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Full text of "Dictionnaire des sciences mathématiques pures et appliquées"

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University of Ottawa 


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DICTIONNAIRE 


DES SCIENCES 


MATHEMATIQUES. 


© IMPRIMERIE DE C.-J. DE MAT. 


DICTIONNAIRE 


DES SCIENCES 


MATHEMATIQUES 


PURES ET APPLIQUÉES, 
PAR UNE SOCIÉTÉ 
D'ANCIENS ÉLÈVES DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE. 
SOUS LA DIRBGTION DE 


A.-S. DE MONTFERRIER, 


MENBRE DE L'ANCIENNE SOCIÉTÉ ROYALE ACADEMIQUE DES SCIENCES DE PARIS, DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE MARSEILLE, 
DE CELLE DE METZ, EIC., ETC. 


TOME PREMIER. 


BRUXELLES. 


\ LA LIBRAIRIE CLASSIQUE ET MATHÉMATIQUE n'Azex. DE MAT. 


RUE DE LA BATTERIE, N° 24. 


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INTRODUCTION. 


Les sciences mathématiques constituent, dans leur ensemble, l'ordre de réalitésle plus complet, auquel 
le savoir humain soit parvenu jusqu'à ce jour. En effet, les lois générales de l'univers et la plupart des 
manifestations phénoméniques qui en découlent, n'ont été expliquées à notre intelligence que par le 
concours de ces seules sciences, qui embrassent dans leur immense empire les rapports multipliés des 
quantités et de l'étendue, la mesure du temps et celle de l'espace. C'est dans le sanctuaire des vérités 
immuables qu'elles ont établies, que l'homme a surtout le droit de se souvenir de sa céleste origine, en 
contemplant dans une religieuse admiration l'œuvre auguste de sa propre raison, Ces vérités, contre 
lesquelles ne saurait prévaloir aucune puissance intelligente ; il ne les a point créées sans doute , mais en 
les découvrant, il s'est élevé jusqu’à leur principe même , etil a brisé ainsi les barrières qu'une philosophie 
désespérante avait imposées à sa raison. 

Mais ce n’est qu'après de bien longs travaux, bien des essais infructueux : bien des recherches et des 
tentatives vaines, que l'humanité s’est trouvée en possession de quelques vérités, d autant plus infaillibles, 
qu'elles portent en elles leur eriterium. Cette certitude absolue qui accompagne les propositions mathéma- 
tiques, en général, manque encore aux autres sciences, qui cependant doivent être liées entre elles dans la 
raison humaine comme les déductions d’un seul et même principe intellectuel. Ainsi de nos jours encore 
plusieurs mathematiciens, confondant la science même avec les objets sur lesquels elle s'exerce, prétendent 
vainement la faire descendre du haut rang qu'elle occupe dans l'intelligence , jusqu'à celui des connais- 
sances pratiques, obtenues par l'observation, et la renfermer tout entière avec sa puissance universelle, 
dans le cercle borné d'une simple méthode empirique. Erreur étrange et vraiment inconciliable avec les 
progrès des mathématiques, qui n'ont pu s'effectuer sans que la considération de L'INFINI m'entrât 
comme élément nécessaire dans toutes les propositions élevées de la science. Cette nécessité de l’abstrac- 
tion, qui se rencontre dans toutes les constructions mathématiques, établit d'une manière incontestable 
la spiritualité du principe d'où la science découle. 


Il doit paraître inexplicable, au premier aspect, qu'une division aussi profonde, aussi difficile à dé- 
truire, existe dans la connaissance des principes générateurs d'une science, dont la plupart des déductions, 
ou si l'on veut des applications, ont un caractère irréfragable de certitude et de vérité, L'histoire générale 
des mathématiques, considérée du point de vue philosophique où nous nous placons, peut nous aider à 

-résoudre ce problème. L'histoire, en effet, nous montre la science participant de toutes les modifications 
successives que subit la société humaine. Elle lutte d'abord péniblement contre les besoins dont le monde 
est assailli dès l'aurore de sa civilisation. Ses preraières fonctions pratiques furent certainement de régler 
les rapports des choses entre elles , en établissant parmi les hommes un moyen juridique et supérieur de 
constater l'étendue et la quantité réelle des objets, dont le partage entre les familles et le maintien dans 
chacune d'elles, d'après certaines règles, devaient fonder une des bases essentielles du contrat social ; ainsi, 
comme Ja morale, la science dut d'abord être législatrice. 


A l'époque où elle déterminait les formes et les limites de la propriété, la science était appelée à me- 
surer la marche du temps et à régler ainsi, avec la mème autorité, les rapports les plus nobles et les plus 
élevés des associations humaines. Dès ce moment elle entra avec hardiesse dans le vaste domaine de la 
spéculation ; et, quand la morale se formula dans le sentiment religieux, la science devint l'un des attributs 
les plus respectés du sacerdoce. À mesure que la civilisation s'éloigne de son berceau, les liens qui en- 
chaînent ces deux produits supérieurs de la raison se resserrent plus étroitement, et ensemble ils con- 
courent à abréger l'enfance de l'humanité, C'est ici que commence l'histoire sociale, et dans toutes les 
alternatives qui marquent son cours, dans toutes ses phases de progrès ou d'hésitation, on retrouve les 
mêmes puissances intellectuelles, présidant aux perfectionnemens successifs de toutes les forces de l'hu- 
manité. 

Néanmoins, si les faits résultant de la morale et les faits résultant de la science s'établissent d'abord 
partout sans contradiction, on voit aussi dès les premières pages de l'histoire, l'homme ne faire usage de 
son intelligence émancipée que pour se poser des doutes sur les lois mêmes de ces causalités. Ces doutes se 
retrouvent dans l'explication du principe auquel se rattachent les sciences mathématiques ; et d’ailleurs, 
toutes les philosophies se résument, en effet, dans deux idées opposées : le but de la raison est aujour- 
d'hui de les ramener à un principe identique et absolu. 


Afin de réaliser plus spécialement dans la science ces vues élevées, il était nécessaire de procéder à un 
grand travail préparatoire, pour réunir, en les élaborant, les élémens divers et nombreux de cette 
synthèse philosophique. Telle a été la pensée première des auteurs de ce dictionnaire. 

Depuis long-temps l'Allemagne et l'Angleterre avaient devancé le France dans cette marche scientifique. 
Ces deux pays , à qui l'humanité est redevable de si prodigieuses recherches et de si admirables travaux 
dans toutes les branches du savoir, possédaient des recueils assez semblables, quant à la forme, à celui 
que nous publions. Néanmoins ces ouvrages estimables, et qui nous ont souvent été d'une indispensable 
utilité, ne portent point encore l'empreinte de l'idée philosophique, dont nous avons eu le dessein de pré- 


VI 


parer la production féconde au sein de la science. Nous venons donc accomplir, en France, une tâche 
nouvelle et qui présentait de graves difficultés. Parmi les traités qui composent l'Encyclopédie , il en 
existe bien un qui est intitulé : Dictionnaire des Mathématiques, mais cet ouvrage incomplet devait, au 
reste, être pour nous un obstacle plutôt qu'un modèle ou un moyen. D’ailieurs, soit qu'on considère 
l'œuvre encyclopédique sous le point de vue spécial de son utilité scientifique, soit qu'on l’envisage comme 
une application à la science, du système philosophique dont elle émane, elle est tombée, sous ce double 
rapport, dans un discrédit complet. D'une part les progrès de la science ont dépassé, en beaucoup de points 
importans, les travaux mathématiques qui ÿ sont rassemblés, et d'autre part la pensée philosophique, 
qu'ils avaient pour but de fortifier, ne peut plus prétendre à exercer sur les esprits l'influence dont elle a 
été en possession. La place était done vacante , et nous l'avons prise. Mais nous nous sommes élancés dans 
cette voie nouvelle sans le secours d'espérances trop vives et trop prochaines. De tout temps dé rudes 
épreuves et d'amères déceptions ont été le partage des efforts les plus généreux ; à toute vérité il faut une 
époque, à tout homme qui la produit il faut la constance et la foi en lui-même. 


Nous devons done ajouter ici que nous avons seulement en nous cette conscience complète de l’utiité 
t de l'importance de notre œuvre, qui donne seule le courage nécessaire pour commencer les grandes 
ittes. Car au moment où nous écrivons, le monde intellectuel n'est pas seulement divisé sur quelques! 
points isolés de ses connaissances : l'hostilité des principes auxquels sont, de part et d'autre, attribués les! 
développemens du savoir, se rencontre avec plus de force que jamais dans toutes les idées sociales ou seu- 
lement spéculatives dont l'humanité est en possession. Peut-être ces combats, que le progrès à dû soutenir! 
clans toutes les périodes historiques de la science, ont-ils été nécessaires, pour qu'aucune vérité n'ait pu! 
s'établir dans le monde, sans avoir été soumise à l'orageuse épreuve de l'examen et du temps. Mais cepen- 
dent les événemens de l'histoire sociale moderne sont trop profondément empreints d'un caractère provi- 
dentiel, c'est-à-dire d'une direction supérieure à la volonté et aux prévisions humaines, pour n'avoir pas 
produit une réaction spontanée dans l'intelligence, qui a dû se tourner vers ce principe supérieur comme 
vers un guide plus infaillible que l'expérience. A l'aide de cette dernière méthode, l'homme ne peut s'é- 
lever, avec quelque certitude, qu'à la connaissance souvent imparfaite des faits; les causes qui les ont pro-| 
duits lui demeurent inconnues, et c’est vers la découverte de ces grands mystères, que dans l'état de| 
culture intellectuelle où elle se trouve, marche aujourd'hui l'humanité, :| 


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Dans l'espoir de favoriser ce mouvement progressif de la raison, nous n'avons pas dû borner nos tra- 
vaux à rassembler, dans un ordre favorable aux recherches , les seuls enseigsnemens pratiques de la science. 
Nous avons voulu que les spéculations les plus élevées, comme les propositions les plus élémentaires ÿ 
fussent présentées avec l'histoire, et surtout la philosophie, de laquelle toutes les découvertes scientifiques 
ne sont que des déductions. Ainsi nous nous adressons à toutes les intelligences, comme nous avons dû 
prendre la vérité partout où nous l'avons rencontrée; car, ainsique nous l'avons déjà exprimé, notre dic- 
tionnaire n'est en effet qu'une œuvre synthétique , dans laquelle tous les travaux antérieurs à notre époque 
devaient trouver leur place. 

Notre intention avait d'abord été d'exposer ici toutes les déductions du principe philosophique de la 
science, mais nous avons pensé que cette importante doctrine devait faire partie de l'ouvrage même dont 
elle a dicté l'inspiration ( Voy. Marnémariques et Paicosopure DES MarnÉMariQuES ). Il n'en est pas de 
même de l'histoire , dont chacun de nos articles renferme seulement quelques aperçus particuliers, qu'il 
nous semble absolument nécessaire de considérer ici dans leur ensemble, 


n'est pas possible d'établir dans l'histoire spéciale de la science une division différente de celle que 
les grandes périodes de civilisation ont fait établir dans l'histoire sociale. En faisant même la part de cette 
antiquité conjecturale, que quelques nations ont prétendu s'attribuer , les temps historiques se partagent 
en trois âges ; la venue du quatrième est d'une part dans le secret de la Providence, d'autre part dans le 
développement plus où moins hâtif de la raison. Ainsi dans le premieräge de l'histoiresociale naissent et se. 
développent successivement toutes les formes de civilisation. La société humaine, qui tend vers l'unité, 
arrive par le fait de la puissance romaine sur les limites de cette destination, mais elle y arrive comme 
vers un but négatif, et guidée par la seule FaraLirÉ; ici l'unité va produire une matérialisation complète 
de l'humanité, et tel n'est pas son but social. Le second âge s'ouvre par la venue de Jésus-Christ, dont la 
aission auguste sauva le monde de ce danger ; il donne à la morale l'autorité absolue qui lui avait manqué 
dans l’âge précédent, et l'humanité se recommence pour ainsi dire elle-même, dirigée par la PROVIDENCE. 
Durant cette époque la société recompose tous ses élémens de civilisation d'après le principe supérieur qui 
lui a été apporté, puis elle arrive au terme de ce but transitoire , plus consciente de ses buts définitifs. Le 
troisième âge commence à la réformation, et l'humanité se trouve encore aujourd'hui dans la crise où a 
dû la plonger le principe d'examen , duquel découle la supériorité de la raison. 

Nous allons voir maintenant la production scientifique de la vérité s’harmoniser complétement dans le 
développement successif et général des faits sociaux. 

Durant les siècles incertains où s'élabora l'antique civilisation humaine, la science que nous avons mon- 
trée déjà présidant à la création des relations sociales, ne s'élève point d'abord au-dessus du but purement 
matériel qu’elle a en vue. Le petit nombre de vérités qu'elle produit ne sont en effet que des déductions 


Vil 


empiriques des faits. Mais elle prend son essor avec l'humanité, et depuis Thalès jusqu'à Archimède , d'im- 
menses travaux reculentles bornes du savoir et tendent à généraliser les connaissances humaines; ces travaux 
demeurentnéanmoins incomplets, et cet effort infructueux:ils se résumentdans quelques brillantes indivi- 
dualités, et la marche générale de ja science reste enchaînée dans le cercle que parcourt l'histoire 


sociale. 

Au second âge la science semble d'abord s'arrêter tout-à-coup, elle n'entre point comme éjément dans 
la rénovation de l'humanité. Elle jette cependant encore quelques lueurs dans l'école d'Alexandrie, mais 
après Diophante, son flambeau s'éteint partout. Quelques siècles plus tard, la science renaît et est rendue 
au monde par le peuple mème qui l'avait frappée dans son dernier asile etavait livré aux flammes la célèbre 
bibliothèque d'Alexandrie où se trouvait le recueil de tous les travaux scientifiques antérieurs. Les grands 
événemens sociaux qui marquent la fin de cet âge sont précédés par des découvertes qui annoncent une 
ère brillante et nouvelle, dans laquelle l'humanité se précipite avec ardeur. 


Enfin , au troisième âge, la science entre en possession des grandes théories, dont les âges précédens 
avaient à peine eu le pressentiment ; la lutte qui s'établit alors dans l'ordre moral, passe dans l'ordre scien- 
üfique, et l'intelligence humaine, avide de découvertes, agrandit par l'examen et la discussion la sphère 
de ses connaissances positives. Est-il réservé à notre époque de couronner cet auguste édifice du savoir 
humain, œuvredetant de siècles, pir une puissante doctrine qui réunisse toutes les branches encore isolées 
de ce savoir, en les faisant découler d'un seul principe absolu, objet des recherches de la philosophie 
moderne? C'est ce qui a été tenté, avec plus ou moins de succès , par les écoles philosophiques modernes, 
etparticulièrement par un géomètre étranger , dont nous aurons souvent l'occasion de rappeler les travaux 
dans le cours de ce dictionnaire. 


Remontons maintenant le torrent des âges pour y surprendre la marche didactique de la science, 
qui doit confirmer l'appréciation philosophique de ses développemens supérieurs que nous venons 
d'exposer. 

Thalès , qui vivait dans le septième siècle avant Jésus-Christ , est le premier des géomètres dont les tra- 
vaux puissent indiquer la production scientifique des mathématiques. Avant lui sans doute les idées de 
nombre et de mesure existaient dans le monde, et les hommes les exprimaient par des moyens particuliers. 
Mais la science n'était qu'en germe dans l'arithmétique des Phéniciens, dans la géométrie de l'Egypte et 
de l'Inde , dans les vagues observations des Chaldéens. Thalès remplaça ces procédés informes par une mé- 
thode rigoureuse qui commenca à environner d'une certitude plus complète les démonstrations élémen- 
taires de la science, Ce philosophe cultiva avec le même succès l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie; 
et l'école ionienne, dont il estle fondateur, se divisa après lui en diverses sectes qui embrassèrent dans 
leurs recherches toutes les parties du savoir humain. 


Pythagore apparut alors dans le monde : ce philosophe, que l'humanité dans sa reconnaissance salua du 
titre de divin, pénétra plus avant que Thalès dans le domaine de l’abstraction mathématique; il fit faire 
à la science d'importans progrès, et telle dut être la joie religieuse où le plongea la découverte qu'il 
fit de l'égalité du carré de l'hypothénuse, dans le triangle rectangle , avec la somme des carrés des deux 
autres côtés, qu'on a avancé qu'il sacrifia cent bœufs aux dieux immortels, comme s'il eût voulu constater 
par cet hécatombe la source auguste de l'inspiration humaine. Grand et admirable spectacle que présente 
la science au sortir de son berceau, en rendant ainsi hommage au principe créateur et éternel du sein du- 
quel elle venait de s’élancer! 

L'illustre Pythagore ne tarda pas à s'élever jusqu’à la perception des vérités les plus sublimes, Il enseigna 
à ses disciples la sphéricité de la terre, dont Anaximandre avait eu l'idée, et décrivit son mouvement 
autour du soleil. Ainsi les premiers pas de l'homme dans la science sont marqués par la découverte de la 
vérité; et cependant, aussitôt abandonnée comme une rêverie, elle a besoin, pour se produire denouveau 
dans sa certitude majestueuse , du concours d'immenses travaux , durant une longue suite de siècles. 

Depuis Thalès et Pythagore jusqu'à l'établissement de l’école d'Alexandrie, les recherches de la philo- 
sophie grecque étendent les progrès de la science dans un grand nombre de ses propositions particulières. 
OEnopide et Hypocrate de Chio sont à la tête de ce mouvement progressif. Le problème de la duplication 
du cube est posé, et Menechme applique à sa solution la théorie des sections coniques. Ge problème, celui 
de la trisection de l'angle et plusieurs autres, dont la seule proposition indique la marche ascendante de 
l'esprit humain, sont agités dans l’école de Platon; ce philosophe écrit sur la porte de son école ces paroles, 
qui établissent une liaison nécessaire entre toutes les vérités : Nul n'entre ici s’il n'est géomètre. 

Alors l'école d'Alexandrie produit le grand Euclide, dont le livre célèbre des élémens est à peu près le 
premier où les enseignemens et les propositions de la science aient été classés dans un ordre méthodique. 
Ru apparait l'illustre Archimède , le plus grand des géomètres de l'antiquité, qui pose et résout 
avec toûte la puissance du génie, les problèmes les plus élevés de la science. Les travaux d’Apollonius de 
Perge, de Conon et Dositée, de Germinus de Rhodes, d'Hipparque, de Ptolémée, de Dioclès, et enfin 
de Diophante , remplissent tout le premier âge de la science, Mais il faut remarquer que tous ces travaux 
sont pour ainsi dire individuels ; que les progrès de l'arithmétique, de la géometrie, de l'astronomie , de 


viii 


la mécanique, de l'hydrostatique et de l'optique, marchent tous isolément , et que rien n'indique, dans 
cette première phase, ce point de vue général où la science devait être amenée pour accomplir ses buts 
les plus élevés. 1l faut encore remarquer que Ptolémée et Diophante, bien qu'ils aient vécu dans le 
deuxième âge social, appartiennent cependant par cette considération supérieure, au premier âge de la 
science , dont les travaux complètent, pour ainsi dire, les découvertes possibles dans la direction qu'elle 
avait subie jusqu'alors (Voy. Écor.E D'ALEXANDRIE). 

Quand l'histoire sociale nous montre le monde en proie aux grandes misères qui durent accompagner la 
chute de l'empire romain et la réorganisation des nationalités , sous l'égide du christianisme, l'histoire de 
la science demeure silencieuse. Durant les premiers siècles de ce second âje, on aurait pu penser que 
l'humanité en était revenue aux instincts grossiers des temps les plus éloignés, mais ce n'était là qu’une ap- 
parence, car il y avait en elle un principe puissant qui ne devait pas tarder à la ramener dans des voies 
plus augustes. L'influence que la civilisation arabe exerca sur celle de l'Europe, ne contredit en rien ces 
vues philosophiques de l'histoire. On n'a pas remarqué, en effet , que le brillant mouvement de progrès 
de cette illustre nations dépendit malheureusement de la volonté et du caractère de quelques souverains ; 
Jislamisme a étouffé cette haute tendance, mais le christianisme l'a recue et fécondée. 


Durant ce deuxième âge, toutes les branches des mathématiques recoivent de grands développemens; 
la science des nombres commence à sélever à des considérations générales : l'algebre naît. Il serait beau 
de parcourir un à un les anneaux de cette chaîne merveilleuse de travaux qui commencent à Diophante et 
aboutissent à Euler et Lagrange ; mais il nous aura suffi d'en embrasser ici l'ensemble et d'en caracté- 
riser la tendance. {Voyez dans le dictionnaire l'article MATHEMATIQUES.) 


Si l'Europe recut des Arabes les traditions de la science, elle ne tarda pas à rivaliser et à vaincre ses 
maîtres; aux Albatenius, aux Ebn-[onis, aux Alhazen , elle opposa bientôt Roger Bacon, Albert le Graud, 
Sacro-Bosco, Purbach et Regiomontanus. Enfin l'illustre Copernic apparut aux derniers jours de cet 
âge, comme Diophante à la fin du premier. Il recommenca l'astronomie en lui donnant pour base ce sys- 
tème de limmobilité du soleil au centre de l'univers, et du double mouvement de la terre, que Pythagore 
avait pressenti et que lui eutla gloire d'exposer et derendre plusévident que les apparences sur lesquelles 


était fondée l'opinion de Ptolémée (Voy. AsTRoNOMIE). 


Ici commence le troisième âge de la science, dont les progrès, comme nous l'avons déjà exprimé 
semblent intimement unis à la marche générale de l'humanité. Au moment où Luther jetait dans l'ordre 
moral le principe de l'examen, Copernic l'appelait dans l'ordre scientifique par la production du vrai 
système du monde. Alors se succèdent en Europe ces génies immortels et sublimes dont la main puissante 
soulève le voile de plomb qui couvrait les hauts mystères de la science. Galilée, Descartes, Leibnitz, Newton, 
apparaissent dans le monde, et l'homme ne peut plus douter de la réalité du savoir et du principe supé- 
rieur qui est en lui. 

Non-seulement à cette époque toutes les branches des connaissances humaines sont poussées à un point 
excessif de perfection individuelle, mais on voit toutes les forces de la science converger vers le grand but 
d'unité qu'elle doit atteindre. La sublime découverte du calcul infinitésimal détermine cette haute 
tendance philosophiqne dont le développement extrème, ou plutôt la finalité appartient à l'avenir. 

Nous regrettons de n'avoir pu qu'indiquer ici, et d'une manière rapide, les points principaux de T'histoire 
des sciences mathématiques, mais nous avons saisi avec empressement, dans notre dictionnaire , toutes les 
occasions qui se sont présentées de les exposer avec plus de détails : c'est là qu'on doit les chercher. Il 
nous suffisait de cet apercu pour donner quelque idée du point de vue philosophique dans lequel nous 
nous sommes placés. 

Enfin nous nous sommes attachés à coordonner les divers articles de chaque branche particulière de 
la science, en les faisant correspondre par des renvois; nous donnerons à la fin de l'ouvrage une 
table où ils serontclassés de manière à établir un ensemble systématique, formant des traités spéciaux. Les 
noms des auteurs yseront joints. 


5 


Les MATRÉMATIQUES PURES se divisent en deux branches 
principales : l’une de ces branches a pour objet les 
Nombres; l'autre a pour objet l'Étendue. La science des 
nombres, prise dans sa généralité, est connue sous le 
nom d'ALGÈBRE. Quelques auteurs la nomment Antrn- 
MÉTIQUE UNIVERSELLE ; d’autres ANALYSE ; On à proposé 
récemment de lui donner le nom d’ALGoriTaMIE, qui, 
dans l’état élevé où cette science a été portée de nos 

‘jours, paraît en effet la désigner de la manière la plus 
convenable. La science de l'étendue se nomme GEomr- 
‘rue. (Voyez, dans l’ouvrage, les mots 4/gèbre et Géo- 
métrie.) Quant à l’origine de cette division fondamen- 
tale desmathématiques pures, elle est suffisamment dé- 
veloppée au mot mathématiques, où se trouvent 
également exposées les diverses branches dans lesquelles 
se subdivisent ces sciences ainsi que leurs nombreuses 
applications. M 

La science des nombres emploie, comme celle de 
l'étendue , des abréviations et des signes particuliers 
qui.se trouveront tous exposés dans leur ordre alpha- 
bétique; mais , à cause du mode de publication de cet 
ouvrage, nous avons cru devoir placer ici l’explica- 
tion des“signes les plus usuels, en y joignant une des- 
cription succincte des objets les plus élémentaires de 
l'algèbre et de la géométrie, afin de faciliter aux lec- 
teurs les plus étrangers aux mathématiques, l'étude de 
nos premiers articles, où l’usage fréquent que nous fai- 
sons de ces signes leur présenterait d’insolubles difficul- 
tés. Ce travail préparatoire n’estau reste qu’un aperçu 
qui sera complété, dans le cours de l'ouvrage, pour 
chaque objet en particulier. 

I. Scrence pes NomBres. 1. On représente en particu- 
lier les nombres par des chiffres, et en général, par des 
lettres, lorsqu'on examine leurs propriétés indépendantes 
de toûtes valeurs déterminées, La première considéra- 
tion générale est celle-ci : lorsque deux ou plusieurs 
nombres sont connus, on peut toujours, par leur réunion 
ou leur somme, construire un nouveau nombre, Par 
exemple, 3 ajouté à 6 forme 9, et 9 est dit la somme de 
3 et de 6. Le signe de cette opération, qu’on nomme 
ADDITION , est + (plus), ainsi 3 Æ 4 exprime 3 plus 4 ; le 
signe de l'égalité est = ( égal à); donc 3 +4 = 7 signi- 
fie 3 plus 4 est égal à 7. On aurait de même 5 + 7 + 


NOTIONS PRÉLIMINAIRES. | 


8— 90, 5 plus n plus 8 est égal à 20. En général dési- 
goant par les lettres a, b, c, d, des nombres quelcon- 
ques dont la somme est égale au nombre m2, la formule 
a+ b+c+ d=— m, exprimera cette égalité. 

2. Du moment qu’un nombre quelconque c est cons- 
truit paï la réunion de deux autres a et b, il s'ensuit 
nécessairement que si de ce on retranche l’un des nom- 
bres a, b, qui le composent on doit obtenir l’autre pour 
résultat. Cette opération, qui se nomme SOUSTRACTION ; 
s'exprime par le signe — (moins ); l’on écrit donc c — 
a= b ce qui se lit c moins a est égal à b. C'est ainsi que 
l'égalité particulière 3 + 4 — 7 nous conduit à l'égalité 
inverse 7 — 4 — 3. Le résultat de l'opération se nomme 
alors différence. 

3. Lorsqu'on a plusieurs nombres égaux à ajouter 
ensemble, l'opération change de nature, et s’indique 
par un nouveau sigae. Ainsi, pour exprimer que le nom- 
bre 7 ajouté 6 fois à lui-même est égal à 42, au lieu d’'é- 
crie 7 +7 +7 +747 +7 —42, on écrit simple- 
ment 7 X 6 — 42; ce qui signifie 7 pris 6 fois, ou, ce 
qui est la même chose, 7 multiplie par 6, est égal à 42. 
L'opération se nomme alors MULTIPLICATION, et son signe 
est X (multiplié par). On la désigne encore par un seul 
point (.); et, lorsque les nombres sont exprimés par des 
lettres, on se contente presque toujours de les écrire les 
uns à côté des autres : les trois expressions &æ X b, a.b, 
ab signifient également & multiplié par b. Le résultat de 
l'opération se nomme ici produit ; le nombre qui est 
multiplié se nomme le multiplicande, et celui qui mul- 
tiplie, {e multiplicateur; on désigne encore par le nom 
commun de facteurs le multiplicande et le multiplica- 
teur: ainsi, dans la multiplication générale a X b= 0 
a etb sont nommés les facteurs de c, parce qu’ils entrent 
tous deux de la même manière dans la construction de 
c, etqu'on a en général a X b=b X a. 

4. Pour exprimer le produit d'une somme de plu- 
sieurs nombres 4, b, c, par un autre nombre 77, on écrit 
la somme entre deux accolades, et l’on placele multipli- 
cateur à côté, ainsi qu’il suit : (a + b + c) X m ou! 
(a+b<+c).m ou enfin (a+b+c)m. 

5. La multiplication donne, ainsi que l'addition; 
naissance à une opération inverse. En effet, puisque 


dans l'égalité 7 X 6 = 42, le nombre 42 est composé 


des nombres 5 et 6, on peut se proposer de décomposer 
42 par le moven de l’un de ces nombres et dans le but 


de retrouver l’autre. Cette dernière opérationse nomme 
42 
DIVISION, ets'exprimeiadifféremment par —oupar 42:7. 


{ 


Er Ron . em 
ainsi les deux égalités °° = 6, 42: 7 = 6 signifient 42 
divisé par 7 est égal à 6. On donne alors le nom de di- 


vidende au produit, celui de diviseur au facteur connu, 


et celui de quotient au facteur cherché. Ainsi, dans l’ex- 


b 


seur, et a le quotient. 


pression générale — — a, cest le dividende, b le divi- 


a+ b+c 


[LL 


,(a+b+c):n 


désignent l’une et l’autre que la somme des trois uom- 


Les deux expressions 


bres a, b, c, est divisée par le nombre 7». 

6. Lorsquela division d’un nombre par un autre n’est 
pas possible, ce qui arrive, 1° lorsque le diviseur est 
plus grand quele dividende, 2° lorsque le diviseur n’est 


pas contenu dans le dividende un nombre exact de fois, 
. D + 0 se 
on conserve la notation genéraie D et la quantité que 


cette forme représente prend le nom de Fracriow dans 


le premier cas, et celui de nombre fractionnaire dans le 


2 

e] . 7 
second. Par exempie,— est une fraction, et = est un 

4 4 


nombre fractionnaire. 


: > . «a . 
La somme de plusieurs fractions 5 , s'exprime 


C e 
, F1 


a c e à a e e 

L PAT + _ + et leur produit par ce x na pa F 
rene 
ou pal ue 7 . f 


7. Lorsqu'on multiplie l'un par l'autre plusieurs nom- 
bres égaux, l'opération change encore de nature, et con- 
séquemmeni s'écrit d’une manitre différente de la sim- 
ple multiplication. Par exemple, pour exprimer que le 
nombre 64 résulte de la multiplication du nombre 2 six 
fois parlui-même, au lieu d'écrire X2X2X2X2X 2 
— 64 on écrits? = 64. Dans ce cas le nombre 2 prend 
le nom de base, 6 celui d'exposant , et 64 celui de pus- 
sance : ainst, l'égalité2° = 64 signifie : 2 cleve à la 
sixième puissance est égal à GY. 

8. L'opération que la forme générale a? — c repré- 
sente ; se nomme ÉLEVATION AUX PUISSANCES. On donne 
en particuher les noms de carré et de cube aux puis- 
sances seconde et troisième : ainsi, dans les égalités a? 
= m,a— non dit que» est le carré, et que » est 
le cube de a. Ces dernières expressions sont tirées de 
la géométrie : la surface. d’un carré étant égale à la se- 
conde puissance d’un de ses côtés, et la solidité d’un cube 
étant pareillement égale à la troisième puissance d’un 


de ses côtés. 


)D 1}, || 
AXEL: 


x 
Yi 


ï 


INAIRES. 


— 1 
=C 


9. Les deux égalités précédentes, d'addition : à + à 


et de multiplication : a X b = c, nous ont conduit aux 


deux opérations inverses de soustraction : c—a— bet 
de division : - = b, l'égalité de puissance : 4ë — c nous 
Fe - 


conduit également à une opération inverse qu’on 
NOMINC EXTRACTION DES RACINES, et dont le but.est de 
trouver Ja base d’une puissance, lorsque cette puissance 
est connue. Par exemple, chercher le nombre dont la 
sixième puissance est 64, c'est extraire {a racine sixième 
de 61; car, dans ce cas, la base de la puissance prend le 
nom de racine. Cette opération se désigne par le signe 
V/ qu'on nomme radical ; et dans le cas particulier dont 


G 
il s’agit on écrirait V2 64 = 2, ce qu'on lit, racine 
sixième de G4 est égale à 2. 
10. Lorsqu'il s'agit des racines secondes ou carrées, 
on écrit le radical sans exposant ; ainsi \/a, vb signi- 
fient racine carrée de & et racine carrée de b. Dans 


tous les autres cas, on place l’exposant de la puissance 


dans le signe V_ de sorte que V désigne en général la 
racine du degré 7. 

11. Les expressions(a+b+c+d)m,et {a+ 
bYc+ ad) désignent : la première, l'élévation à la 
puissance 72 de la somme a + b + c+ d, et laseconde, 
l'extraction de la racine »2 de la même quantité. 


Les expressions Gy ; V : désignent également la 


(4 
ai 


12. L’extraction des racines s'exprime encore par des 


puissance et la racine 77 de la quantité fractionnaire 


Li 
exposans fractionnaires: ainsi @ * est la même chose que 
LS 4 
V/a , a*est la même chose que Va. En général 
L: m 


les deux expressions a “et y/a désignent toutes deux 
la racine »2 de a. On peut donc écrire indifféremment 


C0) 


: 
a+ bLc),(a+b+c)" pour exprimer la ra- 
cine »2 de la quantité a+b+e. 

13. Dans l'opération de l'élévation aux puissances 
at —c, les deux nombres composant à et b n’entrent 
pas de la même manière dans la composition du résul- 
tat e, et le problème de trouver l’exposant lorsque la 
base et la puissance sont données, cesse d’être élémen- 
taire. Ce n’est pas ici le lieu de nous occuper de cette 
considération. /’oyez LoGARITHMES. 

14. Les six opérations précédentes : l'addition, la 
soustraction, la multiplication, la division, l'élévation 
aux puissances , et l'extraction des racines, renferment, 
comme nous le verrons en son lieu, tous les modes élé- 
mentaires de la construction des nombres. Ainsi toutes 
les opérations possibles sont comprises dans les trois 


formes directes : 


NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 5 


AEN—Cr ab C; ETES 


et dans les trois formes inverses. 


6 
CD = pee Vans Jy/e—= 
15. Lorsqu'on compare deux nombres ensemble, on 
trouve uécessairement que ces nombres sont égaux où 
inégaux. Le signe de l'égalité nous est connu. Celui de 
l'inégalité est + ainsi, a > bou b a signifie que «a 
est plus grand que b. Le plus petit nombre devant être 
placé à la pointe ,du signe 7. L'égalité ne peut, dans sa 
simplicité élémentaire, nous fournir aucune considéra- 
tion nouvelle; mais l'inégalité peut être envisagée sous 
deux aspects différens : 1° comme donnant naissance à 
une différence ; 5° comme déterminant un quotient. 
Les deux nombres 12 et 4, par exemple, comparés en- 
semble, nous fournissent les deux relations. 


192— 4 —$ , 19448; 


et, dans ce cas, 8 et 3 se uomiment les rapports des nom- 
bres 1% et 4, savoir : 8 le rapport arithmétique, et 3 le 
rapport géometrique. 
16. Deux rapports égaux constituent une PROPORTION. 
Ainsi, l'égalité 
12—4—=15—7 


est une PROPORTION ARITHMÉTIQUE dont le rapport est 8, 
et l'égalité ® 
129 — 2010 


est une PROPORTION GÉOMÉTRIQUE dont le rapport est 4. 

On écrit encore la proportion géométrique de la ma- 
nière suivante, 12 : 3 :: 20 : 5. Ce qui se lit 12 est à 3 
comme 20 est à 5. 

17. Une suite de rapports égaux forme une ProGnrts- 
sion. La progression est arithmétique lorsque les rap- 
ports sont arithmétiques, et se désigne ainsi : 

z 2.4.6.8.10.12.14.16.18.20.92, etc. 
C’est l’abréviation de 
2—4=4—6:-6—8—8—10—10—19—192—14— , etc. 

La progression est géométrique lorsque les rapports 
sont géométriques. Elle se désigne par 


7 2:14:8::146:182: 641: 198 : 256.: 


etc. 
C’est l’abréviation de 
2:4=4,:9 —6 : 16 — 716 : 32 — 5 "64 = etc. 


‘els sont 16s principaux objets employés dans la par- 
tie élémentaire de la science des nombres. Quant aux 
algorithmes supérieurs, il nous serait impossible, dans 
cet examen si superficiel, d’en donner aucune notion sa- 
tisfaisante, et nous ne pouyons que renvoyer aux articles 
qui les concernent. 


ÏT. SCIENCE DE L'ÉTENDUE. 

18. L’étendue est uné portion déterminée de l’espace 
indéfini. Ainsi, la place que les corps occupent dans cet 
espace forme l'étendue particulière des corps. 

19. L’étendue dés corps à trois dimensions : /on- 
gucur , largeur et épaisseur. On‘la nomme s611pE. 

20, Si l’on fait abstraction de l’une de ces dimensions, 
on a la conception d'une étendue en longueur et largeur 
seulement, que l’on nomme surracr. Les surfaces peu- 
vent être considérées comme tes limites des corps. 

21. En faisant encore abstraction d’une des dimen- 
sions des surfaces, on a la conception d’une étendue en 
longueur seulement; el cette étendue se nomme riGNE. 
On peut considérer les lignes comme les limites des sur- 
faces. 

22. Les extrémités ou les limites d’une ligne se nom- 
ment poinrs, On donne encore le nom de point à l’en- 
droit où deux lignes se rencontrent. Le point mathé- 
matique doit être conçu comme n'ayant aucune espèce 
détendue. 

La génération des lignes, des surfaces et des solides 
s'opère, pour l'intelligence, dans un ordre inverse de 
celui que nous venons d'établir (Joy. GÉomÉrRIE) ; 
mais il s’agit seulement ici d’en donner une idée popu- 
laire. 

23. On considère deux espèces de lignes : les droites 
et les courbes. 

24. La ligne droite, que l’on nomme simplement la 
droite, est celle dont toutes les parties ont une même di- 
rection. IÏ n’y à conséquemment qu’une seule espèce de 
ligue droite. 

25. La ligne courbe est celle dont la direction varie à 
chaque point, en la considérant comme formée par une 
infinité de points placés les uns à côté des autres. Il y a 


plusieurs espèces de lignes courbes. 


On désigne une ligne ‘A B 
par les lettres placées à ses 
extrémités. AB: est: uner : 22277000 LU RQ 
CT D 


ligne droite, et CD une 
ligne courbe. 

26. La surface plane cst celle sur laquelle étant pris 
deux points quelconques, si lon ‘suppose une droite 
menée par ces deux points, cette droite sera entière- 
ment contenue dans la surface, et se confondra avec elle. 
I n’y a qu'uné seule espèce de surface plane. On la 
nomme aussi simplement plan, 

27. La surface courbe est celle sur laquelle on ne peut 
appliquer une ligne droite dans tous les sens. If y a 
plusieurs espèces de surfaces courbes. 


28. Nous supposcrons, dans ce qui sûit, que toutes 


4 NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 


les lignes dont nous allons parler sont tracées sur un 
même plan. A c 

Lorsque deux droites se rencon- 
trent, elles forment un axeze. Le 
point de rencontre se nomme le som- 
met de l'angle, et les droites en sont 
les côtés. On désigne un angle par 
trois lettres, en plaçant celle du som- : 
met au milieu. Ainsi, l'angle formé 
par les deux droites AB, BC, se nomme l'angle ABC. 
Quelquefois on désigne l’angle parla seule lettre du 
sommet. 

29. La grandeur d’un angle ne dépend pas de la lon- 
gueur des lignes qui le forment, mais de la différence 


de leurs directions. Plus 


b 
cette différence est grande CS 
et plus l'angle est grand. \ 73 
Ainsi, l'angle BAC aug- » D san 
| SN} 
menterait successivement RE 


si le côté AB prenait SE À 
directions Ab", Ab”, Ab"', etc. ; et enfin il arriverait à 
son maximum de grandeur, si le côté AB prenait la 
direction Ab” opposée à celle de l’autre côté AC. Le 
maximum de grandeur d’un angle est donc l’état dont 
il peut approcher indéfiniment, mais qu'il ne peut at- 
teindre sans cesser d'exister, puisqu’alors ses côtés ne 
forment plus qu’une seule ligne droite. 

30. On nomme angles contigus où angles de suite 


deux angles qui ont un 


D 

côté commun, et dont les ; T 
deux autres ne forment 4 | 
A C 


qu’une seule ligne droite. B 
els sont , par exemple, les angles BAD , DAC. 

31. Lorsque deux angles contigus sont égaux, c'est 
qu’alors la droite AD rencontre la droite BC sans 
pencher plus vers AB que vers D 
AC, ou que les différences de 
sa direction avec celles de 
chacune de ces droites est la 
même de part et d'autre. La D A € 
droite AD est dite alors PERPENDICULAIRE sur la droite 
BC , et les angles égaux BAD , CAD, prennent le nom 
d'ANGLES DROITS. 

32. Lorsqu'une droite en rencontre une autre sans lui 
être perpendiculaire , elle est dite oBLIQUE par rapport 
à cette dernière, et les angles qu’elle forme sont plus 
ou moins grands que les angles droits. 

33. On nomme angle obtus tout angle plus grand 
qu’un angle droit, et angle aigu tout angle plus petit. 
Par exemple ( fig. 1 ), l'angle BAD est obtus , et l'angle 
DAC est aigu. 

34. Lorsque deux droites se coupent en un point, 
telles que AC et DB les angles qu'elles forment, et qui 


sont construits d'une manière opposée, A D 
sont égaux; ils se nomment verticaux 
ou opposés pour le sommet. Ainsi, les 
angles égaux AOB, COD sont des angles 
verticaux. Îl en est de même des angles 
AOD, BOC. 

35. Deux droites AB, CD, qui ont 
la même direction, et qui, par consé- L È 


quent, ne peuvent se rencon- à B 


trer lors méme qu’on les pro- 
longerait à l'infini, se nom- 
ment lignes parallèles. C D 
36. Lorsque deux parallèles sont rencontrés par une 
troisième droite, cette droite, qu’on nomme en général 
transversale, forme avec les parallèles trois classes d’an- 
gles égaux deux à deux. 
1°. Les angles situés dans le même sens, l’un en de- 
dans, l’autre en dehors des pa- A  C 
rallèles, ettous deux d’un même 
côté de Ja transversale, se nom- 


ment angles correspondans. EL 
mlee ,  AFC G 
els sont. les angles égaux AFG, É 
CGH. E 
2°, Les angles situés en de- 
dans des parallèles, et d’un p D 


côté différent de la transversale, se nomment angles al- 
ternes internes. Tels sont les angles égaux AFG, FGD. 

3°. Enfin les angles situés en dehors des parallèles, 
et d’un côté différent de la transversale, se nomment 
angles alternes externes. Tels sont les angles égaux 
EFB, CGH. 

On nomme en général angles internes tous ceux qui 
sont compris en dedans des parallèles, et angles exter- 
nes ceux qui sont en dehors. Les angles AFG, BFG, 
CGF, EGD, sont les angles internes, et les angles AFE, 
BFE, CGH , DGH, sont les angles externes. 

37. Lorsqu'un plan est limité par des lignes, on le 
nomine figure, particulièrement figure 
rectiligne lorsque les lignes sont droites, 
et figure curviligne lorsque les lignes 
sont courbes. Les figures rectilignes se 
nomment en général polygones; les 
droites qui forment la limite, prises en- 
semble, en sont le contour ou le peri- fan 
mètre. 

38. On nomme en particulier TRIAN- 

GLE un polygone de trois côtés(1); QUA- 
DRILATERE, Celui de quatre côtés (2); 3 
PENTAGONE, celui de cinq côtés(3); HExA- 

Gone , celui de six côtés, etc., etc. 


39. Un polygone étant composé d’angles et de côtés, 
peut être considéré sous ces deux rapports. Si l’on fait 


NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 5 


cette application au triangle, on aura les deux classifica- 
tions suivantes : 
1°. Considéré par rapport aux an- c 
gles, il prend le nom de : 
Triangle rectangle lorsqu'il à un 
angle droit; alors le côté opposé à 
l'angle droit prend le nom d'Aypothc- 
nuse. Par exemple, dans le triangle 


rectangle ABC , le côté BC est l'hypo- à D 
thénuse. 


Triangle obtusangle où amblygone, s'il a un angle 
obtus ; 

Triangle acutangle où oxigone, si ses trois angles 
sont aigus. 

2°, Considéré par rapport aux côtés, il prend le 
nom de : 

Triangle équilatcral, si ses trois côtés sont égaux ; 

Triangle isocèle, si deux seulement de ses côtés sont 
égaux ; 

Triangle scalène, si ses trois côtés sont inégaux. 

On appelle sommet d'un triangle le sommet d’un 
quelconque de ses angles; et alors le côté opposé à cet 
angle se nomme la base du triangle. On prend ordi- 
nairement pour sommet du triangle isocèle le sommet 
de l'angle formé par les deux côtés égaux. On nomme 
hauteur d’un triangle la perpendiculaire abaissée de sou 


sommet sur sa base. 


lier : 
Quarré, celui dont e: 


quatre côtés sont égaux et 


40. Quant aux quadrilatères, on nomme en particu- 
1 2 | 
E | } 
les quatre angles droits 
(1); 


Rectangle, celui dont = 


Pi on moe 


Lozange où rhombe, celui dont les côtés sont égaux 


LE] 
\ 


les quatre angles sont 
droits , sans que les côtés 


soient égaux (2); 


sans que les angles soient droits (3). 

Parallélogramme, celui dont les côtés opposés sont 
parallèles (4) ; 

Et enfin trapéze, celui qui n’a que deux côtés paral- 
lèles (5). 

41. On nomme en général polygone équilatcral celui 
dont tous les côtés sont égaux ; polygone équiangle, 
celui dont tous les angles sont égaux, et polygone régu- 
lier celui dont les angles et les côtés sont respectivement 
égaux. 

42. De toutes les figures curvilignes, on ne considère 
que le cencce dans la géométrie élémentaire. C’est un 
plan limité par une ligne courbe dont tous les points 
sont à égale distance d’un point pris dans l’intérieur de 


la figure, et qu’on nomme le centre. La courbe qui li- 
init cette figure se nomme cérconférence du cercle, où 
simplement circonférence. Telle est la figure POSBP. 
La ligne courbe PQSBP est la circonférence ; l'espace 
renfermé dans cette ligne est le cercle, et le point A est 
le centre. 

Les droites que l’on pourrait supposer menées du 
centre à divers points de la circonférence, et qui sont 
toutes égales, se nomment rayons. Telles sont les ligues 
AË, AB, etc. Une droite PQ, 


menée dans le cercle, et qui EE 


D M 

Bo — 15, R 
TN JRESQI 
) 
se termine de part et d'autre . 


RE 
À 
Q 


\/ 
p. 


double du rayon, tous les diamètres sont égaux. 


à la circonférence , se nomme 


ma 


corde. Lorsqu'une corde 


passe par le centre, comme 


} 
7 


BE 


DC, elle prend le nom de d'a- 


mètre. Un diamètre étant le 


La partie de la circonférence interceptée, ou , comme 
on le dit, sous-tendue par une corde, se nomme are de 
cercle. PmQ cst l'arc sous-teudu par la corde PQ. 

Une droite telle que MN, qui coupe Ja circonférence 
en deux points, æ nomme sécante. 

Une droite comme TR, dont la direction coïncide 
avec celle de la circouférence dans un seul point de 
cette courbe se nomme /angente. Le point S, commun 
aux deux lignes, se nomme point de contact. 

Une portion de cercle EAB, terminée par deux 
rayons €t par l'arc intercepté, se nomme secteur. On 
appelle segment la partie 737PQ comprise entre l'arc 
QP et la corde PQ. 

42. Les relations des lignes entre elles sont considé- 
rées dans un même plan; mais celles des lignes avec les 
surfaces, ainsi que celles des surfaces entre elles, sont 
con:idérées dan; l’espace indéfini. 

Une droite est dite perp : diculaire à un plan lors- 
qu’elle forme des angles B 
droits avec toutes les droites 
qu'on peut mener dans le 
plan en partant du point où 
elle le 


rencontre. Ainsi, 


la ligne AB sera perpendicu- MÈ= P 
laire au plan MC, si en menant les droites AD, AE, 
AC, etc., dans ce plan, les angles BAC, BAD, BAE, 
etc. , sont droits. 
43. Un plan CB 
est perpendiculaire 
sur un autre plan 
MN, si d’un point 
quelconque o pris 
dans ce plan, abais- 


sant une perpendi- 


culaire oD sur la 


6 NOTIONS PRELIMINAIRES. 


section AB des deux plans, cette perpendiculaire est 
également perpendiculaire au plan MN. 


44. Lorsque deux plans QP et QR se rencontrent , ils 
formentun angle qu'on me- . 
sure par l'angle des droites 
AB et AC, menées dans ces 
plans, toutes deux perpen- 
diculaires à la section QS, = 
au méme point À decette © 


section. 


45. Deux plans AB, CD, sont parallèles lorsque pro- 


longés indéfiniment de toutes parts, ils ne peuvent ja- 
mais se rencontrer; alors leurs sections MP et ON, 
avec un troisième plan, qui les coupent tous deux, con- 
sidérées dans ce dernier plan, sont deux droites paral- 
lèles. La distance des deux plans parallèles est mesurée 
par une perpendiculaire QR, abaissée de l’un quel- 
conque de ces plans sur l’autre. 


46. On appelle angle solide un angle O formé par la 


réunion de plusieurs plans MON, MOS, SON, qui se 


coupent en un même point. 


47. On nomme en général polyèdres les solides ter- 
minés par des plans. Si ces plans sont égaux et réguliers, 
les polyèdres sont réguliers. 

Il n’y a que anq polyèdres réguliers : le tetraèdre, 
terminé par quatre triangles équilatéraux égaux; 
l’aexaèdre ou le cube, terminé par six quarrés égaux ; 
l'octaèdre , terminés par huit triangles équilatéraux 

Tégaux; le dodécaëdre, terminé par douze pentagones 
réguliers égaux ; et l'icosaèdre , terminé par vingt 


triangles équilatéraux égaux. 


48. L’hexaèdre, terminé par huit 
plans parallèles deux à deux,se nomme 
parallélipipède ; c’est un parallélipi- 

‘ pède rectangle lorsque les plans sont 
des rectangles; et enfin c’est un cube 
comme nous l'avons dit ci-dessus, lors- 
que les plans sont des quarrés. 


49. Le prisme droit (x) est un polvèdre qui a deux plans 
polygonaux parallèles et égaux . et dont tous les autres 
plans sont des rectangles perpendiculaires à la Fois à ces 
deux polygones. 

50. Le prisnie oblique (2) a ; comme le prisme droit, 
deux faces égales et parallèles ; mais ses autres plans sont 
des paralléiogrammes non perpendiculaires aux deux 
polygones. 

51. Lorsque les plans parallèles sont des triangles, les 
prismes se nomment prismes triangulaires. On les 
nomme encore prismes quadrangulaires, lorsque ces 
plans sont des quadrilatères ; prismes pentagonaux, lors- 
qu'ils sont des pentagones; prismes hexagonaux , lors- 
qu'ils sont des hexagones, etc., etc. Les prismes (1) et 
(2) sont des prismes pentagonaux. 

On donne indifféremment le nom de base à chacun 
des pians polygonaux d’un prisme. Sa hauteur est la 
perpendiculaire qui mesure la distance de ces plans. 


52. La pyramide est un polvèdre dont une des fa- 
ces, nommée buse, est un polygone quelconque, et 
dont tous les autres plans sont des triangles qui s'élèvent 
sur les côtés de ce polygone, et vont se réunir par leurs 
sommets à un inême point, qu’on appelle le sommet de 
la pyramide ; (1) et (2). 

Une pyramide est dite triangulaire, quadrangulaire, 
pentagonale, hexagonale, etc., etc., selon que sa base 
est un triangle, un quadrilatère, un pentagone, un 
hexagone, etc. 

On nomme pyramide droite celle dont tous les plans 
qui se réunissent au sommet sont des triangles isocèles 
de même hauteur (1), et pyramide oblique celle où ces 
triangles ont des hauteurs différentes (2). 

La hauteur d'une pyramide est la perpendiculaire 
abaissée de son sommet sur le plan de sa base. 

53. De tous les solides terminés par des surfaces cour- 
bes, on ne considère dans la géométrie élémentaire que 


le cylindre, le cône et la sphère. 


NOTIONS PRELIMINAIRES. va - 7 


Le cylindre est un solide terminé par trois surfaces, lorsque l’axe est perpendiculaire à la base; il est oblique 
dont deux sont planes et parallèles entre elles, et dont 
la troisième est convexe et circulaire. On peat le consi- 
dérer comme un prisme dont les bases seraient des po- 


lorsque l'axe est incliné (2). La hauteur d'un cône est la 
perpendiculaire abaissée de son sommet.sur le plan de 
sa base. 


RES Re ; — 7 
lygones réguliers d’un norabre infini de côtés. 55. La sphère est un solide terminé par une seule sur 


Le cylindre est droit (1) lorsque la perpendiculaire, 
abaissée du centre de l’une de ses bases sur l’autre, tombe 
sur le centre de cette dernière Il est oblique (2) dans 


face courbe, dont tous les points sont également éloi- 
gnés d’un point pris dans l'intérieur, et qu'on nomme 
centre. 


: Toutes es droites 5 ‘e à É 
tous les autres cas. On nomme are du cylindre la tes 1es droites menées du centre à la surface de la 


: PAT . s or ar : . AE 
droite qui joint les centres de ses bases. Sa hauteur est phère sont par conséquent égales ; 


; : ; : on les nom e ‘ticu- 
la perpendiculaire qui mesure la distance de ses bases. ! e me chacune en particu 
k j lier rayon de la sphère. Une droite 
54. Le cône est un solide dont la base est un cercle, | 

qu passe par le ceutre, et se ter- 


et qui se termine par le haut en une pointe qu’on ap- : E 
G P 2 P Le P7 mine de part et d’autre à la surface, 


elle Je;ssommet. On peut considérer le cône comme se 
Bb P E se üvmme axe ou diamètre. Tous 


une pyramide dont la ait ur lvgone régulier Fe : 
P' t la base serait un polyg Li les diamètres d'une sphère sont 


d’un nombre infini de côtés. , PE 
égaux , puisqu'ils sont tous composés de deux rayons. 


La ligne droite menée du sommet d’un cône au cen- 
tre de sa base se nomme l’axe. Le cône est droit (1) 


ABRÉVIATIONS EMPLOYÉES DANS LE COURS DE L'OUVRAGE. 


Acoust. — Acoustique. 


Ag. — Algèbre. 
Arch. — Architecture. 
Arith. — Arithmétique. 
Arp. — Arpentage. 
Art. — Artillerie. 
Ast. — Astronomie. 


Cal. diff. — Calcul différentiel. 


Catopt.  — Catoptrique. 
Cos. — Cosinus. 
Cosec.  — Cosécante. 
Cos. vers. — Cosinus verse, 
Cot. — Cotangente. 
Diopt.  — Dioptrique. 
Dyn. — Dynamique. 
Géod. — Géodésie. 
Geog. — Géographie. 
Géom.  — Géométrie. 
Gnom. — Gnomonique. 


Hydraul. — Hydraulique. 


Hydrog. — Hydrographie, 


Hydrod. 
Hydrost. 
Mec. 
Nav. 
Op. 
Persp. 
Pneu. 
iSée. 

Sin. 


Sin. vers. 


Stat. 
Tang. 
Trig. 
Voy. 


Hydrodynamique. 


Hydrostatique. 


Mécanique. 


Navigation. 


Optique. 


Perspective. 
Pneumatique. 
Sécante. 

Sinus. 

Sinus verse. 
Statique. 
Tangente. 
Trigonomttrie. 
Voyez. 


Dans les renvois, le chiffre qui suit le chef d'article 


indique le paragraphe. Ainsi (Foy. Alg. 13), signifie : 
Voy. l'article ALGÈBRE, paragraphe 13. 


DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES MATHÉMATIQUES 


PURES ET APPLIQUÉES. 


À 


AB 


ABACO , ou plutôt Ausaco ( Paur de l) naquit à 
Florence au commencement de ce XIV® siècle, célèbre 
par l'invention de la boussole, découverte qui favorisa les 
tentatives hardies des navigateurs du siècle suivant. Paul 
doit être compté parmi les savans de cette épeque, dont 
les utiles travaux préparèrent les progrès qui ne tar- 
dèrent pas à s’opérer dans le vaste domaine des connais- 
sances mathématiques. Contemporain du Dente, de 
Cino et de Pétrarque, quelques biographes, sans le placer 
au même rang que ces grauds poètes, vanteut quelques- 
unes de ses productions littéraires, qui malgré leur in- 
correction, révèlent un talent remarquable. Mais Paul 
dut surtout sa renommée à ses prodigieuses connais- 
sances en arithmétique ct en géométrie; elles lui mé- 
citèrent le surnom &’Abbaco , car Paolo del Abbaco si- 
guifie littéralement Paul de l'arithmétique. On croit 
qu'il fut un des premiers mathématiciens qui pratiquè- 
rent l'algèbre. On lui doit aussi d'importantes observa- 
tions astronomiques, qu'il fit à laide d'instruments de 
son invention. Il mourut en 135, peu de temps avant 
Boccace. 

: ABACUS ou AvaqQue. Instrumenten usage dans Fan- 
fiquité pour faciliter les calculs arithmétiques. I parait 
que £’était dans l’origine une petite table couverte de pous- 
sière sur laquelle on traçait les figures et où l’on exécutait 
les opérations. Cet instrument semble aussi ancien que 
l'arithmétique elle-même et on le retrouve chez les 
Grecs, les Romains, les Chinois, les Allemands et les 
Français. Sa forme varia avec le temps ; il devint enfin 
un cadre long divisé par plusieurs cordes parallèles 
dans chacune desquelles étaient cafilées dix petites bou- 
les. La première ligne à droite était celle des unités, la 


« seconde celle des dixaiues, la troisème celle des cen- 


AB 


taines, etc. Pour écrire un premier 


5300|| 


uombre sur l’abacus, on commen- 


çait par relever toutes les boules la 1} 


partie supérieure de l'instrument, 


——2000600%02| 


et ensuite on abaissait sur chaque 
ligue, à la partie inférieure, un 
nombre de boules égal aux unités, 


de l’ordre de ces lignes. Ainsi, par 


exemple, pour écrire le nombre 


3564 on abaissait 4 boules à La partie 


inférieure de la première ligne, 6 à 
celle de la seconde, 5 à celle de Ja troisième ct 3 à celle 
de la quatrième. Le nombre 3564 se trouvait ainsi re- 
présenté comme il l'est dans la figure (1) ci-contre. 

Ce nombre étant écrit, s’agissait-il de lui ajouter ua 
autre nombre 53529; on commençait par abaisser 9 
boules de la partie supéricure de la première ligne 
à la partie inférieure ; et comme, dans le cas présent, il 
n'en restait que G, après avoir abaissé ces 6 boules, on 
relevait les 10 à la partie supéricure, en abaissant une 
boule, pour cette dixaine, à la seconde colonne, et on 
achevait l'opération , sur la première, en abaissant 5 
boules pour compléter les 9 qu'il s'agissait d’abaisser, 
Passant à la seconde colonne, on abaissait 2 boules pour 
le chiffre 2 des dixaines du nombre 53329. Arrivé à la 
troisième colonne, on abaissait d’abord les à boules res- 
tantes, ensuite on remontait le tout, en abaissant, pour 
la dixeine, une boule de la quatrième colonne et on re- 
descendait 2 boules à latroisième colonne pour com- 
pléter le chiffre 7. Passant à la quatrième colonne, on 
abaissait 3 boules pour le chiffre 3 des mille et enfin ou 
abaissait 5 boules à la cinquième colonne pour le chiffre 
5 des dixaines de mille. L'apparence finale de l’abacus 

2 


40 AB 


était, après cette opération, celle de la figure 2, et le 
nombre 55293 quis’y trouve écrit, à la partieinférieure, 
est la somme des deux nombres 3564 et 53529. Pour 
ajouter un nouveau nombre à 55293 on agirait de la 
même manière et ainsi de suite. On voit donc qu’a l’aide 
de cet instrument les additions des nombres peuvent 
s'effectuer avecla plus grande facilité ; il en estde même 
des soustractions, qu’on peut exécuter par une marche 


inverse de celle que nous venons de décrire. 


L'abacus abandonné par toutes les nations euro- 
péennes se trouve encore en Chine et dans quelques 
parties des Indes. 

Agacus de Pythagore. Table pour faciliter les calculs. 
C'était probablement une table de multiplication sem- 
blable à celle que nous avons encore et qui porte lenom 
de Pythagore. 

ABAISSEMENT (4/gèbre). On appelle abaissement 
d’une équation la réduction de cette équation à un 
degré inférieur. Par exemple, l'équation du sixième 
degré x$ + pas + q = 0 s’abaisse au second en fei- 
sant xŸ— y, car alors on a y? = x et en substituant ces 
valeurs de x?, x° dans l'équation, elle devient y? + py 
+ q = 0. En général, une équation de la forme x + 
p æ"—+ q —o peut toujours s’abaisser au second 
degré en y faisant x" = y ; et une équation du degré 
mn et de la forme 


m (n—1 m(n—2) 


112 nm 

æ is À x de A;x etc... An1x H A;=0o 
s'abaisse au degré » par la substitution d’une nouvelle 
inconnue ÿ = x". | 

En géométrie on dit abaisser une perpendiculaire 
d’un point sur une ligne ou sur une surface, et dans ce 
cas, ce mot abaisser signifie mener. 

ABaissemENT de l'horizon sensible. Vovez Horizon. 

Awaissement des planètes par l'effet de la parallaxe 
(Astr.) Voyez ParaLLaxe. 


ABaAIssEMENT d’un astre sousl’horizon. (4str.)Ilest me- 
suré par l’arc du cercle vertical, compris entre Pastre et 

horizon. f’oyez VErricar. 

ABEILLE (45tr.). Constellation méridionale, nom- 
mée aussi mouche indienne ; elle n’est point visible en 
Europe. De toutes les étoiles qui la composent, les trois 
plus remarquables ne sont que de la quatrième grandeur. 


ABENEZRA (Astr.Ÿ. Nom arabe de l'étoile de la 
première grandeur, parmi les hyades qui font partie 
de la constellation du Taureau; ce nom signifie la grande 
étoile, la principale étoile. Les Grecs l'appelaient Lam- 
padias où Hypochiros. Les Latins Palilicium ou Parili- 
cium et Subrufa. Elle est connue aussi sous la dénomi- 
nation d'œil-du-taureau et plus généralement sous le 
nom d’Aldeboran. On croit aussi que cette belle étoile 
est Je génie Taschter des Indiens, qui préside à l’éani- 


AB 


noxe du printemps. Elle est située fort près des Pléiades, 
sur la ligne menée de l’épaule occidentale d’Orion. 


ABERRATION (4str.). Mouvement apparent des 
corps célestes causé par la combinaison du mouvement 
de la iumière avec celui de la terre autour du soleil, Le 
changementde position qui résulte pour les étoiles fixes de 
ce mouvement est si petit que les astronomes anciens ne 
s’en étaient point apercus; et quoiqu'il soit un produit 
nécessaire de deux causes connues, au moment de sa dé- 
couverte il w’ayait point été entrevu par la théorie lors- 
qu'il fut annoncé au monde savant en 1728. C’est au 
célèbre astronome anglais Bradley qu’on doit cette im- 
portante découverte dont il a exposé lui-même l’his- 
toire dans le numéro 406 des Transactions Philosophi- 
ques. Il y fut conduit accidentellement par plusieurs 
observations faites avec un soin éxtrême, À l’aide d’ins- 
trumens à grandes dimensions, et entreprises dans le but 
de détesniner la parallaxe annuelle des étoiles fixes. 
(F’oyez PARALLAXE. ) 


Le phénomène de l’aberration peut être conçu de la 
manière suivante : 

Soit À une étoile, dont une molécule lumineuse par- 
court la distance AB qui la sépare de la terre dans un 
temps quelconque. Si cette molécule rencontre au point 
m le centre de l’ouverture su- 

; D 1A Le 
périeure d'un tube creux ou Q 
d’un télescope z2c incliné par 
rapport à BA; la molécule lu- 
mireuse , si le tube est immo- 
bile, ira frapper sa surface inté- 
rieure, elle sera conséquemment 
absorbée ou réfléchie, ct ne 
parviendra pas en c à l'œil de 


l'observateur. Muis si l’on sup- 


Bic c2c 


pose que le tube soit transporté 
parallèlement à lui-même decen B, et cela, dans le 
même temps que la molécule lumineuse parcourra la 
distance »B, il est évident que cette molécule descen- 
dra librement le long de l’axe du tube, se trouvant en o 
lorsque le tube est en 72" c', en o' lorsque le tube est en 
m"c" ct enfin parvenant en B, à l’œil de l'observateur 
lorsque le tube arrive dans la position »2'"B. Aïnsi la 
lumière, tout en suivant la route #4B, se sera toujours 
trouvée dans l’axe du tube, et l'observateur qui renvoie 
l'image de l’objet dans la direction BD, où il la reçoit 
verra l'étoile en D et uon en A. La différence qu'il y a 
entre la véritable place et le lieu apparent de l'étoile ou 
l'angle ABD, constitue l’aberration. T7 

Or, dansle triangle 2Bc on a la proportion (Tricoxo- 
mÈTRIE) CB : By : : sinus Brnc : sinus Bcm d’où l’on tire 


sin Bric = sin Bem. 


AB 


Mais dans la construction de notre figure, nous avons 
supposé que la distance <B était parcourue par la terre 
dans le même temps que la lumière parcourait la dis- 
tance »B, ces distances sont entr’elles comme la vitesse 
de la terre est à celle de la lumière, on a par conséquent 
cB 
Bra — vitessede la lumière 


vitesse de la terre 
, et comme l'angle Bye est 


égal à l’angle d’aberration ABD on a aussi 
vitesse de la terre. 


sinus aberration=sin Bern. — — -— 
vitesse delalumière, 


Si l’on désigne par 1 la vitesse de la terre dans un 
temps donné celle de la lumière est à peu près 10168 
dans le même temps, nous avons donc encore (a). 

sinus aberration — sin Bem. 

Il suit de l'expression (a) que l’aberration est la plus 
grande possible lorsque l'angle BCyra est droit, car alors 
sin Bern — sin go° — 1. Mais dans ce cas (a) devient 


sinus aberration = 7335 = Sin 20”, 


ainsi la plus grande aberration est de 20” ou pour plus 
d’exactitude de 20”,253, ce qui résulte d’âilleurs des 
observations. Le mouvement de la terre autour du s0- 
leil se trouve donc confirmé par l’expérience, et ne 
peut plus étre mis en doute. 

La théorie de l’aberration s'explique d’une manière 


des forces. 


plus rationnelle par le parallélogramme 
{ Pôyez Comprosrriox des forces. } En 
effet, soit À une particule lumineuse 
rencontrant er O avec une vitesse repré: 
sentéé par la ligne AO pour un temps T; 
l'œil de l'observateur mu de C en Bavéé 
une vitesse représentée par la ligne CO, 


pour lé même temps T. Or le choc en O 


rénverrait le rayon lumineux suivant la B 0 € 
direction OA , en vertu de la seule vitesse AO, et suivant 
la direction OB, en vertu de la seule vitesse CO. I en 
résulte donc une direction mixte OD suivant la diago- 
nile du parallélegramme ADBO construit sur AO et 
OB = CO et l'observateur verra l’étoileen D et non en 
A. L'angle d’aberration AOD sera donné, dans le 
triangle BOD par la proportion sin BDO — sin AOD 
: sin BOD : : BO : BD — AO d’où l'on tirera comme 
ci-dessus 


sin aberration — sin BOD. sin (20”, 253) 


L'aberration varie avec l'angle BOD depuis son maxi- 
mum 20,253 jusqu'à 0, ce qui arrive lorsque OD deve- 
nant taigente à l'orbite de la terre, l'angle BOD est nul, 
Son effet général est de porter toujours l'étoile en avant, 
daus le sens et dns le plen où la terre se meut, ce qui 
paraît lui faire décrire une petite ellipse dont le grand 
axe est de 40”,50 et dont le petit axe varie suivant Ja 
latitude de l'étoile, Ce petit axe est nul pour les étoiles 


.… 


AB 11 


situées à l’écliptique; dans ce cas l'étoile paraît osciller 
sur une ligne droite. 

Plusieurs auteurs ont écrit sur laberration après 
Bradley. Parmi cux uovs citerons Clairaut (qui a donné, 
Mémoires de l'Académie des sciences 17357, les formules 
pour calculer l'effet de l'aberration sur les latitude, lon- 
gitude, ascension droite et déclinaison des ästres); 
ThomasSimpson, Manfredi, Frisiet Fontaine Descrutés. 
Euler a traité cette question avec sa supériorité accou- 
tumée dans les Mérmorres de Berlin 1546 tome 2. Delam- 
bre a calculé des tables d’'aberration pour toutes les 
planètes. Voyez les détails dans son Traité d' Astronomie. 
“Les aberrations en longitude et latitude sont données, 
pour les étoiles fixes, par les deux formules suivantes, 
démontrées par Falande (Æ4stronomie, 2846, 2853) 
avec autant de facilité que de clarté. 

Soient ? la longitude d’une étoile, s la longitude du 
soleil, on a 


20,253. cos()=— 5) 
aber. long. = — \ 


, 


cos. lat. 
aber. lat, —  90",253. sin (15). sin ar. 

A l’aide de ces équations, on obtient facilement, pour 
les changemens produits par l'aberration sur l'ascension 
droite et la déclinaison des étoiles fixes, les deux ex- 
pressions : 


cos (i—s}cos p + sin ()—5)sinp. sin lat. 


COS dl. 

N=—— 207,253 [cos ()—s) sin p — sin (}—s) cos p. sinlut.| 
MT désignant laberration en ascension droite, et N l’a- 
berration en déclinaison; p étant l'angle de position, et 
d la déclinaison. 

Lorsque la déclinaison est australe, on change les 
signes des deux termes du second membre de la se- 
conde équation. 

I existe d’autres formules qu'on trouvera dans les 
traités d'astronomie. 

AgennarTion des planètes. L'aberration doit avoir éga- 
lement lieu pour les planètes comme pour les étoiles 
fixes; et c’est en effet ce que l’observation confirme. 
Quoiqu’elle soit alors le résultat de trois mouvemens 
différens, elle est beaucoup plus simple à calculer que 
celle des étoiles fixes. 

Soit P une planète se mouvant avec la vitesse Pp dans 
un temps T, et soit PD la vitesse d’un rayon lumineux 
dans le même temps. Ce rayon, participant des deux vi- 
tesses Pp et PD, arriverait par la diagonale PB à la terre, 
si on la supposait immobile en B; et l'observateur placé 
au point B verrait la planète en P, lorsqu'elle est arri- 
vée en p. Mais supposons que pendant le même temps 
T la terre vienne de M en B avec la vitesse BM, elle 
rencontrera le rayon Iumineux en B, et la vitesse PB 
du rayon, combinée avec celle de la terre, BC— BM, 


produira une sensation composée suivant la diagonale 


Ln 


qui est égal au mouvement de la 


12 AB 


Bp' du parallélogramme p'PBC, construit sur les vites- 
es BC et PB. Ainsi, l'observateur 
verra la planète en p'etse trompera 


conséquemment de l'angle p'Bp, 


planète, plus le mouvement de la 


terre. Si le mouvement de la pla- 


nète s’effectuait dans le même sens \] 
que celui de la terre, on aurait la D © B M 


différence au lieu de la somme des mouvemens. Dans 


tous les cas, l’aberration est égale au mouvement relatif. 

On aurait encore le même résultat en transportant à 
la planète, en sens contraire, le mouvement de la terre 
allant de M en B; car, en considérant la terre comme 
immobile en B, et supposant, pour remplacer son mou- 
vement, que la planète va de p'en P, le mouvement 
total p'p sera l’aberration. Mais ce mouvement total 
n'est autre chose que le mouvement géocentrique de la 
planète, c'est-à-dire son mouvement apparent de trans- 
lation autour de la terre, qui se croit immobile. 

Soit donc m1 le mouvement géocentrique d’une pla- 
nète pendant une seconde de temps, d sa distance à la 
terre , et v la vitesse de la lumière pendant une seconde 
de temps, dv sera le temps que la lumière mettra à 
venir de la planète à la terre, et conséquemment, r29v 
le mouvement géocentrique de la planète dans le temps 
dv. Nous aurons donc 

aberration = r7dv:== m0. (493"), 
l'observation ayant donné v—8 13,2 de temps, ou 
493" de degré (Foy. Mouveurxr de Ja lumière). 

Selon que 72 sera le mouvement géocentrique en lon- 
gitude, latitude, ascension droite ou déclinaison, cette 
formule donnera l’aberration en longitude, latitude, 
ascension droite Gu déclinaison (Voy. Astronomie de 
Delarbre , tome INT, ch. XXX, pour les développe- 
mens). Les »7aximum d'aberration en longitude des 
planètes sont les suivans : 

Uranus. . .. 


Saturne . . . 
Jupiter. .##11508. 


Mars. . . . . 37”,8. 
Vénus. . . . 43,2. 
Mercure . . . 59”,0. 
La lune .-. .  o”,8. 


L’aberration vafie entre o et ces nombres. Celle du so- 
leil est invariable , étant constammént de 20"”,253. L'a- 
berration des planètes en latitude est presque insensible, 
parce qu’elles sortent peu du plan de l'écliptique. La 
plus grande, qui est celle de Mercure, est d’envi- 
ron 4”,3. 

On pourrait croire que le mouvement diurne de la 
terre, ou sa rotalion sur son axe en vingt-quatre heu- 
res, dût exercer une influence sensible sur l’aberration. 


AB 


Ce phénonrene a lieu en effet; et c’est ce qu’on nomme 
aberration diurne ; mais il n’est, à son maximum, que 
: de seconde; et aucun astronome n’en tient compte. 

AgErRaTION (Optique). Dispersion des rayons lumi- 
neux traversant Jes verres d’une lunette; ce qui fait que 
l'œil ne reçoit qu'une image confuse. Il y a deux causes 
d’aberration : la première est la forme sphérique des 
verres ou miroirs; Cet la seconde, la différente réfrangi- 
bilité des rayons (Foy. OPTIQUE Ct ACHROMATIQUE. ). 

ABONDANT ( Arithmetique). Un nombre abondant 
est celui dont la somme des diviseurs est plus grande 
que le nombre. Par exemple, 12 est un nombre abon- 
dant, parce qu’il a pour diviseurs les nombres 1, 2, 
3,4, 6, dont la somme est 16. Un nombre tel que 10, 
plus grand que la somme 8, de ses diviseurs 1, 2, 5, est 
un nombre déficient ou défectif. Entre le nombre abon- 
dant et le nombre déficient se trouve le nombre parfait; 
c'est celui qui est égal à Ja somme de tous ses diviseurs. 
Gest un nombre parfait, parce qu’il est égal à la somme 
de ses diviseurs, 1,2, 3. 

ABRACHALEUS ( Astronomie). C'est un des noms 
de la seconde étoile des Gémeaux, marquée 8 dans les 
catalogues. On l’appelle aussi Pollux. 

ABRAHAM-BEN-CHIJA où CHAJA, surnommé /e 
prince, rabbin espagnol , né en 1050, avait des connais- 
sances astronomiques et géographiques remarquables 
pour son temps. Parmi ceux de ses ouvrages qui se trou- 
vent à la bibliothèque du Vatican, et qui intéressent 
spécialement l’histoire des mathématiques, nous cite- 
rons principalement celui qui est intitulé : SpAera 
mundè describens figuram terræ, dispositionemque or- 
bium cælestium et motus stellarum. 

Ou doit encore à Abraham-Ben-Chija un autre ou- 
vage astronomique, dans lequel il traite des planètes, 
des deux sphères, et du calendrier des Grecs, des Ro- 
mains et des Ismaélites; il est aussi l’auteur d’un traité 
de géométrie, dans lequel il aborde l'explication des 
triangles sphériques et la conversion des angles et des 
cercles. Tous ces écrits, qui sont au moins le fruit 
d'une prodigieuse érudition, ne sont curieux aujour- 
d’hui qu’à cause du temps où ils furent composés, et 
parce qu'ils peuvent servir à marquer le point de départ 
etles progrès des sciences mathématiques durant le 
moyen-àge. 

ABRAHAM ZACHUT, savant rabbin du XV° siè- 
cle, s'acquit une si grande réputation dans les sciences 
mathématiques, qu’une foule de chrétiens, malgré les 
préjugés du temps, se pressaient à ses leçons. Il profes- 
sait l'astronomie à Carthage, en Afrique; et il vint plus 
tard l’enseigner à Salamanque. L'ouvrage le plus re- 
marquable qu'on ait de lui, et qui a été imprimé à Ve- 
nise en 1472, est intitulé : A/manach perpetuum, seu 
Ephemerides et Tabulæ septem planetarum. Le système 


AB 


qu’Abraham essaye d'établir dans cet écrit est ingénieux. 
Suivant lui, tous les mouvemens célestes seraient ré- 
duits à des périodes qui ramèneraient Les planètes à des 
points où les mêmes inégalités recommenceraient de 
nouveau. La période étant, pour le mouvement du so- 
leil, de 4 ans, dont 1 bissextile à quelques minutes près, 
Abraham la fait de 31 ans pour la lune , de 8 pour Vé- 
nus, de 125 pour Mercure, de 59 pour Saturne, de 
85 pour Jupiter, et enfin de 79 ans pour Mars; mais 
tous ces nombres inéritent peu d'attention, car ils ne 
reposent que sur des hypothèses tout-à-fait arbitraires. 


ABRÉVIATION (Algèbre). C’estla réduction d’une 
quantité composée à une expression plus simple. Pour 
abréger l'équation 

2xi— ax — cr +abx =abc— acx —bex + br, 
on commence d'abord par faire passer dans le premier 
membre tous les termes affectés de æ, ce qui donne 

a — ax? — ba? —cx* + abx Lacx + bex = abe. 


On met ensuite entre des parenthèses les diverses quan- 
tités qui multiplient une même puissance de x, et l’on a 


a — (a+ b + ec) xt (ab + ac +bc)x = abe. 
Siles quantités a, b, ce, étaient des nombres, on ef- 
fectucrait les opérations indiquées, et en supposant 


qu'on ait dans ce cas 
abtb+c—=A, 
ab+ac+bc=B, 
abc = C: 
L’équation proposée se réduirait à la forme 
x— Ax? +Bzr=cC. 
IL est important de ramener toujours les formules aux 
expressions les plus simples qu’elles puissent avoir. 


ABSCISSE (Géométrie), (de abscindere, 


Pour déterminer la position d’un point sur un plan, on 
? 


couper). 


le rapporte à deux droites ; 
AX, AY, perpendiculaires 


l'une sur l’autre, et don- 
nées de position sur ce plan. 
Ces droites se nomment les 
axes, et, particulièrement, Y|777 
AX se nomme l'axe des ab- 
scisses, et AY l'axe des or- 


données. La distance By ou 
Azx du point B à l'axe AY À 
se nomme l’anscisse de ce point, et se désigne généra- 
lement par la lettre +. La distance Bx où Ay du même 
point B à l’axe AX se nomme l’ordonnée de ce point, 
et s'exprime généralem nt par la lettre y. 

L'abscisse et l'ordonncée portent conjointement le 
nom de coordonnées. 


Si les axes ne sont pas perpendiculaires l’un sur l’au 


AB 43 


tre, ce qui est nécessaire dans certaines questions, alors 
les coordonnées ne sont pas non plus perpendiculaires à 
ces axes, mais leur sont parallèles, savoir : l’abscisse à 
l’axe des abscisses , et ordonnée à l'axe des ordonnées. 

Les abscisses se comptent généralement sur leur axe: 
ainsi, pour désigner l’abscisse du point B, on prendra 
Ax etnon By. 

Lorsqu'une courbe MN est rapportée à deux axes, et 
que la relation des abscisses Ax', Ax”, Ax'”, ete., ou, 


comme on l'écrit communément, des abscisses æ', x" 


, I 


At L , D 
æ”", etc., avec les ordonnées correspondantes LT, 


x°y", x"y"", etc., ou y',y", y"", eic., est donnée par 
une expression algébrique, cette expression est ce qu'on 
nomme l'équation de la courbe. (Foy. Appricariox de 
l'algèbre à la géométrie.) 

ABSIDE,. loy. Arsip. 

ABSOLU ( {lgèbre). Terme ou nombre absolu. C'est 
la quantité ou le nombre entièrement déterminé qui 
fait un des termes d’une équation, etauquel on égale la 
somme de tous les autres. Ainsi, dans l'équation æ°+ 
pa +qz=r, r est le nombre absolu. Vière le nom- 
mai homogeneum comparationts ; mais les mathémati- 
ciens modernes le classent simplement avec les autres 
coefficiens des puissances de l’inconnue +, le conside- 
rant comme celui de x°. Le terme absolu d'une équa- 
tion quelconque est toujours formé par le produit de 
toutes ses racines. (J'oy. ÉQUATION et Racine.) 

ABSTRAIT. Mathématiques abstraites où mathéma- 
tiques pures. Lois des nombres et de l’étendue considé- 
rées en elles-mêmes, et abstraction faite des objets sen- 
sibles auxquels elles peuvent s'appliquer. 

AssrraAIT (Æ4rith.). Nombre abstrait. Nombre consi- 
déré comme exprimant une collection d’unités iudépen- 
dantes d'aucun objet en particulier. Par exemple, 5 est 
un nombre abstrait lorsqu'il ne désigne pas des objets 
déterminés ; mais lorsqu'il désigne 5 francs ou 5 mètres, 
le nombre 5 est alors un nombre concret. (Foy. Cow- 
CRET. ) 

ABSURDE. Réduction à l'absurde : forme de raison- 
nement par lequel on prouve la vérité d’une proposi- 
tion, en partant de la supposition que la proposition 
est fausse, ct en tirant des conséquences absurdes de 
cette hypothèse ; ce qui force nécessairement à conclure 
que la proposition ne peut être que vraie. Ce mode de 
démonstration n’est satisfaisant que lorsqu'il s'applique 
à des propositions inverses ou réciproques d’autres pro- 
positions directement démontrées. Ainsi, par exemple, 
après avoir établi, par un raisonnement direct, que, 
dans un triangle isocèle, la perpendiculaire abaïssée 
du sommet sur la base partage cette base en deux par- 
ties égales, si Von voulait démontrer la proposition ré- 


ciproque, que la droite qui passe par le sommet et le 


44 AC 


milieu de la base d'un triangle isocèle est perpendicu- 
laire à cette base, on devrait employer la réduction à 
l'absurde, parce qu’en effet cette seconde proposition 
est tellement liée à la première, qu’on ne peut la suppo- 
ser fausse sans renverser cette première, dont la vérité 
a été rendue évidente. Mais lorsqu'il s’agit de démon- 
trer une proposition directe, la réduction à l'absurde 
ne peut plus satisfaire l'intelligence , car elle ne lui ap- 
prend rien sur l’origine de la propriété qui fait l’objet 
de cette proposition. Plusieurs auteurs modernes ont 
fait un abus déplorable de cette méthode de démons- 
tration, pour éviter, en géométrie, la considération de 
l'infini, sans laquelle il est cependant impossible d’avoir 
la conception d’une ligne courbe. 

ACAMPTE. Terme employé par Leibnitz pour dési- 
gner des figures qui ne réfléchissent pas la lumière, 
quoiqu'elles soient opaques et polies, et conséquemment 
douées des propriétés nécessaires pour opérer cette ré- 
flexion. ( Op. Leib., tome n1, page 203.) 

ACCÉLÉRATION (Mécanique). Accroissement de 
vitesse que reçoit un corps en mouvement. C’est l'opposé 
de RETARDATION, qui signifie diminution de vitesse. Un 
corps qui tombe librement par l'effet de sa pesanteur 
acquiert à chaque instant de sa chute une acceleration 
de vitesse. (F’oyez AccELÉRE.) Au contraire, un corps 
lancé de haut en bas par une force quelconque éprouve, 
à cause de sa pesanteur, une retardation de vitesse, et 
la résistance de l'air modifie encore la courbe qu'il dé- 
crirait s’il était lancé dans le vide. ( Voyez Prosecrire.) 

ACCÉLÉRATION pe LA cHuTE DES convs ( {stoire.) 
Aügiientation de vitesse qu'un corps acquiert dans sa 
chute en tombant librement et par l'effet de sa seule 
pesanteur: 

Cette partie importante de la physique mathématique 
a été long-temps régie par des théories qui, basées sur 
l'illusion des sens, et consacrées par d'anciennes doc- 
tines philosophiques , ont dû résister d'autant plus aux 
démonstrations de la science. Les propriétés réelles du 
mouvement étaient encore inconnues vers Ja fin du 
seizième siècle. Les plus savans mathématiciens de cette 
grande époque, à laquelle se rattachent d'ailleurs les 
plus belles découvertes de lesprit humain, bornaient 
leurs recherches et leurs travaux en mécanique à des 
commentaires sur le livre consacré par Aristote à cette 
branche des mathématiques, et intitulé : Questions 
mécaniques. Get ouvrage est apprécié aujourd'hui à sa 
juste valeur, et les aperçus ingénieux qu'il renferme 
sont loin de constituer les réalités indestructibles que la 
science moderne a mises à leur place. 

À l’époque encore récente où la doctrine du philo- 
sophe de Stagyre sur le mouvement était généralement 
adoptée par les physiciens et les mathématiciens , on ne 
pouvait soupçonner que tout mouvement étant recti- 


AC : 
ligne de sa nature, devait nécessairement se perpétuer 
dans la même direction, s'il ne rencontrait aucun obs- 
tacle. On croyait au contraire qu’il existait deux sortes de 
mouvemens, les circulaires et les rectilignes ; que les 
premiers étaient naturels, et les seconds violens. Ainsi, 
dans l'application de ce système, on établissait que les 
astres se mouvaient d’une manière circulaire, en vertu 
de lois qui étaient de l'essence même de ces corps, tan- 
dis que le mouvement rectiligne était le résultat d’une 
impulsion donnée aux corps par une force motrice, 
diamétralement opposée à leur nature. Sous ce dernier 
point de vue, on pensait donc, par exemple, qu'une 
pierre lancée dans l’espace ne pouvait s’y mouvoir que 
par l'application continuelle de la force étrangère, ou 
le maintien de l'impulsion qui avait décidé son mouve- 
ment. Mais comme le premier mouvement de la pierre 
se continue lorg-temps encore après qu’elle a été lancée, 
et par conséquent sans l’application suivie de la même 
impulsion, expérience qu'il est bien facile d'acquérir, 
il était nécessaire d'expliquer cette contradiction mani- 
feste entre la théorie et le fait. On se contentait de ré- 
pondre encore avec Aristote, par qui l’objection avait 
été prévue, que l'air dont le corps est suivi par-derrière 
continue à Jui faire suivre l'impulsion primitive qu'il a 
reçue. 

La certitude de ces vagues et imparfaites explications 
du mouvement en général, et qui s'appliquaient alors 
en grande partie à la théorie de F'accélération des graves, 
était loin d’être contestée, lorsque l'illustre Galilée dé- 
couvrit Jes véritables lois de ce phénomène. Ce fut à 
Pise, où il étudiait alors la philosophie, qu'il commença 
à soutenir des thèses contraires aux doctrines de ses 
maitres. Pour combattre celles qui étaient professées 
sur Ja propriété du mouvement, il dut d’abord éta- 
blir en principe qu'il n’y avait que peu de différence 
dans le temps de la chute des corps graves d’une pe- 
santeur tout-à-fait inégale, lorsque la matière de ses 
corps différait peu de densité , et que cette vitesse serait 
exactement la même dans le vide. Galilée tirait de ce 
principe la juste conséquence que la vitesse de la chute 
n'était pas en même raison que la pesanteur, ainsi que 
le formulait un prétendu axiome de l’école péripatéti- 
cienne. 

Galilée faisait reposer la démonstration de ce prin- 
cipe sur un raisonnement d’une admirabie simplicité, 
et que nous allons reproduire ici, comme le plus propre. 
à donner une idée juste de la question alors en discus- 
sion. Qu’on laisse tomber, disait-il, d’un côté une once 
de plomb, de l’autre dix onces séparées de la même ma- 
tière, mais simplement posées l’une sur l’autre, on verra 
que des deux côtés la vitesse sera égale. Ainsi, soit que 
ces dix onces de plomb forment une masse compacte, soit 
qu’elles forment dix masses faiblement adhérentes, on 


° AC 
ne saurait dire que leur adhérence influe en rien sur leur 
accélération, puisque, de leur nature, chacune de ces 
masses tombe avec une égale vitesse, et que le poids de 
la première n’ajoute rien à celui de la seconde, le poids 
de la seconde à celui de la troisième, ainsi de suite. Il 
est donc impossible que dix livres ou dix onces de plomb 
tombent plus vite les unes que les autres , et conséquem- 
ment que dix onces tombent plus vite qu’une seule. 

Nous devons néanmoins faire observer que s’il est vrai 
de dire que tous les corps tombent avec une égale vitesse, 
cela doit toujours s'entendre eu égard à la résistance du 
milieu dans lequel ils se meuvent. Ainsi 4 résistance que 
l'air oppose à la chute des corps légers est beaucoup plus 
considérable que celle qu'il présente aux corps graves. 
Mais dans le vide, c'est-à-dire en supposant la neutrali- 
sation complète de l'air, tous les corps tombent avec une 
égale vitesse, quelle que soit l'inégalité de leur pesan- 
teur, le plomb comme la plume. Les expériences faites 
au moyen de la machine pneumatique ne permettent 
plus aucun doute à cet égard; mais Galilée devait, avant 
tout, prouver par un fait palpable la justesse du raisou- 
nement qui précède. 

Cette expérience fut faite à Pise, en présence d’un 
nombreux coucours de savans et de citoyens, et son ré- 
sultat confirma pleinement la nouvelle théorie de l’au- 
dacieux étudiant qui venait venger la science et la raison 
des erreurs d’Aristote. Sans doute, avant cette époque, 
on avait pu juger facilement que l'accélération d’un 
corps grave, dont la masse n’éprouve ni altération ni 
obstacle, s'augmentait en raison de la distance qu'il par- 
courait dans sa chute, puisque son choc est d’autant 
plus fort que cette distance a été plus grande. Mais Ja 
doi même de cette accélération était encore un mystère, 
et c'était cette loi que Galilée venait de découvrir, en 
établissant que l'accroissement de la vitesse suit le rap- 
port du temps, c’est a-dire qu'après un temps double la 
vitesse est double , triple après un temps triple, etc. 

Galilée fut d’abord obligé de supposer cette loi de 
l'accélération ; il en rechercha ensuite les propriétés, et 
ayant prouvé par l'expérience qu’elle convenait à la 
chute des corps graves, il en conclut que cette loi était 
celle de la nature. Il démontra donc que aans les temps 
1,2, 3, 4, les espaces parcourus sont 1, 3, 5, 7, et 
que tous pris ensemble depuis le commencement de la 
chute, ils sont entre eux comme les carrés des temps. 
Ensuite il prit une longue pièce de bois, dans laquelle il 
fit creuser un canal, et l'ayant inclinée de manière que 
la lenteur du mobile lui permit de comparer le temps 
avec l’espace parcouru, il trouva toujours que dans un 
teraps double l’espace était quadruple, dans un temps 
triple neuf fois aussi grand, etc. Enfin, pour se créer une 
idée plus précise de l'accélération du mouvement, il 
imagina des plans inclinés par des lignes tirées des 


AC 15 
extrémités du diamètre d'un cercle, et 1l représenta la 
direction perpendiculaire par le diamètre même. Quoi- 
que toutes ces ligues fussent inégales, il démontra que 
le mobile parcourait chacune d’elles dans le même temps 
qu'il aurait emplové à parcourir le diamètre. 

La loi de l'accélération, ainsi donnée par Galilée, 
devint bientôt fertile en déductions importantes. Tel est 
le caractère des grandes découvertes : elles frappent 
d’abord par leur extrême simplicité et la facilité avec 
laquelle elles sont accessibles à toutes les intelligences, 
et elles deviennent ensuite une source inépuisable de 
progrès dans leur application à toutes les parties de la 
science à laquelle elles se rattachent. Galilée se servit 
lui-même de sa théorie pour analyser la nature de la 
courbe décrite par les corps projetés obliquement, et 
par ce moyen il expliqua le premier la route parabolique 
des projectiles. Cette application de la récente loi de 
l'accélération était elle-même une découverte qui déter- 
mina une révolution complète dans les procédés de l’ar- 
üllerie, et surtout daris l'emploi de ses machines au siège 
des places: c'est ainsi que les connaissances de cette par- 
tie si importante de l’art militaire sont entrées dans le 
domaine des sciences mathématiques. Par une consé- 
quence logique de sa principale découverte, Galilée fut 
aussi conduit à s'occuper du mouvement des pendules. 
Si, sous ce dernier rapport, ses démonstrations ne furent 
pas aussi décisives, c’est à cet homme de génie qu’on 
doit du moins l'idée première de la théorie au moyen 
de Jaquelle on mesure aujourd’hui le temps avec une 
précision si remarquable. 

Nous ne pouvons accorder plus de place dans cet arti- 
cle aux diverses applications de la loi générale d’accélé- 
ration, chacune d’elles devant être décrite avec toute 
l'étendue que comporte leur importance scientifique au 
mot spécial sous lequel on les désigne; nous devons 
nous borner à achever en peu de mots l’histoire de la 
découverte de Galilée. 

On fut généralement frappé de la certitude et de 
l'évidence de la nouvelle théorie proposée par ce grand 
mathématicien; mais elle ne laissa pas de rencontrer 
de vives oppositions, et de soulever contre lui la haine 
impuissante de ces hommes qui s’effraient de tous les 
progrès, et se font une religion fanatique des préjugés 
les plus insensés. La loi de l'accélération ne pouvait 
échapper à cette destinée des vérités nouvelles : elle 
servit de texte, pendant plusieurs années , à une polé- 
mique vive et passionnée. Ce fut seulement en 1638 
que Galilée publia sa découverte, dont la démonstra- 
tion remontait évidemment à une époque plus éloignée. 
Durant la même année, un noble Génois, nommé Ba- 
liani , et qui avait alors une réputation de bon physicien, 
publia aussi un ouvrage, dans lequel il s’accorda presque 
entièrement avec Galilée sur l'accélération de la chute 


46 AC 


des graves. (De motu naturali fluid. ac solid.) En 1648, 
Baliarni fit paraitre une nouvelle édition de son ouvrage, 
augmentée de cinq livres, où, changeant complétement 
de système, il teuta de produire une autre loi d’accélé- 
ration. Un père Casrée, jésuite, que Gassendi a réfuté, 
essaya aussi de démontrer la fausseté du système de 
Galilée, qui, au reste, ne manqua pas de défenseurs. 
Benoit Castelli et le célèbre Toricelli, ses disciples, 
développèrent tous deux les théories de leur illustre 
maitre, dont la mémoire, malgré Finjuste opposition 
de quelques-uns de ses contemporains , arrivera grande 
et pure à la postérité, qui ne saura point les noms de 
ses obscurs ennemis. ( F’oyez GaLiLÉE et MouvEmENT. ) 

ACCÉLÉRATION du mouvement diurne des étoiles. 
C’est la quantité dont les levers , couchers et passages 
au méridien des étoiles fixes avancent chaque jour. Elle 
est de 3° 55 9 de temps : ainsi une étoile qui aurait 
passé au méridien, un jour donné, à minuit, le leude- 
main passerait à 11% 56" 4," 1. Cette accélération est 
causée par le mouvement apparent du soleil d’occident 
en orient, lequel est de 59° 8," 2 de degré par jour, ce 
qui exige 3° 55," 9 de temps, et dont l’effet est consé- 
quemment de le ramener chaque jour au méridien 
5° 55," 9 de temps plus tard que la veille. Il en résulte 
que l'étoile dont le passage au méridien se serait effec- 
tué hier en même temps que celui du soleil, se trouve 
aujourd'hui de 5y° 8," 2 plus occidentale, et arrive au 
méridieu 3° 55," 9 avant le soleil. 

Cette accélération n’est la même tous les jours que 
par rapport au {emps moyen où temps des pendules, 
car le mouvement apparent du soleil varie selon les 
diverses saisons de l’année. ( Voyez Temps vrai et 
Temps MOYEN. ) 

ACCÉLÉRATION d'une planète. On dit qu’une planète 
est accélérée dans son mouvement, lorsque son mouve- 
ment diurne réel est plus grand que son mouvement 
diurne moyen. Et vice versä, on dit que la planète est 
retardée, lorsque son mouvement diurne réel est plus 
petit que son mouvement diurne moyen. Cette inéga- 
lité provient du changement de la distance de la planète 
au soleil qui varie sans cesse; son mouvement autour de 
cet astre, s’effectuant dans une ellipse dont il occupe 
Pun des foyers. La planète se meut toujours plus vite 
dans son orbite quand elle approche du soleil, et plus 
lentement quand elle s'en éloigne. (foyez TraJECTOIRE.) 

ACCÉLÉRATION du mouvement moyen de la lune. 
Halley a découvert le premier cette accélération, en 
comparant quelques éclipses, qu’il avait observées, avec 
d'anciennes observations d’éclipses faites à Babylone, et 
celles d’Albaténius au neuvième siècle. Il ne put pré- 
ciser da vitesse de cette accélération, parce que les lon- 
gitudes de Bagdad, d'Alexandrie et d'Alep, où les ob- 
servations eurent lieu, n'avaient pu être exactement 


AC 


déterminées. Mais depuis, la longitude d'Alexandrie 
ayant été fixée par Chazeller, et Babylone étant située 
à 5o'à l’est d'Alexandrie, si nous en croyons le calcul 
de Ptolémée, M. Dunthorn se basa sur ces données pour 
comparer plusieurs éclipses anciennes et modernes, et 
il confirma pleinement l’assertion d’Halley, que le mou- 
vement moyen de la lune était plus rapide dans les 
temps modernes que dans les anciens temps. Non con- 
tent de constater simplement le fait, il résolut de dé- 
terminer la quantité de cette accélération, et à l’aide 
des plus anciennes éclipses observées à Babylone 521 ans 
avant l'ère vulgaire, il conclut que l'accélération , en la 
supposant uniforme , était de 10” par siècle. 

Lalande fit de semblabies recherches, et parvint au 
même résultat. ( Mémoires de l’Académie, 1757. ) 
Mayer en avait parlé dans les Aémorres de Gœttingue, 
en 1552. Dans ses Z'ables de la lune , 1 établit une équa- 
tion, qu'il appelle séculaire, pour corriger, selon le 
siècle postérieur ou antérieur à 1750, le mouvement 
moyen de la lune. Malgré ces recherches, le fait lui- 
même, paraissant inexplicable , était encore contesté, et 
méme rejeté entièrement par plusieurs géomètres, au 
nombre desquels nous sommes forcés de compter La- 
grange, lorsque, le 19 décembre 1587, Laplace annonça 
qu'il avait trouvé les causes de cette accélération. Elle 
résulte en effet de la variation de l’excentricité de la 
terre produite par l'attraction des planètes; et loin d’al- 
ler toujours en croissant, comme on l'avait supposé , elle 
suit d’une manière inverse les lois de cette variation , et 
augmente où diminue selon que l’excentricité diminue 
ou augmente. Ainsi ce qui parait une accélération au- 
jourd’hui se convertira en un retardement dans la suite 
des siècles, pour redevenir plus tard une accélération. 
Lagrange a confirmé cette explication, qui lui avait d’a- 
bord échappée, quoiqu’elle pût se déduire de ses for- 
mules générales de perturbation. L’équation séculaire 
qui résulte de cette théorie est de 


(G0”,18)# + (0",0185) à, 
£ étant le nombre de siècles écoulés depuis 1700. 


ACCÉLÉRÉ (Mécanique). Mouvement accelcre : 
c’est celui qui reçoit à chaque instant et pendant toute 
sa durée une accélération de vitesse. Il est l'opposé du 
mouvement retarde: mouvement dont la vitesse dimi- 
nue continuellement. On désigne, en général, les mou- 
vemens accélérés et retardés sous le nom commun de 
mouvemens variés. 

Dans la théoïie générale du mouvement, après le cas 
d’une vitesse constante qui donne le mouvement uni- 
Jorme , le cas le plus simple est celui où la vitesse croit 
ou décroit par degrés égaux. Le mouvement est dit 
alors uniformément varié, et particulièrement wnifor- 
mément accéléré, lorsque la vitesse augmente, ei uni- 


| AC 
formément retarde, lorsque la vitesse diminue. Tout ce 
que nous allons dire ici sur le mouvement uniformé- 
ment accéléré s'applique également, dans un ordre in- 
verse, au mouvement uniformément retardé, 

La force qui produit un mouvement uniformément 
accélcré est donc une force accélératrice constante ; 
c’est-à-dire qu’elle agit constamment sur le mobile de 
la même manière, en augmentant sa vitesse d'une quan- 
tité égale en temps égaux pendant toute la durée du 
mouvement. Pour se rendre compte de l'effet d’une 
telle force, on doit concevoir le temps pendant lequel 
clle agit comme divisé en une infinité d’intervalles 
égaux et infiniment petits , au commencement de chacun 
desquels la force accélératrice donne au mobile une 
nouvelle impulsion. Alors, considérant le mouvement 
comme uniforme pendant la durée de chaque intervalle 
en particulier, le mouvement accéléré se composera 
d’une suite de mouvemens uniformes d’une même du- 
rée infiniment petite, et de vitesses différentes. Ainsi, 
désignant par @ la vitesse pendant le premier intervalle, 
les vitesses suivantes formeront la progression arithmé- 
tique, 

20, 39, 4Ds 59, 6D.-..... 19, 
t désignant le nombre total des intervalles ou le temps 
du mouvement. Nommant donc v la vitesse fnale ou 
la vitesse acquise pendaut le temps {, on aura l'équa- 
tion (a) 
v= t@. 

Mais pendant le temps d'un mouvement uniforme, 
les espaces parcourus par le même mobile sont propor- 
tionnels aux vitesses, et peuvent conséquemment se re- 
présenter par ces vitesses. Donc l’espace parcouru pen- 
dant chaque instant successif infiniment petit est égal à 
la vitesse de cet instant , et la somme de tous ces espaces 
ou de toutes ces vitesses est égale à l’espace total par- 
couru pendant le temps £. Désignons cet espace pare, 
nous aurons 

e=?p+2p+3p+ip+5P....... Hi. 
Or, la somme des termes du second membre de cette 
égalité est (9 + 19) ou E® + v)t, à cause de 19 — v. 
(Poyez Procnessions anrramÉriques.) Nous avons donc 
e—; (+ v)t, 
®, représentant la vitesse pendant le premier instant 
infiniment petit, est une quantité infiniment petite, 
puisque le mobile était en repos au commencement de 
cet instant, elle doit donc être considérée comme o par 
rapport à v. ( Foyez CALCUL DIFFÉRENTIEL.) Ainsi, en la 
retranchant, on a définitivement (b) 
e =£vt. 

Les deux équations (a) et (b) renferment toute la théo- 

rie du mouvement uniformément accéléré, 


AC 17 


Il résulte d'abord immédiatement de l'équation (8) 
une considération importante. Si nous prenons le temps £ 


pour l'unité de temps, nous avonse— {+ ; ainsi l'espace 


2 

parcouru dans la première unité de temps est la moitié 
de la vitesse acquise à la Jin de ce temps. Or, comme 
on peut prendre pour unité tel intervalle de temps 
qu’on voudra, on a donc cette proposition générale : 
Une force accélératrice constante communique à un 
mobile dans un temps quelconque une vitesse double de 
l’espace qu'il a parcouru dans ce méme temps. Si donc 
après un intervalle de temps quelconque la force accé 

lératrice cessait d'agir, et que le mobile continuit à so 
mouvoir d'une manière uniforme avec la vitesse acquise, 
celle vitesse lui ferait parcourir dans un second inter- 
valle, égal au premier, un espace double de celui qu'il 
a parcouru dans ce premier. 

Si nous désignons maintenant par v' une autre vitesse 
acquise dans un autre temps {', et par e’ l'espacespar- 
couru , nous aurons également 

v'=tp et e —!vt; 
des deux expressions  —19 et v' = t'$, on déduit la 
proportion 
pivisitst, 
c'est-à-dire que Les vitesses finales sont proportionnelles 
aux temps pendant lesquels elles ont été acquises. 

Les deux expressions e = !v et e = 1v'1" deviennent 
e—@l,e —@l?, en y substituant à la place de v et de v’ 
leurs valeurs 49 et '$. On a donc aussi la proportion 

ese'::t:t; 
ce qui nous apprend que Les espaces parcourus sont 
entre eux comme les carrés des temps. 

I suit de cette dernière proposition que , si un corps 
mu d’un mouvement uniformément accéléré parcourt 
dans un temps donné un espace également donné, il 
parcourra dans un temps double du premier un espace 
quadruple, et généralement que si les temps forment la 
progression arithmétique 

, 

2,084 0 0,07, 8, M0, 10,2... 

Les espaces parcourus seront 

1,64, 9% 16, 25:36, 49, 64, 81, 100..... 

Or, en prenant la différence de chacun des termes de 
cette dernière suite avec celui qui le précède, nous au- 
rons les espaces parcourus duns chaque instant en parti- 
culier, Ces différences sont : 

TROT ONE 10,017, 10veeee 
Donc les espaces parcourus successivement dans des 
portions égales de temps sont entre eux comme la suite 
des nombres impairs. 

Ainsi, connaissant l’espace g parcouru pendant la 
première seconde d'un mouvement uniformément accé- 

3 


> 
léré, pour trouver celui parcouru pendant fa huitième 
seconde en particulier, on poserait la proportion 
PeTOr ST — 0e, 
tandis que pour avoir l’espace total parcouru pendant 
les huit secondes , on poserait celle-ci : 
AOC HME 


Toutes les déductions des formules précédentes peu- 


: x — 64g. 


vent être récapitulées ainsi qu'il suit : 


ete :: 0: 


es ei: 
v 


LA v'é, 
(4 
. ? . er e 
ti ee 
y v 
ls d':: ev :ev’, 


D'après ce que nous venons de dire, en prenant la 
seconde pour unité de temps, il suffit de connaitre la 
quantité g ou l’espace parcouru peudant la première 
seconde du temps d'un mouvement uniformément accé- 
léré, pour pouvoir, à l’aide des formules précédentes , 
calculer toutes les circonstances de ce mouvement. Il est 
donc important de faire entrer dans les formules cette 
quantité constante g, afin de les rendre immédiatement 
applicables aux cas particuliers. Or, nous avons , en gé- 
néral,e:e'::4 : 4°, et par conséquent e:g::42:1, 
ce qui donne (ni) 

e= gl. 
Mais g étant l’espace parcouru pendant la première se- 
conde , la vitesse finale à la fin de cette seconde sera 2g, 
et conséquemment la vitesse finale, après le temps 4 
sera (7) 
—= 9281, 
+ exprimant un nombre de secondes. 

Des deux équations(m) et (x), on tire les théorèmes 

pratiques suivans qui embrassent toutes les questions 


qu’on peut se proposer sur le mouvement uniformément 


T2. + e 
accéléré : 
e 
v ra 2e Ce 
TD — b..T= 0 Lg... 1= Ve 
28 6° s 
; 2e 
a VI ALL G...v—2Veg 10. = — 
p? dv 
Rise 6 7... e=— Il. e—— 
AS 2 
4 e g y p? 
…. rs does L— — 12%. L—=—— 
8 PTS 97 4e 


La chute des corps pesans dans le vide nous donne 
un exemple d'un mouvement uniformément accéléré ; 
car l'expérience a démontré que les espaces qu'ils par- 
courent sont proportionnels aux carrés des temps, et 
que les vitesses qu'ils acquièrent sont simplement pro- 
portionnelles aux temps. La pesanteur est donc, comme 


A (8 


l'a découvert Galilée , une force accélératrice constante ; 
et, connaissant seulement l’espace parcouru par un corps 
pendant la première seconde de sa chute, on pourra 
déterminer avec exactitude toutes les particularités du 
mouvement de ce corps. Nous devons cependant faire 
observer que la pesanteur n’est une force constante que 
pourdes chutes d’une médiocre hauteur; car rigoureuse- 
ment elle varie en raison inverse des carrés des distances 
au centre de la terre. (Foy. Arrracriox. ) Mais lorsque 
la hauteur dont un corps tombe est peu sensible par 
rapport au rayon de la terre, on peut alors supposer, 
sans erreur, comme nous le verrons plus loin, que la 
pesanteur est constante. 

Des expériences faites avec un soin extrème ( ay. 
Pexpure), ont démontré que l’espace parcouru , pen- 
dant la première seconde, par un corps qui tombe li- 
brement, en vertu de la seule pesanteur, varie avec la 
latitude des lieux, et qu'il est le même pour tous les 
corps, à la même latitude. À Paris, cet espace est égal à 
4 mètres,9044. Nous avons donc pour Paris g—4",0044; 
et, à l’aide de ce nombre, nous pouvons résoudre tous 
les problèmes relatifs à la chute des corps. Dans ce qui 
suit, nous faisons abstraction de la résistance de l'air, 
ou,ce qui est la même chose, nous considérons les 
mouvemens comme s’effectuant dans le vide. 

I. Prosriwe. Quel espace a parcouru un mobile 
dans une chute de 10 secondes, et quelle est sa vitesse 
finale ? Ici nous avons {= 10; donc(5),e=10°X4,9044 
= 490,44. L'espace parcouru pendant la chute était 
donc de 490,44. De même (2), 
98,044, dernière vitesse acquise. 

II. Pros. Quel nombre de secondes emploicra un 


v—92.10.4,9044 — 


corps pour tomber d'une hauteur de 400 mètres? Ici 


nous avons e — 400, et la formule (9) nous donne 


400 
t= — —= 9 secondes à peu près. 
4,9044 
IL. Pror. Combien de temps un corps doit-il tomber 
pour acquérir une vitesse finale de 100 mètres par se- 


conde ? Nous avons v— 100, et la formule (1)nous donne 


= — 10 secondes 314 peu près. 
2. 2.4,90! 44 10 

IV. Pros. Trouver la hauteur de laquelle un corps 
doit tomber pour acquérir une vitesse finale de 100 mé- 
tres par seconde. En faisant v = 100 dans la formule (;), 


100? 


elle donnee= > — 509,7461. Ce problème se 


4.4,9044 
présente souvent dans la mécanique. 

L'action de la pesanteur sur un corps est indépen- 
dant de la vitesse qu'on pourrait lai communiquer en 
le lançant de haut en bas avec une force quelconque; 
car son effet étant d'imprimer au corps des vitess®s 
égales en temps égaux à toutes les époques du mouve- 
ment, quoiqu'il soit, à ces différentes époques , animé 


AC 


de vitesses différentes, il est évident que cette action ne 
dépend pas de la grandeur de la vitesse du mobile, et 
qu'en désignant par a la vitesse communiquée au meo- 
bile par une force quelconque, au moment de sa chute, 
la vitesse finale sera a H ogt, et l’espace parcouru 
atbge, les deux forces impulsion et de pesanteur 
ayant agi toutes deux en même temps sur le mobile, 
comme si chacune d’elle en particulier était seule. Or, 
il est naturel de supposer que pareille chose doit arriver 
en sens inverse, c’est-à-dire que dans un corps lancé 
verticalement de bas en haut la pesanteur doit diminuer 
continuellement la vitesse par les mêmes degrés qu’elle 
l'augmenterait pendant la chute du corps, c’est-à-dire 
que si l’on désigne par a la vitesse initiale du corps, sa 
vitesse à la fin de la première seconde sera a— 2g, à la 
fin de la seconde a—4g, à la fin de la troisième a —Gg. 
C’est en effet ce que l’expérience confirme : ainsi il suffit 
de rendre g négatif dans les deux expressions précé- 
dentes pour obtenir le mouvement d’un corps pesant 
lancé de bas en haut avec une vitesse initiale 4, on a 


donc 
p=a—2g e—al-gl, 

g étant toujours égal à 4w,9044 pour la latitude de Paris. 

Le corps s’élevera jusqu’à ce que la vitesse devienne 
nulle, et alors il commencera à redescendre; si nous dé- 
signons par À la plus grande hauteur à laquelie il puisse 
parvenir, et par 9 le temps qu'il emploiera pour y arri- 
ver, nous aurons. 

o=a—92g9, h—aî—g, 

d’où l’on tire 
“ he ; 


peurs 
28 Âg 


parvenu à cette hauteur A, le corps retombera vers la 


0= 


terre reprenant successivement, par l'effet de sa pesan- 
teur, tous les degrés de vitesse qu'il avait perdus en 
montant; Car sa vitesse finale en tombant de Ja hauteur 


ga? mA 
hsera(6),24/gh— »\/E ——=4y/a = a. D'où lon con- 
4 


( 


clut que pour élever un corps à une hauteur donnée, 
il faut lui imprimer une vitesse égale à celle qu'il ac- 
querrait en tombant de cette hauteur. 

Ainsi, d’après le problème L, si un corps était lancé 
de bas en haut avec une vitesse initiale de 98,088 par 
seconde , il s’éleverait à une hauteur de 480"44, et 
quand il serait retombé de cette hauteur, sa vitesse finale 
serait redevenue égale à 98,088. 

Passons aux mouvemens des corps qui glissent sur des 
plans inclinés (Voyez PLan incriné). La pesanteur se 
décompose alors en deux forces , l’une perpendiculaire 
et l'autre parallèle au plan ; la première est détruite, 
ct c'est :: seconde seule qui produit le mouvement. 
Pour se rendre compte de la nature de ce mouvement, 
il faut partir du principe que les vitesses communiquées 


AC 19 


en temps égaux, à un même corps, par des forces diffé- 
rentes sont entre elles comme les intensités de ces forces. 
En vertu de ce principe, si la force agissant parallèle- 
ment au plan était la moitié de la force absolue de‘a 
pesanteur, la vitesse qu'elle imprimerait dans un temps 
quelconque serait la moitié de la vitesse qu'imprimerait 
la pesanteur dans le même temps. Ainsi le mouvement, 
le long d'un plan incliné, sera uniformément accéléré, 
el l'espace parcouru pendant la première seconde serait 
égale à ?g dans le cas présent. 

Généralement, pour un plan incliné quelconque dont 
la hauteur est A et la longueur {, la force parallèle agis- 
sante étant à la force absolue dans Îe rapport de À à Z, 

: = k : 
la vitesse, dans la première seconde, sera 57; substi- 
tuant donc cette quantité à la place de g dans les équa- 
tions précédentes, on aura les équations du mouvement 
«ccéléré sur un plan incliné. Nous trouverons de cette 
manière les trois équations fondamentales 


gh ogh he 
=. ep v=92 É. 


Il résulte de ces équations plusieurs particularités re- 
marquables que nous devons signaler. 

En y faisant e—7, c’està-dire en supposant que‘la 
longueur entière du plan‘incliné ait éte parcourue, nous 


trouvons 


pour l'expression du temps employé par le mobile, et 


v—2vy/gh 


pour l'expression de la vitesse finale à la fin de la chute. 
Cette valeur de v nous apprend que la vitesse acquise, 
lorsque le corps a par- 
couru toute la longueur 


du plan incliné, est la nn 
même que s’il füt tombé BCD E.F 
verticalement de la hauteur du plan. Sil’on avait donc 
une suite de droites AB, AC, AD, AË, partant toutes 
d’un même point À, et aboutissant à un même plan 
horizontal, les mobiles qui glisseraient sur ces droites, 
en partant ensemble du point À, acquerraient toutes 
des vitesses finales égales en arrivantau plan horizontal. 

Il résulte de la valeur 
de t, que toutes les cordes 
AB', AB”, AB", partant 
de 


diamètre 


l'extrémité À d'un 
AB, 
dans un cercle quelcon- 


vertical 


que, seront décrites dans 
le même temps par des 
corps pesans qui parii- 
raient au même instant du point À, Car, en supposant que 


20 AC 


£ soit la longueur de la corde AB, en abaissant du point 
B' la perpendiculaire B'C sur le diamètre, AC sera la 
hauteur À du plan incliné AB'; désignant donc le dia- 
mètre AB par d, nous avons , dans le triangle rectangle 
ABB ( Voy. Crneue), AB° — AB X AC ou Z — dh. 
Substituant cette valeur de Z dans celle de 4, elle 
donne 


d 
{= Ve 
expression indépendante de la corde AB", et qui con- 


- ; À . 
vient également à toutes les autres. Mais Ve exprime 


le temps de la chute par le diamètre AB. Donc, dans un 
cercle, toutes les cordes sont parcourues dans le même 
temps que le diamètre. 


Mouvement variable accéléré. Lorsqu'une force accé- 
lératrice varie pendant le temps qu’elle agit sur le mo- 
bile, la vitesse acquise dans chaque unité de temps va- 
rie également, et le mouvement produit n’est plus uni- 
formément accéléré. Dans les corps pesans tombant 
d'une grande hauteur , la variation de la gravité due à 
leur rapprochement du centre de la terre, nous offre 
l'exemple d'un pareil mouvement; le frottement et la 
résistance des fluides nous présentent aussi des exemples 
de mouvemens variés. Quelle que soit la nature du mou- 
vement varié, l’espace parcouru, la vitesse acquise à 
chaque instant et la force accélératrice sont trois fonc- 
tions du temps liées entre elles par des lois. 


Représentons, comme ci-dessus, le temps par #, 
l’espace parcouru par e, la vitesse acquise par v, et la 
force accélératrice par ?. Cela posé, si nous concevons 
qne le temps { croisse d’une quantité infiniment petite 
dt (dtest ce qu'on nomme la différentielle det), l’es- 
pace parcouru croîtra d’une quantité correspondante de; 
mais, comme nous pouvons supposer que, pour parcou- 
rir cet espace, le mobile n'a été animé que de la vi- 
tesse », qu'il avait au commencement de dt, nous au- 
rons de = vdt, d'où (y) 

de 
: — & 
première équation fondamentale. 


Pour pouvoir mesurer la force que nous avons dési- 
gnée par ? , il faut la comparer avec une force accéléra- 
trice uniforme , et, conséquemment , il faut prendre les 
vitesses produites dans des intervalles de temps infini- 
ment petits, afin quon puisse considérer l'intensité de 
ces forces comme constante pendant ces instans. Soit 
donc f une force accélératrice uniforme, qui communi- 
que au mobile une vitesse v’ pendant l'unité de temps, 
v'dt sera la vitesse due à cette force pendant l'instant dt; 
mais, pendant le même instant dt, la force @ produit 
une vitesse dy; car la vitesse du mobile étant p à la fin 


AC 


du temps #, et v + do à la fin du temps t + dt, dvest la 
vitesse produite pendant le temps dt. Nous aurons 


donc 
de: dv : v'dt; 
d'où 
_Sf dv 
? — v' . d' 


On simplifie cette expression en supposant que f soit 
l'unité de force et v' l'unité linéaire; c’est-à-dire eu pre- 
nant pour unité de force celle qui produit dans l'unité 
de temps une vitesse égale à l'unité de longueur. Par 
cette considération, la valeur de @ devient 


__ dv 
PT 
Mais, en différenciant l'équation (y), on a dv — ée 
Le 


substituant cette valeur de dy dans celle de #, elle de- 
vient (z) 
de 
P — de” 
seconde équation fondamentale. 

Ex prenant la pesanteur pour l'unité de force, et la 
seconde pour l’unité de temps, l'unité linéaire sera 
égale à 9" ,8088, ou au double de la quantité que nous 
avons désignée ci-dessus par g. Exprimant donc, au 
moyen de ces unités, le temps et les quantités linéaires 
qui entrent dans les deux équations (y) et (z), ces équa- 
tions nous feront connaître, en les intégrant, les rap- 
ports des données avec les inconnues des problèmes 
qu’on peut se proposer sur le mouvement varié. 

Nous nous contenterons ici d’une application impor- 
tante, celle de déterminer le mouvement d’un corps 
tombant verticalement dans le vide, en ayant égard à 
Ja variation de la pesanteur. 

Soient r le rayon de la terre, 2g la pesanteur à sa 
surface , À la distance du mobile au centre de la terre, 
à l'instant où le mouvement commence. 

Lorsque le corps aura parcouru un espace e en tom- 
bant , sa distance au centre sera k—e; par conséquent, 
sa pesanteur, ou la force accélératrice qui agit sur lui, 
sera donnée par la proportion 


p:ag::r:(h—e), 


l’action de la pesanteur étant en raison invérse du carré 
de la distance (Joy. ATTRACTION ). 
On tire de cette proportion 
2gr° 
[.) = AR TE" 
(A—e) 
Substituant cette valeur de @ dans l'équation (2), elle 


donne pour l'équation du mouvement cherché 


de __2g" 
de (h—e} 


AC 
En intégrant cette équation , et la résolvant successi- 
vement, par rapport à w et à 4, on obtient les deux 


expressions 


—: cs 
en h(h—e) 
1 h 7 ne 
= = [VUe —e ) + _ are (cos. =") |, 


qui embrassent le problème sous tous ses aspects. 


Lorsque le mobile tombe d’une petite hauteur , e est 
très-petit par rapport à d, et d ne diffère que très-peu 


de r; la première expression se réduit à 
? Ï 
D V'eg. 


: h—2e 
Quant à la seconde, observant que arc Ce 


p 
6 : he—e? : 

=arc| sin —2 ral etque le sinus > 
4 à 


étant très-petit, peut être confondu avec son arc, elle 


2 — 


hé 


e? 
h° 


se réduit, en négligeant e*, 
de, à 


très-petit par rapport à 


LE 


ar. 


; Ve. 2Vre= = 


Ces valeurs de v et de £ sont les mêmes que celles dé- 
Juites ci-dessus pour le mouvement uniformément ac- 
céléré. On peut donc, ainsi que nous l’avious dit, con- 
sidérer la pesanteur comme une force accélératrice con- 
stante. 

Les deux équations fondamentales (y), (z), s'appli- 
quent également au cas du mouvement variable retardé, 
comme nous le verrons en son lieu. 


ACCORD ( Musique). Co-existence de plusieurs sons 
dont les intervalles sont consonnans. L'accord est parfait 
lorsqu'il se compose de la tierce, de la quinte et de 
l’octave du premier son. ( J’oyez Musique.) 

ACCORES ( Architecture navale ). Supports d'un 
vaisseau en construction. Ce sont des pièces de bois 
placées obliquement. 


ACCROISSEMENT ( 4/gèbre). On appelle accrois- 
sement l'augmentation que reçoit une quantité variable. 
Cet accroissement peut être fini ou infiniment petit; 
dans le premier cas il prend le nom de DiFFÉRENCE et se 
désigne par la caractéristique A; dans le second, il 

prend celui de DtFFÉRENTIELLE et se désigne par la ca- 
ractéristique d. Ainsi Ax représente l'accroissement 
fini ou la différence de la variable æ, et dx son 
accroissement infiniment petit ou sa différentielle. Lors- 
que dans une fonction quelconque d’une variable x 
que nous désignerons par gx, æ reçoit un accroisse- 
ment Ax ou dx, elle devient alors 9 (x + 4x) ou 
? (x + dx) et croit conséquemment d’une manière 


AC 24 


correspondante à l'augmentation de la variable; ces 
accroissemens se désignent encore par Agx et dpx et 
se nomment respectivement la différence et la différen- 
tielle de la fonction gx. Les accroissemens des fonc- 
tions ont des lois particulières qui sont l’objet d’une 
branche de la science des nombres nommée CaLcur 
DES DIFFÉRENCES, et dont les deux subdivisions princi- 
pales forment le calcul des différences finies et le 
calcul des difftrences infiniment petites où Île calcul 
différentiel. ( Foyez ces mots. ) 

ACHARNAR ( Astr. ). C'est le nom arabe d’une 
belle étoile de première grandeur, qui est à l'extrémité 
de l’Éridan. Elle est désignée dans les catalogues par la 
lettre «. 

ACHROMATIQUE (Optique). De xropx couleur, 
et d’z privatif; nom donné par Lalande à une lunette 
qui corrige l'aberration de réfrangibilité ; phéno- 
mène produit par la décomposition d’un faisceau de 
rayons parallèles, qui en traversant un milieu diaphane, 
se divise en différentes couleurs. Pour que l’image d’un 
objet soit bien distincte et bien nette, il est cependant 
nécessaire que ces rayons se réunissent au même point. 
Oa à cru long-temps qu’il était impossible de construire 
des instrumens au moyen desquels on püt arriver à ce 
résultat si important pour la précision et la régularité 
des observations. L’illustre Newton, lui-même, a fait 
à ce sujet des expériences imparfaites, et le télescope 
construit d’après ses calculs et ses plans ne remplit point 
ce hut. Vers le milieu du xvin° siècle le savant Euler 
proposa d'employer des lentilles composées de substan- 
ces différemment réfringentes. Il pensait que les veux 
sont achromatiques , c’est-à-dire qu'ils réunissent en un 
point toutes les espèces de rayons colorés. D’après ce 
principe il ne suffisait plus que d’imiter la nature pour 
parvenir au même résultat. Dollond , célèbre opticien 
anglais, appliqua le calcul d'Euler, en employant les 
réfrangibilités résultantes des expériences de Newton, 
et se convainquit de l'impossibilité de réussir par ce 
moyen. Une polémique s’éleva à ce sujet entre Euler 
et Dollond. Un tiers, Klingenstierna, mathématicien 
suédois, se mêla à la discussion, et parvint à prouver à 
Dollond que l’expérience de Newton reposait sur une 
erreur. Après divers essais, cet opticien mesura la force 
de dispersion de plusieurs substances ; il trouva que celle 
des verres qu’on appelle en Angleterreflintglass et crown- 
glass était dans le rapport de trois à deux ; il employa 
ces deux espèces de verres à former une lentille qu'il 
parvint à rendre achromatique , en ce sens qu’elle dimi- 
nuait considérablement les aberrations de réfrangibilité 
et même de sphéricité. 

Les objectifs achromatiques qui ont été long-temps 
composés de deux lentilles de crownglass, séparées 


par un verre de flintglass, concave des deux côtés, 


99 AC 


ne se forment plus aujourd’hui que de deux verres 
accolés, dont l’un est une lentille de crownglass et 
l'autre un verre de flintglass bi-concave. (Joy. OPTIQUE.) 

ACLASTE (Optique). Nom des figures qui laissent 
passer les rayons de la lumière sans les réfracter, quoi- 
qu’elles aient toutes les propriétés requises pour opérer 
la réfraction. Ce mot a été inventé par Leibnitz. (Foyez 
Leibnitz op. tome n1, page 203.) 

ACOUSTIQUE. C’est une des branches de la phy- 
sique générale qui a pour objet le mouvement vibra- 
toire des corps considéré dans ses effets sur les organes 
de l’ouïe, ou dans la production des sons. 

On appelle mouvement vibratoire, les oscillations que 
font les molécules d’un corps élastique pour reprendre 
leur position primitive lorsqu'elles en ont été écartées 
par l’action instantanée d’une force quelconque. Ce 
mouvement est rendu sensible à l'œil dans une lame de 
ressort maintenue-fixément par une de ses extrémités et 
dont on écarte l'extrémité libre de sa position d'équilibre; 
dès qu’on abandonne cette extrémité à elle-même, la 
lame revient vers sa première situation, la dépasse en 
vertu de la vitesse acquise, retourne de nouveau en 
arrière, et exécule une suite d’oscillations d’une éten- 
due de plus en plus petite, jusqu'a ce que, par la perte 
successive de force due à la résistance du poiut d'appui 
et à la communication du mouvement à l’air environ- 
nant, elle rentre dans le repos. 

Lorsque ces vibrations, communiquées à l'air envi- 
ronnant, sont assez rapides et assez fortes pour arriver 
de proche en proche à la membrane du tympan d’une 
oreille humaine, agiter cette membrane et se trans- 
mettre à l'air renfermé au-dessous, elles produisent sur 
les nerfs acoustiques une impression de laquelle résulte 
la sensation du son. 

Siles vibrations d’un corps sonore sont appréciables 
et régulières, elles forment le son distinct, ou le son 
proprement dit ; lorsque ces vibrations sont irrégulières 
elles forment le bruit. 

L’acoustique est particulièrement la science des sons 
distincts; elle les envisage : 1° Dans leurs modes de gé- 
nération selon les divers corps sonores ; 2° Dans leurs 
rapports numériques; 3° Dans leur propagation; et, 


[9 


afin, 4° Dans la sensation ou l’ouïe. 

La génération, la propagation et les rapports numé- 
riques des sons forment la partie mathématique de l’a- 
coustique; l’ouïe est l'objet de sa partie physiologique. 

L'acoustique, restreinte pendant long-temps à la con- 
sidération musicale des sons, a été cultivée dès la plus 
haute antiquité, et Pythagore n'est pas moins célèbre 
par la découverte des rapports entre les longueurs des 
cordes vibrantes qui rendent différens tons, que par ses 
autres travaux. Cette science fit cependant peu de pro- 
grès jusqu’à la fin du xvn° siècle, C’est à Sauveur, mem- 


AC 


bre de l’Académie des sciences, qu'est dü l'honneur 
d’avoir fait de la théorie des cordes vibrantes et de son 
application à la musique, une des branches importantes 
de la physique. Après lui, Taylor, danssa Méthode des 
incrémens, a traité le même problème des cordes 
vibrantes d'une manière beaucoup plus approfondie; 
Daniel Bernouilli développa ensuite et généralisa la 
théorie de Taylor; mais la solution générale et rigou- 
reuse du problème est due à Euler et à d’Alembert. 
Notre iliustre Lagrange s'est également occupé de cette 
question qui paraît avoir donné naissance au calcul des 
differentielles partielles. 

Malgré tous ces travaux l’acoustique se bornait encore 
à quelques considérations particulières, lorsque l’admi- 
rable découverte faite par Chladni, de la vibration des 
surfaces élastiques, en ouvrant un champ vaste et nou- 
veau aux mathématiciens et aux physiciens, a permis 
enfin d’embrasser la production du son dans toute sa 
généralité, d'étendre le domaine de sa science et d’en 
compléter l’idée. Les expériences de Chladni sont con- 
signées dans son Traité d'acoustique, publié en 180g. 

Depuis cette époque M. Savart, en généralisant et 
variant les expériences de Chladni, s’est élevé à des con- 
sidérations nouvelles dont les conséquences, pour l'é- 
tude de la constitution moléculaire des corps, font de 
lacoustique une des sciences les plus utiles et les plus 
intéressantes. [l s’est attaché aux mouvemens individuels 
des molécules ; il a déterminé le sens, les lois et les carac- 
tères physiques des divers modes d’ébranlemens qu’elles 
peuvent recevoir ; la transmission à toute la masse d’un 
corps du mouvement vibratoire imprimé à certaines de 
ses parties; la communication de ce mouvement aux 
corps contigus; les modifications que reçoivent ces 
phénomènes par la nature particulière des divers corps 
solides; et, enfin, 1l a déduit, d’une immense suite 
d'observations, une analyse des organes de l’ouïe et de 
la voix, supérieure à tout ce qu'on avait pu tenter jusqu’à 
lui. Aidés de ces nouvelles données, MM. Porsson et 
Cauchy ont déterminé les équations du mouvement 
vibratoire en considérant les corps élastiques, dans les- 
quels il s'opère, comme de simples agrégats de molé- 
cules matérielles, retenues en équilibre par des forces 
inconnues, mais assujéties à la condition de décroitre 
rapidement avec la distance. Les formules auxquelles 
ces géomètres sont parvenus se sont jusqu'à présent 
trouvées complètement d'accord avec toutes les obser- 
vations qu'on a pu leur comparer. 

Nous traiterons des rapports numeriques des sons à 
l'article Moxoconpe ; de leur génération par la vibration 
des corps sonores aux articles : Corpes vipranres, Corps 
SONORES, SURFACES ÉLASTIQUES ; et de leur propagation aux 
articles : Sox, Écno, Porrr-voix, CORNET ACOUSTIQUE. 

ACRE. Ancienne mesure de superficie différente 


AC 

selon les pays. En France, l'introduction du mètre a 
fait disparaître cette variété de mesures qu'on rencon- 
trait d’une province à l’autre, et dont ilest à désirer que 
le souvenir puisse s’effacer entièrement. L’acre d'An- 
gleterre contient 43,560 pieds carrés anglais, ou 4840 
yards carrés. Le pied anglais, tiers du yard , vaut 3 dé- 
cimètres 48 millimètres, ou exactement 3,04794409 dé- 
cimètres, et conséquemment l’acre équivaut à 0,404671 
hectare. 

ACRONIQUE ( Astronomie ). On appelle lever 
acronique le lever d'une étoile au-dessus de l'horizon 
au moment ou le soleil se couclie. On nomme également 
coucher acronique, le coucher des étoiles qui s'effectue 
en même temps que celui du soleil, Ce lever et ce cou- 
cher sont les opposés du lever et du coucher cosmiques 
qui ont lieu dass l’instant où le soleil se lève. (Foy. Lr- 
VER. ) 

ACTION (Mécanique). On désigne sous ce nom 
l'effort que fait un corps ou une puissance contre un 
autre corps où une autre puissance, où plus exactement 
le mouvement qu'un corps communique réellement ou 
tend à communiquer à un autre corps. 

Si un corps est sollicité par des actions égales et con- 
traires, il demeure en repos; mais si l’une des actions 
est plus forte, elle déterminera le mouvement en détrui- 
sant d’abord l’action opposée et en agissant ensuite par 
son excès de force. 

Il est bon d'observer que l’action d’un corps sur un 
autre dans un espace qui se meut d’une manière quel- 
conque est la même que si l’espace était en repos; ainsi 
le mouvement des corps à bord d’un bâtiment qui fend 
les flots s'effectue de ta même manière que si le bâti- 
ment était en repos; le mouvement de la terre autour 
de son axe ne produit aucun effet sur l’action des corps 
et des agens à sa surface. En général l’action d’un corps 
sur un autre ne dépend que de son mouvement relatif. 

QuanriTé D’acrION. Terme employé par Maupertuis 
pour désigner le produit de la masse d’un corps par sa 
vitesse et l’espace parcouru. On doit à ce savant le prin- 
cipe suivant : Lorsqu'il arrive quelque changement dans 
la nature, la quantité d'action qui Le produit est La 
plus petite possible. Ce principe, désigné sous le nom de 
LEx PARGIMONLE ( Loi d'économie), est, malgré les plai- 
santeries de Voltaire, une des lois les plus importantes 
des sciences physico-mathématiques, et il en résulte plu- 
sieurs conséquences très-importanres qui seront exposées 
successivement. Maupertuis y fut conduit en cherchant 
les lois de la réfraction, et l’appliqua ensuite à celles de 
l'équilibre ainsi qu’à celles du choc des corps; il s'éleva 
même à des considérations d’un ordre supérieur en con- 
cluant que les lois du mouvement ramenées à ce prin- 
cipe et jointes à la notion métaphysique des causes 
finales, étaient à ses yeux une preuve plus convaincante 


AD 25 


de l'existence de Dieu , ou d’une cause première intelli- 
gente, que tous Îles autres argumens puisés dans l’ordre 
de la nature. 

Euler a fait une brillante application de la Loi d’éco- 
nomie dans son ouvrage : Methodus inventendi lineas 
curvas mactmi, vel minimi proprietate gaudentes. 1 
prouve que pour les trajectoires que les corps décrivent 
par des forces centrales, la vitesse multipliée par l’élé- 
ment de la courbe est toujours un minimum. Depuis, 
Lagrange, à l’aide du calcul des variations qu’il a dé- 
couvert, a démontré de la manière la plus rigoureuse et 
la plus élégante que leiprincipe s’étendait à tout système 
de corps soumis aux lois de l'attraction, et agissant d’ail- 
leurs les uns sur les autres d’une manière quelconque. 
C'est particulièrement à cette belle proposition de La- 
grange,qu'on a attaché en mécanique le nom de Principe 
de la moindre action. ( Foy. Taasecroine.) 

ACUTANGLE (Géométrie). Triangle acutangle ; 
c'est celui dont les trois angles sont aigus. Qn le nomme 
encore triangle oxigone. ( Foy. Notions PRÉLIMI- 
NAIRES, 39.) 

ACUTANGULAIRE ( Géométrie). Section acutan- 
gulaire d'un cône; cest la section d’un cône faite par 
un plan oblique à son axe. (/’oy. Cônr.) 

ADAR. Nom du douzième mois de l’année lunaire 
des juifs. Il était de 30 jours dans les années embolis- 
miques, et de 9 jours dans les années communes. 
(Poy. ANNÉE.) 

ADDITION. Opération dont le but est d'exprimer l& 
valeur totale de plusieurs nombres par un seul. 

Appiriow, en arithmétique , est la première des opé- 
rations fondamentales de cette science. Elle est simple 
ou composée : simple, lorsque les quantités qu’on veut 
ajouter sont toutes des nombres entiers; composée, 
lorsque ces quantités contiennent des parties fraction- 
maires. 

L’addition simple est donc la méthode de réunir, en 
un seul, plusieurs nombres entiers, exprimant d’ailleurs 
des collections d’un même objet. 

Pour ajouter ensemble de petits nombres, tels que 
5et 4, il ne faut qu'ajouter successivement à l’un d’eux 
les unités qui composent l'autre : ainsi où dirait, 5 plus 
1faitG, G plus 1 faits, 7 plus 1 fait8, et enfin 8 plus 
1 est égal à 9. Par l'habitude, on acquiert la facilité de 
faire tout d’un coup de semblables opérations, et cela 
est nécessaire pour pouvoir additionner de grands nom- 
bres, eu suivant la règle que nous allons exposer. 

Règle. Ecrivez les nombres que vous voulez ajouter 
les uns sous les autres de manière que les chiffres de 
même ordre se correspondent, c’est-à-dire que les uni 
tés soient sous les unités , les dixaines sous les dixaines, 
les centaines sous les centaines, etc., etc. 


Ajoutez successivement ensemble les chiffres de la 


94 AD 


première colonne verticale ou de la colonne des unités. 
S'il en résulte un nombre plus grand que 9, et qui, par 
conséquent, renferme des dixaines et des unités, écrivez 
les unités seules sous la colonne des unités, et réservez les 
dixaines pour les ajouter avec les chiffres de la colonne 
suivante; ajoutez ensuite les chiffres de la colonne des 
dixaines, écrivant de nouveau les unités du résultat sous 
cette colonne, et retenant les dixaines de ce résultat, 
s'il yen a, pour les ajouter avec les chiffres de la co- 
lonne suivante. Continuez ainsi de colonne en colonne 
jusqu'aux chiffres de la dernière, dont vous écrirez la 
somme telle qu’elle aura été trouvée. 

Ainsi, pour additionner les nombres 79345 , 6854, 

les a 


364, 9876 et 32624, on les écrira les uns sou 


(71 


ainsi qu'il suit 
79345 
6854 
364 
9856 
32624 


129063 

Et, commencant par la colonne des unités, on dira: 
5et 4 fonto, 9 et 4 font 13,13 et 6 font 19, 19 et4 
font 23 ; on écrira 3 sous cette colonne, eton retiendra 2. 
Passant aux dixaines, on dira : 2 de retenu et 4 font 6, 
et 5 font 11, et 6 font 17, et 7 font 24, et 2 font 26; 
on posera 6, eton retiendra 2. Passant aux centaines, on 
dira : > de retenu et 3 font 5, et 8 font 13, et 3 font 16, 
et 8 font 24, et 6 ront 30; on posera o etonretiendra 3. 
Passant aux mille, on dira : 3 de retenu et 9 font 12, 
et 6 font 18,et 9 font 27, et 2 font 29; on posera 9 et 
on retiendra 2. Enfin, arrivant aux dixaines de mille ,on 
terminera en disant: 2 de retenu et 7 font 9, et 3 font 19, 
et l’on écrira 12. 

Ainsi, 129003 est la somme des cinq nombres pro- 
posés. 

Siles nombres qu’on veut additionner étaient com- 
posés d’entiers et de fractions décimales, la règle serait 
absolument la même; car les chiffres, croissant toujours 
de dix en dix, en allant de droite à gauche, il faudrait 
seulement encore écrire dans une même colonne verti- 
‘cale les chiffres d’un même ordre ; en se réglant sur ceux 
des unités, opérer l'addition colonne par colonne, 
comme nous venons de le faire, sans porter aucune at- 
tention aux décimales , et placer à la fin de l'opération 
la virgule qui doit séparer les chiffres entiers des chiffres 
décimaux, immédiatement avant la colonne des unités. 


Exempes. 
34,5064 835,575 
148,35 750,35 
7,8603 85,655 
4567,45 315,7255 
4758,:667 2020,3055 


AD 


Lorsque les fractions qui accompagnent les entiers 
sont des parties déterminées de l’unité, et dont le nom 
suffit pour connaitre leur rapportavec cette unité, telles, 
par exemple, que des onces à l'égard delalivre de poids, 
des sous à l'égard de la livre monétaire , etc. , l'addition 
prend le nom de complexe. Pour exécuter‘une addition 
complexe , il faut encore écrire les quantités de même 
nature les unes sous les autres. Par exemple, s'agital de 
quantités composées de livres, onces et gros, on écrira 
les livres sous les livres, les onces sous les onces, les 
gros sous les gros, en faisant correspondre dans une 
même colonne verticale les unités du même ordre de 


chaque espèce en particulier. 


ExempLes. 
livres. onces. gros. livres. sous. deniers. 
198 14 6 256 19 11 
64 7 3 370 715 006 
170415 7 834 13 o 
8:13. 2 74 15 ro 


220 3 2 


On prendra d’abord la somme des plus petites es- 
pèces, et l’on verra si cette somme ne contiendrait pas 
une ou plusieurs unités de l’espèce plus grande ; dans ce 
cas, on retiendrait ces unités, et l’on n'écrirait que le 
surplus sous la colonne additionnée. C’est ainsi que, 
dans le premier exemple , la somme 18 des gros étant 
équivalente à 2 onces 2 gros, on n’a écrit que 2 sous la 
colonne des gros, et l’on a conservé 2 pour ajouter avec 
les onces. La somme des onces étant 49 , et conséquem- 
ment 51 avec les 2 de retenu , cette somme équivaut à 
3 livres 3 onces; on a donc écrit seulement 3 sous la 
colonne des onces ; et l’on a reporté 3 pour ajouter avec 
les livres. C’est de cette manière qu'on a trouvé la 
somme 220 livres 3 onces 2 gros. 

Dans le second exemple, pour chaque 12 deniers, on 
a reporté un sou à la colonne des unités de sous, pour 
chaque 20 sous, 1 livre à la colonne des unités de livres. 

Depuis l'établissement en France du système décimal, 
les opérations complexes n’y sont plus exécutées pour 
les besoins ordinaires que par une vieille routine qui se 
perd de jour en jour. Mais il est essentiel de comprendre 
le principe de ces opérations, lorsqu'on veut calculer 
des mesures étrangères dont les subdivisions sont sur 
une autre échelle. 

Appiriox de fractions. Lorsque les fractions pro- 
posées ont le même dénominateur, il suffit d'ajouter 
ensemble les numérateurs , et de donner à leur somme 
le dénominateur commun: c’est ainsi qu’on trouve que 


la somme de £ et de À est, et que la somme des 


dr se 
TER EE TL ER 


évidente, puisqu'il s’agit d’additionner des quantités de 


quatre fractions est #. Cette règle est 


même espèce , savoir : des douzièmes dans le premier 


AD 


cas, et des quinzièmes dans le second ; ce qui ne peut 
danner pour résultats que des quantités de même na- 
ture, le dénominateur ne faisant que donner le nom 
des unités de la fraction. 

Si les dénominateurs sont différens, comme on ne 
peut ajouter ensemble que des quantités de même na- 
ture, et qu'il est impossible de réunir, par exemple, 
x et ! dans une somme qu'on‘puisse nommer 2; il faut 
réduire les fractions au même dénominateur , ce qui ne 
change pas leurs valeurs, et ce qu'on effectue, pour deux 
fractions, en multipliant les deux termes de chacune 
d’elles par le dénominateur de l’autre; et, pour plusieurs 
fractions, en multipliant les deux termes de chaque 
fraction par le produit des dénominateurs de toutes les 
autres ( J’oyez Fracriows ). Cela fait, on additionne 
tous les numérateurs, et on donne à leur somme le dé- 


nominateur commun. 


ExEmpPLes. 


4 9. 
CRT 


ainsi 


15. On demande la somme des trois fractions #, 2,2. 
On réduit d’abord ces fractions aumême dénominateur, 
et l'on a 


5 _5.9-17 765 7 
88.917 12247 


__7-8.17 992 3 2.8.9 144 
9 98.17 12247 17 17.8.9 1224" 


Additionnant ensuite les numérateurs 765, 952, 144, 
1861 


on obtient pour la somme demandée ———. 
1224 


Avopirion, en algèbre , est l'opération par laquelle on 
trouve la somme de plusieurs quantités algébriques. Il 
faut ici tenir compte des signes dont les quantités sont 
affectées. Par exemple, S'il s’agit d'additionner + a ct 
+6, on exprimera la somme par + a+ b; lorsqu'on 
aura La et + 5a, on écrira + {a+ 5a , et en rédui- 
saut + ga. Mais s’il s'agissait de + a et de — D, cette 
somme serait a— b. En effet, la quantité b précé- 
dée du signe — est ce qu’on nomme une quantité nc- 
gative, c'est-à-dire une quantité douée d’une fonction de 
diminution, et qui doit.exercer cette fonction partout où 
on l’ajoute (J’oyez ALGEvrE). Ainsi, la somme de + 34 
et de — a sera + 3a— a, où +2a en réduisant ; celle 
de +4a et de —5a sera + {a—5a, où —a; et ainsi 
de suite. Lorsque les quantités qu’on veut additionner 
sont composées de plusieurs termes, il faut les écrire 
les unes sous les autres, en faisant correspondre les 
termes où se trouvent une même lettre précédée ou 


non de coefficiens numériques; on réduit ensuite cha- 


AD 5 


que colonne verticale en un seul terme, par l'addition 
des coefficiens numériques, comme nous venons de ré- 
duire + 4a+5a et Æ4a— 5a, en opérant suivant 
les signes. 


ExempLes. 


On demande la somme des quantités 7a+ ob— 3e, 
5b— 4ja+Sd et 9c—oa— 10b— 114. Ecrivant ainsi 


qu'il vient d’être prescrit , on aura. 


ja + ob —3c 
— ha 68 +84 
— 2a —10b +ogc —11d. 
Or, 


7421, 9+5—10—=4, —-34+9—6, +8—11——3. 


La somme demandée sera donc a + 4b+Gc—3d.Toute 
quantité qui n'est précédée d'aucun signe est supposée 
positive , ou avoir le signe +-. 

On trouvera de même que la somme des quantités 


suivantes, écrites dans l’ordre désigné 


— quai + Bab — 5a«b? + Gac 


ai—11ab — 5ac+Gad+e 
— Sai + ja + 3ad+5e 
— ab -— Cab? + 4ac —3e, 


est égale à 


—rai—riaib— hab + Sac +oad+ 3e. 


Apprrion de fractions algébriques. Opération qui a 
pour but de trouver la somme de plusieurs fractions 
algébriques. 

Si les fractions ont le même dénominateur , on addi- 
tionnera les numérateurs , et on donnera à leur somme. 


le dénominateur commun. Ainsi on a 


a 5a. Ba 204 
nai be 0 A0) dd aib 

5a 104 3a hé 24 

178, 190 tuagbn «M8 

5a’b 2@b Sac? 2 jab—5ac? 
chier 


Lorsque les fractions ont des dénominateurs diffé- 
rens, on commence par les réduire au même dénomi- 
nateur ; ce qui s'effectue de la même manière que pour 
les fractions numériques, en multipliant les deux ter- 
mes de chaque fraction par le produit des dénomina- 
teurs de toutes les autres, et ensuite on opère l'addition 


comme il vient d’être dit. 


ExEmpLes. 


. . 3a' 94  5c de. 
I. Additionner les fractions LE 35° Gb Rédui- 


û 


26 AD 


sant au même dénominateur , on aura 
3a° _3a X 3b X 6h? 5ha’bi 
4 4 X 3b X Gb jobs ? 
2a 2e X 4h? X Gb? 48a°b* 


3b 7285 ? 


3b 7 3b X 4b? X GB 
Go be. 


5e __5cX4PX3b 
68 GX 4 X 3b — jab ? 
et la somme des trois fractions sera 
54 a bi + 48 05 + Gbc 
PPS 


expression qu'on réduit à 


oab+L8ab+ioc 


120 È 


en remarquant qu’on peut diviser les deux termes par 
63 (Foy. Fracrions). 

On évite de semblables réductions en ramenant direc. 
tement les fractions à leur plus petit commun dénomi- 
nateur; ce qui s'effectue en multipliant les deux termes 
de chaque fraction par les facteurs différens qui entrent 
dans tous les autres dénominateurs , et que le sien ne 
contient pas. Ainsi, dans l’exemple précédent, les dé- 
nominateurs étant 4b°, 3b, Gb', ou 2.2. b. D, 3.b, 2. 
3. b.b. b, on prend d’abord les facteurs différens 3, b, 
>, b.b, qui entrent dans les deux derniers {on considère 
comme différens les facteurs répétés plusieurs fois, tels 
que 2, 2;b,b,etc.); on enretranche les facteurs 2, b, 
b, qui sont contenus dans le premier dénominateur, et 
on multiplie les deux termes de la première fraction par 


2h 


. «a 
les facteurs restans 3, b, ce qui donne a ; on prend 


ensuite les facteurs différens 2, 2, 3, b, b, b, qui entrent 
dans le premier et le dernier dénominateur ; on en re- 
tranche les facteurs 3, b, contenus dans le second, et 
l'on multiplie les deux termes de la seconde fraction par 
les facteurs restans 2,2, b, b, ou 4b*; ce qui donne. 
Enfin, on prend les facteurs différens 2,2, 3,b,b, 
des deux premiers dénominateurs ; on en retranche les 
facteurs 2, 3, b, b, contenus dans le troisième , et l’on 
muluplie les deux termes de la troisième fraction par le 
10C 

12 DS 
trois fractions, on obtient immédiatement 

gæb + Sa b° Loc 


1205 2 


” facteur restant 2; ce qui donne Additionnant les 


ou l'expression réduite ci-dessus. 
IT. On trouverait , d’après cette règle, que pour ré- 
duire les trois fractions 
4e? 5a? qa?c 
3@b Ÿ obc ? 110 


au même dénominateur, il suffit de multiplier les deux 


AD 


termes de la première par oc, ceux de la seconde 
par 33æb, et ceux de Ja troisième par 6a*c. Effectuant 
ces opérations, on obtient les trois fractions suivantes : 
88h03 165aib 4oa{b? 
66@be * G6a be * 66&be 
égales aux proposées, et dont la somme 
88b?c3 Æ 165afb L 4oaib? 
G6añbe  —  ? 
est exprimée le plus simplement possible. 

ADpiTion des quantités radicales. C’est trouver la 
somme de plusieurs quantités radicales ou irrationnelles 
qu’on ne peut exprimer en nombres rationnels. 

Règle. Réduisez toutes les quantités données à leur 
plus simple forme, et ajoutez ensuite les coefficiens des 
radicaux égaux. 


ExempLrs. 
Ainsi VB8+vV18=2y2+3v2—=5y2 
Vir+vV27=2vV3+3V3—5y3 
$ 5 s - 3 3 
V'108ai + \/32a =3a\/fa +o\/{a = (3a+ 2) Va. 


Quaud les quantités sont réduites à leur plus simple 
expression, et que les radicaux sont inégaux, ils ne peu- 
vent étre ajoutés ensemble qu'au moyen du-signe + 
placé entre eux. Ainsi, y/18 + y/108 = 3y/2<+ 63 


ne peut être réduit à une forme plus simple que la der- 


.nière. Et de même dans les divers cas. 


ADÉRAIMIN ou ALDÉRAIMIN ( Astronomie). 
Nom grec de l'étoile marquée # dans la constellation de 
Céphée. 

ADHÉSION (Physique). C'est une espèce d’attraction 
qui a lieu entre les surfaces des corps, et dont les effets 
sont extrémement curieux. Muschenbræck nous apprend 
que deux cylindres de verre, d'à peu près deux pouces 
de diamètre chacun, étant chauffés au degré de l’eau 
bouillante, et joints l’un à l’autre avec un peu de suif, 
adhèrent avec une force égale à 130 livres. Deux cylin- 
dres de plomb, dans les mêmes circonstances, adhèrent 
avec une force de 195 livres, et deux cylindres de fer 
avec une force de 300. Martin rapporte, dans sa PArlo- 
sophie britannique, qu'ayant pris deux balles de plomb 
pesant l’une et l’autre à peu près une livre, il forma sur 
chacune d'elles, avec une lame de canif, une surface 
plane d’un tiers de pouce carré ; il appliqua ensuite ces 
surfaces l’une contre l’autre , en soumettant les balles à 
une très-forte pression, et l’adhérence fut telle, qu'un 
poids de 150 livres ne fut pas suffisant pour séparer les 
balles. Deux plaques de cuivre de { pouces ? de diamèe- 
tre, graissées avec du suif et appliquées l’uue contre 
l'autre par le même observateur , adhéraient, dit-il, 
avec une si grande force, qu'il ne put trouver deux 
hommes capables de les séparer. 

Ces exemples suffisent pour donner une idée de la 


AD 


nature de cette force, dont l'effet est proportionnel au 
nombre des points de contact des surfaces appliquées ; 
ce nombre dépendant de la forme des molécules consti- 
tuantes des corps, ainsi que du degré de finesse et de 
poli des surfaces. On a employé divers moyens pour me- 
surer la force d'adhésion entre des substances non simi- 
laires , et sous des températures et dans des circonstan- 
ces differentes ; muis le meilleur est celui qui a été 
trouvé par le docteur Brook Taylor qui, à force d’ex- 
périences, a été amené à conclure que l'intensité de 
l'adhésion peut être déterminée par la force nécessaire 
pour produire la séparation des surfaces appliquées. Ce 
principe aété, depuis, vérifié etdéveloppé avec beauroup 
de succès par Guyton de Morveau. Ce physicien fit con- 
fectionner des cylindres de divers métaux et d’un pouce 
de diamètre, tous également épais; les ayant attachés à 
un petit anneau , pour les tenir en équilibre, il les sus- 
pendit l’un après l’autre au fléau d’une balance mise en 
équilibre par des poids suffisans, et les appliqua sur du 
mercure placé, à deux lignes de distance, en les faisant 
couler le long de la surface pour éviter l'interposition 
de l’air. Il marqua ensuite exactement le poids néces- 
saire pour vaincre l'adhésion, ayant, de plus, le soin de 
changer de mercure après chaque expérience. 
Les résultats qu’il obtint sont les suivans : 


L'or adhère au mercure avec une force de 446 grains. 


ATDODLS eee -a-ece-enees-wee se 1 420 
HET CRM RE 1: 
PR D .--ccsétss. : 2007 


DÉMO eee -ceueore. Le 072 
PIALINE, 2: epasiereiss res. s,e. 
CUVE PEER La lelne eee dfeeiaie set pics qe 2 
ATÉLIMOITE ste seins à stele sie soie) hi e.7Coe se see 


OL rs > mice ds croi oucesto cad 11) 


GODAID RE En se ef à comes code 8 


Cette méthode, qui, toutes les fois qu'on peut l’ap- 


pliquer, est la plus directe et la plus exacte de toutes 
ceiles qu’on a imapinées, a été employée avec encore 
plus de précision et de netteté par M. Achard, ainsi 
que par quelques autres. 

11 résulte de toutes les expériences : 1° qu'il existe une 
tendance d'adhésion entre plusieurs et peut-être entre 
toutes les substances physiques, absolument indépen- 
dante de la pression atmosphérique où de toute autre 
pression extérieure; 2° que la force dé cette adhésion 
entre les solides résulte de leurs affinités chimiques: et 
que celle entre les solides et les fluides est en raison in- 
verse de la température du thermomètre, et en raison 
directe du carré des surfaces ; 3° que chaque solide ad- 
hère à chaque liquide avec une force particulière, et 
que cette force est exprimée par le poids nécessaire pour 


AE 27 


rompre l'adhésion, toutes les fois que le solide peut se 
dégager du fluide sans en être mouillé, mais que, dans 
le cas contraire, ce poids est le résultat de la combinai- 
son de deux forces différentes, savoir, de l'adhésion en- 
tre la surface du liquide et celle du solide, et de la co- 
hésion entre les parties constituantes du liquide. 

ADHIL ( Astronomie). Étoile de la sixième gran 
deur , qui fait partie de la constellation d’Andromède. 

ADIGÈGE ou ADAGÈGE( Astronomie). Nom arabe 
de la constellation du Cygne. 

ADJACENT (Gécometrie). Qui est à côté. Deux an- 
gles sont adjacens lorsqu'ils ont un côté commun. Tou- 
tefois, on nomme plus particulièrement angles adjacens 
des angles contigus, tels que CAD et BAD. ( Norrons 
PRÉLIM. , 30.) Dans un triangle ou un polygone quel- 
conque, on nomme côtés adjacens les côtés qui forment 
un même angle. 

AEGOCEROS ( Astr.). Nom donné par quelques 
auteurs à la constellation du Capricorne. 

AÉROSTATION, AÉRONAUTIQUE (Histoire). 
Ces mots, dont le premier, dans son sens primitif et 
littéral, s'applique à la science des poids suspendus en 
l'air, servent alternativement aujourd’hui à désigner 
l’art de se soutenir ou de naviguer dans air, au moyen 
d’un appareil qu'on à appelé acrostat ou ballon, à 
cause de sa forme sphérique. On donne le nom d’aé- 
ronaute à l'observateur qui dirige l’aérostat. Ces divers 
mots comprennent ainsi la théorie et la pratique de 
cette science que nous désignerons habituellement sous 
celui d’aéronautique. 

La découverte réelle de l'aéronautique est tellement 
récente, son histoire est d’ailleurs si généralement con- 
nue, qu'il paraît difficile d'y rattacher aucune considéra- 
tion nouvelle. Mais la popularité même de cette décou- 
verte, l'importance que pourrait avoir la réalisation 
complète des espérances qu'elle avait fait concevoir, 
non-seulement pour lascience, mais même pour l’ordre 
social tout entier, nous déterminent à lui accorder une 
mention assez étendue dans ce dictionnaire 

L'homme qui a gravi les pics les plus élevés de la 
terre et parcouru les immenses solitudes de l'Océan, 
a dû songer de tout temps à pénétrer aussi dans les vastes 
régions de l'air, où se forment la foudre et les orages, 
où il semble qu'un grand mystère dont la révélation 
lui est promise, y appelle souvent sa pensée. N'est-ce pas 
ce vague sentiment de curiosité ou de puissance qui 
lui a fait attacher une idée religieuse à cette faculté 
qu'il enviait de se mouvoir et d'agir dans l'air? Des 
êtres divins, où dont la nature était supérieure à celle 
de l'homme, jouissaient seuls, dans toutes les mythologies 
anciennes, d u pouvoir de parcourir rapidement les zones 
inconnues et sans limites où des lois éternelles règlent 


les mouyemens des astres, Les enchanteurs que le moyen 


28 AE 


âge avait empruntés aux poétiqiès täiditions de l’Ara- 
bie, Réritèrent de ce privilége, qu'ils partagèrent avec 
les anges : Le christianisme, en conservant l'antique 
croyance, a su au moins borner l'intervention des êtres 
spirituels, dans les choses humaines, à quelques rares 
circonstances, où la bonté de la Providence envers les 
hommes avait besoin de se manifester. 

