orient.
^'autres animaux sont sujets à ces cbange-
Ïit5i> Vogage (o and from Bornéo; l^n îon, 1718,
tl.
■I(»:V5) € Suiil enîin Beniiac flatiiina Ce;ihysu« el
U ia*. Leitcaiiiix Eratbîs Tnijiiî Xanilius, tic... Cwm
*^fxr% suis iffliiporibos aitnl parantur ad i-oiicfptio-
«^m parius, pf r jd lempas a iignulor eo iinolidie
Ciiam, ex coque, quaoïtissinl alba, procrcanl aliia
» b leucopbaea, aliis pulla, aliis cnracino colore.
fitar qnoniam in Trojanîs proxime flunien arnw'Dia
fa« et peeora leucophara nascimlnr ; idée id flamcQ
'TiseftXanlliom appel h visse dicnnlnr. ^{ATelntecl ,
vil, c f 11, p. 16% édiu de Lad.: Ainsi., iC49.)
ai noies sor ce passage esl ajoutét! en contirina-
co ramonié de Pline, Théoplirasîc, Siraboo ci
-irt's; qii#-|ques-aDCS sonl évidcmiueni di*s fables.
^'iîMe, DepiUoria aniaiiL, I. in, donne la même
ments ; car Tévéque Héber nous apprend que
Us chiens et les chevaux conduits de Tinde
dans les montagnes^ sont bientôt couverts de
laine comme la chèvre à duvet de chdle de ces
climats (1038).
Si nous examinons la forme générale el
la structure des animaux, nous verrons ces
deux choses sujettes aux plus grandes varia-
tions. Aucun animal ne montre cela plus
clairement quele bœuf, parce que sur aucun
autre, l'art et la domesticité n'ont été essayés
entant de lieux divers. Quel contraste n'y
a-t-il pas entre cet animallourd, massif, a
longues cornes^ qui traverse les rues de
Rome, et ce bœuf a petite tête et aux mem-
bres agiles que les fermiers anglais prisent
si fort! Selon Bosman, les chiens européens
dégénèrent à la Côte-d'Or en peu de temps
d'une manière étrange; leurs oreilles deviens
nent longues et droites comme celles du re-
nard, vers la couleur duquel ils inclinent
pareillement : en sorte qu'en trois ou quatre
ans^ ils deviennent très-laids ; et au bout d'au-
tant de générations^ leur aboiement se change
en une sorte de hurlement ou de glapisse^
ment. Barbot dit de même que, les chiens du
pays sont très-laids et ressemblent beaucoup à
nos renards. Ils ont les oreilles longues et
droites^ la queue longue^ grêle et pointue par
le bout 9 sans aucun poil; leur peau est seule--
ment nue et lisse^ tachetée ou unie ; ils n'aboient
jamais^ seulement ils hurlent. Les noirs les
appellent cabre de matto, ce qui en portugais
signifie une chèvre sauvage^ et cela parce qu ils
les mangent et estiment plus leur chair que
celle du mouton (1059) . Ainsi ii parait que
le climat ou d'autres circonstaaces locales
ont, dans ce cas, le pouvoir de réduire en
peu de générations une espèce d'animaux
amenée d'un autre pays, à la même condi-
tion que la race native; au point qu on pour-
rait à peine reconnaître leur souche primi-
tive, dont ils ont presque |)erdu les carac-
tères. Le chameau présente également un
exemple de modifications extraordinaires.
Dans quelques caravanes que nous avons ren--
contréesyûïi un voyageur moderne, W y aroi7
des chameaux d'une espèce beaucoup plus
grande que tous ceux que f avais tus aupara-
vant ; ils différaient autant du chameau d* .4-
rabie dans leurs formes et leurs proportions
quun mdtin diffère d'une levrette. Ces cha-
meaux avaient la tête grosse; de leurs cous
elymologie de la rivière Xanthe.
(1054) Lettres du nord de Vltalie; Load., 1819,
vol. I, p. 23- L'idée des iHJigène.n csl qoe * aon-seu-
lemenl les bétea du pays sonl Llanebes (oo pour
parler plus exaclemenl,'couîeur de crème), mais
que méu'e les bœufs éiran^ers retèlenl la même li-
vrée eu buYaol les eaux du Pô. »
(10o5) ViRciL., Géormques^ u, 146.
(1056) PaiCHARD, p. «é. . '
(1057) SaiTfl., Sem vogage to Gmnea; U»Ddon«
1745, p. 147. — New gênerai eoUecUon of voyages
and travels^ v. n; Lond., 1745, p. 711.
(1058) Narraliuof a ioumeg thromgh the hpper
nrovinces of India. «• édiU' Londres, 18i8, vol. U,
«• " /|059) yew coïleciicn^of togagcs, cu:., p. 71Î.
m
RAG
DICTIONNAIRE • APOLOGETIQI'E.
RAC
épais pendait un poil brun- foncée long et rude ;
leurs jambes étaient courtes et les jointures
épaisses^ le corps et leshanches étaient arrçn-
ois et charnus: néanmoins ils étaient d'un
pied plus hauts que les chameaux ordinaires
des déserts d'Arabie fl060). Et en parlant de
cet animal, je ferai ooserver que son carac-
tère le plus saillant, la bosse de son dos, qui
est double dans la variété bactrienne, est
considéré par quelques naturalistes comme
une déviation accidentelle du type original,
provenant d'une matière sébacée ou grasse,
déposée dans le tissu cellulaire du dos, par
Faction continue de la chaleur, exactement
comme la bosse du zébu ou bœuf indien ; ou
la queue des moutons de Barbarie et de Sy-
rie; ou la formation analogue observée sur
les reins des Hottentots Bosjmans (1061).
En citant ces exemples, j*ai moins cherché
à reproduire les faits recueillis par les au-
tres qu*à ajouter h leurs recherches quel-
3ues nouvelles preuves. Mais cela suflit pour
éinontrer que des variétés sporadiques ou
accidenteUcs peuvent non^-seulement se re«
produire, mais, ce qui va mieux à notre su-
jet) peuvent même se propager parmi les ani-
maux. Il ne serait pas dimcile de multiplier
les exemples de ce aernier fail ; car la grande
dissémination des animaux albinos, comme
les lapins blancs, ou les chevaux couleur
de crème, qui probablement sont venus d'a-
bord de maladie, prouve avec quelle facilité
ces variétés accidentelles peuvent s^e repro-
duire. Mais le docteur Prichard d^'une un
autre exemple tout à fait remarquable; c'est
celui d'une race de moutons élevée depuis
r)eu d'années en Angleterre, et connue sous
e nom d3 Anoon^ ou race de loutre. Elle
naquit d'une variété accidentelle, ou, pour
mieux dire, d'une difformité d^s un ani-
mal qui communiqua si coaipléteraent ses
singularités à sa progéniture, que la race est
coraplétomcift établie et promet d'être per-
pétuelle ; on l'estime beaucoup à cause du
peu de longueur de ses iambfes, qui ne lui
permet pas de franchir aisément les barriè-
res des champs (1062). 11 est bien reconnu
aussi que la race qui a fourni l'énorme bœuf
de Durham a été produite artificiellement
en croisant les individus qui semblaient réu-
nir le plus de points de perfection de toute
espèce; la base était le Kiloé ou petite race
des Highlands, et tout le bétail qui arrive à
des dimensions extraordinaires est allié à
cette race. Les raisonnements sanctionnés
par ces faits ont une large base d'analogie
applicable à l'espèce humaine, et il n'est pas
Hisé de voir pourquoi des variétés aussi
grandes n'auraient pas pu se produire et se
transmettre par descendance parmi les hom-
mes comme parmi les animaux inférieurs.
Il parait certain, en effet, que dos diversités
affectant également la forme du crâne, la
couleur et la texture des poils, et la forme
(1060) Voyages en Assyrie, Médie et Perse, par J.
S. BucKiNGBAM, î- édition; Londres, 1830. vol. T
p. 2il. . ;. '
(I0iîl> LEVAituKT, Deuxième voyage, I. H, p. 207.
générale du corps, proviennent |wrmi les
animaux d*unc souche unique; déplus, il
semble démontré que des différences de cette
nature peuvent originaîrc«M>nl surgir de
quelque variété accidentelle qui, sous des
circonstances particulières, devient flicca-
ractéristi(}ue et transmissible par descen-
dance. Ne pouvons-.nous pas alors considé.
rer comme très probable, que dans Tespèee
humaine, les mêmes causes peuvent Of^ércr
d'une manière analogue et produire des ef-
fets non moins durables? Et les variaiioQs
de ce genre qui paraissent dans notre es-
Fèce n étant jias plus éloignées Tune r
autre que celles qui ont été refflanjoé'
parmi les brutes, il n'est pas besoin pour!
expliquer de recourir à une cause plus w
lente et plus extraordinaire. Maisaborjo
de plus près la difficulté, et serrons-la )il
étroitement.
II me parait clair que dans chaque M
ou race de l'espèce humaine, il s*eslprodi
accidentellement des variétés tendaotl
établir les caractères d'une autre race.
exemple, les cheveux rouges paraiss»/
partenir presque exclusivement àlift
caucasienne; cependant il existe dass
3U0 toutes les variétés connues des ii
us avec cette particularité. Charlem
observée parmi les Esquimaux , Soda
parmi les Papous, Wallis parmi les T
tiens, et Lopes parmi les nègres (1063).
n'est pas plus surprenant que de tro«
fiarmi nous des individus avec les chev
risés, et je crois que ceux qiii yonl
attention auront souvent observé dans
personnes une tcrTJance vers quelque ai
traiUearactéristique de la famille étM
pîennc, comme un teint foncé et des
vres épaisses. Dans les spécimens de cri
publiés par Blumenbach et provenant dei
muséum, il y a celui d'un Lithuanien <i
vu de profil, pourrait être pris pour
crâne de nègre (106î^). Mais rexemplî
plus curieux quo j'aie rencontré de ce
tendance sporadique à produire dans
race humaine les caractères d'une a
race, se trouve dans un voyageur
qui a presque le premier exploré le Haii
ou district au delà du Jourdain. La fi
qui réside ici {à Abu-el-Beody), dil-i!,
charge du sanctuaire, est remarquable en
à l'exception du père, tons ont les trai
gres^ une couleur noir- foncé et des ch
crépus. J'ai pensé que cela résultait
doute de ce que leur mère était n^yre^^fi
on trouve quelquefois parmi les Arufjf^
femmes de cette couleur, soit comme fp
légitimes, soit comme concubines: ««'|'*
même temps je ne pouvais douter, d^apra
observation personnelle, que le chef actuff
la famille ne fût un Arabe depurerncf.
sang non mélangé. On m'assura aussi ff^'^
hommes et les femmes de la génénuioix •
VlREY, 1. 1, p. 318.
(iOۉ) Vol. M, p. S50.
(tOG3) Blijhexbacu, p. 169.
(10641 Décades craniortim, olanc. wi, f. ^
* f
ILIC
nCTIONNAIRE APOLOGETâQCfiL
EAC
90
,. ^'^fe ei des générations antérieufts éiaieni
^ ^ Arabes purs^ par mariage et par descend
^«^ce, et que dans Thistoire de la famille on
'AtoiV jamais connu de négresse^ ni comme
^ottif, ni comme enclave, C*est une partiru-
trité très^prononcée des Arabes qui habitent
t TûlUe du Jourdain^ d'avoir les traits plus
^ lotis f la peau plus noire et les cheveux plus
if^es qu aucune autre tribu ; particularité
m ^n fiiut, je pense, attribuer à la chaleur
5 mtinutUe et intense de cette région, plutôt
m ^àoMCune auire cause (1065). Si tous res
'K (settoules ces circonstances sodI regar-
e^ ^ comme suffisamment établis, nons a?on5
■' «lainement ici un exemple bien frappant
^ oJindus d*une famille qui approche des
/ictères distinctifs d'une autre famiUe, et
t la transmission de ces caractères par des-
n«Jaoce.
IS ja même des exemples de Tarîétés
3ucoup plus tranchées et beaucoup plus
ranges que celles oui constitnent les ca*
libres spécifiques aaucune race« et, qui
js ^sU ces variétés ont passé du père au
^ z assurément elles auraient rendu notre
* -L/lème beaucoup plus difficile à résou*
'^ qa'tl n*est k présent» si elles avaient
.•'^i'ians quelque partie éloignée du globe
. Véuient étendues sur une population
nshiénble. La filus remarquable est sans
• ' !/re celle dont on a suivi la trace pendant
' h générations, dans la famille de Lam-
rt, connu généralement sous le nom de
î o mme porc-épie.
L.*duieur de cette race extraordinaire fut
»rK>rd, étant jeune garçon, montré par son
re en 1731, et venait du voisinage d*£us-
i-Hall dans le Suflblk. M. Machin, cette
^rne année, le décrivit dans Tes Transac-
w%t philosophiques, comme ayant le corps
irerf de verrues de la grosseur d'une ti-
/e et d*un demi-pouce de long : toutefois
le le DOinme pas (1066). En 1735, on le
voir de nouveau sous le même nom , et
ut décrit par M. Baker, dans une notice
scntée comme supplément de la premiè-
: mais c« qui est plus important, c*est
avant alors quarante ans, il avait eu six
ants qui tous à la même époque, neuf
laîoes après la naissance, avaient pré*
lé la même singularité ; et le seul qui
reçut, garçon de huit ans, se faisait voir
c son père. M. Baker donne une planche
résenlant la main du fils, comme M. Ma-
1 arait fait pour celle du père (1067).
1^02, les enfants de ce garçon étaient
fi'rés en Allemagne par un M. Joanny,
lel prétendait au*ils appartenaient à une
\ trouvée dans ta Nouvelle-Hollande ou
s quelque autre pays très-éloigné. Le
leur Tilésius, cependant, les examina
-scrupuleusement, et publia la descrip-
OCÔ'> BrcK»t;B4if, Tratels among Ihe Arab, Tri"
London. 18i5, p. 14.
^K(») àohùUkCMi^.PhUoiop. TraiM., vol. XXX Vn,
j9.
INST) tHd.^ vol. XUX, p. 21.
1M>8) Ausfûkrlichc Beschreibung und AbbUdung
lion la plus exacte que nous ayons oe cette
singulière famille, avec les figures en pied
des deux frères , John qui avait vingt et
un ans, et Richard qui en avait treize (1068).
Leur père, jeune garçon de la notice ae
M. Baker, vivait encore et était garde-chasse
de lord Huntingfield , h Heaveningfaam-
Hall dans le SuiTolk. Quand on leur fit voir
le dessin qui représentait sa main, dans
les Transactions philosophiques, ils la re-
connurent à l'instant tous les deux, h cause
d*un bouton d'une forme particulière qui
fermait le poignet de la chemise (1069). La
description de Tilésius, de la page 30 jus-
qu'à la fin dd ce livre, est très-détaîlléc et
corres}K>nd exactement avec celle qu'on avait
donnée de leur père. Tout le corps, ex-
cepté la paume des mains , la plante des
pieds et le visage, était couvert d une quan-
tité d'excroissances cornées d'un rou^o
brun, dures, élastiques, d'environ un demi-
pouce de long et bruissant l'un contre Tan-
tre quand on les froissait avec la main. Je
ne sais à quoi je pourrais mieux Icomparer
l'apparence de ce bizarre tégument, tel que
nous le voyons dans les planches de Tilé-
sius, qu'à une multitude de prismes ba-
saltiques, les uns plus long?, les autres plus
courts, comme ils sont généralement grou-
pés dans la nature. Tous les ans, ces ex-
croissances cornées tombaient, et leur
chute était toujours accompagnée d'un cer-
tain malaise; elles cédaient aussi à l'action
du mercure qui fut essayé dans ce but;
mais, dans l'un et l'autre cas, tout revenait
graduellement en très-peu de temps (1070}.
Les conséquences que M. Baker tire de ce
p'hénomène extraordinaire, sont très-justes
et ont encore un plus erand poids, mainte-
nant qu'il s'est reproduit dans une autre
génération et dans deux cas distincts, llpar
ratt donc indubitable, dit-il, que cet homme
pourrait propager une race^ particulière,,
ayant la peau hérissée d'un tégument sembla^
ble. Si cetaarritait, et quon oubliât Torigine
accidentelle de cette tariélé, on pourrait fort
bien la prendre pour une espèce différente de
la nôtre. Cette considération nous conduirait
presque à imaginer que si l'humanité est sor^
tie d'une seule et même souche, la peau noire
des nègres et plusieurs autres différences de
même nature, peuvent bien être dues origi^
nairement à quelqiie cause accidentelle (1071).
Une autre variété plus commune , et (]ui
prévaut dans des familles entières, consiste
en doigts surnuméraires. Dans l'ancienne
Rome, elle fut désignée par un nom particu-
lier, et les sedigiti sooi mentionnés par Pline
et d'autres auteurs graves. Sir A. Carlisle a
tracé avec soin l'histoire d'une semblable
famille pendant|quatre générations. Son nom
était Colbum, et cette singularité fut intro-
der beiden $o genannien Slacheluhweitt'Meiischen ans
der bekannien englisckem FamUie. Lambert; Allcb-
buii;, 1802. fol.
(IU69)Page4.
(i07U).PAf/ot. iramaci. , vol. XLIX, p. Si.
UO?lj Ibid.
991
RAG
OICTIONNAIRE APOLOGLTiQUC
R.VC
dnite dans la famille par la bisaïeule du plus
jeune enfant que^ l'on examina : cela n était
pas régulier et se remarquait seulement chez
quelques enfants dans chaque génération.
Maupertuis en a cité d'autres exemptes en
Allemagne ; et un célèbre chirurgien h Ber-
lin, Jacob Ruhe, appartenait à une famille
qui avait cette particularité par le côté ma-
ternel (1072). Nous avons donc prouvé déià,
taut par l'analogie que par aes exemples
divers : V qu'il j[ a une tendance perpé-
tuelle, je pourrais dire un effort dans la
nature, pour produire dans notre espèce
des variétés souvent d'un caractère très-ex-
traordinaire, quelquefois approchant d'une
manière prononcée des caractères spécifi-
ques d'une race différente de celle dans la-
quelle naissent ces variétés; 2' que ces par-
ticularités peuvent se communiquer du père
nu Ois dans des générations successives.
Nous avons donc obtenu ainsi un puissant
ruotif de présumer que les différentes fa-
milles ou races humaines peuvent devoir
leur origine à quelque occurrence semblable
h rapparition accidentelle d'une variété, oui,
sous 1 influence de circonstances favorables,
par exemple Tisolement de la famille dans
laquelle elle a commencé, et les interma-
riases qui ont été la conséquence de cet
isolement, est 'devenue fixe et indélébile
dans les générations suivantes.
§T.
IdenUté d*oiigioe des dilTércotes races Urée de la coropai-
raisoD des langues. — Faits prouvanl la possibilité d'un
ehangenient de coaleur jusqu'au noir : ludous, Abyssi-
niens, Arabes de Souak/o, Foulabs, elc— Exemple
apparent d'une transi Uon actuelle. — ElTets de la civl-
llisation : Selloucks, Mongols, Germains. •— InQuence
de l'habitude. •— Permanence des types. — Réponse k
VobjecUon tirée du pedicuUu td^ritarum. — Conuexion-
des différentes races; division en nuances graduées do
différence dans chacune : Polynésiens, Malais, clc.
L'étude de la* science ethnographique et
philosophique, qui a fait de si grands pro-
(I07i) Philoêophicat Irafuacthns , volume GIV,
4814, part, i, page 9i. — Paichard, volume U,
nagî 537.
(1073) Voir VAtias ethnographique , tableau XV»
' 4074) Pricbard, y. Il, p. 266.
(1075) f Au milieu de Uni d^empires dont les
traces rapides sVffaceut les ooes par les autres, qui
ne croirait que ces migrations sur la rosée du
monde naissant n*ont point laissé de vestiges, ou
qu*au moins la généalogie des races bumaineH est
pour jamais perdue? Loin de là : cette généaloRÎe
du genre humain a été retrouvée hier par une dé-
couverte qui ne permet point de doute. Des mnnu*
ments, plus sûrs que des colonnes mUliaires, mar-
quent d'âge en âge, non-seulement la filiation, k
dcscendauee, le degré de parenté des peuples, mais
aussi leur itinéraire dans un temps où ils croyaient
ne point laisser de témoins derrière eux. Ces monu-
ments sont les langues humaines, cette découverte
est celle de Tafliliation des idiomes de TOrient avec
ceux de l'Occident.
c Si, en effet, les longues de notre Europe ont,
comme il est impossib'e d'en douter, leurs racines
dans celles qui ont été originairement parlées dans
le Dassin du Gange et du golfe Pacifique ; si celles
dMTomère, de Oambyse, de David, de Yalniiki, sont
alliées Tune à Tautre ; si à Textrémité même du
grès dans ces derniers temps, sert dui
manière toute particulière à répoudre si
objections que Ton a faites contre Vuniié
Torigine humaine ; elle prouve, en effet,
d une manière évidente, que les nations q
f)résentent les signes caractéristiopcs \
es font classer dans des races dméreni
ont cependant un langage qui ne permet]
de douter qu'ellc-s ont eu une origine cu
miine.
Baibi a placé dans une seule famij
la famille ouralienne (1073), 1c hongrf
le Gnnois, le laponien et Vestbonien, k
gués pariées par les peuples du nori,
s'alliant aux Tcbermisses, auiVoliaLsi
Ostiaks, ou plutôt As-Jachs et Permlei
tribus qui habitent les rives de rOby.el'
parties nord de la Sibérie. Or, si lacool
mité du langage prouve que toulescestril
sont de la même famillCt la diversitl,
leurs traits tendrait à prouver que cea(
des familles différentes; Ainsi les bpM
les TchermisseSy les Wogols et les Ha
ont les cheveux noirs et les yeiii
landisque les Finnois, les PerraieflsitJ
A&Jachs ont tous les cheveux rfij^r
veux bleus (1074), et cependant Hi
lui-même fait entrer toutes ces tnbni
les familles mong^o/es. II faut doac cil
dure qu'une portion de cette faioiiletj
rié du type primitif, et que ces ti
n'expliquent pas la diversitt^ d'origiae,
« La race caucasienne, c'est-à-dire
h laquelle nous appartenons, nous
Européens, présente un phénomène
blable. Quelle que soit Thypothèse quel
npus déterminions à adopter, la pré/
nance d'un langage essentiellement tel
de rinde à Tlslànde, prouve que les a«
f|ui le parlent ont une commune 6i
1075). Cependant les habilauisdeiap
suie indienne diffèrent de nous pariaj
et la roti^eur, assez matérielleou'iit
être classés dans une autre race. Kia[
Nord voQs retrouvez, sous les neig^de i'isli
fleur glacée de la parole asiatique, de méioe^
géologues ont retrouvé Tivoire de rélépbanl
glact'S de la Scandinavie et lempreinie dt
talion de la zone torride toot près du pôle, i
évidemment de là que les peuples aDJooi
plus étrangers les uns aux autres ont tcc«
gine, dans une relation intime; qu*ils osf
d^abord une grande famille, laquelle poi^
sociale à la même source ; qoe leur cheaùn^
que par les vestiges et Us ^os de la ^rft"
lie tous les bonimeSj depuis le premier
dernier, dans une même etialne, tout coseo
sique et spirituelle. luierpréCex comme toii<«'
drez celle parenté dans les idiomes, toujoui
serez ramené à ki nécessité d'une soucitt* a
de laquelle sont sortis les ramcaui deceiif
vie que Ton appelle Tbistoire. Et cette cor
tirée de ce qu*il y a de plus intime dans ïf\
rhomroe* s'accorde pleinement avec les i>
primitives, qui toutes placent à rorigincoe
race une même société, une même bamaof
sorte que des peuples qui depuis avaient c*
séparés par toutes les circonstances de l'or^'^
sociale, subitement rapprocbés, ne (orimwl
aux yeui de la science et de la religwoiji^
môme famille * leur pirenté se découvre.
fS
BAC
DICTIONXAIRR APQLOGETIQCE.
RAC
9GI
«ur se rendre comple de celle circonstance,
loagioe q«e les naliODS indo-germaniaues
esoat sauTées du déluge sur deux chaînes
e montâmes, THimalaya et le Caucase. De
I première» selon lui, descendirent les
Qiiiens au sud, et les Goths au nord ; de Tau tre
inreni les Mèdes, les Perses et les Pélas-
^s. II suppose alors que la couleur rern-
roDÎe des indiens a été produite par le raé-
in^earec une race noirâtre qui se trou-
ait là avant eux, et qui avait échappé au
:^me fléau sur la montagne du Malabar
i*.C6). liais tout ceci est une pure conjec-
M re, sans le nlus léger fondement, soit dans
* L bioire ou la tradition locale. On voit que
*jt cela a été inrenté pour échapper à la
a^allé, qui se résout plus facilement en
1 mettant qu*une nation peut assez changer
■^ signes caractéristiques, pour passer dans
c^e famille différente de celle à laquelle
.- Jk langage prouve qu'elle a primitivement
— firleiiu. •
itiis la plus grande difficulté ne consiste
iHBàeipliquer les différences qui se trou-
rai entre la couleur et la conformation de
laces Intermédiaires, mais surtout et
à donner la raison de la
du nègre ; car c*est là toute la dif-
Dans cet état de la question, il faut
rucoreUsser parler les faits contre les-
ju^ Il logique ou Tanalugie ne peuvent
:eB«i)nsi analysons les faits :
El d'abord, s'il est une race d'hommes
uM ail tenu à ne pas se mêler et à se tenir
iro de toute alliance avec les autres races,
r^ à coufxjsûr la race des Brahmines de
x>*ie ; or ïéfèqœ flaber assure qu'il y a
rs iodiTidus de très-haute caste qui sont
-irs, tandis que dans les plus basses cas-
» les parias sont liîancs comitafativement
^Kjici un second exemple :
Les indigènes de l'Abyssinie sont compiC-
jtrot noirs, et cependant il est certain que,
* leur origine, ils appartiennent à la fa-
ile êémUique^ et par conséquent à une
^bianche;\ew langage n'est qu'un dia-
lê de celte classe, et le nom même de la
ion indique qu'elle a traversé la mer
(i^e. Cest de laque dans l'Ecriture le
v'^ft cash s'applique également à eux et
K Labitants de l'autre rive ; et ni par les
K ni par la forme du crâne, ils n'ont la
iniire ressemblance avec le nègre. On
kt facilement s'assurer, soit par des por-
1:2s soit par des individus vivants, qu'ex-
té la couleur, leur visage est parfaite-
[il earupéen. Ici donc un changemeut a
• teu« Lien que nous ne sachions com-
ï (KJipe. à la 6b de la iragéîie. 1 (Edgar Mh\:kz^^
^Mte des retigion», Dd la lévélaliou iiar Torgane
t Bruire.)
4I7S; itn« pdfgtoiUi, p. 43.
•)77> Habeb^s Hurraihe^ t. I, p. 9.
07«; \09aft en Nmbu; V édition, page 391 (eo
rrs) Tatfageen XuHf; » édition, page 395 (en
* Un autre exemple, «ncore plus .rappant,
nous est fourni par l'exact et întellieent
voyageur Burckhardt : la ville de SSoualin,
située sur la cAte africaine de la mer Ronge,
plus bas que la Mecque, contient une {co-
pulation mixte, forméed'abord deBé<louins
et d'Arabes, y compris les descendants des
anciens Turcs ; et ensuite du peuple de la
ville, com[)osé soit d'Arabes de la côte op-
posée, soit des Turcs d'origine moderne
(1078). Voici ce qu'il dit des deux classes :
< La première, les Badherebes ou Bédouin$
deSouakin, ont exactement les mêmes traits,
la langue et le costume des Bédouins nu-
biens^ £n générai leurs traits ont de la
beauté et de l'expression, leur barbe est
rare et courte, leur couleur est du brun lu
fil us foncé, approchant du noir, mais dans
a physionomie ils n'ont rien du caractère
du nègre (1(^79). » Les autres, qui descen-
dent tous des colons venus de Mosoul, Ba-
dramont, etc., et des Turcs envoyés là par
SélifB, lors de sa conquête de l*^ypte, ont
subi le même changement. « La rac% ac-
tuelle, dit Burckhardt, a les traits et les ma-
nières africaines, et ne peut sous aucun
rapport se distinguer des Hadherebes (i060j . »
Nous avons donc ici (ieui nations distinctes
des Arabes et des Tures, qui dans l'espace
dépende siècles sont devenues noires en
Afrique, quoique blanches dans leur ori-
gine.
Il y a plusieurs nations non-seulement
le long de la côte, mais dans le cœur même
de l'Afrique centrale, qui sont complète-
ment d'un noir luisant, sans un signe de
trait nigrt. Parmi elles sont les Foulahs,
que Park décrit comme « n'étant pas noirs/
mais d'une couleur basanée, tannée, qui est
plus claire et plus jaune dans des Etats que
dans d'autres. Ils ont des traits délicats et
des cheveux doux et soyeux, sans les lèvres
épaisses ou la laine crepue, communes à
d autres tribus (1081). » Jobson les peint
« d'une couleur de tan » avec de longs che-
veux noirs, pas à beaucoup près frisés
comme ceux des nègres (1062). M. Moore,
parlant des Yoloffs, dit « qu'ils sont beau-
coup plus beaux que les Mandingues ou les
Flups, n'ayant pas le nez large et les lèvres
épaisses qui distingnent ces nations, et
qu'aucun des habitants de ces contrées ne
peut se comparer aux Yoloffs pour la noir-
ceur de la peau et la beauté des traits. *
L'écrivain auquel j'emprunte cette citation
ajoute que les voyageurs ne distinguent
pas toujours avec la même exactitude que
Al. Moore les Yoloffis des Mandingues, ei
d'autres noirs au nez éiiaté, parmi lesquels
ils sont mêlés; et dans un autre endroit
(1080) Page 5dl. Comme les Hadherebes n'oof
pomt, suivaut la première ciiatioii, la physioDonie
nègre, je suppose que par traits DOVi de\oas eoieu
dre la couleur seulemeut.
(1081) Slh9ER*s Recordi ofcreathnt 2' éd., v* I
p. 580.
. (1082) New gênerai coHeciion of vogmges : ni siip.
p. i6i.
EAC
DlCTlONiNAIRE APOLOGETIQUE.
RACj
parlant des Mandingues, il dit « qu'ils soiU
aussi remarquables par leurs lèvres épais-
ses et leur uez aplati, que les Yoloffs et les
Foulahs le sont pour la beauté de leurs
traits (1083). » Or, ceci est en contradicliou
complète avec les récits de voyageurs plus
récents; car Caillié décrit ainsi les habi-
tants de Timbuctoo: « Ils sont de taille or-
dinaire, bien faits, droits, et marchent d'un
pas ferme; leur couleur est d'un beau noir
foncé; leur nez est un peu plus aquilin que
ceux des Mandingues, et comme eux ils ont
les lèvres minces et les yeux noirs (1084^). »
Cette contradiction est néanmoins de peu
d'importance; carde toutes manières, il est
évident que la couleur n'a pas une con-
nexion nécessaire avec le trait du nègre,
mais qu'il existe deux races ou deux varié-
tés également noires, appartenant à deux
familles différentes, distinguées par le signe
caractéristique plus important de la forme
du crâne et des traits (1085).
En opposition à ces faits, on ))eut h la
vérité en présenter d'autres qui sont sou-
vent cités. On observe que les descendants
des Français, des Anglais et des Portugais,
qui se sont autrefois établis sur la côte
d'Afrique, n'ont éprouvéaucun changement
après plusieurs générations, et que dans
1 Amérique septentrionale les nègres, après
pJusieurs siècles, sont toujours nègres
il086). Et pour ajouter un nouvel exemple,
lurckhardl fait deux fois mention des des-
cundants des soldats bosniaques, laissés par
Sélim en Nubie, qui ont encore conservé
les traits do leur pays natal, quoiqu'ils eu
aient oublié la langue.
Beaucoup de ces laits, même tous, peu-
vent être vrais ; mais qu'est-ce que cela
prouve, quand on les compare à ceux que
nous avons déjà cités? Seulement que le
mode d'agir des causes ne nous est pas
encore connu; que nous ne pouvons décou-
vrir la loi en vertu de laquelle la nature
opère; qu'il j^a deux séries de faits; l'une
et l'autre véritables, mais ne se détruisant
pas mutuellement.
Mais examinons cette objection avec plus
de détails. Nous savons, à n'en pas douter,
que dans certaines parties deTInde, les des-
cendants des Européens établis depuis long-
temps ont totalement changé de couleur,
quoique leurs traits n'aient point varié. « Il
est remarquable cependant, dit un auteur
que j'ai déjà cité souvent, que toutes c(!S ra-
(1083) New gênerai coUeciion of voyages : ut sup.,
p. x55, 266.
(1084) TravelB Ihrough central Africa. Lond. 1850,
V. Il, p, 61.
(1085) c Sar toute la siirface du pays habité par
les Africains, dont M. Frobcrviile nous a rapporté
les tfpes, existent, disséminés, un certain nombre
de nègres dont les traits offrent un caractère tout
particulier : ceux-ci ont le nez aquilin, le menton
prononcé, les lèvres minces ; on y reconnaît en un
mot Tempreinte un peu effacée de la race arabe ou
sémitique. Cette variété ne forme point une caste
séparée, elle Cat intimement mêlée et dispersée
«laits la grande famiUe iiègre ; elle y a peut-être
L*troioit it elle y conserve d«& tradition» semi-
ces d*hommes , sans eiception (Persans
Grées, Tartares» Turcs et Arabes), après un
petit nombre de générations, même sans au.
cune alliance réciproque avee les HiD(luu5,
prennent la teinte olive fon^ approèui
de celle du nègre, et gui semble naturelle 9q
climat. Les Portugais nés dans le pajs np
s'unissent qu'entre eux seulement, ou, mIs
le peuvent, avec des Européens; et néan-
moins peiidant une résidence de 300 aas
dans rindc, ces Portugais sont dcvenusauj'i
noirs que des Cafres. Certainemeal œ Uà
est d'un grand poids pour réfuter cetnqni
alTirment que le climat seul est iosolkni
pour expliquer la différence entre le n*j;n!
et rEuro|)éen. Il est vrai quil y a (kiït
nègre d'autres particularités que leshdieib
n'ont pas, et vers lesquelles les colons f-onn-
!;ais ne montrent aucune tendance... Uib»
a chaleur produit un changement, d'autre
§ articulantes du climat peuvent {rodm'p
'autres changements additionnels;et<|iiaft.
de pareilles circonstances ont trois ujujcijt
mille ans pour opérer, il n'est pas iw>'Jf
fixer une limite à leur puissance (tNr^<(/
r.iisonuement est défectueux, iledvm.
d'autant que les traits des nègres étofllifaâ
dès le temps dllérodole ou d'Hemm
même beaucoup plus anciennement, ciiffiii^
on le voit par les monumesits égyptien» ^
le climat n'explique point les casquej'i
cités, de tribus vivant sous la mêmelalitaie,
sur le même sol, et ayant des caractère^'-
talement différents ; mais néanmoins ic ii<l
contenu dans ce passage est précieux e»ft
qu'il montre qu'une transition peut «t^^
h«u €hi blanc au noir.
. De même. Long, dans son Bistoirt éfk
Jamaïque^ et Edward, dans son Histoirté^
Indes occidentales^ ont tous deux remar^iÉ
que les crânes i\Qs colons blancs établis dan
ces contrées diffèrent sensiblement pour
forme de ceux d'Europe, et s'approcWrliij
la configuration d'origine ainéricairv*. li
docteur Pricbard affirme également, a'ajw
des autorités graves, qu'à la troisième p^^
* ration, les esclaves qui vivent dans les fii»
sons, aux Etats-Unis, ont le nez moins épr
et la bouche et les lèvres moins saillaa
et qu'en même temps leur chevelure de>ii
plus longue à chaque génération successi
Les esclaves qui travaillent aux champs
tiennent au contraire beaucoup plus i
temps leurs formes originaires (1088 .
dani a rapporté un exemple d'un conlo-ii
tiques évidentes, celle du }Mti et do c^^
delà premièie famille humaine, de l'ivresMil^
et de ses suites; le nom deJéhovah api^liqucsi}
leil, le nom d'arc du bon Dieu donné à farc^fi^
la circoncUon, Vimpurelé légaU, le culte de*»
où Ton peut aisément reconnaître Molock^^p
divinité chananéenne, eo Tbonneur de \»q^«
passait les enfants à travers le feu, eM. » f^i
dtt Compte-rendu de r Académie da iciiMn su?
vojrages de M. Frober ville cbei les osuro^»*?^
africains.) ^ ,.
(1086) Descript. de la Mgritte, ot siip.. ^^^•*^
bat. L li, p. 255.
(4087) Nebkr's Narrative, v. I, p. dS
a088j Voi. llfp.5t»&.
17
RAC
KCTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
égrct qvi ajant été amené très-jeune à
enise, changea tellement de couleur, qu'il
V!ait pas plus bruu c|u*un Européen affec-
.^ d*uoe légère «jaunisse; et il parle dans
i cas d*apres ses obserTalions personnelles
089).
Lioléressante remarque du docteur Pri-
la^r] est de la plus grande portée» elscrai
! uVn doute pas, conGrmée de plus en plus
ir uoe observation exacte. Elle me ramène
<a considération de l'influence que la civili-
itioa exerce sur les caractères d'une race.
avjer a fait remarquer que la servitude ou
I domesticité est Tagent le plus puissant que
' 0 ail encore découvert pour produire des
/jui6calions dans les animaux, et que les
>nété$ les plus prononcées obtenues jus-
j'a (irésentt Tout été par ce moven(1090}.
j liiilisation est ce qui ressemble le mieux
rri agent, dans Tespèce bumaine; elledoit
:éjie être plus puissante, à cause de son
:tluence morale. Il n*est yms douteux que le
rirtdeTÎe, les aliments, l'aisance, ledegré
• ^'iitare intellectuelle ne produisent un
Itifienuaoentet profondsor les différentes
iJ'tDs.Un voyageur moderne enSyrieare-
ji'que la grande différence qui existe entre
' ilêJouins et les Fellahs du Hauran. Les
î'ciiuers, ou les Arabes nomades, toujours
cVi^iux accidents et aux fatigues d*une
Rf/nole et active, ont des formes sveltes,
i' £»re petite et la l>arbe peu fournie. Les
-n^iers^ou les Arabes sédentaires, sont gros
t njbastes, et'onl la barbe touffue; mais ils
Liu|ueD( du regard perçant de leurs frères
n jeserl. Et cependant on ne peut pas mettre
^ question si ces deux classes forment en
fi.né .une seule nation parlant la même
iB^ge et habitant le même climat. U'où
ieui donc ladifférenceentre eux ? Sans nul
'U!e, de leur différente manière de vivre ;
^r cet exact observateur ajoute que jusqu'à
«ge de seize ans on ne peut apercevoir en-
e^ux aucune différence (1091}.- Dans un
ilr^duvrage^ il dit qu'une égale différence
(uièlre remarquée dans leurs dispositions
Odii.M. Jackson fait la même observa-
nri sur les Arabes qui habitent les villes
les te royaume de Maroc, et sur les Bé-
c^'iios qui vivent sous les tentes. Les Sel-
>klii/f tfa^,dit-ii, sont faciles à distin-
ffrpar la physionomie, des Arabes de la
biRf et même des Sellouks de Susa^ quoiqxie
KT U /ango^e, lu coutumes et la manière de
frt Us ressemblent aux derniers (1093). Et
^tne parmi les Bédouins, Vol ney a observé
B'<>a peut apercevoir une différence mar-
£t^ entre le peuple et ses princes, ou
ilO^) IntliluUmus pkfisiologi>sSt auciore L. M.
^^m. Vieo., 1796, p. t5l.
'•tCCjOi Daos son discours préliminaire. Voyez
^i BliuBcnbadi dans son cbapiiie intitulé : Aii*
nuf àei YoUkommenseiu, ecc ; dans ses Bei-
r/f iur yaturgeschkkie ; Tbeil, GœUiugeii, 4190,
\*M\ BcicKtfAEDT, Votfagcs eu Syrie.
ittdl) xYoïet OK Uie Bedouens and Waluibees,;
« .«830, p. iU4.
t<â5j A» acroaal of the empire of Uaroccif ; Loa-
shcikhs, qui, étant mieux nourris, sont plus
grands, plus robustes, et ôntmeilleure mine
que leurs sujets les plus pauvres, qui vivent
avec six oncesdenourriture par Jour (ICHÂ).
Forster a remarqué une distinction sembla-*
ble è Tahiti. Les gens du peuple^ dit-il, qui
sont plus exposés à Pair et ausoleil^ oui exer-
cent leurs forces à cuUiterla terre^ à pécher^
à ramer, à construire des maisons et des ca-
nots^ et sont limités dans leur nourriture^
sont plus noirs f ont les cheveux plus laineux^
plus crépus, le corps maigre et de petite sta^
ture. Mais leurs chefs et les aréas ont un
aspect très-différent. La couleur de leur peau
est moins basanée que celle des Espagnols^
et moins cuivrée que celle des Américains ; elle
est d'une nuance plus claire que le plus beau
teint d'un liabitant desiles de V Inde. A partir
de ce teint, nous trouvons toutes les nuances
intermédiaires, jusqu'au brun vif touchant au
noir. Quelques-uns ont la chevelure jaundtrCf
brune ou couleur de sable (1095). Kolzebue
et d'autres navigateurs moaerues ont fait la
même observation ; mais ii paraît clair que
les Yéris, .ou la race noble de Sand-Wich et
des autres îles de la Polynésie, sont réelle-
meni, une tribu distincte du reste du peu*
pie (1096).
Pat las et Klaproth ont Tun et l'autre ex-
primé Fopinion que le teint des Mongols pa-
rait dépendre beaucoup des habitudes de
cette race. Les enfants et les femmes sont
d^jne blancheur remarquable. La fumée et
l'exposition au soleil donnent aux hommes
leur teint jaune (t097j. Quoiqu'il y ait beau-
coup à dire contre cette hypothèse, elle
peut servir à appeler Tattcntion sur Tin-
lluence que les habitudes et la civilisation
pejvent avoir sur les caractères des diffé-
rentes races. Dans le môme but, je ferai ob-
server la remar^juable altération qui a eu
lieu dans la famille germanique. Car, nous
Tavons vu, ses traits étaient autrefois si
marqués, qu'elle fut regardée comme une
des grandes divisions le plus fortement ca-
ractérisées de Tespèce humaine, formant
aux yeux des Greis un rx>ntraste parfait
avec la couleur foncée des éthiopiens* Et
cependant ces marques distinctives, si elles
ne sont pas totalement effacées, sont deve-
nues si légères qu'on peut à peine les re-
connaître, sans doute par rinfluence de la
civilisation et rassimilation des moeurs do
cette nation avec celles d'autres peuples de
la mèmefiimille.
La démonstration la plus extraordinaire
de l'influence permanente des habitudes sur
les différentes races pourrait peut-être se
don, 181 f, p. i8.
M0i«4) Voyage en Egypu et en Syrie; Paris, 4787,
t. I, p. d59.
(1095) Observations mode during a voyage round
the world. Lond. 1778, p. ii9. ( Voir aussi i« Voyage
dit FoasTBi ils. 1777, vol. I, p. 505.)
(1096) KonEBUE*» A'rv voyage ruund the wortd.;
Lond., 1830, V. Il, p. 305.
(i097) Pallas, ubi sup.; KtAraoTB, Toycge au
Caucase, 1. 1, p. 73^
1003
RÂC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
mi
hommes, comme Ovide .fait brûler la peau
des nègres par la révolution sidérale de
Phaélon ?
« L'argument tiré de la délimilalîon pré-
coce des races ou espèces naturelles n'em-
pruntait juis une grande valeur h l'antiquité
fabuleuse attribuée aux monuments égyp-
tiens. Des nailliers d'annéeis avaient précédé
ces monuments qui, aj)rès tout, ne remon-
taient ni au déluge ni & la création, ni même
au commencement de la civilisation égyp-
tienne I Cette période, réduite selon lesdoïk-
nées de la critique moderne, est encore suf-
fisante pour encadrer des changements nom-
breux et profbnds.
1 Les voyages éclairés et contrôlés par
Thistoire nous ont appris qu'il en est des
altérations des races humaines, comme de
la formation des rochers. La plupart de ceux-
ci proviennent d'un sédiment lentement
déposé; mais quelques-uns s'agglutinent ra-
pidement, se forment de toutes pièces sous
nos yeux (1100).
tf L'homme, être social par l'esprit, est,
par le corps, un animal domestique, et
comme tel éminemment modifiable par les
croisements et par les milieux. Or, dès les
commencements de l'histoire aussi, la sou-
che primitive de la plupart des esj3èces do-
mestiques était déjà divisée eu variétés que
i*on voit encore se modifier chaque jour, et
dans certains pays plus promptement que
dans d'autres.
« Le même observateur a pu Tîvre assez
pour, remarquer la modification des races
aanimaux domestiques par le climat, et il a
accepté ce fait comme une certitude. Au
contraire, la modification des races humai-
nes, même quand elle est rapide, s'accom-
plit à trarers plusieurs siècles, et Tobserva-
teur isolé nie un mouvement dont il n'a-
f^erçoit qu'une aliquote infinitésimale, comme
'enfant placé devant une pendule doute de
la marcne de l'aiguille des heures.
«t Les générations humaines ne sont guère
que de trois ou quatre par siècle. Beaucoup
(1100) c II 8*en forme chaque jour au bord de
réiang de Barre, dil M. de Salles. J'en ai trouvé en
Syrie, p es de Césarëe. i Cuvier lOssem, foss,) cite
les formations de la Nouvelle-Hollande et le traver-
tin de Rome, les bancs de la Guadeloupe, le grès
de Messine, les coraui et madrépores de toutes les
mers.
(UOl) Je mentionnerai seulement en note un ar*
gumeni, et comme un échantillon des étranges ex-
pédients auxquels ont eu recours ceriains auteurs,
parce que personne, je pense, 'n*a pris la peine d'y
répondre. Je veux parler de robjection de Virey, ti-
rée des observations exactes de Fabricius sur le
pédiculus nigritarum, nom scientifique donné à Tin-
secte parasite des nègres, comme spécifiquement
distinct de tous les autres, et si bien distinct, que la
race noire, que cet insecte accompagne, doit avoir
comme lui été distincte dés le commencement (t. I,
p. 591). En réponse à cela, je me contenterai de
dire qu*il y a d'autres exemples semblables où Ton
ne peut expliquer Texislence de certaines classes
(i^iijsectes avant que la chose qui leur sert de de-
meure et d'aliment ait elle-même existé; ainsi le
ffti^o, 00 la teigne qui aua4)ue la laine pd^nce et n'y
d'animaux domestiques se reprodoisenldès
Tâge d'un an. Les inOnencesdes miliem,
rapidement développées è travers des génè^
rations nombreuses, nous onlfonmi plus
d'une fois de précieuses analogies. •
Je passe sous silence plusieurs antres olh
servalious ou objections phjsiologirjues qiii
se rattachent à la question de Tuoilé M-
gine des races blanches et noires, par>i^
i|u'elles sont de nature è intéresser peu, et
je me résume en quelques roots (1101).
Nous avons yu que les faits suivants sooi
bien établis :
Premièrement, parmi les animaux recoQ.
nus pour être dune seule espèce, i( $'e$t
élevé des variétés semblables à celles de ta
race humaine, et, non moihs différentes le^
unes des autres.
Secondement, la nature tend, dans Te^
pèce humaine, à produire au sein im
race des variétés qui se rapprochent des»-
raotères des autres races.
Troisièmement, les variétés spondi'p
de l'espèce la plus extraordinaire iteorroi
être propagées par la descendance.
Quatrièmement, nous trouvons to(<5
langues et les caractères de plusieurs^
nombreuses ou de nations entières de$(t^
ves suffisantes de leur passage d'une m
h une autre.
Cinquièmement, bien que l'origine de Is
race noire soit encore enveloppée de m
tère , cependant on a recueilli assez de&is
pour démontrer qu'elle peut être desrcndw
u une autre, surtout si, outre Tadiondelû
chaleur, noqs admettons que des mses
morales agissent sur l'organisation pliv-
sique.
Je conclurai mes recherches sur ce sojti
en récapitulant une dernière fois les cuR-
nexions des différentes races, et les mn
ces insensibles par lesquelles elles serableni
se fondre l'une dans l'autre.
La race blanche, que nclurelleraentjecoî;*
sidère comme la race centrale, se rallie à I'
race mongole par les Finnois et les Asjaclis
touche jamais quand elle est en suint; où eiL^ij
cet animal avant que la laine fût lavée et pei;^
Devons-nous considérer la laine lavée et la liio« ^
lavéo cttmme deux espèces différentes, parce qce <
même animal ne peut pas vivre sur Tune coonestf
l'autre? La larve du œuopota cellans ne peit vm*
ailleurs que dans le vin ou la bière; on autre ift«<^
décrit par Réaumur déiaigne tout aotrealineti^
le chocolat. (F. Kmai et Spekce, IntrodJo Eai(i^
logy, V édil., v. 1, p. 384, 388.) ComuiCDl et o« «>•
valent ces petites créatures av»nt que a (]ii>^|
maintenant leur nourriture exclusive fût f^bH^iof
Car personne ne supposera que ces substances i*^^
jamais été préparées par les mains de la natoie. t^»
cas sont extrêmement parallèles à eeloi qn*ûa t^(^
objecte. Mais il e5t un autre exemple parfaikooi
semblable d'un insecte qui cause une m^^^^
cochoii domestique, et qui oe se troufe iaoïi^ ^
le cochon sauvage, bien reconnu eepeadaal p"<^'
être la souche originaire de Tautre. (Fof« Bii'îJ*
BACH, Beilrœge xur Naturgeschicktf, 1 Ttwv*i h *
et au>si quelques remarques curieuses d.î V-h»^
sur ce sujet dans Ls Minuàret 4t VÂc^*^ **
SaiïU'J^élerstourg, t. V, 4813, p. 40L)
im
IIÂG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
1006
mA ont son leinU sa cheveiureel la couleur
Je son iris; puis par les Tartares, (]ui pas-
spni'in.'iensiblement par les Kirghis. et les
Vakoots dans la race mongole ; et iroisième-
meatif'^r les Hindous » qui communiquent
nec nous par la langue sanscrite. Bfle se
nllie k la race laègre par les Abyssiniens,
jai out une langue sémitique et des traits
^Dropécos, et par les Arabes de Souakis« qui
ressemblent aux Nubiens ; puis viennent les
ulorels de Mahass, ensuite les Toulahs et
t$ Handiiiguesy et ainsi» en avançant jus-
ru'Aux Congos, les Nègres complets et les
lûttenlots. Ces derniers sont ensuite intime-
seol liés avec les montagnards de Madagas-
ir, ceux-ci à ceux de la Gochinohine, des
les Uoiuques et des Philippines, oii Ton
mye aussi une race de montagnards noirs,
la (ôte laineuse, différant par le langage
H autres naturels. Ceux-ci se rattachent
mile aux indigènes de la Nouvel le-Hol-
fide, de la Nouvelle-Calédonie et des Nou-
.'iles-Hébrides, qui eux-mêmes sont liés par
5imi)j(ude des coutumes, de la religion et
i»arlicdes traits physiques, avec lesnou-
mi Zélandais el les autres naturels de la
^jnésie; et ainsi par une dégradation in-
anbie de teinte nous retournons presque
ntuDilles asiatiques.
bjDpulation de ces ties mérite une atten-
Iv toute particulière. J*ai remarqué que
t» les innombrables lies de la Pol^^nésie
7 a deux tribus ou familles distinctes,
•nier en effet prouve ce point d'une ma-
^f* incontestable. Tandis que les habitants
Jahiti, de la Nouvelle-Zélande, des Mar-
ises, des lies des Amis et de la Société, ne
riem^ue des dialectes de la même langue,
finie il le prouve par ses tables compara-
es, ceux des Nouvelles-Hébrides, spécia-
leot MallicolOy de la Nouvelle-Calédonie
le Tanna* parlent des dialectes barbares
* a lait Qifsiinets, et, selon toute appa-
^1 sans liaison entre eux. Leurs caractè-
l'dysiquessont aussi très-différents et les
prochent, comme je Tai déjà dit, des nè-
^/ieslles plus occidentales. Mais ce que
'«^ire surtout faire observer, c'est com-
3t les tribus appartenant à la première
' dont Tunité ne sera niée nar personne,
varié d*un côté dans leurs rormes et leur
i«ur, dispersées qu'elles étaient sur un
•^e immense, et comment celles do l'au-
tce se sont également éloignées de leur
^originel, à un (el degré que les deux
K 3e sont fondues ensemble et ne pcu-
it plus guère être distinguées que par
n langues. Chacune de ces deuxraces^
le docteur Forster, se divise encore en
*iws rariitéê qui forment la dégradation
^l* autre race; en sorte que nous trouvons
\^dividus d€ la première racepresqueaussi
r» et aussi sveùts que d'autres de la se^
de; et dans ceite seconde race il y a des
^^) Obtervationê, etc., p. 228. Voir la (ahie
vsraiiie, p. 284. Il y a diverses coîiicidcnres iiu-
»nus enire les dialectes des deux runilles et
i à^ Malais.
hommes robustes^ aux fortnes athlétiques, qui
peuvent presque aller de pair avec les pre-
miers (110/2). Ainsi dans la même race, tandis
que les uns se distinguent à peine d'une
tribu nègre el se rattachent par des liens in-
séparables aux nègres d'Arrique, d'autres
s'en éloignent assez pour se rapprocher des
naturels de l'Europe, tant par la couleur
3ue par la symétrie des formes du corps et
e la tète. Et dans ces gradations nous sui-
vons la trace d'une échelle correspondante
de civilisation. Les naturels de quelques îles
de la mer du Sud, dit M. Lawrence en par^
lant de la forme du crâne, peuvent à peine
se distinguer des Européens par la physxono-
mie et la tête. Et plus loin : Les liabitants de
cesiles, depuis la Nouvelle-Zélande/àrouestf
jusqu'à nie de Pâques^ contiennent une race
d'une organisation et de qualités bien supé-
rieures. Pour la couleur et les traits^ plu-^
sieurs d*entre eux approchent de la variété
caucasiennCf et personne ne les surpasse pour
la symétrie des formes^ la taille et la force
(1103). Le docteur Prichard raisonne avec
une grande sagacité sur la gradation obser-
vée nu sein de.celte race ou fiimille. Si nous
comparons ces races ( les Papous et les Poly-
nésiens)^ dit-il, elles semblent nous fournir
une preuve suffisante que les diversités phy-
siques les plus opposées f offertes par la forme
humaine dans différentes nations^ peuvent et
doivent provenir d'une souche commune. Elles
nous fournissent le moyen de produire des
faits actuels^ comme exemples de cette dévia-
tion. Nous ne pouvons pas, il est vrai, re^
monter d'un seul coup toute Véchelleà la fois;
mais nous pouvons la parcourir tout entière
Î}ar degrés. Si un petit nombre d'indigènes de
a Nouvelle-Hollande^ de la couleur la plus
claire^ était séparé du reste de la nation et
isolé dans une îte^ il formerait une race moins
foncée en couleur que les nouveaux Zélandais.
Sous des Circonstances favorables^ cette sou-
che ne dévierait-elle pas en des nuan es en-
core plus claires, comme a fait la race de la
Nouvelle-Zélande , ou sa parente des îles de
la Société (1104}? Je ne dois pas oublier
un usage singulier répandu non-seulement
dans toutes ces lies, mais parmi les Hotten-
tots en Afrique, les tiuaranos du Parag'uay,
et les Californiens en Amérique , — c'est
l'amputation du petit doigt d'une main, ou
des deux, en signe de deuil pour la mort
d*un parent (1105) ; usage si singulier que
nous pouvons à peine concevoir qu'il se soit
établi spontanément dans des contrées aussi
dislanles.
L'existence do pareilles gradations pres-
que d'un extrême è l'antre, dans la même
race, n'est pas particulière à ces tribus. Les
Malais offrent une variété semblable. Le
teinta dit M. Grawfurd, est généralement brun,
mais varie un peu dans différentes tribus. N%
le climat^ ni les habitudes du peuple ne sem*
(1105) Lectures ou Phisiology, 382, 571
(HOiWol. l, p. 488.
(1105) FoRSTCR (G.), yoyag4 r una l>ir wotld^^nu
p. 435.
«007
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
mî
lient y être pour rien. Les races les plus clai-
res sont généralement vers V ouest ; mais quel-
queS'UneSf comme les Batteeks de Sumatra^
fiabiteni sous léquateur même. Les Javanais^
qui vivent dans Vabondance^ sont parmi les
peuples les plus foncés de Varchipel Indien^
et les misérables Dayaks^ ou les cannibales
de Bornéo parmi les plus clairs (11061. La
difficulté d'expliquer de semblables diver-
sités est plutôt favorable qu'opuosée aux
conséquences que nous avons tirées ; car ce
fait étant ainsi établi, que» dans une race
dont l'unité est reconnue» de pareilles va-
riétés se sont produites, la diluculté de les
rattacher à une cause uniforme montre seu-
lement qu'il y a des forces encore inconnues,
ou une complication de causes dont nous
n'avons pas encore combiné les éléments
dans les proportions voulues pour compren-
dre leur action. Et plus nous étendrons la
puissance de la nature au delà de notre in-
teHigence, plus il nous sera facile de justi-
fier la manifestation de phénomènes inex-
plicables.
Dans la famille à laquelle nous apparte-
nons, la même série de modifications exisie ;
nous y trouvons des variétés qui, pour n'être
pas aussi fortement prononcées, n'en pa-
raissent pas moins indélébiles; cependant
personne ne voudrait soutenir que chacune
Ïrovient d'une souche indépendante. Un
uif est encore aujourd'hui très-facile à dis-
tinguer des Européens qui l'entourent, bien
que West et d'autres artistes émincnts aient
trouvé impossible de le caractériser par quel-
ques traits distinctifs et particuliers (1107].
Je pourrais aussi mentionner les Bohémiens
comme un exemple d'une tribu qui, prou-
vant par sa lanj^ue qu'elle est d'origine in-
dienne, a perdu beaucoup de sa configura-
tion originelle, et particulièrement la cou-
leur olive de son pays, en vivant sous d'au-
tres climats. Mais les tribus germaniques
peuvent encore par les traits se distinguer
des Grecs, et ceux-ci pareillement de
The celilc race
or différent language, form and laoe
A varions race of man,
comme leur barde du Nord lésa quelquefois
appelés. C'est en vain qu'on voudrait fondre
ensemble ces subdivisions par une union
civile ou morale; elles continueront, de
même que les eaux réunies du Rhône et de
la Saône, à couler ensemble comme un seul
fleuve, n)ais avec des courants distincts.
Ainsi les variétés même les plus légères,
une fois produites, ne s'oblitèrent plus; et
cependant elles ne sont pas des marques
d'une origine indépendante. Des familles
particulières peuvent même se les transmet-
tre, et la famille impériale de Hapsbourg a
ces traits caractéristic^ues. Mais d'où, vient
cette indélébililé, maintenue par des causes
naturelles de variétés introduites aussi par
des causes naturelles ? Ceci parait être un
(1106^ Hisfurt/ of tke Indian archipelagOj vol. 1,
p. 19.
des mystères de la nature, que nous paissioos
en quelque sorte la forcer d'imprimer son
cachet, mais que nous ne sachions pluscoii-
ment l'enlever. Semblable au disciple uiai
instruit du magicien , si bien peint p^r le
poète allemand, Thomme possède souvent 1«
charme par lequel il peut contraindre la na-
ture à agir, mais il ignore encore celai qm
pexxi l'obliger à se désister de son action.
|VÏ.
Comparaimo pbystolosiqiie des races liinnlMs.~{jtt
d'adapUUoD. — Dorée mojeaiie de U vie. — Longt-
vite. — Température propre du corps. — Fréquecrr
du pools. — Nubilité, etc.
La physiologie comparée fournit un cv
cellent critérium pour déterminer ridenliip
ou la diversité spéciGque de deux ou d«
plusieurs races d'animaux dont Porigiof
commune était mise en queslion. Ce cril^
rium repose sur cette observation générait
que, pour les variétés mêmes les plui di-
vergentes d'une seule espèce, les grafiJe»
fonctions de l'économie animale s eiécffffoi
suivant un mode parfaitement ws^am,
tandis qu'ils se présentent toujoursntcd*!!
circonstances différentes, auand on te ^
serve dans des espèces réellement distiKU»,
quelque voisines que puissent êlreeeses
pèces. Il s*agit maintenant de faire aa\
races humaines l'application de cette remar-
que, ce qui nous conduira à une série de
reciierches un peu différentes de celles doci
nous nous sommes occupés jusqu'ici, et de
voir si nous arriverons cependant ainsi aui
mêmes conclusions relativement à la ques-
tion principale que nous nous étions pn>
posé de discuter
L'économie animale se montre dans ton-
tes ses fonctions soumise à des lois.consu>
tes : ainsi, pour ne parler q^ue de celles qui
ont rapport à la reproduction, les époque:
des fécondations, l'intervalle qui les sépkrv,
la durée de la gestation chez les niamruifè-
res, celle de nncubation chez les oi.'^eaui.
le nombre de petits, le temps pendant lequel
ils^ont besoin des soins de leurs parents, eu.,
sont autant de circonstances fixées pom
chaque espèce d'une manière invariable.
Pour chacune aussi, quoique certains indi-
vidus puissent offrir des exceptions, la oa*
ture a réglé d'avance la marche du dévelop-
tement de Torganisme, le temps qa'il faai
l'animal pour arriver à sa plus grande ri-
gueur, celle où il commence è décliner, k-»
différentes phases par les({uelles il pas$«^
enfin la durée totale de sa vie.
Avant d'entrer dans le nouveau ch^mp «'^
recherches que nous venons d'indiquer, i
convient de faire une remarque qui detn
' modifier singulièrement les conséquences s
tirer des faits qui vont passer soas qo
yeux : quoiqu'il suflise d*un rapide exainep
pour arriver à reconnaître qu'il n*y a pas, à
beaucoup près, autant de différence dan^^i
structure des organes internes et dans leurs
fonctions que dans les caractères extérieur^
(1107) Voyez Camper, DisserL pkffêiq.^ p. 21.
0.9
RAC
DICTIONNAIRE APOIjOGETIQUE.
RAC
1010
. i$ qae la couleur de la p«^au, la nature des
.nKiuetîons épidermoïques, etc., il ne faut
1^ croire que les phénomènes physiologi-
iues et les appareils du jeu desquels ils ré-
>ultent ne soient sujets à aucune ▼ariation,
même dans les fonctions internes. On con-
; Mt le changeiuent singulier qui se produit
«:hez les Tachés, par suite de rinlcrrention
lie rhommet changement dont Thabitude
fait, pour la plu(>artdes races, uncaracrère
hiTëditaire, et qui a pour résultat de pro!on-
i.-er la durée du temps pendant lequel Tani-
ttil peut donner du lait. Ce fait, ainsi que
J autres que nous pourrions indiquer, sem-
t'!e pronrer que lorsque les animaux do-
r;:e5tiques ont été placés dans certaines con-
wtioDs, en vertu desquelles leur nature a
;u!>i une moJi(ii:ation particulière, et lors-
I*i*ils ont obéi pendant plusieurs généra-
ans à une nouvelle loi, 1 habitude devient
"^ur la race comme une seconde nature.
*r ce que nous observons pour les races
[ animaux inférieurs s*observe aussi pour
•'S races humaines, et Ton peut en citer de
> «nibreux exemfiles. Nous voyons qae chez
«-^ animaux qui habitent depuis des siècles
i -s hauteurs des An«'es de l'Amérique du
^7x1, la poitrine est plus développée, les
ounbos sont plus lar^s que parmi les
'njms4u plat t*ays; mais en même temps
' cKoous remarquerons combien cette par-
1j «oiarité de constitution est utile à des
I •ztmmcs obligés de respirer un air très-
^ réijé, nous ne devrons \)as perdre de vue
, ^e cette moditicalion est précisément celle
: je tendent è produire les circonstances
i^téneores dans lesquelles ils sont placés;
«r-* sorte qu'au lieu d'en conclure du fait
* ^serxé que les Quicbuas et les Ayruaras
irnient une race particulière qui a été
rtr^e oHzinairemeul avec une constitution
t -propriée aux circonstances locales dans
fs{uelles elle était destinée à vivre, nous
-ouvons continuer à voir en eux des bran-
les delà grande famille améri.f:aine ; nous
•AOTuas les citer en exemple des effets pro-
uiis f*4ir l'influence longtemps prolongée
es agents extérieurs et de Thabitude, eficts
ui ont pour but de mettre Torganisme et
s fonctions en harmonie avec de nouvelles
'nJitions d'existence. Ce seul exemple
aiOraît pour nous donner une idée des
ko-iifiratîons que peuvent subir les races
nmaines.et ^ui ont pour résultat d'adapter
ur constitution au climat dans lequel elles
*ni appelées k vivre; mais des cas anaio-
ijes s»e présentent de tous cAtés, ix)ur peu
Ton se donne la peine d'ouvrir les yeux.
<>uanJ nous considérons, d'une, part,
Ansbe qui se contente pour sa nourriture
• umalièrede cinq dattes et d'un peu d eau;
t i\e l'autre I*Rsqnîmau qui dévore dans un
:-;tas des quantités énormes de lard de ba-
rin»*; quand nous voyons le premier svelte,
^lie et rausculeux, quoique maigre; le se-
• itOS) SToaaasT, Effet sur la lopograpkie médû
m Le de (a raie ceridentaie dWfntfue, et pariicMnère-
t^nt »r tdie de ia colonie de Sierra Leone ; Paris,
coud, trapu, gras et pesant, nous savons
bien que ces (fifférences dans les caractères
extérieurs sont l'iodioe de modifications
pl.iis profondes encore dans Forganisation ;
mais nous voyons aussi les causes extérieu-
res en vertu desquelles ces roodiGcations
tendent à se produire. Mais il y a des cas
où nous ne pouvons pas nous rendre compte
de la manière dont agissent ces influences
extérieures, et où nous n'en devons i>as
moins supposer qu'eues sont a^ec les roo-
diGcations que nous observons dans des
rapports de cause à effet. C'est à quoi nous
ne pouvons guère nous refuser, par exem-
ple, quand nous voyons que ces modifica-
tions ont pour résultat d'adapter un type
organique particulier aux conditions locales
d'existence.
Il n'e5t pas douteux que cène soit d'après
un principe semblable que la constitution
de certaines races se modifie assez |;our
sup|)orter sans inconvénient des climats qui
sont malsains et souvent même mortels pour
d'autres races. Ainsi le climat de Sierra-
Léone (1108), qui est si fatal aux Européens,
n'exerce, pour ainsi dire, aucune fâcheuse
influence sur les naturels; or, ce qui prouve
que cela ne tient iias à une différence ori-
ginaire dans l'organisation, c'est que quand
on a amené, de la Nouvelle-Ecosse dans ce
pays, des nègres libres dont les ancêtres
avaient résidé pendant quelques généra-
tions dans un climat fort différent, ils ont
été sujets à leur arrivée aux mêmes mala-
dies que les Européens : c'est un fait qui a
été attesté è Prichard par un habile méde-
cin qui avait fait un long séjour dans la
colonie. Dans ses Recherches sur fhisioire
physique du genre humain^ Prichard a réuni
un grand nombre d'exemples semblables
d'acclimatations et de chan;îements surve-
nus dans des races transportées sous ua
nouveau, climat. De l'ensemble des faits
qu'il a cités résulte ia preuve que ce chan-
gement ne s'oiière que graduellement et
n'est complet qu'après plusieurs généra-
tions, mais que, une fois produit» les nou-
veaux caractères deviennent héréditaires et
restent imprimés d'une manière permanente
sur la race.
Si donc on fait la part de ces modifications
qui s'opèrent en vertu de la loi d'adapta-
tion, on trouvera qu'il y a chez toutes les
races humaines une uniformité remarqua-
ble relativement aux principales lois de
l'économie animale, relativement aux gran-
des fonctions physiologiques.
La durée moyenne de la vie humaine est
è peu près ia même chez les différentes ra-
ces d'hommes. Cependant, afin d'estimer à
leur juste valeur les faits sur lesquels ou
opère dans les travaux relatifs à celte Ques-
tion, il faut prendre en considération l im-
mense influence que le climat exerce sur
les lois de la mortalité, et se rapi>eler en-
ISiî, in-4*. — Tbevesot, Traité dvS maladies
des Européens dans les pa^s chauds; 1840, p. â08.
101 i
RAC
DICnONNAlRE APOLOGETIQUE.
RAC
ICI*
core que cette caose n*est pas la seule qui
poisse modifier les résultats. On sait cjue le
nombre proportionnel d*indi?idu8 oui attei-
gnent un Age donné diffère selon les pays,
el, par exemple, que plus le climat est
cbaud» toutes circonstances étant égales
d'ailleurs, phis la moyenne de la vie hu-
maine est courte. Même sans sortir des limi^
tes de TEurope, on trouve, à cet égard, des
différences tl*es-grandes.
D*après les calculs de H. Moreau de Jon-
nès, le chiffre qui exprime la mortalité, ou
(ce qui revient au même, quoiqu'on sens
inverse) la durée mojrenne de la vie, peut
varier beaucoup suivant les pays. Nous
donnons ici un court extrait d un tableau
présenté à Plnstitut par le célèbre statisti-
cien. Dans le travail original, il y a, pour
plusieurs pays, les résultais de recensements
faits à des époques différentes, résultats qui
ont pour objet de faire ressortir Tinfluence
aue peuvent exercer sur la durée moyenne
e la vie les changements fjolitiques et les
améliorations sociales : c'était une question
dont je n'avais point à m'occuper, et j'ai
retranché du tableau tout ce qui y a rap-
port, me bornant à conserver les chiffres
qui peuvent attester l'influence du clipaat.
TABLE DE LA MORTALITÉ AN3CUELLE J>ES DIVERS PATS
DE L EUROPE.
Eii Suéde, de 1821 jqsqu^à ^5 1
Danemark, —1819 — —
Allemagne, — 1825
Prusse. — 1S21
Rin|i.d*Aiit.,-^1825
MoilaiidA, -^1824
Angleterre, — 18il
Gr.-Bretagne,— 1810
France, —1825
Can.deVaud.— 1824
Lombardie, —1827
Eiats-Rom., —1829
Ecosse, — 1821
— 1824
-- 1830
— 1804
— 1827 —
— 1828 —
Individus,
iport 8Uf 45
— 45
^ Ah
— 39
— 45
— 40
—(1109)58
— 47
— 39,5
— 47
31
28
50
Kn écartant le ehiffre de mortalité de
l'Angleterre, lequel nous semble entaché
d*une erreur, et prenant dans le reste du
tableau les nombres les plus divergents,
ceui que nous donnent les deux dernières
lignes, nous voyons qu'entre la mortalité
des Etats Romains (un individu sur vingt-
huit), et celle de TEcosse (un sur cinquante),
la différence est prodigieuse; et pourtant
la mortalité pour l'ensemble de TEcosse est
encore beaucoup plus grande que celle que
M. Moreau de Jonnès admet pour Tlslande
et les parties les plus septentrionales de
l'Ecosse et de la Norwége.
On n*a pas encore toutes les données qui
seraient nécessaires pour arriver à une éva-
luation comparative de la longévité daps les
différentes races d'hommes, en les suppo-
sant soustraites h linQuence du climat;
mais les faits dont on peut, dès à présent,
(i 109) Il doit y avoir une erreur dan$ ce nombre.
Sel >n Porter, el Rickman, le nombre des morts an-
nue les en Angleterre, depuis ISil jusi^if à 1831 est
de 1 sur 5t*
disposer, suffisent déjà pour pronyer qu'en
éliminant cette cause modificatrice, Indurée
moyenne de la vie serait partout à peu pr^
la même, quelque différentes que fussent
les races que Ton considérât. Des catenls
relatifs princij^alement aux races hlanrhes
avaient conduit à admettre qu'il meurtun
tiers des hommes avant fige de dii aos^
3u*i] en meurt moitié avant trente-cinq, les
eux tiers avant cinquante-deux, et les trois
auarts avant soixante-un; les calculs faits
epuis ont donné des résultats très-diffé-
rents. Selon l'estimation de Hufeland, stir
cent individus qui viennent au monde, cin-
a uante meurent avant d*a?oir atteint leur
ixième année, et six seulemeul TiveDi
passé l'Age de soixante ans (1110).
De nombreux exemples de lon^éTilé par-
mi les Européens ont été recueillis ptr
H. Easton, qui a réuni dans le tableau sol-
vant les résultats uumériquesde ses recher-
ches. Il ne tient compte, comme on le toit,
que des individus qui ont vécu au deUdt
peut ans, et il en trouve, en procéduld;
dix en dix années.
Depuis iOO jusqu'à ilO inciusîveineot,Dt
.- iio — 120 — ï:i
^ 120 -r- 130 - tt
— 150 — 140 — »
— UO - 150 — '
— 150 — 160 - î
— 100 — 170 — i
— 170 ^180 — 5
CAS PARTiCUtlKHS DE LOIfG^VITi C^EZ L£l SlCSB.
tu
IjII
Ifallani Dando, rot de Rabbab,
Robert l*yQch, Jamaïque,
Catherine Lopez, Jamaïque,
Mari^ucrite Darby, Jamaïque,
Uji qiut&treà FreJericklown, Amérique du
nord, en 1 797, »2
Marie Goodral), Jamaïque, l|jj
Statera, à Saint- Jobu, Ue d*AnUgua, ^^
Ret)ecca Tury, Falmoutb, Jamaïque, \'^
Tom, esclave de M. Bacon, Caroliue Jb sud, ^
François Peat, Kingston, ^^
Jeanne Morgan, Jamaïque, ^^
Juan Moroygoia, |^
Joseph Bap, Jamaïque, \^
Catherine Hiatl, Jamaïque, j?
Françoise Johnson, femme Sambo, ^^
Les cas de longévité ne sont m moins ir^
quents, ni moins remarquables chez les so*
très races d'hommes, tant de laucien qoi
du nouveau continent.
La conclusion générale à laquelle H')^
conduit Texamen des faits qu on a pure
cueillir, c'est qu'il n'y a point, à cet t%m
de ditlérences entre les di verses races dpoffi-
mes; du moins jusqu'à ce jouronaefli
fas constaté. Ji paraîtrait que, rclaiivewe*
la. durée de la vie, toutes les nations oci
été soumises par la nature à une même m'»
et c'esit, d'après ce que nous avons éH r»^*
haut, un (notif pour que nous ae voyions «
elle qu'une seule espèce. Même dans Jt*
climats différents la tendoncê à erisltr 9^
(1110) La Macrobioiiqne, ou Parî d$ ffvifr '*
vie de V homme; Paris, 1858, p. 130. - C. F. e»»
DAï.R, Traité de phffsiohgie couûééréê rmmmM
d'obierva'ion; Parih, 1859, t. V, p. 550.
\m
HAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RA€
1011
dMt un temps donné est la même : la durée
de la vie varie seulement, parce que les cau-
ses extérieures qui amènent dos catastro-
fthes accidentelles et prématurées, ou celles
ijui Duîsent à la santé et allèrent lorganisa-
iioa, sont plus communes et plus puissantes
dans un climat que dans l'autre.
La température propre du corps est à peu
près la même dans toutes les races d*hom-
ms. Ce fait a été constaté par les recher-
[k$ du docteur Davy, qui a étudié à fond
laauestioD.
u n'y a pas non plus, entre les diverses
tce», de différence remarquable relative-
nenl à la fréquence du pouls, ou aui au-
ras fonctions vitales ; ou plutôt on ne trouve
|ue des différences accidentelles et moraen-
loées qui s'expliquent facilement par Tac-
ioo des inHuences extérieures.
Parmi les questions qui se rattachent à
eue partie de. la physiolo^^ie, il en est une
[ai II a pas encore été suiïisamment exami-
^, ou du moins sur laquelle les natura-
istes et les médecins ne sont pas complé-
fnient d'accord. On a cru pendant très-îonj;-
'Oips <jue répoquo Qxée \^r la nature pour
' (uariago, et le commencement des rela-
.^ entre les sexes variaient selon les cli-
Mto;on a répété, sans qu'il se trouvât per-
Mi4e{iour le contredire, que les femmes
^"ipays chauds commençaient à avoir des
Q/«nls, ou à ôlre capables d'en avoir, bien
^ttMôl que celles des pays froids, et qu'el-
aiierenaient vieilles à un âge oiï les fem-
lesd Europe ont encore toute la fraîcheur
lia jeunesse.
Cette opinion s*était accréditée universel-
oent chez les phj^siologistcs; elle avait
'établie par l'autorité du célèbre Haller,
jamais jusqu'à ces derniers temps, elio
nait été, je le répète, l'objet d'une con-
itatioQ (11 il). Montesquieu s'en empara
lope d'un fait propre à expliquer une
nie des grandes diversités morales uui
ri)lis$ent une ligne de séparation entre les
îentaux elles nations de l'Occident. «Les
Dmes sont nubiles dans les climats
auds, dit ce philosophe, à huit, neuf et
( ans : ainsi Tenfance et le mariage y vont
c^ue toujours ensemble. Elles sont
âljps à vingt; la raison ne se trouve donc
flais chez elles avec la beauté. Quand la
iuté demande l'empire, la nisoa le fait
hser; quand la raison pourrait l'obtenir,
l«auté n'est plus. Les femmes doivent
^ dans la dépendance, car la raison ne
^t leur proourer dans la vieillesse un
)|iire que la beauté ne leur avait pas
^oé dans la jeunesse même* 11 est donc
^-simple qu un bomme, lorsque la reli-
'" ne s'y oppose [las, quitte sa femme
or en prendre une autre, et que la poly-
^'ie s introduise (1112). v
'^u s'était fait en £urope, d'après les as-
flH) Koy. C.-F. BuROAC», 7rai<^ de phuiiologie;
'J-. «859, i. V, p. 59 el suiv.
itlï) MoxTcsQuiBu, Eiprii dei lois, livre xvi,
>p î.
sortions de voyageurs qui manquaient de
données suflisantes pour établir une propo-
sition générale, des idées fort exagérées sur
la précocité physique dans les pays chauds,
surtout dans l'Arabie et la Palestine, que
Montesquieu avait prfnci|Hilement en vue.
Cependant, pour la Palestine, on aurait pu
arriver à des conclusions fort différentes,
en s'appuyant sur plusieurs passages do
TAncien Testament ; et quant aux lemmes
d'Arabie, la question devait (larattre fixée
par une autorité que peu de personnes ose-
raient contester, celle de Mahomet et des
commentateurs du Koran. Dans ce livre, au
quatrième chapitre, qui a pour titre : De la
femme ^ on trouve le précepte suivant qui
est relatif aux devoirs d^un tuteur : « Exa-
mine les orphelines (en matière religieuse)
jusqu'à ce qu'elles aient atteint l'Âge de
mariage; » sur quoi M. Sale remarcjue :
« L'â^e de mariage ou de maturité est fixé à
quinze ans, et cette détermination est ap-
puyée sur une tradition du prophète, bien
qu Abu-Hanifah pense que dix-huit ans
serait l'époque convenable. » Dans les rè-
glements touchant le divorce, au chapitre
intitulé : La vache : « 14 est enjoint de ne
pas renvoyer une femme dans le cas où il
pourrait y avoir le plus léger doute qu'elle
se trouv&t enceinte. » Sale ajoute : « Lors-
que les femmes sont trop jeunes (1113),
comme lorsqu'elles sont trop vieilles pour
avoir des enfants, la règle est de n'attendre
que trois mois. L'âge où on les considère
comme trop vieilles pour devenir mères est
celui de cinquanU-cinq années lunaires ou
cinquante - lrot« années solaires, i» Nous
voyons donc que les époques des principa-
les révolutions physiques sont exactement
les mêmes parmi les Arabes que parmi les
Européens. Ainsi, toute l'argumentation à
l'aide de laquelle on a cherché à excuser la
morale dépravée des nations orientales, en
s'anpuyant sur l'époqueprématurée du dé-
veloppement et de la vieillesse, s'écroule
faute de fondements, tout comme celle qui
avait pour but de justifier la polygamie,
d'après la supposition qu*il naissait en Ara-
bie plus de lemmes proporlionnelletuent
qu'en Europe, supposition longtemps ad-
mise comme une proposition incontestable,
mais aujourd'hui complètement renversée
par les résultats des recherches de Niébuhr.
Toutes les questions relatives aux chan-
Sements périodiques dans la vie physique
e la femme ont été, il y a peu d'années,
soumises à une nouvelle investigation par
un auteur très-compétent qui a recueilli
sur ce sujet une multitude de faits neufs et
intéressants. C'est à cet ouvrage, qui jette
un grandjoursur une partie Crès-imjwrtantc
de la physiologie, et qui doit faire disparaî-
tre pour toujours bien des erreurs et des
préjugés anciennement accrédités, que je^
(1113) Les mariafies avant r&fj^e nubile 8ooi per-
mis, ou du moins tolérés en Arabie, et cette coiituino^
est sans doute ce qui à donné naissance ï ru^inioiK
erroaée dont j ai pmlé ySus hauL
1015
RAC
DICTIONNAIRE APOljOGETiQOE.
BAC
lOK
renrerrai ceux de mes lecteurs qui désire-
raient prendre une connaissance approfon-
die de la question. Ici je dois me t>orner b
présenter la conclusion générale à laquelle
il est arrÎYé.
Cette conclusion, qu*il a établie sur des
preuves parfaitement satisfaisantes, est que
ta différence du climat n*a que peu ou point
d'effet pour produire des diversités impor-
tantes dans les époques des changements
ph;|rsiques auxquels la constitution humaine
estpssujettie ; de sorte qu'on peut dire que,
devant ces grandes lois de l'économie ani-
male, tous les membres de la famille hu-
maine sont égaux, tous les hommes, les
blancs et les noirs, se trouvant placés par la
nature, pour ainsi dire, sur le pied d'une
égalité parfaite. La durée de la vie entière
et celle du temps nécessaire pour arriver à
l'état adulte étant reconnues a très-peu près
les mêmes, on ne pourrait guère supposer
sans invraisemblance qu'il existait des dif-
férences bien marquées pour aucune fonction
particulière ou pour un ordre particulier de
fonctions. Cependant c'était une opinion
généralement admise depuis 1a temps de
A. Ualler et quiavaitpassésans contestation
Jusqu'au moment où elle a été réfutée par
M. Uoburton (1114).
§ VII.
Comparaison des races humaines soos le rapport des fa
cuUés iuicllecluclles.
U y a un point de vue sous lequel il nous
reste à comparer les différentes branches de
la famille humaine, c*esl celui des différents
degrés d'intelligence.
La psychologie, en prenant ce mol dans
son acception habitaello, est l'histoiredes
facultés mentales chozThomme ; mais consi-
dérée d'une manière plus générale, elleem-
bPiisse aussi Tétude de ces facultés chez les
espècesanimalcsqui semblent se rapprocher
le plus de l'espèce humaine sous le rapport
de rinlelligence : ces deux parties de la
science sont en quelque sorte solidaires, et
peuvent se prêter mutuellement appui. Deux
espèces animales, si voisines qu elles soient,
ne se ressemblent jamais complètement dans
leurs mœurs, leurs habitudes, leur tendance
h certains actes particuliers» etc., ce qui
indique nécessairement des différences dans
leurs caractères psychalosiques. Maintenant
si les caractères psychologiques sont les
mêmes pour toutes les races numaines, si,
chez toutes, robservation des faits ne nous
fait reconnattre qu'un seul et même mode
d'intelligence, nous aurons là un puissant
motif pour conclure qu'elles appartiennent
toutes h une même espèce, qu'elles ont une
origine commune.
Mais peut-on soutenir que tel est réelle-^
ment le fait ? La plupart des gens à qui Ton
posera cette question seront, suivant toute
(il II) Le mémoire de M. Rubcrlon, qui mérite
d*àre mieux coiinu <ia*il ne Ta été jiisqtra présenf,
fui publié dan^ Vtdinburgh médical and surgirai
iournal, vol. XXXVIU, 1S52, Le même auteur a fait
apparence, tentés au premier alioM d'y ré-
pondre par la négative; car qaels plos grands
contrastes peut-on imaginer que ceui qui
se présentent lorsque l'on compare entre
elles, dans l'état actuel, les différentes rac«s
de l'espèce humaine ? Imaginoos, pour qq
moment, qu'un habitant d'une autre plaoèle
descendant sur notre globe obserre et coqv
pare les mœurs de ses habitants. Faisons-le
assister d'abord à quelque |>ompe brillante
dans Tun des pays les plus civilisés de TEu-
rope ; au couronnement d*on monarqae,
par exemple. Voici sair.l Louis qu'on ins-
telle sur le trône de ses pères,'etqui, eoii-
ronné d'une auguste assemblée de pairs, de
barons, d'évèques, d'abbés mitré^t, reçoit sor
son front Thuile seinte qu'un anse ries!
d*apporter pour consacrer le droit ai fin (li>.^
rois. — Transportons ensuite successjr^
ment notre voyageur dans qnelqae batoen
de la Nîgritie, à l'heure oit ses noirs 1)#
tants, ivres d'une folle joie, s'agitent, iqjos
d'une musique bartmre, en mouTeiDesH
désordonnés ; puis dans les plaines aài
où erre le chauve Mongol, dont lapeup*
nâtre se détache à peine sur la robeimc
de la steppe couverte des fleurs de h\A^
et de Tiris; — puis, près de l'antreso^m
oii le famélique Boschisman , tapi m^
une bête fauve, suit d'un œil inquiet Toism
prêt à se prendre au piège qu'il a tendu, ou
le refUile que le hasard amène i la portée
de sa main ; puis, enfin dans les foréu de
la Nouvelle*Uollande , en présence û'm
troupe de sales Australiens, singeant dibs
leur danse stupide les mouvements à)spr
cieux des kanguroos. — Peut-on supposer
que notre voyageur conclura que les diffé-
rents groupes qui tviennent de passer sou*
ses yeux ne présentent tous que des èirta
d'une même nature, appartenantà.uneœéoie
espèce, descendant d'une tige commaoeMl
est beaucoup plus t>robable qu*il arriverai
une conclusion opposée.
Mais dans la question qui nous occvp^,
nous avons, pour arriver à la solution, diu-
tres éléments que ceux qui soraienlfoum»
par une observation passagère, telle «p
nous la supposions ici. L'histoire, en nm
présentant le tableau des mœurs d*unemé»e
nation è des époques fort éloignées, non»
permet d'apprécier toute l'étendue des cl«î-
gements que le temps et les circonstan»
ont pu opérer dans sa condition. Encoui|^
rant son état ancien à l'étant présent, pr*
ne trouvons plus rien d'improbable à h^
que des êtres, en apparence, aussi différeni*
dans leur mode d'existence, que ceux <ioa'
il vient d'être fait mention, puissent ncan-
moins être unis par des liens de fureBle.
Les recherches historiques ont encore m
autre résultat, celui de mettre tout d'abon»
en évidence un des grands caractèrcj? «•*•
linclifs de notre espèce, un de ceux qtit'»*
paraitre récemment un mémoire addUi» •«!. «"<
une conliuuation de ses recherches sur laratc*"
gre, dans le numéro 152 du même jo«f«al.
^^^ tiAC DKTIMllAiBE APOLOG£TiOCIÎ.
jareni.le plos netCement sa oatore de celle
ies animaux; ie reux parler de ce que l'oo
•appelé quelquefois la perfectibilité de
honiine, mais qu'il serait plus conveuable
le désigner comme une tendance aux chan*
céments» puisque ces cbangemimts, qui sont
nee^sants, bien qu'ils aient en général pour
ésultat de le dire aTancer dans la Toie de
a dfilisation, lui impriment quelquefois
•oar un tempi nue marche rétrograde. Ces
baogeroents d'ailleurs, dans quelque direo-
ion qu'ils s'opèrent, contrastent de la manière
à plus frappante avec ce qui s'obsenre chez
es animaui, parmi lesquels les habitudes
mpres à chaqne espèce se transmettent arec
jne parfaite uniformité de génération en
téoéralion. Le lion de Numidie et le sa-
im des déserts, les royaumes des abeilles
/ les républiques des termites sont aujour-
l'hni précisément dans les mêmes condi-
tous qu'au temps d'Esope et dans l'empire
;e Juba , tandis que les descendants des
^rles que Tacite nous dépeint comme Ti-
> 9nt au sein de la misère et de la saleté
• as les marécages des bords de la Vistule,
v,t bâti Saint-Pétersbourg et Moscou , et
i«ïc la postérité de cannibales et de pbtirio*
- -^sace» se nourrit maintenant de pilau et
•'«vait de froment.
'.'Bud nous ^considérons que de pareils
' '-^i^eflients d'habitudes se sont Ofiérés
• 931$ plusieurs des races dont l'histoire nous
■^mt^ de connaître l'ancien état, nous sen-
•n5 ifu'il 7 aurait de la témérité à prétendre
! i-'ùts dilférehces comme celles auxquelles
a été lait allusion plus haut, ne peuvent
« ^èire le résultat des circonstances exté-
I rîureSy drconstances qui, dans certains cas,
' raient fa?orisé la tendance au perfection-
ihcni propre à notre espèce, et, dans d'au-
•"*S auraient agi en sens contraire, obli*
ont des nations déjà civilisées à rélrogra-
t-r vers la barl>arie de l'état sauvage.
Pour tout ce quia rapport à l'enlrelien de
vie« et généralement à la satisfaction des
filins corporels, les habitudes de Thomme
vraissent susceptibles de variations infi-
res: en nous liomant mémo à celles que
'nsTate l'histoire, nous voyons qu'il s est
;«^é dans l'aspect extérieur des sociétés
irs changements qui vont au delà de tout
i que I imagination eût pu faire prévoir,
t y>Tte que, si Ton se contentait d'un coup
«il superficiel, on serait tenté de croire
«'il n'y a dans les actions humaines rien
: viable, rien de permanent. Aussi n'est-ce
)mt à la surface qu'il faut s'arrêter, lors*
0011 veut saroir si^ malgré leur diversité,
< actions ne sont point soumises à certain
?s lois. C'est au moyen d'une investigation
lus profonde, c'est en arrivant jusqu'à ce
u'i! y a de plus intime dans la nature de
^lomme, quon pourra espérer découvrir
'ri principes qui , sous le rapport de leur
>nstance, soient comparables aux instincts
ropres aux différentes espèces animales, el
^i^^nt, comme ces instincts, caractéristi-
u('5,oude l'humanilé tout entière ou de
* grande? familles* prises (;hacune en par-
RAC
lOlS
ticulier. Ainsi, nous devrons cnercber quel-
les sont les idées , quels sont les penchants
auxquels se rattachent les habitudes si va-
riées que l'observation nous a fait connaître;
nous prendrons l'homme avec ses penchants,
ses sympathies, avec la conscience qu'il a
de soi-même; nous constaterons, en un
mot, les causes cachées des déterminations,
aussi bien que les actes par lesquels elles
se manifestent,
c Remarquons, d'ailleurs, dit Prichard,
3ue, même en nous l)ornant à l'observation
e ces manifestations extérieures, nous en
trouverons quelques-unes qui sont si géné-
rales, qu'on pourrait les considérer, et qu'on
les a considérées en effet, comme caractéris-
tiques de la nature humaine. Dans le nom-
bre, et en première ligne, nous pouvons
citer l'usage d'un langage coifVeuiionnel,
usage dor*t l'universalité chez les hommes
n'est pas moins remarouable que son ab-
sence totale chez tous les autres êtres vi-
vants. L'usage du feu , des vètementa, des
armes, la possession d'animaux domesti-
ques viennent encore se placer à peu près
sur la même ligne; mais ces différents
arts, aussi bien que celui de la parole, ne
sont que les manirestations de cet agent in-
térieur qui est réellement l'attribut distinc-
tif de la nature humaine : c'est ce principe
avec ses phénomènes les plus essentiels, les
plus caractéristiques, si nous parvenons à
les découvrir, que nous devons prendre
pour sujet d'une comparaison à établir
avec celui qui constitue.ee que nous appe-
lons la nature psychique îles animaux.
l 'invariable uniformité qui rèj^oe dans les
habitudes des animaux, et qui forme un
contraste si frappant a?ec la variabilité non
moins remarquable qui s'observe dans les
habitudes des hommes quand on compare
une génération à une autre, constitue réelle-
ment une différence beaucoup plus caracté-
ristique entre les êtres qui agissent sous les
impulsions de Tinstinct et ceux qui ont reçu
la raison en parta^^e. C'est là, pour le com-
mun des observateurs, la distinction la plus
ar^parente, et c'est même la seule que puisse
faire découvrir un examen rapide et super-
ficiel. Mais s'attacbe-t-on à approfondir ie
sujet, à pénétrer dans la nature même des
actions, dans la partie la plus cachée de
l'histoire des sentiments, des penchants, des
impulsions, qui sont les premiers mobiles,
les ressorts secrets de ces actions; alors on
en vient à découvrir une distinction beau-
coup plus importante, une différence capi-
tale, essentielle, dans le but vers lequel ten-
dent les actes commandés par l'instinct et
ceux qui sont dirigés par la raison. Relati-
vement aux premiers, nous reconnaissons
que toute l'activité mise en jeu |iar les sen-^
tinienls de désir ou d'aversion, de sympa-
thie ou d'antipathie, propres à chaque es-
|)èce animale, tend seulement à assurer ie
bien-être et la conservation de l'individu, la
pcr|>étuation de sa race. Si au contraire,
entrant dans le vaste champ d'observatton
que nous ouvre l'histoire, nous embrassons
1019
RAG
APOLOGETIQUE,
UC
m
la sphère entière des actions noTDaines,noas
en voyons bien encore nn bon nombre qqi
tendent vers ce but, mais il n*e$t plus exact
dédire qu*elies y tendent toutes. Loin de là,
et dans les habitudes, dans les coutumes
des différents peuples, ils nen est |K)int de
plus remarquables que celles qui se rappor*
tenté un état d'existenre auquel Thonimese
sent appelé après sa mort, et à Tinfluence
que doivent exercer sur sa condition pré-
sente et future des agents invisibles qui sont
pour lui un objet de crainte et de respect.
Sans douie, suivant Tétatde barbarie ou de
civilisation dans lequel se trouvent les peu-
ples, leurs notions h cet égard varient beau-
coup, et h mesure qu'on descend dans l'é-
che'le, on les trouve plus grossières et plus
confuses ; mais enfin, en arrivant même jus-
qu'au dernier degré, on Icsy retrouve encore,
et elles s*y traduisent par des actes parfaite-
ment significatifs. Les rites pratiqués sur
toute la terre eu l'honneur de ceux qui ne
sont plus ; les différentes cérémonies relati-
ves àia sépulture, à TembaumemeRt, à Tin-
cinération des corps ; les processions funé-
raires qui, dans tous les pays, dans tous les
temps, chez tous les peuples, accompagnent
les morts à leur dernière demeure ; les tom-
beaux élevés sur le lieu où ont été déposés
leurs restes périssables ; les innombrables
tumulus dispersés sur toute la surface du
globe, seules traces qu'aient laissées des
races depuis longtemps éteintes; les moraïs
et les gigantesques monuments des Iles po*
lynésiennes ; les magnifiques pyramides de
TEgypte et de TAnabuac ; les prières et les
litanies, récitées aujourd'hui pour les vi-
vants et pour les morts dans les églises de la
chrétienté, dans les mosquées et les pagodes
de rOrient, comme elles l'étaient jadis dans
les temples du inonde païen; le pouvoir
accordé aux prêtres, considérés comme mé-
diateurs entre les dieux et les hommes ; les
pontifes agissant comme vicaires de la Divi-
nité sur les rives du Tibre, du Brahmapoulra
et du golfe Arabique ; les guerres sacrées
désolant des empires pour établir ou renver-
ser certains dogmes métaphysiques, que
n*entendirent jamais la plupart des hommes
qui combattirent et moururent dans chs que-
relles ; les pénibles pèlerinages exécutés
chaaue année pendant de longues suites de
siècles par des hommes de toutes les cou-
leurs, de tous les pays, qui vont cherchera
la tombe des prophètes ou des saints l'abso-
lution de leurs péchés; les sacrifices hu-
mains; la mort volontaire des vieillards;
l'immolation des enfants par leurs parents
(illS); les sacrifices d'animaux considérés
comme typiques ou comme expiatoires;
tous ces différents faits, et beaucoup d'autres
semblables que présente à notre observa-
tion l'histoire des nations civilisées comme
celle des peuples barbares, nous oondui-«
seul à reconnaître que l'humanité tout en-
tière sympathise dans certaines idées géné-
rales, dans certains sentiments profondé-
ment empreints en elle, et doat h naiore
n*est pas moins mystérieuse qae rori^nc.
Ce sont Ihf fiarroi les divers phénomènes
psychologiques propres aux eréatoresba-
maines, les plus remarquables sans doute,
et ceux qui peuvent le mieux les disiiogner
des brutes; car ce n*est plus sur respect
extérieur des habitudes et des diverses ma-
nifestations de ractivité que repose la dis-
tinction, mais sur la nature intime du prio-
€i|>e d'action lui-même.
Supposons donc qu*après une ioTesliga-
tion bien complète des pbénooièiies, nous
soyons arrivés è reconnaître dans la psy.
cbologie des races humaines un certain noài-
bre de principes iondamentanx qui corres-
pondent, du moins quant à leurs eirels,iui
instincts des brutes, si nous voyunsqueces
principes d'action, au lieu de varier d'oDe
race h l'autre, nomme les inslincl^ qoi ^i
différents pour chacune des espèces aniiiu-
les, sont au contraire communs àtousif$
hommes, il est clair que nous aurons là n»
puissant argument en faveurdeTuniléjp
cifique du genre humain.
C est donc à ce genre d'investigatinqiif
nous faut maintenant nous livrerai
diant Thistoire psychologique de dim^ci
races humaines, et en prenant nos eif^tt
dans celles qui sont le plus éloignées \es
unes des autres. Dans ce but, nouseomoies*
cerons par réunir les particularités \^\h\
frappantes et les plus caractéristiques rela-
tives à l'état moral et intellectuel deces peo*
pies. Nous verrons quelles .éuient leurs
superstitions primitives ou leurs dogmes
religieux à une époquo où ils étaient encore
privés de toute communication avec le
monde chrétien et civilisé, puis nous éli-
minerons jusqu'à quel point, qu«nd la com-
munication aura été établie, ces oèmci
peuples se seront montrés capables de ^^
ccyoir et de s'approprier les bienfaits delà
civilisation et du christianisme.
Nous n'entreprendrons pas de poursuirrp
celte recherche relativement k tontes I»
races, et nous nous bornert^ns à considéra
deux ou trois des groupes le plus nettenient
séparés les uns des autres. Les population»
du nouveau monde, prises comme un t«ml
nous occuperont d'abord, et nous lâcbcrw*
de jeter quelque jour sur cette partie df
l'histoire des nations américaines, en!(»
prenant depuis les régions arctiques )«*•
qu'au cap Horn. Nous passerons ens»*
aux nations à^cheveluro laineuse de I Affr
que, et la comparaison que nous élablir**'
entre ces peuples et les nations de TEur*^
et de l'Asie devra nous fournir les *«•
ments suffisants pour arriver h une s»At-
lion, soit positive, soit négative de la qu«^
tion.
.en
ConsidénUon, sur le point de roe «ycbofcfiq»'
races indigènes de rAmcriqne.
S'il esUin groupe de nations qu'on p^^^
(1115) Vûy. Buii»4CH, Traité de j^hyihlogie ; Paris, iSôi), t. V, p 458et suiv.
0^1
RAG
DICTIONNAIRE ÀPOLOGETIQCE.
RAG
fi
ans trop d^iurraisemblance représenler
•>rume diCTéreat |>ar ses caraclères psycho-
igiqaes des autres groupes dont se cora-
use la population du globe, c*est sans
oate celui qui embrasse Tensemble des
if?.s indigènes du noureau monde. Un cé-
•bre écrivain, le docteur Martius, qui a eu
es facilités toutes particulières pour Té-
j4le des diverses branches de l'histoire na-
jrelle dans les provinces portugaises de
Amérique du Sud, et que Ton sait avoir
;i|M)rté une attention particulière à Teth-
ograpilie des habitants de cette vaste ré-
-.00, a tracé en termes très-forts, mais em-
reints suivant moi d*un peu d'exa,^ératiori,
T^e peinture de tes peuples considérés
ni au physique qu'au moral. Afin d'éviter
' •iaoj^er de représenter d'une manière in-
.èle ses opinions à cet égard, je citerai
ïitoellement quelques fragments d'un de
«es ouvrages.
« La race indigène du nouveau monde, dit
/. Uarthis, se distingue de toutes les au-
;rs races humaines, non-seulement par les
.^racières extérieurs, c'esl-à-dire par cer-
•siues particularités de sa conformation
v^^sique, mais encore, et d'une manière
ïiuUtnchée peut-être, par des caractères
>*M^rieais, tirés delà considération de sa
K^nStm mentale.
« L'américain nous présente en effet à
-.1 ée^rddes traits qui lui sont tout à fait
r««fres, joignant à l'ignorance et la lésèreté
-z 1 entant l'incapacité pour apprenare et
f »ioiâtrelé du vieillard. C'est cette singu-
r-re et inexplicable réunion des défauts
«rnculiers aux deux époques extrêmes de
T7e iolellectuelle, qui a fait échouer tous
^ efforts qu'on a tentés jusqu'à ce jour
>ur le réconcilier avec l'état de choses pré-
ut. Il n'essaye plus de lutter contre l'as-
D'iant de TEuropéen, mais il refuse de
issocier à son mouvement, de faire tout
qai pourrait le conduire à devenir un
embre heureux et satisfait d'une même
moionauté. C'est encore cette double na-
re que nous Tenons de signaler en lui,
li oppose à la science des obstacles pres-
te insormontables, lorsqu'elle s'efforce de
ruier son origine, de le suivre à travers
ite longue suite de siècles qu'il a jiarcou-
% et pendant lesquels il semble n'avoir
'il acquis. En disant qu'il n'a rien acquis,
•Qs souimes loin de donner à entendre
le sa condition présente ressemble en rien
re «|ue devait être la condition primitive
rbomme. 'Au contraire, elle est aussi
nznée que possible de cette absence de
>i nie, de cette confiance naïve qui, si nous
•jrojrons une voix intérieure, d'accord en
^^ aree le témoignage des plus anciens
. umenis écrits, fut 1 apanage de Tenfance
s nations, comme elle est celui de Ten-
ace des individus. Dans les sentiments
l'indigène américain, il faut bien en
oTcnir, il ne reste presque plus rien de
ajpr**inte que l'homme reçut sans doute
t sortant des mains du Créateur, et il sem-
e '|iie depuis longtemps c'est le pur ins-
tinct animal qui l'a guidé dans la route par
laquelle il est arrivé d'un obscur passé à
un présent non moins sombre. Il n'en est
pins à la première période du développe-
ment normal de l'espèce : ce n'est fias
rhomme primitif, mais l'homme dégénéré
que nous voyons en lui. Voilk du moins ce
qui semble résulter d'une foule d'indica-
tions diverses.
« Sans parier ici des traces nombreuses
d'une civilisation antérieure t aux temps
historiques que nous présente la race amé-
ricaine, sans parier de l'ancienneté de ses
conquêtes sur le monde organisé, conquê-
tes dont l'origine se perd dans la nuit du
passé, nous trouYons, pour appuyer Tapl-
nion que nous venons d'émettre, des preu-
ves encore plus convaincantes, dans l'ob-
servation des rapports qu'ont entre eux les
1>euples du nouveau monde» dans ce qni
orme pour eux la base du droit naturel et
du droit des gens, si l'on peut emplover
l'expression de droit pour un ordre de cho-
ses ou règne partout la violence. Je veux
parler ici de ce grand fait que j'ai déjà eu
précédemment l'occasion de sigiKiler, de l'é-
trange division de ]à population américaine
en une infinité de groupes grands et pe-
tits, groupes isolés entre eux, qui se re-
poussent même mutuellement et nous ap-
paraissent comme les fragments d'une vaste
ruine. L'histoire des autres nations du
globe ne nous offre rien qui ait la moindre
analogie avec un pareil état.
c On ne peut douter que, depuis des
temps forts reculés, rAmérique n'ait été
presque sans interruption le théâtre de
migrations qui ont agité les différents
points de sa suriace, et tout porte i voir
dans ces déplacements violents une des
causes principales du démembrement des
anciennes sociétés, de la corruption des
langues et de la dégradation des mœurs,
suite presque inévitable de la misère ame- .
née par toute grande catastrophe. 11 est per-
mis de croire que dans l'origine il n y a
eu qu'un petit nombre des nations princi-
pales à éprouverdes collisions de cette na-
ture, mais on doit supposer que le résultat
en aura été pour elles ce qu il a été, pres-
que de nos jours, pour la nation des Tupis,
c'est-à-dire que les débris provenant des
deux masses qui s'étaient mutuellement
heurtées, auront été dispersés dans toutes
les directions, se seront mêlés, groupés,
amalgamés de toutes les manières. Pour
peu qu'on admette que les migrations aient
ensuite continué, à des intervalles assez
rapprochés, pendant une longue suite de
siècles, amenant toujours tes mêmes lirise-
ments, les mêmes dispersions suivies d'une
sorte de fusion de quelques-unes des par-
ties désagrégées, on aura une explication
de l'état actuel de l'Amérique. Remarquons
d'ailleurs que l'admission de cette hypo-
thèse ne nous conduit, relativement an
grand phénomène que nous considérons,
qu'à la connaissance des causes prochaines,
et que ses causes premières n en restent
1023
RAG
DIGTlONNAIil£ APOLOGETIQUE.
RAC
m
pas momf» toujours iDConQues el énigmati-
ques.
« Faut-il croire que quelque grande con-
Tulsion de la nature, quelque effroyable
tremblenent de terre, tel que celui auquel
on attribuait jadis la submersion de la fa-
meuse Atlantide, a enveloppé dans son cer-
cle destructeur les habitants du nouveau
continent? Est-ce la terreur profonde res-
sentie par les malheureux échappés à cette
affreuse calamité, qui, se transmettant sans
diminuer dMntensité aux générations sui-
vantes, a troublé leur raison» obscurci leur
intelligence, endurci leur cœur? Esl - ce
cette terreur toujours présente qui les a dis-
persés, et, fermant les ^eux aux bienfaits
lie la vie sociale, les a fait se fuir Jes uns les
autres sans savoir où ils porteraient leurs
pas? Supposerons-nous que des calamités
d*un autre genre, de longes et désolantes
sécheresses, d'immenses inondations, ame-
nant après elles la famine, ont forcé les hom-
mes de race rouge à se dévorer les uns les au-
tres, et que la répétition de ces actes de can-
nibalisme, leurenlevant bientôt ton t ce qu*il
pouvait y avoir de noble et d*humain dans
leur nature, les a fait tomber dans Télat de
dégradation et d'abrutissement où nous les
trouvons aujourd'hui? Ou bien enfin, cette
dégradation est-elle la conséquence, non
des circonstances extérieures, mais des vi-
ces de l'homme lui-même, la suite des dé-
sordres affreux dans lesquels il est tombé
en s'abandonnant aux penchants que la ta-
che originelle a laissés dans son cœur? Y
devons-nous voir, en un mot, un eiemple
du cliÂtiment que le Créateur a infligé aux
enrants pour la faute des fières, avec une
f^iWéritéqu'il serait téméraire à nous de taxer
d'injustice? »
Nous ne suivrons pas plus loin le docteur
Martius^ et nous nous contenterons de dire
que la même série d'idées se trouve déve-
loppée dans plusieurs de sesouvrages(1116).
C'est un écrivain doué de beaucoup d'ima-
gin<ition, et d'ont l'esprit a été vivement
frappé de l'aspect étrange sous lequel la na-
ture humaine s'est montrée à son observa—
tion dans les provinces occidentales de l'A-*
mérique du Sud. Si les études s'étaient éten-
dues aux autres parties du monde, ses vues
se seraient élargies et S4^s opinions eussent
été, selon toute apparence, considérable-
nu)ntmoditiées(itt7).
Il s'en faut de beaucoup que les nations
américaines soient, sous le point de vue
(11!*)} Vondem Reehi$'Zu9tmide unter dén Vr
etnwohurn Braziliens^ eine Abhandiun^; Munich,
1852, traJait dans le iMM»nd volameéa Journal of
tke royal geographieal Socielff. — Reize in Braùlieu,
iMr MM. Spii et IIartius, in-i". -— Veber die Zu-
kuHft and VerqaagetikeU der Americanischen Yutks^
tamm^ par M, &URTius;Municli.
(1117) < L*Ârrique et PAniérIque, dont on faisait
des ôpotivantails pour Tunilé de la famille humaine,
d^'8 accitlents cxcopiionnels et inexplicables pour le
cadre de ses v.iriëlés, rentrent merveilleusement
dans la régfc, liepnis que les obsertations eeruinas
de Totageurs instruits ont balayé les contes d'avea-
psycbologique, séparées du reste des hom-
mes par une distance aussi grande qu'on
serait tenté de les supposer d*après les con<
cl usions du célèbre voyageur ;cestdu moins
ce qui résulte, si je ne me trompe, des cou-
sidérations suivantes :
Les impressions et les tendances relî-
E'euses des habitants du noaTeau rnoode,
s dogmes qui étaient reçus untîerselle-
ment parmi eux, leur croyance à une rie
future, leurs rites et leurs cérémonies, leur^
idées superstitieuses, les formes sous le^
quelles se montrait leur crédulité, les jfn-
gleriesel les impostures à Taide desqueli^
certains individus cherchaient i inspirerai;
vulgaire la crainte et le respect, à sebire
regarder comme doués de pouvoirs suroals*
reis; toutes ces manifestations diverses d^$
sentiments intérieurs, et bien d'aatres en-
core qui ont été observées chez les Aoicn-
cains, se retrouvent presque idenliçjueniefli
chez plusieurs des nations de rancienfuo-
tineot.
Qu*on lise ce qu'a écrit sur lareiisi-wfi
les superstitions des Defa^arcs uamt/io-
teur qui connaissait très-bien reiblJeg\
|iarmi lesquels il avait longtemi» m
« Chez toutes ces nations, dit Lo<W%
nion générale est qu*il y a un Dieu, (a,
pour employer leur manière de s*eipriiQfT,
un Esprit grand et bon oui prësiJe aoiôr-
tinées derbomme. » Da{»rèsce qoeM*
apprend cet écrivain, dont le téiuoigtHr''*
d ailleurs est d*accord avec celai de touie
les personnes qui ont eu des rapports sm
avec les nations indigènes de TAméàiw
septentrionale, il paraît que les idées d(
ces nations sur la nature et les allrihuts è
Dieu sont beaucoup plus larges et nius pbi^
losophiques que celles de la grande m^
rite des nations sauvages de lancien couth
ueut. Ils voient en lui (ce sont leurs ))ro;<i«
expressions) le Créateur du ciel et de h
terre, de l'homme et de tous les ètre^aci-
niés Ils le représentent comme toutpo^
santet capable dé faire tout le bien quV
veut. «( Ils dfsent qu'il a manifesté scsilj
tentions bienveillantes envers J'homme, (i
mettant dans les plantes le germe de iaw
en envoyant les pluies pour fertiliseriez
en donnant au soleil la chaleur oécei^
|K)ur mûrir les fruits, en peuplant iest^aii
de poissons et les forêts de gibier. » M,
ces bienfaits, d'ailleurs, auraient été, $>>'
vanteux* destinés aux Indiens eIHu^l|^i
ment. Eufîn, « ils sont convaincus que M
tnriers ou
borarocs ind
les hypothèses de cablnel. O «^ •
différents k la question de Tuaucii
ennemis peut-être; mais qnî, naturalisles^^^
nous ont poussés à faire de rAfriqoe ni p-»"
moins <{Ue de la presqnMIe de Matacca, *^ /^
ment de la grande province ocea»i6sine;«P;*J^
rî.|ue tout entière, un simple ^W^^^^^J
Indones el mongoles. Au nord de VAnén^i
nuances de race et de langue ne m»a^^^
Rour nouer le lien avec les peuples de Sil^''^
amtchaïka , du Japon , des hh\ iiift. ' ('
Salles.)
«î3
RAC
DicnomAiite apologetiqce.
RAC
l(M
•lige tl*eoi qa ils pratiquent le bien et éTÎ-
^n( le mal. *
Aranl d*aller plos loin, noos devons fiiire
finarqiier qu*il y a sur tous ces points une
raniJe analogie dans les opinions des Anié-
i;*jins et celles des Asiatiques du nord. Un
fjajieur moderne, M. Erman, nous a|»-
rend , d*après le lémoi^age du métroixili*
HO Philopbei, qui résidait chez les Ostia-
•les de l'Obi» que ces peuples, avant d'avoir
a aucun rapport avec les missionnaires,
royaient k Teiistence d'une Divinité su-
réme, et se faisaient sur sa nature des
;êr^ très-pures et très-éievées. Ils n'avaient
!:Liais songé à la représenter sous des for^
.^^ matérielles ou à lui faire des offrandes,
r:>iîs qu'ils avaient des images des dieui
.^. heurs devant lesquelles ils déposaient
< ijons propitiatoires. La plus célèbre de
5 «iiTinités subalternes qui, pour eux, était
\f sorte de puissance médiatrice, portait
^om d*Oertidk. Ce nom , qui se conserve
r.s i les Magyares sous une forme encore
i-S'-feconnaissable (Oerdig)» a été, k Té-
~ IJïtAe llntroduclion du christianisme en
I ogrie, employé par les moines pour désî*
*«er Tesprit de ténèbres. On exécutait de-
>m-al\es images d'Oertidk des ditnses qui,
^^iTMftErman , devaient ressembler beau-
r 'j^tn danses de guerre que ce voyageur
r otorrées sur le continent américain chez
r» Eoloshiens de Siteka.
Od sait que certains fieuples américains
alinssi des' images de leurs manitous. Ces
.mitous sont des génies subalternes dont
existence est admise par beaucoup de peu-
*s du nouveau continent, qui croient à
se Divinité suprême , et notamment par les
f Isvares. Il y en a de lions et de méihanls.
d'iprès ce que j'ai appris des hommes les
D$ âg4s, dit Loskiel, il parait que lorsqu'il
! question d'une guerre prochaine , les
itens s'avertissent les uns les autres de
è:er foreille aux suggestions des bons gé-
es, qai conseillent toujours la paix, et non
Tiles des méchants esprits. »Ces derniers
ueat |K>ureux d'ailleurs toute autre chose
ece qa^est pour nous l'esprit de ténèbres;
âis Loskiel nous apprend que l'idée du
ibie « dans le sens chrétien et oriental du
À, idée qui leur était autrefois complète-
mi étrangère, a été introduite chez eux
rsuite de leurs rapports avec les blancs,
Q'j*ils l*ont bientôt adoptée. Il y a parmi
s hommes des prédicateurs qui prétendent
:ir n^a des révélations et qui, enseignant
» o|tinions différentes , se trouvent quel-
trfois engagés dans des espèces de disputes
fO*ogiques. Quelques-uns de ces hommes
rlendent être parvenus jusqu'au séjour
La Divinité, ou s'en être du moins appro-
•^ assez près pour avoir entendu chanter
iro*|S et fumer les cheminées du paradis,
kuires soutiennent que personne n*a ja-
is pu connaître les lieux où Dieu réside,
:3s que la demeure du grand Esprit, du
acipe de tout bien , est au delà du ciel
■ M , et que la voie lactée est -le chemin
. mène vers sa demeure. Beausobre pré-
tend retrouver oans cette idée une trace des
opinions des manicliéens et de quelques
autres philosophes orientaux. Nous rappe-
lons cette opinion sans la juger.
^ Les Américains admettent l'existence de
l'âme comme substance distincte du corps,
et quelques-fins croient k la transmigration.
Suivant Loskiel, ils disent que l'homme ne
peni mourir tout entier et pour toujours, et
qu'il en doit être de Inf comme dn grain de
mais qni , placé en terre, reprend nne nou-
velle vie et donne lieu i un nouveau déve-
loppement. L'opinion la plus générale parmi
eux est que les Ames des bons ont pour
demeure un lieu où al>ondent tous les bieils
dont l'homme pent jouir sur la terre, et que
les âmes des méchanU, au contraire, en
proie à la misère et h la tristesse, sont con-
damnées k errer perpétuellement.
Les Delawares ont des sacrifices comme
en ont entant d*autres nations.* L'usage des
sacrifices destinés à apaiser le çrand Esprit et
les divinitéssul)alternesest,dit loskiel, très-
ancien parmi eux, et considéré comme telle-
ment inifiortant que.si ces cérémonies nesont
Ks faites aux é|KH]ues voulues,, et suivant
i formes consacrées, la nation se croît me-
nacée de tontes sortes de malheurs, chaque
Camille craignant alors pour ses membres
la mort ou quelque grave infortune : dans
ces occasions, ils offrent des lièvres , de la
chair d'ours, du mais. Outre ces sacrifices
qui rerieonent chaque année k des époques
dvtermini*es, plusieurs nations ont une
SranJe fête qui ne se célèbre que tous les
eux ans, et dans laquelle on sacrifie un
animal qui doit être mangé tout entier. Uue
petite quantité de la graisse fondue est ver-
sée dans le feu par un des vieillards, ei
c'est là ce qui constitue la partie essentielle
de Toffrande. C'est aux manitous que se
font les offrandes , et ces manitous corres-
pondent exactement aux fétiches des nations
de l'Afrique et de l'Asie boréale, c'est-è-dire
que ce sont des esprits tutélaires résidant
souvent dans un objet visible ou matériel.
Tel homme a pour son manitou le soleil, tel
autre la lune; celui-ci, d'après un rêve, a
adopté la chouette pour son manitou; celui-
là le bison. Les Delawaresout dans le cours
de Tannée cinq fêtes , dont une en Thouneur
du soleil, qui est regardé comme le {lère
de toutes les nations indiennes. »
Comme beaucoup d'autres nations, ces
hommes croient à la nécessité de la purifi-
cation, de l'expiation des fautes par le jeûne
et les macérations; quelques-uns, dans ce
but, se font bétonner de la tête jusqu'aux
pieds, c d'autres se soumettent à l'action
d'un violent purgatif, moyen plus expéditif
et qui n'est guère moins sévère. •
AU lieu de prêtres appartenant à un corps
sacerdotal régulièrement organisé, les Amé*
ricains ont, de même que les Asiatiques du
nord, des jongleurs et àes sorciers qui se
prétendent doués d'une puissance et de
connaissances surnaturelles. Ces jongleum
paraissent présenter les plus grands rap-
ports avec tes chamans des Sibériens et les
i^7
RAG
DICTH)NNAIRE APOLOGETIQUE.
RÂC
\n
cUvJDS honames féticiies des nations africai-
nes. L ouvrage de M. tatlin conlient de
nombreuses anecdotes relatives à ces sor-
celleries et aussi à d'autres superstitions
des indigènes américains.
Quant à Taptitude des hommes à recevoir
les bienfaits de la civilisation et ducbristia-
nismey elle est assez prouvée partout ce qui
a été dit précédemment, et pour continuer
de la refuser aux nations américaines, il
faut être sous Tinfluence de préjugés bien
enracinés.
Dans l'Amérique du Nord, des tribus en-
tières ont embrassé le christianisme et vi-
vent sous son influence, occupées des soins
de l'agriculture, et avant déjà fait dans plu-
sieurs branches d*industrie d'assez notables
progrès. Maintenant, peut^tre, on deman-
dera si leur conversion est aussi complète
qu'on l'a prétendu; c'est là une question
qui ne peut être bien résolue que par les
personnes qui ont entretenu avec ces peu-
plades des relations directes et suivies : or
voici ce que Prichard a appris à ce sujet
d'un homme intelligent qui» ayant rempli
pendant de longues années les fonctions
d'agent du gouvernement pour les affaires
des Clierokees , a eu de nombreuses occa-
sions d'observer les Indiens des différentes
t)rovinces,etde bien connaître leurs mœurs»
leurs habitudes, leur manière de penser.
M. Schoolcraft lui a assuré avoir trouvé
beaucoupde ces hommes qui s'étaient com-
plètement pénétrés des princi][>es et des sen-
timents de notre religion , qui avaient vécu
et étaient morts dans cette loi , et qui méri-
taient à tous égards la qualiQcation de pieux
et dévots chrétiens. Quelques-uns de mes
lecteurs entendront peut-être avec intérêt
ce que dit Loskiel de la congrégation des in-
diens convertis', api^artenant a rétablisse-
ment t\es frères moraves ou hernules de
New-Salem.
« Cette mission, dit-il, a aujourd'hui (}ua-
rante-ciuqansd'eiistence.D'après un registre
de la congrégation, daté de Tannée 1772, nous
apprenons que depuis la fondation de la
mission jusqu'à ladite année, sept cent vingt
Indiens avaient été ajoutés à l'Eglise de
Christ, par le saint baptême , et (]ue beau-
coup déjà étaient fiartis de cette vie en glo-
rifiant Dieu leur Sauveur. Je voudrais pou-
voir dire le nombre de ceux qui ont été ,
depuis cette époque, convertis au Seigneur;
mais les livres de l'Ëglise et les autres pa-
piers des missionnaires ont été brûlés eh
1781 , quand ils furent faits prisonniers à
Maskingum, de sorte que je ne puis donner
rien de précis à cet égard. En supposant qu«,
de 1772 à 1787, il y eût eu un nombre é^^at de
nouveaux convertis, et ce nombre est pro-
bablement plutôt au-dessus quau-dessoiis
du véritable, on trouvera qu'après toutes
1^ peines que se sont données les mission-
G3ires, toutes les misères qu'ils ont souf-
fertes, tout le temps qu'ils ont consacré à
cette œuvre, leur troupeau était bien petit;
ce résultat trouve son explication moins dans
le oaraclère particulier des nations indiennes,
lequel cependant a pu centrer pour quelque
chose, que dans l'esprit qui a guidé les mi^
sionnaires , leur but ayant toujours été, non
pas de rassembler autour d*eui un gran>l
nombre de païens qui auraient consenii
à recevoir le t)aptêroe9 mais de foroier
des Ames pour le Christ, des ftmcs qui
crussent en sa parole, et vécussent suiTant
sa loi, de manière à jouir un jour de m
royaume. »
Pour terminer ces remarques sur Thisloin
psychologique des nations américaiDes,^
présenterai une rapide analyse de ce qui
nous savons relativement aux Esquimaus,
Cette race appartient à la classe des nati
qui forment la population propre au dout
monde , nations qui sont sé^iarées da n
du genre humain, autant au moins par
caractères particuliers de leurs languesi
par leur position géographique. L'eipr»
des peuples aborigènes, en paHantdes"
maux, leur est parfaitementapplicable
que, si haut quel'on remonte dans les
historiques , on ne les trouve jaunis
comme des nations complétemem i
Si donc cette race , séparée de ifihi
autres depuis un temps immémoriikf^
offre au fond la môme nature morale
tellectuelle, il nous sera déjà permis
voir qu'aucune de celles sur lesquell
pourra appeler ensuite notre aUentid
nous présentera à cet égard rien d' "
tiellement différent.
« Les habitudes des Hyperboréens
Lesson, sont à peu près les mâmesiia
où on les a soigneusement observés. Vi
sur des points du çlobe où la nature sei
expirante, ensevelis sous les glaces
nelles du pôle , leur industrie s'est loa
vers la chasse et la pèche, leurs seules
sources pour se nourrir; aussi y oni
acquis une grande habileté. La rigueu
climat pendant les longs hivers les a fi
dé se creuser des abris souterrains, el
entasser des vivres pour l'époque où la
et la chasse sont impraticables. Dan^
longues nuits polaires qu* éclairent à |
les aurores boréales, ensevelis sous la^
et la neige dans des yourtes {)rt)foQti
creusées sous terre, les Esquimaui
de poisson sec, de chair de cétacés, et
avec plaisir l'huile de baleine qu'ils
servent dans des vessies. Ils cousent
des nerfs leurs vêtements d*hiver, qui
faits de |)caax de phoques , dont k$
leur servent de fourrure ; ceux d'été
taillés dans les intestins des grands c
et ressemblent à des étoffes vernissées. •
« L'£squimau est adroit à> la cha<se
renards et des zibelines, dont les four
lui servent de vêtement ou d*obje}^
change avec quelques trafiquants du iV^W"
sait harponner avec audace les cétact^s,
les dards dont il se sert, faits d'os ou
pierres aiguës, sont surmontés de vcM
gonflées dont la résistance sur Teau usM
iorces de la baleine, qui vient plus *^'"*^
respirera la surface de la mer, et quié; ^^^
une grande difficulté à s'enfoncer; de no
m
RAC
DiCTIONlIAIRË
RAC
iOSO
Teauijirelols Taccablent eoeore jasqa'à ce
qu'elle ail succombé...
« Saperslîlieuseà Teicès, ajoute le même
knuin^ la race polaire, à cela près de quel-
ijues ouADces, a-préseoté dans toutes les
iritius des idées reliâieuses identiques.
ibis ooe morale très-relâchée a fait adopter
aoi hommes la polygamie, prostituer sans
podeor leurs femmes et leurs filles, qu'ils
ae considèrent que comme des créatures
(J'oo ordre inférieur dont ils peurent faire
et que bon leur semble. »
Le Groenland et le Labrador sont habités
i'êr ûés peuples appartenant h la même race
qui se troure ailleurs répandue le long des
eûtes des mers polaires. Les coutumes de
œs iodigènes ont été bien observées par les
ncssioonaires moraves , oui ont depuis
lofl^gtemps formé des établissements dans
ce pajs, et qui nous ont donné, à cet égard,
ies reoseignemenLs beaucoup plus com-
fiels et plus exacts que ceux qu'on pourrait
4>lcflir de toute autre source. J*extrairai
tes retaiions de ces missionnaires quelques
;aâ6ages relatifs principalement aux Esqni-
rL.ABida Groenland, lesquels, comme on
ie «t fort bien, ne diffèrent des Esquimaux
^iObkoUox que par des nuances peu pro-
ttUKteet, en quelque sorte, accidentelles.
«Lo^miers voyageurs qui décrivirent
ie« finlandais donnèrent cours è desrno-
*i€m très*erronées : ainsi, on crut d'après
ai que ce peuple adorait le soleil et sa-
rî^'tao diable. Des matelots avaient m
'ns ifroënlandais, en se levant le matin, re-
»i>ier le soleil avec une profonde attention,
'éuit éTîdemment pour rendre hommage
I soleil levant. On avait observé, dans les
Kix qu*ils fréquentaient, des pierres pla-
t carrées sur lesquelles se trouvaient
loore des cendres, des charbons, des osse-
ints à demi consumés : c'étaient là évi*
mment des autels de sacrifices. Or, à qui
I païens pouvaient-ils offrir des sacrifices,
160 au diable ? Cependant ces interpréta-
01 n*éiaient rien moins que justes, comme
Qi reeonnu les frères moraves dès qu'ils
tsa la langue des Groënlandais et ont pu
iverser avec eux. »
[^ Groënlandais croyaient è l'existence
\x^s surnaturels exerçant leur empire sur
le^tînée des hommes ; cependant il pa-
tr|u'îls n'avaient point en générai d'idées
» claires d un créateur ou d'une création
Tuoivrers. « Ils ne savaient point si les
«es araient un principe ou existaient
loule éCemité, et peut-être même la plu*
t ci' entre eux n'avaient jamais songé à
&\re cette question. » Cependant, si nous
rrojons les missionnaires moraves, dont
oune foi semble isl'abri de tout soupçon,
avale j>anDi ces païens chasseurs de
nx marins certains philosophes qui rai-
naient sur la doctrine des causes finales.
Rsqutmau disait à un des missionnaires
1 avrajl souvent lait la réflexion qu'un
|ak, avec toutes les pièces qui entrent
s sa ervmposition, tous ses agrès, ne se
luisait pas de lui-même, qu'il était le
résultat du travail de Tbomnie, et exigeait
de la part de l'ouvrier une certaine fiabi-
leté : c or, ajoute-t-il, un oiseau est d'une
construction infiniment plus délicate et plus
compliquée que le kadjak le plus parûtit, de
sorte qu'il n'y a aucun homme qui puisse
faire un oiseau* Ou peut dire, poursuivait
le Groënlandais, que cet oiseau a été fait
par son père, et que ce père a été engendré
de la même façon ; mais en remontant ainsi
on arrÎTcra jusqu'à un premier oiseau, et
alors si on se demande d'où il est venu, on
conclura presque nécessairement qu'il est
l'œuvre d un être infiniment plus puissant
et plus siï^e que le plus habile et le plus
adroit de tous les hommes. »
Les Groënlandais crojaient à l'existence
d'esprits bons et mauvais, qu'ils ne confon-
daient point d'ailleurs avec les âmes des
défunts, dont ils admettaient aussi, l'exis-
tence. Les angekoks ou devins, qui préten-
daient avoir visité fréquemment le royaume
des âmes, en parlaient comme de substan-
ces qui conservaient la forme des corps,
mais qui se distinguaient parleur pAleur et
surtout par leur impalpabilité ; suivant eux,
elles étaient impérissables et habitaient au
fond de l'Océan une sorte d'£lysée auquel
on parvenait |iar des cavernes situées dans
les anfractuosités des rochers battus de la
mer. Dans cet Elysée, qui était également
le séjour du grand esprit Torngarsuk et de
sa mère, régnait un éternel urintemps, et
brillait un soleil pur que n obscun-issait
jauiais la nuit. ï>es veaux marins, des pois-
sons, des oiseaux nageaient dans des ondes
limpides et s'y laissaient prendre sans cher-
cher è fuir, on même se.trouvaientdéjà dans
des chaudières que disait bouillir un feu
qui ne les consumait point. Mais ces de-
meures divines n'étaient accessibles qu'à
l'homme qui, pendant s9l vie, avait lait
constamment preuve de courage et d'a-
dresse, qui s'était rendu maître d'un grand
nombre de veaux marins, avait affronté de
grands périls ou s'était noyé dans la mer. Ce
paradis s'ouvrait d'ailleurs également à la
femme .qui avait succombé en mettant au
monde un enfiint. Ainsi ces peuples croyaient
à une autre vie dans laquelle la vertu, du
moins la bravoure, recevait sa récompense*.
Avant d'entrer cependant dans le royaume
de Torngarsuk, les âmes dégagées de leur
corps avaient encore une épreuve à subir :
elles glissaient, cinq jours durant, sur la
pente inégale d'un roc couvert de sang coa-
gulé. Les âmes des individus qui étaient
morts de froid, soit par suite des rigueurs
de l'hiver, soit parce qu'ils avaient été sur-
pris par quelques tourmentes, couraient de
grands risques dans cette périlleuse des-
cente, et pouvaient être anéanties : or,
comme rien n'est plus eifrayant pour les
Groënlandais, ainsi que pour beaucoup
d'autres nations, <jue l'idée de Tanéantisse-
ment, ils cherchaient à détourner ce mal-
heur au moyen de certaines pratiques ascé-
tiques qu'ils observaient religieusement : ils
avaient coutuir.e, par exemple, de s'abstenir
4(^1
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
mi
cinq jours de milite de cerlaiiis aliments , et
de ne s^e livrer pen<ilant ce temi)S à aucune
occupation bruyante.
Les fictions dont se compose la croyance
de ce peuple ne sont pas tellement arrêtées
qu'on ny trouve des variations relative-
ment à différents points. Ainsi, tous ne se
font pas précisément la môme idée du sé-
jour des Âmes et du lieu où il est situé.
Quelques-uns le placent dans le ciel et di-
sent que les coruscatiens de Taurore bo-
réale sont les danses des Ames bienheureu*
ses; d*Autres, au contraire, voyaient dans
les mouvements irréguliers de ces bizarres
lueurs les agitations des ftmes criminelles
ballottées dans les airs, en proie à la faim
et tourmentées par des corbeaux dévorants.
Quoi qu*il en soit, au reste, et de guelque
manière qu'aient un varier les opinions des
Esquimaux sur leur paradis et leur enfert
ce qui nous importe h nous, c'est de consta-
ter que, dans leurs idées, celle seconde
existence était en grande partie un état de
rétribution, de récompenses ou de ch&ti-
inents ; qu'ainsi , pour élre heureux ou
malheureux dans 1 autre vie, il n*ét«it pas
indifférent de faire le bien ou i.e mal dans
celle-ci,.
Le prince des esprits, Torngarsuk^ qui
réside, comme nous Tavons dit, dans la de-
meure souterraine où se trouvent aussi les
Ames des bienheureux, a pour mère ou
pour femme (car sur ce point on n'est pas
bien d'accord) un être qui se plaît à mai
faire. Cette Proserpine du Nord vit dans une
grande maison au fond de TOcéan, où, par
ucs charmes magiques, elle peut retenir
tous les animaux de la mer. Au-dessous de
la lampe qui éclaire ce sombre palais , est
une jarre d'huile dans laquelle nagent des
oiseaux marins. Son irône est gardé par les
])hoques qui font tout autour leur ronde en
rampant, et défendu par un chien énorme
qui ne dort jamais, ou ne dort que pendant
le court es[)ace d'un clin d œil. Sans vou-
loir nous étendre ici sur la description de
celte déesse inicruale, nous devons dire
qu'ii s'y trouve lanl de traits singuliers qui
rappellent la i^rosorpine de la mythologie
classique et la Patiala des Hindous, et même
jusiju*à un certain point les habitantes de
quei.|ues cavernes enchantées des fables
arabes, que n(*us pourrions supposer à
ces différentes fictions une origine commune,
si leur resseiublance ne s'expliquait pas,
au moins tout aussi bien, par la tendance
générale de l'esprit humain; l'imagination
donnant toujours naissance à des fictions à
)4eu près identiques quand elle ^travaille
«ur certains sujets particuliers et sous l*in-
iluence de sentiments et d'impressions ana-
logues.
Dans les idées des Groëulandais païens ,
le monde est peuplé d'une multitude d'êtres
invisibles, sans parler des.Ames des morts
qui, pendant un temps, errent près du lieu
do leur sépulture; ainsi, la terre a ses gno-
mes qui habitent les profondes cavernes,
1 eau ses néréides , le feu ses salamandres;
les astres eux-mêmes , la lune elle so.eilo; i
leurs génies tulélaircs; enfin, des géanls,
des nains, des monstres à tôle de chien ont
•encore ieur plai^ dans la mytlioloi^iecitoinie
dans celle de plusieurs autrespeuples.
Les naturels du Groênianil étaient fori>
ment imbus d'une opinion, œmmune d'ail*
leurs à beaucoup d'autres pays , au'il duK
y avoir une classe d'hommes dont loi*
lice est de servir de médiateurs eolre le
reste du peuple et les puissances surDuta*
relies. Ils désignaient ces hommes sous 1|*
nom d'angekoKS, qui correspond i peu \m
aux expressions de sorciers et devms. [* '"
vaut Crantz,il est ordinaire qu'un m
nombre de familles qui vivent réunies
tretiennent à frais communs un ange!
qui leur sert de conseil oans les ci
tances un peu embarrassantes. Quand
de ces réunions n'a pas de directeurf elle
regardée en pitié par les autres, qui co
dèrent les membres de la communi
comme des avares ou cooime de piiri
misérables. Afin de venir an^ekob,
hommes doivent renoncer pour I
à toute la société , macérer leur t»f
de longs jeûnes et par la concenti
toutes leurs pensées sur certains sujeb.
cet état contemplatif leur esprit
celui des Sannyasis indiens gui pnti
le poojab, arrive à un point d'exaltatioa
approche quelquefois de la folie. (Jnr
après tous ces elforts, le néophyte est
venu h avoir à ses ordres un torogc
esprit familier, il se trouve résulté
constitué à Télat d*angekok, et, àdal
ce moment, il est en possession des fac
qui distinguent les sorciers et devins.
tous les cas de maladies ou de Diallu
d'une autre nature, c'est près des an
qu'on va chercher le remède. On ne
point qu ils ne puissent chasser les
aies aussi bien que les envoyer, ch
les flèches ou leur enlever le charme»
1er les bénédictions sur un iadlvidu*
ser les spectres qui l'obsodeut, etc. Si
à un malade qu'ils ont aflfaire, tantôt
voit saulUer.sur lui et marmotter des
rôles mysiérieuses ; d'autre fois, leur
semble difficile : il faut qu'ils aillent
cher une flme en santé et l'introdui
le corps de celui qu'ils entrepreo
guérir; parfois leur o/Iice cou^^iste
ment à prédire si le patient est i'
succomber ou à se rétablir. Par
enchantements, ils doivent découvrir
personne absente est vivante ou mon
Ïeuvent, par leurs comurations, obligei
me à comparaître devant eux, et,
blessent une de ces Ames d'un coupde
l'homme dont elle animait le corps d
dra lentement, mais sûrement au lom
En un mot, l'idée que se font les Groèi
dais de leurs angekoks est , pour ainsi'i
de tout point, celle çiue nos ancêtres se
saient de leurs sorciers et sorcières. .
On ne peut lire sans ud vif intérêt i4
toire de la conversion des Esquimaux m
que la donne Craniz, d'après le récit si*!
m
HAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
1054
tnaÏÏdcsinissionuaires moravcs. En nous
[\mni la longue et pénible lutte qu*eu-
)Q{ à soutenir les missionnaires, et clains la-
jelle ih purent uu moment désespérer du
Kcès, puis révénement qui couronna leurs
•fléreui efforts, cette histoire ne fait sans
mte que nous reproduire ce qui a dû avoir
m dans presque tous les cas semblables,
lami les npbires du christianisme ont eu,
fc los lumières nécessaires, un zèle et une
i>éréranco égale. Au Groenland, comme
Qs les autres pays, il a fallu bien des an-
4^5 de travaux avant de produire aucun
VI sensible; il a fa!lu entendre bien des
* prédire l'inulililé de ces etforts et Tim-
^$J]>ilité du succès avant d'obtenir aucun
M d'un changement même éloigné dans
i ijispusitions des hommes auxquels on
dressait. Dans la résistance qu'opposèrent
if\mps ces hommes à l'introduction du
nsiianisme, aussi bien que dans les cir-
[i>ianccs qui accompagnèrent leur conver-
ti, nous retrouvons les effets de ces mêmes
«iances de Tesprit humain que nous avons
i'ârà Tœuvre chez plusieurs autres races
(limes.
' fut en 1721 quTEgède, Tapôlre du G roôii-
*. établit dans ce pa/s la première mis-
^M4noise. 11 fui suivi par des misaiion-
'"îpparlenant à VUnilas fralrum. Après
«.lervalle de quinze ans, nous voyons
»:u, rhistorieii de cette communauté,
^•confesser que les etforts qu'elle n'avait
^ (Je faire étaient encore sans aucun ré-
Ut dp|.arent. « Jusqu^à ce moment, nods
l'f nos missionnaires n'avaient pu dé-
vnrla trace d'aucune impression quau-
At faite les vérités qu^ils s'efforçaient de
l^ger. LesGroënlandais qui venaient de
^usun peu éloignés étaient des hommes
'^'^iis, i,^norants, inca{)ables de réfléchir,
• |H'u qu*ou pouvait leur dire dans une
*te visite, même quand ils lavaient
\\& .avec quelque attention, s'évanouis-
iiienlôl dans leurs perpétuelles ])érégri-
Xks. Ceux qui, vivant dans le voisinage
niissionnaires, avaient reçu d'une ma*
«suivie leurs instructions pendant plu*
(tannées, n'en étaient pas devenus
km; plusieurs même étaient devenus
^' ilsét&ient fatigués, blasés, endurcis
^ la vérité. » Si on les pressait de pr6-
^r attention aux doctrines du christia-
^* ils témoignaient ouvertement leur
yi'inee, ou faisaient des réponses éva-
^ conçues à peu près en ces termes :
fiirez-nous le Dieu dont vous nous par-
'iisaient-ils, alors nous croirons en lui
>iis le servirons. ïe': que vous nous !e
iH^niez, c'est uu être trop sublime, trop
"^réiiensible pour que nous sachions
^eut arriver Jusqu'à Jui, et pour que
ïToyions qu'il puisse s'occuper denous.
^l'avonsinvoquéquand nous manquions
•uo^ et quand nous étions malades, et
tH Jr ne doute point que quelques-uns de mes
iH D'jimtni k apprendre par le récit mèuic des
'tiiUKe^, cl en quelque »orle de leur bouchei
tJlCTlUXNilllK AfOLOGÉTIQVE. 11.
rien ne nous montre qu*il nous ait entendus
Nous pensons que ce que vous nous on dites
est vrai ; mais puisque vous le connaissez
mieux que nous, faites en sorte, par vos
prières, quMl nous donne suflisamment de
quoi manger, un corps exempt de maladies,
une maison sèche : c'est tout ce dont nous
avons besoin, tout ce que nous désirons de
lui. Pour notre âme, nous trouvons qu'elle
est assez bien comme elle est; si notre corps
est sain, si les vivres ne nous manquent
point, nous no demandons rien davantage.
Vous êtes une autre sorte d'hommes que
nous ; il se peut que dans votre pays il y
ait des gens dont l'âme soit malade, et cer«
tainement nous en avons assez la preuve
dans ceux qui nous viennent, car ils ne sont
prçfpres à rien; ceux-ci peuvent avoir be-
soin d'un sauveur, d'un médecin pour leur
âme. Votre ciel et vos joies spirituelles peu-
vent *ire bien pour vous, mais pour nous
un bonheur dételle espèce nous fatiguerait
bientôt. Il nous faut des veaux marins, des
poissons, des oiseaux, sans lesquels notre
âme ne pourrait pas plus subsister en para-
dis que notre corps sur la terre, et nous ne
voyons pas qu'il y en ait dans votre ciel ;
nous vous l'abandonnons donc, à vous et à
ceux de nos compatriotes qui ne valent pcfS
mieux, et nous voulons descendre dons le
séjour de Torngarsuk, où nous trouverons
en abondance tout ce dont nous avons be-
soin, et sans qu'il nous en coûte aucune
peine. »
Le premier individu de cette nation qui se
convertit était un homme d'une capacité
intellectuelle vraiment extraordinaire pour
l'état de la société dans laquelle il vivai.t, et
les missionnaires en parlent comme d'une
personne qui était, à tous égards, extrême-
ment remarquable; son nom était Knjarnak.
« Cet homme est pour nous, disent-ils, un
perpétuel sujet d'étonnement, surtout quau4
nous nous rappelons quelles s mi la paresse
d'esprit et la stupidité des Groëulandais en
général. Pour lui, ajoutent-ils, il est rare
qu'il ait besoin d'entendre deux fois une
chose; ce qu'on lui dit il le retient dans sa
mémoire et dans son cœur. Il témoigne
pour nous une extrême affection, un crand
désir d'être instruit, de sorte qu'il ne laisse
pas perdre un des mots qui s échappent de
notre bouche, et nous prête une attention
que nous n'avions jamais trouvée jusqu'ici,
Uiéme à un moindre degré, dans aucun de
ses compatriotes. » Kajarnak était venu d'un
canlon éJoigné« et n'avait eu aucun rapport
avecles missionnaires, quand il eut occasion
de les entendre parler du christianisme,
sujet auquel il s'intéressa imiuéviiatement.
Le récit qu'ils firent en sa présence, en ter-
mes simples mais pleins de chaleur, des
coinniclU péuélrcrciit, dans Tesprlt des premiers Es-
quimaux cotnertis à la religicn chrétienne, des doc-
uioes si complétcmeat dJércotcs du cours habituel
33
1035
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAI
m
et bientôt iu6me travailla avec ardeur à
répandre parmi ses compatriotes la doctrine
qu'il avait embrassée : plusieurs, en effet,
grAces à ses eihorfations et à son exemple,
ne tardèrent pas à se convertir et formèrent
le noyau d'une petite communauté de pro-
sélytes qui devint en peu d'années très-
nombreuse.
Le f)remier pas avait été difficile ; mais
une fois fait, la conversion des Esguimaux
marcha, à ce qu'il paratt, très-rapidement.
£n ilkh^ l'effet produit sur la masse du
peuple était déjà évidemment très-grand ;
de nombreux individus prenaient un vif
intérêt aux doctrines que leur exposaient
les missionnaires. En ilkS^ il n'y avait pas
moins de deux cent trente convertis résidant
à Ncw-Herrnhut, et trente-cinq avaient été
baptisés dans le cours de l'année, t Quoic^ue
ces hommes; disent les historiens des mis-
sions, soient bien loin d'être parfaits, il est
évident qu'ils font de véritables progrès.
Leurs rapports entre eux sont caractérisés
par une bienveillance mutuelle qui devient
do jour en jour plus apparente» et la sincé-
rité de leur conversion se manifeste par les
preuves les plus convaincantes. » Depuis
Tannée 1712, qui e$t l'époque où la vérité
commença à se faire jour dans les Ames des
naturels, le nombre des conversions a été
très-grand, eu égard à la populatioiidu pays.
Les Danois y ont fondé plusieurs nouvelles
de leurs idées. J'extrais de rFIistoirc ie Krantz le
passage suivanl :
ff Dans r^té de i7i8, piti&îeurs naturels des parties
méridiouales vinrent visiter rétablissement. Ijujour
qo*un mistiionnaire nommé John Beik était occupé
a transcrire une traduction des saints Evangiles,
plusieurs de ces sauvages étant entrés , il s*avisa de
leur lire un passage de ce qu'il venait d'écrire, et de
raccompagner d'une explication à leur portée, i Le
Saint-Esprit, dit un des missionnaires, inspira à
notre fière la pensée de leur décrire la passion et la
mort du Christ, et de faire suivre ce récit, où il
avait mis une énergie toujours croissante, d'une
exhortation non moins vive, dans laquelle il les en-
Sageait à réfléchir profondément sur tout ce qu'ils
evaieut au Seigneur, et les conjurait de ne point
endurcir leur âme envers celui qui, pour les rache-
ter, avait souffert d'inexprimables angoisses, versé
son sang et donné jusqu'à sa vie. — En même
temps il leur lut, dans le Nouveau Testament, le
Sassagc qui se rapporte à la prière, au jardin des
>lives el à la sueur de sang. Alors le Seigneur tou-
cha le cœur d'un des païens nommé Kajarnak ; il
s'avança vers la table en disant : < Quelles sont ces
c choses dont vous nous parlez? Redites-les-moi
c encore, car je me sens un grand désir d'être
< sauvé. I Ces paroles, dit ie missionnaire, péné-
trèrent jusqu'au fond de mon àme, et y aUuniérent
un feu de charité qui inonda mes joues de larmes,
tanJis que je faisais à ces pauvres gens une histoire
plus complète de la ^ ie et de la mort du Rédempteur,
et du sacrilice que .Dieu avait, dans sa miséricorde,
décrété pour noire salut. » A partir de ce moment,
Kajarnak devint un disciple assidu des missionnai-
re:', ftt fut l'heureux instrument de la conversion de
ses compatriotes.
Dans un autre compte rendu de Téiat des nou-
veaux conveilis, écrit peu d'années après l'événe-
ment dont nous venons de parler, on trouve les ré •
flexions suivantes :
colonies auxquelles le collège royal de Co*
pcnha^ue foUrnit^ des mlssionnairevS qiii
sont disséminés dans diverses stations. Us
frères moraves» de leur côté, y ont formé,
en 1758 et 1774, deux autres éUblissements!
Tun & Lichtenfels, Tautre à Lichlenau, près
du cap Farewell, et ils y ont eu bienlfilum»
congrégation de deux cents cinq GroènlaQ-
dais baptisés. Bans la dernière histoire de
ces missions, qui a paru il y a oeu d'anmW.
on fait remarquer les effols irès-manite
qu'elles ont exercé sur Télat des pays ei sur
la condition morale des hal)itants. > Dans
toute l'étendue de la cOle occidenlale, mn
n'est plus- rare que de trouver des excœjli^
de ces barbaries qui accompagnent parlout
la vie sauvage» ou de ces moDslruo<iii^
qu'autorise et que commande ei\ quelque
sorte le paganisme, partout où il est Rui-
nant. Comparé à ce qu'il était ilyai)unic>
vingts ou seulement cinquante aas IVi (
du pays est ce qu'on peut apieleruoei^i
de civilisation. La nature du sol, le âml
les moyens auxquels doivent avoir u^um
les habitants de ces malheureusesûiolrè)
pour se procurer leur subsistance, «»(«•
tant de causes qui s'opposent h^Mk-
tion de la plupart des arts des soci£l5nV>
Usées; il est clair que le GroënlandsLsCt^i
le pied ne foule qirun rocslérilet nepoum
jamais se livrer aux travaux de ragriculiir:
il est clair que sous un ciel aussi rigouro.v
ff Quoique Tétat misérable dans lequel st iiv
valent les païens, aflligeàt encore Ifô frênes, ^«
fruits de la grâce, qui étaient roaoirestes djRi ti>*
jarnak et dans les autres caiéchuménes,éiaiefti|«<t
eux une source toujours croissanie de consolaU'»-
Ces hommes non-seulement avaient appris k («
naître Dieu et à le res|>ecter ; non-seulemeai il* «
réjouissaient à Tidée que le Christ vieudraii rev-»
citer les moits et guider les croja ois vers ud<- kv
heureuse éiei nité, mais encore ils a\aK'nt oMtOi
inerit profond de leur propre misère, une Tjre if
connaissance pour Taraour que IHeu a ma&i^'
envers l'homme eii acceptant rcxpiaiion ofiVrt(| ;•
le Christ, et une avidité extrême (HMir reicvHi
parole de vie. 11 était évident que la grâce anil
dans leurs cœurs de profondes racines, oe
piouvaitleur changement de conduite» leur r^*:
cernent volontaire à toutes les vaitiu^s paîeauif
la sérénité avec laquelle ils enduraient les rrpn^
de leurs compatriotes encore infiièles, quile^x
blaient d'outrages et de mépris Kajarnak
coutume, lorsque les missionnaires avaient (■
chisé ses compatriotes, de leur faire à son tour*
petite exhortation, et de leur dire que, ^^f
avaient été si longtemps dans l*ignoranee, a« w
fallait-il qu'ils reçuss^mt la vérité avecifiieHti -^
niissance, et qu'ils montrassent que ce oVt^tF
une semence tombée sur Ja pierre. Quelquefois*^
il substituait à cette admonition une rouf>e. '"'
fermente piière, et il est bon de dire qu'il feiw' '•
cela de lui môme, sans que les missJoonii^*''
en eussent jamais donné l'ordre ou stu'eiiwt'i ''
primé le désir. Il n'est ps inutile, non pInf.A'-
ter qu'il avait Tinldligence u-ès^uverie, d q«
suggérait aux frères qui l'instruisaient ks m^f
leur manquaient pour rendre leur pensée, f[ ^
corrigeait ivcme parfois quand ils se servaict^^ '^ '
expression qui n était pas la bonne, car il 1^^ *
dait à demi -mol. i
«37
RA€
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
It58
I oe^ pourra jamais adoplrr les tétemcnls
e rÉuropéen, u*aura jamais besoin des
ci)Jaii5 (le nos roanufaciiircs, el jamais ne
logera è en établir de pareilles dans son
m; et pourtant on peut dire avec vérité
ue les changements qui se sont o|)érés
i<ez ce peuple, à la suite et comme consé-
iience de Tintroduction du christianisme,
iniustrie qu'il a acquise, toute limitée
d'elle est, les habitudes laborieuses qu*il a
»o(ractées, la résignation avec laquelle il a
•pris è sup|)orter les maux qu^il ne peut
arter, le contentement qui le soutient
3ns des travaux [léiiibles, mais inévU
)<est rendent un éclatant témoignage
cMe vérité que, dans toutes les circon-
3nce:c, dans toutes les positions, la re-
jimo ne contribue guère moins au bon*
ur de celte vie qu à relut de la vie fu«
ire(1119). m
Les faits que j*ai cités relativement aux
v*)enaessu|»erstitions et aux croyances des
ru^nlendais avant leur conversion, et sur-
ut re que j ai dit ûes changements heureux
li se sont opérés dans leur condition sous
afiuence du christianisme, suffisent, si je
t uie (rompe, pour prouver que l'âme des
>;<ûmaux a la même constitution morale et
'.Ub«ctielle que celle des autres hommes.
« 'UstfDBvons chez eux les mêmes éléments
'.' ^ffl(iffleuts moraux, les mêmes syra))a-
.t-5, îamême susceptibilité d*aQection, la
* i.c conscience ; chez tous, existe la notion
u^hu moins claire du bien et du mal, d'un
u|>ie à rendre pour les fautes commises,
t'jiiîment qui atteint les coupables et de
rii>:essité d'une expiation. A la vérité, ce
*!.' V a de plus élevé dans ces sentiments
ujniuns à tant d'autres peuples arrivés à
i iCgrés très-différents de civilisation), ne
..outre chez les Esquimaux païens qu'i
^t rudimentaire, ou n'apparaît en eux
uusifoe une lueur fugitive qui les éclaire
moments ; mais nous voyons que, quand
a [lorté chez eux ces doctrines qui sont
eruent en rapport avec les besoins de la
are humaine qu'elles ont été reçues par
iKation.s les plus barbares comme par les
I policées, ils ne se sont point montrés
cables de les comprendre et ils en ont
lenti les effets accoutumés. L'ensemble
pbénpmènes psychologiques, des phéno-
iesoiorauiet intellectuels, est donc au
die ujéine chez les Esquimaux que chez
li^; nisiofieal $ketche$^p. 62. i D*aprés an rap-
pablié à Biie époque toute récente, il parait
ne quatriéiBe mission a été éublie, et que le
ûr: des G oéniandais chrétiens appartenant &
ie morave est de i808, nombre dans lequel ne
pnioi ooinpris les individus appa! tenant aux
>jsaiioos dirigées par des ministres luthériens
fUUse danoise. Ce rapport, d*aBtre part, eon*
i et corrobore tout ce qui avait été du dans les
fiilenis, touchant les beareox effets que Tintro-
f^% du christianisme a exercés sur réiat social
•r/séoleitdais e& sur leur moralité. Les snpersti-
naiiooaies oui presque partout complètement
m, Les pratiques de la sorcellerie sont aujour-
, pour ainsi dire, inconnues tout le long du
les autres peuples, et, du moment où l'on
est obligé de reconnaître que le principe
auquel se rattachent ces manifestations esl
rigoureusement identique chez tous les
hommes, vouloir soutenir encore qu'il peul
exister entre eux des différences spéciliuue»,
ce serait donner un démenti aux règles
dont tout le monde admet tacitement Texis-
tence quand il s'agit d'établir pour le reste
des êtres organises des distinctions d'es-
pèce ; ce serait aller contre toutes les analo-
gies.
(SIX.
Histoire psycbologiqoe des naUons africaines, HoUeu-
tots, nègres, etc
Je diviserai ce que j'ai à dire sur l'his-
toire psycholo^que des nations africaines
en deux parties :1a première, qui traitera
de rhistoirede la race hottentote; la second -,
de celle des nations nègres de TAfrique oc-
cidentale.
V De la race hottentote et bosehiêmanne, —
Les auteurs qui se sont occupés de l'histoire
de rhomme, s'accordent à voir, dans les
BoschisraansderAfriqueméridionale,leplas
dégradé et le plus misérable de tous les peu-
ples, celui qui doit occuper le dernier degré
dans i'échelle des nations. M. Bory de Saint-
Vincent, qui les décrit selon sa manière or-
dinaire, établit, entre eux et les hommes
appartenant à ce qu'il nomme l'espèce japé-
tique, une différence des plus tranchées. 11
les considère comme fonnant la transition
entre le genre Homo et les genres Orang et
Gibbon^ et il leur trouve même quelque
analogie avec les macaques. Voici au reste
en quels termes i! s'exprime :
^ L'espèce hottentote se partage, avec l'es-
pèce carre, la pointe méridionale de l'Afri-
que... De toutes les espèces humaines, la
plus voisine du second genre de bimanes
par les formes, elle en est encore la plus
rapprochée par l'infériorité de ses facultés
intellectuelles, et les Hottentots sont pour
leur bonheur tellement brutes, paresseux et
stupides, qu'on a renoncé à les réduire en
esclavage. A peine peuvent-ils former un
raisonnement ; et leur langage, aussi stérile
que leurs idées, se réduit à une sorte do
gloussement qui n'a presque plus rien de
semblable à notre voix. D*une malpropreté
révoltante qui les rend infects , toujours
frottés de suif ou arrosés de leur propre
liuoral. Dans ks lieux où régnaient jadis la cnuulé,
la débauche et tous les vices qui les accompagnent,
-Ml trouve aujourd'hui, grâce à Tinfluence bienfai-
sante de la religion, toutes les qualités opposées, la
charité fratemefie, la concorde, la modestie et le
de^ré de civilisation qui esl compatible avec les cir-
constances paniculières propres au. pays. L*esprit
des Groérdandais a été cultivé, leur cœur a été
attendri et puriflé, et quoique leur mode de vie ait
conservé une certaine rudesse ; quoique leurs liabi-
bitudes soient toujours fort différentes de celles que
nous sommes habitués i ratucber à Tidée de civili-
sation, il n*en est pas moins vrai de di e qu'ils for«
ment maintenant un peuple civilise. »
1059
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
m
urine» se faisant des ornements de bojaux
4l*animaui qu*ils laissent se dessécher en
bracelets ou en bandelettes sur leur peau
iiuileuse , se remplissant les cheveux de
graisse et de terre» vêtus de peaux de bêtes
sans préparation, se nourrissant de racines
sauvages ou de panses d^animaux et d'eu-
trailles, qu'ils re lavent même pas, passant
leur vie assoupis ou accroupis en lumant,
parfois ils errent avec quelques troupeaux
qui leur fournissent du lait. Isolés, tacitur-
nes, fugitifs, se retirant dans leurs cavernes
ou dans les bois, à peine font-ils usage du
feu, si ce n*est pour allumer leur pipe qu'ils
ne Quittent point. Le foyer domestique leur
est d peu près inconnu, et ils ne bâtissent
pas de villages, ainsi que les Gafres leurs
voisins, qui regardent ces misérables comme
une sorte de gibier, leur donnent la chasse
et exterminent tous ceux qu'ils rencontrent.
On les a dits bons, parce (qu'ils sont apathi-
ques; tranquilles, parcequ*ils sont paresseux,
et doux, parce qu'ils se montrent lâches en
toute occasion. 9
Pour peindre le dernier état de la misère
et de la dégradation humaine, l'imagination
ne fournirait pas de \f\\xs sombres couleurs
que celles qu'emploient, dans le tableau
qu'ils nous lontde la condition actuelle des
Boschismans, plusieurs observateurs mo-
dernes, hommes parfaitement dignes de foi
et nullement enclins à l'exagération. N'ayant
pour s'abriter ni maisons, ni même rien qui
mérite le nom tie huttes; réduits h chercher
un asile temporaire dans des cavernes ou
des trous creusés en terre, nus et demi-morts
de faim, ces pauvres sauvages errent dans
les bois par petites troupes ou par familles
isolées, soutenant à grande peine leur misé-
rable existence, au moyen clés racines sau-
vages qu'ils récoltent, des larves de fourmis
c]ui sont pour eux l'objet de laborieuses et
incessantes recherches, des lézards, des ser-
pents et des insectes que le hasard fait tom-
ber entre leurs mains et qui sont aussitôt
dévorés. Il n'est donc pas surprenant que
les écrivains systématiques qui veulent à
toute force établir une étroite union entre
l'homme et les espèces inférieures! aient fait
de l'histoire des Boschismans leur thème fa-
vori.
«Mais des observateurs consciencieux et
qui ne peuvent être soupçonnés de préven-
tion en faveur de l'opinion opposée, nous
ont fait une peinture moins défavorable des
Boschismans, en ce qui a rapport à leur ca-
ractère moral et intellectuel. Ainsi M. Bur-
chell, qui a recherché toutes les occasions
4'avoir des rapports avec eux, et qui a pu
observer leur manière de vivre, a reconnu
Sue» malgré l'état effroyable de misère et de
énûment auquel ils sont réduits, on trouve
encore chez eux des qualités sociables, le
sentiment de la compassion, celui de la bien-
veillance, en un mot, tous les attributs es-
sentiels de rhumanité.
On ne doit pas oublier que les Boschis-
mans ne sont pas une r/vce distincte, mais
bien une branche ou une subdivision de la
nation autrefois très-nombreuse des HiHen
tots. C'est une vérité gui avait été ancienne
ment reconnue; mais Lichlenstein, ami
émis une opinion contraire, la fil parui(tj
beaucoup d'écrivains qui considérèrenlira
lui les Boschismans comme conslitoant m
famille particulière, complètement distinj
de toutes les autres races de TAfri^ue
traie. Cependant, en comparant leur lu,
avec celle des Korahs et des autres Hot^
tots, le professeur Vater reconnut enlrei
la plus manifeste affinité, et la conclusi^
laquelle il était arrivé aétédepuisct^rir
par des recherches faites sur les \m
sorte qu*il n'existe pas aujourd'hui
opinions sur ce sujet. Dans un des pli
cents et des meilleurs ouvrages qui
été écrits sur l'Afrique du sud, Pauleof
présente les Boschismans comme les
de hordes de Hottentots qui, de méine
toutes les tribus de l'Afrique ai
vivaient originairement des produit
leurs troupeaux, mais que les etnpi^
successifs des colons européens, ell
res avec d'autres tribus indigènei) '
à chercher un refuse au miiiei
serts et des rochers inaccessibles (k
rieur.
« Les hommes que l'on désiguft
nom de Boschismans, dit cet autcor,
dans un état de profonde misère, et
part de leurs hordes sont complétée
pourvues de menu comme de gros
Leurs moyens de subsistance re|
partie sur les produits de leur ctia!
{»artie sur des racines sauvages que
burnit le désert, sur les ceufs de
qu'ils recueillent, les sauterelles ooe
leur apporte, les reptiles que khsi
tomber sous leurs mains, en parti(
sur le butin qu'ils enlèvent aux oppr
de leur race, leurs ennemis hérédit
colons de la frontière. Descendus de
dition de pasteurs à celle de chasseui
brigands, les Boschismans, comme oaj
vait le prévoir, et comme le conâri
moignage des hommes qui les ont
ont acquis plus de résolution dans '
tère, à mesure qu'ils ont été exposés]
de dangers, plus de férocité à mesi
ont souffert plus d'injustices, plus al
à mesure qu ils ont eu à endurer.'
privations. Des peuples pasteurs J*i
rel doux, confiant et inonensif^seM
formés graduellement en hordes erri
sauvages farouches, inquiets et vin^
Traités par leurs semblables comme
tes féroces, ils ont fini par en fttt
habitudes et les ^dlures. »
Un changement qui fait ainsi d«
tout un peuple d'une vie heureuse elj
quille à un état de misère tel que c,*'
nous voyons lés Boschismans est
chose de si révoltant qu'on voudrait u
le regarder comme impossible, et \i
il rv'y a pas moyen de se refusera Tatij
puisque, de nos jours môrae, on (umiI
ter en i{uelque sorte à de sembli^t'''*-
formalions : nous nous conlenicior
Il
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGhTSQUE.
RAC
fOii
1er on exemple. Les tribus koranns sont,
mmeon le ^il, de toutes les tribus bot-
Qloles les plus riches et les plus avani:ées
ns lesarls nécessaires à un peuple de pas-
un; or nous pouvons suivre dans la rela-
0 d'un voyaj[;eur moderne, homme d'un
M droily qui n*a rien négligé pour con-
Jtre la vérité, et qui n'en parle çuère que
ifirès ses propres observations. Tes phases
rressives itar lesquelles des tribus de race
ran ont passé, malgré elles, de la condi-
n pastorale à la vie sauvage de chasseurs
j'e brieands.
CVst cnez les Koranas de la rivière Harte-
5t, r|iie M. Thomson a constaté cette
^ic transformation. Pillés par leurs voi-
i?, ils avaient été contraints de s'enfuir
ï5 le désert, où ils se nourrissaient de
ils sauvages; ils avaient adopté les mœurs
> Boschismans, et s'étaient assimilés soirs
s tes rapports essentiels avec cette misè-
re iribu.
.es Holtenlots pasteurs et les Boschis-
as, devant donc être considérés comme
e feule race, nous ne les séparerons point
s les remarques que nous allons faire
" 'ic'or caractère moral; nos remarques ne
^rr^t porter sans doute que sur ouel-
ci traits généraux, mais elles nous four-
>.nî its éléments suffisants pour établir
•nompsraison entre cette famille et les
s^ fàm'iWes humaines.
H nous voulons nous faire une juste idée
tirartère des Hottentots, nous ne devons
nuu5 contenter de les observer dans
it de dégradation où ils se présentent
^ari'ltui, quand tout ce qu*il pouvait y
ir ««Il eux d énergie a été élouiïé par 1'<i[h
^i'Ujn à laquelle les ont soumis pendant
"i^urs (générations successives les colons
'péeits qui les ont réduits au servage,
>rc^ à so bannir du sol natal. Ce n'est
je le répète, sur nos propres observa-
» tjue nous devons asseoir noire juge-
1, niais sur celles qui ont été faites an-
lenient, et qui nous peignent l'état de
ra>us à répr>que du premier établisse-
iit>s Hollandais.
roya^eur Kolbe nous a donné sur l'é-
es 'llotlenlols à celte é|)oque des ren-
lernetJts qu'on a tout lieu de croire
», et qui d'ailleurs sont, sur beaucoup
[jiiilSy en désaccord complet avec ceux
lous frSurnisseut les auteurs modernes.
i»n temps, les Uollentols forninienl un
[•? nombreux, divisé en un assez grand
>re de tribus, soumises chacune au
[ornement patriarcal de leurs chefs ou
jr> anciens. Réunis par hordes de trois
latre cents individus, ils parcouraient
s s avec leurs troupeaux, transportant
lieu à un autre, chaque fois que le bê-
le nouveaux pâturages se faisait sentir,
khraals, sorte de villages ou de camps,
' flaque butte, composée de quelques
.^s autour desquelles on disposait des
> le j<5nc, pouvait en peu d*instants
/-montée^ empaquetée, et placée sur lo
'lia bœuf de charge. Un manteau de
peaux de mouton cousues formait leur vête-
ment ; leurs armes consistaient en un arc
avec des flèches empoisonnées, et une lé-
gère javeline ou assagaie. Ils étaient har-
ais et actifs h la chasse, et quoique d'une
disposition généralement douce, ils se mon-
traient courageux è la guerre, comme leurs
envahisseurs européens eurent fréquem-
ment occasion de 1 éprouver.
Kolbe vante ics bonnes qualités morales
des Hottenlots : « Ce sont neut-étre, dit-il.
les serviteurs les plus fiilèles qui soient au
monde. Quoique aimant à la passion le vin,
Teau-de-vie et le tabac, ces objets peuvent
leur être confiés en toute sûreté, et il n'y a
pas à craindre qu'ils se permettent d'en
détourner à leur profit la moindre partie,
ou qu'ils permettent à d'autres d'en pren-
dre.Acettequalité ils joignent la plus grande
humanité et le naturel le plus compatissant.
Leur pureté de mœurs est remarquable, et
chez eux l'adultère est puni de mort. Il faut
bien avouer, d'autre part, qu'ils sont sales
dans leurs vêtements, [laresseux et indo*
lents, et que, tout en se montrant à l'occa-
sion capables de raisonner très-juste, ils
n'aiment pasà prendre la peinede réfléchir.»
Kolbe témoigne d'ailleurs, en diverses pas-
sai^es, qu'il est très-loin de les considérer
comme inférieurs au commun des hommes,
sous le rapport de l'intelligence : ainsi ;.
dit en avoir connu plusieurs qui entendaient
parfaitement le hollandais, le français et le
portugais. Il en cite ua en particulier qui,
non-seulement avait appris en très-peu de
temps l'anglais et le portugais, mais était
aussi parvenu à surmonter les difficultés
lîc prononciation que lui opposaient les ha-
bitudes contractées en parlant sa langue
maternelle, de sorte qu'il passait, dans /o-
pinion i\cs juges compétents, pour compren-
dre et jiarler ces deux langues avec la même
facilité et la même correction que s'il les
avait apprises au berceau. « Nous voyons
tous les jours, ajoute cet auteur, ces hommes
employés par les Européens dans des affaires
qui demandent du jugement et de la capacité.
Ainsi c'était un Hottentot nommé Cloos, que
M. Van der Stel • le dernier gouverneur du
Cap, employait dans !&<s n&ociations qui
avaient pour but d'obtenir du bétail par voie
d'échange avec des tribus très-éloignées, et
il était bien rare q*J*il revint sans avoir par-
faitement réussi dans sa mission. »
Nous avons dit qu'un des meilleurs moyens
d'arriver à connaître ce qu'il y a de plus
intime dans le caracière moral et intellectuel
d'un peuple, est de voir quelles sont se&
idées, ses impressions touchant les sujets
qui tiennent à la religion; examinons donc
ce que nous oflrent à cet égard les Hotten-
tots. On a souvent répété que ces hommes
étaient dépourvus de toute croyance reli-
gieuse, qu'ils n'avaient absolument aucune
idée de la Divinité, aucune idée d'une vi<,
future. Il se peut que, réduits en esclavdi;e,
séparés de leurs compagnons, obligés, |K)ur
soutenir leur vie, à travailler sans un mo-
ment de relâche, <iuelques-uas d*entre eux
i043
RAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
m
aient porda Thabilude et presque la faculté
de réfléchir, soient devenus, en un mot, des
espèces de brutes; mais Kolbe nous assure
que, de son temps, il y avait chez tous les
Hotlentots une ferme croyance en une puis-
sance suprême, qu'ils nommaient Gounya
Tekauoa ou le dieu de tous les dieux, dont
le séjour, disâient-ils, était au delà de la
lune. Ils ne lui rendaient pas de culte. Tou-
tes leurs adorations étaient pour la lune : à
l'époque de son plein et de son renouvelle-
ment, ils lui offraient dos sacriûces d'ani-
maux avec toute espèce de grimaces et de
contorsions, poussant des cris, jurant, chau-
lant, sautant, frappant du pied, dansant, et
accompagnant toutes ces bizarres cérémonies
de nombreuses prosternations et de paroles
appartenant à un jargon inintelligible. « Ils
ont aussi, nous dit ce voyageur, une singu-
lière vénération pour une espèce particu-
lière d'cscarhot, dont la rencontre, à ce qu'ils
«croient, porte bonheur. Ils croient de plus
h une divinité malfaisante qu'ils nomment
Tùutouka, et qu'ils se représentent sous la
forme d'un petit être tout contrefait et mé-
chant, grand ennemi des Holtentots, et
l'auteur de tous les malheurs qui survien-
nent, dans ce monde. Ils lui offrent dos sa-
crifices pour tAcber de l'aiaiser. Tous les
accidents, toutes les maladies ou douleurs
subites sont attribués par eux è la sorcel-
lerie; aussi ont-ils une grande confiance
dans les charmes et les amulettes. » Kolbe
croit qu'ils n'ont pas la moindre idée de ré-
^orapenses ou de punitions qui attendent
l'homme dans une autre vie. « Cependant,
dit ce voyageur, il est évident pour moi
qu'ils croient à l'immortalité de l'âme; plu-
sieurs circonstances ne me permettent pas
de révoauer la chose en doute : d'abord ils
offrent des prières aux saints, c'est-à'-dire
aux Hotlentots qui sont morts après avoir
vécu en gens de bien; ensuite ils ont peur
des esprits qui pourraient, croient-ils, re-
venir jur terre pour les tourmenter; aussi
pour cette raison, à la mort d'une personne
quelconque, ils déplacent leur kraal , dans
la supposition que les âmes des personnes
mortes restent à Tentour des lieux qu'elles
habitaient pendant la vie; enfin, ils croient
à la puissance des sorciers ou des magiciens
pour évoquer ces esprits.
La relation exacte et fidèle de la conver-
sion de ces peuples, si nous pouvions la re-
produire ici avec quelques détails , ferait
ressortir plusieurs traits importants de leur
histoire morale et intellectuelle. Nous lâche-
rons, au reste, dans l'esquisse que nous
allons en présenter, de conserver les traits
les plus saillants. Les premières tentatives
qui furent faites pour essayer de les amener
a recevoir les vérités du christianisme ren-
ionlrèrent la même résistance obstinée dont
il y a tant d'exemples dans des circonstances
semblables, et un auteur résume ses obser-
vations sur ce peuple en disant que « les
Hotlentots semblent ui^s avec une antipa-
thie naturelle pour toutes les coutumes dt
la civilisation, et pour toute religion aatn
2ue la leur. » Un jeune Hottentot qui aTai
té élevé par le gouverneur Van ikrSlf
dans les mœurs et la relit^on des Hollu
dais, et avait ap[)ris plusieurs lan^m <
donné preuve d un esprit oui semblaii ||
f Permettre d'aspirer à tout, rut envoyé d
'Inde et employédans les affaires publitji
A son retour au Cap, il se dé[K)uiiia de
vêtements européens, secouvrilde
de mouton, et, se [>résentdntenceté(at
vaut le gouverneur, il renonça sokm
ment à la société des hommes (-Jyili>é$i
la religion chrétienne, déclarant qu'il
lait vivre et mourir dans la religion dt
ancêtres, et en suivant leurs coulumes[lj
Nous reconnaissons là un trait cmvii
que de la nature humaine, commun
aux autres races d'hommes : une
d'atlachement instinctif et aveugle aoij
pressions reçues dans Tenfance t^
une de nos tendances intellectuelles
fortement prononcées, et, commrJs]
l'exemple que nous venons de citer,
timent n'est pas moins puissant
Hotlentots que chez des nations |^
lisées; cependant il ii*a pasété,
hommes de cette race, un obstacle
r)agation de la religion chrétienne,
'introduction en a été tentée pan
dans des circonstances différentes.
2"* De rinlroduction du christianimt\
les Holtentots. — Il est vraiment surp
après tout ce que nous avons enlondi]
de la paresse et de la grossière sens
des Holtentots, d'apprendre qu'il n'jl
de race sauvage qui ait prêté une r
plus attentive a la prédication du cir
nisme, et qui, par suite de Fintrodurt
cette religion, ail éprouvé une aniéli(
plus rapide, plus merveilleuset noii'
ment dans son caractère et dans ses
mais aussi dans sa condition soria
prospérité extérieure. La civilisalioni
ché a si grands pas dans les établie
des frères moraves, à qui appartieDti
Tbonneur d'avoir introduit le cliKsf
chez les Hotlentots, qu^il en est réi
le public l'idée que les missioni
cette Eglise dirigaient principale!
attention vers le développement M
naissances relatives aux arts et à Hir
la religion n^étant en Quelque ^<or
eux qu'un objet secondaire. Il est
besoin de dire qu'ils nient forinellei
intentions qu'on leur prèle ainsi, el
sont môme en o()position directe ave
nion quils professent ouvertement^
opinion, qui est chez eux le nVul
l'expérience acquise pendant un slècl
entier de services patients el d'efforlj
bles, c'est qu'on ne peut esinVer
changement heureux dans les mœurj
cune amélioration dans l'état 50(ù
peuple, si l'on n'a (>as au préalable ei^
toute Tinfluenrc do la reli^çinn pour
(llâOj 1». Kolbe, Yonage au cfip de Bonne -Eipérante; Nurt^iiiLerg, 1711), 5 vol lu-fol.
ou»
RAC
DK:TiuNN.\iUE APOLOGETIQUE.
IIAC
1016
'T $a nature morale» éTeiller sa conscience
i tjévelopper les sentiments honnêtes de
<»u conir. Nos missionnaires pensent qu'il
ij a pas de sauvages qui soient assez bornés
-/ur qu^on ne puisse espérer de produire
u eif I ces changements intérieurs, et aucune
is le changement produit , les réformes
itérieures ne sont plus qu'un jeu, les bien-
'lis delà cifilisation s en suivant comme
if^e conséquence nécessaire.
La première tentative d'introduction du
brîsûanisme chez les Hottentots fut faite
»r un missionnaire nomméScbmidt, homme
t;*é el d'un grand courage, qui entreprit
"tie tâche dans les premiers temps de lE-
-yise morave. Il arriva dans l'Afri^iue méri-
:i>oale en 1737, et s'étant établi à peu de
il>tance du Cap, il réunit bientôt une petite
•'Dgrégation de Hottentots, dont il se fit ex-
rémecaent aimer ; mais obligé de s'embar-
jj-^r pour la Hollande, il ne put revenir,
•jiime il en avait l'intention : sous prétexte
V zèle pour la pureté de la doctrine, et pour
\ pjii de rE^lîse, des adversaires s'oppo-
i.reot à soD retour et parvinrent à l'empé-
'^•-r. L'entreprise suspendue pendant près
i< <iQ]oante ans fut reprise ^ous de plus
(â\r»riLles auspices en 1792. Les nouveaux
TTissioanaires, ajant cherché les ruines de
ItJbitii'ioii deSchmiJt, trouvèrent quelques
i.eai Hottentots qui respectaient toujours
^ sémoire, et ils fondèrent dans ce lieu
'ei4lilissement de Bavianis Kloof, connu de-
^if sous le nom de tinadenthal.
L'école établie par les missionnaires fut
'ieot6t fréquentée par un assez grand nom-
€tàe HoUentot3, tant enfants qu'adultes,
ties inslroçtions religieuses, dans lesquels
îs OQ faisait la lecture de la Bible avec les
MJiDeataires nécessaires, étaient suivies
ir t^aucoup d'auditeurs attentifs. Les his-
*ntQS de la mission disent : « Le silence
'spectoeux des Hottentots r|ui faisaient
irlie de ces réunions, la vive attention
j'ils prêtaient aux discours de leurs in-
railleurs et l'émotion qui se peignait d'une
•ariière Tisible sur leur visa>;e étonnèrent
> iMÎssioonaires h qui on avait dit qu'il
r^tl iui|K>ssiblede fixer l'attention de leuts
: ;ileurs, durant une allocution d'un genre
-fieox« jK)ur courte qu'elle fût. Le nombre
"^ disciples s'accrut et monta bientôt à
rd\ cents individus, dont l'instruction se
VAît en plein air. Plusieurs Hottentots
a amenaient avec eux leurs familles et
-ur bétail, arrivèrent de distances considéra-
nts, et s'associèrent à l'établissement. Les
'û\ûvateurs coloniaux s'alarmèrent à l'idée
u'ils allaient être privés du service de leurs
lottentots; plusieurs fois ils menacèrent de
étraire l'établissement, et même il y eut de
ïur part un commencement d'exécution;
^^îs ces menaces el ces tentatives furent
ir« effet, et il devint enfin évident, môme
ux jeux de cette classe d'habitants, que
3 Hottentots convertis au christianisme,
>r les instructions des missionnaires, dcve-
^'lent des serviteurs bien plus utiles et plus
'*^ft$ di confiance que tes paicn5 abrutis
et dégradés, qu'ils avaient été obligés jus-
que-ia d'employer.
Dans le cours^d'un petit nombre d'années,
des Hottentots arrivèrent de toutes les par-
ties de la colonie et augmentèrent la popu-
lation de Bavian's Kloof. Les missionnaires
n'accordèrent qu'après d'assez lonç délais,
et avec une prudente réserve, le baptême
aux nouveaux convertis; il leur fallait d'a-
bord des témoignâmes sensibles de repentir
et de foi. Cependant, en 171)9 on comptait,
déjà deux cent trente-huit maisons de Hot-
tentots ; le nombre des habitants s'élevait à
mille deux cent trente-quatre, parmi les-
quelles trois cent quatre étaient membres
actifsde la con ^ré^^^ation, et quatre-vingt-qua-
tre avaient clé baptis(js dans l'année.
Lorsque la colonie du Cap passa au {lon-
voir des Anglais, les bons effets de l'instruc-
tion donnée par les frères moraves étaient si
évidents, ils se manifestaient d'une manière
si marquée, par l'amélioration survenue
dans les mœurs et l'industrie des Hottentots,
que les missions obtinrent sans diiliculté
l'appui et la faveur du gouvernement. A'celte
époque, Gnadenihal était devenu un établis-
sement populeux qui offrait les plus beaux
résultats agricoles, et était occupé par de
nombreuses et heureuses familles de culti-
vateurs, qui obtenaient de riches produits
d'un sol sur lequel leurs ancêtres avaient
erré pendant des siècles, sans jaxais essayer
de l'améliorer. Pour agrandir cet établisse-
ment, le gouvernement donna aux frères
moraves une autre partie du pays qui reçut
le nom de Groenc-Kloof. Dans l'espace
d*une année, le désert avait disparu et avait
fait place à une terre couverte d'abondantes
moissons. I^s missionnaires rapportent que,
c même dans la conduite des aflaires tempo-
relles, les Hottentots témoignaient assez
qu'ils étaient sous l'influence des idées chré-
tiennes ; ils se portaient avec ardeur au tra-
vail, soit pour construire leurs huttes, soit
pour cultiver leurs terres, et Dieu bénissait
l'ouvrage de leurs mains. » Quelques-uns
des fermiers hollandais ex|)rinjèrent leur
surprise des changements qu'il voyaient s'o-
f»érer chez ce peu[)le. « Ils étaient emerveil-
és, disent les missionnaires, de voir 'que
lorsque ces misérables ivrognes arrivaient
h Gnadenthal et entendaient la parole de
Dieu, ils recevaient véritablement la grâce,
et devenaient de tout autres hommes. •
Peut-être n'y a-t-il rien de plus remar-
quable dans l'histoire de ces établissements,
que le fait de la profonde sensation produite
|)ar le spectacle de la prospérité dont jouis-
saient les nouveaux convertis, sensation
qui non-seulement était générale dans toute
la nation hottenlote, mais qui était égale-
ment partagée par des tribus appartenant à
d'autres peuples, et partout accompagnée
d'un désir d obtenir les mêmes avantages.
Des familles entières de Hottentots, et même
de Boschismans, partirent des frontières de
la Cafrerie, et firent des voyages de plusieurs
semaines pour venir s'établir à Gnadenthal.
Des individus de la nation Tomhuki, et quec
f047
RAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
m
ques-uns appartenant à la nation des Dama*
rasy qui est par delà le pays des grands Na-
maquois» se rendirent à Groene-Kloof et y
fixèrent leur demeure. Un fait singulier
dans Thistoire de ces raoes barbares, c'est
celui que nous présentent les sauvages Bos-
chismans, adressant de leur propre mouTO-
ment au gouverneur du Cap, qui travaillait
alors à les réconcilier avec les colons, une
sollicitation très-pressante pour qu*on leur
envoyât des instructeurs semblables à «eux
qui avaient résidé longtemps avec les Hot-
tentotsà Gnadcnthal. « C*est, dit rhistorien
de la mission, un cas qu*on a dû rarement
observer, que celui d'un peuple sauvage qui,
traitant ayec une puissance chrétienne,
demande comme une des conditions de la
paix qu'on lui envoie des missionnaires
chargés de Tinstruire dans le christia-
nisme. »
Le défaut a espace ne me permet ^)as d'em-
prunler à celle histoire beaucoup d'autres
détails qui seraient également très-dignes
«rattirer raflention ; mais les faits que j'ai
<:ilés sont de ceux qu'il ne m'élait pas per-
mis d'omettre dans une investigation comme
celle-ci; car ils sont évidemment d'une très-
grande portée relalivemeut à l'histoire de
cette singulière et intéressante race. Les
personnes qui voudront les examiner de
bonne foi, et sauront les apprécier à leur
juste valeur, y trouveront certainement la
preuve qu'il y a chez les Hottenlots les
mêmes principes d'action, la même nature
intérieure que chez les autres branches' de
la grande famille humaine, et celle convic-
tion ne fera que se fortifier par la lecture
des détails qu'ont donnés les missionnaires
sur leurs travaux ultérieurs et sur les chan-
hcuicnts moraux qui en ont été le résultat.
§X.
Traits physiologiques concernant les nalioos nègres de
TAfiiqae occidentale.
On croit généralement que la religion
primitive des nations de l'Afrique occiden-
tale, celle qui y dominait dans les temps les
plus reculés, antérieurement aux époques
Jiisloriques, et avant l'introduction du chris-
tianisme ou de l'islamisme, n'étaitautre chose
mancie, les charmes, ^es talismans, les pté-
sages, les jours heureux et malheoreux, l«$
idées de bonne et de mauvaise ch<oce,dQ
bon et du mauvais génie des individus.
« Le mot Missoj dit Barbet, dans sa des-
cription de la Guinée, est un mot portugais
qui signifie charme ou talisman. » Ce n est
pas un terme africain; et, si les nègres de U
Côte d'Or l'emploient, c'est qu'ils l'ontadopté
des Portugais; ces nègres nomroem km
u\o\es Bossum ou Bossefoe. Le P. Godefruy
Loyer, préfet apostolique des Jacobins, ipii
fit un voyage au royaume dlssiny, et étudU
le caractère, les mœurs et la religion ût^
naturels, dit que c'est une grande erreur •>
sup[)oscr que les fétiches sont les dieui an
nègres. Il déclare qu'ils croient à un ét^'
tout puissant, et que, du moins dans h
contrées qu'il a visitées, c'est & lui qo'iN
ont coutume d'airesser leurs prières.
« Tous les matins après s'être levés, dit if
voyageur^ ils s'en vont au bord de ta o>r
ou de la rivière, pour se laver, eu r^m
avoir jeté quelque peu d'eau sur leur eu-,
cl quelques grains de sable, en signeitaiDi-
lité, ils joignent les mains, puis lesotr'oo-
vrant» ils expriment en soufflant dediect
terme eksruais, et après cela les éleraniitr
leurs yeux au ciel, ils font cette prière : it-
guioumé marné maro^ marné orit^ marné rku*
e okkori^ marné akaka^ marné bremoûmamiû»*
goxian e aounsan^ c'est-à-dire . Mon Dieu,
donnez-moi aujourd'hui du riz el des i^a-
mes, donnez-moi de l'or et tic Taigris, d'in-
nez-nioi des esclaves et des richesses, doc-
nez-moi la santé, et faites que je soislégf/
et dispos [1121). »
L'excellent missionnaire Oldendorp, qr.\
paraît s'être donné beaucoup de peines \^^if
ao(]uérir des notions exactes et complet^»
sur l'histoire mentale et le caractère (le>
nègres, et qui a eu pour cela des oerasions
comme les voyageurs en rencontrent rare-
ment, nous assure qu'il a reconnu, ciio
tous, la croyance en un Dieu, qu'ils re\^f^
sentent comme infiniment lion, inOoimcu:
puissant.
« Il est le créateur du monde et des borv
mes, c'est lui qui tonne dans les airs pour
foudroyer les méchants. Il voit avec .sali>f^*-
font le bien H leu»*
>ense une longue \\f
-. , , .. . . , ^«.. -es nègres se rcconiuv*-
tlouiela superstition des charmes est forte-' sent redevables pour tout ce qui pcol cor-
ment enracinée dans Tesprit des nègres ido- tribuer en quoi que ce soit à leur bonhetT
litres, mais elle s'y allie avec plusieurs ves-
tiges encore très-apparents de la religion
naturelle. On peut observer, au reste, xhez
des nations parvenues à un degré beaucoup
plus é'evé de culture intellectuelle, des su-
jierstilions et des usages qui ont plus ou
moins do ressemblance avec le fétichisme
de l'Africain. Telles sont, par exemple, la
croyance dans une destinée qu'aucun effort
hnmain ne saurait modifier (c'csl-à-dire le
fatali.^mo), la foi dans l'astrologie, la nécro-
pour les avantages personnels, tels qtie u
force, la beauté, Yc courage, aussi bien qu'
pour les produits de la terre, car €es\ j«*:
sa volonté que la pluie tombe du ciel poa»
fertiliser le sol.
« Il aime, disent-ils, à voiries bommesiwi
adresser des |)rièr8S dans leurs besoins, « 4
il les secourt dans les dangers, dans 1^^
maladies, dans les temps de sécheresse, et-
Ce dieu suprême habite dans le riel ; ^<*' -
séjour esl bien loin au-dessus des nua^e* .
^^Mt:!} rulniicn du vcungt au royaume <r/«f>y, par le P. Godcfroy Loïeu; Pari», l?ll, in I' fi
IMS
lue
DiCTiONNAIIE APOLOCETIQCE.
RAC
Î9SÙ
i) i sous soo pooToir tous les autres dieux.»
« Parmi toutes les nations noires gue j>i
rnnnues, dit encore Oidendorp, il n'y en a
C? une^ même parmi les plus ignorantes et
» plus grossières, qui ne croie en un Dieu,
qui n ait apf»ris à lui donner un nom, qui
ne le considère comme le créateor du monde,
ei qui ne lui reconnaisse plus ou moins
expressément tous les attributs que j*ai
tniimérés plus haut. Cependant, comme ils
fiDploient en parlant de Dieu le même mot
ijont j!s se serrent pour désigner le ciel, il
va lieu de douter s'il ne prennent pas le
'iel même pour la DiTÎnité; maispeut-élre
i^urs idées ne sont-elles pas assez nettes
four que cette distinction se soit jamais pré-
srotée à leur esprit.
« Outre cette divinité suprême et bieufai-
5uite que toute les nations de la terre ado-
rent f.ar diverses formes de cultes, les nègres
rroient à Texistence de plusieurs divinités
li' fnlre inférieur, qui sunt soumises au Dieu
««^averain, et servent comme de médiateurs
Ttxire lui et les hommes. Ce sont ces divi-
wi'es secondaires qu'ils révèrent dans li*s
Hr(ienls» les tigres, les loups, dans les ri-
^wes, les arbres, les montagnes, et dans
cctUîdcs pierres que leur volume, leur
t' tj e, leur position ou les légendes qui s'y
p"xfcenf»ont rendues un objet de vénéra-
r.'n. Les plus stupides d*entrc les nègres
' 'i.irient que le serpent , le tigre et la
j l'.rre, sont réellement des dieux, que Tar-
•**e entend leur prière et que le tigre peut
i»y pleuvoir ; mais les nèjjres les plus in-
l'ii'i^enls considèrent ces objets comme des
représentations de dieux inférieurs, et sup-
I*-^enl que des divinités locales habitent
» lus certains arbres ou sur certaines colli-
nes f jk elles demeurent invisibles. C'est ce
S'i at estent les fables qui ont cours parmi
les pré res d'Akkran, et qui sont relatives à
I^ 5ul:ordination des dieux titulaires envers
UD« divinité siijprême,.et ce'a est également
d i)ctord avec I liiée quMs ont que les divi-
nités inféiieures s'absentent pendant un cer-
t^iQ temps de Tannée, quoi«iue les corps
n. itcriels sous la forme desqueison les adore
'« >ier.f toujours présents aux yeux.
« Les objets de leur adoration appartien-
n^r t les nus au culte national, les autres au
l'jfle domestique. Ainsi les Fidas, outre le
i^rsnd serpent qui est la divinité de toute la
ni ion, ont chacun leurs petits serpents qui
«••ni adorés comme des espèces de dieux
pénates, mais ne sontpas estimésà beaucoup
y'vs aussi puissants que lautre dont ils ne
"•' ut que les subordonnés. Quand un homme
? ^ien reconnu que son dieu lare, son ser-
i entdomestique,estsans force pour lui faire
«»:*lenîr i:e qu'il demande, alors il a rci:ours
'''J Qfand serpent. La divinité nationale des
Kingas est une dent d*éléphant, et celle de
»'* iribu des Wavas, un tigre. Les Sembers
' ni pour dieux des idoles de bois h forme
riniuaine qu'ils nomment Zioo. Les Loangos
•nt aussi, soit dans leurs maisons, soit dans
d*'s espèces de temples, des idoles sculptées*
^'l^ésenlantdespe^sonnagesdesdeux^clt^,
les uns habillés, lesautres nus el peints. Ces
idoles sent servies par des prêtres qui pas-
sent pour en être inspirés et délivrent leurs
réponses, que Ton reçoit|comme des oracles.
Certaines tribus d*Aminas donnent le nom
de Borril)orri à un Dieu qu'ils considèrent
comme le créateur de leur nation et Tordon-
nateur du monde; ils croient qu*il aune
femme nommée Sankomaago, de laquelle il
lui est né un fils nommé Sankumbo,gttiest
le médiateur entre Thomme et la divinité
sunrême.
L'opinion générale parmi ces nations est
Sue les dieux inférieurs bont chargés par la
ivinité suprêmede veiller sur certains pajs,
sur certains hommes, sur tels animaux ou
telles plantes, sur telle rivière ou telle mon-
tagne, et qu'ils doivent tous chaque année
rendre compte de leur conduite. Ces rap-
ports se font dans une assemblée générale
de tous les dieux réunis à la cour de la divi-
nité suprême. Celui qui a rempli convena-
blement sa tâche est confirmé dans son oOico
pour l'année suivante, et est marqué avec
un fer chaud; mais ceux qui ont permis au
malin esprit d'allumer des guerres injustes
entre les nations, ou qui ont méchamment
laissé la peste, l'incendie, on d'autre fléaux
de ce genre* désoler le territoire confiéà leur
garde, sont déposés, bannis du rang des
dieux et rendus mortels. De désespoir, et
par désir de vengeance, ces dienx déposés
se jettent généralement dans l'opposition, et
deviennent des esnrits malfaisants, Olden-
dorp annonce qu'il a trouvé ces détails sur
les relations des dieux inférieurs avec la
divinité suprême dans le journal d'un Afri-
cain indigène, Christian Prottens, qui avait
fait longtemps partie de la communauté des
Frères.
« Les fétiches des nègres, qui jouent un si
grand rôle dans leurs croyance superstitieu-
ses, sont de même nature aue les charmes
des nations du Nord et que les amulettes et
les talismans de l'OrienL
c Les fétiches on schambas, comme les
nomment les Wawas, sont des objets sacrés
qui, en vertu d'une permission de Dieu,
possèdent certaines vertus particulières «
comme d'éloigner les mauvais esprits,d'écar-
ter toutes sortes de maladies et de dangers,
et surtout de mettre à l'abri des enchante-
ments. Aux yeux des nègres eux-mêmes, ce
ne sont point des dieux; d'ailleurs il faut
convenir que, d'après la singulière vénéra-
tion payée à ces fétiches, on a bien pu sup-
poser qu'ils étaient l'objet du culte national,
et c'est en effet ce que croit encore aujour-
d'hui parmi nous le vulgaire. Les indigènes
ornent non-seulement leurs personnes, mais
aussi leurs idoles avec ces fétiches qui se
iransmcitcnt ûes pères aux enfants, et sont
considérés comme la |K>rtion la plus pré-
cieuse de riiérilage ; d'autres sont conser-
vés dans des maisons destinées h cet usage
et confiés à certaines personnes qui n'ont
pas d'autre emploi. Les Mandin^os prennent
volontiers pour fétiche tout objet qui a été
frappé de la foudre; nous avons vu, en effet
1051
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE:
RAC
m
que les nègres ne véuèrcDl leurs fétiches
3ue parce qu'ils croient que quelque chose
e divin leuraété communiqué; or, de tous
les signes par lesquels peut se manifester
cette coniiiuinicalion, en est-il un plus évi-
dent que la foudre, qui est, à leurs yeux, lat-
tribut particulier du Dieu suprême et lancée
immédiatement par lui ?
j « Les nègres se servent de leurs fétiches
comme d'un moyen de f;Wjtection contre tou-
tes les choses qu'ils supposent mauvaises ou
dangereuses. Ainsi les Ibos, lorsqu'ils par-
tent pour la guerre, attachent avec des cor-
dons, à divers parties de leurs corps, cer-
tains féliclics qui doivent les | réserver de
blessures; les Aminas emploient dans le
même l)ut une queue de vache consacrée.
Pour tous ces hommes d'ailleurs le princi-
pal usage des fétiches est de servir à les pré-
server au mal qu'essaierait de leur faire le
mauvais esprit, qu'ils regardent comme la
cause de tous les malheurs. 11 est, en etlet,
J'ennemi du Dieu de bonlé> il cherche à
séduire les hommes, à les tourmenter, à les
faire mourir, et une fois qu'ils sont morts
à s'emparer de leurs âmes. Les nègres ne
se croient jamais complètement à l'abri de
ses pièges.
« 11 n y a pas de nation africaine qui fa^^se
de ce démon malfaisant un objet d'adoration,
ni qui l'invoquedans le danger; mais toutes
reconnaissent avec effroi sa puissance, et
cherchent à l'apaiser par des dons. Ainsi,
par exemple, les prêtres des Aminas ont
soin, avant d'ensevelir leurs morts, de pla-
cer dans un endroit puriûé plusieurs choses
de valeur, qui sont un don propitiatoire
offert au mauvais esprit qu'ils nomment
DiiL L'appelant alors par son nom, i*is le
prient de se contenter des présents qu'ils ont
préparés pour lui, et de laisser le mort en
paix. Lorsqu'ils veulent du mal à quelqu'un,
ils le maudissent par le Didi, le Kaltiam-
)>emba, ou par tout autre nom sous lequel
ils désijgnent le mauvais esprit.
Pratiques religieuses de ces nations. —
Nous avons vu que la croyance des nations
nègres, dans l'existence de puissances sur-
naturelles qui président, chacune dans son
département, aux choses de ce bas monde,
est une croyance qui leur est commune avec
des nations appartenant h d'autres races, et
les idées qu'ils ont sur la nature de ces di-
vinités secondaires, sur leur attribut? et
leurs rapports avec une divinité supérieure,
sont aussi à peu près les mêmes que Ton
trouve ailleurs. Nous allons voir maintenant
que les Africains se rencontrent également
avec les Européens et les Asiatiques, dans
le choix des mo vens par lesquels ils cher
chent à obtenir la faveur de ces êtres invi-
sibles au pouvoir desquels ils se croient
soumis. Les principaux de ces moyens sont,
comme partout, les prières et les sacrifices.
« Les nègres, dit Oldendorp, ont différen-
tes manières d'honorer la divinité, et ils lui
rendent spécialement hommage par des priè-
res cldcs offrandes. Ils prient à des moments
et dans des lieux déterminés, et de plus,
comme je l'ai appris des nègres Ani\D«s,
dans toutes les circonstances un peu criti-
ques. Ils prient au lever et au coucher da
soleil, avant de manger, avant de boire, et
lorsqu'ils partent pour la guerre. Au milieu
même des combats, les Aminas entonnent
des chants dans lesquels ih implorent le
secours de leur dieu, et cherchent à émou-
voir en leur faveur son cœur paternel. La
prière quotidienne d'une négresse walja
était : « O Dieu ! je ne te connais f^s, niais
tu me connais, ton assistance m'est néces-
saire. » Aux repas ils disent : « O Dieol
c'est toi qui nous a donné ceci, c*est toi qui
l'as fait croître; » et lorsqu'ils vont à IW
Trage : « O Dieu! c'est toi qui m'asdenné
la force dont j'ai besoin pour mon travail.»
Les Sembers disent dans leur prière du
matin : «ODieuI assiste-nous, nous oe
savons pas si nous vivrons demain ; noire
sort est entre tes mains. » Les Handingos
prient aussi pour leurs morts. Ils pheni
devant leurs idoles et leurs fétiches. Le5
prières solennelles, qui sont faites pàrlcaîe
une trib 1 ou toute une nation, soutaxioa-
pagnées de danses exécutées au son teio-
struments et entremêlés de cris effraviDls.
Les Akkrans interrompent souvent leou
danses par des génuflexions.
« Les demande^ qu'ils adressent à Dieu
ont pour objet la santé, la force, Tadresse,
des saisons favorables, une abondante ré-
colte, la victoire sur leurs ennemis et au-
tres choses de ce genre. Lorsqu'il y a une
longue sécheresse, les Wawas, la tête et le
corps couverts de feuilles, viennent en lu-
gubre procession devant la maison du Sham*
beo, où le dieu qu'on adore est un tigre.
Là, avec des cris et des lamentations, ris
lui représentent leur détresse et le danger
où ils sont de mourir de faim, s'il reste
sourd h leurs prières et ne leur en voie bien-
tôt de la pluie. Chez les Loangos, dans de
semblables occasions, on amène devant le
temple une offrande de bétail ; quand celte
offrande a été faite avec les cérémonies d'u-
sage, le prêtre, qui se mêle aussi de la pra-
tique des enchantements, engage le peuple
h retourner en toute hâte au village, pour
éviter d'être surpris par la pluie. Chez les
nègres Konomantis, les femmes se rendent
An procession vers leur prêtre, qu'elles
nomment Belum^ lui ap(>ortent des fruits de
toutes sortes, et le prient de leur faire avoir
de la pluie. Les VVatjas adressent leur^
prières à la nouvelle lune, pour qu'elle leur
donne la force nécessairei dans leurs tra-
vaux; et les Aminas vont jusqu*à demander
à leur dieu de payer leurs dettes.
« Les sacrifices qui, chez ces peuples,
forment la partie la plus importante du
culte, se célèl)rent toujours dans des lieox
saints, et par l'intermédiaire de personne
consacrées. Les lieux saints sont coax «>u
une de leurs divinités réside, soit soos uw
forme visible, soit à l'état invisible. Ce soni
en général d'anciens édifices, desrollioos,
des arbres remarquables par leur véUi*t#»,
par leur hauteur ou leur grosseur. Us ont
IC5S
RAC
DICTIONNAIRE APCMjOGETIQCE.
RAC
1054
aussi des bois sacrés où quelque di?inîté
est supposée laire soo séjour, et où du!
homme, s*il n*est sorcier ou prêtre, ne se
hasarderait h pénétrer.
€ Les offrandes des nègres consistent en
iKeiiiSy rachesy moutons, cbëTres, oiseaux
lie basse-cour, buiJe de palmier, eau-de-rie,
iiçnames, etc. Quelques nations offrent aussi
iies sacrifices bumaios. Dans les occasions
de réjouissances, ils otTreut des animaux
MancSv dans les circonstances malheureuses
ils en choisissent de noirs. Quelques-uns
•Je leurs sacrifices se font à des époques qui
reTiennenl périodiquement, d*autres sont
Jétcncinéspar les événements : un individu
« o offrira à Foccasion d'une maladie, une
aatiOQ à l'occasion d*uqe guerre, d*une se-
*.*ieresse. Au reste, tous les sacrifiées n'ont
l-i\s pour olijet d'obtenir les faveurs de la
•àivînité; on en offre aussi en témoignante
<li? gratitude des bienfaits reçus. On fait
roûn des offrandes en mémoire des morts.
^ Ijorsque les jeunes gens de Temba vont
^ la guerre, les vieillards qui sont restés au
village travaillent à obtenir peur eux, au
iiioyen de |)rières et d*ôffrandes, la protec-
bAÔ et le secours de Sioo, leur divinité. Ils
^ Trosternent en présence de son image, et
' li présentent des moutons et des oiseaux;
is rersent le sang de ces animaux devant
son autel, y déposent comme offrande les
nscèrcs, y réservent les chairs qu'ils apçrè-
Irot pour en faire un banquet sacré. Si le
1 Vit du sacrifice n'est pas atteint, si l'expédi-
! on ne réussit pas, ils n'en rejettent point
!« faute sur Sioo, et ne doutent point de sa
i»>nne disposition h les secourir; mais ils
f >ensent que cette fois sa puissance n'a pu
f «revaloir contre celle du dieu des ennemis.
A tin d'obtenir de la pluie, les Aminas sacri-
t3*rntun grand nombre de moutons et d'oi-
seaux domestiques, et supplient le Tankou-
j Mim de faire ruisseler la pluiedu ciel comme
r^iissèle le sang des victimes immolées en
!r-.«n honneur. Ou fait beaucoup d'offrandes
|Hoorles malades, et quantité de présents
s-j»nt envoyés au prêtre, |H)ur qu'il s'inté-
resse h leur rétablissement. Si la personne
malade meurt, les prêtres sont persuadés
• |iie les dieux roulaient avoir son âme, et
>h'ins ce cas, on sent bien que tous les pré-
«^nls devaient être impuissants ; si elle gué-
rit, ses amis préparent un grand festin, et
îTrenl aux dieux, en signe de reconnais-
sance, des moutons blancs ou des oiseaux
«^e même couleur.
Obsèques, — Cérémonies publiques. — Pèle-
rivages, — « L'enterrement des morts est
aussi une occasion de sacrifices : avant que
'e corps*soit déposé dans la tomlie, le prê-
tre immole une poule blanche, et en ré^iand
'e sang sur le cercueil. Cette coutume pa-
rpi\ avoir été introduite par la nation des
Ka Tigrents. Chez cette nation, ceux qui dé-
tr\^hent un champ offrent un animal do-iics-
ù«iue ïk la divinité, et font vœu de lui en
«•tirir un autre semblable si elle bénit leur
travail. Les sacrifices humains sont très-
r.ires parmi les nègres, mais ils n'y sont pas
entièrement inconnus. Dans le vieux (Kala-
l>ar, un enfant de dix mois fut pendu à un
arbre, avec un oiseau vivant, poqr obtenir
la guérison du roi ; ee fait est rapporté par
un témoin oculaire, M. Seelgrave. llans une
antre occasion, le roi de Dahomeh sacrifia h
son dieu , pour le remercier d'une victoire
qu'il avait obtenue sur la nation des Fidas,
Sjuatre mille prisonniers; ces malheureux
urent décapités, et leurs têtes disposées en
un monceau formèrent comme une sorte de
trophée, pour perpétuer la mémoire du suc-
cès.
c A la fête annuelle de la moisson, que
célèbrent toutes les nations de la Guinée,
des sacrifices d'actions de grâces sont offerts
à la divinité. Ces fêtes sont des jours de
réjouissance que les nègres passent en fes-
tins et en danses; puis, une partie de la
nourriture qu'ils ont préfiarée pour ces re-
pas est déposée, en signe de reconnaissance,
devant les images des dieux. Ils offrent
également à la divinité, comme témoignage
do leur gratitude, une certaine portion de
tontes les choses qu'ils ont récoltées. Les
Karabaris, avant de célébrer la lête de la
moisson, ont coutu*ne de pratiquer cer-
taines cérémonies, dans le but de chasser
de leurs villages les mauvais esprits. A la
même époque les Watjas se rassemblent
dans une belle plaine, là, sous la direction
d'un prêtre, et a trois reprises différentes,
ils remercient Dieu à genoux pour la bonne
moisson qu'il leur a accordée, le priant en
même temps de leur continuer pour l'ave-
nir les mêôaes tiénédictions. Lorsqu'ils so
relèvent, toute rassemblée témoigne sa joie
et sa reconnaissance en frappani oes mains.
Après cette solennité religieuse, vient ud
joyeux festin pour lequel chaque famille a
tué et préparé un mouton et des volailles,
c Au nombre de ces fêles annuelles, il
faut compter le pèlerinage de la nation des
Fidas au temple du grand serpent. Le peu-
ple réuni devant la demeure du seriient^
prosterné la face coutre terre, adore cette
prétendue divinité, sans oser lever les
yeux vers elle. A l'exception des prêtres, il
n'y a que le roi qui ait droit à cette laveur,
et pour une fois seulement. Les Wavras ont
aussi une cérémonie annuelle en l'honneur
d'un tigre qu'ils considèrent comme un
dieu, et qui est servi par des prêtres. Non-
seulement ils font devant lui acte d'adora-
tion solennelle, mais ils lui apportent des
offrandes de maïs, de volailles, de moutons
et d'autres choses de ce genre. On dé|)Ose
le tout devant le tigre, qui, pour cette so-
lennité, est orné de shamt)OS on fétiches, et
ce qu'il laisse sert è faire un repas sacré,
que l'on accompagne de danses et autres
amusement:^. Chaque nègre, eu son parti-
culier, célèbre par une fête l'anniversaire
du jour où, pour la première fois, il a versé
le sang d'un autre homme.
Des ordres de prêtres^ de leurs fonctions el
de leur pouvoir. — «( De même que toutes
les nations de l'antiquité, les nègres i^iens
reconnaissaient è un*" classe particulière
iV»
RAC
DICTIONNAIRE ArOL(M;ET;Q|]C.
RAC
1050
dlioinnies le privilège de servir de médifl-
teors entre le peuple et les dieux. Ea Afri*
que, comme ailleurs, les prêtres sont les
seuls qui puissent être les interprètes de
sesTolontés; comme ailleurs aussi, ils joi-
gnent souvent à ces fonctions celles de de-
rins ou de magiciensv et ont encore le pri-
vilège exciusiî de faire et de vendre des
charmes et des amulettes.
« G*est vraiment chose merveilleuse que
de voir jusqu'où va sur tous ces points» ra-
nalogie des opinions chez des hommes ap-
partenant d'ailleurs è des races séparées les
unes des autres depuis un temps immémo-
rial ; car cette analogie» comme on a d^à
pu le remarquer, ne s'étend pas seulement
aux principes de la religion naturelle que
la conscience et le sentiment intfme révè-
lent à Tesprit et gravent dans le cœur» mais
on peut la suivre encore dans toutes les
phases, dans toutes les formes de la supers*
tition» comme dans tous les moyens par
lesquels des hommes rusés et ambitieux
profitent de la faiblesse et de la crédulité
du leuple.
« Tout le cérémonial du culte, chez les
nègres, est confié è des prêtres et à des
prétresses, personnages qu'on suppose en
communication intime avec les dieux et
interprètes de leurs volontés. Eux seuls
connaissent les moyens par lesquels peut
être Apaisé le courroux du ciel. A eux ap-
partient le prévilége de présenter aux dieux
les prières et les offrandes, et c'est par leur
toiiche que les dieux répondent. Il n'y a
donc pas lieu d'être surpris qu'ils soient
tenus dans la plus haute estime par le peu-
ple, et qu'ils exercent sur lui une autorité
j)resque sans bornes. Aucun nègre n'oserait
enfreindre les commandements des prêtres :
même après la mort, pour accomplir la
t'érémonie de l'ensevelissement du corps,
! assistance du prêtre est nécessaire, car
lui seul sait comment empêcher le mauvais
esprit de faire tomber l'Ame sous sa puis-
sance.
^ « Dans les temps de maladies éptdémiques,
d'expéditions guerrières, et dans d'autres
circonstances graves, les nègres, pour con-
naître l'issue de l'évi^nement, sollicitent
Aine réponse de la divinité. Dans ces occa-
sions, un homme de la nation Amina a cou-
tume d'amener au prêtre un mouton ou
tout blanc ou tout noir. Le prêtre sacrifie
l'animal, asperge de son sang un grand
vase, et ensuite transmet la réponse à la
c^uestion pour laquelle on est venu vers
I oracle. Si le malade appartient à la naiion
dos Fidas, c'est au serpent qu'il s'adresse,
par l'intermédiaire du prêtre, pour savoir
SI sa maladie lui vient de Dieu, où si elle
est l'effet d'un enchantement. En lui faisant
connaître la réponse, le prêtre lui indique
en même temps le remède qu'il devra faire,
à moins que la maladie ne soit mortelle,
cardans ce cas, on lui déclare qu'il doit
rononcerà tout espoir de guérir; le prêtre
et la pretrns5e qui lui fait ainsi connaître
son sort, ne se fait pas payer pour cette
triste nouvelle, mais, dans le cas contrair*!,
l'interprète du dieu exige toujours on pré^
sent c^mme prix de son ministère. Le grand
serpent, sans être interrogé, fait connaître
h la prêtresse les guerres qui sont immi-
nentes, et celle-ci ne manque pas d'en infor-
mer le roi. Elle lui dit le uom de rennemi,
nrécise l'époque de l'invasion, et prédit
l'issue de 1 entreprise. Dans le cas où l'en-
nemi doit être victorieux, elle donne m
prince le prudent conseil de se sauver par
une prompte fuite. Elle prédît aussi an roi
l'époque de l'arrivée des vaisseaux. Les
prêtres annoncent également desévénerneois
qui n'intéressent que de simples particuliers:
tel homme doit être frappe de mort, telle
femme de stérilité, et ces malheurs seront
un effet de la colère des dieux , colère qui
d'ailleurs peut être apaisée par des jirésciiis
et des sacrifices. Il n'y a neo de sicacbè
que les prêtres ne puissent connaître; ih
savent tout, jusqu'au sort qui est réserve
aux âmes après la mort, et pour apprcodrf
si elles sont allées à Dieu ou au maunb*
esprit, c'est à eux que Ton doit s'adreiar.
« Dans tous ces pays, les prêtres, eonis»
autrefois ceux d'Apollon et d'Esculape, a-
mulent avec les fonctions du sacerdoce
l'exercice de la médecine* T^s maladies ont,
en effet, aux yeux des nègres, de tout autre»
causes qu'aux nôtres, et quoique parmi cui
il y ait à ce sujet de grandes divergences
d'opinion, cependant, en général, ce n'est
point à des causes naturelles qu'ils les rai)-
[K>rtent. Les Wdtjas les attribuent aux mau-
vais esprits qu ils nomment Dobbos, ri
dont ils supposent que le nombre s'aug-
mente quelquefois au point qu'il en résulte
de véritables épidémies. Quand les DoblKis
sont devenus par trop nomtjrcux, le peuple
a coutume de s'assembler autour du coton-
nier sacré du village, afin d'obtenir l'auto-
risation de bannir ces hôtes incommode5.
Cette formalité remplie, une chasse générale
s'organise; on poursuit les démons le>
armes à la main, en (toussant de grands m\s
et on ne cesse point qu'on ne les suppose
expulsés du canton. Cette chasse des* dé-
mons de la maladie est une pratique trè<-
commune chez plusieurs nations de la Gui-
née, car, chez tous ces peuples, l'opinion
commune est que le plus grand nombre des
maladies est l'effet des enchantements, bien
qu'on en re«:onnaissc aussi quelques-unes
aui n'en peuvent survenir que par ia?oIoBtc
e Dieu.
« Comme on le pense bien, ces théorie^
médicales seraient souvent démentie» p«'vr
l'événement; mais ceux qui ont intérêt à
les maintenir en crédit ne manquent pas de
soi?hismes pour rendre compte des ftiLs
qui donneraient le plus beau jeu aux incré-
dules, et il faut convenir qu'ils sont quel-
quefois ingénieux à trouver des einliVa
tiens. Ainsi, pendant la saison de^ pluies
les maladies céderaient drilicilemenl aut
remèdesmie pourraient imlifpicrlesprélTf^.*
mais ce (léfaut de succès ne peut leur être
imputé à mal, car lear habileté, qui*^'
I0&7
RA€
DiCTlONIUlRE AniLOGETIQOE.
BAC
ittSi
montre assez dans les temps ordinaires,
tient à ce qu*iis agissent alors d'après les
avis qa*Us reçoirékit d'en haut : or, dans
cette dangereuse saison, les dieax étant
tenus de se rendre à la cour de la divinité
souveraine, les prêtres ne peuvent prendre
leurs avis. Pendant cette absence des esprits
prolecteurs, qui dure six semaines entières,
on ne bat pas le tamliour sacré, on n'obr
serre aucun jour de fêle, et les morts sont
enterra silencieusement, sans chants et
sans lamentations.
« Parmi les Fidas, ceux nui, dans leurs
maladies , après avoir eu ci^abord recours
aux petits serpents n*ont point éprouvé de
soulagements, ont enfin recours au grand
serpentqui, parla bouchedeses prêtres, leur
indique un remède, on leur reproche lafauie
dont ils portent maintenant la punition : ils
aV)nt pas assez honoré les dieux intérieurs
ou ne leur ont pas complètement obéi, et
ils doivent s*efforcer avaut tout de les af^ai-
ser par des offrandes d'oiseaux domestiques
u autres choses semblables ; d'autres l'ois,
il tèui que le malade donne en l'honneur
de ces dieux une fête dans laquelle de nom-
breux convives boivent, chantent, jouent
^es instruments , dansent et se livrent à
loiisles plaisirs; dans tous les eas^ il n'y a
l«/iat de guérison à espérer avant aoe les
dieux aient été apaisés. Chez les llokkos,
lorsque les prêtres ont prescrit un sacrifice
'ians le but d obtenir le rétablissement d'un
malade, ceux qui ont amené la victime, ont
>oin, après qu elle a été immolée, d'aban-
«iaoner une portion des chairs aux oiseaux,
qu;, suivant qu'ils se jettent avec plus ou
•«•oins d'avidité sur cette proie, suivant
qu^ils se querellent plus ou moins en se la
partageant, annoncent aux amis du malade,
qui les observent soigneusement, l'issue
lavorableou funeste de la maladie. Les mé-
jicaments que l'on administre au malade
>ont aspergés avec le sang de l'animal sa-
cri fié.
« Les prêtres des Akripons recueillent
*eatt d*une petite source qui sort du creux
Uu rocher où lialâte leur dieu Kinka, et
la donnent aux u:aiades pour s'en laver,
^lin d'obtenir ainsi leur guérison. Parmi les
fcas^etttis, on en voit qu:, dans le butd'ob-
tenir io rétablissement d'un malade, vien-
nent prèsd*un arbre qui est tenu pour sa-
€ ré, el s*agenouillant devant le tronc, ver-
»«^nt sur une poule qu'ils ont apportée en
tfilraiHie, une épaisse tiouillie de mais ; une
portion de cette bouillie est réservée ])Our
tAire des onctions au patient.
« Il but dire à l'honneur des Bliakejas,
lOisoDt les prêtres de Karabani et de Sokko,
qu'ils ne se contentent pas comme tant d'au-
',r^s^ de recommander des sacrifices et des
^cfraodes dont une partie leur revient, mais
{u^ls s*oci^upent sérieusement de rinslruc-
^'^o religieuse du peuple, et prennent soin
•^ lui enseigner la 'manière de prier.' Les
"y<,res Tiennent les trouver dans ce but,
'^ l séparément, soit plusieurs ensemble,
' "^'agenouillant avec eux, ils adressent à
leur dieu , qu'ils nomment Tsukka , des
irières par lesquelles ils lui demandent
d'éloigner d'eux le fléau de la guerre, de les
préserver de la captivité et cTéloigner les
autres malheurs dont ils peuvent être me-
nacés. Les prêtres exigent d'eux l'enj^age-
ment qu'ils traiteront doucement leurs es*
claves, el qu'ils leur arcorderontdeux jours
par semaine pour s'occuper de leur pnipres
affaires.
« Dans certains lieux les prêtres sont en
même temps sorciers, mais chez pl'jsieurs
nations, les Sokkos et les Watjas, \)ar exeiu-
tile, cette dernière fonction est distincte de
a première.
Immortaliié de rame. — « Il n'j a peut-
être pas une nation de la Guinée, qui ne
croie à l'immortalité de l'Ame , et qui ne
pense qu'après sa séparation du corps cette
Anje est encore soumise è certaines néces-
sités, qu'elle reste caj.able d'agir, et sur-
tout qu'elle est susceptible de sentir le lion-
heurou le malheur. J'ai remarqué que chez
les Aminas, il n'y a qu'un seul mol pour
signifier âme et ombre, et j'ai aussi entendu
dire à plusieurs individus de la nation
watja, qu'ils supposaient Time d'une nature
aussi subtile que l'ombre.
Récompenses el ekàtimenU après la moru
— « C'est parmi les nègres une croyance
presque universelle qu'une fois séparées du
corps, les Ames des justes s'en vont à Dieu,
tandis que celles des méchants vont au
mauvais esprit; c'est |K)urquoi, à la mottde
leurs chefs, ils ont coutume dédire que
Dieu a appelé leur âme i lui. Les Loan-
gus imaginent que le séjour de Samboau-
Pungo (c'est le nom qu'ils donnent à Dieu)
est aussi le séjour des bienheureux ; mais,
quant à l'enfer que les autres |;eu|»les pla-
cent en général dans les entrailles de la
terre, ils le |ilacent dans les airs, ils croient
que les Ames qui vont au mauvais esprit
deviennent desianiômes, qui apparaissent
de nuit, et qui, ayant conservé leur | en-
chant à faire du mal, tourmentent penuaut
le sommeil ceux à qui ils en veulent. Ces
fantômes voltigent dans l'air et leurpréseucd
esi quelquefois reconnue par les bruilsqui
se font entendre sans cause apparente, ou
par l'aijitation des buissons ; or, comme les
Auies bienheureuses ne sont point ainsi con-
damnées à errer , lors/^u'un entend dire
d'une personne qu'elle est apparue trois
jours après sa mort, c'est une preuve que
son âme n'a i)as été à Dieu. Chez les Ami«
nas, si un voisin mal inlentionué prétend
avoir vu l'esprit d'un homme qui vient de
mourir, on enterre le corps sans lui rendre
aucun honneur. Les nègres imaginent aussi
que les Ames des bons ne vont |»a^ toujours
directement à Dieu, et que souvent elles
sont forcées de passer d'abord par la de-
meure du démon, qui lente de les garder
sous sa domination. De là vient, chez les
Aminas, la coutume que les auiis du mort
tâchent de racheter sou âme au moyen d'une
otfrande faite au Didi, ainsi qu'il a été dit
plus haut. Les âlokkosaflirmcut qu'ils |ivu«
idi»
RA€
DICTIONNAIRE
vent déjouer tous lesefforts que ferait le
mauvais esprit pour les retenir en son poii-
Toir, en prouvant, par les marques quMIs
ont sur le corps, que déjà ils appartiennent
à Dieu« ce qui coupe court à toute réclama-
tion. Les Ibos disent que TAme, en se ren-
dant au lieu de sa dernière destination, est
accompagnée par deux esprits, Tun bon,
l'autre mauvais , qui marchent à ses côtés
jusqu^à un point ou la route est barrée \mr
un mur; avec l'aide du bon génie, TAme de
rhomroe vertueux franchit aisément cet
obstacle, tandis que t^elle du méchant vient
d*abord s'y lieurter la tête. Au delà de ce
mur deux routes se présentent, l'une étroite,
par laquelle l'Ame du juste sous la conduite
de son céleste guide, arrive enfin au séjour
de Dieu, l'autre très-large, par laquelle
l'Ame du pervers, toujours accompagnée
de son dangereux conducteur, parvient au
lieu de ténèbres où elle est condamnée à
demeurer éternellement.
« L'idée que se font ces hommes igno-
rants do l'état des bienheureux est natu-
rellement assez grossière, et Ton voit par
la manière dont ils se conduisent envers
leurs morts, qu'ils se figurent la seconde
vie très-peu différente de la première. La
supposant donc sujette aux mêmes besoins,
non-seulement ils ont coutume de placer sur
les tombeaux des aliments qu'ils renouvel-
lent plusieurs fois, mais encore souvent
ils envoient au mort , dans l'autre monde ,
»es femmes et ses serviteurs^
Métempsycose. ~ « Les Karaharis et plu-
sieurs autres tribus noires croienl à la trans-
migration des Ames, et su|)posenl que lors-
3u une personne meurt , son Ame entre
ans le corps du premier enfant qui vient à
naître. D'autres nègres admettent qu'après
avoir habité un corps humain l'Ame peut, à
sa sortie, s'aller lOc^cr dans le corps d un oi-
seau, d'un poisson, on de toute autre créa-
ture vivante. Cette croyance que ne crai-
gnent fias d'avouer la plupart des nègres
amenés comme esclaves aux Antilles, a quel-
quefois des conséquences désastreuses. Si
leur esclavage est trop sévère, ils se don-
nent la mort dans l'idée que leur Ame, une
fois libre, pourra revenir nu pays natal, et
que là elle revivra dans le corps d'un enfant.
Ouelques-uns ont un espoir un peu diffé-
rent et s'attendent à ressuiiciter en Guinée,
tels qu'ils auront été au. moment de leur
suicide. Dans les idées de ces peuples, ce-
pendant, la résurrection, de quelque ma-
nière qu'elle s'opère, n'est pas le partage
de tous, c'est un privilège dont sont privés
les meurtriers et autres criminels : au lieu
de commencer a{»rès leur mort, dans un
corps nouveau» une seconde carrière plus
heureuse que la précédente, ces coupables
sont condamnés par Abarre, le mauvais es-
{^rit, à errer perpétuellement à l'état de
antômes, objet de crainte pour les vivants,
auxQuels ils se plaisent à apparaître sous
des formes effroyal)les. »
APOLOGETIQUE. RAC m
Je pourrais citer ici^ ^beaucoup d'aoïrcs
écrivains dont les témoignages conllrroeot
ceux d'Oldendorp. Aucun d'eux sansdotHc
ne nous fournirait sur lescroyaBcesdesna.
tions africaines des renseignements aussi
clairs, aussi complets et puisés à daussi
bonnes sources ; cependant on trouyera en-
core quelques informations précieuses dans
les écrits du P. Loyer, du P. Labat et de
fiosman. Nous emprunterons à ce dernier
quelques .détails par lesquels nous termi*
nerons. ;
Bosman parle de la crainte saperslKieesa i
qu'ont les nègres des esprits et des appari- J
tions. « Ils croient aussi, dit-il, les appah- ..|
tions des esprits, et que ces esprits Tieaaert ;
souvent sur la terre pour tourmenter la ;
hommes. Si quelqu'un, et surtout unepeN '.
sonne de considération meurt , ils se font !
peur les uns aux autres, disant que sodas*
prit parait plusieurs nuits de suite antûor
de sa maison.
« .... Ils supputent le temps par leslosai '
et savent à cela quand il faut semer lent ]
grains. Je crois pourtant que la dirisiaiAi j
mois en semaines et des semaines eiiM 1
leur est connue, |Mirce que chaque jooriil f
nom particulier en leur langue. Ilsootlava*
dimanche quand nous avons notre ,inaril{'J
mais ceux d'Ante l'ont le vendredi cûrub^
les mahométans : toute leur dévotiou da'v
dimanche consiste en ce qu'ils défend^il,
que personne n'aille sur la mer pour {è>.
ctier ; mais il est permis de faire tout intn
ouvrage comme dans les autres jours. »
Dans leur croyance aux jours heureux (fS
malheureux, aux oracles, aux présages tt
autres choses analogues, on pourrait croiifj
que les nations nègres ont formé leurs Oj'
nions d après celles des Ùrecs et des au
nations de l'antiquité. « Les nè^re&qui
mcurentplusavantdans le pays, dit Bosm
distinguent le temps d'une plaisante i
nière, c'est-à-dire en temps heureui et
temps malheureux. Il y a quelques pays
le grand temps heureux dure dit-neuf jot
et Te petit (car il faut savoir qu'ils y metl
encore de la différence) dure sept jou
entre ces deux temps ils comptent sept jf
malheureux, qui sont proprement leursl^
cances , car il ne voyagent point pefl^i;
ces jours-là, n'entreprennent rieu deo "'^
dérable , mais demeurent tranquille:—,
sans rien faire. Les habitants d'AquamM
sont les plus superstitieux, car non seolfi"
ment ils ne font rien pendant ces sept joa»
malheureux , ils ne reçoivent méuie ait*
cun présent de personne, mais ou ils les t^
voient, ou les font garder ailleurs jusque
ce que les jours heureux soient venus. *
« .... Il y a une très-grande différence co
cela d'un pays à l'autre; ils ne s'accordent
point dans leur supputation : les uns ont ce»
jours heureux ou malheureux dans uo (eop^
et les autres dans un autre (1123). >
De la conversion des nègres au chrifti^-
nisme. — Nous avons vu qu'en prenant le*
(il!22) BosNAN, Voyage en Vuinie; Utreelit, 1705, in-iS, p. 162 ei suîv.
m
RAC
DICTIOMNAmE APOLOGETIQUE.
liAC
!0C3
nègres d*Afrique dans leur état primitif,
jaus uu élat où leurs idées» d*après tout ce
que nous pouvons sayoir, n*ont été en au-
rufle façon influenci^es par des communica-
tions avec des étrangers, nous trouvons en
eux la n>ènne tendance aux croyances super-
Mid'euses, les mêmes impressions morales
(|ue dans les autres branches de la grande
(llitS) Annide parler de rintrodaaion do chris-
lianisme chez les D&res africains, nous donnerons ici
iioaperçtt sur les traditions bibliques conservées parmi
m. Un homme qui a longtemps vécu avec les né-
^rei, U. Dard, auteur d^une grammaire tvolofe et
jiun dictionnaire françait-wotofe et françaii-bambara,
Mimges distingués par la Société de géographie^ et
mprimés i rimprimerie royale, avec une préface de
IL Jooiard, de 1 Institut, M. Dard, disais-jc, raconte
plaies nègres ont conservé la circoncision, non
tlle du huitième jour après la naissance, telle que
4 pratiquent les Juifs . mais celle dismari, qui,
ÛYani été circoncis qu*à treize ans (a), n*,.v«iit cir-
mci les sltos qu*à T&ge voisin de la puberré, tra-
dition resp< ctée par les Arabes , ainsi que Tatteste
liiitorien Josèphe. Cette coutume eiistaiten Egypte
I temps d'Hérodote ; le vieux conteur grec incline
U croire orisinaire d'Ethiopie. Elle est donc bien
uérieure en Afrique à Tinvasion du mabométisme,
m les nègres ne août d'ailleurs qae .légèrement
Mré^nés.
iv reste, les traditions religieuses et historiques
li>Volofes les rattachent, par tous les points , à
to{ine ûu*on vient d*eiposer.
M. Dard atteste qu'ils croient descendre comme
M (TAdamo et d^Awa, et que le nom de la pre-
m femme est encoie aujourd'hui celui de beau-
<(» de négresses.
11& prétendent que leurs pères ont régné sur TE-
rp'e» qu'ils appellent Mesraim^ comme le fait la
iliK do nom du sc-cond fiU de Gham, qui, d'après
*'e»he, a peuplé l'Egypte,
lis ont conservé le souvenir, non-seulement d*A-
tbam, dont Us honorent le sacrifice par une léie
•mmémoratoire appelée iaba$ki {bj. Mais celui de
*»<*. qu'ils nomment Mousa, ce qui en langue wo*
K Mpiiûe titléraleroent $auvé des eaux (c).
«Kiraon, roi de Mesraim, disent-ils, persécuta
•u>4 ei les Yott/fres (les Hébreux ) , dont la doc-
te u*é(ait pai la sienne. Les You/fres^ sous la con-
«e de Mousa, se révoltèrent et s'enfuirent de
^ruito. Firaon les poursuivit jusqu'à la mer du
vaiit(OAtfff on Pinkou). Mais les eaux de la mer
l^van: se séparèrent, laissant un libre passage
i Unfres; et Firaon ayant tenté de les poursol-
^ lt*s eaux se rejoignirent et il se noya, i
^e^t à peu prés dans les mêmes termes qu^Arta-
•t cité par Eusèbe (d), raconte le passage de la
î llou^e, d'aprèi( les pi êtres dMIéliopolis. Il ajoute
ilment que les babiiants de Mempliis expliquaient
^eM^m^iit, loin de la n»er, par le llux et le reflux
bmer.
I« me hâte de prévi nir une objection. Ces tradi-
>^« des nègres sur M«)Î!>e ne sont point une rémi*
^eiKCdes notions qui leur ont été apportées par
umisme. J'ai déji^ dit que la religion de M»bom4 1
V^i point jeté chez eux de prufondes racines.
it, ce qui est singulièrement remarquable, et' ce
'I Genhe, ch. xyii, IS, 26.
h Dans celle ISie, cbsque famille immole on bélier
' 't^i 00 mange ensuite en commun, et dont ou réserve
'i •Jtre pie£ pour fêler le premier jour de l'auuAe
*n\t. Ceci doit venir d'Esaû et des Arabes.
) Houta est le participe passé du verbe Motual, qui
t «lire aamvr, reiirer de Teoic.
U Prœpar. Kwoigel., I. ix, ch. 27.
I liueiB au adopuvii in locum filii, vocavitque nomen
famille humaine. Mainteuant, il ne nous reste
plus , pour compléter cette partie de Vhis-
toiro mentale de la race nèi^rc, qu*à faire
remarquer rempressement qu^ils ont montré
h recevoir los religions étrangères qu'on
leur a apportées; et, il faut le dire, rcui-
pressement a été le môme pour une fausse
religion que pour la vraie (1123).
qui exclut toute idée de transmission des traditions
musulmanes, cVst qu*au'témoignage de M. Dard, les
souvenirs de la Sénégambie ne suivent point Moïse
au-delà de la mer Rouge, au lieu que le Koran pat le
. assez longuement du séjour de ce grand législateur
en Arabie, etc., etc. On peut ajouter que la bibito-
thèque orientale de d'Uerbeba, Truit de trente annces
de recherchas dans. le Levant, à i'uide i\e^ plus fa-
meux interprètes de la loi de Mahomet, a recueilli
tout ce qu'ils exposent de la picaiiére moitié de la
vie de &ioïse, et qu'elle n*oflre rien d'aussi cnmph t
ni d'aussi précis que la tradition sénéganibienne.
Arréinns-nous sur ce nom de Mdusa qui cxprine
nettement, 1 1 sans recourir à aucune racine, Pidile
que les livres saints ont attachée au nom de Moïse.
Selon Hoise lui-même, ce nom, qui n'est point lié-
breu (voir tous les Interprètes;, lui fut imposé par
la fille du roi d'Egypte : f et elle l'adopta pour son
c fils, dit hi Bible, et lui donna le nom de Moise^
c disant : parce que je t'ai sauvé des eaux (e). » De-
puis Philon, jusqu'à doro Calmet, les rabbms et les
commentateurs ont été fort embarrassés pour jus-
tifier la signification que le t* xte sacré assigne a ce
nom. Ce ii*e»t qu*indireciement t tavec grand labeur
que Clément dAlexandiîe, et, depuis, Tabbé Re-
]iaud(»t, font fait dériver du cophte, qui parait
manirestement un reste de Tancicn idiome de l'E-
gypte. Toute difliculié cesserait si ce nom a étéim •
posé au jeuue hébreu par une princesse du sang
éthiopien. Et quelle connrmaiion puissante des ré-
cits des nègres sur l'Egypte et sur le miracle de la
mer Rouge !
Suivons cette idée.
La domination éthiopienne en Egypte est uo fa't
historiquement avéré. Le Sabacou d'Hérodote et de
Diodore de Sicile (f), le Zara des Paralipomène6(9)»
le Tharaca de la Uible (/i), que Strabon, d'api c^i Mè-
gasthcnes, qui était contemporain d'Alexandre^ ap
pelle Tharacoy sont autant d'Etliiopiens qui ont ré-
gné sur la terre de Mcsraïm. Il faut ajouter à cette
liste le Pbar<ion dont Salonion avait épousé la Hll*',
puiMpril fait dire à celle-ci. dans le Cantique des
cantiques : i Je sni^ noire, 6 KllisdeJéru!;alem,mais
c je suis belle... Neme dédaignez p«s,parcequejesuis
fl noire, parce que le soleil mjk regardée (i). > io-
se|>he rhisiorien attribue le double empire de l'E-
gypte et de TEihiopie à celte fameuse reiue de Saba
qui vint visiter ce même Salon: on.
Des preuves d'un autre oi\!re vitn:trut confirmer
ces témoignages. Ce qui nous reste du cophie se
rapproche sensiblement , s^loii Yolney , de 1 idiome
des Ethiopiens et des Ai abcs, que cet incrédule re-
connaît être dérivé d*un fonds commun. Ce point»
au reste, parait hors de doule depuis les travaux do
M. Klaproth. Hérodote dit en propres mots : Je
pense que les Coiches sont une colonie des Eggpiieus^
parce qu'ils ont comme eux la peau noire et les cltC"
ejus Ifouies, dicens : qnla de aqua tuli eum, Exod. u. 19
M. Cahen imUuil le nom hébreu de Moïse par Mosché.
(0 HiiaoDOTE, liv. u, chap. 137 et 140; Dioaont,
liv. I.
(fl) Il Paralîp., xw, 9.
ih) U Reg. XIX, 9. -- El lia. xxxyn, 9.
it) iVtgra sum^ sed {ornwsa, lUtœ Jérusalem, noitu
mè considerare, qnod fusca sim, qim decolorapii m
sol.(Cattt. i, K)
40(;5
RAC
niCTfONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
Itfl
On sait que le maliomélisme s'est large-
ment répanjlu dans plusieurs parties de PA-
frique. Cliaque année il part du Soudan pour
' la Mecque de nombreux pèlerins, et sur les
bords du Niger, ou à 1 ouest de la vallée
du Nil, rhomme, qui, après avoir visité la
sainte Kaaba, a le bonbeurde revoir sa terre
natale, est aux yeux de ses compatriotes
l'objet de la môme vénération (|uc le liadji
syrien est aux yeux des babitanis do Damas.
Je ne veux point au reste faire ici Tbistoire
des progrès de l'islamisme ; j'aime mieux
parler des résultats qu'ont eus 1rs efforts
lies Européens pour amener les nègres h la
religion cnrétienne. Ne pouvant mentionner
toutes les tentatives qui ont été faites dans
ce but, et dont nlusiears ont été couroufiées
d'un plein succès, je me bornerai à rappeler
celle des missionnaires envoyés par ^a con-
grégation des Frères-Unis. Les travaux de
ces nommes pieux et charitables ont été re-
tracés d'une manière pleine d'intérêt, dans
la simple et fidèle Histoire d'Oldendorp :
l'esquisse que j'en vais donner, d'après les
renseignements puisés à celte source non
suspecte, suffira pour montrer par quelle
. voie les éléments de la vraie religion ont
Iiénétré dans le cœur des Afr^icains, et me
burnira l'occasion de faire remarquer, dans
la marche qu'a suivie leur conversion, la
preuve que, sous le rapport des sentiments
et des dispositions, cette race n*a réellement
rien qui la distingue des autres races hu-
maines.
Les premières tentatives pour la conver-
sion des nègres esclaves des petites Antilles
ont été faites par les fr'ères moraves, et voici
è quelle occasion. Quelques-uns des disci-
ples du comte de Zinzendorf ayant rencontré
un certain Anthony, nègre de Tlle Saint-
Thomas, qui avait été baptisé à Copenhague,
cet homme leur fit un tai)leau si animé de la
. misère et de Tij^norance de ses frères en
esclavage, les conjura si ardemment de faire
quelque chose pour leur conversion, qu'ils
crurent ne pouvoir se dispenser d'en entre-
tenir la communauté. Anthony futa(>pelé,à
ifeux crépus (a), et Hérodote avait été en Egypte. Le
sphinx, gravé dans Norden, cVst encore Voliiey qui
fjiîl ccue remarque , a visiblement tous les carac-
tères d*ttiic îlgure élliiopiennc (6). C es>t aussi Vol-
ney qui observe que les Copbtes d 'aujourd'hui sont
de véritables niulàlres, parce que leur sang , mêlé
d«*puis des siècles à celui des Grecs ci des Romains,
a dû leur Taire perdre rinlensité première de leur
couleur, sans altérer sensiblement le moule originel
de leur figure, et il rappelle i ce snjH que Bluinen-
bach a disséqué nombre de momies égyptiennes qu'il
a lui-même rapportées à la race étbiopique.
Le P. Peyron est allé plus loin. Dans son Anti^
4fuite des temps réiablie^ il auicule qu*Àbraham est
venu en Egypie sous les rois pasteurs, que Jeseph
a été mlni&ire du quatrième de ces rois, et que Moïse,
né sous leur empire, adopte par la fille de Tun
dVux, n*a lutté que contre leur expulseur. VExode^
^n effet (c), nous apprend que le Pharaon euntfnii «le
Moïse n'était plus le môme qi.e celui dont la fille
{a\ Hkhodotc, I. I, c. 104.
Mj^^ «« Eg. cl en Syrie, EUl pjlilique de TEgyple,
leur demande, devant rassemblée qui mw
son sié.^e à Hernhutt, et là, il plaida si bien
sa cause, que la résolution d'enfoyer une
mission aux lies fut sur-ie-cbamç adoptée
Les difficultés de Tenlreprise étaient gran-
des, et loin de les dissimuler, Anthony Ks
exagérait encore, parce qu'il aflirmaii'qae.
pour travailler avec quelque espoir de suc-
cès à la conversion des esclaves, il îailaii
que le missionnaire consentit à devenir es-
clave lui-même. C'est en sup[K)sant indispen-
sable cette terrible dondition, que deux de<
frères s'offrirent sans hésiter pour Iravailitr
à cette œuvre à laquelle ils se croiraient ap-
pelés. Le nom de ces hommes vraiment lu -
roïques mérite d'être conservé : Tun 2»*ap,v-
lait Léonard Dobcl, Taùtre Tobias Lcupi'IJ.
Ce dernier ne flt pas le royafce» le sorl en
ayant décidé autrement et désigné è sa placç
David Nitschman, qui partit ayant toujours
la même perspective.
La mission fut installée au mUieu des cir-
constances les plus défavorables ; Toarre
marcha d'abord avec une extrême leai»;.
et au milieu d'une forte opposition*Oi|K&-
dant, il s'était formé bientôt autounèifié-
res un petit cercle d'auditeurs, daêi^-
ques-uns donnaient des signes d*une wt%
conversion, et témoignaient un profaiddc^
goût pour leur vie, passée; qiais quand bv
choses commençaient à se présenter soas un
aspect ua|)eu favorable, les missiomuûrtf
furent obligés de revenir en Europe, ri
Tenlrenrise fut, pendant idui^ieurâ années,
complètement arrêtée. Elle fut treprîse er.
n3i, h l'arrivée du frère Martin, zé!é pri-
dicateur, et homme d'une grande éner^ne;
les exhortations de Martin produisirent un
tel effet que lorsqu'en 1736, Tévéque Spdn-
Senberg visita la mission, il trouva chez ))Su>
e deux cents des nègres qui assistaient au
service religieux, un grand désir dVtre ia>-
truits ; dans ce nombre même, il y en a^.-ai:
trois qui, après un scrupuleux examen, lu-
rent juges en état de recevoir le liaptême. L*
relation d'Oldendorp qu'on ne peut lire^^J--
être convaincu, et de la parfaite sûcérilé ;«
avait sauvé Je prophète enfant. Ce qui parait dcvi^i^.
C'est que Manélhon, dépositaire des anstalt^ ar»
prêtres d'Uéliopolis , sous Ptolémëe Plididr^pU
donne cinq siècles â*exisiençe à la doiniiiftiio.i dr*
rois pasteurs, ei confond leur expulsioû arec la fii*'t
des Hébreux , aiusi qu^on peut le voir dans Lsie
t)ejW).
Or le peuple qui envahît riCgypiesousla ar^n-Urj^
des rois pasteurs était uo peu|Se incouBO. C'est par
simple coujecture qu*on a vu là une migraiion d X<
rabes, n'est*tl pas plus iiatuicl de ki pféM:ftKr
étliiopiens? Ce que les nègres, cette nation iép^^r
de toutes les autrts, nous racontent île Tfclgypie *»
de* Moïse, sans qu'ils |iuissent tenir tes lètiH àt*
missionnaires de l^idlamisiue, sans qu*its it«'Ot|:u^>-
depuis des siècles auctin rapport avec le |4f» fi'r*«
ils ont été chassés, (îoiine toute vralst»t>UM^^ •
cette hypothèse, .et alors on conviendra <|«e kn*
tradition a puisé à boime source.
(c\ Exode, n, t5.
{d) PrwparaL ICvann
\, c. 15.
RAC
INCTM»GIA1R£ APOLOGETiQl-E.
RAC
1063
quoi
oèreoC
ceux
des de
« inimé
Martin,
esdares
Têtu; de
i/>Bimes
eux, el 1
De ffléri
recouna
uo indi
lianger
'.n seul
•'':ent à I
' -Tor et
/eût co
r-ligion
r*30ipo
Inin, et de rexActftode des bits qo^il
nous montre que les mojens f^ar
on agit sur Jes nègres, les motîfe
loir à leurs yeai et qoi détermi-
oonTersion, furent exactement
plojaienty dans les premiers siè-
se, lesapAtres du cnristianisme.
grdent pour leur salut»
parlait à ces pauvres
nfinie de notre Sau-
il avait lait pour les
'il avait souffert |>our
si un pareil sacrifice
leur amour, toute leur
il croyait apercevoir dans
signe d*un désir de
ne le perdait plus de vue
mais, revenant incessam-
, il agissait à la fois sur son
h jugement, jusqu'à ce qu'il
eut gagné è la cause de la
aux einortations non inter-
frères, un changement très-
produisit dans les idées et dans
des nèj^res ; malgré les drcons-
vorables , malgré les mauvais
non-seulement les conversions
e venaient chaque jour plus nom-
encore on ne pouvait se refu-
Tempire toujours crois-
ses idées nouvelles, des
ui devaient bientôt
pn morahe des plus
élail devenue si
uvernement co-
toire
lètes. L*imj)re
que, lorsoue
[ui Toyait d un
emprisonner
s.'in'J
ejr li
'•ntribuè
rôties
'Jtion, en 17
rrira^ il fut re
^e^ quelle rapi
l(
nègres^
étaient tout
par li
Hi ai
In an/
iguiet ces inno-
iissionnaires, il
^tisés plusieurs
fts à continuer
exhortations
lenter le nom-
1res cette persé-
»mteZinzendorf
lement en voyant
de la conversion
rait marché. D paMTqu'à cette époque le
'/aibre des n^es qui assistaient résulièrc-
eut à la prédication de TEvangile soulevait
oà à 800.
Les antres lies danoises, Sainte-Croix et
^îQl-Jean, furent plus tard visitées par les
i>sionnaires , qui y obtinrent aussi de
"aniis succès. Je ne suivrai point leurs tra-
tui dans ces nouvelles missions, et je ren-
rrrai ceux de mes lecteurs qui seraient
>rit'ux de les connaître & fouvrage que j*ai
souvent eité dans les pages précédi^ntes.
iiiteur, au reste, en terminant son livre,
QDe loi-mëme en quelques mots une id<^e
s réfaltats obtenus, et Ton y voit qu^en
*^ le nombre des nè^gres baptisés dans les
•is Iles par les missionnaires, durant une
riode de trente-quatre ans, était de 4,711.
Après avoir exposé d'une manière géné-
te les faits qui se rapportent à la conver-
fiï des nègres des Antilles, il nous reste-
it è présenter ceux qui prcmvent que Ta-
,'>tion de la nouvelle religion produit chez
hommes de cette race les mémos eflfels
DlCTlOX^AlRR APOLOGÉTIQl F.. II.
que chez les Européens, et que leur esprit
est capable de recevoir toutes les impres-
sions gui nous semblent inséparables de
cette divine doctrine. Mais on conçoit fort
bien que de pareilles preuves ne peuvent
être présentées d*une manière sommaire, et
qu'il faut les aller chercher dans les ouvrages
où Ton a traité le sujet ex professa. Je ne
crains pas d'assurer que ces preuves paraî-
tront concluantes è tous ceux qui voudront
lire, d'un bout à l'autre, les notices biogra-
phiques et les autres détails donnés par les
historiens de la communion à laquelle ap-
partenaient Oldendorp et Craniz. Je recom-
manderai surtout la lecture d*un recueil de
courtes homélies, composées | ar des nègres
prédicateurs ou instructeurs-assistants, et
adressées par eux è diverses congrégations
de leurs compatriotes. Quelques-uns de ces
simples discours, quoique bien inférieurs
pour la force de Texpression à ceux des Fé-
nelon et des Pascal, respirent le même esprit
et Sont évidemment écrits sous l'influence
des mêmes sentiments. Un choix de ces petits
sermons a été placé par Oldendorp à la suite
de l'ouvrage que J*aî eu si souvent oc-
casion de citer.
Co?fCLi:si05. — La conclusion que je me
crois en droit de tirer des faits exposés jus-
qu'ici ne me semblerait pas beaucoup plus
solidement établie, quand je l'aurais basée
sur une histoire complète des races humai-
nes, en supposant que j'eusse pu les passer
toutes successivement en revue. Je ne puis
m*empècher, an reste, de faire remarquer
qu'une étude comparative des races à tète
laineuse de l'Afrique, des populations in-
digènes de l'Amérique et des habitants de
cette partie de l'ancien continent qui est
depuis si longtemps le théâtre de la civilisa-
tion, offrait, pour l'investigation que j'avais
en Tue, un champ aussi vaste qu'on pouvait
le désirer, puisque dans ces trois groupes
se trouvaient comprises les races qui pré-
sentent les plus grandes divergences sous lo
ran|H)rt de la conformation corporelle, et
celles qui ont été citées comme offrant les
contrastes les plus frappants sous les rap-
ports moraux el Intellectuels, il eût été fa-
cile de soumettre à un même genre d'exa-
men les autres populations dont le caractère
nous est suffisamment connu, et le résultat
en eût été encore le même. Ainsi nous au-
rions montré, chez les insulaires de l'Océa-
nie, des similitudes frappantes avec ce que
nous avons observé ail'eurs, des similitudes
constatées dès les preuners instants où leurs
pays ont été visités par les Européens, el
qui ne peuvent ainsi être considérés comme
le résultat du communications récentes. Chez
tous on a rencontré des institutions sociales
de même nature que celles des auîres peu-
ples; chez tous on a trouvé la croyance à
une vie future, è une providence dont l'ac-
tion prolectrice maintient l'ordre de l'uni-
vers, à l'inOuence exercée sur les choses de
ce bas monde par de bons et de mauvais
S;énies; tous crovaienl à IH^ffiracitéde» sacri-
Iccs, des rites funèbres el de*? cérémonies
3V
H067
RAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAG
m
pratiquées par les prèlres, condidérés comme
médiateurs nécessaires entre le peuple et les
puissances invisibles.
Des institutions au fond peu différentes,
des croyances tout à fait analogues se se-
raient de même offertes à nous, si nous
avions tourné nos regards vers les nations
barbares du nord de TAsie. La conversion
(le ces nations qui ont adopté en même temps
que le christianisme beaucoup des idées
des peuples civilisés, et quelques-unes de
leurs habitudes, nous eût lourni pour This-
toire de Tesprit humain des chapitres tout
aussi curieux qu'aucun de ceux qui ont été
•consacrés à décrire chez d'aulres peuples ce
grand changement et tous ceux qu'il entraîne
a sa suite.
Nous serions sufBsamçi^nt autorisé à lais-
ser décote, comme trop peu connus, les
habitants de la Nouvelle-Hollande, puisque
jusqu'ici il ne s'est trouvé personne, pour
ainsi dire, qui pût converser avec eux, oui
pût comprendre l'expression de*leùrs idées
et de leurs sentiments. Mais si l'on insistait
pour qu'ils fussent compris dans le champ
de notre investigation , admis à fournir des
preuves pour ou contre les conclusions aux-
quelles nous sommes arrivé , nous dirions
3ue les informations les plus récentes ten-
ent toutes à modifier Tidée qu'on a eue
si longtemps de l'extrême dégradation men-
tale de ces pauvres gens , et à les relever à
nos yeux. Ce sont des êtres dégradés, nous en
convenons ; nous accordons aussi que, sous
le rapport de la rie extérieure , les tribus
avec lesquelles nos colons ont eu jusqu'ici
principalement affaire, sont dans un état
plus misérable peut-être qu'aucune autre
race d'hommes, car elles sont étran^sères à
tous ces arts qui seuls pourraient rendre leur
existence un peu douce daus le pays qu'elles
habitent, pays où elles ne trouvent aujour-
d'hui de moyens de subsistance qu'à la con-
dition de vivre par troupes peu nombreuses
disséminées sur de vastes espaces de ter-
rain. Hais il y a lieu de croire que nous
n'avons vu encore que les plus pauvres de
toutes les tribub, et que plus loin, vers lo
Nord, ou peut-être dans les parties cen-
trales de cette grande lie, il existe des
populations qui ne sont pas à beaucoup près
aussi misérables et aussi sauvages que celles
des côtes méridionales. Quant à ces derniè-
res mêmes , il s'en faut de beaucoup , je le
répète , qu'elles soient telles qu'on nous les
a représentées, et tout ce qu'on nous disait
de leur extrême stupidité s'est trouvé com-
plètement dénué de fondements. Les obser-
vations les plus récentes etles plus dignes de
fol nous permettent de reconnaître, chez
ces hommes, tous les germes des sentiments
et des idées qui, développés par la culture ,
donnent lieu chez d'autres nations aux
(1134) c Eli un mot, il u'y a sur la terre ni qua-
tre, ni cinq races, ni des variétés exclusives : les
eoiisiilations rentrent les Uiies dans les autres, les
fornes suivent leur type original et ne sont toutes,
en résultat, que des ombres du même tableau qui
<i>
(!•
Elus nobles manifestations de la nature
umaine.
En résumé, si nons considérons reosem-
ble des êtres qui jouissent de l'exercice de
la raison et possèdent l'usage delà naroie,
nous trouvons chez tous {quelque différencti
qu'ils puissent présenter d'une famille à
Tautre sous le rapport de l'aspect extérieur)
les mêmes sentiments intérieurs, les mèio^
désirs , les mêmes aversions ; tous aa fon i
de leur cœur se reconnaissent soiiiiiis
à l'empire de certaines puissances iuviM
blés ; tous ont , avec une notion ))1us (m
moins claire du bien et du mal, la couscieoœ
du châtiment réservé au crime par les a^tiiL^
d'une justice distributive à laquelle }a mon
même ne peut soustraire ; tous semonimii.
quoiqu'à différents degrés, aptes k recevuir
la culture qui développe les facultés de Fiv
prit, à être éclairés par la lumière |>lu>
vive et plus pure que le christifinisIûe^^
pand dans les Ames , à se conformer u\
pratiques de la religion, aui habitudes t!>
la vie civilisée; tous, en un niot,0D)ii
même nature mentale. Quand donc mii
rapprochons de ce fait qui est inconte^InjA
ceux qui se rapportent à la dirersité .
instincts et des autres phénomènes psjchr
logiques des animaux , diversité su; 1
Quelle rei)ose principalement, comme liou>
1 avons fait voir, la distinction des espèces,
nous nous sentons pleinement autorisa ^
conclure que toutes les races humaines
appartiennent à une seule et même es-
pèce, qu'elles sont les branches d'un Ir^n
unique (112/itj.
§xi.
Priorité des nées.
Dès que la méthode scientifique a cessé àc
mutiler les questions de leur jîartie antique
et transcendantale, on a vu poindre le Jesi
de poser le problème de la priori.édes rsr
après le problème de l'unité ou de la m
tiplicitédes espèces. Il yades non-unitnir
de bon accommodement qui réduisent leur
exigences à deux espèces premières, un
blanche et une noire, dont 1 union expli]u
rail toutes les variétés aujourd'hui connue
Ce que l'on sait du croisement ne («rm
pas d'exagérer à ce point Timporlance n
son rôle. D'autres critiques voudraientiiui
l'explosion simultanée de toutes lesouancr
actuelles dans la deuxième ou troisièi»
génération de la famille adamique, paru?
spontanéité comparable à celle des couleu'
que nous voyons apparaître dans une g
nération d'animaux domestiques; une cu'
vée de poulets, une portée de chais, de '^
pins, etc.
En admettant ce fait primitif, il restera
à savoir pourquoi la même bigarrurâ ne rc
paraît plus au même degré et pourquoi .'d
s'éieod à travers tous les Ages et sor toutes les9«^
lies d*i la terre; elles appartieitiient doac mwi^
un systèiue d^hisioire naturel e qu*à ooe histp^fi
pliysiuue et géographique du genre homaiii. » (1*^*
DER, idéei sur ChûL de rhumanité^ I. tu, c. i)
Rà£
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
1070
(oaleors Tenues sponUméineat se seraient
(lerpétuées par la génération f
Ce que nous avons déjà dit de la puissance
des milieux et de Ténergie physiologique
des races dans le monde ancien ré|M)ndrâit
josqn'à un certain point. La principale
incertitude serait reportée sur la couleur et
Il forme première d où les autres formes et
couleurs auraient détié. Cette question pb?*
siologique est très-importante, puisqu elle
renfermé le grave prooième moral : L*bu»
manité a-t-elie commencé par la citilisation
oa par la baiiMrie f
Admettons la croyance iaTorite de notre
ergoeil : L'homme blanc est Félaboration
la pins aTanoée de Tintelligence et de la
beauté: il nous faudra conclure que le
progrès humanitaire est un accident rare et
leot ; car les races blanches ne forment pas
même un tiers de Thumanité entière. Si
l'homme basané ou noir fut Tbomme primi-
tif» il s^Dble dcTOir attendre encore sa trans-
furmation deux fois le temps employé par
ta nôtre, en supposant, chose fort douteuse,
■{oe toutes les sônes puissent s'harmoniser
ivec une race unique et blanche 1
yos lecteurs sont préparés à une doctrine
(îasconsoianteet plus prouvée. Le basané
eî le Doir sont des dégénérescences du type
; noiitif . Mais le retour vers ce ty pe, pos-
nide par les voies lentes de fémigration,
•J'i [progrès social et des croisements, ce
retour s*opère instantanément par l'albi-
nisme ; phénomène exceptionnel qui reoons-
Lrjic et démontre la règle première.
Un couple albinos peut colociser des
^Uocs au beau milieu de populations basa-
lées, quand le climat permettra le maintien
fe ces blancs et leur élargissement en na-
ioo. Cette théorie me paraît une d«!S ex-
plications les plus vraisemblables de ces
songes , tribu blanche découverte sur le
aut plateau de l'Afrique méridionale,' et
e plusieurs tribus fort pâles rencontrées
or les régions fraîches des Alpes améri-
aines.
Ce serait abuser du même fait que d'ac-
p-pter sans téserwe la tradition cingalaise, et
attribuer k on couple albinos, issu de pa-
srnts basanés, Torigine et le développe-
lent de la race blanche tout entière. Cette
Ke, en Asie, est enserrée sur trois cAtés
ir les races basanées : même en Europe et
3 Afrique septentrionale, les lapons et les
ègres loi servent de cadre, comme les ha-
ines et les noirs dans I Amérique et Idans
élites les oolonies. La race blanche, consi-
brée sur la mappemonde, a vraiment Tair
on grand albinisme. Hais nous allons voir
ue cet argnment est plus spécieux que so-
dé.
Un savant prélat, à qui Tethnoç'aphie
r>i( un exposé concis du dogme unitaire ,
écUre que la priorité de telle ou telle race
^t plus difficile à établir oue le départ de
>iites d^une seule lamille. Il rentre simple-
>eQi dans les données traditionnelles rela-
ves à la couleur de nos premiers i»aren (s,
sans déduire des motifs scientifiques oe cette
conclusion.
Prichard, dans sa première collection eth-
nographique, avait posé Tétat primitif et
Thumanité dans la race nègre, et ses progrès
successifs dans le passage au basané et au
blanc. Son dernier livre n*a |>as repnnluit
cette opinion plus inoflensive assurément
que celle de la graduation des Ames. Pri-
chard excelle à colliger des faits et même à
les rapprocher avec sagacité. L*ethnographie
doit une reconnaissance infinie à son savoir
et à sa patience. Mais cette masse de faits
voile plutôt qu'elle ne fait éclater îa thèse
unitaire ; l'argument philosophique est in-
décis comme la conclusion d'une foule de
hautes questions de morale et d'histoire
qu'il est bon d'entamer avec modestie, mais
périlleux d'abandonner avec le doute.
La priorité de l'état sauvage ou de la civi-
lisation est une des questions laissées par
lui dans ce douloureux suspens» L'antério-
rité de la race nègre trancherait l'incerti -
tude, mais enfaisant commencer l'humanité
Er la vie sauvage dont le nègre porte la
xée la plus prononcée. La bouche forte et
les ç*osses oreilles des ra.oes basanées sont
aussi des signes de décadence. D'ailleurs la
position géographique des n^res ou quasi-
nègres, est aussi variée, mais toujours elle
se trouve à l'extrémité des rayons chroma-
tiques que nous avons vus divorcer de l'Asie
centrale : l'Afrique, Halacca, I Océanie, la
Californie, les lies Aléontiques.
Desmoulins avait placé les nègres au Né-
paul où l'on a trouvé des blonds. L'hypo-
thèse de Prichard se serait fort accommodée
de cette supposition. La race placée à l'ex-
trémité du rajon peut indiquer la première
et la plus lointaine émigration de l'huma-
nité, mais non son premier éiat qui a été
modifié par des climats nouveaux et par des
décadences sociales.
Le nègre, type primitif de l'humanité, se
rencontrerait encore parfois dans les crises
éprouvées par les autres races déviées de ce
type. L'albinos est un accident Irés-fréquent
chez toutes les races basanées et même
nègres. Le roux est un accident plus rare
chez celles-ci, mais constaté aussi chez les
basanées et fréquent chez les blanclies. Chez
r«lles-ci, au contraire, le mélanisme n'est
que partiel* indécis et rare. Le mezzo-ter-
mine de toutes les nuances, l'albinos robuste,
le roux, réunit seul toutes les conditions
Ehysiologiques pour l'origine de la famille
umaine et [X>ur ses permutations succes-
sives.
Toutes les races se ressemblent dans la
première enfance, puisque les races les
plus basanées naissent souvent dans une
peau claire et des cheveux très-blonds, sorte
d'albinisme temporaire qu'on a observé
partout. On trouve encore une analogie
singulière entre la face des jeunes enLnts
blancs et la face des adultes chez les nations
colorées; un petit nez relevé, caché entre
d'énormes pommettes de joues turgides qui
{gonflent les lèvres, même au delà du ni-
107i
RAG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RA€
I07i
veau du nez. L'enfance sociale des nations
basanées se marquerait-elle aussi sur les
traits» comme on a cru voir les étals sociaux
se graduer dans la configuration des crânes?
Curieux aperçus, gravos questions que le
temps et îa science devront mûrir.
§XIL
JEdQcabilîté de» races. — Eut «auvage. — Circonsunees
•qui conconrenl an perfecUonnement ou à la dôgéuéra-
iioa des races.
f/éduc^bilité sociale des races et des indi-
vidus n*étant contestée que dans le degré,
non dans le principe, l'avenir des races les
plus mal partagées est encore consolant,
puisque les partisans de Tinégalité des apti-
tudes sont, par contre, les croyants les plus
fervents du progrès indéfini de Thumanité
entière. Peut-être se flattent-ils de recueillir
les principaux profits de ce travail par droit
de direction et d'initiative, car la race hlan-
4^be ou adamique est, disent-ils, Téducateur
sous lequel les races noires et même les ba-
sanées ne seraient jamais sorties de Tétat
sàuv/ige (1125).
il faut, une fois de plus, reconnaître ici
que l'erreur n*est qu'un côté de la vérité, à
laquelle les bons esprits de tous les partis
sont obligés de rendre hommage, à leur insu
ou à leur escient 1 Acceptons ce dogme d'un
enseignement mutuel de la civilisation ,
dogme qui est la résultante perpétuelle do
nos recherches historiques; mais en te sé-
parant de deux idées accessoires, hautement
xiémenties par l'histoire : l*" que la race
blanche n'a jamais eu besoin d éducateur;
"^ que les éducateurs ont toujours été des
blancs
1* L'histoire des nations européennes qui
doivent tant aux Grecs et aux Romains nous
montre la part de la tradition incompara-
blement plus forte que celle de l'initiative.
Les deux grands peuples anciens étaient
précisément dans la même situation vis-à-
vis d'autres peuples antiennes, Etrusques,
Scythes, Thraccs, Phéniciens, Egyptiens,
Indiens. M. de Maistre, si sévère pour le
génie grec, l'a réduit au courtage de la science
entre l'Asie et l'Europe l L'astronomie, la
géométrie, lui vinrent d'Egypte; la philoso-
S'iio, la musique, de l'Asie Mineure. Si M. de
aistre eût vu les temples grecs après ceux
(le Thèbes, les chapiteaux h palmes e( à
lotus à côté du chapiteau d'acanthes, il au-
rait de plus belle crié au plagiat, à la sté-
rilité, peut-être même en marchandant la
concession de goût et d'élégance I Le génie
d'aucune nation ne résisterait à une pareille
analyse. La gloire de chaque peu|)le ne sub-
sistera sans partage qu'à la condition dé se
perdre dans la nuit des temps; d'avoir oublié
ou fait oublier ses maîtres. Depuis que
l'histoire existe, il n'est plus permis aux
initiés d'égorger les initiateurs : qu'importe
une petite souffrance d'orgueil national au-
près de cet hommage à la vérité, à la charité
universelle 7
(1125) Bort-Saint- Vincent, L'homme.
2* Rien ne s'oppose à croire Wanrs les
anciens Thraces ou Scythes; mais il faai
n'avoir jamais vu les monuments égyptiens
ou les tombes étrusques poor gratifier d'une
peau blanche ces Egyptiens, educate^Ts de
la Grèce, et ces Phéniciens, édacateursdes
Etrusaues, Gaulois et Ibères. La ciTilisilirn
qui éleva les merveilleux monumcnls d>
j ancienne Amérique appartenait à «ne rar»
dont les modernes Américains $m la con-
tinuation. La civilisation chinoise eut son
principe dans une émigration indoue, et, \
en juger des temps passés par le préseni, lej
maîtres étaient encore plus basanés q'jf Ici
élèves. Enfin , quoiqu il en coûte è noir<^
amour-propre et à notre épiderme. ceit
même race indoue paraît, selon toutes Ir
conjectures, avoir été TinstitaUrice des Scy-
thes, nos aïeux.
Ai-je besoin de rappeler que plusieund
ces hordes scythes vivent ou plutôt fé^èlec.
encore à Tétat pastoral dans les steppej nv
l'Asie septentrionale, comme tant de trii:
sémites dans les déserts de l'Asie mM-
nftie, et comme quelques {)euples ^nm-
dormis au centre même de l'Europe, lir'*
que des prédicateurs à chevelure lain^*
propagent le Koran au cœur de l'Afrique.
Si toutes les races ont été ou peutcnUirv
alternativement maîtres et élèves, au£ur.t,
quelles que soient ses aptitudes, na {ii)<c
en elle seuie tous les éléments de son êiio-
cation. Tout précepteur a^ant été p^éalâbi^
ment enseigné, la première initialife do^i
avoir été une révélation. L'homme, créé pir
Dieu, sortit des mains du Lréaleur œuTr»
parfaite, adulte de corps et d'esprit.
Nous sommes arrivés au même résulhi
pat l'étude des langues, instiiiment preinw
et dernier de l'éducation des peuples, ctdiffi*
lequel, au moins, leur égalité d aptitude e^t
incontestable, puisque sauvages, barbares
policés, blancs, noirs et basanés oui co-r
serve vivant ce magnifique héritage. l«
Guaranys, les Cherokis, aussi hicu qae l«
Grecs et les Latins, se sont trourés prfi
pour recevoir la civilisation et le chrisiii-
nisme.
Le principal honneur de la conserraii'^î
ou plutôt de la rénovation incessante "/«î
langues revient moins à Tindividu qu^t^^
masses. C'est l'œuvre de l'esprit d'asso^»
tion, attribut perpétuel de l'humanité, tiij
de la plus grande ressemblance entre H
hommes de tous les temps et de tous H
lieux. Si l'aile de l'oiseau implique la n>»*'
tance de l'air, si la forme du poisson v
montre la fluidité de l'onde, la sociabilii^ \
Thomme, ses notions innées de Mo» •
vrai, de juste, impliquent avec la rot r
évidence sa destinée véritable. Quell' >
soit la dégradation momoniauéedequeii^
hommes, la civilisation est leur Iml o ;-^
rieur; elle lut leur cadre originaire.
Ce n'est pas dans Tétat sauvage qti H >*"-
aller chercher la vraie origine <1? '^*|J^'
et les fondements du contrat social H- ■
(it*26) Cesl Vo^mwx de Ftéà. Scliel^^
\yy
075
RAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAC
107i
l/hommo a toujours eu dc^ devoirs en même
vmpa que des droits ! L'égoisme voudrait
friper de ceux-ci en éludant ceux-là ; l'im-
iionlilé s*efforce de garder les droits pour
rii en versant les devoirs sur autrui ! Tou-
ii'irs Passocialion humaine, fût-elle réduite
une fdiiiille, a senti que tout bonheur fui
ionné avec une compensation» tout plaisir
vec une cbargei la récolle après le travail,
amour avec la paternité et la maternité, la
ttier(é avec la responsabilité t
La dégradation sauvage qui trouble mais
VHeint jamais complètement ces notions,
iV^t que la chute de Thonime vers la nature
nimste au préjudice de sa nature morale.
Ictte alliance avec deux mondes prouve le
iinflit aa milieu duquel sà liberté fut sus-
f^ndue. Par eUe aussi la terre tout entière
]t ouverte à son activité.
Nous pouvons, avec Scblôzer, classer les
irton5tances qui concourent au perfection-
(>D;eot ou à la dégénération de l'homiûe,
ros les dénominations suivantes : Toc-
Jtpation, la dominaiiofif la rtligion et les
(mnr.
• Vnccupaiwn est à peu près synony m e d'iii-
utTie nourricière^ parce que la principale
«npation de Thomme a médiatement ou
joédialement pour but de pourvoir à sa
iiaslanro, au besoin inévitable et toujours
wiNsanl de se iieurrir.
'l'histoire de tous les peuples et de tous
îMemps démontre Télonnante influence
anerce sur Thomme physique et moral
Mu.mière de se procurer sa nourriture. La
r^inière, et par conséquent celle qui est la
'Q^ propre aux peuples les moins civilisés,
'ûtla chasse et la pèche, car nulle part la
ffe ne produit d'elle-même suffisamment
î '|uoi faire subsister. L'homme purement
»^selJr est aussi insociable et pres<|ue aussi
wiuche (jue l'animal sauvage (1127j. L'ich-
'f 'lage rest nooins, mais il est plus faible
I lus stupide, parce que la |)éche n'exise
tant de force, ni tant de ruses çiue la
«>^e. Le premier pas vers la civilisation
I !*entretien du bétail qui, néanmoins,
^l'rès le naturel des animaux devenus do*
^"«îiques, tels que le mouton, le bœuf, le
<^al, etc., produit des effets différents.
*JS en général, ce genre dlndustrie, favo-
^nl le rapprochement entre les hommes,
^i les mœurs plus dopées, exige et pro*
j^de la dextérité, et donne naissance à
^institutions sociales. Cependant les peu-
»o. el de bien d'autres. Niebulir, qui nie aussi
'i^ine (le la civilisation dans Télat sauvase, aflirme
'<e demii-r état H*est jamais descendu jusqu^à
t'&'nce de la parole. Ceci est une proiestatioa
B'^^'K^use eODire les doctrines du xvni' hiéclf, ei
pii'^iie la croyance à une tradition connue. Mais,
r lioe fontradîclion iuexplicabie dans un esprit
t\ic\é, et pourtant frénnente dans ses ouvrages,
fbubr admet la nmllipiiciié des civilisations au-
Uh<in<*9,ei» loin d'accepter le fait si éviJeiit et si
r<i>nu, réducatlon d*un peuple barbare ou sau-
rç uar rimportation d*une civilisation [étrangère,
^^lare qu*uiie pareille împorution fait toujours
nr le peuple qtit la reçoit, il cite en exemple des
pies nomades ne peuvent encore passer pour
civilisés; ce n'est que par la^icul/i«re
qu'ils cessent d^étre barbares. L'agriculture
fait vivre un grand nombre d'hommes dans
un espace resserré, leur af>pread à s'entr'ai-
der, demande de Tactivité et de l'ordre,
exige l'union et la justice ; elle présuppose
donc un ordre social, un gouvernemenl, des
lois» et en outre diverses inventions et cou-
naissances; elle en entratoe d'iiulres h sa
suite et présente des ressources pour les
crises, la sûreté et les jouissances ae la vie.
11 existe néanmoins un degré de civilisation
plus élevé, VindHstrie et le commerce, qui
suppléent è ce aue l'agriculture a de défec-
tueux, qui, par m transformation et le per-
fectionnement, donnent une valeur infini-
ment plus grande h ses produits, font vivre*
les hommes étroitement en communauté, et
îes enrichissent mén>e sur un sol ingrat.
« L'industrie et le commerce ne j^euvent
prospérer que dans un état parfaitement
social, et ils le fondent; ils multiplient les
relations communicatives entre lee peuples
et les individus, fournissent des matières à
la réflexion, et des ressources inépuisables .
aux arts et aux sciences; ils répandent les
idées, les inventions et les découvertes, de
même que les marchandises donnent l'éveil
aux facultés et aux talents, et les dévetop-
pent. Au surplus, ces divers genres d'indus-
trie nourricière ne sont que rarement tout
à fait séparés ; il y a plusieurs peuples chas-
seurs qui cultivent en même temps Tagri-
culture; il y a aussi plusieurs peuples no-
mades qui font le commerce, etc. On ne peut
juger du degré de civilisation qued'aprèele
genre d'occupation prédominant chez un
peuple, dans la réunion de coi^onctures sem*
Diables.
« L'occupation habituelle des peuples in-
flue considérablement aussi sur la forme de
leur gouvernement; la vie agitée des peu-
plés chasseurs et la vie vagabonde des no-
mades tendent à l'anarchie et à la licence;
l'affricullure et le commerce conduisent à
l'observance des lois et à l'ordre social. Ce-
pendant la forme et le mode de gouverne-
ment sont tixés par beaucoup d'autres cir-
constances, d'après le climat et le sol, le
caractère national, et le degré de civilisation;
souvent aussi par l'effet du hasard, par des
influences extérieures, par la manière de
penser, le génie et Tautorité de quelques
individus; et la même forme de gouverne-
peuples ë*Amériaue ou d*Afriqua, les Nulebet, les
Californiens, les Hottentots, qui, probatdement^ ont
assez mat compris et assex mal aceueitli la civilisa-
tion importée. 11 y ajoute les Guaranys, que la civî-
iiiai on CâDacnole acoustiiués. et qu'elle empêchera
de (érir.
(itâ7) c Nulle part, dh M. de llumboldt, on D*a
vu le sauvage libre et errant dans les forêts de la
zone tempérée, abandonner de son gré la vie de
chasseur pour embrasser la vie agricole. Ce Bas-
sage, le plus diOtcite et le plus important dans I bia*
toire éti sociétéft buroaiaes, ne peut être ameué
2ue par la force des riroonstanoes. i (Ymtê des
ordiUères, etc., 1. 1'', Introduction.)
IU75
RÂC
DIGTI0NNA1RE APOLOGETIQUE.
RAC
1015
meul peul, d^apràs la diversité du caractère
des chefs, produire des résultats apposés.
Mais Iqs gouvernements et les gouvernants,
les lois et les juges ont toujours l'influence
, la plus positive et Fa plus répandue sur Té-
tât des peuples. C'est de cette influence aue
dépend le bien-être ou le malheur public»
l'état de civilisation ou de barbarie, le per-
fectionnement ou la dégénération ; et l'his-
toire du genre humain, d'après ses carac-
tères disttTictifs les plus marquants, est
celle des gouvernements et des souverains.
n La religion^ le trésor le plus sacré qui
ait été acconlé à l'homme, agit aussi puis-
sammenf, quoique moins visiblement, sur
l'état de l'homme et des peuples; car tout
homme doué de la pensée et du sentiment
croit à un Dieu et à l'immorlalité, ou tout
au moins ii en a quelque pressentiment.
Cette idée, quoi que puissent en dire les es-
Erits iorts qui la traitent de préiugé, est la
ase de la morale publique; elle affermit
le pouvoir des lois, détourne de telje action
qui échappe è l'oeil du législateur ou au
bras de la justice, et allège par des conso-
lations et des espérances te fardeau pénible
de la vie. Mais cette croyance se montre,
selon les peuples et les temps, plus ou moins
altérée dans sa pureté par \e mélange de la
superstition et ae Timposture ; elle a péné-
tre plus ou moins avant dans le cœur hu-
main ; elle ag[ii avec plus ou moins d'cifet
sur la conduite, dans la vie publique ou
privée; les législateurs et les souverains
s*en sont servis avec plus ou moins de sa-
gesse pour l'avantage de Thumanité, de la
poliiiqpe ou de i'égoïsme; elle a été.plus
ou moins soigneusement conservée par ses
véritables dépositaires — les prêtres — qui
en ont proGté ou abusé |>our l'enseigne-
ment puhfic. Et c'est ainsi que la reli^on,
d'après le caractère distinclif et Pespritde
ses formes, la tendance de ses préceptes, le
génie et l'intérêt des prêtres, a contribué
tour à tour au perfectionnement et à la dé-
pravation, au progrès des lumières et à l'é-
paississement des ténèbres, à la civilisation
et à la dégénération, au bien public et au
malheur des peuples.
« Mais ii y a encore toujours différentes
manières de mettre en pratique ce que l'in-
dustrie demande, ce que le souverain or-
donne, ce que les prêtres enseignent; et
la vie humaine renferme une iniinité d'ac-
tions qui ne sont point immédiatement
en rapport avec l'industrie, les lois ou I4
religion.
«Ct^s séries d'actions, ces manières d'a-
Srir, quoique souvent elles paraissent uni-
ormes et résultantes d*un accord tacite,
s'appellent mûsuru, comtumeSf usages. Leur
collection forme une partie intéressante dç
l'histoire du genre humain et peut faciliter
la recherche des causes des plus impor-
tantes révolutions, telles que la chevalerie,
les rapports réciproques des deux sexes dans
la société, leduel (usage prévalant sur les
^ôis), etc.
« Moins les lois sont positives et nom-
breuses chez un peuple, plus TempiFe des
mœurs y est répandu, et souvent même elles
y suppléent. Elles se conservent quelauefois
des siècles entiers dans leur uniionuilé
parmi les peuples dont la civilisation nest
encore guère avancée. Elles sont incertaines
et sujettes au diangement chez les nations
commerçantes dont les populeuses cités
renferment un grand nombre d^éirangers.
Mais les peuples et les individus, pour It
plupart, tiennent è leurs propres mœurs,
de préférence à celles qui leur sont imi)oséa
par un ioug étranger.
a Voilà les principaux motifs de la n»
riété dans l'état de l'espèce humalDei
( Ch. nsi RoTTECK, Hitfoir^ générait. tniL
Gunzer, 1. 1".)
§ Ml.
Déclinée de^ racçs.— Progrès ; progcès matënel; pnfric
moral ; c« qa'il en fitul penser.