Il parait néanmoins que l'antiquité, tout en n’accor- 
dant qu’à des intelligences supérieures la faculté de se 
mouvoir dans l’espace atmosphérique, ne renonça pas 
pour l'humanité à la conquête de cette merveilleuse puis- 
sance ; l’idée de s'élever dans l'air au moyen d’un appa- 
reil aérostatique , comme des ailes d’une envergure assez 
grande pour supporter le poids d’un homme, se retrouve 
dans quelques anciens écrits. Mais ces rares tentatives 
qui se rattachent toutes, pour la plupart, à des fictions 
poétiques comme l'aventure fabuleuse de Dédale et 
d'Icare, sont demeurées sans résultat et sans intérêt pour 
la science. On est donc fondé à dire que les hommes ne 
possédaient aucun moyen pour résoudre ce grand 
problème avant la découverte dont Joseph Montgol- 
fier, né à Darvezieux près Annonay, le 6 août 1740, 
fit à Avignon la première expérience au mois de dé- 
cembre 1782, expérience qu'il renouvela à Annonay 
le 5 juin 1783. 

Les Anglais ont voulu ravir à la France l'idée pre- 
mière de cette découverte, dont ils racontent ainsi 
l'origine : Quelque temps après que Cavendish eut étudié 
et fait connaitre les propriétés du gaz hydrogène, le 
docteur Black assura que si un appareil mince et léger, 
comme une vessie, était rempli de ce gaz, il formerait 
une masse moins pesante qu'un égal volume d’air 
atmosphérique, et pourrait, par conséquent, s’y élever 
et s’y soutenir, L’honorable docteur développa cette 
idée davws ses cours publics en 1563 et 1768, ct il annon- 
ça mème une prochaine expérience par le procédé qu’il 
avait indiqué; mais de nombreuses occupations l’em- 
péchèrent de mettre ce projet à exécution. La possibi- 
lité de construire un appareil qui, rempli de gaz 
hydrogène, s'élevât dans l'atmosphère, se présenta aussi 
à l'esprit de M. Cavallo. C’est à lui qu’il faudrait accor- 
der le mérite des premières expériences faites à ce sujet, 
et qu'il aurait exécutées au commencement de l’année 
1782, expériences sur lesquelles un rapport fut lu à 
la Société royale de Londres, le 20 juin de la même 
année. M. Cavallo se servit inutilement de plusieurs 
vessics; la plus mince de toutes celles qu’il essaya, 
quoique préparée avec le plus grand soin, se trouva 
encore trop pesante. Il employa ensuite du papier de 
Chine ; mais l'air inflammable s'échappait par les pores 
de cette matière, comme l’eau passe au travers de la 
toile d’un tamis. Après avoir échoué dans ces diverses 


entreprises, quoiqu'il eût tour à tour enduit ses appareils 


AE 


de gomme, de vernis et de couleurs à l'huile, il fut 
obligé d'exécuter ses expériences avec des bulles de 
savon, qu'il chargeait d'air inflammable au moyen 
d’une vessie pleine de ce gaz. 

En admettant comme certains tous ces faits, que nous 
n'avons aucune raison pour révoquer en doute, on voit 
du moins que l'aéronautique germait, pour ainsi dire, 
en Angleterre au moment où Montgolfer achevait en 
France une expérience concluante. Nous devons aussi 
faire observer en passant, que la découverte de Caven- 
dish ne paraît pas avoir inspiré à Montgolfer l’idée de 
la sieone, puisqu'elle reposait entièrement sur Ja puis- 
sance qu'il attribuait à la raréfaction de l'air : ce fut en 
brülant du papier au-dessous du globe en taffetas qu'il 
avait fait préparer, que Montgolfier en obtint l’as- 
cension. Et c’est en énonçant seulement ce procédé, que 
l'intendant de la province du Vivarais transmit la nou- 
velle de la découverte à l'Académie des sciences. La- 
lande, en rendant compte de cet événement, ajoute : 
« Nous dimes tous, cela doit être; comment n’y a-t-on pas 
pensé? » On voit qu'à cette époque il n’était nullement 
question des propriétés de l’air inflammable et de son 
application à l'aéronautique, puisque le simple procédé 
de Montgolfer parut à un corps savant, qui comptait 
dans ses rangs des mathématiciens et des physiciens cé- 
lèbres, le seul à l’aide duquel on püt résoudre le pro- 
blème de la navigation dans l'air. 

La nouvelle d’un événement aussi extraordinaire se 
répandit rapidement en France, etelle y futaccueillieavec 
un enthousiasme difficile à décrire. On ne douta pas dès 
ce moment qu’il ne füt facile d'imprimer aux aérostats 
une direction utile, en maîtrisant leur marche dans les 
airs, et que par conséquent la navigation aérienne ne 
devint bientôt aussi commune que celle de l'Océan. 
L'homme crut avoir fait une immense conquête, et 
l’Académie des sciences invita Montgolfier à venir à 
Paris renouveler ses expériences, à ses frais et sous les 
yeux de ses membres. Ce fut Étienne Montgolfer , frère 
de l'inventeur des aérostats, et qui paraît avoir pris une 
assez grande part à ses études sur cet objet, qui se rendit 
aux vœux de l’Académie. Les expériences qui furent’ 
aussitôt tentées, sur une échelle plus grande que celle 
qui avait eu lieu à Avignon, paraissent avoir été faites 
dans le sens de ces espérances. Il était d’abord im" 
portant de constater la puissance de l’aérostat sur 
des poids étrangers à sa masse. Le premier appareil 
construit dans ce but était une sorte de sac en toile 
doublé de papier, et d’une capacité d'environ 23,000 
pieds cubes. On adapta à cette machine un poids 
qui en éleva la pesanteur totale à 500 livres, et 
une certaine quantité de laine ct de paille hachée fut 
brülée à son ouverture inférieure. Elle ne tarda pas 4 
s'enfler et à s'élever dans l'atmosphère; en moins de dix 


AE 


minutes l’aérostat atteignit une hauteur de 6000 pieds; et 
quand sa force ascensionnelle ne fut plus en proportion 
de la résistance qu’il éprouvait , il retomba sur la terre à 
une distance de 7668 pieds du lieu où il avait été lancé. 

Diverses expériences de ce genre, quoique souvent con- 
trariées par l’état de la température, permirent de croire 
à la réalité de cette découverte. Les mémoires du temps, 
écrits par des savans distingués, retracent la naïve admi- 
ration qu’elle inspira, et l’exagération des espérances 
dont elle fut l’objet. Une cage renfermant divers ani- 
maux avait été attachée à un ballon de forme elliptique 
d’une assez grande capacité, et quoiqu’un violent coup 
de vent eût considérablement endommagé la machine, 
elle ne s’éleva pas moins, avec ses passagers, destinés à 
ouvrir les premiers à l’homme un chemin dans les airs, 
à une hauteur de 1440 pieds; elle s’y soutint environ 
huit minutes, et tomba à une distance de 10,200 pieds 
du point où avait eu lieu son ascension. Les animaux 
n'éprouvèrent aucun accident. 

La puissince des machines aérostatiques étant ainsi 
constatée, et la graduation avec laquelle s’opérait leur 
descente éloignant toute idée de danger pour l’observa- 
teur qui s’éleverait dans l’air avecelles, Pilatre des Rosiers 
s’offrit le premier pour faire l'essai .de cette navigation. 
Son nom mérite d’être transmis à la postérité, car il y 
avait de l’audace et de la grandeur à s’exposer, dans un 
léger esquif, au sein de l’immensité des airs, et à aller 
ainsi, nouveau Christophe Colomb, prendre possession, 
au nom de l'humanité, de cette région orageuse où elle 
devait peut-être découvrir de grands mystères qui 
étaient demeurés cachés aux générations passées. Après 
plusieurs essais de Pilatre, qu’il tenta d’abord seul, en- 
suite avec un compagnon de voyage, Giroud de Villette, 
essais qui eurent pour but de s'assurer des moyens de 
diriger l’aérostat, et de le faire descendre à volonté, 
une expérience décisive fut tentée le 21 novembre 1783. 
Comme elle occupe une place importante dans l'histoire 
de l'aéronautique, nous croyons devoir en rendre compte 
avec quelques détails. 

La machine construite au faubourg Saint-Antoine, chez 
Réveillon, dont le nom devint tristement célèbre quel- 
ques années après, était de forme ovale, et avait environ 
48 pieds de diamètre sur 54 de hauteur; on la char- 
gea de toutes sortes d'ornemens et d’élégantes peintures 
qui représentaient les signes du zodiaque et les armes 
royales. Une galerie pourvue d’un treillage avait été 
pratiquée autour de l'appareil, pour que l’aéronaute eût 
toutes les facilités possibles d'entretenir le feu ou de le 
diminuer suivant qu'il voudrait monter ou descendre, 
Le poids de cet appereil, combiné avec celui des deux 
hardis observateurs qui allaient en faire usage, était 
d'environ 1600 livres. 

Ce fut le marquis d'Arlandes qui accompagna Pilatre. 


dé 


AE 29 
L'aérostat, parti du jardin de Réveillon, s’éleya rapide- 
ment à une prodigieuse hauteur, et vingt-cinq ou trente 
minutes après, il descendit à terre à cinq lieues de Paris, 
Le marquis d’Arlandes nous a laissé un récit de ce voyage 
aérien qui est rempli d'intérêt. I] paraît que les aéronautes 
rencontrèrent différens courans d'air qui influèrent 
sensiblement sur la marche de la machine, La direction 
des divers chocs qu’elle éprouva sembla s’opérer de haut 
en bas. Le ballon faillit devenir la proie des flammes : 
Ce ne fut pas sans éprouver une vive terreur que le 
marquis aperçut dans la partie inférieure de l'appareil 
plusieurs trous occasionnés par le feu. L'intrépide Pi- 
latre reconnut aussitôt la justesse des observations de 
son compagnon de danger; mais il arrêta facilement les 
progrès de l’incendie au moyen d’une éponge mouillée, 
et toute apparence de danger s’'évanouit. 

C'est à ce dernier voyage de Pilatre et du marquis 
d’Arlandes que finit l’histoire de la découverte de Mont- 
golfier, c’est-à-dire celle des machines aérostatiques 
s’élevant par le secours du feu. Pour mieux comprendre 
l'emploi de l’air inflammable qui fut substitué à ce pro- 
cédé par le célèbre physicien Charles et son frère Ro- 
bert, nous croyons utile d'entrer ici dans quelques dé- 
tails sur la théorie de l'aéronautique. 

Les principes de cette science reposent entièrement 
sur les lois de la pesanteur, de la pression, de l’élasticité 
de l'air, sur celles de la pesanteur spécifique de ce fluide 
et des corps destinés à voguer dans l’espace qu’il occupe. 
Il est établi d’une manière absolue, par l’ensemble de 
ces lois, que tout corps qui est spécifiquement, ou à 
égalité de volume, plus léger que l'air atmosphérique, 
doit s’y élever et y être soutenu à peu près comme le 
bois ou le liége s'élèvent et se soutiennent dans l’eau. 
Mais comme il existe une progression décroissante dans 
Ja densité de l'atmosphère, qui est en raison de la dimi- 
nution de la pression de l’air supérieur, le corpsqui s'élève 
ne peut continuer son ascension au-delà du point où l'air 
environnant égale sa pesanteur spécifique; parvenu à 
cette hauteur, il flotterait ou serait poussé dans la direc- 
tion des courans d’air avec lesquels il entrerait en con- 
tact. Un aérostat ou ballon est un corps de ce genre, 
dont toute la masse doit être d’une pesanteur spécifique 
moindre que celle de l’air atmosphérique dans lequel il 
doit s'élever. 

On sait que la chaleur appliquée à l'air le raréfie, le 
dilate , et en diminue par conséquent la pesanteur spé- 
cifique. Cette diminution de la pesanteur s'effectue en 
proportion du degré d'intensité de Ja chaleur. Pour 
chaque degré du thermomètre de Farenheit, la chaleur 
parait dilater l'air d'environ 5 ainsi 400 degrés 
de chaleur, ou plus exactement 435, doubleront juste le 
volume d'une masse d’air. Si donc l’air renfermé dans 


uu appareil quelconque, est modifié par la chaleur, et 


AE 


se trouve dilaté, par conséquent, au point que sa pe- 


50 


santeur soit moins considérable qu'une masse d’air égale, 
cet appareil doit s'élever dans l'atmosphère jusqu'à ce 
que l'air qu’il contient devienne plus froid et se condense 
davantage , où bien que l'air environnant devenant 
moins dense, ces deux espèces d'air aient atteint une 
pesanteur spécifique égale. Dans cette circonstance, l'ap- 
pareil doit redescendre graduellement si la chaleur n’est 
renouvelée et ne diminue de nouveau sa pesanteur. 
Mais si, au lieu d'avoir recours à ce moyen, dont les 
procédés fort difficiles ne sont pas sans danger, l'appareil 
était rempli d’un fluide élastique, plus léger que l'air 
atmosphérique, il continuerait à s'élever jusqu'à uné 
hauteur où les couches d’air environnantes auraient le 
même degré de pesanteur spécifique. 

Ce dernier problème fut résolu par l'emploi du gaz 
hydrogène. Comme nous l'avons dit plus haut, le phy- 
sicien Charles et son frère Robert s’exposèrenrt les pre- 
miers aux hasards de cette expérience. L'appareil qu'ils 
firent construire , à l’aide d’une souscription qui fut 
immédiatement remplie, différait sous beaucoup de 
rapports des montgolfières. Il était de forme sphérique, 
en taffetas enduit de vernis de caoutchonc, d'un dia- 
mètre de 27 pieds et 1/2. Un filet fut tendu sur l’hé- 
misphère supérieure de ce ballon et assujéti au cercle qui 
en marquait le milieu;il était terminé par des cordes aux- 
quelles on suspendit une nacelle dans laquelle les aéro- 
nautes devaient se placer, et d’où ils pouvaient faire ma- 
nœuvrer une soupape pratiquée au sommet de l'appareil, 
au moyen d’une corde dont l'extrémité était entre leurs 
mains. Cette disposition avait pour bat de permettre aux 
voyageurs, sinon de diriger le ballon, au moins de le 
rendre plus lourd à volonté, en donnant issue à une 
certaine quantité de gaz. ( PL.T, fig. 1.) | 

Ce fur le 1°* décembre 1583, que cette expérience 
eut lieu dans le jardin des Tuileries. Les deux frères 
montèrent dans la nacelle à quatre heures moins un 
quart , et s'élevèrent rapidement dans l'air aux applau- 
dissemens et aux cris de joie d’une foule immense, 
accourue de toutes parts dans la capitale de la France, 
pour jouir de ce spectacle si étrange et si nouveau. 

Nous n’entreprendrons point de rapporter toutes les 
expériences qui furent tentées depuis cette époque pour 
améliorer cette découverte. Quelques-unes ont eu des 
suites funestes; Pilatre des Rosiers, qui avait attaché son 
nom à la premiére de toutes, périt avec Romain, son 
compagnon, le 14 juin 1585. MM. Biot et Gay-Lussac, 
et ensuite M. Gay-Lussac seul, entreprirent, en 1804, 
des expériences d’aéronautique dans un but tout scienti- 
fique; car jusqu’alors cette découverte n’avait guère servi 
qu'a exciter la curiosité publique, et à augmenter l'attrait 
des fêtes populaires. Les Français crurent cependant 


1 


pouvoir appliquer l'aéronautique à l’art de la guerre ; 


AE 


mais l'essai qu’on en fit à la bataille de Fleurus n'a pas 
été renouvelé depuis, ce qui prouve suffisamment qu’il 
fut à peu près infructueux. 

Ce fut seulement le 15 septembre 1784 que l'italien 
Vincent Lunardi essaya en Angleterre un voyage aérien. 
Le célèbre Blanchard, accompagné de M. Sheldon, pro- 
fesseur d'anatomie à l'Académie royale, y renouvelèrent 
Ja même expérience le 16 octobre suivant. Nous ne 
devons pas oublier que Garnerin y fit pour la première 
fois, le 21 septembre 1802, l'expérience audacieuse de 
monter dans un ballon et d’en descendre à l'aide d’un 
parachute , appareil qui avait été imaginé par Blanchard. 
Le parachute n’est autre chose qu'un vaste parapluie en 
toile, d'environ 30 pieds de diamètre , mais sans baleine 
et sans poignée, disposé de manière qu’il puisse être 
ouvert par l’aéronaute qui se place, alors au’il veut 
faire usage de l’appareil, dans un panier d’osier qui y 
est attaché. Quand le parachute se trouve séparé du 
ballon, il s'ouvre nécessairement en raison de la résis- 
tance de l'air, et permet à l’aéronaute de descendre 
graduellement à terre. Cette expérience reussit complè- 
tement à Garnerin. Lorsque ce célèbre aéronaute coupa 
la corde pour la séparer du ballon et descendre en 
parachute, il tomba d’abord avec une grande rapidité, 
mais quelques nstans après, quand la machine s’ouvrit, 
il descendit très- doucement et graduellement. En 
arrivant à terre, Garnerin éprouva plusieurs chocs : il 
avait les traits décomposés au moment où on l’aida à 
sortir de son panier, mais il reprit bientôt connaissance. 
CRT fe 051) 

On ne fait plus aujourd'hui aucune expérience aéro- 
nautique sans employer l’insufflation du gaz hydrogène 
dans le ballon. Ce moyen est fort coûteux, et rend par 
conséquent assez difficiles les progrès dont cet art est 
peut-être susceptible. 

JL existe plusieurs moyens de préparer le gaz hydro- 
gène qui sert à remplir les ballons. Tous sont plus ou 
moïns coûteux. Celui qu'on obtient par l’incinératiou 
du charbon de terre, nécessite une perte de temps qu’il 
est convenable d'éviter dans ces sortes d'expériences , et 
d’ailleurs exige l'emploi d’un appareil trop embarrassant. 
On se sert généralement du gaz obtenu par la décompo- 
sition de l’eau à l’aide de l'acide sulfurique et de la 
limaille de fer, et c’est à ce procédé qu'est employé 
l'appareil dont nous donnons la figure ( PL. T, fig. 4). 

B, B, sont deux réservoirs entourés de tonneaux qui 
contiennent l’eau et la limaille de fer; ces tonneaux ont 
à leur partie supérieure des tubes d’étain qui plongent 
au fond des réservoirs. À, A, sont deux appareils qui 
recouvrent les réservoirs B, B, et qui donnent passage 
au gaz par deux autres tubes d’étain, auxquels on 
adapte des tubes flexibles qui pénètrent dans l’inté- 
rieur du ballon. Lorsqu'on verse l'acide sulfurique 


AF 


dans les tonneaux, ce qui se fait par des trous pla- 
cés à leur partie supérieure, qu'on ferme exactement 
après cette opération, l’eau se décompose, et le gaz 
produit dans les divers tonneaux se rassemble dans 
les réservoirs B, B, d’où il est conduit dans l’inté- 
rieur du ballon par les tuyaux’ flexibles dont nous 
venons de parler. 

Nous croyons avoir exposé dans ce rapide résumé de 
l'histoire de l’aréonautique tout ce qui peut intéresser 
plus directement la science , et nous n'avons pu nous li- 
vrer à des considérations spéculatives sur cette décou- 
verte. Elle n’a fait que peu de progrés depuis l'expérience 
de Charles, et le problème de la navigation dans l'air 
est demeuré à demi résolu. Il reste maintenant à décou- 
vrir les moyens de diriger l’aérostat : aucune des expé- 
riences entreprises dans ce but n’a réussi jusqu’à ce jour. 
Mais ce n’est pas une raison pour désespérer du succès, 
et d’un moment à l’autre une nouvelle combinaison de 
la science peut enrichir l'humanité de la solution com- 
plète de cet important problème. 

AÉROSTATIQUE (De éhp air et de raw je m'ar- 
réte). Science de l’équilibre de Pair. Les lois princi- 
pales de l’hydrostatique s'appliquent à l’air considéré 
comme un fluide pesant. ( Voyez HyprosTATIQUE. ) On 
peut donc poser les principes suivans : 

1°. Chaque pression se propage également dans tous 
les sens. 

2°. La pression est égale sur tous les points de chaque 
plan horizontal ; mais à cause de la grande légèreté de 
l'air, cette pression diminue beaucoup plus lentement 
que dans les liquides, à mesure qu’on s'élève, et suit 
d’ailleurs une autre loi de décroissement. 
- 3°. Chaque corps qui se trouve dans l'air perd autant 
de son poids que pèse Le volume d'air qu'il déplace, 

4°. Un corps plus léger qu’un égal volume d’air afmo- 
sphérique, s'élève dans l’atmosphère jusqu’à la hauteur 
où 1l se trouve en équilibre avec l'air environnant, la 
densité de l'air diminuant en raison de sa hauteur au- 
dessus de la surface de la terre. C’est sur ce principe 
qu’est fondée la théorie des aérostats ou ballons. Voyez 
AËROSTATION. 

5. L'air étant non-seulement un fluide pesant, mais 
encore un fluide élastique, et l’élasticité des fluides ten- 
dant constamment à augmenter leur volume, il est né- 
cessaire, pour que l’équilibre puisse subsister , que la 
pesanteur soit égale à la force élastique : ainsi, comme 
la pesanteur augmente ou diminue avec la densité, 
lélasticité de l'air augmente ou diminue dans le même 
rapport. Voyez Arr. 

AFFECTÉ ( 4lg.). Terme qu'on emploie pour ex- 


primer qu'une quantité est modifiée par le concours 


d’une autre quantité où d’un signe particulier. Par 


AG 51 


exemple, dans l'expression 3x la quantité æ est affectée 
du coefficient 3; dans l'expression —zx, cette même 
quantité est affectée du signe —; enfin, dans l’expres- 
sion Vx, æ est affectée du signe radical y. 

AFFECTION (Gcom.). Ancienne expression qui si- 
guifie la même chose que propriété. Ainsi, on disait 
jadis : cette courbe a telle affection, pour dire, a telle 
propriété. 

AFFIRMATIVE (4/g.). Quantité affirmative. C'est 
la même chose qu'une quantité positive , où qu'une 
quantité affectée du signe +. 

AGE de la lune ( 4s4r.). C’est le nombre des Jours 
écoulés depuis la nouvelle lune. On détermine l'âge de 
la lune, pour un jour donné, à l’aide de l’épacte de 
l'année dans laquelle se trouve le jour proposé. Fay. 
Epacre. 

AGENT (Méc.). Force ou puissance qui produit un 
mouvement ou tend à le produire. 

AGNESL(Manra Garrawa) naquit à Milan le 16 mars 

718, et devint un des rares exemples de la précocité 
de l'intelligence, en même temps qu'elle se distingua 
par des connaissances élevées , acquises au prix d’études 
abstraites que semblent interdire à son sexe sa faiblesse 
naturelle et ses habitudes sociales. A l’âge de neuf ans, 
Marie expliquait déjh, avec une clarté et une facilité 
remarquables, les passages les plus obscurs des auteurs 
latins. Mais la jeune fille dédaigna bientôt ces travaux 
élémentares; elle voulut apprendre le grec , l'hébreu , 
le français, l'allemand et l'espagnol, Elle réussit avec 
une promptitude qui tient du prodige dans ce projet, 
dont ses parens et ses maîtres essayèrent en vain de la 
dissuader. Jusque-là on aurait pu comparer les étonnantes 
dispositions dont Marie Agnesi était douée, à celles que 
l'Italie avait précédemment admirées dans Pic de la Mi- 
randole; mais elle ne tarda pas à appliquer aux plus su- 
blimes conceptions de l'intelligence ces connaissances : 
qui appartiennent souvent aux seules facultés de ja mé- 
moire, et peuvent n'être ainsi que le résultat d’une 
heureuse organisation. La jeune Marie se livra à 
l'étude de la philosophie avec la confiance et la te- 
nacité qu’inspire l'amour de la science et de la vérité. 
Elle y apporta les inspirations d’un esprit supérieur, 
et soutint, à l’âge de 19 ans, 191 thèses publiques sur 
les sujets les plus controversés de la métaphysique 
et de la psycologie. Ges thèses furent réunies et im 
primées à cette époque sous ce titre : Propositiones 
philosophicæ (Milan 1738). 

Tant de travaux n'avaient point épuisé, dans cette 
jeune fille , ni son ardeur pour la science , ni cette mer- 
veilleuse facilité de l’acquérir, qui en font à peu près un 
être à part dans l’histoire de l'esprit humain. Le père 
de Marie occupait avec quelque éclat une chaire de ma. 


thématiques à l'université de Milan; elle les étudia avec 


32 AI 

succès et ne fut point arrêtée par les graves difficultés 
que présentent les parties transcendantes de cette science. 
C'est surtout à ces derniers travaux que Marie Agnesi 
doit la renommée qui environne encore son nom. C’est 
à ce titre aussi que cette femme célèbre devait occuper 
une place dans ce dictionnaire. 

La réputation de Marie devint européenne; ses 
concitoyens enthousiastes l’entourèrent de leur admira- 
tion en lui décernant ces honneurs populaires, que l'I- 
talie a su rendre si chers aux beaux talens. Ses divers 
biographes la représentent comme une personne simple 
et bonne, presque timide; et qui ne paraissait pas com- 
prendre la vive impression qu'occasionait sa présence 
dans les réunions publiques et privées de Milan. En 
1750, son père étant tombé malade, Marie sollicita et 
obtint du pape Benoît XIV l'autorisation d'occuper sa 
chaire. Ce fut à cette époque qu’elle publia ses Znstitu- 
zione analytiche, qui ne sont point aujourd’hui même 
au-dessous du progrès de la science. 

Peu d'années après, Marie Agnesi, jeune encore, 
termina sa vie scientifique. En proie à une secrète mé- 
Jancolie dont la cause est demeurée inconnue, elle re- 
nonça aux travaux qui avaient rendu son enfance si re- 
marquable , aux études qui avaient illustré sa jeunesse, 
et se consacra entièrement au service des pauvres et des 
malades. Ainsi, tout devait être extraordinaire dans 
cette belle vie, que la calomnie , si funeste au talent, 
n’osa point troubler. Ce n’est pas ici qu'il convient de 
se livrer aux réflexions que suggère la détermination 
si peu explicable de Marie Agnesi au milieu des enivre- 
mens de la gloire et de la renommée; mais il est impos- 
sible de ne pas remarquer combien la science a perdu à 
cette sorte d’exil volontaire auquel elle se condamna , 
et qu’elle supporta jusqu’à la fin de ses jours -avec la 
persistance et la forte volonté que ses premiers travaux 
avaient révélées en elle. Maria Gaetana Agnesi est morte 
à Milan , le 9 janvier 1799. 

Ses Instituzione analytiche ont été traduites en fran- 
çais par Anthelmv, sous les yeux de Bossut, et impri- 
mées avec des notes de ce dernier savant sous ce titre : 
Traités élémentaires du calcul différentiel et du cal- 
cul intégral. Lyon , 1775. in-8°. 

AIGU (Geom.). Angle aigu. C'est celui qui est plus 
petit qu'un angle droit. Foy. Notions PRÉLIM. 33. 

AIGLE ( Astr.). Nom d’une constellation située dans 
l'hémisphère boréal. 

AILE (Méc.). Partie du volant d’un moulin à vent. 
Les ailes de moulin sont de grands châssis #n forme d’é- 
chelle, sur lesquels on étend des toiles pour recevoir 
l'impulsion du vent. Les plus grandes ont de 12 à 13 
mètres de longueur sur deux mètres de largeur — On 
donne encore le nom d’ailes aux dents d’un pignon. 
Voy. Dents. 


AI 


AIR. Substance fluide, transparente , élastique, pon- 
dérable et dilatable qui entoure le globe terrestre , et 
forme son atmosphère. Les anciens considéraient l'air 
comme un élément ; mais la chimie moderne a reconnu 
qu'il est un mélange de deux gaz, l'oxigène et l'azote, 
et que ce mélange est à peu près dans le rapport de 
1:4. L'air contient en outre une petite quantité de 
gaz acide carbonique; il tient sans doute aussi en disso- 
lution beaucoup d’autres substances. Les propriétés 
mécaniques de l'air ou sa pesanteur et son élasticité 
sont les seules qui doivent nous occuper ici. 

Les anciens avaient quelque idée de la pesanteur de 
l'air, quoique leurs opinions sur ce sujet fussent con- 
fuses et incomplètes. Aristote affirme ( De Cælo, 
lib. 1v), qu'une vessie remplie d’air pèse plus qu’une 
vessie vide. Empédocle attribue la respiration à la 
pesanteur de l'air qui, par sa pression , s'introduit 
dans les poumons. Asclépiade avait la même opinion. 
Héron d'Alexandrie, et son contemporain Ctésibius, 
connaissaient tous deux la gravité et l'élasticité de l'air, 
et c’est d’après ces principes qu'ils ont inventé les fusils 
à vent que l'on croyait une découverte moderne. On 
doit encore au premier une machine ingénieuse dans 
laquelle l’eau jaillit au-dessus de son niveau par l'effet 
de la pesanteur de l'air, combinée avec son élasticité. 
(Poyez Fonraxe D'HEÉRON. ) Il parait donc étrange que 
les successeurs d’Aristote aient pu abandonner les doc- 
trines de leur maitre , et soutenir pendant plusieurs 
siècles des opinions contraires. Les effets résultant du 
poids et de l’élasticité de l'air ont été long-temps attri- 
bués à un principe imaginaire nommé füga vacui, où 
l'horreur que la nature a pour le vide. On savait depuis 
long-temps qu'en aspirant l'air contenu dans un tube, 
dont l'extrémité est plongée dans l’eau , ce fluide s’éle- 
vait au-dessus de son niveau, et prenait la place de 
l'air, C’est d’après cette observation qu’on avait inventé 
les pompes aspirantes et diverses autres machines hy- 
drauliques, dans lesquelles on expliquait l'élévation de 
l’eau par le Juga vacui. Galilée lui-même, malgré sa 
sagacité, n'avait rien trouvé de plus satisfaisant ; cepen- 
dant il avait été forcé de donner des limites à cette 
horreur pour le vide, ayant remarqué que les pompes 
aspirantes ne soulevaient plus l’eau au-delà de la 
hauteur de 32 pieds. Ce physicien distingué était ce- 
pendant bien familiarisé avec la pesanteur de l'air : il 
enseigne dans ses Dialogues deux moyens de la démon- 
trer et de la mesurer; mais il n'avait pas été au-delà , 
et l'honneur de découvrir la pression de l’atmosphère 
était réservé à son disciple Torricelli. 

En 1643, Torricelli eut enfin l’heureuse idée que 
cette force qui soutient les fluides au-dessus de leur 
niveau dans les tuyaux privés d'air, ne pouvait être que 


la colonne atmosphérique qui pèse sur leur surface ex- 


al 
térieure. Ce principe adopté, il en conclut qu'un fluide 
plus pesant que l’eau ne s’éleverait pas à 32 pieds, et 
que la hauteur qu’il pourrait atteindre serait en raison 
iuverse de son poids comparé à celui de l’eau. Ainsi, le 
mercure étant à peu près 14 fois plus lourd que l’eau, 
ne doit s'élever qu’à la quatorzième partie de 32 pieds, 
c’est-à-dire à 29 ou 30 pouces. Torricelli prit en con- 
séquence un tube de verre de plusieurs pieds de lon- 
gueur, fermé hermétiquement à l’un de ses bouts ; il 
le remplit de mercure, le renversa ensuite , en bouchant 
l'ouverture avec un doigt, et ayant plongé cette partie 
du tube dans un vase plein de mercure , il retira son 
doigt. L'événement justifia sa conjecture : le mercure, 
contenu dans le tube, descendit jusqu’à ce qu'il n’en 
restât plus qu’une colonne d’une hauteur d’à peu près 
30 pouces au-dessus de la surface du mercure qui se 
trouvait dans le vase. 

L'expérience de Torricelli devint bientôt populaire ; 
le père Mersenne la répéta en 1644, et en envoya le 
rapport aux savans français avec qui il était en corres- 
pondance. Pascal et Petit la vérifièrent de nouveau , et 
le premier publia à ce sujet un traité remarquable sous 
le utre : Expériences nouvelles touchant le vide. Pascal 
ayant adopté, après quelques hésitations, l'opinion de 
Torricelli, imagina plusieurs expériences pour la con- 
firmer. Il détermina son beau-frère, M. Périer, à exé- 
cuter Ja célèbre expérience du Puy-de-Dôme , dans la- 
quelle on trouva que la hauteur de la colonne de mer- 
cure, soutenue dans le tube de Torricelli, était plus 
petite à mi-côte qu’au pied de la montagne, et plus pe- 
tte encore au sommet. Par ce moyen, la question fut 
complétement résolue, et il ne fut plus permis de dou- 
ter que ce fût la pesanteur de l’atmosphère qui tint la 
ce-pnne de mercure en équilibre, puisqu’en s’élevant 
dara l'air, et en rendant ainsi la colonne atmosphérique 
plus courte et par conséquent moins pesante, celle de 
mercure diminuait en même temps. 

On doit à cette expérience la première idée de la me. 
sure des hauteurs par le baromètre. (Foy. ALTIMÉTRIE.) 
Les lecteurs ont déjà sans doute reconnu, dans le tube 
de Torricelli, l'instrument devenu si populaire sous le 
nom de baromètre. (#’oy. BarnomÈrre. ) 

La pesanteur de l'air se montre 
encore d’une manière très-sensible 
dans un phénomène connu de tout 
le monde: c’est celui du Syphon. 


On nomme syphon un tuyau l'e= 


courbé ABC composé de deux agen 


branches inégales AB et BC. Si l'on al: [ll k 
MIT {| Il, 
plonge la plus courte AB dans un k 


vase MN plein d’un liquide quel- , = 


conque, et qu’on ôte l’air contenu 
dans ce tuyau en le sucaut par le 


A 5}) 
bout C, la liqueur du vase montera dans le syphon et 
s’écoulera par l'ouverture C, pourvu que cette ouver- 
ture soit au dessous de la surface du liquide. 

Ce phénomène est de la même nature que celui du 
tube de Torricelli ; car il est évident qu'une fois le vide 
opéré par la succion , l'eau du vase doft monter en B, 
et s'écouler ensuite par l'ouverture C; mais cet écoule- 
ment ne laissant plus pénétrer l'air dans le syphon, la 
pression atmosphérique doit faire continuellement mon- 
ter de nouveau liquide dans le tube AB, tant que le 
poids de Ja colonne BC est plus grand que celui de la 
colonne AB, puisque cet excédant de poids empécue 
l'équilibre que la pression atinosphérique au point C 
ferait à cette même pression en A; mais si ces deux 
colonnes deviennent égales, l'équilibre des pressions 
s'établit au même instant, l’eau ne monte plus dans le 
tube AB , et l'écoulement cesse. 

Depuis l'invention de la machine pneumatique (v07. 
ce mot), la pression de l'atmosphère a été vérifiée de 
mille manières différentes, et la pesanteur de l'air, 
dont elle est une conséquence, a été le sujet d'un grand 
nombre de travaux. Après l'expérience de Torricelli, le 
père Mersenne entreprit de déterminer la pesanteur 
spécifique de l'air; mais il approcha encore moins de la 
vérité que Galilée; car ce dernier l'avait évaluée à +, 
et Mersenne l’évalua à ,55, celle de l’eau étant prise 
pour unité. Boyle obtint un résultat plus exact, en trou- 
vant +5. Hawksbee le fixa à 55. Mais, dans toutes ces 
recherches, il est essentiel de tenir compte de l’état de 
l'atmosphère ; et il résulte enfin des expériences de 
MM. Biot et Arago que le poids de l'air atmosphérique 
sec, à la température de la glace fondante et sous Ja 
pression de 0",76, c’est-à-dire, le thermomètre marquant 
o,etie baromètre 0",76, est, à volume égal, ;°3 de celui 
de l’eau distillée. | 

Avant d'examiner les autres propriétés de l’air, nous 
devons dire ici qu'il parait que Descartes avait reconnu 
sa pesanteur avant Torricelli, et que l’idée première de 
l'expérience du Puy-de-Dôme lui appartient également. 
C’est ce qui setrouve constaté dans le recueil de ses let 
tres. 

L'élasticité de l’air est une propriété de ce fluide qui 
consiste à céder à toute pression quelconque, en resser- 
rant son volume, qu’il reprend aussitôt que la pression 
cesse d'agir. On a cru long-temps que l'air atmosphéri- 
que était le seul fluide élastique qui se trouyät dans la 
nature. Mais les travaux des chimistes de notre époque 
nous ont appris qu'il existe un grand nombre de ces 
fluides, auxquels on a donné le nom générique de gaz. 
L'élasticité de l'air se manifeste visiblement dans une 
vessie pleine de ce fluide, et dont on a fermé exacte- 
ment l’ouverture; on l'aplatit en la pressaut eutre les 


mans, et alors on éprouve une résistance sensible, due 


Al 


à la réaction des molécules comprimées. Dès qu'on la 


Co | 
Lu + 


laisse libre, elle reprend sa première forme. Si la pres- 
sion est assez forte pour que la réaction surpasse la tena- 
cité des parois de la vessie, elle crève avec bruit. 

Quant au degré d'intensité de la force élastique de 
l'air ,ila été prouvé par les expériences les plus satis- 
£aisantes que, pour une pression modérée, il est toujours 
proportionnel à la densité de la masse d'air comprimée, 
et que cette densité est égale à la force compressive. 
Pour s’en assurer, on prend un tube de verre recourbé, 
dont l'une des branches est beaucoup plus longue que 
l'autre ; on ferme hermétiquement la plus courte bran- 
che, et ensuite on verse du mercure par l’extrémité ou- 
verte dé la plus grande. En remplissant peu à peu la 
grande branche, et mesurant successivement l’espace 
qu'occupe l'air renfermé qui se comprime de plus en 
plus dans la petite branche , on trouve que les espaces 
sont en raison inverse des poids qui pressent l'air. Or, 
comme ces poids sont. la mesure de lélasticité, l'élasti- 
cité est donc aussi en raison inverse de l’espace, ou en 
raison directe de la densité , puisque la densité est elle- 
mêmé en raison inverse de l’espace. On pose en consé- 
quence la loi générale qui suit : 

La densité d'üne masse d'air croît et décroit dans le 
rapport des pressions, tant que Sa température et sa 
combinaison chimique sont les mêmes. 

Cette loi importante se nomme la oi de Mariotte. 
Élle fut decouverte presque en même temps par Robert 
Royle et Townley en Angleterre, et par Mariotte à Pa- 
ris. 11 résulte des expériences de Gay-Lussac et de Dal- 
ton, que cette loi est exacte sous toutes les tempéra- 
türes. 

Les physiciens se sont demandé si la force élastique 
de l'air pouvait être détruite; mais Boyle n’a trouvé au- 
cun degré de raréfaction capable de produire cet ef- 
fet. Désaguliers renferma de l’air dans un fusil à vent, 
ét vit qu’au bout de six mois il n'avait perdu aucune de 
ses qualités primitives. Roberval, répétant cette expé- 
rience, obtint les mêmes résultats après un temps 
beaucoup plus long. De là, on peut conclure qu'aucun 
état'de raréfaction ou de condensation ne saurait entiè- 
rement détruire le pouvoir élastique de l'air. Cepen- 
dant , le colonel Roy a prouvé que les molécules d’une 
masse d’air peuvent être déplacées de manière à perdre 
À une grande partie de leur force élastique. Il résulte en- 
core de ses expériences que l’air humide est plus élas- 
tique que l'air sec, et que l'air atmosphérique, dans son 
‘état naturel, est proportionnellement plus élastique que 
lorsque sa densité est considérablement augmentée par 
la pression. Hawksbec a trouvé aussi que l’élasticité de 
l'air peut être tellement affectée par une violente pres- 
sion, qu’il lui faut ensuite quelque temps pour revenir à 
son état primitif. Enfin, le docteur Hale prétend qu'il 


AI 


existe différens cas où cette élasticité est affaiblie et al- 
térée. 

L'air étant un fluide pesant, si l’on conçoit l’atmo- 
sphère partagée en une infinité de couches, il est évi- 
dent que les couches inférieures portant le poids des su- 
périeures seront plus comprimées, et conséquemment , 
que la densité de l'air doit varier avec son élévation au- 
dessus de la surface de la terre. Pour trouver la loi de 
cette variation, supposons les couches infiniment petites, 
et alors nou: pourrons considérer chacune d’elles comme 
homogène dans toutes ses parties, &ésignons par d, d', 
d', les densités de trois couches successives dont 4 est 
l’inférieure ; désignons én outre par p le poids de touté 
la colonne atmosphérique qui pèse sur la prémière coù- 
che, ou le poids de la colonne qui commence à la se- 
conde couche, par p' le poids dé cette colonne, en la 
commençant à la troisième couche, et enfin par p" lé 
poids de la colonne qui pèse sur la troisième couche. 
Le poids particulier de la seconde couche, en le consi- 
dérant isolément , sera donc p —p', et celui de la troi- 
sième sera p'—p". 

Or, comme les densités dé deux corps égaux en vo- 
lumes sont dans le rapport direct de leurs poids (voyez 
DexsirE), on a 


d':d':p—p':p—p". 
Mais, d’après la loi de Mariotte ; on a aussi : 
d'd'sspiipls 
puisque p' et p” sont les pressions qui détérminent les 
densités d' et d”. 
De ces deux proportions, on tire 


p—p'ip—P'P'iP") 
ce qui donne ( 7oy. Proportion) 
p:p':p:pe 

Mais les densités d, d', d’ sont proportionnelles aux 
poids p, p', p", on a donc également 

d':d':: d': à”, 

C'est-à-dire que la densité d’une couche quelconque 
est moyenne proportionnelle entre la densité de la cou- 
che qui la précède et celle de la couche qui la suit. 

Il résulte de cette propriété que les densités des cou- 
ches atmosphériques forment une progression géomé- 
trique. Nous avons, à la vérité, supposé ces couches 
infiniment petites ; mais comme, dans une telle progres- 
sion, les sommes d’un même nombre de termes succes- 
sifs sont elles-mêmes en progression géométrique (voyez 
PROGRESSION GÉOMÉTRIQUE), nous pouvons considérer 
comme démontré le théorème principal de l'aérostati- 
que, savoir : 

Dans l’état d'équilibre , la densité de l'air décroït de 
bas en haut en série géométrique , lorsque la nature 


AT 


chimique et la température de la colonne sont egales 
dans toute sa hauteur. 

L’élasticité de l’air se manifeste toujours de la même 
manière dans toutes les occasions : qu'il soit libre ou 
comprimé, elle s'exerce dans toutes les directions et 
lui fait contracter une forme sphérique. Cela se voit 
clairement dans les liqueurs placées sous le récipient 
d’une machine pneumatique; car, en pompant l'air, il 
apparait d’abord, sur la masse liquide, une multitude de 
petites bulles d’eau qui vont en grossissant, tout en 
conservant leur sphéricité ; et ces bulles ne sont produi- 
tes que par l'air contenu dans le liquide, qui se dilate à 
mesure que la.pression de l'air extérieur diminue par 
l'action de la machine. C’est pour la même raison qu’on 
forme toujours un globe, quand on souffle à travers un 
tube de fer dans une masse de verre fondu. L'expansion 
de l'air, lorsqu'on enlève tout à coup la force com- 
pressive, est telle, qu’il occupe dans certains cas un 
espace 13 à 14,000 fois plus grand que son espace 
primitif, et cela par sa force de dilatation seule, et sans 
l'application du feu. 

La chaleur exerce sur la densité et l’élasticité d’une 
masse d'air une influence qui fait l’obiet de la pro- 
position suivante : 

Dans une masse d'air parfaitement renfermée , et 
qui ne peut changer son volume, lélasticité croit, 
par la chaleur, dans le méme rapport que son volume 
serait augmenté, si, la pression restant la même , il 
lui était possible de se dilater, 


Gay-Lussac ayant découvert que tous les fluides élas- 
tiques sont également dilatés par la chaleur lorsque la 
pression reste la même , et que cette dilatation, entre la 
température de la congélation jusqu’à celle de l’ébulli- 
tion , est de 0,375 ou des ? du volume que la masse avait 
à la première température , il faut donc que, dans les 
mêmes limites, l’élasticité d’une masse d’air renfermée 
croisse dans le rapport de 1 à 1,375 ou de 8 à v1. Il est 
facile d’en conclure que l'aceroissement d'élasticité est 
de 325, ou, à peu près, de -+; pour chaque degré du 
thermomètre centigrade. Foy. TaERMOMÈTRE, 

Ain de vent. V’oy. Boussote. 


AIRE ( Géom.). Superficie d’une figure. Pour 
mesurer l'aire ou la surface d’une figure plane, on 
prend pour unité de mesure l’aire d’un carré dont les 
côtés sont l'unité linéaire. Ainsi, en adoptant le mètre 
pour unité des mesures linéaires, et la surface du carré 
construit sur un mètre pour unité de surface, l’aire 
d'une figure quelconque sera déterminée, quand on 
connaîtra combien elle contient de mètres carrés ou de 
parties de mètre carré. Toutes les propositions de la 
géométrie relatives à l'aire des figures planes peuvent 
se ramener aux suivantes 


AI 55 

I. Tout rectangle a pour mesure le produit de sa base 
par sa hauteur. 

La ligne CF étant prise pour l'unité linéaire, le carré 
GCFE sera l'unité de surface. Or, A 
on voit, par l'inspection de la fi- 
gure, que le rectangle ABCD con- ! 

à l 
tient autant de ces carrés qu’il ya @ 


d'unités das ie produit qui résulte PE ———— D 
en multipliant le nombre d’umités linéaires contenu 
dans la base CD, par le nombre d'unités contenu dans 
la hauteur AC, Ici ces nombres sont 4 et 5, et leur pro- 
duit 0 exprime en effet le nombre des carrés GCFE 
contenus dans ABCD. 


Il faut cependant remarquer que le mot produit n'a 
pas le sens arithmétique ordinaire; car, en arithméti- 
que, le produit est toujours de même neture que le 
multiplicande, ou, en général , que l’un des facteurs À 
tandis qu'ici il est d’une tout autre espèce que les fac- 
teurs; ses unités expriment des surfaces et non des 
ligaes. 


Si l'unité linéaire n'était pas contenue un nombre 
exact de fois dans la base et la hauteur du rectangle, 
l'aire de ce rectangle n’en serait pas moins exprimée par 
le produit de sa base par sa hauteur; car, en compa- 
rant deux rectangles quelconques , tels que ABCD et 
GCFE, on a la proportion : (V’oy. RecranGe) 


surf. ABCD : surf. GCFE :: AC X CD : GC XCF. 


Or, le carré GCFE étant pris pour unité de mesure, 
on à 


GC—=1,CF= 1, d'où GCXCF=:; 
et, par conséquent 
surf, ABCD : surf. GCFE :: AC X CD':1. 


Donc, le produit AC X CD contiendra autant d'unités 
et de parties d’unité que le rectangle ABCD contiendra 
de fois le carré BCFE. Ce produit exprimera donc, dans 
tous les cas, l’aire du rectangle. | 

Un carré n'étant qu'un rectangle dont la base et . 
hauteur sont égales, son aire sera exprimée par la se- 


conde puissance d'un de ses côtes. 


II. L’aire d'un triangle est égale à la moitié de 
celle d'un rectangle de méme base et de méme hauteur. 
Ou, ce qui revient au même, l'aire d'un triangle est 
cgale à la moitié du produit de sa base par sa hauteur. 


Il y a trois cas : 


est le triangle ABC. Il est visiblement 
la moitié du rectangle ABCD, de 
même base BC et de même hauteur 
AB. 


2°, La perpendiculaire qui mesure 


56 AI 
la hauteur dutriangletombe M_..A......:N 
dans l’intérieur du triangle. i 7. 7e 
Tel est le triangle ABD, Î PA 
Ë ; Ne 

dont la hauteur est AC. ve E Ne 
Mais ce triangle peut être y i : 

€ D 


considéré comme la somme 
des deux triangles rectangles ABC, ACD, dont le pre- 
mier est la moitié du rectangle AMBC, et le second, 
la moitié du rectangle ANDC. Donc le triangle entier 
ABD est aussi la moitié du rectangle entier MBDN, de 
même base BD et de même hauteur AC. 

3°. La perpendiculaire qui mesure la hauteur du 
tiangle tombe hors du triangle. 
Tel est je triangle BAD. On peut 
le considérer comme la différence 
des deux triangles BCD et BCA , 
égaux à la moitié des rectangles 
BCDN et BCAM , il sera donc 
lui-même égal à la moitié de la différence de ces deux 


Cr LA TenD 


rectangles, ou égal à la moitié du rectangle MADN , de 
méme base AD et de même hauteur AM ou BC. L’aire 
de tout triangle est donc égale à la moitié du produit 
de sa base par sa hauteur. 

Corvllare. Deux triangles ayant même base ou des 
bases égales, et compris entre les mêmes parallèles, sont 
épaux en surface. 

Toutes les figures rectilignes étant décomposables en 
triangles, la proposition précédente suffit donc pour 
déterminer leur surface (f’oy. Porxcowes). 

1H. L’aire d'un parallélogramme est égale au pro- 
duit de sa base par sa hauteur. 

Car, en menant une diagonale, on divise le parallé- 
logramme en deux triangles qui ont des bases égales, sa- 
voir, deux côtés opposés du parallélogramme, consé- 
quemment égaux et parallèles ; ces deux triangles sont 
donc égaux , d’après le corollaire précédent, Or, Paire 
de chacun d’eux est égale au demi-produit de sa base 
par la hauteur commune, qui est en même temps celie 
du parallélogramme. Donc, leur somme ou l'aire du 
parallélogramme est égale à deux fois ce demi-produit , 
c’est-à-dire au produit entier. 

IV. L'aire d’un trapèze est'égale à la moitié du pro- 
duit de sa hauteur par la somme des deux bases paral- 


lèles. : 
En menant la droite CB, on partage le trapèze ABDC 


en deux triangles CAB et C E D 
BCD, qui ont une même 
hauteur EF, et dont le 
premier a AB pour base, ë a 
et le second CD. Gr, l'aire A F B 
du triangle CAB est égale à L EF X AB, et l'aire du 


triangle BCD est égale à? EF X CD. Donc, la somme 
de ces deux triangles , ou l'aire du trapèze est égale à 


AT 


1EF X ABL:EF X CD, ou, ce qui revient au même, 
à: LF X (AB + CD). 

Voyez, pour Faire des surfaces terminées par des 
ligues courbes, le mot Quanrarure. Quant aux surfu- 
ces des solides, elles seront traitées pour chaque solide 
en particulier. 

Aires proportionnelles aux temps (Astronomie ). 
C’est une des lois du mouvement © 
des planètes, découvertes par Ké- Fi de 


pler (Joy. Lois »E Képzen). Voici 


> 


en quoi elle consiste : si l’on sup- * 
pose que des diverses positions 4, : 


b,c, d’une planète, prises sur son i 4 


orbite, on mène des droites idéales * 
S 


aS, LS, cS, au foyer de cet orbite 
occupé par le soleil, les aires ren- de 
fermées entre ces droites et les portions correspondantes 
ab et be de l’orbite ;telles que Sab, Sbe, seront propor- 
tionnelles aux temps employés par la planète pour par- 
courir les arcs ab etbhe. Si donc ces temps étaient égaux, 
l'aire Sab serait égale à l’aire Sbc; si le premier était 
la moitié du second, Sab serait pareïllementla moitié 
de Sbe , et ainsi de suite. 

Newton, dans son livre des Principes, a fait voir que 
cette loi était une suite nécessaire de l'attraction univer- 
selle , et en a donné la démonstration suivante : 

Soit B le lieu d’une planète tournant autour du so- . 
leil S, et venant de parcourir la très-petite portion AB 
de son orbite, que nous pouvons considérer comme une 
ligne droite ; le rayon SA, ou le rayon vecteur, ayant 
passé de À en B, a décrit l'aire SAB dans un temps très- 
petit, que nous supposerons une minute; Or, si la pla 
nète parvenue en B était abandonnée à elle-même , elle 
continuerait à se mouvoir en ligne droite, parcourant 
dans une seconde minute un espace BD égal à AB; et 
sonrayon vecteur décrirait l'aire 
SBD égale à la première aire 


D 


SAB, puisque ces aires sont deux 
triangles qui ont une même 
hauteur, et dont les bases AB, 
BD, sont égales. Mais, arrivée 
en B, la plarète est attirée par 


le soleil; et si elle n’était sollici- 
tée que par cette seule force, 
elle prendrait la direction BS, et parcourrait dans 
une minute un espace que nous désignerons par BP. 
Ainsi, au point B la planète est sollicitée par deux 
forces, dont l’une lui ferait parcourir BD, et l’autre BP, 
en une minute; elle décrira donc, dans le même temps, 
la diagonale BC du parallélogramme BDCP , construit 
sur BD et BP, et l'aire décrite par le rayon vecteur sera 
le triangle SBC. Or, les triangles SBD et SBC sont 


égaux, puisqu'ils ont une même base SB, et qu'ils sont 


AL 


compris entre les parallèles SB et DC. { J’oyez Aime ET.) 
Donc, l'aire SBC, décrite dans la seconde minute, est 
égale à l'aire SAB, décrite dans la première. En pour- 
suivant de la même manière pour toutes les minutes 
suivantes, et pendant toute la durée de la révolution, 
on démontrerait que la planète décrira toujours la 
même aire dans une minute, quelle que soit la portion 
de son orbite dans laquelle elle se trouve, tant que 
des causes étrangères ne viendront pas troubler l'action 
des forces primitives qui la font mouvoir. 

Voyez au mot Lois ne Krpcer, l’histoire de cette 
découverte, et au mot Arrracrion le parti que Newton 
en atiré pour établir son système, Pour la déduction 
mathématique de cette loi, »0y. Trazecroinr. 

ALAMAK ou AMAK (4str.). Nom donné par les 
Arabes à une étoile de seconde grandeur, qu'on trouve 
dans le pied austral d'Andromède. Elle est indiquée par 
le signe 7 dans les catalogues. 

ALBATÉNIUS. Nom latinisé de Mouammen-Brv- 
Dyaser BEN-SENAN, AROU-ABDALLAH, l’un des plus cé- 
lèbres mathématiciens arabes, né dans la ville de Batan, 
en Mésopotamie, d’où lui est venu le surnom d’ar- 
BATTAN OU EL-BATTANY, sous lequel il est généralement 
désigné en Europe. On ignore l'époque précise de la 
naissance de ce grand homme ; mais il est certain qu'il 
florissait 50 ans environ après le khalyfe El-Mämoun, 
c’est-à-dire vers l’an 880 de l’ère chrétienne. Il n'était 
point musulman , et professait au contraire le sabéisme, 
ou cuite des étoiles. Comme la plupart des mathémati- 
ciens arabes, Albaténius appliqua surtout la science 
à l'astronomie, dont il aborda ainsi l'étude avec la dou- 
ble puissance du sentiment religieux et des connaissan- 
ces humaines. Albaténius, malgré sa religion, en horreur 
aux Musulmans, était gouverneur de Syrie pour les kha- 
lyfes. Ses observations furent toutes faites à Antioche 
ou dans la ville de Ragqah, en Mésopotamie, d’où il a 
été désigné, dans quelques anciens auteurs, sous le 
nom de Mahometus Aractentis. Voici l'idée générale 
qu'on peut se faire des travaux d’Albaténius, si remar- 
quables pour l’époque où ils furent entrepris. 

Cet illustre astronome adopta à peu près le système 
et les hypothèses de Ptolémée; mais il les rectifia en 
plusieurs points, et fit d’ailleurs plusieurs découvertes 
qui lui ont mérité une place distinguée parmi les hom- 
mes dont les travaux ont enrichi la science astrono- 
mique. 

Albaténius approcha beaucoup plus de la vérité que 
les anciens , en ce qui concerne le mouvement des fixes. 
Ptolémée leur faisait parcourir un degré seulement en 
100 ans ; l’astronome arabe leur fait parcourir cet es- 
pace en 70 ans; et, suivant les modernes, ce sont 72 
ans qu’elles y emploient. En second lieu, Albaténius 


mesura la grandeur de l’excentricité de l'orbite solaire, 


AL 5T 
et l'on né pouvait arriver à une appréciation plus juste. 
IH le 3465 


100,000; et ce calcul s'accorde avec celui de plusieurs 


détermina de parties, le rayon étant 
astronomes modernes, 

La détermination de la grandeur de l’année solaire, 
dont s'occupa Albaténius, ne parait pas d'abord une 
opération aussi heureuse, En comparant ses observations 
avec celles de Ptolémée, il la composait de 365 jours 
5 heures 46° 24"; supputation où il se trouve une er- 
reur d'environ 2°. Le célèbre Hallev justifie Albaté- 
nus en attribuant l'erreur de cet astronome à la trop 
grande confiance qu'il a eue dans les observations de 
Ptolémée, dont plusieurs sont si peu d'accord avec les 
mouvemens du soleil connus aujourd'hui, qu’elles sem- 
blent plutôt fictives que réelles. Celle qu'Albaténius à 
employée dans sa détermination est de ce nombre. C’est 
un équinoxe que Ptolémée dit avoir observé la troisième 
année d’Antonin, et qui devait tomber le 20 du mois 
Athir, et non le 21, comme il l'avance. Le savant as- 
tronome anglais remarqne encore que si Albaténius eût 
comparé ses observations avec celles d'Hipparque rap- 
portées par Piolémée, il aurait beaucoup plus approché 
de la vérité. C'est néanmoins cette détermination vi- 
cieuse , qui a persuadé à quelques astronomes du XVI° 
siècle que l’année solaire tropique avait diminué jusqu’à 
lui, et qu’elle recommençait à augmenter ; conjecture 
hasardée qui n’est nullement d'accord avec les observa- 
tions modernes. Une des découvertes les plus belles qui 
se rattachent au nom et aux travaux d’Albaténius est 
celle qui est relative à la détermination du mouvement de 
l'apogée du soleil. Avant cet astronome, on avait regardé 
l'apogée du soleil comme fixe dans le même point du 
zodiaque, immobile et imaginaire, qu'on conçoit au-delà 
des étoiles. [l'avait paru tel à Ptolémée lui-même. Mais 
Albaténius , aidé d'observations plus éloignées entre 
elles, déméla ce mouvement, et le distingua de celui 
des fixes. [l fit voir qu'il était un peu plus rapide, 
comme semblent le confirmer les observations les plus 
récentes. Albaténius remarqua l'insuffisance et les dé- 
fauts de la théorie de Ptolémée sur la lune et les autres 
planètes; et, s'il ne les corrigea pas entièrement, il rec- 
tifia du moins ses hypothèses dans beaucoup de détails. 
Sa découverte du mouvement de l'apogée du soleil le 
porta à soupçonner qu’elle était applicable au mouve- 
ment des autres planètes ; ses conjectures ont encore été 
vérifiées sous ce rapport. Enfin, Albaténius construisit 
de nouvelles tables astronomiques, et les substitua à 
celles de Ptolémée , qui commencçaient à s’écarter sensi- 
blement du ciel. Ces tables, beaucoup plus parfaites que 
les premières, eurent une graude célébrité en Orient , et 
furent long-temps en usage. Laplace a insinué, dans son 
Histoire de l'astronomie, qu’on avait eu tort d'attribuer 
au travail d’Albaténius les changemens avantageux qu'il 


58 


AL 


paraissait apporter aux élémens des tables de Ptolémée. 
I'appuie son opinion sur un fragment d'Ebn-Younès, tra- 
duit par M. Caussin , duquel il résulterait que ces chan- 
gemens sont dus aux auteurs de la table vérifiée. Quel 
que soit notre respect pour Ja décision de Laplace, 
nous ne sommes nullement convaincus, dans cette cir- 
constance, de la justesse de son objection.Outre que le 
mérite de la traduction de M. Caussin aurait besoin 
d’être apprécié, il n’est pas inutile de faire observer 
que l’astronome Ebu-Younès vivait vers l’an 1000, 
sous le Khalrfat d'El-Hakem, en Égypte, et que les 
dernières observations d'Albaténius sont de l'an 918. 
Nous ne comprenons pas bien la confiance qu’on accor- 
derait au fragment d'Ebn Younès, dont l’assertion, entout 
état de cause , ne nous semblerait pas suffisante pour at- 
ténuer la gloire d'Albaténius, qui reste ainsi entière sui- 
vaut nous. 

L'ouvrage d’Albaténius, où sont consignées ses dé- 
couvertes , et auquel il donna le titre de Table sabeenne 
(zrdj-séby), a été traduit en latin sous ce titre : De 
ccientid stellarum ; mais un biographie d'Albaténius fait 
observer avec raison que le traducteur ne savait ni l'a- 
rabe ni le latin. Cette traduction est en effet remplie de 
fautes graves, et ne peut donner qu’une idée impar- 
faite des travaux si remarquables d'Albaténius. La pre- 
mière édition parut à Nuremberg, en 153%, in-f°. La 
seconde, aussi peu exacte, malgré les promesses de 
l'éditeur , a été publiée à Bologne, en 1645 , in 4°. On 
croit que l'original se trouve à la bibliothèque du Vati- 
can. Albaténius, que Lalande a classé parmi les qua- 
rante-deux plus célèbres astronomes, mourut, suivant 
Aboul-Farug , l'an 929 de l’ère chrétienne ( de l’hégire 
317). 

ALBEGALA (Astr.). C’est un des noms de Ja Ivre, 
constellation boréale. 

ALBERT :-1E-Granp , nommé par divers autenrs AL- 
BERTUS THEUTONICUS, FRATER ÂLBERTUS DE COLOSIA, AL- 
BERTUS RATISBONENSIS, et enfin ALBERTUS GROTUS , de la 
famiile des comtes de Bollstædt, naquit à Lawingen, en 
Souabe, en 1193, suivant quelques-uns de ses biogra- 
phes, et en 1205, suivant d’autres. La vie de cet homme 
extraordinaire a été le sujet des plus étranges dissenti- 
mens, comme ses connaissances si profondes, si étendues 
pour l’époque dans laquelle il a vécu, ont servi de 
texte à des contes absurdes, dont la vulgarité et le peu 
de fondemens n’ont pas moins trouvé des échos hors 
de la tourbe ignorante et grossière où ils avaient pris 
naissance. L’auteur de la biographie du grand Albert, 
dans l'Encyclopédie, a adopté, en parlant de cet homme 
célèbre, un ton de persiflaye ct de plaisanterie de mau- 
vais goût , que le caractère religieux dont il était revêtu 
avait sans doute inspiré. 

Albert a du le surnom de Grand, qui lui a été déféré 


] 


AL 


par son siècle, à ses connaissances, que ses contempo- 
rains seuls ont dù croire surnaturelles, et non pas à la 
corruption du mot grot ou great, qu'on a cru être le 
surnom distinctif de sa famille. Il est prouvé qu'aucune 
branche de la maison de Bollstædt n'a jamais été ainsi 
désignée. 

Quoi qu'il en soit, Albert-le-Grand fitses études à l’u- 
niversité de Paris , où l'influence du célèbre Jordanus, 
l’un de ses maîtres, le décida à entrer dans l’ordre de 
Saint: Dominique. 11 vint à Paris à l’époque où les théo- 
ries d’Aristote ( Foy. ce mot) étaient proscrites par la 
Sorbonne et le Saint-Siége. 11 commenta publiquement 
les doctrines de ce philosophe, et il fut assez heureux 
pour triompher des répugnances de l'église qui les avait 
anathématisées. Albert ne s’occupait pas seulement de phi- 
losophie et de ce que l'on appelait alors dialectique ; il 
s’adonnait sérieusement à l'étude des sciences positives. 
Vers l'an 1254, désigné par la haute renommée qui 
récompensait ses travaux , il fut promu par les chefs de 
son ordre à la dignité de provincial des Dominicains en 
Allemagne. Il se retira alors à Cologne, où bientôt après 
il devint évéque de Ratisbonne. 

C'est dans la première de ces villes, qu’Albert, au 
sein de ses études solitaires, résolut quelques problèmes 
difficiles des sciences mathématiques. I] construisit, s’il 
faut s'en rapporter à la fois à la naïve admiration de 
ses amis et à la haine de ses ennemis, un automate doué 
du mouvement et de la parole. Ce chef d'œuvre de l’art, 
que cinq siècles après renouvela Vaucanson, lui attira 
les plus ridicules accusations ; et Saint- Thomas d'Aquin, 
son élève, dans un triste excès de zèle pour la religion, 
brisa cet ouvrage merveilleux , dans lequel il crut re- 
connaitre l'inspiration du démon. Vaucanson fut plus 
heureux. 

Albert-le-Grand, évêque de Ratisbonne , a composé 
un grand nombre d'écrits. La plupart de ses ouvrages, 
ou du moins de ceux qui lui furert attribués, se trouvent 
dans : Fabricit, Bibl. lat. med. et inf. ætatis, au mot 
Azserrus, édit. de Pierre Jamimi. Albert-le-Grand est 
mort à Cologne, en 1280 , à l’äge de 87 ans. 

Les b'ographes qui, dans leur ignorance, ont cru pou- 
voir s'égayer avec le nom de cet homme célèbre, au- 
raient dû ajouter que les ridicules rapsodies intitulées : 
Secrets merveilleux du grand et du petit Albert, n'étaient 
pas de lui, et n’étaient en aucune façon extraites de ses 
œuvres. 

ALBIREO (Astr.). Nom qu'on a donné à une étoile 
du cygne marquée 8 dans les catalogues. 

ALCUIN , moine anglo-saxon, disciple de Bède, et 
maître de Charlemagne, né dans le VILI* siècle, La bie- 
graphie de cet homme célèbre appartient plus à 
l'histoire littéraire du moyen äge, qu’à ceile des sciences 
mathématiques, dont il favorisa néanmoins les pre- 


AL 


grès, et dans lesquelles il possédait des connaussan- 
ces remarquables pour son siècle. Le prince abbé de 
Saint-Emeran a donué, en 1777, une belle édition des 
œuvres d’'Alcuin, dans lesquelles on trouve les écrits 
: 1° De 


cursu et sallu lunæ et de bissexto; 2° De reperienda 


suivans sur diverses parties des mathématiques 


luna paschali per 19 annos ; 3° Proposiliones arithme- 
ticæ ad acuendos juvenes. Ce dernier ouvrage est un 
recueil de questions arithmétiques du genre de celles de 
l'anthologie grecque : on pourrait le regarder comme le 
germe du livre si connu des Accreations mathémati- 
ques. Il est probable que Bachet, auteur de l'ouvrage 
intitulé : Problèmes plaisans et délectables qui se font 
par les nombres (Lyon, 1613, in-8°), avait lu le livre 
d’Alcuin, déjà imprimé en 1543, sous le nom de Bède. 

Alcuin servit avec un noble zèle les projets de civili- 
sation de Charlemagne. Il a attaché son nom à ce règne, 
qui brille commeun météore dansla nuit du VIl'siècle. 
Mais ses travaux mathématiques, et l’ardeur avec la- 
quelle il favorisa l'étude de l'astronomie, ne paraissent 
pasavoir influé sur les progrès de cette science en France. 
La postérité, qui lui a su gré de ses efforts, le place dans 
un rang distingué parmi les hommes qui ont le plus 
illustré l'étude des sciences. 

ALCYON (Astr.). C’est le nom de la plus brillante 
des Pléiades, marquée y dans 1es catalogues. 

ALDEBARAN (l’oyez ABENEZRA). 

ALDHAFERA ( 4str. ). Étoile de la troisième gran- 
deur dans la constellation du Lion. 

ALEMBERT (Jeanx-cr-Ronp D’), littérateur et ma- 
thématicien célèbre, né à Paris le 16 novembre 1717. 
On a toujours recherché avec un vif intérêt les détails 
les moins importans de la vie des grands hommes. Toutes 
les circonstances qui se rattachent, même de fort loin, 
à leurs travaux et à leurs succès, semblent faire partie 
de leur gloire. Cette espèce de culte que la postérité 
voue au génie, est le résultat d’un sentiment à la fois 
enthousiaste et curieux, qui s’augmente à mesure que 
le temps passe sur leur renommée sans y porter aucune 
atteinte. Nous aimons à nous asseoir au berceau des 
hommes dont le nom a survécu à leur époque, comme 
pour y surprendre leur première pensée, et découvrir 
jusque dans les jeux de leur enfance le germe du talent 
qui illustra leur carrière. Sous ce point de vue, la bio- 
graphie de d’Alembert pourrait présenter une foule de 
traits remarquables, mais auxquels nous ne pouvons 
accorder dans ces pages, plus particulièrement consa- 
crées à la science, qu’une place peu importante : nous 
nous plairons néanmoins à retracer ceux qui font le plus 
d'honneur à son caractère. 

Durant la nuit du 16 novembre 1717, un enfant nou- 
veau-né, faible et chétif, fut trouvé sous le porche de 
l'église de Saint-Jean-le-Rond, et porté , suivant l'usage, 


AL 39 


chez le commissaire du quartier. Soit que cét homme 
eût été prévenu par les parens de cet enfant, soit qu'il 
eüt pitié de cette innocente et fréle créature, il exerça 
envers elle un acte d'humanité que les devoirs de sa ma- 
gistrature ne lui imposaient pas. Il confia l'enfant à la 
femme d’un vitrier, qui lui prodigua les soins les plus 
touchans. On lui donna le nom de Jean-le-Rond, qu'il 
devait un jour rendre célèbre avec celui de d'Alem- 
bert. Peu de jours après cet événement, on put déjà 
supposer que le petit Jean-le-Rond avait été ainsi 
abandonné par de riches parens, pour cacher la faute 
dont il était le fruit malheureux, car une pension de 
douze cents livres fut constituée sous son nom. Plus 
tard, on a cru savoir qu’il était le fils de madame de 
Tencin , femme aussi célèbre par son esprit que par sa 
beauté, et de Destouches , commissaire provincial d'ar- 
tillerie, qu’on avait surnommé Canon, pour qu’on ne 
le coufondit pas avec le poète dramatique Destouches. 
Quoi qu’il en soit, d'Alembert annonça de bonne heure 
les plus heureuses dispositions, et, contre l'habitude des 
eufans doués d’une précocité prodigieuse, il tint parole 
en devenant homme. Quand sa renommée naissante le 
fit accueillir dans le monde avecune honorable distinc- 
tion, madame de Tencin, chez laquelle il était reçu, 
lui fit, dit-on, connaître ie secret de sa naissance. Le 
jeune d’Alembert reçut cet aveu avec une dignité froide, 
et déclara qu’il ne reconnaîtrait jamais pour sa véritable 
mère que la pauvre femme dont il avait sucé le 
lait, et qui avait pris un soin si tendre de sa débile en- 
fance. 

D’Alembert fut mis en pension dès l’âge de quatre 
ans. Il en avait à peine dix que son maître se déclara 
hors d'état de lui apprendre rien de plus que ce qu’il 
savait déjà. Mais la faiblesse de son tempérament exigeait 
encore des soins assidus. Ce fut seulement deux années 
après qu'il entra au collége Mazarin, où il acheva ses 
études d’une manière brillante. La mémoire de ce pre- 
mier maitre dont il avait été l’élève bien-aimé , fut tou- 
jours chère à d’Alembert. Malgré la médiocrité de sa 
fortune , il fut assez heureux plus tard pour l'aider à 
élever ses enfans, et pour lui offrir de fréquens secours. 
Au sortir du collége, il voulut aussi retourner auprès 
de sa bonne nourrice, et il a passé près de trente années 
de sa vie avec cette femme, à laquelle il donua toujours 
le doux nom de mère. 

Ces traits, et un grand nombre d'autres que nous 
sommes obligés de passer sous silence, dessinen' no- 
blement le caractère de d’Alembert, caractère qu'il 
ne démentit pas dans le cours de sa vie. I futun homme 
de mœurs douces et d’un commerce aimable et facile, 
malgré la malignité de son esprit et son peuchant pour 
l'épigramme. Si ses ouvrages révèlent en lui une intelli- 
gence supérieure et forte, ses actions privées révèlent 


: 10 AL 


aussi une âme élevée et un cœur sensible et généreux. 
Après cet éloge mérité de d'Alembert, il nous sera sans 
doute permis de dire que nous n’aurons point à nous 
occuper de ses œuvres littéraires , et moins encore de ses 
préteadustravaux philosophiques. Entraîné par un esprit 
vif et inquiet dans le mouvement qui a dominé son 
siècle, cet illustre écrivain a malheureusement adopté 
et préconisé avec un remarquable talent ïes grossières 
erreurs des réformateurs de son temps, parmi lesquels 
il occupe du moins une place distinguée. À uue autre 
époque , et il est douloureux de le dire, dans un autre 
pays que la France, où la nouveauté et la hardiesse des 
idées exercent un empire plus facile et plus puissant 
que la vérité, il est permis de croire que d’Alembert 
aurait rempli une mission plus digne de son génie et 
plus utile à l'humanité. 

Les heureuses dispositions que d’Alembert avait ma- 
nifestées dès l'enfance se développèrent rapidement au 
collége, où il réalisa bientôt les espérances qu'il avait 
fait concevoir à son premier maître. Il n’est pas inutile 
de remarquer que cet enfant studieux et melancoïique 
sembla d’abord promettreun éloquent défenseur au chris- 
tianisme, dont il devait cependant contribuer à ébranler 
les croyances. Ses professeurs jansénistes dirigèrent ses 
premières idées vers la théologie, et, émerveillés de ses 
travaux, crurent un moment que le collége Mazarin allait 
voir renaître Pascal, l’illustre solitäire de Port-Royal. 
En effet, des sa première année de philosophie , d’Alem- 
bert écrivit un remarquable commentaire sur l’épitre 
de saint Paul aux Romains : ainsi, dit Condorcet, il 
commença comme Newton avait fini. 

Ce fut néanmoins durant cette période de sa vie d’étu- 
diant que d’Alembert prit goût aux mathématiques, 
dont il poursuivit avec ardeur l'étude laborieuse et pé- 
nible. Il ne tarda pas à prendre une place élevée parmi 
les hommes dont les utiles travaux ont fait faire des 
progrès à ces hautes sciences. Après avoir successivement 
étudié pour le barreau et la médecine, il débuta dans 
la carrière de son choix et objet de sa plus vive prédi- 
lection, par deux mémoires qu’il présenta à l'Académie 
des sciences : le premier, sur le mouvement des corps 
solides à travers un fluide; le second, sur le calcul inté- 
Igral. Ces premiers travaux l’élevèrent tout à coup au 
rang des plus savans mathématiciens, et l’Académie 
les récompensa ea ouvrant, dès 1741, ses portes à leur 
auteur. 

En 1543, d’Alembert publia son Traité de dyna- 
mique. La méthode dont il se servit dans cet écrit ré- 
duit toutes les lois du mouvement des corps à celle de 
Jeur équilibre, et ramène conséquemmient la dynamique 
à Ja statique. En rapportant ainsi, dit Lagrange , à une 
méthode uniforme la mise en équation des problèmes de 
ce genre, qu’on faisait dépendre de principes incohé- 


ES 


AL 


rens, plutôt devinés que rencontrés, il mit fin aux 
espèces de défis que les géomètres s’adressaient sur cette 
matière. 

Le Traité des fluides ; suite nécessaire du Traité de 
dynamique, parut en 1744. D'Alembert fut encore 
obligé, dans cet ouvrage , de s’astreindre aux hypothèses 
par lesquelles Jean et Daniel Bernouilli étaient parve- 
nus à rendre le mouvement des fluides accessible au 
calcul; mais en appuyant ses solutions sur le principe 
qu'il avait appliqué à la recherche du mouvement des 
corps solides, il rectifia quelques erreurs échappées à ses 
illustres devanciers, et mit du moins ce qu'ils avaient 
trouvé d’exact à l’abri de toute difficulté. 

Dans la même année, d’Alembert publia le mémoiresur 
la T'hcorie des vents, qui remporta le prix proposé par 
l’Académie de Berlin. En 1748, il fit paraître ses Recher- 
ches sur les cordes vibrantes. Ce beau travail! fixa l’at- 
tention des géomètres sur le calcul intégral aux diffé- 
rentielles partielles, dont la découverte est un des plus 
beaux titres de gloire de d’Alembert. 


Enfin, en 1549, parurent les Recherches sur la préces- 
sion des équinoxes. On trouve dans cet ouvrage impor- 
tant la première détermination générale du mouvement 
de rotation d’un corps de figure quelconque. Ces re- 
cherches font époque dans la dynamique aussi bien que 
dans l'astronomie physique. 

D'Alembert consacra à des travaux purement litté- 
raires plusieurs années de sa vie; il est l’auteur du dis- 
cours d'introduction de l'Encyclopédie, et d'un grand 
nombre d'articles relatifs aux sciences mathématiques 
insérés dars cet ouvrage. Le 29 octobre 1783, d’Alcm- 
bert mourut de la pierre, avant d’avoir été opéré, à 
l’âge de soixante-dix ans. 

Voici l’ordre dans lequel on peut classer ses princi- 
pales œuvres mathématiques, qui ont rarement été 
réunies dans les collections de ses écrits. 

1°. Traité de dynamique, 1 vol, in-4°, 1743, 1758. 
2° Traité de l'équilibre et du mouvement des fluides, 


* Réflexions sur la cause 


1, Vol. in-4°,.1940, 1770. 3 
géncrale des vents, in-4°, 1747. 4° Recherches sur la 
précession des équinoxes et sur la mutation de l’axe de 
la terre, 1 vol. in-4°, 1749. 5° Essai d'une nouvelle 
théorie sur la résistance des fluides, 1 vol. in-4°, 1552. 
6° Recherches sur différens points importans du sys- 
tème du monde, 3 vol. in-4°, 1754, 1556. 7° Opuscules 
mathématiques, 8 vol. in-4°, publiés successivement 
en 1701,1764; 1967, 1968, 1773, 1780. 
ALEXANDRIE (Écoze p'). L'histoire de cette an- 
tique et célèbre institution est, sans doute, intimement 
liée à celle des lettres; mais les sciences mathématiques 
doivent à ses illustres disciples de si importantes décou- 
vertes et de si mémorables travaux, qu’elle semble sur- 


pes 


AL 


tout appartenir à ces hautes connaissances, dont leurs 
travaux ont agrandi le domaine. Sous un autre point de 
vue, l’histoire de cette noble école se rattacherait en- 
core à l’enseignement supérieur de ces sciences, quand 
elle n’aurait-eu que la seale gloire d’en conserver dans 
son sein le précieux dépôt durant des périodes funestes 
aux progrès de l'humanité. 

La ville d'Alexandrie, située entre le lac Mareotis et 
la Méditerranée, à l'extrémité de l'angle occidental de 
l'Egypte, fur fondée par Alexandre-le-Grand vers la 


‘€ année de la exn* olympiade, environ l’an du 


1 
monde 3670 , et 334 ans avant Jésus-Christ. Alexandre, 
ce conquérant civilisateur, qui n'eut point d'enfance et 
W'arriva point jusqu'à l’âge mür ; cet homme prodigieux, 
dont la vaste pensée embrassait le monde, qu'il par- 
courut en triomphateur, voulait que la ville dont il 
traça l'enceinte, servit pour ainsi dire de lien entre 
l'Orient et l'Occident. Cette noble idée qui rattachait 
ainsi à un avenir inconnu tout le passé de la terre des 
Pharaons, ne finit point avec la vie et la puissance hu- 
maine de celui qui l'avait conçue, et participa ainsi de 
ce caractère de durée qui défend contre le temps les 
inspirations du génie. Alexandrie a rempli, en effet, 
sous plusieurs rapports, la destinée que lui avait assi- 
guée son glorieux fondateur. 

Après la mort d'Alexandre, le vaste empire que for- 
maient ses conquêtes , fut livré à d’effroyables déchire- 
mens. Chacun de ses capitaines prit une couronne, Celle 
d'Égypte échut à Lagus, qui, respectant du moins la pen- 
sée de son maitre, transporta à Alexandrie le siége de 
son autorité. Bientôt cette cité effaça, par la beauté et le 
nombre de ses monumens, la splendeur de ces villes an- 
tiques, berceau des orgueilleuses traditions de l'Égypte. 
La douceur du gouvernement de Lagus attira dans ses 
murs les savans et les philosophes de la Grèce : les ar- 
tistes accoururent sur leurs pas , et la brillante civilisation 
d'Athènes, dont la gloire et la liberté venaient de mourir, 
transportée ainsi sous le beau ciel de l'Égypte, y jeta en 
peu d'années de fécondes racines. C'est à cette époque 
qu'il faut placer l'établissement de l’école d'Alexandrie. 
Mais Ptolémée-Philadelphe, fils et successeur de Lagus.. 
donna à cette institution naissante des marques si écla. 
tantes de sa protection, que la gloire de sa fondation lui 
en est généralement attribuée. Il logea les savans et les 
philosophes, à qui l’école était ouverte, dans un magni- 
fique édifice attenant à son palais. (Srrason, Géogr. 
hb. xur.) I fournit libéralement à toutes les dépenses 
des entreprises tentées dans le but des découvertes et 
du perfectionnement des sciences, et commença enfin à 
rassembler à grands frais cette immense et célèbre biblio- 
thèque , où furent successivement déposés tous les livres 
de l'Égypte, et tous ceux que produisirent les progrès 
des connaissances humaines, La perte de cette collection 


AL 41 


unique est encore, après plus de mille ans, l'objet des 
regrets les plus justes et les plus douloureux. 

Au premier rang des maitres qui, sous le rapport des 
sciences mathématiques, vinrent dès son origineillustrer 
l'école d'Alexandrie, on doit placer le grand Eudclide, 
qu'il n’est plus permis aujourd'hui de confondre avec 
Euclide de Mégare, le philosophe , et le disciple de So- 
crate, mort un siècle avant l'époque du géomètre. 
Euclide rassembla toutes les vérités élémentaires de la 
géométrie découvertes avant lui. Il apporta dans cet 
ouvrage une méthode si certaine et si avancée, il mit 
entre ses propositions un enchainement si précis et si 
rigoureux , que depuis lui, tous les efforts des géomètres 
ont été impuissans pour réformer ses démonstrations, 
à l'évidence et à la force desquelles ils n’ont pu porter 
atteinte. Après plus de deux mille ans, les élémens 
d'Euclide n’ont pas cessé de former la base essentielle 
de la science, et nul bras n’a été assez fort pour briser 
la chaine formée par l'ancien géomètre. Nous examine- 
rons avec plus de développemens les importans tra- 
vaux d'Eudide à l'article biographique que nous lui 
consacrerons. Il en sera de même des doctrines et des 
découvertes des savans que nous allons nommer dans 
le cours de cette notice, spécialement consacrée à l’en- 
semble des connaissances mathématiques que l’école 
d'Alexandrie a répandues dans le monde. 

Tandis qu'Euclide jetait ainsi les bases indestructibles 
de l’arithmétique et de la géométrie, l'astronomie sor- 
tait, à Alexandrie, de l’état d'enfance où elle était 
encore plongée, et où l'avaient laissée les philosophes 
grecs depuis Thalès. Aristille et Timocharis, dont nous 
ne connaissons malheureusement les travaux que parce 
qu'ils ont été analysés dans l’almageste de Ptolémée, 
cessaient de se livrer à de vaines conjectures , et com- 
mençaient à sentir la nécessité des observations aux- 
quelles on a dû le premier système d'astronomie ; fondé 
sur une comparaison réfléchie des phénomènes célestes, 
et propre à les représenter avec quelque vérité. Aristille 
et Timocharis paraissent avoir été les premiers astro- 
nornes qui aient déterminé d’une manière approxima- 
tive la position des étoiles fixes par rapport au zodia- 
que, en marquant leurs longitudes et leurs latitudes. 
Un autre astronome, Dionysius, se faisait en même 
temps remarquer à l’école d'Alexandrie par la produc- 
tion d’une ère particulière, où les noms des mois sont 
dérivés de ceux du zodiaque. À peu près à la même 
époque, l’école voyait fleurir Aristarque de Samos, dont 
les travaux astronomiques acquirent une grande célé- 
brité, car ils eurent pour objet le système de l'univers : 
il se rallia à l'opinion que l'école pythagoricienne avait 
émise sur le mouvement de la terre, et fit de nombreux 
efforts pour faire prévaloir cette hypothèse à Alexan- 


drie, Avistarque de Samos a composé divers écrits ma- 


42 AL 

thématiques dont malheureusement il n’est venu jusqu'à 
nous qu’une faible partie; mais le témoignage de ses 
contemporains a déposé en faveur de son génie et con- 
solidé sa gloire. Il créa une nouvelle méthode pour 
mesurer la distance du soleil à la terre par la dichoto- 
mie de la lune, qui fit une profonde sensation à l’école 
d'Alexandrie; car cette proposition qui reculait consi- 
dérablement les bornes de l'univers, était contraire à 
toutes les connaissances scientifiques, et surtout à la cos- 
mogonie de l’époque. 

Eratostènes, qui suivit de près ces hommes célèbres, 
prit à Alexandrie une place distinguée parmi les savans 
maîtres de l’école, par ses travaux dans la géométrie et 
l'astronomie, branches des sciences mathématiques aux- 
quelles il s’'adonna spécialement. Il donna une solution 
du problème de la duplication du cube, conservée par 
Eutocius dans ses commentaires sur Archimède. On lui 
doit encore une méthode ingénieuse pour trouver les 
nombres premiers. Ce fat par les conseils d'Eratostènes 
que Ptolémée-Evergetes fit établir et placer sous le por- 
tique de l’école d'Alexandrie de grands instrumens pour 
l'observation des astres ; la science lui doit aussi la con- 
struction des armilles, fameuses dans l'histoire de l’astro- 
nomie grecque, qui a exécuté par leur moyen ses prin- 
cipales observations. La tentative d'Eratostènes pour me- 
surer la grandeur de la terre, en observant le passage du 
soleil au-dessus du puits de Syène, dont il avait remar- 
qué que le fond était illuminé à midi, le jour mème du 
solstice d'été, fit époque dans la science, quoique l’éva- 
luation de la grandeur du degré terrestre due à ce pro- 
cédé, n’offre qu'une approximation peu concluante. Il 
en est de même de l'observation que fit encore ce savant 
de l’obliquité de l’écliptique. 

Parmi les mathématiciens qui se formèrent à l’école 
d'Alexandrie sous les successeurs d'Euclide, Appollo- 
nius de Perge est un de ceux dont le génie a jeté le 
plus d'éclat, et dont les travaux ont le plus contribué 
aux progrès de la science. Appollonius a écrit avec une 
étonnante fécondité sur toutes les parties des mathéma- 
tiques ; maisson Traité des coniques aurait seul suffi pour 
immortaliser son nom. Ce chef-d'œuvre, dont les Arabes 
avaient entrepris une traduction sous le règne d'El-Mà- 
moun, a été long-temps inconnu à l'Europe. Les quatre 
premiers livres de cet ouvrage précieux étaient les seuls 
qu'on y possédät , quand vers le milieu du XVII° siècle, 
les derniers furent heureusement recouvrés. Au reste, 
l'histoire de ces vicissitudes bibliographiques sera 
plus naturellement placée à l’article que nous consacre- 
rons à Appollonius. 

On ne s’est pas attendu sans doute à trouver ici la 
nomenclature exacte des mathématiciens qui firent hon- 
neur à l'école d'Alexandrie; nous avons seulement dû 
choisir, dans l’ordre chronologique, les hommes supé- 


AL 


rieurs, dont les travaux font époque dans l'histoire de 
cette institution , et marquent un progrès dans la science. 
L'esprit humain n'arrive que par des gradations lentes 
et successives à la découverte des grandes vérités; et 
l'on peut se faire une idée de la marche suivie par les 
sciences mathématiques, en mesurant les phases de leurs 
progrès dans l'intervalle des deux siècles qui séparent 
les Élémens d'Euclide du ‘Fraité des coniques d’Appol- 
lonius. On ne doit pas oublier, au surplus, que nous 
avons passé sous silence l'histoire de ces progrès hors 
de l'école d'Alexandrie, quoiqu’elle füt alors comme 
le centre d’un grand système, et que son influence et ses 
enseignemens se répandissent au loin parmi les nations 
civilisées, Ainsi au nombre des grands mathématiciensde 
ce temps, dont nous n'avons pas mentionné les travaux, 
brille l’illustre et immortel Archimède. Mais un tel 
homme s’appartient à lui-même, ses œuvres appartien- 
nent au monde, et aucune école ne peut revendiquer la 
gloire qui s'attache à son nom. 

Après les grands hommes dont nous venons de rap- 
porter succinctement les titres à l'admiration de la posté- 
rité, l’ordre naturel des temps place dans les fastes de 
l’école d'Alexandrie le nom justement célèbre d'Hip- 
parque, né à Nicée en Bithynie, durant le cours du 
IT' siècle avant notre ère. Si l'époque précédente semble 
plus remplie, dans l’histoire des mathématiques ; por les 
progrès de la géométrie, Hipparque vint marquer celles 
des découvertes dont l'astronomie devait s'enrichir, en 
établissant des hypothèses qui ont mis la science sur le 
chemin de la vérité. Cet astronome détermina avec plus 
de précision qu’on ne l'avait fait avant lui , la durée des 
révolutions du soleil; il mesura l'excentricité de cet astre 
et détermina son apogée. Le génie de cet homme célè- 
bre s’éleva ainsi jusqu'aux plus hautes conceptions de la 
science. C’est à lui que l’on doit le premier catalogue 
d'étoiles fixes, qui servit ensuite à Ptolémée pour dres- 
ser les tables du ciel. Ce prodigieux travail, qui n'ef- 
fraya ni la patience, ni le courage d'Hipparque, mit la 
science sur la voie d’une de ses plus brillantes déceu- 
vertes, celle du mouvement des étoiles, et révéla à 
l'humanité la connaissance de l’ordre admirable qui 
préside au système du monde. Les mouvemens de ces 
astres innombrables qui se meuvent dans l’immensité , 
cessèrent d'être pour l’homme un mvstèré inexplicable, 
et désormais il eut l’espoir, que la science a réalisé, de 
pénétrer plus avant dans le sanctuaire des lois immua- 
bles qui régissent l'univers. Sainte et puissante faculté 
de Ja raison, qui place l’homme au premier anneau de 
la chaîne des êtres, et lui découvre une partie des secrets 
de sa haute destination, en développant en lui cette 
virtualité créatrice qui l'élève jusqu’à Dieu! Quelque 
imperfection qui existe dans les découvertes des an- 
aens, il estimpossible de ne pas admir2r les ingénieuses 


ne 


AL 


hypothèses qu'ils fondèrent sur des observations exécu- 
tées en l'absence des instrumens que la science moderne 
a créés, et sur des observations antérieures dont ils n’a- 
vaient aucun moyen de vérifier l'exactitude et la pré- 
cision. Ils apportèrent en effet une admirable aptitude 
et une étonnante sagacité dans l'emploi des seules mé- 
thodes qui fussent à leur disposition. Le chemin par- 
couru par la science astronomique depuis Thalès jusqu’à 
Hipparque est immense, et l’école d'Alexandrie a eu la 
gloire de marquer chacune de ses périodes par quelque 
grand progrès. En suivant par la pensée cette marche 
lente, maissüre, on voit peu à peu se dissiper les nuayyes 
qui dérobaient à la raison humaine les connaissances qui 
lui sont maintenant acquises; on voit se briser une à 
une les vieilles erreurs cosmogoniques des premières 
races civilisées, et la science préparer ainsi le monde à 
recevoir la première révélation de l'Évangile, 

Tous les hommes qui se distinguèrent dans les sciences 
depuis Hipparque jusqu’à l’ère chrétieune, appartien- 
nent directement ou indirectement à l’école d'Alexan- 
drie. Leurs travaux ne sont en réalité que le dévelop- 
pement des travaux des illustres maitres, que cette 
iustitution vit sortir de son sein. Ctésibius et Hé- 
ron, son disciple, tous deux d'Alexandrie, se livrent 
alors avec succès à l’étude de la mécanique et reculent 
les bornes de cette science ; Possidonius se distingue par 
son habileté et ses profondes connaissances dans toutes 
les parties des mathématiques; Géminus trace l’histoire 
de l'astronomie; Cléomède écrit les élémens de cette 
science, et commence ainsi à en populariser l'étude; 
un autre astronome, Sosigènes, rattache son nom à la 
réformation du calendrier opérée par Jules - César; 
Divnysiodore résout le problème posé par Archimède de 
la division d’un hémisphère en raison donnée par un 
plan parallèle à la base; enfin, le géomètre Théodore 
pose les principes de l'astronomie sphérique, et fait 
faire un progrès à la gnomonique en construisant un 
cadran universel et portatif. 

Durant le premier siècle de l'ère chrétienne l’école 
d'Alexandrie 2e produisit aucun mathématicien dont la 
postérité ait dù conserver le nom. Elle n’en brilla pas 

_ moins d’un vif éclat dans les autres branches du savoir 
humain, dont nous n’avons point à nous occuper ici. 

Chaque siècle a un développement intellectuel qui 
lui est propre; et à cette époque les grands événemens 
politiques qui venaient de changer la face du monde, 
durent donner à l'esprit humain une direction qui 
affecta les progrès des sciences. Toutes les idées se por- 
tèrent vers les questions sociales, que devait faire agiter 
la perte de tant de nationalités envahies par l'immense 
monarchie qui s’éleva sur les débris de la liberté ro- 
maine. D'un autre côté, le christianisme commençait à 
répandre dans le monde les bienfaits de ses hautes doc- 


AL 43 
trmes, et influait sur la préoccupation des esprits de 
toute la puissance que la morale exerce dans les rapports 
sociaux. 

Vers l’an 130 de cette ère de rénovation, l’école 
d'Alexandrie accueillit avec enthousiasme les travaux 
de Ptolémée, né à Ptolémaïde en Égypte. Hipparque 
avait eu le projet de fonder un cours complet d’études 
astronomiques ; Ptolémée le réalisa, et rectifiales théories 
de ce maitre par de nouvelles observations, auxquelles 
il donna plus d’extension, et un caractère de certitude 
qui fit de ses hypothèses la science elle-même, dont ses 
devanciers n'avaient pu aborder tous les problêmes, 
Nous parlerons ailleurs avec plus de développemens 
des découvertes de Ptolémée; il nous suffira de dire ici 
que cet illustre astronome, en posant ses doctrines 
comme une limite qu’il n’était plus permis de dépasser, 
ferma pour ainsi dire l’école d'Alexandrie au progrès, 
Son sytème fat généralement adopté et servit de base 
aux observations des Arabes, quand les mathématiciens 
de cette nation restaurèrent l'astronomie. En recevant 
d’eux la science , l'Europe moderne accepta les principes 
sur lesquels elle était fondée; ils furent aussi les seuls 
qu’on enseignät dans nos écoles, jusqu’au temps plus 
près de nous où de prodigieuses découvertes vinrent 
renverser un système qui avait régi la ‘science pendant 
près de quatorze siècles. 

Les travaux de Ptolémée semblent avoir donné un 
élan nouveau à l'étude des sciences mathématiques ; 
maisses livres furent seulement l’objet de commentaires 
plus ou moins ingénieux, sans que, comme on vient 
de le dire, les bornes qu'ils avaient imposées à l’astro- 
nomie fussent jamais dépassées. Cependant des géo- 
mètres célèbres, tels que Hvpsicle, Porphyre, l’évêque 
Anazolius, Philon de Thyane, Tymaridas, Achille 
Tatius, conservèrent dignement depuis Ptolémée jus- 
qu’à Diophante l'antique renommée de l’école d'Alexan- 
drie. 

C’est à ce dernier mathématicien qu'on attribue l'in- 
vention de l'algèbre; il est du moins le premier des 
Grecs dans les ouvrages duquel on découvre les plus 
anciennes traces de cette science. Après lui, Pappus, 
Théon et la célèbre Hvpatia, sa fille, apparaissent dans 
l’école d'Alexandrie comme les derniers rayons de l’astre 
majestueux des sciences mathématiques. Vers le milieu 
du cinquième siècle, le philosophe Proclus, chef de la 
secte platonicienne, ouvrit une école nouvelle à Athènes, 
où se trouva ainsi transporté le siège des mathéma- 
tiques. Depuis lors, l’école fondée par Lagus et Ptolé- 
mée-Philadelphe fut presque exclusivement ouverte 
aux disputes dogmatiques et aux doctrines de cette 
philosophie, remarquable par sa tendance à opérer la 
fusion des principes les plus opposés, tentative impuis- 
sante que l'éclectisme de notre époque semble vouloir 


44 AL 


reproduire, au mépris des travaux intellectuels de 
l'Allemagne , qui ont fait faire aux sciences philosophi- 
ques un progrès aussi réel sur les doctrines de lécole 
d'Alexandrie, que ceux qui, dans les sciences mathé- 
matiques, ont dépassé les hypothèses de Ptolémée. 

En l'an 641 de notre ère, la ville d'Alexandrie tomba 
au pouvoir des Arabes. Ce désastreux événement arriva 
sous le khalyfat d'Omar, le deuxième successeur de 
Mahomet, dont la religion avait en peu de temps em- 
brasé l'Asie d’un enthousiasme frénétique. Le monde 
civilisé fut un moment menacé de tomber sous le glaive 
des sectaires ardens et fanatiques du Koran ; et Alexan- 
drie, alors encore le refuge des savans et le dépôt des 
connaissances humaines, n’échappa point à leur aveugle 
instinct de destruction. Les monumens vénérables de 
l’antiquité qui peuplaient cette ville furent détruits ou 
mutilés, et la flamme dévora sa précieuse bibliothèque, 
où avaient été laborieusement recueillis tous les livres 
écrits durant neuf siècles, sur toutes les parties du savoir 
humain. 

L'histoire a conservé le nom du philosophe Philo- 
pone, dont le dévouement et les généreux efforts furent 
néanmoins impuissans à prévenir cette catastrophe. Il 
parvint cependant à en faire suspendre l'exécution, et 
il ébranla assez fortement les convictions d’Amrou, 
pour que celui-ci crût devoir consulter le Khalyfe sur le 
parti qu'il avait à prendre. Voici la réponse que fit 
Omar, réponse que sa barbarie sophistique a rendue cé- 
lèbre. « Les livres dont tu me parles, ditl à l'envoyé 
de son lieutenant, sont conformes ou contraires au Ko- 
ran : dans le premier cas il faui les bruler comme inu- 
tiles; dans le second ils sont dignes du feu comme dé- 
testables. » Cet arrêt fut exécuté, et tel était le nombre 
immense des volumes qui formaient cette collection, 
que tous les historiens s'accordent à dire qu'ils servirent 
pendant près d’un an à chauffer les bains publics de la 
malheureuse Alexandrie. 

| Ainsi périrent à la fois et cette célèbre école, qui du- 
rant une suite non interrompue de dix siècles, avait 
si puissamment coopéré aux progrès de l'esprit hu- 

main, et cette bibliothèque où avaient, dit-on, été 

jf classés dans un ordre admirable, tous les livres qui 
contenaient la pensée de l'antiquité. Cette perte inappré- 
ciable ne fut sans doute pas une des causes qui contri- 
buèrent le moins à répandre sur le monde le sombre 
nuage d’ignorance et de barbarie qui ne s'est dissipé 
que lentement et après une longue suite d'années. 

Par une de ces réactions inespérées et presque inexpli- 
cables, qui semblent indiquer l'influence de la main 
puissante qui dirige l’humanité, ces mêmes Arabes qui 
avaient anéanti, dans leur étrange fanatisme, l’école et 
la bibliothèque d'Alexandrie, et étouffé pour ainsi 
dire la science dans leurs mains sanglantes, furent la 


AL 


première nation qui rétablit son culte, et qui honora 
son caractère social par d’importans travaux, auxquels 
Jes lumières modernes doivent jeurs développemens 
primitifs. 

ALGEBAR ou ALGÉBOR ( 4str.). Nom arabe de la 
constellation d'Orion. 

ALGÈBRE. Science des nombres considérés en QUE 
néral, ou science des Lois des nombres. (F'oyez Ma- 
THÉMATIQUES. ) 

L'origine de cette science ne peut être dérerminée 
avec exactitude, et, quoiqu'il en existe des traces dans 
les écrits des plus anciens mathématiciens, ce n'est pro- 
prement que depuis Diophante qu'elle a formé une 
branche de la science des nombres distincte de l'arith- 
métique. En effet, toutes les considérations numériques 
des anciens ne sortaient point de la sphère des propriétés 
individuelles des nombres. Diophante même ne s'élève 
à quelques vérités générales que dans cette partie de 
l'aigèbre nommée théorie des nombres, que Gauss et 
Legendre ont portée récemment à un si haut degré de 
perfection. 1 

Le mot algèbre est dérivé de l'arabe ; mais son étv- 
mologie a été diversement interprétée. Les Arabes, qui 
nous ont transmis les premières notions de cette impor- 
tante science, l'avaient nommée é/-dyaber él-moqabelah; 
ce qui signifiait la science des restitutions, des propor- 
tions et des solutions. Quelques auteurs ont pensé que 
l'algèbre tirait son nom de Geber, mathématicien, à qui 
ils en attribuent l'invention, quoique l'existence de 
ce Geber ne soit pas bien prouvée. Sans nous arrêter 
à d’autres versions étymologiques plus ou moins fondées, 
nous allons jeter un coup d'œil rapide sur les premiers 
déveioppemens de la science des nombres, suivre ses 
progrès lents et insensibles à travers les siècles, et men- 
tionner les principaux auteurs dont les utiles travaux 
l’ont successivement amenée à la certitude rationnelle 
qui la distingue si éminemment des autres sciences. 

Le plus ancien ouvrage que nous connaissions sur 
l'algébre est celui de Diophante, auteur grec d’Alexan- 
drie, qui vivait Pan 350 : il était composé de treize 
livres dont six seulement nous sont parvenus. Xylander 
en a publié une traduction latine en 1575; et, en 1621 
et 1650, Gaspard Bachet et l'illustre Fermat en don- 
nèrent des éditions grecques et latines accompagnées de 
commentaires. Les six livres qui nous restent de Dio- 
phante ne renferment pas un traité sur les parties élé- 
mentaires de la science; ils contiennent seulement une 
collection de questions difficiles sur les nombres carrés 
et cubes, ainsi que plusieurs autres propriétés des 
nombres. Dans ses observations préliminaires, ou dans 
sa préface qui est adressée à un Dionysius, pour lequel 
l'ouvrage paraît avoir été écrit, Diophante donne la 


nomenclature ct la génération des puissances ; il nomme 


AL 


les secondes puissances ou les carrés dynamis ; les cubes, 
cubus ; les quatrièmes puissances dynamo-dynamis; les 
cinquièmes, dynamo-cubus; les sixièmes, cubo-cu- 
bus , etc., selon la somme des exposans des puissances. 
L exprimait une quantité inconnue par le mot æpiôgos 
(nombre), et la désignait dans la solution par la seule 
finale os. Dans ses recherches sur la multiplication, il 
observe que moins multiplié par moins produit plus, 
et que moins multiplié par plus produit moins. À 
l'égard des signes d’addition et de-soustraction, il n’en 
employa qu’un seul pour la dernière et c’est un 4 ren- 
versé et un peu tronqué. Le mérite principal de l’ou- 
vrage de Diophante consiste dans l'adresse avec laquelle 
il résout des problèmes indéterminés. Dans ces pro- 
blèmes, ainsi nommés parce qu'ils sont susceptibles 
d’une infinité de solutions, il s’agit particulièrement 
d'éviter les valeurs irrationnelles auxquelles conduit la 
méthode ordinaire. Les anciens ne considéraient point 
les quantités irrationnelles comme de véritables nom- 
bres, et conséquemment, lorsqu'on demandait un ou 
plusieurs nombres propres à satisfaire une question, il 
ne fallait pas donner de ces quantités. Diophante les 
évite au moyen de certaines équations feintes, dont 
l'artifice mérite d'être développé. Nous allons en don- 
ner un exemple. 

Soit proposé de diviser un carré donné en deux autres. 
Si le carré donné est 25, exprimant l’un des carrés cher- 
chés par æ?, le second sera 25 — x?, ce qui doit être un 
nombre carré. Pour qu’il le soit nécessairement, formez, 
dit Diophante, un carré quelconque de la racine du 
carré donné, augmentée où diminuée d’un nombre de 
fois l’inconnue x, que vous égalerez au précédent 
25 — x’. Ce nombre étant arbitraire, supposons - le 
égal à 3; on aura, pour la racine du carré fictif, 5—3x, 
dont le carré 25 — 30ox + 9x? sera égal à 25 — x. 
Ainsi, dans cette équation, 25 peut être retrauché des 
deux membres, et il restera seulement 


92? — 307 = — x’; 


ce qui donne, en divisant le tout par æ, et résolvant 
l'équation du premier degré 9x3—30=—x , x —3. 
Ainsi , les carrés cherchés seront 9 et 16. 

Mais en formant autrement le carré fictif, en pre- 
nant, par exemple, pour racine 5— 4x, on aurait 
1600 
289 


De 


, 0 A A2 
trouvé x — e , dont le carré , ôté de 25, donne 
5625 


289 


pour le second carré demandé. Ce nombre est en 


3 | Cr 


effet le carré de Æ . Ainsi, voila encore deux nombres 


carrés dont la somme est égale à 25; et en poursuivant 
de la même manière, on trouverait une foule d’autres 
solutions. 


AL 45 


Diophante est le seul auteur grec sur l'algèbre dont 
les écrits nous aient été transmis. Nous savons seulement 
que la célèbre Æypathia, fille de Théon, fit un com- 
mentaire sur les treize livres de Diophante; mais ce 
commentaire a été perdu, ainsi que les sept derniers 
livres. Comment les Arabes devinrent-ils possesseurs de 
cette science ? C'est ce qu'on ignore. Quelques-uns sup- 
posent qu'ils la tenaient des Grecs , et d’autres soutien- 
nent qu’ils la doivent aux Indous. Il est certain que les 
Bramines avaient quelques connaissances algébriques ; 
mais était-ce antérieurement aux Arabes ou postérieu- 
rement ? Voilà ce qu’on ne peut préciser. Quoi qu’il en 
soit, l’algèbre et son nom ont été transmis à l'Europe, 
et particulièrement à l'Espagne par les Arabes ou Sarra- 
sins, vers l’an 1100, ou un peu avant. 


L'Italie paraît avoir cultivé cette science, après son 
introduction en Europe, avant toutes les autres nations; 
et Lucas Paciolus où Lucas de Burgo fut un des pre- 
miers qui écrivit sur ce sujet : il publia plusieurs traités 
d'algèbre en 1470, 1476, 1481, 1487 et 1509. Son 
principal ouvrage, intitulé : Summa arithmeticæ et 
geometriæ proportionumque et proportionalitatum , fut 
publié à Venise en 1494, et réimprimé en 1593. Il Y 
fait mention de Leonardus Pisanus, qui parait avoir 
vécu au commencement du XIII siècle. Ce Pisanus, 
dont le véritable nom est Bonacct, était un marchand 
qui exploitait les côtes d'Afrique et du Levant. C’est de 
là qu’il avait rapporté l'algèbre; et c’est indubitablement 
à lui que l'Italie dut la connaissance de cette science. Il 
ne faut pas corifondre Léonard Bonacci avec un autre 
Léonard de Pesar, auteur d’un livre intitulé : Liber de- 
sideratus. Montucla, dans son histoire des mathémati- 
ques, parle de deux autres savans qui auraient précédé 
Leonardus Pisanus dans la science algébrique : Paul de 
l’Abacco et Belmondo ou Beldomondo de Padoue. 
Néanmoins, on connaissait très-peu l’algèbre en Europe 
avant les ouvrages de Lucas de Burgo ; et nous voyons, 
par ces ouvrages, que la science à cette époque (1500) 
ne s’étendait pas au-delà des équations du second de- 
gré, dont on tirait seulement les racines positives. On 
n’employait encore aucuns signes, excepté quelques 
signes d’abréviation des mots. Il ne s'agissait, au reste, 
que de la solution de problèmes numériques. 


Après Lucas de Burgo, la science fit des progrès sen- 
sibles, et se répandit davantage. Elle fut principale- 
ment cultivée par le célèbre Jérôme Cardan de Bona- 
mia, dont les écrits sur les mathématiques, en neuf 
livres, furent imprimés à Milan , où il professait la phy- 
sique etles mathématiques, dans l'année 1539. En 1545 
Cardan publia un dixième livre, sous le titre d’Arte 
magna, contenant la résolution des équations du troi- 


sième degré, résolution qui lui avait été révélée en par- 


46 AL 


tie par Nicolas Tartalea, mais qu'il compléta et dé- 
montra. 


Cardan est le premier qui ait aperçu la multiplicité 
des valeurs de l’inconnue dans les équations , et leur dis- 
tinction en positives et négatives. On lui doit en outre 
la remarque du cas dit rréductible dans les équations 
du troisième degré. Il avoue dans son #rte magna que 
la méthode de résoudre les équations cubiques appar- 
tient à Scipion Ferrco, de Bologne. Celui-ci cacha pen- 
dant long-temps sa découverte, ne l'ayant communi- 
quée qu’au seul Antoine Florido, son élève. Ce der- 
nier ayant proposé, dans un combat littéraire, à Nicolas 
Tartalea quelques problèmes qui conduisaient à des 
équations du troisième degré , son adversaire travailla 
avec tant de succès qu'il trouva enfin la solution dési- 
rée. Tartalea découvrit la règle à Cardan, mais ne lui 
communiqua point la démonstration. A force de médi- 
tations et de travaux, Cardan découvrit cette démons- 
tration, et perfectionna la formule qui a conservé son 
nom. Dans l'A#rte magna se trouve encore une autre dé- 
couverte bien remarquable : c'est la résolution des équa- 
tions du quatrième degré, due à Scipion Ferrari, élève 
de Cardan. 


Nous ne connaissons de Tartalea ou Tartaglea qu'un 
ouvrage publié en 1546 sous le titre : Quesite inven- 
zioni diverse. Ce qu'on y trouve de plus remarquable, 
c’est la résolution des équations cubiques et le récit des 
difficultés qui s’élevèrent à ce sujet entre Cardan et fui. 

A la même époque la science algébrique fut cultivée 
en Allemagne par Stifelius et Scheubelius. L’ Arithme- 
tica imtegra de Stüfelius fut publiée à Nuremberg en 
1544, par consèquent une année avant la putlication 
del’ Arte magna de Cardan. Ce fut Stifelius et quelques 
autres mathématiciens allemands qui inventèrent les si- 
gnes +, —, y, pour exprimer plus, moïns et les raci- 
nes. Jean Scheubelius écrivit aussi plusieurs ouvrages ; 
mais il paraît n'avoir pas connu les équations cubiques, 
car il n’en fait aucune mention. 

Quelques années après la publication de ces écrits en 
Italie et en Allemagne , Robert Recorde, céièbre phy- 
sicien du pays de Galles, prouva par ses écrits que l'al- 
gèbre n’était pas tout-à-fait inconnue en Angleterre. 

La première édition de son arithmétique fut publiée 
en 1552, et la seconde en 1557, sous le titre de The 
F hetson of svitte. On y trouve l'extraction des racines 
des quantités algébriques composées, et l’usage du signe 
de l'égalité, =. 

En 1558 fut publié à Paris l'ouvrage de Peletarius , 
Jacobi Peletarii cenomant de occulta parte rumero- 
rum quam algebram vocant Lib. duo. C’est une com- 
position remarquable, dans laquelle toutes les parties 
alors connues de l'algèbre sont traitées avec beaucoun 


AL 


de profondeur. Peletarius découvrit qu'une racine d'nne! 
équation est diviseur du terme absolu, 

L'Italie nous présente encore Raphaël Bombelli, qu 
fit plusieurs désouvertes utiles, et dont l'algèbre parut 
en 1579. C’est Bombelli qui reconnut le premier que, 
dans le cas irvéductible des équations du troisième de- 
gré, la racine est toujours réelle. On lui a attribué la ré- 
solution des équations du quatrième degré, quoique le 
principe de sa solution soit le mème que celui de Fer- 
rari, dont il n’a fait que développer la découverte. 

Nous devons encore mentionner Sÿmon Steven, de 
Bruges, dans les ouvrages duquel on trouve des amé- 
liorations et quelques aperçus nouveaux. Il écrivit en 
1585. 

Depuis les découvertes de Cardan et de Ferrari, la 
science avait fait peu de progrès réels, lorsque la France 
vit naître dans son sein Francois Viète, cet illustre 
géomètre dont les travaux allaient changer la face de 
l'algèbre. Sortant enfin des considérations individuelles, 
il envisagea les nombres d’une manière beaucoup plus 
générale , et établit l'usage des lettres pour représenter 
toutes les quantités connues ou inconnues; ce qui fit 
donner à son algèbre le nom de spécieuse, qu’elle a 
gardé long-temps, parce que tout y est représenté par 
des symboles. Les diverses transformations qu'on peut 
faire subir à une équation, pour lui donner une forme 
plus commode, sont pour la plupart de l'invention de 
Viète. Il en traite dans son livre : De ernendatione 
æquationum, et enseigne la méthode d’auginenter, de 
diminuer, de multiplier et de diviser les racines d’une 
équation. C'est par un artifice semblable qu’il fait dis- 
paraître le second terme des équations, opération qui 
résout directement celles du second degré et prépare 
les autres. Partant de ces considérations, Viète s'élève 
jusqu’à la résolution générale des équations de tous les 
degrés. Personne avant lui n'avait embrassé un sujet 
aussi vaste. Il propose des règles pour trouver les raci- 
nes par approximation; et si la méthode qu'il invente 
est longue et laborieuse, il ne lui reste pas moins le 
mérite d’avoir ouvert la carrière parcourue ensuite avee 
tant de succès par Descartes, Newton, Euler et La- 
grange. Où doit encore à Viète l’application de l'algèbre 
à la géométrie, du moins cette application dont l’objet 
est la construction des formules sans employer les coor- 
données. Quelques géomètres du XVI siècle avaient, à 
la vérité, trouvé plusieurs solutions particulières; mais 
comme ils assignaient tous des valeurs numériques aux 
lignes données des problèmes , et qu'ils se bornaient à 
trouver celles qu'ils cherchaient de cette manière, leurs 
solutions étaient privées de cette généralité que la nou- 
velle forme que Viète avait donuée à l’algèbre, par l’ad- 
option des lettres pour représenter les grandeurs, lui 
permettait d'erbrasser. Nous ne devons pas omettre 


AL 


que la doctrine es sections angulaires doit être mise au 
nombre des découvertes de ce grand mathématicien, et 
qu'il entrevit la loi que suivent les développemens des 
puissances d’un binome; loi trouvée depuis par Newton, 
et qui est l’ubjet du fameux théorème connu sous le 
nom de binome de Newton. La considération de l'infini 
ne fut pas non plus étrangtre à Viète, car on lui doit 


la formule remarquable suivante : 


VEXVEHVIXVEHVEHVE) X etc... à l'infini, 
qui exprime le rapport du carré au cercle circonscrit, 
le diamètre étant 1. 

Les ouvrages algébriques de Viète furent écrits vers 
l'année 1600, mais quelques-uns d’entre eux ne furent 
publiés qu'après sa mort en 1603. Le recueil de ses 
œuvres complètes compose un volume in-folio, que 
François Schooten fit imprimer en 1646. 


Albert Gerard, en Flandre, et Harriot, en Angle- 
terre, s’illustrèrent au commeucement du XVII° siècle 
par d'importantes découvertes. Gérard dans son livre, 
Invention nouvelle en algèbre, publié en 1629 , enseigne 
à construire géumétriquement les trois racines de l’équa- 
tion cubique, su moyen de la trisection de l’angle, et 
il les représente par trois cordes inscrites dans le cercle. 
I prouve que daus le cas irréductible il ÿ a toujours 
trois racines réelles. 

Gérard parait être le premier qui se soit occupé des 
racines imaginaires, et qui ait découvert qu’une équa- 
tion à autant de racines réelles ou imaginaires qu’il v a 
d'unités dans l’exposant de la plus haute puissance de 
l'inconnue., Il fut également le premier qui montra 
l’usage des racines négatives dans les constructions géo- 
métriques. 

La principale découverte d’'Harriot consiste dans les 
lois de la formation des équations de tous les degrés qu’il 
montre être le résultat du produit de binomes du pre- 
mier degré. De cette formation découle une foule de vé- 
rités intéressantes pour l'algèbre, et on ne peut nier que 
le géomètre anglais n'ait fait faire un pas immense à la 
science , et qu'il n'ait grandement facilité les travaux 
de Descartes sur les équations. La résolution numérique 
des équations de tous les degrés fut aussi considérable- 
ment perfectionnée par Harriot, Les signes > et 
pour désigner plus grand et plus petit, sont de son an- 
vention. Ses ouvrages furent publiés en 1631 par son 
ami Waruer. 


Avant de quitter ces premiers fondateurs de l’al- 
gebre, nous ne devons pas oublier de mentionner 
Ougtred, dont les ouvrages ont été pendant quelque 
temps regardés comme classiques dans les universités 
eoglaises. Il écrivit le premier les fractions décimales 
fans leurs dénominateurs, comme on le fait actuelle- 


AL 47 


ment, ét introduisit le signe X pour exprimer la mul- 
tiplication. 

Pendant la longue période que nous venons de par- 
courir, nous avons vu presque tous les efforts des géo- * 
mètres tournés vers les équations, et l’histoire de! 
l'algèbre se borne au récit de leurs travaux, plus ou 
moins heureux, sur cette partie de la science, impor- 
tante à la vérité, mais qui est loin de la renfermer tout 
entière. Ce n’est qu'à partir des découvertes de Viète. 
et de Harriot que ses autres parties sont cultivées avec 
succès, et il nous devient impossible de continuer cette 
revue biographique d’auteurs, liée si intimement aux 
premiers progrès de l'algèbre. Désormais les décou- 
vertes se pressent et se succcèdent avec rapidité; d’im- 
menses matériaux s'accumulent ; le cercle jadis si borné 
de la science des nombres s'étend de la manière la plus 
vaste et la plus inattendue; les phénomènes de la na- 
ture sont soumis à ses lois, et la création devient tri- 
butaire de ses caïculs. Le XVII® siècle nous apparaît 
brillant entre tous les siècles; avec lui les Descartes, 
les Fermat, les Waillis, les Galilée, les Kepler, les 
Newton, les Leibnitz, les Bernouilli, et tant d'autres 
non moins illustres, s’élancent dans la carrière. Une 
découverte ingénieuse, celle des logarithmes, salue son 
aurore; une découverte admirable, celle du calcul dif- 
férentiel, couronne son déclin. Héxitier de tant de 
gloire, le XVIIT® siècle enrichit encore le vaste domaine 
qui lui est transmis : Moivre, Stirling, Cotes, Lambert, 
Waring, Maclaurin, Maupertuis, d'Alembert, La- 
grange, Laplace et surtout Euler, développent et per- 
fectionnent successivement toutes les branches de la 
science; mais les limites qui nous sont fixées dans ce 
dictionnaire nous forcent à renvoyer aux articles qui 
concernent en particulier chacun de ces hommes célèbres 
le récit de leurs travaux. Nous allons aborder la science 
elle-même que des investigations plus modernes ont 
enfin complétée. 

1. Les nombres peuvent être envisagés sous deux 
points de vue différens : celui de leur construction ou 
génération, et celui de leur relation réciproque ou 
comparaison. Il en résulte deux subdivisions géné- 
rales pour la science de leurs lois, qui se partage 
ainsi en deux branches, dont la première a pour objet 
les lois de la construction des diverses espèces de nom- 
bres, et la seconde, les lois de fa comparaison de ces 
nombres. Établissons d’abord en quoi consiste la con- 
struction des nombres. 

2. Nous n'avons ja conception primitive que du seul 
nombre un, car nos perceptions ne nous offrent que 
des individus, et si nous formons des collections d'objets 
c'est par la force synthétique de notre entendément 
qui nous fait réunir plusieurs perceptions en une seule 
perception générale ou conception; ainsi deux percep- 


48 AL 


tions d'un même objet ou d'objets semblables nous 
donnent la conception du nombre deux et par suite 
celle des nombres 3, 4, 5, G, etc. Les nombres se pré- 
sentent donc d’abord à l'intelligence comme de simples 
agrégats d'unités, et le premier mode de construction 
qu’elle peut embrasser est de continuer indéfiniment 
cette agrégation d’unités, pour s'élever successivement 
à des nombres de plus en plus grands, depuis l'unité 
primitive jusqu’à l’évfint, qui n’est lui-même que l'unité 
totale. Nous avons, dans les NorTioOns PRÉLIMINAIRES, 


assigné à ce mode de construction la forme générale 
a+b=ce. 


a et b exprimant des quantités quelconques d'unités et 
c le nombre formé par la réunion ou la somme de ces 
unités. 

Si nous étions bornés à ce mode primitif de construc- 
tion, toute la science se réduirait évidemment à /’addi- 
tion et à la soustraction, qui n’en est que la considéra- 
tion inverse, et nous ne connaitrions d’autres nombres 
que 1es nombres entiers ; mais ces nombres étant une 
fois construits, l’entendement s'en empare, y applique 
ses facultés diverses, et s'élève à de nouveaux modes de 
constructions qui nous font successivement connaitre 
d'autres espèces de nombres soumis à de nouvelles con- 
sidérations. C’est ainsi que du mode primitif a + b —c, 
nous parvenons au mode intermédiaire «a X b=ce,et 


enfin au mode final a — €. 


Ces trois modes de construction des nombres étant, 
comme nous le verrons plus loin, les seuls possibles, 
c'est d'eux que nous devons déduire la nature particu- 
lière de toutes les espèces de nombres, ainsi que les lois 
générales qui les régissent; reprenons donc les trois 
formes 


a: bb= ca bc; 


= C 


et généralisons ce que nous avons exposé dans les no- 
tions préliminaires. 

La prenuère forme a + b = c ne peut, comme nous 
l'avons déjà dit, nous faire connaître que les nombres 
entiers : la conception du nombre £ étant dans tous les 
cas celle d’un agrégat d'unités tant que à et b sont eux- 
mêmes de tels agrégats : mais l'égalité a + b = c nous 
donnant nécessairement l'égalité inverse © — a — b, 
cette dernière devient, à son tour, susceptible d’être con- 
sidérée dans toute sa généralité, indépendamment des 
valeurs particulières de e et de à, et doit toujours nous 
donner la construction du nombre b, quels que soient 
act c. Or il se présente un cas remarquable dans cette 
construction, c'est celui où, dans l'expression générale 
c—a—b;onac# a,etouil est conséquemment im- 


possible de retrancher a de ce, Dans ce cas supposons que 


AL 


l'excès de a sur c soit d ou que l'on ait a — c + d; 
alors ce — a deviendra 


c—c—d 


puisqu'il est évident que pour retrancher a de c il faut 
retrancher les deux quantités « et d qui lui équivalent, 


et l’on aura, € — c se détruisant, 
c—c—d=—4 


L'idée que nous pouvons attacher au nombre d, pré- 
cédé ainsi du signe —, est celle d’une quantité ayant 
une fonction de diminution, car partout où elle entrera 
elle opérera une soustraction. Nous sommes donc ame- 
nés à reconnaître dans les nombres, indépendamment 
de leurs grandeurs, une qualité d'augmentation et de 
diminution, et c’est ce qu'on appelle état positif ou 
négatif d'un nombre. Nous désignerons donc, selon 
l'usage , par le nom de nombre positif tout nombre qui 
a une fonction d'augmentation, et par celui de nombre 
négatif, tout nombre qui a une fonction de diminution. 


3. Il est important de remarquer que l’état positif ou 
négatif d’un nombre n’exerce aucune influence sur la 
grandeur de ce nombre considéré isolément, mais 
qu’elle influe d’une manière majeure sur celle du résul- 
tat des opérations d’addition ou de soustraction dans 
lesquelles il peut entrer. En effet, si nous désignons 
toute quantité positive par (+ A), et toute quantité 
négative par (— B), l'addition de ces quantités sera 
exprimée par 


GA) + (+8) 


ou par A —B,en ne considérant que la grandeur des 
nombres A et B, puisque la fonction de diminution du 
nombre (— B ) lui fait opérer une soustraction partout 
où il peut être placé. Quant au résultat de l'opération, 
il sera positif si l’on a À > B et négatif si l’on a À < B. 
C'est ainsi, pour donner un exemple de cas parti- 


culiers , qu’on trouve : 


CAUSE Lt) 
D Co 


Si le nombre auquel on ajoute un autre nombre 


7—4=(+3) 
a er os D 


Î 


était lui-même négatif, il entrerait également dans l'o- 
pération avec sa fonction de diminution, {l est donc fa 


cile de voir qu’on aurait aussi 


SRE dt D) CE 
(9) FES Tai). 


Nous conclurons donc que, lorsque les quantités qu’on 


I 


] 


additionne sont toutes deux positives, ou toutes deux né- 
gatives, le résultat est égal, en grandeur, à la somme de 
ces deux quantités, mais positif dans le premier cas et 
négatif dans le second ; que, lorsque ces quantités sont 


AL 
de natures différentes, le résultat est égal à leur diffé- 
rence ; et de même nature que la plus grande. 

4. La soustraction opérée à l’aide des mêmes quantités 
(+A),(—B), sera exprimée par 


(es 20 Re 


ou simplement par À + B, car il faut considérer que B 
ayant une fonction de diminution, diminuerait (+ A) 
s’il lui était ajouté; il doit donc opérer un effet con- 
traire, lui étant soustrait. L'opération de la soustraction 
est donc ici artificielle; et soustraire un nombre est la 
même chose que l’ajouter en changeant le signe de sa 
qualité. Nous aurons, par la même raison, 


(—A)—(—B)=—A+8B. 


D'où nous tirerons les exemples particuliers suivans, 
qui embrassent tous les cas de la soustraction : 


(HB)—C+4) =  8—4=(+ 4) 
(+8)—(—4) 8+4—(+12) 
E—8)—(+4) = —8—{=(— 12) 
(—8)—(—4) = —8+{=(— 4) 


5. Les anciens mathématiciens commençaient leurs ou- 


Il 


I 


vrages élémentaires par l'exposition de certaines propo- 
sitions nommées axiomes, sur lesquelles ils établissaient 
successivement leurs théorèmes, en suivant une marche 
progressive ou synthétique. 

Ces axiomes sont des propositions évidentes par elles- 
mêmes, et dont la certitude , fondée sur le principe lo- 
gique de contradiction ( principium contradictionis et 
identitatis), ne peut admettre aucune discussion. Tels 
sont : 


1°. Deux quantités égales à une troisième sont égales 
entre elles. 

2°. Le tout est plus grand qu’une de ses parties, 

3°. Lorsque deux quantités sont égales, si l’on aug- 
mente ou si l’on diminue chacune d'elles de la même 
manière , les résultats sont égaux, 

Dans une égalité quelconque MN, les quantités 
M et N se nomment les #2embres ; particulièrement M 
le premier membre, et N le second. En leur appliquant 
le troisième axiome ci-dessus, on peut encore le généra- 
liser de la manière suivante : 

Quelles que soient les opérations qu'on puisse exécu- 
ter sur le premier membre M de l'égalité M =N, si l’on 
fait subir les mémes operations au second membre N, 
des deux résultats seront égaux. 

Nous avions besoin de poser cette proposition évi- 
dente pour ce qui va suivre. 

6. Jusqu'ici nous avons considéré chaque nombre 
comme formé seulement par l'addition de deux autres ; 
mais il est facile d'étendre ce que nous venons de dire ; 


AL 49 


car , si nOus avons une suite de nombres construits de ja 
manière suivante : 


a+b=e, c+d=e, FT £, g+h—i, ik, etc. , 


nous obtenons immédiatement la forme générale : 


a+b+dLf+h+LKL etc... =M. 
D'où nous pouvons conclure qu'un nombre peut être 
formé par l'addition d’une quantité quelconque d’au- 


tres nombres. Lorsque tous les nombres composans sont 
égaux , ou lorsqu'on à 


a+a+tatabat+ec..…. =e, 


e désignant la scmme, la construction de e devient ré- 
gulière, et s’exprime par «a X b—c. b désignant la 
quantité des nombres a (Norioxs pRÉLIM. , 3). 

La génération du nombre c, obtenu de cette manière 
à l’aide des deux nombres & et b, diffère essentielle- 
ment de la génération primitive que nous venons d’exa- 
miner, et constitue conséquemment un nouveau mode 
de construction des nombres. 

7. Nous devons d’abord remarquer que, quelque 
différentes que puissent être les idées qu’on attache aux 
fonctions des nombres a et b dans la génération axX b=e 
du nombre ec, ces deux nombres entrent de la même 


manière dans cette génération , c'est-à-dire qu’on a 
ab ba: 


En effet, a X b, ou, pour mieux fixer les idées, 4 X 3 
désigne 4 +4 +4; mais 41 +114: ainsi, 


4 X 3 est la même que la somme des unités 


1Hitrt+i 
1+i+itki 
1+i+ibi. 


Or, de quelque manière qu'on opère l'addition de ces 
unités , soit en les comptant par tranches horizontales , 
soit en les comptant par tranches verticales, on obtieu- 
dra nécessairement le mênie résultat, Mas de la pre- 
mière manière on à 3 fois 4 unités, et de la seconde 
4 fois 3 unités; donc 

1X3=3X4. 

Il est facile d'étendre cette démonstration aux nom- 
bres quelconques d'unités a et b. 

8. Ce mode de construction a , comme le précédent, 
sa branche directe et sa branche inverse. La branche di- 
recte constitue l'opération de Ja multiplication que nous 
venons de déduire; la branche inverse, celle de la divi- 
sion dont la forme générale est 


= = b, 
a 


Avant d'examiner plus particulièrement Jes nombres 


:0 AL 

qui peuvent être construits par ces nouvelles opérations, 
il est important de considérer l'influence que peut exer- 
cer sur la nature de leurs résultats l’état positif ou né- 
gatif des nombres sur lesquels on opère. 

9. La grandeur d’un produit ne recoit aucun change- 
ment de la qualité particulière de ses facteurs. Quant à 
sa qualité, il se présente trois cas pour la déterminer : 
1° les deux facteurs sont positifs; 2° les deux f cteurs 
sont négatifs; et 3° l’un des facteurs est positif, et l'autre 
négatif. 

Lorsque les deux facteurs sont positifs, le produit est 
positif; car (+ A) X(+B) est la même chose que 
(+A)+(+A)H(+A)+etc., dont la somme est 
nécessairement positive. 

Lorsque les deux facteurs sont négatifs, le produit est 
encore positif, car (— A) X(—B) désigne que la 
quantité (— À ) est ajoutée négativement B fois à elle- 
même, ce qui est la même chose que (4) 


—(—A)—(—A)—(—A)—(—A)— etc... 
Or, nous savons (4) que—{(—A)= + À ; ainsi, l’ex- 
pression (a) est la même chose que 


HA+LAHAHE AL AE A —Hetc.……, 
dont la somme est positive. 
Lorsqu'un des facteurs est négatif et l'autre positif, 
le produit est négatif; car (—A) X (+B) est l'ex- 
pression abrégée de 


(—A)+(—A)+(—A)+(—A)+ etc, 
ce qui revient (3) à 
A AAA SEA GÉANT AN EE À à 


dont la somme est évidemment négative. 

Si au lieu d’avoir (— A) X (+ B) on avait (+ À) X 
(—3B), le produit serait encore négatif, puisque (4A) X 
(—E)=(—B)X (HA). 

La règle générale est donc celle-ci: Le produit est po- 
sitif lorsque ses deux facteurs ont le méme signe ; et il 
est négatif lorsqu'ils ont des signes différens. 

10. Dans opération de la division il se présente éga- 
lement trois cas différens pour déterminer la qualité du 
quotient à l’aide des qualités du diviseur et du divi- 
dende, savoir : 

1°. Le diviseur et le dividende sont positifs; et alors 

.le quotient est aussi positif; car dans l'égalité géné- 
rale 


c devant être produit par la multiplication des facteurs 
aet b, il faut que ces facteurs soient tous deux positifs 
‘ou tous deux négatifs, pour que a puisse être positif. 
Ainsi, dans le présent cas & étant positif, b est épale- 
ment positif. 

2°. Le dividende est positif, et le diviseur négatif; 


AL 


alors, par la même raison que ci-dessus, le quotient est 
négatif. Si le dividende était négatif et le diviseur po- 
sitif, il est facile de voir que le quotient serait encore 
négatif. 

3°. Enfin le dividende et le diviseur sont tous deux 
négatif ; dans ce cas, le diviseur est nécessairement po- 
sitif, puisqu'il faut que les facteurs aient dés signés dif. 
férens pour que le produit soit négatif. 

La règle générale est donc la même que celle de la 
multiplication ; c'est-à-dire que Le résultat de la division 
est positif lorsque les nombres sur lesquels on opère sont 
tous deux de même signe, et qu'il est négatif lorsque ces 
nombres ont des signes différens. 

11. La formation d’un nombre entier au moyen de 
facteurs suppose l'existence de certains nombres entiers 
qui ne peuvent être décomposés en facteurs; car, si 
dans la génération générale A X BC, on pouvait 
considérer dans tous les cas l’un des nombres À comme 
formé aussi par le produit de deux autres nombres A", 
B', et successivement A’ comme résultant du produit 
de A” par B”, etc., etc. Les nombres A, A’, A" etc., 
B,B',B",etc. devenant de plus en plus petits, on 
pourrait continuer cette décomposition jusqu’à ce que 
les derniers facteurs fussent égaux à l’unité. Mais 1 X 1 
ne donne jamais que 1 : on ne peut donc admettre gé- 
néralement une telle décomposition; et il existe néces- 
sairement des nombres entiers qui ne peuvent être for- 
més par le produit d’autres nombres entiers. 

Ces nombres se nomment nombres premiers. Tels 
sont2,3,5,7,11,13, 17, etc., dans la suite des nom- 
bres naturels 1,2, 3,4,5,6, etc. Tous les autres peu- 
vent être formés par leurs produits. 

Ainsi, dans l'expression À X B—C si l’on suppose 
A formé par le produit de deux nombres premiers a et 
b; et B par celui des nombres premiers c et d, le nom- 
bre C sera le produit des quatre nombres 4,b,c, d,et 
l’on aura 

a.b.c.d = C. 

Le moyen d'opérer cette décomposition d’un nombre 
en ses facteurs premiers west point ici notre objet 
(voyez Facteurs) : nous nous contenterons d'observer 
que, quel que soit l’ordre des facteurs, le produit est 
toujours le même, et qu'on à 

a.b.e.d = a.c.d.b = b.c.da = êtc ; 


ce qui est la conséquence de la propriété a.b = b.a. (7) 
19. La construction des nombres par la division gé- 

nérale 

= À 

B 
présente un cas particulier remarquable : c'est celui où 
le nombre B contient des facteurs premiers qui ne se 
trouvent pas dans G, Par exemple, soit C composé 


AL 


(des eux facteurs premiers «&, b, et B composé des deux 
facteurs premiers 4.d, on aura 

C__a.b 

B  a.d' 
Or, si l’on avait simplement 4.b à diviser par a, le quo- 


tient serait évidemment égal à b. Mais, au lieu de divi- 
: b 
ser par a il faut diviser par a.d. Ce quotient est donc Tr 
[4 
Les deux nombres b et d étant des nombres premiers, 
la division de b par d est impossible; car on ne peut 
avoir b = d X m, puisque b est indécomposable en fac- 
teurs. Donc la division de C par B, qui se réduit à celle 
de b par d n’est pas possible. 11 en serait encore de 
même si les nombres C et B étaient prerniers entre eut, 
c’est-à-dire s'ils n'avaient aucuns facteurs communs. 


Cependant, le nombre À qui répond au quotient L’ 
devant toujours être obtenu, quels que soient Get B, 
nous sommes conduits à reconnaitre l'existence d’une 
autre espèce de nombre que celle des nombres entiers, 
dont nous nous sommes occupés jusqu'ici. En effet , sup- 


posons C— 3, B—2, nous aurons 
3 3 
SC nigar 
La valeur de À est donc plus grande que 1, et plus pe- 


üte que 2, et n’est point par conséquent un nombre en- 
tier. 


Ces nombres nouveaux, dont la division vient de 
nous donner la génération, se nomment Fracriows. fl 
en existe une infinité dont les grandeurs sont entre o et 
1,1et%,2et53, etc. Dans l'arithmétique, on ne nomme 
proprement fractnns que ceux de ces nombres compris 
entre oetr, c'est-h-dire dans lesquels on a B>> C; les 
autres se nomment zombres fractionnaires, parce qu’en 
effectuant la division autant qu’elle est possible on peut 
toujours les réduire à une fraction. ?, par exemple, est 
la même chose que 1 ++. Quoi qu'il en soit, nous dési- 
guerons sous le nom de fraction tous les nombres de la 
ÿ 
B 
tient un nombre entier. . 


forme lorsque là division ne peut donner pour quo- 


La manière d’énoncer les fractions dérive de l’opéra- 
tion qui les fait naître. Ainsi, pour énoncer la fraction Z, 
on dira la huitième partie de sept ; pour énoncer la frac- 
tion #©, on dira la quatrième partie de onze, etc. Dans 
l'arithmétique, comme on ne nomme fractions que 
celles de ces quantités qui sont plus petites que l'unité, 
on Îles considère comme des parties de l’unité ; et au lieu 
de dire, par exemple, la troisième partie de deux pour 
énoncer la fraction à, on dit deux troisièmes où deux 
tiers. On suppose alors que l'unité est divisée en trois 
parties, et que ; représente deux de ces parties, Par la 


AL 51 


même raison, pour la fraction ?, qu’on énonce en di4 
sant sept neuvièmes, on suppose que l'unité est divisée 
en neuf parties, et que la fraction en contient sepe. 
Ainsi de même pour tous les autres cas. On donne en 


général le nom de aumérateur au dividende, et celui de 


y à 1 re . cv 
dénominateur au diviseur. Ainsi, dans la fraction — 


bÈ 
a est le uumérateur et b le dénominateur. a et b se 
nomment encore les deux termes de la fraction. 

13. Il résulte immédiatement de la construction des 
fractions : 1° qu'on les multiplie en multipliant leurs nu- 


mérateurs ou en divisant leurs dénominateurs. En ef- 


PE _. ; Ua 
fet, si lon multiplie le numérateur à d’une fraction — 


b 


r b ] Île devient 27; or, 1 
pa un nomDre que conque mn, elle devient 9 or, e 


dividende devenant »2 fois plus grand, doit contenir #4 
fois davantage le diviseur. De même, en divisant le 


, : : . a 
dénominateur D par #2, la fraction devient -—— , et le 


b:m 
diviseur étant 72 fois plus petit doit être contenu 7» fois 
davantage dans le dividende. On a donc 


am a 


Bb TT bim 
2°. Qu'on divise une fraction en divisant son numéra- 
teur ou en multipliant son dénominateur. Car, dans le 
premier cas, en nous servant des mêmes nombres que 


. . Var 
ci-dessus, la fraction devient gr ct dans le second, 

a “ À : à 
in 91» lorsque le dividende devient 2 fois plus peti 
D,.712 


par la division , il contient »2 fois moins le diviseur; et 
lorsque le diviseur devient 2 fois plus grand par la mul- 
tiphcation , il est également contenu 72 fois moins dans 
le-dividende, On a donc aussi 

: 1712 «a 


bn 

3°. Qu'une fraction ne change pas de valeur lorsqu'on 

multiplie ou qu'on divise ses deux termes par le même 

nombre. Effectivement, dans le premier cas la fraction 
am 


devenant -—- 
b.m 


, le dividende et le diviseur deviennent 
tous deux 2 fois plus grands qu’ils n'étaient ; le premier 
ne peut donc contenir le second qu’autant de fois qu'il 
le contenait avant la multiplication; c’est-à-dire que la 
fraction conserve la même valeur; dans Je second cas, 
nr 


! a: 
la fraction devenant ——— 


B , le dividende et le diviseur 
:m 


deviennent tous deux 2 fois plus petits; et, conséquem- 
ment, le second ne peut être contenu dans le premier 
que le même nombre de fois qu'il l'était avant la divi- 


am aim 


ont donc Ja 
bn b;m? 


sion. Les deux expressions 


même valeur, 


58 


AL 


4. A suit des propriétés précédentes que si les deux 


termes d’une fraction avaient un facteur commun, on 


pourrait le retrancher sans changer la valeur de la frac- 


tion. Soit, par exemple, la fraction G’ dans laquelle A 


— ap, et B— bp, où aura 
A __ ap «& 
B bp ep 


en supprimant le facteur commun p. 


Lorsque les deux termes d’une fraction n’ont aucun 
facteur commun , elle est dite #rréductible où à sa plus 
simple expression. 

15. On peut exécuter sur les fractions les quatre opé- 
rations qui nous ont été données par les deux premiers 
l'addition, 
la soustraction , la multiplication et la division. 


modes de construction des nombres, savoir : 


Les deux premières opérations ne peuvent s’exécuter 
immédiatement que lorsque les fractions sur lesquelles 
on veut opérer ont le même dénominateur ; mais il est 
toujours possible de ramener les autres cas à celui-ci, 
par la propriété que possèdent ces nombres de pouvoir 
changer de forme sans FR de valeur. Par exemple, 


si l’on à plusieurs fractions © : ; On peut aisé- 


b? . F 
ment les transformer en d’autres fractions qui leur soient 
respectivement égales , et qui de plus aient le même dé- 
pour cela, que multiplier les 


nominateur; il ne faut, 


deux termes de chaque fraction par les dénominateurs 


de toutes les autres, et alors elles deviennent 


g.b.d.f 


af h cbfh 
Bd fh  LfA 


e.b.d.h 
arr 
Or, ces fractions ont le même dénominateur , puisqu'on 
ab.dfh = db.fih = fb.dh = hb.df (5); et elles 
sont égales aux proposées, puisqu'elles ont été formées 
en multipliant les deux termes de chacune de ces pre- 


mières par un même nombre (13). 


À l’aide de cette préparation, qu’on nomme réduc- 
tion au mème dénominateur, Yaddition des fractions ne 
présente aucune difficulté : il suffit d’additionner les 
numérateurs et de donner à leur somme le dénomina- 


teur commun. /’oy. Abpirion des fractions. 


16. La soustraction des fractions s'exécute en prenant 
la différence des numérateurs et en donnant à cette dif- 


férence le dénominateur commun. Par exemple, pour 


3 9 
retrancher — de _ on retranche 3 de 0, et on donne 
: c 


xx 


au reste 6 le dénominateur commun 113 on a ainsi 


9 3 298 1:16 


11 TIR NOTE DUrT. 


Les raisons de cette règle sont les mêmes que celles 
de l'addition. 


Â É 


On a donc en général 


Siles fractions ont des dénominateurs différens , on 
commence par les réduire au même dénominateur , et 
on opère ensuite comme ci-dessus, Ainsi, pour les deux 


fractions géné srales + £ Sp on obtient 
a cad cb _a.d—c.b 
bd bd bd b.d 


17. Pour multiplier une fraction par une autre frac- 


tion , il faut mulüplier les deux numérateurs l’un par 


l'autre et les deux dénominateurs l’un par l’autre; le 


premier produit est le numérateur du résultat, et le se- 


ET LUC 
C'est-à-dire que + X — 


b d est 


cond est son dénomivateur. 


égal à à TT 


eva 
En effet, en multipliant - 


3 seulement par €, on ob- 


5 ; 
duit est d fois plus grand que celui qu’on demande, 


tient, d’après ce qui a été dit (13), mais ce pro- 


eee _. © 
puisqu'il s’agit de multiplier par gp Ctnon pas parc, 


et que D est d fois plus petit que c; il faut donc rendre 


Te d'fois plus petit; et pour cela il sufit de multiplier 

son dénominateur par d (13), le résultat 2° 5 Ta est donc le 
à , a ,c 

véritable produit de 5 x . 


On trouverait par suite que 


a CE lguiN=ndiGre-prelce 
b X d X FX h SE b.d.f.h,etc. 


18.La division des fractions se change en multiplication 
en renversant l'ordre des termes de la fraction diviseur; 


d 


a. : a 
-à-dire que 3: st la même chose que 3 X:= 
ce 


c’est Le 
b D 
a.d 7, ; : 
PRES On peut trouver aisément les raisons de cette rè- 
.C 


gle; mais nous en allons donner une démonstration qui 


sera en même temps un exemple du mécanisme de l’al- 
s 1 : » 2 
gèbre. Désignons le quotient cherché par -, æety 


étant des nombres inconnus qu'il s’agit de déterminer, 


et nous aurons 


ROSES 

bd y 

: CL. a 
Mais alors get étant les facteurs de Gr nous de- 
c Y 
vons avoir 

a Cox 

1 —aXÿ 


AL 
ce qui donne, d'après les règles de la multiplication, 
| | ace 
b dy 
Or, multipliant ces deux quantités égales par 4, l'é- 
galité ne sera pas détruite et deviendra 


ad" °cir 
Brnonpr? 
et, divisant actuellement par c, on obtiendra 
Ta 
CO _Y 
TG C 4 chauds... a.d 
Mais ÿ Fa donc D JE où Ainsi, comme ee 
est la même chose que ne il en résulte la règle 


énoncée. 
19. Si nous concevons une suite de nombres construits 
à l’aide du second mode de génération, de la manière 


suivante : 
AXB=C, CXD=E, EXF=H ; etc. etc... LXM=N; 
en introduisant les facteurs de C dans la seconde éga- 


lité, ceux de E dans la troisième, et ainsi de suite de 
proche en proche jusqu’à la dernière, nous obtiendrons 


AB ICDICE NH etc NN; 


expression qui nous apprend qu’un nombre peut être 
construit par une quantité quelconque de facteurs ; ce 
que nous pouvions déja conclure de ce qui précède. 
Cette expression ne nous présente donc aucune consi- 
dération nouvelle tant que les nombres A, B, D, F, etc. 
sont différens les uns des autres ; mais, lorsque tous ces 
facteurs sont égaux , la génération de leur produit, que 
nous désignerons par C, devient 


AUDE ANOAC ASC Are. = GC; 


et s'exprime d’une manière entièrement déterminée par 


la forme générale 

AB CG: 
B placé ainsi au-dessus de A désignant le nombre des 
facteurs A. ( Foy. Norioxs PRÉLIM. 8.) 

Cette génération d’un nombre C, au moyen de deux 
autres nombres À et B, est évidemment différente de 
celles qui résultent des deux premiers modes généraux 
de construction des nombres : AHB—=C,AXB—C; 
elle constitue donc un mode nouveau dont l'examen va 
nous faire connaître de nouvelles opérations et de nou- 


velles espèces de nombres. 
R 
Sa branche inverse s'exprime par vC = À. 


20. On nomme en général quantités exponentielles 
les quantités dont la forme est Am, Ba, etc. Comme les 
diverses transformations dont elles sont susceptibles for- 
ment une partie impostauie de Ja gamstruction des nom- 


AL 53 


bres , nous allons donner la déduction de leurs proprié- 
tés principales. 

Le produit de deux puissances Am, Br, dont les 
bases sont inégales, ne peut s'exprimer différemment 
de celui de deux nombres quelconques ; mais lorsque 
les bases sont égales, on a 

Am X An — Am+n, 
puisque le nombre des facteurs A est alors 72 + n. 


Par la même raison, 
Am An X AP X Ag X Ar Xetc. —Am+n+p+q+r+etc. 


21. La puissance m2 d'un produit a. b. c. d. e. etc. 
peut s'exprimer indifféremment par (a.b.c.d.e.etc.)" 
et par am.bm,cm.dm.em, etc. C’est encore un résultat 


immédiat de la construction des puissances. 
: : . a , 
22. La puissance 72 d’une fraction quelconque 5° ob- 


tient en prenant les puissances du même degré de ses 
deux termes; c’est-à-dire qu’on a 


NM: 47 
b) br” 
En effet, on a cette suite d’identités : 


a.a.a .. etc. am 


a\mn a a a 
() mt AT Li Li) + x M7 à 


; q 
23. Le quotient de deux puissances quelconques R? 


s'exprime par A9—*, C’est une conséquence directe de 
la propriété 20 ; car , de l'égalité 
AM An — Am+n 


6 AM+NR : 
on tire Am — re Faisons m+ n—g, on aura m— 
qg—n, et par conséquent 
Ag 
= en 
= Ag—n, 


24. Il résulte plusieurs conséquences importantes de 
cette dernière expression. 
1°. Si les exposans g et x sont égaux, on a A9: AI — 
. Ag : 
A9—9— A0; mais TE donc A9 — 1. La puissance 


zéro d’une quantité quelconque est donc égale à l'unité. 
o°, Si dans la même expression on fait g —0, elle 


devient 


Ainsi, une puissance dont l’exposant est négatif est égale 
à l'unité divisée par cette même puissance, en faisant 
l’exposant positif. 

5. Le produit et le quotient de deux puissances à 
exposans négatifs suit donc les mêmes lois que dans le 


cas des exposans positif; et l'on a 


A—m 
A—m > 4 AR = A—m-n , AR —= A—ma#n ; 


#4 AL 


car Am = =: 

ainsi, Am x An — xx X = je CD) 
Or, Re = AT 

de même, _ = 5 ; DT = An—m (16). 


26. On élève une quantité exponentielle à une puis- 
sance quelconque en multipliant son exposant par celui 
de cette puissance; c'est-à-dire que (Am)n — Ant, 

L'expression (An désigne le produit Am X A" X 
Am Am X etc... n étant le nombre des facteurs At; 
mais ce produit se réduit à Am+mHmr ele, ou à Am, 
puisque »+m-m+ etc. = mn. 

La puissance { d’un produit Am. Ba. Cp. D4. etc. 
s'exprimera donc indifféremment par (A7, Br. Cr. D. 
etc. } ou par Amt, Bnf. Ci. etc. 


n 
27. La racine n d'une quantité A% ou V/An est égale 
mn 


à Al; car, soit » = ph, nous avons 


n n, L, 
V/Am = VA = \/(Ar)n. 
" n n 
Mais, en général, V/X2 —X; donc, V/Am = AP — 
m 
A% , puisque l'égalité m=pn nous donne p =. 


Cette déduction suppose que »2 est divisible par n», 
ou que p est un nombre entier; seul cas dans lequel on 
peut prendre exactement Ja racine. Lorsque cela n’a pas 
lieu, on conserve néanmoins la notation 

ñn ui 

V/An — A", 
qui nous donne la signification d’une puissance à expo- 
sant fractionnaire. 


28. Les quantités dont la forme générale est ve se 
nomment quantités radicales Jorsqu’on les considère 
dans toute leur généralité. Il se présente un cas remar- 
quable dans cette construction des nombres, c’est celui 
où il n’existe aucun nombre entier A capable de don- 


ner légalité. 
B 


VC = A. 
Par exemple, la racine carrée de 5 est plus grande 
que 2, puisque 2’ — 4; et cependant elle est plus pe- 
tite que 3, puisque 3 — 9; la valeur du nombre y5 
est donc entre 2 et 3. Or, il n'existe aucun nombre 
fractionnaire qui puisse répondre à cette valeur; car, 


; ; ns a 
s’il pouvait s’en trouver un, en le désignant par Fo 08 


RAT ALAN Gi = * te 
aurait (5) = ÿ étant une fraction, la division 


AL 


de 4 par à n'est pas possible ; et conséquemment, non 
plus celle de a X a par b X b( Voy. Tnéonte pes now- 


æ 
b? 


gres), - ne peut donc être un nombre entier; ct l’éga- 


lité . —= 


nombre entier ni un nombre fractionnaire, et fuit con- 


5 ne peut être admise. Ainsi, y/5 n’est ni un 


séquemment partie d’une nouvelle espèce de nombres. 

Ces nombres nouveaux se nomment nombres 1rra- 
tionnels , parce que leurs rapports avec l'unité ne peu- 
vent être assignés exactement. 7’oy. Nompres IRRATION- 
NELS. 


29. Le produit de deux nombres irrationnels du 
même degré, ou eu général de deux quantités radicales 


m m m 
VA et VB peut s'exprimer par V/AB. : 


En effet, soient VA = x'et VB = y, on aura Aussi 
Am et B= y", et par suite AB — x ym; mais (21) 
am.ym = (x.y)", ainsi AB = (xyÿ". Prenant la racine 
m , cette dernière égalité devient 


VAR 2 où VABZ A X (78! 


On aurait aussi 


VA X VB X VC XV/D.etc. =V/(A.B.C.D. etc.). 


30. On peut toujours ramener au même degré, sañs 
changer leurs valeurs, les quantités radicales de degrés 


m n 
différens. Par exemple, VA et V/B étant la même 


I 3 


chose que A, B* (27), en réduisant les deux fractions 


1 ; : 3 ; 
=, —, au même dénominateur (15), elles deviennent 
n 


nt 

= Le t les tité oposées sont identi 
3 uantités proposées sont identique- 
mn mn” { Proc T 


Hs us mn mn 


ment les mêmes que A7, B"*, ou que V/A#, V/Bm. 
Donc, 


mn, mn 


VA KXVB= Van X V'Bn = V/ArEn. 
31. On a, par les mêmes raisons, 


Van x V/Ba = VA X \/ Bmg — = V/A7r.Ena. 


Si dans cette expression on suppose AB, elle de- 
vient (a) 
VA Fm. 


(an X VAI — 


7 
Mais Van = A, V/AG 2 AP, VRP = ASE, 


étant évidemment la somme 


Or, la A PA 
mp 


des deux fractions + ; # l'égalité (a) est la même 


AL 


chose que 
k 13 ie 
Am A9— Am 9- 
Ainsi, la règle donnée (20 et 25) pour les exposans 


enticrs, positifs et négatifs, s'étend aux cas des expo- 
sans fractionnaires positifs. 


32. Le quotient de la division d’une quantité radi- 


m m 
cale V/À par une autre quantité radicale VB, du même 


m 
, z À : 
degré; s'exprime par Ur Pour le démontrer, sup- 


m 


m 
posons vA = x et vB = y; alors nous aurons 


am 
B ya 


, am PAUL À PAUL 
Mais Ga) 2) , donc ñ =(*) É 


Prenant la racine #1 des deux membres de cétte der- 
nière égalité, elle devient 


A=œm, B—ym et 


m m ,— ne 
ya A _VA 
By ou BE =" 


33. Lorsque les quantités radicales sont de degrés dif- 
férens, on les ramène d’abord au même degré comme 
ci-dessus (50), et l’on obtient sans difficulté, 

m mit mn mn 


vA c VB 1/4 ny V/B" — V/An : Bm, 
m ñ ui mn 
VA» : v/B4 = 


VAN: V/Bma= Van : Bmg. 
34. Faisant À —B dans la dernière de ces expres- 
sions, elle devient 


VA» à \/A = VAT =. 


où, identiquement , (b) 


LRU LE 
AM: AN — AM n° 
La règle du numéro 23 s'étend donc aussi au cas des ex- 
posans fractionnaires. 


35. Si dans légalité (b) on fait P. = 0, elle devient 


I 
q=AÀ 
Aù 

Ainsi. les puissances à exposans fractionnatres négatifs 

ont la même signification que les puissances à exposaus 

entiers négatifs (24). 

Test facile de conclure, de cette dernière proposi- 
tion, en suivant la marche du numéro 25, que les rè- 
gles de Ja muluplication et de la division des puissances 
d’une même bas? embrassent le cas des exposans frac- 


tionnaires négatifs; c'est-à-dire que, quels que soient 


AL 55 


les éxposans 7 ét n entiers où fractionnaires , positifs ou 
négatifs, on à généralement 


An 
Am X An AMEN etes Amen, 


n n 
36. La puissance mr d’une quantité V/A, où (VA, 
m 125 
est la même chose que VAn, et la racine m de cette 
hm,n mn 
même quantité, où 1/{V/A), est égale a V/A. 
n n nn, 
En effet (Am exprime le produit vA x VA S'é 


n 
VA. etc. , 27 étant le nombre des facteurs, Or, ce 
produit peut se mettre sous la forme 


n nl 
VA X A X AK A...ete.) ou V/Am. 
Quant à la racine +, si nous supposons l'égalité 
m ñn x 
V(VA)= VA; 
nous obticndrons d'abord, en élevant les deux mem- 
bres à la puissance m, une seconde égalité 


n ZT, 
VA = V'Am. 
Donc, élevant ençore les deux membres à la puissance 7, 
nous aurons la troisième égalité 


À = VAm. 
Élevant enfin les deux membres de cette dernière à 
la puissance x, nous obtiendrons 
A: — Ar, 
Ce qui nous donne x = mn, et par conséquent 
m On mn, 
V(VA)= VA. 

37. H nous reste à examiner de quelle manière la 
qualité des résultats, où leur état positif et négatif. est 
liée avec celle des quantités données dans les deux opé- 
rations de l'élévation aux puissances et de l'extraction 
des ‘racines. Commençons par l'élévation aux puis- 
sances. 

Quatre cas se présentent ; 

1°. La base et l'exposant sont positifs. Alors il est 
évident que la puissance est également positive, et 
qu’on a 

(HA? = (4 0). 
Désignant, comme nous l'avons fait ci-dessus, par les 
signes Æ et — renfermés entre des accolades, l’état des 
nombres sur lesquels on opère , afin de mieux faire sai, 
sir les règles de leurs combinaisons. 

2°. La base est négative et l’exposant positif. La puis- 
sance peut être dans ce cas positive ou négative, selon 
que l’exposant sera pair où impair; c'est-à-dire selon 
que l’exposant sera multiple où yon de 2. En effet, 
soit #2 un nombre quelconque, 0, 1, 2, 3 etc. depuis 


56 AL 


o jusqu’à l'infini, 2m représentera tous les nombres 
pairs possibles, et 22 + 1 tous les nombres impairs. 
Ainsi, lorsque l’exposant est pair, la puissance sera 
.— À} et (— A 241 lorsqu'il est impair. Nous nous 
dispensons de donner le signe + aux exposans et de les 
senfermer entre des accolades , parce qu’il est convenu 
que toute quantité qui n’est précédée d'aucun signe est 
considérée comme positive. 

Mais, d’après les règles de l'élévation aux puissances 
des quantités exponentielles (26), nous avons 

(—A}r =[(=AYT 
Or (9), (— A} = (— À) X (— A) = + A7. Donc, 
(— Apn (2H Asÿe = + Am. 

La puissance est donc positive lorsque l’exposant est 
pair. 

Nous avons aussi (20) 

(— Anti 2 (— A) X (A) 
Cette égalité est la même chose, d’après ce qui vient 
d’être dit, que 
= 


La puissance est donc négative lorsque l’exposant est 


Apm+i — (4 Am) (— A) = —Amt+i, 


impair. 
3°. La base est positive et l’exposant négatif. La puis- 
sance se réduit alors à une fraction; car , ainsi que nous 
l'avons déjà vu (24) 
CD = 
(+4) AB 
4°. Enfin, Ja base et l’exposant sont négatifs. On a 
aussi 


I 

A "ap 

et selon que B sera pair ou impair, la puissance sera 
positive où négalive. 

38. Dans l'opération de l'extraction des racines il se 
présente également quatre cas différens pour détermi- 
ner l’état positif ou négatif de la racine. 

1°. Le nombre et l’exposant sont positifs. La qualité 
de la racine dépend de la grandeur de l’exposant; car, 
si l’exposant est pair , comme on a (37) 


HAPM= (HO et (—Apn=(+O. 


il en résulte 


2m, am 
VHO=(4HA) e& VH+O=(A). 
Dans le cas de l’exposant pair, la racine est donc po- 
sitive ou négative. On exprime cette propriété par la 
formule 


2m 


V4 0)= (HA). 


Si l’exposant est impair, comme on a 


(APM = (HO, 


AL 
d'ou il résulte 


241 


VHC) = (#A), 
la racine est donc toujours positive lorsque l’exposant 
est impair. 
>». Le nombre étant positif, et l'exposant négatif, 
la racine prend une forme fractionnaire. En effet, 


(2) nr 
V/C est la même chose que CP ë 
C 
Donc, 
{—B) 
vG— F- 


vC 
3°. Le nombre et l’exposant étant négatifs, on trouve 
de la même manière 
(2) 


VC) = 


ve © 
4°. Enfin, le nombre étant négatif et l'exposant posi- 
tif, si l’exposant est 2mparr, 
car de 


la racine est negative, 


2/n+1 


(— A}m+i = (— Cj).on tire V/ (— C)—( 


la génération de la racine, 


=, 
Mais si l’exposant est pair, 
quoique possible en idée, devient impossible en réalité : 
ce nombre ne pouvant être alors ni positif n! négatif. 


En effet, V/{—C) ne peut être une quantité positive 
(+ À), puisque (HA): est positif, et il ne peut être 
Aj2m 
est également positif (37). Ce cas, extrêmement remar- 


non plus une quantité négative (— A), puisque (— 


quable, nous offre donc la construction d’une espèce par- 
ticulière de nombres auxquels il est impossible d’atta- 
cher aucune interprétation quelconque, quoiqu'ils 
soient d’un usage fréquent et utile dans les calculs. On 
a donné à ces nombres le nom de quantités imaginai- 
res (voyez ce mot), qui est loin d’en définir exactement 
l'origine; car l'imagination est une faculté psychologique 
qui ne concourt en aucune manière à la génération des 
nombres opérée par l’enteudement. 


Si nous observons que la génération d’un nombre né- 
gatif au moyen de l'unité est en général 


(—1)XM, 
am, 
nous pourrons donner à la quantité V{— C) la forme 


am 


Verx ac qui revient (27) à V/(+C) SAVE 


2m 


Or, la quantité VA (+ C) étant réelle, le facteur imagi- 


2m, À En s 
naire V/—1, peut être seul l’objet de considérations 


nouvelles, 


Les quantités dites imaginaires peuvent donc s’expri- 


2m 
mer à l’aide de la seule V— 1, ct leur forme générale 


est 


M étant une quantité réelle quelconque. 


48. Nous nous sommes élevés successivement de la 
génération primitive des nombres À + B— C aux gé- 
nérations À X B—Cet AB—C; nous avons examiné 
les diverses espèces de nombres engendrés par ces trois 
modes différens de construction, et déterminé leur na- 
ture; il nous reste à prouver que le mode AB— C est 
le dernier mode élémentaire possible de construction, 
et, conséquemment , que ce qui précède renferme tous 
les élémens de la science des nombres. Pour cet effet, 
reprenons la marche qui nous a conduits (6) de A + 
B—C à A XB—C et de cette dernière (19) à AB —C. 
Formons donc une suite de nombres 

at=c,cd—æe,ef—g;,gh=ti,etc., etc. 
En substituant la valeur de ce dans celle de e, nous 
avons 
(ab )d — e ou (26) abd — e, 
Substituant ensuite cette valeur de e dans celle deg, 
elle devient 
(abd\f = g ou abdf — g. 

Continuant donc de la même manière de proche en 
proche , eu désignant par m1 la dernière puissance, nous 


aurons 
abdfh.. ete. — mn ; 


qui, lorsque toutes les quantités b, d,f, h,k, etc., 
sont égales, se réduit à 


anb = ; D 


en désignant le nombre de ces quantités'par #1. 


Or, cette expression ne diffère en aucune manière de 
AB — C. Ilest donc impossible de trouver un mode de 
génération élémentaire qui ne soit pas compris sous 
l’une des trois formes déjà trouvées ; et ces trois formes 
renferment en effet tous les élémens possibles de la 
science des nombres considérée dans sa plus grande gé- 
néralité. 

Ever est le premier qui se soit aperçu de la liaison 
qui existe entre les divers modes des générations élé- 
mentaires, et qui ait fait remarquer que chacun d’eux 
donne naissance à de nouvelles espèces de nombres. Les 
mathématiciens qui lui ont succédé , et particulière- 
ment les auteurs d'ouvrages élémentaires semblent ne 
point avoir saisi tout ce qu'il y a d’important dans cette 
considération , qui seule permet de coordonner les di- 
verses parties de l'algèbre, et de l’amener à cette unité 
systématique sans laquelle une science n’est qu’une col- 
lection de faits ou de lois sans liaison. Ces auteurs se 
sont contentés, pour la plupart, de présenter l'algèbre 
comme un moyen particulier de résoudre des problè- 


AL 57 


mes , confondant ainsi ce qui a pu conduire à découvrir 
la science avec la science elle-même ; et ils sont partis 
de questions particulières pour arriver à des équations 
dont la résolution généralisée forme , suivant eux, la 
base de la science des nombres. Cette marche est évi- 
demment vicieuse : les nombres constituent un ordre de 
réalités dont les lois sont nécessairement indépendantes 
de toute application numérique ou géométrique; et, 
comme tels, leur generation doit précéder nécessaire- 
ment leur comparaison, de laquelle dépendent les 
équations. 

Mais cette génération présente deux points de vue 
distincts : le premier est celui dans lequel on ne consi- 
dère que les modes élémentaires et primitifs, pris isolé- 
ment, de la construction des nombres; le second est 
celui dans lequel on considère la réunion de ces modes 
primitifs et les constructions dérivées qui naissent de 
cette réunion. Le premier point de vue constitue la ge- 
nération élémentaire que nous venons d'exposer ; le se- 
cond, la génération systématique qui sera développée 
successivement. La comparaison des nombres nous pré- 
sente également deux parties, dont la première, la com- 
paraison élémentaire, nous donne les pRoPoRTIONS et 
les PRoGREssIONS, et dont la seconde, la comparaison 
systématique , nous donne les ÉQuaTIoNs. Foy. ces mots 
et ALGORITHMIE. 

ALGÉBRIQUE. Ce qui appartient à l'algèbre. On 
dit caractères algébriques , quantités algébriques , cour- 
bes algcbriques, etc. 

On partageait jadis les lignes courbes en courbes 
géométriques, algébriques , transcendantes et mécani- 
ques, et le terme algébrique se rapportait à celles de ces 
lignes dont la nature peut être exprimée par'une équa- 
tion élémentaire, c’est-à-dire par une équation qui ne 
renferme aucune quantité transcendante. Mais aujour- 
d’hui où la génération de toutes les quantités fait partie 
de l'algèbre, ces distinctions n’ont plus aucun fonde- 
ment. Toutes les équations sont essentiellement algébri- 
ques, et le rapport des abscisses aux ordonnées d’une 
courbe quelconque étant toujours représenté par une 
équation immanente ou transcendante, la classifica- 
tion de ces lignes doit suivre celle des équations. 
(Voyez Courses et ÉqQuarions. ) 

AL-GEDY ( Astr.). Nom de l'étoile du Capricorne 
marquée y dans les catalogues, et qui signifie Le Che- 
vreau. Les Arabes donnaient aussi ce nom à la constel- 
lation entière, ainsi qu’à l'étoile polaire. 

ALGENEB ou ALGENIB, et plus correctement AL- 
Gens Fersaous ( Z côté de Persée). ( Astr.). Quelques 
observateurs ont donné ce nom à la ceinture de Persée; 
mais il a été mal à propos confondu par plusieurs au 
teurs avec le nom de AL-GEnau (l'aile), donné à uue 


étoile de la seconde grandeur, située dans la constella- 
8 


AL 


tion de Pégase. On la marque dans les catalogues par la 


98 


lettre y. 

ALGOL, ei plus exactement rA5 AL-cnouL (téle de 
furie).( Astr.) Nom de l'étoile vulgairement appelée 
Téte de Méduse, marquée B dans la constellation de 
Persée. Cette étoile est sujette à une variation pério- 
dique dans l'intensité de sa lumière : elle passe en » jours 
48 ou 49° de la deuxième grandeur à la quatrième ou à 
la cinquième grandeur. Cette observation a été faite 
pour la premièré fois en 1783 par un gentilhomme du 
duché d’'Yorck, appelé Goodricke. L'étoile Algol ne 
reste à Paris sous Fhorizon que pendant 1 heure 27". 
(Poyez Érorres cHANGEANTES. ) 

LGOMEIZA, et plus correctement AT-GHAMEYSSA. 
( Astr.). On donne ce nom à Procvon, lune des étoiles 
de la constellation du Petit-Chien, et quelquefois à la 
constellation entière. ( ’oyez Procyon.) Quelques as- 
tronomes arabes ont écrit ce nom AL-GOMEYZAN, qui si- 
gnifie petit Sycomore. 

ALGORAB ( Astr. ). Nom de l’une des étoiles de la 
constellation méridionale du Corbeau, marquée ; dans 
les catalogues. Le nom d’ar-cnorar, qui signifie le cor- 
beau, est donné par les Arabes à la constellation entière. 

ALGORITHME. Terme dérivé du mot arabe AL- 
GORETM, Qui signifie racine en général, et qu'on a 
employé, par extension, pour calcul. On l'emploie 
pour désigner chaque forme particulière de génération 
desnombres. Ainsi, parexemple, «& = c est l'algorithme 
des puissances; A9 x=@ (x+Ax)—@x est l'algorithme 
des différences; F x=A co + Ai Z4A ,x2+4# A3 ti, 
etc.., est l’algorithmé des séries, ete., ete. La science 
dont le but est d’embrasser les faits et les lois des nom- 
bres, et par conséquent tous les algorithmes, devrait 
donc être nommée par excellence a/gorithmie ; et nous 
devons faire observer à ce sujet que l'adoption d’un moi 
particulier pour exprimer la science générale des nom- 
bres, est d'autant plus nécessaire que cette science n’a 
recu , jusqu'ici, aucune désignation spéciale qui puisse 
l'empêcher d’être confondue avec l’une ou l’autre de ses 
branches, l’artthmétique et l'algèbre. M. Ampère, dans 
sa classification des connaissances humaines, propose le 
ot arithmologre ; mais ce mot ne nous parait pas aussi 
bien approprié à son objet que celui d’a/gorithrnie, qui 
est déjà employé dans plusieurs ouvrages importans. 

ALGORITHMIE. C'est sous ce nom qu'un géomètre 
moderne, M. Wronski, désigne l’une des branches 
fondamentales des mathématiques pures : celle qui à 
pour objet les nombres. Le but de ce savant, dans les 
nombreux ouvragesqu’ila publiés en France depuisi8r1, 
paraît être de fonder en général la philosophie des ma- 
thématiques, et de constituer en particulier une bran- 
che nouvelle de ces sciences, à laquelle il donne le nom 
de Technie. Les vues nouvelles qu'il propose, l’unite 


AN 


qu'il veut établir entre les nombreuses parties des ma 
thématiques, la loi universelle qu'il a découverte, loi 
qui, d'après le rapport du célèbre Lagrange, embrasse 
toutes les lois connues pour le développement des fonc- 
tions, ne nous permettent pas de passer sous silence une 
doctrine dont l’avenir de la science ne peut manquer de 
se ressentir. ( J’oyez PniLosoPiE DES MATREMATIQUES. ) 

ALHABOR, ct plus correctement AL 4arour. (4str.) 
Nom arabe de Sirius. 

ALHAIOTIT, et plus correctement ar-asovo. (Astr.) 
Nom arabe de la belle étoile de la Chèvre, qui se trouvé 
dans la constellation du Cocher, et que les Syriens nom- 
ment ayouTo. flle est indiquée par quelques auteurs 
comme une étoile de la troisième grandeur dans la con- 
stellation du Capricorne. C’est une erreur à laquelle le 
nom vulgaire de cette étoile, attribué aussi quelquefois 
à cetie dernière constellation, a pu donner naissance. 
L'étoile de Za Chevre est désignée encore par le nom 
d'ALnatOD. 

ALHAZEN, nom vulgaire sous lequel les savans 
d'Europe ont désigné le célèbre et savant mathématicien 
arabe dont le nom est AL-RASSAN, BEN-HASSAN, AEOR-ALY, 
BEN ÉL-RAYTHAM : il était natif de Basrah, et vivait en 
Égvpte à la cour du khalyfe ÉL-nakEm, vers l’an 400 de 
l'hcgire ( 1009 de notre ëêre). Il mourut au Kaire l’an 
430 (1038). Il s’occupa Spécialement d'astronomie et 
d'optique, et mérite sous ce rapport d’être cité avec dis- 
tinction parmi les hommes de sa nation, dont lestravaux 
et les recherches ont le plus contribué à répandre en 
Europe les sciences et les lumières. Nous avons de lui 
un Traité d'optique, dont quelques parties révèlent une 
haute instruction, et des tentatives heureuses pour arri- 
ver à l'explication des phénomènes que présente cette 
science, et qui étaient encore regardés comme insolubles 
au temps d’Alhazen, Ce livre est encore recommandable 
sous un autre rapport : il peut être fort utile à l’histoire 
littéraire et critiqué des sciences chez les Arabes, dont 
il résume les progrès dans un tableau des connaissances 
que possédait cette illustre nation. Cet ouvrage est, au 
reste, divisé en trois parties. La première, consacrée à 
Ja physique, n’est pas exemipte d’erreurs : Alhazen y dé- 
veloppe quelques fausses doctrines sur la cause de la vi- 
sion et sur les couleurs, On y trouve néanmoins des 
aperçus fort judicieux sur la réfraction astronomique, 
sur la grandeur apparente des objets, et spécialement 
sur le phénomène du grossissement apparent du solcil 
et de la lune, vus à l'horizon. La seconde partie, qui 
est consacrée à la catoptrique, est traitée par Alhazen 
avec plus de supériorité, quoiqu'il s’v soit aussi glissé 
quelques erreurs, telles que ses appréciations sur le ïieu 
apparent de l’image dans les miroirs courbes, et celles 
sur le foyer des miroirs caustiques. La troisième partie 
est consacrée à Ja dioptrique, Les connaissances d’Alba- 


AL 


zen, sous ce rapport, quoique fort étendues, sont néan- 
moins encore imparfaites. On trouve cependant dans 
cette partie de son ouvrage l'exposition d'ingénieuses 
théories pour expliquer la réfraction. Huygens a accusé 
Alhazen d’une grave erreur, dont il n’est point coupable, 
en lui faisant dire que les angles rompus sont propor- 
tionnels aux angles d’inclinaison. Ce mathématicien 
arabe aperçut très-bien, au contraire, qu'il n’y avait 
entre eux aucune raison constante, et il recourut à 
l'expérience pour déterminer la quantité de réfraction 
convenable à chaque obliquité ; il en donne même ure 
table, qui détruit complétement l’assertion d'Huvgens. 
L'optique d’'Alhazen, traduite de l'arabe, et réunie à 
celle de Vitellion, a été publiée pour la première fois à 
Bäle, en 1532, par Risner, sous le titre de : Thesaurus 
opticæ, in-folio. 

Il existe d’autres mathématiciens du nom d’Alhazen, 
dont les travaux sont moins importans, et que nous n’a- 
vons pas jugé utile de mentionner ici. 

AL-HOOT ( Ze Cétacce ). ( Astr.). Nom arabe de 
l'étoile marquée : dans nos catalogues, et qui est la pre- 
mière de Ja queue de la Grande-Ourse. On la désigne 
encore sous les noms altérés de AL1OT, ALIATH, ALLIOTH, 
Miracu, et sous celui de Mizar dans l’Uranomeétrie de 
Bayer. La connaissance de cette étoile est surtout utile 
aux marins. 

ALIDADE ( Géom. ). Règle mobile de bois ou de 
métal, portant une pinnule à chacune de ses extrémités, 
dont on se sert pour viser les objets et tracer les lignes 
de leurs directions lorsqu'on lève les plans à l’aide de 
l'instrument nommé Planchette. (Foy. PLancnerre.) 
Ce mot vient de AL-HiDAD, qui signifie tout à la fois en 
arabe, pinnule de fer, but ct point déterminé. On ap- 
pelle encore Alidade la règle mobile qui, tournant au- 
tour du centre d’un cercle divisé en degrés, peut en par- 
courir tout le limbe pour mesurer les angles. Elle porte 
aussi des pinnules, ou bien est surmontée d’une lunette. 
(Voyez GrapaomËTRE et CERCLE RÉPÉTITEUR. ) 

ALIGNEMENT (4rp.). Voyez ARPENTAGE. 

ALIEMINI (Astr. ). Nom donné dans les Tables 
Alphonsines à la belle étoile du Grand-Chien, plus 
habituellement désignée sous le nom de Sirius. Aliemini 
est le mot arabe corrompu AL-YEMINY , Ou AL-YEMANIER, 
qui signifie placé à droite. 

ALIQUANTE (Arith.). Parties aliquantes d’un nom- 
bre. Ce sont celles qui ne le divisent pas exactement, 
ou qui ne sont pas ses facteurs. Par exemple, 5 est une 
partie aliquante de 8, parce que 5 n’est pas facteur de 8, 

ALIQUOTE ( Arith.). Parties aliguotes d’un nombre. 
Parties d’un nombre qui le divisent exactement ou qui 
sont ses facteurs, Par exemple, 2 est une partie aliquote 
de 8, parce que 2 est facteur de 8. ( Voyez Murriecica- 
TION. } 


AL 39 
ALKAMELUZ (Astr.). Nom donné par quelques 


auteurs à l’étoile Arcturus, située dans la constellation 
du Bouvier. Cette dénomination est corrompue du nom 
d’ar-ramene (le lancier ) que lui donnent les Arabes. 


ALLIAGE. Règle d’alliage (Ærith.). On donne in- 
distinctement en arithmétique le nom d’alliage à tout 
mélange de diverses matières susceptibles d'être réunies. 
Les questions qu'on peut se proposer sur ces mélanges 
offrent deux points de vue différens : 1° Les valeurs et 
les quantités des matières composantes étant données, on 
veut déterminer la valeur du mélange. 2° La valeur et 
la quantité du mélange étant données,ainsi que les valeurs 
des matières composantes, on veut déterminer les quanti- 
tés de ces matières. Les opérations arithmétiques qu’il 
faut faire pour résoudre ces deux ordres de propositions, 
se nomment règles d’alliage, savoir : règle d’alliage 
directe dans le premier cas, et règle d’alliage inverse 
dans le second. 

Règle d'alêiage directe. Le cas le plus simple est celui 
qui a pour objet de déterminer le prix d’un mélange. II 
faut d’abord bien préciser l’idée attachée au mot prix. 

En exprimant la quantité d'une marchandise quel- 
conque par un nombre, l’unité de ce nombre désigne 
toujours une cértaine quantité déterminée, dont on est 
convenu d'avance, et c’est particulièrement la valeur en 
argent de cette unité que nous nommons le prix de la 
marchandise. Ce prix, multiplié ensuite par le nombre 
d'unités que la quantité de marchandise renferme, fait 
connaître la valeur de cette quantité. Par exemple, 
12 mètres d’étoffe, à 3 fr. le mètre, valent 36 fr. Le 
nombre 12 exprime la quantité de la marchandise, le 
nombre 36 sa valeur, et le nombre 3 son prix. 

Le prix est donc la valeur spécifique d’une chose, ou 
la valeur de l’unité de cette chose. 

Ceci étant posé, voilà la règle : Multipliez Le prix de 
chaque matière par sa quantité respective; divisez la 
somme des produits par celle des quantités ou par la 
quantité totale du mélange: le prix trouvé sera le prix 
du mélange. 

Ex. I. On a mélé ensemble 3 sortes de ble à diffé- 


rens prit, Savoir : 
? 


10 sacs de blé à 15 fr. 
15 à 19 
8 à 12 


On demande le prix du mélange. 


Multipliant chaque nombre de sacs par son prix, on 


trouve : 
Valeur des r0 sacs 150 fr. 
15 199 
(e) 96 
Valeur totale des 53 sacs 4x fr. 


60 AL 
Divisant 441 par 33, on trouve 13 fr. 36 c. pour le prix 
du sac de mélange. 

Ex. II. Voulant fondre ensemble plusieurs lingots 
d'argent à différens titres, on veut connaître le titre du 
mélange. 

On nomme tre de l'argent la quantité de métal pur 
contenu dans un marc, et on évalue ce titre en suppo- 
sant le marc divisé en 12 parties, qu’on nomme deniers, 
et le denier en 24 grains. Ainsi quand on dit que le titre 


d’un lingot est de 10 deniers 3 On entend qu’un marc 
de ce lingot contient 10 deniers 12 gr. d'argent pur, et 
1 denier 12 gr. de quelque autre métal inférieur, Lors- 
qu'un lingot d'argent est entièrement pur, on dit qu'il 
est à 12 deniers. 

Le titre de l'argent indique donc en même temps le 
prix qu'il a dans le commerce; ct nous devons agir ici 
comme dans l'exemple précédent. Ainsi, ayant fondu 
eusemble 

25 marcs d'argent à 10 = deniers de fin 
38 9 3 
42 11 z 


pour trouver le prix du mélange, on multiplie chaque 
titre par le nombre de marcs auquel il appartient, et on 


trouve 
Valeur des 25 marcs 262 : deniers 
38 351 = 
42 472 à 
Valeur des 105 marcs 1086 2 denicrs. 


2 


Divisant le nombre total des deniers par celui des marcs 
on obtient 10 deniers 9 grains pour le titre de l’al- 
liage. 

Le titre de l'argent ainsi que celui de l'or, s'exprime 
en France, depuis l'introduction du système décimal, 
en millièmes de l'unité : ainsi l'argent pur est dit à 1000 
millièmes ; et l'argent qui contient 90 ou 100 millièmes 
d’alliage, est dit au titre de 0,910 Où 0,900. 


En examinant le procédé suivi dans la règle d’alliage 
directe, il est facile d’en concevoir les raisons. En effet 
A,B,C,D, etc., étant des quantités quelconques de 
marchandises dont les prix respectifs sont m, m',m", 
m'", etc., les valeurs de ces marchandises sont mA, m'B, 
m'C, m"D, etc., et par conséquent la valeur totale de 
leur mélange sera 


mA + m'B + m"C+ m" D + etc. 
La quantité du mélange étant 


A+B+C+D etc. 
Or, pour trouver la valeur d’une marchandise, il faut 
multiplier sa quantité par son prix: donc, en divisant 
is valeur par la quantité, on trouve le prix. Ainsi, divi- 
Sant m A + m B+m" C+m"D ro CÉC-> pan 


AL 


AB+C+D+,etc., on aura le prix du mélange. 

Régle d'alliage inverse. Dans la règle d'alliage inverse, 
lorsqu'il y a plus de deux objets mélangés, le probléme 
est indéterminé, et peut admettre un grand nombre de 
solutions : il surpasse alors les forces de l’arithmétique 
ordinaire. ( foyez Axazyse iNpÉrermiNÉE. ) Nous n’exa- 
minerons donc ici que le cas de deux objets. 

Le prix de chacune des matières étant connu, ainsi 
que celui du mélange, il s'agit de déterminer la quan- 
tité de chacune des matières composantes. Voici la 
règle : Otez Le plus petit prix du prix du mélange ; 
Ôtez ensuite le prix du mélange du plus grand Prix , 
cela vous donnera deux différences. Partagèz ensuite 
la quantité du mélange en deux parties qui soient 
entre elles dans le méme rapport que les deux diffe- 
rences trouvées, et ces deux parties seront les quan- 
tités demandées, savoir : la plus grande, celle dont le 
prix est le plus petit, et la plus petite, celle dont le prix 
est le plus grand. 

1 Exemple. Un sac de blé à 15 francs est composé 
d’une partie de blé à 19 francs et d’une autre à r9 francs. 
On demande les quantités de chacune de ces parties. 

Première différence. 15 — 12 = 3 
Seconde différence. 19 — 15 = 4 

Il faut donc partager le sac en deux parties qui soient 
cutre elles comme 3 : 4. Ainsi, le sac étant l’unité, ces 
parties sont ? et À; il y a donc dans le mélange 3 de sac 
à 19 francs et # 

1° Exemple. 500 boutalles de vin à 3 fr. sont le 
produit du mélange de deux espèces de vins, l’une à 
5 fr. et l’autre à 2 fr. On demande les quantités qu’on 


a dû prendre de chacune de ces espèces. 


à 12 francs. 


Première différence. 3 — 2 = 1. 
Seconde différence. 5 — 3 = 2. 


Les quantités cherchées sont donc dans le rapport de 
2 : 1. Pour les trouver, on pose les deux proportions 


2 : 333 
166 


On a donc pris 166 3 bouteilles à 5 fr. , et 333 3 bou- 
teilles à 3 fr. 

Cette règle peut se démontrer de la manière suivante : 
Soit À la quantité d’une des matières, et m2 son prix; 
B la quantité de l’autre matière, et » son prix; M la 
quantité du mélange, et p son prix : on a, par la règle 
directe 


3 : 5oa :: 
3 > DOO 20 T à 


lo oym 


mA+LnB=pM 
Mais M est la même chose que A + B, donc on a aussi 
mA+nB=pA+pB 


Réunissant dans ie même membre les quantités qui ont 


un facteur commun, on a 


mA—pA=pB—nB 


AL 


Ou 
(m—p)A=(p—n)B 


Ce qui donne 


Le rapport des quantités À et B est donc en effet le 


même que celui des différences p — n et m — p. 


ALLONGÉ ( Géom. ). Ce qui est plus long que large. 
Le sphéroïde allongé est un sphéroïde produit par la 
révolution d’une demi-ellipse autour de son grand axe, 
(Poyez sruéroïpe.) Au contraire, si le sphéroïde est 
formé par la révolution d'une demi-ellipse autour de son 
petit axe, on le nomme sphéroide aplati. Cette der- 
nière figure est à peu près celle de la terre. (Foyez 
TERRE. ) 

La Cyctoide allongée estcelle dont la base est plus 
grande que la circonférence du cercle générateur. 
(Foyez CxcLoiDE. ) 

ALMAGESTE (Histoire littéraire des sciences ma- 
thématiques.) Tél est letitre donné d’après les Arabes au 
Trauté d'astronomie composé par Ptolémée vers lan 
140 de notre ère. C’est en même temps l’un des plus 
célèbres livres de l'antiquité, et le plus ancien ouvrage 
d’astronomie qui soit parvenu jusqu'a nous. Ce nom est 
formé du mot grec geyirror, érès-grand, que les Arabes 
n’ont fait que transcrire en y joignant leur article arabe 
al dans le titre de tahryr àl-megesty : il: signifie ainsi 
le très grand ouvrage, l'ouvrage par excellence. L’en- 
thousiasme avec lequel l’Almageste fut accueilli, à l’é- 
poque où il fut écrit, lui avait précédemment fait dé- 
cerner un titre analogue par les astronomes de l’école 
d'Alexandrie. (M:yæny Euvraïis, grande composition. ) 
Les Arabes donnent aussi à cet ouvrage de Ptolémée le 
titre de sountaksys. 

L’Almageste a été, depuis son apparition, jusqu’à une 
époque assez rapprochée de nous, l’objet d’un très- 
grand nombre de commentaires ; c'est la destinée com- 
mune à toutes les productions qui ouvrent une car- 
rière nouvelle aux investigations de la science et 
aux progrès de l'esprit humain. Les plus anciens et 
les plus remarquables de ces commentaires furent ceux 
de Théon et de Pappus, mathématiciens célèbres qui 
honoraient au IV® siècle l’école d'Alexandrie. La partie 
du travail de Théon, échappée aux vicissitudes des 
temps, s'arrête au dixième livre de l'Almageste; le 
reste est sans doute perdu pour toujours, ainsi que les 
commentaires de Pappus, dont nous ne possédons que 
des fragmens relatifs au cinquième livre de l’ouvrage 
de Ptolémée. On doit regretter avec tous les mathéma- 
ticiens modernes qui se sont occupés de l’histoire litté- 
raire de la science, que ces restes précieux des connais- 
sances astronomiques de l'antiquité n'aient jamais été 


AL 61 


tradui s; car il est impossible qu’ils ne contiennent pas 
des aperçus curieux sur l'astronomie et la géométrie. 

Vers l’an 212 de l'hégyre, ou 827 de l’ère chrétienne, 
c’est-à-dire à l’époque où un grand mouvement civilisa- 
icur s'opéra dans la race arabe, et où ce peuple donna 
asile aux sciences, si cruellement proscrites à Alexandrie 
par les soldats d'Omar, l’illustre khalyfe El-Mämouu fit 
exécuter à Baghdad une traduction arabe de l’Almageste. 
On rapporte que ce prince, vainqueur de l’empereur 
Michel fl, lui imposa comme une condition de la paix, 
qu’il consentit à faire avec lui, le don d'une coilection 
des meilleurs livres de la Grèce. C’est à cetribut, qui ho- 
nore la mémoire d'El-Mämoun, et atteste son amour 
pour les sciences, que les Arabes durent l'ouvrage de 
Ptolémée, auquel ils donnèrent alors le nom de T'ahryr 
dl-megesty, dont nous avons fait celui d’A/mageste. Le 
musulman él-Hassan ben-Yousef et le chrétien Sergius 
en furent, dit-on, les traducteurs. 

De nombreuses copies de l'Almageste circulèrent dès- 
lors parmi les Arabes, et popularisèrent chez cette grande 
nation les connaissances astronomiques, qui avaient 
illustré l’école d'Alexandrie. On cite Thabet-ben-Qorrah 
et Nassir-éd-dyn , entre tous les savans Arabes, dont les 
commentaires contribuèrent le plus à en expliquer les 
diverses hypothèses, et à en faciliter l'étude. 

Au commencement du XII siècle, époque où les 
sciences renaissantes jetèrent quelques rayons de lu- 
mière au sein des ténèbres qui enveloppaient l’Europe 
occidentale, l'empereur Frédéric II, qui protégeait 
l'astronomie, et cultivait lui-même cette science, fit tra- 
duire l'Almageste sur la version arabe. Vers le milieu 
du siècle suivant, une autre traduction de cet ouvrage 
fut entreprise par Gérard de Crémone. 

La première édition latine de l’Almageste fut faite à 
Venise en 1515. Il est probable que la version de Gé- 
rard de Crémone fut celle dont on se servit pour ce tra- 
vail, monument remarquable , et devenu très-rare, des 
premiers essais de art typograhique. Un siècle avant 
cette époque, Georges de Trébizonde, l'un des savans 
grecs qui vinrent chercher un refuge en Italie, après la 
chute de l'empire byzantin, traduisit l'Almageste de sa 
langue natale en latin. Son ouvrage, conservé. long- 
temps manuscrit, fut successivement imprimé à Venise 
en 1507, et à Bâle en 1541 et 1551. Eu 1538, J. Walder 
imprimait à Bâle le texte grec de l'Almageste, avec celut 
des commentaires de Théon, mais sans traduction cn 
regard. Cette édition, remarquable par la pureté des 
caractères et l'exactitude du texte, est regardée comme 
un des plus beaux ouvrages qui soient sortis des presses 
de ce célèbre typographe. 

L'Almageste contient un recucil précieux et impor- 
tant d'anciennes observations : ce sont les seules que l'an- 


tiquité ait léguées à la science astronomique; quoique 


62 AL 


Ptolémée en ait presque toujours tiré des conclusions 
erronées, qui ont été réctifiées par la science moderne, 
nous examinerons à l’article biographique de ce grand 
astronome, les principales hypothèses fondées sur ces 
anciens erremens de la science. Voyez ProLEMÉE. 

ALMAMON. Foyez EL-Mamoux. 

ALMANACH ( Astr. ). 
contient les jours de l’année et les phénomènes les plus 


Calendrier ou Table qui 


remarquables des corps célestes, tels que les éclipses, 
les conjonctions et oppositions des planètes, ‘elc,, etc. 
Le bureau des longitudes publie tous les ans, outre un 
almanach nommé Connaissance des temps, dans lequel 
l'état du ciel est calculé plusieurs années à l'avance, 
pour l'usage des navigations de long cours, un A4n- 
nuaire qui renferme les objets d’une utilité générale et 
populaire. Le mot a/manach est formé de l'article 
arabe al et du mot manakh, qui signifie dans cette lan- 
gue, calendrier, cphémerides, cadran solaire. On 
trouve le mot a/menichiacum employé dans ce sens par 
saint Augustin dans son traité de /a Cité de Dieu. 
Voyez CarenDnier. 

ALMERZAMONNAGIED ( 4str.). Nom de l'étoile 
qui forme la partie la plus orientale de l'épaule d'O- 
rion. 

ALMICANTARATS ou ALMUCANTARATS(A4str.). 
Petits cercles parallèles à l'horizon, que l’on conçoit pas- 
ser par tous les degrés du méridien; leurs centres sont 
situés sur Ja verticale qui joint le zénith au nadir. On 
les appelle aussi cercles de hauteur, parallèles de hau- 
teur, parce qu'ils servent à marquer la hauteur d’un 
astre au-dessus de l'horizon. Ce mot est arabe : dans 
cette langue, d/-moganttarät signifie formant la voüte, 
en forme d'arcade ou de pont. (Voyez SPHÈRE ARMIL- 
LAIRE. ) 

ALMUCÉDIE où ALMUREDIN ( Astron.). Nom 
donné par les Arabes, suivant Casius, à l’étoile mar- 
quée : dans la constellation de la Vierge. Ces deux dé- 
nominations également fautives , ne sont que l’altération 
commise par nos copistes des mots 77igd&m-él-qitiàf 
(annonce de la vendange), nom réel que donnent les 
Arabes à cette étoile. 

ALPHERAZ (Astr.). Plus exactement &/-faras (le 
cheval). Nom uonné tant à la constellation de Pégase, 
qu'a celle du Petit-Cheval. On les distingue par les dé- 
nominations de dl-faras-al-aazem (le Grand-Cheval ), 
et de gattat-él-faras (section du cheval). Quelques-uns 
de nos astronomes donnent à tort à la belle étoile qu’on 
trouve à l'aile de Pégase, et qui est marquée + dans les 
catalogues, tantôt le nom d'a/pharaz, tantôt celui de 
markab. C'est par iguorance qu’on a séparé en deux 
noms différens une seule dénomination. Cette étoile est 
appelée par les Arabes markab-&l-faras (le véhicule du 
cheval). 


AL 

ALPISETA (4str.). Nom corrompu de celui de 
al-fekah, donné par les Arabes à la constellation entière 
de la Couronne septentrionale. Nos astronomes ont 
douné par erreur ce nom à une étoile particulière de 
cette même constellation dont lenomestmoanyr-4l-fekah 
(la lumineuse de la Couronne) : c’est celle qu’on appelle 
aussi : lucida “Coronæ, ou luisante de la Couronne. 


ALPHONSE X, surnommé le Sage et lAstronome, 
roi de Castille et de Léon, fiis de Ferdinand le saint 
et de Béatrix d'Allemagne, succéda en 1252 à Ferdi- 
nand IIE, son frère. Ce prince déploya, en faveur de 
l'astronomie , un zèle qui a rendu son nom célèbre dans 
les fastes de cette science, dont il faisait son occupation 
favorite. On montre encore aujourd'hui dans l'Alcasar, 
ou le palais de Ségovie, la chambre où il faisait ses 
observations, et le cabinet où il les rédigeait. Le règne 
d’Alphonse a été fort agité; mais la protection qu'il 
accorda aux sciences lui acquit plus de gloire que les 
guerres où l’entraina son ambition de devenir empe- 
reur. C’est à ses frais et par ses ordres que furent dressées 
les Tables astronomiques qui portent son nom. (Woyez 
ÂALPHONSINES. ) 

Le jésuite Mariana , auteur d’une histoire d’Espagne, 
faisant allusion aux malheurs de ce prince et à son- 
goût pour l'astronomie, dit : « Qu’it perdit la terre à 
« force de contempler le ciel.» Une accusation d’impiété, 
plus grave que ce mauvais jeu de mots, a été injuste- 
ment imputée à Alphonse, à propos de quelques paroles 
un peu libres qui lui échappèrent à la vue des hypothè- 
ses ermbarrassées qu’il fallait admettre pour cencilier 
tous les phénomènes célestes : « Si Dieu, dit-il, m'avait 
« consulté, lorsqu'il créa l'univers, les choses eussent été 
« dans un ordre meilleur et plus simple.» Cette plaisan- 
terie prouve seulement qu’Alphonse n’était poirt satis- 
fait du système astronomique de son temps, et qu’il avait 
un vague pressentiment des découvertes qui ne permet- 
tent plus désormais d'adresser un pareil reproche à 
l'ordre de l’univers. Ce prince mourut le 4 avril 1284. 

ALPHONSINES ( 4str.). On a donné ce nom aux 
Tables astronomiques dressées à Tolède par les ordres 
du roi Alphonse X. Ce prince entreprit le premier de 
remédier aux défauts de l'astronomie ancienne, et sur- 
tout de corriger les tables de Ptolémée, dont la théorie 
s’écartait toujours de plus en plus des observations nou- 
velles. Alphonse appela à Tolède un grand nombre 
d’astronomes chrétiens, juifs et arabes, quitravaillèrent 
collectivement à l'exécution de cet important projet. 
Après quatre ans d’études, les Tables Alphonsines farent 
publiées en 1252. Elles furent corrigées en 1256 sur les 
observations d'un astronome arabe célèbre, dont nos 
astronomes ont altéré le nom de Æassan Abou-l- Hassan 
en celui d’Ælboaren (voyez ce nom ). Les astronomes 


AL 

qui prirent le plus de part à la confection de ces Tables 
furent, suivant divers auteurs , le juif fshaq Aben-Saïd, 
AI-Kabith, Aben-Ragel, Aben-Mousa, Mohammed, etc. 

Les connaissances astronomiques du temps d’Alphonse 
étaient insuffisantes pour réaliser la pensée de ce roi. 
Les Alphonsins ont commis plusieurs graves erreurs, 
notamment leur hypothèse sur le mouvement des fixes. 
Cependant ils déterminèrent le lieu de l'apogée du so- 
leil plus exactement qu’on ne l'avait encore fait, et ne 
se trompèrent que de 28” sur la durée de l’année. Les 
Tables Alphonsines, dont la première édition a été faite 
en 1492, ont été depuis réimprimées plusieurs fois. 

ALRAMECH ou ARAMEH ( Astr. ), corrompu pour 
âl-rämèhh (le lancier), nom arabe de la belle étoile 
Arcturus, dans la constellation du Bouvier. 

ALRUCCABAH ( Astr.), plus exactement d/-reka- 
béh (le char). C’est un des noms arabes de l'étoile Po- 
laire, suivant les astronomes; mais les Arabes n’ont 
donné ce nom, qui est emprunté de la langue chal- 
déenne, qu’à la constellation de la Petite-Ourse. 


ALTAIR, ATAIR ou ALCAIR (A4str.). Noms diver- 
sement corrompus par les astronomes européens du nom 
dl Uayr (Yoiseau), sous lesquels on désigne la bel'e 
constellation de l’Aigle; ce nom est aussi donné à la 
constellation du Cigne. 


ALTERNATION (-4{g. ). Changement d'ordre ou de 
position de plusieurs objets les uns à l'égard des autres. 
( Voyez PERMUTATION. ) 

ALTERNE (Géom.). Lorsque deux droites paral- 
lèlles AB et CD (v0y. Notions pRÉLIM. , 36) sont cou- 
pées par une transversale quelconque EH, les angles 
formés par ces lignes se nomment angles alternes, lors- 
qu’on les prend en sens contraire deux à deux, soit en 
dedans, soit en dehors des parallèles, Ainsi, les deux an- 
gles AFG, FGD, sont deux angles alternes intérieurs, ou 
deux angles alternes internes ; et les deux angles AKE, 
DGH, sont deux angles alternes extérieurs, où deux an- 


gles alternes externes. (Voyez ANGLes.) 


Dans une proportion géométrique quelconque, 
LI 

AE BR": 6 7D 
Si l’on fait changer de place aux deux termes moyens 
Bet C, on obtient une autre proportion 

A:C::B:D 
qu'on appelle proportion alterne par rapport à la pre- 
mière. ( Voyez Prororrion.) Dans les anciens ouvrages 
ce changement de place des termes moyens est exprimé 
par le mot alernando. 

ALTIMETRIE ( Géom. : (De altus haut, et de 
merper mesure). Partie de la géométrie pratique qui à 
pour objet la mesure des hauteurs accessibles et inacces- 
sibles. 


AL 63 

On donne le nom d'accessibles aux objets dont on 
peut approcher dela base pour mesurer sa distance au 
point de la station d’où la hauteur doit être prise. On 
donne au contraire le nom d’inaccessibles aux objets 
dont on ne peut approcher, 

Il existe plusieurs méthodes pour mesurer la hauteur 
des objets : les unes ne demandent que la connaissance 
des principes les plus élémentaires de la géométrie ; les 
autres reposent sur ceux de la trigonométrie. Nous al- 
lons les faire successivement connaitre par des exemples. 

Les instrumens dont on.sesert communément pour 
ces opérations, sont les 7alons, le graphomètre, le théo- 
dolite et le baromètre. ( Voyez chacun de cs mots.) 

Proszème i*. Mesurer la hauteur AL d'une tour 
accessible (PL. IT fig. 1), en n'employant pour cette 
mesure que de simples jalons. 

On choisira une station F convenable, c’est-à-dire de 
niveau avec le pied de la tour (Joy. ArPenTAGE), et l'on 
y plantera un jalon CF, en ayant soin de l’établir exacte- 
ment perpendiculaire à l'horizon, ce qui s'exécute très- 
facilement à laide d’un fil d'aplomb. On s’éloignera 
ensuite du jalon d’une distance quelconque FG, et l’on 
plantera un second jalon DG, plus petit que le premier, 
qu'on enfoncera dans la terre jusqu’à ce qu’en visant 
par son extrémité D, cette extrémité, celle du premier 
jalon C et le sommet A de la tour, se trouvent dans une 
même ligne droite ou dans le même rayon visuel DA. 
Cela étant exécuté, on mesurera avec soin les distances 
IG et FG, et les hauteurs des jalons GF et DG. 

Les triangles semblables ABD, GED donneront la 
proportion (voy. TRIANLGES ) 


ED : CE :: BD : AB, 


de laquelle on tire (v0y. ProronrTion }); 


or, connaissant AB, il suffit de lui ajouter BI ou DG, 
hauteur du plus petit jalon, pour avoir la hauteur 
cherchée AT. Supposons, par exemple, que la distance 
mesurée IG soit de 80 mètres, FG de 10 mètres, la 
hauteur du premier jalon CF de 3 mètres, et celle du 
second, DG, de 1": 255. On aura CE —CF — DG — 

*3—1,275—1%,795; ED—FG=10 ; et BD = IG = 80... 
Donc 


in 1.725 X 80 


= 13,800; 


ajoutant à cette dernière valeur BI = DG = 1,255, 
on aura définitivement pour la hauteur cherchée 
Al=,15%,005. 

On pourrait également faire cette opération ec un 
seul jalon; mais il faut alors, après avoir planté ce 
jalon CF, trouver exactement le point H, déterminé 


64 AL 


par le rayon visuel AC. Les deux triangles semblables 
ATH, CFH fournissant la proportion 


IH : FH::: AI : CE 
on en tirera immédiatement 
it LIEX CE 
FH 
Ainsi, substituant dans cette expression les valeurs de 
IH, CE et FH, qu'on aura préalablement mesurées 
avec exactitude, on trouvera celle de AT. 

Le problème de mesurer une hauteur accessible sans 
faire usage de la trigonométrie, peut encore se résoudre 
par la réflexion des rayons visuels opérée dans un mi- 
roir, où par le moven de l'ombre que projettent les 
objets; mais ces deux méthodes ne fournissent que des 
approximations peu précises, et nous nous contenterons 
de donner une idée de la dernière. 


Pros. Il. Mesurer la hauteur AB d’une colonne par 
le moyen de l'ombre qu'elle projette. (Pr. 1, fig. 4.) 


Mesurez la longueur BC de l'ombre; plantez un jalon 
DE, et mesurez également sa hauteur, ainsi que la lon- 
gueur EF de son ombre. Les longueurs des ombres étant 
entre elles comme les hauteurs des objets, vous aurez la 
proportion (7) 

EF : DG:::,BCi: AB 
d’où vous tirerez facilement la valeur de AB. 


La détermination de AB sera d’autant plus exacte que 
les ombres auront été plus nettes, et conséquemment 
plus faciles à mesurer exactement; de plus, il est impor- 
tant de les mesurer en même temps, car leurs lengueurs 
variant à chaque instant ; les rapports de ces longueurs 
ne sont réellement égaux aux rapports des hauteurs des 
objets que dans un même instant. Ainsi, pour plus 
d’exactitude, il faut commencer par marquer les points 
F et C sur le terrain, et mesurer ensuite les lignes BC 
et, EF. 

Dans le cas présent, si l’on avait trouvé BE — 3 mèt., 
BC — 65 inèt., et EF — 4":,533 , en substituant ces va- 
leurs dans la proportion (#72), on obtiendra 

65 X:3 


AB == — = — 3 mètres. 
4,533 À 


Pros. II. Mesurer une hauteur accessible BC à 


3 


l’aide d’un graphomètre ou d'un instrument propre à 
relever les angles. (PL. IL. fig. 2.) 


Ayant choisi unestation À, et mesuré sa distance AC, 
au pied du mur dont on veut connaître la hauteur, on 
y placera le graphomètre en lui donnant une position 
verticale. On dirigera ensuite l’alidade de manière à 
apercevoir le sommet B dans le rayon visuel des pin- 
nules, ou dans l’axe AB de la lunette, si l’instrument en 
est muni, et on relevera sur le limbe le nombre des de- 


AL 


grés de l'angle BAC. Cela fait, le triangle rectangle 
ABC donnant la proportion ( Foyez Tnic.) 


R : tang BAC :: AC : BC, 
on en conclura 


AC X tang BAC 


BC in : 


R désignant le rayon. En opérant par les logarithmes, 
cette expression devient : 


Log. BC — Log. AC + Log. tang BAC — Log. R. 


Supposons, pour exemple, la distance AC = 60 mètres 
et l'angle BAC — 29° 50’, alors, par la formule précé- 
dente, 


Log. AC ou Log 80 —  1,9030900 


Log. tang 29°.50" —  9,696:745 


11,5098049 


10,0000000 


Le logarithme de BC répondant au nombre 39,798, la 
hauteur BC est donc de 39," 508. Ajoutant à BC la 
hauteur du graphomètre, ou aura la hauteur totale du 
mur. 

Nous avons supposé, dans ce qui précède, que le 
terrain sur lequel on a mesuré AC, était de niveau avec 
le pied du mur; si cela n’avait 
pas lieu, la ligne visuelle AC 
étant toujours parallèle au ter- 
rain ( fig. ci-contre), letriang le 
ABC ne serait plus rectangle 
en C. Dans ce cas, ayant déter- 
miné le point C tel que CN soit 
égal à la hauteur AM du gra- 


phomètre, on mesurera AC ou 
MN , ainsi que les deux angles BAC et CAM; mais les 
lignes AM et BN étant parallèles, les angles alternes 
internes CAM et ACB sont égaux ( J’oyez ANGLES ); 
et par conséquent connaissant deux angles du triangle 
ACB, on déterminera le troisième angle ABC, en re- 
tranchant la somme de ces deux angles de deux angles 
droits. ( f’oyez Anezes.) Or dans le triangle ABC, on 
a la proportion 

Sin ABC : sin BAC :: AC : BC 
qui donne, pour calculer BC, l'expression 


AC. sin BAC 
nr des sin ABC 
Ou, employant les logarithmes, 
Log. BC = Log. AC + Log sin BAC — Log. sin ABC. 
Avant effectué le calcul, il suffit d'ajouter à BC la 
hauteur du graphomètre pour avoir la hauteur de- 
mandée BN. 


AL 


une hauteur inaccessible CD. 


Pros. IV. Mesurer 
(PL. IL. fig. 3.) 


Ayant choisi et mesuré une distance MN bien de ni- 
veau , on fera deux stations, l’une en M et l’autre en N, 
mesurant avec le graphomètre les angles CAD et DAB 
de la première, ainsi que les angles ABC et ABD de la 
seconde. Cela fait, dans le triargle ACB on calculera le 
côté AC par la proportion 

Sin ACB : sin ABC :: AB : AC 


et l’on aura, pour la valeur de ce côté, 


AB. sin ABC 
Tim sin ACB ? 
l'angle ACB étant égal à deux droits, moins les deux 
angles observés CAB, ABC. 
Dans le triangle ADB, on calculera également le côté 


AD par la proportion 


Sin ADB : sin ABD :: AB : AD 


qui donne, vour la valeur de ce côté, l'expression 


AB. sin ABD 


Dee 7 sin ADB ? 


l'angle ADB étant aussi égal à deux droits, moins les 
deux angles observés DAB, ABD. 

Ayant effectué les calculs, on connaît les deux côtés 
AC et AD du triangle ACD, ainsi que l'angle observé 
CAD, compris entre ces côtés, il ne s’agit donc plus 
que d'obtenir le troisième côté CD de ce triangle. 
Pour cet effet, on remarquera que, connaissant l’angle 
CAD, on aura la somme des deux autres angles ACD 
et ADC , en le retranchant de deux angles droits, et que 
la différence de ces mêmes angles est donnée par la 
proportion 


AC + AD : AC -— AD :: tang £S : tang 3 D, 


S désignant la somme, et D Ja différence des angles 
ACD, ABC. Or, connaissant la somme et la différence 
de deux quantités, on obtient la plus grande en ajoutant 
la moitié de la somme à la moitié de la différence, ct 
la plus petite en retranchant de la moitié de la somme 
la moitié de la différence. En effet, soient M et N deux 
quantités quelconques, £ M + © N sera la moitié de 
leur somme, et ? M — EN la moitié de leur différence : 
on a évidemment 


MIN +! 
LM+IN—: 


M—:N—M 


et M+iN=N 


Ainsi, dans le triangle ACD on connaîtra les trois 
angles et les deux côtès AC et AD ; et, pour obtenir le 
troisième côté, on posera la proportion 


sin ADC : sin CAD :; AC : CD. 


AL 


D'où l’on obtiendra définitivement, pour la hauteur de. 


65 


mandée, l'expression 


AC X sin CAD 


Ce sin ADC 


Soient, par exemple, AB — 10 mèt., CAB = 29°,30", 
ABC = 130°.10', DAB — 15°.6’, ABD — 148°.28' ct 
CAD — 14° 24 


Des valeurs des angles observés on conclura celle des 


deux angles ACB, ADB, savoir: ACB — 18°.20", et 
ADP — 15°.54". 


Substituant ces valeurs dans les expressions trouvées, 


on aura 


— 10° $ 
AC = -—= ©" — 23,564, 
sin 18°, 
10 X sin 14 .58" à 
AD — TE = 10",672 ; 


sin 15 _S 


et, conséquemment, AC + AD = 42,436 et AC — AD— 
4,691. 
. .  180°— 140.24 
Dans le triangle ACB on a 2S — SUNSRNS ee, 
> 
82°.48', et par suite 


4,691 X tang 52°.48' 


tang <D — - ro RE 
63 42,436 
ce qui donne, en effectuant les calculs, D—/1°.49".40". 


A l’aide des valeurs de !S et de :D on trouve l'angle 
ADC = 124°.37'.40", et l'angle ACD — 40°.58'.20 
On a donc 


' 


23,564 X sin 14 _ : 


Sen sin 124°. 37.4 


TUE TON 
La hauteur inaccessible CD est donc égale à 7" ,157. 


Proc. V. Mesurer la hauteur d'une montagne.(PL. M, 
fig. 5.) 

Après avoir mesuré Ja distance AB des deux stations, 
on relevera, à la station À, l'angle CAB ainsi que i'angle 
d'élévation CAD ; à la station B, on relevera l’angle 
ABC. Le triaugle CAB donne 


AB : AC :: sin ACB : sin ABC, 


et, par conséquent, 


AB X sin ABC 


IN QE 
à sin ACB 


J'angle ACB étant égal à 180° moins la somme des deux 
angles observés CAB, ABC. 
Le triangle CAD , rectangle en D, donne 


R : sin CAD :: AC : CD. 


D'où l'on tire 
_ AC AG X sic CAD 


CD — ki 


GG AL 


Substituant daus cette valeur de CD celle de AG donnée 


ci-dessus, on obtiendra 


AB X sin ABC X sin CAD 


RE sin ACB X R ? 


expression qu'on peut facilement calculer par les loga- 
rithmes , car elle devient alors 


log CD = log AB + log sin ABC + log sin CAD — log sin ACB —logRe 


En ejoutant à la valeur de CD la hauteur de l’instru- 
ment, on aura la hauteur totale CE. 


Psos. VI. Mesurer la hau- 
teur d'un objet inaccessible 
AB, de trois stations C,D, 
E, prises sur une même 
ligne droite CE. 

On mesurera les trois an- 
gles d’élévation AEB, ADB 
et ACB, ainsi que les dis- 
tances DG et DE; et la hau- 
teur AB sera donnée par la 
formule 


D 


ee V3 cot a + deot2b—D cot2c)" 


dans Jaquelle on a D— EC, d—CD, d—ED: l'angle 
ACB— a, l'angle ADB =D, et l'angle AEB= c. 
Voy. TRiGoNOMÉTRIE. 

Lorsqu'on se trouve à une grande distance des objets 
qu'on mesure, les calculs ont besoin de quelques petites 
corrections (voyez Correcrion). Dans la pratique, on 
ne considère comme erreur que celle qui dépend de la 
différence du niveau vrai avec le niveau apparent {voyez 
Nivezcemenr); mais cette erreur est très-peu de chose 
comparativement à celles qui peuvent résulter de Ja me- 
sure des angles lorsque le graphomètre est trop petit ou 
mal divisé. On ne peut compter sur les opérations qu’en 
se servant de bons instrumens, et encore, lorsqu'il s’a- 
git de grandes hauteurs l'emploi du baromètre est sou- 
vent préférable, 

Mesure des hauteurs par le baromètre. L'application 
du baromètre à la mesure des hauteurs s’est présentée à 
l'esprit des mathématiciens bientôt après la fameuse ex- 


“périence du Puy-de-Dôme, faite pour confirmer la dé- 


couverte de Toricelli; cepeudant, la première idée pré- 


cise de cette méthode est due à -Halley (Voyez Trans- 


actions. philosophiques, n° 


181). Depuis lors elle est 
devenue l’objet d'un grand nombre de travaux dont 
nous donnerons les résultats. Nous allons commencer 
par exposer les principes sur lesquels elle est fondée. 

Si nous concevons l'atmosphère partagée en couches 
d’égales hauteurs, les densités de ces couches formeront 
une progression géométrique décroissante (voyez Ars); 
&e sorte qu’en désignant par 1 la hauteur de la pre- 


AL 


mière couche, par 2 celle de la seconde, par 3 cale de 
la troisième , etc., par 1 la densité à la hauteur o, ou la 
I 


densité à la surface de la terre , par 1 


la densité à L;, hau- 


I £ 
teur, par la densité à la hauteur 2, etc., etc. Nous 


aurons les deux suitcs 


Hauteurs. 


0; 2, 3; is 50.6; 7» 8, etc. 
1, d1, d2, d5, d4, d5, d6, d1, d8, etc. 


Dens. cor. 


dont la première forme une progression arithmétique, 
et la seconde une progression géométrique. On peut 
donc considérer les termes de la première œimn.e les 
Jlogarithmes des termes correspondans de la seconde, 
particulier de logarithmes (}”oy. Lo- 


carirumes). Nous désignerons les logarithmas de ce 


dans un système 


système par la caractéristique L. 
Si donc H et H' sont deux hauteurs qnelconques, et 


re: HN Me 
LT les densités atmosphériques correspondantes à 


I I 
ces hauteurs, on aura H=L—, H' = L--,etpar con- 
s mr nm 


séquent 


H—H'=L 1 LT". 
m n m 
Mais les hauteurs du mercure dans le baromètre tant 
preportionnelles aux poids des colonnes d’air «qui pè- 
sent sur lui; et ces poids étant eux-mêmes proportion- 
nels aux densités des couches dans lesquelles se tmve 
le baromètre, les hauteurs du baromètre sont une 


entre elles comme les densités. Ainsi, désignant jar À 


la hauteur du baromètre dans la densité _ et par" 


SL: 
cette hauteur dans la densité 7? Nous aurons 
k n 
RL  m' 


et, conséquemment, 
! 
HW = LT LL. 


La différence de niveau des hauteurs H, I', est 
donc égale à la difference des logarithmes des hauteurs 
du mercure; et il suffit, pour mesurer une hacteur 
quelconque, de prentre les hauteurs du baromètie à 
sa base et à son sommet, et de retrancher le logarithme 
de la seconde hauteur observée de celui de la pre- 
mière. 

Mais ces logarithmes ne sont pas ceux qu’on {inuve 
dans les tables; et il faut les y ramener pour ren- 
dre les calculs praticables. Or, pour passer d’uri sys- 
tème quelconque de logarithme à celui des tables, il 
faut déterminer son module (Foy. MopuLe), et multi- 
plier chaque logarithme par ce module; désiguuus-le 


donc par =, nous aurons, en général, 


1 
M 


AL 
qe LA =logA ou LA —MlogA, 


et, pour le cas qui nous occupe, 
H—H'=M(log# —logk], 


formule dans laquelle tout est déterminé, excepté le 
facteur constant M. 
Mais on tire de cette expression 
H—H 
M= 
log A" — log A 
cé qui nous apprend que pour déterminer M, il suffit de 
deux vlservations faites à des hauteurs dont on connaît 
la différence de niveau. 

C’est ainsi qu'ayant trouvé, à une première station, la 
bäuteur du mercure égale à 348 lignes de Paris, ct à 
une seconde station, supérieure à la première de 12 toi- 
ses 49", cette hauteur égale à 347 lignes, on en a conclu 


10707,408 
M— RES — lg — 8640000. 
10797, 408 étant le nombre de lignes contenues dans 
12 Loises 497. 
Ainsi, les hauteurs du baromètre étant exprimées en 


lignes, la formule 

H— H' = 86/0000 [logh'—log A] 
donnera également en lignes la différence des deux 
hauteurs I, H'. Mais en observant que la toise con- 
tient 864 lignes, on peut ramener cette deruière for- 
mule à la suivante, qui donne immédiatement en {oises 
de Paiis les différences de niveau demandées 

H — H' = 10000 [log h'—logA]. 

Exewpze, Le baromètre marquant 28 pouces À lignes 
au bas d’une montagne, et 18 pouces 10 lignes à son 
sommet, on demande la hauteur de cette montagne ou 
la différence du niveau de sa base à celui de son 
sommuol. - 

Réluisant les hauteurs barométriques en lignes, on a 
pour ces hauteurs 340 lignes et 226 lignes, dont les lo- 
garitlanes tabulaires sont 2,5314389 €t 2,3541084. La 
différence de ces logarithmes, 0,1773705, multipliée 
par 16006, produit 1773 toises 705. La hauteur de la 
montagne est donc égale à 1773 toises 705. 

Telle serait la marche extrêmement simple que l’on 
devrait suivre si la température était partout la même; 
mais comme elle varie dans les deux stations où le ba- 
romètre se trouve plagé, les dilatations du mercure va- 
rient également, et, conséquemment, ses hauteurs dans 
le tube én sont influencées. Pour corriger l'erreur que 
cette influence peut entrainer, on cherche la tempéra- 
ture moyenne entre les températures des deux stations , 
ce qui se fait en prénant la moitié de la somme des hau- 
teurs du thermomètre observées à chaque station. Si 
cette témpérature moyenne se trouve justement de 16°? 


AL L GT 


du thermomètre de Réaumur, ce que Deluc appelle la! 

tempcraiure normale, il n’est älors nécessaire de faire 

aucune réduction; mais, si elle est plus grande ou 

plus petite, il faut ajouter ou soustraire de la hau- 

teur calculée, d’après la méthode précédente, autant 
: 


de fois +5 de cette méme hauteur qu'il y a de degrés 


en plus ou en moins de La formule devient 


16° 3. 

4 
donc, en désignant par le nombre de degrés dont la 
température moyenne diffère de la température nor- 
male, et par x la différence des niveaux, 

A ts 
æ=10000{[logh' —logA].[12—; ). 
Ü 3 21 5 

On prend ie signe L lorsque la température moyenne 
est la plus grande, et le signe — lorsqu'elle est la plus 
petite. 

Trembley à trouvé, par une suite d'observations, 
qu'on approchait encore plus de la vérité en prenant 
1192 pour température normale, et en ajoutant ou re- 

LI 


franchant -1- 
193 


sus ou au-dessous de cette température. 


de la hauteur pour chaque degré au-des- 


Laplace à traité cette quéstion dans sa Mécanique cé- 
leste , t. 1v, avec toute la généralité dont elle est sus- 
ceptible. Si l'on exprime par F la température de l’air 
en degrés du thermomètre centigrade, et par H la hau- 
teur du baromètre dans la station inférieute; par £et A 
les valeurs analogues dans la station supérieure , et en- 
fin par x la différence des niveaux, on aura, d’après ce 
géomètre ; 


H 
n(i+5 


TS) 


Cette formule donne la valeur de x en mètres. 


2 = 16336 | : nm. + . log 


1000 


Le coefficient constant 18336 porte le nom de coef- 
ficient de Ramond ; il a été déterininé par ce physicien 
à l’aide d'un très-grand nombre d'observations faites 
dans les montagnes des Pyrénées. Il dépend du rapport 
entre le poids d’un volume déterminé de mercure et 
celui d’un volume égal d’air à la température de la glace 
fondante et à la hauteur moyenne du baromètre, qui 
est celle du niveau de la mer, laquelle est à peu près de 
28 pouces ou de 0®,756. MM. Biot et Arago, par une 
suite d'expériences sur les densités de l'air et du mer-! 
cure; ont trouvé ce même coefficient égal à 18332, ré- 
sultat qui s'accorde d’une manière bien remarquable 
avec celui de M. Ramond. 

La formule de Laplace admet encore une correction 
pour le changement de la pesanteur, qui a lieu sur les 
points très-élevés au-dessus du niveau de la mer; mais 
cette correction est peu sensible. Voyez la Mecanique 
céleste ou la deuxième édition de lA4stronomie phy- 
sique de Biot. 

Nous devons remarquer que lés ébsérvations baromé- 


63 . AM 


triques et thermométriques doivent être faites aux deax 
stations dans le même moment. Il faut donc deux ob- 
servateurs munis d’instrumens parfaitement semblables. 
Voyez à ce sujet le mémoire très-intéressant que M. Ra- 
mond a publié en l'an XIII. Voyez aussi : De Luc, Re- 
cherches sur les modifications de l'atmosphère , Horse- 
ley et Maskeline, Transactions philosophiques, vol. 
zx1v ; Trembley et Saussure, vol. 11; Roy, Trans: phil., 
1977; Laplace, Mec. cél., vol. n1, p. 189. M. Prony 
a donné, dans la Connaissance des temps, de l’année 
1816, une formule qui dispense de faire usage des lo- 
garithmes. On trouve également, dans l'Annuaire du 
bureau des longitudes , une table, due à M. Oltmanns, 
d'un usage extrémement facile. 

AMBIGENE (Géom.). Courbe hyperbolique du 
troisième ordre, dont " 
l’une des branches in- 
finies estsituée hors des 
asymptotes. La courbe 
DEF est une telle hy- 
perbole:sabrancheDE 
est inscrite à l'asymp-s 
tote AB, et son autre C F 
branche EF est circon- 
scrite à Fasymptote AC. Newton s’est servi le premier 
du mot ambigène pour désigner cette espèce particulière 
d'hyperbole. Foy. HyrErboLE. 

AMBLYGONE ( Gcom. ). 


/ 


Triangle amblygone : 
c’est un triangle dont un des angles est obtus. On le 
nomme plus ordinairement triangle obtusangle. ( No- 
TIONS PRÉLIM. 30.) 

AMTABLE ( Arithm.). Nombres amiables. C’est une 
paire de nombres dont chacun est égal à la somme des 
parties aliquotes de l'autre. Tels sont, par exemple, 
les nombres 284 et 220. Les parties aliquotes du pre- 
mier sont : 1,2, 4, 71,142; celles du second : 1,2, 
4, 5, 10, 11, 20, 22, 44,55, 110; etl’on a 

28%4—=1+2+4+4+ 5+ 10 + 11 + 20 + 22 + 44 + 55 + 10, 
20—=1+2+4 + 91 + 14. 

On ne connait, jusqu'à présent, que trois paires de 

nombres amiables : 


172002. 18410 

9363538....09437056 
Ts ont été donnés par Schooten dans ses Exercitationes 
mathematicæ, sec. 9. Ce mathématicien paraît avoir, 
le premier, employé le terme amiable pour désigner 
ces nombres, quoique Rudolff, Descartes et autres les 

aient traités avant lui. 

AMONTONS (Guillaume), membre de l'Académie 
des sciences, né en 1663, mort en 1705, a rendu son 
nom célèbre dans la mécanique par la découverte de 


AM 


plusieurs procédés importans, et surtout par la règle 
qu'il a donnée pour calculer le frottement. On sait que 
dans toute machine le frottement est ordinairement une 
partie assez considérable du poids à mouvoir. Mais cette 
théorie n’avait point été expliquée avant Amontons. On 
ne saurait évaluer & priori le poids équivalent à l’action 
du frottement , parce que cette action étant une résis- 
tance occasionnée par l’aspérité des surfaces qni se meu- 
vent pressées l’une contre l’autre, les éminences de 
l’une s’engrènent dans les inégalités de l’autre; la puis- 
sance qui tire ne peut entrainer le poids ou la surface 
qui le soutient sans le soulever un peu. Il faut néces- 
sairement pour cela une force proportionnelle au sou- 
lèvement. Il serait donc nécessaire de connaître la nature 
de ces inégalités pour calculer rigoureusement le frot- 
tement. Amontons employa la méthode de l'expérience 
pour résoudre ce problème, et en renfermer la théo- 
rie dans deux propositions fondamentales. La pre- 
mière est que la résistance occasionnée par le frotte- 
ment est à peu près le tiers de la force qui applique les 
surfaces l’une contre l’autre; la seconde, que le frotte- 
ment ne suit pas, comme on serait tenté de le penser, 
le rapport des surfaces, mais seulement celui des pres- 
sions. C’est d’après ces principes qu'Amontons donne 
des règles pour calculer la quantité du frottement et la 
quantité de puissance nécessaire pour le surmonter. 
(Voyez Mémoires de l Académie des sciences, 1690. ) 
On doit encore à Amontons de curieuses expériences 
sur le baromètre, le thermomètre, etc., qui setrouvent 
consignées dans les Mémoires de E Académie des 
sciences des années 1608, 1699, 1702, 
1703, 1704 et 1705. 
AMPLIFICATION (Opt.). Ce mot, 
en optique , signifie l'augmentation du 


BA 


diamètre d’un objet vu dans une lunette. 
L’amplification d’unelunette astronomi- 
que simple à deux verres est équiva- 


lente au nombre de fois que le rayon de 
sphéricité, ou la longueur du foyer de M D>N 
l'objectif, contient le rayon de sphéri- 
cité de l’oculaire. En effet, soit A le 
centre et B le bord d’un objet, le point 
À sera vu de l’œil O par le rayon À aO 
qui traverse les deux lentilles sans éprou- 
ver de réfraction; nous faisons abstrac- 
tion de tous les autres rayons partis du 
point À, et qui vont se réunir au foyer 
par la réfraction de l’objectif. Le bord B 
envoie également un rayon principal Bb 
au foyer ab de l'objectif; ce rayon, pour- 
suivant sa route, éprouve une réfraction 
en entrant dans la seconde lentille: il en 
éprouve aussi une seconde, en e, en sortant de cette len- 


AM 


ülle, et se rend au foyer O de l’oculaire, en sorte que 
Oe est parallèle à Eb. L'image est donc vue sous l'angle 
eOE — bEa ou plus simplement sous l'angle O, tandis 
que son angle primitifest ADB ou D : l’amplification est 
donc dans le rapport des angles D et O. Or, les triangles 
rectangles Eba, Dab donnent 


ab = Ea X tang E, ab = Da X tang D 


on tire de ces égalités 


ab Da 

tang E — D X tang D. 

Désignons donc par R le rayon de sphéricité Da de 
l'objectif, et par r le rayon Ea de l’oculaire, nous au- 


rons 
tang E 1% tang D, ou bien E — > x D. 


Car pour de petits angles les tangentes peuvent être 
considérées comme proportionnelles aux arcs. 

L’angle sous lequel l’image est vue est donc augmenté 
dans le rapport des deux rayons de sphéricité, et con- 
séquemment le diamètre de l’image sera augmenté dans 
le même rapport. Le grossissement sera donc d’autant 
plus grand, que le foyer de l’oculaire sera plus courten 
comparaison de celui de l'objectif. Ainsi, par exemple, 
un objectif de à mètres de foyer, combiné avec un ocu- 
laire de 5 centimètres, grossira le diamètre d’un objet 
40 fois, parce que 5 centimètres sont contenus 40 fois 
dans 2 mètres. 

Les lunettes astronomiques grossissent ordinairement 
de 70 à 100 fois; quelques-unes même grossissent 300 
fois. Il ne faut pas cependant donner un sens trop ri- 
goureux à cette amplification, car l’on se tromperait 
beaucoup si l’on croyait, par exemple, trouver la lune 
100 fois plus grande dans une lunette qui serait donnée 
pour grossir 100 fois. Il s’agit seulement ici de l’angle 
de vision ; mais cet angle ne détermine pas seul la gran- 
deur que nous attribuons aux objets; la distance à la- 
quelle nous les supposons y entre aussi pour beaucoup. 
( Voyez OPTIQUE. ) 

AMPHORA (Astr.). Nom latin donné quelquefois à 
la constellation du Verseau, 

AMPLITUDE ( 4str.). C’est l'arc de l'horizon com- 
pris entre le point où un astre se lève ou se couche, et 
les vrais poiuts de l’est ou de l’ouest. L'amplitude se 
nomme ortive, lorsqu’on la compte du point de l’orient, 
pour un astre qui se lève; elle se nomme occase lors- 
qu'on la compte du point de l'occident, pour un astre 
qui se couche. 

L’amplitude, soit ortive, soit occase, est toujours sep- 
tentrionale pour les astres qui sont entre l'équateur 
céleste et le pôle nord, et elle est mcridionale pour 
ceux qui sont entre l'équateur et le pôle sud. Ainsi l'am- 
plitude du soleil est septentrionale depuis l’équinoxe 


du printemps jusqu’à celui d'automne , et elle est méri- 


AM 69 


dionale depuis le dernier de ces deux points jusqu’au 
premier. 

Soient : ROAH le cercle de l'horizon vrai, RZPH Je 
méridien du lieu, Z le zénith, P le pôle, O le point de 
l’est ou de l’ouest, et 
A le lieu d’un astre 
qui se lève ou se cou- 
l'arc OA sera 


l'amplitude de cet as- 


che : 


tre. Pour calculer cet 


arc, abstraction faite 


o # 
de la réfraction et de la hauteur de l'œil RE du 
niveau de la mer, deux causes qui concourent à rendre 
l'amplitude apparente différente de l’amplitude wrare, 
on considère letriangle sphérique APH, rectangle en H, 
dans lequel on a PA égal au complément de la déclinai- 
son de l’astre au moment donné, et PH égal à la lati- 
tude du lieu : ce triangle donne ( voyez Tricon. ) la 
proportion 
cos PH : R :: cos PA : cos AH 


de laquelle on tire 


cos AH — R X cos PA 


cos PH 
Mais, AH—OH—OA—go° —OA: donc cos AH 
— sin OA. Ainsi, désignant par d la déclinaison de l’as- 
tre, par / la latitude du lieu , et négligeant R, que dans 
toutes Les formules de trigonométrie on suppose égal à 
l'unité, nous aurons 
sin d 
cos / 
Exemple. Trouver l'amplitude du soleil, à une lati- 
tude de 48°.30'.15", sa déclinaison étant de 21°.54’. 
Nous avons ici 9 —21°.54, 1 — 48°.30'.15"; opérant 
par logarithmes, nous trouverons 
log sin9— 9,5716946 
log cos / — 9,8212527 


sin amplitude — 


log sin amplitude — 0,7504419 = log sin (34°.15'.27"). 


L'amplitude demandée est donc égale à 34°.15'.27". 
Lorsqu'il s’agit de calculer l'amplitude apparente , 
dont on a particulièrement besoin en mer , il faut ima- 
giner que ROAIT est un cercle parallèle à l'horizon, et 
qui en est éloigné, en dessous, de 37', valeur de la rétrac- 
tion, y compris l’abaissement de l'horizon dü à la hau- 
teur de l'œil, au-dessus du niveau de la mer ; alors le 
triangle sphérique ZAP , dont on connaît les trois côtés, 
savoir : ZP complément de la hauteur du pôle ou de la 
latitude , PA complément de la déclinaison , et ZA égal 
à 90°.37', donne, en désignant par S la demi-somme 
des côtés, ZP, ZA, PA, 
sin (S—ZP).sin(S—ZA) 
= ER | 
Or, l'angle PZA est le complément de l'angle d'am- 


sin + PZA = y [ 


70 AN 


plitude OZA ou de l'are OA; l'ayant donc calculé à 
l'aide de cette formule, il suffit de le retrancher de 90° 
pour avoir l'amplitude cherchée. 

Exemple. Supposons les mêmes données que ci-des- 
sus, et nous aurons ZP — 90° — 48.30.15" — 41°.29". 
45", PA 90° — 21°.54—68°.6", ZA = g0°.37'. De 
la demi-somme 100°.6'.22", des trois côtés, retranchant 
successivement ZP et ZA, nous obtiendrons 


S — ZP = 58°.36'.37", 
Effectuant les calculs , nous trouvérons 

log sin (58°.36.37") — 9,9312769 

16p Sin ( 9°.29.2"2) = 9,2i71308 


et S—ZA = 9.509.924", 


lôg sin (41°.59°.45”) — 9,8212289 
log sin (g0°.37) = ),9090746 
19,8212035 


Retranchant la seconde somme de la première, et pre- 
nant , pour extraire la raeitie carrée, là moitié de la dif- 


férence 19,3272642, nous aurons 


Log. in ? PZA — 9,6636021 


et par sute, 3 PZA = 27° 26° 41": Retranchant le 
double de ce nombre de go°, nous aurons définitive- 
ment 35° 6° 28” pour l'amplitude apparente démandée. 

Cette amplitude est celle du centre du soléil. Si l'on 
voulait avoir l'amplitude apparente de l’an des bords, 
au lieu d'employer dans le calcul 90° 37' pour ZA, on 
ajouterait à ce nombre ou on en retrancherait le demi- 
diamètre du soleil, selon qu'il s'agirait aa boïd inférieur 
où du bord supérieur. 

Les navigateurs se servent de l’amplitude pour trouver 
la déclinaison de l'aiguille aimantée ou la variation du 
compas. Pour cet effet, ils observent, à l'aidé du com- 
pas de variation (voyez ce mot), l'amplitude du bord 
inférieur du soleil au moment de son lever ou de son 
coucher; ils calculent ensuite, comme nous venons de 
le faire ; l'amplitude appärénté de ce même bord , et la 
différence entre l'amplitude calculée, ét l'amplitude 
observée leur dônne la fariation. Foyéz BouisoLe. 

L’amplitude d'un astre est toujours le Complément 
de son azimut, de sorte que l’un de cés arcs détérminé 
immédiatément l’autre. Voyez Azimur. 

AMPEITUDE { Geo. ). On nomme amplitude d’un are 
de parabole à droite horizontale qui mésure la distance 
du point où l'arc parabolique commence, à celui où il 
finit. Ce terme est particulièrement employé dans le jet 
des projectilés. Voyez PArisoce et Projecrire. 

ANABIBAZON ( 4str.). Nom donné à la queue du 
Dragon, ou au nœud ascendant de la Lune: Voyez 
Nour. 


ANACAMPTIQUE ( Acoust. j. ( Dé araxémis, 


AN 


je réfléchis). C’est le nom donné aux sons réfléchis , tels 
que les échos que l’on dit être des sons anacampliques. 
Voyez Ecno. 


ANACHRONISME. C’est, en chronologie, une ér- 
reur dans le calcul du temps, par laquelle un événe- 
ment est placé avant l'époque réelle où il est arrivé: 

ANACLASTIQUE ( Opi.}, (De «sx, à travers, et de 
xàaû je brise.) Nom ancien de la partie de l'optique 
nommée aujourd'hui dioptrique ; et qui a pour objet la 
propagation de la lumière par réfraction. Foyez 
DiorrriQue: 

Mairan a nommé eourbes anacläsliques cértaines 
courbes apparentes qui se forment au fond d’un vase 
plein d’eau, quand l'œil de l'observateur est placé au- 
dessus. Voy. Mém. de l’ Acad. des sciences, 1740. 

Verres anäclastiques. Espèces de fioles sonores, fabri- 
quées particulièrement en Allemagne, qui ont la pro- 
priété d’être flexibles, et d'émettre un bruit violént lors- 
qu’on aspire avec la bouche l'air qu'elles renferment. 

ANALEMMATIQUE. Foyez Capran. 

ANALEMME (Astr.). (De uyanemmu, hauteur) C'est 
une projection orthographique de la sphère sur lé plan 
du méridien, l’œil étant supposé à une distance infinie, 
ét placé au point oriental ou occidental de l'horizon. 
Cette projection, dans laquelle l'équateur ét l'horizon 
sont représentés par des lignes droites , donne, parune 
simple opération graphique, la hauteur de soleil pour 
une heure quelconque; et vice versü. Elle sert encore 
pour déterminer le temps du lever et du coucher du 
soleil pour une latitude et un jour déterminés: Nous 
4llons donner un exemple de son emploi. 

Soit ab l'horizon, aBAb le inéridien, BO l'équateur, 
ét À le pôle. Prenons 
BC égal à la déclinaison 
du soléil, et menons 
CQ perpendiculaire 
sur AO ; CQ sera le 
rayon du parallèle 
diurnedusoleilCDME, 
prenons aussi KN égal 


IKOL 


äu sinus de la hauteur du soleil à l'instant où l’on veut 
connaître l'héure, et du point N ménons ND perpendi- 
culaire sur CQ ; le point D où cette perpendiculaire 
réncontre le parallèle CDME détermine l’arc CD égal 
à l'arc horaire du soleil ou à sa distance du méridien. 
Cette distance convertie en temps fait connaitre heure 
correspondante à la hauteur dont KN éstrle sinus. On 
aurait agi d’une manière inverse si l’on avait voulu dé- 
terminer la hauteur du soleil pour une heure donrée. 
Voyez Prosecrios. 

ANALOGIE. Ce mot, pris dans son acception mathés 
matique, est le synonyme de Proportion 


AN 


On nomme ordinairement Analogies de Neper, quatre 
formuies découvertes par ce géomètre pour la résolution 
des triangles sphériques. Ces formules, très-utiles dans la 
pratique, sont les suivantes : 


tangs (b +e) = ct; a X ge BFC 
Mngsth=ec) = cote ant NE, 
ang à + © œ ent à x SE ÈS, 
ang Be D) et A KT 


dans lesquelles A, B, C désignent les trois côtés d’un 
trangle sphérique, et 4, b, 0 les angles respectivement 
opposés à ces côtés. 

Ces formules ont été données par Néper sans démons- 
tration, et l’on ignore comment il y avait été conduit. 
On les trouve indiquées dans son ouvrage posthume 
intitulé : Mirifici logaritimorüm canonis constructto ; 
mais c’est Henri Briggs qui les a développées, et qui leur 
a donné la forme sous laquelle nous venons de les pré- 
senter. Waillis est le premier qui les ait démontrées. 
Depuis elles l'ont été de plusieurs manières différentes. 
Voyez TnicoNOMÉTRIE. 

ANALYSE, { De æveavs, je décompose.) Les mathé- 
maticiens modernes désignent sous le nom d'analyse la 
méthode de résoudre les problèmes par des calculs gé- 
néraux. Quelques-uns d’entre eux ont étendu tellement 
la signification de ce mot, qu'ils lui ont fait embrasser 
toutes les branches de la science des nombres: c'est ainsi 
qu'ils ont nommé l'algèbre, analyse finie; le ealcul 
différentiel, analyse infinttésimale, etc., ete. Ces di- 
verses dénomifations sont d'autant plus mal fondées que 
la science des uombres, loin de procéder toujours par 
analyse, emploie la synthèse, tout aussi bien que la géo- 
métrie pour la génération des objets dont elle s'occupe. 

L'analyse, dans l’acception rigoureuse du mot, est 
une méthode de raisonnement qui procède par voie de 
décomposition’ ou de l'inconnu au conuu ; en ce sens, elle 
est l'opposé de la synthèse, méthode de raisonnement qui 
procède par voie de composition où du connu à l'inconnu. 
Ces deux méthodes s'appliquent également à toutes les 
branches des mathématiques, et si les découvertes des 
modernes ont laissé si loin derrière elles les travaux 
des anciens , ce n’est point parce que ces derniers igno- 
raient Ja méthode analytique, mais bien parce que la 
science des nombres n'existait point encore pour eux, 
ou que du moins ils n’en connaissaient que les premiers 
élémens. C’est l'emploi des signes généraux , pour repré- 
. senter les quantités, qui a facilité aux modernes la 
découverte des lois des nombres ; mais c’est seulement à 
cette découverte qu'ils doivent leur supériorité incon- 
testable ; car toutes les considérations mathématiques les 


AN 71 


plus élevées peuvent se ramener à des considérations de 
nombres. 

La distinction qu’on a voulu établir entre l’analyse 
ancienne gt l'analyse moderne ne repose donc, en der- 
nier lieu, sur rien de réel. I] n’y a, en effet, qu’une 
seule et même méthode analytique; seulement elle 
s'exerce aujourd’hui sur une multitude de créations nou- 
velles de la seience, inconnues par conséquent aux an- 
ciens, et ses moyens sont d'autant plus prompts et plus 
sûrs, que ses instrumens spnt plus parfaits. | 

C’est à Platon qu’on attribue l'invention de l'analyse 
géométrique, ou plus exactement de l'application de la 
méthode analytiqueaux constructions de la géométrie, car 
l'analyse, comme forme logique de raisonnement, était 
connue avant ce philosophe. Cette application a eu de si 
heureuses conséquences pour la perfection de Ja géomé: 
trie, qu'il est essentiel d’en donner une jdée exacte. Elle 
consiste à supposer vrai ce qui est en question : on cons- 
truit ce qui est à exécuter; on tire de ces suppositions les 
conséquences qui en dérivent, et de celles-ci de nouvelles, 
jusqu'à ce que l'on soit parvenu à quelque chose d’évi- 
demment vrai ou faux, d’évidemment possible ou im- 
possible. La nature de cette dernière conséquence décide 
de la vérité ou de la possibilité de la proposition qu’on 
examine. Pour comparer l’analyse et la synthèse, nous 
ajouterons que dans la première méthode on décompose 
une proposition encore incertaine en ses parties, les- 
quelles doivent se trouver vraies et liées ensemble si la 
proposition est vraie, ou fausses et sans liaison possible 
si la proposition est fausse ; tandis que dans la seconde 
méthode on assemble, on joint en quelque sorte plu- 
sieurs vérités, de la liaison desquelles résultent de nou- 
velles vérités. Eu un mot, dans l'analyse on va des 
rameaux au tronc, et dans la synthèse on va du tronc 
aux rameaux. Nous allons éclaircir ces procédés par 
quelques exemples. 

Progcème I. Trouver un point C sur le segment 
de cercle donné BCA, 
CA et CB aux extrémités de la corde AB, ces droites 
soient entre elles dans le rapport des droites données 
Met N. 


tel qu'en menant les droites 


ANALYSE, 


Supposons le point G connu( fig. ci-après), et me- 
nons AC et BC ,nous aurons 


AC : BC :: N : M. 


Si l'on mène la droite AD de manière que l'angle 
BAD soit égal à l'angle ACB, et qu'on prolonge BG 
jusqu’en D, on aura les deux triangles ACB et ABD qui 
( Voyez 


sont équiangles , et par conséquent semblables. 


TaranGues sempLAgLes. ) On a donc la proportion 


AG : BG :: AD : AB 


72 AN 


et par couséquent 


AD : AB :: N : 


Or, dans cette der- 3 
nière proportion, AB C 
étant connu, AD se 
trouve entièrement 
déterminé, etil est fa- 
cile d'arriver par son 
moyen à la solution du 
problème. 


SYNTRÈSE. 


Construction. Menons au point A la droite AD qui 
fasse avec la droite donnée un angle BAD égal à celui 
dont est capable le segment BCA donné. Cette droite 
étant de plus quatrième proportionnelle aux droites 
données AB, M,N, c’est-à-dire telle que l’on ait 

M : N:: AB : AD. 
Menons la droite BD, et du point C où elle rencontre 
le cercle, menons AC, le problème sera résolu. 


Démonstration. Les triangles ABC, ABD sont équian- 
gles, car l’angle B est commun, et l’angle BAD est par 
construction égal à tous les angles dont le segment est 
capable, et conséquemment à l’angle BCA. Ces deux 
triangles sont donc semblables et donnent 


BG: AG: AB: AD: M: N 
les deux droites, AG et BC, ont donc le rapport de- 
mandé. 


Pros. II. Inscrire un carré dans un triangle donné. 
ANALYSE. 


Soit ABC le triangle donné. Supposons le problème 
résolu , et que DEFG soit le carré inscrit : par les point 
A et E menons la droite 
AE prolongée jusqu’à ce 
‘qu’elle rencontre en O Ja 
‘ligne CO parallèle à la base 
AB, et abaissons la per- 
lpendiculaire Of sur cette 


base prolongée s'il est né- 


cessaire ; abaissons égale- 
ment la perpendiculaire CH qui sera la hauteur du 
triangle. Les triangles CAO et DAE étant semblables, 
ainsi que les triangles OAI et EAF, on a les deux pro- 
portions 

AE : ÀO :: DE : CO 

AE : AO :: EF : OI. 


Mais les trois premiers termes de la première sont égaux 
aux trois premiers termes de la seconde, car EF = DE; 


AN 


donc les quatriémes termes sont nécessairement égaux, 
et l’on a 


OL. =1CO —= CH: 


Ainsi, la figure CHIO est un carré dont le côté est égal 
à la hauteur du triangle donné, et il ne faut que cons- 
truire ce carré pour obtenir le point E, et par consé- 
quent résoudre le problème. 


SYNTHÈSE. 


Construction. Sur la hauteur CH du triangle donné, 
construisez le carré CHIO ; joignez les points A et O 
par une droite; du point E, où cette droite rencontre 
le côté CB du triangle, abaissez la perpendiculaire EF 
sur la base, menez par ce même point E la droite ED 
parallèle à la base; abaissez enfin la perpendiculaire 
DG, et la figure DGFE sera le carré inscrit demandé. 


Démonstration. Les triangles ACO et ADE, ainsi que 
les triangles AOT et AEF sont semblables par con- 
struction , on à donc : 


AO : AE :: CO : DE 
AO : AE :: OI : FF. 


Mais CO est égal à OI, donc DE —EF = DG = GF; 
ainsi, la figure DGEF ayant ses quatre côtés égaux est 
un carré, puisque ses angles sont droits. 

Ces exemples sont suffisans pour faire connaître la 
différence des méthodes analytique et synthétique, et 
pour donner une idée de la manière dont les anciens 
les employaient. Nous traiterons à Particle APPLICATION, 
des moyens nouveaux d’analyse géométrique. Quant à 

’analyse algébrique, ses procédés seront successivement 
décrits dans les divers articles qui se rapportent à la 
science des nombres. 


ANALYTIQUE. Ce qui appartient à l'analyse. La- 
grange a voulu remplacer le calcul différentiel par une 
méthode artificielle, à laquelle il a donné le nom de 
Calcul des fonctions analytiques. Le but de ce géo- 
mètre, si recommandable d’ailleurs par ses brillantes 
découvertes, était d'éviter la considération de l'infini, 
dont le calcul différentiel reçoit sa signification, et de 
ramener ainsi les principes de cette branche de la science 
des nombres aux principes élémentaires de l’algèbre. 
C’est dans cette intention qu’il désigne sous les noms de 
fonction prime , fonction seconde, fonction uerce, etc., 
les dérivées différentielles d’une fonction quelconque 
fx, d’une variable x, qui entrent dans le développe- 
ment de Taylor : 

DE 6 LC LS Là 
+ = 


dx? ‘1.2 


Se+d=fi+ 


dx 


Les fonctions prime, seconde, ctc., n'étant autre chose 


AN 


que les coefficiens différentiels de ce développement, 
savoir : 


! dfx (4 df. La 12 d fx 
Sr JE = Es sf = » etc. 


Outre que les procédés du calcul des fonctions analy- 
tiques sont loin d’avoir la simplicité de ceux du calcul 
différentiel, la méthode de Lagrange n’est évidemment 
qu'une transformation, un emploi indirect de ce der- 
nier calcul, et ses fonctions dérivées n’ont par elles- 
mêmes aucune signification, ainsi que nous le prouve- 
Calcul différentiel et Calcul des 


fonctions analytiques. 


rons aux articles 


Les diverses espèces de quantités qui forment l'objet 
de la science des nombres sont autant de réalités intel- 
lectuelles, présentant des ordres différens, soumis à des 
lois différentes. Vouloir ramener toutes ces quantités aux 
mêmes considérations élémentaires, c’est non-seulement 
méconnaître , tout à la fois, la nature de la science et ses 
immenses progrès, mais C’est encore matérialiser l’esprit 
humain, lui ravir ses plus nobles facultés, et imiter le 
grossier anatomiste qui, le scalpel à la main, croit 
trouver dans la mort les secrets de la vie. 


ANAMORPHOSE ( Persp.). Projection monstrueuse 
ou représentation d’une image défigurée, sur un plan 
ou sur une surface courbe, et qui cependant parait 
régulière et faite avec d’exactes proportions, étant vue 
d’un certain point. Voyez PERSPECTIVE. 

ANAXAGORAS, de Clazomène en lonie, fut l’un 
des successeurs de Thalès dans la direction de l’école 
lonienne, fondée par ce célèbre philosophe : il com- 
mença à acquérir de la réputation vers l'an 500 avant 
J.-C. Il s’est principalement occupé de géométrie et 
d'astronomie. Ses livres, qu’on regarde comme les plus 
anciens de la Grèce savante, ne sont point venus jusqu’à 
nous, et nous n'avons guère une idée de ses travaux 
que par les écrits de Plutarque et de Platon, qui 
les ont accidentellement mentionnés. On attribue à 
Anaxagoras la découverte de la cause des éclipses de 
lune; il est du moins certain que ses opinions sur ce 
phénomène, qui parurent hardies et peu conformes à la 
cosmogonie de son temps, lui attirèrent d’injustes persé- 
cutions. Comme Galilée, le sage de Clazomène fut le 
martyr de la vérité. Il est douloureux de penser que de 
tout temps les hommes ont repoussé les lumières, et ont 
été disposés à condamner ce qu’ils ne peuvent com- 
prendre. Il est probable qu'Anaxagoras à partagé les 
opinions erronées de l’école Tonienne sur la plupart 
des grands phénomènes dont les lois nous sont aujour- 
d’hui mieux connues; mais cela ne prouve rien contre 
son génie, ni contre celui des philosophes de l'antiquité, 
dont les travaux , qui marquent le point de départ de la 


science, inspireront toujours sous ce rapport un vif 


AN 


intérêt. F n’est pas au reste bien certain que nous inter- 


15 


prétions avec exactitude le sens de leurs propositions 
scientifiques ; et d’ailleurs toutes les idées qu’elles résu- 
ment n’ont pas été détruites par l’expérienceet les progrès 
de la science. Ainsi que ses prédécesseurs, et le célèbre 
fondateur de l’école Tonienne , Anaxagoras regardait le 
soleil comme une masse enflammée, mais dense et sem- 
blable à la terre, opinion qui est conforme aux lois de la 
gravitation universelle. Quand ce philosophe soutenait 
que les cieux étaient de pierre, voulait évidemment 
dire que tous les corps célestes étaient d’une matière 
pesante et à peu près semblable à celle de la terre. On 
demandait à Anaxagoras, contre ce sentiment sur la 
matérialité des astres, comment il arrivait que ces corps 
si pesans ne tombaient pas. Il répondait à cette objec- 
tion, que la cause en était dans leur mouvement circu- 
laire, et que leur chute serait immédiate si ce mouve- 
ment cessait. Cette opinion remarquable est la plus 
ancienne trace , qu’on trouve dans l’histoire de la science, 
de la connaissance de la force centrifuge qui retient 
les corps célestes dans leur orbite. Anaxagoras, à qui 
l'on a aussi attribué des recherches sur la.solution du 
problème de la quadrature du cercle, mourut à Lam- 
psaque, vers l’an 469 avant J.-C., dans un âge avancé. 
(Poyez Tuarës, pour les détails historiques relatifs à 
l'école Tontenne:) 

ANAXIMANDRE, de Milet, né vers l’an 620 avant 
J.-C. , successeur de Thalès dans la direction de l’école 
Tonienne, a attaché son nom aux premiers progrès des 
sciences. Quelques auteurs l'ont rangé, d’après des do- 
cumens historiques peu certains, parmi les philosophes 
qui ont connu le mouvement de la terre. Mais il est 
probable que les opinions d’Anaximandre à ce sujet 
n'avaient rien de plus décisif que celles du fondatèur de 
l'école d’'Ionie. Ce géomètre se persuada néanmoins, 
dans ces jours d'enfance de l'astronomie, que le soleil 
était une masse enflammée , aussi grosse que la terre; 
et quoique cette opinion ne füt en lui que conjecturale, 
elle doit faire concevoir une idée avantageuse de son 
génie, car elle prouve que plusieurs siècles après il eut 
eu peu de peine à s'élever jusqu'aux réalités dont la 
science est maintenant en possession. Diverses inventions 
ingénieuses qui eurent lieu à cette époque, et qui furent 
le résultat des travaux de l’école Tonienne , ont été attri- 
buées à Anaximandre. Il parait étre l'inventeur de la 
sphère, c’est-à-dire qu'il construisit un instrument qui 
représentait le système céleste, tel qu’on le concevait de 
son temps. Mais l'invention qui a le plus contribué à 
illustrer le nom d’Anaximandre est celle du gnomon. 
11 s’en servit pour observer les solstices. Les sciences ma- 
thématiques doivent enfin à Anaximandre les cartes 
géographiques et les horloges solaires. I mourut l'an 545 
avant l'ère chrétienne. 


10 


T4 AN 
ANAXIMEÈNE, de Milet, disciple d'Anaximandre, et 


son successeur à l’école Ionienne, suivit avec éclat les 
traces de ses prédécesseurs. Pline lui attribue l'invention 
des cadrans solaires, qui appartient évidemment à son 
maître Anaximandre. L'incertitude qui règne dans la 
chronologie de cette époque, et le peu de documens 
historiques qui nous sont restés de ces âges reculés, 
ne permettent guère que des conjectures à l'égard des 
faits qui intéressent le plus l'histoire de la science. 
Anaximène s’occupa spécialement de gnomonique et 
de géographie, et sa position à l’école de Thalès a na- 
turellement fait attacher son nom aux premiers progrès 
de ces sciences. On ignore la date précise de la naissance 
de ce philosophe; mais il succéda à Anaximandre vers 
l'an 545 avant J.-C., et il est probable qu’il était alors 
parvenu à l'âge mür. On croit qu'il mourut vers l'an 
500 avant la même époque. 

ANDERSON (AzEexanpre), géomètre écossais, qui 
vivait dans les premières années du XVII siècle, a dû 
sa réputation à l'amitié du célèbre Viète, dont il était 
aussi le disciple. Il a rendu aux sciences mathématiques 
un seryice important, en publiant plusieurs ouvrages 
de géométrie et d'analyse, laissés par ce savant mathé- 
maticien, Alexandre Anderson possédait aussi fort bien 
l'analyse ancienne, et il en a donné la preuve dans son 
Supplementum Apolloni redivivi (Paris 1612), travail 
dans lequel il a suppléé à tout ce que Ghetaldi avait 
Jaissé d’incomplet dans son ouvrage. 

ANDROIDE ( Mec. ). Du grec éwp, génitif, évèpes, 
homme, et d'tides, forme, ressemblance; automate qui a 
reçu une forme humaine, et qui, au moyen de ressorts 
disposés dans son intérieur, exécute divers mouvemens 
et diverses fonctions qui appartiennent à l'homme. 
Albert-le-Grand construisit, dit-on, uue de ces ma- 
chines, qui, malgré le génie qu’elles permettent de sup- 
poser dans leurs auteurs, offrent plus d'intérêt à la 
curiosité, qu'elles ne sont réellement utiles aux progrès 
de la science. Dans le dernier siècle, Vaucanson s’ac- 
quit, par un ouvrage semblable, une célébrité qui 
depuis n’a point été dépassée. Le flüteur automate que 
coustruisit, en 1736, cet habile mécanicien, excita à 
Paris la plus vive admiration: où courut en foule pour 
voir ce chef-d'œuvre de mécanique, exécuté avec une 
rare perfection. L’automate jouait plusieurs airs sur la 
flûte, et imitait parfaitement tous les mouvemens d’un 
musicien. L'Académie des sciences, dont Vaucanson 
était membre, nomma dans son sein une commission 
pour examiner l’androïde, à qui la renommée était loin 
de se montrer défavorable, car elle lui accordait une 
foule de facultés qu'il n’est pas au pouvoir de la science 
de donner à la matière. Cette commission constata que 
le mécanisme employé pour faire rendre des sons à la 


flûte, exécutait rigoureusement les mêmes opérations 


AN 


qu'un véritable musicien, et que le mécanicien avait 
imité à Ja fois les effets et les moyens de la nature, ayec 
une exactitude etune précision auxquelles on n'avait pas 
imaginé qu'il fût possible d’atteindre.Vaucanson a publié 
un mémoire qui a reçu les éloges de l’Académie, et où 
l'on trouve la description de son joueur de flûte. (Voyez 
Mémoires de l'Académie des sciences, 1738, etl'En- 
cyclopédie, au mot Anxproïne.) Quelques années après, 
Vaucanson construisit un nouvel androïde qui n'eut 
pas moins de succés : c'était un joueur de tambour pro- 
vençal, qui tirait en même temps des sons d’une flûte, et 
frappait sur un tambour. 

L’androïde n’est qu’une sorte d’automate. On donne 


généralement ce dernier nom à 


toute machine qui 
porte en elle le principe de son mouvement, et sur- 
tout à celles qui imitentle mouvement des corps ani- 
més. Il vient du grec #èréwaros, spontané, de soi-même, 
composé d’adros, soi-même, et de pau, je veux, je 
désire. L'histoire fait mention d’un assez grand nombre 
d’automatest mais ces relations, la plupart fort dou- 
teuses, ne donnent aucune idée des moyens d'exécution 
employés par les auteurs de ces machines. Archytas 
construisit, dit-on, un pigeon qui pouvait voler; mais 
le célèbre Vaucanson acheva un canard, dont le méca- 
nisme Jui faisait exécuter toutes les fonctions du boire, 
du manger et de la digestion, ou du moins de la tritu- 
ration des alimens, 

Les développemens qu’on pourrait donner à la des. 
cription de ces ingénieuses machines ue peuvent entrer 
dans cet ouvrage; on les trouvera dans les recueils que 
nous avons cités plus hant. Cependant nous ne pouvons 
passer sous silence une découverte que fit Vaucanson en 
construisant son flûteur , et qui peut intéresser la science. 
Ce célèbre mécanicien, en combinant les vents dont il 
avait besoin pour produire l'effet qu’il cherchait, re- 
connut que la petite flûte est un des instrumens qui 
fatiguent le plus la poitrine des joueurs. Il faut que les 
muscles de ce viscère fassent un effort équivalent à un 
poids de 56 livres (28 kïlog.), puisqu'ils ont besoin 
de cette force, ou de cette pesanteur, pour produire le 
si d'en haut, note la plus élevée que puisse atteindre 
cet instrument. 

ANDROMÉDE (A4str.). Constellation située dans 
l'hémisphère boréal. ’oyez CONSTELLATION, 

ANELAR ou ANHELAR (Astr.), Nom de l'étoile 
marquée « sur la tête de Castor, constellation des Gé- 
meaux. 

ANÉMOMÈTRE (Mec.)( de dysues, vent, et de 
wérper, mesure). Machine pour mesurer la force du 
vent. Le premier instrument de ce genre paraît avoir 
été inventé par Wolf, en 1708, et perfectionné en- 
suite par Martin. 

Dans les Transactions philosophiques de 1766, 


AN 


M. A. Brice expose une méthode qu'il a pratiquée avec 
succès, pour mesurer la vitesse du vent par l'ombre dés 
nuages qui passent sur la surface de la terre. 

M. d'Ons en Bray a donné, dans les Mémoires de 
l'Académie des sciences, annéé 1734, la description 
d'un anémomètre de son invention, qui marque sur un 
papier les différens vents qui ont soufflé pendant vingt- 
quatre heures avec les temps de leur durée, et leurs 
vitesses différentes. 

Où trouve la description de plusieurs autres instru- 
mens du même genre dans l'Encyclopédie britan- 
niquë. 

ANÉMOSCOPE (Mcc.). Machine qui indique les 
variations du vent. 

ANES ( Astr.). Étoiles de la constellation du Cancer 
ou de l'Écrevisse, marquées 7 et d dans les catalogues. 
Elles sont désignées sous le nom d’Anes dans l'Æ{/mageste 
de Ptolémée. 

ANGLE ( Géom.). On nomme angle, l'inclinaison 
d’une droite CB vers une autre AB À c 
qu’elle rencontre quelque part en B. 

Le point de rencontre B est le som- 

met de l'angle, et les droites elles- 

mêmes AB et CB en sont les côtes. 

Comme on peut prolonger indéfini- 

ment ces deux droites sans que leur 

inclinaison mutuelle en soit affectée, 

il est visible que la grandeur d’un angle ne dépend pas 
de la longueur de ses côtés, mais seulement de la diffé- 
rence de leurs directions. 

Un angle est donc d'autant plus grand que la diffé- 
rence des directions de ses côtés est plus grande, et son 
maximum de grandeur a licu lorsque ces côtés, ayant 
des directions opposées, ne forment plus qu’une seule 
ligne droite. (Noriows pRÉLIMINAIRES, 29.) De cette 
seule considération on peut facilement déduire, ainsi 
que nous allons le faire, tous les rapports des angles 
entre eux. Quant à leurs noms particuliers, pour ne pas 
nous répéter, nous renvoyons aux Norioxs PrÉLimI- 
NAIRES. 

1. Tuéonème. La somme: de deux angles contigus 
est équivalente à celle dé deux angles droits. 

La somme de deux angles contigus est égale au maxi- 
mum de grandeur des an- 
gles : car l'angle DAC est, 
en d’autres termes, la dif- 2 
férence de la direction de  B * PU TUE 
DA, avec la direction de AC ; l'angle BAD est également 
la différence de la direction de BA avec celle de AD; 
donc la somme de ces angles ou de ces différences, est 
égale à la différence de la direction de BA avec celle de 
AC, c'est-à-dire à un maximum. 


Il suit de Jà, que la somme de deux angles contigus est 


AN 75 
égale à la somme de deux au- D L 
tres angles contigus quelcon- 
ques. Or, les angles droits ( ft- F 
guré 2) sont deux angles con- 
Ba RAT PAe c 


tigus; donc la somme de deux 
angles contigus est équivalente à celle de deux angles 
droits. 

2. Corollaire. Tous les angles droits sont égaux 
entre eux; car un angle droit est la moitié de deux 
angles contigus. 

3. Tuéorèur. Les angles verticaux formés par deux 
droites AG, DB, qui se coupent en un point O, sont 


égaux. A D 
La somme des deux angles contigus \ : 

AOD, DOC, est équivalente à celle \ 

des deux autres angles contigus DOC, Ne 


COB; c’est-à-dire qu'on a l'égalité 
AOD +- DOC — DOC + COB. 
Retranchant DOC de part et d'autre, / 


il reste 
AOD = COB. 


On a, par les mêmes raisons, AOB = DOC. On voit 
immédiatement, par l'inspection äe la figure, que la 
somme des quatre angles AOD , AOB, COB, DOC, est 
équivalente à celle de quatre angles droits. On aurait 
évidemment toujours la même somme , en divisant ces 
angles par des droites menées au point O; comme on 
n'aurait aussi qu'une somme équivalente à deux angles 
droits, en divisant deux angles contigus par un nombre 
quelconque de droites menées au sommet commun. On 
exprime ces propriétés de la manière suivante : 

- 4. Tous les angles formés autour d’un point pris sur 
une droite, et situés d’un même côté de cette droite, 
ont pour somme deux angles droits. 

5. Tous les angles formés autour d’un point, et situés 
dans toutes les directions, tant d'un côté que de l’autre 
d’une droite qui passerait par le point donné ; ont pour 
somme quatre angles droits. 

G. Tniorèus. Les angles correspondans formés par 
la rencontre de deux paral- A c 
léles AB, CD, ct d’une trans- | 
versale EH, sont égaux. 

Les droites AB et CD étant 
paralliles, ont une même di- f 
rection; conséquemment, la E 
différence de la direction de AB 
avec celle de EH est identique- L D 
ment la même que la différence de la direction de CD 
avec celle de la même droite EH. En d'autres termes, 
les deux angles correspondans AFG, CGH, sont égaux. 
Ilen est évidemment de même des autres angles corres- 


pondons AFE ct CGE , EFB et FGD, BFG et DGH. 


76 AN 


Fa ConozLatrE. L'égalité des angles correspondans 
entraine nécessairement celle des angles alternes inter- 
nes , ainsi que celle des angles alternes externes. 

En effet, les angles verticaux FGD, CGH étant 


égaux (3), on a en même temps les deux égalités : 
FGD=CGH et AFG—CGH. 
D'où l’on conclut 
FGD = AFG, 
et ainsi de même pour les autres angles alternes in- 


ternes. 


Quant aux angles alternes externes, on a aussi les 
deux égalités : 
EFB = FGD 


et FGD —CGH, 


desquelles on tire 

EFB = CGH; 
c'est-à-dire l'égalité des deux angles alternes externes 
EFB et CGH : raisonnement qui s'applique aussi aux 
autres angles alternes externes. 

8. Turorimx. La somme des trois angles d'un trian- 
gle quelconque ABC est équivalente à deux angles 
droits. 

Prolongeons la base AC jusqu’en D; et, par le point 
C, menons la droite CM parallèle au côté AB. Nous au- 
rons autour du point C les trois angles ACB, ACM, 
MCD, dont la somme est égale à deux angles droits (4), 
égalité que nous exprimerons par 

ACB + ACM + MCD — 2 droits. 
Mais les angles ABC et MCD sont correspondans par 
rapport à la transversale BD, et les angles ACM et BAC 
sont alternes internes par rapport à la transversale BD; 


‘on à donc (3) 


BAC — ACM et ABC — MCD. 
Substituant BAC et ABC à M 
la place de ACM et de MCD 

: dans la première égalité, elle 
deviendra B en 


ACB + ABC + BAC — 2 droits. 


Donc la somme des trois angles du triangle ABC est 
égale à deux angles droits. 

9. CorozLaire. L’angle extérieur ACD, formé par le 
côté AC d'un triangle, et le prolongement du côté ad- 
jacent BC, est équivalent à la somme des deux angles 
intérieurs opposés CAB, ABC. 

Car CAB — ACM, ABC — MCD; donc 


CAB + ABC — ACM + MCD — ACD. 


10. CorozLaAIRE. Un triangle ne peut avoir qu’un an- 
gle droit , et, à plus forte raison qu’un angle obtus. 


11. CoroLLaIRE. Dans un triangie rectangle, la 
= : 


AN 


somme des deux angles aigus est égale à un angle 
droit. 

12. Turorime. Dans un méme cercie ou dans des 
cercles égaux , les angles égaux qui ont leurs sommets 
au centre interceptent des ares égaux sur la circonfe- 


rencee 


K& 


Soient les deux cercles égaux B et », et les angles 
égaux ABC, abc, qui ont leurs sommets aux centres de 
ces cercles. Les arcs AC et ac interceptés par les côtés 
de ces angles sont égaux. 

Car , si l’on suppose Je cercle b transporté sur le cer- 
cle B, de manière que les centres coïncident, et que le 
rayon ab tombe sur le rayon AB, ces deux cercles, étant 
égaux, coincideront parfaitement dans toutes leurs par- 
ties; mais alors, comme l'angle abc est égal à l'angle 
ABC, le côté be tombera sur le côté BC; et comme ces 
côtés sont des rayons égaux, le point c se trouvera sur 
le point C; et, conséquemment, les arcs ac et AC co- 
incideront parfaitement. Ces arcs sont donc égaux. 

Réciproquement; les ongles qui ont leurs sommets au 


centre, el que interceptent des arcs égaux sur la circon- 


Jtrence, sont égaux. 


Soient les deux arcs égaux AC, ac; les angles ABC, 
abc, dont les côtés interceptent ces arcs, sônt égaux; 
car, s'ils ne l’étaient pas, on pourrait t ujours construire 
un angle abd plus grand ou plus petit que abc, et qui 
serait égal à ABC ; mais, d’après la proposition directe 
les ares AC et ad seraient égaux. Or, on a supposé AC 
— ac: on aurait donc aussi 4e = ad, ce qui est absurde. 
Donc, puisqu'il ne peut y avoir un angle plus grand ou 
plus petit que abc, qui soit égal à ABC, ces deux an- 
gles sont nécessairement égaux. 

13. Turorème. Les angles qui ont leurs sommets au 
centre d'un méme cercle ou de cercles égaux sont entre 
eux comme les arcs interceptés par leurs côtés. 

Soient les deux angles MBN, bn, qui ont leurs 
sommets aux centres des deux cercles égaux B et b, et 
dont les côtés interceptent les arcs MN et 77 : on a la 
proportion 

MBN : nbn :: MN : mn. 
Car les arcs MN et mn étant mesurés. à l’aide d'un arc 
quelconque Mr, pris pour unité de mesure, nous pou- 
vons supposer que le premier contient 2 fois la mesure 


Mir, et que le second contient x fois cette même me- 


AN 


sure, ou que le rapport de ces deux arcs soit le mème 
que celui des nombres », »; c’est-à-dire qu’on ait la 
proportion 

MN :mn::mi:n. 


Or, les nombres » et x peuvent être rationnels ou 
irrationnels; où, ce qui est la même chose, les deux 
arcs MN et mn peuvent être commensurables ou incom- 
mensurables. Dans le premier cas, divisant l’arc MN 
en m parties égales, Mr,12,23, 34, 45, etc., l'arcman 
contiendra x de ces parties 7211, 12, 23, 34, 45, etc. Si 
par les points de division on mène les droites Br, B2, 
B3,B4 ,etc.. b1,b2, b3, b4 , etc., l'angle MBN sera 
partagé en »2 angles égaux (12), et l'angle bn sera 
partagé en » angles égaux; le rapport de ces deux 
angles sera donc celui de »2 : 2, ou le même que le rap- 
port des arcs MN et mn. On a donc effectivement 


MBN : mnbn :: MN : mn. 


Si les deux arcs MN et nn étaient incommensurables, 
c'est-à-dire s’il n'existait aucun arc Mi, quelque petit 
qu'on puisse le supposer, qui fût capable d’être con- 
tenu un nombre exact de fois dans MN et dans mn , le 


rapport de ces arcs serait néanmoins encore le même 


que celui des angles MBN et bn; car le rapport _ 


serait dans ce cas égal à une quantité irrationnelle que 
nous supposerons d’abord égale à y/3, pour faire mieux 
saisir l’esprit de la démonstration: on aurait donc 

MN :mn::1:y3. 
V3 est égal à la fraction 1,732050817, etc. , la suite des 
chiffres décimaux étant infinie. 

Or, on pourrait prendre 1, ou 1,7, ou 1,73, Ou 1,732, 
etc., pour valeurs approchées de y/3; et il est évident 
que plus on prendrait de décimales et plus on appro- 
cherait de la véritable valeur. Prenant donc 1,7 pour 


A PAR MN » 
première approximation, Je rapport Fe sera à peu 


. I 10 els . 
près —— ou Fr et, divisant MN en 10 parties égales, 
) 


l'arc in contiendra 17 de ces parties, plus un reste quel- 
conque on; alors, supposons menéc la droite bo , uous 
aurons , d’après ce qui précède, 

MBN : m1b0 :: MN : m0. 


Prenons actuellement 1,73 pour valeur approchée de 


AN Fr 


V3,lera rat eu près ——, ou; di 
< PRO re EP ER UE 


1, 
visant l’arc MN en 100 parties, l’arc mn contiendra 
173 de ces parties, plus un reste o'r évidemment plus 
petit que on. Supposons encore menée la droite bo", 


nous aurons aussi 
MBN : mbo' :: MN : mo’. 


En prenant 1,732 pour valeur approchée de y3, 
nous tomberions de même sur un arc o’m qui donne- 
rait 

MBN : mbo" :: MN : mo’. 
et ainsi de suite, 

On voit aisément que les arcs mo, mo', mo", etc., 
augmentent successivement , et diffèrent de moins en 
moins de l'arc proposé »1r , et qu’en prenant pour va- 
leurs approchées de 1/3 les quantités 1,7; 1,73; 1,732; 
etc., on est tombé sur des angles z2bo, mbo', mbo', etc., 
dont les rapports avec l'angle MBN sont les mêmes que 
ceux de leurs arcs respectifs 20, mo', mo", etc. , avec 
l'arc MN. Il est évident qu’en prenant un plus grand 
nombre de décimales pour la valeur de \/3 on trouve 
rait toujours des angles qui auraient la mème propriété. 
Donc cela aura lieu pour un nombre quelconque de 
chiffres de la suite 1,320, et, par conséquent, pour la 
totalité de ces chiffres ou pour la quantité y3, qu'ils 
représentent. Ainsi, On a dans tous les cas 


MBN : mbn :: MN : mn. 


Pour généraliser cette démonstration, fondée entiè- 
remeut sur la nature des quantités incommensurables 
ou irrationnelles (Foy. ces mots), il suffit de remarquer 


MN : 
que lorsque le rapport Es est incommensurable, c’est 
qu'il est égal à une quantité dont la forme générale est 


m 
VA, et dont le développement, composé d’un nombre 
infini de termes, est de la forme 


B+C+D+HE+HF+EG + etc. 
Ainsi, les rapports 
T:B, 
1:B+C, 
1:B+C+D, 


ctc., etc., 
se MN 
approchent de plus en plus du véritable rapport ra 


Or, en procédant comme nous venons de le faire, on 
voit qu'à chaque somme B,B+C, B+LC+D,etc., 
répond un angle dont le rapport avec l’angle MBN 
est égal à celui des arcs interceptés; il en est nécessai- 
rement de même pour la somme d’un ombre quelcon- 
que de termes de la série B4+C+4+D+4+E+FÆLG+ etc, 
et, conséquemment , pour la somme de tous Les termes 
» 


18 AN 


ou pour le nombre VA, que cette somme représente. 
14. Tuéorèume. Un angle quelconque étant donné, si 
l'on suppose décrit un cercle qui aït son centre au som- 
met de cet angle, l'arc intercepté par ses côtés pourra 
lux servir de mesure. 
Soit l'angle ABC, dont le sommet est placé au centre 
B d’un cercle. Cet angle 


TO 
aura pour mesure l'arc vd 
AC. 1 
Unanglene peut être me- | 2 Si 
é ei Ë 


suré que par unautre anple, f IN 
pris pour unité de mesure; \ f 

car; on ne peut comparer 4 X 

que des quantités de même À susre nerffié 


nature; mais si MBN est cette unité, on a la proportion 
ABC : MBN :: AC : MN. 
Or, si l'on prend MN pour mesure des ares, le nom- 
bré qui éxprimera la mesuré de AC sera _ où, cé qui 
AC 
MN 
exprime donc la mesure de nel ABC au moyen de 


l'angle MBN. 
15. Scnoue. Dans l'ancien système métrique, suivi 


ABC 
est la mênie chose, MEN Le TADEDEE des deux arcs =- 


encore aujourd'hui dans toute l'Europe, on prend pour 
unité de mesure l'augle dont les côtés interceptent la 
300° partie de la circonférencé décrite de son sommet ; 
et cette partie se nomme degre.Ainsi , lorsqu'on dit, par 


exemple, qu'un angle a 30 ee c'est que cet angle 
interceplérait, entre ses eiés » #0. 36s © dela circonférence. 


Le degré se subdivisé en 60 parties, qu’on nomme #ié- 
nutes ; la minute en 60 parties, qu’on nomme secondes ; 
la seconde en 60 uerces, etc., etc. L’angle droit est 
dans ce système un angle dé 90 degrés. 

Dans le système métrique français, l’angle droit ést 
pris pour unité de mesüre: on le divise en 100 degrés , 
le degré en 100 minutes ; la minute en 100 secondes , 
etc., etc. La circonférence entière est alors partagée en 
400 degrés. 

Ü La première division se nomme division Sexagesi- 

male , et la seconde division centésimale. La plupart des 

instrumens en usage étant divisés en 360 degrés, nous 

nous servirons habituellement , dans cet ouvrage, de la 

division sexagésimale, à moins que nous n’avertissions 

À expressément du contraire pour quelques Cas particu- 
liers. [1 est, du reste, extrémement facile de passer de 
l'une des divisions à l’autre 
360 : 400. 


e, leur rapport étant celui de 


16. Tuéoniur. L’angle Jormé par une tangente et 
par une corde a pour mesure la moitié de L'are sors: 
tendu par la corde. * 


AN 


Soi l'angle BAG formé par la re AG et ijar 
la corde AB, cet angle 


a pour mesure la moi- Fa 

tié de l’arc AB. F4 \ | 
Car, si l’on mène les / S MEN 

rayons AD et DB, l’an- | D fo | 

gleDAGseradroit(f’oy. | E "6 l 


Cencce ). Mais, dans le # ” 
triauglé isocèle ADB, Le i / | 

les angles à la base sont LT aie 
égaux (Foy: Tnrance 160cëLE ); donc Fl'anglé, au 
sommet ADB ; est égal à deux droits moins deux fois 
l'angle DAB. Or, l'angle proposé BAC est égal à un 
droit moins l'angle DAB ; donc cet angle est la moitié 
de ADB. Ainsi, la mesure de l'angle ADB étant l'arc 
AB(14), la mesure de l'angle BAC sera la moitié de 
cet arc. 


17. Tuorème. Un angle qui a son sommet à la cr- 
conférence d'un cercle a pour mesure la moitié de l'arc 
interceplé pär ses CÔLES. 

Soit un tel angle ACB : si l'on mène la tangente CD, 
on aura les deux angles DGA et DCB, dont les mesures 
respectives seront les moitiés des arcs CA et CAB ; mais 
l'angle proposé est la différence de ces deux angles, 
donc sa mesure sera la différence de leurs mesures ou 
la moitié de l'arc AB compris entre ses côtés. 


18. CorozzarRE I. Tous les angles qui ont leurs som- 
mets à la circouférence d’un r 
mème cercle, et dont les co- end GET 


£ 7 up 


d’une même corde, sont " / [P.- 


tés passent par les extrémités 


égaux entre eux, puisqu'ils 
ont tous pour mesure la 
moitié du même arc. 

19. Cotottaime IT Un 
angle qui a son sommet à la 
circonférence d’un cercle, et dont les côtés passent par 


NS 
si 
N 


les extrémités du diamètre, est droit, puisqu'il a pour 


mesure le quart de la circonférence. 


50. Tiforème. Un angle qui à son somntet dans l'in. 
térieur d'un cercle a pour mesuré la moitié de la sorte 
des ares interceptés par $és côtés et par le prolongement 
de ces mêmes côlés. 


Soit l'angle APB : sj l’on prolonge ses côtés jusqu’à 


‘ce qu’ils rencontrent la circonférence en CetenE, la 


mesure de cet angle sera : (AB + CE); car, si l'on 
mène la corde AC, l'angle APB, extérieur par rapport 
au triangle APC, sera égal à la somme des deux angles 
intérieurs opposés CAE, ACB (9). Sa mesure sera doac 
égale à la somme des mesures dé ces angles, c’est-a-dire 


1 4 (AB + C). 


AN 


o1. Œuronime. L'angle formé par deux secantes à 
pour mesure la mottic de la différence des arcs inter- 
ceptés par ses côlés. 

Soit ABC un tel angle, sa mesure sera + (AC — DE). 


+8 


Car, si l’on mène la corde 
AE, l'angle AEC, exté- 
rieur au triangle AEB, 
sera égal à la somme des 
deux angles ABE, BAE. 
On à donc 


ABC—AEC — BAE; 


et, par conséquent, la 
mesure de l’angle ABC sera égale à la différence des me- 
AC DE 


9 


3 


sures des angles AEC, BAE, c'est-à-dire à 


, 


ou, ce qui est la même chose, à (AC — DE). 

22. Si la sécante BA devenait tangente en «, l’angle 
aBC aurait aussi pour mesure la moitié de la différence 
des arcs aAC, aDE, 

23. On démontrerait encore de la même manière que 
siles deux côtés de l'angle, dont le sommet est hors du 
cercle, sont des tangentes, comme MP et Pa, cet angle 
a pour mesure la moitié de la différence des ares Mma 
et MDACa. 

24. ProëcÈme I. Construire sur une ligne donnée AB 
‘un angle égal à un angle donné D. 

Du point D décrivez, avec un 
rayon quelconque, l'arc FE, qui 
rencontre les deux côtés de 
Fangle donné D. Du point À, 
avec le même ravon, décrivez 
un arc an, et prenez in égal à 
FE; par lé point m1, menez la 
droite AC, l'angle CAB sera 
égal à l'angle D. 


25. ProeLème Il. Diviser un R 


angle donné en deux. \ 
Prenez Am égal à An, et, \ 

des deux points » et n, décri- \ 

vez, avec le même rayon, des mn\ 


arcs qui se coupent en un point 
O; menez de ce point la ligne 
OA ; elle partagera l'angle BAC 


en deux angles égaux, Voyez 


À 


PERPENDICULAIRE. 

26. La mesure des angles à l'aide d’instrumens qui 
font connaitre le nombre des degrés, minutes, secon- 
des , etc., de leurs arcs, est une opération d'un grand 
usage dans la Navigation, l'Arpentage, l'Astronomie , 
etc. (J’oy. ces mots,) Lorsqu'ils sont sur le papier, on se 


sert du RAPPORTEUR Où du COMPAS DE PROPORTION: Foy. 
ces mots, 


AN 19 


27. Jusqu'ici nous n'avons considéré que les angles 
formés par des droites sur un même plan; mais il existe 
encore a’autres espèces d’angles , tels sont : 

Les angles curvilignes, formés par deux lignes 
courbes ; 

Les angles miriilignes, formés par une droite et par 
une ligne courbe; 

Les angles plano-linéaires, formés par l’inclinaison 
d’une droite sur un plan ; 

Les angles plans, formés par l'inclinaison de deux 
plans; 

Les angles solides, formés par le concours de plu- 
sieurs plans au même point. Foy. les mots Curvirr- 
anE , MixTILIGNE , PLAN, etc. 

Quant aux relations des angles des figures planes, 
voyez TRIANGLE, PARALLÉLOGRAMME , PoLYcowr. 

ANGLES (_4str. — Méc. — Opt. — l'ortification). 
Les angles reçoivent dans plusieurs sciences des déno- 
minations particulières. Tels sont, pour l'Astronomic, 
les ANGLES d’élongation ; de position, azimutal, paral- 
lactique, etc.; pour la Mécanique, les axçGres de 
direction, d'élévation, d'inclinaïison, etc. ; pour l Op- 
uque, les anGLes d'incidence, de réflexion, de réfrac- 
tion, etc. ; et pour la Fortification, les axGLEs saïllans, 
rentrans, flanquans, morts, etc. (J’oyez ces divers 
mots. ) 

ANGLE OPTIQUE. C’est l'angle formé par deux rayons 
visuels, menés du centre de l’œil aux extrémités d’un 
objet. 

ANGUINEE (Géom.). Nom d’une espèce particu- 
lière d’hyperbole du troisième ordre, qui ayant des 
points d’inflexions , serpente autour de ses asymptotes. 
(Voyez HyrEr20OLE.) e 

ANGULAIRE. Ce qui est relatif aux angles. 

Mouvement ANGuLaire. C’est celui qui est effectué 
par un corps tournant autour d’un centre, le sommet 
de l'angle étant au centre du mouvement. Ainsi, les pla- 
nètes décrivent un mouvement angulaire autour du 
soleil; un pendule décrit un mouvement angulaire 
autour de son point de suspension, etc. Le mouvement 
angulaire d'un corps est d'autant plus grand qu'il décrit 
un plus grand angle dans un temps donné. Deux corps 
peuvent avoir le même mouvement angulaire, quoique 
leurs mouvemens réels soient différens. En effet tous les 
points d’un pendule, mis en oscillation, décrivent le 
même angle, et cependant les mouvemens réels ou 
absolus de chacun de ces points sont d'autant plus grands 
qu'ils sont plus éloignés du centre de suspension. 

Sections AxGuLAIRES. Terme employé par Viète pour 
désigner les ares multiples de la circonférence du cercle. 
Viète a découvert la loi d'accroissement des cordes de 
ces arcs, et il l’a signalée, en 1550, dans son Canon 
mathematique, qui nest autre chose qu'une table de 


80 AN 


sinus construite suivant cette loi. Cet ouvrage est extré- 

_ mement rare; car l’auteur y ayant découvert un grand 

nombre de fautes typographiques, a détruit tous les 
exemplaires qu'il a pu se procurer. 

Viète démontre que si une demi-conférence AB est 

divisée en arcs égaux BC, CD, DE, EF, etc., en dési- 

gnant le rayon par l'unité, et la corde supplémentaire 


AC par æ, on a les valeurs suivantes : 


AB —= 2 

AG = x 

AD = 2— a 

AF — ai — 3x 

AF = x — 4x + 

AG = x° — 5x + 5x 

AH = 2x5 — Gri + gx? — 2 
etc. etc. 


Dans lesquelles les 
puissances de x dé- 
croissent de 2en, 
et dont les coeffi- 


ciens numériques 


à Â 
sont : l’unité, pour [e] 


les premiers termes; les nombres triangulaires , en com- 
mençant par 2, pour les seconds termes; les nom- 
bres pyramidaux, pour les troisièmes termes; les 
nombres triangulo-triangulaires, pour les quatrièmes 
termes, etc., etc. 

En cherchant le rapport des cordes elles-mêmes, Viète 
trouve encore, en désignant la corde BC par 7. 


y —= BC 

2 — y? — BD 

o 7 Fr —=BE 

D ANS = DE 

57 — 5 Lys = BG 
etc. etc. 


La loi des coefficiens étant la même que dans la suite 
précédente, et les signes des puissances de y étant les 
opposés de ceux des mêmes puissances de x. 

Ces formules sont aujourd’hui facilement démontrées. 
(Foyez Conpes.) Mais dans l’état où la science se trou- 
vait à l’époque des travaux de Viète, elles sont une 
preuve incontestable du génie supérieur de cet homme 
célèbre. 

ANISOCYCLE (Balistique). Ancienne machine de 
guerre, dont le ressort, de forme spirale, servait à 
lancer des flèches. Elle est décrite dans l’4#rchitecture 
de Vitruve. 

ANNEAU pe Sarunxe ( Astr. ). Corps solide, opaque 
et circulaire, qui entoure la planète de Saturne. Il est 
composé de deux bandes, plates, larges et très minces, 
couchées dans un même plan et à peu près concentri- 
ques. La première de ces bandes ou l'anneau intérieur, 


AN 


est séparé du globe par un intervalle de 6,972 lieues ; 
Ja seconde bande, ou l’an- : 
neau extérieur, est séparé 
du premier par un inter- 
valle seulement de 648 
lieues; leur épaisseur est 
au plus de 36 lieues ; en- 
fin le diamètre extérieur 


de l’ensemble des trois 


parties qui composent 
cette planète singulière est de 63,880 lieues L'existence 
de ce merveilleux appendice de Saturne, qui excite 
notre étonnement et notre admiration , a été inconnue 
aux anciens; son observation est due à la perfection ré- 
cente des instrumens astronomiques. Le résumé rapide 
de l’histoire de cette découverte facilitera nécessaire- 
ment l'intelligence du phénomène qu’elle nous a révélé. 

Ce fut seulement vers l’an 1612 que l’illustre Galilée, 
aidé d’un télescope d'une puissance bornée et d’une 
construction incomplète, crut voir Saturne accompagné 
de deux globes, qu’il jugea être des satellites immobiles 
de cette planète, à laquelle il les crut même adhérens, 
puisque cette découverte lui fit donner à Saturne l’épi- 
thète de Triformen, composé de trois parties. Le vif 
étonnement que lui causa ce phénomène ne le céda 
qu’à celui dont il fut frappé, lorsqu’après deux années 
d'observations , il vit disparaître ces prétendus satellites. 
Quoiqu'il ne füt pas possible à Galilée d’entrevoir la 
cause de ces apparences, il osa néanmoins prévoir le re- 
tour des deux prétendus globes qui avaient cessé d’être 
visibles. Mais leur réapparition , qui confirma sous ce 
rapport ses prévisions, ne servit durant long-temps 
qu'à lui fournir, ainsi qu'aux astronomes dont cette dé- 
couverte avait éveillé l'attention, un texte à des conjec- 
tures, que les hypothèses de Gassendi, d'Hévélius, de 
Roberval et de Cassini même, laissèrent sans solution 
scientifique. Mais, en 1655, le célèbre Huygens, au 
moyen d'instrumens perfectionnés dont il était l’auteur, 
découvrit les véritables causes de ce phénomène, et en 
établit la théorie, qu’il publia en 1656, telle a peu près 
qu’elle est admise aujourd’hui. En effet, les deux globes 
de Galilée apparurent à ce savant observateur comme 
une longue bande de lumière presque adhérente à Sa- 
turne, À mesure que cette planète passa dans d’autres 
positions à l'égard du soleil et de la terre, il remarqua 
que ses longues anses s’élargissaient et prenaient la forme 
d’une ellipse fort alongée; le mouvement de la planète 
continuant, cette ellipse s’élargissait davantage encore, 
et prenait l'apparence de deux cercles concentriques 
vus obliquement. Cette observation le détermina à pen- 
ser que le phénomène était produit par un corps plat et 
circulaire, semblable à un anneau. Depuis cette décou- 
verte d'Huygens, que la perfection toujours croissaute 


x 


AN 

des instrumens a permis de véffier diverses particula- 
rités de Saturne, qui avaient dû lui échapper, ont été 
déterminées ; mais les observations les plus récentes, et 
qu'on est autorisé à croire les plus exactes, n’ont apporté 
que peu de changemens dans l'appréciation du phé- 
nomène que présente l'anneau de Saturne proprement 
dit, dont il nous reste maintenant à expliquer les phases 
de disparition et de réapparition. 

L'ombre que projette cet anneau ou plutôt ces an- 
neaux, sur le corps de la plauète, du côté le plus voisin 
du soleil , et l'ombre que la planète projette elle-même 
sur eux du côté opposé, démontrent qu’ils sont un corps 
solide et opaque. L'axe de rotation de Saturne est per- 
pendiculaire au plan des anneaux, et durant le mouve- 
ment de la planète dans son orbite, il conserve toujours 
son parallélisme. Le plan des anneaux conserve aussi à 
peu près la même inclinaison sur le plan de l’orbite. 
L’inclinaison à l’écliptique est de 28° 40’, et les nœuds 
des anneaux correspoudent à 170° et 350° delongitude. 
Aünsi, quand la planète paraît à l’un ou à l’autre de 
ses nœuds, le plan des anneaux passe par le soleil qui 
l'éclaire de côté ; dans les mêmes époques la terre qui 
enrest plus éloignée en raison de la petitesse de son 
orbite, passe nécessairement dans le plan peu d’instans 
avant ou après que ce plan passe exactement par le 
centre du soleil, Alors, bien que les anneaux soient 
encore éclairés, ils ne paraissent plus que comme une 
seule ligne droite très-déliée, qui coupe le disque de la 
planète et la dépasse des deux côtés; mais il faut des 
instrumens d’une puissance extraordinaire pour l'aper- 
cevoir. Ceci explique la première observation de Ga- 
lilée. 

Ce phénomène de la disparition des anneaux se re- 
produit deux: fois durant la révolution de Saturne, 
c’est-à-dire à des intervalles de 15 ans; mais par suite 
de la lenteur du mouvement de cette immense planète, 
la terre ayant le-temps de rencontrer deux autres fois 
le plan des anneaux, leur disparition est double en gé- 
néral. 

La science qui a pu déterminer les mouvemens des 
astres et les lois d’après lesquelles ces mouvemens s’o- 
pèrent, est encore impuissante à expliquer les causes de 
la construction merveilleuse de plusieurs d’entre eux. 
Cependant, en décrivant Saturne et le système complet 
de cette planète, nous rendrons compte avec plus de 
développemens des autres particularités qui lui sont 
communes avec ses anneaux. ( Voyez SATURNE. ) 

ANNEAU. L’anneau astronomique où universel est 
un instrument composé de plusieurs cercles, qui sert à 
trouver l'heure du jour en un lieu quelconque de la 
terre. Il est représenté PL, IV, fig. 2. (Voyez Gnomo- 
NIQUE et Cana.) 

ANNÉE (Hist. Astr.) L'étymologie de ce mot est 


AN 81 


fort controversée ; nous ne chercherons point à la fixer. 
Il est du moins à peu près certain pour les Français 
qu'année vient du mot latin annus, qui signifie la même 
chose. On appelle ainsi un certain nombre de jours qui 
forment une période fixe ou variable, solaire ou lunaire, 
suivant qu'on mesure le temps par les révolutions du 
soleil ou par celles de la lune. 

Le premier besoin des hommes réunis en société 2 
dû être de diviser l'année par parties égales, d’après lc 
retour périodique et la durée des saisons. C’est là le point 
de départ de l’histoire , car la tradition écrite ou orale ne 
retracerait que devagues souvenirs, si ellene se rattachait 
à des époques authentiques, également remarquées par 
toutes les nations. C’est donc sur l'observation du cours 
des astres que la détermination de l’année a toujours ét 
fondée. Mais quoique les phénomènes astronomiques qui 
servirent de base aux premiers calculs, soient le résulta: 
de lois immuables, et se renouvellent uniformément, il: 
n'ont pas lieu nécessairement dans le même temps, rel:- 
tivement aux peuples qui habitent des zones différentes, 
c'est-à-dire qu'ils ne produisent pas les mêmes effets 
d’une manière générale. Il est résulté des appréciations 
relatives de ces effets divers, que toutes les nations ne 
se sont pas accordées entre elles, dans leurs rapports 
sociaux, sur la manière de compter le temps et d’en 
opérer la division. Telle est sans aucun doute la source 
des fables chronologiques qui voilent les premiers:pas 
de l’homme sur la terre, et qui ont attribué à quelques 
races primitives une antiquité, dont la religion et la 
science ont également démontré la folle exagération. 
C’est à la science seule que nous devons en appeler ici ; 
l'histoire de ses découvertes et de ses progrès successifs, 
dont nous pouvons embrasser l'ensemble, est à la fois 
un monument irrécusable de l'âge plus récent de l’hu- 
manité et de la puissance de perfectibilité dont elle est 
douée. Il n’est pas possible que les connaissances hu- 
maines aient acquis en près de six mille ans le degré 
d’exactitude et de réalité où elles sont parvenues, tar- 
disque, durant d'immenses périodes qui auraient précédé 
cette époque historique, l'homme ne serait péniblement 
arrivé qu’à la découverte de vagues hypothèses. Il fau- 
drait du moins supposer que sa destination et ses facul- 
tés intellectuelles ont subi depuis ces temps inconnus 
une modification essentielle ; ce qui ne peut être admis 
par la raison , parce que dans les divers modes de divi- 
sion de l’année, adoptés par les anciens peuples, on 
peut déjà reconnaitre une haute direction intellectuelle, 
et des évaluations ingénieuses des mouvemens célestes 
fondées sur l'expérience. La science n'est venue plus 
tard ajouter à ces découvertes que l’exactitude et la ri- 
goureuse précision de ses formules. 

L'année, prise dans son acception didactique, est 


astronomique ow. civile, suivant que cette division du 
LE: 


82 * AN 


temps s'applique spécialement aux phénomènes célestes 
ou aux usages SOCIaux. 

1, ANNÉES ASTRONOMIQUES. On donne à l’année as- 
tronomique diverses dénominations que nous allons 
successivement expliquer; mais il est nécessaire avant 
tout de déterminer sa durée réelle. 

>. La durée de l’année astronomique solaire, cal- 
culée sur le temps qu'emploie le soleil à faire le tour de 
l'écliptique, c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre un 
solstice et un solstice semblable, ou bien entre un équi- 
noxe et un équinoxe semblable, est de 365 jours, 5 d 
48" 51”. 

3. La durée de l’anuée astronomique lunaire est cal- 
culée sur la durée de 12 lunaisons, chacune d'elles étant 
de 29 j. 12*44/2" Æ, cette année se compose ainsi de 
354 jours 8 + 48° 34". 

Ce sont ces fractions de temps difficilement appré- 
ciables pour les usages de la vie sociale, qui forment la 
différence existante entre l’année civile et l'année astro- 
nomique. On va voir, par les exemples que nous cite- 
rons , que cette différence était encore plus considérable 
chez les anciens peuples qu'aujourd'hui. 

4. L'année tropique est l’année solaire vraie, c'est-à- 
dire le temps que met le soleil à revenir au même tro- 
pique, et par conséquent celui qui est nécessaire pour 
que chaque saison se reproduise dans le même ordre. 
C'est par cette raison que les astronomes l’appellent 
aussi annce équinoxiale. 

5. L'année sidérale est celle qui est calculée sur le 
retour apparent du soleil à la même étoile. Cette année 
excède l’année tropique de 20" 20”. En voici la raison : 
la rétrogradation des points équinoxiaux étant de 50" 1, 
le soleil, après qu'il est parti d’un équinoxe, doit paraître 
rencontrer ce même équinoxe, l’année suivante, dans 
uu point un peu en deçà de celui où il l'a quitté, et 
avant d’avoir ainsi achevé sa révolution entière, c’est- 
à-dire après avoir parcouru seulement 359° 59° 9”, 9, du 
cercle qu’il paraît décrire, ce qui produit la différence 
que nous venons d'exposer. 

6. On donne le nom d’année anomalistique à une 
révolution entière de l’anomalie; elle excède l’année 
tropique de 25’ 27” 2. Elle est employée par les astro- 
nomes pour déterminer le lieu de l'apogée, d’après la 
méthode proposée par Lacaille. 

7. ANNÉES crvices. L’année civile a toujours été chez 
tous les peuples ou solaire ou lunaire; mais de la 
diversité des modes établis pour calculer cette période, 
sont nées les dénominations d’embolsmique, de ju- 
dienne, de grégorienne, de bissextile et de commune, 
sous laquelle elle a été désignée, dénominations dont 
mous expliquerons successivement la signification. 

Cette période a dù nécessairement se former des di- 
visions de période moins longues ct d’un calcul plus 


AN 


facile, par chacune des phases qui marquent une révo- 
lution entière du soleil (2) ou de la lune (3). Ainsi, un 
certain nombre de jours a formé la semaine ou la décade 
des Grecs, un certain nombre de semaines ou de décades, 
le mois, un certain nombre de mois, l’année. À quelle. 
époque cette division de l’année, qui simplifie les cal- 
culs chronologiques, et facilite les relations sociales, 
s’est-elle établie? C’est ce qu'il n’est pas possible de dé- 
terminer d’une manière précise et incontestable, et c’est 
au reste une question entièrement dans le domaine des 
sciences littéraires. En rappelant ici les usages des peu- 
ples les plus célèbres de l'antiquité, relativement à la 
division de l’année, nous avons dùü mettre de côté 
toutes les conjectures, et ne prendre que des faits histo- 
riquement démontrés. Il sera nécessaire pour mieux 
saisir l’ensemble de ce rapide résumé, de parcourir le 
tableau placé à la fin de cet article, en observant toutefois 
que les mois des peuples dont nous décriyons l’année, 
y sont seulement classés d’après l’ordre qu'ils occupaient 
dans les anciens calendriers, et non pas dans l’ordre des 
rapports qu’ils peuvent avoir entre eux; concordance 
que le lecteur pourra établir lui-même avec facilité. 

8. L'année civile des Égyptiens était une année solaire 
composée de 360 jours , divisée en 12 mois qui étaient 
invariablement de 30 jours chaque ; après le 12° mois on 
ajoutait cinq jours épagomènes ou additionnels, qui por- 
taient ainsi à 365 jours la durée totale de l’année, 

L'année égyptienne était une année vague, parce 
qu’elle n’avait point de commencement fixe, comme 
cela est établi dans les calendriers actuellement en usage. 
Ce commencement rétrogradait d’un jour tous les quatre 
ans et répondait successivement à toutes les saisons Les 
Égyptiens ne connaissaient pas l’année bässextile (13) et 
perdaient environ 6 heures tous les ans, de façon que 
1461 de leurs années n’équivalent qu’à 1460 années 
juliennes (4) 

9. L'année des Juif était une année /unaire , compo- 
sée de douze mois alternativement de 30 et de 29 jours; 
elle était ainsi de 354 jours dans les années communes , 
et de384 dans les années enbolismiques ou intercalaires. 
Dans cette dernière circonstance, on ajoutait un treizième 
mois de 29 jours nommé Veadar, où deuxième Adar, 
et alors Adar était de 30 jours. 

Chaque septième année, chez les Juifs, se nommait 
encore l’année sabbatique. Pendant sa durée toutes 
les terres demeuraient en jachères. Le retour de chaque 
septième année sabbatique, c’est-à-dire chaque 49° 
année, s'appelait l’année du jubilé ; c'était une année re- 
ligieuse qui était célébrée avec la plus grande solennité, 

10. L'année grecque était lunaïre et composée de 
12 mois alternativement de 29 ou de 30 jours. Elle était 
embolismique, comme l'année juive, les 3°, 6°, 8°, etc., 
du cycle lunaire. 


AN 


Le mois des Grecs était divisé en trois décades : la 
première s'appelait épzomivos, du mois commencant, 
la seconde, pécoëvros, du mois à son milieu, la troi- 


sième , @éivouvros , du mots finissant (14). 


11. L'année arabe ou turque est aussi lunaire, et le 
cycle de 30 ans s’y partage également en années com- 
munes et en années embolismiques. Elle se compose de 
12 ou de 13 mois, alternativement de 29 ou de 30 jours 
suivant qu’elle est dans l’une de ces deux condi- 
tions. On ajoute un jour épagomène à chaque 3°, 5, 
7°, 10°,139,.15°, 18°, 21°, 24°, 26° et 29° ännée du 
cycle trentenaire de la lune. Les années communes sont 
ainsi de 354 jours, et les années embolismiques de 355, 
La première année de l'hégire, qui est Père des Maho- 
métans , a commencé le vendredi 16 juillet de l'an 622 
de J.-C, (14). 

12. L'année persane, composée de 12 mois de 30 
jours chacun et de 5 jours épagomènes, est une année 
solaire semblable à l’année égyptienne. Versle milieu du 
onzième siècle on entreprit de corriger le calendrier per- 
san, en intercalant un jour de quatre en quatre années. 
Mais parce qu’on avait déjà reconnu que l'année solaire 
n’est pas exactement de 365 jours 6 heures, il fut décidé 
qu'alternativement, après sept ou huit intercalations, on 
intercalerait la cinquième et non la quatrième année. 
L'année persane diffère donc très-peu de l’année gré- 
gorienne. 

13. Romulus avait fait l’année romaine de dix mois 
seulement. Numa en ajouta deux nouveaux, et en l'an 
304 de Rome, les décemvirs intervertirent l’ordre dans 
lequel ce législateur les avait placés. Les grands-prêtres, 
à qui la loi laissait Le soin de déterminer les intercala- 
tions que nécessitait cette méthode antique de diviser le 
temps, avaient plus souvent consulté leur intérêt et leur 
caprice que les règles indiquées par la science et la rai- 

son. Ii était résulté de cet état de choses un désordre et 
une confusion que Jules-César, investi de la dignité 
pontificale, résolut de faire cesser pour toujours, en 
donnant à l’année une constitution régulière et inva- 
riable. Il fit venir à Rome Sosigènes, astronome 
d'Alexandrie, qui l’aida à accomplir cet utile et impor- 
tont projet, en lui indiquant une mesure de l’année so- 
laire plus exacte que celle sur laquelle était fondée 
l’ancienne année romaine. La réforme de Jules-César a 
été depuis lors adoptée par tous les peuples de l'Europe: 
elle est désignée dans la science astronomique sous le 
nom d’ère Julienne. 

Sosigènes ayant supposé que l’année moyenne était 
de 365 j. +, César établit que l’année commune serait 
trois fois de suite de 365 jours , et la quatrième de 366, 
pour employer les quatre quarts excédans. Ce jour épa- 
gomène se plaçait six jours avant les calendes de mars, 


AN 83 


et on l’appelait bissexto-calendas, d'où nous avons 
donné à cette année le nom de bissextile. 

14. L'année julienne, telle qu'elle avait été calculée 
par Sosigènes, était trop longue d'environ 11° 10 ou 12” 
qui produisent à peu près un jour en 134 ans, ou 3 jours 
en 400 ans. En 1582, las inconvéniens qui résultaient de 
l'erreur astronomique sur laquelle était établi le calen- 
drier julien devinrent assez manifestes, pour quele pape 
Grégoire XIII cherchât à y remédier par une nouvelle 
réforme. En effet l’équinoxe du printemps, qui, du 
temps du concile de Nicée, en 325, tombait au 21 mars, 
arriva cette année le 11 de ce mois. On fut obligé de 
retrancher 10 jours à l’année civile, etle 5 du mois d’oc- 
tobre 1582 fut compté pour le 15, de façon que l’équi- 
noxe du printemps revint l’année suivante le 21 mars. 
Afin qu’une pareille confusion ne se renouvelät plus, on 
convint de retrancher ce qu'il y avait de trop dans l’année 
julienne, c’est-à-dire un jour sur 134 aus, et par consé- 
quent 3 jours sur 400 ans. ( Voyez CALENDRIER. ) 

Cette réforme n’est peut-être pas complètement satis- 
faisante pour les astronomes; mais elle a été générale- 
ment adoptée sous le nom d’ère grégorienne. Les pays 
protestans refusèrent long-temps de l’accueillir; c’est 
seulement en 1700 qu’elle fut reçue en Allemagne, et 
on ne commença en Angleterre à s’en servir, pour l'an 
née civile, que le 1° janvier 1752. Le calendrier julien 
n'est plus suivi aujourd'hui qu’en Russie, où l’on n’a- 
dopta pas le retranchement des 10 jours d'octobre 1582, 
ordonné par le pape Grégoire. La manière de compter 
des Russes s'appelle le vieux style, par opposition à 
celle en usage dans le reste de l'Europe et qu’on appelle 
nouveau style. 

L'année civile grégorienne est donc une année solaire, 
dans laquelle les fractions de temps dont se compose 
l’année astronomique (2) ont pu entrer au moyen d'in- 
tercalations d’une application facile. C’est aussi une 
année fixe , parce qu’elle commence toujours à la mème 
époque après une révolution complète du soleil ; c’est le 
contraire, par exemple, pour l’année turque, qui, étant 
lunaire et composée seulement de 354 jours, ne peut 
pas toujours recommencer à la même saison, et consé- 
quemment est une année vague, comme l'était aussi, 
l’année égyptienne. ( Voy. pour les détails, CazenDrier.) 

15. En 1792, on imagina en France une réforme 
complète du calendrier, que nous ne pouvons passer sous 
silence, quoiqu’elle n’ait pas survécu aux temps orageux 
au sein desquels elle avait pris naissance. On emprunta 
aux Égyptiens (8) la division de l’année en douze mois 
de 30 jours avec l'addition de jours épagomènes, qu'on 
appela complémentaires , au nombre de cinq ou de six, 
suivant que l’année était commune où bissextile , etaux 
Grecs (10) la division du mois en trois décades. L'idée 
de cette réforme avait été inspirée par des considé- 


54 


“HONVAUODNON) APN, # apubridxa vus Éroanon ef anod ajeaana8 aporqiam ef surtout np no ‘auEp1OIU09 2129 ‘SUOISTAIPAUS 52P 21110, SAOUUOP SUOU JUOP ÉsaHUUE sp uontsOds1p e[ suep oouvp 
109009 oun 1704040 sed ane ou rnb ‘up efop suoae snou onb a9 11 suosaypodder snoN ‘strônesy so8esauo sap edojd ej suep a1qe1oçdap oxotueu auu,p sain#pap ‘SIOu $2p SOU So[qEIN9A So] 
Aqua 9p aueuodur 2jquos » snou [1 ‘quouuonaedde sopo sayponbxur so[dnod sap xneaën So[ suep quaauosoi as 250d09 25 ne2[q81 29 JUOP s21[97 *aouas e] 1nod joraqur sus ‘juaumoubsuos 
fuos sajponb 12 ‘onbruononse no anbriojstq a8e1ano unone sarp sop£ojdma queanon »s ou sajpo,nb ooued ‘roqaed np sed suoae,u snou juop oouue,[ 2p suorstatpqns sonne p 2109u2 21s1x0 I] 


EE EEE Ua 


6 U9PPI2S0 4 


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"S4TIdAAd SUHAIG ZAHIO AANNVT AΠSNOISIAIGAINS SAG 


AVATAVI 


AN | 


rations toutes politiques, et il fut difficile aux astro- 
nomes qui furent chargés de ce travail, de mettre d’ac- 
cord leurs exigences avec celles de la science. Le calen- 
drier républicain n’a été en usage que durant environ 
douze ans; mais il est nécessaire de connaitre sa concor- 
dance avec le calendrier grégorien pour établir la chro- 
nologie, dont l’ordre a été interverti par son applica- 
tion rigoureuse dans tous les actes civils et politiques 
de cette époque. Cette année commençait le jour de 
l’équinoxe d’automne : les noms de ses mois étaient 
vendémiaire, brumaïre, frimaire, nivose, pluviose, 
ventose, germinal, floral, prairial, messidor, thermi- 
dor et fructidor. Ces dénominations beaucoup trop si- 
gnificatives, puisqu'elles établissaient un état particulier 
de la saison pour chaque mois, ne pouvaient évidem- 
ment devenir d’un usage général, les saisons n’arrivant 
point à la même époque pour tous les peuples du 
monde. L'ère républicaine date du 22 septembre 1792, 
qui était ainsi le 1° vendémiaire de l'an 1‘; et cesten 
partant de cette époque qu’on peut établir la concor- 
dance de ce calendrier avec le calendrier grégorien. 
Voyez CALENDRIER, Êne et PÉRIODE. 

ANNUEL (Astr.). Ce qui est relatif à l’annce, on 
dont la durée est d’une année , comme mouvement AN- 
nuEL de la terre, argument de longitude, épacte, équa- 
tion, etc. Poy. Terre, ARGUMENT, ÉPacre, etc. 

ANNUITÉ (Arith.). C'est une rente qui n’est payée 
que pendant un certain nombre d'années, à des époques 
déterminées , et dont la quotité est telle que le débiteur 
se trouve, à l'expiration de ce temps, avoir acquitté 
son emprunt, avec les intérêts, en donnant annuellement 
une même somme. 

Pour déterminer les relations qui existent entre la 
somme à rembourser et la quotité de l’annuité, il faut 
rapporter à une même époque la valeur de cette somme 
ainsi que celle des paiemens successifs. Soit donc A une 
somme empruntée actuellement, et qu’il s'agit de rem- 
bourser en 727 paiemens annuels égaux , que nous dési- 
guerons par a. Si l’emprunteur devait simplement rem- 
bourser la somme A avec ses intérêts au bout d’une an- 
née, il devrait payer à cette époque. 

A Ar. 

r étant ce qu'on nomme le taux de l'intérêt ou le rap- 
port qu’il ÿ a entre une somme de 100 francs, prise pour 
terme de comparaison, et l’intérèt de cette somme. 
Ainsi, rest égal à :55, si l'intérêt est à 5 pour 100; il 
est égal à ;f si l'intérêt est à 6 pour 100 et ainsi de suite. 
Il est évident que pour trouver l'intérêt d’une somme 
quelconque À, il suffit de la multiplier par le taux. 

Désignons donc par A' ce que l’emprunteur doit: 
Payer en capital et en intérêts à la fin de l’année, et 
nous aurons l'égalité 

A'=A+Ar—A(r1+7). 


AN 85 


Mais si, au lieu de s'acquitter à la fin de la première 
année, lemprunteur venvoyait le paiement à la fin de 
la seconde , il devrait alors rembourser non-seulement 
la somme A", qu'il devait au commencement de la se- 
conde année, mais encore les intérêts de cette somme 
pour an an, qui sont A'r; il aurait donc à payer 

A'+ A'r— A'(1 br). 

Substituant à la place de À, sa valeur A (1 +7), on a 

pour la valeur du paiement l'expression 
A(r+ry. 

En poursuivant de la même manière, on voit aisé- 
ment que si l'emprunt durait trois ans, la somme à 
rembourser à la fin de la troisième année serait 

A (1+r, 
et qu’en général, si l'emprunteur n’effectue son paie- 
ment qu'après 72 années, cette somme serait 

A (1). 

Telle est donc la valeur de la somme A, empruntée 
actuellement, rapportée à l'expiration des » années de 
l'emprunt, en admettant qu'il ne soit fait aucun rem- 
boursement dans l’intervalle. 

Mais, dans le cas des annuités, l’emprunteur paie 
au prêteur une somme & à la fin de chaque année suc- 
cessive. Il faut donc également évaluer les valeurs de 
ces divers paiemens en les rapportant tous à la fin de la 
dernière année. 

Or, le premier paiement a, étant fait »m—1 ans 
avant l'expiration de l’emprunt, vaut entre les mains 
du prèteur qui le reçoit 


a(i + rt, 

Le second paiement étant fait »3—2 ans, avant la 

même époque, vaut 

a+, 
et ainsi de suite jusqu’au dernier; lequel, rapporté au 
moment de l'échéance, vaut seulement a. 

Mais il faut nécessairement que toutes les sommes re- 
çues par le prêteur, à l'expiration du prèt, soient équi- 
valentes à la valeur du prêt, c’est-à-dire à 

A(i1+r}y. 
On à donc l'égalité 
A Grp a (+ rpm a (nr + ny 
+a(i+r)s Hetc..…. a(r +r) + a. 

Le second membre de cette égalité forme une pro- 
gression géométrique décroissante dont la somme est 
(Foy. Proc. GEO.) 


al+rm—i] 
| 


Elle se réduit donc à (a) 
A (trie REIN 


Cette dernière égalité renferme la solution de toutes 


86 AN 
les questions qu'on peut se proposer sur les annuités. 


On eu tire d’abord les deux formules 


pe} 
(2)... a = (m2) . 
É (x {GG Er mr 


dont la première sert à déterminer la valeur d’une 


somme remboursée par une annuité dont on connaît la 
quotité, et dont la seconde sert à déterminer la quotité 
de lannuité, quand on connait la somme à rembourser. 

Nous allons appliquer ces formules à quelques exem- 
ples. 

I. Exemprze. On demande quelle somme il faut payer 
annuellement ponr rembourser en 10 années un em- 
prunt de 4000 francs, avec ses intérêts à 6 pour 100. 


Nous avons, dans ce cas: A —4000, m—10,etr= 


GRR 
—, Substituant ces valeurs dans la formule (2), on ob- 
0 


10619 
L. LAN I00 


tient 


io0oX x <( hi mn) 


ie 


, 10610 : 
Evaluant (5) , par le moyen des logarithmes ,*on 
100 


ie 


106 1° > 
trouve (& 2) = 1,790849, et par suite 
100 


240 X 1,700849 
0,790849 


Effectuant le reste des calculs par les logarithmes , ou 
directement, on trouve définitivement a = 543 f. 47 c. 
Telle est donc la somme qu'il faut payer annuellement 
pendant 10 ans. 

IT. Exrmpze. On demande quelle somme il faut pré- 
ter pour obtenir une annuité de 500 fr. pendant 12 ans, 


l'intérêt étant à 4 pour 100. 
Ici nous avons : a — 00, m— 12, etr = —— 


La formule (1) donne 


I 12 
5oo 14 —) —:1 
25 
LE I 12 I 
1H— ) — 
Pas 25 


Calculant la valeur de (: +) ou de (&)’, on la 


trouve égale à 1.60103, et l’on a 
K 4 a 

25 K 500 X 0,60103 

De eo NOR es 
1,00103 

Ainsi, l'intérêt étant à 4 pour 100, il faudrait prêter 
4692 f. 53 c. pour recevoir pendant 10 ans une annuité 
de 500 francs. 


AN 


Les calculs qu'exigent les questions relatives aux an- 
nuités étant embarrassans pour les personnes auxquelles 
l'usage des logarithmes n’est pas familier, nous avons 
cru devoir joindre ici une table qui rend leur emploi 
inutile. Cette table contient les sommes qu’il faut prè- 
ter pour recevoir une annuité de un franc pendant un 
nombre d'années dépuis 1 jusqu’à 60, et pour des inté- 
rêts depuis 3 pour 100 jusqu’à 6 pour 100. I suffit d’une 
seule multiplication ou d’une seule division pour réali- 
ser les opérations qui sont indiquées dans les formules 
(1) et(2). Par exemple, pour trouver la somme qu’il 
faut prêter pour obtenir une aunuité de 500 francs, 
pendant 12 ans, à 4 pour 100 d'intérêt, il ne faut que 
chercher le nombre qui, dans la colonne 4 pour 100, 
répond au nombre 12 de la colonne des années, et le 
multiplier par 5oo. Ce nombre est 0,385074, et son 
produit par 500, est 4692 fr. 53 c.; comme nous l'avons 
trouvé dans le second exemple. S'il s'agissait, au con- 
traire , de déterminer quelle est la somme qu'il fau- 
drait payer annuellement pendant dix ans pour rem- 
bourser un emprunt de 4000 à 6 pour 100, on cherche- 
rait, dans la table , le nombre de la colonne 6 pour 100 
qui correspond au nombre 10 de la tolonne des années, 
et l’on diviserait la somme proposée par ce nombre. Il 
est ici égal à 7,360087, et le quotient est 543 fr. 47 c. 
C’est le même résultat que celui du premier exemple. 

Cette table est construite à l’aide de la formule (1), 
en y faisant successivement, pour un même taux d’in- 
térêt, 
égal à 1. 

On peut encore se proposer sur les annuités deux 
problèmes différens des précédens, savoir : 1° Détermi- 


Mm—=1, n=2, m—3, etc, «a étant toujours 


ner le nombre d'années nécessaires pour éteindre une 
dette, lorsque cette dette, l'intérêt et l’annuité sont 
connus ; et 2°, déterminer le taux de l'intérêt, lorsque le 
nombre d'années , l’annuité et la dette sont connus. 

Dans le premier cas, dégageant (1 + r}" de la for- 
mule fondamentale (a), on obtient 


Gr = 


expression dont on ne peut tirer la valeur de 77 qu en 
ayant recours aux logarithmes. Prenant donc les loga- 
rithmes des deux membres de cette égalité, il vient 
mlog (1+r) =loga— log(a— Ar). 
D'où 
loga— log (a — Ar) 
TT  JogG+r) ‘ 


Nous allons montrer l'usage de cette dernière for 


m = 


mule en l’appliquant à un exemple. 


TI. Exemrze. On demande le nombre d’années pen- 
dant lequel il faudra payer une annuité de 500 fr. pour 


ANNEES. 


3 pour 100. 