Progrès est aujourd'hui le mo( d'onlm
de toutes les intelligences vives, etcuoi
nous plaisons à le reconnaître , ces iolt&
Sences sont pour la plupart stimulécsfv
es cœurs généreux. 11 serait doncuC
fois regrettable d'êitre en dissentiment ai|||
elles et sur les commencements de Ils
nité, et sur le rôle respectif des races
verses âans l'œuvre immense des gén
trions passées et futures. Comment iaire(
tant? les plus sincères amis du progrès
forcés par la logique même de Ijeurcrojanû
défaire commencer le d&véloppement soâ
par la plus abjecte barbarie; que dis-M
par rétat bestial, car la grande diagoDAlt
qui doit rencontrer Dieu en coutinnaotla
cension, se confoAd avec la brute à V^^
extrémité.
On lions dit assez explicitement:
« Des singes quadrumanes ou bimani
eurent un jour une dernière faculté s
ajoutée aux facultés antérieures. Ilseui
la pensée, la parole, la prévoyance; ce^r
événement est raconte dans les traditi
orientales sous le mythe d'Adam. Ces
mânes étaient déjà de plusieurs coule
mais le progrès fut le lot privilégié des
ces blanches, v
Àinsiy Dieu aurait fait de la liberté ei
l'égalité le. point de mire de nos efforts,
imposant aux deux tiers de la création
organisation fatalement incompatible
elles \ Dieua donc pour tojjjours disp
tionné les moyens et le but? On se
contre l,e Dieu jaloux de Moïse donnaid
i;in petit peuple le privilège de la réréla'
et 1 on voue froidement à l'ignorance à
pétuité, à l'impénitence finale, i is
entière, toutes les races noires ou basan
Qui, pendant aue lès blancs monteottri^
phalemen\ à la brèche, ces castes par*
cpmblentles fossés de leùçs cadavres a(t^
mulés ; leurs agonisants se tordent sousna
yeux dans les angoisses de la douleur» safl»
doute pour pratic|uer le dévouement »
exercer notre précieuse sensibilité IL'ioé^
lité des races est après tout comme I ui^V
lité des rangs dans le cadre sociali '« wû'
OTl
RAC
mCTlONNAlRE APOLOGETIQUE.
RAC
ton
litioQ de l'ordre, du travail et du progrès;
) rondilioQ du génie, de la pitié, de Tab-
lé^Mlion. toutes choses et mérites que 1 é-
âll(é anéantirait....
Voilà donc des égalilaires partisans des
Hos, des privilèges et de l'inégalité. Voilà
r.s Immanitdires, déshéritant du lot social
s (Icui tiers des hommes. Âvançoos avec
«uragc sans nous inquiéter de si légères
jiiiradictions
Les races basanées et «noires sont donc
• Ntinées, non pas à èire initiées, mais ab*
jrbées par la race blanche ou adamique.
De auel droit alors réprouver la guerre au
m J*unc douteuse fraternité ? La çuerre
U le plus puissant moyen d'absorption. Il
e sagira plus que de bien regarder aux
idles de la peau; les peuples de r£urope
apercevront quelque jour qu'ils sont fort
runs au midi, fort blancs au nord. Les
Di^lo-Aroéricains viennent de renouveler la
\im observation sur fes races espagnoles
Il Mexique, après l'avoir énergiquement
l'Iiquéeaui Peaux-Rouges de leurs forêts
(le leurs prairies. Mais reprenons avec
iiie le raisonnement par sa base.
Ï£$ annales de tous les peuples commen-
>it jiar l'état sauvage fort mal déguisé sous
''(ûf thés ; Adam et Eve s'occupent de la
- j;riiure et des vêtements, Abel est pas-
iirXain agriculteur ; Enos, appelé Feu par
'H'boniaton, est le mythe aes abris per*
^0' nts et du foyer domestique. Malhusala,
'(){>his se séparent et colonisent. Lamech
>ri>(ruitdes villages et des parcs. L'histoire
'lûoise reproduit la plupart des patriar-
ies que les bouddhistes, comme les raliona-
^l«s phéniciens ou erecs, avaient accom-
"Ji'scnmylhe significatif. leou-Uhao, il y
Il des cabanes ; Soui gin^ l'homme a Tins-
mmi pour le feu.
Trouver dans la suite des patriarches la
nionstration du progrès était réservé aux
(«rprètes venus après Evhemère, Baumier
Dupuis I Ils ont, à plus forte raison, re-
imu Tétat sauvage dans les annales moins
tilemeni rédigées que celles des nations
QH(es. Mais il restait à prouver que ce
mniencemcnt des annales était vraiment
•njiine de la wlion, l'origine de la race 1
ins relie preuve on a le droit de dater
^ .innales d'une ccnaissance , et de croire
îw-ci précédée d'une décadence assez
«pie pour avoir fait oublier une splen-
^r passée. Disoivs mieux, les souvenirs
'ce passé glorieux sont reconnaissables
'«isioules les annales à. travers les exagéra-
'ûbde l'orgueil et les ambages d'une tradi-^
wsans monuments. Ces souvenirs peu-
»l èirc fortifiés^ reconstruits de * toutes
"^^^i quand nous çetrauvons des monu*-
^'its Oubliés par une postérité dégénérée
jï'nie les sauvages américains,
wîs fanatiques du progrès blaac s'obsti-
?nl à ignorer que les races phéniciennes,
[Jjennes et égyptiennes, désignées par ia
'^je sous les noms do Cham et Kouscb,
-^KMji presque aussi basanées que les peu-
»<» u Amérique. Or, les sociétés chamites,
kouschites, eurent une précoce Ooraisou, Can«
dis que le blanc Japhet est demeuré si long-
temps stationnaice. SI les races brunes sont
étrangères au progrès et ont manifesté de si
bonne heure quelque chose d'approchant,
cela ne pouvait tenir qu'au maintien des
traditions, moins oubliées là que chez leurs
frères. Nous no pouvons nier la. décadence
chez ces Chamites dont plusieurs ont disparu
comme les Phéniciens, et dont la plupact
sont dégradés comme les Nubiens et At>vs-
sins, presque au niveau des nègres. Par
malheur ces races basanées et noires ne sem-
blent pas prêtes à l'absorption dont la race
blanche les menace par son progrès de six
ou sept mille ans. fles races noires ou basa-
nées forment encore aujourd'hui. plus des
deux tiers de l'humanité : 700 millions sur
un milliard.
Ce que les blancs gagnent en JSurope e t aux
Etats-Unis d'Amérique compense. à. peine €6
qu'ils perdent en Perse, dans le Caucase et
la Turquie. Les pays tropiques (Kiraissent
défavorables à leur acclimatement,, tandis
que ces pays aident, avec une mervelUeuse
puissance, au développement des races co^
iorécs autochthones, importées ou métives«
Les Etats-Unis méridionaux du Mexique,
l'Amérique éc[uatoriale, le Brésil nont
guère qu'un tiers de blancs pour deux tiers
de nègres, américains ou mulâtres. Tcoia.
cents ans de colonisation portugaise, espa«
gnole, hollandaise et anglaise, n'ont placé
dans l'Inde et l'Indo-Chine, qu'une très-in-
signifiante proportion de blancs, balançant
à peine les continuelles importations de la
métropole européenne.
Et enfin le progrès, ce levier savam*
ment manœuvré pour prédire notre avenir
éthéré et certifier notre commencement ab*
ject ; ce progrès, premier terme du grand
syllogisme, aurait lui-même besoin de faire
ses preuves avant de s'affirmer. Le progrès
se divise en matériel et moral : le premier
préoccupe notre époque en proie à une acti«
vite à tout prix. Mais cette activité eût-elle
un but précis et louable, ne peut être per-
pétuellement croissante. Les métaux les pre-
miers découverts et manipulés par l'homme
sont devenus précieux par leur épuisement.
En quoi fera-t-oa les nouveaux rail-ways,
quand le prix du fer aura centuplé par la
rareté de son minerai? sans doute avec le
bois des forêts épuisées. Avec quoi chauf-
fera-1 -on les chaudières, locomotives et
fourneaux , quand bois et houille seront
achevés? La France, dépeuplée des forêts, ne
recèle pas dans ses entrailles assez de houille
pour alimenter son industrie pendant deux
siècles. De quoi se nourriront les hommes
quand deux ou trois milliards peupleront la
terre, l'eau, et, je le suppose, les villages et
vaisseaux flottant dans l'air, où. l'on aura,
je l'admets, établides stations et des routes?
il faudra bien que les épidémies et. les fami-
nes recommencent leurs anciens travaux de
nivellement; que l'industrie se paralyse,
aue des temps d'arrêt permettent aux forèta
e pousser, aux tourbières de se remplir^.
i079
RAG
DlC7iOtN!«A>RG APOLOGETIQDE.
RAC
im
aux canaux de s*embourber, aux rail-wa^s
de se rouiller, aux villages el locomotives
aériennes de retomber à terre ; à moins que
l'océan ne mette à sec de nouveaux conti-
nents avec de nouvelles richesses des trois
règnes, ou bien convertisse ses eaui salées
en des liquides capables de satisfaire la faim
et la soif d-e notre postérité.
Pour le passé, la marche progressive m'ins-.
pire les mêmes scrupules que dans l'avenir;
je n'ai jamais bien compris, par exemple, en
quoi les constructeurs de villages de la neu^
vième génération (Lamech) étaient plus
avancés que H(!iAOch ou Caïn, constructeurs
de villes. L'interprétation de la série des dix
patriarches, d'après la Agnificatiori de leurs
noms et actes, tient au Système déjà apprécié
dans le mjthe de Napoléon-Soleil.
Par le côlé moiaU la question du progrès
offre de bien autres difficultés. Le besoin le
plus noble de la nature humaine y est-il
saiisfaitiiutânt quedans l'activité matérielle?
Le parallèle philosophique du monde àntir
que avec la société grecque a montré le
<orcle suivant : cosmisme , panthéisme i
déisme, voilà les pâs en avant. Déisme, pah-
liiélsme, cosmisme, voiïji les pas en arrière.
Ce va-et-vient ^'est répété cent fois depui?
que le inonde eèt monde; mais je doute que
jamais les principaux artisans d'un mouve-
ment quelconque, soit toasses, soit indi-
vidus, aietit confessé^qu'ils voulaient reculer
de parti pris. Ainsi , c'est avec les plus
lou'ibles intentions que les progressistes
paf excellence prêchent aujourd'hui le culte
des intérêts rtiaiériels, en relevant les ban-
nières panthéistes 4o Spinasa et de ^é^)ana-
tion indoue.
Notre orgueil évalue l'avenir par l'imagi-.
nation : cela dispense de l'évaluer par la
raison et par l'expériçnce. On nie la science
matérielle du vieux monde pour avoir le
droit de le rabaisser. On prend en pitié des
patriarches sans chemin de fer, des Bràmali
et des Menés saas macbijoes h vapeur. Mais
a-t-on classé déGtiiUvement Part indien qui
taiila lasurface et les entrailles des motua*
gnesdegranit? L'art qui dressa les obélis-
ques et les pyramides, qui creusa des tun-
nels h Babytene? On n'oserait pas préciser
en tout cas de combien de degrés les spécu-
lations philosophiques de U moderne Ger-
manie soat moins nébuleuses et plus appli-
cables que n.e le furent celles de leurs aïeux
Indiens ou Chinois, deux ou trois mille ans
avant Jésus-Christ. On n'oserait pas classer
une organisation du travail accumulant les
ouvriers h la ville pour y f^ire connaissance
avec les cabarets et les ifiauts salaires de six
mois de l'année; quitte à faire connaissance
avec la faim et les grèves qui en remplissent
le reste; et tout cela plut(U que de demeu-
rer aux champs avec des salaires modérés,
mais assurés pour toute l'année.
L'expérience gouvernementale semble ea-
fermer le mouvement social dans la marche
à trois temps où nous avons déjà vu osciller
la philosophie : république, despotisme,
monarchie. De cette trilogie aussi, l'histoire
grecque avait donné la formule pratique, et
la sagesse grecque, (a parabole, dans ccriaio
apologue d Esope. Le. despote hydre fut in-
telligible dans tous les temps; quaotàla
bavardé insolence des grenouilles et à V'm-
passible roi soliveau, si le progrès moderne
n*en peut réclamer Tinvention, il a tou-
jours beaucoup aidé à comprendre ces vieux
mythes.
Les beaux-arts, manifestation la plus ûob^
plète du travail mental» sont regaraés ausî
comme la mesure la plus certaine et la plu
précise du développemeût moral des ln«
vailleurs ; car un artiste, écrivain, peiobt^
sculpteur résume l'iospiratioa eu la critU
Sue de son siècle. Si le progrès perpétod
oit être évident quelque part, ee sera swi
tout dans les beaux-atts comparés entre em
aux diverses époques. Or, c'est précisémotf
sur ce terrain des beaux-arts que je coaM
tate la crovance la plus unanime au ccrcîi
fatal, cercle de deux ou trois siècles, oHkif
trant, pendant lA première période, TaJoA
rable étiergie deTintelligence humainp,nrit
montrant aussi, pendant la période
dante, les bornes que cette intelligenceu
en elle-^mème et surtout dans Tes pa!
qui raccompagnent. Si la valeur artti
des siècles de Périclès, Auguste, Léon
Louis XIV, Napoléon cl Louis-Philifi*!
sérieusemetit acceptée parquelqu un(0(
une progression croissante, c*est tf^ut aapî
au point de tue que voici :
Les découvertes, dans le motide matétii
qui ont encore devant elles uo longarei
et par conséquent un progrès long et
t^n, trouvent, pourcette raison, créanoei
complète dans l'opinion. Ces déi^cavi
matérielles peuvent aider beaucoup à la
nifestation des beaux-arts. Nos encres,
mes, papier sont plus commodes que
tablettes de cire des Romains ; nos coulci
à l'huile, à Taquarelle, plus expéditives
les cx)Uleurs de Zeuxis et de Cimabuë.
sent bien que. là n'est pas la vérii
question du progrès; nous n'aurons pas
Michel-Ange ou un Raphaël, ou un Viri<j
oa un Homère, par cela seul que tout i
peuple saura lire et écrire, ou que le li
d^uoe génération pratiquera ledasçuerréot]
ou le dessin linéaire.
Le progrès devrait bien nous explit
une contradiction que beaucoup de ai
sceptiques offrent dans l'histoire, maisjii
au degré offert pa^ le xviir siècle lui-mi*
Pendant que les religions étaient délais
comme des mythes vieillis y comM
comme aberrations d'une logique eottl
générée et répugnant à tout ce qui estr
tioonel et inintelligible, Mesmer, ar«e'
magnétisme animal, fi^isail irruption
la science ; Swedemborg, Çaint-Martlrii
gliostro, irruption dans les théories sociiH
avec rilluminisme. On peut, sans léoiéiit^j
avancer que la plupart des loges maroDW-
ques étaient des chapelles secrètes du cm
nouveau, qui eut ainsi une part et uoc p»
assez forte dans la fermentation et ycxpv'
sion de 89. La science, malgré sa graviied
M
BAC
DKTKimAOlS APOliOfiETigOE.
RAD
f08S
es préfi^4«nces poor les certitudes affectant
>s sens extérieurs, a reçu, jiar lés attaques
'^[iiées du magnétisme, une tendance rè-
(Mise qui rap|H.*lle l'alchimie, tendance qui
tait détrôner les Aristote par les Platon,
leoarés à leur tour par les Pythagore, les
aracetse et les Cardan. Il Ta paraître, s'il
a (J^]à paru« un Journal de médecine théolo^
ifttf, où le nia^^nétisme animal, accepté
^mme on lail certain, est expliqué |iar la
iite des anges et des démons. La magie de
if.ttquité et du moyen âge est rederenue
ne baoalîfé de la TÎe pour les bien-portants
»mme pour les malade*. Il existe donc dans
ime humaine un iiesoin de foi et de mys*
trisme qui ne saurait être suspendu même
.iidant un instant très-court. 11 faut lui
irer tribut, même aux époques se targuant
pttts de leur esprit pontff 1 Du puis, Voi*
^r, Cabanis , esprits forts dans une église
bré>îenne, étaient d'humbles dévots dans
De loge maçonnique on près du baquet de
orner. La croyance k l'existence, à la pos-
bilîté du rationalisme alisolu est donc une
Teur dans la philosophie de l'histoire? Le
^.lacement, l'obstructiou du mysticisme
^ (lonc un danger social ? La reliçîon est le
ituiurel du torrent qui ravage Ta sdence
\ lOiieTerse les intérêts sociaux quand on
^/e de le dériver, de l'arrêter par des
:mères.
Progrès, tel qne la philosophie de l'his*'
^ire commande de le définir, c'est le rayon-
eojeot de la science des minorités sur l'i-
iM>raoce des masses, c'est le rayonnement
on peuple civilisé sur des Toisins rudes,
irdes populations barbares, sur des peu-
):e5sauvages. Ce flux d'idées, de modes,
3p(iélits et de fantaisies, produit un mou*
iueot immense et continu : spectacle tôu«
urs curieux, satisfaisant, puisque l'agita-
^Q est le besoin le plus certain , le plus
ùîersel de la nature humaine 1 Spectacle
lOîent admirable et consolant, puisque le
en*être moral et physique des masses «
UD peuple, de plusieurs peuples» en })eut
re \ê conséquence. Tel est le progrès in^
âni dont tout le monde parle aujourd%ui
auquel je crois comme tout le monde, ni
as ni moins
U proîçrès infini serait toute autre chose ;
Kir celtti-lè, il faudrait changer la nature
tmaioe; il faudrait changer la lettre et
"«prit de son code, le dernier venu et le
'is magnifiquCi lequel a positivement dé*
)ré que le bonheur absolu ne serait pas
ce monde. Il budrait espérer que la corn-
L'iion humaine acquit quelques facultés
F^QSf en se dépouillant de q^uelqu'une de
s passions , de quelqu'un de ses péchés
pilaux. Jnsqee-lk le progrès infini, au lieu
Oéborder le christianisme, sera un simple
toar à quelque chose de très-vieux , le
Panthéisme indou, qui promit d'absorber
homme en Dieu comme terme extrême de
ses transformations.
Pour que le progrès d*indéfini devint in-
fini, il faudrait de plus que jamais la science
des minorités ne fût erronée cfuand les mas-
ses l'absorbent docilement ; que jamais la *
science réelle et juste des minorités ensei^
gnantes ne fût contrariée, étouffée parles
passions ou la fausse science des multitudes.
Il faudrait que la propagande des idées ne
fût jamais détournée de son but par celle
des passions et des intérêts ; que la philan-
thropie, importée en Amérique,* aux Indes,
en Chine, ne fût pas amortie ou pervertie
par le mercantilisme ou l'ambition politi-
que... Progrès indéfini peut donc être un
heureux et fréquent accident de l'humanité;
si nous vivons dans une de ces époques pri«
vilégiées, les races noires et basanées en
auront leur part et pourront aussi digne-
ment que nous rendre grâce à la Providence
(1128).
RACES HUMAINES, leurs aptitudes res-
pectives. Vojffs Note IX , à la fin du
tora. I.
RADEGONDE (Sainte). — En 539, les deux
rois, Tbéoderic (Thierry V) et Clotaire
joignirent contre Hermanfroy, roi desThu-
riugicns, les forces de l'Australie et de la
Neui^trie. Us vainquirent. Parmi les prison-
niers se trouva Radegonde, déjà captive chez
son oncle Hermanfroy. Elle éf:hutà Clotaire»
qui, touché des grâces de la jeune enfant,
résolut de l'épouser plus tard. Il la fit élever
avec soin dans la royale villa d'Aties, sur la
Somme t et lui donna, en 538, le titre de
reine, qu'elle reçut à regret. Les malheurs
et la piété avaient de bonne heure détaché
son cœur du monde. Clotaire avant dans la
suite fait injustement périr le frère de son
épouse, celle-ci désira se retirer dans un
monastère. Le prince y consentit. Ce fut à
Poitiers qu'elle se fixa, l'an ihh. Elle y de-
meurait depuis environ vingt-trois ans,
quand le poète VenanceFortuimt arriva dans
Fortunat était Italien. Né en 590, près de
Céuéda,dans le Trévisan (iiâ9), il quitta sa
patrie avant l'entrée des Lombards, s*avau{a
sortes bordsdu Danube, traversa laGerma«
nie, pénétra tm Australie, où il chanta le
mariage de Sigebert avec Brunehaut , et vi-
sita la Gaule, payant par des vers la riche
hospitalité qu*il y recevait. A Poitiers s'ar*
rêta la course du poète. Sainte Radegonde
parvint à l'y retenir et à lui confier les in-
térêts temporels de son monastère. Après la
mort de la reiqe, décédée en 587, Fortunat
devint prêtre, puis évêque de Poitiers, ei|
599 ; sou épiscooat dura une dizaine d'aun
nées.
\\m\ Toir U note IIX, à la fia da volame.
<M^) M. i.J. Ampèes, mu. iiu., etc., I. II,
13. p. d33, dil : f rortaoat na ;oit un an après la
utl de Sidoine ApuUijuire, et ci.tre eux il y a
toot on monde, i Je ne sais sur qaoî Faoleor appuie
cei anachrooîsne : saint Sidoine nKMmiiealS9,c(
saint Fortunat vint av ipoQile ent530
108S
RAD
MCnONNAIfUS APOLOGRTIQUB.
RAD
Mi
II-
in.
clerot
H Les fêtes de la cour de Neostrie, dit
H. Thierry, les banquets brujanU, les
chasses périlleuses 9 les reyues et les joutes
{guerrières, la société des vassaai à Tespril
inculte et à la voix rude, la fatiguaient et la
reodaient triste. Mais s'il survenait qaelqoi
évoque ou quelque clerc poli et lettré, oi
homme de paix et de conversation doi
sur-le-champ, elle abandonnait toute i
coropagai& pour la sienne; elle s'attachât
lui durant de longues heures, et quand
naît rinstanl de son départ^ elle le char^
de cadeaux en signe de souvenir, lui d
mille fois adieu, et retombait dans sa
tesse. Ad ejus opinioncm Mi quh s
Dei visus fuissetf vel per se^ vel tocatut
currere^ videres illam calestan habere l
tiam.., Ipsa se lotam occtêpubot juita
jtisti treroa,... reteniabatur pev dtfa.«.&
venissetpontifex^inaspectu qus.lœiifi
et remunerutum relaxabat ipsa trisli$si^
pria (1134). »
L'on ne peut nier que Pâme de la
sans avoir complètement dépouillé V
{i;ermanique, ne s'ouvrit avec charme^
idées et aux mœurs gallo-romaines. V
Sonde, passant un jour devant un tei
'idoles, ordonna d'y mettre le feut et,
gré le tumulte de la foule, resta impas
sur son cheval îusqu'à ce que les flam
eussent tout dévoré (1135). Voilà btea
fermaine. D'un autre côté, l'instructi
tendue Qu'elle avait reçue et qui lui
mettait de lire le latin et le ^rec, les
forts littéraires (|ui vont la lier si étroitei
saint Venance Fortunat , obligent à ci
que Kadeçonde se plaisait avec les pers
nages polis et lettrés que lui présentail
hasard.
Gardons-nous pourtant de croire que <
goûts littéraires eussent dégénéré en pas '
en manie, capal)le de rendre odieui
jeune reine son époux et la cour, et
pousser au divorce et au cloître, pour
de la rhétorique à son aise. Son ami F
nat a célébré trop de Gaulois et ménsa
Francs instruits, et splendides imitateu
l'ancienne civilisation, pour que Rad
n'en ait pu rencontrer quelques-uns
seraient empressés de former près d'elle
cour aimable et savante, qui laurait co
de la grossière société des leudes et de
taîre. Ce n'étaient ni les |>oëtes , ni les
teurs, ni les cœurs sympatiques qfl
« Quand l'ordre fut donné, dit M. Augustin
Thierry, de la faire venir à la résidence
royale pour la célébration du mariage, en-
ti'atrrée par un instinct de répusnance invin-
cible, elle prit la fuite ; mais on i atteignit, on
la ramena, et, malgré elle, épousée a Sois-
sotls, elle devint reine, ou plutôt, l'une des
reines des Francs neustriens; car Clotaire,
fidèle aux mœurs de la vieille Germanie, ne
se contentait yas d'une seule épouse, quoi-
qu'il eût aussi des concubines.
Les probabilités de cette union poly-
game sont une grande cause de tourment
pour les écrivains modernes, qui se sont
occupés des actes de sainte Radegonde. Le
P. Mabillon remarque la .difficulté, en dé-
sespérant de la résoudre : locus sane lubri-
cui ac difficilis, » (Annales Benedictini^ 1. 1 ,
p. 12i[U30].)
M. Thierry a lu avec infiniment trop do
distraction i'alinéa de Mabillon qu'il cite.
Ce n'est point à propos du mariage de Rade-
gonde et de quelque probabilité de polv^a-
niie dans cette union que le docte bénédic-
tin a dit : locus sane lubricus^ etc. ; il a fait
cette remarque en examinant un texte de
l'historienne Raudonivic, sur le divorce de
l'épouse de Clotaire (1131); quant aux pro-
babilités de polygamie, il ne s'en est pas
même occupé (1132).
Les Uollandistes, dans leurs r.ommentai-
res sur les actes de sainte Radegonde, ont
1)assé tout pareillement, sans plus de souci,
I côté de cette diUicuIté qu*on suppose si
inquiétante. Ils ont bien longuement exa-
miné en quel ordre ont pu paraître à la cour
de Soissons les sii épouses de Clotaire;
mais, pour ce qui regarde le mariage de
Radegonde, ils se bornent à dire que, « très-
]irobablement, les précédentes unions de
Clotaire n'avaient pas été valides, ou que la
femme légitime était morte, quand il épousa
Radegonde (1133). » Ainsi donc, ni Mabillon,
ni les autres écrivains modernes, occupés
des actes de la sainte,. n'ont désespéré de se
débarrasser de cette grande cause de tour-
menL
La difficulté soulevée par M. Thierry
manque donc de toute certitude, de toute
probabilité, et ne sert qu'à faire sourire à
tout hasard au spectacle d'une sainte qu'on
suppose à la tête d'uc harem.
{\\Z&) Récits des temps mérovingietts^ tome 11,
page 247.
(1151) La question était de savoir si sainte Rade-
gonde avait pris le voile du constiilemeul de Glo-
uire : c £quidom Baudonivia. quae libnim de Vita
Radegundis secunduin srripsif, qiiodanimodo huic
•enieiitiae favet, ubi ail : Radegnn>lc in villa Suaedis
çoinmoranie, sparsum fuisse nimorem de régis p<e-
Btl**nila, qui u\em et lanlam * reglnam permistsseï
a *iaicro suo discedere. At reponi poiest, pcrmissum
banc acccsbîsse, velata jam regina. Locus saue
iubricns ac difficilis. i (Ànu, Bened. , I. v, r.
Cette citation est bien longue, mais elle fait
au doi«Et rineiactitude de M. Thierry.
(4152) Annalcê Bnnedielini, L v, c. 3t.
(1155) BoLL., t. m Augusti, die xiu, VU. S,
degnntii$, conimentariuni praevium, § 11, p. 51-^
(1154) Hécit$ des temps mérocingienSf voae^
page 249, 5' récit.
(1155) BoLL. Vff. S. Radeg., aueiore BauJon»?'*
p 7(5. c. I
m
BA0
DiCTMmNAIRE APmjOGETIQUEL
RAD
iianquaieol; on setf bien se laissait regret-
pr, et la oondoite de la sainte» dans le palais
ie'soissoos, nous apprend assez quel était
e lionhcur absent.
Vous la Tojons si libérale pour les pan-
^s qa*elle leur donnait jusqu'à ses réte-
.eflts. Elle arait établi un hospice pour les
normes des deux sexes, où elle allait elle-
uéme Farer les femmes dans le bain et net-
jTer Ja theTelure des hommes. Elle aimait
«^échapper secrètement du banquet ou du
it roral pour prier. Pendant le carém«?, elle
oruit un cilice; si une parure faisait admi-
er sa beauté de quelque courtisan, elle se
Jfiit de la rejeter ; eUe n*usait de son pou-
olr sur Clotaire que poursaurer de la mort
f< condamnés. Aussi, le roi s*irritait*il |iar-
)is de la piété qui éloignait si souTent de
li la reine, et a cause de laquelle on lui
Isail^ en badinant, que c'était une nonne,
mon pas une reine ou'il avait épousée
1136). Ne comprend-on donc pas que c'était
h liberté de se donner toute a Dieu, à
tin seul, que Radegonde aspirait?
Xe pouvant réaliser encore ce Tcen, elle
^i( de s'en dédommager dans la oompa-
^edes clercs et des évèques auprès desquels
t s'empressait, non pas parce qu'ils étaient
i':is et lettrés, comme le dit M. Thierry,
£5 parce qu'ils étaient hommes de Dieu.
' •usen serons eouTalncus lorsque, en lisant
rtnle donné par l'auteur des it^c»/a méro-
^•giau^ nous en rétablirons les parties
a'ii a remplacées par des points. « Si Ton
>[>reoail que quelque serviteur de Dieu
r&iit ou ue lui-même, ou ()Our avoir été
;<rlé, recueillir l'avis du roi, vous auriez
. Radesoode pénétrée d'une joie céleste. A
ipproche d€ la nuii, elle se rmdait avec peu
^onde aux bains^ par la neige^ ou la 6oice,
\ ta pomssîêrej puiê Feau chaudt préparée^
( maii et essufait elle^mime les pieds du
ntrable personnage, et, sansaue le serviteur
Bieu refusât , elle lui présentait à boire
nt une coupe. Le lendemain, laissant à de
Er/ff serriteurs te soin de la maison, elle
rit lout occupée à entendre les paroles de
omme juste et les conseils sur lonivre du
W; elle était retenue des jours entiers
r le désir d^appremdre à gagner la vie du
t Qae si e*était un évèque qui arrivait,
e était transportée d*allégresse à son as-
ti, et quand il retournait à son diocèse,
'ait avec tristesse et en loi offrant des
^nts qu'elle y consentait (11^). »
M. Thierry a sous-entendu dans le texte
saint Fortunat tout ce que j'ai souligné
•lui proure que ce n'était pas pour une so-
ie d hommes au l>eau langage, mais pour
^ conversations ascétiques et dévotes, que
ie.'onde oubliait avec joie sa famille et la
if. De sorte que les Jl^rîl* mérovingiens
us montrent ici, au lieu d'une sainte, nue
inl-courrière des précieuses de Thôlel de
mbouiliet. L'altération méritait bien d'être
,na!ée.
01
SakOe Badcgoade te oonsMn-l-elle à I>ie« amire le §ié
de m épovs t
■ Pour cette âme froissée par tous les liens
qui rattachaient au monde, dit M. Thierry,
il n'y avait qu*un seul refuge, la vie du cloî-
tre. Radegonde v aspirait de tous ses voeux;
mais les obstacles étaient grands, et six an-
nées se passèrent avant quelle osât les bra-
ver. Un dernier malheur de Camille lui
donna ce courage. Son frère qui avait grandi
k la cour de Neustrie, comme otage de la
nation tliuringiennc, fut rois k mort par
Tordre du roi, peut-être pour quelques re-
grets patriotiques ou quelques menaces in-
considérées. Dès que la reine apprit cette
horrible nouvelle, sa résolution fut arrêtée;
mais elle la dissimula. Fei^ant de n'aller
chercher que des consolations religieuses,
et cherchant un homme capable de devenir
son libérateur, elle se rendit à Noyon, au-
près de révêque Médard, fils d'un Frank et
d'une Romaine, personnage célèbre alors
dans toute la Gaule |iar sa réputation de
sainteté. Clotaire ne conçut pas le moindre
souiYçon de cette pieuse démarche, et non*
seulement il ne sy opposa |ioinf, mais il
ordonna luinnême le départ de la reine;
car ses larmes l'importnnaient, et il avait
bâte de la voir plus calme «t moins sombre
d'humeur (directaarege reniens ad B, Me^
dardum Noviomago^..)
« Radegonde trouva l'évêqne de Noyon
dans son église officiant â l'autel. Lorsqu'elle
se vit en sa présence, les sentiments qui la-
gitaient, et qu'elle avait contenus jusque-là,
s'exhalèrent, et ses premiers mots furent
un cri de détresse : « Très-saint prêtre, je
■ veux quitter le siècle et changer d'habit!
« je t'en supplie, très-saint prêtre, consacre-
c moi au Seigneur. » Malgré l'intrépidilé de
sa foi et la ferveur de ^on prosélytisme,
révêque, surpris de cette brusque requête,
hésita et demanda le temps de réfléchir. 11
s'agissait, en effet, de prendre une décision
périlleuse, de rompre un mariage royal
contracté selon la loi salique et d'après les
mœurs germaines, mais que l'Eglise, tout
en les abhorrant, tolérait encore par crainte
de s'aliéner l'esprit des barbares.
« Bien plus, a cette lutte intérieure entre
la prudence et le zèle, se joignit aussitôt,
pour saint Médard, un combat d'un tout au-
tre genre. Les seigneurs et les guerriers
franks qui avaient suivi la reine 1 entourè-
rent en lui criant avec des gestes do me-
nace : « Ne t'avise pasde donner le voile à une
« femme qui s'est unie au roi 1 prêtre, garde-
< toi d'enlever au prince une reine épousée
< solennellement. » Les plus furieux, met-
tant la main sur lui, 1 entraînèrent avec
violence des d^rés de l'autel jusque dans
la nef de l'église, pendant que la reine ef-
fraya du tumulte cherchait avec ses fem*
mes un refuge dans la sacristie. Mais là,
recueillant ses esprits, au lieu de s'abaudup-
1136. BoLL., ViL S lladeg., auciorc Fort«na(o, c. 1, p. 08 cl 60.
H57j Bou.., VU. S. Raâoj., p. 69, nT 7.
1067
ilAD
DICTIOffNAlilf; APOLOOETIQUE.
BAft
ner au désespoir» elle conçut un expédient
où Taiiressp femiiHiie avait autant de part
que la force de la volonté. Pour tenter de la
manière la plus forte et mettre h la plus
rude épreuve le zèle religiei» de Tévèque,
elle je(a sur ses vêtements royaux un cos-
tume de recluse, et marcha ainsi travestie
vers le sanctuaire, où saint Médard était as-
sis, triste, pensif et irrésolu. « Si tu tardes
a à me consacrer, lui dit-elle d'une voix
« ferme, et que tu craignes plus les hommes
'( que Dieu, tu an-ras à rendre compte, et le
a pasteur (e redemandera Pâme de sa bre-
« bis. ^ Ce spectacle imprévu et ces paroles
mystiques frappèrent Timasination du vieil
évoque et ranimèrent tout a coup en lui la
volonté défaillante. Elevant sa conscience
de prêtre au-dessus des craintes humaines
et des ménagements politiques, il ne balança
plus, et de son autorité propre il rompit le
mariage de Uadegondc, en la consacrant
diaconesse par Timposition des mains. Les
seigneurs et les vassaux franks eurent aussi
leur part d*enlra!nement; ils n'osèrent ra*
mener de force h la résidence royale celle
qui avait désormais pour eux le double ca-
ractère de reine et de femme consacrée k
Dieu (1138). »
Le texte de saint Forlonat, dont M. Thierry
a copié quelques mots, et un autre passag^e
de Baudonivic, prouvent que Clotaire avait
approuvé la resolution de sainte Rade-
gonde.
M. Thierry pense que la reine feignit
«raller chercher quelques consolations à
Noyon, et que le roi y consentit, espérant
la voir bientôt revenir plus calme et moins
sombre d'humeur. L'histoire de la sainte
ne parle pas de cela; on y lit : « Comme il
nnive souvent que quehfue circonstance,
par la faveur de Dieu, change un malheur
en un moyen de salut, le frire de Radegonde
fut tué, sans qu'il le méritât, pour fournir
à sa sœur une occasion de vivre plus reli-
gieusement. Etant donc venue, envoyée par
le roi, auprès du bienheureux Médard à
Noyon, elle demanda avec instance qu'il lui
fît quitter Phabit séculier et la consacrât au
Seigneur (1139).»
Cest dans ces phrases que M. Thierrv
trouve que Cfotaire avait envoyé la reine a
Noyon, seulement afin qu'elle s'y consolât
un peu de la mort de son frère, et qu'elle
revînt moins triste charmer la cour. Eh
bien ! n'esl-il pas vrai que, si nous n'avions
l)as lu celle interprétation de M. Thierry, et
c|ue si ce commentaire n'avait pas, pour
ainsi dire, obscurci le texte à nos regards,
nous aurions tout naturellement aperçu,
dans la narration de saint Fortunat, la per-
mission donnée par le roi à son épouse d'al-
lor auprès de saint Médard exécuter ce
qu'elle y fit? Cette permission, rappelée en-
tre le récit de la consécration de Radegonde
et la réBexiofl du lég^daire sur les _ ..
reux résultats de certaius malheurs, partit
le lien providentiel qui rattache rnoe ï l'au-
tre, et ne laisse point soupçonner de ruse
dans la détermination de la reine. I^e récil
de M. Thierry n'est donc pas appajé sur
celui de sâini Fortunat, il est même ouTer*
tement contredit par celui d'un autre n.
teur contemporain de Radeeoode.
Baudonivie raconte qu'après la cérémonie
de Noyon la reine se rendit dans la rilia de
Saix, voisine de Poitiers, et eue CloUire
lui avait donnée. « Tandis qu'elle était dans
cette villa, le bruit courut que Ciotaihi
voulait de nouveau Radegonde, qell ^im
sait de la grande perte qu*il avait fuie ti;
permettant qu'uno telle» au'une si gnodu
reine s'éloignât de son c6té (iiU)).> Remar-
quez que le prince gémissait inm pas ie
la fatale confiance qu'il aurait eue, seloi
M. Thierry, en permettant que son épcoft
s'éloignât, mais de la perte qu'il fit alon,e)
dont il n avait pas, ce semble, compris M^
la grandeur quand il autorisa le députtf
au'il adressa lui-même la reiEe \ IMgif
e Noyon. Tel est le sens de ce passa;»
chôment abordé et étudié, sans pféoocii{itia
romanesque ou autre.
Le texte de Baudonivie et celui de $m
Fortunat sont donc parfiii tement d'ac(o^'
entre eux, et opposés, tout autant Tua ^
l'autre, à l'émouvante» mais imaginairt \>
sertion de M. Thierry.
Quelques difficultés se présentent. Si
sainte Radegonde était autorisée k preair*
le voile, pourquoi le demanda-t-elle s\p^
cipitamment? pourquoi ne dit-elle rien i
saint Médard de l'autorisation du roi, ei
pourquoi le prélat et les seigneurs sopp-
saient-ils à la réalisation du désir de k
princesse? Tels sont les motifs qui proba-
blement auront déterminé l'auteor des h
cUs mérovitiaienê k ne ^s accepter daos lev
sens naturel les témoignages des deux hH
toriens de la sainte. Ces difficultés sont ^rt
ves, mais elles ne semblent pas insolubio
le fussent-elles, d'ailleurs, les scrupules '
la critique ne devraient pas l'emporter $
des documents positifs comme ceui ^!
nous avons trancrits (ilU).
1* L'on demande jpourquoi cette prise
voile si précipitée. Ce fut sans doute "
que Radegonde redoutait ce qui arrivi,
veux dire un changement de résolotii
dans Clotaire, C'est ainsi que, lorsque sjifl
Clotildeeut reçu de Gondebaud, roi de w
gogne, la permission d'épouser C1oti'< i
départ de la jeune fiancée fut une fuife^
rilable, tant elle craignait quelapoliur
ne fit rétracter son oncle, comme il I e>^î
en effet l
2" L'on ne trouve pas que sainte «i*']
gonde ail fait mention du coosentetiun.
son époux. Mais, de bonne foi, crovei ^•»
(1108) Page ^50. (1141) Quelques-unes de ces diffictrije» »^^
(M3*J) S. FoBTLNATLS, VU. S. RodeQ. ^ c. î, eiigaAcMabilloD (Anna/. fteHfrf.,l-v,c.»;»>*^
»- 10. Topiiiion que suil M. Thierry.
(1140) H.UDOMVU, Vil. S. Radeg., c. I, ir C.
'>9
RAD
DICTIONNAIRB APOLOGETIQUÉ.
RAD
4090
r,nc aue la poslalanie n ait prononcé me
^ deux phrases rappelées par sa légende?
lini Foriunal a-l-il donc, dans les quelques
Les consacrées au reçoit de cette * pme
TToile, rapporté tout ce qui s échangea
i flueslioDS et de réponses? ETidemnient
'>o • et il se sera d'auUnl moins cru obligé
conserter la mention faite par sainte Ra-
-onde du consentement de Clotaire, il
ira d'aulant moins cru nécessaire d en par-
r qu'il Tenait de raconter lui-même cx)m-
ent la reine était arrivée par l'ordre de
Q époux à Nojon.
3- Saint Médard hésita à exaucer le désir
> sainte Radegonde, et il s'éleva une vio-
nte opposition de la part de la foule, sur-
oi de la part des seigneurs (11^2). Selon
. Thierry, ces derniers formaient une es-
f le à Radegonde dans son voyage de Sois-
os à Koyon. C'est une pure supposition,
ol«ablement aûn de faire croire qu il n y
ait |)oint eu de rupture entre les deux
OUI, puisque Clotaire entourait toujours
Megonde de tels honneurs. Quant à cette
-iuiion, à celle opposition, elles furent
«i-ualurelles. Figurez-vous donc cette
uae princesse |)énélrant à Timprovistc
:.is le temple, et, au moment où Ton va
..rsa bienvenue, implorant un voile de
^.ose. Elle aura eu beau s'écrier que l'é-
^^ae et le peuple devaient y consentir,
uisqiie Tépoux y consentait; Ton ne put
)ir dans cette détermination si subite qu un
te'de désespoir de la reine à la pensée de
«1 frère assassiné, qu^un acte de colère du
Il contre Radegonde dont la douleur était
•or lui un reproche de chaque instant. Que
ire donc? Retarder Texécution du projet
' Radegon le, rappeler, comme Qt le prélat,
iteloiim|josée aux femmes par un apôtre :
Cune épouêi %€ doit point chercher à rant'
t k lien qui Failache à $on mari: il fallut
iber d'ajourner l'heure du sacrifice, que
lirrail peut-être le reiieniir d'un tôié ou
1 autre. Mais quand ensuite on aperçut
ilf femme sortir de la sacristie et porter
r la tête le voile saint qu Vile demandait,
i comprit que la détermination de sa dou-
ur el de sa piété était irrévocable, invinci-
e, et tous, en plai^jnaiit Clotaire, laisse-
nt la cérémonie se célébrer.
Voilà comment, même en admettant 1 ap-
obalion donnée i)ar Clotaire au divorce
Ilicité par sainte Radegonde, on peut s'ex-
iquer rop|)osîtion momentanée des sei-
leurs et de l'évoque, l'absence de toute
LDiion de celte approbation dans les ré-
ci>es de la sainte, conservées par le l^en-
ire, el enfin la précipitation cfe cette céré-
•nie.
§nr.
n> Bâilegoode, iprès s'être consacrée ï Dieu, prit-
! mC ia foiie pour évlier le resseulioieot de Clotaire?
M. Thierry dit : — <i La première pensée
•U4i) s. FoftTcsf ATC8 , fit. «S. Radeg,. c. 2,
10; HiLDCBCBTus, VU. S. Rttdtg.^ c. 3, n* 19,
«d Boltatiduin.
de la nouvelle convertie (c"élait le nom
qu'on employait alors pour exprimer le re-
noncement au monde) fut de se dépouiller
de tout ce qu'elle portait sur elle de joyaux
et d'objets précieux..., puis elle songea à se
mettre à Tabri de tout danger par une
prompte fuite. Libre de choisir sa roule, elle
se dirigea vers le midi, s'éloignant du cen-
tre de la domination franke, par rinstinci
de sa sûreté, et peut être aussi par un ins-
tinct plus délicat qui Tattirait vers les ré-
Î;iotts de la Gaule où la barbarie avait fait
e moins de ravage ; elle gagna la ville d'Or-
léans, el s'y embarqua sur la Loire, qu'elle
descendit jusqu'à Tours. Là, elle fit halte
pour attendre, sous la sauvegarde des nom-
breux asiles ouverts près du tombeau de
saint Martin, ce que déciderait à son égard
répoux qu'elle avait abandonné. Elle mena
ainsi quelque temps la vie inquiète et agi-
tée des proscrits réfugiés à l'ombre des
basiliques, tremblant d^tre surj)rise si elle
faisait un pas hors de l'enceinte protec-
trice {iih3).9
Sainte Radegonde se rendit de Noyon à
Saix, villa prfe de Pcâliers, que lui avait
donnée Clotaire (IIU), probablement pour
lui servir de retraite quand il eut consenti
au divorce. Or, ce voyage fut un long et
pieux pèlerinaese aux principaux sanctuaires
de la roule, et non pas la fuite d'une femme
2ui tente de se soustraire à la colère de son
poux.
« Aussitôt que Radegonde eut été consa-
crée à Dieu, dit saint Fortunat, elle aban-
donna et plaça sur lautel Téclatant manteau
dont elle avait coutume de se vêtir aux
jours solennels, quand, au milieu d'un pom-
peux cortège, elle marchait dans l'appareil
royal. Elle fit briser et distribuer pour se-
courir les pauvres sa lourde ceinture d'or.
Etant ailée à la demeure de saint Junière,
les divers ornements dont l'heureuse prin-
cesse se parait..., tous en or, et quelques-
uns entourés de perles, elle en fit don à
lautel pour qu'ils lui servissent. De là,
s avançant vers la cellule du vénérable Da-
don, elle fit un présent a Tabbé, et donna
au monastère tout ce dont, en un jour de
représentation, une femme riche iieut se
vêtir. Visitant ensuite la retraite de saint
Gundulphe, plus tard évêqae de Metz, elle
ne s'efforça pas moins d'enrichir ce couvent.
Une heureuse navigation la conduisit de ces
lieux à Tours (ilfco). »
M. Thierry a passé sous silence toute cette
première partie du voyage de sainte Rade-
gonde ; bien plus effrayé pour la princesse
Qu'elle ne l'était ellc*même, il s est hâté de
rembarquer sur la ;Loire, à Orléans. Il au-
rait pourtant pu faciïemeut comprendre, aux
fréquentes stations de la sainte dans les mo-
nastères, qu'elle n*éuit aiguîUonnée |4ir au-
cune frayeur. En voyant la quantité si con-
sidérable de vêtements et de parures quelle
(UU) BÀii»OiCiviA. \iL S. Radeg.^ e. i, n* 5.
I Dam buctlas m vit a qaaiu i-i lei dtderai, rcsi*
tilio) S. FoETL^ATcs, Vi7. S. Rûdiq., c. 2, n*il.
1091
RÂD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RÂD
a dislriboés et qu'elle va distribuer encore,
il aurait dû comprendre qu*elle se trouvait
nécessairement suivie d'un nombreux con-
.voi /le chars, par conséquent qu'elle n'était
point une femme échappée par ruse à la
Tigilance de son mari, et sous prétexte d'une
visite à révoque de Novon; Il aurait dA com-
prendre, enfin, qvi'évidemment ces richesses
formaient comme le douaire accordé par
Clotaire à la femme qu il était contraint d'a-
bandonner.
^ Nous allons maintenant suivre sainte Ra-
degonde dans le reste *de son voyage, c Une
heureuse navigation la conduisit de ces lieux
à Tours. Queile éloauence racontera tout ce
qu'elle montra de libéralité et de munifi-
cence, tout ce qu'elle fit dans les sanctuaires»
les temples, les basiliques de saint Martin?
Pleurant et ne pouvant se rassasier de lar-
mes, prosternée sur chaque seuil, quand la
messe avait été célébrée, elle parait l'autel
sacré des vêtements et ornements dont elle
se parait elle-même dans sa toilette la plus
élégante. Parvenue de Tours au bourç de
CandesyOÙ étaitsorti de ce siècle le glorieux
personnage Martin, pontife si cher au
Christ, la servante du Seigneur ne fdt pas
moins prodigue, toujours croissant dans la
grâce de Dieu. Poursuivant ensuite son heu-
reux voyage, elle approcha sans faste de la
villa de Saix, au territoire de Poitiers, non
loin du bourg dont nous avons parlé. Qui
pourra énumércr en détail les choses sans
nombre qu'elle fit dans le trajet (1146}. »
Nous venons d'accompagner sainte Rade-
8 onde à bien des églises de saint Martin.
If» sont-ce des asiles contre la colère de
son épou*x ou dot lieux chers à la dévotion,
Sue nous ravons vue parcourir? Sont-ce
es larmes d'effroi ou de ferveur que nous
lui avons vu verser? Quand l'avons-nous
aperçue craignant de faire un pas hors de
L enceinte proteciricej elle qui visitait sans
relâche, en les ornant, les sanctuaires, les
temples, les basiliques, tous les endroits,
Koit à Tours, :Soit a Candes, qu'elle savait
avoir été dédiés au saint évèque.
Cette seconde partie du récit que le légen-
daire nous a laissée du voyage de la pieuse
princesse a donc été aussi malheureusement
rendue que la première par M. Thierry,
que trompe sa fausse jdee du départ de
sainte Radegonde, sans Taveu de Clotaire.
La sainte ne cherchait donc pas à se dérober
au ressentiment de son mari ; par conséquent,
elle ne l'avait pas quitté sans qu'il y eût
consenti.
Mais pourquoi donc sainte Radegonde se
retira-t-elle en Aquitaine? Est-ce que ce fut
parce que la barbarie y avait fait moins de
'entourer non pas des derniers héritiers
de la civilisation romaine, mais de pauvres,
de malades» et Ues plus abandonnés de tous
ces malheureux. Notre explication serait
donc bien plus conforme au caractère et ^
l'histoire de cette servante de Dieu, si qous
disions qu'elle alla habiter l'AauitaiQei parct
que c'était fà que se trouvait le château de
âaix que Clotaire lui avait donné; parce qut
de plus elle y vivrait, pour ainsi dire, à
Tombre des sanctuaires si vénérés de saint
Martin et de saint Hilaire, entre Tours h
Poitiers^ enfin, parce qu'à rextrémiié do
royaume de Clotaire, elle serait plusài'aM
de sa tendresse si redoutée. Sainte Kld^
gonde, à Saix, fonda un hôpital quellede^
servait; ceci nous dit assez que cette feoiaK
ne s*y cachait pas comme une proscrite, h
que sa vie ne s'j écoulait pas dans les p
cieuses et molles jouissances de lacivilivs*
tion.
Qolaire a*t-il protesté coBtre U cottsécntkn de {.««
Radegonde â la vie religieuse?
M. Thierry dit : —- « Elle (sainte lla(i^
gonde) mena ainsi quelque temps la m .a*
quiète et agitée des proscrits réfugiés)
I ombre des basiliques , tremblaol i%?
surprise si elle faisait un pas borsAJea*
ceinte protectrice» envoyant au roiteih
quêtes tantôt fières, tantôt suppliao(es;ii-
gociant avec lui par l'entremise deséTè]KN
{jour qu'il se résignât à ne plDslantr<
et à lui permettre d'accomplir ses tmi
monastiques.
« Clotaire se montra d'abord soani w.
prières et aux sommations ; il reYeudquat
ses droits d'époux en attestant la loiilc.^
ancêtres, et menaçait d'aller rui-mème saiar
de force et ramener la fugitive. Frafui^d
terreur quand le bruit public ou le^leUrcj
de ses amis lui apportaient de pareilles iui«
velles, Radegonde se livrait alors à uo r^
doublement d'austérité, au jeûne, auiTû
les, aux macérations par le cilice, dans le
Eoir, tout à la fois, d'obtenir l'assistance d a
aiit, et de perdre ce qu'elle avait de clijni
pour l'homme qui la poursuivait de «a
amour. Afin d'augmenter la distance (i
la séparait de lui, elle passa de 1m
à Poitiers , et , de l'asile de saint Vb
tin, dans l'asile non moins révéré de saii
Hilaire. Le roi pourtant ne se décoora^
pas, et une fois, il vint jusqu'à Tours ^t
un faux prétexte de dévotion ; mais iea n
par cette puissance morale contre lai^
venait se briser la volonté fougueuse ^
rois .barbares, il consentit, de guerre bsâ
à ce que la fille des rois tburingiens M
à Poitiers un monastère de femmes, d*ai^
l'exemple donné dans la ville d'Arles par u:^
matrone gallo-romaine, Cœsaria, S4etir ^
révèque Cœsarius ou saint Césaire (U«'>
C*est parce qu'il persiste toojjou/s >i^
sa fausse supposition du dé^rt de sa»:"^
Radegonde à î'insu de Clotaire, qa^ ^
Thierry a été obligé de façonner, d'après >-
hypothèse, les actions de la sainte diflf ^
1**46) 8. FoRTUMATUB, ubt iupra, n*»» H et 12. (1147) Page 255.
0»
RAO
DICTIONNÂIIIE APOLOGETIQUE
RAD
1694
etraite de Saix, comme il aTait fait pour
m TOjage de Nojon à celle viiia. L'bislo-
ienoe BaudooJTÎe, dont H. Thierry, dans
es notes et dans ses pièces justificatÎTes,
iToque l'irrécosable témoignage, proteste
u elle n a jamais rien su des belles choses
ton lui fait narrer. Son récit sera un peu
iu^ mais charmant, â force de naïves dé-
ée3tiotts adressées au roman du spirituel
radémicien.
« Tandis que la princesse, dit-elle, était
ncore dans cette Tilla (de Saix), le bruit
)urut que Clotaire Toulait de noureau Ra-
egonde, qu'il gémissait de la grande perte
a il avait faite en permettant qu*une telle,
a'uoe si grande reine s'éloignAt de son
^lé, el que s'il ne la recourrait, il ne sou-
litait absolument plus de vivre. Quand elle
ipprit, la bienheureuse, frappée d*une ex-
éme terreur, s*enveloppa, pour redoubler
£r pénitence, d'un cilice très-aigu qu'elle
lapta à ses membres délicats; elle y ajouta
^ tourment du ièûne ; consacrant la nuit à
s saintes veilles, elle répandit tout son
bar en prières'; dédaignant le séjour de la
ilrie, triomphant des douceurs du mariage,
fioussant les attraits du monde, elle cboi*
a de vivre en exil plutôt que de s'éloigner
lu Qirist. Comme il lui restait de ses orne-
jtffics royaux un vase d'or, ayant pour
diie sous de ce métal et orné dé perles et
e diamants, elle Tenvova au vénérable
rrsonoage Jean, reclus a Chinon..., afin
ail priât à son intention, pour qu'elle ne
'.cornât pas dans le siècle... Le lendemain
lai fit dire que telle était bien la volonté
1 roi, mais que Dieu ne le permettrait pas,
(fue Clotaire serait puni par la justice
fine avani de la reprendre pour épouse.
• Après celte réponse, l'esprit tout dirigé
rs le Christ, la susdite princesse se cous-
lisit à Poitiers, par l'inspiration et avec
ide du Seigneur, un monastère, -d'après
irdre du grand roi Clotaire... Ce fut avec
ie que la sainte reine , méprisant les
ssses caresses du monde , entra dans ce
doasière.
« Mais l'ennemi îaioux du bonheur du
ore humain, et dont Radegonde, même
ns le siècle, avait eu horreur de fiiire la
loflté, ne cessa point de la persécuter.
ir, comme d^ elle l'avait appris par des
eisagers, et comme toujjours elle l'avait
Ilot, le grand roi Clotaire vint à Tours,
ec son très-excellent fils Sigobert, sous
étexte de dévotion, mais pour s*approcber
us facilement de Poitiers, et reprendre >a
ine. Dès qu'elle le sut, la bienheureuse
^iegonde écririt une lettre où elle réilé-
ii ie serment de garder la continence, et
«^aait le del h témoin ; elle l'envoya se-
ulement avec de petits présents et des eu-
c^es 9 par son intendant Proculus , k
Kimme apostolique le seigneur Germain,
èque de la ville de Paris, et qui se trou-
vu alors avec le roi. Dès que ce person-
^o^* plein du Seigneur, l^ut
vue, il se
0148) C. I, ii«*6ct9.
prosterna tout en pleurs aux pieds du roi,
devant le sépulcre de saint Maniu, le con-
i'nrant, au nom de Dieu, comme ia lettre
'en avait chargé, de ne point approcher de
Poitiers.
c Alors navré d*amertume en comprenant
bien oue c'était la demande de la bienheu-
reuse Radegonde qu'on lui exposait, le roi,
touché de repentir, rejeta sur ses mauvais
conseillers ce qu'il venait de iâire, se recon-
nut indisne, lui qui n'avait pas mérité de
garder plus longtemps une telle reine, se
prosterna h son tour devant l'autel de saint
Martiu, aux pieds de l'homme apostolique,
Germain, le conjurant de demander h la
bienheureuse Radegonde son pardon, et si
instamment, qu'elle daignât oublier com-
bien il avait péché contre elle, poussé par
des conseillers iniques (1148). »
Maintenant que les regrets de Clotaire
séparé de Radegonde nous ont été racontés
soit par Raudonivie soit par H. Thierry, re-
cherehons quels graves changements celui-
ci a fait subir au récit primitif de la reli-
gieuse de Sainte-Croix.
La sainte envoya-t-elle au roi des requêtes
fières? Jamais. Lui en envoya-t-elle de sup-
pliantes? Pas davantage - ce fut à saint Ger-
main qu'elle s'adressa. Une fois pourtant
elle écn vit à Clotaire, mais non pour le motif
2ue M. Thierry suppose; elle le pria de lui
dre construire un couvent à Poitiers, et le
roi se hâu d*accéder à son désir (1149). Etait-
elle à Tours ^auand, pour la première fois,
le bruit de ('arrivée de Clotaire la vint
effrayer, et y habitait-elle l'asile de saint
Martin? Pas du tout ; elle se trouvait à Saix,
et ne songeait pas è se cacher comme une
épouse fu|;itive. Alla-t-elle chercher une
autre retraite dans Téglise de saint Hilaire,
à Poitiers? Nullement; elle se rendit dans
cette ville pour y faire construire un mo-
nastère. Est-ce avant d'avoir consenti à ce
que sainte Radegonde fondât à Poitiers un
monastère de femmes, que Clotaire vint à
Tours sous un faux prétexte de dévotion?
Non; il se rendit à Tours longtemps après
avoir autorisé la fondation du couvent, puis-
3ue déjà la sainie reine était entrée pleine
ejoie dans cette nouteUe retraite.
Du rapprochement de ces deux récits il ré *
suite, l*que le roi de Soissons voulut réelle-
ment, par deux fois, redemander son épouse ;
3* que M. Thierry a modifié sans scrupule
les circonstances les plus graves de ces évé-
nements, pour faire croire que le départ de
la sainte n'avait pas été antérieurement au-
torisé par Clotaire.
Toujours d'après cette intention , fauteur
des M&cits mérovingiens assure que Tépoux
de Radegonde consentit au divorce, se trou-
vant entacé^par cette puissance morale contre
laquelle venait se briser la volonté fougueuse
des rois barbares. Si M. Thierry proclame
ici la toute-puissance du clergé sur les bar-
bares, c'est uniquement, ce me semble,
parce qu'il a besoin de cet aveu pour ame-
(IU9) HuMBKiTOS, Vit. S. Raéey., c. 3, n* Si
iMn
BAD
DICTIONNAIRE
ner le dénoûroent qu'il donne à sa fable
méroTingîenne. En effet, il nie ailleurs cette
uiôma toute-puissance, et à la même époque,
quand il ne peut pas la faire cadrer àvQC ce
qu'il raconte. Vers o6kf Charibert, l'un dés
Uls de Clotaîre, quoiqye déjà marié, avait
épousé Markowèfe^ sa bolle-sœur, qui était
consacrée à Dieu. « Socamé, dit M. Thierry,
de romjpre son second mariage par saint Ger-
main, évéque de Paris, H refusa obstinément
et fut excommunié. Mais le temps n'était
pas venu où l'Eglise devait faire plier sous
sa discipline i%rgueil brutal des héritiers
de la conquête, Haribert (Charibert) ne s'é-
mut point d*une pareille sentence, et garda
près de lui ses deux femmes . »
Comme on le voit, M. Thierry n a pas un
parti parfaitement arrêté sur le pouvoir
des clercs dans ces premiers temps du mojen
Age; ce qu'il nie dans un volume de ses
Récits, il l'admet dans l'autre. En réalité,
l'Eglise, comliattant pour la défense de Ja
morale, triomphait parfois, parfois ne ga-
gnait rien, ne se décourageait jamais, et
n'avait pas donné le voile à sainte Kadegonde
sans le consentement du roi.
$vi.
La vie désunie Badegonde, à PoUiers, fut-elle na oum-
promij eaU*» le monde et le cuaveol f
« Ce fut vers l'année 550, dit M. Thierry,
que commença pour Radegonde la Tie de
retraite et de {>aix qu'elle avait si longtemps
débirée. Cette vie selon ses rêves était une
sorfe de compromis entre Faustérité monas-
tique et les habitudes mollement élégantes
de la société civilisée (1150). »
Si sainte Radegonde n'a pas été un des
plus elfrayants exemples de l'austérité mo-
nastique, qu'est-ce donc qu'elle aurait pu
ajouter à ses mortiQcations ?
Hors le dimanche, elle jeûnait tous les
jours, et ne mangeait ni chair, ni poisson,
ni œufs, ni fruits ; des légumes seulement
et du pain de seigle. Elle ne buvait point de
vin, se bornant è du poiré ou à de Thydro-
mel. Son lit était de la cendre recouverte
d'un cilice. Le carême redoublait ses macé-
rations. Alors, retraite absolue ; plus de sel
ni une goutte d'huile sur les légumes deson
repas, qui, la première année, n'avait lieu
que le dimanche, mais venait., dans la suite,
deux fois la semaine; pour boisson, de l'eau
seule en quantité extrêmement petite. A ces
privations quadragésimales , elle ajoutait
d incroyables tortures. Tantôt elle se cei-
gnait le cou, les bras, les flancs de cercles et
de chaînes de fer qu'on ne pouvait ensuite,
a b fêle de Pâques, sortir sans arracher la
peau. Tantôt elle faisait rougir au feu une
lame de métal en forme de croix et se l'im- '
primait en plusieurs endrofts ôur le corps.
Elle en vint (ô sainte folie de. la croix 1 J à
allumer un plein vase de charbon et, pour
(1150) Page 259.
(tifti) S. F0RTU.NATU8, Vit. S. Raaeg., c. 5, n".
1 4, 22.
APOLOGETIQUE. RAD losj
imiter les martyrs, à y faire brûler ses mem
bres.
Qu'est-il besoin, après cela, de dire qui
cette reine, fille des rois, non-seuiemin
s'acquittait au couvent, comme les moimirr
sœurs, à son tour, de tous les emplois, sur
tout les plus viJs, mais encore qu'elle sV
était spécialement réservé quelques-uns
(iiolj Tout ce, pourtant, semble îi ^
Tbinrry non pas l'idéal de rauslérité mn
nastique, mais un compromis. Pour mapiiii
je suis de l'avis desaint Fortunat ; il ne pro
sait j[)Bs qu'on pût, sans frayeur, tracer]
tableau de cette vie de pénitence (1152].
{TH.
La règle de sainte Radegonde loiénit-f^le certJiB]J
pïTs de ia Tie moiMMne?
M. Thierry dît : t Quoique sévère sar
tains points, comme Tabstinence de vit
et de vin, la règle tolérait quelques-ooes ^
commodités et même certains plaisii<^ <(e|
vie mondaine ; l'usage fréquent de |j^
dans de vastes pîsiûnes d^eau chaude,
amusements de toute sorte, et enire 11
le jeu de dés, étaient permis. LalMr
et les dignitaires du couvent m
dans '.eur compagnie, non-seulemeoll
*ques et les membres du clei^é, man
laïques de distinction. Uue table sompttn
était souvent dressée pour les visiieai
pour les amis ; on leur servait des col aL
délicates, et quelquefois de véritables
tins, dont la reine faisait les honneurs
courtoisie, tout en s'abstenant d'v pm
part. Ce besoin de sociabilité amenait
core au couvent des réunions d un «i
genre ; à certaines époques, on y jouait
scènes dramatiques, où figuraient, sous
costumes brillants, de jeunes fiJIes du
hors, et probablement aussi les novices
la maison.
« Tel fut l'ordre qu'établit Radega
daps son monastère de Poitiers, mêlant
penchants personnels aux traditions coi
vées depuis un demi-siècle dans le cél
monastère d'Arles (1153). »
M. Thierry, dans ses notes, prouve ..
rite de chacun de ses détails, par qnëi
mots d'un fort singulier récit de saint
goire de Tours. Nous allons donner
lonçce récit, en indiquant, par des a
Tes Italiques, ce que M. Tliierry en a
crit dans ses notes.
L'an 5^9, deux religieuses de Saint<
Chrodielde, fille de Charibert, et .
fille de Chilpéric, quittèrent le moi
avec une quarantaine d'autres pen
Elles réunirent, pour leur défense, ui
de de voleurs qui dispersèrent un
assemblé à Poitiers, forcèrent le cou,.-
pillèrent et enlevèrent Tabbesse Leubox
avec ordre de la poignarder, si on tenlaiîj
la délivrer. Chrodielde, auteur de loal^
scandale, fut obligée de céder et de coruf
•
VI 152) S. F0RTUNATU8, nbi sucrA. «• 20.
(H 55) Page 260.
.^1
RAD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
lOSS
litre (leTant an synode. Elle chargea sa su-
^ieare de bien des accusations qu'il est
loiile de raupeler ici ; nous devons nous
>rîier à celles auxquelles M. Thierry fait
C: rodielde et Basine déclarèrent qu elles
traient pu rester plus longtemps exposées
I pvrii de la faim, de la nudité et des coups,
les ajoQlèrent que, contre toute conve-
nie, d'autres que les religieuses se la-
;eat dans le bain; que Tabbesse avait joué
II dés; que des séculiers avaient pris leur
^i atec elle: qo*on avait célébré des San-
iiies dans le monastère; que Leubotêre
lit eu h témérité de faire à sa nièce des ha-
Ivucnts atec un tapts de soie ; quelle na-
ît pas craint, d'enlever le feuillage d'or dont
tapis était entouré^ et de le suspendre cri-
ne Ument au cou de sa nièce ; qu'elle avait
t pour cette nièce f et fort inutilement^ une
tûHette dCor^ et que dans Tintérieur de la
\iiiti die avait célébré des harbatories. Les
res du concile demandèrent à Tabbesse
qu'elle avait à répondre. £lle dit : Cbro-
^:.e et Basine se plaignent de la faim ;
.r^ privations, oialgré la pénurie des temps,
'at jamais été extrêmes. Quant aux vêle-
'^^ eiJe dit : Si on visitait leurs cotfres,
: Tenait bien qu elles ont plus d'habillé-
oj qu'elles n>n ont besoin. Sur ce au on
I :'jjectait relativement aubain^ elle ut ob-
r*tr que cela n'avait eu lieu que pendant
nréme ; car, pour que V odeur acre de la
ui et les nouvelles rq[Mirations ne fatiguas-
upas celles qui se laveraient f dame Èade^
ide acait oraonné que les serviteurs de la
VON risiiassent là chambre des bains puhli'
rtrj Jusque ce que touleodeur dangereuse
titdisfipee. Ce que les domestiques avaient
/urne de faire pendant le carême et jus-
è .a Pentecôte... (^nl aux dés^ elle répan-
: qucy si elle avait joué du vivant de dame Ror
^kde, la faute ratteignait bien peu ; toute^
*,quela chose notait prohibée ni par le texte
(fi Rigle^ ni par les canons... Relativement
r rcbas^ elle dit n'avoir introduit aucune
ndle coutunUj mais seulement suivi ce qui
biMil sous dame Radegonde /qu'elle avait
.'ft à des chrétiens ûdèles des eulo^^ies,
5quon |.ût prouver Qu'elle avait ma0c;é
£ eux. Sur les fiançailles, elle dit qu'en
>encedu pontife, du clergé et ûes sei-
lurs, elie avait reçu des arrhes pour sa
ce, jcnne orpheline ;... mais au*il ne
ait point fait, à cette occasion, de festin
s le monastère. Quant à ce qu'on noin-
it un tapis, elle fil paraître une religieuse
>le« qui lui avait donné un voiie de soie
eie avait reçu de ses parents. £lie en
il coupé une partie pour en faire plus
i ce qu'elle jugerait convenable, et, du
^ elle en avait pris tout ce qui était né-
>aire pour un tapis destiné à orner Tau-
IS4< Biêt.eccUs. Fr.^ I. x^c. 16.
t.V>. Béats des temps mérovingiens^ pièces juili-
ites, t. Il, p. 592.
t5<i Leabovére se irompait, quand elle disait
te jcs bommé labuia n^avail pas cié cooJamné
DlCTIO?IXAIRe ArOLOGKTIQl E. 11.
tel. Des morceaux qui résulièrentdelacoupe
du tapis elle avait placé sur la tunique de
sa nièce une |)arure de pourpre, qu'elle
avait donnée ensuite à la maison pour Tusa-
Se du monastère. Tout cela fut confirmé par
^idimie, la donalri.:e; quant aux petites
feuilles et à la bandelette d or, elle prit té-
moin Maccon, serviteur des Pères et là pré-
sent, que c'était ))ar ses mains qu'elle avait
reçu du fiancé de sa nièce susdite ringt
sous d*or, qui lui avaient servi à faire pu-
bliquement ces objets, et que rien de ce qui
appartient au monastère n'j avait été em-
ployé. On interrogea ensuite Chrodielde et
Basine.... qui déciarèrenl n'avoir pas autre
chose à imputer à Lrubevère, que ces man*
quements a la Règle |il5^). »
C'est des lignes soulignées dans ce ])assage
9ue M. Thierry a conclu que les bains, les
jeux, lesfestinsavec les évêques et les laïques,
la comédie, charmaient les habitants du cou -
vent de Sainte-Groix«
1* Bains. — Il y avait, dans cette maison,
un bain ; il est même très-probable qu'on y
poussait le sybarilisme jusqu'à se servir
d'eoi* chaude: mais quand ie vois cet ap^^ar-
tement qu'un grossier balai a blanchi au
lait de chaux, je cherche vainement ce luxe
royal, ces thermes (jue M. Thierry faisajl
croire comparables à «eux que Pline le ieune
et saint Sidoine Apollinaire nous ont décrits.
Et encore n*esl-il pas vrai que Tusage en ait
été fréquent pour les religieuses. L article
XXIX de la Règle, article aue je copie dans, le
texte même de cette règle non né jiar M. Thier-
ry» l^orle : c On ne refusera pas le bain à celle
dbnt l'infirmité l'exigera, et elle le prendra
sans murmure qar le conseil de la médeci*
ne, de sorte oue si la malade ne veut pas se
baigner, elle fera i^ouriant, par soumission,
ce que sa guérison nécessite. Si aucune in-
firuiité n'exige le bain, quVu ne l'accorde
|.as (1135). »
â* Jeux. — Bien loin de pouvoir soutenir
que des amusements de toute sorte^ et entre
autres les dés fussent permis aux religieuses
de sainte Radegonde, parr^ que Leubovère
avait joué à ce dernier jeu, si toutt*fois il
s'agissait de dés (ad tabulam luserit)^ il me
semble qu'on doit reconnaître par là combien
les jeux étaient rares dans cette maison. Si
tout le monde jouait, il n'y avait plus moyen
de faire contre l'abbesse un sujet d'arcusa-
fion d'un divertissement permis autrefois à
son enfance (1156).
3' Festins, — Si Leubovère nous apprend
qu'une table é:ait parfois dressée pour les
amis, elle nous apprend en même temps
que ceu'était ja.'r.aispour de véritables festins^
comme dit M. Thierry, mais pour prendre
quelques euîogies, c'est-à-dire une colla-
tion. M. Thierry assure que cette table était
somptueuse^ qu'elle se dressait souvent ; où
par les conciles. Uii concile d*Elvire, vers lan 500,
excommuo'aîi, par son canon 79, celui qui jcoaita
ce jeu : Si quis tabula^ id est alea^ luserit^ eic Âlee^
toutes sortes de «eux de lusard.
33
ttm
HAD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RâD
m
-donc a-t-il retrouvé les comptes de la cellé-
rière ?
Maintenant, quels convives sainte Rade-
gonde admettait-elle à cette table ? M. Thier-
ry se plaît à y réunir les évoques, les clercs,
les seigneurs ; pourtant il a dû lire, dans
la règle de Saicte-Croix qu'il a copiée, l'ar-
ticle xxxvi : « Ne préparez de repas ni aux
évéques» ni aux abbés, ni aux moines, ni
AUX cleFCS, ni aux hommes du siècle, ni aux
femmes en habit séculier ; que ni les ab*
besses, ni aucune religieuse n'en prépa-
rent pour leurs parents, ni dans le monas-
tère, ni hors du monastère, ni à j'évéque
de cette ville (1157), ni même à l'économe
■du couvent ; ni aux femmes pieuses de
la ville, à moins qu'elles ne soient de haute
distinction, qu'elles nlionorcnt suflisam-
ment le monastère, et que cela n'ait lieu
que très-rarement ; si quelqu'une cepen-
dant vient d'une autre ville pour chercher
sa fille ou pour visiter le monastère, qu*elle
fioit pieuse et que l'abbesse le juge à pro-
pos , on doit l'inviter au repas ; les au-
tres, absolument jamais, parce que des vier-
ges saintes et consacrées à Dieu doivent,
:<out occupées du Christ, bien plus prier pour
le peuple, que préparer des repas pour le
•corps. 3»
De ce double témoignage de Leubovère et
de la règle, il résulte donc que les collations
•ou modestes repas donnés par sainte Rade-
gonde ne furent jamais de véritables festins,
^t que, du moins depuis l'adoption à Sainte-
Xlroix du code de saint Césaire, nul homme,
pas plus clerc que laïque, ne s'assit à la
table du couvent. Avant l'adoption de cette
règle était-on aussi sévère pour le choix
<Jes convives? Tout porte à le croire, et
rien ne prouve que, hors les employés su-
périeurs du couvent, d'autres eussent été
.^Ultérieurement invités par sainte Rade-
gonde.
4* Drames. — C'est maintenant à Sainte-
Croix l'heure du spectacle ; suivons-y M.
Thierry, l'ordonnateur de la fêle. Il n'est
pas plus embarrassé pour trouver des cos-
tumes que des actrices. Les costumes seront
celte parure de pourpre, cette bandelette
d'or, cette broderie de feuillage données par
l'abbesse à sa nièce; les actrices seront de
jeunes filles du dehors et de l'intérieur du
couvent; tout est donc prêt pour les Bar-
batories, et sainte Radegonde doit se trouver
déjà dans sa loge. Malheureusement l'afficha
du spectable s est trompée.
D*abord, les Barbaiories^ au témoignage
de Du Cange, étaient non pas des scènes
dramatiques^ mais une mascarade, ou bien
la cérén>onie de la première tonte de la barbe
d'un jeune homme.
Ensuite, quelque sens qu'on donne au
mot BarbatorieSf cette réjouissance n'avait
(1157) Le texte latin de la Règle, tel que le donne
M. Thierry, porte : Sed episcopo civitatis, ce qui
autorise radmtssion de l'évéque diocésain aux repas
des religieuses. Je pense qu*au lieu de sed il faut
lire nec, puisque le supplément de cette Règle porte»
ikTL V ; I Qu'on ne picparc de repas, comme nous
pas lieu au temps de sainte Radogonde^puls.
que Leubovère, en s'excusanl, ne dit pas
qu'elle eût suivi en cela leur sainle fonda.
trice, comme elle le répétait à prooosdes
bains et des collations.
Enfin, quand l'abbesse déguisa sa oièiç
en grande dame, si toutefois ce fut on m\
déguisement, d'autres personnes chaDg^rent-
elles aussi de costume? Est-ce que ce ne
fut pas une petite surprise ménagée par li
bonne supérieure aux habitantes du cou-
vent, surprise que Chrodielde, parcemrl
de Barbaîoriesy aura voulu pi as aiséiofij
rendre odieuse? Les jeunes filles du vois»
nage furent-elles actrices dans cette nâi
partie de plaisir? Le besoin de socioM
amenait 'if pour spectateurs les jeunes «$
gneurs francs ou gallo-romains? iiphr"
M, Thierry d'affirmer qu'il y eut conco
d'actrices et de spectateurs ; il nous piaif
aussi d'avoir la preuve de celte asseit
La Règle, en effet, dit, article xxiit:«
matrones séculières, les jeunes filles lof
toutes les autres femmes et les hommes
core revêtus de l'habit laïque, oqU«
d'entrer dans le couvent, i» Les clere
vaient obtenir la permission de
dans la chapelle (11S8).
Ainsi donc, cette maison de sainie
gonde, changée tour à tour par M. Tlii
en athénée littéraire, en académie de
en salle publique de spectacle; celle
son, décrita sous toutes les formes, ei
sous la formt d'un couvent, D*étail d
réalité qu'un couvent.
§ VIII.
A quelle époque saiul Fortunat deviol-il préiref^
M. Thierry dit ; « Il yavailplusde
ans que le monastère de Poitiers aUirÂit
lui l'attention du monde cfaréùent Ion
Vénantius Fortunatus, dans sa eourst
dévotion et de plaisir à travers la G4
le visita comme une des choses lesplui
marquables que pût lui offrir son voy«s
y fut accueilli avec une distinction
teuse... il ne songea plus i reMs^ei
Alpes, s'établit à Poitiers, y prit les or'
et devint prêtre de l'église m^'"'
laine.
« Facilitées par ce changement d'éial
relations avec ses deux amies (sainie Bj
gonde et l'abbesse Agnès), qu'il appeli
nom de mère et de sœur, derinrenl
assidues et plus intimes (1159). »
M. Guizot dit aussi du poëte italien'
le voit ensuite aller è Tours... Sainler
g(Mîde, fcmm€ de Clotaire 1", venais
retirer et d'y fonder un monastère dcl
Fortunat se lia avec elle d'une élruiiH
tié, entra dans les ordres, et déviai l>t<
son chapelain et J'aumônier du rQ(
tère (llbO).
Vavons établi dans la Règle^ ni pour révèqw<î«j
\tlle ou d'une au^re ville, ni peurauean boiv
(Hf;») Art. xvx^-.
(ii59; Page 203.
(110U) Ilist. de la civilhatlon eu Frence^i-»^
xvni, p. 7(>.
m
RAD
DICnONXAiRE APOLOGETIQUE.
RAD
liOS
ml. Thierry et Guizot donnent h enten-
re que Fortnoat à Poitiers se rit bientôt
•fétu du sacerdoce. Cette assertion n'est
)iDt idinissible ; l'historien Paul Warne-
(d lui donne un démenti' formel. II dit
recUrement : c Fortunat passant à Poitiers
demeura, y écriTit, soit en prose» soit eu
frs, la vie d'un grand nombre de saints ;
fat à la fin (novissime) ordonné prêtre dans
i(e riJIe, pois éTÔauef et il repose au
ème endroit, honore d*un tombeau digne
»ioi(116l}. »
Ce récit ne porte pas do tout à croire qoe
roTageor, presque dès son arriyée à Poi
iniîùi ieieau membre do clergé de cette
11 est tout è fiut digne de remarque qoe
JDt Fortanat ne s'est donné le titre de
tire, ni quand il a mentionné ses fonctions
iprèsde sainte Radeçonde (1162), ni dans
\ éplires qu'il écrîTait et où il n'aurait pas
ujoars négligé de le rappeler, contraire-
eDt à fnsage (1163^; ni dans les instances
lil faisait à sainte Radegonde dediminuer
5 austérités, ou dans les pieuses réflexions
-^iâées qu'il lui adressait (1 16^) ; ni dans
t vrébce, le prologue et la post-Cace de
jitVpes livres do poème survint Martin,
liinteur cependant parle assez longoe-
«fit Je lui-même, de sa patrie, de ses étu-
"f. <Je ses voyages, de 1 ignorance dont il
:ns^, de son arrivée à Poitiers et de
i-ection sainte qui l'y a retenu (1165).
irfois, lorsque sainte Radegonde se pré-
irait à la solennité pascale [)ar une retraite
(iS profonde, le poète lui adressait des
jeoi et regrettait sa trop longue absence.
0 y aurait pas eu jiour lui d'absence si
Ki'iAte, s'il eût été aumônier et chape-
Il ai66).
Fortuoat se représente aidant à tirer l'eau
îuiis, à nettoyer la vaisselle, à sarcler le
^io, à cultiTor les légumes, à soigner la
jfie : toutes choses qui ne nous rappellent
fi:n le prêtre (116i).
li est donc certain que Vénance Fortunat
A\à\i depuis longtemps Poitiers, quand
entra dans les ordres sacrés. Je soup-
me qu'il prit cette détermination vers
î, après la mort de sainte Radegonde et
kd Agnès, qui survécut peu à la fomJa-
re (le Sainte-Croix.
i i]uoi bon, pensera-t-on peut-être, cette
^rtation sur le temps où l'intendant de
ole-€roix entra dans les ordres sacrés ?
e est fort importante. Elle va nous mon-
r que le poëte italien, n'ayant été admis
î fort tard au sacerdoce, eut grandement
loisir, avant cette époque, sans mettre
contradiction sou état avec ses écrits,
Jrcsser ses petits vers badins à sainte
^èd et i sainte Radegonde.
II«U ffîsl. UmÊobardonm, tu tS.
l^ m, I. 2, i; ▼, t ; vni, 16 à 27; ii, 7.
ii*4tMii, lOtlli; XI, 22.
ittô, Li ri primi prafaiio ei ÎKidum ; fiuii
§IX.
Les poéiiles de saint Fortonst prooTeDt-enes que la pa-
resse et la goonnandise foraûsBeDt le knd des ■lœors
do couvent de sainte Badcfonde t
M. GuTiOT dit : « Les pièces adressées à
sainte Radegonde ou à l'abbesse Agnès sont*
sans contredit, celles qui font connaître et
caractérisent le mieux Fortunat, le tour de
son esprit et le ^enre de sa poésie. Ce sont
les seules don| je vous parlerai avec quel«
ques détails.
« On est naturellement porté à attacher
au nom et aux relations de telles personnes
les idées les plus graves, et c*est sous un
aspect grave, en effet, qo'elles ont été ordi-
nairement retracées. Je crains qu'on ne se
soit trompé : et gardez vous de croire que
j'aie à rapporter ici c|uelque /mecdote étrange
et que 1 histoire ait à subir l'embarras ae
Juelque scandale. Rien de scandaleux, rieo
'équivoque, rien qui prête à la moindre
conjecture maligne, ne se rencontre dans
les relations de Tévèque et des relineuses
de Poitiers ; mais elles sont d'une lutilité,
d'une puérilité qu'il est impossible de mé-
oonnattrc, car les poésies mêmes de Fortunat
en sont le monument.
< Sur les vingt-sept pièces adressées à
sainte Radegonde ou h sainte Agnès, voici
les titres de seize... *
Les pièces dont M Guizot donne les titres,
le poète les adressa aux deux saintes femmes,
soit en leur envoyant des fruits ou des fleuri
pour la chapelle, soit pour engager la fon-
datrice, épuisée d'austérités, à boire un peu
de vin. M. Goizot offre ensoile deox échan-
tillons de ces pièces, l'one (lib. xi, xix) as-
sez inexactement traduite, l'autre excel-
lemment rendue. C'est h la fois la plus sin-
gulière et la plus gracieuse du poëte. Nous
allons la présenter, en continuant la citation
de l'historien de la civilisation :
<c Entouré de friandises variées et de tou-
tes sortes de ragoAts, écrit Fortunat, tantôt
je dormais, tantôt je mangeais; j'ouvrais
la bouche, puis je fermais les yeux, et je
mangeais de nouveau de tout; mes esprits
étaient confus, croyez-le, très-chères, et je
n'aurais pu facilement ni parler arec liberté,
ni écrire des vers. Une muse ivre a la main
incertaine; le vin me produit le même effet
qu'aux autres buveurs, et il me semblait
voir la table nager dans du vin pur. Cepen-
dant, aussi bien que j'ai pu, j ai tracé en
doux Ungage ce petit chant pour ma mère
et ma sœur, et quoique le sommeil me presse
vivement, laffection que je leur porte a
inspiré ce aue la main n'était guère en état
d'écrire. » (Lib. xi, xxnr.)
« Ce n'est point par voie de divertisse-
ment quej'insère ici ces citationssin^lières,
et qu'il me serait aisé de multiplier : j'ai
voulu, d'une part, mettre sous vos yeux un
cùlé peu conno des moeors de cette époque.
qmarti.
(1166) Tui«iO, U, 15.
(il 67) Pièces inéditét de saint FoftTinuT, Pmniê^
gie, t. LXXXYin.
1t05
RâD
DICTIONÎIAIUE APOLOGETIQUE.
RAD
il(
«t de Taiitre, vousy faire voir el loucher, pour
^ifjsi dire du doigt, l'origine d'un genre de
poésie qui a tenu une assez grande place
-<lans notre littérature, de cette poésie légère
et moqueuse qui, commençant à nos -vieux
faWiaux pour aboutir à Veri^Vert, s'est im-
piloyabiement exercée sur les faiblesses et
les ridicules de l'intérieur des monastères.
Fortunat, à coup sûr, ne songeait point à se
tnoquer; acteur et poète à la fois, il parlait
«t écrivait très-sérieusement à sainte Rade-
gonde et à l'abbesse Agnès ; mais les mœurs
mêmes que ce genre de poésies a prises pour
4exte, et qui ont si longtemps provoqué la
^erve française, cette puérilité, cette oisi-
veté, cette gourmandise, associées aux rela-
tions les plus graves, vous les voyez com-
mencer ici dès le vr siècle, et sous des
/traits absolument semblables à ceux que
lear ont prêtés, dix ou douze siècles plus
'tard,Marot ou Gresset. Du reste, les poésies
de Fortunat n'ont pas toutes ce caractère...
Ausone est plus élégant, plus correct, plus
licencieux que Fortunat; mais, littéraire-
ment parlailt, l'évêque continue le con**
5ul (1168).
Ob$ervation$. — Lorsque M. Guizot dé-
clare qu'en traçant ce tableau de l'intérieur
du couvent de Poitiers il n'a point eu l'in-
lention de divertir, je le crois, jnais en me
rappelant un serment de l'auteur de la Jé-
rusalem délivrée. Le Tasse, enfant, recevait
un jour le fouet qu'on lui adininistrait,
aOn de le guérir de son goût pour la poésie.
L'infortuné protestait donc, mais encore en
vers, qu'il ne ferait plus devers. Ainsi en est-
il de Al. Guizot, l'illustre écrivain protes-
tant. Le plaisir d'une satire contre les cou-
vents l'entraîne à son insu. Déjà nous l'avons
TU y succomber dans son appréciation de
saint Colomban, l'abbé de Luxeuil.fFoy.Co-
xoMBAN.) Il avait à nous faire connaître l'ar-
dente éloquence de ce Bridaine du vr
siècle, et a montrer combien elle différait
de celle de saint Césaire, évêque d'Arles.
Or, qu'est-ce que M. Guizot a choisi pour
4erûie de comparaison? Un passage au lan-
gage doux et paternel comme une parabole
de l'Evangile, un passade qui, selon M. Gui-
zot lui-même, diffèiCe du genre ordinaire de
saint Colomban, et qui, selon saint Colom-
ban, est' emprunté a un autre auteur. Eh
bienl pourquoi ce choix bizarre qu'a fait
M. Guizot ? Parce que M. Guizot, qui pour-
tant n aime pas à se divertir aux détiens des
moines, a vu que cette page de 1 abbé de
Luxeuil censurait les moines. Vousétes cal-
viniste, M. Josse!
On ne saurait non plus mieux expliquer
que par cette antipathie de secte le choix
que l'historien a fait dans les poésies de
saint Fortunat, pour caractériser le genre et
le tour dC esprit de cet écrivain. Puisque
toutes les poésies de saint Fortunat n'ont pas
ce caractère^ c'est M. Guizot lui-même qui
en convient; puisque ces pièces aux deux
directrices du couvent de Sainle-Croiï n
sont qu'une imperceptible partie desœurn
du poëte, puisque ce sont évideminenl(i(
badinagos jetés au hasard et sanspréteolioi
pourquoi y chercher saint Fortunat loi
entier, sinon parce qu'en le considérani
ce point de vue spécialement, lui cl le
deux religieuses paraîtront ridicules?
On dit que Henri IV jouait à califourchc
avec ses enfants, et que Jean Racine i^ia
surpris parfois faisant avec les sien! lapw
cession . Eh bien 1 imaginez quelque \m
rien prétendant que les jeux de Henri elâ
Racine sont, sans contredit, ccaidelenr
actes qui font connaître et caractériscot ï
mieux le tour de leur esprit, la politique •!<
l'un, la poésie de l'autre; imaginez iiu'-:
décide que des hommes, si enfants a?o€ Un
enfants, duront perdre leur vie dans lois:*
vêlé et les puérilités ; vous auriez pitié 6o
tel censeur. C'est pourtant ainsiqueM.Gs.'2ii<
iuge saint Fortunat et sainte RadegoDik;^
les a vus sourire, et il oublie à cespAUtJf
tout le sérieux de leur vie.
Certes, sainte Radegonde afCemt^^k
admirablement rempfi sa tâche delns
consacrée à Dieu. Elle devaiiavoirpiiiid
malheureux, et, par l'héroïsme de sa T^m
apprendre aux grossiers Germains, irsUib
des Gaules, à se vaincre eux-méuie5. ^i
nous avons déjà raconté ses effrajante^s^
téritès à Sainte-Croix ; nous aronsaus>iil^
contemplé, dans sa villa deSaix.ceii^rûir
prodiguant aux infirmes et aui vieilli "
de tendres soins de mère qu'elle m\
à Poitiers; et c'est cette femnaequen
appelez paresseuse et gourmande?
Les jours de saint Fortunat à Poitiers
se trouvaient pas moins occupés; li^'
intendant du couvent de sainte Radeg('
« Le monastère dit M . Thierry, ataii
biens considérables, qu'il fallait Don-5<'
ment gérer, mais garder avec une ïigiw
de tous les jours contre les rapines so^)!
ou violentes, et les invasions à mainan
On ne pouvait y parvenir qu'à force JH
plômes royaux , de menaces d'ei(»Diiiir
cations lancées par les évèques, et ks ~
dations perpétuelles avec les ducs, 1^
tes el les juges, peu empressés d*«.i'i
devoir, mais qui faisaientbeaucoupparinj
ou par affection privée. Une pareille ir
demandait à la fois de l'adresse el é^^^
vite, de fréfiuents voyages, des Yisites
cour des rois, le talent de plaire aux»
mes puissants, et de traiter avec loul^'
tes de i)ersonnes . Fortunatus v tro?
avec autant de succès que de zèle.c^
avait de connaissance au monde et >
sources dans l'esprit; il devint le com»^
Tagent de contiauce, Tamba^sadeur, li<>
dant, le secrétaire de la reine et dt; 1
besse(1169). »
Ajoutons à cela que saint Forluoat^
bien se créer d'utiles délassements |»^
heures de loisir que lui laissaient ^^
<;il68) nUi. de la;civUisalion en France, l. Il, p. 76 81.
(1169) Page 264. ^
n\n
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
noç
euses occapalions* Sans parler de ses pe-
es pièces assez mullipliées, ni de son re-
irquable poème sur la mort de la reine
Isuinde, nVt-il pas versifié alors la vie
saint Martin, quarante colonnes in-folio?
i-t-il pas écrit alors son apothéose d'une
'rze^ vièc'e de quatre cents vers, et, à elle
ile, aouble au moins de tons les petits
lets adressés aux deux pieuses recluses
70)? Joignez à cela plusieurs histoires de
ots rédigées en prose. Je ne dis pas que
Guizot ait passé sous silence tous ces
vaux littéraires dans sa notice sur saint
rtunat, mais je me plains de ce quMl les
outillés au moment de Tappréciation du
rsonnage , pojur ne faire de ce saint que
\\ue nous avons entendu : un être puéril,
if, etc.
v>it, dira-t-on; saint Fortunat et sainte
Jegonde n'ont pas mérité le blâme qu'on
r a jeté, et les petits vers de Tintendant
eot seulement une distraction, distraction
s innocente même qne là publication des
[resdHéloïse etd'AoailarcI, à laquelle ont
< [/art M. et H"* Guizot, |)0ur se délasser
t«ars hautes réflexions sur l'éducation
praie et sur la politique; cependant, n'^
ri\ fssj dans cette Gorresi)ondance poéii-
<fr d< saint Fortunat, au moins quelques
nsesséants?
>'-r cela, je suis d'accord avec le critique.
Nju goût et l'esprit des convenances au-
^ntdû faire effacer par l'auteur certaines
Tiv^, au reste en fort petit nombre, plus
;rK*s d'an membre de la société du caveau,
V du corres[)ondant de deux saintes reli-
ures; tel est, par exemple, et principale-
Rt le petit poème où il nous a montré sa
ce ivre qui s'endort la bouche pleine , ce
évidemment ne saurait être pris à la
Tf, car ces vers charmants ne sont pas
a buveur assoupi.
fais que prouvent ces trop grandes licen-
poctiques? Rien contre les mœurs mo«
u-iues. Tout ce qu'on en peut conclure,
t que la jovialité et la veine facile du
te dépassaient parfois la ligne des conve-
ees, dans les quatrains ou dizains qu'il
liguait à tout pro[K)s, et s«)uvent hors de
[«>s. Personne, par exemple, pas même
* -J. Ampère, l impitoyable censeur de
Grégoire de Tours, personne n'a jamais
^ à accuser cet évêque, ce rude et som-
istnrien des Francs, d'avoir été adonné
paresse, à la futilité ou aux plaisirs
table; pourtant l'intendant de Sainte-
lui écrivit avec la même lésèreté
X deux religieuses. Voici à quelle oe-
a.
nt Grégoire avait demandé au poète
ru 'une de ses pièces. Saint Fortunat ré-
it par un po ëme sur saint Martin, et fit
Jer son oeuvre d'une lettre en prose,
JO) D< 9em0tu euriœ eeeiestis et virtute riraim'
\U viUf 6. — Vers le milieu de la pièce, il y a
J'^cieax libleao de Teztase amoarense d*ane
lui ft*élaiice vers Dieu.
^1 ) L. t, Proi^gue^ éA*i. de M. Fabbé Misoc.
où il raconte fort agréablement, quoique
pourtant avec trop d^ffeclation, ses courtes
et ses aventures. « Longtemps, dit-i^ je
voyageais au milieu des barbares. Fatigué
ou de la route ou de l'orgie, sous ces brumes
glacées, pressé par ma muse gelée, ou plu*
if^i ivre, nouvel Orphée^ je faisais redireaux
forêts mes chants lyriaués... Que je fisse
gémir de rauques syllaoes, ou que je chan*-
tasse, autant valait l'un que l'autre auprès^
de mes hôtes; car pour eux nulle différence
entre le cri de l'oie ou l'harmoBieducygne..^
Et les auditeurs assis, entourés de leurscou-
pcs de bois d'érable , se portaient des san- '
tés, et, sans autre arbitre de leurs débals
que Bacchus, poussaient des clameurs in-
sensées. Que pouvait- on composer avec
soin au milieu de tels personnages, qui
croyaient à peine exempt de folie celui qui
n'était pas îou avec eux, et qui réduisaient
leur convive à se féliciter, quand il pouvait
survivre au travail de boire?... Cnez ces
âmes brute, le jeûne même est ivre
(1171). »
Ce ton si leste, si mondain, que Fortunat,,
encore laïque k cette époque, aurait pu em-
ployer avec un autre laïque, déplatt, au con-
traire, dans une épttre au très-grave évêque
de Tours. Toutefois, ce n'est point ce uer*
nier que nous devons accuser de légèreté» .
de mondanité ; c'est le poète qui a manqué
de tact et de bon goût . Ainsi en est-il des
quelques lignes messéantes envoyées h
Radegonde et à Agnès, non point par Vét^
que de Poitien^ comme dit M. Guizot, mais-
par un poète intendant à Sainte-Croix»
il
SÛDt Fortunat s'abaiid(Miiiait41 nas mesura aaz pUlsirs^
de U Ubie?
M. Thierry. — « Fortunatus alliait à une
grande souplesse d'esprit que assex grande-
ucilité de mœurS. Chrétien surtout par
l'imagination, comme on Va souvent dit des
Italiens, son orthodoxie était irréprochable;
mais, dans la pratique de ta vie,, ses habitu-
des étaient molles et sensuelles. Il s'aban-
donnaitsans mesure aux plaisirs de la table,
et , non-seulement on le trouvait toujours
joyeux convive, grand buveur et chanteur
inspiré, dans les festins donnés par ses ri-
ches patrons, soit romains, soit barbares,,
mais encore, à l'imitation des mœurs de
Rome impériale, il lui arrivait parfois de
dtner seul à plusieurs services (1172) Habi-
les comme lesont toutes les femmes à rete-*
nir et à s'attacher un ami par les faibles de
son caractère, Radegonde et Agnès rivalisè-
rent de complaisances pour ce grossier pen-
chant du poète, de même qu'elles cares-
saient en lui un défaut plus noble, celui de
la vanité littéraire. Chaque jour, eHes ea-
voyaient au logis de Fortunatus les prémi-
(1IT2) FoRTWATi Openi., I. iif» carro. 15, 16, 17,
18, 19: 1. VII, carm. «5, Î6, 29, 30; I. ix, carm. «;
I. X, carm. 12; I. »i, carro. 16 , 22, 25, 24, et paSr
&iiD. (Note de M. Thierry, p. 265.)
fl€7
RâD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
tes des repas de la maison (1173); et non
eontenles de cela, elles faisaient apprêter
Î)Our lui, avec toute la recherche possible,
es mets dont la règle leur défendait Tusage.
C'étaient des viandes de toutes espèces, as-
saisonnées de mille manières, et des légumes
arrosées de jus ou de miel, servis dans des
plats d'argent, de jaspe et de cristal liilk).
I>*autres fois, on Tinvilait à venirprenure son
repas au monastère, et alors non-seulement
la chère était délicate, mais les ornements
de la salle à manger respiraient une sensua-
lité coquette. Des guirlandes de fie urs odo-
rantes en tapissaient les murailles, et un
lit de feuilles de roses couvrait la table en
Suise de nappe (1175). Le vin coulait dans
e belles coupes pour le convive à qui nul
Yœu ne l'interdisait; il y avait comme une
ombre des soupers d'Horace ou de Tibulte
dans l'élégance de ce repas offert à un poêle
chrétien par deux recluses mortes pour le
monde, i»
\ Lequel préféreriez-vous , on un poëte
adonné aux plaisirs de la table, ou un his-
torien romancier? Pour moi, sans hésiter,
j'aimerais mieux Fortunat , fût-il unsai con-
vive, comme on le prétend, que M. Thierry
se jouant, comme dans le précédent extrait
de son livre, des documents dont»il se sert.
Nous allons interroger à notre tour les piè-
ces <ju*il a citées, et nous verrons quelle at-
tention i-l leur a donnée.
' Saint Fortunat félicite l'évéque de Metz,
Villicus, du lait de ses étables, si délicieux
qu*on le buvait à pleine écuelle. Une autre
iois,Cépuisé sans doute de fatigue par une
longue course, il lui demande un morceau
de pain {da mihipanis opem). Admis à un
repas de ce pontife, il remarque une vigne
et des oiseaux représentés sur la table, et
écrit quatre vers ; il en improvise ensuite
deux autres sur son hôte, héritier de l'a-
dresse de saint Pierre à la })6che. À Cologne,
le voyageur connaît Carenlius, et célèbre lès
vertus de cet évêque, qui, par sa charité,
devient le père nourricier des pauvres (1176).
Voilà les cinq premières preuves qui au
tribunal de M. Thierry, montrent le grossier
Ïenchant de saint Fort aiat à la gourmandise-
e doute qu'elles semblent aussi convaincan-
tes au lecteur qu'à lui.
Le poëte comptait quelques amis; il vou-
lut un jour être leur amphitryon, et ce fut
naturellement en vers qu'il écrivit l'invita-
tion à venir partager un plat de légumes, et
un flacon dé vin qui ne pouvait compromet-
tre Id raison des conviés. Quatre amis, qua-
tre billets d'invitation, qui deviennent aux
yeux de M. Thierry quatre preuves péremp-
toircs que saint Fortunat s'abandonnait sans
mesure au plaisir de la table (1177).
L'intendant de sainte Radegonde avait reçu
r;
(1 173) FoRTUNATi Opera^ I. xl, carm. 13, De eulo-
iU 13 pro eoitaneiê^ 14 pro lacté, 15 aliud pro lacle^
8 pro prunellia, 19 pro aliiU deliciiê et lacté, 20
vro ovis et prunis; î6., carm. i3. (Note de M.
Thierry.)
(1174) L. \t, carm. 9 et 10. M. Thierry cite en
de saint Grégoire de Tours, à titre d'usulhii.
lier, une maison de campagne et uq petit
champ. Il Ten remercia ; et quoique daiu
ces vers il ne soit pas plus question de boire
que de manger, M. Thierry ne laisse pas d*Y
lire un accablant témoignage des ^oûts gas-
tronomiques de saint Fortunat. C est delà
22* pièce du livre ix* qu'il s'agit. Peut-être,
cependant, M. Thierry a-l-il eu en m !a
pièce suivante, écrite a la même o€ca$iOQ.U
poëte, comparant la libéralité de saint Mar-
tin et celte de son successeur Grégoire, dit
que l'un couvrit de son manteau les paurres
aue l'autre nourrissait Quel que soit des
eux billets celui que l'auteur des Mili
mérovingiens choisisse pour pièce de prucè,
1 est évident que la basse passion attribuée
à saint Fortunat s'y étale également dan)
toute sa laideur, n'est-il pas vrai?
Mais il me tarde d'entendre ce chanteor
inspiré. Justement je l'aperçois à table, ei
un jour de fête solennelle, dans une tMa
révoque de Tours. Faisons silence; les «s-
vives se disposent à l'écouter. D'aMf/its
chante pas; ses dix-huit distiques dleiiiD^
très et de pentamètres n'ont pas m le
rhythme bacnique pour qu'il puisse teàasp
ter. Sa flûte^ dit-il, se conisnle Ajwrlff.tt
bieni do quoi parle-l-elle? De Pâques, lii
saint Martin, de saint Grégoire de ToQr$,ua
roi Childebert et de la reine Bruncbaa
Ainsi donc, ce Désaugiers que nous proti^A-
tait M. Thierrv, se borne, le repas teriniDe,
h réciter une homélie versifiée, el,enqu«'-
que sorte, à dire les grâces (1178).
H est temps de voir saint Fortunat din«
chez lui, seul et à plusieurs services, à h*
milation des Romains dégénérés, car, aw
eux, jamais l'on n'aurait songé à avoir d^a
services ; ceci est clair. Le poëte arail di*
l'estomac un peu archéologue. Quatre pi^
du livre xi sont indiquées comme téoioigu
ces à charge ; ce sont les pièces 16, 'H -
24. Dans la 16% saint Fortunat dit qu il b
pas pris garde à ce qu'on lui a servi; l'Otf
tant M. Thierry sait qu'il y eut double se
vice ; qui l'a donc si bien renseigné? W
la 22* pièce, le poëte engage sainte
gonde à prendre un peu de nourrilurc
soutenir son corps exténué d'auslériié>. «
vous le faites, s'écrie- t-il, je serai deuiî'
rassasié, bis saiiabor. n* De ces deui rr
siemenls, l'un, pour le oioins, est métapi
rigue. N'importe ; M. Thierry fait de *-
cela deux services, et tance» comme i'^»
vu, le poëte trop vorace. Saint Forluiiai"
félicite, dans son poëme 23» d'avoir eu ji
repas du lait, des légumes, des œufe ti ^
beurre » auxquels succédèrent eusuite
nouveau du beurre et du lait. Cetle loi>i
sont, bien les deux services annoncc^f
M. Thierry. Mais si cet historien feui •>
partie ces deux pièces.
(1175) L. xi, carm. 2.
(H 76) L. iij, carm. 15, 16, 17, ÎB, 19.
(1177) L. VII, carm. 25, 3tî» 29, 30.
(1178) L. XyCarm. 12.
109
1L%D
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
illO
icher àce festin cbam|)étre des souTenirsde
i cmsiae romaine, il ne doil pas parler de
I Rome de Tiinialcion, il faut qu*il remonte
celle de Cincinnatus. Noos avons déjà en-
>miu saint Forlunat nous raconter» dans le
9ême îhj comment un jour il dormait et
laageait entouré de friandises variées et
uo mélange de parfums. M. Thierry dis-
}se habilement Kaffaire, de manière à en
rersesdenx services; les friandises for-
ent le premier^et les parfums, sans doute,
second.
Nous arrivons maintenant aux petits soins
urnaliers des deux recluses pour la table
) leur intendant, et nous sommes beureux
î reconnaître oue M. Thierry a cité avec
isez d'exactitude les neuf poëmes dont il
iQlorise. Il est très-vrai qu on servait pour
5 repas de saint Fortunat une partie des
pas dn cQuvenl, et que parfois on j ajou-
jl qaelques-uns des mets que la rè^^le dé-
Ddaitaux religieuses. Mais ceci prouve-t-il
le la politique féminine des deux direc-
ices de Sainte-Croix se proposât de retenir
poêle par des complaisances pour un gros-
er penchant? Nullement. L*on doit unique-
i^nl conclure qae saint Fortunat était nourri
tf le monastère dont il prenait soin, et
iits lequel, d'ailleurs, il demeurait, avant
ŒtAxiuction de la règle de saint Césaire.
3 je ses poèmes nous 1 apprend très exprès-
faent, puisqu^il écrit à sainte Radegonde,
DÎ Ta s enfermer pour sa retraite prépara-
rire à la fSte de Paaues : « Ainsi séparé de
>as, il ne semble plus que ce soit la même
aisoQ qui nous renferme (1179J. » Si c'est
al pour un saint d*avoir faim comme le
tste des mortels, si c'est mal pour des re-
Sieoses de nourrir les employés de leur
aisoD, convenons que Ton a été griève-
eotcoapable dans le monastère de Poitiers,
utefois avec cette circonstance atténuante,
lOQ faisait faire assez maigre chère à l'in-
Ddant, du moins à en juger par les titres de
s prières d'action de grâces : pour des châ-
igne$^ pour du lait^ four dei prunes^ pour
tœufs. Il embouchait presque de surprise
trompette épique, lorsqu'il paraissait quel-
le mets un peu pi us recherché. Des châtai-
nes, dn lait, des prunes, des œufs, c'est
m par les attraits d'un tel régime qu'on
irait pu enctiatner à Poitiers un prétendu
^e gourmand que tant de seigneurs se
baient fête d'héberger! Non -seulement on
^ reliendrait pas de la sorte un gourmand,
>isoQ ne retiendrait pas même les célèbres
ftbagoriciens et anacnorètes de notre siè-
^ MM. Guizot, Ampère et Thierry.
^int Fortunat, selon Fauteur des Réciu
^Qtingien$9 faisait aussi parfois à Sainte*
^ii» en tète à tête avec les deux recluses,
(1179) Rénls de$ tempe mironHgienê^ pièces jastl-
aûres, d* 5, «en inédiu de VenanUus Fortmnatms^
«oiîcrtt par H. Gnérard, lauitième pièce, p. 404.
(1180) L. M, i.
(»18l)T.l!,c«,p.550,53l.
0182) T. lu, c. I, p. 4. — Que d'antres grands
«)» de lance, ww-senkmeDt de lance cotntmse,
1^^ encore à fer ésDOuln, contre TEglise et se^ pjo-
Lalagé et Délie, devenues dévotes, des sou-
pers dignes d'Horace et de Tibùlle. Laissons
de côté l'inconvenance de ce rapprochement,
et ne parlons que du fait; or, il u'est point
exact. Ce n'est pas que M. Thierry ait né-
gligé les citations à Tappui de ce qu'il avance;
mats il a eu soin d'en élaguer un peu trop ce
qui devait accuser son tableau d'inexacti-
tude, c'est-à-dire le commencement et la
Gn de la pièce. Fortunat s'écrie : « Contem-
ple, heureux 'convive, ces délices enchante*
resses I Les fleurs nous sourient moIlemenL..
C'est ma sœur qui, de ses doigts rivaux de
ceux de Dédale, a tressé toutes ces fraîches
guirlandes pour ma mère, si digne d'un tel
honneur (1180). » Ce fut donc pour fêter,,
non pas 1 intendant, mais la fondatrice, que
le modeste réfectoire de Sainte-Croix se-
changea un jour en brillant triclinium, et
Fortunat y trouva d'autres invités, auxquels^
il fît connaître l'objet et l'ordonnatrice de la^
joyeuse solennité.
De ce minutieux espionnage sur saint
Fortunat à table, que résulte-t*il? Nous
avons appris que ce personnage, tout aussi
bien que ses censeurs, était obligé de man-
Î;er pour apaiser sa faim, et que, dans ses
ongs voyages, il n'avait pu découvrir le se-
cret de vivre sans manger.
M. Ampère trouve que M. Thierry, son
illustre ami^ a un peu embelli le portrait dr
Fortunat j et qu'il a mis quelquefois^ en par-
lant des goûts culinaires du poète, la frian-
dise à la place de la gloutonnerie {iiSi). Ail-
leurs pourtant il se rétracte, et pense qu'où
peut s'en tenir à l'appréciation émise par
M. Thierry. « Peut-être, dit-il, ai-je cédé à
mon insu au désir qui entraînait les jeunes
chevaliers à briser une lance courtoise con«
tre les maîtres de la lice, pour honorer et
consacrer leurs armes (11^). n Par consé-
quent, saint Fortunat ne se jetait pas préci-
sément avec gloutonnerie sur les mets, il y
était seulement poussé par un grossier pen-
chant. Je remercie M. Ampère d'être ainsi
revenu sur ses pas ; car, qu'aurait-il laissé à
dire par un nouveau censeur? Pour dire
quelque chose de neuf après lui, il faudrait
taxer d'anthropophagie notre malheureux
poète.
Quoi qu'il en soit du grossier penchant ou
de la gloutonnerie^ voici les faits recueillis
par M. Ampère, et qu'il ajoute à ceux que
M. Thierry a notés.
M. AxrÈBB. — «t Dans un sixain (de For^
tunat) sur un dîner, de convirto, se trouvent
ces deux vers : i Mon ventre a été enflé et
tendu par diverses bonnes choses : lait, œufs,
beurre, légumes, j'ai tout avalé. » Ailleurs,
il se plaint de ce que son appétit trop vif ne
lui a pas laissé le temps de flairer les mets,
Ufes, dont je voudrais qn^on nous révélU aassi nai-
vemeat la cause ! Jamais je n*aorais osé accuser
M. Ampère de céder, dans ses jugements parfois si
dvrs et si injustes, i un autre motif qtfik une con-
viction réfléchie; mais puisqu'il soupçonne qn*il en
pourrait être parfois autrement, sachons être snr
nos gardes.
4H1
UAD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
m
en sorte que son nez a perdu la jouissance
des fruits que sal)Ouche était trop impatiente
de dévorer. Il eslsans cesse question de pula,
de venter» On sent Je barbare, ou du moins le
contemporain de ia barbarie, dans cet épi-
curien (1J83).
« Celte inclination décidée de Fortunat
pour les plaivîrs de la table, qui se produit
presque à chaque page de ses poésies et
achève d*en caractériser la dé^^radalion gros-
sière, reparaît jusque dans ses opuscules
théologiques, où elle se trahit par une sin-
gulière préférence pour les métaphores em-
pruntées aui idées de repas, de cuiside,
d'aliments (1184). »
— Selon M. Ampère, la gourmandise du
poêle italien se manifeste soit par Texpres-
sion grossière de sa joie après ses repas,
soit par les métaphores que, même dans les
sujets les plus graves, il lire de l'art gastro-
nomique.
Je conviens que le poêle était souvent fort
trivial dans ses vers d'après-dîner. Pendant
ses longues pérégrinations, il était admis
d'habitude, il parait, à la table des seigneurs,
dont il payait l'hospitalité en monnaie de
troubadour, en vers. Or, gue pouvaient être
les poëmes du jovial convive, naturellement
enclin au mauvais goût littéraire et s'adres-
sant à des barbares qui n'auraient rien com-
pris à ses actions de grâces, si elles eussent
été versifiées avec quoique délicatesse? De
là ce ton qui nous étonne et nous fatigue
dans les remerclraenls de Fortunat à ses
amphitryons. La preuve que ces burles-
ques métaphores n'étaient que des plai-
santeries fort peu attiques, et non pas le
langage de la gourmandise, c'est que le
i>oëte tes étalait, non-seulement quand on
lui avait servi, comme il dit quelque part,
des monlagnea de viande et des jardins de
légumes (1185), mais aussi è propos de la
plus modeste collation, d'un peu delait^ de
beurre^ etc. ; bien moins encore, à propos
d'un fruit. Lorsqu'iï se plaint que son appétit
trop vif ne lui a pas laissé le temps de flairer
les meiSf de quelles friandises s'agissait-ïl
donc ? La pièce citée en note par M. Ampère
nous apprend que Fortunat parlait de quel-
ques fruits mûrs» peut-être d'oranges, aurea
poma (1186). Il est donc évident que les mots
gula ei venter ne revenaient souvent dans les
vers du voyageur italien que parce que c'é-
tait le genre de çaieté seul capable de cha-
touiller ses grossiers auditeurs. Il en fut à
£eu près de Fortunat comme il en a été de
erchoux et de Brillai-Savarin, qui, tous
deux exemplaires par leur tempérance et
leur sobriété, donnèrent cependant, l'un en
vers, l'autre en prose, de célèbres leçons de
gastronomie (1187).
C'est, j'imagine, un accès d'impatience qui '
a suggéré à M. Ampère robscrralion qu'il I
a faite sur l'emploi de métaphores culinaires
par le poète italien dans ses poésies sacfée>.
Le critigue irrité venait, sans doute, de lire
la première pièce du vu* livre de Fortunat.
Cette pièce est, en effet, ridiculemenl sur-
chargée des figures littéraires qui dépiaiscDi
tant à M. Ampère. L'auteur salue d'abord,
par liuit yers, ses confrères en poésie, gol
se désaltèrent à la fontaine de Castaln ft h
nourrissent des productions de Cicéronnit
Démosthènes^ surtout du céleste aliment dont//
par le Christ. Plus loin arrivent huit autre*
lignes, nous disant que sainte Radcgoixic^
faisait un festin de Basile, de Grégoire, ifÀ-
thanase, d'Hiiaire, etc. Cette pîè«:e eicepK
je n'aperçois dans les opuscules ihéolo^
ques de saint Fortunat aucune prédileclHO
pour les termes empruntés au langage un
cuisines. Il en a, mais ni plus ni moins qat
tout autre écrivain, et, d'ailleurs, pis \m
dans ces pièces que dans celle à saiole h>
débonde, dont on vient de parler, cesmelfr
phores ne peuvent être caractéristifloa« 4t
quelque penchant de l'auteur; car ses lan-
ges sont banales, traînent partout, n? M
que répéter ce aue tout le monde a du cM;
fois. Qui donc n a pas dit, comme ForiuQl|^
que les poètes boivent h la source sacré* '
Castalie? Qui donc n'a pas dit aussi qa'
faut se nourrir des chefs-d'œuvre littéral
de Taniiquité profane ou des siècles th
liens? Qui donc n'a p«s dit que TE^
abreuve les peuples du lait de sa manielli
et que le Christ a délivré les nations de l*
btme qui les dévorait? Qui donc n'a pas
des saints, comme Fortunat, de saint "
tin, qu'ils se désaltèrent à la source él
neIle?Quin'a pas dit, en décrivant un
cendie, que les édifices devenaient la p
des flammes (1188 j? C'est pour une dou
de métaphores si sensuelles, qu'on fait
saint théologien un disciple d'Ëpicurel
Puisque M. Ampère cherche dans le si*
de notre poète un indice do ses pencha
il aurait dû conclure que ce personnage
un grand guerrier, surtout un intrépi'ie
rin, et probablement l'un de ces avenlu
qui, avant Christophe Colomb, découvri
dit-on, l'Amérique. Je compte , en e
dans son p( ëme sur saint Martin, vin^t
allusions à l'art militaire, et plus ue
vers ornés de métaphores ou de com
sons tirées de la navigation , de ses [>étiis
de ses vagues. ^
Les quelques exr'Tessions niétanho
où saint Fortunat fait allusion à I acli(«
manger, prouvent donc uniquement qu'l
sortait pas facilement des banalités d
lieux communs littéraires» et non paî
(H83) T. Il, p. 531.
(1I84)T. II, p. 335.
(1185) L. XI, 9.
(It86) L. VI, 9.
poeine
livlog
à hi sobriété de ces deux ontcurs, voir une (i(*
lente notice sur Joseph Bercàoux^ par M. CoIIchr^'^
Lyon, 1841, et la Notice hUlorigue iftal Felro»^'^
lôie de la Physiofogie du goût^ éJil. Cliarp<.Dti<
1858.
(ii88> De Resurrectione. — Df Vit$i S. fitrôMi
m
BAD
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
1114
e démon de la gourmandise fût son génie
hmilier et inspirateur. Pas plus ces locu-
iirns fizurées que les autres passaj^es signa-
es par MM. tiuizol. Ampère et Thierry, n'o-
ili^ent donc à conclure que saint Fortunat
p <oit abandonné sans mesure aux plaisirs de
3 lablt.
Avec là méthode de nos critiqnes, mé-
h>Je qui consiste à prendre un fait ou une
igne et à bâtir sur cela , en dépit de tout le
i-^(e, un édifice de considérations et d*apr
récîations historiques, que ne ferait-on pas
es personnages les plus graves? Que ncdi-
3i(-0D pas sur les badinages d'Arnauld-
Andilly, envoyant de Port-Boyal des poires
madame de Sablé ou des pavies à made-
:ol5e!le de Hontpensier? Que ne dirait-on
h- (ie ses frères en Jansénius, qui fahri-
paient les souliers des religieuses de leur
Arti? Que ne dirait-on pas de Racine, fai-
ka la procession avec ses enfants? De J. de
laistre, adressant certaines lettres enjouées
«a ûile? De Chateaubriand, en admiration
cTant des fruits que lui avait envoyés un
:une littérateur de f.yon? Quelle auréole
T'iesque ne donnerait-on pas à une foule
fautres personnes? Mais Tequitéqui le dé-
fi i en face de Tensemble de leur vie et de
tjt^ œuvres, devait, par la m.éme raison,
[M^er la mémoire de saint Fortunat et de
4:o(eRadegonde(it89).
§XI.
'tbtknité de siint Fortunat et de i*abbesse Agnès parut-
elle suspecte?
M.Thierry dit : « A Tégard de Tabbesse,
ni n'avait guère plus de trente ans lorsque
ette liaison commença, Tintiipité parut
ispecte, et devint le sujet d*insinualions
laiigoes. La réputation du prêtre Fortuna-
15 en souffrit; il fut obligé de se défendre
de protester qu*il n'avait pour Agnès que
s sentiments d un frère, qu*un amour de
ir esprit, qu'une affection toute céleste. 11
fit avec dignité, dans des vers où il prend
Christ et la Vierge à témoin de son mno*
*n^e de cœur. »
Je sais un gré infini à M. Thierry de ce
Ml accepte la justification de Fortunat;
r, si Tauteur des Récils mérovingiens avait
tulu sur ce point se montrer trop difficile,
a est pjBLS douteux que son autorité si res-
tiée n'eût fait aux deux personnages une
fHitation d*Héloise et d'Abailard. Mais il
t tout à fait digne de remarque que, dans
île multitude d'appréciations étranges, sou-
nt complètement fausses, de saintes et de
mis, tracées par M. Thierry en ses divers
rits, il ne s*est jamais abaissé, que je me
>peile, à laccusation de libertinage,
tout en remerciant M. Thierry de son
il»eei pour l'intimité du poëte et de l'ab-
sie, je suis porté à croire qu'il n'a ^las
parfaitement saisi le sens de la pièce à la-
quelle il fait allusion, et que les rapports
d'Agnès et de Fortunat ne furent point sus-
pects aux yeux du public; Fortunat crai-
gnit seulement de prêter peut-être un peu
le flanc à la censure. 11 s'adresse à Agnès.
« Vous, lui dit-il, ma mère par votre di-
Snité, mais que je chéris comme une ten-
re sœur,... le Christ et ses apôtres Pierre
et Paul sont témoins, Marie toute sainte et
son céleste cortège savent que mes yeux et
mon esprit ne se sont jamais fixés sur vous
que comme si vous étiez ma sœur Tttiana^
comme si Radegonde nous avait ensemble
portés dans son sein et nous avait nourris
ensemble de son lait. Hélas I je gémis sur
mon malheur, je crains que peut-être le lé-
ger murmure de quelques nuisibles paro-
les ne fasse obstacle à mon sentiment. Mais,
n'importe , je veux toujours vivre en for-
mant de tels vœux, si toujours vous voulez
me conserver votre affection (1190)1 »
Dans ces fort beaux vers, nous n'avons
point entendu Fortunat se plaindre de quel*
que blessure de la critique, mais seulement
la redouter d'avance. Aussi n'est-ce pas an
public qu'il s'est adressé ou qu'il a présenté
une justification ; il a simplement exprimé
une crainte à sa sœur Agnès.
IXll.
QaeUe part »int Fortonat a-t-fl pa avoir ao rûdt que
sainte Radegonde a fiUt de ses maUieun?
c Cet homme d*humeurgaie et légère, dit
M. Thierry, qui avait pour maxime de jouir
du présent et de prendre toujours la vie du
côte agréable, était, dans ses entretiens avec
la fille des rois de Thurin^re, le confident
d'une souffrance intime, d'une mélancolie
de souvenir dont lui-même devait se sentir
incapable (1191). Radegonde avait atteint
l'âge où les cheveux blanchissent, sans ou-
blier aucune des impressions de sa première
enfance, cl, à cinquante ans, la mémoire
des jours passés dans son pays et parmi les
siens fui revenait aussi fraîche et aussi dou-
oureuse qu'au moment de sa captivité. U
lui arrivait souvent de dire : «Je suis une
pauvre femme enlevée. » Elle se plaisait à
retracer dans leurs moindres détails les.
scènes de désolation, de meurtre et de vio-
lence dont elle avait été le témoin et en par-
tie la victime. Après tant d'années d'exil, et
malgré un changement total de goûts et d'ha-
bitudes, le souvenir du foyer paternel et les
vieilles affections de famille demeuraient
peur elle un objet de culte et dé passion;.
c'était un reste, leseui qu'elle eût conservé,
des mœurs et du caractère germaniques.
LMmagede ses parents morts ou baiinis ne
cessait point de lui être présente, en dépit
de ses nouveaux attachements et de la paix
qu'elle s'était faite. Il y avait même quelque
1189) Snr Ions ces faits, voir le PoTt-lioyul de
Sit9iT£-Bcc;vE, t. I, p. 449; t. Il, p. 229 et 255.
l (lires de Joseph de Naistre, I. I, xli. — Cha»
^yxand, M rie et $e$ écriu^ par M. Colloiibet,
**}\, — Mémoiw de Louis IUcim: sur son père.
— IlélMfes tirés d'une petite bibtiotkè^ue , par N<h
»iEX. c. 9, p. 104.
(1190) L. XI, 6, iS/du des temps mérownaiens,
p. 2C8.
(1191) L. Tu,carD..26 ttîS. «Noie de M. Tbi.ny.)
«115
llAD
DICTIONNAIRE
chose d'emporté, une ardeur presque sau-
yage dans ses élans d*&me vers les derniers
débris de sa race , vers le fils de son oncle
réfugié à Conslantinople , vers des cousins
nés dans l'exil et qu'elle ne connaissait que
de nom. Cette femme qui, sur la terre étran-
fère, n'avait rien pu aimer que ce qui était
la fois empreint de christianisme et de ci-
vilisation , colorait ses regrets patriotiques
d'une teinte de poésie inculte, d'une rémi-
niscence des chants nationaux qu'elle avait
jadis écoutés dans les palais de bois de ses
ancêtres, ou sur les bruyères de son pays.
La trace s'en retrouve çà et là , visible en-
core, bien que certainement -affaiblie, dans
quelques pièces de vers où le poète italien,
farlantau nom de la reine barbare, cherche
rendre telles qu'il les a reçues ses confi-
dences mélancoliques (1192). »
M. Thierry reconnaît que les vers des
deux poëmcs dont il parle sont de saint For-
tunat;or, il n*a point de bonnes raisons pour
n'attribuer pas aussi au même auteur les
pensées de ces pièces. Les motifs qui le por-
tent à croire que le poëte n'a fait que versi-
fier les graves pensées de sainte Radegonde,
sont que la muse de l'écrivain italien était
trop légère, et que, d'ailleurs, dans ces
deux chants, on entend retentir quelque
chose de la sauvage harmonie du nord.
Examinons ces motife.
Deux petits billets adressés par saint For-
tunat à aes amis, pour les inviter à un mo-
deste repas, sont indiqués en note par
M. Thierry comme preuves irréfragables
2ue le poêle, homme a humeur gaie et légère^
tait incapable de s'élever seul au-dessus
des sujets frivoles et badins. Quel langage
si épicurien le poëte a-t-il donc tenu dans
ses billets d'invitation? C'est là une ques-
tion que nous avons déià éclaircic; mais,
puisqu'on la ramène, if faut bien encore
s'en occuper.
Fortunat écrit à un confrère en poésie :
« Quoique tu te fatigues dans de sérieuses
études, docte et éloquent poëte, viens ici,
égaie par de joyeux propos notre conversa-
tion, mais en veillant à ce que la raison ne
quitte jamais la ligne de 1 honnêteté. Les
f)aroles imprudentes font d'ordinaire lever
^ main (1193). x
A un avocat, il dit: «Après tant de tra-
vaux, chasse les rixes de palais. Cette table
bienveillante avertit de vivre agréablement.
Que les procès, les colères, le vacarme,
remplissent les tribunaux, les débals, les
lois ! Ici, plais-loi dans le repos que donne
ce jour consacré à l'amitié (1194.). »
A côté de ces billets d'invitation, il s'en ren-
contre quelques autres encore dont M. Thier-
ry ne parle pas ici, quoiqu'ils aident à com-
prendre totite la pensée de Tamphytrion:
Fortunat avertit ses convives cjue les mets
ne seront pas recherchés, le vin nullement
dangereux, et qu'il faut surtout « aimer le
(1192) Page 269.
(1195) L VII, 2«.
(1194) L VII. 28.
APOLOGETIQUE. IiAD U16
Christ et les délices quon doit éternelle-
ment savourer (1195). » M. Thierry pas^
tout cela sous silence ; on en comprend sans
peine le motif. Mais, en nous en tenant aux
seuls vers qu'il cite, il est impossible de
trouver, dans les deux pièces adressées par
l'intendant de Sainte-Croix à ses amis, (e
poëte et l'avocat, le langage d'un homme
voué théoriquement et pratiquement àlé-
picuréisme. Fallait-il donc, pour ne pas ob-
tenir de M. Thierry la réputation de vireor,
qu'il engageât les conviés à se présentera
son repas comme ils l'auraient fait à 5c>
funérailles?
Si le principe d'après lequel M. Tbicrr^
apprécie le talent de saint Fortunat, o eiait
pas imaginé tout exprès pour attaquent
personnage, et si Ton voulait s'en ser?:r
]»our iui^er d'autres écrivains, on soutien-
drait donc qu'Horace, Voltaire, BéraDger,M
souvent épicuriens et quelque chose de
plus, quand ils chantent, n*OQt [K>int \xmé
dans leur génie les sublimes iaspiraiiiC^
lyriques ou dramatiques qui tran$j.ior/r/i{
dans leurs ouvrages? Casimir Delari^^i
dit :
0 mes amis, qae ce banque! m^enchamc!..
J aime ces jeux , ce désordre ei ces cris!... at
Prétendez-vous, à cause de cet aimable co;:*
Slet, que Delavigne n'a pu cooiposer ni 1^
(esséniennes niLouU XI? Les petits billets
du poëte italien ne prouvent donc pas qn'û
ait été incapable do produire le poëiue sut
la Ruine de la Thuringe,
Il y a dans ce poëme quelque chose d*i«-
culfe^ d'emportéj une ardeur presse sautûgt,
qui détermine l'auteur des Récits m/rorin-
giens à croire que la germaine Radegooiie
a dû être la muse qui dicta les pensées dt
Fortunat, et les colora de la poésie sombr:
des chants du Nord.
Quelle dépense d'esprit pour enlever à
saint Fortunat toute ap[)arence d*hoiiuD^
sérieux, et ne faire de lui que le gounuaci
Vert-Vert de Sainte-Croix I
Je n'examinerai pas s'il y a quelque vni-
semblance que la sainte, enlevée à sor
pays à peine âgée de huit ans (1196), ail en-
core pu , à cinquante ans^ après tant iVàL
nées si austères dans son couvent, se rsf
peler assez les cliants de la Thuringe poi
les imiter dans le poëme ({u'on suppost
dicté par elle? Quanta moi, je n'y vois au-
cune probabilité. Ce qui me semble évider^
c'est que les vers sur fa ruine de laThurins'i
sont bien de saint Forlunal. L'ardeur pn^-'
que sauvage remarquée par M. Thjerr'
n'est que la bouffissure trop ordinairt- «.a
style du poëte italien ; seulement, le su/'-
étant sombre et tragique, le pathos esiiic-
venu terrible comme dans un Yicux en»;
germain; il aurait été, au contraire, cfaar^c;
d'hyperboles plus spleudides dans an suj«i
plus agréable, témoin l'épllre à révéqea
Félix de Nantes (1197).
(1 195) L. vil, 25, Î6, «9. „ ^.^
(1 196) Récits des temps tti^ovôrpcsi. t H. P- 7«^
(1197) L. ni, carm., 4,— Au milK» J< ^^^
fin
RAD
DICTIONNAIRE APOLOCETIQUK.
RAD
IflflS
Toat, cependant, n*es( pas à dédaigner
dans cei opusaile snr !a Tburinge ; des pen-
sées Traies et profondément touchantes s*y
rencontrent ; mais il n'est pas nécessaire
d*aMer en chercher Torigine dans les souve-
nirs de Tenfance de sainte Radegonde ; n'en
iit-cm pas d'aussi mélancoliques, d'aussi
déchirantes dans i'élé^e de saint ^ortunat
sur la mort de la reine Gaisuinthe (1198)7
Je sais bien que H. Ampère tâche de dis-
puter au poète italien ces heureux traits
remarqués dans l'élégie sur Gaisuinthe. De
même que, selon M. Thierry, c*étaient tout
) rbeure les pensées de la princesse thu-
ringienne que saint Fortunat avait répétées ;
de même à présent, diaprés M. Ampère, ce
sont les pensées de Kinfortunée princesse
espagnole qu'il TersiOe. ^ Fortunat, dit-il,
en raison de sa situation auprès de Rade-
gonde, était l'intermédiaire naturel entre
ces deux femmes, et probablement il eut
rorcasionde recueillir auprès de Galswinde
elle-même des détails sur son voyage et sur
son départ d'£spagne. Ce sont ces détails
qu'il a mêlés à ses propres déclamations,
et qai contrastent heureusement avec elles
1199). »
Quelle singulière façon d'apprécier, que
celle de H. Ampère 1 Saint Fortunat écrit-
ii quelques pa^es admirables, il les a em-
pruntées des Germains; ioue>t-il, au con-
traire, certains Germains de leurs talents,
(^n se moque de lui (lâOO). Sauriez-vous le
secret de plaire h un tel critique?
Au reste, la puérile supposition que Gal-
?vinthe aurait narré, par le menu, à l'inten-
laot de Sainte-Croix, les circonstances de
^a voyage d*£spagne en Gaule ; cette pué-
rile supposition, sur quoi repose-t-eile ? Si
e poète avait pu recevoir de la princesse
risigothe quelques confidences un peu dé-
aillées, ç*aurait été quand, à son arrivée,
Me passa par Poitiers. Or, Fortunat, par-
ant de Gaisuinthe à Poitiers, se conleute
le dire qu'il l'a vue traverser la ville, mul-
ement assise sur son char (1201) ; il ne se
erait pas tu sur des relations plus intimes
vec la princesse, s'il en avait été honoré.
C*est donc dans son c(Bur que saint For-
uiiai a puisé les émouvantes pensées des
eux |)Oëmes sur Gaisuinthe et sainte Ra-
egonde.
§xm.
a «anse
da diTOfte de sainte Hadegonde et de ta vie
le clolue fut-elle uoe paasloa secrète pour Tun
desesporeats ?
« Je ne nie pas qu'elle (sainte Radegonde)
Ht lettrée et chrétienne, dit M. Ampère;
iais je crois que celle littérature, ce chris-
lanisme, qui occupaient son temps et sà
ie, sans remplir le fond de son Ame, re-
af^ aiélapliores non moins ampealées, le corres-
<^dant de Félix dit que la Itriire envoyée par ce
1^1 a semblé, par soii éclal, faire aaltre le soleil
Toiccidejit, sur les bords de TOcéan, où Fortanac
^ ^ovve. Celai qui éuit si pompeux dans ses pa-
fiS^ques, ae devaii-il pas, dans ses élégies^ avoir
couvraient auelque chose de plits intime,
de plus proiond, et que ni les petits vers
de Fortunat, ni les petits soupers, ni les
jeânes, ni les dévotions du cloître, ne pou-
raient faire prendre le change à ses inexo-
rables douleurs.
c J'ai dit ceci à cause de deux pièces de
Ters qu'on rencontre avec étonnement parmi
les œuvres de Fortunat. Dans l'une et 1 autre
c'est évidemment Radegonde qui parle; For-
tunat n'est qu'un secrétair:i maladroit, un
traducteur infidèle....
« Le poète épicurien, l'abbé gastronome,
avec lequel nous avons fait connaissance,
n*iétait pas capable de deviner les sentiments
que le hasard a fait tomber sous sa plume,
et qu'il ne comprend pas bien, même en les
exprimant. La première, la plus considé-
rable de ces pièces de vers est intitulée :
De excidio Tkuringiœ ex persona Radegundis.
Fortunat écrit sous la dictée de Radegonde ;
il ne s'agit pour lui que d'une héroide à
versifier, comme il savait peut-être qu*0-
TÎde en avait composé ; mais heureusement
rhéroïne est près de lui, et transmet au
pédant des émotions qu'il n'aurait pas trou-
vées sans elle.
« Cette pièce de vers est adressée h un
cousin de Radegonde; ce cousin, nommé
Âmalfred, vivait à Constanlinople, et, du
fond de la Gaule, elle lui envoie ses sou-
venirs passionnés et des regrets ardents,
c Souviens-toi, Amalfred, lui dit-elle, sou-
Tiens-toi de nos premières années et de ce
que Radegonde était alors pour te:; com-
bien tu m aimais alors, aimable enfant, fils
chéri du frère de Uion père. Seul, tu me
tenais lieu d'un père, d'une mère, d'un
frère, d'une soeur que j'avais perdue. Toute
petite, tu me prenais tendrement les mains,
tu me donnais de doux -liaisers, et ta pai-
sible haleine me caressait.... Ce qui m'af-
flige surtout, ce qui me cause une profonde
douleur, c'est de ne recevoir de toi aucun
signe d'existence; une lettre me peindrait
ce visage que je désire et que je ne puis
contempler. »
Quem ro/o nec video pinxhut epnlola vic/i«m.
c il me semble qu'il y a dans ce vers un
grand emportement de passion; on voit que
Radegonde avait conservé un souvenir très-
vif de ce jeune guerrier, objet des premières
émotions de son enfance. Elle se plaint
d'être séparée de lui, de lui qu'elle aime.
Les mots amanSf amor^ reviennent sans cesse
dans ce singulier morceau.
« Si la sainte clôture du monastère ne
me retenait pas, j arriverais inattendue dans
la conlrée que tu habites; mon vaisseau
franchirait les mers orageuses ; joyeuse, je
braverais les flots déchaînés des hivers;
des aecenu presque samragesf
(1198) L. VI.
(1199) T. Il, p. 520.
(1200) T. Il, p. 334 ei 335.
(1 !20J / Banc ego mempe urbem eonspesn pntutemn^
Molliter argenti Inrre rotante veki. [tem^
fli9
Rkh
DICTIONNAIRE APOLOGËTIQUE.
RAD
41»
suspendue sur les vagues, je lutterais contre
leur furîfe; ce qui fait peur aux rochers
n'éi)Ouvanterait pas celle qui l'aime....
Ei quœ nauta tiniel^ non pavitasset aman^.
« Je traverserais la mer sur une planche
flottante, et si le sort me ravissait ce der-
nier secours, (l'une main fatiguée je nage-
rais vers toi : en te voyant, je ne croirais
plus aux périls d'un naufrage qui me serait
doux.
a On sent que toutes ses affections de race
et de patrie s*étaient concentrées dans ce
dernier débris de sa famille égorgée, et l'on
peut croire, ce me semble, que l'image de
ce jeune parent tant regretté» de cet ami de
son enfance, était, plus encore que la civi-
lisation romaine et même que le christia-
nisme, entre elle et son époux....
1 Amalfred mourut dans les pays loin-
tains où il errait, et Aadegonde adressa, par
l'entremise de Fortunat, une' autre pièce
de vers au fils d' Amalfred, au jeune neveu
Qu'elle n'avait jamais connu, qui était le
ernier de son sang, le dernier de la race
des rois de Thuringe (1202). »
Laissons de côté les injures prodiguées à
saint Fortunat, et parlons de sainte Ràde-
gouvle.
La pieuse princesse ne fut point tour-
mentée de sentiments erotiques pour son
cousin Amalfred, et Je poëme sur la Thu-
ringe n'est pas l'explosion d'un amour trop
longtemps comprimé. Pour le comprend
dre^ il ne s'agit pas de deviner^ comme
M. Ampère aime à le faire et comme il ac-
cuse le p(iële de ne i*avoir pas fait; mais
l'on doit s'en tenir au texte des deux pièces
que nous étudions. Or, vers la fia de la pre-
mière, nous lisons : « Je t'en conjure, toi
qui dois me rendre la sérénité, ô mon pa-
rent, qu'une page de ta main vole mainte-
nant à moi, I our que ta douce parole calme
le mal qui me dévore 1 Cette affection in-
quiète pour ta personne est semblable à
celle que je porte aux sœurs dont mon cœur
s'est fait une famille bien-aimée (1203). Je
ne puis ni presser les membres chéris, ni
donner d'avides baisers aux yeux de mes
parents, moi, leur sœur! » Voilà le mot
final de celte pièce et tout le secret de l'ar-
dente rhétorique de sainte Radegonde et de
saint Fortunat: là princesse aimait Amal-
fred comme pouvait l'aimer une sœur, et
eonime elle aimait ses religieuses de Sainte-
Croix.
Elle va nous le répéter en d'autres termes
dans la seconde pièce adressée à Arlak, le
ûh d'Amalfred : «(Neveu chéri, rends-moi
(1202) T. n, p. 345-330. Le traducteur aurait dû
faire déchaîner tes flots par les tempêtes, et non pas
les invers. Voir .Virgile, -^/i., i, 132, sur le sens
du mot hiems,
(1203) Deque tui similis mihicura sororibus hœcest^
Quas consancjvLineo cordis amore colo.
Je suis le texte donné par M. Thierry dans les pire s
ÎMStUicatives de ses Récils mérovingiens, t. II, p. 4t2.
(1204) Récits, etc., t. H, p. 413 : Epitre adressée,
mon doux parent, et, par ton amour, sois
pour moi ce qu'il fut précédemment (120^). •
Eh bien I puisqu*à la mort d'Amalfred sainte
Radegonde conjure Artak de lui rendre cet
ami , c'est-à-dire puisque la tendresse du
fils devait remplir, dans le cœur de la prin-
cesse, le vide creusé par la mort du père,
elle n'avait donc pas été possédée, pour ci
cousin, d'un amour tel que l'entend M. Acd-
Çère; d'un amour tel que celui qu*Orid€ et
ibulle ont chanté; d'un amour que 1«
temps, le mariage, le cloître n'avaient pu
dompter; gui aurait eu horreur, comme de
coupables infidélités, des légitimes caresai
de Ciotaire, et qui serait allé nourrir dibi
la solitude sa flamme sans espérance. 1^
degonde avait donc aimé Amalfred comov
elle allait aimer Artak; elle chérissait «ij
eux les derniers restes de sa malheureiut^
famille, mais rien de plus.
A ces preuves de fait on peut ajoater
quelques réflexions non moins dédsim
Comment sainte Radegonde, si elle ifrit
porté dans son cœur le secret suppâ$é/«r
M. Ampère, comment aurait-elle ifteotlt
y^•^e de cinquante ans pour le réTfiet,tli
qui, dans ses agents fréquemment en mM^
même jusqu'en Orient, pour lui chefAil
des reliques (1205), aurait eu des messagvK
auprès d'Amalfred? Comment n'aurailf^lll
rien fait dans son élégie qui décelât aiM
chose qu'une affection fraternelle, rien (fll
montrât son cœur resté vide et sa vieàjp
tournée du but où elle aurait rencontré'
contré i
songé!
bonheur? Comment aurait-elle
mettre un amour sacrilège sous la proteil
tion du Christ : « Christ, dit-elle, favori|
mes vœux, et que cette page visite
amis {cernât amantes) (1206) ? » Comment
degonde , princesse , reine autrefois
Francs, fondatrice d'un couvent renoo
célèbre elle-même dans toutes les Ga
par ses prodiges et ses austérités, d'aillé
avancée en âge et arrivée à l'automne h
jours plus calme de la vie, comment se
rait-elle décidée à trahir sans espoir
faiblesse si peu soupçonnée? N'aurait-i
donc pas laissé gémir sa blessure to
seule dans un message secret, et serait
venue l'étaler, saignante, devant un p
|>our qu'il s'amusÂt à y chercberde biza
iiémistiches? Aurait-elle débuté par
iiévreuse déclaration sans craibdre pour
passion, monstrueuse sous son voile el
cheveux blancs, les railleries soit de
Amalfred, qui avait si complètement o
sa petite amie de Thuringe, soil dos pei
ncs entre les mains desquelles loniheni
lettre révélatrice, si Amalfred était mor'^
au nom de Radpgonde, à Artak. — Artâk n'daîfP
neveu de Radegonde^ Le mot ntpos signifie pri»[^
paiement petit-fils, el la princesse se sera n^sf^
sans doute, comme la grand*mére dtt jeune hopjs^-
(1205) Vit, S. Radegundis, auctore BaïuJoBi»'^
r. 5,20, ât, 23. . ..
(hi06) Vbi supra, p. 412, n' 6 des piccei jasj*
caiives ; Vers sur la ruine de la nation jA«r»«fl«^
r
1121
RAD
MCTIO.VNAIKE AÎH>LOGETIOUE,
H VéM en effet)? Puis, comment ses regrets
mr celte mort aoraient-ils été si glacés, si
nilgaires, si nais, pas même décorés de la
pompe emphatique du poème sur la Tfau-
riiige(iW7)?
Mais, dira-t-on, si Amalfred n*élaît qu'un
pDusin |i0ur Radegonde, d'où Tient qu'elle
mtorisa le langage passionné du poëmc?
Klle autorisa ce langage passionné précisé-
ment parce qu'elle n'avait point de passion.
kns la position de la fondatrice de Sainte-
Droiï, la pudeur d'un amour profond et vrai
Mrait reculé devant tout éclat; mais son
lOiitié desceur pour un parent ne s'effrava
fas de la rhétorique de son secrétaire.
H. Sainte-Beuve, à propos d'une femme
loteur dont je ne prétends pas m'établir le
*ampion, firit de très-jusf es remarques qui
irooreot ici leur application.
• Les mœurs de chaque siècle, di!-il, sont
u à (lart et si sujettes à des mesures diffé-
râmes, qu'il serait, après tout, très-possible
]\iv Louise, en sa qualité de bel esfirit, se
10: i>errois, jusque dans le sein du mariage,
*s rlianîs d'ardeur et de regret comme iine
if nce poétique qui n'aurait pas trop tiré
î conséquence dans la pratique. Nous-
ï.tme, en notre temps, nous avons eu des
-i'-ffl|iles assez singuliers de ces aveux poé-
•î.'jes dans la bouche des femmes Et
]mi h ce qui est des jeunes Glles poètes
pi parlent aussi tout haut de la beauté des
(runes inconnus, nous aurions à invoquer
i'us u'un brillant et harmonieux témoi-
rp^^e, que personne n'a oublié, et où Ton
l'a (as entendu malice apparemment. Tout
m ^oil dit pour montrer que Louise Labé
I l'U s'éinanciperquelque peu dans ses vers
«us trop déroger aux convenances d'un
iele intînimetit moins dillicile que le nôtre
liOSj. > Je m'exf.lique de la môme manière
• iaoga^je prêté à Radegontie et qu'approuva
Plie sainte femme, je me l'explique par le
lauraisgoût de Radegonde et de Fortunat,
i|»ar la pureté de leur cœur. MM. Ampère
t Thierry n'ont, d'ailleurs, pas autrement
^if-ndu les nombreuses pièces où le même
^Ȑle prodigue aux deux directrices de
îinle-Croix des expressions aussi tendres,
i sur le sens desquelles un païen se serait
'riainement m'épris, » comme M. Ampère
I reflété d après l'auteur des Récitt méro-
n'jiens (1309).
te manque de tact dans l'expression des
-liienls de Radegonde pour son parent,
1 <ie Foriunat pour Radegonde elle-même
j our Agnès, se retrouve souvent chezd'au-
i:^ auteurs, non-seulement relativement
Jes sujets analogues, comme M. Sainle-
uve la fait observer, mais en d'autres
ïiieres encore. N'est-ce pas aussi un
RAD
1121
étrange oubli des convenances qui a si sou-
vent introduit le merveilleux de la mytho-
logie sous des plumes chrétiennes et dans
des sujets chrétiens ? N'est-ce pas le même
oubli qui, dans les mystères et les drames
dont s'amusaient les Odèles et le clergé au
moyen âge, mêla, de la meilleure foi du
monde, tant de paroles si voisines de l'irré-
vérence (1210)? C'est donc une affection
très-pure, très-innocente que sainte Rade*
gonde a laissé ex|)rimer en un langage trop
passionné. ^
$xiv.
Sainle Radegonde se plij-t-eUe diffidlemeot k la rûsign».
Uoo chréUenoe?
M. Amp&bb. — « Ce qui décida Radegonde
a fuir sans retour le roi Clotaire et à se ré-
fugier sous l'abri de l'Ëglise, ce fut la mort
de ce frère qu'où avait amené avec elle de
son |iays, et que fit périr Clotaire. Grégoire
de J ours et la biographie de sainte Rade-
gonde s'accordent pour rattacher à cet évé-
nement la fuite de Radegonde. C'en était
trop ; c'était la dernière goutte de Fang thu-
ringien versé par nue main franque. Entre
le roi franc et la femme thuringienne s'éle-
vait un nouvel obstacle, un nouvel abîme,
un nouveau meurtre... Entre eux était aussi
(1211) l'ombre d'un frère. Elle s'écrie:
« Pourquoi tairais-tu la mort de mon frère,
A ma douleur profonde 1 »
De nece gemiaut atr, doloi aile, lacez l
Ce jour, dit-elle, a marqué pour moi comme
une seconde servitude ; la mort de mon frère
m'a fait sentir doublement le poids de mes
ennemis.
Alque iterum hostes fraire jàceiite tuiL
« Ces vers expriment énergiquement les
sentiments de Radegonde pour ^ei ennemis^
c'est-à-dire les Francs, et, a leur tête, lé roi
Clotaire. Je n'y vois pas une grande rési-
gnation chrétienne.
« Radegonde adressa, par l'entremise do
Fortunat, une autre pièce de vers au fils
d'Amalfred... Dans ses vers à Artachés, elle
revient encore avec une âpre douleur sur lo
meurtre des siens, sur la destruction de sa
famille et de sa patrie. Seulement les senti-
ments de haine semblent avoir fait place à des
sentiments plus religieux ; l'âge et le cloître
ont doiupté cette violence d'Ame qu'on sen*
tait dans les vers adressés à Amalfred, et
quelques mots chrétiens, jetés ici à la On du
morceau , annomtent le triomphe de la
sainte sur la barbarie, mais certes ce triom-
phe ne fut pas remporté sans comtiats
(1212). »
Les paroles de sainte Radegonde, rappor-
1^1)7) Vuir la note ii04, co/. 1119.
t*tOtf; PortraiUcotUemporaius^ t. III, Lomue Labi^
liub) M. TiiERAV, l{^dls, etc., I. II, p. 2ôS;
Amp&u, llifi. lin., etc., I. 11, p. 5i8.
JitO) M. S]^iXTE-li£i'TB , Tableau itislorique et
*'*iu€ de la poéiie (rançaite^ etc., au teiiième
''^ é^it. ISi5, p. 157; De Cesprii de malice au
bon vieux iemps,
(lill) Ce>l-i-dire, qa'ooire ramoor suppose
pour AmalfreJ, il y avail entre Clotaire el Rade-
gonde Tooibre du fi^re de b princesse.
(tâlÂ) P. 548.— M. Ampère a dit qu'un ab'wte
s'élevait entre Radegonde et Clouire. C'est Fortun.it
qui, pour se venger, aura inspiré celte hardiesse de
style.
1135
RAD
DICTIONNAIRE APOLOGETtQCE.
RAD
\m
tées par M. Ampère, ne sont point un cri de
hainCf comme il le dit, c*esl un cri de dou-
leur. En quoi donc 1 la sainte, quand elle
profère cette plainte, aurait-elle oublié la
résignation ? Ce fut ou parce qu'elle ressen-
tait ses malheurs, ou parce uu*elle donnait
aux auteurs de ses mallieurs le nom d'enne-
mis.
Mais je ne vois pas qu'il soit défendu au
chrétien de ressentir les coups qui le frap-
pent, ni que la sainteté consiste à devenir
un froid paralytique, insensible au fer et à
la flamme, ou un exalté stoïcien s'écriant :
« O douleur, je n'avouerai jamais que tu
sois un mail d Le Christ ne connaissait
donc guère la résignation chrétienne, lui
qui pleura son ami Lazare qui venait Ue
mourir; lui qui, la veille de sa passion,
voulut en détourner le calice, et effraya le
désert par une sueur de sang? Quant au
nom (ïennemiê donné par sainte Radegonde
aux bourreaux de sa nation et de sa famille,
je ne comprends pas non plus comment la
tieuse princesse blessait en cela TEvan^ile.
e livre sacré nous ordonne bien d'aimer
ceux qui nous font du mal, mais il ne dé-
fend pas de les distinguer de ceux qui nous
font du bien par le nom d'ennemis, dont il
se sert lui-même : /H'/ii/t/e inifnicos vesiros.
En un mot, le véritable christianisme n'est
contraire ni aux sentiments innés de notre
nature, ni au vocabulaire.
Dans les vers à Artak, la violence de rame
de Radegonde semble à M. Ampère enfin
domptée: mais comme cette prétendue vio-
lence est une chimère, il faut chercher ail-
leurs la raison du ton plus calme qui règne
dans ce poëme. Or celte raison, c'est que le
sujet de la pièce ne se prêtait pas assez bien
aux métaphores ampoulées de l'auteur ita-
lien. Il s'agissait des regrets de sainte Ra-
degonde sur la mort de son cousin, et le
pauvre secrétaire à la torture n'a trouvé que
de très-banales et très insignifiantes pensées
à exprimer sur ce parent que sainte Rade-
gonde n'avait jamais revu depuis sa plus
tendre enfance, et gui, de son côté, n'avait
jamars songé à lui donner de ses nou-
velles.
La pièce est, en effet, terminée par cinq
vers chrétiens ; mais comme ils ne se rap-
{ sortent pas du tout aux malheurs passés de
a princesse thuringienne, on ne peut en
conclure qu elle eût alors remporté sur sa
haine un triomphe non encore obtenu
quand elle dicta le poëme à Amalfred. Elle
prie son neveu de s'intéresser à ce que son
monastère ne soit point enlevé à Dieu, et,
pour récompense de ses soins, elle lui sou-
haite santé parfaite en ce monde et vie sans
fin dans le ciel. Tout ceci n'a aucun rapport
à ce que M. Ampère aventure. Au reste, le
poëme sur la ruine de la Thuringe finissait
(1213) Sainte Radegonde, entrée Fan 544 dans
son monastère de Sainte-Croix, y demeurait depuis
à peu près vingt-trois ans (et non depuis quinze ans,
comme l'a dit M. Thierry) , quand saint Fortuiiai,
après avoir chanté le mariage de Brunehaul avec
!:
bien aussi par iin« peusée chr^nne, pois-
3ue Radegonde mettait les vonix de sa ten-
resse sous la protection du Christ.
Pour que, dans Tintervalle qui sépara
l'envoi des deux poëmes aux deux eousins
de sainte Radegonde, l'âge et le cloîlre eus^
sent réussi h dompter la princesse barbare,
il faudrait qu'il se fût écoulé bien du imp^.
Or, combien se passa-t-il de temps? Ce
qu'il eût fallu pour porter à Consiantinopte
la lettre destinée à Amalfred et en rap>
porter la réponse de son fils. Snp}H)soiis
môme qu'Artak n'ait pas été très-diligenia
répondre, l'intervalle ne dut pas être lelqua
le cloître et l'âge changeassent une barbait
en chrétienne douce et résignée. Si, d'ail*
leurs, Radegonde eut jamais besoin dot
long temps pour se convertir, celte confe^
sion devait être bien avancée à Tépoqu»
de l'envoi du premier poëme, puisque (e^
tes alors la princesse n'était plus jeuaeet
qu'elle habitait depuis une trentaine dan»
nées sou monastère (1213).
11 n'y a donc qu'une longue suite dïa-
exactitudes dans ce que M. AmnèreioflSi
dit sur la résignation commandée par A
vangile, sur la haine de Radegonde tnHIi
ses ennemis, enfin sur le tardif adot
ment de son cœur.
Ce groupe gracieux et fraternel de _
gonde, d'Agnès et de Fortunat méru
bien d'être épargné par de trop auslèi
censeurs. La germaine Radegonde, à l'c
ardent, sous un front mélancolique; Agnl
qui a besoin de s'appuyer sur une cht
amitié; le souriant Fortunat, qui senl
lui, mais à une époque littéraire malin
reuse, l'étincelle de la poésie, cette famL
delroiscœurssi unis nous charme. MM. Gi
zot, Aug. Thierry et Ampère, au lieu
regarder franchement en face ces perse
nages pour le* juaer, se sont arrêtés à a
futiles et chicanières observations; ils
épilogue sur des métaphores et des br(
ries de rhétorique,
M. Guizot commença; il crut n'aperce?t
à Sainte-Croix qu'une vie de gourmandi>ei
d'oisiveté ; M, Thierry lui succéda, et déi
loppa, mais en l'ennoblissant un peu, ce
accusation. Radegonde devint une malr
délicate, haïssant la grossièreté des bai
res, s'éloignant par un pieux artifice
Franc, dont elle n'était pas d'ailleurs
seule éiîouse, s'occupant de jeux variés,
spectacles, de joveux festins, dans un spl
dide palais qu'elle nomma pourtant un
naslère ; donnant enfin une cordiale hi
talité à rjtalien Fortupat, dont queL
petits vers mignards, sinon poétiques,
glaient tout, même les consciences, à Sai
Croix, et qui longtemps y coula des j(
qu'Horace et Tibulle auraient enviés à I
gastronome.
Sigeberg, en 56G ou 567, vînt ;i Poitiers. Or, U bV
pas vraisemt^laMe que la princesse ait loui (k wL,
fait versifier ses lettres ; il est plus probable «rtj
cela eut lieu en 570, quand elle envoya cèercberiei'
reliques à Constaniinople,
n25
RAD
DICT!ONNAIIIE AroLOGETIQUE.
RAD
1126
Oirest-€6 donc que If. Amj)ère, Tenu le
Iroisième» trouvera de neuf et de piquant
sar ce sujet, que ses deux prédécesseurs
semblent avoir épuisé 1 II épie les soupirs
de Radegonde et les vires pulsations de
lœurqui soulèvent sa poilrine; puis il nous
rérèle qu*il y a là un antre amour que ce-
fui du Christ aux pieds duquel on la voit
prosternée, et que Tépoux invisible pour
)€^ael la princesse a rompu avec Clotaire
n'est pas Jésus, mais que c'est Amalfred.
De Texamen sérieux et minutieux de ces
•Jécooverles de nos ingénieux critiques, il
oïl résolté que MM. Guizot, Ampère et
'T'hmry ont écrit un petit roman, parfois
•dramatique, parfois assez piquant, mais
•* |ui plairait bien davantage, si on n'y avait
i «as accolé des noms historiques et rété-
RAISON ou esprit propre; difficultés
> j^Qelle opposait à I étabussement du règne
• îe JésQs^hrist. Voy. Jéscs-Chbist, art. 111,
RAISON, n'a pu fonder un culte, même
ratioDocl.jFoy.'ScBicATL'RAusiiB, I 11. — Son
:iDpoissance à connaître nos destinées et
r.o« rapfiorts avec Dieu. Voy. StBHAXcaA-
vaxij I V. — Ne peut atteindre par elle-
ruêîae les vérités nécessaires à Faecomplis-
>e.n]entde nos destinées. Voy. Pbopbetie.
— Ventre en exercice et ne se développe
:i^ par renseignement. Voy. Révélatioh
>»nmvB. — Son origine et sa nature. Voy.
I'»TCB0L0GiB, S X et suivant. -— La raison
•.:» us ses rapports avec la parole. Voy. Pst-
'9 0L0Gne, I XI. — Impossible sans le signe.
I '^jf. Psychologie, { Xll.
KAfSONNEMENT, impossible sans le .si-
un e, Voy. PSTCHOLOGIB, i XII.
RAM-MOHUN-ROY (le Rrahmane), a-t-il
:é 'lontré le monothéisme dans les védas.
yoy, r^VTÈ DE DlEO.
ilAOUL-HOCHËTTE, son opinion sur la
lourde Rabel. Voy. Babel.
RAPPORT du physique et du moral. Voy.
\ME^ i IX.
RATIONALISME. -> Une direction nou-
relle a été donnée à la polémique irréli-
peuse , depuis les dernières années de la
Restauration Les résultats inattendus du
progrès des sciences sur lesquelles s'ap-
jiavaient les attaques contre les livres saints
uot puissamment contribué à ce change*
ccfut, mais d*une manière, pour ainsi dire,
Tiégative. Vaincue sur le terrain des scien-
:i-s, l'incrédulité ne pouvait Tabandonner
7u*en se portant sur un autre, et c'est l'AI-
trmagne, cette fois, qui le lui a désigné. La
oiémiquc nouvelle nous a donc été appor-
te d'Outre-Rhin, è la suite de la philoso-
'bie pantbéistique avec laquelle elle s'har-
iionîse parfaitement. Présénlons-en une
:oarle esquisse historique.
Le protestantisme primitif consistait , l' à
^e recx>Dnaltre qu*un seul dépôt de la révé-
HioQ : les divines Ecritures; â* à prétendre
v\\\ 4) Cfr. rabbé Gorim . Défente de rEgliu
•*^\j%. Ut erreun histcri^ues.
qu'il suffisait de ces Ecritures pour perpétuer
la révélation chrétienne ; et 3* qu il n'exis-
tait aucune autorité divinement investie de
la mission de conserver les saints livres,
ainsi que le sens dans lequel ils avaient été
écrits, et d'expliquer ce sens aux fidèles.
Dans la pensée des premiers réformateurs,
le christianisme n'était donc pas une science
purement philosophiaue, que la raison pûl
tirer de son propre fonds ; ils acceptaient
d'autorité l'Elcritnre sainte. Mais par cela
seul qu'ils ne reconnaissaient aucune insti-
tution divine chargée de veiller à l'intégrité
du dépôt et d'en perpétuer le véritable sens,
la raison (de chaque individu était, de fait
et de droit, le seul juge, le juge en dernier
ressort du sens de l'Ecriture, de toutes les
difficultés exégétiques qui s'y rapportent,
et même de son autorité, comme livre ins-
f>iré, ou simplement historique. Le rafiona-
isme était donc donné pour base à tout
l'édifice chrétien, quoique, si l'on veut,
d*une manière seulement implicite; c'était
assez, l'inexorable logique n'avait besoin
que du temps pour tirer du principe pro-
testant toutes les conséquences qu il ren-
ferme, pour renverser le texte sacré et
transformer la révélation tout entière en
une pure donnée philosophique. Interro-
geons Thistoire; ce que nous devons j
reniarquer, ce ne sont pas seulement lea
inévitables divisions et les variations sans
nombre de la réforme, dont Rossnet et
Mœlhler ont présenté un tableau si accablant
de vérité (1215), mais surtout la marche gra-
duée du rationalisme, qui va décbirantchaque
jour une nouvelle page des saints livres, et
rejetant quelqu'un . des enseignements 'du
Sauveur. La force des choses avait amené
Luther lui-même à imposer, dans des sym-
boles et des confessions de foi, le principe
d'autorité qu'il rejetait; mais, en l'imposant,
il fallait bien convenir qu'on pouvait en
appeler à l'Ecriture. La peur, néanmoins,
et de longues habitudes d'obéissance em-
pêchèrent que cet aveu ne devint explicite
et général, jusqu'à la profession publique
qu'en fit Spencer, mort en 1705. Le premier,
aussi, ce théologien distingua^ entre les ar-
ticles essentiels et non essentiels.
II-
Systèmes phflosoplifciiies nés des tendances ntionsHstes,
et leur imprimant a leur toof one force et one diiee-
tion noQTeUes.
Voici un puissant auxiliaire au rationa-
lisme. Tout système philosophique qui j)ar-
vient à dominer dans un pays, en même
temps qu'il puise sa vie dans les dispositions
Î;énerales des esprits, réagit à son tour sur
es idées dont il est le produit, pour leur
communiquer une vie nouvelle et une plus
grande force d'expansion. Cette action s'é-
tend sur tout le domaine de la pensée, dont
la philosophie forme le fond et le premier
élément; mais elle doil être plus profonde
sur la pensée religieuse, à cause d'une plus
(1215) Voir VBhtoire deè vartaiion» et la Symbo-
lique.
«127
RAI»
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAD
m
grande adinité objective, malgré l'inviola-
bilité que donne à la foi vis-à-vis de la rai-
son» le caractère surnaturel de la révélation
oui en est la base. Combien plus cette in-
fluence des conceptions rationnelles sur les
croyances, sera-t-elle grande, si ces derniè-
res ne sont pas mises à Tabri des atteintes'
du rationalisme par un principe d'autorité,
et si elles ne sont pas fixées par des formu-
les émanées de ce principe I La philosophie
venait de commencer en France une ère
nouvelle. Descartes avait remplacé Âristote,
et proclamé le droit et le devoir de repren-
<lre en sous-œuvre toutes les données scien-
tifiques reçues, et dont les théories algébri*
ques du stagjrile étaient regardées comme
le dernier mot. Descartes produisit Leibnitz
en Allemagne. Celui-ci avait établi contre
Bayle Faccord de la raison et de la foi, et
«cherché à démontrer a priori la certitude
des vérités premières qui leur sont com-
munes. Wolf formula les conceptions de
Leibnitz en définitions .exactes et en thèses
rigoureuses. A la suite de Wolf, nombre de
théologiens composèrent des démonstrations
philosophiques des vérités chrétiennes, où
les plus impénétrables mystères furent abor-
dés. En même temps, la question de l'ins-
piration des Ecritures, de la nature et même
de la réalité de cette inspiration, fut posée
et résolue de différentes manières. Les uns
nièrent que tout fût inspiré dans les saints
livres, par exemple, les vérités qui appar-
tiennent, par leur objet, à une science hu-
maine; d'autres s'attaquèrent à quelques li-
vres, pour les dépouiller de tout caractèfe
d'insiaration.
§IL
Natunlisme. -
Le rationalisme avait marché et ouvert la
Eorte au naturalisme. Là philosophie de
ocke, le. caractère et les mœurs britanni-
ques, combinés ensemble, avaient amené
vite \qs libres penseurs d'Angleterre à ce
dernier système. Voilà donc que le natura-
lisme anglican se présente sur les bords du
Rhin, escorté du déisme encyclopédique.
Le flegme anglais et la frivolité française ne
vont guère à la trempe sérieuse et à la fois
hardie du génie allemand. Ils rencontrèrent
cependant des sympathies , à la cour de Ber-
lin surtout, et portèrent un grand coup à ce
qui restait de l'œuvre de Luther. Les ouvra-
ges de Lessing représentent les progrès du
naturalisme en Allemagne vers le milieu du
dertiier siècle. Le rationalisme alors avait
triomphé, et Semler, en proclamant la li-
berté la plus parfaite de penser en matière
de religion, avait rompu entièrement avec
la théologie. On ne proposa plus de formu-
les arrêtées de doctrines. ]La persuasion qu'il
suflît à l'homme des forces de son esprit et
de sa volonté pour s'élever à la connaissance
cft h la prjitiqiie tles vérités religieuses, était
générale. II s'agit donc de transformer la
religion en système philosophique, et, pour
y parvenir, on sacrifia sans peine tout ce qui
n'était pas assez rationnel dans les croyan-
ces reçues d'habitude. Tout, doclriûeseï
livres saints, devait passer par le creiuei
de la critique et n'avait plus quune vabr
scientifique. Le wolfianismearsit encore des
représentants, mais en faible minoriié. Â !i
suite de Semler, on vit les exégètes, les
f^lus instruits d'ailleurs, sacrifier ai envi ei
'inspiration, et même l'autheaticilé des li-
vres de l'Ecriture. Michaëlis et Eichhoror.
jettent les évangiles de saint Marc et lie
saint Luc, et supposent l'existence de cer-
tains écrits primitifs sur lesquels lesdeui
autres auraient été calqués. Au Heu dente-
moires^ d'autres, tels que Eclerroanoetic
Wette, donnent pour ori^ne aux évangiks
des traditions orales; vient enfin Slraoss
qui affirme l'impossibilité de s'assurer dt^
sources où les évangélistes ont puisé, et Je
l'époque où ils ont écrit, de sorte qu'oo peut
admettre que tout ce qu'ils racontuntaTsil
subi la forme du mythe, au momeni oîijjî
l'ont appris. Déjà le célèbre Schlciematlier
avait dit que c'était perdre soa {m^apt
de s'occupei à défendre les livres m^
dont la science allait faire pleine jibtce,
Strauss nie nettement leur valeur lusl(»*
rique, ne la ju^çeant pas nécessaiR,âl»
il, à la conservation des doctrines ilmbffî-
nés. Ëiehhorn et Paulus avaient ôté n
faits évangéliques tout caractère su^uâlu^. ;
le docteur de Zurick leur ôte jusqu'au i^
ractère historique. Réfuté vigoureuscm^ii
par Néander, qui lui a opposé unesuircit
dsJéiuêf il a avoué cependant ^uelaDi^*
authenticité de l'évangile de saiul Jean n
lui paraissait plus aussi certaine. Sir3ii>>
n'a donc fait que résumer les trayauid^ i
crifique depuis trois quarts de sièelp» et q<ii'
donner plus d'extension au système dt?
mythes pour sauver la bonne ibi des rédac-
teurs de l'histoire évangélique, tout cna-
cusant leur ignorance prétendue. Avant l'^s
l'aventureux Semler avait appliqué le iD}te
aux histoires d*£sther et de Sarnson £">
bom rétendit sur les premiers chapitres^
la Genèse, et fie renonça à en généralisa
l'application que parce qu'il crut enlicv'''^
la possibilité. d'expHquer tout le fflerveir
leux de la Bible naturellement. 11 ssrréu
au récit de la chute d'Adam et aux prcmiei^
chapitres de saint Matthieu; mais P3'i!ii
continua ses travaux, et l'on se mit, ap»^
lui» à naturaliser à qui mieux mieui'^
prophètes et les évangélistes. Bauer 8t»il>
qua le mythe à tout l'Ancien TeslaïueDUî'
il embrassa bientôt avec Sieffert le NôUT^ai
tout entier. L'Ancien Testament esIdenitû'T
cependant le champ principal des inva^iu'*
du mythe et du naturalisme. Bohlen i^
distingué par l'acrimonie et Veia^én'^
de la critiauo qu'il en a faîte. A quoi a^
duitdonc l'œuvre de Strauss? Ilaré^i:-^
les travaux du naturalisme anglican. *
déisme railleur de France et du ralional'^-'
allemand; iiles a condensés et.fonJui'*
uns dans les autres, et cela, pour leurar'*'
cher à tous la môme conclusion cootr* •
valeur historique des évangiles. Ea u^^'-
temps que la ùiauie du mvtue et du wi*^^**
îm
BAT
IMCTIONNAIRK APOLOGETIQL'E.
RAT
1130
lisnie eovahil lODt le dirislianisme que Lu-
ther aTait concentré dans une lettre morte,
le ralionalisme s'attache à constituer une
doctrine religieuse indépendante des for*
luules reçues de toute révélation, pur déisme
Taporeux, à formes élastiques et à contours
indéfinis. Parmi les artisans de celte œuvre
courelle, on cite : f joffért, Rohr, Wesgschci-
'i«.r. Il ne reste des anciennes croyances
r^a'uoe terminologie chrétienne, vide de
>eii5, mais bonne à sauver les apparences
*:euui le public. On fait alors de la religion
srec le sentiment moral , comme Campe et
Schleiermacher, comme en avaient fait Rous-
i^au, et, plus tard. Benjamin Constant.
D'autres ont trouvé dans lart une symboli-
>:ne suflisante; tels que Goethe, et, parmi
iiuus, la foule des |iartisans du sentimenta*
ïisme religicui, les artistes , pour nui le
'Lri<tiauisme est tout entier dans le sublime
••mliolisme de ses cathédrales et de son
allé. Au milieu de tout cela, le lulbéra-
n$roe a conservé quelques représentants,
Qtre antres, RIosptok de Hippel et surtout
laruis de KicI qui a fait en sa faveur une
vrolution véritable. Pour un certain nom-
r^, le rationalisme a pris la triple forme
: 4xubéistique des systèmes de Fichte, de
Sr.^Uin;; et de Hegel , également issus du
^ éfidcîsme de Rant. J)ans les théories
.^ (philosophie religieuse sorties de» cette
:- «jte, les dogmes chrétiens ont cependant
.ne place, mais comme simples données
rs itosophiques, et encore avec une trans-
•niation telle qu*il n*en demeure réelle-
^eotqae le nom dépouillé de toute accep*
• ^Q traditionnelle, de toute réalité histo-
« fil€) Cesl penr réfwiidre à lenles les attaques
: b ^ilosophîe allein;«mle , qu'Hermès, qoi 8*e«t
€ aoe célébrilé si triate et si oragcme dans ces
ratera lenps, a coapoaé son inirodoction i la
Mrif «e dirélienoe caUioliqne. Le but de cet éci î-
in tu assurémenl bon et fouable ; mais, hieti loin
raueÎBfîre, il a dirigé contre la foi qu*il cber-
i'( à défendre, les p'us rades coups du rationa-
me. M éeonleot des démonsuaiioas nça^ jusqu^à
. <ie la diTÎniié du chrislianisoie, il voulut Tas-
xr ff«r dts bases nouvelles, se plaça dans un
•K abftolay entreprit de le vaincre par les seules
Tn de ta pensée, et cbereba un principe de oo-
-fi<UB sur lequel il pût élever successivement la
lie simple et b vérilé catbolique, de nianiére i
neair i ce dilemme : c On il ii*y a pas de vérité,
b Térilé, c*est le eatkiollcisme. » Ce dilemme, les
Mf^stes Fooi toujours posé, et ils le poseront
jomàr% ; niais eux ne cbercbent pas la certitude
tt les esirailles mêmes du doute. L'encbatnement
'r-«rii/és par lequel ib vont des premia s principes
i^ raiaoD bunuioe su caiholicisme, est un Ûen
x\v(Be de propositions qui tiennent rigoureuse*
m 1rs aaes aux autres, mais non un lien de syn-
^< rif ottreuse dont nn principe général engendre,
▼fHe de oéce>siié niétaph\sique, Umtes les prt:u-
et lootcs les vérités de là religion. Les proplié-
» « 1 1rs miracles, qui sont les fondements princi-
Il de la divinité du cbristtanisme, et les mystères
occupent le sommet de la chaîne des véniës
'I embrasse, rendent à eux seuls une synthèse
iblabie essentielleinent impossible. Mëcouteot du
'C'Tdt reçu» Hernies, an livu d^une certitude véri-
^ dont il nie rexistence (et qoi c-jnsis'craii
DfCtl05?(AlRE ArOLOGÉTlQCE. II.
riqne. Tel est actuellement, en substance,
renseignement religieux des chaires de théo-
logie, en Allemagne, yrai gnosticisme, es-
sentiellement empreigne de panthéisme et
qui appelle tout a la formation de la Traie
crojancet moins racceplation d'un enseigne-
ment révélé quelcou'iue (i216j. Exceptons
la faible minorité de quelques professeurs,
d*ailleurs rationalistes, ^ar exemple, Néan-
der et Hengtensbei^, qui conservent, partie
officiellem:'nt, partie peut-être par convic-
tion, quelques débris du vieux luthéra-
nisme, et cherchent à réiaMir Tautorité des
saints livres qui en sont le seul fondement
ini.
Mjtbisme.
On ne peut dire que la manie du mythe
soit entièrement nouvelle en France. L'exa-
Sération du sens figuré dont on est obligé
'accuser plusieurs théologiens, n*est pas
sans affinité avec ces écarts de la moderne
exégèse. Tout en admettant le sens littéral
des texies et la réalité historique des faits
de la Bible ou de FUistoire érangélique, la
foule des théologiens et des interprèles du
moyen ige s'est attachée à y trouver un
sens figure. Cette tendance avait pour prin-
cipe un sentiment de piété assurément
très-louahle ; mais il r avait de la témérité
dans Tapplication. Pascal, dans ses pensées,
se ressent de cet excès de figurisme. Or,
après ivoir exa^^ér^a^nsi le symbolisme, il
n'y avait qu'un pas à faire pour le substi-
tuer à la hâilité, pour abîmer la réalité dans
la figure. On ne se rappelait pas assez que
d*après lui, non-aenlcment à voir qu'une chose est,
mais encore i apercevoir la raison de ce qu'elle est
et rimpossilnlité qu'elle soit autrement) • ne nous
donne qu*uue certitude qnlt appdle pratique, fon-
dée sur bi nécesMté morale oô est la volonté d'à*
dfaérer à certaines Térités. Cest sur ce foodemeni,
bien plus instioctif que rationnel, qu*ll pose tout
l'édifice des connaissances humaines et, nflérieure-
ment. sa déoionstrat-on caiho'î fn>^. Admirat-ur en-
thousiaste de KanI, il en a corn bai tu le système et
n*en a cependant, on réalité, que modifié les ftirmes.
Voir sur Thislorique de la doctrine d'flermcs , Àn^
nu/es de pkiL ekréi., t. XVII, p. 85, etc., et, pour
Texposé et la réfut. de cette doctrine, Perxoiie, lome
IX, De loeis ikeoL^ p. 3; De aitalogia ratiamh et
fûUu P* ^^9, «'te.
(*ll7) Hengtensberg fait remarquer que les ratio-
nalistes qui nient Pauthenticité du Pentateuqne^
n*out pour eux aucun historien d*un mérite supé-
rieur, et cela tient* dit-il, i ce que, dans iVxamen
de celle question, eAt-il, comme le théologien ra-
tionaliste, des i .ées théologiques avec le^suell^^ il
désir rail faire calrcr un écTL-, Thsiorien n*est pas
dominé par ces idées, au point de blesser sa con^*
cience historique. Voir Ànn, de ph. ck.^ nov. 1845.
p. 358. — Nous avons puisé pfindpalemeut cette
esquisse sur le rationalisme allemand dans un ou-
vrage de M. Arnaud Saint*;s sur cette roatiè: e. Ra-
tionaliste lui-même, cet auteur nous a sembl'^ joindras
k i*es coDBaissances étendues un laknt vé.iiaule de
critique. Le précieux recueil des Annalet de pkilMO'
pkie ekréiiemme nous :» ég:*lemeiit beaucoup Sf'f^i.
(Voir entre autres aitic^es, u* 104, )8 févmr 1859,
I. Wni, p. 45.)
36
1151
RAT
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RAT
lia
si Tesprit doit vivifier la lettrei il peut la
tuer en Tabsorbant (1218.)
Dupuis, comme on sait, avait poussé Tab-
surdilié du mylhisme jusqu*à prétendre que
Noire-Seigneur et les apfttres n'étaient que
le soleil et les douze signes du zodiaque an-
thropomorphisés. Un homme d*espril de nos
jours a fait justice de cet outrage au sens
commun, en montrant que Napoléon et son
histoire n'étaient aussi que le soleil et le
tableau du ciel personnifiés (1219). Le mythe
ne s'est réellement naturalisé chez nous qu'à
la suite du panthéisme, dont il est la consé-
quence. L'un et l'autre jouissent depuis long-
temps, en Allemagne, d'un crédit illimité.
Nous les avons reçus de nos voisins, et c'est
M. Cousin, lé principal représentant de notre
Ïhilosophie actuelle, qui, après s'être nourri,
Berlin, de ces doctrines, les a importées
parmi nous.
.. Maintenant, si l'on veut savoir ce que c'est
qu'un mythe, nous répondrons que la science
moderne n'a pas encore pu en donner une
défmition exacte et généralement admise.
Les idées qu'émettent iàndessus les partisans
du système mythique sont loin (Tétre les
mêmes. En etaminant toutefois avec atten-
tion leurs opinions diverses, on reconnaît
qu'ils appellent mythe certains récits qui,
vrais d'abord, quant au fond des choses, ne
nous sont parvenus qu'avec une enveloppe
et un entourage de circonstances imaginées,
de telle sorte que la réalité primitive s'est
mêlée à l'idéal, si elle n'a pas été absorbée
en lui%
On distingue plusieurs espèces de mythes :
leshistoriques, les philosophiques, les mixtes
et les poétiques.
1° Le fond du mythe historique est tou-
jours un événement qui a laissé une im-
pression plus ou moins profonde sur l'es-
prit des contemporains, et généralement
on en rapporte 1 existence aux temps qui
ont précédé la connaissance de l'Ecriture.
Que l'on se représente donc les premiers
hommes jaloux de raconter à leur postérité
ces événements dont ils ont été frappés, et
dans lesquels ils ont joué un rôle quelcon-
que. Leur imagination exubérante de sève
a dû les porter à donner aux moindres cir-
constances du poids et de l'intérêt. Ajoutons
à cela un penchant naturel pour le merveil-
leux, et Ton comprendra que, sous cette
double influence, les faits et les personnages
ont dû prendre des formes exagérées.
9:* A côté des faits historiques se présen-
tent d'autres faits de Tordre physique ou
même moral. Quel est, a-t-on dû se deman-
der, l'auteur de l'univers.,.? L'homme lui-
même, d'où vient-il ? Pourquoi tant de bou-
leversements dans la nature, tant de douleurs
dans l'humanité? Pour trouver une solution
à ces t»roblèmes, les sages, éloignés des
vraies traditions, s'abandonnèrent aux spé-
oulatioos de leur esprit, et rattachèrent tel
(i2iS) Ym Bergier, Dlct, théoL, art. Figurée,
Figurisme,
(1219) Voy. MVTHISME.
effet h telle cause qu'ils croyaient tire It
véritable ; mais leur tAche ne se bornait |ias
là : une solution donnée, il follait la com.
muniquer à la multitude. Or, à cette émiqac
surtout,. la multitude était incapable de sai*
sir des notions abstraites; pour les faire
pénétrer dans son intelligence, il fut donc
nécessaire de les présenter sous une bm
historique : de là le mythe philosophique.
Ainsi, tandis que celui-ci a |)Our l)ase une
idée, un raisonnement sur un fait du mÀ
physique ou moral, le myUie historique
s'incorpore à un fait réel et empraoté \
l'histoire.
3* Souvent la tradition a confondu soos
une même envelop|>e Tidée et le fait qui.
pris séparément, ont donné lieu à deoi
classes distinctes de mythes. Ce mélange i
f produit les mythes mixtes ou bistoricofu-
osophiques.
k^ Viennent enfin les mythes poétiaoes:
ce sont tantôt des récits embellis, tantitdes
opinions ou des maximes arrangées!! h n»-
mère des poètes. On peut se former ooeid^
de cette espèce de travail, en étudiaoldios
Virgile la doctrine de Platon sur lime-
tempsycose (1220.)
Nous allons emprunter à M. CaurifUr»':
résumé de la réfutation que lalinate
du mythisme appliqué à TAncien TesUMl
(1221.)
1- Les premiers chrétiens, élevés dans lî
paganisme, familiarisés avec les mjiliolojit.
égyptiennes, grecques, romaines, etc., loin
d avoir reconnu des mythes dans la Bible,
n'y ont vu qu'une histoire; ils n'auraifiu
pas été convertis par des mythes, s'ils y fu
avaient trouvé; et, s'ils n'y en ont pi*
trouvé, comment ose-t-on les y cbercb:
après dix-huit siècles ?
2** Les annales des Hébreux ne siiDposrQt
pas, comme celles des autres peuples, ce:
temps obscurs ou incertains qui durcQlpr*
céder Tapparition des mythes.
3* La connaissance d'un Dieu créaler.
conservée pure et sans mélange d'errai
chez les Juifs seulement, ne peut venir qd>
d'une révélation divine ; elle n'a i^^s ^
source dans le polythéisme.
4' Dans l'Ancien Testament, les prodites
sont plus rares à mesure qu'on reiflonlevtfi
les temps primitifs; ils sont plus nombrtJûii
selon qu'on se raj»proche davantage des leiup
modernes ; le contraire a lieu chez lesaoW
peuples.
5" La nature des traditions bibliques ««*
les préserver de toute altération ju*]""*
temps où elles furent réunies par Mohp.
Ajoutons quelques autres obsertaln'C^
!• Chaque hvpothèse qui surgil dans «^
université afiemande, est donnée som
pour une vérité acquise à la science. (^'
ne provient pas d'un manque de savoir a*
les auteurs de ces hypothèses, quoique «*
pendant on soit trop jiorté pamn o^uî
(1220) Enéide, liv. vi, 703. ^ ..
(1221) Ann. de phiL cAr., 5' série, t IV, p. *»*
s 133
KEJO
DltTlONNAUlE APOLOGETIQI^E.
REG
f1?l
exa^^érer leor mépite scicnliGque ; la cause
en est dans la manie de tout (aire plier
.à uue Ihéorie a priori y et d'improviser
^u besoia ja5(fu*à des foits pour la justi-
tier
2* Ce n'est pas à démonter pièce è pièce
rédubuilage 4e difficultés que soulèvent
chaque jour les eiégèles d'Outr^Rhifl, qu'un
eoDlroTersisle français doit s'attacher; il
s'enfoncerait dans des voies ténéljreuses où
personne ne lui ferait escorte. 11 a à sur-
veiller cl k pren<lre en flamant délit de col-
(lortage les propac;ateurs français de l'incré-
dulité germanique, et il suffit pour cela de
quelque vigilance et d'une tiabileté médio-
rrc, d'autant plus que ce qu'uti rationaliste
affirme un jour est nié par un autre le len-
demain, et qu'en Allemagne même, la cause
de nos saints livres est noblement vengée
des attaques qu'elle a à y subir. 11 serait dif-
ûriJe d'ailleurs au plus studieux admirateur
ces rationalistes prussiens ou saxons, de ci-
ter dans leurs œuvres quelques difficultés
sérieuses auxquelles nos apologistes n'aient
déjà répondu.
RATIONALISME, ses objections contre
Tordre surnaturel réfutées. Voy. Sursatc-
•iUsvB. — Ses aberrations en matière de
ftli2M>nf réfutées. roj(. SuRXATrnAUSiftB, {IL
-Ses objections contre la prophétie et le
«rrement; réfutation. Voy. Subhatcra-
u»«E, I V et VI. — Jies objections contre la
féviMaUon divine par la parole. Voy. P»o-
inrnE. —Sa théorie sur l'origine de la
f»^n<ée et de la parole. Yoy. Psychologie,
f % 111.
RATIONALISTES, lausseté de leur mé-
.boJe nour rechercher l'origine des idées et
ies crôjances. Voy. Acroamatiqub.
REGENERATION dans l'humanité; pour-
fooi est-ce une œuvre progressive? Voy.
'flUT, i II.
REGLE DE FOI. — Jésus-Christ a mani-
?^{emeffit transféré son autorité è ses apA-
•«*s : Comme mon Pire ma envoyé^ y vous
^roie (Joan. xx, 21), leur dit-il. Et ailleurs :
*êâi tous écoute^ m'écoute j et qui vous méprise^
^ mépriêe; el qui me méprise méprise celui
Ai m'a envoyé. {Luc. x, IG.) Nul doute que
"S a{>ôtres ne connussent bien et ne com-
^s^eii t parfaitement que le Christ avait reçu
c Dieu l'autorité et le pouvoir d'enseigner
i 4fe faire recevoir sa doctrine; pouvoir qui
'^it ^« sanction non-seulement dans la dé-
amion de son Père, mais encore dans sa
''^lire nature; etainsi, quand nous le voyons
•- éfaLtlîr ses représentants sur la terre, et
f ifier entre leurs mains le dépAt de toute
» mérités célesl»!S; auand nous les voyons
m -ni^raes envoyés dans les mêmes termes
VM m- prêcher et instruire, nous ne pouvons
c? penser qpi'ils ont dû se sentir investis
«Jlroit d'enseigner, de décider et d'ei-iger
r^^nimage de la raison individuelle de
4>«tiiue i leur enseignement, à cause de la
\«^riorité et de l'autorité dont Dieu les
■^4 rerèlus.
il
II n*eiHte ancaoe preeve que r£iTit«reaU senide règle
de loi au ieiDM des apôU-es. — Dans les lein|H aposto-
liques, la seule règle de foi éUit Taulorilé infaUtibie
de rfigûse eoseignanle. — Conduite des apàîres rela-
Uveneiil ayi nouveauii cooverUs.
Comment donc les apôtres ont-ils procédé?
Sur quel principe ont-ils réglé leur ensei-
gnement? D*abord, nous ne voyons oas qu*eii
aucune occasion ils aient parlé de la néces-
sité de rexamcn individuel des doctrines du
christianisme ; nous voyons qu'ils ont cher-
ché à simpliUer autant que ])OssiMe leurs
arguments, qu'ils les ont réduits à un seul
rnnt, qui est le témoignage rendu par eux
quelque preuve principale de leur vérité.
Ainsi, par exemple, ils ont fait rc|)Oser les
doctrines du christianisme sur la vérité tïe
la résurrection du Christ, et nous voyons
qu ils se sont contentés d'attester qu'ils ont
TU eux-mêmes Je Christ après sa résurrec*
tion d*entre les morts. {Act. n, 32; ui, 15;
T, 30, 32; xiu, 30; xvu, 31, etc.)
El quoique l'on puisse dire que les mira-
cies qu'ils opéraient furent les motifs qui
portèrent les peuples à croire à leur témoi-
gnage, il n'en est pas moins vrai que las
bases de leur croyame étaient en réalité
l'autorité, dont i<!s prouvaient par des mira-
cles qu'ils étaient investis pour enseigner.
Quoique sans doute un grand nombre des
f)remiers fidèles aient été attirés à croire à
a prédication des apôtres, en vertu des mi-
racles qu'ils opéraient, il est certain néan-
moins que leur foi n'avait pas pour fonde-
ment leurs miracles, mais la vérité tles
doctrines qui leur étaient proposées jpar le
christianisme. Après que ces motifs le^
avaient conduits à l'embrasser, ils durent
y trouver une assurance certaine de la vé-
rité de toutes les doctrines qui devaient leur
être enseignées. Par cela même que les
preuves du christianisme étaient placées et
reçues dans un point aussi simple que la
démonstration du fait de la résurrection, il
est évident qu'il existait en elles un prin-
cipe qui assurait l'assentiment des convertis
à tout ce qui leur devait être enseigné. Ce
principe ne pouvait être autre qu'une fui
explicite à l'enseignement des prédicateurs
do la religion, eu d'autres termes, le prin-
cipe catholique d'une autorité infaillible en
matière d'enseignement.
Nous ne voyons pas, en secoua iieu, que
dans leurs prédications ils aient insinué le
moins du monde qu'il y eût un livre que
tous les chrétiens doivent étudier et exami-«
ner pour en faire la base de leur foi. Nous
les entendons en appeler à l'Ancien Testai
ment toutes les fois qu'ils s'adressaient au
peuple Juif, |)arce qu'il y a dans ce livre des
vérités clairement admises par les Juifs, et
qui ont une liaison nécessaire avec l'Evan-
gile, où elles trouvent leur complément, de
sorte qu'elles servent facilement de guide et
d'introduction à la démonstration du chris-
tianisme; mais nulle part nous ne trouvons
le moindre indice nue le récit de la vie de
notre Sauveur, ou les doctrines qu'ils prè-
cliaiciil, dussent nécessairement être mises
1155
REG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
R*£G
W'À
par écrit et proposées ainsi à l*examen indi-
viduel des fidèles.
An lieu de cela, nous découvrons un autre
fait bien plus important : c*est que partout
où ils allaient ils établissaient des pasteurs
chargés d'instruire les sociétés ou congréga-
tions Qu'ils avaient formées. 11 est on ne
peut plus évident que ces pasteurs étaient
revêtus de puissance et d'autorité comme de
moyens nécessaires pour enseigner et gou-
verner; il leur était recommandé de ne don-
ner lieu à personne de les mépriser à cause
de leur jeunesse; ils étaient autorisés à re-
cevoir des accusations même contre des prê-
tres, et dès lors furent établies les conditions
et les formes à suivre dans les jugements.
(/ Tim. IV, 12; V, 19.) Ces choses, à la vé-
rité, appartiennent principalement à la dis-
cipline, mais elles sont une preuve évidente
que, dès le commencement,- tout le système
de la constitution de l'Eglise s'est trouvé
essentiellement basé sur le priqcipe de l'au-
torité, à la direction de laquelle il était sou-
mis. Ce n'est pas assez; nous voyons les
apôtres entrer dans les détails les plus i\ii-
nutieux dans les instructions adressées par
eux à ces pasteurs et à leurs églises, non
pas, il est vrai, pour les engager à lire la
parole de Dieu dans le Nouveau Testament,
une fois qu'il aurait été écrit (ce qui ne devait
[)as bien tarder); c^r on ne trouve pas même
a moindre insinuation qu'il dût jamais y
avoir de Nouveau Testament écrit, mais [)our
les rendre soigneux à conserver les doctrines
dont le dépôt était confié entre leurs mains.
Saint Paul s'adresse en ces termes à Ti-
mothée, son disciple favori : 0 Timothée^
Î lardez le dépôt qui vous est confié ^ évitant
es profanes nouveautés de paroles et tout ce
qu^oppose une doctrine qui porte faussement
te nom de science^ et quelques-uns qui en font
profession se sont égarés de la fox. il Tim.
VI, 20.) C'est-à-dire sou venez -vous des doc-
trines que je vous ai transmises, et ne souf-
frez pas qu elles soient altérées, même dans
les mots qui les expriment ; ayez soin de
retenir la plus entière justesse d'expression
en enseignant les vérités que je vous ai an-
noncées, de peur qu'elles ne reçoivent la
moindre alleinte de tout ce que peut oppo-
ser une fausse science; en quoi saint Paul
fait allusion aux erreurs des gnostiques, ou
bien aux premières hérésies qui se sont éle-
vées dans l'Eglise. Or, s'il eût pensé que
Jes doctrines de la religion dussent être en-
seignées dans un livre, et que les expressions
de ce livre dussent être le seul texte qui
dût servir de base à la religion , bien plus
s'il eût senti que, dans celte môme Epîlre
qu'il écrivait alors, il écrivait une partie de
ce nouveau code, et que j)ar conséquent il
était en son pouvoir d'empêcher tout dan-
ger do perversion, assurément il ne lui eût
pas été nécessaire d'inculquer avec tant de
zèle le soin de conserver les expressions
mêmes dont il se servait. Observez encore
que ce n'est pas h chaque membre indivi-
duel de TEglise, ni à toute la congrégation
en masse qu'il confie ses doctrines, mais à un
seul homme qu'il avait évidemmi^nlchargéde
la go iverner, comme ayant è n^ndrecûiiipte
à Dieudesâmesdu troupeau ronliéà ses soins
Plus loin il dit encore : Rtitfxti k forint
même des saines instructions que roui axt:
entendues de moi^ touchant la foi tt la ^horiU
qui est en Jésus-Christ. Garin U précim
dépôt qui vous a été confié part EspritSum
qui haoite en nous. [Il rim. i, 13, U.) Voilà
un frappant témoignage, une [ireave évi-
dente de l'inspiration de l'esprit de Diea
dans l'enseignement pratique des pasteon
de l'Eglise, et de l'assistance qui leur est
donnée par noire Sauveur; et la coosé^
quence en est que le disciple et le succe^•
seur immédiat de l'Apôtre est eihorlé ï
conserver exactement la forme oiéme des
termes dans lesquels ses instructions sont
exprimées. Il en est (^ui ont dit qwtkfomt
des termes dont il est ici question se rappor*
tait au Credo ou Symbole des apl^tre^. Mais
d'abord il faudrait en donner des nreiiTef;
ensuite il n'était pas nécessaire, alors pio
3u'aujourd*hui , a en inculquer avec toi
'énergie la conservation à un évèque; rir
plus il était enseigné et plus il m oi^
entre les mains des Gdèles, moins ilTifiii
à craindre qu'il fût perdu ou altéré. Vii
donc le premier pas dans le système de îen-
seignement traditionnel, la prédicalioa ^
la sainte doctrine faite de vive' voii parw
homme envoyé d'abord pour Tannonitr a
un autr6 homme qui est délégué par lai {«ur
continuer son œuvre. Voyons mainieDani
le second anneau de la chaîne. Quelques
versets plus loin l'Apôtre adresse à Timo-
thée cette nouvelle exhortation: Ofu^r^u
appris de moi^ devant plusieur$ tmm.
donnez-le en dépôt à des hommes pdèiti fi
soient eux-mêmes capables d'en ifislrvirt
d^autres {II Tim. ii, 2). Or, ici encore jaiûl
Paul ne dit pas : Conservez cette Epiw
comme une portion de la sainte i^arole ^
Dieu, et donnez en des copias àceuiqcf
vous êtes charjAé d'instruire; c'eût éié'l
assurément le uioyeu le plus sûr de con.^
ver les doctrines qu'il avait enseignées
mais il dit à Timothée de choisir desfaoïD-
mes fidèles et dignes de confiance, et <ie
mettre entre leurs mains le dépôt des dof
trines qu'il avait reçues afiu qu'eux àlwf
tour pussent les transmettre à d*autre^.
N'est-ce pas là évidemment faire de ren»>
gnement oral la méthode qui devait éttf
adoptée et suivie par l'Eglise du Clirisl?
Avant de quitter les Epltres de saint Pf.
è ses discinles favoris, je ne peux ti'^^^
au désir d appeler votre attention sur un »
deux textes qui me semblent unepuis.^*
confirmation de la régie catholique D'al"^
il dit à Timothée : Jai désiré que rotut^
tassiez à Ephèse^ à mon départ pour la J'^'^
doine, afin que vous avertissiez quel^jfi*
personnes de ne pas enseigner unetiocinc»
différente, et de ne point s^atnuser à desfc^
et des généalogies sans ^n, mu* servent i^*'
citer des disputes plutôt quà fonder M^'^
de Dieu dans la foi. (I Tim. iv, 3, h.jAmti
dissentiment n'est aonc permis, rien <!•
UZl
R£G
DICTIONNAIRC ArOLOGETIQUE.
REG
4158
puisse mener kdes disputes et détou roer Tes-
r it (Je la simplicité de ]a foi divine, dont l*é-
iitice doit s'éierer en nous; ci tel étaii le
principal objet que saint Paul avait en vue
lorsqu'il préposa Timotbée au gouverne-
njcQt de rE^lise d*£pbèse. Or, supposez
que ce soit là la mission donnée à tous les
évèques, et que par conséquent Dieu ait
placé entre leurs mains les mojens propres
I la remplir, le simple témoignage de l'ex-
périence ne nous montrera-t-il |ias lequel
jes princi|>es maintenant adoptés a dû être
:elui suivi par Timotbée. Car assurément
expérience a prouvé que si jiour s'acquit-
er de rolilieation dont il était ainsi chaîné
{empêcher les dissentiments, il n'avait pas
ro d^autres princines ni d'autre autorité que
eux admis par les églises même épîscor
^ale^ chez les réformésr ses moyens auraient
te (ristement impuissants à atteindre le t>ut
^rofiosé (1222). Au contraire une observation
a même genre montrera que les évoques de
Eglise catliolique, {.ar leur ensei^nenieui
iH'Jé sur Tautorîté, sont réellement en éUi t de
onserver l'unité entre les tidëlcs confiés à
jrs soins. £n vain les premiers voudraienl-
.9 rerommander à leur clergé ou à leurs ou-
: i'C« rfe ne point enseigner une doctrine diffé'-
'(Hi^ ou d'éviter les sujets ftci iif servent fuà
îcuer des disputes ; tandis que les derniers
Qt fassuranc^e que leur mission est à l'abri
j 'Liri^^er, et la remplissent sans trouble et
ins discussion. Ainsi nous pouvons conjec-
irer d'une manière plausible quelle était la
'^Ic f.rcscrite à Timotbée.
ïjan:^ i'EpIlre à Tito le langage de saint
b'jlest encore plus remarquable : Fuyez j
t-il, celm qui est hérétique^ après Vatoir
pris une et deux fois; sachant que quicon-
\e est en cet état est perverti^ et qutl pèche
fnt condamné par son propre jugements
{/. I, 10, 11.] Je n'insisterai pas sur la nre-
ère f j&rtie de ce texte, pour justifier par là la
niuite de l'Eglise catholique à l'égard de
il qui débitent des erreurs et corrompent
pureté de la foi par des innovations dans
ioctrine ; les arguments que l'on peut tirer
la sévérité de ce commandement, contre
changements de doctrine, jo les aban-
nne à tos réflexions. C'est la dernière
*tjc du texte qui rce parait de ia plus
truie im|)ortance. Saint Paul, dans ces
»ps primitifs, où c'e^t à peine s'il se
uvail quelqu'un qui eût pu naître ou
*z élevé dans l'hérésie ou l'erreur, en-
■ 1 nécessairement par le mot hérétique
Uofiimc qui, après avoir professé la veri-
\^ religion, y renonce pour embrasser
> opinions nouvelles, sans pour cela re-
>4#er kXs^ïïs Tidolâlrie ; car alors il eût dit
^^^posiat et non un hérétique. Or, rA|)â-
^^iid'un (cl homme qu'i7 pèche évidcm-
^v i, étant condanmé 'pur son propre juge^
*t. Uais si de nos jours quelqu un passe
"<^ coruuiunion prolestante dans une au-
^=^^) L.'-s dissensions qui oui éclaté d*une mi-
'^ ^i fHigr|ale devant li^ public dans la »ecie des
^*câ isies Wesk'Ycns, Tou. niraicul raaiicrc â d'io-
Ire, bien loin alors de juger cette action
criminelle ou portant nécessairement en
elle-même sa propre condamnation, on pense
qu'il peut être et qu*il est en effet générale-
ment/uilî/!^ par son propre jugement: car
c'est son jugement qui lui sert et qui lui
doit servir de guide en matière de religion ;
d'OÙ par conséquent le principe du protes-
tantisme se trouve en opposition totale avec
la doctrine imposante de l'Apôtre. L'Apôtre
en effet suppose l'existence d'un principe
intérieur oui condamne nécessairement, au
jugement de sa propre conscience, l'homme
qui abandonne la vérité. Mais ce doit être
nécessairement un principe qui vous donne
une pleine assurance que vous possédez la
vérité; un principe qui vous convainque
3 ne toutes vos croyances sont exemptes
'erreur ; car il n'y a qu'un principe de ce
genre dont l'abandon puisse vous forcer à
vous reconnaître coupable en changeant de
religion. La doctrine de saint Paul à cet
égard est précisément celle de l'Eglise ca-
tholique : excepté le cas d'ignorance invo-
lontaire , aucun catholique qui possède en
lui-même les principes et la règle de foi, an
moyen desquels il est uni è son Eglise,
ne neut blesser, en se rendant coupable
d'berésie, aucune de ses doctrines, sans
que son propre jugement ne le condamne
comme violateur de ces principes fon-
damentaux et ne le convainque d'un crime
énorme.
Des instructions données par l'Apôtre des
gentils aux f»asteurs qu'il avait préposés au
gouvernement de ses Eglises naissantes ,
I tassons aux exhortations qu'il a4lresse à ces
s^lises. Voici en quels termes, il écrit aux
Thessaloniciens : Cesl pourquoi^ mes frères^
demeurez fermes^ et conservez les traditions
que vous avez apprises soit par nos paroles,
soit par notre lettre. (Il Thess. ii, 14). Ici
'encore nous voyons deux es|)èces de doc-
trines, les unes écrites, les autres non écri-
tes, et toutes les deux sont mises au même
rang, de sorte qu'elles doivent être les unes
et les autres reçues avec le même respect
par l'Eglise et être transmises aux succes-
seurs des apôtres. En lisant ces témoignages,
en voyant le principe d'un enseignement
oral ainsi recommandé avec autorité, et
voyant aussi en même temps le silence al)-
solu qui est gardé sur tout ce qui pourrait
avoir l'air d'insinuer qu'il dût y avoir un
ccmIc de doctrine chrétienne publié par écrit
et substitué à cet enseignement oral, peut-
on rester un moment indécis sur la méthode
suivie par les apôtres, et les bases au'ils
donnaient pour fondement à leur Eglise?
Ne devons-nous |»8S conclure qu'il leur
avait été communiqué une autorité pour
enseigner, la* juclle autorité ils ont transmise
à leurs successeurs avec un corps de doc-
trines non écrites, en sorte que ce qu'ils ont
écrit depuis n*a été qu'une rédaction laile
léiessan-es réflexions sur b nécessité d*une règle eS
d'une autorité co religion.
If39
REG
DICTIONNAIRE APOLOGGTIQCIE.
REC
M
«tons le bat de fixer d*ane manière stable
vnepartîedesdoctrines dont TEglIseétait déjà
en possession, et d'en conserver lesourenirT
Mais pénétrons on peu pins arant dans
eette considération. J'ai dit que nons n'aper-
cerions dans le Nouveau Testament ni insi-
nufftion, ni indication qui pût faire croire
que le code de la doctrine chrétienne dût
être un code écrit : nousTOjons, au con-
traire, les apôtres prêcher l'Evangile, ensei-
gner les vérités do christianisme a un ^and
nombre de nations étrangères, et, suivant
l'histoire ecclésiastique, non-seulement dans
foule l'Eu rope, maïs jusqu'aux extrémités les
plus reculées de TOrient. Saint Thomas, par
exemple, a prêché, dil-on, dans la péninsule
de l'Inde; saint Barthélémy porta la foi dans
des régions de la Scylhie: saint Thaddée,en
Blésopotamie, et d'autres apôtres, dans l'in-
térieur de l'Afrique.
Il doit être intéressant de connaître le
principe que les apôtres ont suivi dans la
conversion et rinstruclion de ces nations
lointaines. Nul doute qu'ils n'aient basé leurs
doctrines sur la vraie règle de foi, et pris
les moyens nécessaires pour les enseigner
comme il faut et assurer leur conservation
dans leurs Eglises respectives. L'Ecriture,
la parole de Dieu écrite, était-elle dcmc cette
règle, cette base, ce gage de sécurité? S*il en
était ainsi, nous devrions assurément trouver
des traductions de ce livre sacré dans les
différentes langues parlées par ces nations.
Dans quelques-unes d'entre elles, la langue
indienne, par exemple, il existe encore des
ouvrages écrits avant la venue de Notre-
Sauveur; or, est-il croyable que le premier
soin des apôtres n'eût pas été de traduire les
Ecritures dans ces langues, eux surtout qui
avaient reçu le don des langues, et qui pou-
vaient accomplir cette tâche sans difficulté
comme sans erreur? Si présenter la Bible à
tous les hommes et à chaque individu en
particulier est le premier pas vers le chris-
tianisme, et son principe le plus vital; si le
fondement de la foi est l'examen personnel
de chacun des articles du Symbole, nul
doute que l'unique moyen d'assurer ces
conditions n'aurait pas été négligé. Cepen-
dant les seules versions du Nouveau Testa-
h\eni qui nous soient parvenues sont : une
version latine en usage dans TOccident ,
appelée Fti/gaie, et la version syriaque (12231
Or, nous ne connaissons pas Tori^ine de la
Vulgate latine. Il est probable qu'elle a. été
faite dans le premier ou le second siècle;
mais nous avons les plus fortes raisons de
croire que durant les deux premiers siècles
elle demeura exclusivement renfermée dans
les bornes de l'Afrique (122il^) : en sorte aue
l'Italie, les Gaules et TEspagne, pays où 1 on
parlait le latin, ne faisaient point usage de
l'Ecriture, sinon du texte original grec du
Nouveau Testament, et de la version grecque
' (1293) Je ne parle pas de fa version coplile on
Ipli clique, comme élant moins imp4irlante el proba-
tCemenl moins ancieime qne les deux aalres.
de l'Ancien. Pas un texte, dans ta bngne
vulgaire, que le pauvre pût entendre^ («s
nn texte qne la grande masse des CbrétjeDs
fût à portée de lire. l>e même, )a rer^ion
syriaque n'était connue que d'une très-peine
portion des pays conquis à la foi [wp les
apôtres; et même nous n'avons aucone
preuve de son existence avant le m* siècle:
de sorte que deux siècles se sont penl-èlre
écoulés sans que la Hible on même le N(vq-
veau Testament aient été placés entre les
mains des chrétiens de l'Orient.
Mais que dirons-nous de rAngfetcrre,qnl
était en quelque sorte séparée du reste tii
monde? On nous dit que dès le commence-
ment TEglise de ce pays, loin d'être m»
communion avec le siège de Rome, n\n
voulait rien recevoir; qu'elle se tint loo-
jours dans une courageuse déSance el tJdD>
une opposition directe k ses ordres; qui
TEglise britannique était apostolique, jvr^
et fibre de toutes les erreurs et de tont($)e^
corruptions que les derniers temps iv»>Rt
introduites dans l'Eglise de Rome. M (f^Ar
avait-elle puisé cette connaissanceiitj pores
doctrines du christianisme? Il n'yiiâu»!?
de version des Ecritures en langue l»revaw,
rien qu'il fût possible au peuple de Im
d'où nous devons conclure que toutes re^
pures doctrines que l'on suppose anvr
existé dans la primitive Eglise de cetle ir
doivent avoir été transmises par la tnuliium.
Or, cette circonstance n'exclut-elle p«s Hlw
de considérer les Ecritures comme le seà
fondement sur lequel les apôtres oot biu
l'Eglise?
^..Avant de quitter l'éjwque qui nousoccopp.
voyons en quels termes un des plus anriea*
Pères de l'Eglise vient à lappui de re q-ue
j'ai dit. Je parie de saint Irénée, rillu5i.\
évoque et martyr de Lyon , qui vécut lîir?
le iir siècle. Parlant de la nécessité ou «Je i
non nécessité de la Bible comme rèJe^/
foi, il s'exprime ainsi : Si les apôtres ne nt'^s
eussent rien laissé d'écrit^n^rassions-ftoutr'^
dû en ce cas suivre la règle de doclrinij^il^
ont donnée à ceux auxquels ils ont confié imJt
Eglises? Bien des nattons barbares, qui^ pri-
vées du secours des lettres^ ont les paroiet d»
salut écrites dans leurs coturs, et coniennt
avec beaucoup de soin la doctrine qui Uf^^f
été enseignée^ se soumettent à cette trf^
lAdv. hœres. lib, m, cap. 4, p. 205). Ain^i.
même au iir siècle, d après cette aulor.
vénérable, il y avait beaucoup d'Eglises (Tj»
croyaient toutes les doctrines des apôrriS
sans que la parole de Dieu leur eût jairs^
été présentée sous une forme écrite qu'ts
pussent lire et comprendre.
Nous ne devons pas terminer celte f^r:'»
de notre sujet sans examiner an raoiï>«?3i
quel peut avoir été le principe suivi |«*r ..*
apôtres lorsqu'ils recevaient les conr<?rli-
dans la religion du Christ. Il est parié, d»D^
i\±U) Voyez deux !• Urc» par nne p»rUe * i
controverse icUlive à la I" fc>î/wde »iol J^^*^
▼, 7, par Mgr Wisemaw ; Rome, 1855. Ml. ., ^^
45, 66.
It«l
REG
DSCnœWAIRE ÂPOliOGETIQUB.
REG
i:h
le lÎTre des Actes ^ de trois, puis do cinq
mille personnes conTcrties en on seal jour,
et admises dans le sein de l'Eglise par le
Itaptéme. (Aci.^ n, (1; iv, (.) Ce fait peut-il
nous permettre de penser qu'elles fussent
toaies instruites en détail des mystères de la
religimi? Par le baptême, on entrait en par-
faite communion arec les fidèles : telle était
ridée qu on arait de ce sacrement. Peut -on
conclure de là que tous ceux que les apôtres
l»aprisaient à la fois eussent le temps de se
livrer à un examen minutienx de toutes les
doctrines proposées à leur acceptation? Les
fvaroles mêmes de l'Ecriture combattent cette
supposition, puisqu'elle présente ces conver-
gions comme a^ant été subites. Mais il dut y
•roir un principe général, une rèçle fonda-
mentale en vertu de laquelle ils étaient-reçus
dans le christianisme, et qui emportait de
leur part, une fois Qu'ils en auraient été
•Qsiruits, Tadoption ae toutes les doctrines
i^'ui leur seraient enseignées par ceux qui
les avaient convertis. On dut exiger d'eux
une profession de foi générale et complète,
*n gage de leur adhésion subséquente à
t'>iites les doctrines qui leur seraient propo-
>^s. Sans cela, ce n aurait été qu'une pro-
Uoation du rite sacré et du sacrement du
l4[4ême, que d'admettre de nouveaux mem-
ires dans le sein de l'Eglise chrétienne,
t<*nt en leur laissant la liberté de s'en retirer,
s*ils ne pouvaient se convaincre de la vérité
-ie chacune des doctrines qu'elle professe.
«>r, imaginez tout ce qu'il vous plaira, faites
i'>utes les hypothèses que vous voudrez,
^ous ne donnerez point de solution entière-
ment satisfaisante, à moins de supposer une
f'ii implicite dans l'enseignement des pas-
leurs de l'Eglise (1225), ce qui, en matière
*iv religion, éauivaut a une véritable foi à
Tkifaillibflité de l'autorité ensei^ante : d'où
TOUS devez conclure que c'était une chose
convenue, qu'ils devaient adopter volontiers
toutes les doctrines qui leur seraient propo-
sées dans la suite par ceux qui étaient char-
gés de les instruire. Et ne voyons-nous pas,
en effet, qu'il en a été ainsi dans la pratique?
Car, lorsque dans la suite les apôtres firent
des décrets et publièrent des lois touchant
la pratique de 1 Eglise, lorsqu'ils en vinrent
h porter des décisions en matière de dogme
et de disf'ipline, tous les fidèles se soumirent
à ces décrets; tons les fidèles les révérèrent
non-seulement comme des maîtres, mais
encore comme des supérieurs à l'autorité
desquels ils étaient obligés de se soumettre.
Cette manière d'admettre. les nouveaux con-
vertis dans l'Eglise explique tout d*abord la
diflicnlté, et montre le principe d'après le-
quel on agissait dans ces premiers temps.
Ils étaient reçus, non parce qu'ils avaient
lait nn examen minutieux et individuel des
dootriaes du christianisme, mais bien parce
ff 335) CeUe méthode a été saivie DOD-sealemeol
^^ ^cft apéiret envoyés de INeo, mais eocore ég^e-
^ 1 par œvx qai ont reço d'eux leor mission, et
^ ^M participent pas ani sablimes prérogatives ei
^^^ po«voîrs particutiert de Tapostolal; lel fut Pbî-
qu'ils donnaient des marques et des assu-
rances satislaisantes de leur disposition à les
embrasser, et que, convaincus de la recti-
tude de leur première démarche, la croyance
h l'antorité dont les apAtres étaient investis,
ils étaient dans la volonté et se croyaient
obligés à recevoir implicitement tous les
enseignements qui leur devaient être ensuite
adressés de leur part.
Faisons l'application de ces principes aux
deux règles de foi ; supposons qu'un mis-
sionnaire arrive dans un pays étranger où
le nom du Christ ne soit pas connu, et qu'il
avance, comme règle fondamentale de la
doctrine qu'il se propose d'enseigner, que
tous les hommes sont nécessairement tenus
de lire la Bible, et de s'assurer, chacun par
lui-même, des choses qu'il doit croire. Je no
vous demande pas si, en suivant ce principe,
il est possible de dire, à proprement parler,
que des milliers de personnes aient été
converties en un seul jour; mais si, supposé
qu'il fût bien convaincu de ce principe et
lenseiçnAt aux autres, ce missionnaire
|K)urrait dans un seul jour admettre par le
rite sacramentel du baptême ces milliers de
personnes dans la religion du Christ? Pour-
rait-il se rendre le témoignage d'avoir fait
de vraies conversions, et que ces nouveaux
convertis ne renonceront pas h la foi qu'ils
ont tout à coup embrassée? Je puis assurer
que quiconque est au courant de ce qui se
passe dans les missions modernes sera con-
vaincu qu'il n'y a point d'autres missionnai-
res que ceux de l'Église catholique qui puis-
sent recevoir dans le sein de la relî^^ion des
Grsonnes aussi peu instruites, ou croire à
ir persévérance dans la foi qu'elles ont
reçue. Les missionnaires catholiques peu-
vent le faire aujourd'hui comme on Ta fait
dans tous les temps; car saint François
Xavier^ comme les apôtres, a converti et
baptisé aussi en un même jour des milliers
de personnes qui sont restées fermes et iné-
branlables dans la foi et la loi du Christ. En
effet, on peut ainsi admettre tout à coup
dans la religion catholique tous ceux qui,
renonçant à toute attache h leur propre
jugement individuel, «loptent ce principe,
que tout ce que leur enseignera l'Eglise
catholique sera nécessairement conforme à
la vérité.
Ainsi donc, autant qu'il nous est possible
de connaître la conduite des apKfttres d'aprî^s
l'histoire et leurs propres écrits, nous ne
trouvons pas la plus légère preuve que l'E-
criture , le Nouveau Teslament,dût servîrde
règle de foi ; au contraire, la méthode suivie
par eux suppose nécessairement le principe
catholique d'autorité et d'enseignement in-
faillible dans TEglise de Dieu. Maintenant
nous allons descendre à une é|K>que posté-
rieure, et examiner jusqu'à quel point l'E-
fiupe (Ad. viu, 12). qoî n'étoH qmt diacre. Cette
oliservaiioo est importante : elle montre que cctie
méthode avait ponr base vn sysiéme« et non sim-
plement laconfiaoccâ rinfâllibililé personnelle des
a|iôtre9.
1143
R£G
MCTiOI^iNAlRE AIH>L0GET1QUCL
REG
lia
glise a continué dans sos temps primitifs,
oui ont été ses plus beaux jours, d*agir
u aprèj le même principe. Je ne vais pas,
pour vous é|.ouvantcr, vous apporter 1 au-
torité de la tradition en faveur du système
que j'ai entrepris d'eipllquer et de démon-
trer ;#je ne vais pas citer des autorités à
Tappui de ce que j*ai avancé ; je ne vais
simplement envisager la question que sous
Je point de vue historique, et, supposant
aue ceux qui ont été les successeurs imuié-
iats des apôtres ont naturellement suivi
les méthodes qui leur avaient été prescrites,
et qu*ils ont pris leur manière d enseigner
de ceux mêmes qui les avaient instruits
dans la foi, nous aurons dans leur manière
d'agir, non-seulement la conQrmalion :de
toutes nos assertions, mais encore elle nous
fera faire un pas important dans la question
qui nous occupe; nous y verrons jusqu'à
quel point les méthodes suivies par les
apôtres dépeDdîiic ni île leuis privilèges par-
ticuliers et (Je leur autorité personnelle, ou
bien si elles étaicait le résultat d'un priu*^
npe institué d'une manière permanente
dans ]*£glise ; car» si nous voyons que leurs
successeurs aient exi^é le même hommage
à leur autorité dans renseignement, et que
cet hommage leur ait été volontairement
payé par les fidèles, nous devons assuré-
ment conclure que ce principe était re[jardé
comma une parlie intégrante du christia-
nisme; et que cette hase n'était pas un fon-
dement temporaire appuyé sur le caractère
apostolique, mais un principe vital, néces-
saire à son existence.
Etudions les second et troisième siècles
de l'Eglise, les siècles des martyrs et des
confesseurs ; car alors assurément elle n'é-
tait marquée d'aucune tache ni d'aucune
souillure, et Ton ne peut jeier aucun soup-
çon sur la pureté de sa morale et l'intégrité
de ses doctrines.
Si donc, (liant nos regards sur ces siècles
primitifs, nous examinons, soit la méthode
d'enseignement qui était alors suivie, soit
la croyance généralement répandue relati-
Tement aux bases sur lesquelles l'Ecriture
était alors reçue, soit enfin l'iiiée qu'on
avait de l'autorité de l'Eglise, nous trouve-
rons précisément les mômes idées, précisé-
ment la même méthode.
fil-
La disciplioe de TEglUe à l'égard de ses nouf eaux ood-
verlis, dans les^ premiers siècles, démonU-e la règle
d aulorilé. — Témoignage d'un célèbre docteur protes-
tant.
D'abord, pour commencer parla première
considération, c'est un fait bien avéré que,
pendant les quatre premiers siècles de l'E-
glise, il n'était pas d'usage d'instruire les
nouveaux convertis des doctrines du chris-.
tianisme avant leur baptême, c'est-à-dire,
(piMI y avait une certaine discipline, vul-
gairement connue sous le nom de discipline
du secret, en vertu de laquelle les plus im-
portantes doctrines du christianisme étaient
réservées pour ceux qui avaient reçu le
baptême. Ceux qui se destînaîeni à entrer
dans l'Eglise chrétienne étaient gardés gé-
néralement au moins deux ans dans un (M{
de probation. Durant ce lemps-lè, on leur
permettait d'assister dans l'église à une cer-
taine partie du service divin ; mais lorsque
le moment où allaient s'accomplir les parties
les plus importantes de la liturgie s appro-
chait, ils étaient obligés de se retirer et de
se tenir à l'extérieur ; de cette manière, on
les tenait jusqu'au moment de leur baplémt*
dans l'ignorance des dogmes les plus iti]*
|Kjrtants du christianisme. Il y a, ik la Térii «
quelque dissentiment par rapport à réten lue
donnée à cette réserve ; beaucoup suiif k)s<:di
que les doctrines de la Trinité et de Pk-
carnation leur étaient communiquées avut
le l>aptème; d'autres soutiennent que ces
dogmes eux-mêmes étaient soîgneu&emeot
cachés aux nouveaux convertis jusqu'à lear
entrée dans l'élise par le baptême, de sorte
Î|u*on n'exigeait préalat)lement d>ux qu W
oi implicite au christianisme. Je ne pré-
tends pas dire que ce soit là mon opifliûfl;
mais je vous montrerai bientôt qorfes{
l'opinion de savants théologiens proMin».
Considérons maintenant les rAisofis ^
ont donné lieu à cette discipline. Ou.vuppost
qu'elle avait pour fondement plusieurs fn*-
sagesde l'Ecriture; celui, par exemple, où
notre Sauveur avertit ses apôtres de m pu
jeter des perles devant les pourceauT^ de re
pas communiquer les précieux mystères de
la religion à ceux qui en étaient indices.
On trouîte aussi ;/iusieurs indici-s de ce sys-
tème dans les Epltres de saint Paul, où re(
apôtre parle de quelques doctrines comme
d'une nourriture pour les forts, tandis que
d'autres sont comparées au lait, que lun
peut donner à ceux qui sont encore enfanta
dans la foi. Or, les convertis non enmrs
baptisés, dans le langage de la primitire
K|;;lise, étaient appelés enfants ^^ar comp-
raison aux fidèles adultes et parfails. On orol
donc expédient» et pour ainsi dire nécessaire
de cacher les véritables doctrines du cllri^-
tianisme aux persécuteurs païens, non, h ii
Térité, dans la crainte d'en être traités avec
plus de sévérité, mais bien plutôt pourem*
pêcher que ces mystères ne fussent profanée
et exposés à un indécent mépris ou à une
impudente curiosité.
Tel étant le but qu'il fallait atteindre, sur
quel principe pouvait-on s*appuyer fxmr
mettre le système à exécution? Supposer
pour un moment que le principe de foi sui-
vi parmi les premiers chrétiens fût l'examen
des doctrines proposées par ceux qui leur
étaient donnés pour pasteurs, dans la paroh
de Dieu écrite, et que cet examen dât écr»*
fait par chaque individu en particulier, qui
devait .se lépondre à lui-même qu*it Cf
croyait que ce dont il pouvait trouver 1rs
preuves dans la parole de DitMi; suppo-
sez, dis-je, que ce fût là le priacipe de
la foi, comment le concilier avec le but où
tendait le système? Ce but était demeure
les sacrés mystères à l'abri des dangers aux-
quels ils étaient exi)osés par riflJiscrétiL.n
HI5
REC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REG
1140
Je ceox qoeTon instraisaîl de la reti^pon.
ilais, si nous supposons que le principe
ioolooos Tenons de parler ait élé suivi par
Eglise, on toîI qu'elle s'exposait inutile-
iieot à des risques déplorables. An lieu
loDC de proposer tout d'un coup des doctri-
nes à rexamen des candidats du baptême,
ù les laissant libres d'y renoncer s'ils n'en
llaieDl|i8s satisfaits, nous devons supposer
|u*eile préférait les recevoir d'abord aans sa
ouifflunion, et leur laisser le choix de s'en
étirer; non-seulement cela, mais les mèt-
re méuie dans la nécessité de le faire, si
^QS la suite ils ne pouvaient se couvain-
rede la vérité des doctrines qui leur se-
lient proposées. Ceût été manquer direc*
eaieot le but que l'on avait en vue; car, à
loios d'avoir une assurance certaine qu'a-
fis la réception dn iiaptéme il ne pouvait
in$ ? avoir ni crainte, ni danger, ni pos-
ibiJilé, humaiDeraent parlant, qu'ils reje-
isseot aucune des doctrines qui devaient
.'Qf être communiquées, et par conséquent
u'ijs se sentissent portés à. abjurer le chris-
Ji)isme;è moins, dis-je, qu'une telle assu-
loce pût être, et ne fût en effet exigée, la
t&eipline dont il est question. eût complè-
-<3eot manqué son objet. Bien plus, c'eût
'•m acte de la plus haute injustice; c'eût
"t fflga^er des hommes dans un système h
II inœnnu, et exiger d'eux, dès le premier
is re que toot moraliste doit regarder.
Ulules cas ordinaires, comme essentielle-
ment injuste, leur adhésion è des doctrines
ai des pratiques qui ne leur auraient pas
'ê expliquées, et de la vérité desquelles il
t hur était pas donné de juger. A moins
>n< que les ratéchu mènes, c'est ainsi au'its
«♦-ni api)el45, n'embrassassent avant oe re-
voir le baptême, un principe qui fût une
irantic pour ceox qui les anmettaientdaus
E^fiise, de rim|H)ssibilité où ils se trouve-
ieutde retourner en arrière, quMqiie doc-
ne, quelque discipline ou quelques pra-
laes» qui leur fu.^-scnt imposées dans la
i'e; quel'ine sublimes ou incompréhen-
fli?< que dussent être les dogmes qu'il
ir faudrait croire, quelque rigoureux sa-
fice qu'ils dussent faire de leurs senti-
ons et de leurs oi>inions; à moins, dis-je,
ilsnt' fournissent avant leur baptême une
urance.ou une garantie aussi étendue
e celle-là, il «'ût été injuste au suitréme
wT-', il eût été immoral de les y admettre,
n'est I as assez, c'eût été un sacrilège,
At été agir de connivence pour faire ad-
Dîstrer les sacrements è des sujets qui
uraifnt pas eu, même virtuellement. Sa
sure entière de foi nécessaire, mais qui,au
itraire, auraient eu encore è remplir Tim-
iante et difficile obligation d'étudier leur
ranre, et de s'assurer s'ils devaient ou
devaient pas acreptercouime fondées sur
Ecritures, les doctrines enseignées |Uir
dise Jont ils recevaient le baptême, et
vilederait leur proposer plus tard,
'•n'y a qu'un seul principe qui puisse
iifier et expliquer cette discipline et cette
iiique, savoir, la conviction qu*aTaient
ces néophytes qu'ils seraient conduits par
une autorité qui ne saurait les induire en
erreur; qu'en s'en rnpi>ortant pour leurs
croyances futures à ceux qui les instrui-
saient, c'était h Dieu même qu*ils se con-
tiaient ; de manière qu'ils reconnaissaient
préalablement une sanction suprême et di-
vine è ^tous les mystères de la religion qui
leur seraient dans la suite enseignés. Ce
n'est que ce principe qui pouvait fournir
une assurance certaine qu*ajtrès leur bai>-
têmc ces nouveaux chnHiens ne renonce-
raient pas à la foi ; et par conséquent, ce
u*est que |:ar l'adoption de ce principe
comme fondement de la vérité chrétienne,
que nous pouvons supposer que l'ancienne
discipline s'est conservée dans l'Eglise, ou
soutenir et justifier la pratique en usage,
d'admettre au baptême des personnes si peu
instruites.
Je vais vous citer une autorité h l'appui
ue tout ce que j*ai dit. C'est le témoignage
d'un auteur récent q*ii, dans TEglise angli-
cane, a passé pour essentiellement orthoiioxe.
Il est tiré d'un ouvra;^e publié par M. New-
nian, d*Oxforf, qui a pour titre : Les Arien$
du qualriêméi siècle: ouvrage qui a paru sous
la sanction du prolesseur royal d'Oxford, et a
été grandement recommandé et admiré par
beaucoup de personnages qui ont une grande
réputation de savoir dans les doctrines do
cette Eglise. Le passage est d'autant plus
important, qu'il va plus loin que moi et con-
firmeceque j^ai avancé au commencement de
mes observations sur celte discipline du
secret, savoir que les grandes et essen-
tielles doctrines du christianisme n'étaient
[»as d'abord révélées aux catéchumènes. A
a page ^9, il dit en parlant d*eux : M/me
jusqwau dernier moment^ il ne leur était
donné qu une connaissance générale et super-
ficielle des articles de la foi chrétienne; Us
doctrines exactes et pleinement dételoppéts
de la Trinité et de r Incarnation , et plus
encore la doctrine de l'expiation accomplie
une fois sur la i roix^ et dont V Eucharistie
est la commémoration et Vapplication^ de-
meuraient la propriété exclusive des chré^
tiens fermes et éprouvés. D'un autre côté^ les
principaux sujets des catéchismes , comme
nous rapprenons de Cyrille^ étaient les doc^
trines de la pénitence et du pardon^ de la né-
cessité des bonnes œuvres^ de la nature et des
effets du baptême^ et de F immortalité de Fâme^
ainsi quUl avait été réglé par les apôtres. D'où
il résulte, selon l'autorité de cet écrivain,
que l'immortalité de l'âme, la nécessité des
bonnes œuvres, les etfets du liaptême, de la
pénitence et du pardon étaient les seules
doctrines enseignées avant le liaptême. On
ne donnait aux caléchun.ènes qu'une idée
générale du christianisme; tandis que les
doctrines importantes, et je pourrais dire
dans un certain sens, les doctrines les plus
importantes (car elles doivent être ainsi re-
gardées par tous les chrétiens, quelque nom
qu'ils portent), c'est-à-dire celles de la Tri-
nité et de l'Incarnation, et par-dessus tout
ce dogme qui de nos jours est considéré
IU7
REG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REG
fiis
comme le plus essentiel de tous, I*expiation
. sur la croix» n'étaient pas le moins du monde
insinuées; beaucoup moins encore commu-
niquées aux néophytes avant leur baptême.
Hais cette assertion donne lieu à une objec-
tion, dont vous entendrez la réponse. Or^ on
peut demander d'abord : Comment la doctrine
du secret est-elle praticable^ les Ecritures
étant ouvertes à quiconque voulait les consul^
ter? C'est-à-dire si la Bible ou l'Ecriture
était entre les mains des Gdèles, et nue l'on
supposât qu'ils la lussent, ou qu'on leur re-
commandât de la lire, pour y chercher un
appui à leurs convictions, comment était-il
possible de dérober ces doclrincs à leurs re-
gards? Maintenant écoutez la réponse:
Ceci peut étonner ceux qui ne connaissent
que les écrits populaires qui se publient de
nos jours; je crois cependant qu une considé'
ration bien approfondie du sujet nous con-
duira à reconnaître comme une vérité géné-
rale que les doctrines en question n ont jamais
été puisées dans l'Ecriture exclusivement.
Assurément, le volume sacré n'a jamais eu pour
but de nous enseigner notre croyance et n'a
jamais été adopté pour cette fin; quoiqu'il soit
certain qu*il peut nous servir à prouver notre
symbole, une fois qu'il nous a été enseigné^ et
malgré les exceptions individuelles à la règle
générale^ qu'on pourrait produire. D'abord ^
dès leprincipcy c'a été, comme matière défait,
une règle suivie par l'Eglise, d'enseigner la
vérité, puis d'en appeler à l'Ecriture en con-
firmation de son enseignement ; et dès le prin-
cipe aussi c'a été l erreur des hérétiques de né-
gliger les instructions qu'elle leur fournissait^
et d'entreprendre par eux-mêmes un ouvrage
au-dessus de leurs forces, c'est-à-dire de for-
mer un système de doctrine en rassemblant les
éléments épars de vérité renfermés dans l'Ecri-
ture, De tels hommes jouent dans les graves
et importants intérêts religieux le rôle de ce
physicien présomptueux qui rejetterait obs-
tinément la théorie de la gravitation de New-
ion, et chercherait^ avec des talents qui ne
sont pas à la hauteur de son entreprise, à
forger par lui-même une nouvelle théorie du
mouvement. L'insuffisance d'une étude simple-
ment individuelle de l'Ecriture pour arriver
à la découverte de toutes les vérités qu'elle
contient réellement^ est clairement démontrée
' par ce fait que les symboles et les pasteurs
chargés de les enseigner ont toujours été éta-
blis par Dieu, par la discordance aussi d'o-
pinions qui ne manque pas d'exister toutes
les fois que ce secours surnaturel vient à
manquer; et enfin également par la manière
même dont la Bible est composée. Les choses
en étant ainsi, il s'ensuit que les néophytes et
tous ceux qui demandaient à entrer dans l'E-
glise, lorsqu'ils consultaient les livres inspi-
rés pour s y instruire des préceptes de la mo-
rale et des éléments de la /bt, avaient encore
besoin de renseignement de VEglise , qui leur
servait comme de clef pour Fintettigence ta
passages qui ont rapport aux mystèra it
l'Evangile: passages qui sont obscurs à ca}tst
de la nécessité où l'on est de les faire concor-
der ensemble et de les recevoir tous (12^).
Ainsi donc il a été reconnu par qd saraDt
théologien de TEglise établie, que les chré-
tiens des premiers siècles n'étaient initiés
aux dogmes importants de la reli^on qu'a-
près leur baptême, et ce théologien écarte
la difficulté qui naît de celte assertion, que
les Ecritures étaient la règle sur laqoelleon
leur enseignait à baser leur foi , en décla-
rant que l'Eglise se servait des Ecritures pm
confirmer la foi dont elle les instruisaiu
mais que jamais on ne les a regardées comme
Tunique fondement sur lequel devait s'ap-
puyer leur foi. Ceci est plus que suffisaui
pour atteindre mon but; car on n'admet pas
seulement les prémisses que j'ai posées,
mais on va aussi loiu que je peux le àëi-
rer dans les conséquences que Ton endéduir.
La règle d'autorité démontrée par le téoM^pop m
premiers Pères de l'Eglise.
C est assez dit sur la méthode spteiV
d'enseignement suivie dans les trois \^
miers siècles. La question qui se prést^ote
maintenant à traiter , c'est de savoir sur
quels motifs les chrétiens de ces preouVrt
siècles recevaient la parole de Dieu. &ms\-
déraient-ils l'Ecriture comme le fondeniem
unique de la foi, ou bien la regardaient-ilî
avec nous comme un livre qui devait ètn^
reçu et interprété d'après J^autorité dt
I Eglise? Vous en jugerez par quelques pas-
sages que je vais vous citer de leurs ouvra-
ges. Il existe un mot bien remarquable do
grand saint Augustin, lorsaue parlant de ia
manière dont il fut amené a laconnaissaoce
du christianisme, et disputant avec un ma-
nichéen, un de cette classe «rhérétiçues aux*
auels il s*était associé dans sa jeunesse^
dit expressément, autant que l*onginaiue
du style permet de le rendre : Jen*aurais j^os
cru à VEvangile si l'autorité de FEglise n-
tholique ne m'y avait pas déterminé (t:^
Cette courte sentence contient en entier te
principe sur lequel reposait sa foi. Cetic
grande lumière du siècle dans lequel il i
vécu déclare qu'il n'a pu recevoir I Ecrilunf
que sur Tautorité de rËglise catholique.
Voyez aussi comment saint Iréné^, <*-
Père de TEglise que je vous ai d<^jà c\U.
parle sur ce point : Celui qui croit ^u'H^*
un Dieu et qui obéit à un chef ^i est l'
Christ^ cet homme trouvera tout clair et fàfù
s'il lit avec soin l'Ecriture, avec Faide de cnu
qui sont prêtres dans l'Eglise^ et dans I *
mains desquels, comme nout favons «««lUn.
la doctrine des avôtres est conservée en d^-
(1ii6) On sait que M. Newman a abjuré le pro-
lesianiisme et est entré dans le sein de TEglise ca-
tholique dont il est une des gloires.
(Iii7) Contra epiil. fwidam.. Op. , t. VI, p. 46,
édil., Paris, 161 i: i Ëvangolio non credereiu , uisi
mo calliollca! Ecciesise commoverel aoci^rius. >
Héraldus fait observer qu'il y a un afrusnisme 4i»i
le texte, et que cvederem csi mis ^t credtditfrm
{ Voyez Desiderii Heraldi Animadv. si AmMmm
lib. IV, p. 54.)
1149
RCG
OiCTIOMVAIRE APOLOGETIQOE.
REG
Ii9»
pâi. (S. Irb5., lib. nr, eap. 5S, p. 355). Cesl-
à-tJire qu*on peut lire l'Ecriture, et qu'elle
iiaraîira simple et facile à celoi qui la
ira urec rassislance de ceux auxquels les
apôtres ont transmis le code de doctrines
noo écrites comme la clef à sa Téritable in-
lerprélalion.
Un autre écriTaîn du mënxe siècle s*ei-
priine en termes pins clairs encore; maïs
arant de citer ses paroles Je rais dire quel-
ques mots touchant la nature particulière
de son ouTra^. Je veux parler de Tertul-
lien. Je premier auteur qui ait écrit en latin
sur le cJiristianisme . et le Père, par consé-
quent, qui est le itlus à portée de nous faire
ronoaftre la mélliode suivie en matière de
Pfi et de discipline dans l'élise d'Occident,
i i époque la plus reculée. 11 a écrit un ou-
vrage très-instructif, par rapport aux temps
x'taels, qui a pour titre : Des prescriptions
ronire les hh-étiques {De prœscriptianibus adr
r<r9Ms katreiicos) c*est-à-dire, de la méthode
i soirre pour joger et convaincre ceux qui
se séparent de rEglise uniTerselle. Toute la
iorce de son arguniRUtation consiste à roon-
Vrer qu'ils n'ont aucunement le droit d'en
appeler à l'Ecriture, parce qu'elle n'a pas
aaatre autorité comme lirre inspiré, que
fdle qu'elle reçoit de la sanction de l'Eglise
isbillible; et que, par conséquent, on doit
les arrêter dès le premier jias et ne pas
leur permettre de passer outre dans leur
rasoonemenL Ils n'ont jias de droit k la
pvoU, elie ne leur appartient pas; ils n'ont
I^ le droit d'en appeler à son autorité.
Vils rejettent celle de l'Eglise qui peut seule
Soi serrîr de preuve et d'appui ; que s'ils
njmettent Tautoriléde l'Eglise, ils doivent en
même temps adopter touteslps autres choses
qu'elle enseigne. Allez, leur dit-il, consul-
tez les Eglises apostoliques de Corintbe ou
d'Epbèse ; ou bien, si vous êtes dans TOcei-
fient, Rome est tout près, cette autorité à là-
qutf'ile il nous est facile d'en appeler; et elles
Tons apprendront.ce que vous devez croire.
Xe vais vous citer un passage que je pour-
rai avec satisfaction donner en entier, et
tons n'y trouverez point une doctrine diffé-
rente de celle que j'ai émise sur ce sujet.
l/^t gagnerexrwous^ demande-t-ii, A recourir
«Mjr Ecritures^ quand fun nie ce que Vautre
Mffirmef Apprenez plutôt qui est celui qui
%->^ss€de la foi du Christ^ celui A qui lesEcri-
très a/^pariiennent^ de qui, par qui et quand
'9g remue cette foi qui nous a faits chrétiens.
Là en effet ou se trouvera la traie foi^ seront
es vériiabits Ecritures et leur véritable inler^
*rétaiion^ ainsij,qne toutes les traditions
îirétienoes.l> Christ s'est choisi des apôtres
i ies a enrojfés prêcher r Evangile à toutes les
ationa. ils ont annoncé ses doctrines et fondé
es Eglises; et de ces Eglises Vautres ont tiré
> sewtsenee de la mime doctrine , comme cela
^^iinue de se pratiquer chaque jour. Ainsi^
^^ momrelles Eglises, comme filles des Eglises
^aMtoiiques, sont elles-mêmes réputées apos-
^^^ues. Maintenant f pour savoir ce que les
^^ jres ont enseioné, c'est-à-dire ce que le
^*^s€ leur a révélé^ il faut avoir recours aux
Eglises qu'ils ont fondées, et qu'ils ont î»*»
truites Je vive voix et par leurs Epitres. Car
il est clair que toute croyance qui est con-
forme à la foi de ces Eghses mères y est véri-
table; c^ est celle qu^ elles ont reçue des apô-
tres^ que les apôtres ont reçue du Christ, et le
Christ de Dieu : et toutes les autres opinions
sont nouvelles et fausses. (De Prœscr. adv,
hœret.^ p. 334, edit. 1662.
N'est-ce pas là précisément la règle au-
jourd'hui proposée par l'Eglise catholique?
Or, la doctrine de Tertull l'en ne se trouve
nullement en désaccord avec celle des autres
Pères. Après lui, en effet, nous voyons une
multitude d'écrivains, tant dans l'Eglise la-
tine que dans l'Eglise grecque, dont le té-
moignage nous est une preuve qu'elles |)ro-
cédaient at)So1ument de la même manière;
je me contenterai de citer deux passades, un
pris dans chaque Eglise.
Le-premîcr est d'Origène, un dos hommes
les plus savants qui aient existé dans les
premiers âges du cnristianisme, un des es-
prits les plus philosophiques que l'on ait
vns, et pleîneroentcapablededécouvrir toute
espèce de vice de raisonnement s'il y en avait
eu quelqu'un dans le système d'argumenta-
tion proposé comme nécessaire pour arriver
h la connaissance du christianisme. Comme
il y en a beaucoup, dit-il, qui s'imaginent
croire ce que le Christ a enseigné, et que quel-
ques-uns a entre eux cependant professent une
doctrine différente des autres, il devient né-
cessaire que tous professent la doctrine qui
est venue des apôtres et qui maintenant encore
subsiste dans f Eglise. Il n'y a de vraie doc-
trine que celle qui ne diffère en rien de la tra-
dition ecclésiastique et apostolique, [Prœf,
I. I Periarchon , t. 1, p. (7, (xlit. PP. S.
Mauri, Paris. 1773.) Ailleurs il dit : Que ce-
lui qui, enflé d'arrogance, méprise les paroles
apostoliques, y fasse attention. Pour moi, il
m*est bon de m'attacher aux hommes aposto-
liques, comme à Dieu lui-même et à son Christ,
et d'entendre les saintes Ecritures, selon l'in-
terprétation qu'ils en ont donnée. Sinousne
suivons que la lettre des Ecritures, et que nous
interprétions la loi comme les Juifs fexpli-
quaient communément , je rougirais d'avouer
que de telles lois aient pu avoir Dieu pour
auteur. Que si nous entendons la loi de Dieu
comme renseigne F Eglise, alors vraiment elle
est supérieure à toutes les lois humaines , et
digne de celui qui Va donnée. (Hom. 7 in
Levit., t. II, pp. 2âi^226.) Dans un autre
endroit il dit encore : Toutes les fois que les
hérétiques produisent les Ecritures canoni-
ques auxquelles tous les chrétiens s*accordent
a croire, ils semblent dire : Voyez! arec
nous est la vérité! Mais nous ne pouvons avoir
confiance en eux {les hérétiques), ni nous écar-
ter de la tradition primitive et ecclésiastique;
nous ne pouvons croire que ce que les Eglises
de Dieu ont enseigné. (Tract. 29 in Matth»^
t.Ul, p. 86^.)
l'ajouterai un court passage de saint Cy-
prien, et je terminerai rette (lartie de mon
raisonnement. Dans son traité sur l'Unité de
l'Eglise y traité qui a pour but direct de
Ildt
REC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REG
m
prouver que cette unité ou simpliêiléde foi
cist le carautère essentiel de TE^iise : et que
1 unité de foi , Tunilé de gouverneinent et
Tuuité de communion doivent être mainte-
nues pap Tunité Je rë^lo^ il s*eiprime ainsi :
Les hommes sont an jets à C erreur^ parce qu'Us
ve tournent pas les yeux vers la fontaine de
la vérité; ils ne cherchent pas la source véri*
table, et ne s'attachent pas à la doctrine du
Père céleste. Pour peu que Von vienne à y
faire une sérieuse attention^ il ne sera pas be-
soin de plus longues recherches. La preuve
en est facile. Le ChriU s'adressant à Pierre,
lui dit : Je te dis Cjue lu es Pierre, et sur
celte î'ierre je bdlirai mon Eglise, et les
portos do Tenter ne [irévaudront point con-
tre elle... Celui donc qui n* admet pas cette
unité de l^Eglise , peut-il penser qu il possède
la foi? Celui qui s* oppose à r Eglise et lui ré-
siste, peut-il croire au il est dans r Eglise? {De
Unit. EccL, pp. 191» 193.) L'Eglise dont il
est ici question est celle qui est en commu-
nion avec saint Pierre; cette Eglise en un
mol, comme il est évident par plusieurs
passages écrits de ce Père, qui est en com-
munion avec le siège de Rome.
Ainsi donc le principe suivi dans TEglise,
soit dans les instructions privées, soil dans
renseignement général, au moins lorsqu'elle
discutait ou expliquait les bases sur les-
auelles repose sa foi auxEcrilures, était évi-
emment le même que nous admettons au-
jourd'hui, c'est-à-dire Tautorité infaillible
de TEglise, assistée de Dieu.
§IV.
La mélhode suivie par I*Ëgiise réunie en concile démon»
tre la règle d*auU)rilé.
II est un autre point étroitement lié au
précédent, et qui appartient plus directe-
ment à l'enseignement public de l'Eglise,
c'est la mélhode qu'elle suit quand elle s'est
réunie en concile f»our prononcer en ma-
tière de foi. Or, c'est un fait on ne peut
F lus certain que quand il s*est élevé dans
Egli^e des opinions regardées comme erro-
nées, la seule méthode que Ton a suivie a
été iïo recueillir les lémoignages des siècles
précédents pour en faire la base d'une défi-
ni lion ou d'un décret de foi; et les adver-
saires du dogme, sans qu'il leur fût permis
de déiinir, de discuter ou de défendre leurs
opinions, étaient sommés de souscrire à une
formule de foi, contradictoire de leurs er-
reurs. Le premier et le plus frappant exem-
ple de ce genre a élé le premier concile gé-
néral tenu après les apôtres, et qui fut con-
vo(jué pour coiidamner les erreurs d'Arius
C'est une chose tout à fait digne de remarque
que, quand lo concile lait des canons ou
règles dediscipline, il les fait toujours précé-
der de ces paroles qui y servent comme de
préface : Il nous a paru à propos de décréter
ce qui suit. Mais du moment ipi'il en vient à
porter des décrets en matière de foi, il s'ex-
jtrime ainsi : LEglise de Dieu enseigne, etc.
Ce n'est pas la jiarolede Dieu, ce ne sont pas
les Ecritupos qui enseignent celte doctrine,
c'est l'Eglise de Dieu; et parce que c'est
l'Eglise de Dieu qui l'enseigne, tous los as.
sistants et tous les évéqucs du monde doi-
vent y souscrire.
Personne, je m*imagine, ne saurait croiro
que ce concile de toute I Eglise sesoii as-
semblé dans d'autres sentiments que 1a am*
viction intime dont il était pénétré qu'il avatl
le pouvoir de porter un jugement déûnitif
et sans appel. 'Nous ne saunons un seul ins-
tant nous imaginer que trois cent dii-hci
évoques de l'Orient et de l'Occident, panm
lesquels il y avait des vieillards qui avami!
bu dans le calice du Seigneur, ayant enilur<
dans les années qui venaient de s'émV;
les tourments de la persécution, se M.
assemblés avec autant de frais et de M^t
pour aucune autre an que d*é!oe(lre une
Opinion qui devait être dans la suite soam
au jugement individuel de cha^iue parlico*
lier; ou bien qu'ils ne se soient crus réunis
que |)Our un objet que chacun des nieiii*
bres de TEglise était tout aussi co!]if»t>
tent à remplir, ou pour une œuvre p
cliaque particulier ue sérail pas coa)rt
obligé d'effectuer. Telles sont ccpenJioMes
assertions incohérentes où se trouve&l\^us*
ses les théologies qui nient l'infaillibilillte
l'Eglise et soutiennent les droits duJQ:e-
ment individuel, constituant par là c)i8(iiii
des membres de l'Eglise juge des déci^iott
de toute l'Eglise réunie. C'est ce qui a lie(
présentement, et comme modèle de cptte
manière de raisonner, je vais vous cii«
l'historien de l'église proteslanle, Mitner,
Après avoir rendu compte du concile géné-
ral de Nicée, il poursuit en ces lerraes :Ç
convient à tout nomme qui est dàireui l\
connaître avec simplicité ta volonté dt D^^
lime. {/list. de VEglise du Christ, vol
p. 59.) Ainsi tout homme avait le droit j
juger si le concile avait raison ou tort (
qu'il aurait tout aussi bien pu faire qu.<i
môme le concile ne se serait pas assemltîj
en s*assurant par une étude personnellf lic^
saintes Ecritures, s'il devait adopter oure;
jeter les doctrines d'Arius 1 Assurémeal uc<
telle théorie semblerait élrange, si en l'aft
pliquait à une assemblée de la législddi/^
suprême de l'Etat.
Le principe suivi en cotte occasion a co
linué de l'être dans tous les conciles qui ;'
eu lieu depuis, et dont il est fait lunilii
dans l'histoire ecclésiastique, princijt
mélhode qui, encore une fois, supposée
mêmes bases fondamentales que toutes t'^
recherches précédentes nous ont fait "*
Ils posent en principe que du moment :'
toules les Eglises s accordent sur IVxpîi*
tion d'un point «le doctrine en matière*
foi , là doit nécessairemeul se trouver J
vérité sans qu'il soit permis d'en aj.(t'»«f
janiaiSi et sans qu'on puisse admettre auiii^
argument oui paraisse tendre à reD^cr>it
celle base Je l'autorité. .
Aussi est-ce un fait ioconleslaMe tp*
parmi ceux qui dans les premiers siècles uni
!iS5
REG
mCTIONNAIRi: APOLOGETIQDE.
UEG
1I5A
,«c se séfiarer de TE^Iise nniTerselle, il en
»>( lrès-|ieii qui n*aienl tenté de prouver
ftiiis avaient la tradition en leur (aveur, et
fie les Pères des siècles précédents pen-
;nirnl comme eui. Dans les it* et v* siècles,
.1 crantfle ère de la littérature ecclésiastique,
l'ius voyons les Pères se donner la |ieine
le TiTifier, de recueillir et de conscnrer les
»|iiDiuns de ceux qui étaient Tenus avant
On pourrait apporter une foule innom-
mable de passages de ces*écriyains sacrés,
our prouver que celle règle était univer-
dieruent admise. Telles sont, par eiemple,
L*$ imroles de saint Jean Ciirysostome, lors-
l'je, commentant les paroles de saint Paul
Qi Tiiessaloniciens, il s'exprime ainsi : De
i, dit-il , il esi évident que (oui n'a pas été
ubtiépar écrite mais que beaucoup de choses
n( élé transmises d^une autre manière, et ces
ft' ses doivent être également crues, Cestpour^
wu demeurons fortement attachés aux tra-
^ithns de CEaiise : cest la tradition^ tpse cela
OHS suffise, (ilom.4m// JAf#fa/.)Saint Epi-
l.drjo s'exprime aussi de la même manière:
iM limites sont fixées^ la base de la foi est
\wt^ et son édifice est élecé. Nous avons les
niitions des apôtres^ les saintes Ecritures
r. ut succession de doctrine et de vérité ré"
assise de toutes parts. (H«er. iv, 1. 1, p.i7l}
iii^ passant sous silence ces textes déta-
'es, et néj^li^ant même de nous arrêter
01 écrits SI victorieusement catholiques de
incent de Lérins sur cette même matière,
^ Teux seulement ap|ieler votre attention
ur un principe |iosé par saint Augustin et
latres Pères encore, qui ne laisse aucun
'iole au sujet de leur manière de penser à
rt égard. Ce principe est qne, loin de pen-
^r qu'i! soii nécessaire que Ton puisse sui-
re la trace de chaque point de doctrine
i^a*aux tern ps des apAtres, ces Pères po-
^ni en principe que, s*il y a aujourd'hui
msTE^iise quelque doctrine qui y ait éga-
lent existé dans les temps fvissés, et dont
'pendant on ne puisse découvrir Torigine,
B doit croire qu'elle vient des apôtres,
oici les paroles mêmes de saint Augustin :
i qui est observé par toute F Eglise, ce qui
pendant h*a pas été décrété par les conciles^
ioique la tradition Vait toujours conservé^
i doit juger avec raison qu il est é^ origine
>9stolique. [De baptismo contra Donat.,, lil*.
• c. 2^.} Ce principe assurément implique
conviction que TEglise ne peut jamais
artjer dans l'erreur.
C'est ainsi'que nous voyons qu'en parlant
1 tem[>s des apAtres, l*£glise, soit en par-
ai ier et considérée dans ses membres indi-
Juels, soit en public et réunie en concile,
I jamais suivi d'autre principe dans Tiii-
"prétation des Ecritures et la déOnition
s matières de foi, que celui que nous ad-
^ttons, une autorité infaillible dans F Eglise
Christ.
§▼.
i^f'tioQ^ coobT la K-gle de foi basée sar raalorilé îq-
Mme de l*Eglise.
le passe sur-le-champ à des considéra*
tions que je crois nécessaires pour déve-
lopper et expliquer à fond le sujet qui m'oc-
cupîe en ce moment. Jusnu'ici on peut dira
qne j'ai traité des méthocics suivies dans la
primitive Eglise pour rinstrnction des fidèles
et la conservation de la foi ; mais peut-être
s*élève-t-il dans l'esprit de quelques-uns
cette question importante : Ces méthodes
n'ont-elles pas été entièrement sans succès f
11 se peut Ûen, il est vrai, que l'Eglise dans
ses commencements ait fait profession de
suivre ce principe ; peut-être aussi que ,
dans ces premiers temps, il importait peu
que ce principe fût légitime ou non, parce
qu'alors les semences du christianisme ré-
pandues par les a|>6tres avaient encore assez
de force et de vigueur pour produire du
fruit, malgré l'influence des principes cor-
rompus; mais n'en est-il pas résulté qne,
dans le cours du temps, les erreurs les plus
grossières se sont introduites dans l^Eglise
du Christ? N*est-il pas vrai que l'Eglise de
Rome en particulier est déchue de la vérité
pour tomlier dans un élat d'effroyable
apostasie, et qu'elle a déshonoré le chris-
tianisme par un çrand nombre de doctrines
absurdes et impies? Telles sont les allé-
gations reproduites sous une multitude
de formes dans les livres à l'usage du peu-
ple.
C'est mettre en principe ce qui est en
question que de soutenir, d'après les motils
sur lesquels on s'appuie pour les représen-
ter ainsi, que les cnoses qui sont commu-
nément regardées comme des abus en sont
réellement. Qu'il me soit ici permis d'obser-
ver d'abord que rien ne prête davantage à
être présenté sous un faux jour que cette
partie de la question qne nous traitons. Tous
ceux en effet qui parlent et écrivent de la
sorte omettent généralement une distinction
iiu;K>rtante à faire entre le dogme et la dis-
cipline. On prend pour des articles de foi
grand nombre de pratiques que TEglise peut
avoir établies à certaines époques, et qu elle
peut changer demain si elle le juse à propos ;
on prétend qne l'Eglise en prend la défense
non comme d'usages introduits par l'exi-
Sence des circonstances, mais comme venant
es apôtres ou de tradition divine. Cette
distinction devrait venir à l'esprit toutes les
fois qu'on entend parler des prétendues cor-
ruptions de l'Eglise catholic^ue. Quand vous
entendrez de |iareilles assertions, exigez d'a-
bord la preuve que ce sont là des dogmes
de foi de l'Eglise catholique ; exigez la preuve
que l'Eglise, dans son enseignement, place
les choses au même rang que les dogmes de
la Trinité, de la divinité du Christ et de l'Iii-
camation ; que si Ton ne vous donne pas de
preuves formelles et expresses, ne souffrez
pas qu'on en tire aucune déduction à l'elfet
de prouver que l'Eglise a perdu une partie
du sacré dépôt de la foi qui lui avait éié
primitivement confié.
En second lieu, comme je 1 ai lait .remar-
quer plus haut, on met en principe le (K)int
en litige. Par exemple, quelle est la métho<lo
généralement suivie et adoptée quand il est
itu
BEG
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REG
\Vé
(question de la doctrine de la confession au-
ncHlaire ? On dit qu'elle ne se trouve pas
dans i*£criture ; aue TEglise , par consé-
quent» a erré en aaoptant une doctrine con«
traire à la foi. Mais n'est-ce pas là poser
comme base d'un raisonnement l'objet même
de la discussion? Vous voulez prouver que
la tradition n'est pas une règle suiBsante ,
parce qu'en la suivant on a laissé se glisser
des ernturs dans l'Eglise. On vous demande
de spécifier quelqu'une de ces erreurs , et
vous citez un exemple ; or, qu'on vous
presse de prouver, ce qui est essentiel à
votre thèse, que le point dont il s'agit est
une erreur, vous le prouvez en disant
qu'il n'est point appujré sur d'autres bases
que la tradition 1 Peut-il y avoir un raison-
nement plus vicieux que celui-là ? Le fait
est que toutes les questions de controverse
entre nous et les autres églises doivent por-
ter sur ce point unique, doivent tourner
sur un seul pivot : le Christ a-t-il institué
dans son Eglise une autorité chargée d'en-
seigner, et a-t-ii garanti la conservation de
la vérité dans cette autorité jusqu'à la fin
des temps? Ce point une fois démontré, nous
devons croire c(ue tout ce que l'Eglise dans
le cours des siècles a enseigné, doit être
reçu comme la vérité même; et, par consé-
quent, on ne peut alléguer aucune raison
pour se justiûer de s'être séparé de sa com-
munion. Si, au contraire, vous trouvez la
règle ouposée aussi expresse et aussi claire
que ceUe que j'ai démontrée, et les textes
sur lesquels on s aopuie pour rejeter l'auto-
rité de r£gliso, et faire de l'Ecriture la seule
règle de foi, aussi forts et aussi clairs dans
rEcriturc que ceux que j'ai cités; alors il
vous est permis de supposer qu'il y a de no-
tre part corruption dans tous les articles de
foi qui ne sont pas clairement définis dans la
parole écrite. Mais toutefois c'est sur ce point
que doit rouler toute la controverse; si nous
prouvons la vérité du principe sur lequel
nous nous appuyons, ^quiconque diffère de
nous, quelque extraordinaires que soient les
doctrines que nous enseignons, en les reje-
tant, rejette l'autorité du Christ.
Approfondissons encore davantage cette
matière. L'Eglise de Rome, dit-on, est tom-
bée dans une affreuse corruption; il était
nécessaire de la réformer, peut-être même
de s*en séparer. Ici se présente une considé-
ration importante. Il semble que le christia-
nisme ait dû être pourvu des moyens néces-
saires pour subvenir à ses besoins les plus
essentiels. Vous savez que dans Tancienne
loi il y a eu une suite de prophètes qui se
sent succédé depuis le temps de Moïse; car
Dieu avait expressément déclaré que de
temps en tem[»s il enverrait des prophètes
pour réformer et corriger les erreurs, et
donner à sou peuple des règles de conduite.
C'est ainsi uu'il avait pourvu aux moyens
d empêcher l'erreur de prévaloir, et de ré-
former tous les autres abus graves et im-
portants qui auraient pu insensiblement se
glisser dans son rovaume. Mais si vous re-
jetez le prin<npc u une autorité infaillible
dans l'Eglise du Christ; si, en d'autres ter-
mes, vous rejetez le système d'argumenta-
tion que j'ai suivi pour démontrer que (t
frincipe catholique, le Christ eiueigneporla
oucke de son Eglise^ correspond exactement
à l'institution de renseignement prophéii-
?ue, et que vous n'admettiez point qu'il ait
té pourvu par une autre institution aux
moyens d'en écarter toute espèce d'erreur,
vous placez nécessairement le chrisliaoisiDc
dans un plus bas degré de perfection qœ
l'ancienne loi ; vous le dépouillez de ce
qui a jadis été nécessaire, et qui doit eoeorc
également l'être présentement. Peut-oa con-
cevoir que le Tout-Puissant établisse mt
religion qui doit être l'unique et deraièiv
révélation que l'homme dût recevoir jusqii'i
la fin des temps, et que cependant il oi>
prenne aucune précaution et n'avise point
aux movens d'écarter l'erreur, sijamaiseiie
Tenait à s'insinuer au sein du dépôt de )i
vérité? Peut-on concevoir que, dans les
desseins de sa Providence, tout le svstèffin
chrétien fût condamné à tomber daos m
état de corruption totale, et que Dieo am
jamais cependant indiqué le moycadegué-
rir cette corruption, et de garantir ckua
des fidèles de cette chute uinHsle?Qtt(^
vous cherchez dans tout le Nouveau Tes^
ment, pourrez- vous me dire en quelea-
droit il a été pourvu à un objet si imporlaBi*
El si TËglise devait demeurer si iongteop)
dans l'état de dégradation et de corrupii<jQ
morale décrit par un si grand nombre d'é-
crivains, peut-on regarder comme uoechos^
possible qu'il ne lui soit resié aucune res-
source, qu'il ne lui ait été indiqué aucune
méthode à suivre dans cette dernière eIlrt^
mité pour s'arracher à une si déplorabi«
position? 11 n'y a pas un mot, pas le fûoiD-
dre indice même d'un tel remède; le »<
n'est pas regardé comme possible, km
donc il nous faut penser que les plussa;c>
t)récautions ayant été prises dans i'ancieuttt;
oi, ces précautions, doublement néce^sain*)
dans la constitution de la loi nouvelle,) ui
néanmoins été complètement oubliées.
Que si vous dites que l'Ëglise est totnbee
dans de graves erreurs en matière de foi ei
en morale, à une époque ou à une autre, je
TOUS prierai de déterminer l'époque précue
ott la chose a dû avoir lieu. Il iij a ^^^
deux opinions à cet égard qui aient en ellt^^
Îuelque apparence de logique et de raisos.
a première que j'ai quelquefois enieiuii
mettre en avant, est que c'a été prédséaien:
au concile de Nicée^ dans leqad la dirions
de Jésus-Christ a été solenni-llement déii-
nie, (jue l'Eglise a commencé à s'écarter o
la foi. On a appuyé cette hypothèse sur ue
raisonnement logique ; on a prétendu <]a i*
lors, comme depuis, les dogmes de f^i ofii
été définis sur 1 autorité de la tradrâo&f d
que par là on a introduit dans l'fi^lise u&t
règle de foi différente de l'Ecriture. Aia^t*
trois cents ans après le Christ, TEgii^^ ^
tombée dans un état complet d'erreur etd*
fetale corruption, où elle est restée ens^
velic l'.endant douze ou treize siècles q}^ ^
1157
REG
DICTIONNAIRE
H>nt écoulés «Tant que Luther et Cal tî a
atent réparé les maux causés par les trois
eent dii-hoil Pères de ce concile rénéra-
l»le, et que la réforme ait rétabli la Traie
v^^^lede foi I Peut-on croire à une semblable
^>poUièseT Quelqu'un se persûadera-t-il
4u'au moment même où Dieu a couronné
^D Eglise de gloire et lui a fait goûter la
|*aîx, après trois cents ans de persécutions»
t^Ue ne lui ait marqué sa reconnaissance
qu en abandonnant sa loi, et lui substituant
la corruption des hommes ? Que la première
lois qu elle s*est assemblée pour Tcnger la
gloire de son Fils et proclamer hautement
sa difibité, elle fait par le fait même aban-
Joùûé et renié, et corrompu le dépôt des
refilés Titales et fondamentales conGées à
$a ^rde?
Faatres placent cette é|K>que à Tautre ex-
trémité de la chaîne, et prétendent que l'on
ne peut fixer d*une manière ^irécise Fépo-
qffxede la corruption ou de I apostasie de
1 * Eglise de Rome plus tôt que le concile de
Trente, c'est-à-dire lorsque la réforme
»v lit déjà commencé son œuvre: ain?»i,
. uelles qu'aient été arant cette é|)oqoeses
r£-Tearsousa corruption, elle était encore à
« moment la TériCable ^lise du Christ. Or
ii^est personne, quelque ennemi qu'il
r ^iee étrede nosdo^mes,qui ne soit obligé
' -e reconnaître qu'il na point été introduit
o^aourelles doctrines dans Tfiglise entre le
C'^uzième et le quinzième siècle; d'où il
SJ2ic que relise a dû, pendant au moins
trk>is ou quatre siècles, rester plongée dans
uQ éiâi complet d'égarement et d'erreur fa-
iaie« etqu*il n'y avait plus en elle assez d'é-
'urr^e et de force pour s'arracher à cette
situation. Que si celte force lui est revenue
î»- lis siècles après, sur quoi reposait-elle?
L:iit-cesurun nouveau dévelop|>ement du
rincipe de foi donné par notre Sauveur,
irc<r leiBeacité nécessaire pour dissiper les
rrears et les corruptions humaines? Si
Edise possédait en propre le pouvoir et la
vria de revenir d'elle-même à son antique
•urt^té, comment se fait-il qu'il se soit
oj^ulé trois ou quatre siècles sans qu'elle
lit pu exercer cepouvoir? Est-ce que la di-
loe Providence n'avait pas lâché le ressort
|ui devait donner Timpulsion et le mouve-
f.enl à cette vertu ? Mais si la masse de cor-
uption était déjà montée à snu comble,
•*urquoi cette ibrce et cette énergie n'é-
lient-elles pas mises en action? Nécessai*»
esient il n'y a pu avoir dans TEglise de
rrrto cachée, si elle est restée si longtemps
odonnie forsque le licsoin en était si grand,
i seulement eUe a dû, à cet instant (Mirti-
ulier, être favorisée d'un pouvoir extraor-
loaîre; et quand on vient dire après cela
tie rien de ce qui n'est pas précisément
leotionné dans la Bible n est essentiel à
E^ise^ je suis eu droit de demander un
utre genre de preuves. Car toutes les fois
ue des hommes reçoivent une mission qui
^t en dehors du cours ordinaire de la Pro-
*^enc^^ il leur est toujours fourni les
:ren :s de prouver leur mission. Or s'il y a
APOLOGETIQUE. REG flfl
des hommes à qui il ait été donné à cette
époque une autorité particulière et spéciale,'
je désire savoir sur quelle base eUe était
appuyée.
Ainsi vous voyez comme ces deux opi*
nions concourent mutuellement à tourner
toute la prebve en notre laveur. Car d'un
côté, il en est qui prétendent que le premier
concile cecuménique qui s'est tenu depuis le
temps des a|>ôtres, a été le premier à cor-
rompre ou à abandonner la règle et l'éten-
dard de la religion. Ils disent donc aux au-
tres: Si vous ne vous accordez pas avec
nous à placer la défection de r£glise à l'épo-
que du premier concile général ; si vous ne
reconnaissez |)as que le premier pas qui fut
fait alorsdans lapplicationdu principe d'au*
toritéa été fatal, où vous arrêterez- vous?
Si vous admettez l'autorité de l'élise et le
droit de définir des articles de foi dans le
premier concile, pouvez-vous la refuser au
second et au troisième? Et de cette sorte les
catholiques peuvent passer d'un concile à
l'autre jusqu'à celui de Trente, qui, ayant
été convoqué absolument de la même ma-
nière que les autres, ne peut, pàt aucune
raison légitime et logique, être condamné
ou rejeté.
Les autres alors répondent qu'il est trop
horrible d'admettre que réponse du Christ
ait sitôt fait divorce avec lui; que les âges
qui oni suivi, que le siècle des Augustin,
iïes Jérôme, des Chrysoslome et des Basile,
aient été des âges de crime et d'erreur; que
l'Ëglise visible ait si promptement cessé
d'exister, et que les grâces du salut aient
été de si bonne heure retirées de dessus Ut
terre, et cela au moment *mème où Dieu
semblait préparé à donner aux voies de sa
providence une plus vaste carrière. Ne trou-
vant pas cependant d'espace intcrmécliaire
où ils puissent s'arrêter, ils décident que
TEglise qui est eu communionavecRome a été
la véritable Eglise, malgré les erreurs et la
corruption qui étaient dans son sein, jus-
qu'au moment où elle a sanctionné ses doc-
trines dans le concile de Trente.
Mais avant de laisser cette opinion, je
dois faire encore une observation. C'est une
théorie qui depuis peu est devenue tout à fait
à la mode, que d'abandonner entièrement le
système, suivi jusqu'alors, d accuser l'Eglise
catholique d'être corrouipuc et antichré-
tienne depuis tant de siècles, et de recon-
naître qu'elle est demeurée la véritable
Eglise jusqu'au moment où la sanction du
dernier concile a fixé et consacré les er-
reurs prétendues, qui jusqu'alors n'avaient
fait que llotter dans son sein; et ils disent
pour cette raison que ceux qui ont adhéré
au concile se sont eux-mêmes séparés de
l'Eglise et sont devenus schisuiaiiques. Mais
ceux qui font cet argument oublient que les
dogmes qu'ils regardent comme fatalement
définis au concile de Trente avaient été déj-i
pour la plupart définis et sanctionnés dans
les autres conciles; que les livres qu'ils
rangent au nombre des écrits apocrvphes«
les sept sacrements et beaucoup d autres
11^*J
REG
tiointsdecegenro, avaient élé claireraeni
déOriisà Florence en lW9; la confession an
concile de Lalran; la présence réelle du
Christ dans reucliaristieaux synodes tenus
contre Béreniîer,el d'autres «ioolrines dans
la fameuse épîlre du Pape Nicolas I" aux
Rulgares, laquelle a élé reçue par rE^Mise.
Donc, si la délinition de ces doctrines conà-
lilue la prétendue apostasie de l'Eglise ca-
tholique, relativement à ceux qui n'ont pas
accepté sa déûnilion, c'est-à-dire relative-
ment à un petit nombre d'Ejjlises qui exis-
tent au nord de l'Europe, il s'ensuit gue
toute l'Eglise avait apostasie dans sa déi^i-
sion précédente, sans être remplacée par
aucune autre, puisque tous les chrétiens
s'étaient soumis à ses décrets; de sorte que
l'Eglise avait totalement failli; et c'est là la
didiculté à laquelle désirent d'échapper les
()arti$ans de cette hypothèse.
Ainsi, quelque opinion que vous embras-
siez, vous vous trouvez jetés dans des dilll-
cultés qui, pour les partisans de Tune ou
de l'autre de ces hypothèses, sont inconci-
liables avec la vérité. Le fait est qu'il n'y a
qu'un seul moyen dé tout conclure : c'est do
croire que le principe même adopté par les
apôtres a subsisté sans interruption jusqu'à
ce jour dans l'Eglise; que lEsprit-Saint,
l'Esprit de vérité habite et rè^ne en elle, avec
l'enseignement du Christ, dans la personne
de leurs successeurs, etparlà il nepoul arri-
ver qu'elle tombe dans une erreur fatale.
§VI.
Quel est le tableau historique du ChiisUanisme cTaprès le
prolesumisiue; d*après le catholicisme. — Les temples
protestants. — Les églises de Home. — Conclusion.
Si un chrétien, quelle que soit d'ailleurs
l'opinion à laquelle il appartient, entrepre-
nait de tracer, sur le désu* qui lui en aurait
été manifesté par quelqu'un gui né croit
pas encore, une esquisse historique du
christianisme, dans le but de le convaincre
qu'un DieuinGnimcnt sage a toujours veillé
à sa garde, comme étant un oiget cher à son
amour et digne des soins de sa sagesse et
de sa puissance, j'ai peine à croire que ce
chrétien puisse se résoudre à faire de l'état
de sa religion un tableau aussi paiivre et
aussi misérable que celui qui doit résulter
du système 0|)posé au nôtre. 11 pourrait, il
est vrai, décrire, sans avoir à en rougir, la
vie de son divin fondateur; comment dans
son enfance il a soulfert le froid, la pau-
vreié, toutes sortes de privations, et a été
obli^'é de fuir devant ceux oui en voulaient
à bà vie; comment il a mené une vie obs-
cure, remplie de peines et de misères; com-
ment à la tin il a été moqué, méprisé, tor-
turé et crucilié ; car toutes m;s souffrances
ont été abondamment compensées par la
gloire de sa résurrection, par la majesté
ae son ascension et l'éoiat de sa position
j^rvsentc. Par toutes ces choses il a prouvé
qu il était le Saint et le Jusie parexcellenc^ ;
et, en retour de toutes ces soutfrances ,
Dieu lui a fait voir une longue génération
et un héritage heureux et prospère. Mais
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE. KEC \\^
assurément il n'oserait tenter d'établir un
parallèle entre la vie du Christ et Thisloire
de l'Eglise son épouse, et de raconter com-
ment elle a été comme lui aussi dans les
commencements, petite, pauvre, persécutée,
négligée; comment les princes oui eu s(iif
de son sang et l'ont en partie versé; com-
ment aussi les prophètes l'ont portée entre
leurs bras, et les saints ont soupiré après
son entière manifestation; puis cooiiufDl
aussitôt qu'elle a eu pris de l'accroissemect,.
elle s'est plongée dans tous les excès ca,
crime, dans la prostitution et lemeurtft;
comment elle s'est couverte de toutes la
abominations qui ont toujours desboi
les nations idolâtres; comment eniia, i
plusieurs siècles d'opprobres et di
nations de ce genre, elle s'est relevée,
comme son auteur, avecdes membres doi
d'une nouvelle souplesse, d*une noui
vigueur et d'une beauté nouvelle, areco
tète couronnée d'une gloire nouvelle et fOi
ne doit jamais se flétrir, avec unajeuneai
renouvelée comme celle de Taigic; dA,
plutôt comme ces rejetons bâtards quicrM
sent de ces arbres privés de toute (nUank
que Ton aperçoit snr les bords desti^.
d'Afrique, comme si quelques
avaient repris une nouvelle vie, (oata
férente de la première, tanllis que loot
tronc serait demeuré jusqu'à ce jour i
masse de corruption et de pournlure.H
la représenterait pas non plus comme
de ces fleuves qui au premier abord i^a
sent être un large et majestueux couri
sorti d'une source pure et sans souill
s'avançant avec majesté et prenant sam c<
de nouvelles forces, renversant par la pi
sance calme de son cours tranquille les
gers obstacles que la nature ou l homme
élevés dans sa route, transportant sur
ondes d'un peuple à l'autre les arls <
paix et du l>onheur, et établissant des 1
de communication entre beaucoup de
qui ne se connaissent les uns les autres
par son intermédiaire; mais qui va loi
coup s'engloutir dans un désertaridcct
téré,etse trouve changé, pendant longie
en des marais contagieux et des élan^
salubres, jusqu'à ce qu'enfin îl sorletJe
marais un chetif petit ruisseau qui ala
tention de se croire la continuation du
perbe fleuve, parce qu'il traverse dans
cours insignitiant quelques parties res
tes du globe habitable.
Mais plutôt il aimerait à la repr
sous les traits d'un noble édillce riche
orné, comme un temple digne de Dm
lustre de ses ornements dorés peut
quelque temps perdu de son éclat,
négligence do ceux qui devaient veillet
conservation; ses décorations ont pu m»
de la rouille et du temps; mais sesf«
ments sont appuyés sur les collinesëtero^
et ne sauraient être ébranlés, ni [lar les lei
pètes, ni par les tremblements deterf*-
C'est ainsi que nous l'avons considérée^
tous les siècles , comme la grande W^
universelle qui, élevée comme une t^u
IH»
BEG
mcT.ONNAmE :VPOLOGETlQVe.
HEG
fIGt
donUne tons les objets qui renrironnent ,
teK es qu'on peut roir les magnifiques cathé-
drales de Tantique ^iise s*é!eTer avec ma-
jesté au milieuyles édifices mesquins, sacrés
ou profiuies, qui ont été bAtis et ret>Atis, et
^ont ««tombés de noureau en poussière au-
^tmr d'elles, tandis qu'elles, au contraire»
restent toujours debout sans aroir éprouvé
d^aliération ni de changement et offrent^
dans tous las Keux où elles se trourent, une
tB^DosasIa et délicieuse perspectiTe.
Oui certainement , si nous arons recours
aui résultats de l'expérience, il nous sera
facile de prononcer Jquel est le système de
foi qui s accorde Je mieux arec l'institu-
tion dirine; si c'est celui oj]^ l'homme est
abandonné sans guide à son propre juse-
niem, «ujet à tant d'erreurs, ou oien celui
cà l'on suppose que les doctrines du Christ
MMt consenrées à lUde d*uii système per-
maoent et durable T^eTêtues comme elles le
^oot déformes extérieures qui leur donnent,
ixior ainsi dire, un corps, sous \a garde salu*
taire d'une Eglise riTante et indéfectible,
£iieflel, quand on yeut consenrer longtemps
«aae odeur précieuse, on ne rexi)Ose pas au
oQBlactdelairdans la ipnrelé de son essence
«^diérée , sachant bien que de cette manière
^k s'éfaporerait bientôt et se dissiperait
«riièrement ; mais , au contraire , on Vallie
^aaelque chose d^une nature plus malé-
^elle et plus terrestre oui lui donne, pour
^■iasi dire, un corps, d'où elle continue long-
tfSPflips encore d'exhaler son parfum et d'em-
kAiamerioat ce qui en approche. C'est ainsi
f^rédsément qu'il en doit être d'une institu-
tion religieuse : car au moins rexpérience
ne nous a-t-ellepas appris que les tentatires
liai les pour spintualiser entièrement la reli-
fion en la dépouillant de ses formes exié-
ric^res et en renonçant au principe d'auto-
filé, doirent finir par l'affiaiblir peu à peu
ei la conduire à une ruine totale.
He connaissons-nous pas tous une Eglise
qui a dans ses mains tous les instruments
oe la force matérielle^ qui possède tant de
lemples magnifiques, merTeilleusement des-
tinés à être les théâtres d'une influence sans
bornes sur des multitudes innombrables de
penpleT 11 en fut ainsi autrefois; mais au-
jouni'hui ces temples sont vides et d<?serts
tout le jour, et semblent être les superbes
sépulcres d'un culte mort, plutôt que les
temples d'un culte Tivant. Et comment donc
ce triste changement s'est-il opéré? La reli-
S'on, qui les a bâtis dans les siècles passés
ait une de celte nombreuse famille de
sœurs qui toutes obéissaient et étaient sou-
mises à la même mère commune. Pendant
des siècles, elle ré^na par l'autorité spiri-
tuelle et ecclésiastique, et son règne fut
f tacifique et glorieux ; mais il s'est élevé en
elle un esprit de rébellion , et dans l'orgueil
de son ccBur elle s'est écriée : < Je n'ai pas
liesoin que les hommes m'honorent* me
révèreni etm'obéissent, ni qu'ils environ-
nent de leurs respects ces marques de Tau-
lerité eX de la règle qui sont aussi en même
lemps les signes de ma dépeudauce ; ma
DiCTiO!f!«â»e AP0l.0ÇLTiQlC. IL
beauté seule recevra des hommages. Je no
veux plus autour de moi tous ces louchants
souvenirs, les iombes des martvrs, ou la
jours passés? Je mépi
ments somptueux, la pompe brillante des
processions des ministres sacrés, les nuages
ae leur encens et l'éclat de leurs cierges ?
Je m'assiérai seule au milieu de ma demeure
nue et sans ornements, comme une vierge
vêtue de blanc; et les hommes m'aimeron^
me serviront et m'honoreront uniquement
pour moi-wême. » C'est ce qui a eu lieu pen-
dant un certain temp^, tant qu'ont vécu ceux
qui se sourenaient des jours de sa gloire, et
3ui l'aimaient comme un reste et un vestige
e ce qu'elle avait été autrefois.