0,970874 
1,913470 
2,828611 
3,716098 
4579708 
5,419191 
6,230283 
7019692 
7,786109 
8,530203 


9,252624 
9954004 
10,634055 
11,296073 
11,937935 


12,561102 
13,166118 
13,753513 
14,323709 
14877475 


15,415024 
15,936091n 
16,1436c8 
16,935542 
17,413148 


17,876842 
18,325031 
18,764108 
19,188455 
19,600441 


20,000428 
20,388965 
20,765792 
21,131837 
21,487220 


21,832252 
22,167235 
22,492462 
22,808215 
23,114772 


23,412400 
23,:01359 
23,981g02 
24,254274 
24,518713 


24775449 
25,024708 
25,266707 
25,501657 
23,729764 


25,951227 
26,166240 
26,374990 
26,577660 
26,774428 
26,965464 
27,150936 
2753331005 
27,50583t 


27075564 


32 Pour 100. 


4,515052 


5,328553 
6,114544 
6,873956 
7605687 
8,316605 


9,001551 
9:663334 
10,302738 
10,920520 
11,919411 


12,094117 
12,651321 
13,189682 
13,709837 
14,212403 
14697974 
15,167125 
15,602410 
16,058368 
16,481515 


16,89035a 
17,285364 
17,667019 
18,035767 
18,392045 


18,736276 
19,068865 
19,390208 
19,700684 
20,00066£ 


20,290494 
20,570525 
20,841087 
21,102500 
21,355072 


21,599104 
21,834882 
22,062689 
22,282791 
22,495450 


22,700918 
22,899438 
23,091244 
23,256564 
23,455618 


23,628616 
23,795765 
23,957260 
24,113295 
24,264053 
24,4097 13 
24550448 
24,086423 
24,817800 
24,944734 


TABLEAU 
DE LA VALEUR DES SOMMES PRODUISANT UNE ANNUITÉ D'UN FRANC, 


Pendant un nombre d'années compris entre 1 et 60, et pour des intérêts depuis 3 jusqu’à 6 pour 100. 


4 POUR 100. 


0,961538 
1,886095 
2,775097 
3,629895 
4451822 


5,242137 
6,002055 
6,732945 
75435332 
8,110896 


8,760477 
9385074 
9985648 
10,563123 
11,118387 


11,652296 
12,165669 
12,659297 
13,133839 
13,590326 


14,029160 
14,451115 
14,856842 
15,246963 
15,622080 


15,932569 
16,329580 
16,663063 
16,983715 
17,292033 


17,588494 
17,893551 
18,146674 
18,411198 
18,66461:13 


18,908282 
19,:42579 
19,367864 
19,584485 
19792774 


19,995052 
20,185627 
20,370795 
20,54884r 
20,720040 


20,884652 
21,042936 
21,195131 
21,341472 
21,482185 


21,617485 
21,747582 
21,872675 
21992957 
22,108612 


22,219819 
22,326549 
22,429367 
22,528430 
22,62 3490 


8 


43 POUR 100. 


0,956938 
1,872668 
2,748964 
3,587526 
4389977 
5,159872 
5,892701 
6,595886 
7:268790 
75912718 
8,528917 
9,118581 
9,682852 
10,222825 
10,739546 
11234015 
11,707191 
12,159992 
12,503294 
13,005936 


13,404724 
13,784425 
1414797975 
14,495478 
14,528209 


15,146611 
15,451303 
15,742874 
16,021889 
16,288889 


16,544391 
16,78889x 
17,022862 
17,246758 
17,461012 


17,666040 
17,862240 
18,049990 
18,229656 
18,401584 


18,566109 
18,3923550 
18,874210 
19,018383 
19,126343 


19,288377r 
19414709 
10,935607 
19,651298 
19,762008 


19,865950 
19969330 
20,066343% 
20,159181 
20,248021t 


20,492236 
20,566953 
20,63802a 


5 POUR 100, 


ne | | nn mme 


2,723248 
3,543950 
4329477 
5,075602 
5,786373 
6,463213 
7,107822 
9721735 


8,306414 
8,863252 
9:393573 
9,898641 
10,379658 


10,837770 
11,274066 
11,689587 
12,085321r 
12,462210 


12,821153 
13,163003 
13,488574 
13,793642 
14,093945 


14,395185 
14,6/43034 
14,898127 
15,141074 
15,392451 


15,592810 
15,802677 
16,002549 
16,192904 
16,374194 


16,546852 
16,711287 
16,867893 
17,017041 
17,159086 


17,204368 
17,423208 
17,915912 
17,662573 
1737794070 
17,880066 
17,981016 
18,079158 
18,168722 
18,255925 


18,338997 
18,418073 
18,493405 
18,165146 
18,633472 
18,698545 
18,760519 
13,819542 
18,855754 


18,929290 


5 L pour 100. 


0,947867 
1,8463r9 
2697971 
3,505149 
4,270286 


4:995529 
5,682969 
6,334567 
6,952198 
7537627 


8,092539 
8,618699 
9117075 
9589649 
10,037582 
10,462162 
10,86 ,606 
11,240054 
11,605653 
11,950359 


12,270244 
12,583168 
12,855046 
15,151700 
13,413930 


13,662493 
13,898103 
14,121418 
14,333098 
14,533746 


14,723926 
14,904200 
15,035072 
15,237034 
15,390550 


15,636063 
15,664256 
15,804726 
15,928660 
16,046126 
16,157462 
16,263000 
16,363033 
16,457844 


16,547724 


16,632910 
16,713664 
16,790187 
16,802749 
16,931517 


16,99670t 
17,058485 
17:117045 
17,172553 
19,225191 
17:27504 ; 
17,322323 
17,367127 
15,41 9602 


17:449356 


6 Pour 100. 


0,943306 
1,833393 
2,673012 
3,465106 


4,212364 


4917324 

5,58238r 

6,209794 

6,801692 

7:360087 

7886835 

8,383844 

8,852683 
9:294984 
9:712249 
10,105805 
10,477260 
10,827603 
11,158116 
11,469921 
11,764073 
12,041582 
12,303359 
12,550358 
12,783356 
13,003166 
13,210534 
13,406164 
13,590321 
13,76483r 
13,929086 
14,084043 
14,230230 
14368141 
14498246 
14,620986 
14,7 36:80 
14,846019 
14949075 


19,040297 


24370 
5* 59028 


1 
1 

15,650027 
15,707572 
15,761861x 
15,813076 
15,861303 
15,906974 
15,949976 
15,990543 
16,028814 
16,064919 
16,0989$0 
106,131113 
16,161428 


RER D eme 


7 


88 AN 


éteindre une dette de 4692 fr. 53 c., l'intérêt étant à 


4 pour 100. 
1 


Nous avons a = 500, A 4692,53, r = —— = —, 
100 25 
26 
et 1 T= —. 
1 25 


On trouve, en évaluant, a— Ar —312,2988. Cher- 
chant donc, dans les tables, les logarithmes de ces nom- 
bres , on a 
2,6989700 — 2,4945703 
14149733 —1,3979400 


m = 


Le tableau peut aussi servir pour résoudre les ques- 
tions de ce genre avec beaucoup de facilité. En effet, 
divisant 4692,53 par oo, on trouve le nombre 9,38506, 
qui est la somme correspondante à un franc d’an- 
nuité : les autres conditions du problème étant les 
mêmes. Cherchant donc dans la colonne 4 pour 100 
le nombre qui approche le plus de 9,38506, on trouve 
9,382074, qu'on peut considérer comme lui étant en- 
tièrement égal : le nombre 12, placé en face, dans la 
colonne des années, est donc le nombre d'années 
cherché. 

Le second cas qui nous reste à examiner est un des 
plus compliqués de la science des nombres; car il con- 
duit à une équation d’un degré infini dont on ne peut 
exprimer l’inconnue que par une série également infi- 
nie. Les calculs sont alors d'autant plus pénibles que la 
série est moins convergente. 

Reprenons la formule (a), et donnons-lui la forme 


A MT 
= =;[: —(1+7r) | 
Développons ensuite le binôme (1 + r)-" (Voy. Br- 
NÔmME), et faisons 
2 [am— A] 
am (m +1) 


= 9) 


nous aurons 


! [2] =: 
een) no. PÈRE 
Dent DCE D n + etc . 


Enfin, dégageant r de cette série (Foy. Retour pes 
suiTes), nous obtiendrons (b) 


r=g+ Ut, .+@T er CRIE 
+ PENSE SEE 44 ete. 


Dans le plus grand nombre des cas, cette série est 
peu convergente ; et, pour obtenir une approximation 
suffisante, il est essentiel de caiculer dix à douze termes, 
ce qui devient très-long et très-pénible, par l'extrême 
complication des coefficiens qui suivent celui du qua- 


trième terme. Il est alors plus simple de calculer seule- 


AN 


ment les quatre premiers termes, et de se servir ensuite 
de la règle de fausse position; car, à l'aide de cette rè 
gle, il est facile de pousser l’approximation aussi loin 
qu'on peut le désirer. Voy. Fausse PosITION. 

Pour donner une application de la formule (b), nous 
nous servirons des mêmes données que dans l'exemple . 
précédent; c'est-à-dire, nous supposerons qu’étant con- 
venu de rembourser 4692 fr. 53 c. par 12 annuités de 
500 fr. , on ne connaisse pas le taux de l'intérêt, et qu'il 
s'agisse de le déterminer. 


Nous aurons alors 


2? 2 [am — A] 
am (m — he 


Faisant »: — 12 dans les coefficiens de (b), on trouve 


( 
_ 130747 | 


2[500 X 12—4692,53] 
” 3900000 


500 X 12 X 13 


130747 14 130747 Ÿ+ 
7 3900000 | 3 * \3900000 
469 130747 21035 130747 \‘ 
us 18 ‘ 3900000 135 a RS 


Exécutant les calculs indiqués , on obtient 


0,033524.. 
0,038769... 
NAT 5 
0,039948.. 


Premier terme 
Somme des deux premiers — 


Somme des trois premiers 
Somme des quatre premiers 


En examinant la marche de ces quantités, on voit 
qu’elles approchent de plus en plus de 0,04, qui est en 
effet la véritable valeur de r. 

Si nous transformons la série (b) en fraction continue 
(Foy. FRACTION CONTINUE), nous trouverons l'expres- 


sion 


1— Ctc. 


Les premiers termes de cette fraction sont très-sim- 
ples; et il suffit d'en employer trois pour obtenir un 
degré d'approximation bien supérieur à celui que 
donne la somme des quatre premiers termes de la sé- 
rie (b). Pour faire usage de cette formule, nous y fe- 
rons 
__ 130747 


TL —= 12 
? 3900000 


, 


et nous aurons , conséquemment, 


M—I IT 


12 12 


37 30 
Réalisant ensuite les opérations, nous trouverons 


0,033524 


D Le 
0,0309742 


Pour la première fraction intégrante. . 
Pour les deux premières. . . . 
Pour les trois premières. . . . . . . . ns 


AN 
La dernière valeur ne diffère de la véritable, 4 
1 


que de deux millionièmes. 

La table des annuités peut encore abréger tous ces 
calculs, lorsqu'ils se rapportent à des questions compri- 
ses entre ses limites; car, après avoir divisé 4692 f. 53 c. 
par 500 , afin de connaître la somme correspondante à 
1 franc d’annuité, 1l suffit de chercher dans la colonne 
horizontale de chiffres placée devant 12 années le nom- 
bre qui approche le plus du quotient trouvé. Ce nom- 
bre étant ici 9,385074 , de la colonne 4 pour 100, nous 
voyons immédiatement que le taux demandé est _ 
Si le quotient ne se trouvait pas exactement, c'est que 
le taux serait compris entre ceux des deux colonnes 
dont les nombres seraient immédiatement au-dessous et 
au-dessus de ce quotient. Prenant alors la différence de 
ces nombres, ainsi que la différence du plus petit et du 
quotient, on pourrait, à l’aide d’une règle de trois, cal- 
culer la différence du plus petit taux avec le taux cher- 
ché, car on a en effet, à peu près, la proportion : La 
différence des nombres est à la différence du plus petit 
et du quotient comme la différence des taux est à la 
différence du plus petit taux et du taux cherché. En se 
bornant aux millièmes, ce qui suffit dans le plus grand 
nombre des cas, tous les chiffres seront exacts. 

I! résulte de la formule (a) plusieurs autres particula- 
rités dont il sera fait mention aux articles InrsrÈr et 
ASSURANCE. 

ANNULAIRE, Éccipse ANNULAIRE (Astr.). On a 
donné cette dénomination à une éclipse de soleil qui a 
lieu lorsque le disque de cet astre et celui de la lune se 
trouvent concentriques, et que cependant le diamètre 
apparent de la lune est moindre que celui du soleil. 
Dans cette circonstance, le centre de cette planète est 
seul éclipsé; sa lumière déborde autour du cercle obs- 
cur occupé par la lune, et forme pendant quelques mi- 
nutes un mince anneau lumineux. Ce phénomène sin- 
gulier ne se reproduit qu’à de rares intervalles. Voyez 
Écrrpse. 

ANOMALIE (de & privatif, et de opunos, régulier). 
Distance angulaire d’une planète au sommet de l’axe de 
son orbite où au point de son aphélie. On a donné le 
nom d'anomalie à cette distance parce qu’elle déter- 
mine l'inégalité du mouvement de la planète, et qu’elle 
sert à Ja calculer dans les divers lieux de sa marche, 
Elle est mesurée par l'angle formé entre le rayon vec- 
teur et la ligne des apsides , en partant de l'apogée pour 
la lune et le soleil, et en partant de l’aphélie pour les 

autres planètes. On distingue trois sortes d'anomalies : 
moyenne, excentrique , et vraie. 

L'anomaLiE moyenne était, dans l’astronomie des an- 
ciens, la distance supposée uniforme de la planète au 


AK 8g 


point de l'apogée. Cette distance était alors proportion 
nelle au temps du mouvement; c’est-à-dire que, pour 
une planète qui décrirait en six mois la moitié de son 
orbite, ou qui parcourrait uniformément en six mois 
les 180 degrés de ce demi-orbite , en allant de l'apogée 
au périgée, l'anomalie serait de 30 degrés à la fin du 
premier mois, de 60 degrés à la fin du second mois, de 
90 degrés à la fin du troisième, etc. 

Mais, en réalité, une planète décrivant autour du s0- 
leil une ellipse dont il occupe l’un des foyers, et les 
arcs elliptiques n'étant pas proportionnels aux temps 
pendant lesquels ils ont été parcourus, l’astronomie mo- 
derne donne le nom d’anomalie moyenne au temps seul 
du mouvement. Ainsi, deux heures après le passage 
d'une planète à son aphélie, l'anomalie est de 2h; 
3 heures après, elle est de 3" , et ainsi de suite. 

Soit S Le foyer de l'orbite occupé par le soleil, AMDP 
la moitié de l'orbite, A l’aphélie, P le périhélie, et M 
le lieu d'une planète , l’anomalie moyenne sera le temps 
que la planète aura mis pour parvenir de A en M. 

Or, d’après les lois de Képler , l’aire elliptique ASM 
est proportionnelle au temps du mouvement selon AM 
(Poy. Ares proportionnelles au temps). Cette aire 
peut donc aussi représenter l'anomalie moyenne. De 
plus, si l’on imagine un demi-cercle AKP décrit sur 
l'axe AP , et que l’on mène par le lieu M de la planète 
une perpendiculaire MR à l’axe, cette perpendiculaire 
déterminera un point N, duquel menant la ligne NS 
on formera un espace mixtiligne ANS, toujours pro- 
portionnel au secteur elliptique AMS par une propriété 
connue de l’ellipse (Foy. Errrrse). A l’aide de cet es- 
pace, l’anomalie moyenne pourra être exprimée en de- 
grés du cercle; ce qui est essentiel pour la faire entrer 
dans les calculs astronomiques, ces calculs ne s’exécutant 
que par le moyen des degrés circulaires. 

En effet, si du point S on 
abaisse la perpendiculaire ST 
sur le rayon NC prolongé, etque 
l'on prenne ensuite l'arc NX 
égal à ST, l'arc de cercle ANX 
sera l’anomalie moyenne ; car 
le secteur circulaire CXN est 
égal autrianglerectiligne CNS : 
la surface du premier étant 
IXN X NC, et celle du se- 
cond :ST X NC. Donc l’es- 
pace mixtiligne ANS est égal 


au secteur circulaire AXC ; et ce secteur, et conséquem- 
ment son arc ANX , peuvent servir à mesurer le secteur 
elliptique AMS oul’anomalie moyenne, puisqu'il y aura 
toujours le même rapport entre le nombre de degrés 
de l'arc ANX et 360° qu'entre le secteur elliptique AMS 
et la surface entière de l’ellipse. On peut donc considé- 


LE] 


90 AN 


rer l'arc ANX comme l’espace que parcourrait unifor- 
mément la planète sur la circonférence ANP, pendant le 
temps qu’elle décrit réellement larc elliptique AM sur 
son orbite. 

L’anomaLie excentrique où du centre est l'arc AN du 
cercle, intercepté entre Paphélie et le sommet N de la 
perpendiculaire NR. Elle sert à trouver l'anomalie vraie. 

L’avomarte vraie est l'angle ASM formé par le rayon 
vecteur SM et l’axe AP. 

Le problème de calculer l'anomalie vraie par le 
moyen de l’anomalie moyenne, ou de déterminer 
l'angle ASM à l'aide du secteur elliptique qui forme cet 
angle , est un des plus importans de l'astronomie, puis- 
qu'il renferme le moyen de déterminer le vrai lieu 
d’une planète pour un temps donné. On le nomme 
Prorrème pe Képrer. Il fut en effet posé par ce grand 
astronome, qui en a donné une solution approximative 
dans son bel ouvrage de Stella martis. Waillis et New- 
ton l’ont résolu par le moyen de Ja cycloïde alongée; 
mais leurs solutions ne sont poiat en usage dans la pra- 
tique. Plusieurs mathématiciens, tels que La Hire, 
Keil, Cassini, Herman, Machin, Sinpson, Lalande, 
Cagnoli, etc., l'ont envisagé de diverses manières 
(Voy. Mémoires de l'Académie des Sciences, 1710, 
1719; Transactions philosophiques, 1507, 
moires de Pctersbourg, t. 1; Trigonometrie de Cagnoli; 


de 
1713; Me- 


Astronomie de Lalande). Mais toutes leurs solutions ne 
reposent que sur des moyens plus ou moivus indirects. 
Bossut, Prix de l'Académie, 1506, et Klugel, 4stro- 
misches yahr-bach, 1789, ont traité directement le 
problème de Képler, dont nous possédons encore une 
solution complète donnée par Lagrange dans les Aem. 
de l Académie de Berlin, 1769, comme application de 
sa belle formule de développement en série d'une fonc- 
tion quelconque Fx, d’une variable x engagée dans une 
équation (x—a) + xx; ou gx est aussi une fonction 
quelconque de x. ( Foyez DéyrLorpemEnr.) 

Désignons par a le demi-grand axe AC de l’ellipse, 
par e l’excentricité CS, par u l'anomalie vraie ou laugle 
ASM, par x l’anomalie excentrique ou l'arc AN, et par 
z l’anomalie moyenne ou l'arc ANX, 

On à, dans les triangles rectangles MRS et NCR 
(ris, 


Ut Of 
CRT SR SM 
tang Lx — L EN 
MAR TT 


De ces deux égalités on tire (72) 
tangzu RM CR + a 
Em RN SR EISM 
Mais , d’après les propriétés de l’ellipse , on a 
RM. CD Le a+ e 
+= = — SI SN PR: ——— 
EN RE HSM = PR os 


AN 
et de plus 
PR — CR + a. 
Substituant ces valeurs dans l'égalité (m), elle devient 
ungiu _CD _(CR+d.a _ CD 
tangix a (CR+a)(a+e) a+e 
Or, CD, étant le demi petit axe de l’ellipse, est égal 


à V/æ —e; donc on a définitivement (u) 


ta 1 t LT fes 
nglu—=tang Lx. ER 
gi gi à 


Cette formule, qu'on doit à Lacaille, fait connaître 
Panomalie vraie par l’anomalie excentrique. Pour obte- 
unir cette dernière, reprenons l'égalité surf ACX — 
surf ASN , ou plutôt 

surf ACX = surf ACN + surf CNS ; 
c’est-à-dire 
Laz = ax +leX NR. 
NR étant le sinus de l’angle ACN ou de l’arc AN, cette 
dernière égalité , en la multipliant par 2, se réduit à 


az = ax + esin x, 


équation transcendante dont on ne peut tirer la valeur 
de x que par approximation ou par des séries infinies. 

Cette expression, trouvée par Képler, est ce qui lui 
avait fait croire que le problème était insoluble, et 
qu'on ne pouvait arriver que par tâtonnement à des va- 
leurs approchées de x, Le moven direct d’obtemr x est 
de substituer dans cette équation , à Ja place de sin æ, la 
série qui donne la valeur du sinus au moyen de l'arc; 
car on a alors 


et ——— #5 ns «| 
x.2.3:405 12340107 

dont on peut tirer la valeur de æ, exprimée en z, par 
la méthode du Retour des surtes. 

L'anomalie excentrique étant connue, la formule (x) 
donne sans difficulté l’anomalie vraie. 

ANOMALISTIQUE (Æ5tr.). La révoiution anomalis- 
tique d’une planète est le temps pendant lequel elle par- 
court son orbite, en partant d’un point quelconque de 
cet orbite jusqu’à son retour au même point. Cette ré- 
volution ne différerait pas de Îa révolution sidérale ou 
du retour à la mème étoile, si les orbites des planètes 
étaient fixes ; mais l'aphélie ou le grand axe de l’orbite 
ayant un mouvement propre, selon l’ordre des signes, 
il faut plus de temps à la planète pour revenir à son 
aphélie qui s'est avancé pendant ja durée de la révolu- 
tion que pour revenir à la même étoile. Ce mouvement 
de l'aphélie étant pour la terre de 50" par année, l’an- 
née anomalistique est plus longue que l’annéesidérale de 
4!.47".33. Foy. Axxée ct Précessiow. 

ANSE pe paxier (4rch.). Courbe formée par la ren- 
contre de plusieurs arcs de cercle, et que, dans l’archi- 
tecture, on substitue à l’ellipse pour former les cintres 


des voûtes, 


AN 
Le nombre des ares qui composent ces courbes est 
toujours impair, et d'autant plus grand que la voûte 
doit être plus surbaissée. Ce que nous allons dire pour 
les anses de panier à trois et cinq arcs, ou, comme on 
les nomme, à trois et cinq centres, pourra s'appliquer 
facilement à tous les autres cas. Celui de trois centres 

est du reste le plus employé. 


Soit la droite AB , sur laquelle il s’agit de dé- 
crire une anse de panier; et soit DC la hauteur de la 
voûte , ou sa montée. Supposons que la courbe soit tra- 
cée; c’est-à-dire que des centres K et M, et avec les 
rayons égaux AK et BM, on ait décrit les arcs AF et 
BH, et que du centre E on ait également décrit le troi- 
sième arc FDH. Pour que la courbe soit régulière, et 
que les arcs se touchent seulement aux points de rencon- 
tre F et H, il faut qu'en menant de ces points les 
droites FK et HM, ces droites prolongées se rencon- 
trent au centre E. 

Nommons n la demi-base AC, 4 la montée DC, x le 
rayon KF ou HM, et y le rayon DE. 

Nous aurons CK=—n—x, CE—7y—}h,EK—EF 
—KF=7y— x; et de plus EF — EH, KF = KA — 
MH — MB, d’après la nature de la courbe. 

Le triangle rectangle KCE donne ( Foy. RecrANGLE) 


(Y—x}=(n— x} +(y—h}; 
égalité dont on tire, en développant les puissances, (41) 
ne + oxy — onx — 0hy = 0. 
Telle est l'équation de condition entre les quantités 
données et les rayons x et y. 


Or, pour que la courbure des arcs soit la moins iné- 
gale, où pour que anse de panier ait la forine la plus 
elliptique il faut que la différence y —x des rayons 
soit dans le plus petit rapport possible avec chacun de 
ces rayons. Les rapports 


LE 
dr 
doivent donc être des minima. 
Différenciant ces rapports (Foy. Minima ), ils don- 
nent l’un et l’autre. 
xdy — ydx = 0. 


Substituant dans cette équation la valeur de y, tirée 
de l’équation (#2), elle devient 


AN à 
— ondx (ht?) — dr (h—5æ). (re hreix) — 0. 


, » pois S 
Divisant par dx, et résolvant par rapport à x, ôn ob- 
tient 


x CHR ER). vVr+k 


211 


Enfin, substituant cette valeur de æ dans l'équation 


(2), et résolvant par rapport à y, on trouve 


LR CRD Ve +2 
PSE oh 


DE 


Le double signe H nous apprend que ces valeurs 
0 
peuvent se construire de deux manières; mais nous pren- 
drons seulement les sigues inférieurs, parce que dans le 
0 


cas qui nous occupe y doit être plus grand que x. 


Construction. Menons par les points À et D la droite 
AD, et prenons CX — CD; portons AX de Den T;et, 
sur le milieu Z de AT élevens 1 perpendiculaire ZK., 
prolongée jusqu'a sa rencontre avec DC prolongé. Les 
points K et E, où cette perpendiculaire rencontrera la 
base AB et le prolongemiert de la montée DC seront les 
centres cherchés. I ne faut plus que prendre BM égale 


à AK pour avoir le troisième centre. 


En effet, nous avons par construction 
AD=Y rm + k, 
AT—AD—AX— VV +ir—{ñ—h), 


47 —(n his VA + he 


» 


Mais les triangles semblables ACD et AZK donnent 
AG : AD :: AZ : AK. 


Donc 


Re + li te De LAN LS 


on 
Les trianoles semblables ACD et ECK donnent aussi 
CD : AG :::-CK : CE. 

D'où l'on tire 


7 + (n — h)\/r2 & 


: ol re 


CE — 


et enfin 


ED — mL + = BV +R . 


à cause dé ED — PC + CE = ñ + CE: - 


} 


Si l'on voulait détérminer par le caleul lès rayons 
AK, ED, ainsi que les angles AKF, FEH, il faudrait 
simplement substituer dans les valeurs de.ces rayons la 
grandeur numérique de a et de D ,;.et employer ensuite 
les formules trigonométriques qui servent à trouver les 


angles d'un wiangle par Le moyen des côtés. 


92 AN 


Nous allons considérer actuellement l'anse de panier 
(à cinq centres. 


Le] 


Soient AB la base, DC la montée, AS — TB le rayon 
des arcs égaux AF et IB, FK —IL le rayon des arcs 
égaux FG et HL, et enfin DO le rayon de l’arc moyen 
GDH. La figure ci-dessus montre suffisamment Jes po- 
sitions respectives que ces rayons doivent avoir entre 
eux pour que la courbure soit uniforme; nous croyons 
donc inutile d’entrer dans de plus longs détails. 


Il est facile de voir que si la base et la montée étaient 
seules données , le problème pourrait admettre une in- 
finité de solutions ; mais ordinairement, dans la prati- 
que, on suppose connu le rayon AS des arcs extrêmes , 
et l’on prend en outre l'angle ASF de 60° et les angles 
FKG et GOD chacun de 15°. Menons la perpendicu- 
laire KN , et faisons 


AC=a,CD—AhA, AS—n, KF=x, et OD—7y; 
nous aurons 
KS—x—n,KN—KS.sin 60° —(æ—n) sin 60°, 
SN =KS. cos 60° — (x—n) cos 6o°, 
CN = KZ—a—n— {(x—n) cos 60°, 
OZ —OC—CZ —OC —KN = y—}h—(x—n)sin 60°, 
et enfin 
OK — OG—KG—y— x. 
Cela posé, le triangle rectangle OZK donne 
OK’ OZ’ + KZ’, 
ou (p) 
Ga) = (ah (2) 4 (y hi (an) 3)" 
| V3 


en substituant à la place de sin 60° sa valeur et à 


la place de cos 60° sa valeur +. 
Telle est l'équation de condition entre les quantités 
données a, h, n et les deux rayons x et y. Si l’on vou- 


lait déterminer ces rayons par la condition que la cour- 
bure soit la plus uniforme possible, il faudrait prendre 


AN 


: —x ne 
comme ci-dessus le rapport © pour un 7ninimum ; 
l 


Es 
ce qui donnerait l'équation xdy — ydx — 0, dans la- 
quelle on mettrait les valeurs de y et de dy, tirées de 
l'équation (p); et on continuerait en suivant la même 
marche que pour le cas des trois centres. 

La somme de tous les arcs qui forment une anse de 
panier doit toujours être égale à une demi-circonfé- 
rence ou à 180°. 

ANSES (Astr.). C’est le nom donné par Galilée aux 
parties sensiblement éminentes de l’Anneau de Sa- 
turne, qui ont en cffet, dans certains cas, l'apparence 
de deux anses attachées à cette planète. Voyez ANNEAU 
DE SATURNE. 

ANTARCTIQUE( Astr.). Antarcticus (d’&vri, contre, 
opposé, et &p#ros, Ourse, opposé à la Grande-Ourse ). 
C’est le nom donné à l'extrémité méridionale de l'axe 
de la terre, l’un des deux pôles autour desquels s'opère 
le mouvement de rotation de ce globe. 

On nomme cercle antarctique ou cercle polaire an- 
arctique, VYun des petits cercles de la sphère, qui est 
parallèle à l'équateur, et éloigné du pôle méridional 
de 23° 25" par opposition à un autre cercle qui est à la 
même distance du pôle septentrional et qu’on désigne 
sous le nom de cercle arctique polaire. Voyez Arcri- 
QUE, Quese, PôLe et Zoe. 

ANTARES (Astr.). Du grec A’yrépns, nom d’une 
étoile de la première grandeur, située dans la cons- 
tellation du Scorpion. 

ANTÉCANIS. J’oyez Procton. 


ANTÉCÉDENT ( 4{g.). On donne ce nom au pre- 
saier des deux termes qui composent un rapport. Ainsi 
dans le rapport M: N, M est en général l’antécédent. 
Voyez Prororriow. 

ANTECEDENTIA ou PRECEDENTIA, termes d’as- 
tronomie. Lorsqu'une planète paraît aller vers l'occident 
contre l’ordre des signes, comme de la Vierge dans le 
Lion, on dit en astronomie qu’elle se meut en antece- 
dentia où precedentia. On dit au contraire qu’elle se 
meut in consequentia lorsqu'elle suit l’ordre des signes 
et va vers lorient, comme du Sagittaire au Capricorne. 

ANTHEÉMIUS, de Tralles, né durant le VI° siècle, 
se rendit célèbre sous le règne de Justinien, par la 
supériorité avec laquelle il fit l'application des mathé- 
matiques à l'architecture, à la mécanique et à l'optique. 
11 fut l'ami d'Eutocius, le savant commentateur d’Ar- 
chimède et d’Apollonius de Perge, et fit le plus grand 
honneur à l’école platonicienne de Proclus, dont il a été 
le disciple. On sait que cette école, établie à Athènes 
vers le milieu du V° siècle, hérita durant une assez 
longue période, de toute la gloire que les sciences ma- 
thématiques avaient méritée à l’école d’Alexanärie. 

La renommée gu’Anthémius s'était acquise dès sa 


AN 


jeunesse, le fit choisir par l'empereur Justinien pour 
diriger, de concert avec Isidore, la construction de la 
basilique de Sainte-Sophie, chef-d'œuvre de l'art, 
qu’il acheva seul après la mort de ce grand architecte. 
C'est à lui qu'on attribue, avec raison, l'invention 
des dômes , couronnement qui termine avec autant de 
hardiesse que de majesté les monumens de ce genre. 


Nous ne connaissons malheureusement les travaux 
d’Anthémius dans la mécanique et l’optique que par les 
fragmens de son ouvrage : zepi ræpadobuy pnyævnmara, 
de Machinis paradoxis, etc., dont Dupuy, de l’Aca- 
démie des inscriptions, a publié la traduction. Dans 
cet écrit, dont l'analyse nous conduirait trop loin, 
Anthémius résout plusieurs problèmes ingénieux d’op- 
tique, entre autres celui d'exécuter ce qu’on raconte 
d’Archimède brülant les vaisseaux romains avec des 
miroirs. Voyez Mémoires de l'Académie des inscrip- 


tions, tome xL11. 


ANTI LOGARITHME (4/g.). Nom donné par quel- 
ques auteurs au complément arithmétique du logarithme 
d’un sinus, d’une tangente ou d’une sécante, c’est-à- 
dire à la différence entre ce logarithme et celui du 
rayon. 

ANTICHTONES ( Astr. ). ( D'évri, contre, opposé, 
etde xfav, la terre. Peuples qui habitent dans les hémi- 
sphères opposés de la terre, mais à des latitudes égales : 
ainsi de deux peuples antichtones, V'un a l'été tandis que 
l’autre a l'hiver, Foyez ANTIPODES. 

ANTINOUS (Astr.). Constellation boréale vague- 
ment indiquée par Ptolémée comme une des étoiles qui 
avoisinent l’Aigle, mais qu'Hévélius ajoute la première 
au catalogue donné par cet ancien astronome, et place au- 
dessous de cette constellation. On ignore si ce noma été 
donné au groupe d'étoiles qui le portent, par les astro- 
nomes du temps d’Adrien, dont la douleur pour la 
perte de son favori se manifesta par d'inexcusables folies, 
ou si l’Antinous céleste est le même que Ganymède. Les 
étoiles %; 41 #), de la constellation de l’Aigle, sont repré- 
sentées dans nos cartes du ciel, comme placées sur la 
figure d’Antinoüs, et indiquent la position qu’occupe 
cette constellation, en l’admettant comme telle, 

ANTIPODES (Astr. — Geogr. — Math.) D'art, 
contre, opposé, et de æës, modes, pied. Points diamé- 
tralement opposés du globe terrestre. Cette expression 
ne s'applique vulgairement qu'aux êtres qui habitent 
des contrées placées dans cette situation : la science a dû 
l'entendre d’une manière plus précise, et dans le sens de 
la définition que nous venons de donner. Les pays qui 
sont sur des parallèles à l’équateur, à un égal éloigne- 
ment de ce cercle, les uns au midi, les autres au nord, 
enfin qui ont le même méridien , et qui sont sous ce mé- 
ridien à la distance les uns les autres de 182°, c’est-à- 


AP 93 
dire de la moitié de ce méridien, sont antipodes les 
uns aux autres, et leurs habitans marchant dans un sens 
contraire, ont effectivement les pieds diamétralement 
opposés. Les antipodes éprouvent à peu près les mêmes 
degrés de chaleur et de froid, et ont des jours et des nuits 
d’une égale grandeur ; mais ils subissent ces variations de 
température et de durée des jours en des temps opposés. 
Ainsi, quand il est midi pour l’un des antipodes, il est 
minuit pour l’autre ; et lorsque les jours ont atteint leur 
plus grand accroissement pour l’un, ils sont pour 
l’autre au point le plus court de leur durée. 

AOÛT (Astr.). Sextilis, et ensuite ÆAugustus, le 
sixième mois, le mois d’Auguste. Le nom de sextilis 
avait été donné à ce mois, à cause du rang qu’il occupait 
dans l’année de Romulus, qui n’était que de dix mois. Il 
devint le huitième de l’année de Numa, et conserva 
néanmoins son nom primitif jusqu'à l’époque où Au- 
guste lui imposa le sien. 

Pendant le mois d'août ou d’Auguste, le soleil paraît 
parcourir la plus grande partie du signe du Lion, et 
entre vers le 23 au signe de la Vierge. 

APHÉLIE (4str.). (De ame, loin, etde “es , soleil.) 
Point de l'orbite d’une planète où sa distance au soleil 
est la plus grande; c’est l’une des extrémités du grand 
axe de l’ellipse que les planètes décrivent autour de 
cet astre. L'autre extrémité de ce grand axe se nomme 
peérihélie. 

Dans les anciens systèmes d'astronomie, où l'on sup- 
posait la terre immobile au centre de l'univers, l’aphe- 
die devient l'apogée. Foyez Arocée. 

Les aphélies des planètes ne sont point fixes, parce 
que l'attraction mutuelle qu’elles exercent les unes sur les 
autres donne à ces points un mouvement continuel plus 
ou moins grand dans les diverses planètes, et qui se fait 
selon l’ordre des signes. L'exposition des lois de ce mou- 
vement n’est point ici notre objet. ( l’oyez PErTursa- 
rio.) Nous devons d'abord expliquer comment on 
détermine la position de l’aphélie par les observation 
astronomiques. 

Soit donc EBACE l’orbe ellip- 
tique d’une planète, et S le foyer 


D_À 


de cet orbe occupé par le soleil. 
Soit de plus ASP le grand axe, ou 
comme on le nomme, la ligne des 
apsides. À sera le point de l’aphe- 
lie, et P le point du perihelie. Or, 
l'axe partage l’ellipse en deux par- 
ties égales qui sont parcourues en 
temps égaux et avec les mêmes de- 
grés de vitesse, la plus grande vi- 


tesse étant au périhélie et la plus 


petite à l’aphélie. Mais si l’on tire 
par le foyer $ une autre droite DE, elle partagera l’el- 


94 AP 


jipse en deux parties qui ne seront ni égales a1 parcou- 
rues dans un même temps : car la partie DACE sera vi 
lemment décrite dans un temps plus long que la par- 
tie DBPE. Ainsi, choisissant deux observations d'une 
planète, où les longitudes réduites au soleil se twouvent 
diamétralement opposées entre elles, si les temps de ces 
observations sont éloignés entre eux de cekui dune 
demi-révolution de la planète, alors ces observations 
auront été faites dans la ligne même des apsides; si au 
contraire l'intervalle de ces temps diffère de celui de 
la demi-révolution, les positions observées se rappro- 
cheront d'autant plus de laphélie et du périhélie que la 
différence sera plus petite. 

Cette méthode réussit très-bien pour les planètes dont 
les oppositions sont fréquentes; mais pour celles dont 
ces oppositions n’ont lieu qu'à de longs intervalles de 
temps, on est obligé d'employer une autre considération. 
On prend deux observations faites l’une aux environs 
du point À, ét l’autre aux environs du point CO, situé à 
la distance moyenne de la planète au soleil : On à ainsi 
le mouvement vrai ou l'angle ASF; mais, par la durée 
entière de la révolution, on connait le mouvement moyen 
pour un intervalle de témps quelconque. La différence 
du mouvement vrai au mouvement moyen doit être 
d'accord avec l'équation de lorbite calculée, si Pobser- 
vation faite vers À répond exactement à ce point; mais 
sielle ne s’y rapporte pas, il y aura une erreur dans 
l'équation calculée vers le point A , où elle change rapi- 
dément, tandis qu'il n’y en aura presque point vers la 
moyenne distance F, où l’équation, étant à son maximum, 
ne varie que très-peu. Donc le mouvement total, calculé 
de À en F ne sera conforme au mouvement observé que 
quand on aura employé un lieu véritable de l’aphélie A. 
If faudra done changer d'hypothèse jusqu’à ce. que le 
calcul soit conforme à l’observation, et l’on aura alors 
la véritable situation de l’aphélie. 

Lalande a employé, pour déterminer l’aphélie de 
Mercure, une méthode dont nous allons donner uné 
idée 
nète 


: Soit T la position de la terre, et F celle de la pla- 
vers les distances moyennes; la terre verra la pla- 
nète suivant le rayon visuel TF qui touche l'orbite en 
F, et qui marque la plus grande digression STF. Pour 
peu qu'on change la direction de la ligne des apsides, 
le rayon SF change de position et sort de l'angle STF 
du côté du point G, de sorte que l'angle d’élongation 
devient STG, et alors le calcul ne s'accorde pas avec 
l'observation supposée faite dans la ligne TF. Il faut 
donc faire diverses hypothèses jusqu’à ce qu’on ait la vé- 
ritable. Cette méthode fait connaitre l’aphélie à l’aide 
de l’angle d’élongation. 

Il existe d’autres méthodes pour trouver l’aphélie des 
planètes. Delambre paraît en avoir employé une nou- 
velle, dont i] fait l'essai dans son Traité d'astronomie , 


AP 


sur la planète de Mars. M. Bouvard l'avait aussi décou. 
verte de son côté. ( Voyez Delambre, Astronomie, 
chap. xx1, t 11.) Pour le mouvement de l’aphélie 
voyez LÉMENS DES PLANÈTES. 

APIAN ou APIANUS (Pierre ), né à Leipsick en 
1499, astronome et professeur de mathématiques à 
fugolstadt, a composé un grand nombre d’ouvrages 
qui lui acquirent de la célébrité parmi ses contempo- 
rains, ét lui valurent les faveurs de l’empereur Charles- 
Quint. Mais de tous ses écrits, dont la plupart se ressen- 
tent des préjugés du temps où ils furent composés, 
l'Astronomicon cæsareum contient seul une partie qui 
intéresse vivement la science astronomique. Apian y 
consigne les observations qu’il a faites des comètes de 
1531, 1532, 1533, 1538 et 1539. Celle qui eut pour 
objet la comète de 1532 est surtout d’une grande im- 
pôrtaänce, puisqu'elle a servi à calculer le retour pério- 
dique des comètes, et ainsi agrandi la sphère des con- 
naissances astronomiques. Le célèbre Halley, ayant 
déterminé les élémens paraboliques de la comète qui se 
montra en 1682, put conclure de la grande similitude 
des élémens, que cette comète était identique avec celle 
de 1607. Il assignait ainsi à cet astre une révolution de 
74 


l'attraction des planètes pouvait apporter à sa marche. 


à 76 ans, en faisant la part des perturbations que 


L'observation faite par Apian en 1531. et qui remontait 
à 76 ans avant l'apparition de 1607, justifia les conjec- 
tures de Halley, et ne permit pas de douter de la 
périodicité de la comète dont il se hasarda à prédire la 
réapparition pour la fin de 1758 ou le commencement 
de 1959. Clairaut, de l'Académie des sciences, résolüt 
le difficile problème posé par Halley, en déterminant 
avec exactitude la valeur des perturbations que la co- 
mète devait éprouver, eu égard au ralentissément que 
l'attraction des planètes apporterait dans sa marche. Il 
annonça que le passage au périhélie aurait lieu vers le 
milieu d'avril 1759; mais il avertit toutefois que les 
fractions de temps négligées dans ses calculs, faits rapi- 
dement, pourraient s'élever à plus où moins de 30 jours 
sur les 76 ans. La comète passa en effet au périhélie le 
‘19 mars 17950. Il est certain aujourd’hui que la comte 
observée à Ingolstadt, en 1531, par Apian, est celle qui 
avaitapparu précédemment en 1456, et ensuite en 1607, 
1682 et 1759. Le peu d’exactitude des observations anté- 
rieures au X V° siècle ne permet pas de suivre plus loin 
dans le passé la chronologie de ses retours périodiques; 
mais la science est du moins à même d’en déterminer 
la marche future. M. Damoiseau , du bureau des longi- 
tudes, institution qui rend de si grands services à la 
science , a calculé la date du prochain retour de la fa- 
meuse comète de 1759, et l'a fixé au 16 novembre 1835, 

Apian, dont cette digression nous à un moment fait 


perdre de vue les travaux, est aussi célèbre par des 


AP 


observations d’éclipses et une cosmographie qui a été 
long-temps consultée. Il mourut en 1552 à Ingolstadt, 
âgé de 57 ans. Son fils Philippe, qui se consacra aussi à 
l'astronomie, n’a rien écrit de remarquable; du moins 
le seul ouvrage de lui que nous connaissions est une 
lettre au landgrave de Hesse, sur létoile qui parut 
tout à coup dans Cassiopée, en 1572. 

APOCATASTASE ( Astr.). Révolution entière des 
points équinoxiaux , qui s'effectue à peu près en 25,860 
ans. On a donné à cette période le nom d’apocatastase 
ou de grande année. Voyez Précessiox. 

APOGÉE ( Astr.). (De «ro, loin, et de 74, laterre.) 
C’est dans l'astronomie ancienne le point de la plus 
grande distance d'une planète à la terre. En ne considé- 
rant que l’apparence des phénomènes, on dit encore 
aujourd'hui que le soleil est à son apogce lorsque la 
terre est à son aphélie. L’apogée est opposé au périgee 
qui est la plus petite distance d’une planète à la terre. 

APOJOVE ( Astr. ). Nom donné par quelques astro- 
nomes au point de la plus grande distance des satellites 
de Jupiter à cette planète, ou à l’apside supériewe de 
leurs orbites. Ce nom est formé du mot grec #xe, loin, 
et du mot latin jovis. 

APOLLONIENNE ( Géom.). Courbes apollonien- 
nes. C’est le nom sous lequel on désigne souvent l’hy- 
perbole et la paraboleordinaires, pour les distinguer de 
quelques autres courbes auxquelles on à aussi donné le 
nom d’hyperboles et de paraboles. Par exemple, la 
courbe dont l'équation est y? = Ax est la parabole 
apollonienne, et la courbe dont l'équation est A? = xy 
est l'hyperbole apollonienne ; tandis que les courbes 
exprimées pary = A?x et A — xy? sont des para- 
boles et des hyperboles du troisième degré. { Joyez 
Parasoze et Hypensoze.) Le nom d’epollonien vient 
du célèbre mathématicien Apollonius, auquel on doit 
un traité très-remarquable sur les sections coniques. 
Foyez AvorLonius. 

APOLLONIUS , né à Perge en Pamphilie vers lan 
244 avant J.-C., sous le règne de Ptolémée-Evergète I, 
fut un de ces hommes rares dont le génie féconde les 
sciences, et les fait marcher en avant de leur siècle. L’an- 
tiquité lui décerna le titre de grand géomètre, de 
géométre par excellence à l'époque même où l'ilustre 
Archimède finissait sa brillante carrière. Elle sembla se 
partager entre ces deux hommes prodigieux, mais la 
postérité, tout en. admirant les travaux d’Apollonius, 
a cassé cet arrêt, et placé le nom du géométre syracusain 
en tête de tous ceux que la science environne d’une gloire 
immortelle. 

Apollonius, de Perge, étudia à l’école d'Alexandrie 
sous les successeurs d'Euclide, et ce fut là qu'il acquit 
ces connaissances supérieures et cette habileté en géo- 
métrie qui ont rendu son nom fameux. Il fut l'un des 


AB * 95 


écrivains les plus profonds et les plus féconds qu’aient 
eus dans l'antiquité les sciences mathématiques, dont ses 
ouvrages formèrent Jong-temps le traité le plus complet. 
Entre tous les écrits d’Apollonius, celui qui a le plus 
contribué à sa célébrité et qui donne la plus haute idée 
de son génie, est son Traité des coniques, sur lequel 
nous croyons intéressant et utile de rapporter quelques 
détails bibliographiques, sans entrer néanmoins trop 
avant dans l'explication scientifique du sujet même de 
ce livre, qu’on trouvera exposé ailleurs. Voyez Sections 
CONIQUES. 

Archimède avait connu le nom de parabole, puisqu'il 
s’en est servi dans le titre même de l’ouvrage où il carre 
cette courbe : il est donc peu exact de croire d’après 
Eutocius, qu'Apollonius ait donné, le premier, aux 
courbes les noms qu’elles portent aujourd’hui. Cepen. 
dant c’est dans son livre des sections qu'on trouve pour 
la première fois ceux d’e/lipse et d’'hyperbole, et cet ou- 
vrage, quelle que soit l’origine des synonymies employés 
par Apollonius, n'est pas moins un des plus précieux 
écrits que nous ait laissés l'antiquité. Ce livre était divisé 
en huit parties. Nous n'avons, durant long-temps, pos- 
sédé que les quatre premières, dans lesquelles l’auteur 
rassemble seulement toutes les découvertes en géomé- 
trie qui l'avaient précédé, en étendant et développant 
leurs théories. Mais les quatre dernières parties du livre 
des coniques, contiennent les découvertes propres 
d’Apollonius, et attestent qu'il dut être doué d’une 
prodigieuse force d'esprit, pour qu’il ait pu suivre, sans 
s’égarer, des recherches dont la plupart exigent une 
grande aptitude à se servir des procédés de l'analyse 
moderne. Deux de ces parties sont spécialement très- 
importantes : ce sont la cinquième et la septième. Apol- 
lonius y traite les questions les plus difficiles de la géo- 
métrie, savoir, celles de zzaximis et de minimis sur 
les sections coniques. Dans la cinquième, l’auteur exa- 
mine particulièrement quelles sont les plus grandes et 
les moindres lignes qu’on peut tirer de chaque point 
douné à leur circonférence.: Il y expose tout ce que les 
méthodes analytiques modernes peuvent apprendre sur 
ce sujet, jusqu'a la détermination même de nos déve- 
loppées, puisqu'il fait très-bien remarquer qu’il existe 
upe suite de points dans l’espace au-delà de J'axe d’une 
section conique, d’où l’on ne peut tirer à la partie oppo- 
sée qu'une ligne qui lui soit perpendiculaire. Apollonius 
va plus loin ; il détermine ces points que nous connais- 
sons aujourd’hui sous le nom de centres d'oscultation. 
Toutes les questions qui appartiennent à ces recherches, 
que nous ne faisons qu'indiquer ici, sont à peu près 
résolues dans cette cinquième partie. La sixième ne 
ue Je 


i 
s'applique à des sections couiques semblables. On trouve 


présente { développement des mêmes idées, et 


dans 11 septüème l'exposition des diverses proprié 


96 AP 


remarquables de ces courbes ; telles sont celles-ci : que 
dans l'ellipse et les hyperboles conjuguées, les parallé. 
Jogrammes formes par les tangentes aux extrémités 
des diamètres conjugués ; sont constamment les mêmes : 
— Que dans l'hyperbole la différence des carrés de 
deux diamètres conjugués, et dans l’ellipse, leur somme, 
est toujours la méme. La huitième partie, dont nous 
n'avons eu connaissance que par l'ingénieux et estimable 
travail d'Halley, renfermait un grand nombre de pro- 
positions semblables, qui servent de fondement : la 
résolution des problèmes de maximis et de minimis, 
problèmes d'une certaine difficulté, tel, par exemple, 
que celui-ci : dans une hyperbole quelconque, détermi- 
ner le diamètre dont le paramètre est le moindre, ou 
bien celui dont le carré avec celui de son paramètre 
fasse lu plus petite somme. 

Les coniques d’Apollonius ont été l’objet d’un grand 
nombre de commentaires et d’annotations. Pappus 
d'Alexandrie, Hypatia, la savante fille de Théon, et 
Eutocius d’Ascalon, en donnèrent successivement l’expli- 
cation, et en éclaircirent les points qui paraissaient 
obscurs à leurs contemporains. Le commentaire de Pap- 
pus nous est seul parvenu en entier. Cet ouvrage 
d’Apollonius fut un ceux que le khalyfe ÉI-Mämoun fit 
traduire en arabe, lorsqu'il donna asile aux sciences 
abandonnées dans le reste du monde. Apollonius n’a été 
apprécié dans l'Occident que vers la fin du XV® siècle. 
La mort précipitée de Régiomontanus, qui en méditait 
une édition, le priva de la gloire de faire connaitre ce 
grand géomètre. En 1507, Memmius, noble vénitien, 
en donna une traduction latine fort imparfaite ; celle de 
Commandin, qui parut en 1566, avec le commentaire 
d'Eutocius et les Lemmes de Pappus, est de beaucoup 
supérieure. Mais ces traductions et beaucoup d’autres 
que nous passons sous silence, ne portaient que sur les 
quetre premières parties du livre d’Apollonius. Viviani, 
l’un des plus illustres élèves de Galilée, se proposa de 
rétablir cet ouvrage dans son entier. Cet ingénieux et 
immense travail a été publié sous ce titre : Divinatio 
in V Apollon conicorum. En 1658, Borelli re- 
trouva beureusement, dans la bibliothèque des Médicis, 
à Florence, un manuscrit arabe qui renfermait l’œuvre 
d’Apollonius. Il le traduisit en latin, à l’aide du célèbre 
orientaliste Abraham Echelleuris, et le publia à Rome 
en 1661. Mais il est à remarquer que cette dernière 
traduction ne comprenait encore que les sept premiers 
livres d’Apollonius. La meilleure édition que nous pos- 
sédions est celle qu’en a donnée Halley (1710, in-folio). 
Ce célèbre mathématicien y a rétabli la huitième partie 
sur les indications de Pappus; et ses connaissances 

péciales dans la géométrie ancienne, permettent de 
penser qu'on ne doit plus regretter la perte de l'origi- 


nal, Halley, Snellius, Marin Ghetaldi et Viète se sont 


AP 


occupés des autres écrits d’Apollonius, en publiant tout 
ce qu'ils renferment d’intéressant pour la science. 

Apollonius mourut sous le règne de Ptolémée-Philo- 
pator, c’est-à-dire au commencement du siècle qui sui- 
vit celui de sa naissance. Pappus le représente comme 
un homme vain, jaloux du mérite des autres, et saisis- 
sant volontiers l'occasion de les déprécier. Il est pos- 
sible qu'un tel travers d’esprit ait diminué l’estime que 
le génie d'Apollonius avait inspirée à ses contemporains ; 
mais il est possible aussi que cette jalousie qu’on lui 
reproche ait dicté les jugemens peu favorables dont:il 
a été l'objet de la part des savans d'Alexandrie. Quoi 
qu'il en soit, la gloire d’Apollonius est réelle, et les 
talens élevés qui la lui méritèrent exciteront seuls l’at- 
tention de la postérité. 

APOMECOMÉTRIE ( Géom.).(De ære, loin, unes 
longueur, et de perpey, mésure.) Art de mesurer la 
distance des objets éloignés. Foyez Disrance. 

APOTHÈME ( Gcom. ). Perpendiculaire abaissée 
du centre d’un polygone régulier sur l’un de ses côtés. 
L’aire d’un tel polygone est égale à la moitié du pro- 
duit de son apothème par son côté. Voyez Poryxcower. 

APOTOME ( 4/g.). (De «roreuos , séparé, coupé.) 
Différence de deux quantités incommensurables. Telle 
est V/2— 1, ou la différence entre le côté d’un carré et 
sa diagonale. Euclide, dans son dixième livre, traite 
de ces quantités, et les subdivise en plusieurs ordres; 
mais sa classification n’est d'aucune utilité réelle. 

APPARENCE ( Persp.). C'est la représentation ou la 
projection d’une figure ou d’un corps quelconque sur le 
plan du tableau. Woyez Perspecrive et PROJECTION. 

L’appareNcE directe, en optique, est la vue d’un 
objet par des rayons visuels directs, c’est-à-dire, sans 
1éflexion ni réfraction. En Astronomie, les apparences 
sont plus communément appelées phénomènes ou 
phases. 

APPARENT (Math. et Astr.). Se dit des objets tels 
qu'ils nous apparaissent, pour les distinguer de ce qu’ils 
sont réellement : car l’état apparent des choses est sou- 
vent très-différent de leur état réel; comme dans les 
cas d’éloignement, d’élévation, etc. 

Conjonction ApparENTE des planètes. Elle à lieu 
lorsqu'une ligne droite supposée menée à travers les 
centres des planètes, passe par l'œil du spectateur; 
tandis que la conjonction réelle est celle dans laquelle 
cette même droite passe par le centre de la terre. — En 
général, la conjonction apparente de plusieurs objets 
est leur position dans une même ligne droite qui passe 
par l'œil de l’observateur. 

Diamètre ApparexT. On nomme diamètre apparent 
d'un objet, non la longueur de ce diamètre, mais 
l'angle qu’il sous-tend à l'œil, et sous lequel il apparaît. 
Cet angle diminue à mesure que la distance augmente, 


AP 


de manière qu'un petit objet situé à une petite distance 
peut avoir le même diamètre apparent qu’un objet plus 
grand situé à une plus grande distance; il suffit pour 
cela que ces objets sous-tendent des angles égaux. Le 
diamètre apparent varie donc avec la situation de 
l'objet. 

Distance ApparENTE. Voyez Disrance. 

Hauteur AppareNTE des corps célestes. La hauteur à 
laquelle les astres nous apparaissent au-dessus de l’ho- 
rizon est augmentée par l'effet de la réfraction et de la 
parallaxe.( Voyez ces mots.) La hauteur des objets ter- 
restres est aussi affectée par la réfraction. 

Forme apparente. C'est la forme sous laquelle nous 
voyons un objet, d'une certaine distance. Cette forme 
diffère souvent beaucoup de la véritable; car une ligne 
droite peut ne paraître qu'un point, une surface ‘ne 
paraitre qu’une ligne, et un solide ne paraitre qu’une 
surface , selon leurs situations relativement à notre œil. 
Ainsi, l'arc d’un cercle peut offrir de loin la forme 
d’une ligne droite, un carré peut présenter celle d’un 
trapèze ou même d’un triangle, un cercle peut paraitre 
une ellipse, des corps angulaires peuvent sembler 
ronds. Tous les objets ont aussi une tendance à s’arron- 
dir par l'éloignement. À une grande distance les aspé- 
rités disparaissent , et les corps nous semblent unis. 


Mouvement Apparenr. C’est le mouvement que nous 
remarquons dans un corps éloigné qui se meut, ou le 
mouvement que paraît avoir un corps en repos pendant 
que notre œil est lui-même en mouvement. ; 

Les mouvemens des corps situés à une grande distance, 
bien que s’effectuant d’une manière égale et uniforme, 
peuvent paraitre inégaux et irréguliers à l'œil qui ne 
sait en juger que par le changement apparent de l'angle 
visuel. 

Lieu Avparent d'un objet. C'est l'endroit où nous 
parait un objet, vu à travers un milieu qui fait dévier 
les rayons lumineux. Cet endroit diffère toujours de la 
véritable place. 

Station APpvARENTE ( 4str.). C’est la position d’une 
planète qui semble demeurer plusieurs jours au même 
point du zodiaque. Ÿ’oyez STATIONNAIRE. 


APPARITION ( 4str. ). C’est un mot dont on se sert 
pour indiquer qu’une étoile ou que d’autres corps lumi- 
neux commencent à devenir visibles, après avoir été 
cachés. Dans ce sens, le terme apparition est l'opposé de 
celui d'occultation. Ainsi le lever héliaque (voyez Lx- 
VER ) est plutôt une apparition qu’un véritable lever. 

APPLATI { Géom.). Sphéroïde applati. C’est celui 
dont l’axe est plus petit que le diamètre de l’équateur. 
Voyez SruénoïDE. 

APPLIQUÉE (Gcom. ). Lizne droite menée dans le 
plan d’une courbe, d'un de ses points à un autre, et 


AP 97 


qui coupe son diamètre, C’est ce qu’on nomme commu- 
nément double ordonnée. Voyez ORDONNÉE. 


APPLICATION DE L'ALGÈBRE A LA GÉO- 
MÉTRIE. La science de l'étendue se divise en deux 
parties, dont l’une a pour objet les modes distincts et 
indépendaus de la génération et de la comparaison des 
diverses espèces d’étendues, et l’autre la généra‘ion et 
la comparaison universelles de ces étendues. La pre- 
mière partie est généralement connue sous le nom de 
gcométrie élémentaire. La seconde sous celui, assez 
vague, d'application de l'algèbre à la géométrie. Quel- 
ques auteurs ont nommé, cette dernière, géométrie ana- 
lytique ; mais cette désignation inexacte n’est pas plus 
appropriée à son objet que celle d’analyse à la science 
générale des nombres. Dans cette branche supérieure 
de la Gromérrie, les lignes, les surfaces et les solides 
sont considérés d’une manière générale, comme autant 
d'espèces de quantités, soumises conséquemment à 
toutes les considérations des nombres, et tirant des lois 
universelles de leur science, les lois qui leur sont propres. 


Mais les lois de la science des nombres sont élémen 
taires ou systématiques, c'est-à-dire, particulières ou 
générales : les premières donnent naissance aux rap- 
ponts des quantités, les secondes, aux ÉQUATIONS. 
L'application de lalsèbre à la geomctrie doit donc 
avoir deux branches correspondantes aux rapports et 
aux équations. Ces C°ux branches existent en effet, 
elles forment : 1° l'ap; lication de l’algèbre à la géo- 
métrie sans coordon: ées, ou la construction indi- 
viduelle des LIEUX 6 omÉrriques; 2° l'application de 
l'algèbre à la géomét.ie avec des coordonnées, ou la 
coustruction universelle des ÉqQuarions. (F'oyez le Dis- 
cours »'Inrropucrion et l’article PnicosopuiE DEs Mare.) 
Nous allons exposer successivement les propositions fon- 
damentales de chacune de ces branches. 


L Lieux GéomÉTRIQUES. 1. Pour appliquer les lois des 
nombres à l’étendue , 11 faut exprimer en nombres les 
lignes , les surfaces et es solides ; ce qui s'exécute facile- 
ment en prenant pour &ntté une droite quelconque, d’une 
grandeur déterminée ou tacitement sous-entendue : 
c’est ainsi, par exemple, que, a exprimant le nombre 
d'unités linéaires contenues dans le côté d’un carré, 


V2 exprimera la diagonale de ce carré, et a? sa 
surface. De même, & et b étant les nombres d'unités 
linéaires de deux côtés contigus d'un rectangle, aXb 
exprimera la surface de ce rectangle, et a, b, ce étant 
les trois arêtes contiguës d'un parallélipipède rectangle, 
le produit aXbXc exprimera la solidité de ce parallé- 
lipipède. 

2. En général, un nombre isolé a représente toujours 


une ligne ; \e produit de deux nombres, tel que ab, re- 


13 


98 AP 


présente une surface, et le produit de trois nombres, 
tel que abc représente un solide. 

S'il s'agissait donc de construire géométriquement les 
trois étendues exprimées par 4, ab, abc, on tracerait , 
pour la première, une droite dont la longueur contien- 
tiendrait & fois l'unité linéaire ; pour la seconde, 
un rectangle dont la base serait a et la hauteur b; pour 
la troisième, un parallélipipède rectangle dont la lar- 
geur serait &, la longueur b, et l'épaisseur c. 

3. On nomme, en général, lieu géométrique, l'étendue 
particulière exprimée pour chacune des formes a, ab, 
abc; et la construction de ces lieux ou l'évaluation de 
leurs grandeurs numériques est spécialement l'objet de 
cette partie de la géométrie dont nous nous occupons. 

4. Le lieu de toute expression algébrique dont la 
valeur finale n’a qu’une seule dimension, esttoujours une 


à me .  @ ab ab 
droite : ainsi les expressions —, —, ——, etc., etc., re- 
c 


e 
présentent des lignes; car toutes ces formes n'ont en 
réalité qu’une seule dimension, puisque le nombre des 
facteurs du numérateur ne surpasse que d’une unité 
celui des facteurs du dénominateur. Les lieux de cette 
espèce ou d’une seule dimension, se nomment lieux du 
premier ordre. Dans la résolution des questions géomé- 
triques on ramène autant que possible la construction 
des autres lieux à celles des lieux du premier ordre ; ce 
qui s’exécute facilement toutes les fois que ces ques- 
tions peuvent se réduire à la recherche de la valeur 
d’une ligne droite. 

5. Lorsqu'une question géométrique est proposée, il 
faut d'abord tracer une figure qui représente les parties 
et les conditions de la question ; observer ensuite avec 
soin les rapports que les différentes parties ont entre 
elles, ou avec d’autres droites arbitraires qu’on peut 
mener à volonté dans la figure; exprimer enfin les rap- 
ports trouvés, par des signes généraux , et établir l’éga- 
lité qui doit exprimer la relation des lignes inconnues 
ou cherchées avec celles qui sont connues. L'égalité 
une fois posée, on pourra en évaluer numériquement 
les inconnues, ou les construire géométriquement à 
l’aide des règles générales que nous ahons exposer. 


6. La construction des lieux du premier ordre se 
réduit à cinq cas, qu'on peut exprimer de la manière 
suivante, en désignant par x le lieu cherché, et par 
la, b,c, d, etc., les droites données dont il dépend : 

1.T—a—b+c—etc., 
ab 


Bee TL — — 
C ? 


3e. x=V&, 
ke. x=Va# +, 
en Va —b. 


AP 


7- Pour construire le lieu x =a—b+c— d +0 
etc. , on rassemblera toutes les quantités négatives afin de 
donner à l'expression la forme 


x =(a+c+etetc.)—(b + d+f+ete.). 
Elle représente, de cette manière, la différence entre la 
somme des droites &, c,e, etc., et celle des droites b, 


d, f, etc. 


a 
O — 
Co ——— 
A H F E p 
(» B c 
id 


On prendra donc, sur une droite indéfinie AD , à par- 
tir du point À, AB—a,BC—c,CD =e;et, en sup- 
posant qu’il n’y ait que ces trois droites, on aura 

AD =at+c+e. 

On portera ensuite de D vers À, DE—b,EF—d, 

FH — f'; ce qui détermine 


DH=b+d+f 
Et l’on a, conséquemment, 
AH = AD — DH = (a+b+c) —(b+d+f) = x. 
AH est donc le lieu demandé. 
On agirait de la même manière pour un plus grand 
nombre de lignes. 
Il est important de remarquer que l’addition doit tou- 


jours s'effectuer de gauche à droite, et la soustraction 
de droite à gauche. 


; ; ab Pe. 
8. Pour construire le lieu æ ——, on le réduit à la 
c 


proportion 
DT: 


ce qui nous apprend que x est une quatrième propor- 
tionnelle aux trois droites &, b, c. Or, une quatrième 
proportionnelle peut s’obtenir de deux manières : 

1°. Formons un angle quelconque avec des droites 
indéfinies AX , AY;et, 
à partir du point A, 


prenons sur AX, 
AB= c, AC=&, et L è 
sur AY, AD —b, tirons À D M Y 


BD , et menons par C une paralièle CM à BD , le pont 
M, où cette parallèle coupe AY, déterminera À MT. 
En effet les triangles semblables ABD , ACM, donnent 
AB : AC :: AD: AM ou 
c:a::b: AM. 
Donc AM 2 ab —T: 
Æ 
2°. Sur une droite indéfinie AY, prenons AD = €, 


AP 


AM = a; du point D tirons une droite quelconque DB 
et precons BD—b ; par les points A, B menons AX, ct, 
par le point M, MC parallèle à BD. La ligne MC sera 
égale à x, car cette construction donne 
° AD : AM :: BD : MC 

c; æ::b: MC. 

9. Le lieu x — V/ab, exprime une moyenne propor 
tionnelle entre a et b; car cette expression devient 
Ci: De 


ou 


D ab, d'ou, a; 


On peut encore le construire de deux manières : 
1°. Sur une ligne indéfinie AD, prenons AB — a, 

BD—b, puis sur AD—a<+b, pris pour diamètre, 

décrivons une demi-cir- ë 

conférence ACD ; et éle- HE 

vons la perpendiculaire 


BC. Cetté perpendicu- Le 

laire est, par une pro- ; \ 
priété du cercle, moyenne £ à D 
proportionnelle entre les re segmens AB et BD du dia- 


mètre (voy. CercLe). Nous avons donc 


AB : BC :: BC : BD 
ou a:BC::BC:b. 


Dôtic FC" = 4b, et BC =V/ab=x. 


2. Sur üne ligne AD — 4, décrivons une demi-cir- 
conférence; prenons AB — b, et du point B élevons la 
perpendiculaire BC : tirons ensuite la corde AC, elle 
sera égale à æ. En effet, par une propriété connue du 
cercle, on a 

AB : AC :: AC : AD 
ou a:AC::AC:b. 


Donc 


AC = ab, et AC —Vab= x. 


se 

10. Le lieu x— Va+b, \ 

représente d'un Ê 

triangle rectangle dont les côtés #7 
de l'angle droit sont a et b (voy. 
Recraneze). Il suffit donc, pour 


l’hypothénuse 


le construire, de faire un angle 
droit BAC, de prendre AB — a, 
AC=—b; et de tirer BC; car on a 4 G'Y 


11. Enfin, le lieu x —\/a —1* représente l’un des 
côtés de l'angle droit d’un triangle rectangle dont a est 


T. 


l'hypothénuse et b l’autre côté. On peut le construire 
de trois manières. 

1°. Traçons un angle droit YAX ; prenons AC = b; 
puis, du point C comme ceutre avec un rayon BC = 4; 


AP 99 


décrivons un arc de cercle qui coupe AX en un point B, 
AB sera égal à, car otia 
AB LCR’ RC =  —b?, ou AB =\ a Er. 

2°. Sur AB—a, comme 
diamètre, décrivons la 
demi-circonférence ACB, 
et prenons Ja corde 
AC—Db; menons CB, et : : 
vous aurons CB = x; ce à or n 
qui est évident, puisque le triangle ACB est rectangle 
en C. 


3°. L'expression \/a —?, peut se mettre sous la 
forme \/ (a@+b) (a —b); elle représente alors une 
moyenne proportionnelle entre a + b et a— b. On peut 
donc encore la construire par les procédés du numéro 
9, après avoir préalablement construit les droites 4 + 
cta— b. 

12. Toutes les expressions algébriques les plus com- 
pliquées peuvent se construire au moyen de celles qui 
précèdent, comme on le verra dans le cours de cet ou- 
vrage. Pour ne pas nous étendre inutilement ici > nous 
allons seutement employer ces constructions à la solu- 
tion de deux questions géométriques, qui rendront plus 
évidentes leur application et leur utilité, 
la valeur du côté d'un 
carré inscrit dans un triangle donné. 


13. Pronrime. Déterminer 

Soit ABC le triangle donné. Supposons que le carré 
soit inscrit, et que 
EG soit son côté. 
Abaissons la perpen- 
diculaire CD , et dé- 
signons AB par a, | 
CD par h,et EG A GD ir à P à 
par æ. Nous aurons GH — FH — EF —EG— ID — æ 
et par conséquent CI = CD — ID = } — x. Cela posé, 
les triangles semblables ABC, CEF donnent la pro 
portion 


AB : CD:: EF : CI 


ou a:h::x:h—x. 


on en tire a(h—x)=Ahx, où ah —=ax+hx=x(a+h), 
et, enfin, 
ah 
| aFh 

Cette expression donnera la valeur numérique du 
côté du carré inscrit à l’aide de celles de la base et de 
la hauteur du triangle donné. Pour Ja construire géo- 
métriquement, ou pour trouver une droite égale au 
côté du carré inscrit daus un triangle, on cherchera une 
quatrième proportionnelle aux trois lignes 4, h et a+, 


par le procédé du numéro 8. 


100 AP 


Mais, pour faire immédiatement usage de la hauteur 
h, nous nous servirons de l'angle CDB. Prolongeant 
donc AB, nous porterons AB, ou «, deD en P, et CD, ou 
h, de P eu Q. Nous joindrons les points C et Q par une 
droite; et, par le point P, nous mènerons PI parallèle 
à CQ. La quatrième proportionnelle cherchée, ou le 
côté du carré sera ID. Nous devons faire observer ici 
que les constructions géométriques sont d’autant plus 
élégantes qu’on y fait entrer moirs de lignes étrangères 
aux données de la question. 


14. Pros. Partager une droite en moyenne et extrème 
rason; c'est-à-dire eu deux parties, dont l’une soit 
moyenne proportionnelle entre là ligne entière et l'au- 
tre partie. 

Soit a la ligne donnée; désie ons par æ, la partie 
moyenne proportionnelle, alors l'autre partie sera a—x. 
Or par l'énoncé du problème, on doit avoir 


a: Li: (at) 
Cette proportion donne 
L’'=am—ax, 


équation du second degré dont les deux racines sont 
(Foy. ÉqQuarions) 


La première de ces valeurs peut seule satisfaire à la 
question; car la seconde, abstraction faite du signe —, 
est évidemment plus grande que a. Occupons-nous d'a- 


bord de cette première. Elle est composée de deux par- 
: a? 
FE 
4 


nuse d’un triangle rectangle qui aurait pour côtés de 


ties dont l’une (re , Exprime (10) l'hypothé- 


. A t 
l'angle droit, les ligues a et É 


2 


a 
; et dont l'autre, —-, est 
, 2 

une simple ligne droite égale à la moitié de la propo- 
sée. Cette dernière étant négative, il faut donc com- 


. [12 
mencer j'ar Construire + —-, ct ensu te en re- 
4 


« 
trancher - 


pour obtenir x, 


Meñous donc une ligne AB = 4; à l'extrémité B, éle- 


AP 


a 


vons la perpendiculaire BC — - 


et joignons les points 


AetC, nous aurons évidemment 


AC — a+. 


a : a 
Pour retrancher = de cette ligne, portons — de C en 
5 2 


M,etle reste AM sera la valeur de x. AM est donc la 
partie cherchée de AB ; et il suffit de la porter sur AB 
de A en N pour opérer le partage demandé. Cette der- 
mère condition s'exécute en décrivant du point A 
comme centre, avec AM pour rayon, l'arc MN; car on 
a alors AN — AM. 

La construction que nous venons de donner est préci- 
sément la même que celle que l’on trouve dans les élé- 
mens de géométrie. 

Il nous reste à examiner ce que signifie la seconde 

raleur de x, 


Nous pouvons lui donner la forme 


+ > +=. 


Cette dernière expression indique qu'après avoir con- 


; |, DE 
struit \/# + 7 > Somme nous l'avons fait, il faut 


: a AU s 
ajouter = ; prolongeons donc AC jusqu’à sa rencontre 


en D avec le cercle décrit du point C comme centre, 
avec CB pour rayon, et nous aurons CD = CB, et par 


conséquent 
a at 
AD — CD +AC= - + OU ns 


Mais æ étant négatif, on doit le prendre en sens in- 
verse de ce qu’on aurait fait s’il était positif. Ainsi, au 
lieu de le porter sur AB, de À dans la direction AB, 
on le portera dans une direction opposée, de A en P 
sur le prolongement de AB, et l’on obtiendra de cette 
manière une droite PB qui sera le quatrième terme de 
la proportion 


AB : AP :: AP : PB. 


Quoique cette solution ne satisfasse pas entièrement à 
l'énoncé du problème , puisque AB n'est point partagé 
en deux parties, elle le résout cependant. dans toutes 
ses autres circonstances; car l’une des lignes trouvées 
est moyenne proportionnelle entre l’autre ligne et a, 
ct, de plus, la somme de ces deux lignes, en prenant x 
négativement, est égale à a. 

Il résulte de cette remarque, et d’autres semblables 
qu'on pourra faire dans des questions du même genre, 


AP 


que lorsqu'on trouve plusieurs valeurs différentes pour 
l'inconnue d’un problème, ce problème est susceptible 
de plusieurs solutions. Si donc son énoncé n’en com- 
porte qu’une seule, c'est qu'il a été trop restreint, et 
que la question peut être envisagée d’une manière plus 
générale. Par exemple, dans le cas qui nous occupe, en 
l’énonçant comme il suit : 

Une droite AB étant donnee, trouver sur cette droite 
ou sur son prolongement un point tel que sa distance au 
point À soit moyenne proportionnelle entre sa distance 
au point B et cette droite AB. 

On lui fait embrasser les deux solutions données par 
les deux valeurs de x, puisque les points N et P rem- 
plissent tous deux la condition demandée. 

Pour établir, dans ce dernier cas, les rapports entre 
les quantités cherchées et la quantité connue, il n’y a 
pas de raison pour supposer le point demandé plutôt à 
droite qu'à gauche de A. On peut donc adopter indiffé- 
remment l’une ou l’autre de ces hypothèses, dont la 
première donne a—x pour la distance du point de- 
mandé au point B, et dont la seconde donne a + x 
pour cette distance, et l’on obtiendra, toujours, les deux 
mêmes valeurs de + trouvées ci-dessus. 

15. Lorsque les lieux gcométriques ne peuvent se 
construire par de simples intersections de lignes droites 
et d’arcs de cercle, ce qui arrive toutes les fois que l’ex- 
pression algébrique qui les représente renferme des 
quantités variables élevées à des puissances , ils exigent 
l'emploi des lignes courbes. On les nomme alors Lieux 
du second ordre, du troisième ordre, etc., suivant que 
les puissances des variables sont du second degré, du troi- 
sième degré, etc. Les lieux du second ordre se construi- 
sent à l’aide des sections coniques, et les lieux des ordres 
plus élevés à l’aide des courbes supérieures. On trou- 
vera dans le cours de cet ouvrage des exemples de ces 
constructions. Nous ne nous y arréterons point ici, 
parce qu’elles sont considérées d’une manière beaucoup 
plus générale dans la seconde branche de l'application 
de l'algèbre à la géométrie. Ce n’est même que depuis 
la découverte de cette branche snportante, que les 
sciences mathématiques doivent à notre immortel Drs- 
CARTES, qu’on peut ramener à des lois générales le petit 
nombre de ces constructions, obtenues par les anciens 
de la manière la plus laborieuse. 

IT. Équarions. 1. Toutes les relations qui existent 
entre les quantités s'expriment par des rapports où par 
des équations ( Foy. Comparaison). Lors donc que l’on 
considère les diverses espèces d’étendues comme antant 
de quantités diverses, leurs relations doivent également 
s'exprimer par des rapports et par des équations. Nous 
venons de montrer comment la construction des rap- 
ports conduit à la solution des questions géométriques : 
il est facile d’entrevoir que la construction des cqua- 


AP 401 
tions, dont celle des rapports n'est qu'un cas particu- 
lier, doit embrasser toutes les propriétés de l'étendue. 

Or, les relations de l'étendue, prises dans leur plas 
grande généralité ; ne sont que des relations de lignes 
droites ou courbes décrites sur un même plan, ou tra- 
cées dans l’espace ; car c’est en effet seulement avec des 
lignes qu’on forme toute étendue linéaire, plane ousolide, 

Pour étudier ces relations, il faut donc préalablement 
déterminer la situation arbitraire des lignes soit sur un 
plan indéfini soit dans l’espace absolu, en les rapportant 
à quelque chose de fixe et d’invariable qui permette 
d'en suivre avec exactitude toutes les circonstances. 
Nous trouvons donc ici deux subdivisions pour cette 
partie de la géométrie générale, correspondantes au plan 
indéfini et à l'espace absolu, dans lesquels il s’agit de 
considérer les relations des lignes. La première est ce 
qu'on nomme aujourd’hui, GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE A 
DEUX DIMENSIONS ; la seconde, GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE A 
TROIS DIMENSIONS. Avant d'exposer leurs lois fondamen- 
tales, nous devons faire encore observer que le terme 
analytique, dérivé de celui d'analyse donné à l'algèbre, 
n’exprime point exactement la nature de ces bran- 
ches de la géométrie, puisque la méthode analytique 
n'y est point exclusivement employée. Si le mot a/go- 
rithmie est adopté par les géomètres , toutes les parties 
qui composent l'application de l'algèbre à la géométrie 
devront être réunies sous le titre géuéral de GÉOMÉTRIE 
ALCORITHMIQUE. 

2. Deux droites indéfinies, perpendiculaires l’une sur 
l'autre, étant données sur un plan, la position d’un 
point quelconque pris sur ce plan sera entièrement dé- 
terminée lorsqu'on connaitra sa distance à chacune de ces 
droites. En effet, soient XX’, Y Y' deux droites rectan- 
gulaires; a, la distance d’un point o à la droite YY';et 
b la distance de ce même point à la droite XX’. Il est 
évident que si l’on prend Ax — a, et que par le point x 
on mène xo parallèle à YY', tous les points de cette pa- 
rallèle se trouvant à une distance a de YY , le point o 
sera nécessairement un de ces points; de même, si l’on 
prend Ay=b, et 
que par le point y 
on mène yo paral- 
lèle à XX’, tous les 
points de cette pa- 
rallèle se trouvant 
à une distance b de 
XX, le point o se- 
ra encore un de ces 
points. Or, le point 
o devant se trou- 


veren mêmetemps 
sur les deux droites yo et xo, ne peut être évidemment 
situé qu’à l'intersection de ces droites. Donc, lorsque 


402 AP 


Ax et Ay, ou a et b, sont connus, la position du point o 
est fixée. 

Cependant, la construction que nous venons de faire 
pouvant avoir également lieu dans chacun des quatre 
angles X'AY, X'AY', XAY, XAY', il faut de plus 
connaître celui de ces quatre angles dans lequel doit se 
trouver Je point o, pour que sa situation soit entière- 
ment déterminée sur le plan indéfini des droites XX", 
YY'. Cette dernière condition est remplie de la manière 
suivante : on considère toutes les distances mesurées sur 
XX", en partant du point À, comme positives , lorsque 
leurs directions vont de A vers X, et comme négatives 
lorsque leurs directions vont de A vers X'; de même on 
considère toutes les distances mesurées sur Y Y',en partant 
du point À , comme positives, lorsqu'elles sont dirigées 
de A vers Ÿ , et comme négatives lorsqu’elles sont diri- 
gées de À vers Y'. De cette manière, les signes des 
quantités a et b déterminent toujours l'angle dans le- 
quel le point se trouve. Si ces quantités sont toutes deux 
positives, le point est en o dans l’angle YAX ; si & est 
négatif et b positif, le point est en o' dans l'angle X'AY; 
dans 
l'angle XAY'; et enfin si a et b sont négatifs, le point 
est en 0” dans l’angle X'AY”. 

Les quantités & et b se nomment toutes deux les coor- 


si æ est positif et b négatif, le point est en 0” 


données du point o. En particulier, à senommel’abscrsse, 
et b, l'ordonnee. Les deux droites XX’, YY'sont les axes 
des coordonnées , savoir : XX’, l'axe des abscisses, et 
YY'Vaxe des ordonnées. Le point d’intersection À se 
nomme l’origine des coordonnées ou simplement l’ori- 
gine. On désigne encore, pour abréger, XX'sousle nom 
d'axe des æ, et YY' sous celui d’axe des y, parce que les 
abscisses sont généralement exprimées par la lettre x, et 
les ordonnées par la lettre y. 
Les égalités 
Y —= D 


D — A 
se nomment les équations du point. Ces équations pré- 
sentent les quatres combinaisons 

Ta z=+a x—=—u Lx=—a 
y=+<b y=—-b y=+b jÿ =—8 
qui caractérisent, ainsi que nous venons de le dire, les 
quatre positions différentes ©, o', 0", 0", que peut 
avoir le point qu’elles représentent. 

3. Lorsque dans les équations générales du point, 
æ=a,y—=b, a cst égal à zéro, Péxpféssion x = 0 
indique que la distance du point à l'axe des y est nulle; 
le point est donc alors situé sur cet axe même à une 
distance D de l’origine ; lorsqu'au contraire b est égal à 
zéro, l'expression y = 0 indique que Ja distance du 
point à l’axe des x est nulle; le point est donc alors 
situë sur l'axe de +, à une distance a de l'origine. Enfin, 
Jorsqu'on à, à la fois, & = o ct y — 0, le point est 


situé à l’origine même, 


AP 


4. Siau lieu de rapporter la position d’un point à deux’ 
axes rectangulaires, on se servait d’axes obliques, et 
faisant entre eux des angles quelconques, il est évident 
que cela ne changerait rien aux considérations précé- 
dentes, les coordonnées étant toujours parallèles aux 
axes. Il est essentiel, dans plusieurs cas importans, d’em- 
ployer des axes obliques; mais comme il est toujours 
facile de passer d’un système d’axes quelconques an sys- 
tème des axes rectangulaires, et réciproquement (voyez 
TRANSFORMATION DES COORDONNÉES), nous- ne considé- 
rerons d’abord que ces derniers. 

5. Si de tous les points d’une ligne droite ou courbe 
menée d’une manière quelconque dans le plan de deux 
axes rectangulaires ; nous abaissons des perpendiculaires 
aux deux axes, nous aurons, pour chaque point, deux 
équations de la forme 


4; Ÿÿ'—b. 

Or, sil existe la méme relation entre les coordonnées 
de tous ces points, 
cette relation uni- 
que pourra tou- 
jours s’exprimer 
d’une manière gé- 
nérale , et consti- 
tuera ce qu’on ap- 
pelle 
de la ligne. Lors 
donc que l’équa- 


l'équation . 


tion d’une ligne 
sera connue, on 


connaitra aussi les équations de chacun de ses points, et 
par conséquent toutes les circonstances de son cours. 

6. Soit CD une droite quelconque. Si d'un point o 
de cette droite nous menons les coordonnées 0x, 07, 
et si du point B où la droite rencontre l’axe des y, nous 
menons BN parallèle à Ar, nous aurons un triangle rec- 
tangle dans lequel l'angle DBN sera le même que l'angle 
DCX que fait la droite avec l’axe des x; ce triangle 
donne, en désignant le rayon trigonométrique par un, 


| tang DBN :: Bn : 


faisons tang DBN = &, et AB — ?; 
Brn—Ax—x et de n6 —0x—nx=0x—AB —y— b, 


I: no 


alors, à cause de 


cette proportion devient 
lue Œrsnbue pi A 
d'où l’on tire 
ÿ = ax + b. 

Telle est l'équation de la ligne droite, car nous obtien- 
drons évidemment la même expression, quel que soit le 
point que nous choisissions sur la droite CD. 

7- Examinons d’abord comment l'équation générale 
Y = ax + b représente toutes les circonstances de la 
situation d’une droite dans le plan des axes XX’, YY'.. 


AP 


D'abord, si dans cette équation on fait x = 0, elle 
devient y = b, et les deux expressions 
5, = 0,7 = b. 
Sont (3) les équations d’un point situé syr l’axe des y à 
une distance b de l'origine. Ce point est celui où la 
droite CD coupe l’axe YY”. i 
Si l’on fait ensuite y — 0, l’équation générale devient 


o = ax + bou æ = —- et les deux équations, 


T=-- XF O0 


sont celles d'un point situé sur l'axe des x à une distance 


b ent SRE = ; : 
— de l'origine, dans la direction AX’, Ce point est celui 
« { 


où la droite CD coupe l'axe XX”. 

La position de CD est donc entièrement fixée par son 
équation, car il n’y a qu'une seule droite qui puisse 
passer par les deux points G et B. 

8. Les quantités & et b qui entrent dans l'équation 
générale y = ax + b, doivent être considérées comme 
des quantités indéterminées, susceptibles de tous les états 
de grandeur, et auxquelles 1 suffit d’attribuer les ya- 
leurs dépendantes des conditions imposées à une drojte 
pour obtenir l'équation particulière de cette droite. Ces 
valeurs sont en général : la tangente trigonométrique 
de l'angle que fait la droite avec l'axe des x, tangente 
que nous avons désignée par &, et l’ordonnée du point 
ou cette droite coupe l’axe des y, ordonnée que nous 
avons désignée par b. Toutes les questions qu’on peut 
se proposer sur des lignes droites se réduisent donc à 
la détermination des quantités a et b de l'équation 
y = ax +b. Mais avant de passer à l'examen de ces 
questions, nous devons encore examiner les formes par- 
ticulières que cette équation peut prendre dans certains 
cas qu’il est important de signaler. 

9. Si la droite devait passer par l’origine, son équa- 
tion serait simplement 

Va = 
puisque dans ce cas b — 0. 


az, 


10. Si la droite était parallèle à l'axe des x, son équa- 
tion se simplificrait encore, car alors l'angle DCX étant 
nul, sa tangente serait zéro, et l’équation deviendrait 

Y = b, 
c’est-à-dire que quelque valeur qu’on pôt donner à æ 
on aurait toujours y — b. Ce qui exprime évidemment 
le parallélisme de la droite avec l’axe des x. 

11, De même, une équation de la forme x =, ap- 
partient à une droite dont tous les points sont à une 
même distance »1 de l’axe des y. Elle représente donc 
une parallèle à cet axe, éloignée de l’origine de cette 
quantité m1. | 

12. Trouver l'équation d'une droite assujetie à pas- 


ser par deux points donnés, o et P. 


AP 103 


Soient x —x'ety — y" les équations du point o, 
etxz — x", y = y" les équations du point P. 

Au point 0, les coordonnées de la droite devant étre 
les mêmes que ceux de ce point, on exprime cette cir- 
f 


constance en faisant , dans l’équation générale, x = x 
ety =y',etl’ona (7) 


ÿ! = ax +'b. 
Par la même raison l’équation (7) 
y" = ax" + b 


exprimera qu’au point P les coordonnées de la droite 
sont les mêmes que celles de ce point. 

Mais la droite doit passer par les deux points : ainsi 
les deux équations (77) et (7) subsistent en même 
temps, et déterminent par leur concours les valeurs de 
a et de à qui fixent entièrement la position de cette 
droite. Résolvant donc ces équations , en considérant 
a et b comme les inconnues (voyez ÉQUATION), nous 
aurons 
FR 


zx" 


x'y"—x"y" 
; B— 2 7 —e 
TI —ZT 


a = 


Substituant ces valeurs de a et de b dans l’équation 
générale, elle devient (p) 


Telle est donc l'équation de la droite qui passe par 
les deux points x’, y' et x”, 7". Nous désignerons doré- 
navant un point par ses coordonnées ; c’est-à-dire qu’en 
disant un point x’, y’ nous entendrons le point dont les 
coordonnées sont x' et y". 

On peut donner à l'équation (p) une forme plus sim- 
ple en opérant ainsi qu'il suit : 

Si de l'équation générale y =ax+b nous retranchons 
J'=ax'+b, nous aurons (4) 

FJ—Y'= ax — x), 
qui sera l’équation de la droite assujettie à passer par le 
point 2}, y. 

Dans cette dernière , mettons la valeur de a , obtenue 

ci-dessus, nous aurons (r) 


pour l'équation de la droite qui passe par les points 
x yhet LA pe 

Nous ferons remarquer que dans léquation (g) la 
quantité a demeure indéterminée parce qu'il y a une in- 
finité de droites qui peuvent passer par le point x", y", 
et que la condition de passer par ce point ne détermine 
en aucune manière l’angle dont a est la tangente. Il n'en 
est pas de même dans les équations (p) et (r), dans les- 


’ 


quelles la condition de passer par deux points æ', 3" et 
æ", y" détermine entièrement la situation de la droite 


ct conséquenment la tangente a. 


104 AP 


IL est facile de voir que les équations (p) et (r) ne 
différent que par la forme ; car il est facile, en déve- 


loppant la première, d'arriver à la seconde. 


13. En considérant le triangle rectangle PB’, dans la 
figure précédente, on trouve aisément que la distance 
de deux points o et P, ou la partie de la droite com- 


prise entre ces points, a pour valeur l'expression 


VO +, 
x et y étant les coordonnées du point o et x'et y 


celles du point P. Cette expression est d’un usage fré- 
quent. 


14. Trouver l'équation d'une droite DO assujétie à 
passer par le point Q,et qui de plus soit parallèle à 


une autre droite IL donnee de position. 


Soit y —ar+b lé- 
quation de la droite don- 


Y 


née IL, æx'et y'les coor- 
données du point Q, et 
y =ax + bd 


cherchée. 


l'équation 


Cette équation, devant 
exprimer la circonstance 
que la droite DO passe par 
le point Q, prendra la 


forme 


J—F'=a(x — x). 


Mais les deux lignes IL et DO étant parallèles , les an- 
gles qu’elles forment avec l'axe des x sont nécessaire- 
ment égaux; ainsi les tangentes de ces angles sont égales, 
et lon a 


a =«a 
L'équation demandée est donc 
y —y' =a(x— x), 


15. Si les deux droites FD et DE (fig. ci-après ) sont 
perpendiculaires l’une sur l’autre, dans les deux 
équations générales de ces lignes, 


> =ax+b 
y=ax+b", 


I 
on aura a = ——. 
a 


En effet, par l’origine À menons les deux autres 
droites AB et AC respectivement parallèles aux propo- 
sées, les équations de ces derrières seront () 


MALE AT: 


Or, si nous prenons AP égal au rayon trigonométrique, 


AP 
et que nous menions MN perpendiculaire à AP, PM 


E 


sera la tangente de l’angle BAX , et PN celle de l'angle 
CAX ; c'est-à-dire qu’on aura 


PM—a et PN— a. 
Mais le triangle rectangle MAN donne 


PN : AP :: AP : PM. 
ou 


1 —. 
Donc a —-, et comme de plus PN est négatif, les 
a 


équations (4) seront 


SEAT ; JET; 


et les équations générales proposées deviendront 
y =ax+b 


I 
= x +0". 
nn 


. 
Telles sont les équations de deux droites perpendicu- 
laires l’une sur l’autre. 

16. Trouver l'équation d'une droite EF perpendi- 
culaire sur une autre droite donnée CD et assuietie à 


passer par ur point E. 


Si y —ax+b est l'équation de CD; celle de EF 
aura la forme y = — Lx bi) Mais EF devant 


passer par le point E, si nous désignons par x", y’ les 
coordonnées de ce point, l'équation de EF, d’après (12), 
sera 


’ I U 
jy =— (ex). 


17. Si l’on demandait la grandeur EF de la perpen- 


AP 
diculaire , il faudrait dans l'expression générale 


VTT +G@—x), 
qui donne (13) la distance de deux pointsx, #@ x", y', 
substituer les valeurs des Y 
coordonnées des points E et 
F. Or, les coordonnées du 
point E sont x’, y'; et quant 
à celles du pointF, en con- 
sidérant que ce point est 
commun aux deux droites 
EF et ED, on voit facilement 
qu'elles doivent vérifier en 
même temps les deux équa- 
tions de ces droites. Ainsi, A h:9p! 


prenant x et y pour inconnues, les équations 
Yÿ = ax + b 
! I G 
—Y =— (Lt —Z). 
PT at?) 


Nous donnerons, pour les valeurs de x et de y , les eo- 
ordonnées du point F; mais, comme dns l'expression 
de la distance de deux points, les coordonnées des points 
p’entrent que par leurs différences, on arrivera plus 
vite au résultat en cherchant immédiatement les quantités 
x—zx'ety— 7". Pour les obtenir, on donnera à l’é- 


quation 
y =ax+b 
\a forme 


y —y'=a(x—x)—y +ax +b; 


, 


et ou en retranchera l’équation de la perpendiculaire 
' L L 
Ver: =) 
on obtiendra ainsi 
CRETE 


D'où l’on tirera 
et par suite 


Gubstituant ces valeurs dans 


VO—rY+@—xry. 
On aura, pour la distance cherchée , l’expression 


y'—ax'—b 


Vi — FR 
18. Déterminer l'angle que font entre elles deux 
droites dont les équations sont données. 
Soient y —axr +b,y— a'x+b", les équations don- 
nées, Il est évident que l'angle de ces droites ne chan- 


AP 405 


gera pas en les faisant mouvoir parallèlement à elies- 
mêmes jusqu’à ce que le 
sommet de l'angle soit à 
l'origine. Ainsi, nous pou- 
seule- 
ment deux droites AM et 
AN, dont les équations 
sont alors 


vons considérer 


J=AT, y=ux. 


Prenons sur AM un A 
point M dont les coordonnées soient x’, y’, et abais- 
sons de ce point MN perpendiculaire sur AN, la gran- 
deur de cette perpendiculaire sera (17) 


Y' De a'x' 


MN — = 60 0 000 
Vita 


(v) 


à cause de b' — 0. 
Mais en considérant AM comme le rayon trigonomé- 
trique, on aura (u) 
AM =1i=x+y". 

et comme le point M est sur la ligne AM, dont l’équa- 
tion est y —ax, on aura aussi 

J'=ax", 
et par suite (2) 

y" — ax, 


des expressions (u) et (z) on tire 


4 1 ; a 
vire ve 

Substituant ces valeurs dans (v), on obtient 
PRE re 
Vioate 
Mais MN est le sinus de l'angle MAN; donc l'angle 
formé par deux droites dont les équations sont 

Y = ax + b 

J'=ax+b", 
a, pour sinus, la valeur 


MN 


a— a 
Va+æ).(+a) 
Pour obtenir la tangente du même angle, on partira de 
l'égalité (voy. Sixus) 
cos P—1—-Ssin #, 
d étant un angle quelconque. 
On aura donc 
D'où l’on tirera 
cos MAN — TR — , 
V'G + a) (+4) k 


406+ AP 

ct par suite 
sin MAN a— a! 
MAN ee ip NES 


Nous allons appliquer ce qui précède à la solution de 
quelques questions géométriques. 

19. Pros. I. Deux droites CA et CB étant données de 
position par les angles giwelles forment avec une troi- 
sième droite AB = p, trouver sur une quatrième droite 
AY perpendiculaire à AB, un point G tel qu'en menant 
GK. parallèle à AB, la partie HK interceptée entre les 
droites AC et CB soit égale à une ligne donnée m. 

Soient & la tangente de l'angle CAB et a’ celle de 
l'angle CBA. 

Prenant le point À pour l'origine des coordonnées, 
l'équation de AC sera 

Y=AX; 
et celle de CB sera 
f=—a(x—p), 

puisqu'elle doit passer par le point B, dont les coor- 
données sont 2=p y 
et y —0o, et que de 
plus y diminuant lors- 
que æ augmente, a” 
doit être pris négati- 
vement. 

Or, pour trouver 
les points H et K, où C|-— 
les droites AC: et CB 
rencontrent GK, il 


suffit de faire dans iles À k TE 


BE 
équations de ces droites y = AG,ouy=7%, désignant 


par 3 l’inconnue AG. Ces équations deviendront 
Z—AX, 
z=—a'(x—p). 
La première donne 


et la seconde, 


Ces valeurs sont celles des abscisses A et Ah, dont la 
différence Ak — Ah, est Ak ou HK = "1, ligne donnée, 
On a donc 


équation dans laquelle tout est connu, excepté z. On en 
tire 

(p—m)aa 

atrau 


Si au lieu de donner à HK une valeur déterminée mn, 


2 — 


on eût demandé que HK — AG, ce qui revient à trou- 
ver le côté du carré inscrit dans un triangle, on aurait 


A! 
faut 
pa'—2z 23 Ne 
a! ta 
et on aurait cu 
. paa 
nee 


20. Pro». Il. Trois lignes qui se con ent deux à deux 
étant données, trouver % 
ls angles qu'elles for- 
ment, ainsi que la sur- 
Jace du triangle dont 
elles sont les côtés. 

Soient AB, BC, AC les 
droites données. Suppo- 
sons le sommet d’un des 
angles placé à l’origine 
des coordonnées, et fai- : 
sons 


| 
| 
Les: ï 
Ap=m Bp—=n 
Ag=m' Cq=n', 
l'équation de AB sera 


— n pp 
= ie ? 
celle de AC 
Lis 
he 
et celle de BC 
n—n 
J—n— rep (t— m). 


Les distances comprises entre les points À et B, À et 
C, Bet C ou les côtés AB, AC, BC du triangle seruut 


AB= VER 
AC — V7" — n° 
BC = VAm — my} +(n—n). 
Si l'on fait AB — a, AC—b, BC = c, on aura 
e=m +R 
B=mi+tnt 
Ci (m— m'} + (nn) = nm L 


m—omn + n+n°—oann, 
et, par suite, 


@ + br 0 = 2 (mm +nn'), 
ou 
mm! + nn'=2(a + b?— c°). 
Or, le cosinus de l'angle BAC est, d’après (18) 


nn 
1+ 


= mm 


V'Cra) (+33) 


oun +nn' 


V' (re +) men) 


Substituant dans cette expression les valeurs en côtés 


AP 


da triangle, on aura définitivement 


co AGE Fe 
2ab 


égalité qui donne la valeur d’un angle au moyen des 
trois côtés du triangle. 
On obtiendrait de la même manière, pour les deux 


autres angles, 


ABC = a He —b 
24ac 

HAS Qu sut Les 
2bc 


Pour trouver la surface du triangle, il faut abaisser 
du sommet À une perpendiculaire AD sur le côté BC 
cu ce, dont l’équation est 


2 n— n ( m°) 
—)N— L— 

Y mi — mn de 

ou (12) 
LA ' ’ 

n—n mn — mn 

= = x À = 

Fm + m—m 


O1, la longueur d’une perpendiculaire abaissée d’un 
point æ, y' sur une ligne 


J7=ax+b 
est, d’après (17), 
J'—ax —b 
VA as 
Jasnous avons 
Ne n—n FA mn — mn 
St bé + m— Im mm 


Nous aurons donc 


m'n— mn 


rs nm} + nn) d 


AD 


on, à cause de c — v{ m—im} +(n—n) , 


Dm 


AD = 


Mais en désignant par S la surface du triangle ; on a 
S—YAD $ BC — — 
Donc, en substituant la valeur de AD, on à 


, NN—= mn 


2. 


Pour changer cette expression en une autre qui ne 
dépende que des côtés du triangle, il faut chercher 
l'expression de #1'n—mn' en fonctions de ces côtés. Or; 
on a 

@ = n° + nr 


à —=m?+n" 


æ + D? et 
o 


= mm + nn, 


AP ACT 
Multipliant les deux premières égalités l’une par l’au- 
tre , et retrancharit du produit le carré de la troisième, 


on trouve 


æ& + b2 —=) 
PSE . 


(m'n—mn} = ab — ( 


ce qui donne 


SVT CFE 
On peut mettre cette expression sous la forme 
S = V/5(5—a) (—b)(—0). 
en faisant s égal à la demi-somme des trois côtés a, b, c, 
ou en posant l'égalité s = = (a4-b4c). 

o1. Si l'on avait un Ÿ 
quatrième point D dont 
les coordonnées fussent 
m',n’, en désignant 
par d, d', d" les distan- 
ces AD, BD, CD de ce 


point aux sommets des 


trois angles du triangle, 


on aurait 
pat 
mn = dd 
(n'—m) + (n'—n) = d° 
On) + (n'y = d”" 
en développant les deux dernières égalités, et en substi- 
tuant les valeurs des coordonnées en côtés, on trouve 


a +d—d'"? 
mm'+nn" = + =p 
Lo ] 


»  b+dbd" 
m'm'+ nn" = LA es 2 —0# 
2 


p etg désignant, pour abréger, les seconds nombres 
de ces égalités. Dégageant alors #2" et n° on obtient 


mr Ap—nq 


IL — 7 ; 
DU —HIL I 


? 
3 DT MP 
mn —mn 


Substituant ces deux valeurs dans l’équation 72"? + 


C 


n" = d, elle devient 


CH +R hs 


MN NN mn —m'n 


et, en développant, 


n°p? Hg —onn'pq + n°qg +m'p—onmum'pq 
=. (mn mn}, 
ou 


p°(n?Æn°) + q(n8 +) 2pq(mm'4nn) 
=@&.(mn—m'n}). 
Substituant, dans cette dernière, les valeurs des coordon- 


nées en côtés, on obtient 


ag + bp —2py (° 


\ 


4108 AP 
éqution qui renferme toutes les propriétés des quadri- 
latères. 

En faisant d = d' = d", alors le point D est dans l’in- 
térieur du triangle , à égale distance des trois sommets : 
on peut donc le considérer comme le centre d’un cercle 
circonscrit (Foy. CErce). Les expressions ci-dessus de- 
viennent 


a 
Ps 
b 
Ta 
et, par suite, 
__ @b4 ,afbt ab: [a+ bic, 
RE pet 


ce qui se réduit à 


&dS = abc, 
d’où l’on tire ; 
abc 
d= T5 


expression très-remarquable du rayon du cercle circon- 
scrit à l’aide des trois côtés du triangle. 


2. Pros. III. Trou- » 
ver La valeur du rayon 
d'u: cercle inscrit dans 
un .riangle. 

Les équations des trois 
côtés étant comme ci- 
dessus 


un 
Choer re 
, 
Pme ———— X 


il s’agit d'exprimer la circonstance de la situation du 
point o à égale distance de ces trois côtés. Or, les coor- 
données de ce point étant m", n", les perpendiculaires 
op ; 0q, or, auront pour valeurs 


ñ 
n— —m" TT 
m mn'—m'n 
OP = —; > —= 
rm V'r+r k 
Frs 
' 
La (4 
NO — mn 
m'n"—m'n 
09 = — © = —— 
n° V/m+n 
1+ m'? 
' ’ 
ER em —mn 
nm— 1m M— mm 


or = 


Il 


Gm—m) n° — (n—n')m'—mn + nn 


V'(n=m)} + (an) ? 


ou bien 
à mn'—m'n 
PER a 
m'n"—m"n 
oq — 


b æ 


(nn mn) — (m"n—m"n) — (mn'—m'n) 
OP = ————— 


(a 


Mais, la formule qui donne l'expression générale de la 
perpendiculaire résultant d’une extraction de racine a 
le double signe + ; les expressions précédentes peuvent 
donc être prises dans les deux sens. Pour ne faire usage 
que des valeurs positives, seules nécessaires dans la 
question qui nous occupe, il faut remarquer que dans 
la figure construite on a 


" 


n n non 
= 7 > nm 3 


mm" m 


n' 
DE 


TE 


et par conséquent 
m'n>>mn" , mn>m'n, mn>mn. 


D'où il suit que pour n'avoir que des valeurs positives, il 
faut changer les signes de la première, qui devient 
alors 

m'n— mn" 


Op —= —. 
à a 


m'n” étant plus grand que »"n»', il ne faut rien changer 
à la seconde, Quant à la troisième, l'équation de BC 
étant 
n—n 
— æ 
LT de 


mn —m'n 
—m" 


Mm—m 

Si nous faisons dans cette équation x—m", le point de 
BC qui répond à l’abscisse m” est nécessairement une or- 
donnée plus grande que n»", nous avons donc 


mn mn 


m" + 


m—m 


ou 
mn" — mr" mn — m'n + mn — mn; 
ce qui revient à 
mn'— mr — m'n+ m'n<mn—mn, 
en retranchant »"n—m"n' des deux membres. Mais 


dans la valeur de or, mn'—m'n est pris négativement. 
Ainsi, comme on a mn >mn', 


— (nn — mn) 


sera une quantité positive plus grande que la somme de 
toutes les autres; et conséquemment or est positif. [l ne 
faut donc pas changer ses signes. 

Cela posé, soit 


og = €" or=e", 


op =e 
on aura (p) 


ae +be +cc=mn--mn= 28. 


| 
| 


AP 
Mais, dans le cas du cercle inscrit, e—e'=e”, donc 
128 | 
FE 2Fb+e 


C’est la valeur du rayon du cercle inscrit. 
23. Si l’on faisait a—b=—c dans l'équation (p) on au- 
rait 
e 28 
€ + € +e” = 7 ; 


ce qui fait voir que si d’un point quelconque, pris dans 
l'intérieur d’un triangle équilatéral , on abaisse des per- 
pendiculaires sur les côtés, la somme de ces perpendi- 
culaires sera égale à la hauteur du triangle ; car, pre- 
nant a pour base, et nommant À la hauteur, on a 


Lah=S, d'où k=®, 
et, par conséquent , e+-e'+e"— Ah. 

24. Il résulte des principes que nous avons précé- 
demment exposés, et des applications que nous venons 
d’en faire, que la solution des questions géométriques 
qui dépendent des relations des lignes droites, se ré- 
duisent à déterminer dans l'équation générale 


y = ax + b 


les valeurs particulières de a et b qui conviennent aux 
droites cherchées. Cette équation étant en même temps 
l'équation générale du premier degré à deux inconnues 
(voyez Équarions), on doit conclure réciproquement 
que toute équation du premier degré peut se cons- 
truire par une ligne droite. Si de ces équations 
nous passons à celles de degrés plus élevés, nous verrons 
qu’elles représentent des lignes courbes de diverse na- 
ture; mais pour nous élever successivement aux consi- 
dérations nouvelles qui découlent de cette manière d’en- 
visager les propriétés de l'étendue, nous allons d’abord 
rechercher l'équation de la circonférence du cercle, 
courbe que sa régularité et sa facile construction ren- 
dent presque aussi simple que la ligne droite; nous 
montrerons ensuite que cette équation n’est qu’un cas 
particulier de l’équation générale du second degré, qui 
embrasse dans sa généralité toutes les courbes nommées 
sections coniques , comme l’équation générale du troi- 
sième degré embrasse toute une autre espèce de courbes, 
et ainsi de suite. Cette recherche nous donnera un 
exemple de la méthode qu’il faut suivre pour trouver! 
l'équation d’une courbe dont quelques-unes des pro- 
priétés sont connues, tandis que la construction des 
équations générales nous offrira les moyens de déter- 
miner la nature des courbes qu’elles représentent, et 
d’arriver à la connaissance de toutes leurs propriétés. 

Soient AX et AY les axes des coordonnées et o le 
centre d’un cercle dont les coordonnées sont op = p 
etog = q. 


AP 109 


Si nous prenons sur la circonférence un point quel- 
conque c, dont nous désignerons les coordonnées par 
x ety'; la distance de ce point au point o sera d’après (13) 


= VE nn) 
Mais cette distance est la même pour tous les points de 
la courbe. Si donc nous désignons par r le rayon du 


cercle où la quantité à laquelle cette distance doit être 
constamment égale, nous aurons l'équation (2) 


on: nn Ed 0 NE Un 
ou x +g—2qx + +p my =r, 
qui sera celle de la cir- 
conférence d’un cer- 
cle, puisqu'elle con- 
vient à tous les points 
de cette courbe. 

Les trois quantités 
constantes p, g, rp|… 
qu'elles renferment, 
servent à indiquer en 
quoi une circonféren- 
ce de cercle diffère en 


grandeur et en posi-| 
tion d’une autre cir- 
conférence de cercle. 

L'équation (m») change de forme suivant la position 
du cercle par rapport aux axes. Par exemple, si l’ori- 
gine était située sur l’un des points de la circonférence, 
on aurait 

p+g=r 
et l'équation prendrait la forme plus simple(n) 
2? + ÿ° — 2pX — 2qY = 0. 
Si l'un des axes passait par le centre, et si l’autre tou- 
chait la courbe au point où elle est coupée par le pre- 
mier, On aurait 
g = 0 et 

ou q = 


p="r 
r et p—= 0, 


et l'équation (n) deviendrait 

Æ'+ÿ—ary =0 où x + y — 2rx — 0. 
Enfin, si l’origine des axes était au centre, on aurait en 
même temps 

g=0 € p = 0, 
et l’équation générale se réduirait à (0) 
my = 7, 

Cette dernière est celle dont on se sert le plus commu - 
nément. 

25. Pour trouver l'équation d'une courbe il suffit donc 
d'exprimer algébriquement les relations fondamentales 
qui existent entre ses points et les droites qui s'y rap- 


110 AP 


portent d’une manière déterminée. Cette équauon une 
fois trouvée, toutes les particularités de. la courbe en 
découlent naturellement, comme aussi celles qui peu- 
vent résulter de son concours avec d’autres lignes quel- 
conques dont les équations sont données. 

C’est ainsi qu’en combinant les équations du cercle et 
de la ligne droite nous pourrons déduire toutes les pro- 
positions géométriques qui se rapportent à ces lignes. 
Voyez CERCLE. 

26. L’équation générale du second degré à deux in- 
déterminées est de la forme (voyez ÉQUATIONS ) 


Ax? + By° + Cxy + Dx + Ey + F—o. 
Or, en supposant À = 1, B— 1 e1C — 0, cette équa- 
tion devient 

& + y + Dr + Ey +F=o. 
Faisantdans cette dernière 
D=—2q,E=-2p,F=q+p —r, 
elle se réduit à 


2? + y — 297 — 0py FI+P Tr =; 
équation que nous avons trouvée pour le cercle. 
L’équation du cercle n’est donc en effet qu’un cas 
particulier de l'équation complète du second degré. 


27. En cherchant les équations des courbes par la mar- 
che indiquée (25), nous trouvons 


Vi — 3x 
pour celle de la parabole, voyez PARABOLE; 
À: y2 + B? à = A: >, 
pour celle de l’ellipse, voyez Erzrrse; et 
A y? Lt Br = — A2h: 
pour celle de l'hyperbole, voyez HyrersoLe. 
Ges trois équations sont encore évidemment des cas 


particuliers de l'équation générale du second degré à 
deux indéterminées. 


28. Mais si, au lieu de chercher ces équations par les 
propriétés connues des courbes, nous construisons di- 
rectement l’équation générale du second degré qui les 
embrasse toutes, chacune de ces courbes sera détermi- 
née par des hypothèses particulières faites sur les coeffi- 
ciens de l’équation, et leurs propriétés fondamentales 
se déduiront aisément de leurs équations individuelles. 
Voyez ConsTRucTION. 

Il en est de même pour les équations des degrés su- 
périeurs. Voyez Courses. 


29. Géométrie à trois dimensions. La position d’un 
point dans l’espace indéfini est déterminée lorsqu'on 
connait ses distances à trois plans donnés. 

Soient trois plans YAZ, XAZ, XAY perpendiculaires 
entre eux, et dont les sections sont les trois droites AZ, 


AP 


AY, AX, dont chacune est ainsi perpendiculaire aux 
deux autres. Voyez PLan. 


Désignons par 2, n, p les distances d’un point O à 


ces trois plans, et supposons d’ailleurs que ce point soit 
situé dans l'angle trièdre AXYZ. 

Prenons sur AX, Am = m;sur AY A,n—n; sur 
Z 


AZ, Ap =p,et 


menons par les 
points »,n, p, 
des plans parallè- 
les aux plans don- 


nés. Le point O 


sera situé. à l’in-  ©* 
tersection  com- È 
mune des trois Li, 
plans parallèles,et 
conséquemment 

sa situation dars 
l’espace est entiè- + 
rement fixée. En effet, puisque les deux plans Om et On 
ont tous leurs points placés aux distances m1 et n des plans 
YAZ et XAZ, l'intersection Oo de ces plans aura éga- 
lement tous ses points à ces mêmes distances de YAZ ct 
de XAZ : ainsi, le point O devant se trouver en même 
temps sur les deux plans Om et On, ne peut se trouver 
que sur la droite Oo qui leur est commune. De plus, ce 
point doit également se trouver sur le troisième plan 
parallèle pO placé à une distance p de XAY; donc ce 
point ne peut être autre part qu’en O, où le plan pO 
coupe encore l'intersection Oo. 

On désigne par x, les distances au plan YAZ, comptées 
surAX ; par y, les distances au plan XAZ, comptées sur 
AY; et enfin par z, les distances au plan XAY, comptées 
sur AZ. De cette manière, les trois intersections AX, 
AY, AZ sont les axes des x, des y et des z. On les 
nomme axes coordonnées, et x, y,2, ou les distances aux 
trois plans, se nomment les coordonnées du point. 

On nomme encore, pour abréger, plan des yz, le 
plan YAZ perpendiculaire à l’axe des æ; plan des xz, 
le plan XAZ perpendiculaire à J’axe des y; et plan des 
æy le plan XAY perpendiculaire à l’axe des z. Ce dernier 
plan est considéré ordinairement comme ayant une po- 
sition horizontale. D’après ces notations, les équations 
du point O sont 


T m, =, 


Zz = pP; 


et les quantités », #, p, lorsqu'elles sont connues suf- 
fisent pour fixer la position du point dans l’espace. 
Comme les trois plans coordonnés ; étant prolongés 
indéfiniment en tous sens, forment huit angles trièdres 
âu point À , pour déterminer dans lequel de ces angles 
est situé le point, on régarde comme positives les dis- 
tances comptées sur AX à la droite de À, ct comme ne- 


AP 


gatives les distances comptées à la gauche de À, ou de 
A vers X'. De même, les distances comptées sur AY et 
AZ sont considérées comme positives de À vers Y et Z, 
et comme négatives de À vers Y' et Z'. 

Ainsi, la position d’un point dans l'espace se trouve 
entièrement fixée par les signes des distances 71, n;,p; 
lorsque d’ailleurs ces distances sont connues. C’est ainsi 
que les équations du point sont : 

Dans l’angle 


AXYZ . 2=%m, ÿ=+n, 2=+p:. 
AXYZ ee = mm, ÿ—=+4n, 2 =+p. 
AXYZ . x=+tni, y=—n, 5: =+p: 
AXYZ' ... #—=+m, Y=+n, 3—=—p. 
AXYZ Om, y=—n, 2=+p. 
AXYZ'... xm——m, Y=<+n, z2—=—p. 
AXYZ'... x=+m, yY=—n, 3 =—p. 
AX'YZ'... a=—=m, Y=—nN, 2—=—p: 


30. Lorsque dans les équations générales du point, 
T=MY =, T7 = Pp, 

une des quantités 7, n, p est zéro, cette circonstance 
indique que le point est situé dans le plan des deux 
autres coordonnées ; ainsi, par exemple, l'équation 
z = o correspond à un point placé dans le plan xy. 

Lorsque deux de ces distances sont nulles en même 
temps, le point est situé sur l’axe de la dernière : ainsi 
les équations 

D = V — 0) 2 —\0 
té : ie ; 

sppartiennent à un point situé sur l'axe de æ. 

Fnfn, Ies trois équations 

= 0 T=EUzS=e 

désignent l'origine À des plans coordonnés. 

31. Lorsque les plans coordonnés nesont pas perpen- 

à à « 
diculaires les uns sur les autres, les axes se nomment 
axes obliques, et les équations du point expriment alors 
des distances comptées parallèlèment à ces axes. Voyez 
TRANSFORMATION DES COORDONNÉES. 

32, Si de tous [es points d'une droite située dans 


Z 


l'espace on abaisse des perpendiculaires aux plans coor- 
donnés, on aura sur chacun de ces plans la projection 


AP 444 


de la droite; mais il suffit de deux de ces projections 
pour déterminer la position de cette droite. (Foy. 
GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE. } Ordinairement on choisit les 
projections faites sur les plans des xz et des yz, dont 
l'axe commun AZ est regardé comme l'axe des abscisses, 
alors AX est l'axe des ordonnées sur le plan des æz, et 
AY l'axe des ordonnées sur le plan des yz. 

Soient douc PQ une droite quelconque, et pg et 
p'q ses projections sur le plan des æz et des yz, les 
équations de ces projections sur chacun de leur plan 
auront la forme 

zx = az + b 

Vi + d. 
act © étant les tangentes des angles que forment pg 
et p'q! avec l'axe des z, et b et d les distances de l’ori- 


CZ 


gine aux points où ces droites rencontrent l'axe des x 
et celui des y. 
Or, la droite étant entièrement connue lorsque ses 


projections sont connues, les équations 
az + b,y cz + d 


sout en même temps les équations de la droite dans 


D œi—| 


l'espace. 

A l’aide de ces équations on peut résoudre toutes les 
questions qui se rapportent à la ligne droite dans l’es- 
pace; mais c'est surtout en les combinant avec celle 
du plan qu’on obtiendra des résultats nouveaux et im- 
portans: Joy. Pan et Surrace. 

APPLICATION d’une science à une autre. Usage 
qu'on fait des principes et des vérités qui appartiennent 
à une science pour perfectionner et augmenter une autre 
science. 

Toutes les sciences et tous les arts étant liés, le do- 
maine du savoir humain se compose en grande partie 
d'applications de chacune de ses branches fondamentales 
à toutes les autres. C’est ainsi qu’elles se prêtent un mu- 
tuel secours et concourent au même but, celui d'élever 
le savoir à l'unité systématique vers lequel il gravite sans 
cesse depuis les premières traces de la vérité parmi les 
hommes. 

APPLICATION (Géom.). Superposition de deux 
figures égales. C’est par l’application qu'on démontre 
les propositions fondamentales de la géométrie élémen- 
taire; par exemple, que deux triangles sont égaux 
lorsqu'ils ont un angle égal compris entre des côtés 
égaux, etc. Foy. SUPERPOSITION. 

APPLIQUÉE ( Géom. ). Ligne droite qui coupe le 
diamètre d’une courbe et dont les deux extrémités sont 
des points de la courbe. On la nomme encore double 
ordonnée. Foy. ORDONNEE. 

APPLIQUER. Transport d'une ligne soit dans un 
cercle , soit dans toute autre figure, en plaçant les extré- 


mités de la ligne sur le périmètre de la figure. 


412 AP 


Appliquer est encore pris quelquefois dans le sens de 
diviser. Ainsi, 4 appliqué à 20 signifie 20 divisé par 4. 
Cette expression, très-commune dans les auteurs latins, 


est rarement employée aujourd’hui. 


APOLLON (Astr.). Nom donné par quelques au- 
teurs à l'étoile des Gémeaux, plus connue sous celui 
de Castor, et marquée x dans les catalogues. 


APPROCHE (WMeéc.). Courbe aux approches égales, 
accessus æquabilis. Courbe célèbre que Leibnitz de- 
manda aux géomètres de son temps, qui ne voulaient 
point admettre les principes du calcul différentiel, et 
dont ces géomètres ne purent trouver l’équation. 

Un corps, abandonné à l'effet de la pesanteur, par- 
court, soit en tombant librement par la perpendiculaire, 
soit en roulant sur un plan incliné, des espaces d'autant 
plus grands en temps égaux, qu’il s'éloigne davantage 
du point où sa chute a commencé. ( Voyez ACCÉLÉRE. ) 
Mais ce corps reste un temps d'autant plus grand à par- 
courir la même ligne avec une vitesse déterminée, 
qu’elle forme un angle plus petit avec l’horizon. Il doit 
donc exister une courbe telle, que l’obliquité de ses 
diverses parties compensant la vitesse avec laquelle elles 
seront parcourues , le mobile approchera uniformément 
de la ligne horizontale, c’est-à-dire parcourra en temps 
égaux des espaces égaux, pris dans le sens perpendicu- 


laire. 


Tel est le problème proposé par Leibnitz en ces 


termes : 


Trouver une courbe xx'x", le long de laquelle un 
corps descendant par l’action seule de la pesanteur, 
approche également de l'horizon en temps égaux, ou 
dont les parties xx, xx', x'x", etc., déterminées par 
les lignes horizontales xy, x'y', x'y" également dis- 
tantes l'une de l'autre, soient parcourues dans des 
temps égaux. 

Cette question n'ayant point été résolue, Leibnitz 
publia sa solution en 1689 (Act. À . 
erud. ), sans laisser entrevoir la 
marche qu'il avait suivie pour y 
parvenir. Bientôt après Jacques 
Bernouilli, à l’aide des nouveaux 
calculs de l'infini qu’il commençait 

- à cultiver, trouva la même solution, 
eten publia l’analyse ( Act. Erud., 
1690). Varignon généralisa ensuite 
le problème en cherchant la courbe 
qu'un corps doit décrire dans le 
vide pour s'approcher également 
de l'horizon en temps égaux, la loi 


de la pesanteur étant supposée quel- 
conque. Enfin, Maupertuis le ré- 


solut complètement dans sa plus grande généralité, 


AP 


en prenant l'hypothèse d'un milieu résistant. Voyez 
Mémoires de l'Académie des sciences , 1699 et 1730. 

L’équation de la courbe, dans le vide, s'obtient fa- 
cilement de la manière suivante : 

Supposons que le mobile parvenu au point x, ait 
acquis un degré de vitesse égal à celui qu’il aurait obte- 
nu en tombant perpendiculairement de la hauteur Ay; 
menons zn parallèle à xy, et du point x abaissons xm 
perpendiculaire sur 22; prenons Ay pour l'axe des x, 
et faisons Ay = x, xy — y. Si nous concevons yz 
infininent petit, ou si nous prenons yz pour la diffe- 
rentielle de Ay, alors nn sera la différentielle de y; 
et l'arc æn sera la différentielle ou l'élément de la 
courbe. Nous aurous donc, à cause de æm = y = dx, 
et de mn = dy, 


æn = V/dx° + dy 
Mais la vitesse au point x est égale à \/Ay ou V/x. 


Ainsi, en désignant par dt le temps de la chute suivant 
l'arc infiniment petit x», nous avons 


æn = dt. \/%. 
Or, d’après la nature du problème dx = dt, done 
æn = dx, V/x, 


et, par conséquent, 


dxV/x — Ve + dr. 
D'où l'on tire 


dy = dx. Va—:1, ( 
et , en intégrant, 
= fdx .Va—i =2(x—1) 5 
ce qui nous donne définitivement 
S'=i(@— 1), 
ou, faisant x — 1 3, 
47 =. 

Cette équation est celle d’une parabole cubique dont 
l'abscisse égale z, l’ordonnée y et le paramètre = 2. 
V'oy. PARABOLE. 

Pour avoir le point où la courbe rencontre l’axe Ay, 
si nous faisons 2—0 , nous avons æ=1 ; d’où il suit que 
l'origine n’est point en A, mais en P, en faisant AP —1. 
Ainsi, pour que le mobile descende selon la loi qu’exigele 
problème, avant d'atteindre le sommet P de la courbe. 
il doit avoir une vitesse égale à celle qu’un corps ac- 
querrait en tombant librement de la hauteur AP. Cette 
hauteur étant égale à l’unité, lorsque le paramètre est ?, 
on peut dire, en général, que le corps doit d’abord 
tomber librement des # du paramètre avant de ren- 
contrer la courbe, pour qu'ensuite il puisse s'approcher 
également de l'horizon en temps égaux. 

APPROCHES (Fonrirication). Nom que l’on donne 
à tous les travaux que l’on fait dans an siége pour s'a- 


AP 


vancer vers la place en se mettant à couvert de son feu. 
Voy. FoRTIFICATION. 

APPPROXIMATION (Aritk. et Alg.). Méthode d’é- 
valuer une quantité en approchant de plus en plus de 
sa véritable grandeur. A l'exception des nombres ra- 
aonnels , entiers ou fractionnaires, tous les autres nom- 
bres n’ayant point de rapport fini avec unité, lors- 
qu'il s'agit de les mesurer ou de les comparer à l'unité, 
on a besoin de connaître les nombres rationnels dont ils 
diffèrent le moins, afin d’assigner les valeurs approchées 
des rapports qu’il est impossible d'obtenir exactement. 
Par exemple, si l'on voulait comparer 2, à l'unité, 
où si l’on désirait connaître combien d'unités et de par- 
ties d'unité contient V/2, il faudrait calculer les nom- 
bres rationnels qui diffèrent le moins de la véritable va- 
leur de V/2; et comme cette véritable valeur, exprimée 
en fractions décimales, contient un nombre infini de 
chiffres , il est évident que plus on prendra de ces chif- 
fres, et plus on approchera du rapport exact de 1 et de 
V/2. C'est ainsi qu’en se contentant d’une valeur appro- 
chée à moins d’un centième, on a 


V2=i1,4r.. 


Que si l’on demande cette valeur, à moins d’un mil. 
lième , on a 

V2=:1,414.. 
Et qu’enfin si l’on a besoin de pousser l’approximation 
jusqu’à un dix-millième, on trouve 


V2= 1,4142.... 

Or, la méthode d'approcher ainsi de plus en plus de 
la grandeur d’une quantité est ce qu’on nomme approxt- 
mation. 

Dans les calculs ordinaires on se contente encore des 
valeurs approchées des nombres fractionnaires , lorsque 
ces nombres sont exprimés par une trop grande quantité 
de chiffres pour que leur rapport avec l'unité dont ils 
dépendent, puisse être facilement apprécié. C’est ainsi, 
par exemple, qu'ayant trouvé 150 mètres et À28E de 
mètre, pour résultat d’un calcul dans une question où il 
est inutile de considérer les quantités plus petites que le 
millimètre, on réduit la fraction ordinaire en fraction 
décimale en s’arrêtant au troisième chiffre du quotient 
de la division ; ce qui donne 


D'où l’on conclut que le résultat trouvé est, à moins 
d'un millimètre près, égal à 150,168. Dans ces sortes 
de questions, l’approximation est toujours suffisante 
lorsqu'elle s'élève aux plus petites subdivisions des quan- 
tités sur lesquelles on opère. 

Il y a encore, pour les fractions ordinaires , une ap- 
proximation d’une nature différente : c’est lorsqu'on 


AP 413 


demande d’autres fractions ordinaires qui diffèrent très- 
peu des proposées , et qui soient exprimées par de plus 
petits nombres. J'oyez, pour toutes ces questions , es 
mots : Fracrion, Fracrion pÉcImALE ét FRACTION con- 
TINUE. 

Quant à l’'approximation des nombres incommensu- 
rables , voyez EXTRACTION DES RACINES. 

APPROXIMATION des racines des équations. La résolu- 
tion théorique des équations, à partir du cinquième 
degré, étant encore un problème au-dessus des forces 
actuelles de la science, et celle même des équations du 
troisième et du quatrième degré étant souvent très-la- 
borieuses par les regles générales, les efforts des géomè- 
tres se sont tournés du côté des méthodes d’approxima- 
tion. Sous ce rapport, du moins, leurs succès ont été 
plus complets. Saus parler ici des premières tentatives 
de Viète, qui ne peuvent plus compter que pour l’his- 
toire de l'algèbre, nous allons exposer successivement 
les procédés généraux que l’usage a consacrés. 

Le plus populaire de ces procédés est dü à Newton, 
qui le communiqua à Barrow dès l’année 1669, dans son 
écrit intitulé : Analysis per æquationes numero termi- 
norum infinitas. Voici en quoi il consiste : 

Soit l'équation générale du degré », ayant des rac- 
nes réelles, 
am + À ami A am? LE A; m5 — etc... + Am —0. 
et soit a, une valeur approchée d’une de ces racines, va- 
leur qu’il est toujours possible de trouver, à moins 
d’une unité près. Joy. Limrres. 

Désignons par z, la quantité dont à diffère de la véri- 
table valeur de x, et nous aurons l'égalité 


—= 4 + Z. 

C’est donc la valeur de z qu'il s’agit de déterminer. 
Pour cet effet, substituons (a + z) à la place de x dans 
l'équation proposée, elle deviendra 

(a +2) + As (a+sÿi it As (a+z)rs LE etc. 

+ An —=o0. 
Développant les puissances des binômes, en ordonnant 


par rapport à z, nous obtiendrons une équation en z de 
la forme 


B+B:z<+ be 2 LB; 2 + etc... + 2 — 0. 
Or, ane devant différer de x que d’une quantité plus pe- 
tite que l'unité, z sera une fraction, et par conséquent z?, 
23,74 ,etc., seront aussi des fractions de plus en plus 
petites. Négligeant donc les termes où ces quantités se 
trouvent , nous aurons l'équation 


BLB,z=0, 
d'autant plus exacte que z sera plus petit. La valeur ap- 
prochée de z sera donc 


35 


144 AP 


et, par suite, celle de x 


B:1 
Maintenant, en exprimant par 72 cette première ap- 
proximation, et par z' la quantité dont elle diffère de la 


véritable valeur de +, nous aurons encore 
æ = mn + 3. 
z'à la place de x, 


Substituant 2 + 


proposée, et continuant comme ci dessus, nous parvien- 


dans l'équation 


drons à une nouvelle équation en z' 


CH Ci z' + Ce: 32 + Cs 35 + etc...  — 0; 
laquelle, en négligeant tous les termes affectés des puis- 


ra NOT ES 
sances supérieures de z", se réduira à 
C —- Ci 2e 0: 


D'où nous tirerons 


Ë G 
Anar Qui 
et par suite 
papa hr 
(a BC: 


seconde valeur approchée de +. En continuant de la 
même manière, nous obtiendrons successivement des 
valeurs qui différeront de moins en moins de la vérita- 
ble, dont nous pouvons ainsi approcher indéfiniment. 
Un exemple va rendre ce procédé plus sensible, 

Exéuprr. On demande une des racines de l'équation 
a— 9x —5—0. 

Après avoir trouvé qu'une des racines est comprise 


entre 2 et 3, on fera 


L—2$7 


Substituant dans l'équation, on aura 


D'où 103— 1 —o, en négligeant les termes affectés de 
z2 et de z°. 


ï 
Cette dernière équation donne z2=—. On a donc 
10 


pour première valeur approchée de æ 


1 
=2 + — —02,1 
26 10 
Faisant actuellement 


d'=S;1#2 


car il est inutile de prendre un autre caractère que z, 


ou æ— 2,1 +3; 


et substituant dans la proposée, nous aurons 


a} — (2,1) H 3(2,1)z + etc. 
— 2(2,1)— 23 


—)d —=—), 


| 
à 
Ï 


t, par conséquent , 0,061 4- 11,233 = 0. 


D'ou 


_ r 
—— 0,0004 , 


en se bornant au quatrième chiffre décimal. 


Nous avons donc pour seconde valeur approchée 
de x 


&—2,1—0,0004 —2,0946. 
Faisons encore 
—2,0946+72, 
et nous aurons 


a —(2,09406) + 3(2,0946)z + etc. 


— 2% = — 2(2,0946) — 2z 
—) —=—5. 
D'où 
0,000541708+#11,16196z=—0, 
et 


0,00054 1708 
,10196 


—=—0,0000/853 ; 
ec qui donne pour troisième valeur approchée de æ 


2=9,0946—0,00004853=—2,09455147, 


dont les sept premiers chiffres décimaux sont exacts. 


En continuant de la méme manière, on obtiendrait un 
aussi grand nombre de chiffres exacts qu’on pourrait le 
demander... 

Avant de passer aux méthodes plus modernes, nous 
devons parler de deux autres procédés fondés sur le 
même principe, et qui ont été trouvés par Halley et 
Raphson, peu de temps après la découverte de New. 
ton, dont il parait prouvé qu'ils n'avaient point connais-- 
sance. 

Le procédé de Halley ne diffère de celui de Newton 
qu’en ce qu'il conserve dans les équations successives les 
termes où se trouvent les secondes puissances de z; mais, 
par un moyen ingénieux, dont il fait honneur à Lagny, 
il réduit encore toute l'opération à une simple division. 
Voyez Transactions philosophiques, 
1694. 

Le procédé de Raphson n’est en réalité qu’une sim- 


n° 210, année 


plification de celui que nous venons d'exposer. Comme 
tel cependant, il mérite de trouver place ici. 

Soit, 
moins d’une unité, d’une des racines de l’équation (72) 
am + A4 ami As am LA; am etc... + An —0. 

Eu multipliant chaque terme de cette équation par 


comme ci-dessus, « la valeur approchée, à 


l'exposant de la puissance de x qui s'y trouve, et dimi- 
nuant ensuite tous ces exposans d’une unité, on obtient 
l'expression (2) 

mari (nr )A a 2 (no) A ans Letc... Arret, 


qui west autre chose que la dérivée différeutiel{e de 


AP 
Véquation. Dans cette opération on considère le terme 
absolu À, comme s’il était A, x°, et alors en le multi- 
pliant par l’exposant zéro il disparait. 

Si nous désignons par M, ce que devient l'équation (mr) 
lorsqu'on y substitue a à la place de x, et par N ce que 
devient l'expression (x) par la même substitution, la 
valeur approchée de x , sera 

M 
T=Aa— TV. 
A l’aide de cette valeur on obtiendra une seconde ap- 
proximation en opérant de la même manière, et ainsi 
de suite. Nous allons faire une application de cette mé- 
thode à l’équation de l'exemple précédent. 
L’équation donnée étant (r) 


x—92x—5=0, 
sa dérivée est (2) 
3x1 — 0. 


Nous avons d’ailleurs a — 2. 
Substituant 2 à la place de x dans (1) et (2), nous 
trouverons 


8—4—5—M 
12—9—=N. 
D'où 
M 1 
BE DER UT 


Substituant de nouveau 2,1 dans (1) et (2), nous au- 
rons 
(2,1) 22,1) —5=M, 
3(2,1)—9 = N. 
1où 


0,061 
L=2,1— 0, 1— ——— 2,0946. 


N 11,23 
Substituant encore 2,0946 dans (1) et (2), nous ob- 
tiendrons 
(20946) — 2(2,0946) —5—M, 
3(2,0946 —2=N, 


et, par suite , 
M 
x—2,0946— N— 2,09425147. 


Chaque substitution nous donne donc les mêmes va- 
leurs ‘que dans le procédé de Newton; seulement la 
marche est plus simple. Raphsona encore facilité l'appli- 
cation de son procédé, en calculant des tables à laide 
desquelles on obtient les quantités que nous avons dési- 
guées par M et N, pour chaque équation, jusqu’à celles 
du dixième degré inclusivement. Voyez Analysis 
æquat. univ. London, 1600. 

Tne faut cependant pas conclure, de approximation 
rapide que nous venons d'obtenir pour la valeur de x, 
das l'équation x—2%—5=—0, que le procédé de Raph- 


AP 4145 
son ou de Newton puisse s’appliquer avec le même avan- 
tage dans tous les cas. Si la première valeur approchée 
a différait de la véritable de plus de, l'approximation 
serait beaucoup plus lente, et l'opération exigerait un 
grand nombre de substitutions. Il est donc important, 
ayant d'employer ce procédé, de trouver une valeur de 
æ dont les limites scient plus rapprochées que & et a + 
1 ; une simple application de la règle de Fausse posITION 
peut abréger les calculs. Par exemple, après avoir 
trouvé que l'équation x—2x--5 se réduit à —r en fai- 
sant x — 2 et à +16 en faisant æ=—3, ce qui montre 
d’abord évidemment que la valeur de æ est plus près de 
2 que de 3, on multiplie le résultat de chaque substitu- 
tion par la valeur de l'autre substitution, et l'on divise 
la somme des produits par celle des résultats. Le quo- 
tient est déjà une valeur plus approchée de x que 2 et 3 
(foyez Fausse rostrion), et l'application du procédé 
de Newton amène alors une approximation beaucoup 
plus prompte. 

Nous aurons ici 
1X3—H16X2 35 


=: —9,05 
17 


? 


1+106 
en nous bornant aux centièmes. 


Partant donc de cette valeur, la première substitu- 
tion donnera æ—2,07, qui diffère bien moins de la vé- 
ritable que æ=2,1 trouvée ci-dessus ; et, conséquem- 
ment, les substitutions suivantes donneront également 
des résultats plus approchés. 

Dans son bel ouvrage sur la Résolution des équations 
numériques, Lagrange à examiné la certitude de ces 
procédés et le degré d’approximation qu’on peut attein- 
dre par chaque substitution successive. Les détails dans 
lesquels il est entré ne laissant rien à désirer, nous y 
renvoyons ceux de nos lecteurs qui voudraient appro- 


fondir entièrement la question. 


On doit aux illustres frères Jean et Jacques Ber- 
nouilli plusieurs méthodes ingénieuses d’approximation 
dont l'exposition nous entrainerdit trop loin (Voy. Jean 
Bernouïlli, opera, tome UK, et Actes de Leipsick, 1689). 
Taylor (Trans. Philosoph. 1717), Thomas Simpson 
(Essays on several curions et usufiuls subjets. London, 
1740. — Select exerëises for young profiéients. Lond., 
1952), M. de Courtivron (Mém. Acad. des Se., 174), 
et le mathématicien allëmand Kæstner ont également 
découvert des procédés particuliers que les limites de 
ce dictionnaire nous permettent seulement de mention- 
ner. Cependant, la méthode dé Daniel Bernouilli , ex- 
poséé dans le Commentaire de l'Académie de St,<Pe- 
tersbourg, tome HI, et développée ensuite par Euler 
dans son ouvrage : /ntroductio in an4lÿysin infintorunx, 
ctc., repose sur des considérations. si différentes de 


toutes les autres méthodes, que nous croyons deveur: 


416 AP 


laonner au moins une idée du procédé élégant qu'Euler 
enatiré. 

La méthode de Bernouilli consiste à trouver une série 
récurrente (voy. ce mot) telle que lun de ses termes, di- 
visé par celui qui le précède, donne une valeur de plus 
en plus approchée d’une racine de l'équation, selon 
que les termes employés sont plus grands. Supposons 
donc, dit Euler, que nous connaissions déjà les termes 
successifs p, q, r, s, t, etc. de cette série , il faudra que 


. , . les % . 
L indique la racine x dejà assez exactement; c’est-à-dire 


LS 


qu’on ait à très-peu près us æ. On aura de même 


VIS 


= x; et la multiplication des deux valeurs donnera : ve 


s ss 
= x°. De plus, comme 7 = Y On aura aussi à 


: : t t Se 
x; ensuite, puisque -=x, on aura in æi,et ainsi 
s 
de suite. 
Si, dans une équation 


æi+Ar+Bz+C=o, 


nous substituons ces valeurs , elle deviendra 


s r 
SH HAE t; 
ou 
s+Ar+ Bg+ Cp= 0; 
ce qui nous donne 
s—=—Ar—Bq—Cp; 


expression qui montre comment cha jue terme de la sé- 
rie récurrente doit être formé par ceux qui le précè- 
dent : de sorte qu'ayant seulement, «ans le cas qui nous 
occupe , les trois premiers termes, or est en état de con- 
tinuer la série aussi loin qu’on le voudra. Quant à ces 
trois premiers termes, on peut les prendre à volonté. 
Nous allons éclaircir ceci par un exemple, faisant obser- 
ver, avant tout, que le second terme de l’équation ne 
doit pas manquer. Soit l'équation 


A X1— 2L— 1 —O. 


Faisons — æ =" : x= À, nous aurons 
P P q 
RER PRET 
P P P 
D'où 
s=r+2q+p. 


Par où l’on voit que chaque terme de la série doit ré- 
su!ter de la somme des trois termes qui le précèdent, 
après avoir préalablement multiplié par 2 le terme du 
inilieu. Le commencement de la série étant arbitraire , 


AP 


prenons 0,0,1 pour les trois premiers termes, et nous 
trouverons pour les suivans 


0,0,1,15,59,0,13,20; 60,120, 27/7, etc, 
Ainsi , les valeurs de x seront 


28 Go 


129 277 
130158 


60 ? 129 ? 


27 
17 , nous au- 
29 


12 “rt GTS 
I 


: t 
PS Dm 5 etc. 
Oo "010400 30006 


Si nous prenons pour x la fraction 
I 


rons 
L'— 2,147, 


valeur exacte jusqu’au chiffre des millièmes. 

Nous devons faire observer que toutes les équations 
ne sont pas de nature à pouvoir y appliquer cette mé- 
thode avec avantage, et que souvent on est forcé de 
calculer un très-grand nombre de termes de la série pour 
obtenir une faible approximation. En outre, le choix 
des premiers termes n’est pas entièrement arbitraire, et 
il est facile de s'apercevoir qu’on peut, en les détermi- 
nant convenablement, rendre l’approxanation plus ra- 
pide. Quoi qu'il en soit, le procédé d’Euler n’en est 
pas moins un des plus ingénieux qui ait été trouvé jus- 
qu'à ce jour. Nous ferons connaitre, à l’article sÉR1ES RÉ- 
curreNTEs, les principes sur lesquels il est fondé, et 
dont la découverte est due, ainsi que nous l’avons déjà 
dit , au célèbre Daniel Bernouilli. 

Il est assez difficile de pouvoir reconnaître exacte- 
ment le degré d’approximation qu’on obtient par les 
méthodes précédentes ou de savoir, dans chaque opé- 
ration, quels sont les chiffres décimaux auxquels on doit 
s'arrêter pour ne pas rendre inutilement les calculs suc- 
cessifs trop laborieux. Sous ce rapport , le procédé de 
Lagrange, que nous allons exposer, est supérieur à tous 
les autres, quoiqu'il ne donne que des approximations 
plus lentes , et qu'il ne soit en réalité qu'une méthode 
de tétonnement. 

Soit, comme ci-dessus, 


x" HA;xm—A HE Ac DUT JE À; as L'etc.. = 0, 


une équation d’un degré quelconque dont une racine 
réelle est comprise entre à et a+-1, ou dont a est la 
partie entière. 


ee 1 5 : 
En désignant rs , la partie fractionnaire de cette 
racine, nous aurons 
x=a+ d 
ex Et) 
VA 
é pe Le. 
et nous obtiendrons, par la substitution de a +- à Ja 
Ÿ 


place de x, dans la proposée , une équation en y dont la 
forme sera 


PT + B; “dc | Be RES E B; L'an + eiC; — 10. 


Cette équation aura nécessairement une racine réelle 


AP 


positive, plus grande que l'unité, et n’en aura qu'une 
seule , s’il n’y a, comme nous le supposons ici, qu’une 
seule racine x comprise entre a et a + 1. Dans ce der- 
nier cas, après avoir trouvé la partie entière de cette 
valeur de y (Foy. Limites), désignons-la par b, et nous 


aurons 
I 
3 =b+ 50 
étant la partie fractionnaire inconnue de cette même 
z 
racine. 
14. x ; 
Substituant b+ — à la place de y, dans l'équation 


en ÿ , nous obtiendrons une nouvelle équation en z de 
la forme : 


2m Ci ami EL Ce 22 LC; 2-5 L'etc... — 0, 
qui n'aura également qu’une seule racine positive plus 
grande que l'unité. En désignant encore par c, la partie 
1 I : à ; 
entière de cette racine et par 2 la partie fractionnaire, 


nous aurons 


Opérant encore comme ci-dessus , nous obtiendrons 
pour # une valeur de la forme 


I 
w=d+-, 
P 
et ainsi de suite. 
Or , réunissant les diverses racines 


Le 


1 I 1 
CO LE En ME CLR MP tent etc., 


si nous substituons dans la première la valeur de la se- 
conde , elle deviendra 


a=at 


Substituant dans cette dernière la valeur de z, et succes- 
sivement celles de w, etc., etc., la racine cherchée sera 
exprimée par la fraction continue 


Le a+ ———— 
LE Maya TEE 
c+ 


d+ etc. 


et il est évident que plus on prendra de fractions inté- 
grantes, plus on approchera de la véritable valeur de 
æ. Pour fixer les idées, nous allons appliquer ce qui 
précède à l'équation x?— 2x— 5 — 0, déjà traitée par 
la méthode de Newton. 

La valeur entière d’une des racines de cette équation 
étant 2, nous aurons 


L=2+- 
+; 


AP 417 


Et, en substituant et ordonnant par rapport aux puis- 

, Ë b 
sances de y , l'équation en y sera 

FP— 107? — 67 — 1 —0, 
dont la racine réelle est comprise entre 10 et 11. Fai- 
sons donc 
! I 
J —=10 + EL 
nous obtiendrons 
G123— 942? — 203 — 1 — 0 
pour l’équation en z. Cette équation a une racine entre 
‘ : L', 
1et2. Par la substitution de 1 + — à la place de z dans 
w 
cette dernière, l'équation en 4 sera 
54av} + 254vt — Bow — 61 — 0, 
dont la racine est encore entre 1 et 2. 

En continuant de la même manière, on trouve, pour 
les nombres que nous avons désignés ci-dessus par a, b, 
c, d, etc., et qui ne sont que les parties entières des 
racines de chaque équation successive, les valeurs 2, 
10,1,1,2,1,3,1,1,12, etc.; de sorte que la ra- 
cine cherchée est exprimée par la fraction continue 


1+etc. 


D'où l’on tirera ( Foy. FRACTIONS CONTINUES } les frac- 
tions 


21 23 44 vu 155 576 731 1307 16415 
10/11/21) 53) 74 275? 349 G24 ! 7837 ? 10 


2 
1° 


qui seront alternativement plus petites et plus grandes 
que la valeur de x 

16415 
7537 
cine cherchée ; mais on sait, par la théorie des fractions 


La dernière fraction 


est plus grande que la ra- 


4 : I 
continues , que l'erreur sera moindre que = 
»q q (835) ; Ou 


que 0,0000000163... en réduisant en fraction décimale. 
qn°! Dusx64xbaès: ne 
Ainsi, la fraction Dur ,; également réduite en fraction 


décimale, donnera une valeur de x exacte jusqu'à la 
septième décimale. Cette valeur est 

TX —=2, 09455148.... 
Ainsi, la racine cherchée est entre 2,09455149 et 
2,09455147. 

Cette méthode, comme celle de Newton, suppose 
qu'il n’y a qu’une seule racine comprise entre deux 
nombres & et & + 1 qui ne diffèrent que d’une unité. 
Cependant, lorsque cette condition n'existe pas, on peut 
encore, ef cherchant la plus petite différence des ra- 


418 AP 


cines, déterminer des limites assez rapprochées pour 
rendre ces procédés applicables. Voyez ÉQUATION Aux 
DIFFÉRENCES, Limires, RÈGLE DES siGNES. 

Le procédé de Lagrange entraîne souvent dés calculs 
si longs et si rebutans , que dans la pratique on préfère 
celui de Newton, ou qu’on a recours à des méthodes en- 
core plus expéditives. Celle que Xramp expose dans son 
Arithmétique universelle, et celle que donne Cagnoli, 
Trigonometrie rectiligne et sphérique, fondées toutes 
deux sur les mêmes principes, ne demandent que des 
opérations arithmétiques d’une exécution facile. M. Bu- 
dan de Boislaurent, daus sa Nouvelle méthode pour 
la resolution des équations numériques, propose un 
procédé de la plus grande simplicité. F’oyez Limires. 

On a classé parmi les méthodes d’approximation 
l'emploi des séries pour lévaluation des racines des 
équations; mais cette classification est inexacte; car les 
séries constituent un mode de génération qui embrasse 
par une loi unique la construction complète d’une quan- 
tité; très - différentes en cela des procédés que nous 
venons de décrire, dont les accroissemens successifs sont 
indépendans les uns des autres. C’est par cette considé- 
ration que nous renvoyens au mot SÉRIES tout ce qui 
concerne la résolution des équations obtenue, d’une 
manière générale, par ces fonctions importantes. 

APPUI. Point p’arpur d'un levier (Méc.). Point 
fixe autour duquel le poids et la puissance se font équi- 
libre dans le levier. J’oyez Levier. 

APPULSE ( Astr.). Passage de la lune près d’une 
planète ou d’une étoile sans l’éclipser. L’instant de l’ap- 
pulse est celui de la plus courte distance des bords: On 
observe les appulses pour déterminer les Zeux de la 
lune, les erreurs des tables astronomiques et les longi- 
tudes des lieux. 

APPUYE ( Géom.). Un angle est appuyé sur un arc 
de cercle lorsque, ayant son sommet sur la circonfé- 
rence, il intercepte cet arc entre ses côtés. 

Tous les angles appuyés sur le même arc sont égaux, 
puisqu'ils ont sa moitié pour commune mesure. Voyez 
ANGLES. 

APSIDES (4str.). Extrémités du grand axe de l’or- 
bite d’une planète. 

Le mot «is signifie courbure, voûte. L'apside la 
plus éloignée dans les orbites dont le soleil occupe Fun 
des foyers, ou l'apside supérieure, se nomme aphélie. 
(&ro #Aiay où 49° #Aior, loin du soleil.) L’apside infe- 
rieure se nomme périhelie ( x£pi xd, près du soleil). 

Quand il s’agit du soleil ou de la lune, l’apside supé- 
rieure prend le nom d'apogce, et l’apside inférieure 
celui de périgée. 

Le grand axe de l’orbite se nomme aussi la ligne des 
apsides. C’est sur cet axe qu'on mesure l’excentricile. 
Voyez ce mot. Voyez aussi OrriTE et PLANÈTE. 


AR 


APUS ou APOUS ( Astr. ). Constellation méridionale 
nommée en français Oiseau de paradis. Elle est compo- 
sée de douze étoiles dans les cartes de Bayer; mais elle 
en renferme un plus grand nombre dans les catalogues 
de Lacaille. La principale étoile de cette constellation 
n’est que de la cinquième grandeur. 

AQUARIUS. Voyez Verseau. 

AQUEDUC (Arch. et Hyd.). Canal de pierre cons- 
truit sur un terrain inégal pour conserver le niveau de 
l’eau, et la conduire d’un lieu à un autre. 

Les aqueducs sont extérieurs et visibles ou souter: 
rains. Les premiers sont quelquefois construits à de 
grandes hauteurs, à travers les vallées, et soutenus par 
des piliers et des rangées de voûtes. Les derniers passent 
a travers des montagnes qu’on a percées pour cet objet. 
Is sont bâtis en pierres, briques, etc., et couverts de 
planchers voûtés, ou de dalles pour abriter l’eau contre 
le soleil et les pluies. Quelques-uns sont doubles , d’au- 
tres triples, c'est-à-dire supportés par deux ou trois 
rangées d’arches superposées les unes sur les autres.Parmi 
ces derniers, on peut placer le pont du Gard, en Lan- 
guedoc, qu’on suppose avoir été construit parlesRomains 
pour conduire l’eau dans la cité de Nimes ; l’aqueduc de 
Constantinople, et celui qui fut construit par Cosroës, 
roi de Perse, près de Petra en Mingrélie. Ce dernier 
avait trois conduits dans la même direction, situés les 
uns au-dessus des autres. 

L'’aqueduc le plus moderne et le plus étendu est celui 
que Louis XIV a fait bâtir près de Maintenon, pour 
conduire les eaux de la rivière du Bucq à Versailles, il 
est composé de 242 arches. Sa hauteur est de 4158 mètres 
et sa longueur de 11369 mètres. 


ARAMECH. J’oyez ArcTURUS. 


ARBALETE ou ARBALESTRILLE ( 4str.). Ancien 
instrument, dérivé des règles parallactiques de Ptolé- 
mée, jadis en usage dans la marine pour observer les 
hauteurs du soleil. Cet instrument , dont on ne pouvait 
obtenir que des approximations insuffisantes , fut rem- 
placé par le quartier anglais, qui, après plusieurs amé- 
liorations successives, a été lui-même abandonné pour 
l'Ocraxr. Voyez ce mot. 


ARBRE (Mec.). Axe tournant d’une machine. Les 
arbres des grandes machines telles que les manèges, exi- 
gent des pièces de bois qu’on ne peut souvent se procurer 
qu'à grands frais. [ vaut mieux alors les exécuter en 
fonte , en forme de tuyaux qui s’emboitent les uns dans 
les autres. L'emploi du fer donne toujours plus de légè- 
reté et de solidité aux machines. 


ARC (Géom.). Portion d'une courbe. Voyez Couree. 
Are de cercle. Parties de la circonférence d’un cercle. 
Les arcs d’un même cercle où de cercles égaux sont 


égaux lorsqu'ils contiennent le même nombre de de- 


AR — 


grés, minutes, etc. Les arcs des cercles diflérens sont 
semblables lorsqu'ils ont la même mesure; leur rapport 
est alors égal à celui des rayons de leurs cercles respectifs. 
Les arcs sont concentriques lorsqu'ils appartiennent à des 
cercles qui ont le même centre. 

La circonférence d’un cercle étant incommensurable 
avec son rayon, on ne peut trouver aucune expréssion 
finie qui puisse faire connaitre la grandeur d’un arc don- 
né en parties du rayon. Mais lorsque le sinus ou la tan- 
gente d'un arc quelconque x sont connus, on peut 
obtenir la valeur de l'arc par les séries suivantes ( voyez 
Sinus), le rayon étant l'unité, 

2 = tangæ— Etangx + Etang’ x — ;tang7 æ + etc. 
= 
- sinÿ æ + sine 
+ etc., etc. 


2 F5 ke 
æ—sinx + sin æ + =: 


Lorsque la grandeur d’un arc est connue en parties 
du rayon, pour trouver le nombre de degrés qu'il 
contient on pose les proportions 


200 : 
x" 


3,1415926 : æ :: 


8,14:5926 : x :: 180 : 


x’ étant le nombre des degrés pour la division céntési- 
male, et x" ce même nombre pour la division sexagé- 
simale ; 3,1415926 -est la demi-circonférence dont le 
rayon est l’unité. 

Si de la valeur d’un arc en degrés on voulait passer à 
sa valeur en parties du rayon, on ferait encore usage 
des mêmes proportions ; alors x' ou x"”seraient la quan- 
tité donnée, et x les quantités cherchées. 

Anc (Astr.). Les arcs reçoivent dans l'astronomie 
diverses dénominations, selon les cercles de la sphère 
céleste sur lesquels on les considère. 

Arc diurne du soleil. C'est la partie du cercle paral- 
lèle à l'équateur décrit par le soleil, dans sa course 
apparente, entre son lever ?t son coucher. L’arc noc- 
turne est de même nature, entre le coucher et le lever. 
On appelle encore semi-diurne et semi-nocturne les moi- 
tiés de ces arcs. | 

Are de progression ou de direction. Arc de l’éclip- 
tique, sur lequel une planète parait passer quand son 
mouvement est direct, ou suivant l’ordre des signes. 

Arc de rétrogradation. C’est un arc de l’écliptique 
qu'une planète semble décrire en se mouvant en sens 
contraire de l’ordre des signes. 

Arc d'émersion ou de vision. C’est l’arc dont il faut 
que le soleil soit abaissé au-dessous de l'horizon pour 
qu'un autre astre soit visible à la vue simple. Cet are 
n’est pas le même pour toutes les planètes. On l'estime 
ordinairement de 10° pour Mercure, 5° pour Vénus, 
11° + pour Mars, 10° pour Jupiter et 11° pour Saturne. 
Cependant cet arc est loin d’être constant car on aper- 


AR: 119 


coit quelquefois Vénus en plein jour. Il varie en outre 
un peu suivant la latitude et la déclinaison, 

Arc de position où angle de position. Arc de l'équa- 
teur compris entre le méridien et le cercle de décli- 
naison d’un astre. C’est le même que l’angle horaire. : 

ARC-BOUTANT (A4rch.). Support placé dans l’an- 
gle de deux parties d’une construction, dont l’une fait 
saillie au dessus de l’autre. 

Le problème suivant peut trouver son application 
dans l’architecture. 

Prosième. Étant donnée une pièce de bois AB sup- 
portée par une autre pièce verticale, on demande la po- 
sition d’un arc-boutant mn d'une longueur donnee, 
pour que la pièce AB soit soutenue le mieux qu'il est 
possible. 

Représentons la force absolue de l’arc-boutant par la 
droite »n; comme cette 
force est oblique à la pièce 
AB, on la décomposera en 
deux autres »A nD, en 
construisant le parallélo- 
gramme AnDm. Or, la | 
force D soutiendra la 
pièce AB ; et si l’on con- 
çoit que cette pièce fait 
effort pour tourner sur 


le point d'appui À, A 
sera le bras du levier par le moyen duquel la force xD 


fait résistance; donc le produit A X nD doit étre 
un MAXIMUM. 


Soit maintenant 27 = a, nD—mA—x; on aura, 


= —3 2 et R 
dans le triangle rectangle Amn, mn — mA + nA ; 
d’où 
rA = V/(& — x?) 

et, par suite, 

nA X nD — xV/(@ —x). 
Cette quantité devant être un zaximum , il faut égaler 
sa différentielle à zéro ( Foyez Maximis); donc 


x’dx 


Ve —x) 


Divisant par dx et réduisant, on obtient 


daV/(@ — x) — 


A+==9%7 —O OU X— a/2. 

Cette valeur nous apprend que æ doit être le côté 
d’un carré dont a est la diagonale. ( Voyez DiAGONALE.) 
Aiïnsi, Fangle Amn que l’arc-boutant fait avec la pièce 
verticale AC, doit être de 45°, ou la moitié d’un angle 
droit. 

ARCAS (A4str.). Nom donné quelquefois à la bril- 


lante étoile Ancrurus, de la constellation du Bouvier. 


ARC-EN-CIEL où IRIS (Op«). Météore semis 


420 AR 


circulaire, coloré, qui apparaît dans les nuées lors- 
que le temps est pluvieux. Il est produit par plu- 
sieurs réfractions et réflexions des rayons du soleil 
opérées dans les gouttes sphériques d’eau qui rem- 
plissent l'air. Cet arc est ordinairement accompagné 
d'un second arc qui l'entoure à une certaine distance et 
dont les couleurs, plus faibles, sont dans un ordre op- 
posé. Ê 

L’arc-en-ciel ne paraît jamais que dans les endroits où 
il pleut, et où le soleil luit en même temps. Pour l’aper- 
cevoir, il faut être placé entre le soleil et la nuée qui se 
résout en pluie. 

L’explication de ce phénomène fut long-temps incon- 
nue aux physiciens. Le premier qui l’aborda avec succès 
‘est Marc-Antoine de Dominis, archevêque de Spalatro 
‘en Dalhmatie. Dans son ouvrage imprimé à Venise en 
‘1617, sous le titre De radüs et Lucio, Dominis prouve 
que l'arc coloré est le résultat de deux réfractions, sé- 
parées par une réflexion de la lumière solaire dans les 
gouttes rondes de pluie. Nous devons dire cependant 
que Képler exprime une idée à peu près semblable dans 
une de ses lettres écrite à Hariot, en 1606. 

L'ouvrage de Dominis est loin , au reste, de contenir 
une théorie complète de cet intéressant phénomène. Ce 
qu’on y trouve sur l'arc extérieur prouve évidemment 
que l’auteur n’en soupçonna Jamais les véritables causes. 
Descartes, en partant de l'idée principale de Dominis, 
perfectionna l'explication de l'arc intérieur, et déter- 
mina la marche des rayons lunrineux dans l'arc exté- 
rieur. Mais quoiqu’on doive à ce grand homme la ma- 
jeure partie de ce qu'il y a d’exact dans la théorie de 
Y'ris, il était réservé à Newton de compléter entière- 
ment cette théorie par son importante découverte de la 
composition des rayons lumineux. 