Mais, après eux, est venue une géné-
ration qui ne connaissait point ces jours
déjà passés , des hommes qui avaient les
bras croisés sur leur poitrine, «l dont le front
sourcilleux ne se déridait iamais. Quand ils
se présentèrent devant elle, elle vil qu'ils
avaient appris par son exemple k se révolter,
et qu'ils avaient recueilli de ses lèvres les
termes de mépris et d*ignomjnie {«r lesquels
elle avait déslmnoré sa mère. Ils la renver-
sèrent, la foulèrent aux pieds dans la pous*
sière, et la réduisirent à se roanser le c«eur
de douleur. Alors , il est vrai , elle se releva
encore à l'aide des bras du pouvoir; mais ce
ne fut que pour subir une mort plus cruelle
et plus lente, pour voir d'année en année
ses disciples diminuer , ses temples moins
fréquentes, le pouvoir de ses nombreuses
rivales s'augmenter et leur nombre s'accrot-
tre de plus en plus. Et aujourd'hui même
ses dépouilles ne sont-elles pas comme
mises au sort , al les hommes ne discutent-
ils pas entre eux a«r tes moyens de se les
mieux partager? N'en parlent4ls pas avec
irrévérence, et ne pèsent-ils pas son utilité
dans des balances de fer, et n évaluent-ils
pas en pOees d'a'rgent les Ames qu'elle con-
serve encore.? N est-elle pas traitée avec
ignominie par ceux qui se disent ses^ enfants?
Son existence n'est-eile pas réduite par eux
à une question d'utilité politique et tempo-
relle?
Quand on voit le service divin des cathé-
drales concentré daas le chœur, destiné dans
l'origine au ministère privé et journalier
des ministres spéciaux du Seigneur, ou
quand on aperçoit la congrégation tout en-
tière disséminée sur une pelite partie du
sanctuaire réparé à cet effet, tandis que
le rflste de l'édifice |n'est qu'une ruine ma-
jestueuse, assurément on doit se sentir plus
porté à pleurer qu'à se féliciter du change-
ment qui a eu lieu depuis que ces immortels
monuments ont été érigés. Qui peut visiter
cette magnifique église de Sainte-Marie d'0>
verburg,ou Saint-Sauveur, k Londres, res-
taurée il y a peu de temps, et considérer
attentivement la superbe architecture qui
en couronne l'autel , avec ses nombreuses
niches et ses sculptures si délicates , et ne
I as sentir que le grand objet dont toules ces
37
1IG3
REG
DICTIOiNMlRE APOLOGETIQtJE.
ŒG
m
merveilles n'étaient que les accessoires, en
a été enlevé ; que les hommes n'auraient pas
travaillé ainsi y consacré leur temps et leurs
talents pour ne préparer gu'un lieu propre
à recevoir une table ordinaire, à laquelle
tous ceui qui adorent dans ce lieu tournent
le dos ; mais qu'il y eut là autrefois un autel
que les hommes aimaient et révéraient , et
qu'ils tenaient à très-grand honneur d'ho-
norer. Qui peut assister au service divin
célébré dans une cathédrale protestante , et
voir tant de traces encore qui rappellent les
anciennes pratiques, tant d'objets qui ont
perdu toute leur puissance f^ar 1 absence des
sentiments et des motifs qui leur ont donné
l'existence? Qui peut songer à ce désir, toute-
fois si ^évidemment inemcace, auquel on se
bornemaintenaut,deremplird'une religieuse
majesté ce superbe édiGce , plus par la voix
de l'orgue» que parles emblèmes de la pré-
sence de Dieu, ou cette parfaite conformité
de sentiments qui produit une si touchante
harmonie dans le cœur de la multitude (chez
les catholiques) , et ne pas verser des larmes,
à la seule pensée qu'une nation a pu être
dépouillée de.ce qu'il y avait de plus beau et
de plus touchant dans la religion, et se glo-
rifier de n'en conserver que les débris et les
tristes fragments?
Assurément, à un tel spectacle , et lors-
que j'entends admirer la liturgie angli-
cane, comme une œuvre sublime >et incom-
parable, sans réfléchir uu'erie est toute prise
de la nôtre, que l'on a abolie ; que ce oui en
a éié conservé par les anglicans, et forme
la partie essentielle de leur culte, n'est chez
nous qu'une partie secondaire et qui sert
de préparation à un rit plus solennel ; que
leurs sublimes collectes, ainsi que TEpître
et l'Evangile ne sont chez nous que comme
une introduction et une préface à une ac-
tion plus sublime ; quand je vois cette Eglise
recueillir ainsi et préserver de la destruc-
tion les accessoires de notre culte, et esii-
' mer à un si haut prix le cadre même qui
ne fait que renfermer notre liturgie, je ne
peux que la regarder comme une mère frap-
pée de la main de Dieu, en qui la lumière ,
de la raison s'est obscurcie, bien que les
sentiments du cœur ne soient pas encore
éteints, qui presse contre son sein et caresse
le cadre maintenant vide qui entourait au-
trefois l'image de tout ce qu'elle aimait sur
ia terre, et continue encore à remuer le
berceau de son enfant qui n'est plus I
Mais si, détournant les yeux de cette
scène d'inconstancci de changement et do
ruine, nous cherchons un contraste, il uo
lue sera pas bien difficile d'en trouver un.
Oh 1 que ne puis-je vous transporter, sur les
ailes de mes atfections, dans cette cité sainie
où tout ce qui est chrétien et catholiaue est
empreint du sceau de l'immortalité I Cest
vers oe point que le catholique doit fiter ses
j'egards pour y découvrir la preuve la plus
certaine de 1 efficacité et de l'universalité
du i)rincipe de foi qui anime et dirige sa
religion. Là, je pourrais vous démontrer
jusqu'à l'évidence la ténacité que l'EijMse
catholique a toujours fait parallré pour cb-
cune de ses doctrines, par cette raison qu'elle
a pris tant de soin et s'est donné tant de{)ei(ie
pour conserver les moindres édifices ou mo-
numents capables de rappeler le passé à son
souvenir,ou qui porte l'empreinte de quelqu.'
doctrine ou de quelque discipline, ancien rev
ted'un flge plus cher et plus heureux. Je jxiar-
rais vous montrer plusieurs églises encore de-
bout, qui ne ressemblent pas, il estTrai,àrf<i
monuments antiques, élevés et magnifiqueç,
que nous voyons en Angleterre, mais ({iti
sont humbles et pauvres, quoique iniacici
et parfaitementconservées, disséminécsàtt
ô'cs contrées qui furent peut-être aotnte'
les lieux les plus peuplés de la terre, e(nt^
étaient couvertes des plus somptueux édll^
ces, mais qui sont devenues d'arides désw
et des monceaux de ruines ; vous les vemij
seules debout et agranJies par la solid*,
qui les environne; ce furent lespremior
temples du christianisme naissant, tm^
être me demanderez-vous pourquoi ces^'
ses des premiers chrétiens sont enooreeot»
servées dans des lieux où il n'jnplusé
fidèles pour les fréquenter? \mmm
bientôt, en effet, que les édifices ré^fBti
que Ton rencontre dans les quarém'
Elus populeux et les plus fréquenifi
ondres ne sont pas plus rapprochés
uns des autres que ceux des quartiers
jourd'hui inhabités de Tanlique Rome.Ti
pourriez me demander encore qui lésa
vés de la ruine qui a rendu les cités d<
tes, vidé les palais des rois, et réduit
poussière les monuments des empires!
vous vous étonneriez comment ces édi~
bâtis avec les matériaux les plus p
et les plus durables, et dont les fond
étaient, pour ainsi dire, fixés dans le roc^
lequel ils étaient plantés , qui enfin é
garnis et couverts de fer et d'aira n,
cependant tombés en ruine , tandis que
autres, qui étaient formés de maléi
fragiles et périssables ont soutenu le
destructeur A cela je vous répondrais
la religion les a embaumés avre le<
parfum de sa sainteté, et les a garantis
attaques delà rouille et des vers; que, qu
les barbares exercèrent leurs ravages
leurs environs, elle marqua leurs porttiS!
sang des martyrs, et les destructeurs et
bèrent leurs têtes en passant auprès, et
laissèrent comme un refuge pour le
heur à cette époque si affreuse de sa
de carnage.
Et vous verriez qu'à partir de ce le
là on a pris le plus grand soin de cou
ces monuments dans la plus parfaite i
grité ; que l'on peut encore observer an
d*hui, dans ceséglises vénéraiiles, lesd
si lions particulières qui supposent un
et un ordre de discipline diuércnts de
que nous suivons maintenant ; vous m
l'endroit où se tenaient les catéchunii
sous les portiques, et où les péuiteDt>
ditl'érentes classes étaient en aitentr, w\
rant les prières des fidèles, les pupitre:^
TEvaUj^ile était lu par les saints, ia *^'^'*
Ift^
MCTieNNAmE APOUIGCnOCE.
i(£L
I14Î6
lême épiseojMile où le grand docteur saiot
retire arait cootuinc de prêcher, enfia Té-
lis^ entière eocore debout, telle qu'elle fut
ulrefois, avec Ja majesté calme et solen-
elle qui rennroaoe, et nous reporte aux
^otialeols de paix et d*unité qui, dans To-
igine, serrirenl de base à la formation du
lan de ces édifices. Or» quel est le principe
ue ces lieux rappellent? Ils ne nous ra-
wteaC pas seulement les événements des
tmps antiques; ils ne servent passeule-
lent i faire revivre dans nos coeurs les sen-
meols d'attachement qui nous rapprochent
'uae époque meilleure et plus heureuse ;
iàis ils sont un j;age, une garantie que le
léme esprit qui les a conservés intacis,
)oservera bien mieux encore les doctrines
ai y forent autrefois enseignées, et oui
>n\ pour ainsi dire» inoori^réesàleurplan
t à leur constitution.
Remarquez ensuite, outre la force de du-.
^ qu^il renferme, quelle vigueur et quelle
lasljcité ce même principe nVt-il pss pour
établir ce qui a été détruit. Vous avez vu
ue r^ise anglicane porte déjà des symp-
jmes aune triste décadence , et Qu'elle
inie à la force corrosive du principe de dés-
\ùk>a et d'aflEadblissement adopté par elle.
EhUienl maintenant tournez vos regards
(ers cette contrée et cette cité où je tous ai
raasportés en esprit, et souvenez-vous qu'il
isi à peine écoulé quarante ans depuis
ju*elie a cessé d'être sous la verçe de ces
ommes d'insulte et de pillage oui ont dé-
ouillé la religion de toute sa splendeur et
DcbaJné ses pasteurs dans des chaînes de
tr. Mais elle avait déjà fait trop souvent
eipérience de ces sortes de scènes pour en
edouler les conséquences. Toutefois , elle
ai pendant plusieurs siècles exposée aux
rruptions périodiques des barbares enne-
mis, et toujours elle vit que, semblables
111 inoodations du Nil, elles ne tirent c^ue
eoouveler sa fécondité, et le limon qu el-
;« laissèrent après elles, devint un sol choisi,
ropre à recevoir la semence de sa doctrine,
oyez avec quelle promptitude les châsses
cilevées ont été remises à leurs places, les
lonuments défigurésontété restaura, et les
^iises à demi-ruinées presque rebâties.
i»yez du matin au soir ses temples ma^ni-
i^ues ouverts, sans distinction, aux grands
i aux petits, et une foule innombrable as-
sier aux offices de chaque jour, comme si
e leur temps il ne s'était rien passé cjui pût
'Ouiiler leur foi ou leur eu ravir les lustru-
leiitsl Et d'où vient celte différence? De
^la seul assurément, que la religion catbo-
que, exerçant un contrôle absolu sur les
igements et les croyances de ses membres,
arle i leurs sens, a leurs sentiments et à
^urs cœurs. Car c'est là une cité accoulu-
1^ depuis longtemps à la règle, mais à une
^^\t qui s'exerce par l'amour. Se croyant
onc*, et je le dis avec confiance, se croyant
vec raison investie, en vertu des pronies-
es divines, du pouvoir d'enseigner toutes
^ nations, elle a usé de son autorilé-pour
éonir tous les hommes dans l'unité de foi,
donnant aux Amériruiins et aux Chinois le
même Evangile qu'elle avait doruié aux Afii*
cains et aux Bretons. Mais en même temps
qu'elle porte son sceptre avec une inaltéra-
ble équité, elle ne craint pas de Torner de
pierres précieuses ; elle sait que l'or et l'ar-
gent, ainsi que les parfums précieux, ap-
partiennent au Seigneur, et que sa main
les à donnés à la maison où il habite; aussi
elle les a prodigués à son service ; elle ^
aimé tous les arts vivants, elle s'est envi-
ronnée de toutes les splendeurs et s'est pa-
rée de toutes les beautés; c^est ainsi qu'elle
s'est fait aimer des petits et respecter des
grands, et qu'appuyée sur le roc dune pro^
messe élemelU, elle ne craint ni les change-
ments de la terre ni la malice de Fenfer;
elle est à l'abri des premiers en accomplis-
sant , dans sa constitution extérieure , les
types et les figures de rancienne loi, moins
spirituelle, qui fut le temps de l'espérance;
et à l'abri de l'autre, c^mrao étant le sym-
bole et l'image du royaume fortuné de l'é-
ternel amour.
RÈGNE DE JÉscs-CaïusT, son établisse-
ment sur la terre. Yoy. Jésus-Ciuiist, art. 111.
— Difficultés de cet établissement. Ibid., i 1
et XI.
REUGDEUX et MOINES, leur zèle pour
former des bibliothèques au moyen âge.
Foy. Sgikrces, i III.
lEUGION NATURELLE.
La oature «t la raismi , ces nobles
iBsUjicU,restenieiil étouffés en dous
sans une calUire assidue et régulière.
Ceue culture, c'est la chilisaïkNi
qui la donne. Otec la religion ei la
pUloao^e, tous ôter la ciTîlisaliuB.
Il reste nus doute les cernes de
tout cela, mais ces germes pcrisseut
arant d'éclore.
(Em. Saisskt, iftwe des deux
momies, iS mars IMi.)
Les théologiens et les philosophes s'ac-
cordent à reconnaître que riioaime a été
créé dans le plein usage de ses facultés et
avec la parole. Cet accord sur le fon J de la
Suestion présente n*emp6clie pas quelques
issidences surd^importants accessoires.
Indépendamment de renseignement exté-
rieur (|ue la parole iierpétue. Dieu met-sil
dans Tâme de chaque homme, par le fait
même de la création, une notion propre-
ment dite des premières vérités, ae sorte
que, abstraction faite de tout moyen exté-
rieur qui serve à exciter la notion de ces
vérités, chacun la trouve au fond de sou
intelligence?
Plusieurs philosophes et théologiens sou-
tiennent TaÉrmalive sur cette question. Ils
avouent, toutefois, que, sans le secours des
moyens extérieurs et de l'éducation surtout,
ces premières notions finiraient fiar s'étein-
dre presque entièrement. Ext supposant
qu*il suffit de la réflexion pour les conserver
et leur donner en outre quelque dévelop-
pement, ils conviennent encore que ce de^^
veloppement ne pourrait aller jusqu'à four^
nir une connaissance suffisante de nos de*
voirs, même les plus essentiels.
tl67
hel
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
ÀÏL
m
Sans vouloir flétrir ce senliroent, qui
compte dMllustres patronages, nous nous
permettrons de dire qu'il a été généralement
l)ien accueilli par les théologiens de la ré-
forme; ils croyaient y voir guelque affinité
avec leur principe d'illumination indivi-
duelle dans Tordre surnaturel. Plusieurs
déistes s'en sont accommodés, Rousseau en-
tre autres, et Bcrgier le remarque (1228).
La révélation, en effet, leur paraissait d'au-
lant moins nécessaire, que l'homme était
plus éclairé par sa nature même. On a pré-
tendu, mais h tort, que l'opinion des no-
tions innées avait appartenu à l'enseigne-
ment universel des écoles chrétiennes.
Loin de 15, un grand nombre de ces écoles
n'ont admis de vraiment inné dans Tin-
felligencc humaine que :Ie germe des no-
tions qu'elle peut acquérir, qu'un tync à
peine ébauché des réalités qui en sont 1 ob-
jet. C'est au moyen des impressions diver-
ses fournies par les- sens, qu'elles expli-
quaient ensuite la transformation des ger-
mes primitifs de nos connaissances en
perceptions véritables. Ce dernier système
a dominé dans le moyen Ige^ et il compte
depuis, parmi ses partisans, le plus grand
nombre des hommes de la science. Quant
aux Pères, on aurait tort, ce me semble, de
part et d'autre, d'invoquer leur autorité.
Lorsqu'ils ont traité la question de l'origine
de nos connaissances, on peut dire qu'ils
n'ont songé qu'à établir le rapport intime,
naturel de TAme avec la vérité, contre le
paganisme et )*épicurisme dominant; ils
ont prouvé Texistence d'un principe de lu-
mière distinct des sens, en chacun de nous,
sans s'occuper des conditions de son déve-
loppement. Ainsi, lorsque dans ces derniers
temps, de Maistre, de Bonald, Lamen-
nais, le P. Ventura (1S29), et la plupart des
philosophes chrétiens tie ce siècle, ont
cherche à démontrer, par l'expérience des
sourds-muets, par l'essence du langage et
li'S lois de notre nature, que la parole e^t le
premier moyen de perception des idées
intellectuelles, ils n'ont faitquedéterminer
Ja nature de ces conditions extérieures de
nos perceptions, dont la nécessité a été re-
connue par les théologiens et lesphitosophes
que nous avons cités (1230). Mais, dit-on,
que devient dans ce système la loi naturelle?
Nous répondons : 1' nous admettons une
différence essentielle entre vérité et erreur,
bien et mal : 2^nous affirmons que tous les
hommes ont l'évidence de cette différence,
aussitôt qu'ils ont la notion des choses
sur lesquelles elle porte ; 3"* en supposant
gravés en nous les éléments des notions que
(1228) ÎHclionn. théohg., art. lléiélatitm.
(1229) De melhodo philotophandi,
(1230) On peut consulter sur ce sujet, outre les
auteurs que nous venons de citer , Gousset, Notes
au Dict. tkéol, de Berçier^ et de la Théol. de Dailty^
1^' vol.; Do.NET, ElémenU de philosophie; Laursntie,
Inlrod, à la phiL Concordia ralionis et fidei^ aiiony.,
Perfectibilité hmuaine , anonviue ; de la Marne ,
Annales de phil. ; Ballanc^., kssai sur les inUitu-
lions, etc.
nous avons de ces choses, ces nolloi» c(<.
seront-elles d'être naturelles, parce quelles
ne seront pas une forme première de notre
esprit, et que la transition de Tidéc ou ih
type des réalités à l'état de coiiBaissanre
proprement dite, dépendra de conditions
extérieures et sociales, très-conformes d'ail-
leurs k notre nature'? N'est-il pas cenlDiiic*
toire de dire que le développement de ^i^
telligence cesse d'être naturel, parce ((qci
vertu de sa nature même, ce dévetopiienei
ne s'opère que d'après ^certaines lois? Ai.
reste, l'existence de la loi naturelle ^l^i
dépendante de celle des perceptions inaiik
de l'aveu de leur plus ardent dérciM%
dans les tenips modernes, lecardioslôpi
dil (1231). Que pent-on ajouler, en
pour être en droit d'appeler une loi
rellcy lorsqu'on reconnaît que les p
au'elle renferme ne sont que l'eipi
es rapports naturels qui nous lient à
et à nos semblables, et que le mode de
mulgation de ces préceptes est ideo
avec les lois générales du premier d<fi
{)ement de l'intelligence humaine^ iv
sentiellement fondées sur notre r^
Aussi, les théologiens, ceux mèm
mettent des notions innées, n'en
Su'accessoi rement en démontrantl'e
e la loi naturelle, et ils placent h
de leur démonstration» d'abord dans h
férence essentielle entre le bien et le
et ensuite dans l'évidence que nous
de cette différence aussitôt que la
du bien et du mal, et des objets au
elle s'applique, existe dans notre esp
Rappelons , au reste , avant d'en finir
cette question, une conséquence i
t'>nte de ce que nous avons établi.
certain et reconnu universellement, a
nous dit, que Tensembledes vérlt
forme l'objet de la loi naturelle, a été
mitivement enseigné avec le lan.^ab'^l
ne pouvait être que l'expression dH
vérités. Les théologiens s'accordent ei
à dire, après saint Thomas, que ïh
a reçu, avec re premier enseigneme
manifestation extérieure de quelques
lés relatives à sa lin surnaturelle. "
quoiqu'il en soit de la promulgali
la loi naturelle, infuse par le m
création, il demeure certain que ce
n'a jamais été purement naiurcllc
dans son objet , ni dans le mode de si
mulgation (1232).
Tel est renseignement de la iW
catholique sur la question tant débad
la religion naturelle. L'exposé qui p»
est emprunté mot h mot à foperfu
(1331) De legibust disput. % propter Si ^
p. 21.
(1232) Voir Hoock, ReUg. ii«rf. et reteL
t. Il, p. 779; Bouvier , ThéoL^ t. I", h
Théologie de Toulouse, U l*% p. 458; LîoJ
t. 1*% p. 282 ; Tliéol. de Roue», 1. 1*'. P- -^
l. m, p. 19 et 20; Bergier, TraiiéiclaU*
p. m, etc. : Dict. théoL^ an. LoinaturdUa^^
tion ; RtCEvEun, hiirod. à la thécl», p. 11 d I-
suai
m
IIEL
OKmaNNÀlKE APOLOGETIQUE.
REL
liT^
%lologi€ (t. h p. 55)» imprimé par ordre de
fgr FMque de Saini-Flour [iShk). EcooCoos
jialenant Mgr Affre, archeTÊque de Paris,
aitaat le même sujet dans sa Leiire pasto-
lie sur la eomposiliaUf Fexamen ei la pu*
ieatian da livrée^ en faveur desquels Us
aeurs ou édiUwrs sotliditnt tme appro*
liisiu Voici <fi quds termes niluslrjs arche-^
^qu€ s*expritae dans le chapitre iniiiuté :
if^ce de savoir nécessaire quand on dis-
ue sur la religion naturelle.
fLepoinl qoe nous allons discuter est
Daeextrème importaocevjiarcequ'un grand
)iDbre d'erreurSy sur le tond même de la
ii^oo naturelle , Tiennent db la manière
Nit ttoe certaine philosophie explique son
4 Nous aurions trop d'avantages si nous
ippelions id les origines abjectes que le
aiériaJisme n'a pas rougi a inventer , do
\>Juire au grand jour, de louer avec
^jiplatsanoe 9 comme infiniment oréféra*
es à celle qui est Tobjet de noire uif.
( Au lieu de remonter à Dieu , cette pbi-
fiophie est descenduejusqu*à un vil limon
;uaffé par le soleil. Elle en a lait sortir
aaniaalcule qui trouve en lui-même une
aer^e infinie. Tandis que le cbef-d*(Buvre
tlicréation ne peut ajouter une coudée à
I Uille, selon le langage de TEvan^le, lui
^i'ooDe \ts plus étonnantes organisations.
IriDchit tons les degrés , depuis la plus
ï(«rlaite jusqu'à la plus merveilleuse de
aies, à celle du corps humain. Il fait en-
ûte la conquête d'une Ame, il invente la
irole |iour vivifier son cœur/ son intelli-
îflce, pour peDser» raisonner, créer la
iijpoQ, bi morale, les lois, lesarts, lasociélé.
I nison naturelle nous dit qu'il n'y iias
^ets sans cause, quelque petits quon
'Jàsie les supposer ; et il n'y aura aucune
oie pour expliquer une succession d*effeis
^possibles à concevoir sans la toute-puis-
u« de la causa des causes, de TEtro des
^9, de TBtre nécessaire 1
< Voilà i'faomine, d'après une raison pbî-
iophique abandonnée aujourd'hui , mais
ftsque souveraine il y a trente' ans. Elle
chercher Télément qui a reçu le moins
vie, et elle en lUt dans la réalité . un
^ puisqu'il en produit les œuvres. C'est
we nécessaire ; c'est un créateur de lui-
^e*, ou plutôt c'est la chimère des chi-
ns. Honte éternelle è ceux qui conçu-
it ce misérable rêve , et au siècle qui, au
tt de les repousser par le mépris, les
Qora de ses suffrages, et dans son dé-
e, osa les appeler les amis de la raison,
i propagateurs des lumières 1 Louer les
f»rils éclairés de notre époque d'avoir
^Qé dans le pays des fables cetin-
De système, serait leur faire une in-
*« que nous devons leur épargner ;
>«Q<lantil a régné avec quelques. autres
Q moins méprisables, et qui oserait dire
e ces absurdités ne sont ()as descendues
^ région des beaux esprits aux esprits
allés, siiacilesàadmirercequ ils ne corn-
auent point , si coiiiiants k croire tout ce
qui justifie les vils penchants de l'homme?
c Quoi qu'il en soit, ce serait aussi trop
outraçer la religion, de comparer la noble
^néalogiede l'homme, qu'elle fait remonter
jusqu'à rf/re infini^ à cette dégoûtante gé-
néalogie crai, après avoir commencé par
une hypothèse impossible, se continue par
des absurdités palpables, et conduit logi-
quement à des monstruosités morales. Né-
gligeant beaucoup d'autres erreurs moins
grossières , il nous suflira de mettre la
plus séduisante en opposition avec rensei-
gnement du christianisme.
c L'homme, qui n'était pour la philoso-
phie matérialiste qu^un insecte parvenu à
force de ramper (Db Bonald), est devenu
pour celle qui lui asuccédéun être déifié; il est
et il sera toujours pour le christianisme l'en»
fimtdeDieu : condition où il puise, avec des
sentîmentssi humbles et si.nobles, la raison
la plus haute et le motif le plus légitime de
ses devoirs. La philosophie régnante, d'accord
avec toutes les philosophies anti-chrétiennes,
lui en prescrit aussi, mais c'est lui qui se
les impose. A l'origine, comme dans la
suite des âges, il n'a jamais rien appris que
de lui-même; aucune loi ne lui fut donnée.
Qu'ils fassent de nous des dieux ou des
vers de terre, que nous soyons esprit ou
matière, les philosophes excluent égale-
ment le secours divin ; ils l'excluent comme
attentatoire à la dignité, à la suprême indé-
pendance de l'homme.
« Au commencement Dieu fit Iliomme à
son image, disait la religion depuis plus de
trois mille ans; il lui révéla le nom des êtres
créés, il se révéla lui-même, et il remplit
son cœur d*un sens exquis pour distinguer
le bien et le mal, sensu imptevit cor illorum
(Eccli. xvif. G); il alluma une lumière dans
son intelligence. Lorsque cet enseignement,
répété de siècle en siècle par une udèle tra*
dition, rencontre des contradicteurs, la reli-
S ion ne leur répond point par un orgueilleux
édain.Elleaussia une philosophie; en voici
la substance. Elle prouve d'abord l'autorité
de ses traditions par d'irrécusables témoigna-
ges, et elle ajoute : Ce que vous app^^Iez loi,
religion, dogmes naturels, reçoivent de tous
les inéologiens la même dénomination ; mais
ils n'excluent pas comme vous, ils supposent
au contraire la révélation f&ite au premier
homme de ce corps de doctrine, en ce sens
du moins gue Dieu lui en donne, n'importe
le mode, n importe la formule, les principes,
les règles fondamentales. Si Dieu, continue
la philosophie chrétienne, n'a point fait à
l'homme le don de ces vérités, quand et com-
ment les a>t-il inventées? Avant le langage?
Hais la réflexion prouve que l'intelligence
ne reçoit la vie que par la parole. Ce n'est
pas dans un profond engourdissement, oans
un état où nos facultés n^nt pas même la con-
science, le sentiment d'elles-mêmes, qu'elles
peuvent s'élever à leur plus haute puissance,
produire Tacte qui en suppose le pluscom-
plet, le plus sublime développement. L'in-
vention de ces vérités est-elle postérieure à
cefle (lu langage? Mais labsencedes moyens
firi
REL
OICTIONXAmE APOLOGETIQDE.
jm
m
nécessaires pour la | reniièrc a rendu impos-
sible la seconde. La création d'une langue
n'exige pas moins d'intelligence C|ne la créa-
tion d'une loi, d'un^ religion primitive. On
ne conçoit entre elles aucune priorité de
temps ; elles ne peuvent exister Func sans
i autre.
« On n'échappe k des raisonnements aussi
décisifs, conformes d'ailleurs aux traditions
(le tous les peuples, que pardes romans phi-
losophiques, qui, après avoir blessé le non
sens et la logique, n'ont pas même \e fri-
vole avantage d'embellir Terreur. Ils exal-
tent l'orgueil, ils laissent sans frein les pas-
sions les plus désordonnées;, c'est hi seule
cause, la seule explication de feurs succès.
« Qui donc raisonne le mieux, de fa phi-
Tosonhie fidèle à la révélation, ou de celle
qui la repousse? Avec celle-ci il faut qu'une
.sagesse inlinie se soit bornée à donner des
lois à la matière ; qu'elle ail abandonné à
Thomme la création des lois qui doivent
régir son être moral; création impossible,
nous venons de le prouver; création qui,
aux yeux mêmes de ses partisans, n'a pu
être que l'efifet d'un hasard prodigieux.
« Je lui donnerai d*admirables instincts,
aurait dit cette sagesse» pour conserver son
être physiqu© ; son âme sera enrichie de
facultés plus admirables encore. Là sera
terminé mon œuvre; point de moyen pour
l^s exciter, point de règles pour les diriger
dans leur développement. Ce monde inté-
rieur, mille fois plus fécond en mystères et
en prodiges digues d'une éternelle contem-
Slation Que te monde des corps, naîtra, s'il
3 peut, a la vie de l'intelligence. L'un sera
l'ODJct de ma plus tendre prédilection, et le
théâtre permanent de ma puissance ; Tautre
sera délaissé comme indigne de mes soins
et de ma sollicitude.
a Voilà pourtant le langage que le déisme
est contraint de prêter à une sagesse infi-
nie ; heureusement que ce n*est point celui
que celte sagesse a donné à l'homme. Nous
avons déjà vu que le panthéisme fait des
suppositions plus absurdes encore, s'il est
i)Ossible. Nous disons au contraire que les
ois qui règlent le cœur et l'intelligence ont
dâ être révélées à l'homme en même temps
que son Ame était enrichie de fiicultés. Nous
ne disons pas que ces lofs soient innées; ce
serait entrer dans un mystère, ou tout au
moins faire un système. L'idée de révélation
et de lois innées sont loin d'être essentielle-
ment corrélatives. Nous disons qu'il y a eu
des facultés créées^ des vérités données;
qu'il y a aussi peu de bonne philosophie à
les séparer, que d'orgueil et d'ingratitude
à faire de l'un de ces dons la conquête de la
raison. Celle-ci a reçu seulement le privilège
de Caire valoir le talent qui lui fut confie,
c'ost-à-dire de cultiver les notions dont elle
fut enrichie ; de les multiplier, en ce sens
du moins qu'elle peut, avec leur secours,
connaître les applications sans nombre de la
loi morale à nos devoirs envers Dieu, à nos
droits et à nos devoirs envers Thomme et la
&€K.iété.
« Ainsi raisonne la philosophie cbrétieDoe
sur l'origine de la religion nalufelle, qm,
dans la réalité, n*est autre chose ({ue b ré-
vélation primitive.
{Voy, RéviLATi05 fbimitiw et mcRoio*
6ifi, passim.)
RELIGION. Son universalité el sa perpé-
tuité. Voy. Surnaturalisme, $ L — Sa na-
ture, enoe Qu'elle a d'essentiel, est idemiqtie
chez tous les peuples. Jbid, — La Yraie n»
peut Être discernée ; réfutation, foy. Su*
ifATURALiSME, § IV. — Cc uue Ics scieDOd
positives lui doivent. Voy. âcwxcES, jl.-;
La religion progressait-elle dans raDliqoM'
Raïenne. Voy. RfcvÉXATio!CPRnnn?i.-bi.
gion de l'évangile, ne date-t-elle qoe^
Fénelon. Voy. Fenelon. — Religion veop
du reproche de fanatisme. Toy. tàum
"- Religion et philosophie, leur rapp
Vov. Philosophie fanthéktv de l histo
S iv:
REUGIONS. SoiH-elles le produit derii|
posture 7 Voy. Surnaturaushb, $ H. -Cki
raclères des trois princi|)ales relijionSfM»»"
)àtrie, islamisme et christianisme. ytf^Sa»
naturalisme, 5 IV. — Facilité fa ' *
Jbid. — Religions de Tlnde. Foy. l:m
8 IV et V; Leur multiplicité. lbiL\
Aboutissent au panthéisme. /6îd., iV«
RÉMDSAT (Paul), nie Tunilé delr
humaine. Voy. Races hubiawbs, |1. _^
RENAISSANCE DANS L'HUMANITÉ."
On désigne ainsi une erreur qui w
rélernite des peines de l'enfer, qui en
clie la fin non plus dans ranétntissef
mais dans Pinstabilité de tout ce qui |i
> aux choses humaines fil v aurait, sdt
cc système, un besoin de changeœefltiï
rent à la nature. L'ètrequi est sorti «loi
de Dieu ne retournerait iamais à soof
cipe, et voguerait eternellemenldanslil
de l'être, à diflTérentes conditions, il esM
mais sans jamais arriver à cîe ]iorldel
fini après lequel il rêve. Vain jouet d«l
tinées mystérieuses, la créature raisonr
apparaîtrait dans la vie, et puis elle
se rassasier de bonheur dansun moodfi
veau, si elle avait été vertueuse, où
serait livrée aux tourments, si ellcavail
criminelle; et puis elle sortirait du liefli
supplices, elle quitterait les ravissanlesf
monies du beau et du vrai pour se repl"*
dans les ténèbres , dans les désordi
cotte existence. Cest ce retour pério
des âmes gue, dans ces derniers lemp
a plus spécialement appelé la r^»^
dans rhumaniU. Nous aurions ici besoi|
nous livrer à de longues et protondrt
des poursuivre, à travers les aberrali*
l'esprit humain, les diverses phases dfl
erreur, qui se présente d'abord avec
sais quoi de grandiose et de solena
n'est pas étonnant qu'elle ait séduilde
brillantes intelligences qui surent pl«*
mirer qu'elles ne raisonnèrent ; esprits!
bilieux qui voulaient mesurer déiàdor*
l'étendue de leur héritage, qu'ils crç^H
sans se mettre en peine s'ils f)OiirrâjfW
développer à leur aise entre les ii"^"
RE!i
ACTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REN
II7T
\YLils s'£t4ienl tracées, el y rassasier ce
«soin de progrès qui traTailfe noire nature,.
;iii n*est qoe l'ascension sans fin dans Ja
Puissance de la Térité et du iionheur. Pour
joi, je me sens à l'étroit dans ce corps
csant et grossier ; cette lumière du soleil
le tatigoe ; je me sens des tournoiements
c tète sur cette terre qui oscille ; mon cœur,
pris du beau, murmure du vide de ce qu'il
laie, et je médis : Ce n>st pas ce que
j/nie, non, mes destinées qui me raris-
-nt, qui jettent dans mon âme de mjsté-
leux pressentiments, ne s*accompliront pas
i.
Il serait curieux d^étudier cette nouvelle
rrenr, car on suit toujours avec plaisir et
T ec protit le travail de Tes^irit bumain, lors
j^oie qu'il se trompe; mais, nous devons
- liire dès à présent, de la renaissance dans
Humanité il n*esisle ^ue le nom*, qu'on
•>uTe dans un livre intitulé de V Humanité^
<* fon origine et de sa fin. S*il suflisait de
r -D'Ire dans là philosopbie rêveuse de
\llemagne quelques idées générales qu'on
' j )>a$ comprises; s'il sulfîsait d'en faire les
}*;ications les plus fausses ; s'il suffisait
rfrire deui voiumes où tous les faits sont
rMés ; où toutes les autorités sont déna-
jritSf sans aucune précision dans les idées,
^jib aucun ordre dans la discussion, où Ton
Tjoce les choses les plus erronées et les
i'^ contradieloires avec une espèce de
4Dg-froid, n'excluant pas parfois un lourd
oîiioasiasme qui flétrit l'âme ; si enfin il
uffit d'écrire à contre-sens et à rebours de
'*{ii ce qui pense, j'en conviens alors, lau-
tur de tHumaniiéf de son origine^... est un
tant dans la philosophie, le ne le suivrai
os dans son érudition indigeste, et qu'il
'ui»e le plus souvent dans les dictionnaires
.' /es encyclopédies ; il me serait impossi-
/e de l'attaquer dans ce qu'on pourrait
[*peler ses principes: tout y est vague,
»at V est inaéterminé. En vérité, il estdes
Iversaires qui désolent.
£<^avons toutefois de réduire è quelques
iefs ce qu'on nous donne comme la doc-
loe de la renaissance dans l'humanité, pour
ur opposer les simples lumières du sens
commun Nous nous convaincrons que
Fauteur de VHumaniié n'a pas une seule-
idée qui lui appartienne, comme étant da
son invention.
Il avance que l'homme renattra éternelle-
ment dans l'humanité» pourse mettre de plus
en plus en rapport avec l'infini, ou avec Dieu.
Il ne dit pas si son retour se fera d'une •
manière immédiate ou ncn. L'autenr de
V Humanité est conforme à Origène, a qui il
a pu emprunter (1233) cette idée principale
de son système, si tant est qu'on puisse ap-
peler ainsi une suite d'idées incohérentes ;
mais il en diflère, en ce qu'il rojctte tout
espoir de récompense on de châtiment hors-
de cette vie. Cette négation a été professée
par Pjthagorc peut-être, et bien certaine-
ment par les métempsycosistes indiens au
delà du Gange : ceux-ci croyaient, du reste,
à une fin consommée dans le bonheur que*
repousse Tauteur de rHumanité. S'il res-
treint, comme le firent les derniers platoni-
ciens d'Alexandrie, le retour des âmes dans
des corps humains, il se garde liien de rien
voir dans la vie au delà, qui ait le moindre
rapport à l'idée de peine ou de récompense.
Cette fois du moins il a été conséquent avec
lui-même, comme nous le verrons plus bas.
Tout ce qu'il y a de nouveau dans la re-
production contemporaine de la métempsy-
chose, ne tient donc pas au fond des idées ;
il résulte seulement de leur assemblage bi-
zarre. Nous allons nous en con?aincre briè-
vement, car je rougirais presque de m'arrè^
ter longtemps sur quelque chose d'aussi dé-
raisonnable.
L'auteur de T Humanité a été pourtant ca-
pable de sentir qu'il lui serait impossible de
prouver par le raisonnement l'étrangelé de
ses assertions ; aussi il s'appuie principale-
ment sur de soi-disant démonstrations his-
toriques. Nous devons rappeler qu'il nous
a avoué que par rapport à la question qui
nous occupe, les faits philosophiques sem-
blent du premier abord contraires à la re-
naissance dans Thumanité, mais qu'ils y
tendent cependant dans leur sensinlime et
Ï>rofond. C est alors qu après avoir dénaturé
e sens des systèmes anciens , il se met à
(1233) Je dit qae Taolear de VUmmantié a pv
ruer celte idée daqs Origène, bieo qoe Je ne le
ttie pas trés-Mvant dans la lecture des Pères. Il
I eo tïïei stogaliéremeot malheoreux dans les dla-
«ts q«M m fait ; boroon»-mNis à qndques exem-
*«. Poar prower qi:e l^t Pérès de TEglise ont
rtrié qv*oo poarraît ne voir dans les premien cba-
tns de-la Genève qtt*on mythe on qu*uu symbole,
AS aocnn rappoit a des laits historiques, il invo-
ie <l*ahonl raalorilé de saint Augostin, d*aprés
1 pasajf « q«*il indique dans la Cité de Dieu. Eo
*'tsallani le leste du saint docteur. Il se trouve
là parle de loaie antre chose que de ce qui est
) question* U B*est pas plu» favorable aui prélen-
Mks de notre anienr, dans un second endroit quil
^|qae du TrmU contre CeUe, Celte fois, Tévèquc
Hippoae parle Inen, Il est vrai, de la manière dont on
^ eaieadre le sens de la Genèse ; mais s*il permei,
^^ certaines conditions, de suivre un sens ligure dans
'^ ma choses des premiers chapitres du Pe.Mia-
teuque, il affirme positivement que eelui-là n*esi
pas blâmable qui s*en tient an sens liUéraL D'ail-
leurs saint Augustin conserve toujours k la narra-
tion de Noise la vérité historique et prophétique.
Notreaoleur, qui sait si bien son Augustin, n*anrait
SIS dû ignorer que ce Père a fait un traité intiiulé :
e la Geuèu priu à la leiire^ où il démontre, par
toutes sortes de preuves, la vérité historique de ce
livre. On m peut pas abuser d*une manière plus
indigne de la bonne foi des lecteurs. Le passage
que cite Tauieur de VHnmauiié ne fait rien au fait
principal de sa thèse. Il iraurait pas dû ignorer non
plus qu*Origène, malgré sa propension i voir par-
tout des figures, admet toujours le fondement hia-
torique de la Bible, il serait lacile de démontrer
que le moderne métempsychosiste n^est pas plus
véridique dans les antorilés de tout genre qu'il ra-
masse confosémoit pour appuyer ses diimeaiet
as.<vertions. Nuos devons nous borner à ce qui inlé-
rcsic i.otrc «pie^Uon.
fKS
REN
DlCTlONNAIItE APOLOGETIQUE:.
ICR-
m
dénaturer aussi le tnosaïsme et le cbrislia-
niaiiie, coramc s*ils fournissaient du moins
des préparations ou des allusions à la mé-
tempsycose mitigée ou déterminée, suivant
son expression. Ces différentes autorités lui
étant uéfavorables et ce nouvel appui tenant
à lui manquer, il se rejette forcément dans
qutîlgues idées yagires et erronées sur la
nature de Thomme et sur la nature de Dieu,
sur leurs rapports, sur leurs destinées.
11 suffira d exposer ces différentes raisons
et leur relation, pour juger que la renais-
sance dans Thumanilé est bien réellement
le rêve d'un esprit malade.
Dans ce système, Tbomme et Dieu se
confondent : en d'autres termes, ils sontja
nature, lis existent dans Vabsolu de Schêl-
ling et d'Hegel,, pour bo faire qu'un seul
être identique, esprit et matièrs : être uni-
Îue, si on, le considère dans sa puissance
'Mister ; divers, si on le considère dans
ses manifestations. Aussi le- moi est éter-
nel, la forme seule qui est {créée fait l%u-
manitét Cette nature ainsi caractérisée a
besoin d'une projection infinie dans la vie,
et de produire nécessairement des formes
de plus etf plus parfaites : de là ce retour
éternel de 1 être latent ou virtuel dans de
nouveaux orgaaes, pour remplir la destinée
de ce qui meurt et renaît toniours (1234). ij
Avant d'entrer dans une plus longue ex-
position, on doit déjà remarquer que l'au-
teur !de V Humanité laisse à l'état de pro-
' blême des questions fondamentales» comme
celles de connaître la raison de l'existence
de la matière et de l'esprit, de leur union,
de savoir pourquoi telle portion de l'âme
universelle 8*est trouvée jointe dès l'éternité
à telle forme extérieure, dans tel endroit
de l'espace, dans tel moment du temps. Les
difficultés au^enteront, si l'on cherche à
se faire une idée de la manière dont l'au-
teur semble comprendre la forme des ma-
nifestations successives. Suivant lui , la
formematérielle qui nous fait homme est
eréée; mais par qui? Ce n^est pas |}ar le moi,
âbsoluD^nt incapable de reproduire de nou-
veaux organes, à son état de mort, puis •
qu'il n'a pas pu, étant à Tétet de vie, pré->
serveF sa forme actuelle d'une dissolution
complète. La puissance de renaître dans
«ne nouvelle organisation n'appartient donc
pas à chaque mei ^ elle ne peut résulter que
d'une force générale, inhérente à la nature^
qui tend par une loi et un mouvement né-
cessaire à'se reproduire et*à s'épanouir sans
cesse. Mais dans cette hypothèse» des diffi-
cultés insurmontables se présentent : ce
(ii34) Tai tftché de fonnuler par ces quelques
mots des idées qu*U faut poursuivre dans plusieurs
pages d^ousues, ei qui ne préseoieni aucune dé-
aaction losique.
(1255) Modu$ essendi iequUur este.
(1256) Je vais présenter aux yeux du lecteur un
passage de noue autour, comme exemple de la
confusion la plus complèie dans les idées et dans
les aceeptions des mots. C*est lorsqu'il prétend
ÎTOttver par le xxii* chapitre de saint Maulilou que
CSU5 Christ croyait à !a renaissance dans Thuma-
n'est pins seulement 1c moi qui est élereel,
fmisqu'il a dû toujours se manifester; ces
brmes que le moi éternel a dû toujours
nécessairement revAtir sont-elles déter-
minées en ce sens, qu'il se reprodnit cons-
tamment le même et immédiatement, ou
bien son identité physique ne parait-elle
qu'après certaines périodes écoulées, el
fendant lesquelles il est toujours identique
un état antérieur? Dans le premier cis
la manifestation est éternelle rommelenn;
dans la seconde supposition^ on multiplieli
forme éternelle ; ce n'est plus seuleM
une forme adaptée à un seul esprit éleradl
ce sont plusieurs formes étemel les^ qui t
prêtent à une espèce de coubinûxi'l
réglée je* ne sais par quoi : car si laforatJ
en les formes sont éternelles, pourqnoidW
paraissent -elles 7 pourquoi arme-t*il|H
instant oCt I*étre n'a plus de fonnet cooM
cet axiômo philosophique, quebfliMÎJilP
éTélre êuU Viiu (1235) ? ^'|
Si au contraire l'auteur de ^Emm
prétendait que les formesMe l'être etM| |
qui est éternel, changent à cbaqoeMiÉK'
tation nouvelle, il tombe encore tefi
double abîme : d'abord nous saronsqn'
anciens avaient si bien compris lana
l'éternité, qu'ils ne purent jamais adi
un nombre infini d'âmes dans un monde
tuellement fini ; ce qui leur fit inventer
retour des mêmes ftmes,'pour satisfaire k
durée infinie du monde. Pjthagore nV"
donc pas la multiplicité des formes, coi
l'assure faussement Tauteur de VEm
L'aurait-il pu contre ce principe, admis
toutes lesi^hilosophies, que Ton ne peut
ajouter de nouvelles parties de lespso
matière è ce qui est infini ou éternel L'
que ces deux mots expriment est un
complet, existant actuellement dans son
té et dans son intégrité. Si l'auteur del
manité avait plus mûrement réfléchit 3
ralt vu que ces formes successives ne'
vent pas être la formule de l'éternité u
indivisible. En confondant è cbaqoe
toutes les notions générales, il nous mo
bien qu'il peut avantageusement se Iv
à un travail encyclopédique, mais nuller
régenter en philosophie et en religion
tout. L'autre abîme, qu'il rencontre en
tenant la mutabilité des formes, si tooti
il la .soutient, ce que je ne saurais a^
ment dire d*a(3rès son livre, et ceqi
f)ense, il ne saurait dire» lui aussi, car
e crois pas plus habile à se compi
lui-même que nous ne le sommes toosf
l'autre abîme qu'il rencontre» s'il son
nité, bien qu'il remarque ailleurs que le
Marie n*en a pas eu une idée vraie ^ ^
Voici les paroles que rapporte saint Matthieij"
jour-lii, les Sadducéens, qui disent qu'il p'^ajg
résurrection , s'approchèrent ei Ilnlerroivw
sant*: Maître, Moïse a dit: Si ouelqu*» ^
n'ayant pas de flls, que son frère 4aaaesa^
et gu'it donne des enfants h son htft *^9
avait parmi nous sept frères» et le pre«itf *|*
épouse une remme est mon, et, n'amiP^i^r
d enfant, il laissa sa femme à son frère. » f^
m
REN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
Rflf
1178
5 mutabilité des formes, et qui n'est que la
oosêquence du premier, c'est de se mettre
tinslimiiossibilité absolue de déterminer
ael progrès ont dû suivre, pendant l'éter-*
liiéjes modifications successives du mot.
/imagination s'elTraye, en cherchant à saisir
f fait primitif de la forme humaine, puis-
u*elle est en progrès, et que le progrès su|>
ose nécessairement des termes; et ce fait
remier de notre forme humaine n*a pu
lister, puisqu'il a dû être éternel. L'esprit
e réussit pas mieux à poursuivre le fait
eroier de notre forme humaine éternelle-
leut progressive.
Dans tous les cas, que l'on admette ou non
I mutabilité des formes, la manifestation
lernelledu moi éternel résulte d*une force
kesfaire; l'homme apparaît à la vie et en
irt nécessairement. Pourrait- il échapper
mt-6ire par la spontanéité de ses actions
l« fatalité qui le domine ? Non ; le moi,
^tnme nous l'ayons vu, ne ^constitue rien
iDdividuel; il appartient à l'être collectif,
lumanilé, il fonctionne dans ce sens et né-
^saircment. Cette partie d'esprit qui se
anifeste actuellement sous ces formes gui
^fonl moi, n*a rien de personnel, rien^
âme soit propre; je tiens au tout. C'est
t|«nthéisme qui nous absorbe, il n'y a
«x plus de liberté ni d'individus.
Ces observations suffiraient seules pour
ire crouler un ramassis d'idées aussi inco*
tentes que nous les présente le livre de
^gme de V Humanité. Mais il est des faits
<u à portée de tous les esprits qui le re«
'Usent et le flétrissent comme quelque
ose de hideux et de profondément immo-
la i^^eax parler des consi^'quences de la
ioble négation du libre arbitre et de l'in-
^tloalisine.
6 en effet ce qui est éternel en nous ne
p^pas; s'il obéit à la loi nécessaire de sa
îare de disparaître et derei^araltre encore
^ un nouvel organisme* ce que nous ap»
ons la mort est un fait qui ne détruit
Bénedti second, du troisième, et de tousjas-*,
|« sepUémet et cette femme moarut iprès tous.
fwrde la résarrectioo* duquel des sept sera-i*
ti femme? car tous Teut possédée. Jésus leur
wiiaot, dit: Yous êtes dans l'erreur, ne sachant
eiEcriittres, ni la puissance de Dieu; car, an
|de la résurrection, les hommes n^aurent point
■nines, ni les femmes de maris; mais ils seront
ia^mme les anges de Dieu dans le ciel. Et pour
M eu de la résurredion des moris, n'avez vous
4 lu les parolfS que Dieu vous a dites : Je suis
Jrs d Al>raham, et le Dieu disaac, et le Dieu de
^ • Or, Dieu n*est point le Dieu des morts, mais
Mranu. • Ici il est cerulneroent question de la
rreetioQ des corps, que niaient les Sadducéens,
De nous verrons plus bas. Mais la science pro-
e de l*autear de vEumanité lui fait découvrir
B cbose dans la réponse de Jésus-Christ, qui
it iasinoé la renaissance dans l'humanité?
Mt lui, i'ot^ectlon des Sadducéens ne reposait
tur une question de nombre! soit, mais sui*
• «'il est possible , le sens que notre auteur
' >ai paroles de JésQS-€hrist, d'ailleurs si «lai-
< Cette fcnune , lui fait-il dire, ni ses sept
^ ne reiSDfdteront en tant que tels; Tétre dans
tomme et dans cette femme renaîtra, car il e^t
rien dans Tètre universel ou collectif; il
s*accomçlit spontanément dans la vie géné«
raie qui poursuit ses phases inévitables.
Aussi l'auteur de YHumanUé cherche-l-il k
nous persuader que Vidée de la mort doit
être mieux appréciée , et qu'elle ne saurait
renfermer aucune douleur ni aucune tris-
tesse. L*insensé 1 qui, après avoir faussé
toutes les notions du- genre hnmain, vient
s'attaquer à ses sentiments les plus intimes
et les plus indestructibles. Si tous les hom-
mes redoutent la mort comme le plus çrand
des malheurs, peuvent- ils ne craindre
qu'une chimère? Ont-ils pu è?re trompés
par renseignement austère des religions ou
des philosophiez? Ne voit-on pas, au con-
traire, dans Tantiquité, le soin constant
qu'eurent les poètes de répandre des ^fleurs
sur la tombe, pour en dissimuler Thorreur
et Teffroi, ot le tombeau ne se représentait-
il pas toujours an milieu de leurs festins et
de leurs plaisirs, comme le mal suprême do
rhomme heureux ou coupable? Pourouoi
tant de gémissements dans les flmes profon-
dément navrées; |>arce qu'elles ne conçurent
pas l'espérance chrétienne de la résurrec-
tion des corps? Et vous qui voulez refaire
le sentiment de l'homme, qui voulez lui ap-
prendre comment il doit sentir, vous mar-
chez sur la demeure des morts comme sur
un champ labouré. Vous n'avez pas versé
des larmes quand vous avez accompagné
votre père à sa dernière demeure. Votre
épouse, vos enfants, vous no redoutez pas
de les perdre ; au regard de votre philoso-
phie, il n'y a plus de père, il n'y a plus d'en-
fants, il n'y a plus de mère (1236*).
Il n'y a non plus dans la vie plus de mal-
heurs ni d'infortunes ; ces mots n'expriment
Çlus rien, si la mort n'est qu'un fantôme,
uus ont été dans Terreur, quand tous ont
pleuré ; ils pleuraient i)arce qu'on leur avait
dît de pleurer, peut-être? Si vous le dites,
vous ne sentez rien, car qui n'a pas pleuré»
s'il a un cœur? Qui n'a pas dit : Je suis maU
étemel, il est, et la résurrection consiste en ced
que cet être, ou ces êtres, se manifesteront de nou-
veau, mais ils ne se manifesteront pas comme ils
se sont manifestés, car Tétat Intérieur et les formes
sont tombés dans la mort. 1 11 semblerait que notre
auteur, en disant que ni cette femme m ses sept
maris ne ressusciteront en tant eue tels, entend
qoHls ne ressusciteront ni comme femme ni comme
maris ; mais en cherchant à expliquer lui-même sa
pensée, il rembrooille à son ordinaire, et après avoir
Insinué la muubilité des formes, il croît répondre
k la difficulté du nombre faite par les ' Sadducéens,
par Je ne sais quelle unité, qui se réalisera dans les
résurrections successives et qui nVsi que le pan-
théisme mal déguisé. Nous aurons occasion de re-
marquer plu« bas qii*il fausse TiJée de résurre^ion,
qui est le retour à la vie d*un êu-e identique a lui-
même dans tout ce qui le constituait. Si du reste
le lecteur veut savoir jusqu'à quel point un écrivain
Kiut se rendre inintelliKibie et contradictoire avec
i-même, il n'a qu'à lire surtout les cbapiires 8
rt suivanU do v* livre de VBumamié et de son
oriolfie*
(1236*) Suivant l'anteor de i*ii«maiilf^...
sommas nous-mêmes nos péras et ses enfants.
1179
RETt
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RE»
lin
lieuroux» je souffre, j6 ne puis pas vivra
aJDsi ; je suis d'oiUant plus malheureux, je
souffre d'autant plus cruellement, que je me
sens appelé à quel(]Tie chose de mieux, que
j*ai ridée de je ne sais quelle vie plus corn*
plèie, plus calme, plus permanente. Si je
poursuivais mes manifestations dans celle
matière depuis l'éternité, je ne saurais avoir
ridée du malheur, puisque je fonctionne^
rais dans la destinée de la vie collective,
comme un ressort de machine, nécessaire-
mont et invariablement. Peut-on être maU
heureux quand la partie concourt aux niani*
festatinns et à Tepanouissemenl de l'être
qui vit et qui S3 perj^étue, en vertu de sa
nature et de son énergie propres ?
Il n'y a non plus, dans les lois, plus d'o-
bligations ni de devoirs. Nus lois sont
nécessaires comme notre nature, comme les
formes au'ollc revêt ; il ne tient pas & nous
de remplir autrement notre destinée. Les
lois ont menti quand elles nous ont com-
mandé certaines actions, de même que les
langues humaines quand elles ont écrit les
mots qui expriment les idées du bien et du
mal, de même que tous les esprits quand
ils l'ont ainsi compris, de même que tous
les cœurs ({uand ils l'ont tous senti.
La renaissance dans TAumant/^ détruit la
notion de la loi (1237), puisqu'elle anéantit
en outre toute sanction légale. Je ne dois
pas être commandé, si la loi ne peut pas
me |)unir ni me récompenser; or, je le de-
mande, comment me punir ou me récom-
])enscr, si je ne suis plus moi-même? Que
m'im|)orte cette partie éternelle dans moi,
gui ne saurait périr» qui est impassible, si
je laisse dans la tombe cette autre partie
périssable, ma chair, qui a travaillé, qui
nra manifesté, qui m'a personniQé, qui m'a
fiiil vivre!
La renaissance dans Yhumaniêé ne détruit
pas moins toute idée de progrès; ce qui est
d'autant plus remarquable, que ses auteurs
proclament hautement que si elle ne fut pas
connue dans l'antiquité, c'est parce que
ridée de ce progrès manquait. Suivant eux,
l'humanité n'ayant pas été conçue perfecti-
ble dans cette vie, force fut d'aller chercher
dans l'autre des récompenses pour la vertu
et des châtiments pour le crime.
Il n'est pas nécessaire de répéter que le
progràs moral, considéré sans rapport au
progrès des individus, qui en est I élément,
n'est qu'une absurdité. Or, le progrès des
individus et des sociétés s'est continuelle-
uicnl poursuivi dans l'histoire de l'huma-
nité ; il a donc toujours existé et toujours été
compris. Le christianisme, dès son origine,
en ht une loi des âmes régénérées nar le
baptême; cette loi se trouve écrite en lettres
d'or, surtout dans l'Evangile de saint Jean
et magnifiquement réalisée par tous les faits
évangéliques. J'aimerais à entrer dans que)-
3ues détails sur ce gue les Fères nout ont
it de ce progrès chrétien qui se poursuiin
Eendant toute l'éternité; tbais je dois me
orner ici à faire parler Tertullien, am
d'autant plus d'opportunité qui! soatieiii
notre thèse (1238) contre ces paroles de Pla-
ton : Les vivants se font des morts. L'éner-
gique docteur de Cartha^e attaque d'abord
par quelques considérations puissaDles ij
théorie de la reconnaissance des âmes. $i
les morts se font des vivants, dil-il, es
substance, il n'est pas vrai que les tIvims
se fassent des morts ; car dâ le commeiu^ |
ment, les vivants ont dû précéder les morts^ :
et ceux-ci suivre nécessairement les vivaniki
Dans ce cas, où est la source d'où les pre-
miers vivants sont sortis, et s'ils naqoi
sans le secours de morts précédents, poai
quoi faire intervenir ceux-ci dans lesi '
sances qui ont suivi ? Le principe que PI
nous oppose, qu'un contraire entendre lii!
ternativement son contraire, a-t-ii laouMKt
dre valeur? Comme si la naissance eogn*'
drait la non-naissance, la faculté A i^{
l'aveuglement; comme si la jeuMKeckj
fantail la vieillesse, et la sagesse ti Ui^
et réciproquement : c^rbien queToo
parce qu'on n'était pas né, et que Tarn
ment vienne par accident nous ôterla
bien que l'Age décrépit succède aux
années, et que l'esprit fasse contraste
la folie , quel rap))ort réciproque j a
entre ce qui est et ce qui n'est pas, cnl
vie et la mort? D'ailleurs, poursuivait l
tullien, si les vivants se font des moi
comme les morts se font des TivantSi
même nombre d'hommes se verrait loujoi
sur la terre, puisque tous ceux qui en
raient sortis d'abord y seraient revenos.
nous trouvons dans les historiens des
quités humaines, que notre espèce
multipliée , quand les peuples aborig
quand les peuples nomades, quand Ie5
tions bannies ou guerrières se sonteiof r
des terres, tels que les Scythes envahi
le pays des Parlhes, les Athéniens T
les Menides le Pélopowèse, les Phryd
ritalie, les Phéniciens rAfri(j[ae;soiMi
que les sociétés, voulant diminuer leur
{lulation iutéricyro, envoient ailleurs
colonies, gui créent de nouvelles iiai
sans détruire celles d*où elles sont sor
Tertullien fait ensuite une magnifique*
cription du progrès qui a toujours été
le monde depuis qu'il existe. ^ La ifl
cultive, dit-il, et s'orne de plus en
tous les jour's. L'homme arrive parlofti
découvre de nouvelles terres, il fait tout
duire; des campagnes agréables ont
placé les solitudes immenses, lâchai
tracé des sillons dans les forêts, iei
féroces se sont enfuies devant les iroup
(1237) On sera peut-être étonné d'apprendre* mer M. Oudot à ceux qui ont ea occasfoo
i]iriin profi^sseur de l'Etole de droit de Paris a faire one i(!ëe de ses naïvetés pbilosopliiQw^ R
indique au commeueement de Tannée scolaire tiès-compéieat pour oomprendre raotcor»*''
iSw-ASf à ses élèves, roinme une kcture trét-ex- inanité,.,
cellente, le livre de lHumauHé, de tmi origine et de V (1^58) Tërtull., lib. De anima.
$0M avenir. Nous n'aurions pas eu besoiu de nom«
tsi
REP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REP
tin
ts bergers; on rtme sur les grèves , on
Jaote aa miliea des rochers, on assainit
» mèpaiSf on voit s'élerer plus de villes
o'il R*7 avait autrefois de chaumières. Déjà
is Mes ne causent plus d'effroi* les écueils
épouvantent plus ; on trouve partout des
euples» partout des gouvernements, on
t)ave partout la vie. Cesi un suprême té-
ioigcage contre Platon, gue ces multitudes
omaÎDes : nous sommes & charge au monde,
s éléments ne suffisent plus ; de là des be-
)iDS plus grands, de là les plaintes de tous,
Dâod la nature semble nous manquer. Les
»les , les famines , les guerres, les trem-
lements de terre ont beau promener la
lort, comme un remède et une tonsure,
ir rexubérance du genre humain. Jamais
onivers ne s'est épouvanté en voj-ant rêve-
ir à la vie, après mîHe ans, les multitudes
ni descendirent ensemble dans* le tom-
eaa. • Le prêtre de Carthage demande enfin
oorquoi on^ a fixé à mille ans l'intervalle
Di sépare la mort de la renaissance ; pour-
uoi la nature nous tait mourir pour nous
lire revivre; pourquoi, si chacun vient de
bacon, si les morts se font des vivants, le
tèdie sein donne la naissance à plusieurs.
i produit ensuite rigoureusement les rai-
im philosophiques qui s'opposent de tout
mi à la renaissance de Thumanité. Saint
iD^ustin établit la même thèse dans la Cité
* Diea.
KENAN(BaxvBST), réfutation de sa théorie
ur iorigine de la pensée et de la parole.
•f. Phtcholugib, { Vlll.
RENOUVELJ.EMENT continuel des élé-
)eols constitutifs du corps humain, objec*
ioQ cootre la résurrection des corps. Vog.
ICSCUBCTIO!! DES COKPS.
RÉPARATION, INCARNATION.
Slipendiom peccall mon.
{Ep. ad Banu ti, 23.)
A rarticle Picni oaiGiXEL nous avons
miàté la déchéance et sa transmission à
us les descendants du premier père.
lM)mine étant déchu par sa wite. Dieu l'a-
indODoera-t-il à lui-même, lui retirera4-il
gouvernement de sa providence, le laissera-
iraller à son sens profire et à la destinée
l'i! Tondra et nourra se faire? Non ; si cou-
tl/le que soit Inommc, Dieu ne Tabandon-
era point, parce qu'il a été victime dans sa
lole d'une puissance supérieure, et qu^il
>rte dans son sein une |.o»térilé unie sans
>ute à sa faute, mais qui ne l'a point corn-
ise pourtant par un acte propre de sa
l)re volonté. Diena voulu réparer l'homme;
a voulu lui rendre avec sa vocation pre-
ière, les dons et l'assistance sans lesquels
tte vocation ne serait qu*un appel trom-
'i]r suivi d'un effort impuissant. Mais
niment cette réparation devait-elle avoir
ïn ? SuiBsaitF-il que Thomme fût replacé
iQs le paradis terrestre, revêtu de son iur
^nce primitive, au hasard de reoommen-
r la même tragMie où il avait si misera-
«ment péri ? La loi de réfiaralion pouvait-
It* (Ire ta même que la loi de création, ou
bien la sagesse de Dieu exigeait-elle de lui
un nouvel ordre plus fort ane [le premier,
plus profond, plus capable de se maintenir
a travers les ruines que la liberté de
l'homme ne manquerait pas de susciter T
Voilà ce qu'il nous faut savoir, et Tintérèt
est grand. Car si, à toutes les époques, la.
monde a ressenti sa chute et a eu besoin'
d'en connaître le remède, plus que jamais
peut-être penché vers le mal, il aspire à
retrouver le salut. Apprenons 'donc ce que
c'est que réparer un être dé(thu; ce que
c'est que revivre après s'être retranché de
la vie.
il.
La lot de répsraUoo est me loi de josUce, d*aiiioar et de
liberté. — La mort oomoia cfaiUmetttf nojea de rè-
inlégratiofi.
Il n'j avait pas de difficulté pour Dieu
dans la création : car Dieu était seul à créer,
il était l'unique puissance et l'unique vou-
loir. Mais une fois l'homme tiré du néant
avec le monde, il y avait en présence de la
souveraineté divine un dire actif, libre, pro-
fond, capable de mêler une œuvre à l'œuvre
de son Créateur, et qui en effet avait produit
quelque chose d'impossible à Dieu, le mal.
Le mal était ; Dieu ne l'avait pas fait, il
avait été fait malgré lui, et par conséquent
Tinfinie sagesse se trouvait 'en face d'un
obstacle et dans un étit nouveau. Jusque-là
toutes ses opérations avaient eu pour prin-
cipe et poiK règle la bonté; la bonté seule
avait tiré Dieu de son repos et lui avait ins-
piré l'univers. Maintenant une l'ingratitude
et la révolte avaient été le prix de son
œuvre, un autre sentiment s'élevait en lui,
sentiment éternel comme son essence, mais
qui n'avait pas encore trouvé d'application :
la iustice. La justice est l'aversion du mal,
s'il existe une différence réelle entre le
bien el le mal, il est impossible que le mal
cause à Dieu la même impression que Te
bien. Supposez que cette impression fût la
même, il est manifeste que Dieu serait in-
différent à Tun et à l'autre, et son indiffé-
rence étant la vérité, parce que tout ce qui
est en Dieu est vra*, il s'ensuivrait que le
mal ne diffère pas du bien. Or, il en diffère,
le bien est la conformité à la nature divine
en tant qu'elle est bonté ; le mal est l'oppo-
sition à cette bonté qui fait partie de la na-
ture divine. C'est la bonté que le mal aita-
3ue en Dieu, et Dieu ne fait que la défcn-
re en se défendant contre le mal par la
justice. La justice est le sentiment de la
bonté outragée et Tanne qui la protège coo-
tre la méchanceté. Si Dieu n'était pas juste,
il cesserait d'être bon ; il hait le mal, parce
qu'il aime le bien; mais le mal, ce n'est pas
seulement un acte contraire à la bonté qui
est en Dieu et qui est Dieu lui-même, c'est
aussi l'être qui le commet librement, et qui
par lui se sépare de la source unique du
bien. Le mal, c est le méchant. Dieu hait
donc le méchant, parce qu'il liait le mal.
Nous retrouvons en nous cette double
aversion. Faits à l'image de Dieu, aucun
des sentiments qu'il éprouve ne nous e$t
fl85
REP
DlCTlO?mAHlË APOLOGETIQUE.
REP
m
étranger; comme h lui le mal nous csl odieut,
comme lui nous repoussons Têlrc raisonna-
ble qui s'y abandonne , et cet invincible
61<»igneraent ne nait pas en nous du tort que
nous causent le mal et le méchant : non,
même quand nous ne sommes pas atteints
T)ar eux, notre cœur se révolte contre eux.
La justice n'est pas un mouvement de Tin-
lérôt qui se replie sur soi-même ; elle est
un élan de la bonté qui se sauve de la mé-
chanceté. C'est pourquoi Dieu, qui n'a rien
à perdre, mais qui est souverainement bon,
ressent plus qu aucun autre cette grande
commotion de la justice.
' D*où il suit que, dans la loi de réparation,
lajustice ne pouvait pas être sacrifiée ; il
fallait qu'elle y trouvât sa place, une place
éclatante et ûv^ne de Dieu. Il fallait que
l'aversion do Dieu pour le mal et son auteur
y fût manifestée en traits ineffaçables, et
qu'une crainte salutaire apprit aux plus
lointaines générations qu'il vient une heure
où la bonté se change, par la force même de
sa nature, en un autre et formidable attri-
but. 11 fallait, en un mot, que la loi de ré-
paration, pour sauver l'homme, sauvât la
justice.
Mais tout en haïssant le coupable, à cause
du mal qui est en lui. Dieu cependant ne
laisse pas de l'aimer sous un autre rapport.
Le coupable est son ouvrage ; c'est lui qui
l'a mis au monde, qui l'a doué d'intelligen-
ce, qui l'a prédestiné à vivre en lui éternel-
lement, qui a voulu en être aimé et qui l'a
été en eflfet, ne fût-ce qu'un jour. Le coupa-
ble est un enfant rebelle, mais c'est un en-
fant: son corps, son âme sont quelque chose
de précieux, un chef-d'œuvre de sagesse et
de grâce. Dieu, en voyant cette ruine, y dé-
couvre encore des beautés qui n*ont pas
péri, un reste de grandeur apercevable et
doux à l'œil d'un père, quelques vertus
peut-être d'un ordre inférieur, et par-dessus
tout l'espérance de la ramener à force d'a-
mour. Tout est-il perdu parce qu'il a péché?
Son cœur ne «'ouvrirai tr il pas, s'il était
cherché une seconde fois ? Et puis ce cou-
pable, si digne d'aversion qu'il soit, il n'est
{)as seul, il porte en lui une postérité qui va
périr sans avoir péché comme lui. L'amour
crie au cœur de Dieu en même temps que
lajustice, et si ce n'est plus cet amour vierge
et premier qui se donne avant l'outrage,
c'en est un autre, exalté par l'ingratitude et
qui veut aller au delà de lui-même pour
s ôter tout, remords de ne pas réussir. La loi
de réparation, qui doit manifester la justice,
manifestera donc aussi l'amour ; elle le ma-
nifestera en une manière supérieure à la
création, sous une forme nouvelle, indicible,
qui ne laissera plus rien à espérer, parce
que l'amour, on s'y surpassant, y consumera
son ardeur et son pouvoir.
Mais, pour que l'homme retourne à Dieu
dans cette seconde épreuve, pour qu'il ré-
mnde à son amour en satisfaisant sa justice,
i) faut qu'il demeure libre et queTœuvre de
(«39) G'eii. II, 17,
sa réparation ne s'accomplisse pas ans $oa
concours. Rrivé d'y prendre |>art,il no serait
plus que la victime de son saluti ou du
moins son salut ne lui étant pas imputable
serait une œuvre d'amour et non de juslice :
elle manquerait à l'une des conditions de la
loi dont nous explosons les motifs. Ala M^
renée <ionc de la création où Dieu aTaila^i
seul parce qu'il était seul, cette fois il aufi
l'homme pour coopéraleur, et la loi de ré-
paration, loi do ju.stice et d'amoar, la se»
aussi de liberté.
L'œuvre était grande et compliquée : m^
dis que Dieu, au jour de la naissance uni-
verselle, n'avait eu qu'à mettre sa puissaata
au service de sa bonté et à dire ce motauâ
simple qu'infaillible : Fiat I mainteuanl, il
lui fallait mener de front trois choses pleioo
de résistances et de contradictions: lajastioi .
qui renferme l'aversion du coupable, l'aiDOV -
où ces trois choses se ré<ïonciliasseQl,iia)»
ne sais quoi qui les réui>lt dans up mite»
capable de sauver le genre humaiD.i!e>«i
sais quoi était-il possible? Eiiste4-tttll
eonnaissez-vous ? Connaissez-vous aam
une idée, une réalité, qui soit tout e&M> ,
ble la plus haute manifesUtion de la josw
qui frappe, de l'amour qui pardoDoe^det
liberté qui consent à la justice el y adfl»
l'amour î Levez les yeux au ciel, et jianç
tous ces astres qui l'éclairent, cherchez si.
en est un qui vous révèle le secrel de toI%
salut, qui vous nommera la chose queDui
pouvait foire et qui devait tout purifier, M
régénérer, tout attirer à lui. Hélas Ij*b^|
h vous la dire, tant elle est profonde ein|{
gaire, tant vous l'avez vue sans la comp^^
dre I Cette chose souveraine, incompar
la plus belle que Dieu ait faite, la réd
trice du monde, qui est tout ensemï
f;laivede lajustice, le sourire de l'aioQ
e choix d'un cœur libre... Baissez la tê
salnez-ia : c'est la mort I Je vous ai dit
mort, ce quelque chose dont Dieu avait i
nacé l'homme avant sa prévarication eo
disant : Tu ne mangeras poini defarbr^
la science du bien et du mai^ car au jonr
tu en auras mangée tu mourras de mort [&
Prophétie sublime, qui, en contenaol
pressentiment de la chute, annonçait
la voie par où Dieu ferait passer rho
pour le ressusciter de sa faute et le laire
grand qu'il ne l'avait créé.
Etudions donc avec sang-froid cette
âgure de la mort qui vient de nous a
tre pour la première fois, et voyons si
renferme tous les éléments dont la refli
tre était nécessaire à raccomplisscnjeit
notre salut par la loi de réparation.
Celte loi exigeait d'abord que salisïa*^
fût donnée à la justice, en manifestant I aA
sion de Dieu {loor le coupable ; or, ne&
remplissait mieux que lamortce.redooj*
ministère. La mort est la séparatioû m
IJS5
OICTiONfiAlIlE APOLOGCTigilE.
E£P
ÎÎSê
^t ooDire nalore de TAme et du corps, une
dfsioD opérée dans D'itrc personoaiilé i^ar
I ruptare des deux éléments qui la compo-
entt et hors desaoels nous sommes i un
iai ineompiet, ou nous nous cherchons
loos-mémes sans nous trourer. Ne tous
i^rez pas que la mort délirre Fâme du
Dug des sens comme si elle était leur pri-
onoière et atuissée par eux ; les sens ont
térahi contre elle par le péché ; mais cette
isurpation n'a point détruit leur caracCère
irimitit^ qui est de former avec Tintelli^ence
loe association nécessaire à la plénitude
édproquede leur rie et de leurs fonctions,
a mon brise ces rapports sacrés ; elle isole
âme en dissolvant le corps, elle lait de
up une poussière insensible et de l'antre
loe lyre qui n'anime plus ses cordes, parce
[u'aoe main bartiare les a retrancuées.
>it donc un supplice <)ue la mort, et le
•las grand de tous, mais un supplice cor-
espoDdant à la nature du péché. Par le pé-
bé, nous nous séparons de Dieu qui est le
dflripe de la vie ; nous prétendons nous
nffire à nons->m6mes et trourer dans les
pssources de notre être la perfection et la
^litode auKouelles nous lûmes destinés.
i Dieu, touché de cette ingratitude^ obéis-
»i(Ua démence qu'elle contient, il n'au-
iiigu'à faire comme nous, à se retirer;
a»ii6t notre .souffle, é|misé par l'absence
u sien, se tairait dans nos entraides dessé-
bées, et notr« vie tout entière en s'éva-
louissant paierait à sa. justice le prix de
ffAn apostasie. Mais Di^n nous a &ils im-
uortels et ses dons ne connaissent pas le
Tpeotir ; il nous laissera donc vivre, il ne
4rira pas dans notre sein, tout ingrat qu'il
^iil, la flamme divine de l'immortalité ; il
icoosera seulement les ressorts de noCre
^iistenee pour nous punir de notre éloigne-
fient et nous donner, dans nne mort impar-
ité, le goût de l'anéantissement que nous
TOUS mérité. Sa justice se signalera dans
es angoisses de notre trépassement. et des
lubfes du tombeau sortira la lumière qui
ciairera toutes les postérités du genre bu-
laia sur le crime et la folie qu*il y a de se
^parer de Dieu. Nulle créature humaine
echap|iera dans sa personne aux terribles
fartés de cette révélation ; la plupart ver-
>Q( la mort avant de la recevoir» ils entcn-
ronlsa voix, ils en compteront les pas, ils
lieront du péché par le châtiment, et mal-
ts de Dieu dans l'instant fugitif de leur
Dissance, ils connaîtront la borne où se
rtsera le char de lenr orgueil et de leur
:u)érîté. Stipefudium enim peccati mon^ —
8 mort est ta iolde du péché {ÎSM).
Mais si la mort est le cbeHl'œuvre de la
tsiice de Dieu, elle ne l'est pas moins de
m ataoor. A c6té de celte parole de l'Ecri-
tre qui dit : Ia mort est la solde du péché^
en est une atître qui dit : Lamour est fort
tmnie la mort (12%1). L'amour, en effet, vit
* (JéTouement, et tout horrible que soit la
•rt, il nous inspire le courage de la braver
Ui&0)Aom.Ti,23.
et de mourir pour ce que nous aimons*
L'amour est au-<lessus de la mort comme h^
ciel au-dessus de l'océan, et Dieu, en no:.
l'imposant comme un supplice, nous l'a do
née aussi comme une faculté sublime, pr..
où nous })Ouvons recouvrer l'innocence ei
la surpasser. Immortels, nous n'étions capa*
bles du bien que dans la mesure de la vie ;
mortels, nous aimons, nous obéissons, nous
servons jusqu'à la mort, et le sacriQce volon-
taire de tout notre être nous fait une gran*
deur qui n'a pas son modèle en Dieii, ci
qu'un jour peut*6tre Dieu nous enviera jus-
qu'à souhaiter de se Tapproprier. Dieu donc,
au lieu de désespérer l'iiorame dans un
châtiment qui n'eût fait que l'avilir, lui créa
ce magnifique supplice oe la mort qui ou-
vrait è son cœur des voies plus larges et pré-
parait à la terre des vertus impossibles jus-
que-là. Le sang, corrompu par le pèche, au
heu de couler daiis des voluptés liooteuses,
pouvait désormais sortir à flots dans la gloire
du sacrifice, et la vie, source de toute action,
et, sembiait-ily de tout bien, se trouvait vain-
cue et découronnée par la mort ou plutôt re-
cevait d'elle un faite illustre dans un dcrnirr
et héroïque dévouement. Elle devenait la
mesure de Thomme en devenant la mesure
de son âme. Malheur au siècle qui ne com-
prend plus le don de la mort ! Malheur aux
princes, aux hommes d'Etat, aux écrivains,
aux prêtres, aux nations^qui ne songent plus
qu'à mourir dans leur lit ; qui se préparent do
loin, par des lâchetés cachées, ce qu'ils ap-
pellent une mort tranquille 7 Infortunés,
Sue leur reste- t-il de la science du bien et
e la science de la gloire 7 Que leur reste-t-
il de ce qui est dans l'âme du dernier soldat
é|)an^né par le sort, et qui, mourant loin
des fanfares et des silences des batailles, re*
grette, en priant Dieu, de n'être pas tombé
au champ de Ihonneur 7
La mort est le puits mystérieux d'où jail-
lissent les hautes vertus, et c'était sous ce
rapport un divin présent fait par lamour à
l'humanité déchue : mtfis, par un autre côté
non moins profond, la mort venait à notre
secours. Le péché avait pénétré jusqu'aux
entrailles et aux os de l'homme, jusqu'à go
point inexprimable où l'âme s'unit au corps
et en reçoit, comme l'airain eu feu jeté dans
un moule d'argile, l'indestructible emprein-
te. Par la force de cette union , Je péclié
s'était incorporé à la nature humaine, et de-
vait en transmettre l'opiniâtre vestige à
toute chair issue d'Adam. Pour le vaincre
jusqu'au fond, pour en exiirper la racine
dans le granit vivant où elle s'était incarnée,
il fallait que la main de Dieu s'avançât jus-
qu'aux ligaments invisibles de l'âme et du
corps, et brisât le moule impur où le péché
même absous ferait encore sentir des restes
de son efficacité. Il fallait que, sous cette
main toute-puissante, l'âme rejetât son corps,
et ne le reprit un jour qu'après qu'il aurait
perdu dans les angoisses de cette séparation
et dans les ravages d'une dissolution com-
{\ti\)CauL Ym,G.
lin
AEP
DICTIONTSWIRE APOLOGETIQUE
RET
m
plètela trace et raclivité du mal. La mort»
en ramonant TAmc à Dieu et le corps à la
terre, accomplissait ainsi en notre faveur
un acte souverain de délivrance, et semait
en nous le germe d'une renaissance totale et
sans tache par la résurrection. Il faut naUrt
une seconde fois {i2k2) ; telle est la parole
que le Sauvcurdumoncle disait au pharisien
venu dans la nuit pour l'interroger. // faut
naître une seconde fois : et bien que la <^râce,
par une effusion intérieure» dût suffire h
nous remettre le péché, il convenait à Ta-
roour non moins qu'5 la justice de nous pré-
parer pour Tûitie et le corps le triomphe
final de cette seconde naissance qui sera la
résurrection.
Telle est la force qui est dans la mort» et
comment elle satisfaisait à la fois la justice
Gt l'amour» la justice qui l'imposait comme
châtiment» l'amour qui la donnait comme
moyen de dévouement» de délivrance et
d'héroïque réintégration dans le bien. Bfais
elle ne pouvait prendre ce dernier caractère
que par un acte de concours de la liberté
humaine. En dehors de cet acte, elle n'était
plus qu'une nécessité fatale et de justice
imposée par la volonté de Dieu. C*etait à
l'homme de lui prêter son aide pour la trans-
figurer et pour se transfigurer lui-même
dans sa vertu. C'était à lui de faire de la
mort l&chement subie un simple et terrible
supplice» ou bien» en l'acceptant comme une
expiation méritée, d'en faire le trône de Ta-
mour» de la gloire et de la résurrection.
Ainsi» l'élément de la liberté apportait son
tribut à la loi de réparation ; mourir» même
anand on n'est pas le maître d'un quart
'heure' de plus» mourir était l'acte d'un
lK)mme lilire. Sans doute» la séparation ma-
térielle de l'âme et du corps n'a point ce
caractère» et je ne Je dis pas ; je le dis de la
séparation morale, de l'âme criant à Dieu :
« J'y consens, frappez la victime. » Les an-
ciens eux-mêmes n'ont pas ignoré que la
mort était susceptible de cette grande trans-
figuration, et c'est pourquoi, dans la loi des
douze Tables, la formule de la condamnation
suprême élait celle-ci : Sacer esto^ devotus
esta. — Qu'il soit sacrée qu'il soit dévoué aux
dieux! Le supplice» même dans l'idée de l'an-
tiquité» se changeait en sacrifice. L'homme
condamné pour ses crimes entendait dans les
expressions de la foi la révélation de sa
grandeur; il se savait libre d'honorer Dieu
dans la justice et de s'honorer lui-même en
pieu par l'acceptation volontaire de sa mort ;
il pouvait ennn entendre au fond de sa
conscience la réponse de l'éternel amour au
péché pardonné : « Fils de Dieu, montez au
ciel. I»
11.
ÀpplicaUon, du cAté de Dieu, de la loi de répamtioD, au
aalot du genre humain. — La loi générale de la oom-
muDicabilité de la vie dans riiuniaDité, nous aide il
comprendre Tincorporaiion de Dieu à la uature hu*
maine. — Rapport de IMncaroation avec la réhabillla-
tkMi humaine. — PrédesUnalioo.
Voilà la loi de réparation dans son es-
(IS42) Jean, m, 3.
sence abstraite et générale, comme loi de
iustice, d'amour et de liberté. Il Qoosresle
a la considérer dans son applicatiootc*esu
è-dire dans la manière dont il plut à Biea
de l'accomplir pour le salut du gtuire hu*
main.
L'Iiomme» mis en présence de la laorl
comme châtiment At comme moyen de réin-
tégration dans le bien» pouvait-U raceepler,
et» en supposant qu'il l'eût acceptée, mt
immolation volontaire eôt-elle suffi \m
donner à la justice et à l'amour de Dif«
une pleine satisfaction? Non, saos doute
Mourir en victime dévouée» c'est lesupiéo»
effort du bien, de la vertu, de ramoor;».
l'homme était dépossédédn bien, de larerth
de l'amour. Il n'aimait plus Dieu; le [Mt
l'avait dépossédé de la source vi?ede$j€i>
timents surnaturels» et même h un poinldii
vue inférieur, l'image de Dieu s*é(ai( ol»»|
çurcie dans son cœur et dans son enteiki|p|
ment. La chair s'était emparée de tuiîl*
vivait dans l'abaissement oà sont iiloagk!
sous nos yeux tant d'infortunés qui ori
hérité do lui sa déchéance et reniéieUtti',
fait de leur régénération. Demandei^A
mourir pour Dieu, pour effacer leanyMli^
ils ne vous comprendront même {as. Iw
S^ucil cache à leurs regards les plus t
eur Ame» et s'ils ont conscience de ^
misère» ils la portent comme un ft
naturel à l'humanité» dont la mort est
terme fatal et non la libre répara)
L'homme ne pouvait donc pas par lui
se réintégrer dans le bien, h la coi
de s'humilier et de se relever jusquà
rir; car» pour qa*il mourût volontair
en expiation de sa fAiite» il eût fallu
recouvrât dans son cœur l'amour de
et pour qu'il recouvrit cetamoar,il
précisément nécessaire qu'il mour&l.Ci
selon la langue de recelé, un cercle x'r
Mais n'en tenons pas com|»te : supi
l'homme» sentantson prime, résoluàTi
et s'offrant à Dieu comme un holocaui
immolé par l'ardeur du repentir et del
mour. Le voità mort. Dieu, du hauhiu
assiste à ce spectacle; ii reçoit le sai^
coupable» il le pèse dans sa justice et sa <
rite : est-ce assez pour l'une» assez pour '
tre? Le croyez-vous? Dieu étant inlini
son essence»a des bcsofns intiQi$,c est-^
que rien de borné» en quelque roaliêi
ce soit» ne saurait suffire h la pléoitudei
pensée, de son cœur et de son vouloir.
doute» parce qu'il trouve en lui-rof"
béatituue, rien du dehors ne lui esl
saire» et il est libre d'accepter du dcl
qu*il veut» plus» moins, ncn ou beai
Il pouvuit donc» dans la sup()osi(ioi|
l'homme fût mort poum^nlrorcnçrî^
lui» ne rien exiger davanta<;e et voin
sacrifice le terme citrèute du regret
dévouement d'un être crôé. Mais si a(
nécessité proprement dite ne Tobii^
demander une plus haute fé|iaration, m|
libre aussi d'«^a vouloir une piuspûrî*"
ir«9
lŒP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REP
1190
dd ne s^airèter que le où se rencontrerait
une manifeslalioQ inGnie de la justice et de
Vaffloar, capable de rassasier ses attributs et
de lui faire dire : Consummalum e$i, — H
i'jf a rien au delà (1213). Or, telle fut sa ré-
vïlatjon. An lieu de s'arrêter devant la dé-
chéance de riiomme et de s'arouer en quel-
jue sorte raincu dans sa bonté, il lui plut
le tirer de celte bonté outragée une œuTre
Iiii surpassât tonte pensée du ciel tt de la
rrre, et qui fût à jamais sa justification
ravoir crée riiomme, ^ nreuTe de l'avoir
lifué, sa consolation de n avoir pas obtenu
;e tous famour qu'il portait k tous, et enfin
me inépuisable source de prodigieuses ver-
cs. Cette loi de réparation dont il était I au-
eur uélapbjsique par la combinaison inté*
leure de ses attributs, il résolut d'en être
'eiét'otcur réel, la victime et le héros, mais
[c manière è ce que le mérite en rejaillit sur
"faamanité et que l'homme fût sauvé |iar un
•!rte infiniment supérieur & lui, sans lui-être
opendant étranger. Or, deux choses étaient
^cessaires à ce dessein : que Dieu se créât
a. possibilité de mourir, et qu'il établit en-
^tflui et le genre humain une solidarité.
xux choses précisément les plus éloi-
sv^ de la nature divine, qui d'une i^arl est
. ..nortelle, et de l'autre eiclut l'idée de
j(e communauté substantielle et ujorale
•ee quelque créature que ce soit, et |:ar
' nséquent de solidarité. Mais Tauiour,
oauii il ne connaît pas de limites, ne con-
«It rien d absurde et d'irréalisable. Une
ens e venue du cœur répondait en Dieu i
>utes les difficultés que se forme notre irn*
oissancc ; il n'avait pas bit l'homme sans le
ciiuialtre, sans se connaître lui-même, sans
noir s'il était impossible à Tincrééde s'unir
t créera rétemel de revêtir le mortel, à Dieu
e derenîr homme, à la justice et à l'amour
avoir, dans une mort divine, la satisfaction
itinie de leurs contraires droits.
I>a reste, quoi qu'on en pense, oui ou non,
»ici le lait, un fait qui a tout dominé ou
ut vaincu. Un jour, pendant que les peu-
E-jolTraient des sacrificesaui dieux,, pendant
le l'encens et la parole redisaient aux
hi>s de rbumanilé ce nom û'immorieis qui
<ir avait été donné comme le plus auguste
!e plus vrai de leurs nom», au milieu de
Kt'unaninieacclamation des hommes, tout
coup, sous le chaume du pauvre et sous
( frvntons du Palatin, une voix descendit,
IX inouïe qui apportait au monde cette
•nnante nouvelle : Dieu est mort! Dieu
imort, il est mort hier, à tel lieu, de telles
lias; on l'a ru, on Va entendu, il a parlé,
est morll Ne jurez plus par les dieux im-
)rtels, ne dites plus que Dieu est le Dieu
rsnt : c'était la plus haute expre^sion de
foi, ce ne Test plus aujourd'hui : car Dieu
; mort! 11 est mort! 11 a des amis qui lui
rtivent, et qui jurent par cette mort de
ir Dieu. Tout est changé : rien n'a plus sa
U)e oi sa valeur, rien ne dit plus ce qu'il
^it, rien n'est plus vrai de ce qui était
f:î45)i«M.xii,30.
vrai : Dieu est mort 1 voilà Ja vérilé. Que
toute sagesse se taise, que tout front s*incli«
ne, que tout temple s'&^roule, que toute la
politique se transforme, que toute la terre
tressaille et joigne les mains : Dieu est
mort!
Et comme la cause était inouïe, l'eBét pa-
reillement fut inouï'. Ou avait vu des révo-
lutions d'empires, des trônes changer de
maîtres, et c'était 1^, dans ces jeux lie for*
tunes passagères, qu'avait éclaté le génie
des plus grandsd'entre les hommes. Mais il se
fit par cette parole : Dieu est mort, une révolu-
tion que l'homme n'avait, pas encore faite et
qu'il n'a point imitée depuis, une révolution
dans le cœur humain. L'nomme n'aimait pas
Dieu, il aima Dieu; l'homme n'aimait pas
l'homme, il aima l'homme; l'amour fut fondé
sur la terre, et lui, qui n'y était qu'une pas*
sion, devint une vertu. Au culte de la beauté
sensible succéda le cullede réternellebeauté
qui est en Dieu, et oui de Dieu descend in-
visiblement sur les Ames. 11 y eut des âmes,
un royaume des âmes, un service des âmes,
une vie et une mort en faveur des âmes. La
mort changea de physionomie par l'amour,
et ces deux choses étroitement embrassées
firent du cœur de l'homme, où leur union
s'opérait, un miracle qui subsiste et qui est
devant vous.
Mais cette mort ne pouvait nous être pro-
fitable, selon les règles de la solidarité, que
Bir l'incorporation réciproque de Dieu i
lomme et de l'homme è Dieu. Gomment
ce double mystère s'est-il accompli? Com-
ment Dieu est-il devenu membre de l'hu-
manité, et comment l'homme, à son tour,
s'unit-il à Dieu devenu son sauveur en de-
venant son semblalile ; c'est là ce qu'il nous
iaut apprend r€u
L'hnmanité, composée d'hommes mortels,
ne se soutient qu'en comblant les vides que
la mort lui fait ; c'est-à-dire en s'incorparant
des membres nouveaux qui prennent la
place de -ceux qui ont disparu; a'oiiiisuît
que celte incorfioration est un phénomène
vulgaire, dont nous pouvons étudier la loi
générale avant d'en considérer l'application
dans la personne de l'Homuie-Dieu. Com-
ment donc l'humanité r«'*pare-t-elle ses per-
tes en assurant sa perpétuité? Est-ce par
voie de création ? Non ; car si chaque homme
faisait son avènement parmi nous en la
même manière que l'homme primitif^ nous
serions de^ êtres semblables i:our la struc
ture, mais séparés d'origine, de substance^
de vie, sans parenté comme sans unité.
L'homme existerait à cTité de l'homme; le
genre humain n'existerait pas. Or, il existe -
par quel moyen? Quel est le secret de cette
tradition ininterrompue ijui le multiplie
sans le disjoindre, et maintient entre ses
membres successifs le caractère d'une étroite
communion? C'est que Dieu, qui a.fait les
êtres, leur a donné en même temps à tous,
et panicttlièremenl à l'homme, le dépôt in-
U9I
REP
DICTIOimAlHE APOLOGETIQUE.
il»
oomprébensifak d'une rie commanicable.
Il ne lear a pas dît^ « Vis, et quand tu seras
morU je donnerai à nn autre ta place et ton
san;. » Il leur a dit : « Vis, et pro|)age-toi ;
vis et tire de toi-même un autre toi-même,
pour te continuer à jamais.» Et au lieu
qu'en tous ses ouTra^es Dieu s'est plu à ré-
pandre l'immensilé, il s'est fait ici comme
un jeu de sa puissance, en condensant la rie
dans un point imperceptible, obscur, que
j^appellerai le germe de rie, et qui con-
tient en soi, maigre sa formidable diminu-
tion, Têtre vivant dans toute l'ampleur de
ses organes, et tout le mystère de sa fé-
condité. Mais qui excitera cette fécondité?
Qui troublera dans son sommeil ce germe
inactif et enseveli T Sera-ce un simple acte
de pouvoir paternel? Sufiira-t-il à 1 homme
d'appeler l'bomme, et de lui dire : viens,
viens 1 Non, la volonté toute seule de la
créature ne suffit pas à cette œuvre, il lui
faut le concours d'un autre pouvoir, lequel
lui manquant, tous ses efforts seraient vains,
et l'œuvre de la transmission de la vie ne
s'accomplirait pas.
Ecoulons un prophète : Dieuj dit Ezécbiel,
mit sa main êur moi, et me Jeta au milieu
d'un champ rempli d*o$ desséchés, et après
quHl m'eut conduit tout autour de ce champ
oà ces os arides étaient en grande multitude.
Urne dit : Fils de Vhomme^ ces os revivront-
ils^ le penses-tu f Et je lui dis: Seigneur Dieu,
tous le savez. Et il me dit : Prophétise à ces
0S9 et diS'leur: Os arides, écoutez la parole
de Dieu Et voilà un ébranlement^ les os
s'upprochent des os, chacun se rencontre en
sa Jointure, etie vis les nerfs et les chairs qui
montaient, et ta peau qui s'étendait sur eux,
et cwendant ils n'avaient pas V esprit. Et Dieu
me dit : Prophétise à Vesprit ; prophétise, fils
de Vhomme, et dis à t esprit : Voici ce que
dit le Seigneur Dieu : Esprit, viens des quatre
vents; souffle sur ces morts, et quils revi-
vent (lâU).
Tel est le pouvoir étranger dont l'homme
a besoin pour susciter en ses propres os le
germe de la vie; il a besoin de I esprit, et
si Icsprit lui refuse son concours, s'il ne
souffle pas des quatre vents du ciel pour
éveiller dans son tombeau la chair atten-
tive, c*est en vain que l'homme s'émouvera
du désir d'une postérité. Les os pourront
s*agréger aux os, les nerfs s'entrelacer, les
muscles se remplir, la peau s'étendre comme
un vêtement, la ri2:ure même apparaître ; tout
ce chef-d'œuvre ne sera qu un mort aspi-
rant à la vie, jusqu'à ce que Tesprit, qui
seul est vivant, saisisse le corps et en fasse
1 homme. Alors les entrailles de la mère se
réjouiront, attendant avec angoisse l'heure
tnste et heureuse où un homme sera venu
au monde.
Or, si tel est le mystère de notre incor-
poration à l'humanité, si un esprit, qui est
lui-même une créature, peut saisir en nous
(Iil4) Ezech, ixtvii, 1 et seq.
<4i45}Ch.i.v. ieli4.
(1^6) c Sicm anitti;! raiiofiaUs et care unus
le germe préexistant de la vie, le l'assmetlir,
en prendre la direction, et constituer «rec
lui une personne humaine, noos étonnerons*
nousoue l'esprit vivificateurpar excellenre,
que 1 esprit de Dieu ait pu s'emparer de
notre chair sans' la priver de son imê, el en
fliire ainsi un être humain et divin; humiin
par notre nature» divin par lasieaDe;bûD]a:e
véritable, puisqu'il est tout ce que noai
sommes ; Dieu véritable, puisoa'il resleaTec
nous ce qu'il était sans nous; Homme-IKeo,
entin, pour réunir sous un seul len&e,
comme il Test en une seule personne, (;ii
est la personne divine, lè résultat décela
assomption de l'humanité par la dlTioir!
En quoi cela vous pai-attrait-il plus élny.
que notre propre avènement à la rie cou.*
plexe dont nous sommes le faisctaa? Pour-
quoi nous révolterions-nous en DieoroiHr^
un prodige qui nous parait si simplet:
nous ? Nous sommes corps et espnl: Noir;
corps est celui de nos pères, que notn
esprit a dérobé dans leur sein ; («r Un
corps nous appartenons au monde es Is
matière; par notre esprit» au monde (fer/o-
telligence pure; par tous les desi 0005
sommes un» et cette unité no«s)iltti
jamais dans l'unité plus vaste du gontiv
main, où la nôtre s est formée, opire, m
subsiste, et nous convainc d'être un oÉiQt
aussi erand que celui de l'Homme-Ke»
C'est donc sans surprise que nous deT%'
entendre ces paroles de Tapôtre saint )»i.
par où il nous révèle, à l'ouTcrtare de iirt
évangile, lu moyen dont Dieu s'est ser.^
pour s'incorporer à la nature homaiDe.'j
établir entre lui et nous la solidarité oâ^
saire à l'œuvre de notre réparation : ^
commencement était le Yerbe, etls Ttrki^^
en Dieu, et le Verbe était Dieu et le Vefi^
a été fait chair (1245).
Ainsi, la deuxième personne de la sai
Triuités*est unie à notre nature d^uneuf'
réelle et semblable & celle qui, dans Thoi
existe entre l'âme et le corps. Sans coi
dre les deux natures, divine et liuotfj
cette union en fait une seule persooneJ
seul individu, à la fois Dieu et M
Jésus-Christ notre Sauveur (12i6j. U Vij
est né d'une vierge du sang de laque)
Saint-£sprit lui a formé un corps. Par \i}
même de l'union substantielle de Diej
de Thomme, la nature humaine est
tionnée par celle de Dieu, dans la pei
du Verbe en Jésus-ChriSt, et sa i»erJonii
est dès lors absorbée par la personnalrij
vine. Il résulte de l'unité de ()ersonaà^
la dualité de nature, que roopeolali
à la personne les propriétés de cbao
natures qu'elle réunit, parce aue,
le dit un axiome théologique, les i
nations de nature et de propriété de
tombent sur la personne. Mais la duiii^
nature dans l'unité de personne^ bit il^
ne i)eut attribuer les propriétés d ont
dr«
est bouMi, iu Deus et Iiobio 0:
(Sytubolum tancti Atbasusii.)
cUCki
s»
REP
IHCTlONTiAtRE AFOLOGETiQUE.
REP
1194
ureà raatre, lorsqu'on considère les natu-
PS en eiles-mêroes et abstraction faite de
unité de personne ; ainsi, on ne peut dire,
vec les protestants, que Jésus-Christ, en
mt qu'homme^ est |iresent partout; mais
on peut dire que Dieu est mort ; ce qu on
e pourrait affirmer de la dirinité ; ainsi la
ienbeureuse Marie, TÎerge dans la concep-
«'H et après l'enfantement du Sauveur, est
raiment mère de Dieu, mais non de la
ivinité. Le titre de mère de Dieu est le
ndeinent des grandes prérogatives qui lui
n t éié accordées, el du culte particulier que
Kulise lui rend.
lie christianisme tout entier, pour le fond,
uiéme pour la forme, est un rayonnement
I mystère de Tincarnation.
I^*liofflme est déchu de ses destinées sur-
aurelies; il a perdu la sainteté et la rec-
ude primitives qui le mettaient en rap-
^ rt arec ces destinées ; il est lésé dans tout
n être. Satan nous a occasionné ces mal-
tirs par la promesse d'une grandeur ima-
r^aire. Eh bien I voici la merveille de la
I séricorde inGnie. Le Très-Haut rétablit
Ire nature dans les prérogatives dont elle
t. déchue ; il l'élève, on peut le dire, inG-
aaeol plus haut que l'ange tentateur ne
tiiilait le promettre. L'homme n'est pas
. Jement comme Dieu; il est Dieu. Le
nn«, qui a créé l'homme, a voulu être
j-'ume lui-même. Un de nous est Dieu; en
il tous les hommes, ses frères, sont appelés
devenir Gis de Dieu par adoption, comme
fest lui-même par nature (12i7), et cohé-
lierde Sa gloire éternelle, parce auedecet
omme-Dieu, comme de la tête d un corps
vaut, la vie divine doit s'épancher sur
^us les hommes devenus ses membres, et
a iaire un même corps mystique (12^8). Il
a pios, toutes les créatures seront puri-
fes en Jésus-Christ, de la souillure quelles
\i contractée en Adam, l^hs ce monde, elles
viendront les canaux mystérieux par les-
icls Idi grâce du Rédempteur nous sera
mmuniquée, et lorsque le temps de l'é-
euve sera Gni, elles auront leur part à la
are (12^9).
\bstraciion faite de la chute et de la rélia-
;t2tion, l'incarnation aurait-elle eu lieu?
xole de saint Thomas le nie, celle de Scot
Llirme : chacune apporte des raisons,
KL'une invoque des autorités; qu'il nous
[lise d*imiter le silence de TElglise sur
te question, et de chanter avec elle : Félix
'fia quœ talem ac iantum meruit habere re-
nptorem.
Pénétrons le chef-d'œuvre de la miséri-
*ilc inûnie; pour cela, exposons nette-
ni l'enseignement de l'Eglise sur la pré-
>îinalion, Oans laquelle se trouve le com-
ncement de ce chef-d'œuvre, et qui en
II orme tout le secret.Dieu veut, dans le
Jl*s^ donner i un certain nombre de ses
^ turcs la gloire éteruelle, et, conséquem-
t^ii) S. Taoïi., opue.t 1. 11, c. 5, p. 35.
I ^i«) S. Ta., ofM^., 9, cap. xxx.
I ^9) c Cts senii une puériliié de se Cgarer la
rc de Dien niiSâ eu péril parce qu*il auraût tout
DlCTI0?C5AIEE ▲POLOOÉTIQCV. U.
ment, les gr&oes nécessaires poar la mériter.
Dieu veut donner à tous les hommes des
moyens sudisants ponr parvenir à ta céleste
félicité; mais il fait de la félicité même, le
partage exclusif d'un certain nombre d'entre
eux. Cette volonté de donner la gloire à un
nombre Gxe de ses créatures, doit-on la
considérer en Dieu, comme antérieure à la
prévision des mérites, et, dès lors, com-
|)rend-elle le dessein absolu de conduire
efficacement les prédestinés au ciel, sans
toutefois porter atteinte à lour liberté? ou
bien, cette volonté de donner la gloire, est-
elle déterminée par la prévision de la fidélilé
à la grâce, et, par conséquent, faut-il la
regarder non comme la cause, mais comme
l'effet de la fidélité à la grâce? Systèmes.
Quoi qu'il en soit, il est certain que la ré-
probation n'est l'objet d'une volonté posi*
tive, qu'autant qu'elle punit l'abus des
grâces avec lesquelles les réprouvés pou-
vaient mériter la récompense des élus.
Résumons tout en peu de mots :
Le principe de la prédestination de l'hu-
manité à la grâce et à la gloire est la pré-
destination même d'un individu de notre
nature è l'union hypostatique avec le Verbe.
Le moyen d'atteindre Je terme auquel
' nous sommes prédestinéSf est la médiation
de cet Homme-Dieu.
Enfin le terme, l'objet de notre prédesti'*
nation, est la participation à la vie divine
répandue pleinement dans THomme-Dieu»
notre frère, devenu lé chef du corps mysti-
que dont nous sommes les membres. De la
plénitude de ce chef dérive tout ce qu'il y a
de vie surnaturelle en nous : vie divine c^ui,
sur fa terre où elle n'est jamais parfaite,
s'aDpelle^âce sanctifiante, et qui, consom-
mée au ciel, s'identifie avec la gloire, la
floire de l'essence divine, pénétrant d'abord
humanité sainte unie au Verbe, et, par elfe»
se communiquant, à mille degrés divers,
à la société des élus qui forme comme
l'extension et l'auréole du Sauveur lui-
même.
La réhabilitation en Jésus-Christ impli-
que deux conditions fondamentales : il faut
d'abord Que Dieu reçoive une satisfaction
convenable pour tous les péchés du monde;
il faut, en second lieu^ que I homme |ios-
sède des moyens positifs de réaliser l'u-
nion surnaturelle oe ses facultés à Dieu,
malgré l'affaiblissement et l'altération que
ces facultés ont subis.
^ Quant à la satisEiction, il est à remarquer,
d'après l'étude qu'on a faite des cultes con-
nus, que le genre humain a cru, plus ou
moins explicitement, à la réversibilité des
uiérites, en d'autres termes, que Dieu ac-
cepte fes satisfaetions de l'innocent pour le
coupable. Toutes les nations ont également
professé qu'il n'y a pas de rémission, sans
effusion de saiig. La foi universelle à l'effi-
cacité des immolations sanglantes pour ho-
fait pour sa créaiare. Rien n'est trop petit poar loi«
parce que pour lui rien n*esi graod. > (Svoi
£Uv. sur la taifiU EcriL)
119:
R£P
DiCTIONNAlRE APOLOGETIQUE.
REP
im
norcr Dieu et se le rendre favorable» est
un fait hislorique; mais Je fait d'une telle
croyance ne peut avoir son principe dans
les seules données de l'esprit humain; il a
donc son origine ailleurs, il appartient à la
révélation primitive propagée par les tradi-
tions. Du reste, Dieu Vu voulu : lesan^ de
Tagneau divin, figuré par les victimes de la
loi, a seul eiïacé les péchés du monde et
mérité aux hommes les moyens d'atteindre
leur sublime destinée. La satisfaction, pour
Piire parfaite, demandait un mérite infini ;
il se trouve dans le plus petit acte de Jésus-
Christ, le Verbe incarné ; mais Jésus-Christ
a coordonné tous ses actes au dernier, au
libre et sanglant sacrifice qu'il a offert à
Dieu sur la croix et dont il était lui-même
le pontife et la victime (1250).
Il est dohc vrai : l'hommage que Jésus*
Christ rend à la majesté divine et à son
souverain , domino la satisfaction qu'il
donne à la justice infinie pour tous les pé-
chés du monde, la réhabilitation de l'hu-
manité déchue ; en un mot, la médiation
de l'Homme-Dieu toute entière se résume
dans un seul ^cte, dans la libre immola-
tion du Calvaire. Eh bien I le divin média-
teur continuera jusqu'à la fin des temps ce
grand acte ^ sur tous les points de la terre
et à tous les âges, il renouvellera son sa-
crifice, sacrifice sanglant sur la croix, dé-
sormais « sacrifice mystique et commémo-
c rati^ quoique non moins réel, sacrifice
« innocent de l'homme universel offert pour
« l'universalité des hommes; sacrifice de
^ l'homme et de la propriété, représentée
« par la propriété la plus générale, seule
« nécessaire à la subsistance de l'humme,
« le pain et lu vin; sacrifice enfin, dont
« l'esprit de l'homme ne peut pénétrer la
« manière, mais dont la raison peut con-
a cevoir les motifs naturels ou la parfaite
« convenance à lasociété(1251). » [}uy. Eu-
CUARISTIE.)
§ Ul.
RéfulaUoo de quelques obJccUons.
Ne répugne-t-il pas, objectent les incré*
dules, qu'un Dieu immortel, impassible,
immense, ait été renfermé dans un corps
mortel, qu'il ait pu nattre« souffrir et mou*
rir ? Un Dieu qui condamne à mort, au lieu
des hommes, seuls coupables, Jésus-Christ,
rinnocence même, quelle injustice ! Un Dieu
traîné dans les humiliations, dans les op-
])robres, ({uoi de plus indigne de la su-
prême majesté I
Vains arguments qui ne portent que sur
de fausses notions et qui s'évanouissent
aussitôt qu'on s'est fait de justes idées, pre-
mièrement, du fond même du mystère, telque
la religion l'enseigne ; secondement, de la
véritable grandeur, (elle que nous la pré-
sente la saine raison; troisièmement, des
effets merveilleux et divins qui ont résulté de
ces abaissements mêmes, dont VincrédDle
cherche à se prévaloir contre Jésus-ChriiL
Et d'abord il importe avant tout de pren-
dre le mystère de rincarnalioQ tel que li
religion le propose, et non tel quejioiir.
raient se le fij^urer le préjugé et rirréfiî»-
xion. La religion nous apiirend qu'en sV
nissant à notre nature, le Verbe dirio n'a
rien perdu de sa grandeur, ni rien conlrade
de notre faibiesse ; que dans Jésus-Chm:,
Di^u et homme tout ensemble, laDInniL'
resta toujours impassible, immortelle. Siict
doute il serait absurde de s'imaginer qu'ù
était contenue dans un corps buoî^iii,
comme une liqueur est contenue daas oii
vase; mais en même temps que Dieu k
plit tout de son immensité, il peutroiii^
sa présence plus sensible en queiquesiieoi
particuliers; en même temps (mWms
donne à tous le mouvement et (a rie, iii
pu s'unir à notre nature humnine d'or
manière plus intime, la gouverner, b dii-
gerpar.une action plus spéciale. En itii!"-
hrist la nature humaine était miie i ;9
nature divine, comme dans rhomioeLw/>
est uni à l'flme. Cette compara^ (Ock*
imparfaite qu'elle est, sert néumoics ^
éclaircir le mystère, et dans toasiestfui-s
les docteurs de rÈgliseChrélienneeiiQSil&l
usage. En effet, Thomme est esprit el(flr\R
tout ensemble; dans chacun de noos^ IV*
prit à ses fonctions, le corps aaassli^
siennes ; mais il est reçu dans le ianji^'
humain que les unes et les autressonisiin'
buées à la personne : dès lors, selon qn'ui
envisage Thomme par son esprit oupar-
corps, on peut, ondoildirc du môme Mc-
qu'il est brute et intelligent, corrupiiblf.
incorr^uptible, mortel et iraoïoplel.L'afr*
cation est sensible dans Jésus-Cbriât'.ilWl
savoir distinguer ce qui est proprcmeDl !
l'homme de ce qui est proprement de DK*-.
en lui, la nature humaine souffre, la ns'r
divine est impassible ; mais, par une si/
de l'union des deux natures, on d^iio:'
du même Jésus-Christ qu'il est BicJ't
homme, engendrédans roternitéelnét^
le temps, toujours vivant et mourant ^
la croix. Les enfants chrétiens, iustruii^ j'i
premiers éléments de la religion, satt'
répéter que Jésus-Christ est mort coa;'
homme, et non pas comme Dieu. Dao
sus-Christ, le Verbe dirigeait, goui^*
l'humanité; et voilà pourquoi on duii
en attribuer les souffrances et la morl,*
le prix par là même devient infini.
bans doute, si Jésus-Christ innoceni ^
condauiné pour les crimes des couijsl
et subissait malgré lui la peine qu''[
pas méritée, ce serait une injuslico
supposez d'un côté que Dieu, jusierui*-
rite contre les iniquités des hommes, (^
une réparation des outrages faits à*a
jesté ; supposez de l'autre que le Verk
vin, par un mouvement d aoiour, se |k>'
pour médiateur, qu'il se présente foo
victime volontaire, et que dans cotte \''
(1^50) S. Th., opute. 9, c. 45.
(1251) De Boîcald, DénwM. phU. du princ. comt.Jt la soc, i. XJI des OEnvre$ €9m$U
If
REP
DICTIONXÂIRE APOLOGETIQUE.
REP
lt9B
) pronoe one nature semblable à la nôIre,
oar souffrir et mourir; où est alors Tin-
i>liee? Admirons plutôt comment, dans
ié sacriOccs de Jésus-Christ, la justice s*ai-
c à la bonté. La justice de Dieu est pleine-
lent satisfaite par une réparation di^ne de
iu ei sa miséricorde éclate en ce qu'il ac-
^^le one réparation qu'il pourait refuser,
n exemple lâmiiier peut répandre un grand
ur sur cette matière : je suppose un mo-
irqDe offensé par des sujets rebelles ; il a
«iroil d*en tirer une vengeance éclatante,
de ne pas agréer des satisfactions offertes
tr les coupables. Hé bien I je suppose en
éice teni|is que son fils unique s'offre
:ur médiateur, qu'au nom des sujets cri-
inels ils se présente devant son ))ère, et
:e sa médiation soit acceptée: où serait
1 rinjastice ? Les droits du trône seraient
-Qgés, et la clémence du prince éclaterait
i-.ore; même la gloire du père étant celle
\ tUSf on pourrait dire que Thonneur qui
r îeodrait au père de la réparation du tils
[r^lDirait sur le âls lui-même. Certes je
: xleods pas faire disparaître tous les nua-
> ^ui couvrent le mystère; car alors ce
^rait plus un mystère. Dans notre &me,
=ss ta manière dont se forment ses pen-
-ss dans son union avec le corps, que de
ùis tout aussi mystérieux, tout aussi in-
zi^ rébensibles I Du moins par les idées
•* U religion nous donne du mystère» on
. forte oe convenir qu'il n'offre pas ces
>unlités que Tincrédule ne peut y voir
*vn le dénaturant.
En second lieu, pour être moins choqué
$ liumiliations et des abaissements de
-us-Obrist, rappelons les véritables no-
us de la solide grandeur ; ne prenons pas
peur rè£\e l'orgueil qui se révolte des
( ArenceSj mais la raison gui juge d'après
rbâ/icé : or que nous dit*-elle ? que la
lîable grandeur est dans la vertu, que la
ici^se u*est que dans le vice; même
:ume n'est jamais plus grand que lors-
njosteuient persécuté, il meurt dans les
, >iices avec le calme de l'innocence. So-
e doit plus de gloire à la ciguë qu'on
^ûJaaine & boire injustement qu'à son
et à ses qualités estimables. A-t-
f;r
jamais vu quelque chose d'avilissant
* les tourments de Régutus, mourant à
^3o^f Tictime delà fui jurée? Saint Louis
^ les fers, supportant le malheur avec la
znation d'un chrétien et la dignité d'un
esi-i! moins grand que saint Louis sur
ûae ? Et si Jésus» poursuivi par la plus
L(^e foreur, meurt avec toute la magna-
té el toute la simplicité de la vertu ;
>-t-i] pas bien peu de philosophie à être
lié de ses humiliations et de ses souf-
Ics? On peut dire que, sur cette ma-
« les païens se sont montrés pluséclai-
|uc nos penseurs modernes; témoin
r.jQ, et avant lui Platon. Dans un frag-
l du troisième livre de la République^
erré i*ar Lactance (1252), Cicéron trace
le portrait de deui hommes bien différents:
l'un est un méchant qui passe pour un
homme de bien, et qui, trompant ses sem-
blables, se voit comblé de richesses, d'hon-
neurs et de toutes les faveurs de la vertu ;
l'autre est un homme de bien, mais qui
passe pour méchant, que ses concitoyens
persécutent, chargent de chaînes, accablent
de maux, et réduisent à être le plus misé-
rable des hommes : « Hé bieni dit le phi-
losophe romain, s'il nous fallait être l'un
ou I autre, qui de nous serait assez insensé
pour hésiter? » Lorsqu'au second livre de
sa République^ Platon nous dépeint son juste
parfait, il ne le représente ni sous le dais
el la pourpre, ni dans le faste des grandeurs
mondaines, ni sur le char de la la victoire,
ni au milieu des acclamations de la multi-
tude; mais Platon a peint son juste tel que
Jésus s'est montré & la terre, humilié, per-
sécuté, n'ayant que le ciel pour approbateur
de ses vertus, et condamne comme un mal*
faiteur, tandis qyiiX était le plus juste des
hommes. On sait qne les sages du paga-
nisme n'ont pas connu de spectacle pTus
digne des regards du ciel que celui de la
vertu aux prises avec l'infortune.
Nous-mêmes, consultons nos propres
idées, pour en faire, sous d'autres rapports»
l'application à lésus-Christ. Qu'on nous cite
des esprits sublimes qui ne craignent pas de
s'abaisser jusqu'à la portée des simples et des
ignorants pour les instruire; qu'on nous
rappelle des rois puissants qui se dépouil-
lent quelquefois de leur majesté pour se
montrer plus populaires, nous en sommes
touchés, attendris ; nous aimons avoir les
premiers descendre des hauteurs de leur gé-
nie, les seconds de l'élévation de leur trdne,
tempérer ainsi l'éclat du talent et du pouvoir
par une aimable condescendance. Sans doute,
si en cela nous pouvions soupçonner de la
faiblesse et de la pusillanimité, nous ne se-
rions plus frappés d'admiration; mais nous
sentons qu'il y a de la grandeur à s'abaisser
ainsi pour le bien de l'humanité. Certes,
nous ne pouvons soupçonner rien de faii.lo
ni de pusillanime dans Jésus-Christ ; c'est
pour nous qu'il s'abaisse , mais toujours
avec les traits de la plus héroïque vertu ; il
sait même du mi lieu ae ses humiliations faire
jaillir des traits d'une grandeur toute divine.
C'est un prince qui, jus(|ue dans sa royale
familiarité, sait faire sentir tout cequ'il est à
la foule qui l'entoure. Voyez en effet sa vie
toute entière; s'il vient au monde dans une
crèche, des anges rélèbrent sa naissance par
des cantiques de joie; s'il parait sous les
faiblesses de Tenfance, les petits et les
grands, les bergers de la Judée et les sages
de rOrient environnent son berceau ; s^W
est présenté au tVmple comme un enfant
ordinaire, le vieillard Siméon le prend dans
ses bras et prophétise sa grandeur et sa
gloire. Au milieu des peuples de la Judée ,
il converse avec les pauvres comme avee les
docteurs; mais la plus haute sagesse est
'^Ij D'itin. liut.^ V, lî.
1199
REP
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REP
12»
dans ses discours» et des merTeilles sdns nom-
bre accompagnent ses pas. Se laisse-t-il sai*
sir par une troupe armée, c*est après l'avoir
terrassée d *uue seule parole comme d'nn
coup de foudre; meurt-rl sur la croix, la
nature se trouble et se déconcerte; enfin il
ne descend au tombeau que iK)ur en sortir
vainqueur de la mi^rt.
Je consens à oublier pour un moment ces
traits de sa divine puissance» pour ne voir
que ses abaissements mêmes, et je prétends
aue loin d*élre avilissants pour Jésus-Christ,
s font ressortir admiraLiement sa gran-
deur : pour<juoi? parce qu'il en résulte des
effets merveilleux et très-dignes de la divi-
nité.
Il y a quinze siècles qu'un des plus vigou-
reui génies de l'antiquité cbrétiennei Ter-
tullien, disait aux ennemis de la divinité de
Jésus-Christ (1253) : « Ses abaissements vous
I>araissent indignes de Dieu ; mais considérez
qu'ils étaient très-utiles à l'homme, et que
par là même ils devenaient très-dignes de
Dieu, car rien n'est plus digne de Djeu que
de faire du bien à sa créature. » Cette pen-
sée mérite que nous nous y arrêtions, pour
la mettre dans un jour convenable. En Dieu
toutes les perfections sont infinies ; sa bonté
est sans bornes, comme sa puissace et sa
sagesse; elle estméme son attribut telle-
ment distinclif, qu'on le désigne sous le
nom de tris-bon comme sous celui de tris-
grand (125^); en lui, la bonté est une propen-
sion à communiauer, à répandre les trésors
de vie et de bonheur dont il est la source.
11 n'en est pas de Dieu comme des hommes :
concentrés dans nos affections personnelles,
occupés de nos propres besoins, nous n*ai-
mons pas à donner, ou nous ne donnons
qu'avec réserve et mesure; nous sentons
que nous nous dépouillons en donnant, nous
croyons perdre en quelque sorte une partie
denous-mèmes. Mais Dieu n'a besoin de rien,
il donne sans s'appauvrir; il est de la di-
gnité du premier Etre de donner de son pro-
j)re mouvement, de prévenir les cœurs; et
c'est parce qu'il est l'Etre souverain, qu'il
nous embrasse dans sa souveraine bonté.
Que s'il lui plaît de lui donner un libre
cours, il pourra la porter à un point qui
nous paraisse inconcevable ; infiniment com-
municable, jusqu'où ne peuvent point aller
les affections do sou amour 1 Que voyait-il
sur la terre? Les erreurs et les vices la
couvraient de ténèbres et d'infamies ; les
crimes v étaient déifiéSi les vertus mécon-
nues; les peuples, suivant le langage de
TEcriture, étaient comme des brebis errantes
sans pasteur et sans guide ; c'étaient des ma-
lades couverts de plaies et de blessures ;
e*étatent en même temps des coupables qui,
étouffant la conscience et les remords, tour^
naieut contre Dieu même ses bienfaits, et
ne cessaient de Toutrage^ par leurs iniqui-
tés. 11 leur fallait un modèle, un médecin,
un sauveur. Déjà le ciel avait parlé de bien
(li53) A(/0. Mnrcion,^ ii, 97.
(1*234) Dco opthno maximo.
des manières par les prophètes; mais, Di^
a résolu de faire pins encore, d'arcordefà
la terre un bienfait plus universel, plasprf
cieux, plus durable; il fera une chose dao.
tant plus digne de lui, qu'il y entrera f^B<
d'amour et de conàesceodaDce. Us m^s
avaient imaginé que les dieux mi^m
quelquefois les hommes; hé bien 1 ce (ni
n'était pour eux qu'une fable s'es( réalk
dans Jésus-Christ. Dieu se rend visible, se
revêt de notre nature, vit au milieu dis
hommes, les éclaire par ses didcourj, b
sanctifie par ses exemples, et les seuTei^
sa mort, èi nous étions de pares intellurn-
ces, il aurait pu se contenter denou^éri:*
rer par des révélations intérieures: lub
nous sommes des hommes, nous aroo! 'k
sens, des orgues, un corps. Alors Dicd ^
rend semblable à nous, et nousaoorvid.
bienfait d'une révélation sensible,eiténcDrt.
appropriée à notre nature. Sans doQie,ili^
rait pu paraître dans un état liatiilofi j.
grandeur et de gloire, se œODlrerquel^uf
temps aux hommes, et disparaître sans /]|5-
ser par ces états de pauvreté, dte/iii«
et de souffrances auxquelles il ÂHunfjed/;
mais c'eût été trop peu pour son «aoir ci
pour notre instruction. Il liasse parUn&Vb
états de la vie humaine, il se soQoeim
plus rudes épreuves, il se rcDdobâsso:
jusqu'à la mort delà croix, part<qfle,i!ïb
son amour immense pour les lK)mQ)es,L
veut être le modèle de tous, nous pri^eski
dans sa vie le tableau de toutes les y^m
offrir toujours l'exemple à côté du précejX
et nous éclairer encore plus parsacon^U
que par ses leçons. L'ogueil, rambiiK-o, 3
volupté, ces trois tyrans du ^enre Imiiri
dominaient avec tant d empire, que, H
en affranchir la terre, pour y établir kr^
gne des vertus opposées, if ne fallait no
moins que les exemples Si parfaits d1.u»
lité, de détachement, de pureté, quibn.^
dans Jésus-Christ.
Le voilà donc ce législateur unique ?v
jusqu'au dernier soupir de sa vie, sesoca^
le premier à toutes les lois qu'il nûu>i*
pose; qui, par chacune de ses parolesci'a
par chacune de ses actions, a le droiiilt<i
a SCS ennemis (1S55) : Qui de vous pm
faire un reproche légitime? Quel accvnl
vissant entre ses exemples et sa docir
En lui, il n'est pas une action qui n*
un exemple, comme dans ses dis^'O^'
n'est pas une parole qui ne soit vérité. <Jj*
sont petits devant ce juste tous \esst^^
semble I Où est le philosophe qui sache]**
et vivre ainsi ? Aristote et Platon ont bia*
former des disciples, ils ont bien pu*^
tour à tour dans les écoles de la philc^
ancienne ou moderne; mais voit-on***
puisse toujours retrouver dans la 5 'Jf*^
de leur vie la doctrine qu'ils ont çn^
dans leurs livres? a-ton jamais eu U pe^*'
de les projioser comme des modèles dt^nv
perfection? Pour Jésus-Christ, sa it*'"*^*
(1255) Joan. ini, 16.
REP
DICTIONNAmE APOLOGETIQUE
RES
1Î02
str|uû sa doctrino vivante, et partout où
uirera son Evangile, on pourra dire à
is les hommes : « Regardez, et faites selon
modèle qui vous est présenté. » Voilà
Diue par ses abaissements Jésus-Cliristse
nire véritahlemcnt Dieu , en donnant
leinjile de toutes les vertus pour nous
loiiber, et en sacrifiant sa vie pour le sa-
du monde. Si nous admirons un prince
sait se dérouer et mourir pour son peu-
.si mÊme nous lui en faisons un titre do
ire, confessons donc aussi, avec Bossuet,
I « un Dieu, descendant sur la terre pour
re parmi les liommes, ne pouvait rien
% Je plus grand, rien de plus royal, rien
plos divin, que de sauver tout le genre
uflin par une mort généreuse »
;otin, nous vous dirons : Vous êtes scan-
dés des humiliations du Sauveur! Mais
l'Z quelles ont été dans tous les siècles
suites merveilleuses de ses souffrances
LSâ mort, et comme sa croix est deve-
soa Iriomphe. Jésus-Christ avait an-
céque, lorsau'il aurait été élevé de terre,
irerait tout a lui : quelle prédiction I Une
i, théâtre d*ignominie, devenir une
te de gloire, tiuel prodige I Jamais ora-
la été plus merveilleusement accompli.
kifaits de Tunivers entier parlent assez
l;mies les nations deviennent i'iiéri-
• de Jésus crucifié. Rome elle-même,
>ribsc du monde, subira le joug du Sau-
r. Oui, que Rome, la superbe Rome,
t à grands frais un temple célèbre à
* les dieux de la terre : ce monument de
olitique et de sa superstition servira de
^\k à la croix du Sauveur du monde; le
<e (la salut sera planté sur le Panthéon,
es dieux des nations comme enchaînés
îJ^ieds serviront d'ornemenlaux triom-
léii Christ. Jupiter est tombé du haut
^i'ilole, et ses foudres tant célébrés par
>'H;ies ne l'ont pas sauvé d'une chute
K'Ilc. L'empire romain périra, Ja reli-
du crucifié ne péiira pas. Ils viendront
'fld (le leurs forôts et de leurs régions
ilesles peuples farouches du Nord, ils
iront fondre sur les provinces romaines
lie sur une proie; le colosse de puis-
e tombera sons les coups des barbares,
is barbares tomberont à leur tour au
de la croix ; et les Rémi diront aux
B : t Baisse la tète, fier Sicambre ; brûle
le tn as adoré , et adore re que tu as
"'SiCf. Lacordaire, Conférences, etc. — Frays-
»» Conférences^ etc. — Aperçu sur la théologie
t(eda grand séminaire de Satiil-Flour, eic,
^*) Jétus-ChrUt et sa doctrine, t. Il, p. 191.
5jî) Voy, WiSEMAN, Discours^ elc. — Le doc-
^»L^Rlt, Yindiciœ mortis Jesu Christi verœ. —
'1(^11:108, Triller, EscuENBAcn (Scrtpta tnedico'
•«.U<»Mock, 1779).
^h < Lc& causer de la sotiffrance morale sont
'"Cil plus actives, plus péaélraiiies que celles
«loiiteur physique, il est même des douleurs
'«"i <|ui luciii subitcmcnl en détruisant la viu-
m^A sourire. » {Unlletin ncn.de tliérapenthiq.,
l»'^aL l. XXI, p. 13.)
brûlé. » Les peuples les plus sauvages de
notre Europe seront humanisés, civilisés par
rSvangile, et TËurope une fois chrétienne
deviendra le (lambeau du reste du monde.
Tels ont été, tels sont encore les triom-
phes de Jésus crucifié. Ainsi cette croix»
dont on semble rougir, a fait la conquête de
l'univers : tant il y a en elle de puissance et
de vertu] Apprenez donc à connaître le
mystère de l'Incarnation tel que l'Eglise
l'enseigne, dégagé des idées absurdes et
grossières que s'en forme le préjugé, et vous
sentirez tout ce qu'il renferme de glorieux
pour Dieu, comme de salutaire aux hommes.
Alors, chrétiens par les œuvres non moins
que par la foi, vous ferez hommage à Jesus-
Christ des affections de votre coeur, ainsi
que de la soumission de votre esprit; vous
respecterez en lui le médiateur^ le Sauveur
du monde, et vous répéterez avec les esprits
célestes : Gloire à Dieu par Jésus-Christ,
et par lui paix sur la terre aux liommes do
bonne volonté (1236). (^oy. Jésus-Christ).
REPROBATION au point de vue du bien
général. Voy. Création, § IV.
REPROUVES, bonté de Dieu à leur égard.
Voy. Eternité diss peines, § II.
RESPIRATION, les organes qui y servent
ont-ils été les mêmes dans tous les âges
géologiques- Voy. Homme, art. 1.
RESURRECTION DE JESUS-CHRIST. —
On a supposé que la mort de Jésus n'était
qu'une mort apparente. Echo de quelques
rationalistes allepiands, M. Salvador a dit :
« Aux veux des adversaires du miracle, la
mort de Jésus-Christ n'aurait été Qu'appa-
rente, et n'entraînerait d'autre icfée que
celle d'un long évanouissement, suite maté-*
rielle de douleurs profondes (1257).
Nous ne reproduirons pas les réfutations
3ui ont été faites de cette assertion (1258).
tu'est-ce qu'une supposition aussi gratuite
devant la grande 'révolution opérée dans le
monde depuis dix-huit siècles? Nous nous
IX)rnerons à remarquer que, avant sa cruci-
fixion, Jésus avait déjà beaucoup souffert
physiquement et moralement (1259). Il avait
été battu de verges (1260). En se rendant à
Golgotha, il était si accablé qu'il ne put por-
ter sa croix, et que sa faiblesse émut les
soldats romains; on lui avait cloué (126i|
les mains et les pieds; il était resté ainsi
depuis le milieu du jour jusqu'au soir, au
milieu des plus cruelles tortures (1262) et
(I2G0) fl L'instrament de la flagellation romaine
se composait de plusieurs bandes de cuir affermies
à un manche, et a Textrémiié de cbacntie desquelles
ëiaient kdaptés de petits morceaux de fer ou d«
plomb. GVk! de làqu*un poète a nommé ces bandes
de, cuir lora horrida et un autre horribile pagellum. »
{ Voy, le comte de Stolbbrg, Histoire de N. S. Jésus-
Christ, t. II» p. 507.)
(1261) Et non pas aU:)ché avec des liens, comme
il a plu a M. Salvador de le supposer. {Jésus-Christ
et su doct,f t. II, p. 195.)
(126:2) Les tourments de la cr(»ix sont affreux,
non-seulement par raclion îles blesbuies cxléricu-
rei», mais par la cruelif. silualiuii à i iqucllc est lixé
le paùcut, et au2jbi par le» eflcts ucccssaires de cette
1205
n!:s
DICTIONNAIRE APOLOGETiQUE
RES
m\
exposé à une chaleur dévorante; il avait
remis son âme à Dieu comme un homme
qui va mourir; un soldat romain lui avait
percé le côté avec sa lance (1263); il était
resté deux uuils et un jour dans le tombeau
1126^).... Que signifient, après dix-huit siè-
ries, un qui sait? un peul-élre^ de quelques
rationalistes solitaires, doutes .que repous-
sent, de concert avec l'Evangile et avec la
science médicale, la grande voix des monu-
ments les plus authentiques et des témoi-
gnages solennels les plus irrécusables, les
aveux de nos adversaires les plus hardis
d'ailleurs.
N'entendez-vous pas les ennemis, les per-
sécuteurs, les bourreaux de »Jésus-Cnrist
vous crier avec l'accent si énergique de la
nature calomniée :
« Quoi donc ! n(»us étions, vous le savez,
altérés de son sang ; nous Pavons demandé
è f^rands cris ce sang odieux ; nous l'avons
réclamée avidement, opiniâtrement, cette
victime comme une proie à dévorer ; nous
«vons, par la violence de nos menaces, forcé
la main à Pilate, qui voulait soustraire Jésus
à nos ressentiments, à notre vengeance ; et
quand il nous Ta eu livré, quand enfin nous
1 avons eu en notre pouvoir, vous osez nous
accuser de n'avoir pas su lefairo mourir, de
ne nous être pas assurés qu'il n^échappait
pas à notre fureur? Comment pouvez-vous
méconnaître à ce point l'action intelligente,
la prudence instinctive des passions humai-
nes, en attaquant le fait historique dont
nous sommes les auteurs et les garants, et
dont nos successeurs les plus osés dans le
camp ennemi du christianisme, même de
▼os jours, confessent à regret la vérité ?
Allez, ce qu'après nous Celse, et Julien, et
Spinosa, et Wolston, et Édelmann, et les
encyclopédistes français, et Strauss même,
admettent comme certain, vous n'avez pas
bonne ^râce de le contester. »
Ainsi veut-on envisager la question de la
réalité de la mort de Jésus-Christ sous le
point de vue historique? Elle est tranchée
affirmativement par l'histoire monumentale,
prale, écrite ; par les ennemis personnels
de Jésus-Christ, témoins oculaires; par les
ennemis di) rÉvangiie, contemporains ou
voisins de l'époque ; donc, par les hommes
qui étaient le plus intéressés h rejeter ce
fait, qui étaient le plus à portée d'en appré-
cier les circonstances, et qui ont pour ga*
ranls de la vérité de leur témoignage des
philosophes modernes, si avares, on le saii,
de concessions au christianisme. Et il suffi-
raiti h la rigueur, de la que.«tion afllrmalive-
ment décidée sous ce premier rapport ; car
siiuaiion sur la circulai ion du sang et sur les autres
fonctions de la vie. {Voy. G. Ricuteri, Disserlatio-
nez quatuor medicœf 1775.)
(1265) Vcfiractio crurum élail une mulîlaiion in-
fn mante, pratiquée surtout envers les esclaves.
Comme Jésus ne respirait déjà pins, ou ne crut pas
flécessaire de lui romnre les membres; seulement,
4)our s'assurer gu*il était bien mort, un soldat lui
enfonça sa lance dans le côté. Le mot yvmcy {Joan,
XIX, 34) se dit, il est vrai, d'une blessure quelcou-
h quelles folles conséquences n'aboulirions-
nous pas , s'il était permis lo^qaenieni
d'éhranler par un pcul-èire un failhistnri.
quement constaté de la sorte ?... VeuUm
envisager cette même question sous le pcàt
de vue judiciaire et médical ? Elle est Iran-
chée affirmativement par la coDDaissanœ
aue nous avons des passions et de Vintéréi
(le ceux qui firent saisir Jésus, qui Ictratlai-
sirent devant Pilate, et demandèrent sa aioft
avec tant de violence et d'opiniâlrelé,<)iu
enfin assistèrent en personne à 1 eiécuiM»
de la sentence, et poussèrent la précaoiiia
jusqu'à mettre des gardes à son tombeR
(1265); elle est tranchée aflirmalivemenij*
les circonstances qui précédèrent, acforap»»
gnèrent et suivirent le crucifiement de Jé^8%
et desquelles, selon toutes les données de tt
science médicale, il est ioipossihlc que tf
mort n'ait pas résulté. J
Si la réalité de la mort de Jésus-CimMfjp
un fait démontré, la réalité de sa rcsurrep-;
tîon trois jours après sa mort est mmin*
fait non moins incontestable. CowfBetelî»:
résurrection est un fait principal sur lequi
repose particulièrement ladivinilédtW
gile,il est à proposd'en parlerd'uneas
particulière.
On peut réduire à trois chefs lespr^u]
de la résurrection de Jésus^Christ : l' Ij'
dition constante et la foi publique de l'E;
chrétienne; 2* l'autorité des témoins ci
dans l'histoire évangélique ; 3" la liaison
cessaire de plusieurs faits inconleslil
avec le fait de la résurrection.
La résorreciion de Jésus-Chrisl prouvée parUtoî
conslanle et U foi publique de Vi^w.
Il n'en est pas du christianisme ci»iï
de certaines institutions que l'on l'
établies dans le monde, sans que Ion [<
dire où, comment, et par qui elW^
commencé. Nous en avons une liistoiw'
vie qui remonte sans interruption j'i^
l'époque de sa naissance; et nnusapf
nons de celle histoire, que la résnrre *
de Jésus-Christ a toujours été Tobjel
fondement de la foi des Chrétiens.
Une fête solennelle, aussi ancienne q<i(
christianisme, est encore anjourd'liui
monument authentique de la résurrerr
Vers le milieu du second siècle, il <'
dans l'Eglise une contestation sur kyni
celle fête devait se célébrer. Les E^ï
d'Orient prétendaient que lapôlre
Jean les avait instruites a célébrer la FI
le même jour que les Juifs, c'esl-à-diï
quatorze de la luue de mars. LTicii^
que, mais il s*agli ici d*une blessure protwki
le synonyme de xsvrccv. (Y. 37, comp. xt, î*'
(1264) Les linges et les bandeleltes imbtM
cent livres de myrrhe et d*aloés, dont lonisotir
fui enveloppé, auraient é(é suffisants pour v^^
Taspbyxieet la mon. {Joan, xk, 59,i0, eti^
— Gruneb, Commentùtio antîquamt eic*
!805, p. 38.)
(1265) Matth, xxvu, C6.
l.
r
tr95
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RES
lio;
bme et les églises d'Occident se fondaient
Igf raotorité de saint Pierre, pour renroyer
iPâriuecbrétienne an dimanche qui sui-
iil le jour de la Pâque judaïque. La prati-
Be Je l'Eglise de Rome a préralu : le con*
e de Nicée, en ^5, en a fait une loi i)Our
ous les Chrétiens. Cette dispute, qui dura
b^temps, et qui fut soutenue de part et
notre arec t>eaucoup de rÎTacite, nous
loureéndemment que TEglise chrétienne
i toujours fait profession de croire la ré-
Ection de Jésus-Christ, et qu'elle a tou-
regardéla commémoraison de ce grand
le, comme une partie essentielle de
m culte.
Or ii est incontestable que la foi publi-
[oe de la résurrection remonte jusqu*au
m\^ de réTénemenl. L un ne peut assi-
ntrr un seul instant où les chrétiens n'en
km pas fait profession. Il est mémeévi-
:nt que celte croyance a toujours été le
/'!if principal et le fondement du cbristîa-
^me, et que jamais on n'aurait vu se for-
iT une seule église chrétienne, si la ré-
rreclion de Jésus n*eût pas été annoncée
ire:onnue immédiatement après sa mort.
Taperrois donc dans la tradition ebré-
'tcae un premier caractère qui ne me per-
::elp85de la confondre avec ces opinions
^daires qui s'éTanouisscnt dès qu'on
cireiirend de remonter à la source. Cette
1 publique et constante d'une société im-
îefise composée de peuples inconnus les
Qs aai autres, me paraît plus imposante
t plus authentique, a mesure que je me
H'.roche de son origine. Si l'on peut dire
i; chaque génération qu'elle a recueilli la
i -lela génération précéden te* je demanderai
ù 11 première génération a puisé sa foi,si ce
e^( Jans la vérité reconnue du fait de la
•^'•rreclion?
^' ue puis pas supposer que ce soit par
"ipahion des préju^^és et des opinions
SHoanies, que les premiers chrétiens
-ni été conduits à la foi de la résurrec-
n. Ces premiers chrétiens étaient ou des
fs ou de:f idolâtres, ou des philosophes,
i^ imbus de princiiies bien contraires à
ooavclle religion. Le christianisme, com-
tu par tous les préjugés de l'éducation et
l'habitude, méprisé et persécuté dans sa
isanee, n'avait aucun de ces moyens de
action qui agissent sur l'esprit et sur le
ir humain. Par quel autre motif que
ni de la rérité connue, la foi de la ré-
reiaiona-l-eilc donc pu s'établir?
Jitin, la résurrection de Jésus-Christ
tait pas ua fait obscur, indifférent, étran-
aux intérêts et au\ (uissions qui ont
tiimede remuer les hommes. Il ne s'a-
ait pas, entre ceux qui ta croyaient et
I qui ne la croyaient pas, d'une simple
^rsité d'opinion sur un point d'histoire.
^eli;non, i'ordre public en dépendaient,
ne part, les pharisiens, les prêtres, les
Ts de la nation juive ne pouvaient voir
s etfroi que Ton entreprit de persuader
ésurrection et la divinité d'un homme
Is avaient crucitié. Ue leur cùlé, les
disciples de Jésus ne pouvaient se dissimu-
ler le danger auquel ils s'exposaient, en
accusant du plus çrand des crimes les ma-
gistrats de leur nation. Toute la rille de Jé-
rusalem avait les yeux ouverts sur une
cause si importante. Je ne puis donc pas
supposer que la foi de la résurrection se
soit établie d'une manière imperceptible,
sans discussion, sans que les hommes éclai-
rés y prissent intérêt. La nature du fait ne
le permettait pas, et d'ailleurs, toute This-
toire de ces temps-là me prouve incontesta-
blement que la loi des chrétiens n'a pris le
dessus, qu'après avoir triomphé des contra-
dictions les plus violentes et les plus opi-
niâtres.
La tradition constante et la foi publique
de l'Eglise nous conduit de siècle en siècle,
par une succession ininterrompue, jus-
qu'aux témoins de la résurrection.
Quels sout ^\es témoins de la résurrec-
tion?
Jésus, qui l'a prédite ; les apôtres, qui
l'ont publiée; les Juifs, qui l'ont combattue.
§11.
La rcsarrecUoD de Jusos-Chrisi prouvée par la prcdicUOD
qu*il en avail laite; par le lémo-gna^^e des écrivains sa*
crés, des apôu^s, des discîoles el des iuiCi eax*
mêmes.
Je place Jésus-Christ k la tète des témoins
de la résurrection, parco qu'il l'a prédite, et
qu'une telle prédiction suppose et prouve
qu'il avait le pouvoir de la vérifier.
Jésus a prédit sa résurrection publique-
ment, et de la manière la plus formelle.
Cette race perverse et adultère demande un
signe (il parlait aux prêtres et aux phari-
siens), et il ne lui en sera pas donné a autre
que le signe du prophète Jonas. Car, de même
que Jonas demeura trois jours et trois nuits
dans le ventre de la baletne^ ainsi le Fils de
rhommesera trois Jours et trots nuits dans
le sein de la terre. (Matth. xii.) Cette pré^iic-
tion n'était pas obscure; elle fut eutenduo
des Juifs, el ils nous l'apprennent eux-
mêmes, lorsque après le crucifiement ils
disent à Pilate : Nous nous souvenons que ce
séducteur a dit : Dans trois jours je ressus*
citerai. On ne peut pas soupçonner l'évan*
géliste de l'avoir imaginée après coup. Les
chefs de la synagogue en attestent i'aiithen-
ticiié, par les mesures qu'ils prennent pour
la démentir.
Raisonnons maintenant dans la double
hypothèse de la vérité et de la fausseté du
fa'^it de la résurrection, et voyons à laquelle
de ces deux hypothèses peut s'adapter la
prédiction de Jésus-Christ.
Si Jésus est ressuscité, il est indubitable-
ment 1 envoyé de Dieu; et s*il était l'envoyé
de Dieu, il ixiuvait se tenir assuré de sa
résurrection; et il convenait qu'il l'annon-
çât, et à ses disciples, et à ses ennemis : à
ses disciples, pour soutenir leur foi contre
!e scandale de la croix; à ses ennemis, pouf
défier tous leurs efforts, pour donner plus
d'éclat au miracle qui devait mettre le sceau
à la divinité de sa mission. Si, au contraire^
1207
RES
DICTIONNAIRE ÀPOLOCETIQCfi
RES
m
Jésos n*élaît pas un envoyé céleste» cette
prédiction ne pouvait servir quà faire
échouer ses projets, soit en désabusant les
disciples quil avait séduits, soit en four-
nissant à ses ennemis un mojen sûr et &-
cile e le convaincre d*imposture à la face
de l'univers.
Qu'un homme de génie, par cet ascendant
que les grandes Ames savent prendre sur le
vulgaire, par le charme de l'éloquence, par
des dehors imposants de vertu, par des
prestiges même, si l'on veut, «parvienne è
subjuguer quelques hommes simples et cré-
dules, on le conçoit, et l'histoire nous en
offre mille eiemples. |fais ce qu'on na
point encore vu, c'est gue l'auteur d'une
imposture, jusque-là si heureuse, aille de
lui-même, sans nécessité, sans motif, ouvrir
les yeux à tous ceux qu'il a séduits. Or,
tout autre que l'arbitre souverain de la vie
et de la mort, en prédisant à ses disciples
qu'il sortirait du tombeau, détruisait par
cela seul toute la confiance qu'il avait pu
leur inspirer.
En efiet, j'interroge l'incrédule, et je lui
demande si les disciples de Jésus, sur Tau-
torité de sa prédiction, croyaient fermement
qu'il dût ressusciter, ou si leur foi, encore
faible et vacillante, attendait l'événement
pour se fixer. Qu'il choisisse entre ces
deux suppositions, et qu'ensuite il m'ex-
plique comment, après avoir attendu vaine-
ment l'exécution de la promesse de leur
maître, après s'être convaincus de la faus-
seté de sa prédiction, les disciples ont pu se
persuader encore qu'il était le Fils de Dieu.
A la vue d une preuve si palpable d'impos-
ture, la foi des disciples, quelles que soient
leurs préventions, s'éteint nécessairement
pour faire place à l'indignation et à la honte
de s'être laissé tromper. Loin de songer à
perpétuer une fable dont l'auteur s'est trahi
. si visiblement, il ne leur reste qu'à retour-
ner à leurs barques et à leurs filets. Trop
heureux, si un prompt repentir les dérobe
à la vengeance des lois, bu si leur obscurité
fait oublier qu'ils ont été les complices du
faux prophète 1
Une semblable prédiction, dans la bouche
djun imposteur, ne pouvait doue avoir
d'autre effet que de forcer ses disciples à
l'abandonner. J'ajoute qu'elle eût encore
préparé à ses ennemis un moyen sûr et fa-
eile de le convaincre, à la face de tout l'uni-
vers, de mensonge et d'impiété.
S'il se rencontrait un chef de secte assez
téméraire pour prédire hautement qu'il se
montrera plein de vie trois jours après sa
mort, quel serait l'effet naturel et nécessaire
d'une si extravagante prédiction? Tout ce
que peut s'en promettre le prétendu pro-
phète, c'est que la fable de sa résurrection
s'accrédite et se répande dans le monde.
Mais tous ses moyens de séduction sont en-
sevelis avec lui, et l'imposture meurt avec
l'imposteur, à moins qu il ne laisse un parti
assez hardi pour venir à bout de persuader
que la prédiction s'est vérifiée.
Tout l'espoir de Jésus, dans le système
de l'incrédulité, reposait donc sur le eoara;e
et sur l'habileté de ses disciples. Vous venez
de voir si c'était en les flattant de la (au;^
idée de sa résurrection, qu'il pouvait lesio-
' téresser à sa mémoire et au succès de 50a
entreprise. Je le suppose toutefois, et je me
représente ces hommes si timides, si lâches
quelques jours auparavant, transformés toal
à coup en conspirateurs intrépides, et dé*
terminés à soutenir la résurrection dun
homme qui les a trompés pendant sa vie, a
qui, en exmrant sur une croix, ne teura
légué que 1 attente d'une mort seoiblablei
la sienne. Ils s'assemblent, ils délibèreDt,^
prennent la résolution désespérée d'eoIeTér
Je corps de leur mattre. Mais dès le premier
pas, un obstacle insurmontable les arrête.
C'est la prédiction publique c)iie Jésus a
faite de sa résurrection. Instruits, parcelle
imprudente déclaration, du cours qu'aliaii
prendre l'imposture, les prêtres et les (Pa-
risiens ont rompu d'avance toutes les mesu-
res des conjurés. Ils ont placé des gardes au
sépulcre; ilsjr ont apposé le sceau poWc;
ils sauront bien empêcher qu*oD oen/ére
le cadavre; il ne leur sera pas diffiâhil«le
produire après les 'rois jours rév(A\&Ca
terme expiré, la fable de la résurrection «^
étouffée, avant même qu'elle ait vu le
jour.
En deux mots : Jésus a prédit qu'il rt§>
susciterait, donc il est ressuscité.
Le fait de la résurrection est attesté, noo-
seulement partons les écrivains du Nouveau
Testament, mais encore par tous les apAlres
et les disciples de Jésus-Christ; el leur té-
moignage unanime et persévérant ne peut
être suspect ni dillusion ni d'iaipostur«.
D'abord la nature du fait, sa cootinuitt,
la multiplicité et la variété des appariuon^
qui le constataient, ne permettent pas uv
croire que les témoins aient été trompe^.
Ce n'est pas en songe, ou d'une manière fn-
gitive, ce n'est pas une seule fois que i^
sus après sa mort se montre à ses disciple^:
c'est pendant quarante jours consécutilN t;
dans toute l'intimité du commerce le p(o^
familier. PrœbuU seipsum vivum in multi:
argumeniis^ per. dit$ quadraginta^ appercéê
eiSf et loquens. (Act. 1.)
Direz-YOtts que les apAtres étaient \*rù-
parés par leurs préventions et leur cr^a*
lité, à prendre pour réels des faits et «k»
discours qui n'existaient que dans leur iiu^
ginalion?
Mais, en premier lieu, une pareille iVih»
sion supposerait la démence portée è s^io
comble; et la démence n'admet pas cear
uniformité dans les récits, cette liaison dar
les faits, cette profonde sagesse dansb
discours que nous offre l'histoire de Jéf«
ressuscité.
En second lieu, rien ne paraît plus t-lm-
gné de l'esprit des disriples-, que la prévc»-
tion et la crédulité à l'égard* de fa résurre»^
tion de leur Maître. Ils traitent d'exlrafd*^
gance le premier rapport qu'on leuceitfNt.
et visasunt anieiUat quasi deliramenta rer^
islUi €t non crcdiderunt illis. ^uc. XUT«)
ri09
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RES
1210
Hs se soHt assurés que le corps Q*est plus
dans le sépulcre, et ils ne sont pas encore
persuadis. Jésus se montre à Madeleine; il
lui adresse la parole ; il l'appelle par son
nom : Madeleine le reconnaît enfin, et court
lonoDcer aux disciples ce qu'elle a vu.
Mais son témoienage ne leur suffit pas; il
but qoe Jésus leur apparaisse, qu'il leur
nonlre les ricalrices de ses plaies. Thomas,
{ui n'était pas présent lors de celte première
ipparition, refuse d*en croire ses collèsues;
I ne se rend qu'après avoir tu et toucné les
races récentes des clous et de la lance.
Dans ce récit, oue je suis forcé d'abréger,
nais dont tous les détails sont précieux,
«><0Dnaissez-vous la marche de la préven-
!OD, de la crédulité ou de Tenthousiasme?
%e TOUS semble-t-il pas, au contraire, que
e5 apôtres portent la défiancejusqu'à fex-
^? £t n'étes-vous pas tenté de leur adres*
erie reproche que Jésus faisait aux disri-
l es d'Emmaiis; qui s'entretenaient avec lui
3DS le reconnaître : O insensés, qui tous
raidissez contre la foi ! O insensaii et tardi
jMrdead credendumf
)Aiïs c'est trop nous arrêter sur une sup-
position qui ne soutient pas le plus léçer
'Uoiea. Les témoins de la résurrection
' lOQt pu s'en laisser imposer : voyons s'il
'^f^rmis de croire qu'ils aient formé le
"'êc^eio d'en imposer eux-mêmes.
Oti les apôtres s'attendaient à voir leur
ualire ressusciter, comme il l'avait annoncé
expressément, ou ils ne s'y attendaient
Dans la première supposition, ils ont dû
i reposer sur lui-même du soin de vérifier
I predieiion. Ils n'avaient nul besoin de
engluer dans une manœuvre aussi dan-
mrtuse que criminelle; et si leur attente
lait trompée, il ne leur restait, comme je
iJ dé^ dit, que d'abandonner la cause et
loémoire d'un homme qui les avait si gros-
.^n-ment abusés.
Dans la seconde supposition, nul motif,
I intérêt, nul espoir ne pouvait les enga-
r à eoDcerter la fable de la résurrection.
I côté du monde, ils avaient tout à crain-
.' : du côté du ciel, ils ne pouvaient atten-
* que les châtiments réservés au blas-
^me et à l'impiété. Le fanatisme ne les
niglait pas sur ce qu'il y avait de criminel
is leur projet; et le faux zèle ne justifiait
rimposture à leurs yeux. Si le Christ
st pas ressuscité, disait saint Paul, nous
Ions oo faux témoignage contre Dieu :
€mf 9tiir ei faisi testes Dei.
idmettons néanmoins que les apôtres
senl quelque intérêt à supposer et à di-
goer fa fable de la résurrection, com-
nl n'onl-ils pas été découragés à la vue
obstacles innombrables qui s'opposaient
exécution d'une pareiHe entreprise? ob-
^es pris de la nature même du projet, oui
7aodait que l'on fît disparaître le cada-
Jont les Juits s'étaient assurés par une
<e militaire : obstacles de la part des
ViAîoes qui se trouvaient en grand nom-
t et i-armi lesquels il ne fallait qu'un
traître, un second Judas pour dévoiler la
fraude, et en immoler les«auteurs à la risée
publique et à \9i vengeance des lois; obsta-
cles de la part des prêtres, des magistrats,
de U nation toute entière, que la fable de la
résurrection couvrait d'une infamie éter-
nelle, et qui avaient en main tous les
moyens de droit et de force, propres à con-
fondre et à punir les imposteurs; obstacles
de tous les genres, qui donnent à ce projet
un caractère d extravagance, tel que l'imagi-
nation épouvantée ne peut se figurer nu il
y ait eu, d'une part, des hommes «ssez lous
Eour en concevoir l'idée, et, de l'autre, des
ommes assez slupides pour en permettre
l'exécution.
Nous pouvons compter parmi les témoins
de la résurrection, jusqu aux Jciis qui ont
refusé de la croire. Leur incrédulité porte
avec elle des caractères si manifestes de
mauvaise foi, qu'elle équivaut à un aveu
formel.
Pour vous en convaincre, je n'ai besoin
que de mettre sous vos yeux ce que firent
les chefs de la svnagogue avant la résurrec-
tion, pour empêcher, s*il eût été possible,
que la prédiction de Jésus ne s'accomplît
et ce qu ils firent après la résurrection, pour
arrêter l'effet de la (irédication des apôtres.
Avant ia résurrection, les princes des prê-
tres et les pharisiens scellent de leur sceau
l'entrée du sépulcre : ils y placent des satel-
lites pour en défendre Taccès. Par ces me-
sures, il se constituent dépositaires et gar-
diens du corps de Jésus, >ls en répondent
contre tous les efforts des disciples, et ils
s'engagent tacitement à le représenter, après
les trois jours fixés pour \di résurrection.
Qu'arrive-t-il cependant? l^ le matin du
troisième jour, les sceaux du sépulcre sont
bris^, la pierre énorme qui le fermait est
renversée, les satellites sont dissipés, le
cadavre a disparu ; il ne reste que les lin-
ges qui l'enveloppaient.
D'après ces faits publiés [Mir les apôtres»
et non contestés par les Juifs, il faut ad-
mettre, ou que Jésus est ressuscité, ou que
ses disciples ont enlevé le cadavre à force
ouverte. Mais, outre que c'eût été de leur
part un projet insensé, soit qu'ils crussent,
soit qu'ils ne crussent pas à la divinité de
leur maître; outre qu'on ne peut leur sup-
poser ni le courage ni les forces nécessaires
pour l'exécution, les chefs de la synagogue
en avaient rendu le succès impossible; et
ils ne sont plus en droit d'alléguer cet en-
lèvement, après qu'ils l'ont prévu, et qu'ils
ont pris pour l'emuêcher toutes les mesures
que pouvait suggérer la prudence éveillée
par la haine, et soutenue de l'autorité et de
la force publique.
A plus forte raison ne méritent-ils pas
d*être écoutés, lorsqu'ils viennent nous inre
3ue les disciples ont forcé le sépulcre, pen-
antque les gardes dormaient tous à la fois»
sans que leur sommeil eût été troublé par
le tumulte inséparable des efforts et des
mouvements que suppose une pareille ex^
pédition. Un fait aussi destitué de vraiscm^
titt
RES
DICTIONNAIRI:: APOLOGETIQlJG.
RES
lilt
blance demanderait, conomc Tobscrve saint
Augustin, d*aiitres garants que des témoins
endormis. Tout ce que Ton peut conclure
du bruit de Tenlèvement semé dans le peu*
pie par les chefs de la synagogue, c*est que,
de loùr aveu, le cadavre n'était plus dans le
sépulcre avant la Gn du troisième jour; et
cet aveu, dans leur bouche, est un témoi-
gnage forcé en faveur de la résurrection.
Tandis que, par une fable si mal concer-
tée, les prêtres et les pharisiens s'efforçaient
de démentir la prédiction de Jésus-Christ,
les apôtres, au milieu de Jérusalem, se por-
taient hautement pour témoins de son ac-
complissement. Le contraste de leur assu-
rance et de leur intrépidité, avec la mollesse
et la timidité de la synagogue, fait assez
▼oir de quel côté se trouvent la bonne foi
et la vérité.
Pierre et Jean venaient de guérir, à la
porte du temple, et en présence a une foule
innombrable, un homme bottent de nais-
sance, connu de toute la ville. Ils avaient
pris occasion de ce prodige pour annoncer
au peuple la résurrection de Jésus. Ils par-
laient encore, lor^squ'il survient des prêtres,
des magistrats du temple etdessadducéens,
qui les font saisir et jeter dans une prison:
Le lendemain, les prêtres, les anciens, les
scribes assemblés, se font amener les deux
apôtres. Nieront-ils, ou du moins conteste-
ront-ils le miracle de la veille? Non : ils lo
reconnaissent expressément, et se bornent
è demander aux apôtres en quel nom, et par
la puissance de qui ils Tont opéré : In qua
viriutef aut in quo nomine ftcistit hoc vos f
{Act. IV.) Pierre prend la parole et leur dit :
Princes da peuple^ apprenez^ et que tout Ja^
raè'l sache que cet homme que vous voyez sain
devant vous^ a été guéri par la puissance et
au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ de
Nazarethj que vous avez crucifié^ et que Dieu
a ressuscité d'entre les morts : Quem vos cru-
ci fixistis^ quem Deus suseitavit a mortuis...
Les magistrats, voyant la fermeté de Pierre
etde Jean, sachant que c'étaient des hommes
du peuple, et sans lettres, étaient dans Téton-
nement, et connaissaient qu'ils avaient été
avec Jésus. Ils voyaient aussi devant eux
l'homme guéri, et ils ne pouvaient nier la
chose. Ils tirent sortir les apôtres de la salle
du conseil, et délibérant entre eux, ils se
disaient : Que /eron«-nou5 de ces hommes?
Le miracle qu'ils ont fait est connu de tous
les habitants de Jérusalem. La chose est ma-
nifestCf et nous ne pouvons la nier. Mais afin
que leur doctrine ne se répande pas davan-
iagcj défendons --leur avec menace a en parler
à qui que ce soit. Pierre et Jean sont rap-
pelés, on leur intime Tordre du conseil :
ils sortent en déclarant c|u*ils n'obéiront
pas : Jugez vous-mêmes^ disent-ils, s'il est
juste de vous obéir plutôt quà Dieu. Pour
nouSf nous ne pouvons taire ce que nous avons
entendu : Non enim possumus quœ vidimus
et audivimus non loqui.
Cités une seconde fois nu même tribunal,
tous les apôtres réunis parlent avec la même
intrépidité. Les prôlresi, les pharisiens fré-
missaient do rage et roulaient les taire
mourir. Laissez ces hommes^ leur dît (lama-
liel : car siramvrequih entreprennent tim
des hommeSf elle tombera d'elle-même ; maint
c'est Vœuvre de Dieu^ vous ne viendrez pas à
bout de la détruire^ et votre résistance tnui
rendrait coupables d'impiété.
Avec tant de haine et de puissance, pou^
quoi tant d'incertitude et de faiblesse? Pour-
quoi ces ménagements pour des hommes «k
néant qui accusent en face les princes des
prêtres d*avoir crucifié le Messie des Juif»,
qtiem vos crucifixistisf Comment le [)]us
sage et le plus accrédité des pharisieci
ose-t-il avancer en plein conseil^ qua coiu*
battre la prédication des apôtres« c*est s'ei-
[>oser h combattre Toeuvre de BiftuTEsi-fe
à la conduite, est-ce là le langage convcoa-
ble aux chefs d'une nation» à Tégard d'uoe
poignée de novateurs et de séditieux, qui»
par la plus grossière imposlure^ déshoou-
rent la nation tout entière, et melttolm
péril Tétatetla religion?
N'allez pas m'object er que ce réiUestsa^-
pect, puisque c'est des ai>dtres sesls qud
nous le tenons.
Les faits qui ont précédé ou suivi ismA»
diatement la résurrection, étaient des bits
publics et notoires qui appartenaient à la
synagogue, etqu*ily auraii eu deladémemv
à*^lui attribuer, s'ils n'eussent pas étévral^
et généralement reconnus. Les apôtres an-
raient- ils inventé que les prêtres allèrent
trouver Pilate, pour lui demander de plac^
une garde dans le sépulcre ; qu'il se répan^lit
parmi les Juifs Cfue le corps de Jésus aiai:
cté enlevé de nuit par ses uisciples, qu'eut-
mêmes furent cités devant le conseil, iottT-
rogés, emprisonnés, réprimandés, et haUu^
de verges 7 Non, ces faits ne sont pas de l'in-
vention des apôtres : ils avaient pour gar^r.'
la notoriété publique. Vous ne pouvez ra-
sonnablement les contester, et de leur réu-
nion il sort une nouvelle preuve du fail'
la résurrection.
D abord la précaution de placer une £»rrp
militaire près du sépulcre, ne permet \hi-
de douter que Jésus n*eût annoncé publiqu*-
ment qu'ils ressusciterait. J*y trouve mèi!M
une sorte d'aveu de ses autres miracles; cir
on eût méprisé une semblable prédiction, 51
des œuvres surnaturelles ne lui eussent ;«*
donné de la vraisemblance et du poids dia*
l'opinion publique.
EnsecondlieUjlelVruîtquiserépanddelV-
lèvement du cadavre, prouve déiuoostm
vement que le tombeau s*élait trouvé tx
après le troisième jour. Or ce fait seul ^
cide contre les Juifs, puisqu'il est reruf» ^|
qu'ils ont dû, qu'ils ont pu, <iu'ils»nt fi-;-
lu prévenir toute lentalivede la |«irt de5 •la-
ci pies.
De plus, ce bruit suppose une irn|*<vtanr
avérée, ou de la part des disciples, *'il f;*
véritable, ou de la part de la synag^çne^y;
est faux. Or, si Ton pèse atlentivoiiieiir J'ii.*-
térêl, les moyens, le caractère des uns n
dus autres , ou avouera que le reiT-Hit
IÎI3
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQrE.
RES
»U
ne (>eut loinher qoe sur les chefs de la sj-
nagogoc.
Les apd(rcs n*avaient nul intérêt à déro-
ber le corps de leur maître, k moins qn*on
oe /es 5ap(K)se assez insensés pour Touloîr,
au péril de leur ne, justiCer I extra raganie
prédiction d*un imposteur. Mais la synago*
Ce demeurait conraincue du crime Je plus
rriblc, si Ton crovait à la résurrection
fun bomme qu^elle avait fait périr du der-
nier supplice. A s'en tenir à la présomption
Je droit, celui-là a commis le crime, a qui
le rrirae est utile, Is fecit scelus^ cuiprodest :
il ne se trouve ici de coupables que les
fj.Ts.
Li'S apôtres manquaient de tous les
r<uveas nécessaires au succès d*une entre-
mise si hasardeuse. Mais les chefs de la sy-
i^ogue avaient en main tout ce qui pou-
rsit empêcher TelTraction dn sépulcre, tout
equi fionvait la constater après reiécution.
)r, de leur aveu, ils ne Font pas empêchée,
U d'après foute leur conduite, il est évident
[n'ils ne Tont pas constatée. Ils n*ont pas
uéme puni les soldats gui, par un oubli sans
xeoiple de la discipline m'ilitaire, avaient
aiorisé le vol du dépôt confié à leur garde.
i'ont souffert qu'on les accusât pubîique-
«-ni d'avoir acheté à prît d'argent le si-
(oc^de ces téuioins oculaires de larésur-
t^lion.
Us apùtres, dans toute la suite de leur
>e, ont donné Texemple de toutes les ver-
us: ils ont scellé de leur sang le témoigna-
^ qu'ils araîent constamment rendu de la
(^urreclion de leur maître. En est-il de
aémede lears adversaires? Interrogez, je
te dis pas les évangéiistes , mais Tbistorien
osépbe : il tous dira que telle était la cor-
D/'iion des pharisiens, des prêtres, des ma-
(5/rats, qu'elle eût suiB, sans les armes des
^roains, pour consommer la ruine entière
' la nation.
Troisièmement, les chefs de la synogogue
( nié le fait de la résurrection; mais quel-
» preuves ont- ils opposées au témoignage
s afiAtres? Le bruit v«igue de l'enlèvement
cadavre n'est qu'une fable maladroite,
i n'est pas soutenu par des informations
îdiques. Or, il ne parait nulle trace
iformations juridiques dans toute l'his-
re de ce temps-là; et ce qni démontre
il n*jr en a jamais eu , ou que l'on s'est
i obligé de les supprimer, c'est que les
^Ires continuent d'enseigner en public,
s que les magistrats osent les condamner
i mort ; c*est que, dans le procès instruit
luUuairement contre? le diacre Etienne,
Taccuse , non d'avoir enseigné la résur-
lion de Jésus, mais d'avoir blasphémé
(re le temple et contre Kiloi : c'est enfin,
la foi en Jésus ressuscité, que û^s in-
natîons juridiques auraient dû étouffer
s sa naissance, s'établit au milieu de Jé-
ilem, sous les yeux ùes prôtrcs et des
\\siratS9 qui ne savent combattre la nou-
e rcM^ïon qu'en la persécutant.
IHL
Li résorrectioD de Jésii»-Clirisl prouva por n llabon
néecssain: avec plasieors jqUcs lails IncontesiablM et
ioeipUcables sans elle
Le fait de la résurrection est tellement lié
avec d'autres faits incontestables, qu on ne
peut l'en détacher sans tomber dans un abîrao
d'inTraisembIances,decontradfctionsetd'ab-
suniités historiques.
^ Un premier tait incontestable, c'est que
rétablissement du christianisme est moins
l'ouvrage de Jésus-Christ que celui de s^
apdtres. Or, si Jésus n'est pas ressuscité, il
est impossible de concevoir comment ses
apôtres ont pu suivre et consommer l'entre-
prise qu'il avait commencée. Que l'incrédule
se décide une fois sur le caractère qu'il
Teut donner aux apôtres. En fera-t-il des
enthousiastes stupides qui prèchentde bonne
foi les visions dont leur maître les a bercés?
Cette supposition est détruite par le fait de
la résurrection, dont ils se disent les té-
moins. Jusque-lè, qu'ils aient été séduits, à
la bonne heure; mais, dès ce moment, ils
deviennent eux-mêmes des imposteurs; il
ne fautplus nous parler de leur enthousias-
me et de leur bonne foi. Essayera-t-on de
nous les montrer comme des fourbes habiles
qui s'emparent du plan ébauché par leur
maître, et se chargent de l'exécuter, au péril
manifeste de leur vie? Des fourbes n'au-
raient eu garde de coudre à leur plan la fa-
ble de la résurrection, qui ramenait tout à
l'examen d'un fait unique, où le mensonge
devait percer de toutes parts.
Dn second Ait non moins incontestable,
c'est que l'Eglise a pris naissance à Jéru-
salem, deux mois après la mort de Jésus-
Christ. La première prédication de Pierre
enfante trois mille chrétiens : peu de jours
après, on en compte huit mille. La persécu-
tion qui oblige les apôtres de se séparer*
porte le germe de la foi dans tous les pays
voisins. Qui m'expliquera ce mouvement
subit qui arrache des milliers de Juifs à leurs
préjugés, à leurs habitudes, à tous leurs in-
térêts, pour leur faire adorer un homme
qu'ils ont vu expirer entre deux brigands?
Les apôtres ont publié que cet homme était
ressuscité. Mais les apôtres ont rencontré
des contradicteurs, ils n'en ont pas été crus
sur un fait aussi extraordinaire, ils ne l'ont
|ias avancé sans allouer quelques preuves ;
et si le fait était controuvé, sur quelles
Iireuves ont-ils pu l'établir lorsque tout s'é-
evait contre leur témoignage, Tautorité, la
religion, l'intérêt et les passions?
Que l'on exagère tant que 1 on voudra la
crédulité du peuple, on ne trouvera pas
un seul exemple d'une pareille imposture et
d'un pareil succès. Les erreurs populaires
prennent leur origine et trouvent leur appui
dans les opinions reçues, dans les jiasssions,
dans rinfluence des gouvernements. Romu-
lus disparait tout à coup ; les sénateurs pu-
blient que les dieux l'ont enlevé au milieu
d'un ora^e : un peuple imbécile etsufiersti-
tinux croit sans peine une lable qni s'ao*
corde avec toutes ses idées. Mais ce même
HI5
RES
DICTIOXNAIIIE APQL0GET1QI3E.
RES
ii\î
peuple aurail-il cru, sur la parole de quel-
ques inconnus, è l*apothéose d'un homme
obscur, ennemi de ses lois et et de sa re-
ligion ?
Aussi, et c^est un troisième fait non moins
certain que les deux précédents, les apôtres
n*ont pas dit au peuple de Jérusalem :
Croyez que Jé^us est ressuscité, |iaree que
nous TOUS rassurons; ils ont dit: Crojez-en
les prodiges que nous opérons sous vos
yeux, au nom de Jésus ressuscité. La foi des
premiers Juifs convertis a donc eu |[K)ur mo-
tif des faits éclatants, dont la vérité était né-
cessairement liée à la vérité du fait de la
résurrection. Tout se réduisait pour eux à
Texamen facile de ces faits dont ils étaient
les témoins oculaires. Tout se réduit pour
nous à rechercher s'ils ont reconnu la vérité
des faits allé|^és par les apfttres, et si le
Jugement qu ils en ont porté nous oblige
nous-mêmes à les admettre.
Mais, dit-on, pourquoi Jésus ressuscité ne
s*est-ïl pas montré aux prêtres, aux phari-
siens, à toute' la ville de Jérusalem qui l'a-
vait vu expirer? Pourquoi sa mort ayant
été publique, sa résurrection na-t-ello
pas eu d'autres témoins que ses disci-
ples ?
Je pourrais répondre q le la nation en-
tière, représentée |iar ses prêtres, ses doc-
teurs, ses magistrats, avait une preuve con-
vaincante de la résurrection, dans fctat où
l'on trouva le sépulcre trois jours après la
mort de Jésas-Gbrist. Je pourrais ajouter
Sue le témoignage des apôtres, soutenu |)ar
es œuvres surnaturelles, en fournissait une
autre preuve certaine, et dès lurs suflisantc.
Mais je vais pins loin, et je dis que, par
leurs propres miracles, les apôtres ressus-
citaient ce fait capital, le rendaient public, et
le mettaient en quelque sorte sous les yeux
de la nation. Jésus-Cbrist en effet ne se
montrait-il pas au milieu des Juifs toutes les
fois que ses apôtres opéraient en son nom,
et imr le pouvoir qu'ils avaient reçu de lui,
Quelqu'un de ces prodiges que nous lisons
ans leur histoire ? La synagogue et le peuple
de Jérusalem ne l'ont pas vu après sa résur-
rection; mais;n'ont-ils pas vu dans les miracles
des apôtres une preuve de sa résurrection,
équivalente au témoignage immédiat de leurs
sens? Et ceux qui ont refusé de se rendre à
cette preuve si authentique et si éclatante, se
seraient-ils montrés plus dociles à la vue de
Jésus-Christ ressusscité? Pensez-vous d'ail-
leurs que le témoignage unanime de toute
la nation juive fût capable de fermer la bou-
che à nos incrédules modernes? Ne deman-
deraient-ils pas encore que Jésus, après sa
résurrection, eût parcouru toute la terre?
Ne voudraient-ils pas le voir de leurs pro-
pres yeux? Où trouver des preuves assez
convaincantes pour des hommes bien réso-
lus à ne pas croire? L'histoire évangélique
fenferme des motifs de crédibilité qui sulli-
«ent à la bonne foi, et l'autorité n'en est
point ébranlée, parce que la mauvaise foi
imagine et demande d'autres prenres qa'elle
saurait bien éluder. — Sur la différence en-
tre les récits évangéliques au sujet de la
résurrection de Jésus-Christ, ray. Jeaît (saint)
L BVANG&LISTE,S H.
RESURRECTION dc Lazare, de la fille
DE Jaïr ; explication naturaliste réfutée par
Strauss. Voy. Natceaustes.
RESURRECTION DES CORPS. — La phi-
losophie contempla avec effroi le mystère
qui se passe à la mort de l'être înlelligeot;
car si la dissolution des organes se fait con-
formément aux lois des corps, qui périssent
par la désunion de leurs parties, pourquoi,
de la part de l'homme qui meurt , cette aij-
goissu, ces déchirements, ces efforts snrbu-
mains pour retenir les restes d'une vie qui
échappe? La douleur arière crue réveilla
constamment la mort, était un lait en con-
tradiction avec l'idée générale que Tantl-
Suité savante s'était faite de la vie, regar-
ée par elle comme un malheur. D'oà ?^
nait donc cette épouvante à Tâme, sur le
point d'être délivrée de ses cb^tnesf pour-
quoi toutes les générations reculaîeife//e$
avec horreur devant le tombeau, celles
devaient considérer plutôt comme le te*
qiiet d'un ineffable hyméuée ? poorqam »
fier Caton d'Utique n'osa-t-il se doDoer U
mort qu'après avoir lu le Phédon de Plalrin,
oh il prouvait l'immortalité de i'âme? U
présence de la mort réveillait doue la crainte
de l'anéantissement ? Mais si Tbomme e^l
réellement immortel, comme tout le pro-
clame, pourquoi la crainte du néaot se faih
elle sentir au moment oili l'être aocoœpUt
la destinée de sa nature? Tout le proMènie
était encore à résoudre, la science biuiiai&ft
n'avait [ms essayé de le faire.
Je ne pense jamais, sans éprouver ta piii5
[»rofonde tristesse, à ce que durent souflrir
es hautes intelligences et les eœars ai-
mants, lorsqu'ils voyaient s'ouvrir le goa!'-
fre du tombeau, sans aucun espoir d^eu
sortir jamais. Mais encore une fois, pour-
quoi ces plaintes, pourquoi ces larmes, m
mourir était une loi de nature? Tout ce qui
s'accomplit violemment dans les fbnctiocs
quelconques d'un être, accuse une déâ«rc:4-
nisation dans sa constitution primitive.
L'homme ne veut pas mourir, donc il ne ie
devait pas. Ici les divines Écntnres mifi<
prennent par la main , et nous font arriver
(le saint Paul qui nous dit que la mort ut l*
salaire dû péchêf et de l'auteur de ïaS^içessi,
qui enseigne que Dieu créa l'homme imm^'f-
tel et quU le fit à V image de ea restembtatuu
mais que la mort sUntroduisit dans le moût
par r envie du démon (1266), jusqu'à Jâisa-*
3ui nous fait dans la Genèse l'bistorii;»
e la chute lamentable de nos premiers >^
rents , et rapporte ces paroles de Dieu *v-^
pèseront toujours sur notre nature : /«
mangeras ton pain à la sueur de tan fr9^(^
jusque ce que tu retournes dans la ter^e io^
tu as été tiréj parce que tu es poussUre €t
que tu retourneras en poussière (1267}. AiB^i
(1266) Sap. Il, «3, 24,
(12()7) Gtn. iii.
Iil7
H£S
DICTIOXN.UIIE APCLOCETÎQDE.
RFS
I2ÎS
les secrets de nos angoisses en présence
des Kteinles de la mort, s'expliquent dans
les livres saints. Noos étions naturellement
moriSymais, par un don surnaturel « nons
avioDS été élevés à Timmortalilé. En tom-
Laot par une faute, de cetie haute destinée,
nous enaYons conservé les regrets et tou-
tes les sympathies; notre condition pure-
ment naturelle dans laquelle nous sommes
rentrés ne peut plus nous suffire ; notre dé-
sir a été trop excité; l'espérance qu'on
avait posée devant nos veux était trop ma-
gnitique, on avait jeté sur nos membres
trop de splendeur, pour que nous puissions
nous résigner sans plainte à voir scinder
notre être dont tous les destins sont brisés,
poisuu'en tomlMint. même nos facultés ua-
tureiies ont été blessées, comme s'exprime
le concile de Trente.
Nons savons pourquoi nons mourons et
pourquoi nous nous plaignons en mourant.
Ce secret de la mort était renfermé, aux
temps anciens, dans les livres sacrés d'un
peuple haï et méprisé, et qui ne devait,
comme on l'a dit, sa célébrité qu'à sa lèpre
et à ses déserts. A côté de ce secret , les li-
vres des Hébreux nous permettaient de
conceYoir le plus délicieux esi)oir, celui de
nssnsciter un jour. Le mot de résurrec-
t!on de la chair n'apparaissait pas dans la
Bible comme quelque chose de fortuit, ou
comme étant le résultat des efforts d'une
combinaison savante, comme l'aurait pu
faire Platon ou ses disciples. Ce mot parais-
sait naturel dans la langue des Juifs, et
3ooique dans les derniers temps la secte
es sadducéens eût clierché à corrompre
les traditions anciennes, le mot de résur-
rection était d'autant mieux compris qu'on
eo découvrait la génération, et qu'à travers
les événements de l'histoire nationale, on
pouvait en suivre les développements pro-
gressifs. Cette idée de revivineation n'appe-
lait rien de nouveau, rien d'indéfini, rien
qui fût prétentieux; ressusciter n'était rien
antre chose que la voix de la chair, soujû-
rant après son immortalité perdue. En rap-
pelant la résurrection d'entre les morts , les
livres saints signalaient l'éternel besoin de
toute chose, qui crie sans cesse jusqu'à ce
qu'elle soit rétablie dans les conditions pre-
mières de sa nature, et tant que ce cri dure,
tant que ce besoin se fait sentir, il j a un
malaise immense dans l'être qui souffre, il
Y a angoisse déchirante, et rien ne peut
laire cesser cette voix ni satisfaire ce désir.
^ Aussi la plainte de l'homme descendant
Tiolemnent dans le tombeau s'exprima d'a-
bord par l'amère voix de Job, et après lui
on ne «lira jamais rien qui ajiproche de la
|/rofoiideur de son martyre ni de la violence
de ses déchirements. Ses paroles lugulires
ont été répétées, sur toutes les douleurs,
3ur toutes les morts, sur toutes les corrup-
tions « mais on lui a emprunté aussi aux
^ours de jubilation les paroles de son es}.oir
(12f») Jùb XIX.
(1:209} Eueh. xsxvii.
sublime. Plat au eieU dit-il, que mesparolcê
fussent écrites f qu'elles fussent tracées danê
un livre^ ou gravées à jamais sur In pierre et
sur t airain avec un ciseau! Car je sais que
mon Rédempteur est rivant , et qu'un jour il
s'élèvera sur la terre; et lorsque mon corps
aura été consumé^ je verrai encore le Seigneur
dans ma chair^ je le verrai moi-même de mes
yeuXf et mes yeux le contempleront^ moi'
même et non un autre, Cetie espérance repose
en mon sein (1268). Daniel disait après, que
ceux qui dorment dans la poussière se ré-
veilleront. Isaïe avait déjà annoncé la ré-
surrection, en disant, suivant les Septante:
Les morts s'élèveront , et ceux qui sont cou*
chés dans la tombe ressusciteront. Et puis le
prophète s'était adressé à ces habitants du
silence et de la poussière, en leur criant :
Béveillei-vous et rendez grâces^ vous qui de-
meurez dans le sépulcre! Ezéchiel poursuivit
ensuite le téraoï^ua^e de la résurrection,
en en donnant l'image la plus expressive.
La main du Seigneur fut sur moi^ écrit-il,
et le Seigneur m'emporta en esprit; et il tne
déposa au milieu d'Un champ , et ce champ
était plein d'ossements ; et il me conduisit au^
tour de ces os^ et ifs étaient en grand nom^
bre sur la face du champ et très'Secs, et il me
dit :Fils de Vhomme^ ces os vivront-ils? Et
je dis : Seigneur Dieu^ tu le sais. Et il me
dit : Prophétise sur ces os et dis-leur : Os
arides , écoutez la parole du Seigneur, Voici
ce gue dit le Seigneur à ces os : Moi j* enver-
rai en vous l'esprit ^ et vous vivrez^ et je met-
trai sur vous des nerfs^ et je ferai croître des
chairs sur vous , et /étendrai la peau sur
vous: et je vous donnerai l' esprit f et vous vi-
vrez; et vous saurez que moi je suis le Sei-
gneur, Etie prophétisai comme il me Cuvait
ordonné. Pendant que je prophétisais^ un
bruit s'entendit^ et voilà que tout est ébranlé;
et les os s'approchèrent des os , chacun à sa
jointurcy et je vis. Et voilà les nerfs et leê
chairs qui recouvraient ces os , et la peau
qui s'étendait sur les os ; mais Vesprit n était
point en eux. Et le Seigneur me dit : Pro^
phétise à r esprit f Fils de F homme; et tu di^
ras à Vesprit : Voici ce que dit le Seigneur
Dieu : Vteos^ esprit des auatre vents, et
souffle sur ces morts e4 au ils revivent. Et je
prophétisai comme il m avait ordonné; et en
même temps F esprit entra en eux, et ils fu-
rent vivants f et une armée innombrable se
leva sur ses pieds (1269). Saint Jérôme re-
marque que ce passage ef t fameux pour ce
oui nous intéresse, car le prophète fondait
I espérance du retour de la captivité sur
l'exemple de ta résurrection certaine de la
chair. Les os, dit Tertuliien, ne pourraient
fournir un syml)ole, si ce symt>ole lui-mê-
me ne devait se réaliser en eux. Entin un
des Macbabées disait au milieu des tour-
ments à Antiochus : Certainement^ hommo
pervers^ tu nous fais mourir en la vie pré^
sente; mais le Roi du monde nous ressuscitera
en la résurrection de la vie éternelle^ «oiia
qui sommes morts pour ses lois (1270).
(ti70) Il Mackab. vu.
1)19
R£S
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
liES
li»
Les Ecritares anciennes sont d'ailleurs
pleines de flgores de la future résurrection.
Suivant saint Epiphane (1271)» le sang
d'Abel qui crie devant Dieu« montre Tespoir
de la résurrection des corps : Enoc enlevé
du milieu des hommes est le modèle de
cette résurrection : la stérile Sara, après
avoir conçu contre les lois de la nature,
nous crie dans son enfantement que nous
serons ressuscites ; Jacob et Joseph croient
à cette espérance par les soins au*ils pren-
nent de leurs cenures ; la verge d*Aaron qui
refleurit, celle de Moïse qui, après avoir été
changée en ferpent, reprend sa première
forme, signifiaient le réveil des morts.
Hoïse cnlin, en bénissant Rubeu par ces
paroles : Que Ruben vive^ ti qu'il ne meure
pas^ semble lui promettre qu'il sortira du
tombeau, puisque Ruben était déjà mort.
Je ne m arrête pas aux autres endroits des
Ecritures, où Ton applique à notre cendre
les idées les plus gracieuses. Tantôt on dit
de nos os qu ils seront délivrés, tantîH on
les compare à des rejetons qui reverdissent
et à une fleur qui s'éi)anouit; quelquefois
on lui assure qu*eHe sera revêtue des vête*
ments les plus splendides.
C'est ainsi que Tespérance de la résurrec-
tion s'était conservée vivante et pure dans
les traditions d*un seul peuple de 1 antiquité;
elle avait disparu du sem des sociétés païen-
nes, son nom ne se retrouve plus dans la
philosophique» car le mot de palingénésie,
fr«Xc77tyf7i«, tegeneratio^ qui chez les Pères
Srecs signifie quelquefois la résurrection
es corps, de même que k^fnwiç (1272),
ireiprimait plus pour les savants que le
renouvellement du monde. Pline l'Ancien
disait dans le septième livre de son Histoire
naturelle^ que 1 espérance d*être ressuscité
était une des vanités humaines, et que le dire
de Démocritc, qui avait assuré la résurrec-
tion des corps, et qui n'était pas ressuscité
lui-même, était une imposture et une four-
berie insigne, si ce n'était une odieuse dé-
mence.
L'Evangile se présenta sous de tels aus-
pices devant la sagesse humaine pour lui
révéler son dogme fondamental, la résur-
rection des corps. Saint Paul, le plus grand
des apôtres pour la science dans la foi, devait
se trouver aux prises sur cette question
principale avec les disciples de Zenon et
d'Epicure , dans Athènes , cette mère de
toutes les sciences humaines. Les paroles
de l'apôtre leur parurent étranges et inouïes :
on le conduisit devant l'Aréopage, ce tribu-
nal le plus solennel de l'antiquité, et dont
l'institution se perd dans la nuit des temps.
Il était juste que le procès de la résurrection
de la chair vtntcontradictoirements'enga^r
dans cette enceinte célèbre, où avaient plaidé
les dieux ; devant ces jujges qui prononçaient
dans les questions capitales au milieu dos
ténèbresdela nuit, pour n'être point influen-
cés par les objets des sens, sur ces sièges
teints du sang des victimes immolées à
l'autel des Euinénides, où se plaçait celui
(i27l) S. Epiph., 1. 1, gcct. 9.
qui prêtait serment, en faisant sur lui-même
les plus horribles imprécations, et à côié
de la tombe funèbre d Œdipe, cet étemel
symbole de la colère divine.
La chair ne devait pas trouver justice de*
vaut le tribunal philosophe d'Athènes: celui
gui la représentait fut regardé comme un
insensé, et fut moqué par tous. Il ne devait
pas être plus favorablement traité devant Fes-
tus, rhomme de la puissance romaine dans
la Judée. C*en était fait du plus irrésistible
do nos sentiments, du plus violent de d<'^
désirs, du désir de la vie, si notre cliair,
régénérée par Teau du baptême, n*a?aitp^
prouvé elle-même à la sensualité, è la $»>
gesse humaine et aux tyrans qu'elle devait
ressusciter un jour. Elle se mit à lœuvro,
en étonnant le monde i^ar son courage dam
le martyre, par le dévouement dans Tiiolo-
causte de ses vierges, et par tout Tensemb'r
des actions chrétiennes. Cette vie des pr^
niiers fidèles, qui surgit tout à coopaprè»
la publication de FEvangile, n'avait jaoïais
eu de précédents ni d'exemples (noibpoa-
vons bien nous en rapporter sur cepoiAl
au témoignage de Julien TA postal/, et
accusait dans Tbomme Texaltatioa uiooie
d'une puissance regardée toujours eo&^e
infirme et esclave. Si jusqu'alors quel^^i^i*^
hommes avaient pu se rendre supérier.r>
à la douleur, l'Evangile en rendit capable
des multitudes entières de femmes et dei.-
fants ; si jusqu'alors on avait pu faire m
vierge dans un siècle, saint Jérôme reaiarqj^î
dans ses lettres que Texemple de la Ticr^>'|
Démétriade fut contagieux dans Teonpirv.
et que ce fut un saint combat , entre les i r*-
miefes dames romaines, tes Paule, iesli'^
les Uaudence, les Julienne, pdur vou^:
leurs enfants à la virginité, tandis qiie que j
qucs siècles avant, le plus vertueui <!(>'
Romains, Caton, avait trafiqué sur la puii^ur
de ses esclaves. D'où venait cette puissao
inconnue de Thomme sur ses memt»^
sinon de ce que l'on lui avait fait conci^v*f
l'espérance de ressusciter un jî)ur? B't
même que les martyrs chrétiens avaieni ^
l'exemple divin du martyr du Calvaire,
les vierges chrétiennes l'exemple de
Vierge-Mère, TEvangile ne devait p
borner à annoncer la résurrection, il F^
senta un exemple, et Jésus -Cbrist ètji
ressuscité.
La résurrection du Dieu-Homme se prê-
chait au monde comme le iondemenlde ^
religion nouvelle.
Puis donCf écrivait saint Paul aui ù^
thiens, qu'on vous a prêché que Jisru^^f
est ressuscité éC entre les morts^ comment**
trouve-t-ils parmi vous qui osent dire p
les morts ne ressusciteront pas ? Si If s f»^'|
ne ressuscitent points Jésus-Christ nesté^'
pas ressuscité: et si Jésus-Christ n'est p
ressuscité^ notre prédication est inutiU^
votre foi est vaine. Nous serons même f««-
vaincus d'être de faux témoins à l'égard ^f
DieUy comme ayant rendu ce témoignage f<**'
tre Dieu même y en disant quV a ressusai'
Hi%l±) Gasp. Suiccrus, Thesaur. sccieu
ICI
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RES
12»
Jénu-Chrisi qu*il n*a pas re$$u9cUéf si let
morts ne ressuscUeni pas : car si les morts ne
restuicUemt pas^ Jésus-Christ iCtst pas non
plus ressuscité^ et si Jésus-Christ n^est pas
reuuieité^ votre foi est vaine; car vous êtes
encore dans vos péchés. Ceux qui sont morts
en Jésus^hristf sont donc morts sans espé-
ronce. Si Vcspérauce que nous avons en Jésus-
Christ n est pas pour cette r/e, nous sommes les
plus misérables de tous les hommes. Mais
thainienant Jésus-Christ est ressuscité dC entre
les mortSf et il est devenu les prémices de ceux
qui sont dans le sommeil de la mort : car
c'est par un homme que la mort estrenue^ c'est
aussi par un homme que vient la résurrection;
et comme tous meurent par Adam^ tous revi^
rront aussi par Jésus-Christ (lâ73).
L*A|K>lre donne ensuite la raison pour-
ijuoi la chair iloit ressusciter : Autrement^
aue ^sqneroni^ demande t-il , cruj: qui sont
bapiiséspour les mortSf s* il est vrai que les
morts ne ressuscitent point f ... (1374) Et
pourquoi nous-mêmes nous exposons-nous à
touie heure à tant de périls?... il ny apoint
de jour que je ne meure. . . Que me sert, à
parler selon Vhomme, d'avoir combattu à
Ephtse contre des bêtes farouches^ si tes morts
me ressuscitent pas? JS'e pensons qu'à boire
et à manger, puisque nous mourrons demain.
?àr ces |>aroles, qu'on n*a?ait jamais entendu
f.rononcer dans aucune chaire de pbiloso*
\dûe, TApdtrc développait la raison nniaue
Oes actions humaines dans l'ordre rérélé,
l'espérance de la résurrection. Si les morts
n^ ressuscitent pas, pourquoi la chair joue-
i-e!!e un si grand rôle dans la religion ?
« Certes, remarquait Tertullien, il suffirait
à la chair que nulle âme ne pût absolument
oUenir le salut, à moins de croire, pendant
«qu'elle est dans la chair, tant il est vrai que
îa chair est la base du salut. Quand Tâme
r5t enrôlée au service de Dieu, c'est la chair
</ui la met à même de recevoir cet honneur;
rVt la chair en effet qui est lavée, pour
«|tje râmc soit purifiée; la chair sur laquelle
«•n fait i\es onctions, pour que Tâme soit
#oi»s,-icrée; la chair qui est marquée du
N.^ne sacré, pour que l'âme soit forlifiéc;
fa'^chair qui est couverte [lar l'imposition
•itrs mains, pour que Tâme soit illuminée
^*dr rÈsprit ; la chair enfin qui se nourrit
iu corps et du sang de Jésus-Christ, pour
|ue l'âme s^engraissc de la substance de
ion Dieu. Elles ne peuvent donc être sépa-
rées dans la récompense, puisqu'elles sont
^^sociées dans le travail. Les sacrifices
^.réabies à Dieu, je veux dire les laborieux
-^ercices de l'âme, les jeûnes, les abstinen-
ts* la sobriété, tout ce qui accompagne la
iiortiUcalion des sens, cest la chair qui
>s.écute à son détriment. La vir^nité, le
rpuvagc, la couche conjugale samtenient
rivée-de ses droits, le mariage unique sont
tfs holocaustes que la chair hrûle, sur ses
•rupres biens , en l'honneur de Dieu. Ré-
ffSTS) / CortJilA. XV.
I f ^7i) Les comiiienuieiirt, soit catlioliqaes, soli
. c^cc^taols, ne sont pat d accord dans Teiplîcation
|ionds I que penses^fn de la c-liair, lorsque
traînée en public et livrée h la haine de
tous, eHe combat pour la foi ; lorsqu*au fond
des cachots, elle est torturée par la privation
si cruelle de la lumière;... lorsqu'ensuite
elle est déchirée par des instruments de
toute espèce; lorsque enfin elle s*éteint dans
les supplices? O chair fortunée 1 s*écriait
touiours le rude prêtre de Carthage ; A chair
mille fois glorieuse, qui satisfait si bien en
Jésus-Christ qu'elle ne lui doit plus rien que
d'avoir cessé de lui devoir, d'aulant plus en-
chaînée aujourd'hui qu'elle est libre(127S} I»
Mais ce n'est pas seulement dans Tordre
révélé que la chair est si bien mêlée et con-
fondue avec l'âme, qu'il en résulte un acte
unique ; c'est aussi dans l'ordre de la nature.
« N'est-ce pas par le ministère de la chair,
demandait Tertullien, que l'âme jouit de
tous les dons de la nature, des richesses du
monde et iïes charmes des éléments? C'est
par la chair qu'elle est pourvue de ]'ap|)a-
roil des sens, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût
et le toucher; c'est par elle qu'elle est ar-
mée d'une puissance divine, capable de
tout opérer par la parole, et ntème par le
langage muet du geste et du regard. La pa-
role assurément est un des organes de la
chair. La chair 1 elle est le véhicule des
arts : la chair I elle soutient les sciences et
le génie I la chair, elle conduit les actions,
l'industrie, les fonctions... Si tout est ainsi
soumis à l'âme par l'entremise de la chair,
tout est soumis également è la chair. Il faut
nécessairement que Tinstrument suit asso-
cié à la jouissance. La chair, par le minis-
tère qu elle prête à l'âme, est donc recon-
nue sa Compagne et sa cohéritière. »
< Eh bien 1 que les adversaires commen-
cent par briser le lien qui unit l'âme à la
chair, poursuit toujours Tertullien, !*our
qu'ils osent le briser ensuite dans là rému-
nération de la vie. Qu'ils nient la commu-
nauté des actes, pour qu'ils puissent nier
éô^alement è bon droit la récompense. Que
la chair ne participe pas à la sentence, si
elle n'a point participé à la cause qui Ta
motivée ; que lame -aeiile soit rappelée, si
l'âme seule disparaît. Mais il n'en est rien,
elle ne sort pas plus seule de la vie qu'elle
n'a couru seuledans la carrière qu'elleahan-
donne, je veux parler de cette vie. Il est si
vrai que l'âme ne vil pas seule ici-bas, que
nous ne séparons pas de la communauté de la
chair les pensées , même à F état dépensées, et
non encore réalisées par le ministère de la
chair. En effet, Tâme exécute dans la chair
et par la chair ce qui s'accomplit dans le
cœur. Le Seigneur lui-même, quand il veut
reprendre les pensées des hommes, s'atta-
que è cette portion de la chair qui est comme
la citadelle de l'âme : Pourquoi pensex-vous
le mal au fond de vos cœurs t Quiconque.
dit-il ailleurs, a regardé une femme avec un
œil de convoitise, a déjà commis Fadultire
de ce jNissagt*. (Beiciu, Dict. de tkéol.)
(Iii5) Tektcll., De resnrrect. canes*
i^%
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RES
m
dan$ son cœur. Tant la pensée, même sans
effet ni exécutioni est un acte de la chair. »
D*où nous devons conclure que l*liomme
if est homme et n*açit comme homme que
dans la chair ^t par Ta chair, qui le person-
nifie et le caractérise. Sans l'espoir delà
résurrection, il n'y a plus de commande-
ments possibles, il n'y a plus de devoirs à
remplir. Saint Cyrille de Jérusalem ensei-
Î;ne dans ses Catéchèses (fue Tespérance de
a résurrection est la racine de toute bonne
action. Honte et malédiction sur les législa-
tions impies qui prétendent nous imposer
des obligations de conscience, et qui pro-
fanent la chair t Pourquoi les phiiosopnies
anciennes n'ont-eiles rien pu dans les. ac-
tions, pourquoi leurs enseignements sont-
ils toujours restés stériles, si ce n'est parce
qu'ils condamnent la chair h l'anéantisse-
ment? Pourquoi donc, ô homme malheu-
reux, as-tu ri à Athènes, il y a dix-huit siè-
cles, brsqu'un apdtre te disait que tu devais
être récompensé ou puni comme tu as agi,
c'est-à-dire, tout entier, c'est-à-dire, toi-
même? £t pourquoi aujourd'hui tant d'in-
sensés se moquent-ils de l'espérance de la
chair ressuscHée, si ce n'est parce qu'ils
abusent de cette chair, qu'ils outragent et
qu'ils corrompent? Ceux qui s'appellent
philosophes ont-ils seulement pensé €[u'en
niant la résurrection des corps ils niaient
la personnalité, la liberté et les actions 7
Le premier fait .évangélique a été de re-
constituer l'homme par l'espérance d'être
ressuscité. Théophilacte disait, en expli-
quant sain^ Paul, que le dogme de la résur-
rection des corps est comme le fondement
de toute foi ; 1 enseignement nouveau s'é-
tablit sur le dogme fondamental, que nous
avions été rachetés tout entiers. Le sang de
JésusH^hrist, après avoir racheté nos corps,
a, en le coiamandant et en le réglant, enno-
bli et rendu libre l'acte de l'homme. L'espé-
rance d'être ressuscité en l'émancipant dans
son action, lui a donné la liberté morale
qu'on ne connut jamais dans l'antiquité. De
cet espoir ont résulté tous les développe-
ments des libertés humaines ; et puis la li-
berté do par l'espérance de la résurrection
de la chair a fécondé tous les éléments hu-
mains, elle a sanctifié et sanctionné les lois,
elle a inspiré l'art, réveillé la science, pro-
duit la civilisation et enfanté tous les sacri-
Qces et tous les dévouements.
L'histoire des peuples régénérés devait
se faire sur les données de la résurrection
des corps, et cet espoir se confondait avec
le fait fondamental du christianisme, la di-
vinité de Jésus-Christ : car s'il n'est pas
Dieu, il n'est pas ressuscité, et s'il n'est pas
ressuscité, nous ne ressusciterons pas non
plus; et sans l'espoir de la résurrection, la
décadence ^e manifestera progressivement
dans Tart, les libertés seront étouffées, car
les antiques passions sont toujours là pour
re))rendre leur vieil empire.
Saint Paul, dans la même EpUre aux Co-
rinthiens^ nous apprend la manière dont
»'accomi)lira la résurrection des corps par
ces mots : lfat>, dira guelqu^un^ cùmment k
morts ressuseiteront-îisn et orée fufl torp$
reviendront'-ils f Insensés que vous iUi, ce
que voîu semez ne prend rie, iil «e m^
-auparavant... Nous ressusciterons tout, vtaù
tous nous ne serons pas ehangés, SuJTtot
l'Apôtre, nos corps pourrissent dans la
tombe comme la semence dans la terre, et
d'un corps corruptible il en sortira micoriis
incorruptible ; et d*un corps morlel, un
corps immortel pour les justes. Celle id(V
de semence appliquée à notre cendre noa*
rappelle, dans la pensée de TApôlre, (joe
nous devons mourir en celai avec lequt!
nous devons être ressuscites. Saint Pri
nous apprend, dans son Epître aux Coltt-
siens, que les chrétiens ont éïé ensP7e)l$(ii
Jésus-Cihrist par le baptême; il dil Mm
9ue nous nous incorporons Jésus-Christ,
ont nous devenons les cohéritiers, les frè-
res et les membres, par Tinstitution des
sacrements qui doivent perpétuer Imeariu-
tion du Verbe et nous la rendre propre en
s'appliquant sur nos corps. Les sacreiuols
nécessaires aux conditions de mltîm'm
mixte présentent l'image du sacrifeeide
la mort, et par conséquent de tnaÉnu-
tion. Elle s'accomplit au moyen de ism
union sacramentelle arec le Dieu-Honiais
fait chef d'un corps mystérieux dont doqs
sommes les membres. Cette union enlKî(>
ftëres s'agrandit en s'élevantjosqu'à Ihen
Quits soient un, dit Jésus-Christ i son hre,
dans l'Evangile de saint Jean, commt rou
et moi nous ne sommes quun^ nfin çuVj;
aussi ^ ils ne soient qu*un avec nous. Ainsi .^
poursuit le progrès de cette union qm v
commence entre le Christ et les fidèles i)^i
s'étend entre les frères par le Saureur. '.
3ui Anit par l'assimilation en Dieu et i
éificatiou de l'homme, puisque nos cor,'
sont transformés au corps de Jésus-ChriM»
puisque nous devenons d*autres Ikxjy
Christ nous-mêmes.
C'est bien là le vrai triomphe de TEtc-
gile, qui a pu sauver la persoooaliié '.>
maine tout en unissant les individus dr
manière la plus ineffable, jusquà eo fâirt
les membres d'un même corps, jusqn'àci
faire des dieux avec Dieu.
En annonçant la résurrection des oirp<<
l'Evangile devait fonder tout un ordre no*-
veau. Aussi comme les vieux enscLnir-
ments, comme les anciens sacerdoces, coisc
tous les sanctuaires, comme Tempire!'^
émus à cette nouvelle! Comme on en'*
avec rage : Les chrétiens aux bêles» eut''*
doiveut ressusciter d'entre les morts! H^
aussi comme les^ chrétiens surent vim '
mourir I comme toujours les cœurs am-*^
et droits durent tressaillir en appn^'-'
€|uils sortiraient de la tombe l cotnin*"
jourd'hui le sauvage doit prêter IVh^-
sous sa hutte de joncs, à ces acreut^t^''
veaux I Si l'Evangile n'eût annoncé ao- ''/
morts ressusciteraient, et s'il ne les eut rr^'
suscités, il fût resté dans Thistoire de c^
Erit humain comme une tentative imi^^]
le et insensée. Mais il s'éUbUi $(^r ^
laa*
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RES
1216
^érie de faits nécessaires» sur des sacrements
SDpposant rincarnation; sur fincarnation
^opposant la résurrection des corps; sur la
résurrection des corps supposant la liberté
inorale, et ainsi en déGnitire il se proura
par réfan de toutes nos sympathies.
L'homme en effet pourrail-il ne pas res-
susciter? qui ne le désire pas? et y a-l-il
'ians la nature un seul désir qui ne se réa-
1 se? Quels sont les ennemis de la chair, si
*"« n'est ceux qui 1 aiment outre mesure?
Q'ji pourra expliquer, 6 YÎe de Thomme
^^mïié^ tes infinies contradictions? Cette
thair que l'homme idolâtre, qu'il déifie ,
qu'il exalte jusqu'au délire, if la fait
descendre dans la tombe sans espoir ; il laisse
^îeraellemeot dévorer son dieu par les vers,
^nù\$ que ceux qui chAtient la chair, qui la
'urifient tous tes jours, la livrent à la terre
x»iiifDe un dépôt; ils font descendre les
n.es de resfK)ir sur la désolation de la
ofiibe, et puis ils s'associent aux accents de
a religion, quand dans la plus grande de
c- 5 solennités elle nous montre vide le se-
«aicre du Christ; religion sainte qui nous
1 âl parcourir les diverses phases de son
'i)gràs s])irituel suivant les saisons de lan-
-^. A peine la nature nous fait-elle pres-
— '^Sir son printemps, à peine la sève qui
— ï^-nde et ressuscite se répand-elle dans les
r^^oes, que la religion parle aussi de résur-
-=^=^tioD triomphante. Elle a posé dans la na-
^fe son image, son type, son symtiolisme le
*u^ profond, suivant la pensée de saint
fé^oire de Nazianze, interprétant saint
aji. Mais, si la nature est bornée dans le
rOAps, si elle ne reproduit que ce qu'elle
^usarait montré quelques mois plus tôt,
I rcii^on se projette en avant des siècles ;
U saos répéter annuellement les effets
j>/Ve nous promet, elle s'établit sur un
i>X8 champ, elle s'empare des tombeaux
i'e//e consacre et surveille, et sur la cen-
e^ elle prophétise la résurrection de
omme.
Depuis le christianisme, Simon le Magi-
.'D, Cerdon, Harcion, Apelles, Valentm,
t gnostiques et les manichéens, nièrent la
^urrection de la chair par les conséquent
i d'uKie fausse philosophie. D'autres,
ODme Hyménéê et Philète, dirent que la
'urreciion était déjà faite, soit parce que
rangile avait éclairé les âmes ici -bas, soit
rce q[ue les justes étaient déjà récompensés
:is la gloire, soit parce que les pères res-
citaient dans leurs enfants; enfin tous les
tempsycosistes, Origëne lui-même, n'ad-
r^-ni d autre résurrection de la chair que
retour des Ames dans d'autres corps.
J/>ez les Juîfd, la résurrection des corps
re jetée par la secte des sadducéens. Nous
9ms nous arrêter ici quelques instants,
\¥î€) Api es leot ee que nous avons va Je leiies
*Am€iai Tntmwunl sur la réaiurrectioa des oorps,
kl facile de voir ee qa'il laai penser de Tasser-
i de faviear de ïBtuiuuiité^ qui dit que Tidée de
de jn^eineat, de résorrecûoo, vint de la Perse
«topt de Jésns-Cbrisl.
DsCTiO!l?(AIBE APOLOCiriQCR. II.
d'autant plus que l'auteur de rHumamié t
étrangement abusé, comme nous I avons vu,
d'un passage de saint Matthieu (1276). Vog.
RBNA1SSA5CB DA!fS L HC1IA?IIt£.
Les Sadducéens reconnaissaient pour an*
teur de leur secte un certain Sadôc, disci«
pie d'Antigone Sacheus, d'après le sentiment
de plusieurs écrivains juifs et de Vossiu»
dans son premier livre de VOriffine de Vido-
latrie. Le sadducéisroe naquit depuis le
règne d'Alexandre le Grand, sous le gou-
vernement des Machabées, cent ans environ
après le commencement de l'école des pha-
risiens (1277). Le principal point de la doc-
trine sadducéenne consistait dans la néga-
tion de la résurrection ties corps, parce
au'elle niait la spiritualité et l'immortalité
e Tâme, de même que l'existence des anges
et de toute substance spirituelle, comme
nous le voyons dans les Actes des apôtres :
car les sadducéens disent qu'il ny a pas de
résurrection^ ni d'ange^ ni d'esprit (1278).
Josèplie rapporte que ceux qui appartenaient
k cetre secte , peu nombreuse à la vérité,
étaient surtout remarquables par leurs di-
gnités (1279). Le même historien en fait
d'ailleurs un triste caractère, et dit en subs-
tance Que Quelques-uns d'entre les plus ri-
ches et les plus recherchés chez les Hébreux,
adonnés sans honte au plaisir de la table, au
sommeil et aux jouissances des sens, se dé-
claraient pour la secte des sadducéens, dont
la philosophie obtenait le patronage des
dames juives (1280). C*est ainsi qu'on pou-
vait les appeler les athées et les épicuriens
d'Israël. Jésus-Christ devait se rencontrer
avec ces maîtres renommés du plaisir et de
la volupté.
Il venait à peine de répondre à une ques-
tion sur une matière d'état présentée par
quelques pharisiens, que les sadducéens
viennent à leur tour lui laire une difficulté
sur la résurrection des corps. « Dans ce
jour, dit saint Matthieu (1281), les saddu-
céens qui disent qu'il n' v a pas de résurrec-
tion s'approchèrent de Jésus, et l'interrogè-
rent en disant : Maître, nous avons, vous le
savez, une disposition de la loi de Moïse qui
règle que si un homme du sang de Jacob
meurt sans enfants, son frère doit épouser la
veuve, pour donner des enfants à son frère
mort. Or, voici le cas qui arrive : il j avait
chez nous sept frères, qui épousèrent suc-
cessivement la même femme sans avoir
d*enfants ; au jour de la résurrection, duquel
des sept frères celte femme sera-t-elle Té-
pouse? » Jésus-Christ leur répondit ainsi :
Vous êtes dans Ferreur, ne connaissant ni
Us Ecritures ni la puissance de Dieu ; car au
jour de la résurrection^ les hommes n'auront
point de femmes^ ni les femmes demaris^ mais
ils seront tous comme les anges de Dieu^ dans
(liTT) Roasftvi, i.Xi.
il27H) Act. XXIII, 8.
(1279) Ub. VIII Anliq. jud.^ c 2.
(1280) Lîb. Il BiU. judûu.. c 7.
11281) Matth. xuu
39
12S7
RES
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
RKS
\m
le ciel. Et pour ce qui est de la résurrection
des morts^ n'avez-vous point lu les paroles que
Dieu vous a dites : Je suis le Dieu d'Abraham^
et le Dieu dUsaac^ et le Dieu de Jarob ? Or Dieu
n'est pas le Dieu des morts^ mais des vivants.
Ces paroles du Sauveur prouvent tie la ma-
nière la plus formelle la résurrection, de la
chair. Au jour de la résurrection on n'é-
pousera plus, parce qu'on n'aura plus be-
soin de se reproduire; on sera commodes
anges de Dieu (1282). Jésus prouve ensuite
ce qu'il a avancé par les Ecritures, où Moïse
rapporte ces paroles de Dieu : Je suis le
Dieu d' Abraham f dClsaac et de Jacob ^ et Dieu
n'est pas le Dieu des morts^ mais des vivants.
Si Dieu est encore le Dieu d'Abraham, celui-
ci vit encore, et cependant il est mort à son
corps; et pour que Dieu puisse dire avec
vérité qu'il est le Dieu non des morts, mais
des vivants, il faut qu'Abraham, Isaac et Ja-
cob, qui sont morts, ressuscitent avec leur
corps à la vie. Il nous reste quelques obser-
vations à faire sur la réjjonse de Jésus-Christ
et sur sa manière d'argumenter, pour faire
paraître dans un plus grand jour la vérité
de sa pensée.
Les auteurs ne s'accordent pas sur la rai-
son pourquoi Jésus-Christ, pour répondre
aux sadducéens, se servit d un passage du
Pentateuque, préférablement à d'autres tex-
tes plus clairs que pouvaient lui fournir
Job, Isaïe, Ezéchiel, Daniel et les Macha-
bées. Serait-ce, comme quelques-uns le sou-
tiennent, Origène, saint Jérôme et Bède,
f)arce que les sadducéens ne recevaient qu(;
es livres deMoïset mais suivant d'autres,
comme Franijois Luca, ils mettaient au rang
des Ecritures sacrées d'autres livres que
ceux de Moïse pour différentes raisons,
d'ailleurs peu convaincantes, que présente
cet auteur avec Scaliger. Serait-ce mieux
parce que les livres de Moïse méritent un
plus grand respect par leur antiquité et par
Je haut caractère du législateur? Corneille
Lapierre le pense avec beaucoup de fonde-
ment. Ensuite, la manière d'argumenter. de
Jésus-Christ, oui prouve aux sadducéens la
résurrection dfe la chair par le dogme de
l'immortalité de l'âme, était une nécessité
îles circonstances» et rigoureusement exigée
dans les [)rincipes des sadducéens.
Ceux-ci ne niaient la résurrection des
corps q^u'autant qu'ils rejetaient la spiritua*
11 té et l'immortalité de l'âme. Une fois ce
principe établi, la conséquence suivait na-
turellement. Si l'homme est immortel, dans
la pensée de Jésus-Christ et l'esprit {\t^ an-
ciennes Ecritures, il doit ressusciter dans
la chair, qui est une \asi\e de lui-même.
La science humaine avait bien réellement
méconnu notre nature et nos destinées, qui
s*accompliront dans l'intégrité de notre être.
Sans l'espérance d'être ressuscité avec notre
corps, presque aucun philosophe n'échappa
à l*erreurde croire à la refusion de Tâme hu-
maine dans l'Ame du monde, comme Tob-
serve Gassendi avec tant de raison.
On a fait contre la résurrection des corps
deux objections principales.
a 1" Les mêmes atomes de matière, ilii-
on, peuvent appartenir à plusieurs corps
différents. Les cannibales qui vivcnldechair
humaine, convertissent en leur propre subî-
tance celle des corps qu'ils ont mangé; au
moment de la résurrection^ è qui écherron:
les parties qui ont été ainsi commonesl
deux ou à plusieurs corps? 2° Par iesfil*
servations que l'on a faites sur récoiiooue
animale, on a découvert que le corosliD*
main change continuellement, quii ped *
un grand nombre des parties de matière qui !
le composent, et qu'il en acquiert d'aolwi \
après sept ans il est totalement renoureié. !
Ainsi, h proprement parler, un corps n'c^i ^^
point aujourd'hui entièrement le mèmequ'i!
était hier. De tous ces corps différents qu'ut '
homme a eus pendant sa vie, quel est 'eioi .
qui ressuscitera ? »
Réponse. 11 résulte déjà de cette olyectioa
qu'un cannibale qui mange un b(»Dfl)e ae
mange point les parties de matièredofltcri
homme était composé sept ans aoivrati
et lorsque ce cannibale meurt, il neeoisM :
plus aucune des parties du corps qu'il |-
mangé sept ans avant sa mort. II n'est dflsi
pas vrai que les mêmes parties aient aM
tenu à deux divers individus consioeiK
dans la totalité de leur vie. Or, il eslhl
indifférent qu'un homme ressuscite aîeclÉ
parties dont il était composé lorsqu'il ait
dévoré, ou avec celles qu'il avait »epl«
avant cette époq^ue. _^
Les plus habiles philosophes, tci^'H
Leibnitz, Clarke, Niewenty, etc., ont M
serve qu'il n'est pas nécessaire pour (|»^'
corps ressuscité soit le méme^.qa il récuf^
exactement toutes les parties de id
dont il a été autrefois composé. La
disent-ils, le tissu, le moule original
men originale) qui reçoit par la nu
les matières étrangères auxquelles il
la forme, est, h proprement parler, le
et l'essentiel du corps humain ; il net*
point en acquérant ou en penlantcespa
de matière accessoire. De là vient, 1*
la figure et la physionomie d'un homint^
changent point essentiellement ensed
loppant et en croissant ; 2r que le corpf
main ne peut jamais passer une cetf
§randeur, quelque nourriture qu'on
onne ; 3*" qu'il est impossible de
Ear la nutrition un membre mutilé,
l'âge de trente ans un homme est
avoir le même corps qu'à quinze, pan»
le moule intérieur et ià conformatioo
ganique n'ont pas essentiellement c
chaque corps a son moule propre qt
peut appartenir à un autre.
Dailleurs Tidentité personnelle
homme consiste principalement dans ie
(12S2) Si l^auleur de V Humanité avait tant soit ressuscites sans plus se reprciduire ne P^^^*^.
pei l'éRi'clii au sens que sigriiiiaient ces mois, Il ati- aucune façon se prêter au reioor éteroadan»*'
rait compris comme tout le monde que des êtres maniié.
im
ftES
DICnOmAIRB APOLOGETIQUE.
RF.S
If»
tmeni intérieur qui lui atteste qu'il est
toujours le même individu. Son corps a beau
se reooureler yingt fois, il sent à soixante
ans qu*il est la même personne qu'il était à
quinze. Or, €*es( précisément la personne
qui est le sujet des récompenses et des pu-
nitions; il lai suffit donc de ressusciter avec
un corps tel qu'elle puisse conserver avec
lui le souvenir et la conscience de ses ac-
tions, pour sentir si elle est digne d*étre
récompensée ou punie.
Terminons cet article par une dernière
eoDsidération qui s'applique également à
toutes les qualités des corps glorifiés.
Les corps que la nature nous offre sont
solides, liquioes ou fluides aériformes. Mais
une infinité de phénomènes nous montre
au'iJ existe, outre ces trois sortes de corps,
des agents particuliers qui participent des
propriétés de ces jpremiers corps, mais qui
en diffèrent notablement sousaautres rap-
ports. Ces agents particuliers sont la cha-
/eur, la lumière, 1 électricité et le magn^
lisme. La nature intime de ces agents nous
est inconnue, et ! on a fait à cet égard di-
verses hypothèses. D*après Tune de ces
hypothèses, chacun de ces agents est un
(uide particulier, analogue aux fluides
aériformes, mais éminemment subtil, doué
cTone prodigieuse vitesse, et impondérable.
D'après une autre hypothèse , h existe un
fluide, qu'on a nommé éther, universelle-
ment répandu dans le vide comme entre les
particules matérielles des corps pondéra-
Mes. Les phénomènes lumineux sont pro-
duits par des mouvements vibratoires, ana-
logues à ceur qui produisent le son, mais
iadnimeni plus courts et qui se propagent
par te fluide ëtbéré avec une vitesse prodi-
tnense. Les phénomènes de la chaleur sont
atiribués à des ondulations de Téther, qui
se distinguent des ondulations lumineuses
par quelque propriété particulière. On a
même supposé que les phénomènes élec-
triques el magnétiques sont encore dus à
un mouTement vibratoire de Féther.
Si Ton compare maintenant les phéno-
mènes observés dans les corps pondérables
ivec ceux que la science nous manifeste
iaos ces agents impondérables, on y trouve
les différences frappantes. Ainsi la lumière
iarconri dans le vide ou dans Tair environ
^,000 lieues ou plus de 311 millions de
Hêtres par seconde. La vitesse d'un boulet
e canon, qui parcourt 500 mètres par se-
onde, n*est que tes 16 dix-millionièmes de
/ vitesse do la lumière. Bans l'hypothèse de
émission, les molécules lumineuses sont
ncées par le soleil avec une vitesse plus
3 un et demi million de fois aussi grande
le celle d'un boulet de canon. Dans Thjr-
Hhèse des ondulations, la vibration lumi-
suse, priaiilivement produite dans le so-
i], se transmet en une seconde à une dis-
41.
Vârmitchte Schrifien^ B. i,
l^2S4) Quis âufficit enarrare operm Uiimi?
m imnestigabii mmqnMitm eju$ * Cum conêumm
finis
cotummwMterU
tance de 311 millions de mètres ; et, comme
la lonmeur de chaque ondulalion lumineuse
ne dépasse guère €45 millionièmes d'un
millimètre, on peut déduire de là qu'il y a
au moins 4S2 millions de ces ondulations
propagées en un millionième de seconde et
qu'une molécule de Téther doit faire, p«iur
transmettre les phénomènes lumineux, au
moins 482 millions de vibrations dans la
millionième partie d*une seconde de temps.
Lorsqu'un rayon de lumière pénètre dans
notre œil, les diverses parties de l'organe
f participent à ces vibrations; chaque point
umineux, des objets que nous voyons donne
lieu à des ondulations distinctes, tontes ces
ondulations se propagent à la fois et sans se
gêner mutuellement, et la pupille de l'œil
se trouve ainsi affectée simultanément par
des milliers d'ondulations distinctes, et tel-
lement rapides que cette rapidité effraye l'i-
magination.
Ces observations suffiront pour donner
une idée des phénomènes remarquables de
la propagation de la lumière; les phénomè-
nes que nous présentent les autres agents
impondérables ne mériteraient pas moins
tout notre intérêt. La plupart de ces phé-
nomènes n'ont été observés que dans ces
derniers temps. Plusieurs d'entre eux dif-
fèrent tellementde tous les autres, quece n'est
qu'un heureux hasard qui les a fait découvrir
et qu'il est très^iflicile, de nos jours môme,
non-seulement de rattacher ensemble les
divers ordres de phénomènes , mais même
de déterminer les lois générales qui régis-
sent les phénomènes particuliers de chaque
ordre. Halçré If s progrès des sciencos d'ot>-
servation, il n'est sans doute aucun savant
qui prétende que les théories modernes
sont désormais établies sar des bases iné-
branlables. La marche elle-même de la
science nous montre « que la nature est iné-
Euisable dans ses ressources, impénétrab-
le dans ses voies, toujours nouvelle dans
ses œuvres. Alors même que nous croyons
être enfin arrivés sur ses traces, elle ren-
verse tout l'édifice de nos hypothèses par
un fait unique et imprévu, pour nous ex-
citer à de nouvelles recherches (1283). »
De nos jours encore nous (mouvons deroan -
der avec le prophète : Qui sera capable de
compter les ouvrages de Dieu? Qui pourra
pénétrer ses merveilles J Quand F homme cher^
chera à les connaître et au il sera arrive
à la fin de cette recherche, it trouvera qu'il ne
fait que commencer, e/, après s'y être long-
temps appliqué f il ne lui en restera qu'un
profond étonnement. Beaucoup des œuvres
de IHeunoussont cachées, qui sont plus gran*
des que celles que nous connaissons : car nous
n'en voyons qu un petit nombre (1284.)
Si nous remarquons maintenant que nous
ne connaissons pas même d*une manière
parfaite les phénomènes de l'ordre actuel,
Aoifio, lnitr incifnet : et mm ^meserit, aporûiHlvr.—
Mmtia obuondita snnt majora tns : panea emm wlr
dimmê operum c/ns. (Eccl.^ xviii, 2, 5,6; xun,
36.)
Ift5i
Rf:s
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
R£S
<!»
nous ne devons pas nous étonner de l im-
perfection de nos connaissances par rapport
aux qualités de nos corps et à létat de la
nature elle-même dans la vie future. Cepen-
dant la diversité des phénomènes que nous
présente la matière sous ses diverses formes,
fa comparaison des propriétés des corps so-
lides, par exemple, des roches de nos mon-
tagnes avec celles du fluide lumineux, nous
aident en même temps à concevoir une forme
de la matière plus «subtile encore que celle
du fluide lumineux, un ordre de choses plus
parfait que Tordre actuel.
Nous apprenons par les œuvres de saint
Augustin que les incrédules |)rétendaient,
il y a quatorze cents ans, que la résurrec-
tion des corps était impossible, qu*ilsne
Eouvaient croire que les corps de quelques
ommes devaient brûler toujours sans ja-
mais mourir, parce que la nature de rhomme
telle quHIs la connaissaient s'y opposait.
Pour réfuter cette objection, le saint docteur
rappelle plusieurs exemples de phénomènes
extraordinaires qu'on attribuait à certains
corps et qui paraissaient contraires aux lois
alors connues de la nature. Ses adversaires
expliquaient ces faits en disant qu*ils étaient
le résultat d'une force particulière, des effets
de la nature propre à ces corps. 11 s'empare
de cette réponse pour montrer que Dieu est
l'auteur de tout ce qui existe, qu'il a donné
à chaque être la nature qui lui appartient.
Mais, si Dieu a pu créer les êtres avec les
qualités naturelles qu'il leur a données, il
peut aussi changer ces qualités en d'autres
selon qu'il lui platt. Saint Augustin remar-
que encore que les faits merveileux et ex-
traordinaires étaient désignés sous le nom
de prodiges et de présages, monstraj osienta^
porienta^ prodigia^ parce qu'ils étaient cen-
sés montrer, annoncer, prédire quelque
chose. Pour nous, dit-il, ces faits qui sem-
blent et que l'on dit être contraires a la na-
ture doivent nous montrer, nous prouver et
nous prédire que Dieu fera des corps des
hommes ce qu'il a annoncé devoir en faire,
sans être arrêté par aucune difliculté, sans y
être obligé par aucune loi de la nature. Il
rappelle enhn ce que Dieu avait annoncé à
cet égard dans les saintes Ecritures dont il
avait déjà rapporté les principaux passages
concernant cette vérité (1285).
Nous pourrions remarquer nous-mêmes
que quelques-uns des faits rapportés par
saint Augustin et regardés par lui et ses ad-
versaires comme extraordinaires, sont re-
connus aujourd'hui comme toute fait natu-
rels. Néanmoins il est toujours vrai de dire
que la nature entière est l'œuvre de la vo-
lonté libre du Tout-Puissant, qu'il a donné
lui-même à tous les êtres les qualités qui
leur appartiennent et que nous ne connais-
sons nous-mêmes qu'imparfaitement. 11 est
vrai que Dieu peut changer ces qualités en
d*autres, et, par conséquent, ^ue la résurrec-
tion des corps et les changements de ces
corps et ceux de la nature entière n'ont rien
d'impossible. De plus, l'étude apprûfoodie
de la nature et de l'iiomme uoqs aide aussi
à concevoir ces changements que la raison
proclame comme possibles et dont lafoi
nous enseigne la réalisation fature.
Ainsi, la foi nous enseigne que lescriatn*
res, formées pour l'homme, ont elles-mêmes
f>articipé è sà déchéance ; qu^asservies \
'homme ell^s n'obéissent en quelque sorte
que malgré elles, et qu'elles attendent eo
gémissant le moment où elles seront déli-
vrées de la servitude de la corruptiOD. la
science de son côté nous apprend que la per*
fection de l'ordre actuel ne laisse pas d'être
mêlée d'imjierfections ; que l'ordre géiiéril
est en partie le résultat de désordres |«r-
tiels, tels sont les ouragans, les trembl(^
ments de terre, les explosions de voiesus
dont les effets sont souvent si désastreuv.
telle est même à certains égards la sune^-
sion des êtres vivants, succession qui ni
lieu ane par la mort des individus, ce^i^
dire, la destruction.
La foi nous dit que l'homme, créé mor-
tel et exempt des faiblesses de la nitureAo-
maine actuelle, a brisé lui-même ktie&qai
le rattachait à la Divinité, et qu'il est Oèilia
de sa première perfection Elle nousdin^
core que le juste sera un jour, parunefiA
de la grâce divine, rétabli dans un éui dr
perfection beaucoup plus élevé que son ètti
originel. La foi nous enseigne, avec iinecrf
titude irréfragable, maisd une nianièreobf^
cure, les qualités de l'homme dans ce Donn
état. D'un autre côté, pendant queThoflinj
moral aspire ici-bas à un bonheur (jvl
f)oursuit sans cesse sans jamais ratleiu'
a science nous montre qu'il y a dans Ib^
me organique des forces en puissance
ne sont jamais réalisées en entier durut
COUPS de cette vie et dont nous ne loy
que de temps en temps la manifestatiooa
complète.
L*examcn détaillé auquel nous venoel
nous livrer nous amène doncè conclurai
les enseignements de la foi roncernaolj
résurrection des corps sont en hanûODiejK
faite avec la raison et la science. La natt
et la religion, ces deux organes de DieOj
vérité par essence, s'accordent pourpr«<
mer ce dogme. Ainsi, tous tant que m
sommes, nous ressusciterons un jour, oj
ressusciterons avec le même corps qnew
avons dans cette vie, et ce corps sera ^
de qualités nouvelles. Alors seolemeBl
justice de Dieu, sa bonté et sa sa^ess*
manifesteront dans toute leur plénitaj
riiomme, qui n'est ni Pême séparée du c(4
ni le corps séparé de l'âme, l'homnie i
entier sera récompensé ou puni suirantl
œuvres ; le but de la création sera ré^iij
entier, lorsque les divers êtres, réifl
dans la perfection originelle et d^^^f''
inaltérable, célébreront à jamais, decon^
avec les élus, la gloire de celui |)0ur M
et par lequel tout existe, le principe H
fin de toutes choses de l'Etre intini u«
(li85) S. AuGusTiKCTS, De civitate Dei , lib. xxi, c. 8.
ItS
RfiT
DICTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
RET
1154
(oajoars le mèmedaos son incommeiisurable
éternité. -'
RÉVÉLATION PRIMITIVE. — Loi^u*on
admet un IMeu infiniment bon et infiniment
sage, «ateor du monde, cause par&ile de
root cequieiiste, rien déplus rationnel que
]*élat où la doctrine catooliaue nous mon-
tre Je premier liomme. Quoi 1 L'homme est
le chef d'œuvre de la création ; et, tandis
qa'aotour de lui tout est harmonieux et
pur, tandis que dans le reste de la création
tous les êtres, obéissant aux lois de leur
oatnre, accom|ilissent leur destinée et for-
ment ainsi cet ordre merveilleux qui procla-
me si magnifiquement la sagesse du Créa-
teur, i'homme seul, lui le roi de ce monde
terrestre, eût été créé dans un état de dé-
sordre, de trouble, de confusion I II est le
seul être raisonnable de la création, c*est
donc è lui qu'il appartient de rapporter à
Dieu les autres créatures, incnpabics de s'é-
)e;er par elles-mêmes jusqu'à leur commun
ruleur; et l'on voudrait qu*ii fût créé dans
ri^norance de Dieu, qu'il ne connût claire-
locDt ni ce souverain auteur de toutes cbo-
fes, ni les liens qui le rattachent à lui, ni
les devoirs qui en découlent! On voudrait
qae l'homme, ce chef-d'œuvre de la sagesse
tlde la bootë de Dieu, au sortir des mains
et son auteur, ne sût d'où il vient, ni où il
va, ni quelle mission il a à remplir sur cette
(?rre! En vérité, quel est donc l'esprit assez
{'jri pour dévorer de pareilles absurdités?
11 suffit de consulter la raison pour com-
prendre aussitôt que, si Dieu est l'auteur
00 monde» il a dû, dès loriçine, révéler à
Itiomme toutes les vérités quil lui impor-
Uii de coooal Cre. Il y a plus, l'état de>per-
iettion surnaturelle où, suivant l'enseigne-
luem catholique, le premier homme fut
élevé, nous semble répondre merveilleuse-
ment k toutes les idées de la raison. Assu-
rément cet état surnaturel n'était point dû è
Thomme, il n'était point, comme l'a ensei-
gné Baîus , une suite nécessaire de la na-
ure humaine; c'était une perfection gra-
luitemenl surajoutée à la nature, un don
mquei la nature ne pouvait pas préten-
Ire; mais» d'un autre côté, combien cet
flaf nous parait conforme à la sagesse et
i la bonté de Dieu 1 L'homme est sa créa-
ure de prédilection; quoi d'étonnant que
^ieu se plaise à lui prodiguer des marques
articuiiëres de son amour, et que, non
entent de loi donner, comme aux autres
uvrages de ses mains, une nature intègre
i fjarfaïiB, il veuille encore l'enrichir de
ous spéciaux qui relèvent, l'ennoblissent
i la fasse entrer avec lui dans des rapports
intimité et de félicité qui la surpassent
ifiniment? Ne convenait-il pas à la sagesse
à la tjonié de Dieu de s attacher l'homme
ir des liens plus étroits et plus élevés que
fux de la nature, par les liens de la grâce
de ramîtîé? De cette manière, d*une part,
leu rapprochait l'homme de lui-môme au-
i:l <|ue la distance qui sépare la créature
I i.réaleur le lui [permettait; et d autre
f I, ce rapprochement étant non la suite de
la nature, mais un don de la grâce', la dé-
pendance de la créature ris-è-vis du Créa-
teur apparaissait plus profonde et plus
éclatante. Et c'est ainsi que l'état surnaturel
de l'homme primitif se révèle à notre esprit
comme le chef-d'œuvre de la sagesse et de
la bonté de Dieu.
Le rationalisme, je le sais, ne veut |K)înt
entendre parler d'un état surnaturel, il le
repousse ajiriort au nom de la philosophie.
Je n'ai fias envie de discuter longuement
sur ce sujet. Mais quelles idées y a-t-il donc
dans la raison contre cette élévation surnatu-
rellederhomme^Oùsontlesidéesquis'upjK)-
sent à ces relations plus affectueuses et plus
douces, à cette union plus intime, à ce com-
merce plus divin de l'homme avec Dieu?
Après avoir constitué l'homme dans Tinlé-
grité de ses facultés naturelles, facultés né-
cessairement finies, liornées, limitées , pour-
quoi Dieu ne pourrait-il plus rien, et de
quel droit lui défendrez-vous de jeter un
nouveau regard d'amour sur cette créature
pour versAr en elle des dons d'un ordre
plus élevé ? — Vous m'opposez les grands
principes de l'indépendance et de la dignité
oe l'homme? Qu est-ce à dire, et que me
Eirlez-vous d'indépendance et de dignité?
'homme n'est-il donc pas une créature, et
toute créature n*est-elle pas dans une dépen-
dance essentielle et complète du Créateur?
Et la dignité de Thomme, d'où vient-elle
sinon de ce qu'il Ta reçue du principe et de la
source première de toute dignité, de la di-
gnité par essence, de Dieu lui-même ? Hais,
s'il en est ainsi, la dignité de l'homme ne
s'accroltra-t-elle pas à mesure qu'il sera
plus étroitement uni à Dieu? Ne voyez-vous
donc pas que vos raisonnements renversent
la raison, et que vous prenez pour un abais-
sement et une humiliation de la nature hu-
maine ce qui en est en réalité la plus éton-
nante et la plus admirable exaltation?
Ah 1 je crois connaître la source de toutes
ces négations dont l'ordre surnaturel est
l'objet, et qui ne s'appuient que sur des
puérilités ou des contradictions. Pourquoi
ne le dirions-nous pas? il j a dans le ratio-
nalisme une, secrète et profonde antipathie
contre Dieu; le rationalisme n'aime point
Dieu et il en a peur, voilà la véritable source
de toutes ces déclamations souvent si peu
philosophiques contre l'ordre religieux et
surnaturel. Sans doute on ne s'avoue pas à
soi-même cette antipathie, cette peur dont
je parle; on n ose pas se l'avouer, parce que
'intelligence y répugne ; mais, au fond, ce
sentiment est très-réel, et c'est sous son
inspiration qu'on écrit et qu'on parle. Aussi,
voyez avec quel soin tous les raiionalistes,
ceux mêmes qui admettent avec nous l'exis-
tence d'un Dieu personnel et créateur du
monde, cherchent à l'écarter le plus possible
du domaine de la création ; voyez comme
ils s'ingénient à faire h Dieu la part la plus
(petite possible dans le gouvernement de
'humanité; comment enfin ils cherchent à
^e passer de luil Ils sembîcut craindre d«
prononcer son nom, ou, s'ils le prononcent.
Iâ35
RÉV
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
REV
im
ils Te font à la dérobée et pour Tacquit de
leur conscience, sauf et se remettre sixr-Ie-
cbamp à expliquer toutes choses comme si
Dieu a*ayaît rien à y Yolr et comme si elles
étaient complètement soustraites à $oa
action. Bien des fois, en lisant les écrits des
rationalistes les plus sérieux et les plus ho-
norables, de ces rationalistes qui semblent
défendre avec nous les grands dogmes de la
religion naturelle, je aie suis surpris à me
demander si, dans leur système, Dieu n'é-
tait pas un hors-d*œuYre. Le Dieu qu'ils
proclament n*exerce presque aucune action
sur le monde, il est étranger & la vie de
Thumanité; la vérité et l'erreur, le bien et
le mal, le bonheur et le malheur de I homme
Je trouvent indifférent ; c'est assez pour lui
d'avoir |jroduit le monde ; désormais, il n*a
plus à s'occuper de rien, tout doit marcher
de soi-même, et il faut que chaque créature
se suffise. Semblable à ces monarques de
]*antique Orient, qui coulaient leurs jours
retirés dans les plus secrètes profondeurs de
leurs palais, le Dieu du rationalisme est re-
légué, loin de son ouvrage, par delà tous
les mondes, sur un trdne solitaire où il
demeure éternellement plongé dans les dé-
lices d'une immobilité à laquelle rien ne
l'arrachera plus. Franchement, j'avoue ne pas
trop comprendre un Dieu pareil , et je ne
sais auel esprit sincère pourrait se permettre
d'altérer à ce point les traits du Dieu vivant
et véritable sans cette peur secrète qui tra-
hit rintelli^jence et l'empêche de voir. Au-
tant vaudrait nier Dieu, que d'en admettre
un h qui l'on défende d'agir. C'est là qu'a-
boutit le rationalisme.
Ecoutez ces remarquables paroles de M.
(iuizot : « Quelle est, au fond et religieuse-
ment parlant , la question suprême qui
préoccupe aujourd'hui les esprits? C'est la
question posée entre ceux qui reconnaissent
et ceux qui ne reconnaissent pas un ordre
suriiaturel, certainet souverain, quoique im-
pénétrable à la raison humaine ; la question
posée, pour appeler les choses par leur nom,
entre le supematuralisme et le rationalisme.
D'un côté, les incrédules, les panthéistes, les
Siîoptiquesde toute sorte, les purs rationalis-
tes; de l'autre, les Chrétiens. Parmi les pre-
miers, les meilleurs laissent subsister, dans le
monde et dans l'âme humaine, la statue de
Dieuy s'il est permis de se servir d'une telle
expression, mais !a statue seulement, une
image, un marbre. Dieu lui-même n'y est
plus. Les Chrétiens seuls ont le Dieu vivant
(1286). » Voilà la vérité. Les meilleurs d'en-
tre les ralioualistes ne conservent que la
statue de Dieu, un Dieu sans vie, puisqu'ils
lui refusent à peu près toute action et sur
le monde en général et sur l'homme en
particulier.
On comprend, ainsi combien l'hypothèse
rationaliste sur l'état primitif de l'humanité
est insoutenable aux yeux d'une saine
philosophie; on voit jusqu'où doit logique-
ment conduire la négation obstinée de l'ordre
surnaturel. Hais quittons les hauteande U
métaphysique et descendons sur le terraio
de l'observation et des faits ; c^est là, sortoui,
que la faiblesse derhypothëse rationaliste
frappera tous' les regards, même les moins
attentifs.
Le rationaliste nie la révélation primitiTe
et prétend que l'homme, créé avec la seule
faculté de connaître, a dû se développer de
lui-même. Le déisme du xyni* siècle sou-
tenait la même thèse. Suflisance absolue de
la raison, inutilité complète de toute réré-
lation divine, voilà quel était le point de
départ des déistes ; et tel est aussi le prie-
cipe au nom duquel le rationalisme atta-
que aujourd'hui encore la doctrine catholi-
que. De part et d'autre on prétend que ia
religion naturelle, la seule qu'accepta ia
raison, n'a pas été révélée de Bien au pre-
mier homme, mais découverte par la raisoo,
et que, dans ses préceptes comme dans ses
dogmes, elle relève uniquement de l'iolel-
ligence humaine; toute autorité exténeore
est écartée. Il y a, sur ce point, entente pir-
faite entre les déistes et les rationalisiez.
Mais cette entente cesse du momeot aâ 'A
s'agit de l'application du principe. Ledéis-
me ne craignait pas d'aiBrmer qae Iaxàh^
humaine aperçoit sur-le-champ et sans tra-
vail tout ce qu'il importe de connaître dans
l'ordre moral et religieux; aujourdliui \e
rationalisme est, en général, infiniment plus
réservé; il se borne à dire que Tbommeest
arrivé lentement, péniblement , après des
siècles d'égarement et d'erreur, a fa con-
naissance de la vérité. Le déisme, d'accord
avec son principe sur la connaissance de la
religion naturelle, accusait toutes les reli-
gions positives, et surtout le christianisme
d'avoir faussé, altéré, corrompu les princi-
pes de cette religion de la raison ; le raiio-
nalismeconlemuorain proclame au contraire
Tutililô et la nécessité des religions posîil-
ves, il loue surtout le christianisme pour
avoir mis à la portée de toutes les intelli-
gences ce qu'il y a d'essentiel dans Tordre
moral et religieux. Toutefois, il est bien
entendu que le christianisme, pas plus que
les autres religions positives, ira rien de
véritablement surnaturel , et n'est point
le fait d'une révélation proprement dite.
Je dois me borner ici à discuter le point
de départ du rationalisme. Un simple coup
d'œil jeté sur l'histoire de l'humanité cl sur
des faits qui se passent chaaue jour encore
sous nos yeux suffira pour raire justice de
cette étrange théorie.
Et d'abord que présente, au point de vue
moral et religieux, l'histoire du genre hu-
main avant Jésus- Christ? Y voyons-nous les
idées religieuses, grossières et informes i
Torigine, se développer et se perfeclionncr
graduellement, jusqu'à ce qu'enfin, réalisant
sans cesse de nouveaux progrès, elles attei-
gnent cette plénitude et cette perfection qui
éclatent dans le christianisme 7 11 me semble
que nos apologistes du dernier siècle ont
(1286) MéditatioM et éluder morales^ Préface; Paris, 1852.
AmmMi
HEV
DICTIONNÀmE APOLOGETIQUE.
REV
12»
soffisamment mis à néant i^elte frÎYole fay-
(totbèse, et je ne comprends guère que des
esprits sérieux puissent sy arrêter encore.
Leiand et Bei^er ont démontré, par féCude
auenlive des annales religieuses des peuples
anciens, que la religion, loin de progresser,
n'arait lait que s*altérer et se corrompre à.
mesure que les siècles s'ajoutaient aux siè*
ries. L*hjsloire à la mnin, ils ont prouvé que
chez aucune nation du monde les connais-
sances religieuses ne se présentaient comme
le produit spontané de la raison humaine ;
chez tous les peuples païens, remarquent
ces savants apologistes, la religion se mon-
tre à 1 observateur avec un caract<^re en-
tièrement opposé à celui qui se révèle dans
\t développement des sciences et des arts ;
tout marche, tout progresse, tout se perfec-
tionne, tandis que les idées religieuses s'al-
tèrent, se défigurent, se décomposent et fi-
nissent par ne plus offrir qu'un amas d'in-
mbérentes erreurs. Si la religion était le
fruit des investigations de Tesprit humain,
n aurait-elle pas suivi une marche parallèle
à celle des autres connaissances ? Pourquoi
celte op|josilion? Pourquoi ce contraste? Et
su dorant un espace de quatre mille ans.
Il raison humaine, quoique cultivée et dé-
T?ioppée, n'a su que rétrograder en matière
de connaissances religieuses, de quel droit
iii attribuerez-vous Ta découverte .de ces
quelooes vérités qui brillent c^ et là au mi-
lieu des ténèbres du paganisme? Ne serail-il
fias plus logique de conclure que ces véri-
t«fs, si mal gardées par l'homme, viennent
d'une source plus haute que sa raisoo, et
L^ue le ^enre humain les doit à une révéla-
tion qui aura lui sur son berceau? C'est
ainsi que raisonnent nos apologistes.
D'aillours, « toutes les traditions antiques,
<îe i aveu de M. Cousin, remontent a un
â je où Thomme, ausortir des mains de Dieu,
en reroit immédiatement toutes les lumiè-
res ef toutes les vérités, bientôt obscurcies
et corrompues par le temps et par la science
i ;;complète des hommes. C'est l'âge d'or,
est r£den que la naésie et la religion pla-
eot au début de l'histoire (1287). » — £hl
es traditions, communes à tous les peuples,
j*oiit-eiles donc aucune valeur? Ne méri-
«.-nt-elles aucune attention ?
Les sages les plus illustres du paganisme
*nc généralement professé le plus profond
'e5^f»ect pour l'antiquité. « Confucius, Pla-
c^n, Aristote, Cicéron, tous les génies les
•ïus élevés du monde païen ont célébré
i'uoe Toix unanime la sagesse de leurs
^res. Le plus souvent, ils se donnent
oiume restaurateurs de l'antiquité plutôt
{ue comme novateurs. Convaincus qu'on
doit regarder /ffiiei7/eurcoiiiifi« le ptus an-
cien (1288), ils ont invoqué le témoignage
des ancêtres è Tappui de ce qu'ils ont dit do
f>his sublime sur Dieu et sur les vérités »e-
igieuses (1^9). Ce respect pour l'antiquité
ne serait-il pas absurde, si les philosophes
que nous venons de citer n'avaient pas été
convaincus que les premiers âges furent il-
lustrés (lar la science des clioses divines
(1290) ?» — Tout concourt donc à établir et
l'existence et la nécessité d'une révélation
primitive. « La révélation faite aux premiers
nommes, dit Bei^ier en résumant les ar-
guments longuement développés dans son
ouvrage, est donc établie par le fait et par
les principes. Il est impossible qu'un Dieu
sage et bon ait abandonné l'homme naissant
à un guide aussi infidèle qu'est la raison,
tyrannisée et obscurcie par les passions. Si
elle continue à l'égarer dans les siècles
même où elle devrait avoir acquis toute la
perfection de l'âge mûr, qu eût-elle fait
dans son enfance, lorsque l'homme était en-
core sans expérience et sans culture?
«Cette révélation est prouvée par la marche
des connaissances humaines; celles-ci se sont
augmentées et perfectionnées avec le temps;
la religion, au contraire, chez la plupart des
peuples, a été plus pure dans leur origine
que dans leurs progrès.
« Elle est attestée par les plus anciens mo-
numents; tous nous renvoient, ou à des ré-
vélations immédiates, ou è une tradition qui
se perd dans l'obscurité des premiers â^es.
Tous les peuples ont cru que les premiers
hommes avaient été instruits par la divi-
nité
c Elle est conGrmée par Taveu des sages,
des législateurs, des philosophes. Les uns ^e
sont prétendus inspirés, parce qu'ils sen-
taient le besoin de ce secours pour instruire
solidement les hommes ; les autres ont avoué
leur incertitude et les bornes de leurs lu-
mières sur les choses qu'il est le plus im-
portant de connaître : ils ont rappelé les
anciennes traditions sur un Dieu unique et
créateur du monde, sur l'immortalité de
Tâme et la vie future (1291). »
Mais il n'est pas besoin d'en appeler au
témoignage de l'histoire et d'invoquer les
aveux, les traditions et la triste expérience
du genre humain avant Jésus-Christ ; il suf*
fit, pour comprendre combien l'hypothèse
rationaliste est insoufenable, d'observer un
instant la nature et les faits qui se passent
constamment sous nos yeux. C*est au nom
des droits prétendus delà philosophie et de
la raison que le rationalisme rejette la révé-
lation primitive. Nous aimons beaucoup la
philosophie; mais nous n'aimons point celte
H 28 7) Introdmclion à Ckist, de ia phihsop,, 7* le-
11298) CictftOfi, De Uaibuê^ c. 16.
1 1289) Voir PLâTO!!, Cou, I. iy ; iieoi, Phédon ; —
\tctMom^ TusaU.^ 1. 1, c. ii; De nat. deor,^ I. ii, c.
2 ' 1. III, c 9 d puuiM ; — Plutarqub, De îtide el
>*iridr ; — Aristote, De mundo, €• 6. — Vif de
lonfucius^ par le P. âjiiot, t. XII des Mémoirt^ sur
let Chinoiê^ p. Si4.
(1290) M. I abbé Uff.bvc, Essai sur rorigine, ia
nature et la chuU de Cidotàtrie^ dans le t. IV ^p. 2£l)
des Mémoires de ia Société littéraire de rUoiversité
catbolîqoe de LooTain.
(1291) Traité de la traie religion, prtm. part., o.
12, récapitulation, § IV. Cf. Lcia^d, X outille dé-
monstration écangélique.
lâis
RÊV
DICTIONNAIRE APOl-OGETIQOE.
REV
m
par conséquent, la révélation placée par le
efftholicisme au berceau de l'humanité^ est
absolument nécessaire pour expliquer l'ori-
gine des connaissances numaines. «Nul être
fini, dit le docteur Von Drej, ne se déve-
loppe que par Texcitation et sous l*influenc6
d'un autre être de même nature, ou du
moins qui a avec lui certains rapports de
ressemblance. Tel est la loi qui préside au
développement de tous les êtres créés; telle
est aussi la loi qu'une expérience de chaque
jour nous révèle dans le développement de
rhomme. C'est l'hommequi fait l'éducation
de l'homme, c'est une raison déjà dévelop-
pée qui doit développer celle qui ne Test
point encore; Partant de cette loi univer-
selle et constante, remontons au premier
homme, appliquons-la à son développement
religieux, et la révélation que la Bible rap-
porte comme fait revêtira pour nous le «ca-
ractère de la nécessité. Le premier homme
ne pouvait en effet atteindre à la connais-
sance de Dieu, ni en général à aucun dé-
veloppement intellectuel, sans l'action bien-
faisante d'un être supérieur, de Dieu. Par-
venus à notre insu à l'usage de la raison et
sans cesse en rapport avec des hommes
également formés qui agissent sur nous sans
que nous nous en rendions compte, nous
nous imaginons aisément que la raison hu-
maine eût pu se former et se développer
spontanément en se contemplant et en se
repliant sur elle-même, excitée par le spec-
tacle de la nature ; et de fait il fut un temps
où l'on croyait ne devoir assigner d'autre
cause au développement originaire des fa-
cultés intellectuelles de l'homme; mais que
ce point de vue était borné, et que Ton mé-
connaissait étrangement les véritables rap-
{»orts des choses! Quoi! l'homme serait l'é-
ève de la nature î Une institutrice irration-
nelUj chargée d'apprendre à un être raison-
nable 11 faire entrer en exercice sa raison
encore endormie I ... La nature, qui obéit à
Dieu sans le connaître, aurait dû révéler à
l'homme la connaissance de son divin Créa-
teur ! La chose est impossible. » — Le sa-
vant écrivain conclut que l'homme, étant
il suit rigoureusement que le père du genre
humain a dû recevoir de Dieu même cette
action nécessaire à V actualisation de ses
facultés: «i Le premier homme n'avait point
à ses côtés un autre homme, il avait donc
besoin du secours d*un être surhumain ; et
cet être, quel pouvait-il être sinon celui
dont Faction s'étend sur la terre, bien qu'il
ne soit pas de la terre 7 Or cet être c'est Dieu
seul; et, par conséquent, le développement
religieux de l'homme est originairement
Vœuvre de Dieu^ le fruit de sa divine révéla-
tion (1295). 1» Cette conclusion est irrécu-
sable.
(1295) Apologétique^ ou dimon$tration scientifique
de la divinité du christianisme ^ etc. (en allem.), t. 1,
p. U:^-146; Mayence, 1858.
(1^96) Dr. J.-A. MÔBLERS Gesammelte Schriftcn
Le célèbre UoBhler ne croit pas non plai
que l'état actuel de la philosophie permette
encore de mettre en question cette loi de
notre nature. « Sans entrer, dit-il. en rap»
port avec des hommes qui sont déjà en po$«
session des connaissances métaphysiques,
morales et religieuses, jamais rhomme ne
pourrait atteindre au premier de^é du dé-
veloppement intellectuel et religieui, mal-
gré les sublimes facultés qui le distingueni^
H serait condamné à vivre à la manière d«!
la brute, sans parole comme sans pensées
Pour se convaincre de la vérité de ce pno-
cipe, il n'est pas besoin de se livrer à «ît
hautes et profondes considérations; )'ei|t*
rience seule noua démontre qoe )e malliei-
reux arraché dès l'enfance à TactioD (ie b
société ne parvient jamaisà l'usagede la rai-
son. C'est sur ce fondement aue repose li
nécessité de l'éducation des enfants, laquelle
peut d'ailleurs se constater par une ei;^
rience quotidienne. Aussi personne n esi ra
état denousciter reiempled'nnseulhoiumf
qui, sans subir l'influence sociale, son par-
venu à cette vie intellectuelle, à ne l'mh
sager même que dans sos plus Mlet
commencements. Nous sommes donc laitt-
rellement conduits à dire que loutolb
connaissances religieuses conservées éa
les différentes nations ont leur >oar<t
commune dans la révélation queDiêu»
fit dès l'origine aux premiers \\otnm\ «
est impossible de les expliquer autm.r^
(1296). »
a De même gu'un enfant, dit à son i'
M. Staudenmaier, si robuste qu'il soil a
naissance, ne peut se conserver et graot
que grâce aux soins matériels qui lui ^
prodigués ; ainsi sa raison ne peut se ûf
lopper qu'à l'aide de Vexcitalian mfl»
tuelle de l'éducation que lui donnenU^îi
telligences déjà formées. Touleloi?, ^
n'approuvons pas ceux qui font oriiint''
ment de l'esprit une table rase ; . . . fif '
puissantes que nous supposions nos ii'"^
tés intellectuelles, elles ne peuvent cei^
dant jamais se former et se déveui
d'elles-mêmes, il leur faut leconcoursa
influence étrangère . . » L'auteur infère)»
que le premier nomme a dû, comme m
être soumis à cette loi invariable à^^^
ture ; car on ne peut admettre de J
rence spécifique entre Adam et nous: ? .
le premier homme n'a pu être inslfun
un autre homme ; il a donc dû recevoir
leçons d'un être raisonnable plus ^:'
puisque la raison ne saurait être éveiiip?
formée que par une raison. Aussi, ^1 f
miers monuments sacrés de la révf *
nous représentent comme le premier»
tuteur de l'homme son propre Ir^
Dieu lui-même: oracle divin qui i^
plus profonde vérité et la plus haute ^r
qui est à jamais le point de départ ^
base nécessaire de la philosophie ccmP'
nnd Auftâtze, herausqegeben von ^-J^-^^i
liuger ; Regeosburg, *fô9. 2 B. p. «51 cll^^
aussi J.-Th. Beelen. Commentanu* tn f^»^
Pauli ad Romanos^ p. 49.
45
Ktl
DICTIONXAIRE APOLOGETIQUE.
REf
îlêG
théologie« et $an$ Uquel ces scimeu ne se
wprcfUMiU pas Mes^mémee (1297). »
KoUf sans cette réYélation primitiTe, la
lilosophiene se comprend pas plus que la
éologie, parce que 1 origine des oonnais-
Dces bamaines est inexplicable. Voilà la
loclosion où mène inTincibiement Tobser--
lioo de la nature et de ses lois, et je ne
lis pas oa'nn philosophe un peu sérieux
lisse j échapper. Un esurit solide ne se
jt point de phrases et de mots sonores.
ÛDement le rationalisme nous peindra
as les plus séduisantes couleurs ce qu'il
pelle le déreloppement instinctif et spon-
té de rbumanité, nous ne rerrons là que
s phrases, et des phrases contredites par
» faits. Il ne fout pas que l'imagination
^Qoe la place de la raison, ni gue la poé*
se substitue à la philosophie: tout ce
e les interprètes du rationalisme ont écrit
r le développement originel du genre hn-
in n*est qu un roman revêtu des livrées
la philosophie, et ce roman n'a pas le
rite de la vraisemblance. Dans l'état ac-
des sciences philosophiques, il n*est plus
>$ible de se Caire illusion, la cause du
ionalisme est définitivement perdue. Re-
er aujourd'hui la révélation que le catho-
sme place à la première page des annales
iciioes, c'est renoncer à toute philoso-
te sérieuse.
kjoQtons quelques mots pour déterminer
rériuible caractère de cette première ré-
aiioD dont la philosophie proclame la
^sdlé.
in expouint la doctrine catholique sur
ai primitif de l'homme, nous avons dis-
gué an double état, l'état naturel et l'état
naturel. La religion qui exista dès Tort-
e ne fut donc point une religion pure-
nt naturelle; il y eut dès lors une reli-
n sornaturelle, etpar conséquent il dut j
ir aussi une révélation surnaturelle qui
( cette religion. Ici nous voulons seu-
eot dire un mot de la révélation qui fut
^^saireà^hoalmepourconnaltre]es prin-
s et les lois de la religion même naturelle,
ael est donc le caractère de celte révé-
^n, et de quel nom faut-il l'appeler? La
merons-nous naiurelle on surnaturelle?
)us prenons ces deux mots dans leur
ption théologique, nous devons dire
cette révélation ne fut pas surnatu-
, mais simplement naturelle. « L'acte
eur et fécondateur de l'intelligence,
tf. Tabbé Maret, est une révélation,
révélation interne et externe tout
fois, nne véritable révélation. Mais,
1 le remarque bien, cette révéla-
est purement naturelle, et elle est
distincte de la révélation surnaturelle
siiive, de la révélation au sens théo-
ue du mot, de cette révélation qui
ose les facultés humaines existantes,
oppées, déjà eu exercice. La révélation
elle est celle qui constitue la nature
r7) EncyciopédU de$ ickncei tkéolo^ique$^ etc.
enaod), % 89100.
intelligente, et la met avec Dieu dans le
rapport résultant de Tessence même do
Tétre spirituel. De là la religion naturelle,
expression de ce rapport essentiel (1298). •
Ainsi, à s'en tenir au sens ordinaire et
théolofpque du mot, cette révélation fut une
révélation purement naturelle; elle remplit
à l'égard ou premier homme l'office que
remplit aujourd'hui à Tégard de tout homme
qui naît à la vie intellectuelle l'enseignement
naturel de la société; seulement rhomme
aujourd'hui est instruit par l'homme, tandis
qu alors il dut être instruit par Dieu ; mais
cette différence no change point la nature
réelle de l'enseignement ; il appartient dans
l'un et l'autre cas à l'ordre naturel et non à
l'ordre surnaturel. Voilà pour la langue
théologique.
Hais, à côté de la langue strictement théo-
logique, il 7 a la langue de la philosophie et
de la controverse, qui ne prend pas toujours
en ce sens les deux termes naturel et sur-
naturel. Le plus souvent les philosophes
désignent sous le nom d'ordre naturel
l'ensemble des choses créées, le monde avec
tous les êtres qui le composent et les loisqui
le régissent; c'est là ce quils nomment
encore la nature. De cette façon tout ce qui
est au-dessus du monde est supérieur à la
nature et par conséquent surnaturel.
Du moment que Dieu intervient d'une
manière réelle et nettement caractérisée,
c'est un phénomène qui sort des limites de
Tordre naturel et appartient à Tordre sur-
naturel : toute intervention proprement dite
de Dieu, fût-elle d'ailleurs nécessaire, est
regardée comme surnaturelle. Tel est le
point de vue où Ton se place d'ordinaire en
philosophie et dans la controverse religieuse,
lorsqu'elle est circonscrite sur un terrain
proprement philosophique.
Il est clair qu à ce compte la révélation
que nous avons appelée naturelle devrait
être nommée surnaturelle ; car elle mar-
que une intervention formelle et bien ca-
ractérisée de la part de Dieu.
Mais c'est là un point de vue fort étroit,
purement relatif, et qui ne se justifie pas
aux yeux de la raison, lorsqu'il s*agit de
déterminer le sens général et absolu des
choses. La nature en effet est l'œuvre de
Dieu; c'est lui qui Ta créée et qui la conserve ;
elle ne marche jamais seule, et il n'v a pas
d*ordre naturel qui s'explique sans 1 action
de Dieu. La présence de cette action ne
suffit donc pas pour faire sortir une chose de
Tordre naturel. Si Tintervention de Dieu,
fût-elle extraordinaire dans son mode, est
nécessaire pour constituer Tordre naturel,
elle appartient à Tordre naturel et non à
Tordre surnaturel.
Par conséquent la révélation primitive,
en tant que nécessaire pour mettre en jeu
les facultés naturelles de l'homme dans le
sens où nous Tavons expliqué tout à l'heure,
n'est pas une révélation surnaturelle, mais
(1298) Lm religion ei la philoêophie, etc., daas k
Cofresfondantf ^ avril 1845.
m?
Sà€
DICTIONNAIRE AP0L0GET1QIJE.
SAC
m
une révélation naturelle; elle ne sert qu'à
constituer Tordre naturel , elle appartient
donc à cet ordre.
Voilèy ce nous semble» les seules notions
▼raies lorsqu'on envisaj^e les choses non pas
d'un point de vue relatif et restreint, mais
d'un point de vue général et absolu. Et ainsi
la langue théologi(]ue nous apparaît comme
la seule qui soit rigoureusement exacte.
RÉVÉLATION des vérités surnaturelles.
Voy. Prophétie considérée comme Tuu des
éléments» de l'ordre surnaturel.— Révélation
primitive. Voy. Salut, § I. — Révélation
t>nmitive nécessaire pour révolution intel-
actuelle de l'homme. Voy. Psychologie,
5 VII.
HEYNAUD (J.); sa théorie sur l'origine
des dogmes mosaïques et chrétiens réfutée.
Voy. Mazdéisme. — Réfuté sur le dogme de
Téteruité des peines. Voy. Ehfbh, $ III. —
Objections <!ontre la création de la lumière
suivant la Genèse. Voy. CRÉATioif, $ V.— Son
opinion sur le premier homme. Voy. Psy-
chologie. — Son opinion ^r Terigine de
l'Eucharistie; réfutation. Voy. Eqcbaiistu,
§ IV. — M. Proudhon a émis sur l'ouvrage de
J. Revnaud intitulé : Ciel et tmt,\^ \\\.
gement suivant : « Toutes ces belies phra-
ses mystiques ne sont que de lanymphéo-
manie. » Voy. Ciel et Tebrs.
RHOTÂDE ; fut-il des{)otiquement déposé
par Hincmar 7 appréciations par M. Guuol
réfutées. Voy. Hinchab, § XI et XII.
RITTER ; son jugement et ses apprém-
tions des livres indiens. Voy. Ifmimm.
ROBOAM; découverte du nom et du por*
trait de ce roi de Jnda en Egypte par CbiE>
pollion. Voy. Pbivtatedqub, } IX.
ROMAINS ; «eurs philosophes admeiitct
un état de nature. Voy, PsYcnoLocis, f II.
ROUSSEAU (J.-J.); belles paroles sur 16.
sus-Christ. Voy. Jésus-Christ, art. 1 , $ 1)
—Portrait de Jésus-Christ. Voy, }&jnmi
§ X. -> Examen de la théorie d'un éui 'J(
nature. Voy. Pstcholôgie, i 1.
s
SAADSy secte de Tlnde. Voy. Acroamati-
QUBt etc.
SACREMENT (1299). — La prophétie (Voy.
ce root] ne suffit pas au commerce surnatu-
rel de l'homme avec Dieu. Elle éclaire l'in-
telligence en l'élevant à des pensées que ne
lui inspirerait pas le spectacle des choses
finies; mais rinielligence n'est qu'une par-
tie de l'homme et dépend, pour se mouvoir,
d'une faculté qui la mette en branle et qui
est le ressort premier de tous nos actes,
bien qu'elle subisse à son tour Tinfluence
des doctrines déposées dans l'entendemeut,
je veux dire la volonté. La volonté est le
principe de l'activité libre. Si elle s'arrête
dans 1 orbite de la nature tandis que l'intel*
ligence est portée plus haut, il y aura dés-
accord dans les tendances de notre être, et
l'œuvre de la communion divine ne s'ac-
complira point. II faut que la volonté re-
çoive un élan surnaturel en même temps
que Tintelligence subit une illumination du
même ordre, et qu'ainsi toutes nos facultés
marchent ensemble à la conquête et à la
i)leine possession de l'infini. Cest pourquoi
l'Esprit de Dieu, qui est appelé VEsprit de
vérité (1300) est appelé aussi VEsprit de
force (1301 J, et Jésus-Christ en le promet-
tant a ses auêtres le leur annonçait sous
cette double lorme, l'une de lumière, Vau-
tre de puissance ou vertu. Et sans aucun
doute, dans l'action prophétique, cette double
effusion ne manque pas d*avoir lieu. La grâce
(1299) Sacramentum vient de sacer^ sacré. Dans
rorigine on a nommé sacré ce qui était tiré de Tu-
sage commun, mis h part ou en réserve, pour être
offert à Dieu et destiné k son culte : Deo sacrum,
sanclum Domino, destiné on résctvë pour Dïimk bà
là est venu le double sons du mot tacer, qui signifie
aussi exécrable f dévouéf réservé à la tmri. Où eu-
illumînative renferme aussi une grêee •!
tractive, mais qui, suflîsante pour£i'>rl
volonté, ne l'est pas pour y fonder le it^i
constant de la justice, de la vie et de raffiii
divins. De même que Jésus-Clirisl, &vt
avoir révélé à ses apôtres le mjslèredeP
vangile et commencé en eux rœumûc
régénération, y mit le sceau par le don
Saint-Esprit qui devait les confirmer da
force toute-puissante, de mê(ne,loiit»i i
déjà préparée par l'audition de la paroit
Dieu doit recourir au sacrenient pour \ pi
ser la vertu vivifiante qui exalte la nu i
et l'établit dans la plénitude des foCvJ
et des droits de l'ordre surnaturel.
Qu'est-ce donc que le sacrement? Sv^
bornais à vous dire ce qu'il est au ita*
ligieux, peut-être ne m'entendriez-vouï
mais je suis sûr qu'eu le considéranhlt
haut, c'est-à-dire dans sa nature Qièla(
sique et absolue, vous serez conlraïaî
le respecter, si vous ne l'êtes pas enojf
le pratiquer.
Je pose donc de nouveau cette ^u^î^
et je me demande en un sens abstraiu*
néral : Qu'est-ce oue le sacrement?
il.
Le sacrement est un offianisme qui contient ont» ^
Qu'est-oeque la force?— Force constatée djosil:
dans les nations, dans Vunivers phvsique. -*i
d*expansion et de concentraUon. — Sacrciwoi"
et sacrement surnaturel.
Le sacrement ainsi envisagé n'est {''
tend par sacrement le signe sensible d*un te-
neur et spiritnel que Dieu 0|iére dans no> î^^^
sacrements sont comme tes canaux p^r )ts
Dieu nous communique plus enicacemeni ti^
CCS.
fl300)io«ii. XIV, !7.
(1501) Ad. 1,8.
It(9
SAC
DICTlONTiAIRE APOLOGETIQUE.
SAC
It50
re chose qu'un instrument , c'est-à-dire un
irganisme qui contient une force. LMdée de
orce est Fiaée mère du sacrement, et il est
mpossilile, par conséquent, d'en raisonner,
I JoD ne sait avant tout ce que c'est que la
^rce. Lorsque nous traitions de la prophé-
ie, la question fondamentale était celle-ci :
lu'est-ce que la rérité ? Quand il s'agit du
icrement, la question fondamentale est
elle-ci : qu'est-ce que la force?
Il semble qu'il est aisé d'y répondre; car,
epnis que nous sommes au monde et à
haqae minute de notre vie , nous n'avons
lit et nous ne faisons que de la force ou de
( faiblesse, et la faiblesse elle-même n'est
a ooe force inférieure h ce qu'elle devrait
[re pour l'objet auquel nous l'appliquons,
larcnez-vous? C'est un déploiement de
ire. Vous asseyez-vous? C'est le déploie-
lenl d'une autre force. Vous tenez-vous
4>out? C'est encore de la force. Etîlen est
usi de tous nos actes extérieurs, de tous
ui qui s'accomplissent par les organes du
trps. Les mouvements de l'Ame, quels
l'iis soient, dépendent du même principe
suivent la même loi. Etes-vous courageux
tant le péril ? C'est de la force. Etes-vous
.[•érieurs ausi séductions du monde et des
n$? C'est de la force. Etes-vous fermes
^ns les résoitilions? C*est de la force. Vous
issez-vousab^ttre au chagrin ou à la crainte?
e>( la force qui diminue en vous ; et si
lus ne ta retenez par un eiïort contre vos
ipressions , la vie vous échappera lente-
*;rjtetdouloureusement. La vie n'estqu'un
^su d'actions qui procèdent d'une force
us on moins énergique, plus ou moins
•parfaite, dont le foyer est à la fois Tâme
le conis.
Si de ibomme vous passez aux nations ,
>'Ji n y trouverez pas d*autre spectacle.
-a nations commencent par un acte d'é-
r^te, vivent du principe qui lésa lait nai-
I et meurent d'un épuisement physique et
•rai. Leur histoire dure autant que leur
i55ance, et leur puissance autant que cette
ve qui rassemble toutes les autres dans
1 essence et dans son nom, la vertu.
/univers, à son tour, nous dit la même
>se que l'homme et les nations. Tous ces
»es immenses qui en composent l'arcbi-
lure obéissent à deux forces, l'une de pro-
lion qui les pousse en ligne droite, 1 au-
d attraction qui les appelle au repos dans
centre immobile, et, se partageant entre
deux impulsions contraires, ils décrivent
!e courbe constante et glorieuse qui nous
^ense, sans faillir jamais, la lumière, la
lenr^ le temps, l'espace et l'harmonie,
out est donc force au ciel et sur la terre,
ce que tout y est action, et la science, de
Ifiue nature qu'elle soit, à quelque objet
:Ile s'applique, n'est occupée qu à calen-
des forces» les unes phvsiques, les au-
morales, celles-ci mathématiques, cel-
le métaphysiques ou abstraites, et euGn,
delà tout monde et tout nombre, la spé-
culation la plus élevée rencontre sous le
nom de Dieu la force suprême, éternelle,
infinie, immuable, d*où découle en chaque
être, par une participation mesurée, le ger-
me de l'activité. Rien, en conséquence, ne
doit nous être plus intime et plus connu
que la force. Et toutefois, précisément parce
que la force est un élément premier oe no-
tre pensée, je ne puis vous la définir qu'im-
parfaitement, moins par son essence que
!>ar ses effets. Je vous dirai donc qu'elle est
'énergie de l'être retenant en soi I existence
au moyen d'un efibri de roncontration, ou
la répandant au dehors au moyen d'un mou-
vement de dilatation. Tout acte de force se
réduit i cela. Ou bien nous nous resser-
rons en nous-mêmes pour v ramasser nutre
vie et nous en donner la plus haute senra-
tiou possible, ou bien nous nous épanchons
{lour la communiquer à d'autres que nous,
et, selon le degré de cette double tensicm,
nous produisons plus ou moins le phéno-
mène incompréhensible que nous appelons
la force. La main contractée pour refuser
est le symbole de la force de concentration;
la main ouverte pour consentir est le sym-
bole de la force d expansion ;et, si vous rap-
pelez dans votre esprit les actes perpétuel*
lement renouvelés Jont se compose la vie de
Thomme et de la nature, vous n'y décou-
vrirez rien qui ne se ramène à ce mouve-
ment alternatif que notre cœur nous rend
sans cessé présent au physique et au mf»-
ral.
La force de concentration à son comble,
c'estréternitél Ceiui-làseul la possède, qui,
dans un moment unique, indivisible et ab-
solu, éprouve en soi-même et à jamais la
sensation infinie de l'être, et peut se dire :
Je suis celui qui suis (1302). La force d'ex-
[»ansion à son comble, c'est la création. Ce*
ni-là seul la posbèd^, qui , se suffisant à
lui-même dans la plénitude de Texisteuco,
fieut appeler à la vie, sans rien perdre de
a sienne, qui il veut et quoi il veut, des
corps, des esprits, des mondes, et ainsi tou-
jours, dans des siècles sans nombre et des
esjîaces sans fin. Tel est Dieu.
Or, Dieu, en nous donnant Têlre, nous a
donné la force sans laquelle aucun être ne
peut même se concevoir, et il nnus Ta don-
née dans son double élément, l'un qui nous
sert à durer, l'autre qui nous sert à nous
propager; l'un par où nous tendons à l'acte
d'éternité, l'autre par où nous tendons à
lacté de création. Mais il y a entre Dieu et
nous, sous ce rapport, une gr nde et capi-
tale difiérence; Dieu possède par soi la force
de concentration et d expansion, tandis que
nous ne l'avons que d*emprunt, par l'inter-
médiaire des instruments que la divine Sa-
gesse nous a préparés. Ainsi, ferez-vous de
vains efforts, êtres vivants que vous êtes,
pour vivre du seul aliment de votre subs-
tance et du seul commandement de vos be-
soins. Fussiez-vous comme Ugolin , enfer-
més dans une tour, vos enfants à vos pieds,
m) Exod. fil, 14.
1251
SAC
DICTIONNAIHE APOLOGETIQUE.
SAC
m
criant vers vous dans les tortures de Tina-
nilion, vous hommes, vous pères , il vous
sera impossible de tirer du plus énergique
travail oe votre âme, autrechose que le dés-
espoir ou la résignation. Il vous faudra
tomber d'impuissance sur les corps de vos
fils tombés du même mal. Sans doute la fore
de votre volonté retardera plus ou moins
cette catastrophe de la faim. L*âme soutient
le corps aux prises avec la douleur et la
mort, et on Ta bien vu dans les martyrs en
qui rassistance divine se faisait un jeu de
braver les tyrans, et de surpasser le génie
des supplices par le courage patient de la
foi. Mais celte exaltation de la virilité, tout
en étant le triomphe de la vertu, ne fait que
la conduire avec gloire au tombeau ; il faut
qirelle succombe dans Tordre matériel, et
rende témoignage aue nulle créature n'a
par elle-même lo aroit ou le pouvoir de
rimmortalité. La vie est en nous à condi-
tion de Tentretenir par autre chose que
nous, c'est-à-dire par Tintermédiaire des
instruments à qui Dieu a communiqué la
force de réparer la nôtre et de la soutenir.
Si la nature ne nous portait comme une
mère dans son sein, si elle ne nous prépa-
rait avec une intarissable fécondité le lait de
la plante et le sang de Tanimal, notre vie
ne serait pas même un songe. Nous subsis-
tons par la force invisible contenue dans un
organisme visible, et le sacrement ou i*ins-
trument n'étant pas autre chose, il est né-
cessaire de conclure que nous subsistons
par l'usage naturel et quotidien des sacre-
ments.
Ainsi en est-il de la force d'expansion.
S'il vous platt d'agir au dehors sur Têtre le
moins ca)>able de résister, vous ne le pour-
rez pas directement par un simple acte de
vouloir. En vain direz-vous à ce grain de
sable de se retirer de votre chemin. Dieu
meut l'univers sans même lui parler; pour
vous, un atome brave vos commandements,
vous rinterpellez, vous lui dites : Tu m'im-
portunes, va-t-eni II se tait et méprise vos
ordres. Il faudra que votre main se baisse
jusqu'à terre, et chasse loin de vous le sable
insolent qui a méprisé le désir et la puis-
sance de l'homme. Hais le corps est un ins-
trument limité; pour peu que la résistance
s'accroisse, la force qu'il contient ne suffit
plus à votre empire; besoin vous est de lui
chercher du secours et d'ajouter à son ac-
tion l'action étrançèredu levier. Le levier lui-
même devra grandir en proportion dufardeau
qu'on Tappelleà soulever, etaveccetaide ma-
tériel posé sur un point d'appui, vous bâtirez
vos palais, vos temples, vos tombeaux, tous
ces monuments conçus par votre génie,
mais exécutés par vos bras assistés d'un vil
organisme. Vous pourriez même, disait Ar-
chimède, déplacer tout le monde avec le le-
vier en lui donnant une longueur que dé-
terminerait le calcul, et en lui trouvant un
point d'appui qui portât le poids de sa
masse et l'effort Je son mouvement.
Gloire à vous, mais gloire à vous, parce
que vous savez vous assujettir des instru-
ments capables d'élever jiisqu au ciel Vàm-
bition de vos œuvres! Sans leur secours i
vous ne connaîtriez du firmament que ses
apparences, de la terre que sa surface, de
rtiistoire qu'un vague et borné souvenir, i
de vous-mêmes que la limite étroite de m
facultés. L'instrument est toute votre force
au dehors comme au dedans, dans l'ordre
de l'expansion comme dans l*ordre de la
concentration. Mais l'instrumeat et le sa-
crement étant la même chose, que ûm,
sinon que l'homme n'est rieo que par le
sacrement; que le sacrement est sa vie,$i
fmissance, sa souveraineté, son immorti-
ité? Je le dis, je le dis après l'avoir proav^
et afin que vous ne vous en étonniez pss;
je souhaite d'en connaître la raison et de
vous la révéler.