Nous avons déjà dit qu'on apercevait ordinairement 
deux arcs-en-ciel : un intérieur ou principal, dont les 
couleurs sont vives , et un extérieur ou secondaire, dont 
les couleurs sont plus faibles. L'ordre des couleurs est 


° mwiolel, 


pour le premier, en allant de bas en haut, 1 
2° indigo, 3° bleu, 4° vert, 5° jaune, 6° orangé, et 
7° rouge; pour le second, cet ordre est inverse, c’est-à- 

: dire que le rouge A 
est à la partie su- 
‘ périeure de l'arc, 
et le wrolet à la 
partie inférieure. 
Pourconcevoir 
la production de 


ce phéromène, 


représentons par 


R 1e 
É “n 
goutte de pluie : le rayon solaire Ss venant frapper obli- 


quement cette goutte en s, au lieu de continuer sa direc- 


le cercle sIPO une 


AR 


tion Sa, sera réfracté en s’approchant de la normale sA 
(voy. Rérracriox), et ira frapper la paroi de la goutte 
en 1; la portion de ce rayon qui ne traversera pas la 
goutte sera réfléchie vers OP, en faisant son angle de 
réflexion égal à celui de son incidence, et, au lieu de 
continuer sa route vers », il sera réfracté une seconde 
fois en s’écartant de la normale à OP, parce qu’il passe 
obliquement de l’eau dans l'air. Mais comme ce trait lu- 
mineux , quelque mince qu’il soit, est un faisceau de 
rayons plus réfrangibles les uns que les autres, le violet, 
qui l’est le plus de tous, se rendra au point V, etle rouge 
qui l’estle moins, se rendra au point R ; les autres se ran- 
geront dans l’espace ROPV selon l'ordre de leurs degrés 
de réfrangibilité. Si donc l'œil de l'observateur est placé 
en R, il n'apercevra que le rouge dans la direction RP; 
si ensuite l'œil s'élève en V, il verra successivement 
toutes les autres couleurs, et apercevra enfin le violet 
dans la direction VO. Pareille chose arrivera encore si 
l'œil de l'observateur restant en R, la goutte de pluie 
descendait ; et conséquemment lorsque l’espace est rem- 
pli de gouttes, il doit apercevoir en même temps, et 
sous des angles différens, toutes les couleurs prisma- 
tiques. 

Or, l'œil se trouvant au centre d’un cône decrit par 
la révolution du rayon visuel, et recevant des impres- 
sions dans le sens de toute la surface conique, verra cha- 
que couleur comme un arc de cercle; et l’ensemble des 
couleurs formera donc une bande semi-circulaire, dont 
la largeur sera proportionnelle à la différence qu’il y a 
entre les rayons les plus réfrangibles et ceux qui le sont 
le moins. 

Quant à l'arc extérieur, soit QPOTSs une autre goutte 
de pluie qu'un trait lumineux Ss frappe obliquement 
en s; au lieu de continuer sa route dans cette di- 
rection, il se réfrac- 
tera en s'appro- 
chant de la nor- 
male, etira heurter 
Ja paroi concave de 
la goutte en I. La 


portion de cette lu- 
mitrequinetraver- vV 

sera pas la goutte 

sera réfléchie vers O ; une partie de cette même portion 
sera encore réfléchie vers PQ, et ensuite, au lieu de con- 
tinuer sa route en ligne droite, elle se réfractera une 
seconde fois en s’éloignant de la normale. Ce trait de 
lumière, quoique beaucoup plus affaibli que dans le cas 
précédent, étant un assemblage de rayons plus réfran- 
gibles les uns que les autres, le rouge, qui l’estle moins, se 
rendra au point R, et le violet, qui l'est le plus, se rendra 
au point V; les autres rayons se rangeront dans l’espace 
RPQY selon l'ordre des degrés de leur réfrangibilité. 


AR 


Par les mêmes considérations que ci-dessus, l'œil aper- 
cevra donic une bande colorée, dont les couleurs seront 
plus faibles que celles de la première, et placées dans un 
ordre inverse. 

Ainsi, quand une nuée fond en pluie, comme il se 
trouve des gouttes dans toutes les places convenables 
pour que les rayons réfractés puissent former les angles 
nécessaires à la vision des couleurs, l'observateur dans 
l'œil duquel ces rayons iront converger, verra en même 
temps deux arces-en-ciel. Pour que cette convergence des 
rayons ait lieu, il faut que l’œil soit placé de telle ma- 
nière que OP (Pz. VIIT, fig. 1 ) étant une ligne pa- 
rallèle aux rayons solaires S,S,S, etc., l'angle EOP de 
vision soit de 40° 17", et l'angle de vision FOP de 49° 
1° 40": alors l'angle FOE de 1° 45’ comprend la largeur 
de l'arc principal, le rouge apparaissant en F et le violet 
en E. Au-dessus de 42° 2’ les rayons réfractés ne peuvent 
plus parvenir au point o et se perdent dans l'air; mais à 
50° 57" les rayons réfléchis deux fais dans l’intérieur 
de la goutte commencent à se réunir au point o, etil 
en est de même jusqu’à 54° 7'. Ainsi, HOP étant un angle 
de 54° 7! et GOP un angle de 50° 57, la différence de 
ces angles ou l'angle HOG:, de 3° 11”, comprendra l'arc 
secondaire, dont le rouge apparaîtra en G et le violet 
en H. Les deux arcs seront séparés par un espace angu- 
jaire GOF de 8° 55’, dans lequel aucun rayon coloré ne 
peut parvenir à œil. 

Toutes les particularités de l'apparition des deux arcs 
se déduisent rigoureusement de deux formules que nous 
allons faire connaître. 

Soit Ss un rayon lumineux, réfracté en s en entrant 
dans la goutte d’eau, puis réfléchi en B et de nouveau ré- 


N 


fracté en GC; le rayon CA est ce qu’on nomme le rayon 
d'émergence, par opposition à $s qui est le rayon d’inci- 
dence. En prolongeant ces deux.rayons jusqu'à leur ren- 
contre en D, on formera l'angle SDA, qui est l'angle 
de la déviation de la lumière, et qu'on nomme simple- 
ment la déviation. 

Désignons par 2 la déviation, par à l'angle d'incidence 
SN, et par r l'angle de réfraction OsB. O est ie cent 


AR 491 


de la goutte. Cela posé, observons que l'angle OBs, 
extérieur par rapport au triangle sBD est égal à la somme 
des deux angles opposés sDO et BsD (Foy. Ancces, 0), 
et, qu'en outre, OBs — OsB—7r, OsD — SsN — 5. 
BsD — OsD — OsB et sDB — ? sDA — ! 


2 


9, nous au- 
rons donc 

r=i—r+;d, 
d’où l’on tire 


d = Gr — rt. 


Mais la déviation 9 variant , en même temps que le: 
quantités r eti, est susceptible d’un maximum, puis- 
que les angles r et ? sont liés par la relation 

Sini=nsinpr, 


dans laquelle »# est une quantité constante, nommée 
l'indice de réfraction. Voyez RÉFrACTION. 

Pour trouver cette valeur #aximum , faisons d? — 0. 
(Foyez Maximis) nous aurons aussi 
2dr = di, 


&dr— 2di=o, ou 


Mais en différenciant l'égalité sin ? = n sin r, nous 
avons dé cos à = ndr cos r, d’où 


di. cosi 


dr = 


I.COosSr 


Ainsi, substituant cette valeur de dr, dans 2dr = di, 
on a 
Or. cos & 
n,Cosr | 


di —T 


Ce qui donne, en divisant par &?, 
2. COST — 2 COS 2. 
Cette égalité, élevée au carré et combinée avec 
snz—nsinr, 
pareillement élevée au carré, donne 
r°(cos’r+sin"r) = 4 cos’ i + sin"i= 3 cos’ {+ (cos 14-sini), 
qui se réduit à 
Rm=Scosi+t, 
à cause de cos r + sinr= 1, et de cos? +sini= 1. 
De cette dernière égalité, on tire (a) 


La valeur maximum de la déviation a donc lieu pour 
une incidence dont l’angle est déterminé par la rela- 
tion (a). 

A l’aide de ce résultat, nous allons maintenant déter- 
miner toutes les circonstances de la production des cou- 
leurs. Commençons d’abord par le rayon rouge, qui est 
le moins réfrangible , et dont l'indice dé réfraction est, 


d’après les expériences de Newton (Joy, Lumière), 


kr 


422 AR 


Substituant cette valeur de » dans celle de cos à, nous 
obtiendrons 


1 59° 23'30". 


D'où il suit que le rayon rouge qui rencontre la goutte 
sous un angle d'incidence égal à 59° 23° 30”, est de tous 
les rayons rouges incidens celui qui éprouve la déviation 
maximum. Pour connaitre cette déviation, substituons 
les valeurs de et de 7 dans la relation 


sini—nsinr, 


et nous trouverons r— 40° 14! 40". Connaissant z et, 
l'égalité 9—4r—si, donne 


d = 42 


Tel est le plus grand angle sous lequel on puisse aper- 
cevoir la couleur rouge; car la déviation est égale à 
l'angle de vision. Or , si SsBCA représente la route de 
ce rayon, il est évident que deux autres rayons très- 
proches, et qui tombent, l’un avec une obliquité un peu 
plus grande, et l’autre avec une obliquité un peu 
moindre, serout, à leur sortie de la goutte, sensible- 
ment parallèles à AC, puisqu'ils ont tous deux une dé- 
viation un peu moindre que celle de Ss. Ainsi, le petit 
faisceau rouge aAa, composé de ces rayons émergens, se 
propagera dans l'air sans diminuer d'intensité, et pourra 
produire une impression sur l'œil de l’observateur, 
tandis, au contraire , que tout autre faisceau étant com- 
posé de rayons qui divergent, diminue d'intensité en se 
répandant dans l'air et devient insensible. 

Ainsi, en menant de l'œil de l'observateur placé en o 
(PL. VIIT, fg. 1) une ligne droite oP qui, prolongée, 
passe par le centre du soleil, si nous en imaginons une se- 
conde 0F, faisant avec la première un angle de 42° 1" 40", 
et qui tourne autour de celle-ci en conservant son incli- 
naison , elle décrira une surface conique ; mais, comme 
en décrivant cette surface elle rencontrera des gouttes 
de pluie , dont nous supposons l'air rempli, l'œil par- 
courra en même temps un cercle de lumière rouge, ou 
plutôt un arc rouge, puisqu'il ne peut considérer que 
la partie du cercle supérieure à l'horizon. 

Le disque du soleil envoyant des rayons de chacun 
de ses points , et cet astre étant vu de la terre sous un 
angle de 50’, il est encore évident que l'œil apercevra 
une ligne rouge pour chaque point du soleil, et que 
l’ensemble de ces lignes lui apparaîtra comme une bande 
rouge circulaire sous-tendant à l’œil un angle de 30’. 

En opérant comme nous venons de le faire , on trou- 
verait facilement les angles de vision sous lesquels les 
autres couleurs doivent se montrer, chacune dans une 
bande d'une largeur égale à celle de la bande rouge; 
nous nous contenterons d'examiner la situation du rayon 
violet qui termine l'arc. L'indice de réfraction de la lu- 


AR 


mière violette étant égal à #2, nous donne , en le sub- 
stituant dans (a), = 58°; d’où 9— 40° 17". Pour avoir 
la position de larc violet , il faut donc mener de l'œil o 
uue droite 0E faisant l’angle PoE— 40° 17". Ainsi, la 
largeur totale de arc-en-ciel correspond à 1° 44" 40", 
différence des deux angles extrêmes 42° 140" et 40° 17". 

Examinons maintenant l’arc-en-ciel extérieur. A l’aide 
d’une construction semblable à la précédente, nous trou- 
verons facilement que ie maximum de déviation, dansle 
cas de deux réfractions séparées par deux réflexions, 
correspond à un angle d'incidence donné par Fexpres- 
sion 


2 
cost — —- 


En réalisant les calculs pour la lumière rouge, dont 


PE Pr 108 

l'indice est, comme nous l'avons déjà vu, n— + et 
4 ; qe 10 

pour la lumière violette, dont l'indice est = ; 


nous trouverons que la déviation du rouge est de 50° 
59', et que celle du violet est de 54° 9'. La largeur de 
l'arc extérieur se présente donc sous un angle de 3° 10', 
et le rouge occupe la partie inférieure de cet arc éloi- 
gnée de la partie supérieure de l'arc principal d’une 
distance qui correspond à 
50° 59° — 42° 1° 40”; 

c'est-à-dire à 8° 47' 2". 

Tous les résultats de cette théorie, due à Halley, 
sont exactement conformes aux expériences de Newton. 

Quelquefois, mais très-rarement, on aperçoit un troi- 
sième arc-en-ciel dont les couleurs sont encore plus fai- 
bles que celles de Farc secondaire. 11 est le résultat de 
trois réflexions successives de la lumière ; et, à l’aide de 
ce qui précède, on peut facilement s’en expliquer la 
formation. Halley a calculé ses dimensions, ainsi que 
celles d’un quatrième, qu’on pourrait apercevoir dans 
des circonstances favorables (Voy. Transactions phil., 
1700.) 

Lorsque la lune est pleine, elle peut aussi produire 
des arcs-en-ciel; mais leurs couleurs sont toujours très- 
päles. On les nomme arcs-en-ciel lunaires. 

On forme artificiellement des arcs-en-cielen projetant 
dans l'air des jets d’eau qui retombent en pluie. Pour 
les apercevoir , il faut choisir entre cette pluie et le so- 
leil une position convenable. 


ARCHE ( 4rchit.) Voûte d'un pont ou d’un aque- 
duc. Les arches se construisent de diverses manières, 
et sont désignées sous différens noms, suivant leur 
forme , tels que circulaire, elliptique, cycloidale, etc. 

Les arches semi-circulaires sont ceiles dont la forme 


est un exact demi-cerele avant son centre sur le milieu 


AR 


de la droite menée d’une extrémité à l’autre. On les 
nomme encore arches plein-cintre. 

Les arches surhaussées et surbaissces sont celles dont 
la hauteur de la voûte est plus grande ou plus petite que 
le diamètre. L’arche surbaissée se nomme aussi ause de 
panier (Foy. ce mot). 

On nomme arche d'équilibre, dans la théorie des 
ponts, celle dont toutes les parties ont une égale force, 
n'ayant conséquemment aucune tendance à se briser 
dans un point plutôt que dans un autre. Trouver cette 
arche est le problème principal &e la construction des 
ponts. Sa forme n’est point une courbe particulière, la 
même pour tous les cas; elle varie selon la figure de 
l'extrados ou de la surface extérieure dela voute : cha- 
que différent extrados requérant un intrados particu- 
lier ou une surface intérieure particulière, de manière 
à ce que l'épaisseur de chaque partie soit proportion- 
nelle à la pression. 

Par exemple, si l’extrados est une surface plane, ho- 


rizontale , la courbe de lintrados sera exprimée par 


l'équation 
a+ x+y/(oax+x)" 
log [EEE il 
RE PE TE SCT OU 
ee | 


dans laquelle x—Ax,y=xy,r=AB, = CB cta— 
AD. Lorsque a, hetr 
sont données en nombre, 
on prend pour æ des va- 
leurs de plus en plus gran- 
des depuis o jusqu'à r, 
et les valeurs correspon- 
dantes de y, calculées à 


l’aide de cette équation, permettent de construire la 
courbe pour chaque cas particulier. AD est ce qu'on 
nomme la hauteur de la clef ou du voussoir central. 

Dans le cas, au contraire, où la courbe de l’intrados 
serait donnée, ainsi que la hauteur de la clef, on de- 
vrait alors calculer l'équation de l’extrados. Ce pro- 
blème ne présente aucune difficulté pour les arches se- 
mi-circulaires. 


Soient AC la moitié du demi-cercle, H le centre et 


AD la hauteur de Ja clef. 


Du point C, avec ur rayon 


AR 423 


égal à HD, déterminons le point M sur AH, et menons 
MN perpendiculaire sur cette droite; d’un point quel- 
conque de l’intrados, menons ensuite la ligne Hy cou- 
pant MN en Q. Menons ensuite QP perpendiculaire sur 
IC, et prenons Hy — PD. Alors y sera un point de 
l'extrados dont tous les autres pourront être déterminés 
dela même manière. Hy esttoujours plus grand que HQ, 
mais se rapproche continuellement de cette grandeur, 
à mesure que l'arc Dy croit. Ainsi, MN est une asymp- 
tote de l’extrados dont l'équation, tirée de la construc- 


tion que nous venons de donner , est 


IVe ERA] 


V(r—b) 
dans laquelle x =Tx, xy =y, HA=a, HM=—4. 

La courbe de l’extrados d'une arche semi-circulaire 
est donc très-ressemblante à la conchoïde de Nicomède. 
Voy. ce mot. 

Pour la théorie des arches , voy. Bossut, Recherches 
sur l'équilibre des voites, et Prony, Architecture hy- 
draulique. Atwood et Gregory se sont également occu- 
pés de cet objet, traité de la manière la plus complète 
par le docteur Hutton, dans son ouvrage intitulé : 
Principles of Bridges. 

ARCHIMÈDE, né à Syracuse vers l'an 287 avant 
J.-C., fut un de ces hommes qui n'apparaissent sur la 
terre qu'à de longs intervalles, et dont le génie créa- 
teur laisse après eux un long sillon de lumière. Les 
sciences mathématiques doivent à cet illustre géomètre 
des travaux précieux qui marquent pour elles dans l’an- 
tiquité, une ère brillante de progrès et de découvertes. 
Ces travaux font encore aujourd'hui l'admiration des 
mathématiciens qui cultivent la science avec cet amour 
noble et pur, source féconde des grandes découvertes et 
des vérités sublimes qu’elle renferme, 

Les biographes d’Archimède ont négligé de nous faire 
connaitre sous quels maîtres il commença à étudier. 
Quels qu'ils aient été, il les a tellement dépassés que la 
gloire du disciple n'aurait laissé tomber, en effet, que de 
faibles rayons sur l’école d’où il s’élança avec ce génie 
puissant ct original, dont les manifestations énergiques 
n’appartiennent qu'à lui. Mais, comme nous l’ayons dit 
ailleurs (voyez Écorx D'ALEXANDRIE), il est probable 
que les connaissances mathématiques, répandues par 
Euctide etsessuccesseurs, étaient, au tempsd’Archimède; 
les seuls guides élémentaires qu’on püt suivre. Ainsi, le 
monde doit sans doute Archimède à Euclide, comme il 
doit Newton à Képler. 

Toutes les branches des mathématiques furent éga- 
lement l’objet des études et des recherches d’Archimède; 
mais la géométrie et la mécanique sont néanmoins 
celles dont il embrassa les connaissances avec plus d'é- 


tendue et de supériorité, On sut qu'il cultivait ces 


124 AR 


sciences avec une telle ardeur,avec une telle abnégation 
de lui-même, qu'il oubliait pour elles les besoins les plus 
impérieux de la vie, et que ses serviteurs étaieut obligés 
de le contraindre quelquefois à accepter leurs soins. 
Quoiqu'une préoccupation aussi profonde, causée par 
une application trop constante à un même sujet, ne soit 
pas toujours une preuve de génie dans un homme, on 
l’a souvent retrouvée chez ceux qui se sont Le plus élevés 
dans les régions de l'intelligence. C'est qu'il va, sans 
doute, dans les hautes révélations de la science, quelque 
chose d’intime et d’exclusif, qui place dans une sphère 
toute exceptionnelle l'homme assez heureux pour en 
avoir la perception. 

Nous possédons beaucoup d'écrits d'Archimède sur la 
géométrie ; mais il est certain que le plus grand nombre 
de ceux qu'il a composés ne nous sont point parvenus. 
Ce qui nous reste suffit néanmoins pour rendre sa mé- 
moire immortelle, et pour jusufier l'enthousiasme avec 
lequel s'exprime Wallis, savaut mathématicien anglais, 
du XVII' siècle, qui s'écrie en'parlant de l'illustre géo- 
mètre de Syracuse : « I[omme d'une sagacité prodi- 
gieuse, qui a jeté les premiers germes de la plupart des 
découvertes que notre âge se glorifie d'avoir dévelop- 
pées ! » (Jir stupendæ sagacitatis, qui prima funda- 
menta posuil inventionum ferè omniunt , de quibus 
promovendis œtas nostra gloriatur 1) 

Dans ses deux livres sur /&« sphère et Le cylindre, 
Archimède mesure ces corps, soit par rapport à leur 
surface, soit par rapport à leur solidité, soit entiers, 
soit enfin coupés par des perpendiculaires à leur axe 
commun. Ces traités sont terminés par la belle proposi- 
tion : 
sort en solidité, du cylindre circonscrit. Cette dé- 


Que la sphère est les deux tiers, soit en surface, 


couverte des rapports de la sphère et du cylindre 
sausfit tellement Archimède, qu'il manifesta le désir 
de n'avoir sur son tombean d'autre épitaphe qu'une 
sphère inscrite dans un cylindre. Ce vœu du génie 
fut exaucé , et environ deux siècles après sa mort 
glorieuse , cette simple mais éloquente inscription servit 
à Cicéron pour retrouver, sous les ronces ct parmi des 
monceaux de ruines, la tombe du grand Archimède, 
déjà oubliée et inconnue de son irgrate ct malheureuse 
patrie. 

Le traité sur la Mesure du cercle n'est pour ainsi 
dire que la suite ou le développement de ceux que nous 
venons de citer. Archimède y démontre, en commen- 
çant, cette vérité fondamentale : Que tout cercle et tout 
secteur circulaire est égal à un triangle, dont la base 
est la circonférence ou l’arc du secteur, et la hauteur 
le rayon. C’est en partant de ce principe qu’il déter- 
mine les limites du rapport entre la circonférence et le 
rayon. l’oyez CErcre. 

Archimède ayant à peu près épuisé Les recherches des 


An 


propriétés que présentent les corps réguliers, avait be 
soin d'ouvrir à son génie un champ de spéculation plus 
vaste, til composa son traité des Conoïdes et des Sphc- 
roïdes. Ce fat ainsi qu'il nomma les corps formés par la 
revolution des sections couiques autour de leur axe. 
Après avoir examiné dans ce traité les rapports de ces 
corps , il les compare, soit entiers, soit coupés par :eg- 
mens, avec les cylindres ou les cônes de même base et 
de méme hauteur. C'est dans cet ouvrage qu'il dé- 
montra le premier : Que le Conoïde parabolique est 
égal à une fois et deme le cône de méme base et de 
méme sommet, ou à la moitié du cylindre de même base 
et de méme hauteur; et que le conoïde hyperbolique et 
ses segmens sont aussi at cylindnélou au cône de mémg 
base et de méme hauteur, cn raison donnée. Foyez 
Côxes. 

A ces importantes découvertes géométriques, il faut 
en ajouter d’autres qui ontencore contribué davantage, 
s’il est possible, à l'illustration d'Archimède. Celles de la 
quadrature de la parabole et des propriétés des spirales 
seront dignes, dans tous les temps, de l'attention des géo- 
mètres. Il emplova deux méthodes différentes pour 
arriver à la première, et toutes deux honorent égale- 
ment son génie. L'une de ces méthodes est fondée sur 
les principes d’une statique tout intellectuelle, au 
moyen de laquelle il parvint à reconnaitre ce qui se 
passerait si l’espace parabolique et l’espace rectiligne 
équivalent étaient pesés à l’aide d’une balance, telle qu'on 
la conçoit mathématiquement, c’est-a-dire sans frotte- 
ment et sans aucune considération matérielle. L'autre 
méthode était purement géométrique, et C’est en em- 
ployant la formation d'une progression décroissante, 
qu'il donna le premier exemple de la véritable qua- 
drature d’une courbe. Foyez PararoLe. 

C’est à un géomètre, nommé Conon, et que l'amitié 
d'Archimède a rendu célèbre, qu'on doit l'invention 
de la courbe, à laquelle on a depuis donné le nom de 
spirale d’Archimède, car le premier il en découvrit les 
propriétés, telles que le rapport de son aire, la posi- 
tion de ses tangentes , et démontra que tout secteur de 
spirale est le tiers du secteur qui le renferme. J'oyer 
SPIRALE. 

Nous croyons devoir passer sous silence la méthode 
qu'Archimède employait dans le cas où nous faisons 
usage de la considération de l'infini : cette méthode doit 
être exposée ailleurs avec tous les développemens qu'elle 
comporte. ( F’oyez MÉTHODE D'EXHAUSTION. ) Nous ne 
mentionnerons pas davantage quelques autres ouvrages 
de pure théorie, dont nous ne possédons plus qu'une 
faible partie, pour arriver à un autre ordre de travaux 
de l'illustre géomètre syracusain. 

Les découvertes importantes qu'Archimède a faites 
en mécanique lui donnent le droit d’être considéré 


AR 


comme le créateur de cette branche des sciences mathé- 
matiques. Toutes les connaissances qu’on possédait avant 
lui sur cette matière, y compris le traité d'Aristote, ne 
s'élevaient pas au-dessus des premières notions ou des 
vagues hypothèses qu'on retrouve habituellement au 
berceau d’une science. Archimède se plaçant tout à coup 
À une immense distance de ses devanciers, posa le pre- 
mier les vrais principes de la statique et de l'hydrosta- 
tique daus deux traités, dont le premier, divisé en deux 
livres ou parties , est intitulé : De æqui ponderantibus , 
et le second également en deux livres : De instdentibus 
in fluido. Sa statique est fondée sur l'idée du centre de 
gravité, idée dont la priorité lui appartient aussi, et 
qui est devenue, par l'usage fréquent qu'on en fait en 
mécanique, un des moyens de recherches les plus usiLés, 
Voyez HYDROSTATIQUE et STATIQUE. 

Voici de quelle manière on rapporte la circon- 
stance qui aurait fourni à Archimède l'occasion de 
ses découvertes en hydrostatique. Iliéron, roi de 
Svracuse, soupçonnant un orfèvre qui lui avait fa- 
briqué une couronne en or, d'avoir falsifié le métal 
en y mélant une certaine quantité d'argent, consulta 
Archimède sur les moyens de découvrir la fraude dont 
il croyait avoir à se plaindre. Après de longues médita- 
tions, Archimède se procura, dit-on, deux masses’or 
et d'argent, chacune d’un poids égal à celui de la cou- 
ronne. Il plongea successivement ces matières dans un 
vase rempli d’eau, en observant avec soin la quantité 
de liquide que déplaçait l’immersion de chacune de ces 
masses de métal; il soumit ensuite à la méme épreuve 

la couronne elle-même, et trouva ainsi un meyen cer- 
tain d'apprécier la proportion d’or et d’argent dont elle 
était composée. On ajoute que cette ingénieuse solution 
du problème qui lui était proposé, se présenta sponta- 
nément à son esprit pendant qu’il était au bain, et qu'il 
en sortit transporté de joie en criant : J'ai trouvé! j'ai 
trouvé ! (evpyxæ! eupnræ!) Au reste, la théorie de cette 
découverte est tout entière exprimée dans cette pro- 
position de son livre ( De insidentibus in fluido ) : Que 
tout corps plongé dans un fluide y perd de son poids 
autant que pèse un volume d'eau égal au sien. 

L’antiquité a attribué à Archimède jusqu'à quarante 
inventions mécaniques d’une haute importance, mais 
qui n’ont point toutes été décrites par ses biographes ct 
ses commentateurs. La vis inclinée où hydraulique, qui 
porte encore son nom, la machine dont se servaient 
les navigateurs anciens pour vider l’eau des sentines 
des navires, la vis sans fin et la mouffle, sont générale- 
ment regardées comme des productions de son fécond 
génie. Quelques auteurs anciens parlent aussi avec en- 
thousiasme d’une sphère en verre entièrement com- 
posée par lui, et qui représentait avec exactitude les 
mouyemens des corps célestes, 


AR 495 

Les bornes qui nous sont imposées ne nous permettent 
pas de donner ici plus de développemens à ces rechér- 
ches sur les inventions mécaniques d’Archimède ; l’im- 
mense renommée qui, sous ce dernierrapport, est demeu- 
rée attachée à son nom chez toutes les nations civilisées, 
atteste à la fois leur nombre, leur utilité et leur impor- 
tance. On connait aussi la proposition qu'il fit au roi 
Hiéron : « Donnez-moi, lui ditl, un point d'appui et 
un levier, et je soulèverai le monde. » Mais ce mot, qui 
est devenu célèbre, a donné lieu à un calcul curieux 
qui n’est pas aussi connu : c'est celui de déterminer, 
par exemple, combien de temps Archimède aurait 
employé à soulever la terre seulement d’un pouce. 
Ozanam a fait ce calcul, et il établit qu'il aurait mis 
3.653,545,176,808 siècles. 

Les derniers jours de ce grand homme tieanent une 
belle place dans sa vie. Il les consacra à la défense de 
Syracuse, sa patrie, assiégée par le consul Marcellus, et 
devint l'âme de la résistance la plus habile et la plus 
longue dont l'histoire fasse mention. 

Archimède construisit-il des miroirs ardens, à l’aide 
desquels il brüla la flotte romaine? Il nous suffira de 
dire ici que cette question, si fort controversée parmi Les 
savans, n'en est point une pour l'histoire traditionnelle, 
malgré le silence que gardent sur ce moyen nouveau 
et terrible de destruction, Tite-Live, Piutarque et Po- 
lvbe , qui cependant retracent avec une noble sympathie 
les exploits d’Archimède au siège de Syracuse. Mais ce 
qui est du moins hors de doute, c’est que ce mémorable 
siége lui offrit une glorieuse occasion de révéler l’éten- 
due de ses connaissances mécaniques, et environna son 
nom de la double auréole de la gloire que dispensent 
les sciences, et de celle que donnent le courage et le 
patriotisme. 

Les Romains ont abordé en Sicile, où la terreur de 
leur non» et la puissance de leurs armes ont dispersé de- 
vant leurs légions victorieuses tout ce qui avait pu son- 
ger à leur opposer quelque résistance. Ils arrivent sous 
les murs de Syracuse avec la rapidité de l’aigle. Syra- 
cuse seule est encore libre-dans toute la Sicile; mais ses 
citoyens consternés ne songent point à se défendre. Un 
homme seul, un vieillard respecté à cause de sa science 
et de ses vertus, s’élance sur la place publique, et ose 
promettre la victoire à ses concitoyens découragés. Aux 
machines de guerre des Romains, il opposera des ma- 
chines dont la puissance est encore inconnue dans l'art 
militaire; aux traits de l'ennemi il répoudra par une 
pluie meurtrière de lourdes pierres et de matières en- 
flammées. Cet homme, c’est Archimède, dont le dévoue- 
ment de citoyen est fortifié de toute la confiance que 
peuvent inspirer les certitudes de la science. Bientôt, en 
effet, d'horribles pertes viennent arrêter l'audace des 


Romains ; d'énormes masses tombent sur leurs bataillons, 


426 AR 


en écrasent des rangs entiers; leurs vaisseaux qui blo- 
quent le port de Syracuse, sont brûlés ou bien arra- 
chés par de gigantesques harpons , ils sont lancés dans 
l'air, et retombent brisés dans la mer, Pour la première 
fois peut-être les intrépides soldats de Marcellus s’ar- 
rétent, épouvantés à l'aspect de ces prodiges, et chaque 
fois qu'une de ces terribles machines qui vomissent la 
mort dans leurs rangs, se dresse sur les remparts de 
Syracuse, ils reculent, et refusent de marcher au com- 
bat. L'aigle romaine s'incline un moment devant le 


génie d'un vieillard. Marceilus, dé 


spérant de triom- 
pher d’une telle résistance, convertit le siége en blocus, 
en attendant, pour s'emparer de cette ville, une circon- 
stance favorable, qui ne tarda pas à se présenter. Un jour 
que, dans la confiance que leur avaient inspirée les mi- 
racles multipliés d'Archimède, les Syracusains offraient 
un sacrifice à Diane, les Romains préparèrent brusque- 
ment l'escalade, et pénétrèrent dans la ville, qui fut 
prise et livrée aux horreurs d’une exécution militaire. 

Le consul Marcellus, pénétré d’estime et de vénération 
pour Pillustre Archimède , avait formellement ordonné 
qu'on épargnät ses jours, et qu'on respectât sa demeure. 
Un soldat y pénétra néanmoins. Archimède, insensible 
au bruit occasionné par une aussi grande catastrophe, 
s'occupait, dit-on, à tracer des figures géométriques, et 
ce soldat lui passa son épée au travers du corps... Jm- 
pius miles l s'écrie un auteur ancien, en retraçant cet 
affreux événement. L'histoire n’a point conservé le nom 
de ce parricide , pour que l’immortalité attachée à celui 
de la noble victime ne rejaillit point sur son stupide 
meurtrier. 

Ainsi mourut Archimède de Syracuse, l'an de Rome 
542 et 212 ans avant J.-C. ; il ne survécut pas à sa patrie 
que ses travaux avaient illustrée, et que sa science avait 
protégée contre l'ennemi. Son nom est un des plus 
beaux de ceux qui décorent les fastes de la science 
et de l'humanité. s 

Ceux des ouvrages d’Archimède qui ont échappé au 
naufrage des temps, forment un recueil assez étendu, et 
qui a été souvent imprimé. Une des plus anciennes et 
des meilleures éditions que nous connaissions, est ainsi 
désignée dans les bibliographies : Ancnimenis opera, 
gr. lat. cum comment. Euvrocr, ex recens. Venatorü, 
Bazireæ, 1544, in-folio. Mais l'édition la plus complète 
qui existe des œuvres d’Archimède a été imprimée à 
Oxford , en 1793; elle est due aux soins du savant Joseph 
Torelli, de Vérone. Une traduction française, fort esti- 
mée, a aussi été publiée par M. Peyrard , en 1807, 1 vol. 
in-4°, fig. L'édition la plus récente de cette traduction 
est celle de 1808, 2 vol. in-8°, fig. 

ARCHITECTURE (Hist., application des mathce- 
matiques aux arts) 


L'architecture est ur art physique ; comme tel, il peut 


AR 

être considéré sous le pont de vue esthétiqué , c'est-x- 
dire sous le rapport de l'élégance des formes et de la 
beauté des ornemens, et sous le point de vue mathé- 
matique , c'est-à-dire sous le rapport de la solidité et de 
l'exactitude des proportions. En nous occupant acci- 
dentellement de l'architecture sous le premier de ces 
points de vue, on ne croira point que nous ayons pour 
but l'appréciation de PArr, tel. qu’on l'entend, ou plu- 
tôt tel qu’on voudrait aujourd’hui le faire entendre en 
France, où une sorte de secte littéraire est venue tout 
à coup embarrasser la marche progressive de la civilisa- 
tion, par la production de théories vagues et insensées 
qui déjà ont étendu leur funeste influence sur toutes les 
œuvres de l'esprit. 11 faut le dire, puisque l’occasion 
s'en présente ici naturellement, cette littérature qui 
manque de principe, et qui par conséquent n’a point 
de but, affecte de s'attacher à la direction déplorable 
qu’elle suit, pour obéir à ce qu’elle croit être un impé- 
rieux besoin de nouveauté, dont l’humanité serait pré- 
occupée. On verra bientôt qu’en admettant l'existence 
d’une pareille cause générale, cette littérature du moins 
ne fait pas preuve d’une connaissance bien approfondie 
du passé , paisqu’elle s'imagine faire du nouveau, en pra- 
tiquant avec une exagération malheureuse de très-an- 
cienges idées dont la philosophie a depuis long-temps fait 
justice. Elle prend ainsi pour un progrès le mouvement 
rétrograde qu’elle cherche à imprimer à l'esprithumain, 
en remplaçant toutesles lois de l'esthétique par les procé- 
dés matériels de l’imitation. En effet, le but essentiel de 
l’art n’est point l’imitation de la nature, quel que soit au 
reste l’objet de cette imitation : nulle part la nature 
n'offre le modèle des beautés que le génie humain a fait 
jaiïllir du marbre, a jetées sur la toile, a répandues sur les 
merveilleuses constructions qui embellissent les cités. 
L'art appartient donc tout entier àla volonté de l'homme; 
c’est le produit de sa spontanéité, et c’est dans cette pro- 
duction qu’il manifeste surtout la puissante faculté de 
création qui est en lui. La science, au contraire, a pour 
objet la vérité, qu’il n’est donné à l’homme ni de mo- 
difier, ni de dépasser. Cependant le principe de l’art 
n’est nullement arbitraire, et c’est dans la coordiuation 
des élémens dont il se compose, que se déploie libre- 
ment la faculté créatrice dont nous venons de parler. 
Ces considérations générales se rattachent d’une ma- 
nière intime au sujet qui nous occupe. 

Suivant un trop grand nombre d’architectes moder- 
nes, qui ne font au reste qu'adopter à cet égard des 
opinions anciennes, l'architecture au lieu de comprendre 
la science complète des constructions, se réduirait à 
Vart de les embellir et d’en disposer les ornemens. 
Cette dernière appréciation de l’objet de l’architecture 
est évidemment fausse ; elle est une conséquence de ces 
deux principes erronnés ; que le but principal de toute 


AR 


construction est de plaire aux yeux, et que cebutne peut 
être atteint que par limitation. Dans ce système, les 
ordres d’architecture ne seraient qu’une imitation de la 
structure du corps humain et de la cabane, premier 
abri que les besoins de la famille firent imaginer à 
l'homme contre l’intempérie des saisons. Nous avons 
dit que cette idée n’était pas nouvelle; elle se trouve à 
peu près exprimée ainsi dans Vitruve : « Un bâtiment, 
« dit-il, ne peut être bien ordonné, s’il n’a cette propor- 
tion et ce rapport de toutes les parties les unes à 


2 


A 


l'égard des autres, qui se trouvent dans un homme 
« bien conformé. » Ce célèbre architecte, en exposant 
l’origine des ordres primitifs de l’architecture grecque, 
exposition dont nous aurons à nous occuper tout à l'heure, 
développa ce principe avec plus d’étendue. Il est ainsi 
bien établi que cette théorie de l’art appartient tout en- 
tière à l’antiquité. 

On pourra juger par l’ensemble de ce résumé s’il existe 
en effet quelques rapports entre les ordres d’architec- 
ture et le corps humain; mais on doit se häter de dire 
avant tout que le but réel de cet art est luriLiré. 

Ce n’est qu’en se livrant à des considérations philoso- 
phiques de l’ordre le plus élevé, qu’il est possible d’ob- 
tenir quelques notions exactes sur le premier développe 
mentdes facultés intellectueiles de l’homme. Mais jusqu’à 
présent l’histoire n’a point employé de méthode à priori, 
pour découvrir les causes inconnues des faits, qu’elle se 
borne à constater, et c’est pour cela qu’elle ne peut en- 
core être regardée comme une science. Nous ne croyons 
pas devoir devancer sa marche dans cette circonstance, 
et nous dirons qu’il n'existe aucun moyen de déterminer 
historiquement l’époque où l’architecture a commencé à 
être un art, et celle où la science est venue régulariser ses 
productions. Si l’homme, à son apparition sur la terre, 
ne conservait plus, dans sa chute, le souvenir de quel- 
que révélation antérieure, la nécessité a dù être le pre- 
mier véhicule de son intelligence. Ainsi, l'art de bâtir 
n’a été, dans cette dernière hypothèse, que le résultat 
nécessaire de l’organisation humaine, c’est-à-dire de son 
instinct social. C’est en effet de l'accroissement de la fa- 
mille qu'est née la société, et l’art de bâtir a dû suivre 
les progrès de la civilisation sociale. 

Est-ce d’abord au sein de la terre que l’homme s’est 
creusé des abris grossiers? en at-il cherché plutôt sous 
le couvert des vastes forêts, dans les anfractuosités des 
montagnes? Cette question n’est qu’une conséquence de 
celle que nous avons posée en commençant ce résumé 
historique; elle ne peut être résolue avec plus de certi- 
tude. Néanmoins, les traditions les plus reculées des races 
primitives permettent de supposer que si l’homme s’est 
jamais trouvé dans cet état d'enfance et de dénuement, 
ce n’a pu être que pendant une période assez bornée, 
puisqu’au berceau méme des sociétés, le souvenir de 


AR 427 


grandes agglomérations d'êtres humains formés dans des 
villes, se retrouve partout. 

Suivant la plupart des auteurs qui ont écrit l’histoire 
de l'architecture, LA caraxeaurait été le premier ouvrage 
architectural de l’homme, et c’est dans LA NATURE, 
qu'il aurait trouvé le modèle des formes qu’il donna à 
ce premier asile que se créa son intelligence. L'un de 
ces écrivains, Laugier, qui a adopté cette opinion avec 
plus d’enthousiasme que de raison, a fait, en décrivant 
la cabane primitive, une sorte de poétique de l’archi- 
tecture, que tout le monde connaît. Mais quelque talent 
qu’on puisse déployer dans ces appréciations purement 
idéales et arbitraires, on ne peut jamais, sans inconvé- 
nient, les considérer comme devant servir de bases aux 
préceptes d’un art, et moins encore aux lois d’une 
science. On n’a pas réfléchi d’ailleurs que la construc- 
tion de 4 cabane, en l’adoptant comme type pri- 
mordial, n’a pu s'effectuer qu'a l’aide d’instrumens 
dont l'invention ne saurait avoir été immédiate, et 
qu'elle suppose enfin ure exploitation exécutée par 
l'emploi de machines déjà compliquées, et avec des 
moyens propres à façonner des masses importantes. La 
charpenterie qui, dans le système de la cabane, aurait 
précédé l’art de bâtir, n’exige pas moins la connaissance 
des proportions et des notions de mécanique pour la 
superposition et l'ajustement des poutres et des solives. 
En second lieu, où trouve-t-on dans /« nature le mo- 
aèle de La cabane? Si ce modèle eût existé, l’homme 
s’en serait de préférence emparé. La hutte de l’Indien 
du nouveau-monde, celles du Caffre et du Hottentot, 
construites d’après des exigences de climat et d’habitudes 
sociales peu développées , attestent bien un produit in- 
telligent du besoin ; mais nous ne savons pas que la na- 
ture en ait indiqué les formes sur le sol où elles sont 
élevées. On peut donc logiquement tirer de ces diverses 
objections la conséquence que, d’une part, quand 
l'homme a été à même de construire la cabane, il avait 
également les moyens de se faire une habitation plus 
durable ; et d’autre part, que c’est dans la spontanéité 
de sa raison seule qu’il a puisé l’idée des formes dontil a 
revétu sa première œuvre architecturale. 

Si nous avons donné quelque développement à l’expo- 
sition de ces hypothèses, qui ne nous paraissent pas, au 
reste, intéresser expressément l’histoire de l’art, c’est que 
nous avons cru utile de soumettre au jugement de la saine 
raison, dès son point de départ, un système ou si l’on veut 
une poétique qui sourit à l’imagination des jeunes gens 
destinés à la carrière d'architecte, et qu'ils ne sont que 
trop disposés à admettre. Nous allons maintenant cher- 
cher l’origine et suivre la marche de l’art, non plus dans 
l'histoire traditionnelle, mais dans les fastes authentiques 
des nations civilisées, sur les tombeaux desquelles de 


grands monumens qui ont résisté aux tempêtes des 


128 AR 


siècles, nous offrent encore aujourd’hui des moyens de 
comparaison et d'irrécusables témoignages de l’intelli- 
gence des âges passés. 

L'ordre chronologique donne à l'architecture des 
Égyptiens la première place dans l'histoire de l’art de 
bâtir. Il est vrai que la cabane ne peut l'avoir pré- 
cédé chez cette nation, dont la civilisation est comme la 
grande aïeule de la nôtre, et dont cependant l’antique 
sociabilité est demeurée pour nous un impénétrable 
mystère. Au lieu de forêts, le sol de l'Égypte ne renferme 
que des carrières qui produisent dés pierres faciles à 
mettre en œuvre. Force a donc été à l’homme de se 
construire dans ce pays des abris plus solides que la 
cabane , et de chercher ailleurs que dans la nature les 
modèles des vastes édifices qu’il y a construits. 

Le caractrèe grave et tout national de l'architecture 
égyptienne n’a point permis aux peuples modernes d’a- 
dopter aucune de ses formes. A l'aspect de ces masses 
imposantes, mais qui semblent porter l'empreinte d’un 
système impitovable de servitude, destiné à enchai- 
ner le passé et l’avenir dans une effrayante immobilité , 
Vart a dû s'arrêter, comme l'intelligence se perd dans 
un problème insoluble. 

C’est à tort cependant qu’on a dénié à ce système 
d'architecture des règles théoriques, comme celles dont 
les ordres grecs offrent l'application. C’est également 
à tort qu'on l’a considéré comme constatant une absence 
totale de science, d'invention et de gout. Nous n’en ju- 
geons point ainsi. On tombe dans de semblables erreurs 
toutes les fois qu'on essaie de séparer les œuvres de 
l’homme de leur principe intellectuel. Mais si les meil- 
leures lois sont, pour un peuple, celles qu'il peut le 
mieux supporter, et qui conviennent d'ailleurs à son 
génie, les plus beaux édifices sont aussi ceux qui, dans 
leur destination d'utilité, s'harmonisent le mieux avec le 
climat, les mœurs et les idées générales des peuples où 
ils sont élevés. L'architecture égyptienne nous parait réu- 
nir au degré le plus éminent les conditions de durée et 
de stabilité que les institutions religieuses et politiques 
de ce peuple avaient en vue. Ses monumens les plus an- 
ciens n’offrent aucune différence remarquable avec ceux 
qu’il a construits dans les derniers temps de sa nationa- 
lité; ils ont le même caractère , les mêmes proportions, 
les mêmes dispositions, et semblent également, dans 
leur sombre majesté, élevés pour le même but. 

IL est donc impossible dene pas reconnaître dans l'ar- 
chitecture égyptienne une suite de règles plus sévères 
encore et plus exigeantes que celles dont les Grecs éta- 
“blirent l'usage. Ces règles, dit-on, rendaient du moins 
tout progrès impossible; le progrès, tel que nous le con- 
cevons, n’entrait point comme élément social dans la 
législation égyptienne. Elle n'avait pas voulu que les 
caprices du goût pussent jamais affecter l'ordre religieux 


AR 


et politique qu’elle avait établi : l'architecture nationale 
devait donc subir ses prescriptions absolues. Mais sous 
le rapport de la science, cette architecture suppose des 
connaissances mécaniques puissantes, et sous ceux de 
l'invention et du goût, nous ne pouvons l’apprécier 
sans faire la part du climat, de la religion et des mœurs 
publiques, dont il lui était ordonné de reproduire par- 
tout les symboles respectés. 

La connaissance de l'architecture égyptienne ne fait 
point partie des études auxquelles se livrent les jeunes 
architectes de nos jours. Sans doute Ja pratique en 
grand de cet antique système de construction formerait 
avec nos mœurs mobiles et nos frivoles habitudes une 
choquante disparate; mais quelquefois cependant on en 
rencontre dans nos cimetières quelques souvenirs incom- 
plets. On dirait que la douleur, commune à l'humanité, 
etdontle langage est universel, vient rappeler à l'artiste, 
en présence d’un tombeau, les traditions de l'architec- 
ture égyptienne, si puissante sur l'âme, car sou carac- 
tère grave et mélancolique est aussi empreint de l'idée 
de l'éternité. 

Il est à peu près établi que la Grèce reçut de l'Egypte 
ses premiers colons; ce fait historique n’est pas du moins 
contesté. Mais la civilisation du Delta ne pouvait être 
transplantée dans le Péloponèse aussi facilement qu’un 
arbre étranger, dont le doux soleil de cette contrée ent 
favorisé le développement. Cette civilisation dut v re- 
cevoir immédiatement des modifications importantes. 
En effet, les Grecs, quels que soient leurs ancêtres, ap- 
paraissent dans l’histoire avec une cosmogouie, une le 
gislation et des mœurs qui n’appartiennent qu'a eux. 
On disait bien en Grèce que l'Égypte était la terre natale 
des dieux et des arts; mais on n'y priait pas aux mêmes 
autels, et les arts ne s’y animèreut pas des nèmes inspi- 
rations. 

On trouve dans les plus anciens poètes dela Grèce des 
descriptions fastueuses de palais et de grands édifices qui 
ne permettent pas de douter qae les hommes y renon- 
cèrent aussi de très-bonne heure à la cabane pour des 
habitations plus durables : mais il n’existe ni dans l’an- 
tique Homère, ni dans Hésiode, l'indication, mêmevague, 
d'aucun système régulier d'architecture. Suivant un 
penchant aussi naturel à l'enfance des sociétés qu’à l’en- 
fance de l'homme, ces poètes s'occupaient beaucoup plus 
de la matière que de Ja forme des monumens. Les palais 
des dieux et des rois sont représentés par eux comme 
de somptueuses constructions revêtues d'or, de marbre, 
de porphyre; mais ils ne font nulle mention de leurs 
dispositions architecturales, et paraissent ignorer l'exis- 
tence des ordres, à l'un desquels cependant la tradition 
donna plus tard une origine bien antérieure. 

Le célèbre Vitruve a adopté cette tradition avec ses 


naïives ct poétiques erreurs. Nous allons lui emprunter 


AR 


son récit, qui intéresse au fond l'histoire authentique 
ae l'art, et qui d’ailleurs est la source de cette fausse 
idée, que l'architecture doit l’origine de ses belles formes 
à J’imitation de la nature. Voici donc comment le 
prince des architectes , pour nous servir d’une expression 
familière aux anciens, explique la naissance des ordres 
grecs et gréco-romains. 

« Dorus, roi du Péloponèse, ayant fait bâtir un 
temple à Junon dans Argos, il se trouva par hasard, de 
cette manière, que nous appelons dorique, l’ordre qu’il 
mit dans cette construction. 

« Alorsles Athéniens envoyèrent dans l’Asie-Mineure 
plusieurs colonies sous la conduite d’Ion , et ils nommè- 
rent Ionie la contrée où celui-ci s'établit. Ils y bâtirent 
d’abord des temples doriques, principalement celui d'A 
pollon. Mais comme ils ne savaient pas bien quelle pro- 
portion il fallait donner aux colonnes, ils cherchèrent 
le moyen de les faire assez fortes pour soutenir le faite 
de l'édifice , et de les rendre en même temps agréables 
à la vue. Pour cela, ils prirent la mesure d’un pied d'un 
homme, qui est la sixième partie de sa hauteur, sur 
laquelle mesure ils formèrent leurs colonnes, de sorte 
qu'ils leur donnèrent six diamètres. Ainsi, la colonne 
dorique fut mise dans les édifices, ayant la proportion, 
la force et la beauté du corps de l’homme. » Voyez pour 
la forme et les proportions géométriques de cet ordre 
la Prancne III, n° 2. 

« Quelque temps après ils bâtirent un temple à Diane, 
et cherchèrent quelque nouvelle manière qui füt belle, 
par la même méthode : ils imitèrent la délicatesse du 
corps d’une femme. Ils élevèrent leurs colonnes, leur 
donnèrent une base en forme de cordes entortillées, 
pour en être comme la chaussure; ils taillèrent des vo- 
lutes aux chapiteaux, pour représenter cette partie de 
cheveux qui pend à droite et à gauche; ils mirent sur 
le fronton des colonnes des cymaises et des gousses pour 
imiter le reste des cheveux qui sont liés et ramassés au 
derrière de la tête des femmes ; par les canelures, ils 
imitèrent les plis des robes, et cet ordre inventé par les 
Joniens prit le nom d’ionique. » Voyez Pr. UT, n°3. 

« Le corinthien représente la délicatesse du corps 
d’une jeuné fille, à qui l’âge rend la taille plus dégagée 
et plus susceptible des ornemens qui peuvent augmenter 
sa beauté naturelle, L'invention de son chapiteau est due 
à cette rencontre. Une jeune fille de Corinthe, prète à 
marier, étant morte, sa nourrice posa sur son tombeau, 
dans un panier, quelques petits vases qu’elle avait aimés 
pendant sa vie, et afin que le temps ne les gâtât pas si tôt 
étant à découvert, elle mit une tuile sur le panier, qui 
ayant été posé par hasard sur une racine d’acanthe, il 
arriva, lorsqueles feuilles vinrent à pousser, quele panier, 
qui était au milieu de la racine fit élever le long de ses 
côtés les tiges de la plante, qui, rencontrant les coins de 


AR 429 
la tuile, furent contraints de se recourber, et de faire le 
contournement des volutes. Callimaque, sculpteur et 
architecte, vit cet objet avec plaisir et en imita la forme, 
dans le chapiteau des colonnes qu'il fit depuis à Co- 
rinthe, établissant sur ce modèle les proportions de 
l’ordre corinthien. » Voyez Pr. II, n° 4. 

« Plusieurs colonies grecques ayant apporté dans V'É- 
trurie, aujourd’hui la Toscane, la connaissance de l’ordre, 
dorique, qui était le seul dont on fit usage dans la 
Grèce, cet ordre y fut long-temps exécuté de la même 
manière que dans le pays d’où il tirait son origine. Mais 
enfin on y fit plusieurs changemens, on alongea la co- 
lonne, on lui donna une base , on changea le chapiteau, 
on simplifia l’entablement, et cet ordre ainsi changé fut 
adopté par les Romains sous le nom d'ordre toscan. » 
Voyez PL. III, n° 1. 

& Long-temps après, les Romains, qui avaient adopté 
les trois ordres grecs, imaginèrent de placer les volutes 
ioniennes dans le chapiteau corinthien : ce mélange fit 
donner aux colonnes où on le remarquait le nom d’or. 
dre composite. » Voyez PL. II, n° 5. 

Nous abandonnons à la sagacité du lecteur le soin de 
déméler dans ces historiettes du bon Vitruve la vérité 
qui s’y trouve si étrangement liée à des fables popu- 
laires. Ainsi, sans nous arrêter davantage à chercher 
l'origine de l’ordre dorique, et à savoir s’il a priscenom 
de Dorus où des Doriens, et à quels Doriens il a pu 
l’emprunter, uous pensons qu'il est certainement le 
premier dont on ait fait dans la Grèce un usage systé- 
matique et régulier. La simplicité de ses formes, qui 
comporte en architecture l’idée de force et de solidité, 
place son origine au berceau de l’art. Il est difficile néan- 
moins de préciser l'époque où l’ordre dorique commença 
à être employé; on peut affirmer seulement qu'il a été 
à peu près d’un usage général en Grèce, puisque tout 
ce qui nous reste des monumens les plus anciens de ce 
pays en conserve Île style dans sa pureté primitive. 

Les deux autres ordres grecs ont dù prendre nais- 
sance durant la période historique qui s’est écoulée entre 
l'époque de Périclès et celle d'Alexandre. La Grèce 
sortit alors d’une longue lutte : elle eut à réparer les 
destructions de la guerre qu’elle avait soutenue contre 
les Perses. La victoire de Marathon commença pour elle 
une ère de repos social, au sein duquel elle demanda 
aux beaux-arts de compenser la perte de sa liberté. 
C’est effectivement pendant ce laps de temps que la 
statuaire et la peinture fleurirent en Grèce, et que l'ar- 
chitecture dut participer de leurs progrès. Alors s’éle- 
vèrent dans le Parthenon et les propylées, ces nobles 
et gracieux édifices , modèles parfaits de grandeur et de 
beauté, qui semblent fixer la limite que l'art peut 
atteindre. 

Il ne faut donc point chercher ailleurs que dans les 

22 


450 AR 
vicissitudes sociales ia cause réelle des développemens 
successifs de l'architecture. L'ordre dorique, dans son 
énergique et belle simplicité, convitit long-cemps à la 
Grèce jeune et libre. I y a dans la mollesse de l'ordre 
ionique, dans la richesse de l’ordre corinthien , un style 
recherché qui annonce, en même temps, un degré de 
civilisation plus avancé, et uni c'angement important 
dans les mœurs. Alors la Grèce n'est plus aussi passion- 
née pour la gloire et la liberté; la glaire s’est réfugiée 
dans l'atelier des artistes, et le patriotisme énervé ne 
cherche plus à $@ manifester que dans la grandeur et la 
beauté des édifices publics. 

: L'histoire de l'architecture va suivre à Rome les 
mêmes progrès en raison de la modification des institu- 
tions nationales. 

Ce n’est pas un point historique bien déterminé que 
les Étrusques , qui se vantaient de leur antiquité et de 
leur origine pélagienne , aient reçu des Grecs la pre- 
mière idée de l'ordre d’architecture qu’ils adoptèrent. 
Mais soit que l’ordre toscan ait une origine italique, 
soit qu'il dérive de l’ordre dorique, la simplicité sévère 
de son style se trouva seule bien long-temps en harmo- 
nie avec les mœurs austères de la république pauvre, 
laborieuse, ettoute préoccupée de sa grandeur militaire. 
L'ordre composite ne prit naissance qu’à l’époque où les 
institutions qui avaient fait de Rome la souveraine du 
monde, commencèrent à être perverties. Cette cité 
guerrière né renfermait encore qü’un très-petit nombre 
de monumens quand la république fit place à l'empire, 
puisqu'Auguste se vantait, dans sa vieillesse, d’avoir 
transformé en marbre cette Rome d'argile qui s'était 
donnée à lui. 

C’est sous le règne de cet empereur que vivait Vitruve 
(Pollio), architecte célèbre, dont l’ouvrage est pré- 
cieux pour l’histoire de l’art, en même temps qu'il ren- 
ferme un assez grand nombre de théories ct de pres- 
criptions dont l'étude ne peut être inutile aux archi- 
tectes modernes. Ce traité traduit depuis dans diverses 
langues, et intitulé : Virruvir Porrionis, de architec- 
turd, lb. x, ad Cœsarem, a été souvent imprimé. On 
croit que la première édition qui en a été faite est celle 
publiée à Rome, en 1486, par Jos. Sulp. Verulani. La 
traduction française de Perrault, publiée à Paris, 
en 1623, est encore la meilleure édition qu’on puisse 
consulter. 

Dès ce moment, ce n’est plus la Grèce qui va fournir 
ses plus belles pages à l’histoire de l'architecture. Rome 
et l'Italie deviennent pour l’art un centre actif de pro- 
ductions. Le Panthéon s'élève par les soins d’Agrippa, le 
gendre d’Auguste; la Sicile et cette partie de l'Italie qui 
porte lé nom de Grande-Grèce, se couvrent de temples 
majestueux, et leurs villes d'argile deviennent, comme 


fôme jeur réine, des villes de marbre, Tibère, Cali- 


AR 


gula et Claude attachent leurs noms à d'importantes 
constructions. Néron Mmi-même se livre, avec toute l’os- 
tentation de son caractère, à la passion des grands édi- 
fices. C’est pour cet empereur que les architectes Sévère 
et Céler construisent la zrarson dorce. Mais déjà le goût 
antique est profondément affecté des profasions de ce 
temps. Il se débauche avec Rome au sein des saturnales 
de l'empire; tant il est vrai que chez tous les peuples 
et à toutes les époques, Part se montre fortement em- 
preint d’un caractère social qu'on ne peut lui dénier 
sans fouler aux pieds la philosophie de l’histoire. Le 
règne de Trajan, l’un des plus vertuéux empéreurs 
que Rome ait donnés an monde, arrêta momentanément 
la décadence de l'art. H reprend, sous ce nouveau maître, 
quelque chose de la mâle pureté de ses formes antiques. 
Le forum, les ares de triomphe, et tous les édifices que 
Trajan fait construire ; semblent appartenir à un autre 
âge; et c’est dirigé par le poût austère de l’empereur, 
que l'architecte Apollodore élève la colonne triom- 
phale, monument éternel de son nom, de éà gloire et 
de la grandeur de son règne. 

La décadence de l’art reprend son cours sous Adrien 
et les Antonins. C’est à peu près à cette époque, et sous 
le règne d’Aurélien, que s'élèvent en Syrie les villes 
monumentales de Palmvyre et de Balbeck. Rome, mai- 
tresse des cités, veut les reconstruire à son image. Ce- 
pendant de nouvelles idées qui se répandett dans le 
monde vont influer profondément sur l'architecture. 
Cette révolution s'annonce de loin : l’are de Séptime- 
Sévère, le luxe qu’étale encore Dioclétien dans la cons: 
traction des thermes, son vaste palais de Spalatro ; 
offrent l’image d’un combat entre le goût ancien et les 
idées nouvelles, ou, si l'on veut, entre le bon pot. 
et la barbarie qui s’avance à grands pas. C’est que cette 
époque est celle d'une lutte entre deux principes s0o- 
ciaux, lutte dont le résultat ne peut être étranger aux 
progrès de l’art. Mais d’une part, le goût n’a pas de 
principes absolus; et d'autre part, la barbarie se mani- 
feste plutôt dans la destruction que dans la production 
d’une forme nouvelle. La translation du siége de l’ém- 
pire à Byzance marque décidément la fin de l’ère antique. 
C’est en vain que Constantin, jaloux de rendre sa jeune 
capitale aussi belle que Rome , rassemble auprès de lui 
tous les artistes de la Grèce et de l'Italie. Les artistes 
accourent; mais l'art, appelé par une puissance supé- 
rieure à la sienne à subir une transformation, ne pro- 
duira plus, dans le système primitif, que des ébauches 
imparfaites et des vagues souvenirs de sa jeunesse bril- 
lante. 

Peu de temps après, les fortes races du Nord, que les 
légions romaines, déchues de leur vicille renommée, ne 
peuvent plus contenir, s’élancent par mvriades du sein 


de leurs froides ct orageuses contrées. Les Goths ét ES 


# 


AR 


Vandales, precédant d’autres colonies de leur grande 
famille, se jettent sur l'Italie, et portant en tous lieux le 
fer et la flamme, se partagent les dépouilles du monde 
sur les ruines qu’ils amoncèlent autour d'eux. 

A l'architecture ancienne, dont l’histoire semble dès 
ce moment terminée, succède alors une autre architec- 
ture appelée gothique , qui, dédaigneuse du passé, élève 
ses masses colossales sur les débris de l'art antique. Les 
architectes, mal conseillés par les faux principes qu'ils 
assiguent à l’art, n’ont pu expliquer ni l'origine, ni le 
nom de l'architecture gothique. I faut, il est vrai, re- 
noncer à y chercher limitation du corps humain et de 
la cabane; mais puisque l’histoire de l’art ancien ne 
repose que sur un choix d’hypothèses diverses, on pour- 
rait en hasarder une sur l’art gothique : nous allons du 
moius l’oser. 

Ce n’est pas tout-à-fait sans raison , comme on le pré- 
tend généralement, que l'architecture du moyen äge a 
reçu la dénomination de gothique. Entre tous les 
hommes du Nord, les Goths furent les premiers dont 
l'invasion ébranla l’ancien système social, et ceux qui 
laissèrent des traces plus profondes de leur passage. 
C’est à l’époque de leurs migrations, que commence 
réellement la période historique à laquelle est demeurée 
attachée le nom de moyen âge. Ærchitecture gothique 
signifie donc : Architecture employée depuis l'invasion 
des Goths. I n’y a rien cependant dans cette désignation 
qui puisse s'appliquer à la nation elle-même, car il est 
bien évident qu’elle n’apporta pas du Nord un système 
quelconque d'architecture; et d’ailleurs sa domina- 
tion n’a point été assez générale et n’a eu nulle part assez 
de durée et d'influence sociale pour que cela puisse se 
supposer. Aussi n’est-ce point dans un goût qui aurait 
été propre aux races teutoniques , qu'il faut chercher le 
principe esthétique de l'architecture du moyen âge. Ce 
principe est tout entier dans le génie du christianisme, 
dont les historiens de l’art ont trop négligé d’apprécier 
la puissance. La décadence de l’art ne commence-t-elle 
pas sous Néron, et ne suit-elle pas depuis lors dans une 
progression contraire la progression ascendante du chris- 
tianisme? Si Constantin ne réussit point à faire de Bysance 
une seconde Rome, c’est que sous son règne la foi du chré- 
tien condamnait déjà l'enthousiasme de l'artiste pour un 
système d’architecture dont le polythéisme avait, pour 
ainsi dire, usé la majesté. Il fallait au christianisme des 
temples d’une forme nouvelle, comme l'étaient sa forme 
et sa parole, grave et mélancolique comme sa législation 
et ses prières. Les premiers chrétiens, persécutés, avaient 
célébré les saints mystères dans des cryptes profondes, 
dont la sombre grandeur s’alliait parfaitement à la pensée 
intime du culte. Cette pensée, les chrétiens la transpor- 
tèrent dans leurs édifices religieux, lorsque, arrivés au 
pouvoir, ils se livrèrent sans contrainte à toute la fer- 


+ 


AR 151 
veur, au génie de leur croyance. Elle se retrouve tout 
entière, cette peusée. daus les admirables monumens que 
nous devons à l'architecture du moyeu âge; elle respire 
sous ces voûtes à plein cintre, dans ces grandes ogives, 
dans ces portiques majestueux, dont la construction a 
exigé trop d'efforts et de patience pour qu’elle ne soit 
pas le résultat d’une puissante direction intellectuelle. 

Nous deyons ajouter à ces considérations générales 
deux observations qui viennent à l'appui de cette hypo- 
thèse, Les premières invasions des races teutoniques 
remontent à peu près à l’époque où le christianisme 
devint la religion de l'Empire, et où, par conséquent, 
il commença à construire des temples d’après les inspi- 
rations de sa foi. Le nom de gothique a donc logique- 
ment désigné cet âge intermédiaire de l'architecture. 

La seconde observation que nous avons à présenter 
porte sur le caractère même de l’art au moyen âge. Ne 
retrouve-t-on rien de l’architecture égyptienne dans 
les assises massives, dans les vastes proportions des 
monumens gothiques? Nous n’admettons certainement 
aucun système arrêté d’nnitation dans l’origine de ce 
style; il a, pour qu'on doive le supposer, un carac- 
tère trop prononcé de spontanéité, et, si l'on peut le 
dire, de sociabilité. Mais nous voulons tirer de ce rap: 
port, qui nous à souvent frappés, une conséquence dont 
la logique confirme le principe, que nous avons trouvé 
partout, de l'influence des idées sociales sur l’art. La 
pensée égyptienne, comme la pensée gothique, était reli- 
gieuse, et les deux architectures ont dù se rencontrer 
quelquefois. Si l’on veut faire la part de la différence 
des climats et des temps, celle surtout de l’excentricité 
des croyances, on verra qu'il est difficile de trouver 
des rapports aussi identiques entre les productions du 
même art à deux époques si éloignées l’une de l'autre. 

Quant au style arabe où moresque, qui, durant le 
moyen äge, vint modifier sous quelques rapports l’ar- 
chitecture gothique, il est facile de juger par la simple 
comparaison qu'il ne forme point dans l’art un ordre par- 
ticulier. Il n’est en effet qu’un développement du même 
principe. Ses dentelures, ses ornemens fantastiques, ses 
rinceaux élégans nw’affectèrent nullement le système 
gothique que les Arabes pratiquèrent en Europe avec 
leur génie national. Les chrétiens l’adoptèrent dans quel- 
ques-uns de leurs monumens, parce que les Arabes alors, 
seuls en possession des sciences, exerçaient en Europe 
une influence sociale assez importante pour qu’elle s’é- 
tendit sur les arts. 

Néanmoins, et malgré l'usage dominant de l'archi- 
tecture gothique, le goût ancien essaya plusieurs fois, 
durant le moyen âge, de reprendre son influence. La 
première tentative qui fut faite sous ce rapport remonte 
au VII* siècle, époque où Justinien fit bâtir à Constanti- 


nople l'église de Sainte-Sophie. L'architecte Isidore jeta 


152 AR 


les fontemens de cette basilique, et en dirigea les pre- 
iniers travaux concurremment avec le géomètre Anthé- 
mius, qui eut la noble et grande idée du dôme qui la 
couronne. Ce mouvement de retour vers l’architecture 
grecque, qui mit près de huit siècles à s’accomplir, 
commença dès le X1° à devenir très-prononcé en Ita- 
lie, où Buschetto, mettant en œuvre des matériaux 
qui provenaient de constructions antiques, bâtit la ca- 
thédrale de Pise. On admire encore aujourd’hui, et avec 
raison, la composition de cet édifice. À la même époque, 
s'élevait à Venise l’église de Saint-Marc, souvenir impar- 
fait du goût antique, mais où se retrouve la même ten- 
dance à revenir aux ordres gréco-romains. 

Dans les siècles suivans, la tour de Pise, l’église de Pa- 
doue, de la Trinité et la basilique de Sainte-Croix s’éle- 
vèrentsuccessivement en Italie, et donnèrentà laréaction 
un caractère de persistance qui, vers le commencement du 
XV: siècle, fut couronnée de succès. Le célèbre Brune- 
leschi vint apporter en faveur de l'architecture ancienne 
Vautorité de son beau talent. Il retrouva les vrais prin- 
cipes de cet art, et en fit l'application dans admirable 
coupole de Sainte-Marie-aux-Fleurs de Florence, qui est 
sans contredit la plus belle protestation que le génie de 
l'architecture püt faire contre lestyle gothique. Bruneles- 
chi, né à Florence en 1375, mort en 1444, esthonorépar 
les architectes comme le restaurateur de l’art, et c’est à 
lui que commence l’époque à laquelle on a donné le nom 
de renaissance, et plus tard celui de siècle des Médicis, 
à cause de l’éclatante protection que cette maison accorda 
aux artistes et aux beaux-arts. 

Une foule d'hommes de génie s’élancèrent alors dans 
la carrière, et déterminèrent la déchéance de l’architec- 
ture gothique. Léon-Batista Alberti publia un traité 
d'architecture, devenu célèbre, etqui, sous le point de 
vue esthétique, et dans l'analyse de l’art antique, est sou- 
vent bien supérieur à l'ouvrage de Vitruve. En 1444, 
au moment même où Bruneleschi descendait dans la 
tombe, naissait Lazari, qui a rendu si illustre le nom de 
Bramante, sous lequel il est plus généralement désigné. 
1 mourut en 1514. Dans le même siècle Raphaël Sanzio 
et Michel-Ange Buonarotti, le premier né à Urbin en 
3483, le second en 1434, firent les délices de l'Italie. 
Après ces grands artistes, nous ne citerons plus que Jac- 
ques Barozzio, dont le surnom de Vignola est devenu 
si célèbre et si populaire. Cet architecte a composé un 
traité des cinq ordres, qui l’a fait surnommer par les 
artistes, juges un peu passionnés de son mérite, le légis- 
lateur de l'architecture. Son ouvrage est au surplus de- 
meuré le meilleur guide élémentaire qu'on puisse encore 
choisir; mais en général les écrits des architectes de la 
renaissance et malheureusement ceux de la plupart des 
architectes modernes, sont entièrement dépourvus de 
philosophie, et la science s'y trouve continuellement 


AR 


sacrifiée à l’art. Barozzo, né à Vignola , village des en- 
virons de Modène, est mort à Rome, le 16 avril 1573, 
dans sa 66° année. 

Icise termine l'histoire de l'architecture, dont nous 
ne pouvions présenter qu’un tableau rapide et succinct. 
Les diverses expositions pratiques des parties de cet art 
qui se rattachent aux sciences mathématiques, se retrou- 
veront dans cet ouvrage aux mots spéciaux sous lesquels 
on les désigne. Nous regrettons seulement que les 
bornes qui nous sont imposées ne nous permettent pas 
d'ajouter quelques considérations relatives à l'étude de 
l’art. Il nous suffira de dire que la France manque encore 
d'une bonne école d’architecture, où l’étude des mathé- 
matiques forme la base essentielle de l'instruction des 
jeunes artistes qui en suivraient les cours. Leur éduca- 
tion est aujourd'hui loin d’être satisfaisante sous ce rap- 
port; car on semble perdre entièrement de vue le grand 
but d'utilité publique assigné par la raison à l’architec- 
ture, pour laisser les jeunes gens s’abandonner sans 
mesure à la seule étude du dessin et des arts graphiques, 
dont ils ne peuvent retirer toute l'instruction qui leur 
est nécessaire pour l'architecture utile. 

Les architectes regardent comme une période de bar- 
barie le temps qui s’est écoulé depuis l'introduction en 
Europe du style gothique jusqu'à la renaissance. C’est 
une erreur : durant ces dix siècles, l'humanité n’a pas 
sommeillé. L'architecture gothique était le produit d’une 
pensée sociale; elle était venue dans le monde comme un 
type nouveau ; elle a cessé d’être pratiquée quand ce type 
a été usé et cette pensée modifiée. Tel est le secret de la 
renaissance, ou, si l’on veut, de la restauration de l’art 
antique. Le XVI° siècle, durant lequel s’effectua ce mou- 
vement, vit attaquer à la fois les croyances chrétiennes et 
l'ordre social qui s'était établi à la suite de leur manifes- 
tation et des invasions teutoniques. Depuis cette époque, 
l'humanité est entrée dans une voie dont le terme est 
inconnu, dont le but n’est pas même bien défini. La pen- 
sée sociale n'exerce plus sur l'art qu'une influence indi- 
recte, car la tendance morale de la société n’a plus cette 
grande unité qui a caractérisé les civilisations anciennes. 


ARCHYTAS, de Tarente, philosophe pythagoïicien 


et mathématicien distingué de cette antique écoie, a 


vécu durant le quatrième siècle avant J.-C. Il ne nous 
reste plus que les titres de quelques-uns des nombreux 
ouvrages qu'il avait composés, et qui sans doute furent 
anéaotis dans la catastrophe où il saccomba lui-même, 
puisque Platon, qui avait connu Archytas, et qui parle 
de lui avec l'intérêt de l'amitié, Géplorait déja Ja 
perte de ses écrits. On sait du moins qu'Archytas donna 
peut-être le premier, un but d'utilité réelle aux spéct- 


lätions abstraites de la géométrie, ca les appliquant aux 


usages de la vie. C'est dans cette intention Gil s'efforça 
de fonder aue théorie de Ja tuecuniçu. et qu'il con- 


AR 


struisit diverses machines hydrauliques qui lui méritè- 
rent la reconnaissauce et l’admiration de ses contempo- 
rains. L'antiquité regarda surtout comme une œuvre 
digne de limmortalité sa célèbre colombe artificielle, 
dont le mécanisme était si ingénieusement combiné, 
qu’elle imitait, dit-on , le vol des colombes naturelles. Il 
y a probablement quelque exagération dans l’apprécia- 
tion de cet automate. C’est au génie d’Archytas que nous 
devons la méthode de découvrir mécaniquement les 
moyennes proportionnellés entre deux lignes données, 
dans la solution du problème de la duplication du cube; 
on attribue aussi à ce géomètre l'invention des vis et 
celle des grues , agens mécaniques d’une grande impor- 
tance. On trouvera des détails plus étendus sur les tra- 
vaux d’Archytas, dans la Bibliothèque grecque , dans 
Diogène Laërce et Eutocius, qui en font également 
mention. Les connaissances astronomiques et géogra- 
phiques d’Archytas ont été célébrées par Horace dans 
une de ses plus belles odes, où il fait allusion à sa mort 
funeste en ces termes : 


Quid profuit illi 
Æthereas peragrasse domos, animoque profunduia 


Percurrisse polum , morituro ? 


Archytas périt en effet dans un naufrage, et son 
corps fut retrouvé sur les côtes de la Pouille, où il avait 
été rejeté par les flots, l’an 408 avant J.-C. 

ARÇON ( Jean-CLaune-ÉLéonore Lemicxaun D’), 
célèbre ingénieur, né à Pontarlier en 1733. Les parens 
de d’Arçon le destinaient à l’état ecclésiastique; mais il 
manifesta dès sa plus tendre enfance un penchant décidé 
pour les sciences mathématiques appliquées à l’art de 
la guerre. Les progrès remarquables qu’il fit dans l’étude 
de ces sciences, et la persistance qu’il montra dans ses 
premières dispositions, triomphèrent de la répugnance 
de ses parens, qui le laissèrent enfin libre d’entrer dans 


la carrière de son choix. Admis, en 1754, à l’école de 


Mézières, le jeune d’Arçon y acquit, dès l'année suivante, 
le titre d'ingénieur, qui avait été l’objet de ses vœux et 
de ses travaux. La gucrre de sept ans lui offrit presque 
immédiatement l’occasion de se-distinguer : durant cette 
longue et désastreuse campagne, son nom fut souvent 
prononcé, et il rendit d’importans services à l’armée 
française. 

D'’Arcon, dont la réputation commençait à grandir, 
fut chargé, en 1774, de lever la carte du Jura et des 
Vosges. Il s’acquitta de ce devoir en ingénieur habile, et, 
commença dès-lors à manifester cette aptitude supé- 
rieure dont il était doué, pour les opérations les plus 
compliquées du génie militaire, C’est à cette occasion 
qu'il employa, pour la première fois, le lavis avec un 
seul pinceau, plus expéditif, et produisant plus d'effet 
que la manière ordinaire, 


AR 133 


Durant la même année et l’année suivante (1774, 
1772 ),ilse méla de la discussion soulevée par l'opinion 
de Guibert, sur l’ordre profond et l'ordre mince, et 
publia à cette occasion une suite de brochures sous le 
titre de : Correspondance sur l’art militaire, qui ache- 
vèrent de lui mériter un rang distingué parmi les offi- 
ciers de la classe savante de l’armée à laquelle il appar- 
tenait. 

En 1780, d’Arçon, qui faisait partie, en qualité d’in- 
génieur général, du corps auxiliaire français que le duc 
de Crillon conduisit au siège de Gibraltar, conçut le 
plan des batteries flottantes dont on devait faire usage 
contre les formidables défenses de cette ville, regardée 
comme imprenable du côté de la terre. Ce projet auda- 
cieux, et qui ne pouvait être mis à exécution qu’à l’aide 
d’un appareil extraordinaire, à fait du bruit en Europe; 
mais il a été, en général, trop mal apprécié, pour que 
nous ne pensions pas devoir, dans l'intérêt de la mé- 
moire de d’Arçon, en retracer rapidement l’histoire. 

La situation de Gibraltar ne permettait pas d'y appli- 
quer les opérations communes d’un sége régulier. Cette 
circonstance seule aurait dû faire pardonner à d’Arçon ce 
qu'on à appelé la singularité de son plan, si cet homme 
de talent avait eu besoin de justification. Après de 
longues méditations et des expériences suivies sur la 
combustion, il rédigea, sous la forme de projet, le plan 
de ses batteries insubmersibles et incombustibles. Dans 
l'exécution, d’Arçon les destinait à faire brèche au corps 
de place du côté de la mer; mais en même temps, 
pour favoriser leur approche et seconder leur effet, 
d’autres batteries avancées sur le continent devaient 
prendre de revers tous les ouvrages enfilés de front par 
ses batteries flottantes. Le conseil espagnol adopta avec 
enthousiasme le plan de l'ingénieur français, qui fit 
preuve d’un rare talent dans la manière dont il en pré- 
para l'exécution. Il fit construire cinq machines à deux 
rangs de batteries, et cinq autres à un seul rang, qui for- 
maient ensemble une artillerie de 150 pièces portées 
sur des prames, que leurs rames permettaient de diri- 
ger contre le vent. 

L'expédition, on le sait, eut lieu le 13 septembre 1782; 
mais elle parut être conduite avec l'intention évidente 
de la faire échouer. Vainement d'Arçon, monté sur un 
frêle esquif, s’exposa à tous les dangers pour surveiller 
l'exécution de ses ordres; vainement il unit dans cette 
circonstance la patience du savant à l’intrépidité d’un 
chef militaire : aucunes de ses dispositions ne furent sui. 
vies, et les batteries flottantes, ruinées par le canon an- 
glais, furent incendiées en peine mer, sans avoir avancé 
les opérations du siege. Ou attribua avec raison le non- 
succès de cette entreprise au peu d'accord qui existait 
entre les généraux français et espagnols. Mais le défen- 


scur de Gibraltar, Elliot, comme un autre Marcellus, 


434 AR 


rendit un glorieux hommage à l'Archimède français. Ge 
+ fut la seule consolation que reçut d'Arçon, péniblement 
affecté de ce revers et qui ne trouva dans sa patrie que 
des rieurs, peu disposés à faire la part de son génie dans 
cette douloureuse circonstance. I] défendit néanmoins 
son invention dans un mémoire où les hommes de l’art 
purent le juger plus favorablement. Dans les anmées 
suivantes, d’Arçon publia un autre ouvrage de théorie 
sur les lunettes à réduit et à feux de revers, dont l’objet 
est d'établir une résistance imposante , quoiqu’à peu de 
frais, sur un très-petit espace isolé. En 1703, d’Arçon fut 
chargé de faire une reconnaissance au mont Saint-Ber- 
nard , et il se distingua ensuite dans la campagne d’in- 
vasion de la Hollande, où ses combinaisons livrèrent 
plusieurs places, et entre autres Breda , aux armées ré- 
publicaines. Proscrit deux fois dans l'intervalle de ces 
deux expéditions, et toujours sauvé par le respect qui 
environne le talent, d'Arçon, membre de l’Institut, fut 
appelé au Sénat, en 1700, par le premier consul Bo- 
naparte, qui honorait son caractère et sa science. Mais 
il jouit peu de temps de la faveur du jeune chef de 
l'État : il mourut à Paris le 1°" juillet 1800, âgé de 
67 ans. 

D’Arçon était un homme remarquable à tous égards, 
doué d’une puissante imagination et d’une infatigable 
activité : il appartient à la fois à la théorie et à la pra- 
tique de l'art militaire. Ses écrits se distinguent par une 
grande abondance d'idées, et sont semés de traits de 
génie qui font passer sur les négligences de style qu’on 
y remarque quelquefois. 

Le plus important des écrits publiés par d’Arçon 
et celui qui en forme à peu près le résumé, est intitalé : 
Considérations politiques et militaires sur les fortifica- 
tions, Paris, imprimerie de la république, 1795, in-8°. 

ARCTIQUE (A4str.). D'épxros, ourse, nom du pôle 
septentrional, qui lui a été donné parce que la dernière 
étoile de la constellation boréale, qu’on appelle Za Pe- 
tite-Ourse, en est très-Voisine. 

Le cercle polaire arctique est un petit cercle de la 
sphère, parallèle à l'équateur, et éloigné du pôle de 
23° 28". Comme le cercle polaire antarctique, qui lui 
est opposé, il est décrit par le pôle de l’écliptique. La 
partie de la terre qu'on appelle zone septentrionale, est 
comprise dans la distance qui existe entre le cercle po- 
laire arctique et le pôle arctique même. Foy. PôLe et 
Zonr. 

ARCTOPHILAX (Astr.), (d'épxres, ourse, ct @iraË, 
gardien, c'est-à-dire, le Gardien de l Ourse), cest le 
nom qu’on donne à la constellation voisine à la fois de 
la Grande et de la Petite-Ourse, et qu’on appelle plus 
communément /e Bouvier. Foy. ce mot. 

ARCTURUS ( Astr.). (D'épräpos, queuc de l’Ourse, 
mot formé d’äpxres, Qurse, et de pe, queue.) Étoile fixe 


AR 


de la première grandeur, située dans fa constellation 
du Bouvier , vers laquelle paraît se diriger la queue de 
la Grande-Ourse. 

Les Arabes ont donné à cette étoile le nom d’Ara- 
mecu. On observe dans Arcturus un mouvement qui lui 
est propre, et qui est de 4’ environ par siècle; c'est-à- 
dire que cette étoile avance vers le midi de cette quan- 
tité, et diminue par conséquent de latitude. Elle est 
marquée + dans les catalogues. | 


ARCTUS ou ÂPKTOZ (Astr.). Nom donné par les 
Grecs aux deux constellations de l’hémisphère septen- 
trional , que nous désignons d’après eux sous ceux de 
Petite-Ourse et de Grande-Ourse. Voy. Ounse. 


ARE ( Métrologie ). Unité des mesures agraires dans 
le nouveau système métrique français. C’est un carré 
dont le côté a dix mètres de longueur, et conséquem- 
ment cent mètres carrés de superficie. L’hectare, ou 
l’arpent métrique, est composé de cent ares. 


Le rapport du mêtre à l’ancienne toise de Paris étant 
celui de 1 à 0,513074, l’are est à la toise carrée comme 
1 est à 26,3244920476. Ainsi, pour convertir un nombre 
quelconque d’ares en toises carrées, il faut multiplier 
ce nombre par 26,3244929456, et, réciproquement 
pour convertir un nombre quelconque de toises carrées 
en ares, il fant le diviser par cette même quantité. C’est 
de cette manière qu’on trouve qu'un hectare équivaut 
à 2632,44929476 toises carrées, et que l'ancien arpent 
de Paris, composé de 900 toises carrées, équivaut à 
34,188) ares, ou, ce qui est la même chose, à 3418,87 
mètres carrés. 

ARÉOMÈTRE (PAys.), (de épœss, léger, subtil, et 
wsrpoy, mesure). Instrument pour mesurer la densité des 
liquides. L'invention de cet instrument est due, selon 
quelques auteurs, à Hypathia, fille de Théon; mais 
selon d’autres, il était déja connu et employé par Ar- 
chimède. Il consiste aujourd’hui, le plus communé- 
ment, en un petit globe de verre qui se prolonge en 
un tube long, étroit et cylindrique ; on ferme ce tube 
hermétiquement, après avoir introduit dans le globe une 
quantité de mercure suffisante pour faire prendre à l'ins- 
trument une situation verticale lorsqu'on le plonge dans 
un liquide. La densité d’un liquide est estimée. par le 
plus où moins de profondeur à laquelle le globe des- 
cend, c’est-à-dire que le fluide dans lequel il descend le 
plus est le plus léger, et que celui dans lequel il descend 
le moins est le plus lourd. Foy. PESANTEUR SPECIFIQUE. 

Pour établir une comparaison entre la densité des di- 
vers liquides, il suffit donc de placer le long du tube une 
échelle dont les nombres indiquent immédiatement ces 
densités, en partant d’un point fixe. Par exemple, lors- 
que l’aréomètre s'enfonce jasqu'’à la division marquée 
1200, la deusité est 1200; s'il s'enfonce jusqu’à 800, la 


AR 


densité est 800. La densité de l’eau est marquée par 
1000 , qui est le point fixe de départ. 

Ce que l’on nomme pèse-sels, pèse-acides, pèse-es- 
prits, sont des espèces d’aréomètres dont les degrés de 
l'échelle ne sont pas destinés à faire connaitre la densité, 
mais seulement le degré de concentration des liquides. 
Le plus populaire de ces instrumens est le pêse-acide ou 
aréomètre de Baumc. Pour le graduer, on marque o le 
point où il s'arrête dans l’eau pure, et 15 celui où il s’ar- 
rête dans un mélange de 85 parties d’eau et de 15 de 
sel marin. L’intervalle de ces deux points étant divisé 
en 15 parties égales, on prolonge l'échelle au dessous 
de o ét au-dessus de 15, avec ces mêmes parties. Deux 
liquides de poids inégaux donneront évidemment des 
degrés différens sur l’aréomètre ; mais on n’en pourra 
rien conclure immédiatement sur les densités réelles de 
ces liquides. Aussi cet aréomètre, ainsi que tous les 
autres du même genre, sont-ils seulement des instru- 
mens de commerce qui servent à régler le prix des 
marchandises. 

ARÉOMÉTRIE. C'est l’art de mesurer la pesan- 
teur spécifique ou la densité des liquides. Foy. Dexsite. 

ARGETENAR, ou plus exactement ANGÊT-ÉL- 
NAHR (Astr.). Nom d’une étoile de la quatriéme 
grandeur, qu'on trouve dans la constellation d'Ént- 
DAN. 

ARGO (LE NAVIRE ), où LE VAISSEAU DÉS ARGONAUTES 
(Astr.). Nom de l’une des constellations de l'hémisphère 
méridional , qu’on appelle plus communément le Na- 
vire Ou le Vaisseau, et qui, suivant Flamsted, est com- 
posé de 64 étoilés. 

ARGUMENT ( Asir.). C’est, en général, un nombre 
qui sert à en trouver un autre dans une table; ét, en 
particuliér, c'est une quantité de laquelle dépend une 
équation , une inégalité ou une circonstance quelconque 
du mouvement d’une planète. Ainsi : 

L'ancumenr de latitude est la distance d'une planète 
à son nœud ascendant, parce que cette distance sért à 
calculer Ja latitude de la planète. 

L’ancumenr annuel est la distance du soleil à l'apo- 
gée de la lune, ou l'arc de l’écliptiqué compris entre le 
soleil et cette apogée. 

L'ancumenr de l’équation du centre, est l'anomalie 
ou la distance à l’aphélie ou à l'apogée, parce que l'é- 
quation du centre se calcule, dans une orbite ellij'tique, 
pour chaque degré d’anomalie, et qu’elle varie suivant 
les changemens d’anomalie. 

L'ancumenr de la parallaxe est l'effet qu’elle pro- 
duit sur une observation , lequel sert pour déterminer 
la parallaxe horizontale. 

ARIDED (4str.). Nom de l'étoile qui paraît former 
ce qu’on appelle a queue du Cygne, dans la constella- 
tion de ce nom, et qui est marquée dans les catalogues. 


AR 413% 


ARIES ( Astr.). Voyez BErier. 

ARISTARQUE, de Samos, géomètre et astronoms 
célèbre, appartient à la première et brillante époque 
de l’école d'Alexandrie, quoique ses opinions sur le 
mouvement de la terre l’aient souvent fait désigner 
comme un disciple de l’école pythagoricienne. Il vivait 
durant le troisième siècle avant J.-C. Ptolémée rap- 
porte en effet une observation de solstice faite par Aris- 
tarque la 50° année de la première période de Callipe; 
qui correspond à la 281° avant l’ère chrétienne. Cette 
circonstance remarquable ne permet pas de se tromper 
sur l’époque réelle de son existence; malgré le dissenti- 
ment des biographes modernes à ce sujet. 

On a déjà eu l’occasion de mentionner ailleurs (voyez 
Écore p'ALexanDrte) quelques-uns des travaux d’Aris- 
tarque de Samos; et l’on sait que, parmi les découvertes 
dont l'antiquité lui à fait honneur, sa méthode pour dé- 
terminer la distance du soleil à la terre par la dichotomie 
de la lune, tient imcontestablement le premier rang. 
Voyez DicuoTomif. 

Aristarque à peut-être acquis une gloire plus solide et 
plus grande, en tentant de généreux efforts pour faire 
revivre l’opiniôn pythagoricienne du mouvement de la 
terre, et la faire prévaloir à Alexandrie sur l'hypothèse 
contraire, adôptée alors par tous les astronomes, hypo- 
thèse que les travax de Ptolémée érigèrent depuis en 
système. Il n’est pas sans intérêt pour l’étude de la science 
de reporter quelquefois la pensée vers ces luttes antiques 
entre l’erreur et la vérité, car elles renferment en elles de 
hautes leçons philosophiques. L'opinion de Pythagore 
était juste ; mais elle était trop évidennnent contraire à la 
cosmogonie anciénñé, qui reposait spécialement sur l’im- 
mobilité delaterré au centréde l'univers, pour triompher 
tout à coup des vieilles erreurs de l’homme, quoiqu’elle 
expliquât les apparencessur lesquelles ces erreurs s'étaient 
établies. Aristarque, qui avait ermbrassé cetté opinion, 
ävait senti la nécessité d'en démontrer les principes avec 
plus de développement que ses prédécesseurs. Il com- 
posa un livre sur ce sujet, dans lequel il s'appliqua à 
réfuter toutes lès objections que l'hypothèse pythagori- 
cienne avait fait soulever. Ce livre est perdu; mais 
Archimède en parle avec assez d’étendue dans un de ses 
immortels éctits (Ærenarius), pour qu'on puisse se 
faire une idée de son importance scientifique. D’après 
les citations qu’en fait cetillustre maître, on voit qu’Aris- 
tarque plaçait le soleil immobile au milieu des fixes, 
ñe laissant de mouvement qu’à la terre , dans son orbite, 
autour de cêt astre: À l’objection tirée de ce que; dans 
cette disposition , lés étoiles fixes seraient sujettes à une 
diversité d'aspect , suivant les différentes places que la 
terre occuperait, Aristarque répondait que toute l’or- 
bite de cëtte planète ne remplissait dans l'espace qu'un 
point d’une grandeur insensible; comparée à la dis- 


45 AR 


tance de ces astres. Ainsi se manifesta dès cette époque, 
si rapprochée du berceau de la science, la tendance irré- 
sistible de l’esprit humain vers la vérité. 

Cet ouvrage d’Aristarque, de Samos, devait néces- 
sairement contenir des développemens importans de ces 
idées premières, plus propres sans doute à être appré- 
ciées par nous que par la génération dont ils n’eurent pas 
le pouvoir de modifier les croyances, et l’on doit sous 
ce rapport en déplorer la perte. Mais peut-être la science 
doit-elle regretter davantage que le grand Archimède 
ne se soit pas formellement prononcé dans cette grave 
question; car l’opinion d’un tel homme, appuyée de 
toute l'autorité de sa science et de son génie, eût sans 
doute déterminé le triomphe de l'hypothèse pythago- 
ricienne, et avancé ainsi de plusieurs siècles les progrès 
de l'astronomie. 

Vitruve attribue à Aristarque l'invention d’une hor- 
loge qu’on a appeléescaphé. C’étaitunsegment desphère, 
sur lequel était élevé un style, dont le sommet répon- 
dait au centre, et qui marquait les heures. L'histoire, 
au reste, ne nous apprend rien de plus important sur 
sa vie. Elle s’écoula sans doute dans cette solitude pai- 
sible où l’homme de science oublie au sein de ses utiles 
travaux les agitations du monde. Néanmoins, d’après un 
passage mal interprété de Plutarque, quelques auteurs 
ont avancé qu'Aristarque fut accusé d’irréligion, pour 
avoir osé, par son système , troubler le repos de Vesta. 
Cléante, disciple de Zénon, avait en effet écrit contre 
lui, puisque Diogène Laërce cite un passage de son 
livre, qui a trait à une vague accusation de ce genre; 
mais rien ne prouve que les tribunaux aient été appelés 
à se prononcer dans ce débat, qui se réduit ainsi à une 
polémique un peu vive entre deux disciples d'école dif- 
férente. 

Le seul ouvrage d’Aristarque, de Samos, que nous 
possédions, De magnit. et dist. solis et lunæ, a été im- 
primé en 15792, in-4°. Pappus, dans sa Collection ma- 
thématique, en a aussi rapporté un précis. 

ARISTÉE, de Crotone, célèbre géomètre de l’anti- 
quité, qu’on croit avoir été un disciple de l’école de 
Platon, florissait, en Grèce, durant le quatrième siècle 
avant l’ère chrétienne. Sa renommée a survécu à ses 
ouvrages, qui ne sont pas venus jusqu’à nous, et qui nous 
sont connus seulement par les citations qu’on en trouve 
dans quelques écrivains d’un autre âge. Peut-être aussi 
l'amitié d'Euclide, dont on a pensé qu’il avait été le 
premier maître, n’a-t-elle pas peu contribué à illustrer 
sa mémoire. Il paraît du moins certain qu’Aristée est 
l’auteur d’un ouvrage divisé en cinq livres, sur les 
sections coniques, dont il est probable qu’Apollonius 
s’est servi dans la première partie du traité remarqua- 
ble qu’il a composé sur le même sujet. On lui attribue 
_également un autre écrit sur es lieux solides, qui com- 


ÂR 


prenait aussi cinq fivres, et qui n’a pas été moins utile 
que le premier de ces ouvrages aux progrès de la géo- 
métrie, Pappus en fait mention dans le septième livre 
de sa Collection mathématique. Pendautle XVIT' siècle, 
Viviani, disciple de Galilée, à peine âgé de 23 ans, qui 
s'était déja rendu célèbre par sa iviration sur le cin- 
quième livre des Coniques d'Apollonius, résolut de réta- 
blir par la même méthode l'ouvrage d'Aristée sur Les 
Lieux solides, c'est-à-dire relatif aux propriétés locales 
de ces courbes. Ce travail ingénieux, qui parait même 
avoir été l’un des premiers qui ait appelé les méditations 
de Viviani, est néanmoins le dernier que ce savant ait 
publié. Il parut en 1501, époque où il était parvenu à 
une extrême vieillesse. f’oyez Viviaxr. 

ARISTOTE , l’un des plus célèbres philosophes de 
l'antiquité, naquit à Stagvre, petite ville de l'Olinthie, 
en Macédoine, dans la première année de la 09° olvm- 
piade (an 354 avant J.-C.). Ce n’est pas seulement sur 
ses contemporains que les doctrines d’Aristote ont exercé « 
une immense influence dans toutes les branches du savoir. 
Fondateur d’une école rivale de celle de Platon, non-seu- 
lement il acquit de son temps une autorité presque sans 
bornes, car son génie encyclopédiqueavaitembrassétoutes 
les connaissances acquises jusqu'à lui, mais encore il est de- 
meuré long-temps après sa mort, et chez tous les peuples 
civilisés , le législateur absolu de l'intelligence. Le secret 
de cette renommée, dont aucun homme ne partage avec 
lui la puissance et l'étendue, est dans le principe même 
sur lequel repose le dogmatisme de ses idées. Au ratio- 
nalisme de Platon, il substitua l’empirisme, c’est-à-dire, 
qu'il n’admit d’autres connaissances que celles qui éma- 
nent des faits et résultent de l'expérience. Les apparences 
grossières de cette doctrine, dont les intelligences les 
moins cultivées peuvent saisir facilement les déductions 
logiques, durent frapper les Grecs, soumis à une religion 
toute matérielle qui n’avait pu envisager que comme un 
système impie le spiritualisme de Socrate. Néanmoins 
Aristote n'avait pu arriver à établir ses catégories qu’à 
l’aide de l’abstraction: mais les résultats de sa doctrine 
séduisirent assez les esprits pour qu’on ne s’occupät pas 
du principe intellectuel d’où elles étaient tirées. Il y a 
deux choses à remarquer dans Aristote. La première, 
c'est que son système, si complétement opposé à la héo- 
rétique du christianisme , aitservi si long-temps de base 
à l'éducation des peuples modernes, malgré l’anathème 
dont il avait été l’objet de la part des premiers pères de 
l'Église. La seconde, c’est que ce philosophe, à qui l'on 
ne peut refuser un esprit exact et scrutateur, ait à peu 
près négligé l’application des sciences mathématiques 
aux faits qu’il expliquait par des raisounemens tirés de 
leurs rapports avec les sens et par l'expérience. C’est ce- 
pendant sous ce seul et dernier point de vue que nous 
devons examiner ici ses travaux. 


AR 


Les seules branches des mathématiques appliquées, 
dont on trouve des traces dans les écrits d’Aristote, sont 
l'astronomie, la mevanique et l'optique. Les raisonne- 
mens, quelquefois judicieux, du philosophe de Stagyre, 
sur le système du monde, ne peuvent être envisagés 
comme formant un système astronomique. Ce fut cepen- 
dant à l’aide des idées les plus fausses en physique, sur 
le mouvement et la pesanteur, sur la nature et l’arran- 
gement des corps célestes, qu'il parvint à renverser le 
système pythagoricien sur l’immobilité du soleil. C’est 
dans les deux premiers livres de Cæœlo que ses idées 
astronomiques se trouvent exposées. Il n’est peut-être 
pas surprenant qu’Aristote ait de son temps facilement 
tiiomphé d’un système qui, pour être regardé comme 
une vérité fondamentale, a eu besoin de tous les pro- 
grès de la raison; mais il est moins facile d’expliquer le 
respect que les plus illustres maîtres de l’école d’Alexan- 
drie conservaient pour les opinions de ce philosophe, 
et l'influence qu’elles ont exercée sur la science jusqu’à 
une époque si rapprochée de nous. Les questions méca- 
niques, qui acquirent à Aristote une renommée que 
tous ses ouvrages, au reste, ont eu le privilége d’exciter, 
ne renferme que des appréciations entièrement fausses de 
cette science. Il y débute par un raisonnement puéril 
sur la raison pour laquelle le levier ou la balance à bras 
inégaux, met en équilibre des poids ou des puissances 
inégales, et qu’il cherche dans les propriétés du cercle, 
doat il donne une longue et inutile énumération. 
« Comment s'étonner, ajoute-t-il en terminant, qu’une 
« figure si féconde en merveilles en produise une de 
« plus, en mettant en équilibre des puissances inégales? » 
Aristote n’a pas été plus heureux dans ses recherches sur 
Joptique; tout ce qu’il en dit est vague, erroné, et 
annonce les premiers pas d’une science qu’il n’était pas 
donné à son génie de créer. Aristote mourut à 63 ans, 
c’est-à-dire l’an 2 de la 114° olympiade (an 322 avant 
notre ère). La raison humaine a enfin triomphé du long 
esclavage dans lequel l'ont retenue d’une manière si 
inexplicable les doctrines de ce philosophe. Tous ses 
travaux scientifiques ont été tellement dépassés qu’il ne 
peuvent être considérés aujourd’hui que comme des 
monumens historiques de l'intelligence. Il en devrait 
étre de même des principes sur lesquels repose sa phi- 
losophie, quoique son empirisme soit encore bien supé- 
rieur au matérialisme stupide et abrutissant que l'igno- 
rance des plus simples lois de l’entendement cherche 
encore à opposer, de nos jours, à la saine philosophie. 

ARITHMÉTIQUE (de épiêuos , nombre, et de TE LV) 
art). Seconde branche de la SCIENCE Des Nomones, et 
dont l'objet est la réalisation des calculs ou les faits des 
nombres. 

Les nombres, comme tous les objets des connnaissan- 


ces humaines peuvent étre considérés en général ct 


AR 4137 
en particulier ; c’est-à-dire sous le rapport de leurs Lois 
et sous celui de leurs faits. Par exemple, cette proposi - 
tion : Za somme de deux nombres, multipliée par leur 
différence , est égale à la difference de leurs carrés , est 
une /oi des nombres, parce qu’elle s'applique géné- 
ralement à tous les nombres; tandis que celle-ci : onze 
multiplié par cinq est égal à cinquante-cing , est un fait 
des nombres, parce qu’elle ne s'applique qu'aux seuls 
nombres 11, 5 et 55. 

Cette distinction partage la science des nombres en 
deux branches générales, dont la première, celle qui 
traite des lois, est J’aLcèBre, et dont la seconde, celle 
qui traite des faits, est l'ARITHMÉTIQUE. 

Il résulte nécessairement de cette déduction de l'ob- 
jet de l’arithmétique, que les subdivisions particulières 
de cette science ne peuvent être fondées que sur les sub- 
divisions de l’algèbre. Nous devons donc encore envisa- 
ger les faits des nombres sous le double aspect de la gé- 
néralion et de la comparaison (voy. ALGÈBRE); mais, 
avant d'examiner la nature des opérations qui naissent 
de ces deux points de vue distincts, nous allons donner 
ici un aperçu historique de la marche progressive de 
l'arithmétique, marche tellement liée avec les premiers 
efforts de l'intelligence, que ses traces remontent à la 
plus haute antiquité, et vont se perdre dans le berceau 
du genre humain. 

L'origine de l’arithmétique, comme celle d’une foule 
d'autres sciences, est si obscure et si compliquée de fa- 
bles et de traditions incertaines , dans les écrits des his- 
toriens anciens, qu'il ne nous est parvenu que peu de 
renseignemens satisfaisans à cet égard, malgré les nom- 
breuses investigations des modernes. Les écrivains qui 
se sont occupés de cette quéstion sont loin, d’ailleurs, 
d’être d'accord sur les peuples auxquels ils attribuent 
l'invention de l’arithmétique. 

Ainsi, Josèphe (Antig. Jud., iv. 1, ch. 9) affirme 
qu’Abraham, ayant quitté la Chaldée pour se rendre en 
Egypte pendant la famine , fut le premier qui enseigna 
aux habitans de ce pays l’arithmétique et l'astronomie, 
dont ils n'avaient aucune connaissance ; tandis que PLa- 
ton (in Phædro) et Diogène Laërce (in Præmio) préten- 
dent, au contraire, que l’arithmétique et la géométrie 
étaient d’origine égvptienne. Ces deux sciences, selon 
eux, auraient été communiquées aux Égyptiens par 
leur dieu Theut où Thot, divinité dont les attributs, 
assez semblables à ceux que les Grecs accordèrent en- 
suite à leur Mercure, s’étendaient sur le commerce et 
sur les nombres. 

D'un autre côté, Strabon (Géograph., liv. 17) dit que 
l'arithmétique et l’astronomie sont, d’après l'opinion 
reçue de son temps, d’origine phénicienne ; mais cette 
opinion est évidemment erronée, puisque c’est aux 


Chaldéens, qui sont un peuple bien plus ancien, que 
18 


/ 
e 
k 358 AR 
nous devons la connaissance de certains cycles ou pé- 
riodes astronomiques dont la détermination suppose 
déjà une science assez avancée. 
al est sans doute inutile de nous appesantir sur ces 


questions ; peut-être insolubles ; car il est certain qu'une 


idée plus où moins parfaite des nombres doit être née, 


des besoins naturels de l’homme et des premiers déve- 
loppemens de son intelligence. Sans doute la méthode 
du calcul doit avoir été extrêmement limitée dans l'en- 
fance des sociétés ; mais, à mesure qu’elles avançaient en 
civilisation, les hommes eurent l’occasion de rendre 
leurs transactions plus fréquentes; les notions numéri- 
ques s’étendirent graduellement ; des signes furent in- 
ventés, et des méthodes pour aider la niémoire et abré- 
ger le travail prirent bientôt naissance. Préciser l’épo- 
que à laquelle ces signes et ces méthodes s’établirent, 
c'est ce qui nous est impossible; car aucun écrit de cette 
époque n’est parvenu jusqu'à nous, à l'exception d'un 
fragment que Proclus nous a transmis dans ses Commen- 
taires sur le premier livre d'Euclide. Cependant, au mi- 
lieu de toutes les incertitudes que les recherches histori- 
ques ont eues pour résultat , il est au moins constant que 
presque toutes les nations ont été conduites à poser la 
même échelle numérique pour base de leur arithméti- 
que; car, à l'exception des Chinois et d’une tribu obs- 
cure dont parle Aristote, tous les autres peuples ont 
choisi la division décuple, ou la méthode de calculer 
par période de dix, comme la plus naturelle et la plus 
commode. 

Cette conformité générale des diverses nations n’a pu, 
évidemment, avoir d’autres causes que l'habitude, con- 
tractée dès l'enfance, de compter sur ses doigts. On a 
commencé de compter depuis un jusqu’à dix; puis on a 
recommencé de la même manière; de là la formation 
de l'échelle décimale ou de la division décuple des nom- 
bres. Les hommes ont donc choisi le nombre de leurs 
doigts pour base de l’arithmétique; et il est probable 
qu’un peuple qui aurait eu six doigts à chaque main eût 
compté par périodes de douze. 

Nous devons cependant faire observer qu'à l’excep- 
tion de la pratique de diviser les nombres en unités, 
dixaines, centaines, etc. , l’arithmétique ancienne diffé- 
rait beaucoup de la moderne, non-seulement par les 
signes des nembres, mais encore par la manière d’exé- 
cuter les opérations élémentaires de la science. Les Hé- 
breux et les Grecs en particulier, et après eux les Ro- 
mains , eurent recours aux lettres de l'alphabet pour re- 
présenter les nombres. Comme ils ne savaient pas 
donner à leurs caractères une valeur locale , les opéra- 
tions de multiplication et de division étaient compli- 
quées de nombreuses difficultés. 

La supériorité de notre système de numération sur 
celui des anciens est tellement remarquable que, depuis 


AR 


son introduction en Europe, toute autre méthode em- 
ployée antérieurement a été presque complétement oa- 
bliée. Les vestiges qui en restent sont si rares et si diffi- 
ciles à découvrir, que les relations incomplètes de 
Wallis et les renseignemens fournis par Delambre sont 
tout ce que nous possédons aujourd’hui de certain sur 
ce sujet; car il est bien avéré que les auteurs des an- 
ciens ouvrages se sont contentés de donner les-résultats 
de leurs calculs sans montrer la nature des procédés 
qu’ils employaient où les différentes parties de leurs 
opérations. Toutefois, comme les règles des anciens 
peuvent avoir quelque intérêt , au moins pour l'histoire 
de la science, nous allons essayer de donner une idée 
générale de l’arithmétique des Grecs. 

ARITHMÉTIQUE DES Grecs. Les Grecs, ainsi que nous 
l'avons dit, divisaient les nombres en périodes de dix; 
mais comme ils ignoraient la méthode de lés représen- 
ter par les mêmes caractères simples, en donnant à ces 
caractères des valeurs locales, ils furent obligés d'ém- 
ployer trente-six caractères différens, presque tous tirés 
de leur alphabet, pour rendre leur arithmétique aussi 
régulière que possible. 

Ainsi, pour exprimer nos unités primitives; 

1,2,3,4,5;6,9,8,9; 
is firent usage des lettres 

Ls Bis Voidin.E 1 SC ra 0: 
Pour les dixaines, 

10 , 20 , 30 , 40 , 50 , 60 , 70 , 80 , œ , 
ils employèrent 

QE DE 


À 


et pour les centaines, 


CRE UE ET r 3 À 


PT Tv rx V0 D; 

Mais les mille: 1000, 2000, 3000, etc, étaient re- 

présentés par 

MR, 595 356,5 8, 5 CS Mes 
c’est-à-dire parles mêmes caractères que ceux des unités 
simples, en plaçant au-dessous, pour les distinguer, un 
petit trait ou un Zofa. 

Avec ces trente-six caractères, les Grecs exprimaient 
tous les nombres au-dessous de io000 ou d’une myriade, 
en écrivant les uns à côté des autres les caractères qui 
représentaient les unités des différens ordres. Par 
exemple, 

991 était exprimé par 3 44, 
9999 - cesse... 8,2 18, 
7302. ...s.vereere ÊTTB ; 
8090 e.e--- eee AS 5 
ootissnistomeenndes 


D'où il est évident que l’ordre des caractères , ainsi que 


AR 


leur nombre, n’étaient d'aucun effet pour fixer la valeur 
des quantités ; car 
6 à LGestla même chose que à 15, ou que ol - 0, etc. 
Cependant, pour plus de régularité on écrivait les ca- 
ractères selon leurs valeurs, comme nous l’avons fait 
dans les exemples ci-dessus. 

Pour exprimer un nombre quelconque de myriades , 
les Gress faisaient usage de la lettre M, qu'ils plaçaient 


au-dessous des caractères qui désignaient ce nombre de 


myriades. Ainsi ’ ° 
« B n d 
M, M, M, M, etc. 
signifiait 


10000 , 20000 ; 30000 ; 40000 , atc. 


De cette manière, 


1€ d roB 

M, représente 37000, et M — 43720000. 
Généralement, la lettre M placée sous un nombre le 
rendait 10000 fois plus grand. Cette notation, évidem- 
ment incommode pour les calculs, est employée par Eu- 
tocius dans ses Commentaires sur Archimède. 

Diophante et Pappus représentent les myriades par 

les deux lettres Mv, placées après le nombre; on a 
alors 


æ.My—10000 p.My— 20000, etc., 


et 
370000 —àa$.M , 43720000 — 4,708 . ML. 


De mème 


43728097 est exprimé par à r08.M LE, 
et 99999999: -........... 0,3 L0.Muo 5 20. 


Les mêmes auteurs emploient encore souvent une no- 
tation plus simple : ils suppriment le signe M», et se 
contentent d’un seul point pour indiquer les myriades, 
Ainsi, au lieu de 


d 708.M» Lt , ils écrivent drole, 
etpour 4,3 48.Mv440..... 03 Lo.6 > La. 


Ce dernier nombre devient, en lui ajoutant l'unité, 
(10000) — 1000000000 , où le plus grand nombre de 
l’arithmétique vulgaire des Grecs. Cette limite était 
plus que suffisante pour les besoins ordinaires; car les 
unités de poids et de mesure de longueur chez les Grecs, 
tels que le talent et le stade, étaient beaucoup plus 
grands que notre kïlogramme et que notre mètre. Les 
géomètres et les astronomes seuls pouvaient donc trou- 
ver des inconvéniens à une telle limitation ; mais enfin 
ces inconvéniens existaient, et ils durent chercher les 
moyens de les faire disparaitre. Archimède, par exem- 
ple, dans son ouvrage de Arenarius , pour exprimer 


\a quantité des grains de sable que pourrait contenir 


AR 139 


une sphère dont le diamètre serait égal à la distance 
alors présumée de la terre aux étoiles fixes, trouve qu'il 
faudrait un nombre qui exigerait soixante-quatre figures 
dans notre système de numération. Afin de représenter 
ce nombre, il prend la myriade carrée, ou 100000000 
pour une nouvelle unité, et il nomme nombres du se- 
cond ordre ceux qu’on peut former avec cette unité; 
ce qui lui donne le moyen d’exprimer les quantités pour 
lesquelles il nous faut seize figures. Prenant encore 
(100000000) pour unité, il parvient à exprimer les 
quantités qui nous demandent trente-quatre figures, et 
ainsi de suite. De cette manière, il arrive enfin à pou- 
voir exprimer le nombre en question, lequel, ainsi que 
nous l’avons déjà dit, demande soixante-quatre figures 
de notre échelle de numération. Archimède entreprit 
ce singulier calcul pour réfuter quelques personnes qui, 
peu instruites de la nature des nombres et des progres- 
sions, prétendaient qu'aucun nombre, quelque grand 
qu'il füt, ne pourrait exprimer la quantité de grains de 
sable répandus sur les bords de la mer. Pour mieux 
faire ressortir leur erreur, Archimède démontra qu’en 
supposant les bornes de l'univers beaucoup au-delà de 
celles qu'on lui donnait alors, le cinquantième terme 
d’une progression géométrique décuple croissante était 
plus que suffisant pour exprimer le nombre des grains 
de sable qu’il pourrait contenir. 


D'après Archimède , tous les nombres se partageaient 
donc en périodes ou ordres de huit figures , qu’il nom- 
mait octades. Cette méthode, comme nous l’apprend 
Pappus, fut considérablement perfectionnée par Apol- 
lonius, qui réduisit les octades en périodes de quatre 
figures, dont la première est celle des unités, la seconde 
celle des r1yriades, la troisième celle des doubles my- 
riades , etc. , et ainsi de suite indéfiniment. 


Apollonius était donc capable d’écrire tous les nom- 
bres qui peuvent être exprimés par notre système de 
numération. C’est ainsi, par exemple, que sil avait 
voulu représenter la circonférence du cercle dont le 
diamètre est une myriade du huitième ordre, il aurait 
écrit 


vrais rbe, y m8. €, AB. vous. Bxuy.y,w2B. 2 v. 
3 1415 9265 3589 7932 3846 92643 3832 7650. 


Il nous reste à expliquer comment les Grecs représen- 
taient les fractions. Lorsque le numérateur de la frac- 
tion était simplement l’unité , ils marquaient d’un petit 
trait le nombre du dénominateur. Ainsi, par exemple, 
J' signifiait &, d signifiait £; £ signifiait #7, et ainsi de 
suite; mais la fraction Æ avait un caractère particulier, 


comme &G,ou< c', ou K. 
r À 2 


Quand le numérateur était aatre que l'unité, le déna- 
iinateur se plaçait à côté, un peu au-dessus, comme 


440 AR 


nous le faisons pour n6s exposans, Ainsi, 


2 D , L RG TS. 
1857, représentait 15°*, Où 33 


Êrtt, représentait 5°, Où 337 
De même, 


? Van ris SEE CPS 2633544 
C4 27270 R SEE ETES ENTER RES 


Cette dernière fraction se trouve dans Diophante, 
Liv. IV, quest. 46. 

Avec un système si compliqué de numération, les 
calculs étaient longs et pénibles, et il x a apparence que 
les opérations s'exécutaient presque à force de tête. On 
pourra se former une idée de leur difficulté par les 
exemples très-simples que nous allons donner. 


ExemPLe D'ApDIT'ox 


tiré d'Eutocius, théorème &, sur La mesure du cercle. 


OuL . 7 De 847 3921 
10 6o 8400 
D n. Brua 908 2321 


Dans cet exemple, le procédé est assez sensible pour 
ne demander aucune explication ; on l’exécute exacte- 
ment comme notre addition complexe de livres, sous 
et deniers. 


ExempLe DE sousrnacriox. 


ÆEutocius, théorème 3, sur la mesure du cercle. 


d She 93636 
B8.7,v 8 23409 
Ês. x£ 70227 


On peut encore suivre ici l'opération sans difficulté ; 
en procédant de droite à gauche; et, il est si évidem- 
ment plus avantageux de suivre cette marche, qu’on 
peut difficilement comprendre pourquoi les Grecs 
avaient adopté la marche opposée. Ils exécutaient toutes 
leurs opérations de gauche à droite. 


ExEmpLeE DE MULTIPLICATION. 


y 
pr 
MAT 
58,9 pv 
Ter8 
L.7v8 


Les Grecs écrivaient les produits partiels dass la mul- 


AR 


tiplication sans aucun ordre apparent ; mais comme cha- 
cun de leurs caractères conserve la même valeur, queile 
que soit la place qu'il occupe, le seul inconvénient qui 
pouvait résulter de cette méthode était de rendre l’ad- 
dition finale plus laborieuse. Nous pouvons nous repré- 
senter les détails de la multiplication précédente, prise 
encore dans Eutocius, de la manière suivante : 


pXp—= 100X 100 —= 10000 — z.My 


»Xp—= 5oX100 — 5000 —:, 

7Xp=  3X 100 — 300 =7; : 
ensuite, 

p Xy— 100X 50 — 5000 —:, 

r Xr— So X 50° — 25500 — 89 

7Xr= 383X50 — 150—=p; 
enfin, 

s Xy7— 100X 3 — 300=7 

» KXy—= 90X 3 — 1950 — pr 

7Xr= 3X 3 —  9—4 
dont l'addition est 23404 = B.y,v8 


Les opérations supérieures, telles que la division et 
l'extraction des racines, deviennent tellement compli- 
quées, qu'il nous serait impossible d’en faire connaître 
la marche sans entrer dans des détails beaucoup trop 
longs pour ce dictionnaire. Delambre a joint a la tra- 
duction française des ouvrages d’Archimède un essai sur 
l'arithmétique des Grecs auxqneis nous renvoyons ceux 
de nos lecteurs qu’une semblable matière peut intéres- 
ser. Ils doivent encore consulter l'histoire de l’astrono- 
mie ancienne du même auteur. 


Eu prenant pour point de départ le perfectionne- 
ment introduit par Apollonius dans la numération grec- 
que , il serait assez vraisemblable de supposer que quel- 
que autre mathématicien, frappé des avantages de la, 
réduction des périodes de huit chiffres d’Archimède 
en périodes de quatre chiffres, ait cherché à réduire 
encore ces dernières, et que par une suite d’améliora- 
tions ou soit enfin parvenu à reconnaitre qu’il suffisait 
de considérer des périodes d'un seul chiffre pour pou- 
voir exprimer tous les nombres; mais il n’en est point 
ainsi : notre système numérique n’est pas le résultat 
d’une semblable transformation successive; car les Grecs 
ne s’élevèrent jamais au-dessus de la méthode d’Apol- 
lonius. 

Il est à regretter que nous ne sachions pas à qui nous 
devons la brillante invention de l'échelle décimale, dont 
il paraît cependant que l'idée première appartient aux 
Indiens. C’est en effet de ces peuples que Jes Arabes, 
qui nous l'ont transmise, déclarent la tenir; et les au- 
teurs qui ont voulu donner une origine purement arabe 


AR 


à la aumération actuelle se sont manifestement trompés. 
Sans doute, cette numération fut long-temps familière 
aux Arabes avant de péuétrer dans nos contrées; mais 
ce serait faire à ce peuple un honneur qu'il reconnait 
être dû à un autre, si on lui en attribuait l’invention. A 
la vérité, Boëce (de Geometria) nous apprend que 
quelques pythagoriciens employaient dans leurs calculs 
neuf caractères particuliers, pendant que les autres se 
servaient des signes ordinaires, savoir les lettres de l’al- 
phabet ; et d’autres auteurs s'appuient sur cette assertion 
pour revendiquer en faveur des Grecs une priorité dé- 
mentie par des documens irrécusables. En admettant 
que l’on connüt dans l’école de Pythagore une manière 
de noter les nombres semblable à la nôtre, on peut seu- 
lement conjecturer que c'était une de ces connaissances 
puisées chez les Indiens par Pythagore, et qui, trans- 
mise par ce philosophe à un petit nombre d'initiés, de- 
meura stérile entre leurs mains. 

Les savans arabes sont tous d’accord sur l’origine de 
leur arithmétique. C’est aux peuples de l'Inde qu’ils 
ont emprunté, vers le dixième siècle de notre ère, les 
caractères que nous nommons chiffres arabes , et qu'ils 
nommaient chiffres indiens. Ces caractères sont à peu 
près les mêmes que ceux dont nous nous servons actuel- 
lement, sauf le zéro, dont le signe est un point (.). Le 
nom même de l’arithmétique chez les Arabes, hendes- 
séh, signifie la science indienne. 


Au nombre des arithméticiens arabes, se trouve le 
célèbre Avicenne, non moins fameux chez les Orien- 
taux par ses connaissances mathématiques que par sa 
science médicale. Ce savant, dont le véritable nom est 
Abou-Aly Ébn-Syna, a composé un grand nombre 
d'ouvrages dont il sera fait mention à l’article qui le 
concerne, et dont la plupart sont demeurés inconnus aux 
Européens. M. J. J. Marcel, ancien directeur de l’im- 
primerie nationale au Kaire, et membre de la com- 
mission d'Égypte, possède dans sa bibliothèque un 
manuscrit d'Avicenne intitulé : Ressalet fatyhat äbouäb 
èl-medresséh, fy beyän oussoul él hissdb ou-êl-hen- 
desséh; ce qui signifie littéralement : Lettre qui ou- 
vre les portes de l'académie, par l'exposition des raci- 
nes du calcul et de l'arithmétique. W a bien voulu tra- 
duire, à notre prière, un fragment curieux de ce ma- 
nuscrit, que nous croyons devoir insérer ici, parce qu'il 
peut donner une idée xacte de la manière dont les 
Arabes envisageaient l’arithmétique. C’est le début de 
l’ouyrage. 


» Au nom de Dieu clément et miséricordieux. 


» Louange à Dieu, qui a créé l'univers et tous les 
êtres, qui a réglé par poids et par mesures toutes ses 
créations ; il a créé à la fois et fait sortir du néant les 


AR AM 
nombres et les choses, le Æmps et l’espace, et les di- 
verses influences des nombres, qui modifient l'espace ct 
le temps. I a doté l’homme, fils d'Adam, de la science 
des nombres, afin que par les nombres il püt conquérir 
la puissance des choses, et qu'il dominât le temps ct 
l'espace, l'un et l'autre abimes sans limites, lui qui oc- 
cupe sur cette petite terre un espace si borné, lui dont 
le temps d'apparition dans cette vie inférieure est res- 
serré dans des limites si étroites, au milieu de la mer 
immense des siècles se roulant les uns sur les autres, » 

» Et que la bénédiction du Dieu très-haut, du Dieu 
dont le nombre est un, soit sur le prophète chéri, sur 
Mahomet , dont la mission n’a eu lieu qu’au temps pré- 
fixé déterminé irrévocablement par les calculs sublimes 
de la Providence unique, et dont le nom a clos le #0m- 
bre des prophètes élus de Dieu. » 

» Or donc, comprenant qu'à l'insu de l’homme il 
existe une puissance surnaturelle et indéfinissable dans 
les nombres, j'ai voulu composer cet opuscule. Que 
Dieu fasse miséricorde au pauvre auteur de ce petit 
livre, comme à ceux qui le liront et en feront bon 
usage. » 

» Et d’abord , sache que tout nombre , quel qu'il soit, 
west autre chose que le nombre Q ou son multiple, plus 
un excédant; car les signes des nombres n’ont que 9 ca- 
ractères et valeurs, plus le point (zéro) qui lui-même 
n’exprime aucun nombre. » 

» Si tu parviens à connaître cet excédant et le multi- 
plicateur novénaire , le nombre entier te sera connu. 

» — Tout multiple novénaire, si tu additionnes en- 
semble horizontalement les signes qui le composent, 
sans faire attention à leur valeur de position, te donnera 
nécessairement le nombre 9, soit seul, soit extrait du to- 
tal par la même opération. Ainsi, 


18 donne 1 plus 8 égal à 9 
274 00-12 PLUS 750010) 
SO + 3 PIUS Os Q 
Hess te HIPIUS 0e. 10 
Elise ss EC. 5... etc. 
2763 donne 2 plus 7 plus 6 plus 3 égal à 18 qui donne 9 
3456: .....3 plus 4 plus 5plus6..... 18...5.... 9 
17847...... 1 plus plus8 plus 4 plus 7.27 ....... 9 


(ASS CODE ClCoo ee ss ee MélCes ses CLCe 


» Toutes les fois qu'additionnant ainsi les signes d’un 
nombre quelconque tu trouveras 9 pour résultat de ton 
opération horizontale, sois assuré que c'est un multiple 
de 9; sinon, après avoir extrait ce nombre il te restera 
un excédant seulement variable de 1 à 8. 

» — Tout nombre composé de signes dissemblables 
change nécessairement de valeur si l’on change l'ordre 
des signes. Ainsi, 23 devient 32, 164 peut devenir 146, 
416, 4613; 614, G4r, etc.; mais sache aussi qu'entre le 


142 AR 


premier nombre et le second, le troisième, etc,, il ne 
peut jamais y avoir pour différence que neuf ou un mul- 
tiple de 9.» 

» Ainsi, 12 retourné fera 21, différence 9 


AD Sie de 
Besse DB. .eorese 27 ce 3 FOIS Q 
BDs so sseces JJDesscersse 10: + 2 F0 0 
Id.......... 537.......,180..20 fois 9 
Id. sso B7Bcesces re 2166 24 fOÏs 9 


ClCospporeoss Close goes a Go seroeo os 


Dfhesooe er ee 18/OU 9 FOIS 9 


» ADDITION. 


» Quand tu auras additionné ensemble différentes 
sommes, si tu veux t'assurer de l'exactitude de ton opé- 
ration , tu procéderas ainsi : 1°. Additionne horizontale- 
ment chaque valeur des signes isolés, écris le nombre 
trouvé inférieur à 9, ou, si tu as un nombre plus fort, 
additionne de nouveau ses signes, et porte le restant 
dans une colonne latérale, puis additionne tous ces ex- 
cédans, et inscris au-dessous ce qui t'en reste en défini- 
tif, après avoir obtenu un nombre inférieur à g en ad- 
ditionnant les signes isolés comme ci-dessus. 2°. Fais la 
même opération sur le total que ton opération d’addi- 
tion, faite suivant la marche ordinaire, t'avait donné 
pour la somme résultante des sommes partielles ; addi- 
tionne jusqu’à ce que tu aies un nombre inférieur à 9, 
et tu auras de même un excédant. » 

» Si ton opération avait été bien faite en premier lieu, 
tes deux excédans seront identiques ; sinon, ton opé- 
ration avait été mauvaise; recommence-la avec pa- 
tience. » 

» Vois l'exemple suivant : 


Preuve. 


En 


Addition ordinaire. 
es 


1147 somme des chiffres : 

381... 
100 Rat etu care 
D sesrergenere mecs 
OI eee cs sara es du 


13,secondesomme: 4 
0 
TO semestres O 
TA spa nee ae. D 
D eee À 


enosoosonapesess IDosvsossssse 


DO arcanes dent TD itassrects eos 

(OS NT PE RE RPC Portrait 00 

Tot. 29784 .. .somme des chiffres 30 30 
excédant 3...... excédant 3 


» SOUSTRACTION. 


» Pour verifier si ton opération de soustraction faite 
à l’ordinaire est exacte, voici le maven : 1° Opère 
comme ci-dessus horizontalement sur la somme que tu as 
eue a soustraire et sur celle que tu as eue pour résidu ; ad- 


ditionne les excédans et note à part l’excédant final; 


AR 


2° opère de même sur la somme dont tu as soustrait , et 
si ta soustraction est exacte, tes deux excédans seront 
identiques. » 


» Vois pour exemple : 


Soustraction. 


2165 somme des signes : 14, excédant ... 5 


— 


JA eds door eninn-2n sus h 


Hétdu, ‘BE, 15e t6rarur 0 


Somme des excédans........ 14 


Excédent final.............. à 
MULTIPLICATION 


» Quand tu as multiplié une quantité par un nombre 
quelconque , si tu veux reconnaître l’exactitude de ton 
opération et t’assurer que tu n’as commis aucune erreur 
en suivant la marche vulgairement usitée , tu feras la 
vérification suivante : » 

» 1°, Additionne horizontalement comme ci- dessus 
les valeurs isolées des chiffres de ton multiplicande, de 
manière à en extraire le chiffre restant, au-dessous de 
9, par tes additions successives, et que j'appellerai, 
pour plus de brièveté, le chiffre radical. » 

» 2°, Fais la même opération sur le multiplicateur. » 

» 3°. Multiplie l’un par l’antre les deux chiffres ra- 
dicaux que tu viens d'obtenir. » 

» 4°. Extrais le chiffre radical de ee produit. » 

» 5°. Extrais de même le chiffre radical du produit 
que t'avait donné l’opération ordinaire. » 

» Si celle-ci avait été bien faite et sans erreur , ces 
deux derniers chiffres radicaux doivent être les mé- 
mes. » 

» Vois ici pour exemple : » 


multiplicande 495, 1° somme 14, ehiffre radical 5 


multiplicateur 122....1d..,. 5.,.... Idssrsee 
550. produit... 25. . .chiff, rad. 7 
55o é 
295 . 
produit 33550... 11° somme 16.,.,..... chiffre radical... 


DIVISION. 


» Et pour vérifier une opération dans laquelle tu au- 
ras divisé un nombre par un autre, suis la même mar- 
che; et, après avoir extrait les chiffres radicaux du di- 
viseur et du quotient, multiplie ces deux nombres l’un 
par l’autre, le chiffre radical de ce produit devra être le 
même que celui de ton dividende , si tu n'as pas commis 
d'erreur. » 


» Au reste, sache que les quatre opérations précé- 


AR 


déntes ne sont que la permutation de nombres com- 
plexes, souvent susceptibles de mettre en erreur, par la 
multiplicité des signes et des calculs partiels qu'ils né. 
cessitent, en un nombre simple, d’une seule figure, qui 
y est caché, comme le noyau de la datte au milieu du 
fruit, et qui représente parfaitement, dans toutes leurs 
fonctions, les nombres, quels qu'ils soient, dont il est 
enveloppé. Ce nombre, par sa simplicité, n’est plus sus- 
ceptible d'erreur comme celui qu’il représente ; et je l'ai 
nommé chiffre radical, parce qu'il est la racine réelle 
des autres, et en rend maître , comme on l’est d’un ar- 
bre, eût-il mille branches, quand on est maitre de sa 
racine; comme aussi dans une maladie on maîtrise les 
symplômes les plus compliqués êt les plus alarmans, 
quand on a connu et attaqué avec succès la cause latente 
de la maladie, et qu’on en a extirpé la racine. » 


Ce fut vers le commencement du XIIL° siècle que l’a- 
rithmétique arabe se répandit en Europe. Le plus an- 
cien ouvrage écrit sur cette matière, intitulé : Ælgorith- 
mus demonstratus , est de Jordanus de Namur, à qui 
nous sommes encore redevables d’un traité d’arithmé- 
tique, commenté ensuite et publié par Jacques Faber 
d’Étaples aussitôt après l'invention de l'imprimerie 
dans le XV° siècle. Le moine Planude, contemporain 
de Jordanus, écrivit aussi un ouvrage intitulé : Arith- 
métique indienne, où manière de calculer suivant les 
Indiens, dont il existe encore des manuscrits. À peu 
près à la même époque, Jean Halifax , plus connu sous 
le nom de Sacro-Bosco, donna son arithmétique en 
vers latins, dans laquelle la forme des chiffres est pres- 
que déjà identique avec la nôtre. 

Bientôt après la science numérique reçut de grandes 
améliorations , auxquelles contribuèrent d’une manière 
assez remarquable Lucas de Burgo et Nicolas Tarta- 
glea. En France, Clavius et Ramus; en Allemagne, 
Suifelus et Henischius; en Angleterre, Buckley, Diggs 
et Recorde, peuvent être cités comme les principaux 
arithméticiens de cette première époque de la science. 
Mais ce n’est qu'aux immenses progrès de l’algèbre, 
opérés durant les deux derniers siècles, que l’arithmé- 
tique doit son entier developpement; et, si nous pou- 
vons ici l’embrasser dans son ensemble, nous en sommes 
redevables à ces hommes illustres qui cultivèrent avec 
tant de succès, pendant cette seconde époque, la science 
générale des nombres, Foy. ALGÈBre, 


1. Les nombres se présentent d’abord à l'intelligence 
comme dés collections d'unités (voy. ALcÈpne 9). Aussi 
Les anciens les définissaient-ils : l'assemblage de plusieurs 
unités. Mais cette définition incomplète ne s'applique 
réellement qu'aux nombres entiers; ét comme ces nom- 
bres ne sont pas les seuls dont la science doive s’occu- 
per, les modernes ont cherché infructueusement à la 


AR - 443 
généraliser. Celles de Wolf et de Newton, qui se rédui- 
sent à considérer les nombres comme le rapport d’une 
quantité à une autre de la même espèce, prise pour 
unité, renferment déjà implicitement l'idée primitive 
de nombre; et il eu est à peu près de même de toutes 
les autres, que nous nous abstiendrons de rapporter. 
Les nombres, abstraction faite de tout objet extérieur , 
sont un produit de l’entendemert formant une classe 
particulière de réalités intellectuelles; leur définition 
est donc une véritable construction philosophique qui 
n’est plus du domaine de leur science; et l’on ne doit 
päs s'étonner si toutes les tentatives des mathématiciens 
sur ce sujet ont complétement échouées. En effet, la phi- 
losophiié seule peut remonter à l'origine des objets pri- 
mitifs des sciences, comme elle peut seule aussi expli- 
quef leurs principes et légitimer leurs lois; c'est au 
moins l’idéal de cette science des sciences, et nous ver: 
rons, à l’article Puiro3opRié pes marnÉMarIQUES , de 
quelle manière elle prétend aujourd’hui réaliser cette 
haute fonction. Notre but ne pouvant être ici que de 
donner une exposition purement élémentaire de l’arith 
métique, nous devons nous contenter des déductions 
vulgaires suivantes, qui nous paraissent suffisäntes pour 
en faire connaître l’ensemble et les procédés. 


2. L'unité est un objet quelconque pris pour terme 
de comparaison avec tous les objets de même espèce. 


3. Un nombre est l'assemblage de plusieurs unités, 
Ainsi, lorsqu'on désigne la longueur d’un espace en di- 
sant qu'il a trois mètres, trois est un nombre qui ex- 
prime combien cet espace contient de fois l'unité de 
longueur ou le mètre. 


4. Mais le mètre, ou généralement l'unité quelconque 
de mesure, péut étre considéré comme ayant des par- 
ties; il n'y a donc pas d'unité absolue, et celles dont 
nous nous servons, telles, par exemple, que 


Le franc, pour les monnaies, 

Le gramme, pour les poids, 

Le mètre, pour les longueurs, 

L’'are, pour les surfaces, 

Le Ztre, pour les liquides, 

L'heure, pour les jours , 

etc., 
sont nécessairement arbitraires. 


etc., 


5. Considérée en elle-même, l'unité est ce qui est 
opposé à plusieurs, l'élément premier de toute collec- 
tion. 

6. On peut aussi considérer les nombres indépendam 
ment des objets : ils se nomment alors nombres abstraits, 
tandis qu’on les nomme nombres concrets lorsqu'ils ex- 
priment des objets déterminés. Ainsi, cinq est un nom- 
bre abstrait tant qu'on ne l'applique à aucun objet; mais 
cinq mètres où cinq grammes est un nombre concret. 


144 AR 


7. Comme il est évident que, quelles que soient les 
propriétés individuelles du nombre cinq, ces propriétés 
auront toujours lieu, soit qu’il exprime des mètres, des 
grammes ou toute autre espèce d'objets, il suffit de con- 
sidérer les nombres abstraits dans la recherche des pro- 
cédés de l’arithmétique. 

8. L'arithmétique se divise en deux parties, dont 
l’une a pour objet la construction des nombres, et l’au- 
tre leur comparaison. Dans la première, on s'occupe à 
former les nombres; dans la seconde, on recherche, 
lorsqu'ils sont formés, leurs relations ou leurs rap- 
ports. 


9. Le premier mode primitif de formation des nom- 
bres est l’anpirion. C’est en ajoutant d’abord l'unité 
avec elle-même que nous formons deux ; et c’est ensuite 
en ajoutant l'unité avec deux que nous formons #rors, et 
ainsi de suite. Lorsqu'un nombre est une fois formé, 
nous le représentons par un caractère particulier ou 
chiffre qui sert à le distinguer de tous les autres : 
ainsi, deux est représenté par 2, trois par 3, quatre 
par 4, etc., etc. Mais comme nous pouvons former une 
infinité de nombres, et qu'il nous serait impossible d’a- 
voir pour chacun d’eux un caractère particulier, il faut 
nécessairement trouver le moyen d'exprimer tous les 
nombres par une quantité limitée de caractères. 

10. La première opération de l’arithmétique, sur 
laquelle repose sa possibilité, a donc pour objet de re- 
présenter un nombre quelconque à l’aide d’autres nom- 
bres que l’on cousidère cornme simples, et qu’on repré- 
sente par des signes particuliers. Cette opération se 
nomme NUMERATION. 


11. Dans l’arithmétique actuelle , les caractères adop- 
tés pour représenter les nombres considérés comme 
simples et ces nombres eux-mêmes , sont : 


OÙ 1, 2,000 04-00 1081 7E, 


zéro, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf. 


8, 0: 


12. Pour exprimer tous les nombres au moyen de ces 
dix caractères , on leur attribue deux valeurs : l’une ab- 
solue, indiquée par la quantité d'unités qu'ils renfer- 
ment ; l’autre relative, déterminée par la place qu'ils 
occupent lorsqu'on les écrit sur une même ligne hori- 
zontale. Par exemple, 2 pris isolément exprime deux 
unités; placé à la gauche d’un autre chiffre, il exprime 
une quantité dix fois plus grande , ou deux diraines, 
comme or est convenu de le nommer alors. 

En général, lorsque plusieurs chiffres sont écrits les 
uns à côté des autres , tels que 


299299 , 


le premier , à droite, n’a que sa valeur absolue; le se- 
cond vaut dix fois plus, le troisième cent fois plus, le 


AR 


quatrième mille fois plus , et ainsi de suite en allant de 
droite à gauche. 


13. On est donc convenu de nommer diraine l’assem- 
blage de dix unités, et de compter par dixaines comme 
on compte par unités, c'est-à-dire d’avoir une, deux, 
trois, etc., jusqu’à neuf dixaines ; et, pour les expri- 
mer, on voit qu’il suffit de placer au second rang le 
chiffre qui exprime le nombre de ces dixaines; 60, par 
exemple, exprime six dixaines, tandis que G seul n’ex- 
prime que six unités. 

Le caractère o sert particulièrement à donner aux 
chiffres le rang qu'ils doivent occuper. 

14. On nomme centaine la collection de dix diraines, 
mille celle de dix centaines ; et on compte par centaines 
et par mille comme par unités et par dixaines. Il suffit, 
d’après ce qui précède , de placer au troisième ou au 
quatrième rang le chiffre qui indique le nombre des 
centaines et des mille pour lui faire exprimer sa double 
valeur. Ainsi, 500 désigne cinq centaines , et 5000 cinq 
mille. 


15. Cela posé (nous supposons les noms des nombres 
connus), pour écrire sir cent quaranle-cinq , On remar- 
quera que ce nombre est composé de cinq unités sim- 
ples, de quatre dixaines et de six centaines. On placera 
donc le chiffre cinq au premier rang , le chiffre quatre 
au second , et enfin le chiffre six au troisième, et 645 
exprimera le nombre proposé. 

16. Passé mille, on compte par diraines de mille et 
centaines de mille ; dix centaines de mille se nomment 
un million. On compte ensuite par dixaines de millions 
et centaines de millions; dix centaines de millions se 
nomment un billion; dix centaines de billions un tril 
lion, etc., etc. On donne plus particulièrement le nom 
de nilliard au billion. Ainsi, pour exprimer le nombre 
huit milliards deux cent millions deux cent vingt-quatre 
mille cing cent trente-huït, on écrira : 

8 200 224 538, 
mettant des zéros à la place des unités de millions et d 
dixaines de millions qui ne se trouvent pas dans le nom 
bre proposé. 

17. Pour éuoncer un nombre écrit par des chiffres, 
il faut le diviser en périodes de trois chiffres, en allant 
de droite à gauche , la première période sera celle des 
unilés simples, Va seconde celle des znille, la troisième 
celle des millions, etc. , etc.; et il suffit alors d’énoncer 
successivement chaque tranche comme si elle était seule, 
en joignant au nombre d'unités qu’elle renferme son 
nom particulier. Par exemple, pour énoncer le nombre 
88:5648585607832506, on le partagera par tranches 


_de trois chiffres, ainsi qu'il suit 


8,835 ,648, 585, Go7 , 832 , 506; 


AR 


et, remarquant que la dernière tranche est celle des 
quintillions, on lira : huit quintillions, huit cent soixante- 
quinze quatrillions, six cent quarante-huit crillions , 
cinq cent quatre-vingt cinq béllions, six cent sept mil- 
lions , huit cent trente-deux mille, cinq cent six unités. 

18. D’après ce qui précède, on voit qu'il ne peut 
exister de nombre, quelque grand qu’il soit, qu'on ne 
puisse représenter au moyen des dix caractères adoptés, 
et qu’ainsi le problème de la numération est compléte- 
ment résolu. 

Nous verrons à l’article NuméraTIoN qu’on peut éga- 
lement représenter tous les nombres en employant plus 
ou moins de dix caractères, c’est-à-dire en prenant une 
échelle numérique quelconque différente de dix. 

19. Les nombres étant ainsi construits d’une manière 
générale, la première opération de l’arithmétique est 
Vanprriow’, de laquelle on déduit la sousrracrion; de 
l'addition on passe à la mucripzicarion , dont dérive la 
Division; et enfin de là on arrive à l'ÉLÉVATION AUX 
PUISSANCES €t à son inverse l’EXTRACTION DES RACINES. 
(Voy. ces divers mots, ainsi que FracrIoNs.) 

20. Les rapports des nombres nous donnent les pro- 
porTIONSs et les PROGRESSIONS (voy. ces mots), et des di- 
verses considérations qu’on peut en faire dériver nais- 
sent : la RÈGLE DE Trois, celle de soci£ré, celle d'az- 
LIAGE, celle d’EscCOMPTE, d’INTÉRÈT, de FAUSSE PoOsI- 
TION ; la règle consointE, et même les LOGARITHMES , en 
les considérant d’une manière purement arithmétique. 
Voy. ces divers mots. 

ARITHMOMÈTRE ou ARITHMOGRAPHE, Ins- 
trumens sur lesquels sont tracées des divisions logarith- 
miques , et qui servent à exécuter les calculs arithmé- 
tiques. 

Peu de temps après la découverte des logarithmes , 
Edmund Gunter, astronome anglais, eut l’idée de les 
construire linéairement sur une règle de bois ou de mé- 
tal, pour pouvoir effectuer, à l’aide d’un simple com- 
pas, toutes les opérations qui exigent l'emploi de ces 
nombres. Cette ingénieuse construction fut bientôt per- 
fectionnée par #ingate, Ougthred, Milburne, et sur- 
tout par Lambert, qui rendit inutile l’usage peu certain 
du compas, en employant deux règles au lieu d’une. 
Avant Lambert, J. Biler, en 1606, avait construit deux 
demi-cercles tournant l’un sur l’autre, et portant sur 
leurs limbes les nombres , les sinus et les tangentes. La 
règle logarithmétique , où règle glissante , en usage au- 
jourd’hui, et que les Anglais nomment encore échelle 
de Gunter, est le résultat de ces perfectionnemens. 

Cet instrument, d’un usage aussi simple qu’avanta- 
‘geux, demeura long-temps inconnu en France; la 
première tentative faite pour l'y introduire est due, à 
ce que nous croyons, à M. Jomard, de l'Institut. De- 
puis, l’échelle de Gunter reçut un nouyeau perfection- 


AR 445 
nement par la construction circulaire des logarithmes 
sur deux limbes concentriques; ce qui permet d’obte- 
air une plus grande exactitude, en rendant néanmoins 
l'instrument plus portatif. 


Si le cercle logarithmique n’est pas devenu en France 
d'un usage aussi général que la règle glissante ne l'est 
en Angleterre, où les enfans apprennent à s’en servir 
en apprenant à lire, on ne peut l’attribuer qu’à l’exécu- 
tion défectueuse de ceux de ces instrumens qui ont été 
jusqu'ici livrés au public; car la plus légère inexactitude 
dans les divisions où dans la centration rend le cercle 
logarithmique entièrement inutile. Il n’en est pas de 
même de l’Arithmomètre que nous avons en ce moment 
sous les yeux : c’est un véritable instrument de préci- 
sion, exécuté avec autant de soin que les meilleurs cer- 
cles répétiteurs, et sur lequel on peut trouver en un 
instant les résultats des calculs les plus compliqués de 
l’arithmétique. 

Un dépôt de ces Arithmomètres Venant d’être établi’ 
chez les Éditeurs de notre dictionnaire, nous nous dis- 
peuserons de plus longs détails sur cette utile et intéres- 
sante machine, que tout le monde peut aujourd’hui se 
procurer. On trouve également au même dépôt des mo- 
dèles de cercles logarithmiques d’une plus grande di- 
mension pour les calculs supérieurs du cadastre , du gé- 


nie et de la marine. 


ARMILLAIRE (Astr.). Sphère armillaire. Assem- 
blage de plusieurs cercles de métal, de bois ou de car- 
ton, au centre desquels on place un petit globe qui 
sert à désigner la terre. Ces cercles ont été em- 
ployés pour représenter les mouvemens des astres selon 
le système de Ptolémée; c’est-à-dire dans l'hypothèse 
de la terre immobile au centre de univers. Quoique le 
véritable système du monde soit aujourd’hui hors de 
toute discussion, la sphère de Ptolémée est cependant 
la plus usitée, comme étant la plus simple; elle suffit, 
en effet, pour les notions élémentaires de l'astronomie 
et de la géographie, et sert à classer les faits apparens 
du mouvement des corps célestes. On ne sait pas au 
juste quel est l’inventeur de la sphère armillaire ; quel- 
ques écrivains en ont attribué la première idée à T'ha- 
les, et d’autres à Archimède. Mais, d’après les témoi- 
gnages les plus authentiques, nous croyons qw'elle est 
due à Anazximandre. Le nom d’armillaire est dérivé 
d'armilla, bracelet. Tous les cercles qui composent cette 
sphère sont effectivement des bandes circulaires assez 
semblables à des bracelets. 

1. On distingue dans la sphère armillaire dix cercles: 
six grands et quatre petits. Les grands cercles sont ceux 
qui passent par le centre de la sphère, et qui par con- 
séquent la partagent en deux parties égales que l’on ap- 
nelle hémisphères. Les petits cercles sont ceux qui ne 


146 AR 


passent pas par le centre; ils divisent la sphère en deux 
parties inégales. 

2. Les prands cercles sont (PL. IV, fig. 1): l'horizon, 
le méridien, V'équateur, le zodiaque, qui renferme l’e- 
cliptique, et les deux colures. 

3. Les petits cercles sont : les deux tropiques et les 
deux ceroles polaires. 

4. Les dix cercles de la sphère servent à expliquer 
les mouvemens des astres ou à déterminer leur situa- 
tion. Nous allons donc exposer successivement l'usage 
particulier de chacun de ces cercles ; mais nous devons 
rappeler d’abord qu'il y a deux sortes d’astres : les 
étoiles fixes et les planètes, Les étoiles fixes sont des 
astres qui paraissent garder toujours la même situation 
entre eux; c’est ce qui leur a fait donner l’épithète de 

fixes. Les planètes, au contraire, changent continuel 
lement de situation les unes à l'égard des autres, et 
par rapport aux étoiles fixes. Les anciens, qui met- 
taient le soleil et la lune au nombre des planètes, en 
comptaient sept, savoir : le Soleil, la Lune, Mercure, 
Venus, Mars, Jupiter et Saturne. Aujourd'hui , nous 
comptons onze planètes principales : Mercure, Venus, 
la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus (découvert 
par Herschel en 1781), Cérès, Pallas, Junon et Vesta 
(découvertes récemment par MM. Piazzi, Harding et 
Olbers), et dix-sept planètes inférieures ou satellites, 
savoir : la Lune, satellite de la Terre, quatre satellites 
de Jupiter, sept de Saturne et cinq d’Uranus. Quant 
aux étoiles fixes, leur nombre est immense; et, pour 
pouvoir distinguer les principales, on en a formé diffé- 
rens groupes qu’on nomme constellations. 

On remarque dans les étoiles et dans les planètes deux 
sortes de mouvemens, dont le premier s'effectue en 
viogt-quatre heures d’orient en occident; on le nomme 
diurne ou journalier ; ce mouvement étant à peu près 
le même dans tous les astres, on lui donne encore le 
nom de mouvement commun. Le second mouvement, 
opposé au premier, se fait d'occident en orient : on le 
nomme périodique et propre. Quand il s’agit du soleil, 
on le nomme aussi annuel, parce qu'il se fait dans l’es- 
pace d’une année. Sa durée diffère pour chaque pla- 
nète ; elle est tellement grande pour les étoiles fixes, que 
ce n’est que par une immense suite d'observations qu’on 
a pu constater chez ces astres l'existence d’un mouvoment 
propre. 

Pour concevoir comment ces deux mouvemens oppo- 
sès peuvent convenir aux mêmes corps, il faut imaginer 
une roue qui tourne sur son axe, et sur laquelle une 
mouche marche en sens contraire de la rotation; le 
mouvement communiqué à la mouche par la roue peut 
représenter le mouvement commun des astres vers l’oc- 
cident , tandis que le mouvement propre de la mouche 
peut représenter leur mouvement propre vers lorient. 


AR 


Toutefois, il est important de remarquer que cette 
complication dé mouvemens n’existe qu’en apparence, 
et que nous décrivons ici les phénomènes tels qu’ils ap- 
paraissent à nos sens, et non tels qu’ils sont en réalité. 

Le mouvement diurne fait décrire à tous les astres des 
cercles parallèles, qui ont tous par conséquent le même 
axe, que l’on appelle l'axe du monde, ét dont les deux 
pôles sont aussi les pôles du monde. Le pôle qui est 
dans la partie du ciel visible pour les peuples de l'Eu- 
rope se nomme septentrional, arctique où boréal; et le 
pôle qui lui est opposé s'appelle méridional, antarcti- 
que où austral. Cela posé, passons à l’explication des 
cercles de la sphère. 

5. L’aomizon divise la sphère ou le monde en deux 
parties égales, dont l’une est visible, et dont l'autre nous 
est cachée à cause de la terre, qui la dérobé à nos re- 
gards. La partie visible se nomme l'hémisphère supé- 
rieur , et la partie invisible l'hémisphère inférieur. 
L’horizon est donc représenté par le cercle posé sur les 
quatre supports qui sont attachés au pied de Ja sphère. 
(Foy. PL. IV, fig. 1. Il est essentiel d’avoir cette figure 
sous les yeux pour comprendre exactement ce qui va 
suivre. ) 

7. L’axe de l'horizon est une ligne droite quel'on eon- 
çoit passer par le point du ciel qui est directement au- 
dessus de notre tête, et par le point diamétralement op- 
posé, et qui répond à nos pieds : le premier se nonmne 
cénith, et le second nadir. Cet axe passe aussi par le 
centre de la terre. 

8. L’horizon sert à déterminer le lever et le coucher 
des astres. C'est ainsi, par exemple, qu’on dit que le 50- 
leil se lève lorsqu'il monte au-dessus de l'horizon, et 
qu'il se couche lorsqu'il descend au-dessous. On distin- 
gue plusieurs espèces d'horizons; mais cette considé- 
ration est étrangère à la sphère armillaire (Foy. Ho- 
RIZON ). 

9. L'horizon se partage en deux moitiés, dont l’une 
se. nomme ortentale et l’autre occidentale. Ces deux 
moitiés sont séparées l’une de l’autre par ie méridien. 

10. Le MEriDren est un grand cercle qui passe par 
les deux pôles. Il divise la sphère en deux parties, 
nommées hémisphère ortental et hémisphère occidental. 
Ce cercle, qui est perpendiculaire à l'horizon et qui passe 
aussi par le zénith et le nadir, a été inventé pour déter- 
miner le milieu de la course des astres au-dessus de cet 
horizon. On le nomme méridien, parce qu'il est mid 
pour tous ceux qui ont le même méridien, ou plus 
exactement le même demi-méridien; lorsque le soleil y 
est parvenu, il est alors minuit pour ceux qui ont le 
demi-méridien opposé. 

11. Chaque lieu ayant nécessairement un méridien 
particulier sur lequel se trouvent son zénith et son na- 
dir, on voit qu'il ÿ a un nombre infini de méridiens 


AR 


qui vont tous se couper aux pôles du monde. Pour dis- 
tuinguer un de ces méridiens des autres , il faut lui ajou- 
tér , lorsqu'on en parle, le nom du lieu auquel il appar- 
tient. C'ést ainsi qu’on dit : le méridien de Paris, le mé- 
riien de Londres , etc., etc. On doit encore remarquer 
que par cette désignation on sous-entend un endroit par- 
ticulier de Paris ou des autres villes, lequel est ordinai- 
rement l'observatoire de ces villes. De cette manière, 
par lé méridien de Paris, on entend le méridien qui 
passe par le zénith de lobservatoire. La ligne corres- 
pondante tracée sur la surface de la terre se nomme mé- 
ridienne, Tous les points de la méridienne ont seuls le 
même méridien. Les pôles du méridien se nomment 
l’ortent et l'occident vrais; ce sont les points où le soleil 


, 


se lève et se couche dans le temps de l’équinoxe. 


12. L'ÉqQuateun est un grand cercle qui a les mêmes 
pôles et le même axe que la sphère , et qui la divise en 
deux hémisphères, dont l’un se nomme septentrional 
ou boréal, parce qu'il contient le pôle du même nom, 
et dont l’autre se nomme méridional ou austral par Ja 
même raison. Ce cercle est nommé cquateur à cause de 
l'égalité des jours et des nuits, qui a lieu pour toute la 
terre lorsque le soleil occupe un de ses points, ce qui 
arrive deux fois par an, savoir, vers le 21 mars et le 
23 septembre, et ce qu’on appelle l’éequinoxe. L'équa- 
teur coupe l'horizon en deux points, qui sont l’est ou 
lorient, et Y'ouest ou l'occident. Ces points sont les pôles 
du méridien. 

D’après cette définition de l'équateur, on voit qu'il 
est coupé perpendiculairement par tous les méridiens, 
puisque tous les méridiens passent par ses pôles. 


13. L'ÉCLIPTIQUE est un autre grand cercle qui coupe 
obliquement l'équateur et fait avec lui un angle d’envi- 
ron 23° 28’. Cet angle se nomme l’obliquité de l'éclip- 
tique. L’écliptique occupe le milieu d’une bande nom- 
mée ZopraqQuE dont la largeur est de 16 à 18 degrés. Le 
soleil ne s’écarte jamais du cercle de l’écliptique dans Ja 
route qu’il paraît parcourir par son mouvement propre; 
mais les planètes s'en éloignent tantôt vers un pôle et 
tantôt vers l’autre, les uns plus et les autres moins. 
C'est pour cette raison queles premiers astronomes ont 
formé le zodiaque, auquel ils ont donné une largeur suf- 
fisante pour qu'il pût contenir les orbites des planètes 
qu'ils connaissaient. 

14. L'écliptique, ou plutôt son plan, faisant un angle 
avec le plan de l'équateur, les axes de ces cercles font 
nécessairement le même angle; c’est-à-dire que le pôle 
de l’écliptique est éloigné de 23° 28° de celui de l'équa- 
teur. 

15. On partage le zodiaque en douze parties égales, 
qu’on appelle signes. Chaque signe a une étendue de 
30° : le cercle entier étant supposé divisé en 360°. Les 


ù AR 447 


noms de ces Signes, ainsi que les époques de l’année où 
le soleil paraît les atteindre, sont : 


Y le Bélier, 21 mars. 
© le Taureau, 20 avril. 
H les Gémeaux, 21 mai. 
& le Cancer, 22 juin, 
8, le Lion, 23 juillet. 
np la Vierge, 23 août. 


+ la Balance, 
MA le Scorpion, 24 octobre. 
> le Sagittaire, 23 novembre, 
% le Capricorne, 22 décembre, 
= le Verseau, 
X les Porssons, 


23 septembre. 


20 janvier. 
19 février. 


16. Le soleil parait parcourir les trois premiers signes 
pendant le printemps, les trois suivans pendant l'été, 
les trois autres pendant l'automne et les trois derniers 
pendant l'hiver. 


17. On nomme points équinoxiaux les points où l'é- 
cliptique coupe l'équateur, et points solsticiaux les deux 
points de l’écliptique les plus éloignés de l'équateur, Ces 
quatre points séparent les signes d’une saison de ceux 
d’une autre. 


18. Les colures sont de grands cercles qui se coupent 
perpendiculairement aux pôles de la sphère, et dont 
l'un passe par les points équinoxiaux, et l’autre par les 
points solsticiaux : ils divisent le zodiaque et l’équateur 
en quatre parties égales. On les distingue par les noms 
de colure des solstices et colure des équinoxes, d’après 
les points où ils passent, Ges deux cercles sont de vérita- 
bles méridiens. 


19. Les Troriques sont deux petits cercles parallèles À 
l'équateur qui touchent l’écliptique aux points solsti- 
ciaux. Celui qui est dans la partie septentrionale se 
nomme {ropique du cancer, et V'autre tropique du capri- 
corne. Ces noms leur ont été donnés parce qu'ils tou- 
chent l’écliptique aux commencemens des signes du can- 
cer et du capricorne. “ 

Dans le chemin que le soleil semble parcourir sur l’é- 
cliptique, si l’on suit sa trace en partant de l’un des 
points où ce cercle coupe l'équateur, on le voit s’éloi- Ë 
gner de l'équateur, en décrivant chaque jour, par l'effet 


. du mouvement diurne, des cercles de plas en plus petits, 


parallèles à ce dernier, ou plus justement des portions 
de spirale à peu près parallèles. Parvenu à l'un des 
points solsticiaux, il décrit le cercle tropique, puis se 
rapproche ensuite de l'équateur et le dépasse en s’en 
éloignant pour aller atteindre l'autre point solsticial , et 
s’en rapprocher ensuite de nouveau. C’est pour cetta 
raison qu’on a donné le nom de tropiques aux deux pe- 
tits cercles qu'il décrit à ces poïnts solsticiaux où il pas 


148 AR 
raît retourner vers l'équateur Le mot fropique Venant 
du grec rptæw , je relourne. 

20. Les points du cercle de l’horizon où le soleil se 
lève et se couche dans nos climats, lorsqu'il décrit le tro- 
pique du cancer, se nomment lorient et l'occident d'été, 
et ceux où il se lève et se couche lorsqu'il décrit le tro- 
pique du capricorne se nomment lorient et l'occident 
d'hiver. 


21. Les deux cERCLES poLAIRES sont décrits par les 
pôles de l’écliptique, tandis que la sphère entière fait sa 
révolution autour des pôles de l'équateur. Ces cercles 
sont donc éloignés des pôles du monde de 23° 28". 