Pourquoi donc notre force nous vient-eDe
du dehors? Pourquoi nous vient-eDe d'uns
source inférieure a nous, ou du oQoins pour-
quoi ne pouvons-nous soutenir et dérelop-
per celle qui nf nous est propre qu'à Ville
d'une autre qui nous est étrangère, et qui
est contenue dans les plus basses ré^on.s
de la nature? Pourquoi? Est-il si m^nsé
de Tentendre? Si nous possédions te tbrce
de concentration et d'expansion par wkst
mêmes, comme cette double force est iV.v
sence de la vie, nous aurions la vie en noib
et par nous, nous serions à nous-mêmes ûo\rt
subsistance et notre raison d'être, txons se-
rions Dieu ; ou du moins, n*ajant pas eoos-
cience de l'action sourde et insensible par
où Dieu nous verserait intérieurement ij
vie, nous nous persuaderions sans peiQ^
que nous l'avons en propre ; et, au lieu ce
nous élever par une humble reconnais^nc».
vers l'auteur de ce magnifique don, noas
nous arrêterions à nous comme à notr^*
principe et notre fin. Notre grandeur noL>
tromperait, et, la nature n'étant pIussou^
nos pieds qu'une esclave spectatrice et vây-
sive, nous y puiserions la pensée qutM>
n'est pas distincte de l'homme, et nous ai9-
rerions en elle, par un panthéisme que jq5-
tifierait son obéissance, la réverbération oV
notre souveraine majesté. Dieu était trv^^
juste, il était trop père pour nous livrer i
de si faciles orgueils; il nous a fait le pre-
mier des êtres visibles, mais en nous arer*
tissant de notre dépendance à son égaitt |ar
celle où nous sommes de toute la eréatioB,
Nous ne commandons qu'à la conditioo dV
liéir; nous ne vivons Qu'en sollidcanl b
vie ; nous n'agissons qu'à 1 aide de la
sière qui souille no^ pieds. Dieu, en
donnant une âme plus grande aue le ciel û
la terre, ne lui a pas permis de viTîfier I
elle seule la glèbe du corps qu'elle haMl
et de lui communiquer une action égfêà
ses volontés. Il a mis entre nous et la £9^
un intermédiaire ; il l'a cachée ao sein de ^
nature, sous des formes aue nousaeoe|M«^
sans les comprendre, et aont l'usage oécr*-
saire n'humilie qu'à demi notre fierté^ parrs
que nous avons la gloire de les déccKiTr.v
et que nous croyons en ûire des semiteur^
en constatant la loi par où nous ilépeiid-i.»i-N
V&
SAC
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SAC
1251
I
d'eai. tfais, puisque tous méprisez le sacre-
ment surnaturel, connaissez du moins ce
ue vaut le sacrement naturel. Tous, rois
u monde, tous ne pouTez TiTre qu'en
mangeant, qu*en tous asseyant à une table
unir r dévorer du sang, de la cbair, des
iierbes disputées aux plus Tils animaux,
i}uen souffrant au dedans de tous une inex-
[^liable transmutation de la matière inani-
Twée en la glorieuse et TÎTante substance de
homme, vous, rois du monde, pour qui
:i:Ve terre est trop étroite, tous ne pouTcz
>o<ier deux pierres l'une sur Tautre qu'à
aide d'une instrumentation qui soumet
olre génie à quelque morceau de l>oi$
UfcL Car, qu'est-ce an'un leTierî Un levier,
est un bâton. Oui, nommes superbes, ma-
li^uiaticiens, savants, artistes, pour fonder
.' plus splendide monument tous arez eu
esoin d'un bâton 1 Votre {lensée l'a conçu,
\ais c'est un bâton mis sur un bâton qui
I élevé !
Et pourtant, quel est l'écolier de pbiloso-
lie que l'idée de sacrement n*a |ias révolté?
oel est le jeune esprit s'exerçant dans les
adiématiqaes au calcul des forces, qui n'a
da sacrement? Lui qui s'en sert chaque
HT avec une imperturbable foi, qui marche
itouré d'instruments, qui compte, pèse,
-sure, regarde avec des instruments; lui
i se pâme d'aise deTant une machine, et
i n'en Toit jamais la collection dans les
j^ées de la science sans un mouTement
^r^ueil ; lui, ce même homme, en passant
fant une église, ne peut s'empêcher de
irire à la pensée qu'il y a là des créa-
'^s raisonnables, usant de Quelque chose
00 appelle les sacrements. En 1 mon Dieu,
it le Chrétien Tit de sacrements comme
u> en TÎTeZy la religion a ses sacrements
i^nie la science a les siens, et, aTant de
3 f»Iaindre, il eût été juste de saTOir si tel
^i l^âs le mode uniTersel de la Tie; car il
dur de TÎTre par la chose même que l'on
mst le plus.
111-
iioo somatiirelle de llioiDme. — Par le saeremeot
tuiurel, Diea dous verse ses U^sors pour nous
«er jusqu'à sa vie. -^ Aliment des corps et lUmeDl
rame. — Le$ forces eonuDODiqaées à I âme ont pour
Bdpe ia diarité. — Objectioa Urée de U proporUoo
re la cause et l'effet daos le sacrement naturel ; ré-
tse. — Prophétie et sacreroeol, fondement de la vie
\oe dans Hiumanité.
Dieu n*eât créé l'homme que pour le
'S et J'espace, il ne lui eût donné que
rce correspondante au temps et à Tes-
, et les seuls instruments connus de
eussent été des instruments naturels,
telle n'était pas la Tocationde l'homme.
. /avant mis au monde par un motif de
ê, a Voulu lui communiquer sa perfec-
et sa béatitude; d'abord indirectement
une forme finie, représentatiTe et
Dattque, qui constitue I ordre de la na-
puis directement, par une effusion
élevée de lumière et d'amour qui pré-
J*faomaie, au moyen de sa libre coo-
i)ération, à Toir et a posséder pleinement
Fauteur de tout bien. En un mot, mot éner-
gique et inoni, mais tiré de TEcriture et
apporté jusqu'à nous par la tradition chré-
tienne. Ta fin dernière de Thomme est sa
déification, c'est-à-dire une union si étroite
aTec Dieuy que, sans détruire notre person*
nalité, elle doit nous rendre participants de
la nature et de la Tie diTines. C'est ce que
l'apôtre saint Pierre écriTait en ces termes
aux fidèles de son âçe : Simon Pierre j serri^
teur et apôtre de Jesuê-Christ^ à tous ceux
qui ont reçu une foi égcUe à la nôtre dans la
justice de notre Dieu et de notre Sauveur
Jésus-Christ. Que la grâce et la paix s'accomn
plissent en vous dans la connaissance de Dieu
et de Notre-Seigneur JésuS'Christ...parlequel
cette grande et précieuse promesse nous a été
donnée de devenir participants de la nature
divine (iâ03). Et saint Paul, écriTant au\
Hébreux, leur disait : Nous avons été faits
participants du Christ^ si toutefois nous re-
tenons jusqu^à la fin le commencement de sa
substance qui est en nous (130^). Et à chaque
page de l'ETangile la vie étemelle^ c'est-à-dire
la Tie de Dieu, nous est promise comme la
récompense de nos ceuTres opérées dans la
foi, et la consommation du plan dÎTin sur
nous. Or, la Tie de Dieu, consistant dans
une force infinie de concentration, qui est
l'éternité, et dans une force infinie d'expan-
sion, qui est !a charité créatrice, c'est cette
double force infinie qui doit nous être ini-
tialement communiquée pour répondre, dès
ici-bas, à l'appel prodi^eux de la toute-
puissante bonté. Je n'ai pas à discuter cet
appel, je Tai fait ailleurs, et ne l'eussé-je
pas fait, qu'importe? E<:t-ce qu'il y a parmi
ceux qui me lisent quelque âme qui accepte
le temps et l'espace pour sa destinée? Est-ce
que tous, croyants et incroyants, nous n'a-
TOUS pas la foi que l'espace n'est pas notre
horizon, que le temps n*e<:t |ias notre me-
sure, que nous allons plus loin et plus haut,
et que la Tie présente n'est que le portique
douloureux d un plus grand aTenir? Oui, à
part l'athée, et duis-je même l'accepter, à
part l'athée, il n*y a pas d'homme qui ne
sente en lui un germe de diTinité. Tous, à
cause de cela, nous pouTons mourir pour nos
idées et nos affections, pour la Térité et pour
la justice, parce que, tout faibles que nous
sommes, nous éprouTons en des rencontres
une si tIto impression du Dieu obscur qui
est en nous, que la mort nous parait un
mensonge et le deToir de mourir une im-
mortalité.
Ah ! j'en remercie Dieu, qu'en ce mystère
profond de notre union aTec lui il n y ait de
dissentiment entre nous que sur le mode et
le degré! Je l'en remercie, je l'en bénis ; je
me sens à l'aise et glorieux de trouTer un
point dans Tespérance et dans l'infini par
où, qui que nous soyons , anciens ou mi»*
dernes, païens, musulmans, hérétiques, in^
crédules, nous nous rencontrons et nous
nous comprenons une foisl Salut, terre pro-
;) // #V/r. ly I cl SUIT.
(1304) Cb. m, T. 14.
1255
SAC
DICTIONNAIRE ArOLOGETlQUE.
SAC
m
mise de rhomme, durée oui ne sera plus
un comnaencement et une nn, substance in-
compréhensible qui nous portera sans croî-
tre ni diminuer; air, lumiàre, chaleur, res-
piration de notre Ame, salut ! Nous ne vous
entendons pas tous de la même manièrOi
nous u*aYons pas tous de vous la même
certitude, mais nous en avons tous, jusque
dans le désespoir du suicide, Tindéfinissable
augure; et si vous êtes, si voire aurore vue
de si loin ne trompe pas le cœur de Tbomme,
que pouvez-vous être que Dieu? Quelle
autre (erre, quel autre ciel, quel autre
océan, si ce n*est Dieu, apporterait à notre
esprit lassé une meilleure vision que la vi-
sion d*ici-bas? Oui. dès ici-bas, pour nous
tous, Dieu est notre perspective, il est notre
aliment ; môme quand nous Tavous chassé,
il habite encore en nous plaintif et conso-
lateur, comme ces vents inconnus qui pas-
sent le soir au sommet dévasté des hautes
montagnes et y remuent doucement quelque
plante perdue que na jamais touchée lapieusc
main du voyageur.
Dieu est notre avenir, ou nous n'avons
pasd*avenir; nous tomberons t)ans sa vie,
ou nous tomberons dans la mort ; c*est l'un
ou l'autre. L'immortalité sans l'union intime
avec Dieu est le rêve abstrait de la béatiii-
cation, ou bien c'est le rêve adultère d'un
matérialisme infini. Je ne pense pas que
votre espérance soit descendue si bas, et par
conséquent il faut que vous jouissiez de
Dieu éternellement, si vous ne devez pas
éternellement périr.
Jouir de Dieu, être en Dieu et avec Dieu,
plongés dans son sein comme nous le som-
mes dans la nature, voilà la vocation de
rhomme, et cette vocation ne peut nous
avoir été donnée sans une force correspon-
dante oui nous prépare» dès ce monde, à
notre état final. Etres destinés à une trans-
formation dans l'infini , nous devons puiser
quelque part la semence efficace de ce divin
changement. Comme la nature nous verse
ses trésors pour entretenir notre vie terres-
tre, Dieu nécessairement nous verse aussi
les siens pour nous élever jusqu à sa vie,
et, selon la loi générale de la communica-
tion des forces, c*est dans un instrument
que l'énergie surnaturelle nous est présen-
tée et s'incorpore à nous.
Jésus-Christ, s'étant assis au bord d'un
f)ui(;sdans la terrede Samarie, vit venir une
emme qui s'a{3prêtail à y puiser de l'eau,
et il lui dit : Femme ^ donnez-moi à boire I
La Samaritaine lui répondit : Comment vousj
qui êtes juif^ demanaex^ous à boire à une
femme de Samarie? Et Jésus lui dit : Si vous
saviez le don de Dieu^ et qui est celui qui vous
dit : Donnez-moi à boire , peut-être lui eus-
siez-vous fait la demande vous-même , et il
vous eût donné d'une eau vive. Cette femme,
toute pleine des obscurités de l'homme, et
qui reurésente si bien la misère de nos rai-
sonnements, répondit à son interlocuteur :
Vous n'avez point de vase pour puiser ^ et le
(1305^ Joan» iv, 7 et suiv.
puits est profond: où prenànz-^om mit
eau vive dont vous me parlex? Jésus, oe se
lassant point d'une miséricorde déjà «ieui
fois repoussée! lui repartit : QuiconquthoH
de Veau de ce puits aura soif df nourœu,
mais celui qui boit de Ceau me je lui donne-
rat n'aura plus soif étemeilemetU, et cttu
eau deviendra en lui une source jaiUissanit
jusqu à la vie éternelle (1305). Telle est la
différence du sacrement de la nature au sa-
crement de la grâce : dans Tan et I autre.
la force est contenue dans un élément $eo-
sible; mais le premier ne communip
qu'une vie passagère « le second donne uix
vie qui jaillit dans Télernilé, par«re'iu\v2
nourrit TAme de Dieu.
Nourrir l'âme de Dieu 1 quelle eiprpsr.n,
me direz-vous, et que peut-elle signilîp.
de réel. On conçoit qu'un c^^rpsse nourrR
d'un autre corps, puisque tous les <\m
sont de même nature et composés de {i.tr*
ties qui se divisent indéfiniment; Djai:
comment une substance simple, telle f/
l'âme, se nourrirait-elle d'une aulreîu!*-
tance plus simple encore, telle f\wïiy
sence de Dieu ? Sans doute, un espnlw^e
nourrit pas comme un corps; toutém«t
n'est pas eu vain aue les langues huioii&n
ont la tradition Je ces hardies figunf^.fl
qu'elles transportent à la vie spirituelle les
opérations de la vie animale. L'ètn», a
quelque rang d'honneur ou d'inférioiitl
que Dieu l'ail établi, ne vil que defon»-
reçues du dehors, et l'acte émineni par '^
Quel il reçoit et s'assimile ces forces 'a
1 acte même de se nourrir. Or, l'esprit n-';'^
et s'assimile des forces aussi bien que «
corps , par. conséquent il se nourrit; eLJ
les forces qui le ravivent ou lesoulienn^
lui sont données de Dieu paruneiœme^iii
effusion, il est conséqueramenl et m\m
juste de dire qu'il se nourritdeDieu. Du p^i
£eu importe le mot, pourvuque lactios?^
ieu, dans le sacrement surnaturel coitaf
nique à l'âme une force d'expansion qui
porte directement vers lui, et uneforrt
concentration qui l'attache intimementr
et , si vous êtes las de ces expressions
bées aux sciences physiques, je vous
avec la langue de saint Paul : Charia^i
diffusa est %n cordibus nostris per 5/»iV
sanctumqui datus estnobis. — La chari
Dieu a été répandue dans nos rceurs pari
prit saint qui nous a été donné {i3(^\
charité, c'est-à-dire l'amour, qui ne
Cas de la chair et du sang, mais
eauté de Dieu présente à l'âme f>ar)a|
la charité est cette force d'ex(>an$)00 d
concentration qui nous nnif suroatur
ment à Dieu. Par elle, nous nous étj
au-dessus des sens et de tout ce qj
monde visible nous offre d'encbanted
par elle , avant une fois vo dans la t|
du Christ la personnalité divine, nd
trouvons plus de goût, plus de paix.!^'
joie, plus d'enivrement qu'en aucune <^
créée , et comme les patriarches oublia
(1506) Rom. V, 5.
IÎ3T
SAC
blcnONNAIRG APOLOGETrQUE.
SAC
l2*iS
soas la tenie iiu|v(i«)e la mort de leur mère,
nous nous oublions et nous perdrms nous-
mêmes dans cet araour surnumain. Nous
p«5sons en Dieu, et Télreignont au plus fort
flrnos entrailles avec une explicable eerti-
iniiedc le tenir, nous lui ravissons de sa
rie en loi abandonnant toute la n6tre.
Qui de TOUS y ayant été aimé, et supposant
\\ïon peut aimer Dieu, n'entend oc que je
ii'ux dire 7 Qui de vous n'a connu ce mon-
renient du cœur qui sMpanche et se retrouve
Ml autrui 7 Même les créatures inanimées
pont Tinstinctif secret; elles se cherchent
(s'unissent par de sourdes affinités, et ces
ois fameuses qui entraînent les corps ce-
estes no sont que la révélation sensible
^s forées qui nous meuvent en Dieu dans
e mystère de la l^éatiOcation initiale et de
ijj^tificaiion consommée.
PeutH&trc ne niez-vous pas ces forces , ni
lie l'amour h tous les degrés en soit le
rtncipe, mais vous yaiis étonnez que,
BUS lunlre surnaturel ou religieux, elles
ou5 soient coa>mufiiquées sous une forme
m\ humble, aussi peu en rapport avec
itt^ qm le sacrement. Dans ic sacrement
urinstrument naturel, me direz-vous, il
a pro()ortioii ei^lro la cause et Teffet. Je
rends un levier, je remue un corps, l'effet
i oatorel comme sa cause : mais quelle
lation découvrir entre quelques gouttes
eau versées sut la tête d'un nomme et sa
insG^uration en Dieu par la dharîté.
L*oij}eetton suppose que dans le saore-
en( naturel il y a proportion entre la
m et Tetfet : je le nie. Je soutiens qu'en-
ta je levier et le eorps mu (lar lui, il
«li^te |Ms plu$ de rapport qu'entre Toau
Qii baptise et l'Ame puriOée |iâr cette eau.
î' effet, qu'est-ce que le levier? Je l'ai
O^iiit, c'est un morceau de bois mort posé
>^ua autre morceau de bois mort qui lui
'1 de point d*appui. Cette définition n'iBst
^ seientilique , mais elle ne peut [)as se
Dtester. Or, est-ce là, est-ce dans cet
^r{e organisme que gU la force qui sou-
dera le fardeau 1 Pas le moins du monde.
fardeau demeurera éternellement im-
'l>iie si mon liras ne donne une impulsion
levier, et mon bras lui-même éemourera
is action si ma volonté ne lui commande
$e mouvoir, H ne se roidit d'auUint plos
^'obstacle de la pesanteur est plus grand.
<i^nc est la force? £llo n'4ist pas dans ie
i<^r, puisqu'il a besoin d'être mu \yar le
s; elle ii*ost pas dans le liras, puisqu'il
esoin d'être mu jiar ma volonté : elle est
'^ la volonté qui meut le levier fiar la
s» cesl-è-dire^dans une faculté de Tâme,
^ l'esprit. Or, je voua le demande , quai
port de natore y a-t-il entre l'esprit ut la
uv6ffleiitd*un corps?
^levier tout seul ne fx>uvait rien , mon
^ tout^ seul ne fiourait rien $ ils étaient
^ et Tautro inactifs, incapables, morts;
^r^lre de ma volonté , pesant sur mon
" t a jpeaé sur le levier , qui à son tour a
nm^ au corps une irrésistible impul-
(• £l vous trouvez cela atmple ! Et vous
DiCTiosNAïaE ÀPOLOGÉTi^ a. U.
dites que Teifet est de la même nature que
la cause! Pour moi, je dis que la cause est
spirituelle, l'effet matériel, et qu'ainsi la
proportion dont vous vous flattez est aussi
étrangère à Tinstrument physique qu'à
rinslrumenl religieux.
Mais voici bien autre chose. Il est vrai^
nia volonté a mu le bras qui a mu ie le-
vier; cependant elle ne pouvait rien sans
la coopération du levier et du bras. 6i ma
volonté, tout active qu'elle soit« n'eût pas
eu ces instruments a sa disposition, ce^t
en vain qu'elle eût tendu ses ressqrts pour
communiquer un mouvement. La force est
en elle, et néanmoins la force ne [)eut
jaillir d'elle que par ua. instrument qui ne
l'a pas ; la cause vivante et première dépeod
dans son action d'une cause inerte de soi;
que ie levier se retire^ que ce morceau de
bois mort pesant sur un morceau de bois
mort refuse son concours à la volonté,
eelle-ci «e torturera dans d'impuissants dé*
sirs. L esprit a besoin de la matière, comme
la matière a besoin de 1 esprit; le miracle
est réciproque, l'effet devient cause et la
cause devient effet.
Encore n'êtes- vous pas au terme de celte
étrange complication de mystères. Si tandis
que la volonté agit sur Tiustrumeat, celui-ci
vient à doubler de longueur , sa force se
doui>le à l'instant même, sans que Tâme ait
fait un autre effort, cl ainsi indéiiaimeot
jusqu'à }K)n voir soulever tous les mondes, *
selon qu^AjTchiϏde s'en vantait. L'instru-
ment qui n'est pas le principe de la force,
la multiplie sans mesure: il reçoit Tinitia-
tive de l*esprit et lui rend en échange un
accroissement de sa |>uissance qui épuise
tous les calculs. Enlendez-vous oela? En-
tendez-vous Que la force, partie dé ia vo-
lonté , passe dans un bâton et s'j aaginente
par cela seul que le Mton croit en lon-
gueur, quel rapport y a-t-il entfe Timmo-
uclilé de l'ême et te progrès de la force.,
entre un pri&cifie qni demeure au même
point et une conséquence qui se développe
incessamment à l'aide de quelque chose
d'inerte et de mort?
Après cela, soyez libres de déclamer
contre l'eau du baptême; d^m^ndez-vous,
tant qu'il vous plaira, comment un peu de
matière appliquée au front d'un homme le
soulève déterre jusqu'à fiieu. Quand même,
je Tiji^eorerais,. la nature m'a préj^aré coatre
là science de trop faciles représailles pour
m'en inquiéter. Mais je ne 1 ignore nas : je
comprends que la forœ est essentiellement
spirituelle, auelle réside dans la toute-
puissante volonté de Dieu, comme dans
son iprinctpe premier, et que de là elle
descend sur chaque créature pour luieom*
niuniquer le mouvement et la vie, selon des
lois déterminées, et dans une mesure d'où
résulte Tordre universeL Je comprends que
Tesprit souffle où il veut et comme il veutt et
qu'il ne lai est pas plus difficile de laireaor-
tir un saint d'une goutte d^eau qu*un monda
d'une parole. Je comprends que sous celle
action du vouloir divin, la poussière dier-
40
ii39
SAI
DICTIONNAIRE A1H)LOGET.0UE.
SAI
m
cUc la poussière, la plante s'échappe de son
^forme, ranimai dévore et s'assimile sa
proie, i*Ame agit sur le corps, le eorps sur
rAmc , l'astre sur l'astre , et que l'univers
tout entier, dans ses plus vils atomes, ré-
ponde par une force à chaque main qui le
touche et lui demande secours, Dieu est
tout en toutes choses , jusque dans la liberlé
qui le repousse; car cette liberlé est son
œuvre , et il la maintient au péril du mal
qu'elle engendre malgré lui. Sans la liberlé,
le monde ne serait qu*un mécanisme; la
liberté, force suprême, lui donne en l'être
qui la possède et la propriété de soi , le
gouvernement^ la responsabilité, un vrai
commerce avec Dieu , commerce dont la
prophétie et le sacrement sont è la fois la
[preuve et le moyen. La prophétie révèle à
'homme libre la vérité directe sur Dieu et
lui en inspire la foi; le sacrement verse
dans son Ame le ferment d'une charité
qu'aucune image tirée de la création ne
serait capable' d'y faire naître et d'v entre-
tenir. L'un et l'autre, si faibles qu'ifs soient
dans leurs apparences, sont le fondement
de la vie divine au sein de l'humanité oi y
résistent depuis soixante siècles à l'unanime
conjuration des forces créées. Tout a été fait
contre, tout a été vain. Aux démonstrations
de la science , aux rêves brillants du génie,
aux coups d'épée des potentats, aux arrêts
des magistratures, aux soulèvements de
l'opinion, les enfants de la foi et de la cha-
rité ont répondu ces deux mots : Dieu nous
a parlé. Dieu nous a bénis 1 La mort les a
trouvés fermes sur ces deuxanc-res, et leur
sang n'a été qu'une prophétie et un sacre-
ment de plus. On se riait de la parole et de
1 eau, ilsy ont ajouté leur sang et prouvé au
monde que ce n'est pas si peu de chose
qu'un fluide répandu. La parole est de l'air
mis en mouvement ; mais quand TAme y
entre, elle devient éloquence, justice, vé-
rité. Que sera-ce quand Dieu s'y met? L'eau
est de l'hydrogène mêlé d'oxigène; mais
quand le génie de l'homme y entre, ejle
devient vapeur, célérité, commerce, puis-
sauce, civilisation» Que sera-ce quand Dieu
s'y met? Gloire à Dieu qui est demeuré si
grand dans de si faibles moyens (1307)1
foy, ProphI:tie , Surnaturalisue.
SACREMENT , essence du culte. Voy.
SuRNATCR AUSMK, § L — Unité des sacrements.
Ibid., S 111. ~ Réfutation d'une objection
du rationalisme contre le sacrement. Yoy.
SuRif ATORALisiiB, { V. — Est le Complément
de notre activité libre. Jbid. — Nouvelles
considérations sur sa nature. Yoy. note XX,
À la tin du volume.
SADDUCÊENS, nient la résurrection des
corps. Voy. Résurrectiou des corps.
SACHUJCES ANCIENS, tigures de l'eu-
charistie. Voy. Eucharistie, §11.
SAINTETÉ. — 11 est un fleuve où abou-
ti3s<;nt toutes les vertus; ce fleuve est la
sainteté. Je no veux pas dire la sainteté
commune, qui consiste dans l'observance
des commandements divins, et dans cette
conformité de notre rie k l'Evangile qui suf.
iil |K)ur être sauvé. Je parle de la grande
sainteté, de celle qui est reconnue etTéné-
rée dès iei-bas, qui a des autels, et dooi b
maguiâque histoire est contenue daiu ce
livre mystérieux que nous appelons la fk
des SaifUs. La vie des saints! Arez-Tous ja-
mais songé à ce phénomène de la vie des
saints? Nous avons bien entendu parler de^
héros et des sages de l'antiquité; nous li-
sons dans Plutarque la vie des hommes il-
lustres, nous voyons autour de nous de)
^ens de bien; mais les saints, où déroi,.
vrons-nous rien qui leur ressemble? Où sont
les saints du brahmmanisme, du poiy Ihéisoîe,
de l'islamisme, du protestantisme, du ratio-
nalisme? J'en cherche vaineoient dansre>
doctrines le nom, l'apparence ou la conlreb-
çon. Depuis trois siècles que le proie^Ufi-
tisme s'efforce de détruire la véritable E^ltu
et d*cn usurper le caractère, il a compté
parmi les siens d'honnêtes gens elméioe
des gens pieux, mais il n'a pas encore ast
écrire des légendes de saints. Pour le niio-
nalisme, il ne faut pas lui en i>arief;/7$e
contente d'avoir des gens d'esprit, et n'as-
pire pas è ce qu'on dise jamais, pareieiuiile,
saint Helvétius ou saint Diderot.
Qii'est-ce donc que les saints, ceiiouieau
Erivilége à nous? Qu'est-ce que la saiciteiét
a sainteté, n'est pas uniquement, coinui«
je semblais l'insinuer tout à l'heure, leoon*
Huent de toutes les vertus cbiétienne> dan»
une même âme; ce n'e.st là que la .sainteté
commune, celle qui est nécessaire l Um^
chrétien pour être sauvé, et dont je nVu-
tends point parler ici. Il u'e^t point de chré-
tien, lorsqu il est à Tétat d'union avec Dieu.
en qui ne se rencontrent, à un de^ré pli^
ou moins parfait, Thunihlilé, la cbasleU: e:
la charité ; nous les appelons alors des liou.*
mes pieux ; nous pourrions même, à lar^^^
ment parler, les a]>peier des saints ; mai$e:>-
fin, ce n*e$t pas ce que nous entendons ('
cette grande expression : les saints! Quv^-
ce donc que les saints? Qu'est-ce qu^U
sainteté ainsi entendue?
La .«^ainteté, c est l'amour de Dieu et et-
hommes poussé jusqu'à une sublime esirv
vagance. Et vous concevez très-bien que,
si réellement il y a communion de rinmi'
avec le 6ni, si le cœur de Dieu se fait tt&^
habitation et une vie dans Se cxBurde Tbomn '*
il est im|K)ssible qu'au moins dans certato^*
flmes plus ardentes, la présence d*uD tl *
ment aussi proiiigieux ne déb(»ide |ia> "-
ne produise pas des effets extraordinaire
que l'infirmité de notre nature et de ooi:
langage nous contraindra d'appeler extrxu
gants. Car, que veut dire ce mot ? 11 vr»
dire ce qui va en dehors^ ce qui est exce^*^^ '*
que, pour user d'une expression mouera^*
sauf que le mot extravagant est un cdoi Iu^ ^
fait, tandis que le mot excentrique est u»
mot mal fait. L'un peint l'actioa que V^ain
définit géométriquement; or, un nioi «Mt
^id07).Crr. iiJicoRDâiRK, Conf. 59% — Voy. la note XX, à la fln t'.u volitnie.
iict
SAt
MCTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
hAI
iUl
èM i^eiolre et non géomètre. C*est pour-
quoi je préfère me servir du premier, et eu
cela je reste encore bien an-dessous de Fé-
Rer^ie de saint Paul, qui a dit, sans précau-
tions oratoires^ que ù monde n*ayani pas
roulu connaîire Dieu par la sagesse^ H a plu
à Dieu de le saucer par la folie de la prédua-
tion. Je n^oserais pas dire que la saîuicté
est une folie, même après saint Paul, parec
qne je craindrais que tous ne m'imputassiez
d*aller trop loin, et je suis bien aise de vous
montrer que je sais unir la prudence du
serfieut k Ja simplicité de la colombe, quoi^
qu d ne TOUS rien déguiser, je suis tout à
fait du sentiment de saint François de Sales,
lorsqu'il disait : « Ma chère Pbilotbée, jo
donnerais ringt serpents pour une co-
lombe. »
Il j a dans la sainteté ua phénomène
d*eitraTagance, un amour de Dieu et des
liommes qui blesse le sens humain. Mais ce
fie peut èlre là le caractère unique de la
sainteté; TextraTagaoce toute seule ne serait
que de la bizarrerie, et la bizarrerie ne
Iiroure rien en fareur de lliomme qui la
met dans ses actes, si ce n*est peut-être
l<eauconp de vanité et un peu de mauvaise
éducation. L*extravagance doit donc être
corrigée dans la sainteté par un antre élé-
ment, et elle Test, en effet, par le sublime,
^ est-à-dire» par la beauté morale è son plus
Lauldf*gré, piar f^tte beauté qui cause le
ravissement dn sens humain, en sorte au*il
T a toul ensemble dans la sainteté quelque
chose qui blesse le sens humain et quelque
chose qui le ravit, ; quelque cliose qui pro-
duit la stupeur et quelque chose qui produit
radmiration. Et ces deux choses n y sont
pas séfiaréesy comme deux fleuves oui cou-
lent Tun k côté de 1 autre ; mais 1 extrava-
gant et le sublime, ce qui blesse le sens
('«main et ce qui le ravit, mêlés et fondus,
Tun avec Tautre* ne fontde la sainteté qu^un
seul tissu où il est impossible h Tesprit d*a-
nalrse le plos vif« an moment oh il voit le
MiRt agir, de démêler ce qui esl extrava^nt
de ce qui est sublime, ce qui est sublime
de ce qui est extra^asant, ce qui terrasse
l'homme de ce qui 1 enlève jus.]u*& Dieu.
Voilà la sainteté.
ie vous citerai un exemple, afin que vous
compreniez mieux.
âainte Elisabeth de Hongrie ayant aban-
ionné ie palais de ses pères et le palais dé
»on épotix^ 8*était connnée dans un bApital
K)ur y serrir de ses mains les pauvres de
>iea. Un lépreux s*y présenta. Sainte Elisa-
leib le reçut et se mit à laver elle-même
es effrojaliles plaies^ Quand elle eut fini^
Ile prit le vase où elle avait exprimé ce
ue ta parole humaine ne peut {ms même
•eindre, et elle Tavala d^un trait. Voilà qui
st parfailement extravagant. Mais remar-
uez d*abord une chose que vous ne |k>u*
ez pas mépriser t la force. La force, c'est
i Tertu qui fait tes héros, c^est la racine la
fus vigoureuse du sublime en même temps
ne ta plos rare. Bien ne manque autant à
jciBcae que la force, et rien n'attire davan-
tage son respect. Vous n'êtes pas des êtres
méchants, mais vous êtes des êtres faibles,
et c'est pourquoi Texempie de la force est
le plus salutaire quon paisse rwis donner»
oomme aussi l'un de ceux qui attirent le
plus votre admiration. Sainte Elisalieth, en
avalant l'eau du lépreux, avait donc fait
un grand acte, (#arce qu'elle avait fait un
acte forL Mais il v avait là mieux que la
force, il y avait la charité 1 Bans la sainteté,
l'amour de Dieu étant inséparable de celui
des hommes, puisqu'elle n'est autre chose
que l'excès de ce double amour, il s'ensuit
que, dans tout acte des saints* là où se
trouve le sacrifice pour Dieu, ce sacrifice
rejaillit inévitablement sur Tbomme. fil
quel était le bénéfice de l'homme dans l'ao-
Uoo de sainte Elisabeth ? Quel était-îi 7 Me
le demandez- vous bien? Sainte Elisabelii
faisait à cet abandonné, et à cet objet d'una-
nime répulsion, même au milieu des siècles
de foi, elle lui faisait une inexfu'imable ré-
vélation de sa grandeur, elle lui disait :
« Cher petit frère du bon Dieu, sî^ après
avoir lavé les plaies, je ie prenais dans mes
bras pour te montrer aue tu es bien mon
frère royal en Jésus-/3hrist, ce serait déjà
un signe d'amour et de fraternité, mais un
signe ordinaire dont je te restituerais seule-
ment le bénéfice, à toi qui depuis ton en*
fonce en as été privé, à toi qui sur la poi-
trine n'a jamais senti la poitrine d'une âme
vivante; mais, clier petit frère, je veux
fdire pour toi ce que l'on n'a Ciit pour aueua
roi'du monde, pour aucun homme aimé et
adoré. Ce qui est sorti de toi, ce qui n'eii
plus toi, ce qui n'a été à toi que pour être
transformé en une viJe pourriture par son
contact avec ta misère, je le boirai, comme
je bois le sang du Seigneur dans le saint
calice de nos autels. » Voilà le suldime, et
malheur à qui ne l'entend pasl Grâce à
sainte Elisabeth^ pendant tonte réteraité, il
sera connu qu'un lépreux a obtenu d'une
fille des rois plus d'amour que la beauté
n'i^n a jamais conquis sur la terre.
Apres cela, qu'un homme d'esprit traite
d extravagante celte action, nous ie lui con-
cédons, nous l'avons dit nous-mêmes, nous
savons qu'il est beaucoup plus naturel de
lioire avec ses amis du vin du Château-Mar»
gaux. Hais cet homme d'esprit mourra pro-
bablement un jour, êes écrits, peut-être,
no lui survivront guère: on oubliera ses
joies et ses douleurs : et quand sainte EU-
sabetli sera morte, les rois avec les pauvres
se disputeront ses vêtements et sa mémoire;
00 mellra un peu de sa chair au-dessus de
tous les trésors; on enchêssera ses restes
dans Por et les pierreries; on convoquera
les artistes les plus fameux du monde pour
lui taire une habitation de la mort di|^e de
sa vie ; et, de siècle en siècle, des princes,
des savants, des poètes, des mendiants, des
lépreux, des pèlerins de tout rang se presse*
ront à son tombeau et y laisseront, par le
fr^le attonchetnent de leurs lèvres, d^éter*
nels styemates d'amour. Ils lui parleroal
comme* à un être vivant, ils lui diront :
nés
SA!
IHCTIOSNAmE
a Chère petite sorordu don Dieu, tn avais
de9 palan, tu les as qtjitté^ pour nous ; tu
avais des enfants, tu nous a pris pour les
tiens ; t« étais grande dame, tu t*es faite
notre serrante; tu as aimé les pauvres, les
I)etits, les misérables, tu as rois ta joie dans
e cœur de ceux qui n*en avaient pas : et
maintenant nous te rendons là gloire que tu
nous a donnée, nous te restituons Tamour
que tu avais |)erdu pour nous. O chère pe-
tite sœur ! prie pour ceux de tes amis qui
n'étaient pas nés quand tu étais au monde,
et qui te sont venus depuis 1 »
Ainsi en est-il de toutes les extravagances
des saints. Toutes profitent h Thumamté, au
moins par Tetemple. Si le saint jeAne,
rhuroanité jeûne aussi; s'il se condamne à
•d'absurdes abstinences, une partie de Thu-
manité est aussi alfamée jusqu'à l'absurde ;
s*il torture son corps par des inventions
bizarres, il y a aussi dans vos prisons, il y
a dans vos bagnes, il y a dans vos colo-
nies, des corps humains torturés par de
l'ruelles inventions. Si le saint, en un mot,
s'impose volontairement la souffrance, hélas!
qui esi-oe qui ne souffre pas sur la terre,
et qui n'a besoin d'apprendre que Dieu a
cacné dans la souffrance même un baume
réparateur et mystérieux? Est-ce un si vain
service rendu au genre humain que de lui
révéler toutes ses re»*sonrces conlre lo mal-
heur, que de lui prouver, dans d*élranyos
^relions, si l'on veut, que quelque sort aux
'lui est fait, quelque déshonneur qu'on lui
rrée, quelques cachots qu'on lui creuse, il
n'est aucun supplice, aucune honte, aucune
nbject'on qui ne puissent être transfigurés
par .'idée de Dieu, et devenir un trône où
•tout homme s'en ira vénérer et prier.
Cette vie des saints, ce n'est pas un phé-
nomène rare, réservé h un temps ou a uti
pays; c'est un phénomène général et cons-
tant. Parloutoù la doctrine catholique preuîl
racine, \h même où elle n*csl déposée que
comme une graine entre des rochers, la
sainteté y prend naissance et s'y manifeste
ort quelques âmes par des fruits qui défient
résume et le méjrns de la raison. Cette ex-
travagance sublime date d'une folie plus
haute encore et plus inénarrable, de la lolie
d'un ftieu mourant sur une croix, la tête
-eouronïiée d'épines, les pieds et les mains
{>ercés, le corps tout meurtri. Depuis ce
jouMà, celte contagion n'a cessé de choisir
ries victimes dans Punivers; mais, par une
préférence singulière et jalouse, elle ne les
«choisit qu'au sein de 1 Eglise catholique,
«postoHque, romaine. A nous seuls est
resté l'héritage de la croix, la tradition vi-
vante du mat-tyre volontaire, la dignité de
l^xlravaganoe et de fa cloire du sublime.
Bl encore que nous ne buvions pas tous à
longs traits de ce vin généreux, tous nous
y trempons nos lèvres , et en rapportons
dans la vie quelque chose du divin empoi-
abimement. Nul ne s'y trompe , tout le
monde nous reconnaît h cette marque, la
croix n'a jamais subi d'imitation îïi de con-
trefaçon.
APO!.OGETiQUE. &AI m
Eh t le monde ne s'en tait i^is, il n essai*'
pas de nous ravir ce privilège, il essse
seulement d'en i^ire contre noos une ra>. I
son et un instrument d^oppression. Quedii-
il aujourd'hui quand, pour tontes nos œu-
vres, nous réclamons le droit rooimiin?
Qu'elles armes nous oppose-t-il ? Il ne noi;?
conteste pas le droit, il ne nie pas qaeU
liberté soit écrite dans la nature et dans U
constitution du pays. Hais il nous dit :Xo(h
ne pouvons pas lutter avec vous de vertih
et de dévouement; vous ave2 dans totre
essence d*incroyables ressources dont nm
ne possédons pas fe secret , et par coniè-
qnent Té^alité n'existant pas entre vous ei
nous, la liberté doit vous être refusée comm?
une compensation en notre faveur. Il faut
vous encnaîner pour établir Téquilibre de^
forces humaines, et encore, vos aiaiD$liée>
au mur, nous ne sommes pas cerlaim
qu'elles ne seront pas plus longues eue les
nôtres. Tel est, vous le savez, te langag'^
présent du monde, et à quel a'ulre es(-il
adressé qu'à nous? Quel autre peut seoor- ]
gueillir aune servitude qui a poiirjo^'£-
cation la grandeur même de la T^rtof I^
monde a raison ; nous sommes les Ils uni-
ques du Christ. Comme on lui cIom Us
mains et les pieds pour rempècher desiu*
ver le monde, il est juste qu on attache k)£
croix sa véritable postérité. El encore Do\to
ne voyons pas la fin. Quoi qu'il arrive de re
temps passager où nous vivons, necroye?
pas que la persécution de rincréduî;îé «Mi-
tre la foi s'arrête à ce qui s'est vu et à ce
qui s'est fait jusqu'ici. Comme il est dans U
nature des choses et dans le mouvement
général du monde que tous les pruicii^eî
qui y sont contenus se développent dé^r-
mais h pleines voiles, de jour en Jour Hné-
galité ae mœurs entre rEgtise et ce qm
n'est pas elle se manifestera davautage, h
la suprématie surhumaine de TEglise deve-
nant de plus en plus intolérable, lui attir^^'.
de ses ennemis une ptu$ pérfiaite et plu^
glorieuse persécution. L'Ecriture nous l'j
prédit, et une seule ligne de l'Bcrilare m
])assera pas. On ne se contentera fias uu
jour de nous nier un droit, on nous J^
niera tous; le monde fatigué de nous ol>é]r
malgré lui et de nous réàpecler malgré Im,
tentera un dernier effort pour secouer de m
peau la lèpre de la divinité. Mais* alor>
comme aujourd'hui, la vertu de Dieu posi
assistera; liés, impuissants, immobiles*
celle vertu sortira Je nous comme elle sor»
tait de la robe du Christ, sans que nous par*
lions, sans que nous bougions, par TeSeî
même de notre servitude, éëinbtal>le av
Sarfum qu'on a voulu renfermer, et quû o^"
ensé par l'obstacle, s'échappe par loos u-i
pores plus suave et plus violent; sekabiati
encore à une source qu'on a scellée, et a***
les eaux jaillissent jusqu'au oieL Alo^.
quand le monde entier sera coalisé po\i.-
mettre le sceau à, là fontaine ditine iie ûi
sainteté, comme il ravaîC autrefois mis au
tombeau du Sauveur, le. troisiè»» jour.
Veau se fera un nouveau passage, et les ra-
W5
SAL
DICTiOXNAaiE APOLOGETIQUE.
SAL
I16>
ceshomaines détrompées viendront s*abreu-
fût dans son eours plus long, plus large el
plus intitinçuible.
SAINTETE f n'est possible que sous le
rè^oe do christianisme. Foy. Finiroduction^
KXI.— Le Pape Grimoire VII crovait-il à
ceJledetous les pontifes romains ?réfulaliou
de M. Quinet, Voy. GaisfioiaE Vil • & I et II.
SAISSET, admet un développement dans
liMlognie ratholiqne; réfutation de son opi*
nioD sur loriginé du dogme de la Trinité.
Voy, Dooms, f II.
SALLES (M. £ds. ds) cité sur la perma-
nrnre des types dans les races humaines.
Icry. RACfeS BCMAIIIBS, $ V.
SALCT. — Réfutation des objections ti-
rée!: de rinefficacîté des moyens de salut
nant el depuis Tavénement de' Jésns-
9 Dieu, dit-on, veut sauver tous les Iioui-
ms ; il le veut comme un Dieu veut ce qu'il
FcuU avec une puissance el une sagesse
^tuveraioes, mises au service d'une souve*
jioe bonté. Il le veut du commencement à
d fin, bier, aujourd'hui, demain, toujours,
t par conséquent il a dû préparer à cette
ire qu'il a beoie sans exception des moyens
aiversels et permanents de salut. Est-ce là
:^que nous Toyous? Nous voyons, au con-
raire, le genre humain abandonné pendant
le> siècles aux hasards de sa perversité.
iiiic ans se passent-: où est le Christ sau-
t^or? Où est ce sang promis au monde» et
[ui, dans un mystère de justice, d amour et
e Itberté, doit laver de sa souillure origi*
elle la malheureuse postérité d*Adamj Rien
^ parait. Hilie ans se passent encore; où
^t le Christ ? Où est le sang réparateur? Où
^1 le salut? Le ^nre humain se précipite
àm ane corruption qui n'a plus de remède ;
i-s cultes infâmes y déshonorent Tidée de
leu, et font de ses autels une école de dé*
luche conaaerée par la piété; les tyrannies
,;aes de pareils cultes inaugurent leur rè«
M contre le droit et le bon sens , et Tuni-
trs semble une proie livrée au triple dé-
on de la folie , de la servitude et de Tim-
idicité. Cependant silence au ciel, silence
r là terre, silence de quarante siècles;
^n de Dieu, sinon je ne sais quels faits
scurs qui se montrent, dit-on, dans un
in prédestiné du monde, à une famille
ivilégiée, et quellefamille, encore 1 Qu^est-
que ces Juiis où se concentre le regard
pieu, et où il oublie le genre humain?
'Hk rhistoire de la Providence pendant
aire mille ans. >
§1
hnstunisiDC cLile do moment de la chute origioelte.
- Do^Bie, loi, sacrement réTclés par la parole; Adam
^ poÀsédatu — Tous ses descendaols n'ont pas lldèle*
•ent gardé le symbole patriaical. — L*idolâUrie corapa-
fe aux bérêsics modernes — La raison el la tradition
:'rp^tiijîeal les trois mojens de salut, priiuitiTemeni
nmés.
e TavcMie, Quiconque veut sauver doit
irvoir au salut de ceux qu'il veut sau-
ver. Il faut donc, puisque Dieu avait résolu
de ne pas perdre Thonime après sa faute,
mais de le régénérer lui et toute sa rare, il
faut qu'il ait travaillé sérieusement à ce
grand ouvrage dès Torigine du monde, et.
que nous en trouvions les traces mémora*
bles el efficaces à toutes les pa^es de rhis-
toire du ^enre humain. L*œuvre de notre
salut étant depuis la création Fœuvre prin-
cipale, et même Tœuvre unique de Dieu, il
faut qu*elle apparaisse dans un éclat qui
surpasse tout autre éclat, et que rien sur la
terre ne porte un sceau de puissance, de
sagesse, de durée et de majesté comparable
& celui dont sera historiquement revêtu re
magnifique effort de la bonté divine en fa-
veur de notre nature tombée. Or, qn*ii en
soit ainsi, pouvez-vous en douter? S'esl-ce
pas le christianisme qui est cette œuvre
même de notre salut, et qu*y a-t-il au
montle de plus ancien , de plus durable, de
plus visible et de ^lus grand que le chris-
tianisme? Il est vrai, le Christ, Fils de Dieu,
n*est apparu parmi nous qu'après quarante
siècles de préparation, et sa mort, instru-
ment principal de notre renouvellement
surnaturel, ne s'est matériellement accom-
plie qu'à cette époque tardive de l'huma-
nité. Mais il ne s ensuit pas que le christia-
nisme n'ait commencé qu'à ce jour précis,
et que le mystère de notre réparation n'ait
pris son cours qu'au pied de la croix où se
consomma extérieurement le sacrifice du
Dieu fait homme. Ce sacrifice avait été con-
senti et accepté à Theure même de notre
chute, et le ciel avait été témoin de la mort
idéale el expiatrice du Fils de Dieu quatre
mille ans avant qu'elle se traduisit sous
nos yeux dans une sanglante réalité. L'a-
^neau^ dit saint Jean, avait été tuédêsTorigi-
ne du monde f 1308), et, victime suffisante, son
sang avait réconcilié du ciel à la terre tout
ce qu'avait désuni la prévarication. L'hu-
roanilé était sauvée au moment où elle ve-
nait de périr; le (%rist. Fils de Dieu, par
génération éternelle, était devenu le fils
l'homme ])ar une génération prédestinée, et
il avait pris dans ses indéfectibles mains le
sceptre de notre vie surnaturelle, tombée
des mains coupables d'Adam.
« C'est bien là, me direz-vous, la doctrine
catholique; mais cette doctrine n'a point sa
vérification dans les*faits humains. Qu'était
au fond le christianisme avant Jésus-Christ?
Tout au plus une espérance, un certain
pressentiment obscur entretenu chez le
peuple Juif par ses prophètes, et dans le
reste du monde par un souvenir affaibli de
quelque antique tradition. Mais rien de sé-
rieux avait-il été fait pour préparer au sein
des peuples les dogmes et les mœurs que
nous avons depuis appelés du nom de chré<-
tiens? Le christianisme réel, actif, puissant,
n'est-il pas un établissement nouveau, une
ère qui a commencé avec l'Evangile et qui
était inconnue de tous ceux qid ont précédé
la promulgation de ce code divin. »
sa
de
30Ç| Apo€. xiu, 8.
Mft7
SAL
DICTIONNAIRE APOLOGETIQIIE.
SAL
ttfa
Je ne nie pas la différence dos temps. ]e
dois même I affirmer» puisc|ae je tous ai fait
Toir que Dieu, dans la distribution de sa
grâce, procède par voie d'inégalité et de
progrès. De même qu^en chaque âme prise
> en particulier la grâce a un certain conrs
qui dépend à la fois du libre arbitre de Dieu
et du libre arbitre de Phomme, dé même,
au sein de Hiumanité, elle se développe sur
un plan graduel qui n*accu$e pas Tindiffé-
rence de son auteur, mais la profonde sa-
gesse avec laquelle il conduit tout h sa jper-
i'ection. Avant Jésus-Christ, le christianisme
était à Tétat de germe , soit comme dogme,
soit comme loi^ soit comme sacrement; mais
ce germe n'était pas inerte et incapable de
sauver le monde. Il avait reçu, dès Adam,
Tefficacité nécessaire pour guérir toutes les
générations , et à mesure qu'elles s'avan-
çaient vers 1 heure prédestinée de la venue
et de la mort du Christ, Dieu, loin de les
abandonner, renouvelait et augmentait la
lumière qu'il leur avait départie primitive-^
ment. Si nous accusons la Providence dV
voir oublié nos pères , c'est que nous igno-
rons ce qu'elle a fait pour eux; apprenez-
le aujourd'hui, et apprenez-le de la seule
histoire qui contienne autheniiquement les
titres et les souvenirs du jgenre humain.
Adam sortait du paradis terrestre ; il en
sortait déchu, mais avec un Rédempteur qui
lui avait été annoncé de la bouche même
de Dieu, et qui ne devait plus un seul jour
quitter ses pas, ni les pas ae sa postérité. 11
en sortait, avec un dogme, une loi, un sa-
crement, tous les irois impérissables, tous
les trois, source univei*selle de salut pour
* les hommes et base indéfectible de leur
commerce avec Dieu : un do^me, parce
qu'il faut & Tesprit une connaissance cer-
taine du principe des choses et de leur fin;
une loi, parce qu'il faut à la volonté une
rèjjle inviolable de ses actes; un sacrement,
parce qu'il faut à l'âme un moyen surnatu-
rel d'appeler Dieu à son secours et de s*unir
à lui. Dogme, loi, sacrement, voilà toute
Tarchilecture du christianisme et toute Tor-
ganisation du salut. Adam les possédait. Il
connaissait Dieu, non pas seulement par la
déduction philosophique de son intelligence,
mais pour Tavoir vu et entendu sous une
forme qui lui révélait sa personnalité. Il le
connaissait comme principe, providence et
justice du monde , et cette triple notion de
son activité souveraine ne se séparait pas
en lui de l'idée même de son être. Dieu lui
apparaissait vivant et vrai, parce qu'il lui
apparaissait créant, gouvernant, jugeant, et
lorsqu'il prononçait son nom , ce nom di-
sait a lui seul : Il a tout fait, il gouverne
tout, il jug;era tout. Tel était le dogme pri-
mitif et universel, bien différent du déisme
par son origine, puisqu'il était le fruit d'une
révélation extérieure, plus différent encore
de lui par sa certitude , puisqu'il ne se li-
vrait point à Tesprit comme son ouvrage,
mais s'appuyait au granitd'unc persévérante
et invincible tradition. Et dans ce symbole
SI court étaient contenus, comme l'arbre est
contenu dans son germe, tous iea mystères
que le fleuve du cnristiaBisiDe devait nUi-
rieurement développer. Croire an Dieu
principe, c^était croire h toutes les perfec-
tions renfermées dans son incompréhefisi*
ble nature; croire su Dieu providence, ce-
fait croire à tous les moyens qn*il lui pUi-
rait d'era(doyer pour conduire les bonimei
h leur régénération; croire au Dieu rému-
nérateur, c'était croire aux récnmpens(>sct
aux i)etnes de Tétemité, sous telles formes
que lïnfaillibie justice le décideriiit. AdacD,
quant à sa personne , et è cause des illumi-
nations du paradis terrestre ^ ctonnaissiil
en grande partie les conséquences cachée)
dans le sein du dogme primordial ; mais la
mémoire de sa race ne devait point être as-
sistée pour en garder pleinement le soure-
nir, jusqu'au jour où , tous les voiles tom-
bant, la parole de Dieu livrerait ses der-
niers secrets. En attendant celte heure de
la consommation, le genre humain jout»-
sait d'une lumière divine capable de I éclai-
rer, s*il le voulait, et de le tenir» parfiii/e/*
ligence, dans un commerce efficace ei sïir^
naturel avec Dieu.
L'a-t-il voulu toujours et partout! le ne
l'aflirme pas. De même qu*apres Jésus-Qim\
il y a eu des nations qui se sont sépirée>
des splendeurs de la vérité catholique, i) ^
a eu avant lui des hommes qui ont rejeté le
flambeau de la première révélatioit. Mai^
de même que les schismes {loslérîeors à
l'Evangile n*en ont éteint dans le monde ai
ta voii ni le règne, les réliellions de Tan-
cieii Age contre te symbole patriarcal n*to
ont étouffé nulle part la certitude et la n^r
loriété. L'idée de Dieu, de sa providence,
de ses jugements, est demeurée suspendu»
quarante siècles devant les yeux de nos («^
res, et les faux cultes, en encadrant d>r-
reurs ces immortelles vérité, n*ohseamv
saient la conscience sur le mode qu'en IV
veillant sur le fond. La fiible rejfiercoir*
une image délij^urée de l'histoire; nai>
cette image, tombant dans le coeur de Tbors-
me, s'y purifiait au contact de rinteUîgenirT
et Dieu trouvait jusque dans le mcnsoo^
un auxiliaire de sa gloire et de ses dri^îb
Alors sans doute, alors aussi bien qnac-
jonrd'bui, le sophisme et la négation tri.
vaillaient l'esprit humain, pour lui persan
(ïer l'athéisme, ou pour réduireàdes teron»
sans puissance la notion de la divinité;' V (
tait vainement. Le peuple n'entexida»! fi^
ces abstractions solitaires qui eherd^aâa
à lui dérober sa foi; le Dieu qu^il mâotf[^
était un Dieu vivant, personnel, actrf« »>
téressanl aux choses de Thomme^ ec i^^
penchant était bien plus de le rapurox^*
trop de lui que de J en éloigner. UuUM9^
étifit le fruit de ce penchant; maiis î'uS'^'
trie n'excluait pas la connaissance du Ih» j
véritable, et ce Dieu, comme Ta reniar«]v.
Tertullien, s'échappait à tout maoteoi dt ^
conscience païenne par ces crisinToloci^
res que la laneue du christianisocie a crr
serves : Dieu 1 6 mon Dieu! MJltÈoliU'
était dans l'antiquité ce que rhéré^ie o
1
(269
&AL
DICTIONNAIRE AroLOGKTfQCE.
SAL
1^70
lans nos tenups moderaes, et de même aue
'hérésie n'abolit ihis en ceux qui la proies-
i^ot la mémoire de lésos-Christ, Tidolâlrie
réleignait pas eu ceux qui s'en rendaient
Iciimes le souvenir du Dieu un et parfait.
)uvrez un livre sérieux de l'antiquité, bis-
oire, poème, tragéilie, vous y sentirez, au
rarem des extravagances du paganisme, on
•arfuiD de religion grave et profonde, qui
r transpire aisément, et qui nous révèle
(ue Dieu n'avait pas aliandonné le genre
lumaio, mais que toute âme pouvait, dans
loe certaine mesure, le connaître, l'aimer
( le servir. Quand les aiuVtres se répandi-
tfOtdans le monde avec la |iarole et la croix
e Jésos-Cbrist, ils n'y rencontrèrent |uis
eulement des Juifs et des idolâtres, mais
o$>i une classe particulière d'hommes qui
il désignée dans leurs actes sous le nom
adorateurs^ de Dieu, rolentes (iM9). Tel
laii le Romain Corneille, à qui un ange fut
nvové pO!ir lai dire : Corneille^ ies priêrêê
r le* auménes sont mùniées en ta mémoire et
erani la face de Dieu (1310).
Le dogme primitif et universel puisait
I force de conservation dans une double
rase: la raison même de l'homme et la
iJiifon. Chacune de ces causes n'eât
h sufli pour en assurer la perpétuité. La
^son est trop faible pour porter à elle
me le poids de Dieu, et la tradition pore-
leDt extérieure n'agit pas assez d'elle-même
ir l'esprit. Mais leur alliance et leur ré-
ercussion, en les complétant l'une par Tau-
*?« les rendent inallresses de Tbuma-
ité.
1! en est de même de la loi. La loi donnée
\<iatu, pour être la règle de ses actes et
^« actes de sa descendance , était celle-là
>a]f qui fut plus tard renouvelée au Sinai.
•le portait :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, et tu n'a-
trems que loi.
« Tu ne prendras point mon nom en vaiii.
• Tu te reposeras le septième jour en le
nclifiant.
• Tu honoreras ton père et ta mère.
- Tu ne tueras point.
• Tu ne conaroettras point d'impureie.
• Tu ne voleras point.
• Tu ne rendras fioint de laux témoignage.
• Tu ne désireras rien de ce qui n'est pas
oi. >
Os articles n'avaient pas été gravés, dans
riipne, sur des tables de pierre, mais sur*
<ic la l>oache de Dieu, Dieu les avait
'ib presi|ue tous dans la conscience de
iimuic, pour être à jamais le principe des
oies mœurs et de la vraie civilisation.
dis presque tous, parce que le repos et
^uctîQcation du septième jour, bien que
M,iine iirjmordiale, portaient un carac-
e do règlement qui n'était pas snscep-
le de revêtir dans l'esprit la forme méta-
v'siqued'un devoir absolu. Sauf ce point,
5 la coutume devait transmettre à la plu-
t des peuples, la léj^islation primitive
iriOOt Act, \tn. 43: x»ii. Ici 17.
ir.lfi. Act. X, 5rt4.
avait son double appui dans la consoîrnrc
et la tradition. Fille et sœur du dogme, elle
empruntait à sa lumière une eonsécration
religieuse, et le do$;me à son tour emprun-
tait d'elle l'éclat bienfaisant que la justice
iqoule h la vérité. Le dogme disait Dieu,
Thomme et leurs rapports ; la loi disait aussi
Dieu, l'homme et leurs rapports : mais lo
dogme liait l'esprit en réciairanl, et la loi
liait la volonté en lui commandant. Natura-
lisés tous ies deux dans l'âme humaine, ils
s'y prêtaient un mutuel secours, et saint
Paul, les confondant ensemble sous un mémo
nom, pouvait dire aux païens, pour justi-
fier les voies de Dieu k leur égard : Comme
les naiions qui n'uni pas la loi écrite accom-
plissent naturellement Us choses de la loi^ ils
sont à eux-mêmes leur loi^ tout en noyant
pas notre loi^ et ils montrent que cette loi est
écrite dans leurs cœurs par des témoignages
qui les accuseront et aussi qui les défendront
au jour où Dieu jugera les secrets des hommes^
selon mon Evangile par Jésus-Christ ff3f1}.
Il ne suffit pas du dogme et de la loi pour
constituer l'ordre surnaturel que nous ap-
pelons le christianisme, la (i^râce en est un
indispensable élément, puisane c'est eilo
seule qui pénètre au fond de l'âme pour la
disposera croire le dogme, à accomplir la
loi, pour l'élever jusqu'à Dieu par une réelle
participation de sa nature et de sa vie. C'est
la çrâce qui fait le chrétien; car c'est elle
qui lui donne l'onction intérieure de la vé-
rité et de la charité, onction que le Sauveur
du monde reçut avec une abondance inex-
primable, pour être en sa personne le trésor
sans fond ae l'humanité, et d'où lui est venu
le nom de Christ, c'est-à-dire de oint. Et
tous après lui, dans une mesure qui dépend
de l'élection de Dieu et de notre coopéra-
tion, nous devons être des hommes de grâce
et par conséquent des oints, ou chrétiens.
Mais Dieu, qui ^ous a fait ce ^rand don,
n'a pas voulu s'en réserver à lui seul l'éco-
nomie; il lui a plu, par un sentiment de
largesse et d'équité, de nous donner pou-
voir sur lui ftomme il a pouvoir sur nous,
et de renfermer dans certains actes une effi-
cacité surnaturelle qui en flt, même en nos
faibles mains, des instruments de grâce et
de régénération. C*est ce que la langue chré-
tienne appelle du nom de sacrements.Comme
le dogme et la loi, les sacrements n'ont ob-
tenu quà la venue de Jésus -Christ leur
perfection eniière; mais leur institution re-
monte i l'origine du genre humain. L*arbre
de vie, dans le f^aradis terrestre, était un
5acrement; Adam lui-même, entant que
dé|iositaire d'une grâce héréditairement
Iraosmissible à sa postérité, était un sacre-
ment. Après sa chute, dé|)ouillé de ce pri-
vilège qui avait mêlé en lui comme eu un
seul océan le fleuve de la vie humaine et le
fleuve de la vie divine. Dieu lui laissa pour
arrhe de sa miséricorde et pour appui de
sa déchéance un sacrement imparfait, quoi-
que puissant, qui devait être à jamais la
(ir»ii) n m. Il, U cl 1^.
1171
SÀL
DICTKINNAinE APOLOGETfQOE.
8AL
m
lumière, la force et la consolation de sa
postérité. Quel est-il« ce sacremeDt premier
delà chute? Quel est cet instrument de çrâce
que la faute ne brise pas, qui e&t destiné à
lui survivre toujours, et dont toule âme
contient la vertu par un sacerdoce inamia-
sîble et universel? Vous Tavez nommé sans
dx)ute; car il n^est aucun de vous qui n'en
ait éprouvé le bienfait, qui n*ait essayé k
son aide de reconquérir Dieu, s'il l'a perdu,
et d'en accroître le règne dans son cceur, s>t
ce règne est déjà (xuumencé. Jésus-Ci) list
disait au peuple du haut de la montagne :
DwnandeXf et il vot$i sera donné; cherchez^ 1 1
vous trouverez ; frappez^ ei il vous sera on*
terl. Car quiconque demande reçoit 9 qui
cherche trouve^ et à qui frappe on ouvre la
porte (1312). Ce que disait Jà JésusrChrist
au peuple nouveau. Dieu l'avaitditau peuple
ancien en la personne d'Adam^ et cette leçon,
retenue d'flge en Age, avait fait de la prière
Képée, ie l)aiMr)e et l'encens de l'humanité.
Je n'ai pas besoin de vous démontrer
l'universalité de la prière. Regardez dans
rhistoire, à quelque point du temps et de
l'espace qu'il vous plaira de l'ouvrir, et vous
V trouverez Thomme prosterné devant Dieu,
lui demandant toutes choses, même l'im-
possible. Que le sceptique s'en étonne et
que l'impie s'en moque, c'est une raison
de plus d'admirer cette imperturbable con-
fiance de tous les siècles dans TeûtcacitiV de
la [irière, et d'y reconnaître une institution
qui foit partie du cœur de Thomme et de la
volonté do Dieu sur lui.
Etait--c^ donfi avoir abandonné nos pères
que de >eur avoir mis dans les mains toua
les moyens de salut que nous venons d'éuu-
mérer? Nous avons plua qu'eux sans doute,
mais ils avaient avant nous l*essence inté-
grale du christianisme, le dogme» la loi, le
sacrement, et ce <)u'ils possédaient est en-
core la racine qui porte et nourrit ce que
nous possédons, comme la vie de Thomme
mAr remonte aux jours de son enfance et y
puise la sève, qui caractérise sa personnalité.
Il y avait d'ailleurs des compensations h
celte génération du christianisme : c'est que
le genre humain était jeune lui-même, pius
voisin des origines^ et soumis à une éduca-
tion qui s'exerçait è la fois par le ministère
prophétique et par des événements dont la
grandeur renouvelait d'époque en époque
toute la lumière des traclitions. Dieu agit
encore dans notre âge (f une manière sen-
sil>le, proportionnée aux besoins du monde
moral ; mais, parce que l'avènement de Jé-
sus-Christ et I autorité de l'Eglise ont donné
à tout une assiette définitive, la voix des
prophètes, s'il s'en présente, n'est plus qu'un
accident, et les actes de la Providence les
plus significatifs ont perdu le caractère gi-
gantesque des temps primordiaux. Comme
vn creusant la terre, on découvre dans les
couches les plus anciennes les débris d'une
végétation colossale, ainsi en remuant l'his*
toire dans ses antiques profondeurs, on y
{Soit) J/flU/i. vil, 7 cl » ^
rencontre (es traces d'événements qui n*oht
point eu leurs semblables dans les siècles
nouveaux. Teb furent le déluge, la réunioa
ei la dispersion des hommes dans \» chaini»
du Sennaar. Le Imt providentiel da ûë\uv
était, outre le chfttiment de la d^ravainto
générale, de ramener encore une fois rh^m-
me k l'unité d'une seule famitle, afia dv
raviver les traditions, et que, reprenani de
Ih leurs cours, elYes se répandhcsent avec
une plus écfailanle autorité daaa les veines
purifiées du genre humain. La Mtaatrofèe
de Babe), contraire en apparence è ce (w-
sein d'unité, n'en était pourtant que )a suite.
parce qu'en multipliaHt les langues, ëk
multipliait les témoignages en feveur de b
vérité que chaaue tribu emporCnil dans»
mémoire soua des sons ef des signée difers.
Maia c'étaient là des événements exce}Jtiofl-
nels, .$emés dans les entr'actes du draioede
la Providence, et qui, k proprennent dire,
ne faisaient point partie du progrès naturel
du christianisme, bien qu'ils servissent I
sa conservation.
sn
La Terre-Saiate, c«nlre des grands empIfcaL — HM»
Uides du vevfiB éio. — Le dogiM, U fan» le ittst
écrits au Siiiâi ; puis iiicainus dans ie Verbe, Ffl» 4r
Bieu — Réponse â celte objection : poonioei IMnay
ii travaillé que çrogressivenieiil k Tcnivre de Mtre ré-
généraUoo. — Concours de rUonae^DIeii daascra»
grande ceuvre. — i^utre objection : Wè^&Êkaôlt «k
christianisme dans le passe et daiisteprésaoi ; rrpots^
-^ Nécessité de la Intic entre le bien et le mal — >•-
lupté de Tige patriarcal , idolâtrie, ariaiiijiaiit "^
Riisne, protestaulisme, etir. ^OoMlneiaB.
Ouvrez maintenant une mappemonde, ri
posez le doigt sur le point ou Je trente*
deuxième degré de latitude septenlriooaW
se rencontre avec le trente-troisième àeçé
de longitude à forient du méridien de Pans .
la terre que vous touchez s'appelle T^m*
Sainte. Regardez autour de voua : ici, à IV
cident, s*o;ivre une longue et large mer qu»
va baigner de ses flots tous les golfes de 1
Grèce, de l'Italie, de la Gaule, de TEspa^JK»
de l'Afrique, et qui, s'étendani par un île*
tour jusque vers les solitudes du seplco-
trion, tandis qud> par une autre extréoiiur,
elle absorbe les déserts de TAtlantique, ^
été destinée de Dieu à être U graïuie rou.^
des nations. Au midi, une autre mer sV
vance et fait eiforl pour rejoindre celle-u:
c'est un bras de l'Océan Indien qui appejk
les vai^iscaui du monde pour les couduir/
à tous les rivages de l'Asie et leur livrer is
source des richesses qui s'alimentent sz,
foyer d'un inépuisable soleil. Vers roriaaii
deux grands fleuves, sortis du même ta^
ceau que le genre humain, arrosent Ii
plaines fécondes, où sMmprimèreQl les p^
miers pas de Thomme , et, s'iudiaant et
raidi, vont, par une autre porte, retroiiKt
les eaux puissantes qui euveloppenl TAsit.
Autour de ce point brillant, k des distaoor»
inégales, mais rapprochées, Memphisacos?-
truit SL*s temples où se cache let sagesse:
Tyr a rrou5ié ses ports, d'où ell^ je(t«- -•
m
âUL
D1CTI0HNAIRE APOIX)GETHti;£.
^L
loorpre à tons les peuples en échange de
eurs biens; NJnÎTeet Babylone onl élevé
rHffs Rioraiiies et bAU ras Tieai empires
iai ODlinauguré ici-bas Torgueil delà con*
iuéte et an gCNtvernement. Chaque eoîn de
erre est là célèbre» et le pied de TArabe»
près soixante siècles, y heurte sans fin des
uiaes qoi étonnent les jreiu» et des sonve'
irs qui émeuvent le cœur. Tonte ia civî-
isation anUqne, la guerre, la paix, les arts,
! coromerce» la TÎe et ia mort ont habile
» primitiTenenk; el, lorsque la Grèce et
«oie, seconde fille de 1 antiquité, parurent
SOS le lointain pour annoncer et préparer
e Booreaux Ages, elles envoyèrent. Tune
lexandre, Taulre ses consuls, |JOur uièler
t gloire de leur jeunesse k la gloire épuisée
e ro premier monde.
Là donc, au confluent des affaires hu-
^nes. Dieu, qui avec sa parole avait fondé
l renouvelé une fois déjà ie chrisUanisme,^
ieo résolol de l'écrire, et de Técrire |)ar un
&Qp]e qui fût à la fois le dépositaire et
r/rgaoe de ses pensées, opiniâtre comme
écriture, mobile comme la propagation,
ei'^ple au Sinaï, du Sinaï a Jérusalem,
e Jérusalem à Damas, à Niuive, k Babylone,
lieo conduâsil le peuple scriptural re et
flilialeur par des vicissitudes qui remplis-
em riiistoire, et qui, associées aux événe-
ients les plus lameux du monde profane,
rretrouvèreni dans les monuments que la
ioiice Bioderne ranime chaque jour et
r^, à son grand étonnemeni» du sépulcre
ntroBvert de radutiquité. La guerre, Tcxil
i le f'ufiimcrce mirent les Juifs en commu-
icatioa avec tous les peufJes anciens, ils
LiSDèrPDt avec Daniel à Baiiylone, en Perse
Tec Eslber, ils dictèrent des décrets à Cy-
05, obtinrent le respect d'Alexandre, et l'un
^^Lagîdes Gt traduire leurs livres* sacrés
905 la langue grecque deux cent cinquante
)s avant Jésus-Christ. Partout où les por-
il Tesprlt de Dieu, ils portaient aussi leur
lites, let leurs synagogues paisiblement
CQées dans Tunivers furent les premiers
tDfJesoà les apôtres annoncèrent la venue
la mort du Désiré des nations.
Ainsi sept siècles après le déluge, quinze
ècles avant Jésus-Christ, au moment où
formaient les grandes puissances humai-
ns. Dieu gravait en airain les fondements
noavelés du christianisme, le do^^me, la
if le sacrement* les traditions du passé
ec les prophéties de l'avenir, et il présen-
it e^s tal)les écrites de son doi^t ou sous
dictée à la connaissance de tous les peu-
es qui occupaient alors lascènedu monde.
1 vain l'incroyance a voulu le nier, et
pandre sur les saints livres Tobscurilé
jne science hy^iocrite autant qu'épouvan-
e : la construction biblique trop fortement
sise au centre de Tbistoire a bravé ces
il d*uBe sagesse trompeuse , et chaque
iir, à mesure que le vieux monde perd
s voiles qui le dérolMÎent à notre vue, la
hle augmente miraculeusement de certi-
•ie et de clarté. L'écriture de Dieu a con-
mé sa parole» et ce qui n eût été à la loii-
guey Icspropliétics se faisant, qu'un souve*
nir mal soutenu, est Tajicre impérissable où
s'appuie à jamais l'arche de la vérité.
JUais e&t-ce là tout? Au delà de la parole
et de l'écriture, n'y a-t-il plus rien à faire
pour une doctrine qui vient de Dieu et qui
doit sauver le monde? Vous avez raison, il
reste une diose à faire. C'est beaucoup dV
voir parlé, non comme un rhéteur qu'on
applaudit ce soir et qui est oublié demain,
mais avec une autorité qui se perpétue
dans la conscience et fonde une universelle
et vivante tradition. C'est beaucoup «ravoir
écrit, non comme un auteur qu'on admire
et qu'on relit, fût-ce même toujours, mais
avec une puissance gui inspire la fui, qui
trouble l'impie, et qui, ayant une fois divisé
les temps et les choses en deux parts, l'une
divine, l'autre humaine, ne permet plus à
aucune intelligence de les confondre impu-
nément. C'est, dis-je, beaucoup : mais la
parole et l'écriture étant le signe ou la re-
iircscntalion d'une personne, il reste à la
voir. Ça été le troisième et le dernier pro-
grès du christianisme. Après quatre mille
ans de préparation, où jamais Fhumanilé
n'avait été aliandonnée un seul jour, celui-
là vint qui était l'auleur de la parole et de
récriture, et qui, ayant fait l'homme pour
une carrière de perfection terminée par le
point fixe de la béatitude, n'avait cessé de
le poursuivre dans le long et douloireux
pèlerinage de sa liberté. Il vint en la per-
sonne de son Fi!^ unique, coéternel à lui,
victime acceptée depuis Toridue du monde
pour être Texpiation de la laute qui nous
avait perlus, et à laquelle nos pères avaient
ajoute durant quarante siècles le poids per-
sonnel de leurs prévarications. Il vint, non
pour commencer le christianisme, mais
|K>ur l'achever, non pour créer on détruire
le dogme, Ijf loi et le sacrement, qui avaient
fait la vie des â^es antérieurs, mais pour
leur donner une dernière forme et une su-
prême sanction. Il vint; tous les peuples le
virent à ce point magnifique du monde et
de l'histoire autour duquel la Providence
avait tout ordonné. La victime attendue
tomba devant, les représentants de Thuma-
nité prc'senls au Calvaire ; le ciel accepta ce
sang, la terre le but, il recouvrit la |)arole
et 1 écriture de Dieu, en leur apposant le
sceau d*un mérite et d'une démonstration
que rien ne pouvait plus surpasser : quel-
que chose d*un renouvellement inouï spo-
liera, et l'œil de l'homme, humide, serein
et ouvert, ne cessa plus de regarder cette
croix où, dans la chair du Dieu lait homme,
venait de se consommer le mystère du sa-
lut universel.
Devant cet exposé rapide du plan de la
Providence à Tégard de l'humanité, je ne
pense pas que vous puissiez accuser Dieu
d'indiiïérence ou d'inaction. Tout au plus
accuserez- vous le mode qu'il a suivi dans
l'épanchemeut séculaire de sa miséricorde,
comme constituant un progrès illogique et
inefficace, incapable de satisfaire l'esprit
autant que de sulDrc à nos besoins.
1875
SAL
DICTIONNAIKË APOLOGETIQUE.
SAL
lîTfi
« En cfTelf direz vous, que Thomme dans
ses opérations soit assujetti à la loi du pro-
grès, cela se conçoit, puisque l'homrae est
bornéetqulltendversunbutînfiniroentsupé-
rienr à lui. Mais Dieu, sagesse et puissance
éternelles, quelque soit le but qu il se pro-
pose d'atteindre, n'a point à franchir res-
paco ni le temps ; il est tout entier partout,
et son action parriflaite comme son essence,
embrasse en un indivisible instant Torbc
du passé, du présent et de la venir. Il lui suf-
fit ae vouloir pour être au terme, et il dé-
pend de lui de commencer par la fin. Pour-
quoi donc s'est-i) traîné lentement h la suite
de nos siècles? Pourquoi sauveur, tardif et
embarrassé, a-t-il déployé un h un les res-
sorts complexes de notre régénération, au
lieu d'allumer au printemps de nos fautes
le soleil qui les eût dissipées dès le premier
jour. >»
Il est hors de doute que Dieu n'est point
assujetti comme nous par sa nature à la loi
du progrès, et qu'il est le maître de donner
du premier coup à l'œuvre qu'il veut, quand
elle est uniquement la sienne, toute sa per-
fection. Mais vous oubliez deut choses, que
Dieu est libre de travailler dans le temps,
et de travailler dans le temps è une œuvre
qui etige la coopération d'êtres successifs
et bornés. Cette aouble condition posée, le
progrès, loin d'être dans un ouvrage divin
un inexplicable caprice, y est un élément
nécessaire d'ordre, de convenance et de
beauté. En effet, ce n'est plus la main de
Dieu seul qu'il y faut voir, mais la main de
la créature, main faible et lento, qui doit
d'autant plus être respectée qu'elle dispa-
raîtrait si laction divine abusait, en la gui-
dant, de sa toute-puissance et de sa souve-
raineté. Comme un statuaire yieilli dans
son art conduit le ciseau d'un enfant sur le
marbre, ainsi l'architecte éternel doit tenir
avec délicatesse la main de l'humanité, et
lui permettre, par une éducation progres-
sive, de développer dans l'ouvrage qui leur
est commun tout son génie et toute sa vertu.
C'est pourquoi Dieu s'est montré à notre
race dans une mesure toujours suffisante,
mais qui npus initiait par degrés aux mys-
tères de notre régénération. Simple famille
d'abord, l'humanité n'avait besoin que de
souvenirs domestiques d'un sacerdoce paler-
ncl, d'un dogme et d'une loi qui s'empa-
rassent de sa conscience par leur naturelle
clarté, et d'un sacrement qui fût une sour-
ce vive et simple au cœur de chacun. La
durée de Tbomme, devant laquelle la nô-
tre n'est plus qu'une ombre, prolongea
longtemps cet état virginal de la religion.
La tente des patriarches, en abritant plu-
sieurs siècles avec leur tête blanchie, con-
servait aisément la mémoire du passé, et le
fleuve de la vérité divine n'avait pas besoin,
pour demeurer vivant sous Ips yeux des
générations, que l'écriture gravât ses flots
sur l'airain. Adam, riche des souvenirs de
son bonheur et de la pénitence de sa faute,
présidait h ce premier Age comine Jésiis-
Christ préside à I Age où nous sommes parT^
nus. Oh le voyait de loin» è travers les cho-
ses accomplies et non oubliées, comme
nous voyons le Christ à travers la succrs.
sion des événements dont nous sommes b
héritiers directs.
Le déluge ramena le genre humain an
régime de l'ère partriarcale, au rooroeotck
la dépravation des mœurs étouffait dansia
postérité d'Adam la reconnaissance qu'elle
devait à Dieu. Noé, sauveur du monde, re-
descendit des montagnes avec ses tils et $<!s
filles, unique débris de dis-huit siècles nioi.^
sonnés, et il reprit au bord des tleuves qui
avaient arrosé le paradis terrestre la irsrt
interrom|>uede nos destinées, liais lesjoui)
de l'homme, aussi bien que la nature en-
tière, avaient subi fmr Teffet du déluge une
notable altération. La main de Dieu lesarai:
abrégée, et, au lieu de cette longue àurti
qui rendait toutes les générations contfo-
|!0raines, il ne nous resta plus pouratiJei
noire mémoire et mesurer notn? cêrrièt^
que de trop courts soleils. Des peuiJtsdhh
ses sortirent de l'abréviation du ttmpset
de Taccroissemetit des besoins , el ce (o(
alors que Dieu soutint les traditions enWv
renouvelant par récriture dans un peuple
qui devait être à la fois témoin du fàis\\
prophète de lavenir, pontife et missionnaire
du genre humain. Le genre humain se ff>r»
malt ainsi peu è peu sous la direction (pro-
gressive de la Pi*ovidence, ea la nianièr^
dont l'homme individuel passe de l'enfance
h la jeunesse, de la jeunesse k la virilité.
Et de même qu'aucun de nos âges ne pe^î
se plaindre d'avoir été abandonnné ou nvv
servi, à cause de la disproportion quiexis.'t
entre eui» aucun des âges de Thomme uoh
versel n'est en droit non plus d'accuser I**^
secours qui lui furent départis. Ces seeoQh
correspondaient au développement noroD
de l'humanité ; ils laidaient à croître en U
laissant sa part légitime d*aclion, atin i\i
Tœuvre du christianisme fût commune j
Dieu et à l'homme, et que chaque sièclr.
fils du temps et fils de réternité, app<»n^
sa pierre vive à l'édifice dont le Christ et^^i
la base et devait être le couronnement 0
n'était pas le ciel tout seul qui enfantait ^
Seigneur ; Il était nourri dans les ûancs "
monde autant que caché dans le sein
Dieu, et c'est pourquoi le prophète s'écr
pour hâter sa venue : Cieux^faitem du
dre votre rosée^ et que tes nues ptemre»i-
juste; que la terre s'ouvre^ et qu élit J«i-t
le germe de son Sauveur (13fd)« Cet ^-i
prophétique dit tout le mjr$ière. Dm f
l'homme, le temps et l'éternité» la tern I
le ciel étaient un travail de l'incarnaiiog .1 {
Fils de Dieu. Elle se préparait en haut;<t
une effusion progressive de grâces ; e'Ie «
préparait ici-bas par les gémissement •'
])ar les sueurs des saints, iusqu*li ce «i -
d'Adam à Noé, de Noéà Abrahooi, d^At^rsU.
h David, do David î^ Marie, le sang do TU
iî:i
SAL
IHCTlONNAinE
ae se fût assez poriGé dans I3 douleur et
I TCrto pour présenter au Verbe sans tarhe
me chair à laquelle il put s'associer, dans
itjuelle il Yoniut souffrir, arec laquelle il
lût et Toulût sacTer TunÎTcrs.
Cesl ainsi qu^aujourd'hui même, sur le
errant du Calvaire qui regarde. Tayenir,
bamanicé travaille encore par ses mérites
u salai commun qu*elle a autrefois préparé.
•.1* plos maintenant qu*antrefois. Dieu n'a-
il toot seul dans le mystère de la régéné-
jùon ; nos prières y concourent, nos lar-
ips y serrent, et le grand jour où il nV
bra plus quun troupeau et qu'Hun pasteur se
etarJe ou s^arance dans la prédestination
^ Dieo, selon que nos crimes et nos vertus
èsrnt plus ou moins au sam^tuaire éter-
ei lie l'infaillible justice. S'il en était au-
vmenl. Dieu ferait tout, Thomme rien, et
•s siècles moralement séparés les uns des
ijtres ne s'encbalncrafent que par la siir-
i^ion des nuits et des jc*urs, tandis qu'ils
enchaînent [lar les résultats entrelacés du
Wî\ et du mal.
Celle remarque nous conduit n résoudre
\ seconde difficulté que Ton oppose an (iro-
rè$ dii christianisme, tel qu'il se manifeste
m riiistoirc. On le disait illogique ; nous
mns prouvé qu*il ne Test point. On sou-
rnt de plus qu'il est inefficace, t*e<5t-5-dire
ail n'a point obtenu autrefois et qu'il
VfMient jmis davantage aujourd'hui IVlTet
niversel qu'il était destiné à produire dans
i ppDsée ae Dieu.
Cela est vrai, le christianisme n'a point
ftnquîs l'univers, si on' l'entend d'une con-
aète ou d'une possession mal^*riellement
Limitée. Mais le christianisme est univer-
•rl dans le sens moral, c'esl-à-dire que, par
00 expansion et ses renouvellements suc-
e»si(s, il a exercé une action constante sur
f5 destinées du genre humain, et donné k
ms les hommes, en quelques temps et en
oelques lieu x qu'ils aient vécu, les moyens
atleindre la perfection k laquelle ils sont
)pelés, et la béatitude qui est la récom-
îDse promisse leur perfection. Pour qu'un
ftti homme eût échappé à l'influence inté-
eare et extérieure du christianisme, il
udrait qu'aucune tradition ne l'eût jamais
luché soil directement, soit indirectement,
que iaroais Dieu n'eût envoyé jusqu'à
m ccBor la lumière d'un pieux mouvement.
0 ne prooTcra point qu'il en soit ainsi,
ce que nous avons vu de la Providence,
1 grand jour de l'histoire , nous permet
affirmer qoe sa miséricorde, même dans
s cas les moins heureux, s*est ménagé des
^soures pour nous laver daus le" sang de
réderoptien. Cepeiîdanl il reste vrai que
christianisme, toujours agissant et ton-
urs inrinctble, n'a pas obtenu Je succès
une réalisation matériellement univer-
île. telle que l'esprit peut se le représeii-
r d'un étalilîssement divin. Il est la plus
•ande chose, mais il n'est pas Tunique
lose du monde. Il est supérieur à tout,
ais il n'est pas tout. Est-ce h la loi du
rogrès qu'il faut attribuer cette imperfec-
APOLOCETIQUE SAL ttn
tion dans le résultat T Non, c'esl è vou^* mê-
mes ; quelque chemin qu'eût pris Dieu
ponr vons conduire, qu'il vous eût menés
par la droite on par la gauche, par l'orient
on par l'occident, qu'il vous eût éclairés
d'une lumière uniforme au lieu de répan-
dre sur vous une lumière progressive, dans
tous les cas, être libre^^, revêtus par consé-
quent d'efficacité pour le mal comme pour
le bien, vons auriez fnistré la Providence
d'une partie de ses vœux , et diminué son
empire de toute celte part faite aux trahi-
sons de votre cœur. Dieu respecte l'effica-
cité dos êtres libres, soit pour le bien, soit
pour le mal. Que serait-ce en effet (\n*mo
liberté dont l'action n'obtiendrait jamai»
son résultat naturel ? Ce serait une pal*>r-
nité sans filialion, une cause sans priuluit,
une puissance alislraiteoui s'évanouirait au
contact de toute réalité. Il n'en est pas ainsi;
le fM>uvoîr de Thomme est inférieur à celui
de Dieu, mais il est un vrai |iouvoir. Et de
même que l'action divine se manifeste dans
l'histoire du monde avec un^éélatanle effi-
cacité, il était juste qne la nôtre y apparût
aussi d'une manière éclatante, quoique su-
liordonnée, et sous ce double aspect^ du bien
et du mal qui est le caractère de l'être ap-
pelé et non encore parvenu.
Vons vous étonnez que le christianisme
n'ait pas soumis toute créature h son em-
pire? Hélas I je m'étonne bien plus qu'il
vive et que je vous parle en son nom. N est-
ce pas le diristianisme qui vous a dit : Tu
seras humble ? N'est ce pas le chri.<tianisinc
qui vous a dit : Tu seras chaste? N'est-ce
pas le christianisme qui vous a dit . Tu pas-
seras dans ce monde comme n'en étant pa;»,
tu jouiras comme ne jouissant pas , tu
pleureras comme ne pleurant pas ? N'est-
ce pas le christianisme qui vous a dit :
Bienheureux les pauvres? N'est-ce \ms le
christianisme qui vous a dit : Soumettez-
vous k toute créature k cause de Dieu ?
N'est-ce pas lui enfin, et lui seul, qui a brisé
tous vos i^enchanU, foulé auxpieds toutes
vos clo;res , aliaissé ce cjuc vous aimiez cl
élevé ce que vous haïssiez. Et il vit pour-
tant : opiniâtre k vous suivre dans vos gé-
nérations superbes, il a grandi avec vous
dans des miracles plus puissants que vos
fautes, et couri>ant sous ses signes et sous
ses ordres les siècles épouvantés de le revoir
toujours, il s'est mis en possession de vous
d'une manière d'autant plus terrible que
vous êtes maîtres de vous et que vous le lui
avez mille fois prouvé. C'est vous qui avez
créé contre lui ces débauches de géants qui
ont précédé et aUiré le déluge ; c'est vous
qui avez inventé l'idolâtrie pour le |)erdre ;
c'est vous qui avez crucitié le Christ attendu
des nations, et qui l'avez enveloppé des
opprobres où sa beauté s'est fait jour à ja-
mais; t'-e»\ vous qui avez séparé I orient de
l'occident, suscité l'islamisme, divisé 1 Eu-
rope, élevé le doute et la négation à des
hauteurs sublimes : vous avez fait tout
cela, afin «pi'i* W* clair que vous êtes libres,
et plus clair encore que Dieu est dan> le
ii7i>
SAL
DICTIOlXNAIftK Al'OLOGETIQyEL
$AL
\m
christninisme pour tous, sans vous et mal*
gré TOUS.
Ne croyez même pas que rovÈs vous arrè-
t<'rez au point d'erreur et de haîne où tous
êtes aujourd'hui : le progrès s'applique au
mal comme nu bien. Si Dieu Iravaitle h ia
régénOration de rhumaniCé sur un plan pro-
gressif, quelqu'un traTaille à sa ruine sur
nn plan pro^ressifaussi. Car Tabime appelle
l'ahlmo, l\^cbo grossit avecla Toii, etrenfer
regarde le oie) pour Timiter. A mesure que
Dieu faitmi paspour lesAlutrln monde, Ten-
fcren fait un poursa perte. C'est unenéces*
sit(^ de la UvUi entre le tden et le mal. Si le
mal demeurait slationnaire pendant quH le
bien s'accroît, il ne serait bientôt plus qu'un
enfant aux prises aTec un colosse. 11 faut
donc qu'il sedéTcloppe lui-même, et que,
suivant la Trovidence avec une inquiète
jalousie, il se tourmente pour égaler ses
œuvres et leur opposer de nouveaux boule-
vards. Tel fut le passé, tel sera l'avenir. A
chaque phase du (christianisme correspond
dans rinstoire une certaine phase de Ter-
reur. L'ère patriarcale, trop proche des ori-
gines pour se tromper sur Dieu, reçoit le
venin d'une molle dépravation. Elle enfante
(les monstres de volupté dans un océan de
Itimiôre. I^ notion de Dieu s'altère h Tilge
suivant: te mal ne se contente plus de
prcntlre l'homme f)ar son corps, il essaie
d'obscurcir en lui l'idée d'où procèJe tout
ordre, toute justice, toute piété, et ne pou-
vant la détruire, tant elle a de force, il sus-
cite h l'entour des imaa:es confuses de divi-
nités secondaires, aflnd*étoiifler le vrai culte
dans des cultes faux. Le Christ venu, l'ido-
.^ trie s'affaisse devant la vraie figure de Dieu;
mais l'esprit des ruines, après avoir cherché
sa défense dans le carnage trois fois sécu-
laire d'une inouïe persécution, s'attacfieà
la personne sacrée du Christ pour la dégra-
•ler (fans la foi même de ses adorateurs.
L'ariauisme succédée l'idolâtrie, l'idolâtre
Ini-même en une manière plus profonde,
puisqu'il réduisait le christianisme au culte
d'un homme, mais d'un homme qui avait
dî(|té l'Evangile et fondé l'Kglisedans la mor-
veilleuse effiradlé de son sanj;. La lumière
s'étanl faite à la fin autour do l'Homnie-
Dieu,etrien (ians les souvenirs ou les débris
de l'idolâtrie ne pouvant plus s'opposera
l'universalité de son règne, on vit apparaî-
tre Mahomet. L'unité de Dieu, qui avait été
précédemment l'objet de tous les assauts du
rlial, devient son étendard, et cette vérité
finissante se change tout à coup en une
arme que te mensonjjje vibre avec succès sur
une moili.^ du jçenre humain. La trahison
grecque livre rOrient h cette invasion dé-
figurée du passé; le nom d'Abraham dé-
trflne celui an Christ dans une partie du
moufic, et l'Eglise n'a plus qu'à pleurer là
où elle comptait ses enfants et ses joies par
nations.
Mais l'Occident fiJèle n'avait point secoué
le joug de ta vérité. Des pieds de l'antique
Rome, oix siégeait le vicaire du Christ, une
eau toujours vive avait coulé sur des peuples
nouv^ui. Une sainte coufédér«iioD de la
foi s'était formée cntreem, maluréla guerre;
ils avaient lentement dépouillé le caractère
du barliare, introduit les évêques dans leurs
conseils, partagé leurs (erres avec les |)aa-
vres et les cénobitesi fondé des monarrhies,
ressuscité l'empire romain, cha^^é les Grecs,
humiliéles lils de l'islamisme juâciu*au tom-
beau reconquis du Sauveur^ et enfui les
arts, le commerce» la boussoJe venant à leur
aide, ils avaient poussé leurs di^couvert^*!.
au delà des mers que l'antiquité n'ârail
l»as franchies, et présenté à des riyages lu-
connus la «;roix de lésos-ÇhrisL Tout an-
nonçait au monde ses derniers et légitimer
souverains; ils allaient, prenaot la ruuu
opposée à ceiie d'Alexandrie, relron?ef
rOrient perdu pour la foi, et lui rendre b
vérité en échange de ses trésors. Le jjcurt:
humain n'avait jamais été plus près de IV
uité, jamais aussi plus proçue d'une horril'le
et universelle division.
Le protestantisme naquit de ce ()oîn( cul-
minant {\cs affaires divines, à TLieure jufHii
où rien n'était plus capable de remisier à ta
puissance morale de la chrétienté. LWrf,
qui le savait, fit un eiTort suprême, U»\lk\Ha
le christianisme au cœur en a ttaqiiaalf au-
torité de l'Eglise et en livraut sesloîi cl ses
mystères aux interprétations privées deki
raison. C'était mettre Thomnie au-dessus â**
Dieu, et créer une idolâtrie intetlectucllr
d*autant plus subtile qu'elle devait se voiler
loni^temps des apparences survivantes de
la foi. La chrétienté divisée demeura néan-
moins mattre.sse du monde, tant elle avait
acquis de supériorité sur le reste des na-
tions; mais en portant ses dis«uirdes avec
ses victoires aux extrémités d? la terre, ellf
vi'y porta plus qu'un apostolat diminué d
un prosélytisme qui se déchirait de ses prù-
I ros mains.
Je ne poursuivrai point rhistoîre de T\ir
maux. Uuegrandelunmri'e est sortie de lec^*
entrailles, et après trois siècles de luttes in-
testines, l'autorité de l'Eglise reprend poj
à |)eu sur les intelligences égarées TasiTiV
daut qu'elle avait perdu par une illusîo.n
\jï\ nouveau pro^^rès s'accomplit dans laïUc
sainte, l'unité qu'elle posséda touiours, par^v
qu'elle est la tille et la mère de la xérii^,
s'élance plus radieuse des révoltes qu'ede j
subies, et des expériences dont c.He a rt-
l'ubjel. Le protestantisme expire dî»ns Yïm:-
puissance de* constituer un symiiole. u:
ordre, une foi, une raison de son être. Hj^
jour inévitable de sa chute ^era le JnarM
le christianisme, ravivé au sein des nacuaft»
qu'il a civilisées, reprendra Je concert «ir
elle la grande routa de l'avenir, la rout^f»
conduit Tuuivers aux pieds du mftme Dià
Mais ne vous attendez pas que ce soit >4i«
rencontre dans Je mal un progrès par«Iiè>
au sien. Déjà vous eu avez plus qiêe lê pnfy
sentiment, vous en avez l'aurore, I^ |*n»t€^-
tantismeest dédaigné du mal; il en oonnait
la ruine, et se révèt d'autres armcis qu'il *
forgées d'avance dans la corruption niéii-s»
de (c vieux levain qu'il rejette de lui. l:
lîîl
SAL
ncTioi^NAaiE \pol,0(;etique.
sa
isa2
pMesumtime altéra ta M par la raison ;
n raison séparée de toute foi aura rivrcsse
h» sa soowraiiteté. Ne prévoyons pas ce
'iiVlleserv, laissons à Dieu ses secrets. Le
.K^soni^i le passé suffisent pour nous ins-
niire des roies de la Providence dans la
itn fnilo de llmmanité, et pour en' juslilier
a (Mine aux yeux de tout siûoèrc esprit.
Dieu rotitle salut dn genre humain, ot il
nravnilfe incessamment; je Tai montré par
•iiistoirc. ÎI y traTarlIe d'une manière pro-
rf^sive; fai fait voir <ïue ce progrès, était
Inique et efllcace. Que me reste-l-il après
♦ ae exposition où vous ayez vu la çrande part
16 riîonnne dans ses propres destinées, qu'à
DUS conjurer d'unir votre action à l'action
vinc, pour assurerle triomphe moral de la
irélienté. On lisait dans les armoiries des
«arirenx. au-dessns d'un globe surmonté
une croix, cette belle inscription : SCat
nx dum, voivitiir orbis. — La croix de-
nire pendant que le monde tourne, C^était
m* image heureuse de la stabilité duchris-
inisme au milieu des révolutions humai-
>, en même temps qu'une invitation au
fK)> de la solitude sous les lois contempla-
♦îwle saint Bruno. Mais cette image n ex-
imp qu'à demi la situation du ihrlstia-
Hiip dans le torrent du siècle, et cette in-
'ilion ne nous dit qu'imparfaitement nos
mrs. J'aimerais mieux, en conservant le
•l'O symbole, cette autre inscription : /«-
.'•V cmx dum incedit orbis. — La croix
*rihe ausiï tite que le monde. Elle nous
i'jçllerait le progrès parallèle du bien et
liial, et la nécessité d'élever nos vertus
^M haut que les desseins de Dieu et plus
"t que les jalouses conjurations de l'enfer.
>tnms presserait de ne pas perdre un
lîr, parce que l'ennemi ne perd pas une
w. Elle nous dirail noire épreuve, qui
le temps; notre but, qui est l'éternité;
îre histoire, qui est le combat ; notre
^<>lalion, qui est d'avuncer toujours; no-
ripos, qui est Dieu seul (13H).
^ALVAOORt insinue la fraude dans la
iduile des a}>ôtres; réfutation. Yoy. Ap6-
». - Réfutation de .sa théorie sur le
«aiMne et le christianisme. Voy. Judaïsme
<^B»Tuii^iiR. —Est panthéiste. Ibid.—
rUo le suroalurel. Jbid. — Comment il
^prète les prophéties sur le Messie. Ibid:
Cooiment il oxplique l'origine du ohris-
lisme. ibid. — Suppose que la mort de
M^Ciirist ne fui qu'apparente ; réfutation-
f* R^VBRBCTION BB JÉSliS^CURIST. —
ii»e idée quUI donne des institutions
^niues. Voy. AçhoÂmatique etc. — Re-
aait rinflqeoee d^a Juifs «ur les mages.
f* Mâf oiiMU i U. — Jugement sur son
*? intiittlé : Histoire des institutions de
>««. Vqu. uote XIV, à la fin du vol.
Kt^futatKHi de son hyi)otbèse sur la coo-
»ion et l'apostolat de saint Paul* Voy.
Al.VEKTB(lf. EUS.), M théorie nalnra-
* r^futé^. Voy. Nin RALWTF.».
.*»U) Cfr. LACoaDAiRE, Cow/*» »• tV.
SAMARIE, vérifie la proohélie de Midiée.
Voy, Judée.
SAMARITAIN (Pentatbuqub) V^. Pciita-
TEVQUB, §IV.
SANCTION du gouverneuienl divin. Vay^
ESFEH, § U.
SAN4j, boire le sastg^ signification de ces
mots dans la langue sainte. Voy, Eocha-
•lUSTiB & 1
SANSClirr, prouve-t-il uae irès-ha4ito
antiquité. Voy, Indiens, % lU.
SATAN. Voy. Démon. — Sa lutte contre
Dieu dans le gouvernement moral desihoses
d'ici-bas. Voy, Astronomie. —Son rôle dans
le plan divin. Foy. Mal. art. I, {111.— VaiiK;u
par Tincarnation. Voy, Mal. art. I, { IV.
Voy* DéMON.
SAUVAGIiS, état de barbarie, point de dé-
part de rbumaoité, réfutation, voy. Philo-
80PUIB PANTHÉISTE DE L*H18TOinE« { i. — SaU-
vages comparés à ThonHue civilisé. Vùy.
Psychologie, $ I. — Leur caractère et leur
dégradation. Voy. Psychologie , | 111* —
Nécessité qu'ils passent pa> l'hérédité pour
arriver à la civilisation. Ibid, — Ne |)euvent
s'élever d'eux-mêmes à la civilisation. Ibid.
% VII. — Sont-ils la vraie origine de l'es-
pèce humaine? Voy, Races HtiiAi!«ES,SXII.
— Peu veatrilss*élever d'eux-mêmes à la ci-
vilisation? Ibid*
SCEPTICISME prétendu du XllP siècle
et de saint Louis; réfutation de Michèle'.
Voy, LOUIS IX, % 1 etsuiv. — Scepticisme
moderne, date-t-il du xui' siècle? Voy.
LOUIS IX, § 111. — ScejUicisrae de Grégoire
Vil, et de Jésus^Ihrist, suivant Michelct;
réfutation. Koy. Giiégoire VU, JIX.
SCHELLING, sa philosophie. Voy. Paa )-
SOPHIE DE l'absolu, i U et Pa!«tubishb, si.
SCHLEGEL, débat avec Delambreau sujet
de Tastronomie des Indiens. Voy. Indiens.
•— Ses appréciations des livres indiens. Voy.
Indiauisub, § IV.
^SCIENCES CONSIDÉRÉES DANS LEURS RAP-
PORTS AVEC LA RELIGION. PlUS d'UUe fOÎS OU
a prétendu que la relii^ion était ennemie
des coniuiissances humaines; plus d'une fois
on a dit qu'elle redoutait l'examen, les re-
cherches approfondies, et que les hommes
religieux étaient naturellement partisans do
l'ignorance et de lobscurantisme; rien n*est
moins fondé pourtant que ces assertions
calomnieuses, que l'on répète encore si
souvent de nos jours. Non certes, celte révé-
Iati«)n divine^ descendue du ciel pour éclai-
rer les Hls d'Adam sur leur o? igioe, leurs de-
voirs, leurs immortel les destinées, nelavorii;»
point l'indolenoe de rusprit,etn'apointla fu-
neste propriété d 'éteindre le flaml>eau A^Ut
raison; toin de rétrécir lin telligencef et fiar
là, de nuire au savoir, elle f étend, au cou-
iraire , et lui fournit des ttimières nouvel-
les, en prescrivanl à rhoimae laclivilé, la
tempérance, Tamour de Tordrei le pert'rc-
tionnement moral de cette âm«, qui cons-
titua la partie essentiel^ de son être, IVm-
ploi de tous les moyens qu'il peut «voie ds
contribuer è la glotre de son Créateor et
I3g5
sa
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SCI
liK
au bonheur de ses semblables; eHe tend k
l'affranchir des passions basses qui Tabru-
tissent, et par là même elle le dispose à
rechercher tout ce qui est utile, tout ce qui
est noble et réritablemenl digne de son
admiration. Pour démontrer, yàr les plus
beaux exemples, combien la religion élève
Tesprit ei le féconde, nesuflit-il pas de rapatr-
ier quelques noms dans cette longue suited il-
lustres personnages qui ont brille dans les six
premiers âgesde rs^lise chrétienne, teisuue
saint Justin, Tertullien, saint Clément d A-
iexandrie, Origèue, saintCyrilie, saintBasite,
saint Grégoire, saint Chrysostome, saint Au-
gustin, et dans les temps modernes, les Bos-
suet, les Fénéion, Içs Pascal, les Racine, les
d'Aguesseau, les Desearles, les Newton, les
Leibnitz, et tant d autres savanb du pre-
mier ordre gui, bien que divisés en certains
points, se distinguèrent toujours fiar leurat-
lâchement au christianisme? Or, plus l'esprit
est élevé, plus il est projtre à former de
vastes plans, et à poursuivre de sublimes
découvertes. C'est donc par la religion bien
()lus que par tout autre moyen humain que
es limites des sciences ont été reculées.
L'âme, fatiguée de rincertiluJe et des fré-
quentes contradictions de systèmes, a pq
enfm se reposer dans la comlemplation
ravissante d'une cause unique qui expli^
que tout. Aux yeux de l'impie, la nature
n'étaitqu'un assemblage fortuit, échap|ié des
mains du hasard ; aux yeux du vrai savant
chrétien, elle s'anime et $*embellit en(X)re,
en lui apparaissant comme une émanatioti
de la suprême intelligence de l'intiniebonlé,
et le sentiment le plus pur vient se mêler
chez lui au calcul de la science, sans lui
rien êtcr de sa justesse, sans compromettre
ses succès et ses triomphes.
Mais, s1l est vrai que la religion, loin
d*ôire contraire aux connaissances hu-
maines, leur est favorable par les dis|)0si-
tiens qu'elle produit chez ceux qui les culti-
vent, on [)eut affirmer de plus qu'elle-même
est la science [)ar excellence^ a laquelle la
plupart des autres se rattachent ou viennent
puiser comme à leur source naturelle et
commune. Quelques courts détails suffi-
ront i)Oiir nous en convaincre.
Si.
Sciences positives, ce qu'elles doivent à la religioo. —
— Leurs pru^rcs et leurs dtl'Cou vertes d*accord avec nos
livres saints. — Toutes reniJeut lioinniagG à la véracité
de Moise.
S*agit-ii de la saine philosophie^ de celle
qui est vraiment digne de re beau nom, et
que chérissent tous- les amis de ta sagesse?
La religion la seconde puissamment dans
ses recherches sur Dieu, sur l'Auie, sur tou-
tes les existences, toutes les généralités,
toutes ces innombrables chaînes d'agents et
d'effet?, qui font de l'univers un «^eul tout
et nous conduisent à une première cause
qu'on ne peut rejeter sans fermer les yeux
à la lumière.
S'agit-il des sciences physiques^- qui, non
contentes d'étudier les œuvres matérielles
de la création, d'en observer les phénomè-
nes, d'en examiner les rapports et les res-
semblanees, doivent aussi les rameec! sons
certaines lois et sous certains priacipe^? li-
mais ceux qui s'en occupent ne sont meil-
leurs observateurs et ne se rendent plus
utiles, jamais ils n'appellent sur leurs tn*
vaux un intérêt plus vif et plus duriblp,
que quand ils nous en parlent avec on cour
religieusement ému.
Est-il Question de la chronoiogiet C^A
dans les écrits de Moïse qu'elles irouféiei
premières dates certaines. £i sans ce^\é^
divinement inspiré, elle se serait éganfe.
peut-être, avec les Chaldéens^ les Eaffttm
et les Chinois dans ce nombre inraicoiibl?
de siècles inventés dont, comme on Ta situes
dit, le temps nest pas le père.
S'agit-il de Vhistoire f Cofùmeni^ujn)»
secours de la Bible, eût-elle pu découvnrlj
vérité dans les brillantes fictions de laiST*
thologie, et à travers les profondes téoèhrd
qui enveloppent les temps fabuleux.
S'agit-il de \a jurisorudence et de râmilià-
ration des mœurs? Que Ton |iarGoare (oa>
les traités publiés |)ar les écrivains aociefli
et modernes sur ces sujets si importants et
si intimement liés au bonheur stilipros-
nérité des peuples; et au*oa nous èsest
l'on pourrait trouver ailleurs ouedans l*£-
vau^ile les meilleurs |>rincipes de Iteistet'iMi,
la plus forte sanction des lois et les subli-
mes préceptes d'une morale toujours xm^
priée à la nature et à la destination de 1 hOB-
me? c Choje admirable I s'écrie à cette occa>
sion Montesquieu , la religion chrétienne,
3 ni ne semhlb avoir d'objet que la félidi^
e l'autre vie , fait encore nrUre l)on\tt&*
dans celle-ci... £t nous lui devons dac» l^
gouvernement Uci certain droit politique^ c
dans la guerre un certain droit de^ |9»
que la nature humaine ne saurait assez ?t-
connaître. »
S agit-il enGn de la xivilUaiitm sans la-
quelle il n'y a point de sciences? Rappelua^
nous ce qu étaient, sou< le paganisme, y
habitants des Gaules etdes Iles'Briianniûn
Voyez nos ancêtres immolant de mauirv
reux captifs sur les autels des faux dicLi.
et se faisant remarquer par leur paresse n
leur inaptitude aux arts de la Tîe driie.
tellement (ju*au rapport de Tacite» Vintrt^
Gallorum était passée en proverbe. Yo/r.
aussi ces Bretons^ dont Cicéroa» dans •
lettres à Atticus, disait qu'on ne devait |u
s*attendre à trouver [larmi eux des esclf«e»
bien propres au servire, parce qu^î la éia«i-
un peuple grossier et sans aucane ccp6j
de culture; au point que, quand A^^nm
les eut subjugués , ses soldats dareni ^
montrer à se construire des maisons t^^
temples : « hortari privaHm^ me^uvan ^
bticOf ut templa^ fora^ domus e.x4ru0^i
laudando promptos et cmstiganSo Msfm »
Après avoir contemplé cetfauoiiiîani cableM.
voyez à cette heure les desceodnnfs de ^^
mêmes peuples, vous les trouvez iiartcat*
à un tel degré d'activité^ d'iostrudion, •r
goût et d'industrie qu auçone oaUon na ^
sur|)asse : voilà les fruits de ce chrâslian '
me qui a porté coustammeot irec loi^ fi*'
f2S5
sa
DICTIONNAlKC APOLOGKTIQUE.
SCI
199$
tout où il a pénétré, les arts» les sciences et
les mœurs.
Qu on ne croie pas, du reste, que ce aue
l'Evangile a fait pour retirer TEurope de ri-
.-norance et de la barlKirie, il y a nr^s de
piînze siècles, il ne puisse plus le faire au-
;ôurd*bui, comme le j)ré(enJent ces hardis
faiseurs de systèmes, (]ui vont en tout lieu
répétant : cque le christianisme a fait son
• temps et rempli sa mission, qn*il est tom*
« hé pour ne plus renaître, parce qu'on ne
« ressQScite point le passé. » Pendant que
fi^norance et Timpiété formulent leurs blas-
\)>^ièmes impuissants, le christianisme pour-
suit glorieusement sa carrière, et n*en con-
tinue pas moins son œuvre régénératrice
chez vingt peuples divers; ainsi, que les
rents orageux soufflent avec furie, que les
(empètes se déchaînent, il n'y a rien à crain-
Jre pour lui, et Ton doit compter pour rien
t-, projets , les menaces, les conjectures de
«»>$ ennemis : depnis dix-huit siècles ils ont
-té confondus : on peut assurer qu'ils le se-
ont enc/>re, parce qu'on peut croire à la
>arole de celui qui a dit : Enseignez toutes
es nations, et voici aue je suis avec vous,
ous les jours, jusqu'à la fin des âges (1315).
Il me reste à prouver que les sciences
•rnJent hommage à la religion en retour des
^ rvices qu'elles en reçoivent. Si je parviens
démontrer, par des faits incontestables,
; j'à cet égard encore on voit régner entre
a religion et les sciences la plus parfaite
'i^rmonie, ne sera-ce pas, pour la révéla-
ion divine, un nouveau titre pour com-
i;au'ler le respect et mériter la confiance de
•105 les esprits?
En entrant dans le développement de cette
^eronde idée , je ne dois pas dissimuler une
•■ jection qu'on ne manquera pas de me faire,
est qu'on a vu des hommes distingués par
"ur sa voi r se constituer les ennemis déclarés
ii" la religion, et n'employer leur talent qu'à
j décrier et à la combattre. Je conviendrai
ans difficnhé de ce fait, quelque affligeant
u*il puisse être, comme je conviens que
iielques personnes , aussi pieuses que peu
ilairées, regardent mal à propos les sciences
'un œil déliant ou plein de mépris. Uais
un de r«s exemples pronre-t-il donc plus
ue l'autre? Qui ne comprend que plusieurs
Auses peuvent concourir k faire d'un savant
n incrédule? Tantôt ce sont des passions
u cœur qui aveuglent l'esprit ou lui sug-
èreot la manie des systèmes et la folle pré*
rkmption de vouloir tout expliçiuer; tantôt
e&t uue excessive préoccupation, une at-
'Qtîon trop exclusivement portée sur un
irui objet , qui inspire , pour tous les autres
bjets dont on ne s*est point occupé, de
<:5I5) Haitk. ixvin,iO.
(1316) Benjamin Coosiani. qvi, comme il nous
apprend lai-méme dans la lellre à M. H« cbel ( Vey.
ntTEACMiAiiD, Elmdêê historii§ues^ préf., p. 155;,
^e vît forcé de reculer dans m idées re i^its«s,
a ;>|»pro(ondissan; les faits, en en recueillaoi de
fute^ parts, et en se beunant contre les diflieuliés
<^> moaibre qu*ik opposent k rincréJulllé, t Ben-
*'^^ Constant n*a pas ctaînt Jedire : i Pour 8*é*
l'indifférence et du dédain; d autres foisc*esl
rimpossibilité où est Tliommc d'approfondir
en mémo tr^mps toutes les sciences, de sorte
que, tout en méritant le titre de tatant à
certains égards, il n*en mérite pas moins,
sous d'autres rapports , le reproche d^ij^o-
rancCf et même de ^^mÀ*///, quand il entre-
prend de juger ce qu'il ne connaît i^as.
Qu'il tue serait aisé d'appliquer ces sim-
ples remarques à plusieurs des corypbéus
de la philosophie moqueuse et anti-reli-
fpeuse du dernier siècle I On les regarda
on^temps comme les suprêmes arbitres du
savoir et du goût, et leurs noms seuls fai-
saient autorité, au lieu que, dans notre siècle,
beaucoup plus positif, on apprécie leur mé^-
rite réel à sa juste valeur en matière de re-
cherches consciencieuses et de solide érudi-
tion. Ah I si, à la place de Vignorance rela-
tive et de la frivolui i\\ï\ les caractérisèrent
trop souvent, au jugement même de ceux
qui furent longtemps leurs plus zélés admi-
rateurs (1316) , ils avaient eu un savoir vé-
ritable avec de la circons[»ection et de Tim-
partiaiité ; si surtout ils eussent été attentifs
a ne rien admettre que sur des preuves cer-
taines, et à ne pas rejeter une vérité de fait
par cela seul qu'ils la trouvaient inexpli-
cable, eux aussi, n'en doutons pas, auraient
confirmé, |)ar leur exemnle, cette assertion
d'un grand liooiuie qui, fe premier, ramena
les sciences à Texpérieuce et k Tobservatioii,
c'est que, « si un peu de philosophie con-
duit à Tincrédulité, beaucoup de philoso-
pliie ramène à la relij^ion (1317). »
En effet» que fait l astronome^ quand, à
l'aide de ses instruments perfectionnés et
de ses laborieux calculs, il perce, pour ainsi
dire , la profondeur des cieux; quand il dé-
couvre dans l'univers une grandeur dont
l'imagination est écrasée; quand il recon-
naît, avec une sorte d'épouvante, que cet
univers lui-même n'est qu'un des univers
sans nombre semés dans l'esnace à d'ef-
froyables ilistances? Ufournità la religion la
iilus magnifique idée de la puissance et de
la majesté du Créateur.
Que fait VanatomitUt quand il expose
Tordre si régulier qui règne dans tous nos
organes , les rapports délicats qui les lient ,
les soins si ingénieux qui en éloignent la
destruction? Il nous peint arec une force
irrésistible la prévoyance et la suprême sa-
gesse de celui à qui nous devons tout ce
que nous sommes.
Que fait le naturaliêtt^ quand il enregistre
cette multitude d'êtres organisés dont la
terre est peuplée partouts quand il nous
montre le plus petit espace occupé par la vie«
sous mille formes diverses, et, a chacune
njer avec Voluiie anx dépens d*Eiécbîet et d * la
Genèse, il faut réunir deni cboaes qni rendent œife
gaiié assez triste, la plus prafoMir iftiorama et la
fmoliié la plus déplorable. •
(1317^ c Levés giisins in pbilosophia movare for«
tasse ail atlieismom, sed ptenioies navitns ad reU-
giiiiiem.'redttcere. t (Bago!i, De augm^mt, «cMltnr.,
iib. I, n«5,édli.deM. Bonillet; Pariai, 4855, toniel,
p. 43.)
\W
SCI
DICTIOXNÀIKE APOLOGETIQUE,
SCI
ILhl
fiA ces iorines, répomlant des moyens de
conservation et de plaisir? Il étale à nos
yeux» av«cun diarioe inexprimable, tous les
trésors de la bonté divine envers l*boiQme.
Maintenant donc, si, parmi ces hommes
appelés \^ar état ou (yar goût à étudier et à
décrire les merveilles de la création , il s*en
trouvait qui fussent matérialistes ou athées,
aurait-on droit d'en conclure que les deux
et la terre n*ont plus de langage ^ et ne ra-
content plus la gloire de leur Créât eur[i3i8)7
Cela prouverait tout au plus qu'il est des
sourds qui ne veulent pas entendre, et des
aveugles volontaires qui ne veulent pas voir.
Nous pourrions en citer plus d'un exemple,
et prouver jusqu'à Tévidence que le chris-
tianisme ne craint ni les lumières ni les
découvertes njodernes.
On sait que le docte fiailly (1319) s*élait
donné beaucoup de peine pour justiûer la
chronologie reculée des Indi^^ns, en soute-
nant l'exactitude et raulhenticité de leurs
tables astronomiques. Ce système acquit en
France et dans toute l'Europe une grande
célébrité. Il y a quarante ans, le savant pro-
fesseur Playfair, l'enseignait publiquement
devant la société royale d'Edimbourg, et la
Revue de cette ville lui prêtait activement
Tappui de toute son influence. Déjà Pinrré-
dulité triomphait, et il semblait que la chro-
nologie mosaïque ne se relèverait plus du
discrédit où elle était tombée. Frivole et
passager triomphe I Bientôt les Bentley, les
Laplacc, les Delambre, refirent les calculs
délia lly, et prouvèrent qu'il s'était trompé,
en sorte qu'il fut reconnu que*ces ntèmes
tables inuiennes, que les bralunines vou-
laient faire remonter à vingt millions cfaH-
n/e«, avaient été fabriquées après coup, il
y avait à peine huit siècles.
Malgré cette défaite , on revint bienlôt à
la charge, et ce fut principalement à Tocca-
sion du fameux zodiaque de Denderah[iS3!0).
On se rappelle tout le parti gue Dupuis et
ses disciples espéraient en tirer pour ap-
puyer leurs rêveries sur l'origine des cultes
et siir une prétendue civilisation égyptienne
bien antérieure à Moïse, et même au dé-
luge. Leur hypothèse occupa vivement un
Srand nombre d'esprits. « Dans les journaux,
ans les salons, il n'était bruit que du zo-
diaque : avez-vous vu le zodiaque? que
pensez-vous du zodiaque? étaient des ques-
tions auxquelles on ne pouvait hésiter de
répondre, sous peine de déchoir du rang
iThommë ou de fenime du bon ton , puisque
la mode, cette souveraine capricieuse , si
puissante surtout en France, daignait faire à
ùj monumeât de cette antiquité Phonncur
(1518) Ps. xn, 1.
n3f0) L'un 4tt 8iv«fit« friiiçAts vfciiaM dt la
f erreur, m I7»5.
(100) ¥ay. fiavmBNs.
(I3il) Al. Tabbé Gabpto, E$$ûi wr le 9^Uè»Hê mi-
'ràytgpMqne de V. Cèant^lthn.
{ï&iAf »rt>r, Vii€o.vti, l*iiblié Testa, de P*D*vEf ,
•de. Journai éei impunis, 18)3 et IMt.
• ffWJ) MM» ItovoT «i Gau, LETK0N2VR, Bec/èercliis
pùur senir à ^histoire, eic.
de Fadmettre un instant dans son variable
empire (I3âl). n Dans le monde savant ^
trouvèrent des iiommes supértéors qui re>
Grent aussi les calculs de Dupuis et dn Sis
partisans, et en (irouvèrent fînexactilude
(1322). Des archéologues et des artistes pnv
fondement versés dans Tétude comparatire
des monuments anciens, s'accordèrent ^né-
ralement à donner pour Age au zodiajae
réfKXiuede la domination romaine en Eg>|){e
(1323). Mais, quoique ]%ypolfaè$e oui lui
attribuait une antiquité de plus de sdiianie
siècles menaçait ruine, on osait encoivli
soutenir, parfois même avec quelque ano-
ta^.;e. Tout à coup elle s'est épanouie couiu
un songe trompeur! Sur le front des temples
ruinés, de lun desquels le zodiaque oLjfi
de tant de discussions avait été extrait, ei
au milieu des peintures ni jstérieuses liod
ces temples étaient ornés, lesquels devaiai
disait-on , renfermer les premières confiais*
sauces du monde encore enfant , W. le-
tronne et Champollion ont lu, Tun eofm,
Tautre en hiéroilyphes , qu'il a entla readus
intelligibles (iSài), les titres et \e$90ûtsde
Ptolémée, de Gléopâtre, et desepperrm
romains qui les avaient fait consirâiR vers
le commencement de l'ère chréûeime.U*
mais démonstration de )a vérité de la liUf
et de I inutilité des etforts de ceux quiTit-
taque fut-elle plus piquante et plus compte
à la fois (1-225)?
Et que n'j aurait-il pas encore à dire (Je
tant d'autres précieux enseignements nu
mêuie genre qu oui recueillis les deux fiènr
les papyrus de TE^pte n'ont pi us de sccr 'i^'
On ne dira plus des Pyramides :
V;ngt sîècleB dc6i<Aid«8 dans réksnwUe avii,
Y 6<»ut sa«« «louvemciit, saaaiuioièfvet tans bt±
« Les muets séculaires viennent de r.
prendre la parole dans leur d^ert , » a diu
a ce sujet* M. de Chateauiiriand (idâfi). b
quoi de plus providentiel que ces vi;ii ic.**
jiosantes qui, après un silence de trois aàk
sixcentsaus, semblent sortir des vastes ioao-
beaux des Pharaons et du mUiea Ues mvi-
loppes des momies» tout exprès pour r€fi^
hommage à la religion, en confiromiki
récits de la Gefièse etde rlExadelUM. Cha»
pollion le jeune et tenorinand om tiar^Mvs
lEgyptedu nord an midi, ei leurs infatigai^
explorations ne leur ont rien Lait déttwi*
qui remontât au delà de ré^toquitd^VlKaUi
Four les temps antérieurs, ils n ont trou»
dans Jes monumeuts, cemmo dahs.Jdaj)Àb&
(i5â4) Précis du siftlème kiêrogijfpki^me éa m-
ciens Egyptiens.
(13§I5) CeLUKfta fils, Vtighu mrhemti^ ^
•P Ancien Testameftt, — Toir U s oa«ibr«av atifea»
consacrés & telle question diii» les Anuto, fl fi
particiirier U n*' 57, tome TU, p. SO, ^ tf arv^r
la ligure dé œ xodinqme et des liiéniffffîbcs f«e f ai
y t hts.
(!5iH) Etudes !tistoriqu€S, Pr^f.
I
»9
SCI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SCI
I39(|
9edes(irtl)ri$et(lesfabies.AiiconlrairR, tous
5 do( nments qu'ils onl rapportés, ou qu'ils
.lient d(*jà explorés en Europe avant leur
paft, ont démontré les récits de Moïse,
i éciairci des passades regardés jusqu'ici
mroe obscurs, ou sujets h contestation. Cola
sn(, Voltaire ne demanderait plus aujour-
mi cninraent et sur quoi le législateur des
Hireiix a pu écrire le Pen (ateuque, puis({u'on
la preuve que de son temps on écrivait sur
papyrus. 11 ne demanderait plus comment
sacrificateur Hilkila (Helcias) put retrou-
r, dans le temple de Jérusalem , après un
ier?alle d'environ mille ans, l'autographe
h loi divine, parce que des papjrus et
s rentrais de l'époque des Pharaons sulî-
tei)(, et sont lisil>les encore. Il ne deman-
rait plus comment Moïse a pu faire exécu-
Ninnsledésert tant d'objets d arts pour|le ta-
rnflWe.pour les vases et pour les vêtements
ri^s puisqu'alors tous les arts florissaient
Ëi;vp(e, où Moïse en avait pris connais-
9ce(132':Q. Il ne demanderaitplussi Esdras
t pas forgé les livres saints dont il forma
recueil; car, si ces livres étaient l'ouvrage
rimposture* comment aurait-on pu falsi-
r l'histoire écrite et monumentale d'Egypte
iir la fiiire coïncider avec eux dans une
lie de circonstances et de dates essea-
lles?
)o a vu au m ot Gr&atio?! ({ Y) , comment
Ciéologief après avoir fait beaucoup de
ni dans les fausses routes où elle s était
^rée, a fini pa r se concilier naturellement,
t5 efforts, sans systèmes, avec le récit de
m,
^a travers dé toutes les altérations et de
ifes les métamorphoses qu'a subies la
rilé historique des temps primitifs , où se
nve caché le secret de nos destinées , qui
^frouve une satisfaction profonde à re-
uiaitreque l'historien qui seul nous est
ieuseinent proposé comme contenant cette
ité se trouve ainsi d'une véracité à toute
euve, et oui 'Se confond dans son inallé*
le prolbnueur avec la parole de Dieu ,
le même parole qui, après avoir créé le
o<Je, le raconta au premier homme, son
uier et plus bel ouvrage, et lui révéla la
naissance de ses devoirs et de ses destt-
sî
!<i.e Q)anque*t-il à Moïse , organe de cette
^le, pour obtenir de la raison la plus
^ uue foi complète?
'Sonanliquité 1 11 touche aux événements
il décrit. Le déluge était encore de son
ps un événement en quelque sorte domes-
ledaus la famille d'Abraham et de Noé,
était elle-même la souche de la famille du
re humain. Les temi)S antérieurs et la
ilinu se racontaient eux-mêmes par les
luuients d'une tradition d'autant plus
* que la longévité des hommes permet-
Aux enfants de vivre longtemps avec
^7; II. Eo^èba Salverie, fans trop ii*iiiqttiéier
OMrediMÎt Voltaire, qui conteste a Uoîse jui-
I^art d'écrire, représente le fili adoplif de ta
k Fbaraon, dans an ouvrage récent, comme un
DlCTtOM!<AlRB APOLOGÉTIQUES IL
leurs pères, de s'identifier avec eux, et do
nft faire tous ensemble, pour ainsi dire,
qu'un seul homme à qui le Créateur avait
parlé. —.2* Son caractère et celui de ses
écrits 1 II est le pontife de la loi naturelle^
et le seul dépositaire de la vérité morale dans
les temps anciens. Aucune des passions bu*»
maines, qui sont le ressort des grandçsfor-
tunes, ne se laisse voir en lui ; et ce n'est
que par des sacrifices et un désintéressement
sans liornesqu'il se consacrée la sainte mis-
sion de consolider le culte du vrai Dieu, et
de perpétuer les espérances du eenre hu-
main.. On remarque dans ses écrits une
simplicité, une sobriété, et une noble as«
surance, qui, comparées surtout à la gran-
deur et à la difliculté du sujet, ne sont pas ^
de l'homme, et respirent je ne sais quelle
majesté calme et divine qui émeut les plus
incrédules et déconcerte les profanateurs.
-^ 3* Les fruits qu'il a produits! Par lui a été
enfanté le plus grand de tous les prodiges,
celui do touto une nation résistant seule,
durant tout le cours de Tantiquité, è Ja
déviation de tout le genre humain vers l'i-
dolâtrie, et qui, après avoir atteint sa pre-
mière destination en donnant au monde la
grande lumière de l'Evangile, survit à tous
les peuples anciens et parcourt tous les
Peuples modernes, pour expier le crime de
avoir méconnue elle-même et en faire
ressortir partout la divinité. — k* Kntîn,
l'épreuve qu'il a subie et la discussion dont
il a été Tobjet ! Rien ne lui a manqué pour
le confondre, s'il n eût été un homme au-
dessus des hommes. Nous sommes les té-
moins inattentîfs du spectacle le plus ex*
traordinaire qui se soit jamais vu. Les
prodiges de fe^prit humain, le développe-
ment rapide de toutes les connaissances
exactes, ont fait de notre siècle un siècle
géant par la science, qui saisit toutes les
vérités physiques, embrasse tout, pénètre
tout, se fait rendre compte de tout dans ia
nature, en déchire tous les voiles et on
surprend tous les secrets. Un vaste abtme
d'erreur etd*ignorance a été franchi par lui,
qui le sépare de tout ce qui l'avait précédé:
eh! bien, il est une seule chose uu'il ne
peut dépasser, et cette chose est la plus
ancienne, c est le récit de Moïse. Non-seu-
lement toutes les critiques réunies de l'es-
prit humain ne peuvent trouver ce récit en
défaut, mais on n'a pas assez de forces, ce
semble, pour en saisir l'immense vérité.
Comme un monument gigantesque qui se
trouverait au centre d'une vaste forêt, et
qui se présenterait toujours, au bout de
toutes les avenues, la parole de Moïse se
trouve être le terme et le dernier mot de
toutes les branches do la science moderne,
à son plus haut point de développement.
Chaque abatis qui est fait dans cette forêt
d'ignorance et d'erreur ne fait que le dé-
géule supérieur qui connaissait Yuiagf de la p&uitrê
à rajion/eic. Quo de eouiradîcitoiis dam les écrits
dea adversaires du clirlttiaDisne !
Il
m\
SCI
DICTIONNAIRC APOLOGETIQUE.
SCI
li»
couvrir davantage. De quelque c6té que
partent les apôtres de la science, physiciens,
rbimiskes, astronomes* naturalistes, géolo-
gues, etimographes, géographes, archéolo-
gues, historiens, voyageurs , après avoir
iiarcouru chacun leur voie indépendamment
les uns des autres, et s*ètre itartagé Tuni*
vers dans leurs explorations, c'est en face
de la Genèse qu'ils se rencontrent tous ; c'est
h un mot écrit depuis plus de trois mille
ans dans ce livr& mystérieux que cliacun
d'eux vient alioutir, devenant ainsi, h leur
ÎHsu, d'apdtres de la science apôtres de ta
IVeli^ion, dont ils proclament la divinité en
confessant l'inspiration de son premier his-
torien. C'est aux mains de ces nouveaux
^ imvriêrs qu'est confiée la reconstruction de
cet édifice qui se prépare, de l'édifice de la
foi. Chacun taille sa pierre selon une forme
€t un dessin particulier, sans connaître sa
destination ultérieure; mais le grand Ar-
4;hitectequi a conçu le plan général fait
(pi'elles s'ajustent toutes à la base première
et immuable que lui-même a posée de sa
propre main, cl qui régit (ont l'ensemble de
r-édifioe.
Et voyez la marche visible de ce oessein
|)rovidentiel 1 Naguère Moïse était réputé
un imposteur., et la Genèse un conte fait pour
Atiiuser lenfance du monde : bientôt on dé-
couvrit peu k peu, et on osa établir que son
récit n'était contredit par aucun fait rigou-
reusement démontré de l'histoire naturelle;
puis on se convainquit de plus en plus que
non -seulement les sciences no le contre-
disaient pas, mais qu'elles le justifiaient
•ùd point en point ; enfin, le prodige de
<^t accord «est devenu si frappant, qu'on
n'a pu l'expliquer que par l'inspiration de
Moïse, et que c'est lui à son tour qui est de-
venu le régulateur et comme le patriarche
des sciences.
C'est à cette grande vérité que les sciences
Tendent de plus en plus hommage.
« Aucun monument, soit historique, soit
astronomique, n'a pu prouver que les li-
vres de Moïse fussent faux; mais au con-
traire, ils sont d'accord de la manière la
plus remarquable avec les résultats obtenus
par les plus savants philologues et les plus
profonds géomètres (l328j.
« S'il est aujourd'hui une vérité généra-
lement sentie, c'est que le progrès des con-
uaissances positives a tout h fait éloigné de
nous -cet esprit prétendu philosophique
dont on foit encore, en certains iieux^ tant
d'état. Quel est mait\''«nAiit le géologue qui
ne sourirait de pitié aux argumentations de
(1^28) Balbi, Àttai etimographique du globe, l'«
i.appem.
(1529) FcHussAC, Bullelin universel des seieuces,
I. X, II" J57.
(1350) M. Cavcht, Quelques mots adressés aux
fiê.umes de bon sens; 1853.
(1331) Je ne pense pas que ce soil Calilina ou
Spariaciis, ni même les meurtriers de César, p»s
plus que les partisans de Marius et de Sytla ou
d s iritiinvirs, qui aie <t éië des mystiques.
(f 33^) Je ne partage point la prisée de ceux qui
Voltaire contre la Genèse? Voit-oa de nm
jours paraître une seule dissertation cnns-
posée dans cet esprit fmr un écrivain jouis-
sant du moindre crédit parmi les sa*
vants (1329). ^
« Cultivez avec ardeur les scienees ^
traites et les sciences |natureUes, » disait un
des plus habiles interprètes de ceHes-ci eo
s'adressant à ses collègues, « décomposez
la matière, dévoilez à nos regards surpris
les merveilles de la nature, explorez, s*ilfe
{leut, toutes les parties de cet noivers;
oui liez ensuite les annales des nations, 1»
histoires des anciens peuples ; consaltez, su
toute la surface du globe» les vieux monu-
ments des siècles passés : loin d'être alannt
de ces recherches, je les encouragerai de me»
efforts et de mes vœux. Je ne craindrai \i^
que la vérité se trotive en contradiction âf^
elle-même, ni que les faits, les dociiroefii5
par. vous recueillis, puissent jamais n^èlre
pas d'accord avec nos livres sacrés (13dOj. s
in-
Le christianisme a-t-il nui au di';ve]oppemefiC âesemiàh
sances humaines?» BéAitalion des crrevndêÊL LÈn,
■*- Eitrails de son Histoire des sâenm «tflàMib-
QueSf etc. — l^assages sur le moyen i|^t«fMMtfr
Morceaux qui semblaient promettre une if9rtcbl»tt
plus juste et plus généreuse. — l>n mot sarles\Aic^
tèques ccciûsiàsliques des premiers siècles.
M. LioRi : c II ne faut pas Toir dans le
christianisme un fait isolé « ni la puissance
d*un seul honinie. Ce fut peut-ôtre une
grande nécessité; déjà du temps de sa rè*
publi(|ue. Home avait été éliranlée pari»
associations religieuses (1331). Pins Ui^i,
lorsque des monstres couronnés eurent ré-
panclu la désolation et Teffroî du Tage à
l'Euphrnte, on embrassa avidement une re-
ligion d*égalité qui promettait le paradis sut
malheureux et menaçait les césnrs. D*auiîe^
sectes tentèrent en vain de lutter contre '^
christianisme ; ce n'était ni la subtihlè
grecque, ni les tours d'Apollonius de T^aoîs
qui devaient accomplir la grande révofuttos.
Il n*é(ait donné qu*à des hommes non rof-
rompus, accoutumés par tradition au rasr*
tyre, doués d'une immense énergie etdon^
imagination puissante, de pouvoir sortir
d'une écurie de Nazareth (1332), pour alUr
. s'asseoir sur le trône impérial. Cette reK
gion, qui devait remuer si fortement M
monde , fut, dès l'origine» ennemie de b
science... La lecture même des anciens al^
leurs fut défendue aux chrétiens : elle»'
fut j)eruiise qu*à ceux qui voulaient ren-
baltre le paganisme, et à ceux qui cfctf
chaient (chose inconcevable), dans les écfv
Terraient ici un reionr au style T0ÎUîrî«i po^f^
coï.ser le berceau du cbrlstianisMie. M. Lit<na^
parait h'Op grave pour a\oir S'uifé à s^aroirr é'sm^
pauvres moyens : a»«is il est lialirn. et dan» saka^
gue inaternêlie le mot staiia signifie égaleflw*»C ^n^r
el écurie. Quant à ^azare^k, cV*l iUikIéim <»'i»
fallait dire : nouvelle preuve < ntre mille que ^
iionimes les plus instruits se donneul la libetif 4*
iraitrT de la religion sans avoir pris •» peine 4e«
cuntialire les cnseignemenis ks \A\\s coiMoiitH^
1293
SCI
MCTiONN.\ni£ APOLOGETIQUE.
SCI
1294
rains grecs et romains^ des prédictions de
l'arrîTée du Messie. Aussi, dans les premiers
Môf les de relise, on ne rencontre pas un
(eu! chrétien qui ail laissé un nom dans les
iciences (1333^. *
Ici rient une citation de M. Letronne, que
ions avons examinée, Voj^, CosMOCRAraiE.
tf. Lihri continue :
« Sans rarrivée des barbares, on ne sau-
ait conccTOir comment TEurope serait sor»
iede letat d'abrutissement où Tavait pion-
;ée là corruption des mœurs, une ignoble
}ranoie» et l'action d'une religion qui ab-
nrlwiit toutes les forces sociales. La nullité
4?s B^'santins(133&) oui, sans aroir subi au-
une invasion, et malgré les trésors littéral-
es hérités de leursfpères, dégénérèrent sans
esse sous l'influence du cliristianîsme, nous
lit prévoir quel aurait été le sort de 1 occi-
eal si la sauvage énergie de ses nouveaux
ooqaérants n'y eût pas retrempé le sang
urrompu des Romains... Rome n'attira plus
ambition^ des savants, et, livrée k la toule-
uissanee ecclésiastique, elle yit disparaître
eu à peu ce au'on appelait les lettres pro-
ma. Une religion qui, étant encore au
erceao, avait autorisé un auto-da-fé litté-
life fi 335), et qui admettait le dogme de la
f^ériération morale de l'homme, ne devait
1 croire aux progrès de Tcsprit humain,
i les encourager; elle devait, au' contraire,
raiodre les idées nouvelles. D'ailleurs, les
ersécutions dont les chrétiens avaient été
loogtemps l'objet, l'intolérance même de
ilien, qui leur défendit Tétude des lettres,
sTiit les porter k hair éi^lement les païens
t leurs écrits. Les successeurs du grand
loslat se cbai^èreut d'assouvir cette bai-
e... (1336J. •
«En occident, les guerres civiles EnGn
s canons de l'Eglise qui défendaient la
ctare des livres païens; toutes ces causes
nuies pré|»arèrcnl les ténèbres dans les-
ledes se trouvait plongée l'Italie lorsque
rirèrent les Gotbs, oui, selon l'expression
an illustre historien (Gibbon), furent moins
lisibles aux lettres que ne le fut l'établis-
!lo35i Higi, des seiences imuA., p. 65-67.
(1054) M. LîbrI ignore poutélre qoe Jésus-Cbritt
lit : Qui non est meeum contra me est ; et c»mnie
* B%zantias furent le pins souveol séparés de VEr
se de Jésus-Ctiri»t, Il n> avait point lieu k les ci-
' pour oMMléles de riiifluenoe du cliristianisme.
i^ iomme Teotendait saint Jérôme écrivant au
^ saiul Damase : c Q aicumque tecom non colli*
. spargil : hoc est ^i Chrigti non est, antichristi
;lô3S) On cite Ici le fait rapporté dans les Actes
( apàtres^ xix, \9. o6. du reste, il n*est point dit
looi que saint Paul sit conseillé l'au-to-dafé en
^tion, mais où la conduite de ceux qui vinrent
lir publiquenienl leurs livres est rapporté.:
■ime leiTt spanUné d'une ferveur soudaine.
HiUfz que, selon des auteurs trés-zraves, indiqués
r M. Libri lui-même, le teite paiie de livres sur
magie , et que notre auteur, qui s*oppose ici
369) à ce qu'on les brûle, ava t indiqué plus
n ip. 65) rétode de la magie comme funeste aux
hercbes scientifiques dont il fait Thistoire. En
le que Vauto-da-fé littéraire d'Eplièse eûtclépré-
sement du christianisme (1^7), b etc., etc.
« Après la mort de Charlemagne... , les
écoles furent fermées ou négligées; on ou-
blia les sciences et la philosophie des an-
ciens sans y rien substituer. L'ignorance
dans les arts fut extrême; les livres devin-
rent de plus en plus rares; on laissa périr
les plus importants sans les copier, et on
ne s'attacha qu'à la conservation des ou-
vragesascétiques, comme le prouvent (1338)
les manuscrits de cette époqne qui nous
sont restés. Un problème remarquable, et
qui mériterai! toute l'attention dies histo-
riens, c'est celui de rechercher pourquoi
les plus épaiâi^es ténèbres n'arrivèrent pas
en Europe avec la grande invasion des bar-
bares, et pourquoi elles n*en furent pas la
suite immédiate. Ce fut seulement après que
Charlemagne eut dompté les Saxons, re-
{moussé les Mores d'&spagae, rendu l'éclat à
'Eglise et réubli l'empire d'occident, que
l'Eurofie tomba dans le dernier de^ré de
l'abrutissement (1339). Cette question est
trop vaste pour que nous puissions la traiter
ici ; mais on doit jremarquer qu'après Char-
lemagne, l'ignorance augmenta avec l'agran-
dissement de la féodalité et du [louvoir des
pontifes... (1340). »
« ... Les successeurs de Charlemagne es-
sayèrent de relever le royaume d Italie;
mais comment rendre l'unité k cette aggio»
méralion de Franks, d'Allemands, de Gotbs,
de Lombards, de Grecs et de Sarrasins, agi-
tés à la fois par les discordes civiles et par
Tambicion papale? Pendant qoe les débris de
tous ces peuples se déchiraient entre eux,
les prêtres, voulant que toutes les fiicultés
de l'homme fussent exclusivement appli-
quées au triomphe de l'Eglise, s'opposaient
au libre développement de rintelligence.
On sait que Gui d'Arrezzo fut récompensé
Br une persécution de la découverte qui
it la base de la musique moderne (I3il).
En ouvrant les Annales ecclésiastiques, on
y voit les maux qu'eurent à souffrir lesvir
gilistes (13ikâ), accusés surtout d'être trop
enthousiastes du grand poète, qui plusd une
cisément un avantage pour les scfcnces physi-
ques.
(1336) P. 6709.
(1337) P. 71-73. Toyez encore, par ci., p. IM,
187.
(1338) i*espère montrer qu'ils prentent tout le
contraire.
(t339) Ici ranleur met une note qui semble prou
ver que rabrutissemenl ne fol poiiit cmaplrt du
tout. Je le recoimais là scutenieut; il éiuit liaineux
dans le texte, tuais le savant se fait jour dans la
Dole il travers ses propres prrjng'is. |
(I3i0) P. 90 91. r
(1311) Ceux qui savent cela ne seront pas »ans
doute leslés en chemin, cl, passant oatre, ils n'au-
ront pas manqué cTapprendre aiis>i que, p lur quel-
ques querelles de e.>uveut, où il se po irralt bien que
sa sagacité musicale ne V* ût pas dispensé de cer-
tains travers de ciractére, (lui reçut en dédomma«
gement les bonnes gricrs ilu Pap', ï Taîde de qwri
il rentra en bonne intelligence avec sa commn*
nauté.
(I5li) Si TOUS ouvrez les Annates ecctétiastiqnes
IMS
SCI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SCI
1^
fois porta malhenr à ses admirateurs. Il j
avait sans doute au fond du cloître des moi-
nes qui se vouaient à l'étude; mais leur
talent» consacré à des controverses religieu-
ses et à la lecture des Pères de TEglise, était
perdu pour les sciences. On formait des
Libliotliëques , il est vrai, mais elles se
composaient presque uniquement (1343) de
livres ascétiques (13U), » etc., etc
Vous croiriez parfois, en lisant ces tira-
des, avoir rencontré une de ces plumes
subjuguées par des opinions d*école qu'on
adopte toutes faites, pour ne se obarçer que
iVy mettre la forme. Que vous dirai-je? j'ai
lu Touvrage do M. Libri, et j'admire corn-
iiient il a pu se faire qu'un homme vraiment
instruit, qu'un homme d'un caractère indé-
pendant, qu'un homme à pensées nobles,
ait été fasciné à ce point, et comme érudit,
-et comme penseur, et comme appréciateur
<ies grandes choses. Auriez*vous eu \a pen-
sée de.reconnaitrc, dans ces saillies d hu-
meur, l'âme qui a dicté le morceau suivant,
par exemple? « Si j*ai su rendre dans cet
ouvrage les impressions que j'ai éprouvées,
on sentira que rien n*est plus injuste que ce
mépris que l'on affecte pour la science im-
parfaite de nos aïeux. Sans leurs essais nous
serions encore dans l'ignorance; et peut être
<e savoir dont nous sommes si fiers, est-il
destiné à exciter bientôt un sourire de pitié
chez une postérité injuste à son tour. Ni les
hommes, ni les nations ne sauraient mé-
priser leur propre enfance, et il faut ique
les plus puissantes et les plus glorieuses
•n'oublient pas qu*elles auront aussi leur
vieillesse. Tous les siècles, comme tous les
peuples, contribuent aux destinées de Thu-
manité : il y en a eu de plus obscurs, de
plus malheureux, mais c'est un motif pour
à l^ndroit indigne (Baroiiius, éd. de Lucqties, tume
XVI, p. 400, au. mm. 1000), vous trouverez ceci
<exlr3ii lies ciironii|ues de Glaber) : f Quidam Vil-
liardus diaus, sludio ariis graiuiiaalic<e magis assi-
uuus quani frequens, siciit Ualis nios aemper fuit
i\Tieii oegligere esteras, illam Rectari ; is, quum ex
sc.ientia suac arOscœpisseï inflalus superbia sluUior
ap|*arere, quadain nocle assunipsere dxinoiics poe-
iHruin species, Yirgilii et Uoratii aique Juvcnalis :
;it»pareiit( sque illî, ra!lac< s reiuleruul grates quo-
main siioruin dicta ^oluininum cliarius amiilecteni
4 tercerei... promiseruDl ci insuper snae glori;^ po^i-
iiiuduiD fore parlicipem. Hisque dicmoiuim fallaciis
dcpravalus, cœpit multa turgide docere.fideî sacrœ
iont r aria ^ die laque poelarnm per omnia esse credenda
ajiserebaL Ad ulliinum vero Lacrtlicus e&i reperius,
atqiie a pontifier Ipslus urbîs (Ravciiiui}] Peli u daiu-
nains. > D*uù il coii8ie qu*un pauvre grautinairieii à
qui ropiniâirelé de i*étude avait brouillé U ceiv»^Ut%
se fil condamner pour avoir préu nJu trouver des
articles de fui dans le$ paroles de Virgile, d*iiurace
et d f Ju éiial. Y a-t il la rien de coucluaui sur les
rigtuMirs de TËglise contre les classiques ? Encore
ne dit-on pas s*il fut condainiié à autre ctiose qu'aux
Petl.cs-Muisoiis.
Il est vrai qu^on a condamné au moyen âge la
manie de ti«er la bonne a eature dans Virgile et
dans iloméie, coutume furt ancienne, du reste, e*
anléiienre au christianisme; mais on ne lit pas plu.
d*boiUienr à lu Bit'le, puisque les conciles réprouvè-
rent égalnuieiit la prali.|ue de chercli.r des pro-
ies plaindre ; et non pas ooor les mé-
priser.
« Et d'ailleurs, sommes-nous sûrs de va-
loir en tout mieux que nos anrêtres? on le
proclame sans cesse, mais moi je n'oserais
pas l'allirmer. Tout ce qui est nouveau n'est
jias un perfectionnement : sourent «!e n'est
qu'un retour vers les choses déjà onMiées;
et puis, à présent, nous changeons si viteea
tout, nous passons si brusquement d'usé
extrémité à l'autre, que, par cette contlnoeDe
mobilité, nous donnons un démenti conti»
nuel à nos prétentions. Que dirait-on si Toii
vojait les géomètres, les astronomes, diaih
ger sans cesse toutes leurs méthodes, tous
leurs systèmes, et parootirir rapidement îi
cercle des opinions les plus opposées? oi
dirait sans doute que les scieoees quib
cultivent sont dans Tenfance. Que faui-i.
donc penser de ces peuples qui se prt)el«-
ment maîtres en science sociale, et gui
changent à chaque instant de coustitotioa
et de tendance politique? on flatte les na-
tions et les siècles; mais malheoretiseoieAi
Thomme semble avoir toujours eu tes dé-
fauts inséparables d*une (grande et mih
énergie , ou les qualités qui accoiB(Ki^t
des mœurs plus douces, il est vni,mù&
plus molles.... D'ailleurs, dans desciroiib-
tances analogues, les mêmes causes produi-
sent encore les mêmes résultats. Nous avons
vu, dans le siècle des lumières^ au centre dei
villes les plus |K)licées, le i^uple se v\tt
(comme au moyen âge) sur les passants, et
les déchirer en lambeaux , leur attnliuatii
Tapparition d*une terrible épidémie... Dacs
uu autre continent, des nations qui pré-
tendent servir de modèle à la vieille Europe,
traitent leurs semblables comme des bes-
tiaux, et transforment en sysfème la des-
nostics dans TEcriture saiQl.\ {Conc, Agaf. An s»i.
can. 4^.)
(1543) A cet endroit une noie affirme que, m^
qu^'iques rares exceptions, les bibliottiéqiiés »-
nastiques du moyen &ge ne eonieuaient qae de oi-
vrages de dévotion. Je puis dire par autieipaiioa qti
mes recherches à ce sujet ne m*oiii pas oonduii t%i
mêmes résultais. I^es lecteurs en jugeroni qn»!
nous en srrons venus à cet endroit. CoatenlGnfiHMni
pour le niouienl dMndIquer ce an*en ont pau^é <ies
Ijouimes non suspects. LeibuUz écrit à Magl«aLecc!u
(I. V, ép. 14) sur le senlîment de Tabbé de fUsct.
qui prétendait interdire Tétudeaux moines : i Sio
invaluissel opinio nullani hodie emdiiîonem hab^
renius. Constat enim Ubroi et lilteras fÊêOHauinr
rum ope, fuisse cotiser vatas.., Corbeia ad Vtsar|is
nobis vicnia, monachis doctrina non iminu fi^
pietate prœstantibus fidei iiuneu per toinmcflO'
trioitcin sparsit. i Selon M. EHeodorf, sorte de o-
Iholiqueg prussien comme il y a des catholi^
irauçais {die KaroHnger und aie Biérarchk xlr
Zeit, 1. 1, c. 4.) i Sans le clergé, el ^pécsala«fl<
sans les moines, nous n^aurioos conservé m to
Pcres de rEglisi^, ni les classiques ; ils mU if*fftttAn
fuit de grandes choses pour les sdetse^s* a (f^**
liRTKR, Kirxldkhe Zusiande zu Patsi Inmocatié^
drillen Zeilen, L J, L xxi, c. 7, iMiitm. — HiMh
Hialory ofgrcat Britain (passim), écrivaMi que HbM
n'aurait pas dû faire oublier, dit lletreB.;
ioi\)V. ISU, iUU.
l»7
SCI
IHCnONNAmE APOIXX;£TIQUE.
SCI
f2»S
tnirtton graJueîle des Anciens maîtres du
'À)\. N*insi]ltoDS donc |uis à la mémoire de
itos aïeux 1 »
ff.... L'histoire dira un jonr qn'au foyer
le la civilisation, aux portes de nos capi-
ales, 00 nous enjoignait insolemment d*era-
loHer d'un cimetière les ossements de nos
tères pour abréger le cbeniin aux char-'
viles des ronliers. Elle dira aussi que dans
cite Italie qui se repose si volontiers sur
fanciens lauriers, et qu'on accuse d'être la
prre des morts, les hommes les plus illus-
rcs attendent encore une pierre tumulaire,
miïis qu'il y a des villes opulentes où les
)éJaiIlcs et les statues sont prodiguées aux
hantciirsetanx danseurs. Elle dira surtout
uaprès une lutte qui a soulevé tous les
eupifts de l'Europe, les champs où gisaient
os soldats furent livrés h des compagnies
oi transformèrent en entrais animal les
«les de ces vaillantes cohortes... Le cœur
ondit au souvenir de ces profanations I
oilà où nous mèno le principe exagéré
^ Tulilité. Quelques épis sacrilèges Tem-
[ïrlcnt sur le respect que l'on doit aux
^(jassés, et l'on compte pour rien l'exem-
tc et riutluence des honneurs rendus à la
émoire des grands citoyens. Je l'ai déjà
t.trop souvent rhomme n*est considéré
le comme un animal de*rapporL Ce prin-
]ie peut être favor^ible à ta production dans
s manufactures ; mais si on Tadopte, il ne
udra plus demander ni grandes pensées,
i grands sentinients, ni grandes actions à
!ui que Ton traite comme des -brutes, »
K etc. (13*5).
Mais je ne me suis point donné pour
die de faire l'éloge de M. Libri ; loin de
iCtsije fais la |)art de Téfoge, c'est pour
e point comprendre tout son ouvrage dans
unjôme blâme, ou plutôt, car je ne sais
»lnt flatter, pour prier qu'on m'explique
«nineat il peut arriver qu'à une allure si
inche en face des travers de notre époque,
associe une souplesse si docile aux pré-
'éé$ atnibilaires du siècle passé ; comment,
respectueux pour nos pères, il les re-
çusse cl les méconnaît dès q^u'il les trouve
sHpIes de Jrsus-Chrisl. Quoi qu'il en soll,
nons-en à l'appréciation des griefs qu'il
mlaine si aigrement, et pour ne point
rattre éviter les engagements sérieux ,
tnmcnçons par une des charges les plus
aleurousement articulées. Les autres trou-
ront leur place successivement, dût-il en
sutter une série d'articles.
|ISio) p. xji, xiij. Cfr p. 64, xvj, etc.
<34« P. «60, tUl.elc.
1547) Eusfen , Uiët. eccl, vu 20. — vni, 2. —
^io.KiM. adv. Rufin^ lib. lu, Cfr Sdiolia. Ed.
ttm.; FrancoL et Lips.. 16S4, l. X, p. 90. II.
0I09. Script, eccies. (Orig. — • Painphit., etc.) —
cçiTm, De bwres, 80, etc., etc. (Voir au^si le mol
*^othécmre dans le Diclwnnaire diplomatique de$
»a/<i, L XVL)
1348) Cfr. AiicuiTi, Siecel, ManueU d^ archéologie
^liafltfiie. — llospuUARUS , De templis (particu-
cernent, De ortifiiie et progrenu bibliothccarum).
uiu, De bibUotheciê . — Uirgiiam» De rccfaîor
Parmî les Chriiieniy les moines surtout,* et
en général tout le mojen tge, avaient comme
conspiré Pannibilation des chefs-d'œuvre do
l'esprit humain ; et tout ce qui tenait à l'E-
glise procéda d'une manière continue à cette
(Buvre jusqu'au xiv* siècle, menaçant les
classiques d'une destruction totale ; faits
que l'on ne saurait nier, attestés qu'ils sont
Sr d'irréfragables témoignages (13M). —
ns nier ni prétendre infirmer ces témoi-
gnages , Ije me permettrai de nier les faits
3u'on y veut trouver, et je recule si peu
evant les auteurs invo(|nés en cet endroit
|>articulièrement, que je me propose bien
de puiser la réfutation aux mêmes sources.
Disons on mot d'abord sur le soin qu'on
prit dans l'Eglise, dès Torigine, pour for-
mer des bibliothèques i
Les plus anciens monuments de l'histoire
ecclésiastique [\fM) imrtent déjà de biblio-
thèques et de livres d étude réunis aux égli-
ses. Ces collections renfermaient d'abord,
nécessairement les écrits ecclésiaêtiques et
iiiurgiqueSf tels que matricules, actes des
martyrs f diptyques, lecitonnaires, etc. Puis
les textes et versions de f Ecriture sainte, les
constitutions ecclésiastiques, homéiiss, caté^
ehêses , etc. Eusèbe et saint Jérôme qui
avaient consulté entre autres les bibliothè-
ques de Jérusalem et de Césarée, nous ap»
prennent qu'il y en avait de fotl importan-
tes. Ces témoignages qui* ne remontent
guère pkK haut que le iir siècle, se muitt-
S lient à mesure que la pai<x accordée aux
dèles permit à ll^glise de* remplir Kbre-
roentsa mission. A Rome, à Constantinople,
à Alexandrie , des bttiments considérables
près des basiliques furent consacrés à cet
usage ; celle de Sainte-Sophie à Constanti-
•nopTe, fondée par Constantin, et augmentée
de beaucoup par Théodose le jeune, renfer-
mait quelques cent mine volumes qui furent
brûlés dans une sédition (1348). A Rome,,
saint Grégoire, consulté par Eulogius, évè-
qued'Alexandrie(i349), lui répond que l'ou-
vrage demandé par lui tie se trouvait ni
dans les archives de ^E^5lise romaine (bi-
bliothèque de Latran), m dans les autres
collections de la ville. L'Eulise de Latrau
avait une bibliothèque double, fondée au
v siècle , tiar le pape Hilaire (1350), et ii
était assez ordinaire que les églises eus-
sent deux bibliothèques (1351) : Ikine in-
térieure, consacrée aux livres ecclésiasti-
ques on ascétiques, et aux archives; Tautro
extérieure», od se plaçaient les ouvrages
mm tchùtis et uibltothecit (t. 111). — Beheim, />î<-
$ertatio de archiviis, sive tabulariii veterum Chri"
siianorum, — Goetz, De cahrtophylacibs$ veteris
Eccleêiœ (iiiter Miêcell. Bi$t. crit. ). —Ebert., tin-
cyclop. d'Ertch tl Gruber»
(1549) GncGon., ep. 8, 29l
(1550) A11A8TA8. itt Vita HilariL Ctr CàSCtLUtM,
De »ecretarii$, DiêpUsitia de Bibliothee.
(1551) ^ïLLOVBùs^ProlegomcM ad Bomernm, p. 40;
ap. Ueercm, Cesch. der Lilteratur. \, (iSI, 83. C\s
CEiMERi, ojK c. SyntagfH,, p. m, cb. 4. — Petit-
WkVLL^ tiblioih., ft^ZL
lit»
SCI
OICTIO.NNAIIIË APOLOGETIQUE.
SCI
U^tui)o& profanes et de philosophie. Je ne
saurais ûi'explic|uer que p«r cette distinction
de bibliotlièques sacrées et profanes com-
ment un homme aussi habile que If. Libri
Eeut avoir cru que les catalogues des bi-
iiolbèques du mojen àae annonçaient des
collections presque exclusirement ascéti-
ques.
Saint Pamphile arait réuni h Césarée près
de trente mille volumes, selon le récit de
saint Isidore (1352)» et les écrits de saint
'Isidore Jui-méme» qui rappellent Térudition
d*un Varron» montrent qu il avait pu dispo-
ser de bibliothèques vraiment remarquables.
En Angleterre , les évèchés fondés au vir
siè<;le (Cantorbéry surtout), devinrent, par
leurs monaslêris épiêcopaux (chapitres, sé-
minaires ou mattrises» etc.) de véritables
centres littéraires, en flnéme temps que des
chaires apostoliques (1353).
Dans 1 empire d*Orient, qnand Léon TAr-
méiiien voulut tenter la voie scientifique
contre la doctrine catholique sur les saintes
images» qui avait résisté à la violence de ses
prédécesseurs, ce fut dans les églises et les
monastères qu'il envoya faire des recher-
ches (1351^) pour réunir» dans les auteurs
erclésiastic|ues, des documents dont fbéré-
sie pût tirer parti contre renseignement
orthodoxe.
Le lieu où se déposaient les livres des
éijlises faisait parlie des bâtiments annexés
à la basilique e!le-méme, et désignés sous
le nom général de sacrarium , pasiophoria^
diarantcum, etc. La bibliothèque eu parti-
culier est communément indiquée par quel*
qu'une des expressions suivantes : sécréta^
rium^ chartilogium^ chartophtfiacium^ char-
tarium^ charluiarium^ armanum, archirium
ou archivum^tabularium, tablinum^ irrmium,
librarium, grammaiophulaciuw^ etc. (1355).
Passons aux bibliothèques du moyen âge ,
mais sans prétendre donner sur ce sujet
autre chose qu'une ébauche. Un semblable
travail exécuté tout de bon serait assuré-
ment un important .service rendu à Thistoiro
littéraire, mais nous ne pouvons» on le
comprend, rentrej)reu«Jre ici (1356).
fl5K2) IsiDOR., Oiigin., ti, 65, ^p. If^eron, op. c.
(1353) Heere.i, op. c, 1, 05. Il ciie He^irt, ilktory
of Créât Brilain., l. H, p. 155, etc., 152, 5i0, et;*.
\'J»
flIL
11354) Heeker, 0». <;., i, 79.
I — - ■ -
[1555) Cfr. Caucbllicri. Op. c. Syniagm,^ p. ni,
ch. 4 et p. IV, ch. 10.
(1356) Les Annalei de philosophie chrétienne ont
semé dans leur collection d*iuiéressan:s détails
sur ce sujet (voir la table générale des douze premiers
volumes ^ k la fin du. xii'j surioul ea 1830 (l. 1*%
p. 96, etc.). Mais les auteurs de ces divers articles,
irayaiit point en tète des adrersaiies aussi ërudits
Kl (i*une bostllité aussi prononcée que M. Libri, n^ont
pas pu se croire obligés à un syslénie d*apologie
eoniôlet.
(1357) Hérodote consulta surtout les prêtres, et
Von sait que sou lécit acquiert chaque jour une
nouvelle valeur, k mesure que les progrès des con-
naissances nous permettent de Tentendre. Car les
faits eipliquent les textes bien plus que les testes
n^apprenncnt les faits.
«.es églises et les morustères eurent des _ _
r48S4^niblée9 avec une sollintotle extr^^ne ~ rèt?
bli8(h(H{iies furent souvent Irès-eonsUènJ^lespoirlei^
temps. — La forsialion des bîblioUièqoe» n'était us m
luxe arbitraire, mais une sorte de nécetfiHénii «nm
d'étendre par analogie les Wi«pMliMi,HtHriV
pose p;r constîqucnl aux ooiicliHi«ii|âiéalN«'ai
voudrait inférer des faite njggaliCi — Indatkn de n^
qnes-uoes des bibliothèques les plus reBwpabla.
La religion, quels que fussent les ensei^
gnemenls qu*on lui allribuât, a toison
paru, dans le fait, la gardienne née des coo-
naissances humaines. On sait querhisioire
des civilisations nous montre d'abord le
corps des prêtres, dépositaire de la scien-
ce (1357) ; I âge sacerdotal ^ Yépo(fut rtli^ïm
est son âge antique et primitif, comme It
fait remarquer Cuvier, si je ne me \tm\)^.
Aussi, soit que les plu.s hautes occopatiûns
de l'esprit Jiumain dans les choses profanes
semblassent par leur élévation mèmedemir
occuper un rang voisin des vérités célcsle*,
qui aailleurs ont rituprescriptible droit de
les contrôler pour ainsi dire, et de leur ser-
vir comme de garde-fou (13S8) ; soit, 52 Too
veut quelque chose de plus matériel, quoii
ait tout simplement cherché i dooneriai
monuments de la science les plosgtQ^
garanties de durée et d^assuranccco&lreles
accidents , les dépôts scientiGaues et Ie&
documents d'un intérêt général (1359] Mil
communément cherché Tasile du saoetoairc.
C'était dans les bâtiojents des temples que
les nations d*autrefois (13G0), mais i^artuu-
lièrement tes rois d'Egypte et les craivrcuri
romains, avaient rassemblé des anhiics
formé des bibliothèques et des licuid'éiuJe
pour les savants.
Sans entrer dans aucune des considért-
tions philosophiques qui devraient faire ju-
?;er, antérieurement à tout témoignage» qnt
a religion véritable dans son plein derelof-
pement; la religion de Jésus-Onrist, ne pou*
vait manquer de projeter uu éclatant rAi
sur toutes les éludes dignes d*occupcc I'iq-
tclHgence, montrons que toujours le chris-
tianisme a répandu parmi les hommes m
lumière aussi intense que le comporlaieai
les circonstances données. Ici, [)our m'i
borner à des faits palpai)les, bien qu'ils
( ! 558) Je me permets dVm p-iinter O'itc eipwssw
à un bnMme eéicire dont le nom siirprrad alm
peut-être, si je di«»is i*avoir entendu décbr^f^
V Eglise est le garde 'fou de la pà losophie,
(1359) Cctaillàsansd/iiute ccqui engâgititJmlii<fl
(N<»v. 8, rap. tnç fra^adoOcco^c — No?. U, f- '^'
T. i) à exiger qu'un exemptait e de ses lois fôi 0^
serve dans le trésor de réglise, avec les raies s^"^
ou du moins parmi les meubles précieox des W^^
ques {ht roïc à/9x<^<ff*<*)*
(1360) Sous Auguste, le temple d*Apo(IoD H^^^
et sous ses successeurs le temple de la Viw
Capitule. Déjà auparavant, AsiiuuftPoUionsnlii>)y^
sa bibliotiièque tlans les bètimenis du temple ^ ^
Liberté. A Alexandrie, le Senipeam, à Aaiioebi'. *
temple de Tr:»jan ; etc. Voyez d'antres exempte «^^
l'ouvrage de R lit Radel, intilulé Rechetcka m «
bibliothèques , p. 2, 4, etc. — iL CiaoLmo f^
Sacre memorie di Bavenna autica (Venise, i^lp
p. 10. ^Mabillou, De re diphwntica, I.-*'*
TJLWwi, Viiidinœ, 1.
§361
sa
DICTIONNAIRE APOLOCETIOlîE*
SCI
fSOt
iieni été mes » arrèlons-nous à faire Toir
que le clergé (cest-à-dire faction ecclé*
élastique eu quelque sorte personiiîliée) a
toujours, dans les âges les plus ténébreux «
rassemblé avec soin» et recueilli a?ec une
in&tigable persévérance les instruments de
la science, les livres.
Les moines , en particulier, n'avaient pas
attendu pour s*adonner à Tétude et réunir
des collections d*oovrages, que la science,
chassée de la société, cherchât son dernier
abri dans Tenceinte des monastères, La rè*
fçle de saint PacAme (m* siècle) entre dans
Je curieux détails (1361) sur la distribution
les livres entre les solitaires, sur leurclassç-
ineot dans la bibliothèque, sur le soin qu'en
levaient prendre les lecteurs (13fô) etc.; et,
*e oui pacalt supposer une quantité consi-
»idérable de livres, il veut que deux reli-
peux soient chargés de la bibliothèque. On
16 Je trouvera pas étrange, si Ton songe que
ibaqoe solitaire devait avoir son livre de
ecture, d*après la règle, et que les monas-
ères de saint PacAme étaient ordinairement
iiffliés de trente ou quarante maisons babi-
tes chacune p<ir une quarantaine au moins
le religieux (1363).
£t ceiiendant les solitaires d*alors n*a-
aient nullement pour objet de cultiver leur
iprit par CCS études que cei;ommandèrent
taos la suite les fondateurs de plusieurs
Tdres : uniquement occupés <le leur saiic-
ifiration prop/e, et rarement élevés à la
»réinse, ils pouvaient passer leur vie dans
(13^1) Cfr. Il ABILL05» Eludée nunuisliqueif i" par-
^ rb. VI. Oomme je n*aurai à citer que la première
trtie à- tsi ottvrajce, je m^abstiendrai d*en répéter
iodiraiioii déaormais.
(t3i!2) Par exemple , la recommandation de ne
as les laisser ouveiis en quiuant sa eellale.
M363) Mabiluox, /.'c.
11364) Grand nombre des premiers moines d'O*
^*oi étaient des iiommes simples ei sans lettres»
)oi la nidesse et le fanatisme parfois ne fait rirn
i tout à la profession monastique en elle-méoie.
us quant i IVmploi que lleereu, entre aulies
f' t.,1. 1, 51)t fait de son éruditinn pour montrer,
ir le témoignage de Libanius (pro leiiipliê)^ que ci*s
(rioes étaient des oisifs de professiou et dès eut-
viéi:,. c'est ce qui approche du comique, ou plutôt
»t ce qui le dépasse. Gomment donc? est-ce que
i rrclieicbes des llÀiédictios de Saint-llaur, tar
^nple, et les plus grossières déclamatioRS des
\Henanis contre Téfat monastique n*ont pas élé
ntempora* nés? Plaisante manière d*écrire Niistoirc,
e de puiser ses titres d^ns les |»lus décidés calom-
itrurs! Mais c*est une loi de noire uaïute et vn
rèi de la Providence', que Is hommes l'.s plits
^anKs et les plus distingues ^u re^te». deviennent
lome par enciiantement Ks bomuie^ les plus com-
lAs et les plus petits, quand ils toml)eiit sous
npire des pr^og&, et surtout des préjugés anti-
éiiens»
il36d) Saint Augustin raconte que dos courtisans
raot, prés de Trêves, clies dis solitaires, yren-
loêrent ta TÎe de saint Antoine. (Coiff., T. vni,
1306) Ooire qu*on vit plus d*uAe fois des hommes
istie& et habiles embrasser, oomme saint Arsène,
' exeaiplev la vie cénobitique, Phistoire littéraire
iifiserté le nom et les travaux de plusieurs ;>olî-
rcj : ainsi Ajiianus oq Annianus, moine d*Egypto^
une sainte simplicité* où la prière et le tra»
vail des mains remplissaient leurs journées
et leur vie (i3M). Hais Tétiide de la vie
chrétienne, toute restreinte qu*on la suppose»,
et le soin de se- perfectionner soi-même,
pour exclusif qu'il fûtt ne pouvaient être se*
parés de la lecture des livres saints* et des
modèles laissés par les premiers héros dn
christianisme (iSte). L*étode des maîtres de
la perfection, des saints Pères, sy joignait
naturellement, et l'on voit qu'à réduire ces
bibliothèques au pnr nécessaire, on n'en a
pas moins un résultat vraiment remarqua*
Lie, ne fût-ce que pour la qiiantilé. Si vous
laites réflexion , en outre , que malgré cet
état de choses ordinaire, il s en fallatt bien
Î|ue tous les moines de ce temps fissent pro-
ession d'ignorance (1366), vous imaginerez
aisément que les écrits rassemblés par l««s
cénobites d alors pouvaient se recommander
par quelque antre titre encore que |par ce-
lui du nombre.
Quant aux églises et au clergé sécuTier,
dont il a été dit un mot précédemment, ccr-
toines circonstances y nécessitaient et y faci*
I itèrent la formation des bibliothèques. Ce-
tait, par exemple, la réunion des prêtres de I»
cathédrale en une même communauté sous^
la conduite de i'évêque (1367) ; mais surtout
les écoles, ordinairement dépendantes des
églises (1368) non-seulement épiscopales,.
mais d'un ordre inférieur. Il serait hors de
propos de s'étendre ici sur l'origine ancienne
et l'uni versalité - de ces deux institutions;
imagina vers la fin dn iv* siéde oa au comm^uct^
nent duiv*, on c^cle semblable à ci^lui qui prît
depuis le nom de \iclor d*Aquitaine. (Cfr losim,
d. Bandbuch, chronolçpt^ t. Il, p. 451, 453 et 278.
— Stscfxlc, Chron.^ p. S5.) Pour ce qui est des-
sciences plus spécialement ecclésiastiques, il peut
suffire en ce moment de i appeler Isidore de Péluse,
et avant lui les deui Macalres contemporains de
saint Antoine. D*ailleurs, bien que la cléncature ne
fat point nécessairement unie a fétat monastiqu *, .
Il est certain qu^uu grand nombre d^évèqaas distin •
nés furent des lors choisis parmi les moines. (Cfr-
nlgentli rt/a,cap. 14. — Uabillok, Op. c, cap. 15.V
(I5(>7) Les communautés ne chanoines clans TE-
K
(riise latine (monastér<^épisGopjui) remontent pi»ur
le m<*it s au iv« siècle. Ou lies trouve soussaint Eusèb^
de VtTceil (368-370), sous saint Martin de Tours
(571-400), cl à Hippane, sous saint Augustin. An
moyen àsse. leur organisation .fut réglée par Cliro-
deea id, é^èquede MeU (7GO-7(j9); mais cette instî*-
tu:ion ne parait pas avoir jamais cessé eniièrement,
depuis les exf mpies donnes par le iv« s«éole. (Cllr
LiJiGARD, AniiqniLùflhe angith-êûxcn CAarr/i. cli. 2 et
pastiin,) Et Rubkupt ainsi que Heeren, conviennent
que la désuétude de b vie commune parmi les clia*
noines, vers le xt" siècle, eut une ineuence ettré-
memcNi f3keheuse pour les études. (Cfr Naudi, De
Parrochi^ pauim, — Tbomassi?i. — Bisterim — Fta -
BASis. — Diaa.. ete.)
(1568) L'bistoire des écoles eoelésiastk|uts et des
écoles cléricales surtout n a pas été traité % que je
sache, d'une manière complète, qneiqii^l exisie dt»
ouvrages utiles sur ce sujet. (Cfr Thomassuc. — Tuei«
SES. — Joli. — Lai xoi. — fUsM. — Uuukopf. —
Li!«CARn. — Meiness.-- Tbiesscu. — Savigsv, clc ,
passim,) Mieux vaut indiquer cette question impor^
tante que de la traiter supcrficiclleuiciit.
^
1313
SCI
IHCTICK«;iNAlll£ APOLOGETIQUE.
sa
i30t
qu'il suffise de ies avoir rappelées avec une
indication sommaire des luonumeuls qui
nous les atiestent.
Mais ce qui aurait pu n^ètre d*abord que
le moyen d'une pieuse oecupation, deTint
une nécessité» lorsqu'après l'invasion des
barbares» les églises et les clottres se trou*
irèrentMievenus le seul refuge des ouvrages
de lauliquité sacrée ei profane. Le grand
Cassiodore (vi' siècle)» malgré tous les soins
qu'il se donnait |)0ur civiliser les conque*
rants de l'Italie» avait bien compris que là
seulement èlait la semence d'une vie nou-
velle pour la société» et tout en intéressant
les princes çolhs |)our les restes de la civili-
sation romaine, c était à des solitaires qu'il
remettait le dépti de la science mourante
(1.3G9) ; c'était a préparer minutieusement,
tlâns Toiubrc et le silence des monastères »
res démiurges du monde moderne » qu]il
consacrait les derniers efforts d'une main
accoiitumée au gouvernail de l'Etat» et
d'une activité que u^avait pu décourager la
chute de l'Empire. En même temps, les évè*
qucs travaillaient au même but par des
moyens tout semblables (1370) ; l'unique
testament de saint Augustin [kSO] fut de
recommaiMler à ses prêtres !e (1371) soin
des livres qu'il leur avait rassemblés à
Hippone; et saint Grégoire le Grand ne
croyait point dérober à l'Eglise des mo-
ments trop précieui» ni compromettre en
rien la dignité du vicaire de Jésus-Christ »
en s'entremettant auprès d'un officier pu-
blic (1372] pour faire restituer à un monas-
tère des livres qui en avaient été détour-
nés [596]. Aussi voit-on les missionnaires
envoyés par cet homme de Dieu dans la
Grande-Bretagne porter aux Anglais le
flambeau de la scietice en même temps que
celui de lÎBvangile. D'anciens documents
donnent >e détail des ouvrages que l'Angle-
terre tenait de ses apôtres ; et ceux qui ne
savent pas» ou ne veulent pas croire que le
christianisme marche toujours accompagné
(1369) Gassiodoii., De muêica, dernières lignes.
De ittiUlut^ divin, scrifnurarum^ Praef. — Prœf.
md. libr. De ortUo^ra^h^ etc.
(1370) Gfr Fila Fulqenm, e. 8^ U, 19, fi0,27.
(1371) PmsiD. tu Yit. S. Au^Uni^ lib. viii, cap.
11,00. t.XI»eol. 491.
(1372) Grecor. M.»ep.lO, U (éd. VenetHi768-
76. in-4*), alias 15.
(l373)LmGAiiD,Aiilii|ttîrî#i, eh. i< — (^Dwir«, De
prmsuL Ahgiiœ (l743) p. 41.
(1374) (m peul déjà présamer» par ce trait et par
plusîears aiiui» qui se feaconireront dans cet arti-
cle, que ies bibliotliéques eedésiastiaiies ne ren-
farmaieiit pas seulement des livres de liiargie «la
de dévotleii. On nVu trouvera d'exemples ici que
ceai qui se présenteront d*6ux-mèmes.
(1375) LmCARD, Op* c, cb. 4.
(1376) Cfr. Bioffr. «atv.» art. Benoit (Beunei)
fiiscop.
(1377) LiNGARR, ch. lO.— MAMLi.eN, OfL e., vt,el
Akh. Bened.^i. L-^IIberem, Geeehuku derelaMi.%ii'
teraêitr im mitletallerj, 1, (>5. — Bède parlant de son
qu.itrièttie veyage r t Ecm innûmerabilem librorum
4 omnis geueris copiam apportasse, i
(a) Oit AUimus (Cflr^ Fjueui?., ad Ik 1}
des lumières même probnes, ne nrmi
Kint peut-être sans quelque surprise «(tjc
n de ces livres fût un Homère (1373), dom
le manuscrit était d'une beaolé extrèotc*
ment remarquable (137^).
Héritiers de Tesprit' qui avait animé m
propagateurs de la foi, leurs disciples m\[-
nuèrent à suivre la voie frayée |wr m.
Saint Benott Biscop (v. Vlk), qui ivail été
sur le continent étudier au sein des an»
ciens cloîtres le véritable esprit monasti-
que (1375), fonda, arec l*abbaye de Were-
mouth, en Northumberiand, une sorte dV
tablissement modèle pour la civilisation de
sa patrie, dans les arts et dans les scito-
ces (1376) en même temps que danslapiélé.
Ces mêmes vues lui firent entreprendre
cinq voyages outre-mer, avec des recb»-
ehes infatigables pour former à son roonts-
tère une bibliothèque énorme en ecslemfs-
le, et dont il s'occupait avec une soDiritQdf
touchante sur son lit de mort, rendante
discipfes responsables devant Dieu des per- 1
tes qu'elle pourrait éprouver par leur né- '
fçlijçence (1377). Céolfrid, succes^w*
saint Benott Biscop dans le gouTefomeaf
des abbayes de Jarrow (ou Gjrteletde
Weremouth, prit encore à tâche tfaupw-
ter la bibliothèque commencée par teiiiot
qui avait été son mattre, et dont il aujl
partagé les voyages et les reclierchcs sur le
continent (1378). Alcuin nous montre, daw
son maître Ecbert (1379), le même iH« to
expéditions scientifiques et des recliertlies
littéraires (1380).
Noo semel extenias pereiçrtDOtramiteirms
Jam peragravii ovans. ftophiasduciaianoo!;
Si quid forte novi It^romm aut aiadh ma
Quod secuiB ferret, terris reperiiei in Ulis.
Aussi respèîc de catalogue de la biWiotfit-
que d'York qu'il décrit en vers, aiinontH'l
une collection assurément exiraoriiiw«
pour le VIII* siècle (1381). Le même Akaiti.
(1578) D. Cellier, t. XVll, eh. ^,n*l<^-
M579) Alcuin., De Pontif. Eborûc., ?. i»,ij^
(t380) Ecberl, frère d'un roi sawn, aval *
élevé par le vénérable Bède, ei devini arde ep
d'York.
(«581) Voîcl CCS vers d'Aleuin, qui pou»;' ^
ter deceue bibliothèque pour en avoir éiticp
dien :
niic inventes velcrom tesiina piUoin,
Ooidquid babet pro se laUo Romanos in om,
Grœcia vel quidquîd Iraosmisit dira UUbis;
HebrmcuM vel quod popalus bibil imbre w^xs/^
Africa ludfluo vel quidqoid lumioe spjrsit
Quod pjter ffterofiymiii; qood sensH mwnas, inp
Ambrome pnesal, simal Àugiuixmu. elUM.
Saneto8il(*amisiitf;qttod0r0ftittedliavjtQS.
Ouidquid Greoarnu sanmos docel, et Uo pi^.
JtoStKt qnklqokJ, F^Êlgentàn atque ooni^
CoMJiNlontt.Hein, Cknfiuiomm a»q»«:f«^,,
Ouidquid cl àluhdmm docuit. quid «pttomjp»* •
)u» rklorimu scripscre, BoeCAHu, i^œ
Jistorici veieres, Fnmpem, PlwwgyipM
Acer Ari$Meie$, rhelor quoqiie '•'f*»"«S„rtL
Ouid quoque Sedutiuêy vel qald canll ipe J9a^
Aicvmus {a) et Clemem, Tresfir, Pmdïïm ^f^*
m
SCI
IHCTtONMAlRfi APOLOCeilQOB.
SCI
1306
^fanl aux moiAes de Jarow (1383), ponr
les eiciler à ne point dégénérer do la écioDce
et de ia vertu qui avaient distingua leurs
prédécesseurs, leur rappelle surtout ia bi*
bliothèque formée par ces pieux cénobites,
romme un éclatant térocngnage de ce qu*a*
nieot été leurs études.
Il ne faut donc point s'étonner si, un siè*
de et demi seulement après la conversion
de l'Angleterre, cette lie rut le foyer auquel
recoarut (td83) surtout Gharlemagne, pour
rillamer dans ses provinces les sciences
m menaçaient de sfy éteindre. C*était vers
Uodeterre encore que se tournaient par-
Ms les regards de Tabbë de Ferrières (Ser*
ratus Lupus, ix* siècle), ce* zélateur des let*
Ires; et, pour être plus à portée d 'en rece-
roir les livres qu'il y demandait (1384), il
(6 servait de son monastère de Saint-Josse^
niNHer comme d*un entrepôt. Dans une de
•esdemandes, il emploie, f)our réussir au*
»rè$ de Tabbé d*York (Altsig), des exprès-
ions qui montrent combien il avait h
œar d'être exaucé. Il s'agissait, entre niifres
ana^'es, de ceux de Quintilien qu*il nV
aitpu réussir à compléter jusqne-lh ; et,
rsignant peut-être que les hasards du tra-
H ne Gssent balancer son ami, il finit sa
ritre en ces termes : Quod si omnes non po^
wrt/îff, ai aliquoi ne gravemini drUinare ,
Ktpturi a Deo prœmium impletœ rharitatis^
tibu auttm quamcungue potâibilem , dun-
tra/ eeêterUis^ vieem tanii laborit, Valete^
9êque mor^ ui se' opportunituê obiulerit^
t^tabili responêo lœtificaie,
lis recherches empressées des moines
tiglais tournèrent, il est vrai, au détriment
» lettres, comme Ta fait remarquer Hoc-
n (1385), parce que les manuscrits rassem«
ibde tout le continent semblèrent n'avoir
téporlés dans leur lie que pour préjiarer à
I b8rl)arie danoise une satisfaction sembla-
eaii plaisir que souhaitait Caligula, quand
t'At voulu trancher d'un seul coup le fil de
utps les vies. Hais, outre qn'une pareille
^Tision n*avait giière part aux penséns de
s honimas si pleins d*aveuir* ils ne $*Ai)N
^renl qu*après nous avoir arrachés nous-
Snies au naufrage; et rAnj^leterre de saint
ignstin et de Bède mit à couvert les
mes de civilisation recueiHis p;ir elle, eu
hiid For/icmiftfs, vel quid JMCtmit'm$ cduiil,
N» Moto VirgUhu, Stathu, Lucamu, el aucior
itisirrainniatic», vel qnid scripsere nia^slri :
^^Probus, atqap P/tocat, Vonatwt, Pnscicnuwet
vmiii, Ewtirws, PompeiuB, Commhtiamtt
BveiUes alios perplures, lector, ibidf m
îmHM sludlis, «fie el sennone mvrislnis
lorlm qni cUro scripsere Tolunilna sensu :
lomiiui sed quorum présent i in ranulne scribi
•4igias est visnm quam pleclri postulet osns. >
(Ae pcntif. ei tanctii Eborac. Kcc/e5.,yJ535, sq.)
13S2) Alci'in, cp. 13 (éélit. Froben).
t583) Altci!! Ved. Probeii), ep. 38.
t-VJI) Loris FeRtAR , ep. «)2, 14.
15«3)0^c.
15K6)OnF»i| que llrlande, ralliée de TAngle-
^ dans la foi, ëiait dés le vi" siècle ^nioiiis de
I ans après m conversion) renommée par ses
»« monasstiqiies et épiscopales. ^ (Cftr. Wari,
KiipfotibHs Hiberniœ, 1. i, c. 14, cl I. n, c. 2.
nous donnant Aleuiii et saint Boniface; car
je ne parle point de Columbkill et des moi*
nés irlandais, autre iet de la sève chrétienne,
qui partout eût réalisé les mêmes. prodiges,
si partout elle eût trouvé le champ libre.
Mais je n*ai, sur cette partie de mon sujet,
que des notions trop imparfaites,, et il peut
suffire, ce semble, pour en juger avantageu-
sement, de voir ce que furent à Bot>bio, à
LuxeutI et h Saint-Gall, les disciples formés
par cet enfiint de Tlle des saints (1386).
Quantité de détails qui pourraient être
rapportés ici trouveront place plus natu*
reliement dans là suite de ces recherches ;
quelques traits suffiront actuellement, d'au-
tant que (et il importe de le remarquer) ce
xèle dont nous trouvons tant d'exemples ne
saurait être regardé comme le goût particu-
lier de quelc(ues prélats ou abbés qui se dis-
tinguaient ainsi de la foule. 11 appartenait
aux principes mêmes qui devaient les mou-
voir; et, loin que la conduite de ceux-ci
Fnisseêtreprise pour une exception, c*étaient
indifférence et Tincurie c|ui dérogeaient :
en sorte que cette insouciance ne pouvait
avoir lieu sans qu'on eût oublié les modèles,
les leçons et l'esprit qui devaient servir de
guides. Un siège episcopal ne se fondait point
sans qu'auprès de lui ne fût jetée à la fois la
semence d'une institution littéraire et scien-
tifique. Saint Anschaire (n* siècle) dé|M>sait
h Hambourg une bibliothèque (1387) appor-
tée de Corvev ^1388), en même temps (fu'il
y élevait se catnédrale; ces deux établisse-
ments fuient l'un et l'autre détruits y>ar les
Normands. Quand Venifiereur Henri H fonde
la cathédrale de liarober^ (xr sièi^lo) il prend
soin (Vy commencer une bibliothèque (1389)
également. Une des plus anciennes et des
plus riches de l'Allemagne rhénane étiit
celle de Cologne, fondée s^irtout par les
soins de l'archevêque Hildebald (1390), au
Tiu* siècle. Celle de Fulde (1391), dont les
précieuses collections ont disparu comme
par enchantement, remontait au tenifis dc&
Carlovingiens, et po5sé<lait encore au xvi*
siècle dès niamiscrits de 794 (1392). Quand
l'église métropolitaine de Milan fut la proie
des flammes, en 1075, on eut à y rogroilcr,.
entre autres désastres, la perte de la bîblio-
tlièque (1393); et nous avons encore le cala-^
— Fliom. MooRR, Histoire de Vlriande, i. I. -Rk u,
ilaïuibuch d. Cesch. d. MiUeiatterê, {, 1% p. 7ii<i.>
(1387) Madii.lon, Annal, Bened,^ I. Vl. — Vi/ii
Attêcharii, c. 6. ap. Ki.kuii. zur Gnchichle der$nmtn-
lunqeu fur mssenchafl und kuun tu DeuUciUaud^
2< èdil. (Zerbsu 1838.)
(1388) Corwe^^ Coraei (Corbeîa ad Visurgiui, uu
Sa\onio«), la nouvelle Corbie,
(l380)Ki.ENii.,op. c.
(1390) Crr. llARTzyEiM, Calaloguê tnitoricus crid-
euê codicum mscr. biblioUifcœ metropoliianœ Cola-
niensi». Cologne, 1752. 4* — Gcii€Kb?i, lieiun durh
Scktoaben, Hc, t. Itl« ap. KleiIii., op. c,
(1391) Cfr. ScHANNAT, Hisi. Fnld.
0393) ËB»T, art. BUflioihèquei dans VEmycL
d*Er.scli ei Grutier*
(1393) TiRABOSCHi, Storia délia Uueralura itaiiantu
1. IV, c. 1. J*avou6rai touiefois que ittn*en ai pas
truoié uiLmol dans Arnulphus, qu'il oonne coniuie
iiffi
set
DICTlONNAUie APOLOGETIOOE.
SCI
1301
IoH;ue des livrns que possédait en 1135 la
cathédrale de Trévifse {id9k). L'inceiidie des
i>ibliothèqucs épiscopales ae Paderborn, en
1006, et d^Hildesheim, en 1013, fut d'autant
plus fftcheux, que ces E^çlises avaient eu des
écoles et des évéqnes célèbres par leur zèle
pour les lettres (1395).
Quant aux monastères, celui qui n'aurait
pas possédé une bibliothèque eût été une
espèce de monstruosité dont ces iempi
d'ignorance avaient à peine Tidee. Aussi
Baldric de Bourgneil (xi* siècle), invitant
Godefroi de Loudun à prendre 1 habit mo-
nastique, lui représente (1396) qu*il y pour*
rait satisfaire amplement son goût pour
l*étude, par la quantité de livres qu il aurait
h sa disposition. Un abbé de Beaugency, au
XII* siècle, s'exprimant d'une manière gc^né-
Mlle k ce suiel (1397), pense qu'un arsenal
n'est pas plus nécessaire à des gens de
guerre que ne l'est à des religieux une
bibliothèque.Ex) ressiun oui paraît avoir été
roinme provcrl)iale parmi les moines d'alors;
car les écrivains semblent v faire allusion
plus d'une fois, à de grandes distances de
temps et de Heu. Ainsi, dans la Vie de saint
Bernwiird,évéque d'Hildesheim (t398), l'his-
torien déplore en ces termes les ravages
d*un incendie qui avait dévoré les livres
rassemblés par les soius du saint prélat :
Perpeiuo est lugeRdum quod inejrpiicabiliê
librorum copia ibi periit^ nosqiie sftiritua-
lium armorum inermes reliquit. C'était Tes--
prit de» Pères de l'Eglise et des maîtres de
la vie monastique. Lva.^re (ou Ruflin), dès
le IV* siècle, rapportait d'eux celte maxi-
me (1399) : Conversalionem monachi cuslodU
tcientia; qui auletn ab ta discedi/f incidit in
kuronet. Saint Jérôme faisait la méoie re-
commandation aux solitaires : Ama scieniiai
Scriplurarum et vilia carnit facile $upera^
bis (1400). Les mêmes maximes se retrou-
vent d'â^e en âge dans les écrivains qui ont
traité des oblipiations de la profession rcii*
Kieuse, de) uis les Pères du désert jusqu'à
ce rrieur de la chartreuse de Prucl (près do
Ilatisbonne), qui, rédigeant (à la tin du xvi*
ou au commencement du xvii* siècle) pour
ses frères un manuel de leurs devoirs, for-
j*uii dfî $e% garants. Quant aax autres citations quil
indique, jts n*ai pu les vérifier.
(1594) i;fr. TiRARosciii, /« c.
(1595) Chronic. Siaindelii. — IlEiinEN, op. c, n,
9, 25.
(I59H) Ann. Bencd.^ f. IV, p. 117, op Lebobdp,
Ùiuertations $ttr PUiiioire de Parit^ I. M.
(1597) Dans la correspondance il u rlianoîiie Gau*
frîil ou Geoffroy^ ep. 18, ap. Madtèxf., Theiaurm
intecdol, t. 1, col. 511. c Claustrum sinc-armurio
(tibtiothèque) quasi cistruin sinearmamenUFio, elc. i
(13i)8) Tanemarus, ap. IIeercn, op, c, ii, 9.
(1599) EvAGRU Codex regularnm, a p. llABiu.O!f
Klnde»mona$tiqneif ch. 8, Cfr. HoLSTE.'f , Co</. regul[
MOIWêL
<14\)0) ffiERûNTM. Ep. ad Rusticum*
'UOI) Matthias MiTTNKR.EifrMrN^fonCarlufmNO-
rN'N, nplior, 49, ap. i). Pez, liibliotkec. atcetie,^ l. V.
(«eitti collection, trop peo connue, reiifrrme des
opuscules cslréincment curieux, k nron avis, quoi-
quiî peu prop'.es à intéresser bi*iv des lectcurSi à
mule ainsi la même i>rescriptioo M40lt ;
Honesia litierarum étudia ruvioimir dipoiui.
Obmuteêcii enim antmtif, indequt uuàm
pietatii languescit, inttlhctu enim tno/e (t.
riato , voluntas sane quid appetttf E( il
ajoute, en dévelopi^ant eet axîomo : Dormw
mentem erudire, ne qtio aul sentwilimilm
oppre9»a obtundattir. Ignorantia ubique mul-
torum malorum ai mater.
Dans 4e fait, le sort des livres fot commo*
nément le même ffue celu» de la régie :
l'assiduité à la lecture et l'ardciir pour U
travail, même de Tesprit, jmarchèremtou*
jours de pair avec la ferveur de la discipiic?
religieuse, faiblissant, s*ételgnant el se n!-
lumant avec elle, comme par une socieii!
naturelle et inséparable, liante, ce gripJ
peintre, Tavail bien saisi; et dans seo nu-
gnifique chant du Paradis, si ))eu appf^<ic
du vulgaire des amateurs, il trace en quel-
Sues mots, avec sa grande manière, la «léo
enre dos études jointe à celle de la Féguli*
rite (1^0-2).
E la rpin»1a ntia
Rimasa é giù \ttr danno de le carte
Ne soyez donc point surpris si lesnM
monastiques descendent parfois jusqu'au»
sorte de minutie sur le soin qu'il &ulprf!n'
dre de la bibliothèque. Le Couluoiisr ■)«
CIteaux, réglant Tordre à suivre pour 1«
temps de la lecture, s'exprime ainsi iWj
Quod ai quis neresse habuerit ditertntdi*
cu6i, librum suum in armario rtponai:^^
si in sede sua enm dimittere votuitrit, ftKkl
signum fratri juxta sedentij ut illum m>
diat, La Rè^^le de saint Isidore (lM)i) vooM
aue les livres fussent rendus tous les soin:
^mnes codices custos sacrarii (Ml K-
beat deputatoSf a quo singuhs singnli /^t*
très accipient , quos prudenter UrKsi •*
habitos^ semperpost vesperam reddenLPn»
autem hora codices singulis diebut p/«*
tur , etc. (1406). Celle des Cbarlreui {S^\
tuta Guigonis)^ au siget de l'amcuMi^meÉ
de chaque cellule : « Adhue etiam librof m
legendum de armario accipit duos, ^w''"
omnem diligentiam curamque adhibere jéfr
tur^ ne fumo^ nepulvere^ vefalia qualihtt i^n
cause de leur tendance ascétique. Mab, bRli5<tu<>*
exhume â grand hruit de tristes rap^^olics^
moyen-Age, j'admire qu'un homme s^ncu^ iim
point signale ce recueil comme llémotm de /«"^
intime chez «o« ;;rr^s, sujet qui mérite LicD(îiit'l*
intérêt aussi. Je me contenterai d'y Taire reiMM*^'
un petit traité de Nicolas de Sirashovi|^ (^v &ic'i'V
qui a p*us de rapporta mon sujet. Il indigne U**^
nirre de sanctlfter les éludes de mathénMii''^'
d'astronomie, de littérature, etc. ; t. III ci |>aiti'";
lièrement ch. il. '
(1102) D4NTE, Paradîêo, ssM,7i.
(1403) 4p. MABTfeNE, AnUqui monachorum "-^
1. I, c. 7, n' 10.
(1404) Ap. Martèle, /^. r.
(1405) On verra plus Urd pourquoi lebiM'>'<^'
caire est désigné par les expresstoiis t am^'^^^
euitoi sacrarii, €*est- à-dire charge du l»f>pf ''
rEgiîse, ou de la sarrîsttc.
(1 lOG) .4/». Mabte»:, /. r.
1309
SCI
DICTIONNAIRe AI»OI.OGETIQr&
SCI
fsto
€ufeniw; libros qiii|ipe lanqnam anima-
roin nosirarum cîbam caottssime custodiri,
et sluUiosissiroe volumus fieri (lUTH, > etc.
Paroles qui rapfieilent la manière dont
Hariu'ph termine le calf ojoje des livres de
Saîui-IUquîer(14€e),auj 'siècle « Omntê
i*jiimr eodice$ in eomamht faeiuui futmerum
CGL ei Ti. lia viddicet ut nwn numtraUur
libri sigilUuim, êed codicts^ auia m «ne redice
tfircTfi Ubn fûuli^iiei kabentur; qmm si
nmmrrwrtmuM quingeniarmm tapiam nipera.
rtmt. Hfic ergo dinli» claustrales, bœ suut
9, oleotÎA rœleslis vitie duloedine anîmam
^nantest per quas in oentulensibus (1409)
mplela est salubrîs illa sententia : Ama
icientiam scripturaram, et TÎtia non ama-
^is (lUO). »
Ces vicissitudes des bibliothèques monas-
iques, liées à celles de i*esprit reHgieut,
loos sont attestées par Tbistoire, bien que
es cbroniqpçurs n*en aient point fait ordi-
lairement la remarque expresse. Mais Tri*
bèmev lion jun en cette matière» ne man-
/ne pas de le faire observer (1411) : Marina
Fillickmu... non fuit qui manaslieœ instùn-'
ionis ûUegriiaiem eurareif C€cperunique ma*
ueki pa$i ditiBianem generalem^ quilibet
tiam pro se babere pecnlium... Bibliaiha^
«m a prineipia fundaiianiê manaiierii âoiis
*rupteiem rariisque valuminibus referiam
urpiier desinuceruni , rmdenieê prtiiaM
olumina pra vili preiia^ ui suis camessaHa"
ibuê ei valupiaiihuê saiisfacere passeni. Ici
est avec l'esprit de pauvreté' (14lâ) que se
issipe la collection des livres du monastère ;
iileurs c'est bien un autre dégAt, quand ta
tè^le est tout à lait bannie. C'est encore
ntiième (1413), parlant de l'abbaye d'Ir-
sange (Htrschau) envahie par 1e^ séculiers
(xK siècle) : Monasierium.,,^ monachis r/i-
ctfiifii... prasiibulum merelricum fartum est.
Inierea si quid remansii quad cames (1414)
ei cœieri fures non raptKrumi^ tlefici,., ila
paulaiim cansumentes in nihiinm redefemnt^
ut nec libris, quorum ingens copia ibi col-
lecta foerat, per diligentiam veterum mona-
ehorum... parcere potuissent. Nom cum illa
iempart^ quanda itnprimendi libras seieniim
needum fuit in usu^ ralumina cariare rende-
reniur pretia, indacti nebutanes pretiasissi-
mum illum thessmrum bibliatheeœ in paueis
annis tam turpifer tendenda et cansumenda
disiraxerum^ ut nec unum auidem cadicsm
aiicujus panderis ei preiii retiquissent.
On voit, que selon le pieux et savant Tri-
thème, on pouvait en Quelque sorte juger,
dans un monastère, la vie religieuse de ceux
qui rbabitaient par Tétat de la bibliothèque,
ou du moins par l'estime ou'on y faisait des
livres. Pour luit quand après avoir quitté 5a
première abbaye, il énumère à ses anciens
religieux les titres qu'il croit avoir à leur re-
connaissance, il insiste principalement (1415)
sur l'augmentation de leur bibliothèque pro-
curée par ses soins (6n du xv* siècle) ; Nema
testrum invenit me o/tosun», nema vidit tel
audivit.,. vagis discursibus vel spatiatiani^
bus,.. imUiliier accupaium.... Jn testimanium
studiarumnastrarumvacacitaauebibliaihecam
UUan salemnem quam mcis labaribus^ studia
ei impensis campariavi^ nan sine vi^ilaniia
ei fatigatiane continua ro/umtiiiim, lA amni
tarietaie studiarum non modicam muliitudir-
nem cangregans^..^ quorum numerus amnium
duo miifia excedit.
]>ans une autre lettre (1416), il considère
(1117) Ap. M ABTt!IE, /. c.
iimê) SjncUegimm de d'Acbebt (éd. in-i*), i. IT.
/f M9) CentuU est le nom da llea où avait été
ndé le BHmastère de Saitit-Riqoîer. On a prélendo
ower rerigiae de ce DOin.daiis la moliîtnde des
«n qai flaBqoaieot les martillcs de Tabbave, et
M»t un boa nombre subsiste encore. « Turribos k
m 4mm CentuU dicu fuîL i
(flitO) On voit par ces derniers mots que les
oï 0fs do moyen-âge avaieni pris pour eux l'avis
iQBé par saint iérôme aux soliiairps de son temps.
(141 f) TarrHEx., Chron. Spanhemense, ad a. 1357.
(1419) Ce doit être chose singulière pour eeni
ii« privés de foi, ne se font point d*idée de Téut
itgievs, de voir qne les communauiés les plus
Stéea aîeot communément alité la pratique d^une
tUTrelé étroite relatif emeat aux aifes de la T*e,
rc noe sorte de profusion pour les livres. L*atibé
itlieit, contemporain des prcmieri disciples de saint
vno (xi* siècle), exprima .t aussi son admiration à
smjik : (Cam tu omMÎm''da pnicperfal^ $e depii-
tmf^ diiissimam tamen MUotheeam cûaggerani:
a emas màmu pami htjut copia matériaiis exube^
m, UêMo taafU Wi qut mou peril^ §eâ in œUrnum
rmmmet cièa ajutrou imudant. ^GiriBenTCS, De vka
■« I. I, c« 10.)
11415) TaiTBEU.* Ckrou. Birsaug.^ ad an. lOOi.
1414) Un setgneur s*élaitd*abord emparé 4u mo-
flére, oommeil arriva m souvent à cette épo<|u«;
ia 4ea eeelésiastiqnes séculiers y remplacéient îes
Mfics expulsés par la violence et les mauvais irai-
ftcofs ; en sorte que fabbaye devint le ibéSlrR de
.^ordres maUieuieusemeiàt trop f.éiucuis dtti<*.'t
ce siècle parmi le cleigé.
(1415) Tbithcmu Epiât, J. ii, ep. 2. Sa lettre est
datée de Wurxbourf en 1506.
(U16) Tbitbehii Epiit.^ 1 b. ii. ep. 5. c Scio qui-
dem non paucos mirari quod abtotiam diniisi Srân-
bemensem quam libris et structnris efleci pulcber-
rimam, usque adeo ut in toia Germania nunquam
leneriatur bibliotbeca în qua tôt habean!ur in omnl
scie:itia scripturarum nova simul et antiqua voln-
miia pretiosa alque rarissima, non suluni blina.
sed hebraica iiuoqne et gneca , cliaracieie scripia
vetusUssimo. Nam ut vidisii, plu$ quant duo ro/aini-
nsm mtV/ia ex diver^s mundi regnis taxa et auliquiâ-^
tima eomporSavi, qns omnia, cum a^diflciis et rébus
variis, aniore pacis dimisi.Si quis ex eorum amissione
dolor animum pulsare cœpisset, mortis mibi simt-
liiudîn<'m formavi« qua non solum oblivionem libro*
mm, sine quibui aliquandotivere non polui, sed ctiam
coiitemplum, ut dixerim tta, miliimettpsi persuasi.
MagnOf faiear^ bibiiotkecœ quandam tenebar amore^
et cunciis mwndi opibus libroi meoi anteferebam :
seii posteaqnam rerum mutatioaem perpendi ailesse
mearum, omnia qux prius amaveram stercoris a^f i-
niaiione contempsi , animoque tmperavi meo nihil
pneter seipsum deinceps suum credere, et qux in
morte necessario esset relicfurus, multo uiagis v.-
v.-.i«s in canie discerel non amare, t eic Je me snls
éti'iMiu à di^ssetn sur Triihéme, parce qu'il appar-
tient à on temps ( lin du xv* siècle et commence»
ment du xn* ) que Ton considère volontiers comme
ayant été, sans cimiredit. Page de rigno^anœ la
pitts épaisse p.mr IfS monastères. ( Cfr. Bi.uaK, hir
iiuliium, t r* [ik lin ISU], Einleilung, p. 14.)
1311
SCI
mCTiONNAlRE APOLOGETIQUe*
sa
\:\\
le sacrifie*^ auquel il lui a faUa se résoudre,
en quittant avec Sponbeiro sa chère biblio-
thèque, comme la pfus aroère privation qu*il
ail eu à subir pendant toute sa vie. Et ce
n*était point une singularité : Saint Nil le
jeune [x* siècle}» apprenant la dévastation de
son monastère de Rossano» par les Sarrasins,
fut si profondément affligé de la destruction
de ses livres (iU7), qu*il se retira à Home,
fuyant les lieux où ce douloureui souvenir
semblait devoir le poursuivre sans cesse.
On voit, en effet, la première pensée des reli-
gieux se porter sur cet objet, lorsqu'un dan-
ger sérieux menaçait leurs monastères, txï
883 (1418), dans un incendie qui fit perdre
aux moines de Fieury tout ce qu*iis avaieut
de mobilier, ce fut à sauver les livres qu'ils
s'attachèrent de préférence. Au x' siècle,
l'abbé de saint itail, fuyant devant les Mad-
jars, voulut qu'avant tout on dérobAt les li-
vres aux dévastations de ces farouches con-
quérants (1419), et les lit transporter dans les
montagnes. Les Bénédictins du mont Cassin,
obligés dès le premier siècle. de leur exis-
tence (vers 580 ou 586), d'abandonner leur
muiiastèroà la fureur des Lombards, sauvent
leurs livres (1420), avec les monuments de
leur règle. C était là le trésor des abbayes ;
et saint Fulrad, abbé de Saint-Denis, n*en
Juge pas autrement, lorsque, dans la liste
de ce qu'il laissait à sa mort (viii* siècle), il
place les livres immédiatement après For et
rar^^ent (1421).
Plus indépendants que les akbés, et r>ou-
vaut disposer librement de leurs livres, de
saints évéques voulaient les conserver au-
près d'eux en voyageant. Je n'en choisirai
d'exemples que parmi ceux qui, ayant été re-
ligieux, ou du moins formés dans les cloî-
tres, y avaient puisé cet amour de Tétucle ;
riiistoire de saint Burkard, évoque de Wurz-
bourg racontant son abdication (en 751),
ajoute (1422) : Assumptis stx lanlum ex omni
MuUitudine discipuhrum suorum monachis^
naviin cofiêcendU (1423), codices etiam quoi
tel ipse conscripserat , vcl undecunque con-
Î^umeratf secum deportari (ecit. Saint Boni-
ace ne portait avec lui que des livres et
des reliques (1424); aussi le rcpré.senle-l-on
souvent avec \\n livre traversé d'un glaive,
parce qu'il opposa aux coups de ses meur-
(1117) RûDOTA. Del rUo greco in Iialia^ 1. n, c. 63
H* 7.
'(U18) Acta SS. Bénédictin , gaee. iv, part, n, pag.
409. iip.PETiT-BAUKL, Op, c. p. 80. La date pourrait
lH«n u'élre pas exacie. Yoyea Popiiscule intitulé :
Souvenirs Itiiloriques iur l'ancienne abbaye de Saini'^
Beaoii -sur-Loire^ par L.-A. Marcba^hh ; Orléans.
Ili58. iii-S". •
(UiO) Bruscuios, fff<l.£oAfmfc,ap.PsTiT-RADeL,
op, r. p. 86.
(14â0) Paul. Diacon., De geitis Longobardorum^
lib. IV, c. 18, ap. AtcnATORi, Rer. Italie, script,^
l.l-
(ti2l) Âuriiro, argentum, codices^ aeramen
«kâtgavi. (Acta SS. Ben. sacc. m, part, u, p. 34â.)
iU±i) Leccmntb, Annal, eccUiiastici Francorum.
l. V, ad A. 7r>t,n*58.
{\idZ) Il a*eœbarquait sur le Hdni poni senti-
triers un évangile qu'il tenait à la main,
lorsqu'ils se ietèrent sur lui (U25). Saint Brii
non, arebevêqoe de Cologne (mort en %5),
fils dQ Henri T' l' Oiselenr, et qui a?8it r^u
les leçons du savant Rathérius de vW,
ancien moine de Lobes (Itô6), faisait traiiy
Eorter ses Kvres à sa suite, durant scsnony
reux voyages, afin de n'en être jamais sé-
paré; et comtne on pourrait croire que ce-
laient seulement des ouvrages de piélé, :!
n'est pas inutile de faire remarquer, ar^
les historiens de sa vie, qu il faisait tdIoq.
tiers sa lecturede Plante etdeTérenee(lkr.
Je voudrais pouvoir indiquer ici, au ïim^
sommairement, les bibliothèques iesplu^.-
marquables du moyen âge. Dans t'imiiow-
bilile de le faire d'une manière complèi;.
je me contenterai d*en nommer pour le id< •
ment un certain nombre.
Leiand, bibliothécaire de Henri HII, *
qui avait mis à profit . pour son maître h
dépouille des maisons religieuses, et autr<^
témoins oculaires, racontent (1438) que ['on
comptait 1,700 manuscrits h Pétfrbmnjfi.
que la bibliothèque des moinei grù \^nmy
cains, je pense) à Loncfrex, avait 129 {lied^
de long sur M de large, et était trn4)in
fournie (Well filled wiih books); qu'àf^V
la salle occupée par les livres, a?aiti5 fe-
nêtres de chaque cAté. Selon Ingulpb itV^\
dans un siècle appelé communénacDl k sl^
ele de fer ou de plomb (en 1091), on perlj
700 volumes quand la bibliothèque de Crpf
lemd fut brûlée. Et cependant il semble qiûa
su* siècle, on en avait rassemblé de nonven
900 autres (ItôOj. En Piémont l'alibare de h
Novalaise^ s*il fallait s'en rapporieraijh
moignagc d'un de ses moines (H3I, âur>>j
possédé au x' siècle 6,606 voluoios. Il el
vrai (|ne ces quatre fois six ont quelque cii<«(
de bien symétrique qui pourra itaraitre^J
soit peu suspect, chez un eliruqiqueurioDré
pour son emfihase. Libre donc au lecteur^
réduire ce chifi're, je ne m'y oppose |>iim<î
déduction faite, il demeureray'l^e peme.t^
nombre encore passable. Mais puuruei!t^
paraître adopter des exagérations de ciinr.f^
ques, contentons-nous de rappeler ks i!j
bayes de SaifthRiquier (plus de 500 Yoliud
au XV siècle), et de Sponheim (plus del<¥
AU XV' siècle), etc., et passons en retucsaw
rer k Holienboorg.
(Uii) WiLLKBALD, lu CfUê Vtl«.— Cfr SCBA5>il,
Vindeinim Hlterariœ^ t. I. j
(U25) Otblon, ib. — Acla sanciorm ;■»".' ^
(1426) Les études florissaieiit à Lobes {où Un!'
au coroBK*ii«enient du x' siècle.
(U«7) D. Geillier , t. XIX, ch. 45, «• « <« '
Quoique M. Graesse {LehrbueU tiner iUietw^
chichte.... 2« vol., Dresde, 1839) aUriliae a» <)«
leurs du Bioyen-âge la pr^iscripUon de TéiviKv.
(4428) Alban Butler, Vie des annens PtttiX"'
Nele à la vie de saiut Auguathi (26 mai ), où 1 «>
ses autorités. L'édition que jVi sous le^ uni ^*
celle d'Edimbourg, 1798.
(4429) Ibid,
(1430) HcBBEN, Cf. c, I. Il, 39.
(1431) Cfr. Ëugenii de Levis. .4iKf<<»" ^*''
Tuônj 1789«iA«4r PixL x&vui.
r.n
SCI
DICTIONNAIRE AP0I4IGETIQUE.
SCI
Î^U
attire déliil, les bîbiioihèqiMS dool la répa-
Uiion im-xnitestable eist attestée |>ar les ma-
iHJiuenU: (1132).
Fn France : Saint-Bénigne de Dijon* Saint*
Rertin (è S. -Orner)» Grande Cnartreuse,
Ciieaui, Clonvt Coruie, Fleury (S. Benoit-
sur-Loire), SâinU-Gerœain d'Auierre, Saint*
tteriDain des Prés h Paris, Lérins, LiixeuiU
Mamioalier (près de Tours), liurbach en AI*
sace, Saint-Remi de Reims, Sénones, Saint-
Vanna de Verdun « Saint-Victor de Paris ,
Saint- Vincent de Besançon» Saint-Vincent
de Laon, etc.
Espagne: Alvelda (prèsdefx>grono}, Saint-
Benott de Sabagnn, Saint-Paul de Barcelone,
Saint- Vincent aOviédo, etc.
En Portuged : Aicobaça, etc.
Italie : Bobbio, Mont-Cassin, Grotta fer-
rata » Sainte- Marie de Florence, Polirone
(dans le Mantouan), Pomposa (près de Ra-
renoe), etc.
A 9t jf/ef frre:Saint- Alban, Cantorbéry, Ches-
pr« Kaœsey (dans le Huutingtonshire ), etc.
Pour J*Ecosse et Tlrlande, comme pour la
>uède, le Danemark, la Pologne, la Hongrie
n les pays slaves, les documents ne se sont
oint rencontrés sous ma main
Bohême : Bzeunow, Postelpford (ou Postel-
.erg), Prague (les Prémontrés et la cathé-
drale), etc.
Smsse : Einsiedein (Notre-Dame des Er-
nîtesc) saint Gall, Mûri (ou Mouri), Pfef-
ifrs, etc.
Allemagne : 1* BibUoihiçHes de ekapiiree :
;resida, Cologne, Francfort-sur-le-Mein,Gan-
ersheim, Uamtourg, Mavenoe, Munster,
3 liston ne, etc. ^ Bwtioihiquee manaeiigues
•u «le coromunantés religieuses): saint AHMin
f^ Mayenee, Nieder-altaich, Ober-altaich,
oiiedict-Beuern, Bergen (près de Magde-
offjr^j, saint Biaise (dans la forêt noire),
hsrinfuse de Buxheim (en Souabe) , saint
ninjeraBindeRatisbonno, Fulde, Gottweib,
îfii Jac<|uesdeMayence, Micheisberg (près
' fianiherg),Mœlk, Ottoteuern, Tegernsee,
int Ulrich et sainte Affre d'Augsbourg,
eingarten, etc., etc., etc. (1433).
Je ne parlerai guère que de l'Occident,
il parce nue les religieux de Tempire srec,
arii, acres quelques luttes, passée ren-
ini« n ont point encouru, comme les moi-**
s latins, raniroadversion de la ratsan
>:iiiiie pariait Voltain.') : les religieux ca-
>liques étant, comme il (-on venait, ceux
i ont ea à porter le principal poids de la
ère des notateurs, soit surtout à cause
145^) On imQwm ane liste tiraneuop pins cnn-
îr^Me «to-8 Ziegelbauer, Hi$l. liîerar. ord. S. Be-
.« t. 1, q«niqtt*il M borae aux nionaslèrct des
1 iS5> Voir Klchs, op. e,
1-454; UcKBfiii {op. f.,i et ii pauim) se plaiat à
itfors reprises des j(énéraiilés doot se conteiiteat
4us souvent le« écrivains nationaux de rhi»-
f? liilératre bysantlne; et, sor un pareU objet,
^ra:« téméraire de vouloir raffiner là où an
"^^ aussi habile confesse son Ignorance. Cest
«ttV an sujet des bibftiotbéancs que ces anleurs
;^cii«ieui <»|»iniàtrénient les détaib ; mais le même
du silence des monuments historiques (IkSk).
Disons au moins, que les bibliothèques mo»
nastiques les plus célèbres du bas-empire
paraissent avoir été celles de l'Archipel, du*
rant le ix* «siècle ; à Andrée, à Paimos, à Lee^
boB (1435), soustraites peut-être par leur iso-
lement aux fureurs des préfets iconoclastes
du Yuv siècle (1436); et sur le continent,
dans les monastères du mani Aihos, où les
religieux de direrses langues commencèrent
à s'établir en grand nombre durant les ix* el
X* siècles (1437).
SaENCE, exige la foi. Voy. Foi. — La
science au point de vue |iauthéistique. Foy.
PSAOSOraiS PAXTHÊISTS DE L*HISTOISS, | V.
— Science acroamatiqne et exotérique. Voy,
ACROAMATIQUB.
SCIENCES MODERNES, comment elles se
concilient avec le V' chap. de la Genèse.
Voy. CSBATIOH, § V.
SCIENCES MORALES, sont-elles du do-
maine de la physique ? Voy. Amb, § L
SCOT-ERIGENE, son panthéisme idéalis-
te. Voy. Panthéismb, } L
SEDIGITJ, on familles è doigts surnumé-
raires. Voy^ Races hdmaiiies, } IV.
SfilKHS ou SYK'fl, secte de Tlnde. Voy.
ACSOAMATIOCB.
SEM, peuples qui en descendent. Voy.
PSTCHOLOOIB, i IV.
SEMAINE, son ancienneté et son unÎTor-
salité. Voy. Cb£atioh« — M. J. Reynaud, cité
à ce sujet, veut lui substituer le quaternaire.
Ibid.
SEMBLABLES, n'y a-t-il action qu*entra
les semblables ? Voy. Amb, | VL
SEMI-PELAGIANJSME de saint Hilaire',
réfutation. Voy. Hilaibb (Saint), | X.— De
saint Vincent de Lérins*. Voy. Vincent de
LÉBINS, f l.
SENSIBILITE , principe coordonnateur
de la science dans le règne animal. Voy.
HoMMB, arL II.
SENSUALISME, son impubsance pour ex-
pliquer le principe pensant. Fay. Ame, § 111.
SEQUESTRATION d'individus humains,
ce qu'elle Drouve. Voy. Pstchologib, } X.
SÊRAPfilJM. Voy. BiBUOTHfcQUB d*Aijbxan-
SERPENT, traditions universelles sur ce
reptile commeobjet d*adoration etd*horreur.
Voy. DftxoN. Voy. aussi Pégii£ obiginbl, 1 1.
SFONDRATE, discussion sur son opinion
au sujet des enfiints morts sans baptême.
Voy. PÉNrrENCB, | III.
SICARD (Le P.), son opinion sur Tendroit
savent fait ieaMn|«er, en omlrt, que las aMNiasièrefl
d*Orient, et aartnot caax de CoMumiBapie, panis-
«ent avoir été fan inférleors poar Tétade à ceax
d*Oecideiil. ( Op. c. u, 29. )
(1455) HEKEK5,0p. e. I, 85.
(1456) Sur ie vandmlUme de ComUanitM Copronyme
eld€U9 préfelê^ vuir Tabohusi, p. 571, 575, 585, «le.
— CcDKCN. p. 454, 466. En citant les auteurs byzan-
tins, c*est ordinalreflient i rédition de Paris que j*ai
leeours.
(1457) On lira avec an vif intérêt la saile de ce
travail dans leêAMmmUê de pkiloêopkie ekriu, I. \ VIII,
t série. Il appartient au savant Jésuite C. lUaiKa.
ISi5
SID
X^lCnONNAlRE APOLOGETIQUE.
SIX
m
où Ses Israélites traversèrent la mer Rouge.
Voy, Passage de €a mer Rouge, § 1 et 11.
SIDOINE APOLLINAIRE (SAiifr). — Né
h Lyon le 5 novembre 431. Distingué par ses
talents et par son origine, il épousa la Glle
d*Avitus, depuis empereur. Pour sauver sa
ville natale, qui s'était révoltée à la chute
d'Avitus. il subit la douloureuse obligation
de prononcer Télogede Majoi-ien et du Suève
Ricimer. Anthemius, Tan 467, appela Sidoi«
fie à Rome. Le poète y prononça le panégy-
rique de cet empereur, qui le créa chef du
sénat, préfet de la ville et patrice. Déjà il
avait obtenu une statue dans la forum de
Trajan. La mort sanglante de son bienfai-
teur paraît avoir éloigné Sidoine de la scène
politique; car Tannée même de cet assassi-
nat (472), nous le voyons élu évèque de
Clermont. 11 mourut en 488.
Les poésies et le recueil d*épltres qu*il a
laissés, et qui sont si riches en souvenirs
précieux po.ur Thistoire, brillent aussi d'es-
prit et d imagination : heureuses qualités
dont l'auteur abuse souvent, ainsi que de
son érudition, qu'il étale sans fin et hors de
propos.
Les vertus qui ont principalement sancti-
fié Id vie de l'évoque de Clermont sont un
invincible amour de la patrie et une charité
prodij^ue en aumônes. Même quand il n'était
encore que laïque, il distribuait aux mal-
heureux sa vaisselle d'argent, que Papianilla,
son épouse, allait ensuite racnetf*r.
MM. Ampère {flist. lia., t. II), Guizot
ÎHtst. de la civilis.^ leç m), Pbilarète Chas-
es {Journal de» Débats^ 10 sept. 1838), Char-
pentier (Essai sur Vhistoire lia. du moyen
uge)f Fauriel {Hisi. de la Gaule méridionale^
è. I), Nisard (Etudes sur les poètes latins de
la décadence, 1. 1), Mermut (Hist. de ta ville
de Vienne j t. Il), ont prétendu que,* comme
laïque et comme évoque, il n'avait guère eu
do sérieux que le plaisir et son ambition ;
que, laïque, il avait été cruel pour le faible,
SLTvile envers les grands, songeant fort peu
à.l'Eglise, même dans Rome. M. l'abbé Go-
rini, dans s^ Défense de VEglise contre les
erreurs Aù/oriûruf^, a fait disparaître ces trois
rei)roches et réfuté, avec l'érudition et l'ha-
bile critique .qu'on lui connatt, toutes les
assertions erronées des auteurs que nous
venons de nommer. La cruauté de saint Si-
doine se réduit à un acte sévhte, répréhen-
sible sans doute, mais bien moins pourtant
que rinadvertance qui change en meurtre
cette bastonnade. Le servilisme reproché à
l'auteur des éloges de Maiorien, d'Anthé-
inius et d'Euric s'efface de même, soit à
l'examen des raisons qui lui imposèrent le
devoir de louer les deux empereurs, soit à
l'examen des preuves par lesquelles M. Go-
rini a montré qu'il ne fut jamais le ))anégy-
risle du roi visizolh.
Quant à sa jneié, elle se révèle admîrable-
meiil lorsqu'à l'aspect de Rome on le voit se
j>roslerncr comme un pèlerin du moyen
âc^e, et quand nous apprenons de saint Gré-
(!4:i8) llht. lUt., eic, i. Il, cil, p. «M.
(l t59) Prélaci* de* Etudes hhtoriquet.
goire avec quelle libéralité il seooonU b
)iauvres.
M. Gorini fait voir que, da&$ Vépiscopit,
Sidoine s'est montré tout à fait ùignede notre
admiration. L'ambition m le ouuduisii pas
au sacerdoce ; il n'y vécut pas en homme de
plaisir, et ses contemporains ont rendu boni-
ma^e à ses connaissances ecclésiastiques.
Quoique parfois badin dansl iotimiléiilre^
toujours grave dans son auguste mloisièrt
Si, pendant son épiscopal, il publia a
correspondance, il le fit k la solliciut.ou -k
ses amis, laïques et prêtres, entre iesqueo
figuraient plusieurs saints, et il n obéà [«^
en cela à une vanité d*auteur ; car s'il v tù!
été si^et, il n'eût pas, à son entrée dans ilJ •
M* renoncé à la poésie, qui lui avait acquis
une si brillante renommée. Voy, AaisTocii-
TIB G A LLO^aOM 4CTK i i
SIECLE \CTUii» tableau. Voy. Virm-
MB, § Vin.
SIGNE, son râle dans la cansiitution de &
raison. Voy. Pstchologib» § XU.
SIMËON, son cantique prophéliciot Tcy.
note XV, § VIII, à la On du vol.
SIMON (JuLBs), réfute Topinion qsi pn^
tend que la Trinité chrétienne YicnUtfiO'
tin, des platoniciens, etc. Voy. Trinité, )V.
SIMONDË DE SISMONDI.- DesYolQifiâ
entiers ne sufliraient pas aux rei^tifitaiicos
iïes inexactitudes qui déparent YMiftoirtin
Français et celles des républiquetHiéL
Cependant, pour nous éditier un i^eu wr
son compte, je rapporterai les a|»|>réciaiioi*
qu'ont faites de son impartialité {lusiiun
de ses égaux eu savoir et même de ses &i^
miraleurs,
M. i.-J. Ampère, qui Iui<Rèmen*agii^
ménagé les saints personnages honorés \
l'Eglise, ne peut s empêcher d*ap)»e]er{a^
fois M. Sisiiiondi < bien injuste (li38J.ibi'
teaubriand, quoiqu'il se piquât avec ra^
de courtoisie pour les auteurs ses cunici**
porains, ne laissait pas, à proiK)s de cv'Jft
ci, de mêler k ses éloges une bien im
restriction. « Les élucubrations decesad
annaliste, éurit-il quelque [^rt, doiveoi^
lues avec précaution (1439). » M. Guizui.c
annonçant (m'il adopte un livre de SiscDon
pour base de son cours sur la civilisatjd
française, ajoute : « Peut-être y soubaitene^
vous encore un peu plus d'impartialité cN
liberté dans l'imagination ; peut-être lir
action des événements et des opinioos r*
temporains s'y laisse-t-elle quelquefois t
entrevoir (tkio). p Un écrivain peusus(
M. Mignet, en présence de l'Acadéoiir
sciences morales, a dit dans sa notice
l'historien genevois : « On regrette qu*^ ^^
mérites éminents M. de Sismondi n eb .^
pas joint d'autres qui auraient donné ï^
ouvrage quelque chose de plus exact eif'V
et de plus acnevé. On voudrait y irujî^
plus d'art dans la composition... Onaîmcrî'
enfin, que l'esprit du prolestant et du ff
blicain de Genève ne se laissât point «f^r
voir quelquefois dans les rigueurs d»* < ^'^
(iUO) T.I, Icç. Il, p. 29.
a
i
1517
STR
DICTiONNAlRfc APOLOGETIQUR.
SUR
ÎS»
Vmeu h répand du catliolieisiiie et de la
fu,i auté. 9
Enfin, If. Philarèle Cliasies écrivait en
«ieroier liea : c| Quant à M. de Sismondi,
(tiî accepte tous les roaarais rapports de cet
»n 1 iqoe babillard {de Braniôme)^ oh a le d roi t
•Téire sévère à son endroit. On croit voir an
..omme ^ave qui consnllerait sa portière et
«ijoulerait foi à ses disconi^. Noos avons eu
viavent occasion de démontrer que M. de
Siimondi a écrit son histoire contre la Fran-
ce... » Triste résullaty selon le critique, delà
passion de l'auteur contre la France, de son
libéralisme mal entendu, et de certains tra-
ders intellectuels lihkî) 1
Ouand on sait ae quels hommes partent
<ie teHes critiques, on ne peut douter qu'elles
n aient été bien gagnées.
SISMO^'DI (SA. SiMO^DB de). Voy. Simosdb
bE SlSllO?IDI.
SIVA, son culte. Voy. I^diiiusme, § IV. —
Il>t-il une lies trois personnes de la Trinité
!.*>. retienne? Voy. TaiiirrÉ, § III.
SOCIETE, quels sont les résultats sociaux
fie la doctrine de la pénitence. Voy, P6ifi-
rc5icB, § IV. — Société au xix* siècle, spec-
tacle qu^elle présente sans le christianisme.
yoy. ir^iTBODccTiO!!» § 1,11, III et IV. — So-
riété oécessairu pour révolution rationnelle
•fe riions me. Voy, Psychologie, | XI. — So-
riété civile, comme la religion, a pour base
la prophétie et le sacremenl. Voy. Slexatii-
BAUSME, S I.
SOCINIENS. Le Clerc, etc , leur opinion
^ur la Trinité; réfutation. Voy. note Wll ,
{111 etsuiv., à la fin du volume.
S<x:RATE laiéd'iiallucinalion. Voy. Hal-
ut <i^ATio!f . — Socrate et Moïsf. Voy. Pe^-
TA-mQCE, JXI.
SOLIDARITÉ, sa loi dans l'indiviJu, dans
''- '-ramilles, ilan^ les nations, dans l'huiiia*
; f iv. Voy. PÉCHÉ orI6I?sbl, s V.
:=^^>RClERSâLPPUCI£S. U*ur foi dans un
^szjiuercc avec le démon, comparée par
Vf. Alfred Maurj à celle des martjrs. foy.
tljlLl.tCI5AT10H.
50LRDS-MU£TS. Ce que prouve leur étal
uural. Voy. Pstcholooie, } XJV. — Ténioi-
«oages des instituteurs des sourds*muels
rançais el étrangers, ifrfd., — Du R. P. La-
ortJairc, ibid. — Voy. RivÉLATm!% paiurrivs.
SPHÉRICITÉ de la terre; réfutation de M.
.etr^uine. Fay. TBmRset Cosvogbafhie,SI1I.
SPINOSA. Erreur sur Tétai de nature.
^'ty. PsTCBOLoeiB, i II. Son pantlicisuie ma-
srialiste. Voy. PAirmiisiiBy { II.
SPIRITUALITÉ de l'âme, preuves. Voy.
VE, f 1.
SIHiNTANÉITE. On lui attribue à tort le
i- veloppement intellectuel de Tbomme. Voy.
£vKLATiO!i ranifrivB. — Peut-on lui attri-
uer l'origine de fa pensée et de la parole.
oy. PSTCHOLOGIB, { Vlll.
^riCAL'SS, réfuté sur les an^es. Voy.
^<ic&. — Réfutation de sa théori? du my-
ie. Voy. Mtthisme, $ Il et suiv. — Réfuté
«r M. Quinet, i6id., § III. ~ Réfutation de
»s oi»je€tior.s contre l'évangélistc saint Luc.
tlilf > JtnrHol dti ÙibaUy 2 avril IX5S.
Voy. Llc (Saint). — Réfuté sur les miracles.
Voy. Miracles, § I. — Réfute les interpré-
tations naturalistes des faits évangéliques.
Voy. Natumaustbs, TB?rrATiO!i de Jéscs-
Cbbist et Naissance de JI^us-Cheist. —
Réfute la théorie de rhallucination comme
esplication de la vision de ZarJiariA, père
de saint Jean-Raptiste. loy. Uallucin atioh,
§ III. — Réfuté sur Texplication qu*il donne
de la tentation de Jésus-Christ. Voy. Tbx-
TATI03I de Jésls^hbbt, § II. — Réuitalion
de ses attaques contre Tauthenticité de l'é-
vangile de saint Jean. Voy. Jean (Saint). —
Ce qu'il objecte sur la conduite de Jesos-
Cfarist avant le crucifiement. Voy. Jbam
rSaint), i II. -• Réfuté sur saint Paul. Foy.
pAtL (Saint), apôtre. — Caractère du livre
de Strauss, I re de Jésus. Voy. note XL à la
fin du volume. - Réfute leiplication natu-
raliste du récit de saint Matthieu sur l'étoile
et la venue des mages à Rethléem. Voy.
Naissance de Jéscs-Cbbist, { I. — Réfuta-
tiou de sa propre interprétation du mémo
récit. Ibid.
SUAREZ. Son opinion sur le renouvelle-
ment des cieux et de la terre. Foy. Cibcx
xoovbaox.
SURSTANCB. — Dieu devait-il se mani-
fester par sa ^utistance ? Foy. Jésus-Chbist,
art. Il, |l. — Sulistancc spirituelle et subs-
tance matérielle comjarées. Foy. Ame, f Y.
— Peut-on, sans le signe, déga^cer le mode
de la substance? Foy. Pstcbounsie, { XII.
SUPRÉMATIE du Pape. Voy. Pape — Su-
ivre t.atie de TEglise romaine , a-t-e!le *été
iiic«'onnuc fiar Vincent de Lénns 7 Erreur de
M. Aui|K're, réfutée. Voy. Vi?icb!it de Li-
uns. — E^t^ce I ar anticipation que saint
Prosjier céléiira, au v' siècle, la suprématie
de Ro.iie? Krreurs de M. Am]>ère, réfutées*.
Voy. P&ospeb (Saint).
SUR.NATLRAUSME oujORDRE SURNA-
TUREL. — Une douleur sincère et profonde
se renouvelle au fond de notre âme» lors-
que, recueilli dans notre pensée, nous con-
sidérons la position que se font eHes-miV
mesde nobles intelligences à Têtard de Véiut
surnaturel et révélé de rhom:ne. Dans cette
classe d'esprits à plaindre, on s* est dépouillé
l>eu à peu dos inclinations de la foi pre-
mière, et Ton est arrivé à ne plus guère re-
E;arder comme existant que ce qui frap,!0
es sens, on paraît du moins rentrer dans
les appréciations naturelles et arbitraires
d'une raison prétendue.
Trop souvent on commence par s'aban-
donner aux désirs et aux jouissances de la
vie présente: on accepte et on suit les im-
pulsions de la nature ; de là un fUf/imi/Miiia
pratique : on ne sait pas lever les yeux en
haut. Le naturalisme Sfiéculatif vieutcnsuite.
Il est admis d'avance qu il ne peut se passer
rien que de naturel et de compris dans
rhomine. Fort légèrement pour lordipaire,
et avec un dédain facile, on éloigne de soi
toute croyance à un ordre surnaturel; ou
rejette toute pensée d'une dispcusatiou et
d'une bonté divine, qui dès luri^ine aurait
1519
SUil
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SM
m
destiné Tliomme à ^a participatiou surhu*
niaine de rintuitioii béaliiijue, et qui Tau*
raii relevé déchu.
Dieu, pour nous attirer à lui, 5*est«il
]»orné à nietlre sous nos yeui le spectacle
de la nature, et à allumer dans notre intelli-
gence Taelrede la raison? Toute autre cooi-»
ijiiinication enlre lui et nous, une comoiu-
nic'^Uon plus directe, plus proche, plus pro-
fonde, est-elle impossible? Jusqu*au jour
où le mystère de notre création se consom-
mera dans rétemitéy n'avons-nous rien de
f»lus è espérer ou à prétendre? Le rationa-
isme Taliirme ; il déclare, et c'est là ce qui
le sépare de nous (iar le fond même de son
essence, c(U*il n*y a rien entre Dieu et nous
que par I intermédiaire de la raison ; que
toute autre voie est chimérique, tout autre
commerce une im|K>sture ou une illusion.
I^ doctrine catholique n'accepte pas cet ar-
rèt« elle croit, elle enseigne oue la natureet
la raison ne sont que le péristyle de la vérito,
Ve premier flambeau du temple, etque l'hom-
me, avec ce secours, si grand qu'il soit, est un
être incomplet qui ne saurait atteindre au ter-
me de ses destinées, c*est-à-dire à Dieu. Voilà
Il question formidable qui est devant vous.
Puisque Dieu est la Onde Thomnie, puis-
qu'il nous a créés pour être i^arfaits et heu-
roui en lui, il est manifeste, qu*à moins
que les plans de la création ne soient ii^i*
bas entièrement trompés, il doit se trouver
dos hommes qui tendent à leur fin, en cher-
chant at en aimant Dieu. Et cependant aussi,
à cause de la liberté humaine , il doit se
trouver d'autres hommes qui néçligentDieu,
leur principe et leur fin, pour s abandonner
à la séduction des choses créées. Tel esl, en
etfet, le spectacle que nous présente sans
interruption l'histoire du monde. A quelque
époque qu'on la consulte ou au'on la re-
garde, on y voit aux prises deux grands
|»artis qui se disputent le gouvernement des
esprits, le parti de Dieu et le parti de 1 hum-
nie, le* parti des saints et celui des sagos.
Or, s'il est vrai que nous n'ayons d'autre
moyen pour arriver à notre fin uivine que la
nature et a raison, il est maniieste que le
parti de Dieu a dû prendre son point d'a))-
pi4i dans les soutes ressources de l'ordre na-
turel.Et pourtant il n*en est rien. Le parti
de Dieu existe, il a toujours existé; il est
doué d'une for<*e qu'aucune autre n'a pu
abattre, ni les siècles, ni les rois, ni les sa-
ges. Les siècles sont venus avec l'empire
et tes ruses de la durée; le parti de Dieu
les a regardé couler, s'est servi d'eux pour
leur survivre. Les rois ont tenu dans leurs
mains toute la puissance de l'homme : le
])arli de Dieu a béni ou maudit leur pas-
sage, et, dans un cas comme dans l'autre,
il a mis de la terre sur leur tête et il est de-
meuré vivant. Les sages ont écrit des livres
et se sont fait des noms; le parti de Dieu
s'est emparé de leurs livres, cl maintenant
que leur renommée n'est plus qu'un souve-
nir sans vertu, il se sert encore de leurs cen-
dres pour garantir sa propre immortalité 1
Eh lueu l cet opiniâtre et victorieux i>arti,
où puise-t-il , au sein de la caducité »^^
raie, son imfterturbable vie! Sa force, ilie
déclare lui-même, est dans ane dociriaeqû
ne Tient pas de la nature et «tui «léo^nciHie
la raison. C'est là, dansée foyermjstérieui,
que le parti de Dieu puise la lamière qui le
guide, ta vertu qui le purifie, le courerQ
qui l'élève au-dessus des peri»écttlions Se
tous. Il ne s'en cache |:as, il s*efl glorifie.
Si maintenant, au contraire, nous consi.
défons lautre parti, le parti de rbomote,
et que nous cherchions à conoattre le foo-
dément de ses couvictionsetde ses actes,)}
ne s'en cache pas non pins ; il nous déclai
très-haut qu'il n'y a pour lui d'aatre âdeore
Sue celle de la nature, d'autre vertu qaeceile
ont la raison est le principe, le siège et li
démonstration. Que si, iiar delk l'uniTers,
il existe un être invisible, affranchi des li-
mites où tous les êtres sont resserrés, h
parti de l'homme prétend n'en aroir d'idée
que par la révélation intérieure de lesprit
ou par la conclusion qui Se tire deâ piiéso-
mènes du monde. Mai5,3oitqu ilailnicUeog
qu'il reiKiusse Texistenoe de cet tlnsoj^*
rieur, le' parti de l'homme n'entretieglareff
lui aucun commerce réel.
Voilà le fait : partout oii Dieu eslsilort,
il Test en vertu d'une doctrinesunuturelle;
1 Partout où il est méconnu, ill'estaaiHH&te
a nature et de la raison. Quelque étrun
que soit ce résultat, il n'est pas possibleda
le nier. Tournez vos yeux où vous voudrez,
entrez dans tel temple qu'il voos platn,
vous y trouverez au seuil même la pro|4ié*
tieel le sacrement: la prophétie, qui fsl
une parole de Dieu contenant des térilés
inaccessibles è la raison ; le sacremeDlt qui
est un acte doué par Pieu d'une ciBcsdii
supérieure h toutes les forces de la nalun.
£t quicon(|ue méprise ces deux choses.
vous le verrez, infailliblemeot courM ven
la terre, ne sachant de Dieu que son nm ei
n'ayant avec lui d'autres rapports qoelKi-
gratitude et l'oubli.
Encore une fois, voilà le fait. Maisquefoul*
il conclure? Il faut en conclure que le ct)a*
merce de l'homme avec Dieu n'est pas fondé
sur l'ordre purement naturel, mais sur qd
ordre plus intime et plus profond, qui wA
on contact direct la personnalité huroaiue ei
la personnalité divine. Si vous vous reto
à cette conclusion, vous êtes libres, msft
chez que vous anéantissez tout commercf
de l'homme avec Dieu, pnisqu'eo réaiii^ ^
n*en existe pas d'autre sur la terre. M-
être direz-vous qu'il vous inlporte peu, fi
que votre ooinion est précisément que (t
commei-ce n est autre chose qu'une itu]^*"
ture ou une illusion. Ici, la question Hias:
de face. Il ne s'agit plus de savoir quei^
en réalité dans le genre humain le mode^"
actes religieux, mais quelle est la valeur <v
f:iquo de ces actes, tels que le genre buin^^
es accomplit. Je dis le genre huiuaio, f.
c'est la première chose que je dois éulit^
pour donner une base à mes raisoiioeiuefl^*
Uhumanilé est-elle religieuse? Est-elle r«^
gieuse sous la forme Surnaturelle?
C5SI
SUtt
DICTIONNAtRE APOLOCETIQtfi
SUB
ir
L^koBUDittf religlesw esl on bit aoîTenel et peipctoel.
— faotemeDt et impaisnoce de rioeréthiHié. — Fro*
l*^iie et sacrenefti, esKBce de tooi colle; —ont ré-
«né à répravve de la poblidlé;— base de la religion,
ils le soot aoni de la sod^tc drile
11 semble qn^on ne [misse pas prétendre
q«e Hiamanilé soit reltgîeiise, puisque j ai
ceofessé moî-^oiêne qu'elle se diTisait en
deui partis, le parti de Dieu et le parti de
rbonmis lo parti de la foi ei «elui de Tin-
crédulité. Mais il est aisé de Toir que cette
diri&ion, toute réelle qu'elle soit, ne d'étruit
fes TunÎTersalité et la perpétuité du culte
retigicul parmi les hommes, et ainsi ne nous
die }«is le droit d'affirmer que Tbumanitéest
religieuse. En effet, tandis que nul peufiie
D*44»paralt dans fhistoîre sans le signe et le
palladium d*une foi positive, sans temple,
sans autel, sans sacerdoce, c'est-à-dire sans
une religion constituée, Tincroyance ne s'y
montre que sons une forme individuelle,
tantôt proscrite, tantôt tolérée, rarement
vuissanle, et ne parvenant iamais à s'as-
<^oir comme l'expression publique et sociale
ti*uae nalion. Loin de s*élever à un caractère
uuiversel, l'incroyance n'atteint pas même
ï rhonneur de la nationalité; elle seqiente
d'bommeàborome, è la fiiçon d'un venin qui
flnoeole, et qui, fût4i devenu la peste, reste
encore dans son eipansionà l'état d'accident
L'X de fléau. Il y a des portions considérables.
Je rhumauité qui ne l'ont jamais connue ;
tel est rOrient. Là, sous un ciel splendide
H chaud, l'homme lève plus naturellement
«es jeui vers, la sphère invisible liabitée |)ar
l>iet] ; il croit, il prie, il adore, il contemple,
ffonr ainsi dire sans y penser, et le doute ou
rincroyance, s'ils abordent son esprit, y
laissent plutôt la trace d'un rêve que d'une
tentation.
Il en est des temps comme oes peuples.
[>es temps, pris dans leur suite, sont reli-
;f <ni. Si quelques-uns forment une eicep-
i'=>n, c*est-à-dire firéscntent un plus grand
irymbre d'apostasies individuelles, ce sont
es temps de décadence qui, en achevant
»ur cycle douloureux et corrompu, rame-
enl bientôt du fond de l'éternité avec des
>ars plus jeunes des croyances plus respcc-
.^es. ÈCde même qu'il y a des races à qni
irréligion n'est | as connue, il y a aussi des
^es où ce mystère dMniquité n'a pas môme
é nom. Tels furent les premiers siècles de
< ré>put)lique romaine; telle cette époque
lé.iiorableoii le christianisme ayant achevé
' ItAptème de l'Europe, en retenait les na-
on s passionnées sous le sceptre d'une foi
n<:nre nnanfme.
Soit donc que l'on considère l'humanité
)DS Fensemble des peuples qni en forment
corps total, soit qu'on l'envisage dans son
f veloppement séculaire , l'incrédulité ne
y montre qu'à l'état de protestation, avec la
jlilesse de l'isolement jusque dans le nom-
ne^ayee l'impuissance de la |ieqiétuitéjus-
je dans la durée, et l'homme demeure aux
/u% de tous|iar son cœur et son histoire
ï élrc religi^u*-
BlCTlOS^AIEE APOLOGÉTIQVE. If.
Mais sous qnelle forme l'est^il ? Rien as*
sûrement n'est plus varié qna le spectacle
des cultes qui remplissent la terre. Ils dif-.
firent |iar la doctrine, par la morale, par les
cérémonies, par le sacerdoce, par leurs ini-
mitiés, et il semble impossible, de .quelque
eôté qu'on les regarde, de les ramènera une
commune architecture. Et toutefois, il n'en
est pas un seul qui, sous le rapport de la
forme, n*ait le même point de départ et la
même constitution. Tousdemandent à leurs
prosélytes de s'incliner avec le respect et
robéissance de U foî devant un dogme sa*
cr'é, c'est-à-dire devant une doctrine descen-
due de Dieu par une révélation inspirée ou
1>ropbétique. Tandis *(|ue la science part de
'observation de la nature, et la philosophie
de l'investigation de la raison, partout et
toujours la religion invoque la prophétie,
c'est-à-dire la parole de Dieu communiquée
d*abord à un envoyé, puis transmise j ar la
tradition jusqu'aux lèvres du i^ètre qui la
donne, comme il Ta ref uo, f our un hériiago
inviolable d'en haut. Le savant, le philoso-
phe et le prêtre sont les organes d'un triple
enseignement dont li^s lumières peuvent
s'aider d'un reflet mutuel, mais qui toas trois
l^nt leur princif^e propre et leurincommuni*
cable caractère* Nul ne s'y tromfia jamais.
I^ savant constate, le philosophe raisonne,
le prêtre affirme au nom do IMeo. Et ainsi la
déunition même de ces trois genres d'hom«>
mes nous démontre que tout culte est fondé
sur une prophétie, soit que réellement Tau*
leur fût inspiré de Dieu, soit qu'il ait usurpé
par une coupable imitation le titre et la puis-
sance de prophète. Nons verrons bientôt quel
est I3 moyen de discerner le vrai do faux
dans une matière où l'imposture a de si
graves conséquenres; mais ici l'imposture
elle-même prouve la vérité que je veux éta-
blir. Car, je vous le demande, pourquoi laira
un mensonge du nom de Dieu, si le nom de
Dieu, appelé en témoi;;naçe du dogme, n'é-
tait pas nécessaire à la vie de toute reli-
gion T
Aussi de même que ciiaque peuple garue
la mémoire du législateur ou du conquérant
qui le fonda, chaque culte, vrai ou faux, a
consacré l'histoire du prophète qui lui ap*
I)ortaduciella \iarolede Dieu. Les Chrétiens
nomment Jésus-Christ, les Juifs Moïse, les
Perses Zoroastre, les Hindous Bouddha, les
musulmans Mahomet, et s'il est des cultes
3 ni ne connaissent |ias (lersonnellemenlleur
ivin instituteur, celte i,:rnorance tient à ce
qu*ils ne sont, comme le polythéisme des
brecs et des Romains, qu une corruption
confuse de systèmes antérieurs.
Voilà donc toutes les religions, c'est-à-
dire l'humanité elle-même en tant que reli-
gieuse, qui confiasse que le commerce de
rhomme avec Dieu refiose sur des vérité<(
d'un autre ordre que celles de la raison, sur
une lumière difl^érente et plus haute que
celle qui éclaire natnrellement les intelli-
gences créées. Ce n'est pas tout : à côté de la
prophétie, flambeau universel et perpétuel
où s allume la foi, se manifeste et s'impose
42
VB3
sua
IHCTIONMAIRE
\e sacrement, aulre institalion réputée dî-»
yinc, qui a pour but la purification, Téléva*
lion, kl sanctirication de l^Âme, son union h
Dieu, par une vertu qui surpasse et étonne
les forces de la nature.
Je fasse sur les sacrements du christia-
nisme; vous les connaissez tous et nul de
vous ne doute qu^ils ne soient une partie
( .ssentielie de la religion duChrist> le inoyen
qu*elle nous offre pour nous élever de la
terre au ciel. Mais en est-il de môme dans
lesautres cultes? Le sacromçut est-il chez
tous le mode inviolable des communications
de rhommeavec Dieu. Oui , chez tous : des
forôts sacrées de la Scandinavie aux pagodes
bizarres de la Chine, de la pierre des Drui-
des à Tautelde la Grèce, des temps les plus
modernes aui Ages les plus reculés, partout
et toujours le culte est sacramenlaire comme
)e dogme est prophéiiiiue. Sacrifices, eaux
lustrales, expiations, initiations, rites san-
glants ou joyeux, voilÀ ce qui est Tâme de
toutes les liturgies et ia fonction de tous les
sacerdoces«Dnseul cultCt celui de Mahomet,
s'en est montré avare, parce qu'il n'est guère
qu un déisme revêtu ue révélation i et en-
core Mahomet a-t-il conservé le vestige du
sacrifice en même temps qu^il faisait de It
prière le fondement pratique de son édifice
religieux^ Or, la prière est elle-mftme un sa-
crement, lorsqu'on lui suppose une elOcacité
d'impétration qui surpasse évidemment la
poriéed'un acte naturel.
Au lieu donc que la morale devrait être le
seul et vrai moj^en de nous unir à Dieu^ si
nous ne consultions que la lumièrede la rai-
son, voici que tous les cultes nous présen-
tent, pour atteindre à ce but suprême, je ne
sois quelles opérations dont ia vertu ;^tt uni-
queiDcnt dons ia volonté qui les institua ; et
f^omme la raison est subordonnée à la foi
dans Tordre de l'esprit, la morale est subor-
donnée au sacrement dans l'ordre de la vo-
lonté. Non pas que la foi doive détruire la
raison ni le sacrement la niorale; mais, au
contraire, la foi est donnée pour agrandir la
raison, et le sacrement pour perfectionner
la morale. Or^ plus ce résultat est extraor-
dinaire» plus son universalité et sa perpé-
tuité, loin de nous inspirer un stérile élon-
nement, méritent de nous une féconde et
«respectueuse considération.
C est pourquoi je vous prie de remarquer
tjue ia prophétie et le sacrement ne sont pas
une œuvre se«Tète, cachée au fond des sanc-
tuaires et révélée seulement à des initiés ;
mais qu'ils lèvent tous les deux leur tête
avec la hardiesse de la foi, qu'ils sont tous
\os deux publics comme la religion.
Or, ce n'est pas peu de chose que ta publi-
cité, et surtout une publicité universelle et
^perpétuelle. Plus qu'en aucun autre siècle,
TOUS pouvez juger combien l'épreuve en est
redoutable, puisque tout est plein des ruines
qu'elle accomplit chaque jour, et par où elle
répond à l'audace de ceuxqui l'affrontent avec
d'autant plusd^irréflexion qu'il n'y eut jamais
dans le monde moinsde défiance de soi et plus
de facilité de parler très-loin et très-haut.
APOLOGETIQUE. SCR \'SU
C*est qu'en effet la publicité renfermeune
confrontation immense de laiiensée tm
tous les esprits, avec tous les droils^lGu
les intérêts, tons les établissements, louirs
les vérités acquises, toutes les moeurs assu- '
réesj avec tout ce qiii se meut dansiesyiecc
et dans le temps. Elle est une lutledunoo*
veau contre l'ancien, du progrès contre lu
stabilité,et réciproquementdel'aDC.eQconlre '
le nouveau, -de la stabilité contre le progrH |
lutte sanglante et quotidienne, où ilest imi^js- ;
sibleà ce qui est vain de résister longlemp^. '
Admirer donc avec moi dans Inislilutioo '
"sacramen taire et prophétique une ()ubliri<i !|
de soixante siècles. Les temples étaient oq- I
verts, la fumée du sacrifice montait libre-
ment vers le ciel, le sang et l'eau coulml
sur le front des fidèles à lafacederimpie:
le monde a vu et voit encore. On ne lui i
rien caché, on no lui cache rien. ]\ei;ardei, *
voici l'urne du baptême; voici le lieu où la!
foi s'agenouille en avouant et réparanUii
fautes; voici le tabernacle où repose sou.5 lo '
signe du pain la chair vivante d'un Vm ti
la parole qui révèle et anime toutes ces cbcr
ses, vous l'entendez, elle ue s'enfuit ptf
devant vous, elle vous saisit enlace, elif
vous presse, elfe vous commande au tm
de Dieu. RteSy il vous est permis; frappe;
voire poitrine, vous le pouvez. Mai^ V^^
vous répondiez par l'insulte ou par radun*
tion, la projphétiesubsiste, lesacremenlpert);
vère; demain vous mourrez, etdemainiissral'
lorontWotre tombeau. Ne faut-il pas nue ^o^
y pensiez ? Ne faut-il pasquevoussacnlezdW
vient h cette étrange institution une duiÉ
é^ale à sa publicité, une durée de tous les^
des devant une publicité de tous les leiQpn
Encore la publicité n'est-elle pas le u#
nier caractère par où nous pouvons jojl
du rôle que jouent dans l'humanité la |4
phétie et le sacrement. Si l'humanité i ^
destinées gui ont Dieu pour terme, elle
a aussi qui ont la nature pour horizon;
elle forme par ses rapports avec Dieu '
société divine, elle forme pendant
séjour ici-bas une société purement^
niaine. Entre ces deux soc^iélés, si di
rentes par leur objet, leur mode et Wj
but, il semble qu'il ne devrait y a?oiraa^
point de contact, ou du moins que
moyens surnaturels de l'une devr ieiit é
étrangers.aux effets naturels de l'autre.
n'en est rien. La prophétie et le sdcrcm<
3ui sont ia base de la religion, le sont ^
e la société civile. C'est ce qu'ont e^b
tous les peuples, puisque tous ont a^f^j
la religion, sous une forme ou sous '^
autre, à la chose publique, et ont vén^
dans le sacerdoce un des principaux
trumenLs de la solidité des erapiro. U }
tre, le guerrier, le magistrat, telles oui
toujours les trois colonnes de ia sccv
humaine : le magistrat par la justice^
guerrier par Tépée, ie'[)rétre rar Ja piof'-*
tie et le sacrement dont il est la vivaDlt^^^i
carnation. Ce n'est pas que t>caoroup <i;*"
très offices ne concourent à la siai'»t:
comme au mouvement de Tordre s-^ -^
1325
SVR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUC.
SI 11
iZfù
tous même, quels gu^ils soient, y ont une
honorable part; mais Tbonneur a sa hiérar-
chie aussi bien que tout le reste» et il est
assurément remarquable, pour ne pas dire
prodi^eux, qu'entre tant de ministères
humains dont Tutilité et la gloire ne sont
pas contestées, le ministère surnaturel du
prêtre ait obtenu des peuples une aussi
haute place dans Torganisation de leur TÎe
temporelle. Uéme aujourd'hui, où s'est in-
tro(fuile pour la première fois l'idée de In
séparation des choses humaines et dirines,
cela ne Tcut pas dire que la religion soit
reléguée en dehors des affaires et des inté-
rêts nationaux, mais seulement qu'elle doit
;igir sur leux par une action plus iudépen-
liante de leur maniement extérieur. Elle n'a
rien perdu, dans cette situation, de son in-
fluence sociale, elle n'en reste pas moins
l'âme reconnue de la civilisation du temps,
et |ieut-èlre y eut-il rarement une époque
où sa nécessité, -comme principe de 1 ordre
luéme humain, fut plus vivement ressentie,
t^ue de ruines autour de nousl A quoi, de-
puis soixante ans, la main de la France n'a-
t-elle pas touché pour le détruire? Que
restp-t-il debout I Qu'y a-t-il qui ne soit au
moins blessé? La vénération s*est enfuie
(]^^ rois; ni la guerre, ni l'hérédité, ni le
rhoîx des révolutions n'ont pu nous créer
nue monarchie ; nous abattons les trônes
«ans avoir la foi des fi'ji;es républicains ; le
respect nous manque envers nos propres
œuvres, et nous n avons plus de force que
iOur remuer nos ruines. Je me tro:iipe,
quelque chose est demeuré grand et honoré
<;ans ce naufrage de toutes les institutions,
«.'est le magistral sous sa toge, le soldat sous
s**s drapeaux, le prêtre dans son temple.
Vrrilà ce qui nous reste, cl parce que cela
fjous reste, tout est encore sauvé.
Que faut-il de plus pour conclure enfin
9^ec certitude que la prophétie et le sacre-
u ent ont pénétré jusqu'à la racine de la vie
ii^jmaine, et dès lors que I humanité est
•:-/;^euse sous la forme surnaturelle? Je
le pense pas que vous puissiez contester le
3ÎI ; vous ne pouvez plus qu'en repous5er
rs conséquences, et ce sont ces conséquen-
ts que je dois établir.
t raison iiD|Niiflsante poar fonder od culte, même n'.lot^
net. ii*a |ni cr^r ooe forme religieuse donl elle n'a
oi la cooscIcDce dî rioleltigeoce. — Le rationalisme
sn pfXMe oiie abemtion asiTerselle qai cependant n'au-
rai t aocooe racine dans la consUtalloo de lliomme. —
%o<«iTelle conltadicUon du ralionalitme. — L*tinmauilé
a-i'-eUe été Tîctime d'imposlcursT
Voas connaissez Timportance lo^que de
ut étalilissemeni qui porte en soi les ca^
tères d'universalité, de perpétuité, de
iMicîté et d'organisation. Ces caractères
:nîûcatifs, nous les retrouvons cîans Téta-
ssemeat prophétique et sacraïuentaire,
lis avec une force nouvelle qu'ils puisent
fiS l'essence même de la prophétie et du
' njent. Car, au lieu que les institutions
<'n ^es rem^onlre d'ordinaire (I<'îrivenl des
^/^is et des facultés de Thomme, c'est-à-
dire de la constitution naturelle de son être,
ici nous ne pouvons plus en expliquer la
présence par ce motif, puisque la prophétie
et le sacrement appartiennent à un ordre qui
confond la nature humaine plus encore
qu'il ne la satisfait. Que l'humanité soit reli-
gieuse, nous l'entendons volontiers ; la rai-
son nous annonce Texistence d'une cause
suprême, à qui nous devons tout ce quo
nous sommes, de qui seule nous pouvons
espérer tout ce qui nous manque, et la re-
ligion n*étanl autre chose qu'un commerce
de dépendance, de gratitude et d'amour eu-
rers cette cause suprême, il est facile à un
cœur droit d'en concevoir la justice et d'en
suivre le goût intérieur. Mais au delà de ce
cercle, la raison ne rencontre que des abî-
mes, ou du moins elle ne découvre rien
dans sa propre lumière qui lui indique un
autre mode de connaître, d'aimer et d'adorer
Dieu. Par conséquent ce n'est pas efle qui
pousse Thumanité vers cet autre mode; le
n'est, pas elle qui ouvre devant nous la car-
rière obscure où les sacerdoces ont conduit
tous les |>euples et tous les temj.s. Itien no
se fait que par un principe d'impulsion ; au-
cune impulsion ne se donne que conformé-
ment au princifie d'où elle émane. La raison
fiouvait créer un cufte dont elle ne possé-
dait aucun élément.
Mais, chose plus remarquable encore, en
aucun siècle et en aucun lieu la raison n a
même créé un culte ra.ionnel. Partout, tou-
jours, le culte prophétique et sacrauientaira
a étouflé le culte rationnel en l'empêchant
de se produire. Si ce culte a existé dans
quelques cœurs, comme ceux de Pythagore
et de Platon, il y est demeuré incertain de
lui-même, à l'état d*une aspiration qui cher-
che à se déterminer saus y parvenir; état
incomplet et douloureui, qui arrachait au
plus grand des sages cette confession tant
de fois citée : « Il faut qu'un maître vienne
du ciel pour nous instruire. »
Comment donc la raison, incapable de sa
donner un culte h eile-niême, aurait-elle
poussé rhumanilé tout t^nlière vers une
forme religieuse dont elle n'a ni la cons-
cience, ni l'intelligence? £t si ce n'est |ias
la raison qui est l'auteur de cette forme
religieuse, qui donc en est l'auteur? Qui a
eu la puissance de l'imposer au genre
humain ? Vous direz peut - être ceci :
« L'homme est fait |)Our Dieu ; il le sent, il
le sait ; il est à l'étroit sur celte terre qui ne
lui donne qu'un abri triste et peu durable ;
il aspire par lo ressort naturel de toutes ses
facultés vers la région infinie qui est Je
tcrmede sa destinée. Mais il ne connaît pas
clairement ce terme où il est attendu, il en
a le pressentiment plutôt que la science, et
par leffet roni!?iné de ce qu'il veut et de ce
qu'il ignore, iî se crée pour aller à Dieu des
moyens qui le rassurent dans sa foi et le
consolent dans son désir. Il se persuade
que Dieu lui j^arle; il suppose que certains
actes faits en son nom reçoivent de cette in-
voc;ition sublime^ine eilirarilc que la nriU;ro
toute seule ne peut Monaer à ûen. La pro'
I5i7
SUR
DICTIONNAIRE A1H)L0GETlQtE.
SDE
m
phétie est le songe d'une vérité, le saerc-
mcnWest Terreur d*une espérance. Dans le
commerce 4*un être borné avec un être in-
fini» rimpossible devient naturel et Textra-
vaganee semble un effort de la raison. »
Lucrèce invoquait la peur comme la créa-
trice des dieux et de leur culte ; vous en
ap(»elez à de meilleurs sentiments pour ex-
{uiquer ce mystère ; et dans le fait, s*il ne
s'agissait que de pratiques individuelle? ou
locales, on pourrait peut-être considérer les
religions |)05itives comme une aberration
ÎHus ou moins excusable des sentiments re-
igieux. Maïs Taberration, quels que soient
le prestige qui la cause et les noms dont on
la décore, ne saurait être la loi de Tbuma-
nité. C'est Thumanité qui croit à la prophé*
lie et au sacrement; c'est elle, sans excep-
tion, qui s^est soumise à des dogmes dont
i'espritn'a pas révidence,à des rites dont la
raison n'accepte pas la solidarité ; c'est elle,
dans ses peuples éminents comme dans ses
races dégénérées, dans ses siècles de civili-
sation comme dans ses âges de liarbarie,
dans ses sages aussi bien que dans ses sim-
ples de cœur. Il est impossible que l'huma-
nité tout entière ait subi par rapport à
Dieu une éclipse aussi persévérante de sa
vraie et naturelle lumière; il est impossible
que Dieu Tait permis. La vérité est le pre-
mier bien que nous ayons reçu do son
équitable bonté ; elle est en toutes choses le
principe de notre perfection et de notre béa-
titude; nous ne {louvons la perdre, sans
perdre la racine de tous les dons divins. £t
ce serait DIqu lui*mème, ses actes, sa mé-
moire, ses droits sur nous, (jui seraient
devenus la source corrompue d'une univer-
selle et invétérée superstition I La vérité
mathématique se serait conservée, la. vérité
religieuse aurait disparu de la torre'l Sans
doute la liberté humaine a donné lieu à des
égarements de toute nature 4 mais, outre
qu'ils n'ont jamais détruit universellement
rien de nécessaire à la vie du genre hu-
main, ils conservaient encore des traces de
la vérité. On y reconnaissait la source d'où
les passions de l'homme s'étaient détour-
nées, et l'impuissance où il est de créer
même une erreur. L'erreur n'est qu'une
déviation du vrai, une altération de 1 ordre
naturel des choses, qui ne peut être totale-
ment anéanti ou chancre, si ce n'est par
Dieu.
Or, ici, l'on suppose un égarement uni-
versel, qui cependant n'aurait aucune racine
dans la constitution physique, intellectuelle
et morale de l'homme. D'après cette consti-
tution, telle que le rationalisme se la repré-
sente, l*homliie ne renferme aucun élément
supérieur h la raison : la raison est le point
le plus éleVé de son être, le principe et Ile
modérateur de toutes ses autres puissances ;
en dehors d'elle, il n'aboutit qu'a des rêves,
à des chimères, à des folies. Dès lors il est
manifeste que tout ce qui n'est pas rationnel
est antipathique à l'humanité, et que par
conséciuent il est impossible de concevoir où
rhumanit<^ aurait pris la pensée d'entrer
avec Dieu dans des rapports issui (l'ooe
autre source que la raison.
Mais, di tes- vous, i)ien qae la raison soit
véritablement le point le plus élevé de la
nature humaine, cependaat elle ne connoaK
pas Dieu avec une clarté suffisauie pour
s'unir à lui par les forces qu'elle {MyssMe,
et c'est pourquoi elle aspire à celte union
par des {procédés qui ne lui sont p«s pro-
pres, tels que la prophétie et le sacieiueni.
Pardonnez-moi de vous le dire, mais il
est impossible de rassembler en une seul?
phrase plus de contradiction et de noD-scas.
Quoi I la raison n'a pas eu elle le moyto
de s'unir à Dieu, et pourtant elle veOl s^usir
à Dieu I Mais pourquoi le veut-elle? Qui 1';
oblige, qui l'en presse, puisqu'elle manque
des facultés qui justifiaient cette aœbiiioii!
Ou Dieu a voulu que l'homme enlreitnl iiî
commerce avec lui par l'intermédiaire de !i
raison, ou H ne l'a pas voulu. Dans le l>r^
mier ca$, il a évidemment {donné à noire
ressort i!itellectuet une vibration assezpui.^
santé pour s'élever jusqu'à lui; dans hm
cas, la raison n'étant point ap|)elée à cfitc
haute prérO{$ative, n'en sentira pas pius !«
besoin que le devoir. Il faut choisir, fi
quoique vous choisissiez, vous n'expliqua
rez pas comment l'homme, être {mreuietit
rationnel, tend à Dieu par une voie éiran-
gère à sa nature.
!» Le vulgaire des gens d*esprit résout la dit
ficulté en supposant que le genre humAioi
été victime^ d'un certain nombre d'im{«(
teurs qui, de siècle en siècle, onlaboséffi
sa bonne foi. « Primitivement, pensenU^
l'homme n'avait pour prophète que sa rsïMi
pour sacrement que son cœur; il parlait
Dieu et Dieu lui parlait dans !e sand'iai
de l'Ame. La philosophie et la religion,
confondant par leur objet et leur mèlh
n'élaient-çn'tine seule et même insûtuti
Il n'y avait ni autel, ni culte, ni sacenioc
il n'y avait que l'homme et Dieu. Maisconi j
il se rencontra un ambitieux pour fondai
{tremier trône, il s'en rencontra on autre [xn
bnder le premier temple ; un second suni
puis un troisième, et bientôt la lèpre pr
phétique et sacramentaire, consacnV sM
le nom de révélation, couvrit de son irréd
diable impureté la conscience du cenreM
main. La nhilosophie se sépara oc la n'
5 ion. Quelques sages épars ccmsorvit:
ans leur cœur la pure lumière et la .^lii
liberté des premiers âges du monde; le f«i
vil troupeau de Terreur, se traîna captif ^
le joug d'une superstition que rien n*il
déraciner, sans doute parce qu'elle a [«
appui Thabitude, l'auiiquité, le nomdoPi^
et aussi la faiblesse innée de la plupati^
esprits. > J
Je ne relèverai pas l'injure que cette «M
trine fait à l'humanité; tous ss^ei qu*«
est ordinaire en ceux qui se séparent ov
foule. Laissons .à l'orgueil l'argututD^. ^
mépris, et donnons-nous la gloire du
logique calme et digne de la vérité.
Qu'il y ait de faux prophètes, li <}"
n'est pas douteuse; que plusieurs ^^^
f3J9
SUR
OICTlONNAïaE APOLOGETIQLE.
SUR
1530
réussi; riiisteire Ta prouré et le christia-
nisme le Teot. Mais pourquoi ont-ils réussi ?
N*oal-ib pas réussi précisément iiarce qu*il
y eu a de vrais? N^ont-ils pas réussi parce
que, tout en corrompant la religion, ils en
acceptaient la base dogmatique et pratique,
insénot dans ce tronc divin des branches
étrangères qui y puisaient leur vie? N*ont-ils
pas réussi parce qu*ils trouraient dans le
cœur de Tbomme, tel que Dieu Ta lait, un
complice préparé? L*imposture a besoin,
comme toute chose, d*un terrain analogue à
sa semence ; elle ne germe qu*en vertu d*une
fécondité qu'elle reçoit de Tunique source
de toute féi-ondité, qui est la nature. Suppo*
sez un fourbe qui ne s'adresse è aucune idée
reçue, h aucun sentiment réel, à aucune force
préexistante: croyez-vous qu'il parvienne à
déduire un homme en une heure? Et cepen*
dani, pour ei<pliauer par Timposture le mys-
tère qui nouspr^ccupe, il faut qu'il séduise
tous les siècles, et toutes les générations.
Nous possédons Thistoire de quelques-uns
de ces hommes extraordinaires qui ont mis
au monde une fausse religion; nous con*
naissons tout proche de nous, Luther et Ma-
homet; qu'étaient-ils, sinon des planaires
et des falsificateurs? Issus d*une institution
religieuse préexistante, ils y ont porté une
uiaîn téméraire, en s*aidant, pour la tron-
quer, des passions de leur temps, lis ont
défraie le temple; ils no Tout pas bflti. Une
portion de Thumanité les a crus, parce qu'elle
crurait déjà ; elle les a crus prophètes, parce
qu elle croyait aux prophéties; elle a reçu
leurs sacrements, parte qu'elle avait déjà
des sacrements, lis n'ont été des causes de
Terreur que |iar un.effet de la vérité.
Toilà j»ourquoi le dernier rendez-vous de
ië gaestion est toujours dans la nature hu-
maine elle-même; Timpostuce n'ayant de
j»rise que |iar là, il faut définitivement qu*elle
â> appuie, et fiour qu'elle s'y appuie il faut
u*ellc n'en contredise pas tous les éléments,
r, Toob l'avez vu, et je dois encore le répé-
ter* si Dieu u a rien donné à l'houime au
icià de son corps et de son esprit, si la rai-
;^»n est le'tcrme suprême de nos facultés, il
.^st clair que tout ce qui n'y prend pas sou
iri^'ne est pour nous lunaturel, chimérique
i Yaîn. Telle est la prophétie, nos ad ver-
aires l'avouent; tel le sacrement. £t ainsi
\e pearent-ils pas être le fruit de l'impos-
ure* surtout le fruit universel d'une impos-
ure continue, puisqu'il y aurait là un effet
ans cause, un édifice sans fondement. Ce
*est donc pas au hasard que la doctrine ca-
loliqneY après nous avoir eiposé tout, ce
ue l>ieu a fait pour l'homme dans l'ordre
^^nsîble et intelligible, nous avertit que là
'est point la limite de l'action divine à notre
fartl^ mais ijue par-dessus -ces dous précieux
. preruiers il en est un autre qui nous élève
ius haut et nous met en communication
araédiate avec Tauteur de notre être, avec
principe et la fin de nos destinées. Par
tcie créateur. Dieu nous avait suscités en
'"• de loi comme une personnalité vivante
ii bra ; nar l'acte révélateur» il entra en
3
commerce avec nous et nous avec Ini ; il nous
livra les secrets de sa pensée, les plans de sa
volonté, et dans c^tle effusion à la fois exté-
rieure et intérieure, extérieure |iar la [larole,
intérieure par la lumière et l'onction, il créa
l'ordre surnaturel et religieux. Et de même
que la nature, sortie de se toute-puissante
main, persévère dans les conditions où il
l'enchatna, la religion, non moins fidèle,
|»ersévère sous la forme qu'elle reçut de lui.
Autant il est insensé d'agir contre la nature,
autant il est vain d'agir contre la religion;
l'une et I autre demeurent telles que Dieu
les a voulues. Ce que le soleil et la lune
sont au firmament visible, la prophétie et le
sacrement le sont au firmament oe la vérité.
Vous ne ferez \^as tomber les étoiles, et vous
ne ferez pas taire la parole de Dieu. Et si,
jaloux de l'œuvre divine, vogs aspirez à
créer q»ielque chose par vous-mêmes vous
ne réussirez qu*à produire des imitations
qui, jusque dans leur impuissance, atteste-
ront le dogme dont vous avez peur, et illii*
mineront la gloire que vous voulez détruire.
Qu'a fait Luther, sinon confirmer TEglise?
Qu'a fait Mahomet, sinon grandir Jésus-
Christ? Qu*oul fait tous les usurpateurs du
titre prophétique, sinon maintenir dans les
ténèbrrs le souvenir et la nécessité de la ré-
vélation? Et que faites-vous en niant la ré-
vélation, sinon prouver par votre exemple
que la religion s'éteint dans tout esprit qui
nie la réalité d'un ordre surnaturel ?
f m.
Objection: L'uoiTemMlé et b perpéurité de la profibôtie
ei do sacreneot ne loot qu'appareilles; poiot d'iidlé.
— Bépome : Si la litR-rté honaîne a ronpa l'wiité dans
la rellgioo, «lie ii*a pas davaiilage respecté la nature
et la nisoo; — Le sceptieisaie nie l'anilé rationnelU
oonnne rumlé aoraaUirelle; nnis il déffanre, il ne
saurait détruire.— Unité des prapliéties; unité des sa-
cremenU. — La nature a résiste aui moUlaUons, la
raison aux sjstème», la religion à rincroy anoe.
c H est vrai, nous dit le rationalisme, qu'à
s*en tenir à la surface des choses, la prophé-
tie et le sacrement ont un caractère d'uni-
versalité et de perpétuité, par où ils semblent
marcher d'un |)as égal avec la nature et la
raison; mais ce n'est là qu'une apparence
qui se dissipe au firemier regard sérieux
que l'on jette sur C(*l illogique établissement.
En effet, pour qu*il y ail une vérit^lc uni-
versalité, une véritable uerpétuité, il faut
que la chose ou la pensée qui aspire à ces
grands caractères soit la même partout et
toujours; sans l'unil'é, Tuniversalilé et la
perpétuité sont impossibles, puisque l'uni-
versalité n'est que l'expansion de l'unité
dans l'espace, et la perpétuité son expansion
dans le temps. Ainsi la nature est vraiment
universelle et |>erpétuelle« parce que ses lois,
en quelque lieu ou en quelque siècle qu'on
les consulte, rendent à quiconque les inter-
roge une réponse qui ne change jadiais. AU
jMe comme à l'équateur, sous Tinstrunient
de Newton comme sous les yeux d'Aristote,
la lumière physique tombe et rejaillit d'un
objet en formant un angle constant. Il en
est de même de la raison. Faculté d*un être
libre, elle ne suit pas le^j cappices de la vo-
I3*l
SYU
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SLK
\rÀ
lontë; elle Tappronve on la condamne selon
des règles qui ne fléchissent point. Parlez à
rAthénicn de Périclès, à TArabe du désert,
au sauvage des forôts ignorées, à l'enfant de
Ja barbar>e, ou h rhomriic fait de la civilisa-
tion. toiK vous entendent, et alors même
qu'ils disputeraient entre eus de leurs opi-
nions, ils invoquent pour les soutenir des
principes uniformes aussi clairs et certains
h rintelli-çence de l'ignorant qu'à celle du
docteur. En est-il ainsi de Tordre surnatu-
rel ? O'j plutdt rien est-il comparable au chaos
des superstitions qui en composent le spec-
tacle? Ouvrez ce panthéon; qu'y voyez-vous?
Des dieux qui s insultent, des dogmes qui
se contredisent, des cultes qui se renient,
des sacerdoces qui s'anathématisent, des au-
tels qui se jettent du sang, une discorde in-
finie comme l'objet sacié où prétendent at-
teindre ces épouvantables controverses de
l'impuissance et de l'orgueil. Voilà le fait
surnaturel 1 le voilà tel qu'il est dans l'his-
toire et devant nos yeux I Et c'est là ce qu'on
appelle une chose divine, une institution
non pas seulement é^ale à la nature et à la
raison, mais qui, supérieure à tout ce qui
est créé, doit servir de norme à la conscience,
de lumière à l'esprit, de couronne à l'uni-
vers I Pour nous, quelle que soit la cause
de ce terrible phénomène, nous l'accusons
d*étre humain ; il est humain, parce qu'il
n'est pas un.
« si V0U5 répondez que, parmi tous ces
cultes, fl en est un seul qui est le vrai, dont
les autres ne sont qu'une impie ou malheu-
reuse contrefaçon, la dilBculté perdra peut-
é»fe de sa force par un côté, mais en la re-
couvrant d'un autre avec usure ; car un seul
culte étant le vrai, un seul est bon à l'âme,
un seul établit entre Dieu et l'homme une
efficace communication. Dès lors il est né-
cessaire de le discerner dans la foule des
autres; il faut choisir sans se Iromner. Et
quelle tAche imposée au genre humain dans
une affaire au îl s*agit de trouver ou de per-
dre Dieu 1 A nous, faibles créatures déjà
épuisées da&s les sueurs que nous coûte .
notre vie d'un jour, on aurait donné une
énigme à résoudre comme condition de notre
vie éternelle I Cela se peut-il ? Se peut-il que
l'éternité nous coûte autre chose que la
vertu, et qu'avare de l'infini Dieu se fasse
un jeu cruel d'ôtre le sphynx de l'homme?
Ah î si la vérité est notre pain, elle doit tom-
ber du ciel comme la pluie, elle doit s'ou-
vrir passage comme le vent, elle doit grossir
ses flots comme la mer, elle doit germer
comme la moisson dans les jours où Inomme
dtîend sur son travail la bénédiction qui
créa la terre et qui lui ordonna de nous ser-
vir. Tout homme est capable de creuser un
svllon'et d'y îcter une semence ; tout homme,
l'csl-il de démêler la confusion des cultes
innombrables qui se disputent l'honneur de
venir de Dieu et d'y conduire l'humanité?
Nul n'osera le prétendre, et par conséquent
nous opposons à l'ordre surnaturel, comme
une double accusation, son défaut d'unité
entre toutes les religions positives quelle
est la véritable, si tant est qu*ane le solL •
Telles sont les diflTicultés. qui nous artf
tent, et que je dois résoudre avant défaire
un pasdc plus.
Il est certain que l'unité.est un caractèn
essentiel des ouvrages de Dieu, non pas une
unité morte qui exclurait la variété, cesl-
à-dire l'harmonie dans le nombre et reten-
due, mais une unité féconde qui, partaul et
Dieu lui-même, y ramène cornue à leur
source toutes les irradiations de la lu-
mière et de la vie. L'unité n est que Tonlre,
et Tordre est évidemment un attribut de
Dieu et de ses œuvres.
Il est certain aussi qu'en considérant leo-
semble des cultes, bien que tous partent oc
l'idée et du fait d'une révélation, surnatu-
relle, bien qu*ils aient entre eux la parenté
très-significative de la prière, cependam
leur constitution dogmatique établit entre
la plupart une flagrante contradiction.
L'uniléest à leur base, elle n*est point dan»
leur architectnre, et cette diiBcuUé 9cth>c
nécessairement dans l'origine* sea*wkh*
du plus grand nombre une autre mai&qQe
la main de Dieu.
Quelle est cette main? qui a touché roso-
vre divine après Dieu? quelle puissaoït
est survenue derrière le Créateur fK)ur in-
troduire jusque dans la religion, qui éUïiU
couronnement de Puni vers, une semence Ce
discorde et de mort? Cette puissance e.^i
vous. Dieu no vous avait pas mis au nombre
de ses ouvrages pour les habiter dans Tiner-
tie d'une contemplation captive* mais pou:
y être les libres coopérateurs de sa pensètoi
de sa gloire ; il ne vous avait fias laits pou:
l'adorer servilement, mais pour raicuer
d'autant plus que vous pourriez le hair.
pour le servir d'autant mieux que to^
pourriez le combattre, pour être de Sim
nom des instruments d'autant plus efficaci*»
que vous pourriez le déshonorer. C'estpt^ût-
quoi partout où est Dieu en ce monde, tou'
y êtes aussi ; partout oh il opère, vous ojt-
rez aussi, soit dans le sens de sa penste,
soit dans un sens contraire. Et ce n est pas
seulement sur une part de son oeuvre, que
cette puissance vous a été donnée : vous b
Cossédezsur son œuvre tout entière a»'*^
iendans l'ordre naturel que dans Toriir^
surnaturel, aussi bien contre la nature'.
la raison que contre la prophétie et les^
cremenl. Vous pouvez tout nier; vous jwa-
vez nier Dieu comme Jésus-CbrisU la n*
ciété comme l'Ëglise, le vrai matiiéniat)«ju«
comme le vrai révélé, le bien visible com:^'
le bien invisible, le temps comme Pétern:-
Rien n'échappe à votre empire, parce q^-
d'une part, votre liberté n'a pas de \\'' '
tes, et que, d'autre part, tout,étanl enciia:.*
dans le monde, le coup que vous fiortez fu-
un point retentit nécessairement clans t'»»-
tes les sphères do la création et de Hnaiv
I^ nature, la raison et la religion sont U*^>*
lois progressives dont la lumière «trè:'-
proqueet la furcc solidaire; riût«'ïi«^'^-*
puis Vimpossibilité dé discerner ne W.s divii>c que par un schisme qui i^>
ffS;3
SIA
IHCTIONNAmE APOLOGETIQ^.