22. Outre les cercles dont nous venons de parler , et 
qui composent la sphère armillaire, il y en a d’autres, 
soit grands soit petits, dont la connaissance est indispen- 
sable pour l'astronomie et la géographie. On les nomme 
cercles verticaux, cercles de déclinaison, de latitude, et 
cercles horaires. Voy. DÉcrinaison, Larirune, VErTi- 
CAUX. 

23. Il nous reste à parler des différentes positions de 
la sphère, désignées sous les noms de sphère droite, 
sphère oblique et sphère parallèle. 

La spnère Droite est celle dans laquelle l'équateur 
coupe l'horizon à angles droits. Ainsi, tous les peu- 
ples qui sont sous la ligne équinoxiale, ou dont le zé- 
nith est sur l’équateur céleste, ont la sphère droite. 

La spnÈRE oBLIQUE est celle dans laquelle l'équateur 
coupe obliquement l'horizon. Telle est donc la position 
de la sphère pour tous les peuples de la terre, excepté 
pour ceux qui sont sous l’équateur ou sous les pôles. 

Enfin, la spnÈRE PARALLÈLE est celle dont l’équateur 
se confond avec l'horizon : alors le zénith est à l’un des 
pôles du monde. 

Il est facile de comprendre que, dans ces trois posi- 
tions de la sphère, les apparences des mouvemens cé- 
lestes doivent être entièrement différentes. V’oy. Lever, 
Covcuer, Jour NATUREL et JOUR ARTIFICIEL. 


ARMILLE. Ancien instrument dont les astronomes 
se servaient pour leurs observations. Il était composé de 
deux cercles de cuivre fixés l’un dans le plan de l’équa- 
teur, l’autre dans celui du méridien, et d’un troisième 
cercle mobile. Depuis long-temps cet instrument a été 
abandonné. 
= ARPENTAGE (dérivé d’arpert, nom de plusieurs 
mesures agraires employées en France). Art de mesu- 
rer les terrains , ou application de la géométrie à la me- 
sure des terrains. 

Tous les écrivains s'accordent à placer en Egypte l’o- 
rigine de l’arpeutage; mais ils la racontent de diverses 
manières : suivant les uns (Proclus in 1), les crues pé- 
riodiques du Nil confondant les limites des propriétés, 
il devint indispensable de se former des règles pour as- 


AR 


signer à chacun ce qui lui appartenait avant l’inonda- 
tion; et cette nécessité fit naître les premières notions de 
la géométrie. Suivant d’autres (Hérodote, liv. 1), dont 
les conjectures paraissent mieux fondées, sous le règne 
de Sésostris, l'Égypte fut coupée par de nombreux ca- 
naux, que ce prince répartit entre ses sujets. Ce 
partage s’effectua d’après les instructions de Thot, 
ninistre de Sésostris, qui jeta à cette occasion les fon- 
demens de la géométrie. Quoi qu’il en soit de ces ver- 
sions , que nous examinerons autre part (v0y. GÉOMÉ- 
TE) , il parait certain que le besoin de déterminer la 
figure et les dimensions des terrains a donné naissance à 
cette branche importante des mathématiques, si res- 
treinte à son origine, si vaste de nos jours, et que nous 
désignons sous le nom de géométrie , quoique ce nom, 
qui signifie littéralement en grec mesure de la terre, 
soit loin d’en caractériser la nature et l’objet. 

L’arpentage , en donnant à ce mot sa plus grande ex- 
tension, se divise en trois parties : la première se com- 
pose des opérations qu'il faut exécuter sur le terrain 
même ; la seconde, des opérations qui ont pour but de 
représenter sur le papier la figure et les proportions du 
terrain mesuré; la troisième, des calculs nécessaires 
pour arriver à la connaissance de la superficie ou de 
l'aire du terrain. 

La première partie est proprement l’arpentage; la 
seconde , le /evé des plans , et la troisième ; le toise. 

1. Les instrumens dont on se sert pour opérer sur le 
terrain sont : l’éguerre , le graphomètre, la boussole , la 
planchette et le niveau. 1] faut de plus une chaine et 
des fiches pour mesurer les longueurs, et des jalons pour 
tracer les alignemens. 

2. Les jalons sont des bâtons droits ferrés en pointe 
par le bas et fendus par le haut , pour recevoir un petit 
carré de papier; leur longueur est arbitraire. On trace 
un alignement à l’aide des jalons de la manière sui- 
vante : 

Soit proposé de mener sur le terrain une ligne droite 
qui passe par les deux points À et B, et qui se prolonge 
plus loin en E. Pour cet effet, on plantera deux jalons 
AetB(Pz. V, fig. 2) perpendiculairement à l'horizon : 
ces deux jalons détermineront l'alignement. A une dis- 
tance BC, prise à vue d’œil, égale à AB, on plantera 
un troisième jalon C, dont on ajustera la tête en avan- 
ant ou reculant, de manière que le rayon visuel qui 
passe par C et B rencontre À dans une même ligne 
droite. On fera une semblable opération en D, en pre- 
nant la distance CD à peu près égale à BC ou AB ; c’est- 
à-dire qu’on plantera un troisième jalon D, en ayant 
soin que le rayon visuel DC passe par les points B et A:; 
ce que l’on connait lorsqu’en visant de D en C, les ja- 
lons Bet À sont cachés entièrement par le jalon C. On 
continuera de même aussi loin qu’on le voudra, 


AR 


Si le terrain sur lequel on veut prendre un aligne- 
ment est montueux , On en suivra les sinuosités de trois 
en trois jalons, en alignant chacun de ces jalons avec 
les deux qui le précèdent, et se servant de jalons plus 
petits les uns que les autres, suivant le besoin. 

3. La chaine est une chaîne de fer de dix mètres de 
Jongueur, Elle est divisée de mètre en mètre par des 
anneaux de cuivre; et chaque mètre est encore subdi- 
visé en moitié ou en quart par de plus petits anneaux. 
Elle se termine à chacun de ses bouts par un anneau plus 
large, qu'on nomme poignée, et dans lequel on peut 
passer la main pour la tendre. Les poignées font partie 
de la longueur de la chaine. 

On se sert aussi, au lieu de chaine, d’un ruban de 
fil divisé en mètres et parties de mètre, 

4. Les fiches sont des tringles de fer d’un demi-mètre 
de hauteur, et d’une épaisseur suffisante pour qu’on 
puisse les enfoncer en terre sans les courber. 

5. Pour mesurer uve ligne droite avec la chaine et 
les fiches, il faut deux personnes : la première, qui est 
l'aide ou le porte-chaïne, marche en avant, tenant les 
fiches de la main gauche et une poignée de la chaine de 
la main droite; la seconde, ou l’arpenteur, suit en ar- 
rière en tenant l’autre poignée. Après avoir planté une 
première fiche au point de départ, le porte-chaîne 
marche directement sur l'alignement en se dirigeant à 
l'aide des jalons préalablement posés. Lorsqu'il se sent 
arrêté par l’arpenteur , qui appuie sa poignée contre la 
première fiche, le porte-chaine tend la chaine en pas- 
sant une fiche dans la poignée, et eu enfonçant ensuite 
cette fiche dans la terre. Cela fait, il continue sa route 
jusqu’à ce que l’arpenteur, arrivé à cette seconde fiche, 
l'arrête de nouveau pour tendre la chaîne et planter une 
nouvelle fiche. Ils continuent d'opérer de cette manière 
tant que le porte-chaine à des fiches : lorsqu'il les a 
toutes employées , l’arpenteur, qui les lève à mesure, 
les lui rend , en cotant leur nombre sur un morceau de 
papier, sauf la première, qui demeure pour servir en- 
core de point de départ. Ordinairement, il y a en tout 
onze fiches. Ainsi chaque cote est de 10. 

L'opération se continue de la même manière jusqu’au 
poin’ où l’on doit arriver. Lorsque la distance de ce 
point à la dernière fiche est plus petite que 10 mètres, 
on a soin de la mesure: exactement, et on l'ajoute au 
nombre total des fiches, qui vaut dix fois autant de 
mètres. 

Cette opération, quoique très-simple, demande ce- 
pendant une grande attention; car, si la chaîne n’est 
pas suffisamment tendue à chaque station, ou si le porte- 
chaine s’écarte de l'alignement, la mesure n’est plus 
exacte. 

Nous allons exposer les principales opérations d'ar- 
pentage qui ne demandent que la chaine et les jalons. 


AR 149 


6. ProgLÈME Î. Mesurer une distance inaccessible AB 
(PL. V, fig. 1). 

Prolongez à volonté AB vers C, et du point C menez 
une droite CF faisant avec AC un angle à peu près droit. 
Etablissez ensuite, avec des jalons, la ligne BF; et du 
point D, milieu de CF, menez une ligne droite BD, et 
prolougez-la vers G en prenant DG—BD. Par les 
points F et G, menez l’alignement FE, et par le point 
D menez ug autre alignement vers À , que vous prolon- 
gerez au-desses de CF jusqu’à ce qu'il rencontre FE 
en E, où vous planterez un jalon. Mesurez enfin EG, 
cette ligne est égale à la distance demandée AB. 

En effet, AC et FE étant parallèles par construction, 
les angles CAD et DEF sont égaux (voy. Anczrs, n° 7). 
Ainsi, les triangles BDA et EDG, cui ont les côtés 
égaux BD et DG, et les angles égacx CAD et DEF, 
BDA et EDG, sont entièrement égaux (voy. TatancLrs) 
donc AB—GE. 


» 


7- ProsLème I. Tracer sur le terrain une ligne per. 
pendiculaire à une autre 
ligne donnée. C 

Soient AB la ligne 
donnée, et D le point 
où doit tomber la per- 
pendiculaire. MenezDE 
de maniere que l’angle 
EDB soit aigu; prenez 
DE=DB;et, par les 
points E et B, tracez un 


alignement BEC; mesu- A D B 
rez BE avec soin, et faites CB égal à 

2DB 

“EB' 


Le point C appartiendra à la perpendiculaire, dont l’a- 
lignement se trouvera ainsi déterminé par les deux 
points C et D. 

En effet, le triangle CDB étant rectangle en D, si 
l’on conçoit DF perpendiculaire sur l’hypothénuse CB, 


on aura (v0y. TRIANGLE RECT.) 
DB — CB X BF. 
Mais, par construction , BF — 3EB ; donc on a aussi 
DB = : CB X EB; 


et, conséquemment , 


» | 
2 DB 
CB=—°. 
EB 
Par exemple, si l’on avait DB — 100 mètres, et que 


l’on eût mesuré EB — 98 mètres, on trouverait par le 


\ 
f 


calcul 


20000 


BEST 


—= 204",08. 


450 AR 
On prendrait donc sur Falignement BC une longueur 
de 204,08, et le point C serait déterminé. 
8. S'il s'agissait d’abaisser c 
une perpendiculaire d'un 
point donné C, sur AB, on 
mènerait CA et CB de ma- 
nière que les deux angles 
CAB et CBA fussent aigus, 
et l’on déterminerait le pied 
D de la perpendiculaire en A D B 
calculant DB par l'expression 
Echo. 
DB UTÉ 


Voy. TRIANGLES. | 


8. Pros. III. D'un 
point donné À sur le 


terrain,menerune ligne 

parallèle à une autre 

ligne donnée BC. E A 
Formez un triangle 

BDC dont un côté DC 

passe par le point don- 

né À, mesurez BD, DC 

et AD, et calculez DE par la formule 


B C 


Le point E sera l’un des points de la parallèle deman- 
dée dont il ne s'agira plus que de faire passer l’aligne- 
ment par À et E. La valeur de DE est une conséquence 
de la similitude des triangles EDA et BDC. Foy. Trian- 
GLES SEMBLABLES. 

9. L'emploi de l'équerre rend la solution des problè- 
mes précédens beaucoup plus simple; mais nous avons 
voulu donner une idée des ressources que les arpenteurs 
peuvent tirer de la géométrie, dont, en général, ils ne 
possèdent pas une connaissance assez approfondie. Foy. 
au mot EQuERRE l’usage de cet instrument. 

La description et les usages de la planchette et du 
graphomètre seront également donnés aux mots PLan- 
cuerTE et GRAPHOMÈTRE. Voyez aussi LEVÉ DES PLANS, 
Mesure, NivVELLEMENT, SURFACE , VOLUME et Pory- 
GOKES. 


ARTIFICIEL. On donne quelquefois le nom de 
nombres artificiels aux sinus, tangentes et sécantes. 

En astronomie, on appelle sphère artificielle le globe 
par lequel on représente la voûte concave du ciel. 

L'horizon artificiel est le même que l’horizon ration- 
nel ou mathématique qui passe par le centre de la terre, 
il est différent de l’horizon sensible qui pour chaque 
observateur varie suivant le plus ou le moins d’éléva- 
tion, Voyez Honizon. 


AR 


Le jour artificiel est Ve nychthémère des Grecs, où le 
jour de of heures, par opposition au jour naturel qui 
est Le temps de la présence du soleil au-dessus de l’ho- 
rizOn. 

ARTILLERIE, ars tollendi, de ars, art, moyen, et 
du gérondif de tollere, enlever, — lancer au loin. Ce mot 
sous lequel on a d’abord désigné , dans le moyen-âge, les 
engins ou balistes qui servaient à l'attaque ou à la dé- 
fense des places, s'applique expressément aujourd’hui 
à la théorie des projections opérées au moyen de la 
poudre ; on le donne aussi par extension au corps mili- 
taire chargé spécialement de diriger l'emploi des ma- 
chines consacrées à ce service. 

Considérée seulement sous le point de vue historique 
de son utilité militaire, l'artillerie a fait d'immenses pro- 
grès, depuis l’époque où, pour la première fois, on ap- 
pliqua à l’art de la guerre la découverte de la poudre. Ce 
moyen terrible de destruction, sur l’origine duquel on 
n’est pas parfaitement d’accord , soit qu’on en attribue 
l'invention à Roger Bacon, à Bertholde Schwarts ou à 
Constantin Anchtzen, exerça une prodigieuse influence, 
non-seulement sur la tactique militaire, mais encore sur 
l’ordre social tout entier. Les armes à feu ont en effet 
beaucoup plus contribué à la chute du système féodal, 
que toutes les spéculations des publicistes ou la politique 
des rois, à qui l’on fait honneur d’une lutte qui a changé 
les formes de la civilisation. Elles firent disparaitre du 
champ de bataille l'inégalité des classes, et ce sont au- 
jourd’hui les masses uniformément armées, bien plus que 
le courage personnel, qui y décident du sort des empires. 
Ainsi, quand l’armure défensive des chevaliers fut deve- 
nue impuissante à les garantir.contre l’attaque même loin- 
taine d’un obscur fantassin, la chevalerie cessa d’être une 
institution dominante; elle perdit bientôt ses priviléges, 
en abandonnant son ancienne forme, dépouillée désor- 
mais du vieux prestige de sa supériorité. Néanmoins l’ar- 
tillerie ne sortit que lentement de l’état d’enfance, et 
long-temps encore après ses premiers essais, l’absurde 
préjugé qui semblait interdire l'étude des sciences, 
comme une occupation méprisable, aux hommes d’une 
naissance élevée, fit abandonner, par les gouverne- 
mens, à des mains inhabiles, la direction de cette arme 
nouvelle. Mais la prééminence militaire qu’elle ne tarda 
pas à assurer aux nations qui en adoptèrent l'usage, 
devait déterminer tôt ou tard une révolution complète 
dans la tactique. 

L'histoire de la science a plutôt pour but de constater 
des résultats que de se livrer à de minutieuses recher- 
ches sur des origines douteuses. Il nous parait donc peu 
essentiel de décider si ce sont les Vénitiens , en 1336, au 
siége de Clodia-Fossa, ou les Anglais à la bataille de 
Crécy, en 1346, qui les premiers ont employé la poudre 
à l’aide de machines, auxquelles on a donné depuis Le 


AR 


nom de canons. Il est certain que cette arme meurtrière 
ne commença réellement à faire partie du matériel de 
la guerre que durant la seconde période du XV* siècle. 
Les canons dont on se servait alors n'étaient qu’un 
assemblage de pièces de tôle roulée, ajustées les unes 
aux autres et cerclées en fer. On les posait sur des ma- 
driers, presqu'à fleur de terre, et l’on ignorait ainsi 
complétement l’art d’en diriger le feu. Ces procédés 
grossiers compromirent souvent la vie des artilleurs, et 
firent d'abord négliger une découverte dont l'usage 
présentait de si graves dangers, sans amener aucun résul- 
tat bien décisif, La construction des canons en fonte de 
fer et d’un énorme calibre, qu’on transportait pénible+ 
ment sur de lourdes voitures, ne permit pas davantage 
d'en améliorer la manœuvre, On ne se servait guère 
de ces pièces que dans les sièges, où elles remplaçaient 
avantageusement l'emploi des anciennes balistes, À cette 
époque, on ne se servait généralement encore que de 
projectiles en pierre; les machines d’une dimension plus 
portative, dont on arma les fantassins, comme l’arque- 
buse à croc, n'étaient point même chargées de projec- 
tiles d’un autre genre. Le chevalier Bayard fut tué à la 
retraite de Rebecco, le 30 avril 1524, d’un coup de pierre 
lancée par une arquebuse. Cependant, dès les premières 
années du X VI siècle, on commençait à perfectionner 
la fonte des canons, et à les monter sur un appareil 
spécial nommé affüt, qui en facilita la manœuvre. Les 
premiers modèles de ces nouveaux véhicules furent 
d’abord lourds et grossiers; leur transport difficile et 
coûteux gênait là marche des armées, et explique la 
lenteur avec laquelle s’opéraient alors les grands mouve- 
mens militaires. Ces premiers essais furent successive- 
ment suivis d'améliorations importantes dans le matériel 
de l'artillerie, dont une des plus décisives fut la con- 
fection de canons d’un calibre moins fort, et obtenus 
par une fonte de cuivre et d’étain , alliés dans des pro- 
portions données. Ces progrès de l'artillerie qui furent 
dus moins à l'expérience qu'aux connaissances mathé- 
matiques, qu’on appliqua à la confection et à l'emploi 
des machines, décidèrent enfin de la supériorité de 
cette arme, dont la direction ne put, dès-lors, être 
confiée qu’à des officiers éclairés, qui sont deveuus 
l'élite des armées de l’Europe. Cependant le haut degré 
de perfection où est parvenue l'artillerie, quoique suscep- 
tible encore de réformes et de progrès, n’a été acquis à 
cette arme que depuis une date récente, et pour ainsi 
dire de nos jours, 

La construction des appareils de l'artillerie, et 
l'art d’en diriger l'emploi, présentent peu de diffé 
rences chez les diverses nations de l'Europe. Ces dif- 
férences, si elles existent, se réncontrent soit dans le 
calibre des pièces, soit dans les conditions du matériel, 
Le officiers d'artillerie de toute l'Allemagne se font 


AS 451 


remarquer par une instruction profonte; fes officiers 
de ce corps Anglais et Russes laissent, au contraire, 
beaucoup à désirer sur ce point, et nous ne croyons 
pas sacrifier à l'entrainement de l’esprit national, en 
avançant ici que le corps d'artillerie française, tant 
sous le rapport de l'instruction des officiers , que 
sous celui du matériel, a depuis long-temps acquis 
une supérioritéincontestable et qu’il a su conserver. Un 
grand nombre de sous-offciers et de soldats de cette 
arme sont parvenus, en France, à des grades élevés et 
ont fait d’excellens officiers; ce qui n’est arrivé chez 
aucun autre peuple de l’Europe. 

La théorie de l'artillerie, qui doit être l’objet spécial 
de nos travaux, repose sur l'application de diverses 
branches des sciences mathématiques et physiques. Elle 
comporte surtout une connaissance approfondie de la 
théorie des courbes et de la mécanique; elle exige des 
études étendues en géométrie , dans les arts graphiques, 
en chimie, et en physique proprement dite. Nous expo- 
serons ailleurs sous tous ces rapports scientifiques, et 
dans tous les détails qu’elle implique, cette branche 
importante de la tactique. Voyez BALISTIQUE. 

ARTIMON ( Marine). Mit de l'arrière, ou troisième 
mât d’un vaisseau; il donne son nom à la voile qu’il 
porte. 

ARZACHELL (Anranam), ou E1ZARACHELL, né à 
Tolède dans le XIT° siècle ou à la fin du XI°, est un 
des plus savans et des plus laborieux observateurs qu’ait 
eus l’astronomie. Arzachell a laissé un ouvrage sur les 
éclipses et les révolutions des années, et des tables du 
ciel, auxquelles on a donné le nom de Toledanes, Ces 
écrits, Gont le dernier surtout dut être consulté par les 
rédacteurs des Tables alphonsines, n’ont point été tra- 
duits, et ils n’existent que manuscrits dans quelques bi- 
bliothèques, où peu de savans ont pu les consulter. Ar- 
zachell a été plus utile à la science par le nombre consi- 
dérable d'observations qu'il a été à même de réunir, pour 
déterminer les élémens de la théorie du soleil, comme 
le lieu de son apogée et de son excentricité. Il fxa l’obli- 
quité de l’écliptique à 23° 34’. Cet astronome, qui a eu 
long-temps de la célébrité, était de la religion juive. 
On ignore l’époque précise de sa naissance et celle dé sa 
mort. 

ASCENDANT ( Astr.). Mouvement qui se fait en 
montant. Le r7œud ascendant d'une planète est le point 
où elle traverse l’écliptique en allant du midi au nord, 
tandis que le zœud descendant est celui par lequel elle 
passe pour aller du nord au midi. Le nœud ascendant de 
lalune, nommé aussi anabibazon , se représente par le 
signe Q; le nœud descendant de cet astre a le signe 
opposé Ü. 

On nomme signes ascendans les trois premiers et les 
trois derniers du zodiaque, savoir : Le Bélier, le Tau- 


452 AS 


reau, les Gémeaux, le Capricorne, le Verseau et les 
Poissons, parce que le soleil, en parcourant ces signes, 
s’élève de plus en plus au-dessus de l'horizon dans ros 
contrées septentrionales, et semble monter vers le zénith. 
Les six autres signes sont appelés descendans pat la rai- 
son contraire. Les signes ascendans deviennent descen- 
dans, el vice vers& pour les peuples qui ont le pôle boréal 
au-dessus de l'horizon. 

On donne encore le nom d’ascendant au point de 
Yécliptique situé dans l'horizon oriental, c’est-à-dire au 


point qui se lève, 


ASCENDANTE (Arith.). Progression ascendante ; 
c’est celle dont les termes vont en croissant : telle est la 


progression arithmétique. 
LOS DIET OUT T  T135 "etc, 
ou la progression géométrique 


25 4» 8: 10, 32, 6%, 128, etc, 


ASCENSION ( Astr.). Arc de cercle mesuré sur 
l'équateur, et compris entre le point équinoxial et le 
point de l’équateur qui se lève en même temps qu’une 
étoile ou qu’une planète, On distingue l'ascension en 


droite et oblique. 


L'Ascension protTE d’un astre est l’arc de l'équateur, 
compté dans l’ordre des signes, depuis le commence- 
ment du Bélier jusqu’au point où il est coupé par le 
méridien de cet astre, ou, ce qui est la même chose, 
c’est l’arc équatorial compris entre le point équinoxial 
et le point de l'équateur qui passe au méridien en même 
temps que l’astre. 


L’'ASGENSION O8LIQUE d’un astre est l’arc de l'équateur 
compris entre le premier point du Bélier ou le colure 
‘des équinoxes, et le point de l'équateur qui se lève en 
même temps que l’astre. L’ascension oblique est donc 
plus ou moins grande selon la différente obliquité de 
[a sphère; tandis que cette obliquité n’exerce aucune 
influence sur l'ascension droite. La différence entre ces 
‘deux ascensions se nomme différence ascensionnelle. 


La position d’un astre est entièrement déterminée, 
sur la voûte céleste, lorsque son ascension droite est 
connue, ainsi que la distance où il se trouve de l’équa- 
teur au moment de son passage au méridien : l'arc du 
méridien qui mesure cette distance se nomme déclinac- 
son de l’astre. L’ascension droite et la déclinaison sont 
donc, pour un astre, la même chose que la longitude 
et la latitude pour un lieu terrestre. 


On ne peut déterminer l’ascension droite d’une étoile 
fixe que par celle du soleil. Mais cette dernière se trouve 
facilement, comme nousle verrons plus bas, au moyen de 
sa déclinaison. Lorsque l'ascension droite d’une étoile fixe 
est connue, celles de toutes les autres étoiles peuvent 


AS 


en être déduites sans aucune difficulté : ainsi, la détermi- 
nation de l'ascension droite du soleil est la base de 
toute l'astronomie, car cette science ne repose que sur 
la détermination exacte des lieux que les étoiles occu- 
pent sur la voûte céleste. 

Le mouvement propre des étoiles fixes étant presque 
insensible, leur ascension droite et leur déclinaison va- 
rient très-peu; tandis que celles du soleil et des planètes 
varient chaque jour d’une quantité plus ou moins consi- 
dérable. 

Pour trouver la déclinaison du soleil, il faut observer 
sa hauteur méridienne au jour donné, et en retrancher 
l'élévation de l'équateur au-dessus de l'horizon, le reste 
est cette déclinaison. Ainsi, par exemple, à Paris, 
où la hauteur de l'équateur est de 41° 10’, si l’on 
trouve à midi que celle du soleil est de 50° 15', on 
en conclut qu'au même instant la déclinaison du soleil 
est de 9° 5". Cette déclinaison étant connue, on peut cal- 
culer aisément l’ascension droite qui est l’un des côtés 
du triangle sphérique rectangle formé par le méridien, 
lécliptique et l'équateur. Nous allons éclaircir cette pra- 
tique par un exemple. 


Prosrèmr. Connaïissant la déclinaison du soleil, trou- 


ver son ascension droite. 


Soient ASPBE le méridien, P le pôle, AB l’équa- 
teur, SE l’écliptique, N le point équinoxial, et S la posi- 
tion du soleil sur le méridien , AS fera la déclinaison. 

Tous les méridiens étant perpendiculaires à l’équateur, 
le triangle sphérique SAN est rectangle en A : on connait 
donc dans ce triangle | P 
l'angle droit SAN, l'angle 
ANS qui est l’obliquité de 
l’écliptique, le côté AS ou 


la déclinaison observée, 
etil s’agit de calculer le 
côté AN, c’est-à-dire la 
distance du point équi- 
noxial au méridien sur le- 
quel le soleil se trouve, ou l'ascension droite. 

Or, dans tout triangle sphérique rectangle, la tan- 
gente d’un angle est à la tangente du côté opposé comme 
le rayon est au sinus de l’autre côté. Nous avons donc ici 


tang ANS : tang AS :: R : sin AN, 
d'où 
R X tang AS 


NET ANS 


L’obliquité de l’écliptique étant de 23° 28", supposons 
AS égal à 9° 5’, et nous aurons 


REX tang (9°5) & 


taug (23° 287 © 


sin ascension droite = 


Opérant par logarithmes, nous trouverons 


AS 


log. R — 10.0000000 


iog. taug (0° 5’) 9.203785 


19.2037925 
9-6376100 


Somme — 

log. tang (23° 25°) 
Différence — 

Ce résultat est le logarithme du sinus de 2r° 36° 33"3, 
ou du sinus de 158° 23! 37” 7. Pour savoir lequel de ces 
arcs convient à l'ascension droite cherchée, il faut con- 
naître dans quel quart de l’écliptique se trouve le soleil ; 
car s’il est dans le premier quart l’ascension droite est de 
21° 36' 33" 3; tandis que s’il est dans le second, c’est le 


supplément de cet arc qu’il faut prendre. 


I 


9.661719 


Comme l'ascension droite se compte d’occident en 
orient depuis 0°, c’est-à-dire depuis le point équinoxial 
jusqu’à 360°, ou le retour au même point, on voit aisé- 
ment que si le soleil se trouvait dans le troisième quart 
de l’écliptique , il faudrait ajouter 180° à 21° 36° 33"3, 
pour avoir son ascension droite; comme aussi il fau- 
drait retrancher ce dernier nombre de 360° pour obtenir 
cette ascension, si le soleil était dans le quatrième quart. 


En comparant les passages au méridien du soleil avec 
ceux d’une étoile, on détermine l'ascension droite de 
l'étoile, et il suffit ensuite de cette dernière pour obte- 
air celles de toutes les autres étoiles, car la différence 
des ascensions droites de deux astres n’est que la diffé- 
rence des temps de leurs passages au méridien convertie 
en degrés. En effet, le mouvement diurne de la sphère 
céleste faisant décrire à chaque point de cette sphère 
360° en 24 h. ou 15° par heure, deux astres, dont l’un 
passe 5 heures avant l’autre au méridien, sont situés sur 
des cercles de déclinaison éloignés l’un de l’autre de 
5 fois 15°, ou de 75° en mesurant cette distance sur 
l'équateur; mais cette distance est en mème temps la 
différence de leurs ascensions droites : ainsi lorsqu'une 
de ces ascensions est connue, l’autre s'obtient par une 
simple addition ou par une simple soustraction. 

Lorsqu'on observe les hauteurs du soleil pour obtenir 
sa déclinaison, :l est indispensable de tenir compte des 
effets de la parallaxe et de ceux de la réfraction qui con- 
courent à modifier ces hauteurs, 


La DIFFÉRENCE ASGENSIONNELLE est, comme nous l’avons 
déjà dit, la différence entre l'ascension droite et l’ascen- 
sion oblique d’un astre, Elle est donnée par cette pro- 
portion : 

Le rayon est à la tangente de la latitude du lieu de 
l'observation, comme la tangente de la déclinaison du 
soleil est au sinus de la différence ascensionnelle. 

Lorsqu'on connaît cette différence, on connaît en 
même temps l'ascension oblique ; car si le soleil est dans 
un des signes septentrionaux, il ne faut qu'ôter cette dif- 
férence ascensionnelle de l'ascension droite, et la lui 


AS 453 
ajouter, au contraire, lorsque le soleil est dans les signes 
méridionaux. 

La différence ascensionnelle sert à connaître de com- 
bien les jours de l'année auxquels elle répond diffèrent 
du jour de l’équinoxe. Voyez Jour. 

ASCHEMIE ( 4str.). Nom du petit chien Procyon. 

ASCHÈRE (Ast.). Nom du grand chien Sirius. 

ASCIENS (A4str.). De & privatif, et cxioi, ombre. On 
appelle ainsi les peuples qui sont quelquefois privés 
d’ombre à midi. Les habitans de la zone torride peu- 
vent être asciens deux fois dans l’année, quand le soleil 
est à leur zénith. On appelle Æntisciens ceux qui ont des 
ombres opposées ou dans une direction contraire : tels 
sont les peuples des zones froides ; et Hetérasciens ceux 
qui ne voient jamais l'ombre que d’un même côté : tels 
sont les peuples qui habitent les zones tempérées, 
comprises entre les tropiques et les cercles polaires. 

ASPECT (A4str.). Situation des étoiles et des planè- 
tes les unes par rapport aux autres. On considère cinq 
principaux aspects, lesquels, avec leurs signes respec- 
tifs, sont : 


d ; conjonction, quand l'angle de deux pla- 
nétestquelconquesiests..5...1 #10 
* , sextile, quand cet angle est de....,.... 
Le quartiers essteneiets: mO00 
AANUTINE Jensen deer de ssl L2O 


GEVOPPOSHION etes see Aesennielle cit 0100) 


Les angles des aspects se comptent par les degrés de 
longitude des planètes; c’est-à-dire que l'aspect est 
censé le même , que les planètes soient ou ne soient pas 
dans l’écliptique. 

Ces termes, ainsi que plusieurs autres inutiles à rap- 
porter, ont été introduits dans la science par les astro 
logues, qui considéraient les aspects des astres comme 
le fondement de leurs prédictions. Quoique les réveries 
astrologiques aient passé de mode, les signes précédens 
sont encore employés dans quelques ouvrages astrono- 
miques. 

Lorsque les planètes ont exactement entre elles les 
distances ci-dessus, les aspects se nomment aspects par- 
tiles ; mais lorsque les distances n’ont pas précisément 
ces mesures, les aspects se nomment aspects platiques. 

ASPIRANTE (ydraul.). Voy. Pompe ASPIRANTE. 

ASSURANCE, contrat synallagmatique, en vertu 
duquel une ou plusieurs personnes, agissant en nom 


collectif, s'engagent envers une autre personne ou une 
association quelconque, au moyen d'une rétribution 
ordinairement annuelle, et qu'on appelle Prime, à 
garantir les propriétés ou les objets désignés dans 
l'acte, de tout risque, dommage ou destruction. Ce con- 
trat s'applique, sous diverses dénominations et condi- 
tions réciproques. aux propriétés mobilières ou immo- 


20 


154 AS 


bilières, aux chances de la navigation, et en général à 
tous les objets dommageables : on l’a étendu aussi à 
l'épizootie et à la mortalité humaine. Celui des contrac- 
tans qui garantit se nomme ASSUREUR ; l’autre contrac- 
tant est désigné sous le nom d’Assure. Les conditions 
de l'assurance sont de deux matures en France. Les 
premières sont purement civiles; les secondes sont 
d'ordre public, c’est-à-dire qu’elles inteydisent toute 
stipulation contraire aux lois. L'acte où les conditions 
sont énumérées se nomme Pouice. Il existe aussi deux 
modes d'assurances : l’ASSURANCE À PRIME, c’est-à-dire 
celle où le prix de la garantie est fixé d'avance, garantie 
à laquelle l'assureur s'engage de satisfaire, soit que le 
dommage dépasse ou non ses prévisions; l'ASSURANCE 
MUTUELLE où la quotité de la garantie s'établit par con- 
tribution, suivant celle du dommage, entre toutes les 
personnes qui se sont mutuellement assurées. 

Le système des assurances, dont nous allons successi- 
vement exposer l'histoire, l’économie et la théorie, est 
une heureuse déduction du principe de l’association, 
principe fécond en immenses résultats. L'industrie et le 
commerce lui doivent surtout leur prospérité: il a porté 
la fertilité dans des champs long-temps arides et in- 
cultes, agrandi les villes, favorisé toutes les relations so- 
ciales, en établissant de grands centres d'action, dont les 
produits se sont écoulés par mille canaux , et ont porté 
partout la civilisation et le mouvement créateur qui lui 
est propre. Il faudrait faire une abnégation expresse de 
sa raison, pour ne pas comprendre que l’action continue 
de plusieurs hommes qui suivent une direction uni- 
forme, est de beaucoup supérieure à celle du même 
nombre d'hommes agissant isolément dans le même 
but. 

Néanmoins, nous devons nous hâter de dire que, de 
nos jours, le principe même de l'association a été l’objet 
des systèmes les plus hasardés, des théories les plus dan- 
gereuses. On a confondu l'esprit d’association avec l’es- 
prit de secte, qui n’ont entre eux aucun point de contact 
ou de ressemblance. On a oublié peut-être de part et 
d'autre que la société humaine, fractionnée en diverses 
nationalités, n’est elle-même qu’une grande association, 
dont les associations intermédiaires doivent avoir pour 
but essentiel d'accélérer la marche et d'améliorer la 
prospérité, mais dont elles doivent avant tout respecter 
les principes généraux et les formes politiques. Nul pro- 
grès ne peut s'établir en dehors de la science, et jamais 
lascience n’est conjecturale; elle n’agit, en effet, que dans 
un ordre parfait de réalités. Elle prend la société telle 
qu’elle est, et ne rêve point pour elle un type de per- 
fection, qu'il n’est donné à l’humanité d'atteindre qu’a- 
près un grand nombre de modifications successives. 

On comprendra, nous l’espérons, quelle distance sé- 
pare ces principes simples et rationnels des dogmes arbi- 


AS 


traires ct fantastiques proposés par quelques sectes 
prétendues réformatrices, dont les audacieuses préten- 
tions, colorées de tous les charmes de l'imagination et 
de l'éloquence, ont déjà apporté dans la société un 
trouble et un malaise que la raison , aidée de la science, 
doits’attacher à neutraliser, et que seule elle peut guérir. 

On attribue à tort l'invention du système des assu. 
rances aux juifs qui, persécutés durant le moyen-äge, 
et souvent arbitrairement dépouillés de leurs propriétés, 
trouvèrent ainsi le moyen de se prémunir contre l'in- 
juste et cruel préjugé dont ils étaient continuellement 
les victimes. C’est une erreur , car, d’après le texte formel 
des législations de ces temps déplorables, la propriété 
immobilière était à peu près partout interdite aux juifs, 
et la propriété mobilière ne leur était concédée qu'à 
certaines conditions. C’est probablement la méthode de 
transporter sans risques de grands capitaux au moyen 
de lettres de change, qui est due à ces circonstances, 
méthode qu’on a mal à propos confondue avec les assu- 
rances. D’autres personnes ont aussi pensé que le systèine 
des assurances n’avait point été inconnu à l'antiquité ; 
mais on n’en trouve de traces dans aucune législation, 
et l’on est fondé à croire que cette allégation n’est pas 
moins hasardée que la première. 

C’est en Angleterre, sous le règne de la reine Anne, 
au commencement du dernier siècle, que la plus 
ancienne compagnie d’assurance connue s'établit à 
Londres. Cette compagnie existe encore sous le nom de 
Société amie, qu’elle prit dès sa formation. Elle a vour 
objet les assurances sur la vie. 

Plusieurs compagnies s’y établirent successivement, et 
appliquèrent ce système aux divers risques de la pro- 
priété. Peu à peu la théorie des assurances se rectifia 
suivant les progrès de la science; et les compagnies 
modifièrent leurs opérations basées d’abord sur des 
principes peu exacts. Aujourd’hui le système prévoyant 
des assurances est populaire dans ce pays, et ils’applique, 
avec un égal avantage pour les assurances et les assurés, 
à une foule d’objets qui, par la nature de leur destina- 
tion, paraissaient les moins susceptibles d’entrer dans 
des prévisions de ce genre. La fortune publique se res- 
sent, en Angleterre, de la sécurité qui environne les 
propriétés privées placées sous la sauvegarde de ces 
institutions, dont le principe, garanti par la loi, est 
néanmoins abandonné, dans son application, àla spécu- 
lation individuelle. 

L'Allemagne a adopté le système des assurances, mais 
en général avec une modification essentielle : il y est 
devenu une loi de l'État. Le gouvernement a remplacé 
les associations ou les compagnies : il est lui-même l’as- 
sureur, et prélève les primes d'assurances comme un 
impôt spécial, obligatoire pour tous les propriétaires. 
Ces deux modes d'assurances conviennent également au 


AS 


génie des deux natious auxquelles ils s'appliquent. Il 
semble que la marche suivie en Angleterre soit plus 
conforme à l'esprit des institutions politiques de la 
France, quoiqu'une grande partie de ses riches pro- 
vinces, nous le disons avec douleur, végète encore 
dans les chaînes de préjugés malheureux, qui leur ren- 
draient nécessaire la protection paternelle dont fes gou- 
vernemens de l'Allemagne environnent leurs sujets. Il 
est certain que la raison publique a fait en France assez 
peu de progrès pour que le système des assurances contre 
les risques de la propriété en général, et celui qui a pour 
objet l’accumulation des capitaux, d’après les probabi- 
lités de l’existence humaine, y soient encore mal com- 
pris, et presque repoussés comme des spéculations inté- 
ressées, sans avantage pour ceux qui y participent à titre 
d'assurés. Sous ce rapport, et comme avant tout nous 
devons la vérité à notre pays, nous dirons que cet état 
de choses tient presque autant aux procédés incomplets 
et à la marche, souvent embarrassée de contestations 
minutieuses, des compagnies d'assurances, qu’à l'igno- 
rance malheureusement encore bien profonde des po- 
pulations. Nous n’entendons point accuser ici d’une 
manière absolue, ni la probité des compagnies d'assu- 
rances, ni l'intelligence nationale , mais des faits nom- 
breux ne prouvent que trop l'influence de ces deux 
causes sur l'éloignement du public pour un mode de 
conservation de la propriété, dont l’efficacité est démon- 
trée par la raison et l'expérience. En effet, it est cons- 
tant, d’une part, que l'application trop restreinte du 
système des assurances, ne contribue pas peu à en em- 
pêcher la propagation. La plupart des compagnies sont 
instituées seulement pour les cas d'incendie; et toutes 
ont établi dans la série d’accidens dont elles s'engagent 
à réparer le dommage, un nombre considérable d’excep- 
tions qui bornent leur intervention à des cas excep- 
tionnels heureusement assez rares. Ainsi, les accidens 
atmosphériques ou géologiques sont, en général, formel- 
lement exclus de l'assurance; et les compagnies formées 
pour assurer les propriétes rurales contre la grêle et con- 
tre le feu du ciel, qui devraient être un bienfait immense 
pour les campagnes, restent encore à établir; car, celles 
en petit nombre, qui existent sous cette dénomination, 
ontdes policestellement surchargées de prévisions excep- 
tionnelles, que leur garanticest à peu près une dérision. 
Les capitalistes français qui entrent dans ces associations 
ne paraissent pas assez pénétrés de la haute utilité du 
mandat qu'ils acceptent dans ces circonstances; l'appât 
du gain est évidemment le mobile principal de leur 
adhésion aux statuts des compagnies d'assurance, Cette 
ayidité ou du moins cette äpresollicitude qu’ils montrent 
avant tout pour leurs intérêts, est cependant une des 
causes qui nuisent le plus à leurs spéculations, Ce n’est 
pas ainsi qu'agissent eu Angleterre les hommes habitués 


ete Le p 9 


AS 


aux grandes opérations du commerce, parce qu'ils ne 


455 


sont dépourvus ni de connaissances scientifiques, ni de 
la moralité qui, à l'époque de civilisation où nous 
sommes arrivés, doivent épurer les sources de la pros- 
périté individuelle. 

D'autre part enfin, ce n’est pas sans raison que nous 
accusons l'ignorance publique, puisque naguère, dans la 
Chambre des députés même, assemblée où l’on doit 
supposer qu'il existe une intelligence plus éclairée des 
intérêts généraux, le système des assurances, exposé dans 
tous ses développemens avec beaucoup de clarté et de 
talent par un de ses membres, n’a trouvé que des au- 
diteurs distraits, et en résultat une résolution hostile. 
Sur le chapitre du budget consacré AUx SECOURS sp£- 
craux, M. Colomès proposa une réduction de 200,000 f., 
en s'appuyant sur les considérations les plus positives 
en économie politique. ( ’oyez ze Moxireur , séance 
de la Chambre des députcs, du vendredi 2 mars 1832.) 
Nous sommes heureux de pouvoir rappeler ici quel- 
ques-unes des paroles de cet honorable député. Ce fut 
ainsi qu'il s’exprima : — « Je viens appeler votre atteu- 
« tion sur les dégâts causés à notre agriculture par la 
« grêle et les autres accidens atmosphériques, vous 
« démontrer en même temps que la somme destinée 
« dans le budget à la réparation de ces maux est perdue 
« pour le trésor, sans soulager aucune infortune; enfin, 
« soumettre à vos méditations un moyen, selon moi, 
« puissant, pour atténuer les effets désastreux de cet 
« horrible fléau... Il est une classe toujours trop 
« nombreuse, qui songe rarement à réserver le superflu 
« des temps heureux pour les besoins de l’adversité; 
« et ce défaut de prévoyance devient plus grand à 
« mesure que l’on descend dans échelle sociale. Peut- 
« être est-il injuste d’accuser cette classe infortunée, si 
« peu au-dessus de ses besoins, Le mal provient sans 
« doute en grande partie de la faiblesse de ses ressour- 
« ces... Qui de vous n’a été profondément affligé de 
« l'état déplorable de nos campagnes, lorsque la grêle 
« où d’autres accidens atmosphériques sont venus dé- 
« truire les espérances du laboureur, le travail de ses 
« bras, le produit de ses capitaux?... Ses bestiaux meu- 
« rent de misère et de maladie, ses champs languissent 
« sans culture, ses forces physiques s’énervent, et les 
« suites du désastre deviennent plus affligeantes que le 
« désastre lui-même. Et ne croyez pas que ce tableau 
« déchirant ne se rencontre que dans une classe peu 
« nombreuse : elle constitue, au contraire, la très- 
« grande majorité des propriétaires de fouds de terre; 
« et pour preuve de mon assertion je vous citerai des 
« chiffres irrécusables. Sur dix millions de familles 
« agricoles, huit millions, c'est-à-dire les quatre cin- 
« quièmes, paient moins de 20 francs de coutribu- 
« tions, » 


156 AS 

Après ces considérations générales qui auraient dû 
frapper une assemblée entièrement composée de grands 
propriétaires ruraux, M. Colomès entre dans l'exposi- 
tion spéciale de son sujet. Il résulte de ses recherches que 
le gouvernement dépense chaque année près de deux 
millions de secours spéciaux , mais que les pertes que ce 
fonds est destiné à soulager dépassent souvent cent mil- 
lions, et sont rarement au-dessous de cinquante. Il est 
évident que la répartition de la somme allouée ne peut 
produire aucun bien: le contingent assigné à une com- 
mune dont les champs ont été dévastés par la grêle, ne 
dépasse que dans des circonstances fort rares la somme 
de deux cents francs ! 

En cherchant quel remède on pourrait opposer à un 
mal aussi intense, et dont le retour périodique attaque 
la production dans son principe, M. Colomès rend jus- 
ess au système des assurances , qui offre, suivant lui, 
ile meilleur moyen de suppléer à l'imprévoyance des 
hommes ; mais il ne pense pas que les compagnies d’assu- 
rance contre la grêle, établies d’après le principe de 
la mutualité puissent présenter des résultats aussi heu- 
reux que dans les autres circonstances où ce principe 
est appliqué; il s'appuie à cet égard sur un raisonne- 
ment assez concluant. « Il y a pour ces compagnies, 
« dit-il, dans la nature même de leurs assurances, un 
« principe de mort auquel elles ne peuvent de 
« long-temps échapper : c’est l'inégalité des chances 
a courues par les divers assurés, Il n’en est pas de la 
a grêle comme des incendies. Dans ces derniers, les 
« sinistres peuvent être le résultat de l’incurie des 
« hommes, qui est à peu près la même partout ; tandis 
a que pour la grêle les chances varient à chaque pas. 
« Telle commune se souvient à peine d’avoir été frap- 
« pée par ce fléau, tandis que la voisine l’est presque 
« annuellement. C'est que les courans atmosphéri- 
« ques qui entrainent les nuages et contribuent à leur 
« formation, sont le résultat de la configuration du sol, 
« et affectent plus particulièrement de certaines direc- 
« tions... C’est donc se bercer d'illusions que d’avoir 
« foi dans l'avenir des sociétés d'assurance contre la 
« grêle, établies sur le principe de la mutualité. Une 
« société à prime, dans laquelle le paiement intégral du 
« sinistre serait garanti par l'assureur, deviendrait en- 
« core plus impossible , à moins qu'il n’y eût pour cha- 
« quelieu, pour chaque champ, une prime différente ; 


NS ie. ; 
« car si l’on établissait une prime moyenne, la même 


« pour tous les lieux, un inconvénient semblable se 
« reproduirait, et l'assureur serait bientôt ruiné. » 
Nous espérons prouver bientôt que ces appréciations 
de l'assurance à prime et mutuelle ne sont exactes que 
Mans l'hypothèse choisie par l'honorable député ; hypo- 
thèse d’après laquelle l'assurance serait bornée à une 


localité donnée, comme un département, et restreinte 


AS 

aux dommages causés par la grêle. Mais ce n’est pas le 
seul risque qui puisse atteindre la propriété rurale. 
M. Colomès se demande s’il n’existe que ces deux moyens 
de produire le bien qu’on attend d’une compagnie d’as- 
surance contre la grêle. Il s’élève d’abord contre le pré- 
jugé qui fait souvent aussi regarder une assurance comme 
une affaire lucrative, dans laquelle l’assuré reçoit plus 
qu'il ne donne; et il propose ensuite un système d’an- 
nuités par contribution ou primes remboursables en 
dix ans, dont le fonds de terre frappé par la grêle serait 
la garantie. Dans la crainte d'établir une centralisation 
qu'il croit dangereuse et nuisible, il ne veut pas faire 
dépendre d’un point unique les intérêts matériels de la 
France entière, et il se borne à demander des annuites 
départementales, c'est-à-dire une organisation d’assu- 
rance par département. C’est en cela que M. Colomès à 
avec les intentions les plus louables, nous parait s'être 
trompé , et n'avoir pas envisagé son sujet sous un point 
de vue assez vaste. Au reste son système est ingénieux et 
d’une application facile, il aborde d’ailleurs une question 
fort grave , et il est triste qu'il n’ait point été approfondi 
par la Chambre, qui lui refusa l'appui de ses lumières 
en passant à l’ordre du jour. 

Nous devons donc observer ici que plus un système 
d'assurance embrasse de risques, en s'appliquant à une 
grande superficie, plus il s'ouvre de chances de les cou- 
vrir par le nombre plus considérable d’assurés qu’il doit 
réunir, N’examinons l’économie de ce système que dans 
son application aux risques de la propriété rurale, à part 
ceux des habitations. Il est évident, par exemple, qu’en 
restreignant les opérations d’une grande compagnie aux 
assurances contre la grêle, elle n'aura pour assurés que les 
habitans des localités où ce fléau se reproduit le plus 
souvent, et que cette compagnie établie sur le principe 
de la prime ou sous celui de la mutualité, peut voir en 
une seule année se consommer toutes ses ressources. 
Dans ce cas certainement, M. Colomès a raison. Mais, 
outre que l'affection particulière des courans atmosphé- 
riques pour certaines directions n’est pas démontrée, 
puisque la formation et la précipitation de la grèle s’ef- 
fectuent spontanément, ct toujours avec les anomalies 
les plus bizarres, les propriétés rurales sont soumises à 
d’autres risques, qui, dans une vaste superficie comme 
celle de la France, compenseraient les uns par les autres 
ce qu’il y a de local et d’accidentel dans leurs sinistres. 
Ainsi, la gelée, la pluie, la sécheresse, l'invasion des 
insectes, les inondations, les éboulemens de terrain, 
sont des accidens qui peuvent affecter plus ou moins, et 
à différens intervalles, les propriétés rurales dans toutes 
les parties de la France. C’est seulement dans une vaste 
association, dans une assurance générale à prime ou 
mutuelle, 
maux occasionnés par de tels désastres. L'égoisme de 


qu'on pourrait trouver la réparation des 


AS 


localité disparaîtrait nécessairement dans cette combi- 
naison , car le canton qui n’est point exposé à la grêle 
est soumis à d’autres risques. fl résulte des recherches 
statistiques auxquelles a dù se livrer M. Colomès, que les 
pertes occasionnées par ces divers accidens s’élèvent an- 
nuellement en France à ure valeur de 50 à 100 millions. 
En prenant la moyennede ces deux sommes pour basedes 
opérations d’une puissantecompagnie d'assurance, et celle 
de dix millions de propriétaires dans le cas d’y partici- 
per comme assurés, on verra que d’une part il serait 
facile d'établir une échelle de primes , aujourd’hui sur- 
tont que les opérations cadastrales touchent à leur fin, 
d’après des bases facilement appréciables; et que, d’autre 
part, il y aurait garantie suffisante dans les recettes de la 
compagnie pour indemniser les assurés, pourvoir aux 
frais de l'administration, et pour la réalisation de béné- 
fices considérables en faveur des actionnaires du fonds 
social. Sans doute une telle entreprise exigerait peut- 
être des dispositions législatives toutes spéciales, et par 
conséquent le concours actif de tous les pouvoirs de 
l'État. Aussi ne présentons-nous point cette hypotlièse 
comme une théorie réalisable immédiatement, mais seu- 
lement comme un aperçu du bien que le système des 
assurances largement appliqué est susceptible de réaliser. 

Nous avons dit en commencant que les compagnies 
d'assurances étaient établies d'après deux modes princi- 
paux : l'assurance à prime et l'assurance mutuelle. Les 
compagnies d'assurances à prime sont les plus nom- 
breuses ; elles semblent présenter en effet plus de ga- 
ranties , tant sous le rapport de leur organisation firan- 
cière que sous celui de la surveillance légale dont elles 
sont l’objet. On appelle compagnie d'assurance à prime 
une association de capitalistes, qui, présentant un fonds 
social d’une valeur déterminée, s'engage, moyennant le 
paiement annuel d’une contribution fixe, établie d’après 
un tarif joint à ses statuts, à garantir contre tout risque ; 
suivant sa spécialité, contre l’incendie, la grèle, les 
désastres maritimes, et les habitations, les navires, les 
propriétés rurales, etc. Cette contribution ou prime est 
ordinairement établie d’après une échelle de proportion 
des objets à assurer. Ainsi, par exemple, la prime à payer 
pour l'assurance de constructions en pierres est moins 
élevée que celle exigée pour les constructions en bois. 
L’assuré passe avec l'assureur un contrat ou police où 
sont énumérées les conditions de l'assurance ; et où sont 
prévus tous les cas qui pourraient l’annuler. L'assurance 
se contracte pour un certain nombre d'années, et il 
arrivesouvent que les compagnies qui entrent en concur- 
rence avec celles établies précédemment, proclament 
comme un nouveau système d'assurance les changemens 
insignifians qu’elles apportent à ces conditions. La plu- 
part de ces compagnies sont instituées contre l'incendie j 
et les primes sont établies d'après l'évaluation en argent 


AS 157 


des objets immobiliers ou mobiliers soumis à l'assurance; 
cette prime, par exemple, est fixée à 50 c. pour chaque 
1,000 fr. de la valeur conventionnelle de l’objet assuré ; 
muis cette valeur ne saurait être fictive, et en conséquence, 
au moyen d’une prime de 10 fr. qui représenterait ainsi 
une valeur de 20,000, on ne pourrait assurer une pro- 
priété dont la valeur réelle ne serait que de 10,000. Il 
est arrivé quelquefois que la négligence apportée par 
les compagnies dans l'estime des objets assurés, les a 
rendues victimes des spéculations les plus coupables. 

La législation française, semble favoriser les opéra- 
tions des compagnies d'assurances, en rendant le locataire 
responsable de l'incendie. Le Code civil s'exprime ainsi : 
« Art. 1733. Le locataire répond de l'incendie, à moins 
« qu’il ne prouve que l'incendie est arrivé par cas for- 
« tuit, force majeure, ou par vice de construction, ou 
« que le feu a été communiqué par une maison voisine. 
e —Art. 1734. S'il y a plusieurs locataires, tous sont soli- 
« dairement responsables de l'incendie, à moins qu'ils 
« ne prouvent que l'incendie a commencé dans l’habi- 
« tation de l’un d’eux, auquel cas celui-là seul en est 
« tenu ; ou que quelques-uns ne prouvent que l'incendie 
« n’a pas commencé chez eux, auquel cas ceux-là n’en 
« sont pas tenus. » En couséquence, les compagnies 
garantissent habituellement les locataires de la respon- 
sabilité résultante de cette loi. Mais l'établissement, en 
France, d’un grand nombre de corps de pompiers, 
institués daus presque toutes les communes, et qui se 
portent rapidement sur les lieux incendiés, a rendu les 
désastres occasionnés par l'incendie assez peu fréquens ; 
et la sécurité qu'ils inspirent dans les villes surtont a 
beaucoup influé sur le peu de succès des compagnies d’as- 
suraxces. Ce devrait être pour elles une raison puissante 
de donner plus d’étendue à leurs opérations. 

Les compagnies mutuelles n’ont point de fonds social ; 
l'assuré y est assureur comme l'assureur y est assuré : 
elles se forinent par la réunion d’un certain nombre de 
personnes qui s'engagent à se garantir mutuellement 
contre les risques de l'incendie, suivant des conditions 
déterminées. Ce système n’est pas sans inconvénient, 
car la réparation des sinistres ne peut s’y opérer qu'avec 
lenteur et lorsqu’à la fin d'un exercice un appel de fonds 
est fait aux associés; la quotité de chaque contribution 
étant établie d'après celle des dommages. Il peut arriver 
que, d'après ce mode, onsoit parfaitement garanti durant 
plusieurs années sans être soumis à aucune contribution, 
et que tout à coup cette contribution s'élève à une forte 
somine ; ce qui dépend absolument du nombre de cas 
d'incendie et de celui des membres de l'association. 
L'assurance à prime fixe est donc préférable; car, d’ail- 
leurs, il ne peut jamais s'élever de contestation sur sa 
quotité. Les compagnies d’assurance à prime, et les 
compagnies d'assurance mutuelle ne peuvent opérer 


158 AS 


qu’en vertu d’une ordonnance royale qui en a reconnu 
l'existence légale , et qui en a approuvé les statuts. 

Les assurances maritimes sont toujours à prime; elles 
paraissent avoir même en France une existence assez 
ancienne, bien qu’elles fussent connues sous d’autres 
dénominations, et que le contrat qui lie l'assureur et 
l'assuré n’eût pas les mêmes conséquences. Les risques 
maritimes sont un des objets qui présentent le plus 
d’éventualités : aussi la loi s’est-elle attachée à régler 
avec une haute prévoyance cette partie essentielle du 
système d’assurance. Il parait même que la loi française 
repose, à cet égard, sur des principes assez généraux 
d'équité et de bonne foi, pour qu’elle ait été adoptée 
par toutes les nations de l'Europe. 

Il existe à Paris un assez grand nombre de compagnies 
d'assurances qui s'appliquent à des risques éventuels et 
spéciaux, comme celle qui assure les propriétaires de 
voitures contre la responsabilité qu'ils encourent des 
dommages qu’ils peuvent causer , etc. Ces associations , 
qui ont toutes un but utile, reposent sur les principes 
généraux que nous avons exposés. 

Il n'en est pas de même de l'assurance sur la vie: 
nouvellement introduite en France, on peut la définir ; 
un contrat au moyen duquel on peut léguer à autrui un 
capital après sa mort, ou se préparer à soi-même des 
ressources pour un âge plus avancé. Cette assurance 
s'opère par une prime annuelle ou une fois payée: elle 
peutavoir lieu pour un certain nombre d’années, et dans 
une foule de circonstances prévues par la police d’assu- 
rance. Les primes sont déterminées pour chaque âge, et 
suivant les professions qui présentent plus ou moins de 
chances de mortalité. 

Telle est l'économie générale du système d'assurance 
dont il nous reste à exposer la théorie mathématique. 

Tous les calculs relatifs aux assurances reposent sur 
la probabilité de la perte de l’objet assuré; il est donc 
essentiel de connaître exactement cette probabilité pour 
pouvoir établir le contrat d'assurance sur des bases 
équitables. En effet , la situation relative de l’assureur 
et de l’assuré peut être comparée à celle de deux joueurs 
dont les chances sont inégales, et qui veulent compenser 
cette inégalité par celle de leurs mises. Or, cette com- 
pensation a lieu toutes les fois que le rapport de ces 
mises est égal à celui des chances respectives ; car, pour 
mieux fixer les idées, supposons que Je gain de la partie 
dépende d’un coup de dé dont l’un des joueurs ait cinq 
faces en sa faveur, tandis que l'autre n’en a qu’une ; le 
nombre total des chances étant 6, et ces chances ayant 
autant de probabilité les unes que les autres, le pre- 
mier joueur peut donc parier cinq contre un qu'il ga- 
gnera la partie; et, conséquemment, sa mise doit être 
cinq fois plus forte que celle du second. Si donc les en- 
jeux réunis forment une somme de 120 francs, celui du 


AS 


premier joueur doit être les cing sixièmes , et celui du 
second Je sixième de cette somme; c’est-à-dire 100 fr. 
et 20 fr. Il en est de même d’un assureur qui s'engage 
à payer üne somme de 120 francs dans le cas de la des- 
truction d'un objet quelconque, lorsque la probabilité 
de cette destruction est égale à +; ses chances favorables 
sont «lors égales à 3, et il peut parier 5 contre 1 que le 
cas funeste n'arrivera pas. La prime de l’assuré, par la 
même raison , doit être la cinquième partie de ce que 
risque l'assureur , ou la sixième partie de la somme to- 
tale qui doit appartenir finalement à l’un ou à l’autre à 
l'issue de l'événement. Ainsi, dans le cas présent, cette 
prime doit être le sixième de 120 francs, ou 20 francs, 
lesquels, étant payés d'avance, réduisent à 100 francs 
la perte réelle de l'assureur dans Je cas qui lui est défa- 
vorable, 

Si l'on pouvait admettre qu'en faisant en même temps 
six opérations semblables l’assureur ne dut en rencon- 
trer qu'une seule de funeste, il est évident qu’il n’aurait 
alors ni profit ni perte, puisqu'il recevrait 6 primes de 
20 francs, ou 120 francs, et qu'il paierait 129 francs 
pour l’objet perdu. Dans ce cas, pour obtenir un béné- 
fice il lui suffirait d'exiger une prime un peu plus forte. 
Mais la probabilité % ne signifie pas que sur 6 opéra- 
tions une seule est nécessairement funeste, et l’on se 
tromperait étrangement en l'interprétant de cette ma- 
nière; car, pour continuer notre comparaison, la pro- 
babilité d'amener le point de 2, par exemple, en jetant 
un dé est bien ?, ct cependant on peut le jeter 10 fois, 
20 fois, 30 fois, etc. , sans amener ce point; comme 
aussi ce point peut se présenter plusieurs fois de suite. 
Tout ce que l’on peut conclure de cette probabilité +, 
c'est que sur un très-grand nombre de jets du méme dé, 
le point 2 se présentera dans le rapport de 1 à 5; la 
probabilité d'obtenir ce rapport augmentant avec le 
nombre des jets (Joy. ProBariLiTÉ). Ainsi, l'assureur 
ne peut espérer une exacte compensation des chances de 
gain et de perte qu’en étendant le cercle de ses opéra- 
tions, et les primes doivent être calculées de manière à 
le dédommager non-seulement de ses risques généraux, 
mais encore à lui payer l’intérèt de ses fonds et ses frais 
d'administration, 

D'un autre côté, la probabilité de la perte d’un objet 
quelconque ne peut s’évaluer avec la même certitude 
que celle des chances d’un jeu dont les conditions sont 
déterminées. Pour le jeu, la probabilité est déduite « 
priori du nombre des chances possibles , et l'expérience 
ne fait que confirmer les calculs, Pour l'objet des assu- 
rances , la probabilité ne peut être déduite qu'a poste- 
riori, et l'expérience doit précéder les calculs. 

Ce n’est donc qu'à l’aide de recherches statistiques 
qu’on peut se procurer les élémens du calcul des assu- 
rances; et, nous devons le dire, ces élémens sont encore 


AS 


trop incomplets aujourd’hui pour qu’il soit possible d'é- 
tablir une théorie rigoureuse. Les chances de la vie hu- 
maine, quoique beaucoup mieux connues que toutes les 
autres, ne sont pas même déterminées d’une manière 
certaine ; ainsi, on doit considérer la théorie actuelle 
des assurances comme une approximation à peu près 
suffisante, et que des travaux ultérieurs perfectionne- 
ront successivement. 

Les assurances contre les risques maritimes, les incen- 
dies , la gréle, etc.; et en général contre la destruction 
d’un objet matériel quelconque, se calculent de la même 
manière, On évalue l’objet à assurer; le montant de 
cette évaluation est la somme que l'assureur s'engage à 
payer en cas de perte; et cette même somme, multi- 
pliée par un facteur constant , qui est la probabilité sup- 
posée de la perte, forme la prime due par l'assuré. 
Ainsi, l'expérience ayant établi qu'il périt moins de un 
sur cent des vaisseaux anglais baleiniers, le facteur con- 
stant adopté par les compagnies d'assurances pour ces 
batimens est +; le propriétaire d’un tel vaisseau doit 
donc payer une prime égale à la centième partie de la 
valeur de sa propriété pour la faire assurer. 

Les assurances sur la vie se partagent en deux grandes 
divisions : 1° les assurances dont les sommes doivent 
être payées après la mort des assurés ; 2° les assurances 
payables du vivant des assurés. Ces divisions présentent 
une foule de combinaisons particulières dont on peut 
trouver les détails dans les statuts des compagnies d’as- 
surances. Quant aux calculs que ces combinaisons exi- 
gent, ils sont tous fondés sur les probabilités de la vie 
humaine; mais comme leur théorie est intimement liée 
à celle des rentes viagères , nous renvoyons sou expo- 
sition à l’article qui traite de ces rentes, j 

La France possède peu d'ouvrages sur les assurances; 
et nous devons regretter que l'excellent traité de 
M. Francis Baïly, intitulé : the Doctrine of life an- 
nuïlies and assurances n'ait point encore été traduit. 

ASTAROTH (4str.). Un des noms de la planète de 
Vénus. 

ASTÉRÉOMÈTRE. Instrument destiné à calculer le 
lever et le coucher des astres dont on connait la décli- 
naison et l'heure du passage au méridien, La descrip- 
tion de cet instrument a été donnée par M. Jeaurat dans 
les Mémoires de l Académie des Sciences pour 1779. 

ASTÉRIO (Astr.). Nom d'un des chiens de la con- 
stellation des CniEns DE CHASSE. 

ASTÉRISME (4str.). Da latin asterimus , dérivé du 
grec &kp, étoile. Ce mot s’'employait autrefois dans la 
langue astronomique pour celui de CONSTELLATION. 

ASTÉROIDES (A4str.). Nom donné par Herschell 
aux quatre nouvelles planètes, Junon, Pallas, Vesta et 
Cérès, découvertes par MM. Piazzi, Olbers et Har- 
ding. Ce qui a fait dire, sans doute à tort, que le célèbre 


AS = = 159 


Anglais ne voulait accorder qu’à lui seul l’honneur d’a- 
voir découvert une planète. 

ASTÉROPE (Astr.). C’est le nom de l’une des sept 
étoiles principales qui composent les Pléïades. 

ASTRAL (4str.). Ce qui a rapport aux astres , ou ce 
qui dépend des étoiles et des astres, comme année as- 
trale, sydérale , etc. Ce mot est peu en usage. 

ASTREE. C’est un des anciens noms de la constella 
tion de la Vierce. Voy. ce mot. 

ASTRES (du latin astrum). Mot général qui s’appli- 
que aux étoiles, aux planètes et aux comètes. 

ASTRODICTUM (Astr.). Instrument astronomique 
inventé par M. Wetghel, par le moyen duquel plu- 
sieurs personnes peuvent voir le même astre dans le 
même instant, 

ASTROGNOSIE. Nom d’une branche de l’astrono- 
mie qui a pour objet la connaissance des étoiles fixes, 
c'est-à-dire leurs noms , leurs rangs , leurs situations, 
etc., etc, 

ASTROKION, Un des noms de la belle étoile, plus 
connue sous celui de Sirius. 

ASTROLABE (de arr, astre, et de Aæu£are , je 
prends). Ancien instrument astronomique très-ressem- 
blant à notre sphère armilliaire, Il y a plusieurs espèces 
d’astrolabes : le premier et le plus célèbre instrument de 
ce genre est celui que fit construire Hipparque à 
Alexandrie , et qui lui servit pour diverses observations 
astronomiques. Aujourd’hui on ne fait plus usage des 
astrolabes, dont les curieux d’antiquités peuvent trou- 
ver la description dans les ouvrages de Clavius et 
d'Adrien Metius. 

ASTRONOMIE (Histoire). D’Acr#p, astre, et'yépos ; 
loi. Science des lois des astres , ou des mouvemens des 
corps célestes. 

L'astronomie est une des branches les plus impor- 
tantes des mathématiques appliquées. Elle comporte 
trois grandes divisions spéciales ; la première est l’as- 
tronomie sphérique, c'est-à-dire qui explique les phé- 
uomènes célestes d’après cette hypothèse, que la terre 
est au -centre d’une sphère dont les astres occupent la 
surface; la seconde est l'astronomie théorique, science 
qui expose les différens rapports des corps célestes entre 
eux, comme leur position relative, leur éloignement, 
leur vitesse, et qui par conséquent, s'applique à décrire 
la véritable forme de l’univers ; la troisième est l’astro- 
nomie physique, dont l’objet est de déterminer les cau- 
ses des mouvemens célestes par les principes de la mé- 
canique. Ces divisions de la science, établies par Ké- 
pler et adoptées depuis lui, en comprennent toute la 
théorie, dont l'application générale aux observations, 
à la confection des instrumens, aux calculs, se nomme 
par opposition astronomie pratiques 

Diverses sciences , telles que la géographie mathéma- 


160 AS 


uque, la navigation, la gnomonique, la chronologie et 
l'optique, sont nées de l'astronomie; c’est-à-dire qu’elles 
sont déduites des principes sur lesquels repose sa théo- 
rie. Mais chacune de ces subdivisions de la science exi- 
geant un examen spécial sera exposée ailleurs, et nous 
ne nous occuperons ici que de l'astronomie en général, 
c'est-à-dire de l’histoire de son origine et de ses progrès 
chez les diverses nations de la terre. 

Nul homme ne peut jeter les yeux vers le ciel et con- 
templer froidement le grand spectacle qu'il présente. A 
l'aspect de ces astres innombrables, de ces soleils qui 
peuplent l’immensité et éclairent des systèmes inconnus, 
une pensée grave et forte s'empare de lui. Dans la pro- 
fonde méditation où le plonge cette harmonieuse et 
puissante poésie du ciel, l'idée de l'Être éternel qui a 
imposé par sa parole d'immuables lois à ces globes lui 
devient plus claire et plus précise. "Ce n’est plus seule- 
ment une vague intuition, un besoin d'avenir pour sa 
faiblesse, c’est une certitude consolante qui le grandit 
et remplit son âme d’une noble et sainte espérance. 
Car la pensée de l’homme, souveraine à son tour, s'em- 
pare dès lors de ces grands mystères, comme s'ils étaient 
pour lui un éclatant manifeste de la puissance qui lui a 
été donnée de s’élancer au-delà de cette sphère bornée, 
où il subit un exil passager. Partout, dans ce livre im- 
mense où seul , de tous les êtres qu'il connaît, il lui a été 
réservé de lire, il aperçoit la main du Père, qui n’a pu 
lui donner une vie intellectuelle sans la faire participer 
de sa propre immortalité. Telle fut sans doute la pre- 
mière révélation de la destination humaine qui ait été 
faite à notre raison. 

L’astronomie , qui explique l’ordre de l'univers et ré- 
forme les illusions de nos sens en posant la vérité là où 
de trompeuses apparences semblent le plus démentir la 
science, a été de tout temps pour l'humanité un objet 
important de recherches et de travail, un but fixé à son 
intelligence. Si l’on veut s'assurer de l'antiquité de ses 
tentatives pour se créer une conviction sur les mouve- 
mens des astres ; si l’on veut s’assurer dece penchant na- 
tifquiesten elle, de ce besoin énergique qu’elle éprouve 
de chercher quel lien mystérieux, mais puissant, il existe 
entre elle et les phénomènes célestes ; qu’on prenne au 
hasard un homme bien organisé, mais entièrement dé- 
pourvu des notions les plus élémentaires du savoir, et 
que , d’un lieu où il est possible de découvrir une assez 
grande étendue du ciel, on lui explique en langage sim- 
ple et facile le système du monde, on verra cet homme, 
attentif et soucieux , écouter dans un recueillement pro- 
fond ces paroles nouvelles pour lui, on le verra subir tour 
à tour les impressions les plus opposées, suivant que les 
démonstrations de son maître seront admises ou rejetées 
par sa raison encore peu développée. Quelquefois un 
sourire de doute viendra effleurer ses lèvres; mais plus 


AS 


souvent un sentiment imprevu d'admiration et d'éton- 
nement s’emparera de lui, et lai causcra cette indéfinis- 
sable émotion qu’excitent en pous les accens d’une har- 
menieuse musique et la majesté sévère des grands phé- 
nomènes de la nature. Soyez certain qu'aucune de vos 
paroles n'aura été perdue, et qu’il restera dans la mé- 
moire de cet homme une trace ineffaçable de votre en- 
tretien. Et, lorsque solitaire et placé dans les mêmes 
conditions, en présence de ce grand spectacle, ses re- 
gards se reporteront involontairement vers les astres 
dont les lois lui auront été dévoilées, il aimera à repas- 
ser dans son esprit les sublimes leçons qu’il aura reçues. 
A son tour, et parmi des êtres de sa classe aussi dépourvus 
que naguère il l'était lui même de toute instruction, cet 
homme répétera, avec une satisfaction presque orgueil- 
leuse, tout ce qu’il aura pu retenir de vos leçons. Au- 
tour de lui s’éleveront certainement des contradicteurs; 
et, parmi ses compagnons émerveillés, plusieurs se le- 
veront pour opposer à ses explications le témoignage de 
leurs sens et de l’expérience. Bientôt des hypothèses 
nouvelles naîtront de ces discussions; et il faudrait, pour 
y mettre un terme, que la science elle-même, avec ses 
preuves infaillibles, vint briser tous les doutes etéclaircir 
toutes les suppositions que cette espèce de tradition au- 
rait fait naître parmi ces hommes. Telles sont à peu 
près les vicissitudes de la vérité sur la terre : l’histoire 
de l’homme que nous venons de supposer va se retrou- 
ver avec toutes ses périodes de recherches, de décou- 
vertes, de doutes et de certitudes, dans l’histoire de 
l'astronomie. 

On ne peut fixer, d’une manière conforme aux erre- 
mens positifs de la science, l'époque certaine des pre- 
mières observations astronomiques : nous croyons avoir 
suffisamment démontré que ces tentatives spontanées, 
ct dans tous les cas isolées, touchent au berceau de l’hu- 
manité. C’est pour cette raison qu'avant d’adopter un 
ordre chronologique rigoureux, nous exposerons d’a- 
bord les connaissances primitives des peuples dans 
l’ordre de leur antiquité présumée. 

Il résulte évidemment de toutes les traditions histo- 
riques, et de nombreux faits géologiques, qu’à une 
époque récente dans les temps, le globe terrestre, sou- 
mis à une immersion plus ou moins complète, a subi 
des modifications telles, que la plus grande partie des 
races humaines présentes à cette catastrophe durent 
périr. Sans entrer ici dans l’examen d'une question, 
qui suivant nous est purement philosophique, et qui ne 
se rattache que de loin au sujet dont nous nous occu- 
pons, nous dirons qu’il n’est resté sur la terre aucun mo- 
nument qui puisse indiquer le degré de civilisation où 
l'humanité était parvenue à l’époque de ce désastre. 
D'après l'hypothèse la plus conforme à la raison, hypo- 
thèse à laquelle Jes plus récentes découvertes de la géo- 


AS 


logie donnent un caractère prononcé de cer titude et. de 
réalité, les eaux de l'Océan couvriraient aujourd’hui des 
continens primitivement habités, et la plupart de ceux 
que nous habitons auraient été leur lit antérieur, Il est 
donc impossible d'admettre, comme des faits dignes 
d'être cités à l'appui des recherches scientifiques, les con- 
jectures hasardées des plus anciens écrivains sur l’évène- 
ment terrible qui semble avoir séparé pour toujours 
l'histoire mystérieuse de la race anté-diluvienne de celle 
qui lui a succédé. Il faut en conséquence rejeter comme 


une fable, reflet incertain de quelque vague et antique 


tradition, les assertions de Josèphe et de Manethon, fon- 
dées, suivant l’un, sur les colonnes construites en pierre 
et en brique, où les pères du genre humain auraient 
gravé les principes de la science astronomique et la pré- 
diction du cataclysme qui devait bouleverser la terre ; et 
suivant l’antre, sur les prétendues colonnes égyptiennes 
de Sothis ou de Thot. Manethon cependant a osé parler 
de ce dernier monument. comme, ayant été, consulté 
par des écrivains peu.antérieurs à lui, qui vivait durant 
le troisième siècle avant l’ère chrétienne. On doit d’a- 
bord supposer .que Josèphe n’a imaginé les colonnes 
d'Adam et de Seth que d’après l'inspiration de. Ma- 
nethon, et qu’ainsi ces deux traditions ont une ori- 
gine commune. Mais, si du temps de ce dernier histo- 
rien, un monument semblable existait encore en Égvpte 
dans la mémoire des prêtres, comment n’aurait-il pas 
été conservé lui-même par les hommes comme un objet 
sacré , ou comment Manethon, seul dans l'Égypte reli- 
gieuse et éclairée, avait-il pu entendre parler de ces 


titres saints et méconnus qui attestaient les malheurs 


et l'antiquité du genre humain, et dont pour la pre- 
mière fois il invoquait le témoignage ? 

Nous nous sommes arrêtés un moment sur ces hypo- 
thèses puériles, parce qu’il nous a paru utile d’en dé- 
montrer l’absurdité. Un préjugé fortement enraciné at- 
tache l’homme à de vieilles erreurs, et nous avons un 


penchant irrésistible. à à juger de la réalité d’un fait par 


16 antiquité de l'historien qui le rapporte. D'ailleurs , 


il convient d'aborder l’histoire de la science avec un es- 
prit dégagé de toute préoccupation étrangère à des dé- 
monstrations précises, et de ne chercher sou véritable 
berceau que là où la civilisation, en formulant ses be- 
soins, commence à montrer les premiers développe- 
mens de la raison humaine. 

PRE Le doux climat de l’orient, son ciel pur, la hau- 
teur de quelques-unes de ses montagnes, où peut-être 
les restes de la race anté-diluvienne cherchèrent un re- 
fuge, et descendirent ensuite dans les vastes et fertiles 
plaines qu'arrosent le Tigre et l'Euphrate, durent Y ap- 
peler de bonne heure des habitans et favoriser leur re- 
production. L’astronomie chaldéenne est la première, 
en effet, de laquelle l’histoire ait conservé quelques ob- 


AS 161 
servations qui annoncent le point de départ réel de la 
science. On a souvent fait deux;mations distinctes des 
Chaldéeus et des Babyloniens : cette erreur u’a pas peu 
contribué à jeter de la confusion dans la chronologie, 
d'ailleurs si vague et si embrouillée de ces races primi- 
tives. Il est certain que le nom de Chaldéen, poar des 
raisons qui nous sont inconnues et qui sont ensevelies 
dans le secret des anciens idiomes orientaux, fut donné 
dans la Babylonie à des sages, peut-être à un collége 
de prêtres ou à une secte philosophique. Quoiqu’on ne 
puisse point juger des civilisations passées par la nôtre, 
il est un fait inhérent à l'espèce humaine, et qui est 
commun à toutes les sociétés, c’est que les connaissances 
scientifiques, toujours excentriques et individuelles, 
ne sont partout que le privilége d’un petit nombre 
d'hommes. Les Chaldéens , pris comme peuple, ne 
sauraient donc être regardés comme les fondateurs de 
l'astronomie ; et c’est dans le.sens le plus restreint que 
nous emploierons cette expression pour désigner ces 
auciens observateurs des astres. } 

Comme toutes les connaissances humaines, les con- 
naissances astronomiques ont dù avoir une longue en- 
fance. La division du temps a d’abord été ieur seul ob- 
jet; car c’est le premier besoin social qui se fasse sentir 
dans uue agglomération d'hommes. Aussi lastronomie 
des Chaldéens consista-t-elle, avant tout, dans l’observa- 
tion du zodiaque, dans celle du lever et du coucher hé- 
liaque des constellations, c’est-à-dire dans leurs mouve- 
mens par rapport à celui du soleil; dans celle de la mar 
che de cet astre et des phases de la lune. H fallut. en- 
suite donner des noms à tous, ces astres, pour les recon- 
naître et les suivre dans leurs mouyemens divers. On 
avait remarqué que le soleil, la lune et les planètes 
alors connues, ne s’écartaient jamais d’une zône céleste, 
dans l’étendue de laquelle s’opéraient tous leurs mouye- 
mens. Cette observation donna l’idée du cercle imagi- 
maire , qu’on a nommé zodiaque, et de sa division eu 
douze constellations. 

Ce fut seulement quand elle posséda ces premières 
notions, que l'astronomie chaldéenne put se livrer à 
des observations plus régulières; mais ces notions, filles 
d’une expérience acquise d’après des apparences, et 
souvent de traditions populaires transmises d’âge en âge, 
ne reposant sur aucuns principes positifs, ne pouvaient 
encore constituer une science. Néanmoins , ces antiques 
observations sont précieuses, et méritent d’être recueil- 
lies par l’histoire; car, plus nous avons de peine à con- 
cevoir aujourd’hui comment il a été possible d'expliquer 
et d'annoncer les éclipses en s'appuyant sur les plus folles 
hypothèses du système du monde, et souyent même en 
l'absence de toute hypothèse, plus nous devons montrer 
de respect et d’admiration pour ces premières tentatives 


de l'émancipation intellectuelle de l'homme. C’est toute 
au 


162 AS 


autre chose quand il s’agit de transporter dans ja science 
même ces appréciations vagues des phénomènes célestes, 
Les premières paroles de l'enfance ont une naïveté et un 
charme auxquels on ne peut être insensible ; mais ce lan- 
gage, que dans notre âge mûr nous nous souvenons à 
peine d’avoir balbutié, ne forme point une branche essen- 
telle de l’idiome national, 

Les Chaldéens se vantaient de posséder un recueil 
d'observations astronomiques qui remontaient à 493,000 
ans. Ces incohcevables exägérations, que nous rencon- 
trerons quelquefois dans les sipputations de l’astrono- 
mie ancienne, né méritent pas d’être contredites. Mais 
peut-être n’estil pas inutile de dire qu’ellés ne sont sans 
douûte que le résultat de l'incéhérence qui règne dans la 
détérminätion primitive de l’année, et de l'ignorance ab- 
solue dans laquellé nous sommes à cet égard. En suppo- 
sant, cormmé tout porte à le croire, que cette longue pé- 
riode chaldéenne puisse se réduire à des jours, on trou- 
véräit encôre que leurs travaux astronomiques remontent 
à une haute antiquité. Les plus anciennes observations 
chaldéennes qu’il soit possible d'admettre sont celles de 
trois éclipses de lüné qui auraient eu lieu durant les an- 
nées 719 ét 720 avant J.-C. (ans 27 et 28 de l’èré de 
Nabonassar), ét dont Ptolérnée S'ect servi, probable- 
ment d’après Hipparque, le premier astronome qui ait 
recueilli avec discernement et méthode les observations 
antérieures à l'astronomie des Grecs. Il est naturel aussi 
de penser que ces observations chaldéennes n’étaient pas 
les premières qui eussent été faites à Babylone. Elles sup- 
posent évidemment des études fondées sur une longue 
expérience; mais les déterminations qui étarent r'ésultéés 
de cés premières tentatives n’avaiént point le câractère 
de précision et dé cértitude qui peut seul utiliser la éon- 
naissancé des éclipsés. Simplicius, cité par Porphvre, 
assure qu'Aristôte se fit communiquer, par l’éntrémise 
de Calisthènes, un recuéil d'obsérvations chaldéennes 
qui remontaient à 1900 ans avant Alexandre. Cela est 
fort possible, quoiqu’Aristote lui-même te parle nuile 
part d’un fait qui intéressait si expressément la Science ; 
mais ces observations, aujourd’hüi perdues, ne pouvaient 
l'être pour Ptolémée , qui a dû les rejeter én s’arrétant à 
celles des années 719 et 520, dont nous fénons dé parler, 
parce qu’ellés ne présentaient point le éme dégré de 
certitude et d’exactitude. Î] est cepeñdant demeuré établi 
que les Chaldéens avaient la connaissance dé plusieurs 
Périodes astronomiqués dont nots ne pouvons apprécier 
za justessé, paï la raison déjà doniée de l'impossibilité 
où nous sômmes de détériiner là signification qu'ils at- 
tachaient au mot de leur langue qui correspond à celui 
d'année, Cés connaissances , au reste, qui ont du être le 
Fruit de lôngués observations , ne peñmeéttént cependant 
aucune supposition favorable à l'antiquité de la &ience, 
$i l’on considère surtout que les mathématiques étaient 


AS 


à peu près ignorées des Chaldéens, dônt les éonnais- 
sances, sous ce rapport, se bornaient à un système dé nu- 
mération pratique , et qué leurs opinions sur le système 
du monde n’avaient rien de positif et de satisfaisant. 

2. Les commencemens de l’astronomié égÿptiénne 
sont demeurés cachés dans le mystère qui énvéloppait, 
chez ce peuple singulier , les institutions religieuses, 
muettes dépositaires de sa civilisation et dé $on éavoir. 

On à voulu tirer une conséquence favôrable aux con- 
naissances astronomiques des Égvptiens de la directidn 
exacte des faces de léurs pyramides vers lés quatre 
points cardinaux. Certainement le hasard ne peut avoir 
constamment produit cetté disposition remarquable de 
leurs plus anciens monumens; mais cependant aucunes 
dés observations égyptiennes ne nous ont été conservées. 
1] est au contraire historiquement prouvé que les astro- 
nomes de l’école d'Alexandrie recoururent aux obser- 
vations chaldéénnes, D’un autre côté, long-temps avant 
cette époque, Thalès, Pythagore, Eudoxe et Platon 
étaient venus de la Grèce visiter les prêtres égyptiens, 
ét ils puisèrent dans leurs entretiens les connaissances 
qu'ils rapportèrent dans leur patrie. D'où viént donc 
que les monumens èt les prêtres de l'Égypte sont de- 
meurés muets pour les savans d'Alexandrie? C’est là, 
si l’on peut s'exprimer ainsi, une de ces singularités 
de l’histoire qui doivent restér à jamais inexplicables, 
et qu’il faut se borner à faire remarquer. 

Manethon, prêtre égyptien , dont nous avons déjà êu 
l'occasion de parler, composa, vers l'an 260 avant J.-C., 
une histoire de soti pays pour l'instruction de Ptoléthée- 
Philadelphé, fils et successeur de Lagus. Il n’est pas 
possible de savoir si cet écrivain, en compilant ls éontés 
les plus absurdes , et en faisant remonter l’origine dé la 
civilisation égyptienne à une antiquité fabuleuse, répé- 
tait dés opinions reçues par la caste privilégiée dont il 
faisait partie, ou s’il voulait tromper sciemment un 
prince dé race étrangère, en lui inspirant du respect pour 
une nation dont les dieux eux-mêmes avaient gouverné 
les ancêtres durant une période immense. Quoiqu’on ne 
puisse tirer aucune induction certaine de tout ce chaos 
historique, il est demeuré prouvé, par des ônumens 
et des témoignages non suspects, que l'Égypte, dès une 
antiquité relativé fort reculée, possédait des connais- 
Sanéés astronomiques déjà avancées, que les mouve- 
mens de Mercure et de Vénus autour du soleil y avaient 
été observés ; qu’elle avait une année civilé de trois cent 
$oixante-cinq jours, divisée en douze mois de trente 
jours, et cinq jours épagomènes; que l’observation du 
lever héliaque de Syrius, dont le retour était rétardé 
chaque annéé d’un quart de jour, y avait fait fonder la 
période sothique de 1461 ans, qui ramenait les mois 
ct les Fètes, à peu de variations près, aux mêmes 
saisons. Enfin, les zodiaques égyptiens qui se sont con- 


AS 


serwés jusqu'à nous, attestent lesoin avec lequel ce peuple 
observait la position des solstices dans les constellations 
ou signes de la zone zodiacale. On lui attribue aussi l’éta- 
blissement de la période de sept jours qui formaient la 
semaine, et qui étaient placés dans l’ordre où l’ancienne 
astronomie plaçait le soleil, la lune et les planètes, d’après 
leur distance de la terre, et en partant de la plus grande : 
Saturne, samedk ; Jupiter, jeudi ; Mars, mardi ; le Soleil, 
dimanche; Vénus, vendredi ; Mercure, mercredi ; la 
Lune, lundi. Les chrétiens, qui, par un motif religieux, 
ont appelé le jour du soleil dimanche ou jour du Sei. 
gneur, ont complétement interverti cet ordre, en com- 
mençant la semaine par le jour de la lune ou le lundi. 
3. I existe à l’est et au nord de l'Asie un immense 
empire, dont la population homogène, régie par les 
mêmes lois, et surtout par les mêmes mœurs, se compte 
par myriades d'individus. Cette nation, dont la civilisa- 
tion traditionnelle se perd dans un passé sans bornes, 
et ne participe point de la nôtre , nation d'hommes qui 
ne se mêlent point aux autres hommes, qui ne connais- 
sent pas leurs ancêtres, et prétendent posséder une liste 
non interrompue de souverains, dont les plus rappro- 
chés de nous dans cette étrange chronologie, régnaient 
à une époque où, suivant nos connaissances religieuses 
et historiques , l’homme n’avait point encore apparu sur 
la tevre, la nation Chinoise enfin, se vante de conser- 
ver dans ses annales les observations astronomiques les 
plus anciennes. Quelques savans, sans adopter néan- 
moins les prétentions historiques des Chinois, semblent 
leur accorder ce dernier avantage sur les autres peuples. 
Nous n’adoptons point cette opinion; car il ne faut qu’exa- 
miner avec un peu d’attention ce qu’on nous a commu- 
niqué de ces annales, pour être convaincu qu'elles 
n'offrent qu'un assemblage incohérent de faits impossi- 
bles. Le plus ancien livre de Ja Chine, le Chouking, 
attribué à Confutzée ou Confucius, et qui aurait été écrit 
par lui il y a environ deux mille deux cent soixante ans, 
en supposant qu’il en ait été conservé des copies authen- 
tiques , n’attribue point à cet empire une origine qui 
choque d’une manière aussi tranchante toutes les idées 
del’histoire. Confutzée commence celle de la Chine à un 
empereur nommé Ya0, lequel s’occupa de l’écoulement 
des eaux qui s'étaient élevées jusqu’au ciel. Ceci est 
fort remarquable; car, d’après ce document, Yao aurait 
vécu à 4163 ou 3943 années de nous, c’est-à-dire un 
peu moins de deux mille ans avant notre ère, époque 
à laquelle toutes les traditions reçues placent la fin du 
grand cataclysme qui bouleversa le monde, et où se 
retrouve le berceau des sociétés. Ce fut, ajoute-t-on, 
environ mille ans après Yao, que l’empereur Tcheou- 
Kong fit les premières observations astronomiques qui 
puissent être utiles à la science. Mais nous ne croyons pas 
devoir nous étendre sur ce fait, pas plus que sur ceux de’ 


AS 165 


la conjonction de cinq planètes et de l’éclipse de soleil, 
qui avaient été observées en Chine durant les années2514 
et 2436 avant notre ère. Les astronomes du dernier siècle 
ont vainement voulu soumettre les prétendues observa- 
tions de ces antiques phénomènes aux lois du calcul : il 
n’est résulté de ces tentatives, et de Ja polémique dont 
elles ont été la cause, que des appréciations à peu près 
aussi vagues que celles des Chinois. Cependant, quel que 
soit l’origine de ce grand peuple, il n’est pas douteux 
que son astronomie pratique n’ait une date fort an- 
cienne. Dès l’époque la plus reculée, il existait en Chine 
un tribunal des mathématiques chargé de diriger et de 
vérifier les observations des astronomes, d’après lesquelles 
ce tribunal fixait le calendrier et annonçait les éclipses. 
Nous accordons aussi qu’on y a observé dès long-temps 
les ombres méridiennes du gnomon aux solstices, et le 
passage des astres au méridien : mais en faisant la part 
du tort réel que dut faire au progrès de la science l’in- 
cendie des livres chinois, ordonné par l'empereur Chi- 
Hoanti, vers l’an 213 avant notre ère, nous nous éton- 
nerous que la marche de la civilisation ait suivi chez cette 
nation une marche tout opposée à celle qu’elle a suivie 
partout ailleurs, c’est-à-dire qu’elle ait commencé par 
d'immenses découvertes, et fini par l'ignorance la plus 
complète des premiers élémens de la science. En général, 
il est constant que l'Europe a été dupe des contes mer- 
veilleux que lui ont faits les voyageurs du moyen-âge, y 
compris Marc Paul, sur une race d'hommes dont les insti- 
tutions bizarres, les préjugés et les mœurs se prétaient 
si bien, par leur singularité, à toutes les exagérations de 
l'imagination. Les premiers missionnaires européens qui 
pénétrèrent en Chine y trouvèrent les sciences dans un 
état peu florissant , et peu d'accord par conséquent avec 
l'antiquité depuis laquelle les Chinois se vantaient de les 
posséder. Leur géométrie ne consistait qu’en quelques 
règles très-élémentaires de l’arpentage. Ils connaissaient 
la propriété du triangle rectangle ; mais ils n’en faisaient 
aucune application. La trigonométrie sphérique, si essen - 
tielle à l’astronomie, ne leur avait point été connue 
avant le X° siècle, et il est probable qu'ils la tenaient 
des astronomes arabes. Leur arithmétique se borne 
encore aujourd’hui à quelques règles d’un usage com- 
mun, et s'exécute au moyen d’un instrument assez 
semblable à un abacus. Ils en étaient également aux 
élémens de la mécanique et de la navigation; ils n’a- 
vaient aucune idée de l'optique. Ces objections, qui 
reposent sur des données certaines, nous paraissent 
concluantes; elles nous dispenseront de parler de l’astro- 
nomie indienne, et de celle des anciens Parsis, qui se 
trouvent à peu près dans les mêmes conditions , et pré- 
sentent dans leurs observations le même degré d’inexac- 
titude et d’exagération chronologique. 

4. Avant d'aborder l'histoire authentique de l'astro- 


154 AS 


nomie , dont nous suivrons désormais en Grèce les vé- 
ritables progrès et les découvertes scientifiques, jus- 
qu'au moment où les vicissitudes des temps transporte- 
ront cette science au sein d’autres nations , il nous parait 
convenable de rappeler ici quelques circonstances qui se 
rattachent évidemment à'son origine et à son usage dans 
les siècles que nous avons appelés héroïques. [n'y a pas 
de doute que toutes les anciennes cosmogonies, une 
seule peut-être exceptée, ont plus ou moins pour base 
des observations astronomiques. Les premiers noms des 
planètes sont partout ceux des dieux. Le Soleil a régné 
en Égypte comme Mercure ; le Temps, regardé comme 
le père des dieux, est personnifié dans Saturne, la pla- 
nète qu’on croyait alors la plus éloignée du système de 
la terre; la Lune, sous le nom de Diane, a des rapports 
fréquens avec les habitans de notre globe. Tout fait pré- 
sumer que l’histoire des héros de tous les mythes anciens, 
dont les noms sontdemeurés attachés à des constellations, 
n’est aussiqu'une allégorie astronomique. Avec le temps, 
ces allégories et ces fables prirent dans l’esprit des socié- 
tés naïssantes le caractère grave de croyances religieuses. 
Cela est probable, en effet ; et l’on peut même, à l’aide 
d’une facile érudition , retrouver dans l'histoire des ci- 
vilisations passées, un nombre considérable de ces rap- 
ports étranges entre les phénomènes célestes et les théo- 
gonies ; mais il faut se garder, comme d’uñe erreur dan- 
gereuse, de donner une extension sans bornes à cette 
hypothèse historique. C'est cette erreur soutenue avec la 
persistance la plus aveugle , qui a malheureusement ins- 
piré un livre moderne, où la science et la raison sont 
continuellement sacrifiées à des appréciations arbitraires, 
exposées dans l'intérêt d’un coupable système. Nous 
voulons parler de l’Origine de tous Les cultes, production 
où l'audace du mensonge, colorée de toutes les séductions 
d’un style simple et peu scientifique, met les fausses idées 
de son auteur à la portée de toutes les intelligences. Le 
plan de Dupuis fut évidemment d'achever l'œuvre en- 
cyclopédique, en prouvant que la religion chrétienne 
n'avait pas d’autres bases que celles empruntées à l’ob- 
seryation du mouvement des astres par les anciennes 
cosmogonies, et qu'en conséquence Je christianisme 
n’était, lui aussi, qu’une fable astronomique: L'extra- 
vagance des suppositions où l’auteur est entrainé 
pour coordonner toutes les parties de.son absurde:sys- 
tème, aurait dû nous dispenser d’en parler dans cette 
partie d’un travail sérieux, où la science semble n’avoir 
à remplir qu'une mission spéciale, Mais si les jeunes 
générations auxquelles ous nous adressons ont beau- 
coup à apprendre, elles ont aussi beaucoup à oublier; 
et nous regardons comme un de nos devoirs les plus 
sacrés de leur signaler au moins les écueils contre les- 
quels leur intelligence pourrait aller se briser. Peu de 
mots suffiront, au resæ, pour placer la théogouie de 


AS 


Moïse hors des atteintes de Dupuis. L'origine du système 
du monde west point cachée dans la Genèse sous le voile 
des allégories; c’est une exposition sublime par sa sim- 
plicité, d'une grande révélation, ou, si l’on veut, d’une 
théosophie qui n’a rien de choquant pour la raison. Là, il 
n'y a rien d'emprunté à des traditions humaines. En prin- 
cipe Dieu créa le ciel et la terre : les astres, la lumière 
et le temps, tout est l'œuvre de sa parole. S’il nous 
semble dans l'histoire de l’homme que quelque chose 
reste inexpliqué, c’est sans doute que l’auteur sacré 
n’a voulu que traduire en langage humain un problème, 
dont l'explication n’appartenait point à la mission qu’il 
venait remplir sur la terre. Mais il est impossible de 
trouver dans le Sepher de Moïse aucun rapport, même 
éloigné ; avec les élémens cosmogoniques des reli- 
gions de l’antiquité. Si l’on songe ensuite que ce livre, 
qui est le plus ancien et le plus authentique dont l’hu- 
manité puisse se prévaloir, ne renferme rien qui soit 
en opposition aux lois connues de la science, :et que 
chaque jour, au contraire, les nouvelles découvertes 
viennent en justifier les appréciations phénoméniques, 
on conviendra qu’on ne doit en aborder la lecture qu’a- 
vec un profond sentiment de vénération et d'amour 
pour la vérité, 

Lorsque l'homme eut trouvé dans les phénomènes cé- 
lestes la réalisation des idées qu'il s'était faites sur la divi- 
nité, dont il avait partagé le pouvoir créateur entre une 
foule de puissances iomortelles , il se persuada facile- 
ment que les astres, doués d’une intelligence supé- 
rieure , exerçaient une influence directe sur sa destinée. 
Comme il avait fait ses dieux avec toutesses passions, 
il dut s’habituer à les considérer sous le point de vue de 
leur double nature divine et humaine; et enfin le désir 
de pénétrer dans l'avenir, désir qui se manifeste chez 
l'homme dans tous les degrés de civilisation qu’il subit, 
dut lui faire attacher une haute importance à certains 
signes ou aspect des astres ; dont son esprit égaré par une 
expérience trompeuse, tira des conséquences absolues. 
Telles sont probablement les idées qui donnèrent nais- 
sance. à l’ASTROLOGIE  JupicraiRE, c'est-à-dire: à l’art 
prétendu. de prédire l'avenir par les aspects, les posi- 
tions et les influences des corps célestes. C’est chez le, 
peuple qu’on suppose avoir eu, le premier, des notions, 
astronomiques, qu’on trouve aussi les premières traces 
de l'astrologie; tant il est vrai que dans le développe, 
ment intellectuel de l'homme, l'erreur touche de près à 
la vérité! Ce mot servit long-temps à désigner la science 
même ; ce qui prouve que dans l'antiquité on ne faisait 
nulle différence entre l'art conjectural de quelques 
imposteurs, et la connaissance scientifique des lois, des 
astres. Les Chaldéens et les Égyptiens paraissent avoir 
eu un penchant décidé pour l'astrologie : c'est encore 
sur leur autorité que s'appuient les charlatans auprès du 


AS 


vulgaire. Il est probable qué cette aberration de l'intel- 
ligence n’a pas étéle moindre obstacle qu'aient rencon- 
tré les progrès de lascience durant tant de:siècles, 
où. elle n’était cultivée que pour satisfaire une vaine 
curiosité, au moyen de calculsiet d'observations chimé- 
riques. Quoi qu’il en soit, les Chaldéens etles Égyptiens 
avaient dans toute la terre une réputation prodigieuse 
sous ce rapport; et s’il est vrai, comme le raconte 
Vitruve, qu'un prêtre chaldéen, nommé Bérose, vint 
autrefois en. Grèce, et y reçut des honneurs presque 
divins, à cause de ses connaissances astrologiques, il 
faut convenir que les hommes sont toujours disposés à 
accueillir favorablement les mensonges qui flattent leurs 
préjugés et leurs secrets penchans. Nous ne serions guère 
plus raisonnables si nous adoptions comme des décou- 
vertes réelles et des faits incontestables toutes les pré- 
tendues observations de l'astronomie ancienne, qui, si 
l'on ne les sépare pas des exagérations chronologiques 
dont elles sont accompagnées , peuvent bien n’être que 
des rêveries astrologiques, mal appréciées à l’époque où 
l'astronomie fut l’objet de travaux plus sérieux. 

Jusqu'à une époque assez rapprochée de nous, les 
folies de l’astrologie judiciaire ont souvent usurpé une 
grande place dans l’histoire de la science. On les retrouve 
dans le moyen-âge, chez les Arabes même, à qui nous 
devons des travaux si importans et si réellement scienti- 
fiques. L'Europe au XV* siècle était infatuée de cette 
prétendue science, que la grande et puissante décou- 
verte du véritable système du monde a seule pu faire 
descendre du trépied sur lequel elle rendait ses oracles. 
De nos jours on retrouve encore quelques traces de 
l'astrologie judiciaire dans des almanachs malheureu- 
sement populaires, et qui réunissent un nombre trop 
considérable de crédules lecteurs. 

5. Quoique l’illustre Newton ait pris pour l’une des 
bases de sa chronologie le fabuleux voyage des Argo- 
nautes, nous sommes peu disposés à chercher quels 
rapports peuvent exister entre cette expédition et les 


* connaissances astronomiques de la Grèce ancienne. Il 


est certain qu'avant Thalès et Pythagore, l'astronomie 
des Grecs se bornait à l'observation des levers et des 
couchers héliaques ou achroniques de quelques étoiles 
remarquables; observation pratique, et qui avait sa 
source dans les besoins de l’agriculture. On ne trouve 
rien dans Homère et surtout dans Hésiode, les plus 
anciens poètes qu’on puisse consulter à défaut d’histo- 
riens, qui s'élève au-dessus de ces notions vulgaires. 
La division du ciel en consteltations et à peu près avec 
les noms que les Grecs leur donnèrent, subsiste encore 
dans notre astronomie. Mais il serait peut-être hardi de 
vouloir déterminer l’époque où cet ingénieux travail fut 
accompli dans la Grèce. Si, comme le pensent de savans 
astronomes , ce travail était antérieur au siége de Troie, 


AS 465 


on.eu:trouverait des traces dans les poètes que nous ve- 
uous de nommer. Néanmoins l'imagination brillante de 
ce peuple, et ce génie de la fiction qui lui est propre, 
éclatent partout dans ce monument ingénieux de l’an- 
cienneastronomie. Tout porte donc à croire que les Grecs 
sont.en grande partie les auteurs de la division du ciel, 
ou que du moins ils eurent l’art d'y rattacher de bonne 
heure toutes leurs traditions nationales. Le groupe nom- 
breux des Pléiades, dont l'étymologie grecque est zac, 
beaucoup, plusieurs , sera pour eux la réunion des filles 
de l'antique Atlas; Calisto et son fils sont les Ourses; le 
brillant groupe d'étoiles qu’on découvre au midi de la 
Grèce; est le navire Argo; Castor et Pollux, Hercule, 
le Vautour qui gardait la toison d’or, le Bélier qui l’a- 
vait fournie, tous ces êtres ou ces objets imaginaires 
seront placés par eux dans le ciel, où la religion yien- 
dra bientôt consacrer leur migration poétique. 

Sans entrer dans aucune discussion au sujet de l’ori- 
gine des constellations et de la division du zodiaque, 
qui parait appartenir à des peuples plus anciens que les 
Grecs, nous dirons que cette nation, dont l’histoire se 
lie plus intimement à la nôtre, a dû emprunter par- 
ticulièrement aux Égyptiens, d’où la tradition faisait 
sortir sa civilisation, une grande partie des premiers 
wavaux de son astronomie. Cette science ne commence 
en effet à mériter ce nom dans la Grèce qu'a l’époque 
où le célèbre Thalès de Milet fonda l’école ionienne. 
Ce philosophe naquit vers l’an 640 avant notre ère: il 
u’était déja plus jeune lorsqu'il alla puiser en Égypte 
des connaissances qu’il n'avait point trouvées dans sa 
patrie, où il revint apporter une vaste instruction 
qu'il avait acquise, dit-on, dans ses entretiens avec les 
prêtres égyptiens. Le premier dans la Grèce, Thalès 
enseigna Ja sphéricité de la terre, l’obliquité de l’éclip- 
tique, expliqua les vraies causes des éclipses, et en 
prédit une au moyen d’une méthode qui nous est de- 
meurée inconnue. Cette éclipse arriva, suivant le té- 
moignage de Pline et les calculs ‘d’un astronome mo- 
derne, l'an 585 avant J.-C., ou la quatrième année de 
la XLVIII olympiade. 

Après Thalès, l’école ionienne vit fleurir successive- 
ment Anaximandre, Anaximène et Anaxagore, qui 
professèrent les doctrines de leurs maîtres, et introdui- 
sirent en Grèce l’usage du gnomon et des cartes géo- 
graphiques : le dernier fat, dit-on, proscrit par les 
Athéniens comme impie. Ces trois philosophes, nom 
sous lequel on désignait alors généralement les hommes 
dont les connaissances s’élevaient au-dessus-du vulgaire, 
établirent ainsi en Grèce les premiers principes d'une 
astronomie scientifique. Mais dans le même temps, un 
disciple de Thalès fondait en Italie une école dont la 
réputation et la gloire devaient effacer celles de l’école 
ionienne. L’'illustre et célèbre Pythagore, né à Samos, 


466 AS 


vers l'an 590 avant notre ère, se fit remarquer de bonne 
heure, par sa haute intelligence, parmi ceux qui venaient 
écouter comme lui la parole de Thalès. Le philosophe 
ionien devina le génie de son jeune disciple, et lui 
donna le conseil d’aller chercher la science aux sources 
où lui-même avait été la puiser. Pythagore partit pour 
l'Égypte, où il fut initié aux mystères célèbres de ce 
pays; mais son amour pour la science lui fit dépasser ce 
terme des voyages de son maître : il alla sur les bords 
du Gange, et puisa, dit-on, dans les entretiens des 
brahmanes les opinions, souvent si avancées, que 
professa l'école philosophique à laquelle il donna son 
nom. Sous le rapport de l'astronomie, Pythagore donna 
un développement important aux principes enseignés 
dans Fécole ionienne, en y ajoutant l'explication des deux 
mouvemens dela terre sur elle-même et autour du soleil. 
Il compléta ces notions , si justes, du vrai système du 
monde, par l'hypothèse du mouvement régulier des 
comètes et dé toutes les planètes autour du soleil. On 
enseigna plus tard dans son école, ct l’on peut penser 
que ces opinions furent aussi les siennes, que les pla- 
nètes étaient habitées, et que les étoiles étaient autant 
de soleils placés au centre d’autant de systèmes plané- 
taires. Les pythagoriciens expliquèrent également la 
distribution ou Pordre de la sphère céleste, l’obliquité 
de l'écliptique, la rondeur de la terre, l’existence des 
antipodes, la sphéricité du soleil, la cause de la lumière 
de la lune, celle de ses éclipses, 
éclipses du soleil. La plupart de ces idées leur furent 


ainsi que celle des 
communes avec l’école de Thalès, et avaient été émises 
par ce philosophe lui-même ; mais le système pythago- 
ricien les rassembla toutes, et les exposa, camme on vient 
de le dire, avec plus d’étendue et d'ensemble. 

On se demande comment la possession des vérités 
fondamentales de ce système a pu échapper à l’huma- 
nité, qui s’est glorifiée, après une longue suite de siècles, 
de les avoir reconquises. La plupart des astronomes, 
tout en témoignant leur enthousiasme pour ces grandes 
découvertes, et leur admiration pour le génie sublime 
de Pythagore, n’ont point cherché à expliquer ce phé- 
nomène historique. Mais dans le point de vue philoso- 
phique sous lequel nous examinons ici la marche de la 
science, cette circonstance est trop essentielle, pour 
qu’elle ne soit pas, de notre part, l’objet de quelques 
rapides réflexions. Et d'abord est-ce bien des brahmanes 
ou des prêtres de l'Égypte que Pythagore tira des leçons 
aussi remarquables par la grandeur et la justesse des 
vues qu’elles expriment? Il est au moins permis d’en 
douter. L’astronomie des Indiens et des Égyptiens n’é- 
tait plus avancée que celle des Grecs, à cette époque, 
que sous des rapports pratiques; mais rien n ndique 
nulle part dans leurs observations, leurs monumens et 
le peu de documens authentiques que nous possédions sur 


AS 


leur antique histoire, que la science s'y fût élevée à le 
hauteur de l'hypothèse pythagoricienne. D'ailleurs, coms 
ment Thalès qui avait eu avec les prêtres égyptiens les 
mêmes rapports que Pythagore, n’en avait-il pas reçu 
les mêmes révélations ? Faudrait-il ajouter foi à l’exis- 
tence de ces divers degrés d'initiation , dont on suppose 
que la connaissance entière des mystères était précédée ? 
Mais si les prêtres étaient en possession des idées que 
Pythagore professa sur le système du monde, pourquoi 
les maîtres ont-ils gardé le silence sur un objet qu’il a 
été permis au disciple de dévoiler? et pourquoi enfin 
cette faculté, parmi tous les hommes qui subirent les 
degrés les plus élevés de l'initiation, a-t-elle été le par- 
tage du seul Pythagore? On sent bien que toutes ces 
questions compliquent le problème au lieu de le résou: 
dre ; mais on les a exposées pour démontrer l'incertitude 
qui règne dans l'histoire de ces temps éloignés, et la 
hardiesse qu'il y aurait d'adopter, sans aucune critique, 
des faits présentés par les écrivains des siècles intermé- 
diaires avec une confiance qui ne prouve rien en faveur 
de leur authenticité. On ne peut donc que hasarder des 
hypothèses plus ou moins probables sur ces hâtives ma- 
nifestations de l'esprit humain, qui surgissent de loin 
en loin comme des clartés inattendues dans la nuit mys- 
térieuse de l’antiquité. Ainsi, il est possible que Pytha- 
gore ait profité de quelques vagues aperçus des brah- 
manes et des prêtres de l'Égypte, pour fonder son opinion 
sur le système du monde. Mais ce système lui-même dut 
naître dans la spontanéité de son génie, puisque, avant 
et après lui, l'univers entier, fidèle à ses vicilles erreurs 
méconnut les vérités qu’il était venu lui révéler. Au 
reste, il ne faut pas non plus accuser l'humanité d’une 
disposition trop prononcée à dédaigner les découvertes 
scientifiques. Elle n’entre dans le progrès qu'en vertu des 
lois qui le déterminent, c’est- à-dire qu'il n ya progrès 
pour l'humanité que là où les découvertes : scientifique- 
ment exposées, deviennent incontestables. Pythagore 
enveloppa sa doctrine des formes mystiques de l'initia- 
tion; il ne la présenta que dans un langage mystérieux 
et obscur, et mélée à des doctrines philosophiques « d'un 
ordre tout différent. Peut-être ce grand homme craignit- 
il à la fois d’exposer ses dogmes aux raïllerics du vul- 
gaire, dont ils offensaient les préjugés, etses disciples 
à des persécutions dont les malheurs d’Anaxagore ayaient 
été le prélude dans la Grèce. Au reste, son école con- 
serva long-temps, jusqu’à un certain point, la direction 
intellectuelle qu’elle avait reçue de lui; et il paraît alors 
moins surprenant qu’elle n'ait pu se placer en tête des 
progrès de la science. Philolaüs de Crotone, fut le pre- 
mier disciple de Py thagore, qui professa publiquement 
l'opinion de ce philosophe sur le mouvement de la terre : 
elle était demeurée jusqu’! à lui enveloppée dans le mys- 
tère qui couvrait les doctrines de cette école. 


AS 


Environ un sièele après Pythagore , deux astronomés 
grecs, Meton et Euctemoti, exposèrent aux jeux olym- 
piques une table astronomique où était expliqué l’ordre 
d’une période nouvelle qui devait servir à rectifier le 
calendrier de la Grèce, en conciliant les mouvemens de 
la lune et du soleil. Cette période, que les Grecs adop- 
tèrent avec enthousiasme, à été célèbre sous le not 
d’enncéadécatéride, où cycle de 19 ans. Elle était de dix- 
neufannées luuaires, dont douze se composaient de douze 
lunaisons, et les sept autres de treize. Callipe apporta 
plus tärd quelque changement à cette période qui anti- 
cipait de quélques heures sur les révolutions précises du 
soleil et sur celles de la lune. Il quadrupla le cycle de 
Meton, et en forma un nouveau de 76 ans, aù terme 
duquel on devait rétrancher un jour. Cette autre période, 
qui a été appelée cellipique, du nom de son auteur, avait 
été formée d’après l'évaluation de l’année à 365 jouts 
G heures, et offrait encore une anticipation dé quelques 
minutes. Ce défaut fut remarqué par le célèbre Hippar- 
que; mais l’usage du cycle de Callipe prévalut sur celui 
que présenta cet astroriome. Il n’est pas inutile de rap- 
peler ici que la réforme du calendrier, en 1582; fut 
nécessitée par laccumulation des anticipations de ce 
eycle depuis l’époque du concile de Nicée, jusqu'à 
cette année du seizième siècle. 

Où attribue encore à Meton et Euctemoïñ une ob- 
sérvation ästronomique fort importante pour l’histoire 
de la bcience dans la Grèce, et que nous né pouvons 
passer sous silence : c'est celle du solstite d'été de 
Fan 435 avant J:-C: Dans le siècle suivant, c’est-ä-dire 
à peu près du temps d'Alexandre, la république de 
Marseille vit naitre Pytheas, qui s’est illastré comnte 
féographe ct comme astronomé: Nous aurons l’occasion 
d'envisager sé$ trafaux sous ce double rapport : il suf- 
fira de dire, dans te rapide résumé de l'histoire de l'as- 
ironomié, qu’à cette époque Pythéas obsefya à Mar- 
seille la longueur méridienne du gnomoen añ rôlstiee 
d'été. Cette observation rémalquablé à cause dé sôn 
antiquité, est surtout précieuse pour les astionomes, en 
cé qu’elle confirmé les diminutions suctessives dé l'obh- 
quité de l’écliptique. 

C’est à Pytheas de Marseille que finit véritablement 
la première période de l'histoire de l'astronomie éhez 
les Grecs, car elle renferme tous les progrès qui s'effec- 
tuèrent dans la science depuis Thalès jusqu'à Alexandre. 
Nous croyons donc devoir passer sous silente des tra- 
vaux de quelques astronomes du siècle qui p'écéda la 
fondation de l’école d'Alexandrie, tels qu'Archslas, 
Leucippe, Démocrite, dout les observations w'appor- 
tèrent aucun changement essentiel aux hypothèses adop- 
tées avant èux. [l en est de-mêmie de Platon et de l'école 
célèbre qu'il créa. On sait que cet homme prodigiéux, 
et à qu le monde est redevable d'une philosophie qui 


AS 167 


donna üne si haute direction aux sciences morales , avait 
néanmoins adopté le système du monde, généralement 
reçu de son temps, et qui fait la terre immobile au centre 
de l’univers. Cependant Plutarque assure qu’arrivé aux 
bornes de la vie, le divin Platon renença à cette erreur, 
et embrassa le système pythagoricien. (PzuT. Quest. 
plat. 7.) Les principaux disciples de Platon qui s’occu- 
pèrent d’astronomie, comme Hélicon de Cysique et 
le célèbre Eudoxe , professèrent des opinions si erronées 
sur cette matière , que leur exposition est devenue com- 
plétement étrangère à l’histoire de la science. Aristote 
et l’école péripatéticienne ne s’occupèrent pas d’astrô- 
nomie, ou ne l’envisagèrent que dans le sens des fausses 
hypothèses dont elle était l’objet, et à l’aide d’une mau- 
vaise physique. Ce fut cependant l'opinion d’Aristote, 
basée sur des principes aussi peu solides , qui porta le 
dernier coup au système pythagoricien. Cette opinion 
fut adoptée par les plus célèbres astronomes d’Alexan- 
drie, et durant quatorze siècles l'intelligence humaine 
gravita dans le cercle étroit que l’empirisme avait tracé 
autour d'elle. Il nous reste maintenant à suivre la mar- 
che de la scierice pendant cette longue période, et à con- 
sidérer pär quels immenses travaux l’humanité racheta 
la conquête de la vérité qu’elle avait dédaignée deux 
mille ans auparavant. 

G. On a vu que l’astronomie des divers peuples civi- 
lisés, dont nous avons interrogé l’histoire, était entière- 
ment pratique. Les phénomènes des saisons, des éclip- 
ses, l'apparition des comètes, n'étaient observés que 
dans l'intérêt des besoins sociaux, et peut-être aussi 
dans celui des préjugés, que nourrissaient les frayeurs 
occasionnées par l'accomplissement de ces grandes lois 
générales. Toute la science consistait dans la connais- 
sance des diverses périodes calculées sur de longues 
observations ; elle ne rassemblait sur le système de 
l'univers qne des conjectures, dont la plupart étaient 
malheuréuses et fondées sur les rappôrts des sens avec les 
appärences des mouvemens planétaires. À dater de la foñi- 
dätion dé l’école d'Alexandrie, l'astrondinie va prendre 
ünié place plus distinguée dansles connaissances humäinés. 
Les observations s’exécuteront dès lors à l’aidè d’ins- 
t'umens ingénieux et propres à mesurer les angles : 
eHés seront calculées d’après les méthodës trigonomé- 
uiques. Des cercles du ciel seront dressés, et la posi- 
tion des étoiles sera déterminée avée uñé exactitude 
dont toutes des Observations añtérieures n'avaient point 
approché: Des mouvemens du soleil et de ln lune, 
ceux des planètes seront appréciés et saisis avec plus de 
jüstesse ; etenfin de l’énsemble des travaux entrepris 
au seih de cétté illustre écolé ; sortira ie premier Système 
astronomique complet; malgré les erreurs qu'il consä- 
crera, et qui, adopté par toutes les nations; donnera 


du moius à la science ce caractère d'unité à Paide duquel 


168 AS 


s'établira sa marche progressive vers le vrai système du 
monde. 


De toutes les branches des sciences mathématiques, 
dont les travaux de l’école d'Alexandrie accélérèrent 
les progrès, aucune ne fut cultivée avec plus d’ardeur 
et de succès que l’astronomie. Nous avons déjà présenté 
daus un article de ce Dictionnaire, sous un point de vue 
général, l’ensemble de l’histoire de la science, en par- 
lant de cette institution célèbre : nous croyons devoir y 
renvoyer le lecteur. (#oyez ALEXANDRE (ÉCOLE D.) 
Cependant, pour intervertir le moins possible l’ordre 
des recherches spéciales auxquelles nous nous livrons 
ici , nous résumerons dans quelques considérations nou- 
velles cette partie si importante de l’histoire de l’astro- 


nomie. 


Si ce que nous avons dit plus haut relativement aux 
prétendues connaissances attribuées aux prêtres égyp- 
tiens, et à l'antiquité non moins douteuse de leurs 
observations (2), avait besoin d’être plus particulièrement 
démontré, les travaux des astronomes alexandrins 
“seraient un témoignage irrécusable de la justesse de nos 
objections. Ni Aristille, ni Timocharis, ni le judicieux 
Hipparque, ni le savant et ingénieux Ptolémée, ne 
purent se servir des observations si vantées de l’antique 
et mystérieuse Égypte. Les premiers de ces grands astro- 
nomes, aidés de toute la faveur des successeurs de 
Lagus, durent avoir à leur disposition tous les docu- 
mens utiles à la science qu’ils pratiquaient ; et il est pro- 
bable que dans un pays dont les monumens étaient cou- 
verts de caractères qui dans l'opinion générale conser- 
vaient les fastes nationaux, ils eurent tous les moyens 
possibles de s’éclairer. Cependant la plus ancienne 
observation, rapportée par Ptolémée, est empruntée 
aux annales de Babylone, et elle ne remonte qu’à 
l'an 719 avant l'ère chrétienne (1). 

C’est donc à tort qu’inclinée devant ces antiques restes 
d’une civilisation à peu près inconnue, et qui ont sur- 
nagé sur les vagues des siècles, la science rêveuse cher- 
che à lire ces pages muettes pour elle, et à soulever le 
voile qui couvre le passé. 

Long-temps avant Hipparque, Aristarque de Samos 
essaya vainement de faire prévaloir à l’école d’Alexan- 
drie l'opinion pythagoricienne sur le système du monde. 
N'est-ce donc pas une preuve évidente de l’excentricité 
de ce système, que la profonde indifférence avec la- 
quelle il fut accueilli dans la terre même où l’on a pré- 
tendu qu’il avait pris naissance? Et plusieurs siècles 
après , lorsque le studieux Ptolémée rassembla tous les 
travaux astronomiques des temps anciens , la production 
de ce système ne changea rien à ses opinions, et il 
dépensa un immense talent pour expliquer le système 
opposé, qui était celui de l'Égypte, par une complica- 


AS 


tion prodigieuse de combinaisons et d’hypothèses qui 
attestent seulement la fécondité brillante de son génie. 

Cette noble tentative d’Aristarque de Samos, les 
observations importantes d'Hipparque, et les travaux 
synthétiques de Ptolémée, nous semblent caractériser 
les trois ages de l'astronomie dans l’école d'Alexandrie, 
Du temps d’Aristarque, le système général du monde 
est encore en discussion ; mais ce premier travail est inu- 
tile, et Hipparque n'apporte que peu de changemens à 
l'opinion reçue, en faisant mouvoir le soleil uniformé- 
ment dans un: ordre circulaire, et en éloignant la terre 
de la vingt-quatrième partie da rayon, au lieu de la pla- 
cer à son centre. Ptolémée s'empare en maitre de ces 
divers travaux , il les coordonne ; les rectifie suivant de 
nouvelles observations opérées à l’aide de meilleurs 
instrumens ; et forme un système qui diffère peu de celui 
d'Hipparque et de celui des Égyptiens ; mais il l’entoure 
d'explications qui étonnent l'imagination, et qui sup- 
posent en lui une science si profonde que nul après 
lui n’osera porter la main sur son œuvre, 

La découverte qui a immortalisé Hipparque est celle 
de la précession des équinoxes ; et ce fut pour expliquer 
ce phénomène réel de l'inégalité des deux intervalles 
d’un équinoxe à l’autre, qu'il proposa son hypothèse 
sur le mouvement du soleil. Ptolémée confirma cette 
découverte par de nouvelles observations, mais il n’en 
donna pas des explications plus satisfaisantes. La plus 
importante de celles qu’on attribue à ce gramd astro- 
nome est celle de l’évection de la lune. ( Voyez ce mot. ) 
Voici au surplus l’idée générale qu'on peut se faire de 
son système, et qu’il est important de connaître pour bien 
comprendre la nature des progrès de l’astrondmie mo- 
derne et l'importance des travaux des Arabes durant le 
moyen-âge. Nous empruntons à La Place l’expositionque 
ce savant et illustre géomètre en a faite en ces termes : 
« Ce fut, dans l'antiquité , une opinion générale, que le 
« mouvement uniforme et circulaire, comme le plus par- 
« fait, devait être celui des astres. Cette erreur s’est 
« maintenue jusqu'a Képler, qu’elle arrêta pendant 
« long-temps dans ses recherches. Ptolémée l'adopta, 
« et plaçant la terre au centre des mouvemens célestes, 
« il ‘essaya de représenter leurs inégalités dans cette 
« hypothèse. Que l’on imagine en mouvement sur une 
« première circonférence dont la terre occupe le centre, 
« celui d’une circonférence sur laquellese meut le centre 
« d’une troisième circonférence ; et ainsi de suite jus- 
« qu’à la dernière que l’astre décrit uniformément. Si 
« le rayon d’une de ces circonférences surpasse la somme 
« des autres rayons, ce mouvement apparent de l’astre 
« autour de la terre, sera composé d’un moyen mou- 
« vement uniforme, et de plusieurs inégalités dépen- 
« dantes des rapports qu'ont entre eux les rayons des 
« diverses circonférences , et des mouvemens de Jeurs 


AS 


« centres et de l’astre. On peut donc, en multipliant et 
« en déterminant convenablement ces quantités , repré- 
« senter toutes les inégalités de ce mouvement apparent. 
Telle est la manière la plus générale d'envisager l'hy- 
« pothèse des épicycles et des excentriques; car un 
« excentrique peut être considéré comme un cercle 


= 


« dont le centre se meut autour de la terre avec une 
« vitesse plus ou moins grande, et qui devient nulle 
« s’il est immobile. » 

« Ptolémée suppose le soleil , la lune et les planètes 
« en mouvement autour de la terre dans cet ordre de 
« distances : la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, 
« Mars, Jupiter et Saturne. Chacune des planètes su- 
« périeures au soleil était mue sur un épicycle dont le 
« centre décrivait autour de la terre un excentrique 
« dans un temps égal à celui de la révolution de la 
« planète. La période du mouvement de l’astre sur 
« l’épicycle, était celle d’une révolution solaire, et il 
« se trouvait toujours en opposition au soleil lorsqu'il 
« atteignait le point de lépicycle le plus près de la 
« terre. Rien ne déterminait dans ce système la gran- 
« deur absolue du cercle et des épicycles : Ptolémée 
« n’avait besoin que de connaître le rapport du rayon 
« de chaque épicycle à celui du cercle décrit par son 
« centre. Il faisait mouvoir pareillement chaque pla- 
« nète inférieure sur un épicycle dont le centre décri- 
« vait un excentrique autour de la terre; mais le mou- 
« vement de ce point était égal au mouvement solaire, 
« et la planète parcourait son épicyle pendant un temps 
« qui, dans Fastronomie moderne, est celui de sa révo- 
« lution autour du soleil; la planète était toujours en 
« conjonction avec lui, lorsqu'elle parvenait au point 
« le plus bas de son épicycle. Rien ne déterminait 
encore ici la grandeur absolue des cercles et des épi- 
« cycles. Les astronomes antérieurs à Ptolémée étaient 
« partagés sur les rangs de Mercure et de Vénus dans 
le système planétaire. Les plus anciens dont il suivit 


2 


l'opinion, les mettaient au-dessous du soleil ; les 
autres plaçaient cès astres au-dessus : enfin quelques 


= 


« Égyptiens les faisaient mouvoir autour du soleil. » 

Telles sont les hypothèses principales du système de 
Ptolémée. Ce système dont l’adoption générale rendit 
tout progrès impossible, marque un point d'arrêt dans la 
marche de l'esprit humain. Comme il rassemblait toutes 
les connaissances antérieures à sa production, il fut 
aussi durant une longue période, l’axe sur lequel vinrent 
se grouper toutes les recherches postérieures. 

7- Tandis que l’Europe et cette partie de l’Asie, quéla 
politique romaine y avait rattachée par ses conquêtes et ses 
lois, subissaient une transformation complète dans leurs 
mœurs , leur religion et leur droit public; tandis que 
de puissantes révolutions changaient la ficé du monde 
civilisé, que des royaumes s’élevaient sur les débris des 


AS 169 


royaumes, que des nations nouvelles s’élançant d'une zonc 
inconnue, venaient s'asseoir au foyer dévasté des viciies 
nations , et que les sciences et les lettres disparaissaient 
comme englouties sous les ruines des anciens monu- 
mens : une nâtion jeune, malgré ss antiques traditions, 
brave, spirituelle et remarquable par l'énergie de son 
enthousiasme religieux, se révélait au monde par sa puis- 
sance intellectuelle, après l'avoir menacé par la puis- 
sance victorieuse de ses armes. Les sciences et les lettres 
trouvèrent un refuge chez cette noble nation , alors que 
leur flambeau s’éteignait dans le sang des peuples où il 
avait autrefois répandu de vives clartés. La religion 
nouvelle, qu’elle adopta avec l’ardeur naturelle de son 
caractère, modifia durant quelque temps ses mœurs 
patriarchales, en lui inspirant une ferveur de prosély- 
tisme qui lui fit soumettre la raison au tranchant du 
sabre. Mais quand ses prémiers khalyfes eurent accompli 
la pensée de Mahomet par d’immenses conquêtes, elle 
retrouva dans les loisirs de la paix toutes les traditions 
de sa belle civilisation, Passionnée pour la poésie et pour 
l’éloquence, elle eut de nouveau des palmes pour les 
poètes et les orateurs ; elle cultiva les sciences mathé- 
matiques, et surtout l’astronomie, dont son ciel sans 
nuages devait favoriser les observations; et l'Europe, 
courbée sous la hache des hommes du Nord , ne la suivit 
que lentement, et de bien loin, dans la voie de la régé- 
nération ct du progrès. 

Telle fut la nation arabe, dont les glorieusés annales 
renferment tant de faits intéressaris pour l’histoire des 
sciences , et que d’aveugles préjugés nous ont long-temps 
montrée comme une nation barbare, en calomniant 
jusqu’à sa religion. 

Nous ne parlerons point de l'astronomie des anciens 
Arabes : leurs connaissances pratiques dans cette science 
ne s’élevaient guère ‘au-dessus de celles que les Grecs 
possédaient avant Thalès, et ce fut seulement sous lés 
kbalyfes de la dynastie des Abbassydes qu’ils cominen: 
cèrent à en faire l’objet de recherches sérieuses. Lie cé- 
lèbre El-Mansour, surnommé Abou-Djafar ( Almanzor- 
le-Victorieux), eut la plus grande part à la révolution 
intellectuelle qui s’opéra chez les Arabes. Ce khalyfe, qui 
monta sur le trône vers le milieu du huitième siècle ( a 
de J.-C. 754, de l'hégyre 136), encouragea les sciences | 
par ses libéralités, par la faveur dont il hoñorait ceux 
qui les cultivaient, et surtout par son propre exemple, 
car il s’adonna lui-même avec beaucoup d'ardeur à 
l'étude de l'astronomie. Ses successeurs marchèrent Sur 
ses traces ; le célèbre Haroun-äl-Raschyd et sôn fils Mu£ 
hamed-el-Amyr favorisèrent dé tout leur pouvoir1é 
mouvement civilisateur qui s'était manifesté paires 
Arabes. Le brillant règne de ces princes à lasséqaris 
l'Orient d’impérissables souvenirs; les cotites inffénieurs} 


qui ont amusé notre enfance, ne sont qu'un seflet Ge 


ee 


470 :- - _——- AS 


ete époque de progrès, que plus tard l'imagination 
ardente de ces peuples qui viven de poésie, reproduisit 
dans leurs traditions avec l’exagération et l'amour du 
merveilleux qui lui sont naturels. Mais parmi tous les 
princes arabes qui s’illustrèrent par leur amour pour les 
sciences, le khalife Él-Mamoun-Abd-Allah, deuxième 
fils d'Haroun, et qui monta sur le trône l'an 198 
de l’hégyre (813-14 de J.-C.), mérite une mention 
particulière. Il protégea les sciences en souverain et en 
philosophe ; car, magnanime comme Alexandre, il 
n’oublia pas dans ses expéditions guerrières le noble but 
qu'il s'était fixé : il imposa à Michel HI un tribut en 
livres, trésor de l'antique civilisation de la Grèce, et 
plus tard il fitla guerre à Théophile qui avait refusé 
de laisser partir pour Bagdad Léon, archevèque de 
Thessalonique, que cet empereur chrétien laissait vivre 
du prix des leçons qu’il était obligé de donner aux escla- 
ves. À dater du règne d'Él-Mamoun toutes les sciences » 
et particulièrement l'astronomie, prirent chez les Arabes 
un développement prodigieux, et une foule d'hommes 
remarquables par leurs travaux et leur aptitude scienti- 
fiques, se pressèrent autour de son trône. L’Æ/mageste 
fut traduit comme tous les ouvrages mathématiques de 
la Grèce et de l’école d'Alexandrie. Les astronomes de 
Bagdad firent un grand nombre d'observations impor- 
tantes, et dressèrent de nouvelles tables du soleil et de 
la lune, plus exactes que celles de Ptolémée, auxquelles 
on a donné le nom de Tables vérifiées. Is détermi- 
nèrent avec plus de précision qu'Hipparque la durée de 
l’année tropique, et mesurèrent dans une plaine de la 
Mésopotamie un degré du méridien, dans le but d’ob- 
tenir une évaluation juste de la grandeur de la terre. 

Nous aurions à citer un grand nombre d’astronomes 
célèbres qui se distinguèrent par d’utiles et grands tra- 
vaux sous le règne d'Él-Mamoun, et sous celui de ses 
successeurs ; car l'astronomie se ressentit long-temps de 
la protection puissante que lui avait accordée ce prince 
éclairé. Cette revue intéressante nous ferait dépasser de 
beaucoup les bornes qui nous sont imposées; nous con- 
sacrerons des biographies à ceux dont les découvertes 
ont le plus contribué aux progrès de la science, et nous 
renverrons le lecteur, pour les autres, au recueil de 
d'Herbelot, et aux diverses bibliothèques orientales, 
Voyez ALuASEN, ALBATENIUS, etc. 

Les Arabes ne se bornèrent pas à des observations, 
dont lascience moderne a souvent l’occasion d'apprécier 
l'exactitude; ils donnèrent aussi tous leurs soins à la 
perfection des instrumens astronomiques; et lorsque, 
par leur invasion en Espagne, ils furent à même de 
communiquer à l'Europe les connaissances qu'ils avaient 
acquises, ce moyen puissant d’en vérifier les calculs et 
les résultats contribua beaucoup à les répandre. 

Aiusi, l’époque à laquelle nous avons donné le nom 


AS 


de moyen-äge, qui fut pour nous une époque de ténè- 
bres et de servitude, renferme la période la plus bril- 
lante de l’histoire des Arabes. Lorsque nos chevaliers, 
aussi braves qu’ignorans, suivirent en Orient ces my- 
riades de pélerins armés qu'y conduisait l’exaltation 
religieuse, ils s’imaginaient aller combattre des bar- 
bares , dignes à peine de tomber sous leur noble épée. 
Ils eurent affaire à une nation aussi vaillante qu’éclairée, 
et la civilisation arabe triompha de cette attaque for- 
midable : mais les chrétiens rapportèrent d'Orient des 
idées qui germèrent en Europe, et concoururent plus 
tard à sa rénovation intellectuelle. Tel fut le résultat le 
plus positif des croisades. Il est grand sans doute, et 
témoigne éloquemment de la direction providentielle 
que subit l’histoire sociale. 

8. Vers le milieu du XI° siècle, les Persans, long- 
temps soumis aux Arabes, secouèrent le joug de leurs 
khalyfes; mais ils continuèrent à pratiquer les sciences 
que leurs conquérans leur avaient enseignées. Omar- 
Cheyau , l’un de leurs plus célèbres astronomes, reforma 
leur calendrier, dans lequel on trouve une intercala- 
tion que Dominique Cassini , à la fin du XVII° siècle, 
proposa comme plus exacte que l’intercalation grégo- 
rienne. Ce savant paraîtavoir ignoré l'existence déjà an- 
cienne de ces progrès astronomiques chez les Persans. 
Deux siècles après, Holagu-Ilecoukan, souverain de la 
Perse, donna aux études astronomiques les plus louables 
encouragemens, et Ulugh-Beigh, un de ses successeurs, 
doit être mis lui-même au rang des meilleurs obser- 
vateurs. Il mesura, en 1477, l’obliquité de l’écliptique, 
et dressa des tables astronomiques que celles de Tycho- 
Brahé surpassèrent seules en exactitude et en perfection. 

La Chine participa durant le moyen-âge de ces pro- 
grès généraux de l'astronomie dans l'Orient. Nous de- 
vons aux missionnaires chrétiens, et particulièrement 
au savant jésuite Gaubil, la connaissance d’une suite 
d'observations qui s'étendent de l’an 1100 avant notre 
ère, jusqu'en 1280 après. Dans le V® siècle, un habile 
astronome chinois, nommé Tsoutchong, avait déter- 
miné la grandeur de l'année tropique avec plus d’exac- 
titude que les Grecs et les Arabes, en la fixant à 
365 jours 24282. Cette évaluation est à peu de chose 
près celle de Copernic. 

En 1271, Kobilai, cinquième successeur de Genpgis- 
Kan, protégca l'astronomie, en Chine, ayec autant de 
zèle et de générosité que son frère Holagu-[lecoukan 
en Perse. Il est curieux de suivre ces migrations diverses 
de la science : des Arabes chez les Persans, des Persans 
chez les Tartares, des Tartares chez les Chinois, Kabilai 
nomma chef du tribunal des mathématiques Cocheou- 
King, qui est le Ptolémée de la Chine. Ce célèbre 
observateur a. laissé des travaux remarquables que le 
père Gaubil a communiqués à l'Europe. Il fit construire 


AS 


an grand nombre d’instrumens supérieurs à ceux dont 
on avait fait usage jusqu'alors, et entre autres un gno- 
mon d’une grande dimension, à l’aide duquel il put 
faive des observations importantes sur les diminutions 
de l'obliquité de l'écliptique et de l’excentricité du 
globe terrestre. 

9. C’est à peu près À cette époque qu’Alphonse, roi 
de Castille, et Frédéric IT, empereur d'Allemagne, 
côminencèrent à encourager les études astronomiques, 
ét que la science, rendue à l’Europe par les Arabes, 
jeta quelques rayons de lumière au milieu des épaisses 
ténèbres ‘qui couvraient ce pays. Les tables astrono- 
miqués drossées pari les soins du premier de ces princes, 
Ja traduction de V'{lmageste de Ptolémée, due aux 
encouragemens du second, furent les premiers indices 
importans de la révolution intellectuelle que Europe 
aaitsubir dansles siècles suivans. L’astronomie, dont les 
connaissances étaient alors mélées à beaucoup d'erreurs 
el de rêveries astrologiques, fut spécialement l’objet de 
quelques utiles travaux, parmi lesquels se distinguent 
ceux de Sacro-Bosco (Jean de Halifax), de Campanus de 
Novarre , de Girard de Crémone, qu’on croit avoir été 
le premier traducteur de lA/mageste en latin. 

Ce mouvement continua durant le XIV° et le XV* 
sièele: Pierre d’Apono, Marc de Bénévent et George 
Purbacb se jetèrent avec une sorte d’enthousiasme sur 
los écrits des anciens, les commentèrent, les analysèrent, 
et préparèrent ainsi la voie des découvertes dans laquelle 
la science ‘allait s’élancer après eux. Ce fut alors que 


pürut le célèbre Jean Muller, plus connu sous 1e nom 


dé Regiomontanus, l’un des observateurs les plus re- 
marquables du système astronomique de Ptolémée, dont 
il découvrit même, dit-on, les erreurs, qu’il fut sur le 
point de sacrifier à l’ancienne opinion pythagoricienne. 
Mais le moment m'était pas venu de cette grande et 
heureuse révolution, et l'honneur de la commencer 
était réservé à un autre. Regiomontanus acheva d’im- 
inenses travaux dans toutes les parties de l’astrono- 
mie, et son observation de la comète de 1472, pour 
laquelle il écrivit un traité spécial, est encore aujour- 
d'hui d’un haut intérêt. Cet astronome, qui mourut 
jeune, laissa à de nombreux disciples le soin de perfec- 
tionner sa méthode et de continuer ses observations. 
Parmi eux se distingue Bernhard Walther, que, suivant 
l'usage de ce temps, on a appelé ##/altherus. I est le 
premier astronome moderne qui ait observé le phéno- 
mène de la réfraction. 

Ces savans et laborieux astronomes, ainsi qu’un grand 
nombre d’autres qui tiennent une place honorable dans 
l’histoire de la science, ne firent aucune découverte im- 
portante ; mais ils préparèrent celles du XVI® siècle, ère 
de rénovation dans laquelle nous allons enfin entrer, et 
où nous allons voir poux la dernière fois le génie aux 


AS 174 
prises avec les préjugés et les erreurs dont une longue 
suite de siècles avaient pour ainsi dire consacré la ja - 
louse autorité. 

10. Le système de Ptolémée, comme on l’a dit plus 
haut, avait résumé toute l'astronomie ancienne : il fut 
durant près de quatorze cents ans la base fondamentale 
de la science ; il régna sans contestation, et toutes les 
observations furent faites dans le sens de l’hypothèse 
qu’il avait convertie en loi. Ainsi, l’histoire de l’astro- 
nomie, envisagée d’une manière générale, peut se di- 
viser en trois grandes périodes, La première est celle 
des systèmes pratiques, si l'on peut s'exprimer ainsi, 
c’est-à-dire celle où chaque nation avait adopté une hy- 
pothèse suivant ses préjugés, ses besoins sociaux et ses 
croyances religieuses. Cette époque est peut-être celle 
des plus grands travaux de l'humanité : à travers de 
nombreuses erreurs, on voit cependant peu à peu chez 
toutes les nations des idées raisonnables, des appréciations 
justes des phénomènes célestes, servir de base à des 
observations utiles. Durant cette périvde, l’homme par- 
vient à s'assurer de la sphéricité de la terre et de celle 
des planètes : il observe la déclinaison de l’écliptique, et 
découvre la précession des équinoxes. Alors un sage ex- 
pose sur le système de l’univers une idée juste, qui ne 
peuttriompher des préjugés existans, fondés sur des ap- 
parences, que cette idée trop avancée n’explique pas 
d’une manière assez précise, assez satisfaisante. Une se- 
conde période historique commence à Ptolémée; elle n’a 
pas d’autre nom que celui de cet astronome, qui, mettant 
un terme aux vagues incertitudes du passé, s'empare de 
l'avenir, et enchaîne la raison humaine dans les cercles 
ingénieux que son hypothèse a tracés dans le ciel. Alors 
les travaux astronomiques n’ont plus d’autre but que de 
trouver une mesure plus exacte de la terre, une division 
du temps qui tienne compte des distances les moins sai- 
sissables par les sens, de déterminer avec plus de préci- 
sion l'apogée du soleil, l'inclinaison de lécliptique et 
tous les phénomènes célestes. Après quatorze siècles , 
l'humanité conçoit enfin des doutes sur la réalité de ce 
système. Une troisième et brillante période commence 
pour l'histoire de l’astronomie : c’est celle de Copernic. 
Une fois le préjugé vaincu dans sa base essentielle, l’es- 
prit humain marche de découvertes en découvertes, et 
en moins de deux siècles tous les travaux des généra- 
tions passées sont anéantis, toutes les hypothèses ren- 
versées ; la science, dans son vol hardi, ets’appuyaytsur 
d’incontestables certitudes, mesure la distance de la terre 
au soleil, pèse tous les globes dans sa main puissante , et 
détermine les lois en vertu desquelles ils se meuvent 
dans l’espace; elle pénètre au sein de tous les mystères 
de la création, et explique tous les phénomènes célestes 
avec une autorité qui n’admet ni doute ni hésitation. 


15 Sclare : LE 'ARUR. « 
L'homme, en vertu de sa raison, déclare alors être en 


479 


ÀAS 


possession de la vérité! Ce spectacle est beau, cette 
révolution est immense, et cependant la science n’est 
encore qu’à l'aurore de son règne. 

Ce fut le 19 février 1473, que Nicolas Copernic na- 
quit à Thorn, petite ville de la Prusse. Cet homme, dont 
le nom est désormais immortel, manifesta de bonne 
heure son goût pour les hautes études astronomiques. 11 
alla s'instruire en Italie aux leçons de Dominique Maria, 
et obtint à Rome une chaire de professeur. Déjà des ob- 
servations avaient commencé, et la complication bizarre 
des hypothèses de Ptolémée lui avait fait penser que 
le système du monde reposait sur un ordre différent. 
Pourvu d’un canonicat dans la ville de Fravenberg, il 
se livra dans la retraite à de profondes méditations, et, 
frappé de la majestueuse simplicité de l'opinion pytha- 
goricienne, elle servit de point de départ à ses travaux. 
Copernic appliqua à ce système toutes les observations 
qui avaient été faites dans l'hypothèse de Ptolémée; et 
il vit avec joie que ces observations se liaient admira- 
blement à la théorie du mouvement de la terre. I1 se 
rendit compte de la révolution diurne apparente du 
ciel par le mouvement de rotation de la terre, et de 
la précession des équinoxes par le mouvement d’oscil- 
lation qui s'opère dans J'axe de la terre. Ainsi, les 
cercles imaginés par Ptolémée n’expliquèrent plus à 
Copernic les mouvemens directs et rétrogrades des pla- 
nètes ; il jugea que ces phénomènes n'étaient que des 
apparences produites par la combinaison du mouve- 
ment de la terre autour du soleil avec celui des pla- 
nètes; cette découverte le mit à même de déterminer 
les dimensions de leurs orbes. Ce fut après trente-six 
ans d’études , de méditations et d'observations, que Co- 
pernic, parvenu déjà à une extrême vieillesse, publia 
l'ouvrage dans lequel il avait consigné et expliqué le 
vrai système du monde, sous le titre de : Révolutions cc- 
lestes (De revolutionibus cœlestibus ); mais il n'osa le 
présenter que sous la forme d’une hypothèse ; car il 
comprenait toute la force du préjugé qu'il venait com- 
battre, et de quelles difficultés est entourée la produc- 
tion d’une vérité nouvelle. L'illustre Copernic ne put 
être témoin du succès de son ouvrage : il mourut tout à 
coup à l’âge de soixante-onze ans, peu de jours après 
avoir reçu le premier exemplaire de sou livre , imprimé 
à Nuremberg. 

Joachim Rheticus, qui avait quitté sa chaire de pro- 
fesseur à Wittemberg pour venir entendre Copernic, 
dont les idées nouvelles sur le système du monde com- 
mençaent à se répandre, fut le premier de ses disciples 
qui adopta publiquement ce système. C'était lui qui avait 
tiomphé de la répugnance timide de l’illustre vieillard 
pour la publicité, et qui l'avait déterminé à livrer son 
ouvrage à l'impression. Mais si tous les esprits éclairés 


furent frappés de l'évidence des idées de Copernic, elles 


AS 


eurént alors à triompher d’un obstacle plus difficile à 
vaincre que les préjugés de la routine et des opinions 
populaires. Il est douloureux de le dire, l'Église ro- 
maine crut trouver dans ce système une démonstration 
contraire aux enseignemens de la religion. La décou- 
verte admirable du télescope et les progrès des sciences 
mathématiques vinrent bientôt confirmer toutes les ap- 
préciations de Copernic; et cependant, Galilée, déjà 
vieux, fut obligé d’humilier sa raison devant un tribu- 
nal ecclésiastique, en niant la réalité d’un mouvement 
qui lui était démontré. 

Au moment où Copernic descendait dan la tombe, 
le Danemarck voyait naître Tycho-Brahé, l’un des plus 
grands observateurs qu’ait eus l'astronomie. Les tra- 
vaux de cet homme célèbre appartiennent entièrement 
aux théories de la science : ils seront exposés ailleurs; 
et nous ne croyons pas utile de donner ici une idée qui 
serait nécessairement incomplète de l’hypothèse à la- 
quelle il a donné son nom, et qu’il vint jeter entre le 
système de Ptolémée et celui de Copernic. Les décou- 
vertes de Galilée; bientôt après, les admirables lois de 
Képler, disciple.cependant de Tycho-Brahé; les tra- 
vaux d'Huygens, et les progrès toujours croissans des 
sciences mathématiques, mirent, dès la fin du dix-sep- 
tième siècle, les opinions de Copernic à l'abri de toute 
discussion. 

Cependant, la découverte des lois des mouvemens 
célestes n’était pas le dernier point où, après tant de 
travaux et d'efforts, l’esprit humain devait parvenir ; il 
lui restait encore à s'élever jusqu’à la cause immédiate, 
jusqu’au principe général dont ces lois dérivent. Un 
philosophe français, dont les travaux ont été si utiles 
aux sciences, et dont le beau nom n’est pas encore en- 
vironné dans sa patrie d’assez de respect et d’admira- 
tion, Descartes enfin , songea le premier à résoudre ce 
grand problème, en ramenant à la mécanique la cause 
de ces mouvemens ; mais il s’égara dès son point de dé- 
part. « Il était réservé à Newton, dit La Place, de nous 
» faire connaitre le principe général des mouvemens 
» célestes. La nature, en le douant d’un profond génie, 
» prit encore soin de le piacer dans les circonstances les 
» plus favorables. Descartes avait changé la face des 
» sciences mathématiques par l'application féconde de 
» l'algèbre à la théorie des courbes et des fonctions va- 
» riables. Wallis, Wren et Huygens venaient de trouver 
» les lois de la communication du mouvement. Les dé- 
» couvertes de Galilée sur la chute des graves, et celles 
» d'Huygens sur les développées et sur la force centri- 
» fuge, conduisaient à la théorie du mouvement dans 
» les courbes. Képler avait déterminé celles que décri- 
» vent les planètes; et il avait entrevu la gravitation 

‘» universelle. Enfin Hook avait très-bien vu que les 
» mouvemens planétaires sont le résultat d’une force 


AS 


».primitive de projection combinée avec la force attrac- 
» tive du soleil. La mécanique céleste n’attendait ainsi , 
» pour éclore, qu’un homme de génie, qui, rappro- 
» chant et généralisant ces découvertes, sût en tirer la 
» loi de la pesanteur. C’est ce que Newton exécuta dans 
» son ouvrage des Principes mathématiques de la philo- 
» sophie naturelle. » 

Mais dès ce moment l'astronomie n’a plus d'histoire , 
ou plutôt son histoire n’est que le développement de 
ses théories et l’exposition scientifique des observations 
dont elles se composent : c’est la science elle-même. 11 se- 
rait contraire à notre plan de donner plus d’étendue à 
ce résumé des travaux astronomiques qui ont précédé 
Yépoque où le système général de l'univers a été établi 
sur des bases certaines. Ce que nous avons voulu sur- 
tout, dans ce rapide exposé, a été de montrer par 
quelles voies lentes et multipliées l'esprit humain a dùû 
passer pour arriver à la découverte de la vérité. C'est 
dans ce but que nous avons recherché avec plus de dé- 
tails l’origine des premières connaissances astronomi- 
ques chez les nations les plus célèbres de l'antiquité. 
Nous avons évité à dessein de porter le même examen 
dans l’histoire des peuples moins avancés en civilisation, 
comme les habitans du sud de l’Afrique, les Péruviens 
et les tribus qui habitent l'Océanie. Les phénomènes in- 
tellectuels que nous avons observés parmi les nations 
antiques se retrouvent partout avec de légères différen- 
ces, qui tiennent au climat et aux mœurs; partout 
l'homme s’est laissé guider par des apparences trom- 
peuses; partout l'erreur se présente avec les ‘mëmes 
caractères. 

De toutes les sciences; l’astronomie est peut-être celle 
dont l’histoire est le plus intimement liée à l’histoire in- 
tellectuelle et sociale de l’homme. Ce rapprochement, 
nous l’espérons , aura frappé le lecteur qui se sera élevé 
avec nous à toutes les considérations philosophiques 
qu'il doit inspirer. Après bien des jours; après avoir 
subi le joug de toutes les erreurs, l'humanité triom- 
phante, émancipée par la science, se trouvera bientôt 
digne d’entrevoir l’accomplissement de sa haute desti- 
nation , et la réalisation des sublimes espérances qui se 
révèlent à sa raison. C’est avec cette direction d'idées 
qu’on doit aborder l’étude des sciences; et ce résumé 
des vicissitudes historiques de l’astronomie, ne doit être 
considéré que comme une introduction nécessaire à la 
méthode philosophique, à laquelle fera bientôt place le 

- froid empirisme des anciennes méthodes élémentaires. 

ASTRONOMIQUE. Ce qui a rapport à l'astronomie, 

Calendrier astronomique. Voy. CazenoriEr. 

Heures astronomiques. Voy. Heure. 

Fractions astronomiques. Nom donné par quelques au- 
teurs aux fractions sexagésimales dont on fait usage pour 
la division des degrés du cercle. F, SexagésimaLes. 


A5 


473 
Tables astronomiques. l'oy. Tavre. 
ASTROSCOPE (de «ohne, astre , et de cxomtw, je con- 

sidère ). Instrument astronomique, composé de deux 
cônes, sur les surfaces desquels les étoiles et les constella- 
tions sont décrites; ce qui donne le moyen de les re- 
trouver facilement dans le ciel. Cet instrument est de 
l'invention de Schukhard, professeur de mathémati- 
ques à Tubingen , qui publia en 1698 un traité particu- 
lier à ce sujet. 

ASTROTHÉSIE. Ancien terme, à peu près syno- 
nyme de constellation. 

ASUGIA (Astr.). Un des noms de la constellation 
d’'Orion. 

ASYMETRIE (de a, privatif, de uw, avec, et de 
ænrper, mesure). Sans mesure. Défaut de proportion 
entre les parties d’un objet, comme entre le côté d’un 
carré et sa diagonale, dont le rapport, celui de 1 : y2, 
ne peut être exprimé ni en nombres entiers ni en nom- 
bres fractionnaires. Voyez INCOMMENSURABLE. 

ASYMPTOTE (Geom.) (de x privatif, de sw, avec ; 
et de rirrw, je tombe, c’est-à-dire qui ne rencontre pas, 
ou qui ne coincide pas). Ligne droite qui s'approche de 
plus en plus d’une ligne courbe sans pouvoir la rencon- 
trer, lors même qu’on les suppose l’une et l’autre pro- 
longées à l'infini, et que leur distance puisse être alors 
considérée comme plus petite que toute quantité finie 
assignable. 

On étend quelquefois le terme d’asymptote en l’ap- 
pliquant à des branches de courbes qui ne peuvent éga- 
lement se rencontrer, quoiqu’elles s'approchent les unes 
des autres à l'infini. Ainsi, les asymptotes peuvent se 


diviser en droites et courbes; mais, lorsqu'on ne lui 


donne pas une acception autrement déterminée, le mot 
asymptote ne désigne qu’une ligne droite. 

La nature des asymptotes ne peut être que difficile- 
ment conçue par les personnes peu familiarisées avec les 
constructions de la haute géométrie. En effet, comment 
comprendre que deux lignes peuvent s'approcher indé- 
finiment sans qu’il soit possible qu’elles se touchent ou 
coïncident? Ce mystère néanmoins s’éclaircit avec faci- 
lité lorsqu’on examine la génération de la courbe nom- 
mée conchoide. 


474 AS 


Soit MN une ligne droite indéfinie: d’un point A 
situé en dehors, menons les droites AB, Aa, Ab, Ac, 
Ad, etc., et prenons les diverses parties CB, fa, gb, 
he , id, etc., toutes égales entre elles ; la courbe Babcde, 
qui passe par les extrémités B, a, c,d,e, etc., est là 
conchoide, et la droite MN est son asymptote; car 
il est évident que la courbe ne peut jamais toucher MN, 
quoique chacun de ses points a, b,c,d,e,etc., sen 
rapprochent de plus en plus. 

Toutes les courbes ne sont pas susceptibles d'avoir des 
asymptotes ; parmi celles du second degré , l'Ayper. 
bole seule est dans ce cas, et parmi celles des degrés 
plus élevés, lesquelles généralement en ont plusieurs, 
on compte un grand nombré de courbes dépourvues de 
cette propriété. Nous allons exposer les moyens de re- 
connaître les courbes susceptibles d’asymptotes, ainsi 
que les procédés nécessaires pour effectuer la construc- 
tion de ces droites. 


pis 


Soit AyN une branche de courbe rapportée à deux 
axes rectangulaires AX et AY, et soit BM l'asymptote 
de cette branche. Si l’on examine les diverses situations 
que peut prendre une tangente Cy de la courbe, par 
rapport à l’asymptote , on voit que plus le point de con- 
tact y est éloigné de l'origine À, plus le point € doit se 
rapprocher du point B ; comme aussi le point O du point 
D. Ainsi, comme il est en outre évident que AC ne 
peut devenir plus grand que AB, ni AO plus grand que 
AD, AB et AD sont donc les limites ou les grandeurs 
extrêmes des valeurs de plus en plus grandes que peu- 
vent acquérir AG et AO, à mesure que la tangente Cy 
se rapporte à un point de contact de plus en plus éloi- 
gné de l’origine À, ou, ce qui est la même chose , on 
peut confondre l’asymptote BM avec une tangente dont 
le point de contact serait à une distance infiniment 
grande de l’origine. L'équation de l’asymptote est donc 
la tangente; seulement il 
faut lui faire exprimer la circonstance de la distance infi- 


la même que l'équation de 


nie du point de contaët à l'origine; ce qui s'effectue en 
égalant à l'infini Y'abscisse de ce point. Or, x", y' étant 
les coordonnées d’un point quelconque d’une courbe, 
l'équation de la droite, tangente à ce point, est (Voyez 
TANGENTE) 


AS 


En faisant æ = 0 dans cette équation, ÿ devient égal 
à AO (Voy. Agë. DE L’ALG. À LA GÉOM., IL, n° n ), et 
l'on à 
dy' 


AO=ÿ'— x' de .(e) 


De même, faisant y = 0, x devient égal à AC, et 


l’on obtient 
4 


AG=zx'—y' ETC) 


Les deux expressions (a) et (b), en y faisant = , 
donnent les valeurs de AC et de AD, et suivant que ces 
valeurs sont finies ou infinies, réelles ou imaginaires , il 
existe ou n'existe pas d’asymptote pour la courbe dont 
l'équation aura préalablement fait connaître Ja relation 
générale des coordonnées x’ et y’. Nous allons éclaircir 
cette théorie par quelques exemples. 


PrOëLÈME Ï. Déterminer si La courbe dont l'équation 
esty* — Âx a des asymptotes. 

Dans les expressions (a) et (b), le point x'‘y' devant 
appartenir à la courbe, on exprime cette circonstance 
en faisant x =x',y—y', et l'équation proposée de- 
vient 

J'= A2". 
En cette dernière pour avoir les rapports 
dx' 


2 > € er on trouve 
dy" = Adx'. 
D'où l’on tire 
HE et dz' _2y" 
dx’ = dé TA? 


Ces rapports substitués dans (a et () donnent 


A "y Ag ‘og = Ax 
= ! = g —— = — 
AIX TE 29" AV/Ax" 
= VAT) 
2 
—_ 2 Ax'— y" Ax A Az" _. 
AC =x y", … dos obus F 
=— 24%. 


Mais AO devient égal à AD, et AG à AB, lorsque x est 
infini, Faisant donc z'= © , nous avons 

AD =:iV/AS, 

AB—=—2%, 
valeurs qui, ne pouvant être construites , nous appren< 
nent que la courbe y? — Ax n’a point d’asymptote. 
Cette courbe est la parabole apollonienne. 


Propzème If, Déterminer les asymptotes de la couroe 
y Ar + Ba. 


L’équation proposée nous donne 


AS 


J?=Azx+Bzx, 
qui devient , en différentiant , 
v'dy'=Adzx' + 2Bzx'dx’. 
D'où l'on tire 
dy! _ALoBzx dz' 2y 
Ag = ape » €t CE SET à 


Substituant dans (a) et (b), on obtient 
,__Azx'+92Bz" _ 2y2— Ar — 1Br" 
29 
RE dus. 
ah de /a 


AO=7Yy 


_ Ax'+ 2Bx°—27" 


PEUT A-PaBe 


Faisant, dans ces expressions æ'= %, on a définitive» 
ment 


Or, ces valeurs pouvant être construites , la courbe 
proposée est susceptible d’asymptotes, pourvu toutefois 


ea 
V/—B 


L’équation proposée est celle de l’Ayperbole lorsque 
B est positif, et celle de l'ellipse, lorsqu'il est négatif. 


que B soit positif, car s’il était négatif » Serait 


imaginaire. 


En faisant B — 0, elle devient encore celle de la para- 
bole. Dans ce cas, les valeurs de AD et de AB devien- 
nent toutes deux infinies, comme dans l'exemple précé- 
dent. Voyez au mot Hyrervoce, pour la construction 
des valeurs de AD et de AC. 