SLR
f33l
blesse loules trois, et l'orgueil n'a de sue«
oès profond que dans une ruine (|ui leur
fait un é{$al tombeau. Le vœu de I orgueil
esc de oe point obéir, et il obéit tant qu*uno
loi sobsîste, quelle que soit son origine,
$à forme ou son nom. De là Tient qu il ne
se re|)0$e que dans la souveraineté absolue,
ec que, mesurant ses forces à la grandeur
de son désir, il n'a pas désespéré d'atteindre
aux deux actes souverains qui n'appartien-
nent qu'à Dieu, détruire et créer, détruire
le monde tel que Dieu Fa fait, pour créer un
monde tel que Thomme le veut.
Vous pensez que j'exagère, et que si
rbommea réellement attenté à la religion,
l>arc« qu'elle n'est qu'une part supposée do
TcBuvre divine, il a du moins respecté tou-
jours la nature et la raison, qui sont cette
œuvre elle-même dans toute sa certitude et
>a sincérité. Vous le disiez tout à l'heure;
vous opposiez l'uniformité constante de
l^ordre naturel à la variété conti'adîctoire de-
fordre religieux; mais quoi donc I le bruit
du monde ne vient-il pas jusqu'à vous?
> 'entendez- vous pas d'ici la clameur sé-
rulairo de ses divisions? Est-ce aux por-
tes seules du temple que se livre le combat
ue Thonime contre iliomme, et de l'homme
cvotre Dieu ? Descendez au forum des peu-
jies» pénétrez dans les académies, faites-
f t/us ouvrir les laboratoires de la science :
l'artout où vous rencontrerez l'esprit bu-
luain, vous y rencontrerez la guerre, doc-
trines contre doctrines, |K)litique contre po-
litique, histoire contre histoire, faits contre
laits, affirmations contre négations. Pouvez-
vous le c;oiitestec?£t dès lors en quoi l'or-
dre naturel [e^^-il plus un que l'ordre surna-
turel? £n quoi écnappe*t-il davantage aux
atteintes de Qotre liberté? La contradiction
reii^euse elle-même emporta une contra-
<#JicUoa rationnelle ; car le dogme que j*ac*
ce|»te et <{ue vous rejetez,, c'est avec ma rai-
son que je l'accepte, avec la vôtre que vous
le rejetez. Nous ne différons sur la foi que
ffarce que nous dilférons rationnellement.
Direz'Yous que si oousdifférons surlescon-
vé<^oences, nous reconnaissons les mêmes
!»rincipes, et qu*eu eux survit et consistas
*î uomuable uuité de U raison ? Mais la re-
i^îon peut au même titre prétendre à Tu-
lilé et à l'immutabilité; elle revendique
\iASsi des principes sur quoi s'accordent
ous les cultes» tels que l'existence d'un
;tre suprême, son actioa sur' Tbomme, son
oannerce positif avec nous par des rêvé-
atioas, des cérémonies, des lois, des ré-
ompcnscs et des châtiments. Où com-
iieoce le débal« sinon dans le dévelop;)e-
aeni dogmatique de ces pcincipes conv-
ions?
Il y a donc parité entre les deux ordres,
t si votre accusation conclut au préjudice
e Tun, elle ne conclut pas moins au pré-
idice de Tautre. Aussi« saclioz-le, la même
liose que vous dites contre la religion, le
?pCicisme l'a dit contre la raison ; de mêine
ue TOUS niez Tunité surnaturelle, è causi*
^ l-a «li vergence des cultes, le septtt:isme
nie Tunité rationnelle, è cause de la malti-
tude d'opinions et de pratiques qui divi-
sent les sa^es non moins que tes peuples,
fiscal le remarquait en se moquant,: » Vé-
rité en dcrà des Pyrénées, erreur au' delà !»
Connaissez donc Tablnte tout entier; voyez
ce que devient entre les mains de riiomme
cette raison dont vous ne doutez pas, et si
vous refusez de croire aux aveux de la [ihi-
losophie, croyez du moins au spectacle de
votre temps. Quelle est la vérité qui ne soit
pas niée? Quel est Tinstinct de la nature
qui ne soit pas outrance? Quelle est l'insti-
tution humaine, si familière qu'elle nous
soit par la tradition et par le eœur, qui m;
soit traitée en ennemie? Vous vous éton-
nez que le Christ ait trouvé des contradic-
teurs et des juges, il y a dit-^iuit siècles!
Mais levez les yeux, void la raison elle-
même devant le tribunal de Calphe et des
llomains.
Toutefois n'ayez pas peur, et tout en con-
naissant ce que l'homme peut contre l'ou-
vrage de Dieu, connaissez aussi ce qu'il ne
Î>eut |»as. Oui, il y a une grande force dans
'homme, car Dieu est avec lui; oui, il y a
une grande force dansl'homme, car l'homme
est avec lui-même : mais Dieu à sa droite,
Satan à sa gauche, et lui au milieu, l'homme
n'est pas ca|)able de détruire ni de créer un
atome. Un atome suffit pour arrêter toute sa
Imissance éternellement : combien plus
'universl Soixante siècles an service de
n^tre liberté ne nous ont pas donné la gloire
de fieiire ou d'anéantir un grain de poussière :
combien plus nous résisterrmt la nature, la
raison et la religion I N*ay ons donc {ms peur ;
ni vous qui doutez, ni vous qui croyez,
a*ayez pas peur. Dieu est en tout ce qui est,
il maintient tout ce qu'il a une fois voulu;
et notre liberté, si sérieuse qu'elle soit,
n'est que l'écueil où l'océan se brise en de-
meurant l'océan. Aussi, enfant de \a vérité
dans ce siècle profondément ému, j'écoute
la tempête sans pâlir; je m'éclaire de la fou-
dre qui tombe sur le temple, et la tête ap-
pujrée au seuil du parvis, je dors le somme
divin d'une infaillible foi.
Impuissance de détruire, impuissance de
créer, telle est en l'homme la limite de l'or-
gueil; telle est la loi qui protège tout ce
qui est : nature, raison, religion, contre les
attentats de la liberté. Et ce|>endant il faut
bien que la liberté, jusque dans ses abu.>,
soit une puissance féconde; car si elle ne
pouvait rien contre rien, elle ne serait
qu'un, ressort tendu dans le vide, un nom
responsable d'uue imaginaire activité. Dieu,
eu assurant sou propre empire, pour que le
monde ne fût pas le jouet d'un désordre
sans frein, a dûidussi laisser un effet à no-
tre action, pour qu'elle ne fût pas, même
dans ses égarements, l'effort perdu d'un
être avorté. Quelle est donc la part de Dieu,
et quelle est la part de l'homme? Dieu,
nous Pavons vu, s'est réservé la substance
des choses; il ne veut i>asque l'homme y
atteigne jamais: car s! la substitnce des cho-
ses nous avait été livrée, il ne resterait 'à
1559
SUR
IMCTIONNAiRE APOLOGETIQee.
SLR
r>5S
Diett qoe d*ètre spectateur tranqiiinè des
ruines derunivers. Maissi ta sabslauce nous
échappe, que nous reste*t-i4 à nous-mêmes ?
^i nous ne pouTons anéantir ni un^rain de
poussière dans la nature^ ni un principe dans
rintetUgence> ni un élément de Tordre sur-
naturel, que pouvons-nous en réalité 7
Pour le comprendre, il faut remarquer que
toute substance a un mode d'être, et que la
substance demeurant invariable, le mode
est sujet au changement. C*est donc au mode
que s'en prendra notre liberté. Le mode
est la figure des choses: impuissants contre
les choses, nous aurons la ressource de les
défigurer. Nous défigurerons la nature, la
raison, iareligion.
Vous avez reçu du Créateur un visage ou
respirent la force et la bonté. Vos lèvres
s^animeutd'unsourir» dont la grâce survit à
leur mouvem*>nt; vos yeux donnent une
flamme qui jaillit des profondeurs d'une
vive intelligence, maisqu', tempérée par la
modestie, cause un respect sans frayeur;
votre front pur et calme couronne de sa sé-
rénité la magie vivante de vos traits, et
«pjolque part que tombe sur vous le regard
d'une âme» cette âme connaît et aime la
Tùtre. O jeune homme, ce sont là de grande
dons! Mais il ne faut qu'une heure pour les
t( rnir ; il ne faut qu'un crime pour les dés-
honorer,. La nature, dont vous êtes le chef-
J'œuvre, ne résistera point aux coups que
vous lui porterez dans !e secret de votre
conscience; la beauté se retirera de vous à
mesure que Dieu sortira de votre cœur, et
bientôt celte tète, objet d*admiration et
d]amour, ne sera i)lus que le chef ignoble
d'un scélérat ou d un déhauclié. Vous n'au
rez pas détruit en vous l'image naturelle de
Dieu, vous l'aurez défigurée.
De même, vous pouvez ravager la terre,
brûler les forêts, dissi)>er la source des
fleuves , infecter fatmosphère , condamner
à la solitude et à la stérilité d'admirables
portions de notre héritage commun, et
vous ne Tavez que trop fait! La main
des barbares a desséché le Latium; la
tyrannie des enfants de Mabomet,en touchant
le sol de la Grèce et de la Syrie, a tari des
mamelles qu'on croyait à jamais fécondes,
et éteint des beautés qu'on croyait sous la
protection éternelle de la plus pure lumière
qui ait éclairé la création. Mais si cruelles
que soient ces injures, la terre subsiste et
nourrit Thomme. Dos générations meilleu-
res succéderont à ces bordes qui n'ont pas
respecté la mère commune du genre hu-
main ; elles réveilleront de leur somipeil
involontaire les champs de l'Attique et les
collines de la Messénie ; l'ombre, appelée
par la culture » redescendra du ciel sur les
déserts de Rome; la vie, qui n'était qu'é-
garée , poussera de tous c6tés ses rejetons ,
et les ruines elles-mêmes ne seront plus
vjue le témoin de notre impuissance à don-
ner nulle part un coup qui fonde la mort.
Ainsi eu est-il des erreurs et des crimes
contre la raison. Un siècle se lève, il est
hardi dans les choses de l'inleHigence, îl
' lemue des' idées Comme le Yoyagciir, & n
fin d*un long jour, secoue la poussière ei
l'ennui de sv^ pieds; il met dn pÛsiri
douter, de Torgueil à contredire; il ébranle
les colonnes qui soutenaient daas te passé
l'architecture de la science et delà sigessr,
la tradition ne lui impose plus, laiODscieDCb
lui parait un oracle muet et trompeur.
Un moment vient où les esprits étonDis se
demandent si le vrai n*est pas un soogeei
le bien une imposture. Mais au milien in(-
me de cette orgie du scepticisme, on n*al:^
(lue la raison qu'avec la raison ; elle Iririmphe
jusque dans la blessure qu'elle se fait, h
négation affirme que riulclligenee vil ei
voit, comme l'œil, en se fermant dcTasl le
soleil, atteste la présence et la force de ses
rayons. Il faut vivre> et malgré le délireoni-
versel, le cours des affaires humaines suit
ses antiques voies; Thumanité marche de-
vant Pyrrhon qui nie le mouvements KJIe
croit, elle espère, elle coordonne ses pen-
sées et ses actions ; puis, le temps sonne aoe
heure; un siècle nouveau commence 401
relève la vérité, comme la fraîcheur (iaIlI^
tin relève dans- les champs rheri)e inclinée
par le soir. On abat les autels du doutç/»!
traîne aux gémonies les négations adorées
la veille ; on méprise qui avait ipépri^é, oa
oublie qui avait oublié, on met un point to
l'histoire et l'avenir monte ï rnorizonde
rélcrnité. Il y a eu déformation de Fcspril
humain, mais non pas destruction.
Vous étonnerez- vous après cela que h ^^
ligion aux prises avec la liberté de rhomme
subisse les mêmes injures et les mêmes vi-
cissitudes? Pourquoi serait-elle plus heu-
reuse que la nature et la raison ? Pourqu'i
notre ambition de souveraineté, en s'app
chant du ciel, perdraft-elle Ténergie qui lui
permet de violer les sanctuaires inféneors!
Quel que soit le rivage où nous abordions
plus haut ou plus bas, nous portons m
nous, comme un indéfectible allribot, »
puissance du bien et du mal. Et mèmeceii'
puissance s'acrotl h mesure que nous nojts
élevons <lans la hiérarchie des choses; elle
est plus grande contre la raison que ronfa»
la nature, plus grande contre la religion qDi
contre la raison. Cela tient à ce que l'on w
peut s'élever qu'en s'approchant de rinnn'»
et que l'infini, par sa disproportion atecDo?
bornes personnelles , offre nécessaifemeol
plus de prise à la révolte et à 1 erreor. Q«î
ne conçoit combien il est aisé de substitua
aux dogmes religieux de chimériques iffii-
tations? L'homme l'a fait, et ri Ta hW l^
impatience d'un joug trop sérieux, par »*^-
situde de Tantiguité, par oubli de la ir^>
tion, par haine cl'un sacerdoce négligea '^
corrompu, par obéissance à Tascendanl «^^
sectaires fameux. Mais quel qu'ail été '
motif de sa séparation, sous quelque \f^
du ciel et du temps qu'elle ait prisnaissann.
jamais l'homme, vivant à Tétai de penr-
c/est-à-dire à Tétat naturel, n'a pu abrr^î
la religion ni en changer les caractères «*•
senliels. Il a toujours cru à la commun"^
tien positive du genre humain me rje^'
1327
SUR
IHCTIONNAIRC APOLOGETIQUE.
SUR
I33S
lu moj(»n de la fiai^le directe de Dieu. Les
l'ultcs dénalur^ ne le prouTent pas moins
^lo luemment que le culte clirélicn. Qu'é-
uit-ce qu'un temple dans Tidée des nations
Indiennes, sinon un oracle? Qu'était-ce
qu'une idole, sinon du marbre et de for
|>arlant avec la Tcrlu de Dieu ? Qu'était-ce
)o'nn prêtre, sinon une chair et une âme
aspirés du souffle de Dieu? Que sont-ils
encore par toute la terre, prêtre, temple,
•iolc, sinon une incarnation plus ou moins
rife et prochaine de la DiTini(é? L'unité de
*idée survit dan.« la multiplicité de la for-
ue, et, de pi us, quand on étudie cette forme,
^n découvre dans la variété des signes les
l ^hris mutilés d*une tradition identique.
A la foi des prophéties tous les cultes ont
oint la foi des sacrements ; tous, nous Ta-
«0$ dit et prouvé, appelaient les sacrifices,
=^ cérémonies et la prière, au secours de
Jmt qui s*e06rçait de tendre vers Dieu.
roinère immole des victimes avec la Jitur-
ie do Léviiique ; Delphes commande des
ipûlioas dans la même langue que parle
énaris; Taugure étrusque bénit les colli-
rs romaines, comme le druiJe consacre les
>r^\s de la Gaule : et par-dessus tous ces
les virants d'une inrincible coutume, lesa-
'enent de la prière s'élève incessamment
M-s Dieu pour lui demander des miracles
1 nom de tonte douleur qui espère et de
m. te défaillance qui croit. Sans doute la
-i ^re ne connaissait pas partout la vérita-
e et éternelle histoire ; mais partout le
9^/A était le même, Taspiration sembla-
it' ^ et quand le cœur était sincère, reflica-
\\é n'était point absente. Le suppliant char-
e d'amertumes, en plojant le (^enou de-
ani im marbre trompeur, oubliait la fable
lue J'éducalion arait gravée dans son esprit,
I se souvenait du Dieu inconnu qu'Athènes
érérait aux pieds du Partliénon^ et ce Dieu
ui cherche la droiture et qui sait le mal-
ear, entendait le cri de la foi dans la plainte
un cœur humilié. Les ombres de l'idolAtrie
éclairdssaient, la vérité descendait avec la
âcc, et rame de Thomme rencontrait Tâ-
e de IHen à travers les simulacres du men-
Mige.
Reconnaissez-le, vous n*avez pas plus de-
uil la religion que tous n*avez détruit la
lison et la nature; vous n*en avez pas plus
tangé l'essence que vous n*avez changé
ïs>ence de la logique et de la chimie. Vous
ez tout défigure, et Dieu a tout sauvé. La
iture a résisté à vos mutilations, la rai-
n i Tos systèmes, la religion à votre in-
oyance, et toutes trois universelles et per-
•tuelles attestent d*autant plus la puissance
ti les fonda, que cette puissance a respecté
v6tre en vous permettant de ne pas rés-
ister la sienne. Djtes-moi, qui vous a rc-
nas ? Pourquoi tant de vie demeurée au
ilîeu de tant de ruines? Vous vouliez,
^us Tooiez encore anéantir la religion, où
^us ne voyez qu'un chaos d'idées et de
attt^oes sans fondement. Pourquoi la reli-
r>ii est-elle debciit? Vous vouhez exercer
de 50uTerain de détruire, font arriver à
l'acte souverain de créer, et certes, il y*a
dans cet orgueil une grandeur qui forcerait
la louange, si rien pouvait être grand con-
tre la justice et la vérité. Pourquoi n'avez-
vous ni détruit ni créé la religion ? Voici
Luther... c'est une vieille ombre que Lu-
ther ; mais puisqu'il est permis à la parole
d'évoquer les ombres, permettez-moi d'évo-
quer celle-ci et de lui demander compte du
mystère qui suspend mon esprit et le vôtre.
£h bien ! Luther, puisque tu méprisais l'E-
glise, puisque tu avais résolu d'extirper de
lEurope la foi qui avait été la tienne, pour»
quoi ne pas frapper le seul coup ijui allait
au fond de la question? Pourquoi ne pas
renverser l'architecte avec l'édifice ? pour-
quoi ne pas nier Jésus-Christ?
Ah I pourquoi? Luther n'en savait rien lui*
même. 11 obéissait à la foi en même temps qu'à
la révolte, et manquant de logique dans Tune
et dans l'autre, il était l'expression formida-
ble d'une grande faiblesse dans un grand pou-
voir. Sa conscience répondait à la conscience
de son temps, comme la conscience de son
temps à celle de tous les siècles. Elle renfer-
mait avec un élément de protestation un be-
soin impérieux de croyances : et le succès de
Luther, comme celui de tous les hérésiar-
2ues, fut d'avoir frappé iuste au cœur de son
poque, en lui ôtantdela foi tout ce qu'elle
pouvait en perdre, pour lui laisser tout ce
Îu'elle voulait en garder. S'il eût nié Jésus*
hrist, il eAt été voltaire sans aïeux, c'esl-
à-dire un fou ; et Voltaire lui-même, précédé
de deux siècles de protestantisme, n'a pu
être qu'un sase, c'est-à-dire un chef d'école
et non un chef de peuple.
Cet exemple contient tous les autres. Il
nous initie au secret des révolutious reli-
!;ieuses, d'autant plus sûres du succès, qu*el-
es s'écartent moins de la base propbétioue
et sacramentaire primordiale; d autant plus
décisives en faveur de la vérité Je la reli-
gion, qu'elles la conservent en la violant.
Car enfin, si depuis soixante siècles le genre
humain obéissait au même do^me et à !a
même liturgie, ne reconnaltriez-vous pas
dans cette tranquille unanimité le si^ne
d'une divine institution? Or le signe de l'u-
nanimité combattue, de Tunanimilé contre-
dite et persévérante malgré la conCrovorse,
est assurément plus digne encore d'émou-
voir un esprit altenUf. Car on pourrait ex-
pliquer la première unanimité par le défaut
d'exauien'et par l'empire de l'habitude, tan-
dis que la seconde ne peut s'expliquer que
par une force supérieure à tous les ressorts
de la pensée humaine et à tous les attentats
de sa liberté; affirmer en niant, maintenir
en détruisant, consentir en protestant, c'est
là sans doute s'élever contre la vérité, mais
en lui rendant le plus éclatant des homma-
ges, puisquec'est l'hommage d'un ennemi.
Reste à savoir si Dieu n a pas lait davan-
tage encore pour la conservation de son
culte sur la terre, et si parmi tous ceux qui
en ont altéré la pureté originelle il n'en est
pas un qui l'ait gardée sans tache, et qu'il
2ioit aisé de reconnaître à des caractères ini-
r59
SUR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
St*R
m
mitables de grandeur et de sincérilé. J'espère
vous le montrer sans peine aussi bien que
sans retard.
§IY.
Objection : Si parmi toii« les cultes il en est un qui soit
vrai, il est impossible de le discerner. — Réponse clouies
les religions se ramènent à trois : L'idolâtrie, le chris-
tianisme et le mahométisme ; — nature et diiTêrence
de ces trois cultes ; — bcilité du elioix ; comme tout
homme a sa physionomie qui le fait connaître, ainsi en
. est-il d*une religion ; — misère et immoralité de Ti-
dolltrie; profonde infirmité de Pislamisrae. — Incapa-
cité logique de ces deux cultes. — La rraie religion;
tableau du christianisme.
Ecartons avant tout cette vaine pensée,
qu*il y ait ici-bas une multitude infinie de
cultes différents. Cela n'est pas. Rien n*a été
plus stérile que rimagination de Thomme
en matière de cultes. De même qu'en consi-
dérant les traits communs des êtres, on les
ramène à un certain nombre de familles pri-
mitives, de même aussi en comparant en-
senible les branches religieuses qui s*épa-
nouissent dans Thumanité, on les voit abou-
tir à trois souches principales, les seules
qui soient réeMemenl distinctes par leur
physionomie et par une invincible et mu-
tuelle répulsion : je veux dire l'idolâtrie. Te
christianisme et le mahométismc. Je ne fais
Îias .mention du judaïsme, parce qu'avant
ésus-Christ, il n'était que le christianisme
attendant son .couronnement, et qu'après
Jésus-Christ il n'est que le christianisme
manquant de son couronnement. Restent
donc les Eglises chrétiennes qui se ratta-
chent au tronc de l'Evangile et du Christ;
les sectes idolâtriques dont aucune n'ex-
communiait l'autre, et dont les symboles
se respectaient à l'envi dans le concile du
Panthéon romain ; enfin les rameaux de
rislamisme, qui tous s*inclinent aux* pieds
de Mahomet et du Koran. Nommez-moi un
culte, je le ramènerai ou à l'idolo, ou à la
croix ou au croissant; mais il n*y a plus de
paix possible, il n'y a plus de rendez-vous
commun entre l'idole, la croix et le crois-
sanl,bannières mémorables qui se partaient
encore les génc'rations et qui portent dans
leurs plis trois théologies séparées par une
conception radicalement différente du com-
merce de l'homme avec Dieu. Dans ce com-
merce, en effet, q^ji constitue la religion et
qui suppose un rapprochement entre deux
êtres aussi naturellement éloignés l'un de
l'autre. Ou bien l'esprit conçoit une alliance
entre la nature divine et la nature humaine
quÎYajusau'à la confusion, et c'est l'ido-
lâtrie; ou bien il conçoit cette alliance sous
une forme qui exclut la compatibilité entre
les deux natures, et c'est le mahométisme ; ou
bien enfin, il admet l'union des deux natu-
res demeurant distinctes jusfjuo dans leur
in.timîté, et c'est le cjiristianisme. L'idolâ-
trie confond rhomme et Dieu, le mahomé-
tisme les retient à distance, le christianisme
les associe : ces trois systèmes résument
tous les cultes existants" et tpus les cultes
possibles.
,,.V'^'J^'*.Iuité se perdit généralement dans
1 luolâine, et même les superstUioiis qui
n'avaient poiiK commencé par là finirent par
s'y précif)itcr comme ô uninévilableéeueil.
C'est qu'en effet, il est difficile de s'arrAier
au point juste de la théanJrie, mol par l^
quel la théologie chrétienne exprime la par-
ticipation de Dieu à l'homme et dcrhoiuioe
h Dieu. Dès que la pleine lumière de la vé-
rilé religieuse n'éclaire plus rintelli^ence,
celte-ci vacille en regardant re prodi^im
mystère, et selon qu elle donne \ïhump
à la raison ou au souvenir, à rinspiraiin;!
de la nature où à Tinipulsion de l'insijn.:
théologique, elle resto en arrière ou cor
au delà du vrai. C'est Tinslinct, le sourecir
en un confus pressentiment, qui l'ont m-
porté dans l'humanité intermédiaire, je vent
dire dans l'humanité, comprise entre le dé-
luge et l')atvénement' du Christ. Uae fois Jé-
sus-Christ paru, cette restitution éclatante
du type éternel de Talliance entre Diea et
l'homme frappa Je monde d'un tel coup
de clarté, que la théogonie païenne, mii^r^
vingt siècles d*cmpire, ne fut désorm
conserver Thonneur de tromper le g^on?
humain. L'erreur dut se réfagier syronff
autre hase et prendre une autre forme, kriib
en prépara Tédifice , Mahomet l'ad^^:.
Arius avait nié la divinité de Jésus-Chm.;
Mahomet déclara impossible, impie, Mi-
trique, Punion de la nature divine are^ h
naturehumaine dans une seule personnalité;
et séparant autant que possible les dm
termes du commerce religieux, il proDoni,!
la sentence fondamentale de rislamisme on
de la foi nouvelle : Dieu est Dieu tt M^-
met est son prophète. Dieu est Dieu, c evi-i-
dire Dieu ne saurait être que Dieu; Maho-
met est son prophète, c'est-i-dire lactuft
divine par rapport à Tbomme se borne ili
prophétie, et l'action de l'homme par rap
port à Dieu se borne h la foi qui accepte l(
prophétie en adorant et en priant. Nulautr.
cuite ne s*est élevé depuis Mahomet; nul or
s'élèvera dans l'avenir. Car, au-dessous il-
Mahomet il n'y a plus que le ratiopalisrif
|)ur; au-dessus, on retrouve nécessaireoi^i
l'idolâtrie ou te christianisme.
Le christianisme tient le milieu eo^re k
mahométisme et Tidolâtrie. 11 hmènf
Dieu sans le faire descendre, il diviniV
rhomme sans changer sa subslancei ^'-^
ment éloigné de Textravagance du i^^
théisme qui confond tous les êtres dans ui
chaos divin, et de la froideur du lln?^^*;^'
qui reloue la créature à une distâ^ice -•
sespérée du Créateur.
Là est te choix, là est le débat. Poi^r T
veut sortir de l'athéisme pratique, il ^}
dans toute l'histoire que ces trois portes
vertes : il faut être idolâtre, chrétien
musulman ; il faut s'agenouiller devant-*'
idole, porter la croix ou arborer lecro»s>a-i
L'un ou l'autre, ou bien rester imlilî^'"
parmi les spectateurs qui enteihicntlei^'j
de Dieu sans s'émouvoir, et qui r^i^^*'^
l'avenir sans s'y pré|>arcr.
Le choix ainsi réduit à sos seuhicro^*^
possibles, rien n'est plus aisé que «r ^'
connaître où est.la religion vérilaWc i"» ^
\'\\
SUR
DICTlONNAinE APOLOGETIQUE.
SUR
ua
IiVjon insliluée de Dieu el conservée dans
rinléj;rilé de ses doçnies, do sa morale elde
5.1 lilùr^ie, c'esl-ànJire dans rinl^çrilé do la
prophédc el du sacrement. On a dit de Ta-
cite qu'il abrégeait tout, parce qu'il voyait
loul : Dieu est un plus granil aljréviaîeur
rnrore, parce (|u'il Iravarf le dans lélernilé
pour des êtres fjui n*ont que le temps. Vous
Hqs pressés; Dieu IVst plus que vous. Vqus
^les pressés do connaître la vérité, Dieu l'est
phis encore de vous la donner. Ecoulez
«Innr-.irnc vous faudra qu'un rayon de
lumière et qu'un instant de bonne vo-
îonîé.
Quoique l'idol/ltrîc et le mahométîsme
^arteat (Je données absolument contradic-
'»ires, je les mets sur la même ligne dans la
li<ciiss5ion, parce qu'ils portent au front les
ndnies cara-lùrcs de honte et d'inanité. Je
fc vous dini ras : Mahomet n'a pas fait de
liracles, riiioi«1lrie non plus; Tidolâtrie n'a
nint prophétisé, Mahomet non plus. C'est
i le (iélait de la question. Il nous faudrait
ij temps pour y entrer, et nous avons be-
Mn «l'aller vite. Or, h qui a besoin d'aller
le Dieu a préparé une voie qui abrège
ut. 11 a mis dans la religion, comme en
uics choses, nnc physionomie. Voici un
«unie que vous n avez jamais rencontré;
»n origine et ses actes vous sont inconnus:
wl est-il ? que veut-il ? quel est le secret
! son âme ? Vous n'en savez rien, el vous
avez ni l'occasion, ni le loisir de î'appron-
e. Amenés Fan h Taulre pour un moment
li ne se retrouvera plus, il faut que vous
ju,:iez dans rëclair d'un regard. Vous le
:ercz en elfel, et si quelque expérience
m a initié à la répercussion de la vie in-
neuresur les traits qui composent raeceiit
arisage, TOUS ne vous tromperez pas; sur-
uf si de grands vices ou de grandes vertus
trrcusé leurs sillons dans la chair mobile
vous étudiez la vérité.
Ainsi en est-îl de la religion. Toute la re-
m a une Ame qui se réfléchit dans le
rps de ses doctrines el de son histoire,
l'ar cotisév)iuent toute religion a une phy-
momie. Quelle est la physionomie de Fi-
tâlrie et du mahométisme? Y sentez^vouâ
'piter quelque chose de divin? Votre con-
«*nce en est-elle émue, et Tœil fixé sur
piler ou sur Mahomet, vous poserez-vous
•ous-mômes celle formidable question :
l/'cque Dieu ne serait jioint là; non, non:
fiVst pas un de vous qui ait accordé jamais
un ou à l'autre de ces cultes l'honneur
'Il doute ; il n'est pas un de vous qui se
t interrogé on leur présence el qui ait eu
eniiiiion de se dire : peut-èlreî Le pout-
e vous vient d'ailleurs; il descend dans
re âme d'une autre région, el s'il n'y
lit ici-bas que Tidolâtrie et l'islamisme
ir représenter Dieu, vous ne vous donne-
i pas même la ncine de nier; vous passe-
i h côté sans naine, sans mépris, sans
,uoil, comiuG on passe devant un mon-
n de pierres qui n'a pas même l'architec-
e d'une ruine.
)ans rassemblée célèbre qui inaugura
l'ère inachevée de nos révolutiolis, il se
rencontra deux hommes doués d'une élo«
quence inégale, qui tous les deux s'assirent
longtemps du même côté pour y défendre
ensemble l'avéncment du siècle don^ nous
sommes issus. Mais enfin les hasards de la
vie publique se jetèrent entre eux «et les se-
!)arèrent; le jour vint où ils durent monter
lia tribune pour s'y combattre sous les
yeux d'une population gui les attendait à
celte épreuTe, el qui avait préparé ses ap-
1)taudisscments pour le plus jeune et lephi.<;
iaible. Il parut le premier; le mouvement
populaire dont i! était sûr éleva sa parole
au-dessus d'elle-même; un enthousiasme
vrai lui répondit; il se crut certain de n'a-
voir rien h craindre, et de partager au
moins l'honneur des rostres avec lepuissant
enfiemi qu'il s'y était donné. Celui-ci monta
tranquille et contenu; accueilli par un si-
lence inaccoutumé, il mesura de l'âme toute
la popularité qu'il avait perdue, et puisant
dans cet obstacle nouveau pour lui une
force désespérée, il se retourna comme un
lion dans la bau^e terrible de son éloquen*
ce. Des applaudissements involontaires et
passionnés lui apprirent ce qu'il savait déjji»
son triomphe, lorsque tout à coup se retour-
nant vers son adversaire, non plus orateur
contre orateur, mais a\^\e planant siu* sa
proie, il lui jeta de loin cette sublime et
immortelle apostrophe : r Barnave, il n'y a
pas de divinité en toil »
Ce mot de Mirabeau à Barnave estb mot
qui termine la controverse à l'égard du ma-
hométisme et de l'idolAtric; ou plutôt la
controverse n'est pas môme possible, et dès
le premier regard jeté sur ces viles corrup-
tions de la vérité religieuse, l'esprit se dé-
tourob et leur dit avec dédain : Il n*y a pas
de divinité en vousl Pourquoi? comment?
Qu'est-ce qui donne ou ôte h une chose
la physionomie divine? Je n'en sais rien
peut-être. Ce que je sais, c'est qu'il y a un
caractère de bassesse qui descend jusqu'à la
figure de la brute, comme il y a un caractère
de grandeur qui s'élève jusqu'à une transfi-
guration surhumaine. Ce quejesais... mais
écoutez seulement. A un jour connu de
l'histoire, un proconsul romain panit sur
un balcon ; il avait à son c6té un criminel
«ouvert de plaies, les mains liées à un ro-
seau, le front percé d'une couronne d'epi-
nos , le corps affublé d'une pourpre qui
ajoutait h ses humiliations I injure d'une
ironi ]ue majesté. Le proconsul se tourna
timidement vers la multitude et lui dit ;
Voilà rhommel Le peuple répondit pêr une
acclamation 'qui demandait le sang do
l'homme, et le Romain obéissant le leur li-
vra. Mais derrière ce peuple on fureur l'hu-
manité s'est levée; elle a regardé l'homme
à son. tour, l'homme condamné, flagellé,
crucifié, et se franoant la poitrine, elle a
dit: Voilà Dieu! Un autre jour, la Grèce
rassemble ses artistes pour obtenir de leur
génie une ima^e digne de ses adorations.
Phidias fut choisi. Il prit son ciseau; il tail-
la l'un de ces marbres fameux qui respiraient
{SIS
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SUR
m
déjà avant que la maio du sculpteur les eût
tuucliés ; il y mit la lumière, la pensée, ia
gloire, le repos ; et quand la Grèce ôta le
YOÎie qui couvrait Jupiter Olympien, elle
s*érria d*une voix sérieuse et unanime :
Voilà Dieul Mais iliumanitô s'est levée der-
rière ce peuple ingénieux; elle a regardé
rôbjetd*un souvenir demeuré si grand, et
plaignant Athènes encore plus que sa statue,
elle a dit : Vailà Thommei
Voilà rhomme! Tous les arts de TArtîque»
toute la poésie d*flomère, toutes les gran-
deurs du Latium, rien en vin^t siècles de
durée n*a pu dissimuler l'ineffable misère
de l'idolâtrie; et Tislamisme n*a conquis la
moitié du monde que pour y étaler sous
une forme opposée, mais aussi vaine, Tim-
{>uidsance de tout culte, hors de celui qui a
ait croire les sages et qui fait douter
rinipîe. .
Cette absence saisissante de divinité qui
est le trait saillant de l'idolâtrie et de risla-
misme-, sufiit pour les juger. On comprend,
en effet, que jamais Thomme, quoi qu'il fasse,
ne peut donner à ses œuvres un sceau vrai-
ment divin. Plus il monte loin de sa sphère,
pour atteindre une gloire qui le surpasse,
plus il tombe hors delà vérité, en qui seule
est la source du beau. Conquérant, législa-
teur, philosophe, simple mortel enfin, il a
dans son histoire des jours digues d'ad-
miration; touche-t-il à l'arche sainte, il
perd, en se haussant, dans l'imposture, le
secret des grandeurs de ce inonde et des élé-
vations de l'autre. II fait une |)arodie avec
le nom de Dieu, et ce nom, pour se venger,
n'a besoin que de lui-même. Non-seulement
les faux cultes n'ont aucune physionomie
divine, mais à ce caractère négatif ils joi-
^ent infailliblement le signe d'une flagrante
immoralité. Levez les yeux sur les autels
antiques... Puis-je môme vous dire d'y le-
ver les yeux ? Malgré ia distance qui nous
ies voile, puis-je vous conseiller un regard,
si obscur qu'il soit, sur leurs mystères et
leurs cérémonies 7 Je n'ose le faire ; je n'ose
vous peindre ce qu'adoraient ces Grecs si
délicats, nos maîtres dans l'art de sentir et
d exprimer le beau. Je n*ose vous décrire
les pompes où ils exposaient, au nom de
Dieu, leurs femmes, leurs enfants, leur pro*
pre cœur. Ce qui était leur religion ne peut
pas même nous devenir un discours; ce qui
était sacré pour eux, en passant de mes
lèvres à mes oreilles, serait un sacrilège
f»onr vous et pour moi. Ils avaient élevé
eurs dieux dans une si sublime infamie,
que nous ne pouvons' les y voir, fAt-ee pour
les accuser.
Tous ces dieux, je l'avoue, n'étaient pas
d'une fange également souillée; quelques-
uns, dans le nombre, se rapprocliaient de
l'homme par leurs vertus. Je crois même
qu'une image meilleure de la Divinité sor-
tait de la-conscience à la face de ees idoles,
et bravait intérieurement le culte public qui
leur était rendu ; mais c'était là l'effet de
l'antique vérité, c'était le gémissement de
Dieu en présence du mensonge, et le men-
songe n'eu subsistait pas moins aveclechl-
timent de sa corruption.
Mahomet, j'en conviens aussi, dans sou
exposition dogmatique et Jitar^iquedeDieu,
n'a point encouru l'immoralité de l'itiolâtrie.
Son dessein, qui était le contre-pied des fa-
bles du polvthéisme, ne le lui percneltâà
pas. Mais cela même rend plus frappant el
plus accusateur le matérialisme hoBieu
qui est sorti de son œuvre, et dont le genne,
quoique dissimulé peut-être, est visible
néanmoins dans le Koran. Les mcein^ mu-
sulmanes n'ont ))oint fait rougir les unm^
du paganisme, et celles-ci, sous quelque»
rapports, tels que Tunité et l'indissoluliilite
du mariage, ont laissé loin derrière elles le
coutumes des enfants de Mahomet. Ni l'is-
lamisme ni l'idolâtrie n'ont coanu el en-
seigné la vie spirituelle; ils n^ont point nu
l'âme au-dessus des goûts de cette terre
pour lui donner la joie d'un immatériel ali-
ment. Même en lui révélant rimmoriaiité.
ils l'ont laissée en proie aux passioib,aui
tourments , aux vertus que tennicr /a
mort.
Quel signe voulez-vous de pitiseooire
ces tristes cultes? Et cependant u eaesira-
core un non moins saisisséble, son m\\&
éclatant : c'est leur incapacité logique. Oti
peutavoir tort et raisonner; il scmbleiDèm?
que rien ne soit plus facile, tant reiempleca
est vulgaire; que dire donc d'une reli^ioQ^
qui le raisonnement fait défaut? Et si vous
croyez qu'un tel excès, d'impuissance ucA
pas possible, donnez-vous la peine de cher-
cher où sont les travaux théologiques, hi>-
toriques et polémiques du mahométisme ti
de l'idolâtrie. Où sont-ils? Aussi bien dait>
rindequ'en Grèce et à Rome, Tidolâtrie '
eu des poètes pour théologiens ; et lorsqiu
le christianisme lui eut appris ce quects
qu'une religion qui écrit et qui parle, eil*'
eut pour défenseurs des phllosopfae.s *\\i'
renversaient ^a mythologie en préteadar.t
la justifier. Le mahométisme n*a pas s(tu-.i
davantage à établir sa divinité par la db*
cussion; il a régné où son cimeterre ?<>•
brisé. Aujourd'hui sous nos jeux, il ne 5f.u-
tieut les restes de son empire que par tn
loi qui interdit la conversion de ses fidèi ^^
&OUS peine de mort. Le paganisme nn^nd*.?
par la prédication chrétienne a*avait p
agi autrement sous les Césars de Rome, l
n agit pas autrement encore sous les despote
de la Chine et du Japon. Quelle en est la cau3r.
sinon l'incapacité* lo^que, ou si voosl'ir
mez mieux, l'impuissance de raisomur*
Pascal a dit' : « Il est plus aisé de trouw?
des moines que des raisons. » La Ter»»«
véritable était celle-ci : Il est plus ais^^a
trouver des bourreaux que des rai><»
L'b'istoire de l'islamisme le prouve à l'tcr
de l'histoire du paganisme. Udevait se ren-
contrer, par la disposition de*Dieu et |^f li
force des choses, une incurable iaoliécillit^
l>ar la disposition de Dieu qui oo roulait f«»
3ue ia religion fût corrom|iue s^ns garder
e sanglants stigmates de son altér. tNO
Dar la force des choses, qui ne permctt mi
iras
SUR
NCTIONNAniE APOLOGETIQUE.
SUR
fSl?
I^as qa une erreor portant si haut, trouvât
nulle part Jes fondements. Les fondements
de 'a Traie religion 2$ont une antiquité qui
remonte par des monuments certains jus-
qu'à rorigine du monde ; une suite inintcr^
rompoe d actes miraculeux et prophétiques
laissant de distance en distance leur em*
fireinle ineffaçable dans l*bistoire des peo-
|)les ; un dogme sérieux et profond ; une
norale qui se traduit par des révolutions
ians les mœurs du genre humain; un sa-
cerdoce digne de parler de Dieu au vice et
I fa vertu; une Providence qui gouverne
et ensemble eitraordinairc et le maintient
tar un prodige constant; un tissu enGn où
out s'enchaine, où tout se soutient dans
me dorée de soixante siècles, malgré la
irandeur des obstacles et la faiblesse des
fiorons. Comment un culte, issu de Thomme
«r une dégradation accidentelle, s attribue-
ait-il ou conserverait-il de tels fondements?
^n peut donner Tapparence du vrai à une
hilosopbie, parce qu'elle n^est qn^une com-
inaison d*idées ; mais la religion étant un
rdre immense de faits universels et per-
étoels, comment susciter ces faits, s*ils
existent pas, ou comment les appeler au
N»urs de ]*errcur, s'ils existent au proQl de
I T<^rilé?ll serait plus facile à Tbomme de
*éer le monde que de créer une religion
rec descarartères divins ; car le monde n*a
1 à vaincre que le néant, et celte religion
irait à vaincre Tessence des choses.
Telle est la raison de l'incapacité logique
lie vous remarquez dans l'islamisme et dans
idolâtrie, et gui leur ôterait toute puissance
irTesprit, si la bassesse de leur physiono-
ie et le spectacle de leur immoralité leur
iss&ient quelq;ue chance de séduire une in-
digence libre de les juger.
hes trois cultes qui se partagent le monde,
1 roilèdeux hors de cause; le christianisme
ut est maintenant devant nous. i
Regardez-le, non pour vous demander s*il
t vrai , mais s*il ressemble aux deux au-
is. Leur ressemble-t-il? Est-ce la même
rapacité logii]uc, la même immoralité, la
îme absence de physionomie divine? Vous
avez bien le combattre, mais il faut ane
us ie combattiez. Car, il enseigne, il dis-
te, il écrit, il a rempli la terre de sa pa-
le et vos bibliothèques de ses travaux. A
oi que vous touchiez , vous le rencontrez.
:>ppose ses sages à vos sages, ses savants
ros savants» ses écrivains à vos écrivains,
«politiques h vos politiques, ses hommes
génie à ros hommes de génie ; depuis
L-huit siècles, précédé des traditions et
s oeuvres de quatre mille ans, il vous
it pas à pas , ne laissant jamais sans ré-
nse un fie vos reproches, pas plus que
is secours nniJe vos besoins. SiVous niez,
aHirnie ; si tous méprisez, il honore ; si
11$ le foulez aux pieds, il se relève ; si vous
croyez mort, il revit. A-t-il tort, je ne
s; a-t-il raison, je Tignore. Ce que je vois,
dont tout TuiiiverSjest témoin, c'est qu il
sonne et tient en baleine l'esprit humain.
af6t l'autorité politique Ta servi, tantôt
elle l'a méconnu : mais aussi bien dans la
bonne que dans la mauvaise fortune, sous
la persécution comme avec la protection, il
a fait son service et tenu sa voie. Rien des
vicissitudes dont il a été le spectateur ne Ta
étonné; il a vu la science des temps qui Bn's-
sent avec celle des temps qui commencent,
et on l'accusera de tout, sauf d'avoir man-
qué de grandeur et de puissance d'esprit.
Autant les autres cultes ont été incapables,
je ne dis fias de sanctifler, mais d'améliorer .
les mœurs publiques, autant celui-ci les a •
relevées et divinisées. Qui comparera la vie
des peuples chrétiens avec la vie des peuples
ré^is par la loi des idoles, ou par celle de
Mahomet? Ah! certainement, je connais les
misères de la chrétienté, puisque je connais
les miennes ; mais maigre la trace qu'v lais-
sent la chair et le sang, quelle pureté dans
un certain nombre d'à mes choisies ! Quel
respect de la vertu dans la conscience de
tous! Quelle lutte dans ceux-là mêmes qui
tombent, et qur, le re^^ard ouvert sur le mo*
dèle de toute sainteté, se retiennent jusque
dans le vice à l'espérance et au vouloir de
devenir meilleurs 1 Si le secret de le travail
salutaire ne vous est pas connu suffisam-
ment nar votre propre expérience, si l'his-
toire des âmes dans le christianisme ne vous
a pas été révélée , jugez-en du moins par le
dehors ; comparez les plaisirs, les jeux, les
spectacles des païens avec les nôtres ; met •
fez en regard nos faiblesses avec les abomi*
nations de l'Orient. Le christianisme n'a pas
détruit le mal , puisque le mal fait partie de
la nature humaine déchue; mais il Ta dés-
honoré dans l'opinion, chassé des places
publiques, poursuivi jusque dans ses re-
ffaires, atténue dans la vie du plus grand
nombre et effacé du coeur de beaucoup. Il
est la seule religion qui ait opéré dans le
monde une révolution morale; tontes les
autres ont adoré les mauvais penchants de
l'homme ou les ont proscrits sans enîcacité.
Et cette rénslution morale n'a pas été d'un
siècle ou d*un peuple; elle a régné, des
débauches d'Auguste aux adultères de
Louis XIV, sur une multitude de nations
qui en ressentent chaque jour encore le
persévérant bienfait. Il n'est .pas une mère
chrétienne qui n'en soit l'instrument, et
qui ne communique aux fluies qu'elle a re-
çues de Dieu dans son sein une vertu de pu-
rification et d'honneur. Avant que le Chré-
tien se corrompe, il a passé |iar les joies de
la |)ureté, et il en garde dans ses os une mé-
moire que toutes les proianations du vice
ne peuvent entièrement guérir. Le vice est
tellement incompatible avec la loi chré-
tienne, que cette foi s'obscurcit ou s'éteint
dans ceux qui ne veulent plus combattre
leurs passions, et l'incrédulité, sous ce rap-
port, est une des plus glorieuses couronnes
du christianisme. Ni le musulman, ni le
païen n'ont besoin d'apostasier pour être
tranquilles dans l'opprobre de leurs sens; le
ctirétien seul a un Dieu qui le force à rou-
B«>'
Ce Dieu pourtant s'est fait Jiomme, il a
1347
SU II
DICTIONNAIRE ArOLOGETtQUE:
Sl&
m
porté URO cttair comme la nôtre ; i\ a été
semblable dans son corps, aux idoles des
nations, et, à la différence de toutes celles
qui devaient le suivre, il a exercé sur la
terre un pouvoir régénérateur. En lui comme
h leur source, en, sa fleure conime à leur
centre, viennent se réfléchir <o us les ca-
ractères qui ont fait du christianisme un
incomparable monument. Levez les yeux,
cette fois : Voilà Jésus-Christ I Qui de vous
blasphémera, sans une certaine crainte de
se tromper? Au sortir de l'enfance, peut-
être» k TAge où les yeux ne mesurent rien,
parce qu'ils n'ont rien comparé, vous passe-
rez devant lui sans suspendre voire marche,
et sans incliner la tête; mais attendez un
peu. Les ombres de la vie vont grandir der-
rière vous; vous connaîtrez l'homme, et de
Thommeau Christ rcportantdes regards plus
humbles, parce qu'ils auront vu davantage,
vous commencerez à découvrir dans cette
physionomie, des signes qui vous trouble-
ront. Un jour ou Tautre vous direz : Serait-
ce donc là Dieu? Quelle que soit la ré|K>Dse,
votre conscience aura posé la question. Et
quelle question ! Quel homme, que cetui qui
contraint un autre homme à se poser la
question de sa divinité! Et quand même
vous n'éprouveriez pas encore le pressenti-
ment de ce doute, songez que depuis dii-
buit siècles il agile et partage Thumanité.
Aujourd'hui, plus que jaoxais, c'est le grand
débat du monde. Derrière ces querelles po-
litiques qui retentissent si haut, il en est
une autre qui est la véritable et la dernière :
c'cdt de savoir si les nations civilisées par
le christianisme abandonneront le principe
ç|ui les a faites ce qu'elles sont, si elles iront
jus*{u'au bout de l'apostasie, et quel sera
dans ce cas le sort qui les attend. Etre ou
n*ètre pas chrétien, telle est l'énigme du
monde moderne. Et de quelque manière que
vous la résolviez dans votre esprit, elle
existe; je n'en veux j)as davantage. Elle
exisle : Jésus-Christ règne par ce doute
suspendu sur nos destinées, autant que jmr
la loi du ceux qui lui ont donné toute leur
âujc. Sa divinilé est le nœutl de I avenir,
comme elle l'était du j)assé, et fût-ce une
ruine, c'est une ruine qui porle lout. Ou
sait ce que sont devenues les nations con-
verties du la^anismeàrEvaUj^ile; on ignore
ce que deviendraient les nations chrétiennes
au sortir de l'Evangile qui les a nourries
et formées; car on ne découvre aucune doc-
trine prèle à les recevoir, mais un abîme où
la matière .«^'asseoirait seule au troue vide
de Dieu.
Toutes ces clioses n*ûnt besoin que d*un
regard ; on les voit et on les sent aussi vite
que Ton voit la lumière, et que l'on sent
la chaleur. Comme il est impossible de con-
fondre la vie avec la mort, il est impossiJile
de confondre le chrislianisme avec les faux
cultes q\ii en ont corrompu les traditions.
Loin de s'obscurcir par les travestissements
dus à la liberté de l'homme, le christianisme
y puise la preuve qu'il est indcslruclible
et inimilable, et par conséquent divin. Il
demeure d'autant plus grand q^'onlecou-
)>are, d'autant plus seul, qu'il a des rivaui,
d'autant plus, facile à reconualire, quiliioil
élre-discerné. Y eût-il mille étoiles au fi^
niament de la religion, comme à celui de
la nature, l'œil ii'jr découvre t^u'un astre
souverain. Celui qui nie le soleil est aveu-
gle du corps, celui nie le christianisme qui
est aveugle de l'âme.
|V.
Objeclhn,: Le sumaturalisine iolrnduil dans le plao<if j
crêalioDdes ressorts arbitraires ei ttirpfrfltts, bp
-phéUe et le aacremeot. — Bépome: La prapiïéiie, (lf^
mier eléiiieat«de Tordre samatiirel, est le eaupi;»i
de notre lumière naturelle. — Hardi' ne desinve^-v
lions du genre humain dans l'ordre des pbcoonèoMdi
monde physique. — L'homme s'élcraol ï U iiotùir Jt
rinOni. — Obscurttùs de la raison et inpoIsuBfc dt a
sagesse humaine pour counaitre nos liestifid»,^
rapports arec Dieu, etc.
La question de l'ordre surnalarel ues
pas épuisée; nous n*en avons considéré ivt
le côté extérieur; et le fationalisme non
appelle au dedans. II nous demande ce qi»
cela veut dire : un ordre supérieur i la oi*
ture et là raison, un ordre qui sup|)osep
l'intelligence manque du nécessaire [><'•.!
connaître, et la volonté du nécessaire [i*%
agir. Quand Omar fut consulté pour s^^p
ce qu'il fallait faire de la bibliollièqoe h\'
lexandrie, il répondit: Ou bien tes liu»
de la bibliothèque d!AIcxandrie diîdit ii
même chose que le Koran, et en ce a^ i
faut tes brûler comme inutiles; ou Lieob
disent auti*e chose qwe le Koran, etco*
cas il faut les brûler comme dangereux, t
même ici, ou bien Tordre surnaturel ïm
dans la lumière et racliviié deruriireui
rcl, et al-orsi quoi sert-il? ou bienii!i'.\((^
tre pas, et alors inintelligible à la niM
inconciliable avec la nature, à quoiserNlty
core? Quel motif, en outre, peut avoir flj
Dieu de refuser à notre
orgamsaiiOû
'3
neurc l'uaiilé qu'il a mise en tous ?«
vra;^es, et de nous fournir un csprii -j
pour suilire à ses funciions, ail Levi'i
se compléter par un appareil venu dmiéti
Bref, on nous conteste la notion ir.è:nv|
Tordre surnaturel; on Taccu^e d'iuirc.aij
dans le plan de la ci'éalion un ressorl ^ H
le moins arbitraire et superflu : et ni.',
noui de TEglise, j'affirme aue ce ri-
est nécessaire, nécessaire d ui;e née-
a!)soluo, posé que Dieu ait vo*j1u
donner de lui une pleine connaissaiH
une pleine possession, comme, ûèsïo a
cipc des choses, il l'avait en effet vou|
jjiéparé. Je le prouverai pourTun elî
éléujunt de Tordre surnaturel, cesi-
pour la prophétie, qui est le corapî^'i
de notre lumière intérieure, et pour jt-
crement qui est le comulément de uoir(
tivilé libre.
Quand on vient h considérer le /:
intellectuel accoQ)p]i par Thomiue i^»-
on ne peut retenir en soi un moiiv
de Stupeur et d'admiralion. PlscéM..''
terre, comme dans une lie dont le c
l'océan, Thomme a voulu connaiini'
de son passade ; mais <Tinn<Mnl.n^t>l'.^
rièrcs, drcssél'S autour de lui, >'oi'P -•
\la
SUR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SUR
1550
à son dessein, et lui interdisaient de pren-
dre possession de son empire et de son
^xil. la mor lui opposait la jalousie de ses
Hois : il a regarde la mer, et il a passé.
La proae de son génie a touché les plus
inaccessibles riTa^^es ; il en a fait le tour»
il en a dessiné les plis, et après quelques
siècles d*une audace plus opiniâlre que les
tempèles, dominateur paisible des eaux,
il se promène où il veut, et quand il veut,
à la surface soumise de leur immensité. Il
envoie ses ordres à tous les écueils devenus
des poris; il leur emprunte, par des écban-
F es qui ne s'arrêtent jamais, le luxe et
orgueil de sa Tie, mêlant ensemble tous
les climats, pour ne faire d*eux, si divisés
qn^ls soient, qu'un serviteur unique, oliéis-
sant sur tous les points du {^lube à ses
<l^^irs souverains.
Une autre mer, plus vaste, plus profonde
v^ncore, recueil de mystères infinis, répan-
(iaii sur sa tête ses ondes iieuplées d'étoiles.
Loi, simple pâtre alors, errant à la suite de
ses (roiipeaux dans les champs de la Cbal-
«iêe, a regardé le ciel à travers les pures
nuiis de l'Orient. Aidé du silence, il a dit
4UX astres leur nom, connu leur marche,
pénétré le secret de leurs obscurcissements,
prédit leur disparition et leur retour; et
toute cette armée lumineuse, comme si elte
eût pris ses ordres dans les yci>x de Thomine,
u*a cessé de se rendre, dans un cycle exact,
AU rendez-vous où Tattendait l'observateur.
L*«slrc même qui n*apparalt qu'un jour en
pi Dsieurs siècles, n'a pu nous dérober sa
roarse ; appelé à heure fixe, il se détache
icsprofonaeurs inénarrables où nnl regard
D« Je suit; il vient, il aborde à un point
signalé d'avance, notre étroit horizon, et
>wcaDt de sa lumière l'intelligence qui l'a
P A^phétisé, il retourne aux solitudes où
1 fo^ni seul ne le perd jamais de vue.
Mais entre la terre et le ciel, entre la
;>tiieure de l'homme et celle des étoiles,
'étendait un esjiace différent de tous les
lenx, moins subtil gue lun, moins gros-
rer que l'autre, habité par les vents et les
ra-^eSf et lénétrant de ses actives infiuen-
es tous les ressorts de notre vie. L'homme
reconnu ces compagnons invisibles de
:>a être; il a décomposé l'air qu'il respire,
i bdîsi les nuances du fluide qui réciaire; la
itesse de l'un ne lui a pas plus échappé que
i pesanteur de l'autre. En vain la foudre,
/ttc image de la toute-puissance divine,
mhiait défier la hardiesse de ses investi-
liions z comme un géant qui a tout abattu
itour de lui, et qui s'indigne de rencontrer
1 obstacle, il s'est pris corps à corps avec
i résumé terrible des forces de la nature,
plus mattre que jamais, il a traité la fou-
e comme un enfant qui se mène pr un
, tajitôt l'arrêtant respectueuse au sommet
s pialais et des temples, tantôt le forçant
s^ l»récipiter par des routes inotfensives
us Ws muets abtnies de la terre. La mer,
oîel et tous ses flambeaux, l'air et tous ses
lénouiènes, rien du dedans et du dehors
3 va il pu se soustraire n Tesprit de l'homme;
l'observation lui avait révélé les faits, les faits
l'avaient conduit aux causeset aux lois.Ei ces
sciences particulières, rayons disi)ersés d'un
foyer commun, venaient se réunir et s'illu-*
miner dans une science plus générale, qui,
en nous livrant les mystères abstraits du
nomt>re, de l'étendue et du roouvemeul,
mettnt à nu devant nous les éléments éter-
nels de toutes les choses créées.
Mais est-ce là tout ? Le roi du mondes*esW
il arrêté -là? Gardez-vous de leiToire.>N'eût«
il pas été plus loin, déjà c* eût été le poète,
le savant, l'artiste, déjà l'homme, mais non
pas l'bolume divin. Or, il était divin, et tous
les mondes visibles n'avaient | as m eux de
quoi rassasier son intelligence et reuoscr
son cœur. Il est monté plus haut ; il s'ost
demandé ce qu^ y avait au delà des étoiles^
quel est Torbe qui meut tous ces orbes me-
surés jpar son compas; et il s'est répondu :
rinfiûi. Car le fini, ne se contenant pas lui-
même, ne peut être borné que par l'infini.
Mais qu'est-ce que l'infini ? Est-ce un e^^pace
vide se multipliant sans cesse devant lui-
même, un atitine sans rivages appelant à lui,
pour leur faire place, toute vie réelle et
toute vie |iossible, sans être lui-même vi-
vant? L'homme, qui avait regardé la mer et
le ciel, a regardé sans pâlir cet autre ciel
et cet autre mer; quelle que fût la nature
de l'espace intellectuel où rejouait sa pen-
sée au delà de toutes les choses sensibles,
il a compris c(ue là n'était point le principe
de l'être, de la vie et du mouvement. Il a
pas^é plus loin ; il a débordé l'infini imagi-
naire pour contempler eu face l'infini réel,
et le voyant sans le vouloir, le définissant
sans le définir, i arvenu au ter.ne de toute
vérité, il a dit d une voix qui a été la pre-
mière et qui sera la dernière :
Par delà tous ks cicux le Dieu des cieux réside !
L'homme tout à l'heure ne remuait que la
E)ussière, le voilà maintenant qui touche à
icul
Et cependant n'y a t-il dans votre âme
aucune tristesse? N'y a-t-il dans votre intel-
ligence rien d'obscur et d'inconnu ? Une fois,
dans les beaux temps de la Grèce, un sage qui
servait son pays de l'épée, tout en le servant
par ses leçons qui ont mérité l'honneur de
préparer la sagesse humaine à s'abaisser dif-
vant l'Evan^le de la sagesse divine. Soerate,
car c'était lui, sortit on matin de sa tente,
s'assit au-devant, et sa Cèle cachée dans ses
deux mains, il demeura pensif. Le soleil se
leva, l'armée s'émut, les coursiers passèrent,
tout le bruit d'un eemp envelop{ia sa rêverie,
mais lui, immobile et comme enlevé à lui-
même, laissa venir le soir sans qu'il eût la
force ou la pensée de rappeler sa têie appe-
santie sur ses genoux. A quoi songeante
grand homme? Quel douloureux inyslèrc
avait été capable de lui cacher les heures et
de remplir le cadro d'une si persévérante
inédilation? Héla^I le même mystère qui
vous tourmente en ce moment. Sa/jS vouloir
insulter votre raison après l'avoir faut exal-
tée tout à l'heure, ne pu'5-je vous «îeman-
f35l
SCII
INCTIONNiailE ÀP(HX)GETIQUE.
sua
l^i
der avec Socrale : 0«e sav«*z-vous? Celte
question qii'il adressait aux sages de son
temps^.ne puis-je vous ladresser à vous, les
enfants des sages? Vingt siècles écoulés de-
[>uis Socrate ont-ils changé la condition de
*esprit huçiain, et fait descendre en vous la
plénitude de lumière qui manquai tau maî-
tre de Platon ? Une lumière, il est vrai, une
grnnde lumière a jailli sur le monde depuis
que la bouche de Socrate s'est fermée en
buvant la ciguë; mais elle descendait du
Calvaire et non de la raison. Ceux qui ne
Vont pas reçue dans l'obéissance de la foi,
loin d'être éclairés par elle, ont vu s'a( croître
Tombr»? et l'in; ert : tude de leurs pensives ; car,
une question redoutable sV.sl ajouléo «pour
eux a toutes les questions dont Ténigine
poursuit noire enlendement. Je vous le dis
donc, sans craindre do le contredire et de
vous offenser ; il y a une chose que vous
ne savez pas, quand vous n'interrogez pour
la savoir que votre propre intelligencoA
Philosophe ou prêtre, écrivant avec une
plume d'or des pages qui rempliront la pos-
térité d'un immortel encens, ou bien Fobs-
eur ouvrier d*une vie sans lendemain, q*ii
que vous soyez, il y a une chose que vous
ne savez pas. Ce que vous savez, je l'ai
dit» ce que vous ne savez pas, c*est vous,
c'est votre âme, c'est la raison de votre
âme , c'est votre destinée. Vous savez
tout, excepté le secret de voire vie. Je n*en
cherche pas encore la raison. J'expose le
fait. Votre Ame est-elle impérissable de sa
rature? Pourquoi est-elle unie à un corps ?
Pourquoi s en sépare-t-elle à un certain
moment? Où va-t-elle au sortir de sa pri-
son d'un jour? Qu'est-ce que la mort?
Qu'est-ce que ce lieu où vos pères sont des-
cendus, où ils vous attendent, ce lieu qui
vous appelle, qui vous dit par la voix de
Bossuet, que les rangs y sont pressés f Le
savez-vous avec certitude? Le savez-vous
mieux que Socrate idacé par l'injustice en
face de l'avenir, et puisant dans sa condam-
nation une nouvelle assurance de notre im-
mortalité ?
Si je consulte l'histoire de la sagesse hu-
maine, je la vois aboutir à ce mystère (ifcir
tous ses chemins, mais par des chemins
bien différents. Platon affirme, Cicéron
doute, Epicure nie, et constamment l'esprit
humain se distribue dans ces trois zones de
la pensée. Veut-il, après des âges de foi ,
restaurer dans les temps modernes la phi-
losophie indépendante? Descartes commence
par l'affirmation, Bayle continue par le
doute. Voltaire achève par la négation. Il
ne faut pas deux siècles à l'activité philo-
sophique pour accomplir ce cycle fatal dont
le lésullatest ce que vous voyez, c'est-à-
dire une société sans croyances assurées,
rompue en mille opinions dont chacune se
dit la vraie, dont chacune a ses hérauts, ses
espérances, ses revers, et qui, se disputant
pour édifier, ne se rencontrent qu'en un
point; détruire I Les Grecs avaient donné
MU monde ce spectacle, les Romains le renou-
velèrent; et nous, deux mille ans après la
leçon de ces ruines, nous avons voulii en
recevoir de nous-mèiues le redoutable en-
seignement. Il est là, regardez-le ; appre-
nez-y du moins la limite de votre intelli-
gence, et le besoin que vous avez d'une
autre lumière que la vôtre pour vous con-
naître vous-mêmes.
Mais d'où nous vient cette ignorance de
nos propres destinées? ïfoik vient qu*tjaat
pénétré si loin et si haut dans les mystères
de la nature, notre vue se (rouble lers()nt
nous la reportons sur ce qui nous est intioie
et personnel? Il n'est pas difficile d'en en-
tendre la raison. Tous les phénomènes de
la nature sont des faits présents sous dos
yeux, et les lois mathématiques qui les ré-
gissent, outre qu'elles se roanifesieiit dans
des corps sensibles et limités, appartiennent
à l'essence invariable des choses , laquelle
est présente à notre esprit et constitue la
lumière intelligible ddnt il esl éclairé.
L'Etre divin lui-même se révèle à nous par
i'univers qui, tout grand qu'il soit, mms
contraint de lui chercher une cause, caose
qui ne peut être que J'infini à l'étal pet*
sonnel, c'est-à-dire Dieu. Nous tenoB> ainsi
les deux extrémités de la chaîne. Je fiai et
rinfini, le monde et Dieu. Mais quand ii
s'agit de pénétrer le secret de notre desti*
née, là nous font défaut tous nos mojeos
naturels de connaître. Notre destinée n est
pas un phénomène présent à nos regards;
elle embrasse un passé qui nous est ion*
sible, un avenir qui l'est paiement. Ce n'es:
pas non plus une loi appartenant à ressente
des choses, piisque nous pouvions è:re oa
ne pas être , vivre un jour ou mille an>.
Notre destinée est un rapport entre deu\
êtres libres, dont l'un est Uni et l'aolre in-
fini. Elle dépend du concx>urs de deux vo-
lontés différemment souveraines, dont Tune
a donné ce qu'elle ne devait {las, doo:
l'autre peut refuser ce qu'elle natlendMV
pas.
Or, comment connaître rationneilemtHX
la volonté d'autrui? Coinmnnt la raison
verrait -elle intérieurement et nécessaire*
ment un acte qui peut être ou ne pas èlre^
Sans doute Dieu a dans sa nature des régies
immuables de justice et de bonté, dont tn
reflet illumine notre conscience et nous mef
sur la voie de ses opérations. Mais ni ta
justice ni la bonté ne lui imposent dansscf
dons une mesure absolument déteraaiaêf.
11 était libre de créer ou de ne uas enta.
libre de nous appeler à la vie plus tôt %.
plus tard, libre de s'unir à nous plus vw
moins durablement et intimement. Qui dim
par exemple, que l'alliance de la oatjn
divine avec la nature humaine par riocr-
nation était métaphjsiquement nécessair*
Or, si elle n'était pas nécessaire, elle^é'Jr'
libre, et si elle était libre, comment Tinhl-
ligence Taurait-eile aperçue aatreoienl 4^-
sous la forme d'une simple possibilité 1 1^
c^st la possibilité même qui fait le sa vstét?
Me voici , être vivant, me voici eo lace à^
l'éternité, que mon esprit décor-rrc u^j'
autour dé moi comme 1 horizon aatarei '
ISSS
SUR
oicnœiNAmE apologétique.
WK
i35i
mon être : 7 tais-je pour une beore, pour
ansiècle, pour jamais? L'éternitét qui est
DOD prineipe* est-elle mon droit et mon
but? Si je TOjrais clairement que non, il n'y
aurait pas de mystère ; si je voyais claire-
ment que oui, il n*y en aurait fias davan-
tat^e : mais j*hésile devant le oui et devant
le 000, parée que tons les deux ont leur
possibilité. La nécessaire se voit, lepossiBie
s*enlreTOit; le nécessaire est le joar, le pos-
sible est la nuit. Qui lèvera le doute? qui
nous dira : De deux choses contradictoires
également réalisables, c'est celle-ci qui s*est
r^lisée, cest celle-ci qui est le réel? La
raison ne le peut; car, elle ne le pourrait
qQ*en changeant le possible en nécessaire,
ce qui est absurde. J'avoue qu'entre le né-
cessaire et le possible se rencontre le pro-
bable; mais le probable ne donne pas la
certitude, il incline l'esprit sans le sobju-
^er. Socrate est mort en se vengeant de ses
B^s par l'espérance de rimmortaKté« et le
édonest l'impérissable monument de cette
héroïque vengeance ; mais ce qui suffisait
«a remords de ses juges et à la grandeur de
son âme ne suffisait pas à la consolation de
les amis. Une autre mort que celle d'un
9fey une autre parole que celle d'un homme
devait donner an genre humain la certitude
de son immortalité.
Fuis rimmortaiilé n'est pas tout; bien des
choses y demeurent obscures, et fAt-elle
àiaurée9 Tesprit se demanderait : Qu'est-ce
eue l'immortalité? y verrons-nous Dieu?
]j Terrons-nous {face h fiice? sera-t-ii pour
notre œil transfiguré ce qu'est aujourd'hui
la fiature pour notre œil mortel ? L*ablme
v\e Vinfini n*a pas de fond , et c'est ici la
«^rr^nde cause de l'impuissance où est la
raison de se rendre uu compte exai-t des fins
ttrrmères de l'homme, ainsi que le chris-
untiisme appelle éloquemment le dogme des
En toute autre science, la question va du
'ni au fini. Les mathématiques elles-mêmes
e !»onl que la loi générale des corps, et si
0 les considère d'une manière atistraite,
3 tant qu'elles assujettissent à leur calcul
^5 quantités indéterminées, elles n'attei-
lent point au delà de l'indéfini, c'est-à-dire
1 delà d'une progression supposée cous-
in ment croissante ou décroissante, à la-
ie fie l'unité sert de |K>int de départ. Mais,
ns la science des fins dernières , la qoes-
)n va du néant à l'infini. Il s'agit de savoir
la mort nous ramène à l'existence ou nous
icJuit h l'éternité, si nous sommes un
Q l>ie phénomène mesuré par le temps ou
astre sorti de Dieu pour retourner à lui,
i]aeHe est la loi de cette courbe que nous
^rirons autour du centre qui est notre
ncipe et notre fin. Même en laissant de
é l^ntenlion de Dieu à notre égard, in-
tion éridemment insondable par la thi^
, coname je viens de le démontrer, il reste
ore la difficulté propre à l'infini considéré
soi. Saint Thomas d'Aquin a dit : « La
lié est l'équation de Tintelligence a^^
objet. * Or, comment une intelligence
I>ICTIOIf!iAimE APOLOGÉTIQUE. 1I._
finie serait-elle en équation avec un objet
()ui ne Test pas? Et si cette équation est
impossible, comment aurions-nous par nous-
mêmes la vérité sur Dieu et sur nos rapports
arec lui ? Nous pouvons bien affirmer que
Dieu est, parce que notre esprit, supérieur
à l'univers, y découvre le besoin d'une rause
plus haute que lui. Nous pouvons encore
affirmer que cette cause est infinie, parce
que si elle ne l'était i>as, elle ne serait qu'un
autre univers, aussi incanable que le pre-
mier de subsister par soi. Mais notre esprit,
quoique supérieur àJ*univers, n'est pas égal
à Dieu; il flotte entre ces deux extrêmes,
surpassant l'un, surpassé par l'autre, et ne
connaissant pas même tout entier celui qui
est au-dessous de sa sphère, parce que la
sdenoe totale du phéDomène exigerait la
science totale de la cause, qui est Dieu.
Dieu, dit l'Ecriture, habite une lumière inac-
ctêêibU; il est à la fois ce qu'il y a de plus
clair et de plus impénétrable. Otez I idée
que nous en avons, toute clarté disparaît de
notre entendement; la vérité y devient un
songe et la justice un nom. Mais aussi vou-
lons-nous pénétrer jusqu'au fond de Tes-
sence divine» noire œil s'émousse, et nous
n'apercevons p!u8 dans un immesurable
lointain au'une scintillation qui nous éblouit
et nous dérobe la lumière par la lumière,
même. S'agit-il de la nature métaphysique
de Dieu, fiar exemple, je me demande : Dieu
est-il un être solitaire ou a-t-il des relations
en lui? Quoi que je me réponde, je me ré-
ponds un mystère. S'agit-il de sa nature
morale, je me demande : Quelle est en Dieu
la proportion de la justice et de la bonté?
Quoi que je me réponde encore, je me ré-
ponds un autre mystère. Et cependant si
yiguore ces choses , pu is-je savoir la loi de
mes rapports avec Dieu? Puis-je savoir ce
que je dois en craindre ou en espérer?
Vous me direz peut-être : Mais pourquoi
Dieu ne nous a-t-il pas donné un esprit plus
pénétrant? Ebl quelque pénétration qu'il
nous eût donnée» eût-elle égalé jamais la
profondeur de son essence, qui est infinie ?
Eût-elle satisfait à la définition de saint
Thomas d'Aquin : « La vérité est une équa-
tion de l'intelligence avec son objet? * vous
n'avez que deux partis à prendre : ou nier
cette définition, ou soutenir que Dieu avait
la puissance de créer des esprits qui fussent
ses égaux, c'est-à-dire Dieu. Dans le pre-
mier cas, c'est affirmer que l'etTet peut être
plus grand que sa cause; dans )e second,
c'est affirmer que ce qui existe par un autre
existe cependant par soi. Cédez a l'évidence,
et ne contestez plus au christianisme cette
grande et forte vérité» qu'aucune in tell igence
créée n'est capabte par elle-même de s'élever
à une connaissance parlaite de Dieu, et par
conséquent à une connaissance certaine de
sa destinée. L'histoire vous le prouve, et le
raisonnement vient de confirmer l'histoire
en vous l'expliquant.
Que faut-il tlonc pour que l'homme se
connaisse lui-même en Dieu? Il faut qu'une
lumière médiatrice s'interoose entre Dieu
43
1555
SUR
DICTIONNAIRE
et lui, lumière qui 'aide sa nature sans la
détraire, qui l'approche de Tinfini sans être
elle-même Tinôni. Et si cette médiation
TOUS paraît impossible, écoutez-moi encore
un seul moment.
Vous à qui je parle, tous êtes une âme,
et moi qui vous parie je suis une âme aussi.
Eh bien! connaissez-vous mon âme, et moi
la vôtre? L'infîni n*est pas entre nous, et
cependant, quoique nous nous touchions
par nos corps, un abtme nous sépare. Qui
êtes-vous et qui suis-je? Quel est le mobile
secret de nos actioub? Où tendons-nous par
'nos faiblesses et nos vertus? quel est le
degré de notre puissance dans le bien ou
dans le mal? Je le répète : Qui ôtes-vous et
qui suis-je? Vous verrez bien dans mes actes,
^t moi dans les vôtres, un certain reflet de
ce que nous sommes intérieurement; la
physionomie ajoutera sa révélation à celle
de nos œuvres : mais pourrez-vous dire que
TOUS me connaissez tel que je me connais,
et moi pourrais-je me persuader que je vous
•vois tel que vous vous voyez? L*âme ignore
rame, et tant que leur essence ne se péné-
trera pas par une vision directe, il n'y aura
qu*un remède à ce malheur : la confidence
ou la confession, c'est-à-dire Touverture de
Tâme à Pâme au mo^en d*une parole sincère.
La parole est la lumière médiatrice entre les
choses égales qui ne se voient pas, à plus
forte raison entre les choses deux fois sé-
parées par leur invisibilité et leur inégalité.
Pourquoi Dieu ne parlerait-il pasà Thomme?
Pourauoi,nous voyant incapables d'atteindre
jusque lui par la faiblesse de notre nature,
ne coudescendrait-il pas à s'ouvrir à nous
dans une confidence qui nous révélerait
^vec les mystères de son être l'ordre de ses
pensées et de ses desseins ? Je vous ai prou vé
que cette révélation surnaturelle ou pro-
phétique était nécessaire au commerce de
rhomme avec Dieu, et je viens de vous en
montrer l'instrument dans la parole. Termi-
nons en vous prouvant aussi la nécessité du
sacrement, non plus pour éclairer l'esprit,
mais pour fortifier la volonté; non plus pour
nous 2^)prendre notre destinée, mais pour
nous aider à la remplir.
§vi.
Objection: Le sacreroeDt introduit un ressort aroitraire
etsuperfla dans le plan de la création. —K^ponte; L«
sacrement, deuxième élémept de Tordre surnaturel,
est le complément de notre activité libre. —L'acUvite
'C*est la vie, mais Tactiilté qui ne produit point en nous
b Tie même de Dieu, est néant.— Impuissance de nos
^forces naturelles pour nous f^re vivre d'une vie divine.
•^ Amour «arnaturel puisé dans le sacrement.
L'esprit est le principe éloigné de nos
actes, fa volonté en est le principe immédiat ;
l'esprit voit, la volonté commande, l'homme
fait. Qu'est-ce donc que faire? Faire, c'est
produire quelque chose. Si vous n'avez rien
produit, SI aucun résultat n'a été le fruU de
votre vouloir, vous n'avez rien fait; c'est
l'expression consacrée par la langue elle-
même. Aussi l'homme ne se meut-il que
pour produire, et chacun de ses raouve-
tiients, même lorsqu'il avorte, produit en-
APOLOGETIQUE. SUR ^
core quelque chose, ne fût-ce que da bruit
Mais pourquoi produire? Pourquoi ITioinraê
n'est-il pas au repos? Que chercbe-t-il dans
cette incessante production, qui esl Veffei
de son activité ? Ce qu'il cherche, c'est la
vie. S'il respire, c'est pour vivre; s'il cren»
la terre, c'est pour vivre; s'il marche, cet
pour vivre ; s'il dort, c'est pour vivre ; si
meurt, c'est encore pour vivre. El il m yt
repose jamais, parce que la vie lui éclia(<pe
h mesure qu'il la produit. Il la boit ém
une coupe avare, qui n'en coutienl et f.
n'en verse <]u'une goutte à la fois. S'arrête,
c'est mourir... Mais mourir, ne disai^t
pas tout à l'heure que c'était vivre encow!
Oui, dans le vrai de nos destinées, la mort&i
le grand passage de la vie, pourvu que doqs
ayons connu le secret de la trame uù nw
agissons, qui est de produire ennousla^ir
même de Dieu, vie pleine, vie stable, tl*
dont chaque instant renferme rélemit(\e.
qui n'a plus besoin de se faire parce qu'iiif
est. Voilà le but véritable et dernier de louKt»
nos actions. Je vous l'ai démontré, eji rull^
démontrant que Dieu est notre primpeci
notre fln. Quoi que vous fassiez,iiîousne
faites pas cela, vous ne faites rieD.^n()Ui
ne faites pas cela, vous êtes semblables au
pfltre qui s'assied au bord d*uQe e&ii ^^)^
rante, et qui bat le flot qui passe en s amu-
sant du bruit qu'il cause. Lavicvwîfu^^
Quand elle n*est pas l'instrument delà «•
éternelle, n*a pas d'autre image ni datioi
prix. En vain lui uiettez-vous aa ik>^^
pourpre des consuls; en vain ra|if*IIe«î'
vous gloire, puissance, immorlalilé, rm
illustres qui n'élèvent le néant que ]»^
le montrer de plus haut et de {ilu^^"^
L'histoire est pleine de ces phares èuiîb.
mortels fameux qui , j)our avoir cwçù.*'
durant un jour les admirations decc ^^^^
s'estimaient grands dans la vie, etattetr;^'^-
de leur tombe un règne persévérastf'^^
cela si vous le voulez; bâtissez-^^^^^ ^^
f)yramides dans les solitudes dérasu^*
a mémoire; creusez autour de voire îw
des digues contre les siècles; réternit^^
le permet, comme elle permet U't:^^
qui trébuche dans ses premiers pas de
ter aux bras de sa nourrice pour s
gueillir d'y être plus grand qu a left.
Mais si ces puérilités vous font c)«
vous avez honte d'ajouter le TidW?
néant, considérez qu'il s'agit de i*toéi
en vous la vie de Dieu, et chercha fl
votre nat!yire si vous y trouverez 1 ifl-*
ment d'une si haute ambition.
La vie de Dieu est infinie ; c^\e c^t;:
dans la perpétuité d'un moment indi^:
où Dieu, un et plusieurs, se voilV
ment dans son essence el s*aime plei'
dans ses personnes. Or, nous avon>'
telle vie une totale incapacité. Sounî
notre nature à la succession et àw ^'
ment, nous ne pouvons aspirer & TéU'
fectible d'une immuable durée; a
pouvons pas davantage voir face >
l'Etre divin, ni l'aimer de cet aniojf
fait qui résulte en lui de la vue (iir^^
1357
SUR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SUR
1358
son ineffable beauté. Si nous ]e voyons, c csi
k travers fombre des idées; signons rai-
nions, c est comme le principe invisible des
biens incomplets dont nous sommes entou-
rés. Uais le voir dans sa substance, mais
Taimerde ce regard qui possède l'objet ainid,
mais nous fondre en lui jusqu*è ne plus
sentir aue le mouvement immobile de son
éternelle vie* c*est le un prodige dont le
pouvoir est si loin de nous que la foi seule
nous donne la certitude de son ac^omplisse-
meot futur. La raison se rit de cette espé-
rance, tant elle se croit incapable de la réa*
User. Pour elle, le plus grand avenir de
l*booime est riramortalité, c*est-à-dire IV
véaementde Tâme à une durée que les sens
ne mesureront plus, à une vie dont les idées
seules rempliront l'espace indéfini. Ou
bien si la raison passe au delà, elle nous
jeUe dans les rêves du panthéisme, s*enor-
pjeillissant de nous faire Dieu à la eoudi-
tion de nous perdre nous-mêmes dans Tabs-
traite immensité de Tétre. Le christianisme
1 marqué notre place entre ces deux excès ;
sachant que Dieu est notre an, il nous or-
Joone de commencer à vivre imparfaitement
en lui« pour y vivre un jour dans la pléni-
\ttde d*une vision qui, sans nous confondre
avec l'essence divine, nous la donnera pour
objet présent d*une connaissance directe et
(/un amour de possession.
Or, soit ëans sà forme initiale, soit dans
'>a forme dernière, cette vie divine surpasse
es forces de toute nature mortelle. De
même qu'il n y a pas d^équation naturelle
possible entre une intelligence limitée et
lUie vérité qui ne Test pas, il ne saurait
exister non plus d'équation naturelle |)os-
sible entre la vie d'un être fini et la vie
d un être infini. Si donc Dieu nous appelle
hsoa éternité, si notre destinée est de vi-
rre de lui, en lui et avec lui, il faut de
oote nécessité qu'il communique à notre
me un élément médiateur, par où elle soit
3u levée hors d^ ses limites et portée vers
li i^r un mouvement d*un ordre surnaturel
0. divin. Notre vie présente est le creuset
t>orieus d'où doit sortir notre vie future :
I ne s'y trouve que de la matière, fût-ce
/dus firécieuse, il n'en sortira que de la
Tige ; s'il ns s'y trouve que de l'esprit, fûl-
le plus pénétrant, il n en sortira que des
(es et des sentiments humains. Que Dieu
pc intervienne, et qu'il y verse l'or de
ti éternité, ou, pour parler sans figure,
iMI nous attire k lui par une action directe
r notre Ame; C|u'il nous arrache sans vio-
^e aux affections de la nature, et nous
jpire un amour tel que la vie présente
.nous semble plus qu'un fardeau et la
rc un exil.
Set amour existe, vous ne pouvez ^e nier.
Irid l*exhalait dans ses psaumes, les mar-
B en embaumaient leur supplice , les
Eits font chanté et glorifié de génération
li^^nération; tous, sur des modes divers,
k répandu devant Dieu la mélancolie
1 1 42) P$aL xLi.
d'une âme oppressée par le ferment d'un
amour surhumain. Comme le cerf^ disaient-
ils, brame aprêê Feau dei fontainei^ aimi
mon âme aspire apriê vous, 6 mon Dieu! Mon
âme aêoif du Dieu fort et titani; elle a soil
de venir et de paraître devant la face de Dieu»
Mes larmes ont été mon pain de Vaurore et
de la nuit^ lorsqu*ils me disaient : Où est ton
Dieu? Je m" en suis souvenu^ ^tf^i versé mon
âme en moi-même^ parce aue j irai jusqu'au
lieu du tabernacle admirable^ parce que f irai
dans lajoie^ dans la louange et le rassasie^
mentf jusque la maison de Dieu. O mon àme^
pourquoi es-tu triste et pourquoi me troubles^
tu ! Espère en Dieu^ parce que je le louerai en^
core^ parce qu'il est lesalut que jeverrai^parce
qu*il est mon Dieu (1442). Ces accents-là ne
sont pas de la terre ; ils jaillissent de cœurs
délivrés du temps, et qui habitent déjà, en
une réalité commencée, la région cj^ui dé-
^oûte de tout le reste. Mais par où s y sont-
ils introduits? Est-ce par l'effet naturel
d'une contemplation de l'intelligence ou d'ua
mouvement de l'enthousisasme? Non, assu-
rément, et jamais, ni en Orphée, ni en Pk-
ton, ni en aucun esprit qui n'avait que
Tesprit de l'homme, de telles vibrations
n*ont ému le sanctuaire d^ notre sensibi-
lité. Elles procèdent d'un art qui se cache
au génie, cl'une tradition qui ne dit son se-
cret qu'aux saints. Interrogez les saints;
ils n'ont pas la jalousie de leurs dons, ils
les ont reçus pour rien, ils vous les livre-
ront pour rien. Ils vous diront où ils poi-
sent la vie douloureuse et consolée qui les
ravit au monde. Dans nos temples, sous la
garde d'une pierre taillée, sous le symbole
plus vil encore d'un pain |>étri par l'homme»
repose l'invisible vertu qui donne la sainteté*!
et qui avec la sainteté produit et féconde
dans l'Ame le germe de la vie divine. Ce
que la parole prophétique est pour l'intelli-
gence, le sacrement l'est pour la volonté.
La prophétie nous révèle les mystères impé-
nétrables de l'essence et de la fiensée de
Dieu; le sacrement nous communique Tes-
prit, le désir, ta faim de Dieu, le droit de le
posséder par la grâce, puisque nous le
{K)uvons par nature, et même un goût réel
avant-coureur de cette possession.
L'expérience des saints ne vous suffit-ella
paSf consullex Cexpérience opposée. Vous
qui n'avez que le cœur )K)nr aimer Dieu,
comme vous n'avez que la raison pour le
connaître, aimez-vous Dieu? Je ne vous de-
mande pas si vous l'aimez d'un amour ten-
dre et profond, mieux que vos amis les plus
chers, mieux qu'une mè;e n'aime son fils,
roicux que toutes choses et vous-mêmes,
non par une vue des biens visibles dont il
est l'auteur, mais par une contemplation
anticipée de la beauté personnelle qui est
en lui. Je ne vous demande pas si tous l'ai-
mez jusqu'à trouver pour le dire quelqu'un
des accents que David nous prêtait tout à
l'heure. Mais l'aimez- vous du dernier et du
plus- faible des amours? Votre pensée le
1359
SUR
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
SYS
m
chercbe-l-elle jamais? Avez-vous en lui
quelque plaisir caché? Ks(-il une part, si
légère que ce soit, du trésor de votre cœur?
J'ose vous dire que non, et que la feuille
emportée par le vent dans un soir d'automne
vous touche plus que rimmensiié des divines
perfections.
Sénèque a dit: Amicitia pares inttnit ret
.^city — Vamiiii trouvt eu fait des égaux.
Telle est la raison de votre froideur pour
Dieu ; vous le savez infini, et vous ne con-
cevez pas ce qu'il pourrait y avoir entre lui
et vous. Il est dans son lieu, vous dans le
vôtre; vous ne lui demandez que Toubli, et
ne lui donnez que la même ciiose que
vous lui demandez. Et jamais, par le seul
effort de la nature, vous ne sortirez de cet
»étatd'insensibilité« La nature vous inspirera
des passions ardentes, ou même, si vous le
«voulez, des affections héroïques, mais pour
les choses qui se toudient et les beautés qui
-se voient ; elle vous prosternera devant un
peu de poussière; elle fera de cette poussière
rame de votre vie, votre vie elle-même, et
-TOUS croirez mourir en perdant dans une
dernière étreinte ce bien précieux d*un
nmour à qui raille fois vous aviez juré Tim-
mortalité. Vous ferez mieux encore, vous
mourrez pour on objet aimé : vous mourrez
avec joie, lui faisant de votre dernier soupir
l'holocauste d'une éternelle adoration. Tout
cela, vous le pouvez, quand il ne s'agit
point de Dieu : mais s'agit*ii do Dieu, cette
grande faculté de l'amour s'évanouit en vous,
et votre cœur^ si prompt à tout le reste, se
refuse à l'infini. Si yous n'aimez rien, il ne
faudrait que vous plaindre ; aimant par na-
ture, et y mettant la félicité de votre courte
vie, il fauts'étooner de vous voir insensibles
•à Dieu, et en conclure que quelque chose
vous manque pour atteindre à celte suprême
affection. Ce gui vous manque, un sage vient
de vous le dire. De même que saint Thomas
41 défini la vérité, une équation entre Vintel-*
agence et son objets Sénèque avec une pré-
<3ision non moins éloquente a défini Tamour,
une fusion qui trouve ou qui fait des êtres égaux»
Or l'égalité n'existant point entre Dieu et
nous, c'est à lui de se pencher vers sa créa*
•ture par un mouvement de grâce, et de Tat-
4 irer divinement à une vie commune avec
Sui. Si nous y rx)nsentons, c^est notre mérite
et notre salut; si nous n'y consentons pas,
c'est noire faute , aussi bien que notre
j)erle.
Ces vérités dont j^essaye de vous donner
ia démonstration , saint PanI les annonçait
un jour devant un proconsul romain et un
4*01 de rOrient assemblés bien plus par la
curiosité de l'entendre que par le désir de
de coanattre les voies de Dieu. Après qu'il
leur eut raconté les fureurs de sa jeunesse
contre Jésus-Christ, et comment celui qu'il
Bsrsécutait lui était apparu aux portes do
amas pour lui confier l'Evangile des na-
tions, il continuait ainsi son discours : Ap'
(U4Ô) Acf. XXVI, 22 et 5eq.
(1444) Act. XXVI, 29.
puyé donc du secours de Dieu, je m ûthm
jusqu'aujourd'hui rendant témoignait m
petits et aux grands, ne dUaiu rien qu
ce que les prophètes et MoUe ont mmoncéût
l'avenir j savoir ^ que h ChnH »ouJ*riraii
qu'il serait le premier feutre la résurrtctin
des morts, qu il donnerait la lumiire à m
peuple et à tous les peuples. Ici le proconsol
l'arrêtant par un éclat devoir, lui cria:
Vous êtes fou, Paul ! Et Paul, sans s'éiDoo-
voir : Je ne suis pas fou, eictUent Fm/w,
mes paroles sont aussi pleines ée sokiet^^e
de vérité , et le roi devant lequel je perle teit
bien ces choses qui ne se sont point paiie'o
dans l'obscurité d'un coin de terre. Puis, $e
tournant vers te roi : Roi Agrippa, rro^r:-
vous aux prophètes? Je sais que vow ifcroyr..
Et le roi : // s'en faut peu quetoutntmptf'
suadiez d'être Chrétien (14*3). Cesl le méoie
dialogue qui se passe en ce tncfoient enire
votre Ame et la mienne; ni les vérités oile^
auditeurs n'ont changé, lly adesFesiusiioar*
ris dans Torgueil de la raison, à qui l'iris-
toire de leur propre faiblesse estioraMOf,
et qui, n'ayant jamais senti le besoin du se»
cours de Dieu, s'étonnent qu*il Mlemtr
autrement avec lui que d'égal à égi\.te4
ré(TOndent : Vous êtes fou, Paul! Mais il u
aussi des Agrippa qui, plus enivrésdekun
passions que de leur science, «?enis «q
secret de la misère de rhonime, Jèfcm qwl-
quefois les yeux vers la toute -puissant
bonté qui les a faits. Ceux-là réiiomleni:
Il s'en faut peu que vous ne me pertmi\v.
d'être chrétien. Et uioi, sans faire- de è>^
tinction entre les uns et les autres, CDirc
ceux qui sont plus proche et ceuiqm5t:îii
}lus loin, me confiant en celui qui est (nur;
pour tous, je dis à tous, en imitanl ^e lu-
gage de saint Paul : Plaise à Dieu ^m m
soyez comme moi (lUi4) ! Plaise è i>m(^
reconnaissant l'impuissance de votre v$i'
abandonnée à elle - même, vous àm^^
dans la paix, dans la joie, dans la ccriir<»(
des enfants de Dieu, ce cantique m c^''*
et si doux : Credo^ —je crois (lW5)Ull
Prophétib, Sacrement, MrsTàaE.
SURNATUREL, distingué dunalurel ^
RÉVÉLATION PRUIITIVB.
SYMBOLE PATRIARCAL. Toy. SiU^i^
— Symbole écrit au Sinaï. Jbid, §jl
Symbole incarné dans le Verbe. I^*
§IL
SYMBOLISME, ses imposslbilîlésj '
Philosophie panthéiste x>e l'histoibs « l*^
et Mtthisme.
SYRIE, désolation de cette cootrêf '
dite par les prophètes. Toy. 3uràx.
SYSTÈME PHILOSOPHIQUE de l '*^
roux. Voy. Progrés continu. — Ak»? *
panthéisme. Ibid. — Systèmes anci**-''
l'origine des êtres organisés. Toy, H ^^
(1445) Cf. LjLCoaDAiRE, Confirtncti^ 1 l^
1361
TEM
MCTIONMAIIIE APOLOGETIQUE.
FEU
1301
— STStèmes imaginés pour eipliquer le lOsophie allemande. Foy. Pulosopbie d»
monde. Yoy. Monde. — Système de la phi-» l*absolu.
T
TACITE, ce qu*il dit des cnrétiens. Voy.
MTTmsMB, § 1. — Son opinion sur le culte
hébraïque. Voy, CoftFOftéiTÉ de Dibu.
TÉLESCOPE; comment Targament qu*il
fournil à rinrrédule contre la rédemption
est réfuté par le microscope. Voy. Asteo-
somc.
TÉMOIGNAGES des poètes, des philoso-
phes, etc. en faveur du dogme de Tenfer,
Foy. E?iFBa, { L
TEMPÉRATURE PROPRE du corps hu-
main. Voy. Racbs HUif4i?iES, i VI.
TEMPLE DE JÉRUSALEM--.NOUS n'avons
à nous occuper ici de ce temple auguste que
pour constater le miracle oui signala Tessai
tie $a reconstruction quentreprit Julien
rA|>ostat pour faire mentir la prophétie de
Daniel et de Jésus-Christ.
Vd jour le platonicien couronné qui avait,
romme Voltaire, juré de renverser Jésus-
Christ de son trône éternel, prit dans ses
raaîns nos livres saints. Quand il fut arrivé
ju livre de Daniel , il j lut cette prophétie
«ur laquelle ses regards s'arrêtèrent assez
on^temps :
Après soixante-deux semaines^ le Christ
era mis à mort , et le peuple qui le doit re-
(iillî) El ffost hebdomades sexaginia duos occi'
itiur Chrislus : et nen erit eju$ popuius qui eum
nega'urms est. Et ciriiatem et sanctuanum diuipabU
po^ms eum duce venturo, et finis ejus vasiiias^ et
pou fkuem bdli statuta desolalio. — OmfirmMS
tuum p&€tmm muUis hekdomada una ; et in medio
uMomuéis dgfiàet kostia et saerifieium ; et erit in
:mpi% akominatio desolatimiis^ et usaue ad consum-^
mtiomem et finem perseterabit deseiatio. {Dan, ii,
>, 'il.) — c Cooforniément aux |>rophéiies de
U«ci«>a et do Nouveau Testament » dit le docteur
aEfirmger, la religion judaîqur, dés lors qu*dle oe
t^saii pas au diristiamsine et ne se tranafomiatl
s en l'H porîBée ei complétée, devaii, aussitôl
ces raflernineiiieiit de la foi nouvelle, lonikier et
:f eiodrv. Célail une néees^ié de son caractère
LMémaftique, de sa destination purement prépa-
loire. Pour accomplir ce plan anqed la nation
^e ne voolali pat prêter les mains en accepunt
Wmcaîremeoi l'Evangile, la Providence choisit le
>jreo le |»lus simple. Les Romains, exécateors de
ienlence divine, détruisirent le temple, et dans
le descnidion « les sacrifices et le sacerdoce de
ocien Testament, d^à privés de leur force in-
né par le sacrifice et le sacerdoce de Jésas-
rtfit, furent aussi anéantis «I abrogés extérieure-
iti. Efli eff**c, avec le temple, tomba le culte qui
lait aitaclié, et avec ce culte, la n^Ugion juive,
la ruine du temple, comme la suppression des
ritices qui s*y célébraient, devait être et doit
er irrévocable. Ainsi rannooçaient l«s voix
ptiëtiqmes des deux Testaments, ainsi Pexige la
itioa du Nouv>9au avec T Ancien ; car , ce qui a
la place de reoiblème, TEvangile, avec le por
on saiiglaut sacrifice do fEuchartstie, a pour lui
promesse d*uno continuelle dorée. Auprès de
a limite ne peuvent subsister les anciennes û-
noneer ne sera plus son poupk. Un peuple
avec son chef qui doit venir ^ détruira ta vilto
et le sanctuaire ; elle finira par une ruine en»
tière^ et la désolation qui lui a été prédite ar^
rivera après la fin de ta guerre. — // eonfir-
mera son alliance avec plusieurs dans une
semaine^ et à la moitié de la semaine^ les hos-
ties et les sacrifices seront abolis^ rabomina-
tion de la désolation sera dans le lieu sainte
et la désolation durera f'usquà la consomma-
tion et jusqu'à la fin (1^46).
Lorsque Jésus sortait du temple pour s*en*
euler^ ses disciples s'approchèrent de lui pour
lui faire remarquer la structure et la gran-
deur de cet édifice. — Mais il leur dit : Voyesb-
vous tous ces bâtiments ? je vous le die en vé-
rité ^ ils seront tellement détruits ifu'il n'y
demeurera pas pierre sur pierre {ikkl)
L'empereur crut enGn avoir trouvé Iec6té
^ibledu christianisme, cl il ordonna à un
oe ses amis intimes, Aljrpius (1U8) et au
gouverneur de la provmcet de reoAtir le
temple de Jérusalem.
« Des matériaux furent réunis en immense*
quantité ; les Juifs accoururent en foule , et
même des lieux les plus éloignés, il en vint
un grand nombre pour être témoin de la
près, et TŒuvre que Dieu avait autrefois établie*
lui-niéme, mais quil a ensuite brisée, quand son»
temps a été accompli , nulle main humaine ne peut
ni ne doit jamais la rétablir, i /DoexuRcea, Ongénes.
du christianisme^ traduction de l<éon Pore, ii, Ju-
lien. — Cf. encore de %k BLErrcaie, Vie de Julien.)'
(fU7)Siitii< Matthieu^ traduction de Sacy, xxiv,
iy 2 : £l egressus Jesu* de templOf ibmt et aeeesse-
runt diêcipuli ejus^ ut ostendereut ei œdificationes^
templi. — Ip$e autem respondens dixit iltis : Yidetis
hœc omuia? amen dite tobis^ non retinquetur hic
tapis ^uper tapidem qui non dettruatur. — Cf.
Marc. XI u, 1,2.
(1448) Les leiu^ xxix* et xxx* de Julien sont
adressées à Alypius. Dans la dernière, il rappelle :
*Alslft iroOciwtcrf , asl ft>imiT«rt. Julien ne vo«lais
évidemment s'en rapparier qn*à un antre lai-mème.
Cf. dans Warbnrton le portrait d^Alypios. (Wia-
nnaro!!, Dissertation sur te projet de Julien^ tradnc^
tion de Maiéas, i, 75-7b.) Cet exeeileat ouvrage
de Warburton est très-rare et n*a jamais été réim-
primé. Do reste le célèbre évèque de Glocester n*a
pas seul irailé savamment eetle ooestion. Seicneux
de Correvon, Colonia, BuUet, Bailly, Bergier, le
docteur Dœliinger en Suisse, en France et en Alle-
magne, Tont chacun à son tour étudiée. (Cf. Ski-
GUEUX DE CoaBBvo2i, Sotcs sur Addison^ De ta^reti»
giou chrétienne^ section vin, {6. — Coloma, La
religion chrétienne autorisée par te ténunqnage des
anewu auteurs patens, chapitre », Auuibn Mabcu.-
Lis. — BoLLET, Histoire de Cétùblissement du ctuis--
tianisme. note 78. — B&u.Lf , De retigione^ //, De
restauratione tentpli BierosoL — Bceciee, Dtciion-
mrire de théolofie^ arU Temple. *- IKellincee, Ori-
gines du christianisme. — Nous avons comparé en*
semMe ces différents auteurs.
4363
TEM
DICTIONNAIRE APOLeGeflQUE.
TÏM
m
virtoirequi alliiit être remportée surrE^lise
de Jésus-Christ. Mais ce déQ adressé àDieu
ne demeura pas sans réponse. De violents
coups de vents dispersèrent les matériaux;
la foule mit en pièce les machines et les
outils ; un tremblement de terre envoya au
loin les pierres restées dans les anciens fon«»
déments et jeta à bas les maisons voisines.
Dans la nuit^ une croix brillante^ entourée
d*une couronne, parut au ciel, et les vête-
ments des assistants furent marqués du
même signe. Mais ce qui porta le conp dé-
cisif, ce furent les flammes qui, sortant des
entrailles de la terre, tuèrent un grand nom-
bre de travailleurs, en blessèrent d'autre*,
ef, par leurs éruptions multipliées, forcè-
rent enfin les Juifs et les païens à aban-
donner malgré eux la partie (Iht^d). »
Tels sont les faits qu*il s'agit d*établir.
Commençons par Je témoignage des écri-
vains païens.
« Julien, dit Ammien Marcelin, qni avait
été trois fois consul, entra pour la qua-
trième fois dans cette souveraine magistra-
ture, s*associant pour collègue Sallaste, pré-
fet des Gaules II paraissait étrange de voir
un particulier associé à l'empire, événe-
nement dont l*histofre ne nous fournit pas
d'exemple depuis les rèsnes de Dioclétien
et d'Aristobule. Quoioue l'esprit de ce prince
fût sans cesse occupé de la variété des évé-
nements qu'il fallait prévoir, et des diffé-
rents préparatifs pour les expéditions qu'il
méditait, il avait néanmoins l'œil à tout, et
se partageait en quelque façon lui-même.
Il entreprit, pour éterniser la gloire de son
règne par quelcjuc action d'éclat, de rebâ-
tir à des frais immenses le fameux temple
de Jérusalem, qui, après plusieurs guerres
sanglantes, n*avait été pris ou'avec peine
par Vespasien et par Titus. Ii chargea du
soin de celle ouvrage Alypius d'Antioche,
qui avait autrefois gouverné la Bretagne à
la place des préfets. Pendant qu'AIypius et
le gouverneur de la province employaient
tous leurs elforls à laire réussir celte en-
treprise, d'effroyables tourbillons de flammes
■
(1449) DoELLMGCR, Origines du elmstianisme, ii,
Julien. — Seigneux de Correvon ajoute quelaues
#!urieui détaîU. (Cf. Seigticoi db Correvon, Notes
sur Addison.) |
(1450) c Jullantis ja*n ter consul arfscîto in colle-
^îam trabeae Sallustio praerecio per Gallisis, quater
ipte amplisaîmuin inierat magîstratum : et videba^
iur novum, aHjunctum esse Augnsto privatum, quod
post Diocleiianom et Aristobulum mitlus meminerat
geslum. Et licel acci'teniium varietaiem sollicita
mente prasclpiens, muliiplicatos expediiionis appa-
ralus flagrant! studio , perur^eret : diligentiam ta-
inen ubique dividens, iinpenique sni memoriam
magnitttdine operum gestiens propagare ambitiosum
quondam apuu Hierosolymam lemplum, qaod post
molia et iniernecîTa certamina obsideute Vespa-
aiano poéieaque Tito aegre est expuguaturo, instau-
rare sumptibus co^^itabat immodicis : iiegoiiamqoe
maturaudum Alypio dederat Anliochensi, qui olim
Itrhannias curaverat pro praefectis. Cuin ituque rei
idem fortiter iu»taret Alypius, juvarelque provinci<e
rector, metuendi globl ilammaruin prope funda-
menta crebris assuïtibus erumpeiues, fecere locum
qui soriaietU par des élaneemenu tsMmtit
des endroits contigusaux pméemmti^ MU.
rent les outriers^ et leur rendirciu la plaa
inaccessible; enfin cet éUmenlpersistmu i^v.
Jours acte une espèce iopiniâtrttéà ri^Mi.
ser les ouvriers^ on fut obligé tabndmtr
rentreprise (i^).
« Cest ainsi, dit très-bien le savant éTèqoe
de Glocester, que la Provideoce a notHeu-
lemeut vengé ses droits à la (ace de l'oni-
vers, mais au'elle'a voulu coosemràtotu
les siècles la mémoire de cette enirtfm
impie, par le témoisnage le plus autheob-
que. En effet, quand rincrédule le plus opi-
niâtre et rinQdele le plus endurci assigne-
raient eux-mêmes les qualités requises!
un historien, pour obliger les hommesà
croire les faits qu'il rapporte, ils n*ea pro-
duiraient aucune qu'on ne puisse leur troa-
ver évidemment dans Ammien Marcellinil
était païen, et par conséquent exeiupt d^
tout préjugé favorable aux Chrélieos.iréiaj!
sujet, courtisan, admirateur de Jolieo :|4r
conséquent, bien éloigné de rien r^)/<or/er
qui pât flétrir sa mémoire. Il aiiuida ré-
rite, et il nous a fait voir plus tm ton
qu'il avait pour Timposture toullei^v^^
qu'elle mérite. II était né avec uojupt&l
exquis, que Tétude de la philosophie et la
connaissance des hommes avaiem perter-
tionné : il était par conséquent moinspropn
que tout autre as'en laisser imposer. lUuil
non-seulement contemporain de TéTése-
mcnt, mais, dans le même temps, ilnVui;
point éloigné de Jérusalem. Il a rspporit
cet événement, non sur les premières reu-
lions qui en coururent, où Terreur peuH
mêler aisément à la vérité, mais ^m m
examen réfléchi et des recherches eucir
de tout ce quis*était passé. Une iea:il-
[>oint transmis romme unfaitiDcertaioj''
a défiance accompagne, mais comme ut:»:
notoire, dont on ne faisait pas plas de^^^
tère en Asie que de l'entreprise eldusuot>
de l'expédition des Perses. II ne Fa p
inséré dans son histoire avec celle p&riii'
qui se découvre toujours par rioiérèi que
exustis aliquoties operantilms iaacc**8samf M^
modo elem<*nio desiinatios repellente, cession i*^
eeptum. > (AiytEN Marcellin, Hnioin 6&(^
reurs romains^ liv. xxni, cb. I.) — < Ije**^*''
celte histoire, dit M. Bouillet, se ressmideu^
barle du temps, et Touvrage jouit d'une, grafr»* »"
torité. » (BouiLLET, Dictionnaire unimsilt '"*'
Ammien Marceliin.)
c Ammien Marceliin. dit le P. deCol(mu,("'
presque rien des événemencs de son ie»pi ^
n*ait été le témoin, on même à quoi it n^aii et ^
part ; et on peut dire qu^â cet é}(afd il rc^f*
lurt il César et k Xénophou. — Les critiqu^!'
rien n^échappe, le proposent comme un lo^'
modéralibii, d*exaciitude, d'équité, de boti»^»
SCoLOMiA, La religion chrétienne aniaruèe , (^ ^
i t. — Cf. encore Sbigmeux dk Coawvo^, ^^
sur Addiion, section vh, § 6; Felleb, Bi^-
universedet article Ammien MaruUm; W*»^*^^
Dissertation sur Us tremblements de l^nt ''^
éruptions de feu qui firent échouer le V<Ô^ ^ .
par (^empereur Julien de rebâtir te terMltéci^^
letn, s, cliap. 3.)
I36S
T£SI
DICTIONNAIRE ÂPOLOGETIQLE.
TEM
IÔ69
Ton a de rejeter les faits qaî nous sont con-
traires, ou d'admettre ceux qui nous sont
tiTorables. Son histoire nous fournit bien
des eiemples d*un caractère tout opposé. Il
a rapporté ladéfalie de Julien à tête re^iosée,
ayec gravité, avec sagesse, s'écartant égale-
ment et de ce qui pouvait déshonorer la
mémoire de son prince en disant trop, et
de ce qui pouvait blesser la vérité en disant
trop |>eu. Le titre qu'il ambitionnait le plus
était celui d'an historien fidèle et impartial :
c'est par ce motif qu'il préféra la solitude à
Ja cour. » (WABBOBTOïy DiaerMian , etc.,
cnap. m.)
il ne faut attendre ni de Julien ni de ses
confidents la même franchise que celle du
Irijai soldat dont nous venons de citer l'écla-
Caul témoignage. Le zèle qu'ils déployèrent
dans la réaction païenne» leurs préjugés
bien connus, leur invincible antipathie pour
les chrétiens, les obligeaient à dissimuler
autant que possible l'évidence d'un événe-
ment dont on pouvait tirer de fortes conclu-
sions contre leurs opinions. Ecoutons Li-
banius.
Ce sophiste célèbre, dévoué aux intérêts
et aux projets de Julien, dit, en parlant de
sa mort, que « les Perses, à la vérité, furent
informés par un déserteur de l'état où la
fortune avait réduit les affaires; mais, ajoute-
t-il, il n'y avait pas un seul homme parmi
nous dans la ville d'Antioche, qui en sût la
moindre chose.
• Il esft vrai que ce malheur (la mort de
Julien) paraissait avoir été prédit par des
trembUments de terre arrivés dans la Pales^
lint^ qui avaient renversé quelques villes
et endommagé d'autres. 11 semblait que les
dieux nous présageaient, par ces désastres,
quelque événement funeste. En effet, pen-
dant que nous adressions nos vœux au ciel
IMjur détourner les malheurs qui nous me-
naçaient, il vint un courrier, » etc. (Liba-
.Tics, son Autobiographie.)
Le second passaj^e est tiré de Toraison fu-
nèbre de Julien. Libanius s'exprime ainsi :
« Le temple d'Apollon fut réduit en cen-
tras. Cf^ ^ecoiMiei /errt6/e5 qui ont ébranlé
'empire étaient des présages de cet acci-
lent (la mort de Julien) et de fous les maux
Ce nous ne tardâmes pas à éprouver. »
KAJiiiJS. Oraison funèbre de Julien.)
(1451) Cf. Au}tiE3 llAEcxLLia, liv. xm, ek 10.
- L«ilHiDras ignoraîi si peu la vnîe daie des trem-
lemeots de terre qa*il affecte de ooDfoodre avec
elai de Jénisalein, quUf avance, dans son Diseamrs
Théod&se^ que ces seeousses terriMea élaiest ref-
it tle la colère des dieax irrités de voir b mort de
Blieo restée sans vengeaDce.
(1452) U est évident par ce passaj^e que les
bréiicas repciicbaient à Julien d*avoir été eontrarié
ans ses projets par une intenrention de la Provi»
ence, ce qui pnmve que du vivant même de Julien»
B oe se faisait pas illusion sur le caractère de Té-
êeeoient, et que b rumeur puhUque parvenait
tsqu*à raimstat lui-même. *
i f 455) Warburton ne me parait pas avoir bien
lisf le sens de ces deux mots : * TpîTov ôaMcrpoircv-
c Noas adoptons Topinion du savant Fabiicius
du P. de U Olciterie, qui pcns^^ que Julien avoue
Lilianîus confond k de.<sein deux événc-
menis trèsHiistincIs : le tremblement de terre
de Jérusalem» avec \es secousses terribles
qui ébranlèrent tout Pempire dix-huit mois
après la mort de Julien, sous le 'premier
consulat de Valentinien et de son frère
(1451).
Quoique Julien affecte, comme Libanius,
de jeter de Tobscnrité sur le grand événe-
roentde Jérusalem, il est facile de reconnaî-
tre, au milieu des précautions dont il s*en-»
vironne, la confusion d'avoir vu son projet
échouer devant une force irrésistible. Après
avoir justifié les dieux sur la profanation de*
leur temple et le mépris qu'on avait de leur
culte, il s'exprime ainsi :
« Que ceux, par conséauent, qui ont vu ou
qui ont entendu parler de ces hommes assez:
sacrilèges pour insulter aux temples et aux
imases des dieux, ne forment aucun doute
sur la puissance et la supériorité de ces mê-
mes dieux QuHls ne prétendent pas nous
en imposer par leurs iophismes et nous épou'^
vanier parle cri de la Providenee (14ffî). 11
est vrai que les prophètes, parmi les Juifs^
nous ont reproché tous ces désastres. Mais
que diront'ils eux-mêmes de leur propre
temple^ enseveli trois fois sous ses ruines^ et
qu'on n*a pu rétablir jus^^à présent (1453)?
Ce n*est pas «{ue je veuille insulter à leur
infortune, puisauefai moi-^méme voulu raM-
Itr ce temple (lisi) en l'honneur de la divi-
nité qu*on y invoçiuait. Je ne cite cet exem-
ple que pour laire voir qu'il n'est rien d&
durable dans les choses humaines, et que les
prophètes, qui n'avaient d'autre occupatioi^
que celle d'amuser les bonnes gens, ne nous
ont rapporté que des rêveries. Tout '^la ne
prouve pas, à Ja vérité, que leur Dtèu ne
soit grand (1U5); :nais il est certain qu'il
n'a eu parmi les Juifs ni de bons prophètes»
ni de savants interprètes de sa volonté. La
raison en est claire : i^s ne se sont jamais
appliqués à cultiver et à perfectionner leur
esprit par l'étude des sciences humaines;
ils n'ont jamais tenté d'ouvrir des yeux que
fermait l'ignorance, ni de dissiper des té-
nèbres qu'entretenait . leur aveuglement. Us
sent semblables à ces hommes qui, à tra-
vers des nuages et des' exhalaisons grossiè-
res, aperçoivent la lumière éclatante dik
firmament. Cette vue trop indistincte leur
par ces mots sa défaite et sa honte. On trouvera le
développement de cette opinion dans Bullet, l/û-
toire die fitahlisument du chn$liam$me^ note 78.
(14Si) 'OffTi TOtfovTOt; vaztpv» xpâvocç Avcorme-
99iu hsioé^ cvTÔv — Ces paroles sont asses
claires et contiennent un aveu assez formel du
projet de Julien et de son impuissance à le réaliser.
(1455) Il ne faut pas être surpris de cet aveu , il
est tout à fait en harmonie avec te syncrétisme de
récole néo-platonicienne dont Julien était un défeo-'
seur si ardentJCf. de l4 BLCTTBaiB, fU de tempe'
remr JmUea. — NAaudes, Julien ei »on époque. —
DocLLmCERy Origineê du ehruiûmisme ^ II, cb. ii,
et IV. — Strauss s*est beaucoup occupé do carac-
tère de Julien dans son singulier ouvrage qui a
paru à Manbeim, en 1S48, )uwis ce titre : Le ro-
manliqîu sur le îràne de* Césars , ou Julien CApoS'
ISG7
TEM
DIGTKMINAIRB APQLOGfiTIQUE,
068
tnit OGDfondre Ja splendeur élbérée arec un
feu terrestre et impur. Aveugles qu'ils sont
sur tout ce qui les euTironne, ils s'écrient
comme des forcenés: Craignez^ iremblex/ha^
biianli de la ierrty le feu^ ta foudre^ le glaive,
et la mort (1456) I employant avec emphase les
expressions les plus terribles pour désigner
la chose du monde la plus simple : lapro'
priété deêtruetive du feu (iU7). »
Aux témoignages des païens, nous pou-
vons joindre ceux des Juifs.
Le célèbre rabbin Gedaliah ben Joseph
Jechaia s'exprime ainsi dans son histoire
intitulée : Échalechelelh Hakkabbala :
« Dans les jours de R. Channan et de ses
frères, environ Tan du monde 4349, nos
annales rapportent qu*il y eut un grand
tremblement dans toute la terre, qui dé*
trui^it le temple que les Juifs avaient élevé
è grands frais par ordre de l'empereur Ju-
lien l'Apostat. Le lendemain de ce désastre
le feu du ciel tomba fur les ouvrages, mit
en fasion tout ce qui était de fer dans cet
édifli;e, et consuma un grand nombre de
Juifs (1458).»
Parmi les témoignages chrétiens (1459)
qui nous restent à citer, il en faut distin-
guer de trois classes : les écrivains con-
temporains, les écrivains de l'époque &ui-
rante, et enfln ceux qui, plus ou moins éloi-
gnés de l'événement, l'ont rapporté d'après
une tradition plus ou moins sure. Nous ne
ferons qu'indiquer lo nom i& ces derniers,
sans nous appuyer sur leur «autorité.
Saint Ambroise, dans une lettre adressée
à l'empereur Théodose, blâme ce prince de
vouloir obliger les chrétiens à rebâtir un
temple qui appartenait aux païens, et qu'on
avait renversé: « Nesavez-vous pas, dit-il,
que lorsque l'empereur Julien ordonna de
rebfttir le temple de Jérusalem les ouvriers
occupés à cet ouvrage impie furent frappés
du feu du ciel? £t ne craignez-vous point
2ue ce même ciel n'en fasse autant à votre
gard dans les conjonctures présentes ? »
(S. AiîBB., lettre il.)
Saint Jean Chrysostome, dans son l>t5-
cours contre le$ Juife et les gentilSf parle de
(U56) Dans ces phrases remplies à dessein de
réticences et d'obscurités, Tempereur a sans cesst
en vue les cbrétiens « et il essaye d'affaiblir rim-
pression des menaces qu'ils faisaient au nom du
ciel depuis révéneroetit de Jérusalem. Ces mots si-
gnificatifs : le feu^ ta foudre^ ta mortj rappellent les
principales circonstances du miracle, comme nous
le verrons dans les témoignages des Pérès.
(1457) Julien paraissant craindre d*entrer dans
de trop longs détails et restant perpétuellement sûr
le terrain de Tallusion Insinue, en unissant , que le
prodige qu'on lui oppose est un événement tout
naturel et qu'il ne faut pas y voir tant de mystère.
Quelques rationalistes modernes ont trouvé plau-
sible ceue explication qui ne se soutient pas devant
Texamen approfondi des fails. — Le passage que
nous venons de citer est extrait d'une lettre on dis-
cours de Julien, édité par le P. Pétau.
(145Sj c In diebus R. Chaunan et soclorum ejus,
anno circlter orbis conditi 4549. memorant libri
annalîum, magnum in orbe unîverso fuisse tcrrae
«otum , colUpsumtiue esse tcmplum quod struxe*
révénement avec la même condsion qoe
saint Ambroise :
« De notre temps, dit-il, celui qui a sqn
passé tous les mortels par la baine qu*il fior-
tait à l'Evangile, a non-seulement aidé oos
ennemis |de son autorité, mais est deveau
lui-même leur associé dans Tentreprise im-
{)ie de rebâtir le temple. Us ont commeiKé
'ouvrage et n*ont pu faire faire aucun pro-
grès; carie feu qui est sorti des fondements
a écarté et dispersé ceux qui voulaient éle-
ver ce temple, m (S. Jea5 Chbts.» Conm la
Juifs et les gentils.)
Dans un autre endroit il envoie ses au-
diteurs aux monuments qui subsistaient
encore de ce désastre inouï:
« Allez, dit-il, à Jérusalem, et vous rrcr-
rez les fondements du temple dansTéiatoù
je viens de vous les dépeindre. Si vous in-
terrogez ceux qui sont sur les lieui, ils
vous diront tous : Ces choses so sont patte»
de notre temps ; nous en avons été témoint;
il n'y a pas longtemps quelles sont arrkiet»
Comprenez donc maintenant tout le im de
votre victoire; car enfin cet éYénuweBlB'est
point arrivé sous i'empire des Céssrsre'
commandables par leur piété, aCaqDonne
pût pas dire que les cbrétiens soolnnus\
main armée détruire Touvrage des luib;
mais cet événement est arrive lorsque nos
affaires étaient dans la situation laplustrisUi
lorsque la liberté nous était ravie, lorsque
le paganisme était dans Vélat le plus florîs*
saut, lorsque les fidèles évitaient les p!aces
publiaues et qu'ils s allaient cacher, les uns
dans leurs maisons, les autres dans les fo-
rêts et dans les solitudes. Telles sont l«s
conjonctures où la Providence a voulu qoe
cet événement soit arrivé» afin d'Oter lotii
Crétexle à Timpudence et à rincréduliié to
ommes. » (S. Jean Cbbts., X>t#c. contre Ut
Juifs.)
Saint Grégoire de Nazianze nous fouwt
des renseignements plus étendus et ^
complets : « Après que rempereor luikn
eut mis en usage tous les (moyens une si
tyrannie avait pu lui suggérer; que I expé-
rience lui eut prouvé combien les voies
nini Jodad Hierosolymis pneoepto Caeaaris Miuà
Apostat», impeusis maximis. Postrldie cjes did
(quo mota fuerat terni) de cœlo Ignis mahis cech
dit, lia ut omnia ferramenta illios sulilici IkpKsee*
rent, etcomburerentur Judael mald aiqiie adeo ii-
numerabiles. > — Cf. Waceiisbu. , Tda îfMt S»
tanœ^ 10* q. — Sans doute, ce téraolnage u'atifu
contemporain , mais récrivaîn juif ml ryairgiy
lui-même qtrti s*appaie sur la iraditios de si »
tien conservée dans ses aiimles. — Le P. M^ri
rapporte «n autre témoignaae des Juifs iîr« *
lleresi h rabba. (Cf. Moam, taercUëtiamem Nfcfts
p. 2tô5.)
(1451)) Nous ne nous occupons pas iei d*éB^
riiutoriié de ces témoignages, puismfils sont, ^
les circonstances principales, eononnés, sniyf
les aveux des païens, soil par knr silcoeeta^
Att reste, il eat^ifllcile d'ajouter qudqae cImmc tm
raisons péremploires fournies par WarÉMnoB, ^
s:i qualiié de protestant ne doit pas rendre susport
quand il s*agit des Pères de l*£glisc. (Cf. Wiasia^
TON I, cb. 7.)
lat
TEM
DICTKKCNAIBE APOLDGCTIQUC.
TEM IS70
qall «Tait dboisies étaient odieuses et mé*
prisables, il se résolut eaûn à soulever con-
tre nous le corps entier des Juifs. I^ peo-
cbaol qu'ils ont pour les nouveautés pro-
pres à exercer leur esprit séditieux, et sur-
tout ia haine invétérée qu'ils portent au
nom chrétien, les lui fit regarder comme les
gens les plus capables de devenir les instru-
meols de sa malice. Sous prétexte de leur
marquer sa bienveillance (car c'était sous un
tel masque qu'il cachait son véritable des-
sein), il s'efforça de les convaincre, par
leurs traditions et leurs livres, que le
f emps prédit par les prophètes était enfin ar*
rivé oh ils devaient retourner dans leurpro-
i»re pays, rebâtir leur temple et rétablir les
lois dans leur ancienne splendeur. Après s'ê-
tre insinué de la sorte dans l'esprit de ceux
«la'il voulait gagner, et qu'il gagna en effet
iVar rimposture peut toujours se flatter d'un
beureax succès lorsqu'elle va jusqu'à flatter
ntx passions), les Juifs entreprirent de rebâ-
tir le temple avec toute l'ardeur et la dili-
gence |K>ssibles. Ceux que le souvenir de
ces préparatifs saisit encore d'étonnement et
i'admiratinn rapportent que les femmes des
Juifs se dépouillaient de leurs bijoux et de
leurs pierreries pour contribuer aux frais de
entreprise et au salaire des ouvriers; que
•es plus délicates d'entre elles mettaient la
main à ToNivré et emportaient les décombres
ians leurs robes tes plus précieuses, persua-
lée» que toutes leurs richesses n'étaient rien
?n coiii|)araison de l'ouvrage auquel elles
^'efforçaient de prendre part. Mais un tour-
jiUon de vent qui s'éleva tout à coup, et un
violent tremblement de terre, obligèrent de
quitter l'ouvrage. On courut en tumulte se
réfugier dans une église voisine . les uns
pour Mehir la colère du ciel, les autres
}H>or profiter d'une retraite , comme il est
oaturel de le faire dans ces sortes de cas ;
/autres enfin malgré eux, parce qu'ils» étaient
OTeloppés dans la foule, qui les entraînait,
luelques-uns rapportent que l'élise refusa
e les recevoir, et que lorsqu'ils lurent arri-
és aux portes, qui étaient ouvertes un in-
fant auparavant, ils les trouvèrent fermées
j bitement par une main secrète etinvisitkley
• ns doute
etmfondre
Mice. Oooi
n iversellemeot reçue, et dont tout le monde
envient Hnanimement, c'est aue, lorsqu'ils
> ftjlurent éviter par la fuite le danger qui
^ menaçait, un feu, sorti des fondements
I temple, les atteignit bientôt , consuma les
1 s, mutila les autres, leur laissant à tons
s marques les plus visibles de la colère du
si. Ainsi se passa cette affaire. Que per-
nne Dd soit assez incrédule pour révociuer
I doute ce prodige, à moinsqu'il ne veuile
•uter également des antres œuvres miracu-
wses de Dieu. Mais ce qu'il v eut de plus
onnant et de plus remarauable, ce fut une
m
'1460) Pami ces derniers il faoi citer Seinieex
CorrcTOD, dans ses iVofet but Addésom^ £1 Néan-
r. dans son HUtaire de tEgtiu.
i -161 ) Cf. Alxoc, ai$lW€ umvtmilt de tEgHte^ i.
lumièrequi parut dans le ciel, sous la forme
d'une croix renfermée dans un cercle. Ce
signe auguste, que les impies avaient regardé
comme nn opprobre sur la terre, était main-
tenant élevé dans les cieux et présenté k la
vue de tous les hommes comme un trophée
de la victoire du Tout-Puissant sur ses enne-
mis; trophée le plus illustre et le plus
éclatant qui fu tramais I 11 y a plus : ceux qui
étaient présents et spectateurs du prodige
font encore voir aujourd'hui les croix qui
furent alors imprimées sur leurs vêlements.
Lorsque ceux qui étaient présents, soit des
nôtres on des étrangers, considéraient ces
marques sur ceux qui les portaient, ilsaper-
cevaient avec surprise la même chose sur
eux-mêmes et sur leurs voisins. C'était une
lumière brillante, imprimée sur le corps ou
sur le vêlement, et qui surpassait, par son
éclat et sa beauté, tout ce qqjp l'art et l'halii-
leté peuvent donner à la peinture ou à la
broderie. » (& Gbég. de Nai., Disc. coMre
Juliai,)
Hes écrivains rationalistes, et même quel-
aues savants chrétiens (1160), ont essayé
'affaiblir l'autorité de ce témoignage. Ils
ont été surpris de trouver dans le texte de
saint Grégoire de Nazianze des circonstances
qu'on ne trouve dans aucun des auteurs
païens et juifs que nous avons cités, et sur
lesquels saint Ambroîse et saint Jean Chry-
sostome gardent un profond silence. Ils on^
conclu, de la comparaison de ces différents
^moignages, que Téloquent adversaire de
Julien avait accepté sans assez d'examen
quelques traditions exagérées qui s'étaient
répandues parmi les chrétiens sur i'événe--
ment de Jérusalem, et qu'il fallait absolu-
ment retrancher de l'histoire les eirconstan*
ces dont rien ne pouvait solidement démon-
trer l'existence.
Quand même nous serions obligé d'accep-
ter celte hypothèse, et forc^ de sacrifier le$
circonstances qui nous ont été transmises
par saint Grégoire, l'essentiel du miracle
n'en reste pas moins inattaquable et è l'abri
des efforts de la critigue la rplus malveil-
lante. C'est ce que Seignenx de Correvon &
bien senti : quoiqu'il n'admette pas cer*-
tains détails de l'événement, il est parfaite-
ment convaincu que, si on le considère dans
son ensemble, il est impossible d'en donner
une explication naturelle. Nous partageons
complètement la conviction de ce savant
critique.
Mais nous pensons comme le célèbre évè-
que de Glocester, comme Bergier, comme le
P. de Colonie, comme le docteur Dœllinger,
comme le docteur AIzog (1461), que le té-
moirage de saint Grégoire, confirmé par
plusieurs autres écrivains, par Sozomène»
par Socrate, par Rufin, par Théodoret, par
Philoslorge, présente toutes les garanties pro-
pres à satisfaire un esprit judicieux (IVgS).
CEgiue mous Js/îm.
(1462) Nous ne doos attacherons pas id, pour
justifier saint Grégoire, à essayer de dëmonirer,
coiBmc Dœtlioger et Warbunon, quelles croix qjû
157!
TKII
DICTIONNAIRE APOLOGEtlQUE.
TEM
\Vï
Nous allons inainlenant examinercequon
a pensé du miracle qui déconcerta les pro-
jets de Julien dans les temps postérieurs à
celui des conterar?orains.
« L'empereur, dit Sozomène, n'avait pour
les Chrétiens que la haine la plus implaca-
ble, tandis qu'il favorisait les Juifs et qu'il
n« cessait de donner à leurs patriarches des
marques de sa bienveillance. II écrivit à ces
derniers d'adresser leurs prières au ciel pour
la prospérité de sa personne et de son règne.
Cette conduite, autant que je puis le conjec-
turer, n'était pas fondée sur une estime par-
ticulière de la religion judaïque, puisqu'il
n'ignorait pas que celle des Chrétiens en ti-
rait son origine, ayant toutes les deux les
mêmes prophètes et les mêmes patriarches ;
sa prédilection pour les Juifs navait d'autre
but que de mortifier les Chrétiens; peut-être
aussi pensait-il qu'en leur prodiguant ses
faveurs il viendrait plus aisément à bout
d'en faire des idolâtres Ayant fait venir
les principaux de la nation, il les pria do
pratiquer les préceptes de Moïse et les cou-
tumes de leurs ancêtres. On lui répondit que
le temple de Jérusalem étant détruit, et la
nation dispersée, on ne pouvait offrir des
siecririces sans prévariquer aux lois. L'em-
pereur leur fit aussitôt donner l'argent né-
cessaire pour rebâtir le temple, leur enjoi-
gnant d'observer dans les cérémonies et les
sacritlces, la même forme et les mêmes rè-
gles qui avaient été en usage chez leurs pré-
décesseurs. Ce peuple, assez aveugle pour
ne pas voir l'impossibilité d'un projet for-
mellement contraire aux prédictions sacrées
des prophètes, se préparait à l'exécuter avec
tout le soin et l'ardeur imaginables. On fit
venir des architectes •, on rassembla des ma-
tériaux ; on nettoya les endroits où l'on de-
vait asseoir les fond<jments. La joie qui les
animait allait si loin, qu'on voyait leurs
épouses mômes transporter dans leurs robes
\qs décombres de l'ancien temple, offrir leurs
colliers et leurs ornements les plus précieux
pour contribuer aux frais de l'entreprise.
Enfin les Juifs, les gentils et Julien lui-
même, sacrifièrent à cet ouvrage leurs au-
tres affaires; ils oublièrent jusqu'à leurs
propres animosilé5,persuadés*que cette en-
treprise allait bientôt convaincre les hom-
mes de la fausseté des prédictions de Jésus-
Christ On rapporte que le jour qui pré-
céda celui où Ton de vait jeter les fondements,
8^aUachèrent »ux vêtements n'étaienl qu'une con-
fté(|uence naturelle du miracle. Ces deux savants
auteurs citent plusieurs faits curieux à Pappui Je
leur opinion. Nous ne croyons cependant nullement
nécessaire, pour nionirer l'auiorité du témoignage
en saint évè(|ue , dVuirer dans tous les délails^de
eeite discussion. Nous nous bornerons donc à rap-
porter ce qu'a dit U-dessus Dœllinger : c Que l'on
ait vu sur les corps et sur les vêtements des per-
sonnes présentes , des croix brillantes pendant la
nuit, d'une couleur sonfbre pendant le jour, ceci
s'explique très-bien par 1 action combinée du trem-
blement de terre, de Torageetde la foudie, et il y
en a d*autres eicmples. r ''
« Dans Tannée i5U5, la foudre ayant frappe rëglise
de VVeis en Angleterre, les personnes qui étaieut
la terre trembla, dispersa les pierres mû de.
vaient servir à l'ouvrage, et fit jyénr \me
multitude de Juifs, tant de ceux qui traTail-
iaient,que de ceux qui étaient acconruspoor
être spectateurs des travaux. Les maSocs
du voisinage et les portiques publics qui
renfermaient beaucoup de monde s*écrooV
rent tout à coup. Parmi ceux qui furent e»-
sevelis sous les ruines, les uns (etc'étaitle
plus grand nombre) furent écrasés» d'autres
mouraient à mesure quon les retirait, ei
d'autres enfin étaient à demi morls, ayant
les cuisses fracassées, ou d*aotres parties tlti
corps mutilées. Dès que Dieu fit cessera
tremblement de terro» les Juifs qui aTaienl
survécu è leurs confrères, se remirenl J
Touvrage ; et quoique le mauvais succès \li«
leur première entreprise fût une |)reuTeeûfl-
vaincante que le ciel ne Tavail [)oiatapprou*
vée, ils osèrent néanmoins reprendre \m<
travaux avec plus d'ardeur que jamais. Mi^
ce fut en vain ; car on rapporte qu'aussév
q^u*ils recommencèrent à travailler, uo feu
s élança des fondements du temple, et coq*
suma beaucoup d'ouvriers. CeUtàmi-
tance est rapportée par tout le mom/e.oola
regarde comme certaine, personne u^^it^
voque en doute. 11 y a néanmoins qneHu-
différence dans la manière dontonltu*
conte; les uns disent que laflaoïmeailtbti
les ouvriers lorsqu'ils voulurent enimû'
force dans un temple ; d*antres disenl q\)t i«
chose arriva lorsqu'on commença de ins^
ï)orter les décombres ; soit que Ton 5«
tienne à ce dernier rapport, soit qu'on ad^i
le premier sentiment, la chose est égaiefii^
surprenante. On vit encore un aulreproiV.
plus étonnant et plus évident que celui >!%'
nous venons de faire le récit: les babibJa
Juifs se trouvèrent marqués dusigoe(itJ
croix; on voyait leurs vêtements pars^c^
d'étoiles faites avec autant d*art que^"^ "^
y avaient été mises par la main de IVr'f-
ce qui fut cause que plusieurs i\i^'-^
reconnurent aussîtôl que le Christ éuû^
ritablement Dieu, et se repentirent duife^^^
qu'ils avaient formé de rebâtir le lea^ ^
d'autres accoururent à l'église, furent iQii'''=
dans les mystères, et tacuèrent de flécU
colère du ciel par leurs hvronesel leursin
res. Si quelqu un refuse de croire cescht»^
il sera lacile de le convaincre ; preoiiè^
ment par les témoignages de ceux qu^ *
ont apprises de témoins oculaires, Aon\^^
en ce moment dans Téglise » trouvèrent tw^^
croix marquées sur diverses parties de leur <^
En 1660, après une éruption du Vésn^e, uo >*^
grande quatiiilé, dans plusieurs endroits du ro^^
de Naples, des croix imprimées à des véteiB^
à des nappes d*uutel, suivant le rapport dei»
cher, qui en fui témoin ei qui a exposé b
dans un écrit iulilulé : Diatribe de prodigroè'
cibus quœ tam $upra veste* hontinum quant th^
non pridem posi ultimum incemiium Yc4UTti,
poti comparuerunU Or, comme ce sont prcc^
ces croix que les écrivains chrétieDS ooi î^*^
sortir et qu*ils oui décrites avec un soin pi^*'
il est évident qu'ils suivaient sur ce point <<^
cumenls antlienliqnes et non de simples i^^u^'
(Do£LL)NGf 11, Origines du christianiêmef u^ ^'^
IST3
TEM
MCTIOXNAIIIE APOLOGETIQUe.
TOI
IS»
ques-uns virent encore; secondement, par
1 areu des Juifs et des païens qm ont aban-
donné TuuTrage sans le commencer» ou plu-
tôt qui se sont vus dans rimpossibilité de le
commencer. » (S020M., Hi$t. eccUs.^ liy. t,
chap. Sa.)
Le témoignage de Sozomène est confirmé
parceluide RuGn. Il est d*autanl plus re-
marquable, que ce savant homme n a pu co-
•ier le passa^ que nous venous de citer,
uisquir écrirait arant Sozomène II est
tussi très-essentiel de remarquer qu'il'passa
rente années de sa rie dans la Palestine et
|u*ii araitpar conséquent pu recueillir par
ui-mème les traditions locales sur Tévéne-
uenl de Jérusalem. (Cf. RuFiN,iri#/. ecc/f'a.,
ii.37.)
Nous pourrions compléter les renseigne-
Dents fournis par RuOnen citant en notre £<-
euretSocrate et Tbéodoret(l%63). N'arons-
tous pas le droit, après une si grande multi-
ude défaits, d'opposer à nos adrersaires les
idicieuscs réflexions de Téréque de Glo-
ester?
« Arrêtons-nous maintenant pour consi-
érer d'un seul coupd^ceil ce quenousarons
\is en détail sous les yeux du lecteur. Pour
PU qu'on réfléchisse et qu'on examine de
>nne foi tout ce q^ui nous est rapporté sur
t grand événement, je me flatte qu on aper-
vra, 1* runanimitéla plus exacte entre les
ux parties qui y étaient principalement in-
ressées, les Chrétiena et les païens ; 2* une
lîson étroite entre le phénomène, tel qu'il
i avoué par les païens, et les conséquences
ti devaient s'ensuirre, détaillées par les
rétiens; 3* l'accord le plus parfait entre les
iieurs chrétiens de la première et de la se-
>nde classe, qui, en s'éclaircissant mutuel-
^mentles uns les autres, nous font roirque
nrs contradictions ap|)arentes sont la
•eure la plus forte que leurs témoignages
>nt point été concertés, mais qu'ils n'ont
rlé ou aued*après des témoins irréprocha-
ïs, ou d*après des actes authentiques; en
mot, tout ce qui doit résulter d'un fait
:>porté par une multitude d*auteurs, reiar
ement au temps, aux circonstances, à
ir génie, leur caractère, leurs qualités
tonnelles, tout se présente dans k* spec-
le que nous venons d'exposer ; plus on
moiine, plus les nuages qui couvraient
irérité se dissipent, ne laissant entrevoir
un tout lié et enchaîné dans les différen-
partiesqui le composent, et capable par
séquent de forcer le plus fier incrédule à
^C4>nDaitre le doigt delà Providence.
Far exemple Ammienllarcellin parle ou-
ement de l'éruption de feu, rien de plus
t orme à la qualité d'un bon historien;
rapporte le fait principal, il ne dit rien
463) Cf. SocBÂTE, Bui. ecclés., liv. ui; Théo-
T, //tsf. ecclés,^ liv. m. — ^arburtou a expli-
•le la manière la plus satisfaisanie les préieR-
coiilra*licuoos quoa a voulu trouver entie
témoignages des quatre deroiers auteur» quo
venons de cller et les précéJeoli. (Cf.W'At-
o?i, iHssert. sur le ptàjet dé Julien^ 1 , chap. 8.
ioîD il répond ioviuciblement aux objections
des conséquences qui ont dô an résoller^
précaution louable dans un courtisan. Julien
parle et sedisculfie, il devait le fiiire; maïs
avec une otyscurité affectée, c'est la conduite
qu'il devait tenir. Lil>anius n'en dit rien, le
silence était le meilleur parti ; mais il tâche
de tout embrouiller, c'est le caractère d'une
malice qui se sent écrasée. Saint Ambroise
parle du fait, mais avec la même concision
Îu'il devait le faire dans une lettre. Saint
hryaoslome va plus loin, parce qu'il parle
à une foute de people, nais il ne détaille pas
toutes les circonstances, parce qne ce peuple
en était instruit. Saint Grégoire de Nazianze
parle en historien, prouve ce qu'il avance,
parle à tout l'empire romain, avec cette har-
diesse qu'inspire la vérité, et qui ne craint
point un démenti. Rufîn, Socrale, Sozomène
et Théodoret rassemblent ensuite toutes les
circonstances du fait, et ces circonstances
dispersées dans leurs ouvrages font voir,
lorsqu'on vient à les confronter, qu'elles
doivent avoir été des suite? les unes des au-
tres. Saint Grégoire de Nazianze, par exem-
ple, parle des croix lumineuses imprimées
tant sur les habits que sur la peau, ce qui
vériGe la chute de la fondre rap[)0rtée par
Socrateet par les Juifs; Théodoret rapporte
nne circonstance incroyable touchant les
terres qui se transportaient d'elles-mêmes
dans les fondements, mais il est expliqué
Kr Rufin, Socrate, Sozomène et Cassiodore.
inl Grégoire et Socrate semblent contre-
dire ce qui est avancé par Théodoret sur la
propriété des croix lumineuses, mais nous
avons prouvé qu'ils avaient raison tous les
trois; Rufin et Socrate ajoutent qu'on ne
iiouvait les effacer; ce qui constate encore,
leur nature, par celles d'un fait semblable
arrivé à Naples. Et de toutes ces propriétés
différentes qu'ils rapportent, véritables eu
elles-mêmes et constatées par des faits, je
conclus qu'ils ne se sont pas copiés les uns
les autres: d'où il résulte que révéneroent
est aussi attesté et aussi avéré qu'il puisse
rêtre (146i). »
Mais nous n'aurions pas satisfait à toutes
les exigences du rationalisme, si nous n'a-
vions résolu les principales difficultés qu'on
peut faire contre le miracle de Jérusalem.
La première de ces objections, c'est le si-
lence à peu près général des païens sur l'é-
vénement de Jérusalem. Mais si Ton exa-
mine cette difficulté sous son véritable jour,
on s'apercevra facileiuent que cette manière
d'agir des historiens attachés au paganisme
fortiCe notre thèse au lieu de Taffaiblir. C)a
|)eut en effet faire deux suppositions : on
peut supposer que Sextus Rufus, Eulrope,
Aurélius Victor, Eunape, Zozinie, contem-
porains des Pères et des littérateurs chré-
de Basnage sur ce point, n, chap. 10.)
(14Gi) WARBVRTofi, D'uuTl, suf U projet de J^-
iietu I, tiiap. 8.— Nuus iravoi» pas parlé des té*
moiguages de la truisicme cbs^e c est-à-><lire «le
ceux a*Oro««, de Pbilosuirge, de Théopbaiie, de Ni-
cépfaore, de Zanare ei de (Grenus, soil parée (^ue
ces écnvahis sunt trop peu evacts, s:>il parce qa \U
u'étaieui pa» assez nippri*cli<b des êvéDtmcut».
1313
TEM
DICT10NNAIRK APOLOGETIQUE.
ma
m
tiens dOBt nous avons cité les t(^moignages,
ignoraient complètement la teulalivê faite
par Tempereur Juiien, ou qu'ils avaient un
tel mépris pour leurs adversaires, qu'ils
iront pas même jugé à propos de répondra
aux arguments qu*ils tiraient en faveur du
cliristianisme de la malheureuse tentative
de Tempereur. Or, il est clair, dès qu'on
vient à examiner les faits, qu^^Tune ou l'au-
tre de ces suppositions est également ab-
surde.
On ne peut dire en effet que les écrivains
païens cànteoipof ains n'ont pas connu la ten-
tative de Julien pour rebâtir le temple de
Jérusalem. Les écrits d*Ammien Marcellin
n'étaient-îls pas dans toutes les mains 7 Cet
écrivain célèbre ne faisait-il pas à Rome
même des lectures publiques de son ou-
vrage (1465)7 Une lettre de Libanius lui-
même ne nous apprend-elle pas quel cas on
faisait d'Ammien Marcellin, quels étaient
ses nombreux rapiK)rts avec les savants de
son- temps (1466)7 Julien lui-môme n'es-
sayait pas de dissimuler les obstacles qu'il
avait rencontrés dans Teiécution de son
dessrin : J*ai vou/u, dit-il, rebâtir ce temple
en rhonneur du Dieu qu*on y adorait (1467).
Peut-on supposer, après de tels faits, que lus
écrivains païens ignorassent les événements
de Jérusalem ? Leur silence s'explique donc
naturellement par Timpression pénible qu'il
leur causait et par l'envie qu'ils avaient d'en
eudeveâr la mémoire dans un silence éter-
nel.
On ne peut pas supposer davantage que
leur réserve s'explique par le mépris des
écrivains chrétiens. On sait quelle a été
radiai ration des hommes les (>lus hostiles
au christianisme et de Julien lui-même pour
l'orateur Proëres (1468). On sait quelle* (pa-
resses et quelles Qatteries l'empereur em-
ploya pour s'attacher saint fiasile, saint Gré-
goire de Nazianze et son frère Césaire (1469L
Où donc est le prétendu mépris des chré-
tiens qu'on nous oppose 7 £sl-ce ainsi qu'on
traite des ennemis qu'on dédaigne 7 Liba-
nius lui-même, cet ardent admirateur de
Julien, cet infatigable adversaire des chré-
tiens, ne reçonuais^ail-il pas son égal en
éloquence dans saint Basile (1470)? Ne dé-
signait-il pas saint Chrysostome à son lit de
mort comme le seul orateur digne de lui
(i465) Cf. Yalesius, In Ammianum.
(1406) Cf. Yalksius, Prœfatio in Ammianum,
(1467) Noas avoiit ciié précédemineut tout le
texte de Juliee,
(1468) Le séDat de Rame lui fit élever une su-
tue avec cette inscriplion : c Itome la reine des viiies
au roi de Téloquence. > Cf. encore la lettre de Ju-
lien à Proéres dans féditiondes lettres de Julien
do tnées par le P. Pétau.
(1469) Warburton raconte que Julien envoya à
saint Basile I ouvrage de Diodore de Tarse composé
po.ir la défense du christianisme avec ces simples
paroles : J*al lu, j*ai compris, jHii condanmé. 'AWyvMv,
•Tv^Dv, xotriyvwy. Le grand évèqoe de Césarée lui
répondit : Vous avez lu, mais vous n*ave2 pas com-
pris : si vous aviez compris, vous n^auriez pas
condamné : 'Avcyv&i^ , âllVovx «yv&>c^ it y/^p eyvMî»
succéder (1471)? Le silence des païens, .„„,
donc de prouver contre nous, ne serl qui
montrer rimpnissance oiï il? éteiem dei-
pliquer d'une manière satisfaisante le fait
que leur opposaient les chrétiens
Le silence de saint Cyrille de Jérusalem
n'est pas plus difficile à expliquer. En effet,
il est bien vrai que personne mieni que m
illustre docteur n'était à même de conntltr!
les détails de Tévénement; mais, comme b
fait très-bien remarquer Railly (U7i), saini
Cyrille écrivit ses vatéehèset eni'anSWfl
sa Lettre à Constantius en Tan 351, c'eM4-
dire avant le miracle de Jérasalem. !ipv
n'avons de lui aucun écrit qu il ail pulilK
depuis cet événement.
Il rest.e à nos adversaires une seule m*
source, c*est de supposer que le miracle dt*
Jérusalem est un pur effet do hasard. Su»
doute, diront-ils, il est impossible d'aile
blir Tautorité d'une telle multitude deb
rooignages; mais qu*y a-t4l dans (ont itla
qu*on ne puisse expliquer par desphéon-
mènes naturels survenus bien à proppflar
déranger les projets de Julien? Il m /^u-
jours tenir un milieu entre le seeptiiisaie
historique et cette crédulité naïfcWï'w^
raune aux écrivains chrétiens, qunMciA
dans les choses les plus simples la ^
tuelle intervention du gouvernemeni»
Les critiques les plus distingués el#
quefois les moins crédules, après afoirea-
miné avec la plus grande altenlion Iim0
les circonstances du miracle, se sont M
gardés de porter un jugement si supefirf
et si précipité. Le célèbre Grolius le ren-
dait comme une des preuves lesplusi»»
teslablesrieraccomplissementde.sproplitfl'J
de Jésus-Christ (1^73). ïhomasias, ^icC'
cile k recevoir les faits hasardés, sisowi-
leux d'écarter tout ce qui lui H*"^'
fondé, n'élève pas le moindre douleJfff*
question (tMit). Mosheim parle avet^F
grand dédain de ceux qui ne veuleB\'\4»'*'
connaître dans cet événement unf3ii>«î*'
turel (1475).Baj le,quicontesteloui(U'^«*^
su contester aucun des détails de iuj^ijj
que nous avons racontée (1477). «M.lJ'^
ton, dit Seigneux de Correvon, déisle t
ulais, et très-beau génie, fut converU|«j^
force victorieuse du passage d'Âiuw»<^^?5
cellin; et le célèbre M. Mojle, qui "«^
(1470) Cf. LiBAiiios, Lettre à BatiU àv^M
vres 'le saint Basile. . i
(1471) Cf. &»zoircKE, Histâire eecUstiii^V^
vrevui, chap. i ; et LiBANHis, LeUnâiei»J
soêiome^ dans saint Isidore de Péliij»a, ie^^e «-j
( 147i) Cf. Bailly, De religiane, m, Ik wiof»
tempU Uieroiolynùiani, ,
1475) Cf. SfilGNKUX DR CORAEVO!!, '<^
Àddi$on, section vni, {5. . u i
(1474) Cf. Tuomâsujs, De cauUtis ctrca h^^
ecclesituiicam^ aectio iv, cap. 15. . j
* (1475) Cf. MosBEiu, Instituiiones khi^nffl^^
nœ^ sect. iv, pars prima. J
(1476) Cf. I>ans les A»na/€f df p*i(o$^^'"
tienne, 3- série, l'article intitulé : Piene m-
(1477) Cf. Baylk, Dictionnaire *i>rffu '
que, article Alt^ptus.
I37T
TâM
rien moins que crédule, ne peut s*einpècher
favooer que, tjooiqu'il ajoute peu de foi
iiit miracles rapportés depuis la mort des
npôïrest cependant il n'ose les rejeter tous
à cause de celui qui arriva du temps de
Julien, et qui est si extraordinaire dons ses
cîrooDstances et si pleinement attesté, qu'il
ne sait pas de quel front on pourrait le re*
jeler (1478). »
Mais pour qu*on ne nous accuse pas de
m\is appuyer sur des autorités el non sur
ies raisonnements , abordons de plus près^
Tobjection proposée par nos adversaires.
\ou5 avouons yolontiers que les trerobie-
mtnts de terre et les éruptions de flammes
amyent quelquefois par des causes pure-
Denl naturelles, mais nous prétendons que
e bit dont il s'agit, consiaéré dam toutes
n circonstances^ ne pourra jamais s'expli-
Dcrde cette façon, car il est contraire au
ours habituel et à la marche bien connue
es causes purement physiques. En effet,
!s choses se passèrent dans un moment so^
flflef où ]à Providence était appelée par le
i(i de Julien à prononcer entre deux opi-»
on5 quise{>arta^eaicnt Tempiredu monde,
ilien se proposait évidemment de montrer
fausseté des prophéties de l'Ancien et du
)uveau Testament; il avait rassemblé dans
but les Juifs dispersés par un arrêt divin,
io Je rel)âlir avec eux un temple condam*
S ï une destruction éternelle. En un mot,
{puissances du monde conspiraient évi-
iniment contre le Seigneur et contre so»
irist. Dieu lui-même était donc en cause,
ireoir du christianisme allait se décider
iDsun seul jour.
Tout À coup, dans ce moment même choi-
fM)ur provoquer rElernel, des globes de
Ht s^éjincent de terre ; les éruptions de la
^sme recommencent toutes les fois que Von
^recommencer V entreprise; la place du
9/>le devient inaccessible aux travailleurs,
H'élément furieux repousse avec obsli-
lon; les ouvriers sont consumés parla
ère divine ; lu croix duChristapparaît dans
airs. Qui ne rcconoattrait pas ici la main
n Dieu vengeur? qui pourrait attribuer
hasard un tel concours de circonstances?
u pouTaiUil plus clairement, plus solen-
ement manifester sa volonté?
es Juifs et les païens le comprirent si
I qu'ils abandonnèrent leur projet sacri-
.Julien, Julien lui-même, qui compre-
tout le parli que les chrétiens ne man-
daient pas de tirer du mauvais succès
>n projet, n^essaya pas de nouyelles ten-
es. Pouvait-il confesser plus clairement
78) Cf. SeiCNEVxM CoBUBVON, Nous sur Aédé"
leciion yiii, S 5; ei MovtB, Bi6/€ ratêonnie^i.
> pari. 11. 455.
7JI) Cf. Baillt, De religions, u. De templi Hie-
riMtfant restauraiione, — L*opiiiion du tbéolo-
frauçais est confirmée par celle du savant
«r l>œlliiiger. i Si Ton considère, dit*il, dans
Dsemble ces piiénouiénna et leurs effets ; éi
lisenre que l«ft jeto de flammes qui n'avaient
I apparu auparavant en Palestine el qu'on ii^'y
AS daos la suite, se reuouvelcreot jufqu*à ce
DKTIONNAJilfi APOLOGETIQUE. TE» 197»
sa défaite et n'était-ce pas déjà faire cet
aveu qu'on dit qu'il répéta plus tard: «c Tu
as vaincu, Galiléenl ^ (1^79).
TEMPLES PROTESTANTS. Voy. RteiA
DE FOI, §VI.
TEMPS. Voy. CuiATioii, § H.
TÉNIA» belles découvertes de M. Van Be-*
Beden> conséquences. Voy. GtNÉAATioif
spontanAk.
TENTATION DE JÉSUS-CHRIST. — Nous
lisons dans l'Evangile de saint Mathieu (iv,
Ml) : Jésus fui conduit par l'esprit dans U
désert pour y être tenté du diable. Et ayant
jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut
faim ensuite, ht le tentateur s'approckant de
/ut, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu^ dis que ces
pierres deviennent des pains. Mais Jésus lui
répondit : Il est écrit : Vhomme ne vit pas
seulement de pain, mais de toute parole qui
sort de la bouche de Dieu, Le diable alors 1$
transporta dans la ville sainte; et le mettant
sur le haut du temple^ il lui dit : Si tu es le
Fils de Dieu^ jette-toi en bas, car il est écrit
Îu'il a ordonné à ses anges d*avo<r soin
e toi, et qu'ils te soutiendront de leurs mains^
de peur que tu ne heurtes U pied contre quel*
que pierre, Jésus lui répondit : il est écrit
aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur ton
Dieu, Le diable le transporta encore sur uns
montagne fort haute^ et lui montrant tous les
royaumes du monde et la gloire qui les accom"
pagne^ il lui dit : Je te donnerai toutes c:t
choseSf si en te prosternant devant moi tu f»*a«-
dores. Mais Jésus lui répondit : Betirs-toif
Satan^ car il est écrit : lu adorercu le Sei^
gneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seuU
Alors le diable le laissa; et en même temps les
anges s'approchèrent ^ et ils le servaient,
§1.
Li tentation ne peat être ni expHqoée comme un evéne •
* meal oiuirel, Interne ou eiteme, ni considérée comma
une parabole.
.Les rationalistes et les incrédules ont éga-
lement attaqué ce récit, mais sous des points
de vue différents. Parmi les critiques qui ont
adopté plus ou moins les principes du ratio-
nalisme, les uns n'y ont vu qu'un songt*,
les autres qu'une simple parabole. D'autres
prétendent que c'est mie tentation intérieure
que Jésus éprouva à la suite de mauvaises
pensées qtfil avait eues, et que l'évangéliste
attribue au démon, r^arcc qu'à cette époque
on lui attribuait toutes les mauvaises tenta-
tions. D'autres entin soutiennent que ce
prétendu démon était simplement un Juif.
Mais il faut vouloir s'aveugler soi-mômo
volontairement pour émettre de pareilles
idées. D'abord, rien dans le teite ne oarle
qoa les travailleurs eunent abandonné Tcenvre
commencée ; que tout le théâtre de révénenufut
était renfermé dans le petit espace de collines qui
entouraient le temple ; que 1 nistoire n*oÛ're pas
un autre eiempie d une grande entreprise échouant
de cette manière, alors on demeurera convaincu
qu*il y a U un miracle et des plus remarquables. »
(DocLLiNcea, Origines du chriitianiime, u , chap. 3.)
— Cr. F. E. Cbassat, Le docieur Strauss et ses ad-
fenmres.
IS79
TEN
D:CT:0NNA1RE iPOLOGETlQUE.
TEN
m
ni directement ni indircetenient de songe;
et si des explications de cette nature étaient
permises, rien n'empêcherait de regarder
comme autant de songes tous les faits évan-
géiiques les plus évidents. Rien également
n'offre moins les caractères d'une parabole ;
une simple lerture du passage suiBt pour
s'en convaincre. Quant a la tentation inté-
rieure, Eichhorn, qui Ta inventée, aurait dû
songer que la sainteté de Jésus-Christ exclut
toute tentation intérieure. Enfm, les mots
Diable, Satan précédés de l'article sont tou<-
jours et exclusivement employés dans l'An-
cien comme dans le Nouveau Testament
}>our la personne même du diable. D. J. (1. Ro-
senmûlier, auteur de la dernière explication,
convient que cela est vrai }K)ur le plus ^and
nombre de passages (êœpius): il aurait dû
nous dire sur quoi fondé il aamet des excep-
tions. Rretsehneider est plus formel ; car il
dit sans restriction gue le mot diabolos, pré-
cédé de l'article, signifie le diable, c'est-à-
dire le prince de$ mauvais génies. Ce lexico-
graphe ajoute, à la vérité, que ce même mot
se prend dans l'Evangile de saint Jean (vi, 70)
d'une manière figurée pour désigner un
homme qui s'oppose aux conseils de Dieu,
un pervers, un méchant, une espèce de dis*
cipledu diable; mais cet exemple vient à
l'appui de notre thèse, puisque le texte sa-
cré ne porte pas l'article, et qu'il dit simple-
ment diabolos (1480).
« Les rationalistes, dit Strauss, choqués de
Tapparition visible et extérieure du démon,
ont transporté dans Tintérieur de Tâme de
Jésus toute cette scène d'un bout à l'autre.
Dans ce cas ils ont conçu le jeûne de qua-
rante jours comme une imagination pure-
ment intérieure (Paulcs, § â79), ce qui est
l'arbitraire le moins permis contre le texte
dont le sens est d'apparence tout à fait histo-
rique : ayant jeâne pendant quarante jours,
M eut faim dans la suite. La représentation
intérieure des scènes de la tentation est pla-
cée par les uns, pendant la durée d*une vi-
sion extatique à laquelle on conserve une
origine surnaturelle, et qu'on attribue soit à
Dieu, soit à 1 action du royaume des ténè-
bres; par d autres elle est conçue plutôt
comme un songe, et alors ceux-là cherchent
un motif naturel à une pareille Tisiou dans
les pensées qui avaient occupé Jésus pen-
dant fétat de veille (Paulus, § 379). Plein
encore de l'émotion que la scène de son bap-
tême avait excitée en lui, Jésus, dit-on dans
cette manière de représenter la chose, re-
passe encore une fois dans son esprit son
plan messianique, et, à côté des voies légiti-
mes, il se rappelle la possibilité de se laisser
aMer dans les voies opposées, qui sont : exa-
gération de la foi aux miracles et ambition
de dominer, mauvais penchants par lesquels
Thomme, d'après Topinion juive, devenait,
d'instrument de Dieu, instrument des des-
(ItôO) G. G. Bretschneider, Lexicon manuaie
grœeo'latimim in libros Arort Testamenti, sub voc.
Aift€«).o; ; eiiit. tertia.
seins du diable. Tandis qu'il s'abandonna ^
ces pensées, son organisation délicate suc-
combe sous une aussi forte tension; il
tombe pendant quelque temps dans un aSals-
sèment complet, et de là dans un étal de
songe où son esprit transforme, inscieio.
ment, les pensées précédentes en des figura
qui parlent et qui agissent*
« Pour s'autoriser à transporter loule la
scène dans l'intérieur de Jésus, les comoicn-
tateurs ont cru pouvoir citer Quelques traiit
même delà narration évangélique. Les ei-
pressions de Matthieu : Jl fut emporté àm
le désert par l^ esprit, àvnyjk tk T«y tpnunvn
r«o irvffûfxftTor, et surtout celles de Luc : H [«i
emporté dans l esprit wyiTo i* tô îMiûftwi, ksâ^
respondent, ont-ilsdit, compléleuientauik:
mules : Tétais en esprit, iyn^iu.^ h Txvp?.,
Apocolypse, i, 10 : Il m'emporta daM ité^^
en esprit, ccxpôvtyTti fit Ë-çfpnfiov h nw^Ufiliiii
XVII, 3, et à d'autres dans £zéchiel;or,(]ii:^
ces passages, il n'est question qued'uuiMh
tuition intérieure; il ne peut donc pas être
question, non plus, dans notre passige,iié-
vénements extérieurs et réels. Umouoit'
jecté avec raison (ihSi) que les fonauiesiB-
voquées comme exemples et autbrilê&|«4-
vent signiûer les deux choses : ou un de; 4-
cément extérieur et réel opéré |)ar ll^i^il
de Dieu comme dans Act. Ap. viH,39;ii%
II, 16, ou un déplacement simplement iule
rieur et visionnaire, comme dans les pa&v-
ges cités de i'Apoce^vpse ; qu'entre ces deifi
^igniQcadons, c'est le contexte qui duii^
cider; que, dans des livres remplie de visi^
d'un bout à l'autre comme l'ipocalpt;
Ezéchiel, le contexte décide qu'il s'agit u
scènes qui n'ont d'autre théâtre queiifitf-
rieur de l'esprit; mais que, dans uQouffV
historique comme nos évangiles, lecdoieif
décide qu il s'agit de scènes réelles «l«i>^
Heures. Les songes , et même les tm^
sont toujours indiqués comme teisfit^
remarques expresses dans les livresln^'^'
ques du Nouveau Testament; et, daB*^"^
passage, il devraity avoir, ou bienba^^^î
Jl vit envision, en ravissement, ilofriji*
fMCTi, h ixdTciau, comme Act» Ap,iu^^'^^
10, ou bien les mots: il lui apparut en mf
ificm flcvTû xkt' ovft/9, comme dans Hailbieui
20; II, là. Mais surtout l'historien, s\ i
contait un songe, aurait dû marquer ia M
sition à la teneur subséquente de l'uu^io'
réel le par le mot s'étant éveillé, itijifStU^if»^
Matthieu, i, 2^ ; ii« ik^ 21 ; ce qui, ^^^'
Paulus le remarc|ue avec une grande v
aurait épargné bien des peines aux inUri
tes. £n outre, ou a objecté, non sansra
contre la conception ûe toute la scèneco^^
une extase, que de pareils états exutiqn^^
se voient plus ailleurs dans la vie de '^
contre la conception de la scène coib
songe, que nulle part ailleurs Jésus u»
conte un songe, et un son^e auquel il ^
(U81) FBiTZ8CHE,m ^Mauh., i^s^-i^^
Essai pour rexpiicaiiou de rtiistoire de u ^
1. c, ^* 771 f.
i»l
TtN
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
TEN
l3St
donné Unt d*impor(aiice (1482). Enfin, au
point de Yae de l'effet que ces étals devaient
^ opérer, on ne comprend pas h quelle fin
Diea aurait excité en Jésus une telle Tision,
pas plus gu'on ne comprend que le diable
ait pu avoir puissance et qualification pour
la produire dans le Christ. En admettant que
tout cela est un songe, résultai des propres
pensées de Jésus, il ne faut pas, justement
du côté des orthodoxes, oublier que c'est
sap|io$er, à de fausses idées sur le règne dn
Messie, une.grande puissance sur TAme de
Jésus (ltô3).
> La discussion précédente ne laissant
f)1us subsister rhistoiredela tentation comme
s^ène de vision passée tout entière dans
l'âme de Jésus, il semble ne plus rester qu^à
la considérer comme un événement exté-
rieur et réel, il est vrai, mais complètement
naturel, c'est-à-dire qu*à faire du tentateur
un simple mortel. Après que Jean-Baptiste
eut appelé Taltention sur Jésus comme Mes-
sie, dit fauteur de VHisioire naturelle du
prophète de Nazareih {iiSk)^ le parti domi-
nant à Jérusalem envo^'a un pharisien rusé
I90ur mettre Jésus è I épreuve, et pour re-
. coonattre s'il |)0ssédait des forces merveil-
leuses réellement messianiques, et si Ton
ne pourrait pas l'attirer dans les intérêts du
saeerdoce et l'employer dans une entreprise
contre les Romains. Certes, c'est là conce-
TOfi' le diable^ ^tâÇoX-iç^ d'une manière qui
s'accorde dignement avec celle qui repré-
sente les anges apparaissant après le départ
de Satan |K)ur soulager Jésus, comme une
eararane qui s'approche avec des vivres, ou
comme des vents doux et rafraîchissants
(1^5}. Mais cette explication, d'après Tex-
fression d'Usteri, a tellement parcouru ses
phases dans le monde théologique, qu'il est
ionli/e de perdre une parole à la réfuter.
t Si, d'après ce qui vient d'être dit, l'hîs-
foire de la tentation telle que les synopti-
ques nous la racontent ne peut se concevoir
uî comme scène iVitéricure, ni comme, évé-
nement naturel, il faut conclure nécessaire-
ment : cette histoire ne peut pas s'être passée
comme les évangélistes la rapportent.
« L'expédient le moins inoffensif est d'ad-
m ettre qull j a au fond quelaue fait réel
cic5 la vie de Jésus, raconté par lui à ses dis-
ci pies, mais que son récit ne fut pas l'ex-
pression complètement précise de ce qui
sVtait passé. Des pensées de tentation qui
s*éleTèrent dans son âme, soit effectivement
pendant son séjour dans le désert après le
haptéme, soit en différents temps et dans
iidTérentes circonstances, mais qui furent
(IMS) La première oojeeiion esi irUlImaon, sor
l^iniprceabilité de Jésos, dans ses Siudien^ 1, 1. S.
>6 : la saronde est d'Usteri, I c, S. 775.
<iA%5) UsTEBi.S. 776.
«14S4) I.Bd. S. 54i ir.;a|Kès Hemiann Von der
Xartlc, Basedow, et d'anires; tout fécemmeat Kui-
oe0, p. 81.
14485) La première opinion est dans on^ mémoire
u JVoM r«ni magMtttjie Henke^ 4. % S. 352 ; la se-
oi^Ue dans 1* Uisioire naturelle^ vie, I, S. 59l.>
aussitôt subju^ées par la force et la pureté
de sa volonté, ont été, disent certains inter-
prètes, représentées fiar lui d'après Ja ma-
nière orientale de concevoir et de s'expri-»
mer, comme des tentations diatMlique^s ; et
ce récit figuré a été entendu au propre (i486).
L'objection principale qu'on a fait valoir
contre cette explication, c'est que l'impecca*
bitité de Jésus s'y trouve compromise (1487),
En outre, pour composer une pareille nar«
ration, Jésus aurait pris à l'histoire de sa
rie un mélange de tîetion et de vérité, mé«
lange trouble que Ton ne doit pas attendre
d'un maftre loyal tel qu'il se montre d*ail«
leurs, surtout si l'on n'admet pas que les
pensées tentatrices se soient soudainement
élevées en son esprit après un séjour de
quarante jours dans le désert, et si Ion
range ce séjour dans les accessoires où Jésus
encadra son récit; au cas contraire, où l'on
admettrait cet intervalle de temps comme
une donnée historique, le jeûne de quarante
jours sutisisterait, et, avec ce jeûne, l'une
i\es plus considérables difficultés de la nar-
ration. Dans tous les cas, si Jésus voulait
simplement raconter une scène passée dans
riniérieur de son Ame, mais en même temps
l'attribuer au diable, comme les Juifs le fai-
saient pour toute mauvaise pensée par nne
conclusion de l'effet à la c^use, il n'avait
qu'a dire que Satan lui avait suggéré telle
ou telle pensée; mais il n'avait aucune rai-
son de parler d'une apparition personnelle
de Satan et d'une course avec lui, à moins
que, à côté ou en place de l'intention de
faire un récit, nous ne trouvions une autre
intention poétique et didactique.
« Or, c^tte autre intention, Jésus l'avait,
d'après ceux qui entendent l'histoire de (a
tentation comme une parabole racontée par
lui, mais comprise par les disciples comme
si c'était une nisloire réelle. Cette explica-
tion a du moins l'avantage d'être débarras-
sée d'une difficulté, c'est qu elle ne suppose
plus que des visions qui auraient réellement
occupé rame de Jésus servent de fondement
à cette histoire (1488). Jésus, dit-on, n'a pas
éprouvé de pareilles tentations, mais il veut
mettre ses disciples en garde là contre, en
essayant de leur inculquer, comme un at>régé
de la sagesse messianique et a|K>stoliqne,
les trots maximes suivantes : 1" Ne laire
aucun miracle pour son intérêt personnel,
même dans les circonstances les pins ur-
gentes; 2* ne jamais rien entreprendre d'ex-
travagant dans l'espérance d'un secours divin
extraordinaire; 3* ne jamais se mettre en
commun avec le méchant, quand même le
(14S6) C'est ce qu^admetteot, d*apres plusieurs
précédents, que Schmidt, iîiuoisl et d'anirt-a indi-
Sueni, Utlmaiio. L c, S. 54> tf; Hase, Leben Jesu.
55; Neander, L. J. Chr.,S. 101 f.
(1487) ScBLEiBtHACBu; Leber dttt Lmkttê^ S, 54,
UsTEBi, Le, S. Î77. .
(1488) Si, en at^metunt ici oue paraMe, en
admet, en même temps, quelqoe îropressioo réelle
éprouvée par Jésos. un retomlie dans rexplicaiion
précédente, comme ou le voit dans llase.
18»
TCN
DfCTIONMAlRg ilPOLOGETlQOE.
TES
m
B lus içrand avantage ertdevraitrésuUer (1489).
lepuis longtemps on a objecté contre cette
explication qu'il serait difficile de recon-
naltçe dans le récit une |iarabole, et d'en
extraire renseignement qu*elle renferme
(U90). De fait, pour un enseignement, la
seconde tentation surtout serait un exemple
peu convenablement choisi ; mais la pre*
mtère remarque reste Kobjection principale.
Pour montrer que ce récit ne porte pas l'em-
preinte d'une parabole, on a, dans ces der^
niers temps* précisé les caractères qui sont
propres à ce genre de composition : la para-
bolis ayant une forme essentiellement his-
torique, ne peut se distinguer de l'histoire
réelle qu'autant que les personnages qui y
jouent un rôle se reconnaissent aussitôt
|X)iir des personnages d'imagination (1491).
Or, la fiction est manifeste lorsque les per-
sonnages sont désignés d'une manière gé-
nérale, comme des êtres collectifs, tels que
ie iemeurf ô (rncipuy, un roi^^aatktùç^ et autres
dans les paraboles de Jésus; ou bien quand
ils ont, h la vérité, un caractère individuel,
mais toi qu'on y discerne un personnage
chargé de jouer un rôle dans la fiction, et
par conséquent un personnage non histori-
que : c'est à cela, coi\jointement avec les
autres traits de la parabole du riche, que
l'on reconnaît comme un personnage de con«-
vention celui même qui s'appelle Lazare.
Pour ces deux raisons, un homme corporel-
lemeut présent ne f»eut servir de sujet è une
(«rabole, car il es^t toujours une personne
déterminée et manifestement historique.
Ainsi, Jésus ne pouvait prendre ni Pierre, ni
aucun autre de ses disciples, ni se prendre
lui-même pour sujet d'une parat>ole, at-
tendu que celui qui raconte une parabole
est, plus immédiatement que personne, au
Bombre de ceux qui sont actuellement pré-
sents ; et, pour ce iuotif, Jésus ii a pu rap-
porter comme parabole Tliistuire de la ten-
tation, dans laquelle il est sujet. Mais ad-
mettre que la {larabole eut primitivement
un autre sujet, à la place duquel Jésus fut
substitué dans la tradition orale, n'est pas
possible; car le récit, même comme para-
bole, n'a pas de signitication, si le Messie
n'en est pas le sujet (1492). » (Sthaoss, Vit de
Jé»u$, t. J, §54.)
Ainsi se trouve confondue l'interprétation
naturalisie de la tentation. L'explication my^
$hiqu€ serait-elle plus heureuse? Voyons.
I H.
L'histoire de la teouUon ne petit être contiiltTée comme
uu myUic.
Strauss affirme « qu'au point où en est
arrivée la nouvelle école critique, il ne peut
plus être question d'anges ni ue démons, et
comme l'histoire de la tentation ne peut
s'expliquer ni d'une manière naturelle ni
(4489) i. E. C. ScHMiDT, dans sa Biblhîhèaue,
I, 1, p. 60 seq. ; Schlciermaciier, Ûeber den Lukas^
S. 54 f. ; UsTERi, Sur Jeun-Buptiste, le bapièine
duCliristet su tentation, duns Théot. Siutïien, t,
d, S. 456 AT.
(1490) K.C. L. Scn»m,Fieg, Beilrwpe^ !.S. 559.
d'une manière sutnaturelle, il se félicite de
pouvoir avancer qu'il n'y a pas, dans ce ré-
cit, un seul trait qui ne tronre son eipljci.
lion, soit dans les types de l'Ancien lesii.
ment, soit dans les idées du temps sur le
Messie et. sur Satan » Pournous, nous ne
lui envions point ce bonl^eur, m do»
sommes bien convaincus qu'il fautseplicet
ici à un point de vue tout différent.
Sans doute l'histoire de la tenUlion a pour
nous un fondement invisible qui se p,
dans le mystère; mais nous pouvons cepen-
dant y trouver un côté par lequel elle k
rattache à l'œuvre de la rédemption.
£n réunissant le f^etit nombre de Hm*
tions sur Satan que l'Ëvangiie nous olfiv,
nous pouvons composer la notion suivute:
Appartenant k un ordre plus éleré «jot
l'homme, et doué de liberté, il esl ^tjm
rebelle à Dieu qui l'a banni desa urésen
en le privant de sa lumière et le mtim
de malédictions (H93). Dans sonégoisme^
dans la rage de sa volonté, il s^estMin
royaume qui lui est propre... Mais, cofluie
il ne peut plus s'opposer itnmédjilemfi
la puissance divine et transgress^roeso^
mahdements oue Dieu ne daigne çl&O.it
adresser, il cnerche, par rentreDiis« de
l'homme, à renverser le royaume dsDa
Sa première tentative, en corrompant la u*
iure humaine par le péché, a intro^luii n
mort dans le monde, et inoculé à la uisn
humaine un poison oui se Iransuietrix
perpétue dans les générations. En ^
temps, par le pèche, il s'est ouvert !«:
toujours le chemin du cœur deiboniâ
Satan, il est vrai, ne peut rien par lui-otéA
car la nature et ses lois sont au-^essos*
lui; mais il acquiert sa puissance en |«^
vertissant, par son souffle empoi^fifi'Hr)
liberté donnée à l'homme pour lea>irriffi
la lumière, et en poussant la voltiiy-^
maine à toutes les folies, h toulesl^'''
reurs, à tous les vices et à tous lotn^.
Le niaisir défendu est le commencemc^^
péché, et l'orgueil d'être éjj&l à Vm'}M
fe complément, comme Moïse lavait il)^^
bien exposé dans l'histoire de la leoM
L'égoisme est le caractère foodaoK^^j
que le péché originel a imprimé à laniiij
humaine, mais les formes mnUijjtes eiv
riables que revêt ce caractère sVlab^^
dans Tindividualité de l'homme. LM
du péché et de son auteur nous émi
nous n'en a(>ercevons cjue les résultat^ i[
se forment par la combinaison de ïéf^^
et de l'individualité de Thomme ^j
pourquoi, dans tous les genres de
leur auteur reste caché dans Toiubre,
que ses reflets innombrables ap|)arai!
la conscience comme des produits p
h l'homme. Satan est la cause de Teii^
du péché dans l'humanité ; quant au\ )4
(1491) Hasert, Remarques sur les voes^'l^
et U'IUten, tonchanl lliisloit e ite launum"'
(lien, 5, 1,5. 74 f.
(149i) Hasert, /. <r., 8. 76.
(U95) Voy. Dévon, Possessio5S, W^^
TlOî^S.
I3tt
TEM
Mcnemiàuus APOLoccnoDK.
TKN
138$
dëtenDînées que reTêt le'péclié, elles sont
dues i rhomme lui-même.
Far rinfasioa du pécbé, rhomanilé a en-
town une déchéance générale* doul elle
o*est pas capable de se relever par ses pro-
jTCS forces; de là la nécessité de la média-
lion d'un Sauveur. Mais pour que Tœuvre
(Je la rédemption fût durable, il fallait que
la puissance du péché fût brisée , c'est-à-
dire que l'auteur du péché fût démasqué et
ininini; c'est ce qui arriva dans la tentation
Je Jésus (vir Satan.
A ce |)Oint de vue, la tentation se trouve
iatimeoient liée à l'œuvre de la rédemption.
Mais, dira-t-on, à quoi bon une tentation
\ioor le Messie?
Sans doute les lois fondamentales du plan
dirin dans l'histoire universelle, ainsi que la
ruanière dont Dieu répare les désordres que
a liberté humaine introduit dans son oeuvre,
^int au-dessus de la portée de la raison et
le i entendement humain; mais cependant,
n considérant Thistoire universelle, nous
ovons qae Dieu n'a confié les grandes dis*
osi lions de sa }frovidenoe qu'à ceux qui se
ont montrés di^es de lui par l'épreuve de
I foi et de la résistance au mal. Nous voyons
les épreuves de ce senre précéder l'institu-
roo da judaïsme. Abraham subit l'épreuve
c la foi et de Tobéissance aux commande-
lents divins, et c*est quand il en est sorti
urtorieux que l'ange lui apporte la grande
romesse, et lui annonce que le Seigneur â
ris la résolution immuable de mnltinlier sa
ostérîté comme les étoiles du ciel, et de
v'nir en elle toutes les nations de la terre.
ous trouvons aussi, dans le cours de l'fais-
Vxre judaïque, une foule d'exemples des
Veis puissants de la foi, et Paul, clans son
^pUreaux Bébreux^ n, lésa mis merveii-
truscfuent en lumière. Or, s'il en a été ainsi
a commencement et pendant la durée de
asti tut ion préparatoire, que ne devons-
>us pas attendre an commencement de
n^titution principale? Car ici, il ne s'agit
us seulement de l'image et de la figure du
Ife qui est dû au Dieu vivant, il sagit de
rédemption, de la renaissance de toute la
^ baniaine après la déchéance qu'elle
ait encourue.
II est dit : Mon (après le baptême) Jùu$
: conduit par PuprU dam h désert ^ pour
'tre tenté par U dmbU. La tentation nous
Iserite une triple progression dont voici à
1 près le sens :
I Toi, Fils de Dieu, qui as toute la nature
^s ordres, pourquoi veux-tu souffrir de
grandes privations? Parle, et ces pierres
iendroui du pain.
Tu dois avoir en Dieu assez de con-
ice pour être siïr que, quelque chose
i lu entreprennes, serait-ce de te pré-
iier du pinacle du temple, tu ne penlras
un seul cheveu de la tête; au co^
re, les anges te porteront dans leurs
Vois, le monde entier est là devant toi
s sa pompe et sa magnificence. 11 con-
A tout ce que Thonneur, la gloire, la
DlCnO!f!liiaB AP0i4>6ÉnQUB. IL
richesse, la considération et la puissance
peuvent domier. Il est à moi, et je te le
donne si lu veux seulement me faire la plus
légère offrande, si tu veux tomber à mes
pieds et m'adorer. *»
Hais Jésus répondit : « Retire-toi de moi,
Satan : l'obéissance et ladoralion n'appar-
tiennent qu'à Dieu seul. • Alors le diable
le laissa et les anges s'approchèrent pour la
servir.
Cette tentation renferme trois points im-
portants : i* L'empire que les sens exercent
snr l'homme ; S* 1 audace de l'homme contre
Dieu et la destinée ; 3* les séductions du
monde et de l'ambition. Ce sont là les trois
{;rands ennemis auxquels l'homme doit
ivrer en lui-même un combat incessant, et
que l'ennemi du genre humain, l'auteur du
péché, a transplantés originairement dans
la nature humaine. Jésus, en, se ftisant
homme, a dû se soumettre à cette tentation,
afin de montrer aux hommes par un exem-
ple, comment on doit combattre ces enne-
mis. En outre, cette tentation était réelle et
sérieuse pour Jésus. Ce péché que Satan avait
commis un jour en se révoltant conure Dieu
pour fonder un royaume indépendant qui
lui fût propre, il voulait le faire commettre
aussi à Jésus. Satan lui-même est un ange
tombé par l'abus de sa lit>erté. Pourquoi Je
Fils n'aurait-ii pas voulu se constituer indé-
pendant et régner par lui-même? Cette pen-
sée était dans la tentation de Satan.
Les plus beaux braits de l'Evangile s^
trouvent dans l'humilité, dans l'abaissement
etl'obéissance de Jésus à l'ég^ard de son Père»
et dans son entière soumission à sa volonté»
Mais cette déoendance d'une volonté étran-
fère ne semble-t-elle pas tovyours pénible
supporter, et quel est celui qui ne âiercbe
à s'en délivrer, quand il en a l'entière li-
berté et tous les moyens? Or, c'est précisé-
ment là le point important dans lliistoiro da
la tentation, et c'est à l'obéissance constante
de Jésus à l'ésard de son Père, que nous de-
vons notre rédemption. De ce moment, Sa-
tan et son royaume furent soumis au Christ»
et le nom du Christ possède encore aujour-
d'hui une vertu qui dompte les démons,
vertu à laquelle tous ceux qui croient peu-
vent participer. Tels sont ies enseignemenis
de l'Évangile, et ils nous suffisent.
En jetant un coup d*(Bil sur ce récit, nous
nous convaincrons que cette tentation est
f>récisément le point le pkis important pour
a rédemption, et que les hommes n'auraient
pu devenir heureux si la puissance du mal
n'avait été brisée. Cet avènement, auquel la
théologie rationaliste daigne à f>eioe accor-
der son attention, est un des points les plus
importants dans l'ensemble du plan divin; et
il laut bien reconuaStre que la tentation oc-
cupe dans l'Evangile la place (|ui lui conve-
nait au commencement de l'histoire propre-
ment dite de la vocation de Jésus.
L'histoire de la tentation une fois consi-
dérée à ce point de vue, quelle faiblesse et
quelle petitesse ne trouve-i-on pas dans les
arguties d'une critique qui s'attache4 la for-
1387
TEN
DICTIODÎNAIRE
Dic grammaticale, au temps, au lieu, à l'or-
dre des événements et à une foule de cir-
constances accessoires, dans le récit, sacri-
" fiant ainsi Tesprit à la lettre ? Quand on ne
U)mprend pas la nature i^ntime du princifie
chrétien, et qu*on n*én aperçoit que les phé-
nomènes extérieurs, on ne peut voir en lui
qu*énigmes, que manque de proportion et de
convenance
Les critiques divisent en mille morceaux
te Christ et sa parole, et ils dissèquent cha-
cune de ces pièces avec la plus minutieuse
AttenHon : ils pensent ainsi avoir satisfait à
toutes les exigences, sans songer ciue, parce
procédé, Ns anéantissent Tidée-etl harmonie
lie rensemtile, et qu'il ne leur reste que re-
tourne que la fermentation rejette à la sur-
face. L apôtre Paul lui-m^me nous prévient
contre cette n>éthode qui divise le Christ et
sa parole ; mais Técole moderne, Qère de ses
progrès, voit les choses tout autrement, et
applique ce déplorable système à riiistoire
de la tentation.
•L*au(lace avec laquelle la critique rejette
tout élément saint, met la Bible au rang des
livres profanes, et traite en partie les évan*
.gélistes de faussaires, n*est certainement pas
ia moindre des tentations par lesquelles le
^itïi îMchariotisme se per{>étue.
Strauss demande comment le diable peut
pfir*ailre sous une forme corporelle ? Tout ce
qui existe doit-il donc être visible aux jeux
(le noire corps, comme le monde matériel?
Bans les limites mêmes de notre nature, n*y
a-tnl pas déjà une multitmie de forces bien
réelFes, quoique nous ne puissions pas les
percevoir sensiblement? A combien plus
forte raison cela ne doit-il pas avoir lieu
' daiisie domaine du surnaturel, puisque dans
ce domaine l'organisation doit nécessaire-
ment revêtir des formes différentes, que nos
sens ne sont pas faits ))0ur percevoir?
Or, voici le propre de Satan : Le premier
I)éché lui avant frayé le chemin du cœur de
*homme, il sort sans i^sse invisiblement,
"avec ses compajfnons, de son royaume, il
s'adresse tantôt a la vanité, tantôt à Tambi-
tion, tantôt aux subtilités de la critique, etil
rassasie les hommes des fruits de Tarbre de
la science, pour leurCaire élever leurs idées
ï réj^al de Dieu, et mettre le Fils de Dieu au
rang des phénomènes ordinaires de Tiiistoire
universelle. 11 insinue son poison au cœur de
rhomme d'une manière si subtile et si insen-
sible, que celui-ci ne s'aperçoit |)as de la
blessure qu'il a reçue, et se trouve amené à
considérer la gloire et l'importance littérai-
res comme le plus grand des biens de la
terre, comme un bien auquel on doit sacri-
fier TEvangile lui-même. Or, il existe une
loi psychologique qui régit la conscience du
moi. Plus le moi s enfle et veut se faire in-
fini, moids rSvangile trouve de place dans
le ccsuTi moins aussi l'image du Christ y. est
gravée profondément : de sorte qu'elle finit
môme par disparaître complètement en tant
que force sanctifiante. Mais aussi, plus le
moi s'oublie et cherche à sexapetisser dans
son Uufnilité, plus \& parole de Dieu trouve
APOLOGETIQUE. TEN {si&
de place dans le cœur, plus Tiniage de Christ
s'agrandit pour s'élever jusqu'à l« plus hauiB
puissance» c'est-à-dire jusqu'au toini. Vm
ou Tautre de ces alternatives devient le. son
de l'homme, selon qu'il néglige d'arradier
de son cœur rai^zaillon subtil de Salaii, oa
qu'au contraire ilsuit le précepte du Chrisi:
<c Veillezet priez, de peur que vousn'entria
en tentation. » Le nom du Christ et la prière
sont ties seuls moyens de se préserver «k^
attaques de Satan, et d'arriver à cooipier
pour rien la gloire du moude.
Strauss est embarrassé de savoir où pem
être le désert dans lequel Jésus fut teob,
puisque Jean était dans le désert eljûpii.
sait. Il serait peut-être difficile d*endélemi-
ner avec précision la position géographique,
mais on peut affirmer hardiment que le di-
sert est dans le cerveau qui sert de dumicti^
à l'esprit de critique rationaliste.
Strauss trouve une contradiction dasiff
poque assignée à la tentation. Les syDo;^
Sues nous montrent Jésus conduit uim le
ésert aussitôt après le t>aptëme:tai)iiî5<|ae
Jean l'évangéliste rattache au ba/ted*
Jésus une autre série de faits, etuiàiim^
cune mention de la tentation.
Cette contradiction disparaît enadifiHii&i
que le disciple Jean a appris de la Mf
même de Jean-Baptiste les circonsUDCPïlu
baotême de Jésus, ce qui n'a pu avoir liea
qu à une époque postérieure au b«(tod
à la tentation. Selon toute vraisembiaote,]^
bruit des événements c[ui avaient sigiitcif
baptême de Jésus devait s'être répandu â
loin dans toute la contrée. Ce bruit déienria
le disciple Jean à se rendre auprès du tn*
curseur, pour prendre lui-môme des ifif*
mations à ce sujet. 11 faut bien admeluttt
laps de temps de six semaines au moiostf^
tre le baptême et Tépoque où leur eolrenie
put avoir lieu. A ce moment \i\^^
était déjà unie. Or, il est naturel àt^
pour point de départ à la série dettsbti-
contés par l'évangéliste le jour où «»-J
apprit tes circonstances du baptêiuei'ii
bouche de Jean-Baptiste; et cela ao< '>
admis, tout s'explique naturel lecoeoi.
Au verset 29, il est dit : « Le jour^uit?*
(c'est-à-dire le jour où Jean a|»pr;l du ^
curseur les cii-constaacesdubapl^iû^l*!^
vit Jésus qui venait à lui* et il dit:)t
l'Agneau de Dieu qui porte le péché
monde. » Par ce verset et les suivaûi-s]
qu'au 34% il est facile de reconnaître qi{<
baptême de Jésus avait déjà eulieUieK
les phénomènes qui ravalent accom;^
avaient pleinement convaincu le PréiH
de la dignité messianique de Jésus. Or,
me Strauss avoue que cette opinion a^i
par Lucke, p. 399, n'est soumise ï t^
difficulté, on ne peut en vérité comp>'
pourquoi il perd son temps et sa
discuter les autres opinions qui sonl
inadmissibles. Demander pourquoi M
vangéliste ne fait aucune mention de ■! .
tatioD, c'est soulever one question iout^
s'agiter dans le vide ; car la rechercbï:-'
raison pour laquelle une chose ife^ i^
ISO
TBE
MCnOlINAIBE APOLOGETIQUE.
TEH
1390
arrif ée permet des sopposilioos iotenoina-
hles. h)or ce qui regarde Jeao réfaagéliste,
Doos devons ii«ms fixer à eetteopiniotiy qa*il
connaissait les SYangiles synofmqoes anté-
riears ao sien, que son but est tonjours de
empiéter.; qoe les détails préeisqa*il donne
iceusent toojoars letémoia oculaire, et qa*il
laime point à raconter une chose qu'il n*a
K>iQt apprise par lui-même. Quant à Topi-
lion que le quatrième £van^e n*est pas
œuvra de Jean, opinion que la critique a
arfois adoptée dans ses ^rements, il est
eureusement fflicile de la réfuter victorieu*
Bment,en montrant que celui qui nous
[>mmaoique des pensées qui ne peurent
ortir que de Time de Jésus ne peut être au-
re que le disciple Jean.
Strauss se demande dans son étonnement
>mmenton peut soutenir un jeAne de qua-
lote jours sans mourir de ftirn? Nous de-
ons admettre certainement que le jeûne
lait poar Jésus une privation, et sans cela
n'y eût point eu pour lui de tentation; mais
est inutile de démoiftrer que celui qui pou*
lit trouver une nourriture spirituelle dans
parole de Dieu, était capable de supporter
le semblable abstinence. L'auteur de la Vie
I Jésus s'évertue aussi à chercher pourquoi
durée
nie
i>u ,
leJle de Jacob ne fàt pas composée ^
ote degrés pour qu il puisse l'utiliser et en
rmerson mythe.
Strauss remarque pareillement que le
t du temple étant courert en entier de
cites ai^illes dorées, il ne devait rester
if-une place où Jésus pût se tenir, lorsqu'il
fut conduit par le diable. C'est possiDle«
ais il eût été plus ingénieux de demander
maient Jésus avait pu monter sur le pi-
cole du temple? car il est bien plus difficile
grimper sur le haut d'un édifice que de
tenir une fois qu'on y est arrivé. Pour
i , je pense oue celui qui a dit : « Mtrui*
?z ce temple et je le rebâtirai en trois
urs , 9 ne devait pas être embarrassé d'y
iver une place pour se tenir (Eschex*
EB , lickafiotiime. )
ENTATION d'Adam. Yoy. Epuelvb et
■ é OBIG11IBL.
EIRRE, SA sPHÉaiciTÊ et so?r houve-
r. — - If. Letronne « dans la Revue des
T'Mondes du 15 mars 183i, prétend que
l'esl qu'après que les immortelles dé-
^94) Foy. note HXf, ta ten'attoa de Jésus-
»i d*apréA le doctcttr Sepp, i la fin du toI.
^5> Le cardiuat Cusa est mort le II aoôt
. Coperoic naquil le 19 février 1473; Galilée
OQ) Puisque fal nommé Tycbo, je révélerai
singulière ioadvertaiice de M. Letronne; il
des obstaciei qu^oppotèrtHi tes ihMogiemt de
r aux progrès dis $cieaces d'obMeT9dtion^ m
^Hi ie savmul Tyeko iaju la nécesdié de^ recou-
HA nfsièmu aurommuiqme infimmeni moine rau
tfU que ctlui de Ftolimée» Or, Tjcho était un
*uêm Juiliéckiis Biariéf vivant en Daoemarck«
cou?ertes de Kepler, de Huyghens et de
Nevrton eurent repoussé de protbe en pro-
che dans l'alisurde toutes ces idées puériles
(la ierre plaie t immobile f etc.) qu'on avait
défendues pied h pied comme orthodoxes ,
qu'on a fini par reconnaître comme indiffé-
rent à la foi, ce qu'on avait longtemps dé-
claré hérétique.
Af. Letronne oublie que c^est un prince
de l'Eglise romaine, un commentateur de la
Genèse f qui, le premier parmi les moder-
nes, a fait revivre l'hypothèse de Pythagore
et d'Aristarque de Samos, sur le mouve-
ment de la terre. Le cardinal de Cusa a été
cet homme, et il était mort neuf ans avant
la naissance de Copernic, un siècle tout
entier avant celle de Galilée (li9S).
Copernic lui-même, qu'était-il f Du cha-
noine catholique , et son glorieux livre De
arbium eœlesitum revoluiiimttuMj^ fut dédié
au Pape Paul III.
Dès le temps même où Tycho-Brahé ve-
nait de protester contre Copernic (1496), où
le grand Bacon démentait Galilée, un catho*
lique, dont l'orthodoxie ne fut jamais sus-
pecte, le Minime Mersenne, commentateur
de la Genèee^ éditeur de Galilée, apologiste
de Desf:artes , publiait le traité d'Aristarque
de Samos, De mumdi $f$iemaie ^ pariibuM et
motibuê ejuMdtm, Un autre prêtre français ^
Gassendi, professait ces pnncipes et parta-
^it arec Galilée la gloire de la restaura*
tion des sciences physiques et astronomi-
ques.
Je ne parle point de Pascal , assez bon
lysicien, je crois, bien quMI eût foi k
l'Lcriture-Sainte et à l'Eglise; mais je rap-
C lierai que la gravitation, méconnue par
ibnitz, combattue un moment par Jean
Bernoitilli, ne fut naturalisée (qn'on me
passe le terme) dans le monde savant, que
Kr deux minimes, les Pères Jacquier et
seur, tous deux professeurs k Rome (U97).
Quant à la condamnation -de Galilée, le
fait est vrai; mais ne doit point être déna-
turé, comme on le fait en l'isolant. Dans
son Uiêtoire de rastronomie modemef Bailly
(j'en citerais un antre, si j'en avais un
moins suspect de partialité pour le Saint-
OfGoe) a présenté cette condamnation sous
son véritable point de vue, quand il a dit :
« Nous ne devons pas ju^er cette bute avee
les lumières de notre siècle; leeyitimedê
Copernic n'avait alon de pariieans qu*en
Allemagne; la masse des astronomes était
hors <le la portée des ihéologieiis de Rome, et Ciferi
do roi danois Frédéric II.
(1497) Le P. Jaeqaier Bravait ^oe viosi-Jittic ans
lorsqall imblia le preuiier lome de sob graBd o«-
vrage : futaci Newtotd pkUoêopkiét umimraiiê Prim-
eipia maibemmiiea. De ce joar aeeleflieel Desearti^a
fut détréné, iiial|fé Tappai toet^pausaat alors de
Fontenelle. L*înCiinité «les PP. Lrseur et Jaeqaier
est nn des mils les plus rares ei les plus BoWes do
lliisloire des scîenees ; ils travaillaient séparément
et 8c coromuniqnaieNt ensaiie le résultat : aMis Ja-
mais on n"* sa i qoi appartenait la lefoa préCérée :
eai-méines Tavaieat oaldié.
phvi
ft-»!
TKR
DicrnffiGiuiK ipeuKETiQmL
ni
€êmire. • Pourquoi vouloir que rfaquisi*
tioa ffit en «Tant du siècle en ee point , ^eC
que ses inemhresfasseDt meilfenrsastroDO'
mes que Tjcho-Brahé ou Baeon T
0*ai!leBrs, il serait lojal de s^entendre
une fois sur ee qa*on norame la çersécution
de Galilée. Ce grand bomme^Tait enseigné
la rotation de la terre dans stL chaire et dans
«es écriUt sans s'attirer aucnine censure
ecclésiastique. Mais, en 161^ il alla plus
loin, et entreprit de prouver tbéologique*
ment , dans une lettre à la duchesse de
Toscane, non-seulement que le système de
Co|)ernic était conciliable arec la Bible (ce
qni est très^rrai) , mais qull est fondé sur
ITcrilure. Il eiigcait que le Pape en fil
presque un dogme : cest le témoigna^
formel de l'illustre Guichardin « son ami,
' alors aml>assadeur de Florence h Rome
(dépêche du i mars f <16). Les théologiens
du Saint-Oftice, dominés par les idées re*
çues, lui firent défense de professer sa
doctrine; mais aucune rétractation ne fut
exi^. De retour à Florence, en 1617,
Galilée composa ses fameux Dialoghi s opni
f due wwêMimi »i$tem del mondo , Tolemaico
ê CoptmUanoj qui parurent en 1633. 11
surprit même une approtiatiou du maître
du sacré-palais t pour l'impression de cet
ouvrage. Mais Tioquisition, blessée de la
)iersistance de Tastronome florentin, le cita
devant elle; ett le 22 juin 1633 , elle prohiba
les .Dkdogutê^ en fit rétracter la doclrine
par Galilée, et le condamna à une déten-
tion qui dura six mois. C'était trop, sans
doute; mais il faut reconnaître que le Pape
Urbain VIU allégea cette peine par tous les
adoucissements dus à Tâge et à la gloire de
Galilée (liiOS). Quel autre tribunal eût puni
moins sévèrement ee qui était alors eousi-
déré comme une hérésie par récidive ?
Toute cette atTaire , on le voit, est le fait
personnel d'une des congrégations dont s'ai-
dait le Pape dans les affaires de TEglise.
Mais il n'y eut point jugement doctrinal du
Souverain Pontife; aucun décret fulminé ex
cathedra^ après l'examen solennel fait en
(1498) c rarrivai à Rome, écrit Galilée, le lOfé.
vrier 1635. le fus mis en arrestation «Lins le àéli -
eieux palais de la Trinilé du Moiii, séjour de raiii-
bassadisur de TMcajia. Le lendemaio, je reçui» la
visite du Père Ldnrio, commissaire du Saini-Dffiee.
qui me prit avec lui dausson carrosse.... Nous ar-
riv&mes au palaisdu Saint-Onice. Je fosprésenté par
le commissaire, à Tassesseur, avec lequel je trou*
vai deux religieux 'dominicaîas ; ils me prévinrent
civilement que je serais adoiis à expliquer mes rai-
sons devant la congrégation, et qu ensuite on en-
tendrait mes motifs d*excuse, si j*étais jugé coupa-
ble. Le jeudi suivant, je parus en effet devant la
congrégation ; mate, pour mon malUeur, bms preu-
ves ne fuient pas saisies, i La 30 avril, pours:.it
M. Biof, ou envoya Galilée cliez rambassadeur,
avec défense de sortir du palais, mais avec per-
mission de se promener librement dans les vastes
jardins ovi en faisaient partie. Durant Tinsiruc-
tion, mi lui donna peur prison la logement même
d*an des ollQcicrs supérieurs du iribuiial avec Ta-
cuké de se proaiCDer dans tout le«paUis. On lui
laissa son dmnestiqne, ci il put, tant 4|u'il le voulut,
recevoir dos \isUes et écrire à ses amis. Après le ju-
tt
pareille oomneme par lescaièian b*m
lotenmni sur la qMstioB. D B> t é«c rm
là dont cm pmase ae piéfalair, wàmtm^
tre an altvMMmtaim nov abiUirrMMé
de VEffise : lo«t se rédaitèanecmariioii
partagée par les pi«s «nads csoritspirhs
juges les plu compétaMs^cli lappUcatioa,
extrémemeol ODio^âe. des peines poctmnr
la l^slatioB sécaKére alle«tae, cooire
les novateurs eo Balièies religieases. C'est
ce qai a été reeonini par oa pntoiatcé-
lèbre, liallel-DiiMii» dans le Iknm it
Framee^ du 17 jaillel mk (1191).
Les accosations de M. Letroone cntn
relise des premieis siècles le sont |«
plus eoDciuanies.
Sans doute la sphéricité delitemiM
niée par plusieurs Pères de l*B^; mis
par cfuel décret, dans quel concile, rfi^tise
en corps s*est-elle prononcée coitrt ee théo-
rème cosmographique T ITest-ee pas se no-
quer, que d ériger en doctrine paUkpede
I Eglise les o|iintons pnUîéesaa rt sèàt
de notre ère, par Cosmas, ce maitMtfJ-
lexandrie, qui s*étail fait moine ^mir
liarcoum le monde oriental, ons^i'i
été revêtu d'aucune fonction , d ii if»
d'ancune autorité dans la catbolicilt (»-
temporaine? Cosmas lui-même ne dit-il |«
qu'il tenait son système d'un ehaMéaip-
peié Patrice, promu plus tard »8eloQ loi,»!
siège épiscopal de la Perse, et n'aiVce foitsi
une preuve |ialpable que cette théorie bV
vait i)oint cours auparavant à Aleuadrie^ti
3u*eile était loin d èlre TopinioD cpaanoM
es Chrétiens sur ces matières (1300)? F«).
CosMOGBAFnnE de la Bible et des Fèrts^ii
rEglise.
TERRE SAINTE, centre des granU^
pires dans Tantiquité; conséquences, h
Salct, § II. — Terre nouvede. Foy. ûbï
ifouYBâux. — Terre, sa petitesse coiB|»tf
à Tuni vers ; objection tirée de cette peisf^
contre le dogme de la rédemption. Vo|-^
TROMOMIB.
TERTULLIEN, a-t-ii platonisé aa sujei^
la Trinité. Y09. Note XXU, § Vl,XeiM
gemeni. Il habita le pala«s de rarcliefèqaedeSesBf*
son ami et sou élève, palais aiagnifiqoe, €^^
de saperltes jardins. Enlln, le i6 déteoike \S^
le Pape lui permii de résider Ubremeai ^ ^^
pa^ne, près de Florence, et nias urd 1^"^^
cetie viUe lui fnt accordée, (itto^r. vmctn. » ^
CaiHée.)— c 11 y a pour Tenvie, dit à ce sojrt*
Biot, des armes propres & chaque pays: GiUff*
Italie fut hérétique, comme DesoBries es ttda«
fut athée. 1 En effet, l*cne de ces coiidainfiib» '
prouve pas plus contre nooa que rentre cstf(*
protestants.
Quant à la première comparution de £1^
vaut rînquisitiou en 1616, Lalande (A^rr^i?»
vre vl reconnaît que, si la quesllon ihèolil^
tiaiicuée contre lé Florentin» la quesiioo ^
que fut réservée, et qu^if fui ioujwLn F'^^
lions, ttadapier le système de Copernic eomT^
thè^e. On sait que Lalande se piquait «T^rl
(1499) V. aussi le Journat des sowat»,*^
brr 17». ,^
(1500) Voy. leS paroles de Cosma< di»<^
même de U. Letroni.e.
1999
TK
mcjwsnànE apologétique.
THE
iSOi
à {«1 fin do Toioiiic. — Belles considéralions
<|iril fait sur la résurrection des corps. Yoy.
RÉStRBBGTIO!! DBS COUPS.
TESTAMENT (ANCIEN). Pass^Aes appli-
«fluës auK temps messianiques^ réfutation de
Strauss. Voy, MvTaisiiBt i V. — Son inler-
préiatioii mythique. Yoy. note XllI, à la un
du fol.
TÊTK. Ses formes établissent-elles une
(fîstjnction s|:écifique entre les race^. Voy.
«ACES HCM AIXES, { 111.
TÉTRAGRAMME, était a?ec la formule
)«îé.ile le lien entre la science acroamatique
&-t la science exotérique cbez les Uébreui.
Vof/. ACBOAMATIQl'E.
THÉODICËE HUMANITAIRE. - L'école
liamaailaire a donné son programme au
n»onde dans deux ouvrages importants : le
Jirre de Vhumanité^ de son principe et de
Mon avenir, par M. P. Leroux; et 1 Eiquiêse
d'une philosophie^ par M. F. de I^ameiinais.
Cette école se distingue du socialisme var
son caractère vraiment scientiGque et pnî-
hisopbique. Je ne yeux pas dire que toutes
ces théories soient complètes et conséquen-
tes; loin de le, je me propose de vous dé-
nontrer le contraire ; mais enfin il y a l'in-
leni'îon d'un systèmei et on fiiit de grands
fffurts pour le coordonner. Dès lors nous
pouvons indiquer les rapports et les diffé-
rences qui existent entre cette école et la
•hilosopnie allemande. Afin de les caracté-
iscr d'une manière nette, je vais reporter
m instant votre attention sur la philosophie
le Tabsolu. {Vojf. ce mot.)
Nous avons r&umé dans cette proposition
:énérale toute la philosophie de l'absolu :
ndéterminé en lui-même, c'est-à-dire dé-
Kiuitléde toute propriété, de toute qualité,
le tout attribut, pure possibilité d être, et
ton pas être réel, rabsolu se dérelopiie dans
a nature et dans l'esprit, et arrive par l'hu-
lanité à la vie intelligente et libre. Cette
otion de Tabsolu est l'essence mémo des
léories de Fichte, de Hegel, de Schellinç,
j moins dans son premier système; je
>ijs eo ai donné des preuves certaines.
ir une conséquence inévitable, la nhiloso-
lie de Tabsolu soumet Dieu à la lof de la
o^Tession, à la perfectibilité; Dieu e$i
r/^ctible. De là résulte, avec une évidence
'csi^tible, la négation de la personnalité
riue. En elTetla perrçonnalité, impliquant
ns rhomme l'intelligence et la liberté,
)plîaue en Dieu fintelligence parfaite, la
^rté absolue. Or, dans la philosophie que
us aroos analysée. Dieu ne possède ni
Qtelligence parfaite de lui-mtaïc, ni ta
«rlé i^arlaîte.
Il oe poesède pas Tintelligence. En effet»
&u ne se eonaatt pas anlérieucemeot à
xistence do^ monde, ni séparément du
>nde^ puîsqpe» séparé du monde, Totisolu
si qo^ttoe pure possibilité d'étrét et ooa
^ rétre rfel. Après tous ses dévelop-
neats dans la monde; après s'être
iiJii avec Tespace, s'être déroulé dans le
1 f >s» s*èlre multiplié dans toutes les exis-
ces ; même après être rentcé en lui-
même par la conscience humaine, 1 absolu
n'arrive pas à la connaissance parfaite de
lui-même, puisque, à quelque point de la
durée qu*il s'envisage, il a toujours devant
lui une infinité de développements futurs,
de nouvelles transformations. Sa science ,
n*est donc jamais entière ; et sa conscience
ne correspond jamais à tout son être. Ainsi,
soit hors du monde, soit dans le monde,
l'absolu ne oossède jamais la connaissance
adéquate de fui -même.
Privé d'intelligence, il est aussi privé de
lil^erté. Oui placer, en effet, au milieu do
tous ces développements nécessaires de la
substance, au milieu de cette série de trans-
formations qui s'engrènent les unes dans les
autres, qui s'appellent et se nécessitent les
unes les autres, où placer, dis-je, un seul
acte de liberté? Tout est nécessaire; la fa-
talité règne |iartout, et l'idée de liberté,
comme faculté de choisir, s'évanouit sans
retour. Ainsi, dans la théorie de l'absolu,
point de liberté parfaite, point d'intelligence
parfaite, point de personnalité divine.
Croyez-vous qu'on arrive de gaieté de
cœur à une pareille conséquence 7 Croyez-
vous qu'elle n'excite pas d'abord la répul-
sion de la conscience et de tous les instincts
de notre, nature? Non l'homme ne se laisse
pas arracher volontiers l'idée de la Provi-
dence, la croyance à la Providence. L'homme
ne courbe pas sans regret la tête sous le
joug d'une fatalité aveugle et terrible, qui
vient remplacer ia main intelligente et
amie, sur laquelle il s*appuyait avec con-
fiance dans les sentiers difficiles de l'exis-
tence? Quel est donc le motif quia pu por-
ter les philosophes, dont nous avons exposé
les doctrines, a affronter toutes ces suites
si répudiantes au cœur humain? Ces hom*
mes, qui pouvaient être égarés par un or-
gueil coupable, cherchaient cependant la
vérité; et ils sont arrivés à ae funestes
erreurs, parce que la logique a été plus forte
que la conscience. Places à un point de
vue faux, et partant de principes erronés»
ils se sont d autant nlus éMr&t qu'ils ont
raisonné plus juste. Ooaad l'homme se dit ,
J'obéirai à la loi du raisonnement, j'irai
Grtout où il me conduira, quellesque soient
i répugnances de ma nature et de mon
cœur, j'étoufferai leur voix pour ne suivre
que celle de la logique ; alors, s'il a le mal-
heur de poser un principe bux, rien n ar*
rêtera plus la chute de cette intelligence i et.
elle descendra rapidement dans l'abîme de
la négation et du chaos.
Posez pour point de départ, avec la phi-
losophie de Tabsolu, l'unité de substance,,
et 1» seule existence de l'absolu : dès lors,
le monde et la succession infinie des êtres
qu'il renferme ne sont que les développe-
ments de la substance unique, les mani-
festations de l'absolu lui-même. Hais pour
être susceptible de ces transformations in-
finies, l'absolu, pris au |K>int initial, au
point de départ du développement, doit être
indétermine, c'est-à-dire sans intelligence
et sans conscience^ et comme un dévelop-
1395
THE
DICnONNAIIIE APOLOGETIQUE.
THE
m
pement infini n'a jamais de terme; comme
jamais yoas ne pouvez lui dire : Tu n*iras
pas plus loin» et je t'arrête là ; il suit rij^ou-
reiisement que 1 absolu ne jouit jamais ac-
tuellement de la conscience parfaite do
lol-méme. D*un autre cMé» tous les déve*
Toupements de la.substance nécessaire étant
nécessaires comme elle> nulle fiart la liberté
n'existe. Hais ayec rintelligence et la liberté»
s'évanouit l'idée de la personnalité divine.
Vous voyez donc avec quelle rigueur la né-
gation de la personnalité divine est liée
au principe fondamental de la philosophie
de I absoln» l'unité de substance; et qu'il y
a une logique de Terreur, comme il y a une
logique de la vérité.
Maintenant nous pouvons assigner les
rapiK)rts et les différences qui existent entre
la philosophie de l'absolu et Técole huma-
nitaire. Le rapport est dans le point de dé-
part» qui est le même» l'unité de substance;
ou» en d'autres termes» la négation du
dogme chrétien de la création. Mais» à par-
tir de cette négation et de ce principe» les
• humanitaires se séparent des Allemands.
La négation de la personnalité divine est
liée SI évidemment au principe de l'unité
de substance» qu'il faut abandonner le prin-
cipe» ou accepter la conséquence. Les phi-
losophes alfemands Tout bien senti ; mais
les philosophes humanitaires n*aceeptent
pas cette disjonctive. Ils veulent donc le
f principe sans ses conséqnences. Ils veulent
'unité de substance et la personnalité di-
vine; un Dieu passant dans le monde et
cependant restant en lui-même; un infini
devenant fini» se faisant fini» et cependant
ne cessant pas d'être infini; une seule sub-
stance dans le monde» la substance divine»
et cependant un Dieu distinct du monde et
un monde distinct de Dieu. Ainsi ils retien-
nent la notion chrétienne de Dieu et rejet-
tent celle de la création ; ils retiennent la
notion chrétienne de l'infini^ et repoussent
la théorie chrétienne des rapports du fini
et de l'infini. Ont-ils raison f Si cela était»
la philosophie allemande aurait tort» ei le
christianisme aussi. La philosophie alle-
mande aurait tort» puisqu'elle nie la per-
sonnalité divine qui pourrait se concilier
avec son piincipe. Le christianisme aurait
tort» puisque son dogme de la création serait
* un non sens. La vérité, par conséquent,
n'appartiendrait qu'aux humanitaires. En
est-il ainsi? C'est la question que je propose
maintenant à votre sérieuse attention.
La première théorie qui se présente est
celle dru livre De rhumanité. Que dit-on de
Dieudaus ce livre? Comment y établit-on
ses rapports avec le mondeT
D'abord» le principe de l'unité de subs-
tance est enseigné de la manière la plus for-
melle : « L'homme» et en général toutes les
créatures» sont de nature divine» sont de
Dieu. Dieu» ou l'Etre intîni ne peut créer
qu*avec sa propre substance.... Comme Spi-
(1501) De VhumanUé, t. L p. 218.
(1502) Ibid, p. aiZ.
nosa, comme* Schcllîng et Bégel, on a rai-
sou de dire que dans l'iiomme on m\ Tèire
la substance de Dieu. Mais Spinosa, Schel-
ling et Hégcl ont tort de dire pour cela m
cet êtresoitDieu. IlestDieuaBtantquIlmi
de Dieu et qu'il procède de Dieu; mai;) il
n'est pas Dieu pour cela (1801). i
Dans ce passage» vous voy e^ toat de soiieli
confirmation de ce que jeYiensdewsdlR,
sur les rapports et les différencesquiexistpoi
entre les doctrines allemandes et les dûclriiM
humanitaires» ces dernières affirmeol uji;
seule substance, et cependant maintienLt;!
une distinction essenlielle entre Dieuetl!
monde. Mais remarquez comme la ym
s'enveloppe; après avoir ditqu'iltfy ate
le monde qu'une seule s»\ibslance, il éi\it
tout naturel d'ajouter, avec SpiIlosae(B^
gel : l'homme est Dieu, puisqu'il eM i
substance même de Dieu . Maison ne i^iymt
pas ainsi» on se sert d'eipressions bmcu<tj>
plus radoucies» et on dit :/< esl Duv ta
tant qu'il procède de Dieu.
Nous allons retrouver dans toutelili^
rie ce caractère vague et indéterw; mi
en jugerez.
On nous dit d'abord que « Dieaiiesiii^
hors du monde, car le monde n'est i>t$kt)
de Dieu (1502). » Cette assertion est mit
dans un sens» fausse dans un autre.StKo
veut dire que Dieu est iulimemeQl piM
au monde qu'il a créé et qu'il soalieat»
cesse» on a raison. Si on affirme, auc**
traire» q%e le monde est en Dieu, )'arce<iii'il
appartient à la substance de Dieu, oa est dib
la plus grave des erreurs.
Hais qu'est-ce que Dieu? « Lecie!«tf
l'inCni être. Ce n'est pas l'infini créè§^'>'>
deux aspects d'espace infini et de tmfsfi'^
nelf c'est-à-dire d'immensité et i^^'*
non, le ciel est ce qui se manifeste/TAii
infini créé» l'infini véritable (}ui esUff^^
infini créé; le ciel est Dieu lui-niènit^
est infini : donc il n*est contenu dan'»-^
lieu; il est éternel : donc il nestcr^^
dans aucun temps Le ciel (Dieui i^>
doublement» pour ainsi dire, enceseib^^
est et se manifeste. Invisible il est ioiini
est Dieu. Visible» il est le fini, il est!'
l^ar Dieu au sein de chaque créature, li)
sible devient visible sans cesser d'ètr«l'
visible. L'infini se réalise sans cesser ii
rinfiiii*. Les créatures progressent eu D
sans que Dieu cesse d'élre avec elles «i
le rapport de Tintini au fini (1503). >
Ailleurs, on assure que le monde e5i
nel et infini : c L'espace est infini ei^
tinu; le temps est infini et continu, i'c
donc qu'une seule vie qui unit ens^^""
toutes les créatures ; et la nature se c
avec l'éternité et Tinfinité (15M). >
Il est bon de remarquer qne cc f
assez significatif est précédé imœ^
ment de celui-ci : « L'inlini c^éé, tnaoc
tiou de l'infini être» ou de Dieu, cbI'
(1505) De VhumanUé, t. I, p. 231.
(1504) lbid.,i^UZ.
«391
DiCffONIfAUlS APOIjOGETIQ^
\ouit eonticnt lonU esceplé Dieu (1505). Ce
jui refient à dire : riufini contient tout,
ambrasse toul» excepté Finlini (1506).
Cette théorie est renfermée dans quelques
nurts cbajiitres;. et tes principes en sont
Hi^és comme autant d'axiomes, oui n'ont
»'S besoin deprcures, ni môme uexplica-
i<in. Cependant, lorsqu'on veut en déter-
niiaer. le sens, on se trouve dans un grand
^mliarras. Après avoir posé l'unité de
obstance, le livre De Thumanité semble en-
eij:ner qu'il j a deux inGnis : un inlini
.'«*ânt et un inGni créé. Mais l'auteur ne
'a|»er(oit pas que dire inCni créé, c'est dire
iQ intiui qui n*est pas infini ; c'est énoncer
we contradiction. La même substance se-
3ii donc doublement infinie, ce qui ne se
inçoit pas; ou liien, en même temps, finie
r infinie, ce qui ne se conçoit pas non plus.
\9n\ infinis, ou un infini qui devient firil,
résentent la même contradiction. Cette
rossière contradiction est-elle donc la l)a5e
e la théorie du livre Derhumanité?
Si« pour éclaircir un peu la pensée de ce
rre, vous vous posez ces questions : lui
lanifestation de I infini dans le fini, dans le
londe, est-elle libre, ou est-elle nécessaire
iix yeux de l'auteur? L'infini a-t-il une
listcDce distincte de celle du monde, ou
I vie n'est-ellc que te développement de sa
ibslance dans le monde? Le livre garde un
rofond silence; et ces questions qui sortent
itarellemeot du sujeC ne se font remar*
oer que par leur absence. Cependant, tant
d'elles ue sont pas résolues, il n*y a pas de
léoilicée; tant qu'elles ne sont pas réso-
les, la personnalité divine reste dans le
tgae.On a l^au la supposer et Tinvoquer;
est toujours douteux qu'elle puisse se
rjncîKer avec les principes établis.
Tel est le caractère d'incohérence et d'ohs-
jnté que présente la tbéodicée du livre Dt
Vumèomté^ vous poursuivez la pensée, elle
^o5 échappe; vous croyez la saisir, elle
»us fuit, vous ne pouvez distinguer ni ce
f OR affirme, ni ce qu'on nie. Après avoir
'Sé un principe, tantôt on en supprime les
Dséqaences; tantôt on le retire par une
bile restriction. On tombe dans les plus
-aoses confusions. Rien ft'est plus fatigant
•e de chercher le sens de cette métapny-
fne avortée.
Et cependanlv ceKe théorie à peine ébau-
ée, dépourvue de toute preuve, et remplie
contradi<iions, est la base d'un livre où
propose au monde ttne loi morale nou-
Ile, où on veut révéler à l'humanité ses
•îc» destinées. On ignore Dieu, et on as-
:ne aa moade sa loi et sa fin. Qui le croî*
C T cette même école et ces mômes hom-
'S accusent sans eesse le christianisme
fnpuissaacev et lui jettent è tout propos
tsulte et le dôdain. Ah 1 de grâce, avant de
xxs niontrer si superbes, expliquez vos
I
fl
15) De tImmamU, t. I, p. 951.
Noos erojoBi iovlite de faire avome ré-
rétniife aiélapbysiiitte qaLffégoe dans
doctrines ; et que rimmanité, (|ae ^oob voir-
iez régénérer, puisse du moins vous com-
prendre! Il est vrai qu'exiger de certains
écrivains qu'ils se comprennent eux-mêmes,,
c'est leur imposer une tâche difficile.
Puisqu'il est impossible d'établir une dis-
cussion approfondie avec l'auteur du livre
De VhumaniU^ passons à FEêquisêe iumê
philosophie.
Autant il règne de vague et d'obscurité'
dans le livre De- rhunumité^ autant tout est
arrêté, net et précis dans rJÉsfMissa^.Ce livre
nous présente un vaste système, un système-
complet. C'est vraiment ici qaon fait des
efforts sérieux pour échapper aux consé-
quenites qui se sont développées dans la
philosophie de l'absolu. Oa peut dire que
ce livre a pour but de concilier le christia-
nisme et le panthéisme : de là ses beautés
et ses défauts ; de là les nombreuses vérités
qui y sont semées partout et exprimées dans
un style magnifique; de là les grossières
erreurs qui le déparent, les contradictions
contre lesquelles on va se heurter presque
à chaque page ; de là l'incohérence de tout
le système, qui ne se soutient pas et n'est
pas uUj quoique l'unité en soit le but. Ces
incohérences sont telles, qu 'un philosophe
a pu dire, avec raison, qu'un nouvel ouvrage
était nécessaire pour expliquer celui-ci
(1307}. Ici donc, nous pouvons étudier ce
milieu, que le rationalisme français rêve, à
son iusu, entre lliégélianisine et le christia-
nisme.
« Le point de déiiart de FEêquisse est l'idée
même de l'être et de lasubstance, où, comme
dans un vaste réservoir, tout se trouve suto-
tantiellement, réellement; l'infini, le fini ;
Dieu, le monde. Dans cette masse confuse,
nous ne pouvons rien discerner; tout v
existe à I état le plus indéterminé j[i506j.
Vous reconnaissez icile point de départ de
la philosophie de l'absolu. Cette philosophie,
comme nous l'avons ru, lait sortir l'être de
son indétermination primitive par des trans-
formations successives et progressives qui
donnent la nature et ensuite fesprit. Au
moyen d'un pnicédé différent, PEsquisse t^e
de cette primitive indétermination, non (las
la nature, non pas l'esprit, mais Dieu lui-
même, la Trinité selon le sens chrétien du
mot.
Dès ce premier pas, on peut arrêter la dé-
duction, comme arbitraire et illogique. Ea
eflet, remarauez que PEiquisse^ en se pla-
çant dans l'être en çénéral, dans la subs-
tance indéterminée, à la foi finie et infinie,
sort de la vie, de la réalité et se pose dans
l'abstraction. Hais dès lors, nous pouvons
lui opposer comme à Bégel, que t abstrac-
tion ne donneque l'abstraction; qu'il n'y a pas
de lien entre rêtre purementtogique et l'être
réel ; que cet être posé comme l'indétermi-
nation absolue devrait rester éternellement
(1507) M. Cous» daas sa préface ai» Pensées de
Pascal.
(flS98) Vesqntsse, 1. 1» I; i et n.
fo99
THE
DfCTI(K(NAIflE AFQLOGETIQtE.
tBE
m
dans cet élat; qtiMl n'en prat sortir. Voilh
(ionc un premier écuefl \fO\xr la théorie de
VEsquiae^ une première impossibilité. Mais
admettons, pour un moment la légitimité de
ce procédé, et poursuivons notre examen.
l/ètre» la substance indéterminée, devient
puissance infinie, intelligence infinie, amour
infini, trois personnes subsistantes dans Tu-
uité divine. Et nous avons un Dieu réel, vi-
vant, se suffisant pleinement?^ lui-même. Ici
l*auteur de lEsquiste ne fait autre chose
qu'emprunter au christianisme la théorie de
)a Trinité. Et que n*est-il toujours fidèle à
celte doctrine qui Tinspire si bien, l'élève
si haut, et lui fait parier un si beau lan-
gage I
De Dieu il faut passer au monde ; il ne suf-
fit pas d*expliquer Dieu, il faut aussi expH-
3uer le monde. Dans la théorie des rapports
u monde avec Dieu, Pauteur s'égare de
plus en plus, parce qu'il sort tout à fait du
christianisme.
D'abord on repousse Tidée de création; et
par deux motifs ; premièrement, parce que,
dans la doctrine chrétienne de la création,
or. fait intervenir un terme purement néga-
tif, le néant; secondement, parce que, s'il
fallait admettre la création comme une pro-
dv^ctioB réelle de substances, l'être s*accroi-
trait par la création, et qu'alors Dieu cesse*
rait d'être infini. Bientôt nous examinerons
c«s objections.
Après avoir rejeté l'idée de création, et
coniormément au i)rincipe posé en tête de
Touvri^e, Tunité cie substance, on affirme
que Diem crée avec sa propre substance;
toicx en résumé comment on explique cet
acte divin.
L'intelligence divine conçoit d'abord tous
les types de la création; et quand Dieu veut
la réaliser, il pose une limite à sa puissance
infkiie^ et donne ainsi naissance à toutes les
forces créées. Il pose une limite à son in-
telligence infinie, et engendre ainsi les es-
prits créés. Enfin, il pose une limite à sa vie
infinie^ et complète ainsi la vie par l'attrac-
tion dans le monde physique, par l'amour
dans le monde supérieur. Toute force dans
le monde est donc la puissance et la force
de Dieu même, le Père avec une limite.
Toute intelligence est Tintelligence divine ,
le Fila avec une limite. Enfin , toute vie,
tout amour est la vie même de Dieu avec
une limite. Ainsi, la force qui est en moi,
la force dent je dispose, est réellement et
substantiellement la force même de Dieu ;
mon intelligence qui cherche la vérité avec
tant d'effort et de peine est substantielle-
ment nntetligenee même de Dieu ; enfin ,
ma Tolonté faible et vacillante , cette vo-
lonté si prompte à s'égarer est substantielle-
ment la volonté* même de Dieu. Quel frois-
' sèment pour la conscience 1 quel outrage au
bon sens I
Il est vrai qu'on veut mettre une restric-
tion à cette déification absolue du monde ft
deThomme. Tout en maintenant Mléd^
substance, on veut que la substance iDfinie,
en devenant finie, et précisément à cause de
la limite qu'elle reçoit dans cet état, soit».
ientiellemmt différente de ce qu'elle est dins
son état infini. Par Ik on conscm une dil-
férence essentielle entre Dieu et le
entre la créature et le créateur. Le
étant essentiellement fiai, Dieu ne pentj^
mais être nécessité dans la création, ni con-
fondu avec elle.
Toute la théorie de YEi^hte repose sur
cette distinction d'une différence entre le
monde et Dieu, non pas subilmuitllt, m
essentUlU, Substantiellement, ils sont Uea-
tiques; essentiellement, ils sont diBerenb:
substantiellement identique avec TinGniJe
fini est cependant essentietlenient distÎBct
de l'infini. Quand on demande à Pauieor de
YEgquisse]a raison de cette distinction en-
tre une différence substantielle et uaediftl-
renco essentielle, il répond par le ni/sli^re,
eL déclare que le passage de rin&Diio&J
est absolument incomprébensibic.Iim-
le parler : « Il reste sans doute im^m
comment la même substance neuleûsi»^
deux états divers^ l'un fini, raulre iflk.
Cestlàle mystère de la création, elil ^
rait absurde de préfendre le pénétrer, poi»*
Jue nous savons que la substance, pour les
très finis, est radicalement iQComiirfttt*
sible (1S09). i>
Ainsi on croit avoir concilié ïmlii^
substance avec la personnalité et la ^m
de Dieu ; ainsi, on croit avoir établi soïdf*
ment les rapports du monde et de te
ainsi, on croit avoir fait à chacun $a(wt^
vérité : au panthéisme, par Tunité deiofah
tance ; au christianisme, par la réilit^^^
liberté de Dieu. Cetto théorie esl-elleaa
solide qu'on le croit et qu'on le dPto»
minons. ^
D*abord, écartons en |>eu de molsieifr
Acuités qu'on oppose à la théorie chréw"
de la création. On nous reproche deti
intervenir le néant comme un a^^tot ue
création. Je crois m'êlre expliq)^é î»
clairement sur ce point pour nêlre"
obligé d'y revenir en ce moment (15101
la seconde difficulté, on nous oppo^4
si la création est une production de
stances hors de Dieu, 1 être s'accroît ^i«
création, et Dieu n'est plus infini. Mit»-
Dieu possède, dans un degré émineul'icr
à-dire infini, ce qu* il donne par la crHi
dans un degré limité, les substances f
duites n'ajoutent rien à la substance )n
Îui les dépasse et les déborde de toutes f
ette difficulté, en réalité, n'est donc
sérieuse ; et cependant toute la tbéor
appuyée sur elle, puisqu^à cause d^
affirme l'unité de «ubslance.
Cette substance infinie en Dieadefie^
dans la création ; et comme la crin*
(1509) VEumkie^ I. ii p. 106. Oa remarquerii trop sensible,
t impropriélé de ce terme divers. Mais si Ton «Ot (1510) Vou.
eoDployé le mol propre,, la cootradictioo cùl éié
(1510) Vf>y, Création, } IL
m
THE
DiCTIONMAIRE AROLOGBTIQDE.
TBl
1409
coexiste avec Dieu, la s ibstance est en même
temps finie cl infinie» et existe en deux élaU
essentiellement différents, qaoique siibslan-
ijenemenl identiques.
NousflYODsdéjh remarqué queeeUeasser*
tinn est le fondement de toute la philoso-
phie de CEsquisse. Par cette conception, on
sajw la iMise de tout Tordre surnaturel et
Jocbrislianisme; |iar elle on Teut échap|)er
toutes les conséquences du |ianthéisroe.
Si la coniradtetfun radicale de celte concep-
lion est démontrée , CEêquine ne se distin-*
;ue plus du pur panthéisme ; et foutes les
lHkuliè$ qo elle oppose k la doctrine chré-
ienne s'éranouissent. Il faut donc examiner
ftle eoncej»tion, dans laquelle se concentre
Dute la philosophie de rÈtquiue,
Si Ton demande k Tauteur : la sulislance
ifinie, pur cela même qu'elle est«inBnie,
st-eltede sa nature simple, une, éternelle»
ifro55aire, inaltérable? Il répondra* oui.
ion lui demande ensuite: cette substance,
t sa nature essentiellement une, sim|ile,
divisible, éternelle, nécessaire et parfaite,
l-elle en même temps divisible, multiple,
mporelle, contingente, imparfaite et a!té«
ble^ L'auteur répondra, oui. Eh bien I au
m du sens commun, nous affirmons que
uteur de VEsquUse a tort, et qu'il se con^
^IL La raison se refuso absolument k
mcHtB qu^une même substance puisse
ssédcr à la fois et en même temps des
aillés contraires et qui s'excluent. Je ne
t persuaderai jamais que plus soit moins,
(joe oui soit non.
U substance divine ne peut pas être à la
sfinie et infinie; elle est touiours, elle est
«otiellement infinie. Tous, les modes de
fibitance divine sont nécessairement in-
il comme elle. Donc, si le monde ap|iar*
nlklà substance divine, le monde est
essaire et infini comme la substance
-même, qui est son essence. Dieu n*est
! libre dans la création du monde ; on
lusse en vain cette fatale conséquence. La
)ne y pousse inévitablement. Mais elle
us loin encore; suivons-la jusqu'au bout,
monde est donc infini et nécessaire
Delà substance divine, dont il est le dé-
)pement. Nous avons donc un Dieuinflni
monde infini. Nousavonsdeux infinis, et
Tenons échouer contre la plus grossière
^nfradictions. Pour lui écnapper,ilfaut
ter un seul infini; et cet infini sera
ou le monde. S'il est Dieu, le monde^
lillé de réalité substantielle, disnarait
ranouit. S*il est le monde, Dieu n étant
(ue la force originaire et indéterminée
^ développe dans le rooBde,«la perton-
f la liberté divines ne sont plus eoo-
les. ïfoiis Toilà donc teajoers ealre
M et Hegel, entre an Dieu sans moade*
monde sans Dieu,
nilieu qo*on propose est donclillusoire
iradicloire. En réalité nous n'avons
is qu*enire le nihilisme de Hegel et
rine chrélienoede la création (15ii}.
THjiOLOtffiE, ce qu*en dit J. Reynaud
dans Y Encyclopédie noutelle fourmille d'er-
reurs. Foy. PaoGsfts coiiti!ici. — Théologie
de Moïse, comparée avec la ptiilosophie groc«
que. Vby. Pbntatbi;ovb9 I XL
THÈOLO(ilENS PROTESTANTS, opinion
sur les possessions. Tay. Possbs8Io?Ii S lil.
THÉOPHILE, évèque d'Ale&andrie. Voy.
BiBLIOTHioOB D*ALEx;iiisais.
THÉOHiK MYTHIQUE appliqaée à iésus-
Ghrist. Voy. Mythismc» $ U.
THEUTEBEKGE, femme de I^tbaire JI,
divorce. Voy. Hincmaa, | IV.
THIERRY (AcG.), réfutation de ses er-
reurs historiques sur sainte Uadegonde,
Fortunat, etc. Voy. R4dbgotidb.
THOMAS d*AOUiN, son opinion sur
Torigine des idées. Voy. PsTcaoLoaiE, |
VII.
TIEDMANN, sa manière rationnelle de
comparer le rrâne du nèi^re à celui uu blanc.
Voy. Races hijmai^es, § 1.
tlMËE DE LOCRÈS, sou panthéisme
itléaliste. Voy. Panthéisme, |I.
TONANCÊ FËKUÊOL, erreur de M. iiui->
zot à son sujet, Voy, Aristocratie gallo-
romaine, {Hl.
TRADITION, comment renlendP. Leroux,
Voy. Progrès continu. — Traditions sur
rEiicliaristie. Voy, Eucharistie, § IIL —
Tradition ou science secrète et acroamati-
que chez les Israélites. Voy. AcROAVATiQrE.
— Traditions sur le déluge. Voy. Déluge,
S H. — Traditions bibliques tbea les nègres
africains. Voy. Races humaines. $ IX.
TRANSFORMATIONS KMBRYOLOftI -
QUES. Voy. Embryologie. — Transrormations
graduelles des espèces , réfutation. Foy.
OMME, art. I.
TRANSMIGRATION DES AMES, réfuta-
tion de cette opinion. Voy. Enfer, § lit.
TRANSMISSION de la chute primitive.
Voy. PÉCHÉ OKIGlIfGL, % III.
TRIMOURTI, est-elle Torigine de la Tri-
nité chrétienne. Voy. TRinrrÉ, § IL
TRINITÉ. — Quand on examine avec at-
tention la conduite de Msus-Christ pendant
sa prédication, on s'aperçoit facilement que»
Îuand il parle du mystère de la très-sainte
rinité, il suppose constamment que ce
mystère était connu des Juifs depuis long-
temps et qu*ii faisait partie de la tradition
sacrée. {Voy. AcmoAMATiocE» etc.) It ne faut
donc pas s'étonner si, toutes les fois qu'il
Earle de cette importante question, il se
orne, pour ainsi dire, à rindiqner sana y
ajouter les développements qui auraient -été
certainement indispensables, s*il se fût agi
de la révélation d'un dogme nouveau.
Ba effet, depuis Moïse jusqu'à Jéaiis-CbrisI,
par un dessein secret de la Providence» les
traditions de la Synagogue s'étaient divui-
goéea progressivement, et quand le Rédemp-
teur commença sa prédication, elles avaient
acquis une punllcite si grande» qu'il en sup*
posa toujours la connaissance dans ses aucii-
te.urs.
) Vay. Pn^LOsomiE dc l'asiolv.
UQfi
TRI
DfCTlONMAIRE AK>LOGETIQUE.
TM
U
Conçoiuon, après de pareil» laits, qufi
M. Pierre Leroui, qui trouve, dans la nais-
sannede Minerve, la divinité du Verbe, qui,
toujours avec la même naïveté, présente le
Kneph des Egyptiens comme le Fils étemel
du Père {1512), conçoit-on qu'il ose se de-
mander avec le plus grand sérieux, si les
Juifs avaient quelque notion d'une croyance
répandue, suivant lai, dans tout le mondd
ancien (1513)? C'est avec une si étrange logi-
que qu'on attaque sans cesse les preuves de
la révélation divine ! C'est avec une si pro-
digieuse ignorance qu'on juge des (questions
d'où dépend tout l'avenir de la société mo-
derne I Bizarres théologiens qui s'improvi-
sent tous les jours sous nos yeux, ot qui ne
soupçonnent même pas les éléments de la
tradition chrétienne! Si nous parlions avec
une telle légèreté des philosophes et de la
philosophie, on n'aurait pas assez de colères
et d'aoathèmes contre noire imprudence.
Mais tout est juste, tout est rrai, tout est
bon, quand il sagit d'éteindre dans notre
France, avec les dernières traditions catho-
liques, les dernières lueurs du sens com-
mun.
§1
La Trinilu chrcUenne [vienl-elle do paganisme oriental?
Dès qu'on a supposé que la Trinité chré-
tienne na pas son origine dans la révélation
patriarcale, il semblerait assez raisonnable
d'admettre que c'est le Christ et les ap6(rcs
3ui l'ont, pour la première fois, prèchée
ans l'univers. Mais quand on a décidé a
priori que le christianisme ne pouvait être
qu'un développement naturel des religions de
i ancien monde, on est bien obligé de trouver,
avec plus ou moins d'embarras et d'efforts
ses antécédents au sein des systèmes théo-
logiques ou philosophiques du paganisme
gréco-oriental. Nos adversaires s entendent
sur le principe; mais ils éprouvent, dans
l'application, de si grandes diflicultés, qu'on
}>eut affirmer dès à présent au'ils ne pour-
ront jamais les résoudre. Si le dogme chré-
tien ne vient pas du ciel, d'où vient-il? Est-
ce l'œuvre d'uu homme isolé? Est-ce le
travail d'un siècle ou celui de longues gêné*
rations ? Quelle terre fortunée l'a vu naître?
l>'où vient cette pensée féconde, qui a fait
sortir du sol la société mcnlerue? Questions
capitales dont nous avons droit de demander
une solution claire et posili.ve. Les plus
Imbiles antagonistes du catholicisme, pour
fuir, s'il était possible, les conséquences de
«es problèmes embarrassants, se sont tenus»
(1513) P. Leroitx, Du ekrUtiamsme^ ICO et 194:
(4515 Tonte i^Mitiquité a «onnn cetia méupliy-
fiM|Hf>. (p. LBKOffx, Du cArtfiffOKisme, 165.)
(1514) MM. Cousin, Danuioii, Jouffroy ei te nou-
veau Diciiomiûire des êcienceê philoiopkiques.
(1515) M. Clàvci..
(i5iG) Je citerai eiilre aalrcs, Schuidt, Manuel
éth'uioire de CEglise chrétienne. — Riiodë partage
aussi cette opinion.
(1517) Wii.Nciiti!8 et H. P. Leroux.
(1518 Cfr Le Clekc, Biblioth, utttv.. x, 400.
(IS19) C'est ainsi que parle le socinien Le Clerc.
sur ce \mnU dans des généralité» Ta.;ups ei
sonores (151^). D'autres, plus téméraires i\
plus francs, comprenatit qu après loul nous
pouvions exiger quelqut$ prfuoef,onl essayé
de découvrir le^ origines du chrisllaDisuîe,
comme on a cherché si longtem{)s la source
cachée du Nil . Mais, ce qui frappe au premier
coup d*<Bil dans ces prélcndues \mm
de la révélation clirétienne, c'est la confusioa
et la contradiction perpétuelles qa (in y rcs-
contre. On voas dira souvent : Toutes l6
religions .sont nées dans la presautlc in-
dienne (1515). Quelquefois c*est à lioflueQi»
de Zoroaslre qu^>n a|trihueraccrlainsdu3-
mes révélés (1516). D'autres ont vu, dans k
mystérieuse religion de TEgypte, les origi-
nes du christianisme et les prédicato
évangéliques n>uraient bit, suivant m,
que populariser dans le monde lesop\ni>)b
si longtemps dissimuléesdu sacerdoce éji^^j-
tien (1517). Enfin, l'idée la plus répanJu'
parmi les faiseur^ d'utopies, c'est que k
christianisme ne serait qu oue mmk
forme du platonisme (1518). « Le ém-
nisme, dit un audacieux sociniefl è ur
siècle, n'est qu'un mélange de la Wtmo
do Jésus^brisl et de la philosopli^e |ift
Platon, dont les Pères avaient adopte
sentiments par suite de la conforffi\Mttu*
croyaient trouver avec rEcrilureeidelc^
time prodigieuse qu'ils faisaient de c« p'^
losophe (1519). » M. P. Leroux, lui.i^
bine ensemble les deux derniers sjsw
« Je dis, MOI, s'écrie-lril, que cesl par il-
gyple et Platon que la doctrine du >«»
est devenue le christianisme U Eiw»!**
successivement ces assertions conirajuiei-
res
Êsl-il permis de supposer que Ic^i;;?»
de la Trinité est d'origine chinois?) ;;
vrai que le savant Jésuite Prémare, fi Jf»
dans rétude deâ antiquités chinoif «^
que les Pères B<mvet et Fouquel, i^^^
Slus habiles sinologues de noire i*^
[. Abel Rémusat, avaient cru voir»^
dans le Tao-U-King du philosojAie a;
Xao-r«eu (1520), et M, P- Leroux sen;
de ces opinions pour en tirer les wu
sions les plus arbitraires qu'on pui-^ei
ginf r. , V n I
Nous serions assez disposé à croire
M. P. Leroux, qui fait de si beaux rais«fl
menls sur le Tao-te-Kinij, n'en aiaîuâ|>
un seul exemplaire. En etfet, cette hyp u
no peut paraiti^ chimérique, quand onf
à remarquer que les }>rétendus ir»'
qu'il cite du livre de Lao-Tseu, avec^^^
— M. Matter , dans ton Hiaioire àu^^
M. de Potier, dins aoH Hû/aire de Zi4^,
mille de nouveta le« aiseniooa des ^/KXïà
qui conterne le prétendu pblonisnie d« ^^^
ils avaicnl élé précédés dans çcUe voie çri
du Ptaieniime dévoilé, et par Mosbcim» <?»
8«»nation De turbata per Pltttonic^t
MM. Guîzoï, Vàchcrol et Satsset, «H
mêmes assertions. ^^ . _^
(I5Î0) Cfr KM B*iit»«, llét«9' "^'
série, i.
m
TRI
DICilOMiAlRE APOLOGETIQDE.
TRI
1406
eeol triomphal, ne so trouTenl nnlle pari
dans le livre du philosophe chinoia. Ce qui
eipliqne ces erreurs, en apparence si gros-
5ière5, c'est que le théologien montagnard,
qui est crédule toutes les fois qu'il s'agit
o'iecepter lès objections contre la révélation,
a confondu la légende de Lao-Tseuavec les
écrits de ce philosophe, ce qui n'est pas
prérjsëment la même chose. M. P. Leroui a
cop*éaf ec trop de naïveté les renseignements
que loi a fournis M. Pauthier; mais M. Pan-
thier, jeune encore c|uand il écrivit le Jtfi^*
motreticr le Tao, était-il. alors une autorisé
qn'onpùt suivre avec une confiance aveugle,
eoinmeil fa fait? Les Juges les plus corn-
|té/eots(|tti eiistent en France sur cette grave
matière ne partagent pas la crédulité de
ï. Pierre Leroux.
« Nous devons à M. Abel Rémusat, dit le
humai oMîatiquef un mémoire fort curieux
iurli vie et les opinions de Lao-Tseu, mé*
Doire dans lequel il compare les opinions
e ce philosophe chinois avec celles qui
ont communément attribuées à Pythagore,
Platon et è leurs disciples. Notre savant
^feident y observe que la doctrine de Lao-
seu a été, dans les temps postérieurs, niA-
ede traditions bouddhiques, et qu'on a
éme fait, du dernier Bouddha, une incar-
ttioQ de l'Ame de Lao-Tseu. a Cet amas de
, dit M. Abel Rémusat, peut cepen-
fournir matière à quelques observa-
105 importantes ; comme il n'y en a au-
m qui ne soit d'une époque moderne,
iDparativeoient au temps où vivait Lao«
leu, elles ne représentent pas les opinions
ce dernier, qu*il faut puiser exclusive-
nt dans son livre (1521), mais celles de
s «éclateurs qu'il ne s'agit pas de faire
«nalire en ce moment. Seulement, on
fpfiique^ depuis l'introduction du boud-
isfnei la Chine, les idées indiennes sur
aralars ou incarnations ont pu être
ptées par }es Tao-sse, et, qu'après avoir
cet emprunt eux bouddhistes, il ne res-
sbx premiers* pour relever l'excellence
leur religion, qu'à faire de Bouddha
nôme une des incarnations de Lao-Tseu.
î m'arrête |>as à l'idée que les bouddhis-
n'aient à cet é^ard rien reçu des Tao-
parce gue, outre l'antiquité bien ton-
des opinions indiennes sur les avéne-
s de to Divinité, ces opinions ne tien-
pas, chez les Tao-sse, à un système
et bien lié* comme chez les bouddbis-
ù elles sont la conséquence du dogme
mental de l*émanation. Ce n'est pas
ne paisse, sans invraisemblance,
remonter l'origine de l'influence in-
(f sur la philosophie chinoise au temps
vTsea t et même h une époque bien
eure. Peut-être en reconnaîtrons-nous
ices en examinant le livre de ce phi-
e. Mais il y a encore loin de cette in*
i iiDpartnite^ et qui peut-être no s'est
:ercee inamédiatement dans les pre-
lempSy h rimitation grossière des fa-
bles, des dogmes et des opinions de THin-
doustan, telle qu'on la remarque dans les
livres des Tao-sse modernes. »
<i Nous pensons que, dans Tétat actuel de
nos connaissances «ur la doctrine de Lao-
Tseu, c'était à peu firès tout ce qu*on pou*
vait dire sur les rap|K)Pts qui peuvent exis-^
ter entre cette doctrine et l^s dogmes de
rinde ; et, si un homme consommé dans
l'étude de la littérature chinoise et de la
philosophie des peuples de TAmc orientale
a jugé a propos de se borner aux réflexions
au'on vient de lire, on a quelque droit
'être étonné qu'un de ses élèves, qui n*a
peut-être pas encore bien approfondi les
règles de la grammaire chinoise , entre-
prenne, en se fondant sur des traductions
erronées d'un texte incorrect et rempli de
£iutes d'impression, de pousser plus loin des
recherches que le maltreacru devoiraban-
donner ou toucher seulement dans son en-
seignement oral, parce que les matériaux
nécessaires lui manquaient pour leur dcm-
ner plus de développement et de précision
dans ses écrits.
« C'est avec regret que nous nous voyons
forcé de dire une vérité sévère à un jeune
littérateur, estimable par son zèle et par les
connaissances qu'il a déjà acquises. Mais
comme son livre, rempli de citations chi-
noises et sanscrites, pourrait porteries per-
sonnes qui s'occupent de l'étude de la phi-
losophie asiatique à ureudre comme autant
de vérités les hypothèses que l'auteur bas*
sur des méprises et sur des explications fau-
tives de mots dont il n'a pu saisir le sens,
nous avons cru rendre un service à la litté-
rature, en montrant ce qu'il y a de faible
dans son travail , et en même temps dans
les Donséquences qu'il a cru en pouvoir
tirer.
« Outre cet ancien Seou^chin^ki, nous con-
naissons -encore deux autres livres qui por-
tent le même titre, et qu'on attribue égale-
ment h Yu-pao, quoiqu'ils soient entière-
ment différents l'un de l'autre. Le premier,
en huit sections, contient l'histoire de
trente -six génies et hommes déifiés, et
forme un petit volume de cinquante pages.
On n'y trouve pas non plus la vie de Lae-
Tseu. L'autre [lorte le titre deSan-kiaoyuan
lieou Cbingti, Foe, Szu, . Seou Chinky; il
est plus considérable que le précédent , et
traite de touteslesdivinitésdes trois religions
qui ont cours eu Chine. Il a été rédigé sous
sa forme actuelle dans les années apiielées
Wan ly, rers la fin du xvi* siècle. Nous en
avons à Paris trois éditions ; elles diffèrent
{>lus ou moins entre elles, et sont toutes
brt mal exécutées et remplies de .Cautos
d'impression.
< C'est dans ce dernier ouvrage lana auto-
rite que se trouve une vio de Lao-Tseu ,
fondateur de la secte des Tao-sse , que H.
Pauthier a prise pour base de sa disserta-
tion. Une traduction anglaisedn même mor-
ceau, faite par M. R. Morrisson » a déjà été
I Ost précisément ce que nous avons conseillé à M. Pierre Larom.
1407
TRI
IHCTIONNAIHE APOLOGETIQUE.
TM
m
publiée en 1813, dans ics Uorœ iinicœ. Elle
est très-fiuilire, i^omnic la plupart des tra-
vaux de ce missionnaire. Cependant il faut
avouer qa*il a encore mieuscompris le sens
de rortgînal gue M. Pauthier. Pour démon*
trer l'inexactilude de la version de Tun et
de Tautre, le meilleur moven nous parait
être de donner une nouvelle traduction du
texte, et de relever dans les notes les erreurs
dans lesquelles sont tombés et iUnterprète
de Cantorl et celui de Paris (1522). »
Mais M. Pierre Leroux ne pourrait-il pas
répondre pour sa défense que si La êamte
légende composée sur Lao-Tseu au xvi* siècle
n'a nulle autorité dans la question dont il
s'agit, nous ne pourrons du moins contester
U témoignage du Tao^to-king lui-même ,
composé par le célèbre philosophe chinois
])lusieurs siècles avant notre ère? Or, si Ton
consulte ce monument im|>ortant de la
])hilosophie des temps anciens, n*y trouve-
t-on pas la doctrine de la Trinité exprimée
de la manière la plus formelle et la plus
] positive?
<v Celui que vous regarde:^ et que vous ne
^oyez pas, dit Lao-Tseu, se nomme 1; celui
que vous écoutez et que vous n*entèndez
pas se nomme Hi ; celui que votre main
«herche, et qu'elle ne peut saisir, se nomme
Weï. Ce sont trois êtres qu'on ne peut com-
prendre et qui, confondus, n'en font qu'un.
Celui qui est au-dessus n'est pas plus brib-
lant, celui qui est au-dessous n'est pas plus
obscur. C'est une chaîne sans interruption,
qu'on ne peut nommer. C'est ce qu'on ap-
Svelle forme sans forme, image sans image,
^tre indéfinissable. En allant au devant on
ne lui voit pas de principe ; en le suivant ,
on ne voit rien au delà (i523). »
Mais cette traduction est maintenant gé-
néralement considérée comme hypotheti^
que. On en pourra juger en la comparant
avec la version que M. Stanislas Julien a
donnée du même passage :
« Le Tao est éternel, et il n*apas de nom.
Vous le regardez, et ne le voyez pas ; on
le dit incolore. Vous l'écootez, et vous ne
l'entendez pas; on le dit aphone. Vous
voulez le toucher, et vous ne l'atteignez
pas; on le dit incorporel. Si vous allez au-
devant de lui, vous ne voyez point sa face ;
si vous le suivez, vous ne .voyez point son
dos (1524). »
La traduction de M. Pauthier, comme celle
de M. Stanislas Julien, diffère singulière-
ment de celle d'Al>el Rémusat, et le savant
(1522) Nouveau journal aiiallque^ Vil, année
1831
(15«3) €fr Abd RAmiisat , Mmoliw êur Ua-
TsêH 40.
{i&U) Stanidat JuLin, TaoAe4àng, XIV, 47.
{Umi Nommm jamnal «fialiçn^, 1831, Vil,
491.
(1526) Sunislas Jcusu, Tao-^e-king , cb, 43,
p. IS8. — àbei Uémusat iraduil de la mèine ma-
iiiére.
(1527) Noas demandons pardon de celte sappo-
ftilioii k ta Ritolution démocratique et sociale qui
uiMîi lécemmcflt : i Montrez-nfttts dans vos rangi
qui a si sévèrement critiqué le mémoire de
M. Pauthier sur le Tao parait auandoooer
en grande partie l'hypothèse diLbel U-
musat.
« Nous devons observer, dit-il, que y
Pauthier n*approuve pas rinterprétalioaqQe
mon savant ami, M. Abel Rémusat, a propo-
sée pour les trois mots I-Hi-Wei, qu'il regarde
comme la transcription chinoise du nom de
Jéhova, et ce n*est pas en cela le seatimeQi
de M. Pauthier que je veai combattre ; car,
que le nom «le Jéhova ait été porté i la Cbioe,
et adopté par Lao- Tseu, je n y fois m alo)-
jK>ssiDiIite; mais je ny voii patmmuf
d'apparence (1525). »
l^e texte que nous allons citer, i^araii au
premier coup d*œil, plus favorable aui pré-
tentions de nos adversaires :
« Le Tao, dit Lao-Tseu, a produit un, uo
a produit deux, deux a produit trois, trois
a produit tous les êtres (1526). »
Ce texte, qui parait d abord favoriser les
prétentions de M. Pierre Leroux, reorm
au contraire t toute son inlerpréM(ie
Lao-Tseu. En effet, dans son hypod)^. le
Tao est le Verbe; or, ici, dans cette triaiié.
ou pour mieux dire, dans cette mimt
Tao, loin de pouvoir être considéré comiBe
le Fils de Dieu, devrait bien plutôt être re-
gardé comme le Père. Ainsi aoDcU.tlart
Leroux, soit qull ait connu ce texte, soit
qu*il Tait ignoré, ce qui nous parait yl^
{>robable (1527), n'aurait pas le droit d'en
aire une arme contre nous. Mais, coioiiH!
d*aulres rationalistes s'en emparerooipeui-
être un jour, il n'est peut-être pas inutile 12e
E révenir les difficultés qu*on pourrait t&:^
Taide de ce passage, et d'essayer «l'en <l^
terminer la signification. Ifallieureasea^
ce n'est pas une chose facile, que de in-
ciser le sens d'une formule aussi ^^
Pour en avoir une intelligence iiupev^
tisfaisante, il faudrait «lue reosembra
système fdt enveloppé de ténèbres »i^'
profondes. Or, le Tao^e''kingf qin ^^
en caractères hiéroglyphiques, est ob ^^
ces ouvrages qui exerceront encore, et pén-
ètre toujours, Tattention des savauts jlâS^
Ce qui nous parait certain, c'est qu<» ^'■
trouve dans l'ouvrage de Lao-Tseu èm^
idée dogmatique qui puisse afoir prA
la Trinité chrétienne. La formule ao^ o<«^
venons de citer est assez semblable ^ ^^
sieurs autres qu'on trouve dans Técolev:
thagoricienne, surtout aa jbmeui V^"^
naire des vers dorés (1529).
des savants comne Pierre Leroax ! > .
(I5M) f U Tao^'kimg, dit IL Soaiihil^
esl regardé avec raison eonmia la li*'*^'
abstrait et le plus dilUcile de la huénÊomàt^
^ dette opinion est celle de loes les ia«f ^
Cfr. Abel KÉHiiSàT, Mémoire «sr Leê-Ta^'^ \
— Pauthies. u CAtM, liL— Staùsbi )i^
livre de la vote et de la vertu ( Toa-te^r '^
daction. ^
(1529) < Par le qnalenntre qei a doaaé b ^
dans notre Ame, en qei sont les ladaei**^
ncllc nature. >
im
TRI
MCIWNNAIRE APOLOGETIQUE.
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UtO
En fffeU il V a un principe antérieur h
l'unité elle-même, auquel Lao-Tscu donne
le nom de Tao. Mais quelle est la nature
do Tao? C'est là ce qui parait diflicile à dé-
terminer. Voici en quels termes en parle le
Tao'te-king^ dans la traduction de M. Sta-
nisliis Julien :
fl 11 esi un être confus qui existait a?anl
le ciel e( la terre. Oh! qiril est calme ! Oh !
qui! est immatériel ! Il subsiste seul et ne
change jioint ! Il circule jiartout et ne péri-
chte point ! Il peut être regardé comme la
mère de Tunivers. Moi, je ne sais pas son
nom. Pour lui donner un titre, je l appelle
Voie (Tao); en m'efforçant de lui faire un
nom, je rap|)elle Grand ; de Grand, je la])-
/•elle Fugace, je rap(felle Eloigné; d*Eloi-
^néje rap|)elle TElre qui revient (1530). »
Ailleurs Lao-Tseu s écrie : « Le Tao est
Tîde ; si Ton en fait usage, il parait inépui-
sable. Oh! qu'il est profond! il semble le
(patriarche de tous les êtres (1531). »
Et il ajoute : < Le Tao est répandu dans
runiyers Je suis vague comme la mer;
je flotte comme si je ne savais où m*arrè-
ter (1532). »
Loin de contenir le point de départ du
monothéisme chrétien et la doctrine de la
Trinité, le Tao-te-king^ comme l'a prouvé
M. Pauthicr,dansson livre intitulé La Chine^
paraît renfermer bien plutôt une théorie
assez semblable au panthéisme de plusieurs
<:vs»tèmes hindous. C'est là la seule inter-
jTélation raisoii.neblc qu'on puisse donner
de cette étrange philosophie qui ne présente
j as la moindre analogie sérieuse avec les
idées que fe christianisme a popularisées
«ians Tunivers. D'ailleurs, qui pensera que
les rudes pécheurs de Galilée ont puisé leur
prédication dans nn ouvrage qui épuise
toute la sagacité de la science contempo-
raine, qu*ils se sont emparés de ces inex-
C rieables formules pour en composer l'Evan-
L^ile ? Ce sont là de ces suppositions que les
^<ivants peuvent faire, mais que la foule
«'acceptera ni ne comprendra jamais. Le
-on sens suffira pour faire justice des sup-
positions hasardées de nos adversaires, et
/uand même elles parviendraient à se faire
cc-epter ^r quelques érudits, elles n'ac-
uerroot jamais qu une popularité trës-res-
-einte, quand elles ne seront pas plus
lausibles que celles que nous venons do
I ettre sous les yeux de nos lecteurs.
Kous ne nous arrêterons pas ici à parler
iS analogies qu'on pourrait trouver entre
Ibéodîcée de la Perse et la doctrine de la
vélaiion. Il est vrai <ia*OD a supposé plus
une fois que les opinions religieuses de
rail a raient exercé une assez grande iu-
. J) Men, ibid., eh. 4, 16.
f 5dS) ldein,îHif., cfc. 20, 70.
laS3^ Cfr Volkct, tàid. — Dorois , OrigiKe de
s les cwUreM,
I h3Â) FaA!«ac, dans le DieHannaire det scienees
los^piriqurt^ art. EgfipiienM.
t:^3S> Cfr Jasibliq««, De mfst€ruê iC^yivfta-
fluence sur les Juifs et sur les Ghrétiens(15%}h
cependant ce n'est pas des mages que Bl.
Pierre Leroux parait faire venir le dognio
de la Trinité catholique, mais bien plutôt
de rinde par l'intermédiaire du platonisme
et de l'Egypte.
M. Pierre Leroux aborde la question des
doctrines égyptiennes avec une pétulance
{deine de candeur. Il admet naïvement
es contes les plus insipides et les légendes
les plus apocryphes, qu'il donne pour de
l'histoire à Fhonnéte chrétien qui lui sert
d'interlocuteur. Savez-vous quelle est sa
grande autorité? Ce sont les livres d'Her-
mès Trismégiste ; c'est-à-dire aue le direc-
teur de I Encyclopédie va ehercner les ori-
gines du christianisme dans des ouvrages
« composés avec des lambeaux de la Bible
et de Platon (1534) ! % Je coatis bien qu'eu
raisonnant ainsi, on fasse dire à l'histoire
à peu près tout ce qu'on veut. Une science
sans méthode, sans critique, sans chrono-
logie, est un instrument complaisant et fle-
xible dans les mains des passions. On sait
par expérience au'à l'égard des faits, les
préventions anticnrétiennes sont assez com-
modes à satisfaire. Mais c'est compter beau*
coup sur notre ignorance que de croire que
nous laisserons passer sans réclamation et
sans contrôle, une si bizarre manière de dé-
figurer l'histoire pour la faire servir aux ca-
prices d'une imagination sans règle.
M. Pierre Leroux accepte encore, sans la
moindre discussion les rêveries des Alexan-
drins sur l'ancienne religion de TEgypie
sacerdotale. Il copie Jamblique (1535) sans
le comprendre, et il défigure encore, jiarses
singuliers commentaires, un écrivain déjà
si peu exact. Il ne sait donc pas que s'il y a
au monde une source contestable et fautive,
ce sont les livres des néoplatonicieub d'Ale-
xandrie (1536). Après avoir mêlé, dans un
syncrétisme compliqué, l'Evangile et Pla-
ton, ils arrangèrent à leur manière toute
la science de 1 antiquité pour donner à leur
théologie une antiquité vénérable qu'ils
Sussent opposer sans ces 3e à la tradition
ivine conservée dès l'origine des temps par
les patriarches et les prophètes (1537). Ce
sont CCS faiseurs de légendes que le philo-
sophe français prend constamment |iour
guides et pour modèles I Pourquoi donc ce
vain étalage d'érudition, quand on foule
aux pieds la critique la plus vulgaire les
données de l'histoire les plus incontestables ?
En y réfléchiaaant, cela s'expli9iie assez.
L'esprit de système est toujours im|)érieux
et violent. Il saisit avee une impétuosité
vive et brutale, les premières armes qu'il
rencontre sous ses mains. Une pareille ta«>
«530) Siaaislas Jclibu, U Tao-^e-^mg^ ch. S5, rum
(1530) C*est ce qoe M. Franck ap^le avec éecr-
gie € les raiftificatioas de l'école dAlcxandrie. »
Cfr. Didiômuùre du $ewun ^kUotêpUiiMeê. ÂtU
(1557) Cfr DontaiHi , Exmmem ftUiqaê de ndê-
ioire dTAlexatidrie^ dani Uê mmaUt de yài/anfiAia
ekrétéemut 5* série, xu, xui.
un
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m
tiquet qui pourrait compromettre la meil-
leure cause» n'est pas capable de faire ac-
cepter par les gens instruits les prodigieux
paradoxes de 1 Encyclopédie nouvelle»
En réalité au point de vue d*une sdiencc
impartiale, l'histoire religieuse de TEgvpte
présente la confusion la plus étrange. Il ne
faut donc pas s*étonner si les anciens et les
luodernes ont imaginé sur ce point Içs hy<-
]>othèses les plus contradictoires. Plusieurs
u*ont guère vu dan^ la religion égyptienne
que le culte des héros délGes; d'autres ont
cru reconnaître dans toutes ses supersti-
tions Tadoratiou des phénomènes de la na-
ture. Plularque y a retrouvé le dualisme
|)er$an (1538;. Les néoplatoniciens d^Ale-
xandrie n'y voyaient que leur propre sys-
tème. Diodore de Sicile concevait la théolo-
gie égyptienne sous une forme beaucoup
plus élémentaire. Suivant lui» Osiris et Isis
sont les dieux suiirèmes; Osiris» le soleil*
donne aux êtres 1 esprit (Jupiter source de
vie) et [e feu ( Vulcain) ; Isis (la lune) en-
gendre la Terre, mère des hommes, et l'Eau
(le dieu Océan, le Nil) ; tous les deux en-
semble produisent Tair (Minerve). Sui-
vant Horapollon, Kncph créa un œuf, d'où
^sortit un autre dieu nommé Phtha. D'après
Jamblique, à la tète des dieux égyptiens
on doit placer une intelligence suprême
(Kneph) (1537) ; puis vient Tinlelligence or-
donnatrice (Pktba), enfin Tâme du monde,
ou l'esprit vivificateur (Hermès) ^15i0].
Personne ne croit que cet Hermès soit
l'auteur de l'ouvrage apocryphe qui porte
bon nom. Quoiqu'il en soit, c'est dans cet
ouvrage, plein d'idées extravagantes, et
Çoiténeur au clirislianisme (1541). que M.
ierre Leroux puise tous ses renseigne-
ments 1
. Les modernes sont aussi profondément
divisés que les anciens. Suivant Jat)lons-
ki (1542), les Egyptiens adoraient des dieux
intelligibles et dos dieux sensibles. M.
Franck a soutenu h peu près la même opi-
nion dans le Dictionnaire des iciences philo-
êophiques. Pour Creuzer, le culte d*Osiris
représente la symbolisalion de l'année égyp-
tienne; Osiris lui-môme est le caractère
typique du prêtre égyptien, de la caste sa-
cerdotale (1543). Champolliondit, dans ses
Lettres (ld44), qu'il ne voyait au fond de
cette religion, qu'une série de Triades qui
se développent depuis Ammon, le dieu ca-
ché, jusqu'à Horus le dernier anneau de
(1558) Cfr Plutauquc, ùelsideet de Osiride.
(1559) Remarqaez que le Yertiede M. Pierre Le-
roux est ici U première personne 1
(15i0) Cfr Jaiibliqi)Is« De mysterUs jE^yptiorum*
(1541) Cfr Douillet, Dictionnaire universel ^ ar-
ticle Jamblique,
(1542) Cfr Jablo?(ski, Panlheéon jEgypthrum.
(1545) Cfr GiKUZBR, Les Religions deVanliquité^
l*Egypte.
(1544) Cfr Ciuiipollion, Lettres écrites dEgyfh-
te et de Subie,
(1545) Cfr Db Bcrsen , L'Egypte dans le rôle de
VkunuÊHité,
(1546) Cfr hthk^n f Démonstration éMugélique,
(1547) Cfr GuÉRiM dc Rocher , Histoire vériiabte
la chaîne divine et le plas rapproché de
rhumanité. Mais M. de Bunsen remarque
fort justement qu'il ne s'agit pas f une W
nité-une^ ni de trois personnages semlilt.
bies (154.5). £nfin Leiand (15U), Guérinda
Rocher ( 15W), Scbmith (ISisî, Brunel (IM
M. Ott (1550), le P. Pianciani (m M
Quinet (1552), H. Glavel (1553], onl sn«i
tenu tour à tour des o^Jinions plus oumoios
fondées et plus ou moins conlradicloires.
Nous pourrions donc répondre neltemett
à M. Pierre Leroux qu'il ne sait rien k
positif sur Thistoire religieuse de1'£;^te,
et Que, s'il lui plaît de bitir surcetemra
les nypothèses les plus fantastiques et In
plus vaines, nous ne sommes pas oblû
de le suivre dans i$es aberrations qail
donne aux ignorants pour de la sdenct.
Cependant, yoxxt démontrer plus complile-
ment la fragilité des méthodes qu*il emploie,
nous allons rétablir la notion de Kneph,
d'après des autorités que les ralicoalistes
n'ont pas l'habitude de contester conuoe
suspectes de préventions ultramonte.
Notre surprise a été grande, encoa$ii/(sir/
Creuzer, de trouver, dans sonouîraiei
une histoire du dieu Kneph, qû ï£ as-
semble guère à celle que M. PiemLerm
a tracée dans son livre Du dkn'KinwM,
Pour ce dernier, Kneph était le VerbedlTio,
la splendeur éternelle du Père , le crétleot
des mondes, l'image prophétique du Chrisl
Tiédempteur. Dans les religions de rsstifim,
Kneph est tout simplement un desbiD^
f)his protecteurs de l'Egypte. En pwffiièw
igné figure Athor, qui représente les téo^
bres irrévélées et immenses; puis ml
Bouto, principe double et formé dedeti
puissances ; enfin Kneph, Phlba, Phré, dont
il est difficile, dit Creuzer de détenDJoerlt
caractère (1551).
M. Guigniaut (1555) compare ii^^^
Rhavani, et les trois Kaméphis à liôi»«
Vichnou etSiva. Il élimine ainsi psî^^*
traction le second principe, dont iei^
devient alors complètement inexplicÂUt\>
aurait dû, ce semble, pour être plus consé-
quent, assimiler Athor, le prîncipeinco»
au Brahm indéfini de l'Inde, BouloàB)^^
vani et les Karoéphis aux dieui de ia Tri-
mourti.
Quoi qu'il en soit de toutes ces hypoiW-
ses , que nous ne prétendons ni juslitier,»
défendre , nous demandons è lout lecN
impartial si c'est cette théologie tënéhreiisi
des temps fabuleux.
(4548) Cfr Schmith, De la rédemotitm i*m
tmmain dans les DémonstraSions de II. Mtfne* J
(f549) Cfr Brunet, Parallèle des retigio».^
(4550J Cfr Ott, Manuel d'histoire ancitiat.ï^
gypie.
(1551)' Cfr PiANCiAm, la Cosmogonie di X^
/Aon, dans les Annales de piiilosopkk ckrétieKSi,ij^
(1552) Cfr E. Quinet, Génie des religi^>^
gypte.
(1555) Cfr; Clavel, Histoire des reli^M
(1554) Ces trois derniers sont les Kam^P^
(1555) Cfr Ckevzek, lieligioHs de rantiqtiùJ
de M. Guigniaut sur Iccb. 10 du m' liins
1(13
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1411
qoid réfété à sa«ni Jcin le sublime préam-
bule du qualrième Erangilef
U Tiinié (Se IXvngile TîeBirelle de b THnmrU bndi-
ipanique ?
La Miarre conception do la théologie
liindooe à laquelle on a donné le nom île
Trimourti , a éCé mise en i^rallèle avec la
Trinité catholiqae que Ton a voulu faire
Cisserpourun sim|ile perfectionnement-dc
grossière triade du Brahmanisme. Quoi-
que II. Clavel ne soit nas sur ce point aussi
dair el aussi net qn*il l'esl ordinairement ,
la logique générale de son système et les
CI pressions qu'il emploie» nous obligent à
(T0Îrcqu*il considère laTrimourli iles Hin-
dous comme la plus ancienne formule rété-
U'e (IS36) du dogme de la Trinité. Il parait
snp(ioser en etfet qu*avant d'entrer dans la
théologie officielle du Brahmanisme « qull
regarde comme la première révélation ré-
gulièrement organisée» ce dogme s'était
montré d*une manière plus confuse à la
raison humaine dans les lois de la nature
el de l'intelligence. Nous ne nous arrête-
rons pas à signaler tout ce'qu'il y a de véri-
tablement étrange dans cette théorie» qui
fait plus d*honneur à l'imagination de
M. Clavel qu'à sa pénétration théologique.
Il nous sufbra» pour atteindre le but de ce
travail, d'établir mie comparaison sérieuse,
basée sur les faits de Tnisloire, enire la
triade du système brahmanique et la Trinité
catholique.
Au milieu de la prodigieuse confusion de
la Ibéologie hindoue, il est difficile de se
faire une idée tant soit peu exacte du dogme
♦le la Trimourti. Il est vrai que M. Clavel,
soit pour faire disparaître les singulières
^^ntradictions de cette doctrine» soit, j'aîme
laiieux le supposer, pour n'avoir |>as étudié
/«^s sources ori^jinalcs présente la théodicée
d e la Trimourti sous l'aspect le plus fovo-
r-^^le à son hypothèse.
€ A la tète du Panthéon hindou» dit-il, se
tr'OiJvent trois dieux suprêmes (1557) :
êrsiiiua» qui préside h la création de l'uni-
vers; Vicbnou qui veille à sa conservation»
f t Si va, qui a |K>ur mission de le détruire.
Quoique distincts de leur personne y ils ne
fcircieot en réalité qu'une divinité unioue:
re Moni te$ Ir^i» a$peeU de VElrt éiemei, et
iiia4xessible aux sens qui les produisit»
(1556) M. Clavel admet en elTei une révélaiioii,
mais celle qui se fait par la cnn^enee el par les
mire voix de la nature. Il cite **u faveur de relie
éiraoge hypothèse un texte de TerluUieo qu*il n'a
[MIS compris. (Cfr Clavel, Bûioire des rtH^otu^
Benjamin Constant est, an fond, de cette opinion,
4 if admet la rcTébtion dans ce fens. Quant à la
rrinîlié« il la trouve partout, ei II explique cette
ittiversalité ca la considérant comme un rësulut
faittrei de U^ mélapbyûqH^ de* castes sacerdotales,
>l> ? aH»le! oh! triste! eomme dit Sbakspeare. —
Cfr BesBJamin CD5SVA?rr» De la religion^ t. x, c. 8
uiicr .)
i\5S7) Trob dieux suprêmes, le mot est pblsant
comme on Ta vu» par son union arec Mâyâ^
VHluêion (1536). Cette triade divine est la
Trimourti ou la triple forme de Parabrahniâ.
On la désigne communément par le mot
Oûm ri539) , dont les trois lettres en expri*
ment les trois membres» savoir : O vicfanoo»
D Siva et M Brahma (1560). »
En formulant cet exposé systématiguo »
M. Clavel a imité tous les auteurs qui ont
essayé de faire une histoire des mytbolo-
gies. Comme les systèmes païens présen-
tent une confusion dont il est impossibli;
de donner même une faible id^^e • on a «Hé
amené, |K)ur tracer un tableau intelligib'e à
peu près à ne faire entrer dans l'analyse des
niythologies que les éléments les moinn
disparates et les |>lus homogènes. Mais
cette méthode» inventée par les néoplato-
niciens» et introduite chez nous par les né-
cessités de renseignement» s est glissée
malheureusement dan$cequ*on est convenu
d*appeler la philosophie de rhistoire. Nous
anrons plus a une fois occasion de montrer
la solidité de ces réflexions dans la question
qui nous occupe » si étrangement dé6gurée
par la légèreté des uns et par l'ignorance
des autres; car nous écartons toujours de
notre esprit» tant que la chose n est pas
absolument im|iOssible» la supposition qu on
pourrait porter dans ces graves sujets cette
mauvaise foi calculée et réfléchie qui serait
le déshonneur de la science.
On nous donne la Trimourti comme une
expression incontestable de Tunité divine;
mais, au lieu de trouver en elle cette bar*
monie parfaite et profonde qui est le carac*
tère essentiel de rintelligence infinie (1561)»
nousviiyoris plus d'une fois régner entre
les personnes de cette monstrueuse triade»
pour des questions d*intrigue ou de vanité
puérile» une anarchie dégoûtante qui rap-
pelle naturellement ce vers de Virgile •
. • • • . Tautœne mnmis cœlesiîbms irm!
Dans le Scanda-Pou rana (1563)» les trois
dieux de la Trimourti se 'disputent la préé-
minence avec acharnement. Vichnou» d'une
humeur plus paisible et plus douce» finit
par accepter et subir d*assez l)onne grâce la
suprématie de Siva; mais Brabmâ» dont
l'orgueil et Tesprit indomptable remplissenl
toutes les légendes indiennes» pousse Siva
k de telles extrémités» que ce dernier» dont
les goûts sout belliqueux • se voit obligé»
et raren naïf.
(1558) M. Clafd, qai ae manque pas de fraochise»
n^oiiUie pas la mère de la Tnnîie, ni le slnfoli* r
mariage qui Ta produite. Si Ton ne voulait regar-
der Brabmâ que comme Brabm manifesté, oommebl
alors esp Iquer de l«flles noces?
(1559) M. Gnigniaut» grave anlorilé aux yeux de
M. Clavel» regarde Oûm comme le Verbe iucréê.
Quand donc ces messieurs voudronl-ils mieux s*en-
tendre?
(1560) CukVEL» Eistcire des religions^ I» 46.
(1561} Cfr Klee, Manuel de Ckistoire des dogwus
chrétietu^ traduction Mabire.
(I56i) C*est le Ponraua du dieu d^ guer/e.
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MCTUHQiAIRE APOLOGETIQUE.
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m
malgré leur prétendue fraternité» de lui
couper une de ses tëles et d'abolir son
cuite (1563).
H. Clavel lui-même ne dissimule pas le
moins du monde les incroyables discordes
de la trinilé indienne, et je ne pourrais
même citer aucun écrivain qui se soit oc-
cu|)(Vavec tant d'intérêt des querelles de
cette famille agitée.
« Lorsqu'il eut construit les mondes, dit-
îU Brahmd, enorgueilli de son œuvre, ou-
blia que le souverain £tre en avait partagé
le gouvernement entre ses deui frères et
lui, et prélendit accroître son domaine aux
dépens du leur. A l'insu de Siva et de Vich-
nou, il s'empara d'une partie de l'espace,
colle qui était destinée à recevoir les Nara-
kras ou les enfers. Vichnou et Siva ne tar-
dèrent iHis à s'apercevoir de ce larcin, et,
pour en punir l'auteur, ils réduisirent d'une
étendue éaaie la mesure qui lui avait été
assigiiûe. l!ot*cé de se soumettre, il ne se ré*
signa qu'en frémissant. Père des Védas en
môme temps que du monde, il se croyait de
beaucoup supérieur à ses frères pour l'in-
telligencc et la capacité. L'orgueil n'était
pas le seul sentiment mauvais dont il fût
animé; son cœur était brûlé d'un amour
incestueux; Saraswati, sa propre fille, était
l'objet de cette coupable passion. Il l'obsé-
dait de ses poursuites, dont elle avait hor-
reur, et auxquelles elle essayait vainement
de se dérober. A chaque effort qu'elle fai-
sait pour se soustraire aux regards de son
père, il poussait h Brahniâ une nouvelle
léte. Loi'ssque ces têies furent au nombre de
quatre, tournées chacune vers un des points
cardinaux, ne trouvant plus autour d'elle
aucun lieu qui lui servit de refuse, elle
tenta de s'envoler vers les cieux. Mais dans
cet asile encore les regards de BrabmA la
suivirent; car une cinquième tète lui était
venue. Indigné d'un tel excès de lubri-
cité (15M), Siva dépêcha près de BrahmA
Veirava, son iils, qui lui trancha cette cin-
quième tète. Là ne s'arrêta pas le courroux
de Siva. La demeure du coupable, le Brabmâ-
Loka fut précipité de la hauteur des cieux
jusqu'au iond de l'abtme (1365). »
Un fait qui n'est pas indigne de lattention
de ceux qui veulent juger la portée pratique
de la théologie hindoue, c'est que les que-
relles de cette édifiante famille descendirent
(1563) Cfr Pàterioji, Recherches aiiatiqueê^ vni«
^ é»
(1564) Il est difficile de concevoir ce scmpole de
Va part U*uti d:eu qui se persoiinlffaic dans le révol-
tant symbole du Lingam. — Cfr. Guérin, Ailrono-
mif indienne, c. 17.
(1565) Clavel, HUioire det religions, livre i,
cb. 5.
(1566) Si M. Edgar Qainet avait mieux compris
ce fait, qui est ordinaire dans la mythologie biti-
doiîe, il h\'iurait pas accepté sur Indra ie^ opiniuiis
fantastiques qu*oii trouve dans son Génie des reti^
tjivns. La comparaison d'hiJra et de Jéliovah, con-
bidérés Tun et l'autre comme types du Dieu de la
révélation pripiitive, e.st une des cbo&es les plus
naïves que MDUs connaissions dans la science* Il
iaut rendre cette Justice à M. Ciavtl il ce retombe
sur la terre* jusque dans les rangs de brs
sectateurs. Les adoiirateurs de chacun de
ces dieux en firent l'objet exclusif de leuis
homuiages et de leurs adorations , et lui at-
tribuèrent toutes les prémgaiifGs de la Di-
vinité suprême (ISM). Cette concorrenct
entre les différents cultes finit par ranèao-
tisseroent de celui do Brabmi (isin] et pir
le^trioraphe teni|>oraire du siraisme sur !e
vichiiouïsme. Hais ce succès ne tut pas de
longue durée. Les Vairagis prirent UH-
fense des droits de Vichnou contre les S86>
nyasis, et plus d*une fois ces bordes bnaii-
ques ensanglantèrent la presqu'île \m\m
combats (1568).
S'il a régné dans tous les temps, non-jes-
lement entre les adorateurs de la Trimouni,
mais même entre les personnages qui k
composent, des discordes si frappauleseï
si extraordinaires, il ne faut pas s'éiooner
que la théologie brahmanique, pour eoi-
{lécher des excès trop scandaleux se soii
vue obligée d'assigner dans la création >ie$
habitations tout à fait distinctes à ces trDL<i
dieux turbulents, dont on voudrait eii nia
faire une seule et indivisible dlTiotlé.
; « Il n y a que trois dieux, ditleU^^VUa
en parlant de la Trimourti, dontbvltc«&
sont la terre, la région mitoycnae «i !«
ciel (1569). »
M. Clavel ne confirme-t-il pas aussi l'op-
nion dont nous parlons en assi^anili
BrahmA une habitation séparée de celle (k
ses frères (1570)?
M. Edgar Quinet« qui n*est pas généralr-
ment disposé à nous fournir des arpoeQt^,
loin de voir dans la Trimourti un sjtoMe
d'imt//, est disposé à la regarder m^
Texprossion de la haineuse sèparatioDôei
castes, qu'on aurait transportée das» i^
cieui par une habitude favorite de II tii<!<'*
logie brahmanique, afia d'en reodreif^
rée éternelle. . ,
« Dans la trinité des Brahmanes^ ^^^^
les trois personnes composaient uot ^
de |)olj théisme. Trois dieux ou plul&iifî|^^
religions d'origine diverse, efineinies b
unes des autres, éteraisaient l'id^^'^j^
ditférence essentielle des castes dans it-
tat (1571). »
Quand on ne se coaiteale pas '*^^^
les choses d'une manière vague et sepeft*
cielle» et qu'on pénètre posr ainsi dire ](&'
jamais dans de si mdes méprises, et ii neprrt'F'
un Dieu presque toujours seeomiaife posr ft^"^
sion la plus élevée d*an système religieiu.
(«567) Cfr Beniamin CmiTksr, De is ^
dans sa source, dans ses formée et dans it* ^'"^
peme^ts, iv, 116.
(156«) Cfr Paterson, dans les Reduràti o^
ques, VIII, 4i 45. ^
(1569) CoLEBRooRE, Mémoire sur tes Véétt,'
tes Recherclies asiatiques, viii, 3dl. . .
(157PJ Cfr Clavel, Histoire des fW»j»*'^
(15*n) Elgar Quinet, Génie des réligiou,^
Le docteur Creuier recoiinaiU aussi daat» A^
endroiu trois cultes divers dans riiiik : k "^
iiiaîsuie, le vicliaouisme et le sivaisme.
un
TM
WCTIONNAinE APOLOGETIQrE;.
Tîil
uts
qu*«Q fofl^ d^ docirines on est invoIonUii*
rement frapi>é de la prodigieuse légèreté
des adversaires du christianisme. Les es-
prits les plus prévenus doivent comprendre
futilement la majestueuse grandeur et la
niA^^oiifique pureté de la dogmatique catho-
lique. Quand on vient dire que la Trinité
dérire de la Trimourti des Hindous, on s'al-
lend oaturcilement à trouver entre ces deux
Jogmes une de ces profondes analogies mo-
rales qui frappent les- regards les plus dis-
traits. Mais il s*en faut bien qu*n en soit
liosi de cette théologie des Hindous, dont
jn nous vante sans cesse la sublimité avec
me complaisance incompréhensible. On a
ru plus d'une fois les hommes qui décla-
oent contre Fidolâtrie de la croix (1572) es-
arer, par d*ingénîeuses et révoltantes apo-
r>^ies, de faire saisir la] mystérieuse signîG-
alion du culte obscène au lingam. Mais,
uelqnes jugements qu*on doive porter sur
e^ smgalières théories, on fera diflljcile-
lent comiirendre aux esprits droits et sin-
^resque le fleove limpide du chiistianisme
it jamais pu sortir de la source empoison-
ée d*une théologie si misérable et si dégra-
de. Ne serait-il pas plus facile de supposer
ne les perles divines de la vérité peuvent
litre dans la fange, et que les ténèbres
.'a vent produire la lumière?
Mais nous n*aurions donné à nos lecteurs
l'une idée très-incomplèle de la théodicée
ts Hindous, si nous nous bornions h con-
ilter les livres des savants oui n'ont jamais
( THindoustan ni converse avec les théo-
^ens du brahmanisme. C*est dans les ré-
^ naïfs des plus anciens voyageurs qu'il
it chercher un tableau impartial et corn-
et des bizarres mystères que cache sous
i symboles variés la déplorable fécondité
brahmanisme. Or, si nous ouvrons les
ations des explorateurs les plus conscien-
ux de la presqu'île indienne, nous y
avérons sur la question qui nous occu{)e
plus sérieuses révélations. La théologie
bmanique nous apparaîtra alors sous son
57S) Cette odieuse expression est empruntée à
'éforme,
573) Comme dans le P. PaioUn de Saint-Banbé-
r, SyMtema bratmameum^ 04. — Bralim ea
ima sansacceat.
S 74) CaraBie dans la Trimmirti d^Alexaadra
,, dans sa Diueriatiom êur ie$ brmhmanes.
575) Comme dans la deuiième Trimourti da
olgenee, dans son Pagaui$me iadUn, — Ce pré-
K mannscrii, qui n*a jauiais écé imprimé eu en-
a été révélé au public par fragmeois pour la
iiére fois par If. Daniélo, dont les publications
Ues reulermeai uni dé rechercbes d*ttne si
le îniporunce.
.7G) CcMome dans la troisième Trimourti da P.
eiure. Ce Caru parait assez ressembler ^ Vas-
seuteineoi, dans le système où on le rcncuB-
i y a des extravagances pariiculières. Carta se
re sous la forme d*une igare bunuine qui a
têtes* dans mille bras et deux mille ïambes.
loo sort da nombril de ce monstre, Brabuii
ta nombril de Viebnoii, et Roodra du visage de
nib. Dans la précédenle, où le premier person-
l>orte le nom de Vastou, on trouve cinq dieux
U TrimovU : !• Yaston, t* Cbivea, 3* Brab- {
]>ICT102l3r4lEB APOLOaBTIQUB. II.
véritable jour, c^st-ànlire dans toute son
étrange confusion', dans sa prodigieuse li-
cence. Quelque bodne volonté que nous v
mettions, nons ne pourrons jamais établir
un ordre complet dans ce chaos inextrica-
ble; et si quelquefois on remarque qnelqno
désordre dans notre exposition , il j aurait
peut-être de Tinjustice à nous en rendre res-
ponsable. En enet, autant il est facile d'ex-
[>oser la logique et la marche des idées chré-
tiennes, autant il est diiïicile de donner une
idée, même très-imparfaite, des folles aber-
rations du paganisme.
La première classe de Trimourtis se com-
pose de quatre personnage», san^ qu'il ap-
paraisse aucune intervention du sexe fémi-
nin. Le principal de ces personnages s*a|>-
pelle tantôt Brahm (1573), taotôt Brih-
ma(1574), tantôt Vastou (1575), tantôt Car-
ta (1576), tantôt Para-Brahraé (1577).
Par compensation, dans d*antres systèmes,
le ponvoir paternel est remplacé par une
mère à laquelle on prête souvent les aven-
tures les plus extravagantes ou les pas-
sions les plus effrénées. Ainsi, on voit la
Trimourti naître tantôt de Paracbatti (1578),
tantôt d'une certaine Sacti, dévorée d'une
passion incestueuse pour ses enfants (1579),
tantôt de la déesse Gantiganadi (1580), tan-
tôt de Parasacti, fille de Para-Brahmâ, qui
métamorphosa ses deux premiers fils, obsti-
nés i repousser son amour incestueux, et
qui est à la fin dupée par Siva de la manière
la plus risible (1581); tantôt de la prostituée
Kondaki (1582), avec des circonstances si
révoltantes qu on nous laissera volontiers
renvoyer au récit dn naïf et savant mission*
naire qui remarque ^r que les Brahmes se
remettent devant les yeux et font entrer
dans leurs prières cette sale histoire, qu'il
n*est permis de déclarer que {K)ur rendre
ce paganisme aussi odieux qu'il le mé-
rite (1583). >
Dans d*autres traditions, Brahmâ, Vichnon
et Siva, plus favorisés, sont tout à la fois
pères et mères. Ainsi nous voyons le dieu
mi, 4* ^tchnou, 5* Rendra.
(1577) Comme dans une des trois Triaoortit dv
P. Pantin de Saini-Baribélemy, dans son Vofnfe
aux inde* orirMoles.
(1578) cre»t la versim du P. Boucher, dans les
LeitTtê édifiaHie»^ t. XL — > il f^agit ^liabkmeul
de Parasacii.
(1579) Comme dans la einifuième Trimourti du
P. Fiiigeace, Dans h sepiiéme et huitième Tri-
mourti, on voit aussi en téie une certaine Sacti;
nuiis il y a une telle compliraiion de généalofioj
et de mariages que iious ii*avons jamais pu démêler
des coniradicitons si grossières.
(I5a0) Cest le Gange, comme dans la nentième
Trimourti du P. Fulg* née. Cette lésende est des
plus curieuses : en ef et, les dieux 6*eiani condaits
de la manière la plus indécente vis-à-vis de lear
mère, eUe les réduisit à Peut d^enfanee, dont ils ne
furent délivrés qu*à la prière des auties dieux.
* (1581) Comme dans la diûéme Trimoviti do P.
Fuigence.
(i58l) Comme dans la douiième Trimourti da P*
Fnigence.
(1585) FcLGcscc, PaganUme îadf<n, p. 158 do
lanoscriide la bibliothèque Richdieo.
45
ni3
Tni
DICTtONNAlUE APOLOGETIQUE.
TRI
m
Paramcsouara créer avant eux la 'déesse
Bhavani, qui devient à son tour leur mè-
re (1584}. Ailleurs, dans des légendes plus
curieuses encore, naissent avec les trois
personnages de la Trimourti, leurs sœurs
qui deviennent leurs femmes ou celles de
leurs frères.
« On lit dans voire plus ancien code, di-
sait le père Josèphe de Carignan, qu'au
commencement Dieu créa une femme, et
que celle-ci mit au monde trois enfants,
Brahma, Vichuou, Mahadéva (Siva), qu'elle
chargea du soin de crêper, de conserver et
(le détruire; qu'ensuite, cette même femme,
qui était leur mère, se transforma en trois
iilles, et épousa chacun de ses enfants.
(1585) tf Dans un antre mythe, Parascati
fait sortir d*un œuf Brahma et Saraswati,
Vichnou et Lachkmi.
Nos adversaires, ne pouvant pas dissimu-
ler des faits aussi accablants pour leur
théorie, s'écrieront-ils avec le docteur Creu-
zer : « Quoi de plus naïf et de uliis profond
an même temps aue ces symboles, ces allé-
gories, ces emblèmes de toute espèce qui,
de bonne heure, personnifièrent et révélè-
rent aux yeux le principe de la nature et
les forces qui en émanent, les grandes opé-
rations accomplies par les puissances di-
vines (to86) 1 » ou bien encore, avec M. Gui-
gnUut, que c'est là « un panthéisme ratio-
nel et philosophique combiné avec le mo-
nothéisme le plus pur, le plus idéal, le plus
absolu qui se puisse concevoir (1587)? »
Ici révidence des faits l'emporte, et nos
maladroits apologistes des folies brahmani-
ques laissent échapper des aveux que nous
nous empressons de recTucillir de leur
bouche.
« Le symbole de Brahma, dit le docteur
Crcuzer,* c'est la terre, l'eau de Vichnou,ile
feu de Siva. Voila les trois grands dieux
des Hindoux; ils ont pour mère Bhava-
ni (1588). »
a Joyeuse d'être créée, dit M. Guigniaut,
Bhavani exprime sa joie i)ar des sauts et
des bonds, et rt^ndant quelle dansait ainsi
avee beaucoup de mouvenient, tout à couu
s'échappèrent de son sein trois œufs d'où
sortirent les trois dieux (1589). »
C'est là évidenmienl le monothéisme le
plus pur, le plus absolu, le plus idéal que
ion puisse concevoir!
(1584) Celte Iradilion est tirée du P. Paulin de
Sdiul'liarlhélcmy , Votfuge dans Icê Indes orien-
tales .
(I5S5) Ce passage est ciié dans le P. Paulin
fie Saint-Barttiélemy, Yoyage aux Indes orient
talés.
(loSUyCREUzEn, GuiGNuoT, Les religions de Can-
tîquité, L 1, c. â.
^1587) GtiGNiAUT, noie sur la page 151 de Creu-
zer, t. 1*^' de Creuzer. — Dans une note de la page
150 il ose cuniparer, sans le^pect pour les cLosesJes
plas saiates, Tobscène Lingam avec Parbre de vie !
M. Guigniaut e«t pourtant un modéré^ et son livra
est dédié à M. l^ousiu.
(1588) CnEUZER, Religions de rantiquité^ livre i,
cil. 2.
(1^89) GiiCMAt'T, noie sur la page la7 du t. 1*^
'!-(•
(hvanas hominum mentes etpedors teu!
M. Creuzer ne veut pas le céder enlovanié
h M. Guigniaut; il avoue que le symbole da
lingam et celui de la Trimourli se cunton-
dent ensemble. Il ne s'en élonne nulle.
ment, parce que d'après la Iradilion (m
Hindous, les trois dieux sonl nés ila
lingam, auquel, ainsi que M. Cuigniau!,
il donne l éiâihèln sacrilège d*arbr€ ù
vie (1590) I
Croira-t-ou maintenant voJonlicrN que
Jésus-Christ et les apôlres ont puisé Ir
dogme de la Trinité dans ces fables pj^
si(^res et révoltantes? Dira-t-on que le pot-
tife immaculé de la nouvelle alliance $k
fait Je plagiaire de cette misérable plifc
phie, écho vulgaire et confus despsioL
les plus viles et Jes plus dégradées?
. § IIL
Bralunâ, Vicbnoa, Si?a sont-Ils les trois peisoD&cjdinM
de la Trioilé catholique?
Brahma. — Prenons les unes après le^
autres, les trois personnes de la Trimoarti
brahmanique, et voyons s'il est possible dV-
tablir entre elles et la Trinité cbrélienLi
un rapport sérieui et raisonnable. Tu..
qu'on reste sur le terrain des €om\mimy
vagues et superficielles, il^est si facile d'era-
brouiller les questions, que les esprits lf<
plus sagaces et les plus pénétrants penlest
facilement de vue l'état de la question d
se laissent imposer avec la plus grani.
facililé les préventions les plus biiarrcs.
J'admets pour un moment que la Fr-
mourti hindoue puisse se réduire àt^.'
membres (1501), et qu'on puisse éliniisf
facilement de son seni les personnages «ji
jouent un si grand rôle clans sa fomalf»?
Brahma devra dans ce cas être con>ii«'
comme le Père, Vichnou comme I«Fi'^' •
Siva comme le Saint-Esprit.
Nous avons déjà, en parlant des imr^^
de la Trimourti , eilleuré néccssairruiîfi^
quelques traifs du portrait de Braii^'
mais il s'en faut de beaucoup que n*;
avons considéré sous toutes ses kio
physionomie de cet étrange personos^
Nous avons vu que, pour punir Brihiui
(15d2) de sou amour incestueux (1)''^
Siva l'avait précipité de sa céleste deoKïî •
mais la justice nous oblige à ajoulor(]a'
sentit alors Ténormité de son crime, eiiJ!"
de Creuzer. — On ironve la mène léjpfn'f '"^
Benjamin Constant, De la religion^ Ul,i'^.'^"
de curieuses variant! s.
(1590] Creuser, Guigniaut, Let religkmé. f'^*
liquité^ 1. I, c. 2.
(1591) Nous avons démontré dans le panr^
prccé lent que cette hypothèse était ioauBih^^
(1592) Siva, si Ton en croit le docteur Cifi?
trà au courant de ces affaires de familte, 6^^^
pardonner à Brahma, mais il ne Toutm fn^^*
rendre sa cinquième léle, dont il se fiiitf^
ment plus sinifulter que gracieux. Lrs <lv^ ^
rinde ont en effet une caqueiterie à kof ^^
(Creuzcr, ibid.t I. i, c. 4.)
(1593) D'après le docteur Creui^er et OfA«^
Constant, Tamour de BrahmA pour sa filW*'^'
pas aussi malheureux i\UQ le croie M. Cl^^r^ •^'
Ui\
Tpa
DICTIONNAIRE APOLOGETiQUE.
TRI
442i
résolut de faire une sérieuse et sincère péni-
teoce. Tout le monde arouera que Tinlen-
lion était bonne; mais ce qui ne paraîtra
pas tout à fait aussi édifiant, c'est la manière
donlBrahmâ s*y prit pour expier ses dérè-
glements. Il résolut de s'incanier, et rerê-
til la forme d'un corbeau appelé Kaka-
Bhousonda (1593^). Il proGta du gosier har-
monieux de cet oiseau pour chanter la
guerre en^^agée entre Bhavanî, l'épouse de
Siva, et les Assouras commandés par Ma-
l:e('iiâsoura (1595).
Cependant cette incarnation n'avait pas
ralmé les passions et les convoitises ardcn-
\os qui dévoraient le cœur de ce Dieu.
Quand il reparut dans le monde sous la
furme d'un paria nommé Valmiki, il re-
trouva dans son âme les inclinations, per-
verses qui l'avaient entraîné à tant de for-
faits sur le trône éternel des cicux. Il
construisit, au fond d'une ténébreuse forêt,
une sorte d'auberge des Adretif'jisLUS laquelle
il attirait et égorgeait les voyageurs pour
s'emparer de leurs richesses; heureuse-
ment qne deux t)onnes âmes eurent pitié
<!u créateur des mondes. Deux richis ou
saints pénétrèrent dans son coupe-gor^e et
le couveriirent à force d'exhortations.
L'incorrigible Brahmft reconnut encore une
fois rénormité de sa conduite, et comme le
diable qui, devenu vieux, se ût ermite, de
roiipe-jarrets il devint docteur. Il étudia
ies Védas, se rappela dos goûts poétiques
«II* sa vie de corbeau, devint un chantre ins-
piré, célébra dans ses vers les quatre ava-
tars de Yichoou et enBn composa le célèbre
f toëme du Ramajana (1596), un des chels-
r l'œuvre littéraires de Tlnde, dans lequel fl
r^.ronfa la septième iucarnation de Vich-
Dou (1597).
Dans une nouvene incarnation BrahmA
n'était pas encore corrigé des faiblesses de
sn vie antérieure. Il nauuit d*une famille
iiitoriié est très-grave en ce qui regarde ces anrc-
oies de ménage. Or, ils nous apprennent qne
IriMbmk^ ne saciiaiit comment leupier rufiive.s«
•pcMi&a sa fiUe Saraswati, el qu*il eut cent CIs. (Cfr
.ii^rzcn, ibid.; — et B. Co.xstast, De h religion^
U, f79.) — Comme tous ceé rx>nU:s ressemblent à
A f Iféologle de TEvangile !
(I59i) C*est lui que le docteur Crenzer appelle
Zagtossum^ après relier. M. Guigniaut lui donne
••oioie nous le nom de Kaka-Bhousonda, (Cfr
'.BEuzcB, GciG?(ucT» Le* religionê de lamtauité^
. I. c. 4.)
f 159.5) Cest le Mabasnsoura de Holwel). (Cfr
U»Lwcix, traduit dau)i Oit, Huioirc aitcieuue ae
Inde.)
1 1596) Qae M. Tabbé Gnérin appelle Ramayone.
Zir. GuÉRin, Aêtronomie indienne^ note sur le Ha-
tayone^ k la fin du volume^ — Sur les piiémci
.>t:|ue5 de rinde, Cfr Edgar QvmT , Cétde desn-
jion»; — Catitu, Hietoire umitertelle, iv; — Fré-
-riik i>K ScHLEGEL, Histoire de la litiérature^ et
i/ffi^ue e€ philosophie des Hindoms; — Da^uIlo,
tsioire et tableau de ruiiivers, lU ; — Gpic?iiadt,
't reiigions de rantiqnité, n* partie, t. 1 ; B. Co!fS-
^T. Kl, 201 cH9i.
itbBT) Sinr une autre inramalîon de Brabnik,
ns Vya<(a, rédacteur d«» Yédas, Cfr Paixi.x de
r^r'AARTnrxcvv, Yognge dans les Indes ^ 11,
pauvre sous le nom de Kalidasa, et se
laissa aller à tous les désordres d'une jeu-
nesse* déréglée; mais, cette fois enGn, après
avoir charmé la cour de Vicramadity a (1598),
par la magniliccnce et la douceur de ses
chants, il ut une pénitence sincère et défi-
nitive (1599).
c EnQn la peine est épuisée ; le pèlerinage
achevé, Brahmâ remonte au ciel, où il re-
prend sa place et représente rétcrnel(lGOO).»
ViCH^oo. — Si Ton interrogeait les Pères
sur la naUire de la seconde personne de la
Trinitéy ils répondraient avec Tertuilien et
saint Juslin : « Dieu de Dieu, lumière do
lumière. » Les savants vous diront liion
aussi que Vicîinou est chez les Hindous la
personnîlication la plus élevée de la doctrine,
de l'incarnation et de la rédemption du
monde.
« Viclinou, fils de TEternel, dit le doc-
teur Creuzer, et sa seconde révélation, lieu
visible du monde avec son invisible auteur»
porte dans ses incarnations le caractère
d'un m'édiateur divin qui se dévoue pour le
salut des créatures efrépare lucessamment
les atteintes dont une cause destructive
menace incessamment l'univers fi601).
Le savant et religieux Frédéric de
Schlégel, emporté par son admiration su-
perstitieuse pour les choses indiennes, par-
tage un peu Tcnthousiasme du docteur
Creuzer (1602).
« Comme roi, comme héros qui opère
des merveilles, Vichnou apparaît souvent
sur la terre; il pénètre tous les mondes,
mais toujours dans le but de dompter le
crime, d'exterminer les géants et les puis-
sances ennemies et de protéger ies hommes
vertueux et les esprits terrestres, de con-
cert avec leur divin conducteur le bienveil-
lant Indra. Cette haute idée de l'incarnation
démontre la profondeur d'esprit des Indiens
et le degré où leur science était parvenue ;
(1598) Sor rère de Tîeramadiiya, qui est le aie-
cle d*Âugnste de Tlnde, Cfr. Caxtd. His'oire wu-
rerselle, it ; — F. de Schlfxel, Euai sur la tangue
el la philosophie des Uindous , tradociion Ha-
znre.
(1599) On trouvera tons ces traits dans MM. Cla-
vel et Guigniaut, qui ne sont pas suspects. (Cfr
Clivel, Histoire des religions, 1. i« c. 3; — Gci-
GXiAirr, Les religions de Camiquiié^ I.) — Ils ont
eux-inémes suivi le savant ouvrage de Potier, My^
thologiê des Hindous, I, 171 et suir. — Benjamiii
Confiant n*est -pas moins eiplictte. (Cfr Benjamia
ConSTÂKV, He la religion, lit, 179-^10; iv, 3i.|
M. Cliarma présente aussi, mais plus en abrégé, tes
mêmes eirconsianc s. (Cfr. Cbirha, Essai sur la
philosophie orientale, publié par Joachim Menant,
117.121.)
(i6U0) CHAnni. Philosophie onenta!e, 123. — Ea-
re pour toujours? OU n est pas assuré. I! doit en
itïïti un jour être remplacé par le dieu incarné ffa-
nounan, ministre dn roi des singes Sougriva, singe
lui-même, et qui joue un grand rôte dnns le it«-
mayana. (Cfr Abraham Mayer, p. 174.) — M. G'^ii*
gniant a raison d'appeler celle tradition singulUre;
singulière; je le crois bien l
(itiOl) CaEezEE, Gtic^iACT, Les religions di tan-
tiguité, I. t. e. 3.
(1602) Benjamin Constant se moque avec raisoa
de cette admiration asseï mal piacce
t4i3
TRI
IMCTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
TÎW
tai
car ces transformations^ malgré leur diver-
sité, se ramènent k ce noble but, toujours
le môme» celai de prêter secours à ceuxJqui
veulent le bien et celui de traverser» d ex-
terminer même ceux oui pensent et qui
pratiquent le mal. 11 est Lien vrai que dans
aautrcs mythologies, surtout quand elles
sont devenues plus morales, on trouve des
modèles de héros qui s'approchent de Tidéo
d'une vertu divine, des héros qui, en sui-
vant la loi el leur haute vocation, ne com-
battent que le mal et se lient d*araitié avec
tout ce qui est bien. Mais jamais dans
aucun héros, jamais dans THercule des tra-
ditions poétiques vous ne verrez Tidée de
Tîncarnation d'un dieu si visiblemeat expri-
mée que dans Tlndien Uama, ce doux vain-
queur dont le bannissement volontaire, la
retraite dans la solitude et famour heureux
et malheureux pour Sita sont décrits par le
poëte avec un charme si vrai, une couleur
poétique si belle et si touchante. »
Sans vous arrêter à ces expositions sin-
gulièrement systëmalicjues et bienveillan-
tes (1603), interrogez les théologiens in-
diens, et tentez, si la chose est possible, de
vous faire une idée exacte de Tindividualité
de la seconde personne de la Trimourti. Un
écrivain célèbre dans l'Inde a essayé do
résoudre ce problème, et nous ne sommes
{)as fâché de mettre i:e texte étrange sous
es yeux du lecteur impartial, aQn de le
rendre juge de la valeur do nos romans
historiques.
« Je te dirai In nature des œuvres divinos
de Vichaou, dieu infini ; il a mille yeux»
mille bouches, mille pieds, mille bras,
mille mains, mille langues. Seigneur géné-
reux et resplendissant, ses mille tètes sont
armées de mille diadèmes. Il possède tou-
tes les perfections qui U rendent le premier
des êtres (160^.
« Il est Tabliition, l'offrande, Tholocauste
et le sacrificateur, les vases consacrés, les
))uriûcations, Tautel, les rites préparatoires,
Toblation, la cuiller, le jus Soma (1605), la
(1603) Benjamin Constant a ponssé bien plus loin
que le docteur Creuz(>r Tadoii ration pour les ava-
tars de Yichnou. U de* lare que non-beulemejit la
lliéorie hindoue fia rien de déraisounabtef mais il in-
sinue rlairemetit que ccue doctrine large et tulé-
r.inie lui conxîent beaucoup mieux que les idées
éirtites du christianisme sur rincarnation du Vf rbe.
(Cfr Benîamin Constant, De la religion, 111,207-
â08.) — Nous traduisons se^ réiiceucesen langage
ordinaire.
(1604) Dans ce iexte'^ \ichnou, au lieu de se mon-
trer comme la seconde personne de la Trimoûrii ,
se plaee au premier rang. La chose est trèd-fré-
quenle, et une cho:»e plus singulière encore, cV&t
quMI prend même quelquefois IfS attributs de Siva
le desirjucteur, comme Ta reniaraué très-judicieu-
sement Palerson. Cfr Paterson , Origine de la reli-
gion hindoue, dans les Recherchée asiatiques , VlU.
*— Un passage du Harivansa peut donner une idée
«les usurpations de Vicbnou. c Ni les grands ttra-
narcbis, ni Brahmà lui-môme ne voient Vichnou en-
seveli dins le sommeil et environné de ténèbres
Les anciens riches ont autrefois chanté dans les
Pouranas ces mystères qui leur avaient été révélés.
corbeille, le pilon, la victime, la prome-
nade autour du foyer sacré, le prêtre m-
truit de TYadjour (1606), le (ecleur du
Saina (1607), le brahmane, Taculytp, ie
temple, rassemblée.»
Siva. — Il nous reste k examiner la iroi-
sième personne de la Trinité himioue.qul
devrait naturellement correspondre ïïh-
prit-Saint des Evangiles. Mais si nos lecteu»
abordent le problème avec cette préûccQ)4>
tion, ils sontréservésà d^étrangesaéceplions.
En effet, il n*est peut-être pas de conceplion
dans laquelle se dessine plus neUemenl la
tendance effrénée de la théolo^e hindoue,
que dans Tidée qu'elle présente à ses sec-
tateurs du terrible destructeur des for-
mes.
Nous venons de dire, diaprés H. Clave),
Îue Siva est la troisième personne de ia
rimourti (1608). Hais si nous accepta
cette hypotnèse, c'est pour montrer à m
adversaires la courtoisie la plus irrépro-
cbable. Il s*en faut en effet beaucoup que lo
turbulent Siva reconnaisse d'une maiiièro
loyale la suprématie de ceux que M.Claiei
appelle set detur jumeaux (1609). Ne le vojoib-
nous pas, dans un de ces accès de ?iolei\ce
oui lui sont si habituels, faire coupe^Ialéie
de Brahmâ par son fils Veirava, parce que
Hrabmâse considérait comiue le plus grâid
des dieux? Veirava, non content de Irailer
aussi légèrement le Dieu suprême, seseml
, de son crâne comme d*une coupe poor ^^
cevoir le sang' des dévas et des péoiteQU
dont il voulait cbfttier l'orgueil. 1) ne faul
^donc pas s'étonner que Siva, avec une telle
indépendance de caractère vis-à-vis des au-
tres personnages de la Trimourti, reçoive
les épithètes dlswara, de Mahadéfe, le
grandf Dieu , le maître , le seigneur [tar
excellence (1610). N'cst-il pas le roi des cim^
le maître de la foudre» Tarbilre de Vuimers
et des cinq éléments, Tœil vigilant des (ro.)
régions (1611). Ce que veulent dire sa&s
doute ses trois grands yeux, son triiienui
les cina tètes qu'il porte quelquefois (1612):
Ils y racontent les œuvres de Vlcbnoo paraù ks
dieux : tous ces antiques récits s*accordetii à m»*
uatire sa divine prééminence. Les traditions, qs6^
soient tirées àes Védas on transmises par \e$ hn-
mes, célèbrent la puissance de cet être soprëffit »
(Le HarivansOf traduction Langloîs.)
(1605) Nous avons expliqué pins baut U %kpi^
cation du culte du Soma. — Cfr aussi A^ve, Or*
servalions sur les chants du Sama-Véda^ daK là
Annales de philosophie chrétienne. Ut" série, vu-
(IG06) Cest rVadjour-Téda.
(l607)r;estlaSama-Yéda.
(1608) Cfr Clavel, Histoire des reUgi(M,y
59.
(1609) Cfr Clavel, Ibid.. 60.
(1610) Cfr Clavel, Histoire ées reUgions:-
Creuzer, Les régions de l'aniiquité, I. i, cl
(t61t) Creuzttr avoue tous ces faits, (Cfr. Csi*
— et voyea quelle Trinité!)
(IGI2) L«s cinq létes bout un aiu^îbut deB.â2^' '
un
TRI
mCTIONNAlRE APOLOGETIQUC
TRI
un
Malgré ces glorieux priTiléucs p^u* les-
quels Siva s'élève souvent dans les légendes
iiiodoues au-dessus de tous les dieux du
PaolhéoQ brahmanique, il éprouve comme
ses frères les vicissitudes de la fortune,
et bien plus qu'eux toutes les honteuses
faiblesses des passions. Nous n*en unirions
pas si nous voulions raconter toutes les lé-
gendes scandaleuses dans lesquefles la troir
sième personne de la Trimourti joue souvent
le rAle du (Jus misérable des Scapins. M.
CJavel, nui pourtant à le goût des anecdo-
tes, a été découragé lui-même par la multi-
tude des aventures (1613) du formidable
Mahadéva (1614J. Un jour que ce terrible
Dit'U se trouvait d'assez bonne humeur, il
accorda par pnre distraction, je veux bien
ie croire, alin de ne pas insulter sa divine
perspicacité il accorda à un géant le mer-
veilieux pouvoir de réduire en cendre tous
ceux sur la tète desquels il daignerait poser
SCS larges mains. Malheureusement le facé-
tieux géant voulut faire à Tinstant sur Siva
lui-même Tépreuve de son étrange pouvoir.
Cen était lait de la troisième personne de
la Trimourti, et ce dieu, comme les om-
bres de Virgile, allait disparaître en fu-
Ltée :
CommUim$ immg.
Ceu fnnan ta aum
Vichnou comprit le péril de son frère et
vola à son secours, pendant que Siva, ne
sachant comment se défaire du malencon-
treux çéant, s'était^ en vertu de son extrême
t'Iasticité, caché dans une coquille d'où il
oliservait les événements. La situation de
>'ichnou n'était guère plus commode que
relie de son frère. Le géant, incapable de
rien respecter, était décidé à réduire en
r)oussière toutes les divinités du monde. Ne
< omptant plus sur sa force, le dieu prit la
fonne d'une belle femme; il s'aperçut bien-
tôt mie le géant, comme les Tartares d'un
vaudeville, « n'était barbare qu'envers ses
r-nnemis. » Mais la séduisante étranî;ère
avant d'agréer les hommages du géant, l'en-
L-age à réfiarer le désordre de s^ toilette, et
surtout sa chevelure qu'il n'entretenait j)as
lans un étal d'irréprochable propreté. Le
la'if Polypbème |X)rta aussitôt les mains sur
>a tête, et à l'instant il tomba réduit en
cndres, pendant que du fond de sa coquille
>\\SL se frottait les mains de voir son imbé-
'ile adversaire si bien attrapé.
Malheureusement, rexpéri«>nce ne profite
ruère aux dieux de l'Inde, et Siva fut dupe
ai-mème de cette excessive sensibilité que
es meilleurs amis lui ont si souvent repro-
! créateur. — Paienoa bit très-bien remartiaer
ue oei attribut de crëaiear est souvent nsiirpé par
iva. (Cfr Patb» os. Origines de la relimam Ai»-
Mir • dans les fkchercheê mnatiques^ VIU ; Cfr
iassi Charma, PMiowphie orietoaU^ Siva.)
i%StS) Rous ne suivriMis pas, dii-U, Sim dans
mM^M les péripéties de soa existence terrestre : li
atMf« ebt trop ationdante et nons coftduîra t
op M». (Clavel, Bhîùire de* reUgions, I, Cif .)
( €014) lu des noms de Siva, il en a 1008. — Il
chée. 11 devint amoureux fou du fiintAiDa
qui avait séduit le géant, et il en eut uu
fils (1615) qui reçut lcnomd*Arigarapootra.
Quand on réfléchit que c*est avec ces dé-
Soûtantes rêveries que les brahmanes en-
orment depuis tant de siècles Tintelligence
des millions dliommes asservis à leur em-
pire, on ne s'explique pas facilement Tin-
dulgence qu'ils ont trouvée auprès des
rationalistes contemporains, si ardents à
déclamer contre ce sacerdoce catholique qui
a donné à la société moderne la liberté,
ré^aiité et la fraternité.
^ Habiles instituteurs de la jeunesse, dit
Hcrder, les brahmanes ont rendu par leur
enseignement un service inappréciable au
genre humain... L*idée qu*ils ont de la di-
vinité e$t si grande et si kaute^ leur morale
si pure et si sublime y leurs Cables mêmes
quand on les soumet à un examen sérieux,
sont si délicates et si çrâcieuses^ qu'il nous
est impossible d'attribuer aux auteurs de
ces conceptions, même les plus romanes-
ques et les plus désordonnées, tant d'ab-
surdités qui se sont multipliées à mesure
qu'elles ont passé par la bouche du peu-
ple. »
Mais à qui donc attribuer cette ardente
frénésie du culte de Siva qui a souillé l'Inde
tout entière de tant de honteux monuments
et de tant de grossiers simulacres de dé*
bauche et d'inlamie? Les religions de l'Asie
occidentale (1616), les saturnales de la Phé*
nicie et de Carthage (1617), les orgies du
|dganisme gréco-romain (1618), ont-elles
jamais présenté à la raison et a la pudeur
des obscénités plus révoltantes que celles
du culte de Siva aue les brahmanes ont de-
puis tant de siècles couvertes d'un patro-
nage éclatant et d'une protection toute-
puissante? Le formidable Roudra, dont on
voudrait faire le Saint-Esprit d'une trinîté
monstrueuse, n'éiale-t-il pas dans son culte
sur les autels du brahmanisme, à côté des
symboles obscènes, tous les attributs d'une
barbarie sauvage ?
c Sous son côté noir et menaçant, • dit le
docteur Creuzer lui-même ce panégyriste
bienveillantde la théologie bindoue,«Uottdra
se plaît dans les demeures des morts, >*a-
breuve de larmes et de sang, exerce les plus
atroces vengeances, punit, récompense en
matlre absolu, et domine sur les démous et
sur les Ames; son aspect est affreux, le feu
sort de sa bouche armée de dents aiguës et
tranchantes , des crânes humains couron*^
nent sa chevelure hérissée de flammes et
couverte de cendres, et forment son double
collier ; des serpents cruels lui servent de
iant les lire dans roapnek1iatd*Amiaf Ui. — t.aper-
rofi le XIX* Oapiiek*liat snr les cent noms de Siva.
<16I5) CCr Clavel, Histoire de» retigious^ U I,
e. 5.
(1616) Cfr Edgar Qouvet, Càtie des reiigioKS^
ReligiùHt de PAtie occidentale.
(1617) Cfr MicBELCV, Histoire romaine.
(1618) Cfr Got'GENOT des Mosseaix, Le monde
avant le Christ,
1427
TRI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
TIU
m
«KïinUire et tic hracclets, les armes les plus
tcrrvbles »onl dans ses mains nombreuses
(I619J. «
Un homme qui avait étudié avec une rare
pénétration tous les mystères de la théolo-
gie brahmanique, fait sentir avec une grande
énerf^ie toutes les conséquences du culte
abominable de Siva. Il renverse par là tous
les odieux parallèles que certains savants»
distingués aailleurs par l'étendue de leurs
connaissances, h*ont pas rougi d'établir
entre la doctrine des brahmanes et celle de
rEyangile.
« Ui;e joie obscène, dit Paterson, devint
le (rait principal de la superstition popu-
laire, et celte superstition finit même, dans
ces derniers temps, par s'étendre et se join-
dre aux sombres rites des sacrifices san-
glants... Ce fut alors que s'éleva une «ombre
superstition qui étendit raf)idemerit sa si-
nistre influenre sur Tliumanilé tout entière,
dégrada la divinité en la transformant en
tyran incapable, remplit ses adeptes de ter-
reurs imaginaires et prescrivit d'effroyables
cérémonie! (IG20). »
§iv.
1-4 Triiiili^ clirclieiiiic \iciil-cUc ilo ÏM;i!oii?
n Les uns se sont efforcés, » dit y.i, J. Si-
mon, *t de iransformor ia foi clirêlicnne eu
uncsortede plagiat,dc la doctrine des Alexan-
dtins; llièse dése<^pér(;e (|u'<»n ne |>ent sou-
tenir de bonne foi, pour peu qu'on ail l'es-
prit juste et une légère teinture de l'bis-
loire. »
Les paroles que nous venons de citer
tombent de Sont leur poids sur la tôle du di-
roiieur de V Encyclopédie nouvelle. M. Pierre
Leroui suppose, en effet, que le christia-
nisme s'est lirméb Alciandrie, sous la dou-
ble influence du paganisme égyptien et de
la philosophie platonicienne. Cette étrange
hypothèse a été répétée tant de fois, qu'elle
a'acquis wïïq certaine importance dans ce
Mu'on appelle aujourd'hui le monde savant.
On l'a reproduite dans un si erand nombre
do livres, do revues et de brocnuies, qu'elle
paraît mériter une discussion véritablement
ff|tprofondie. Nous ne sommes pas copen*
dant end»arrassés de la multitude et de l'au-
dace de nos adversaires. L'oninion que nous
allons combaltre repose en dernière analyse
sur des raisons si faibles, sur des inter-
(1610) rnnztn, Ucllgious de VanliqnUé^ traduc-
tion Cuîgniani, I. i, c.S. — M. Clavel Ini-incme ne
peint pas rc prétendu Saiiit-l!spnt sous des traits
plus gracieux. (Cl'r Clavel, Histoire ^es retigtons^
t. I. r. 5 )
(1620) Paterson, Origine de in religion hindoue,
dans les Recherches asiaiiaucs^ VHI. — La traduc-
tion de ce passage est de M. Daniélo.
(16il) c 11 n*y a aucune raison historique ^ dit
m Vaclicrnt, de croire que saint Jean ait connu
Platon on niémrs les livres postérieurs de la philo-
«^ophie platonicienne. Il est d^illleurs loui à fait
jnniile 'de le supposer; car >a doctrine du Vcrl>e
proprement dit, qu'il ne faut pas confondre avec le
A«>o; 6cco; de r/a<o/i, est.éirangèrei laphilosQjdiic
^rc<:<|nc. » — (Vaciiehot, Histoire critique de Vkcole
d\\Uxandnef 1, 200.) — M. Yaclicrul a reproduit ici
prëlalions si hasardées, sur une i norania
des faits si absolue, qu'il n'y a qu'unechosc
qiii doive surprendre ; c'est sa populariié
et son succès. Au reste, cet étonnerocnt ces-
sera bientôt si l'on veut j songer; comme
nous l'avons fait remarquer plus d'une fois,
le parti rationaliste, qui se ])rétend si in')^
pendant dans ses convictions et dans sâ
manière d*agir, accepte sans examen les ut<>-
])ies les plus vaines et les plus creuses, dè^
qu'elles s'accordent avec ses préventions s^
crêtes.
Il semble qu*avant de s'enquérir si la Tr-
nité chrétienne était prise dans Plalon(iGil\
il eût été assez simple de rechercher d'ah^r:
si T'illustre fondateur de TAcadémic m\\
jamais professé celte doctrine. Un célèbre
apologiste du dernier siècle avait donné, e*;
faveur de la négative, les raisons lesnlu^
fortes (1G22); mais la légèreté ralioninst'
n avait pas môme pesé quelques inslani^
les preuves fournies par ce théologien d;-
tingué. Aujourd'hui que l'histoire de a
philosophie a fait d'incontestables progrt-,
la solution du problème ^devient cerlaiD'^
ment plus facile au*ollc ne l'était au ivnr
siècle. Or, on se oemande naturcllemenis
quelque fait nouveau est venu conlredirp,
sur quelque point fondamental , Topinion
de l'auteur du Dictionnaire de Théologu.
Ecoutons le nlus savant interprète deîb-
ton que possède la science conteroporaioe
ft 11 m'a été impossible» dit le traducteur <iu
Timée] de découvrir aucune trace du dn^,^:
de la Trinité, soit dans le Time'e, soitiiau*
aucun autre ouvrage de Platon 11023).»
On objectera peut-ôlre qu'un Irès-grani
nombre d'auteurs, païens ou chrétiens (16^ ♦
ont cru voir la Trinité dans une inflnilejj
passages des œuvres duphilosophegref.il
est vrai ; mais ce qui prouve, de la manier
la plus évidente, le caractère tout à lii'
arbitraire de ces commentaires, c'est <"yU
ces irinilés, toutes platoniciennes qu'e! '^
se prétendent, diffèrent complètement eni'
elles, soit i)Our le fond, soit pour la forni'
Que I on consulte en efïel Alcinoûs, Nutu-
nias, Plotin et Proclus {1625J, on n'en vrt:'
[/as deux qui s'accordent sur la manitrr î.^
concevoir la Trinité divine, si môme oi
le droit d'appeler Trinité un biïarrc aw'J
blage de folle métaphysique et d abstradi ?:»
insaisissables (1626). Cette singulière uv-
Ics opinions émises par M. Guùoi d.ins ses note? "s^
Gibbon.
(1622) Cfr BEnciEn, Dictionnaire de Théti^^
art. Trinité.
(1025) Cfr II. Martin, Etudes sur U Ttatet. A
5i* 63
[lOai) Cfr Proclus, Sur le Timie;-- 1^^-'
Rnnéades , lU ; — Euscbb Préparation étwgHir'
XI ; — MouRGi ES, Plan ihéologique du Pnthag^ri^
— J. DE Maistre. Eclaircistemenis sur les tacnfi^
(1625) Cfr H. Martin, U, 51-54. _
(1626) Cfr Cav VIGNY (Dupcrron). Trimié^ ^
tin, dttiis les Annales, Z* série, XHI;— J- ^^
llistoirede P Ecole d Alexandrie, II, t»7.75.r^^
T. iiiilc d'Aniélius; — pour relie rte PoripIrT^*. 'J^-
110 123; — pour celle de Jduibli<|n^. M, »- ^
200 ; enfin pour celle do Proclus, 4^-455; - ^
He9
TPJ
DICTlOXNAinE APOLOCHTIQI i:.
Ti;i
i;::o
diode d^intorprétcr Platon, Ta- (-on quelifue-
fôis ^«ncenlrée ciiez les arndémiciens fies
anciennes éeoies? en trouve-t-on la moindre^
trace chez \es païens, avant Tapparilion du
rhrisfiaiiisfDe?Non. Par qui donc a-t-elle(^t6
imaginée et propagée? C csl en partie par des
juifs et par des cbr<^'tîens qui cherchaient à
montrer, dans les livres du philosophe, des
emprunts faits aui traJitions hébraïques;
en partie par des platoniciens, qui voulaient
revendiquer, au profil de leur école, les
dogmes du judaïsme et du christianisme.
« La première trace, » dit M.Martin, « que je
roonaisse de cette fusion de la théolo;;ic de
ces deux religions se troure dans Philon le
Juif, antérieur d'un siècle à Aicinoûs. Phi-
lon confond le monde idéal de Platon avei^la
raison divine, 0«w.- Aôyo;, dont Platon parle
souvent. Il considère celle raison divine, ce
Verbff Aéyoff, comme Fils de Dieu et comme
une personne distincte du Père ; il affecte,
en parlant, d'emprunter lour à tour les ex-
pressions de Bfôtso et celles de Plalon, aux-
fiuelles il prèle ainsi un sens qu'elles n'ont
las (1627). •
Philon n'avait vu dans Plalon que la doc-
irine du Vérins. Au n* siècîc de l'ère chré-
tienne, an philosophe païen, «n des fonda-
teurs du syncrétisme, crut qu'il y avait dans
Plalon une trinité complèle, llntellecl su-
I rèoie, l'intellect de Tâme du monde, enfin
l'âme du monde elle-même. L'exemple de
Philonetd*Alcinoûs trouva de nombreux imt-
ialeurs. Les éclectiquesde l'école d'Alexan-
lirie imaginèrent aussi des Irinilés discor-
Jantes ipii ont tontes cela de commun, qu'au-
Mine d'elles n'est la Trinité chrétienne. Le
P. PélaaTa victorieusement démonlré(l028}.
M. Henri Martin signale, avec beaucoup
le justesse et de solidité, la caî;se de ees
iv|K>lbèses singulières, a A Tapnui de leurs
ntcrprétalions contradictoires de la tliéolo-
:ie de TIalon, ils allèguent une foule de
ïhra^es détachées de ses œuvres. Il serait
♦>rl long de discuter une à une toutes ces
•reuves prétendues ; mais voici des remar-
|oes qui tn'en dispensent : 1* chaque attri-
»nt, ou chaque opération du Dieu suprême
|oe Plalon signale, et chacune des distînc-
ions que les Alexandrins établissent dans
baeun de cçs attributs, ou dans chacune de
es opérations leur donne un Dieu, ou bien
me hyposlase, ou tout au moins une subdi-
ision d'bypostase. Ainsi, quand Plalon dit
|ue l'intelligence divine, ô Btioç Novc, ou bien
1 pensée de Dieu, i ^ixvocz Gc»o, ou bien la
*u:>K»{i divine, ô Oifsc /.«yo;, ou bien le calcui
t fiEaoT, nUloire erittOHe de C Ecole d^AUxandrie,
; Poiin, Théologie, II; Procliis. Thvotogie.
»l6i7) CfrPniLo», De it forntntioii du monde,
>; -^AiiéaorU de la loi. II, 79; —De VagrieuU
r^ ll;-..Yw?, 247;— Diffwwc.ili (Paris, IWO,
i-r*»tîo).
MG28) Cfr Pétad, De Trinitate, lib. i, r. 1 et 2.
(IGiO) Cfr PLAT02I, Timée^^9, et une fouie de
A^^n^es des autres dialogues.
(fC30) Cfr H. Maetui, Kitides snr U Timée, l
r::umcnt, $ 2 cl 4.
0051). ar Platon Tintée, irad. Ilariiu, 100.
de [Dieu, du céloslc ^éomèlre, l l'jyuriiQç
Of'.'ii (1629), a ordonné le monde, voilà pour
eux une ou plusieurs hypostases distinctes
de Dieu cause première. Quand Platon dit
que Dieu est Fauteur et le père du monde,
rocQTxc x0ti TTKripro'j zocuov, voilà encore deux
hypostases. 2* Une autre source de confu-
sion , c'est le mélange de la théorie des
idées avec la théologie. Les néoplatoniciens
renJent que tout ce qui est au-dessus du
monde sensible, comme les idées, c-omnie
le modèle du monde, soit compris dans la
hiérarchie des hypostases divines. Suivant
Platon, au contraire, les espèces intel!îj4Î-
Mes ne sont pas plus en Dieu que la matière
|>remière, tpii est éternelle comme elles et
comme Dieu même (1630). n
Abordant de plus près nos adversaires,
M. Martin examine les principaux textes
qu'ils nous opposent : 'iiç Eé yt/r.Bh aO-ô x«t
e«t (1631). Telles sont les paroles de Platon
que M. Martin traduit ainsi ; « Quand le
mouvement et la vie de celle image produite
ôes dicuT étemels (1632) parut aux yeux du
père qui Pavait enp^endrée, il admira son
œuvre, et, plein de joie» il conçut le dessein
de la rendre plus semblable encore à son
modèle (1633). m
Ce passa^^e est un de ceux où Ton a cru
voir quelque chose d'analogue au dogma
chrétien de la Trinité. En effet, il y a là, dit-
on, trois hypostases, savoir. Dieu le Père,
rintelligonce divine, qui contient les Idées
el le monde (ils de Dieu, et Dieu lui-même.
Mais, 1* il est évident qn*ici Platon donne à
l'Etre suprême le nom de Père du monde,
comme nous lui donnons celui de Père iics
hommes, parce que le monde et les hom-
mes sont son ouvrage; 2" les Idées ^ ces
espèces intelligibles que Platon ap{>elle des
dieux éternels, ne résident point, suivant lui,
dans le Dieu suprême (163i^); 3* il considère
le monde comme un dieu subalterne pro-
duit, non éternel (1633) ; hr il n'admet pas
que Dieu, père du monde, les Idées et le
monde soient un seul Dieu.
On lit encore, dans le Timée, une phrase
qu'on a voulu Iraduire ainsi : *» Le Verbe, ou
la pensée divine, voulant créer le temps, etc.:
7tv6<rcy, cvk ymi% ypi-â-iç, x. r. >. (1636). Mais
voici la traductiôn'complèle de cette phrase»
où il n'est nullement question du verbe :
« C'est donc d'après ce raisonnement et celte
(163i) Ces dieux ctpmels dmit le inonde esl
riinage sont évidemment les idées. Voir t^ude «ar
le Timée, arcument, § 3.
(li>35). Cfr Pi.ATO?i, Timée, 101, lia». Maniii.
(1654) la preine d<; ce tait ne peul être déve-
lop|)ée ici à cause de son éiendmï ; nous somntet
olilîgé de renvoyer aux S 2 et 5 île rargumenl iCia
Tiinée, 1. Voyez encore la note 29'. i. Il, SO, sur-
m m le i* renvoi «le cette page;.
{ l(*35) La preuveMe celle assorlion se troare dasi»
II. Marti!!, Il, note 64, sur rurii^inedu monde.
(1630} Cfr Platon, Thnce, 58.
1431
TIH
j^cnsée de Dieu et la proauclion du lemps^
auquel il voulait donner naissance, que le
Soleil, la lune et les cinq autres astres nom-
més errants, sont nés pour fixer et mainte-
nir Jes nombres qui le mesurent (1637). »
Nous lisons «u commencement du vir
livre de la République un passage que le
célèbre auteur do la Préparation évcmoéli-
me (1638) interprète ainsi : <r — N^est-ce pas
le soleil qui est le principe de la lumière, et
û est-il pas aperçu à la faveur de cette lu-
mière qu'il répand? — Oui, sans doute, ré-
pondit-il. Eh bien, repris-je, qu'il me soit
donc permis d'appeler ¥il$ de iêlre bon.
D!CTlO!«i\AlRE APOI-OGETIQCE.
TRI
tnî
blés. j>
Ce texte fameux parait susceptible de
deux interprétations légèrement diflërentes.
fei 1 on suppose que Platon y considère Dieu
comme un ôlFe souverainement puissant,
intelligent et bon, parfaitement conforme à
I idée absolue du bien, maisdislinct de cette
Idée, alors, quand Platon nous représente
lidée du bien comme a^anl engendré, rr-
xoOffOf-, dans le .monde visible la lumière, et
fe'ui qui la dispense, c'est-à-dire le so-
leil {1639), et fournissant, ffapex*f*w, dans
le monde invisilile la vérité et rinlelligence,
II faudrait comprendre que l'idée du bien est
la cause exemplaire de la lumière et du se-
ieif, comme aussi de la lumière de l'âme et
de rinteitigenee, source de cette lumière.
Mais SI, avec plus de vraisemblance peut-
être, on admet que, dans ce passage, Platon
considère l'idée du bien comme n'étant au^
tre chose que Dieu même (1640), alors, cette
espèce intelligible est un être souveraine-
ment puissant, intelligent et bon, cause
emciente de ce qu'il y a de bon dans tous
les objets : cette idée, c'est-à-dire Dieu, a
produit le soleil et la lumière, en les tirant
du chaos, comme il est raconté dans le Timée-
ce mémo Dieu fournit lintelligence, yoo,-!
cette émanation de lui-même, que, d'après
je Timée (IdW), i) a mise lians l'àme de
1 univers pour organiser le monde; il fournit
la vérité, cette lumière que Tinteiligence
répand dans l'âme, de même que le soleil
réçand la lumière physique (1642). 11 n'y a
point là de Trinité; s^il y en avait uno> la
troisième hypostase serait lesoleiL
/îî^lî SI'' ^ y^^^Ti^, n. note 29.
(1038) Cff . Dimouilraihn» étangétique% ife Miffiie.
EosÈBE. — Nous rcgretlons que M, llarltn n'ait ims
irjdoil ce texte, — La traduction de M. Cousin
diffère beaucoup de rinterpréiallon d'Eusèbe. —
Crr Cousin, Œuvres complètes de Platon, X.
'.'i!?**'LC*^^''"*» Commentaire sur la République^
p. 430 433. rit
(1640) Cetie interprétation a été adoptée par Pl«-
Urque, Apulée, et presque tous les néoplaionî-
acns ; — TiEDEHAii , Arg. Plat. diaL, p. 210;-^
^oiiGENSTERif, Comm. de Platon. Rep,, p. iU : —
RicnTER. De ideis Plat., p. 78 et suiv.; — Tenne-
«AXM, Hut. de la Phil., t. Il, p. 282 el suiv.; —
btULEiERMAcm R, Inlxod, ad phil., pail. ij, vol. 111,
Le second passage a disculer se \mn
dans la seconde lettre, dont je m\ bi^
supposer rauthenticité.(16M). Uuleurlui
î"r°?.® îî^'^'^e qu'ici ses parol«s ne m
intelligibles que pour ceux qui sont mh
à tous les mystères de sa doctrine, b
VOICI (1644) : Ut^i tÔv irâ>rori p^^àknw' i„i,
xflie cxfbou ht^ci rrôvra, rai hêln «Triw ixt^
r^yneà&y' 3«ûr-/B:v h nspi t« itvztfoi, ni t^
mpt Ta ToÎTK. Evidemment, dans la dernièrt
petite phrase, le mot «rno» est le seulijnoii
puisse sous-entendre avec les adjectifel».
tfûo» et TpîTov. Cela posé, voici la IradnclioB;
« Toutes choses sont autour du roi it\mi\
ehoses, et tout est à cause de lui ; et il est
cause de tout ce qui est 1)0d. Mais celte
enlise n*eiiste qu'au second degré dans lei
choses qui tiennent le second rang.etio
troisième, dans celles <iui tiennent le troi-
sième. » Âfainfenant voici, je pense» Mit-
j>rétation que doivent recevoir ces lime
mystérieuses. La seule divinité suprtp
reconnue par Platon, c'est-à-dire la souve-
raine intelliçcnce (1645), est au oenlre dî
tout, est le principe et la Gn de toutes choses;
die est la cause efficiente du hien; elle
pénètre partout pour le produire ; mau,
semblable à la lumière et à l'action liffi-
veillante du soleil, elle ne pénètre pas psr-
tour également. La perfection suprême Jr
rintelligence ne se rencontre que ams celu.
qui est rintolligence même, cest-à-diree:
Dieu. Une vive émanatiofl de rinleilei
divin pénètre dans Tâme du monde cl di»
l'âme des astres, de ces dieux produite,
mais immortels. Une émanation moins Tire
pénètre dans les Ames des animaux mtUi
et intelligents, c'est-à-dire îles hommes es
qui il y a encore quelque chose de la divi-
nité (1646). Tel me parait être le sens de ce
passage, qui devient plus clair quand on l*^
rapproche d'une phrase du Timée, où )t^
adjectifs Bivxtù^v et rptrov sont employés d'oni
manière analogue. Je veux parler de reti^
phrase où Platon dit que les élémenb .
l'Ame humaine ne sont pas aussi purs q;.*
ceux de l'Ame du monde, «!>« 2r>r/>i »
T/sfra, mais inférieurs d'un ou de deuxde^«:
Nous trouvons donc, dans la doctrine do
Platon, le germe du système des émanatioi^'
et il ne faut ffSs s'en étonner, puisquila^ui
mal défini la notion de substance (16iTj.
Nous y trouvons aussi une sorte de *iu^
isme» ou plutôt entre les deux eitréoif
p. 154; -- et tiTTER, iftitofre de ia pkiL, ïrr. »:
c 4. Hais ces auteurs ont-ils eu raison 4*ro <«•
dure que la même docirîne doit se trouver w»u
toutes les œuvres de Platon ?
(I6il) CfV Henai Maitin, noie Sa, |;3.
(lG4â> Cfr. Julien, Ilgmtieau êoleil, p.25-i7.>^
fiani opéra ; Paris, 4585.)
(1G43) Sur eeU<! question cfr H. MAim,!^ ^
tUe biographique^ à la fin de son oiivrajre.
(1644) Lettre 11, p. 31i. Cfr PloUn. daM h^^
Prép,e9., XT» 17, p. 555, 556.
(I64&) CoDunePluUrqttele d^ fort {bien ils ^^^
lin, c. 9.
(IGiri) Cfrll. ^lARTiN, note :\8.
(I(îi7j Cfr U. AlAUiL-y, uote 22, § 3, 6
fiô5
TRI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUC.
TIU
iiZV
safoir, riolellt«t principe de Tonlre et la
matière f >rioei|ie de riodélerminalion et du
mai, il y a un iQlërméJîaire par Je mojen
duquel le bon principe domine sur le mau«
Tais : cel intermédiaire, c*est Tflme. Platon
n'est pas panthéiste; car, snivant lui, la
matière et TAme sont bien distinctes de IMeu.
, Cefiendaiit il admet qtieleue chose d'analogne
I.1U panthéisme, mais dans le monde des
inleiligences seulement; car, suivanl lui«
tout ce qu'il j a.d*inteiligence dans toutes
les âmes ne constitue qu'un seul Dieu,
supérieur à toutes les Ames, et se nanifestani
eo elles àdirers d^;rës.
Nous laissons de côté quelques teites de
Platon oui n*ont pas une grande importance.
Tel est reUraitdu*li?re ri de la m^ublifue^
que M. Pierre Leroux a interprété d'une
manière si grotesque (îGkS). Ce qui est
plaisant, c*esl que le naïi théologien n*a pas
su saisir les plus fortes o^ections, et que
nous avons été obligé de lui fournir les plus
spécieuses difficultés. On voit que nous y
mettons de la bienveillance.
Repétons, en finissant cette discussion
Lien longue, mais pourtant nécessaire, les
l^aroles du savant interprète de Platon, bien
plus compétent sur de pareilles questions
que le directeur de YEncyclapédit nouvMe :
• La prétendue Irinilé platonique est le
résultat d une fausse interprétation, hasardée
d*al>ord par des juifs et des chrétiens, qui
voulaient considérer Platon comme un
disciple de Moïse, adoptée ensuite par toute
récole néoplatonicienne , et bientôt déve-
[o|»pée de la manière la plus étrange et la
i>lus diverse par ces philosophes syncrétistes,
^ui, avec leur érudition confuse et leur
magination désordonnée , ont amalgamé
outes les doctrines philosophiques et toutes
es religions sans les comprendre (16i9).
* Quoique la théodioée de Platon soit bien
filTérente de la Ihéodicée chrétienne (16S0),
I est impossible de ne pas reconnaître, entre
a doctrine platonicienne et la révélation,
lus d'une analogie«dans les formules. Mais
es similitudes n'ont' rien de surprenant
our ceux qui ont étudié tant soit peu l'ori-
ine des opinions du disciple de Socrate.
lus cloute neus n allons pas jusqu'à suppo-
rr^comme M.Saissel nous lefaitdire(i651),
ue Platon a copié la Bible et les^ophètes;
lais nous avançons , sans crainte d'être
SoQCQti, que Tinfluencc des traditions se
(1G48) Cfr PiEKBC LcBOVX, Dm Chrisiiomume et
son ûTi^€ démotfaùqme^ 175-178. — On peut
e toute la trailociion de ce passage dans Coêsai,
'mvreê complèUê dé Ploton^ X.
(tU49) H. Maktib. I, le. —M. Pierre Leroox dit
f ' même avec une oiiveté qui n^eat pas sans
arme : c Quant il citer des passages où lidéal
r) soii positivement considéré covune étant i la
s I>teu et une bjposUse de Dieu, la citose e»t
1^ etobarraêsaoïe. i Qaet langage Ibéolomoei!
IO50) Mgr Affbb, Introduction à fituàt dm
isti^mitmu; — Uaket « Théodicée chrétienne; —
RTi:«, Étmde$ êur U Tintée; — Axi»atJK?j^ ^^'
li;i>l) Cfr. SaI5^£T, netme dci Deux Monda ^ 15
fait partout sentir dans renscignemenc du
philosophe de rAi:adémie.
■ La religion , dit M. Cousin , se kiasaiC
ex^oUer par la raison et par la science , qui
«lallaieitf à caniribuiiim te$ tradiiians et y
fmisaieni avec respect et indépendance. Pla*
ton est un philosophe qui, selon Técole de
Py tbagore, au lieude sWierriV d la iradiiian^
a'en sert comme d'une forme pour ses pro-
pres idées. Il lui a tmprunié la démonstra-
tion de l'immortalité de l'âmeTpar son acti-
Yité essentielle. Le mépris marqué pour les
livres et récriture, Vafpd à «ne iradiiion
4e$ anciens , des anciens qui seuls savent la
térkéf è l Egypte^ aux jMréires de Dodone,
la comparaison de la simplicité antique avec
la frivolité moderne, prouvent incontesta-
blement un retour vers ]e passée et attestent
dans le Phèdre une teinte pythagoricienne,
mystique et orientale. L'esprit attique sy
développe originalement sur la base du py-
thagonsme et des traditions éirsmgères
Encore une fois , les traditions de YOrient ,
celle des pythagoriciens, par leur antiquité,
leur renommée de sagesse, leur caractère
religieux et les vérité profondes qu'elles
renfermaient... . servaient de base aux con-
ceptions de Platon ; c'est pour ainsi dire Té-
toife de sa pensée (1652), »
c Eofln Platon, dit M. Bonnetty, dans une
savante réponse à M. Saisset, Platon vient
encore chercher la sagesse en Orient; il de-
meure treize ans, ou au moins trois ans
en Egypte, il va pour mettre l'E^ptien
Sechnuphis d'Uéliopolis, désire visiter la
Cbaldée et la Perse, en est empAché par les
guerres actuelles, et revient dans sa patrie,
où il compose ses Dialogues « qui sent, dit
M. Saisset V Evangile de la philosophie. ^
Or« voici ce qui s'était passé au soin du
peuple juif. Salroanazar avait enlevé les dix
tribus et les avait dispersées dans les pro-
vinces de son vastt empire (1653) (715 ans
avant Jésus^Chrisl). Nabuchodonosor aussi
emmène à trois reprises (602, 5di, 58ians
avant Jésus-Christ), en Babjlonie, une par-
tie du peuple Juif. Jérémie prophétise à Je-
rnsalem, eu Chaidée, è hàbyxone t en Egypte;
Daniel, Saraias, Baruch, Ézéchiet, appa-
raissent tour è tour. Leurs prophéties sonL
éitrites et répandues parmi les Juifs. Les
Juifs, malgré le conseil de leurs prophètes,
font alliance avec les Egyptiens, qui en*
voient unearmée à leur secours (165^). Après
*
(i65i) Platos, tradociiea Ciasta, \1» notes sur
hPhHre.
(1653) Pytbagore ne naquit que 581 ans ou 60^
ans avant Jesas-Cbrist, et il \isiu la Chaidée. Or,
qui ne sait que Pbtoii avait reçu d^Arcliyias toula
b trailition pyiliagoricîenne?
(1654) On voit donc que lei Juifs mil pu dans p!os
d*uoe occasion comuiuiiiffacr aux Egyptiens plu*
sieura de leors idées. Les rappurude ces ilen& peu-
ples remonlent à la plus bauie aniiqaité ; Abraliam,
le père de la iiition juive, vUite rRgypie; Moiae
est élevé à U cour des l^baraons; Joseph, avant
lui« avait éié ministre lout puissant sur lea bords
lin Nil. Noos avons donc le droit de supposer que
les E^yplirns u*oiil pas pu ignorer les dûcUriuesds
Li naliuii jui^c.
14M(
TRI
DICTÏONNAmE APCLO:;ETÎQL E.
TRI
iiy
lù*
leur défaite 9 une partie du peuple juif passe
en Egypte (583 ans avant Jésus-Christ). Da-
niel est nommé gouverneur de la province
de Babylone et chef des mages; ses amis
riartagent sa fortune et prennent part h
administration de Tempire sous trois rois
(1655); il est nommé un dos trois chefs de
i'Ëtat sous Darius le MèJe, qui reconnaît
le Dieu des Juifs , et défend f par une or*
donnance pui)liée dans tout l'empire , de
s'adresser à une autre divinité qu*à ce Dieu
(550 ans avant Jésus-Christ). Cyrus met les
Juifs en liberté et leur permet de rebAtir
Jérusalem (543*ans avant Jésus-Christ(1656|.
L'£gyp(e est conquise par les Perses (522).
Assuérus épouse une Juivf^; il abandonne à
son favori Aman le sort des Juifs , puis ré-
voque , cet ordre, permet aux Juifs de se
venger de tous leurs ennemis, et ordonne
de respecter leur Dieu (oOk ans avant Jésus-
Christ.) Arlaxercès avait permisde releverles
portes et les murs de Jérusalem ; le temple
avait été rebAli et inauguré. Néhémie et
Zaeharie publient leurs prophéties (455 ans
avant Jésus-Christj, qui ont cours non-
seulement parmi les Juifs de Palestine, mais
encore parmi ceui qui en grand nombre
habitaient TEgypte. Tous les Juifs étaient
obligés de posséder le livre de la loi et de
la mettre en pratique.
Or, cela étantainsi,nousdemandons main-
tenant si c'est une chose absurde de supposer
(|ue Solon , Pythagor©, Platon, ont eu con-
naissance des livixi<î juifs, ou du moins ont
conversé avec quelques Juifs instruits et
coimaissant leur loi, comme Ta dit Mur de
Taris ? Et les Pères qui ont avancé que Platon
avait connu les doctrines bibliques sont-ils
donc si coupables? Tout le monde avouera
que M. Saissel a été ici un peu trop tran-
chant. Il aurait dû prendre exemple sur son
maître, M. Cousin, qui dit avec plus de
circonspection, tout en refusant de croire
que Platon a lu, en Egypte, Moïse et les
wrophèles :
« Il ne faut pas non plus nier un rapport
réel^ au milieu des plus profondes différences
C'est nier los traditions antiques (1G57)
:;|ui ont icrvi de fondement , en Grèce , à
I art comme à la philosophie, à Timagination
comme à la raison Plus, en elfét, on
approfondira les Dialogues de Platon, et
plus on y trouvera d^éléments réels et hislo-
(IG55) Nous prions les lecteurs de remarquer rcs
faits, qui pruiivcni ritifliience que les doctrines jui-
ves oal dû exercer sur le mazdéisme. {Voy. ce
iiM:t.) •
• (i056) Ces faits sont antérîeors ù la prédication
d<» Zfiroaslre.
(1057) Nous dii ions pnmiUvc(>-.
' (lôoi*) Cfr Platon, iiad. Cousin, NoUs sur ie
Uani/net,
(1059) VEpinomis est un ciivrane que M. Martin
rc.^ardi* comme aporryplic, el qn'H nUribneà Phi-
lippe ««*^ponfe; mais le savant traducteur de Pla-
ton pense que TEpinoniis reproduit les leçons ora-
les de Platon.
(iC60) Cfr Annah's, III' série, ii ei xi. — Qu'on
n^onblie p:i8 que les Juirg éta etil iJors répandus
dans toute l'Asie o cid» ni. le. — Cfr. l*ia.v\Ti, Dé-
riques librement employés (1638). Âjoutoos
en outre que Platon reconnaît lui-mbr,
dans VEpinomis (1659), qu*une grande partie
de sa science sur les dicus, il la doiUun
barbare, h un Chalééen (16()0). »
Mais rintlneuce des Juifs s'étendit bien an
delà des limites de l'Asie occidentale (tii(ij
et de la Grèce. Nous les rojons, bien avant
Jésus-Christ, établis dans rÂbyssinieilGbl.
Ils pénétrèrent en Cbine et sy mainliDniii
dans un état florissant, peut-être trois sièries
avant le christianisme (1063). Nous les toms
dans rinde fonderdes établissements i^liJe^
aussitôt après la captivité de Babylone(iG6l.
W. Jones (1665) HamîUon et Forster(166(.
ont admis l'origine hébraïque des Af|^W.
Après des faits aussi nombreux et aussi
concluants, on ne peut pas s'emiiècbcr de
supposer que ce peuple missionnaire iiw
contrfbué à entretenir, ou à réveiller pa^
tout les traditions sacrées de la réTéialio^
primitive (1667).
Les (varagraphes qui précèdent sont tirh
de réminent auteur du Christ et r£raH]ii.
IV.
La Trinité vieotelle de PloUn, des riaiofikm<!(r
« Il est naturel de se demander quelle
sont les analogies entre la Trinité chi-
lienne et celle de Plotin, si Plolin s'esl in-
Pire des idées chrétiennes, ou les premier
ères de celles de Ptotin. Ces recbereb«
ont été faites à plusieure reprises arecv^
entraînement passionné, qui n'a paspeueofi-
tribué h jeter de l'obscurité sur une ques-
tion d'ailleurs délicate. Il n'v avait iiasiitt
à tant de colères. Il s*agit d'eclairciran^t
historique, et rien de plus. Quandonifoo-
verait que la trinité de Piotin est vrainteâ
la trinité chrétienne, il n'en résulterait nei
contre Piotin qui, en sa qualité de philos<^
phe, est parfaitement libre de prendrai
vérité où il la trouve, ni même coolrc >
christianisme, à moins que Ton ue pti*
prouver en même temps que ce (lo;:ii
n'existait pas dans la primitive Eglise, '.
qu'il y a été transporté peu de temps s^«ri
le concile de Nicée par des transfuges ('«
néoplatonisme. Tout ce qui attaque la \^'
i)éluité de la foi porte une atteinte mor^^
h l'autorité de l'Eglise, dont Vunitéesi^
première condition et la première néce^*-^'
hors de là elle n'a rien à craindre, el lo-w
mon$trations de Migne, XIV.
(inet) Cfr Hrunati, La râvélaîion parmi l<«r
lits, dans les Démonttralivns éoangétiqneiM^
•XIV, 490.
(rC'jî)Crr Box:«ETTV, Annales rfe U r*^i'»^'
chréfienne, i" série VI, 268.
(l()63)Cfr EicnaoRN, /«.roc/itflton « rA«*tf»/
(ame^t,
(1661) Cfr Buciunàn, dans VAnnuat'Rtfiiifl'
4817.
(1665) Cfr W. Jones Uccherchet i»^"-
II, H^.
(16 6) <:fr Hauilion cl FonsTEû, ïïm*'
Alghatis^Roliytlahs. , ,
\MU»7) Cfr IVosstu.NOL, Lettres sur Jei«C-i»''
le! ire 5.
(S37 TRI DICTIOKIIAIRE APOLOGETKîUE. TRt Ii38f
Ws analo.;irs qu'on poarratt découvrir entre propre à Plotîn et ce!a seuS nn^f^i t\^S9'Wnsi\-'
la doctrine chrétienne et une doctrine pbi- tae à ses yeux la nature de la Trinité.
iosojihiqiie, ne proorent ri^n, ni contre la « Il est très-difficile de déterminer le sens*
religion, ni contre l'école. du mot bjpostase. Une bypostase n*est fias!
f Parmi les écrivains ecclésiastiques oui un être séparé» puisqu'il y a, selon Plotin*'
S4* sont préoccupés de cette question* les un seul Dieu et trois hyjxistases dirines. Ce
uns fi^ar 6ter sans doute toute vraisem- n*est pas par matière vlq, Ciroxrî^uvoy, car
bïance à l'opinion qui lait sortir la foi Chré-^ toute matière enferme un déreloppeinent ,
tienne du do^me platonicien, s'attachent à foute matière est quelque ôlre en puissance,
innnircr qu'il n existe f)oint d'analogies et Dieu qui est en acte n*a pas même de ma*,
entre le sjmbole de l'Eglise et Topinion des tière.
Aleiandnns, ou reconnaissent ces analogies « Ce n'est pas essence, car essence, c'est
et sonliennent que Plotin n'est qu'un cnré- être ou du moins objet spécial et séparé
tien apostat; d'autres, pour montrer au con* d'une définition. La première by|iOstase est
traire combien le dogme de la Trinité est tô lirr/cri^ ovctccCen est pas substance, r.'est-
nécessaireel sacré, le retrouvent non seu- k-dire force existante en soi, produisant, s'il
lement dans Plotin, mais dans Platon lui- y a lieu, les phénomènes, et constituant
roéme; et parmi ces derniers, il faut comp- ridentité de l'être sous la multiplicité des
terquelques-unsdes Pères les plus illustres, phénomènes produits. La séparation de
saint Justin le martyr (1668), Kusèbe (1669), substance étant la séparation ta plus corn-
Thécdoret (1670), saint Augustin. Nous plète, s'il y a trois substances, il y a trois
irons d'autant moins à nous occuper de ces dieux, et d'ailleurs il n'y a de iSvau'c^ de
iéfflonstrations contradictoires, quenoscon- force capable de modifier ou de produire en
rlusions sont toutes négatives. Nous pensons dehors d'elle-même que dans la troisième
]ue te dogme de la Trinité n'est pas dans bypostase, de force produisant seulement
^latoii, et que la Trinité de Plotin n'a que en soi que dans la seconde; J'unité absolue
les analogies purement verbales avec la Tri- qni est au-dessus de l'élre et qui pourtant
\iié clirétienne. est une bypostase ne saurait être une force,
« Il faut donc renoncer k trouver la Tri- une substance. Ce n'est pas non plus un
lité <ldiis la philosophie grecque avant le attribut ou fonction, car un même être qui
léoplatonisme. Cette riche part du dévelop- a^t de trois façons différentes ou qui pos-
*emenl de la pensée humaine est fermée sède trois attributs, n'est pas une trinité,
ii\ défenseurs de l'Eglise qui croient de c*est un seul être en une seule bypostase.
on intérêt de trouver partout le dogme de On ne distingue [>as ses attributs ou ses
a Trinité, il ne leur reste qu'à se rejeter fonctions avec le soin que Plotin met à dis-
ur les antiques religions de l'Inde et de tinguer les trois bypostases de Dieu ; on
Egypte (1671) D'un autre côté, les adver- n'établit entre elles ni hiérarchie, ni ordre
nîrcs de la foi chrétienne ne peuvent soute- de génération^ Or, si le mot bypostase ne
fr leur thèse favorite du platonisme des signifie ni essence, ni être, ni substance, ni
ères (1672) qu'à condition de supposer des matière, ni force, ni puissance; s'il ne signi-
mprunts faits ai:x écoles contemporaines, à fie ni attribut, ni fonction, ni manière d'être,
hilon, à Numénins, aux Egyptiens. Malheu- quel en est le sens précis, c'est ce qu'il
Gisement |K>ur ces prétentions contradic- paraît impossible de déterminer. Dans le
»i res, TOCTBS ces TRi!f rrÉs ît'ost de cou m un premier livre de la cinquième £fîn/ad«,(1673),
7E LE ivoy. Celle de Plotin, la plus pro- après avoir exposé la prétendue trinité do
nde parmi les trinttés philosophiques, Parménide, Plotin ajoute: « Kafaûfi7<M)occvTfi
>rte des carjclères qui la séparent à jamais « xoJ aC^içicu mv fyatvtratçzpw:», ainsi Par-
ï la Trinité chrétienne, et excluent toute « ménide, est d'accord avec nous sur la doc-
ÉE DE COMPARAISON « tHue dcs troîs natures. » Plotîn dit aussi
dans le cinquième livre de la même £nn/cM/c
(167i) en parlant de rintelligcoce divine,
" Lorsqu'il démontre qu'il y a plusieurs xaîOfô,- aZm n fvotç. Que conclure de ces j»as-
f *ostases en Dieu, il s'appuie sur le dogme sages et de quelques autres du même genre?
Tunité de Dieu et sur la nécessité d'un Que le mot d'hypostases n*offrait pas un
terraédtaire entre Talisulu et le mobile; sens précis à Plotin lui-même, puisqu'il le
^qu'i! insiste sur la triplicité des byjios- remplace |>ar le mot de ^tE^, évidemment
resv il le fait en prouvant que les trois employé dans ces circonstances comme un
postases ciu'il a reconnues sont nécessai- terme vague destiné à exprimer une cer-
$ , et qu une quatrième serait inutile, taine séparation dont le caractère demeure
rî>l donc surtout la nalure des hypostases, inconnu, et non dans le sens précis que
irs fonctions et leurs rap|K)rts que nous Plotin lui a quelquefois donné. Cela est si
rons considérer ; car c'est cela seul uni est vrai, que Plotin, dans un autre passage, dé-
iepGSy Apologie, II, 5. (IC7«) F«9.,sur le prétendu platonisme drs Pé-
iOGO» Prép. évuug. xi,20. res, le 1». Baltcs,- Défeme det SS. Pères •^^^
1 O7o} Thérop, i, 2. de ptaionisme. Oii V» réimprimée sous ce Uirc ; Ta-
1671; NcMif avons vu ôw% les paragraplim préré- rcié dujhrhtianhme.
Ifs ce qu'il faul peiidcr des Iritilie» de lliilc et (Ittid) Cli. 8.
tgypie. '1674. Cil. 5.
1439
TRI
DicTiomiaafi AroLOceTiQDK.
TRI
v^
ciare que les trois njpostases existent d«ns
la même nature 'iWir?/» H h t^î ^^ti tpcrri
Tfivic gCTt -ià ilpvfilva (1675).
« On a fait diverses hypothèses pour doq-
ner un sens à la trinité de Plotin. Les com-
mentateurs (in V* siècle ont pensé que les
trois hjpostases de Plotin étaient trois dieux
distincts inégaux en ran^ et en puissance,
ce qui laissait subsister 1 unité; participant
tous trois et partici[)ant seuls à la nature
divine, ce qui laissait subsister le lien étroit
qui les unit et labime qui les sépare des
autres existences; mais ce n*est pas là le
sens de Plotin. Plotin parle d'un Dieu et non
de pIttsieuES dieux ; il prie d'un individu
et non d'une classe. Entm Ton trouve dans
Proclus quelques traces obscures d'une au*
tre explication de la Trinité qui en chanjge-
rait entièrement le caractère. £lle consiste
à prendre les trois hypostases divines pouc
les trois degrés de la science que nous pou-
Tons posséder de Dieu. Dieu reste immobile
dans sa nature simple et toiJ\jours identique;
mais, selon la force de notre esprit ou la puis-
sance des eiforts que nous faisons vers lui,
nous ne le connaissons que par ses œuvres»
ou nous nous élevons è la contemplation de
son essence. Les hommes les plus abandon*
nés à leurs sens u*ignorent pas rexistenco
d'un Dieu, cause du monde» ils ont mémo
quelque grossière idée de sa nature; rien ne
s est fait sans cause , il faut à tout ce gui
existe une cause première et parfaite.
Quelle est cette perfection divine? C'est ce
que ces esprits appesantis ne sauraient con-
cevoir ; ils se construisent un Dieu à leur
image, un inGui qui n'est que le Qni idéa-
lisé, et à cet être chimériaue ils attribuent
la création et la couservalion de 1 univers.
Tout n'est pas i^ux dans leur croyance.
Dieu est pariaU comme ils le croient, il est
cause créatrice et. providentielle comme ils
le croient. Ils ont raison de rapporter tout k
lui ; ils ne se trompent pas sur sa fonctiou,
mais seulement sur la nature de son acte et
sur son essence. Qu'ils apprennent à se con-
tenter moins facilement, qu'ils cooij.arent
d'une façon plus attentive et plus scii^nlili-
que la nature du Uni et celle de rintini , ils
|.ourront alors se démontrer à eux-ii.èmes
l'immutabilité de Dieu et arriver jusqu'à la
conception du premier intelligible'. Knlin
les âuics amoureuses, après avoir traversé
les expiations et franchi tous les degrés
indiqués dans le Banquet de Platon, pénè-
trent jusqu'à l'idée même inaccessible aux
nrofanes, où resplendit tout entière linefla-
Lie majesté de Dieu. Cette interprétation a
le mérite d être conforme aux idées des
alexandrins, qui distinguaient l'opinion vul-
gaire ou les sciences secondes, la science
proprement dite, c'est-à-dire la philosophie
et enfin Tcxtase, et qui aportaient si peu de
ronslance dans leurs spéculations, qu'il
n'est pas rare de voir le même philosophe
(ICTj) Etnienil,^ V, I. i, i-, 10.
constrair^ un jour m tliéorie de trois prnats
de vue et un autre jour de tfois points de
vue différents. Cependant celte iaterpi^tt-
tion même doit eéiler devant les ^aisonn^
mentb que Plolin accuroiile puur démoRtrer
l'exisienee de l'âme, celle du ««v.-, celle da
X9 tv, non comme trois transformations suc-
cessives du même principe» mais comiM
trois hypostases coexistantes dans le iBtei
Dieu, a;^ant chacune ses caractères diiribK
nécessaires, opposés à ceux des deniaairtt.
Lorsque Ton passe de la ceasidératioD it
l'âme à l'étude de l'esprit, rame ne s^éw
nouit pas, elle reste au-dessous de la tyjo-
velle hypostase à laquelle on s'élève, et Plo-
tin s'occupe autant d'établir les rapports
oui existent entre les hypostases divines (jot
ae démontrer les hypostases eUes-mëiaes. Il
faut donc conclure que toute tentaiita imt
donner un seais précis au inotliyposU$e,e:
par conséquent à la trinité de Plotio, setiii
vaine.
€ Le dogme de la Trinité est obscur m.
le christianisme ; mais un do^e révélé, il
dogme imposé peut être obscur ; il n'eo&t
pas de même d'un dogme trouvé qui »
l^eut être admis que sur démonstration i
Aussi l'Eglise a-t-elle soin d'appeler ce dogibs
un mystère; mais un mystère, en pbiius^v ,
{>hie, ce n'est pas même une doctrioe bottc,
ce n'est rien. <
« Dès que l'on quitte la notion nième<k I
la Trinité, le nombre trois» le mut<i't)/^>^ ,
lase, etc...., pour entrer dans laconsidèn-|
tion des diverses hypostases qui constitoeB.
la nature divine, le dogme dirétien ei < |
dogme alexandrin deviennent précis et >
terminés, et en même temps lot^posiiioc ^
F lus complète se manifeste entre Tub ^»
autre.
* « La première nypostase de la Trinité ^
Plotin a pour premier caractère tl'èirei^
dessus de Têtre, liriicfiv«Tov Svto;. Plotio, à •
vérité, lie va pas jusqu'à diro qu'elle est yi
non-être, mais Proclus le dira plus tird <
ajoutant seulement que, quoi qu'elle suiu.)
non-êiro, fi« ov, oa ne peut |)as dire qaV.-
n'est rien, fAn^cv.
ft Que Plotin, en dépassant laderDièreu
mite de Têtre, ait entrevu ^ue le r« %f^^
ne devait pas suhir les conditions de ce t^i
est après lui, et qu'il ail youIu l'affriad'^
des lois que notre raison impose à tout t
restft, c'est ce qui ressort évidemmeo'*
caractère de sà doctrine.... mais aatre à ^^
est de déclarer que l'être n'est pas univo]^^
en Dieu et dans la créature, autre c:><
d'établir au sommet de la dialectique ^'>'
sorte de Dieu-néaut; bt c'est cb nia-^^i**
QUE PLOTIN APMfiT. Gomparoz-le à la r
niière (personne de la trinité chréiiers'»
Dieu le Père qui s'exprime ainsi sur
même : Je suis celui qui sius.Jc suis h\ *
et V oméga î
« Il est vrai que cette expression do^-
se trouve aussi dans Plotin. Il TempruD^
Platon qui s'en est servi dans le Timéi.^-
tu
TM
piGTlOXNAiRE APOLOGETlQUe.
TRI
îm
orsqiic PMm emploie oe mol de Père, il
eat dire Père du monde et non pas de la
eoonde bjpostase. Il attribue ee caractère
u inntavfyhff c*est-è-dire à la Iroisième per*
onne ei non à ta première. Au contraire, le
ymbole approprie au Père la qualité do
îréateor : ÎUanvi* te» riv ^«y, «erri/iA ircoro-
MTofiCy «omw ov^voO nai yvc. « Je cFoi^s en
Pieu le Père tout-puissant. Créateur du
ciel et de la terre.... et en Jésus-Clirrst son
Fîis. 9 Si la création n'est attribuée à Dieu
)Père gue par appropriation, c'est-à-dire si
lie est rœuvre commune des trois person*
es divines, c'est une dirt'érence de plus
vec la philosophie de Piotin, qm attribue
I qualité de d^pov/syôc à la troisième h ypo**
a>e et à elle seule. Ce fut à partir de Plotiu
ne des questions les plus fréquemment
•iiées dans Técote de savoir si c*est l'esprit
Q lame qui produit le monde.
« Là seconde bypostase de la trinité de
lalin est Tesprit, ô voOc, c|u*il appelle aussi
Uf^ ou le verl^e. L'esprit est l'intelligence
plus parfaite appliquée à la connaissance
1 inonde intelligible ou de i'troTôe^v.
• L esprit de Dieu connaît-il autre chose
lece monde intelligible? Connalt-il ce qui
.1 au-dessous de loi, les hommes, le monde
nsiblel Non certes, il n'y a rien de lei
los Plolin. On y peut trouver quelques pa-
>s éloquentes sur le dogme de la provi-
nce, mais ce qu'elles contiennent de sé-
eosement philosophique doit être inter-
^(é dans le sens de l'ordre universel et de
diteetion constante du xô^rfuc vers le bien.
ieu est le bien en soi, il est aussi la cause
I bien parce que tout émaue de lui et que
lit y retourne ; mais il ne fait pas volon*
irement, librement le bien des créatures,
ne les aime pas, il ne les connatt pas. S'il
uoe initiation, une action proprement
te, ce n'est pas le t« f/, ce n'est pas le mv;
li leiercent, c'est la ^x« Mwpxoapof by-
stase inférieure au vto^, et cette troisième
jiostase est reléguée au dernier rang pré-
ément parce qu'elle est active. Le mc^
M donc pas comme le Verbe chrétien uno
ielligence qui connaît directement le
mde ; ce n*est pas surtout une providencov
que les ebrétiens appellent la sa<;esse de
eu. Le Dieu de Plotin ne gouverne pas et
monde auquel il préside immobile suit
}:i sa partiel iiation les éternelles lois qui
uUeut à la fuis delà nature de Dieu et de
te mystérieuse puissance oui fait comme
oa<J du paganisme, et que les alexandrins
>i55aient encore maljjré eux, l'cifKa^ftf/v.
uV a pa» plus de différence entre celui
i est et ruuilé supérieure à Tèlre qu'en-
te fv€ alisorbé dans la contemplation de
taC^'m et Jésus-Christ fait homme, c*est-à-
e unissaal dans la méaie bypostase la na-
e divine et la nature humaine, la nature
uuable et une nature particulière et
bile. Le Verbe chrétien, exempt de mou-
lent comme DieUi s'y assujettit par un
VflCt) Joamt., IV. Maîlk.^ xxvii.
C77) S^iil Awistm, ih Trimtau, 1. 15, eb. 7.
mystère et établit une aUiance incompré-
hensible entre la terre et le ciel. Le Verbe
de Plotin reste dans son éternité, et toute
son action s'arrête à la première sphère au-
dessous de bii, à l'éternelle émanation de
lui-même qu'il produit nécessairement et
dans sa propre sut)6taace.
« £aQn la troisième bypostase de Plotin
et la Iroisième personne de la Trinité pré-
sentent la même analogie dans les noms et
la même différence essentielle. Le nom d'Es-
prit, attribué dans la langue française à la
trois^ième personne divine, ne doit pas faire
illusion; c'est l'esprit, le souille, spiriius^
«yMv ;n»ivft«, et par conséquent c'est le ^v^i»,
ou l'âme. Ce n'est pas comme la seconde
personne l'esprit, la raison, rintelligence,
menSf verbum^ sapimlia^ »ov;, \ôyùç. La troi-
sième personne de la Trinité chrétienne
s'appelle l'Esprit -Saint, le don de Dieu
(1676), l'amour (1^77); elle partage aussi
avec la seconde personne les noms de sa-
f;esse et d'intelligence ; mais tandis que tous
es effets de l'amour de Dieu pour les hom-
mes lui sont attribués, tandis .qu'elle est
l'auteur de la charité, la source cies lumiè-
res et de la gr&ce sanetiû^nte, le consola-
teur eu un mot; tandis qu'on la rend pré-
sente à l'esprit et au cœur de Thomme, ce
qui déjà la distingue profondément de la
^v;(« viri^xôfffAioff, jamais la qualité de Sq^iov^-
yôff, réservée par Plotin à la troisième bypo-
stase n'est attribuée au Saint-Esprit, et nous
voyons au contraire qu'elle est appropriée
tantôt au Père et tantôt au Fils. Il ht a
DOZfC PJlS IDEKTrrÉ, IL H Y A PAS MÊME ANALO-
GIE ENTRE LES TROIS PERSONHES DE LA TRllflTÀ
CBRÊTIESKE ET LES TROIS UYPOSTA^S DE PlO-
TIN.
« L'unité d'un seul Dieu en trois per-
sonnes OU bypostascs différentes, voilà jus-
qu'ici toute la ressemblauce que nous avons
trouvée entre la trinité de Plotin et la trinité
chrétienne. Mais chacune des hypostases du
Dieu de Plotin diffère radicalement des (per-
sonnes divines corres|)ondantes dans le
dogme chrétien, et Topposilion n'est pas
moins grande quand on considère non plus
les personnes elles-mêmes, mais leurs rela-
tions diverses. Ainsi, dans la doctrine chré-
tienne, le Père, le Fils et le Saint-Esprit se
connaissent et s'aiment entre eux. Le Père
aime le Fils et il en est aimé, l'Esprit < on-
nattlePère et le fils; il a de lun et de
l'autre une connaissance également com-
plète, éj^alement directe. Dans Plotin, au
contraire, chaque byiKiStase connaît et aime
exclusivement rhy|)Ostase qui la précède, et
demeure étranijère aux hypostases infé-
rieures. L'unité» qui n'a rien au-dessu.»
d'elle, ne connaît et n'aime rien, et Plotin
ne prononce qu'en tremblant qu'elle si aime
et se connaît elle-même (1678). Il dirait avec
Spinosa : « Nul ne ))eut désirer d'être aimé
« de Dieu, car ce serait désirer que Dieu
« cesse d'être parfait (1679). » Dans sa tri-
(!678) Enn VI. 1. vni.ctS.
(1679) Sruioâà, Ethique^ V part., prap. 12.
Ii43
TRI
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
TRI
\ii\
ntlé, Tobjet delà connaissance elde Tamoiir
de la troisième hypostasey c'est la seconde
et non la première. L'flme, chez Plotin,
émane du vovf, comme le voCc de Tunité; le
Saint-Esprit dans la doctrine chrétienne ne
procède pas seulement du Fils, mais il pro-
celle à la fois du Père et du Fils. Si Plotin dit
dans un seul passage que l'âme vient de
Tun et de l'esprit, c'est parce que l'esprit
étant lui-même dérivé de l'un, l'âme en dé-
rive à son tour par une sorte de seconde
filiation; ce c'est pas le sens de la proces-
sion du Saint-Esprit, qui procède également
du Père et du Fils. Enûu, la seconde éma-
nation hypostatique est pour Plotin fatale
comme la première; au contraire le Saint-
Esprit est produit par un acte de la volonté
du Père et du Fils qui s'aiment comme étant
rin&nie perfection. Le Saint-Esprit est le
résultat de cette volonté et de cet amour.
« En mémo temps que l'appropriation des
fonctions divines est plus spéciale chez Plo-
tin, la distinction des hypostases est moins
formelle. L'incarnalion de Jésus-Christ, To-
Jéralion par laquelle le Saint-Es[)rit féconde
larie, sans rien ôter à la consubstantialité
des personnes divines, les séi)ere plus pro-
fondément que Plotin n'a pu le iaire, leur
donne en quelque sorte à chacune une phy-
sionomie particulière, et justifie le nom de
ftfùwfonaf que TE^Iise leur a donné et dont
Plotin n'a j.as fait usage.
« Mais ce qui constitue une différence
radicale entre les deux doctrines, ce qui
exclut toute idée d'une origine commune,
c'est que le Dieu de Plotin renferme trois
hypostases inégales, et que par conséquent
il n'est pas un dieu parfait. On a beaucoup
disputé sur l'arianisme prétendu de saint
Irénée, c'est-è-dire sur certaines opinions
émises par l'historien des premières héré-
sies, et qui auraient pu s inlerpréler dans le
sens de l'arianisme. Nous n'avons pas & re-
chercher ici, sur les traces du P. Petau el de
Huet, ces phrases équivoques d'un Père de
rEgliso dont l'orthodoxie est d'ailleurs assez
prouvée par l'ensemble de ses écrits. Qui ne
sait que sur des matières aussi délicates on
ne doit s'attacher qu'au sens général d'une
doctrine, et qu'il est presque impossible de
garder toujours dans les détails cette ré-
serve, celte juste mesure qui côtoie l'erreur
sans y tomber, et qui combat une hérésie
sans ûaraître favorable à l'hérésie opposée?
Ce n est pas du sentiment d'un Père qu'il
s'agit, c'est de la doctrine même du christia-
nisme, dont l'Eglise universelle est assuré-
meut, même au point de vue de la fidélité
purement historique, le juge le plus compé-
tent et le plus sûr. Si haut que 1 on remonte
dans Hiistoire de l'Eglise, régalité des per-
sonnes divines, c'est-à-dire la perfection de
la nature divine sous les trois hypostases, est
évidemment la doctrine orthodoxe (1680) ; et
(1680) Nous recommandons ces sages réflexions •
MM. de Poiler, Saisseï, Vacherot, et à laiit d'aulies
qui prélvndeiit que les Pères aiilcnicéeBS étaient
ariens. ( Voy. sur cette grave qaeslion Moeller ,
les hérésies même qui onl en pour objet ae
subordonner une personne à une autre, et
qui toutes ont été condamnées dès leur uaiv
sance,eB sont une preuve de plus. Cest que
la pluralité des hypostases intervient dans le
christianisme pour s appliquer au msika
de la rédemption, et non pour rendre compte
de la production du monde. Lorsque (^
Pères et les apologistes essayent de rendr*»
compte du mystère de la Trinité, ils recou-
rent à des analogies tirées de la nature
humaine ; c'est-à-dire qu'ils font eoleDirs
alors qu'il y a trois personnes en Dieo,parff
que la puissance, rinteliigence el ïmm
sont également nécessaires k la perfedwi
du souverain bien. Rien, dans «oui cela, ce
ressemble à un intermédiaire entre la \^r
lection absolue de la première personne K
1 imperfection du monde. Si Jésus-Christ m
médiateur, il n'en est pas moins Dico. L
accepte la fonction de médiateur par bontN
par condescendance; il revftt la nature
humaine, mais il conserve entière la nalo^:
divine; il n'est pas une nature inlerrae-
çiiaire entre Dieu et l'homme : an coDlram.
la théorie de la Trinité a évidemmem |>«j«r
origine, dans l'école d'Alexandrie, le bes-iD
de concilier les nécessités de la dialecliqnt
et celles de la production du monde.
« C est parce que la dialectiqne « p^r
terme suprême le to h «ffV.Ov, et que cd'-:
unité ne peut engendrer le monde sari
perdre sa définition, c'est pour cela qu.- j
nature de Dieu enveloppe, outre la i>erfr-
tJon absolue, des hypostases inférieures uj
rapprochent Dieu du monde en le tliiû-
nuant. Oter à l'école d'Alexandrie celte h-
postase supérieure à l'être, à Pintelli^w^
et dans laquelle ne réside aucune fone, m-
eu ne puissance créatrice, c'est lui ôter siî
mysticisme, que celte hypostase seule hi.
rendu nécessaire; c'e^t lui ôter ce vm\ -,
devenu célèbre, que rinteliigence i^ark
est inférieure h l'unité, et la force créaln
a 1 intelligence; c'est Ini ôter parcoD>^î<*-
tout ce qui la constitue, tout ce qui,iiH<^
1 histoire, lui imprime un caractère ; en i.
mot, c'est l'anéantir. S'il en est s^insu * ^^
TrTRE POURRAIT-ON RAPPROCHER LA TiHÏTÏ
ALEXANDRINE DE LA TRINITÉ CHRÉTIt^^'*
Entre ces dedx doctrines a w'y a pa>»^
PRirrciPE COMMUN. Les chrétiens n adrneirr
ni l'unité supérieure à l'être, ni l'fnférior
de 1 intelligence par rapport à runiiê,
celle de la puissance par rapport à I initi.
gence. Ils ne proscrivent ni ne subonlonu
la raison ; ou s'ils adraellcnt un principe :
la surpasse et devant lequel elle doit si -
milier, ce n'est aucune faculté de la nv
humaine : c'est la voix même de Dieu
lant aux hommes en termes explicita? .
ses prophètes et par son Fils. Kufîn, sV*
vont pas chercher la perfection dan*
hauteurs où les alexandrins se sont ipr-.
Athanase; le célètre ouvmgc de Beats [hi
Defensio fiéei Nicœnœ; Mgr Oinouiluac, Hiihvri^
dorjnie caihotiqne.
IU5
UNI
d:ctionnaire apologétique.
IM
iU»
ils ëfitent celte triste cODtradiction d'une
école réduite à détruire de ses mains son
propre ouvrage, à démontrer d*abord que
Dieu doit être inactif s'il est pariait, et- en-
suite qu'il agit s'il est Téritablement le Dieu
du monde.
a Ce n'est pas assez de dire qu'aucun des
principes essentiels qui caractérisent l'école
(i'Aleiandrie, et sur lesquels est fondé le
dogme de la trinité dans Plotio, ne se re-
trouve dans le chrisiianisme. 11 faut aller
plus loin : il fact dibb que les principes
F0:«DAVB!fTAt'X DU CHRISTUNISVB SONT £91
CONTRADICTION DIRECTE AVEC CEUX DE L*ÉCOLE.
La première personne de la Trinité cbré-
tienne possède la plénitude de l'être et de la
puissance; loin de se dé^ader en prenant
la condition de créateur, le Dieu chrétien
construit le monde pour sa propre gloire.
Lorsque son Fils revêt la nature bumaine
pour devenir médiateur entre la terre et le
ciel, il n'en demeure pas moins, dans cette
alliance mystérieuse, en pleine et entière
possession de la perfection absolue. Il est
luédiateor entre la terre et le ciel, pour que
les hommee puissent mériter la vie éter-
nelle, pour qu'ils puissent, par lui, s'élever
jus<ju'à la connaissance et la possession du
vrai Dieu; tandis que les bypostases infé-
rieures du Dieu de Plolin, au lieu d'élever
le monde à Dieu, font incliner la nature de
Dieu vers le monde.
« Il est donc absolument impossible de se
servir du christianisme d'Ammonius pour
donner une origine chrétienne à la philo-
sophie de Plotin, ou de la philosophie de
Plotin pour donner une origine pbilosophi*
que à la doctrine chrétienne. 11 n'v a entre
la. trinité de Plotin et la Trinité cnréticnne
que des analogies verbales, que l'histoire
explique aisément; les différences, au con-
traire, sont si profondes, que quiconque
n'est pas absolument étranger à la méta-
physique et aux deux doctrines dont il
s'agit, ne peut hésiter à les nconnattre. »
(J. Simon, Histoire de V école d^ Alexandrie^
1. 1.)
. Yoy note XXII, à la lin du volume, l'exa-
men de cette question : Les anciens Pères de
r Eglise ont-ils pensé ou parlé de la Trinité à
la manière des platoniciens?
TRINITE. Opinion de M. Saîsset sur son
origine; réfutation. Foy.DOCMES, §11. — Vient-
elle de la Chine? loy. TRiNrcé § I. ~ De
l'Egypte? Jbid. — De l'Inde ? /6/S. SU et III.
— \>es platoniciens, iftid., { IV et V.— Yoy.
— URiTi DE DIEU. — Trinité de Platon est
une invention des nouveaux* platoniciens
inconnue aux anciens. Yoy. Note XXII, § V,
à la fin du volume.
TYCUO-BRAHÉ. Accusation absurde,
faite aux théologiens de Rome à son sujet,
par M. Letronne, Yoy. Terre.
TYPE de Jésus-Christ, n'existe pas dans
la nation juive. Yoy. Jésus-Christ. — Types
dans les races, sont-ils permanents, lo^.
Races humaines, § V.
TYPHON. Le même que Satan. Yoy. Dé-
mon, i 1 et II.
TYR. Accomplissement des prophéties
d'Ezéchiel, concernant cette ville. Yoy. Pro-
phéties, i III.
u
UNION de l'Âme et du corps, réponse aux
>bîections. Voy. Ave, § VI et IX. — Systè-
mes divers imaginés pour l'expliquer. Yoy.
iME, i IX.
UNITÉ DE DIEU. On lit au verset 26' du
hap. I du livre do la Genèse; Dieu dit : Fai^
on$ r homme à noire image et à notre ressens
lance ^ et on a prétendu que le verbe plu-
tel faisans impliquait d'autant plus la plu-
alité des dieux que le mot Elobur (dieux)
on sujet, est un pluriel lui-même, et que
eux autres noms de la Divinité, Adonaï et
CHADDAÎ, sont également des pluriels.
Quoique les trois noms Elohim, Adohaï et
cuADUAï aient réellement une terminaison
rarumaticale plurielle, ils ne désignent
ourlant qu'on sujet simple et unique, un
*u\ individu. La vérité de notre assertion
>t fondée sur l'usage constant des Hébreux
employer, comme beaucoup d'autres pcu-
les, le nombre pluriel au lieu du singulier,
^utes les fois qu'ils voulaient prouver l'ex-
tllenctf, la su|>ériorité d'une personne ou
Il no chose, usage si manifestement et si
)i vcrsellement rcconnn, que Ion trouve
ins toutes les grammaires et tous les dic-
iimairos hébraï<[ues, accomi>a^uée de nom-
breux exemples , la^ dénomination de plu-
rid d'excellence^ pluriel de majesté^ pour dé-
signer un nom qui, bien qu'ayant la forme
plurielle, n'exprime pourtant quun seul
et unique objet. J'ajouterai que le mot
Elohim en particulier, quoique au pluriel,
est mis fréquemment en opposition avec
JénovA, nom incontestablement au singu-
lier. Enfin, la construction grammaticale
même de ces trois mots confirme notre as-
sertion; car, lorsqu'ils désignent le vrai
DiEV, celui que les Hébreux adoraient, ils
sont généralement construits avec un verbe
au singulier
H est vrai que le verbe faisons semble lui-
même donner un démenti formel. Mais cette
difficulté est plus spécieuse que solide. Car,
d'atK>rd est-il possible que Moïse ait em-
ployé une locution favorable au polythéis-
me, lui qui a mis en tête de ses lois, comme
l'article le plus important et le pins fonda-
mental, le monothéisme le plus risoureux
et le plus exclusif; lui qui punit de la peine
de mort l'adoration de toute divinité autre.
queJÉBoVA?
Mais une preuve irrécusablelqne le mot /ai-
êons n'indique pas ici la pluralité de dieux ;
||.i7 UNI DICTiaN.NAlRE APOLOGLTIQDE UM i|^
eiease (I68d^, enseigne posititement
c'est qu immédialemcRt après on Ht au sin-
gulier : « Et DiBU Ui créa... Uibénii... leur
dUf » etc. EnOa une troisième preuve,
non moins forte, c*est que dans un autre
passage (ch. ii, 19), où il est question de
cette même création de rhomiue, Jêiiota
dit au singulier : Je lui ferai un^ campo'
gne^ etc., au lieu de nouê ferons. La même
particularité se trouve dans la phrase (iii,
22) : Yoilà que Vhomme e$l détenu comme
Vundenous; puisque Moïse«ajoute sans ia-
Icrruplion ; Jénov^ Duo te renvoya du jardin
dEden... l'exila^ etc. ; et non point : le ran-
voyèrentf l'exilèrent.
On dira, sans doute, que ce rapproche-
ment prouve au moins une contradiction
semblable à celle que nous trouvons, par
exemple, daqs les Védas qui , d*un côté, en-
seignent Tunité de Dieu, et de l'autre acoor-
dent les attributs divins à plusieurs êtres
différents, en prescrivant même aux Miadous
un culte en leur honneur.
Mais cette conséquence n'est nullement
légitime, et la parité qu*on prétend établir
n'a aucun fondement. D'abora, si cette c^on-
tradiction existait réellement, elle pourrait
bien ne se trouver que dans les mois seu-
lement, et n*ètre que l'effet d*uA pur idio-
tisme permis par fusage, comme il arrive
même dans nos langues de rOcoident,le
français, l'allemand, Tanglais , elc«, qui en
offrent de tout è fait semblables.
Jbln second lieu, il n'v a aucune aailogie
entre la doctrine des Véilas et celle du Pen-
tateuque, par rapport à l'unité de Dieu; car
les premiers n'enseignent nulle [)art cette
unité d'une manière daire et précise. Nous
ajo*4terons qu'ils seraient encore dans Tim-
possibilité de l'enseigner, lors môme qu'ils
ne reconnattraient u&s nominativement plu-
sieurs dieux, et qu ils ne prescriraient au-
cun culte en leur honneur.
Au contraire, nous trouvons dans le Pen-
tateuque une foule de passages qui procla-
ment un Dieu seul et unique, en termes les
plus clairs et les plus explicites; et loin
d'autoriser le culte d'adoration en faveur
d'une autre divinité ou d'un autre être quel-
conque , Moïse le proscrit soas la peine la
plus grave, la peine de mort. Mais cette
matière importante pour être traitée conve-
nablement exige que nous entrions dans
quelques détails. }^
Un savant Ijrabmane, converti au mono-
théisme, Ram-Mohum-Hoy, quia composé
plusieurs ouvrages de controverse reli-
m
(16SI) R»in-Moliuii Roy, après avoir renencë liii-
néme au poivibétsme, conçtii le projet de ramener
$i!f Gompatriôics au culte <l'un seul Ûiair; culte pro-
Uhwéf selon lui, par leurs ancêtres. Dans ce dessein,
il a tfaduit eu plusieurs lanaues un abrégé du Vé'
dànta^ qui est lui-même un .ibrégé des Védas, avoc
la conciUai>on des lexies contradictoires , ei il a
répandu ces iradueiions pariut ses compatriotes. Cet
homme célèbre est mort en Angleterre, dans la force
deriige,enlS55.
(168^) Le Rig-Véda est le premier des Védas dans
la colli^tion.
(ÎQ^) Noiiceêur les Yédaê, par. H.T. Colebrook«*,
idoiâtnequi règne aujourd'hui chez la pis.
part des Hindous était inconnue è lenrs itères,
et que les Védas proclament un Bieo u^
que. Examinons cette assertion du sartni
Indien, au moins pour la partie relatin aux
Védas.
Au commencement de Tindex dn lu.
Véda (1682) on lit : « Les divinités sont sel
lement trois, dont les demeures sooi !i
terre, la ré^on intermédiaire et le ciel
D'autres divinités, appartenant k cesdirer-
ses régions, sont des portions itrois)dieui...
Mais (dans le fait) il n'y a qu'une seule Di.
vinilé, la 6ea?idb ahb {AtiAdnàtmé); elle est
nommée le soleil; car le soleil est Ttoie
de tous les êtres... Les autres divioités sont
des portions ou fractions de sa personne
(tesa). « On lit aussi dans le Yadjour-T^;
« l'Etre supEÊHB UN1Q6E (Bdah, roniiéjoe
« se meut point, quotqu*il soit plus rapide
« que la pensée {iÛSk), a
Au premier abord, on serait en effet tenté
de considérer ces passades comme noosol^
frant une preuve manifeste de i'uoitéde
Dieu. Cependant, lorsqu'on les eutnioe
avee quelque attention, en ne manque pis
de se convaincre qu'ils prou vem toat le con-
traire, puisque plusieurs autru diiM
$oni des porlton» ouftaeiions de safmw»k\
ce qu'il est aljsolument impossible deoten-
dre, sans la supposer composée d'aatsfitde
parties qu'il y a de divinités différentes, qii
ont leur demeure sur la terrf^ danstert^ion
intermédiaire et dans le ciel.
« Le Védih dit Bam*Mohum-Rojr, affirme.
en différents endroits, que tous les Védas
ne prouvent rien que 1 unité de l'Etre su-
prême... Dieu est i^ar conséquent Uneisim
second (1685). » Rien, ce semtile, n est plus
clair, rien n établit d'une manière plus so*
lide I existence d un Dieu unique.
Mais d'un autre côté, les mêmes VUas
(c'est la propre réflexion de rex-brahoaoe.
regardant comme divioités Tesiirit, les sli*
ments, l'espnce vide, l^animal quadrupède,
les esclaves erles fugîtife (Slaves md frflu»}
car ils disent expressémeni : « L'i^ ^
prème est un animal quadrupède dai» ob
lieu, et dans un autre il eal plein de çloirt
L'esprit (mind) eat^l l'Etre suprémet il ^^^
être adoré, v — ^ Dieu est la lettre fa m
que la lettre ifAo, » et — « Dieu est soos u
forme d'esclaves, et sous celle de fugitif
(1686). » De ces passages et du quelqoo
autres analogues , les Védas coDcloeoi
vnd. de raa^lais par G. Paotbkr, daas fei Ui^
sacrés de i'Onenî^ p. 515, 314.
(1694) G. l>4DTttiu, Les Ueres sasrisdefOv!^
p* 550. — La Yadjour-Véda esi 1« deuxicaKVfr'
(t6S5) Essais sur la pldloèophie deh Hvdo^f
H.-T. CotEBRooKB, irad. de ranghis per G. 1^'
TUUK, p. i84-!285. — U faut remarqner qoei<s<"*
dons emploient Indifféremment le sifi|ttt«eri^<'
le pluriel eédas^ poar marquer la coMMiiofl ^^
livres saerés , conune noas disons neus-ff^ '
saillie EcrilHce ou les saimes Ecriinrei.
( i686) EssaU sur la phUoê(mkie dss /lii^'
p. 285.
fi«9
UM
DICTIONMAIIIE APOLOGETIQCE.
UNI
ÎAli9
• Tout ce qui eiiste est par conséquent Dieu
(1687). •
Nous demanderons si c*ost là Tidée que
nous nous formons d'un Disc unique? N'est-
ee (tas, au contraire, confondre toute notion
dv funité? On nous dira sans doute, i|ue
puisque les Védas donnent à Dibu le titre
d*£(re suprême, ils le distinguent suflisam-
ment par là de tout autre être, liais du mo-
ment que DiBo est tout ce qui existe, on ne
saurait le distinguer, ni le séparer de rien.
En second lieu, le titre d*Ètre suprême
marque, à la vérité, la supériorité de cet
Etre sur tous les autres ; mais cette préé-
minence ne détruit nullement le caractère
dirin des autres divinités, portions essen-
tielles et sul>sîantielles de la personne de
TEtru suprême, d'après les Védas eux-mê-
mes. Ainsi, par exemple, chez les Grecs et
les Latins, Jupiter était considéré comme
le chef et le mattre do tous les dieux de
roiynipe; cependant, tontes ces divinités,
quoique inférieures à ce dieu , n*en étaient
pas moins adorées comme autant de dieux
réels.
En un mot, lorsque les Védas nous par-
lent d^unitif de Dieu uniqtu^ ils ne peuvent
i*entendre que dans deux sens, savoir : que
TEtre suprême est simple, sans composition
dans son essence, en lui-même, ou bien
qu*ll est la seule, Tunique Divinité propre-
ment dite. Or, ces deux explications sont
paiement opposées à ce qu ils nous ensei-
gnent d'ailleurs eux-mêmes; puisqu'ils af-
firment delà manière la plus positive et lapins
explicite, d*nn côté, qu il y a plusieurs êtres
(|*ii oiéritent les honneurs divins; et leur
liturgie aussi bien que leurs mystères en
fournissent une preuve incontestable ; et de
l'autre, que TEtre suprême est le moins
^injiile, le moins un de tous les êtres, puis-
qu'il est composé de tous.
Toutefois nous trouvons dans les Védas
«les i^assa^es qui semblent restreindre tout
culte divin à lEtre suprême ; car ils décla-
rent que « celui qui adore un dieu quel-
conque, excepté l'Etre suprême et qui pense
qu*i( est distinct de ce Dieu et inférieur
^ lui, ne connaît rien, et il est considéré
Dom me un animal domestique de ces dieux.*
Les Védas disent encore : < Adore Dieu
^cul. V ~ « Connais Dieu seul. /Et le Vé-
lajita ajoute de son ce té : « Ou trouve dans
es Védas qu'il n'y a que TEtre suprême
jui doive être honoré d'un culte; nul autre,
rxcepté lui, ne doit être adoré par un hom-
ue sa^e (1688). •
Mais ces textes, quelque spécieux ou'ils
oient, ont bien peu de valeur; car lEtre
iipréme, d'après les Vdéas et en particulier
rafirès un des passages allégués dans Tob-
etrtion, n'étant point distinct de tout autre
ïetf fgueleonqu€t mais io\U Dieu quelconque
laat une portion, une fraction substantielle
de l'Etre suprême, l'adoration, les cultes
prescrits par les Védas doivent être néces-
sairement rendus à toute divinité gnelcoii-
' conque, aussi bien qu'à l'Etre suprême lui-
même.
Il était impossible que cette considération
ne vint pas a l'esprit des auteurs des Vêlas ;
aussi, à ce té de ces textes, qui semblent
établir l'unité de Dise, nous en trouvons
plusieurs autres qui disent le contraire ; en
voici quelques-uns : « Kriclina (ou Vichnou,
le dieu de la conservation) est plus grand
que tous les dieux célestes auxquels l'esprit
pourrait s'appliquer. » — « Nous adorons
tous Mahadeva le grand dieu ou le dieu de
la destruction. » — « Nous adorons le so-
leil. 1» — « J adore le très-révéré Varouna
(le dieu de la mer). » -— ^ Tu dois m'offrir
un culte, dit l'Air, a moi qui suis la vie éter-
nelle et universelle. » — « Le pouvoir intel-
lectuel est Dieu qui doit être adoré. » —
« Et YOudgîiâ (ou une portion du Véda) doit
être adoré (1689).
Ces passades, si formels en faveur du po-
lythéisme, n embarrassent pas peu Ram-Mo-
hun-Roy;il répond cependant : « Ces textes,
ans^i bien que plusieurs autres de la même
nature, ne sont pas des commandements
réels d'adorer ou d'honorer les personnes
et les choses ci-dessus mentionnées; mais
ils recommandent à ceux qui sont malheu-
reusementincapables d'adorer rÊirjsuprèmu
invisible, d'appliquer leur intelligence à
quelque chose de visible, plutôt que de la
laisser demeurer inutile (1690). » Cette ré-
ponse prouve le grand désir du savant In-
dien de vouloir trouvera tout prix l'unité
de DiKU dans les Védas ; mais est-ce bien là
une preuve qu'elle y soit réellement? Le
commandement d'adorer et d'honorer diffé-
rentes divinités pourrait -il être exprimé
d'une manière plus positive et plus réelle?
Moïse, qui proclame fui aussi, dans son Pcn-
tateuque, I unité du Dieu d'Israël, a-t-il ja-
mais recommandé aux Hébreux d'adorer le
soleil, la lune, lair, la mer,sous prétexte qu'é-
tant incai/ables d'adorer le vrai Dieu invisible^
ils devaient appliquer leur intelligence à
quelque chose de visible? Mais n'anticipons
point sur ce que nous avons à dire de sa
véritable doctrine relativement au dogme de
l'unité de Dieu; bornons-nous à faire obser-
ver combien sont impuissants tous les efforts
de Ram-Mohun-Roy poor éliminer le poly-
théisme des Védas; puisque si quelques
f>assages de ces livres semblent pro«:lamer
'unité de Dieu, il en est un plus grand
nombre qui enseignent le contraire, et que,
d'ailleurs, la doctrine de l'émanation ou le
panthéisme étant le fondement de la reli«
fion des Védas, l'unité de Diec devient tout
fait impossible.
Prouvons maintenant ce que nous avons
avancé plus haut, que le Pentateuque pro-
(1687) IM., p. 286. (1689) IM., p. i69.
( 1 686) Et$m $ur la phUoêoplûi de$ Hindous , (1690) Eiutu $nr U pkHoiopkie de$ Bindotm ,
_ p. Î89.
DlCn05NAIAB APOLOGiTIQUB. II.
h6
1451
UM
DICTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
UNI
lV)i
clame un Disu seul et unique, en termes
les plus clairs et les plus explicites, et que
loin d'autoriser le culte d*aaoration en fa-
veur d'une autrç divinité ou d'un autre être
quelconque, Moïse le proscrit sous peine de
mort. La démonstration de ces deux points
prouvera, à son tour, qu'on ne peut rien
conclure contre l'unité divine de l'emploi
du pluriel /a»on«, que Moïse prête à Dieu, et
que, par conséquent, la contradiction pal-
Cable que nous venons de signaler dans les
èdas ne se trouve nulle part dans le' Pen-
tateuque.
Il faut remonter jusqu'au commencement
de la (ren^e, c'est-à-dire jusqu'à l'origine du
monde, pour trouver la première preuve
de Tunité de I>ibu. Adam et tous les patri-
arches ses descendants ne reconnaissent et
n'adorent qu'un Dieu. Tous les discours,
toutes les prières qu'ils adressent à la Divi-
nité supposent qu'elle est unique dans son
essence, lis n'implorent, ils ne louent, ils
ne bénissent qu'un seul être divin. Jamais
dans leurs invocations ils n'emploient de
formules qui supposent plusieurs dieux.
Ainsi, depuis le paradis terrestre jusqu'en
Egypte, sur le lit de mort de Joseph, Jehava
ou Elohim ne paraît que comme un Dieu
unique. Quelques traits historiques mettront
cette vérité dans tout son jour.
Dans son second livre, appelé VExode^
Moïse après avoir raconté comment il a reçu
du ciel la mission de faire sortir de l'Egypte
les Israélites qui y gémissaient sous un pé-
nible et humiliant esclavage, continue ainsi
son récit : Eh ftten, je vaii aller vers les en-
fants disraèif et je leur dirai: Le Dieu de vos
pères m'a envoyé vers vous. Mais s'ils me deman-
dent quel est son nom^ que leur répondrai-je ?
<t Et Dieu lui dit: <( Je suis celui qur je
suis. » // ajouta : i Tu diras aux enfants
d'Israël: Je suis m*a envoyé vers vous... Voici
encore ce que tu diras aux enfants d'Israël:
JÉBOVA, le Dieu de vos pires^ le Dieu d'Abra-
ham^ le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacobt m'a
envoyé vers vous. C'est là mon nom à tout
jamais^ et celui qut doit me rappeler à la mé-
moire de chaque génération, [Exod. m, 13-15).
Voilà l'essence de Dieu définie et révélée
par Dieu lui-même. Or, n'est-ce pas en même
temps une déclaration manifeste de l'unité
divine {1691} ?
Ecoutons encore Dieu parlant au peuple
dlsraëi : Je suis Jéhova ton Dieu, qui t'ai
retiré de la terre ^Egypte où tu était asservi
à un dur esclavage. Tu n'auras point d'autres
dieux que moi. Tu ne feras point didole
sculptée^ ni aucune image de ce qui est soit
en luiut dans le cielf soit en bas sur la terre^
soit dans les eaux sous la terre. Tu ne te
prosterneras pas devant elles ^ et tu ne leur
rendras aucun culte; car mot, Jéhova, je suis
un Dieu ja/oux. {Exod. xx, 2-5.) Certes, il
n'est pas oossible de proclamer Je mono-
(1691) Vojf. Jéhovàh. .
(1692) L*hébreu porte» en effet, à la letU'e, un
mnique.
théisme d'une manière plus précise et plus
expresse. Mais poursuivons nos preuves.
Moïse, s'adressant à ce même peuple, luî
dit : Ecoute, Israël, Jéhova notre Dieu, h-
Hoykestun (1692)... Crains Jéhota ton Di£i\
n'offre de culte quà lui seul, et ne jure qu€
par son nom. Ife cours point après des dieux
étrangers parce que Jèhoya ton Diet
est un Dieu jaloux, qui, dans sa colère allu-
mée contre toi, t'exterminerait de dessus la
face de la terre. [Deut, vi, h, 13-15.)
On ne nous demandera pas sans doute de
nouvelles preuves en favenr de Tunîté de
Dieu, et on n'osera plus comparer les phra-
ses si vagues et si ambiguës des Vèdas sar
ce point ; puisque d'ailleurs les écrivaios
sacrés de l'Ancien Testament, qui font toas
profession ouverte de ne suivre que les doc-
trines de Moïse , enseignent unanimeffieiii
et clairement cette unité de Dieu. Cepen*
dant l'Exode nous en fournit encore une
trop importante et trop décisive pour la [tas-
ser sous silence.
Pendant que Moïse s*entretenait avec Jé-
hova sur la montagne de Sinaî, le peuple
jeta en fonte un veau d'or qu'il adora et
auquel il offrit des sacrifices, sur l'autel
qu'Aaron venait d'ériger. Descendu de h
montagne et indigné à la vue de ce specta-
cle, l'homme de Dieu brûla le veau d*or, le
réduisit en poudre, et fit passer sur-le-
champ au fil de l'épée environ trois mille
hommes, Jéhova se réservant de punir Iti
reste des coupables au jour de sa yengeafice.
{Exod. XXXII.} ,
Qu'il y a loin de là à l'ordre ex'près dt>
Vèdas qui prescrivent aux Hindous de ren-
dre les nonneurs divins au dieu de la de>'
truction, au soleil, à Tair, au dieu de U
mer, etc. I En vain, nous le répétons, Bam-
Mohun-Roy prétendrait-il que cet ordrr
n'est pas absolu et qu'il ne s'applique qu aux
Indiens incapables d'adorer FËtre suprême
invisible ; ce n'est là qu'un vain subterfege
par leauel le savant ex-brahmane espère se
tirer aune difiiculté réellement insoluble
fK)ur lui, au point de vue dogmatique où il
s'est placé. Les Israélites, qui érigent un veau
d'or et qui payèrent de leur sang ce culte
sacrilège, étaient absolument dans la eatê-
eorie aes Hindous ignorants et grossiers
dont parle Aam-Mohun-Roy.
Quant au pluriel faisons, que Dieu empli>i^
en parlant de lui-même, il n*y a aacBii
moyen de l'expliquer philologiquement« tu
3u']l n'est pas un seul passage de la Kble
ans lequel un personnage unique, pdiiaj^t
exclusivement en son nom, emploie le doid-
bre pluriel (1693). Mais comme il Cane ur
toute nécessité qu'il y ait un motif ^ ceU^
locution, qui se présente d'ailleurs en iTy^
très endroits, pourquoi ne pas adme&ir^
celui qui a paru si naturel à tons les Pè*--^
de l'Eglise, a tous les premiers protesuiît^
aux anciens rabbins eux-mêmes, ente *
(1693) Voy. sur cette qoestion Salon.
PhUologia sacra, éd. D. J.-A. Dathio, I. I « {k
* •
i4:;s
TER
DICTIONNAIRE APOLUGEllQtiE.
Vie
USI
teus les interprèles catholiques; et qui con-
si$(e à dire que Moïse a foulu par ïè insi-
nuer la pluralité des personnes en Dieu, la
Trinité, que tout le Noureau Testament
su|i|K)$e avoir été connue au moins jusqu*à
un certain point dans la nation juive (169^).
UNITÉ de composition, examen critique
et réfutation de ce système. Yoy. Homme, art.
Il.~ Cnilé de.substance dans la Théodicée
humanitaire. Voy, THÉODicÉEHUMAxrrAiBB.—
Point d*unité entre les religions, objection
réfutée. Voy, Sca?iATUBALtSME % III. — Unité
de prophétie. Ibid. — Unité de sacrement.
ibià, -- Unité doctrinale et organique du
catholicisme, principe de son universalité.
Voy, Cathoucitb.
UNIVERS, son immensité. Voy. Astbotto-
MIE. — Grave objection réfutée. Ibid.
UNIVERSALITÉ du déluge, est-elle sou-
tenable? Voy, Déluge et note I, à la fin do
J" vol. — Universalité de la croyance au
dogme de Fenfer. Voy. Eivfer % I et note
II, à la fin du I" vol. — Universalité de la
crovance au do^me de la création. Voy.
CREATioif. — Universalité de la religion ca-
tholique, a surmonté les trois obstacles que
Dieu oppose à nos envahissements politi-
qnes et religieux. Yoy. CATHOUcrrÉ; est-
elle compatible avec l'amour de la patrie ?
Ibid.
V
VàCHEROT, réfutation de Pinterprétation
qu*il donne du i" chap. de la Genèse. Voy.
CRÉAT103I.
VALDRADE, femme de Lothaire II. Voy.
Hl^CMâE, I IV.
VALEUR des opinions des docteurs et des
saints qui n'appartiennent point à la foi.
Voy. Cosmographie, % III, iu6 /in.
VAN-DALE, réfutation de son opinion sur
rorigine des oracles païens. Voy. Démon ,
§iv.
VARIANTES dans le texte des Evangiles.
Voy. Evangiles, % IV.
VARIÉTÉS dans les animaui et dans les
végétaux. Voy. Races humaines, { IV.
VEDANTA, renferme le panthéisme idéa-
liste. Voy. Panthéisme, § I.
VEDAS. Voy. Pbntateuqoe, S '• — Nom-
l»re des Védns et leur authenticité. Voy,
l?roiANiSME, J I. — Interpolés. Ibid. — On ne
peut assigner Tépoque ni de leur origine
ni de leur collection. Ibid. — Proclament-ils
un Dieu unique ? Voy. Uiirré de Died.
VÉGÉTAUX nécessaires aui premiers
hommes. Voy. Psychologie, { V.
VELLA, médecin italien, confimse les dé-
couvertes de M. Van-Eeneden contre la gé-
nération spontanée. Voy. Géhébatioi» spon-
tanée, subfin.
VENT, a-t-il suffi pour sécher la terre lors
du déluge? Voy. Déluge, $ H.
VÉRACITÉ du Penlateuque. Vov. Penta-
-TECQCE, S VIII et suiv. *— Véracité des pro-
phéties confirmée par les découvertes des
voyageurs modernes. Voy. Paopbbties , $
If Tel JcDÉE. — Véracité des évangiles. Voy.
Eva^tgiij:, § V.
VERBE, est-il un ferver, un lianof er, le
iioiiiv etc. Voy. Mazdéisme, § IL
{ÎG9Â) Jésas-CliHst ei les apAlres parlent conti-
fiucileuieal aax lain» dq Père, da Fils ei do Saini-
S^prift, sans que jamais ils paraisseni étonnés de ce
2.3gage el leur demandent ce qu*il signifie. D*uo antre
^lé, ils qaesiionnent assez soii?eni le divin San-
refir, qiuiiid il énonce quelqne laii ou quelque doc-
rîi>e qu'ils D6 connaiseent pas. ( Voifez entre autres
ka^saj^es, Joan. m, 3 ; vi, 41, 4i; vni, 53.)
VÉRITÉS SURNATURELLES, leur révé-
lation. Voy. Prophétie.
VERS INTESTINAUX, belles découvertes
de M. VaU'^Beneden et réfutntion de la gé-
nération spontanée. Voy. Céxésation spon-
tatcée.
VERSIONS comparées du Pentateuque.
Voy. Peîitatecqce, § VU.
VERTU, n'est possible qu'à la condition
du mal. Voy, Mal, art. i, § III.
VICHNOU et ses incarnations. Voy. Iudia-
NisME, i IV. i— Est-il une des trois person-
nes de la Trinité chrétienne? Voy. TEi5rr&,
III.
VICTOR (Sawt), Pape.
§L
EtaitrU montauster
Suivant M. Ampère, « l'Africain Victor,
cet homme d'un caractère emporté, après
avoir donné dans les erreurs du montanis-
roe, s'était ensuite précipité avec un entête-
ment pareil, dans Topinion d'Anicet sur I9
jour de la Pâque (1G95). »
Il y aurait d'abord une extrême iniustice
à accuser saint Victor de s'être entêté sur
la question de la Pâque, puisqu'il céda sans
dimcuité aux réclamations des évêqucs, et
consentit à rester uni aux quatuordécimans.
Sozoroène est formel sur .ce dénoûment de
la discussion (1696).
Ensuite ce ne serait pas une inexactitude
moins grande de faire de t^ Pape un mon-
taniste.
M. Ampère croit que Tertullien a parlé de
saint Victor dans le passade où M. Amédée
Thierry supi)Ose qu'il s*agit d'Eleuthère.
H est t.*ès-)>ossible que Tertullien ait
voulu parler du Pape Victor, mais il est cer-
M695) UUt. /iff., t. !• p. 170.
(1096) SozoHÈNE, Biii. eecL^ I. Vil, c. 19:
< Porro exortam oliiii bac de re conlroversiani sa-
ptenlissiine dissolvisse niîbi videtur Victor.... Kx
conniuni consiiio ptacuit, al sîngnli restuia proal
cons«everaDt célébrantes, a motoa îjiier se cooudh-
nione nequaquam dîsee4eitni. >
1&S5
VÏC
DICTIONS AIRE APOLOGETIQUE.
¥iC
lu
tain qa il ne lui attribue pas la croyance du
montanisme. Uilit « que Vévéaue de Rome
reconnaissait les prophéties de Montan. »
Or, il ; a bien loin des prophéties de ce thau-
maturge aux erreurs dogmatiques de ses
disciples. Ce lut le contraire de ce que nous
a montré le jansénisme, commençant par
des propositions hétérodoxes et finissant
par des convulsions.
Pour nous faire connaître Montan, les an*
ciens nous ont conservé des extraits de
trois auteurs qui le combattirent, auteurs
contemporains du prophète phrygien. Us
nousapprennentaue, peuaprèsson baptême,
Montan se mit a prophétiser; il révélait
leurs fautes à ses auditeurs. Deux femmes
quittèrent leurs époux, le suivirent et pro-
noncèrent aussi des oracles. Le public s'é-
mut et se divisa d*opinioh; les uns les
croyaient inspirés, les autres possédés, ci,
tandis qu'une partie se rangeait sous leur
triste et austère discipline, de saints évè-
ques accouraient pour les exorciser. Ces
choses se passaient pendant la persécution
de Marc-Aurèle.
Or, des trois adversaires de Montan, ci-
tés par Eusèbe, aucun n*impute à ce thau-
maturge des atteintes aux dogmes. L'un le
dit possédé du démon, et nomme ses sui-
vantes des prostituées (1697) ; l'autre appelle
naïvement toutes ces merveilles « de 1 igno-
rance dégénérée en folie (1698) ; et un troi«
sième fait ces remarques décisives : Quel
est ce nouveau docteur? Ses actes et sa doc-
trine nous le disent assez. C'est lui qui
enseigne à briser le lien conjugal ; qui éta-
blit de nouvelles règles pour le jeûne ; qui,
pour attirer la foule dans les villes de Pe-
puze et de Tymium, les nomme Jérusalem;
qui établit des collecteurs d*argent; qui,
pour recevoir des présents, prétexte gue ce
sont des ofTrandes ; qui salarie ses mission-
naires, afin de donner à la doctrine du Verbe
le honteux appui de l'abdomen et de la
gourmandise (1699). »
Tel furent les reproches adressés à Mon-
tan par ses adversaires; ils le croyaient
possédé du démon, et cherchaient un mau-
vais côté à tous ses actes (1700), sans rien
indiquer cependant qui f&t contraire aux
enseignements de la loi.
Mais combien n'était-il pas facile à Victor
de se méprendre? Pourquoi se serait-il méfié
de ces jeûnes, puisque quelques orthodoxes
en pratiçiuaient de plus extraordinaires ?
Pourquoi aurait-il rejeté ces prophéties ,
puisque, au témoignage d'Eusèbe, le don
de prophétie était encore à cette époque
très-commun dans les Eglises? Si deux
femmes avaient quitté leur famille, les pro-
diges qu'elles opéraient ne semblaient-ils
pas prouver que l'Ësprit-Saint les avait con-
Î1697) EusÈBB, But., 1. V, c. 17.
1698> Eusèbe, v, 17.
1699) EosÈBE, V, 18.
(1700) ie ne pfétends certes pas Jusiiûer Mon-
Un ; je Tais seolement observer qae ses adversaires
rhercbaient un mauvais celé a loat ce qu*ii faisait,
Uudis que ses parUsans regardaient loui en lui d*un
duites? Des réflexions de ce genre sur Mu&.
tan furent sans doute présentées k Victor,
et purent momentanément lui faire illusioni
mais sur cela, comme sur la question de la
PÂque, il v eut de sa part si peu i'méit*
menif qu aussitôt qu'on l'eut détrompé, il
se hâta de révoquer les lettres de paix qui!
avait accordées.
Ce Pape, admirateur de Montan, ne tat
donc pas un sectateur du montaDisme; il
crut Montan inspiré par le Paraclet, mais
ne le crut pas le Paraclet en personne, cooi-
me le firent plus tard des sectaires; il ne
nia pas comme eux la Trinité, el ne se
composa pas, à leur exemple, une effroya-
ble eucharistie avec de la farine détrempée
du sang d'un enfant (1701). Saint Victor oe
fut pas montanistc.
DiB8 .e débal sur la Pique, tu tenj» de aiet Ir^
Victor préteodaitrU imposer son (^uiioa panicnlièR?
« Notre saint (saint Irénée; se montre,
dit M. Ampère, sous un jour tout nouveau,
protestant pour rindé()endance des Eglises
contre une des premières tentatÎTCs des
évèques de Rome, tentatives si souTent ^^
nouvelées pour faire reconnaître d'aborl
leur supériorité, ensuite leur suprématie
aux autres évoques. Les Eslises étaient
partagées sur cette question. Les onesiii-
saient la Pâque, ainsi que les juifs, leqoa*
torzième jour de la luùe; les autres le di-
manche suivant. Ce débat avait été souleré
avant le temps de saint Irénée. AnicelaTait
voulu faire adopter Tusage romain m
Eglises d'Asie; le grand saint Poljcarpe était
venu à Rome en conférer avec lui, et ils
s'étaient séparés en paix , chacun conser-
vant la tradition de son ^lise. Hais la to-
lérance d'Anicet ne fut point imitée par
l'Africain Victor. Cet homme, d'un carac-
tère emporté, après avoir donné dans te
erreurs du montanisme, s'était ensuite pré-
cipité, avec un entêtement pareil, dans lo-
finion d'Anicet sur le jour de la Pâqne.
lusieurs évèques d'Asie, et entre autres
l'un des plus vénérables, Polycrate, éfèqne
d'Ephèse, trouvèrent t r es -mauvais qoe lé-
vèque de Rome prétendit imposer è tontei
les Eglises de la chrétienté une opinion <{Qe
rien ne rendait obligatoire, sur un potst
2ue la tradition laissait douteux. Polycrat!
crivit une circulaire aux autres évèques...
A ces nobles paroles, à ces m&les acte&ts
d'un vieil héritier des apAtres, Victor ré-
pondit par une excomunication qtii attei-
gnait tous les évèques d'Asie, et mhm
quelques évèques de son opinion (1703). >
M. Amédée Thierry a sur ce sujet quel
ques observations que nous ne devons [a^
omettre (1703).
point de vue favorable. .
(1701) Sur les erreurs des montaiiîstes, i«m^'
LEMONT, Mémoireê, etc., t. Il, an. MontMmita.
(1702) f/tsi. /m., etc.. 1. 1, c. il, p. iG9.
(1703) Hi$t. de ta UauU êou9 i'Qdm.ntLt^^
G. 6, p. i5i.
1457
TIC
MCTlONNAinK APOLOGETIQUE.
Vie
II5S
« Les denx opinions [sur la Pâque) se pré-
sentaient donc arec une égaie aolorité.
L'Orient se conformait généralement & la
règle des Eglises de TAsie mineure, TOcci-
dent à celle de l*Eg!ise romaine. Cette dif-
férence subsista longtemps sans nuire à la
concorde. Déjà, en effet, le schisme était
imminent. Héritière de lliabileté adminis»
tralfTC, mais aussi de Tinflexibilité qui avait
donné la possession du monde à Rome tem-
porelle, Rome chrétienne cherchait de la
même manière, et avec la même constance,
à faire prévaloir ses institutions et son esprit.
Cette coutume de fixer la Pâqpe au dimanche
avait eu pour but, dans Torique, d*élargir
te séparation entre le christianisme et le
judaïsme (17M) ; elle était bonne en Occi-
dent, où la iMirenté des chrétiens avec les
Juifs ne créait que des embarras pour les
premiers. Aucune nécessité de cette nature
n'existait en Orient. Toutefois, dans une
question qui pouvait ainsi se débattre, Vic-
tor, successeur d*Eleuthère au ^iége épisco-
pal de Rome, s^attacha plutôt à imposer
qu'à convaincre, et l'opinifltreté de son in-
sistance, le ton impérieux de ses avertisse-
ments, enfin ses menacesd'excommunication
laissèrent déji entrevoir ses prétentions de
suprématie, qui éclatèrent plus tard au grand
jour. Moins par reconnaissance d'un pareil
droit que par crainte de sembler iudaïser
et par condescendance fraternelle, plusieurs
orientaux cédèrent, et plusieurs conciles
autorisèrent le changement de pratique
(EcsèBB, V, 23, fk,) Mais les ^lises de l'Asie
miaeure, fortes de leurs traditions, oppo-
sèrent an voeu de celle de Rome une résis-
tance invincible, et Polycrate, évêque dlî-
phèse, fut charâé de signifiera Victor ce
refus des plus illustres communautés d*0-
rient... Cette lettre, si digne et si belle, ne
fit pourtant quMrritcr Victor (Soceate, ffû/.
▼, ; EusiBB, V, 2% ; Epiph., hœr. 60, 9), qui
se sépara de la communion des Eglises dis-
sidentes. La dureté d'un tel acte afiligea
vivement la chrétienté. )»
Ce fut Tan 196. que se passa Févéncment
dont il s'agit. Les opposants n'étaient [iàs
les évêques de toute iUsîe, de tout VOrient^
comme le disent MM. Ampère et Amédée
Thierry; ce n'étaient pas même tous les
ëvèques de l'Asie mineure, c'étaient seule-
ment ceux de la partie qui, dans cette pé-
ninsule, porta le nom d'Asie proconsulaire,
et dontEphèse était la principale métropole.
Il en est souvent parlé dans les EpUres des
apôtres qui rangent l'Eglise d'Asie parmi
les autres Eglises de l'Anatolie (1705). Eu-
^he nous prouvera que l'opposition était
L^irconscrite dans cette Eglise et dans quel-
(1704) Noie de M. Amédée Tncaaf : < Blastos
tatenler judaisamm voM»it Introduoere ; Pascba
Tiiiai dicebat nen aliter oatCiMlieiidvni psse , oisi
u^cttndnm lecem Moisis siv nensis. > (TcaTCLL.,
Dr pTÉacripî. f
(1705) AcU$ de$ apdiret^ c. n, 9; c. vi, 9. —
«* Epiire de %mmi Pierre, c. f, I. — Socraie , ttiti.
'^ei.^ I. v,tt, dit : fl gmtémm igiior in mtnort Asia,
•i jam dixi, quaitom decimaoi observabaat dien. •
9elon cet Uuoricn, il y avait bien encore en Orient
ques évèchés voisins, auand il nous dira
que, hormis Polycrate d^phèse, tous pen-
saient comme Rome, et que, parmi les con^*
ciles oi^ se manifesta cet accord, on compta
celui de l'exarchat de Pont, appartenant i
la même péninsule que celui d'Asie.
Il n'est pas douteux que les apAtres niaient
eu des raisons très-graves pour établir les
différents usages qui, en 196, existaient en-
core dans l'I^lise sur la Pflque ; mais v a-
t-il de la vraisemblance que les Occiden-
taux, en choisissant pour célébrer cette
ffite un autre jour que la solennité mosaïque,
aient voulu empJfeher de confondre les
chrétiens avec les Juib, si détestés & Rome?
rhésite beaucc'up à adopter cette opinion
de M. Amédée Thierry, et, puisque ie vois
tout rOrient, moins un exarchat, d accord
avec rOccident, je préfère chercher une
raison unioue pour cet usage universel, et
croire que l'on fêta la résurrection du Christ
le premier dimanche après la pleine lune
de Mars, parce que le Christ était ressuscité
ceiour-là.
Quel qu'ait été dans le principe le motif
de ce cnoix, il était bon à la fin du n*
siècle que tous l'adoptassent. Saint Epiphane
a tracé le tableau de la confusion présentée
par les Eglises où nn régnait pas la règle
commune, et qui, d'ailleurs, n étaient pas
même à l'unisson entre elles ; il le termine
de la sorte : « En un mot, c'était un prodi-
gieux et affligeant désordre (1706). » Il fal-
lait donc un changement, et pour ce chan-
gement un débat. Les Asiatiques le com-
mencèrent entre eux, et l'initiative ne vint
pas de Victor, qui, selon H. Ampère se
serait précipité avec entêtement dans les
opinions dAnicet. Nous apprenons d'Eu-
sebe que le débat prit naissance en Orient,
c Sous le consulat de Dexter et de Priscus,
dit-il, s éleva de nouveau en Asie^ parmi les
évéques, la question de savoir si on devait
observer la PAgue le ik du mois, selon la
loi de Moïse : Victor, évéque de la ville de
Rome, et Narcisse de Jérusalem, ainsi que
Polycrate, Irénée, Bacchylle, et les pasteurs
d'un grand nombre d'Eglises, manifestèrent
ar lettres ce qui leur semblait proba*
le :i7OT). »
Ce fut donc en Asie que naquit la discus-
sion, ou plutôt qu'elle sUleta de nouveau.
En effet, Eusèbe a déjà raconté que vingt-
cinq ou trente ans auparavant, « & Laodi-
cée [dans V exarchat ^Asie), Servilius Paulus
étant proconsul, une ardente controverse
s'agita sur la fête pascale. » Méliton écrivit
en faveur de l'usase emprunté des Juifs, et
il eut Clément dr Alexandrie pour adver-
saire (1706). Rome n'intervint pas alors,
d*aatrea dîtsidenu, mais paortaot ils ne fêlaient
point la Pàqoe aa ménie jour que les Juifs, quoi-
qiills ne fassent pourunt pas iraecord avecla géné-
ralité des chrétiens. — ( voir aussi saint EnniAiiE,
t. 1,0. a2l,Hamsis70,e. 9.)
(Ii06) S. EpiPHANivs, Uœresiit lsx, Andtatu^
c. II, t. f, p.H2!.
(1707) Eosl^BE, CAroiiic, ad ann. iv Severi, DeX'
lero et Prîsco coss.
(1708) ErsteE, Hist. eccL, 1. iv, c. 26.
c
U59
\IC
DIGTiONNAmE AP(ftX)GETiQVE.
Vie
m
pas plus que quand la lutte s'engagea entre
Grescent et Alexandre, évtque «rAlexan-
drie (1709).
Avant ces trois débats sur la Pâque, il y
en avait eu un autre» dont les champions
furent saint Polycarpe de Siny rne et le Pape
Anicet. M. Ampère en a parlé. Il va sans
dire, selon lui, qu'Anicet provoqua. Cepen-
dant saintirénée, disciple de saint Polycarpe,
se borne à dire : « Le bienheureux Poly-
carpe vint à Rome au temps d'Anieet. Une
légère discussion avant eu lieu entre eux
sur divers sujets,, ils se donnèrent tout de
suite le baiser de paix ; relativement à la
question de la Pâquc, ils ne discutèrent pas
beaucoup ; >» mais quoique aucun d'eux
n'eût pu amener l'autre à son sentiment, ils
ne laissèrent pas de communier ensemble
(1710),. Eusèhe et saintirénée ne disent rien
de plus (17il). M. Ampère va donc trop loin
quand il nOirmc que le Pape entama une
lutte tht'olof^iquo qui amena saint Polycarpe
de Smyrne à Rome. Quelques mots sans
résultat auraient-ils suffi à une telle lutte ?
Il est donc bien plus probable que le saint
évêq^ue de Smyrne était seulement venu
comparer les usages et les traditions, en
visitant le tombeau et la chaire du chef des
apôtres, comme Origène le fera quelques
années plus tard.
Mais au moins, dira-t-on, quand Victor,
en 196» se fui mêlé au débat, ne vouIut-il
pas faire violemment triompher son senti-
Dient? ne chercha-t-il pas bien plus àrim-
poser (jfu'd convaincre ?
Le Pape ne voulut jamais qu'imposer le
sentiment de la majorité. C'est encore le
témoignage d'Eusèbe. « Une sérieuse con-
troverse s'éleva, parce que, dans l'Asie
(1712), toutes les Eç^lises, appuyées sur une
ancienne tradition, pensaient qu'on devait
célébrer la fête de la Pâque salutaire à la
quatorzième lune, le même jour où il était
commandé aux Juifs d'immoler l'agneau...
c^uoique cependant les autres Eglises de tout
1 univers eussent une habitude différente,
qui, venue de la tradition des apôtres, est
encore suivie... Des synodes et des assem-
blées d'évêques se réunirent à ce suiet, et,
d'un consentement unanime, donnèrent à
tous les fidèles, par lettres^ la règle ecclé-
siastique à savoir, que le mystère de la ré-
surrection du - Seigneur ne se célébrerait
jnmais un autre jour que le dimanche, et
que nous ne terminerions qu'alors le jeûne
pascal.» L'historien dit ensuite que l'on
possédait encore de. son temps les lettres
écriles sur ce sujet par les conciles de Pales-
tine^ de Borne, du Ponly des Gaules, d^Osroène,
en Mésopotamie, ainsi que les épllres de Bà-
rhylle de Corinthe et d'un très-grand nombre
d'autres, a Tous, en proclamant la même foi
(1709) S. EpipRAKius, ubi supra.
(17iO) EosÈBG, lli$t. eccL, v, 24.
(1711) Eu>ÈBE, Ilisl. eccL, iv, 14. — S. Jérôme,
De viris fV/nsii t6us, c. 17.
(1712) 11 s'agilitc PAsie proconsiilaire seulciucnl,
CH)mme on Va prouve tin pr u plus haut.
(ilV>) Uhl.eccL, v,'25.
et la même doctrine, publièrent une même
sentence, fit cefutlà, poursuit Eusèbejear
définition, comme je 1 ai dit (1713). « Keve-
nant un peu plus loin au coDcile de Pales-
tine, où se trouvaient aussi les évêqaes de
Tyr et de Ptolémaïs, et où Ton discuta long-
temps sur la tradition du jour pascal, « tra-
dition venue dos apôtres sans aucune iuler-
ruption, i» Ensèbe transmit la fin de ia
circulaire de ce synode. « Ayez soin,diseDi
les Pères réunis, que des exemplaires de
notre lettre soient adressés à tontes les^li-
ses, pour que ceux qui éloignent lémêiain^
ment leurs âmes du sentier de la vérilé, ne
puissent nous imputer leur crime. Mous vous
annonçons aussi qu'à Alexandrie ou célèbro
la Pâque le même jour que nous. Des épl-
tres sont mutuellement envoyées d'ici a
Alexandrie et d'Alexandrie en ces lieux, di*
s'^rte que nous sommes d*accord pour célé-
brer en même temps le très-saint jour(i7U;.i
Il y eut aussi un concile tenu k Kphèse.m
la demande du Pape, comme le dit espits^^
ment Polycrate ; ce fut le concile de l o|)|H)-
sition (1715;[.
Victor exigea donc que Ton se confnrniât
non pas à son sentiment particulier, mais
au sentiment qu*il partageait avec r£i(li>€
universelle. Que peut-on souhaiter de \ks
canonique, ou, si vous l'aimez mieu^, ù
plus constitutionnel ?
On a dit encore que la question de la Ti-
que, au deuxième siècle» pouvait sedébaiirt
et qu'elle roulait sur un point laissé dotum
par la tradition. C'est vrai ; aussi le Pa|^
ne trancha-t-il pas la difficulté, mais ckr-
cha-l-il d'p^)ord à faire dissiper les dou*.i>
par des conciles.
On a dit que rien ne rendait cbligaloirt
Vopinion de Victor. Soit, mais la décision u
la majorité n'était-clle pas obligaloire? V^
avait-il aucune obligation pour la minorie
d'abandonner ses usages : cause dcs/)rWi-
gieux désordres décrits par saint Epiptjaû *
Or, Home n'exigea pas au ire chose qui <-!
soumission aux décisions de la u.i<; •
rite.
On a dit que plusiturs conciles orifnia-^
cédèrent. Eusèbe n'a point parlé Je celai"
nous a montré, depuis la Mésopotamiep
que dans les Gaules, la pratique uuite'^
des églises appuyée sur une ancienne ir.^
dilion, venue sans interruption desa|>ôir^
eux-mêmes, et attestée par de numbaJ^
conciles.
On a dit que ce furent Us plus ill^'^y
communautés dfOrient qui résislèrcui. ti*
quoi, je vous prie, étaient-elles i)lu>if'^''
très que celles de Jérusalem, d'Alet,in.i'')'
d'Antiocbe, de Rome? C'est qu'elles ro-
tèrent, n'est-ii pas vrai ? Alors leur su|«-
riorité fut de courte durée, puisqo en ^^
(1714) EosÈBB, V. — Eotycliiiis, AlesMànsi '•
naies, p. 565, 561, Ul, liit que Déméu-ios. e-^'<
d*Alexaiidrie écrivil aux évèques de Itonie, ^<^*'
bulem et d'Âiil.oclie, coiiforinéuienl au kb^o^
géHéral.
(1715) EtsÈBE, HUL eeçl., v, ^4 : i Qoesçeu-ti
ut convocarein. i
Îi6\
w:
mcnOMNàfllE APOLOGETIQUE.
Vie
uc?
au concile de Micée, ConstantiD les dta,
eotre autres aux qualuordécimans» comme
modèles de régularité orthodoxe sur la Pfl-
quc (1716).
On a dit que cette lettre §i digne et si belle
de Polyerait, que ces accents si nobles tt si
mâles ne flrent ou'irriter le Pape. Suffit-il
donc è un parti de posséder un habile ora*
teur pour que son obstination n'indigne pas
les chefs de la société qu'il trouble?
On a dit qu'Anicet avait été plus tolérant
Îne Victor a Téganl des qualuordécimans.
Vst vrai ; mais Anicct avait-il sous les jeux
les décisions de tantdeconciles ? avait-il sous
les jeux Tépltre de Poljcrate, où Tusage
des Asiatiques est présenté, non-seulement
I omme toiérabte , mais encore comme la
règle de la foi (1717)? avait-il sous les jeux
le schisme d'un Blastus qui , au milieu
même de Rome, imposât aux Chrétiens la loi
ile Moïse sur la Pâque (1718) ?
On a dit que la conduite de Victor n'avait
«"'té qu'une tentative^ du reste assez malheu-
reuse, pour élever la papauté è l'autorité
suprême dans l'Eglise. Ce fut mieux qu'une
t'-ntat ve, ce fut une éclatante manifi^slation
«!e cette autorité. N'en trouvons-nous pas
in preuve dans la convocation des sjnodes
I i ont Eusèbe nous a parlé? C'est en vain
tfu'on nierait Tintervention du Pape dans
r<*iie convocation. Ces assemblées furent
tenues en même temps et pour un même
l*ut en Europe, en Asie et en Afrique. Il j
pit donc parmi les évêques quelque per-
sonnage u une puissante inuuence pour
j rofioser ces réunions, et cet agent inter-
f!:<f;Jiaire dut nécessairement être le pou-
nnr central, s'il en existait un. Or, ce pou-
%'oîr central existait, et saint Irénée le
fi 0111 mai t Véminenle principauté delà chaire
fi rée à Rome par saint Pierre (1719). Polj-
crate, d'ailleurs, n'a-l-il pas avoué que
c'était i la demande de Victor qu'il avait
réuni les évêques d'Asie? Lautorité uni-
verselle de la papauté s'est donc manifestée
À l'occasion du débat sur la Pâque. Sans
«foute, la SHoériorité de Victor ne ressem-
blait çuère à la suprématie d'Hildebrand ou
«Je Pie Vil. Qui donc s'en étonne, sinon
ceux qui n'auront pas compris les devoirs
4I0 la papauté? Les temps divers en déter-
«ijînent diversement faction; au milieu des
r)f >otres inspirés aussi bien que saint Pierre,
(1716) Ecstae , Vii. Constaniiid , L III : 1 Per
A ^tanam et Poulicam diœcesiui. »
(1717) EosfeM, Uist. ecd , v, 94.
(1718; EosÈBE, l/isf., V, 13 cl 20. — TEavirLLiEii,
/>r prœscrtpt,, c. 53.
I I7fl9) (Vomira hœre$e$^ ni, 3.
(1720) BossocT, Defemio dedarationis deri gatih-
^ctni , |Nirt. u, I. XI, c. 20 : < Coocedimns in jore
<|U'<leni fcclesiastico papam nibil non posse, eum
■k^cessilai i«l posiulaverii. »
(172t) Cei agencement des faits, présenté par
T I llemont , n*es( pas aussi- nettement exposé dans
fCiJsêbe ; il n'en est pas moins vrai. Je regrette que
T i llemont ne Tait pas lui-même prouvé ; toîcî, du
wsoîns, comment il me semble qu'on peut rétahlir.
I*«iis4|ue Victor fit assembler les conciles de toute
1 l-C^U:c pour que chacune donnât son avis, ctî-
elle se borne à prendre la première la pa-
role ; mais, au moyen Age, elle semble touie
l'Eglise. Elle peut tout quand il Iefaut(i720j.
Son autorité est comme celle de noire mère ;
elle se déploie ou se contient suivant les
besoins de ses 61s.
Jai suivi dans toutes ses ramidcations
Terreur de MM. Amédée Thierry el Am)>ère
sur l'intervention de Rome dans le débat re*
latif à la Pâque; j'ai montré comtnen cette in-
tervention avait été canonique et légale, et
combien l'on avait tort de lui donner pour
caractère, dès le principe, la sévérité à la-
quelle Victor n'eut recours qu'à la fin.
En effet, lorsque tous les conciles se fu-
rent prononcés, « Polycrate, dit Tiliemont,
s'opposa à cette résolution universelle...
Victor lui écrivit pour le prier d'assembler
les évêques de sa province, en le menaçaot
même de le séparer de sa communion, s*îi ne
se rendait au sentiment des autres (1721). »
Polycrate assembla effectivement ses con-
frères en grand nombre... Suivant leurs avis,
Pol/crate écrivit à Victor et à l'Eglise ro-
maine« ou contre Victor, comme traduit
saint Jérôme, parce qu'en effet il refusait
de consentir à ce qu'on lui demandait, et
témoignait qu'il ne s^étonnait pas des me-
naces par lesquelles on prétendait Tépou-
vanler (1722).
MM. Tbierry et Ampère n'ont vu dana
toute la discussion que cette sévérité finale;
aussi leur a-t-elle paru aussi blâmable
qu'elle nous semble naturelle, à la suite des
circonstances qui l'avaient excitée.
§111.
Le Pape Victor, dans le déliât sor 1j Pteoe,
mooia-t-îl ses propres partissnsf
« A ces nobles paroles, {de Polycrate) è ces
mâles accents d'un vieil héritier des apôtres,
dit M. Ampière, Victor répondit par une
excommunication qui atteignit tous les
évêques de son opinion (1723). »
C'est donc à dire c]ue Victor était fou 1
qu'il lançait en furieux les anathèmes,
comme un ouragan précipite la grêle et les
éclairs, sans voir où il frappe! Qu'en pense
M. Amédéa Thierry, lui qui vante au con-
traire V habileté administrative passée en
héritage de Tempire au Pootife? Je n'ai pas
à mettre d'accord ces deux opinions; cest
demment il ne parji pas d*escommnnier avant que
ces avis eussent été recueillis. Ce fut donc de ti^ute
nécessiié, en adressant à Polycrate les décrets des
divers conciles , en lui demandant de réunir ses
Sttffraganis pour les leur commnniifoer, qu'il dut le
menacer au cas ou il ne suivrait pas la pratique de
la majorité.- Vctr aussi Dumct, Cou/, eect.^î. I,
art. 2 , d'une disseruUon sur la coiitesution qui
nous occupe. Il raconte les fa ils comme Tiliemont,
mais avec cette différence qu'il semble croire qu^
quelques menaces avaient précélé Fenvot du réàul*
lat des conciles. J*ai montré rinvraisemUance d»
celte opinîon, qui ne repose sur aueune preuve.
(17ii) Uémoireê pour unir à thûtoire tcdéëia^
tique dei six premiers sièdes^ t. U, Saiiil Victor «
p. ID7.
(17iÂ) LU snpra.
lias
TIC
nCTiONNAlllE APOLOGETIQUE.
Vie
m
8ssez pour moi d*eipiiqfier une demi-ligne
d*Eusèbe mal comprise par M. Ampère.
L'ancien historien de l'Eglise a dit qu'a-
près avoir reçu la lettre de Polycrate, q Vic-
tor, évoque de Rome, s*efforça de retrancher
de la communion, comme ayant des senti-
ments contraires à la rectitude de la foi ,
toutes les Eglises d'Asie, ainsi que celles
des provinces voisines (1724). »
M. Ampère imagine que ces provinces
voiiineif excommuniées en même temps
que l'exarchat d'Asie, étaient pourtant du
sentiment du Pape. Mais il sufiit de vouloir
comprendre, pour être convaincu, que,
d'après Eusèbe, un même motif, l'oppoft-
iion à la rectitude de la foi^ avait fait sévir
contre l'exarchat et son voisinase. Si le
Saint-Siège n'avait pas plus ménagé ses par-
tisans que ses adversaires, est-ce que les
évèques, dans leurs réclamations contre la
sévérité de Victor, n'auraient pas intercédé
pour leurs frères orthodoxes injustement
condamnés, comme ils intercédèrent pour
leurs frères errants condamnés trop préci-
pitamment? Et pourtant ils n'en parlent pas;
nous allons le voir.
Victor n'excommunia donc que la mino-
rité qui refusait de se soumettre aux décrets
du plus grand nombre..
liV.
Lee évoques s'opposèrenl-iU à l'arrél de saiat Vietor
eomme à un eropiôLeoieut sur leur iodéneiidance ?
ff Ici saintirénée intervint, dit H. Ampère,
Il était sur le fond de la question, de l'avis
de Victor; il croyait la Pâque plus conve-
nablement filée au jour adopté par l'Eglise
Romaine. Il n'en trouvait pas moins intolé-
rable la prétention qu'elle proclamait d'im-
poser sa décision dans un cas douteux. Sans
se séparer de cette Eglise, Irénée écrivit h
Victor une lettre très-vive, à en juger par
l'expression d^usèbe, qui dit qu Irénée
flagellait très-rudement son adversaire. Eu- ,
sèbe a conservé quelques i»assages de la
lettre ; mais probablement, 'd'après ce qu'il
en dit lui-même , ce ne sont pas les plus
énergiques. Irénée écrivit en même temps
à un grand nombre d'évèquej, pour les
exhorter à tenir bon et à maintenir l'indé-
pendance de leurs Eglises (1725). »
Il est très-vrai que des réclamations vives
s'élevèrent contre. l'arrêt de Victor; mais
en quel sens? Refusait-on de reconnaître
au Pape le droit de purlcr une sentence, ou
niait-on seulement l'opportunité de la sen-
tence?
«c Victor, évèque de Rome, dit Eusèbe,
proscrivit, par des lettres qu'il publia, tous
les frères de ces contrées (de Vexarchat) et
les déclara absolument étrangers à l'unité
de TEglise. Mais ceci ne plaisait pas à tous
les évèques. Aussi , tout au contraire ,
exhortèrent-ils Victor à préférer les senti-
ments (|ui s'accordaient avec la paix, l'unité,
la charité pour le prochain. Maintenant en-
core existent les épltres par lesquelles ils
reprennent très-fortement Victor. Irénée,
l'un d'eux, dans une lettre écrite au nom
des frères qu*il présidait en Gaule, soulienl,
à la vérité, qu'on doit célébrer le mystère
de la résurrection de Notre Sei^eivr senle-
ment le Dimanche; cependant il avertit dé-
cemment Victor de ne pas excommimier
des églises entières parce qu'elles sont fi-
dèles a Tusage que leur ont lé^é les an-
ciens. Et, après beaucoup d'autres diosesà
Tappui de ce qu'il soutient, Irénée parle de
la sorte... »
Dans le long extrait transcrit par Eosèbe,
Tévéque de Lyon rappelle au Pa()e ses tolé-
rants prédécesseurs: Anicet , Pie, Hjgin,
TélespLore, Sixte; il s*arréte surtout èTeo-
trevue de Polycarpe et d'Anicet, qui, mV
gré la difTérence de leurs opinions sur k
PAque, ne laissèrent pas de communier
ensemble. Ensèbe dit ensuite : ïidèle ï
son nom, qui signifie amt de la poix, Iré-
née, tout aussi pacifique par ses uabiludcs
que par son nom, donna ces avis et allégua
ces exemples pour obtenir l'union des Egli-
ses. Et même ce ne fut pas seulement ï
Victor, mais encore à un grand norobre
d'entre les autres piésidents des Eglises,
qu'il écrivit dans ce sens sur la controTer>e
alors agitée (1726). »
Il est maintenant bien facile de tronrer
la solution que nous cherchons. NausToroos
3ue saint Irénée n'accusa point le Pap-c
'empiétement, ni ne pressa lesévêquesde
sauver letir indépendance; il les appela non
pas à la défense de leur liberté en \jnl
mais au maintien de l'union que >iclûr
rompait pour un motif que tous ne jugeaicot
pas suffisant.
N'était-ce donc pas scdéclarerindépeiidâiii
que de ne pas souscrire è la sentence à
Pape? Certainement non. Par cette opposi-
tion, les évèques empêchaient ce qoil^
croyaient une précipitation de Jautorité,
mais ils ne niaient pas cette autorité; il^
proclamaient non pas leur indé|»en(lâD(t,
mais leurs vœux pour la concorde; ils<iî-
saient que Victor oublait la patiente chariiv
de ses prédécesseurs, mais ne disaient |^
qu'il eut fait une tentative pour usurper )5
supériorité et la suprématie; en un niflj,
ils reconnaissaient sa primauté, pui«)ûi|^
ne la mettaient pas en doute, mais en io^li-
quaient seulement les limites.
S'il était possible que quelque om
voilât encore le sentiment de saint Irécce.
elle se dissiperait bientôt devant cespari*k;
« La tradition que les apôtres on! pr^'t'*
dans tout l'univers, il faut la cberdetr.'
chaque Eglise, si nous voulons entendre ':
vérité, et nous devons compter les év^o'^
institués par les apôtres dans les Bé^^\
leurs successeurs, qui jusqu'à nous c^'P
rien enseigné de pareil (d ce qued'n^^'!
hérétiques)^ et nont point connu de ^
(délires.... Mais parce qu'il serait trop w%
{\m) EiîgfeBiE, IlitLecci., V, 2i.
tl7i5) Hfii./fir,, etc., •.!,?. 171.
(!7i6) EcsÈBE, V, Î4.
1465
TIN
MCTION^iAIRE APOLOG£TIQl E.
\ÏS
U66
dans on livre comme celui-ci » de parcourir
la succession de toutes les Eglises, nous ci-
tons de FEgiise très-f^ande, très-ancienne,
connue de tous, fondée et constituée à
Rome par les deux plus illustres apôtres,
Pierre et Paul, la tradition qu'elle lient des
apôtres, ia foi atmaneée aux homme$ (i7i7),
.et qui est parvenue jusqu'à nous par la suc-
cession des évéques, nous la citons, et nous
confondons tous ceux qui, pour quelque
motif que ce soit, ou mauvaise complaisance
en eux-mêmes, ou vaine gloire, ou aveu-
Î;lement, ou sentiment erroné, recueillent
tes ariiele$ de leur symbole) ailleurs qu'il ne
faut. Car c'est avec cette Eglise, à cause de
sa plus puissante primauté {potauiorem
orineipaliiaiem)^ quil est nécessaire que
toute rEglise s'accorde, c'est-à-dire les fi-
dèles répandus en tous lieux ; et toujours
en elle les fidèles répandus en tous lieux ont
conservé la tradition apostolique (17i8). »
Cet extrait est bien long, mais qu'il est
précieux 1 il est à regretter que M. Ampère
n\y ait pas pris garde, quoi qu'il ait si mu-
nûtieusement exploré le traité du saint
évéque de Lyon.
Or, est-îl possible, quand saint Irénée
veut que toute l'Eglise, que chaque chrétien
suit uni à Rome, parce qu'elle conserve in-
tact le dépôt de la foi, et que sa prééminence
est plus puissante que toute autre autorité
ecclésiastique, est-il possible de dire que
cet évéque ait voulu liguer ses frères contre
Rome et les .engager à tenir bon? Est-il pos-
sible de se dire que la supériorité des Papes,
au II' siècle, n'ait pas été autre chose qu*une
ambitieuse tentative^ que le premier symp-
tôme d*un onnieilleux vertige donné par la
splendeur de Rome à l'héritier d'un pêcheur
de Galilée?
VIE INTÉRIEURE. Foy. Eucharistie, §11.
— Vie intime de Jésus-Christ. Voy. Jésus-
Chbist, art. I. — Vie divine en nou5, im^
}*o5sible sans le sacrement. Voy. Suenj^ti;-
RAUsyB, g V'I. — Vie divine, ses fondements
dans l'humanité. Voy. Sacbement.
VIE, sa durée moyenne chez les divers
peuples. Voy. Races hcmaixes, g VI.
VIERGE, doit donner le jour au Me^e.
Voy. ROTS XV, S lU, à la fin du vol. — La
mainte Vierge, son cantique. Voy. note XV,
S VIII , à la fin du volume.
VIERGES, l'Eslise primitive les attirait-
elle par la vanité au célibat? Voy. Célibat,
|iv.
VIN, y en avait-il chez les^yptiens 7 dif-
lleulté résolue. Voy. MoauMEirrs corfib-
mant les Bécrrs de la Rible, | VIII.
VINCENT DE LERINS (Saint). — On
ignore le temps précis et le lieu de sa nais-
d-ance: on sait seulement qu'il naquit en
làaule vers le commencement du v' siècle.
Jl n*a laissé qu'un petit volume, le Corn-
(I7%7) Allusion à on mot de sainl Paul aui Ro-
tnains Èphl, adRomonos^ c. i« 8, 8.
(t7i8) Cotitra hœreutt m, 5.
(I7i9) I..e8 s«'nii-pélagiens croîaîent queriiommc
peut de lui-mèuie, taus k; secours Ae la gràtc,
moniioire , dans lequel l'auteur établit la
rè^le de la foi orthodoxe, laquelle, selon
lui, est Tautorité ; ce que les chrétiens ont
cru tous, toujours et partout, à ses yeux,
voilà le dogme. L'Eglise n'a jamais autre-
ment pensé.
IL
Saint Viocem a-lrH éU aemi-pélaglen (1729)?
« Un docteur, à qui l'épithète de saint n'a
jamais été disputée, dit M. Ampère, se pro-
nonça aussi contre les doctrines de la pré-
destination : ce fut saint Vincent de Lérins.
Il publia dans la première partie du v siècle,
lin petit traité, espèce de résumé et de con-
clusion des principales discussions et des
principales hérésies qui avaient jusque-là
partagé et agité l'Eglise. Dans ce traité, qui
contient la solution de toutes les dilEcultés
et le dernier mot de toutes les controverses,
et qui est en général, d*une orthodoxie ri-
goureuse, les opinions augustiniennes sont
|)eu ménagées. Dans le chapitre 2fc, Vin-
cent de Lérins censure vivement ceux qui
font Dieu, auteur du mal, en supposant'
que sa prédétermination nous y porte in-
vinciblement. Dans le chapitre 26 il combat
ridée de la prédestination des élus. ( Voy.
WiGGBR Vertuch^ etc. t. II, p. 21i.) On n'en
sera pas surpris, si Ton se rappelle d'oii est
sorti saint Vincent de Lérins; son nom le
dit; il est sorti de cette illustre abbaye de
Lérins qui a fourni, pendant le V siècle, à
la Gaule méridionale, tant de grands hom-
mes, d*évéques, de saints illustres, et aussi,
il faut le dire, les prindpaux appuis du
semi-pélagîanisiue. Saint Vincent de Lérins
Faralt être ce Vincent qu'attaque saint
rosper dans un traité intitulé : Objeciionee
Vineentianœ. L'auteur de ce délicieux éloge
de la Solitude f si cher aux habitants de
Port-Royal, saint Eucher, avait sur la grâce
des opinions bien différentes des leurs, car
il était aussi semi-pélagien. Il en fut do
même de Salvien, Tliomme le plus éloquont
du V* siècle, de Valérianus, évèquc de Cé-
nusium, de l'historien ecclésiastique Gen-
nade, enfin, du célèbre Faustus, évêque de
Riez (1790).»
L'inexactitude princii)ale de ce fragment
est encadrée dans une demi-douzaine d'au-
tres inexactitudes accessoires.
J'arrive à l'erreur capilale de l'extrait de
M. Ampère.
Une preuve décisive que saint Vincent n'é-
tait pas semi-pélagien, c'est qu'il cite avec
honneur, et comme modèle de règle catho-
lique, une lettre du Pape Célestin contre le
semi-fiélasianisme. Il dit : « Le saint Pape
Célestin, dans une lettre adressée aux évè-
ques des Gaules, après les avoir accusés de
complicité , parce qu'en se taisant ils lais*
salent l'antique foi sans défense, et n*em-
irrifer à la fol et désirer faire son sahit. Selon euv,
rbomine commence, la gtàce continue; tandis que
rortiiodoxie enseigne que Taide de Dieu nous e^i
toujours nécessaire, même imur arriver à croin*.
(t7;yO) Uni, lia., etc., t 11, p. i8.
ltC7
V!N
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
TIN
m
pèchaie'nt pas les nouveautés profanes |de
s'élever, ajoute : Nous sommes grandement
responsal)lcs si nolro silence favorise i*er-
reur. Qu'on réprimande donc de tels nova-
teurs, et qu'il ne leur soit plus permis de
parler à leur gré (1731). »
Or saint Vincent, s'il eût été semi-péla-
gien, aurait-il ainsi loué l'épltre pontificale?
aurait-il ainsi vénéré la verge qui le frap-
pait?
Je n'ignore pas l'observation de M. Am-
père sur cette lettre. Selon lui, « les semi-
pélagiens, qui ne se trouvaient pas nouveaux,
et qui trouvaient, au contraire, nouvelles
les expressions et quelques-unes des idées
de saint Augustin et de saint Prosper, se
gardèrent de s'appliquer les paroles vagues
de Célestin (1732). »
Les novateurs, moins heureusement ins-
firés que M. Ampère, ne s'amusèrent pas
faire sembianta'ignorerque saint Célestin
parlait d'eux. Ils te reconnurent, et leur
urétexte pour différer la soumission fut que
tes ouvrages de saint Augustin, dont il fal-
lait embrasser la doctrine, ne se trouvaient
pas spécifiés dans Tépttre du Pape. Saint
Prosper, qui leur reproche ce détour (1733],
les aurait également blâmés de celui qu'i-
magine M. Ampère, s'ils l'eussent employé.
Et comment, d'ailleurs, auraient-ils pu
s'imaginer que Téptlre de Célestin blâmât
saint Augustin et saint Prosper, puisqu'ils
y apprenaient gu'elle avait été écrite en
faveur du premier, et à la sollicitation du
second ? Saint Vincent, semi-pélagien, n'au-
rait donc pas cité comme modèle d'ortho-
doxie et de fermeté cette lettre oii les con-
damnés lisaient eux-mêmes publiquement
la sentence du semî-pélagianismc. Si d'ail-
leurs, il n'avait réellement pas su à qui en
voulait celle décrélale, ou si Tinlention de
la pièce avait disparu sous le vague et la
banalité des paroles, l'aurait-il choisie pour
en faire une des bases de la thèse dévelop-
pée dans son Commonitoire ?
Je le répèle, saint Vincent nb fut pas semi-
pélagien. A-t-il pu le déclarer plus expres-
sément que quand il a dit : « Qui donc, avant
ce profane Pelage, osa présumer de la force
du libre arbitre jusqu'à croire que la grâce
de Dieu ne lui soit pas nécessaire pour l'ai-
der au bien en chacun de ses actes? Qui ja-
mais, avant Célestius, monslrueux disciple
de cet hérétique, nia que la race humaine
ait été enveloppée dans fa prévarication
d'Adam (1734)? » C'est donc pour chacun de
nos acte^ surnaturels que saint Vincent
exige le concours de la grâce, aussi bien
pour le premier pas dans la carrière de la
foi que pour le aernier, pour celui qui in-
troduit au ciel; il n'en excepte aucun. Il
n'était donc pas oartisan du semi-pélagia-
(f73l) tommonit., c. 32.
(1752) HUt. /i«., PIC, f. Il, p. 28.
1735) Contra Coltatorem^ n" 58, dȕi$ saint Au-
pwsiin, t. X. p. 132.
(l'34)Cli. 24.
\1735) héfut, du catéc/i. de tanj, c. 8.
nisme, qui niait la nécessité de la grâce poor
le commencement de la foi.
Saint Vinceot a-t-il attaqué saint ÀugasiiB?
Il ne s'agit pas de saint Augustin dans 1^
chapitres indiqués par M. Amoëresurlafoi
de Wigger. Que ne les a-t-il étudiés lui-
même ! Je vais en extraire les eodroiuaui'
quels on fait allusion.
Chapitre S4. «c Avant le magicien Siiooo,
frappé du glaive apostolique, et de oui jus.
quà Priscillien, dernier rejeton de la secte,
est descendu ce vieux cloaque de turpitu-
des, par un continuel et secret écoulement,
qui donc osa jamais soutenir que Dieu e«t
I auteur du mal, c'est-à-dire de D0scrimc>:,
de nos impiétés et de nos forfaits? Siioôa
assure que Dieu erre de ses mains la naluN
de rhomme de telle sorte que, par unm&tt-
vement propre et sous l'impulsion duce
volonté nécessaire, elle ne peut et ne veit
rien autre que pécher, une convoitise insa-
tiable remportant, agitée et embrasée par
les furies des vices, dans les abîmes delco*
tes les infamies, i»
Dans cette sortie de saint Vincent contre
Simon le magicien et Priscillien, nousoe
trouvons ni le nom ni la pensée de rérèjut
d'Hippone. Jamais saint Augustin ncmoD-
naîtrait pour sa doctrine ce blasphème con-
tre la dignité humaine par lequel PrisciLiea
nous supposait incapables de pouvoir, oiéoie
de vouloir le bien.
Saint Augustin croit/il est vrai, quepoat
gagner le ciel il faut une grâce de Dieu;
mais, outre ces vertus surnaturelles du Chré-
tien, il y a le bien moral, gui est accessihlh
selon le grand évoque, même aux infiJf ie>.
Il a dit, dans son traité De V esprit et ât /«
lettre f que Bossuet appelle un dûctt i'-
vre (1735) : « Relativement à ces infidèles qù
ne rendent pas au vrai Dieu uncuUevérh
table et légitime, nous lisons et nous coq-
naissons deux, ou nous en avons eDleoàu
raconter des actions çiue non-seulemen'*
d'ai>rès les règles de la justice, nous ne pou-
vons blâmer, mais auxquelles nous dm^y
des louanges bien méritées... Cest que IV
mage de Dieu n'a [ms été si complèlemeci
effacée de Tâme humaine |)ar la souiliar^
des affections terrestres, qu'il n'y en «5U
de légers linéaments : ce qui nous perœti
d'affirmer que l'âme, mèrae dans linGiiéiiW
de la vie, peut.obéirà quelques presrnr
tions de la loi et de la sagesse, quoique ct'^
ne puisse lui servir pour atteindre h ^^
promis au seul Chrétien (1736). ■
Saint Augustin ne croyait donc pas, codidk
Priscillien, à l'impuissance radirâle p'^cr
l'homme de s'élever à la vertu. Ce n'est df
pas de lui que saint Vincent a voulu parn'
(1736) De spintn et littera^ c 57, n* «.- î^^*
Augustin ne louait pas dans les inCdèies loai «J"
nous y admirons, beaucoup de .leurs ploj ►^*
actions lui semblaient vicieuses par TorgiitiU"' ^
inspirait. Toutefois , U croyait que nous w^^*'
plusieurs de leurs actions dei louaitQtt Wf» «*'■'''"
lo9
VIN
DICnONNAlIlE APOLOGETIQUE.
VW
Ii7d
inns le vingt*r]iialrième chapitre de son Corn-
nontloire. 11 eneslde même de Tautre cha-
ntre cité par H. Ampère.
Chapitre 26. « C'est une chose surprenante
{ue la manière dont les hérétiques ont ac«
»utuQié de surprendre les personnes sim-
ples par les promesses dont nous allons
)arler : Ils ont Taudace de promettre et
l'enseigner que dans leur église, c'est-à-dire
ians le conventicuio de leur communion,
e trouve une grâce de Dieu, grande, spé-
iale et tout è fait personnelle, en sorte que,
ans le moindre effort, sans la moindre ap-
ilication, sans demander même, ni chercher,
lî frapper à la porte, tous ceux qui font
lartie ae leur société sont favorisés du ciel
u point de ne pouvoir jamais heurter leur
•îeJ contre la pierre, autrement de n'être
imais scandalisés, portés qu*ils sont par
es mains des anges et préservés par leur
rotection. »
Saint Augustm n'ayant jamais prétendu
d'il sufilt do se ranger parmi ses disciples
our être élu et prédestiné, il n'a donc rien
craindre, ni sa doctrine non plus, de cette
ir;oureuse attaque contre je ne sais quels
>iis dont le nom échappe à l'histoire.
M. Ampère croit découvrir encore ailleurs
es traces de l'hostilité du moine de Lérins
>n(re l'évèque d'Hippone.
« Dans l'ouvrage de saint Vincent, dit-il,
ans cet ouvrage dont le byt unique est
exposer les bases de l'orthodoxie, ce qui
<:( constamment opposé à Thérésie , c'est
Eglise universelle , le consentement de
»us ou de presque tous les prêtres, des doc-
»urs, desévêques; mais nulle autre auto-
té n'est invoquée, il n'est fait allusion à la
jprématie d'aucune église particulière.
<« Les paroles de saint Vincent sont posi-
vos : « Il n'appartient à aucun évêque d'im-
poser une décision aux autres; nul n'a ce
droit; quoique évéque on martyr^ tout ce
qu'il aura pensé ou écrit en dehors de l'o-
pinion de I^glise unanime doit être rejeté.»
D trait peut bien avoir été spécialement
rigé contre saint Augustin, qui, aux yeux
? saint Vincent, avait la prétention d'impo-
*r à l'Ejglise de nouvelles idées sur la pré-
?stination et la grâce. Ce qui prouve l'hos-
lité du moine de Lérins contre l'évèque
Hippone, c'est que, dans Ténumération des
)rteursqui font autorité, et qui, dit-il, ont
6 déclarés au concile d'Ephèse les maîtres
\es régulateurs de la foi, il ne nomme pas
int Augustin (1737). *
Je commence par la seconde réflexion de
. Ampère.
Si, dans rénumération d^ts docteun déclarés
Ephèse les régulateurs de ta foù saint Vin-
nt ne nomme pas saint Augustin, la rai-
»n, c'est qu'il ne trouve pas le nom de cet
(1757) Bht. lUt.^ etc., t. n, p. 65.
1 738) Si le concile d*Epbèse, avant de condamner
storiaa, Gl lire éos extraits de quelques-Pères de
Iglise, ce D*étiit pas qu'il crût eeux-ci supérieurs
X autres Pères, c^éiait seulement parce ce que
irs écrite se Iroutulent sous la main, (Ephes,^
t. I.) Saint Augustin avait été appelé au couciU
évêque dans les actes du concile q|ii*il ré-
sume. Devait-il donc l'y intercaler? devait-il.
donc se faire faussaire pour honorer le gé-
nie d'un grand homme (1738)?
Il n'y a nuire vraisemblance non plusquo
saint Vincent ait songé à saint Augustin
2oand il dit que Topinion particulière à un
vêque ne doit pas être la règle univer-
selle.
Voici le passage plus au long :
« C'est pourquoi i\ès qu'une erreur étend
sa contagion, dès qu'elle s'approprie pour
sa défense les |>aroles sacrées de la loi,
qu'elle les interprète avec supercherie, avec
artifice, il faut alors, afin d'éclaircîr les li-
vres canoniques, rassembler les sentiments
des anciens, pour mettre i nu et condamner
sans appel toutes ces nouveautés profanes
qui auront levé la tête. Mais on ne devra
rapporter que les sentiments de ces Pères
qui, après avoir vécu saintement, enseigné
sainement et persévéré constamment dans la
foi et dans la communion catholiques, ont
mérité de mourir fidèlement en Jésus-Christ,
ou d'expirer pour lui dans un heureux mar-
tyre; en sorte néanmoins que, si l'on se fonde
sur leurs paroles, ce que tous ou la plus
grande partie auront d'un commun accord
établi clairement,... cela passe pour indubi-
table, pour certain et pour arrêté. Au con-
traire, les opinions que l'un d'entre eux*
fût-il saint et docteur, fût-il évêque, lût-il
confesseur ou martyr, aura manifestées sans
la participation ou contre l'assentiment de
tous, doivent être séparées de la doctrine
commune, publique et universelle, et relé-
guées au nombre des singularités à lut par-
ticulières (1739). »
Tout est trop général dans ces conseils;
ces titres de sainte de docteur^ d'/r^we, do
fonfesseury de martyr^ sont trop multipliés
et trop divers, pour croire qu il se cache
sous tout cela une épigramme à l'adresse de
saint Augustin.
Si saint Vincent eût été hostile è l'évèque
d'Hippone, pourquoi donc, surtout en écri-
vant après la mort du prélat, ne Taurait-il
jamais nommé dans ses attaques? pourquoi
se serait-il plus gêné que les autres adver-
saires du saint?
Je ne multiplierai pas les preuves de leur
manque de respect envers saint Augustin;
qu'il me suflise de rappeler que le Pape Cé-
lestin crut devoir, dans une épttre aux évê-
ques de la Gaule méridionale, proléger son
nom, contre les semi-pélagiens (17&0).
Il n^existe donc dans le Commonitoire au-
cune dépréciation indirecte de l'autorité de
saint Augustin, ni aucune allusion critique
à ses doctrines; saint Vincent ne s'est donc
pas montré opposé au glorieux défenseur
de la grâce. £ul comment lui aurait-il été
d*Epbése; il mourut peit avant Touverture.
r 1759) Cap. 28.— L'Bisi. Htiir. de H. Ampère in-
dique le cbap. 88. CVst une faute d'impression.
(1740) Ep. I : < Qui nitunlur etiam quiescentiom
frairum memoriam dissipant. Avgustlnum^sanctie
iccorJationis viniHi, cic. — \vir la. note 175,
ii7l
YIN
MGTIONNAlliE APOLOGETIQUE.
VIN
liTi
ce
opposé, puisqu'il admeUait aussi !a nécessité
(Je la grflce pour chacun de nos actes?
|in.
Saint Yiaeeni uVt-il reconno aucune suprémaUe dans
r£glise Romaine?
ff Dans rouvrag[e de saint Vincent, dit
M. Ampère, ce qui est constamment opposé
h rhérésie, c'est l'Eglise universelle;
mais nulle autorité n'est invoquée, il n'est
l'ail allusion à la suprématie d'aucune Eglise
{Nirticulière.
«( Les paroles de saint Vincent sont posi-
tives : « Il n'appartient à aucun évèque d'im-
« poser une oécision aux autres; nul n'a
« le droit. , »
« Parmi ces doctnurs (dont le concile d'E-
phèse consulta les ouvrages), sur le même
ranç que saint Ambroise, saint Grégoire de
Nazianze, saint Basile, saint Grégoire de
Nysse, etc., etc., yers le milieu de la liste,
se trouvent deux évoques de Rome, saint Fé-
lix et saint Jules. Tout le traité est fondé sur
:e principe : « La tradition de la foi appar-
( tient à l'universalité de l'Eglise et n*est le
« patrimoine d'aucune EglisQ particulière. »
Que telle soit la pensée de ce livre, qui, du
reste, passe pour un chef-d'œuvre d ortho*
doxie , c' est ce qui me semble incontes-
table.
« Précisément à partir de Tépoque à la-
Îuelle nous sommes pai-venus, l'Église de
orne va jouer un rôle de plus en plus im-
portant, déplus en plus civilisateur; mais
en même temps ses prétentions croîtront de
jour en jour, et, entre autres, celle d'être
j'iinique arbitre de la foi catholique. 11 était
donc imporlant de constater qu'un saint
gaulois du cinquième siècle n'identifiait
pas l'Eglise Romaine et la catholicité (17^1).»
Le passage de saint Vincent dont s'oc-
cupe M. Ampère est pour cet écrivain un
véritable arsenal ; il y a déjà pris des armes
contre l'orthodoxie de saint Augustin, il y
en trouve encore contre la suprématie de
Rome. Ces dernières seront-elles moins
inoffensives?
M. Ampère me semble s*6lre également
mépris etsur Tidée que la papauté se forme
de son pouvoir et sur l'idée qu'en avait
saint Vincent.
1" Rome, quoi qu'en dise notre historien,
ne se croit pas seule dépositaire, seul ar-
bitre de la foi (17^2); elfe ne se croit pas
seule rSglise. Que quelques théologiens
aient peut-être voulu faire de la papauté
une dictature, s'ensuit-il que telle soit la
croyance imposée par le Saint-Siège à la
chrétienté? S'il était; vrai que depuis saint
Léon, c'est-à-dire pendant quatorze siècles,
on eût vu cette prétention croitre de jour en
yoMfy il va longtemps qu'elle aurait éclaté
par quelque bulle oil nous la trouverions
solennellement consacrée. M. Ampère a
don<! pris le système de je ne sais quels au-
iouts pour la doctrine des Papes.
(1741) Wst. lin.. I. Il, p. 65.
(1742) V(*ir la 24* â^ct Lettres tur les quatre articles
2* Que pensait saint Vincent de la yîU-
minence des papes? Ne la niait-il pas quand
il n'opposait h l'hérésie que le teœoigiup
de l'Eglise universelle?
Certainement non, ce n'était pas nier li
papauté. Car, que disait l'auteur du Conno-
nitoireî II soutenait que cela seul aprir-
tient à la foi, qui a été admis toujours êtes
tout lieu par tout le monde. Or de que) pri-
vilège cela dé|K)uille-t-il les papes? A4-m
jamais dit qu'ils eussent le droit d'obiiget
a croire autre chose que ce gui est revèia
du triple caractère de catholicité indiqué {«r
saint Vincent? A-t-on jamais soutenu qutis
fussent seigneurs suzerains de l'Evaogilet
pouvant tailler la foi à merci ? L'école ul-
tramontaine elie^nème n*a jamais attrilHié
aux papes le pouvoir d*inventer desdogm»;
elle leur accorde celui seulement de procla-
mer, tout aussi bien que les conciles, b
dogmes brimitivement révélés. Mais rebiier
au pape le pouvoir d'ajouter au svmbole de
l'Eglise, est-ce donc lui refuser le pouToir
de gouverner l'Eglise? Assurément non. \â
Commonitoire n'a donc rien de redoutable
pour la papauté : bien plus, od y troufe
quelques précieuses paroles à recueiilir
(jhaque fois que l'auteur cite les papes, il
ajoute certaines réflexions qui le moDireui
comme ayant sur les successeurs de .^ain(
Pierre la même façon de voir qu'on avait ik
son temps dans toute l'Eglise^
Voulant prouver par le pape saint Elieooe
qu'on ne doit point innover en religion, U
s exprime ainsi : « Pour n'être pas trop loo?»
nous nous bornerons à un seul {exemple du
soin qu'on a toujours eu de repousser la
nouveautés)^ et nous l'emprunterons au Sié^t
Apostolique, afin que tous voient plus ci^-
rement que le jour avec quel zèle, avecqotl
empressement les bienheureux successeurs
des bienheureux apôtres n'ont cessé de (Re-
fendre l'intégrité de la religion une îvn
reçue.
« Or, jadis Agrippinus, évoque de Cartba^e.
pensait qu'il fallait rebaptiser... Comme d<
toutes parts on se récriait contre la nouveauté
de la chose, et que tous les évoques s'y o(»-
posaient, chacun suivant la mesure de s<.g
zèle, alors le pai'C Etienne, de bienheureux
mémoire, pontife du siège apostoiiçiae. \>\
résistance avec ses collègues, mais pfa<
qu'eux néanmoins; jugeant convenable* et
semble, de surpasser tous les autres (lar)
dévouement de sa foi, autant qu'il les sur-
laissait par Tautorité du lieu (1743). »
A la tin du Commonitoire^^ saint Vinc-fr:
de Lérins récapitule les preuves que I-
ont fournies la Bible et l'usage constant <t^
conciles, puis il ajoute : « Tout cela suiti'
abondamment et surabondamment, sac^
doute, à l'extinction totale des profanes r^ u
vtautés; cependant, afin qu'il ne parût n.-c
manquer à la plénitude des preuves, tjuci
que grande qu'elle soit déjà, noas amr»
rapporté, en terminant, deux aulorîté» •! <
dils du clergé de France, par le cardinal Litt^
(1713) Ch 6.
Iiî3
VIN
ihctionnaire: apoumetique.
TIS
U-4
>îége aposioliqae. Tune do pape Sixte, qui
fait aujourd'hui rornement de l*Egiise Ro-
naine, et un autre de son prédécesseur, le
?a{ïe Célestin, de bienheureuse mémoire^
|ue nous avons jugé nécessaire de répéter
.^noore ici (1744). »
C'est ainsi que TooTrage du moine de
Lérins commence et se termine par deux
massages élogieox en Tbonneur de la pa-
pauté; le premier nous apprend que l'évê-
lue de Rome surpasse tous les antres éyé-
juespar l'autorité que donne à cette Tille
a pr&ence du siése de saint Pierre (1745) ;
e second nous présente saint Vincent qui,
(près aToir cite la Bible et les conciles,
i^irès avoir terrassé l'hérésie sous ses coups,
ippréhende, tout rictorieux qu'il est, de
«araitre n'avoir pas su employer toutes ses
irmes. Qu'a-t-il donc oublié, lui qui a in-
oaué les témoignages de l'Eglise uni ver-
elle et de l'Ecriture sainte? Pour quelle
lutorité Y a-t-il donc place entre ces deux
iracles du christianisme? Quelle est donc
ette autre parole sacrée que les fidèles re-
;retteraient de n'avoir pas entendue, même
. la suite de tant de ^laroles infaillibles et
livines? C'est la décision de la papauté,
laint Vincent la donne, et se réjouit en
oyant que rien ne manque plus à sa triom-
phante démonstration.
Par conséquent, ce que saint Vincent dit
les |>apes suppose en eux une prééminence,
t ce que, d accord avec tons les Chrétiens
t les Papes eux-mêmes, il leur dénie, ne
Duche en rien aux privilèges dont on croit
3 Saint-Siège investi.
Mais, si saintiVincent attribuait aux papes
uelque supériorité, d'où vient que, dans
a liste des auteurs ecclèsâastiques cités à
!phèse, les noms des Papes Félix et Jules
cnt sur le même rang que les noms des
utres évêques? Saint Vincent a mêlé tous
es noms comme il les a trouvés mêlés dans
}s actes du concile qu'il transcrit. Je com-
rends bien que cette explication ne résout
as la difficulté, et ne fait que la reculer ;
ir maintenant on me dira : Pourquoi le
oncile d'Ephèse n'a-t-il pas donné une place
*hoimenr aux noms et aux témoignages
es deux Papes, si ces Papes en occupaient
ne plus distinguée dans la hiérarchie? Ce
lélange des citations ne peut laire conclure
ue les Pères du concile n'admissent pas la
upériorité des évêques de Rome; autrement
i faudrait aussi soutenir que cette supé-
ioriié est inconnue à tant d'écrivains mo-
ernes, même ultramontains, aux doctes
-ères Ballerini, \w exemple, qui citent, en
is mêlant, les textes empruntes aux Papes
t aux Pères de l'Eglise. Même procédé dans
ouvrage de l'abbé Barruel sur le Pape ei
1$ droUê (1746). Non-seulement les évêques,
(I7U) Cb. 32.
(1745) Cml la minière onfinaire d*iiilerpréler
^ mois : Auctorilaie toci êuperabat. Il e»l, d'ail-
tors, plus naturel de croire que saioi Vincent parle
e rautorilé de Rouie «^omme siège apoilolique plutôt
lie comme eapiule de IVmpire, puiiM|ue, dans tout
: paragraphe, il u*a rappelé des privilèges de cette
qu'après saint Athanase, après le Pape Joies
et d autres encore, qu'il aurait dû précéder.
Faut-il en conclure qu'ils ne connaissaient
ai l'histoire ecclésiastique, ni l'époque où
vécut l'illustre évêque de Cartbage? Certes,
non; i! résulte seulement de cela que le per-
sonnage charséde lire au concile des extraits
des anciens docteurs cfarétiens prit les ou-
vrages comme ils se présentaient sous sa
main, ce qui nous explic^ue Toubli de l'ordre
chronologique et de 1 ordre hiérardiique
dans cette circonstance.
Dn autre Pape fut encore nommé au con-
cile d'Ephèse, et cela au moment où Ton
prononçait la sentence contre Nestorius.
Voici comment on en parle : « Forcés, par
les canons sacrés et par 1 épttre de notre
Saint-Père et associé dans le sacerdoce. Ce-
Icstin, évêque de l*Eglise romaine, nous pro-
cédons les yeux en pleurs, disent les évê-
ques, & cette lugubre mais nécessaire con-
damnation (1747). » Ainsi, l'Eglise univer-
selle saluait le Pontife romain du nom de
Père, dont l'ordre, non moins puissant que
les prescriptions des canons, forçait à déposer
un patriarche de Constantinople. Il est donc
évident que si, dans ce concile, les écrits
des anciens Papes ne furent pas distingués
des autres documents consultés, le-Pape ré-
gnant était regardé comme le chef du peu-
ple chrétien.
L'auteur du CommonUoire^ en transcn-
vant cette partie des actes de rassemblée
d'Ephèse, na donc pas plus nié la préémi-
nence pontificale qu en développant sa rè^la
de la foi chrétienne. En un mot, saint Vin-
cent n'est pas du tout hostile à la primauté
de la chaire romaine dans les endroits cités
par M. Ampère, et lui est favorable dans
d'autres endroits dont M. Ampère n'a pas
cru devoir parler.
VIREY, nie Tunité des races humaines.
Yoy. Rages humaihbs, { I.
VIRGILE, évêque de Saitzbonrg, com-
ment entend-il la question des antipodes 7
Voy. AxTiPODBset Fanatisme, § U.
VIRGIUSTES, réfutation de H. Libri au
sujet de la persécution qu'ils auraient en^*
durée. Yoy. Sciences, { II.
VISION de Bernold, comment interprétée
par M. Ampère. Voy. Hiugmas, §L — Vision
deZacharie, pèrede saint Jean-Baptiste : peut-
elle s'expli«|uer par Thaï luciuation ? Voy.
Hallucination, f III.
VISIONNAIRE; snint Paul était-il un vi-
sionnaire? Réfutation. Voy. Paul (saint),
apôtre. — Les apôtres élaient-ils des vision-
naires ? Voy. Afôtres.
▼ille qne celoi de posséder la chaire et b soeeession
de saiut Pierre et de saint PasI.
(1746) BALLEtim, Devise rëtkme^maîM» Homm»
normm pomipeum^ c. 15. — Voir le Coun eomiUei
de TkéoloyU. par M. Migne. — BARaou., partie II,
e. if, III, V. — Baillv, passlin.
1747) Lasbe, ConciL, Coiicil. EphcstnttBi, sctf. i.
U75
ZEN
OICTIONMAIRE
VOCATIONSUftNATURELLEderhomme.
Voy. Sacrement, § II.
V0IG1\ réfutation de ses erreurs sur Gré-
goire VU. Voy. Grégoire YH.
VOIX MYSTÉRIEUSES, dans l'hahucina-
tion. Foy, Hallccination, § I. — Voix pro-
phétiques. Ibid.^ § II.
VOLNEY,(:ité sur la désolation de la Judée
ac^tuelie et sur l'accompUssejnent des pro-
phéties concernant cette <;ontrée. Voy, Jldée.
— Sur les ruines de Tyr. Koy. PROPHéxiES,
APOLOGETIQUE. ZOR U7$
§111. — S'accorde avec les prophètes sur
fétat désolé de TEgjple. Ibid., % 111.
VOLTAIRE, cité sur le dogme de i*enfer.
Voy, Enfer, | I. — Cité sur rexislence ds
Satan. Voy. Démon.
VOYAGES, tableau des voyages de saint
Paul. Voy. Paul (saint), apôtre.
VOYAGEURS MODERNES, leurs décou-
vertes confirment les prophéties de PAa-
cien-Testament. Voy. Prophéties, i\U.
z
ZACHARIE, père de saint Jean-Baptiste,
sa vision peut-elle être expliquée |»ar la
théorie de l'hallucination? Voy, Hallucina-
tion, § m. — Son cantique prophétique.
Voy. Note XV, § VIII, à la fin du volume.
ZACHARIE (le pape), dans quel sens il a
condamné les antipodes. Voy. Antipodes. .
ZEND-AVESTA. Foy. Pentateuque, § 1.
— Obscurité et incertitude, ifrtd, §11.
ZODIAQUES EGYPTIENS. Voy. Sculkv
§ I et Pentateuqle, § IX. — Zodiaques je
Denderah et d'Esneh, examen cri tique, Yei
Égyptiens § III.
ZOROASTRE, ce quil faut penser desûo
antiquité et de l'influence de ses doctrines
sur le mosaïsme et le christianisme ; refa*
tation de J. Reynaud. Voy. Mazdéisme et
IPeutatecque § I.
NOTES ADDITIONNELLES.
NOTE X.
(Art. Mal, article premier^ § I.)
PORTRAIT DE BAYLE.
Plusieurs écrivains ont essayé de peindre le ca-
raclère de Bayle, ainsi que son cenre d*esprlt : Yol-
laire (1748), d^Aleu.berl (i 749), ravocat général Joly
de Fieury (1750). MM. Picot (1751), Pierre Le-
roux (175!2), Franck (1753), Renouvier M75i),
Buble (1755), Tenoemann (1756), en ont rail des
portraits qui r.e se ressemblent guère. Nous croyons
devoir reproduire ici celui que nous a laissé le P.
Porée. Le spirituel Jésuite, spds vouloir rabaisser
les immenses ressources de Bayle, fait seuiir avec
raison tout ce qu*il y a d'injuste à tourner contre
le ciel les talents merveilleux qu'on a pu en rece-
voir. Il est à la fois impartial et sévère.
€ D'où viennent et comment se sont formés parmi
nous ces proarès si rapides du libertinage et de Va*
théisme? Il s est trouvé un bommed*un génie snpé-
rieur et dominant, à qui, de tous les talents qui (ont
les grands hommes, il u*a manqué que le talent de
n'en pas abuser ; esprit vaste et étendu qui n'ignora
{>resque rien de ce qu'on peut savoir, qui ne vou-
ut apprendre que pnur rendre douteux et incertain
tout ce qu'on sait ; esprit habile à tourner la vérité
en problème, à étonner, à confondre la raison patrie
raisonnement, k répandre du jour et des grUces sur
les matières les plus sombres et les plus abstraites,
(1748) Picot, Mém, tur le a vu* stède, Introduct., p.
XXV.
[1749) Ibid,, XXIV.
1750) Ibid , t II, 505.
1751) /Md.flolrodiMt., xxin.
^1752) Encyclopédie mutelle, art. Bayle,
à couvrir de nuages et de ténèbres les principe» \f^
plus purs et les pius simples, esprit aniquemeat s^
pliqué à se jouer de l'esprit humain, tantôt occu}r
à tirer de l'oubli, et à rajeunir les andenoes er-
reurs, comme pour forcer le monde chrétien à re-
prendre les songes et les superstitions du ok^
idolâtre, tanlùt heureux à saper les fonJecneot^ de^
erreurs récentes. Par une é^le fadlilé i sonmi*
et à renverser, il ne laisse nen de vrai« parée q^'st
donne .à tout les mêmes couleurs de la vérité; I9«-
jours ennemi de la religion, soit qu'il l'attaqua, îfd
qu'il paraisse la défendre, il ne développe que p^s"
embrouiller, il ne réfute que pour obscurcir, iJ i^
vante la foi que pour dégrader la raison , il »eiiii-
la raison que pour combattre la foi. Ainsi, par v^
routes dillérentes, il nous mène imperee|iitblt»ai
au même terme, k ne rien croire, à ne rie» sa^vr:
à mépriserTautoritéet à méconnaître la véri^; >
ne consulter que la raison et à ce point fécochT.)
M. Pierre Leroux s'indigne d'un tel portrait : « te
homme qui aurait été sceptique comme Bayle kj'<
suivant le P. Porée, pour le seul pliisir de ^^^
Kmr l'amour de nier tout et de tool déiruîre, seni
en coupable. Nais cette accnsatioa esl-^^tk vr^r
ment fondée? Jusqu'à quel point Bayle folril en es^t
(1753)
Bmfle,
(1754) Manuel de phUoeoplàewodeTm,^.
( 1 755) fftsf . de la pidlosophie. , . ,
(1756) Sa grande Hia, de la vhUoiopItte, eti tlie»^
Ii77
NOTES ADDITIONNELLES.
U78
ïc^ptîqne? Bst-41 juste île relier eomme on ke faîl
; »ii jours : le soep^que Ravie, rinerédule Bayle« le
^jrrliOiiien Bayle (1757)? >
' lit^rau que nous sommes de ne pas encenser la
uacue de lia vie en mémi* temps que celle de Spiiima !
%u rcsti*, les Jésni'cs et les ullramontains ne sont
[IIS les seuls qui aient aot-usé de scepticisme absolu
es doctrines que Bayle a proressées. Laissons lé-
[Mindre i M. P. Leroux un écrivain qui n*est pas,
^tTt^s, un niocalhoiique. Cest ainsi que s'exprime
^1. Frant4i. dans le nouveau Dictionnaire des êcien-
:€i philosophiques :
< Son érudition était immense et elle ne manquait
:ii d'exactitude, ni Aa profondeur. Il avait d'ailleurs
lutant de logique que de scierice ; c'était un de ces*
Sommes rares, cbex lesqui Is la mémoire ne semlde
»3S nuire au raisonnement. Malheureusement touteê
-es forces sont dépensées en pure perte^ au profit du
far tdoxe et du scepticisme (l7o9). »
L«^ professeur univeisttaire, afin de démontrer
pM la dernière plirafe n^st pas une assertion gra-
iiiie, la fait suivre d*ua exposé des opinions de
)a\te sur la ibéodioée, la cosmologie, fanthropologie
M ia mélli04le, tirées de ses propres ouvrages. Ce pas-
> 'ge est uae curieuse leçon pour ceux qui font de
histoire a priori^ comme Tont fait M. P. Leroux
la lis V ttieyclopédie nouvelle ^ et M. Charles Renoo •
i.T dans son Manuel de philosophie modems (1759).
^4 timiiie et maladroUe justification que ce aemier
-crivaiti présente des internions de Bayle se trouve
tMiiplétentent réfutée en même temps que Ls hypo-
héses plus ingénieuses de M. P. Leroux parla ci-
aiion que nous allons faire de M. Franck :
€ Toutes les questions importantes que la pbîlo-
ophie se propose de résoudre se hérissent, selon
Uy\e, d'inextricables difficultés. Cette proposition :
lyaun Dieu, n*cst pas d*une évidence inconiesta-
ple. Les meilleures preuves sur lesquelles on a
«utame de s*appujer, comme celle qui conclut de
idée d*un ôtre pariailà son existence, soulèvent mille
objections. Il peut mène y avoir, touchant Texis-
euce divine, une invincible ignoianee. A la rigueiir,
DUS les hommes pourraient encore se réunir dans
me croyance commune à Texisiencede Dieu; mais
l leur sera dilficile de s'entendre sur sa nature;
ar jamais ils ne pourront accorder son immutabi-
ité a>ec sa liberté, son immatérialité avec son im-
«ensilé. Son unité est loin d*étre démontrée. Sa
•rescience et sa bonté ne seconc;lient pas aisément,
une avec les actes libres de Thomme, Tautre avec
t mal physique et moral qui règne sur la terre et
» peines étemelles dont 1 enfer menace le pé«.bé.
*es décrets sont impénétrables , sen jugements in-
omprébensibles. Nous n*avons que des Idées pu-
ement négatives de ses diverses peifections (17o0 .
• Qu'est-ce que la nature? Je suis fort assuré
1761) au*it y a très-peu de bons physiciens de no-
-e siècle qui ne soient eonvenus que la nature est un
hliiie impénétrable, et que ses ressorts ne soient
ooiius qn*à celui qui les a faits et les dirige. Bayle
e voit aucune cootradiction à ce que la matière
uiâse penser.
< L'homme est le morceau le plus diffic'ile à di-
érer qui se présente à tous les systèmes. Il est Té-
acU du vrai et du faux ; il embarrasse les nalura-
s&es, il embarrasse les orthodoxes... Je ne sais si
I nature peut présenter un objet plus étrange et
tus difficile à pénétrer à la raison toute seule, que
t que nous appelons un animal raisonnable. U y a
uo chaos plus embrouillé que celui des poé-
*(1764). ^ ^ "^
{ t7S7l Enctfclopé^ nomette, art. Ba§le.
i 1758) Paahgk, art Bayle,
i 1759) Dans l'endroit où il parle de Bayle.
<I7G0) OB^ivret divers», pa»im.
i 1761) Dict,hist. etcril., art. Pi/rrhon.
i t7G2| Objea, in lit. u, c. X
. c Que savons-nous de Tessenee et de la desti: ée
des âmes? On étabSit également, avec des ur^n-
ments qui se valent , leur maiérialiié et I or
iinmatérialilé, leur mortalité et leur Immortalité. No-
tre liberté ne nous e^ t garantie que par des rais«)t«s
d*une extrême faiblesse ; et les principes .sur lest-
quels la morale s*appuie sont encore moins assurée
que ceux qui donne»it aux sciences physiques leur
base ebancelanle et leur mobile foniemenU Quoi
qu*il en soit, Thomme peut, sans avoir la moindre
idée d*nn Dieu, distinguer la vertu du vice. Souvei:t
même un athée portera plus loin qu'un croyant la
notion et la pratique du bien ; et, sous ce rapport,
Tathéisine semble infiniment préférable k la supers-
tition et à ridolàtrie (1765).
4 Que résuite-t-ii pour IVsprit humain aes incer-
titudes dans lesquelles il tombe quand il médite ces
grandes quistions? Bayle nous dira bien des lèvres
que la suite naturelle de cela doit être de renoncer
à prendre la raison pour guide et d'en demander un
meilleur à la cauu de toutes choses. Il nous donnera
le conseil hypocrite de captiver notre entendement à
'^obéissance de la foi (1764); mais il ne nous auia
pas plus tôt amenés k sacrifier la science à la
croyance, la raison à la révélation, qu*il se liftiera
de Lriser sous nos pieds le prétendu support sur le-
quel ses artifices nous ont attirés ; f qu%m ne dise
c plus que la tliéologie est une reine dont la pbilo-
c Sophie n'est que la servante ; car les théologiens
c eux mêmes témoignent, pir leur conduite, qu'ils
c regardent la philosophie comme la reine, rt la
c théolrgie comme la servante... Ils reconnaissent
f que tuut dogme uni n*est point homologuéy pour
< ainsi dire, vérifié et enrci^istré au parlement su-
f prème de la raisfin ti de la lumière nature le, ne
f peut être que d'ut.e autorité cbanoelante et fragile
c comme le verre... (I7G5); i son scepticisme eLic^
lonpnit tout (176^). i
vous l'entendez, bienveillants commentateurs de
Bayle, son scepticisme en reloppait Iciil/ Etait C'*. in-
conséquence dans tin esprit aussi di»ii<igi>é? Nous
ne pouvons pas le croire; et quanti on approfondit
sérieusement la vie ti les opinions de Bayle, un
s'aperçoit qu'une logique inflexible dit igea' cons-
tamment ses idées. Buy!e n'avjit-il pas com^ risqu'ea
sortant du bercail de l'Lg ise,on se condamne ordinai-
rement à traîner dorénavant sa vie dans les déserts du
scepticisme. Bayle avait infiniment plus d'esprit que
Spinosa et Clicrbury, ses audacieux coiuemporains.
Il avait trop de vigueur, de décision dans Huleili-
gence pour embrassi r les vains fant6m<*s du pan-
théisme et du déism?, lui qui n'avait pas trouvé
fondées les fortes preuves de la révélation divine.
Quel est, je le demande, l'homme elairvoyrnt et
sincère qui voudra sacrifier sa vie et les exigenci s
de son cœur i re Dieu fantastique qu'on appelle
tour à tour — Cimpératif cat^orique^ — religion na*
turelle, ou la loi du devoir? Pour les gens d'esprit
et de bon sens, on ne remplacera jamais le bien
de la tradition, qui est le Dteu du catholicisme. On
ne fera pas adorer l'ombre à qui n*a pas voulu de
la réalité vivante. Â ce point de vue, qui nous sem-
ble le seul conforme à respérienoe, tout sVxpllqoe
et s'éclaircit dans la philosophie de Bayle. J'écrirab
volontiers sur les œuvres du professeur de Rotter-
dam : catholicisme, ou uepiiasme.
Le rationalisme de nos jours se débat vainement
entre ces deux pôles du monde moral ; mais qu'on
n'espèie pas faire illusion au bon sens de la France.
En Allemagne, dans cette terre dassit|oe des termes
moyens, on s'efforce, par de prodigieux cflorts
(1765) OBiwret diverses, passhn.
(1764) Dici.hisi. efnif.,art. Fgrrhon.
(1765) CommenL philosoplâque sur ces par., etc. partie
I, c. 1.
(1766) M. FaAHCK, Dîrf. phil., art. Ffirrhou.
1179
DICTIOVXIURE APOLOGETIQUE.
l^
il*intellîgence, dé Jissimier léviiienu: soluUoa da
terrible proUi'iM. En France, toate la diplomalie dn
rati inalUme écbone contre Tévidence des faits. Qol
croii aujourd'hui sérieusemenl à qiii*li|aes vérilés?
Oui a^ii coDforinéniei.il â ses dociriiies? Qui sait
iMiaOnr? Qui ne Toil que le peu de charilé q:ie
U tt^rre consenra encore comme an parfuio du ciel
n*esi pas le fruit Un soepitcisme !
0*ailleurt« Thomme esi-ii fait pour une telle exis-
tetiec?Oli! non. Il y a quelque chose de pins pré*
deux et de plus cher que la vie de nos corps, c'est
la Tîe pure et sainte de Tàme. Comment! Dieu nons
aurait donné cet énergique besoin du bien et du
vrai pour ne jamais le satisfiiire? Est-ee donc le
doute qui consolera cet InTÎncible ennui qui ronge
riiumanité? Est-ce là le pain amer que le ciel jette
avec dédain à toutes ses créatort^? Ecoutez Bayle
lui-métiie Oëirir sévèrement la méthode qui le sé-
para toute M \ie du catholicisme :
< Pour peu, dît-tl, qu*on lâche la bride à la pas-
sion de disputer» on se fait un goût de ùiusse gloire
qnl engago à trouver tonjours des tajeu^ tas-
tredire, et dés lors, oa n^éeonle pbs le Im^ oh
et Ton s'abandonne è la passion depUMf ^^
Eind maître de subtilités On ne saanÉ ne^
dide ni ses soeccaseurs d'avoir Int éecdikn
capiul toute leur vie, et d'avoir voula te dbiî^»t
par des Inventions qui ne tendaient q«) eubnis.
serresprlt. Eiles ne seraient de rien à b c«int-
tion du Tîce. Elles ne pouTaient guérir éW«é^
dut important, et, outre cela, elks a'aviaçtt» a
aucune maniéré la eounaissanee des vMèt sféab-
tives ; elles étaient beaucoup plu» propres à b n-
tarder.... L*esprit de dispute dégénère fadlenai a
fausse subtilité. Ceux qui le cultivent toabenàn
leurs propres ptqges : et après avoir eataiiufé
leur antagoniste. Ils se tniavent cnaèii iir».
pablcsdese soutenir contre les sophîiB» qs'ib
ont InTculés Celui qw n dit (17l>i) qi'a Unti
de contester on fait perle de la vériié, l'éuiifii
un malhabile homme (I7G8). i
NOTE XI.
(Art. Htthisiie» § M.}
CARACTÈne DU UVRE DE STRAUSS (1769).
l.e livre le puis menaçant qu'on
ait écrit depuis Voltaire.
(LOUAKDSB.)
Il n'existe pas de système au monde qni personni-
fie mieuY l'étrange génie du peuple allemand, que la
théorie du docteur Strauss. C*est un mélange in-
définissable d'audace, de péJantisme, d'éioarderie.
L*auteur est tout à la fois subtil et naïf, ami des
faits et passionné pour les utopies niétaphysifjues
les plus insaisissables. 11 est profondément révo-
lutionnaire avec loul^ les apmirences de la can-
deur et du sang-froid (1770). Pendant qu'il démo-
lit avec une obstination invincible, il prétend assu-
rer au Christianisme une durée éternelle. La lo-
gique des idées protestantes lui a tellement donné
l'babitudo du faux, qu'il s'y met à l'aise eomme sur
le terrain solide du sens commun. En bouleversant
toute Thistoire moderne dans ses bases les plus
profondes, on dirait, tant il est hûr de son lait,
qu'il se borne à répéter quelque axiome banal de
la science. Mais ou n'ouraii pas compris l'auteur
(1767) S^.ï(ftocc, épist. XL?, p. 2t0.
(1768) Nouvelle anaiwe de Bayle,jMX Dubois de Lao-
if AT, dans les Dém. év. àe M. Htgtie, YI. et dans le DicL
de Bmâe, art. EwAide, note £.
(1709) Extrait de la défeme dn Ckriêtàaniâme /lisl.» par
M. Tabbé Cuassay.
(1170) c J'ai trouvé en lui. sous ce masque du destin,
lin jeune homme plein de candeur, de douceur et de mo-
destie, et une âme presque mystique et comme attristée
du bruit au*elle a causé. » (£. Quihbt, Allemagne et Ita-
lie, u, 555.
(1771} I C'est une diose propre à rAllémagne, que ce
Senre d'impassibilité. Les savants y ont tellement peur
e toute apparence de réclamation qui pourrait déranger
l'assiette de leurs systèmes, qu'ils tomcent, à cet égard,
dans un défaut opposé. Ce que la rhétorique est pour nous
en France, les formules le sont pour les Allemands : une
prétention, qui, changée en habitude, Gnit par devenir
naturelle; ils prennent volontiers dans leurs livres ta
figure ineiorable de la latalité sur son siège d'airain, i
(Ë. (juwBT, Allemagne ei ïuUk, u, 552.) — Cependant,
malgré la aravité qu'affecte de garder coiistanunent l'au-
teur de làVie 4e Jénu, il est impossible de ne pas re-
coBuaitre, sous les formules imposantes de la scienee, le
sourire sardoolque de l'école voltalrienne. < U se Joue,
dit le docteur Ilagéli, de ce qui est sacré aux yeux dn
prochain, avec un air de gravité que personne ne s'était
ucore permis avant l*ii ; mais il réussit mal à cacher le
de la Vie de Jéiue tout entier, si l'oo ae se rei-
dait pas bien compte de celle iosensibiliié qui k
regrette rien des croyances les plus cbéret H le»
plus respectées (1771). Voltaire a besoio de colè>t
pour maudire l'Evangile ; Rousseau pleunit q«l-
quefois an pied des saints autels . mais il d'j a ji-
mais dans TAme du professeur allemand rien fit
rappelle la douleur ou la haine. Le monde mn\
s'écroule autour de lui , sans ^u'il parais» ù-
percevoir que i le vide ne se fait pas impaBénoi
dans la conscience dn genre humain (lîfTf). >
Sous les dehors d'une modestie d'eoipniot g.
sous les formes arides de son langage, il noi pas
difficile de saisir» dans Paoteur de la ri> de iis»u
un dernier trait de caractère. H est évideot qiJ
professe pour lui-même et pour ses propres peib»
une admiration C|oi n'est pas sans qui^oe taÂxe.t\
mais c'est en valu que la nouTtlle exé^ se fdt-
cite d'être pour amsi dire le dernier mot de ^
science et comme le résultat nécessaire du p^»
des idées (1775). U y a bien des sîèdes que, «»
satyre moqueur derrière ce large et vaste mMbv <^
ravité philosophique. Loi qui se complaît crimineilnni
élever des doutes sur la naissance céleste da rm ^
l*homme, lui le eontempteor des mlrades, cet hoane »
pudent a pourtant le noot de dire dans sa pré&ce : U
miêêonce sumaiureUe du CkrieieMt mmUtnét ftnU. l»
grand nombre d'expressIoDs et de toomnres xnMastA^
sacrilège. C'est avec dégoût que le lalqne Ini-aiéBC uiu
semblable catalogue de tun>itudes, en eiprin»^ -^
même temps, le désir que le lecteur chrétien pastf o«^r*
Ceux qui ont osé recommander un tel sujet, coane x,^
à faire progresser les hautes études, les liront sa» i***
gir, s'ils le peuvent. » (NAoéu, Parele dr^Hléftimli
chrislologie commune à Bégel et à Sfrauts, p. ^i lJ^
1836.)
(1772) Ces remarquables paroles sont de IL Cossia.
(1773) Cette préteniion est solidement rcnrerséj p
Ilofmann dans 1 Introduction de son livre contre Sns»
c Strauss se pr^nte, dit Tbulock, avec b o"^^
que le chrislwttMme eA jugé par Caeprk é$ kmft^ uf
cette persuasion, il frappe à droite et àgiack^^^'
toujours ces phrai^es à la bouche : Opônsn aidmw^
friperieê de Vandeme erfhodouae , unertfsw éi^Êm
de caractères êctentifiques; ta raîanu anirif de tanf^
que, etc 11 ne pense pas que toate erreur, Murri ff »|
soit épidémique, reçoit toujours te uom nouDalw ^
Raison!
iM
HOTES ADMTIONNfiLLEHi
I4M
-s écoles de VEgfpit ei de la Syrie, les esprits lé-
léraires qui se aiialifiaiem em-néiiies , avec em-
base, d« mmi de sawanu par eicelleace , lévcivBt
insi tmt pvéïendae réforme dn chrisUanisaie. Le
anthéuiBe élaii preM|«e tomoars la base de kara
péoiiatieas cfaiâériqoes (1774). Us élaieai aassi p
omae la noaveile éÎDDle , scandalisés de h nat»-
aoce ci de la croii do SaoTeor. Us eflaoèfcni d'ua
rail de plnmCt de Thisloire de sa vie, sa crois
omone son beroeaa. Us déJaignaienl te sinplkiié
aive et la eandeor pnérile des Chrétiens vulgaires.
jt ckrisiîanîsflM bistoriqne élaii panr eus un tissa
ragile de légendes polaires. Ibis Dien, dans la
rotonJii de ses dcssans, a choisi ce que nui-
sit le monde poor confondire la pnissanee des forts
I r^^rooTer ta prndcnce des savanU (1775). Le
hrisiianisme faosii^nc, on innscendeniil, n'a pas
aincn le monde , U s'csl évanoui comme nn rêve
éoébrenx aptes le triomphe définitif de la vérilé
Istoriqne. Celte victoire gni a dominé loot le
noode, c*ca notre fol, la foi qne les apôtres ont
léchée à ronivcrs, qulls ont seeUée de leur
»ni5(l776).
Lfie des prétentions qni se moniie le plus son-
eot encore dans Tandaciens professenr, e*est de
réseiii^ h la science eonlemporalne on système
éfinitif , qui échappe lout à la fols aux incooTé-
iefibE de forthodoxie et ans embarras Inestricahlea
^ ritiifrpréiation naturaliste, il sembbit qa*U ne
jkt pas possible de trourer de mUieu entre la foi
nx faits miraculeux du christianisme, et une hypo-
hése qui voulait les expUquer comme des événe-
nenis natnrelr. La théologie protestante croyait
ire à bout de sa fécondité; elle croyait avoir
rouvé les eofonnes d'Hercule; elle pensait avoir
lé pour réiemilé, dans un dilemme, le prêtée de
mrit humain, liais, en temps de révolution, il est
iiflicîle d'imaginer Favenir et de le mouler sur le
nssé. U se produit, dans les idées comme daiu
BS faits, de ces combinaisons étranges qui déooi»-
ene»t toute b politique des partis. Un Jour, le
kMÎmir de Tobingue vient se pîaeer sur la frontière
les deux écoles : c Vous avez rason, dit-il aux
ns, de croire goe rhistoire de r Evangile ne ren-
rrme ni miracles, ni mystères. Vous n'avex pas
on, dit-il anx antres, de trouver qu*on a mal expli-
|oé ces faits endiarnssaiils. Les deux partis imt
aiioa dans leur nteilon; mais ils se tiompent
es qn'iU afifUMoL La critique est plua fadie qne
art. La christianisme est une chose as^x sérieuse
our qu*OB ne s'en débarrasse pas par des hypo-
bèaca avenlaiées. Nul n'a trouvé jnsqv*ici le dé-
iitt de la cuirasse du géant. Les explications laites
IqMb dix-huit siècles n'ont rien expliqué; c*est a
ions qae cette gloire est réservée. > u se pose doie
icrement entre les deux camps rivaux comme un
nédialeur suprême; U essaye de concilier les deux
lariis contraires, en les traitant Ton et Pautre avec
in impnrtiel dédîaio. U est vrai qu*U met en pous-
sière les inlerpréutiooa loot à la fois liiaises e^
savantes de l'éenle dn docteor Panlus, reproduite*
presqoe toutes par les médedns français qni on'
attaqué le christiaoifme (1777). Celle partie do
sim livre foonûra aux défenseurs de TEvaiigile des
armes irés-forteiuent trempérs. Mais s'eitfuit-il qtm
son système soit au fond difiérent de rinlerpréla-
lion nainraliste? Cette dillérenee est pIntiH appa-
rente que profonde. Qtt<?Ue est, en effet, la tendance
perpétuelle de Tex^ése naturaliste? N*esl-ce pas«
par nue intcrpréiauon particulière tirée d*on exa-
men minulieux du texte sacré « d'élîmiuer tous lis
élémenu surnaturels de la vie du Sauveur? Or »
Stransi^ préiend-il pas aussi tirer de Pexamen
même de ces textes, et des difficultés qu'il y ren-
contre, la preuve qu'ils n'ont pas de vakur histo*
riqne? Loin d*abandonner les fansesde b méthode
naturaliste , il la complète et rexa^ère. Son scepti*
dsme est plus ardciit et phn décidé; sa malveil*
lance est plus rude et moins dissimulée. U dédaigne
les cauidenses précauJons do ceruins interprètes,
liais pourtant, esKt quil ne ramasse pas dans la
fNWssiére les armes déjà rooillées de l'exégèse na-
turaliste? On conçoit qne, dans rintérèt de sa gloire,
U ait désiré paraître s'écarter des traditions d'une
école décriée par ses Insipides imacinalions. Mais
sous l'ample perruque, le chapeau a pluosea et les
iMBuds de runns, l'œil malin do peuple reconna!|
toujours le bourgeois gtniilhomme. Quand le doc*
leur de Tubingue rient nous vanter, dans son /n»
troduaiam, rimportanee, la profondeur, la supério-
rité de son système, j'ai envie de lui crior avee
Molirre : Vous êtes orfèvre, monsieur iosse!
il nous est impossible encore d'accorder à Fan-
tour de te Ftf deJism$ l'épithèle glorieuse de ifaéOi'
logien, qu'il a reçue de son écofe. il est bien vrai
qne le rationalisme donne I ses partisans dévoués
les titres les plus sonores et les plus ronflants. U
parait que c'est en AUemagne comme en France.
Cette taâique est bonuCt parce quVUe a loujoura
réussL N'appelle-t-on pu ches nous Spino&a un
ikiolopen de preaner ordre, et Tauleur à'Âmphi^
iryom un momiêU f Lfs disaples de rédeetismo
iw se procbment-ib pas dans loun ttvres Ls
hommes las pfau spirituds et les plus savanu do
ce pysde France? liCS organes du socialisme In
phis stupide ne se déclarent-ils pas, tous les jours,
geitt d'esprit, maigné réridence gui proteste? Et
cela, dans la patne de L.a Bruyère /i778)! Les
masses qui ne réfléchissent guère, même oepuis
Deseartes et Leibniu, ace^tent avee une étran|e
nai^eié toutes ces vaines iUusioos du chariata-
nisnm rationaliste. Un des adversaires de Strauss,
le docteur Barless, s'étonne, avec une snmise qni
n*esl pas loinle» de voir le nrofessonr de Tubinguo
et son école se déclarer tkMagiemê, U leur refubo
imtinment, sans la moindre hésiuiion, lasciencn
des choses dirines (1779). U est probable que s a
venait à lire le magnifique éloge que M. E. Qmnet
(1774) Cfr. DonusMia, Origûm du cftriifiantimf, I;
- BLâsc, Ttéiud^kkimre ecdénatiiqme; — Auoc, Bu-
nre wmrtneUe de VE^bte, f ; Matiu, art. Gnosfîamie,
ans le Pictfounatrfdes fdrncses phiiûêoptùqme».
(1775) c Qoie slolU sont mandi etegil Deos, ot
imftindal sapienles; et tofimia noondl eleglt Beos, ut
>nruik(lit fortia; et igaobilia inundi et eootemptibilia
itvil Devs, et eagoc non suai, ui ea qiw suol destnie»
iu è {I Cor. I, ti, 28.) — c tbi sapiens? tbi scribaT
bi oonqaîsilor bnîns necoli? Nonne stultatn lecît Ueus
ipteniura huias BaDdiT t {Ibid., 20.)
MTTG) El hite esf wkwria qmt wmck mandum, fida
ifira. il Joan. v, 4.)
nn] MM. Vinsy, Cabneil, Semai^eon, etc., et, en
thon de la Facolté de médecine, Euaèbe Salverte.
• 1T76) Cfr La ^imrtkMm,Ctmieiéres, radmirable chapitre
«^ ftpriu forfi.
(XTi^) < lue certaine dose de plélé, dit WGauUe
DiCTio55iinE 4roM>f>tTiQce. IL
étangéHqu de Berim. avait para jasau*aloffs il neeesi^re
à an ihéologîeD, que celui qoi en était dépourru cher»
ehoit à s'en parer hypocritement. Kout reneonlrona ici
l'eilioction la ploseomplète de Umlsealiaienl des choses
divines, et l'anieor se bt oièaie gloire de ce défrat, jus-
3 n'a le oon^dérer comnie ee qui le diuingue entre tant
'autres qu'il avooe lui être sopérieure en iasiroction.
Sirao s, et ce n*est p» peu dire, est aossi exempt de
préjagês religieax qn il est rempli de préventions inétl-
gieases. Il aiJaqoe avec calme et sang-Aoid Tolnt da Sel*
gneor, saos être Unidié k faspect de millions d*lndi«idas
qui étaient et sont encore pnjsternés devant lai. Cette
larme de Iristesse qoe répand, en se détachant d'un ami,
quicoDqoe a un cœor sensible, parce qo*il croit s'être
trompé sor loi, ne s'ècbafipe pas même de ses vent;
pourtant qoel ami n'abandonne-l-il pas et ne flbale-l-i|
pas aax pieds!... i {fj^ U Jf Sirimu et ses advtruma»
var M. l'abbé CnAssAv.)
im
DICTIONNAIRE APOLOGETIQIT.
ni
Uh ^9 t^'^nir ihh'tnpiw^ (t'^j àft IHub ci été
HMétrmj^iter /l7Sf f. le éitettmr JTriaa^ni Mnil
he§oin &e fmil utn te^peet pour reMeignemaM mh
pémvr d« CoDéye de France, aio de ne pet bisier
l»»HM»r «or Kf lèvre» qeelqse loerire defcepci-
df me. Il lui foeértit t«Mi te rappeler t4Mrte ta iré-
iMéraiNMi povr noire Ecole iNHvale, qa^nA il liraH
aree qoelqoe tnrprite, é»n» sn arliele de M. Saftaet,
i|iie le livre de tHrat»t f ti hêm «ne oevvte on^v-
na/e (1792). Ce tout de eet ebotet qu*oa éproMre le
betoin de faire remarquer plci«ie«rs foit, lani elles
toni propret à noot inttnrire de BOire véritable
•itoaikm è fégard de eerutat bOBiMt cf d*aiie
certaine éeole.
Il D*ett pat tt Bînee penteor qui, aprét avoir
foulé am pieds la eruli« devant bqoelle t*iiieli-
nèrent saint Aupstin, Newton, Bossoef, Pascal et
Leib:iitz , ne s'imagine marcher à ravaat-f arde de
rhainauii^. M. E. QoinM dttail k ses auditeurs du
Collège de France : On pourra krifer cette chahe^
mais an ne tous bruera pms, vous^ et ma parole vi'-
tra en vous! Ne diraîi-on pat que le nouvel Evan-
gile, prèrbé par Tauteur de Proai/fAée , va, porté
sur les ailet de feu du libre eiamen, voler jusqu^aus
esirémitétdo monde? On doit b'en pensier quVn
n*ett pas plus modeste dans une chaire proieslante,
qn*on ne Teet au Collège de France. Strauss, eu
effet, prétente ton tvtfème comme IVxpretsron la
plot complète et to plut déddée de bi pensée tbéo-
fogique, et comme dettinè, à caute de cela, è faire
avancer la tociété chrétienne dans let volet glo-
Heutet de Tavenir. Quel ett cependant le livre de
Btraust? On simple écho de Tavertion ^ue le ratio-
nalisme a conçue pour la Bible. Se laitter entrai-
ncrain^l par let préveDCiont éC:oiles de ton èpoqnr,
eti-ce'lli véritablement constater son génie? Il fut
«Il temps où Ton croyait montrer un goftt très-pur
en mesurant , d*on regard dédaigneux et distrait,
Notre-Dame de Parit ou la flèche de Strasbourg.
i}fiand Maimonttfl, Palittot, La Harpe, M. 4. Cbé-
«lier compotaient leurt court de littérature, on eût
pflfttè p'nir petit esprit en adminnl la Dhine Corné-'
tite, il y a plot d^analogle qu*on ne le croirait
irabord entre let prévenilont rationalittet et les
préjugés lltlétairei : toute manière fiiunse crenvita*
ger let faits ou les idées repote en dernière ana-
lyse sur un point de vue metqutn et borné. Or;
tellet tont les préoccupationt du tiècle par rapport
à la Bible.
M;iii, de toutet let prétentiont de Straust, celle
qui nout révolte le plut, c*eti qn*il alDrme n'être'
pat, comme nout, dominé dant Tétude de TEvan-
gile par det préjugea qui déterminent à Tavancc
toutes cet conclutions nistori<|ues. Or, il ett évi-
duit pour tout obtervateur attentif qu'il ferme To-
à In voadrs lûfs les
lieu de
as*ffcrceri
la vie de Jcms par b
les pjfilogiimfi les plus c
mil apporta à Fciamw des E«atpk» ksmVkt^
de trouver le moyeu de eautrsiflr IcmaMnié. U
des adversaires de Sinus, k dactnrlbtff,!
montré pur quels procédés la Muvdte n£pe<v pé-
è uau bat : p'émcriiuiita leitteuf .
tiens saas teéemcac, etalimMMtiU-
îraires,' esagérutiou des diflmuccs rt des iiol-
lés; elle évite let CKpHraiiuut les fm vm^,ûc
emploie des sophismes de louie oyéce, dk xvk
daus rEvuigîle ce qui bu a*y irtavc ^. dk ir
mutile outrageuteuMUl. Kluiber décbie, afrs r«
numération de CtS crrtnrs capiiales t:i sntcM
mythique, qull est sans eiemple qa'aa fojttU>
rlque ait jamais été Iraiié caume Sumss a nvi-
sage \à vie du RÀ!cin|iuur. B ae croh »itiin>«.
après avoir cooslaié plusieurs aatret défauu ivm
Kives. è reprocbrr à Strauss det van eNitafi
ruées. Il bit remarquer (]ue let ibèolo^rH é^
cette école ne tont pas exigeants ea fait de prcim
aoand il s'agit dVpinioas couforaiet à lein ta-
ances secrètes. Strauss a nié la penonialiiétlr
Dieu et l'immortalité des ime» (1785). On i fe
droit de t^étonner que des bommet qui yiUnni
aussi facilement des hypothèses laUeaieitiCDiitnim
à la raison et à la tradition tout à b fois, MttR-
procheut d'aeeepter Jétos-Chris*, saas arcir ^ «)
divinité det preovet tolidct et convaiocanics ! (t^Si*
Avant de patscr à rexamen de la dociri&e eni-
vre de Straots, une quettion se prétente luiorf ISe-
m<*nt. L'apparition de la Vte de Jésus peci-eil^ t<f
conti lérée comme un malheur pour la ons^deU
révélât on chrétienne? L^iisuint parler sor twi ft>v
lion si grave un des hommes les phis éaiineau ^
^E)^lt^e luthérienne : c 11 est heur<.us, dit ieccicite
hiiloriea Léo, que le ratiônaîisme ait eafin tep^
ce degré de subtilité qu^on trouve mûitenam du»
Vatke (1785), et dans Strauss, et qui maactk
ruine tout le t} ttème de la ihéobigie chréiieaBf. %
connali enfin' la racine de l*ârbre, on peut don
poiter la hache. Hais ï qvoi servira* lii à »<>^
théologie chrélicmie devoir complètement gtp^^*
procès dans quelques dizaines d'amiées, â'i^«'
remporté la victoire contre la dësorganisailoo «iat*
les règlent les plus élevé.rs, si §es adversairemKi-
.dant la duiée du comt at, se vaute.it bautfmetf de-
vance de bOn issue; s*ils lépandoRt daas lesi^i»^
populaires, incapables de les juger, des dissertiiMûi
scientifiques (1886).? i
Le ducletir lUrless partage celte opioioi. I^
(1780) Eu France, nous sommes trop sosvenl dupes
de 6C8 sortes de complimenls d'amis. Ecoutons ce que
pen^e de l'^ruditior tl vantée de Strauss la Catetie évath
yéliaue : c il est ioconcevable que Ton puisse louer si
Scnuralement ot si généreusement l'auteur sur son éru-
ilioo. Quiconque a la sagacité du D' Strauss et un vade
tnecum, comme les CoinmenUiires de Panlus sur le Nou-
veau Teitatnent, les moyens de se procurer la foule des
ouvrages qui y sont cités, ou des amis pour les lui prêter,
peut a diiaque instant, et sans aucune préparation scien-
tifique, procéder à la composition d*un ouvrage qui pa-
raîtra aussi savant que celui dont nous nous occupons, i
iCtt Le V Strauss et ses adtersaires, les revues et les
brochures, ui. )
(1781) Crr £. O^i^n^* Àttetnagne et Italie, u, De Téiat
du christianisme en Allemagne.
(1782) c Nous entendons dire que le livre de M. Mi-
chelet {Le Trétre, la Femme et la Famille) est hardi :
nullement! ccsl faible et violent qu'il faut dire. J'appelle
hardi un livre comme le Traité Utéoiogico^politiqitef où
des idées vraiment neuves sur la religion sont appuyées
sur une critique pruroiide des saintes Ecritures; j appelle
liardi un livre comme la Vie de JémSy du D' Strauss...
#û une ^'blTlo^ pomb et sqluib est mise au service
d'une CONCEPTION originale, i (Saissct, lUvrn daPa:'
Monacs, 1841, 597,598.)
(1783) Cfr Strauss, Dogmatique chréliewteistaBts»
la science. , ,
(1784) Cfr le chapitre sur le Vf Klaiber, dios u •
Strauss et ses adversaires. — Un autre ihéologiffi *-
mand, dans un ouvrage qui contient plusieit?s flbj*^'«;
très-fortes contre le système tic Strauss, ^^^T],
écrivain ne manoue pas de foi, mais qu*aa liea ft^'**
la voix de la tracliiion chrétienne, il accepte r^,'^
docilité servile les inspiratioos de sou maitr? Hv
(Cfr Hoffmann. Examen de la Yk deJiaa, />f*
fion.)— Le D' Slcudel qirt, après av<ilr èic W pr»fr*
de Strauss, a le premier pris la plume po«r le o«w '
fait remarquer que la prétendue Impartiafil^*!*^''
n'est autre chose qu'une Iégèrei6cwopablr,fla^***'
superbe pour des convîctious qui Iboi la Ibfte vr*
la consolation d'un si gran J noinbn» tTiaieiw i\fr ^^
Réflexions pour ^appréciation de ta base kki^'^ *
myUû(iue de la Vie de Jésus, e4e0 •
(1785) Valke est un des plus tèlcbrw yht^^^
Fentateuquo.
(1786) Cfr D' hio, dans U D* Stfiut K «i ^*
jsaires.
U9S
NOTES ADDITISONNELLES.
ligG
Jïire effrayé comme Grûlicb (1787), de rapparition
de roovrage de Strauss, il en est plotôi saiisfaît. On
iwt en efrt mainienant dans qoel abtme profond le
raiionaiisnieTeui entraîner les esprhs. Le temps des
rêiiceDces perfides o* est déjà plus* Les adversaires
(kl christianisme ont Jeté le masaiie qui, si loas-
Wnps, cacha leurs traiis odieui. Ils atooent, à la
face du soMi, leurs espérances ainsi que leurs pré-
leoiions. Cest an christianisme même qu*ils en
veoleni, et tant oue Tétendard du Gruciflé sera de-
Itout au milieu de notre Europe civilisée, ils ont
juré de combnUre jusqu*aa dernier de ses défen-
Vaihinger regarde aussi comme ua bonlieur que
les adversaires de la foi cbrélienne soient poussés
irréiiistiblempnt dans les abîmes du scepticisme bis<-
tori<^oe. La guerre hypocrite et sournoise qu'on fai«
sait a la révélation prend enfln le courage de ses ac*
tes et de ses doctrines. Obligées de choisir entre le
ekniiiamime et le p^rrhonhme le plus absolu dans
l'ordre des faits, beaucoup d'àmes reculeront à la
pensée d*une si étrange déraison (I78S).
c L'oovragfi du professeur de Tubiiigue, dit avee
raison un écrivain juif, a surtout uu grand sens
comme dernière eipression de Tesprit du protes-
tantisme. La réforme s*étail fait illusion h elle-même,
en se croyant a» mouvement tout chrétien, un re-
tour pur et simple aux doctrines évangéliques (i789)»
NOTE XII.
(Art. Mtthisme, § IX.)
ORKilNALIïE DE L'ÉVANGILE. D'APRÈS JOSEPH DE MAISTUE.
c Aucune institution dans Funivers ne peut être
opposée au christianisme. G*estpoor chicaner qu^on
lui compare d*atttre8 religions; plusieurs caractères
frappsnts exclu6«it timte comparaison : ce u*est pas
ci le lieu de les détailler; un mot seulement, et
:t$i assez. Qu*on nous montre une autre religion
ondée sur des faits miraculeux et révélant des don-
nes ineompréhenslblesy crus, pendant dix*huit siè-
ges, d*une grande partie du genre humain, et dé»
eodus d*àge en i^ge par les premiers hommes du
emi», depuis Origène jusqu'à Pascal , malgré les
«Tniers efforts d*une secte ennemie qui n'a cessé
c rugir depuis Gelse jusqu'à Gondorcet. Chose ad*
lirable ! lorsqu*on réfléchit sur celte grande institua
ion, rhypotbèse la plus naturelle , celle que toutes
'S vrais«*roblaiice8 environnent, c*est celle d'unéta-
(issement divin. Si rœnvre est humaine, il n*y a
lus moyen d*eo expliquer le succès : en excluant le
rodige, on le ramené. Toutes les nations, dit-on»
st pris d« cuivre pour de Tor. F<»rt bien ; mais ce
lif re a-t-il été dix-huit siècles soumis à notre chi-
ie ob«ervntrice? Ou s'il a subi cette épreuve s'en
4-il tiré à son honneur? Newton croyait à Tincar-
ition ; mais Platon, je p nse» croyait peu à la
lissance merYeilleuse de Bacchus.
I Le ckrislianisme a été prêché par des ignorants
et cru par des savants , et c'est en qnoi il ne ressem*
ble à rien de connu. De plus, il a*est tiré de toutes
les épreuves. On dit que la persécution est un vent
qui nourrit et propage la flamme du fanatisme :
soit! Dioclétien favorisa lechiistianisme; mais, dans
celte supposition^ Constantin devait l'étouffer , et
e*est ce qui n*est pas arrivé ; il a résisté à tout : à la
paix, à la guerre , aux échafauds, aux triomphes, aux
poignards» aux délices, à l'orgueil, à rhnmllintion» à
la pauvreté, à l'opulence, à la nuit du moyen àM, et
au grand jour des siècles de Léon XetdeUouisjLiV,
Un empereur tout*puissaut et maître de la plus
grande partie du monde connu, épuisa jadis contre
lui toutes les ressources de son génie; il n'oublia
rien pour relever les dogmes anciens ; ii les associa
habilement aux idées platoniques, qui étaient à la
mode. Cachant la rage qui ranimait sous le masque
d'une tolérance purement extérieure, il employa
contre le culte ennemi les armes auxquelles nul ou^
vrage humain n*a résisté : il le livra au ridicule ; il
appauvrit le sacerdoce pour le faire mépriser; ii le
prtfa de tous les appuis que l'homme paut donner à
ses œuvres ; diffamation, cabales , injustices, oppres-
sion, ridicule, force et adresse, tout fut inutile ; le
Galtléen l'emporu sur Julien ie philosophe ((7110),
NOTE XII BIS.
(Art. Pjlssagb de la mer Rocge, § VL)
Il y a toujours des sens et même des savants, qui
ulent nier le miracle du passage de la mer Rouge
r les Uraélites. C'est, entre autres, M. CharopoU
o-Figeac «'exprimant en ces termes : c Vis-à-vis
Haliiroth, ville qui existe encore sous le nom de
djéroth, s'est formé un ensablement qui a séparé
le mer Uu vaste bassin qui la borde au nord , et
int que cet ensablement fût complet, il a dû n*étre
lin bas->foo J guéable à marée basse. Moïse, qui
lit JonKleoips nabité les bords de la mer Rouge,
devait pas ignorer cette particularité ; il en pro-
pour sauver le peuple de Dieu des armes du
iraoo égjpUeii.» Voilà ce que dit M. ChampoHion«
eac, dans son iivie intitulé E^^pte , page 17 ,
. S» et faisant partie de VUmtert pinore$que ^
lectîon pobltée par F. Didot. Paris, i843,
Jn botaiibie voyageur, autrefob libraire, Aucher-
787) Cftt Gaoïuicu, dans U ïf Stnms et $e$ adver»
788) C^r les chapitres sur Harloss et sur Yaihlnger,
» Le W Strams et ie$ advertaircit par M..rabb6
i^^f, C'est aussi ropiuiou du W Julius Aiitler.
Eloi, herborisait le 28 mars 1851 , à Snez , qui, ce
jour-là, éuit encombrée de pélerios. « Les cha*
meaux, dit-il, passent à gué un petit bras de mer à
une portée de fusil au-dessus de Suez quand la
marée est basse : le passage des Israélites et Ten-
gloutisscment de Tarmée de Pharaon pourrait ainsi
s'expliquer, i Ainsi parle Aucher-Etoi , dans ses
Relations de Votfaget en Orient^ pag. 27.
Ces deux auteurs répètent ce qu*avait dit Dubois-
Aymé, qui n'avait rien trouvé de mieux que ce
qu'avaient déjà dit, tant de liècie» auparavant, les
véridiques liabiunts de Mempbis. Voilà donc ce que
répètent les rationalistes ; mais puisque ces esprits
forU préfèrent le témoignage dei Mempnisols à
celui (te Moïse avec lequel s'accorde celui des Hé-
liopolitains. ils devraient bien nous apprendre
comment il se fit que, dans Tespace de qucRiues
(1789) Salvados, JépurChmi et ea doctrine, pié«
face XIX.
(1790)' Joseph Di MAtsTas, CmMiraim^ wr ta
France^
US7
DICTiONNAIRE APOLOGETIQUE.
14tt
heures que dura le reftax, les six ceot miUe Israé-
lites, vieillards, et puis les reinmes, et puis les en-
fants, et puis leurs nombreux iroupeain , purent
tous arriver au bord opposé.
M. le comte Jaubert, par les soins de qui les
ndaîions d*Aucher-Eloi ont é^é publiées, n'a |iai
voulu laisser passer les lignes que nous avo^is citées
sans indiquer au lecteur un moyen de s*éclairer
mieux sur le fait en question. Il' rengage à voir,
i dans le savant Commentaire de M. Léon de La-
horde, sur rExode et ies Nombre$, une dissertation
étendue, féunissanl les diverses opinions émises sur
le passade de la mer Rouge. » Nous allons rappor-
uar ici plusieurs fragments de cette dissertation.
M. de Laborde a vu les lieux dont il pnrle dans
son commentaire ; il les a observés en diiféreuts
temps ; nul ne les a mieux étudiés que lui. Son
témoignage est donc du plus grand poids.
(Test <ums le xiv* chapitre de VExode que se
trouve rhistuire du passage de la mer Rouge.
€ M ise était avec son peuple à Elham, et comme il
se disposait 4 continuer sa marche par le chemin or-
dinaire. Dieu lui dit (£x0</.'xiv, 2) : DiUsaux enfanté
4Pl$raél qu'ili $e détournent et iu*H$ campent ( re-
vers! castrameientur ) devant Fiahahirotk , entre
Magdaium et la mer , devant Biel-Sephon; vous
camperez «is-é-rtt de luù prèe de la mer. {Ibid*^ 3.;
Et Pharaon dira de$ enfante d'Israël : ils sont em-
karroêsés ( ou égarés ) dans le pays ei enfermés par
ie désert. — (/6id., 5.) Et U fut annoncé au roi des
Egyptiens ^«e U peuple avait pris la fuite.... 6. Il fit
donc atteler son chariot^ et prit avec lui tout son
peuple. — 7. // emmena aussi six cents ekariots de
Îuerre, eio. — Leê Eyyptietts noursuivaut donc les
sraélites^ ete. i U faut hre ce chapitre.
Ah verset 3 , M. de Laborde fait cette remarque
(pag. 75) : c Le mot reverei implique un chanâe-
meut de direction, et prouve que c'est ici une dé-
viation de la rouie que Ton suivait di^puis deux
jours, de l'est à Touest* Motse, qui conduisait les
Israélites au Sinai , était le seul, dans cette troupe
immbreuse , avec son frère Aaron, qui connût la
route; ils suivaient certainement celle oui les avait
déjà comlttits au tond de la presqu'île du Sinai, et
ramenés dans ce pays. C'était entre les deux parties
profondes du golfe, sur un bas-lond oui n*était alors
que faiblement inondé, et qui, dans rétat actuel du
golfe , n'est recouvert d*eau que pendant quelques
jours de. la saison des pfuies. C'est le chemin suivi
aujourd'hui par la caravane de la Mecque (1791).
Le Seigneur parle à Moïse, et lui indique la direc-
tion nouvelle qn^il faut prendre, etc. >
Sur le dire du Pharaon, verset 5, M. de Laborde
s'exprime en ces termes (pag. 76, col. S ) : i Placés
ainsi, il est bien évident que les Israélites sont res^
terrés dans un défilé ou enlermés par le déurt^ entre
la mer el 1^ montagnes. On peut même traduire,
comme les Septante, tls sont égarés; car en effet ce
n'e»t pas leur rouie : en apoarenoe c*est leur perte.
Un chef politique commettait là une faute inexpn-
cable ; Thomme de Dieu manifestera bientôt aux yeux
des Egyptiens la raison de sa conduite : ils recon*
naîtront la mission divine dont il est chargé et le
bras puissant qui le soutient.
c 4. Ou annonça au roi d'Egypte que le peuple
avait pris la fuite. Pharaon avait autorisé les Ué-
bietix à aller sacrifier à trois journées dans le dé-
sert ; mais on vint lui prouver qu^Hs continueraient
leur r,.ute et ne reviendraient plus en Egypte : alors
il se rq>ent et veut les ramener sous le joug. Quel-
qa*^ vliesse qu'on accorde à ses troupes, il ne peut
arriver à Phihahiroth (Adjeroud) que le second
jour au soir, c'est-à-dire qu'il dut se mettre à la
poursuite des Israélites le lendemain mène de leur
départ. Voici comment on peut exposer levs nou*
vemenis réciproques :
Le iS du mois de nizan :
c Les Israélites partent d'Egypte el caaspeat ï
Succoih.
I Le Pharaon d'Egypte laisse partir les Isradîtc^
Uie idem:
t Les Israélites partent de Sucooth el eanpeit à
Eiham.
< Le Pharaon est averti de la faute qnil a cou-
mise en laissant partir une population sonmise, qn
le servait utilement dans ses travaux ; son ttm
s'endurcit de nouveau ; il espère arrêter les fvyanis
avant qu'ils aient quitté les frontîèrea naturdi»
de l'Egypte (la mer Rouge) ; il se met à leur posr-
suite.
un idem:
t Les Israélites partent d*£tham ; ils qaîtiem U
direction qu'ils ont suivie à Test, et ne dirigent ^
au sud, inr Phihahiroth . vers fiéel-Sephon ei U
côte, où ils arrivent le soir.
4 Le Pharaon, suivi de ses ehars de gnerre, tn*
verse respaoe qui sépare Mempbîs de Pbihaliîratk
en deux journées. Arrivé dans ce lies, il s'arrête
avec sa troupe harassée, en vue du camp des iiraé-
lites, et remet Tattaque au lendemaîa.
U 18 idem :
t Les Israélites, saisis de frayeur à la vue éês
Egyptiens qui arrivent le soir, quittent leur fiap
au milieu de la nuit et traverscal b aier Rongt.
I Le Pharaon, à b tète de ses troupes, s*apercait
au point du jour jiue les braéUtes ont mvene h
mer sur un gué miracukux, dont le paanage ie$t«
ouvert, et cbns lequel il aperçoit eneorc ei»g»cêe
l'arriére-garde de leur armée ; il s'y ytédtpiu aitc
ses chars de guerre : il est englouti.
I 7. 1/ emmena six cents chara. Le iionibrr de os
chars, qui suppoaent en Egypte fe double de es»-
baitanu et parCob le triple, eonme ou le veit dsK
les peintures et bas-rellels. peut très-bien a'oppodrr
à SIX cent mille braélites, si l'on Cattla part éi
l'effroi causé par le développement de ees atlebges
et b bruit d'un si grand nombre de ebcvan« et »»
Ton réfléchit à b puissance de l'biiucTc oierak
des maîtres sur les esclaves....
€ 9. Les Egyptiens poursuivant d&HC iêa lermètUtt^
etc. C'est bien b même route. Les troms 4m Pk»-
raon suivent les traces des Hélireux^et îbatieipKiA
ces fugitifs au moment où ib sont campés sw k
bord de b mer, prés de Béel-Sepbon , en faoe de
Phihahiroth ; les Egyptbns s'arrêtent à rh&ahi-
roth, en face de Béel-Sephon.
I Les positions respeetives sont bien indii|Qêes .
les arméà sont en présence , l'une fatiguée de la
route, l'autre craintive à b vue des ennemis, loaaes
U
H
deux remettant au lendemain un engafesneai qp
ne peut s'éviter.
f 21. Le Seigneur divisa ta mer en fat
un vent violent et brûlant (Hebr., d'Orient)^
direction de ce vent l pag. 77, coL 2) ~
chaud n'est pas indiquée dans b Vdgaie;
ne pouvait être naturellement autre que celle êi
chemin des Israélites , puisqu'il dessécha le finid di
b mer, qu'ib passèrent à pied sec, c^esl-^-dire ^V
souffla entre les deux remparts formés à
gauche par les vagues. Le vent du sud, ai
root traduit les Septante, soufibnt sur U
eaux, est plutôt Irais que chaud, et il aras
b mer dans b voie tracée. Le vent d^oneat,
texte hébreu, répond à la direction qie je
HS
S
(1791) Hoîse, en stfivant la route, comptait passer la
m<;r k marée basse. Or, celte ruute est éloignée de Suez
<i du chemin que Dieu oovril aux Israélites ï travers les
fl7is. La jnuLUlude du peuple' eût pu la suivre et sans
miracle passer d'un bord ï l'antre de 1s aer,
croyait noise, qui d'ailleurs Ignoriit encore
le poursuivait.
liS9
NOTES ADDITIQNNELLES.
U9Q
par le ScâcMw jMwr opérer le ninde du passage, •
après qum il lai reMe t pea de imiU à dire sur les
explieatioas , sei-dbaot faciles, d*aa éféaeieat
prelenda aalarel. » Celle partie da Imfa'l de M. de
Laboffde oecape de six à sept eokMiBcs de sop aii-
Trage» ^i est ia4Diia. Naas picaoas la liberté d*y
leavojer le ledear.
Les évéaeiMBls aec<wplis daas la aner Raage <mt
TtçiÊ da IKea mèaM des explicatîaas âgaificaiives
ci iaiponaaies poor rbnaaailé. Ea voio deox daai
la hiérviclfpiiiaae cMiieBBe s*est emparée poar
riasirvciMM des idéies, d doirt ridée a éié paMe
daas ceax des litres salals,aè ces éféoeaicats soai
rappelés : € Pfcaraao aaaeieii daas la aMr Reaae,
dîiM.Cypr^a Raben(t792), deriat la prophéUe
iiii Uraélilcs à travers la aifr : il passait sar les
iMW% da désert et les rocèers érhaafts par le
oleU.
« 22-». ( PaMsm§e dt U mer Hm§e. ) Les eaaii-
nenuîres qae aaas avoi» ajoalés k ce aai préoède
im dd rai Ira ialellinbles les posMaas des iieax et
dies des deax anaées.
« Les Isiaéiiles soat accalés eatre la mer d^aa
ôié, des moalagaes et rannée égypticaBcde faalre :
I ne lear reste |4as qa^a laire lear seamissiôo oa à
raverser la bmt. Ub miracle lear oovre cette voie :
a comattademcet de Maise, uae large oaTcrlars
ead praticable le passan aa miliea des tagaes ; et
r-adaat loaic la aait le feapl& d^lsraêl s*écoale
sas ee défilé et gagae la nwt apposée. Pharaon, aa
oint do jaar, s*apertolt qae renaerai lai échappe ; da sort ^âi atiead les iTraas ; car, dit TEct itère, il
se met h sa poarsaiie, et il périt avec saa arsiée, ne cra':gaait aibica ai la saciélé 11795). Et la mer
■ Bûlica de celle bmt qtû se refenae sar lai et Roage igora le bapcéme» oè le neH bomam s'aa*
ir ses gaerriers. » gloaiit avec ses erhaes , et d*oà sargit rhomoM
M. de Labordeeiamioe easaiie c las dillereaies neaveaa , laaché par la verge miraoalease de la
aces f a*aa a désignées camme ayant été choisîrs crmx (1794).
NOTE XIH.
(Arl. Peîïtatei'qi'e, $ VI.)
SUR LINTERPRÉTATION MYTHIQUE DE L\\NaEN TESTAMENT.
B s'est troavé ea Allemagae des tbéohigieas qai
»«eiii des mjfthes daas presqae tons lesiéiâudela
rnrse. t*a mythe, c^ast, oomme oa le sait, aae
iJitfon allégôriqae dfstiaée à' iraasmelire an fait
viial»le« H qai, plas urd, a été prise par errear
«r te bit aitee»
La raisoa principale sar laquelle se fondent les
éleiitioa» de rialerprétadoB mylhiqoe de 1* Aaeien
«laaieat, se Iroave déjà dans ks idées de Varron.
«sii» ea eAît, qae les àgea da amade peaveat se
viwer ea icmps obocars, temps mjtliîaBes et teaipa
iOoriaaes. Cbes toas les peaples, rhisioire est
itiofld obscare et iaeerialBe, easoiie mythiqne oa
tf^oriqae, Heafia posilivcaMathislari^oe. Et poar-
oi, s*est-on demandé, si ce lait esisie partoat,
tarait il pas existé cb«z les Hébrenx ?...
00 serait, à la première vae, disposé i croire qae
. léaMNas, qai pourraient le mieax aoas fixer sar
Idgitimilé de rinlernréialion mylhiqoe de la BiUe,
rraieot être ces Cbreiienf primilifsqui, eoxHaéams,
maseacêfcat par être paieas, et psrmi lesqnels se
»oTaient des homaMS savaau et philosophes. Us
parait igaorer le principe de \arroa. Ils con-
isaaîent la mythologie des Egypiiens, drs Grec^,
f, Bomains, des Persans, mienx sans doaie qne
■a aajoanThaL Dés lear jeancsse, les noaveaox
•Tcrtis avaieat pa se fkmiliariser avec ces prodoiu
rimagination religiease; ils les avaient loagtemps
iorrs ; ils avaiear po étadier et pu décoavrir loales
subtilités d'ialerpréuiioa, à Taide desqueDes oa
tît cherché k soeteair le crédit de ces mooaments.
suite , lorme ces aooveanx coavertis comaieaeè-
1 â lire la Bible, n*esi-il pas pnrfttbie qu^ils eusaeni
suite recoaaii et démêlé les mjtbcs, s*il en efit
Uié ? C^ien^aot Ils ne viient dans la Bible qo'aae
^r- et simple histoire. Il faiii donc^snivaBl Popinion
iipéienle de res juges antiques , qu*il y au une
iMie différence entre le mode mythique det peuples
esas, et le genre de la BiUe.
I a pa arriver, il e&t vrai , qae ces chrétiens pri-
«r^, peu versés dans la bauie critique» peu c-^pa-
i aassi de Tappliqaer, et, d*ao aaiie celé, accoo-
?.
. .^1) C0nrê d'iâéfûflmlL ckriL, S* leçon, dans r Im-
ité mlMâaic. u». VlII, pas. 901, ooL ±
793) Nec beoD Urnebat, nec hooiÂoes.
.73 4} Hinc nos et i|«um non perire crcdimos
CorpQs, scpnlcro q«od Toraqdum trjditac ;
tassés aax mythes paieas, fasseat pea frappés des
myihesde la Bible. Toalôlbis, il est permis de soa-
leair qae plas oa est familiarisé avee aae chose, plan
oa la reeoaa^t avec rapidité, méaw daas des eir*
coasiaaees disseaddables poar la fonae. 8i doue
les histoires hébrmqaes saat des mvthes, eamnseat
les chrétieas primiiils a*oatrils pa lea décoavrir, et
sMs ae Pont pa, n'estrOR pas aae areave qae ers
mythes éuleai IdleaMiit imperceptibles, qae ee n*a
été qu'après dis-<4ait siècles qa*oa a pa ijes signalerî
Si noas en revenons k la divism de Varvoo,
^n*on a cherché h anplioaer à la BiUe, aoas sommes
rappés, d'abord, de Paibseaca de ces temps olacars
mi iacertaimi, qai dareat préeédei Tapparition df-s
mythes, temps que les aaaalas hébraiqaca ae pré-
sapposeat jaamis. Lea plan aatkiaes légcades des
aatres peaples déhaical par le palyihéisaie; aon-
seulcBient elles parleat d*alliaaees eatre les dieux
et 1rs awttels, mais elles aoas rseonient les dépra-
valions et les aduliéres câesles; elles décrivent des
gaerres aalie les dieax; elles diviniseai le soleil, la
lune, les étoiles, et adaMtient aae Coule &e demi-
dieax, des génies, des démoas. Selon HIes, tnot
iaveaiear d'aa art aiile obtieal Papothéose. Si elles
nous montrent une chronologie, elle est, on pr^ae
aalle, ou bien gigaatesqiie; lenr géographie s'étead
coiuaM aa vaste champ praplé de cûaières ; loaies
dioses, selon elles, ont saLi les plas éinages trans-
formations, et elles s'abandonnent sans frein à ions
les élans de l'imagination h plus variée et la plas
grotesque. Mab il en est bien antre mtat dan» le%
rédude la Bible. La Bible, aa eaatraire, commeace
par décbrer f|a'il est aa Diea, le Créaieur, dont b
paissanoe eu inésislible, qai veat, et à riasiant les
dioses sont, ffoas ae trouvons id, ai lldée da chaos,
ni d'ane amtièfc rebelle, ni d'un Abnman, génie do*
mal. Ici, la lune, le soleil, les éloilcs, loin d'être des-
«itenx , servent , an contraire, à Fusage de rhomme,
lui prodiguent la clarté, et lui servent de oMsure du
temps. Toutes les grandes inventions sont faites par
des homme» qui restent Ids. La chronolope procède
par séries natarelles, et la géi^srahîa ae s'élance pas
Osa Chrt&lia io se mortm» eorpwi cmce
Secva eiciUUun rexil ari soUum Patns,
Vûiiiq«ic cQocUs ad rf*siirgcnd«M dedîL
un
t)ICTiONNAlRE APOLOGETIQUE.
un
fo'l«:<n4>iil au delà des bornes de la terre. On ne voit
ni transmigrations, ni roélainorphoses, rien enfin de
i.e qui nous montre si cUirement dans les livres des
plus anciens peuples profanes» la trace de rimagioa-
t on 01 du myilie.
Ctuie conuaissauee du Gréateor, ^aos inélanire de
supersiitiori, est une chose des plus remarquables
dans des doeumenta aussi antiques. Qui peut douter
qu*elle ne soit due à rinfluence d*uiie révélation
liivine? Ce qu'on nous dit dans tant de livres mo-
dernes, que la connaissance du vrai Dieu Unit par
sortir du milieu même du polythéisme, est contredit
par toute 1 expérience de Tbistoire profane et sacrée.
Jamais, au contraire, cela n'arrive. Même les philo*
sophes avancèrent si peu la connaissance du Dieu
uniqne, que lorsque la foi de Jésus parut» ils prirent
li polytliéisroe sous leur protection. Mais quelle que
fut i*origine de cette idée de IHeu dans la Bible^ il
est certain qu'elle y est tellement sublime, tellement
pure, que les idées des plus éclairés des philosophes
grecs, qui admettaient une nature gcnéiale, une
àme du monde, lui sont inférieures de beaucoup. Il
est vrai que cette reconnaissance de Dieu n*est pas
parfaite, bien qu'elle soit eiacte, et cette circons-
tance dénote qu'elle fut parfaitement adaptée à l'état
de l'homme dans un temps aussi antique. Cette im-
perfection même, et le langage figuré, mais si clair
et si simple, des livres qui nous en parlent, démon-
trent qu<^ ni Moïse, ni personne depuis lui, ne les a
inventés pour leur attribuer ensuite une antiquité
qu'ils n'auraient réellement pas eue. Cotte connais-
sance si remarquable de Dieu, a dû être conservée
dans sa pureté depuis la plus haute antiquité, ou
plutdt chez quelques familles depuis l'origine des
choses, et l'auteur du premier livre de la Bible eut
pour| dessein , eu l'écrivant, d'opposer quelque
chose de certain et de fondamental aux fictions et
aux corruptions des autres peuples, dans des temps
nuiius anelens. Quelle nation a conservé un seul
rayon de la grande vérité que proclame le premier
chapitre do la Genèse ?
Cliez presque tous les pruplfs, la mythologie s'est
e\(M'iée dans la nuil des temps, lorsque t'iniagination
ne redoutait pas les faits, et elle s'est éteinte dès
que riitstoire a commeucé. Les anciens monuments
do^ileb/eux, au contraire, sont moins remplis de
ch<»ses prodigietises dans les temps antiques que
dans les temps plus modernes. Si l'écrivain qni
rassembla la tradition des faits, eût eu pour but de
nous donner un amas de légendes douteuses, de
actions, de myihet», il les ciU placés surtout dans les
k uipsaniiq :cs ; il no se fût pas exposé à être contredit
en les plaçanldans un siècle plus moderne, o&rbisunre
positive aurait eu mille moyens de les cooihattre et
de les détruire. Ainsi, l'absence de prodiges dans les
premiers récits de son liistoh^, et le peo de dé:ails
qu'elle présente, n'ont pu venir que cfo soin scnpiH
leux qu'il mita rejeter tout ce ^j lui paml doat*fui,
exagéré, extravagant, comme indice il'étre rebié.
Il a peu raconté, parce que ce qui loi t»amt tswi i
fait véritable s'est borné à ce qu'il raconte. Riea de
plus imposant à signaler dans la Bible, que le peu de
prodiges très-antiques, et l'abondance des pradifci
plus modernes. Cest le contraire qui arrire chei b
autres peuples. Mais, dans la Bible, Fordie est m-
▼ersé. Il y existe même des périodes oè Ton ae
trouve aucun miracle, et d'autres, où ils édaleot â
chaque pas. Or, les périodes plus parfieBlièrenem
miraculeuses, le siècle d'Abraham, de Moïse, in
rois idoUktres, de Jésus, des apdtres, soni iim)ovs
ceux où il était nécessaire qu'un tel spectacle dis*
terventiou divine conflrm&t la pro|)ag»tloo de ridée
religieuse nouvelle. Les miracles de FEcritore oiit
donc constamment un but, grand et louable, Fanié-
lioration de Tespèce humaine, et ne soni aolleflKfii
dérogatoires à la m.^jesié de Dieu. Qoe l'on vi^Uc
bien les comparer avec les mythes et les l^en-
des des autres peuples, nul penseur Impartial m;
pourra confondre des choses aussi distÎACtes.
Enfin, une autre question se présente ; comuint
peut-on concevoir que ces fragments de l*hîstf'ire
primitive aient pu se conserver sans altération J9<-
qu'au temps où ils furent rassemblés par M^mc?
N'ont-ils pu être grossis des additions de rimagiiii<
lion poétique? Cela n'est-il pas arrivé peur les tra-
ditions des autres peuples?
0(1 peut répondre qu'il est extrèntement ^t?:-
semblable que les traditions bibliques qui ont Un
exceplion quant k leur supériorité éviJeisi'*
sur i»'S autres, aient aussi fait exception qas^t
âi leur mode de transmission, l^ur petite eie^t-
due rendait précisément leur consorvaiioa (his
facile et plus concevable. Elles furent, s^si
doute, écrites à une époque où les traditions «if>
autres peuples n'avaient pas encoi e clé ré t!«n^
Leur forme écrite, leur hingagc simple, leurs nas-
ges précises et élémentaires, tout cela, e<i elles, r4
si frappant, que si l'historien qui tes r:tS3enibla rft
essaye de les interpoler, il se fui indubitahlefteiâ
trahi de deux manières, par ses idées plus nrader-
nés : et par son langage plus profond et plus recher-
ché. Ce que je viens de dire suffira pour a^ei tir «es
lecteurs d'être prévenus contre t'inicrprét iai
mythique des monuments sacrés.
NOTt; XiV.
fAîL Pentatelql'e, § X.)
SLR QDELQLKS OUVRAGES RELATIFS A LA LÉGISLATION MOSAÏQUE.
I«ê seul travail complet, profond et judicieux qui
ex^iste sur ee Fujet, est le mo$Mche$ Recht de Mi-
cbaélis; mais six volumes allemands, écrits d'une
manière si diOiise, pleins de lourdes et immenses
dio'ession.^, trouvent ehez nous peu de lecteurs ;
et des divers littératrurs qui ont entrepris de faire
passer cet ouvrage en français , aucun n'a persé-
vère»
M. Pat>ioreta fait un livre intéressant sur Moise
conMéré comme iégiêfaleur et comme moralisîe^^
mais ee ii'ebt guère qu'une d* soription élégante de
l'extérieur, et, pour ainsi dirr, du matériel de la lé-
gislation. Lés vues secrètes du législateur, ces
n*KSorts cachés qui, dans toutes les institutions po-
liti([ues, et dans celles de Moïse surtout, jouent un
Il grand i6le, c*est ce querauieur ne dévoile point,
et ifa pas môme eu en vue de redierdier. R tf
tombé d'ailleurs dans des erreurs graves. Aui yen-
tables sources de la législation mosaïque; îl es i
joini trois autres qui, trop impores, deiaietii ne
cessairement l'égarer. Ce sont les institutiocs tfe
âges suivants, institutions qui altèrent 11 l^slaii >t
au lieu de la développer : les rabbins et la mxsch:i.
que M. Pastoret traite cependant parfois avcr t-
juste dédain ; enfin les usages actuels des iuîia, dé-
rivés des commandements d'hommes, hiea pte»
que de l'ancienne loi de IHea. De plus, M. Pasfeirrt
semble s'être laissé aveugler par ctriains prQsÂ,
Îu*il eût été digne de lui de soumeure à Ye%Mmr9.
Jnsi, il admet que le grand pontife jtNÛssait f ^
pouvoir co'.ossal, et dirigeait en grande partie \'^
miuistratiou de l'Etait. —Ou at-il pria cçla' t'^'
rjl
im
NOTES ADOmOlSNELLES.
1491
rc que je ne puis dexiner. Ce nVst, du moins^ ni
dans la loi, ni dans riiisloire.
l'ouvrage tout moderne de Salvador sur la lëgis-
lalion ipoaaïque a fait quelque sensation, mais il no
remplit pas davantage le vide dont je me plains
(1795.) L auteur, à la fois défei.seur de Moïse et ad-
versaire de sa révélation divine, s*est placé sur un
terrain difGcile à défendre. J*ose croire que tout
lecleur versé dans ces matières trouvera, comme
moi, dans ce livre, d^abord, en ce qui tient au des-
sein général de la législation mosaïque, un système peu
piiiiosophique*, arrangé d'avance, auquel Tautrur
asservit souveut les faits, et immole parfois la r lurté,
même le bon sens; puis dans ses efforts pour élimi-
ner toufe Intervention divine du nunisiére de Aloïse,
des invraisemblances assez choquantes pour se ré-
Tuier elles-mêmes ; puis cnûn, dans \\ iposé dé-
uillé des lois mosaïques, quelques remarquas
vraiment neuves, pleines de justesse et de vérité,
sur la narure, les effets ou les ressorts de la légis-
lation. Mais ce ne sont que des observations iso-
/êes, ou plutôt mal réunies par un lien vicieui ;
IVns^'uiblc rét 1 nVst qu>ntrevu.
l/auteur est parfois plein de science, de feu, de
inl 1)1 ; il relève avec justice' la loi de Moïse en la
itiofiirattt telle qu*elle était, douce pottr les petits,
r^iuiiable pour tous, pleine de respect pour Thomnie
ti ses dioits; mais il g4 te tout par les absurdes
I lées doiit il est prévenu, et par les tristes convic-
tions dont il est Tapôtre. Sans être arrêté par Té-
>i*t«n€e, il ioiroduii dans le mosaï<me la philoso-
phie du xviir siècle; il voit dans Jêbova la'rai-
MKi abstraite ou Tunivers ; Il ne connaît d*autre
moi aie que l'hygiéue; il nie à la fois, au nom de
Moise (et pensant lui faire bouueur). Dieu, ruine,
f'a^eitir et ta vertu.
I Les patriarches, a dit à ce sujet un journal
iu>si spirituel que savant (1706), rrétaient pns
l'auksi intrépides philosophes, et 1 on peut se le-
tiser à croire que Moïse ait été à la fois Spinosa et
knibuQs *
Le livre de Sahtdor a eu du svceés, toutefois.
Cet étendard de libéralisme, élevé au sein de la
Ihéocratie lUosaîque, a fait sensation. Jusqu'alors
on avait cru, je ne sais pourquoi, que celle tbéccra-
tie était le plus assuré rempart du pouvoir sacer-
dotal. Quand les lecteurs introduits dans la place,
ont vu clairement qu'il n*en était rien, qu*ils pou-
Tstient même s'en faire an besoin un appui pour h^s
idées philanthropiques ei libérales, cela leur a fait
Peffct d'une découverte et d*nne conquête.
Une autre cause encore a fait lire cet ouvrage. U
est venu à propos pour satisfaire un besoin iniellec-
tiiel. Les plaisanteries à la Voltaire sont usées et
dégoûtent. La génération actuelle veut du sérieux
en matière de croyance, et quelque chose qui satis-
fafs-; le sentiment religîfux. Ce sentiment se réveille
partout chez les incrédules eux-mêmes, mais les
esprits ne.sont pas rncore éclairés. On a contre la
. révél:ition des p éjugés qu*on ne veut pns, on pfui-
être qu'on n*osc pns secouer. En attendant, on vou-
drait mieux connaître cette révélation ; on est porté
à lui accorder au moins un certain degié de respect ;
on se douta que TAncien Testament, comme le
Nouveau, renferme de belles chos< s oubliées, ca-
lomniées par la génération précéilenle ; on vi'ut,
en un mot, discuter avec un ton grave et des for-
mes décentes, admirer même, sans toutefois 8(*
compro.i ettre, et sans se faire accuser de supersti-
tion ou de préjugés. Dans cette disposition de cer-
tains esprits, un livre qui. sans faire de Moïse un
envoyé de Dieu, sans demander ia croyance aux
uiii'acles de Tancienne loi, la faisait cependant res«
pecter comme une belle œuvre humaine associée à
1» science,' amie de la justire, protectrice de la fai*
blesse et de ia liberté, un livre de ce genre, écrit
Hvcc soin, rédigé avec talent, avait tout ce qu*fl
fallait pour être bien reçu. On ne |)eut donc s*étori«'
lier qu on ne lui ait pas demandé un comfte bien
cxnct de ses raisonnements et de ses assertions.
NOTE XV.
(.Vrt. PnoPHÉTiESi § II.)
ROPHÉTIES DE L* ANCIEN TESTAMENT QUI ANNONCENT LA VENUE DU MESSIE.
(7éuit peu pour la bonté du Seigneur d*avoir
ovë de Toubli la mémoire du passé, en ordon-
iit 4 son servitenr Moïse de décrire Torigine des
oses, et d*assurer par un monument durable le
p6i des traditions primitives. C'est peu encore de
urvoir aux besoins prébOiits de son peuple chérij
de le conduire comme par la main au milieu des
r.icles toujours renaissants. Les pensées de salut
*a conçues le Très Haut ne doivent se borner ni à
i' 94*nle contrée ni à un seul peuple, et ces soins d*une
(vidrnc»! toute particulière sur les enfants dUsraél
sout que Tannonce et la figure de la grande œu-
Je miséricorde Qu*il médite en faveur de tous les
Aiits des liommes. Des niécles s*écouleront en*
e jusnit*à ee que cette œuvre soit consommée.
% voulant la marquer à des traiu qu'on oc poisse
oniialtre. et coasoler au moins la terre de ses
IX par Taliente de sa délivrance, \\ suscite d^ège
795) Lot de Mtme, par S. Salvaoos, 1 voMn-8,
• reirav.iUlê, augmenté et publié, en i8S8, en 3 vol.