Si dans les expressions (a) et (b), en faisant x'=, 
l’une des quantités AD ou AC devenait infinie, l’autre 
restant finie, c’est que la courbe aurait une asymptote 
parallèle à l'axe sur lequel se trouve la quantité infinie. 


Pros. IE. Trouver les asymptotes de la 1ocarrTT- 
MIQUE, dont l'équation est y — a". 
Cette équation nous donne 


Y' — CIE 
et, en différentiant, 
dy'=a", loga.dx'. 


D'où 
dy! ze! dx ) 6 
T4 .loga, et PT TEE 


Substituant dans (a) et (b) , nous avons 


AT 


AO=ÿ'—x'a".loga = a — x'a:'loga, 


475 


AC=—zx—7". = : 20 Loder'ilégest et L 
at" log a ar',loga 
: ‘ 
Re, 
log a 


Faisant x’ —%, nous obtenons 


AD — — x —0o, 
AB — ©. 


Ges valeurs nous apprennent qu’il y a une asymptote 
parallèle à l’axe des abscisses, et située à une distance 
AD — 0 de cet axe. L'asymptote se confond donc avec 
l'axe des abscisses , ou, ce qui est la même chose, dans 
la logarithmique , Vaxe des x est asymptote à la courbe, 
I ne suffit pas qu’une droite s'approche à l'infini 
d’une courbe, pour qu’elle lui soit asymptote; car alors, 
dans la figure précédenté, une parallèle quelconque 
bm à BM serait asymptote à la courbe AyN ; mais la dis- 
tance de bm à la courbe ne peut jamais devenir plus 
petite que sa distance à BM , qui est une distance finie et 
assignable. Aïnsi , br ne satisfait pas à la définition que 
nous avons donnée des asymptotes. Voyez, pour la 
théorie complète des asymptotes , l'ouvrage de Cramer, 
fntitulé : Zntroduction à l'analyse des lignæ courbes. 
Voy. aussi le Traité des fluxions de Maclaurin, les 
Institutions analytiques de Marie Agnesi, et, dans ce 
Dictionnaire, les articles Courpes et Brancues. 


ASYMPTOTIQUE (Géom.). Espace asymptotique. 
C’est l’espace renfermé entre une courbe et son asymp- 
tote. Quoique d’une longueur indéfinie, cet espace est 
quelquefois fini; dans le plus grand nombre des cas, 
est infiniment grand. Poy. HYPERSOLE. 


ATAIR (Astr.). Nom de la belle étoile de l'aigle. 


ATAUR (As), Un des noms de la constellation du 
Taureau. 

ATELIER DU SCULPTEUR (Astr.). Constellation 
méridionale introduite par La Caille dans son plani- 
sphère des étoiles australes. Elle est située sur le colure 
des solstices, au-dessus de la Grue et du Phénix. La 
plus belle étoile de cette constellation n’est que de la 


cinquième grandeur. 


ATHÉÈNÉE, de Cysique, mathématicien grec de l'é- 
cole de Platon, vivait vers lan 210 avant J.-C. I est 
au nombre des disciples du lycée, dont Proclus nous a 
transmis les noms et les travaux. Athénée paraît s'être 
adonné spécialement à l'application des mathématiques 
à la mécanique. Il est l’auteur d’un traité sur les ina- 
chines de guerre, qu'il adressa au consul Marcellus, 
peu de temps après la prise de Syracuse. On ne sait si 
cette démarche d'Athénée lui fut dictée pat la ftousie, 


que la gloire dont le grand À rchimède Yenait alors de 


476 — AT 

& couvrir avait pu lui inspirer. Il est plus juste peut- 
être de l’attribuer à l’orgueil excusable dans un honume 
de talent, d'expliquer à un chef militaire, aussi distin- 
gué que Marcellus, les moyens à l’aide desquels un 
vieillard lui avait si long-temps disputé la victoire. 
Dans cette hypothèse, on a fait observer, avec plus 
d'esprit que de raison, qu’Athénée aurait rendu un plus 
grand service au consul, en lui dévoilant plus tôt le se- 
cret de la résistance d’Archimède. Au surplus, cet ou- 
vrage d’Athénée est venu jusqu’à nous; on le trouve 
dans le recueil intitulé: Mathematici veteres, Paris, 
Imprimerie Royale, 1693, in-f°. 

ATIN, ATIR ou ATYR (A4str.). Noms de Fétoile ap- 
pelée aussi 4/débaran. 

ATLANTIDES (Astr.). Nom quelquefois donné aux 
sept étoiles des Pleiades. 

ATLAS {Astr.). Nom que Dupuis suppose avoir ap- 
partenu à la constellation du Bouvier, dans l'explica- 
tion qu'il donne des fables d’Atlas, à l'aide de cette con- 
stellation. 

ATMOSPHÈRE (de lues, vapeur, et de caigæ, 
sphère). Fluide gazeux ou aériforme, qui entoure un 
corps de toutes parts et qui participe de tous ses mou- 
vemens. 

ATMOSPHÈRE TERRESTRE. Masse d'air dont les proprié- 
tés mécaniques ont été déja examinées à l’article Air. 
Nous ne considérons donc ici l'atmosphère que comme 
formant un corps, c'est-à-dire comme ayant forme, di- 
mensions et pesanteur. 

L'atmosphère enveloppant toutes les parties de la 
surface de la terre, il est certain que si l’une et l’autre 
étaient en repos, et n'étaient point astreintes à une 
rotation diurne autour de leur axe commun, l’atmo- 

sphère serait complétement sphérique, d’après les lois 
de la gravitation; car les parties de la surface d’un 
fluide en état de repos doivent être toutes également 
éloignées de son centre. Mais la terre, ainsi que 
Ja masse d’air qui l’entoure , ayant un mouvement 
diurne , leurs différentes parties ont une force cen- 
trifuge d'autant plus considérable qu'elles sont plus 
éloignées de l'axe; et, conséquernment ; la force cen- 
tripète qui retient toutes ces parties autour du cen- 
tre de gravité doit être affectée proportionnellement , 
c'est-à-dire, doit perdre d’autant plus de son intensité 
que la force opposée est plus grande. Ainsi, la forme de 
l'atmosphère doit être celle d’un sphcroïde aplati vers 
les pôles, parce que les parties qui correspondent à l’é- 
quateur ont une plus grande force centrifuge que celles 
qui correspondent aux pôles. 

Une autre cause concourt encore à augmenter l’apla- 
tissement du sphéroïde atmosphérique: c’est la dilata- 
tion opérée par les rayons du soleil qui frappent plus di- 
rectement les régions de l'équateur que celles des pôles; 


AT 

d'ou il résulte que là masse d'air, ou la parue de l'at- 
mosphère des régions polaires, étant moïns échauffée}" 
doit moins se dilater ‘ét-‘moiné s'élever. Cependant, 
comme la même force qui contribue à élever l'air on,,àt 
lui faire occuper un plus grand espace, diminue la 
pression sur la surface de la terre, de hautes colonnes 
d'air, près de l'équateur, ne seront pas plus pesantes 
que des colonnes d’air moins élevées du côté des pôles, 
toutes les autres circonstances étant les mêmes; mais, 
au contraire, sans quelque compensation elles devraient 
être plus légères, en conséquence de la diminution de 
la pesanteur: 

La hauteur de l'atmosphère a été l’objet d’un grand 
nombre de recherches, qui n’ont jusqu'ici donné que 
des résultats approximatifs plus ou moins contestables. 
Si l'air n'avait point de force élastique, mais qu'il fût 
partout de la mème densité, depuis la surface de la terre 
jusqu'aux limites extrèmes de l'atmosphère, il suffirait, 
pour déterminer avec exactitude la hauteur de l'atmo- 
sphère, de connaître le rapport de la densité du mer- 
cure à cette densité constante de l’air; car alors ce rap- 
port serait le même que celui dela hauteur du mercure 
dans le baromètre à la hauteur totale de la colonne d'air 
qui le soutient. En effet, la pesanteur spécifique d’une 
colonne d'air de 27 millimètres de haut étant à la pesan- 
teur spécifique d’une colonne de mercure, de même 
base et de même hauteur comme 1 : 10470, il est évi- 
dent que 10450 fois une colonne d’air de 27 millimètres 
de haut, c’est-à-dire une colonne d'air de 282 mètres se- 
rait égale en poids à une colonne de mercure de 27 mil- 
limètres. Mais la colonne entière d'air atmosphérique 
fait équilibre dans le baromètre à une coloune de mer- 
cure de 560 millimètres ou de 28 fois 27 millimètres : 
cette colonne d’air devrait donc être 25 fois plus haute 
que 282 mètres. Ainsi, en admettant la densité con- 
stante , la hauteur de l'atmosphère serait à peu près de 
7896 mètres. Mais il est loin d'en être ainsi: la densité 
de l'air décroit en proportion géométrique à mesure 
que les élévations croissent en progression arithméti- 
que (voy. Ai); et si la loi de Mariotte était exacte 
pour tous les degrés imaginables de raréfaction, la dila- 
tation de l'atmosphère serait illimitée et sa hauteur 
infinie. Cependant, cette conclusion ne.s’accorde pas 
avec les observations astronomiques dans lesquelles on 
n’aperçoit aucune trace de l'influence qu'un milieu ré- 
sistant exercerait sur les mouvemens des planètes. 

Il est certain, en outre, que l'atmosplière térrestr2 
ne peut s'étendre au-delà du centre commun d’attrac- 
tion de la terre et de la lune; car , au-delà de ce ceutre 
l'attraction de la lune surpassant celle de la.terre, eile 
entrainérait vers son propre centre toutes Jes partis de 
notre atmosphère, et il se formerait un vide entre les 


deux atmosphères de la terre et de la lune , ou bica es 


AT 

linites de ces atmosphères seraient au centre commun 
d'attraction de ces corps. Une autre cause encore, sa- 
voir la force centrifuge, s’oppose à l'extension indéfinie 
de l’atmosphère; car l'air partageant le mouvement 
diurne de la terre, il est évident que la limite de l’at- 
mosphère doit se trouver au point où la force centri- 
fuge est égale à la force de gravité, puisque au-delà, le 
fluide serait lancé dans l’espace par le mouvement de 
rotation, et ne resterait pas uni avec la terre. 


Quoiqu’on ne puisse déterminer d’une manière abso- 
lue la hauteur de l'atmosphère, on l’évalue ordinaire- 
ment à 80000 mètres, parce qu'il résulte de la théorie 
des mesures barométriques, qu’à cette distance de la 
surface de la terre l’air doit être au moins aussi rare que 
dans le vide de la machine pneumatique. Nous avons 
vu à l’article ALrImÉTRIE que la formule générale qui 
sert à déterminer la différence de niveau de deux points, 
pour une température moyenne de 16° % Réaumur , est 


æ=— 10000 [logh'—logh |], 


h' étant l'élévation en lignes de Paris du mercure dans 
le baromètre au point le plus bas, et À son élévation au 
point le plus haut. 


Donnons a cette expression la forme 
4 
x = 10000.log 7? 

ou, ce qui est a même chose, 


loe 2 
æ=10000 log, 


étant la densité de la couche d’air qui donne la hau- 


CRE 


! 1 ee Je 
teur barométrique z ; et = la densité de la couche d’air 


qui donne la hauteur k' : ces densités ayant le même rap- 
port que ces hauteurs. 


De cette dernière formule on tire 


à x + 10000logm 
log n = z+ 10000l0gm 
10000 
Ainsi, prenant pour unité la densité de l’air au niveau 


. I 
* de la mer, ou faisant = 1, nous aurons log m 


log 1=0 , et par suite 


log nr = 
ë 10000 ? 

formule à l’aide de laquelle, en faisant successivement 

T=0,L—= 100, X—200, x = 300 toises, etc., nous 

obtiendrons les densités correspondantes à ces hauteurs. 

C'est de cette manière qu’on trouve : 


AT aix 
hauteurs en toises densités 
Or aeseeeT 
TOO sise nette + 0,9772 
200........... 0,9549 
300........... 0,0332 
400..:...:...: 0,9120 
Boos. 52... ‘0,801 
Gonesse 0,8710 
700. Tereece: 0,851K : 

800:7..;.757: 0,8318 
900 vers 10,8128 
1000... 07043 
10000... 0,1000 
HODOOe sa... ere 0,000 


Ainsi, d’après cette théorie, la densité de l'air serait 
dix mille fois moindre à la hauteur de 40000 toises qu’à 
la surface de la mer; ce qui est un degré de raréfaction 
bien au-Gessus de celui qu’on peut obtenir dans les meil- 
leures machines pneumatiques. 

Malgré cette extrême raréfaction, il est hors de doute 
que l'atmosphère s'étend à une plus grande hauteur ; 
car , en estimant l’élévation de quelques météores, tels 
que les aurores borcales, les globes de feu, etc., etc. , 
ainsi que la durée du crépuscule, on est forcé d’admet- 
tre qu'à une hauteur de plus de vingt lieues il doit y 
avoir non-seulement de l'air atmosphérique, mais en- 
core beaucoup d’autres substances. Foy. CrÉpuscuLEs. 

L’atmosphère possède une puissance réfractive, cause 
d’un grand nombre de phénomènes, et dont l'influence 
s'exerce particulièrement d’une manière puissante sur 
les apparences célestes (Foy. Rérracrion). Elle est en 
outre sujette à un grand nombre d’altérations et de 
changemens pour l'appréciation desquels on a inventé 
plusieurs instrumens nommés: BaromÈTRE, TuEermo- 
MÈTRE , HYGROMÈTRE, ANÉMOMÈTRE, etc. Voyez ces di-. 
vers mots. 

ArmospnÈRE des planètes. Les planètes et leurs satel- 
lites étant universellement reconnus aujourd’hui pour 
des corps d’une nature semblable à la terre que nous 
habitons, il est naturel de supposer que ces astres sont 
entourés d’atmosphères analogues à celle dont nous ve- 
nons d’exposer les propriétés. Les observations astrono- 
miques confirment en effet cette conjecture, du moins 
pour les planètes principales; car la petitesse apparente 
des satellites n’a pas permis jusqu’à présent que nos 
connaissances sur leur état physique soient fort avan- 
cées. Cependant la lune paraït former une exception 
singulière : il est certain qu’elle ne présente ni nuages à 
sa surface, ni rien qui puisse indiquer la présence d’une 
atmosphère, quelque peu de densité qu’on veuille lui 
attribuer. L'aspect de ce satellite de notre terre, hérissé 
de montagnes, dont quelques-unes n’ont pas moins de 


2800 mètres de hauteur, est entièrement volcanique ; 
23 


178 AT 
les taches auxquelles on à donné le nom de mers sont 
des excavations profondes où il est impossible de recon- 
naître l'existence d'aucun fluide semblable à l’eau; et 
tout fait présumer que la lune est dépourvue de végé- 
tation, d’eau ct d'air, 

Dans son Système du monde, Ya-Place est entré dans 
de grands détails sur les atmosphères des planètes. 

« Toutes les couchies atmosphériques , dit-il, doivent 
« prendre, à la longué , un mêmemouvément angulaire 
« de rotation, commun aweorps qu'elles environnent ; 
« car le frottement de ces couches, les unes contre les 
«autres et contre Ja surface du corps, doit accélérer les 
« mouvemens les plus lents,et retarder les plus rapides, 
« jusqu’à ce qu'il ÿ ait entre eux une parfaite égalité. 
« Dans ces changemens, et généralement dans tous 
« ceux que l'atmosphère éprouve, la somme des pro- 
« duits des molécules du côrps et de son atmosphtre, 
« multipliées respectivement par les aires que décrivent 
« autour de leur centre commun de gravité, leurs 
« rayons vecteurs projetés sur le plan de l'équateur, 
« reste toujours la même en 1émps égal. En supposant 
« donc que, par une cause quelconque, atmosphère 
« vienne à se resserrer, ou qu'une partie se condense à 
« la surface du corps; le mouvement de rotation du 
« corps et de l'atmosphère en sera accéléré; car Jes 
« rayons vecteurs des aires décrites par les molécules 
« de l'atmosphère primitive, devenant plus petits, Ja 
« somme des produits de toutes lés molécules, par les 
« aires correspondantes ; ne peut pas rester la même, à 


« moins que la vitesse de rotation waugmente, 


& À la surface extérieure de l'atmosphère, le fluide 


ét a figure de 
« cette surface est telle, que la résultante de la force 


« n’est retent que par sa pesanteur, 


« centrifuge et de fa force attractive du corps, Jui est 
« perpendiculaire. L'’atmosphère est aplatie vers ses 
« pôles,etrenflée à son équateur ; mais cet aplatissement 
« a des limites; et dans le cas où il est le plus grand, 
« le rapport des axes du pôle et de l'équateur est celui 
« de deux à trois. 


« L’atmosphère ne peut s'étendre à l'équateur, que 
« jusqu’au point où la force centrifuge balance exac- 
« tement sa pesanteur; car il est clair qu'au-delà de 
« cette limite, le fluide doit se dissiper. Relativement 
« au soleil, ce point est éloigné de son centre, du 
« rayon de l’orbe d’une planète qui ferait sa révolution 
« dans un temps égal à celui de la rotation du soleil, 
« L’atmosphère solaire ne s'élève donc pas jusqu'à 
« l'orbe de Mercure, etpar conséquent, elle ne produit 
& point la lunnère RAR qui parait s'étendre au- 
a delà même de l’orbre terrestre, D’ ailleurs, cette atmo- 
& sphère dont l'axe des s pôles doit être au moins les 


« deux ticrs de celui de son Équateur . est fort éloignée 


AT 


d'avoir la forme lenticulaire que les ‘observations 

donnent à la lumière zodiacale, » 

ATMOSPHÉRIQUE. Ce qui appartient à latmo- 
sphère , ou ce qui se rapporte à l’atmosphère. 

Flux atmosphériques. Ce sont de certains mouve- 
mens périodiques dans l’atmosphère,semblables en quel- 
que sorte à ceux de l'Océan, et provenant à peu près 
des mêmes causes, Foy. Laplace, Æxposiion du sys- 
tème du monde, Liv IV. 

ATTOUCHEMENT (Géom.). Point d'attouchement 
où de contact. C’est le point commun entre une courbe 
et sa tangente, cu dans lequel deux courbes se touchent 
sans se couper. ’oy. TANGENTrE. 

ATTRACTION (ad, vers, traho, je tire). Terme 
général employé en physique pour désigner la cause, la 
force ou le principe qui fait que tous les corps tendent 
mutuellement Fun vers l’autre, et adhèrent jusqu’à ce 
qu'ils soient séparés par quelque autre force. Les lois, 
les phénomènes, etc., de l'attraction, forment le sujet 
principal de la théorie newtonienne; car l'attraction 
se retrouve dans presque toutes les merveilleuses opé- 
rations de la nature. 

Le principe de lattraction, dars le sens newtonien, à 
été d'abord entrevu par Copernic. «Quant à la gravité, 
dit-il, je ne la considère que comme une certaine appé- 
tence naturelle (appetentia) que le Créateur a imprimée 
sur toutes les parties de la matière, afin qu’elles tendis- 
sent à s’unir en forme globulaire pour se mieux conser- 
ver; etil est probable que la même force est aussi inhé- 
rente au soleil, à la lune, et aux planètes , afin que ces 
corps puissent constamment se maintenir dans la forme 
ronde que nous leur voyons. » (De revol. ob. cœlest., 
Hib. 1, cap. 9.) Képler appelle la gravité une affection 
corporelle et mutuelle entre des corps semblables, afin 
de s'unir (4str. nov. in introd.). Et il prononça plus po- 
sitivement qu'aucuns corps quelconques n'étaient abso- 
lument légers, mais qw'ils n'étaient seulement aïmsi que 
relativement, et, conséquemment, qué toûte lt matière 
était sujette à la puissance et aux lois de la gravitation. 

Le premier qui, en Angleterre , ait adopté l’idée de 
l'attraction fut le docteur Gilbert, 
magnete ; et le second füt François Bacon, dans son No. 
organ., lib. IE, aph. 36, 45, cap. 
33; aussi dans son traité De motu, particulièrement 


dans son livre De 
48; Sylv. cent., EF, 


dans les articles sur Les 9° et 13° sortes de mouvemiens N° 
En France, Fermat et Roberval l’admirent , et en Ita- 
lie Galilée et Borelli. Mais jusqu’à Newton ce principe 
avait été très-imparfaitement défini et même appliqué. 
Avant Newton, personne n'avait eu des idées aussi 
exactes ét aussi claires de la doctrine de l'attraction uni: 
verselle que le docteur Hooke, qui, dans son Æssai 
pour prouver le mouvement de la terre, 1654, fait ob- 


server que l'hypothèse d'après laquelle il explique le 


AT 


système du monde est fondée sur trois principes : 
1° Que tous les corps célestes ont non-seulement une at- 
traction ou gravitation vers leurs propres centres, mais 
qu'ils s’attirent mutuellement lun l’autre dans leur 
sphère d'activité. 2° Que tous les corps qui ont un mou- 
vement simple et direct continuent à se mouvoir en 
droite ligne, si quelque force, dont l’action est con- 
stante, ne les contraint pas de décrire un cercle, une el- 
lipse, ou quelque autre courbe plus compliquée. 3° Que 
l'attraction est d'autant plus puissante que les corps atti- 
raus sont plus près l’un de l’autre. Mais Hooke ne put pas 
résoudre le problème général relatif à la loi de la gravi- 
tation qui forcerait un corps à décrire une ellipse autour 
d’un autre corps quiescent , placé à l’un de ses foyers. 
Cétte admirable découverte , qui exige le secours de la 
géométrie transcendante, et fait le plus grand honneur 
à l'esprit humain , était réservée au génie de Newton. 

L’attraction peut étre considérée relativement aux 
corps célestes, aux corps terrestres, et relativement aux 
imoindres particules des corps , aux atomes. Le premier 
de ces cas est ordinairement désigné sous le nom d’at- 
traction où gravitation universelle ; Je second , par gra- 
vitation; et le troisième, par les mots affinité, attrac- 
tion chimique , attraction moléculaire. Plusieurs savans 
sont maintenant d'opinion que c’est la même force con- 
sidérée sous différens aspects, et cependant toujours su- 
jette à la même loi. 


A une distance finie, tous les corps de la nature s’at- 
tirent l’un l’autre en raison directe des masses, et en 
raison inverse du carré des distances, ce qui peut se 
démontrer ainsi : ‘ 

Suivant une loi de Képler , déduite de l'observation, 
les rayons vecteurs des planètes et des comètes décri- 
vent autour du soleil des aires proportionnelles aux 
temps; mais cette loi peut seulement avoir lieu autant 
que la force qui fait dévier chacun de ces corps de la 
ligne droite est constamment dirigée vers un point fixe, 
qui est l’origine des rayons vecteurs. Donc, la tendance 
des planètes et des comètes vers le soleil découle néces- 
sairement de la proportionnalité desaires décrites par les 
rayons vecteurs aux temps de sa course. Cette tendance 
est réciproque. C’est, dans le fait, une loi générale de 
la nature, que l’action et la réaction sont égales et con- 
traires. D'où il résulte que les planètes et les comètes ré- 
agissent sur le soleil, et lui communiquent une ten- 
dance vers chacun d’eux, 


Les satellites d'Uranus tendent vers Uranus, et Ura- 
nus vers ses satellites. Les satellites de Saturne tendent 
vers Saturne, et Saturne vers eux. Le cas est le même 
relativement à Jupiter et à ses satellites. La terre et la 
lune tendent aussi réciproquement lune vers l’autre. La 
proportionnalité des aires décrites par les satellites con- 


AT 179 
court, avec l'égalité de l’action et de la réaction, à 
rendre ces assertions tout-à-fait inattaquables. 

Tous les satellites ont une tendance vers le soleil; car 
ils sont tous animés d’un mouvement régulier autour de 
leurs planètes respectives, comme si elles étaient immo- 
biles. D’où il résulte qu’ils sont entraînés par un mou- 
vement commun aussi à leur planète; c’est-à-dire que 
la même force par laquelle les planètes tendent inces- 
samment vers le soleil agit aussi sur les satellites, et 
qu’ils sont emportés vers le soleil avec la même vélo- 
cité que leurs planètes. Et, puisque les satellites tendent 
vers le soleil, il s’ensuit que le soleil tend vers eux, à 
cause de l'égalité de l’action et de la réaction. 

Des observations nous ont convaincus que Saturne dé- 
vie un peu de sa route quand il passe près de Jupiter, 
la plus grande des planètes; d’ou il suit que Jupiter et 
Saturne tendent réciproquement l’un vers l’autre. Sa- 
turne, ainsi que l’a observé Flamstead , trouble le mous 
vement des satellites de Jupiter, et les attire un peu 
vers lui; ce qui prouve que ces satellites tendent vers 
Saturne, et que Saturne tend vers eux. 

Ilest par conséquent vrai que tous les corps célestes 
tendent réciproquement les uns vers les autres ; cepen- 
dant cette tendance, où plutôt la force attractive qui l’oc- 
casione, n'appartient pas seulement à leur masse, prise 
comme agrégat; mais toutes les molécules y participent 
ou y contribuent. Si le soleil agissait sur le centre de la 
terre exclusivement, sans attirer aucune deses particules, 
les ondulations de l'Océan seraient incomparablement 
plus grandes et très-différentes de celles qui s'offrent 
journellement à notre vue.La tendance de la terre vers le 
soleil est donc la résultante de la somme des attractions 
exercées sur toutes les molécules, qui, conséquemment, 
attirent le soleil en raison de leurs masses respectives. 
En outre, taut corps sur la terre est attiré vers son cen- 
tre proportionnellement à sa masse, Il réagit donc sur 
lui; car l'attraction agit d’après la même raison. S'il en 
était autrement, si toutes les parties de la terre n’exer- 
çaient pas l’une sur l’autre une attraction réciproque, 
le centre de gravité de la terre avancerait d’un mouve- 
ment constamment accéléré, jusqu’à ce qu’à la fin il se 
perdit au-delà des limites de notre système, 

L’attraction est donc universelle, réciproque, et pro- 
portionnelle aux masses. Il reste à démontrer que cette 
force agit dans une raison inverse du carré de la dis- 
tance. 

Les observations ont appris que les carrés des temps 
périodiques des corps célestes sont proportionnels aux 
cubes des moyennes distances. De plus, il est rigoureu- 
sement démontré que quand des corps circulent d’une 
manière telle que les carrés des temps périodiques soient 
proportionnels aux cubes des distances, la forec centrale 


qui les sollicite agit en raison inverse du carré de la &is- 


18Q AT 


tance. En conséquence, supposant que les planètes se 
meuvent dans des orbites circulaires (et dans le fait, la 
différence n'est pas grande), elles sont sollicitées vers 
le soleil par une force qui varie dans une raison inverse 
du carré de la distance. Cette supposition n’est pas ri- 
goureuse; mais la relation constante des carrés des 
temps périodiques aux cubes des distances étant indé- 
pendante de l’excentricité, subsisterait sans doute dans 
le cas où l’excentricité disparaitrait, c’est-à-dire si les 
planètes se mouvaient dans des orbites circulaires. La 
vérité de cette proposition pourrait être facilement éta- 
blie relativement aux orbites elliptiques; mais nous 
omettons la démonstration pour ne pas prolonger cet 
article au-delà des bornes que nous nous sommes pres- 
crites. 

Si les planètes font leur révolution autour du soleil en 
vertu d’une force centrale qui est réciproquement comme 
le carré de la distance, il est naturel d’inférer de ce mou- 
vement que la lune est retenue dans son orbite par une 
force centrale dirigée vers la terre, et qui seulement dif- 
fère de la gravité des corps terrestres en raison de la dimi- 
nution occasionée par l'augmentation du carré de la dis- 
tance de la lune. Or , on peut faire voir que la révolu- 
tion de la lune autour de la terre est un phénomène de 
la même espèce, et que l’on explique de la même ma- 
nière (c’est-à-dire en considérant l’action simultanée des 
forces de projection et de gravitation) que le mouve- 
ment curviligne d’une pierre, d’un boulet, ou de tout 
autre projectile à la surface de la terre. Si nous avions 
des machines d’une force suffisante pour projeter un 
corps, suivant une ligne droite parallèle à l'horizon, 
avec une vélocité de 7903 mètres par seconde; ce corps, 
en ne tenant pas compte de la résistance de l’air, tour- 
nerait autour de la terre comme une lune; car 7903 est 
une moyenne proportionnelle entre 12733557 mètres, 
le diamètre moyen de la terre, et 4°,9044, l’espace par- 
couru dans la première seconde par un corps tombant 
librement vers la terre. Et le temps périodique d’un 
semblable projectile serait d’enviren une heure 24 mi- 
nutes 27 secondes. Si ce corps pouvait être transporté à 
la distance de la lune et projeté, dans ia même direction 
que la lune suit maintenant, avec une vitesse qui lui fe- 
rait parcourir 61233 mètres par minute, il parcourrait 
autour de la terre le même orbite décrit maintenant par 
la lune. Nous savons, par expérience, que la force par 
laquelle un corps placé à la surface de la terre tend vers 
son centre lui ferait parcourir, en descendant, 4",9044 
dans la première seconde. Supposons que cette force 
diminue en raison inverse du carré de la distance; à la 
distance de la lune, qui est égale à Go demi-diamètres 
de la terre, elle serait Go X 60 fois moindre qu'à la sur- 
face de la terre, et, par conséquent, à cette distance 
elle serait suffisante pour faire descerdre un corps de 


AT 


4°,9044 en une minute. Ceci est effectivement l'espace 
dont la lune, placée à Go demi-diamètres de la terre, 
descend de la tangente de son orbite vers le centre de 
la terre dans une minute de temps; car cet espace est 
une troisième proportionnelle au diamètre de l'orbite 
de la lune et à l'arc décrit dans le même temps, et le 
diamètre de l'orbite de la lune, 7364505170 mètres, est à 
61233 (l'arc décrit en une minute) :: 61233 : 4,9044. 
Ainsi, le mouvement s'accorde en quantité aussi bien 
qu'en direction avec les conséquences légitimes tirées du 
mouvement des projectiles à la surface de la terre. Or 
ces phénomènes sont tellement semblables, et coïnci- 
dent si complétement, qu’on doit les rapporter aux mé- 
mes principes, savoir : une force de projection et une 
force de gravitation variant en raison inverse du carré 
des distances. 

En établissant cette loi de l'attraction, nous avons 
considéré les centres des corps, quoique la gravité soit 
propre à chacune des molécules, parce que dans les 
sphères, ou les sphéroïdes, qui en diffèrent peu, l’at- 
traction des molécules les plus distantes du point attiré 
et celle des molécules les plus proches de ce point se 
compensent tellement, que l'attraction totale est la 
mème que si toutes les molécules étaient réunies au 
centre de gravité. 

Cette loi des sphères souffre diverses modifications, 
quand les corps attirés sont à la surface ou à l’intérieur 
des sphères. Un corps situé dans une sphère creuse, 
partout de la même épaisseur, est également attiré de 
tous les côtés; tellement qu’il restera en repos au milieu 
des attractions qu'il éprouve. La même chose a lieu dans 
une conque elliptique dont les surfaces intérieures et ex- 
térieures sont similaires et placées de même. Supposons 
donc que les planètes sont des sphères homogènes ; la 
gravité dans leur intérieur diminue comme la distance 
de leurs centres; car l'enveloppe extérieure ne contri- 
bue point à la gravité, qui est seulement produite par 
l'attraction d’une sphère d’un rayon égal à la distance 
entre le corps attiré et le centre de la planète. Mais 
cette attraction est proportionnelle à la masse de la 
sphère divisée par le carré de son rayon : la gravité des 
corps est en conséquence proportionnelle à un sembla- 
ble rayon. 

Il sera cependant bon d'observer: 1° Que ce résultat 
est rigoureusement vrai seulement dans l'hypothèse de 
l'homogénéité des planètes : elles sont probablement 
composées de strates de plus en plus denses en appro- 
chant du centre; alors la gravité au-dessous de la sur- 
face diminue dans un moindre rapport que dans le cas 
de leur homogénéité. 2° Les mêmes résultats ne peuvent 
être exacts qu’en faisant abstraction de l'attraction mo- 
léculaire que l'on trouve toujours dans les corps placés 
à la surface d’une sphère. Cette attraction est très- 


AT 


grande au contact, et nulle à-une distance sensible : 
d’où 1l résulte que les molécules en contact, et qui sont 
situées à l'extrémité opposée du même diamètre, n’at- 
tirent pas comme si elles étaient unies au centre. 

ATTRACTION DES MONTAGNES. Suivant la théorie new- 
tonnienne de lattraction , cette force pénètre les parti- 
cules les plus minimes de la matière , et l’action combi- 
née de toutes les parties de la terre forme les attractions 
de la masse totale. Par la même raison, donc, qu’un 
corps pesant tend vers le bas en parcourant une perpen- 
diculaire à la surface de la terre , il doit être attiré vers 
le centre d’une montagne voisine par une force plus ou 
moins grande, suivant la quantiié de matière qu’elle 
contient ; et l'effet de cette attraction, ou la force accé- 
lératrice produite par elle, doit dépendre de la distance 
de la montagne au corps gravitant, parce que cette 
force augmente comme le carré des distances diminue. 
D'après ces principes , il est évident que le fil-à-plomb 
d’un quart de cercle ou de tout autre instrument astro- 
nomique doit dévier de son aplomb d’une petite quan- 
tité vers la montagne : ainsi les hauteurs apparentes, et 
les distances des étoiles au zénith prises avec cet instru- 
ment, ‘dans ce moment ; seront nécessairement fau- 
tives; savoir : si la distance d’une étoile au zénith était 
observée à deux stations , sous le même méridien, une 
au-sud de la montagne, l’autre au nord , et que le fil-à- 
plomb de l'instrument füt dévié de la verticale par l’at- 
traction de la montagne, l'étoile devrait paraître tropau 
nord par l’observation faite à la station méridionale , et 
trop au sud par la septentrionale, et, conséquemment , la 
différence des latitudes des deux stations, résultant des 
observations, serait plus grande qu’elle n’est en effet. 
Si donc, la vraie différence de leurs latitudes était déter- 
minée, en mesurant sur le terrain la distance entre les 
deux stations, l’excès de la différence trouvée par l'ob- 
servation de l'étoile sur celle trouvée par le fait de la 
mesure , doit avoir été produite par l'attraction de la 
montagne ; la moitié de cette différence sera l'effet 
de l'attraction exercée sur le fil-à-plomb à chaque obser- 
vation , pourvu que la montagne attire également des 
deux côtés. 

La première idée de déterminer la quantité de cette 
attraction fut suggérée par Newton, dans son Zraité 
du système du monde ; mais on n’y avait fait aucune at- 
tention , jusqu’à ce que, en 1738, Bouguer et La Conda- 
mine mesurant trois degrés du méridien près de Quito, 
dans le Pérou, crurent apercevoir une déviation de leur 
fil à-plomb , par l'effet de l'attraction du Chimboraçao, 
montagne dans le voisinage, que par aperçu ils jugèrent 
être la 200° partie environ de l'attraction de la terre en- 
tière. En observant les hauteurs des étoiles fixes à deux 
stations, l’une au sud, et l'autre au nord de la mon- 


tagne, ils trouvèrent, par la moyenne de leurs ob- 


AU 481 


servations, 74" en faveur de l'attraction de la montagne; 
tandis que, selon la théorie, la ligne à plomb aurait dû 
dévier de la verticale de 143”. Cependant, bien que le 
résultat général fût favorable à la doctrine de Newton, 
l'expérience fut faite dans des circonstances si désavan- 
tageuses, qu’on n’en obtint pas toute la satisfaction 
qu'on aurait désirée; et Bouguer termine le récit de 
leurs observations en exprimant l’espoir que l’expé- 
rience serait répétée dans des circonstances plus favora- 
bles, soit en France, soit en Angleterre. 

On ne fit rien, néanmoins, jusqu’à ce que le docteur 
Maskelyne, célèbre astronome anglais, soumit à ce sujet 
une proposition à la Société royale de Londres, en 1772; 
eten 17974, il fut désigné pour faire l'essai avec les aides 
nécessaires : muni des instrumens les plus exacts, il 
fit choix de la montagne Schehallien, en Écosse, pour 
la scène de ses opérations. Sa direction est presque de 
l’est à l’ouest; sa hauteur moyenne au-dessus des vallées 
environnantes est d'environ 2000 pieds anglais, et son 
point le plus élevé au-dessus du niveau de la mer 3550 
pieds. On choisit deux stations pour les observations : 
l’une au nord , et l’autre au sud de la montagne. On 
apporta un soin scrupuleux à tout ce qui pouvait con- 
tribuer à l'exactitude de l'expérience; et, d’après les 
observations de dix étoiles près du zénith, on trouva 
une déviation d'environ 6 secondes. ( Transact. phil., 
vol. LXV, part. 2, n° 48 et 49.) 

Ces données semblaient offrir la possibilité de déter- 
miner la moyenne densité de la terre. Mais le calcul 
exigeait nécessairement une grande exactitude, et en 
même temps un immense travail. La tâche, cependant, 
fut entreprise par le docteur Hutton, qui en donna la 
notice avec le résultat de ses recherches dans les Tran- 
sactions philosophiques et aussi dans les traités qu’il a 
publiés. Il parait que la moyenne densité de la terre est 
à celle de l’eau commune :: 5 : 1 environ. 

ATTRITION ( Mec.) ( Attriio ). Frottement de 
deux corps l’un contre l’autre. Voyez FROTTEMENT. 

AUBES (Mec.). Palettes qui garnissent la circon- 
férence d’une roue hydraulique, exposée à la percus- 
sion d’un courant d’eau. Voyez ROUE HYDRAULIQUE 

AUGES ( Astr.) C’est l’apside supérieure, le point 
où le mouvement de la planète est le plus lent et com- 
mence à croître : augere. Voyez ApnÈLiE et APOGÉE. 

AUGMENTATION du diamètre ( Astr.). Phéno- 
mène produit par les effets de la parallaxe sur le dia- 
mètre des astres. Voyez PAnALLAXE. 

AURIGA ( Astr.). Voyez Cocuer. 

AURORE ( Astr. Phys.). Lumière faible qui com- 
mence à colorer l'atmosphère lorsque le soleil est à 
18° au dessous de l'horizon , et qui continue en augmen- 
tant jusqu’au lever de cet astre. F’oyez Créruscutx. 

AUSTRAL ( Astr.). (D'auster, vent du midi.) Sy- 


182 AU 


nonyme de meéridional. On dit indifféremment pôle 
austral où pôle méridional, hémisphère austral ou 
hémisphère méridional. Voyez ARMILLAIRE. 

AUTEL ( Astr.), Constellation méridionale appelée 
aussi {ltare, Thymale, Vesta, Pharus, Ara Thimia- 
tis. La principale étoile de l'Autel est dé la troisième 
grandeur. 

AUTOLYCUS, de Pitane, ville éolienne de l'Asie, 
mathématicien et astronome célèbre, vivait dans le 
III siècle avant notre ère, à peu près vers le temps 
d'Alexandre. Il est l'auteur de deux ouvrages sur la 
sphère et le mouvement des astres, qui ont eu de l'im- 
portance dans le temps où ils furent composés. Auto- 
lycus y démontre rigoureusement, par la théorie des 
sphériques, les divers phénomènes des levers et des 
couchers des étoiles fixes. Ces écrits, que les progrès de 
la science ont dépouillés de beaucoup d'intérêt, ont 
été traduits plusieurs fois, avant que les découvertes 
modernés eussent entièrement changé les principes de 
l'astronomie. Conrad Dasypodius en a publiéle texte grec 
avec la traduction latine en regard, 1° De sphera mobili ; 
— 2° De ortu et occasu stderum , etc. ; Strasbourg, 1579, 
ju-8° Le premier de ces traités a été de nouveau publié 
par Jean Auria, en 1578, et le second en 1588. — La 
traduction latine du livre De ortu, etc., se trouve aussi 
dans le recueil du père Mersenne { Synopsis math.). 

AUTOMATE ( Aec.). (De avros, soi-même, et de 
gñe, je veux). Machine qui se meut d’elle-même, ou 
qui porte en elle le principe de son mouvement. Voyez 
ANDROÏDE. 

AUTOMNE (Astr.). Troisième saison de l’année 
qui commence le 23 septembre, lorsque le soleil entre 
dans le signe de la Balance, et finit le 22 décembre, 
lorsqu'il entre dans celui du Capricorne. Sa durée est 
de 89 jours 16 heures . Depuis le premier jour d’au- 
tomne, qui est celui de l’éguinoxe, les jours vont en 
décroissant et sont toujours plus courts que les nuits 
dans notre hémisphère septentrional. 

AUZOUT (Adrien), mathématicien et opticien, né à 
Rouen dans le XVIT* siècle, s’est rendu célèbre par la 
perfection qu’il parvint à donner à quelques instrumens 
astronomiques d’une grande utilité. On assure qu’ilavait 
construit un objectif desix cents pieds de foyer; mais la 
difficulté de trouver un emplacement convenable pour 
l'établissement d’une pareille machine, ne lui permit 
jamais d’en essayer l'usage et de s'assurer de sa portée. 
Auzout a rendu un plus grand service à la science par 
les améliorations qu'il apporta au micromètre, amélio- 
rations qui ont tellement modifié cet instrument, 
qu'un grand nombre d'auteurs lui en attribuent l’in- 
vention. Mais avant Auzout, le célèbre Huygens avait 
songé à mesurer l’espace occupé par les astres dans le 
champ des lunettes. On connait la description qu'il a 


AV 


faite du micromètre à la fin de son Systema Sacrrrrn, 
et l’on sait que cet ingénieux et savant observa- 
teur se servait d’une lame de métal qu'il introduisait 
dans le télescope par une fente latérale, pour trouve: 
le diamètre apparent d’un corps céleste. Le marquis de 
Malvasia, noble Bolonais, qui s’occupait avec un zèle 
estimable de cette partie de la science, avait substitué à 
ce mécanisme un réticule qu'il plaçait au foyer de la 
Junette : c'étaient plusieurs fils qui se croisaient à angles 
droits, et formaient plusieurs carrés, à chacun desquels 
devait répondre un certain intervalle dans le ciel. Cet 
instrument était peut-être préférable à celui d'Huygens 
pour les observations; on évitait d’ailleurs par son 
moyen l'effet de la diffraction de la lumière qui avait 
lieu sur le bord des lames dans l’appareil qu'il avait 
proposé. Mais d’un autre côté les fils étant fixes dans 
l'instrument de Malvasia, il perdait un de ses princi- 
paux avantages. C’est cette invention qu'Auzout per- 
fectionna, et qu’il rendit plus propre à des détermina- 
tions extrêmement délicates. Il ne conserva que des filets 
parallèles avec un transversal qui les coupait à angles 
droits ; et afin de renfermer toujours l’objet à mesurer 
entre des filets parallèles, il imagina d’en faire porter 
un par un châssis mobile, glissant dans les rainures de 
celui auquel les autres étaient fixés. Auzout a publié la 
description de son micromètre en 1667, les lecteurs qui 
voudraient en prendre connaissance la trouveront dans 
le tome VII des anciens Mémoires de l Académie des 
sciences. C’est de cet instrument, avec les additions 
qu'y fit depuis encore Bradley, que se servent les astro- 
nomes. On peut aussi consulter à ce sujet l'introduction 
des Tables astronomiques de La Hire, le Traité des 
instrumens de mathématiques de Bion, Doppelmaver, 
etenfin une dissertation de Towaley dans es Transac- 
tions philosophiques. Auzout partagea avec Picard l'hon- 
neur d’avoir appliqué le télescope au quart de cercle, 
quoique ce dernier n’ait nullement parlé de cette colla- 
boration dans son ouvragesur la Figure de la terre. Cette 
idée heureuse a été aussi utile aux progrès de l’astrono- 
mie, que le perfectionnement du micromètre et l'ap- 
plication du pendule aux horloges. 

Auzout, qui figure au nombre des premiers membres 
de l’Académie des sciences, est mort à Paris eu 1691. Il 
ne paraît pas avoir écrit d’autre ouvrage que son Traité 
du micromètre. Paris, 16067, 

AVELLAN ou AVELLAR ( Astr.). Nom de l'étoile 
appelée aussi Pollux. 

AVERROES ; ABOU-L-WALID-MOHAMMED-ÉEN-AUMED- 
ÉDN-MORAMMED-ÉEN-RACHED, célèbre savant arabe, xt 
à Cordoue durant le XII° siècle, est auteur d’un gra 
nombres d’écrits, dont quelques-uns ont trait aux 
sciences mathématiques. Averroës à professé dans sa 
ville satale la philosophie et la médecine, sciences qui 


in-4°. 


AV 


de son temps paraissaient inséparables, et qui, d’a- 
près les préjugés du vulgaire, supposaient des con- 
paissances presque surnaturelles dans ceux qui les pra- 
tiquaient. L'époque d'Averroës est celle de la décadence 
de la domination politique des Arabes en Espagne, 
époque où cette grande nation vit aussi se perdre dans 
son sein le goût des sciences qu’elle avait apporté à 
l'Europe. À en juger par le nombre prodigieux de ses 
ouvrages, Averroës, qui exerçait en outre à Cordoue les 
fonctions d’iman et de cadi, a dù mener une vie toute 
de méditation et de travail. Il est l’auteur d’une version 
d’Aristote en arabe; mais cette version n’est pas la 
première qui existât dans cette langue, comme l’avan: 
cent plusieurs de ses biographes, puisque ce travail avait 
déja été fait à Bagdad sous le brillant khalyfat d'Él- 
Mämoun, Nous possédons divers manuscrits d’Averroës, 
qui contiennent des traités de physique et de mathéma- 
tiques pures, d’astronomie et d’astrologie ; car, malgré 
leur savoir encyclopédique, les hommes célèbres de ces 
vieux temps n'étaient pas au-dessus de toutes les erreurs 
populaires. La science alors était environnée d’une sorte 
de respect superstitieux, auquel Averroës, comme beau- 
coup d’autres; doit la plus grande partie de sa re- 
nommée. La plupart de ses ouvrages ont été traduits d’a- 
rabe en hébreu; on en retrouve quelques-uns dans la 
bibliothèque du célèbre Rossi (4pparatus hebræo-bibli- 
eus, etc. —Specimen tneditæ , etc. — Parmæ-Bodont, 
1975-1792.) La bibliothèque royale de Paris possède 
jusqu'à vingt-sept commentaires de cé savant sur Aris- 
tote, et divers opuscules mathématiques. ( Bibl. roy. 
ms; n° 438 et suiv. ) 


Averroës est mort l'an 595 de l’hégyre (1198 de l'ère 
chrétienne). L'époque précise de sa naissance ne se 
trouve nulle part. 


AVICENNE ; 4pou-ALY HOUSSÉYN-ÊBN ABD-ALHAH 
ÉBN-SyNA , l’un des plus célèbres savans arabes, est né 
à Assenah, village des environs de Bokharä, l'an 3750 
de l’hégyre (980 de l’ère chrétienne), suivant ce qu’il 
nous apprend lui-même dans lun de ses écrits. Long- 
temps cet homme, extraordinaire par son savoir et 
l'activité prodigieuse de son esprit, n’a été connu des 
savans d'Europe que comme l’Hippocrate de l'Orient. 
Mais Avicenne ne fut pas seulement un grand médecin ; 
les sciences mathématiques lui doivent plusieurs tra- 
vaux remarquables, et qui nous donnent, du moins, une 


juste idée du point de vue sous lequel cés hautes con- 


naissances étaient envisagées chez les Arabes, et du 
degré de perfection qu’elles y avaient pu atteindre, La 
vie d’Avicenne, pleine de travaux qui étonnent l’ima- 
gination par leur nombre et leur importance, semée de 
catastrophes et d’étranges aventures, ressemble beau- 
coup à celles d'un héros fantastique de ces merveilleuses 


AV 183 


histoires qui portent l'empreinte du génie national des 
Arabes. 

Le grand Ébn - Syna, cest ainsi que dans tout 
l'Orient on désigne encore Avicenne, révéla de bonne 
heuré la puissante intelligence dont il était doué. Il 
avait à 18 ans terminé toutes ses études dans les diverses 
sciences qui devaient faire plus tard l'objet de travaux 
admirés dans sa patrie, et ses titres à la gloire. À 21 ans, 
il avait composé une Encyclopédie, à laquelle il ajouta 
dans la suite un commentaire qui ne forme pas moins 
de vingt volumes, Avicenne avait le goût des voyages : 
il parcourut diverses contrées de l'Orient, et devancé 
par la renommée, il fat tour à tour l’objet de la faveur 
des princes et de disgrâces cruelles. Premier médecin 
et vizir de Magd-êd-Doulah, sultan de la dynastie 
des Bouïdes, deux fois il fut déposé et jeté dans les fers, 
On attribue ces divers chängemens de fortune auxquels 
il fut soumis, à des circonstances qui font peu d’hon- 
neur à son caractère, et qui justifient l’épitaphe remar- 
quable qu’un poète grava sur son tombeau. Il était fort 
enclin à des excès de vin et de débauche, et il paraît 
qu'il trahit son bienfaiteur pour Ala-êd-Doulah, prince 
d'Ispahan, ennemi du sultan qui l'avait accueilli et 
comblé d’honneurs. Après quatre ans d’une dure capti- 
vité, il parvint à tromper la surveillance de ses gardes, 
et il chercha un asile auprès de ce même Ala-êd-Doulah, 
au service duquel il $’attacha. Au milieu de ses courses 
périlleuses, et malgré les chagrins inséparables d’une 
vie agitée, Avicenne ne negligea pas ses travaux scien- 
tifiqués. Son goût pour l'étude et son activité étaient 
tels, qi’il attesté lui-même n’avoir jamais laissé écouler 
une seule journée sans écrire cinquante feuillets. 

Ea liste des manuscrits qu'il a laissés et qu'on pos- 
sède dans diverses bibliothèques de l'Europe, forme une 
nomenclature assez étendue. Nous possédons de lui 
une Dissertation Sur la division systématique des 
sciences, un Recueil d'observations astronomiques , an 
Traité complet des sciences mathematiques, et'une Col- 
léction d'opuscules mathématiques et philosophiques. 
Nous avons donné ailleurs la traduction d’un de ces 
écrits. Voyez ARITHMÉTIQUE. 

La fatigue de ses longues courses, et les excès de toute 
espèce auxquels il se livra, abrégèrent les jours d’Avi- 
cénné. Cet homme célèbre avait à peine atteint 56 ans 
quand il mourut à Hamiadän, l'an 428 de l'hégyre 
(1036 de notre ère). Voici l’épitaphe dont nous avons 
parlé plus haut, et qui manque peut-être au tombeau de 
plus d’un grand homme. « Le grand philosophe, le 
« grand médecin Ébn-Synà est mort. Ses livres de: 
« philosophie ne lui ont point appris l’art de bien 
« vivre, ses livres de médecine l’art de vivre long- 
« temps. » ; 

AVRIL ( Calendrier). Quatrième mois de l’année, 


184 AX 


suivant notre calendrier. Il était le second de l’an- 
cienne année romaine, avant la réforme de Numa. 
Voyez CALENDRIER. 

AXE (4str.). Ligne droite, imaginaire, supposée 
passer à travers la terre, le soleil, les planètes, les sa- 
tellites, etc., et autour de laquelle ils exécutent leurs 
respectives rotations diurnes. 

La terre et les planètes, dans leur mouvement 
de translation sur leurs orbites, se meuvent de manière 
que l'axe de chacun avance toujours parallèlement à 
lui-même, ou est toujours dirigé vers les mêmes parties 
du ciel. 

L’axe de la terre est incliné à l’écliptique sous un 
angle de près de 66°7, position la plus favorable pour 
faciliter la fertilité de la terre et la rendre habitable. 

Le docteur Keïll dans son examen de la Théorie de 
la terre, de Burnet, a indiqué plusieurs avantages qui 
résultent de l’inclinaison de l'axe, et particulièrement 
celui de fairemurir les fruits de la terre; et il a démontré 
la vérité de ce que Képler avait avancé sur ce sujet 
dans son Epist. astron. Coperni. Parmi d’autres parti- 
cularités curieuses, Keill a fait voir que tous ceux qui 
vivent au-delà du 45° degré de latitude, et ont le plus 
grand besoin de la chaleur du soleil, en ont davantage 
pendaut toute l’année, que si l’équateur et l’écliptique 
coïncidaient; tandis que ceux qui vivent entre l’équa- 
teur et le 45° de latitude, et qui sont plutôt trop expo- 
sés au soleil, ont cependant, à cause de l’inclinaison 
actuelle, moins de chaleur que si la terre avait une 
position droite. Ces considérations nous conduisent à 
une admiration sans bornes pour la sagesse qui a pré- 
sidé à l’organisation de l’univers. 

Axe de l'horizon, de l'équateur, etc., est une ligne 
droite tirée à travers le centre des cercles respectifs, et 
perpendiculaire à leur plan. 

Axe en gcométrie. C’est une ligne droite autour 

de laquelle une figure plane fait sa révolution pour 
produire ou engendrer un solide. Ainsi, un demi- 
cercle qui se meut autour de son diamètre en repos, 
engendrera une sphère dont l'axe est ce même dia- 
mètre; et si un triangle rectangle tourne autour de sa 
perpendiculaire en repes, il décrira un cône dont l’axe 
est cette perpendiculaire. 
- Axe est encore plus généralement employé pour dé- 
sigper une ligne que l’on conçoit tirée du sommet d’une 
figure au milieu de sa base. Ainsi, l'axe d’un cercle 
ou d’une sphère, sera une ligne quelconque passant par 
le centre, et terminée à la circonférence par ses deux 
extrémités. 

Axe d’un cône est une ligne tirée du sommet au 
centre de la base. 

Axe d’un cylindre est une ligne menée du centre 
d’une de ses bases au centre de l’autre base. 


Ax 

Axe d'une section conique, Yoyez SEcrIOx contot. 

Axe transverse dans l’ellipse et l'hyperbole : c’est le 
diamètre passant par les deux foyers et les deux princi- 
paux sommets de la figure. Dans l'hyperbole, c’est le 
plus court diamètre; mais dans l’ellipse c'est le plus 
long. 

AxE conjugué où second axe daus l’ellipse et l’hy- 
perbole, c’est le diamètre passant par le centre, et per- 
pendiculaire à l’axe transverse, c’est le plus court des 
diamètres conjugués. 

Axe d'une ligne courbe est encore plus généralement 
employé pour le diamètre qui a ses ordonnées à angle 
droit quand cette position est possible. 

AXE en mécanique est une certaine ligne autow de 
laquelle un corps peut tourner. Il y a des axes de di- 
verses espèces. Ainsi, on appelle : 

Axe d'une balance, la ligne sur laquelle elle se 
meut; 

Axe de rotation, a ligne autour de laquelle un corps 
tourne réellement lorsqu'il est en mouvement. L’im- 
pulsion donnée à une sphère homogène, dans une di- 
rection qui ne passe pas par le centre, la fera tourner 
constamment autour du diamètre qui est perpendicu- 
laire à un plan passant par le centre, et à la ligne de 
direction de Ja force imprimée. De nouvelles forces 
agissant sur toutes ses parties, et dont la résultante 
passe par le centre, ne changeront point le parallélisme 
de son axe de rotation. C’est ainsi que l’axe de la terre 
reste toujours presque parallèle à lui-même dans sa ré- 
volution autour du soleil, sans qu'il soit besoin de sup- 
poser, avec Copernic, un mouvement annuel des pôles 
de la terre autour de ceux de l’écliptique. 

Si le corps possède une certaine figure, son axe de ro- 
tation peut changer à chaque instant. La détermination 
de ces changemens, quelles que puissent être les forces 
agissant sur les corps, est un des problèmes les plus inté- 
ressans de la mécanique des corps solides, à cause de sa 
counexion avec la précession des équinoxes et la libration 
de la lune. La solution de ce problème a conduit à un 
résultat curieux et très-utile, savoir : que dans tous les 
corps il existe trois axes perpendiculaires l’un à l’autre, 
autour desquels le corps peut tourner uniformément 
quand il n’est point sollicité par des forces extérieures. 


C’est pour cela que ces axes sont appelés très-convena- 


blement axes principaux de rotation. 

Axe d’oscillation est une ligne parallèle à l'horizon, 
passant par le centre autour duquel vibre un pendule et 
perpendiculaire au plan dans lequel il oscille. 

Axe du treuil, une des cinq puissances de la méca- 
nique, consistant en une roue fixée à un arbre, La puis- 
sance est appliquée à la circonférence de la roue, et 
le poids est élevé par une corde qui s’euroule sur l'axe 
tandis que la machiuetourne, On peut conceven la 


_ AZ 

puissance appliquée à l'extrémité d’un bras de levier 
égal au rayon de la roue, et le poids comme appliqué à 
l'extrémité d’un levier égal au rayon de l'axe; seule- 
ment ces bras ne se rencontrent pas à un centre unique 
de mouvemens, comme dans le levier; mais à la place 
de ce centre, nous avons un axe de mouvement, savoir : 
l'axe de la machine entière. (Voyez Treuir.) Dans les 
anciens traités de mécanique cette machine est appelée 
Aœis in peritrochio. 

Axe en optique. L’axe optique ou l'axe visuel est un 
rayon passant par le centre de l’œil, ou tombant per- 
pendiculairement sur l'œil. 

Axe d’une lentille ou d’un verre est l'axe du solide 
dont la lentille est un segment, ou l’axe d’un verre est 
la ligne joignant les deux sommets ou points centraux 
des deux surfaces opposées du verre. 

Axe d’un aimant. Ligne passant par le milieu d’un 
aimant, dans le sens de la longueur; de quelque 
manière qu’un aimant soit divisé, pourvu que la di- 
vision se fassé suivant un plan dans lequel cette ligne 
se trouve, l’aimant sera coupé ou séparé en deux au- 
tres; et les extrémités de cette ligne sont appelés les 
pôles de Paimant. 

AXIFUGE (Meéc.). (D'axis, axe, et de fugere, fuir.) 
Force avec laquelle un corps qui tourne autour d’un 
axe tend à s'éloigner de cet axe. ’oyez CENTRIFUGE. 

AXIOME ( D’xgsos, digne ). Proposition évidente 
par elle-même, et qui n’a pas besoin de démonstration. 
Par exemple : 

Le tout est plus grand que sa partie. 

Deux quantités égales à une troisième sont égales 
entre elles. 

Lorsque deux figures , étant appliquées l’une contre 
l'autre, se recouvrent exactement, elles sont égales, etc. 
Voyez ALGÈBRE 5. ; 

Les mathématiques pures sont fondées sur des axiomes 
et participent ainsi de la certitude de ces propositions. 

AYUK ( A4str..). Nom de l'étoile appelée communé- 
ment la Chèvre, dans la constellation du Bouvier. 

AZELPHAGE (4str. ). Étoile qui est à la queue du 
Cygne. 

AZIMECH ( Astr. ). Nom arabe de l’'Epi de la 
Vierge. Bayer l’applique à tort à Arcturus. 

AZIMUT (Astr.). Arc de l'horizon compris entre le 
vertical d’un astre et le méridien du lieu de lobserva- 
tion 

Soient RZPIH le méridien , RO'OEH l'horizon, Z le 
zénith, P le pôle, et A la position d’un astre sur son 
vertical A'AP, l’are OH sera l’azimut, Pour trouver cet 
arc, on considère le triangle sphérique ZPA., dans le- 
quel ZP est le complément de la hauteur du pôle au- 
dessus de l'horizon ou de la latitude, AZ le complé- 
ment de la hauteur de l'astre au-dessus de l'horizon, 


AZ 185 
et ‘AP le complément de la déclinaison de l’astre au 
moment de l'observation. Si, EE étant l’équateur cé- 


leste, l’astre était situé en A’ dans l’hémisphère op- 
posé à celui dont le pôle est au-dessus de l'horizon, 
l'arc A'Z ne serait plus le complément de la déclinai- 
son, mais bien cette déclinaison augmentée de 90°. 

Dans le triangle ZPA ou ZPA'", lorsqu'on connait les 
trois côtés, il est facile de calculer l'angle AZP ou 
A'ZP, dont la mesure OH ou O'H est l’azimut de- 
mandé , par la formule 


snic— - : 
s V [ sin À . sin B 


A et B étant les deux côtés qui comprennent l'angle €, 


sin (S— À). sin (S — 2] 


et S la demi-somme des trois côtés du triangle. 

ExempLe. La hauteur observée du bord inférieur du 
soleil étant de 27°, et la latitude du lieu de l’observa- 
tion de 36° 45" nord, on demande l’azimut de ce bord 
sachant d’ailleurs que la déclinaison du soleil est aus- 
trale et de g° 50", et que l'élévation de l'œil au-dessus 
du niveau de la mer est de 15 pieds. 

Corrigeant la hauteur observée des effets de la réfrac- 
tion , de la parallaxe, et de la dépression de l'horizon 
due à la hauteur de l'œil, on a d’abord : 


hauteuriobservée.….....4. 27° 
dépression pour 15 pieds... — o 


3.587 


.# 20 246; 297 
réfraction et parallaxe..... — o 1 45 
hauteur vraie.... — 20° as 44 M 
, . ! ll , sh 
Ainsi O'A' = 96° 44' 17", et, par conséquent, A'Z — 
63° 15° 43"; de plus, A'P— 9° 50° +90° — 99° 50", 
et ZP — 90° — 36° 45! = 53° 15". Avec ces données, 
nous trouverons 


APE, 53015! Si: 106° 4o! aif 
AMP: 100,150 ZPS5 53 1x5 0 
AZ... CS T5 048? a 

E S—7ZP —=:53° 25%ars 

213° 20’ 43" S... 106° 40! 21" 
demi-som. = 106 4o 21=S A'Z... G3 x15 43 
S—A'Z— 43° 94! 38" 


EM 


185 AZ 
Substituan! ces dernières valeurs dans la formule ci- 
dessus, nous aurons 


en UD ONE sin (53° 25’ 21").sin (43° 24° 38”) 
CE 0 [ sin (69e r59ssin (03° 18° a | 
LA 


Opérant par logarithmes, ainsi qu’il suit; 


log sin (53° 25° 21") = 9,9047434 
log sin (43° 24! 38") — 9,8371178 
comp. log sin (53° 15° 0”) — 0,0902299 


0,0491133 


19.8872043 
log.sin+A'ZP = 9,9436o21 


comp. log sin (63° 1543") — 


nous obtiendrons définitivement + A'ZP — Gi 25" 41"; 
d'où O'H = 122° 51° 22”. 

L'azimut calculé de cette manière sert à découvrir la 
variation de l'aiguille aimantée : cette variation étant 
égale à la différence qui se trouve entre le résultat du 
calcul et l’azimut observé immédiatement à l’aide du 
compas azimutal. Voy. Compas AZIMUTAL. 


AZ 


T’amphtude est le complément de l’azimut d’un astre à 
l'horizon ou la différence entre 90° et cet azimut; on la 
déduit done immédiatement de ce dernier, lorsqu'il est 
coûnu, et vicé versa ; mais nous devons faire observer 
à ce sujet que nous donnons ici de l'extension au mot 
complément én lui faisant exprimer une différence 
égale à 

90° — x, 


quel que soit x; car ce mot ne s’applique ordinairement 
à une telle différence que lorsqu’elle est positive, c’est-à- 
dire pour le casde x 90°. Danslesens général que nous 
lui attribuons, le signe de go —x peut être positif ou 
négatif : ce qui est utile à considérer; car, lorsque ce 
signe est positif, l'amplitude est de même désignation 
boréale ou australe que le pôle élevé; et, lorsqu'il est 
négatif, elle est d’une désignation opposée. Foy. Am- 
PLITUDE. 


B. 


BA 


BACHET pe MEZIRIAC (Craune-Gasparp), né 
dans le Bugey, vers la fin du XVI° siècle, mathémati- 
cien distingué, et l’un des membres de l’Académie 
française à l’époque où cette institution fut fondée. Il 
était destiné à l'église, et il ft partie de la célèbre so- 
ciété des Jésuites. Dès l’âge de vingt ans il professait la 
rhétorique à Milan. On ignore quelles raisons le déter- 
minèrent à quitter cet ordre religieux pour rentrer dans 
la vie civile; mais il était encore très-jeune lorsqu'il vint 
à Paris, où son esprit et ses connaissances le firent bien- 
tôt remarquer. Nous wavons à nous occuper ici-que de 
ses travaux mathématiques; mais on connaît de lui plu- 
sieurs productions littéraires qui annoncent de lérudi- 
tion et du goût. 

On sait @me vers le milieu du XVI siècle, le livre 
de Diophante fut retrouvé dans la bibliothèque du 
Vatican, et publié par Xylander qui le traduisit et le 
commenta. Cette traduction laissait beaucoup à désirer, 
car on reprochait à l'auteur de ne posséder que des 
connaissances imparfaites en mathématiques. Bachet en 
entreprit une nouvelle qu'il publia avec un commen- 
taire ; en 1621. L’historien de l’Académie française nous 
apprend que ce travail fut achevé par Bachet, dans un 
moment où il était malade de la fièvre quarte. Lui- 
même il disait que, rebuté par les difficultés que pré- 
sentait son entreprise, il ne l'aurait jamais achevé sans 
Vopinidtreté mélancolique que sa maladie lui in pirait. 


BA 


Les matériaux qui étaient à sa disposition durent exi- 
ger en effet de sa part un travail pénible et soutenu. 
Le manuscrit de Diopbante, qu'il se proposait de tra- 
duire , était altéré dans plusieurs endroits, et les notes 
de Maxime Planude et de Xylander, souvent erronées 
ou inintelligibles, étaient loin de suppléer à ce qui man- 
quait dans le texte. Cette édition de Diophante fut 
donc ce qu’on appelait alors une sorte de divination du 
mathématicien grec, et on peut la regarder comme un 
ouvrage original de Bachet. L’illustre Fermat fit de 
savantes notes sur cet ingénieux travail, et son fils en 
publia une nouvelle édition en 1670, augmentée de ces 
notes et des découvertes de son père en aksèbre. Bachet 
mérite d’être cité parmi les mathématiciens qui contri- 
buèrent aux progrès de la science. On lui doit la réso- 
lution générale et complète des équations indéterminées 
du premier degré, quel que soit le nombre de ces indé- 
terminées et des équations. Il est en effet le premier des 
modernes qui se soit occupé de cette branche importante 
de la science. Il annonça cette solution dans l'édition! 
publiée à Lyon, en 1612, de son ouvrage intitulé : 
Problèmes plaisans et délectables qui se font par les 
nombres. 11 se borna alors à appliquer sa méthode à un 
de ces problèmes curieux, mais il la développa dans 
l'édition de 1624, et il serait difficile d’y rien ajouter, 
ou de l’exposer avec plus de perfection. Bachet mourut 
on 1628, âgé, suivant quelques biographes, de près de 


BA 


soixante ans, et suivant d’autres seulement de quarante- 
cinq. | ; 

BACON ( Roerr ), religieux anglais, de Pobservance 
de Saint-François, mathématicien et astronome célèbre, 
V'un des savans les plus remarquables du moyen-àge , 
naquit à Ilchester, dons le comté de Sonumerset , 
en 1214. Ses contemporains l’honorèrent avec raison du 
titre de docteur admirable, et la postérité la placé au 
premier rang des hommes de ce siècle, dont les tra- 
vaux signalent les modernes efforts de l'intelligence 
coutre les ténèbres qui couvraient encore l'Europe. Les 
découvertes attribuées à Roger Bacon, ses ingénieux 
aperçus, ses nombreux travaux dans toutes les branches 
du savoir, et enfin les malheurs que lui attirèrent ses 
connaissances , dans ces temps d’ignorance et de grossiers 
préjugés, en font un de ces personnages pour lequels, 
après de longues années, le biographe se sent encore 
ému d'un profond intérêt. 

Né dans une famille peu riche, mais de la classe de 
celles qu'on appelle honorables en Angleterre, Roger 
Bacon révéla dès son enfance les heureuses facultés que 
l'étude des sciences devait un jour développer en lui. 
Ce fut à l’université d'Oxford, et sous le professorat 
d'Edmond Rich, depuis archevêque de Cantorbéry, 
qu’il commença ses cours. Il les continua à Paris, où 
l'appela , dans un âge un peu plus avancé, la réputation 
dont jouissait l’université de cette ville. IL fut promu 
dans cette école, alors célèbre , au grade de docteur en 
théologie; science qui supposait, à cette époque, la con- 
naissance de toutes les autres. On croit généralement 
que ce fut à Paris, et après avoir obtenu, pour prix de 
ses premiers efforts, ce titre si respectable, que le Jeune 
Bacon prononça ses vœux dans un des ordres mineurs. 
Ce fut sans doute avec l'espoir de pouvoir se livrer 
exclusivement, au sein de la solitude du cloître, aux 
études qu'il avait embrassées avec tant d’ardeur, qu’il 
se sépara ainsi du monde. Mais sa renommée devait 
tromper ses nobles espérances, et l'ignorance monacale 
réservait à son âge mür d’étranges persécutions, qui 
durent lui faire regretter le parti qu'il avait pris dans sa 
jeunesse enthousiaste. 

Bacon, dévoré du besoin de connaître tout ce que les 
hommes pouvaient savoir de son temps , apprit succes- 
sivement le latin, le grec, Phébreu et l'arabe. Il fut 
bientôt à même de consulter les auteurs anciens dans 
leur propre langue, et de comparer leur texte avec les 
versions infidèles qu'on colportait dans les écoles. Mais 
alors il éprouva cette amère déception qui attend souvent 
l'homme de génie au moment même où il croit entrer 
eu possession de la vérité : il ne trouva rien derrière 
cêtte érudition stérile , acquise au prix de tant de 
veilles. Doué d’un génie supérieur et digne d’un meil- 


leur siècle, il voulut s'ouvrir une route plus large ct 


BA 187 


plus sûre dans les sciences. 11 se livra, en conséquence, 
avec une ardeur nouvelle, à l'étude de la philosophie 
naturelle, et comprenant enfin que la connaissance 
des mathématiques pouvait seule attacher un caractère 
de certitude aux découvertes scientifiques, il en fit l’ob- 
jet principal de ses travaux. C’est sous ce dernier point 
de vue seulement que la vie de Roger Bacon doit être 
envisagée dans cet ouvrage. 

Cet homme extraordinaire a rendu de plus grands 
services à l'humanité, en prouvant l'utilité des mathé- 
matiques dans la philosophie naturelle, qu'il n’a mé- 
rité sa reconnaissance par des découvertes destinées à en 
agrandir les connaissances. Néanmoins, ceux de ses bio- 
graphes modernes qui se montrent les plus sévères envers 
lui, ne lui refusent pas de grandes vues et une habileté 
remarquable dans sa manière séduisante de les présenter. 
L'un des ouvrages les plus importans qu’ait composés 
Foger Bacon est son Traité de perspective, branche des 
mathématiques qu’il paraît avoir affectionnée. Cet écrit 
renferme des idées justes, et nouvelles alors, sur un grand 
nombre de phénomènes qui s'expliquent par les lois de 
l'optique. Telles sont les observations de l’auteur sur 
la réfraction astronomique, sur la grandeur apparente 
des objets, et sur l'apparence extraordinaire du soleil 
et de la lune à l'horizon. Il n’y a pas de doute que Bacon 
n'ait tiré un très-grand parti des travaux anciens sur 
l'optique, de Ptolémée et de l’arabe Alhazen. Mais ce 
serait un étrange reproche à adresser à un savant, que 
celui d’avoir profité, dans ses recherches de la vérité, des 
tentatives antérieures aux siennes. La plupart des grandes 
découvertes dans les sciences n’ont été d’abord que des 
aperçus, dont les développemens sont devenus peu à 
peu des systèmes complets, suivant que des hommes de 
génie s’en sont emparés. Cette observation s'applique 
surtout à la découverte du télescope, attribuée à Roger 
Bacon, d’après plusieurs passages fort remarquables de 
son Opus majus. On a cramt, en lui faisant honneur de 
cette puissante invention, de diminuer la gloire de l'il- 
lustre Galilée; mais ce motif n’a aucune valeur ration- 
nelle. Que Roger Bacon ait entrevu que des milieux figu- 
rés d’une certaine manière, et disposés convenablement 
entre l'œil et l’objet, pouvaient augmenter Fangle visuel, 
et conséquemment l'apparence de l’objet, cela nous paraît 
hors de doute. Mais il y aurait encore loin de cette cons- 
tuction à priori d'un objectif de ce genre, Au télescope 
de Galilée, comme l'instrument inventé par ce grand 
homme est peu comparable à celui que les perfection- 
nemens d'Huygens ont rendu si utile à la science. Ceci 
une fois posé, qu’on fasse la part de tout ce que la bril- 
lante et féconde imagination de Bacon pouvait lui 
montrer d’exagéré dans les résultats de sa découverte, 
il est difficile d'expliquer autrement qu'en sa faveur les 


divers passages de l’'Opus majus ; où il ex 


488 « BA 


à ce sujet. Nous n’en citerons qu'un seul : De wisione 
jracta majora sunt : nam de facili patet per canoneS 
supradictos quod mazxima possunt apparere minima ; 
et ëcontrà, et longè distantia, videbuntur propinquis” 
sima, et è converso. Nam possumus sic figurare pers. 
picua, et taliter ea ordinare respecti nostri visûs et 
rerum , quod frangentur radii et flectentur quorsumque 
voluerimus et sub quocumque angulo voluerimus, et 
videbimus rem longè vel propè; et sic ex incredibili 
distantia legeremus litteras minutissimas , et pulveres 
ex arend numeramus.... el Si sic possel puer apparere 
gigas, et unus homo videri mons et parvus exercilus 
videretur maxinus.Sic etiam feceremus solem et lunam 
descendere hic inferiüs , secundiumn apparentiam el super 
capita inimicorum apparere, etc. C'est-à-dire, en ré- 
sumé : « On peut tirer encore un meilleur parti de la 
« vision rompue; car il est facile, en exécutant ce qui a 
« été prescrit dans les canons susdits ( chapitres), de 
& faire apparaître plus petits les plus grands objets et 
« d'obtenir un résultat opposé, comme de rapprocher 
« les objets les plus éloignés, et également le con- 
« traire....., etc. » L'historien de l’université d'Ox- 
ford, Wood , et Jebb, l'éditeur de l’ Opus majus, ont 
cru pouvoir avancer, d'après ce passage ct divers autres 
extraits des écrits et de la correspondance de Roger 
Bacon, qu'il avait été en possession du télescope. Bayle 
paraît adopter cette opinion; mais ce célèbre critique 
n’était nullement compétent dans cette discussion; et 
Montucla, dans son Histoire des mathematiques, soutient 
l'opinion contraire par des raisons qui nous semblent 
sans réplique. Cependant cet illustre savant, quelque 
disposé qu’il soit à rendre hommage à l’étonnante pers- 
picacité de Bacon, oublie que si l'invention du téles 
cope lui a été mal à propos attribuée, il n’est pas moins 
certain que ses écrits ont pu mettre sur la voie de cette 
découverte. Rien ne prouve en effet que Galilée ne les 
ait pas connus. On peut en dire autant des verres leuti- 
culaires , dont on a également attribué l'invention à Ro- 
ger Bacon. La théorie qu'il expose à ce sujet prouve 
qu'il ne l’a jamais réduite en pratique, et que même ses 
conjectures ont été, sous ce rapport, moins heureuses 
que celles d’Alhazen; mais ce fut peu de temps après 
Bacon que l'usage des lunettes fut connu en Europe, et 
l'on ne peut lui refuser la gloire d’avoir contribué à 
cette découyerte. 

Dans l’un de ses écrits sur les Secrets de la nature, 
il parle de la possibilité de construire une machine à 
l'aide de laquelle l’homme pourrait se soutenir dans 
air; mais il ajoute aussitôt qu’il pourrait s’en servir 
comme l'oiseau de ses ailes. Son ardente imagination 
l'entraine toujours au-delà des bornes de la science et de 
Ja vérité. Cependant il est impossible de ne pas voir 
das fe passage qui nous fournit cette observation, une 


BA 


idée de l'aéronautique, qu’il n’a point cherché nonplus 
à réaliser. 

Roger Bacon s’est beaucoup occupé d’astronomie : on 
peut même dire avec le docteur Freind, auteur de 
l'Histoire de la médecine, qu’il était le seul astronome 
de son temps. Il est certain qu’il a eu lidée de Ja réfor- 
mation du calendrier, qui eut lieu seulement sous Gré- 
goire XII. C’est du moins l'opinion des savans docteurs 
Jebb et Freind. 

- L'invention de la poudre à canon est aussi attribuée à 
Bacon avec plus de fondement, suivant de graves 
auteurs. « On peut faire, dit-il dans une de ses lettres 
« sur la chimie, avec du salpètre et d’autres ingrédiens 
« un feu qui brule à telle distance qu’on veut. » Ailleurs, 
il décrit la nature de cesingrédiens, et donne une formule 
dans laquelle il entre des parties de soufre, de salpêtre 
et de charbon ; il explique ensuite les effets produits par 
cette composition d’une manière assez singulière pour 
qu'elle mérite d’être citée : « Elle excite, ditl, un 
« bruit sernblable à celui du tonnerre; elle brille comme 
« les éclairs, et même d’une lueur plus effrayante : car 
« une petite quantité, de la valeur, par exemple, d'un 
« pouce, bien disposée, fait un bruit violent et une 
« lueur extraordinaire. Cela peut se faire de diffe-! 
« rentes manières capables de détruire des villes et des 
« armées entières, à limitation du stratagème de Gé- 
« déon, qui, ayant rompu les cruches, fit paraître le feu 
« avec un bruit horrible, et le mit en état de défaire 
« une puissante armée de Madianites avec trois cents 
« hommes. » 

Dans son Opus majus, Roger Bacon a abordé l’in- 
telligence de toutes les branches du savoir humain. Mais 
on ne trouve en effet, comme on l’a déjà dit, dans ses 
nombreux ouvrages, que des aperçus étonnans, des 
appréciations plus où moins heureuses. En se reportant 
à l'époque où il vivait, on s'explique mieux ses erreurs, 
et l’on apprécie mieux aussi la supériorité de son génie! 

Les talens de Roger Bacon, ses opinions philoso- 
phiques peu respectueuses pour celles d’Aristote qui 
régnait alors en souverain sur nos écoles ; enfin l’impru- 
dence qu'il eut de rendre publiques quelques expériences 
chimiques qui le firent accuser d'entretenir un commerce 
abominable avec l'esprit de ténèbres, mais peut-être 
plus encore sa renommée et sa supériorité incontestable, 
armèrent contre lui la haine et la jalousie des moines 
de son ordre. Il fat mis en jugement dans un chapitre 
général, et l’auteur du livre de Nullitate magiæ fut 
déclaré magicien : on lui fit défense d’écrire, et on le 
condamna à une prison perpétuelle. L’infortuné Roger 
Bacon ne recouvra sa liberté que dans une extrême 
vieillesse : il n’en jouit que peu de temps, et il mourut 
accablé de chagrins et d'infirmités, suites des traitemens 


odieux qu’on Jui avait fait subir, en l'année 1202, à l’âgede 
? 2 2 G 


BA 


78 ans. Ses ouvrages les plus recherchés des bibliophiles 
et des savans sont : Roc. Baconis, vi eminentissin , 
Perseecriva, etc., Joh. Combachii, Francf., 1514, in-4°. 
— Opus majus, Roc. Baconis, nunc primum edidit, 
S. Jebb, London, 1733, in-folio. — De secrets naturæ 
et arts et nullitate magiæ. Paris ; 1542, in-8°, 1b., 1622, 
in-8°. La bibliothèque d'Oxford possède divers autres 
ouvrages de Bacon, entre autres : Opus minus , etc., 
Opus terüium, etc., et un Traité du Calendrier, dans 
lequel sont consignées les observations astronomiques 
dont nous avons parlé, 

BACULAMETRIE ( Géom.), vieux mot par lequel 
on désignait l'art de mesurer les distances avec des 
bâtons ou des verges. J’oyez ALTIMÉTRIE et ARPENTAGE. 

BAILLY (Jean-Sivain), membre de l’Académie des 
sciences, de l'Académie française et de celle des Inscrip- 
tions, moins célèbre peut-être par ses talens que par ses 
malheurs, naquit à Paris en 1736. Il se fit d’abord 
connaître par des poésies et des pièces de théâtre, et ce 
fat dans l’amitié du savant abbé Lacaille, qu'il puisa 
du goût pour des travaux d’un ordre plus élevé. L’astro- 
uomie fut, de la part de Bailly, l’objet d’études spé- 
ciales, dans lesquelles il ne tarda pas à acquérir de la 
réputation. Néanmoins il a plus souvent envisagé cette 
science en littérateur qu’en géomètre. On trouve, il est 
vrai, dans ses écrits, quelques justes appréciations des 
phénomènes célestes, scientifiquement exposées, et qui 
supposent des connaissances assez étendues ; mais en 
général, cet écrivain affectionne des hypothèses qui rap- 
pellent trop ses premières productions littéraires. C’est 
surtout dans l’Æistoire de l'astronomie indienne que 
Bailly s’est abandonné à tous les caprices de son imagi- 
nation, en prenant au sérieux de prétendues observa- 
tions astronomiques qui feraient remonter la civilisation 
de cette nation à une antiquité exagérée. Ces supposi- 
tions romanesques plaisent aux gens du monde, et elles 
eureut surtout du succès à une époque où l’école ency- 
clopédique s’avisait de transporter, même sur le terrain 
de la science, le combat qu’elle soutenait contre la rai- 
son et la saine philosophie. Bailly fut successivement 
appelé à siéger dans trois Académies. L'aménité de ses 
mœurs, la douceur de son caractère, la bienveillance 
aimable qu’il portait dans toutes les relations de la vie, 
contribuèrent sans doute beaucoup plus que l'importance 
de ses écrits, à lui faire cueillir tant de palmes académi- 
ques. Le caractère ctle talent de cet écrivain lui attirèrent 
en même temps les dangereux honneurs de la popula- 
rité... On sait par quelle cruelle catastrophe il expia sa 
funeste confiance dans les principes philosophiques qu'il 
avait contribué à répandre. Illustre victime de la fureur 
des factions et de la brutale ignorance des masses popu- 
laires, Bailly, dont la mémoire restera à jamais pure et 
honorable, sera aussi à jamais un d'ouloureux exemple 


BA 189 


pour les hommes de science et de progrès, qui descen- 
dent quelquefois, des hauteurs où les placent leurs tra- 
vaux, dans la lice brülante des partis. Condamné à mort 
par le tribunal révolutionnaire, après avoir été l’idole 
des Parisiens, Bailly fut exécuté au Champ-de-Mars, 
le 12 novembre 1503, avec des circonstances atroces. 
Ses principaux ouvrages sont : Æssai sur les satellites 
de Jupiter, avec les Tables de leurs mouvemens, 
Paris, un vol. in-4°, 1766. — Histoire de L Astronomie 
ancienne, depuis son origine jusqu’à l'établissement 
de l'école d'Alexandrie. Paris, 1981, in-4°. — His- 
toire de l’ Astronomie moderne, depuis la fondation de 
l'école d'Alexandrie jusqu'en 1782. Paris, 1785, 
3 vol. in-4°. — Histoire de l' Astronomie indienne et 
orientale. Paris, 1787, in-4°. 

BAKER ( Tnomas ), mathématicien anglais, né à 
Iton, dans le Sommerset, en 1625, s’est rendu célèbre 
par la publication d’une méthode pour la résolution des 
équations du 3° et du 4° degré. En 1645, il avait été ap- 
pelé à occuper une chaire de mathématiques au collége 
de Wadham; il fut plus tard recteur de la paroisse de 
Bishop-Nympton, dans le comté de Devon. On ignore 
dans quelles circonstances cet ecclésiastique fut mis en 
prison pour dettes à Newgate; mais ce fut dans cette 
maison qu’il écrivit l’ouvrage où il proposa sa méthode 
de résolution des équations, sans aucune préparation, 
par un cercle et une parabole. Peu de temps avant sa 
mort, la Société royale de Londres lui soumit plusieurs 
questions importantes et difficiles, qu'il résolut de la 
manière la plus satisfaisante. Cette compagnie lui décer- 
na ure médaille d’or, où une flatteuse inscription rap- 
pelait ses titres à cette récompense. Thomas Baker 
mourut en 1690. Voici le titre de son ouvrage : The 
geometrical key, or a gate of œquations un locked, etc., 
ou Clavis geometrica catholica, seu janua æquationum 
relevata. London, 1684, in-4°. : 

BALANCE (4str.). Ce nom s'applique également à 
une constellation située dans l'hémisphère austral et au 
septième signe du zodiaque, marqué #2. 

Avant la découverte de la précession des équinoxes, 
ou du mouvement des points équinoxiaux, on croyait 
que le soleil, revenant au même équinoxe, se trouvait 
correspondre exactement aux mêmes étoiles; et l’on 
avait partagé l’écliptique en 12 parties égales ou signes, 
faisant de chacune de ces parties une constellation dé- 
terminée à l'aide d’un groupe d'étoiles. Alors le pre- 
mier signe correspondait à la constellation du Bélier, 
le second à celle du Taureau , et ainsi de suite, Depuis 
cette époque, l’état du ciel a entièrement changé; et, 
par la rétrogradation des points équinoxiaux, les signes 
ne correspondent plus aux mêmes constellations. Ce- 
pendant, on a conservé aux signes les noms qu'ils 


avaient dans l’origine; et, par une convention généra- 


490 BA 


lement adoptée, le premier point da signe du Bélier 


répond toujours à l’équinoxe du printemps, et celui de 


la Balance à l'équinoxe d'automne; tandis que les con- 
stellations du Bélier et de la Balance, ainsi que toutes 
les autres se sont éloignées de ces signes de près de 30° 
ou d’un signe entier. Poy. PRrÉCEssi0N. 

BALANCE (Méc.). Machine qui sert à comparer les 
masses des corps, ou à déterminer l'égalité ou l'inégalité 
de leurs poids. 

La balance est une application du levier (Foy. ce 
mot), et comme telle on en distingue plusieurs espèces ; 
les principales sont la éalance ordinaire , nommée sim- 
plement balance, et la balance romaïne ; ou le peson. 

La BALance ORDINAIRE est composée d’un levier 
droit AB (PL. XII, fig. 8), nommé fléau, aux extrémités 
duquel sont suspenäus deux bassins C et D, qui reçoi- 
vent les corps qu'on veut peser. Le fléau est suspendu 
par son milicu, de manière à pouvoir osciller librement 
lorsque l'équilibre des bassins est détruit par l'addition 
d’un poids dans Fun ou dans l'autre. 

Le fléau AB est donc un levier du premier genre, 
partagé en deux bras égaux par son point d'appui x, 
et chargé de Veffort des deux puissances qui sont dans 
les deux bassins C, D, et dont les directions sont pa- 
rallèles entre elles, faisant avec le fléau des angles droits 
lorsqu'il est horizontal, ou des angles dont les sinus sont 
égaux lorsqu'il est incliné. 11 n’y a donc que des masses 
égales qui puissent être en équilibre sur un pareil le- 
vier. ‘ | 

Pour que la balance ordinaire soit exacte , elle doit 
réunir au plus haut degré possible les trois qualités 
suivantes : 1° Elle doit être très-mobile, pour que le 
plus petit poids ajouté d’un côté ou de l’autre fasse tré- 
bucher le fléau. 2° Ses bras doivent être toujours égaux; 
car, dans le cas contraire, les masses qui se feraient 
équilibre ne seraient point égales en poids. 3° Les bras 
doivent être dans une même direction, afin de pouvoir 
juger avec plus de facilité s'ils font réellement des an- 
gles égaux de part et d’autre avec les directions verti- 
cales du poids. 

Pour donner une grande mobilité à la balance or- 
dinaire , il faut rendre le frottement qui se fait au point 
d'appui le plus petit possible, et faire correspondre 
exactement le centre du mouvement avec le centre de 
pesanteur. On remplit la première condition en don- 
nant au point de suspension la forme d’un couteau dont 
le tranchant seul porte sur l'appui. Quant à la seconde, 
on la néglige dans les balances destinées aux usages or- 
dinaires, parce qu’une extrême mobilité deviendrait 
alors incommode , et qu’il est indifférent de se tromper 
d’une petite quantité dans les évaluations commerciales 
auxquelles ces machines sont employées. 

La longueur des bras d’une balance contribue aussi à 


BA 


lui donner de la mobilité; car un très-petit poids, agis- 
sant à l'extrémité d’un plus long bras, fait autant d’ef- 
fet qu'un plus grand poids agissant sur un plus petit 
bras. Mais on ne peut tirer un grand parti de cette re- 
marque; car la longueur des bras doit toujours être en 
proportion avec leur solidité; des bras trop longs deve- 
nant flexibles et cessant d’être égaux en se courbant ; 
le fléau, d’ailleurs, devant être le plus léger possible, 
pour diminuer la pression sur le point d'appui. 

Une balance peut paraitre juste en se tenant en équi- 
libre dans une situation horizontale, et cependant avoir 
des bras de levier inégaux. Il suffit pour cela que le bras 
le plus court ou son bassin soit plus pesant que l’autre 
bras ou que l’autre bassin ; mais on reconnaît facilement 
ce défaut; car, après avoir chargé les bassins de ma- 
nière qu'il y ait équilibre, si l’on change les masses d’un 
bassin à l’autre, l’équilibre ne subsistera plus après ce 
changement. En effet, dans le premier cas cet équilibre 
n'existait que parce qu’une plus grande masse corres- 
pondair au bras le plus court, tandis que dans le second 
cette plus grande masse, correspondant au bras le plus 
long, doit nécessairement emporter l’autre. Voyez le 
mot Levier pour la démonstration des propriétés et 
pour la théorie de la Barance. 

Lorsqu'une balance est fausse, on peut néanmoins 
s’en servir, pour peser exactement, en procédant de la 
manière suivante : 

Après avoir mis en équilibre une masse Q par un 
poids P , en plaçant, par exemple, Q dans le bassin C, 
et P dans le bassin D ; on transporte Q dans le bassin D, 
et on observe quel poids il faut mettre dans l’autre bas- 
sin pour lui faire équilibre; soit P' ce nouveau poids. 
Connaissant P et P', le véritable poids de Q est égal à 

VPxPr. 

En effet, d’après les principes de l'équilibre du le- 
vier, si nous désignons par > la longueur du bras à 
l’extrémité duquel est le bassin C, et par » la longueur 
de l’autre bras, nous aurons.les deux égalités 

mP=nQ et nP'=mQ, 
dont le produit 
mnPP' = mnQ, 
étant divisé par le facteur commun 7», donne 
PP'—Q où Q—=V/PP. 

Ainsi, par exemple, en supposant que la première 
pesée ait donné un poids P — 38 grammes, et que la 
seconde ait donné P'— 42 grammes, le véritable poids 
de Q sera 

VX 42 = V/1596 — 39,05. 
Si les poids P et P’ différent très-peu, on peut gé- 


BA 


pargner la longuéur d’une extraction de racine carrée ; 
car on peut faire alors 


P: 
Que 


2 
En effet, soit P'— P — p, nous avons 
PP=P: + Pp. 
Mais V/(P? + Pp) est à très-peu de chose près égale à 
P + Ê , lorsque p est très-petit par rapport à P; on 
peut donc faire dans ce cas 


P __2P+p  P+P 
0sPHhS ou Q— ER RIRE NP 


Dans l'exemple ci-dessus on trouverait, en employant 
cette dernière formule, Q — 40 grammes ; ce qui ne 

é Le 
diffère de la véritable valeur que de moins de 3 de 
gramme , quantité sans importance pour les usages or- 
dinaires, 

La Bacance RomAINE est un levier dont les bras sont 
inégaux ; elle se compose d’un fléau AB (PL. XIT, fig. 7). 
suspendu par une anse EK ; le bras le plus court porte 
un bassin C, ou un crochet destiné à soutenir l’objet 
qu'on veut peser, et un poids constant P, coule au 
moyen d'un anneau le long du bras le plus long. Cette 
machine à l'avantage de n'avoir besoin que d’un seul 
poids pour peser les corps les plus lourds; car, d’après 
la théorie du levier, l'équilibre a lieu lorsque la dis: 
tance de P au point de suspension est en raison inverse 
de la distance du corps pesé au même point. 1l suffit 
donc d'établir sur le bras EB des divisions dont le nom- 
bre, à partir du centre de suspension, puisse faire con- 
naitre immédiatement le poids du corps pesé. 

Par exemple, si le corps pesé = 10 kilogrammes, et 
que le poids constant soit un kilogramme, l'équilibre 
aura lieu lorsque la partie Ka sera égale à 10 fois le 
bras AK. 

Ainsi, en admettant que chaque division du grand 
bras soit égale au petit bras, lorsqu'il faudra mettre, par 
exemple, le poids P à la cinquième division , pour faire 
équilibre à un objet Q placé dans le bassin, en en con- 
clura que le poids de Q est égal à 5 fois P, et ainsi de 
suite. Les subdivisions de ces parties donneront égale- 
ment Les subdivisions de poids au-dessous de P. 

Pour que cette balance soit juste, il faut qu’elle soit 
en équilibre dans une position horizontale indépen- 
damment du poids P et de tout objet à peser. 

Toutes les autres espèces de balances ne sont que des 
modifications de ces deux premières. Nous en explique- 
rons la théorie au mot Levier. 


Dazance uypnasriQué. Machine qui sert à trouver la 


BA 491 


pesanteur spécifique des corps solides ou liquides. Foy. 
PEsanTEUR SPÉCIFIQUE. : 

BALANCEMENT. Foy. Oscillation. 

BALANCIER (Aéce.). Nom générique qu’on donne à 
toute partie d’une machine qui a un mouvement d’os- 
cillation ; et qui sert à régler le mouvement des autres 
parties. 

BALEINE (4str.). Constellation méridionale, dans 
laquelle on remarque une étoile changeante fort singu- 
lière: La Baleine contient 07 étoiles dans le catalogue 
de Flamstead. On la nomme encore Cetus, Cete, 
Draco ; Leo ; Ursus Marinus , Canis tritonis. Les Ara- 
bes lui donnaient le nom de Kaëtos ou Elketos. Elle est 
située au-dessous de là costellation des Possons, entre 
celles du F’erseau et de V Éridan. 

BALISE (/fce.). Corps flottant , attaché à des chaînes 
d’amarrage, qui sert à indiquer aux navires, pendant 
la nuit, la direction qu’ils doivent prendre. 

BALISTE ( A4rt de là guerre), Antique machine de 
guerre, Qui servait à lancer des traits dont la longueur 
et le poids étaient souvent extraordinaires. (Voyez Ar- 
chitecture de Vitruve, ou Polybe, avec les commen- 
taires de Fülard. ) 

BALISTIQUE (ars balistica, du grec Bzrw, je 
lance). Théorie des projectiles ou du jet des bombes. 

On désigne en général sous le nom de Balistique la 
théorie et la pratique des corps solides lancés en l'air à 
l'aide d’un moteur quelconque. Depuis l’invention et 
les progrès de l'artillerie, ce terme a été plus particulie- 
rement consacré aux projectiles lancés par les bouches à 
feu; et, sous ce dernier aspect, la balistique forme 
une des parties les plus importantes de l'art de la 
guerre, 

Jusque vers le milieu du seizième siècle; l'artillerie 
fut traitée d’une mänière tout empirique; et ses pro- 
cédés, incomplets et grossiers, n'étaient’ susceptibles 
d'aucun résultat certain. Le premier qui s’occupa de re- 
cherches scientifiques sur cet objet est Tartaglia, géo- 
mètre distingué, auquel la science est redevable sous 
d’autres rapports. Il trouva qu'aucune partie de la di- 
rection du boulet n’était une ligne droite, et qu’un angle 
d’élévation de 45° donnait la plus grande portée (Della 
nova scienziaæ, Venise, 1537). Les principes sur les- 
quels il fondait sa théorie étaient, sous beaucoup de 
rapports, inexacts et erronés : la loi de la chute des corps 
graves n'étant point encore découverte, Néanmoins, 
comme un artilleur soutenait que la plus grande portée 
avait lieu sous un angle de 30°, Tartaglia développa sa 
théorie en 1546, dans son ouvrage: Queæsiti ad inven- 
ziont; ce qui donna lieu à beaucoup d'expériences, et à 
la construction de tables d'élévation calculées sans au 
cune base solide. Ces tables furent considérées corame 
très-exactes , jusqu'a ce que Galilée, appliquant à la ba- 


192 BA 


Xstique sa nouvelle loi de la chute des graves (70y. Ac- 
cÉLÉRATION ), démontra que la direction des bombes 
devait être une parabole. Le père Mersenne, et surtout 
Toricelli, se livrèrent à de nouvelles expériences, et 
cherchèrent à déterminer les points qu’un boulet lancé 
d’abord verticalement, et ensuite horizontalement, 
pourrait atteindre; ce qui ne procura aucun résultat 
pratique. Le jésuite Deschales fut plus heureux sous le 
dernier rapport; car il indiqua la direction du canon 
nécessaire pour atteindre un point plus haut ou plus 
bas (Mundus mathem., tom. IT, stat. lib. 2). En 1641, 
Collado recommença tous les essais de Tartaglia sur un 
fauconneau de trois livres de balles; et, mesurant avec 
soin les élévations, à l’aide d’un bon cadran d’artille- 
rie , il établit les portées suivantes , dont les longueurs 
sont exprimées en pas : 


Angles Angles 


d'dévauions. Portés. d'élévation.  Portées. 

0°,0 268 45°,0 1053 

7 50 594 20 900 
15 ,0 794 60 ,0 700 
22 ,5 954 | 67,5 400 
30 ,0 1010 | 75,0 150 
37 ,5 1040 62 ,o 12 


Les ekpériences de Bourne, faites probablement avec 
une pièce d’un plus petit calibre, donnèrent des résul- 
tats plus exacts (Pratica manuale dell artigleria, Mi- 
lan, 1641). Au lieu de mesurer les angles d’élévation 
par les points du cadran d'artillerie, divisé de 7°,5 en 
7°,5, il se servit des degrés, et admit la distance hori- 
zontale au point de mire comme unité; ce qui lui fit ob- 
teÿ les portées suivantes : 


Élév. Portées, Élév. Portées. 
0° 1 15? 43 
5 23 20 4È 
10 33 42 5E 


La dernière élévation donnait, terme moyen, la plus 
grande portée dans un temps calme; mais Bourne 
trouva que cette portée changeait lorsque le vent se fai- 
sait sentir ; ce qui plaçait son angle d’élévation entre 36° 
et 45° (Art of shooting in great ordon , 1643). 

Galilée avait déjà fait voir dans ses discours que la 
direction d’un boulet ne pouvait être une parabole que 
lorsque la résistance de l’air ne la modifiait pas; mais on 
oublia complétement cette importante remarque, et on 
appliqua rigoureusement la théorie parabolique à la ba- 
listique, dans la supposition que l'air, comme milieu 
très-faible, ne pouvait exercer aucune influence sur des 
corps aussi lourds que des boulets de fer. C’est d’après 

préiuges que furent modifiés les essais que fit Ro- 
Anderson, et qu'il publia en 1690. L'ingénieur 


BA 


français Blondel (Art de jeter les bombes), et même le 
célèbre Halley (Trans. phil., 216, pag. 68), s’efforcè- 
rent de défendre la théorie parabolique contre les ex- 
périences qui s’en écartaient. Mais, malgré tous les ef- 
forts d'Anderson; il ne put accorder ses essais avec la 
théorie, lorsqu'il s'agissait de déterminer les petites et 
les grandes vitesses iritiales. Malgré les objections qui 
s’élevèrentalors en foule, l'ouvrage de Blondel demeura 
long-temps comme autorité. 

Cependant, la loi de la résistance de l'air devint l’ob- 
jet de beaucoup de recherches. On admit généralement 
l'hypothèse de Newton (Principes, lib. IT, prop. 40), 
que cette résistance est proportionnelle au carré de la 
vitesse du mobile; et l’on s’efforça de l’appliquer à la 
directior aes boulets. Æuygens { Discours de la cause 
de la pesanteur. Leyde, 1690) avait déjà prouvé que 
Ja direction du boulet, dans un espace rempli d'air, 
devait s’écarter d’une parabole ; et néanmoins, malgré 
les efforts d’un officier d'artillerie, Resson, qui mo:- 
tra (Mém. de l'Acad. des Sc., 1716) que la théorie de 
la balistique était insuffisante pour la pratique, cette 
théorie n’en demeura pas moins en vigueur jusqu’à ces 
derniers temps même, et on en déduisit des tables qui 
ne peuvent rendre aucun service. 

Cependant , les géomètres étant couvaincus de l'in- 
fluence que doit exercer la résistance de l'air, il s’agis- 
sait de trouver la courbe qu’un boulet doit décrire sous 
cette influence. Jean Bernouïlli avant manifesté quel- 
ques opinions sur ce problème difficile, Ke! l'engagea, 
en 1718, d’en donner une solution, lui proposant à ce 
sujet une espèce de défi. Bernouilli annonça qu'il avait 
résolu le problème, mais ne voulut pas donner sa théo- 
rie avant que Keil ne publiät la sienne. Ce dernier 
n’ayant rien pu produire, Jean Bernouilli fit connaître 
sa solution en 1719, ainsi qu'une autre, due à son ne- 
veu Nicolas Bernouilli (J. Bernouilli opera, W). De- 
puis cette époque, les plus grands géomètres se sont oc- 
cupés de la courbe balistique sans qu’on puisse dire que 
l'analyse ait complétement réussi dans cette tâche. Dans la 
plupart des calculs de ce genre, on a pris pour données 
expérimentales les essais importans que Robirs à faits 
avec autant de soin que d’exactitude (Robins new prin- 
ciples of gunnery , 
fut interrompu dans ses travaux par une mort préma- 
turée; mais le célèbre Æutton se livra en 1775 à de nou- 
veaux essais, répétés depuis et confirmés par un grand 
nombre d’artilleurs. Ces divers travaux, en y compre- 
nant les recherches théoriques faites en France, en Italie 
et en Allemagne vont être résumées dans l'exposition 


742). Malheureusement, Robins 


suivante : 

1. Varesse ixiTiaze. Pour pouvoir déterminer avec 
exactitude la route d’un corps lancé dans l’espace : il est 
essentiel de connaître sa vitesse initiale, ou la vitesse 


BA 


avec laquelle il se meut dans un temps donné, suivant 
la direction qui lui est primitivement communiquée. 
Or, les effets de la poudre à canon sont tellement dé- 
pendans de circonstances accessoires, que les détermina- 
tions sont loin de réunir le degré de certitude néces- 
saire. C’est ainsi que Daniel Bernouïlli trouve que la 
vitesse initiale d’un projectile est de 6004 pieds par se- 
œnde, en admettant que la force d’expansion de la 
poudre enflammée est de 10000 atmosphères; tandis 
que Robins, qui ne prend la force de la poudre que 
pour 1000 atmosphères, obtient des résultats qui s'ac- 
cordent beaucoup mieux avec l'expérience. Pour se ren- 
dre compte de toutes les circonstances du problème, il 
faut examiner avec soin les phénomènes produits par 
Vinflammation de la poudre, suivant la nature des ob- 
jets dans lesquels elle est contenue. 

2. Le boulet se trouve placé dans un espace cvlindri- 
que, le canon, et comprime la poudre, dont l'explo- 
sion doit le lancer. Cette explosion, due au dégagement 
subit des gaz élastiques qui se développent au moment 
de l’inflammation, chasse le boulet avec une force d'au- 
tant plus grande que le développement du gaz est plus 
grand et plus complet; mais le frottement du boulet 
‘contre les parois du canon, jusqu’au moment de sa sor- 
tie, neutralise une partie de cette force; et la vitesse 
initiale s’en trouve nécessairement modifiée. 

3. On pourrait croire que la vitesse initiale d’un bou- 
let peut être augmentée sans limite par l'augmentation 
de la quantité de la poudre: il n’en est point ainsi; l’in- 
flammation de la poudre n’a lieu que successivement, 
Ainsi, dans le premier moment quelle que soit la lon- 
gueur du cylindre formé par la poudre derrière le bou- 
let, la pression contre le boulet, et, conséquemment , 
son déplacement dans le canon, sont dus au dégage- 
ment des gaz de la première couche qui s’enflamme : il 
peut donc arriver que le boulet soit chassé de la pièce 
avant que toute la poudre soit enflammée. Ainsi, comme 
l'effet de la partie enflammée de la poudre a lieu ins- 
tantanément , il peut arriver, lorsque la charge est trop 
considérable, qu’une certaine quantité de poudre non 
brülée soit lancée hors de la pièce avec le boulet; ce 
que les essais ont suffisamment prouvé. Il existe donc 
un maximum pour la quantité de poudre capable de 
produire la plus grande vitesse initiale; mais la déter- 
mination théorique de ce maximum est impossible, 
parce que non-seulement la qualité de la poudre à ca- 
non est extrêmement variable, mais qu'il existe encore 
une foule de circonstances accessoires qui exercent sur 
ses effets une influence importante. 

4. Il résulte des considérations précédentes que le 
maximum de la charge doit être dans un certain rapport 
avec la longueur du canon. D’Arcey ( Mém. de l'Acad. 
des Sc., 1751, p, 57), qui fit beaucoup d'expériences 


BA 495 


pour déterminer les effets de la poudre, tronva que le 
rapport de la longueur de la charge à la longueur du 
canon devait être celui de 100 : 171, pour obtenir Ja 
plus grande vitesse initiale. Ce résultat s'accorde admi- 
rablement avec les calculs et les observations de Robins, 
d’après lesquels le rapport est 1 : 1,718. 

La longueur des bouches à feu ne doit donc pas non 
plus dépasser une certaine Kmite; et cette assertion, dé- 
fendue par le comte de Martillière, Scharnhorst, et 
d’autres savans artilleurs, est devenue assez évidente 
pour changer le matériel de l'artillerie: toutes les piè- 
ces modernes sont beaucoup plus courtes que les an- 
ciennes. 

5. Robins, et ensuite ÆZutton, ont trouvé que pour 
les canons de longueur suffisante les vitesses initiales 
étaient entre elles en raison directe des racines carrées 
des quantités de poudre, et en raison inverse des racines 
carrées des poids des boulets. Il en résulte un calcul 
très-facile, en admettant toutefois que la qualité de la 
poudre employée soit la même que celle de la poudre 
d'artillerie anglaise, dont Hutton se servit à Wolwich; 
les essais avant donné, pour un boulet d’une livre lancé 
par une charge de huit onces de poudre, une vitesse 
initiale de 1600 pieds anglais, la vitesse initiale d’un 
boulet de 24 livres, lancé par 8 livres de poudre, ou 
198 onces, sera donnée par la proportion 


128 = 
—- :: 1600: x. 
2 


vs ! 
D'où 
æ = 1306 picds. 

Mais, comme un boulet du poids d'une livre a eu 
besoin de huit onces de la meilleure poudre ou de la 
moitié de son poids pour obtenir une vitesse de 1600 
pieds, le boulet de 24 demandera 12 livres de poudre 
pour avoir la même vitesse. On pourrait donc établir 
le tableau suivant des vitesses initiales communiquées 
par diverses charges de poudre, en prenant le poids du 


boulet pour unité. 


Polds de la Vitesses initiales Poids de la Vitesses initiales 


poudre. … pieds anglais. pieds franc. poudre. pieds anglais. pieds franc 
need 
ss sf 1 511 DOË 75 OO à Lo) 652 
toeses sb #19 4806 sis stshs,237 Dh 708 
Fos. 100 500 Zussite]x0000 750 
27 dde ve 940 515 | À 00e 4e 11 DD 802 
ec... 566 531 eh siaertr02É 865 
T5 cc. D U04 548 Sidbps. 1012 959 
= - Jtv01009 568 Seheleeutiol 106t 
Fo. 628 589 Bosco :.1306:7y:# 1225 
4 6 008 G13 l Eoscsee 1000 1501 
7... 682 640 Tes 4 12080 2723 


Ces valeurs ne doivent être considérées que comme 
35 


approximatives; nous verrons plus loin qu'elles ne s’ac- 
cordent pas complétement avec le résultat des expé- 
riences exécutées en France. 

6. En adoptant les conclusions de Hutton, si l’on dé- 
signe par V la vitesse initiale, par P le poids du bou- 


let et par p celui de la poudre, on aura l'expression 


V = 1600 2E 


qui donne en pieds anglais la viteste initiale. Le coet- 
ficient constant 1600 est la vitesse communiquée par 
une charge de poudre dont le poids est la moitié de 
celui du boulet. 

En réduisant 1600 en pieds français ou en mètres, 
c’est-à-dire en le remplaçant dans la formule par les 
nombres 

1507 pieds 


ou 487",671. 


Cette formule donnera en pieds français, ou en mètres, 
la vitesse initiale. Désignons donc en général par v le 
coefficient constant, nous aurons 


Paie 


En tirant de (a) la valeur. de p on a 


formule à l’aide de laquelle on peut calculer le poids 
de la poudre pour fes divers boulets et pour les diffé- 
rentes vitesses. Par exemple, si l’on demandait le poids 
de la poudre nécessaire pour communiquer à un boulet 
de 24 livres une vitesse initiale de 2000 picds anglais, 
en substituant les nombres aux lettres, on trouve 

— _ . _ = 18,75 livres. 

Pour une vitesse initiale de 3000 pieds anglais, la for- 
mule donne 42 livres; ce qui n’est déjà plus conforme 
à l'expérience. On ne peut compter sur l'exactitude des 
résultats que pour des vitesses peu différentes de la vi- 
tesse normale 1600. 

7- Pour trouver théoriquement les grandeurs respec- 
tives des boulets, de la quantité de poudre et des vitesses 
initiales, nous exprimerons par 
la longueur AB de la charge (PL. XIV, Jig. 4). 
la longueur AE de l’âme de la pièce. 
le diamètre du boulet. 
le poids d’un pied cube de la masse du boulet, 


nr DA 


l’espace parcouru par un corps dans la première 
seconde de sa chute 

w la vitesse initiale. 

mt la pression de l'air sur une surface d’un pouce 


Carre, 


BA 


n lélasticité de la vapeur de Ia poudre. 

p le poids du boulet. 

r la circonférence du cercle dont le diamètre est r. 

æ la longueur variable AC. 

La surface d’une sphère étant égale à quaire fois la 
surface de son grand cercle (Foy. Srnkre), la surface 
du boulet sera —2rD°; et, par conséquent, la moitié 
de cette surface sera — xD’. Ainsi, la pression atmo- 
sphérique sera exprimée par m#rD?, et celle de la va- 
peur de la poudre par #mrD°. Mais, comme la force 
de la vapeur de la poudre, d’après la loi de Mariotte, 
est proportionnelle à sa densité, la farce au dedans de 
AB est à la force au dedans de AC comme AC : AB. 
Ainsi, 

mnarD: 


æ:a::smnrD?: med 


ce qui donne la force mouvante dans BC. 
D’après cela, 


p_ px 
désignant par f la force mouvante. 
De cette expression on tire la formule différentielle 


2gmnarD? dx 


vdv = 9gfdx = à x =) 


dont l'intégrale est 


jee . logx+c. 


logæ étant le logarithme naturel de x, et C üne con- 


2 — 


stante qu’on détermine en faisant x — a et Pb —0; ce 
qui réduit la formule à 


___ 4gmnarD? 


Fr 
pv? log, 


ou 


v=V pere s log? |. 


Ainsi, en désignant généralement par À la longueur 
du cylinäre rempli de poudre , longueur plus grande 
que a lorsque le boulet ne touche pas la poudre, la vi- 
tesse avec laquelle le boulet sort du canon sera 


is AgmnhrD? b 
v=V Fes . log <l: see (M2); 


Le volume du boulet étant — 3 rD?, son poids sera 
=? erD?; on a donc p = %erD; de plus, g est égal à 
16 pieds anglais (4”,9044 pour Paris), et m — 230 on- 
ces. Si l’on substitue ces valeurs dans la formule, elle 
devient 

= 1785 \/ Un log z 


ou 


4 BA 
nh b 
v = 06 V5 . L 2]: 
b « ; b 
L étant le logarithme vulgaire de rs 


Pour un boulet de fer, on a e— 9400, et pour un 


boulet de plomb, e — 1325 ; la formule devient donc 


TA Es Le]. 


pour les boulets de fer, et 


v—25,42V [5 - L°| 


pour les boulets de plomb. a, b, D et A peuvent expri- 
mer des pieds ou des pouces anglais. 
Hutton, appliquant ces formules à quelques cas parti» 
culiers , trouve 
v — 11359 pieds, 
l'expérience lui ayant fourni 


= 1180; 


ce qui prouve que la valeur qu’il donne à n, n = 1000, 
d’après Robins, est trop petite. 

Dans les essais que fit Robins avec des balles de 
plomb de + delivre , chassées par 12 dragmes de pou- 
dre, il trouva la vitesse initiale de 1650 pieds de Lon- 
dres(502 mètres). Les expériences que Prony fit en com- 
mun avec Grobert, moyennant un appareil conyena- 
ble, donnèrent, pour des balles de plomb pesant 
24,70 grammes, et chassées par la moitié de leur 
poids de poudre, une vitesse de 390,47 mètres (1202 
pieds) avec un fusil de cavalerie de 0,756 mètres de 
long, et une vitesse de 428 mètres (1317 pieds) avec un 
fusil d'infanterie, de 1,137 mètres de long (Prony. Le- 
; I, 158; Grobert, Machine pour 
mesurer la vitesse initiale des mobiles de différens ca- 


çons de méc. analyt. 


libre. Paris, 1804). Les essais d’Æ{ntoni à Turia don- 
nent une vitesse de 1030 à 1227 pieds. Pour comparer 
ces divers résultats, il faudrait pouvoir tenir compte 
des qualités différentes des poudres employées. 


Dans la formule générale (m), que l’on peut reudre 
fâcilement applicable aux mesures françaises, on n’a 
pas tenu compte de la pression atmosphérique conte le 
boulet, grandeur qui peut être négligée sans incomvé- 
nient; mais, en même temps, on a aussi négligé 
d’autres circonstances qui entrent comme conditions du 
problème , telles que le frottement du boulet, la com- 
bustion simultanée ou non de la poudre, et surtout la 
perte de la vapeur par la lumière de la pièce et sur les 
côtés de la balle. 

8. Lorsqu'on veut prendre en considération le poids 
de la poudre et de la cartouche, la formule pour les 


boulets de fer, en désignant ce poids par 2# , devient 


BA 
APR] 
nhD? 


ou , plus exactement, 
p+r n°] …. (o), 


v = 46,1V [= 
en faisant une légère correction pour la pression atmo- 


195 


sphérique contre la balle. 

9. Dans toutes ces formules, la valeur de n, si diver- 
sement indiquée , est une donnée principale de l’exacti- 
tude de laquelle dépend celle du résultat. Or, si nous 
dégageons » de (0), nous aurons 


Le A D 
=" [ES] 12 2h 


formule à l’aide de laquelle, en connaissant par expé- 


ricuce les valeurs de pour des cas déterminés, on peut 
arriver à la connaissance de celle de ». 

Les essais faits à Wolwich avec quatre canons de dif- 
férens calibres donnent les résultats suivans: b,n,h,p, 
#, ayant les significations précédentes, mais, étant ex- 
primés en pouces anglais; G désigne le poids de la 
poudre en onces ; la colonne » contient les valeurs non 
corrigées de », et la colonne »' ces valeurs corrigées de 
la manière la plus exacte, et pour toutes les condi- 
tions. 


bB|Glalh|p+r| + n n' 
28,53] 4 | 3,98] 2,54| r9,06 | rroo | 1182 | 1700 
» 8 | 6,321 5,08| 21,19 | r340 | 1319 | 182t 
» 16 |11,40|10,16| 25,49 1430 1531 2079 ! 
38,43| 4 | 3,781 2,54] 19,06 | 1180 | 1192 | 1720 
» 8 | 6,32] 5,08|21,r9 | 1480 | 1440 | 2015 
» 16 |11,40|10,16| 25,47 1660 1526 | 2068 
57,70] 4 | 3,981 2,54| 19,06 | 1300 | 1238 | 1784 
» 8 | 6,32] 5,08| 21,19 | 1970 | 1622 | 2241 
» 16 |1x1,40|10,16| 25,47 | 2000 | 1670 | 2264 
80,23| 4 | 3,28] 2,54] 19,06 | 1370 | 1231 | 1996 
» 8 | 6,32! 5,08! 21,19 1940 | 1664 | 228r 
» 16 |11,40110,16| 25,47 | 2200 | 1684 | 230c 


On voit que v augmente avec la longueur des bou- 
ches à feu , et que la différence entre » et n' est plus pe- 
tite lorsque le poids de la poudre est plus grand. D'où 
il résulte, qu'avec la quantité de la poudre, la chaleur, 
et par suite l'expansion des gaz élastiques produits, aug- 
mentent. Ainsi, en prenant pour # une valeur moyenne 
de 2200, et en exprimant alors «a et b en unités de cà- 
libre, on a pour la plus grande vitesse initiale 


a b 
v =585V LE sŒt «| 


C’est d’après cette formule qu’on a calculé la table 
suivante, dans laquelle # exprime le poids de la pou- 
dre, celui du boulet étant pris pour unité, et v la plus 


496 BA 


grande vitesse avec laquelle le boulet sort de la bouche 
de la pièce. 


0,63 3,171 0,12 810 
1,20 3,333 0,23 1129 
1,92 | 3,488 | 0,33 | 1348 
2.20 3,636 0,42 1529 
2,64 3,988 0,90 1681 
3,05 3,934 0,58 1813 
3,43 4,082 0,05 1929 
3,78 4,233 0,71 2033 
4,11 4,380 0,78 2127 
4,42 4,525 0,84 2213 
471 4,671 | 0,90 2202 
4:99 4,810 | 0,95 2366 
5,25 4,952 1,00 2434 
5,50 5,001 1,05 2498 
5,73 5,235 1,09 2558 
5,96 5,369 1,13 2614 
6,17 5,510 1,17 2668 
6,37 5,651 1,21 2719 
6,56 5,703 1,25 2707 
6,75 5,926 1,28 2813 
6,03 6,o61 1,32 2857 
710 6,197 1,95 2899 
7:27 6,328 1,35 2039 
743 6,460 1,41 20978 
7,58 6,506 1,49 3015 
72 6,736 1,46 3051 
54 7,56 6,870 1,49 3085 
56 8 00 7,000 1,952 3118 
58 8,13 7,134 1,55 3150 
60 8,26 7,264 1,97 3150 


10. Dans toutes les recherches sur les vitesses initiales 
on voit qu'il a fallu toujours recourir aux quantités 
trouvées par des essais, et que la théorie seule a été 
jusqu'ici impuissante pour résoudre le problème fonda- 
mental de la balistique, dont la solution est d’ailleurs 
bien éloignée d’être complète, Avant d'aller plus loin, 
il nous parait nécessaire d'examiner la nature des essais 
qui ont été tentés, et jusqu’à quel point on peut se fier 
à leurs résultats. Les premières expériences qui excitè- 
rent l'attention générale sont celles de l'anglais Robins, 
dont nous avons déjà parlé. Il inventa une ingénieuse 
machine, à laquelle le nom de pendule balistique est 
demeuré, et dont D’Arcy et Hutton se servirent après 
lui. Ce pendule est composé d’une forte pièce de bois 
suspendue par des tiges de fer à un axe autour duquel 
elle peut osciller quand elle vient à recevoir le choc de 
la balle dont on veut déterminer la vitesse. Robins fit 
tous ses essais avec des balles de fusil; mais Hutton, en 
les renouvelaut en 1775, à Woolwich, se servit en 
outre de boulets de 1 à 3 livres, et même de quelques- 
uns de 24 livres. Les travaux de Hutton sont de la plus 
grande importance tant par leur nombre que par leur 
exactitude; ils lui valurent une médaille d’or de la So- 


BA 

cicté rovale de Londres. Le comie de,Rumford , en 
1579, Cutreprit également une suile d'expériences a 
laide du pendule balistique; mais, de tous ces essais, 
les plus complets et les plus importans sont ceux du gé- 
néval Bloomjield, exécutés de 1583 à 1591 à Woolwich, 
sous Ja direction de Hutton. Dans ces derniers, la vi- 
tesse des boulets ne fut pas seulement calculée par la 
vitesse du mouvement communique au pendule, mais 
encore par l'arc que parcourt le canon suspendu lui- 
même comme pendule. 

11. Le pendule dont se servit Hutton se composait 
d’un épais morceau de bois À (Pr. XIV, fig. 1 )rendu 
plus pesant par beaucoup de fer, d’une forte verge de 
suspension en fer aa, et des bras de levier bb d'acier 
très-dur, reposant par leur tranchant sur des plaques 
d'acier poli. Sous le pendule était situé un stilet d’a- 
cier s, terminé en pointe très-fine, qui, par ses inci- 
sions dans une masse de cire molle, indiquait les degrés 
de l'angle de déviation du pendule de la ligne verticale. 

Pour trouver le centre d’osaillation, on fait vibrer le 
pendule, et, en désignant par » le nombre d’oscilla- 
tions dans un temps de secondes —1, la longueur du 


pendule à secondes étant /, on a 
L'SCR SEE 


= est donc la longueur corrigée du pendule balistique 
re? 


entre le centre d’oscillation et celui de gravité. ( Foy. 
PENDULE. ) 
Soient donc 


Longueur du pendule balistique....,.. 
Poids du pendule......s.seseeese ee 
Poids du boulet... 
Distance du centre de gravité......... 


Distance du point frappé par le boulet... 


CROATIE CECI ECC OI EUR IC 


Corde de l'arc parcouru. ........:... 


Rayon de l'arc parcouru...:...:..... 
Vitesse avec laquelle le boulet frappe. . 


Lo A MY È 


Alors Pi? sera la .sonune des forces avec lesquelles le 
boulet frappe contre le pendule; pym la somme de 
celles du pendule, et Pi + pm la somme totale des 
forces. Mais, vPi étant la quantité de mouvement du 
boulet, (P# + pm) Xz sera la quantité de mouvement 
du pendule et du boulet réunis, en désiguant par 3 la 
vitesse du point frappé. Ainsi, 

= vPer 
Fo Pe Lpgm 

12. Mais la distance du centre d'oscillation étant chan- 
gée lorsque le boulet pénètre dans le bois, pour trouver 
cette distance, que nous désignerons par, il faut divi- 
ser la somme des forces par la somme des momens sta- 


tiques (Foy. Momexr), on a donc 


BA 
_pqm - pe 


Or, z étant calculé pour la distance r, lorsque cette 
distance devient y, on à 


; vPr? i 
AA EE 
et 
: sPr 
— En LIRE E (75) # 


z' est la vitesse du véritable centre d’oscillation. 


13. D'uu autre côté , d’après la nature du cercle, 


2m3,C 2: C2 
2r 


CA : : 
Sn est le sinus verse de l'arc dont la corde est c. De 
FE 


même , 
ce? C2 Y 


iii —: —- 
D 


€? ; J +2 
et sé est le sinus verse de l'arc décrit par le rayon y. 
27 


Mais la vitesse de l’oscillation dans l’arc est égale à celle 
qui résulte de la chute libre selon le siuus verse (Foy. 
Penpure). Ainsi, désignant par g l’espace parcouru 
librement par un corps dans la première seconde de sa 


chute, nous aurons ( Ÿ’oy. AGGÉLÉRE), 
og : 28° 28 VC. 
R VA 2gr* 
Nous avons donc cette seconde expression de la vitesse 
du véritable centre d’oscillation 


Rs 2VCT | 


85 V7 gr = Vos 


En y substituant à la place de y, sa valeur donnée ci- 


de Si, 


dessus, et à la place de g, 16,09 pieds anglais pour Lon- 
dres et 15,06 pieds français pour Paris, on obtient Tes 
deux formules suivantes : 


NE c pqm + Pa 
2 —5,6727 : -— ———— — 
Ha | pq +iP 
ce pqm + Pi 
Ve J' 
dont la première se rapporte aux mesures anglaises, et 
la seconde aux anciennes mesures françaises. 


z= 5,48817 . 


14. En égalant la valeur (a) de 3’ trouvée ci-dessus 


avec les EE ET! on obtient pour Londres 
v= 5,6727. Dr: V'[(pqm+ Pë).(pg +Pi], 
et pour Paris 
v= 5488175 V l(pame + Pà).(pg + Pi], 


15. Lorsqu'on veut se contenter d’une valeur ap- 
proximative à deux dix millièmes près, on a pour 


BA 497 


Paris 


48817. cg PT LV. 


De plus, nous avons vu (10) que 


nu” 
LT 
et, pour faciliter les calculs, nous pouvons prendre 1 = 
Go secondes : alors la longueur du pendule à seconde, 
pour Paris, étant 440,3998 lignes , on a 


TIO10 


H= ——— 


Substituant cette valeur de »7 dans celle de v, elle de- 
vient 


0 = 535,8655.e0 LE... 


16. Comme le pendule balistique augmente de poids 
par chaque nouveau boulet qui y pénètre, il faut faire 
successivement , après chaque expérience, 


p=p+?, 


er 
— . P, ou presque exactement IE Tph 
D nd presq ak PE 
= ESS ; ou presque exactement 72 = me +- 
[0 
im 
py+Pi 


lorsque P est très-petit par rapport à p. 
57. La valeur de »2 étant donnée en fonction de », 
on en déduit pour n 


V/A1010 
N = =—————— 
vom 


ou 
_ 363,8 
Va 
en réduisant les pieds en pouces. 
À l’aide de cette valeur et des formules précédentes, 
on obtient, en désignant par 4 la correction qu'il faut 
faire subir à x après chaque expérience, 


I 
an=363,5.| Vm 


ou presque exactement 
n 
im P2 
pq+Pi on 
Substituant à 2 sa valeur en »#, on obtient enfin, pour 
Paris, 


An=n— 


1 + 


niP.[n°i— 132120] 


— 264240pq +iP[ri+ 132120) 


198 BA 


Cette valeur, déduite ainsi de chaque valeur précé- 
deute de », est négative; ce qui doit être évidemment, 
puisqu’à mesute que le poids du pendule augmente le 
nombre des oscillations diminue, 

18. Au nombre des obstacles qui doivent être pris en 
considération lorsqu'on veut obtenir des résultats exacts 
par ces calculs, on doit placer : 1° la résistance du 
point de suspension du pendule; 2° la résistance de l'air 
contre le pendule en mouvement; 3° le temps dont le 
boulet a besoin pour pénétrer dans le bois; et 4° la ré- 
sistance de l’air contre le boulet en mouvement. Lorsque 
le pendule se meut sur des tranchans, et qu'il est très- 
pesant par rapport au boulet, au moins dans le rapport 
de 500 à 1, les trois premiers obstacles deviennent insi- 
gnifians; mais le dernier ne peut être apprécié qu'en 
déterminant préalablement la vitesse initiale. On peut 
calculer exactement cette grandeur en suspendant le 
canon pour en faire un nouveau pendule, et en déter- 
minant, par l'arc d'oscillation, qu'il décrit après le 
coup, la vitesse initiale du boulet. La différence de cette 
vitesse avec sa vitesse finale , donne la perte de vitesse 
due à la résistance de l'air. La vitesse initiale du boulet 
se calcule également par la formule (p), eu y substi- 
tuant à la place de p4- P le poids du canon. Désignons 
donc par I le poids, et nous aurons pour Paris 


II 
nrPi 


= 595,8655cq 


I »’y a point de correction à faire à cette formule, 
le poids 1 n'étant susceptible d'aucune augmentation. 


19. En déterminant plus loin la direction, nous fe- 
rons usage des résultats obtenus à l’aide du pendule ba- 
listique. Nous nous contenterons ici d'indiquer les prin- 
cipaux : la vitesse des boulets d’un poids de 16 onces 
13 dragmes augmenta avec la grandeur de la charge et 
la longueur de la pièce jusqu’à un maximum au-delà 
duquel elle diminua. Le maximum de la vitesse initiale 
fut de 2200 pieds anglais avec 18 onces de poudre et 
une longueur dé 80,2 pouces anglais. Cependant l’exac- 
titude de ces résultats dépend beaucoup de l’espace 
entre le boulet et la paroi interne du canon. Cet espace, 
que nous nommons vent du boulet, et que les Anglais 
appellent windage, est plus grand lorsque le boulet 
west pas tout-à-fait sphérique. Dans lartillerie anglaise, 
la différence des diamètres du canon et du boulet — +, 
tandis que dans l'artillerie française elle est seulement 

553 lorsqu'elle dépasse 35, il échappe le tiers et jus- 
qu'à la moitié de la vapeur de la poudre autour du 
boulet. 

20. Direcrion nrs Pnrosecrises. Le probléme de 
déterminer la nature de la ligne que parcourt un boulet 
est un des plus difficiles des mathématiques appliquées ; 


et malgré tous Jes cfforts des plus grands géomètres, on 


BA 


est encore bien éloigné d'en posséder une véritable so- 
lution. Dans nos meilleurs traités de mécanique, on 
suppose d'abord que le boulet se meut dans le plan 
vertical qui passe par l'axe du canon, ce que la pratique 
confirme très-rarement. Les expériences les plus exactes 
ont prouvé qu'il existait une déviation dont on a cru 
trouver la cause dans le recul des pièces, quoique les 
calculs de Hutton aient montré que ce recul était insuf- 
lisant pour produire une semblable action. Une autre 
cause s'offre d’elle-même, et n’est méconnue de per- 
sonne : les balles, et surtout les boulets, ne peuvent 
toucher de si près les parois du canon qu’il n’y ait lieu 
à un ébranlement au moment du départ; de plus, la direc- 
tion que prend le boulet à sa sortie de la bouche de Ja 
pièce est encore une cause de déviation qui dépend 
alors de l’angle plus ou moins grand qu'il suivra. Mais 
lorsqu'on réfléchit à l’extrême exactitude qu’on obtient 
maintenant dans la construction du calibre et dans celle 
de la sphéricité du boulet, exactitude qui rend presque 
nul l'espace entre ce dernier et les parois de la pièce ; 
qu'outre cela, la grande vitesse communiquée au mo- 
ment de lexplosion, détermine puissamment lim- 
pulsion droite du boulet, maintenu d’ailleurs par l’étoffe 
qui l'entoure et qui n’est pas encore détruite par la 
vapeur de la poudre très-comprimée, et qui remplit 
tous les vides, on ne peut s'empêcher de rechercher 
d’autres causes à la déviation latérale qui s’est manifestée 
d’une manière si sensible dans les fimeuses expériences 
de Woolwich, déviation qui s’est élevée jusqu'à 15 
degrés. Ces mêmes expériences établirent aussi que la 
ligne suivie par le boulet n’est pas contenue dans an 
même plan vertical, c’est-à-dire que les projections des 
points de cette ligne sur le plan horizontal ne donnent 
pas une droite. La cause principale de ce phénomène est 
incontestablement la résistance inégale de l'air dans 
lequel le boulet se meut. Robins l'avait déja découvert 
et le confirma en se servant de canons courbés; il donnii 
de cette manière une direction artificielle à ses balles, 
cttrouva qu’elles écartaient toujours du côté convexe 
du canon. 

21. Pour rendre ceci plus sensible, admettons que le 
boulet C (PL. XIV, fig. 3) se meuve dans la direc- 
tion ce, et fasse une rotation sur [ui-même aans la 
direction indiquée par la flèche. Plus le mouvement du 
boulet sera rapide, plus l'air qui est devant lui sera 
condensé, et plus celui qui est derrière sera dilaté. 
Ainsi, comme la figure l'indique, l'air est plus dilaté 
à m, et le plus condensé à n; mais alors le bou- 
let qui rencontre de l'air de plus en plus con- 
densé, arrive vers » en frappant ce dernier de chaque 
point de sa surface dans la direction de la tangente de 
sa rotation. Par ce mouvement de rotation, la surface 


du boulet rencontre en une résistance au num, 


BA 


et en 2 une résistance au maximum : le boulet sera donc 
détourné de sa première direction vers d. I] est évident 
que la ligne du boulet peut être courbée en divers sens 
à chacune de ses parties, mais chaque fois dans une 
direction opposée à sa rotation. Cette déviation qui 
rend la courbe balistique si compliquée, exerce en gé- 
néral une grande influence sur sa détermination , même 
lorsqu'on admet que la déviation de 15°, dont nous 
avons parlé plus haut, n’est qu’une de ces rares excep- 
tions qui ont lieu dans les bouches à feu les mieux con- 
fectionnées. Mais un calcul exact de cette influence est 
probablement hors des limites de la science, parce 
qu'elle n’a aucun moyen pour déterminer la direction 
«et la vitesse de la rotation des boulets. De plus, dans 
l'accélération de la vitesse du boulet, le milieu qu'il 
traverse éprouve une plus grande inégalité de conden- 
sation, et produit par-la une plus grande déviation. 
‘M. de Rhode, dans sa dissertation sur la déviation des 
projectiles du plan vertical (Berlin, 1795, 4), soutient 
‘que la rotation du boulet n’a aucune influence sur cette 
déviation, et il cherche à prouver géométriquement 
que la résistance de l'air n’y entre également pour rien. 
Mais dans ce calcul il n’a pas tenu compte de l'inégalité 
de densité que l’air peut acquérir, jusqu’à laisser un 
espace vide derrière le boulet, et par conséquent sa 
démonstration n’a aucune valeur. 

22. Le mouvement de rotation du boulet peut être 
conçu facilement; ses causes sont le contact du boulet 
avec le tube du canon à un moment quelconque de son 
passage au travers de ce tube; la position du centre de 
gravité hors du centre de figure, due à la densité iné- 
gale de sa masse, suite nécessaire du refroidissement 
non simultané de toutes ses parties dans le moule; et 
surtout l'inégalité d’impulsion communiquée par la 
poudre éclatant derrière. ( Montalembert. Mémoires de 
l'Académie , 1752, page 463.) 

23. Le problème particulier de la balistique est de 
frapper un objet par un projectile: or, en n'ayant point 
égard aux obstacles que nous venons de mentionner, et 
en admettant que le boulet se meuve effectivement dans 
le plan vertical de l’axe du canon, d’après la loi d'inertie, 
le boulet devrait continuer à se mouvoir en ligne droite 
avec sa vitesse initiale, s’il n’était assujéti à la pesanteur, 
dont la force, agissant constamment sur lui , le fait 
dévier à chaque instant de sa première direction. Si le 
boulet n’éprouvait aucune influence étrangère à ces 
deux forces principales, celle de projection et celle de 
gravité, il décrirait une courbe dont la nature est facile 
à trouver; mais il se meut dans l'air, dont la résistance 
s'accroît avec la vitesse du boulet, et devient une fonc- 
tion de la vitesse; ce qui rend le problème plus com- 
pliqué. Pour mieux faire ressortir toutes les circons- 


tance: de cette question importante, nous allons d’abord 


BA 499 


l'envisager en faisant abstraction de la résistance de l'air; 
puis nous examinerons les modifications que cette résis- 
tance apporte, en comparant les résultats de la théorie à 
ceux de l'expérience. 


24. Des corps lancés verticalement. Lorsqu'un mo- 
bile est lancé perpendiculairement de bas en haut dans 
le vide avec une vitesse initiale quelconque, il s'élève à 
la hauteur de laquelle il devrait tomber librement, en 
vertu de sa seule pesanteur, pour acquérir cette vitesse 
( Voyez AccéLéré). Si donc À exprime la hauteur de 
la chute, t le temps pendant lequel elle s'effectue, et 
y la vitesse finale; g étant l’espace que la gravité fait 
parcourir aux corps pendant la première seconde, nous 


avons les équations connues 


pv = 2 V£h; v = 2gt,; 
desquelles on tire 
v2 v 
h = — l = — 
48? 38 


Expressions dont la première donne la hauteur à laquelle 
s'élevera, dans le vide, un:corps grave quelconque 
lancé verticalement avec une vitesse initiale », et la 
seconde, le temps qu'il mettra pour atteindre cette hau- 
teur. 


Ainsi, dans le cas où le projéctile aurait une vitesse 
initiale de 670 mètres par seconde, il s'éleverait à une 


hauteur 
pa 448900 Se 
h= = 22878 mètres 
TR FX o0 9 
en employant pour cet effet le temps 
sic o@TP D pr 3 
dif ODA 


25. Ou obtient des résultats tout différens, si l’on 
tient compte de la résistance de l'air par lequel le bou- 
let est le plus fortement retardé au commencement êt à 
Ja fin de son mouvement. 


Si lon pose préalablement, avec Newton, la résis- 
tance de l'air proportionnelle au carré de la vitesse, 
qu'on nomme v cette vitesse, et a un coefficient que 
l'expérience doit nous faire trouver, av? sera la résis- 
tance de l’air. Soit ensuite la pesanteur du boulet — p; 
av? + p séra l’obstacle à vaincre, et la force résistante 
étant en proportion inverse du poids du boulet, on 
aura 

Las vd 
STE 


pour la force de résistance. 


Si l’on compare la vitesse # avec celle qu’un corps 
tombant par une chute libre acquiert en une seconde, 
et que l’on nomme æ la hauteur à laquelle doit s'élever 


200 BA 


un boulet on à, tant que la résistance agit contre Île 
mouvement , 


"+p 


— vdv = 2gf.dx = X 25:dx. 

Delà, 
MEL DT 
pm+i. 
a 

Donc 


aie s'as P 
Rss PA e+2)+c. 


Si l’on fait x — 0, et v — +", c’est-à-dire égal à la vi- 


tesse initiale , on aura 


— la P 
So v +2), 


L'intégrale complète est donc 


2 av bp 
isa TEA 


et pour v—0o, moment où le boulet a atteint sa plus 


Z = log.nat. 
grande hauteur et va retomber, on a 


Le 
hga 


Ici il s’agit de déterminer le coefficient 4 par des ex- 


Hp 


x = ;—. log. nat. à ——— 


périences sur la résistance de l'air, si on veut pouvoir 
le comparer en poids avec p. 


Hutton trouve, par ses expériences, que la résistance 
contre un boulet du diamètre de deux pouces, dont le 
poids est —1 3 livre (avoir du poids) et la vitesse de 
2000 pieds anglais est égale à 109 livres. Mais afin d’ob- 
tenir une valeur moyenne pour a, comme la vitesse di- 
minue aussitôt par la résistance, il pose a — 59 livres, 
pour une vitesse moyenne’de 1500 pieds anglais. 

De la proportion 


1500? : #2 :: 
on obtient 
a = 0,000026 5; 
ainsi, pour le boulet donné, dont le poids p est—13liv., 
et #'— 2000 pieds angl., x deviendra — 2930 pieds. 
26. Les différens boulets de canon sont mesurés d'a- 
près leur diamètre. Si donc l’on prend le diamètre du 
boulet en question, 2 pouces, comme unité, et qu’on 
considère que les surfaces présentant de la résistance sont 
entre elles comme les carrés des diamètres, on aura pour 
un autre boulet d’un diamètre = D 


as D: 
4 % 
et, en substituant la valeur qu’on vient de trouver 
pour a, 


résistance — 


D? 


résistance = ———, 
352542 


Soit 


2542 
on aura Ja force qui retarde 
DD " ar p 


nr re 


, 
rs ia 


et, de la même manitre, 
Dr ? 
— vdv = 2gdx X — uni 
D'où 
LE vdv 
LL D 2 +p 
est comme plus haut 


LE ne: nat. BD°v. EP; 
p 


T5 


v' désignant la vitesse initiale. D'après cette formule, 


dont l'intégrale “ie 


(e] 


un boulet de 24 livres, d'un diamètre de 5 à 6 pouces, 
et d’une vitesse initiale de 2000 pieds, atteint une hau- 
teur de 6463 pieds. 

27. Hutton trouva toutefois, par une grandesérie d'es- 
sais, que le calcul ne concordait pas avec l’expérience 
quand on pose la résistance de l'air eomme propor- 
tionnelle au carré de la vitesse. Une concordance plus 
exacte se présenta, au contraire, quand, outre celte se- 
conde puissance de la vitesse, il introduisit encore la 
première. D’après cela, si les indications sont comme 
plus haut, et si on introduit à la place du coefficient a 
les deux nouveaux »3 et n, on aura 

eavr—nv)D'Æp 
P. P 


pour la force retardatrice. 


TVR — nv 


DHr-/ 


On obtient ensuite, de plus, comme ci-dessus 


je 19e A) X 
—vdy = gdz (2 lun )E ER) 


op 
et de là 
es P. vdv 
Le 2g X ner — nv)? + p 
—p vds 
7 og} RENTE 
| mi MER #4 D? 
dont l'intégrale complète est 
21 ) 
SR Een V3 2 A eu EEE 
P 1 : | m + mb? 
=? Jlog.nat. —- — 
de 4gmD? 6 _P. ÿ 
mD' 


ce qui donne la plus grande hauteur que le boulet peut 
atteindre. Hutton trouva, par ses expérieuces mention- 
nées plus haut, 

m = 0,0000308 et 2 — 0,007 


28. Si l'on considère maintenant que ces valeurs ont 


été trouvées pour un boulet de deux pouces de diamètre, 


2 
et que Lu est le rapprrt du diamètre en pouces, on 


4 


BA 
aura 
Zn? — nv)D? = (0,000007565" — 0,000175v)D?:. 


Tel est le coefficient de la résistance pour chaque bou- 
let du diamètre — D , en pouces anglais, ce qui peut 
facilement être réduit en toute autre mesure. 

Si l’on prend ensuite de pius v — 2000 pieds, ce qui 
est presque la plus grande vitesse initiale, on trouve 
pour un boulet de 2 pouces de diamètre la plus grande 
hauteur — 2653 pieds, et pour un boulet de 24 livres, 
dont le diamètre est 5 ou 6 pouces, cette plus grande 
hauteur — 5382 pieds. Le temps que le premier boulet 
de 1 5 livre emploie pour atteindre cette hauteur, est de 


" 


11"; pour le second, il faut 15" 


rs: 
29. Corps lancés horizontalement. Ce cas ne peut 


proprement point avoir lieu, si l’on considère que le 
corps lancé, aussitôt qu’il vole librement, est toujours 
soumis à l’action de la pesanteur; par conséquent il 
doit descendre et s'éloigner de la direction horizon- 
tale. Cependant il résulte en même temps de cette 
observation que, pour le coup de niveau , ou du moins 
pour le coup ainsi nommé, il ne faut pas comprendre 
une portée dans laquelle le boulet parcourt un trajet 
horizontal; car cela ne pourrait avoir lieu que pour des 
corps non pesans. Bien plus, le boulet va toujours en 
descendant, tel court que soii l’espace qu'il traverse ho- 
rizontalement. Mais le coup de niveau , dans lequel le 
rayon lumineux, paraissant courir parallèlement à l'axe 
du canon , frappe au centre du but, où doit aussi porter 
le boulet (coup de haute volée), est le coup dans lequel 
l'espace , dont le boulet descend par son mouvement, 
est corrigé par le canon même. 

Pour rendre ceci visible, soit A le canon (Pr. XIV, 
fig. 10}, ab sa surface supérieure (où se trouve la mire, 
le bouton), c le centre du but à atteindre : en visant, 
le rayon lumineux abc prolongé devra frapper dans ce 
centre du but; mais l’axe prolongé du canon porte 
en f, point situé au-dessus de ce centre. Si on reculait 
maintenant le but à la distance r, p, n, e, il faudrait que 
le boulet descendit de l’espace sr, gp, mn, etc., pour 
toucher le but. Comme les intervalles sont entre eux 
comme les distances, la carrière du boulet ne coïncide 
[pas parfaitement avec les fixations; mais la déviation 
est si faible, qu'on peut presque entièrement négliger 
la différence. 

L'on sait également , depuis Galilée, que la voie que 
uace un boulet tiré en direction horizontale est une pa- 
rabole. Il suffit d’une simple démonstration pour prou- 
ver que cela résulte nécessairement des lois de la 
pesanteur. 

Soit cc (Pr. XIV , fig. 2) l'axe des abscisses, cy celui 
des ordonnées. Le premier sera partagé dans les in- 


tervalles 4, qui appartiennent au mouvement du 


BA 201 
boulet, en portions de temps égales, 1, 12, 23, Deer 
le second en de telles parts semblables, qu’elles appar- 
tiennent à l'intervalle de la chute dans un temps égal 
aux portions de temps admises. Le boulet sera donc solli- 
cité de parcourir dans la première portion de temps l’es- 
pace c1, dans la seconde l’espace 12... Mais comme le 
boulet descend en même temps perpendiculairement l’es- 
pace cI dans la première portion de temps; que dans 
la seconde il fournit trois fois l’espace cT; dans la troi- 
sième cinq fois cl, il faut qu'il se trouve, après les 
temps, 1,2,3,4...., dans les points d,e, f,g..…., 
ainsi ayant 


ci cl = cl 0, clV— 10, 


on trouve aisément 


pour l'équation de sa route , ce qui est en même temps 
l'équation de la parabole apollonienne, conséqueimment 
sa voie, c, d,e, f,g, est une parabole ordinaire. 

Ceci donne immédiatement la profondeur jusqu’à la- 
quelle le boulet de canon doit descendre quand le temps 
de son vol est connu, ainsi que la direction du canon 
requise. 

Soit donc OC (Pr. XIV, Jg. 7) la direction de l'axe 
du canon à partir de son orifice O jusqu'à e, le point 
central du but; O2 la partie de la parabole que parcourt 
ie boulet pour arriver jusqu’au plan acb traversant c; 
par conséquent, cb la hauteur perpendiculaire, dont 
descend le boulet durant son mouvement horizontal 
oc; aoc = boc sera l'angle d’élévation requis du canon. 
Si le temps qu’exige le boulet pour atteindre de O en 
c—ten secondes, on aura 

ge = cb ; 
le temps de la chute perpendiculaire, quand g désigne 
l'intervalle de la chute pour une seconde. 

Soit, par exemple , une seconde, le temps employé 
par un boulet pour atteindre le but qui se trouve à un 
éloignement de 200 pieds, on aura 

5 ac = 15 pieds, 
et pour cela l’angle d’élévation du canon = 4° 18/. 
Si au contraire le boulet vole dans la moitié du temps 
jusqu’en e, on aura ! 
Je=().15pieds = 3,75 pieds; 
et l'angle d’élévation nécessaire pour cet effet — 2°9": 
d’où il découle, relativement à ce qui a été dit plus haut 
pour le coup de niveau, qu'avec des charges demeu- 
rant égales le boulet ne pent pas toucher le centre du 
but si ce but est rapproché de la moitié de sa distance 
primitive; biez lus, il faut que chaque boulet sortant 
d’un canon pour lequel on a déjà donné, pour la dis- 
tance du coup de niveau, l'angle d'élévation requis, at- 


tcigne le but au-dessous du centre, et au-dessus au cas 


26 


202 BA 

contraire, quand la distance est augmentée, comme le 
rend sensible la différence des espaces de et fe; ce qu’on 
pourra compenser en renforçant la charge dans le pre- 
mier cas, et en Ja diminuant dans le second. 

30. On a coutume de rendre cette loi sensible par une 
machine particulière appelée machine parabolique (P1. 
XIV, fig. 8). La pianche AC5D est découpée d’après 
une ligne courbe à volonté ABD ; on y introduit une ri- 
gole, et celle-ci, rendue aussi unie que possible, ou faite 
avec une substance causant peu de frottement, comme 
l'ivoire Si la cowbure est dans le sens de la ligne ho- 
rizontale , et si on laisse rouler une lourde balle dans la 
rigole ABD , cette balle atteindra en D une vitesse qui 
appartient à la hauteur de chute AE. Applique-t-on au 
côté Dr une autre planche rectangulaire, Dour, sur la- 
quelle est dessinée la demi-parabole DM du sommet 
Det du paramètre = 4AE, la balle tombera dans cette 
parabole. 

Comme il est facile de suivre de l'œil la voie dela 
balle, et d’apercevoir quand elle se rencontre avec la 
ligne tracée, il est moins conforme au but d'employer 
des cercles pour laisser tomber la balle au travers. Si 
l’on prend sur le côté horizontal de la planche DN, Nn, 
nv, également grands, les ligues perpendiculaires NM, 
nm, vu, seront entre elles comme 1: 4:93; et, si lou 
prend Dr— AE, on a, d'après les propriétés de la pa- 
rabole, 

ru = 2ÂE; 
delàona 
DN=— Nn=—nv—=;%AE, Dp—;AE. 
ce qui rend une telle machine facile à construire. 


Si, pour l'expérience l’on se sert d’une balle de 
plomb, la résistance de l’air pourra être négligée. 

31. Les déterminations que nous venons de douner 
sont considérablement modifiées par la résistance de 
l'air. Si nous supposons d’abord que la recherche ne 
porte que sur le mouvement horizontal du boulet et sur 
l'angle d’élévation dans lequel le canon doit ètre dirigé 
pour atteindre un objet qui se trouve dans Fhorizon, on 
peut en conclure aisément que cette résistance, relative- 
ment au mouvement perpendiculaire du boulet, et à sa 
chute libre pendant son mouvement, ne doit point être 
importante, et peut étre négligée comme si elle était 
nulle. 

D'après cela , les intervalles parcourus Éne avec 
l’axe des ordonnées Cy (PL. XIV , fig. 2), resteront les 
mêmes; mais l'influence sur les intervalles parcourus pa- 
rallèles avec l’axe des abscisses cx est très-grande, car, 
loin de rester égaux entre eux, ils diminueront de plus 
en plus, à cause de la résistance incessante de l’air; 
d’où il suit qu’ici la voie du boulet ne sera point une 
parabole ordinaire. Maïs , comme cette diminution des 


BA 


espaces parallèles avec les abscisses parcourus daus dés 
temps égaux est une fonction de la résistance de l'air, 
il s’agit de connaître cette diminution exactement ; et on 
n'y esl point encore parvenu, comme on a pu le voir 
par tout ce que nous venons d’exposer. 

Plusieurs géomètres, et parmi eux Borda, particu- 
lièrement, ont donné des formules d’après lesquelles 
on peut évaluer la diminution de la vitesse initiale, 
d’après une distance donnée du chemin parcouru. 

De tous ces travaux, les plus estimables sont ceux de 
Hutton, qui, des résultats des expériences de Wool- 
wich, a déduit une règle convenable pour la plupart 
des cas. 

Soit généralement le diamètre du boulet — D, son 
poids — p, la vitesse initiale — v'; celle existant en- 
core après l’espace parcouru = v, on aura, d’après la 
formule donnée pour le mouvement dans l'air, 


Pl P — vdv 
Li 2gD? TRES nv 
Me RECU _ 
7 2gD: X mv—n = DE X 


ñ 
ÿ——, 
nm 


dont l'intégrale est 


me X log.nat.v — — + C; 


la constante C étant déterminée en faisant 


LT —0,e6t/ —# 
on a 


Substituant les valeurs numériques trouvées plus haut 
pour netn, on aura 


p p'— 9231 


D— D log.nat. MALE PS 


Pour réduire le coefficient 


es 

2gD?m 
à la quantité unique D, on a : 4, 3 onces, le poids d’une 
gueuse de fonte d’un pouce cube anglais, et, d’après 
cela, 


P = 0,5236D? x 4,3 = 2,25148D*, 


ou , plus exactement, — ?D°; par conséquent, en liv., 
_— 3 
P=%% D". 
Ainsi, substituant de plus la valeur de g en mesures 
anglaises, on aura 


pre — — 581,25D ; 


BA 


et, par suite 


v'— 9231 
TL —:001,20 D.log.nat.- RE 


ou 


p—931 
= 1338 D. log. vul. —— =. 
T 19 op. vu FACE 


Cette formule sert uniquement pour des vitesses au- 
dessus de 200 à 300 pieds parce qu'alors les va- 
leurs »2 et x sont connues. Pour de plus petites vitesses, 
lou peut prendre la résistance comme proportionnelle 
au carré de Ja vitesse; mais il faudrait alors, dans la 
formule pour la résistance = as? , que le coefficient & 
fût découvert d’une manière plus certaine par des expé- 
riences. 

32. Il est clair qu'on peut trouver, à l’aide de cette 
formule, l’espace parcouru par un boulet dont la vi- 
tesse initiale est donnée — 4", et la vitesse finale — v. 
Mais on peut demander encore à connaître une autre 


quantité, savoir, le temps qu'un boulet mettra pour 
parcourir un certain espace avec une vitesse initiale 


connue. 


Soit s cet espace, nous aurons, d’après ce qui pré- 
cède, 


p'— 9531 
= 1338D.log.—"3 
d’où 
s A #9" — 931 
1338.D By 23 


Qu'un boulet de 24 livres, par exemple, d'un diamètre 
de 5,446 pouces anglais ait parcouru un espace — 1000 


pieds de Londres avec une vitesse initiale = 1780 
pieds, alors 
x S . __ 1000 
T338.D  1338%0,446 — ©1947 
' 
Cette dernière quantité est le logarithme de es x 
| =, LI 


dont le nombre correspondant est 1,3635, nous avons 
donc 


D'où 
v= 1361; 


Ceci connu, on prend approximativement ia moyenne 
ürithmétique entre v et la vitesse initiale comme vi- 
tesse uniforme du-boulet; et on trouve, en divisant 
l'espace donné = s par la vitesse moyenne trouvée, 
le temps ten secondes presque exactement ; d’où l’on 


peut déterminer la hauteur de la chute du corps lancé. 


L'exemple suivant éclaircira cette règle, 


BA 303 


{in lance un boulet de 24 livres, avec 6 livres de 
poudre, vers un but distant de rooo pieds, combien 
de temps mettra-t-il à descendre ? 

La quantité de poudre, dans ce cas, est =; par 
conséquent, d’après le tableau ci-dessus, v'= 1131 
pieds. De plus, 1131— 231 —goo; et, en faisant 
usage de Ja formule ci-dessus, nous avons 


231=891= vla vitesse finale. 


u 
v +v 
En 1011; 
2 


1000 0 — . 
122 est presque = 1; 


c’est-à-dire la vitesse moyenne ; 
par conséquent, 1 seconde est le temps du mouvement, 
et, par suite, la hauteur de la chute est de 16 pieds de 
Londres ou de 15 pieds de Paris. 

33. Hutton rapporte eette règle à une formule géné- 
rale, 


Soient, en mesures anglaises, 


La distance donnée en pieds......... 
Le diamètre du boulet en pouces..... 


s 
D 
Le poids du boulet enlivres......... b 
Le poids de la poudre.,.,..:.%..... € 
La vitesse initiale en pieds........,. v 
La vitesse finale. 5h. ist. sera 
Le temps du mouvement du boulet... # 


nous aurons 


v'— 1600 _ 
Ps + su, 


N étant le nombre correspondant au logarithme de 


v' — 931 
9 — 9231? 


et 


ou, plus rigoureusement , 
ea LC CEE +) , 
231 
de plus 
_Gis 
CEE 


est la hauteur de laquelle tombe le boulet, et 


ge = 16€ = 


g® _16® _ 64 
sun OST (PH) 
la tangente de l'angle d’élévation du canon. 
L'on voit qu'il ne sera pas difficile de calculer des 
tables, d’après cette formule, pour l'usage pratique. 


9% BA 

34. Projectile lancé sous un angle avec l'horizon. Un 
corps lancé sous un angle pris à volonté, avec l’horizon, 
décrit toujours dans son élévation et dans sa chute, des 
branches de parabole, égales entre elles, et sembla- 
bles à celles que l’on a désignées plus haut, comme la 
voie d’un corps lancé horizontalement. 

Soit ce (PL. XIV, jig. 6) la direction première du 
boulet; et cg l’espace qu’il parcourt dans une portion 
de temps donnée, c1. 

S'il n’était affaissé par la pesanteur , il se trouverait, 
à la fin de chaque portion nouvelle de temps, dans les 
points d’intersection, des lignes 11, 211. Toutefois, 
comme la diagonale cg, qu'il parcourt dans la première 
portion de temps, peut être décomposée en la ligne 
horizontale c1, et la perpendiculaire cl, la première 
restera sans être diminuée, mais la dernière sera rac- 
courcie de g», vartie dont la gravité fait décliner le 
boulet. 

Dans la seconde portion de temps, ce boulet, sup- 
posé sortant de 77, devrait, sans Ja pesanteur, venir 
jusqu’à >; mais comme dans cette portion de temps il 
décline de 3 X gm, il viendra en »; et si l’on prend les 
intervalles de la chute = 1:3:5,etc., correspondant 
de la même manière aux temps 1,2, 3... Il décrira, à 
travers les espaces cm2, mn, op, pq et gd, dans lesquels 
il est supposé tomber, les deux branches de la para- 
bole cod. 

Pour trouver l'étendue et la hauteur appartenant à 
un semblable jet, on se sert de l'observation suivante, 
qui, outre cela, fait mieux connaitre la disposition de 
la voie. . 

Soit lancé un corps avec une vitesse initiale = À dans 
la direction AC (Pc. XIV, fig. 5), qui fait avec l’hori- 
zou l’angle CAB —%, sa vitesse se décomposera en la 
ligne horizontale AQ et la ligne verticale QN, dont la 
première est = À cos.2; l’autre = # sin. La gravité 
n’agit pas sur la première, et elle deviendra, après le 
temps ?, 

AQ — k cos «.t. 


Mais, la seconde après le temps #, sera diminuée de gF, 
et ainsi 


QM=QN—NM = sin «.t— gr. 


Pour le point B, où le corps lancé retrouve le plan 
horizontal, on obtient 


QM = 0; ; 
ainsi, 
ksina.t—gt, 
et 
__ ksin & 
D TE 


BA 
donc, lorsque AQ devient AB on a 


AB 2 sin u.cosix  Asin 24 
£ dé 


Si l’on cherche le point où QM devient un maximum, 
en posant 


dQM = À sin &.dt — 2gtdt = 0, 
il en résultera 
he k sin « 


EE LU 


28 


c’est-à dire la moitié de ce qu’il est pour le point B. 
Ceci, substitué à £ dans la valeur de AQ, donne 


k2 sin &.cos x k2 sin 24 
AE = = — === 
28 4g 


Par conséquent, AE — 1AB; et en le substituant dans 
la valeur de QM, on obtient l'élévation qu’'atteint le jet. 


k2 sin 2x 


4g 


k2 sin ?« 


28 48 


De ces équations pour AE et DE, il résulte 


k coS x 


AE: — DE, 


c’est-à-dire que la courbe est une parabole qui a D pour 


k cos 


sorimet, et pour paramètre. Le temps {, dans 


lequel est décrite la partie AM, est = AN _ AQ5e. 


k k d 
ainsi, AQ est proportionnel au temps. Mais le temps #, 
; e ; AB sec. x 
jusqu'à ce que le corps arrive en B, est — PT 


= sue comme on l’a déjà trouvé plus haut. Des 
valeurs trouvées pour AB (étendue du jet), et DE 
(hauteur atteinte ), il résulte enfin qu’elles sont toutes 
deux proportionnelles au carré de la vitesse initiale 
= À. Mais à des valeurs égales pour 4, DE ou la hau- 
teur est proportionnelle au carré du sinus de l'angle 
d'inclinaison , et elle sera par conséquent la plus grande 
si l'angle estle plus grand possible, c’est-à-dire pour 
un angle de 90°, ou si le coup est tiré perpendiculaire- 
ment. L’étendue AE est proportionnelle au sinus de 
l'angle d'inclinaison double; elle disparait donc quand 
on a sin? — 0, c’est-à-dire pour « = 0 et — go°. 
A une projection perpendiculaire ou complétement 
horizontale, le corps lancé n’atteindra aucune distance 
étendue. La première proposition est claire en elle- 
même ; la seconde, qui semble renfermer une contra- 
diction avec l'expérience, est explicable par-là, qu'il ne 
peut être question d'aucun mouvement sous le plan hori- 
zontal. Si l’on suppose, par exemple, la paroi inférieure 


du canon exactemert dans le plan horizontal ; le boulet, 


BA 


en s'échuppant de l'orifice, touchera ce plan; etcomme, 
d’après les lois de la chute, ïl doit tout aussitôt s’affaisser!, 
il traversera ce plan, et son mouvement horizontal de- 
vieudra nécessairement — 0. Mais il y aura lieu à la 
plus grande distance, si sin2> devient un maximum, 
c'est-à dire; pour + = 45°; et comme des valeurs égales 
au-dessus et au-dessous de cette quantité répondent à 
une valeur égale de sin 2x, la distance étendue du 
jet diminuera de quantités égales pour des varia- 
tions égales de l'élévation au - dessus ou au - dessous 
de 45°. 