'm>u% le iHre de UitUÀre de$ histiMcns de Moue et
moU iBébreu. On se souvient du scandale donné par
ii/ux chapitre sur le procès de Jésus-Christ. — Cha-
rtrauKe, et rcafernunt, sous une modération apua-
de \H»leote8 erreurs, que la passion seule senible
\r pxp»iq"er. Au rosie, M. Salvador est juif, ce qui
ppjii a»*<-i*l«c(Jr.::Vdc nous aiuqucr, m^îms dans
en 5ge des hommes pleins de son esprit et de ses
lumières, devant qui 11 soulève le voile de Tavenir,
et qu'il charge d*aller dire à leurs frères ce qu*ils
ont vu et entendu. De là cette suite de prophéties
que Ton rencontre en si grand nombre dans les li-
vres de Tancienne loi, et où Ton peut lire d*avaoce
rhistoire des événements futurs.
Pariiii ces prophéties, les unes ne reaardent que
le peuple juif ou bien quelqu*ane des villes et des na-
tions dont il était environné : les autres, et c'est k
celb's-ci que je m'arrête, semblent se rapporter à on
seul et unique objet sur lequel elles reviennent sans
cesse, et qu'elles représentent soos toutes ses for-
mes et dans tous ses deuils, comme étant d*une
plus haute importance et d'un intérêt plus univer*
sel. Les Juifs e t les Chrétiens s'accordent à voir,.dans
ces di^rniers oracles, la promesse d'un lihërateur oo
d'un Messie qui doit venir dans la plénitude des
la partie de noire fol la plus sensible et h plus chère. Il
est juif patriote, et même zélateur ealbou«iasie de son
peuple, iooglenips durement et inj|ustemcot opprimé.
Ne nous étonnons pas que, pour le défendre, il se laissft
entraîner au deU des bornes.
(1796) Globe do 18 avril 1829. A eette époque ce jour^
nal, sidt'rliu de«)ois, conservait encore ses premiers lé*
«la «leurs.
tm
blCTlOMNAtilE ÂPOLOGEflQUE.
um
temps, et dont bs Uesbito cmiime Fempire doivent
innlHasser tontes les oaiioos. Mais œux-cîassuieai
que cet svgosle personnage est déjà veno ; que
c*esi JésttSf (Us de Marie, crucifié à Jéruialeui. il y
adii-kutt siècles ; eeox-U, au eoulraire^souticaiieiil
qu*tl Taut Taliendre encore.
Ouvrons donc le livre des prophéties» ce li^re
eslraordinaire, qui, après avoir rempli le uiondean^
eion du bruit de ses oracles, remplit encore le monde
moderne de leur accomplissemeot.
I L -^ Prophéties dam le livre de la GeiiSse concer^
nant U Meule,
Le premier linéament prophéimue se trouve dans
fe versel 45» chapitre m» de la Genèu, Au moment
même de la chute do praroier homme par les em-
hftches du dénioUy représenté sous la figare du ser-
pent. Dieu, en exerçant les châtiments de sa jus*
lice sur les coupables et sur leur postérité, insinue
fa téserve d*une réparation future qui rendra
l'homme victorieux de son ennemi, i Alors le Sei-
Kneur Dieu dit au serpent : Je mettrai une inimitié
entre loi et la femme, entre u semence et la semence
«le la femme; cette semciice te bsisera la tête, et tu
CHERCHESAS A LA MORDUE AU TALON. I Voîci lelCXtCde
la Vulgale : Immicitias ponam inUr te et mulierem^
et semen tuum et semen illius : ipsa conteret caput
iuum^ et tu insidiaberis caleaneo ejus.
Assurément nous sommes les premiers k recon-
i:tltre oue, prise isolément, et abstraction laite de
toutes les autres, cette première indication prophé-
tique ne mériterait pas qu*on s*y arrêtât, liais nous
en jugerons différemment lorsque nous Terrons If
rapport de développement qui existe entre elle e*
les suivantes. CVst ce qui nous porte déjà k insistei
|)our faire voir, dans ce premier germe, Tintention
et la tendance dont robjrt va nous apparaître dr
plus en plus.
i** C*est rameur de la chute, le serpent, dont la
tête doit être écrasée par le flls de la femme, et qui
ue pourra plus que machiner des embftclies contre
lion vainqueur. Evidemment c*est là la plus haute
eipression de la réparation pour Thumanité.
z* Ce n^est pas Adam ni Eve directi^ment qui rem-
porteront cette victoire, c e»t dans leur descendance
qu'elle doit éclater, semen ; cVst par conséquent
I avenir qui en contient raccomplissement.
S* Ce n'est pas de la descendance de Vhomme
qu'elle doit sortir, ni même de la descendance do
Vhomme et de la femme ; mais, chose singulière et
bien expresse ! c'est de la descendance de la femme^
liEMEN MULiERis. G'cst la femme même dans un de ses
descendants, selon les Septante et la Vulgate (ipsa
conteret)^ qaï opérera cette révolution (1797) : inten-
tion évidente de faire de la réparation la contie-
partie de la chute ; et, comme la femme seule avait
offert et transuiis le mal, de lui faire seule porter et
transmettre le reméJe. C'ebt à quoi saist Paul fait
.«Husioo dans son épitre aux Galaies, quand il dit :
t Lorsque fut venue la plénitude des jours. Dieu
envoya sou Fils, fait de la femnu^ pour nous rache-
ter : > Àt ubi venii plenitudo temporis, misil Deus
Fi/iiim jutcm, faciuu ex muliere, ut redimeret^ etc.
079H). Les anciennes paraphrases chaldatques ont
bien aperçu comme nous qu'il b'agissiit, dans ce
passage, du Messie devant venir, comme dit saint
Paul, dans la plénitude des temps. La paraphrase de
Jonathan ben-Uzzel dit eii effet : i A la vérité, il y
aura un remède pour eux (Adam et Eve), mais pas
(1777) U est recoDiiu de tout le inonde et sans contes-
tation que, dans Thébreu, ipsa se rapporte à semen et non
pas à mulier; mais c'est la même pensée renforcée dans
l'ei pression.
(17961 Gâtai, iv, 4.
(1799) Pissertations swr le Messie, par Jacouclot, p. ^7 ;
-r* lettre d'iwi rabbin conterù^\i. 57 ; — Traduction po-
tnglûtledes paraphrases, par Waliow
pottr loi ; car lis t'écraseioal «i lÉlmi, > — Et h
paraphrase de Jérusalem amie : c CcsI-à-direâb
/En des /ours, aux jours du Roi-Messk (1799).
PaïSims à la seconde prophétie.
âiainienaot nous allons voir la géttéralilé décote
prédiction se particulariser et plus en plv<-
Dans toute Ilinfflanilé, alam iw^lée à produire
«llérieorement son libérateur, Dîea vr» ptêndre u
seul homme, Abraham, et de cei homme il vi fûit
un peuple distinct; et c'est de ce pesple, doiu la
fonction spéciale sera de raoaoneer avant et de ië
. servir de témoin après , que doit sortir ce éesaB-
dant de U femme^ par qui doit s*opéfer le salât et
genre homain.
Le Seigneur Dieu dit à Abrahaia : t Sortez de
"votre pays el do votre parenté, et venex ea is um
qve je tous montreraL — Je ferai sortir étrmsu
grand venple. — Et tous les peuplée de la letre se-
ront bénis CM voos. t — In te benediceuîmr wtitetyt
' caouaiones (errœ, {Gen. xii, 3.)
Phis loin, et après le sacrifiée d'Isaae , la mèoc
promesse est renouvelée à Abraham avec plus de
force et de précision.
f Je jure par moHiiéme, dit leSeiga'^ar, qaepiii*
<|ue vous avez fait ceue act on, je y<nis héalr» ; —
je multiplierai totre rau oomme les étoiles es 6à
et comme le sable des mers ; — et lovies ie$ matiên
de la terre seront bénies en celvi Qd fioanai m
voos. I — Benedicentur in SEmifE tgo oaiaes fentet
terrœ, (Gen. xxii| 18.)
I Opéiation subitme! par suite de la preoiière pfo-
messe, et pour préparer mnblement de loîo sa lêab-
sation. Dieu fait exprès un peuple. A cet cfet, il
prend un homme, comme un 6/oc, comaae aae ar-
rière, selon la forte expresoion d'Iaaîe, dans laqatik
il Ya tailler^ et d'où il ya extraire (1800) ce gnnd
peuple, qui ne ressemblera 4 aocmi autre peeple, ai
dans les temps anciens, ni dans les leoipa moiMiiii,
et qui sera le déposluire, l'instntmeat et le témoin
perpétuel de la bénédiction qpi doit se^répendie ua
jour sur toutes les nations.
Toutes les nations de la terre seront héuies »
VOCS,— S!f CELCI om SORTIIU OE V0I7S (léÂl). — Td
est le bol précis et définitif de ce ehoix d^Ahraham
et de la formation du peuple juif. Ce n^est paspoor
loi et par une faveur capricieuse et graioiie que le
choix de ce peuple est fait, c*est comnae laslmmem,
et pour servir à la manifestation des ^i^r^yjw de b
miséricorde de Dieu sttr rhumanité ea géaénl:
c'est pour nous gentils^ pour nous tous baBaains,que
Dieu a tiré ce peuple de l'humanité, eoni
plan choisi et cultivé avec soin, d'où devaûl
un jour la tige bénie sur laquelle nous aerîou.
entés; ce sont tous les hommes, ce sont loas ki
peuploi que Dieu aimait et avait en vue daes le m1
Abraham, dans le seul peuple juif; I^Ancîen Testa*
ment n*éuit que le préambule du Nooveao, et ks
' Juifs, en tant que peuple de Dicu^ n'étaienl ^ue gre-
vés de substitution envers toutes les uationt de k
terre, appelées k recueillir le bénéfice do rrstamnef.
C'est ainsi qu'il laut entendre Vélectiou da pei^le
juif en vue de la vocation des gentils^ et comme de-
vant s'absorber dans cette vocation potir laqoeSe
seule elle est faite. C*est faute de saisir ce rsf^ort
que le peuple juif a donné dans rorgtieîlfease pr^
teutiou de dominer toute la terre, et que, yar Peflà
de cet aveuglement charnel, il a été rejeté e» dehors
du salut commun. C'est aussi faute ée saisir cpue
large vue que rincrcdulité se choque de la
(1800) ÂUendite ad peiram unde exdêi esiU^etod
nam laci, de qua prwcisi estfs. AlUitdile ad Al — ^~
frem t*eslrtmt, et ad Saram, quœ jteperil ros ;
vocavi ewH, et benedixi d, et multiplican <mr. iU«
ti,l,2.)
(1801 ) Cette traduction est de Sacy , nou» U Jit^îil?«.r \^
û»us un instuut.
IW7
NOTES ADDITIONNELLES.
1198
de Ditu ^ regard de ee seul peuple dans les teni|it
incient. Certes, Veut misérable de ce môme peuple
(faos les lempe noderoes, au aein de la béoédiaion
•Direrselle dont il est seul etein, est bien propre
crpemûmt à faire Toir que ce n*ett pas pour lui seul
3»e Dieu en naaii ainsi « et oue les yrals héritiers
Abraham ne sont pas tant les Juifs que tous les
Cbréliens, soil juif, soit gentil (1803).
Mais, (fira t-on, pourquoi Dieu s*est-il ainsi servi
dtt peuple Juif?Quielle néœssllé d*nn tel intermé-
diaire? Ne pouvait-il pas nous appeler tous immé-
diatement au «ahit qu*U nous réservait, sans tant
d'ambages?
Sans diiuto Dieu pouvait user de mille antres
moyens; il pouvait se passer de moyens mémo, et
il it*y a en nen de nécessaire en soi dans la voie
qtril a suivie. Mais si roneonsidère qu^il convenait
pour ncns qu*U a^t de telle sorte que nous le mB-*'
ûoHi agir assea pour reconnaître sa providence ,
sans cependant y être irrésistiblement forcés, nous
»eroos frappés de la sagesse de ee plan de la reli*
gion. Le salut que Dieu nous réservait, pour se
rendre plus apparent et phis sensible, pour donner
lieu à notre amour et k notre foi, sans lesquels il
M pouvait n«His profiler, devait se détacher à nos
rci^ards, devait être nnnoncé, préparé, personnifié,
tie loin, dans une action libro et visiblement provi-
deocielle : voilà le motif d« chois d*Âbrabam , de
.a distinction du peuple Juif, el de la piédiction d«
but pour lequel ils ont été faiu.
Au reste, le fait Justifie ici rinlention. *- La fbr-
maiiou spéciale du peuple juif pour opérer plus tard
b conversion des gentils, et la prédiction de ce
luuble fait el de son intention expresse plusieurs
^it^les avant qyii s'opérât, constituent une grande
t belle prophétie qui révèle Tintervention de laDi-
• iniié, et sert de fondement à notre fol.
Ce mnd retour de toute Thumanilé k Tunité
ruoe Toi aainte, après les écarts de plus en plus
profonds où chaque peuple s'enfonçait sous le poly»
héisme, voilà ce qui était ioconteslaMeraent en A-
tors de toute prévision, de toute vraisemblauee,de
ou te possibilité naturelle même; et voilà cependant
e qui est prédit ici deui mille ans avant qu'il soit
ili, et ce qui va être répété dans les autres pro-
tiéties avec one infatigable consiance.
Cette révolution eitraordinaire devant sortir spé-
iaiement du peuple juif entre tous les peuples, et
e peuple juif devant sortir en particulier d*Abra-
am, entre tous les hommes, voilà qui ajoute à la
ivine slugttlariié de la prédiction.
£t voyez avec quelle suite d'intention ce plan est
^oieoa f
Abrahani eot deux fils : la prophétie s'appliquait
ces deux fils comme die s'appliquait à tous les
»mmee avant le choix d'Abraham; mais comme
mbaia foi choisi entre tous les hommes, Isaac est
«ofM entre les fils d'Abraham, et la divine promesse
î eai dévolM en particulier K à lui seul.
C'est tTMsaaCf dit Diai à Abiaham, que sortira ta
ce qui doit porter votre nom, (Ven, xxi, 12.)
[I90S) Toates fcs Idén smit rcnferroces dans ce root
Jean-BnpUste aux Juifs : « Failes donc de dignes fruits
péniienoe* et ne \Otts prenez pas toujoars h dire :
«M aofffimen les enfanis it Abraham. Or, je vous le dis,
ru p4%iK cSe ces pierres méiues sustiier des enbnts
t»r«li«ni. »
|Hi)5) Immaëi, Taotre fils d*Abrahaffl, est Vc^ei d'une
«iirtion spéciale. Je ne iaisêerai pae néanmomSf est-il
à A hrabaiiB, dé rendre te IU$ de voire iervanle chef d'un
ttd vettMep parce quH tr^ $orli de vons.. Ce tera an
tmte ûmtoemi^ ; U lèvera la main contre ions, el km*
'rtfml ta emmin contre tnà ; el U dreuera ses paviUons
M-MS ^^ fi*>>* MS frères. {Gen. xii, 13-14; iivi, 12.)
dirtMa Itasipante, dans lauueile H est impossible de
rtnu«flcre le peuple ismaélite ou arabe, «t^i se Te^
K>nni av>pl*4«>ée k lui-même.
w»i; IJ eat vrai qu'il a^ait vendu son droit d'alocsse ;
< Je serai afcc ? ous et vons liënirai, dit Dieu en-
suite à Isaac, pour accomplir le serment que j*ai
fait à Abraham votre père* — Je multiplierai vos
enfanu comme les étoiîes du ciel; et êoutes les an-
^ons de êa terre seront bénies dans celui qui vibn-
DSA DE voiTs. > (Gen. xxvi, 5, 4. |i805].)
Même élection parmi les fils d*Isaae. Ils étaient
deut : Esaû et Jacob; et c*est à Jacob en particu-
lier que passe Tantique promesse :
f Je suis le Seigneur, le Dieu d'Abraham votre
gère, et le Dieu d'Isaac... Votre postérité sera nom-
rcuse comme la poussière de la terre... et loaiea
les nations de la terre seront bénies eu celui qui vie5*
DBA de vous. I (Gen. ixviii, 15,14.)
Remarquez que pour donner à ce cho:z disaac
d*abord et de Jacob ensuite un caraclére plus pro-
vidt miel, plus librement électif, le cours naturel des
eh( ses est interverti. Ainsi la vieillesse de Sara est
rendue féconde au détriment d*lsmaél, et la surprihc
faite à Isaac de sa bénédiction en faveur de j:«cnb
la détourne d*Esaû, à ^ui elle revenait uatunlle-
ment comme à Falné (1804).
La force de cette prophétie répétée à Abraham,
à Isaac et à Jacob, dans les mêmes termes. In se-
mine tno benedicentur omnes gentes^ est, cou; me
nous Tavons observé, dans cette vocation des gen-
tils anticipée de deux mille ans, et précisée
dans le canal par lequel elle doit s*ojpiérer : le peuple
Juif.
La troisième prophétie est celle de Jacob.
Nous avons vu la prédiction, dont Tobjet est le
salut de toutes les nations, se particulariser de tous
les hommes en Abraham, en Isaac el en Jacob. Mais
à la dificrence d*Abrabam et disaac, qui n*avaient
laissé que deux enfants, Jacob en laisse douze :
lequel de ces douze enfants sera rhéritlrr des divi-
nes promesses? Les chances d'eiTeur, humaine-
ment parlant, se multiplient. Cep4>ndaiit la prédic-
tion, loin de s*euvelopper de termi-s équivoques
pour leur échapper, va devinir plus précise et plus
daiiement indicative que Jamais.
f Or, Jacob appela ses eitfai.ts et leur dit : Assem-
blez-vous tous pour que je vous annonce les choses
qui vous doivent arri\er dans les derniers jours. >
Ainsi c*est bien une prophétie que nous allons
entendre, et une piophétie touchaui la On des Juifs
Cette fwy nous la connaissons déjà par les ptopbé-
ties qui précèdent. Voyons ce que va nous en dire
celle-ci.
Tous les enfants de Jacob sont passés en revue
par le saint patriarche, el chicun reçoit sa part du
propliétiques bénédictions. Venu à Juda, ta parole
du vieillard 8*élève.
€ Toi, Juda, tes frères ta loueront ; la main se
posera sur le cou de tes ennemis ; les fils de ton père
t*adoreront. — Juda est un Lonceau; vous >ous
êtes dressé sur votre proie, mon fils; et, vous repo-
sant, vous vous êtes couché fmiime un liuii et
comme une lionne. — Qui réveillera?
c Le sceptre ne sortira point de Juda^ et il y aura
mais la tromperie n'en existait pa» moins h l*égard d'Isaac.
— Cette supercherie, comme mille autres traits de la
Bible, ascaudaltse beaucoup d'cKpi lis légers; mais tous
ces ombrages s'évanouiront devant une distinction toute
natureUe.Il y a toujours deui choses dans les événements
humains : la liberté de l'homme qui peut Taire le mal ; la
{»ruvtdcnce de Dieu qui, par ee mjil qu'il réprouve, atteint
e bien qu'il poursuit. Il n'y a nulle solidarité entre ces
deux choses, el le bien que Dieu Ure de nos mauvaises
passions ne les iiistlfle pas plus que celles-ci ne riocrimi-
nent. Cest ainsi que la réTolution française, toute pleine
de crimes qu'elle a été, a fonctionné, peot-on dire, dans
les mains de Dieu comme une machine terrible de juslicu
et d'épuration. Les bourreaux n'en sont pas moins restés
avec leur responsabilité relative, les victimes avec leur
expiation méritoire, et Dieu avec sa uloirc et sa sainteté
in&Uibles.
1493
DICTIONNAIRE APOLOCETIQtE.
\M
loujouri ('es cb^ft de sa t ace jm»qm*à te que vtrwie
Cr.tLI QLI DOIT ÊT«E E.^VOtÉ : ET C'EST LL'I Qtl SEBA
L'4iTt5TE DEi «ATI03I» : » « ip«« ertl exàpecialîo gen^
f fiifN, f<;!o:i les Septante; on bien, ce qui iresi pas
nioiiibrori, « et il sera le salliemext de toutes
LES KATioivi : » et ipiittê erit eongregatio geuiium,
{Cen. xLiv, 8*10.)
Kiifio, iiarlant à Joseph : c Les bénÂlîciions que
vous donne voire père surpassenl cclliis qe^il a re-
çues de bes pères ; ei el!es dureront jusqu'à ce que
ie Désiré de* eoUineê élcrnelUê $oil tenu, » (Ci7i.,
xi.i%, 2G.)
Voila lu prophtilie de Jacob.
Il u y a qu'une \oix dans toute rantMfttité jaWe
m>ur y recoiioaltre le Messie. Tout y e»t ciprês, el
le coiiiiii«iiuire ««st hiuiile. L*objel de ta piédicUoii
< Si le même que dans les prophéties précédentes : le
êalui du monde, la conversion de toutes les nations
au vrai Dieu. Mais vo/ez comme les traits soot plus
profonds et plus explicites! — Celle S'Smence, ce
ëciueVf qui éuit colleclir el équivoque, s*est dégagé,
précisé, pert^oiinifié, el est devenu Scilo, le Messie»
iiui MiTTE^Dus EtT ; Ic tcriue hébreu a tous ces seus
^1805). — CV'St en lui, semence d*Âbrabam, d*lsaac
et de J;iCob ; en lui, semence de la femme^ que toutes
les nai.onsseiOiil ramenées à Cunilé d*un seul trou-
ptau; c*e»t lui qui sera l'attente de toutes les nations.
— C*est lui enflii, lui Sauveur envoyé de Dieu, Dé-
être des co'lities éternelles^ qui sera aussi et en par-
ticulier ratten:e de Jacob : Salltare tuux ex^pe-
ctabo, DuNi>E!(lli06)
Mais les luéuies traits ne sont pas seulement plus
achevés que dans les précédeiiles prophéties ; de
nouveaux traits sont ajoutés, et qu*ils sont frappants !
— La principauté, le sceptre, dans la tribu de Juda,
jusqu'à ce que Vienne (aonec veniat) celMtssie, a/-
tentCf centre de ralliement et salut de toutes les na-
lio:i8 ; — el, (luand il sera venu, ce sceptre ôté à ja-
mais. — Quelle lumineuse précision i
Et quel liiièie accomplissement! Tout le monde
sait, eu effet, que la tribu de Juda a toujours eu la
prééminence chez le peuple juif dans les temps an-
cii'ns ; que c'est elle qui eut le privilège de lut don-
ner des chefs, des rois, et enfin son nom, et cela eu
\Lrtu de la bénédiction de Jacob (1807).
t!e qui n'est pas moins clair, c'est que ce sceptre,
iniijours resté dans Judas, lui fut enlevé à jamais
lors de ravéiiement de Jésus-Christ, avec unecoin-
4*iJence remarquable, et jjui justifie à la lettre le
donec veniat de la prophétie. — Toute l'histoire pro-
(1805) Les trois paraphrasles chaldueus, Onkélos, Jo-
iiailiau,'ei ceui de Jérusalem, appliquent cette prophétie
au Messie, qu*ils cntcudeut par le mol de Scilo ; — dans
le traité Dercschit RabtM, on lit : Jusqu'à ce que vienne
SuLu qui est ie Msssic;— dans le livre Berescliit Katar a,
sect. 79( on lit : Jusqu'à ce Que viemie Scilo, parce qu*it
doit arriver que les mtions au siècle apporteront des pré-
seuls au Messue, /i/s de David; — c'est aussi le seutimcnt
du rabbin kimki, en kou livre des racines des mots sur
S<:iu) : il dit que c'est une prophétie oiii regarde le Mes-
»ic. — Ou peut ajoutera ceux-ci les Rn. Isaac Abrabanel,
Saloniun, itechai, Lipmao en son Nitsacon ; te Taluiud
sur le Sanliédrin, cliap. u ; le R. Isaac en son Bouclier de
ta foif pari, i", chap. 1 i ; enfin, tout ce qu'il y a de plus
eonsiderable dans 1 auliquité rabbiolque.
(180G) Tous les anciens Juifs ont pareillement expliqué
du Messie ces dernières paroles de Jacob, et l'auteur de
la paraphrase chaldaîque, Onkélos, lui bit luôme ajouter
3UC ce n'est ui de Gédéou ni de Samson qu'il attend la
élivrance de sou peuple, mais du Christ qui lui est
promis.
(1807) Cette tribu es! toujours nommée la première
quand il s'agit de quelque préférence cl de quelque hon-
neur. — Elle oilre la première ses dous au Seigneur..
{Num. vil, 11) — Elle a sa place marauée à l'orient
du camp vis-à-vis l'entrée du taocrnai'le. (Num. ii, 2 , 3 )
— Et, après la morl de Josué, Dieu étant consulté par
tout le peuple sur le choix d'un nouveau chef, ccsl Juda
qui est désigné.
L'autorité royale fut ensuite accordée k cette tribu dans
fane dépose de ce fait. — Les Boamt, pir Vv
tvpréaatie, fl*éuîeiil déjà arrofé phu drwmànà:
tuais le peuple de IMev avail loajvars mb ni, qii
éuii allié d^Augasle, et qvi exerçait escore lei énoâ
les plus importants de la rojraaié. Le premier em-
piéieroeot d'Auguste snr cesifroiu C«t de faire bire,
a répoque de â naissance de Jêset-Chrisi, le ée-
nombremeiit de tous les kabitaMs de liiadée;
mais il ne leva pas de coatribalion. Bérode vint a
meurir, el chargea Angosie de rexécatien de u»
teslament, noo-sealenieni en qualité de saaicnis,
mais de tuienr palsaaijt, dont ses fils avaieai efec>
tivemenl besoin. Arcfaéiaûs, fils d^Oérode, lai étaM
par Aagoste, non pas roi, mais Itoar^ae d*iiae
partie de la indée, avee promesae de rbonorcr di
Uire de roi, s*il s*en rendati digne. Il ne a*ea reiAi
pas digne, an iagement de la poliUqiie romaoïe, «i
hit bieoiôt exilé à Yienue, dans les Ga«!eB. Depsii
lors la Judée eal un proeureur paitieBlier (prots-
rator), mais qui foi soumis au gouvemeor de Sjrie
{prœses). Ces événeroeals, oui mirenl fin 4 la oaiiih
naliié juive el n*en ûrenl plus qu^uiie provinee m-
n aine (1808), se passérenidans les douae preaûcre»
années delà vie de Jésus •Cbrisc. Un ira t de eeiie vie
nous fait Toir la Judée devant rendre à Césnrufa
est à César ; el, enfln, le grand drame de sa awrt
éelairc le dernît r anéantissement de la naiioaaiiié
juive, qui, malgré sa haine conlre lui, n^mtoit pas a
droit de le faire mourir^ el fol obliitée de faire )ép-
User son déicide par un Humain. Crucifige /criaieai-
ils k Pilale : ce mot résume tout rjicGoiiiplisâca«Li
de la prophétie (1809).
Un autre Irait cependant attend la jo9(lficatiM ée
Taccomplissemenl, c^est celui-ci : Ipsius erit eeufre-
aatio gentium. Mais renoncer, c^esl le jasiifier. Toctes
les nations civilisées el même barbares, pendant qua-
tre mille ans égalées dans les ténèbres de ridolàtnc,
reçurent incontinent la loi évangéliqtie, et fraterai-
sérent dans le titre universel de cfarciim, prndaat
que la nation juive allait de plus en plus en s*alù-
manl.
Ainsi te sceptre dans Jnda^ jusqu^à ravéseme: i
de Celui qui devait i allier à lui louies les aa-
lions.
Ce sceptre été à jamais à partir de cei atéae-
ment.
Toutes les nations converties à la loi de ce SauTecr
iiiuncdiatemeui.
Vom la prophétie, — voilà révcnemcni. — Cl
cependant deux mille ans les séparent. Cest use
la personne de David et de ses descendaints. Mai» banA
proclame que la supériorité de la Iribu de Jada est pu.^
ancienne que la royauté. Dieu, dit-il, a ckom des ctr.i
dans Juda, et il a ensuite choisi la maison de mon pcrt
pour m'élever au tràne. (i Parai, xxvui, 4.)
Duraut la captivité même, une partie de cette trM
demeura en Judée, et Fautre, quoique csptîTp, àtmàmm^
Daniel et EzédM au peuple juif, et avaii un de se» ■>««
avec elle, Joar/itm, que le successeur de SsbuKkotktans^r,
Etvimerodach, Ëiisail manger à sa tadble, et deen â r»£1
le trône ai^-dessus du tràne des autres prmtes ses ÊréuLs-
res. {lUReg.xx,tl.}
Enfin, lors du retour de la captivité, qui eut htn •»-.
la conduite de Zorobabel, de la tribu de Juda, crue ^rCm
Uïi plus dominante que jamais, puisqu'elle fui |v««^w u
seule qui servit de base et de fond à la rrpobliq«e. i^ ^
ellu qui fournit les magistrats, et les -
guerriers. Ce fut elle qui communiqoa
les autres tribus, qui ne furent plus *v»^f*ffyN^
sous le nom de Jntfs,
(1808) Une ombre de roi, fiérode Agrinpi,
ment sur le trône de Jérusalem de Tan Akï
\ 1809) Les Juifs, après s'être &il
la destruction de leur nationalité, ont clé
hi reconnaître ; et alors ils se soni prtsde
que la prophétie ne s*aecomplisBUiiL pas» le
Ils rentendaicnl) n'ayant pas paru: < La
mud, ce cri se fit entendre : Malheur è m
cessé dans Juda ! » {Lellrg ftrr Jésus-Otrisi. fwr 13
cnoL, p. 189.)
1501
NOTKS ADDlTiONNELUS.
1502
belle preuve, ce noiiâ sembla!. . mais poursuivons.
I II, — Prophéiie de Dalaam, — Le Messie tortira de
îa famille de David. — Le* deux gcttéalogtes de
Le Messie (Scilo), attente ei Sauveur fafur des
nations, est muinteuani de venu Tobjet distiiici des
propbéiies, le lermc des deslinées de Juda, Tcspé-
raiice de Jacob. Désormais nous ne le perdons plus
de rue, et celte grande Ûgure va ressortir de plus
en plus sous le pinceau des prophètes.
f Je le verrai, g*écrie le premier qui vient ensuite,
je le veiraî, mais non poiat maintenant; je le regar-
de'.il, m:iis non de prés : une étoile se lèvera de
JiroB, un sceptre se dressera d'Israël ; il fraiipera
il 8 princes de Moab, et renversera ions les fils de OL'th, i
Voilà ce que dit tialaam, fils de Oéor : voilà ce que
dit un homnu dont tœil est fennec qui voit les visions
du Tont^Pnissant^ et qui en tombant a les yeux om-
rerts, (Num, ixvi, 17.)
Ce n*est pas nous qui appliquons celte prophétie
au Messie, ce sont les Juifs, et dès avant la venue
de Jésus-Cbrîst. Les trois premières paraphrases
chaldaîques d'abori, et presque lous les docteurs
juifs ensuite, s*acrordeni dans cette interprélalion.
Pour en scnrîr la force, il faudrait lire Tensemble
lie la prophéiie. On y voit d*abord dans un premier
«fegré la l)énédiction piophétique prononcée sur
Kraél presque dans les mêmes termes que nous
rivons vue dans la. prophétie de Jacob : c Quand il
se couche, eet-il dit, il dort comme un lion et comme
une lionne, que personne n*ose éveiller. » La pro-
phétie est interrompue ensuite : puis Balaam com"
mence à prophétUer de nouveau, et avec plus dVxal«
biion il 8*écr:e : Je le verrai, etc... Et alors ce n*esl
plus de Jacob et disraél q»*il parle, maisd*une^loi7e
]uisortiradeJacob,\Vune verge qui s'élèvera d'Israël,
L'tqui tfijniph»ra uon-seulenieut des chefs dcMoab,
mais de tous les enfanté de Seth, c*est-à^ire de ia
fMralité det hommes (i810), ce qui ne peut appar-
leuir qu*à celui duquel il a été déjà dit que tous les
rcuples de ia terre seraient bénis en sa personne, et
|u*il rattieraii à lui toutes les nations.
Aussi un doct ur juif dit^il sur ces paroles ; ç Nos
focti'urs les expliquent ainsi : Il transpercera les
xtrémités de Hoab, savoir, David ; il dctruira tous
e» fils de S.tb,Xd qui appartient au àlessie : et cela
^i véritable de toute nécessité, car David n*a point
''gné sur tous les lils de Seib. Davantage il u*^ a
u aucun de lous Ifs rois d'Israël qui ait eu IVmpire.
iiiivcrsel du monde, c'est-à-dire qui ait été le roi de
auslctiU4deSetb(iSll). »
(1810) (.*est, en effet, conune s*il y avait tous les en-
ini2> iVAdam^ Setli étant le seul des fils d'Adam dont la
^t.Tiléjpar Noé ait constitué l'espèce humaine.
(IHtl) Voyez IHssertalion sur le Messie par Jacqublot,
. 100, où Ton trouve plusieurs autres citations rabblni-
Il n'e^i nas, selon nous, nécessaire d'appliquer la con-
iièie de lloab à David, comme le font len docteurs juifs,
! <Je briser par là ruoitê de cette prophétie. Il est plus
■tnrel d*applifluer le tout au Messie, et d y voir une pro-
rrvt'oo de la domination de Jésus-Christ, qui disait lui-
«^mc à ses apAtrcs : Vous me rendrez témoigitage dans
rruuûem, el dans toute la Judée et la Sotnarie, et jus-
l'mix extrémités de la terre. (ÀcL i, 8.)
\l8li) Voyese les deux généalogies de Jésus-Christ dans
*:vanf(ile ; la première (en S. Matthieu) par Joseph,
•ou« de Marie ; la seconde (en S. Luc) par Marie, mère
' Jrsus-Christ Joseph n*est pas pris dans ia prendère de
Y gén<'alogics comme père de Jesu»<^rist, puisque, par
latt, il ne Tétait pas (le.i généalogistes eux-mêmes le
rbrent) ; mais il est pris comme parenl de la sainte
i-rge, parce quHl était d*usaçe que la femme i-pousàt
H parent, et qce la généalogie même de ta fenune se
uifHàt par le mari, comme le plus noble représentant do
parenté coamione à tous deux.— Aussi saint Matthieu,
donnant la généalogie de Joseph, donne-t-il par cela
^mc la généalogie de Marie par rapport à leurs ancé-
• ' communs ; et rcriproquement Minl Luc, on donnant
Au reste le prophète Dalaam, comme on sait, vi<
vait pirmi les nations idolâtres, et quelques-uns ont
pensé que cVst par lui qu'elles avaient été prévenues
de la venus du Messie, et que s'ét dt enracinée dans
tout rOrient cette antique et profonde opinion dont
}»arlcnt Tacite et Soéione, que de la Judée sortirait
e Dominateur universel; paroles qui coïncident eu
elTtt avec les termes de l:« prophétie de Balaam.
Ce qui est incontestable, c'est qu'à l'époque de
l'avènement de Jésus^lirist tonte la Judée, préoc-
cupée de cette prophétie, avait Tœil fixé sur l'hori-
zon des événements , pour voir se Icvt^r cette étoile
de Jacob; et nous lisons dans Josèphe et dnns le
Talmud que le succès passager do Barknehébas , ce
faux Messie dont le fanatisme attira les derniers
coups portés par Adrien sur les Juifs, venait en
grande partie de la signification de son nom qui veut
dire (ils de l* Etoile, et du parti nii'il 'en avait tiré
pour s*appliquer la prophétie de Balaam.
Toutes ces interprétations et correspond-inces ,
prises en dehors tie toute prévention chrétien nf\
donnent du corps à cette prophétie, et lui font pren-
dre un rang important dans cette chaîne par la-
quelle nous descendons de l'origine du monde à Je •
sus-Christ.
En suivant l'or 're des lemps , nous nvrns vu les
prédictions se préciser, 'se concentn r de plus m
plus en Jésus^Christ. D'abord elles ne disent autre
chose sinon que co libérateur, qui doit rc(>andre les
bénédictions de Dieu sur tous les peuples de la l^rre,
sortira de l'espèce humaine, r t à proprement pari r
de la femme, d'une façon particulére; — ensuite de
la race d'Abraham, à l'exclusion de toutes les au-
tres nations; puis delà tribu deJn la, préféra hlement
auxautn^s tribus; accord de pins en plus frapp nt de
singularité , car aucune autre nation que la nation
Juive, aucune autre tribu que la tribu de Jttda, n'a
{trétendu donner ce Sauveur au monde , et toiitrs
*ont attendu de la Judée, et dans la Judée de la
tril)u de Juda, d'où il est sorii, eu effet, au moui.*nt
précis où cette tribu a perdu le sceptre de sa nation ,
qu'elle a\ ait porté jusqu'alors.
Mais voici qui est plus remarquable encore : la
i'amille d'entre toutes l<*s familles di) la tribu de
nda, la famille dont le Messie devait sortir en par-
ticulier, n'est pas moins clairement désignée que la
tribu, que la nation et que respècc.
Toutes les prophéties subséquentes s'arxordenl
en effet pour annoncer que c*est la famille de David
qui devait donner ce Sauveur au monJe : ceUe l'i-
mille d'oM il est en effet sorti (181i).
Les chants sacrés de ee grand roi résonnent d'un
la généalogie de Marie, donne de la même manière la ge*
néalogie de Joseph, ou plutôt tontes deux servent à ju»-
tifler doublement que Jésus Christ, par Marie, descendait
bien de David, puisque non-seuleineut cette descendance
est prouvée Uirecteincnt par Marie, mais encore Indirecte-
ment par le pareta de Marie, Joseph : ce qui est maniresio
lorsqu^on remarque que les deux branches généalogiques
se nouent dans Zorobabel une première fois, et se confon-
dent dans David, l'une par Salomon son Hls aine. 1 autre
par Nathan son puiné.— Reste une légère dinicullè:
saint Luc, avons-nous dit, donne la généalogie directe de
Marie, el salut Matthieu la donne par Joseph. Cependant,
dira-t-on, l'une et l'autre généalogie ne parlent nue de
Joseph. Cela est vrai ; mais, dans S. Malttiioo, Josepfc
figure en son nom et comme fils de Jacob, Undis que,
dans S. Luc, Il figure au nom de Marie et comme /ws
dlléli, ce qui veut dire ici nécessairement fils par alluma
ce, ou bien qendre d'Héti, puisque Héli ou Joachtm eUlt,
comme on sait, p^re de la sainte Vierpe. AIns , dans celte
seconde gôn^^alogle, sous le nom, de Joseph liscx Marie .
tout le reste étant d'ailleurs la Ugntje propre de Marie.
Voilà la clef des deux généalogies el de leurs apparen-
tes oppositions: rien n'csl plus simple dès quoo la tient.
Il éuil dlftlclle, do reste, aux évanpéllsies de se tromper
aussi grossièrement que les premières apparences le moi
croire: Cette manière de compter devait être usuelle ; le*
familles se connaissaient entre elles, et alUchalenl uo
Irrtp grand prix à leur g«^nCalogie pour qu'on pût en ~
454»3
DICTIONNAIRE ÀPOf.OGETIQUE.
I!i0i
bout à Taolre de celte propbr tique espërancp, et
renfi*nneai les traits les plus sublimes sur ce règne
et mel de ton fiU qui est en même temps son Seî-
gneur^ et à qui lotîtes lez natioM sont données en hé-
ritage. Nous nous abstenons tontefois de Ws citer,
parce que le siy e lyrique et figuré dans lequel ils
soitt ciriis leur 6te ce caractère p:écis et décisif,
nécessaire pour fixer rincrédulUé.
Mais d^autres prophètes vont parler pour lui :
— f Vu rejeton êortira de la itge de Jcêsé i (Jcssë
élait le père de David), d:i Isale, qui écrivait long-
temps aprèi le règne de David^^et de Salomon;
f une fleur s*élèvera de sa racine, et Tesprlt du Sei*
Sueur se reposera sur lui... 11 jugera les pauvres
ans la jasiice, et se portera le vengeur des hum-
bles sur la terre. Il frappera la terre par la verge de
sa bouche, et tuera Timpie par le souffle de ses
lèvres... En ce jour-là, ie rejeton de Jeué sera
exposé comme uo étendard devant toui lei jfeuplei;
les nations viendront lui offrir leurt- prières, i
(/sa. XI.)
— 4 Le temps vient, i dil le Seigneur par la bou-
che d^ Jérémte, i où J'accomplirai les paroles favo-
rables que j*ai données d la maiwn d*liraêl^ — à la
maiion de Juda. En ces jours-U et en ce temps-là
je ferai germer de David un germe de justice,».^ et
voici le nom qu'Us lui donneront: le Seigneur (Je-
hovah), qui est notre juste, i iJer. xxiii, 5, 6
[1813].)
On ne peut imaginer rien de plus complet à la
fois et de plus précis que cette prophétie. L*avenir
final auquel se rapportent les ptymiesses orîmitives
y est indiqué. Ces promesses, en tant qu*elles regar-
dent la maison d*hraél (Israël était le surnom de Ja-
cob, c'est-à-dire la nation juive en général, puis la
tnaison de Juda en particuher), sont rappelées. Re-
de David (cette famille dont Isaie nous a déjà dit :
Un rejeton sortira de Jeué) que Jérémie nous dit
que germera ce germe de justue^ lequel, en même
temps qu*il sera fils de David, fils de Juda, fils d*ls-
rail, ttls de Thomme, et à proprement parler de U
femme, sera en même temps fils de Dieu, Dieu mê-
me, car son nom serai^Aoraà, notre juste : Yehova
tsiDKÊii ou (1814).
S III. -*-> Le Messie naîtra d^une vierge.
Nous poorriona citer un grand nombre d*autres
prophéties, desquelles il résulte que le Messie doit
être à la fois fils de David et fils de Dieu. 11 n'y a
rien d'ailleurs de plus formellement reconnu par
poser ; enOn le recensement général qui venait d'êlre fait
avait dû éveiller el fixer TaltenUon sur ce sujet.
Au surplus, la qualité de fils de David était notoirement
donnée à Jésus-Christ ; nous le voyons non-seiiiemeiil
dans rEvangile, mais dans les écrits de plusieurs hùréti-
ques : Cériuthe, les carpocraticos, les ébionistcs, bien
qu'ils niassent qu'il fâl ne d'une vierge. Et, ce qui est
plus fort, l'aveu formel en est consigné dans le Talmtul.
\Vogex la réfutation du Munimen ffdei, par Gousset, i"
pari., chap. i, n°3.)
(1815) La même prophétie est répétée dans Jérémie,
chap. xxxui, V. 14, (S, 16.
(l8U) Les paraphrases chaldaiqaes et tous les rabbins
juifs (XMtérieurs entendent cette prophétie de la filiation
humaine et divine du Mesme absolument comme nous. On
peut en voir les nombreuses citations dons la V Lettre
d'un rabbin converti, p. 125 et suiv. — Ce qui est encore
'plus surprenant et non moins incontestable, c'est que
les anciennes paraphrases cbaldaiques, notamment celle
de Jonathan ben-Uuziel, ainsi que beaucoup d'autres
eommentaires juifis, disent formellement qu*il est prédit
que le Messie sera le Verbe de Jéhovah ; et ils justifient
cette interprétation par la signification des mots hébreux
oui sont employés dans le texte. Voyez encore 2* Lettre
d'un rabbin converti, p. 14 i cl suiv
les aiidrns Interprètes juif^. Mais ce qsHl inpor^
maintenant de noter, c*est que d*autres propliciK»,
non moins positives, disrni que ce Dieu Santiî,
fils de David, sera aussi fils d*une vieroe.
Cette croyance était généralement rqiaodoe dam
les traditions universelles. Dans la nation jmre a
particulier, cette naissance mlraculeufle éuit le n-
ractère distinctif du Messie; aussi, quand Sfcmle
Magicien éleva la sacrilège prétention de riniis'T
avec Jésus-Christ, il eut soin de se dona<>r povr mère
une vierge (1815). Enfin, dés les premirrs motnenu
de leur prédication, les apôtres ont poMié, u h
évangéliftes ont consigné que JésufrCbrisl éuit ne
d*une mère vierge.
Or, c*est ce qui a été prédif dès les imps les
plus reculés.
D*abord, dans la première de toutes les proptié-
fies, il est dit, comme nous Tavons remarqué, qoe
c^est le umen mutieris qui écrasera la léle Aiier-
pent ; ce que les Septante ont entends d'soe oa-
niére tellement propre et exclasire, qoHls ont iéa-
tifié cette semence de la femme arec ta femiae nèst
et que c*est à elle qu'ils ont fait rapporter le vprl«
conteret : ir.«A conterct capot (traduction bllênit
des Septanie)» forçant par là la lettre de lexit, a
▼ne de son véritable esprit.
Mais cette prophétie devait devenir ^s exptintt:
et comme ces eaux encore troubles qui, aprè^ fèn
montrées un moment à la surface de U terre, $>
enfoncent pour reparaître à une grande distuee
clarifiées et jaillissantes, nous la voyons soriirtoiii
à coup dans ce célèbre passage d*lsate, oà selrerc
tout à la fois la filiation naturelle du lieiôedeU
maison de David, — sa naissance sumatureiUim^
fils d*one rler^fe,— et sa filiation divine cantoe h:s
de Dieu,
f Ecoutez, niAîsoK de David : Me vous snflit il |w
de lasser la patience des hommes sans lass« ^
core celle de mon Dieu?— C'est pourquoi le Se
gneur ;vous donnera lui-même .un prodige : ^ûo
Îiue la vierge (1816) se trouvera enceinte; eika-
aniera un fils, et elle lui donnera le nom d*/M«^
nouél (Dieu avec nous), t — {Isa. vu, U.)
— c Le peuple qui marchait dans les iénfWn 3
TU une grande lumière, et le jour s*est levé f^
ceux qui habiuient dans la région de Tombre de h
mon.
€ Ils se réjouiront lorsgue vous seret vain, am^
on se réjouit pendant la moisson, et cornue b
victorieux se réjouissent lorsqu*ils ont pillé b es-
nemis et qu'ils partagent le butin,
€ Car UN PETIT ENFANT NOUS EST KÉ, et tMiffisWî
a été donné (181 7). La principauté est pobée sur ««
épaule. Ou rappellera Vadmirablc (f 8«SJ, le conseiH^^.
(1815) S. CLE)i.,tfilleroait.,lfib. n, C.1&. .
(1616) Dans le latin il y a Ëeee virgo emâptet ; ^^*
me le latin n'admet pas d^artide, «a ne SMinit s»»^
traduire la pia>ge ou une vierge Aussi les fl&i« fra^y
ses, fiikes seulement sur le texte latin, çwienim^'
ge ; mais le Uxie grec des Septante, reppod«iiM«tte>'
incnt rhébreu, poSrte i mfiiv^, la vterae ; sur q«« *•*
Chrysostome feit observer: c 11 ne dît p« swi»';
Y met oo'uNE vierge, mais Voici aue la viebgc. avef i ^'
de ; une vierge fameuse et unique, celle qui aoasa
annoncée. >
(1817) Cest au pr^fdrtt que parte le prophète, ei •
pendant il s'agit d'un événement futur. Celle nnrtèf * ^
rencontre quelquefois dans les prophètes, et oo b*» *•
rien en inférer contre la réalité de la prôdk*ira w*
qu'elle ressort de l'ensemble de leurs parok»^* f*
averUl, au contraire, que c'est 11 oocartclèrc Wj^
de la véritable inspiration. Enlevés sur tes «les flerl^
Saint, les prophètes volent ce dont ils parient à bl«^
de Dieu, qui n'a ni matin ni soir, et diei qui n^m v
jour éternel. Cette manière de s'exprimer porte «^ »
cachet de ceriilude Couraient dooler d'wie eh«* tj'"
prophète envisage déjà el vous miintrc ceaase «r'"-"
plie? .. ^ ^
(1818) Ou plutôt U miracle (Viii), dit M. Dp«1
l.'03
NOTES ADDIT10NXELLLS.
iSOS
)ti.r rcisSAïiTy le pht de Vélermté^ le prince de ia
*QtJ.
i Son empire iêtendra de vint en p/iu, eC la paix
|iri} éiaMira sar le trône del>4fi(l n^aura point de
m ; H posséi!era son ruyaome pour raOermir et le
iHlilifr dans Téqn^ié el dans la justice, depuis ce
emp^;iu^*à jamais, t {Isa. ix, 2, 3, 6.)
Qtidt|aes tablifns mmlernes, précccapés dfî Tap-
•lU-alio i que kf chrétiens faisaient de eeite pro-
liéiie à la naissance miraculeuse de lésas, ont lealé
Vn détounier le s^ns en Pai^iqoant, soll an Oti
*lfaï>. soil an roi Ezécbias ; mais leurs efforts ont
lé vains. — Cette prophétie se compose de deoz
arties, celle : Voici que ia vierge enfantern^ ch. th,
I celle de : Vn peiit enfant noue est ni^ chap. ix.
-i\e% dfui parties sont liées entre elles par le-méme
ijet, la naissance d'un enfant^ et d^on enfant-Dieu ;
ir, dans la première partie. Il est appelé Dieu--
f^e-nwt, et dans la seconde, Dieu puissant. Aussi.
i Taveu de tons les commentaires rabbiniques, la
«on<le partie n'est qa*an développement de la pre-
iére. — Or, comment appliquer à on enfant ou à
i homme ordinaire, comme le flls d*lsaje on bien
E«ïclii3s, ces express'ons : Cadmirable^ le conseiU
r, bien puissant^ père de Péternité^ prince de la
[fx, son empire s étendrez de plus en plus depuis ce
mps jusqu^à jamais^ et la paix qu'il établira n'aura
ini de fnf — Le poids de loub s ces expressions,
II épuisent la langue de Fadmiration U plus en-
Msiasle, et seraient sacrilèges et blasphématoires
elles prodiguaient ainsi à un simple mortel le
m incommunicable; le poids, dîs-je, de toutes ces
pressions, n*eiiléYe-t-il pas leur application à tout
ire qu'à celui que les prophéties piécéJentes nous
t déjà accoutumés à regarder comme fils de D*eu,
kotah notre justes — à qui toutes les nations rien-
mt offrir leurs prières^ etc., en un mot, le Messie ?
%ussi, c*est ce qo*affirment sans hésitation les
is anciennes traditions judaïques, telles que la
^phrase cbaldaiqoe de Jonathan ben-Huziel, —
Medraschrabba , sect. debarim, fol. 287, col. 5,
le lirre Ben-Cira^ fol. 41 verso, édir. d*Amstcr-
D, 17G0, et les caballstes. ils entendent tous cette
aphélie du Meuie,
Mais ce que fadmire le pins, dit le savant
Draeh, à qui nous empruntons cesrenseiguem*'iii»,
»t Taveu arraché ao R. David Kimbhi par la forte
a vérité. Ce rabbin, dont les efforts pénibles pour
Jélendre contre la clarté importune du texte font
nover je ne sais quelle fatigue accal.lantt^, traîne
ei plication, comme par les cheveux, an t*-avers de
5 chapitres. Au dernier verset, oft il me semble la
' arriver tout ensanglantée, fauteur rahandoniie,
iiit par reconnalire dans notre prophétie Tan-
ce des temps du Roi- Messie; c*est là qu*il arrête
prolise commentaire. On dirait que, épuisé de
es, snceombant sous le poids de la vériti, il se
e tomber à genoox, avone enfin ce qu*il a voulu
, et pousse un long soupir (1819). >
est donc avec yériîé qoe le premier évangélisle,
L Mattbiea, racontant la conception miraculiuse
ésu s 'Christ, a fait lui-même à cet événement
ilication de notre prophétie, i Or, tout cela se
i't il, pour accom^T ce qoe le Seigneur avait
ar le prophète en cet termes : Vne vierge con-
r. et elle enfantera un fils à qui on donnera le nom
M iNCEL, c'est-à-dire, Dieu avec kocs. > [Mattk.
f 1820].)
§ IV. — Le Messû naîtra à BetU^m.
is la meilleure explication des prophéties se
19)2' LeUre d'un rabbin converti, p. m.
20} L*usage que saint Malthiec (ecrirant en hébreu
n de la nalion juive) a lait de cette prophétie est
rande garantie de la signification des mots qui ia
«sent cian^ te sens làvorable à notre foi, qui est an
comme no«5 l'avons vu, celui des anciennes tradi-
trouve dana'Ies prophéties mêmes; elles se corroho
reni réciprojioement par des eonsonnances et des
rehtioDS qui témoipeni dt la grande unité de leur
source eideleorob|el.En ajoutant un nonveau trait,
chacune reprend les traits déjà avaneés par les au-
tres, et les relie comme en vn seul tisso.
(Test ce qui ressort de la prophétie suivante, quo
nous lisons dans Uichée :
c Et toi^ Bethléem, Ephrala, tu es bien petite entre
les mille villes de Jnda, et 'c*est de toi néanmoins que
sortira le Douihateus en Israël, celui dont la gêné"
ration est dès le commencement et dès C éternité.
c En vue de cela, il les abandonnera pour nn
temps, JUSQ|]*A CE qce Celle qli doit E.ir\3(TCR 4it
EXFA.XTÉ ; et alors le reste de ses frères se converti-
ront aux fils dMsraêl.
« Et il se maintiendra, et il paîtra son troupeau
dans la force du Seigneur, dans la sublimité de la
majesté du Seigneur son Dieu ; et ils se convertiront
tons, car bientôt sa grandeur édatera jusqu'aux ex*
trémités de la terre.
c Et il sera leur paix. » (Mick.^ v S-5.)
Cette prophétie, trop pen citée dans son ensen-
Ue, est admirable.
Le premier trait. Et tm^ Bêtàléem^ etc., est sai-
sissant. Quoi ! non-acolement la race, la tribo, la
famille, mais la ville, qoe dis-je? le hameao, et jua-
qu*à réiable de BetiUéem, la pins petite ville entre
milie^ tu désignée I
Pour ee qui est de b réalité de révcnement (la
naissance de iésos à Bethléem), tm ne saurait en
douter : nons ne eilerom pas reniement les Evangi-
le», qui le rapportent, mais la notoriété^ que aainl
instin, dans le premier siècle, invoquait sans qu'on
la lui cnnteatàt, et les registres de Péiat cItîI de la
Jndée, déposés aux archives de Home. — i Bethléem,
disait-il aux païens est un boorg dans la terre de
Judée, situé à trente-cinq stades de Jérusalem;
c*est tt que le Christ est iië : vous pouvex vous en
assurer par les tables de recenaement que leva en
Judée Quirinns, le premier des présidents de cetto
provii;ce (fSSl). > — Et, plus tard, Origène disait à
Celse : i S*il se trouve (|oelqn*un que ne puisse per-
suader rhi^iolre de Jésus écrite par ses disciples ;
s'il Ini faut d'autres preuves de la naissance de Jé«
sus à Bethléem, il n'a qu'à remarquer qu'on montre
encore la grotte où il est né, et dans cette grotte la
crèche où il fut enveloppé de langes, conformément
au récit de l'Evangile; c'est la tradition dn lieu {Us
ennemis de notre foi en conviennent) que dans cette
grotte est né Jésus, Tobjet de Tadmlration et de l*a<«
doratlon des Chrétiens (I82i). > — Lu certitude do
révénemeat est donc aussi bien établie que la singu-
larité de la prophétie, et leur accord est vraiment
prodigieux.
La qualité de Ft7s de Dieu résulte ensuite mani-
festement de ecs paroles : — C'est de toi (B«'tlitéem)
qoe sortira le Domlnaieor en kraél, œluî dont la
C^.3IÉRATI0?l EST »ÈS LE COUXE^ICEMEXT ET Dfes L'£»
TEEXITÉ. I
Puis ces mots, f En vue de cela, jcsqu'a ce ot^n
Celle qui doit esifantee ait e3ifaxt6, » sont une
véritable allusion ao passage d'Isaîe pvécité : Voici
que la Vierge se trouvera enceinte^ et elle enfantera
un fils, etc. Us eonlirment l'aptilicalion que ni»ns
avons faite de ce passage an Messie. Les qualifie:!-
tiens extraordinaires qui sont données de part et
d*attlre à celui qui doit être enfanté, sont trop sjmi-
nymes pour que ce ne soit pas au même sujet qu>l-
tel s'adressent : Tenfaui-Dieu. On achèvera d'en étJ e
lions jmves resU-es en dehors do cfaristianisnie.
( 1821 ) S. Jcsici, Apolog,, n* 74. —Ces mots, U premier
des ptésidenis, coiàirment «e que nous avons déjà dit ail-
leurs, que le scatre fut été de Juda a Tépoque de la nais»
sance die Jésus*€hrist.
(1822) Omc, ronl. Celse, liv. i, u. 51.
1507
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
m
couvainco, lorsqu^on saura (ec qui a été géiiérale-
mrnl i cmarmië) qoe Michée marche sur les traces
d'Uaîe josqu à le répéler mot à mol« comme on le
voit dans tout le chapitre qui précède la prophétie
que nous rxawinons. Celle prophétie re^^ardele Mes-
sie ; le Taimud lui-même a éié force d*en conve-
nir (1823). Donc, il en est de même de la prophétie
clMsaîe, dont elle n*est qu*une reproduction assortie
de quelques nouveaux traits. H faut dire même que
cette tournure allusive de la pn»pliétie de Michée,
Jusqu'à ce que Celle qui doit enfanter ait enfanté,
imprime à l*événement un caractère solennel 4|ui
ajoute encore à Tidée du prodige résultant déjà de la
prophétie d^lsaîe.
Il n^est pas non plus sans intérêt de remarquer ce
qu*il y a d'heureux et de frappant dans ce rappro-
chement de la désignation de la petite ville de Beth^
iéem et de Venfanlement miraculeux qui doit y faire
naitre te Hominaleur dont la génération est dès le
eommencement et dès réiernité.
Enfin, pour qu'il soit impossible de se méprendre,
la prophétie se termine en peignant d*une manière
sublime Tégarenienl des gentils (si bien appelés le
reste de ses frères) jiisqu*è Tavéïif meni du Messie,—
liMir «0 .fiTsion aux vrais enfants dMsraël, noyau de
la foi nouvelle, — la majestueuse imissance de ce
lègue du Dominateur qui s'étendra jusqu'aux extré-
mités de la terre, — sa gloire et notre paix, et erit
iSTE PAX : dernier trait qui vient encore heureuse-
nifiit planer au-dessus de TiJée de Bethléem^ de
Vierge, et é'enfant' Dieu, comme le prélude de ces
chants célestes qui devaient s*y faire entendre : C/o-
rta in allissimis Deo, et in terra pax kominibus bO'
uœ voluntatis, \^Luc. ii, ii.)
§ V. — Prophéties sur la réprobation des Juifs et
la conversion des gentils
Ce tableau de la conversion des gentils, de la d« s-
t< nction du paganisme, et du retour à Fadoration
d;i vrai Dieu par toutes les nations, fait le fond cl
comme Thorizon de toutes les prophéties. A ce trait
commun à toutes, on peut les reconnaître aisément.
C'est la grande On où elles viennent aboutir et se
confondre, quel que soit le trait particulier qui les
distingue. Un autre Ubieau corrélatif à celui de la
conveisioo des gentils, et qui en est comme le revers,
est celui de la réprobation des Juifs infidèles et
aveulies à la lumière qui sort de leur nation. Cette
lumicre, qui éclaire les uns et qui aveugle les au-
tres, est toujours personiiHiée dans le même suj<l ;
c'est le Messie, le Sauveur, dout nous avons tant de
fois parlé.
Je ne sairals assez vous engager k méJiter sur
tout ce qu'il y avait d'invraisemblable, d'inimagina-
ble dans celte double révolution ; ce qu'il y avait de
rontradîcloire même avec l'état du monde ancien et
du peuple juif en particulier, par rapport aux autres
peuples. Qu'à un temps donné tous ces peuples si
égaies, si perdus, si divisés, depuis quarante siècles
dans les voifsde l'idolâtrie, soient rappelés, rassem-
blés, faits un dans la sublimis sainteté d^une seule
loi divine, et que le peuple, porteur lui-même de la
prom>^KSe de cette loi, le peuple qui seul avait échap-
pé à ridolàlrie dans les temps anciens, soit précisé*
metit le seul rejeté en dehers de colle bénédiction
u iverselle partie de son sein : voilà qui renverse
toutes les idées, et que l'habitude seule de Tévéne-
iitent nous empêche d^aJmircr. Il n'y a qu'un insensé
qui puis>e coniesteV le fait en lui-même, il n'y a
ou'un sophiste qui puisse essaver de l'expliquer par
des voies naturelles.
Or, voilà ce qui est prédit bien longtemps avant
Tévéïiement, et du sein d'un élat de choses diamé-
tralement inverse, alors gue toute la terM était îdo-
làire, et que le peuple juifétait peuple de Dieu ; prédit
(183^) Traiié sanhédrin, fol. 98, verso.
non pas une fois, mais cent fois^iMM pssngii»!!
et çà et là, mais de la manière la plos tipcnctli
plus suivie.
En voici de nouveaux exemples, de mtoreà taire
une vive Impression. Il suffira de les citer umiiu
long, sans rapprochement et sans commenUiff.
— f Vision prophétique d'Isaie.
f Dans les derniers temps la maison du Së|!Bw
sera élevée sur les collines, «f affineront à elU (oua
les nations. Et la n:ultitude des peuples iront if tV,
et diront : Venez, et montons à la nionugne doSo
gneur et à la maison du Dieu de Jacob, el il mis
enseignera ses voies et nous marcheront dans sa
sentiers, parce que la loi sortira DcSt09,BTun'
ROLK l»b hEltiNEi:R DE JÉRUSALEM.
f Les yeux ailiers de l'homme seront 1iusiilià;lt
hauiessedes grands sera abaissée, le SLignearsal
paraîtra grand en ee jour-là ; — l'idoutmc sni
ENTIÈREMENT DÉTRiiiTE : idola penittts conUraiv. i
llsa. Il, 1, 2, S, 17,18.) — < Depois le krer è
soleil jusqu'à son couchant, mon nom sera {n»l
parmi les nations ; et en tout lieu on me sioi-
liera, et l'on oOriral en mon uom une hostie piiiv.»
{iîalach. I, 11.)
— « Le Seigneur me parla encore, et me dii: Ai-
semblez-vous, peuples ; peuples éloignés, foflait
toute la terre, écoutez. Ne dites point : Faisoas ne
conjuration tous ensemble, mais rendez fdoire ï b
sainteté du Seigneur des armét s: qu'il soit IttinBéoe
votre crainte et votre teneur, et il detksdta ciurr
sanctification. — Mais il seracne pierre »'ini<^
PEUENT, une pierre DE SCANDALE POUR LES VUl DI-
SONS d'Israël ; vs piège et un siuet de rh» icut
DE Jérusalem. Plusieurs d'entre eux s'YRCciTEtm.
ILS s'engageront dans le filet, et SEBOXTPM!.-
Que ce que je vous déclare demeure secret et iceile
entre mes disciples. — J'attendrai donc le Sfipe«
qui cache son viiage à la maison de Jocoft.Hj^^
vieurerai dans cette attente. » (/sa. viii, 5, % l'**
— c Voici mon serviteur, voici mon éla ; je r^
pandrai mon esprit sur lui : c'est lui qui eMsami
la justice aux nations... pour ouvrir les yeot m
aveugles, pour tirer des fers ceux qui éimi «■
chaînés, et faire sortir de prison ceu qui tuiest
dans les ténèbres. — Mes premières prédictiousant
été accomplies ; j'en fais eucore de iiouvelles: "h
conduirai les aveugles dans une voie qw tar itàt to'
connue ; je ferai que les ténèbres detaut eux u àa-
gérant en lumière, et que les chemins tonus ur»i »*
dressés : je fc'rai ces merveilles en leur h^fvt.^Y
ne les abandonnerai point. Ceux qui nulieni ii^
confiance dans des images taillées retounuront n »-
rière, — Ecoutez, sourds; aveugles, ouvrez Ui^^
et voyez. — Qui est l'aveugle, si ce s'est k»»ûi
MON serviteur ? QUI EST LE SOURD, S\^f^y CEUl ^fl^I
j'ai envoyé mes PROPHÈTES ? VouS OUI vojei Ufl^<^
choses, n'observez -vous point ? Le SeiguesT «!*i
voulu le sanctifier pour rendre sa loi célèbre tt j»*r
en relever la grandeur : cependant mon peupU tu ^
né, il est pillé, il est pris dans ks filets, j^ni s/^(
Jacob à la destruction et Israël à la i//r«Wfirï^'
rCest'Ce pas le Seigneur, que nous avons ofinu^^
ils n'ont pas voulu marcher dans ses voies nitsu^^'
su loi : c'est pourquoi il a répandu si:r lh s0 i'
DIGNATION ET SA FUREUR ; t7 lui a déclûTi *-< f''*'
guerre ; il a allumé un feu autour de lui si^so^'^
LE sut; h Va brûlé dans ses flammes sxsaf^'^^^
comprit. I (Isa. xLii, 16-25.)
— i Ecoutei-moi, vous qui êtes mon people; o:
la loi sortira de moi, et majusfice éelatrtra m^^
peuples, et se reposera parmi eux. — Il ««•^^'^ *
jour où je dirai : Moi qui parlais autrefois, mtf^'^
présent. — Le Seigneur a fait voir son bras ssitAu^
yeux de toutes les nations ; et tontes les fé^^ *'
tu terre verront le Sauveur que notre IHet rfoi»' f"
I5«*J
XOTCS AL*DiTIONNEIXES.
1M0
if\inr. Il arrosria beaucoup de naltons, les rots te
lu'ftdroiil devant lui dans le silence ; |Miree i|«e ceux
auxquels il ua ^ni HA annoncé le rerrani^H ceux
ijui naraieul poiul euuudm parler de lui lecaulemple-
lonl.t (Isa, u, i; lu, 8, 10, 15.)
— « Prêtez rureille» et venez à moi ; éeoolei-
moi. et Yoire âme iroufera la vie: je ferai avec yinis
une alliance éternelle, fidèle eo nés muéiicordes
SDr David. — Je rais le douner pour témoin aux peu-
plet^ pour chef et précepteur aux gentils. Voici que
Ml appelleras fa nation que tu ne connaissais pas ; et
Us peuples qui ne te connaissaient point courront à
loi k cause du Seignenr ton Dieu, et du Saiht iT/j*
raêl qui Ca glorifié, > (Isa, LV, ^5.)
— f Ceux qui ne se ineltaienl point en peine de
me connaître sont venus vers moi; et ceux qtii ne
me cbercliaient point m^onl ironvë. Tai dit : lie
^oici, me voici, â la natioaqui n'invoquait pasDMm
iiom (les gentils).
« Tai étendu mes mains tout le jour vers le peu-
ple incrédule (le peuple juif) qui marche dans la voie
<|oi n'est pas bonne, en suivant ses pensées. — Ils
i2e%i«*ndtont comme une fumée au joorde ma fureur,
rcimme un feu qui brûlera toujours. — Leur pécbé
e»t écrit devant mes yeui, je leur rendrai, je verse-
rai dans leur sein ee quils méritent. — Je punirai
10S iniquités, dit le Seigneur, et tout ensemble ks
iniquités de vos pères.
I Comme lorsque Ton trouve un beau grain dans
une grappe, on dît : Ne le gàlez pas..., je ferai sor-
tir de Jacob une postérité fdéle (la petite miiuiriié
des Juifs qui reconnurent Jésns-€hrist). Mais pour
tous (grappe pourrie) qui avez abandonné le S i-
Kneur, vous périrez, parce que j*aî appelé, et Viius
11*3% ex point répondu; j'ai parlé, et vous n*avt>z
|ioint écoaic, et vous ave/ voulu tout ce que je i e
wiuiais point. — C'est pourquoi voici ce que dit le
Seigneur Di»u : Mrs serviteurs mangeront, et vous
iMuiiTi irez la faim ; mes serviteurs boiront, et vous
:urez soif; mes serviteurs se réjouirmit, et vous se-
irz couverts de confusion (peinture de Télat actud
1rs iot^s), et vous rendrez votre «nom i mes élus on
:i»m dluiprécation (le nom jn.f) ; le Se gncur Dieu
k(i2S feia périr, et il donnera i ses serviteurs un
lutre nom (le nom chrétien). Ctlui qui sera béni en
*e nom sur la terre sera béni du Dieu de vérité, car
e vais créer de nouveaux deux ei une terre nou-
etle, et tout ce qui a été auparavant sera effacé, t
Isa, Lxv, 1-17.)
— € Malheur î Arid (1824), à Âriel, cetio ville oui
\ été prise par David ï Les années se sont succédé
t les fêtes se sont éccalées (c*est-i-dire les temps
ont être révolus) : j^environneral Ariel de tran-
bée« ; je ferai tout autour de les murailles comme
m cercle pour te tenir assiégée. Vous serez hnmi-
iës , et vous parlerez eomme de dessous terre. Le
loukbre de ceux qui vous dissipmnt sera comme
I poussière. Le Seigneur des armées visitera cette
ille an milieu îles foudres et des tremblements de
erre, parmi les bruits effroyables des tourbillons ei
l<rft tempêtes, et parmi l<fS flammes d'un feu dcvo-
anl. — Soyez dans Tétonnement el dans la sut^
rise : soyez dans Tagitation et le tremblement :
(^lex ivres, mais non pas de vin : soyez chance*
ints, mais non pour avoir bu. Car le Seigneur va
r pondre sur tous un esprit d'assoupissement ; il vous
-rmera les yeux, il couvrira comme d*mn toile ros
rophètes; et les prophéties vous seront comme les pa-^
>/« s if un livre fermé avec des sceaux ^ qu'on donnera
UM isifmme qui sait lire^ en lui disant : Lises ee H-
re , «< il répondra : Je ne le puis^ parce quU est fer^
é : et en donnera le livre à un homme qui ne sait
a* Hre^ et on lui dira : Lisez ; et il répondra : Je ne
lis pas tire. — Le Seigneur a dit : Parce que ce
(1821) Cest le nom de l'autel des holocaustes, qui est
ts ici pour le temple et pour la Tille de Jérusalem.
( I ^25J Le retour du peuple juif, et la miséricorde tinale
peuple s*approcbe i?e moi de botKhe, maïs que son
eœor est éloigné, je ferai une merveille dans ee p*-»
pie, «n prodige étrange^ qui surprendra tout le mou ,
de: car Je sagesse des sages périra ^tX tintelli^
geuee des prudents sera obscurcie. > (Isa, xxix,
i-6, et 9-ti.) — « Va , et dis à ce peuple : En
entendant, vous entendrez el vous ne comprend! ex
point ; et en voyant, vous verrez et vous ne discer-
nere:: point. Engraisse le cœur de ce peuple, et
rends ses oreilles pesantes et bouche ses yeux... El
je dis : Jusqu*à quand ^ Seigneur, durera cet aveu-
glement? el il répondit : Jusqu^à ce que la terre soH
sans Habitants.9 (Isa, xt,9Ai |l9i5].)
— I Les yeux du Seigneur sont ouverts sur le
royaume qui pèche. J'exterminerai ce royaume de
dessus la face de la terre , dit le Seigneur; mais en
rexlerminanl, je n'exterminerai cependant pa4 In
maison tte Jacob. — Car void que je vais «kmner
mes ordres, et je vais faire qu<^ bi maison d'Israël
soit SECOUÉE PARMI TOCTSS LES KATIOHS UE LA TEtBC,
GOUUE OH SECf:i]B LS ntOHERT DAXS C.V CBIBLE. •
(Amos^ IX, 8, 9.)
C*esi aiusi que la réprobaiion des Juifs et leur
étal moderne d'aveuglement et de dispersion, — la
rourerston des gentils et notre éfai de Lé«.édiclion et
de lumière, nous, naiions chrétiennes, autrefois p r-
dues dans les lésèbres de ridoliirie, — ees d«Mis
grands prodiges que rien en soi n'annon^it, et qui
remplissent aujourd'hui le moade, — sont prophéti-
sées clairement dans les livres saiiits.
Malheur à celui qui ne se seul pas ébranlé de la
force de cette preuve I il est lui^nême sous te coup
de cet aveuglemeai «les Juils, dont le spectacle i.e
le convainc pas I
i ^L^Prophéties sur la personne même du Meuie^
sur Us circonstauees de sa vie, sur ses actions, etc.
Mais il faut ramener nos regards sur le hén;s de
toutes ces merveilles. Les pages que nous %eiious
de citer sont entrecoupées de soupirs après sa vf-
nue, el de promesses répétées qu'elle ne Urder a
pas. Tout est comme en suspens et en haleine jusque-
la. Il remplit toute cette multitude de siècles tle son
attenle, et cette attente est si vive qu'elle dévore
ces longs siècles, tt les franchit comme un petit
nombre de jours.
— t Seigneur, envoyez Facvead aouiXATEca d<)
la terre! t (ha. xvi, 1.) — t Jene me tairai |to:nl
eu faveur de Sion, je n'aurai point de repos en fa«
veur de Jérusalem , jusqu'à ee que so!c Jc^te pa-
raisse comme une vive lumière. — Les nations ver-
ront voTBE Je>TE, totti les lois verront votre prince
éclatant de çloire, el on vous appellera d'ua nom
fooveau. (Isa. lxii, I.) — c Cieox, envoyez
d'en haut votre rosée, et que les nuées fassint
descendre le Juste comme une pluie! Que la lerie
s'ouvre, et qu'elle germe le SACVEtn! > (Isa.
XLV, 8.)^0h!si vous vouliez ouvrir les cieux el en
descendre!... Lorsque vous ferez éclater vos mer-
veilles, nous ne pourrons les supporter, i (Isa.
LXIV, 1^
— c voici ce que dit le Seigneur qui a créé les
cieux, le Dieu tiui acréé b terre : Je n'ai point parlé
eu secret; ee n est point en vain que j'ai dit à la race
de Jacob, Itecherchez-moi. — C'est moi i|ui annonce
dès le commencemeni ce qui ne doit antver qu*à la
fin. J'ai juré par moi*méme que tout genou fléchira
devant moi, el que toute langue jurera par mon
nom. Toutes mes résoluilons sont immuables, el
toutes mes volontés s'exécuteront. Je l'ai dît, ei je
le ferai; j'en ai formé le dessein, el je l'accomplirai.
Le temps d'envoyer uà justice esl proche, je ne le
différerai pas, et le Sacvece que. je iK)is esvoiee i e
tardera plus, i (Isa. xlt, xlvi.) — «Le Jcstb
QCE JE MIS EXVOYEft eSt prOchc, LE SaUVEUE QIE j'aI
doot 11 sera l'objet, sont aussi représentés dans le loin*
uln des prophéties. (DeuL c. x&x, 3-8. — Isa. sun, &
8,2l,2i,ttS, i6, etc.)
15i1
PROMIS ?a paraître, et mon bras fera justice aux|
iMlioAS* I *{Ua. Li, 5.) — c Encore un peu de
temps, eC^fébranlerai le ciel et la terre, la mer et
tout l*umTers ; ^ébranlerai tous les peuples; et le
Désiré de toutes les mations viehora. i (Agg.
Il, 7, 8 [1826].) i
Ce Désiré de toulei les nations^ fils de la femme,
de la race d* Abraham* de la tribu de iuda, de*la
famille de Da? td, fruit d^uue vierae et enfant-Dieu^
i|ui doit uallre à Bethléem^ quand le sceptre sera M
de Juda, pour être une pierre d'acboppsment au peu-
p'e juif et he convenir tous les autres peuples, nous
val sufri&amment connu dans toutes les circons-
tances de sa tenue et de sa mission. — Mais sa
personne même, sa face, ses faits et oe<ies, sont
encore recoufcrts d*uu voile impénétrable. Serait-
il possible que le prodige de la prophétie ait ^lé
Jusqu*à lever ce dernier voile, jusqu'à nous donlier
non-seulement uu tableau et une histoire, mais une
biographie et un périrait?
« Voici mon serviteur, dont je prendrai la dé-
fense; voici mon élu, dans lequel mon àme a mis
toute son afiection. Je répandrai mon esprit sur
liH, et il annonceia ta Juaieeaiix nations. — // ne
criera point ; il n'élèvera point su voix, et ne la fera
point entendre dans les rues.—^Jl ne brisera point le
roseau félé^ et u^éteindra point ta mèche qui fume
encore. — Il ne sera point abattu ni turbulent, jus-
qu'à ce qu*il ait achevé d'établir sa justice sur la
terre. Les pays lointains subiront sa loi. > {Isa.
XLii, 1*4.) f Alors les yeux seront ouverts aux
aveugles, Touie sera rendue aux sourds, les paraly-
tiques retrouveront la léfféreié du cerf, et la langue
des muets sera déliée. » (àsa, xxx, 5-7.)
c Mou sei viteur sera exalté, élevé ; il s'agrandira
extrêmement. // paraîtra d'abord sans glotre devant
les hommes, et %Caura rien qui le distingue parmi les
enfants des hommes, 11 arrosera ensuite beaucoup
de iiaiieiis, et les rojs se tiendront devant lui dans
le sileuce.
i) « 11 montera comme une fréle plante, et comme
une languîssanie tige d*une terre desséchée. Il n'y
a en lui ni beauté ni éclat. Mous l'avons vu : il n'y
avait rien dans son aspect qui nous imposât.
c Mi'prisé, le dernier des hommes, homme de
douleur, et qui sait ce que c'est que souffrir. Sou
visage est comme obscurci par le mépris, au point
que nous n'en avons fait aucun cas
c Vraiment 11 a pris sur lui nos langueurs, et il
s*est chargé de nos douleurs jusqu'à devenir à nos
yeux comme un lépreux, comme un maudit de Dieu,
rt un abandonné.
c 11 a été frappé pour nos iniquités, il a été bri»é
pour nos crimes. Le châtiment expiatoire qui de-
vait nous procurer la paix est tombé sur lui, et
nous avons été guéris par ses meurtrissures.
c Tous nous avous erré comme des brebis; cha-
cun de nous a décliné de sa voie : et tHeu a fait
venir sur lui seul l'ii iquilé de nous tons.
« Mais s'il a été offert, c'est parce qu'il l'a voulu ;
il n'a pas ouvert la bouche pour se plaindre ; il a
été mené à la tuerie comme un agneau, et comme
une brebis muette devaqt celui qui la tond : il n'a
pas même ouvert la bouche. » — Jesuê autem tace^
bat,,, {Marc, xiv, 61.)
c 11 est mort dans les angoisses, ayant été con-
damné par des jug«îs; mais qui racontera sa géiié-
laiion? 11 a été retiauchéde la terre des vivants;.
je Cai frappé pour les crimes de mon peuple.
c On avait ordonné son sépulcre avec les méchants,
et il a été avec le riche dans sa mort ; car il n'avait
DlCTi(»«NAIRE APOLOGETIQUE.
m
fait ancun mal, et il n'y avait poiat es de îiuét
dans sa bo«che.
I Mais le prix de ses sooffraneeshriiendwé,
il en sera rempli ; et ce juste par eieeDeacc juH-
fiera un grand nombre d'hommes par la eauuàumi
qu'ils auront de lui, ayant porté lui4Béiiie latn iû-
quilés.
4 Le Seigneur lui départira une nombreuse p«.
lérité, et il parUgera les dépouilles des forts, ^rce
qu*il sera livré lui-même à la mort; qa'il em éH
mis au rang des scélérats ; qn^il aura poné \n \itéé
de plusieurs, et qu'il aura prié pour /ei coupéia. >
{Jsa, LUI .)
Qui a peint ce portrait de Jésus^hrisi? ts^
«n évangâisie, ou un Fére de l'Egliie? (Hstniis'
quel coloris! quelle expression! qud s«adavrt
les faits ! quelle jnstesse, quel naturel ding W w-
blémea ! Que dis-je? ce n*esi poiut sue ^intire
emblématique d'un avenir. fort éloigaé; e'fU m
représentation fidèle du pn^i.t, et ce qii l'ot
point encore est peint comme ce qui est.
L'accord frappant de cet Eccs bomo, montré w
Isaîe, avec celui qui fut monti^ boitientssMpIë
Urd par Pilaie, est d'autant plus décisif pov h k
que robjet en soi était inimaginable (carc*rstiàk
propre de toutes nos prophéties), et qn'il bit m-
cessairement <)ue le prophète Tait vu pour le r^
présenter ainsi. Natoreliement, ridée d'huBilixiM
et de souffrance ne devait pas s'approcher de Tife
de Dieu, et ne saurait s'allier, dans toubm,
avec celle de domination et de triomphe. Oh ot
si vrai, que c*est à cause de cet eut d'opprobR<iK
Jésus-Christ a été scandale aux Juifs et folk m
gentils^ et que, malgré la description préciiefiiti
avait été faite, la nation, si bien averiie wtmt
description qu'elle avait daoa les nains, nW^
le reconnaître, et s'est fondée, pour le ftrjeter. w
ce qu'il était sans éclat : Jetus état wiiie «plai^m
prœdilus , sed reliquis morialibus ftàt ûmiHmu
Quamobrem constat non esse in eum credfjidiMi(tliÎ!.
justifiant par là doublement la prophétie qui Tmii
représente ainsi, et qui avait dit qu'à csosedecela
on ne le reconnaîtrait pas. Et telle est la répugottct
invincible à admettre cette alliance d'httiDWié<(
de divinité, d'opprobre et de gloira, ea ai Béar
sujet, que plus Urd ces mêmes ioifs, fom, W
les arguments que des chrétiens tîrajeat de kei
prophetiest à raconnaltre qoe le Messie defiiiim
humilié, ont Imaginé deux Mcssia âifimii, i»
Missie de gloire et un Messie d*opprobre et d« ^
leurs (iSii) : unt il est clair que le Messie ddvK
être humilié, et Unt II était inimaginable ea ah»
temps qu'il dût étie glorieux et triomphast. Et
cependant c'est dans oe double êsat ooaindicift
Su il est toujours représenté dans les pmpli^i<)
e sont, dit justement saint Augustin, eomme^
fiùtes rendant des sons contraires, ijooiqMtooi't
deux rmiplies par le même aoome. (i'accord »sp'
lier de la prophétie av«c révé*«emeot, ea ce F*^
est donc eutie emeni surnaturel et divis.
C'est plus particulièrement à Isaie, si jssMkbi
appelé le cinquième évangélisU, qu*ll a âédoeaê<^
tracer l'ensemble de ceue physionomie de ksM-
Christ, Quelques autres traits particuliers et ice^
soires ont été laissés aux autres prophètes et ^
gés entre eux, comme pour mieux faire voirriKp»>
ration qui les dirigeait tous, semblables à desarti^<^
a4ix ordres d'un grand maître qui enpruoie les-
main pour peindre en déia.l ce que lui seol i ^
TespriL
Ainsi Zacharie a été chargé de représenter ï^
(1826) Commovebo cœlum, ^ Urram, ei mare,ei aridam,
et nwvebo omnes getites : et vemet Desidiratus gukctis
skutibus. {Àgg,)
Àdspice coHvexo nutaïUem poiuîere nncnduin,
Terrasqwt traciusque maris, cœlumquc profundum ;
Àdspice ventaro UeUntur ut amma sœcto.
(1827) Eilrail d'où livre juifUré du Telêigi»^^
de Waobhseil, t. H, p. il.
(18:2») Cette conception des rahbins date i pco F' -
xt* siècle.
I5i$
NOTES ADDITIONNELLES.
I5ift
ble entrée da Sauveur dans Jérusaleio» el voilà
comment il Ta fait :
c Fille de Sîod, tressaillit de joie; GUe de Jëm-
salem, poassex des cris d*airëgresse : voici votae
Ri>i qui va venir à vous, — ce roi Juste qui est le
Sauveur; — il est pauvre, et il est monte sur une
àiicsse et sur le poulain de Tànesse. » {Zackark,
is, 9.)
Celle prophétie est trait pour trait eonforme à
révénemeiu tel qu*U est raconté dans les quatre
évangiles. 11 faudrait s'inscrire en faux contre les
évangiles pour anéantir le prodige de cet accord.
Or« ce que nous avons dit sur. les Evangiles doit
écarter jusqu^à fOmbre d*une défiance légitime. La
naïveté des iiisloriens de Jésus-Cbrist sur ce point
particulier de leur récit est même à remarquer :
chacun d*eux i sconte Tévénement d'une manière qui
nVst ni contradictoire ni cependant identique avec
celle des autres, n'obéissant évidemment qu*à ses
propres souvenirs; et Fun d*eux dit, avec une
granJe simplicité : < îLes disciples ne pénétrèrent
point ces cboses du premier coup, et ce ne fut que
quand Jésus fut glorifié quM leur vint en mémoire
que tout cela avait été écrit de lui, et qu'eu le fai-
sant Us avaient eui-inéines accompli, sans le savoir,
la prophétie, t {Joan. xii, 16.) (1829)
Le même prophète a fait allusion aux trente piè-
ces d'argent pour lesquelles Judas devait veoilre
son mailre, et qu'il devait rapporter ensuite, dans
rj|{itation de ses remords, aux princes des prêtres, ,
qui en achèteraient le champ d'un potier. {Maiih,
xxvii.)
t Ils pesèrent alors trente pièces d'argent, » (dît
\à pasteur des nâ/îo>rs dans la vision du prophète)
« qu'ils donnèrent pour ma récompense. Et le Sei-
gneur me dU : Allez jeter au potier cet argen:, cet e
Uîlle somme qu'ils ont cru que je valais lorsqu'ils
nront mis à prix ! Je pris uonc ces trente pièces
d'argent et je les jetai dans le temple pour un po-
tier. > (2acA. XI, li, 13.)
Il serait trop long de relever ici en détail tous les
traits particuliers de la vie et surtout de la passion
du Sauveur, qui ont été prédits par les prophètes :
ils ont dit de lui qu'il devait être rejeté {Ps, c\ii,
22) , méconnu (Isa,^ Lin , 3), trahi (P«. xl. 10),
Tendu (Zach. xi, li), souffleté (/su. l,G), moqué (ha.
xxsiv, 16L affligé en une infinité de manières (Ps,
Lx vui, 37), abreuvé de fiel (P«. lxviii, 21) ; qu'il au-
rait les pieds et les mains p«;rcés (Ps. xxi, 17) ;
qu'on lui cracherait au visage (ha, l, (î); qu'il se-
rait tué (Dan, xi, 20, et hâte déjà cité), et sqs ha-
liits jetés au sort (Ps, xxi, 19); que son sépulcre
suerait glorieux (ha. xi, 10), el«:.
Far eux-mêmes plusieurs de ces traits isolés se«
raient sans signification et sans importance, nous
t*ii convenons ; mais lorsque le corps de la prophétie
exi:»te déjà d'une manière aussi lucoutesuLie que
trous l'avons vu; lorsque le véritable, l'unique oh-
j« i des Inspirations prophétiques est si fortement mis
cji relief, tous ces traits particuliers viennent s'y
rapporter d'eux-mêmes, comme des pierres d'attente
dont la saillie et l'irr^ularité ne les rei.dent que
plus propres à servir de lien ; car il leur faut un ob-
|es, et il est Impossible de leur en signaler un autre.
— L'événement, je ne crains pas môme de le dire,
d«»lt venir en aide à cette ict«:rprétalion. — Sans
doute lj prophétie doit avoir en soi un dearé de
clarté suiflsant pour ne pas dépeudre de l'eféue-
tneoi ei pouvoir être plie à sa convenance; mais
lorsque cette clarté existe déjà manlfeslement sur
l«*9 p«iifila principaux, lorsqu'il est certain qu'il j a
Jcja prophétie indépendamment de Févénement, la
(t8S9) C'est cetévénenent qui donna lien plus tard à
*ACousaUon portée contre JésosChrist. qu'il avait vouhi
« faire passer pour roi des JuiCi, et à i-inacriptlon que
'I aie fit niellrc en hébreu, eu grec et en laiûi, en haut
k* la croix :
DlCTIONXAinn APOLOG^TIQrR, II*
connaissance de l'événement peut venir ensuite
achever de faire appréi!ier tous lés détails de la pio*
{)hétîe en les objectivant, en montrant dans l'objet
'intention et le lien qui n'étaient pas tonjoun visi-
blement exprimés dans la prophétie, et qu'on y re-
trouve dès lors. La prophétie et l'événement s'é-
clairent ainsi réciproquement f t se font connaître
l'un l'autre. L'évidence de la vérité de leur accord
est moins simple et moins immédiate. Il est vrai,
mais elle est pks probante, parce qu'elle part des
deux cô:és, parce qu'elle suppose doublement l'ac-
tion divine el dans la prophétie qui n clairement
prédit l'événement encore enveloppé dans les obs-
curités de l'avenir, rt dans l'cvédernent qui a claire-
ment accompli la prophétie, même dans ce qu'elle
avait de plus implicite et de plus confus. L'obscu-
rité de la prophétie devient ainsi, dans Tévénement
qui la dissipe, une source d'éviJenee égale à celle
qui résulte de ses clartés, en faisant voir qu'il n'y a
ri4'n de fatal ou de fortuit dans Tun ni dans rauire,
mais que de toute part Dieu seul agit librement,
qfioi<|ue iiiéviiablcment. — Par exemple, il n'y^ a
pas de prophétie si claire, entre toutes celles qu'on
peut citer, qui soit au si probante que le devint la
prophétie obscure touchant le fiel et le vinaigre
qu'on devait donner à boire an Sauveur, lorsque
cette victime voloniaire des iniquités des hommes
suspendit son dernier souffie pour donner lieu à
l'accoinplissemeut de cette prophétie en demandant
à boire, et, ap es avoir ainsi vétn librement jus-
qu'aux particularités les plus secrètes des prophé-
f les, ferma ses lèvres divines, humectées de ce fiel
prédit, parées mots souverains, el eu qui respire le
maître des prophéties et des événements : ConsuM-
MATVl KST !
C'est ainsi que tout tourne à évidence, jusqu'aux
obscurités, pour qui sait voir les choses et qui veut
les pénétrer.
11 semble que la vérité divine ait voulu franchir
toutes les limites de sa manifestation dans une der-
nière prophétie qui nous reste encore à faire con*
nature, et après laquelle il est absolument vrai de diru
que la résurrection même d'un mort ne convaincrait
pas celui qui serait assez obstiné pour ne pas se
rendre.
On devine que nous voulons parler de la prophé-
tie de Daniel.
$ VU. — Prophéties de Daniel; leur admirable
précision.
Entre tontes les prophéties de Daniel il y en a
trois de célèbres : fa première, touchant le règne
d'Anilochus Epiphane; la seconde, touchant la suc-
cession des royaumes et le triomphe du christia-
nisme, en explication de la statue vue en sonce par
Nabuchodonosor ; la troisième et la plus célèbre,
qui est la prophétie dea soixante el dix semaines^ et
qui a trait direitement à Jésus-Christ. C*est à la
troisième que nous allons nous attacher.
Avant de Tabarder, et pour fermer derrière noiui
toute issue à la défiance que sa clarté niôine pour-
rait faire naître, remettons-nous bien dans l'esprit
toutes les preuves d'antériorité des prophéties que
nous avons déjà données. Ces preuves liiviDci*)tes
couvrent les prophéties de Daniel comme toutes les
autres. C'^n serait donc asaes. Mais la Pro Jdence
a voulu que des garanties parlirunéres fussent dén-
uées à ceile-ei. fi en est deux bien décisivet.
La première est l'aveu forcé du paicn IH>rpIiyre,
qni, dans l'einporiement de sa prévention, int^
remisé à écarter la première prophétie de Daniel sur
le régne d Antiochus Epiphane (si bien justifiée par
jteS M KAlAaKTa,
ROI DES iUtPS ;
conforraémcDt à la prophétie qui avait dit :
VOICI TOrnc aoi.
48
t»15
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
m
I VvéïHtmnri ^ i?//« a piutùt raconté dei chout pai'
nées^ dil-il, que décrit de$ évéucmenti fulurt) , osa
^ilé^uer. gaiis ombre de preuve, que le livre de Da-
niel avait été composé par ua inconnu sous le régne
de ce prince (1830). Démenti et confoiidu sur-le-
champ par les Juifs, son imputation toml>a, mais la
marque en est restée comme le plus haut point ou
ait osé monier i*iucrédulité à Tendroit des pruphé-
tifs, 4 la grand? juslilication des deux autres pro-
phéties Uf" Daniel sur Jésus-Chrisi, que Ct-tie atta-
que iuseisee laissait subsister dan» une aiuériorité
suffisante, quoiquVlle ne fût pas complète, sem-
blable à ces crues d*t au qui recouvrent un moment
les piles d*uii pont sans atteindre jusqu'à ses arches,
el dont l'impuissante et passagère furie ne sert
qc^à rehausser la prudence de 1 architecte qui a su
la prévoir et la braver.
La seconde garantie e^t dans cette déclaration de
Josèphe, dont ia source^ la date et ïoè circonstances^
préviennent toute object on : c Tous ces malheurs
l'oudirent sur notre nation sous le régne d'Aniio-
chus, comme D.iniel Pavait urédil longtemps âvpa-
■avaxt; — il a parlé aussi de la puissance des Ro-
n ains et de leur empire, — et il a prédit les vaux
1»0NT ILS DKVAIE.^T ACCABL^a NOTRE NATION (1851).
^ Tous les écrits que Daniel nous a laibsé» se lisent
encore dans nos assemblées (1832). >
Maintenant voici le teste certain de la prophétie:
il ne faut pas en laisser passer iégéremeui un seul
mot : nous ne soulignons rien, parce que tout se-
rait à souligner.
i Ecoute la parole, dit l'Esprit de Dieu au pro-
phète, et vois la vision :
i A soixante et dix scmau.es se réJult le temps
décié;é sur ton peuple il sur la ville sainte pour
que la prévarication soit abolie, que le péché sV-x-
pie, que Tiniquilé soit effacée, que la justice des
siècles soit intro>Juite, que les vivions et les prophé-
itfs soient consommées, et que le Saint des saints
tdit oint.
c Apprends donc, et saisis bien :
4 A partir de Tédit qui sera donné pour la re-
construction de Jérusalem, jnsqn*à ce que le Christ
paraisse» sept semaines et soixante-deux semaines
s»*écouleroiit : et de nouveau seront li&iies les places
et les murailles de la ville parmi des temps fàcbeux«
f Et après les soixante-deux semaines, le Christ
sera mis à mort : et le peuple qui doit le rejeter
ne sera plus aîen. Un ^uple avec son chef à venir
doit fondre sur la \îlle et le sanctuaire, et en dis-
perser les débris : fia dévastatrice! et» la guerre
finie, la désolation prononcée suivra.
c Cependant il (le Christ) confirmera son alliance
solatioo aéra dans le temple, et la désolation qui
doit suivre durera jusqu'à la consommation et jus-
qu'k la fin (1853). *
Ou a peine à en croire ses propres yeux lorsqu'on
lit cet oracle, qn*on prendrait |tour une chrunolo*
gie faite après l'événement; et on est saisi de ce
mouvement qui fit tomber Nabuchodonosor aux
pieils de Daniel, et le fit s'écrier : Votre Dieu est
véritablement le Dieu des dieux et te Seigneur des
(1830) PoBrani., apud RitR05Tii.. Prœf. in D.miel.
(1831) Les trois grandes p.uphelies de Daniel sont
dairemeot indiquées dans celle déclaration. La première
en effet a trait, comme nous i*avons dit, aux perséculioiu
à*ÀntiockM$ ; — c'est dans la seconde qoll est parié de U
puissance des Romains : ce rogaume de fer qui Ifrisera
UnUy et au plus fort duquel viendra le romane qm n'aura
wrini de fin, semMaMe a une petite pierre qui se détache de
ta montagne voisine sahs la ma» d aucuiv iomib, tnrisoni ei
mctioutouMlesrogaMmee^ets'étendanlàiamaiicommeune
monôme Ju»qu*aux extrémités du monde (piophéUe que
les Jui;s mêmes amendent du règne du Messie) ; ^ rnfln
ce n*est que dans la troisième prophétie, celledes soixante
rois^ et celui qui révèle tes mystères, pn'n^ rMi
avex pu découvrir un mystère « caeké (4834).
Toutes les prophéties forment comme iHiechiloe
de montagnes qui priant de la plaine tom se sur-
passant les unes les antres de plos en pin, h 4^
couvrent du haut de leurs cimes des échapfiées <)e
vue diverses d*un même horizon, selon km «ki
respectifs; mais du milieu de tontes »*éhoceoidi>s
pics Kéant<, d'où rœil p'oige et eobrasie rborizin
complei. Tel est haïe, tel est surtout Daniel.
Quanti nous réduirions tont ce que dobi itok
dit, tout ce qu^on peut dire en favear du drisda-
nisme, à ces quelques lignes, c*en scrsil assez: j}
n*y a pas d'inte ligence raisonnable qai ne dài se
soumettre. Il ne faut pas id de raisonnemeniscoa-
pliqaés ni des investigations profonde!, il m bot
que des yeux, et il snffit de les ouvrir. Que Tio-
crédolité, si elle est sincère, devrait èire bear««
d'avoir enfin rencontré une de ee> raisons de (roin
comme il lui en faut, comme elle en deo sif,
qu'on n*a pas besoin en quelque sorte de ubir,
mais qui vous saisiss(^nt, et auxquelles on ne peai
résister tans résister à Tévidence!
On a beao cfiercher, on a beau faire )e loar ie
cette éclatante preuve de notre sainte rt licion, oo m
saurait y trouver p;:Sse à objection quelcoD^oe . il
faut se tendre, ou se retirer enfin convainca de k
vonloir pas Tétre.
Quelques exp!ieations de détail TontmeUreecoe
conclusion dans tout son Jour.
Que tes seniaines de Daniel soient de$ semm
&années^ c*est sur quoi tout le monde est d'scrori
La lecture seule de la propbct.e le démontre; a
soixante et dix semaines de jours ne lienMsl qu
seize mois, et il est absurde de pbcer Uni dénue-
ments considérables et si:ccessifs, dont parie iep»-
phète, dans un ai court espace de tem|«. Genepti
donc être que des semaines d*awiéet. U étati d'ail-
leurs d^usage de (ompier ainsi chez le peuple jaT
lions le voyons clairement en maints enJroiu, oo-
lamment dans ce passage du Lévitvfue qat tiir
Tannée du jubilé : Vous compterez sept uanibi
d'années^ c\st-à-dire sept foie gept^qnifoàicMM
quarante^neuf ans (chap. xitv« 8). Cette mmt
de compter n*était pas mémo inconnue au ccn-
vains profanes : Arisiote en paile oo^erteiBet.i, ti
\arron surtout, dans ses livres intitolës ^ V
maims (1835). — Mais voici qui est plus dirca . ccd
au cha|iiire ix que Daniel parle ainsi des wsaskn
dix semaines : il ne dit pas là si ces f emaist:» M
de jours ou d'années (si ce n^est par retendue to
évéucmcnts qu'il y renferme); mais vient iniotéits-
tement aprt^s le chapitre x, où, ajani à diie ^
fut dans le deuil pendant troit semaines, il aJMl^
là : Semaines de jours, tugcbam^ d.t-il, très A<*^
mîidas DUERtu, ce oui est traduit mot pour mot dn
Septante : xf,tiç iCiofii^ç ntupùv. Or, qui oe î«^
qu*il n*a quai ûé ainsi les semaines de sou îed
3ue pour les différincier des luti-es seiaaiors dooi
vient de parier un peu plus haut, Icsqseilâ h}
conséquent ne sont pas des semaines de jovs uà
des semaines d'années^ tout comme s*il Ttât dii n-
pressément? Ce point est donc ineoniesiatde,'(i'
faut bien qu'il le soit, puisque les talniudiU)e», •(
en gros tous les inils^ en conviennent (18^;.
et dix semaines, qui! est pari A de ces maci dort us X*
MAiics MVAiniT iccABLsa LA ]iATa>9i lie Josèphe, elduui i
a été l'aveugle historien.
(1832) Flav. JosèPHi, Àntiq.juâtneœ, lib. î, op li'
Tous ces écrits de Daniel font, du reste, ptftic de j u>
duction des SeptatHe, et existaient ?in«f mtofrcaed ^
le monde depuis quatre cents *ny
(i8S3) lia». IX.
(1834) Dan, u.
(1855) Aaisr., «.t., lib. vn siib finem. - 1. V*i». ■
S, 10.
(1856) Jnsm Msdcs^—. jAcanA». >* AaAUàsm.- I<*
MASBis. — Ben Israil.
1517
NOTES ADDITIONNELLES.
ISIS
Ce fpiai ncoann, le compie tu facile. ChaqM
seiuaioe «Tannées faisant sèpi ans (comme les se-
maines de joors font sepi jours), les soixante ei dis
semaines fooc teptanU (ou tept an$^ e^est-à-dire en
lont qumtrt cent «ptMtre'tingi'dix ans, absoinmeni
comme le Lémlique^ pour fixer Tancée dv jubilé,
posait la règle.
Mais U ne snffisiU pas de fixer la durée, 'd faUait
fixer soo point de départ et son point d^arrivée; et
c*cst oe que fait le prophète, en termes on ne peut
plus formels* par ces mou : ▲ rAETm de Védit pour
ta reeotuinutûm de Jénuaiem jdsou*a taUnememi
du Chriêt (iB exiiU urmoms^ ut iterum œdijicetur
JeruMëUm csQrc ad'CikrMfaa dB««inl. Cet édit, pcnir
la reoMUtmction de lémsalem, fut donné par Ar-
iuserxh à la tangue main. Cjnis avait déjà, par un
décret antérieor, aulorisé la rccotistrudion du
temple seul. Ce n^eU qu*Artaxerxés qui permit la
réëdification des mun et des piaeet de la ville; et
ertie permission fut donnée fàr loi la vingtième
année i*e son rècne, eomme on le lit dairemenl
dans Eidrai^ lir. Il, cl^p. il, f, et dans VEcrlé-^
Miaste^ chap. xux, 15. C*rst donc i partir de la
vingtième année dn règne d*Artaxerxès que les se-
maines doivent compter.
Or. d'aptes les meilleurs chrooologistes, dont le
jt^ntiment se lire de circonslances rappoctées par
Thucydide, Cornélius Nepos et Plotarque, notam-
ment le bannissf ment de Thémisiode et sa retraite
à te cour des rois de Perse, le eommencemf nt du
rMie d*Âruxerxés doit être ê\é 11 te demiêrR an-
rée de la 75' oijimpiade, oui répond à Tan 380 de
Kome, ee qui fait tomber la fiiigiiémc année de ce
régne, et le l'épart des temaimes, a Tan 300 de Riime
envIroiL Maintenant ajoutez 11 ce nombre 70 se-
maines oa 490 ans« et tous trouv* rez Tan de Rome
790. et de Vén chréiienn * 37.
Keprencs actuellement la prepbéiie, et voyez le
prodige de son exaclilude.
Soixante et dix semaines y sont d*abord données
comme formant la dniée loiale qui doit s'écouler
jusqu'à Tavéoemeiit de b jusiiee. élpmelle , la ré-
demption de nos iniquités, et b consommation des
prapbélies, e*est-i-dirc Jju^€S ei y campriê la mort
du Christ: œ qui est en parfait accord avee Téréne-
tuent, lésos-Cbrist éunt mort Tan 34, et la soixante
et dixième semaine tombant, eomme nous Tavons
m. Tan 37. — CompUnt par semaines, il était im-
poûsible d*étro plus exact. i
Mais le prophète ne se bom^ pas là, et il va por-'
ter la. précision dans la précision même. Il coupe
en elfet,imméJiatement après, les urixamU et dix
senaaines en sept. — soixante-deux.—^ une dernière
semaine; il fait* p!ns, il coupe cette dernière se-
maine en d!eKX motfîét , pois il distribue le temps,
ainsi pnnagé, aux éténemenis, de la manière sui-
Tjft'e : *
Les Mpfnremières semaines, soit qnarante-nruf
^ns, sont «mnées à bi reeoostmctlon de Jérusalem
parort det temps fàclteux^ ee oui a en lien en eflët i
la lettre, sons la eondnite de Néhémias, et a travers
les résistances des Samaritains, des Arabes et des
Ammonites, selon qne nous le lisons dans Esdras
(tiv. II. chap. IV, 5, S, 7.)
Viennent ensuite ks so/jcanie^eiix semaines, opfH
letqueUes, dît le prophète, le Chsist seba mis ▲
■onr; ce qui place la mort du Christ, de compte
général, eprèi la unxaate-neuvième et dan* la soixan--
te et dixième semaine, soit entre Can 30 el 37 de
(1857) Une chronologie exacte de la prophétie de Da-*
nfteJ a été drearàe oar M. Coori de Gèbelin. {l>iaaerUiLwm
VIôêL orîmC.p. SI et soir) Les ohserratioos de ce mTsat
montrent en tout poinl Taeeord de U namtioo sacrée avec
le récit de lliistoire pnAne. — Ce qui est plus fort, selon
ir*fis, c'eit que le désaceoid des chrooologistes, duis la
siippttUlion des 480 ans de eette praphilie.ne Sbit que de
T a 9 ansv Ce dusaecord ne vient pas de la prophétie
Tère dirétienne, comme die "arriva en eflei.
EoBn, nprenant cette semaine, soixante et diriè-*
me et dernière, comme étant digne en effet, par s«*n
Importance définitive, d*étre considérée à paît, celte
semaine, qn^oo peut appeler U semaine des nrf s/é-
res^ le prophète y concentre tons nos regards ; et,
par on dernier coup de précision, il nous en repro-
duit ainsi Tobjet : — < Pendant une semaine, dit-il,
le Christ confirmera son alliance avrc plusieurs. »
Et c*esl, en effet, à la trentième année de sa vie que
le Christ Commença ses prédications, qnf ouvrirent
le règne de la nouvelle all'anee. — c Et à partir de
la moitié àtceUt dernière semaine, continue le pm«
phète, il sera mis fin an sacrifice , Tabominaiion de
la désolation sera dans le temple, et la désolation
ensuite dorera jusqn*à la fin. • Et cVst, en effft, k
partir de la mo'.tlé de la dernière s;*mame, c'est à-
dire de la ireiiie^putrième ann^ de Jésus-Christ,
qne soo sacrifice Tii.t mettre fin au sacrifice mosai«
qne, et qne se déroiib sur les Juifs rOite série de
ca*amités qui aboutit au sac de Jérusalem par Titus,
a la profanation et à la ruine du temple, et enfin à
CPtie désolation qoi se poursuit encore sous nos
yeux (1837).
C*est ai' si qn* la prophétie de Danid annonce le
letft des événements at^nment iromme Tastrono-
mie annonce le lever des astres... Hais 1rs astres
ont deM mouvements réglés et périodiques qoi per-
mettent à la science de les saisir par ses calculs,
tandis que les événements, et des événennents aussi
en dehors du conrs naturel ries ti^oses, et aussi com-
plexes que eenx eonienns dans notre prophétie, ne
pen^eat être prédits, et préoiis avec une justes^ si
mathématique, que par cklci gui change les temps
et tes siècles^ gui transfère et établit tout les royau-
mes, gui recèle les chnes les plus cachées^ et voit tout
ee gui sera comme ce gid est (1838).
Au reste, eette exactitude prophétique est si réelle,
Texplicaiion par laquelle nous Tavons mise en lu-
mière jusqu'à pouvoir la qiialiiîer dl'asiroHonugue^
esi si juste et si liuérale, que, par le fait, cest sur
elle que Tastrooomie elle - même est venues se ré-
gler.
Un Jeune astronome du siède dernier, enlevé à
la scienoe par une mort prématurée, et dont les rares
et nombreuses connaissances, dit le savant philosophe
no.inet, étaietu relevées par urne modestie, «ne ron-
deur et une piété plu& rares encore^ U, de Cheseaux,
lit d; ns tes prophéties de Daniel des décoovenes
astronomigues qui étonnèrent deux des premiers as-
tronomes de ce siècle, Matran et Cassini. t il n'y a
pas moyen de disconvenir des vérités et des décoo-
venes qui sont prouvées dans votre dissertation, lui
écrivait Tillustre Mairan ; mais je ne pois compren •
dre (il avait le malheur d*étre tncédule) comment
vt pourquoi elles sont aussi réellement renfermées
fbtis TEieritnre sainte, i Cassini , sans s^arrèier,
comme Mairan, aux commenf et aux ponrfuot, dé-
clara, bientôt après, avoir trouvé toutes ses métho-
di*s pour le calcul des mouvemenlsdu soleil et deb
lune, dédmtes du cgcle de nanid et de Tarrivée des
é<|ttinoxes et du SiHstiee an méridien de JérusmUm,
três-démontrées, et parfaitement cooformes â Tas-
ironomie b pl^s exacte. « Cd*-o« soupçonné, ajoute
Bonnet, que Tétude d^nn prophète eoricliiratt Tas-
tronomie transcendante, et qu'elle nous vaudrait,
sur certains points irês-dilttciles de eeue belle
scienee, un d<>gré de précision fort snpérieor à ce-
loi qne b calcul avait donné jusqu'alors ? (1839j >
même, mais du débat de précision de b chronologie gé-
nérale où elb vient s'enchteer.
(1838) non. n.
(18S9) Beckerckes j^kHatoplàgues war la frmnx du
ehrivtieatisme, pr C Bomcr ; Amstenbm, 1785, p 165,
note. — Les deceo vertes de M. de Cheseaax qui été im-
prioMêes dans ses Méumires posAumes star dmers aujets
d'astrmwnie et de moÊhéumtigues ; Laosuine, 1754, in IT,
I5fl9
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
m
Qiielle est donc colle vérîlé dont les preuves ser-
veiil en même temps aui sciences les ptas exactes,
qui n*)!! -seulement est justifiée, mais qui justifie, ou
ptutAt qui n^esl justifiée que parce qu*elle justifie
toui ? N*eit-ce pas simplement , et dans le sens ab-
solu du mol. Là VKRiTf.? Et comment ne pas la re-
c<>nnaitre lorsque, venant à la vérifier, au point de
vue moral par l.i seule méthode possible, la prati-
iique^ on vient à découvrir qu*elle s^adaple à la
terre comme aux cieui, et qu*el!e régie les désirs de
riiomme comme les astres?
Pour suivre la partie chronologique de la prophé-
tie, nous avons nf'gli|$é la partie narrative; mais
qn*avons-nous besoin de faire remarquer? La chose
parle d'elle même, et le silence seul de Tadmiraiion
convient. Los traits se pressent et se succèifent ra-
pidement dans ce miroir de Tavenir, avec une vé-
rité de plus en plus saisissaiite, et qui ne laisse pas
respirer Tétonnement , jusqu'à ce qu'après Tavoir
porté à son comble , elle Tabandonne à lui-même
silir le vide infini de toute explication natureHe , et
le force en quelque sorte à se prendre à la foi.
Ramassant toutes les prophéties antérieures, le
prophète détermine enfin à jour fixe le iempt promis
sur le peuple et sur la ville, ce temps que, du-sept
cents ans avant , Jacob appelait le dernier temp$^ et
oui avait été Tob/el des soupirs des patriarches et
«les tiansports des prophètes, ce temps dont Patteute
avait occupé tous les temps.
Au fond de cette perspective ainsi arrêtée^ il nons
fait apparaître, en premier lieu, la recotiêtrucUon de
Jérusalem en des temps fâcheux.
Puis au delà, au bout de soixante-neuf semaines,
et dans la soixante et dixième, est introduite Injus-
tice des siècles^ le Saint des saints ^ le Christ; — on
voit son baptême; — son alliance confirmée avec p/u-
sieurs; — u Christ mis a mort ; — son pettple^ qui
dlitit le renier^ rejeté lui-même; — la consommation
des prophéties; — la cassation des sacrifices.
Enfin, sur rarrière-plan accourt, a>ec son cbef
OUI DO.T YENiR,le peuple exécuteur de Parrêt de déso-
lation déjà porté sur le peuple et sur la ville (iSiO) ;
rabomLiation de la désolation est dans le temple^ et
la ville et le sanctuaire sont saccagés; la dévastation
est à son comble; f(, après cette guerre ^ la désola-
tion^ tant de fois prédite, ne cesse plus, et se poursuit
et se poursuivra jusqu'à la consommation et jusqu^à
la /in... Et post hebdoxadàs sexaginta duas occi-
MSTUR CbRISTUS : ET NO.N ERIT ESVS POPOLUS, QUI EtH
NRGATt'UOSESr. ËTCIYITATEU ET SANCTUARIUM DISSIPA-
BIT I>0PULIIS CUtf DUCE VENTIIRO : ET FI.^IS EJUS VASTI •
TAS, ET POST Fli\Rll BELLI STATUTA DE'iOLATlO... ET
RRIT IN TF.MPLO ABOIIINATIO DESOLATIONtS : ET USQUB
AD CO?ISIIlillATIONEy ET FINEU PERSEVBRABlT DfiSOLA-
TIO.
Pi'cnez maintenant riiisloire, Thistoire profane;
voyez dans le Talnind et dans les écrits des rabbins
la consignation de ce fait, que la dissolution du san-
hédrin (du sacerdoce mosaïque) arriva quarante
ANS avant la ruine de Jérusalem , c*est-à*dire juste
à partir de la nort de Jésus-Cbrist ( 1841 } ; qu'à
ouvrage profond, et nui ne saurait être entendu que des '
savants les pins iuiiiés dans les secrets de la haute astro-
nomie.
(1840) Voy. la prophétie d'iaaîe ci-dessus, col. 1509 :
Malheur à Ariel ! etc.
(iSil) Traités stodiédrin, fo). il, recto ; Gnaboda-zara,
fol. 8, verso.
(ia&2) R. David Gans. Clironiqu£, an. 5718.— Talmud,
Traité Toimf,fol. 57, verso.
(1815) R. J0HA5AM, fils de Zacai, Tr. de fest. expiât.
(!8U) Jos., De beli.jud., lib. vu, e. 12. — Tauit.jITu/.,
Ub. V, c. 15.
(1845) Jos , De belL jud., lib. vu, c. 12.
(1816) On sait qu'il lit tout ce qu'il put pour sauver
le temple, comme Julien l'Apostat plus tard pour le re-
lever*
(18Ï7) Jos., De belljud., lib. vu, c. IG.
cette même époque le sanctugiredu tent^i'mm
de lui -même (18^12), qiron neeesnh li^ rairdi}
choses étranges, de sorte qn*un faiBeai nîkm s'c-
cria un jour : f 0 temple, 6 temple! (presl-ceoii
l*émeut? et ponrqnoi te fats-tn penr i isi'irèMt
(1843) > Entendez, snr le rapport deJosèpbt^.ttde
Tacite, cette voix extraordinaire qui sefiioaieuite
le jour de la Pentecôte , au milieu d'un bnit i-
freux, du fond da sanctuaire : Sostoss b*ici,soi.
TONS D*ici (1844)! Voyez avec tout le peuple jnil,
durant sept ans, un paysan courant (TliabiiQdeilaDs
les nues de la vilfe, et pendant tout ce tvmps w ces-
satit de crier ni jour ni nuit, quoique en pleine piii:
c Une voix est sortie de lX)rient, one voix e»( sor-
tie de lX)ccident , une voix est sortie da cMé dès
quatre venis : voix contre Jérusalem et contie k
temple, voix contre les nouveaux mariés et les no9>
Vdlles maiiées, voix contre Irrotle penple. Miibnr
autenopli*! nialhenr à la ville! malbear à lool k
peuple! malheur, malheur k Jérusalem! i josqu'i
ce que, atteint lui-même d'un coup de pierre (tanii
la guerre. Il s^écria: c Malheur i moi-mèoBeilSiStli
Voyez et. fin celte guerre inouïe par sa devait ^tioD,
le peuple romain commandé par Kon cbef Titm,
commandé lui-même par ane force mystéririM d
Irrésistible qui, malgré la douceur de son cane è>e,
le rendit Tinstrament des plus épouvaiilables l«r-
rrurs, sans qu^il lui fût possible de les moiiétT
(1846); force si sensiblement surnatuMIe, que lui-
môme, quoique païen , ta confessa, disant ï tn
amis : (yest sous la conduite de Dieu que nom msi
fait la guerre; c'est Dieu qui a chassé Us J»(i it
ses forteresses, contre lesquelles ni les fitrces taauh
ues, ni les machines ne pouvaient rtcn (IStlj. U
n^est point moi qui ai vaincu, disait- il encore en l^
poussant les couronnes que loi apportaient les es-
tions :je n^ai fait que prêter mes moins k U ta-
geance divine (1848). Voyez encore, i la méiM épo-
que, l(s feux des sacriGces s^éteindre i jamak fv
tout Tunivers, Tesprit prophétique, soit de vffiif.
soit de mensonge , rentrer dans on silence ilsofo,
et tellement étrange à cette époque, qoe PlQUtqie
en ftiit Tobjet d*un traité spécial où il se perd i a
nTherclier les causes (1849); eufin, voyez Misait
contractée par le christ* anisme avec les penplesa)^
derneSt le peuple juif rejeté , la désolation d^twi
comme Tétat permanent de ce peuple..., et ex-
cluez.
C est durant la captivité aue Daniel At cette e»>
morable prophétie. Les Juifs retoumétenl wsw'*
dans leur pays, et rééditèrent le temple , pu» l^
ville; et cest pendant la construction do lesipk
que les derniers accents prophétiques se fiiai »>
tendre, encourageant les travailleurs.
Toutes les prophéties 8>ncbatneot par u nf*
Î tort merveilleux, qui fait qu*elles différât eotK<^
es par des traits particuliers, et qu*dles se rt^
blent par la rencontre tt la fusion de tous ces tntB
dans le grand objet qui les réunit et les JB$»»fi''
c*est comme une famille de sœurs qni» ^ l^^^
leur pbysionennie propre, réQécbissent diTCfvttft^
(1818) PmLOsniAff, Yied:ÀiMlUmim$de TyB»**^^^^;
voyons celles des empereurs qui le firent éilger.
passèrent sous cette voûte en triomphe, aajwî*-
mutilées, défigurées, et presque arrachées du w««ct
qui devait rappeler la grandeur de ceux qo'elirs r^f ~
sentaient, tandis qoe Te flambeau d*or 4u tenpi* '• -
lampe du saint témoignage restent encore ajj»*^
d'elles ; autrerois trophée de goerre, aojoarfto <^
prophétie. Pour ces empereurs, un ga«e de ^w»»^ •
pour nous, celui d'one force sur laqoene aunoe p*
ne prévaudra jamais. » (9* Discours, sur I'-a^<**7X-
<i8i9) Dis oraclcs qui oat csssé, bt wcKf» ' »*
murales, lome Y. — Voy. Dkvok.
15il
NOTES aduit:onnexles.
IS2t
les Iratu de lc«r përr, doublement frappaoles et par
cttle diversité et par ctrt aceord (1850).
Aiasi, les dernières prophétie que nous alloos
ciîtr aanonceot.cIaîreiiieDt, comoM tootes les au-
tres, la Tenœ du divin oéJiatdor. Leur arcord sur
m objet CMÉinaii el ioTarialrfe est dérisif an plus
iuot degré. Nais ce qui ne Test pas moins, ee sont
l«s drconstaoces panienliéres, et non encore indi-
quées, par lesquelles elles s*en approprient la pré-
diclioQ,
Ainsi, pendant la reconstruction pénîMe da se-
cond l'iupie, bumble et modeste comparativement
i raneieo, UNrt^ les espérances de Jnda sont abat-
tues, et s<in regard , jnsque-là ûxé sur ravenîr, se
reporie doulonrensement sur le passé ; mais le re-
gard d'Aggée, perçant les apparences , puise dans
oftie eiroonsunee un sujet particulier de prédiction,
en précisant qne c*est kientôt et dans ce second Um-
pu qoe se réatibera Tatteute de Jacob ; et voyez dans
qtieJs ternes :
c Parlez aux anciens, et dites4enr: Qui est ce-
lui d'entre vo<s qui a vu cette maison dans sa
pr«-mâére gloire? et dans quel état la voyez-rous
maintenant? !le parait-elle point à vos yeux comme
néunt rien an prix de ce qu'elle a été? Mais ar-
m '2-vous de force, et travaillez hardiment, dit le
S'igneur; car voici ee que dit le Seigneur des ar-
{Bées: £5coaB c!f peu ue tchps, et j*ébi aolerai le
:el et la terre, la mer et lout famirers.... J^ébran-
lerai ious U$ pempLu^ et le D^iai ne toctes lis
uTioxs viEimsà ; et je rempUrai de gloire celle mai-
an, dit le Seignenr des armées.... La glaire de
rtte dernière maison ura encore plus grande que
elle de la ^emière, dit le Se gneor des années, ef
e dommerai la paix en ce lieu (1851). t
Enfin, le dernier prophète, Ualacbie, prédit nne
ircobscance de la venue de lésos-Christ inconnue
usqi:*alofS, et qui a éié merveiliensement réservée
fOur ea:aciériser en lui le dernier prophète : c^est
ae Jésos-Cbrist aura un ffrécurseur immédiat. —
fulachie, qui d*wi cdié termine b chaîne des pro-
lictes, en remontant jusqu'à Jacob» jusqu'à Abra-
jm, jusqu'à Dieu, se pedcbe de fautre comme ponr
r>ttuer la main, à tra%ers quatre siècles d atienie
cocieuse, à Jean^Bapiisie^ précufseur immédiat
i Jésus-Christ. — i^es termes du prophète répon-
i it admirablement à ce caractère, défiailivemeni
Jieaiif :
< Je vau vons envoyer mon ange, qui pnérAEEXA
a voie devant ma lace ; et Acssixdr le Domina-
jr ^œ vous chercb-z, et Tange de ralUance si
sire de vons, viendra dans son temple. LE VOICI
;i VIENT... (i85i). »
VIII. — Naissance du Messie. — Comiques pro^
ip/té tiques de Zackarie^ de Siméon ei delà suinta
Vierge. — Paroles d*Elisakeik el de Jean- Baptiste.
— Dernières réflexions.
Cependant le temps auquel Elisabeth devait ac-
iclier arriva» et elle enfanta un fils.... Et Zacha-
B'yn père, prit cet enfant dans ses bras ; et,
ipli da Saint-Esprit, il prophétisa , disant : —
eni soit le Seignenr qui a visité son peuple , et .
nous a suscité un puissant Sauveur dans la
soo de son serviteur David, selon qu*il l'avait
mis par la bouche dt-s saints prophètes qui ont
dajift le^ siècles passés, et qu*il l'avait juré h
abam, noire père. Et toi, petit exfakt, tu se-
apfielé le prophète du Tiés-Uant, car to uarchc-
iri^VAXT LA FACE 013 SeICVELE rOVR tCl FntPABEU
<iO) Furies non ommkus wu,
Hee ditersa tamen^ quaUm decel esse sororum,
(Om., Uetan.)
C5I) ^^0. n, 5, 10.
t*'^) Mttlach. m, 1.
^:S3) Luc. I.
SCS VOIES, pour donner â son peuple la connaissance
dtt safaK par les entraillrs de la nûaérieonle de
Dien, qui a fait que ee Soleil levant est venu nous
visiter d*en haut pour éehiirer eeax q« snnl assis
dans les ténèbres et dans l'ombre de la OMft, ri
poar conduire nos pieds dans le chemin de la
pjui (1855).
Cet enfant était JEAS-ttimsTC.
Quelques jours avant sa naissance, Marie, cos-
sine d*£lisabeth, et enceinte comme die, ét.iiit vo>
nue la visiter, Jean tff«anaili:t dans le sein mater-
ne I ; et Etisabeih, remplie de resprit de Dien, éleva
la voit , disant h Marie : Vous ivss uÈsax Enns
toctes les feuues, et le raciT k votée ssia est
BÉsi <185i). t
Alors Marie dit ces paroles :
f Mon âmegtorifie le Seigneur et mon esprit tres-
saille en Dieu mon Sauveur, parée qu'il a jeté les
yeux sur la bassesse de sa servante; et voici f^a
TOCTES LES CÉnÉBATtOKS TOUT n'ArrCLCn mEXUEL"-
aensE, parce que le Tout-Puissani a lait en moi do
grandes choses.... N a fait édattr la puissance do
son In as.... Il a relevé Israël son enlant, se souve-
nant de sa miséricorde, selon le serment qu^il en a
fait à nos pèrr s, à Abraham, et h sa postéiité, pour
toujours (16S5). »
Cependant celle om bbvait e^vaetee atakt eu»
FA!rré, l'eufont fut appelé Jésus ; et le temps de la
purifiiation arrivé, Mario et Joseph le pmlèreot à
Jémsal*fm pour le présenter an Seigneur. Or, il j
avait dans Jérusalem un homme jn^ie et eraiguanc
Dieu, nommé Simé(»n, qui éttit dans rattmie de la
consolation d*Isnôl, K le Saint-Esprit était eu hiâ.
Il lui avait été révélé pur le Ssiut-EspiU qu'il ne
mourrait point qu'auparavant II n'f et vu le Cnnisr
du Seigneur. Il vint doue au temple, mù par l't:»-
prit de D.eu. Et comme Joseph et h mèie du peiii
enfant Jésus l'y portaient pour laire à son égard oe
qui était prescrit par la loi, le saint vieillard le prit
on ses bras, et bénit Dien, disant : c Maintenant,
Seignenr, vous pouvez laisser aller votre seiviteur
en paix, parce que, selon votre parole, mes jeux
ont vu le Sauveur qiie vous nous avez donné, celui
dont vocs AVEZ raÉPAaÉ la VEsrtiB a la face oe tous
LES rrcpLEs, rora êtee la LcnikBB qci éclausea
TOCTES LES KATI09IS (1856). •
A trente ans de là, Jean, seioa qu'il est écrit
dans le prophèt« : Voici que femwoie mon ange do-
uant uoêre face fonr préparer oos aoira, était dans lu
déstrt , baptisant H prêchant le bapiéme de péni-
tence pour la rémission des péchés.... Alors la ville
de Jérusalem, louie la Judée, et tout le pays des
environs de Jérusalem, venaient k lui, et tous ctaieui
dans une granifu suspension d'esprit, pensant eu
eui-aémes si Jean no serait pas le Christ. Mais
Jean dit devant tout le monde : c Pour moi, je voua
baptise dans l'eau; mais il eu viendra un autre
plus poissant que moi, et dont je ne suis pas digne
de ilaiouer la chaussure. C'est lui qui vous bapii»
sera dans hi Saint-Esprit et dans le feu. 11 a le van
eu main, et il purgera son aire, et il recueillera le
Me dans sou grenier; umis iwur la paille» il la
fera bréler dans un feu inextinguible» • Il disait
aussi beaucoup d'autres choses. évaugéUsant ainsi
le peuple il857j.
Ea ee mémo temps Jésus vînt h passer, et Jean
le désignant dit au pMple : t Voici l'acseau oe Dieu,
VOICI CELCI OCI ÔTS LES PÉCUÉS OU M»»E (1858). •
Et Jésus s'approchant fui baptisé par Jean dans
le Jourdain.
Et après que Jean eut été mis ea prison, Jésus re-
(1854) Id., Und.
(I»55) ur. I.
(1850) fur. n.
(18571 jrerc.i.
(Iâo8)y0«n.i.
1525
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
Tînc daos la Gftlilée» prtchaul TEvangile da royaume
de Dieo.
(Test ainsi qu^après quatre siècles de silence, de-
puis que le dernier prophète Malaebie avait dit. Le
▼oici QOi TiBKT, et à Texpiration du terme Axé par
Ihiniel, Jean-Baptiste, le Préeuneur^ pamC; et*
anssitôi après, Jésus-Glirisl , détiré de toniei kt
natioHi^ Tint dans son temple ei commença sa uhs*
sien.
Quel enchatnemenc eC quel accord merfcilleux!
Depuis trente siècles que les prophètes se succé-
daieiit annonçant Tapparitlon du Messie, régénéra-
teur universel de t lutes les nations, aucune appli-
cation de ces prophéties n*avait été faite à qui que
ce soit ; et le Messie, toujours promis, était tou-
jours attendu. Jésus vient au monde dans Tohscu-
rité la plus profonde, et aussitôt, malgié cette obs-
curité, il est pri;clamé comme Celui dont ia venue
avmt été préparée à la face de ioui Ui pfupies^ par
la bouehe de tous tes prophètes qui avauM précédé^
pour être la lumière qui éclairera toutes fes nations;
et révénement vient ensuite Immédiatement justi-
fier eelte application prophétique des pifophéties.
Si les prophéties n*avaieut été appliquées à Jésus-
Christ que lorsque la terre fut convertie à TEvan-
ffUe, sou le régne de Constantin ou de Tbéodose.
a force et la justec^se de TappUcation eussent été
grandement cooe^nantes , mais cependant on aurait
pu dire que ré^énem* nt y avait fait songer, et s*é<
tait fait rapporter après coup les prophéties* Mais
il n*en est rien. Cesi dès la premier moment, c*est
au plus fort Je l'obscurité et de Tignorance natu-
relle de IMvénement, (l.alors que tout paraissait le
contredire, que les prophéties lui sont appliquées
sans hésitation, et dans des termes tellement ex*
prejSsiCs et grandioses, qn*au plus haut point de la
gloire de Jâu^i-Chrîst sur le monde, il ne s'en trou-
vera jamais de plus dignes pour la chanter.
Sous ce rapport, qdi n*est pas assez remarqué,
1rs cantiques de Zacharie, de biméon et de la sainte
Vierge, et les paroles d*Ëliaabeth et de Jean-Bap-
tiste, sont incomparablement les plus gramlc», les
plus concluantes de toutes h s prophéties. Elles ont
par-dessus toutes les autres ce caractère décisif que
non>seulement elltis prédisent clairement Tavenir,
mais CDCora qu'elles appliquent la prédiction à tra-
vers tontes les contradictions apparentes du présent;
que non-seulement elles annoncent le Sauveur en
général, mais qu^elles désignent directement sa
personne.
La première de toutes les prophé.les avait dit
au'il naîtrait de U femme en général ; et les autres,
a plus en plus précises, avaient annonce quil
sortirait du peuple juif, de la tribu de Juda, de la
Camille de David,, de la petite ville de Betliléeiu;
Daniel enftn avait prédit Tépoque lise de son appa-
rition. Mais, quelque précises que lussent ces pré-
dictions, elka pouvaient encore s'appliquer à un
assex grand nombre d'hommes de la même nation,
de la même tribu, de ia même famille, de la même
époque, plus ou moins osactement. Mais ici la pré*
cision de la prophé le est k son comble : c'est sur la
personne même du Christ qu'elle met le djigt, et ^
elle dit C'EST LUI; voici l'agxeau de Dieu qui ôte*
LES PÈCntS DU MONDE, VOtCI fXLUI QUI A ÈTt ANNONCÉ
DEPUIS LE COUUENCCUENT. Et cUc Ic désigne ainsi,
alors «{lie rien naturel ement ne le révèle, ou plulèt
que tout semble le dérober à Tapplicat on des pro-
plieties ; alors qu'il n'est qu'un homme ord naire,
•tiruii enfant obscur, qu'un fruit caché dans le sçiu
maternel.
Ainsi tout est surnaturel et démonstratif dani les
priiphéties. Dieu s'y e^t tout iéi.*rvé, pour que noua
fussions forcés de l'y reconnaître. Comme il avait
fait la prophétie il a fait l'événement, et il a bit
liiéme lui seul l'application de la prophétie à Févé-
n ment.
m
Biais si ces réflexions se justiOeot, eomme mt
venons de le voir, par les prophéliei dont Jésus.
Christ est l'objet immédiat, leur vérité édaie encore
bien davantage dans celles dont ilest Itt-uiéne Tu
leur.
c Les prophètes ont pré^Iît et n'oot pu été pré*
dits, observe Pascal. Les saints ensaite tost pi^.
dits, mais non préJisauts. JésuS'Christ est prédit
et prédisant. »
Jésus-Christ est pré^Usant, soit q«*il l'applique tei
prophéties anciennes, soit qu'en e&teasioo de es
prophéties il en fas^e luî-méme de nooTetles.
L'application des prophétifis I l'évéacneBi est
elle-même éiLinemmcni prophétique, eoome loei
venons de le voir, lorsque l'évéïiemeot eit eàdt
quoique préscnL Or, qu'y avait-il de pkii caché, d(
plus obscur, de pins contiedit par les appirencQ
sensibles que la divinité de JésusrChristiCdaAv
vait être d'ailleurs d'après les propbdiies, qu
avaient dit formellement de lui qa'oa dc le recoo-
naîtrait pas. Aussi avons-iioos vu que ee n'est que
par inspiration qu'il fut reconnu par Za<barif,S^-
méon, Marie, Elisabeth et Jean-Baplisti*. Miis ra
saints personnages, en voyant en lai le llessi- pro-
mis, ne découvrirent cepeiidant pas en déuii et
point par point tout ee qui justifiait en lai eeUe tp-
plicalion des prophéties, l^reillement, ionqiepns
tard ses miracles prouvèrent sa divioilé, rokevné
profonde de son humanité les discréditait avpiét de
phisieurs; et ceux mêmes que ses miraelet etitnl-
naient, sesapétres, étaient loin encore de décMnir
en lui l'entier objet des prophéties. Posr le déttii-
vrir complètement, i> fallait être hti -iiêBie. Lii ml
avait l'entier secret dont les plus privilégiéi iV
valent eu que des communications partielle», km
une des plus grandes preuves de la divinité de Jé-
sus-Christ est la conscience qu'H en avait lui ntec,
et qu*il exprimait si simplement à traven loutce
aul devait lui en èter la persuasion et Is csoliuc^.
ien n'est beau dans TEvan^.le, rien i^est per&o-
sif comme ce calme réflédii, cette a^^soraiiee irai-
quille, cette absciice complète d'hérûtation ei 4e
préoccupation, ee discernement profond et iiili.liiUe
avec lesquels Jésus Christ voit venir, refait, dé-
pose lui-même les événements qui paraissesilepltt
devoir anéantir ses grands desscius. £ngi«à
comme dans ,un océan dNgnominie, il di^jnnit '
tous les regards, k ceux mêmes de ses disciples q»
rabandoniient. Il est d'autant plus anéanti qa'ou r^
tourne les emblèmes de sa divin té eUHBènea
stigmates d'infamie et en insiniments de ioppticf.
et que l'irenie la plus cruelle lui enlève jufqi'iii
dignité, s'il est possible, de ses douleurs. Eb bn!
dans cet état, que pense-t-il, que dit-il de luHué».
que fait-il?... Il accomplit, il conaomae les.piop^
ties, sciemment, volonuireine;it, libremeiii. Ui
seul les voit toutes pleinement, jus«|u'avi pltu ^
cures; lui seul se voit aussi phsIuemcBt lat«^
comme leur objet; et lui seul, dans a draoïedefi
passion et de sa mort, où il parait être accab!éio»
la nature entière, ne cesse pas d'avoir Piiitrliiftttt
de sa vériuble situation; il la domine, il h v«<t.ii
la hit, il la plie au p:itron des prophéties; A,if«
en paraissant être le jouet dts pasûoos dertii'
nées coutre lui, ,il en dispose eu maître .so«k>
ralnl
11 est inutile de lustiftcr ces réllexicas pv ^
textes; tout le monde a présent k resprit tespan^p
et les actes mémorables de Jésus-Chnst ï c
égard.
Ainsi la parikite Intelligence que JésaM^v»*
avait de lui-même, comme objet des yt^^
dans la situation humainemenc ia plus désôp»*-
est une prophétie supérieure à toutes les *^?
qui ne peut réellement vaiirque de leureij^i^
les belles Eutdes snr le christiamismef pai M. ^^
5it:ous, t. IV.)
rns
ROTES AHMTIONNEUJiS.
f9i(
NOTE XVI-
(ArU PossBSSiOHS 9 { II.)
DES POSSESSIONS ET 0ES
M. de Mimlle a jpoblié Tuoét denûëre «n savial
««Traite intitiité : Otê espriu ei de lemn mmàftUm'
lioMS fëidifut^ dans kâoel il pread k partie loai
NOS ttf anu BMMieniet, amcdos a« aalrei, qvi pré»
leiHieDl noMfier à dés saladies ordiaaires, baUo-
(ioatia.s, ddir», névrepaihies* etc., ao ordre de
pbéMNBénet auiqaeb la reUaioo atinboe des caatt^
^umaioreUes* oa aiieui, bTpeniaiardles, coroiae les
appelle M. de Minrille. Ce lÎTie est aa Mémûire
aUfcssé nr Paalrur à VAcmàémie des idoieet auira-
Uê et po/fiifiies. Noat en dooneroas ici qaelqaes ex»
i JÎU rtlalifs aai p0«estfoa«, renvoTanl le lecleur
a l'oarrage laî*Bièftie poar plat de détails.
f Le comie de IloiaUli-ailieii, iHill, de Mireille,
reavrciail detniéreiceai loos les écritaiaf callM»:i-
qars qai anieni iraTaillé dans ees deraiers l mps
a la re»LiaratloB de la vér ilé lMsiorii|ae, pfailosî*-
pbiqae et sociale, cl il ajouiaîl : f Cbaqoe joar ooos
f amène à aoe appréciatioa plus Traie de ces grands
kit'clt-s OB PEglise cuit loai ; de ees grands siècles
si luagicnips oaU^ës on iusullés par b plupart des
étrîTaiiis relij^ieoi (1859). >
« 5ant Toyloir plus tfae lui ressusciter le anoyen
â;rc, nous prétcnitoos le justifier aujourd^bui de
i'accusaiioa la plus gniTe qu'on ait januis portée
contre lui, celle d^avoir, par ignorance. £alt périr
des aiillicri d'taaoceaK.
f Goonaissez-Toos, en cllei, un n procbe plus M-
quent et plus saii^nt que celui qu on adresse de-
puis deux hiceles a l!Eg!ise, à propos des sortilèges,
i« » possessions et des exurdsines?
i u bien ! nous Tenons répondre à ce rmocbe
lo^ourd'liui. La réponse sera iiéremptoire, absolue,
'i cette fois ee ne seront plus des ignorants, îles en-
JuMi^astâ-s ou des enfsnts perdus qui tous la four-
Il r «Mit, Jfessieur»; ce seront tos plus bonorables
ollêgues, Tos pairs, cl tous ne poiirrei plus tous
v^olter d^Tant qoelqocs biueiu» magnétiqurs iors-
\ue vous les entendrez accepter et tliscuicr les
noTmiîés qui Toi»t suitre.
c Puar ne pas trop abuser de vos moments, ni
r«»ssir mal i propos le nombre de nos adversaires,
«MIS allons prendre 11 prtie le premier de tons nos
•aoiaraplies actuels, H. le docteur Calmcil, méde-
\u des aliénés de Cbarenton, hin de c^ bommes
■« leur position cl leur talent entourent de toute la
iMisiJéiatiun voulue pour que Ton puisse hardi*
icnl s*abrilflr derrière eus. Après les études sé-
c use s, les rtchtrcbes infatigablts auzquellM il a
»usacré sa vie, qui donc oserait «^inscrire en fans
nàiw^ aea alllmiatîuns bisioriques? Peraonne assu-
ujcni.
€ Pour nous, il sera donc le représentant de toute
îUe anvvcJla école, que Ton pourrait appeler CécMê
mget€*a€ eu paué^ car vousavez d^ va, Messieurs,
le les docienrs Briére de Boisnsoni, Lenret, Letat,
lebea, Moreau, etc., s ni d'accord avec lui pour
pi^mer, sinon la raison, au moins la probité, i
nie ane masse de Tictimes caSomniécs par rbis*
« Oa en conviendra, i«*eussions-ooiu d*autre but
foord'lmi que de cumplèto- de telles rébabi;ita-
BS historiques, ei de laira comprendre ne peu
eu A totti ce génie do moyen àgc, si misérable-
I a-j9) IVs ialérâs colMiflMS.
imjOi Oela Icik... Exposé deêiimémmmimu tmxqmUn
CAftc fnétOHRac a soarau dmmé ikn. t toL g. ia^(r,cbcz
PHYSIOLOGISTES.
travesti, notre travail ne manquerait encore^ .1
nous semble, ni d'actualité ni d*une assez grande
importance; mais nos prétentions sont plus sautes -
nous espérons qu*après avoir rétabli la vérité dans
ses détails, on brge pas aura été fait dans les voies
ûê U fwnon saemii/Ê^ue ei reUpemu^ puisqu'il va
rester démontré ^, sous des noms dMfiéfenu, on
s^occupe tous les jours encore des mêmes càoses,
et que Ton combat le méaM ennemi.
f Ourrons donc bârdimeni le bel ouvrage de no-
tre docteur sur la folie (1860); mais, avant d^abor*
der le chapitre de ces grandes épidémMes de détire,
que nous appelons, nous, des Invasions ci des taio*
sicetions (1861) tpêrkueUes, choisissons entre mille
un ezemnie et une preuve asodèles de ce que nous
venons iTénoncer.
t Lcs voici :
f Veuillez, Messieurs, prêter toute votre attention
au récit qui va suivie, surtout à sa ratification par
le docteur Calmeil et à fexplicaUon qui! en propose.
Si, contrairement li toutes nos babitudes, nous d-
tons ee fait à peu prés en entier, c*ea que son in-
tégrité nous paraît absolument nécessaire, et qne
ses deuils seuls peuvent bien préciser la question.
Nous n*en eonnaissoiis pas de mieux posée, car si
^ folie est li, sans complirsiîon et poremeiA natu-
relK nous nous tenons iomédiatemeni pour baUo,
et n« os vous prions de jeter au feu à Tiu^iaitt mémo
tout le fatras que nous allions tous présenter.
i AitjouTd'bol, dit M. Calmeil (tome II, p. 417),
les ecclésiastiques, qui font ta traversée des u.ers
pour aller répamire les lumières de la foi jusqoe
dans les désens do nouveau monde, sont souvent
tout surpris de rencontrer des énergumènes parmi
les léophytes dont te compose leur nouveau trou*
peau, taudis qu'il est rare, de leur propre aveu,
que le démon prenne à présent possession des fi Jè-
les an sein de la mèie-patiie. La lettre que je vais
rapnorter, et qui fut adressée i Wiiblour (célèbre
mededn) en 1738, par un digme niissionr.aire, prouve
que le défir» de h démonopaïkie peut devenir par*
toot le pana^ des âmes faibles et timorées.
c Je ce pois enfin me refuser à votr«.* empresse*
Bsent, écrit le missionnaiie Laeour^ d*avoir par écik
le détail de ce qui s'est passé au sujet du Goibin-
chinois possédé dont j'ai eu rhonneur de vous par-
ler... L'an 1733, environ, au mois de mai ou de
juin, éUnt dans la province de Clrani, royaume de
Cockhukime^ dans Téglise d*un bourg qu'on LomoM
Ckéu^ distant d*tne demi Ueue environ de la capi-
tale de la province, on m'amena an jeune homme
de dix-huit i dix-neuf ans, chrétien... Ses parenu
me dirent gu^il ét^it possédé du démno... Un pru
incrédule, je pourrais même dire, à ma confusion,
trop pour lôrf , à couse de aiva peu d'expérkmee dai«s
ces sortes de choses, dont je n'avais jamais en
dVxemple, et dout néanmoins j'oLieiâdais souvent
parier aux chrét^as, je les questionnai p;>ur savoir
s'il o*T aurait pas de la simplicité ou de la aulice
dans fe lait. ¥oici ce qu'ils me dirent... »
c kt vient le récit des parents dont voici h sulis-
tance en deux mots : Le jeune homme, après avoir
lait une oommuiîon iiidigoe, avail disant du vil-
Bjillière, 1845.
(1861) EmpoisoiuiemcaU.
wn
h\CflâX&MB£ APOkOGmQUE.
im
lage, s*éiail relire daas les moaiagnes ei ne s'appe-
laii plus lui'jnèine qoe le traître Judas.
i Sur cet eiposé el après quelques difficallés^ r»*
prend le missionnaire, je me transportai dans fb^
pitai où ëiait ce jeune bomroe, bien résolu |de ne
rien croire k moins que je ne visse des marques au-
dessus de la nature, et, au premier abord, je Tin-
terrogeai en latin dont iesavaisaii*ii ne ponvaii avoir
aucune teinture. Êcendo quil était ï terre, bavant
exiraordinairement et s'agitant avec force, il se leva
aruisitôt sur son séant et nte répondit trés-dîstincte^
ment : Ego nescio loqui ialine (1862). Ma sorpri e
fut si grande qoe, tout troublé, je me retirai qmv-
vanté suns a\oir fe courage de rmierrogcr davan-
tage.
« Toutefois, quelques fours après, je recom-
mençai par de uouveaifx commamlements prujMKoi-
res^, observant toujours de lui parLr latin, que le
jeune bomme ignorait; et entre autres apitt com-
mandé au démon de le jeter par tei re sur-lt^^^bamp.
je fus obéi dans le moment; mais il le renversa
avec vtne si grande violence, tous ses membres ten*
dus et roides comme une barre, qo\jn aurait, cru,
par le bruit, que c^était plutôt une poutre qu*un
iiomn»e qui tombait... Lassé, fatigué de sa longue
résistance, je piis la résolution de faire un dernier
eflbrt; ce fut dMmiier Texemple de Mgr Té^èque de
Tilopolis en semblable occasion. Je m avisai donc,
dans un exorcisme, de commander au démon, en
latin, de le transporter au plancber de Téglise, les
pieds les premiers et la tête en bas. Aussitôt son
corps devmt roide, et comme sMl eût été impotent
de tous ses membres, il fat traîné du mil eu de Té-
Î;Kse i une colonne, et là (écoutet bien. Messieurs),
et pUdt joint» f te dos cotte à ta cotonne^ tant $*ttider
de $e9 mains^ il fut transporté en un clin d*œil au
plancher, comme un poids qui serait atthé d*en haut
avec vitesse sans qu'il pa ût qu*il agit. Suspendu au
plancher, tes pieds cottes et la fête en bas (vous ac-
ceptez le fait. Monsieur?...) je fis avouer au démon,
comme je me Tétais propo&é pour le confondre»
rhumilier et Tobliger à quitter prise, la fausseté de
ta religion païenne. Je lui fis confesser qu'il était
un trompeur, et en même temps je Tobligeai d'a-
vouer la sainteté de notre religion. Je le tins plus
d*ane demi-heure en fair (la tète en bas et les pieds
collés au plafoud), et n'ayant pas eu assea de cons-
tance pour ry tenir plus longtemps, Unt j*étais ef-
frayé moi-même de ce que je voyais, je lui ordon-
nai de le rendre à mes pieJs sans lui faire du mal.
Il me le rejeta snr-le-cbainp comme un paquet de
linge sale sans Tincommoder, et depuis ce jour-là
mon énerguméoe, quoique pas entièrement oéltvré,
fut beaucoup soulagé, et cha(|ue jour ses vexations
diiuhiuaient, mais' surtout lorsque j'étais à la mai-
son ; Il paraissait si raisonnable qu'on l'aurait cru
entièrement libre... il resta Tespace environ de cinq
mois dans mon église, et au bout de ce temps ri se
trouva enfin délivré, et c'est anionrd'bni le meilleur
chrétien peut-être qu'il y ait à la Cochlnchine. i
< Qu*en dites-tous. Messieurs? Le la.t vous
parait -il asscx sérieux? Au point de vue du christia-
nisme, c'est un de ces prodiges dont abondent les
lécits évangéliques et les annales de l'Eglise; mais
an point de vue médical écoulez bien la conclusion
toute natt^rette que Ton eu tire.
c On^ doit savoir gré au frère Delaconrt, dit
N. Calmeil, de n'avoir pas gardé le silence sur ce
pi étendu fait de possession, car ce missionnaire a
décrit à son insu les phénomènes de la nionomanie
religieuse^ et il est clair pour tout le monde aujour-
d'hui quHl n'a exorcise qu'un bomme atteint de
détire... »
« Vous l*entendez, Messieurs; le docteur Calmeil
est obligé d'admettre un tel fait» d*abord parce que
l'aulorié do narratear lui parait irrcfragalile; ra-
soit'2 parce que ce n'est qu'on fait de pins à ajootrr
à mille autres do même genre. Mais ee qa'ii bat
bien conslatiT, c'est que lorsqii*oo se trouve alldot
de ce certain déthe {déHre $atu ferre, et qai vous
laisse après des années parfaitemc et frais et dspM-,
lorsqu'on a, disons-nous, ce certaim délre, il a'i a
rien de plus naturel que de répondre peadaM ît
mois ea latin^ torstju'on n*en gait pas U premier bm ;
Sue de |;rimper jusqu'au plafond d'une égCse, les
ieds jomls> le dos eontrt la eolomu et smu s^mder
de ses mmns;&j rrsier simpeiKhi par la tnmpte appii-^
cation des pieds et la tête e» bas, de £aire peiMtat:!
mie demi-beere de la eontroverae, dans cette posi-
tion peu commode, et d'être enfin rejeté sans la
moindre blessuie de ce plafond sur le pavé, et par-
faitement gttéri plus tard par le tiàÈ nom de J黫-
Christ?
c Quel délire, et quel treiteneni!
c Mais novs vous comprenons. Messieurs, ^eos
n*acceptez pas, vous, ou tel fait; vous ii*appelea pas
cela nne nevripatkie^ vous l'app!elez un conte bleu.
Soit; ce n'est pas contre vovs que noos argnme&tnn.
Seulement, nmis vous avons préveoos qne pov
njrter les éléments du pnicès, vons serirx obl^^
de vous brouiller avec l'élite de la science, et oovs
vous avons tenu parole, car ce n'e&l pas ta , notei-ie
bien encore nne fo s» mie bistoii^e isolés, mat- dis*
traction de profess -u:- ; non, c'est nn spicimemsàm^
rable, choisi parmi mille autres, etediii qui noo» le
donne est le chef de toute une école qui va attffchcr
sur ses traces. >
M. de Mfrville s^appliqne eiisuite k jostifier la
moyen àee si dénaturé parla fausse science modêrBa
et par linsoatenable explieatioii qu'elle a donnée
aux phénomènes de possession. D démentre et net
btns de V ute discussion la complète bonne foi 4 s
VrsuUnes de Loudun^ é^ Trembleurs 4ez Céoènet, tt
des Convuttionnaires deSaint-Médard, Nons ne p-je-
vons rcprodoire ici, à caose de leur longueur, IVi-
posé et la discussitni di^s faits. Noos nous boencr os
à donner les de. mères pages de ce chapitre
qnable.
c Arrétons-BOOB, dit M« de Mirviite, car
croyons en avoir dit ass- s pour prewt-r d'nne faa
la reconnaissance, par la science la pins avancée, ^
faits prodigieux dénaturés jusqula, et de Taute
son impuissance à en donmr nne semU explîeati<is
qui ne soit mille fois moins esp'Icative q«ie is
fait n*est prodigieux. Après M. le doctenr Calmeil,
personne, je crois, ne sera tenté d'en lûre agiéer
une meilfeure, et certes, s'il a échoué, c'esi qtst Tes-
treprise était surlivmaine.
c £t cependant, en regard de ces insuffisant s
théories, il avait les théories de ses prriBiers mai*
très, il les sait par cœur, il les développe à a^r-
veille; et ne croyez pas qu'il ies m^tise, U vons
démentirait sur-le-champ. Vous qui pntlez awe tant
de pitié des ténèbres philosophiques cl &ctetatifiqaes
des sièeles qui sont derrière nous; vous qui, s «s is
rapport médical bortuut, vous croyex Utmmmé» pat
rapport à CfS grands hommes, vous avez ici ta ma^
leurs des leçons à reevdllhr. Lîsex M« te ôocitar
Calmeil, et foyex avec quelle justice il co parle;
voyez quel hommage 11 sait rendre à leurs tmvans et
même a eeites de leurs théories qu'il
d'htti.
c Permettez-nous encore euelques pegcs, et
verrez si nous avions raison de dire en
r-
qu'il n'y avait pas, à notre avis» nn abîme Infnf^
chissabie entre ses propres tendances es nocre lU.
Et si cette possibilité ne vous frappe pas« vi
vieudrez au moins que la loyauté ae sa p
ne lui permet jamais ce mépris ponr les
doctrines, qui parait inspirer chacun de
(1862) Je ue sais pas parler latin.
l^U
MOT£S ADDITION.NELLKS.
Î5M
t Oft Mil qn^tt eonlnt, cosane eai» la doctrine
ft'j ctpriu; WÊsth on ne tail pas arec quelle réserve,
•i oorobieo decîreoDsiaoecs aitéouaiiUts cl presque
«ToniMes il insère dans son Teriiki d*.-icciisaiioB.
c Ainsi, quand il parle ées théologiens des der*
M**rs sicdeSv on rencontre (ré«|aemuie«ii des plira-
«s comme eelk** d : c Qu'on se donne la peine de
tMisttlier au moins quelques-unes de ses nombreu-
4» disftertalkms iliculogiqiies composées depuis le
tgM de saint Lonis jusqu'à celui de IxNÛs )UV ;
(u'ou daigne surtout parcourir quelques-uns de cei
vcueils qui serf aient de guide ans ecdésiasiiques ..
t ce lie sera pas sans burpriffC 4iu*ou y appreniia à
outiaiire le rdie que la tliéologie et la pbilusupliie
lanscendante s'arcordaieut, pendant un temf»» à
iiire jouer Ici -lias aux élres surualorels... Cetie
naniére d'iolerpiéler les efltts qui s*opéieii^ dans
a nainre^if aisoil étidemauia de fond em combie la
liéorie ^ui nous terl aelnelUment,.. Mais il était plus
Itflîcile qtt*on ne le pense, aux Ihéoli^^iens do
b\« siéde (1863), de ne p:ks se jeter à cùrp$ perdu^
à on peut le dire, dans la mtepbysique dies choses
«rnainrelles (1864).
i En ellet, de quelque cdté qu'ils portassent leurs
cgaids..., passé sacré ou profane, philosophie^
toéûe, croyances populaires ou témoignages des
eus..., toaf résolvait cette question par raiirma-
ive... (P. 91).
< 11$ itaknt liés far le texte même de$ Ecritures..*
I8G5). En outre, le nombre des faits parliculiers
iui pouvaient sembler propres h démoiiirer ou à
unljriner resistence des essences spirituelles... esi
fresa:te efrofiani pottrl'iiu gination...
I 11 faut donc bien TavoLer, an risque d'encourir
A reproche de Tonloîr lirer la logique des théolo-
;iens (I8(>€) du discrédit où elle est auji urd'bui si
istenent lombée. Qujiid une fois on a admis
érieusemcit rcxisteiice d*on grand nombre d'êtres
piri(uf Is, tout cet é«'balaudagti de superstilion n'est
H/urtant pas aussi abêurde qu on est uabord porté à
e le figunr. Bayle» qu'on n accusera pas de trop de
réJulité. à imprimé quelque part... < Je ne sais ce
ioi arrivera, mais il me semble que, tdt on lard,* on
erra contraint d'abandonner les principes mécani-
[lies, si on ne leur associe les TOlontés de quelques
iitelligeuces, et franchement il n'y a pas d'hypothèse
>lus capable de donner raison des événeuienis...»
A ce compte, il semblerait, répond II. Calmeil
p. 110), que le plus grand tort des théologiens éuit
l'avoir outré les conséquences de la doctrine... d
nakment on est bien forcé de confesser que celte
béorîe... I e pouvait paraître que séduisaule à des
piritualistes renforcés. •
< £t même... i Ces anciens théolooens connais»
aient pourtant, tant bien que mal, les principales
stinations de l'appareil nerveux dans l'éoimomie
ivan'ic, et ils avaient analysé avec assez de soin le
[lécani^me de l'action nerveuse, pendant les dilTé-
enis temps de chaque sensation... On juge même
u'ils possédaient passablement les principes de la
béorie physiologique qui nous sert aujourd'hui k
xpUqn^r 'la manifestation des sensations mor-
bides* »
est beaucoup, sans doute, mais ce n'est pas
0863) £t ^ ceux de loos les sièdes.
<i86tj Causas /^pernalkreiieiesi niieux..Les esprits ne
vol qu un degré pies ôlerc dans la. grande écbeile des
txes et de to créalion. N'admellons-nous pas une moUi-
sde de caoses inappréciables par les seus ? Il ne s*a^t
cMie que de savoir si panai ces denders U y en a diotel-
^nU. Voilà tout.
4 186S) Avis a beaucoup de théologiens,
418^6) Cest ee qui va bienl6t arrlfer sans qu'on ait à
-oindre le retour aux bûchers de ta politique On peut
ïloumerà l'Evaugile et à PlaUmsans rélro^ader jssqn*à
taiMnpe II el même jusqu'à Louis XIV.
ilH^) Cest le détail des faits qu'il faut lire. Loi seul
iel il nu la force étales raisons de la couviciion. Voyez,
assez. U fallait dire encore avec qn«l soin les liiuels
distinguaient Us affections nerveuses, simples, leiks
que rbystérie, l'épilepsie, etc., de celles qui pou-
vaieut offrir le caractère magique ; il (albii mettre
certaines p^ges de pathologie cléricale en regaid des
accusations ordinaires d'ign^.raiice, et ce ne serait
pas sans étoo. émeut qu'on parcounait cei laius trai-
tés émanant des sacria^tits, 1 1 que Ton croirait plu-
tôt fouvrage d'une plume contemporaine. Il fallait
insister davantage enecre sur l'excessive pruiience
avec laquelle le clergé recommandait avant tout de
recourir aux médecins « et les précautions inOiiies
qu'il enjoignait à ses nicmb; es punr ne jamais agir
que sur le dire de ceux-ci. C'e^t donc, s*il y avait
envur et faute, c'est donc suiioutstir les médecins
qu'il convenait de la rejeter. Il nous reste à \o\t
comment M. Calineîl en va parler et que'le opinion
il va nous donner de ces esprits si eménébrés,
disait-on. c Parlons avec autant de vénération que
Ton voudra de ceux qui leur snccéJérciii, niais
voyons enfin ce que uons devons cioire de ces
hommes émL.ents par leur talent et leur savoir
(c'est U. Calmeil qui parle), placés tout à fait en
dehors de la eorpor.itio;i du clergé, et parmi lt*M|uels
on peut citer surti^ut Barthélémy de Lépiiie, Feriicl»
Ambroise Paré, Bodin, Letoyer, llogurl,! « te.
• FernrI, qui s'est acquis rimmortaLté, non- seu-
lement par ses ouvrages de médecine, mais encore
en procédant expérimentalement et par le calcul, à
la détermination de la grandeur de la terre, posbéda
queh(ues iiotioas sur la frénésie, l'épil^ie, la
manie, Thypocondrle et la mélancolie^ dont il admet
plusieurs espèces... Selon lui, les possédés n'isem-
blent aux maniaques ordinaires, mais ils ont 1^ pri-
vilège de lire dans le passé et de deûiier les ch«)ses
les pins sectétes... Il a été témoin d*un cas de cette
sorte... qui fut d*abord méconnu par les plus doe-
les médecins de Tépoque (1867).
t Ambreise Pare, ce prince de la cbimrgie mo-
derne, décrit quels signes les démons peuvent don-
ner de leur présence... mais insi.^te surtout sur
Fentassement pir eux, dans le corps des jiersonnes
vivantes, et notamimnt ches Ulric Nenssesser, de
dous, épines, cheveux, lames de fer, etc.
c Bodm n*a qu'un but, clIuI de démontrer que
les démonolàlres ne déraisonnent pas, que leurs
assertions ne dénotent aucun vice de la sensibilité.
c IVier, qui n^est que trop versé dans la scienee
des démons, n'en po$e pas moins les vrais fonde-
ments de la pathologie mentale. (P. 190.)
c Leloyer, malgré ses convictions sumatni elles»
émet néanmoins, dans son chapitre des sens corraoh
pus^ été remarques d'une haute inipo: tance sar len
méprises possibles de ta vue, de l'ouïe, etc.
« Plus tard, les Pï^iir, les Sylvius, les Sennert, len
Willis et les Bonnet ayant contribué à asseoir U
physiologie et la pathologie int;:llectuelles sar îeurt
véritables bases (p. 359), peut-être va-t-il nonsétm
periuta d'espérer de leur pnri une réforme radicaln
sar les superstitions en question?
« Pas le moins du monde. Félix Plater,qni dîf «
court si bien sur la pathologie cérébrale, sur l'épi-
lepsie, rhypocoudrie, la métancolie, ta manie. In
chorée, n^eu est pas moins convaincu , d'aptes œ
par exemple, dans les Œuvres oniverMlles de ee Femel,
le rédt de la maladie d'un gentilhomme, i maladie ountre
taqœUe, dit-il, nous Ornes luus nos efloris pendint deux
mois, étani de plus de cetU lieues éloi^iés de la vraie
cause,., lorsque, le troisième mois, l'espnl se déetara do
loi-méme, parlant par ta boocbe du malade, du grec et do
taUn à foison, encore oue ledit matade ne rai rien en
grée. Il décoo\Tit alors les secrets de ceux qui étalent là
présenta, et principalement des médecins, se moquani
d'eux pour ce qu'il les avait circonvenus, et qu'avec leufa
médecines inutiles Ito avaient presque Ciii mourir leur
malade, i etc. Ce fait se renouvelle tous les jouri. m ta
l'e^if n*en avertit pas les médecins, et pour cause.
f551
dictionnaire: apologétique.
f^
q(i*il a Iniméme observé, que la folie démonbqae,
loat en présenlani à peu près les méroea sympiômes
qtie ta manie ou la mélancolie ordinaire , peut ce->
|iendani en être dialinguée par des signes presque
certains. (P. 375.) Ces signes sont : c Les courbu-
res eilrao:dinaires du corps, la prédkUon^ la divi^
tiaiion des choses cachées, le parler det tantjues non
sues avant la maladie, > eic. (P. 576.) Et des lors il
fentnie ces derniers malades ans ibéologiens.
c Et pourtant crouvragc dePlater, dit M. <:almetl.
(P. 577), s*il éuit possmle d*en retrancher ei^ pars-
bages, pnraitrait avoir été compoU tout récem"
ment, >
4 Sennert, (|ui définit si bien la manie, une lésion
de rimagination et du raisonnement (p. 581), n*en
reconnaît pas moins qu*il existe une variéié d'extase
qui est provoquée par des influences diaboliques*
(P. 583.)
( Enfln Thomas Wiltîs, dont les écrits concernant
les diflérenls genres d*aflectious convulsi\es, la ma-
nie, la mélancolie, la frénésie, le délire aigu, Tapo-
plexie, la paralysie, le cauclieuiar, le Yerti^c, etc.,
refirésentent un traité complet de pathologie encé-
phalique; Willis, qui excelle en général, dans la
distinction des maladies en espèces,.,, avec lequel il
y a continuellement et beaucoup k aj)prendre, tant
sas connaissances en analomie, physiologie, patho-
logie de l'appareil ncrvc ui, sont des plus étendues
(p. 588) ; Willis, savant du premier ordre (t^f^i),
névrotomiste aussi savaut qu*habile, et qui, poui la
première fois , s*enipare de la stimulation , la fait
voyager dans le cer\eau, le cervelet, à travers le
bulbe racliidîen et la t*ge rachidienne, à travers
toutes l**s subdivisions du système nerveux, etc. (u.
400) ; Willis enlln , f qui possédait. Il y a près oe
deux fclècles, la plupart des C( miaissances que nous
sommes si tiers de posséder aujourd'hui (p. 406)...»
£h bitu! Willis « en ce qui concerne taciton dei eê-
prit$ sur récoiiomie humaine, nes*en prononce pas
moins et «niu restriction pour Favis des logiciens. 11
ne répugne nutkmeiii à la raison de ce théologien
sévère... d'admettre que l&m.e peut être momenta-
nément éclip^ée, que les démons peuvent, en quel-
que sorte, en* s*insinuant dans les couloirs nen eux,
agir à sa place, au moins dans certaines limites, et
il professe que c'est à l'action stimulante de ces
êtres nuisibles, ou à celle des poisons subtils qu'ils
ont Fadresse n'introduire dans l'organisme, que sont
dues tniiie lésions fonctionnelles, et surtout celles
que l'on note sur les véritables éuirgumèues. » (P.
407.)
t Quel point de vue tout nouveau! Quelle léhabi-
liiation magnifique ! Et c'est un savant du premier
ordre, c'est le docteur Calneil qui la fait ! En vé-
rité, de là à changer en lumières tontes les ténèbres
du moyen &ge, il n'y a pas loin!
cNous le demandons encore avec une égale oon-
fianee, après de tels aveux, avec de tels complices,
de telles illustrations, auxaiielles M. Calmell eût pu
ajouter surtout le célèbre Uoffroann, et même plus
d*uo docteur contemporain, quelle justice y aurait-
il maintenant à rendre le clergé responsable de sa
superstition pneutuatologique enié..ébrée ? D'un eôté
il voyait toute l'anliquiie profane et sacrée, les plus
frands génies qui aient illustré la terre, les saioi^es
Icritures et la foi évangélique, les professions de
foi médicales les plus iliusties, les jurisconsultes les
plus célèbres, le témoignage continuel de ses sens,
un nombre effrayant de faits véritablement prodi-
gieux, et par-dessus tout, les aveux constants, uni-
iormes, explicites, des misérables qui confessaient
leurs crimes, fruit de leurs accointances surnatu*
relies... De l'autre côté, ilen, absolument rien, si ce
n'est Its dénégations maladroites et fondées, corn*
me chez Duncaii, sur des suppositions absurdes et
imposaitles de^ jongleries*». Que vouliez- vous qu'il fit
et professât à son loort .. Vôos Rôtis Favez dii,
M. Calmeit : f 11 n'était pas libre de choisir, i
« Vous nous répète? encore plusieurs Ma: * As*
jourd^hui la puissance magnéfsqoe développe ées
{ihénomènes tout semblables,.. • et Pélat 4e ces na-
ades ressemble f rati pour irait k eelol et bos sua*
nambules magnétiques.. • • Unis lorsifiie nous cher»
citons à deviner votre opinion sur cette tpuissancett
sur ces somnambules, nous noos apefeevoos qie
pour rendre l'analogie |>lus complète, vous leur ava
lait subir le même traitement qu'à tos malades,
c'est-à-dire que vous les avez motllés jusqu'à ce
Îu'ils s'ajustassent parfaitement sur le» premier*.
.insi, pour vous les iJrsolines acqaérsit'iil nncphté-
tration iTesprit tiififue, et les somnambules con-
versent c sur des objets qui leur soni nresquf éiraa-
gcrs; t mail vous vous; gardes bien de sorur ^ tt
Krogranime. De même encore que vous taisez Hiei
ts premières la révélation des choses secrcles, Po-
béi&sai ce aux vœux tacites, le par'er des langues
étrangères , etc. ; de même ai^ Sai vous les refusez aux
somnambules ; et c'est vraiuHïnt beoreos , puisqae
dans le cas oà une »eule de c s mille citations (doftt
un grand nombre cependant émanent de vos pair»)
eût trou\é grâce et erédit li vos y^'us, vous «.'éi-biez
soiennelleiiieitt i qu'il ne vous répugnerait aocvce-
ment alors d'ajouter foi aux assenions .le To«rallia,
des possédés de Loudun, etc., mais quM faudrait en
même temps se lia ter de jeter sa feu loo^ lesécrH»
modernes sur l'aliénation mentale, car ils ne sr-
raient plus alors que de piloyabla romaos- f (T. H,
p. 475.)
f Non, non, monsieur Calmell, ces romans rcnfef*
ment trop d'histoires , trop de recherebes , trop de
I^énie scientifique pour être ai isi sacrifiés, et, locs
es autr«!S le lussent >ils, les nôtres ne le seront ja-
mais, mais vous les compléterez, et vons ne craia-
diez pas de revenir à Tavis de ces grands maliKsH
noblement venges par vous tout à Tlieore; comme
eux vous finirez par séparer soignrnsemesit des ne-
vropathies normales ces névropathks msfuériemses
qui forment uite classe toute spéciale, es se diiti»-
guent des primiètes, précisétnent par ces méaies
traits qui dislingurnt le somnambulisme snm^tiqu
du somnambulisme ordinaire,
• t Et si vous nous permeuez de toos le dire, vons
les distinguez déjà paifaitement, et vous n'élrs pâas
séparé de la vérité que par un cheveu ; car voici,
par exemple, un fait que vous admettez, ei s^ni k tat
seul déciderait la question: c'est celui qui consiste
dans racconiplisseraent ponctuel de U prédidioa
somnambulique. Oui, vous radmett*fz, psusqaevoiis
dites : « On s'aperçoit bientôt que si, daus ée um*
blables cas, tes prédictions des somnaoïbales «'«(-
compUssetit ponctuelletnent , cela tient... ( vojow ! t
non pas à ce que les extatiques voient les meuve*
nients qui se préparent h présent , sott dans Imrs
organes, soit dans les organes des antrea, mais biea
(voyons encore!) à ce que l'action du eerrran ai
pour ainsi dire reflétée par Tintermé liairedcs nerb
sur telle et tel!e partie, soit de leur maehiae, sea
de celle d'autrui (quel aveu!) C'est doae porct que
le somnambule e^t convaincu maintenant fm'it aara
un certain jour la migraine, des attaques oqwbI^
ves, ou parce qu'il a réussi à persuader q«i*an aun
tel ou tel accident, qu*en réalité tous ces accâdeut^
surviennent à potiii nommé, i (T. Il, p* 483.)
cAh ! ceci, par exemple, devient un peu iiofi l^rt.
Pour enlever aux somnambules la prévision de Tt-
venir, vous leur accordes la puissance de rîa-
fluence!
f Nous craignons bien que de Charybde vous ae
soyez tombé dans Scylla, et que œ denùer êMam,
ne soit bien auirement profond que le premitt'.
« Mais, encore une fois, laissons donc Ùk le magM^
tisme, qui peut nous offrir ^ coup sAr de fr^qoeuies
analogies , mais analogies en miniature^ auprè» éa
«533
NOTES ADDITIONNELLES.
1551
Jjrges traiuqoenons Tenons d'esqaitser. Dissimiile-
i-il ses forces sujourd'bni, on varie-i-il ses phéno-
mènes soifant les temps, les individus, les théâtres?
£n uii mot, y a-t-il ideniité pftrraite, oa seiilemenl
une sorte d'élément sptiltuel et commun où les es-
priu bons et maoTais pourraient puiser également
lour k tour? Ik repose toute la question , et sans
la résoudre enilèremcut dans ce mémoire, nous ne
le terminerons pas sans Tatoir bardlmeni atu •
qoée^l868).
c Notre but principal est atteint, et désormais
Doos n'aurons plus à Tontinoer qu'une démonstra-
liou commencée. Devant ces nouvelles et nombreu-
ses confessions d'une science interdite et rendue,
qui donc oserait roiitinoer encore les pauvres rail-
leries de Fontenelle et de Voltaire sur ce qu'ils ap-
pelaient les sottes'crédulîtés du moyen &ffe? Vous
ravez entendu , c*est la science la plus uaule qni
réhabilite ces sottises , et pendant que ceruins oé-
positaires de la vérité détournent eux-mêmes la
tète en souriant, cette science nous y ramène, nous
les retrace avec effroi, et se demande en tremblant
si ces terribles ennemis ne se cachent pas atijour-
d'bui sous des dehors et sous des noms moins re-
doutables. Quelle leçon ! Le comte de Maistrc nous
prophétisait, il y a quelques années, c que nous rl«
rions bientôt de ceux qui riaieut naguère des ténè-
bres du moyen âge. > Or, réiiélons-ie bien haut, la
prophétie s accomplit tous les jours, et, |iour sa
part, le docteur Calmeil vient de l'accomplir dans
la science médicale. >
NOTE XVII.
(Art. PsTcnoLOGiBy § VUI.)
DE L'ORIGINE ONOMATOPÉIQUE DU LANGAGE.
L'origine onomatopéi<|oe du langage, soutenue
p;)r Court de Gébelin, et encore admise par quel-
ques Français (1869), a été bravement précisée par
rAn{{lais li.iriay en neuf monosyllabes représentant
ti>ute sorte de coups et desquels il dérive toutes les
langues de la terre, différentes de forme et de fond,
U hasard ne céant que des individualités dépa-
reillés.
Cependant les calculs d'un mathématicien (1870)
^t;iblissent que six mots pareils dans deux langues
appnirnt par dix -sept cents chances contre une la
lirobabilita qu'ils sont dérivés, dans l'un et Tauiie
cas, de ^uelôue langue-mère ou introduits par coui-
inonicatiou. Huit mots pa.eils donnent près de dix
mille chances contre une, c*e8t-à-dira une certitude
â peu près entière. Que serait-ce lorsque les mois
et racines seuiblables montent à plubicurs milliers
rn des langues sépaiées par la longueur totale de
la chronologie ou par la moitié de la circonférence
Ju globe (1871).
L'argument tiré des immigrations est surtout fa-
ioral)lj à la dispersion des langues rayonnant d'un
•ronc commun. 11 ne peut aider lo système de la
ijétiération spontanée et universelle du langage»
(u'en faisant étouffer entièrement l'idiome aiitvCh-
i«itte par le langage importé ; ainsi tout devrait être
lanois dans rangiais après la conquête danoise;
ott Iraoçais apr& Guillaume. Eu C3 cas Tautoch-
hone se présume, mais ne se prouve pas. Si, par
lasard, on en découvre des tiaces, elles ne doivent
«ssembler à rien ; mais l'anglo-saxon est goib, le
elte est sanscrit!
Comme dernière ressource, pour soutenir les
leui originalités, malgré la ressemblance, on ad-
iiet la sniilitude des résultats par la similitude des
rganes en action et des forces en travail. Cela
eut dire apparemment que les alphabets de tous
u peuples sont bornés à une quarantaine de sons,
i que la grammaire générale peut être enfermée en
ne coutaiiie de propositions. Lei élémems de l'ins-
'umeni nommé kaléidoscnpe n'était nt pas si nom*
reux, el 1*00 a estimé à plusieurs millions les
omb.oaisous possibles avant que la même se re*
( 1868) « 0« verra dans la suite de ce mémoire combien
t Dcvropalbles, toutes semblables, subsisienl eocore à
icore qu'il est dans nos deux bcmisphères, el combien
i malbeureiix sont victimes, au ux* siècle, de Toubll
un vieux dogme et des obstacles qu'il savait opposer au
bu. >
(1869) Cam. DoniL, fsp/kalîon des kiêfO^fokeê.
{ 1870) L'Ioltblive par les onomatopées est une tooclion
>p miolme pour la mettre eu balance avec la masse
Mirme de convenu, c*esl-k-dlre de trodilionijel, qui lait
fond des langues. Les lettres clappantes des Urcassicus,
produise deux fois! La génération spontanée et
multiple des langues ne peut doue eipliquer ni les
ressemblances , ni les différences des idiomes.
Quand les questions montent dans les nuages
métaphysiques, il y a des chatoiements capables
de mettre en contradic;iou des intelligences aossi
éminentes par leur savoir que par leur force. Fréd.
Scblegvl commença par croire l'esprit humain ou-
vrier primitif du lanf^ge et finit par admettre ex-
plicitement la révélation divine du langage. Noos
trouvons, comme lui, une afli malien sur bonnes
preuves bien préférable à des discussions sans ftu
et à des vagabondages dans un labyrinthe sans
issue. Nos bonnes preuves sont déjà fournies : nous
avons retrouvé expérimentalement les débris d'une
langue primitive dans les trois grandes familles sé-
mite, indoue, océanienne. Nous pouvons liardi-
ment formuler le dogme de l'unité de l'espèce hu-
maine et delà imputation de la lerie par une famille
graduellement élargie. Les individus cl les nations
ont largement usé de leur libre initiative en combi-
nant, coangeani, rénovant selon les forces et les
caprices de leur esprit ; mais ils travaillaient tou •
jours sur une trame première, sur un patron pri-
mordial et traditionnel. C'était |>lus que le valsseati
de Thébée, puisque plusieurs pièces n'ont pas été
altéréi» ; plus que la goutieli tie de iFang, béritafje
matt rnel prétxistant dans l'œuf avant rébauebe du
poulet (187i). L*u fait non nioiiis certain et non
moins admirable que la parenté des langues est la
fabrique de plus en plus savante et compliquée de
ces langues a mesure qu'on en rcnioule la généalo-
Î[ie. L'anglais est plus simpte que le français et
'allemand ; ecux-ci {dus simples que le latin, lu
goth, le sauKrit. L'aïeul ou les aïeux inconnus du
sanscrit durent être plus vastes, plus comprèbeu-
sifs!
Nous pouvons raisonner ici comme ITerscbel rem-
plissant de solrils la voie lactée explorée |)ar son
télrscope : plus nous approchons de 1> oj et plus
rimuieusiié est admissible ! Ici elle a de plus fa-
vantage de se trouver à la portée de rintellii^euce
commune.
Caffres otHottentols^ne sont qu'une variation dessehoin-
tanles slaves et s6mlies ou des sUHantes de tous ks pays.
Si les bruits naturels oot eu une InOueoce plus latge, eeC
élément humain sera de plus belle impuissant k rendro
compte de U ressemblance des langues. Les bruits natu-
rels les plus umformes partout, sont Justement ce que les
langues ou unomatopiîes nationales représentent avec U
plus iucroyiïile variété.
(iS7i) TouxG, Tramac. oftke ro^. Soc*
(1872) Isid. 6ociiK»5, Phyi, eomp.
I33S
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
NOTE XVIII-
(Art, Races ucmaines, S 111)
HISTOIRE DE LA PEAU.
4S5(
Les variétés dans b eon.eur ei la ronieiittre 4cs
tégitineiits iniernes el eilernes dépendt-iit do l'or-
ganisalion de parties qui sont en quelque sorte ex-
ira-cuiané s. C's parties appailiennciii à ce quon
appelle quelquefois Teiiveloppe cernée du corps, et
elles seul souvent, quoique à tort, F.préaemefS
comme éianl de nature inorganique, ou tout au
moins comme ne possédant pas de viulite psopre.
C pendant elles sont réellement douées de proprie-
lés viulcs particulières, et présent nt un mode
d'organisation très- remarquable et irès^curifux»
dont Ips principaux caractères ont éié réccfimieiU
constatés par des recherclies microscopiques. U ail-
• leurs ces lechercheb ne peuvent pas encore être
considéiécs comme compléus, el il reste même
l)eaucoup à faire pour que le suji^t soit complète -
ment élucidé.
On a pensé jusqu'à présent que les différences de
couleur ou de tfint sont moins importantes, pour
la séparation à établir entre les races, que quel-
ques autres caractères et p;irticu!ièreoient que l<*s
différences dans la forme du corps et dans la^ coud-
i(4iratîon du crâne. Cepi-slaut tHi savani français»
incn connu pour retendue et rexaclitude dn ses
rechercfces sur divers sujets relatifs à TaBaiouiie et
à la phybiologle, M. Fiourens, considère les diffé-
rences de couleur comme constituant, pour les di-
verses races, im caractère plus essentiel qu'aucune
autre particularité. Les raisons de cette opinion
seront développées dans tes pages suivantes.
C'est une remarque commune qu'il existe entre
la couleur de la peau ou le teint, et la couleur des
cheveux et a'ile des yeux , ou plutôt de l'iris, une
certaine correspondance. Le fait est yrai comme
obscnalîon générale, mais il est sujet à beaucoup
d'exceptions, particulièrement dans les individus et
dans les races qui ont les cheveux noirs. Parmi le&
Européens, les deux variétés les plus marifuées de
teint sont celles qui se montrent chez les indivi us
que les Français désignent par les mots de blondi et
tie bruni. Les uns ayant les yeux bleus, des che-
veux blond clair et la |>eau blanche ; ks autres
ayant les yeux noirs, la peau brune et les clieveux
noirs. A ces deux variétés, nous ilevons en ajouter
une troisième, qui est la variété albine, regardée
comme une sorte de monstruosité, mais seulement
peut- être parce quelle est kaucoop plus rare que
les précédentes.
Dans les contrées du centre de lEurope, la plu-
prt des habitants ne sont, à proprement parler, ni
blonds, ni bnins ; mais leur teint tient le inili< u
entre ces deux extrêmes Les blonds prédominent
dans les contrées septentrionales, et les bruns dans
les contrées méridionales. Si nous divisons les
races humaines d'après ces trois variétés, fondées
principalement sur la couleur des cheveux, nous
devons considérer le groupe des bruns comme com-
prenant de grandes variétés qui se montrent dai.s
la couleur de l'iris et dans la teinte de la peau.
Chez plus'eu s nations qui ont généralement les
cheveux noirs, l'iris est souvent d'un brun foncé ou
de couleur chocolat, comme parmi les Chinois;
ehez d'autres, il est fréquemment vcrdàtre ou noi-
sette, comme dan» quelques races de nègres du
'ISongO ; c hez quelques populations à cheveux ooîrs,
1t cat gris et même bleu. Ce sont autant de dévia-
tions de lacouUur dominante, qui estnoiràire quand
les dieveux ^ont noirs. La tendance au développe-
ment des teintes claires n'apparaît donc quelque-
fois que dans la couleur des yeux, la peau demeQ-
raut très -noire. Dans d'autres cas, ou oUserre eo
outre que la peau est blanche ou plutôt éiîulée.
Dans quelques-uns enlln, le« cheveux eux-mèins
varient et deviennent jauues ou rouges, ei cela ar-
rive même chez les races à peau noire; cependant,
en pareille circonsUnce, la couleur de ia p^tay
prend généralement une nuance plus claire.
Ces variations apparaissent, comme noua le proo-
verons par des exemples, chez des enfants nés éi
p:irents bruns ou même chez des enfants i^sas de
niées noire» ; mais des changements analogues m
manifestent encore chez un même individu consi-
déré à dâerfioles époques de sa vie. Des enfsnu nés
blonds et coulinuant à avoir les cheveux brun clair
pendant leur enfance, arrivent souvent h avoir d»
cheveux noirs en approchant de Tâge adalte. Une
semblable transition tiaiisforme qut'lquefois en
blonds des individus qui d'abord ne |>ouvaieBt être
compris que dans la variété albine. Dans ceue der-
nière variété, la couleur de l'œil est rouge, prre
Îue, en raison de la matière colorante de nris«t
6 celle du pigment noir qui tapisse le chorokie. la
lumière réfléchie prend une teinte rosgc&tre ea tr^
versant les vaisseaux sanguins iranspareois de Tins
et des parties internes de l'œil. Ce défaut, joint à
l'absence totale de matière colorante dans les che-
veux et dans la peau, constiiae le véritable aAk-
nisme. Quand la matière colorante, qui n*exisuii
pas dans Penfance, vient plus tard h se prodni e,
le teint du blond succède à celui de TallMBOS. Il est
au reste plus commun, comme nous TaTcms dit,
de voir le leint de brun remplacer le teint de bloud.
Les observations suivantes qui oflreiit plusievracas
auxquels s'applique celte remarque, sont estmitoé
d*un e\celleHt mémoire du professeur Gravts, de
Dublin.
< L'année passée, dit notre auteur, le docteur
A$cher5on me lit part d'un cas où il avait va .e
pigment de l'œd se développer chez un eoraot albi-
nos &gé de trois ans. Cet enfant avait ea Baissât
les cheveux blancs et les yeux violets, avec les po-
pilles rouge foncé ; à la un de sa ut>isièiiie ansîêr,
ses cheveux étaient blonds et ses yeux étaieia blee^,
mais ils conservaient encore à un degré trèa^reniar-
quable, quoique moindre qu'aup»ravant, ccue mo-
bilité et cette agitation particulière à l'albinos. CTé -
lait alors le seul cas «le a^tte nature dont i*eQs*e
entendu parler, excepté l'exemple cité par Michaê-
lis dans Blumenbach (Bibt'Mthèque de médeeme^ vo-
lume m, page 679), exemple qni encore ne n-pese
que sur rautortté inceiUine de quelques paysaue.
Par un hasard assez singulier, j'eus bieatét la benne
fortune de rencontrer moi-même u:i cas seasbUlde,
Dans ma jeunesse, vivaient, non loin de chez laoi,
deux enfants, le frère et la sœur, donl les }etfx,
les cheveux et le teint offraient à un tel de^ré les
caractères de la Uiêcoëh, qu'ils étaient redonnas
pour albinos même par des personnes étratx^ères a
la médecine. Dernièrement, j'eus occasion de ins
souvenir d'eux en lisant dans un jouinal an avrr-
tiss' ment où leur nom se trouvait : j'apptîs que ^
frère était devenu marchand de tabac; en amnt le
voir je trouvai, k mou erand étonneoient, fve «s
yt qx, de violet rouge qu ils avaient été, étaîeat de*
venus gris, et que ses cheveux, de blancs éuîeat
devenus blonds; la sensibilité morbkie Ue^ )cux»
pour la lumière avait aussi grandement diminMée. •
Le système dans lequel touies ces vasiéiés aat
leur siège est le système exira-corial ou esodenaal.
1537
NOTES ADDITIONNELLES.
1358
ieaw\ consiidic, si je puis nrexprimer ainsi, Ten-
veloppe externe du corps, enveloppe exiérieore
inénie à U vraie peau. Ce sysiénie auquel appar-
rienneni, chez les animaux, les diverses produciions
cornées « comprend, quand on le considère dans
rensemble des veriébrés, non- senlemeni li s cornes,
mais aussi les sabots et les ongles en général, ]i4
(b'veux, les plunuss et autres appendices de même
nature. Les diversités qu'il nous présente dans sa
couleur, sa constitution et son organisation sont
inOuies, et c*est certaiuemeut, de tous l(*s tissus du
corps, celui qui est le plus variable. On a fait, de-
puis quelques années, de grandes recherches rela-
tivement a la nature et à la texture des parties d*«ià
dépend la variété de couleur, et, aAn d'obtenir à
cet égard des notions tant soit peu satisfaisantes, U
sera bon d^embrasser d*un coupd'ceil rapide Tbis-
loire de ces investigations <}ui ont conduit leurs
auteurs à des opinions qui, il faut le dire, ne sont
pas toutes parfaitement conformes entre elles.
Les anciens auatomistes ne connaissaient que
deux des parties dont se composent les t^uments
communs; ils 0*avaientaucut»e idée<i*un tissu inter-
posé entre la vraie peau, c*esl*à-dire le deime (ap-
pelé aussi quelquefois corium)^ et la peau extérieure
ou superficielle, c'est-à-dire Tépi. terme; ce sont
là d'ailleurs réellement les deux parties principales
de IVnveloppe téguroentaire commune, tant chez
riionime que chez tous les mamm.féres. Eu géné-
ral, le nom d*épiderme ne ^'applique qu*à la por-
ti'tn de IVnveloppe superfici«.'lle qui revêt les pariies
vériUiblement extérieures du corps, et celle qui se
continue sur les surfaces intérieures est désignée
plus particulièrement sous le nom d'épUhélinm. Au
reste, quelques personnes ne font point cette dis-
lificiion, et emploient le root épithélium pour dési-
guer iVpiderme, aussi bien que Tépilbélium propre-
uir*ut dit.
Le célèbre anatomiste Malpigbi fut le premier
qui découvrit une troisième couche interposée entre
le derme et Tépiderme. U vit que le siège de la co-
lotation du nègre ne se trouve ni dans répiderme,
ni dans le derme, C' s deux parties de la peau étant,
clii'z rhomine noir, de même couleur que chez
TEuropécn. Quelque temps auparavant, Malpighi
avait découvert dans la langue du bœuf une mem-
brane muqueuse, de texture réiiculaire, située au-
dessous de l'épiderme, et il supposa que la mu-
queuse qu'il venait de trouver en pareille situation
daits la peau du nègre, c'est-à dire placée au-des-
sus du de me , devait avoir la même disposition,
l^e cette supposition naquit Texpression restée sî
longtemps populaire de rete mucosum.
Albjnus rectifia plus tard l'observation de Malpi-
ghi, et il montra que la substance colorée qui s'é-
tend entre le derme et l'épiderme forme une mem-
brane continue. De son temps, ou admettait ^ue la
peau du nègre se composait de trois parties distinc-
i*-s : le derme blanc, I épiderme de couleur cendrée,
H le corps muqneux noir.
Longtemps après Aibinus, Cruikshauk, dans une
éiie (Tuiisenratious sur la peau d'un nègre atteint
le la petite véro'e,ne découvrit pas moins de quatre
ouchea interposées entre Tépidermeet h vraie peau;
ttiix placées au-dessous de la couche colorée, cette
oucbe elle-même et une autre placée an-dessus. Ces
(Cbercbes furent continuées par G. A. Gaul-
ier (1875), qui s'appliqua principalement à exami-
(1875) Recherchée tur CorgamstUion de la peau dé Vhùnh
^ : Pjrin, 1809, in-8'.
( (h7 i) Recherches anatomiqueê sur te corvs muqueux, ou
fpareil pigmentai de la peau dans V Indien Charrua, le
'*jre et le mutàtte, par M. Flocbbns. (Annales des sciaices
nurellea^ ii* série, Zoologie, t. VU, p. 156.)
r tmi) Cette race a été (oui à fait ex terminée. Les deux
•li\ ido» qui furent examinés par M. Flourens avaienl.élô
(••^cs en France d'un pavs voisin de l'Uraguay. Leur
ner les effets des vésîcatoires sur la peau du nègre,
et il trouva anssi les quatre couches, savoir : une
composée de bourgeons vascnlaires sanguins, qu'on
a nommée le corps papillaire; une seconde, que cet
auteur nomme membrane albugviée profonde ; puis
un*', autre formée d'une substance brune. (la couche
do matière colorante); enûn la membrane albuginés
sunerlicielle.
M. Flourens a essayé d'arriver enciwe & une plus
grande précision. Dans les préparations qu'il a mises
sous les yeux de Tacadéniie des sciences, il a montré
entre IVpiJerroe et le derme quatre concbe^ distinc-
tes, sans compter le corps papillaire ou vasculaire
dont nous avons parlé plus haut. Les découvertes de
ce célèbre anatomiste sont extrêmement curieuses
et l'ont conduit il d'importants résultats. Les quatre
couches qu'il reconnaît sont : 1* une qui repose
immédiatement sur le derme (celte première mem-
brane est de structure celluleuse et forme un tissu
réiiculaire) ; 2« une membraut- contio'.ie et qui a
l'aspect des muqueuses ordinaires ; 5* le pigmeni
noir, qui repose sur celle-ci , et qui peut être con-
sidéré comme constituant une couche, bi<n qu'il
n'ait pas assez de consistance et de cohésion
{>our recevoir le nom de membrane ; 4* enûn, la
ame interne de Tépiderme, qui est placée au-dessus
du pigment coloré, et qui forme la quairième cou-
che.
De ces quatre couches, la seconde est celle qui
doit fixer le plus particulièrement l'attention, d'au-
tantmîeux que, selon M. FlOurens, elle constitue un
corps organisé distinct, qui se trouve seulement cliez
les nommes à peau colorée et manque complètement
chez les blancs; chez ces derniers, du moins,
M. Flourens dit n*avoir pu la découvrir par la mé«
tbode ordinaire de la macération (1874).
Le pigmenium^ ainsi que nous l'avons vu, est
étendu sur la membrane muqueuse, et lorsqu'il est
mis à nu par la macération, il est beaucoup plus
foncé qu'il ne le ftarait h travers la denù-trauspa-
rence des deux épidermes. La surface interne de la
couclie muqueuse est hérissée de prolongements qui
passent par les interstices du tissu cellulaire et vont
se fixer au derme. Ces prolongements, qui forment
la gaine des poils, se portent jusque sous leur racine
et paraissent constituer la lame intei nedeleur bulbe.
Ou ne les trouve que dans les régions où il y a des
poils. Quant k la membrane pigmenlak même, elle
est d'une consistance partout k peu près égale, et
assez épaisse pour pouvoir être divisée en deux
fcuilleu : c'est sur sa face extérieure que la subs-
tance colorante est étendue. Cette dernière subsUnoe
comme nous l'avons observé, ne forme point une
membrane distincte, mais une simple couche, uh
dépôt, une sorte d'enduit; elle est recouverte par
une véritable membrane continue, qui est la lame
interne de l'épiderme.
M. Flourens a démontré, au moyen de la macé-
ration, l'existence de toutes ces coucbes dans U
peau d'un nègre, dans celle d'un mul&tre, et aussi
dans celle de deux In.liens Cbarruas, indigèoes de
l'Améf ique du Sud (1875) qui appartiennent à une
race de couleur tiès-foncée. La même méthode de
macération , essayée sur la peau dune personne
blanche, ne pnt lui faire découvrir ni la membrane
muqueuse, ni le pigmeiitum qui y est déposé. H ne
trouva, entre le derme blanc et la lame externe de
l'épiderme, rien autre chose que cette laine Interne
leinl éuit aussi foncé que celui de berocoup de nègres,
et le nom de peaux rouges, que Ton donne assez génè^
ralement à tontes les tribus ami^ricaines, n'aurait pu asso-
rument leur convenir. Don Félix d'Azara a lait la même
remarque sur la peau des Indiens de celte même tribu,
l.es Ôiamias étaienl des hommes tris-féroces, d'un ca-
ractère Uçilume et sombre, et qui, bien dilTéreoU en
cela de leurs voisins îea Guaranis, parussal*^ w— ^ki^
de recevoir aucune civilisation.
fS30
DlCTIOiNNAlRE APOLOGETIQUE.
m
tie répidertne do;it nous av^ns déjà rjîi meDtion ;
r'est, pour 1« remarquer en passant, dans ce second
épiderme qu*il croit reconnaître le siège de la cou-
leur brune qui se produit dans le teint des blancs,
p^r suite d*une longue exposition à la chaleur du
soleil.
M. Flourens n^est pas le premier anatomiste qui
ait essayé sans succès de découTrir le rete mucoêum
dans la peau des blancs. Il y a longtemos que le
docteur Gordon en a également reconnu rimpossî-
bilitè après avoir essayé de tous les moyens ordi-
naires.
M. Fllourer.s, avons nous dit, établit dans le mé-
moire dont nous venons de citer des et traits, one
raliération qui se produit dai.s les pennx Idancoes
par Tartion du soleil, a soa siège dans la lame in-
terne de Tépider me; dans un mémoire postérieur,
Il s*altache à démontrer que celte même membrane
est le siège de la coulenr brune que Ton observe
chez les femmes dans Paréole mammaire (1876).
Sœmmerring a depuis longtemps annoncé que
répiderme, chez le nègre, est d une feinte plus brune
et plus obscure que chez TEuropéen ; mais otfe
assertion ne ctnncide pas avec Topinion h Uquelle
M. Flourens a été con 'uii p.ir ses observations. Ce
dernier, en effet, consiitère raltéraiion de couleur
qui se proJuit, sous Tinfluence de diverses causes»
dans la peau des blancs, comme étanl, par sa nature,
totalement différente de celle qui est natutelie k la
peau du nèpe, et comme nyant son siège dans un
tout autre tissu. La première altération, selon lui,
dépend simplement d'une teinte accidentelle de Tépi-
derme, tandis que la fouleur du nè^re est donnée
par une membrane particulière qui ne se tr«>uve
point chez les races blanches. M. Flourens é ablit
ainsi une ligne de séparation très-distincte entre ces
deux divisions du genre humain. Il considère \n di-
versité en question comme constituant une véritalle
distinction spécifique, ou, en d*autres mots, comme
prouvant que le nègre et TEuropéen appartiennent
a des rspèces différentes. En effet, rexlsteiice d*un
tissu tout à fait particulier â une race, d^iin tissu
dont on ne peut trouver aucune trace dans les races
voisines, constitue une différence beaucoup plus
grande que celle que Ton trouve souvent en compa-
rant les espèces qui sont placées les unes auprès des
attires dans les séries zoologiques.
Cependant une foule de faits consignés depuis
longtemps dans les ouvragt^s de médecine, et d au-
tres qui se présentent jonrneilemetit à Pobservation,
seraient, pour ainsi dire, inexplicables, si Ton ad-
mettait la snpposition de M. Flourens. Far exemple,
on sait qu*il y a diverses affections générales qui,
chez les Européens, donnent à la peau une teinte
très-foncée; chez Leaucoup de femmes, une teinte
brune paraît autour des mamelles, et s^éteiid con-
sidérablement peuflant le temps de la grossesse,
puis, après raccoucbement, s*efface p:*esque complè-
tement. L'altération de coideur qni se produit dans
cette circonstance, varie iion-fculemeni quant an
degré d*intei.siié de la teinte, et à Fespace qu'elle
occupe, mais aussi quant aux régions qui en sont le
siè^e : chez certaines femmes, c*est Tabdomen seu-
( 187G| Uechereliês anaiomiques «tir U$ Uructwres compa-
rées de la membrane cutanée ei delà membrane mnmieiise,
par M. Flouhbks. (iântiofes des sciences nattir€iles,n' série,
Zoologiét, t. ri, p. 259.)
(1877) Uomare, dans un article cité par Blumenbach,
fait mentiou d*une paysanne française dont l'abdomen de-
venait complètement noir pendant chaque grossesse ; et
Camper parle d'une femme de baat rang qui avait natu-
rellement la peau blanche et on très-beau teint, mais qui,
chaque fols au*elle devenait enceinte, commençait fan^nè-
diatement à branlr. < Vers la fln de sa grossesse, ajoute-
t^l, elle devenait une véritable négresse, i Après Tac-
couchement, la couleur noire s'effaçait graduellement.
Le docteur a Slrack lObiervatione^ médicinales de fe-
brtbus naermntentitus ; tlcini, 1791, in-H") fait mention
l*ment qui présente cette coloration, cIki 4*aitm
c*est le corps tout entier. Ces iaiu, m ae ssntim
rares, sufBsent pour prouver qilBdépeâdaisoent
de rinflneoee de la cbalenr solaire, lipestsarvctir
dans la constitution tel changement qai doue à U
peau une couleur noireienblableàeelleqiienii*
tureile à la race africaine (t877>.
La substance coioranle du deme est d^aiOevi
susceptible d*étre résorbée, et de dispanlut lios
même des peanx où elle se trouve astmtlleinenL
On a vu assez fréquemment, et dans dilBrasts ^n^
des nègres perdre leur cou!eur noire et derôir
aussi blancs que des Européens (1878).
Ces cas de développement accidentel, dtss b peai
des blancs, d*uiie substance qui la colore es noir, et
ceux de disparition, dans la peau de cerudot pùn,
du pigment coloré qui y est naturel, soot, je le lé-
pète, des faits qui paraissent ineiplicat)let li «t
admet les idées de M. Flourens sur la composiikNi
de la peau dans les différentes races. Or, les hiis
étant constants, en est naiarellement leponé vm
Tantre alternative qui parait s*ètrepréseoiéeirii-
bile anatomiste luimèmep savoir que la isàboda
d*invcstigntlon employée par lui (les prooidés ordi-
naires de la macération et Texamen à Pcûl ni) l'é-
tait pas sonisattte.ponr noas (aire péoéotrditaU
structure intime de la peau.
Les rcctiercbes microscopiques, ea eUei, oom
offraient le seul mode d'investigation qvi ptikier
tous nos doutes à cet ^ard, et nous revélff li
structure intime des organes C^fumentaires. Cat^
cherches ont été entrepriaes et poursatvies iw
succès par plusieurs anatomîstes allenaarfs, farni
lesquels nons citerons comme les plus diÂupKS
llenle. Purkinje et Schwann. 11 résulte de raim-
ble des travaux de ces savants que la pesa n'est
point composée de membranes coHtioncs, waU
qu*clle est de structure cellulaire, c*est-è4ire for*
niée de nombreuses couches supérpotéesdeedli*
les, de sorte que ces diverses parties nt soii ^
aussi nettement séparées les nues des aatfttq«'«
Tavait jusqu'ici supocwé.
Les anatomîstes désignent sons le non de <)(»>
blattes^ ces cellules qui offrent dans leur amnf*^
ment des dispositions très-rpmarquabks,ei^
rensemble constitue en totalité fenveloppet^ginei-
taire. Cette enveloppe n'est pas propre eidian*
mont aux surfaces extérieures du corps; elleieo»*
tinuo aussi sur les membranes muqueuses ei dm
les conduits excréteurs ; elle revêt la surûteeiitfeti
polie des membranes séreuses, les cavités et ec
et rintérieur des vaisseaux sanguins, jssqse ém
leurs dernières ramittcations.
I^s cellules ou cyioblastes contrenneot oo m^
solide, de forme ronde ou ovale et raarqsé pw
ou deux granules ponctués. .La structnna 4e tct
noyaux est constante, mais celle des cellules tm^*
parentes qui les enveloppent est variable, et de ott
variété résultent les différences qui s*obserfeBif«n
les ^piiA^/tum ou tuniques mefmbianeuscseiirtvï
des diverses surfaces.
Selon Uenle, on peut distinguer tniis sortes d'è^*
tliélium. Dans Tune, les cellules sont es ounid
d'un homme qui devint aussi ndr qu*on aigre ^ h ^'
d'une fièvre. Blnmenbacb dit qu'il possède uoiiwrtaa«
la pea*i de Tabdomen d^on mewliant, laqwlle eA i^
noire que celle d'un Africain. Haller, Lodvig d ^^
ont gèuéralemeut cité des lails de ce genre,— r^ 10
P. Rateb, Trmlé Uiéorique et pratique des mââinit^
peau ; Paris, 1855, t. ill, p. 555, et pt. xxn.
(1878) Un exemple de ce genre est cmuttjn* ^^
L>ir volume des Transactions pkUosopbitpHS- tb"''
cite le cas d'uo nègre qui, de noir, devint jauoe. H u
dani nous apprend qn'un nègre qui eier^U t ^
l'état de cornoauier, et qui èiail noir lorsipi'oo Ivi^
encore enfant dans celte vf Qe, devint en gnubs*^ *
moins en moins foncé, et finit par avoir le teioi (Tk'F
sonne affectée d'une légère jaunisse.
fS4l
NOTLS ADMTIONNEIXE».
1543
iamôJiH avec k iiAyan qsi lês rcmpSil, el soot dit-
posées en couche eontiiiue. Coomie celle disposition
rappelle celle des pierres dans les pavés de nos
rues, Heiile désigne Tespéee d*épilhé!iuni qui la pié
sente sous le nom dVpiiliéliuin en paré {pfiMUT-
epiiMium). Cette e<pece irst celle qiil recouvre le
derme et la plupart des membrant^ séreuses, y com-
pris la conjoociiTe qui s^éiecd sur le globe de
roeiL
Des celloîes de forme conique, disposées de diffé-
rentes manières, composent les deux autres espèces
d^éptthéiiom (répitliélîttm rjlindrirornie d répilbé-
lium cilié), qui couvrent différentes surfaces inter-
nes du corps.
Dans répitbélium en paie, qui forme FfUTeloppe
superficielle de la peau, on yoit les ctllules rangées
par coudies snperp09À*s placées au-dessus du
derme, et présenUnt des fonnes un peu diflërenles,
selon qu'elles sont plus ou moins exténcurts, et par
mile plus ou moins exposées aux compressions.
Daas les couches supérieures, les noyaux et les cel-
Iules s'aplatissent progressiTemcnt et finissent par
ress<*mbler à des écailles. Le contour des cellul*^
de rond qn1l était dans les couches profondes,
l>a»se par suile de h piession à la forme polygonale
dans les couches moyennes ; dans les couchrs ex-
len.es de réniderme, les nojaux sont à peine risi-
kles, et les lamelles ou écailles soot tellement con-
fondues, que ce n*est qn*au mojen des plus forts
^rnssissements qu*on peut distinguer la vérilable
structure de ces pirtîes, et encore y panriendrait-
Ml diflicilemeni, si Vùù n^avait pu suivre les change-
n«-nis graduels île forme des c>toblasies.
On voit« d'après cela, que Ton ne peut plus so
^préscnier Pappareil t^nmeniaire comme composé
r«n nombre déterminé de membranes contlnnes»
iHlépeiidanies des tis^^os avrc lesquels elles soiii en
'(■Biiguîté, et ayant chacune une organbation dis-
mcte ; cette idée reposait é^iJemme it sur des ob-
servations incomplères el des déductions erronées.
Heob a porié aussi son invesliptimi sur ce qu*uu
lounm- kîi mrmhranes pigmeniatresp c'esl-ii-dire
;«r ces parties d'apparenee membraneuse qui don-
»eBi la couleur à diierenles surfaces; il a trou\é
im'dles olliraient aussi une structure oellubire, ma's
|a*elles ne constituaient pdnt de véritables mem-
prunes. La couche pigmeniaire de la tunique cho-
otde de r«il est composée de ceHnles polygonal«:s,
flrai.t chacune i leur centre un noyau incolore d
%aift re«paee • nvironnant rempli en partie de gra-
il:les du pigment coloié. Le niéoie anatouiistea fait
ussi des observations sur la peau du nègre, et il a
^couvert, outre les cellules dont nous venons de
aricr, d^utres cellules recAnmant le pigment noir
ai communique sa teinte foncée à la peau de TA-
icain : il les a trouvées agglomérées surtout sur les
a nies saillantes du rete malpighii qui correspon-
eni aux rides ou aux petites èmiiiences de la sur-
ice du denne. Crs cellules qui ressemMent pour la
irme, à celles du pigment de Toeil, repréenieni
ndqnefois une sorte de prismt* à six pans ; mais hs ^
lus communément leur birme est celle d*un polyè-
r«».inégnller arrondi sur les angles. Selon les moeu-
rs prises par Heule, leur longueur serait de 0,0039
O,00(Si de ligne, ci leur largeur d'cnviroa 0,005
Postérieurement aux recherenrs de Henle, le doe-
ur G. Simon, de Berlin, en a entrepris de nouvel-
s dans le but de déterminer si les diversités de
Ktlenr qui s'observent dans la peau des Européens
a ni celles qui ne sont autre chose que des variétés
i rurelles du teint dans féut de santé, que d^autres
/ 187S-) McLum, Àrdût. (mr dit pkstctogic, 1810, bepL
1W
i tifJ9) Page 181, Veher die snucfnr der warum and
<»^ iwjimfnl kUdmÊg m die limU^ von D. G.SuMm. (Mlx-
*^.itrdktr..l8i0. M)
qui se produisent dans reruins étais aa^lif»),
dépendent de la présence de semblables eeihilrs
remplies de pigment, ou proviennent de quelque
autre cause (18i9).
Paimi les variétés normales ou naturelles qui
s*observent à cet égard dans la peau dfs Européens,
il faut distinguer surtout la coloration de Taréole
mammaire. Le docteur Simon dit qu*il a souvent
examiné Faréole sur des cadavres dont la p^au était
eUe-ménie assez forument colorée el d*une teinte
brune bien décidée. En examinant de minces lames
séparées an mo}en d'incisions perpendiculaires, il a
vu que la cooleiîr brune était causée par la présence
de cdlules remplies de p^gmentum. Elles sont pla*
cées dans le rete Maipéghii^ei on les trouve en grand
nombre dans les espaces compris entre les papilles
tactiles {den gemfûhiutarzcheM). Lorsqu'il isolait les
cellules en déachant un fragment de celle pa. tic de
b peau, il n'avait qu'à enlever l'épidcrme ptiur aper-
cevoir bien neitfmenl le pigmentum qu'elles con-
tiennent sous forme de petits noyaux : qu Iquefois
il aperçut aussi des cellules qui n avaient de noyaux
pignieniaitesque vers leur périphérie, tandis qu*on
n'en pouvait découvrir aucun dans leur centre.
Pour la forme et la grandeur, ces crllules de
l'aréole ressemblent tout à fait aux oelloles pig;nen-
laires du nègre, telle que les décrit Ueule. Le véri-
table épiderme paraissait toujours incolore^ ^oil qu'on
robserv^l par trans|areoce. soit qu*on l'o.scrvât
par réflexiuii. Afin de mieux oifisiaier le fait, le
tlocteur Simon eut r ciursà la ntacération ; un mo--
ceau de peau de Taiéole mammaire fut niaint-uu
dans l'eau assez longtemps pour que Tépiderme cimu-
meoçàt à s en détacher ; or, dans cet état même»
des observations répétées ne purent faire découvrir
de cellules pigmentalnsdaus les lames supeificieJlcs.
(1880).
.On sait qu*il y a encore d'autres parties de la pea«
dans lesquelles on trouve chex les fcuro|iéens une co-
loration semblable à celle de l'aréole mammaire.
i>% parties furent aussi pour le docteur Simon
l'objet d'un examen attentif, et le rénlut de ces
cbservations fut exactement te même que pour cel-
les dont nous venons de pailcr.
Dans la catégorie des coloiatinns anormali*s de la
peau dues à b présence de i ellules pigmeulaires, Q
laut ranger ea première ligne plusieurs espèces de
keri moiemî ou lâches de naissance, et ce que Pou
uoiume les lacbes de rousseur. On saitqu'dy a deux
e»péees de nmti wuaerni ; les uns vascnlaiies et les
autres pigmenuires. Ces derniers coosisleut unidt
en de grandes pbqnes de couleurs variées (ce sont
Ckux qu'on désigne plus sp^ialement sous le nom
de tûcUeâ de uai$$aHce)^ti tantôt en de petites taches
brunes, parfois méii;eiout à fait noires, qui ne s*élé-
venl pas du tout on ne s'élèvent que de tiès-peu au •
dessus de b superficie de la peau. Ces petites uchf s
sont géiiéralemenl de forme arrondie et Irréguliére ;
on les désigne quelquefois sous le nom de ù^ntt^
nom qu'on donne au^ aux taciies des épbélide», ou
pi$riûsii urdcoloT ^ a\ec lesquelles cependant il
but éviter de les coufon Jre.
Le docteur Simon a bit des observations sur deux
cas de grandes tache* de maiuamu : une de ces
taches éuil d*un brun foncée! l'autre d'un gris noir.
Il trouva, pour toutes les deux, b subsunce colo*
tante contenue dans les cellules pigroeniaires du
rrfe MalpifkH, Ces cellules sont plus confluenies que
celles de l'aréole mammaire, mais d'ailleurs eUes
leur ressemblent parfaitement.
Quant aux petites taches de i^aissance ou signet^
le docteur Ssmon a pu en examine*- un grand uum-
(1880) M.FIourens lul-uiène,par des eipà
rieures, a reeonau Texislence du pigmemom jusque dans
les races blanches. (Toy. Bcvrtm, Mukfire de iettrnmtx
etdeut idéet.)
fSl5
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
lire, pulsiiti*il 8*eii iroui^e fréqueminenl sur le corps
humain. Ceties qui ne font pas saillie au-dessus de
la surface de la peau, lui ont offert exactement la
même structure que les taches en plaques dont
nous venons de parler. Dans celles qui sont sail-
lames, oa observe qtril s*éiève de petits prolonge-
ments qui consistent en un tissu oelluleux imparlai-
temenl ot ganisé ; les cellules pigmeutaires sont dis*
perséos à la surface de ces prolongements et recou-
vertes par répiderme. Cette dernière membrane a
paru au docteur Simon être incolore, et il n*a pu
apercevoir aucune cellule pigmentaire dans ses cou-
clies superficielles.
M. me dans les tacbes de rousseur (lentigo), h
substance colorante se trouve dans le rele Malpi-
ghii, qui, quand on Tobserve par transparence, offre
une teinte d'un brun clair sur les points où existent
ces taches. En fairaut usage de forts grossisi^euients,
il est facile d'y constater la présence des cellules
pigmeutaires.
Tontes ces colorations anormales de la peau,
remarque le docteur Simon, o- 1 beaucoup de rap-
p4krts avec les colorations normales ou naturelles que
nous offi'ent, chez le nègre, Tenscmble de la surface
du corps, et chez rEuro|iéen,i;eriaines parties seu-
lement de cette surface ; et, de plus, elles forment
une sorte de transition à cette aflection générale de
ren\eloppo cutanée, qu*on désgne sous le nom de
mélanose^ aO'ection dans laquelle, comme Ta prouvé
Mutler, il y a production de cellules pigmciitaireSy
production qui augmente ou dimiime selon les pro-
grès de Tétat maladif.
Ce que Ton doit concinre des résultats de ces
récbercbeé, c*est,qu^il n*y a point, entre la peau de
r£uro|iéen et celle des autres races, de diucrencos
organiques qui puissent faire supposer, dans le
genre liumaln, une diversité d^espèces, et qu^au con-
traire, indépendamment même des effets dus à Pac-
tion du climat ou des autres causes modificatrices
principales, il y a véritablement transition, passage
des conditions de structure qui caraclériseirt une
race, à celtes qui en caractérisent une autre.
Avant d*abandonner ce sujet, il ne sera pas Inu»
tile de foire remarquer que le système épidermoïque
ou corne, auquel appartiennent les appendices exira-
cutanés (poils, plumes écailles, elc), qui sont chez
beauGoup cranimaux le sié^e des \ariations de cou«
leur, ebt précisément de tous les systèmes organi-
ques celui qui subit, les altérations les plus remar-
quables < les plus étonnantes. Ainsi, ce sont des pro-
uuciions éptdermotques que ces cornes qui arment
la tète de beaucoup de ruminants, et qui, dans une
même espèce, offrent, chez les diverses races, de si
grandes dillérences : dans quelques-unes, les cernes
aitei^neut des dimensions énormes; dans d*a «très,
elles ma n(| tient complètement; et non-seulement ces
d Oirences se moi/treut entre des races qui existent
depuis loiigtemps comme distinctes, mais on les voit
1 aitre parmi les descendants de parents communs.
Les sabois, qui sont des piirties de même nature,
subissent aussi chez divers animaux de semblables
changements. Entre tons les cas que Ton peut citer
de celte deriiière sorte de déviations, ctliii des porcs
iolijpedes est peut-être le plus remarquable, en ce
qu*il parait offrir la reproduction des caractères spé-
Ciliqucs qui appartiennent à i;iie autre famille d*ani-
maux. Peisonne, d*ailleurs, n'a jamais eu ridée que
celte race, qui est bleu connue, constituât une e$-
pèce distincte.
Il y a longtemps que Buffon a observé que la
peau présente de g andes variations dans beaucoup
d^espéces animales, et que c>st la moditicalion U
plus sensible produite par Tétat de domtsiicité. La
peau de Tàue, par exemple, s'adoucit beaucoup
ch'^z les races domestiques. L^àne sioTage de b
Perse a la peau rude et tubercuteuse; elle oeue de
Tétre dans la domesticité. C*est avec la peaa ée
ràne sauvage que les Levantins font le cur creiw
que l'on nomme peau de chagrin (1881).
L'histoire de la famitie porc-épic eut ud exen*
pic curieux des anomalies que Fon peal 9\m\tt
dans les appendices épldennoiques (te la peM,e(
nous montre retendue des variaiioin qui k
peuvent produire dans J*enveloppe exlérieiut do
corps.
En 1731, on présenta ï la Société royale deU».
dres un garçon âgé de quaioize ans, nédiusle
Suffolk, et qui présentait, sous le rapport derenti-
loppe t^gumentaire^ quelque chosca*citiéiMavii
tentarquable. Yoilâ U descripUon qa'eafaU M.lla-
chin :
€ Sa peau, si on peut l'appeler ainâ, doBBaiiH-
dee d'une sorte de caiapace de couleiir obseurc
exactement appliquée sur les diverses paniesdi
corps. Cette carapace, qui semblait lonoée duih*
écorce rugueuse ou d'un cuir grossier, et ipii^d
quelques poinu, offrait dn soies rudes, recomnii
lout4e corps, â l'exception de la facr, de la pm
des mains et de U plante des pieds ; d'où il rmm
que ces parties avaient l'air d*étre nues et u«i k
reste couvert d'une sorte de vétemenL Geue eii6
loppe était insensible et calleuse; elk oe dono^it
point de sans quand on l'eniamalt avec riiistroi&e.t
tranchant. On me dit qu'elle se détachait rNic
année à Tépoque do l'automne, ayant acoois mm
trois quarts de pouce d*épaisseur. Quaiti cette dtf
quamaiiiin a lieu, c'est que sans doute one ftii
nouvelle qui s'est formée au dessous de la prcsiôt
rerousse celle-ci et la lait tomber, i
Quelques personnes, comme on vieotdeleToir,
comparaient cet étrange tégument à une k^
d'arbre; d'autres trouvaient qu*il avait de rajuk^ie
avec la peau de cet tains piioques ; quelques-uns IV
simibient > la peau de l'éléphant ou ^ celle ki
jambes du rhinocéros; bref, il était difficile «le trou-
ver dans toute la >érie des êtres organisés qadq«i
enveloppe tcgumentaire qui pût servir cpQTeMkii^
ment de terme de comparaison, et les person»
qui la caractérisèrent comme ulo immi-ose fenvi
ou plutôt comme une multitude de \ernirs mi-
gués qui s'étendaient sur tout le corps, e.i dùtm^
peut-être une plus juste idée. Les soies coratfvs*
tuées principalement sur le ventre et sur les flsiA
lésounaient au touchir comme des piquants ctU-
risson qui auraient été coupés â ua pouee de '<a
peau.
De nouveaux détails sur cel homme étfspge fs-
r« nt communiqués à la Société-royale par M. Bi^f
11 avait alors quarante ans, et il avait éié ntoRirr^
Londres sous le nom de l'homme parc épie. < te
tait, dit M. Baker, un homme de bonne mioe, U^
fait, au teint Henri, et qui ne paraissait diflem»-
cunement dis antres hommes lorsqall éutt bkiU
même nature de téguments que M. Hacbia a^
observée en 1731, et je m'en réfère, à cet éptl i
sa description, qu'il serait inutile de répéter ui V
ferai cependant remarquer que la couche coru
qui revêt la peau m'a paru formée d'ane foule <y
verrues cylindriques, brunâtres, s'élevaot a if'
même hauteur, et naissant aussi près que p<is*-'
les unes des autres ; ces excroissances soat rai<i«>''
élastiques, de sorte que, lorsqu'on y passe U bh^
elles produisent un certain bruisseoeot a^.'^
fort,
c Lorsque je vis cet homme au mois des-ptâs^
( 1881) Le grain de la peau de chagrin tient surtout à un procédé particulier qu'on emploie pour Is ^ff'^^ ^
cetiv peau.
r»i
lO
NOTES AMNT10NNELI.KS.
VM
ilernkr, tes vtf rues lomlNiiml Oaas plosiears en-
droits, el je reaian|Dai quVilf s éuient remplacées
par de novvelles iTan br«o plas pâle. Il éprouve, à
ce qu'il me dit, eeite sorte de moe chaque année
dans on des mois de raotomne on de rbirer; alors
il a riMbitnde de se faire saigner poar prévenir nne
certaine indisposition k laquâle il est alors disposé.
H a eu la petite vérole, et, à deux reprises dî0e en-
tes, il s^est soumis k des frietlo^^ mercurielles pons-
sécs jusqn^i salivation, espérant par là se débarras-
ser de celte désagréable enveloppe. Pendant Ténip-
lion et pendant la période de salivation, les verrues
étaient tombées, et on voyait alors sa peau Uanebe
et unie comme celle d'une personne ordinairu ; mais
à peine se rétablissait-il que les verrues renais-
sai* nt de nouveau. Hors ces trois époques, sa santé
a clé eonstamiDPnt iré<-booiie.
c Mais ce qu'il y a de plus extraordinaire dans
l'Iiisloire de cet homme, c'est qu'il a eu six enfants,
tous avec la même enveloppe rugueuse, et chez eux
Det état anormal de la peau a commencé à se mon-
trer neuf semaines environ après la naissance, pré-
ûsémeut GomnM eeb avait eu lieu chex lui. Un
^*ul de ses enfants est vivant : c*esl un trés-joli
?arçon de huit ans, que j'ai examiné en mtoe
emps que son père, et qui est exactement dans les
némes conditions que lui.
c 11 parait donc nors de doute, poursuit M. Ba-
ifr^ que cet homme pourrait devenir souche d'une
^ce dunt les individus auraient la même nature de
ég]ttineiits. Or, si cela arrivait et qu'on oubliât l'o-
ijçine accidentelle d« cette race, il esi assez proba*
»le qu*on en viendrait à la considérer comme coosii-
oant dans le genre humain une espèce dis-
ificte. »
Que la couleur de b peau ne constitue point chez
bomme un caractère permanent, c'est ce qui est
suffisamment prouvé par les faîls nombreui que
nous présente î'hisioire physique de certaines races,
sans qu'il soit besoin de recourir aux phénomènes
qoe Ton observe chex les animaux, et qui sont
complètement analogues aux premiers, tant par
le !r origine que par la manière dont ils se propa •
gent ensuite dans toute nne lignée. Ces phénomènes
sont en nombre infini, et parmi tous les venébrés à
sang chaud il est à peine une espèce qui ne soit su-
jette h ce genre de variation. Ces exemples sont si
multipliés et si autbenii lues, qu'ils ne laissent au-
cun doute sur la légitimité de la conclusion que
nous en devrons tirer dans la p^nde question de
l'unité ou de la diversité de l'espèce humaine.
Les teintes diverses de la peau bomaine auraient
besoin d'un instrument spécial dans le genre de ce-
lui qu*imag'na M. de Uumboldt pour mesurer l'in-
lensité de l'azur du ciel. Il commencerait par la
camme chromatique du carmin dt*sceiMlant vers le
fauve, et aurait une seconde partie graduant les
nnanops du fauve au noir en passant par les va-
riantes du rouse et du jatine. Pour cette seconde
div.sion, le café, dans ses divers états, fournit un
chronomètre grossier, mais commode, parce qoe
tout le monde connaît avec précision ses nuances.
Le café cru et fauve est le point de partage des
races humaines ; cru et un peu vert, il représente le
trint des Guèbres, de qiielques Indiens du Nord et
des Malais; un peu rotissi, il a le bistre d'autres In-
dous, des Mongols et des Egyptiens septentrionaux ;
charbonné très clair est le itiot des Abyssins, encre
pâle ou pomme de fenouillet, comme dit Bruce;
charbonné brun, eelui des Malabares et Ceylanais;
plusenrs races nègres ne sont pas phn foncées.
Quelques tribus nubiennes descendent encore plus
bas dans l'échelle, puisqu'elles sont aussi tioires que
les Voiofs.
NOTE XIX.
(Art. Races HCMAiNESy | XIU.)
APTITUDES RESPECTIVES DES RACES
La science européenne, qui accepte Tiiiégalité in-
ilt^nelle des races, se fait solidaire d'une sorte
€»rgneil national, puisque les races blanches sont
la fois jug'î et partie dans la question. Par ce trait
les ressemblent déjà à d'autres races qui se sont,
les aussi, faites centre du monde et dernier mot
i In perfection physique et morale. Les Chinois
S4;nt, en parbnt d^ Tartares, camus et basanés :
aminés de belle figure et semblables aux Chinois ;
^ Européens sont des barbares à mil cave, à nez
illaiit et h cheveux pAles.
L.*iiifatuation morale des habitants de Pempire cé-
»t4^ ne manquerait pas de prétexte dans leur babi-
jc politique, et dans la grandeur des spéculations
■ ne philosophie. qui reproduisit on plutôt devança
aies les philosophies de la Grèce. Les Indous au
^vue titre peuvent fjréieodre il un rang supéri»*ur,
r Ils eurent Tinitiative du tmnsceodantalisme dans
Btes les scienoes humaines; et les Indous, au
lins, tels que nous les voyons aujourd'hui, i^ont
e race très basanée au nord; au miJi, aussi noire
? les n^res. •
ren dis autant des Egyptiens, dont tout le mooie
nire les meuvemesls, et dont la civilisation euro-
•nne est une émanation. A la vérité» les savants
; eu fort hmgtemps des idées très-confuies sur la
ifbrmation physique des nations de PAsie mo-
uie, et, à plus forte raison, sur la couleur précise
aatitMis de fantlquité. Les dernières récoltes de
Toyaseurs ont étonné même les naturalistes et
bropoTogues séJenuires. Il faut du temps pour
DlCnOX?tAIBE APOLOGETIQCB. 11.
que historiens, philosophes H peuples arran^e^it
sur ces données nouvelles et leurs idées et leur lan*
On peut bisser les missionnaires moraves s'aflli •
g r sur les facultés des peuples océaniens, qui
éprouvent de la difficnlié à aller au debtle la sim*
pie imiution. La copie est racheminement an dessin
original ; la mémoire, le commencement de b com-
position. Il faut pardomier aux blancs Américains
l'impénitence finale à laquelle ils vouent les Peaux
rouges, dont ils prennent la terre avec ou sans
adiat. EuxHDémes ont appelé ces Peaux rouges les
premiers des sauvages, pour les profondes et km-
gués combinaisons ue leurs ruses vindicatives. L'es-
prit de suite, même dans le mal, est un ulent assex
re:eTé; c'est par la que Saun s'appelle Tanse déchu.
Mlll voulant rabaisser à tout pnx la vieille civili-
sation indeue, la compare perpétuellefflent aux ins-
titutions des Mexicains et Péruviens. J'accepte le
rapprochement comme uès-honoraUe pour rAmé-
rique*
Mais c'est sur la race nègre que semblent s*éire
acharnés de prélërence les dédains pileux oi vIo-
lenu. Celle-li, dit-on, ne fut jamais ctvilisde, Fh s-
toire du passé l'a prouvé, et ne le sera jamais, Tbis-
toire moderne le démontre.
Nous avons «u ailleurs que b définition du moi es-
pèce, même telle que l'ont employée les zoologues
les plus rigoristes, ne peut en aucun cas s'appliquer
aux variétés humaines; le nègre ressemble bien plus
au bbnc par le dehors et par le dedans que les di-
49
154?
JlCTiONNAIRE APOLOGETIQUE
m
Terses races de cliiens ne sa ressemblent entre
elles ; et de plus toutes les Tariélés humaines don-
nerit par le croisement des métis féconds. Les blancs
qui ont flétri de rappellation de mulâtre (1882) les
produits de leur mélange arec la race noire j au-
raient-ils mêlé quelque idée de reproche d'infécon-
dité physique ou morale? Les présidents Pétion,
Boyer; les médecins Halle, Foumier, Pescay; le
ministre Latné, le général Dumas, Alexandre Du-
mas, son fils, yroWk d^énergiqnes et brillantes répon-
ses. Dans la haute antiquité, une civilisation que
bien des gens s*obstinent à regarder comme la pre-
mièie en date, et à qui personne ne conteste un
magnifique développement; Tannean primitif des
civilisations grecque, romairie, étrusque et, par
conséquent, de celles de l'Europe moderne; le
monde égyptien fut aussi un produit métis dont la
race nègre put revendiquer une bonne moitié. Je ne
veux pas dire seulement que quelques reines aient
eu des nègres pour pharaons, et réciproguement
beaucoup de pharaons des n^rcsses pour épouses.
L*étude sérieuse des monuments aolioues et des
races actuelles a permis dMiablir (1883) comme
une vérité irréfragable que TAbyssinie d*aoord, TE-
gypte ensuite, furent colonisées par une émigration
qui greffa une civilisation lointaine sur la race du
pays, laquelle n'était autre que la race nègre.
L*absence de civilisation chez les nègres propre-
ment dits n'est pas «luelque chose de définitif en
supposant que ce soit quelque chose de certain.
Passons sous silence les essais infructueui d*HaIli
et des trois républiques Farameka, Luttika et Auka
dans la Guyane (1884). Le retard extrême du réveil
d'une race peut tenir au non établissement d*une co-
lonie des peuples civilisés. Les blancs, qui s'enor-
gueillissent aujourd'hui de leur supériorité, non**
seulement ne durent leur civilisation qu'à une im-
po. talion pareille, mais ont reçu cette importation
fort tard. Qui sait si les Péiasges d'Europe ne se-
raient pas restés sauvages comme les nègres sans
]*arrivee des Egyptiens et Phéniciens en Grèce, en
Italie, en Espagne? Nos aieux, les Atticots d'Armo-
rique (1885) étaient encore anthropophages au v*
siècle. Encore aujourd'hui les Gareiiens et autres
populations finnoises sont aussi abiutis que des
sauvages.
Le pays habité par les nègres énerve l'activité de
l'homme* par sa douceur et sa féi.oudité. Il est meur-
trier à l'étranger qui importerait une idée ou un
exemple. Si l'importation n'a pu s'opérer qu'impar-
faitement par les races métives qui s'élaborent de-
puis trente siècles, au nord, à l'orient et au snd du
continent africain, espérons davantage maintenant
que le génie remuant des Européens modernes a
pris possession définitive de toutes les régions tem-
péiécs. Ce rapprochement permettra aussi d'étudier
avec plus de soin Ivs races qui habitent l'Afiique.
Le teint pâle et les cheveux plats des Berbères les
ont fait houorablemeut distinguer des Africains vé-
ritables ; les Nubiens, Gall.is, Boschimancs, Hotten-
lois, Malgaches ont été confondus dans Tanathètne
qui flétrit le nègre, et pourtant ces diverses popula-
tions portent dans leurs traits presque autant que
certains Berbères un certificat d'origine asiatique.
On vient de rattacher à la même origine les Foulles
ou FellaïaSy race entreprenante et voyageuse qui
traverse en tous sens le cœur de l'Afrique et sem-
ble appelée à y propager quel(|ue8 idées d'organisa-
tion hocrale. La tardive révélation émanera donc
du centre commun d'où la lumière a rayonné à tous
(1882) l/idée méprisante, mit/iu,' mulet, est certaîne-
menl mêlée à celte eipressiou dans le sens actuel, puis-
que la charité y a substitué homme de couleur, 11 est pos-
sible, cependant, que rét^mologie primitive eut un autre
sens. Les Espagnols et Portugais qu> l*employèrenl les
premiers, disaieni mulato. que Sitv. de Sacy dérive de
tnalaouad, engendré, croise; leroie par lequel les Arabes
les autres peuples. Dans rAinériqQetrapkaIe,ii(s
cauws pareilles à celles qui énervent l«s nègre; fi
friqoe produisent déjà de semblable effets w\
race blanche. Des chrétiens. filsiodiiènesdiiPiMtv
gai, ont été trouvés (1886) virant sans uri».,
sans monnaie, sans sel et presoue sans yhi»m
et sans religion, dans une cotrtréedo BrésA oùlts
troupeaux sont d^une prodigieuse féeondiié, w<b
vigne donne trois récoltes paran, oèlelttoasierdi
le cotonnier sont toute Tannée eouvens de fieunfl
de fruits.
Dans quelques siècles d'ici, les eofanis de pt^ti
blancs auront besoin de plusieurs générations èb-
qoées pour ressaisir les hautes nctdiés de km
aieux d'Europe. Pourquoi s'étonner que cesMitt
ne surgissent pas entières dès la première mhtt
eonde génération des nègres de nos coionin? Per-
sonne ne conteste au moins que Its esluits m
créoles ne soient supérieurs par rinteltigenee i
leurs pères importés. Et pourtant si le tnvii) de re-
celé a été complet, il manque encore à rinflaerice^
la famille la discipline, le point d'bonaear, iiper^
vérance, la dignité, l'ambition !
Avant que les générations aient évalué le mtk
entier du progrès, assez d*individuaHiés pnTilé|}ée»
ont montré que, dans le procès fait à la nce ncft,
on avait tort de confondre le fait de réduoiiai
avec Faptitude à la recevoir. Un seul exemple ér
succès suffirait pour mettre l'éducabllilé dehivï
entière hors de doute; et cesexemplesontétêBoe-
breux. On cite une compilation de liltératare oc^re
(1887); le missionnaire Oldendorp Fa grossie d^paj
d'un choix de sermons composés par des prédica-
teurs de cette race. Commander ou assenir h
hommes passe poitr une combinaison iotellecukik
plus haute que de les instruire, et la race w^tvj
a jamais failli; car ses tribus n*ontiaiDa.sm)iM|M
de chefs, ses monarchies de roitelets, ses répsbt*
ques de présidents'.
Les circonstances au milieu desquelles sonU|t|»-
rus les noirs éminentspar leur caractère ou p^rteir
esprit sont précisément ce que rimpartialiié(k'.a4
Considérer pour apprécier les résultats. Au lia é--
cela, le préjugé a opposé caractère n^ î ^«^'
tère blanc. Un ioumal sodaliste qui , à aâi ^<
est partisan de Végaliié universelle , irottnitnasr
vais qu'on cit4t Toussaint Louvertore coflUKQ
grand homme et lui opposait son contemporùiet
son vainqueur Napoléon. C*était, oo le Toit,desa<^
der à Saint-Domingue les ressources de ïtm^^^
à une poignée d'esclaves révoltés et iUeitrcs tesii
lents et la force de la nation française. M. d<? Ai-
les a précisé d'une façon plus équitable les XfS^^
de la comparaison, en cherchant dans ijoeiqne s^
dat' heureux de TOrient et dans un peuple Uane^
chu depuis plusieurs siècles, les pantèsdesitttj^
les résultats dus à l'esprit et au caractère des dtcis
et il persiste à croire que ces résultats ne snt l^
tant à rhonneur de notre peau blandie ai li ^^^
désavantage du masque n^re.
Qu'on lise comparativement la biograpbtf <■
Toussaint Louverture dans VUistoin de la rmtr
lion de Saint-Domingue, par le général PampbiM^
Lacroix, et les biographies d'Ibrabim-Pachi^*
&léhémet^Ali dans les livres qui ont dit U Terûe^-'
TEgypte actuelle, comme ceux de Verûinhae Si^-
Maur, Hamont, Fontanier.
Pi ichard a noté l'accord universel des bwc '
de tonte couleur dahs la foi à usie autre vie, ^^
des peines et des récoropeuses; dans le re^S^ -
afrioains désignent les métis.
(1883) Pérégrinations en Orient, par Ecs. m ^»«^'^
(188*4) Colombie et Gugane, par 1* amm.
(1885) Saint JéiioiiE,<id Jovin., lib. n.
(1886) AcG. DB SAii«T-Hu.AfRE. Vog au B»f^
(1887) L*abbé GaiGOiRB, Littératures deiftè§ro.
.o .
■ «. ^ •»-
ïoi»
NOTES ADDITIONNELLES.
ISTiO
mortSf en un mol dans Vidée rdîgieate; accord
p(as remarqoable encore par la nalare iniime de
son principe d^acUon que par les manifesialions de
son acthriié. Ces manifestations peovent èire les va-
nations des tradiiiona; la ressenblance des senli-
inents iailmes implique Viinité des hommes qui les
reçurent.
Quel dommage que IVidiard ail radiealemeol af-
faibli Teffet de ees arguments en y mélaol el tran-
cbàiii par raflSrmatlTe la queslion de Time des bê-
les ! L échelle des âmes esi une concession lerrible
aux parlisans de Pécheile des organes. Si le nègre
est intermédiaire par les formes au blanc el aux
singes, son àme sera aussi la moyenne enlre les deux
âmes exirèmes.
Priehard est on peu mieux inspiré quand il se
fJicite, au nom de la science, de Paccession des
races noires an clirislianisme. Lesvérilés de la mo-
rale cbrélienne , si consolantes pour les |humbles,
sont aussi d*une simplicité à la portée des faibles
d^esprit : il n*esl pas besoin de hautes facultés pour
les comprendre. Hais le Dieu qui , dans FEvangîle,
la dernière formule de sa manifestation , a cessé
d*admeUre des peuples privil^iés pour proclamer
tous les hommes frères , a ceruinement impliqué
que, malgré des retards temporaires, le jour des
mérites el de la dignité sociale luirait enfin ;po«r
tous (1888).
NOTE XX.
'Art. Sacrement, § II.)
NOUVELLES CONSIDÉRATIONS" SUR LA NATURE DU SACREMENT.
t»e étude consciencieuse perce bien des voiles :
ausbi nous fait-elle découvrir dans rinstilution des
sacrements des raisons aussi solides que nom-
breuses.
La première et la plus frappante est celle-ci : Si
I^ homme n*avait point eu de corps, les vrais biens
lui eussent été donnés dépouillés de toute enveloppe
étrangère ; mais puisque Tàme est unie à un corps,
il fallail que les choses sensibles fussent pour elle
un moyen de connaître les choses invisibles. C^est
Tordre de la nature elle-même. Rien ne nous arrive
à rame que par Tentremise des sens, d*où cet ada-
ge de recelé : Sihil est in inulUclu quod non fnerit
priuM in untu. Je ne veux pas décider que celle loi
soit absolue, mais enfin elle est ordinaire, naturelle;
d*oà il suit que la transmission de la grâce par la
▼oie sensible des sacrements, est moins étrange que
si elle avait lieu d*une manière immédiate et inu^
Cette première raison se fortifie de celle-ci : que
la grAce ne nous étant pas acquise, comme la con-
capiscenee, involontairement ^ ainsi que nous Tavons
observé, il faut que nous y correspondions. Or,
celle correspondance demande , de la part de Dieu,
uo avertissement de nous y disposer, et, de notre
pari, la manifestation de nous y soumettre; ce qui
a lieu par Tenlremise des sacrements, qui sont com-
me les rendez- vous de la grâce de Dieu et de la fi •
€l<'lité de Tbomme; et ce qui nécessite d'autant plus
I "emploi de ces moyens sensibles, que Tbommeest |Kir-
tie correspondante dans celte divine communication.
Notre esprit, d^ailleurs, a de la peine à croire les
choses qui ne lui sont que promises; aussi voyons-
tious que tcute Thi^ioire de la religion, depuis sou
ctiininencement, présente une suite de signes et de
ligures par lesquels Dieu rappelait el confirmait h
<*erlttude de ses promesses, il était donc conforme
^ O'tte exigence de notre esprit, el â celte conduite
4Je Dieu que Jesuc-Chrii^l, en nous promettant le
pardon de nos fautes, la grlœ céleste, et la com-
fsiunication du Saint-Esprit, élabUl des signes sen-
sibles qui fussent comme des gages par lesquels il
&.e liait envers nous, el des garants infaillibles de sa
iâUélité k exécuter ses promesses.
N^oublions pas, ensuite, que Tbomme est appelé
par la nature ii vivre en société avec ses frères, et
Qtie la relision a pour objet de rcssetrer el de con-
sacrer les liens de celle société. Or, aucune société
«i'^horomes, à quelque religion vraie ou fausse qu'ils
a pp^rliennent, ne saurait exister, s'ils ne sont liés
p âr queb|ue signe ou marque sensible qui les unisse
c titre eux, el qui les distingue de ceux qui sont en
( 1888) Cf. De Salus, ffisf . génér. des races iatmaims.
dehors de celte société. Les sacrements produisent
ce ilouble eflcl : ils distinguent les chrétiens d^ in-
fid^es, el ils sont comme un lien sacré qui les relie
entre eux. Par les sacrements, nous professons ex-
térieurement notre foi, et nous la faisons connaître
devant les hommes. Par leur commune participa-
tion, nous sommes d'auianl plus enflammes de celte
charité qui doit nous animer les uns pour les au-
tres, qu'ils nous unissent des liens les plus étroits et
les plus sacrés, et qu^ilt nous font membres d*nn
seul el même corps, non-seulement pour Je temps,
mais pour Téieroité.
Il est encore une antre raison de rinslitution des
sacrements , bien importante aux yeux de la piété
chrétienne : c'est qu'ils domptent et qu'ils répri*
nient l'orgueil de l'esprit humain, et qu'ils nous
forcent à h pratique de Thu milité. Nous avions
abandonné Dieu d'une manière outrageante , pour
nous livrer aux créatures ; et, par les sacrements,
nous sommes foic^ de dépendre des choses sensi^
blés pour obéir aux volontés de Dieu.
Enfin, il est une raison plus profonde et plus im-
médiate encore.
Par le fait, — et les traditions universelles, d^accord
avec la hante philosophie, nous en ont assez dit la
cause, — rhomme , intetligenee servie par les or-
ganes, était devenu charnel et grossier ; son kmn
s'était épissie jusqu'à s'identifier avec la chair, où,
selon l'expression d'un ancien, cite par Cicéron,W/e
est eHS€pelie comme dans un tombeau ; de plus en
plus passée dans les sens et lout au dehors, elle
ne voyait plus rien , elle n'entendait plus rien
des choses de l'esprit, et les portes du monde
invisible s'étaient , pour ainsi dire , refermées
sur elle. Pour se redonner â l'homme, il fallail que
h raison divine adaptât ses communications à
nuire infirmité. Il fallait qu'elle sortit elle-même des
profondeurs de l'invisible el de l'absolu, et qu'elle
se signalât à nos yeux sous une forme et par des
attributs extérieurs el sensibles, afin de rentrer en-
suite par les portes des sens au dedans de nous, et
d'y rééilifier Vhomme spiritueL 11 fallail qu'elle sui-
vit rhomme dans la voie où il s'était égaré, et que,
le prenant à celte extrémité, elle le Ot remonter par
le même chemin, de la chair à l'esprit, du visible à
riiivisible, de la foi à rintelligence, des ténèbres à
la lumière. A cet eflet, il fallait qu*elle-méme se
proportionnât à la faiblesse de noire vue en se voi-
lant, se fît visible et charnelle, et que toutes les
vertus qu'elle voulait nous faire pratiquer, elle les
Ht entendre aux oieilles , elle les représentât aux
1551
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
m
TPus, elleles fil loucher aux msiins, elle les inocu-
lai enfln à travers celte même chair spirilualLée par
la grâce, comme dans Téiat de nalure fesprit avaîi
été eharnalisé par le péché... Notre étal de maladie
exigeait qu'elle sinfusàt ainsi à l'état d*incaroation
et de foi, pour éclater ensuite intérieurement à r<^
tat de raison pure et dltilelitgence.
L*union intime de la nature divine et de la na-
ture humaine, le Verbe fait chair, est le fait radical
du christianisme. La religion tout entière doit por-
ter sur cette union, elle doit être toute pénétrée
des conséquences oui en découlent : on doit trou-
ver dans chacune de s'^s partif s comme un rejail-
lissement de rincarnatiou (iS89) !
Jl y aurait de Tincons^uence à prendre isolé-
ment'le dogme de Tîncarnation, pour admettre en-
suite des communications immâiates et purement
spirituelles entre Dieu et Thomme; car pourquoi
Dieu se serait -il incarné, si ce n*est parce que la
nature humaine avait besoin d*un médiateur^ et
d'un médiateur visible. Le Verbe éternel ne serait
donc venu un moment sur cette terre que pour re-
vêtir notre chair comme un manteau de théâtre, et,
son rôle historique fini, nous laisser, comme de-
Yant, sans communication avec le monde Invisible,
et obligés en quelque sorte, selon la belle expres-
sion de saioi raul, de chercher Dieu avec ie$ maim
et comme à làtous ? Non ! il est venu fonder un
ordre nouveau, fondé lui-même* sur rincarnatiou,
sur la médiation visible de la vérité , qui, selon Fex-
pr«*ssion de Bossuet, est devenue personnellement
résidante parmi les hommes ; et c*est & cHtc fit
qu'il a établi une Ëglise dans la parole de Ut{^elk
sa doctrine est incarnée, comme sa grâce restau
les sacrements.
C'est ce qui fait ou^il D*y a de vrai cbrisltuime
que dans le catholicisme, parce que le catkoii*
cisme. porte tout entier dans rensôgnemesi éc
sa doctrine, dans radminîstration des ucrfiieitts.
et jusque dans son culte et ses cérémonies, sarda
relations du même genre, et qa*il est dans ion o-
semble comme un magnifique rayonnemeoi de ru-
carnation; tandis que te protestantisme, en il«-
trayant le christianisme, en lui retranchuitjUNiUi
ses relations sensibles, en a fait une incon&éqKOR
dîsi^lvanie ()ul, de proche eu proche, a g)|iK p
qu*an principe, jnsqu^au dogme de rinarnitMa,
lequel a expiré dans Tisolement et s'est éfsim
dans le vide, ne laissant après loi que le sociiiiunsDC,
que le déisme, où on devait aboutir par là oéoei-
sairement.
Les sacrements sont donc comme les wpm
divins de Tincarnation ; c'est par eux <|ne rionr-
nation divine de Jésus-Christ se particaUrise ej
chacun de nous, et que tous les fidèles devieBoefii,
avec leur divin Médiateur, comme un sent coqs
mystique, où il vit en eux et eux en lui.
C'est ainsi que l'institution des santmems se
justiûe par des raisons aussi fortes que nomb et».
et que tout concourt à nous découvrir danslediris-
liaiiisme bien étudié et bien compris uue ^^
phie transcendante.
NOTE XXI.
(Art. Tentation de Jésus-Christ.}
LA TENTATION DE JÉSUS-CHRIST D'APRÈS LE DOCTEUR SBPP, CÉLth»7
ORATEUR DE L'ASSEMBLÉE DE FRANCFORT.
;i.e rejeton d*Aaron, sous les auspices du Dieu
du ciel, avait sacré le (ils de David prêtre, roi et
prophète de la nouvelle alliance, et Jésus, mainte-
nant consacré pour sa mission « est conduit par Vv%'
Îirit dans le désert. Ce désert est situé dans TAra-
»ie Pétrée, au delà de ce gouifre infernal qui p|urte
le triste nom de mer Morte, puisque Jean baptisait
dans le territoire qui s'étend au delà du Jourdain,
l/ocuvre qu'allait accomplir le Messie était le com-
bat contre l'enfer. Le prix de ce combat était le
salut du monde. Le Sauveur allait apprendre à tous
les hommes à vaincre la tentation et à triompher
du corrupteur de l'humanité. Dans cette lutte for-
midable, tous avaient échoué jusqu'alors, parce
qii'i's portaient dans leur propre chair l'ennemi
qu'ils devaient combattre. Le Nazaréen pouvait seul
soutenir ce combat, parce qu'il n'avait pas à com-
battre Satan dans son propre cœur. S*il ne triom-
phait pas, l'humanité était perdue sans ressource,
et restant sans guide ni modèle, peur savoir com-
ment elle devait résister à la tentation, elle tombait
dans l'abtme éternel. Le tentateur du Fils de Dieu,
né de la femme, s'approche alors et vient lui faire
subir dans la triple sphère de sa personnalité ter-
restre, dans la région des sens, dans celle de la
morale et dans celle de l'esprit, la même épreuve
dans laquelle le premier représentant du genre hu-
main, Adam, avait naguère succombé, et la lutte
commence entre le dragon infernal et le descen-
dant de la femme qui devait lui écraser la tète.
Le Rédempteur commence l'œuvre de la déli
vraiice par lui-même, en restant quarante jours
sans boire ni manger, cpmme ses deux modèles.
Moïse au Sinaî et Elie à Horeb. Il demeure pendant
ce temps-là dans la retraite, jpow montrer b b^-
cessité de se rendre d*aborJ mailre de ses i«-
piessions sensibles, et pour attaquer TigovreAc-
ment le mal dans son empire.
Le nombre quarante est 4in espace de temps «»
sacré par de grands mystères dans tout reosenh^
de rancienne alliance. La pluie du déluge i^ri
quarante jours. Joseph pleura son pcreenEgyi^
pendant autant de temps. Les eiploralears csfl9}v>
{lar Moïse mirent quarante jours à se rendre duL*
e pays d*I&rac|. Probablement 1^ apôtres ei »
disciples de Jésus en mirent autant pour aNer 7
piêcher le royaume de Dieu. Goliath éiab smô?-
gued pendant quarante jours, jusqu'au nonMoi h
David le terrassa. Quarante jours sont épkmm
accordés à Ninive pour sa conversion. Li pênoôe
normale de la fonction de juge dans l'âge bêfi4*i'
du peuple est enfin de quarante années. Mms «
même que chaque prophète symbolisait dais a «^
la vie même du peuple de Dieu, de mèm k ^
dempteur passe maintenant quarante jours <i»»if
désert, à l'image des quarante années pesdasl h
quelles le peuple d'fsraél s'était préparé dass k^
sert à la prise de possession de hi terre pn«K
comme aussi pendant quarante sièdes Yim»^
entière, dans sa pérégrmation terrestre, ânK ^
tendu jusqu'à ce moment avec impatienfc ii if
demption et rentrée dans le royausne de Urfv. ^'
nombre mystique de quarante se retrouve wiÀ^
Ïdusieurs circonstances remarquables de U ^ '
^hrist« En effet, il est présente an temple qu"**
jours après sa naissance ; quarante jours s^*^ "^
passion il esl eicomroonié par la Synagtigae; ^t^
rante jours après sa mort ii monté gloriesS'^
(1889) InlTodwtion à Cétude des vérités chuHiewies, par M. l'abbé Gebbet
r,a5
NOTES ADDITIONNELLES.
I5>»
su ciel. L*£|;tise, animée d*an insUncl divin, a senli
Piroponance de ce ifombre mystique, el Ta cunaacré
par le jeûne du earème.
A respiration du jeàne du Sauveur, le tentateur
apparaît pour corrompre Ui second Adam, comme
il avait séduit le premier, et de même qn*il avait
entraioé le père du genre humain à manger le finit
J^feodo, il veut pousser le Rédempteur do monde
i se servir de sa puissance miraculeuse pour la sa •
lisfaction d*nn besoin corporel. Il le presse , afin
d'introduire en loi Tardent désir de la ^ie terrestre,
lui qui devait faire sa nourriture véritable de la vie
Je s«Mi Père.
Hais le nouvel Adam devait apprendre aux hom-
mes qu*ii était le véritable pain de vie. Il ne voulait
pas nous offrir une nouirilure terrestre, mais il se
proposait bien plutôt de nous mériter un sublime
ilimenl qui vient de Dieu et quMl assurait k Tbu-
ma ni lé (lar son incarnation. Il repousse donc le ten-
laleiir par ces parol>>s : c L*bomme ne vit pas seu-
lement de pain, mais de la parole qui vient de la
[K>u€lie de Dieu, i Par \k il d&larait non-seul«*ment
|u*il était le Aôyoç issu de Dieu, mais aussi qu^il
Hart la céleste Eucharistie, véritable alimeut de vie
Irstiné à rbuniaiiiié languissante.
I>e li*iil»teur emmène alors Jésus sur un mont
Hevé, qui, selon Fopiuion po|«ulaire et la tradition,
si la montagne Quaraniama, près de Jéricho. (Test
loe grande montagne calcaire, remplie de caver-
M^, dnut le sommet est difficile à atteindre, et qui
»V<éTe en face du mont Abarim, du sommet duquel
4 Oise vit la terre promise. Le uom qo*elle porte
Micore vient de la tentation de quarante jours.
Jhauve et stérile jusqu'à son sommet, elle s^élève
Ml face de la montagne où furent prècbées les sept
téatiuides , comme la montagne du malheur , de
nème que la mer Uorte déroule ses eaux croupis-
santes en face du lac de Gt^nésaretb. Mais de son
(ommet la vue découvre Fancien pays des Amor-
iLr% jusque bien avant vers Test ; en remontant
rers le nord, les territoires de Galaad et de Ba»ao,
>: vaste héritage des tiibus de Ruben, de Gad et de
lanassé; vers le sud et vers Touest, dans un rayon
rés-étendu, les montagnes et les pays voisins, et
e regard se prolonge même jusqo*auz frontières de
'Idomée. Poeocke regarde cette montagne comme
I plus haute de la Judée. C^est sur son sommet
[ue le tentateur conduit Jésus, et de ià lui mou-
rant tous les royaumes du monde, il lui dit : c Je
e doi.oerai la souveraineté sur tous ces pays, si tu
eux te prosterner devant moî et m*adorer. »
Dans ropiiiion des Orientaux , Jérusalem est le
entre de la terre. Le Quarantania ou ia montagne
le la Tentation, éloignée d'une lieue de la ville des
alctti^-rs, < si id comme le Mérou, le mont mythique,
éjuar des dieux chez les Hindous, le sommet le
lus élevé de THimalaya, la base et le centre de la
prre, qu*eovironaent les sept Dwipas, ou les sept
es ées peuples, c*est-ài-dire que toute la nature
^rrestre entoure, ei d*où les quatre fleuves se ré-
andeot virrs les quatre parties du monde. Le prince
e l'enfer présente au Messie le miroir enchanté dans
^quel apparaissent à ses regards tous les royaumes
e la terre : il lui insinue de fonder, en qualité de
[t'ssie du monde terrestre, son royaume sur ia
r>iH|uète, et d*entrer par là à son service comme
it vassal obéissant. Il lui offre même son appui
vec une impudence infernale, %fin d'essayer de
ffidre la rédemption illusoire, et ébloui par les
ommages que lui rendent les nations prosternées
II pied de ses autels, il ose se mettre à la place
e Dieu.
Mais rUomme-Dieu résiste à la tenution d^élever
n royaume terrestre et de devenir ce puissant
)uverain qui, comme le pensaient les Juifs, devait,
après les paroles delj pi optiétie, sortir de TOricnt.
rcluse de recevoir en qualité de faux messie la
foi et l'hommage des pt^uples, et dit : // etf écrit :
Tu adoreroM le Seigneur ton Dku et tu ne serrtrns
que lui.
Alors le tentateur s*approclie une troisième fols,
il remmène et le place sur le sommet le plus élevé
du temple, en lui disant : Si f» es le FiU de Dieu^
jette-toi eu ba$^ car il est écrit : Il a ordonné à u$
auge$9 i^ ^ porteront dan» leur$ mains^ afin que tes
ptêof ne u heurtent contre aucune fierté. Câalt la
plus grande tentation dirigée contre son intellicence.
Satan se servait d'une fausse interprétation de TE-
criture pour éveiller dans le Sauveur un mouvement
d*orgoetI présomptueux. Cest cette même tciitaliou
dont le calomniateur se servit pour perdre le pre-
mier homme , lorsqu'il lui dit : Si ton» faite$ ceia^
tos yeux s'ouvriront et vous serez égaux à Dieu.
Que Ton remarque ici comment le diable cherche
à déterminer son esprit au moyen de sentence» de
la Bible. Et comme il a Fimpudeoce de lui inter-
préter rEcriture. comme s'il prévoyait l'époque où
le protestantisme devait être élevé josqua la hau-
teur d'une religion, et l'abus que feraient de FEcri-
lure tous ceux qui, a^t héraut à son principe de cou-
tradiaion, s'arrogeraient le même droX
Satan dit : Ils le porteront sur leurs mains ^ afin
que ton pied ne se heurte à aucune pierre. Il détache
arbitrairement une sentence qui doit ùvoriser ses
desseins, mais il n'ajoute pas ce qui suit immétlia-
tement après : Et tu marcheras sur le serpent et U
basilic^ ce qui propbéiisait précisément 1^ ruine du
démon, c'est-à-diie que le Sauveur écraseiait !a
tèle du serpent. C'est ainsi qu'agisse tl»shciési-
arques dans tous les temps ; ils disent, par eie»*ple,
contre le jeûne : Ce aui entre dans la bouche ne
souille pas Chomme. Mais ils font semblant d'igno-
rer une le fruit défendu a causé la chute d*Adam ;
que le Christ lui-même a jeûné dans le désert ; que
la désobéissance sufiit pour souiller l'Ame, et que
Jésus^Christ nous a ordonné de jeûner lorsqu'il se-
rait au ciel. — Ils disent que l'humiliante confession
est une chose insensée, car Dieu sonde les cœurs
et les reins : mais ils oublient que Ji*aii-B ptisle
déjà Ta exigée; que le Christ lui-même s'est mis au
rang des pécheurs et a reconnu être chaque des
péchés de tous les hommes, et qu'il est dit dans
l'Ecriture : Les péchés seront remis à ceux à qut
tous les remettre]^ etc. Ils nient toute autorité' en
matière de foi, la sentence du Christ : Tu es U
pierre sur laquelle [e bâtis mon égliu^^ ne b ur pa-
raîj^sant pas assex significative ; ils ne réfléchissent
pas assez que J^us-Chrjst n*a pas hésité à dire :
Que celui qui nUcoute pas fEaliu soit pour toi comme
un païen et un publicain, U en est de même eu
toute chose! ils ont toujours rEcriture daus la
bouche, ils s*en servent coinnio Satan quaud il cher-
chait à se jouer du Christ.
Sur le c6té nord du temple s'élevaient à une pro-
digieuse hauteur les créneaux de la tour Anton ia,
dont on voit encore aujourd'hui les fondations. Crtie
foiteresse dominait toute la sombre vallée qui s'en-
fonce entre Sioo, Muria et Acre , et regardait les
quatre p.rties du monde. Elle était si hardiment
construite, que de là on vovait jusqu'à ilébron, dans
les provinces du sud. i C'était, dit Joséphe, une
construction étonnante, telle qu'on n*en peut voir
nulle part de plus admiiable, car ce vallon était si
profond, que, lorsqu'on regardait en bas, la vue se
perdait dans les abimes. Au haui de la tour, Hérode
fit bâtir encore un portique d'une telle hardiesse,
que, lorsque quelqu'un montait eu dehors, jusque
sur la pointe, pour regard< r eu «même u mps les
deux monts placés au-dis&ous, il counit danger
d'être pris de veitige avant que ses yeux eussent
aperçu le fond de la vallée. •
C'ea là que le tentateur avait emmené le divin
Sauveur, et qu'à cette hauteur, faite pour donner
des vertiges, il avait insisté pi es de lui en lui di-
15^5
DUn lONNAIRE APOLOGETIQUE.
saiU : Jette-toi dans cet abîme effrayant ^ il ne C arri-
vera aucun mal.
Mais le Seigneur, méprisanC la fausse lumière
(|u<i lui présenie Lucifer et dédaignant ces perGdes
iiHjerprëtations de rEcrilure, refusa d*abuser de sa
puissance miraculeuse. 11 repoussa donc le tenta-
teur en lui disant : Retire toi^ Satan, car il est écrit :
Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. Comme dans
les épreuves précédentes, il le repoussa par des pa-
roles de TEcriture sainte , interprétées dans leur
i^éritabte sens.
Alors, Tesprit de mensonge s*enfuit. Le fantôme
qui ne résidait pas seulement dans l'imagination du
Sauveur» mais que Satan lui avait réellement fait
apparaître, disparut; le Sauveur se retrouva seul
dans le d^rt, des an^es descendirent et le servi-
rent, il se trouva au. milieu des bêtes féroces; mais,
les lions et les chacals ne lui flrent point de mal.
1^ rapport primitif qui a existé entre le premier
Adam et toute la création du monde animal, rapport
«lui s*est établi pour quelque temps en faveur de
rsoé, le second père du genre humain, se trouve
maintenant reconstitué par le Hédempteur. Les bêtes
féroCi'S se sentent attirées vers lui. Nous rencon-
trons à plusieurs reprises ce phénomène dans Tbis-
ioire de beaucouu do saints, chez lesquels les bar-
rières du p^he s^étaieut abaissées de la même
manière, | ar exemple, chez saint François et saint
l;;nace. Les anges descendent ici»bas pour servir le
Kédempteur, d6 même que dans les anciens temps
ils fréquentaient les patriarches et les prophètes.
Le chacal parcourt encore aujourd'hui pendant
la nuit les rues des villages de la Palestine. Le lion
est encore aujourd'hui le roi du désert d*Arabie,
où il s*est retiré, tandis que, dans le xu' siècle, du
temps du moine Pliocas (1690), il venait jusque sur
les bords boisés du Jourdain. On le rencontre en-
core dans les solitudes du Carmel, taudis que la
panthère, le tigre et le léopard errent plus iôin à
travers la terre sainte.
Ainsi Ta paix du monde, la paix entre le Créateur
et la créature, était provisoirement rétablie, et
la triple tentation sous laquelle Adam succomba,
savoir, la concupiscence de ta chair^ la curiosité des
f/eiio; et Corgueil de la vie, qui, depuis sa faute, s^é-
taient étendus à tout le genre humain, furent vain-
cus par lé second Adam Et c'est ici eue se montre
le rapport de la nature humaine et divine dans le
Christ. Le Fils de l'homme, selon la parole de l'A-
Pl^tre, ne regarde pas comme un vol de s'être con-
sidéré égal a Dieu : mais ce qui fît sa gloire, c'est
qu'il se soumit entièrement à la volonté de son Père
céleste, qu'il dédaigna de rechercher les jouissances
terrestres, et qu'il ne voulut pas obtenir uu royaume
dans ce monde.
Maii quand THercule divin eut blessé mortelle-
ment le dragon qui gardait la voie céleste, quand
il eut écrasé la tète du serpent infernal, il fut donné
alors à Thumanité de combattre l'enfer et le pécbéi
et d'accomplir, sur tes traces du Christ et de ses
saints, sur le sommet des montagnes, le pèlerinase
qui conduit vers la sainte cité de Dieu, vers la Jé-
rusalem céleste, en suivant la route que doivent
parcourir tous ceux qui veulent arriver a la perfec-
tion.
L'esprit de Tablme qui, à la mort de Jésus, se
déclara vaincu par la bouche de ses oracles, cet es-
prit infernal oui avait tenté le Messie, apparut plus
tard, sous la forme d'une lumière, dans la caverne
liera, au prophète de la Mecque, L'Arabe aveuglé,
en se prosternant devant lui, rendit hommage au
principe du mal, en sorte qu'il succomba dans cette
épreuve suprême, et que, dans la suite de son exis-
teuce, il opposa les plaisirs des sens à l'abnégation
chrétienne, et la doctrine de la fatalité paieniK i
celle de la providt^nce divine. Au lien de conquérir
b terre oar la puissance pacifique delà religi(Ki,ii
préféra faire appel au sabre, il devint par là oiéne,
tout en dominant les peuples, un vasial.d« m
•sombre puissance du inal, qui loi avait dit: itu
donnerai toute cela si tu te prosterna ieîw noi
et si lu m'adores. Le matur» de l'abîme, pràâpiiéiJfl
trône de la souveraineté universelle, s'est dédom-
magé plus tard, sur une moitié de la terre, de Ii
défaite que Jésus-Christ lui avait fait essuyer dan>
le désert, son étrange demeure.
Quand le judaïsme et le paganisme eurent, dans
le pays du midi, réuni leurs forces contre ïF^xv,
l'f^sprit infernal ne resta pas pour cela dans litDc-
tion, et il ne cessa, dans les régions da nord, d'at-
taquer l'empire de celui qui l'avait auU'efoistemsÀ
ei de faire, autant qu'il le pouvait, rétrograder le
genre humain vers le passé, quoiqu'il nepjiljafliui
reconquérir tout ce qu'il avait perdu.
L'esprit de discorde qui, dans tons les séh,
avait attaqué l'Eglise de Dieu, comprit an jourli
nécessité de concentrer contre elle toutes les fortes
de l'erreur. Pour élever en face de rislamisme see
puissance formidable, il réunit toutes les no-
tions du nord contre TEglise universelle; il cruniu
de nouveau le Christ dans son EgUse entre dctii
larrons, entre Mahomet et Luther!
Quand ce projet est arrêté, le tentateur se pr^
sente à la Wartbourg, devant le moine saxon. Daii
une première épreuve, il l'attaqua par 1« phiârt
des sens, et il lui dit : c Si tu es le rélormatem
que la terre attend, parle, et que toute chair $«
ranime. > Le moine alors, tlévoré par le& fetti ^
l'enfer, abolit le jeûne et la conunaice, à iii^
desquels le Christ lui-même avait vaincu Sàta&.U
lit un appel à toutes les passions humâmes : il a^
lit le célibat des clercs; il leur donna Ini-métoek
premier l'exemple d'une union scandaleuse, eib
moitié des prêtres se rangea sous ses éteidanb.
Alors, du haut de cette montagne de la ^artboar;,
le tentateur, lui montrant tous les ropaiac» <^
nord, lui dit : i Vois, je te donnerai tout ceia»n
me leconnais pour ton maître, et si ta confiais
glaive le sort du nouvel évangile, i Le moine t^^-
tieux souscrivit à la demande du déoioo : il sxnia
à l'Etat la liberté de l'Eglise : il jeu dans m
magne un brandon de diseorde. Sa parole brûiaiiie
fit d*abord appel à la noblesse, il réunit swij i^
drapeaux les forces de raristocratie. Sur les ^^^
du Rhin, il leva le glaive au milieu des cbnai^
pour enlever la pure fiancée du Christ, et s'eniiff^
de ses trésors. Ensuite on présenta aux sa^^ ^
tous les rangs la pensée de s^emparer i leur p"*^
des doctrines de sa réforme. Les pasûous dàsat»-
giques s'enflammèrent , et la guerre des pay^"
éclata. Les princes leur arrachèrent le glaive ^^
mains après leur victoire, ils tournèrent leirsIoR'»
contre la monarchie, et une guerre civile de^
ans compléta le triomphe du nouvel énm^ ^
séducteur, après avoir attaqué le moioe oas 'f^
sens et dans la volonté, s'adress^i à son iDtelliF<>^-<
et lui dit : f Si tu es le nouvel apôtre, mets-ti^»
dessus de toute autorité ; préeipite-toi dans fil»
de la science que la Bible ouvre devant tes ^
tu liras dans le livre sacré : la foi seule »Btt
Le Saxon aveuglé souscrit à oeue perfide dc0i^'
il ouvrit le livre aux &ept sceaux ; il éleva U ^
morte au rang de règle de la foi. La griiœqv''-
superflues les bonnes œuvres devint ledraj^'
toutes les sectes et l'étendard d'un nouvel i^^ct^
contre l'Eglise de iésus-Clartst, que les p«»^^
de l'enfer ne pourront jamais vaincre.
(1890) De locis sanctis, cap. 23.
1557
NOTES ADDITIONNELLES.
isôS
NOTE XXll.
(An. Tiii?iiTé, s V.)
LES ANaENS PERES DE L'ÉGUSS ONT-ILS PENSÉ OU PARLE P>U MYSTÈRE
DE LA TRINITÉ A LA MANIERE DES PLATONICIENS?
La solitiîoQ de celte question complétera ce que
nous avions à dire ponr répondre aux objeciions
Mittlevées contre le domine de la Trinité. Noos em-
pninieronft an savant Père Ralttfs la réfutation pé-
remploire qu'il a faite des accusations que i. Le-
clerc, auteur de la Bibliothèque universelle en 1693,
a publiées contre la doctrine des Pérès relativement
au dogme fondamental de la reliffion cbrétienne*
Outre le système des emprunts du christianisme
qu'il bat en ruine avec une raison si irrésistible et
ht victorieuse dans ses preuves, Ballus nous donne
t-iicore &ur les philosophes anciens et sur les écoles
de» chrétiens des cou naissances qui ont besoin d*è-
tre répandues beaucoup plus qu'elles ne le sont.
II. Matter, dans V Histoire au gtwtiicisme^ et M. Potter
«Inns celle de r Egliu {l%Oi)^ ayant formulé de nou-
veau ktf assertions des sodniens en ce qui con-
cerne les Pères, les apôtres et Jésus-Christ lui-
même, leurs formules, pour le fond identiques à
ceiles de leurs ancéties, se trouvent foudroyées k
Pavance par Touvrage du savant jésuite. Cet ou-
vrage de Baltus est en même tenips un excellent
correctif du célèbre livre de fluet, évèque d*Avran-
ches, Alnetanœ questiones^ lequel n*a pas assez mon-
tré le revers de la médaille, c*est-à-dire les absur-
dités, \ts extravagances, les écarts des philosophes
de Tantiquité, et, par ce vice radical, est devenu
pour les esprits irréfléchis peut-être jplus funeste
qu'avantageux à la cause que défend 1 illustre évè-
Îoe. Le livre du P. Baltus a Dour titre : Défense des
'ères accusés de platonisme. On a en donné en 1857
une nouvelle édition sous le titre dePure/^^u cAfûifa-
nisme, ou le christianisme n*a rien empruntée la phi-
losophie paienne. Les chapitres que nous allons citer
soiitliré^ du 2* vol. et du 4* ii%re dans lequel fauteur
montre la mauvaise foi avec Uquelte les ennemis de ta
religion ont abusé de quelques passages des sainis
l*ercs pour les calomnier et pour attaquer en teurs
(lersounes le mystère adorable de la Trinité.
L Réponu à fautorùéde quelques auteurs récents^
qui ont cru que les Pères t.e V Eglise ataietU été
pleloniciens. — On ne peut tirer en conséquence
Cexemple d'Origène contre eux , puisqu'ils lui ont
toujours reproché son trop grand attachement pour
!a philosophie profane: au contraire^ se* malheurs
prouvent manifestement F horreur que l' Eglise a
toujours eue d'une pareille faute. — Sentiments
véritables du P. Pétau sur le platonisme des saints
Pères. — // faut les chercher dans la préface du
deuxième tome de ses Dogmes. — // jf pronre que
les saints Pères des trois prenJers siècles ont ensei-
gné le dogme de la Triniti dans touU sa pureté^ et
qu'ils n^'ont point été platoniciens, quoiqu'ils se
soient servis quelquefoit des termes de ces philoso-
phes. — Exemple' tité de saint Athanase. — Pour
bien canta&îre les Pères de CEgliu , il faut
dis:ingu€r leurs différenu ouvrages, et faire atten-
tion au but qu^ils u proposent, et aux personnes à
qui Us parMl.
Si nous n*avons pas eu grand*peine à faire voir
i 1991 ) D fiiat j joindre MM. GuiuH, Vacherot et SalsseL
(1*892) Origenkma, I. n, cap. 5, f 17 : t Plaloois quidem
dc^ciptiiiam asseetall sont veuisu Paires qnamplurimi,
purtim vetnstkires Oiwene, partim eodem receotiores,
•^oicuoqne prcserlim Kicaenum ooncilium anteceaserunl.
one les saints Pères, que Ton accuse le plus d*avoir
été prévenus d'estime pour b philosophie piaioni-
cienne, n*ont rien dit qui puisse donner un prétexte
suffis;int à cette accusation, il nous sera beaucoup
plus facile encore de répondre à Tautorité de quel-
ques auteurs récents que les ennemis de la religion
nous objectent continuellement, comme ayant re-
connu dans les Pères des trois premiers siècles ce
même platonisme que nous avons montré n*étre
qu*une chimère.
Et premièrement, quelle force peut avoir ici le
témoignage de ces auteurs récents, quelque savants
et quelque illustres qulls puissent être? S*agit-il
d^une question qui doive ou qui puisse être décidée
par Tautorité beule de quelques auteurs du dix-sep-
tième siècle, ou par des témoignages, des preuves
et des faits tirés de ces mêmes Pères des premiers
siècles, que Ton accuse d*avoir été platoniciens?
Qui ne sait que sur un pareil sujet, comme sur tous
ceux qui regardent Fantiquité , un auteur nouveau
n'es; croyable qu'à proportion des preuves quM pro-
duit pour soutenir son sentiment? Or, quelles preu-
ves ces auteurs ont-ils produites pour montrer que
les sainis Pères avalent été attaches à la philosophie
platonicienne? Je n'en ai trouvé aucune dans leurs
livres, où ils ne parlent de ce pr^ugé qu'en passant
et en assez peu de mots.
L*un, en exposant les erreurs d'Origéne , qu'il
montre avec bcÂocoup d^érudition devoir être at-
tribuées au trop grand attachement <]ue cet ancien
auteur a eu pour la philosophie platonici«;niie, ajoute
simplement : c Que la plupart des anciens Pères ,
soit qu'ils aient vécu avant ou après Ori^e, sur-
tout ceux qui ont précédé le concile de Mieée, ont
suivi, à la vérité, les seniiroenls de Pbton , mais ils
n'ont prisde lui que ce qui était conforme aux senti-
menisde rFiglise,au liouqu'Origènesemblearoir vou-
lu transpotkN' dans l'Eglise toute l'Académie (1892).»
Il est vrai qu'Origene a eu trop d'attachement
pour la Dhilosopbir profane, et en particulier pour
celle de Platon, etquec*est lli la source de plusieurs
erreurs dans l^u«rlles il est tombé. Hais c'est ausbi
le retiroche que toute l'antiquité chrétienne loi a
fait, et la cause de toutes les disgrftces qu'il a es-
suyées. C'est sur ce pied que ses en*eurs ont été
condamnées dès son vivant même, et par toute l'E-
glise après sa mort. C'est enfin ce qu il parait avoir
condamné lui-même. Mais parce qu'Origéne s'est
trop attaché à la philosophie platonicienne, est-ce
une preuve, esi-ee une conséquence, que les autres
Pères de l'Eglise qui Pont précédé ou qui Font suivi,
s'y soient attachés aussi? Au contraire, l'apologie
qii'Origèiie fut obligé de faire de sa conduite sur ce
sujet , les reproches et les disgrâces qu'il s*auira
parla, les censures et les anaitièmes dont il se vit
flétrir, malgré son mérît? extraordiitairc et les
grands services qu'il a\ait rendus à l'Eglise, ne
sont- ce pas des preuves bien certaiues de fhorreiir
que l'on avait daus TEglise de cette philosophie pro-
fane à laquelle il s'était trop attaché, quoique avec
la nreilleure intention que l'on puisse avoir? Tout
At ca solom ab illo muUiati sont, que decrelîs Erclesis
consentîebanl ; Origeues vero tolam Academbm %isus est
in Ecclesiam IraosioHsse : lirel faleatur alicubi philo»»-
ptiiam neque in omnibus le^ i Deî contrariam esse, nequo
in omnibus oonsonam. i
iS59
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
1506
ceta ne fal-il pas encore dans les «ièeles suivants
une terrible teçon pour ceux qaî auraient été teniés
de suivre son exemple, et un motif infiniment puis-
sant pour éloigner tous les fidèles de cette même
philosophie qui avait été cause de ta perte de ce
grand homme? On ne peut donc tirer en conséquence
Texemple d'Origène pour prouver que les sainis Pè-
res qui ont précédé le concile de Nicée ont suivi la
philosophie platonicienne , et beaucoup moins en-
core pour montrer quMs Font suivie jusqu^au point
de mêler les sentiments de cette philosophie profane
avec les dogmes de notre religion. 11 est éviJentque
rillustre et savant auteur dont nous parlons n'a ja-
mais eu une pareille idée, et que c*est abuser visi'i'
bleinent de ses paroles, que de les prendre dans ce
sens qu'elles n'ont pas, et qu'elles paraissent même
exclure positivement.
Mais les ennemis de notre religion, qui ne cessent
de s*eu prévaloir, pour nous rendre suspects nos
plus adorables mystères , abusent encore avec plus
d'injustice et de mauvaise foi de ce que le savant P.
Péiaa a dit à Toccasion de quelques expressions
particulières, dont quelques-uns de ces anciens Pè-
res se sont servis, en parlant du mystère de la Tri-
nité. En effet, ce grand homme (1893) ayant misa
la tète du second tome de ses DogmM théologiques
une longue et savante préface dans laquelle il ex-
plique clairement ce qu'il a prétendu dans le corps
de son ouvrase, lorsqu'il a dit (1894) que la plupart
des anciens Péies ^euiblaient avoir pensé ou parlé
du mystère de la Trinité à la manière des platoni-
ciens; et ayant prouvé dans le même endroit (1895),
Far les témoignag;es les plus exprès de ces mêmes
ères et de quantité d'autres, la constante et |>erpé-
tuelle tradition de ce même dogme cuiiformément
à ce que la foi nous en apprend; malgré toutes ces
précautions qu'il a prises pour faire connaître ses
véritables sentiments, les ennemis de la religion ne
cessent néanmoins de nous l'opposer , comme un
Est -il donc permis, lorsqu'il s'agit de connaître ou
de rapporter les sentiuenis d'un auteur, de ne faire
aucune aiientiou à une préface ou plutôt à un
traiié, où il fait profession de les expliquer avec le
plus de solo et d'étendue? A Dieu ne plaise que nous
en agissions de même à l'égard de ce grand homme,
ou de quelque autre auteur que ce paisse être :
nous sommes bien plus disposés à le défendre contre
ses calomniateurs , et pour cela nous n'avons qu'à
exposer ce qu'il dit dans cette préface.
En effet, après avoir produit plusieurs témoigna-
ges de saint Justin , d'Aihénagore et de Théophile
d'Antioche, par lesquels oa voit évidemment qu'ils
ont cru et enseigné expressément le dogme de la
Trinité, tel que la foi nous le propose ; il dit de ces
mêmes Pères, et de Tatien (1890), qu'ils ont soutenu
ce dogme dans toute sa pureté, et que s'accordant
(1895) Petav., Prœf. in tom. II, Theolog. Dogm.
(1894) idem, 1. i, De Trinit., cap. 3: < Nunc de cxteris
qui vel perpetuo catliolici fuerunt, vel inter eos a;iquando
floruerunt, prima esse débet inquisilio ; ut plerosque
quosdixi, constet de sanclissima Trinilate Platooico peue
more sensisse, vel loqueudi Rcnere ipso nonniliil ad eum
itiiplicatos vidcri posse. Quod posienus adsanclus polis-
simum atqueomnl veneratiooe dignos attinel,quos neque
culpare debeo, > etc.
(1895) Idem in Prsfat. ejusdem toroi H, cap. 3, 4, 5.
(1896) Idem, Prsfat., cap. 3 : « De hoc vero (Théophile
Auiiochensi) idem quod de Atbenagora et JusUno, alque
etiam Tatiano, secaudi omnibus sa^culi scriptoribus, asse-
verandum est ; eos omnes dogmatis caput et substaniiam
ipsam shie ulla labe tenuisse, atque ex tam concordi de
tribus in divinitale senlentia, quoquo tandem ea génère
loculionis expresserint,viih occulte et ab aposlolis iraos-
fuss iraditionis culligi. Ac uiibi videnlur illi, cum adver-
fus gcntiles dodos et philosophiic dcdilos pro christiaiia
tous si parfaitement pour le fond, quelque di
qui paraisse dans leurs eipressions, on ptm avec
certitude prouver par leur aoloriié la tradîlioB per-
pétuelle de ce dogme depuis les apôtret ; que s'ils
ont pai lé moins exactement dans oertainrt oorasioiis^
c'est parce qu'en disputant contre les pbikisopbesct
les autres savants paîens« Us voulaient leur faciliter
la croyance de ce mystère, en le leur représêntaiit
sous les idées et les termes de la philosoptiie piatu-
nicienne, auxquels ces savants étaient accoutuDé^;
qu'en cela ils se sont comportés connue oa a ino-
jours fait à l'égard des catbéeoménes «lue Toii vcet
instruire des mysiéres de notre religioD ; q«*OB s'ap>
pli(|ne d'abord à leur en donner une idée générale,
tirée autant qu'il est possible, dea doUoos les plos
communes et des sentiments les plus coimoi: que
l'apétre saint Paul en a agi de cette xDaniere a IV
gard des Athéniens, lorsque, pour s*accoromoder à
leurs idées, il leur a annoncé le véritable Dieu, sous
le nom du Dieu inconnu qu'ils adoraient, quoique
saint Paul fût fort éloigné de croire que le l>ieauc<
chrétiens fût l'un de ces dJeox inconnus adords dat»
le pavs d'Athènes, t Nous disons, ajoute-t-îl« ta mê-
me chose de ces anciens Pères dont nous venons ée
parler, que, quoiqu'ils aient proposé aux paî«>na le
mystère de la Trinité i n se servant quelquelob» ii<^
manières de parier des platoniciens, ils ne l'ont tiii
néanmoins que pour se proportiuuiicr à la capacité
de ceux qui les écoutaient ou qui lisa eut leurs h-
vres, et non pas pour avoir été dan» les uiémes sen-
timents, et avoir eu les mêmes idées que ces phao
souhes. C'est ce que nous faisons encoie, cootinoe-
t-il, lorsque nous expliquons aux eatéciium. ties cm
au peuple chrétien» les mystères de uotre relipoti leâ
plus dilliciles et les plus' obscurs : nous emptoyoi»
l s comparaisons les plus sensibles et les plus cota-
munes pour leur en facditer Tin tellîgencc (1897). i
Pour confiriner ensuite ce qo^il vient de dire, qu*H
ne faut pas croire que les Pe<*es de 1 Egli<«e. pom*
avoir cité quelquefois Platon et les plattiuidens, et
empJoyé leurs manières de parler, aient M pMu
cela dans les mêmes sentimeuts, le P. Pétau pioJmt
une preuve qui met la chose dans une parùute évi-
dence. C'est qu ; les sainis Pères, pour nioatrtr aax
païens que la foi d'un Dieu en trois personnes n'a
rien d'incioyable, produisent q^aleuient le leaMi-
gnage des poètes et des autres auteurs profanes qui
ont dit quelque chose d'approchant , comme cent
des platoniciens. Peut-on les soupçonner néaumoîas
d'avoir eu les mêmes idées que ces poètes sur cet
auguste mystère, ou d'à oir cru que ce que ces
païens en ont dit fût la mcuie chose que ce que U
loi nous en apprend ? Qui ne voit combien eeitr
imagination serait absurde? U est donc visible, par
la môme raison, que les Pére.H de 1 Eglise, poar
avoir quelquefois cité aux païens le témoignage de
Platon et des platoniciens sur quelques vérités de
notre religion , n'ont pas pour tout cela adopte 1 ^
idées de ces philosophes sur ces vérités, aa eru et
flde disceplarent, quo eam veDdibllioreai facercat ac m
gis persuade reul minus accurateei subtiliter î.IIds iniimj
et arcana commisisse libris istis, quos emaojre in niû-^*
cuperenl : alque ad IMalonis deciela, eamque qtt^i i.>i
combiberant, theologise fornjttlam, christiaDura t^imi cm
formasse niysierium, > etc.
(1897) Idi'm, i(Hd i Ita : prorsus de il lis quos tiocainan
chrisliana; legis magislris eidoctonbus ex isiiniMiius, qiu»
vis Trinitalis mysterium sic apud geotiics iBierpfVU(#
t'uerinl, ut qua&dam do co IMaiomco pêne more d^i^Li-
verini ; non hanc lamen iuteriorem fuisse meateai t<
sentenliam ipsonun : sed declarandi soJum, et ut cssi^*
erat audienlium aut eorum scripia versaDliiim, eus ^-
dum interpretationis adhibuisse. Qua» ratio in rueUcs
non m«Hlo catechumenis, sed cjJam Christian is ii>>U4i»^
dis hodieque valet, ut eum illis paoio recoudiUon<tâ£w j
traduntar, ila uti capere possunt. et it*rum ustialaniB •«
gumeuUs et simililudinilms expliccnlur.
{^
NOTES ADDITIONNELLES.
f5G2
Biirane manière qae ieitrs sentiments fassent les
m<^i»es que ceux des Chrétiens. Voilà néanmoins
iur qooi les ennemis de la religion les ont faits pla-
tfNiiciens. Ils pourront, avec la même facilité, les
faire encore stoïciens, épicuriens, péripatéticiens,
poêles et païens, quand Us le jugeront k propos.
L*ex6mple que le P. Pétau apporte de cette sage
conduite des saints Pères, dont nous venons de par-
ler, confirme parfaitement ce qu'il en a dit II est
tiré de saint Athaiiase^ que Ton ne soupçonna jamais
d'avoir pensé ou parlé comme les platoniciens sur
le mystère de la Trinité, et çiue Ion sait au con-
traire ravoir toujours expliqué aussi corrocie-
ment qu'il l'a défendu couraitensement contre Tim-
piété des ariens. Cet illustre Père néanmoins , dans
son livre dé l'/n^arnalton du Yerbe^ où il dispute
contre les |iaïens (1898), leur propose ce que la foi
nous enseigne sur ce mystère , à peu près sous les
mêmes idées que les platoniciens s'étaient formées
du Père, du Verbe, et de Tàme du monde dont parle
Ifor maître. D'où vient cela? CVst que saint Atha-
nase, dans le livre dont nous parlons, proportionne
son discours à ceux qu'il préleod instruire, et qu'en
s'accoromodant à leurs idées , autant qu'il lui est
possible, il veut par là les conduire insensiblement
à la coonaîssance de ce grand mystère des cbré-
liens. Il savait qirautre cuose est d*e\pliquer les
mystères de la foi à des ignorants ou à des païens,
qui n'en ont aucune idée, et autre cbose d'expliauer
ces mêmes mystères à des lidèles, ou de les déreu*
tire contre les sophismes des hérétiques.
Ce sont en effet deux ministères bien différents,
ei qui demandent par conséquent dans ceux qui en
tout ch.irgés, une conduite fort différente. Et c'est
parce qu'on les confond dans les saints Pères, ou
par malice ou faute d'attention, qu*on leur atiribue
tous les jours tant d^erreurs, ou tant de sentiments
particuliers qu'ils n*ont jamais eus. On veut qu'ils
parlent aux païens des mystères de notre religion,
de la même manière et dans les mêmes termes
qu^ils en parlaient au milieu de l'assemblée des
lîdèles; et qu'ils en disputent avec ceux-ci avec li
même atteiilion et la même subtilité qu'ils pour-
raient faire CD combattant les hérétiques. Et si, par
t apport aux uns ou aux autres, ils omettent la
moindre circonstance, s'ils se servent de quelques
termes qoi ne sont plus en usage, s'ils emploient
quelques comparaisons qui ne nous paraissent pas
justes en tout, on fait attention à ces omissions, on
ii^ueille soigneusement ces tenues inusités, on
prend en toute rigueur ces comparaisons, et on ne
manque pas de leur en faire un procès. Enfin, si,
en parlant aux païens, ils leur citent les témoignages
de leurs philosophes et de leurs poètes, pour les
(^rendre par leurs propres principes, et les amener
pius doucement à la connaissance de la vériié, on
les accuse d*avoir été dans tous les mêmes senti-
ments que ces auteurs païens, de n'avoir point eu
d'autres idées de nos mystères que celles qu'ils
puisaient djos leurs livres; ou au moins d'avoir
confondu ces idées avec celles Qu'ils prenaient dans
les divines Ecritures. Quoi- de plus injuste que celte
conduite ?
Mais S! on ne veut point foire attention à ce que
demandaient d'eux les personnes à qui ils parlaient,
les circonstances où ils se trouvaient, le dessein et
le but qu1ls se proposaient dans certains ouvrages,
on devrait au moins Jeter les yeux sur d'autres qu'ils
ont composés, et où ils se comportent d*une manière
fort différente, parce que le but dç ces ouvrages, les
personnes pour qui particulièrement ils les compo-
saient, et toutes les autres circonstances étaient en
effet fort différentes. Alors on jugerait bien plus
sainement des uns «et des antres, on admirerait la
sagesse de leurs auteurs, et on ne pourrait plus se
tromper sur leurs véritables sentiments. Le P.
Pétau vient de nous apprendre à connaître les vé-
ritables sentiments de saint Athaiiase touchant le
mystère de la Trinité, en nous appreitant à distin-
guer ses ouvrages. Veut-on faire la même chose par
rapport aux autres Pères de TEglise? Veut-on con-
n'attre, par exemple, Clément d^Alexandrie, et dis-
siper en un moment toutes les fausses idées que
M. Le Clerc sVfforce de nous en donner, en nous le
représentant comme un homme qui copiait perpé-
tnelleroent les dogmes des philosophes païens, et qui
était beaucoup plus stoïcien ou platonicien qu'il
n'était chrétien? On n'a qu'à lire son Pédagogue ^
au'il a composé pour instruire les chrétiens sur leurs
evoirs, ou l'excellent traité qu'il a lait : Du bon
usage des richesses ((899); alors on connaîtra com-
bien ce grand homme était rempli de la science des
divines Ecritures, combien ses sentiments étaient
purs, et ses maximes saintes et chrétiennes. Et ce
que je dis de Clément d'Alexandrie, je le dis de tous
les autres Pères de l'Eglise. Je les vois tous si at-
tachés à l'Ecriture sainte, la posséder si parfaite-
ment, y conformer avec tant de soin leurs sentiments
et leurs expressions mêmes ; je les vois tous si pé-
nétrés de l'excellence de la religion chrétienne, et si
convaincus des égarements des philosophes païens,
que je n'ai besoin, pour mon particulier, d'aucune
autre preuve de la calomnie qu'on leur fait, en les
accusant d*avoir été attachés à la philosophie pla-
tonicienne.
Ou vuit donc par Texposition que jo viens de faite
des véritables seniimeots du P. Pâau, combien il
a été. éloigné de croire que les, saints Pères eussent
suivi sur le mystère de la Trinité les idées de la
philosophie platonicienne. Et comment l'aurait-il
cru, puisque, comme nous l'avons déjà remarqué, il
fait voir gue les mêmes Pères, par réluignemeiit
qu'ils avaient pour tous les philosophes, avaient re-
jeté et combattu leurs sentiments les plus certains,
sur des matières de physique, pour s'attacher uni-
quement à l'Ecriture :
§ 11. — Réflexions sur te smtimenl du P. Pélau
que VoH vieni d'exposer, — On ne peut tomber d'ac-
cord avec /m, qu*tt se trouve dch expressions ptato-
niciennes dans tes passaget des Pères de l'Egtise
dont il parle, — On ne voit aucun rapport entre les
êxpresstons de ces anciens Pères^ et celles de ces
philosophes, — ils n'ont pu rien emprunter d*eux
sur cette matière, — Cest uniquement deCEctilure
sainte qu'ils ont tiré leurs sentiments, leurs exprès-
(tK98) Saint Athunase montre précisément dans cctcn-
Imit que les païens ont tort de regarder i'iiicaroalion du
l^'erbe comme une cbose imiiossible ou absunie, puisque
luelques-uDs de leun philosophes soutenaient que Dieu,
ni le Verbe de Dieu qu'ils adniellaient, se trouvait réel-
ernent dans tous les corps et dans toutes les ditrêrentes
nrties lie l'univers. Cétaitle scniiuicnt des platonicicos
*i des stoicieos que Virgile a exprimé dans ces vers du
V' ihte des Géorgiqaes :
DeuM namaue ire per omnes
Terrasque, tractus(pic maris.cœlumtfue profundum.
r ti.ini» ceux-ci du sixième de \ Enéide :
Pt itwipio cidnm, ac terras, camjfosqne liqncntes,
Lfuxnteniqw globum /una*. tilamaquc astra
Spiritus intus atit, totamque infusa per arins
Mens agitut motenit et magno se corpore miscei
Mais ce n*est point 1^ parler k la plâtonicirnoe du mv^-
tcre de la Trinité, ni le représenter aux païens 8ous les
termes et les idées auxquelles ils étaient acroulumés :
c*cst simplement un argument que l'on appelle ad homi'
uem, tiré du sentiment de ces philosoplies, pour leur faire
voir qu'étant dans ce scnlimenl, ils ont tort de iratier
d'absurde, ou d'impossible, l'union du Verbe de Dieu avec
la nature humaine. (Athanas., De itu^arn. Veibi />ri, pag.
83, nqvap edit. PF. Beiiedicl. )
{\H\]^\ In t pirie Am Unit Bibtiotlt, VV ruMiuns. tlc-
inenti?) Àlexandiini, tib \% • fvXjk*' <», -.• .,
1
1583
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
\%\
itoifi, teun comparaUonê^ €f i/« tCont rien dit que
d'orthodoxe sur ce sujets
Au reste, quoique j'approuve forl tout ce que dit
ce savant homme dans sa préface sur le sujet dont
il s*agU, il y a néanmoins une chose dont je ne puis
convenir avec lui : c'est en ce qu*il suppose toujours
qu*il y a de la ressemblance entre la manière dont
les anciens Pères qu*il cite dans le corps de son ou-
vrage, se sont exprimés sur la divinité du Verbe et
le mystère de i^ Trinité, et celle dont les platoni-
ciens se servaien pour expliqi:er leurs imagmations
sur le Père et le ^ erbe dont Platon a parlé, inavoué,
pour moi, que je n*y en vois aucune : car, pour
nous en tenir à la manière dont le P. Péiau lui-
même explique le sentiment de ces anciens dans le
corps de son ouvrage, il dit : c Qu'ils croyaient qu'il
n'y avait qu'un seulDieu, invisible et non engendré,
qui avait produit hors de soi le Verbe qui était en
lui ; ct^u*!! Tavait produit comme une parole vocale
et sonnante, qui ne passe pourtant pas, ainsi qu*uB
son qui s*évanouit et se dissipe; mais qui demeure
comme une chose subsistante et solide, afin qu'é-
tant tel, il créât tous les èlres : et qu'enfin le Père et
le Dieu suprême produisit ainsi cette Parole oh ce
Verbe, quand il voulut créer Tunivers, afin de
ravoir pour aide et pour compagnon dans la produc-
t'oii de tous ses ouvrages (1900). i VoiU comme le
P. Péiau expose le sentiment de ces anciens tou-
chant la génération du Verbe.
Sur quoi, sans examiner si cette exp«jsition est
exacte, je soutiens premièrement qu'en l'admettant
telle qu'elle est, on ne trouvera point que Platon ni
les platoniciens aient jamais rien dit de semblable
de la génération du Verbe, ni qu'ils aient employé
sur ce sujet cette comparaison de la Parole interne
et externe. Pour 8*eu convaincre, on n'a qu'à par-
courir l'exposition que le même auteur a faite, dans
le premier chapitre de son ouvrage M901) des ima-
ginations différentes de ces philosophes touchant le
Verbe de Platon, et de cette espèce de Trinité qu'ils
s'étaient avisés d^établir à l'imiution de celle des
chrétiens; on n'y verra rien qui ail rapporta et s
manières de parler, ou à cette cx>inparaison du Verbe
interne ei eiteme, dont ces anciens Pères se sont
servis.
Seciindement, ces anciens Pères sont surtout,
comme le dit le même auteur, Athéuai^oro, Ta lien,
Théophile, Tertullien et Lactance. Or, les qua-
tre premiers étant antérieurs à Plutin et à ses
disciples, que l'on doit reconnaître pour inven-
teurs de toutes ces imaginations et de toutes ces
idées platoniciennes, ils n*out pu adopter ni leurs
(1000) PcTAV. De Trinil.t 1. 1, càp. 5, num. 8 : c Igilur
nonnullis velerum illa de DiviDiUle se personarum io ea
divers! taie insederat opinio, unum esse summum, inge-
nilum, neque aspeclabilem Deum (qui x^to*) id est
Verbum vel Sermonem , quem mImIctov , inlns iaclu-
sum tenebat, ex sese foras prodaieril vocalem et scoan-
leiD, nec tamen vocis instar sonique transeunlem ac
dissipabilem, sed ejusmodi ut velul corporalus ac subsi-
slens estera deinceps efliceret. Tum aulem a suprême
Deo ac Paire produclum esse dixerunt, cum banc rerum
univeisitatem moliri slaluil, ul illum velul adminblrum
adhiberet. i
(1901) Idem PBTAvnjs. cap. 1 eiusdem 1. i. De TrURt.
Nous exposerons, plus bas, la pluparl des imaginations
des platoniciens sur leurs trois dieux principaux. Nous
les avons tirées de la même source que le P. Pét.u,
c'est -îh dire de Procfus, qui les produit dans son Corn-
vicnUtire sur le Timée. El l'on jugera si ces iroaginalions
païennes et platoniciennes ont la moindre ressetnbtance
avec le seiiUmeut des Pères, ou avec les expressions et
les comparaisons dont ils se servent.
(190i) EcclesiafÂicix\iY,tS: E^exore AUi$$imi pro-
divi primogenita ante onmem crealuram. C'est de là que
toute rEg'.ise parle encore ainsi du Fils de Dieu : 0
SipieiiUa, quœ ex ore Ailmimi prodiisli, altmqens a fine
usque ad finem (ortiter, guaviterque disfwnem otmiia. Je
me souviens toujours avec plaisir de ces beaux vers de
sentiments, ni leurs expressions, quand même ih
auraient été disposés à le faire , et qu*its «'aoraiefit
pas donné, comme Lat:Unce, mille preuves du c«b-
traire.
Troisièmement, je sootiens que ces anciens P«res
n'ont point pris ailleurs que dans rEcritarc ces sea-
timents qu'ils ont eus, et les termes mêmes oo les
comparaisons dont ils se sont servis pour les expB-
quer. Gela parait non-seulement par ce que nooi
avons dit de leur aversion pour toute la philosophie
païenne, et de leur attachement inviolable pour l'E-
criture sainte, où ils puisaient tous leurs senUineou
sur les matières mêmes les plus indifférentes, ci du
langage de laquelle ils ne 8*écariaieiil jamais, k>r».
qu*il s'agissait de religion ; mais encore tMraucosp
plus, parce <|[U6dans les endroits mêmes où ilsexpo^
sent ces sentiments dont nousparlons, ils emploitai
les propres termes de rEcriture et en citent les pa**
sages (jul.les ont obligés de s'exprimer comme \\i
ont fait. Cest ce (|ue Ton voit dans les eitriits
mêmes que le P. Petau a prodoits de leurs oovn-
ges.
Quatrièmement, je dis que, comme il n'y a riea
dans toutes leurs paroles qui ressente le piaiouts-
me, il n'y a rien aussi, dans le fond, qui n'ait au
très-lK)n sens et qui ne soit trèsM>rtbodoxe, ainsi
Î|ue le même P. Pétau le soutient dans sa pre-
ace. En effet, si on examine leurs paroles avec at-
tention; on verra qu'ils enseignent tous réternité d
la consubsiantialiié do Verbe, lorsqu'ils disent qœ
le Verbe était dans son Père comme sa Sagesse ou
sa Parole interne ; et qu^en ajoutant que son Péie
le produisit au dehors lorsqu'il voulut créer Vuui-
vers, comme sa parole ou son Verbe externe, iU u>:
veulent rien dire autre chose, sinon que le FiU de
Dieu sortit du sein de son Père pour se manile»i(T
par la création du monde, de la même maniéFe
qu'ils disent encore, et que nous disons après eui,
qu'il en sortit plusieurs siècles aptes pour se mam-
fi ster par son incarnation. Noos ne trouvons point
de difficulté dans cette expression méiapbonqne,
lorsque nous parlons de rincamation ; pourquoi ^
en trouverions-nous lorsque ces anciens parlant ik
la création ? Ne s'expriment-ils pas tous comme 1 E-
criture (1902), lorsqu'elle dit de la sagesse éter-
nelle, par qui tout a été fait, qu'elle est sortie àt
la bouche du Très-Haut? Et ce qu'ils disent du
Veibe proféré ou poussé au dehors, n*est4l pas lin
des premières paroles du psaume xliv, que TEgli^
a toujours expliqué et entendu du Fils de Dieu?
(1905).
Je pourrais m'étendre davantage sur ce sujet ;
Prudence, qui expriment parfaitement le sentiment rv-
ibodoxe des plus anciens Pères de l'Eglise dontaiMa
parlons. Ils sont pour la fêCë de Noël.
Èinerge dulcis pusio,
Quem nuarit editcusUuu
Varem et expen conjugis
Mediaior et duplex geiuts.
Ex ore quamlibei Patris
Sis ortus, et verbo editus,
Tamen palemo m pectore
Sophia cdUebas prtus,
Quœ prompta cœtum contUdH^
Noctem, diemque et ndera.
Virtule Verbi e/fecta sunt
Uwc cuncîa : ttam Verbuiu Dmt.
Sed ordifialis sœculU,
ïïerumqtie digeslo statu,
Fundator içse et artifex
Pernuuuil m Patris mu.
Donec rotala annalhim
Transvolverentur mi7/i/i,
Alque ipse peccmtism diu
Di^iutus orbem viseret.
(1005) Psat. xLiv, f 1. Eructdtit cor meum terhmm l*
num. Septuag. È^t»E«T» i upi» ftm 14|«« «7«Wv. Cest le ^o^
même dont quelques-uns de ces anaens Pères, et, eatrt
autres, Théophile d*ÀnUoche, se sont servis.
«.rS
.NOTES ADDITIONNELLES.
irM
foi
mais il me suflil d*avoir monlré que les passages
elles par le P. Péuu ii*ont rien de commun avec
les imaginations ou les manières de parler des pla-
io:iicJeii$ ; qoe les Pères n*ont suivi, dans les sen-
timenls quMls y e&primt'nt, que rauioriié et les ex-
pressions mômes de TEcrilure; et qu'enCn c'est
avrc beaucoup d'injustice que les ennemis de notre
religion nous opposent coniinui^llement le savant
P. Pétau, comme sll avait été persuadé du pré-
tendu platonisme des anciens Pères touchant le
mystère de la Trinité.
$ (IL — Réfutation du paradoxe impie des sociniem
contre le mystère de la Trinité, — Conduite diffé-
rente de deux auteurs récents qui tout débité, et
pourquoi on préfère M . Le Clerc à i' auteur du Pla-
tonisme dévoi4é. — Système de cet auteur sur le
vlatonistne de Jésus-Christ^ des apôtres et des
tainls Pères. — D'oii il tire le prétendu platonisme
Ul's premiers chrétiens, — Fausses suppositions
sur lesauetles il rapi^uie, — Il n'y a point eu de
secte platonicienne dans les premiers temps du
christianisme. — C'est Plotin qui est rauteur de
cette secte. — Quel a été son dessein en l établis-
sant. — Les idées de Plotin sur les trois principes
n'ont pu se glisser dans le christianisme.
li n'y a pas lieu néanmoins de s*en étonner, puis-
iMs se comportent avec encore plus de mauvaise
ei d*iojustice à l'égard des Pères de TËglise mê-
mes. Aveuglés par la passion furieuse qui les anime
contre le mvsiere adorable dont nous venons de
parler, et dont les saints Pères nous ont, par une
tradiiiOQ constante et perpétuelle, transmis le
dogme qu^ils avaient reçu des apôtres, et puisé dans
les Ecritures; iln*y a point de calomnies qu'ils
n'inventent pour ruiner leur autorité; point de
mauvais sens et d'interprétations malignes qu'ils
n'emploient pour éluder ou pour corrompre leurs
passages les plus clairs ; point d'artilices enfin et de
déloun qu'ils ne mettent en usage pour nous per-
suader que les saints Pères ne nous ont débité sur
ce mystère que les idées de Platon ; et que ce mys-
tère méme^ qui est le fondement de notre religion,
n'est rien autre chose qu'un platonisme gros-
sier.
C*esl ce que prétend tout ouvertement l'auteur de
l'impie ei extravagant ou\ rage qui porte pour titre :
Le platonisme dévoilé. M. Le Clerc va au même but
que ce socînien déclaré, mais d'une manière plus
«.achée et plus adroite. Celui-là est un furieux, qui
confond tout, suppose tout et ne prouve rien, ou
qui ne donne pour preuves que des emportements
et des injures grossières contre les saints Pères.
Celui-ci est plus modéré en apparence; il se cachi»,
il se déguise et ne marche que par des voies détour-
nées. 11 tàcbe de prouver ou au moins de rendre
vraisemblable ce qu'il avance, ou plutôt ce qu*il in-
;t90i) Bibliothèque universelle^ tome X, pag. 402.
(1905) OmoftifB contra Celwin, L vi, pag. 279. Vide
euiiidcm Origenem, pag. 280, 283, 288, 350, etc.
(1906) AuGUST , epist. 3t, \et. edit., ad Paulittum :
i Libros beatisKsimi paps Âmbrosii credo habcre sancUla-
iifin luam, eos aulem multum dcsidero, quos adversus
itoiiDullos tnipcrilissimos et superbissimos, qui de Pla-
[ouis libris Domlnum profccisse conleodunl, diligenlis-
slme et copiosissime Kripsit. i — Idem, 1. u De doct.
Chriêi , cap. % : i De utililate autem historié, ul omit-
jm Gr»cos. quantam nosier Ambrosius qusslionem solvii
-alamniantibus Platonis lectorlbus et dilectoribus, qui
iic*-re aasi sunt, omnes Domiui nostri Jesu Chrisli sen-
i*ntias, quas mirari et pr»dicare cogaolur, de Platonis
ibrjs euin didiciise, qaoniam looge an te humanum ad-
f^utum Dominl Platonem fuisse, negari non potest.
»o/ine memoratus episcopus cousiderata hisloria. ...
robabilius esse oslendit quod Plato polius nostrrs lilteris
»vr Jeremiani fuerii Imbulus, ut iUa p<i6set docerc et
iTibf^re quas vere laudanlur... ila considérât istemporibiw
i tfiulio rredibtiius. istos potius de lilteris nostris ha-
tuHse quaM:iU(|ue booa et Tcra diseruati quam de Pla-
sinue. Pour cet effet, il produit des passages des
saints Pères, qu'il tourne et qu'il interprète d'une
manière qui pourrait assurément tromper des sens
peu attentifs. C'est ce qui m'a obligé de le préférer
partout à son ami, dont l'ouvrage confus, grossier
et emporté ne fera jamais beaucoup de tort It la re-
ligion.
Continuons donc à examiner ce que dit M. Le
Clerc, et voyons comment il s'y prend, pour nous
insinuer adroitement que le mystère de la Trinité
n'est rien autre chose qu'une idée de Platon adop-
tée mal à propos par les Pères de l'Eglise. D'abord
il renouvelle l'extravagante calomnie des païens,
qui, dans les premiers siècles de r£glise, ont osé
avancer que les auteurs des livres sacrés du Vieux
Testament, et ensuite Jésus-Christ même et les apô-
tres avaient emprunté beaucoup de choses de Pla-
ton. M. Le Clerc (i90i), cenl'ormément i cette idée*
la plus insensée et la plus chimérique qui fut jamais*
Ç retend que Ton trouve dans le Yieux et le Nouveau
estament, et surtout dans ce que Jésus-Christ dit
de lui-même en plusieurs endroits de l'Evangile,
quantité de phrases platoniciennes. Orij^ène s'est
moqué de l'épicurien Celse (1905), qui répétait
continuellement cette fable dans son ouvrage contre
les chrétiens, et l'a convaincu, sur ce point, de la
plus grossière ignorance. Saint Âinbroise l'avait
réfuté aussi dans un livre composé exprès sur ce
sujet; et saint Augustin, parlant de cet ouvrage de
saintÂmbroise et de cette calomnie des païens (1906),
traite ceux qui Tavançaient de ^ens souverainement
ignorants et superbes, et leur imagination de folie
et d'extravagance achevée.
.M. Le Clerc ajoute ensuite < Que les païens qui
embrassaient alot s I Evangile, et qui avaient queK
que étude de la philosophie païenne, remarquant
cette ressemblance de termes, se persuadaient que
les apôtres avaient cru la même chose sur ces ma-
tières que les platoniciens juifs et païens. Et c'est
c^. qui semble, continue- t-il, avoir attiré plusieurs
philosophes de cette secte d^ns la religion chré-
tienne et donné aux premiers chrétiens tant d'es-
time pour Platon (1907). » Cet auteur suppose,
comme l'on voit, que la secte platonicienne était
fort considérable dans les premiers temps du chris'*
tianisme, au lieu que nous avons montré qu'il n'y
en avait alors aucune qui portât ce nom, et que les
académiciens, qui étaient les successeurs et les sec-
tateurs de Platon, avaient, depuis longtemps, lait
disparaître entièrement tous les dogmes de ce phi-
losophe ; en soutenant qu'il iren avait point tenu,
et en combattant tous ceux qui en admettaient. On
ne commence, en effet, à entendre parler de philo-
sophes qui aient pris le nom de platoniciens, que
sous les Antonins : et il est certain une c*est à Plo-
tin f 1908), qui vivait sous l'empire de G.illien, que
la philosophie platonicienne doit ou sa naissance ou
lonis, Domlnum Jesom Chrislum ; quod drnicntisvimuui
est credere. i
(1907) Biblioth, univers., tom. X, pag. 403.
(1908) Les platoniciens nouveaux, témoins dignes de
creauce en cette uialièrc, ne recoiuiaissaicnt pour vrais
platoniciens que ceux qui avaient porté ce nom depuis
Plotin. Hicrocl^s dit clairement que tous ceux qui
avalent précédé ne s'étaient appliqués qu*2i eorrompru
les dogmes et les ii\res de Platon, et à combattre les
péripatéliciens : conduite qu'il condamne et dont il se
plaint amèrement. H lûouUlt, dans son septième discours,
que les vrais platoniciens, et qui s*èUieot atuch^s :i
suivre la doctrine de Platon dans toute sa pureté, élaieut
Plotin, Origène (fort différent da rOrigëne chrétien),
Porphyre, Jamblique.et les autres, dit- il, de cette sacrée
fiostéfitè qui leur ont succédé, jusqu'à Plutaraue l'A-
thénien. H dit que celui-ci a été stm maître, et l'on sait
que le même Plutarque a été aussi celui de Proclus. On
voit d4»nc toute la suvcession des platoniciens piistérleure
au christianisme, qui n'a été qu'une cabale d'ennemie
déclarés de la religion chrétienne, de magiciens et de
païens entêtés, s'il en fut jamais. Elle a eommoart par
1567
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
VM
son rétablissemciil, avec tous ces discours guindés,
ces raisonnements mélapbysiquos, ces dogmes et
ces mystères de magie qa*elle n*aTalt pas aupara*
vant. On sait enfin que ce philosophe et ses disci-
ples, après avoir ajouté ainsi à leur philosophie tout
ce Qu'ils crurent propre à lui donner du relief et à
la faire paraître toute divine, après avoir contrefait
iians cette vue plusieurs mystères du christianisme,
dont ils étaient parfaitement instruits, et réformé,
sur les lumières qu'ils en avaient tirées, plusieurs
de leurs dogmes et de leurs sentiments, n'omirent
rien pour les établir partout, et supplanter par là,
sM eût été possible, le christianisme même.
Cette léfleiion seule devrait suffire pour renver-
ser entièrement toutes les prétentions de M. Le
Cleic, et le convaincre parfaitement que les idées
platonîcii unes de Plotin, et en particulier celle
qu'il s'était formée de ses trois principt^s, n*ont pu
se glisser parmi les dogmes du christianisme ; puis-
que le christianisme était depuis longtemps établi
et répandu par toute la terre, et le mystère adora-
ble de la Triniié cru et enseigné par tous les chré-
tiens, avant que l'on entendit parler des trois prin-
cipes de Ploiin et de toutes les autres chimères de
sa philosophie platonicienne.
§ IV. — Conduite ariificteuie de M. Le Clerc. —
Sentiments qu'il attribue aux Pères de VEglise^
et que nous entreprenons de réfuter, — Passages
de PlatoUy qui, selon M. Le Clerc, ont persuadé
les saints Pères que le sentiment de ce philosophe,
et celui des apôtres sur la Trinité, était le même,
— Passage tiré du Timée de Platon, — Passage
de VEpinomiSf où Platon parle du Verbe trèn-di-
vin, qui a arrangé Vunivers. — Passage tiré de la
lettre à Hermias, ett Platon parle d'un Di(tu auteur
et conducteur de toutes choses, et du S^yneur qui
est le père de ce Dieu. — Passage du Jtmée ton-
chant rame du monde. — Passage di la lettre à
DenySf tyran de Syracuse. — M. Le Clerc reproche
à ces pères de l'Eglise de s'être trompés grossière-
nient en trouvant dans ces passages de Platon le
mystère deja Trinité,
àc. passe néanmoins légèrement sur celte réflexion,
l'Oiir remarquer que M. Le Clerc avance ici deux
propositions fort difféi entes, qu^il mêle entiemble
adroiteiuent. L'une est que les premiers chrétiens
se persuadaient que les Apôtres avaient cru sur le
mystère de la Trinité la même chose que les philo-
hophes platoniciens ; et Tautre, que ces mêmes
chrétiens avaient conçu une haute estime pour Pla-
ton. La raison de cette conduite adroite de M. Le
Cl< rc, outre le dessein qu'il a de se cacher, et de
ite parler pas si crûment que l'auteur du Platonisme
dévoilé; ckêi que les passages des saints Pérts,
qu'il produit ensuite, s'ils prouvent quelque « hose,
prouvent tout au plus que les chrétiens des premiers
siècles estimaient Platon, à quoi nous avons déjà
répondu ; et que néanmoins il veut conclure de c* s
mêmes passages, que ces chrétiens ont cru que le
Plotin, qui en a été le chef, et elle a fini par les disciples
cl les amis de Proclus, tels que Damascius, Isidore de
Ctaze, Siinplicius de Ciiicie, aoul nous avons des com-
mentaires sur les ouvrages d'Aristote, où il donne sou-
vent des marques de sa haine contre les chréllens,
Kulamius de Phrygie, Priscianus de Lydie, Hermias cl
Diogène de Phéuicie. Ceux-ci, voyant le paganisme eu-
ticrement ruiné el la religion chrelienne triomphante
p.irlout, cherchèrent en Perse un asile, où ils pusseul
exercer en toute liberté leurs superstitions de magie et
d*idolâtrie. Mais u ayant pu s'y établir, ils en reviurent
cl se dissipèrent bienlôl après. Cest ce que Ton peul
apprendre d'Âgaltiias lllistorien, au livre u de son
histoire du règne de Tcmpcreur Justiuien, de Suidas
qui Ta copié, av mot n^Cm : et pour ce qui regarde
liiéroclès, de Photius dans Tabrége qu'il a iàil de Tuu-
vrage de ce philosophe platonicien sur4a destinée cl la
providence, page 1^5 de sa Bibliothèque^ de l'édiiion
grecque d'Uœsciieiius. Ou ne doit pas cire surpris au
sentiment de Platon sur la.Triiiîté et ceM des apà^
très était le même. Mais ce sont là deux choses ia-
finimeut difTérentes, et dont Tune ne 8*eiisutt nui-
/ lement de l'autre. Les premiers chrétiens pouvaient
estimer Platon, comme je Pestime mot-méoie beau-
coup, lorsque je le compare à quelques autres phi-
losophes païens, sans croire néanmoins, non pUts
que moi, que les idées de ce philosophe ou celles de
Plotin sur ces trois principes, fiuseni b némc
chose que le mystère de la Trinité que les ap4kres
nous ont enseî|[ué. Peut-on les souoçonner ou soup-
çonner le dernier des Cbiétiens d un pareil égare-
ment?
C'est néanmoins le sentiment gue M. Le Clerc
leur attribue ; car voici la conclusion qa*il tire des
cinq ou six passages quMI rapporte sur ce sujet :
c On pourrait, dit-il, citer plusieurs autres passv
gcs par où l'on verrait que plusieurs d*entre les
Pères des trois premiers siècles ont cru que le sea-
t'ment de Platon et celui des apôtres était le méoie. i
Nous allons examiner si cette conclusion «st jastc:
car si nous la laissions passer, elle eu entraînerait
infailliblement une autre qui suivrait beaucoup plus
naturellement, et que notre auteur a surtout en voe,
()uoiqu*il n'ose pas la déclarer ouvertement : c'est
que les Pères de l'Eglise, dans cette persuasiM,
ont suivi sur le mystère de la Trinité les imagiia-
tious de Platon, et que ce dogme même, Id qnûs
nous l'ont transmis , et que nous le croyons .
iè*est rien autre chose qu*un platonisme mal es»
tendu.
Au reste, M. Le Clerc soutient encore b nàne
chose dans sa septième Lettre critique (1909), où il
prétend prouver que Platon n'a rien tiré du Vieux
Testament ; que surtout sa doctrine des trois prur >
pes n'en vient pas, et qu'elle n'est pas la mèoie
chose que la Trinitié des chrétiens, t quoique les
Pères, ajoute-t-il, l'aient cru, par le trop grand dé-
sir qu'ils ont eu d'attirer à eux les philosophes, i
Nous pourrons examiner, en Gnissaut ce livre, le
reste de cette Lettre, qui n'est toute remplie que de
fausses suppositions ; mais, pour ne nous attacher
ici qu'à ce qui regarde le ])Oint dont il s'agi', nn
voit que notre auteur y soutient encore que le>
saints Pères ont cru que la Trinité des chrétiens
était la même chose que les trois principes dont
Platon a parlé. Et de fait, pour prouver cttie
créance qu'il attribue aux saints Pères, il cite uo
passage d*Eusèbe (iS^iO), que nous ajouterons à
cçux qu'il produit dans le x* tome de sa Biblioike-
que, et dont nous allons montrer l'étrange abus
qu'il fait.
Pour nous mettre mienx en état d'en juger, rap-
portons d'abord les passages de Platon, qui, seltia
notre auteur, ont persuadé les Pères de rÈgliseqac
les trois principes dont parle ce philosoptie étau' i
la même chose que le mystère de la Trinité réféé
dans les saintes Ecritures.
Le premier se trouve dans le Timée (1911), (à
Platon, recherchant la raisou pourquoi Dieu n'a
reste de voir Simplicius e» quelques autres ont pasefll
pour aristotéliciens, mis an nombre des pUtooiriefi^.
puisque, comme nous l'avons appris d'Hiérocl^, tous rt^
philosophes prétendaient quArislote ne s*étail|K«<i(
éloigné des senUmenls de Platon, et qu'ils s'appliqoaîeBt
presque également à commenter, k souteoir et a fjîr»
valoir les ouvrages de l*un et de t autre, dans la vue <V-
donner plus d éclat et de force à leur platonisme, o*
plotêl an pasanisme, dont ils s'efTorçaieni par toute sof^r
de moyens ae réparer les mines.
(1909) Epislola 7 critica Joannis Oerici ad L. Cand}-
dum Verum.
(1910) EpisL 7 crit., pag. 246.
(1911) Plato in Timœo, pag. 5t, cdil. Serrani. Plal^p
ajoute que Dieu ayant mis une àme dans ce vaste cor;*,
et l'ayant étendue dans toutes ses parties, fit rii&o <i.i
monde un Dieu bienheureux :kA ««^t* i^ t«v«« t.l»p»«« t^
I V:*)
NOTES ADDITIONNELLES.
îb:o
(Hiifit d*>niié de pieds au ciel on aa monde, ce gros
et vaste animal qoi était en même temps on Ji-s
plos grands dieox de ce philosophe, il dit grave-
ment que Dieo loi ayant donné un monTement cir-
nilaire. il est clair qo^ii ne devait point lui donner
do pieds dont cet antmal n*aTait pas besoin ponr un
l»areil moovemeni. c Cest poorqnoi, continae-t-il,
le raisonnement de Dieo, c*est-â-Jir^ Dieu, ayant
bien examiné ce qnl convenait k cel animal, qui
devait être Dieo lui-même. Ta fait rond et uni de
tons les cétés, et lui a doiué on corps parfait com-
posé d*autres corps parfaits, i Voilà le premier pas-
Mge qoi, sdon M. Le Clerc, a persuadé les Pères
lie rE^'lifse que oe qne rEcriiore nous apprend do
Y«». lie éiernel de Dieu éiail la même chose que ce
que Plalun dit ici.
Le secoB.I passage est tiré do dialogue Intitulé :
Epinomis (1912). Platon y décide que le ciel, les
pUnètes et tontes les étoiles fixes doivent être éga-
lement honorées, parce que ee sont des divinités
fort amies ei fort semblables entre elles : c L^est
pourquoi, dit-îL soit que ces astres se mtovent par
eux-mêmes, soit qu'ils soient entraînés par le mou-
vement des sphères oà ils sont attachés, que per-
sonne de nous n*en ait de différents sentiments, et
ne s*imagine qoe les uns sont des dieox et que les
autres n*en sont pas ; ou qoe ceux-là sont vrais el
Ic/itimes et les aotres non : chose on'il n'est pas
même permis à personne de penser, liais disons et
assomns qn*ils sont tous frères, parfaitement égaux,
vi bon<irons-les tous également, de sof le qoe nous
ne consacrions pas à l'un Tannée et à Tauire le
mois, et que les autres niaient aucun honneur ni
aucun temps consacré dans tout cet espace qu*ils
«-oiploient à faire leur course avec cet univers que
le Verbe très-divin a arrangé et rendo visible. Ce-
lui, coniiooe Platon, qoi est bieiiheoreux admire
premièrement ee Verbe, et après cela II est enflaii»-
nné du désir d'apprendre ce qui peut être connu par
one naiore iitorielle. i M. Le Clerc s*arrête à ces
paroles : Que le Yerbt trét^ivin a arrangé cel uni -
ttrs; et il croit que les Pères y ont trouvé U se-
conde personne de la sainte Trinité exprimée si
parfaitement, qu'ils n*ont point douté que ce ne fût
absolument la roèoie chose que ce que rEcrîlure ^
nous en apprend.
Il faut ajouter à ce passage celui que notre aoteor
rapporte encore dans sa Btbliotfièque pour prouver
ÏA même chose. Il est tiré de la Uttre à Bermias,
a EraiU et à Coritqne, f Platon leur ordonne de
faire une espèce de pacte entre eux, en prenant a
témoin le Dieu qui est le conducteur des choses
I résenles H futures, et le Seigneur qui est le Père
de ce cooducieur et de cette cause (1913). •
Pour ce qoi est do troisième principe de Platon,
dans leqoil M. Le Clerc croit qoe les Pères ont
trouvé le Saint Esprit, il produit un passage du
Timée où il est dit i que TÂuteur de Punivers a créé
le monde, et qu'il en a fait un dieo bienheoreox ;
qu'il loi adonné une àme plos ancienne que son
corps, et quM l'a faite d'une subsunce mitoyenne
entre celle qui est indivisible et tooioors la même,
el celle qui est divisible et matérielle M914). > Qui
iMiurrail s'imaginer qoe les Pères de rEglise eus-
sent trouvé le Saini-Ësprit dans ces paroles de Pto-
u>n? M. Le Clerc le soutient néanmoins, et cite la-
dessus Eosèbe, quoique cet ancien auteor n'eu dise
rien, etqu*il parle, à l'occasion d'un autre passage
qne voici, tel qoe M.. Le Clerc le rapporte dans sa
bibliothèque, il est tiré delà lettre à iNsnis le Jeune,
(191Î) Uem, m Epmtmûde, pag- 986, lôm. If.
' (1913) Idem Pukio*, epIsL 6, ad Hemaam, Eratium et
C4>risaim, in fine. . . • , ,.
(191 i) Idem, tn ToMTo, sUtun faifra locum sopra (ita-
inm. .
{1913; Plaio, episl. 5,00 Ihonys. , . -„
41916) Epist. 7 crilica, pag. 246. f Al lenuis smull-
où Platon s'exprime ainsi : < Tout est autour du
roi de toutes choses, et tout est à cause de lui. Il
est la cause de tous les biens ; les choses du secoml
ordre sont aotoor do second, les choses do troi-
sième sont autour du troisième (1915). >
Voilà quels sont les passages de Platon dans les-
quels M. Le Clerc assure que les Pères de l'Eglise
ont trouvé le dogme de la Trinité : voilà, selon loi,
ce qoi les a persuadés qoe les apôtres avaient conço
ce mystère de la même manière qoe ce philosophe
païen'. Il les combat là-dessos dans sa septième
Lettre critique avec one facilité merveilleose, et il
Wor montre admirablement (1916) qu'ils ont eu
grand tort de donner dans une pareille imagination,
sur one aussi légère ressemblance que celle qui se
trouve ici, et de soutenir ensuite que Platon avait
tiré de TEcritore ee dogme des trois principes,
qu'ib se sont persuadé si mal à propos n'être rien
autre chose que la Trinité des chrétiens. Voyons à
prient s'il a raison de leur faire ce reproche, et si,
selon u méilr^de ordinaire, il ne leur en prête pas
beaucoup, pour avoir occasion de les combattre, ou
plutôt de combattre en leurs personnes le mjjsière
adorable de la Trinité. Pour cet effet, examinons
les passages qu'il cite de leurs ouvrages , en roin-
mençant par ceux qnll produit dans sa Bibliothè-
9ve(1917).
S V. — Examen des pastages des sainte Pères sur
lesquels Jf . Le Clerc prétend qu^its ont cru que le
sentiment de Platon et celui des apêtres sur la
Trinité était le même. — Passages de saint Jus-
tin, aiiCon ne wnt aucune trace des conclusions
qne M. Le Clerc en tire. — De quels dogmes de
Platon parle saint Justin, lorsqu'il dit qu'ils ne
- sont pas éloignés de ceux deJésus-Ckrist. — Pas^
sages de saint Augustin également mal expliqués
par Jf . Le Clerc, ^ Ce que les platoniciens non--
veaux entendaient par leurs principes, — Abus que
fait M. Le Clerc des paroles de saint Augustin. —
Intfriété des platonieiens ofposée' à celle des sabel-
liens et condamnée par satnt AugusHn. — Ce saint
Père, dans le premiet pauage, ne parle que des
anciens platoniciens, qui n^ontjamaii fait o|eiili««
de Dieu le Père, de Dieu le Fils, et de rame du
monde, comme de trois principes. — Preuves de
cette vérité. — Les principes de Platon et des an-
ciens platoniciens ont été fort diférents de ceux
des platoniciens nouveaux.— Les auteurs anciens
qui ont exposé les sentimenu de Platon, nont
point fait mention de ces trois principes, ou de ces
trois dieux principaux. — Ces trois dieux princi-
paux, assemblés ensemble en forme de Trinité,
sont une invention des platoniciens nouveaux, sin-
ges et ennemis des chrétiens.
Je trouve d'abord celui de saint Justin, que nous
avons déjà rapporté, en faisant voir qo*il ne contient
rien de particulier à la louange de Socraie on de
Platon. U. Le Qerc le donie néanmoins, non-seu-
lement comme un témoignage de la grande estime
qne saint Justin faisait de Platon, mail encore
comme une preuve que ce saint martyr a cru que
le st*ntiment de ce philosophe et celui des apôtres
sur la Trinité éuit le même. Voyons donc si noos
pourrons découvrir dans ce nassa^e quelques tra-
ces de cette idée étrange qu'il attriboe à ce Père;
le voici tel qu'il le tradoit : < Jostin, martyr, dans
sa première ÂpohgU, ' dît qne Jésus-Christ était
conno eo partie par Sorrale. Car la raison était et
est encore la même qoi cit en chaque homme. C*est
tudo qo» înler principia tria, seu ires deos nmmos
PUtonis prima fironie esse videlur, non debuit lia ani-
mum Eosebii aliorumque atficere, ut illico se Tnoitalem
cbrislianam Palris, FUU, et Spiritns sancU, in cjus veib»
agooâcere profiterenUir, etc. t • .
(1017) Bibliothèque univers, tom. X, pag. M&
1571
PlCTlO.NNAltU: APOLOGETlQtJE.
m
elle qlii a prédît ravenir par les prophètes, et qui,
deyenne sujette aux mêmes infirmités qae nous,
nous a instruits par elle-même. ,> Je Us et relis ce
passage avec toute Tattention dont je suis capable ;
mais plus je fais d'efforts pour y trouver les princi-
pes de cette conclusion : Donc êainl Juitin a cru
Îme le sentiment de Platon et celui de$ apôtres était
e même; moHis j'y découvre quoi que ce soit qui y
ait quelque rapport. Il faut que M. Le Clerc ait une
logique toute particulière et fort différente de celle
des autres hommes. Prions-le donc de nous en faire
part, afin qu'il ne soit pas le seul qui découvre dans
ces paroles de saint Justin ce qu'il est impos-
sible d'y trouver par les règles de la logique ordi-
naire.
En attendant, souvenons-nous que saint Justin ne
dit rien ici, sinon que Socraie ou Platon, de même
que les autres philosophes et quelques poètes même,
ont suivi dans quelques-uns de leurs sentiments les
lumières de la droite raison, qui est un don ou
une communication de la raison souveraine, de la
sagesse subsistante et du Verbe étemel de Dieu,
qui est Jésus-Christ, et que, par conséquent, on
\\Bui dire qu'ils ont suivi et connu en partie Jésus-
Christ.
Saint Justin dit encore, continue H. Le Clerc,
c que les dogmes de Platon ne sont pas éloignés de
ceux de Jcsus-Chrisl. > Cela est vrai, mais saint
Justin ajoute en même temps : i Non plus que ceux
des stoïciens, de quelques poètes et d'un i^rand
nombre d'autres auteurs païens, i Pourquoi M. Le
Clerc relranche-t-il ces paroles, qui fout voir si
clairement que saint Justin n'accorde ici, non plus
au'ailleurs, aucun privilège particulier à Platon?
[ais rapprochons la conclusion de notre auteur de
oes paroles de saint Justin, d'où il la tire. Saint Jus-
lin a dit que les dogmes de Platon ne sont pas éloi-
gnés de ceux de Jésus-Christ, non plus que les dog-
mes des stoïciens, de quelques poètes et de plu-
sieurs autres auteurs profanes ; donc saint Justin
a cru que le dogme des trois principes de Platon
était le même que le dogme de la Trinité des chré-
tiens : quelle conséquence?
Qui a dit à M. Le Clerc que les dogmes de Pla-
ton, des stoïciens et des poètes, dont parie ici saint
Justin, sont jiislemeni ceux oui regardent les trois
principes de Platon, Dieu, Tldee et l'Âme du monde?
Qui ne voit au contraire qu'il ne parie point de ceux-
là, puisqu'il prétend que ces dogmes de Platon, qui
ne sont pas éloignés des dogmes de Jésus-Christ,
sont ceux qui sont communs k ce philosophe, ainsi
qu'aux stoïciens, à quelques poètes et à d*autr(*s
écrivains du paganisme? Or, les stoïciens, les poè-
tes et ces autres écrivains ont-ils parlé comme Pla-
ton, ou plutôt comme les platoniciens nouveaux ont
{>:)rlé sur leurs trois principes ? Si cela est, . voilà
es stoïciens, Ks poètes et la plupart des autres au-
teurs païens devenus philosophes platoniciens,
même avant que le platonisme fabriqué dans l'école
de Plotin eût paru au monde. Aloquons-nons de
toutes ces chimères de M. Le Clerc, et reconnais-
sons que ces dogmes de Platon, que saint Justindit
( 191 8) JcsTi?(cs, iifColiort. ad Grœcos ; Clemens Âlexandr. ,
in Protrept, et Strom.; MticoTtus Félix in Octavio; Theo-
nf^ntTVê in Semumibus ad Grœcos; Lactaut., in Instit.
Ohin.f etc. On sait ce que dit Lactaoce, à l'occasion
de l'ouvrage de saint Cyprien,. adressé à Démétrius :
< Nam sicut inbos solidi ac fortis cibi capere \im non
poiest, ob stomachi teneriludinem : sed liqoore lactis ac
roollitudine alilur,done€ firmatis yiribus, vesci fortioribus
possit : ita el huic (Demetriaao) oportebat, quia nondum
polerat capere divioa, prius bumana ieslimonia offerri,
id est philosophoruro et hisloricoaom, ut suis potissimum
refuUrelur auctoribus. Quod quia ille (Cjpnanus) non
fectl, raplus eximia eradilione divinarum lilteranim, ut
\{n fiolifl contentas essel, quibus fides constat, aoeessi Deo
liivniranle ut ego fj^cerem, et simul ut yiam csBteris ad
Idiituiidmn pararem. » (Lactam., Divin. ïustil,, 1. v.
n*être pas éloignés de ceux de Jésus-Christ, »«(
l'existence de Dieu, sa Providence, rimiDonaiîié de
l'âme, les récompenses et les ch&ibiients de rwre
vie; dogmes communs à tout ce qu'il y a eu mire,
fois de plus sensé parmi les écrivains do papuis-
me, quoiqu'ils les aient mêlés tous de beaucoup it
fables et de mensonges ; dogmes enfin 6\k tt sou-
vent par saint Justin et les autres Pères de TEglise
(1918), pour prouver aux païens, par le tdooi-
gnage de leurs propres auteurs, la vérité de eeii
çiue le christianisme enseigne sur les mèm» su-
jets.
Le troisième passage cité par notre aoteur, poir
prçuver que les Pères de l'Eglise se persuadaieat
que les apôtres avaient cru la même chose qsePb-
ton et les platoniciens sur ce qui regarde b Trimié,
est celui de saint Augustin, qui dit : i Qoesi ka »•
ciens platoniciens* étaient tels qu'onlesdécrinit,a
s'ils venaient à ressusciter, ils embrasseniestsuis
peine le christianisme, en changeant qoelqne pea
de mots et de dogmes; ce que b plupart m plaio-
niciensnouveaux etde son temps avaient &it (1919). t
Ne faut-il pas avoir encore ici de bons veai pour
voir dans ces paroles de saint Augustin la ooocii-
sion que M. Le Clere en tire? Mais que lui importe
de raisonner juste, pourvu qu*il vienne ibottl, en
citant à tort et à travers des passages oà it est park
de Platon et des platoniciens, de faire Dalireqirl'
ques soupçons dans l'esprit de quelque ignonol,
que le mystère de U Trmilé pourrait bien o'éire
qu'une imagination de ces philosophes, adoptée oai
à propos par les Pères de l'Eglise? 0*aifiea^
comme il parle sans ce^se dans ses livres desgruils
avantages que l'on retire d^une bonne logique, e&
soutenant que les Pères en manquaient beancosp,
et qu'ils raisonnaient par conséquent fort mil; n*a
est-ce pas assez pour persuader tout le moBd^,
qu'il raisonne lui-même toujours avec beaDcoup de
justesse, et qu'il ne s'écarte jamais des règles de li
logique la plus exacte, lors même que I on ne nÀ
aucune liaison entre ses principes et sei condB-
sion s?
Tâchons néanmoins de deviner sur quoi est fondée
celle qu'il tire des paroles de saint Aogostin qiie
nous venons de rapporter. Il faut sans doute quM
suppose que ce saint docteur ne comprend poimdiss
ce peu de dogmes que les platoniciens devraieit
chjo^er, pour se faire chrétiens, celui dts iitt&
principes ou des trois dieux principaux qu'ils ad-
mettaient. 11 faut qu'il prétende que ces ttt)is pri&*
cipes ou ces trois dieux s'acconient parfaiiemeiH
avec ce que la fbi nous enseigne, et ce que a^
croyons avec saint Augustin, touchant an seul Dia
en trois personnes.
Mais sur quoi appuie-t-ll cette prétention chine
rique? Où a-t-il trouvé que saint Augustin recob-
nùt trois dieux ou trois principes ? Ce saiut docteai.
au contraire, ne condamne-t-ii pas dans toutes !e>
pages de ses livres, de même qui; tous les aao^
Pères de l'Eglise, cette impiété si nioiistnieose, a
si directement opposée au premier dogn»'- de U (»>
chrétienne? Ne la combat-il pas en particslier dl&^
cap. 4.) Eosèbe, dans son grand oorrage de li Prj;
Ewmg., fait profession plus que tout autre de réfolff itf
païens par leurs propres auteurs, philosophes, tnst^xKff.
poètes el autres. Théodoret a marché sur ses tnas. '•
dit à ce sujet que, pour guérir les païens de leurs em»^
U a employé les livres de leurs poètes^ ^"*^^*
Î philosophes, à peu près comme les médecuis ew^^*
es serpents et les vipères, pour en composer de «^
mèdes saluUires. Mais quand les Pères de rEgiBe k
prétendaient plus combattre ou instruire les paie». ^
tsieot-iis encore les auteurs profanes? U n'y »",')^
dont ils fussent plus éloignés, comme ou le voit cwfi-
ment par leurs autres ouvrages, où ils ne a*app«iwt. »
raisonnent et ne parlent que sur l'Ecriture.
(11M9) Ace, (. De vera relig,» loco supra reiilo
k
ir»T3
NOTES ADDITIONNELLES.
i57i
les platosid^t* {lartout où il leor refiroclie ce po-
ythéisme eiiraTagant, qgi lair faisait mHtre au
iiombire des dieas le monde et ses principales par-
ties, comme le soleil et tomes les antres planètes :
le moode, dis-je» on Tàme do monde, le troisième
de ces dienx principani qo^ils reconnaissaient? Ne
la combat4I pas encore eipressément, lorsqn^il
sooiieiit contre ces mêmes philosophe^ dans tes
livres De la Ciié de Diem^ qall n*y a qu'on seul prin-
cipe ooi pnriBe Tàme, M non pas trois, comme ils
le prétendaient.
Il ne sera pas inotlle de rapporter ce passage,
paisqoe notre auteur, toujours semblable i lui-
même, soit qo^il parle en son nom, soit qu'il se ca-
che sons celui de Joannes Phereponuê^ en aliose
comme de tous les antres, dans ks notes impies
f]a*il a faites sor les ouvrages de saint Augustin,
tie saint docteor dispute en cet cAdroit contre Por-
phyre (1920), qui enseignait, selon les maiimes de
sa philosophie théur^qoe, que les sacriflces que
Ton faisait aux principes, purifiaient Tâme ; gnoi-
qoe ceux que Ton offrait à la lune et au soleil ne
pussent point la purifier : en quoi il s*éloignait do
sen liment des autres plalontciens nouveaux ses col-
lègues dans la profession qu1ls faisaient tous de la
magie, mais plus fous et plus impies que lui sor ce
point.
Saint Augustin dit donc, en réfuunt toutes ces
impiétés : f Nous savons ce que Porphyre, comme
philosophe platonicien, entend par les principes.
Car il dit que c'est Dieu l« Père, et Dieu le Fils,
qu'il appelle la pensée oo renleniement du Père.
Quant au Saint-Eiprit, il n*en dit rien, ou ce qo*ii
eu dit n*est pas clair, quoique je ne comprenne pas
quel est cet aotre qoll dit tenir le milieo entre le
Père et le Fils; carsMI voolait parier, comme fait
Plolin, de la troisième substance principale qoi est
Tàme raisonnable, il ne dirait pas qu'elle tient le
milieu entre le Père et le Fib; puisque Plotin ne la
met qu'après rentendement du Père, au lieu que
Porphyre mettant ceile dont il parle ao milieu, ce
u*eM pas la mettre après, mais entre deux, t
Cest ainsi que, ces nouveaux platonicieiu, vrais
singes des chrétiens, comme Tliéodoret appelle Por-
phyre eu particolier (1921), faisaient tous leurs
efloru pour mettre à la tête de tous leurs dieux une
espèce de Trinité à Timitation de celle des chrétiens.
Cest ainsi qoe dans rexécotîon de ce dessein, ils
ne s'entendaient pas entre eux, chacun suivant son
caprice dans rarrangement de ces trois principes,
et débiunt âi ce sujet quantité d'erreurs et de con-
tradictions. C'est ce que saint Augosiin reproche
- ici \ Porph^e, lorsqu'il ajoute : c Mais ce philo-
sophe, dit-il, s*est exprimé comme il a po, oo
comme il a voulo, pour dire ce qoe noos disons,
3 ne le Saint-Esprit n'est pas seulement l'Esprit
a Père ou du Fils, mais de tous les deux ; car les
expressions de ces philosophes, continue- 1 -il, sont
fort libres, et ils ne craignent point de blesser les
(1920) Idem, 1. x. De cmi. Dei, cap. 23 : c Dicil eliam
rori>hmiis dirinis oracalis fuisse responsoin uoa dos
purgari laïue leletis alqoe solis... eodem dicil oracolo
eipressoiD, principii posse pargare... i)ux auiem dtcal
esse princîpia, lanquam Plalootcus, noTimus. Dicil enim
Deum Patrem, el Deom Fiiiam, qaem Graece appellal
palemum Inlellectum, Tel paiemam raenlem; de Spiriiu
aolem sanclo, aat nibil, aut non aperle aUqaid dicil :
SoamTis qaem aliura dicat borum mediom, non iiitelligo.
i eoim lertiam, sicnl Plotinns ubi de tribus principalilNis
snbstaoliis disputai, aainuB naluram etiam isie vellel
telêlligi : non ulîque dicerel borum médium, id esi,
Patris el FilU médium. Postpouilquippe Plolinus aoimae
oaUiram pateroo toléUecUii : isle anlem, cum dicil me-
dtam, DOB posipooil, sed inlerponit t
(1921) Tbodoixtcs, ad Grœcoiy teruL 7.
(1922) AccosT., ÎM. cap. 25, I. x. De caU. : cEl ni-
miromboe dicil ul polnil. sive ol voloSl, qood nos Spi-
ntuiD saoctom nec Palris lanlom, nec Filii lanlum, se-J
oreilles pieuses, lorsqu'ils parlent des choses extrê-
mement dfliciles à concevoir. Pour nous, nous
sommes plus réservés en ces matières, et il ne nous
est pas permis de non» écarter do langage de TEglîse,
de peor qoe la liberté des expressions no produise
quelque opinion Impie. Quand donc nous parions
de Dieu, nous ne disons pas deux oo trois prin-
cipes. Il ne noos est pas permis non plus de dire
deux oo trois dieux, qooiqoo nous reconnaissions
qoe chacune des trois personnes divines est
Dieo (1922). >
H. Le Clerc, sor ces paroles (1923), ne lait point
difficulté d'avancer que saint Augustin ne condamne
ici qoe le langage des platoniciens, et point do tout
leur sentiment sur leurs trois dieux ou lairs trois
principes : que loi-mème, i parler proprement, a I-
mettait trois dieux comme eux, et que s'il ne s*es-
primait pas ainsi, c^était précisément parce qu*il
craignait d^offenser les oreilles pieuses qui n'étaient
pas aceoutomées à cette expression inusitée dans
TEerilore, et non pas qo*a âti qoe ce dogme des
trois dieox fût faux.
Voilà one réflexion digne de notre auteur, et de
celui do Ptaiamsme dévoilé ^ qui parle comme lui.
Tout le monde en voit llmpiélé, mais poor en con-
naître encore b fausseté , on n*a qu'à faire
attention à la raison qui empêche saint Augustin de
parler sor le mystère de la Trinité, comme les pb-
tonidens sor leors trois principes. < Cest, dit-îl,
de peor que b licence des expressions ne produise
une opinion impie sur le sujet même auquel on les
emploie (1924). • Ce n*éuit donc pas la liberté seule
des expressions qoe saint Augustin condamnait dans
les platoniciens', mais encore Timpiété renfermés
dans leurs expressions. Il ne croyait donc pas de-
voir s'abstenir de dire trois dieux oo trois princi»
pes, précisément parce qoe ce bngage n*était pas
conforme à celui de TEcriture, mais encore parce
2u*il aurait prodoii ime opinion impie, qoi est celle
e croire trois dieox oo trois principes. Cétait
donc enfin, sekm saint Aogostin, one opinion impie,
de dire troi« di«*ux, et non pas seulement dne
expression trop libre, oo peo conforme à TEcri*
tore.
Nouvelle preovede cela, c*est qoe saint Angiisiin,
à cette opinion impie des pbtoniciens qui recon-
naissaient trois dieux oo trois principes, oppose une
autre opinion impie, qui est rherésie dés sabelKens,
en montrant clairement qne les orthodoxes étalait
également éloignés de Tune et de Paoïre. Noos ne
disons pas néanmoins, ajoote-til, ce qoe disent les
hérétiques sabelliens, qui M>otienneiit que le Père
est le même qne le Fîb, et que le Saint-Esprit esi
le même que le Filsetqoo le Père (I925).f Saint Au-
gustin croyait-il qne rbérésie dt s sabelliens ne con-
sistât que dansb liberté de leurs expressions? Non,
sans doute. Il savait parfaitement qu*on n*est pas
hérétique, précisémeni parce qu*on s*expriine mal ;
il ne CtOy^ii donc pas non plus qull n*y eût rien à
niriuaqae Spirilom dicimns. LIberis enim verbis, i etc.,
ul supra.
(1925) ioannes Pubbdokts, slve Cixbiccs, m Àmmadv.
ad Au^mm opérai lomo XU, edlL blao dicUe Anloer^
pian*, pag. 385.
(1^4) ArccsT., Mtupra : c Nobis aalem ad ceriam
regolam loqui îa% est, ne verfoonim licenlia. etiam de
rebos que bis finiiCcanUir, Implam gf gnal opiniooeni. )
(1925) Idem,tM.: c Nosilaque oondidmus duo vel
tria prindpb, cum de Deo loquimur ; sicol nec duos deos
Tel 1res nobb lidlom est dfcere : qoamvis de nnoopoque
loquenles, Tel de Paire, vel de Filio, Tel de Sptnln
sancto, etIam slngulom qoemqne Deom esse &teamor.
Nec didmos tamen quod bcrelici SabelliaDi, euindem
esse Palrem qoi est el Fillus : el eomdem esse Spiriluio
sanclum qoi est el Paler el Filins, sed Palrem esse Filii
Palrem, el Filiom Palrb Filiom, et Palris el FilU Spirt-
luoi sanctum noc Palrem esv nec Kîllnm. »
\ipio
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
1.76
reprendre dans ropinion des pialODÎcieiis, que la li-
berté de leurs eipressions, puisuu^il les oppose aux
sabellieos, comme ayant donne dans une impiété
opposée à celle de ces hérétiques. Saiut Augustin
aj6ule« pour exprimer le sentiment orthodoxe égale-
ment opposé à riiérésie dessabelliens et i rimpîèté
des platoniciens : c Nous disons que le Père est le
Père du Fils, et que le Saint-Esprit est rEsjprit du
Père et du Fils , sans être néanmoins ni le Père ni
le Fils. I Saint Augustin prétend-il ici exposer seu-
lement comment les orthodoxes s'exprimaient?
Non, sans doute , mais beaucoup plus encore ce
qu'ils pensaient. Or , ils ne pensaient pas comme
les sabeiliens, qui n*admetiaient pas trois personnes
eu Dieu ; ils ne pensaient pas non plus comme les
platoniciens , qui reconnaissaient trois dieux : que
croyaient-ils donc , pour tenir le milieu entre ces
deux opinions impies? trois personnes en un seul
Dieu.
Revenons à présent au passage du même saint
Augustin (192C), cité par M. Le Clerc, dans sa Bi-
bliothèque ; et pour détruire en un root toutes les
conséquences qu'il en tire, remarquons que ce saint
docteur ne parle en cet endroit que des anciens
platoniciens qui ont précédé la naissance de Jésus-
Christ: c'est ce qui parait évidemment par toute la
suite de ce passage. Or, ni Platon , ni les anciens
platoniciens ou académiciens, ne se sont jamais avi-
sés de choisir trois de^ principaux dieux qu'ils ad-
roetuient pour en faire une espèce de Trinité, ni
d'établir Dieu le Père , Dieu le Fils , et l'Ame du
monde, comme trois principes. C*est là , ainsi que
saint Aiignstio nous Ta fait entendre, et que nous
l'avons tléjà remarqué , une invention des platoni-
ciens nouveaux, qui se sont efforcés de contrefaire
le christianisme pour donner plus de vogue à leur
platonisme.
En effet, on ne trouve rien dans Platon qui mar-
que qu'il ait reconnu ces trois principes, ni qu'il les
ait joints ensemble en manière de système. 11 parle
à la vérité d'un Verbe qui a arrangé l'univers, mais
voflà tout : ce sont des paroles qu'il répète après
ceux de qui il les avait entendues, et qn il ne com-
prenait pas plus, comme le remarque Théodore t
(1927), de même que quelques autres manières ('e
parler dont il se sert, et qu'il avait tirées de la mê-
me source, qu'un perroquet qui répète les paroles
qu'on lui a apprises. Pour ce qui est du monde, il
est vrai qu'il en fait un Dieu, mais ce Dieu, chex
Platon, n'a rien qui le distingue du soleil, de la
lune, des planètes et des autres dieux supérieurs
que ce philosophe reconnaissait , si ce n'est qu'il
est plus monstrueux que tous les autres.
Enûn Platon n'a point reconnu d'autres principes
que ceux dont nous avons parlé après tous les Pè-
res, dans les livres précédents ; savoir, Dieu, la
matière et l'idée; et il est ceruin qu'il ne s'est ja-
mais avisé de faire de la matiéie un Dieu. Pour l'i-
dée, s'il l'a regardée comme une substance sépara
et distinguée de Dieu, comme je le crois, après les
saints Pères, et s'il en a fait un Dieu, ee que je ne
puis pas assurer, il est au moins bien certain que
cette idée n'était pas unique , mais qu'il y en avait
autant, selon lui ei ses disciples, qu'il y a d'espèces
diffél^ntes dans tous les animaux et dans toutes les
autres productions de l'univtTs. Il s'ensuivra donc,
s'il a cru que l'idée fût un Dieu, ou'il aura admis au-
tant de dieux de cette sortOt qu il admettait d'idéts
(ll>96) Idem Ace, I. De vera reUg.^ cap. ki
(1927) TiiEODoaET., serm. i, ad GrœcoSf relato Plalonis
loco ex Phœdone.
(1928) CicERo, 1. 1, De nat. deanan : f Jam de Plato-
nis inconslanlb lotigiini est dicere, qui in Timœo pal rem
hujus luandi uoiniuari negat posae : in Lrgum autem iibris
Î[uidsil omnino Deus, inquiri oportere non censet...
dem et in Timcso dicU et in Legious, et mundum Deom
esse, et ca'lum, et astra, et terrami et animos, et eos
différentes dans son monde arcbétype et iitldleciod,
c'est-à-dire un million. Où sont donc lêi troittfid^
ou les tniis principes qu'on lui attriboe, et d*oi foi
prétend avec autant d'impiété que d'eiinTinitoe
que leff Pères ont tiré le mystèrexle la Trinif^? *
Hais ce qui prouve encore f^lus chiremeu qte
cette chimérique Trinité des trois dieax ou des uois
principes n'est qu'une invention de la cabak des
platoniciens postérieurs au christianisiDe, c'est qie
tons les auteurs qui ont.précédé la naissasee de Jé-
sus Christ, et qui ont parié des seotimeoisde PtatoQ
sur la Divinité*, ainsi que Ocux qui ont lécu après,
et qui n'ont pas été de cette cabale, n'ont junis
Ïiarlé de ces trois dieux principaux de Pbloo, a;
ait mention de ces trois principes, ooinmed^ttode
ses sentiments (1928); par exemple, ce grand adni-
râleur de Platon, qui 1 avait tant étudié, et qui ara,i
traduit on imité les plus considérables de ses ou-
vrages, lorsqu'il expose les sentiments de cepiiiio*
so]>be sur la Divinité, fait-il jamais meolioodecn
trois dieux principaux? Dit-il un mot par où il ^
raisse qu'il ait pris le Verbe dout parle Platon poer
le second des dieux que ee philosophe adaiettiii? h
parle-t-il pas, au contraire, de toute cette mnliiisde
de dieux introdu.ls par ce philosophe , eomise Dm
an avons parlé, et sans jamais distinguer ces \m
dieux principaux dont il s'agit ? Aristote en a-tnldit
quelque chose en ex|)Osant ott en réfutant les senii-
âientsdeson ma!ire (1929) ? Lui a-^t-il iamsistitiitaé
d'autres principes que Dieu, la matière et te idér»
dout il se moque? Plutanfue , dans le recoôieurt
qu'il a fait des sentiments de tous les ancieag philo-
sophes, a-t-il jamais attribué à Platon ceUe DO«\d:e
imagination des troisdieux (i 930) ? Diogéoe Uêtcea
a-t-il dit un seul mot dans Texposition qu^il i hiie
des dogmes et de la vie de ce philosophe (1931 j!
En trouve-t-on quelques traces dans Apulée (lS5i ^
Qui ne voit donc la vérité de ce que duos iToïâ
avancé, que ces trois principes ou ces trois dieai
principaux unis ensemble en forme de Trioiié, «
sont qu'une production extravagante, s'il en fot ja-
mais , de la cabale des platoniciens postérieon is
christianisme, et que par conséquent ui saint Ab-
gitstin, ni les autres Pères de TEgHsc n'ont iwrat-
tribuer à Platon , et beaucoup moins encore Tap-
prouver, ou s*imaginer, sans an prodigieux reore.-
aement de raison, que M. Le Clerc et raoleurdi
Platonisme dévoilé sont seuls capables de leur lAxv
buer, que cette imagination Insensée (At la méfie
chose que le mvstère adorable de la Trinité Ae^
chrétiens. Quoi I les Pères auraient pu croire que k
monde, ce prodigieux animait ce dieu monUnirifi
de Platon, fût la même chose que le Sainl-Esprilt
Où en sommes-nous réduits; d'être obligés de rëh
ter sérieusement des impiétés et des exuavagiRces
pareilles! Mais quelle doit être la témérité deeni
qui les avancent aujourd'hui 4 la face de loot k
christianisme I
§ VI.— Passage de TertuUien cité par M. UCUu.
— // ^interprète d*une manière maligne. — Tt-
tuUien dans ce passage ne parie point de Plait^
ni des platoniciens ^ mais de Zenon et de CUafl»
stoïciens. — Pourquoi M, Le Clerc a iwpfntt
une partie de ce passage, — Tertullien a été f«n
éloigné de croire que U sentiment de Zinvs H de
Cléanlhe sur le Verbe, fût le même que cM éa
apôtres. — Paroles de TertuUien. — Prmm ^
2006 majorum Inslitutis aceepimns : qoae et per « nai
dsa perspicue, et inter sese vebementer refNignaatii. *
(1929) AaisTOT. 1. 1 et xm Metapkfs.; 1. i^fs^*
etc.
M9S0) Plutabcb. 1. i De placiUê pkilosoph., o^ ^
'(19SI)*DiooER. Lakst., in Fifa H dogm. PlOrns, l ■>
De rilis phii,
(1932) Apcisics, l. De dogmate Plalonis.
1577
NOTES ADDITIONNELLES.
I57sf
la c tôiHuif domi 31. Le Clerc charge Teriuilien.
— CoHiêii»u*Hfes absurdes du raisoHttemiui de
a. U Clerc.
Conlinnons cf pendaiil à ««lantîner Ips aiitrps pas*
^gt'S que M. Le Clerc pro luit dans sa Bibiiulheque^
si >nYtiiis &*il les explique av c plus àft bonne foi et
it sincérité que l't pnk-éleuLs. Celui qui suit im-
nialiau ment < st tiré de Teitulliea, et voici cmnme
lotre auteur l'expose. < Tertullien* dit-il , lëaioigne
h> t son Apologéiique . que lorsque \ir% Chrétiens
lisi»atqoi* Dieo a f;iii PuoiTers par sa raiseu et par
4 ie.ta , ils ne parUnt qu*aprés les ta^es paieiis,
loi assaraieni qne Dieu a produit le moude par son
/>/9C, son discours et sa raison (195)). •
Je pourrais d'abord n^ontrer que celle traduction
les paroles de Tertullien n*est point juste , et que
4'( aiKi.n auteur ne dit puisque L-s Cbrctiens« lors-
|o*ils disent que Dieu a créé Tunlvers par son Verbe,
Toui parlé qu*9prés I s sages païens- Tertullien et
ous les autre» Cliréik-ns ont parié du Verbe par qui
oot a été fait* après les ap^kres et les propbétt*s
nsfNrés de Dieu, qu'ils écoutaient comme leurs
iialirrs et comme les organes du Saint-E-prit qui
parlé par leur bonclie ; et non pas après lei sa}s< s
Qiît'os, d(Nit iL» counal&saie 4 Ti^orance et 1 s ega-
•'uients, et qu*i!s ne legardairni tout au plus, Mir
i poiui dont 11 s'agit, que comme des plagiaire» ci
*'s cm rupieurs de.* propbét<-s. Que s*ti se trouvait
ti«* les pféieiidns sajses du paganisme eussent dit
u«-|4|iie cbose de semblable a ce qu^ont dit Iesap6-
(*s et les propbéles, les Chrétiens se serraient à la
('•rite de I. ur iéraoigi>age contre les paiens, comme
cruillien fait kà , mais ils ne les suîTaient pas
imr crb , et ne parlaient pas après eus , dans ie
{^s que notre aulear Tondrail nous faire prendre
Pf dernières fiarolcs. Nais j«) néglige et% sorti s de
éfltfiious que je pourrais fa re 8lir la manière ca|t>
eiise dont il traduit k» passages des satillS Pên!:s«
our m'attache* à ce i|tiî est de plus important.
Je demande donc ii H. Le Clerc, en latssani sa
'aduction telle qo*elle est, en ouel endroit de ce
sssage il est fait mention de Platon, et par qnel
rt et quel secret de sa h>gi4{tte il en peut conclure,
>inme il fait, que Tertniben a cm que le senti-
ent da ce phibikOphe sur le Uysc, on le Verbe,
ait le mente que celui des apôûcsT Tertullien ne
te id que Zenon et Cléauibe; ainsi , si cet ancien
iieora parlé après quelque philosophe sur hs Ver*
i ; si Ton peut conclure de ses |nroles que l^
kréti* ns ont suIti, dans ce qn*ils ont cru du Verbe
emd de Dîen, les sentimenu de quelques sages du
iganisme, ce sont ceux de Zenon et de Oéanthe,
Mit Tertullien parle, et non pas ceux de Platon et
-s platxNiiciens, dont il ne dit mot. Vmlii donc les
iretiens déreous stoiiiens sur le Vabe; par la
é:iie raison ils drviendront, quand on Toudra,
cuicurs des autres philosophes et des poêles mè-
es. En effet, ce ne t oot pas les pUioniaens ni les
»îciefis seuls qui aient parlé du Verbe, ni les seuls
le les cbrétiens aient atés aux païens sur ee sujet,
rant Pbiton cl Zenon, Béracliie (1934), et Fanteur
rs ancien des fcn attribués à Orphée (1935). en
airni parlé.
Mais ces andens anteurs ne conviennent pas plus
s>>iéaie de M. Le Clerc que les stoïciens ; ils le
inéfii entictement, puisqu*ds font voir que les
1955) TKnru., m Âpolûg. cap. 21.
\*X>i) ileajcLiTiis dlaias ab Amelio. lûco tMprarelnto,
,1955) Oarascs, apod Jcsnx., io Porusned au Orttatê*
*•*♦• t|«l^ 9t wmijfi^ wî» fêl*t*M «fftw»,
UvaB wi9fmi dhans fais «r^fî^BT* fnhmtç»
Cadem Orpliel carmîna citai Clemens Alesaodr., 1. t
om , p. 607 et Eoseb. L iiu. Prwp ewmq.^ c 15, et
t» i .lenienlp.
rJÔG) TcjntxL. in Apoiog. cap. 21 : « iam edi\iai«s
luiâ uui\i*rsiUleB haîic mundi verbo, el nlioue, ei
DlCTtOX!IAinC ÂFOLOfîÉTIQL'K. IL
saints Pères citaiettt indiflercmnpnt aux païens
leurs philosoph -s et leurs poètes, et qjoe par couse-
qui^nt ils n'étaient pas plus pUtonlcieus que stoï-
ciens, p« êtes ou paî -ns ; c*csirà-dire qu'ils étaient
infiniment doiguÀ de Fétre. C'est pour c lie raison
que noire auteur a.ju/é II propos de retrancher une
pnie du passag-* de Zenon et de Cléanthe, et de
nous en proposer seulement les premières paiolrs,
oi»mnie si ol ancien aaieur chrétien avait pi étendu
jiarirr de Pbton et des platoniciens, afin de pouvoir
eonclu e de ce passage, comme de tous les aunes,
< que les Pères ont cru que le sentiment de Platon
et ci'lui des ap6lres élan le même, t Voilà qtiflie
est Tadresse de M. Le Qerc, voilà quels sont scs^ar-
tifiees.
Qu'importe, après tout, me dira-t>il, que Tertul-
lien parle dâ stoïciens ou des pbtoniciens» s'il a
cru que le sentiment des premiers sur le Veibe fât
le même que et lui des apôtres? PTai-je pas droil
d*argumAiiter de Tun à raotrr, et de supposer que
si Tertullien a cru cela du sentiment des st' idens,
il a bien pu croire la uiénie chose de celui des pla •
touiciens T A h bonne heure, N. Le Clerc, mettes
eu usage vos suppo<(iitoiis et vos possibilités uiit
qu'il vous plaira, j'y coHsens volontiers. Oui, je
veux bien vous accoider que si Tertullieu a cru que
ce que Zenon et Cléaniiie o.itdiidu Verbe «st la
luéine chose que ce qu.* les apôtres U'Nis ont appris,
vous t««niez cet ancien auteur chrétien pour biM et
dûment convaincu du platonisme. Examinons donc
ce qui en est. Voici comme Tertullien parle aux
paî» ns dans son Apolofféiique»
c U est ceruin , dil-d , que vos sages mêmes ont
cm que ks Verbe, c'est-à-diie la parole et la raison,
a formé Funivers. Car Zenon décide 4(ue le Verbe
est rauteur qui a formé , arrangé et disposé tontes
choses. Il dit que ce Verbe s'appelle aussi le destin.
Dieu, rame de Jupiur, et la néeessilé de tontes cbo»
ses. Cléanthe aj«>ule de plus que c'est l'esprit qui
s'insinue et qui ^e mêle dans toutes les p .ni8«s «le
funivers. Kt nous, nous soutenons ausi que eeit«i
parole, cette raison , e^-tte venu par iaqnello nous
avons dit que Dieu a iait toutes choses, est dans sa
propre substance un esprit en qtli SC Ironve la pe-
nde, ponr piéd*re l'avenir ; la raison, pour arrafig.r
toutes choses; la vertu, pour leur donner leur |h;i*
feciion. Voilà hs passage de Tertn;lien dout aI s'agit
(1936). •
Je demande donc à II . Le CSetc si TertnUi n croyait
lies-
qui
rtene dans toutes chÎMies, fAt fort eonloinM à ce que
r&riture nous appruid du Verbe étemel de Di n?
le hii demande si Tertullien était persuadé que Se
Verbe ira le Filsde Dieu, tel que lui et les antns
Chrétiens le reconnaissaient, fAt la même ehuse que
oet Esprit, qui , selon Cléanthe, les sloiciens et ks
platonicieos mêmes, sinsinne et se mêle dans toutes
les parties de runivers ? Fera-tril Tertullieu stoïcien
jusi|u*à lui faire admeure la destinée et cette néees-
silé laiale et inévitable que ees philooophes sonte-
imient? Le fera-t il paies , Jusqu'à reconnaître qim
le Verbe et l'àme de Jupiter sont la même cb seT
Ne voit-il pas, dans les paroles de Tertullien , que
t-.ul ce que ce Père approuve dans ces philosophes,
c'est le nom de Verbe , la qualité de Dieu et la na-
ture spritu lie qu'ils donnent à Fauteur de l'uni»
Tirtolc n olUoni. Apvd veslros qnoque sapienles unv id
est flennonen atque ralione», consul artiliceoi videri
uniTersîtalis. Houe entm Zeno delerminal laclitatorea,
qui cunelj In disposiiiooe tbmiaveril, eumdeiB et fatum
vocari, el lleiûn, el antmuni JotIs, et neeesilafeui om-
nium rerum. U9C<.leanlhes in spiriUim oongenl, qoem
pennes oreni unirerâlalb aÛirjal. El nos elism semoni,
al»|ue raiioni, îtêmque virUiU, per qn» omiia aotHum
lleam cdiviraus, propriam subslaatian spirilum insin-
bimus. cui et senne Insîl prcuttoUanU, el ratio adsit
dispooentii el ilnus prcsit perfideniL »
qne ce une Zenon dit id du Verbe, qu'il est .fai i!
tnée, làoM de Jupiter et la néeoMitd laiale (
50
1370
OIGTIOMNAIRE APOLOGETIQUE.
m
vers 7 Ne voiMl pns enfln que Tcriullien rejelle
toutes les idées païennes sons lesquelles ces pliUo-
ftophrs conce? aient ce Verbe dont ils ont Tait m^n-
lion T
Au reste, m c'esi ass z que TcrtuUien ait cité ce
rjne Zénnn «H CK^aiithe ont dit du Veibe, pour a\an-
cer qu il était dans les mêmes sentiments que les
hloiciens ou les platoniciens, et qu'il croy.iit \e% scn-
timerls d«» ces ph Isophes fort conrornit si ceux des
ap^Atres; il faudra croire par conséquent qu'il a été
persuadé t\\v^ rn8cet)sion de Jésus-Christ au ciet
nViait guère «lifférei te de c<^ que le? Knmains pu-
hliaient de leur liomnlus, qu'ils assuraient v ét^e
monté aussi. Il faudra croire qa il regardait Jésus-
Christ à peu près sur le même pied que les païens
regardaient leur Orplée», leur Troplionius et leur
Nunia. Pourquoi cela? C'est parce que Tertol-
!i«u (1957), uu peu plus bas, ne propose pas muins
aux païens ce qu'ils croyaient truchant a s héros et
ces divinités prétendue? , qu'il leur a proposé aupa-
ravant ce que les sloiriens soutet»aient touchant Ï9
Verlie auteur de Tunivers. Qui Sf*raii néanmoins
assez dérnisoAual.le et assez injuste pour attribuer à
«et ancien au'eur chrétien des idées si profanes et
SI païennes ? Concluons donc contre M. le tierc qu'il
nV« t pas moins injuste de supposer que Tertullien
n cru le s^iitin^ent des stoïciens ou des platontciins
•ur le Verbe entièrement conforme à celui des
npAtres , parce qu*il cite aui païens Tantorité de ces
pliîlosoph* s , rour les amener plus dourement à la
coimaissAnf e de Jésus-Christ , qn*il le serait de croire
qii<^ le même Ti rtull*«^n a été persua^fé que Romoins
H N«ma« Orplé*et Tnipbonius tt^avaient pas été
Sort diflcrems de lésss^lirisl.
I VII. ^ Sî CUmtuÊ éTAIesnérie acru^e PUiam
•tt 9t^-se9tlemetn tmmm Im téimU Trinité , mais
mÊ€9rê «me to tfi»ernw $mr <r $M'fei fii Im wéme
f «e cr'> en Lkréiknt. — iUfuUiiim éê foaf cê
f«« tf il JT U Citn , pMir •fftnfer €HU cai^m-
nif . — HclM, Mî lt$ mmtftt pkiiostfpkn omeitHê^
»*MI fM» éil fmi ait rapport tm &Riir-£^l. —
M«f»n tt*« jmmmiê m$$ocié ie mcrnée «i Diem ton-
ffer«:a. — PrtmH éê €HU vérité pmr Im tmmmièrt
ému a fmit pmrUrU Dieu êmtrerainàee Dieu pré^
ifiNlv, uçfeté ii monée^ on tàme dm monée. —
Pttr^let éê PiêtoH. -^Héfiexion de $aint Avgmstm
sur ces paroles de Platon. — Quelle restemblmnce
sê trouve entre les termes de Platon et ceux ées
Chrétiens snr la Trinité, — M. Le Clerc, après
avoir supposé cette ressemblance dans sa Biblio-
llièquc, tVn moque dans sa septième lettre crilifue.
-« // ne la prouve, dans ta Bibliott>èqii'*,i7«*eii al-
tribuant à Platon les idées de Plolin et de Por^
phyrc. — Les saints Pèren ont convaincu ces pla^
toniciens nouveaux d^avoir pris plusieurs choses
de la théologie des ehrétienn. — Témoignage de
Théodoret iur ce sujet» — ÂL Le Clerc dans un
endroit cite Plolin comme un fort bon interprèle
des sentiments de iUaton, et ailleurs il se moque
de lui. — Il veut nous persuader que les Chrétiens
ont pris des nlatoniciens le terme de cousu b-
alantioi. — bausseté de la conclusion qu'il lire
des paroles de Clément d'Alexandrie. — But que
(1957) Idem Tsutull., ibtd» : « Deam eolinios per
ChriNium. itlum hominem pu taie. Per eum et in eo se
cûgnosci vult Deus et a>Ii, ul Judxis respondeamus, et
Ipsi Deiim per hominem Moisem colère didiccrunt ; ut
urBcis occ:jrr:im» Orpheus Pierriaa, Musœus AUicnis,
Melampus ArgU. Trophonius BuH>li«, iniliuliontbus ho-
mines obligarunt : ul ad vos quo^ue, domioatores gen-
tJum, aspiciaro, bomo fuil Pompiâus Numa, etc. Paulo
superius de eodem Thristo toquens Tertuilianus, ait :
i)ehtuc ordinaliii eis (apostolis) ad oflicium priedicandi
per orbcm, tnreumfusa nube iu cœlum est eroplus, multo
niatius quaui apud vos asseverare de Komuiis procull
soient. I
HiblioUi. univers, lom. X, pag. 207.
cet ancien auteur se propose dent teudméfut
Stromates, dont M. Le Clerc abuse, pour /ni q ui.
buer tontes sortes d'erreurs el de ctùuèfft, »
Nouvelles conséquences absurdes^ qni \c>t.i nû
rignorance ou la malignité de Jf . Le Clerc, -
Clément d'Alexandrie^ loin d'avoiv cm qneltà»-
ctrine de Platon fût la néme elmeilutctWtitt
Chrétiens , ne dit pas n.éme que ce pt,Houfiht tH
' connu la Trinité , comme il. Le Cierc le fn'
fait dire.
M. Le Clerc continue, et dît : i C'éffleni Aku-
drio a cru au si que Platon avait connu U siiok
Trinité, comme on Ta remarqué dans la Viedt ce
Père. I Consttlions eeiie Vie, et vovotis cnmoifni
notre auteur y parh: sur ce sujet, i Platon, di(-ii.
ayant parlé des trois divinités suprêmes qQ*il recoo-
naissait , comme on le fera voir ailleurs, i» ét$
t'armes semblables h e'ux dont se servainu lespr**
inîers Chrétiens, en parlant du Pére,'ihi Fih dét
Saint-Esprit , Clément a cru que la doctrine de f«
philosophe était la même que celle an M-
liens (1938). i Rien de plus artjlicieur qve ce d^»-
covrs; mais rien en même tetips de ptnstni,
comme nous le ferons voir.
Premièrement, il esi faui que Platon a;t parlé des
trois divinités suprêmes qu'il reconnaissait, en <*ts
termes semblables à ceux dont se srrvaieDi les pre-
miers ChréJ^'us* en parlant do Père, da FVi eiéi
Saint-Esprit. Je délie M. Le Clerc de me prodsiren
seul erdrait de Platon où il soii fait infuiion di
Sainl-Esprit , on qui contienne quelque terme sab-
blable à ceus dont se servaient l«'8 premlen Chré-
tiens en parlant de cette adorable persofuw dt h
sainte Trinité. 11 en produit un dans sa sepiine
lettre , qoe mvs avons déjà rapportée, ei cà
PlatOD parle de la manière dent Dieu com[Kisiie
deux sobstaflces différentes fàme du monde. Kis
quel terme irouvM on dans ce passste qui {niac
appartenir au Saint-Esprit? Quel est! ancien cbré-
li#D oa le Père de rEgltse qui TaH cité, pow prww
que Platna a eo melque connaissaBce de cette per-
sowie divine! M. Le Glere n'en p-oduil aica.
qH<rqii*il les aeoose totts en général 0*y avoir imn
le Siim-Cs^, par Teitrôvie aiuehement qaiit
avaieBl povr la poilosophle de Platon. Mais smi a
croirons p*«lôt saîut Augustin et l)idvmed*AIeiiB-
drie« qai assursol , en parlaiH des pbilosopbesifr;
ciens • et surioot de Platon , quMs i ont phikwf W
sans aveir jamais rien dit du Saint- Esprit, qam^ià
ne s; soîesi pas tus do Père ni du Fils (I9d9). >
Sccûndemeot , nous avons déjà fait voir qte Pb*
ton n*a jaBials rien dit» de ces trois divimiés »•
prêrne^, qui marque qu*il les ait associées eiisea^-
Au contraire, il est certain qu^ll a mis une diffcreMe
Infinie entre la première el la Ircisiéme de cfs divi-
nités, qui est le mon^ie. Et quelle union, qoelie m*
semblaiice pouvait-il supposer entre ce Dieu ottr
trueox, lié à un corps aussi vaste et aussi ft»\
que Test le ciel el la terre, ex le Dieu sosveraia.a
qui il reconnaissait une natore spirituelle, ia^l^
rable, immortelle et ittfmlmtu?! élevée as^tistf*^
toia ce qui est matéiiel, divisible et corportl! Ibi
écoutons comment il fait parler le Dieu sosveriiit
(1939) kVQtsT,, QuoM. in Exodum, 1. n, qBv«i ^
Commendatur paiai fortame Trioitas, et qoâd stnm'^
suranii philosophi grntiuiD, quanlura in eoromliUem»
dagalur, sine Spirila sancio philosophati suai, ^a» s
de Paire cl Ftio non tacueriol : quodetia» i)M>w««
libre suo meminit, quem scrifisii De Spirilu sok» t^^'
illum Did^mi iihrum apud Hierouynium, ipuio W. t^
Froben, pjtg. 397. Uujus libri initlo sUlim l(^>u; ^^
interprel. sancU Hicrouvmi ; i Appellatio Spiriui s**»
et ea quse monstralur ex ips^i ^ppetlatioue siÈ^ss^^^
penilu^ ab his ignora tu r, qui extra aaeram S(ti{«*x
philosophantur. Soluromodo eaim in uusiratiNs ••i'*'
et notio ejas et vocabulum refenur, lam In do*u i'^^^
veterfbus. »
k
Ijifl
NOTES ADDITIONNELLES.
iSM
cet m Ir D'en prétt^mlii , a|>pelë le mond*; ou Tànie
«lu nrti'e, et à toutes Irs au tir» divin* lés pareilles,
qni éi lient, comme loi, comp«iséf>s d(* corps et
d'àme : rien ne marque mieux combien Platoo était
éloigné de les associîT ensemble ou de les comparer
Ton ï rentre. Origène (1940;, saint Aogosiin (lOil)
VI sailli Cyrille (1912) se smit moqu '*<: avpc l*eiocoup
«le raison du discours que ee philosophe fait leoir a
IMt^u en ci*fle occasion, discours en c ff «t Ip pins im-
néri?Qi et le plus hautiiii qui fut 'ani *is. SI. Dacier
le trouve au c^iiitraire fort l.eao ; ël ^oici à pro ptès
comme il le tra luit, en fadoocissaoi et en le chris-
lianisrn*, selon sa coulome» autant qn^il lui est pos-
sible.
f Kfifanis des dîem , toutes les oraTres qui sont
sort 'es de mes mains sont iiidissolubli s au lai- 1 que
j»* le tondrai , et peadaut que je les sou*iendrai. Ce
n'eii lias que tout ce qui a été lié ne soit d*une na-
ture à ctr^ dé uni, maïs il n'est pas d'un Cn'^aU'ur
iiifinime ii bon de dct oire son ouvra^ , lorsque cpt
orivrage n*a rien de mauvais en lui. Vous a\ez été
créés et par conséquent tous ne sauriez être entière- .
ment tmmoT<'ls et indis^oIuMes (1^43). »
Saint Aiigusrin dit ici fort a^ableusent (1944)
que ces pauvres di(*ux , enlendaut res dernières pa-
roles , qui les menaçaient de la mort d'une manière
H capalrie de h s effiayer, ne purent sans doute
sVmpécher de trembler de tout leur corps. Pour-
quoi ? Parce qu'ils dé.-irniert tous d'éln* immortels,
et qu*ifs ne voulaient p* int mourir. Je laisse à yen-
ser en quel état se trouvait alors le monde ou 1 ànic
ffu monde, qui, s^ns co:itr^it, était celui de tous
c s dieni qui éfait le p*us attaché à son co' p), et qui
devait craio Ire davantage de le perdre; car que se-
rait-il devenu , et où aurait-il pu se retirer, si ca
meilleur lui fttt arrivé? c Cependant, pour les re-
mettre tous de leur fraveur, continoe saint Augustin,
le Dieu souverain de t^lalon ajoute : Vous ne serez
f»éanmoins jamais séparés de vos corps , et la roori
ii*jura sur tous aucun empire , ma volonté étant
quelque chose de plus fort pour assurer votre im-
mortalité, que la nature des corps auiquels vous
avez été attachés à votre naissiDre. (Test ainsi , dit
MLini Augustin , que le Dieu souverain de Platci
I assure tous ees dieux qu'il a faits en leur promet-
tant r immortalité , et eo leur faisant espérer qu'ils
n^ quitteront point les globes de leur ci»rps. »
Ou peut juger de N si P.aton, après avoir lait par-
ler I • Dieu itouvcranavec tant de h:éUte'ur au monde,
af>rés avoir m's uiie si prodigieuse inégalité entre l'un
H Tautr % éla t fort disposé à donner à Dieu ce niém€
iiioiiJe pour compagnon , et à les mettre tous deux
Jans le même rang et dans la même catégorie.
Troisième ncnt, M. Le Clerc nous renvoie à sa Vie
l'Eusébe , pour apprendre que Pfatou a parlé des
rois divinités suprêmes en des termes sembbibles à
vox des pretuieri Ctirétiens ; mais dans cette Vie il
le dit rit n qui prouve celte conformité. 11 produit
.«^uleroeni l*s passages de Platon que dous avons
apportés ci-d^ssns, et Ton p^ut voir si, à l'exoep-
ion de deux ou trois mo's, et en particulier de eelui
ie Verbe, (;ue Phton avait emprunté de la docirine
(1940) Obicccks, eoaira Cel$xm, 1. Tt, pag. M.
(tU4tl Av«rsT.. bomil. 149, [le lempore,
( 1942; Cmiixcs, i:oRfra JaiioiMm, 1. u.
(1945) Fi0 de JPtoim, pag. 2i3.
{ 1944) AcccsT., homil. supra cit. : < Indocitur Deus a
'latone ipso ailoqui deos quns fedl de corporali et Incor-
r^rali substantia, atqne ioter estera dicere II lis : Qoo*
ijoi esUs orti, immortaies esse et fodissolubiles non
utestjs. Jam ad islam vocem illl intremiscere polerant.
)uare7 Quia iouniirtales esse copiebant, et mori noie-
ant. Ergo ut eis aoferret tinM>rem, secotus acSunxU
tque ail : Non tamen dîsaoWemini, oeque vos ulla mortis
ta periineul, nec eront valeuUora quam ooosiliuB
leuin, quod roajos est Tînculum ad perpeluilatem vestm
iium il la quibus colligati eslis. Lcce Deus secoritatem
a Uiis a se Ciclis; securitalem illis dal immoralitatis, se-
d»*s Hébreux , on y trouve cette grande ressem-
blance que notre auteur suppose ici , et dont il se
moque ouvertement dans sa septième leur**. Aussi
a-t-il soin de sauter încontinenl de ces textes de
Platon, qu'il rapporte, a la manière doi t Plotîn et
Porphyre les ont expliqués, et dans laquelle on
trou\e en effet un peu de cette vraiscmlilmee dont
il parle. Hais il y a , comme rous l'avons fait voir,
une très-grande diffi'rence à mettre entre Platon »'t
ces Donveaur platoniciens, qui ont été les ennemis
et les singes du christianisme en tout ce quMs oui
Eu. Les Pères de l'Eglise y^ en ont toujours rois
t>aucoiip, en remzrqoant soigneusement que ceux-
ci, ayant vécu longtemps après la inissince de Jésus-
Christ, on trouve dans leurs livrirs plusieurs choses
qu'ils ont visibtemrnt empruntées d ; l.i thénlogit^
des Chrétiens et qu'Us ont mêlées avec leurs dii-
mères platoniciennes*
Ecoutons ent/e autres Icpieux et savant Tliëodotet
' (1945)9 qui, après avoir cite quelques-uns de eespa^-
sages a^ Platon dont nous venons de pailer, en fai-
sant remarquer que Ton y voit des traces des to!.4
que ce philosophe avait faits dans les livres des pn»-
pVèle^, produit ensnite les explications qi!e les p!a-
t*mieiciis nouveaux en avalent donr.é.'s ronniie il
leur avait plu, et surtout celle que Plot in a î marine *.
duns Sun livre des Trois Uypoâiases. c Ceux-ci, dit
ce savant évèque, ayant vécu après la naissance d«^
notre Sauveur, ont mêlé dans leurs bvres plusieurs
choses de la théologie des Chrétiens. Ain»i, Plotîn
cl Numénlus expliquant le sentiment de Platon, di-
sent qu il a établi trois principes élerLcls, le Bleu,
l'EnteiHlement et i'Ame du monde, en appelant Wt
Bien celui que nous appelons 'le Pèie; rËnieode-
ment, celui que nous appelons le Fils et le Verbe ;
et enfin la Vertu qui anime et qui viviûe tout, celui
que les divines Ecritures appellent le Saint- Espr:t.
Tout cela, comme je l'ai dit, a été pillé de b théolo*
giedes Hébreux; car David a dit que les ci«ux oi.t
été affermis par la parc^le de Dieu, et que toute leur
vertu est la production de son Esprit. Mais I!l«>tin oi
Plularque ont de plus entendu quelque chose des
saints Evangiles, et on en a nue preuve bien claire
dans ce que dit Amélius, l'un des principaux con •
disciples de Porphyre. » Tbéodorei rapporte ^nsnibi
le passage d' Amélius que nous avons cité ailleurs,
et dans lequel on voit évi Jemment que ce platoni-
cien avait paraphrasé à sa maniéfetout leoummeii-
cementde rEvangile de sa'int Jean.
Le même Théodoret dit eaciire, en parlant de ce
philosophe, de Plotin, et des autres qu'il a nomuics
auparava4tt(1946) : c Puis doue que Ses ennemis de
la véritable doctrine ne laissent pas de Tadmirer
jusqu'à ce poîikt que d'ejirichir leurs livres des mor-
ceaux quils en oût déroliés, et que ces petites pai»
lies, quoique luèlces avec quantité d'erreurs, lit:
perdent pas pourtant leur éclat, mais brillent au
contraire au milieu de tous ces mensonges, comme
de^ pierreries dans du fuiuier, ou, pour p-irler avec
TEvangilè, comme la lumière au mili« u destétièbFbi;
on peut juger de là combien la doctrine cb retienne,
qui est iuliuiment pure cl exempte de toutes Hiiles
eurilatem illis dal quod non relioquanl globos corpcrum
suomm. •
(1945) THcoDoarr., sera. 2 ad Grœeo$. Théodoret,
dans son sixième discours, prouve eoeore que Plotina
tiré plusieurs choses des saints lLvangiies,.ei en particu-
lier ce qu'il dit dans son livre De ta FranéoÊce, que le
Verbe a lait tout ce qui est. Il le prouve, dfa-je, avec
suio, parce qu'il juge cette vérité importante, et attn que
Ton ne soit point surpris de trouver dans ce pliilosoplM
plusieurs choses qui approchent des vérités chrétiennes.
Loin donc que les Chrétiens aient emprunté quoi que ee
suit des platonldeas, ce sont les platoolcietts, au cou-
tndie, et surtout Plothi et ceux de sa cabale, qui ont
pillé et oocrompu plusieurs dogmes des Chrétiens.
(1916) IdeATnEOiK»ET.,serm 3 eodem.
1585
DICTIONNAIRE APOLOGETIQUE.
m
d'erreurs, est digne de noire amour cl de ooire ad-
miration. Et de fait, il y a erande différence entre
nne pei le qui est dans un fumier, et cette même
perle lorsqu'elle est mise sur le diadè.ne d'un roi.
Aimons donc à contempler la vérité dans toute sa
pureté, car si elle ne bisse pas de briller au milieu de
tout ce qui lui est le plus contraire, il est clair
qu*elle est encore bien plus belle et bien plus écla-
tante, lorsqu'elle est séparée de tout ce qui peut
Tobscurcir. i
On Tolt, par ces paroles de Tliéodorct, qu'il met-
tait une grande différence entre Platcm et les plato-
niciens nouveaui, comme, en effet, il y en a une
très-grande en toutes manières; et qu'il ne donuH
pas que ceux-ci n*eus8ent emprunté plusi ors cho-
S(*s d»*s Chrétiens, et surtout ou'ils n*eussent con-
trefait, autant qu'il leur avait été possible, le mys-
tère de la Trinité dans le nouveau ayslème de leurs
trois principes. Mais qu'est-il arrivé de là? Ce que
dit ailleurs le même Théodcr.t à roccasioo de Por-
phyre (1947) :Qu'^ les singes peuvent bien contrefaire
les hommes, mais qu'aprâ tout ils restent toujours ce
qu'ils sont, c'est-à-dire de très-vilains animaui;
({u'ai >si Porphyre et les autres platoniciens ont
bien pu conttefaire les dogmes des Chrétiens, mais
aue pour triul cela il n'ont pas cessé d'être ce qu'ils
étaient; c'est-à-dire des aveugles engagés dans les
err*'urs les plus grossières, et que leur dogme des
trois principes n'a pas laissé d'être une opinion
monstrueuse et une fable très -mal concertée.
Mais, j)our revenir à M. le Clerc, s'il a cru pou-
voir dans sa Biblioihèque joindre aux passages de
Platon les im«iginaiioiis de Plolin, comme des té-
nioignaj^es fort propres pour montrer que Platon a
reconnu les trois principes dont il s'agit, et qu'il
en a parlé dans det termes temblables à ceux dont se
servaient ie$ premien Chrétiens^ en parlant du Père^
dit FU$ et du Maint Eiprit , il ne devait donc pas,
dans sa septième lettre, se moquer de ces mêmes
témoignages, et assurer qu*t7 ne croit pas plus Plom
tb sur les véritables sentiments de Platon^ que les
moines du septième siècle sur Us doames de Jésus*
Christ et des apôtres (1948). Quoi qu il en soit, on
voit par là que notre auteur établit et renverse sans
façon les mêmes autorités, suivant qu'elles peuvent
servir ou nuire à ses desseins et à ses vues. Les
raisofuements de Plotin sur les trois principes oo
l'*s trois bypostases, l'aceoinmodent fort dans sa
Bibliothèque; il les produit donc, il les expose fort
au long, il les fait valoir de sou mieux; ces nêmtts
raisonnements l'incommodent dans sa sefHième
lettre critique: il s'en moque et les traite de fictions
et d'imaginations creuses, sans se mettt-e en peine
s'il s'accorde là-dessus avec lui-même, ou s'il se
contredit. Ainsi donc, quoiqu'il traite indignement
dans cette même lettre les moines du vu* siècle,
n'entreprenons pas néanmoins de le réfutier; il se
réfutera lui-même à la première occasion qui se
présentera ; <|u'il trouve seulement dans un manus-
ciit du VII* siècle auelque passage, ou quebjue dif-
férente leçon, qui favorise ses erreurs sociniennes,
alors ces moines, dont il parle ici avec le dernier
mépris, seront de saints et de savants p* rsonnages,
qui auront conservé inviolabiement le dépôt de la
saiue doctrine.
Je voudrais pouvoir suivre M. Le Clerc dans ce
(1917) Idem, serm. 7, toeo supra deseripto. Théodoret
compare en cet endroit les platoniciens nouveaux à la
corneille d'Esope.
(1918) Joannes CLEniciis, Eptst. 7, crltiei, pag. 247.
(1949) Bibtioth. uMvers , tom. X, pag. S94.
(1950) Saint Denis d'Alexandrie dans sa LeUre contre
Paul de Samosate, nous apprend que les saints Pères qui
Tavaient précédé, avaient appelé le Fils de Dieu con-
substantiel k son Père : Tiv ftni «(ftov «si u^wt*! ««rf9(\ai<ii«
MiVn' «tfi -.Af Bc«G iffj^ 4ïtlcS««. {BiblioUi. Patrum Grœco-
io/.; Paris, toino 11, pag. 270.) Ou pful consulter sur le
qu'il dit, dans sa Bibliothèque^ sur ces eiplintiou de
Pinlin, de Porphyre et tie Janiblique, qu'il y pn-
dult (1919). Nous se ions surpris des reoiarqiiesa
di*s réllexioiis impôt tantes dont il les afcomptpe.
Nou9 verrions surtout l'admirable découverte^')!
a faite du terme de consubstantiel, dans un endroit
du dernier de ces trois pbilosopbes, où penonie
avant lui ne s'était avisé de l'aller chereber. ^
ailmireiions l'usage qu'il en fait et les eonséqueim
qu'il prétend en tirer. Mais quand fiitirioos-oous^fi
nous voulions suivre cet auteur dans toas set Vi-
rements ? Nous l'avertirons seulement Ici en ptwii,
que le terme de consubstantiel était en usage pinni
les Pères de TEglise, pour exprimer ce que nooi
croyons de la divinité étemelle du Fils de Din,
avnntqoePiotin et Jambliquefuss* ntaoinoo46(l9%
f t oue s'il se trouve dans les ouvrages de ces philo-
sophes quelque chose de semblable à ce que i^ts
Cbrétieus ont dit, c'est de la doctrtiiÊ des nbm
chrétiens qu'ils l'ont pris, ainsi qie nous FiTeus
déjà dit et prouvé plus d'une fois.
Quatrièmement, pour achever ce qoe noos trois à
dire sur le passage de Clément d'Aleiandrieciiép^r
notre auteur, non-seulement il est (aui, roiDP<e
nous menons de le faire voir, que Platon ail pr'è
des trois divinités suprêmes, en des terni«s srnbb-
blés à ceux dont se servaient les Chrétiens, en pr-
iant du Père, du Fils, et du Saint-Ësprii ; nnisb
conclusion quo H. Le Clerc tire de la est racire
beaucoup p'us fausse : Que Clément fAtasndmi
cru que la doctrine de ce philosophe était Is wm
aue celle des Chrétiens. Clément d*Âlexin«lrie parle
a l'occasion de ce passage de Platoo : i Tooid
choses sont autour as leur roi, elles sont à catsc
de lui, et il est seul la cause des bonnes cboies,l^
cond pour les srcoiides, troisième pour les irai*
sièmes (1951). i Cestainsi que M. Dader a iradoa
ce passage; et voici ce que Clément d'Aleiaslhe
ajoute ensuite, de la manière dont M. Le Geic in-
duit ses paroles : i Je conçois, dit cet ancien »•
t<ur, que Platon n'a entendu parla autre chose ^
la sainte Trinité, et que le troisième Etre doni il
parle, est le Saint-Esprit, comme le second est k
Fils, par lequt-l toutes choses ont été faites, scIm
la volonté du Père (1952). »
Pour rtconnalire d'abord la fausseté de h o^
clusion que M. Le Clerc tire de ce passage déce-
rnent d'Alexandrie, noos n'avons qrà nous so•^^
nir, qu*il se trouve dans le métne endroit qne hm^
les autres que nous avons examinés Jusqu'à préstf.
et dont nous avons fait voir que notre aoteor a $i
indignement abusé. Il se trouve, db-je, dansai
endroit du cinquième livre des Stro.mat»>8 de CH*
ment d'Alexaudrie, ou cet ancien Père de rEfIse
fait profession de rapporter les vols qoePlaioart
tous les autres auteurs païens, tant poètes qoe pk*
losophes, ont faits dans les livres saints. Or. ^
avons d^à niontié, par des preuves certaines, m
du même endroit, et par d autres témoignages n-
ptès du même Père, qu'il a été persuade qoe f|i-
ton et tons les autres auteurs païens STaient ^
mal compris les vérités quHs avaient tirées ^}^
doctrine des Hébreox , et qu'ils les avaient alt««^
et corrompues par un grand nombre de i*^*^
d'erreurs qu'ils y avaient mêlées. Donc, Clé«^
d'Alexandrie n'a point cru que la doctrine ds ^^
même terme ceqoe dit saint Athanase, 1. De decrelii^
Sicœnœ, pag. XSO, tom.l, novae edlU Palnn» Bea«i<'i^
9i\,De sentenUa [>iony<ft, pag iS6.
(i951) Plato, ep. 9, odlHon^f .Stfriiciis.,lO€eiapnnf' ^
(1952) Clbums Alex., Strom.. 1. v,pag. 896,cdh->^
Ion. Clément d^Alevandrie ne dit pas que m»ii^^f^
la sainte Trinité, mais seulement qoe lui, OémeoUii^'"
prèle ainsi les paroles de ce philosophe, et qvHlcnitpj
voir les appliquer à ce mystère, en oonséqoenoe dn '<=^
autres passages qu*ii rapporte, et où Platon, en ^^ *
doctrine des Hébreux, a eu je ne sais quelle idé«^^'
a en Dieu un Père et on Fils.
\:m
NOTES ADDITIONNELLES.
158G
ton, contenue dans le passage dont il s*agit. fût la
méiiie chose que celle des citrétiens sur le myslère
de la Trinité.
Motttmns cette môme vërhé d*une manière encore
plus palpable. Clément Alnandiin rapporte incon-
tinent apiés on autre passage de Platon (1953), oit
Cl* philosophe raconte que Zoroastre était ressuscité
douze jours après sa mort ; et ce Père ajonte que
l>pni-ètre Platon a voulu par là signifier la résurrec-
tion des morts nue nous attendons. Il rapporte en-
core plus haut, dans le même endroit (1954), ainsi
que nous Pavons déjà remarqué, ce que le même
philosophe a dit après tous les poètes, du Cocyte,
de rAciiéron et du Pyriphlegeihon ; et il ajoute que
Ton voit par là que Platon a connu ce que rEcrilure
appelle [géhenne. Il produit ensuite ce que le même
philosophe enseigne parmi les autres fables de sa
métempsycose (1955), que la parque Lachésis as-
socie à toutes les âmes qui retournent sur la terre
pour prendre de nouveaux corp ^ un démon qui les
conduit, et qui les oblige de demeurer dans ces
corps ; et il ajoute que cela se rapporte à ce que
TEeriture nous apprend des. anges gardiens qui ont
soin de nous, et que peut-être le démon de Socraie,
dont Platon parle si souvent, marque encore la
môme chose.
S*il est permis de raisonner eomn^e notre auteur,
il faudra conchtre de là que Clément d*A!exandrie
a cru que ce que Platon dit de la résurrection pré-
tendue de Zoroastre ou d*E*us Armênius, du Cocyie
et de TAchéroii, de la parque Lachésis et de ses
<îéoions, ainbi que de celui de So^^rate, était la
même chose que ce que T Ecriture nous apprend de
la résurrection, de Tenfer it des anges gardiens ; et
<|ui-, dans cette persuasion, il a adopté toutes ces fj-
l>les, et nous les a transmises, a\en tous les autres
Fci es de rEglise, comme autant d^articles de foi. Qui
itc serait étonné de Finjustite et de rexlrava^ance
il* une pareille conclusion? Ne (aut-il pas être igno-
rant au dernier point, pour ne pas reconnaître que
Clément d'Alexandrie, dans citte exposition qu'il
fati des vois de Platon, ne prétend rien autre chose,
«'«ininie il le déclare si souvent et si préciséitimt»
Mil on que IHa:on et tous les autres anciens philoso-
phes et poètes païens ont eu que l<jue conitaissance
4lct« vérités contenues dans les divines Ecritures, et
fine, malgré kts fables et le^ erreurs qu*ils ont vaé^
l«*e» avec c^s vérités, on en dé«^ouxre encore des Ira-
ce^ dans leurs ou^fa/es? Voilà ce que Cléuietit
d*Alex«<ndrie a prét^mLii nni^iuenituit, ainsi que les
attires Pères de TE^lise, qui ont travaillé sur le
xitéfue dessein, afin de porter les païens à ouitt' r les
I uîsseaus bourbeux de leurs poètes et de Iturs phi-
lo «opiies, pour s'attacher à la source de toutes les
\ érités, qui est TEcriture sainte.
<jiie si, pour avoir entretins, dans cette vtie, de
pro«luire les passages des philosophes et des poètes»
Uafss lesquels ou trouve c^s traces de la doctrine
«|<*s Hébreux, on peut soupçonner les Pères de
I KglîM d'avoir cru que la doctrine de ces païens
^t^it la niému chose que celle des Chrétiens; on
l> ftira encore les soupçonner d^avoir cru nue la
I «»!>!« de Prométhée, celle de Pandore, celle des
rca«its qui entreprirent d^escalader le ciel, celle de
K*ue^lion etdePyrrha ; que tcules ces fables, dis-
le, et quantité d'autres pareilles outils rapportent,
bo»>c l> même chose que ce que rÈcriture nous ap-
nr^MMÔ touchant la création de Thomine, la tour de
[Sal>3i<>nc et le déluge : oi pourra dire qu'ils ont
ft«l«»pté t4>uies ces fables, et qu'ils nous les ont en-
» ta ii« proposées dans leurs écrits comme étant la
rérs table doctrine de l'Ecriture sur tous ces points.
^ #f oore une fois a 't-on jamais eu une imagination
^.trc^illc? Qui que ce soit s'est-il jamais trompé sur
«; t>cit que les Pères de TEgllse ^e sont piopo»é,cn
rapportant tous ces passages des poètes et des phi-
losophes ?
Amsi donc, quand Clément d'Alexandrie a rap-
porté celui de Platon dont il s*agit, il est évident
quil a été fort éloigné de croire que la doctrine de
ce philosophe fût la même que celle des Chiétiens;
ou de prétendre que Platon ait connu le Père, le Fils
et le Saint-Esprit, comme les Chrétiens connaissent
ces trois adorables personnes. Tout ce qu'il a pré-
tendu, est que Ton voit dans les passages de Platon
qu*il rapporte, quelques traces et quelques vestiges
qui peuvent faire croire que ce philosophe a eu
qfielque connaissance imparfaite, quelque idée gros-
sière et mêlée de plusieurs erreurs, de ce que rEcri-
ture nous apprend sur ce sujet ; de la même ma-
nière que Ton volt par les fables des poètes, dont
nous venons de parler, qu'ils ont eu quelque con-
naissance de ce que la même Ecriture nous ensei-
gne de la création de l'homme, de la tour de Ba-
bel et du déluge ; de la même manière enfin que
Platon lui-même parait avoir eu quelque idée de la
résurrection, des récompenses et des châtiments de
Vautre vie, et de phisicnrs autres vérités pareilles
Î[tie l'on trouve dans ses ouvrages, mêlées et con-
ondues avec un grand nombre de fables et d'er-
reurs^
En effet, remarquons que Clément d'Alexandrie,
dans le passage que M. Le Clerc cite de lui, ne dit
Çis que Platon ait connu les trois personnes dts la
rintié, ou même qu'il les ait voulu marquer par
ce quM dit, mais seulement que, pour lui, il con-
çoit que les paroles de ce pltilosophc peuvent être
prises en ce sens, et qu'il croit pouvoir les expli-
quer en les rapportant à ct*s trois adorai Ivîs per-
sonnes. Et s'il croit pouvoir leur donner cette ex-
plication, ce n'est pas sur la rccsemblance qu'il
trouve dans ce passage avec ce que les chrétiens
disent ou croient de ce mystère. Car, comment et
en quoi aurait-il pu y apercevoir cette ressemblance?
Y a-t^il rien de plus obscur que ces paroles de
Platon, et de plus susceptible de tous Tes sens qu'on
voudra leur donner? Mais, c'est en conséquence
de deux aulres passages de ce philosophe, et siir-
tDui de celiit que i>ous avo is rapporté de sa lettre
à Eraste et à Coriftque, où, comme dit Clément
d'Alexandrie, t il parait clairement que Platon, en
suivant la doctrine des lléltreox, a désigné, je ne
sais comment, le Père et le Ftls, de même (jue,
dans soD Timée^ il donne encore l;s nom de Père à
l'Auteur de Puni vers. C'est pourquoi, continue cel
ancien Père, quand ce même philosoplie dit : Que
tout est autour du roi de toutes choses, et que
toutes choses sont à cause de lui; quand il Tap-
ptslle la cause de tout ce qu'il y a de bon , et qu'il
ajoute, second autour des secomtes, troisième at»-
tour des troisièmes ; pour mot, je conçois que ce»
paroles ne marquent rien autre elMse que le mys-
tère de la Trinité, i C'est ainsi que Clément d'AlexaiK
drie croit pouvoir expliquer ces paroles de Platon,,
comme il en explique une infinité d'autres du même
philosophe, des poètes et des autres anciens au-
teurs païens; parce que supposant, comme il esl
vrai, qu'ils ont eu quelque connaissance des vérités
contenues dans les divines Ecritures, il croit pou-
voir rapporter à ces vérités plusieurs de leurs scn-
timenu, de leurs paroles et de bsurs fables mêmes.
§ VIII.— Pa$$age (POriaène^ et manière artift-
cicHse dont M. Le Clerc le tourne. — Quelle idée
ce tour artificieux pré;ienie d'abord à reiprit. —
Ce qu'Origène dit en effet, et à quelte occasion,—
Fauiêeté du commentaire que M. Le Clerc fait
tur les paroles d^Oriyène, — Autre artifice dans la
manière dont il expose ce que dit Origè.,e.
£n voilà trop sur ce sujet. Venons enfin aux»
i f *^->'^) Idem (:leme?(s, Ioc. c\t, (WSi) Idem, o»Icm p:ig.
% I 'M\S Idem, paulo stipirius, p. 592| loco iupra retato.
4587
DICTfONNAlIlE APOLOGETIQUE.
m
autres passages cités par notre auteur, et voyons
s'il les explique avec ptus de sincérité et de bonne
foi. Celui qu il |>roJuit ensuite «"st tiré d^Origène, et
voici conuïient il Teipose : « Origène contre Celse
ne nie point que Platon u^ait dit la vérité en parlant
de Di u et de son Fils; il soutient seuleuient qu'il
n*a pas fait Tusage qu*il devait de ses lumières. Il
ne dit point que le fond de la doctrine chrétienne
est différent en cela de celle de Platon, mais que ce
philosophe Tavait apprise des Juifis. i Vi ilà un nou-
veau tour, un nouvel artifice de M. Le Clerc.
En effet , à Tentendre parler de la sorte , qui ne
eroirail qu'Orîgène a examiné fort au long ce que
Platon du de Dieu et de son Fils ; et qu*après avoir
comparé les paroles et les sentiments de ce philo-
sophe avec ce que la foi nous apprend de ces di ux
adorables personnes de la sainte Trinité, il n'y a
trouvé aucune différence ; et que convaincu, au con-
traire» que c^était eiilièrcmenl la même chose, et
que Platon avait i>ar(aiiement bien entendu sur ce
&ujet le sens des Ecritures , il n*a trouvé rien à re-
Ïirendre dans ce philosophe • sinon qu'il n'avait pas
ait Tusage qu'il devait de ses lumières ? C'est là
ridée que les paroles artificieuses de M. Le Cleic
présentent d'abortàTespriLOn p<mrraits*y tromper
fcans doute si , avec le talent merveilleux qu'a cet
écrivain d'interpréter et d*esposer roalignemeot les
passages des Pères de TEglise, il avait encore celui
de fasciner les yeux de ceux qui les llteut dans
leurs sources; mais, par malheur pour lui, en con-
sultant dans eux-mêmes les auteurs qu'il cite, ou
découvre iucoutinent ses artiticco et hes subtilités
capiieubcs.
Voici donc sur quoi il fait parler Origéiie de la
nuiiiière que nous venons d'entendre. Cet ancien
Père répond à Celse qui objectait aux Chrétiens que
tout ce qu'ils disaient de raeilleur avait été dit long-
temps auparavant par Plaion, sans que oe philo-
sophe néaninoius mélàl rien d'incroyable et de pro«
digieux dans ses discours, sans qu'il exigeât que Ton
s y soumit aveuglément, et enfin sans vouloir au*avant
foules choses on crût qu un tel était Fils do Dieu,
et qu'il avait enseigné telle doctrine. Sur quoi
Cel»e produisait plusieurs endroits de Platon comme
contenant une morale et une doctrine bien plus par«
faite que celle des Chrétiens. Origène donc, répon-
dant à toutes ces calomnies de CO'Se avec cette exae-
litude et cette force que l'on a toujours admirée
dans son ouvrage, dit en passant : « Qu'il s étonne
que Celse, qui veut paraître savoir tout et qui atl'ecte
de produire tant de passages de Platon , dissimule
celui où ce philosophe pa le du Fils de Dieu dans
aa lettre à Hermias et à Curisque , où il dit : Il faut
Sue vous preniez à témoin le Dieu souverain, maître
e toutes les choses qui sont et de celles qui seront,
et Père du souverain, qui est la cause de6 êtres que
nous connaîtrons aussi clairement qu'il est possible
à des liommes heureux , si nous nous appliquons
comme il faut à la philosophie (1956;. i
Voilà tout ce que dit Origène sur ce passage de
Platon, et c^est là-dessus que M. Le Clerc, raison-
nant à son gré et faisant des commentaires d'une
façon tonte nouvelle, dit : c Qu'Oiigène ne nie point
3ue Platon n*ait dit la vérité en parlant de Dieu et
e son Fils : qu'il ne dit pas que le fond de li doa-
trine chrétienne soit différent en cela de celle de
de Platon, • 11 est vrai qu'Origène ne dit lien de
tout ce que M. Le Clerc lui fait dire ici , et néan-
moins, par ce nouveau idur de phraae : Origène ne
nie point, Origène ne dit pas, M. Le Clerc a trouvé
le moyen de faire dire à Origène tout ce qu'il juge à
propos ; il a trouvé le secret de lui faire dire, ou au
moins de nous faire entendre, qu'Origène a cru que
Platon a dit ta mérité en parlant du Fils de Dieu , et
que le fond de la doctrine cl&rétienne n'est pat diSi-
rent de celle de ce philosophe. Qui n'admirmlt U
subtilité de notre auteur et ce rare secret qu'il a de
faire dire aux Pcn s de l'Eglise ce qtillsuedi&eiitjtti,
sans qu'on puisse néanmoins l'accuser hi-mène
d'avoir dit faux? Mais que si quelqu'un s'avisait de
proUler de son secret et d'employer contre lui cette
nouvelle métho le de citer les Pères de FEdige, se
pourrait il pas lui prouver, par raulorlté d'Origâie
et de tous le* autres saints Pères, qu'il est kmM-
vaise foi et qu^il cherche partout à noaseniiopoMir?
Comment cela! La chose eNt évidente : c'est qu'Oii-
gène, ni les autres saints Pècea ne le oieui pas,(i
ne disent pas certainement le contraire.
Découvrons encore un autre artifice de M. Le
Clerc. 11 consiste en ce qu'il dit (|u'Origène uipoiat
nié que Platon n ait dit la vérité en parU&tdeDioi
ei de hOtt FiU. Ces dernières p. rôles sont use addi-
tion de M. Le Clerc, qui ajoute i qu*Origèiie twitie&i
seulement que Platon n'a pas fait l'u&age qu'il derait
faire de ses lumières, i Notre auteur fait entiodre
par U, comme on le voit, (]u'Oiigèoe soutient ose,
quoique Platon ait dit la vérité eu parlant île DIcq
et de son Fils , il n'a pas su néanmoins profila dci
lumières qu'il avait sur Tune et sur l'auue de ces
adoribles persooues. Mais Origèuene parie ttaiaiisi
(1957), car, quand il suutieni c^ue Platon u'a pas fait
l'usage qu'il devait de ses lumières; quand il assure
qu*il s'est rendu coupable de la plus grossière ido-
l&lrie; quand il lui applique eufui , comme tous ks
les autres Pè; es de l'EgHs^ , les paroles de IWpdirt
saint Paul aux Uoniains, Origène ne parle que lieU
connaissance que Platou a eue d \ Dieu , cl poiot^
tout de celle qu*il a eue de son Fils. Mais il ^it
nécessaire que M. Le Clerc fit n eniion, en cet en-
droit, du Fils de Dieu, dont Origène ne dit rosi, afi»
de pouvoir conclure de là avec quelque appareoet.
quoique toujours sasis rais'in, qu^Origèiveacmquf
le &eiitiment de Platon et ctltii d(*s apôir^s $ur a-
Fils de D eu et sur le mystère de h Triulic cuti le
même.
§ iX. — Témoignage de i'empereur CQnmntw,t9ar
nient iraduii ci expliifué par M. Le CiiTC, —Cm»
clusionque M. Le Clerc lire de ce fouAqt.ti tt
qu'il suppose pour avoir lieu de la tirer, — fMt-
seté de ces suppositions^ — Réponse à nu o^/ff-
lion. — Preuve évidente que Constantin tCwffffntî
point entièrement ce qu'il rapporte ici de f (<t|*-
— De quelle nature sont ions tes passefa citti
ear àl. Le Clerc dans le dixième tome h t*^
lioth qui», pour prouver que les smnts Vira ^
cru que le seuliment de Platon et celui ia tf^
très était le même. — Injustice évidente ii ff^
auteur.
Le dernier passage cité par notre autcoi dan» m
Bibliothèque est tiré du discoiiia que Vempercâr
Constantin fît aux Père:» du conc île de Nic«c, et vou
comme il le traduit : c Constantin , dit-il, diQii »
haranjçue aux saints, après avoir louéPlaiOfidea
que c*est le premier philosophe qui a piirl^ k>
hommes à la contemplation «les choses iiii<^^'
blcs, continue ainsi : U a pailô d'un prtnuerPi'*
qui est au-dessus de toutj essence, en quoi iia ^^^'i
bien fait. 11 lui en a encore soumis un »coni,eit
distingué en nombre deux essences, la i)crfe<twa>k
Tune étant la môme qné celle de rautrc, ei Pesifif
du s cond Dieu tirant son existence du premier, (««f
c'c.>t cclni-ci qui est l'auteur et le dincifuf'^
toutes choses, étant au-*dessus de tous ; «Ui «l"'"'
ap. èa lui , ayant exécuté ses ordres , lui aitri*^
comme à la cause suprême la prodti«iioH dtfl^'*
vers. Il n'y en a donc qn*un à propremmi parler r*
ait soin de tout et qui y pourvoie; savoir, \znt"'^
qui est Dieu et qui a mi;!^ toutes choses htî 1»»
(l9o6) OmcE,>Bs adversus Cctsum, l. m, pog, 280, cdit.
Cantahrig-Spencerl,
(199?) OaiGBKES, codem, i. >i, pag. 276.
15SI
!IOTES ADDITHHINCLtES;
ISM
onli«. Cttte reisctt éunl Die* ea aossi Fils de Dic« ;
ear^vi ^uinti Tapi^icr aotreBient sans conneure
«a graM pédié? Celui qui cal le Père de UNilea
cbaaea eU cei.ac a^ee laison le Péfe de sa propre
raîMM. Jusque ta Plalén n*a rien dit que de sage »
mais il s*est éloigné de la vérilé en Inlrôduisani une
■ittliiiode de dieux , ti eu leur donoaut à eliacon sa
forme (1958). •
Il y aurait bien des remarques à faire sur la ma-
nière artifitieose ei maligiie dont M. Le CU rc a ir»-
duit ce passage ; mais je me borne à ce qui n'garde
la conclusion f}u*il en lire, et qui est que Constantin,
aîn»i que plusieurs Pérès de ICgliie des trois pre-
miers siècles, a cru, sur ee qu'il rapidité iei de Pla-
Ion , que le >eetinif nt de ce pliilosi»pbe sur le Fils
de Diro était le même que celui des spolies. Pour
cela, y. Le Cl«:re suppose, en premier Leu, que loui
ce que Constantin dit ici n'est qu*nne fcinip*e expo-
sition qn^îl fait du seuliment de Platon. Il suppose ,
en 8i*eoQd lien , que le même Constantin approuve
entièrement ce seoliment, et ce qn*il prétend prou-
ver par ces paroles qu'il a mises en lettre italique ,
ei qu'il a même rapportées en grec ; jusque là Platon
b*a lien dit que de sage. Mais ces deux suppositions
sootfiu-aes; car je soutiens que Constanim léfole
ici le senliaient de Platon oo plutôt des plalooîciena
nouveaux y autaoi et plus qo*u nerapproore. Il Tex-
pose à Sa Tériié pur cet premiémi pûroka : PloÊnm
a enm§Hé ifme le premier Diem émit na-detsas de^
lomie êtt^êiBHce^ et il approuve ee sentiment, en ajou-
tant qiiVn eda PUton a bien fait , c'est-à-dire qo*il
;i eu raison de reconnaître que Dieu était d'une na-
ture fort éirvée au-dessus de tontes les autres sub-
stano s ; mais il s*en Uut bien que Constantin dise
U mênn: clioie de ce qui soit : i A œ premier Dieu
l^taton en a ajon;é un second , et a distingué deux
essences en itombc e : > Il s>n faut bien, dis-je, qu*il
appiouve ces deux essences qud Platon ou les pla-
Sunicens n connaisj^^ifiit dans leurs premiers dieux,
Kisqu'il ajooie iiiconlineni , en reprenant ces pbi-
(ophes , < qu'il u> a qu'une essence également
parfaite dans fur et dans Taotre, le second Dieu ti-
rant son e&t&lence et procédant du premier. • Con-
s:nntin ne se conlenle pas de cela ; mais coniiauaot
son raisonnement contre ces philosophes , il ne veut
jiasqulli distinguent deux «iieux, le ptcmieret le
second ; mais il ajoute : i Que s'ils veident i aisiiii-
uer eiactemecl , il doiveot reconnaître que le Pcre
oi le Verbe ne font qu'un m^'^roe Dieu (1U5U). >
Hais |ui»que l'empereur Coustantio corrige aiitsi
le se«.t ment de Platon , *n luontrani qu'il n'a point
Cù admettre deux dieux ni deux «ssences difle-
leiâus, pourquoi donc ajoute t- il : c Jusqu'ici Ha-
li>u a é:é sa|$e (liNÎO;? » Je léponds qu'il ne |)ar!e
ainsi que patce qu'il va cxpostT, incoiilioeut après,
une V renr bien plus éltaii^e de PLti>n, qui coosisie
dans allé multiiui!e de divjuiiéâ de toutes sortis de
f «jnues , de Gf^nris et d'espèces , que ce f bilosophe
a iatroduttes : erreur eiiravagante , par rapport à
laquelle Platon peut p;:sser pour sage en ce qu'il a
dit de Dieu et du Verte. L:i effet , c'est tieaucoup
«|ue ce pliilobophe ail eu quelque iLé\ quoique tré»-
«•bseure et tié>'iin parfaite, du Fils de D'wu ou du
Vcrl»e, par qui toutes ebos's oitl été tait*!S : (^n doit
lui panioiiiier d'avoir n»a! compris ce qu'tl en avait
entcinlii dire; mais il est tr.eicusab:i: d'avoir en-
S4*i^i é ui pidyilieisjiie aus&i exttavagant que celui
qu'.l Mia tient dans ses ouvrages. Se> liiiiiiére» na-
ture Iles siillisaicnt pour i'erai^'her de tomber dans
un si prodigieni également ; msts elles ne suflbaiiut
pas puur lui faire bien comprendre ce qu'il avait lu
(1008) Cn5STi5Ti5ts MagnuS; rn Orat, êâ umctonÊm cœ^
tUTH, cap. 9.
(193) Idem, tWrf. On sera d'autant plus convainca que
Tcmpereur Constant ia censorc M les erreurs de Platon
«m des pljtoniHcDs, que l'on «aura que le bot qn1l ne
I» <t|v. c djus ce- diapiire est de montrer que les pbiloso
ou ce qu'il avait oui dire de ce Ve.bc, auteur ce
Tunivers , dont il par!e.
Mais , pour ôler à M. Le Clerc tcat lieu de i nos
chicatier sur cette esplication que noos venons de
donner au% paroles de l'empereur Constantin , ajou-
tons qu'on ne peut pas supposer que cet empereur
ait jugé autrement du seniimeiit de Platon sur 1^
Verbe, qu'il juge de celui qu'il rapporte incontinent
après du même philosopLe toccbam 1« s récompenses,
et les châtiments de l'auire vie. tu «Cfet, il ne se
contente pas id de dire simplenirnt que Platon a
été sage ; mais, ce qui eit bien pins f<Tt, il ne fait
point difficulté de dire que fai do< trine <'e Platon sur
ce sujet est tout à fait digne d'admiration. < Ce phi-
losophe , dit-Il, enseigne ensuite admirablement que
ceux qui ont bien vécu, c'est-à-dire que les âmes df s
gens de bien , an sortir de leu s corpf, sont placées
dans les endroits les plus beaux du ciel, te centi-
mcnt de Platon , contîuue-t-il , n'est pas seolemcLl
admirable, mais rncore aès-utile. Car, qui est celui
qui , ajoutant foi à ses paroles , et attendant le bon-
heur qu'il promet, ne pratique la veito et n'évite le
mal? D'autant plut que ee philosophe ajooie
eonséquemment que les âmes des médiants sont
entraînées dans les Oots de TAchéron cl du Py-
riphléféthon, où elles sont poussées coi*tinnt lle-
lueni de cdté et d'autre « t tcurnN niées bort itle -
mi nt (1961). » 11 est bien visible que, quoique Cons-
tantin loue extrêmement Platon d'avoir' enselcné
qu'il y avait dis récompenses à espérer oo des euA-
timeiits k craindre après la moïC, il était cependant
inlinimcnt éloigné de croire que les récompenses ou
les cb&timenls dont fiarle oe philosophe fussent Ui
même choie que ceux que la foi chrélienre nous
propose. U ne croyait |ôs sans doute que la lélicité
que nous attendons après cette vie consistât à être
pïa é dans quelqu'une des étoiles mi des planètes ,
et à contempler Its IJées et les révolutions du ciel»
Il ne croyait pas sans doute que l'Acbéron et le Py-
riphlégétbon lussent le lieu où les âmes des n^éehants
sont tourmentées, jusqu'à ce qu'étant paifaitenieni
purifiées par là, elles passassent au cicl^et du ciel sur
la ferre , pour y entrer dans de nouveaux corps.
Toutes ces chimères plati>n:c:ennes ne fa if aient pas^
sans doute un aiticle de la créance de Conslantiu ;
il ne croyait donc pas que le sentiment de Platon
sur le Veîbe fût le mcme que celui des Apôtres.
Ce sont U tous It s passages que M. Le Cteic pro-
duit dans le tome X t'e sa Bibliotkèqne mnitcrulte^
pour montrer que ; iuticurs tTenire L* Pères des trois
premiers siècles cnl cru que le utHiment de Platon it
celui des apôtres était le même. Oo voit que , malgré
la mauvaise foi avec lac^nelle il les cite, malgré tous
les artifices et les subti.ités captieuses qu'il emploio
p^iur en détourner le vérital le s< ns , il n'y en a au-
cun qui prouve ce qu'il préiend, ni qui puisse roénie
arrêter un seul moment un lectour alteutif. Oo ^o,t
que tous ces i assages i.e contiennent que des cita-
tions ou de simples eipositioos que fent les saints
Pères de quelques paroles et de qiH*lques sentiments
de Platon, eouiiiie de» autres philos.ipbes paîeasit
des pcêtes mêmes, pour mof.trer qu'iU eut eu
quelque connaissance, quoique très-împarfaiie et
mêlée de quantités d'erreuis, des véf iiés contenues
dans In divines Ecritures. Or, quelle ii justice de
prétend! e qu'un auteur approuve tout ce qui e^t con-
tenu dans tes citations q«i'it fait , et qu'il soit dans
tous les mêmes i>eiit:n>eiits que les icri\ ai uS d'où il
les tire, quoiqu'il i.e tes cite que pour un seul pi/int,
et souvent pour un seul mot qu'ils ont dit? Où est
l'auteur ancien ou nouveau que Ton ne puisse accu-
pbcs en général, et Platon en particulier, avant >oulu
raisonner sur lout, se som trompés dans leurs epiujoiis.
Dcft tA* fJU»i';i>, iX ttà ti ssvia yin/t%%i iilh«, t^u^l tv-i {«^sf,
(t%0) Idem, ibid.
, (1961) Idem,
1591
D1GTI0NNA1R£
ser, sur ce préteite , devoir tenu len opinions let
plus exlravaganies et les plus impies 7 Pou rral-je me
p:iraiitir moi-même de celte acciisaiioo , et sur tant
d*opinions de Platon et des platoniciens que j*ai ci-*
lé.'S ou exposées dans cet ouvraj^e, M. Le Clerc ne
itracetisera-l-il pas de les «voir crues entièrement
eonfomies à la foi de FËglise catholique ?
§ X. — Réfutation de ce aueM. Le Clerc ajoute pour
prouver que les sainte Perte f en parlant de la di"
vinité de Jésus Chriet^ ne se sont pas éloigttés des
expressiotu des platoniciens, il en apporte deux
exemples f Tufi tiré de Laclance, et C autre de Ter»
fti//t>N«— // explique le preinjier avec beaucoup
dlgnoranee ou de mauvRise foi. -^ Le second est
^utièrentent exempt de platomstne et d' hétérodoxie»
— Platon ni les platonicies n'ont jamais rien dit de
siemb'able, en parlant de leurs trois principes.
Je laisse tout ce quil ajoute ensuite touchant les
ébioiiites, les snliollieiis et Paul ife SamoLate, dOBt
il evmise ou escuse le$ erreurs avec autant de mali-
gnité et d'artilicps, qu'il vient d*e\po^er les seiit^
iitenisdes sainte Pè es. Je i.e m'arièiotal pas même
î réfuter en détail tout ce <pril dit i^ticore île ccuih:!
incontinent après, pour montrer i\n^ils ne se sauf pas
éloianés des expressions des pUttoniciene, en parlant
de U divinité de Jésus-Christ. JVxamtMerai seule-
nient les deux passag* s q*ril cite pour prouver C(*lte
courorniilé pi étendue rtUOi), et sur lequeU seuls il
Tappuie. 0<i verra qu*il les expose avec lea mêmes
ai tilices ei la mémo mauvaise foi dont nous Tavons
déjà couvaincu t'i souvent. Après eela« nous vien*
di'uiis à SI septième Lettre critique^ par laquelle nous
li niions.
Le pro.hi^r passage qu*il produit ici est tiié de
t^tiaiice, qui, patlant des deux gé;-éraiions du Fils
do Dieu, ih su gêné aiion éiernelle en qiui ilé de
]>.eu,et de sa gé.icratiou temporelle en tant qu*liom-
uie, sVxpiim.; ainsi : i De iiiôme que, par une mer-
veille qui n*a jamais eu d*exeinpte, la Mère a engen-
dré iion CiésAeur, ainsi il faut croire que le Péiea
eiigi n.lré o*une mamdre ineffable son Fils qui lui est
Ciietcin I. Ce Fils est né de sa Mère, çuoii|uHi fût
avant elle , il est né de son Père, qui iqu*U ait été
un temps aui|U «l il n^cxistait pas encore. Que la foi
croie ce mystère, que la raiso.i ne rexainiiie pas,
d<^ crainte que n'en pouvant trouver rintelligence,
elle ne le Juge incroyable ; ou que Tayaut compris,
elle ne s*imaginenu*H n*a rien de singulier (1963).i
Qui croirait que M. Le Clerc ait pu produire ce pas-
sage, pour p. Oliver que les Pères de TEglise ont
pensé et parlé comme les platoniciens sur la divi-
nité de Josus-ChrisL? Quel rapport ou quelle con-
foimité a-t-il jamais pu trouver entre toutes les
imaginations et les discours alambiqués de ces phi-
losophes , et ces belles et ingénieuses paroles de
Laciaiice, qui expriment si parfaitement ce ijne
nous croyons des deux générations de Jésus-Christ,
vrai Dieu et vrai homme? Le mystère adorable de
son incarnation, comme le remarque saint Augus-
tin (19l»4), nVt-il pas toujours été pour Timpiété
de ces philosophes, une pieri e de scandaleet uti cctieil
fatal où ils oui échoué? G*est néanmoins là-dessus
que M. Le Clerc, continuant à débiter ses illusions,
avance qu^ les Pères de TEglise qui ont précédé le
(1962) Bibtioth, universelle, tome X, pag. iU.
(1965) Laotakt, 1. n. IHvin. Instit., cap. 9 : c Sicut ma-
ter sine excmplogenuitÀuctorem suum, sic ioelTabiHter
Pater geouisse credendus est cosleraum. De Maire natus
est, qui aute iam fuit : de Paire, qui allquaodo non foiu
Hoc lides rredat ; iiitelligenlia nttn requirat, ne aut non
i:iveulum pulet incredibile. aut reperium uoo credat sio*
gulare. >
(196i) AoGcsT , 1. X, De eivit.t cap. 29.
(1965) Idem LACTA^T, 1. iv, cap. H, 9, 10, et seqq. :
c Oclavi capitis hoc argiimeniiun est : quod Filius bis
Dâtus est aelemalilcr de PalrCi ienii:ora!uer de Virgioe«
AP0L0G£T1QIJE. i^ji
concile de Nicée , cooferméweni aux vaiinf mi «
aux expres^MHlS des platoniciens, tanibt tfiwMfi'ji
y a est un temps auquel le Fiis n*éteit mi; lonti
quil est éternel auui bien que le Père, L'est iànies-
suh quM dit en particulier de Lactanee, qu^m-
qn'U dise que le Fils est coéteruel au Pèrt^ilàtliuie
pas de dire qu*it y a ea km lemps auquel il rimini
pas,
£h quoi! toutes ces proposiiioits ne lost^ies
pas indubitables? Ne sont-elles pa« trrs*oitbtidoin
dans le sens des Pères de TEgliseet de Lactat»!
N*est*il pas oerlain (|u*il y a eu un taapi ivqitl
le Fils de Dieu, considéré en Unt q«'liemBf«i*u»i
pas? N*est-il pas indubitable que le méaie fils, a
Unt que Dieu et Fils de IMea, est étemel assii biei
que son Père? M. Le Clerc ?ent ici nous foire ilk
aion, comme partout alUeurs. U prétONl iHwspar*
suader qaeLactaneea avancé ces deux pro^oûûtu
si opposées touchant le même objet, je vesx Are
loucliant la diviDité seule du Fils de Dieu; Mîiil
nVn viendra pas à bout. Ilest trop évident qieLic-
tance parle ici par aiitltlièse de la divûitéciée
rhiimanité de J&us -Christ, comme ooesiTomM»
couiiimé d*en parler nous-mêmes tous les join,
alin de mieux «taire sentir rexcellence de ikysim
adorable de Thonime D eu, ei que giua4 il liiiqv
le Fils est né de sa mère,- quoiqu'on fût etfïïl tiU, y
sous entend certaîneinetil, en qualité de Di?a. n
par ctinséquent, qnaod il ajoute que te wènt Ftii
eaf ué de son Père^ quoiqu'il ait été un Iah^m-
quel il n'existait pas , U ious-entend de laénie id,
en qualiiéd'homme et par rapport à l'hnomiléfc*
loii laquelle il a été nu temps en eflel auquel le Fils
de Dieu u*existait pa<s.
Voilà indubitablement le véritable sens de ce ^-
sagede Laotance, qui dit en peu de motseeqv'il
enseigne plus au long dans son qiiatrièmelivr<'(l!lo3\
auquel il renvoie, et où il prouve, coiifonDéme<ii ite
que la foi nous apprend, que le Fils lie Die« i eu
deux naissances, Vune éternelle de srni Père, er>
tant que Dieu, et Tautre tempordle de U Vmpri
méie,en tant qu'homme,
Après cela, il n*est personne qui ne émve imr
beaucoup de plaisir de voir M. Le Clerc esofoser
sérieusement , en apparence, me espèce de ivvf-
uiion sur ce passage de Lactance, pour pnunr
q<i*il -est véritablement de cet ancien aiiirer, el ^t
1 On a eu tort de soupçonner qu*il eût été forT«e^
par «fuelque hérétique , ajoutant eue : c sli se a
trouve dans quelques uianuscrils, dans d^autmo»-
droits où tous les manuscrits s^aecordent, UfiaKt
sVxpriuie de la même m'.:niêre, et que l\>ii p oïdirf,
avec autant de vraisemblance, que ce sonl k^'>
pistes orthodoxes qui ont retraiidtéce 4;!i*iis<»>
jugé à propos. I 11 ajoute ei.lin, < qu^oo a aibâ ac-
cusé Laclance d*hétéi otioxie depuis longtemps, u»
qu*à cet égard il n*est pas pHis coupable que i^n-
très Pères «(ui oni vé- u avant le concile de Nif t
dont les expressions sont aussi direrses que td'^
des platoniciens, sur la matière delà sainte Triut^*
Bon Dieu! qu*il y a de nialtgniié et de dissimub(i«
en tout cela ! Combien d^artiftces inotileoieBi »-
ptoyés pour nous ôter de devant les yeux le ^
naturel de ce passage , et pour nous |iersttader<[i*J
favoii:»e rimpiêlé socinlenne! Mais que M. Le Cbrc
scdnaliritale ineicogitabili et inefTablli. bi priiDrt>
quit, testlUcabtmor iilum (Dei KiliomJ bh e^se »'««
primum in spiritu, postes in came. Lt cap. xn l<l^''
etiam Filium ois nascl^portuit, ulipse fieret «««'^i^'
^rmf. In prima eaim oatintale splrilali é>iiii?fiHi. ^*
sine oflicio mains a solo Deo Paire progenerjti^ e^^
scvunda vero camali immtf fuit, quoniam siae Pain**'^
do in vîrgioali utero procreatus est : ut mcdùv ^**
l)eum ot bomiuem subslaiiUam gereos, nostran ^^^
gilem irobeciliemque naturam, quasi mauu adlon>*'^
tatem fiosait educeie. Faetus est Dei Flllos perqir;t«.
et bonUols pcr caraem, id est, Dcus cl hono. i
1595
NOTES AMNTiONNeLLESu
1594
aille rberd^r aillMn été dopes qa^îl paitse amu-
ser par ti*«t eea vaiiia discours; nous le cofiuais-
sfiDS Irof piHir BOUS y laisfier aurprandre. El Iota
de irooTor de rMérodosIe on du pbionisnM daus
ce pasisfe de Ladauee, eomnie il voudrait nous le
Uwt soupçoauer, uous B*y voyons au eootrairequ^ane
professiou aKrégée, analatués-cUire ei irèsHiIsliiicie
deja M onbodaiCt el une etmdamnatioo lrè»-«i-
presse des errevs de N. Le Clerc lui-même , et de
tous les autres ennemis de la divlnilé et de Tincar-
naliuu du Fils de Dieu.
Le sccottd passage cité par M. Le Clere est de
Tertullicn dans sou Afologiiiqme^ où cet ancien au-
teur clirétien. eiptiqu^ot aussi la génération âiemelle
du Verbe.diicrs paroles : t Nous savons qa*ii a été
pndéré de Oîeu rt ei.gendré par cette proUaifin, 1 1
que par roo^neot il est Jt\U de Dieu et Dieu, à
cause de l*unile de sobsunce qu'il a avec son Pér« ;
car Dieu aussi est Esprit, 1 1 quand le rayon part <iu
soWil, c'est une partie du tout; mais le' soleil mê-
me f«t daim le rayon, parée que cVst k rayon du
seL'il; sa siiësianoe nVst pas divisée, niaîs's«*ule-
meut plus étendue. Ainsi le Fils est Esp:it de l*Ks-
prit. Dieu de Dieu. Et comme lorsque Ton allume
une lumière d'une autre lumière, la lumière oui a
allumé loutre demeure entière et n'est pas épuisée,
quoiqu*en y en allume plusieurs ; de même ce qui
est engendré de Di.u est Dieu et Fils de Dieu , et
tou^deui ne sont qu'un (f9Gd). i
Yoilà le passage de Tertullien dont il s*agft, dans
lrq«iel je trou%e bien quelque obscurité, qui vient
du style dur et serré de cet ancien Père ; mais Je n*y
vois rien absolument, soit dans le sens, soit dans
I s paroles, quoi qu'en puisse dire M. Le Clerc, oui
soit liétérodoxe, ou qui ressente le platonisme. Ja-
mais Platon a-t-il parlé du Verbe dont il Tait men-
tion? Y a-t il un seul mot, dans tout ce qu'il en dit,
qui puisse avmr rapport à cet expressioDS et à eea
comparaîsens que TertulUeo empioîe? Les platoni«
c;eus postérieurs su Ghristîaoisiiie pourraient peut-
être avoir parlé ainsi. Car, que n*oiitHUs pas con-
irefiiît ou emprunté de la leiigion ebréiieuttc, pour
lu sopplanler, s'il cAt été possible, et mettre en sa
place leur platoiiisme insensé? Néanmoins, si l'en
eu eieepte certains vols manifestes de Plotîn, de
Porpbyre , d*Âmélius et de quelques autres dont
nous avens dqà parlé, et dont nous pourrons dire
encore un mot dans la suite; il n'y a rien dans tout
ce qu'ils ont dit de leurs trois principes, et dans
toutes les dillerenies explications qu'ils ont données
de ee famême de Trîniie qu'ils avaient imaginé, qui
agiprocbe de ce que Ti^rti-Ulen dit ici, ou de ce que
Jes autres Pères de FEglise ont dit en expliquant le
mystère adorable de Li Trinité, ou la génération
étemelle du Fils de Dieu. Produs , daus ses coui-
luenuirfls sur le TiwUe (1967), rapporte toutes ces
explications diflérentes des platoniciens qui IV
valent précétié, et il ne sera pas inutile de donner
Ici un |«eiit abi^ de ce qu'il dit sur ce sujet. Par
là on sera convaincu de la témérité extravagante de
ceux qui nous objectent la conformité de ces ima-
l^inations platoniciennes avec la manière dont les
saints Pères ont parlé du mystère de la Trinité, et
j|ui ajoutent en conséi|ueiioe, que les mêmes saints
l*éres ont cru que ees ima|;inaiiims païennes et cet
adorable mystère étaient entièremeui la mêin** chose,
^oos revieudruiis iiicoiitineut au passage de Tertul-
(19K6) Tebtcxlum:»^ i;iofo<fer..cap. il : t Hnoc et Deo
|<Tiilatutii didiirinius, et prolaliooe gîmeralinn, el idcireo
l-lliuaiDei, elDcum dicluin^ex unilate substanlw. Nam et
J 9eus spftftlus. £t com radiiû ex sole p* rrigilur, purlio ex
99IIIIIUI ; sed sol eril io radio, quia solis esl railiiis, nrc
sr4-pantar sab^tantia, sed exienditur. Ita de Spiriiu Spiri-
f «f^. el de t)eo Deus, ul lumen de lumine accensum. Ma-
rs ^* intégra et iudefeirla maleri» mairiv, elsi plure» inde
tx Jiiucesqoalilatum motueris. lia et qaod de Deoprofevtum
§ XI. — Couru exposition det imapnolions dt% plm^
loHÎcifH» nourroHX sur Uur$ trois dieux principaux^
— Opinions de yuménius^ d'Hurpoeralion^ d^M-
iicuâ^ de Ploiin. d'Améiius, de Porphure, de iam-
hli^ue^ de Théodore Asiueus^ de Procius^ et de son
maître Syrianus. — Autorilés par lesquelles Pfo-
dus prouve son opinion, — Extratagarue de ceux
qui j^ré tendent trouteer dans ces imaginations pla^
loHtcienues de la ressemblance arec ce que les saints
Pires ont dit du mystère de la Trimté. — // a'«
a ni platonisme^ m stoïcisme dans te passage de
Tertullien.
Le premier dont Prot-lus expose le sentiment est
Numenius, dimt nous avons i^éji parlé plus d'une
fitis , comme d'un bomme qui avait beai^coup lu les
livres des chrétiens, et qui en avait emprunté plu-
si« urs choses. Il se disait pytbaporieien, et après Py-
tba^re II n'estimait rien tant que Platon, dont il se
plaint fort que les acadi^icicus aient renversé les
dognii*s et la Secte, comme ils avaiint fait, c Celni-
ri, dit Prorlus, célèbre trois dieux. Il appelle le pie-
mier le Pèr.*, le second l'Ouvrier , et le troisième
l'Ouvrage; car, selon li^i, le monde est le troisième
dieu. Par là il reconnaît deux auteurs ou deux on-
vrieis du monde, le premier et le second dieti; le
troisième eU l'ouvrage des d. ux premiers. »
Proclus, aptes avoir réfulé ce sentiment de Nu-
menius, passe i celui d*Harpocration. t il fuit, dit-
il. Niiiiiénîos fionr ce qui esl des tfois dieux , et eu
ce qu*il reconnaît deux ouvriers du monde. Il donne
le nom de Cl«d on de Sditume au premier dieu ; le
set-ond, il Tapieile Jupiter; le troisième , le Ci'-I ou
le Moisde. Ensuite, ehangtmnl d'ordre et d<ï mé lio •
de, il appelle le premier dieu Jupiter et 1** roi du
monde lutel'igible; le scciml, il l'appelle If Gouver-
neur ; et chez lui Jupiter, Saiumc et le Ciel sont la
même chose ; il donne ces trois différents noms au
premier Être.
< Auicus, son maître, dit qnt 1 Ouvrier du mon *e
est le même que celui qui s'appelle le Biei., quoique
Phton itc l'appelle pas le Bien, mais le brui et l'en-
teiidemeiil, et qu'il cfâblisse celui qu'il nomme le
Bien, pour le principe de tontes les sulistauces, en
l'élevant htaucoiipau dessus de tous les êtres, quels
qu'ils soient, ainsi que nous l'apprenons de sa Ré^
publique.
I Plolin établit parein«*uieiitdeux ouvriers ou deux
auteurs; Tun du monde intelligible, et l'autre du
monde sensible; en quoi, dit Proclus, il a raison;
car il est vrai que daus un sens l'Entendemenl qui
esl dans l'univers esl l'auteur 1 1 l'ouvrie-r de runi-
vers. Aristote l'a reconnu ausi^i pour le premier
Etre, et lui a donné le nom de Destin et cilui dj
iupiier.
t Améîius. continue t-ll, reconnaît trois ouvriers,
trois entendements, trois rois : celui qui est, celui
qui contient tout, celui qui voit tout. Ce sont h» trois
rois dont parle Platon (1^68), 1 1 les trois dont Or-
phée fait aussi mention : k Soleil, le Ciel et Sa-
turne. Le ScMI surtout est celui qu*Aniélius recon-
naît pour le principal des trois.
c Après Amélius, Porpbyre crovant être de même
sentiment avec Ploun, reconnaît , pour auteur du
monde, l'Ame qui est au-dessus du monde , et que
sou eniendemeiit, vers lequel elle se tourne, est ce
qui s*appelle PAuimal même ou ridée , et que celle
Idée est son modèle.
esl, Deos est Dei Filios, el unus ambo. lu el de Spiritn
Spîritus, el de Deo Deus ; itiuduin aUerttni,iion miniem ;
graihi, non statu fcctl ; el a matrictt non recessil, ted e\-
ceaslL •
{VXl) PaocuTs, iu Tuffirum, 1. ii, p. 95; edil. Gnee« Basil .
(1068) Procius entend par là ce que dit Plaira dans sa
sei-onde l< lire à Denrs de STracusc : c Tout c^l autour du
roi de toutes choses, > de.
1S95
DlCTiONNAmE APOLOGET.*QUE.
m
c Après Porphyre, te divin Jambliqne, ayant réfulé
ce seiilimcpt de Porphyre, comme élani aussi celui
de Plotiu, nous propose ensuite sa propre théolpgî^^,
et reconnaît pour auteur de Tuuivers tout le monde
intelligible, en quoi il parait s*accorder avec Plotiu.»
Roinarquonà ici que Proclns nous* apprend un peu
p!us basque ce monde intelligible de Jambli-^ue con-
tenait je ne sais combien de trinités loutrs difleren-
tes; car il :« plu à ce philosophe visionnaire de ran^
ger toutes les di^inilés du monde archétype de Pla-
ton en trinilés, et de conipo.^er de ces trinités jus-
qu'à sept ord es différents, entre lesquels le Dieu«
auteur deTunivers, ne se trouvait qu'au troisième.»
Proclus expose ensuite le sentiment de Théodore,
surnommé Âsinéus. i Celui-ci, dit-il, admi t, comme
Amclius, trois ouvriers, ou trois auteurs de Puni-
vers. 11 ne les range pas néanmoins l'un après Tau*
Ire, mais il les mêle a>ec tous les autres dieux, tant
intelligibles qulntellectuels. 11 appelle Tun rEnien-
dement substantiel ; lautie, TEsbcnce intelligible;
le troisième enfin, la Source ou la Foitaine des
âmes. Le p emitr, selon lui, est indivisible; le se-
cond est divisé dans toutes les difTérentes espèces
oui se trouvent dans Tunivers; le troisième eiifin
étend cette même division du second dieu jusqu'aux
individus. »
Continuons à^ényouter Proclus , qtil • après avoir
rériilé tous ces difTérentit sentiments , les uns après
les autres, expose ensuite c*lul de son maJtre Sy-
rianus, qu^l juge le seul véritable, et le plus con-
forme à la théologie de Platon, c U n'y a donc, dit-
il , ou'un seul auteur de toutes choses , fort élevé
au-dessus de tous les dieux intellectuels , et qui
renferme toutes les unités et toutes les fontaines (!e
U vie, qui est la source et le principe de toutes les
productions, le Maître et le Seigneur de tous les
autrts Pères particuliers, ou des autres dieux à qui
( 1969) Proclus ne nomme pas ici son maître : comme 11
en a deux, Syriaous et Plutarque rAtiiéoieu, on peut
r.lH>i$ir celui que l'on voudra.
(1970) Ces vers d'Orpbcc sont entre autres ceux-ci :
2«v< K(;«3ii|) Zrj: ^i ««, ài,7S ê U «âvta vlivatTi.
Zcvc §a9i>iù<, Zc''f «Ot^ àcav mv àf-/^ ftv (»-(.
Kv iip«T-(| U{ iu(;iw »-,i-<.T'}. |a1y9{ «f/e; ir.i*rmé.
IKf Mil timf, i-uX 7«ta, xsi al^,f vue ti aai \f^f»
Apulée rapporte ces mêmes vers avec quelque dilTércn-
res (nnéralemcnt tous les platoniciens étaient fort en-
têtés (les vers attribués h Orphée, qu Ts appelaient par
excellence le Théoiogien, comme Proclus fait ici. Suidas
nous apprend de pins que Proclus avait fait des Commen-
taires sur les vers ou sur la théologie de ce poète, et
Îu*il avait montra dans un autre ouvr: ge, qu*Orphée,
^ythagorc, et Platon s'accordaient mcrveilletisomenl.
Suidas dit la même chose de Svrianus, maître de Proclus.
Cesl de là que quelques u:is des saints Pères, comme
entre autres saint Justin, ou l'auteur du livre Demormr-
chia Deif Clément d'Alexandrie, Eiisèbe qui rapporte ces
mêmes vers de Porphyre qui les avait aussi commentés,
Théodoret, saint Cvrillé» ctc , se servent de rautorité des
vers d'Orphée contre les païens, fionr les c^>mbattre par
leurs propres armes. H s'en f^tnt bien néanmoins qu'ils
crussent que ces vers fussent de Pancien Orphée, puisque
ce sont eux au contraire qui nous onl appris qn ils étaient
supposés, et que leur véritable autour était un certain
Onomacritus d'Athènes. C'est ce que dit Tjtien : à^^j^ èi
f4|uv« f*.9Vf vxh Ô e:«««f 'T6-i ««v A(i(v«'.o-J ov.«xt^x9«i Yivofiivs »aT«
nii«t«T9«f.l«»v s^xv vifi ti^iv ic:v.i)«'>«tv ôXutiviÂ^st. Ck*mentd'Al-
iexan lie a fait la môme remarque au livre i de ses Stro-
tnaffs, pag. 352.
(1071) HoMERUs, l'.'uii., 1. vni, inil :
n«VT(< r I^wtcqIi, libt ftimiÀ it OiatMii| CtC
Voilà C inme l'on voit une excellente preuve du senti-
ment de Proclus. Mais ces plalonicicus^ allégorisaient
il* donne le soin des différentes parties de Ymhm
Ponr lui» il est immobile et deroeare éte^Kll^
ment sur le sommet de TOlympe, où il pràide m
denx mondes, intelli«;ib!e et sensible; conteoint en
loi le principe, le milieu et la fin de tooU Aa reste,
comme il v a trois sortes de produeiiosi diflcm-
tes, Tunite démiurgiqoe, qui en est le priBclp«,W
réumt en elle , et les renferme tonles eii gàiêral
sous sa providence nniverselle. C*est d^elle que dé-
pend la trinité démiurgique, qui préside usivenr).
lement,non pas à tout en (rénéral, mais seoleoient
aux parties en particulier (19G9;. *
Proclus continue, et dans son Phéhus plaiomeu,
qu*il n*est pas possible de tendre en fnnçaîs, aï
même en latin d*une manière intelligib'e, ils'efforeo
de montrer que, quelque ordre, quelque amo^p-
nient que Ton mette entre les divinités do tmk
inielligiblâ et celles du mon^e sensible, il fnii)c-
cessairement mettre à la tète de tons ces dilTérpHts
ordres de dieux , de pères, d*auteurs et d^onmen
des deux mondes , un seul Père et un scsl Auteur
de tout. Ce qn*il prouve admirablement par fisH^
rite d*Orphée (1970), que Platon , selon lui, a sai^i
beaucoup, et qui met le Jupiter dont il parle, à b
lôie des trois enfants de Saturn(\ en le cdosiiliisoi
le principe, le milieu et la fin de tout. Il ajoois
quiloroère enseigne évideronipni la même vérité
il971), lorsqu'il introduit Jupiter, aoi se fait fo>t
le tiier à lui toutes les divinités célestes et Irnts-
très avec la terre et la mer, par le moyen d*aDe
cbalne (|u'il leur propose défaite descendre du bi;!
du eiel jusqu'en terre, et à laquelle il lear p^rart
de s*attacher, en la tirant de tontes leurs iocn
cont.'e lui. Qu*eniln, c*est le s< miment des prtbi-
goriciens (1972) chez qui toutes les divinitèi qy tis
rangeaient en différents ordres, et dont ils eom{K>-
salent leur fameuse décade, tiraient leur OTigine, ei
toutes les sottises qu'Homère avait dites. Porphre cl
Proclns se sont surtout distingués parlenr lèie «urci'
point. On en voit assez la raison. Les chrétiens se Blo-
quaient des fables exiravaganies qne cet aadcB tbèoirH
gien du pa^ranisme avait débitées des dieux qiierti&>
adorait. Il fallait donc tâcher d>a couvrir la htnsrri
rindignité par des allégories. C'est ce qu'ils oui bit. »(
c'est sur quoi aussi les Pères de l'Eglise Les onl comkili^
avec beaucoup de force, comme entre autres Eus^« «;
saint Augustin, en faisant voir le ri.licule et l'absunliiî
de toutes ces allégories. Ils leur o^iposcnt aussi Mwjî
la conduite de Platon même, qui, sans avoir cra«l iu«
ces admirables mystères de théologie et de philosopÈn.
que ces platoniciens soutiennent être renfermes davis «»
àbles d'Homère, n'a pas laissé de < basser re poète de u
République. Il y a plaisir de voir les efforts que Dit IV
dus dans ses coramenUiircs sur cet ouvrage de PîaKt
pour réunir et réconcilier entre eux ces deui gn&is
tliéologiens du paganisme.
• (197Î) Voici les vers des pylhafçorlciens, cHés pw Pro-
clns, mais en meilleur ordre qn'it ne les rapporte es Ri
endroit.
M'yvv^oi icti is xt'th *»>•« à T^rvj, tr«* «v œ^w*
n«y*ft/,ui. nfliÇi f«v Cj-.v itt^i v&m T*4it«««»
Voici ce que Proclus conclut de là pour son seuiiB^B^
et celui de son maître : Htt4'Ki«OT«f««i»«««ii'*«^ 5^'?
l'on voit qu'il ne rec^'unalt pt)int trois dieux pnoops»'.
mais au moins quatre, à qui il donne le nom de Vèrti ^
d'Auteurs de l'univers, marqué par le nombre de Ai.*"'
qu'il met à la tête de ces quatre dieux priocipanx tia as-
tre qui leur est supérieur, et qu'il appelle rioilc H'^'''
nelle. En vérité, tous ces platoniciens étaienl a» 1'^*'
visionnaires. L'en vie qu'ils ont eue de raisonner >ur ;'
qu'ils n'entendaient pas, leur a fiiil avancer, avec un ^'
rieox surprenant et les tenues les plus magninqcrv i^
plus grandes absurditi s. J'ai remarque quo tvu\ mvi '^
ont beaucoup lus et qui se sont attarh js ^ leur H*'' "
phie, comme entre autre Marsile Fiiia, ont ci^uirj.it ♦
peu près le même défaut."
1597
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE.
fSM
dqMMbiecl entièremeol d^on aevi père » à qui ils
miuieni le nom d* Unité.
Voilà an petit ei»ai de U théoloffie p'^tonieienoe
rar les trob dieux principaux ou les trois prinri»
pcs. N'y voit-on pas uu rapport meiTWI'tetix ei une
confomiilé parfaite avf*c la U.é«>logie des Cbrétienfc?
Iles trois dieux principaux, sur lesquels c* s pliîlo-
f4>pbes s'aerordeiit si aJuiiraM méat; ce Cîcl/ ce
S;itiiNie« ee Jupiter, c^s quatre ou cinq dieux de
Pmrlos, ne sont-ils pas euliéeimrnt la même ciiofie
qne ee que la foi nous apprend des trois adorabi: s
perbonnes de la Trinité? Lt» expressions que les Pé-
rès de TEglise rmploi* nt lorsquMs parlent de ce
n^ystéi-e, et IfS aat»>iités dont ils se st r^enl pour le
proHTrr, ne soiit-ce p^ les lucmcs que celles de
CCS philosophes ? Peut-on eniri'preodre il'eu imposer
si Indtgnemefct i toni le cliristianisme? Pettt*oa
STancer «ne exlrtTafpnce et une impiélé pareille?
Revenons an passage de Tertu!ll:*n, et demandons
à M. Le Clerc ce qu*il v trouve de conforme, soit
poar le sens, soit pour Vexpressinn , à ee phtonls-
uie insensé et h toutes les autres cbiniérrs que Pîa-
Ion on les pblonicîens out avancées dans leurs on-
vrai^es. Tennllien, diiil (1975), ne parle ainsîqnV
près mwoir dit amparawaml qull éimt émnê ie ientimemi
de PiàUm iouckami U rmiiitm. Voilà la seule preuve
que notre aotcor pnidotse du platonisme ao'il
trouve et qu*il veut nous faire trouver avec lui dans
le passage de Tertonieo dont nous parlons. Elle est
npp«)éc sur lâ*s paroles qui précédent immédiate-
m« nt ce passage « et qne nous avons déjà rappor*
tel s. c Cliez vos sages mêmes, dit Tel tiillicn en par*
(!e73) Bibiiolk. muren., tome X, pwe 41S.
<197i) Noos le ferions encore sans dMite nous-mêmes
H nous i^ioos des païens S instruire ou à combattre.
L*i|lustre M. Hnet la 6ft de nos joors avec beaucoup
d'énHii'ion et d'étemlue pour les Cbri tiens mêmes, dans
le Urrr qn'il a oooipmé. De la conconle delaf&i ofu la
rmuoH 11 a mardié en cela sur les traces des saints Pères,
bnt aux païens, il est constant qnn le Terbe est
cen^é fantear de Tunivers. Zenon le détermine
ainsi» en ajoutant que le Yerle s'appelle aussi Des-
tin« Dien, TAme «le Jupiter « et la Néiessité qui se
trouve en tontes choses. > Sur quoi, pour répondre
à 11. Le Clerc, j'avance, en n cueillant en pen dm
mots ce qne f ai déjà dit sur ce passage : 1* qu*il
est évident qne dans ors pamles de Trrtullien il n'est
point fait mention do sentiment de Platon, mais
seulement de celui de Zenon , et que si ellet sufli-
saient pour croire aue Tertulli m a suivi sur le Verbe
d*auire guide qne 1 Ecriture sainte et la tradition de
toute rSglise, il faudrait dire qu*il suivait le senti-
ment des stoïciens o«*il nomme, je veux dire de
Zenon et de Clénnine, et ncn pas celui de Platon
dont il ne dit mot. 2* J'ajoute qull n*cst pas moins
évident qne Tettullien n était pas plus dans le sen-
timent de ces philosophes toncbant le Verbe, qne
dans ccini de Platon , puisqu'il ne croyait pas, sans
doute, qne \e Verbe fût la même chose qne la Des-
tinée ou TAme de Jupiter. 3* Je dis enfin que tout
ce que Tertnllien approuve dans ces philosophes,
c'est précisément ce nom de Verbe, de Dieu et d'Es-
prit, qu'ils donnaient à l'auteur de Tunivets; et qne
s'il les dte à ce sujet, ee n'est pas qu'il lasse cas de
leur autorité, mais parce qu'en parlant aux païens,
il était obligé de leur produire leurs propr* s auteui s
dans ee qu'ils avaient d'approchant des vérités que
nous croyons (f974), pour les amener plus douce-
ment par là à la connaissance parfaite de ces mè-
nes vérités.
quoiqu'il ne se soit pas trouvé dbns les^mêmes cmii^oiic-
tares ni dans la même néeesaMé. Uoit-on pour ceb areti-
•er ce savant éTèqoe d'avoir cru que toutes les fables des
poêles, et toutes les opinions des anciens philosophes
quH rapporte ^ans son ouvrage, font b même chose qixo
les ventés et les mystères de notre religion ?
TABLE ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
DES ARTICLES CONTENUS DANS LE TOXE SECOND
DU DIGTI0INNA1RE APOLOGETIQUE.
[Lii noies indiquées ]par des chiffres romains sont à la fin des volumes )
M
XACROBE, examen critique du 'paange oê il parle
dn maamcre des Innocents. V. Hmwunu de Jims-
Hases venant adorer iésns-Gbrist; objections résolues.
V. Hamemee de Jésmê-ChriA. — Les anrieos mages ont
reçu l'iofloence des Jui&, suivant M. Salfador. V. Jfns-
si^tsmf,§1L .
Magnétisme. A-t-ll quelque rapport avec les miracles
de iésos-Thrist? Y. Jésu^ChriU. art. Il, § III.
MAHOMET, jugé par Napoléon. V. UtfAimeJi IX.
Mahomélisme. Sa profonde inQrmité et sou iocapadlé
logique. V. Snrwtfm^o/ûme, S IV.
MAISTRE (comte de). Ce qu*tl dit da rorigiDalitc de
l'Evangile. V. note M. L U.
Mal.
Abt. I. Objections de AiU/c ei réfutation.
$ 1. — Etat de b question. — Manichéens. — Phîloso-
f^te et catbolicisme.cn prébcnce de U quc!>liou du mal.
— Voltaire. — Objections de Bayl-t et résumé de ses ar-
guments. — Double conclusion de b philosophie.
I II. — Inconséquence et faux raisonnement des phi-
losophes. — Impoiamnce dn déiste, de Talbée, du scepti-
que dans b solution de b question dn mal. — Vice de
I argumentation de fiajrle démontré par le rai5>ionemenl
el par les faits.
S 111. — Mal, instrument de perfecthm dans l'œuvre du
Créateur. — Dangers éviiés, source d'éternelles félidlés.
— Communauté de mérite et de gloire des élus consoro •
mée dans le Verbe étemel. — Problème divin : élever à
b gloire b Ciiblesse et b corruption. — Sans le mal mo-
ral et physique, pas de vertu. — Comment nous acqué-
rons des mérites. — Béponse à cette objection : Les mé-
chants sont saiTiliés — Rôle de Salan dans le plan ibvin,
et avantages de b lutte des dcui cités.
% IV. — Eiamon de relie question: Dieu a-t-il le dmil
de donner à son oii%ri|ee une perSertioD îmoussible sar.s
rpiistence du nul ei le chitiuieiil élt riiel uu cooiabU* ?
— Monde sans la lilierUi*.— Monde a vcfuu*; liberté imprc-
cabic — Monde avec la liberté du mal prcférable à tout
î}m
TARLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE.
m
autre. — Amour, lien de la société des élus par Jésus-
( hrist, — Mérites de Jésus-Christ donnent ï la création
une dignité iofinie. ^ L'incaniaUon du Plis de Dieu aurait-
elle eu lieu si l*homme n*éuit pas tonil>é? Coosidératioa
sur ce mystère.— Satan, vaincu par l'incarnation. — Ré-
ponses à quelques objections.
{ V. — Objection. — Disproportion infinie entre le mé-
rite des créatures et la récompense. Soiiilton par Tincar-
nation du Yerbe. — Chair, comment devenue moyen de
réliabiliUtion. — Comment Jésus-Christ a-t-il pu mériter
éunt impeccable ? — Solution de tous les problèmes de la
création par rincarnation et la mort du hauvnur. Consi-
dération sur ces mystères. Loi de la Sotidariié ou com-
munion universelle des biens et des maux.
Anv. II. hnfmiuanu de la plùhiopkie à retondre la
question du mat. Béponse à M, de Umaamê.
S T. — Impuissance des philosophes qui admettent Tim-
nortalité de l'âme.
I IL — Impuissance des philosophes qui n'admettent
que la vie présente.
1 141. — OlMections de M. de Lamennais et réponses.
Mal. Sa prépondérance en nc»us sur le bien. Y. Cluue^
I L — Son origine, ibid.^ § II. — Mal permis pour
un plus grand bien. V. Création, { lY. — Nécessité de la
lutte entre le bien et le mal. Y. Salut, % H.
Maladies naturelles. Les possessions peuvent-elles étro
regardées comme des malaaies naturelles? Y. Posmkmni,
S ni.
MALEDRAiNCaS. Son optimisme réfuté. Y. Opti-
nùême,
MALTEBRL'N montre Taccord de Mcise avec les plus
anciens historiens sur l'origine des peuples. Y. Psycho-
lom, I lY.
MANKTHON. Ce qii*il faut penser de ses listes dyna-
stiques égyptiennes. Y. £frapf i6N<, § L
Manichéens réfutés. Y. mal, art. 1, 1 1.
Manichéisme. Y CkuU, I II, et Mdf, art I, J I.
Manou. Lois de Manou, livre indien , examen critique.
Y. Indùmvm, § il.
MARC (saint).
Mariage. Type de perfection présenté au prêtre catho-
lique par Airoe-Martin : réfutation. Y. Prêtre.
MARIE, MKRR DE DIEU. Type de la femme chré-
tienne. — Omment a mérité. Y. Ufferiét § 1
MARMONTEL. cité sur Jésus^brlst. Y. JéêUM-Chritt.
— Bel hommage qu'il rend à la divinité de Jésus-Christ.
Y. MythiMU. | X.
MARTIt'S, ciié sur les peuples indigènes de Timéri-
que. Y. Uaceê tmmainet, $ VIII.
Martyrs. Inscripito'ns qui en prouvent le gnnd nom-
bre. Y. Mottumentt confirnuaU le* réciu de la Bible, § Yl.
Massacre des Innocents. DiOicultés et solutions. Y.
Nai$9ance de Jétm-CliriU, § It
Masse gazeuse, germe de% mondes. Y. Coemoqame.
Matérialisme. Solution qu'il donne à U question de IV
ligine du mal. Y. C/nOe, | IL — Y. ausri les an. Boirnne
ft Ame, où il est réfuté, ainsi qu'au mot Panthéisme,
sn.
Mathématiques. Propc«Hions démontrées et qui parais-
sent absurdes. Poorouoi dans la religion n'y aurait-il pas
de mystères? Y. Kuenaristie, § 1.
MATTHIEU (saint) KévangéUste. Difficultés au sujet
des deux premiers chapitres de son évangile. Y. noie Y,
1. 1, ^ la Gn du volume. — Examen des difllcultés que
Crésenie le récit des circonstances qui accompagnèrent
I naissance de Jésus-ChrisL Y. Sauêonce de Jéiuê-ChrUt.
Matière. Y. Création, § IL —Y a-t-il en elle un tranil
progressif qui explique le principe pensant dans lliommet
V. Ame. — Soi essence, Y. Monde, — Estelle incapable
de connaître ? Ibid, — Est-elle éternelle? Y. Genèse ma-
fé''iati8te
MAIPIED (M. rabbé). Son interprétaUon du texte de
la Genèse relatif i l'universalité du déluge, Y. note 1, t.
1, ^ la fin du volume.
MAI RY (M.). Communications divines traitées par lui
d'hallucitialiofis. Y. Halludnation, — Compare la foi des
martyrs 3i celle des sorciers suppliciés. Y. itid. — Ce
qu'il dit des possessions, ibid,
.^laj-a. Déesse de rillusion chez les Indiens Y. Jntfta-
nisme, § Y.
Mazdechianites. Secte de la Perse. Y. Acroama^que.
Mazdéisme.
1 1. — Examen critique de l'opinion de M. J. Reynand
«nr rantiqulté de Zoroastre. — Est rejetée p«r les orieii-
I (listes les plus illustres. -— Zoroastre est du vi* siècle
avant Jésus-Christ. — Aurait été disciple d'un propbrie
hébreu.
{ IL — Le Christ et les apôtres ont-ils puisé dim h
doctrines du mazdéisme? — Le Yerbe est-il uo ¥fntr,
nn Hanover, le Hom, etc. ? Emtnrras et miHn(lirinr4.
— Mithra est-il le Saint-Esprit? — Traditioii prisitùf
conservée parmi les Mèdes et les Perses. — Infloeaie
des Juib sur les mages, reconnue pjr M. Salvador.
MédaUles confirmant le récit du déluge par Mcise. T.
Monuments confirmant les récits de la fiMe,} IV.
Médecins phvsiolo^stes. Leurs théories ssr nalted-
nation. Y. Batlucinatfon.
Mèdes et Perses. Ont mienz conservé la tndiliM pri-
miUve. Y. MatUéiame, § II.
Menou. Y. Manou.
Mer Rouge. Passage miraculeux des Uraéliifs i tra-
vers cette mer. Y. Passage de ta mer ÊUwqe. — TMiti* a
chez les nègres d'Afrique concernant le tnffiagedoti
mer Rouge. Y. Baces hmwànes, § X, note 1 ISS.
Mérites. Peut-il y en avoir sans épreure no siasit-
boné? Y. liberté. $ L — Comment ils s'ai-quièrfal \.
Mat, ««rL I, S lil. -• Mérites de Jcsus-Clirist. \. fd.
art. 1, § lY.
MESSIE. Prophéties qni l'annoncent. Y. note Ij. i. H,
\ la fin du volume.— Doit naître d*une Tierce, tHd..| (11.
— Doit naître à Bethléem, Und., § lY. — Propbéiiesair
la personne même du Messie. Y. note XY,{ Tl, t II, à la
fin du vol. — Sur les circonstances de sa vie, isrses
acti<»ns, ibid. — Sa naissance. Cirronalanfes pn»pliétiqQes
Îui raccompagnent, cantiques, etc. ibid., § Ylll-
redit par les pro|diètes. Y. PropIMes, ( IL - (Miet
de Faltente universelle. Y. Mythisme, | IX.
MICHELET. Réfutation de son upinion sur rnrigiot et
le dogme de TEucharislie. Y. Dogmes, % IlL— Rfruuiim
de ses appréciations sur la controverse entre Hiacojrft
Gotiheschalk. Y. ITmcmar. B YI et YIL — Seseirtun
sur le pouvoir des évéques sous Qiaries le (Juihf. \.
CJuirles le Chauve. — Réfuté sur le prétendu scf{iiid«r)'
de Grégoire VU et de Jésus Cbrisl. Y. Grémmt ril, |
YIL
l
Microscope. Omment il comltat l'argomeiit fonrsipar
le télescope contre l'insignifiance de notre planète V
AUronomte.
Milieux dans lesquels ont vécu les fossiles. Elaieot iU
les mémt*.s qu'auj^iurd'hui? Y. Homme, art 1,| V
Ministère de Jésus-Christ. Eclaircissement sur sa du-
rée. Y. Luc {sain:), f III.
Miracles.
51. — Possibilité des miracles. — Leur rapport avct le
gouvernement de Dieu dans le monde. — Leur rslecr
démonstrative. — La part qu*y peat avoir Vétéoxftt ta-
turel. — Leur rapport avec Tœuvre rédempliice.
8 IL — Pourquoi les miracles oni-ils diiuiuuc à pa.'tir
de rétablissement du christbnisme?
Miracles. Mode de manifestation de Dieu à ilHwiPf
V. Jésus-Christ, arU II, U — Jésus-< hrist a-t-il ppj>:
des mirailes? Témoignages des Juifs et des paieos, iM .
I IL — Sont-ils des prestiges ou le fhiit de rimpustcrr?
tbid. — Le miracle est- il impossible? ibid., $ IIL — (^
]<^rtioiis. Toutes les doctrines ont eu des miraclw. L«
miracles sont le résultat d*unc science occulte, M -
Magnétisme, ibid. — Miracle de rétablisscmenl «tafi»™-
tianisme. Y. Propagation du christitmisme. — MirKÎf du
temple ôo Jérusalem. Y. Temple de Jérusalem.— Itin-
des de Jésus Christ. Objeriions et réponses. V. note ^'.
à la fin du t. L et Bvangue, § YL
Miséricorde infinie de Dieu manifestée par rincanutiec
et la rédemption. Y. Astroiumiie.'
Miséricordieux.
Mithra Kst-11 le Sainl-Ksprit ? Y. Mazdéisme, 1 0
Mode. Ne peut être dt»agé de la substance qw'M
UMvyen du signe. Y Psgehowqif, f Xlt.
Mtrurs patriarcales. Y. Patnarciies» — Coopai^
aux mœurs homériques, ibid.
Moi. Qu'eslH-e djns la philosoplile de Ficbte? V. T'a-
losoplne de l'abêulu. — Sa nature. Y. Ame.
MOISR. Historien, thiVologien , législateur, ctr. ^
Pentateuque, — Ce qn>n disent 1rs .tuteurs paiei:*, «W
§ lY. — Son caractère et sa conduite dans lr« t^
grande actes de son ministère, ibid., § X. — Sa smr-^
dans le récit du passage de la mer Rouge. Y. ftfs^ff ^'
la mer Rouge. § Y. — Toutes les sriences rendit ^*'
mage ï sa véracité. Y. Sciences, i I, et Peatalf^
§ IX. — Son porirait, ibid. — Son récit du d^tme \
J}éluge. — A>t-il pu s*assurer du fait foiWUmental «l»> ^"
luçei ibid., § Il -- D'accord avec les plus anrifiiN)'.^
rieus sur l'cV-ginc des peuples. V. rsycfto/ejfk*, ^^K -
i€Ot
TABLE ALPHABETIQLE ET ANALYTIQUE.
fC02
Tr»IilKMi dm les nègres d*AIHt|oe concernaot Moïse. V.
Mofts ênumdnes, gl, miettS
Molécules organiques. V. Hamme^ «rL 1, 1 1.
Monastères. Leurs bibllollièques m uujeo Ige. Y.
5ctflicft, I IIL
Monde. N'existe pts par luHn^nie. ~ RéftiUtk» de
rsihéisme el du dualisme.
Monde anden. Ses rirhes^es inlellectoelles et ses dis-
posilioos à l'écard du dinsUanisme. V. Mffikisme, I VL
Muode pigrsiqae. Hardiesse des iuvestigalions de la
science. T. Smnahtraiitme, § V.
Monde adael. Est-Il le meilleur possible? V. Onfj-
mi jme. — Doit être délroil pour renaître. V. Palmgéiiésie.
— Monde sans liberté, monde avec une liberté impecca-
ble, monde arec.la liberté du mal. V. Mal, art. I. { IV.
Mondes. Suppositions relatives à leurs liatilants. V.
JsIroMMNte.
Monnaie du temps ilo ^iriarcbe Jardi. roncillalion de
deux passages de la Ceiifse et des Actes des apôtres, Y.
MomimaÊis amprmmu Us réâts de la Bible, % I.
Montagnards de t793 Onl-fU en pour ancêtres Gré-
goire VU? M Quinet réAité. Y. Grifoire fil. § VII.
Montagnes couvertes par les eaux dn déluge. Quelles
éUient-eilesT V. Déiw§t.
MONTAIGNE. Qté contre les Incrédules en bveur des
mif^les. Y. Miracles, § L
Monlanûme du Pape saint Victor. Errenr de M. Ara-
père réfutée. Y. Viclor {saha), | L
MONTESOtlEL*. Son erreur relative h la nubilité diei
les divers peuples. V. Races lutmahies, g Yl.
Monuments conflmiaol les rt'rciis de b Bible.
{I. — CondlialioH de deux passages conlradidoires en
a|;'Mrence de la Genèse et de» Àties des aoàires,
Jt 11. — Sur le titre de premier roi des Grecs attribué à
Alexandre.
§ 111. — Solution d'une diffioilté suf la mort d*Anlio-
diiis.
§ lY. — Médailles d'Apamée rappelant le souvenir da
déluge.
I V. — Sur le titre de Basilkm que l'on tnmve dans
Sbmt Jean.
§ Vi, — Qui doit être cru. de la Bible qui dît qu'il y
avait du tin en Egjrple, ou d*llérudote qui dit express^»-
meut qn*il n'y en avait pas?
§ Vil. — Croyances égyptiennes. — Immortalité de
rime. — Arts domestiques. — Arts d'agrément. — Mu^
sique. — Banquets. — iea des femmes. — Combats de
tau eauv.
MDORii: (sir Thomas). Réfnié sur la question des antl-
|/odes. V. JUaipodes,
Moral, i'niits du cbristianisme dans Tordre moral. Y.
rfnlrorfKtioR en tète dn premier volume, | XL ~ L'ordre
moral, dans ses rapports avec la peine et la jouissance.
V «/ht, IL
■orale du fburiérisne. Y. Fomiénsme.
Mort (b).
|1. — L'existence de b mort avant le péflié dn pre-
mier homme est prouvée par TorganisatiDn et les mœurs
des animaux carnivores, vivants et fossiles.
i IL — Sagesse et blenveilbnce de Dieu dans b créa-
tion des aninnax carnivores, chargés de b police de b
■atnre.
I IIL — L'kmnme, exempt de b mort par privilège, y
n été condamné en punition de sa chute.
Mort de Dieu, comment il but l'entendre. Y. Képara-
^omA IIL— Mort, conmie chittanent, moyen de réintêgra-
tiim. Y. Béparation, | IIL — Mort de JésusOrist. Put-
dle réelle? Y. JUtHrrectron.
Mortiflcatlon. Y. Ame, | L
Moru. Les âmes des ntrts étaient-elles les démons
chpf les andens? Y. FofiessioHS, | lY.
Motl6 de b création. Y. Créofton, } lY.
Monvement de b terre. RefnUtlon de M. Letrmme k
ce «ijVl y. Terre,
Moyen fige. Ce qn'ea dit M. Libri. RéAiUtion. Y.
Sdcncn, ( II.
MnIeL Y. Homme, art L
Multiplicité des emèees dans Ilimnanîté. RêfuUtion de
cette hypothè>e. Y. Èaees tammei, i II.
Musique cbet les Egyptiens. Y. MmmmetiU amfrmaiH
U» redis de la BîMcTyUL
MUSSARD. RéAite Straom. Y. Mgdàam, { lY.
Mystères.
I L — UUlité dn mysière. — Faiblesse de l'homme
grec et romain derant l*boauM dirétien apportant Tift-
compréhensible.
( 11. — Rationabilité du mystère, prouvée parrincom-
prehensible dans tous les ordres de phénomènes : la ma-
uère, l'e^t, Dieu. — Le sceptkisaw. — Le cfaristin-
nisme parle dogmatiquement; donc son dogme est nne
idée rationnelle.
§ IIL — Nouveaux développements sur le mystère. - -
Point de science sans nMere. — £xisiem« et mj stère
de Vinfmmetd fond, -> L'inOni dans l'étendue. — L'in-
fini dans b durôe.— Existence et mystère de Viulbrimeul
vetk, — Les incrédules ne peuvent se refuser k croire à
la religiim, à cause de ses mystères.
MySe. Y. M^Udsme. — Sa définition, ÎM, { il. — Sa
véritable nature, tM.^La tenUlion de Jésus-Christ e»t-
eUe un mythe? Y. Tetdaiim de Jim»-CkriU, § 11.
Mylhisme. Symbolisme, Légende.
§ L — Réalité historique de Jésus43irisl. — NaUre el
Ms de l'histoire. — Les trob élémenU de l'histoire :
écriture publique, bits publics, trame publique. — Appli-
cation des caractères de l'histoire à b vie de JêsusOrîsL
— Tadte, Pline le Jeune. — Proportion surhumaine de
l'histoire de Jésus-Christ.
i 11. — Définition dn mythe. — Mythe de Prométhée.
— Applicatioo de b théorie mythique ^ Jésus-CMst et
anx Evangiles. —Le Christ c'est l'humanité. — Rêruutioa
de Strauss. — Formation et véritable nature dn mythe.
— Caractère sciipturri de Jésus-Christ. — Les érangé-
llstes — Le cercueil des ennemis du Christ
4111. — Caractère et critique do livre de Strauss, par
ar QuiueL
iV. — Preuves Intemes en laveur de Forigine apo-
sifilique des Evangiles. — L'origine apostolique des Evan-
giles combat l'hypothèse du myihe. — Faits secondaires
eonOrmant b réalité historique des récits contenus dans
les Evangiles : Prédication et miracles des apôtres; saiil
Paul et ses épitres; établissement du chrislbnisme.
§ Y. — Formation des premières communautés dire-
tiennes. — Caractère des évangé listes. — Application
des passages de l'Anden Testament aux tem|k messia-
niques.
f VL — L'Orient au temps de b prédfcatioo de i*Evan-
«:e. — Richesses intellectuelles cm monde ancien ; ses
dispositions à l'égard du christnnisoM. — L'Asie occident
U!e au siècle d'Auguste.
§ Vil — X'esprit du temps en Judée chez les mnds el
chei le peuple. — N'a pu senir de calque à l'idéal mes-
sianique— L'idée d'incarnation.
I Vlll. — Oirislianisme et mytholocie.
S l\. — Publicité des biU érang^liqnes. — Attente
universelle du Mesi4e. — Mahomet Jugé par Napoléon.-*
Les apôtres. — Jean-Baptiste.
f X. — l'nité, originalité, sublimité, sincérité, oniver-
salllé de l'Evangile.
Mylhisme. Y. Bnfiomrfbnie, { IL
Mythologie. Le christianisme est-il une mythologie? Y.
JTylJlîtfaie;) VllL
N
IfAHL'M. Accomplissement de ses prophéties sur Ni-
Bive. Y. PnmlMes,§4IL
Naissance de Jésus-Christ. Orcooslances qui l'accom-
pagnèrenL
^ I. — De rétoUc qui stpfOÊuX aux mages.
S II. — De la venue des mages à Bethléem, et des &IU
qui s'y rattachent
NAPOLEON. Comme quoi il n'a jamais existé. Y. Jf y-
Hàtme, — Belle parole sur Jésus Christ Y. Jému-Ckrisi,
»rt. 1. 1 IL ^ .
Naturalisme de l.-J. Rousseau. V. Cfailf, {II. — Déve-
loppements sur ce systèsM. Y. AnTiomi/ûnir, 1 111.
Naïunlistes ou Naturistes ^ ^ .
Nature. Y. Crénlfon. — Eut de nature. Y. PsyrMofie.
— Pbf-ée avant l'esprit dans le système phllosophiqne et
Schelling y . PhUesophie de tiésolu.
Naturistes. V Sabifolnies,
NEANDER. Objection eonire l'Eucharistie. Y.
Néant Tirer du néant, sens ridicule donné par le
tionalismek cette expression. Y. Créoltoii, J IL— Qu'est ce
que le néant dans b philosophie deUégel? V. Fkdetephe
de rahehSt § IL
Nébuleuses. Résoinbl» en étoiles par le télescope de
NègrnTafricadSiHr^^^ bibllqees conservén ch«
eux. Y. Bures tanmes, | X. — Leur pvcfcoi<«*«r> -
Maces kmmtmes, I X. — Leurs prath|ues religieuses, ma.
— Obsèques, cérémonies publiques, pèlerinms, iW.—
Récompenses et chAtimenis après b mort, tM. — Mé-
tempsycose, Mf. - Sont tts dépourvus faptitnde aux
sdeneês, aux lettres, eu? Y. note XIX, t II, I b fin du
volume. ^ . „„ .
NIEBUHB. Son opinioB sur l'endroit où les Héfareus
1G05
TABLE ALPUAQETIQUË ET ANALYTIQUE.
160i
pissèrenl la mer Rouge. Y. Passage de ia mer Uauge,
Nihilisme. C*esl k lui qu'abouUl la ihuorie de Tabsolu.
Y. PhUosophU de rabsotu, $ II.
Ninive. Yéraciié des proptiéties qui la concernenL Y.
Propftéùes, § Ilf . — Importance de ta découverie de ses
raiues pour couûrmer la véracité de Tbistoire biblique,
ibid.
NOE. Traditions des peuples sur ce patriarche. Y. Vé-
fttjK»! II.— -A-t-il pu constater retendue de ce cataclysme?
ibtd.
Noir. Hommes de la race sémiiîque affectés de cette
couleur. Y. Races hununnes, § Y.
Nubilité chez les divers peuples. Y. Races kuminnes.
Numismatique. Yient an seconrs de saint Lac accusé
d'inexactitude. Y. Luc (sainl),
0
Objections de Bayle sur le mal. Y. ÈlaL
Obsession. Y. Possessions,.
^ Obstacles physiques vaincus par la catholicité. Y. CaUio-
ikité. — Obstacles à la propagation du christianisme. Y.
Propagation du christianisme.
Océan. A-t-il envahi leii continents lors du déluge? Y.
Déluge et note 1. k la fin du tom. I. — Son inva-
sion aurait-elle détruit les animaux mari.is, fluviatiles et
lacustres? Yoyez la note 1, tom. I, k la fin du volume.
OCKIXUS DE LICAME. Son panthéisme liéaiiste .
Y. PanUiéisme, j$ ï.
OËuvre de la régénération. Pourquoi progressive. Y.
Salut, § H.
OMAH. A-t-il défait la bibliothèque d'Alexandrie? Y.
Bibliothèque d* Alexandrie, § lY.
Onomatopée. Est-elle l'origine dn langage? Y. note
XYll à la fin du L II et Psychologie, § Ylli.
Ophir. Y. Psychologie, 8 lY.
Optimisme.
Orang-Outang. L'homme en descend-il? Y. Homme,
•ri. I, § ir.
Ordre surnaturel. Y. Surnaturalisme. — Ordre humain
exige la foi comme Tordre divin. Y. Foi,
Organe»^es animaux. Sout-ils restés les m^mes dans
les différents âges géologiques? \. Homme, art. I, § IV
prient au lenips de ia pré Jicalion évangélique. Y. ifjf-
thismeA YI. — Berceau du genre hum;»îu. Y. Psychologie,
ORIGENE. Ses parotes sur Platon faussement inter-
5 Pétées par Leclerc relativement à la Trinité. Y. note
XII. $ Via, k la fin du L II.
• Or^inalité de l'Evangile. Y. note XII, t. II, 3i la fin do
Tolume.
' Origine de Thomme et des êtres organiques. Y.
Homme. — Origine des peuples. Y. Psychologie, $ lY.
I Origine de nos conna^sances. Y. Psychologie, $ IX.
— Origine de nos idées, ibid, § X et suiv.
•Origine du mal. Examendes théories, et solution par
le christianisme. Y. Chute, § II.
OROSE (Paul). V. BibtwUièque d'Alexandrie.
Païens. Témoi^^nent de la multitude de Chrétiens dans
les premiers siècles. Y. Propagation du chnstimiisme,
I ill. — Ont-ils parié du passage de la mer Rouge? V.
Passage de la mer Rouge, § lY. — Ont-ils p.;rlé des mi-
racles de Jésiis-Cbrist et des apotrrs. V. note VI, à la fin
du t. î. — ( ités en faveur de rauthenlicilé «les Evangiles.
Y, Evangile^ § I. — Leurs aveux sur la cessation des ora-
cles. Y. Démon, 5 IV. — Reconnaissent les possessions.
V. Po««MJOM,§§Ilellll.
Pain. Sacrifice du pain chez les ma^es et chez presque
tous les anciens peuples. Y. Eucharistie, § III.
Paléontoloffie. Fournil-elle des preuves en faveur du
déluge. Y. Déluge, § I. — Les décou\ertes de cette
science ont anéanti Thypothèse du panthéisme sur l'ori-
gîne des êtres organisés. Y. Homme, art. l", S Y.
• Palestine. Y. Judée.
T din^éuésie [Regeneratio, renaissance).
} jnlhéisme.
I. — Du panthéisme idéaliste.
II. — Du panthéisme matérialiste.
UL — Cons/*quence et réfutation du panthéisme.
panthéisme des relirions dans l'Inde. V . Indianisme,
fc Y.—Nouvelle réfuUtion d*i panthéisme. Y. Etres, com-
ment ils sotU en Dieu (scholie). — Réfuté dans ses théo-
rie» historiques. Y. Philosophie paiithéittique de r histoire,
• - Panthéisme matérialiste réfuté. Y. Homme.
Papauté. Kn avait-on entendu parler ami la eoate*
nation de saint Hilaire d'Arles? erreurs rélbiéei T. i^
/mre (saint), § VIL — Sa perpétuité et sa stabilité. 1.
Vlmroduction, § XY. — Y. l'art Pave
Pape. Sa primauté et son autorite doctrinale.
§ L— Ce qu'il faut entendre par la suprématie dn Pipr.
— Elle a pour fondement la pnmauté ahODûeur et de ju-
ridiction aont saint Pierre a été revêtu. — Exameo cri-
tique des textes évangéliques qui prouvent cette supri
matie de saint Pierre^ — Objections et répooses.
9 IL —-Cette primauté d'honneur et de jurididioo n'é-
tait pas, dans saint Pierre , une 8imp!e prérogative per-
sonnelle. — Preuves qu'elle devait être et qu'elle i éië
de fait transmise k ses successeurs. — Témoigiages dn
Pères. — Conséquences qui s'ensuivraient pourtedhs-
tianisnie, de la supposition que la suprégiatie dn Sovfe-
rain Pontite est contre nature et sans faadeqienl dus li
consiitution de l'Eglise chrétienne.— Rchabinutioa des
Papes au moyen ^e par les historiens protestants, Voigt,
Hurter, etc.
§111. — Du chef suprême de l'Eglise ooDiiiie autorité
doctrinale.— Il est le déjKKitaire de t'autorité de l'Eglise,
comme pouvoir dogmatique. — Des grandeurs de la aïs-
sion doctrinale drnt il est investi.
Papyrus. Manuscrits sur papjrus trouvés en Egjple. T.
Sciences, § L — A servi à écrire le Pentateaque, iW.-
L'n manuscrit de la loi mosaïque a pu être retnwvé après
mille ans dans le temple de Jérusalem, puisqu'on a da
contrats sur papynis de l'époque des Pharaons, îMd.
Pâque. Débat h ce sujet sous le pontifical du hpe
saint Victor; erreurs de IIM. Ampère et Am. Ihien^ ré-
futées. Y. Victor {saint).
Parabole. Les paroles de Jésus-Christ dans l'iostitii-
tion de l'Eucharistie sont-e.tes une parabole? y. Sacfcs-
ristie, S 111.
Paradis terrestre. Sa situation. Y. Psychoto^, | T.
PARAYEY (M. de). Ingénieux rappnicbemcDtaa sujet
de la lourde Babel. V. Babel.
PARCHAPPE (le docteur). Nie le sumatoraltsaie. V.
Démon.
Parole. A-t-elle pu être intentéeT \.PsyMogie,Vf\.
^- Considérée dans ses rapports avec la raison Y. f^-
cliolome, S XL — Parole ae Dieu manifestant ï Hmoiic
des vérités de l'ordre surnaturel. Y. Prophétie.
Passage de la mer Rouge.
§ I. — De la route par laquelle les Hébreux arrivèrent
i la mer Ronge.
§ II. — De l'endrûit où les Hcbreax passèrent la ser
Rooffe.
§ Tll. — Du passage réel de la mer Ronge par la Hé-
breux.
§ lY. — Du passage miraculeux de la mer Ronge.
I Y. — De la sincérité de Moïse dans tout le rédt da
passage de la mer Bouge.
{ YL — De la vraiseaiblaiice de tout le rédt dn pasnge
de la mer Rouge.
Passage du Jourdain. ^
Pasteurs (peuples). Y. Patriarches.
Patriarches.
PAUL (saint), apdtre.
PAUL (saint). Que pensait-il du célibat? Y. CMM-
Ses EpUres, Y. Mythisme, 1 1 Y. — Ses prétendus débiu
avec saint Pierre, suivant M. Quinet. Y. Pierre {l'spUrt
sabil), § n.
PAULIN (saint). Erreur de H. Beugnot i son siqeL T.
Aristocratie gallo-romaine. § IL
PAULUS. Théologien naturaliste. V. Naturaliski.
PAUTHIER. Ses idées sur rtnAuence religieuse àt
rinde réfutées. Y. Indianisme,
Pauvre. Y. Elus, § IL
Peau. Son histoire au point de vue de la diversité des
races humaines. Y. note X V III, L II, à la fin du lolue.
Péché originel.
§ I. — De la tentation do premier homme. — Biénr-
chie des êtres , progression ascendante et progressai
descenrlante. — Les esprits supérieurs, bons et mauvais.
— Relations entre les êtres spirituels. — Esprits sofé>
rieurs soumis k l'épreuve ; leur chute. — Le serpent.
§ IL — Eclaircissements. — Avons-nous commis ^'
aonnellement la faute de notre premier père?— Sort dit
enfants morts stns baptême.
§ UL— 0)nsidérationssur la transmliasloo substaaticC'
de la chute primitive. — Effet de Taae maavais v
l'âme , sur le corps. — De la phréoologie an point de »h<
de la théologie.
§ lY. — Loi de l'hérédité ou de la tmnsmissibiUtcd:»
l'ordre organique comme dans l'ordre moral.— Vonf^
Dieu envoie-t-il une âme pure dans un corps soaill^f
§ V. — Comment l'humanité est-elle coupaUCiCii^^
1605
TABLE ALPnADETlQLE ET ANALYTIQUE.
qocijMinic d'une faute qui ne lui eii pas pennanclle? -~
Loi de la solidarilé : Entre l*à:iie et le conis ; dans les
familles; daM les oalions; dans Hiunanilé.
I VI. — Ol^eciioos de U. di^ Lamennais.
Péché. Unis quel sens il a inlrodiiii la moit dans le
monde. V. Mori. — Pent-il élre expié apr{« la morit V.
£f^^.|IIL "^ "^
P€diaUu$ mqnlarum, on pou des oègres. OlMocUon el
réfiiUUon. V. lUres êmmmtÊeê, | V.
Peines lemponires. Conséquences. V. Elenùté tUê
pemet, f 1.
PELLETAN. Ses idées sur Hiomme priroiiiC. V. Psy-
^hologie, 8 I et XIII. — Son opinion sur Torisine de la
parole, ilS,, § VUI. ^
Pénitence.
i L — L'Evangile ne prêcbe-i-il pas b pénilen.-et
1 II. — Quelle a été la doctrine de Bouidaloue sur la
pénitence?
i Jll.— La doctrine de la pénitence a-lrelle rendu Ros-
suet fauliste et cruel ?
$ IV. — Quels sont les résultais sodaus de la doctrine
de la pénitence?
P.-nitence. V. Confession.
Pensée. Son origine. Eiamen critique des sjstèmes.
V. P$9ckoiogU, §1 VUI et XIV.
Pentateuque.
1 1. — Des livres cbipols. Sont sans anlhenlicité ; ont
subi des altérations profrindes. — Des livres indiens.
Manquent d'autAentidié; témoignage de R Consunt; ont
été altérés. — Li\res persans. Le Zend-Avesta ne re-
monte qu'à la fin du %t* siècle avant Jésus-Christ.
S IL — Les annales des peuples chinois, indiens, per-
saas. etc., k Texception de celles des Juifs, ne présenient
qu'obscurité et iucertilude, et n*ont aucun caractère his*
S 111. — Incontestable sup^iorité du Penlateuqne. —
Aveuglement de ceux qui, dédaignant de le consulter, se
Citigueni à poursuiire des ombres. — Problèmes insoin*
blés en dehors du Pentateuque. — Chaos des éléments
polv théistes.
,§ IV. — Authenticité du Pentateuque. Preuves extrin-
sèques. — TradiMon oonstante et unanime des Juifs et
des Chrétiens.— Pentateuque samaritain. — Témoignage
de l'antiquité profane.
I V — Authenticité du Pentateuque. Preuves intrin*
nèôues.
I Vl. — Anthentidlé du PenUteuque. Preuve indi*
reete. — Dans lldstoire des Jui6, il u'j a aucune époque
h laquelle on puisse placer la supposition du PenlaUn-
qoft. — N'a pu être fabriqué par Ejdras.
i VIL — Intégrité du Penuieuque. —Il n'a été altéré
ni avant la oooclosiiia du canon ni depuis. — Versions
compréet.
§ VUl. ^ Véracité du Penlateuqne. — Caractères tirés
de la nature des choses, du langage, de la vraisemblance
eosmogooione, de la vniseaibbnce archéologique.
f IX. — Véracité du Pentateuque. «— Conlirmation par
les découvertes modernes. — Bestrictionset explications.
— Exemples. — Confirmations cfarouologiques^ — Exten-
sion passible de la chronologie. —Coïncidences hiéroglj-
phimiea. — Autorité croissante de la Genèse.
I X. — Dirinilé du Pentateuque. — Caractère et con-
duite de Moïse dans les trois grands actes de son minis-
tère : 1* la délivrance des Hébreux ; V le voyage au dé-
sert ; 5* la lég^lation.
$ XL — Divioiié du Pentateuque. — Théologie de
ll<fise. — Comparaison aveo la philosophie grecque.
Pères de Tl^gli^e. Ont-i.s pansé ou parlé du mystère
de la Trinité à la manière des platoniciens? V. note'XXIf,
t. Il, à la fin du volume. — Cités sur K-s possessions. Y.
Posieision.— Sur les oracles des païens. Y. Diinmt, § lY.
— Réfelation des accusations de M. Letronne à leur su-
jet. V. Coêmographie. — Leurs témoignages démontrent
rorigine de la Trinité et de TEucharislie. V. Dogmes^
I II et I IL — Témoignages en bveor de la primauté du
Pape. V. Pape, f IL — Témoignages en laveur de l'au-
tbenticilé des Evangiles. Y. Bwangiiet IL— teur témoi-
cnace démontre la règle d'autorité comme règle de Ifoi.
V. Bè^ de foi, | 111. — Attaqués par M. Aimé-Martin.
Réfutation par Im-mème. V. PinUaice, $ IV.— Pères des
premiers siècles t.;moignent de la multitude des Chré-
tiens. V. Propigaiiott du ehrisliattumef { III.
Perfectibilité el progrès. V. PhUoiopiâe panUiéiMUqae
Perfection a pour instrument, le mal, dans l'œuvre du
rréatenr. V. Mai, art ï. § IV.
Perfectionnemeat graduel des espèces, réfutation. V.
Bmmmt^ art. L — Pèriectiomcment de Hiomme et des
.*es humaines ; rircocstances qui y concooreat. V. Bures
1606
. § XIL —Perfectionnement iulelSectael et pby-
sioue de l'homme d'après Fourier. V. FouriérUme,
Périodes astronomiques. V. Paiimgénésie,
Perjianence des espèces. Y. ttonmu*^ art I.
Perpétuité et stabilité du christianisme. Y. l'inirorfa^
fion, { XY.
Persans, leurs livres ne remontent ou'à Zoroastre,
c'cst-^ire à la fin du vl* siècle avant Jésos-ChrisL Y.
Pentaieumêf | L — Ils ne présentent 'qu'obscurité et
incertitude, ibid.. ^ II.
Personnages célèbres de l'antiquité taxés dlnllnctaa-
tion. Y. BaUucmaikm, f IL
Personnalité dîme niée dans la théodicée huoianltaife.
Y. Théodicée hMnuotiUnrâ.
PETAU ( le P. ) Son sentiment sur le platonisme des
saints Pères Y. note XXII, §| I et II, 1. 11, i la fin du vo-
lume.
Peuple. N'y avait-fl que le menu peuple qui filkt chré-
tien au fv* et an v* siècle? Réfutation de M. Guizot V.
Arisiocraiie gai(o-romam(, S L — ^^ dispositions en Ju-
dée, au temps de JésusUàirist, étaient-elles favordiles à
la formation du mythe? V. M^isme, S VIL
Peuples. Onirils commencé par TeUt de nature ?V.
Psifckoiogie, fS II et III. — Accord de Moïse et des pins
anciens historiens snr leur origine. Y. Ptguholofpt^ i IV.
Phalanstère. Y. Fouriérisme.
Philosophie de l'absolu.
§ L ^ Philosophie allemande; son unité, malgré la di-
versité de ses qrstèraes ; son origine ; ses principes gé-
néraux ; ses principaux résultats; opposition absolue en-
tre celte philosophie et le diristianisme. — Origine imnié<^
diate de l'idéalisme subjectif de Fichte ; de l'idéalisme
objectif de Schelling; du ^stème purement liigiquede
Hegel. — Ficfale; but de sa théorie; point de départ; le
moi créateur et unique réalité ; le moi individuel et le
moi absolu ; application des principes posés. — Notion de
Dieu d'après ce s}'slème. — Réfutation du principe te-
damentaf de cette théorie.
I IL — Point de départ de Schelling; il place la na-
ture avant l'espriL — La nature est vivante; elle est In
premier développement de l'absolu et ne doit jamais éCre
s**paree de lui. — Loi du développement de l'absolu. —
Comment l'absolu arrive à rintelliîgeiiee et h la liberté.
— Loi du progrès inJélinL — L'absolu n'existe que pas
son développement dans b nature el dans TeifirîL —
Observations générales sur cette ihéorie. — Il but cher-
cher, <bns Hegel, les preuves qui manquent dans Schel-
ling. — Méthode et métaphysique de H^l. — Point de
départ dans la nnre abslrscUon. — Eliminatlan de toutes
les idées corrélatives. — L'être méaut: le denfatr; apnli-
Cition du principe. — Réfulatien de Hegel. ^ bnpooqbl-
lité d'expliquer le meurenent réel et logique de l'être;
de rendre raison de la réalité. — Le deremr est llnini,
on le néant abeolu; dans les deux hypothèses, la théorie
de l'absoln croule ; réponse aux diflicullés de Hegel. —
La Uiéerie de Fabsolu n'est que le mbUisme
Philosophie panibéistiqne de l'histoire.
IL — Première époque du dévebippemenl religieux,
le fétichisme. — L'hypothèse d'un éut primitif sauvage
ou de bartarie est remersée par l'histoire cnnune par la
saine métaphysique.
f IL — Epoques secondaires du développement reli-
gieux. — On n y trouve pas le lien de succession et dn
progrès exigé par les théories panthéistiqnes. — Emana-
tion. — Dualisme.
S 111. — L'existence du christianisme renverse toutes
ces théories historiques; vains efforts pour l'expliquer.
I lY. — Théorie du symbolisme; ses impossibilités. —
Rapport de la religion el de la philosophie. — La peHîec-
tibilué el le^progrês. — Illusion des panihébtes.
§ V. — L'état, Tart, b sdence, I avenir, au point de vue
panthéiste.
Philosophie et catholicisme en présence de b question
du mal. Y . Mal. — Impuissance de la philosophie i ré-
soudre la question du mal. Y. Ifol, art II. — Philosophie
spiritualiste ; sa solution de b question de l'origine du
mal. Y. CAnle, I IL— Pib'IofodUe poâûre de MM. t^imte
el Liltré; son amreux matérialisme: V. Déwum. — Philo-
sophie grecque: comparaison avec b théologie de Mnïse.
Y. Pentaleuque, % XL — Impuissance radicale de b philo-
sophie pour remplacer le cbristbnisme dansb société. T.
VtntrodmcAm^ S Y et suiv —La philosophie a produit,
suivant M. JonlTroy, tous les maux de la société, v. Tln-
frodnrlKM, § IX.
Phrénologie au point de vue théol<«lqne. V. Pécké ùri-
fM, S in.
Phrénologisme. V. Ame, | L
Physiologie inteileclueUe. Y. Âme. — Difficultés e^
systèmes de b physiologie sur le principe vilal. Y. A.*iia
IG07
TABLE AU>IIAU£T1QI3£ ET ANALYTIQUE.
I VIL — Physiolo^e des races bumaines. V. Raeu hn-
moitiés, S VI.
Physiologistes (les iné«lechis) et les possessions. Y.
note t6, à la fin da t. 11. — Imouissaiice des physiolo-
f»tes pour expliquer le priunpe pensant. V. AiHe,
Itl.
Physionomie des religions. V. Sumaturali$me, % IV.
I*h[Ysique des Hébreux. V. Déluge^ S I.
Physique et moral; leur rapport. Y. Ame, | IX.
PfERRE (rapôtre saint).
8 I — Voulait-il que les Chrétiens judaîfuissent?
I li. — Y eut-il antagonisme de doctrines entre saint
Pierre et saint Paul?
S Ul. — Ou'est-ce que le christianisme indépendant
attribué à saint Paul?
Pierres monumentales.
Pigment. Exisle-t-il chex les blancs? V. Bace$ /iiiiwiitN>t,
f I II. —Recherches anatomiques. V. note XVllI, t. 11, à la
un du vohime.
Plan. Ya-t-il unité de plan dans \e r^c[nc animal? V.
Honune, art. 11. — Variéti de plans. V. ibid,
PLATON. La Trinité chrétienne vient-elle de ce philo-
sophe grec? V. Trimiéf S IV. — Examen des divers p»s-
8ag*»de ses écrits relalirs à la Trinité, etc. V. note XXll,
§ Al, t. II, k la fin dn volume.
Platonii^ieiLs. Le do;^nie de la Trinité leur a-t»il été
em^n-unté? V. Trinité, § V. — Platoniciens nouveaux.
1. eu Ri imaginations au sujet de la Trinité. ^V. note XXli
§ XI, à la tin du t. H.
Pi.lNK LK JEl ^E. Ce qu*U a dit des Chrétiens. V.
âtuttiiniie, S I.
PLOTIX. Son opinion sur Porigine de la Trinité ; ré-
ftil;itiou. V. Triuitâ, $ V et note XXII, § 111, à la Un du
t. II. — Son panihéisroe idéaliste. V. Fu%ttiiéi$me, S I
Pluie. Est-elte Tunique cause du déluge? V. Déluge,
aiiein.
PLUTARQUE. Cité sur les déronns et sur leur in-
fluence. Y. Pomemion, § 11. — A quoi il attrilme la cessa-
tion des oracles. V. Déitum, § IV.
Polythéisme. Chaos qu'il présente au point de vue de
l'histoire de l'humanité. V. Penuaeuqti€, \ Ul.
Populace. Dans les comniencemenis n'y a-t-il eu qu'elle
qui ait cru aux miracles de Jésus-Uirist? V note YLt. I,
k la tin du volume.
Population du globe avani le di^luge. V. Déluge.
Porc-épic (l'homme). V. note XVllI, t. Il, à la fin du vo-
lume.
PORPHYRE. Cité sur la cause de la cessulion des ora-
cles. V. Pémm, S IV.
Portrait de Jesus-Christ. V. Jé^sni-CArfor. — Portrait
du prêtre catholique par Aimé-Martin. V. Prêtre.
Possession.
S 1. — Certitude du fait de possession mt le démon. ^
Preuves tirées de l'Evangile, des actes des apétres, des
Pi*res de TEglIse primitive, du silence ou de Taveo des
païens.
S il. -- ExpMcition du phAnom^ne des possessions. —
Croyance uniit*rselle k l'existence et à rlnfluem^ des
déinuus. — Possessions au temps de Jésus-tlirist ser\'ent
à manifester la divinité du Libérateur; contribuent, après
Jésus-Christ, à rétabtisseiuent du christianisme. — Pour-
quoi elles ont cessé.
I m. — Th<>ories explicatives de qiielqaes théo|o$;iens
protestants: les possessions ne sont que des maladies na-
turelles; Jésus-Christ et les apdtrcs ont conformé leur
langage à un préjugé vulgaire. — Réftitatlon.
S IV. — Examen critique de la théorie de Jahn et ré-
futation de ses arguments.
Possessions et médecins physiologistes. T. note XVI,
t. II, à la fin du volume.
Pou des nègres. V. Races humaines, % V.
Pouranas. Livres indiens, examen crilique. V. IndUt'
nisme, § II.
Pouvoir dogmattqne dans l'Egli^^e. V. Pape, § 1(1.
Prédestination.
Prédiction d'événements ftiturs, eti'.. V. Prophéties.
Présence réelle de Jésu5HChrist en phisleurs lieux,
phénomène naturel qui aide à le faire comprendre. V.
Eucliarislie, § 1 et 111, et Dogmes, $ III. — Kxamen des
.textes de TEvangile relatifs a Tinstitution eucharistique
iet réponse aux objec ions. V. Dogmes, S Ul. — Démon-
trée par la tradition, ibid., § III.
Prî^tre.
PniCH4RD. Cité sur tes caractères des races humai-
nes. V. Wtces Immaines, §111.
Primauté du Pape. V. Puptf.
. Princes. La justice prèchée aux princes par Hioemar
«ttit-elle moins humaine que celSe de Bossue! ? afpre-
m
dations de M. Ampère 9i ce sujet réfutées. V. Bimm,
! XVIIL
Priorité des races. V. Rares kmmmes, | XI.
Problèmes insolubles dans le polytiiiislsme. Y.Peabtn-
que^ ! m. — Aucun de ceux qui tounnement l'Mprit ho-
niain n'a été résolu par b philosophie. Y. Vlvirodmtm,
ti YIII.
Pnigrès continu.
Progrès impossible dans les systèmes de palingiV'ti^.
V, Ptatugéuéste. — Progrès, matériel et morsi, w ^'\\
faut en penser. V. Wflfea humuntes, § XIII. — Pnwn's e\
surcession dans le d4''vel4i(>pement rc ligimt de Iduibi-
nité; extslent-its? V. Phtlfàouhie pmHhéiaiqui île Ont-
losophiques que ce mythe présente sur la chute primi-
Uve. Y. /)^moK.$I.
Propagation du christianisme.
5 I. — Première merveille. }^ cenceplim de 1j doc-
trine du christianisme par doute hommes igimaals et
grossiers.
§ 11. — Seconde merveille. La réaofnlioN de ivédier
le christianisme a Tunivers.
I ||(._ Troisième merveille. Le mucH qui usm^
gne en tous lieux la prédication des apôtres.
§ IV. — Cette étonnante propagation du chrisUinlsK
ne peut être regardée que comme l'ouvrage de Dieu.
§ V. — Dernières considérations sur réiablisKiBMl
du chnslianisme.
Prophètes (faux). Lliumanité a-t-elle été trompée par
eux en matière de religion? T. Snrmifnra/fSNC, 1 11.-
Prophètes assimilés à des malades et è des somoanèiilK;
réfnUtion du docteur Leuret. V. Ha(lnciiMlM«,Sll.
Prophétie.
Prtmhétie, essence du culte. V. &icniafiiniftimr, 1 1.-
Son unité, tWd., § fil. — Objection dn ratiomUsme imi-
tée, ibid,, \ V. — Est le complément de notre lanière
naturelle, iwd.
Prophéties. (Prédiction d*événemen s futurs sottsl*»
pirai ion divine.) , .
j I. — C^iractèrcs et définition de la prophétie. — tlie
est possible. — Klle est surnaturelle. — Conséqn«ic«.
— VraÎJ's et fausses prophéties. Leurs caractères distiiK-
lifs. — Difiicultés et objetliuns résolues.
j If. _- Progrès et caractère de l'idée mesnuàqu
oliex le peuple juif, — Prophéties et traditioiii nam;
selles sur la venue d'un Médiateur, le Uessie, le Dèsr^
des nations.— Accomplissement des propbétâescn Jèn»-
i hrist, l'âme des âges qui l'ont précède awsi Uea tp«
des temps qui Tont suivi.
I lil. — Accomplissement IHléra! des pro|*élies «
l'Anrien TesUment concernant Ninive, Babjlooe. Tyr.
l'Egypte; lenr véracité confirmée par l« découvertes*!
voyageurs modernes.
Prophéties concernant le Messie, comment It^terp-
tées par Salvador. V. Judmsme ef cAriafMïiifW*. — n«-
pbéties sur la destruction du temple de Jérasalem f «rn*
fiées. V. Temple de Jérusalem.
PROSPER (saint).
f L — Est-ce par anticipation qne saint Prosper ik^
bra, au v* siècle, la suprématie de Rome?
S IL —Le témoignage de saint Prnnper snr Usapr-^
matie romaine estnl contredit par l'hisunre de la fon»-
tion de la hiérarchie ecclésiaslique?
I iii. _- l/exactitude historique de saint P^Jq>er «i-
elle douteuse?
Protestantisme. RéftiUUon. V, Règle de foi. V. wri
Srtlui, § IL . i_ j.
Protestants. Pourquoi ne peuvent avoir le canftM« «
la catholicité. V. Catholiàté, — ObiecUims ou ils Wit ros-
tre rEucharistie. V. Eucharistie, SS II et IIL et 0^
S IIL— Aveux de quelques docteurs protesUnt$sUT>
tilité de la confession. V. Coufeswm.
Psvcbologie, ou l'homme intellectael et moral.
8 L — Lliomme lie ta fuUure suivant i.-J. Roas«*
Examen critique et réftilatlon.
j [(.-.Origine, progrès et eonsé<|ueDces ftmestwde
la croyance en Tétat de nature. ^
g IIL — Les monuments historiques «ir Vorigiae «
tous les peuples prouvent que, par le fait, Téut de n*
ture n'a jamais existé. .
j IV. — Le merveilleux accord de Moïse et des Fi«
anciens historiens sur l'origine des peuples ne penart p*
d*admettrc la barbarie oomme point de départ de U «-
ciété k l'époque du déluge.
§ V. — Conditions que devait réunir le *P'*«^^rjJ[!
jour de l'homme, — Cx)nsidéniliens fféiiérales. — tjf****
animales. — Espèces végétales. — Faasse tnlerprêiiiiM
KM»
TABLE ALPHABETIQUE ET AXALYTIUl C
ICIO
de qoelqnes jasages de la Geoèse douve par M. «le
Brotowie ; rèmUCîoo.
< VI. — La nature et les (acoltés de l*boaime pronveol
que réut de natore o'a pu exister.
§ VII. — Séeeswté d'nae réTétolioo primiUre pour
révolotion iatellecUielle et morale de llMMnBie.
% VllL — Eut de la question sur l'origine de la pensée
et du îu^p^. — Examen critk|iie de la théorie de
M. E. Reaan.
I IX. — Le fût unrrersel de renseignement est l'ori-
sine de la connaissance et la condiUoo première, néces>
sai^ et tans eioêption, de l'eToloUon rationnelle daiK
rindiridu humain. — Principes généraux qui dominent
toute recherche sur la nature des êtres et sur les lois.de
leur dérelopperaenL — Application de ces Drinctpes,
1* à la Tie o^nique dans lliomme; S* à sa faculté de
V X. — Suite des développements de b thèse posif e en
tète du paragraphe orécéoent. — Application des princi-
pes dép éncmcés 3k la raison ou à Vorigine de nos idtes.
— Que Cittt-il entendre par idées ùêm&s? — Est-ce dans
robserration interne, ou dans les (ails ei teneurs, qu*il
but chercher Torigine de nos connaissances? Erreur de
l'école écossaise. — Loi du déreloppement de l*iotrUi-
genee dans TenfioiL — Exemples d'individus humains
séquestrés de la société avant Fosage de la raison. —
Sourds-mnels. — Impuimanee du rationalisme qui place
l'ongine de nos connaisBances dans la spontanéité et Tin-
dépendance ifcsolue de b raison.
I XI. — Suite de b thèse sur l'origine de nos con-
naissances. — De b parole dans ses rapports avec b
raisoh. — Est-ee la raison qui forme le langage ou le
bngace qui tonne b raison?
9 XIL — BAIe du langage dans b constitution de b
raison. — Sans le signe, le mode ne peut être dégagé de
b substance. — Par eonséqoeot, sans le signe, pas
d'abstraction, — pas de généralisation. — pas de joge-
ment, — pas de raisonnement, — et finalement pas de
raison.
$ XnL — Nature du lien qui unit b parole à b pensée ;
belles harmonies.
$ XI Y. — Le seul fait de surdMnntisme aui/anlit
HiVpothèse de Tétat de naùtre. ^ Témoignages des écoles
d4^ soords-moeu de Pjris, de Bordeaux, de Dublin, de
GroQîngue, de Berlin, de Leipsick, etc.» — du B. P. La-
eofdaire.
Ps]rcfaologiedesrare<indigèoesde TAmérique. T. Baces
temotnfs, f VIII. — Des nations africaines, Hotteniots,
etc., ttaf. S IX. — Des nègres africains, ihid, t X.
PCPPENDORF. Erreur sur l'eut de nature. V. TsnclHh
me, I H.
PTTHAGORE. Son panthéisme idéaliste. V. Pun-
Aac,§L
Pnhun. Le même que Typhon. Dieu du mal. T. Dé-
|IV.
Q
QL'IXET (M. Edgar) prétend que saint Piene Toubil
ooe les Chrétiens jndaisament; réfutation. V. Pierre
(tapitre mai) § I ; — admet un antagonisme de doctrine
cstrc saint Pierre et saint Paul, îM., S D; — attribue
■a christianisme mdépendant à samt Paul, IM., | ai.
— Ses erreure sur saint Grégoire VU réfutées. Y. Gré"
faire m.— Or^ine de l'EudiarisUe ; réfhutlon. Y. £v-
râurîilif, | lY. — Se contredit et contredit J. Rernand
UBT b théologie des m^es. Y. Masdéisme, § IL — Ses
erreors sur Oément XI et b bulle UmgemiMs ; réfutatioo.
▼. Ciémem It. — Cité sur la fllbtion des langues. V.
Bflttshmnmi. $ V. — Réfute Strauss. Y. M^fdàsme, 5 HI
etX.
QLESNEL. T. Oément II.
QLlRimrS. Gouverneur de Syrie: difBcuItés. Y. Ue
*\,
— Coup d*oeil sur lldsloire de b race humaine
Bliunilè et dans les temps modernes. — Qassifi-
étaMie par les Grées, — par les E^TpUens. —
réeeats : système de Camper; aiysteme de Bln-
b. Distribution géographique des imûllcs hu-
— Eeritains qui nient I unité de b née
Desmoulins. Bory de Saint-^
Paul de RémnsaL
LamarcfcyP.
— La théorie d'une création multiple ne peut se
arec le sentiment universel die b fraternité
; — ni arec le but unique vers lequel tend ITiu-
; — ni aree le centre ou flbyer commun d*oè
lyoncBl toutes les popubtions historiques et ciTilisées ;
DiCnOXKAIRE APOLOGCTIQCE. IL
— ni avec la simplicité de b création et b solidarité des
honmes dans rompre commune ; — ni avec les n^oyens
de conservation et de développement dont le premier sé-
jour de lliumaiiité dut être pourvu; — ni enifai avec
les traditions des peuples sur leur point de départ pri-
miUf.
} III. — Caractères distinctils des races, couleur, che-
velure, configuration du corps; se résument dans une
organisation unique. '- Existence du pigmeatMm démon-
trée chez les blancs comme chez les nègres. — Les che-
veux du nègre ne sont pas de la laine. -^ Les fonces de
b tète et de ses parties n'élablissenl pas entre les races
une distinction spécifique. — Unité de re3^>è€e humaine
conclue des caractères de l'espèce en général.
{ IV. — Variétés dans les végétaux et les aninoaux. —
Le chien. — l.es troupeaux. — Le bonit — Lt chamean,
— Le mouton, etc. — Caractères d'une race se dévelop-
pant dans une autre. — Famille arabe des bords du Jour-
dain, dans laquelle se présentent tous les traits nègres.
— Lambert ou l'homme pofc-épic. — Familles i duigts
suniuméraires ou $édi^.
] V. — Identité d*ongine des différentes r^ces tirées
de b eomparalson des laiu;uts. — Faiis prouvant b pos-
sibilité d'un changement & couleur jusqu'au noir : In-
dous. Abyssiniens, Arabes de Souakio, Foulahs. etc. —
Exemple apparent d'une Iransiîion actueile. — ElTeis de
b civilisation : Sellooks, UongoU, Gennains. — Iniluenon
de l'habitude. — Peimanence des t>pes. — Réponse à
robjeciion tirée du pedicmlus niqriuirmm. — Coônexîoo
des diflTérentcs races; division en nuances graduées de
différence dans chacune : Polynésiens, Malais, etc.
f VI. — Comparaison pli^siologique des races hu-
maines. — Loi d'adaptation. — Durée moyenne de la
vie. — Loi^évité. — Température propre du corps. ««
Fréouence do pouls. — Nubilité, etc.
§ Vil — Comparaison des races humaines sous le rap-
port des lacnitt's inteilectuelles.
S IX. — Histoire psychologique des nations africaines,
Hotteniots, nègres, etc.
$ X. — Traits physiologiques concernant les nations
oèsres de l'Afrique occidentale.
S XI. — Priorité des races.
I XIl. — Educabilité des races. — Etat sauvage. —
CJrconsUnces qui ooncoorent au perfectionnement ou à
b dégénération des races.
§ Xlll. — Destinée des races. — Progrès : progrés
matériel ; pro^p^ moral ; ce qu1l fant en penser.
Baces humâmes, leurs aptitudes respectives. V. note
IX, L I, i b fin do vol.
RADEGONDE (samte).
$ I. — Quand uotaire épontt sainte Badegoode, avait-
il d'antres femmes?
§ n. — EUitrce une société plus polie ou une sodétè
plus dévote que b reine Radegonde recherchait auprès
, des dercs?
I ni. — Se oonsacra-t-elle à Dieu contre le gré de mm
époux?
I lY. — Sainte Radegonde. après s'être couacrée à
Dieu, prit elle b fuite pour éviter le ressentiment de
Qotaire?
I Y. — Ootaîre a-t-n protesté contre b consécration
de sainte Badegoode à b vie religieuse?
I Yl. — La vie de sainte Radegonde, à Poitiers, lut-
elle un compromis entre le monde et le couvent?
S VU. — La règle de sainte Radegonde tolérait-eUe
certains plaisirs de b vie mondaine?
I Ylil. -^ A quelle époque saint Fortunat derint-il
piètre?
I IX. — Les poésies de saint Fortunat prouvent-elles
nue b paresse et la gourmandise fonnassent le fond des
monm du couvent de sainte Radegonde?
§ X. — Saint Fortunat s'abandonnait-il sans mesure
aux plaisirs de b Uble?
$ XL — L'intimité de saint Fortunat et de l'abbesse
Agnès parut-elle suspecte?
§ XII. — Quelle jnrt saint Fortunat a-l-ll pu avoir
au n'Mit que sainte Radegonde a fait de ses malheurs?
$ Xlll. — La cioae du divorce de sainte Radegonde et
de sa %îc dans le cloître fht-elle une passion secrète pour
l'nn de ses parents?
S XIV. — Sainte Radegonde se plb t-eUe dUBcaeneat
à ta n'-signation chrétienne?
Raiicon ou esprit propre; difficultés qu'elle oppquatt a
l'établissement du règne de Jésus-Christ. Y. Jém^Ckritt^
art. 5. S I.
Raison, n'a pu fonder un culte, même rationnel. Y.
SvriMfifrafâaïf, § IL — Son hnpuiâance à connatlre nos
destinées et nos rapports avec Dieu. V. SuiiMinrtfltsme.
$ Y. — ^e peut atteindre par elle-même les térilés né*
51
16H
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE.
i6H
•'• .-».'.•
cessaires à raocomplUsement de nos destinées. V. Pro-
phétie», — N'entre en exercice et ne se développe que
par Itenseignement. V. Révélalion ffrimitive. — Son ori-
gine et sa nature. Y. PtychotogiCt S X et suivant. — La
raison dans ses rapports avec la parole. Y. Psychologie,
I XI. — Impossible sans le signe. Y. Psychologie, § XW.
Raisonnement, impossible sans le signe. Y. Psycho-
loaie, I Xir.
lAli-MOH UN-ROY (le brahmane), a-t-il démontré le
monothéisme dans les Yédas? Y. UmU de Dieu.
RAOUL-ROCHETTE Son opinion sur la tour de Babel.
Y. Hôte/.
Rapport du physique et du moral. Y. Ame, § IX.
Rationalisme.
I I. — Systèmes philosophiques nés des tendances ra-
tionalistes et leur imprimant, a leur tour, une force et
une direction nouvel les.
In. — Naturalisme.
IIL — Mythisme.
ationalisme, ses objections contre Vordre surnaturel
réftitées. Y. Swmaiuralwne. — Ses aberrations en matière
de religion réfutées. Y. Sumaturalismet § If. — Ses
objections contre la prophétie et le sacrement; réfuta-
tion. Y. Surnaturalisme. f§ Y et YI. — Ses objections
contre la révélation divine par la parole. Y. Prophétie,
— Sa théorie sur Torigine ae la pensée et de la parole.
Y. Psychologie, i YIII.
Rationalistes. Fausseté de leur méthode pour recher-
cher l'origine des idées et des croyances. Y. Acroama"
tique.
Régénération dans l'humanité : Pourquoi est-ce une
œuvre progressive. Y. So/iif, | II.
Règle de foi.
§ L — Il n'existe aucune preuve que l'Ecriture ait
servi de règle de foi au temps des apAtres. — Dans les
temps apostoliques, la seule règle de foi était l'autorité
inihulible de UÉglisé enseignante. — Conduite des apô-
tres relativement aux nouveaux convertis.
§ II. — La discipline de l'Eglise, ï l'égard de ses nou-
veaux convertis, oans les premiers siècles, démontre la
règle d'autorité. — Témoignage d'un célèbre docteur
protestant.
§ III. -* La règle d'autorité démontrée par le témoi-
gnage des premiers Pères de l'Eglise.
§ lY. —La méthode suivie par l'Eglise réunie en con-
cile démontre la règle d'aulorlié.
§ Y. — Objections contre la règle de foi basée sur
l'autorité infaillible de l'Efflise.
§ YI. — Quel est le tanleau historique du christia-
nisme d'après le protestantisme; d'après le catholicisme.
— Les temples protestants. — Les églises de Rome. —
Conclusion.
Règnede Jésus-Christ, son établissement sur la terre.
Y. Jésus-Christ, art. III. — Diflicultés de cet établisse-
ment, ihid , §§ I et U.
Religieux et moines ; leur zèle pour former des biblio-
thèques au moyen âge Y. Sciences, § IIL
Religion naturelle.
Religion. Son universalité et sa perpétuité. Y. Surtio-
luralistne, § I. — Sa nature, en ce qu elle a d'essentiel,
est identique chez tous les peuples, ihid. — La vraie ne
peut être discernée; réfutation. Y. 5tcrfia(Kra/t»ne,|
IV. — Ce que les sciences positives lui doivent. Y.
Sciences, § I. — La religion progressait-elle dans l'anti-
quité païenne? Y. Révélation primitive. — Religion de
TEvangile, ne date-tpelle que de Fénelon? Y. Fénelon. —
Religion vengée du reproche de fanatisme. Y. Fanatisme.
— Religion et philosophie, leur rapport. Y. Philosophie
panthéisU de msloire, § iV.
Religions. Sont-elles le produit de l'imposture? Y.
Surnaturalisme, S IL — Caractères des trois principales
religions, idolâtrie, islamisme et christianisme. Y. Sur-
tuituralisme, §. lY. >- Facilité du choix, ibid. — Reli-
gions de rinde. Y. Indianisme, §§ IV et Y; leur multi-
plicité, ibid., § Y; aboutissent au panthéisme, ibid,,
§ V.
REMUSAT (Paul). Nie l'unité de la race humaine Y.
Races humaines, % I.
Renaissance dans l'humanité.
RENAN (Ernest). RéftiUtionde sa théorie sur l'origine
tSe la pensée et de la parole. Y. PsyduUogie, § YIII.
Renouvellement continuel des éléments constilutiGs du
icorps humain ; objection contre la résurrection des corps.
lY- Résurrection lies corps.
Réparation. Incarnation.
S L — La loi de réparation est une loi de justice, d'a-
Imour et de liberté. «^|.a mort comme châtiment, moyen
ide réintégration.
f II. — Application du côté de Dieu, de la loi de ré-
paration, au salut du genre humain. — La loi génénle
de U communicabilité de la vie dans I*baiRinKé, nom
aide à comprendre l'incorporation de Dieu à la natiee
humaine. — Rapport de l'incarnation avec la réhabiiiift-
tion humaine. — Prédestination.
g III. — Réfutation de quelques objections.
Réprobation au point de vue du bien générai. V. Créé-
tion, I lY.
Réprouvés ; bonté de Dieu k leur égard. Y. Etermié
des panes, S IL
Respiration. Les organes qui y servent ont-Ils été les
mêmes dans tous les âges géologiques? Y. Somme,
art. 1,1 Y.
Résurrection de Jésus-Christ.
I 1. — La résurrection de Jésus-Christ prouvée par la
tradition constante et la foi publique de l'Église,
g IL — La résurrection de Jésus-Christ prouvée mt
la prédiction qu'il en avait Ciite ; par le témoignafe des
écrivains sacres, des apôtres, des disciples et des iutts
eux-mêmes.
§ III. — La résurrection de Jésus-Christ prouvée par
sa liaison nécessaire avec plusieurs autres fiuts incostes-
tables et inexplicables sans elle.
Résurrection du Lazare, de b fille de iàir^ expfio-
tion naturaliste réfutée par Strauss. Y. JVafMrnltsfes.
Résurrection des corps.
Révélation primitive.
Révélation des vérités surnaturelles. Y. Propi^
considérée comme l'un des éléments de l'ordre snit-
turel. — Révélation primitive. Y. Salut, | I. — Réfec-
tion primitive, nécessaire pour révolution iatellectM&e
de l'homme. Y. Psychologie, § YII.
REYNAUD (J.). Sa théorie sur Torigine des dermes
mosaïques et dirétiens réfutée.^ Y. Jfaaif^tame.—RclBié
sur le dogme de l'éternité des peines. Y. Enffr, | Ifl.
— Objectfons contre la création de ta lumière suivant la
Genèse. Y. Création, g Y. — Son opinion sar le prenôer
homme. Y. Psychologie sab init. — Son opinion sur 'l'o-
rigine de l'Eucharistie; réfuution. Y. EmekarUhe,\Vi ^
rigine
— M. Proudlion a émis, sur l'ouvrage de 1. Reynaad
intitulé : Cid et terre, le jugement suivant : c Toqtes
ces belles phrases mystiques ne sont que de U u^m-
phéomanie. i Y. Cid et terre.
RHOTADE. Fut-il despotiquement déposé par fGne-
mar? —Appréciations par M. Guizot réfutées. Y. Hiacmar,
gg XI et XII.
RITTER. Son juj^ement et ses appréciations des Imes
indiens. Y. Indiamsme.
ROROAH. Découverte du nom et du portrait de ce
roi de Juda, en Egypte, par Champullion. Y. Fenlaieuque,
g IX.
Romains. Leurs philosophes admettent sa état de na-
ture. Y. Psychologie, g H.
ROUSSEAU (J.-J.). Relies paroles sur Jésus-Oirlst. T.
Jésus-Christ, art. 1, g II. — Portrait de Jésos-ilinst. V
Mythinne, g X. — Examen de sa théorie d'un état de aa-
ttire. Y. Psychologie, g I.
S
Saads. Secte de l'Inde. Y. AcroamaUquet etc.
Sacrement.
g 1. — Le sacrement est on organisme qni ontient
une force. — Qu'est-ce que la force? — Force
dans rhomme, dans les nations, dans Tnnivers
— Force d'expansion et de concentration. —
naturel et sacrement surnaturel.
g IL — Yocation surnaturelle de l'homme: — Par le
sacrement surnaturel Dieu nous verse ses trésors poar
nous élever jusqu'à sa vie. — Aliment des corps et ali-
ment de l'âme. — Les forces oommuniqnées à l'âne ont
pour principe la charité. — Objection tirée de la propor-
tion entre la cause et l'effet dans le sacrement aatarel;
réponse. — Prophétie et sacrement, fondemeat de la vie
divine dans l'humanité.
Sacrement, essence du culte. Y. SwrmaùarsdisssÊe^ S 1.
— Unité des sacrements, tMd., g IH. — Réfntalioa d'one
objection du rationalisme contre le sacrement. V. Sauna'
turalisme, g Y. — Est le complément de notre activiu?'
libre, ibid. — Nouvelles considérations sur sa r-*- —
Y. not. XX, t. U, â la On du volume.
Sadducéens. Nient la résnrrectiott des corps. V.
rection des corps.
Sacrifices anciens, figures de rEocbsrisUe. Y.
rtilf«, g IL
Sainteté.
Sainteté. N'est possible que sous le régne da
tianisme. Y. l'iMlrodiicfton, g XL — Le 1
1613
TABLE ALPHABETIQUE ET ANALYTIQUE.
HU
goire Vil emjtU-Q k celle de toas les pontifes romaUis?
rélvution de M. QatoeU V. Grégoire VII, g I «t 11.
SAISSET. Admel un développement dam le dogme
catholique ; réfuiatk» de md opioioo sur Torigine da
docme de la Trinité. V. Hoomes, f if.
Salles (M. Rus. de) tHc sor la permanence des types
dans les races bomaines. V. tLaca kMimdtieh, { V.
SaloL
• II. — Le christianisme date do moment de la chute
originelle. — Dogme, loi, sacranent, révélés par b pa-
role; Adam les possédait. — Tous ses descendants n ont
pas fidèlement gardé le sgrmbole patriarcal. — L'idolâtrie
eomparée ans héré^es modernes — La raison et la tra-
dition perpéUiaient les troto moyens de salut primitiTe-
BWtttmnés.
{ II. — La Terre-Sainte, centre des grandi empires. —
VicissiUides dn peupje élu. — Le dôme, la loi, le sa-
crement «écrits au Sinaî, pais incames dans le VetiM,
Fib de Bien. — Réponse à cette objectiim : pourquoi
Dieu n*a-t-tl travaUle que progremiTement à rccurre de
notre régénérmtiont ^ Concours de THomme-Dieu dans
cette grude oeuTre. —Autre objection : l'ineflicadié du
christttnisme dans le passé et dans le présent ; réponse.
— Néccariléde la hitie entre le bien et le mal. — Vo-
lupté de Tige patriarcal. idoUtrie, arianisme, islamisme,
protertanli«me, etc. — UMichision.
SALYADOB. Insinae la fraude dans la conduite des
apôlres; rëfuUtion. V. 4ndfres.— Béltaution de sa théorie
sur fe judaôsme et le christianisme. Y. Jmiâwm et duw-
fMMme. — Est panthéiste, iWd. —RqeUe le surnaturel,
tM. — Comment t! interprète les prophéties sur le
Uessie, tMd. — Comment if explique ronçine du chris-
tianisme, tM.— Suppose que la mort de Jesos-Christ ne
fat Qu'apparente ; rénlation : V. Bé$Mrreelion de JéstU"
CknU. — Fausse idée qull donne des institutions mosai-
aoes. V. ilcrosMafine,*etc. — Reconnaît rinOoence des
Joib sortes mages. V. Mmadéume, | If. — Jugement sur
son livre intitulé : Biitoire de* huâmtkms de Moue. V.
Bole XIY, t. Il, à b fin dn toL. — RéfaUlion de son
i^pothèse sor la conversion et Tapostolat d^saint Paul.
V. FmA (joâti) apôtre.
SALYERTE (M. Eus.). Sa théorie natureHe réfatée.
T. Hetardutn.
Samarie. Yérifie la prophétie de Hichée. Y. J^dée.
Samaritain (PenUteoqoe). Y. Pfnfnffliçw, { lY.
Sanction du gouTemement divin* Y. Enfer, f 11.
Sang, èotre U $tmg. Si^ification de ces mots dans la
Inncoe sainte. Y. EÊUàanalie, f 1.
SanscriL Prouve-t-11 une très-haute ^ntiquilé. Y. In-
ékta, I IIL
Satan. Y. Mnon. — âa lutte contre Dieu dans !e gou-
vernement moral des choses d*ici4MS. Y. Astronomie. —
Son rôledans le plandirin. Y. Jfol. Art 1*',! HL ^
Vaincu par Tincarnation. Y. Jfol. Art. I", { lY. — Y.
Saovages. Etat de barbarie, point de départ de llio-
■lanité, réibution. Y. Fkiloêopkie pmlkéule de TAis-
foire, 1 1. — Sauvages comparés à lliomme civilisé. Y.
rmfcliloqie, II. — Leur camrtère et leur dégradation.
Y.FmMogie, % IIL — Nécessité qu'ils passent par
l'hérédité pour arriver à la civilisation, iM. Ne peuvent
s'élever (feui-niémes è la civilisation, ibid. I YIL —
Sont-ils la vraie origine de Tespêce humaine? Y. Baces
kmmamtê, I XII. — Peuvent-ils s*élever d'eui-mémes à
la civilisation Y tM.
Seeptidsme prétendu du xni* siècle et de saint Louis ;
réibution de MichcleL Y. Umtll, % I et soiv. — Scep-
licisnK moderne, date-t-il du lur siècle T V. Louh IX,
f III. — Scppticisnie de Gregoire VII et de JésuM:hriHi,
^Huvant M. Hichelet; réftiUUon. Y. Grémnre ri/,( 1\
SCUELLING. Sa philosophie, y . Fldowpkk de Cob^
soiUt I II et Panthéttne $ I.
SCHLEGEL. Débat avec De'lambre au sujet de Taslro-
lie des Indiens. Y. indien», — Ses apprédations des
es indiens. Y. iMiimâsme, | lY.
Sciences considérées dans leurs rapports avec la reli-
f L — Sciences positives, ce oQ'elles doivent à la reli-
^loo. — ^Leurs progrès et leurs découvertes d*aceord avec
^MM livres saints. — Tontes rendent hommage à la véra-
cité de Moïse.
f II. — Le christianisme a-t-fl nul an développement
connaissances humaines? — Réfutation des erreurs de
Libri. — Extraits de son Biitoire de» science» malhé^
\, etc. — Passages sor le moyen Ige c-n particu-
1 îer. '— Morceans qui semblaient promettre une appré-
«: iniiOD plus juste et plus généreuse. — Un mot sur les
KMbHotbeques ecclésiastiques des premiers siècles.
§ m. — Les éelùes et les monastères eurent des bi-
btiuthèques rassemblées avec ose sollicltode exIrêaM.—
Ces btbfiothèqoes farent soovent très-eonsidérables pour
leur temps. — La formation des bibUothèf^ues n'était
pas un luxe arbitraire, mais une sorte de neeesité qui
permet d'étendre par analogie les biis positifiL et oui
s'oppose, parconséquenl,aox oonclosions générales qoVm
voudrait inférer des bits nécatll^ — Indication de quel-
ques-unes des bibliothègnes les pins remarquables.
Science. Exige la foi. Y. Foi. — La sdence an point
de vne panUiéîstique. Y. PAtlMopMf pmdk^têe de rAts-
tmre, | Y. — Sdenee acroamatiqoe et exotériqoe. Y.
Sciences modernes. Comment elles se concilient avec
le V chap. de la Genèse. Y. Crémkm, | Y.
Sdenees morales. Sont-elles du domaine de la phy-
sique? Y. Ame, II.
SCOT ERIGENE. Son panUiéisme idéaliste. Y. Pmi-
tkéismef il.
SEDIGITI, ou familles à doigts surnuméraires. Y.
BMce» hmmmne», f lY.
Seikhs on Sylli. Secte de Tlnde. Y. Aeromm
tiqne.
SEH. Peuples qui en descendent. Y. Pnfckotogie,
Semaine. Son ancienneté et son universalité. Y. Créa-
tion, I Y. — M. J. Rejnaud, dté à ce sujet, veut loi sob-
slituer le quaternaire, ibid.
Semblables. K*v a-i-il action qu'entre les senblables?
Y. Ame, % YL
Semi-pélagianisnie de saint Vilaire. Réftitalion. Y.
nilmre isaim), § X. — De saint Vincent de Lérins. Y.
Vincent de Lérm», § I.
Sensibilité. Principe coordonnateor de la science dans
le règne animal. \. Homme, art. II.
Sensualisme. Son impuissance pour expliquer le prin-
cipe pettsmL Y. ilmf , I III.
Séquestration d'indhidus bomains. Ce qu'elle pronve.
Y. Fs9ciulogU,iX.
Sénpéuffl! Y. BibUothègne d'Atexondrie.
Serpent. Traditions universelles sur ce reptile conune
objet d'adoration et d'horreur.
SPONDRATE. Discussion sur son opinion au sujet des
enCuits morts sans baptême. Y. Pénitence, | III.
SICARD (Le P.). Son opinion sur l'endroit oâ leslsraè-
lites traversèrent la mer Rouge Y. Passage de ta mer
Bonge, 8 I et IL
SÎDOInE APOLLINAIRE (Saintl.
Siècle actuel. Tableau. V. MgUàsme, | YIII.
Signe. Son r5le dans la eonstitntion de la raison. V
PpscMo^, { XII.
« Siméon. Son cantique prophétique. V. note 15, § YIII,
t. U, è la fin du volume.
SIMON (Jules). Réfute l'opinion qui prétend que la
Trinité chrétienne vient de Plotin, des platoniciens. V
Trinité, { Y.
SIMOXDE DE SISMONDI.
SISVONDI (M. Simonde de). Y. Simonde de Sis-
mondi.
Siva. Son coite. Y. Indiamsme, | lY. — Est-il une des
trois personnes de b Trinité chrétienne? Y. Trinité,
S m.
Société. Qoels sont les résultats sociaux de la doctrine
de la pénilence ? Y. Pémlence, { lY. — Société au xix'
siècle, spectacle qu'elle présente sans le christianisme.
Y. rincrorfn^tfon, $ 1, II, 111 et lY. — Société nécessaire
rmr l'évolution rationnelle de l'homme. Y. Psgctiotogie,
XL — Société civile, comme la religion, a pour base U
prophétie et le sacrement. Y. Sumatnrdisme, § I.
Sodniens. Le Qerc, etc., leur opinion sur la Triollt'- ;
réfuUUon. Y. note XXU, { 111 et suiv., t. Il, à la fin du
volume. '
SOCRATE. Talé dliallucinatioo. Y. Uatluc'mation. —
Socrate et Noise. Y. Penlatenqne, § XI.
Solidarité, sa loi daot rindiUdo.dans les fhmilles, dans
les nations, dans l'humanité. Y. Péché originet, § Y.
Sorciers suppliciés. Lenr foi dans un CMomerce avec le
démon comparée par M. Maury à celle des martyrs. Y.
Haf/nctHOftOR.
Soonls-muets. Ce que prouve leur élat moral. Y. Psg-
dtolome, § XIY. —Témoignages des instituteon det
sounto-muets français et étrangers, sM. — Du R. P.
Larordaire, iM. — Y. Béwétaùon prumOse.
Sphéridlé de la terre. RéfuUtion de H. Letronno. Y.
Terre et CotmojrrnpMc, § III.
SPINOSA. Erreur sur TéUt de nature. Y. Pt^chotogtet^
S II. Son panUiéisme matérialiste. V.- Panthéisme ^
^ IL
Spiritualité de lame. Preuves. Y. Ame, § 1.
«615
TABLE ÂEJPHABËTIQUE ET ANALYTIQUE.
161^
SponUaéiU. On lai aUribae à tort le développement
iuiellectuel de Thomme. V. Révéltuion primitive, reut-on
lui attribuer roriirine de la pensée et de la parole? V,
Psffckotogie, § VIII.
STRAUSS. Réfuiu sur les anges V. Anges. — Réfuta-
tiou de sa théorie du mythe. Y. MyUiittne, § H et suiv.
— Réfuté par M. Quinet, ibid,, § 111. — Réfutation de ses
objections contre Vévangéliste saint Luc. V. Luc (MtnX),
^ Réfuté sur les miracles. Y. Miracles^ 1 1. — Réfute les
iolerprétatioos naturalistes des faits évangéliques. V.
Naturalistes, Tentaliçn de JésuS'-Christ eiJNaissance de
Jésus-Christ, § 1. — Réfute la théorie de l'hallucination
i^mme explication de la vision de Zacharie, père de
saint Jean-Baptiste. Y. HalUu^nation, % 111. — Réfuté sur
Texplication qu'il donne de la tentation de Jésus-Christ.
— Y. Tentation de Jésus-Christ, % II. — RéfuUtion de
ses attaques contre Tauthenticité de TËvangile de saint
Jean. Y. Jean (saint). — Ce qu'il objecte sur la con-
duite de Jésus-<Uirist avant le crucifiement. Y. Jean
{saint), § II. — Réfuté sur saint Paul. Y. Paul [saint),
apùtre, —• Caractère du li\Te de Strauss, Vie de Jésus.
V. note 11» à la tin du t. il. — Réfute rexplication natu-
raliste du récit de saint Matthieu sur rétoile et la venue
des mages k Bethléem. Y. Naissance de Jésus^hrist, §
L — Réfutation de sa propre interprétation du même
récit, iind.
SI] AREZ. Son opinion sqr le renouvellement des cieux
et de la terre. Y. Cieux nouveaux.
Suprématie do Pape. Y. Pape. — Suprématie de TE-
glise romaine. A-t-elle été méconnue par Yincent de
Lérins? Errear de M. Ampère réfutée. Y. Vincent de
I^ins. — Est-ce par antiapalion oue saint Prosper ce-
lébra, au v' siècle, la suprématie de Rome? Erreurs de
M. Ampère réfutées. Y. rrospet (saint).
Surnaturalisme ou ordre surnaturel.
(I. — L'humanité religieuse est un fait universel et
peroétuel. — Isolement et impuissance de Fincrédulité.
— Prophétie et sacrement, essence .de tout culte ; — ont
résisté à l'épreuve de la publicité; — base de la religion,
ils le sont aussi de la société civile.
$ II. — La raison, impuissante pour fonder un culte
même rationnel, n'a pu créer une forme religieuse dont
elle n*a ni la conscience ni l'intelligence. — Le rationa-
lisme suppose une aberration universelle qui cependant
n'aurait aucune racine dans la constitution de l'homme.
— Nouvelle contradiction du rationalisme. — L'humanité
a-t-elle été victime d'imposleun?
f III. — Objection : L'universalité et la perpétuité de
la prophétie et du sacrement ne sont qu'apparentes;
point d unité. — Réponse : Si la liberté humaine a rompu
l'nnilé dans la religion, elle n'a pas davantage respecté la
nature et larais(m.— Le scepticisme nie l'unité rationnelle
comme l'unité surnaturelle; mais il déflffure,il ne sanrait
détruire. — Unité des prophéties, uniUi des sacrements.
— La nature a résisté aux mutilations, la raison aux sysr
tèmes, la religion à Tincroyance.
S IV. — Objection : Si parmi tous les coites il en est
un qui soit vrai, il est impossible de le discerner. — Ré-
ponse : Toutes les religions se ramènent à trois: l'idotâ-
irie, le christianisme et le mahométisme ; — nature et
différence de ces trois cultes; — facilité du choix ; comme
tout homme a sa physionomie qui le fait connaître, ainsi
en est-il d'une religion^ — misère et immoralité de Tido-
lâtrie; profonde infirmité de l'islamisme. — IncaoiBcité
Ipgique de ces deux cultes. — La vraie religion ; tableau
du ctiristianisme.
§ Y. — Objection : Le surnaturalisme introduit dans le
1>lan de la création des ressorts arbitraires et superflus,
a prophétie et le sacrement. — Réponse : La prophétie,
premier élément de l'ordre surnaturel, est le complément
de notre lumière naturelle. — Hardiesse des investiga-
tions du genre humain dans l'ordre des phénomènes du
monde physique. — L'homme s'élevant a la notion de
l'infini. — Obscurités de la raison et impuissance de la
sagesse humaine pour connaître nos destinées, nos rap-
ports avec Dieu, etc.
§ YI. — Objection : Le sacrement introduit an ressort
arbitraire et superflu dans le plan de la création. — Ré-
ponse : Le sacrement, deuxième élément de l'ordre sur-
naturel, est le complément de notre activité libre. —
L'activité c'est la vie, mais l'activité qui ne produit point
en nous la vie mAme de Dieu, est néant. — Impuissance
de nos forces naturelles pour nous faire vivre d'une vie
divine. — Amour surnaturel puisé dans le sacrement.
Surnaturel. Distingué du naturel. Y. Révélation prt-
vttUve.
Substance. Dieu devait-il se manifester par sa sub-
stance? V. Jésus Christ, art. II, § T. — Substance spiri-
tueUe et substance matérielle comparées Y. ^me,
§ Y. — Peut-on, sans le ^igne. dégager le mode de la
substance? Y. Pstfchologie,^ XII.
Symbole ptriarcal. Y. Salut, il.— Symhple écrits
Sirmt, ibid, | II. — Symbole incarné'd-ns le Yerbe, iM^
Symbolisme. Ses impossibilités. V. PhUosaMe m-
théiste de rhtstohre, § lY , et UuUiisme.
Syrie. Désolation de cette contrée prédite par lespn-
pbètes. Y. Judée.
Système philosophique de P. Leroux. Y. trogrès na-
titm. — Aboutit au panthéisme, Und. — Systèmes andes
sur l'origine des êtres or{,*miséa. Y. Bomme^ art U. -
Systèmes organisés pour expliquer le monde. T. Ifoii^.
— Système de la pbilosophie allemande. T. Ph^Jmuàk
de rabsolu.
TAQTE. Ce qu'il dit des Chrétiens. Y. Myihism, 1 L
— Son opinion sur le culte héitraïque Y. Corporéitééê
Dieu.
Télescope. Coounent l'ai^menl qu'il fournit à llan^
Ouïe contre la rédemption est réfute par le microscope.
Y. Âstrononàe.
Témoignages des poêles, des philosophes, etc., eo &-
veur du dogme de l'enfer. Y. Enfer, § 1.
Température propre du corps humain. Y.
nwines, § YI.
Temple de Jérusalem.
Temples protesUnts Y. Règle de foi, § YI.
Temps. V. Création, § II.
Ténia. Belles découvertes de H. Van Bénedeo.
quences. Y. Génération spontanée, § II. «
Tentation de Jésus-Christ.
§1. — La tentation ne peut être ni expliquée confie
un événement naturel, interne ou externe, ni coosidérée
comme une parabole.
g 11. — L'histoire de la tentation ne peut être consàiê'
rée comme un mythe.
Tcnuiion d'Adam. Y. Epreuve et Péché origind.
Terre. Sa sphéricité et son mouvement.
Terre-Sainte. Centre des grands empires dans laoti-
quité. Conséquences. \.\Salut, g II.
Terre nouvelle. Y. Cieux nouveaux.
Terre. Sa petitesse comparée k l'univers. Objection ti-
rée de cette petitesse contre le dogme de U réâempUon.
Y. Astronomie,
T£RTULLIEN. A-t-il platonisé au sujet de la Trinité 1
Y. note 22, $$ VI, X et Xil, t. Il, i la tin du volume. -
Belles considériilions ou'il fait sur la résurrection d *>
corps. V. Résurrection des corps.
Testament (Ancien). Passages appliqués aux teDo»
messianiques. Kéfutation de Strauss. Y. Mgtkisme^ { t.
— Son interprétation mythique. Y. note 15, L II, ii la fia
du volume.
Tête. Ses formes établissent-elles une distinction ipr-
cifique entre les races? Y. Races Immainêë, fin.
'Tétragramnie. Etait, avec la formule idèele, te bf&
entre la science acroamatique et la science esoiénf^s
chez les Hébreux. Y. Acroamatique.
Théodicée humanitaire.
Théologie. Ce qu'en dit J. Renaud dans VEMCffciepé-
die muvetle, fourmille d'erreurs. Y. Progrès cmtnm. —
Théologie de Moïse, comparéeavec la philosophiegrecqoe.
Y. PefOateuqne, g XL
Théologiens protestants. Opinion sur les possessions.
Y. Possession g III
THEOPHILE, é'vêque d'Alexandrie. V. INIrfiolJirqw
d^Alexandrie.
Théorie mythique appliquée à Jésus-Chriil. Y. Mm-
thisme, g U.
THEIjTEBERGE, femme de Lotbaire IL Divorce V
}Iincmar,i lY.
THIERRY (Aug,). RéfuUtion de ses erreurs histfir^
quessur sainte Radegonde, Fortunat, etc. Y. Radegmdc.
THOMAS D'AQUlN. Son opinion sur l'origioe de^
idées. Y. PfMchologie, § Yli.
TIEDMANn. Sa manière rationnelle de comparer te
crâne du nègre à celui du blanc. Y. Races Anwnnwt, g I
TIMEE DE LOCRES. Son panthéisme idéaliste. >
PantliéismeJk I.
TONANCE FERREOL. Erreur de H. Gufa»t à son ss-
jet. Y. Aristocratie goûo-romatne. g Ul.
Tradition. Comment Tentend P. Leroux. V Profr
continu. ~ Traditions sur l'Eudiaristic. Y. tsickerutÊiA
m. — Tradition ou science secrète et acroamatique cv'
les Israélites. Y, Acroamatique. —Traditions w I« ^
loge. Y. Muge, g IL — Traditions bibliques chei te*
nègres africains. Y. Races hunudnes, g IX.
. TraAsformalious embryologiques. Y. Emtpfifo^"
!r.i7
TAMJ: ALMIABETIQUE ET ANALYTIQUE^
f6lS
TninsTonnaUoot gndiieUes des ctpèees. RéfiiUtSoa. Y.
Hoihme, art. 1.
Trausmixnilioo des âmes. RéftiUtioo de celle opinion.
V. Enfer, i ni
• Trjiismissioa de U chule primlUve. Y. Fécké anamd^
MH
Trimourli. Est-elle t'origioe de la Trinité chrâUenne?
V. Tr'misé, | ».
Trtnilé.
f^ |. — la Trinité chrétienne vienirelle do paganisme
orienlai f
S 11 ^ U Trinité de rSTangile fient-elle de la Tri-
mouni brahmaniquét
§ m. — Br^hma, Yichnou, Sira sool-ils les Ifois per-
sonnes divines de la Trinité callioliqne ?
$ IV. ~ La Trinité chrétienne rient-elle de Plalon 7
^ V. — La Trinilé vient-elle d«t Plolin, des platoni-
ciens, clc. ?*
Trinius. Opinion de M. Saisseï sor son origine. Réfo-
ution. V. Uogmn, S II. — Vient-elle de la Chine? V.
TrimU. § I.— De r£gypl« ^ ÎM.— Ue rindef iM., fi II
Cl lli.— DesplalonidensT iHd., B IV et Y.—Y. Vmfde
tneu. — La Trinité de Plalon est une înTenlion des nou-
\ezu% platonicieits inconnue aui anciens^ Y. note XXII,
î V, L II, à la lin du volume.
TYCHO-BRAHK. Accusation absurde bile aui tkéolo-
gîpos fJe Rome k son sujet, par H. Letroone. V. Terre,
Type de iésos-ChrisL N'e liste pas dans la nation juive.
Y. Jégaê-Ckrîu, né irnl. — T^rpes dans les races. Sont-
ils permanents? V. Racet /nmutnet, } Y.
TYPHON. Le même que fulan. Y. Démm, B I et II.
Tyr. Accomplissemenl des prophéties d*£xâhiel oon-
cemanl celte ville. Y. PropkéUe», f III.
u
Union de Tâme et du corps. Réponse anx objections.
Y. Ame, B VI et IX. — Systèmes divers imaginés pour
l'expliquer. Y. Ame, § IX.
Iniit^ de Dieu.
Loilé de ooraBosition. Examen critk|iie et réiotadoo
de ce s^-sitee. V. HtmoHe, art. IL — Dnité desobslanee
dans la ihéodicée humanitaire, Y. Théodicée Immam*
taire. — Point d'unité entre les religions. Objection ré-
fulc-e. Y. SiiniafnralîsiNC, { III. ^ Cnilé de prophétie,
i&id. ~ Unité de sacrement, ikHd. — Unité doctrinale et
organique do catholicisme. Principe de son universalité.
V. CaàolklU.
UoiTers. Son immensité. Y. Asfronomie. — Grave ob-
jection réfutée, iMd.
Universalité do déluge. Est-elle soolenable? Y. Mw^e
et Ddtle 1. à b fin du Xool I. — Universalité de la croyance
au doeroe de l'enfer. Y Aifer, { I et note II, à la fin du
t. I. — UniverBlIlé de la croyance au dogme de la création.
V. CriatàiM. — Universalité de la religion catholique. A
Mivrooolé les trois obstacles que Dieu oppose à nos en-
vahissements politiques et religieni. V. CalhoUcUé. -
Ësi-elle compatible avec Tamour de la patrie? ÎM.
V
VACHEROT. Réfutation de rinterpréUtlonqq'il donne
Jd premier chapitre de U GeHhe. Y. Créutkm^ § Yl.
V ALDRADE, femme de Lothaire II. Y. imamr^ f
IV.
Valeur des opinions des docteurs et des saints qui
D'apparUennent point à b foi. Y. Cœmographie, % Ai,
s«». /fn.
VAN DALE. RéfuUUon de son opinion sor l'origine
des oracles païens. Y. Démtm^ { lY.
Variantes dans le texte des Evangiles. Y. BvmgUa,
|IV.
Variétés dans les animaux et dans les vitaux. Y.
Rates Awnaâws, S i Y.
VedanU. Renferme le panthéisme idéaliste. Y. Pon-
théiMme, $ L
Vêdas. V. Pflifalaifae,! L— Nombre des Yèdas et leur
jiulheniicilé. Y. /ndimitfiiif, i I. — Interpolés, ibid. —
On ne peut assigner l'époque ni de leur origine ni de leur
rolleclioo, iMd. — Proclament-ils on Dieu upique? Y.
Unité de Dieu.
Végéuox nécessaires aux premiers hommes. Y. Fs§-
ekcioqie, | Y.
VM.LA, médedn italien, confirme les déeoovertes de
M. Van Reneden contre b génération spontanée. V. Gé-
nération ipankuiée [appendice).
Vent A-t-il suffi ponr sécher b terre lors du déluge?
V. Vélmt. I IL
Véracité du Pentateoque. Y. PaïUdenfie, B Yltl et
saiv. — Véracité des prophéties, confirmée par les dé<
couvertes des voyageurs moderne^. Y PropMicêt § IH»
~ Véracité des EvangHet. Y. Ewngite, % Y
Est-il un lèrver, un IttnoTer, le hom, etc. \.
et Jndéf . —
Verbe
Muzdéiune, S IL
Vérités surnaturelles. Leur révélatioD. V. Proptiélie,
Vers inlestinanx. Belle découverte de M, Van RÎeoedeti
* et réfutation de b génération spontanée. V. GénértUhn
ipcntaaée, § II.
Versions comparées do Pentateoque. Y. PttdaUmme,
% VII.
Vertu. Test possible qo'k b condition du mal. Y. Jlnl,
art. V\ % III.
VICHNOU et ses inramaUons. V, Indianisme, ( IV. —
Est-il une des trois personnes de U Trinilé cbrétieciieT Y*.
TrimU, 1 m.
VICTOR (saint). Pape.
1 1. — Kuil-il moDlaniste?
fil. — Dans les Jébats sur b Pique, au temp^t de sa^nt
Irénée, Victor préiendait-U imposer son opiuiou parlicu-
Mrre?
§ III. ^ I.e Pape Victor, dans le débat sur b Pâque,
exroramonb-t-il ses propres partisans?
{IV. — Les évéques s o|>posèreot- ils à larrél de saint
Victi>r comme à an emptéiemeot sur leur indépen-
dance?
Vie intérieure. V. Enctoislte, | II. — Vie intime de
Jésus-Christ. V. Jésus-Christ, art. I". — Me diviue en
nous, impossible sans le sacrement. V. Surmturutisme, 1
VI. — Vie divine, ses fbndements dans lliumanilé. V.
Vie. Sa dorée movenne chei les divers peuples Y.
Baees kumahies, % Vf.
Vierge. Doit donner le jour an Meeîe. Y. note XVJ|
III, à b An du L II. — La sainte Vierge, son cantique. V.
iMie i5, S VIII, Il b fin du II* volume.
Vierges. L'Eglise primitive les attirait-elle parb vanité
au cél£at? V. Céiibat, | IV.
Vin. Yen avait-il cfaei les égyptiens? Difficulté résolue.
Y. JroRMMms cim^mmd Us réciu de In BiUe^ S YUL
VINCENT DE LERiNS (sainl).
L — Safait Vincent a-t-il été semi-pélagien?
II. _ Saint Vincent a-t il attaqué saint Augnstfai?
^ III. — Saint Vincent n'a-l-II reconnu aucune snpiénue
lie" dans l'Eglise romaine?
YIRET. Nie l'ouité des races bomalnet. Y. Bnces ksh
VIRGILE, évêque de Saltiboorg. Omiment enlend-tHl
b quesiioa des antipodes? V. Antipodes et PmiaftMie*
§11-
Virgillstes. RéfoUtioo de M. Libri au sujet de b per
sccution qu'ib auraienl endurée. Y. Sciences, § II.
Visicm lie Remold. Conmient interprétée par H. Am-
père. V. B'manar, 8 I- — Yision de Zacharie, p^re de
sjint Jean-RapUste; peut-elle s'expliquer par rhalliidna-
lion? V. HaUudnatkm, § III.
Vbionnaire. Saint Paul éUlMI un visionnaire? Réfuta-
tion. Y. Paul ismnt) opélre.— Les apôtres éuient-ib des
visionnaires? Y. Apôtres.
Vocalk» somatnrelle de l'homme. Y. Sacremenl .
IIL
VOIGT. RéfuUUon de ses erreurs sur Grégoire VIL
Y. Grégoire Vil.
Voix mystérieuses, dans l*halluclnalion. Y. Hailucma-
tion, il. — Vois prophétiques, îMd., 1 IL
VOLNET. Cité sur b désobtion de la Judée actuelle
et sur Taceompli vement des prophéties concernant cette
contrée. Y. Judée. — Sor les ruines de Tyr. Y. Prophé-
ties, ( III. — S'accorde avec les prophètes sor l'eut dé-
solé de rEnrpte, iWd.. i III. , ^ ,
VOLTAIRE. Qtésur le dogme de l'enfer. Y. Ei^er, § L
~ Cité sur reiistence de Saun. V. Démon.
Voyages. Tableau des voyages de saint PanL Y. Pnai
(snnf ) apôtre.
Voyageurs modernes. Leurs déeosvertet confirment
les nophéUes de rAnricn TesUmeat. Y. Prophètes,
S III.
ZACHARIE, père de saint Jean-Rapliste. Sa vbion
peut-elle élreespliqnée par b théorie de l'halludnation?
V. BaUncimdon, I IIL -- Son cantique prophétique. Y.
note 15, IVIII, à b fin du L II. ^ , ,
ZACHARIE (le Pape). Dans quel leas U aoondamne les
antipodes. V. Antipodes.
Zend-AvesU. Y. Pentideuifue, | L — Obseunté et in-
certitude, ihid, § IL
Zodiaques égyptiens. Y. Scienca.th et PenUtteuque,
{ IX. -- Zodiaques de Dendenh et d'Esoeh, examen cri-
tique. V. Eg^iens, § UI.
I
L
f6l9
TAOLË ALPiUBLTIQUE ET ANALYTIQUE.
m
ZOBOASTRE O «iii'll Citit penser de ton aniiquilé et dihslbnfame ; rvftiUlkm de J. ReynMid. T. ira:rfifiinv ci
de rinflueoce de tes dutlrittes sur le diosû^nie et le PenialeMiMt î I.
NOTES ADDITIONNELLES DU SECOND VOLUME.
Note X (art. Mai., art. I, J f) : Portrait de Bayle.
Note XI (art. Mythiuib, | U) : Caractère du livre de
Strauss.
Note Xlf (art. MrniisiiK, { IX) : Originalité de l'Evan-
gile, (faprès toepli de Maislre.
Note tf I bi$ (art. Passage de la me» Rouoc, { VI).
Note XIII (art. Pektatsuol-b, { Yl) : Sur l'interpréla-
tioo mytliique de TAncien Testament.
Note XlV (art. 1*n!«TATsrouK, | X) : Sur quelques ou-
rrases retatib à la li^gislalion iiiofiaique.
|$»te XY (arr. Pbophictibs, } il) : Propliéties de l*An-
den Testament qui annoncent la venue du Messie.
1 1. — Propliêties dans le livre de la Genèse concer-
nant le Messie.
§ II. — ProphiUie de Balaaro — Le Messie sortira de
la famille de David. — Les deux généalogies de Jésus-
Christ.
H Ul. — Le Messie naîtra d*une vierge.
i IV. — l.c Messie naîtra ï Bethléem.
S V. ~ Prophéties sur la réprobation des Jaib et la
cm version des gentils.
S VI. -^ Propliêties sur la personne même du Messie*
sur tes circouslances de sa vie, sur ses aetioos, etc.
I Vil. — Prophéties de Daniel ; leur adminale prêfi-
sioii.
S Yllf . — Naissance ou Messie. — Canllqnes prauirti.
?ues de Zacharie, de Siméoa et de la ninie \\tm -
"aroles d'Elisabeth et de Jean-BapUsIe. — Dénieras n-
flexIoiM.
Noie XVI (art Possessioics, | 11) : Des ponesionspi
des médecins physiologistes.
Note XVII (art. PsvcaoLOCK,i Ylll) : De l'origioe mkh
ni;ito|iéique du langage.
Note XVIU (an Hacbs mmau», $ iD) ; Hiitnnde b
peau.
Note XIX (art. Races wnAiiaBs, $ Xlll) : Apliltidesff.
8peciive<« des races.
Note XX (art. SAcnBmirr, { II) :. Nouvelles eoesidén-
tiens sur la nature do sacrement.
Note XXI (art Tbktatioh bs Jéscs-Cntml'.Ubiib-
lion de Jésiis-i Jirlst d'après le docteur Sc^p, cétèbre
orateur de l'assemblée de Francfort.
Note XXII (art Tntuné, | V] : Les aadeos?^(^
l*Egii8e ont-ils pensé ou parlé du austère de bTiWcJ
la manière des platoniciens?!
FLN.
Imprimerie MIGNE, au Peiit-Moiiif^uef
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