Les formules sont toutes établies pour le cas où l’objet 
à atteindre est dans un plan horizontal avec le canon. 
Mais il en résulte que, si l’objet se trouvait à un angle 
7 au-dessus ou au-dessous de ce plan, l'angle d’éléva- 
tion appartenant au jet le plas étendu serait dans le pre- 


= 45 + 5 y, et dans le second = 45° — © y. 


mier cas — 45 


Eclaircissons ceci par un exemple. Si nous prenous 
la vitesse initiale À — 2000 pieds, l'angle d’élévation 
a — 45°, nous aurous la hauteur atteinte 


4000000 sin? 


4 


et, pour g pris = 16 pieds de Londres, DE = 312507 


DE 


pieds , on aura de même 


4000000 
ER 


AB = 125000 pieds. 

Bien que ces formules ne comportent point d’appli- 
cation pratique , elles répondent néanmoins encore aux 
deux questions suivantes qui y ont rapport . d’abord, 
dans quel angle faut-il qu’un canon soit incliné pour, 
avec une vitesse initiaie donnée, atteindre un objet à 
une distance donnée? Et secondement quelle doit être 
la vitesse initiale pour atteindre un obiet placé à une 
distance donnée, et avec un angle d’élévation donné du 
canon ? 


L'on répond facilement aux deux questions à l’aide 
de la formule 


re A3 sin 24 
26 
donnée plus haut , d’où l’on tire 
sin9æ — es et 


+ / AB .2g 

GE sin 2x 
Si l’on devait atteindre un objet à une distance de 
10,000 pieds, et avec une vitesse initiale de 2000 
pieds, il faudrait donc un angle d’élévation de °° 


F 


9" 2" ou de 87° 50° 55” 


55", Si au contraire l'objet à attein- 


dre étant à cette même distance, l'angle d’élévation 


BA 205 
était de 45°, la vitesse initiale ne serait que 5477 
pieds en une seconde, 


35. Telle simple que soit la construction de la courbe 
que décrit un boulet lancé dans l’espace vide, aussi 
impossible est-il de la trouver tout-à-fait exactement, 
eu égard à la résistance que présente l’air, attendu que 
l'équation différentielle exigée ici n’est pas intégrale, 
d’après les moyens fournis jusqu’à présent par l'analyse. 
Il y a long-temps déjà que J. Bernouilli, Hermann et 
Taylor cherchèrent une solution générale de ce pro- 
blème. Au nombre des recherches les plus savantes il 
faut ranger les observations de L. Euler sur l'ouvrage de 
Robins : Nouveaux principes d'artillerie, dans lesquelles 
il calcule la résistance d’après une loi propre adoptée. 
Graevenitz a, d'après cela, dressé des Tables pour 
l'usage pratique. Newton, qui trouva déjà que l’équa- 
tion différentielle pour ces propositions n’était pas inté- 
grable, chercha à la résoudre par approximation, et 
trouva par ce moyen que la courbe ressemble plus à une 
hyperbole qu'a une parabole, résultat auquel, d’après 
lui, sont revenus plusieurs autres géomètres. Lambert 
aussi chercha une solution de ce problème, et essaya 
d’en faire une application pratique à l'artillerie. I] faut 
compter parmi les recherches les plus importantes 
a ce sujet celles de Borda, qui tenta en même temps 
de découvrir, par des expériences particulières, la loi 
de la résistance de l'air. Par des calculs étendus, il trouva 
pour un boulet de 24 livres, d’un diamètre de 5,444 
pouces de Paris, et un angle d’élévation du canon de 
45°, les quantités suivantes : 


a ——— , a ————_—_—_ ——_—__— 


Vitesse DisTANCEs Disraxces Havreurs 
initiale. dans le vide, dans l'air, atteintes. 
Pieds français Toises. Toises. Toises. 
100 55 13 
‘ 200 221 53 
400 883 170 
6oo 1987 306 
800 3532 442 
1000 5519 57o 
1200 7947 635 
1500 12417 839 
1800 17981 975 
2100 24338 1095 
2400 31758 1203 
2700 40232 1292 
3000 49669 1407 
3500 67605 1525 


Dans une expérience avec un boulet de 24 livres, la 
charge étant de 16 livres, et l'angle d’élévation de 
45°, le boulet parcourut une distance de 2250 toises, 
qui appartient, d'après la table, à une vitesse initiale 
de 2038 pieds. 


206 BA 


Pour les angles d’élévation, qui appartiennent au jet 


lezplus étendu, le calcul donne les valeurs suivantes : 


ANGLES 
d'élévation. 


VITESSE 
initiale. 
Pieds francais, 


(LED 2 I 2 SRE EE 2 D en | ce A Ce RE 


300 ka? 10 

Goo 36 30 

1000 33 o 

1200 31 40 

; 1500 30 10 
1800 28  5o 

2000 28 10 


Quelques expériences faites à Brest par Borda avec un 
boulet de 6 livres et une charge de 3 livres de poudre, 
donnèrent, à un angle d’élévation de 45°, une distance 
de 1590 toises, et pour 30°, 1700 toises. 

La première distance, d’après la table, appartient à 
une vitesse initiale de 2050 pieds; et si, pour cette 
vitesse initiale, on cherche la distance, pour un angle 
d’élévation de 30°, on obtient 1715 toises, ce qui coïn- 
cide avec l'expérience, au-dessus de ce que l’on pouvait 
espérer, et prouve la certitude des formules de Borda. 

36. Des recherches assez savantes, mais pas assez ap- 
plicables à la pratique, et insuffisantes d’ailleurs sur le 
trajet du boulet au milieu de la résistance, ont été 
teutées par Bezout. Ces recherches, ainsi que les travaux 
faits auparavant par Euler et par Lambert, furent mises 
à profit par Kraft; il prit pour base le principe de New- 
ton, d’une résistance de l'air proportionnelle au carré de 
la vitesse, développa les formules trouvées par Bezout, 
mais non achevées par lui, et calcula des tables qui, 
malgré cela, sont toujours trop restreintes, pour l'usage 
pratique, ainsi qu'il l’avoue lui-même. 

Plus tard, la question de balistique, proposée pour 
sujet du prix par l’Académie des sciences de Berlin, 
engagea Legendre à se livrer à de nouvelles recherches 
sur la courbe que doit décrire un corps lancé sous un 
angle d’inclinaison avec l'horizon, pris à volonté. 

Pour une résistance proportionnelle au carré de la 
vitesse dans un milieu d’égale densité, il trouva que 
la courbe s’approche beaucoup d’une hyperbole qui a 
deux asymptotes : l’une dans un plus grand angle avec 
l'horizon, comme est l'angle d'inclinaison du canon; 
l'autre perpendiculaire. Le calcul étendu , par lequel on 
trouve les nombres isolés, rend malheureusement cette 
solution impraticable pour l'usage ordinaire, et Legendre 
l'avoue lui-même. On peut en dire autant de l’expé- 
rience qui teud à faire trouver les deux bras de cette 
courbe hyperbolique, lun s’élevant, l’autre s’abaissant, 
chacun isolément, par approximation, et il reste tou- 
jours à demander jusqu’à quel point les résultats de ces 


BA 


recherches théoriques concorderaient avec l'expérience, 
tant de conditions diverses étant mises en avant. 

37. T'empelhof s'occupa simultanément de ces recher- 
ches, et le plus amplement pour ce qui concerne la 
balistique; il essaya aussi de déterminer la courbe 
que décrivent des boulets et des bombes en tenant 
compte de la résistance de l'air, Kraft reprit de nou- 


veau ce problème, principalement dans le butde trouver 
l'angle d’élévation du jet le plus étendu ; il pose la résis 
tance de l'air proportionnelle au carré de la vitesse, et 
n'introduit qu'un coefficient pour les grandeurs des 
boulets, parce que, d’après Robins, la résistance avec 
de petits boulets a été trouvée moindre qu'avec les plus 
grands. Le calcul donne : que dans l’espace vide un 
angle d’élévation = 45° appartient à la plus grande 
étendue, mais que dans le milieu résistant, la grandeur 
de l’angle est en rapport inverse de la vitesse initiale, 
puisque , pour une vitesse infinie, il faudrait que 
cet angle devint = o. Pour la coustruction des 
tables de l'angle d’élévation du jet le plus étendu, il 
faut surtout connaître la loi de la résistance (qui est 
admise comme proportionnelle au carré de la vitesse, 
d’après Newton, Robins et Lambert); la vitesse ini- 
tiale, le poids et le calibre du boulet ou de la bombe : 
Le calcul donne pour un boulet de 24 livres avec 
une vitesse initiale de 1884 pieds, dans l’espace vide, 
une portée de 113583 pieds, et dans l'air, seulement 
une portée de 14603 pieds; ce dernier nombre est 
encore trop grand, d’après ce que nous savons par l'expé- 
rience. 

38. Moreau à publié ( Journal de l'Ecole poly- 
technique, cahier IT), un beau travail sur ce su 
jet. D'abord, par un calcul élégant, il établit la 
carrière du boulet dans le vide, montre qu’elle est 
une parabole, et qu’un angle d’élévation de 45° doit 
donner la plus grande distance du jet; chaque quantité, 
égale au-dessus ou au-dessous de ce nombre, donne 
des diminutions égales de chaque étendue du jet. Toute- 
fois, il ne trouve pas non plus l’équation générale inté- 
grable pour le trajet du boulet, en tenant compte de la 
résistance de l'air, et il la détermine par approximation 
dans ses parties isolées. Il remarque, en outre, que 
quand même on voudrait, d’après cette méthode, dres- 
ser des tables pour l'emploi pratique, la quantité prin- 
cipale nécessaire pour cela, ainsi que la vitesse initiale, 
éprouverait trop de modifications par la qualité inégale 
de la poudre, et beaucoup d’autres influences, pour 
pouvoir arriver à une conclusion certaine et rigoureuse. 

Pour donner un exemple de l'emploi de ses formules, 
dans lesquelles il pose pour base l'hypothèse d’une ré- 
sistance proportionnelle au carré de la vitesse, il trouve 
pour un boulet de 24 livres à uu angle d’élévation de 
45°, la hauteur du jet—1668 ", 86; sa distance —3:08 w; 


BA 


ja durée de l'élévation = 14" 94; celle de l’abaissement 
= 21” 03. Dans le vide, au contraire, on aura pour la 
hauteur du jet 5941", 4; la distance 23765 "6, et la 
durée du mouvement 97" 7. 

39. Au milieu de toutes ces difficultés iasurmontables 
pour obtenir une solution complète du problème de la 
balistique, les meilleurs résultats, les plus applicables, 
se tirent des méthodes d’approximation de Hutton. 

® Celui-ci aussi admet que le trajet du boulet est com- 
posé de deux branches hyperboliques différentes, AV, 
VC(Pz. XIV, fig. 9), avec des asymptotes ED, FG, 
dont l’une a une plus grande inclinaison vers l'horizon 
que le canon, et dont l’autre est perpendiculaire. D'a- 
près cela, l'angle d’élévation appartenant à la plus 
grande distance; ne pourra pas être — 45°; 
dernier appartient à la plus petite vitesse et au plus 
grand boulet, et il décroît insensiblement, à mesure 


mais ce 


que la vitesse augmente et que le boulet diminue, tan- 
dis que la résistance de l’air croît proportionnellement 
à cette dernière quantité. Il en résulte qu'une fixation 
exacte du jet le plus étendu ne rentre pas dans les limites 
de Panalyse. En attendant, on peut mettre à profit les 
découvertes suivantes, au moins par approximalion, 
faites par Newton, Robins, Euler, Robison. 


40. D'abord, par les résultats des expériences expo: 
sées plus haut sur la résistance que rencontre un boulet 
d’une grosseur donnée , avec une vitesse donnée à travers 
atmosphère, on peut calculer par quelle vitesse finale 
—v; la résistance atteint son maximum, et quand 
le mouvement passera d’une vitesse accélérée à une 
vitesse uniforme. Appelons P Je poids du boulet de fer 
en livres, D son diamètre en pouces, V la vitesse fi- 
nale, H la hauteur dont le boulet doit être tombé dans 
l’espace vide, pour atteindre cette vitesse; enfin T le 
temps de la chute libre à laquelle cette hauteur appar- 
tient; la table suivante donne un aperçu des valeurs 
qui se correspondent les unes aux autres. 


E D v H TL 


1 1,923 247 948 772 
2 2,423 279 1193 8,06 
3 2,773 297 1371 9,28 
4 3,053 311 1503 9,72 
6 3,494 333 1724 10,41 
9 4,000 356 1070 11,12 
12 4.403 354 2174 11,09 
18 5,040 400 2488 12,50 
24 5,546 419 2729 13,09 
32 6,106 440 3010 19,72 
36 6,550 449 3134 14.03 
42 6,684 461 3304 14,37 
48 6,958 470 3444 14,07 


Les quantités P, D, Het T se donnent d'elles-mèmes 


BA 20? 


dans cette table, Quant à la quantité V, Hutton latrouve 
de la manière suivante, Avec un boulet d’un diamètre de 
1,965 pouces anglais, le coefficient de la résistance dans la 
chute où la vitesse atteint son maximum, a été trouvé 
— 0,000016865. Si l’on pose maintenant la résistance 
comme proportionnelle au carré de la vitesse, on a 
0000016865 V? — P. Mais le poids de ce boulet était 
1,05 
0,000016865 
d’où l'on trouve V — 249.52. Le poids des boulets 


— 1,05 livres, par conséquent V? — 
2 ? 


croissant comme le cube de leur diamètre, et la résis- 
tance comme le carré, l’on obtient pour un boulet d’un 
diamètre quelconque 


Pour trouver, au moyen de cette table, l'angle 
d’élévation appartenant au plus grand jet, et l’éten- 
due du jet elle-même, Hutton nous donne une 
autre table, où w : » désigne le quotient qu’on 
obtient en divisant la vitesse initiale par la vitesse 
finale, et 2 le facteur qui y appartient, par lequel la 
plus grande hauteur doit être multipliée pour obtenir 


l'étendue du jet, 


ANGLE D'ÉLÉVATION. m 


0,6910 44,0 0,4110 
0,944 43 15 0,0148 
1,1980 42 30 0,9170 
1,4515 41 45 1,0210 
1,700 41 0 1,2244 
1,9585 4o 15 1,4278 
2,2120 39 30 1,021 
2,4655 38 45 1,8346 
2,7190 58 0 2,0379 
2,972 57 LMIO 22419 
3,2260 36 30 2,4447 
3,4705 35 45 2,648 
3,7330 39 o 2,8915 
3,980 34 15 3,0549 
4,2400 33490; 3,25593 
44935 32 |45 3,4616 
4,7470 92 0 3,6650 
5,0000 PME 3,8684 


A l'aide de ces tables on peut facilement, et par 
une simple interpollation, obtenir les quantités inter- 
médiaires. Veut-on savoir, par exemple, à quel augle 
d’élévation un boulet de 24 livres, avec 1640 pieds 
de vitesse initiale, atteint la plus grande distance? 
La première table donne la vitesse finale d’un boulet 
de 24 livres = 419 pieds et la hauteur de la chute 
libre qui appartient à cette vitesse finale — 2729 
pieds. Les deux vitesses divisées l’une par l'autre, 
daunent y" : 


V= 


3,92 comme argument, lequel on 


208 BA 


cherche dans la seconde table ; le nombre semblable 
le plus proche dans cette table indique l'angle d'é- 
lévation = 34° 15’. Si on le prend, sans interpollation, 
à cause du peu de différence, le facteur 3,0549 = m 
lui appartiendra; d’où 2729 X 3,0549 — 8336 pieds, 
est la plus grande distance du jet. 

41. Il n’est pas sans intérêt de comparer à ceci les 
résultats obtenus, d’après Bezout, dans des expériences 
faites à La Fère en 1740 et 1741. Elles furent exécutées 
avec une pièce de 24, le boulet avait 5,1 pouces de 
diamètre, et elle était chargée avec 8,4 livres de poudre. 

On obtint les résultats suivans : 


a ————_—_—_—_—— 


AxGues | Disrances | Temps | Anczes | Disrances | Temrs 
d'élév. [en pieds fr.|en secondes] d'éev. |en pieds fr.|en secondes 
52 5520 11706 | 32,80 
10 7392 13098 | 34,00 
15 9600 12348 | 34,00 
20 10356 11556 | 36,00 
25 10830 9986 | 43,50 
30 10944 7410 | 46,00 
35 11286 5394 | 48,75 


On voit immediatement que les distances du jet obte- 
nues ici sont bien différentes de celles que les calculs 
pourraient donner; mais on doit remarquer que les élé- 
mens de la dernière table, que Hutton emprunte à Ro- 
bison , sont pris d'expériences faites avec de plus petits 
boulets, et qu’il existe de plus une foule de circonstan- 
ces qui peuvent aisément produire des aberrations im- 
portantes. 

Les distances trouvées par ces dernières expériences 
paraissent sans doute très-grandes , cependant les quan- 
tités obtenues ainsi par le calcul sont-elles encore vrai- 
semblablement trop petites de beaucoup. Les expé- 
riences faites par Bezout avec les quantités que Borda 
avait calculées d’après ses formules, présentent plus de 
concordance. 

Voici les résultats : 


ELU 


ViTessEes ANGLES D'ÉLÉV. Disrances Disraxces 

initiales, du jet du jet. du jet 

le plus étendu. sous l’éley. de 45°, 

—————_——, ————— | ee 
600 D LD: 6210 Gr20 
700 36 20 7350 7155 
300 939 20 8430 8190 
900 4 35 9456 9108 
1000 332 55 10434 9954 
1100 3310 920 11304 10755 


Les plus grandes distances furent obtenues dans les 
expériences faites à Strasbourg, en 1740, d’après D’Arcv, 
avec une pièce de 24, sous un angle d’élévation de 45°, 
et l'emploi qu’on y fit de boulets polis et de poudre 


BA 


passée au tamis, ne fut certes pas sans influence : de plus, 
on avait fixé les canons si solidement qu’ils ne pou- 
vaient pas reculer. Mais ce qui frappe le plus, c’est que 
dans les deux séries d'expériences, les plus petites et les 
plus grandes quantités de poudre donnèrent les plus 
grandes portées pour le coup tiré. On obtint les résul- 
tats suivans : 


——————————— 
] 


LE 31 AOoUT. LE 11 sEPTEMPRRE, 
EE 
Charges. Distances. Charges. Distances. 
a 
livres. pieds.|| livres. 
8 13068 24 
9 14100 18 
10 14100 16 
11 12462 15 
12 13596 14 
13 14610 13 
14 13800 12 
12 14520 2 
16 14700 10 
18 13380 9 
24 13200 8 


42. D’après la Afartillière, pour tous les calibres, un 
angle d’élévation de 35° et une charge de + du poids du 
boulet donnent la plus grande distance, qui est, pour 
une pièce de 24, 14088 pieds français; mais la vitesse 
initiale n'y est que de 642 pieds, quantité qui est évi- 
demment donnée trop petite par le calcul. 

Les portées des plus petits fusils, quoiqu’avec des 
balles de plomb, sont relativement plus faibles, parce 
que la vitesse initiale est plus petite, et que la résistance 
del’air est plus grande. Les expériences exactes d’Antoni, 
donnèrent, en moyenne de deux séries d'expériences 
corrélatives, les valeurs suivantes : 

1°. Avec une carabine de ? pouces de calibre, les 
balles étant de ? d’once; 


© ——— —_—"—— 


VITESSE ANGLES PORTÉES PorTÉES 
initiale. d’élévation. des coups. dans le vide, 
> ————— 

19, 0 1590 35410 

1160 DE O 1662 53115 

45, o 1584 7o821 


>. Avec un fusil d'infanterie d’un pouce de calibre, 
et avec des balles de -; d’once. 


ViTEssE ANGLES PorTÉES Portes 

initiale. d'élévation. des coups. dans le vide. 
———————— | —— 
ms 2 1689 13059 
15, 00 2310 >-018 
1030 ? 2r/ HE 
24, 20 2504 41577 
45; Mc 2090 55636 


BA 


43: De Morla a publié beaucoup d'observations sur la 
portée de la grosse artillerie : de ces observations les 
plus importautes sont, sans contredit, celles résultant de 
nombreuses expériences faites en 1784 à Barcelonne. 
Elles donnent ponr moyenne : 


a ———_—_—_—_—__—_]_——— aa 
| 


CANON DE 24. Caxow De 16. 
ef  ——— — 
ANGLES 
d'élévation. | Charges. Portées. Charges. Portéees. 
livres. pieds. livres __ pite 
12950 10 9795 10, 3 5592 
10 9 7296 6 7972 
9 10 5686 10, 3 75372 
9 9 7506 6 6870 
6 12 6120 8 5646 
5 9 5286 6 5202 
3 12 3942 5 3912 
5 ( 3870 6 3828 
o | 12 348 8 315 


44. 1l est rare de chercher la distance du jet par l'arc 
qu'il décrit avec la direction première du boulet, on le 
fait généralement pour les bombes, avec lesquelles il 
est plus facile d’atteindre une plus grande distance. 

Hutton employa aussi, pour ces dernières, le sys- 
tème de calcul que nous avons exposé. Ainsi D, set 
H conservant leur signification; appelons de plus le 
diamètre du mortier D'; le poids de la bombe vide p; 
le poids de la bombe remplie p'; le poids d’un boulet 
de canon d’une égale grosseur p”; les valeurs suivantes 
seront corrélatives. 


D D‘ P P' P'" 0 H 
ne —— a 
4,53 4,6 8,3 9,0 12,75 318 1580 
5,72 5,8 16,7 18,0 25,50 356 1980 
7,90 8,0 43,8 47,9 67,00 420 2756 
9:34 10,0 85,5 91,9 | 130,00 468 3422 
12,80 13,0 187,8 201,0 | 286,00 534 4430 


La manière dont on trouve les quantités d’après cette 
table ne présente aucune difficulté. Les valeurs de V 
sont données comme il suit : le rapport d’une bombe 
pleine avec un boulet d’une grosseur égale est 1 : 
d’après cela, la formule du numéro 40 


V=i:8VD; 
donne pour la bombe, 


L 
142 


L'emploi de cette table est aussi simple. Qu'on lance, 
par exemple, une bombe de 13 pouces avec une vitesse 
initiale de 2000 pieds (la plus grande qu’on puisse at- 
teindre d’après Hutton), on aura 


; v 
= 534; ct ——=—— 
v 


BA 209 


ce qui dans la table {{0) répond à un angle d'élévation 
I (4 F 6 


nr0o 


de 35° 0°. Le nombre voisin m — 2,8515 multiplié par 
le nombre qu'on trouve dans la première table, sous 
H— 4430, donne 12632 pieds pour la plus grande dis- 
tance du jet. É 
Hutton reconnait lui-même que les Français, nom- 
mément au siége de Cadix, lancèrent des bombes beau- 
coup plus loin, en ce qu’ils recoururent au moyen de : 
les remplir avec du plomb, de sorte qu’elles purent être ! 
lancées à une plus grande distance que des boulets 
de canon de fer massif. Veut-on appliquer cette res- 
source de manière à en faire une loi générale ? Soit alors 
le poids du boulet de fer = p, un boulet d’une autre 


masse = p', et D = q; d'où nous aurons la vitesse 


v = 178 V?. 


Ceci admis, pour le cas présent, le diamètre du creux 


finale 


d'une bombe de 13 pouces est — 9 pouces. Un boulet 
de plomb de ce diamètre pèse 139,3 livres; à cela joi- 
gnez le poids de la bombe même — 187,8 livres, en- 
semble 327 livres = p'; le poids d’un boulet de fer de 


grandeur égale — 286 = p, et … = 0,8783 — g. Mais 


comme D est = 12,8 pouces, on aura 


v = 178 AE — 680 , et À — Po = 7235 
+ 


(la hauteur de la chute g — 16 pieds anglais) 


Si l’on à v' = 2000 pieds, on aura 


nombre qui, dans la table, donne par interpollation 
l'angle d’élévation = 37° 20', qui répond à une va- 
leur de »1 — 2,2153. La plus grande distance du jet est 
donc 


7225 X 2,2153 = 16005 pieds. 


45. Ni la théorie ni l'expérience n’ont donc pu nous 
faire connaître encore la hauteur et la distance que 
peuvent atteindre des boulets ou des bombes lancés 
sous un angle à volonté. Cependant l’une et l’autre 
nous apprennent que des boulets d'une égale force, 
sous le même angle d'élévation, et avec des vitesses 
proportionnelles à la racine carrée de leur diamètre, 
décrivent des courbes semblables, résultat que Borda 
avait déjà trouvé, 

Le calcul des expériences étendues de Woolwich , 
pour un angle d’élévation de 45°, qui, d'après la théo- 


rie, appartient au jet le plus étendu, et ayec un boulet 
27 


210 BA 

de 24 livres, donne les résultats réunis dans la table sui- 
vante, dans laquelle v’ représente la vitesse initiale ; 
sv la distance du jet dans Pespace vide, ww cette dis- 
tance dans l'air d’une égale densité, et ww" cette même 
distance, en ayant égard à la diminution de la densité 
de Pair, et À la hauteur atteinte; toutes ces quantités en 


pieds anglais. 


y’ w w” a! k 
ee me 

200 1249 960 990 300 

400 4966 3000 3057 900 

600 11103 4173 4257 1200 

500 19890 5oGt 5157 1392 
1000 31186 5520 5634 154 
1200 44766 5802 5934 1683 
1400 60930 6234 6387 1818 
1600 79584 6618 679% 1090 
1800 100722 6078 7173 2082 
2000 124350 7314 7530 2914 
2200 150405 766 7806 2334 
2400 170164 7920 5175 2448 
2600 210150 5202 84069 2556 
2800 243723 8481 8548 2661 
3000 270780 8745 9006 2706 
3200 318333 5982 9220 2088 


L'emploi de cette table est facile. Supposons que nous 
avons à ‘déterminer l'étendue du jet et la hauteur 
qu'atteint un boulet de 12 livres lancé sous l'angle d’é- 
lévation de 45° sur l'horizon, et avec 1600 pieds de 
Vitesse initiale, on obtiendra la vitesse correspondante 
du boulet de 24 livres par la proportion suivante : les 
Ulinméétél des deux sont 5,546 et 4,403 pouces; et 
attendu que les courbes qu’ils décrivent sont semblables 
quand les vitesses sont entre elles comme les racine car- 


rées des diamètres, on a 
V/ 4403 : V/5,546 = 1600 : X; 


ainsi, X = 1706. Pour cette vitesse, cherchant la dis- 
c 


tance et la hauteur, par interpollation, dans la table 
précéderte, on trouve 7158 et 2076 pieds; par con- 


séquent l'on a 


Il 


7158 : 5682 
2076 : 1647, 


ainsi, 5682 pieds sera la distance du jet, et 1647 pieds, 
la hauteur atteinte. 


Veut-oritrouver ces deux quantités pour des bombes, 
il faut en même temps tenir compte du poids différent 
d'après la méthode donnée. S'il faut trouver, par exem- 
ple , les deux quantités pour une bombe de 13 pouces, 
lancée avec une vitesse initiale de 2000 pieds, on a 


V/ 12,8 2 


vitesse initiale appartenant au boulet de 24 livres, 


V/5,546 = 2000 : 1317, 


j| 


BA 


mais, comme pour des corps de grandeurs différentes et 
de poids différens, d’après les règles posées plus haut, 


les vitesses sont généralement dans la proportion de 


ou, s'il faut seulement avoir égard au poids plus faible 
des bombes pleines qu'a celui des boulets également 
grands dans le rapport 1 : 1,42; on a 


I 
1,42? 


178 : 178 
ou 178 : 149,4 ; ainsi la vitesse réduite est 


149,4 


1317 X 187 


— F 
= 1109, 


A cette valeur appartiennent dans la table précédente, 
par interpollation, 5500 et 1617 : par conséquent l’on a 
5,546: 12,8 = 5700 : 13365 — la distance du jet, 
5,546 : 19,8 — 1619: 3732 — la plus grande hauteur. 

11 faudrait calculer une table semblable pour chaque 
angle d’élévation, si l’on osait considérer les tables don- 
nées ci-dessus comme parfaitement concordantes avec 
l'expérience. 

46. Dans les équations,les résultats desexpériences ten- 
tées à La Fère par Bezout, peuvent aussi servim pour les 
bombes. Une bombe, pesant 142 livres, ayant un dia- 
mètre de 11 pouces 10 lignes , et lancée avec 3,95 livres 
de poudre, donna les vileurs corrélatives suivantes, 
{v' désignant la distance du jet en pieds françäis, et £ le 
temps du mouvement en secondes. 


Ang. d'élev. sw” t Angl. d'elév. ww" € 
10° 1434 4,00 45° 3090 | 15,2 
0 2484 7,33 50 2082 | 16,0 
30 2904 | 10,75 Go 2682 | 10,3 

-. 40 3408 | 14,06 70 1986 | 28,0 
43 3144 | 14,00 | 75 1620 | 22,0 


47. D'après Morla, les expériences les plus récentes, 
des plus grandes distances du jet, obtenues avec des 
mortiers de mer anglais, donnent les résultats suivans 


corrélatifs. 


Bouses DE 13 roucEs. BomBes DE 10 POUCES. 


[l L 
EE — 


Charges. | Temps du jet.| Distance. | Charges. [Temps du jet.|Distanc. 
| 


ET) ME SEMEENT MEME ms ne 

liv p!| liv. Fr 
10 15,0 | 19381: | : 4 29255 | 5650 
15 10,2 9018 6 23,0 1,1 .6090 
20 25.0 9900 | 8 9330 5400 
25 26,5 [109230 | 9 24,95 6000 
28 27,5 [11380 |! “10 >5,0 6600 
50 20,0 12000 | 11 25,5 10020 
30 29,5 13039 À 12 20,0 10200 


ue 


mp 


BA 


Il est difficile d'espérer des développemens impor- 
tans et des améliorations dans l'artillerie à moins d’em- 
ployer la vapeur, que déjà Papin et Vauban avaient mise 
en avant. Il est probable aussi qu’on ne pourra attendre 
d'aucun mélange faisant explosion, de plus grands 
effets que ceux obtenus avec la poudre à tirer, lors- 
qu’elle est composée et mélangée avec toute la per- 
fection dont elle est susceptible. 

Notre célèbre Lagrange s'est occupé du problème 
fondamental de la balistique, et plusieurs formules re- 
latives au mouvement des boulets dans l'intérieur des 
canons, ont été extraites de ses manuscrits par M. Pois- 
son, et insérées dans le 21° cahier du Journal de l'École 
polytechnique , auquel nous renvoyons nos lecteurs. La 
longueur de cet article nous force également à passer 
sous silence de nouvelles expériences faites récemment 
en Angleterre ; on les trouve décrites en détail dans les 
voyages de M. Charles Dupin. 

BANDES pe Juriter Er DE SATURNE (A4str.). Ce sont 
des zones obscures qui paraissent entourer ces planètes 
et faire partie de leurs disques. Ces bandes ne présentent 
pas toujours le même aspect; leurs grandeurs et leurs 
positions changent , mais jamais leur direction générale. 
Une longue suite d'observations sur les bandes de Jupi- 
ter ont fait connaitre que cette planète tourne autour 
d’un axe perpendiculaire à leur direction, dans la très- 
courtepériodede gb 55". D'après les lois dela gravitation, 
un mouvement si rapide de rotation devait influer d’une 
manière majeure sur la forme de la planète, et c’est ce 
qu’en effet les observations démontrent clairement. 
Jupiter est un élipsoïde très-aplati vers les poles; le 
rapport de ses diamètres équatorial et polaire est égal 
à 107: 100, exactement le même que celui que donne 
la théorie pour des circonstances semblables de dimen- 
sion et de durée de rotation. La fig. 2, PL. XVIII, re- 
présente Jupiter tel qu’on l’a observé à Slough, le 23 sep- 
tembre 1832, avec un réflecteur de 20 pieds. 

Les bandes de Saturne sont plus larges et-moins ap- 
parentes; elles sont parallèles au plan de l'anneau. 
(Foy. Pr. XVIII, Jig. 5.) C’est aussi par leur moyen 
qu'on a appris que la durée de la rotation de cette sin- 
gulière planète est de 10 ?- 18’. Herschel suppose que 
les bandes de Jupiter et de Saturne subsistent dans les 
atmosphères de ces planètes et qu’elles n’en sont que 
des parties plus transparentes, au travers desquelles on 
entrevoit les corps mêmes des planètes. Il les attribue à 
des courans analogues à nos vents alisés, Huygens 
aperçut aussi une espèce de bande sur le disque de Mars ; 
mais elle n’a pas été revue depuis. La fig. 1 de la 
Pr, X VII représente l'aspect de Mars tel qu’on l’ob- 
serve avec les meilleurs télescopes. 

BAROMÈTRE (de £apos, poids, et xnrpor, mesure.). 
Instrument pour mesurer le poids de l'atmosphère, et 


BA 241 


déterminer ses variations. L'origine de cet instrument 
remonte à la célèbre expérience de Toricelli, par la- 
quelle ce physicien démontra le premier la pesanteur de 
l'air (Foy. Air.). Il se compose d’un tube de verre d’en- 
viron un mètre de longueur et de 5 à 6 millimètres de 
diamètre; ce tube, rempli de mercure coulant bien pu- 
rifié, est fermé hermétiquement à l’une de ses extrémi- 
tés, tandis que l’autre qui est ouverte plonge dans une 
cuvette, pleine de mercure ou se recourbe en forme de 
fiole. L'air agissant par sa pression sur la fiole ou la 
cuvette tient le mercure élevé dans le tube à la hau- 
teur moyenne de 56 centimètres. Une échelle divisée 
en pouces, ou en centimètres, placée le long du tube, 
fait connaitre les variations de cette hauteur moyenne, 
auxquelles correspondent autant de variations dans 
l'état de l'atmosphère. Nous avors exposé à l’article 
AvrimÉrRiEe l’application du baromètre à la mesure des 
hauteurs. Voyez notre DicrionnaiRE DE PHYSIQUE pour 
la construction de cet instrument et ses divers usages 
dans les sciences physiques. 

BAROSCOPE. Nom donné au baromètre par quel- 
ques physiciens. Ce mot, qui est dérivé de Bapos, pe- 
santeur, et de cxersw , je vois, n’est plus en usage. 

BARROW (Isaac), géomètre célèbre, né à Londres 
en 1630, monira dès j'enfance autant d'aptitude que 
d’ardeur pour toutes les connaissances qui exigent des 
études sérieuses et approfondies. Il affectionna spéciale- 
ment celles des langues, de la théologie et des mathé- 
matiques, dans lesquelles il ne tarda pas à se distin- 
guer. Jeune encore, il se mit sur les rangs pour obtenir 
la chaire de grec à l’université de Cambridge, mais la 
révolution anglaise’ était alors dans sa période la plus 
intense de ferveur religieuse et de sombre intolérance. 
Soupçonné de faire partie d’une secte dissidente, celle 
des Arméniens, Barrow vit ses prétentions repoussées 
par l'influence des fanatiques qui disposaient des liber- 
tés et de la fortune de l’Angleterre. Il s’expatria volon- 
tairement , voyagea quelque temps en Europe, et alla se 
fixer à Constantinople où l’appelait son goût pour les lan- 
gues orientales. En 1660, Isaac Barrow revint en Angle- 
terre, et il entra en possession de la chaire, qui d’abord, ! 
lui avait été refusée. IL n’occupa cette place que durant! 
deux années, et il la quitta pour professer la géométrie 
au collége de Gresham, À cette époque, néanmoins, le 
chevalier Lucas ayant fondé une chaire pour cette 
science à l’université de Cambridge, il fut choisi pour 
la remplir, et il rentra avec joie dans le sein de cette 
école célèbre, témoin de ses premiers travaux et de ses 
premiers succès. Ce fut la qu’il dicta ses Lecons de géo- 
métrie et d'optique, qui furent imprimées quelques 
années après, mais qui lui méritèrent dès-lors un rang 
distingué parmi les plus savans mathématiciens de son 


temps. Au nombre de ccux qui suivaicut ses cours, 


919 BA 


avec assiduité, il y avait à Cambridyre un jeune homme, 
solitaire et studieux, qui débutait alors dans la géomé- 
rie avec ces hautes dispositions qui révèlent aussitôt un 
maitre à la science. Barrow eut le bonheur de deviner 
le génie de cet étudiant, génie sublime et fécond, qui 
devait un jour éclairer l'univers; et pour l’attacher à 
l'Université, dont il prévoyait qu’il serait la gloire, il 
descendit de sa chaire où il le fit monter à sa place. Ce 
jeune homme était Isaac Newton! 

Les travaux de Barrow, comme ceux de son illustre 
contemporain Wallis, doivent être comptés au nombre 
des plus heureux efforts qui aient été faits, avant ceux 
de l’immortel créateur de la mécanique céleste, en fa- 
veur des progrès de la géométrie. Les Lectiones geome- 
tricæ de ce savant professeur forment, en effet, un 
ouvrage remarquable et rempli de recherches profondes 
sur la dimension et la propriété des figures curvilignes. 
On y admire surtout sa belle méthode des tangentes, 
qu'il n’est pas inpossible d'appliquer aux expressions 
irrationnelles. Mais les théorèmes nouveaux et curieux 
qu’il a exposés dans cet ouvrage ne constituent pas, 
comme on l’a avancé plusieurs fois, même les premiers 
germes du calcul différentiel, dont nous exposerons 
ailleurs la véritable origine. F’oyez Carcuz DiFRÉRES- 
TIEL. 

Les Lectiones opticæ , qu’on doit également à cet homme 
célèbre, renferment une foule de propositions d'optique 
du plus haut intérêt, et auxquelles il appliqua la géomé- 
trieavec une élégance dont on trouve peu d'exemples. 
Barrow s’attacha dans cet ouvrage à exposer une théorie 
nouvelle des foyers des verres formés de différentes 
convexités ou concavités, combinées d’une manière 
quelconque. Avant lui, les opticiens ne déterminaient 
les foyers de ces sortes de verres, que par l'expérience. 
Barrow donne dans son ouvrage une solution com- 
plète de ces problèmes, et propose une formule pour 
déterminer ces concours dans tous les cas des rayons 
incidens, parallèles, convergens ou divergens. Il fit 
fréquemment usage, dans ses leçons d'optique, d'un 
principe nouveau sur le lieu apparent de l'image des 
objets vus par réflexion ou par réfraction. Nous nous 

, bornons à indiquer ici la pensée première des travaux 

Iscientifiques d'Isaac Barrow : elle suffit en effet pour 
honorer sa mémoire, et justifier la célébrité dont il a 
joui. Voyez Orrique. 

Isaac Barrow se livra dès-lors à l'étude de la théo- 
logie: il ne tarda pas à se distinguer dans cette Faculté, 
etil y parvint en peu de temps au grade de docteur. 
Le célèbre et savant docteur Tillotson se fit, en 1613, 
l'éditeur de ses sermons et de ses œuvres théologiques. 
Néanmoins l’ancien professeur de mathématiques, qui 
avait été un moment le maitre de Newton, ne renonça 


pas entièrement à la science dont il avaitillustré l'étude, 


BA 


et il publia successivement divers travaux sur les géo- 
mètres de l’antiquité. On sait que ce savant était fort 
attaché au parti de la royauté. La restauration parut un 
moment l'oublier, et il en manifesta sa mauvaise hu- 
meur dans un distique latin, qui lui fut une recomman- 
dation plus puissante que son talent et sa fidélité à 
Charles IT, car il fut promu à la place, si honorable en 
Angleterre, de chancelier de l’université de Cambridge. 
Ce fut là qu'il mourut, le 4 mars 1677, dans un âge 
peu avancé , et dans des sentimens philosophiques dignes 
de sa haute raison. 11 vit approcher la mort avec une 
sorte de joie, car, disait-il aux amis qui environnaient son 
lit de douleurs : « Je vais enfin apprendre dans le sein 
de la Divinité la solution de beaucoup de problèmes de 
géoméirie et d'astronomie... O Seigneur! quel géomètre 
tu es! » Barrow futenterré à Westminster, où ses amis 
lui ont fait élever un monument. Ses écrits sont remar- 
quables par ure concision qui ne nuit point à leur clarté. 
Voici les divers titres de ceux qu’il a publiés, et qui 
intéressent plus spécialement les sciences mathéma- 
tiques. I. Zectiones oplicæ et geometricæ, in quibus 
phænomenon opticorum genuinæ rationes inveskgantur 
ac exponuntur, et generalia curvarum linearum symp- 
tomata declarantur. Londres, 1674, in-4°. II. Archi- 
medis opera, Apollon Pergæi, conicorum libri IV, 
Theodosi spherica, methodo nova illustrata et suc- 
inctè demonstrata. Londres, 1675, 1 vol. in-4°. III. 
ÆEuclidis elementorum libri XV, breviter desmons- 
trati. Londres, in-12, 1659-1658. A Ja suite de cette 
dernière édition on trouve une leçon de Barrow sur les 
théorèmes d’Archimède, concernant la sphère et le 
cylindre, exposée par la méthode des indivisibles. IV. 
Et enfin: Issacr Bannow mathematicæ, professoris 
Lucasiani, lectiones habitæ in scholis publicis Acade- 
miæ Cantobrigiencis. Londres, 1684, 1 vol. in-12. 

BASE (Gcom.). (De Bus:s, fondement, appui.) 
Partie la plus basse d’une figure, ou celle qui est opposée 
au sommel. On peut prendre indifféremment pour base 
d’un triangle un quelconque de ses côtés, et alors son 
sommet est celui de l’angle opposé à ce côté : cependant 
on prend assez ordinairement l’Aypothénuse pour base 
dans les triangles rectangles, et le côté inégal aux deux 
autres pour base dans les triangles isocèles. 

La pase d’un cylindre cest l’une quelconque deses sur- 
faces planes. 

La vase d'une pyramide est le polygone sur lequel 
elle est construite. 

La n4sE d’un cône est également le cercle sur lequel 
il est construit. 

La pase d’une section conique est la ligne droite que 
forme l'intersection du plan coupant avec la base du 
cône ; dans la parabole ct l’Ayperbole. 

Base en arpentage. Ligne droite, mesurée sur le 


BA 


ter su avec la plus grande exactitude possible, et sur 
laquelle on construit une série de triangles pour déter- 
miner la situation et la place des objets. Foyez Levée 
DES PLans. 

Base en astronomie. Distance mesurée sur la terre 
entre deux points fixes très éloignés, dans le but de 
trouver l'étendue des degrés terrestres, et par consé- 
quent la grandeur de la terre. Foyez Ficure DE LA 
Terre. 

BASILICUS ( Astr.). Nom donné par quelques au- 
teurs à la belle étoile du Lion, plus connue sous celui 
de Régulus. Les Arabes l’appellaient Xolebeleced. 

BASSANTIN (Jacouss), célèbre astronome écossais, 
nésousle règne de Jacques IV, vers la fin du XV° siècle. 
Il était de la famille des /airds ou seigneurs de Bassan- 
tüin, dans le comté de Mers; et à cette époque où la 
noblesse écossaise, la plus belliqueuse, c’est-à-dire la 
plus barbare de l'Europe, ne vivait que de l'épée, il 
donna un exemple remarquable de son amour pour les 
sciences, en se livrant, malgré les préjugés de sa caste 
et de son pays, à des etudes pacifiques. Aussi le jeune 
Bassantin, après avoir étudié quelque temps à Glascow, 
fut-il contraint de s'expatrier, afin de se livrer li- 
brement aux goûts honorables qui le dominaient. Il 
voyagea long-temps, moins en gentilhomme qu'eu sa- 
vant Jaborieux, dans les Pays-Bas, la Suisse, l'Italie, 
l'Allemagne et la France. Il occupa une chaire de ma- 
thématiques à l’université de Paris, quoiqu'il ne parlât 
le français qu'avec beaucoup de difficulté; mais il se 
distingua néanmoins par ses connaissances mathématiques 
dans ce dernier pays, où il séjourna fort long-temps, 
et où il acquit par extraordinaire une grande réputation 
et une grande fortune. 

Bassantin s’adonna surtout à l’étude de l’astronomie, 
et 5es ouvrages sur cette science et sur d'autres branches 
des mathématiques donnent une haute idée de son 
savoir et de son intelligence, quoiqu'on y trouve à 
regret un mélange d'idées superstitieuses qui nuisent 
souvent à la gravité de ses observations. Le noble Bas- 
santin s’avisa de prédire au célèbre sir James Melvil 
les événemens qui menaçaient l’infortunée Marie Stuart, 
alors réfugiée en Angleterre. Quelques-uns de ces évé- 
nemens se réalisèrent ; et il ne serait pas impossible que 
l'astrologie judiciaire, au moyen de laquelle il fit ses 
prédictions, ait été la véritable cause de sa fortune et 
de sa réputation. De retour dans sa patrie, à un âge 
déjà avancé, Bassantin entra dans le parti du comte 
Murray, qui était aussi celui de la réforme. 11 mourut 
à Édimbourg en 1568. Voici le titre un peu ambitieux 
de l'ouvrage le plus important qu’il ait publié : 4stro- 
nomia JAcort BassanTiNt scoti, opus absolutissimum, in 
quo quicquid unquam peritiores mathematici in cœlis 
observarunt, eo ordine edque methodo traditur, ut cui- 


BA NS 


os post hac facile innotescant quæcumque de astris ac 
planetis, necnon de eorum variis orbibus, motibus, pas- 
sionibus, etc., dici possunt, ingens et doctum volumen ter 
editun latinè et gallicè. Genève, 1599, in-folio. On 
voit par ce titre, où le savant est trahi par l’orgueil du 
lard, ane l'ouvrage de Bassantin, écrit d’abord en 
écossais, avait été publié en français. La traduction 
latine est de Jean Tornesius. Les autres ouvrages de 
Bassantin, sont : I. Paraphrases de l’astrolabe, avec une 
explication de l'usage de cet instrument. Lyon, 1555, 
— Paris, 1617; in-8°. IL. Super mathematic. geneth- 
liaca. WA. Arithmetica. IV. Musica secundum Plato- 


nem. V. De mathest in genere. 


BASTION ( rt de la guerre). Masse de terre revêtue 
de maçonnerie ou de gazon, placée en saillie sur les 
augles d’une place fortifiée, pour en défendre toutes 
les parties. Un bastion est formé par quatre lignes, 
deux desquelles font un angle saillant À ou B, vers 
la campagne ( loyez PL. XI, fig. 1 ), et que l’on nomme 
angle flanque. Chacune des deux autres lignes qui 
joignent les faces de l'enceinte, se nomme les flancs. 


Voyez FonTiFIcATION. 


BATARDEAU ( Fortif.). Massif de maçonnerie qui 
traverse toute la largeur d’un fossé d’une place forte 
pour en retenir les eaux. On construit ordinairement les 
batardeaux vis-à-vis les angles saillans des bastions et des 
demi-lunes; quelquefois ils tiennent lieu d’écluses au 
moyen d’une vanne qu’on établit au milieu , pour laisser 
écouler ou pour retenir les eaux suivant le besoin. 


Les batardeaux sont employés lorsque les fossés de la 
place ne sont pas de niveau, qu'il y a de l’eau dans une 
partie et que l’autre est sèche, ou qu’on peut disposer 
de quelque ruisseau ou petite rivière pour la faire entrer 
dans le fossé : on construit alors ces ouvrages pour em- 
pècher l'écoulement dans les parties les plus basses. 

BATN-ÉL-GEYTTORS (Astr. ). (Le ventre du Cé- 
tacée.) Ce nom altéré par nos astronomes en ceux de 
Batan-él-K aitos, Beten-Ketos, et mème de Bata-Kaïtos, 
est celui que donnent les astronomes arabes à une 
étoile du ventre de la Baleine. Cette étoile est marquée 
€ dans les catalogues. 

BATN-ÉL-HOAT (Astr.). (C'est-à-dire ventre du 
Poisson.) Nom donné par les astronomes arabes a troi 
étoiles, à la tête et à l’épine dorsale du Poisson boréal, 
c’est suivant eux la XXVIIT station de la Lune. 

BATON DE JACOB (Astr.). Nom donné quelquefois 
aux trois étoiles situées en ligne droite sur la ceinture 
d'Orion. 

BATYN ou ÉLB-ATTYN (4sur.). Nom douné par 
les Arabes à trois étoiles très-petites et très rapprochées 


l’une de l'autre dans le ventre du Betier. 


244 BA 


* BATTYAT ou BATTAT ( Astr.), (Le Vase). Nom 
donné par les Arabes, soit à l'étoile de la Coupe, 
commune avec la constellation de l'Æydre, soit à la 
constellation entière de la Coupe, dans laquelle ils comp- 
tent 7 étoiles. Ce nom, qui s'écrit plus correctement ÉtL 
Battyat, à été altéré par nos astronomes en celui 
d'Albatina. Les Arabes lui donnent aussi le nom d'Æ/- 
Kas ( Galice, Vase à boire), qui a été différemment 
désigné par les modernes ; car on le trouve écrit : Ælkis, 
Alches, Alkes, Alhas, Alhes, Alkarso. 

BAYER (Jean), né à Augsbourg vers la fin du 
XV® siècle, s’est rendu célèbre par l'exécution d’un 
ouvrage fort important, dont la publication rendit à 
l'astronomie un service signalé. Ce fut en 1603 que, 
sous le titre d'Uranometria, il publia dans sa ville 
natale, où il exerçait le ministère évangélique, une 
description des constellations célestes, et le catalogue 
des étoiles qu’elles contiennent. Bayer eut l'heureuse 
idée de désigner chaque étoile par une lettre grecque 
ou latine, désignation qui a été depuis adoptée par 
tous les astronomes, et qui facilite considérablement Îes 
études et les recherches uranographiques. D'après sa 
méthode, que nous avons suivie dans cet ouvrage, la 
principale étoile d’une constellation, ou celle qui parait 
la plus brillante et la plus belle est marquée x, la se- 
conde 8, la troisième y, et ainsi de suite jusqu’à ce que 
alphabet grec ne suffise plus: alors on se sert de lettres 
latines, et enfin de chiffres arabes, si ce dernier alpha- 
bet devient également insuffisant. 

L'ouvrage de Bayer fut accueilli avec distinction dans 
le monde savant, quoique son exécution typographique 
laissât beaucoup à désirer. Bayer n'avait probablement 
pas fait attention que si un dessin est gravé tel qu'il 
doit être vu, il en résulte qu'à l'impression le côté droit 
devient le côté gauche sur le papier. Voilà aussi pour- 
quoi les figures de l'Uranometrie paraissent toutes à 
l'envers. Mais ce défaut n’est pas essentiel dans un tra- 
vail de ce genre, dont la classification méthodique des 
étoiles est la pensée importante. 

La plupart des biographes confondent mal à propos, 
avec l'ouvrage de Bayer, le Cœlum stellarum christanum 
qui parut en 1627. Cette dernière œuvre à laquelle il 
n’est pas impossible cependant que Bayer ait contribué, 
au moins par ses conseils, appartient à Jules Schiller, un 
de ses compatriotes. C'était un jeune homme d’une 
piété exaltée, qui, choqué de voir les astres et les cons- 
tellations désignées toujours sous des noms mythologi- 
ques, conçut le dessein de leur en imposer de plus con- 
! formes à la religion chrétienne, et de substituer aux 
figures antiques des figures tirées de la Bible. En consé- 
quence, il plaça les douze apôtres dans le zodiaque, et 
donna aux constellations méridionales des roms puisés 


dans l'Ancien Testament, et il prit dans le Nouveau 


BE 
ceux qu'il appliqua aux constellations septentrionales. 
Cette entreprise bizarre, qui ne tendait à rien moins 
qu'a entraver les études astronomiques, en portant 
dans cette science d’inutiles embarras, ne pouvait avoir 
aucun succès. 

On sait peu de choses intéressantes sur la vie de Jean 
Baver. Le zèle ardent et souvent peu éclairé avec lequel 
il remplit les devoirs de son ministère, lui suscita des cha- 
grins et de ficheuses affaires. C’est sans doute cette exal- 
tation religieuse dont il a donné trop de preuves, qui lui 
a fait attribuer une grande part dans la composition de 
l'ouvrage de Schiller. Il fut, dit-on, anobli en 1669 
par l'empereur Léopold. Il n’a, au reste, publié aucun 
autre ouvrage que celui dont il a été question dans cette 
notice. Barert Rhaïnani (Joh.), Uranometria, omnium 
asterismorum continens schemata. Augustæ-Vindelico- 
rum, 1603. — Ulmiæ, 1723, in-folio, fig. 

BEAUNE (FLrormmoxp pe), né à Blois en 1607 , géo- 
mètre célèbre, dont l’amitié de l’illustre Descartes ré- 
compensa les travaux et honora la vie, entra d’abord 
dans la carrière militaire. Les habitudes de cette pro- 


-fession convenaient peu à son caractère paisible et à ses 


goûts solitaires. Il quitta l'épée pour la toge, et acquit 
une charge de conseiller au présidial de sa ville natale. 
C’est là qu’il passa le reste de ses jours, dont il partagea 
les instans entre l'étude et les devoirs de sa magistra- 
ture. On ignorait néanmoins quelle science Florimond 
de Beaune cultivait avec tant de zèle, lorsque la géo- 
métrie de Descartes parut. La France , peu soucieuse 
ordinairement de ses véritables grands hommes, 
aurait eu la honte de méconnaitre cette production 
supérieure, si un magistrat obscur, d’une petite ville, 
dont le talent jusqu'alors était aussi ignoré que la vie, 
eût pris en main, du fond de sa retraite, la gloire 
de Descartes, et n’eût entrepris d'expliquer son œuvre 
à son pays. l'iorimond de Beaune ne se contenta pas 
d'avoir obtenu l'intelligence de la géométrie carté- 
sienne, il voulut encore en sonder les profondeurs 
et en dévoiler les mystères à ses contemporains. Il 
rédigea des notes dans le but d'éclaircir les endroits 
de cet ouvrage qui, dans l’état où se trouvait alors 
la science, auraient pu passer pour obscurs, et il sou- 
mit ses observations à Descartes lui-même, avec le- 
quel il avait eu l'occasion de se lier en 1626. C'est là 
une de ces amitiés qui donnent la gloire. On trouve 
dans la csrrespondance de cet illustre philosophe (Voy. 
Lettres de Descartes, tome HE, p. 254 et suiv.) la haute 
opinion et la reconnaissance que lui inspirèrent les tra- 
vaux de son ami. À cette époque, Florimond de Beaune 
était jeune encore, puisque c'est seulement en 1637 
que parut la géométrie de Descartes. Il se fit le défen- 
seur de ce grand ouvrage avec tout le zèle de la science 
et l'ardeur d’une noble anitié. Il réduisit au silence les 


BE 


envicux et les demi-savans, toujours empressés de flé- 
tirles plus belles œuvres du génie, et parvint à faire 
partager son admiration pour la nouvelle géométrie à 
tout ce que la France renfermait alcrs d'hommes capa- 
bles d’en apprécier les conceptions élevées. On voit, 
dans la correspondance dont nous avons parlé, que Des- 
cartes faisait plus de fond sur les lumières et Pappro- 
bation de Florimond de Beaune, que sur celles de tous 
les autres géomètres qui s'étaient prononcés en faveur 
de son ouvrage. Un pareil éloge suffit à la vie d'un 
homme; mais l’ami de Descartes a d’autres titres en- 
core à la gloire que dispense la science. Le premier, il 
formula la proposition de déterminer la nature d’une 
courbe par les propriétés données de sa tangente. C’est 
ce qu'on appelle aujourd’hui la méthode inverse des 
tangentes, parce qu’elle est en effet l'inverse de celle 
qui sert à trouver la tangente par les propriétés de la 
courbe. Dans une de ses lettres, Descartes loue beau- 
coup son ami de quelques découvertes qu'il avait faites 
à ce sujet. « Pour vos lignes courbes, dit-il, la pro- 
» priété dont vous m’envoyez la démonstration m'a 
» paru si belle, que je la préfère à la quadrature de la 
» parabole trouvée par Archimède; car il examinait 
» une ligne donnée , au lieu que vous déterminez l’es- 
» pace contenu dans une qui ne l’est pas encore. » 

On croit que ce fut à cette occasion que Florimond de 
Beaune proposa à Descartes un problème qui est de- 
venu célèbre, et qui a retenu son nom. Il s'agissait de 
trouver la construction d'une courbe, telle que le rap- 
port de l’ordonnée et de la sous-tangente fut le même 
qüe celui d’une ligne donnée et d’une portion de l’or- 
donnée comprise entre la courbe et une droite tirée de 
l'origme , formant un angle de 45° 
(Voy. Actiones calculi integralis de Jean Bernouilli). 
Florimond de Beaune est encore l’auteur d’une théorie 
nouvelle en algèbre, celle des limites des équations , 


avec l'axe des x 


théorie très-utile pour leur résolution. Foy. Équartox. 

En 1644, Descartes avait été à Blois rendre visite à 
son ami : il passa quelque temps avec lui, et sa corres- 
pondance témoigne en plusieurs endroits de tout le 
charme qu'il trouva dans la société de ce savant mo- 
deste. La géométrie n’occupa pas seule la studieuse vie 
de Florimond de Beaune. Il s’'adonna aussi à la con- 
struction des télescopes ; et ses succès dans les perfec- 
tionnemens dont ce puissant instrument était suscep- 
tible, l'avaient mis de bonne heure en relation avec 
Bouillaud , Midorge, le père Mersenne et d’autres sa- 
vans astronomes, Une maladie cruelle l’enleva à 51 ans 
à ses anis, qui honoraient son caractère , à la science, 
qu'il cultivait avec tant de distinction. On comprendra 
difficilement aujourd'hui qu'il ait fallu lui faire subir 
l'amputation d’un pied pour le guérir d'une goutte 
même opiniatre et maligne. Ce furent les suites de cette 


BE A5 


douloureuse opération qui caustrent sa mort. Le célè- 
bre Erasme Bartholin , qui avait été le voir à Blois peu 
de temps avant ce triste événement, obtint de ses héri- 
tiers les lambeaux épars de ses manuscrits, et les fit im- 
primer en 1659, à la suite du conimentaire de Schooten 
ur la géométrie de Descartes. On trouve les deux écrits 
qui nous restent de lui dans l'édition latine Æ/zévir de 
cer ouvrage de notre grand philosophe : Florimundi de 
Beaune in Cartes geometriam notæ breves; et De 
æqualionum constructione et limitibus opuscula due in- 
cepta à Florimundo de Beaune, absoluta vero et post 
mortem ejus edita, ab Erasmo Bartholino. 

BEDOS DE CELLES (pou Fraxcois). Religieux bé- 
nédictin de la congrégation de Saint-Maur, l'un des plus 
savans hommes de cette illustre compagnie, naquit à 
Caux, dans ie diocèse de Béziers, au commencement 
du XVIII: siècle. La gnomonique, dont les observa- 
tions et les procédés ont pour base l'astronomie, avait 
suivi les progrès de cette science ; mais il restait néan- 
moins à mettre d'accord avec la pratique toutes les 
théories dont elle avait été l’objet. Telle fut l'œuvre 
Gno- 


monique, où l'art de tracer les cadrans solaires. qu'il 


qu’entreprit dom Bedos. Son ouvrage, intitulé : 


publia en 1:60, est un des traités les plus complets et 
les plus savans qui aient paru sur cette partie intéres- 
sante des mathématiques. Il suffit, pour classer dom 
Bedos parmi les géomètres les plus distingués. Une 
nouvelle édition de cet écrit, considérablement aug- 
mentée de nouvelles recherches, parut en 1774. 

Ce religieux, qui était membre correspondant de 
l'Académie des sciences, ec sur lequel il ne reste que 
peu de détails biographiques, mourut le 25 novembre 
ji: 779, dans un äge avaricé. 

BEGALA ou BEGALO (A4str.). (Plus correctement 
ÉL-BAGHLÉH, qui signifie la J/ule.) Nom donné par 
quelques astronomes Arabes à la Luisante de la Lyre. 

BELIDOR (BennarD Forer pr). Ingénieur et ma- 
thématicien célèbre, fils d’un officier français ; il naquit 
en Catalogne, pendant la campagne de 1697. On pense 
qu'il perdit son père au siége de Barcelonne : il est cer- 
ain, du moins, qu'il fat orphelin dès le berceau. Un 
ingénieur de l’armée, dont on ignore le nom, l’adopta 
et fit son éducation. Il annonça de bonne heure de 
grandes dispositions pour les mathématiques, et un 
goût décidé pour l'honorable profession de son bienfai- 
teur. Bélidor, qui s'était distingué dans ses études, devint 
successivement professeur à l’école militaire de La Fère 
et commissaire provincial d’artillerie. Ce fut en s’adon- 
nant aux devoirs de son emploi qu’il fut amené à ré- 
soudre un problème important pour l'art militaire : ce- 
lui d'obtenir, avec une moindre quantité de poudre, 
un effet semblable à celui produit par une plus 


grande, Ses expériences eurent un grand succès, et il 


BE 


fit honneur de sa découverte au cardinal Fleurv. Le 


216 


prince de Conti, alors grand-maitre de l'artillerie, fut 
piqué de la préférence qu’il avait accordée au ministre, 
et le priva de son emploi. C’est peut-être à cette injuste 
persécution que nous devons les nombreux ouvrages 
publiés par Bélidor, et dont la plupart sont encore fort 
estimés de nos jours. On a de Jui: E. Sommaire d'un 
cours d'architecture militaire, civile et hydraulique ; 
Paris, 1720, in-12. I. Le Bombardier francais, ou nou- 
velle méthode de jeter les bombes avec précision ; Paris, 
1731,in-4° fig. II. Traité des fortifications; Paris, 1735, 


2 vol. in-4°. IV. La Science des ingénieurs dans la 
conduite des travaux de fortification et d'architecture 
militaire ; Paris, 1549, grand in-4°. fig. V. Archiütec- 
ture hydraulique, ou l'art de conduire Les eaux ; Paris, 
1937.— 2° édit. 1753, 4 vol. in-4°, fig. Cet ouvrage, 
fort estimé et fort recherché , renferme, sur cette partie 
des sciences mathématiques, des découvertes impor- 
tantes qui n’ont point été dépassées depuis sa publica- 
tion. Une traduction allemande de cet excellent écrit a 
été publiée à Augsbourg en 2 vol. in-fol., 1564-1966. 
VI. Nouveau cours de mathématiques à l'usage de l'ar- 
tillerie ; Paris, 1757, in-4°. Il existe encore d’autres 
écrits de Bélidor, tels que des Traités sur le toisé et l'ar- 
pentage, et enfin un Dictionnaire portatif de l'inge- 
nieur, qui parut en 1755, et dont Jombert a donné une 
nouvelle édition avec des éclaircissemens et des aug- 
mentations, en 1768. 

L’incontestable talent de Bélidor, et ses hautes con- 
naissances dans diverses parties des mathématiques ap- 
pliquées, lui ouvrirent, en 1756, les portes de l'Aca- 
démie des Sciences. Lorsque le maréchal de Belle-fsle 
fut appelé au ministère de la guerre, il s’attacha le cé- 
lèbre et savant auteur de l'Architecture hydraulique et 
du Bombardier francais, et le nomma inspecteur de 
l'artillerie. [l mourut à Paris, à l’Arsenal, où il était 
logé en raison de ses fonctions, le 8 septembre 1761. 

BÉLIER ( Astr.). Nom d’une constellation, et du 
premier des douze signes du zodiaque, marqué Y.. Le 
commencement du signe du Bélier est le point équinoxial 
ascendant, V'un des deux où l’écliptique coupe l'équateur. 
Lorsque le soleil, dans sa course apparente, sort des 
régious australes du ciel, et nous amène Le printemps, il 
traverse le point ascendant vers le 21 mars, et s'élève 
ensuite chaque jour en se rapprochant du pôle boréal, 
jusqu’à ce qu’il soit parvenu au signe du Cancer ou de 
l'Écrevisse; là il paraît un moment stationnaire , redes- 
cend après, en s’éloignant peu à peu du pôle, jusqu’au 
signe de la Balance où il quitte notre hémisphère vers 
le 23 septembre, en traversant le premier point de ce 
dernier signe, c’est-à-dire le point équinoxial descen- 
dant. 

Le mouvement rétrograde des points équinoxiaux 


BE 
ayant changé la correspondance des signes avec les cons- 
tellations dont ils portent les noms ( Voyez Barance), 
la constellation du Bélier est aujourd'hui presque 
tout eutière dans le signe du Taureau. Cette constella- 
3 de la 


troisième grandeur, 1 de la quatrième, 2 de la cin- 


tion renferme 19 étoiles remarquables, savoir : 


quième et 13 de la sixième. 

BÉLIER (Mec. ). Machine de guerre des anciens; 
elle consistait en une grosse poutre suspendue, dont 
ils se servaient, en lui imprimant un mouvement oscil- 
latoire, pour produire des chocs violens qui ébranlaient 
et renversaient les murailles. Voyez Polybe, avec les 
Commentaires de Folard. 

BELIER uyprauriQuEe. Machine très-ingénieuse pour 
élever l’eau, inventée par Montgolfier. Nous en doune- 
rons la description et les usages 

BELLATRIX (4str.). Nom de l'étoile marquée y 
dans la constellation d'Orion. Cette étoile, remarquable 
par sa couleur rougeûtre est située à la partie supérieure 
occidentale de la constellation. 

BELLÉROPHON ( Astr.). Nom donné quelquefois 
à la constellation de Pégase. 

BENAT-ÉL-NAACH ( Astr.). Nom donné par les 
astronomes arabes aux trois étoiles qui forment la queue 
de la grande Ourse. Ce nom a été corrompu par nos 
astronomes qui l’ont écrit Benet-Nasch, Benec-Nasz, 
et mème Jene naim. 

BÉRÉNICE ( Astr.) Voyez Cneveuvre DE Béré- 
NICE. 

BERNOUILLI. Il n’existe point dans les sciences de 
nom plus célèbre que celui de cette famille, qui a suc- 
cessivement donné aux deux derniers siècles jusqu’à 
huit hommes d’un génie supérieur, et dont quatre 
au moins peuvent étre mis au premier rang des plus 
grands géomètres. Tandis qu'une loi sévère de la 
nature permet si rarement la transmission du père 
au fils des talens ou des vertus, la famille Ber- 
nouilli a seule donné au monde ce noble spectacle 
de l'hérédité du savoir dans plusieurs générations. 
C’est dans l'exil que la gloire est venue tirer cette fa- 
mille de l'obscurité. Établis originairement à Anvers, 
les Bernouilli, qui professaient la religion protestante, 
furent obligés, vers la fin du XVI siècle, de fuir leur 
patrie, abandonnée alors par l'Espagne aux frénétiques 
fureurs de l’infime duc d’Albe. Ils se réfugièrent 
d’abord à Francfort, et se retirèrent ensuite à Bâle, où on 
les voit de bonnc heure occuper d’inportantes magistra- 
tures dans cette république. Mais l'illustration que cette 
fanulle acquit dans le siècle suivant , parles travaux etles 
découvertes, dans diverses parties des sciences mathéma- 
tiques, de Jacques et de Jean Bernouilli, est d'un ordre 
plus élevé; elle durera désormais aussi long-temps que 
la civilisation humaine conservera Îe dépôt des sciences. 


0 


BE 


Dès l'apparition sur la scène du monde savant de ces 
deux illustres géomètres, l’histoire de leur famille est 
tellement unie à celle des progrès de la science, que les 
événemens de leur vie n’offrent plus d’intérêt que par 
leur liaison avec des découvertes scientifiques, qui furent 
l'unique but de leur laboricuse existence. C’est par cette 
raison que notre intention a d’abord été d'exposer l’en- 
semble des travaux dus aux mathématiciens du nom de 
Mais 
sommes bientôt aperçus qu’entrainés par la marche 


Bernouilli dans un récit commun. nous nous 
de la science, nous aurions été trop souvent obligé 
d'anticiper sur celle du temps, et de tomber sou- 
veut dans la confusion que la ressemblance des pré- 
H:0mS à Occasionnée à la plupart des biographes des 
Bernouilli. Nous avons en conséquence adopté la mé- 
thode généalogique qui nous a paru la plus simple et 
en même temps la plus propre à nous faire éviter ce 
grave inconvénient. Ainsi, nous examinerons successi- 
vement la vie et les travaux : 1° De Jacques I BEr- 
ouiLLi; 2° de Jean I, frère du précédent; 3° de Nico- 
LAs [, neveu des précédens; 4° de Nicoras IT, fils de 
Jean I; 5° de Danrez, frère du précédent; 6° de Jean IT, 
également frère du précédent; 7° de Jean HE, fils de 
Jean Il; 8° et enfin de Jacques IE, frère du précédent. 
Voyez Commentarii Academiæ Petropolitanæ, tome I, 
et Nova. acta, etc., tome VII. 

BERNOUILLI (Jacques, premier de ce nom ) na- 
quit à Bâle le 27 décembre 1654, de Nicolas Bernouilli 
qui occupait une charge importante dans cette répu- 
blique. IL était destiné par sa famille à la chaire évan- 
gélique; mais ses dispositions naturelles l’entrainaient 
impérieusement vers l’étude des sciences mathématiques, 
quoiqu'il ne laissât point encore pressentir les succès qui 
l'attendaient dans cette carrière. La persistance de ces 
goûts, auxquels il fut long-temps obligé de se livrer en 
secret, triompha de l'opposition de son père, et il en 
obtint la permission de voyager. L’astronomie fut le 
premier objet de ses travaux : ilavait, dit-on, pris pour 
emblème Phaéton conduisant le char du soleil, avec 
cette devise qui s’appliquait assez bien à sa position per- 
sonnelle : Znvito patre sydera verso. Heureusement cette 
opposition aux volontés paternelles n'eut pas pour Jac- 
ques Bernouilli des conséquences aussi ficheuses que 
limprudence de Phaéton. Il parcourut tour à tour la 
France, la Hollande et l'Angleterre, recucillant par- 
tout dans les entretiens des savans et dans l’étude de 
leurs productions les plus importantes, les lumières et 
les connaissances qui devaient régulariser les premiers 
aperçus de son génie; car, comme le dit Fontenelle, il 
avait été son seul précepteur. De retour dans sa patrie, 
Jacques Bernoulli publia, en 1681, son premier ouvrage 
qui a pourtitre: Conamen novi systematis planetarum. 


Son principal but en composant cet écrit avait été 


BE en rm NC 
de démontrer que les comètes n'étaient pas des météores, 
mais des astres qui obéissent à des lois qui régularisent 
leur marche et les assujétissent à des retours périodiques. 
Cette vérité, soupconnée depuis quelque temps par les 
astronomes, avait déjà été exposée par plusieurs d’entre 
eux, mais elle ne fut mise hors de doute, peu de temps 
après, que par les démonstrations de Newtonet de Halley, 
car cette première production de Jacques Bernouilli, peu 
digne de la célébrité qu'il acquit et qu'il mérita depuis, 
n’exerça que peu d'influence sur les progrès de la science. 
En 1652, il publia un nouvel ouvrage sous ce titre : 
Cogitationes de gravitate ætherts, qui, expression de la 
physique de son temps, n’est pas plus estimé aujourd’hui 
que son premier écrit. Jacques Bernouilli ne commença 
à occuper un rang distingué parmi les mathématiciens 
qu'à l'époque où, suivant les véritables inspirations de 
son génie, il expliqua les théorèmes les plus compliqués 
de la géométrie de Descartes. Il ne tarda pas alors à 
mettre le sceau à sa réputation ct à sa gloire, en dévelop- 
pant avec un rare bonheur les bases posées par Leibnitz 
du calcul différentiel et du calcul intégral. La plupart 
des géomètres les plus habiles de ce temps ne virent pas 
à quelles découvertes importantes pouvaient conduire 
ces calculs alors nouveaux ; ils s’obstinèrent à confondre 
la méthode de Leibnitz avec celle de Barrow (voyez ce 
nom ), en convenant cependant qu’elle en était un.per- 
fectionnement. On sait quelle révolution l'application 
de ces calcuis à la géométrie produisit dans les mathé- 
matiques. Jacques Bernoulli eut la gloire de la deviner 
et de la commencer par ses travaux ; mais il est juste de 
dire ici que son frère Jean, dont nous parlerons bientôt, 
mérita de lui être associé dans l’honneur de ces dé- 
couvertes. L’'illustre Leibnitz, avec une sincérité digne 
d’un grand homme, dit Fontenelle, avoua que sa mé- 
thode, ainsi perfectionnée par les deux Bernouilli, leur 
appartenait autant qu’à lui. 

Leibnitz avait proposé , en 1687, le célèbre problème 
de la courbe rsochrone, qui fixa l'attention de tous les 
géomètres. On croit que c’est en en cherchant la solu- 
tion que Jacques Bernouilli fit le premier essai des 
calculs dont nous venons de parler. On sait qu’il s’agis- 
sait de déterminer dans ce problème le long de quelle 
courbe un corps devait tomber, afin qu'il s’éloignât 
d’un point donné proportionnellement au temps, et 
que c’est pour cette raison que son auteur lui donna le 
nom d’ésochrone paracentrique. Leïbnitz ne se hâta pas 
d’en publier la solution, et les deux Bernouilli paraissent 
d’abord lavoir vainement cherchée. Un peu plus tard, 
les efforts de Jacques Bernouilli furent plus heureux : il 
résolut le problème dont son frère Jean Bernouilli et 
Leibnitz lui-même ne firent connaître qu'après lui la 
solution qu'ils en donnèrent. À cette époque, Jacques 


Beruouilli posa à son tour le problème de la chaïnette, 
25 


218 BE 


devenu non moins célèbre que celui de la courbe iso- 
chrone. Il s’agissait de déterminer la courbe que prend 
une chaîne, ou un fil pesant et infiniment flexible, qui 
est suspendu par ses deux bouts. 

Nous reviendrons ici sur quelques circonstances de la 
vie de Jacques Bernouilli qui sont intimement liées à 
ses travaux mathématiques. Dans l’année où Leibnitz 
avait proposé son problème, il fut élu professeur de 
mathématiques à l’université de Bäle. Ses concitoyens 
ne trouvèrent pas de meilleur moyen d’honorer ses ta- 
lens et son caractère. Cette récompense dans une petite 
république, et surtout à une époque où la science 
était comptée pour quelque chose, devait en effet avoir 
du prix aux yeux d’un homme aussi dévoué à ses progrès 
que Jacques Bernouilli. Alors, dit Pauteur de son éloge, 
il fit paraître.un nouveau talent: c’est celui d’instruire, 
L’extréme netteté de ses leçons, et les progrès qu’il fai- 
sait faire en peu de temps, attirèrent à Bâle un grand 
concours d'étrangers. Peut-être est-ce à ces travaux de 
tous les instans, à ces exercices spontanés, inattendus, 
qu’exigent les devoirs du professorat , que nous devons 
les recherchesles plus importantes de Jacques Bernoulli 
sur les sinus et sur le calcul différentiel et intégral. 11 
publia en 1661, dans les Actes de Leipzig un essai ou 
plutôt un traité de ce calcul, où, à l’occasion d'une espèce 
particulière de spirale, il donne toutes les règles pour 
déterminer les tangentes, les points d’inflexion, les 
rayons de la développée, les aires, et les rectifications 
dans toutes les courbes à ordonnées, soit parallèles, soit 
convergentes. Ces recherches le conduisirent à la décou- 
verte des propriétés remarquables de la spirale luga- 
rithmique. Jacques Bernoulli en éprouva autant de joie 
et de satisfaction que jadis Archimède en avait fait écla- 
ter lorsqu'il eut reconnu les rapports entre la sphère et 
le cylindre. On sait que le grand géomètre de l'antiquité 
voulut qu’on gravät sur son tombeau la figure géomé- 
trique qui attestait ainsi sa gloire et son génie. Le grand 
géomètre moderne désira qu’on gravât sur le sien 
une spirale logarithmique, avec ces mots : Eädem mu- 
tata resurgo; heureuse allusion à sa découverte et à 
l'espérance du chrétien, dont la vie recommence après 
la mort, comme la propriété de cette courbe est d’être 
continuellement renaissante. 


En 1699 , l’Académie des sciences de Paris, usant de 
la liberté que lui laissait un nouveau réglement, de 
choisir huit associés étrangers, s’honora en y appelant, 
à l'unanimité des suffrages, Jacques Bernouilli et son 
frère. Is furent également associés en 1701 à l’Académie 
de Berlin, récemment fondée, et qui se trouvait alors 
sous la direction de Pillustre Leïibnitz. 

Nous n'avons point eu l'intention d’exposer ici, même 
d’une manière fort restreinte, les travaux si nombreux 
ctsiimportans dans la théorie et l'histoire dela science, de 


BE 

Jacques Bernouilli, cette énumération nous entraîtierait 
trop loin. Lenomde cecélèbre géomètre, souventrappelé 
dans divers articles de ce Dictionnaire, y sera souvent 
encore cité dans ceux qui sont spécialement consacrés 
à expliquer ses découvertes. Nous nous bornerons à 
dire qu’il a embrassé en homme de génie les parties les 
plus élevées des mathématiques, qui doivent à ses tra- 
vaux leur développement et leurs modernes progrès : il a 
eu l'honneur de publier la première intégration d’une 
équation différentielle; et la découverte du calcul des 
variations, par Lagrange, est due sans doute à la solution 
qu'il donne du problème des isopérimètres dont nous 
allons parler à l’article de son frère Jean. Enfin, Jacques 
Bernouilli fut naturellement amené par ses profondes 
études du calcul différentiel, à concevoir tout ce qu’on 
pouvait attendre du calcul des probabilités, que Pascal 
et Huygens n'avaient encore considéré que par rap- 
port aux chances des jeux. Il reconnut que ce calcul 
pouvait s'appliquer à de hautes questions sociales. Mais 
il n'eut pas le temps de réunir ses travaux dans cette 
partie des mathématiques sous la forme de traité; cette 
gloire fut réservée à Nicolas Bernouilli, son neveu. 

Jacques Bernoulli, suivant Fontenelle et la plupart 
de ses biographes , était d’un tempérament bilieux et mé- 
lancolique, caractère heureux sous quelques rapports, 
puisqu'il donne plus que tout autre l’ardeur et surtout 
la constance nécessaire pour accomplirles grandes choses. 
Cette disposition particulière le voua à des études assi- 
dues et opiuiâtres. Dans toutes les recherches auxquelles 
il se livra, sa marche était lente, mais sûre. L’habitude 
des succès ne lui avait point inspiré une orgueilleuse 
confiance; il ne publiait aucun travail qu’il ne l’eût 
plusieurs fois et successivement soumis à un minutieux 
examen, tantilredoutait le jugement du public, malgré là 
vénération que ce public avait pour lui! Quand on songe 
avec quelle légèreté on jette aujourd’hui dansle monde de 
nouvelles idées, combien ne doit-on pas regretter les 
habitudes des savans respectables qui nous ont précédés 
dans la carrière, et dont les travaux étaient, pour ainsi 
dire, empreints de l’austérité qui distinguait leurs vertus 
privées. Les travaux continuels de cet homme célèbre, 
causés par les devoirs du professorat qu'il remplissait 
avec un rare dévouement, par l’avidité de savoir et 
d'acquérir, et peut-être aussi la joie de ses succès, le 
rendirent sujet de bonne heure à une grave affection 
goutteuse. Les derniers accès qu'il eut à éprouver de 
cette cruelle maladie le firent enfin tomber dans une 
fièvre lente, dont il mourut le 16 août 1705, ägé 
seulement de 5r ans. Il s'était marié à l’âge de 30 
ans, et il laissa de son union un fils et une fille. 
Voici sous quels titres il faut chercher ses ouvrages : 
I. Jacobi Bernouïlli bastleensis opera: Genève, 1944, 
in-4°, 2 vol, IL, Jacobi Bernouïlli ars conjectandi, opus 


BE 


posthumum , accedil tractatus de seriebus infinitis. Bâle, 
1713, in-4°, un vol. La première partie de cet ouvrage 
a été traduite en français, par L. G. T. Vastel. Caen, 
1801, in-4°. 

BERNOUILLI (Jean I), frère du précédent, naquit 
à Bâle. le 27 juillet 1667. Il fut, comme son frère, des- 
tiné à une carrière pour laquelle il n’éprouvait qu'un 
dégoût invincible. Cette circonstance qu’on voit sou- 
vent se reproduire dans la vie des hommes les plus 
célèbres, quelle que soit l’époque où ils ont apparu sur la 
scène du monde, accuse dans l'éducation sociale un vice 
profondément enraciné. Lorsque le jeune Bernouilli eut 
terminé ses études, il fut envoyé par son père à Neu- 
châtel pour y apprendre à la fois la langue française 
et le commerce. Mais le goût qu'il ne tarda pas à mani- 
fester pour les sciences, l’enleva bientôt à des occupa- 
Ligps auxquelles il ne s'était livré qu'avec répugnance. 
Les mathématiques furent aussi l’objet vers lequel l’en- 
traipa la voix du génie. I] fut d’abord le disciple de son 
frère. Ses progrès furent rapides sous un tel maitre, 
dont il devint en peu d'années le collaborateur, et ensuite 
le compagnon de gloire. L'esprit élevé, mais inquiet ct 
jaloux, de Jean Ber nouilli, le guida de bonne heure dans 
le vaste champ des découvertes, où il acquit une re- 
nommée que Les nombreux travaux de sa longue vie 
ont confirmée de Ja manière la plus glorieuse ct la plus 
éclatante. 
| Les deux frères, qui suivaient la même carrière en 
généreux émules, y devinrent enfin riYaux ; et il est 
triste de dire que, dans la lutte souvent animée à 
laquelle ils se livrèreut, le caractère de Jean Bernoulli 
ue par ut pas toujours exempt d’amertume et d'i injus tice. 
On sait que Jean Bernouilli se montra, comme son frère, 
un aident promoteur des calculs nouvellement exposés 
par Leibnitz, et dont nous avons parlé à l’articie bio- 
graphique de Jacques. A l’aide de ces calculs, Jean 
Bernoulli résolut un grand nombre de problèmes fort 
difficiles, agités parmi les géomètres de ce temps; et 
ses travaux dans ce genre servirent activement à l’avan- 
cemént de la science. On trouve dans les Actes de Leip- t 
zig béancoup d’écrits de ce savant géomètre ; ils renfer- 
ment une foule de découvertes qui toutes ont été fort 
utiles au perfectionnement du calcul intégral. Au nom- 
bre de ces travaux qui ont mérité à Jean Bernouilli 
une illustration si belle, il en est qui exigent, par leur 
importance, une mention spéciale, tel est, par exemple, 
le calcul exponentiel, dont l'idée créatrice appar tient il 
est vrai à Leibnitz, mais qui peut néanmoins étre 
regardée comme une découverte de Jean Bernouilli. 
Ce fut en 1697 qu'il en publia les premiers essais, Aux 
procédés pour différencier et intégrer les fonctions à 
exposans variables, qui sont l'objet de ce calcul, il ajouta 
la méthode pour intégrer les fonctions rationnelles, 


BE 219 


Nous avons déjà dit que l’histoire des géomètres du 
nom de Bernoulli, et surtout celle de Jacques et de Jean, 
serait l'histoire de la science même : nous ne pouvons 
dans ces notices qu'indiquer seulement les principaux 
travaux de ces hommes célèbres, surtout quand ils se 
rattachent à des circonstances de la vie privée, que le 
biographe nesaurait passer sous silence. Ainsi, nous par- 
lerons rapidement des problèmes connus sous le nom de 
brachystocrone et des isopérimètres, parce qu'ils ont don- 
né lieu à des faits qui doiventservir à nous faire connaître 
le caractère de ces grands géomètres. C'était alors l'usage 
parmi les savans de s'adresser mutuellement des espèces 
de défis, où le vaincu succombait sans honte, vu le 
vainqueur, heureux des applaudissemens publics, ne son- 
geait qu'à la gloire. Ces pacifiques combats tournaient 
tous à l’avantage de la science, et caractérisent ce XVHI° 
siècle si grand dans Fhistoire des progrès de l'humanité, 
et qui en forme pour ainsi dire les temps héroïques. 
Jean Bernoulli, peut-être un peu trop fier de ses talens, 
susceptible, emporté, donna et reçut un assez grand 
nombre de ces cartels scientifiques. Parmi les problèmes 
les plus remarquables qu’il soumit aux géomètres ses 
émules, celui de la plus courte descente mérite surtout 
d'être cité. Deux points qui ne sont ni dans la même 
perpendiculaire, ni dans la même horizontale, étant 
donnés, il s’agit de trouver la ligne le long de laquelle 
un corps roulant de l'un à l’autre y emploierait le moins 
de temps possible. Bernouilli donna à ce problème le 
nom de brachystocrone, nom dérivé du grec, et qui 
signifie le temps le plus court (voyez ce mot). C'était 
un de ceux que l’illustre Galilée avait vainement tenté 
de résoudre. Tous les géomètres de l'Europe s'en occu- 
pèrent alors: Leibnitz, Newton , Jacques Bernouilli, le 
marquis de L’Hôpital envoyèrent des solutions ; Jean 
Bernoulli après avoir prorogé le délai de six mois qu'il 
avait accordé, en donna deux solutions qui ajoutèrent à 
l'honneur qu'il avait acquis en proposant une décou- 
verte si curieuse et si difficile. 

Il était professeur de mathématiques : à Groningue, 

tandis que son frère honorait la même chaire dans leur 
patrie commune. Une émulation vive se mit entre les 
deux frères, dit un célèbre écrivain contemporain x 
émulation fomentée encore par leur éloignement qui les 
réduisait à ne se parler presque que dans les j journaux, 
et qui était propre à entretenir long temps entre eux le 
malentendu, s’il en pouvait naître quelqu’ un. Enfin 
l'aîné ramassant toutes ses forces, lança pour ainsi dire 
un problème qu'il adressait non-seulement à tous les 
géomètres, mais aussi à son frère en particulier, lui 
promettant même publiquement une certaine somme 
s'il le pouvait résoudre. Jean Bernouilli le résolut, et 
même assez promptement ; mais il donna sa solution 
saus analyse, Ce problème est célèbre, comme nous 


220 BE 
Vavons déjà dit, sous le nom des ssopérimètres. I] s'agis- 
sait de trouver d’une manière générale, entre une infi- 
nité de courbes qui ont le même périmètre, ou 
la même longueur, celles qui, dans certaines condi- 
tions, renfermaient les plus grands ou les plus petits 
espaces, ou, en faisant une révolution autour de leur 
axe, produisaient les plus grandes ou les plus petites 
superficies, ou les plus grands et les plus petits solides. 
Jacques Bernouilli trouva la solution de son frère dif- 
férente de la sienne , et il demanda à voir l'analyse pour 
connaître la cause de cette différence. Telle fut l’ori- 
gine de la division qui régna depuis lors entre les deux 
frères. TL résulte de l'opinion de tous les contemporains, 
que dans ce triste démêlé Jean n'eut raison ni pour le 
fond ni pour la forme, et qu’il opposa à la modération 
de son frère Jacques une äâpreté et une véhémence qui 
n'honorent point son caractère. Jean montra la même 
susceptibilité et la même irritation avec un grand nom- 
bre de savans dignes d’estime, tels que Taylor, Côtes 
et Keil. FH accueillit même d’une manière peu encou- 
rageante les succès de son fils Daniel et, loin de voir en 
lui un digne successeur , il fut profondément affecté de 
partager avec lui, en 1734, le prix proposé par l’Aca- 
démie des sciences, sur la théorie des déclinaisons des 
planètes. Cependant on a remarqué avec raison que, 
malgré ces faiblesses, Jean Bernouilli, dont les travaux 
sont si dignes de l'estime et de la reconnaissance de la 
postérité, ne repoussa pas toujours le mérite. Il conser- 
va en effet une constante amitié au grand Leibnitz, 
placé encore plus haut que lui dans l’opinion publique. 
Il accueillit avec empressement les premiers essais d'Eu- 
ler, dont il fut le maître, et prouva quelquefois qu'il 
savait mettre de la politesse dans la discussion , malgré la 
violence qu’il apporta malheureusement dans ses démêiés 
avec son frère, auquel aurait du l’attacher la reconnais- 
sance que le maitre doit inspirer à l’élève. Jean Bcr- 
nouilli a été membre de l’Académie des sciences de 
Paris, de celles de Berlin, de Saint-Pétersbourg, de 
la Société royale de Londres et de l’Institut de Bologne. 
Il était professeur à Groningue depuis l'année 1605. 
Après la mort de son illustre frère, il vint le remplacer, 
en 1705, dans la même qualité, à l'université de Bäle, 


où il est mort à l’âge de 80 ans, le 1°° 


janvier 1748. 

On trouve dans les Mémoires de l’Academie des 
sciences de Paris, dans les Acta eruditorum de Leipzig, 
et dans toutes les coltections littéraires et savantes du 
temps, la plupart de ses productions qui furent recueil- 
lies sous ses yeux, à Genève, par le célèbre Cramer, 
en 1742, et publiées sous ce titre : Johann Bernoutilli 
opera omnia. Lausanne et Geuève, 1742, in-4°, 4 vol. 
On doit y joindre sa correspondance avec Leibnitz, 
Got-Gul, Leibnitzi et Johan. Bernouilli, 


commercium plilosophicum +1 mathematicum. Van- 


intitulée : 


BE 


sanne et Gonève, 1745, in-4°, 2 vol. Jean Bernouilli 
s'est aussi occupé de physique, de théologie et même 
de poésie; mais nous n’avons point à apprécier son mé- 
rite sous le rapport de ces divers travaux. 
BERNOUILLI { Nicoas [), neveu des deux précé- 
dens, naquit à Bâle, le 10 octobre 1687. Il suivit éga- 
lement la carrière des sciences, et cultiva surtout les 
mathématiques; mais les succès qu’il y remporta n’ont 
pu, malgré son rare mérite, le placer au même rang 
que ses illustres parens. Nicolas Bernouilli a été l’édi- 
teur de l’Ars conjectandi de son oncle Jacques, et il a 
résolu d’une manière brillante plusieurs des problèmes 
proposés par Jean Bernouilli. Il est juste de remarquer 
que le germe de la théorie des conditions d’intégralité 
des fonctions différentielles, se trouve dans la solution 
de l’un de ces problèmes. Il a successivement professé à 
Padoue les mathématiques et la logique, et la science 
du droit à Bâle. Membre de l’Académie de Berlin, de 
la Société royale de Londres et de l’Institut de Bologne, 
Nicolas Bernouilli est mort à Bäle, le 29 novembre 
1759. Ce géomètre n’a point publié d’écrits séparés. 
On trouve quelques morceaux de lui dans les œuvres de 
Jean Bernouiili, son oncle, dans les Acta eruditorum 
de Leipzig, et dans le Giornale de’ Letterati d'Italia. 
BERNOUILLI ( Nicozas IT), fils aîné de Jean Ber- 
nouilli, naquit à Bäle, le 27 janvier 1605. Il hérita, 
sinon des talens, au moins dés heureuses dispositions 
que son père avait montrées des l’enfance pour les ma- 
thématiques. Objet des prédilections paternelles , il put, 
dès l’âge de seize ans soulager Jean Bernouilli dans sa 
correspondance avec les savans. On sait au reste peu 
de choses sur ce géomètre, dont le nom se perd dans 
les rayons de gloire qui environnent celui de son père. 
En 1925, il fut appelé à Saint-Pétersbourg, avec son 
jeune frère Daniel, pour y professer les mathématiques. 
Une maladie cruelle l'enleva tout à coup dans cette 
ville à la science et à sa famille le 26 juillet 1726. Les 
œuvres de Jean Bernouilli et les Acta eruditorum de 
Leipzig contiennent quelques-uns de ses mémoires sur 
diverses branches des sciences mathématiques. 
BERNOUILLI (Daxier), second fils de Jean Ber- 
nouilli, géomètre célèbre et digue de son nom, naquit 
à Groningue, le 9 février 1760. Par une étrange bi- 
zarrerie, sa famille voulut le destiner au commerce; 
mais il ne montra pas plus de goût que son père n’en avait 
montré lui-même pour cette profession. Il parut plus 
disposé à étudier la médecine, science dans laquelle 
il prit le grade de docteur. Au milieu de ses études, 
ses dispositions naturelles pour les mathématiques , dont 
son père lui avait donné des leçons, se manifestèrent 
avec force. Il continua néanmoins, en Italie, sous Mi- 
chelotti et Morgagni, à étudier à fond: les diverses bran- 


ches de la médecine, et il ne tarda pas à prendre part aux 


BE 


discussions des géomètres, et à s’acquérir une brillante 
réputation. Il refusa à vingt-quatre ans la présidence 
d’une Académie nouvellement fondée à Gênes, et accom- 
pagna son frère à Pétersbourg, où il professa les mathé- 
matiques. Il quitta cette ville en 173, revint se fixer 
dans sa patrie, où il occupa successivement une chaire 
d'anatomie et de botanique , de physique et de philoso- 
phie spéculative. C’est là qu’il s’occupa de la mécanique, 
dont il démontra les principes fondamentaux avec plus 
de précision et de rigueur qu'on ne l'avait essayé jus- 
qu'alors. Son Traité d'hydrodynamique est fort estimé, 
bien qu’il soit fondé sur un principe indirect, celui de 
la conservation des forces vives : c’est en effet le pre- 
mier ouvrage qui ait été publié sur ce sujet aussi diffi- 
cile qu'important. 

Daniel Bernouülli, doué d’une rare sagacité, et remar- 
quable par son assiduité au travail, s’est rendu célèbre 
par les nombreux mémoires académiques qu’il a publiés. 
Ses biographes citent parmi les sujets qu'ilatraités, et qui 
offrent des applications utiles et des résultats piquans par 
leur singularité , ses recherches sur l’inoculation , sur la 
durée des mariages, sur le milieu pris entre des obser- 
vations, sur la détermination de l'heure à la mer lors- 
qu'on ne voit pas l'horizon. Il a également traité d’une 
manière fort remarquable deux questions d'astronomie 
physique: la première, concurremment avec son père, 
sur l'inclinaison des orbites planétaires; la seconde, sur le 
flux et le reflux de la mer. Il partagea le prix proposé pour 
la première, en 1734, avec son redoutable rival; et 
celui de la seconde, en 1740, avec Euler, Maclaurin, et un 
autre-personnage dont le nom n’est pas connu. C’est à 
l'occasion du concours de 1734, que Condorcet s’ex- 
prime ainsi, dans son éloge de Daniel Bernouilli : 
« Jean, dit-il, ne vit dans ce fils qu’un rival, et dans 
son succès qu’un manque de respect qu’il lui reprocha 
long-temps avec amertume. » Le célèbre écrivain dont 
nous venons de rapporter quelques paroles , a exposé 
avec l'élégance et la précision qui caractérisent son talent, 
les tœavaux et la marche de l'esprit de Daniel Bernouilli. 
11 fut associé étranger à l'Académie des sciences de Paris, 
et se fit assez long-temps une sorte de revenu des prix 
qu'elle proposait : il les a remportés ou partagés dix 
fois. Cet illustre savant a été membre des Académies de 
Saint-Pétersbourg , de Berlin et de la Société royale de 
Londres. Environné de respect et d’admiration , d’un 
commerce doux et agréable, Daniel Bernouilli eut une 
vie très-heureuse : il conserva dans un âge très-avancé 
toute sa présence d'esprit, toute la force de sa haute 
raison : il ne se fit remplacer dans ses fonctions de pro- 
fesseur, par son neveu Jean Bernouilli, qu'à l'âge de 
soixante-dix-sept ans; il en avait quatre-vingt-deux 
quand il mourut à Bäle le 17 mars 1782. Ses ouvrages 
mathématiques sont : 1. Danielis Bernoulli e xercita- 


BE 


tiones quædam mathematicæ. Vencetis, 1724, in-4°, 


224 


1 vol. IL Danielis Bernoutlli hydrodynamica, seu de vr- 
ribus el motibus fluïidorum commentarti, opus academi- 
cum ab auctore dum Petropoli ageret, congestum. Ar- 


» 


gentorati, 1738, in-4°, 1 vol. Ses divers mémoires sur 
les autres branches des sciences mathématiques et phy- 
siques n’ont point été recueillis ni imprimés séparé- 
ment des collections académiques où ils se trouvent. 
BERNOUILLI (Jean IT), troisième fils de Jean I 
Bernouilli, uaquit à Bâle, le 18 mai 1710. Comme les 
autres membres de sa famille, il s’est distingué ‘dans les 
sciences mathématiques qu'il professa à Bâle, en 1743, 
dans la chaire illustrée par son oncle Jacques et par sou 
père. Il a concouru avec son trère Daniel, pour les 
prix proposés par l’Académie des sciences de Paris. 
Trois de ses mémoires + ont été couronnés; ce sont : 
celui sur la propagation de la lumière, celui sur le ca- 
bestan , et celui sur l’aimant. Membre de l’Académie de 
Berlin, il est mort à Bâle, le 17 juillet 1790. 
BERNOUILLI (Jran I), fils du précédent, est 
également né à Bâle, le 4 novembre 1744. Ses disposi- 
tions naturelles le portèrent vers les mathématiques, 
l'astronomie et la philosophie. Ses études, qu’il acheva 
à Bâle et à Neuchâtel, furent dirigées dans ce sens. Il 
acquit de bonne heure une éclatante réputation, etil 
n’était âgé que de dix-neuf ans quand l'Académie de 
Berlin l'appela dans son sein comme astronome. Après 
avoir obtenu la permission de voyager, et avoir visité 
la plus grande partie de l'Europe, il revint, en 1779, 
se fixer à Berlin, où il fut nommé directeur de la classe 
des mathématiques de l’Académie, et honoré du titre 
d’astronome royal. Jean Bernouilli a aussi étéémembre 
des Académies de Pétersbourg et de Stockholm. Il est 
mort à Berlin le 13 juillet 1803. Il est le dernier de cette 
illustre famille qui ait rendu son nom célèbre dans notre 
siècle. Ses travaux sont nombreux; nous ne citerons ici 
que ceux qui ont les mathématiques pour objet. L. Ae- 
cueil pour les astronomes, 1772-76, 3 vol. in-S°. 
IT. Lettres astronomiques, 1781. TT. Élémens d’al- 
gébre d'Eurer, traduits de l'allemand. Lyon, 1585, 
2 vol. in-8°. Il à publié avec le professeur Hindenburg 
trois années du Magasin pour les sciences mathéma- 
tiques. Un grand nombre de ses observations 5e relrou- 
vent dans les Mémotres de l’Académie de Berlin, et 
dans les Ephémérides astronomiques de cette ville. 
BERNOUILLI (Jacques 11), frère du précédent, 
naquit à Bâle, le 17 octobre 1759. C'est le dernier de 
cette pléiade de savans, dont uous n'avons pu que rap- 
peler succinctement les titres à la gloire. Il n’a point eu 
une destinée aussi brillante. Jacques Bernouilli fat le 
disciple de son oncle Daniel, et c’est lui qui fut son 
suppléant à la chaire de physique de l’université de 


Bâle. Mais il ne put lui succéder. L’inquiétude de son 


BE 


esprit, ou le chagrin d’avoir échoué dans ime espérance 


223 


que son nom et ses talens avaient du lui faire légitime- 
ment concevoir, le porta à voyager. Il vint se fixer à 
Pétersbourg, où il occupa une chaire de professeur de 
mathématiques, et s’unit à une petite-fille d’'Euler. Il 
était membre de l’Académie de cette ville, de la Société 
de physique de Bäle, de la Société royale de Turin. Ses 
premiers travaux insérés dans les Nova acta Academ. 
Petropol., donnaient une haute idée de ses talers, et 
annonçaient qu'il allait marcher sur les traces de son 
oncle Daniel ; mais il périt tout à coup d’une attaque 
d’apoplexie, à l’âge de trente ans, en se baignant 
dans la Néva. Ce malheur arriva le 3 juillet 1780. 

BÉROSE. Deux personnages de ce nom, dont l’un 
se serait rendu célèbre par des travaux astronomiques, 
et l'autre comme historien, ont-ils existé dans l’anti- 
quité, ou ne sont-ils en effet que le même individu? 
Cette question toute littéraire ne saurait être résolue 
ici. Pline parle d’un astronome chaldéen, nommé Bé- 
rose, à qui les Athéniens avaient élevé une statue, dont 
la langue était d’or, pour faire allusion à son éloquence. 
Vitruve en parle avec plus de détail, comme d’un prêtre 
de Babylone, contemporain d’Alexandre. I] lui attri- 
bue l'invention d’un cadran solaire de forme semi-cir- 
culaire, et qui pouvait recevoir une position conve- 
nable à diverses latitudes. La détermination précise de 
ce fait intéresserait sans doute l’histoire de la gnomo- 
nique, mais il n’y a pas d'espoir d’y arriver aujourd’hui. 
Bailly, dans l'Histoire de l'astronomie antique, s'est 
malheureusemont appuvésur les absurdités apoeryphes, 
publiées à diverses époques sous le nom de Bérose, pour 
donner à la civilisation et aux connaissances humaines 
une antiquité impossible. 

BEZE ou ALBEZE. Nom que nos anciens astro- 
noines ont prétendu mal à propos avoir été employé 
par les Arabes pour désigner la constellation du Cen- 
taure. 

BEZOUT (Ériexxe), mathématicien distingué, est 
né à Nemours, le 31 mars 1730. Le nom de cet esti- 
mable géomètre est cher aux hommes de notre généra- 
tion qui ont puisé les premières notions de la science 
dans ses ouvrages élémentaires. On a peu de détails sur 
son éducation et ses premières années; on sait seule- 
ment qu'il fut obligé, par son peu de fortune, de donner 
de bonne heure des leçons particulières de mathéma- 
tiques. Cette situation pénible n'éteignit point en lui, 
par la fatigue et le dégoût qu’elle inspire souvent, la 
noble ambition de pénétrer dans les régions les plus 
élevées de la science. La persistance et le généreux en- 
thousiasme de Bezout ne lui furent point défavorables. 
L'Académie des sciences distingua plusieurs de ses mé- 
moires, et l'appela dans son sein en 1758; le duc de 
Choiseul le plaça, en 1763, à la tête de l'instruction 


BE 


de fa marine royale, comme examinateur des gardes 
du pavillon. Ce fut cette circonstance qui valut à la 
France la publication d’un cours complet de mathéma- 
tiques, où Ja science est exposée avec autant de clarté 
que d’élévation. 

Les travaux de Bezout sont trop généralement connus 
de toutes les personnes qui cultivent les mathématiques, 
pour qu'il soit nécessaire de les énumérer ici, même 
d’une manière sommaire; il nous suffira de dire que, 
s’il s’est rendu célèbre par ses ouvrages élémentaires, | 
ses recherches sur la résolution des équations algébriques 
lai ont mérité une place distinguée parmi les mathé- 
maticiens de son époque. Le caractère de cet excellent 
et honorable professeur lui mérita toute sa vie une 
considération digne d'envie, comme sa réputation de- 
viut populaire par les nombreuses éditions de ses cours. 
Sa vie a été paisible, pure et heureuse. Condorcet a 
relevé, dans l’éloge de ce géomètre, un trait qui ho- 
nore à la fois, suivant nous, son courage et la bonté 
de son cœur. Deux jeunes aspirans de la marine à 
Toulon étaient malades de la petite-vérole que Bezout 
n'avait pas eue. [Il était alors dans un âge déjà avancé, et 
il eüt été dangereux pour lui de contracter à cette époque 
cetie cruelle maladie. Mais il n’hésita pas entre cette 
crainte et celle de retarder d’un an l'avancement de 
ses jeunes disciples : it alla les examiner dans leur lit. 
On ne dit pas que Bezout ait eu l'habitude de n’agréer 
que ceux de ces élèves qui avaient étudié les mathéma- 
tiques dans ses livres ; les professeurs de notre époque 
ont seuls le triste droit de réclamer l'honneur d’un 
pareil progrès. Etienne Bezout est mort à Paris, le 27 
septembre 17583. Ses ouvrages, souvent réimprimés, 
sont : I. Cours de mathématiques à l'usage des gardes 
du pavillon et de la marine. Paris, 6 vol. in-8°, y 
compris son Zraïtc de la navigation. I. Cours de ma- 
thématiques à l'usage. du corps royal de l'artillerie. 
Paris, in-8°, 4 vol. II. T'corie générale des équañons 
algébriques. Paris, 1779, in-4°, 1 vol. 

BILLION ( 4rith.) Mille millions. Un billion est 
une unité du dixième ordre : on l’écrit 1 000 000 000. 
Dans l'usage ordinaire on se sert plutôt du mot nulliard 
pour exprimer les quantités de cet ordre. Foyez Arnira- 
MÉTIQUE. | 

BIMÉDIAL ( Géom. ). Terme inusité aujourd’hui, 
employé par Euclide pour désigner la somme de deux 
droites commensurables seulement en puissance. Cette 
somme est toujours incommensurable par rapport à 
l'une des deux lignes composantes. J’oyez Evcur, 
livre X, prop. 33. | 

BINAIRE. Nombre binaire. C'est un nombre com- 
posé de deux unités. 

ARITHMÉTIQUE rBINAIRE. Nous avous vu ( ArtTu. IE. ), 
que le problème fondamental de l’arithmétique est la 


BE 


construction de tous les nombres, au moyen d’une 
quantité limitée de nombres que l’on considère comme 
simples ou comme donnés immédiatement. Or, cette 
quantité de nombres simples est entièrement arbitraire, 
et si l'échelle décimale de la numération indienne a été 
généralement adoptée, c’est qu’elle présentait un avan- 
tage tellement frappant sur la numération grecque, que 
personne ne s’est avisé de rechercher si une autre 
échelle composée de plus ou de moins de dix carac- 
tères, ne rendraient pas l'exécution des calculs plus 
simple et plus facile. Cependant le choix de l'échelle 
décimale, déterminée sans doute primitivement par 
l'usage umversel de compter par périodes de dix, n’est 
pas le plus avantageux qu'on aurait pu faire, car une 
échelle de douze chiffres simplifierait singulièrement le 
plus grand nombre des opérations. ( F’oyez Numéra- 
sion.) De toutes les échelles de numération, la plus 
sunple est évidemment celle qui ne serait composée que 


de deux chiffres 
Oureb ES 


Or, l'aritimctique binaire est précisément fondée sur 
cette echelle numérique. 

1. Pour exprimer tous les nombres à l'aide des deux 
caractères O6 et 1, on assigne au chiffre 1, outre sa va= 
leur absolue, une valeur relative dépendante de la 
place qu’il occupe. Ainsi, 1 isolément désigne une unité; 
1 à la seconde place, tel que 10, exprime une dixaine; 
mais ici la dixaine ne se compose que de deux unités; 
1 à la troisième place, tel que 100, exprime 10 fois 10, 
c’est-à-dire 4 unités; 1 à la quatrième place, tel que 
1000, exprime 10 fois 100, ou 8 unités. Enfin, le carac- 
tère 1 vaut 2 fois plus à la seconde place qu’à la pre- 
mière, 2 fois plus à la troisième qu’à la seconde, ou 4 
fois plus qu’à la première, 2 fois plus à la quatrième 
qu'à la troisième, ou 8 fois plus qu'à la première, et 
ainsi de suite. C’est absolument le même principe que 
celui de notre numération décimale ; seulement, au lieu 
d'augmenter de dix en dix en allant de droite à gauche, 
les chiffres croissent de deux en deux. 

2. Ilest facile de voir que tous les nombres quel- 
conques peuvent s'exprimer dans le système binaire 
aussi bien que dans le système décimal, et que 

Système binaire. Système décimal, 
HCXPAIME eee LT 
TO der eisete sete 00 


Ilossoosoeoosoeeoese 


LOT srsielois slotsjeis nles 0e o10.e 


TlOsis ee ses scies celO 
TT. sarcie s'ietqee, 7 
TOOD se ss et elere RE PA 
MOOD ae béritenelera à amiens NO) 


225 
Système binaire, Système décimal, 
TOIOI-csennes ete 58e O 
LOT -s Pris lnemte ait ae STI 
TIOOsssoute 6$ Juyson 12 
LIOLsétastn SVT 425 D 
LÉO Milenlece ter 107% 
1ITTMe ue emasso ss ONs 
10000 .16 4 does es 10 
ÉtCS te PRIS RS IRIS 

Sans la grande quantité de figüres qu'il faut pour 
exprinier des nombres, iiême très-petits , mille ; par 
exemple, exige déjà dix figures : 1r11100100, l'arith- 
métique binaire serait supérieure à la nôtre, car les 
opérations les plus compliquées n'y présentent aucune 
difficulté, puisqu'on n'opèrce jamais que sur l'unité, et 
que, par conséquent, les multiplications et les divi- 
sions pourraient s'effectuer aussi facilement que les 
additions et les soustractions, Mais la prolixité des fi- 
gures est un inconvénient tellement grave qu'il détruit 
tous ces avantages, 

3. Leibnitz, à qui nous devons la première idée 
de l'arithmétique binaire, pensait que dans des recher- 
ches difficiles elle pourrait conduire à des spéculations 
plus élevées que l’arithmétique ordinaire, et nous 
croyons avec lui qu'il est possible d’en faire des appli- 
cations importantes. C’est une question qui sera traitée 
ailleurs. Voyez LocariTaMEs. 

Le père Bouvet, célèbre jésuite, missionnaire de la 
Chine, à qui Leibnitz avait communiqué son invention, 
lui écrivit qu'il était convaintu que l’arithmetique. bi- 
naire donnait le véritable sens d'une ancienne inscrip- 
tion chinoise laissée par l’empereur Fohi, et dont l'in- 
telligence s'était perdue depuis près de mille ans, mal- 
gré les recherches des lettres, qui ne voyaient plus dans 
ce monument qu'une allégorie puérile ou chimérique. 
Cette inscription consiste dans différentes combinaisons 
d’une ligne droite et d’une ligne brisée, en supposant 
avec le père Bouvet que la ligne droite ——, exprime 
l'unité, et la ligne brisée — — zéro, on trouve les 
mêmes expressions des nombres que donne l’arithmc:- 
tique binaire ; ainsi les figures 


—d 
— 
nt cn un mes cm Meme Gen DO MONMNENENN SEEN CNE MEN 


us ms mms SEE CNE MES DE en LES 
nn — ee me st ns nn ÉNN  s  nns 


signifieraient 

D LUE — 14 ,5-8n0 cé EN 0.6 L , 7e 
Cette conformité des combinaisons des lignes de Folu 
et des deux uniques caractères de l’arithmétique de 
Leibnitz, fit croire au père Bouvet que Fohi et Leiboitz 


avaient eu la même pensée. 

4. A1 nous reste à exposer le moyen de traduire en 
arithmétique binaire un norabre écrit dans notre sys- 
tème, et réciproquement. Soit, par exemple, 29 à expri« 


224 BE 

mer en système binaire; on divisera 29 par 2, ce qui 
donnera un quotient et un reste. Le reste sera le pre- 
mier chiffre cherché ou le chiffre du premier ordre. 
On divisera de nouveau le quotient trouvé par 2, et 
lon obtiendra un nouveau quotient et un nouveau 
reste : ce nouveau reste sera le chiffre du second ordre; 
on divisera encore. le dernier quotient par 2, et l’on 
continuera de la même manière, en divisant successive- 
ment chaque dernier quotient par 2, jusqu'a ce que 
l'opération ne soit plus possible. Les restes des divisions 
seront les chiffres du nombre donné, exprimé dans le 
système binaire; ainsi, 


29 


; 14,reste 1, = 3, reste 1, 


— = 7, reste o, 


D (3 


3 L 
- = 1,reste1, —— oO, reste 1. 
2 2 


29 sera donc exprimé par 11101. 


De même, pour traduire 17 eu arithmétique bi- 
paire, On aura - 


= 9, resteo , 


LI 


1 8 

11 = Greste 1, — = À, reste o 
? D + 

2 2 


2 1 
— = 1,resteo, — = 0, reste I, 
2 2 


donc 17 est exprimé par 10001. 


5. Lorsqu'il s’agit au contraire de traduire em arith- 
métique décimale un nombre écrit dans le système bi- 
naire , il suffit de former une table des puissances de 2, 
et une simple addition donne immédiatement l’expres- 
sion demandée. En effet, le nombre 11101, par exemple, 
est composé d’une unité simple, d’une unité du troi- 
sième ordre, d’une du quatrième et d’une du cinquième. 
Or, dans notre numération, l'unité du premier- ordre 
vaut 1, celle du troisième vaut 2 — 4, celle du qua- 
trième vaut 2? — 8, et celle du cinquième vaut 24 = 16, 
le nombre 1101 vaut donc 


1+o+4+8—H 16 = 29. 
Ces transformations sont trop simples pour qu'il soit 
besoin d'entrer dans de plus longs détails, les principes 
sur lesquels elles reposent devant être d’ailleurs expo- 
sés à l'article NumÉRATION. 


BINOME (Ælg.) (de Bis, deux fois , et de vou, part). 
Quantité composée de deux parties ou de deux termes. 
Ainsi, AB, a+ 3x, ba—x, 8x — 3a«b, etc., 
sont des binomes. 

Une quantité qui n’a qu’un seul terme se nomme »10- 
nome. On lui donne le nom de trinome lorsqu'elle en a 
trois, comme A+ B—C, et en général celui de poly- 
nome ou multinome. 

Binome ne Newron. On donne ce nom à la formule 
qui exprime le développement d’une puissance quel- 


BE 

conque d’uu binome. Cette formule, l'une des plus im- 
portantes de l'algèbre, et qui forme la première loi 
théorique de la scieuce des nombres, fut découverte 
par l'immortel Newton dès ses premiers pas dans la 
carrière qu'il parcourut avec tant de gloire. Voici en 
quoi elle consiste : Soit a + b un binome quelconque 
et x un nombre également quelconque, positif ou ñé- 
gatif, entier ou fractionnaire, on a (74) 


m(In— 


(a+b}" = a" LE mani b + D us be + 


m(m—1)(rr—2) 
1:2:3 


Lorsque »2 est un nombre entier positif, le second 
membre de cette égalité a un nombre fini de termes; 


— am—5 bi + etc. 


mais , dans tous les autres cas, ce nombre est infini. Si 
nous faisons, par exemple, m=3, le cinquième cocff- 
cient 
m(m—1) (m—2) (m—3) 
1.294 


devient o à cause du facteur (#1—3) qui devient 3—3— 
—0; et comme ce facteur entre également dans tous les 
coefficiens suivans, l'égalité (m1) se réduit à 


(a+b) = a 3ab + 3abr + bi, 
Lorsqu’au contraire l’exposant 2 est négatif ou frac- 
tionnaire, aucun facteur ne devient o, et le second 


membre de (”) a un nombre indéfini de termes. Si, 
par exemple, »2——1, nous aurons 


(a+ b) = a a? b + a br — a 4b5 + etc, à l'in- 


fini. 
D'où 
ar Mb Ab DE Di Et 
(a + b) A mate ete, à l'infini. 
Si m—"+, nous aurons 
a Ta ÉG— 1) à 
(@+D za tra F4 a + 
ee 5 
+ RE T a bi Letc. 
ou 
+ + SU , À 
(a+b) = « [r+iis | 


Ce théorème se démontre très-facilement lorsque »2 
est un nombre entier positif. En effet, 

Pour avoir la puissance 72 d’un binome (a+4-b), il faut 
observer que, d’après les lois de la multiplication 
(Foy. Murrirzicarion), cette puissance doit se compo- 
ser de la somme de tous les produits formés par toutes 
les combinaisons »2 à m des deux lettres & et b. Par 
exemple, le produit de a + b par a4-b. ou la seconde 
puissance de (a4-b) est 


aa + ab + ba + bb, 


BI 


ou la somme des produits deux à deux des lettres à, b; 
et ces produits se trouvent exprimés par toutes les coni- 
binaisons deux à deux de ces mêmes lettres. Si l’on 
multiplie cette dernière quantité par a+, le résultat 


aaa + aab + aba + baa + abb + bab  bba + bbb, 


ou la troisième puissance de a+ b, contient la somme 
des produits exprimés par toutes les combinaisons érois 
à trois des lettres a et b. 

De même, en multipliant encore cette dernière quan- 
tité par a+b, on formerait la quatrième puissance 
de a+b, qui serait évidemment composée de tous les 
produits formés par les combinaisons quatre à quatre 
des deux lettres a et h, et ainsi de suite. 

Le produit de » binomes a+-b, ou la puissance m 
du binome &æ+- b doit donc contenir la somme de tous 
les produits formés par toutes les combinaisons 73 à m3 
des deux lettres a et b. 

Mais des groupes différens de combinaisons peuvent 
exprimer le même produit, ab, par exemple, est la 
même chose que ba; abb, que bab, ou que bba, etc., 
etc. (roy. ALGÈsrE, 7 et 11); il faut donc remarquer 
qu'un produit quelconque se trouve, de cette manière, 
répété autant de fois que les lettres qui le composent 
admettent entre elles d’arrangemens différens ou de 
permutations. Si l'on demandait donc, par exemple, 
la quatrième puissance de (a+4-b), il faudrait commen- 
cer par former les groupes de combinaisons qui ne con- 
tiennent pas les mêmes lettres, tels que 


aaaa , aaab , aabb, abbb, bbbb; 


et ensuite on donnerait à chacun de ces produits tous 
les arrangemens différens dont les lettres qui les com- 
posent sont susceptibles pour former toutes les autres 
combinaisons. On aurait donc 


aaaa + aaab + aabb + abbb + bbbb 
+ aaba + abab Æ babb 
+ abaa + baab + bbab 
+ baaa + baba + bbba 
—+ bbaa 
+ abba. 


D’où l’on conclurait : 
(a+ bi = ai Lab Æ Gab? Æ 3ab3 + bé, 


On doit donc considérer-deux espèces de groupes de 
combinaisons, savoir: ceux qui expriment des produits 
différens, tels que aaab et aabb, et ceux qui expriment 
le même produit, tels que aaab et abaa. Les premiers 
se nomment simplement combinaisons, les deux en- 
semble se nomment combinaisons avec permutations : 
ainsi, aa, bb, ab, sont les combinaisons deux à deux 
deaet deb,et aa, ab, ba, bb, sont les combinaisons 
deux à deux avec permutations des mêmes lettres, 


BI 295 
Pour former la puissance »# d’un binome a+b, il ne 
faut donc que former toutes les combinaisons m2 à m des 
deux lettres a et b, prendre les permutations de chaque 
combinaison , et la somme de tous les groupes exprime 
la puissance demandée. 
Or, les combinaisons » à m de « et de b sont : 
a répété 71 fois, ou 
AAA A Ailirres —=A7, 
a répété »—1 fois, et b une fois, ou 


a répété 77 —2 fois, et b deux fois, ou 


a.a.a.a.. = ani, 


BoBililrsc ob = AIR, 


arépété m—3 fois, et b trois fois, ou 


a. a.a.a.....b.b,b = an-3b5, 
etc. etc. 
Et enfin b répété m fois, ou 
bb: bib:b. =: 


Chacun de ces groupes doit se trouver à son tour ré- 
pété autant de fois qu’il admet de permutations. 

Pour avoir l’expression générale de la puissance 7# 
du binome a+b, il ne s’agit donc plus que de connaîi- 
tre le nombre des permutations qu’admet chaque groupe 
de combinaisons, représentant un produit différent. Car, 
désignant par À, le nombre des permutations du groupe 
exprimé par a"—tb, par A, celui du groupe a—b; 
par A; celui du groupe a"—b?, et ainsi de suite, nous 
aurons évidemment (n\ 


(a+-b}" = an HA, am—1 DH A, am—2 D + 
A, am—3 B+etc.... + A4 abm—1 Lhn 


Les groupes a”, b", n’admettent point de permuta: 
tions, puisqu'ils sont composés d’une seule lettre. 

On sait, d’après la théorie des permutations, qu’un 
groupe de »2 lettres différentes admet un nombre de 
permutations représenté par le produit 


1.2.3.4.5.6.7..(m—1).m, 


c’est-à-dire par le produit de tous les nombres entiers 
depuis l'unité jusqu'a m. Et que si ce groupe ne con- 
tient que deux lettres différentes , il faut, pour connai- 
tre son nombre de permutations, diviser ce produit gé- 
néral par le nombre des permutations que pourrait for- 
mer la quantité de chacune de ces lettres, si elles étaient 
différentes. 
Ainsi, lorsqu'un groupe de m lettres a et b contient 
n fois la lettre b, et m—n fois la lettre a, le nombre de 
ses permutations est exprimé par (4) 
1.2.3.4.5.6..(m—1)m 
1.2.3..(m—n).1.2.3..n 


Voyez PERMUTATION. 
29 


226 BI 

Ceci posé, if est facile de trouver la valeur des coef- 
À; , Ày, ele, 
dans l’expression (n); car A; , désignant le nombre des 


ficiens que nous avons désignés par A; , 


permutations d’un groupe de deux lettres dans lequel 
une de ces lettres se trouve une fois, est égal à 


1.2:3.4:..(m—i)m 
dd (SD EU 


A; , désignant le nombre des permutations du groupe 
dans lequel a 5e trouve m— 2 fois et b,2 fois, est 
égal à 


1.9.3.4...(m—1).m mi) 
1.2:3...(0—9).1.9 1.2 


Enfin, faisant successivement n—2, n=3, n—4,etc., 
dans l'expression générale (a), on trouvera de même 


m(m—1)(m—2) 


1:23 


m(m—i)\m—92)m—3) 


152364 | 


A3 , A, 


etc., etc. 
La puissance 72 du binome (a+b) est donc définiti- 
vemeént 


— 


(a+b)"— a+ mail LÀ 1) a" 


m(m—1)(m—9) m—3 
( X VE 


3 
1209 suis 


dont la loi de génération des termes est visible, 
Si l’on voulait, au moyen de cette expression générale 
trouver la quatrième puissance de (ab), il faudrait 


commencer par calculer les coefficiens 72, ee , 
etc., en faisant m = 4, on trouverait 
m = 4 
m(m—1) _4:3 
ENCORE 
n—i)(n—2) 4.3.2 4 
FAT ES ne 
mm—i1Xm—2\m—3)  4.3.2.1 
1:92.3:4 T Roe3.4 
m(m—1Xm=2\m—3Xm—#) 4.3:2.1.0 
2.3.4 MÉNTS TiS 


1 n’y a donc plus de termes passé le cinquième, et 
Ja puissance demandée est 


(a+ bi = ai b+Geb ab 4; 
comme nous l’avions déjà trouvé ci-dessus. 
Foutés les considérations particulières sur la forme 
- de l'expression générale (2), 
ses termes , toujours égal à 2241, Fégalité des cocffi- 


telles que le nombré de 


ciens également éloignés des extrémités, elc., etc., 
pouvant se déduire sans aucune difficulté de cette ex- 


pression méine où de Fi marche qui nous v a conduits, 


BI 


nous nous coutenterons de faire remarquer une pro- 
priété des coefficiens qui consiste en ce que leur somme, 
pour une puissance quelconque n, est égale à 2° , et 
que la somme des coefficiens de l’ordre impair, c’est-à- 
dire le premier, le troisième, le cinquième, etc. , est 
toujours égale à la somme des coefficiens de l’ordre 
pair. En effet, dans l'expression générale (n) faisons 
a—1 et b=1, nous aurons 


iles n(n—1\n—2) 


1:29 


QG+1)" = 27 =1+° + — 
+ etc... 


Faisons actuellement a=— 1, et b —— 1, nous aurons 


— + 


En PRE ner 


I1)} =O—=I—- 
( ) I 1,2 1:2:8 
etc... 


Or, cette dernière égalité ne peut avoir lieu qu’au- 
tant que la somme des coefficiens positifs est égale à la 
somme des coefficiens négatifs, ce qui est la même 
chose que la propriété énoncée. 

L'expression générale (m1) a été gravée sur le tombeau 
de Newton, 
l’une de ses plus brillantes découvertes. Nous devons 


dans l’abbave de Westminster, comme 


dire cependant que le cas des puissances entières posi- 
tives avait été entrevu par Viète et surtout par Briggs 


(Voy. 


même dans ce simple cas, ne s'était élevé à la forme gé- 


Trigonometria britarnica): mais aucun d'eux, 


nérale des coefficiens 


te ...(nm— n + he 
rB O4 s si 


forme qui constitue la /oi du développement. Ainsi, 
quelqu'emprunt que Newton ait pu faire à ses devan- 
ciers, il lui reste l'honneur plein et entier d’avoif fe- 
connu que l'expression qui porte lé nom de son binôme 
embrasse toutes les valeurs de l’exposant »1. La pre- 
mière communication qu'il fit de cette importante dé- 
couverte se trouve dans une lettre écrite à Oldenbourg, 
le »{ octobre 1676; il paraît qu’il y fut conduit par l'é- 
tude du célèbre ouvrage de Wallis : l’Arithmetique de 
l'infini. Le binome fut donné par Newton sans démon- 
stration; mais la grande utilité de cette formule la ren- 
dit bientôt l’objet des travaux des mathématiciens : Jac- 
ques Bernouïlli, Moivre, Euler et d’autres, en donnè- 
rent diverses démonstrations; cependant, mêmeé au- 
jourd’hui, il n’en existe pas encore une entièrement sa- 
tisfaisante pour le cas général de l’exposant quelconque; 
le plus grand nombre des démonstrations connues ne 
sont rigoureusement que des vérifications ; les autres, 
fondées sur le développement des fonctions en séries, 
sont de véritables cercles vicieux dans lesquels on re- 
garde comme établi ce qui est précisément en question. 


L'examen de ces démonstrations nous entrainerait trop 


” 


f 


: BI 
loiu, et n’est point d’ailleurs notre objet. Nous devons 
nous contenter de donner ici les formes particulières de 
l'expression (#), dont nous aurons l’occasion de faire 
de nombreuses applications. Lorsque 72 est entier, posi- 
tif, ou négatif, on peut donner au binome les formes 
suivantes, plus commodes pour les calculs, 


m(m—1) a 


+ 


1.2 ‘bt 


HD" [ins AUS 


m(m—1)(m—2) b 


+ Ed etc. | 


1.2.3 
Cu Ltd Et” Port 2 
DITES TS Ox Tee 
et = fin DE — 
Sr etat] 
an "fs + Li sr 


mm x )(rm 4) b 


Sie 15330 


ste] 


Dans le cas de »2 fractionnaire, on trouve également 


(a-+bÿ — =az “[° KE + p? 2 + Bb E D Hd | 


g 1.2 


+ P(P—9)(P pe UP + ae] 


y db? 
roy Ath La — 


& q a g:1.2 @ 
__np+g)(p+2q) b 


PA RE TIC a + ete. | 


Quand b est négatif, il faut changer les signes des ter- 
mes qui contiennent des puissances impaires de b dans 
ces deux dernières expressions. #oy. ExTrAGTION Des 


RACINES. 
BiNOME DES FACTORIELLES. Xramp et Æ#rbogast ont 


donné le nom de factorielle au produit des termes 
d’une progression arithmétique, tel que 


a.(a+r).(a4-2r).(a+-3r).. 


que Vandermonde ; auquel on doit la découverte de ces 


etc, 


fonctions très-importantes (voy. Mém. de l'Ac. des se., 
1772) , avait désigné sous celui de puissances du second 
ordre. Nous adopterons ici la dénomination de Kramp 
ainsi que sa notation, plus commode que celle de Van- 
dérmonde , et surtout beaucoup plus simple que celle 
que Legendre, on ne sait trop pourquoi, a voulu lui 


BI 


substituer. Nous poserons donc 


arr = a(a+r) (a4-2r) (a43r). ... (a{m—i}r). 


Voy. l'article FactTorIELLE. 
Nous aurons ainsi 
alr=a 
æV = a(a+r) 
aÿlr = a{a+r) (ar) 
air = a(a+r) (a+-2r) (a4-3r) 
etc, etc. 

Sans entrer ici dans des détails qui se trouveront autre 
part, nous allons exposer le théorème principal des fac- 
torielles, qui est : L 

La factorielle à base binome(a#b}"\", a pour dévelop- 
pement l'expression 


an pm am—irbife E ei): am—21rb}r 


n(m— 
ra 


m(m—1)\m—2) dre 
NET b | + etc. 


+ 


Les coefficiens sont les mêmes que ceux du binome 
de Newton, et la loi des termes est évidente. Vander- 
monde, à qui nous devons ce théorème, ne l'a envisagé 
que dans le cas particulier de r= — 1, Kramp, qui l’a 
reproduit ensuite, sans faire mention de Vandermonde, 
l'a traité dans toute sa généralité, mais il ne l’a pré- 
senté que sous la forme d'un problème; et rien ne lé- 
gitime la supposition dont il part. (Foy. Kramp, Arith. 
univ., page 358.) Nous allons essayer ici de suppléer à 
ces démonstrations. 

D'après la nature des factorielles, quel que. soit l’ex- 
posant m, entier ou fractionnaire , positif ou négatif, 
on a 

am = (a+ (m—i)r). ami 
= (a—r)am—ilr mr ant 
= (a—ryrlr om ran—ilr 
Faisant a—a—br, on obtient (1) 
(a+ anlr À mr (abr)n-itr, 
Mas, en vertu de cette dernière expression , on a 
aussi | 
(a+nmilr = gite Æ (m—i)r(atnn2lr 
(a-Hnn—2tr = am—2lr  (m—o) r(a+-r)e sfr 
(a+ = am—5lr Æ (m3) n(a4-rr—4lr 


etc. etc. 


(a+r)m-lr = an—b|r + (m—u) r(a+r)nk—ilr 


Ainsi, substituant chacune de ces expressions dans la 
précédente, on obtiendra 


(a—brpnir = antr om am—itr.rm(m—i)amalr re 


+ m(m—i) (m—2)ar-sir.r + etc... 
+ mm—i)(m—2).. (mn) (a+) tt, 


228 BI 

#2 étant un nombre entier positif quelconque, si on 
le fait égal à m, on a, lorsque mn est lui-même entier 
vositif, 

m(m—1)(m—2)...(m—p#)=0. 
D'où il suit que, dans le cas de » entier positif, le dé- 
veloppement précédent n’a que m1 termes, et que le 
dernier terme est 
m(m—i)(m—2)...(m—p+4i)r(atrm-mlr, 
ou simplement 
m(m—i)(m—a)...3.2.17, 

à cause de 


(a+r}mir = (atr)lr = 0. 


Dans le cas de toute autre valeur de », ce développe- 
ment prend un nombre indéfini de termes. On a donc 
en général (p) 


(a+rÿri = ant + mam—\rr + m(m—i)an—2\rr 4 
H m(m—1)(m—o2)an—sir, ri etc. 


Cela posé, si l’on fait dans cette dernière expression 
a=a+r, elle.devient 


(a+orÿtr = (a+r)rl Æ m(a+r)r -11r,r3 Æ 
+ m(m—i)(a+r}—2ir 78 Æ etc. 
Développant (a+rÿrir, (a4-r}—1lr, etc. par la même 
loi (p) on obtient 
(a+arÿtr = ant + man—iir,rbm(m—i)ar-2 rer, 
+ me am ir m(m—i)an 1 re +. 
+ m(m—i)an-slr re. 
ne. 
et, par couséquent, 
(a+2r) = ant om amie, + 3 m(m—) as L 
+ 4m) (m—o2)an-sir.rs + etc. 
Faisant ercore dans cette dernière expression 4=#+ 
r, et opérant comme ci-dessus, on a 


(a+3r)" Ca L man—tirer He m(m—i)am-sir,. rm +. 
+aman—tir.rbom(m—i)an—2lr,r+.. 
+m(m—i)an-2 rm. 
+. 
et, en additionnant, 
(a+3rÿrir= ant + Sman—i\r LL 6 m(m—1)am—21r,r 4 
+i5m(m—iXm—o)an-sir, 3 Æ ete. 


En suivant la même marche , on trouverait encore 


(a+ rpl = amie & fm ami LE 10 mm— 1)am—2ir, pe 
+ 20m (m—i)(m—o2)an- 517,73 L etc. 
Or, en examinant la formation des coefficiens numé- 


riques, on reconnait facilement que ceux de {a+44r) 


BI 
sont donnés par la somme de ceux de (a+3r), et ces 


derniers par la somme de ceux de (a+ ar) lesquels 
forment la suite des nombres naturels. 


1512 ,192:40 10,0 O1, 10:21etc: 


7119 


Ces cocfficiens sont donc les nombres figurés ( Foy. ce 
mot) des divers ordres ; et comme en substituant tou- 
jours successivement a4-r à la place de a dans chaque 
nouveau développement, les coefficiens numériques se- 
ront nécessairement des nombres figurés d’un ordre de 
plus en plus élevé, il est évident que les coefficiens nu- 
mériques de (a+-nr)"i" seront 


Con MH) mabiins) 
EE EE DE T:2.3110 000 


ou qu’on a en général 
(a+nrÿlr = ar LE nm ami + 


+ _ m{m— 1)am—t|r,r + 
nn) (ne) 


| is — 


+ ———— 


m(m—i)(m—92) ar-5lr,.r Æ etc... 


Or, le terme général de cette suite est, en désignant 
par v le rang des termes, 


LE NEeee (3) DCE 


(n—v+2)an-v+tlr pes, 


Mais on a 
n(n+41)n+2)\n+43)...(n+v—s)= nt, 
et de plus (voy. FAcTORIELLE), 
a À (0 3 ur 
On peut donc donner à ce terme général la forme 


m(m—3)\(m—°2)... (m—v+2) 


1.2.3.4...(v—2) 


an—v+ir, (ar)—ilr, 


Ainsi, faisant nr = b, on a définitivement 


at 


(aHb}ntr= ar om ami, ER an—2lr, btir 
m(m—1)\m—2) 


am—slr, s|r os 
NE SR bslr L etc 


+ 

n étant nécessairement un nombre entier, cette dé- 
monstration n’est entièrement rigoureuse que lorsque & 
est un multiple exact de r; mais nous déduirons autre 
part ce binome en laissant les quantités a, b, m,r, 
dans toute leur généralité, Nous devons seulement faire 
remarquer ici qu’en faisant r infiniment petit et » iufi- 
viment grand, on a toujours pour b un nombre fini; et 
conune dans ce cas la factorielle générale a”l” se réduit 


BI 


à la simple puissance a” , la formule ci-dessus se réduit 
aussi à celle de Newton (V’oy. Bixomx ne Newrow), qui 
se trouve par là démontrée pour toutes les valeurs de 


. l'exposant. 


BIQUADRATIQUE { 4lg.). Nom donné par les 
anciens algébristes à la quatrième puissance d'une quan- 
tité. Ainsi 16 est la biguadratique puissance de 2, parce 

"que 24 = 16. 

ÉQUATION BIQUADRATIQUE. C’est une équation du qua- 
trième degré, ou dans laquelle la quantité inconnue est 
élevée à la quatrième puissance, La forme générale de 
ces équations est 


æi + Axi + Br? + Cr + D —o, 


dans laquelle À, B, C, D sont des quantités quelcon- 
ques positives, négatives ou zéro. 

La résolution générale des équations du quatrième de- 
gré fut trouvée en premier lieu par Louis Ferrari, élève 
de Cardan, ainsi que ce dernier nous l’apprend dans 
son Arte magna, publiée en 1540. Bombelli, en 1574, 
décrivit, dans son Algèbre, la règle de Ferrari, avec quel- 
ques développemevus, et pendant long-temps il en fut 
cru l'inventeur. Depuis, Descartes parvint au même 
résultat en suivant une marche nouvelle, et ensuite 
plusieurs autres méthodes furent données par #aring, 
Euler, Simpson, ete., etc. Mais quelque différens que 
puissent paraître les procédés de ces mathématiciens, 
ils conduisent au même but, sont, en principe, esssn- 
tiellement les mêmes, et donnent une même forme aux 
racines de l'équation. 

1. Méthode de Ferrari, nommée improprement règle 
de Bombelli. Soit l'équation générale du quatiiime 
degré, 


xt + ax LE bx? + cx + d = 0. 


Supposons cette équation identique avec 
(a +5 ar + p)?—(qe+r)? = 0, 


p,getr étant des quantités inconnues qui vost être 
déterminées par cette supposition. 


En effet, on a, en développant les puissances, 


(A +s ar +p}= xt + ax + £a x + apx +p° 
+ 2p x? 


— jf XL —2q4rL— 7, 


— (gx + r) 


Or, en comparant avec la proposée il faut, pour que 
ces expressions soient identiques, que les coefficiens des 


mêmes puissances de + soient les mêmes ; on a donc 


«a 
$®—Hop— gp —=b 
ap—%qr = c 


st p+r-d. 


Il 
à 


BI 229 


Au moyen de ces équations les valeurs de P; ger 
peuvent être facilement obtenues. On en tire d’'a- 


bord 
8p? — 4bp° + (2ac — 8d) p —æ@d + 4bd — © — 0, 


équation du troisième degré qui ne contient plus que 
P; ainsi on peut considérer cette quantité comme étant 
entièrement connue. Mais p étant connu, la valeur de 
4 donnée par la seconde équation, 


qg=VG + 2p—b) 
et celle der, donnée par la troisième 


Le Gp C 


r — 
EVA 


se trouvent déterminées. 

Les quantités p, g, r étant ainsi trouvées on en 
obtient immédiatement les quatre valeurs de x de 
l'équation proposée; car cette équation est alors effec- 
tivement identique avec 


(2 +rac+p}— (gx +r} =o, 
qui donne 
Ce + ia +p} = (gx +ry. 


Prenant la racine seconde des deux membres, nous 
avons 


m+rar+p=t(gz+r), 


d’où l’on tire, à cause du double signe Æ, les deux 
égalités 


æ'+(sa—qg)z=r—p 
C+(ra+q)zx=p—r. 


Équations du second degré dont les racines 


4 / [CET 4e] 
Aie 
Et [CE] 
ie /[ (EE) er] 


sont les quatre racines demandées. On voit que cette 
méthode fait dépendre la solution de l'équation du 


ZX = 


OU — 


quatrième degré de la solution préalable d’une équation 
du troisième. Il en est de même de toutes les autres. 


II. Règle de Descartes. L’équation proposée étant 
privée de son second terme (voyez TRANSFORMATION), 


ou ramenée à la forme 


xi+pr+qr+r=o. 


250 BI 


On peut la considérer comme formée par le produit de 
deux facteurs du second degré 


a +ar+b, x + cx + d, 
les coefficiens &, b, c, d étant des quantités que la con- 
dition d'égalité 
ai + pr gx res (a+ ax +b)(x*+ ox + d) 


va nous servir à déterminer, 
Effectuant la multiplication indiquée, nous avons 


a+ pr? Lg kr 2i + ax + br? 
+ cx5 + acx* + bcx 
+ dx? + adx + bd, 


Ce qui donne les équations de conditions 


a+c—=o 
b+ac+d=p 
bc + ad = q 
bd=r. 


La première donne c — — a; substitugnt — a, à la 
place de c, dans les deux suivantes elles deviennent 


b—a+d=p 
ad — ab = q. 


Multipliant la première par &, et l’ajoutant ensuite à la 
seconde on obtient 


2ad — a = pa + q, 
d’où l’on tire 
4 S+ra+g 
= = ; 


Cette valeur de d étant substituée dans la dernière équa- 
tion de condition, elle donne 


2 der 
NETET 


Enfin substituant ces valeurs de à et de d dans l’équa- 
tion ad — ab — q, on trouve définitivement 


4 ai. opai + pa — q—4r = 0. 

Cette équation, qui se nomme la réduite, quoique 
étant du sixième degré, peut se résoudre comme celles 
du troisième. (’oyez ABalsseMENT. ) On peut donc con- 
sidérer la valeur de & conime connue. Mais les deux 
facteurs du second degré, en y substituant à la place de 
a L,ce, d les valeurs de ces quantités, deviennent 


27 


LR ET 7e 
& HP 


ie m—artie+iptT= 0. 


BI 


ue ait donc plus que de résoudre ces deux équa- 
tions du second degré pour obtenir les quatre racines 
de la proposée. Ces racines sont : 


 ERHS 
1 \/: 2r 
L=—s;0— 3 — 
& + p +1 
r=+sat\/ Zi ip 
F F q 


x=—!a— 


IT. Règle d'Euler. Si l’on remarque que la résolu- 
tion d'une équation du second degré se réduit à prendre 
la racine carrée d’une certaine fonction de ses coefficiens, 
et que celle d’une équation du troisième degré se réduit 
également à prendre la racine troisième de deux fonc- 
tions de ses coefficiens, l’analogie porterait à conclure 
que la résolution d’une équation du quatrième degré 
doit pouvoir se ramener à l'extraction de la racine qua- 
trième de trois fonctions semblables de ses coefficiens, 
c'est-à-dire que la forme d’une des racines de cette 
équation doit être 


5 î 4 
VM+VN+VO, 
M, N, O étant trois fonctions des coefficiens de l’équa- 
tion. 

Mais en observant que l'extraction d’une racine qua- 
trième peut s'effectuer par deux extractions successives 
de racines secondes, nous pourrons donner aux ra- 
cines de l'équation du quatrième degré la forme plus 
simple (a) 

2 2 2 
x=Va+Ve+Ve, 
@, æ', ?” étant les fonctions des coefficiens p, g, r de 
l'équation générale 


LT — pr — QE —r = 0. 


Pour déterminer ces fonctions , élevons d’abord l’éga- 
lité (a) à la seconde puissance, nous aurons 
a=g+9 +9 +oV/99 +aV/99" +a1/99", 
ou 

2 — À =a/p9 + 209" + 21/98", 
en faisant A — @ + @' + Ÿ”. 
Élevant encore cette dernière égalité à la seconde 


puissance, nous aurons 
xi—0Ax + A° = 499 +499" +499" + 

+8 V#999"+8V9"29" +849", 
faisant 9’ + 69" + 99” —B,et #9?" = C, nous 


BI L 
ponrrons ramener cette expression à la forme 


2x4 — 2Ax° + À? — 4B + 8xV/C 
à cause de V/® + V9 + V/9"= x. 


Nous avons donc l'équation 
æ4 — 9Axt — 8V/C.x + A1—4B—=0o 


qui doit être identique avec la proposée; ce qui nous 
donne les équations de condition 


P — 2À 
q = 8VC 
r — {4 — A! 
desquelles on tire (2) 
ÀA=:3p 
PARTIS 
G= CE 
À 
Mais puisqu'on a 
g+? +9 =A 
g9 + 99" +9e —=B 
gb?" = 0, 


il est évident que les quantités 9, ®', ®” sont les trois 
racines de l’équation du troisième degré. Voyez Équa- 
TIONS. 

—Ar Er 6 =0 


Ainsi les coëfficiens de cetté équation étant donnés par 
les égalités (b), on peut regarder commé connues les 
quantités @, ®’, ®’. Une des racines de l'équation pro- 
posée sera donc 

Zz=VE+VE + Va". 

Cétte formule renferme nécéssairement les quatre 
racinés demandées à cause dés différens signes qu’on 
péut donner aux radicaux; bien plus, on pourrait 
croire qu’elle peut mêmé donner huit valeurs diffé- 
rentes pour x; mais il faut observer que V/#6'9” doit 
être égale à vC — d5 donc si . est une quantité pos- 
tive, le produit des quantités \/9, V/?', V/®" doit être 
positif, et il ést par conséquent nécessaire dans ce cas 
de prendre les trois radicaux avéc le signe +, ou bieu 
deux avéc lé signe —; les valeurs de æ sont donc 
alors (1) 


z= VR+Ve +Ve 
x=. Ve—Ve — Ve 
= —Ve+Vr — Ve" 
T=—Ve—Ve + ve. 


si { ést une quantité négative les valeurs de x seront 


les suivantes : (2) 


BI 934 
x= Ve+Ve' — Ve 
z= Ve—Ve +Ve" 
t=—-VR+Vg +Ve" 
x=—\/p—Vg —V?. 


Pour donner un exemple de l'application de ces for- 
iules , soit 


ai = 25x? Æ Gox = 36 = o 


une équation du quatrième degré, sans second terme ; 
en comparant avec l’équation générale on a 


p=25, g—=—60, r = 56. 
Substituänt ces Valeurs dans les égalités (b) on trouve 
À #25 
2 
= 150 
10 
La réduite du troisième degré est donc 
r° À 4 18 — =, 
afin d’éliminer les fractions faisons y = 7 et ; Substi- 


tuant, nous aurons après les réductions 
25 — 5oz? + 769: — 3600 = 0. 
Cétte équation ayant uné racine 4 = 9, divisons-la par 
z— 9,il vient 
Z — 13 + 400 — 0, 
équation du sécond degré dont les racines sont z = 16 
et z — 25. Ces trois valeurs mises dans y = £ 


4 


donnent pour les trois racities de la réduite les quantités 


5 25 
9, 4 et ER nous ayons donc @ — 9 p=4etp" =; 
ä 4 4 Â 


nous 


15 rs , 
— —, ainsi, d’après les for- 
2 


mais V/?9'?" = J = 


mules (2) les racines de l'équation proposée sont : 


re ns DE 
1 fe dieiee ee L = phares 1 
5 
e Ze — -— 
 HODOUC À = 27: 2 
D demo sectes z=—)+i+= Fi 
e 3 5 _ 
A eee mt piera ie Die ie 2 ee 6. 


Nous ne nous sommes point arrêtés à prouver que, dans 
les deux méthodes précédentes, comme daus cette der- 


252 BL 


nière, les diverges combinaisons des signes des radicaux 
ne donnent jamais que quatre racines différentes pour 
l'équation proposée du quatrième degré. Cette démons- 
tration se trouve daps tous les traités d’algèbre. Quant 
aux différentes valeurs réelles ou imaginaires qui résul- 
tent de la nature des coefficiens, Voyez ÉQUATION CU- 
giQue. Nous devons faire observer que la règle de 
Ferrari, exposée en premier, a été généralisée par 
Simpson. 

BIQUINTILE (Astr.). Aspect de deux planètes 
situées à 144° de distance l’une de l’autre. Voyez 
ASPECT. 

On nomme cet aspect hiquentile, parce que la dis- 
tance est alors double de l’aspect quintile, ou 2 fois 72°. 

BISSECTION Division d’une étendue 
quelconque en deux parties égales. 

BISSEXTILE ( Calendrier.). Année composée de 


366 jours, et que l’on forme de 4 en 4 ans par l’inter- 


( Géom. ). 


calation d’un jour au mois de février qui se trouve 
alors de 29 jours, tandis qu'il n’en a que 28 dans les 
année communes. Cette addition a pour but de recou- 
vrer les 6 heures dont l’année civile diffère de l’année 
astronomique lorsque cette première n’est composée que 
de 365 jours. F’oyez ANNÉE et CALENDRIER. 

Lors de la réformation du calendrier romain par Jules 
César, le jour intercalaire que l’on convint d’ajouter de 
4 ans en 4 ans, fut placé immédiatement après le 24 de 
février, qui portait le nom du sixième jour avant les 
calendes, de là lui vient celui de bissexto calendas, 
d'où les années dans lesquelles se «trouvaient une telle 
intercalation furent nommées bissexules. 

BLAGRAVE (Jan), savant mathématicien anglais, 
né vers le milieu du XVI° siècle, .dans le comté de 
Berk. La vie studieuse et solitare de Blagrave offre peu 
d’événemens. On sait seulement qu'après avoir fait de 
brillantes études à Reading et à l’université d'Oxford, 
il se retira dans sa propriété de Southcote-Lodge. Les 
mathématiques furent le seul objet de ses méditations 
dans cette paisible retraite, où ne vinrent pas l’atteindre 
les orages de son siècle, dont les révolutions tiennent 
une si grande place dans l’histoire sociale. Jean Blagrave 
a composé un assez grand nombre d’écrits estimables , 
dans le seul but de rendre l'étude des mathématiques 
plus facile et plus générale. Après avoir été long- 
temps le bienfaiteur des pauvres, il mourut à Reading 
le 9 août 1611. Ses amis et ses parens lui firent élever 
un monument dans l’église de cette ville, dédiée à 
saint Laurent, où il fut enterré. Son testament qu'on 
peut trouver bizarre, ‘révèle à la fois la générosité de 
son cœur et l'esprit exact et prévoyant d'un mathéma- 
ticien. On a dit que c'était un de ses meilleurs ouvrages. 
C'est ainsi qu’un de ses biographes en expose les détails 


les plus intéressans, « Blagrave n'ayant jus toèur ié, 


BL D 


et par le testament de son père, ayant la disposition des 
biens de sa famille pendant 09 années, à compter de 
l'année 1591, il légua à chacun des enfans et des- 
cendans de ses trois frères, pendant cet espace de temps, 
la somme de 50 liv. sterl. qui leur serait payée lorsqu'ils 
auraient atteint 26 ans; il calcula sa donation avec tant 
d’exactitude, que près de quatre-vingts deses neveux en 
recueillirent le produit. Parmi d’autres charités , il laissa 
10 liv. sterl. pour être distribuées de la manière sui- 
vante : le vendredi-saint, les marguilliers de chacune 
des trois paroisses de Reading, devaient envoyer à l’hôtel- 
de-ville une fille vertueuse qui aït vécu cinq ans avec 
son maitre; Va, en présence des magistrats, ces trois 
filles vertueuses devaient tirer aux dés pour les 1olivres. 
Les deux filles qui n'avaient rien étaient renvoyées 
l’année suivante avec une troisième, et de même la 
troisième année, jusqu’à ce que chacune eût tiré trois 
fois pour le prix. » Blagrave a laissé les ouvrages sui- 
vans : [. Bijou mathématique, etc. Londres, 1585, 
in-folio. IT. De la construction et de l'usage du bâton 
Jamiier, ainsi nommé parce qu'il peut servir égalemens 
pour se promener et mesurer geométriquement toutes les. 
hauteurs. Londres, 1590, in-4°. IIL. Astrolabium ura- 
nicum generale, etc., ou Consolation et récréation 
nécessaire et agréable pour les navigateurs dans leurs 
longs voyages, contenant l'usage d’un astrolabe, etc. 
Londres, 1596, in-4°. IV. L'Art de faire des cadrans 
solaires. Londres, 1600, in-4°. 

BLONDEL (François), mathématicien et architecte 
célèbre, naquit à Ribemont, en Picardie, en 1617. Le 
hasard l'ayant mis en relation avec une famille puissante, 
il parut de bonne heure sur la scène du monde, et s’y 
trouva favorablement placé pour y développer ses talens. 
Tandis que tant d'hommes n’ont envisagé l’étude et le 
savoir que comme des moyens pour arriver à la for- 
tane, Blondel ne semble avoir au contraire accepté 
des emplois élevés que pour pouvoir se livrer avec 
plus de facilité et de distinction à des travanx, auxquels 
il doit en effet toute sa renommée et la gloire, qui 
auraient pu l'oublier dans les rangs des courtisans vul- 
gaires. Le succès qu’il obtint dans une mission diplo- 
matique à Constantinople, le fit choisir par Louis XIV 
pour enseigner au Dauphin son fils les belles-lettres et 
les mathématiques. Ses profondes connaissances dans 
ces dernières sciences, qu'il professa aussi au collège 
royal, lui servirent éminemment à régulariser ses pro- 
ductions en architecture, art auquel il se livra tout à 
coup dès 1665, et qu'il cultiva depuis avec ardeur. Son 
premier ouvrage fut la restauration d’un pont à Saintes 
sur la Charente, qu’il rétablit avec hardiesse, et sur 
lequel il plaça un arc de triomphe. Nous n’entrerons 
pas dans de plus grands détails à ce sujet, nous ajou- 
serons seulement quele talent de Blondel parut se pro- 


BO 


noncer avec plus de sympathie pour ce dernier genre 
de construction. En 1669, il fut nommé membre de 
l'Académie des sciences, et des lettres-patentes du roi 
l’investireut du titre d'architecte de la ville de Paris, ct 
le chargèrent seul de l'exécution des monumens destinés à 
orner cette capitale. Il est l’auteur dela porte monumeu- 
tale de Saint-Denis, mais il est juste de faire observer 
que les deux portes latérales de cetarc de triomphe sont 
des fautes qui lui furent imposées dans un intérêt d'ordre 
public par les échevins de la ville, car alors ce monu- 
ment n’était point isolé comme aujourd’hui. Les talens 
de l’heureux Blondel furent récompensés par la place de 
directeur et de professeur à l’Académie d'architecture 
qui avait été établie en 1671. Ce fut la qu’il rédigea sous 
le titre de Cours d'architecture, les leçons qu’il don- 
nait à ses élèves; ouvrage remarquable qui atteste des 
connaissances étendues dans son art et l’heureuse appli- 
cation qu’il a su y faire des mathématiques. La car- 
rière de Blondel ne devait point cependant se ter- 
miner ainsi. Îl composa successivement un art de jeter 
les bombes, et un traité de la fortification des places, 
qu’il présenta au roi. Ce prince le récompensa de ces 
nouveaux travaux par le titre de maréchal de camp. 
Blondel mourut dansle mois de février 1686, les artistes 
enthousiastes lui ont souvent donné le nom de Grand ; 
on doit au moins convenir qu’il a traité d’une manière 
fort remarquable toutes les branches de la science et de 
l'art dont son génie capricieux et brillant le porta à 
s’occuper. Les principaux ouvrages de Blondel sont : 
I. Cours d'architecture. Paris, 16758. IL. Histoire 
du calendrier romain. Paris, 1682, in-4°. III. Cours 
de mathématiques pour le Dauphin. Paris, 1683, 2 vol. 
in-4°. IV. L'Art de jeter des bombes. La Haye, 1685, 
in-12. V Nouvelle manière de fortifier les places. Paris, 
1683, in-4°. 

BOISSEAU. Ancienne mesure de capacité équivalente 


; : : 692 : 
à 13 litres. L’hectolitre vaut pese borsseaux. 


BORDA {Jxan-CnanLes), savant mathématicien et 
l'un des plus célèbres ingénieurs du dernier siècle, 
naquit à Dax, le 4 mai 1733. Les dispositions brillantes 
qu'il manifesta pour les sciences mathématiques, furent 
d’abord contrariées par sa famille, qui appartenait à 
cette partie de la noblesse dont l'illustration était toute 
militaire. Cette circonstance de sa vie lui est commune 
avec un grand nombre d'hommes supérieurs , qui furent 
obligés de lutter comme lui contre les préjugés ou les 
vues de leurs parens. Néanmoins ces dispositions furent 
assez exclusives dans le jeune Borda, qui avait com- 
mencé ses étndes au collége des Carmélites de sa ville 
natale, et qui les acheva à celle de La Flèche, dirigé 
par les jésuites, pour déterminer ses parens à le laisser 
libre du choix de sa carrière. Il fut admis avec éclat 


BG 253 
dans le génie militaire, mais peu de temps apits il 
entra dans les chevau-légers, corps dont le séjour per 
pétuel à Paris lui permettait de s Hvrer avec plus 
d'avantage à l'étude spéciale des mathématiques, science 
dans laquelle il avait fait des progrès remarquables. En 
effet, dès l’année 1958, c'est-à-dire à peine âgé de 23 
ans , il lut à l’Académie des sciences un mémoire swr 
le mouvement des projectiles, qui obtint une honorable 
mention, et lui mérita le tire de membre associé de 
cette célèbre compagnie. La guerre qui éclata à cctte 
époque l’arracha momentanément aux sciences qu'il 
cultivait avec autant d’ardeur que de succès ; mais après 
la compagne de 1757 et la bataille d'Hastembeck où il 
assista, en qualité d’aide-de-camp du maréchal de 
Maillcbois , il rentra dans le génie militaire, et fut im- 
médiatement employé dans les ports. Borda résolut dès- 
lors d'appliquer à l’art nautique ses hautes connaissances 
en mathématiques : il publia successivement en 1763, 
1766 et 1767, divers mémoires relatifs à ce nouvel objet 
de ses recherches. Il s'était proposé dans ces écrits de 
détesminer, d’après l'expérience, les lois de la résis- 
tance des fluides, et celles de l'écoulement des fluides 
par des ouvertures très-petites. Il publia encore en 1767 
un mémoire sur la meilleure forme à donner aux vannes 
des roues hydrauliques et aux roues elles-mêmes, pour 
qu’elles reçoivent du courant d’eau qui les fait tourner, 
la plus grande impulsion possible. Ces expériences qui 
intéressaient si essentiellement l’art nautique, le firent 
appeler, dès 1767, au service de mer : il commença 
immédiatement sa première campagne. Nous ne devons 
pas oublier de dire que les travaux de Borda ne se bor- 
nèrent pas, à cette époque , à des recherches sur l’appli- 
cation des mathématiques à des objets de physique 
expérimentale ; il s’occupa aussi avec un égal succès de 
plusieurs branches importantes des mathématiques pures; 
Il publia encore, dans l’année 1767, un mémoire remar- 
quable par sa clarté et son élégance, dans lequel il eut 
pour but d’exposer les vrais principes du calcul des va- 
riations , récemment découvert par Lagrange. ( Foyez 
Bennouizzt Dane. ) Enfin il publia également à cette 
époque un mémoire sur la Théorie des projectiles , en 
ayant égard à la résistance de l'air. 

Nous ne suivrons pas Borda dans la nouvelle carrière 
où l'avaient appelé ses talens: sa vie appartient dès-lors 
autant à l’histoire militaire qu’à l’histoire de la science. 
Cependant nous devons dire qu’il ne tarda pas à y mé- 
riter les plus hautes distinctions, et à y acquérir cette 
illustration glorieuse qui environna son nom. Au milieu 
des vicissitudes de Ja vie de marin, Borda recueillit les 
élémens de la carte des Canaries et des côtes d'Afrique, 
dont il a enrichi la géographie. Ce fut aussi dans les 
mêmes circonstances, qu'il fit exécnter son cercle ak 


réflexion, instrument d'une utilité incontestable pour 
30 


" 


234 BO 


les marins, et que nous déerirons ailleurs. 7’oyez CERCLE 
DE RÉFLEXION. 

Jean Charles Borda a fait faire à la physique moderne 
d’importans progrès qu’il ne nous est pas possible de 
mentionner ici. Mais dans toutes ses recherches et dans 
toutes ses inventions , on reconnait, dit un deses savans 
biographes, le physicien géomètre qui sait allier habile- 
ment le calcul à l'expérience, et atteindre par les pro- 
cédés les plus simples, la dernière précision. L'influence 
de cet illustre mathématicien n’a pas été moins heureuse 
et moins grande sur l'art nautique ; car c’est à dater de 
ses observatious que la marine française s’arrachant 
enfin des vieilles voies de la routine, a marché de pro- 
grès en progrès à l’aide des sciences exactes. Borda, 
membre de. l'Académie des sciences, et plus tard de 
l'Institut, capitaine de vaisseau, et en dernier lieu chef 
de division au ministère de la marine, est mort à 
Paris le 20 février 1799. Tous ses mémoires se trou- 
vent dans le recueil de ceux de l’Académie des sciences, 
sous la date à laquelle ils ont été successivement publiés. 
ses autres ouvrages imprimés séparément sont : [. Voyage 

fait par ordre du roi, en 1771 et1772, en diverses par- 
ties de l'Europe et de l’ Amérique, pour vérifier l'utilité 
de plusieurs méthodes et instrumens servant à déter- 
miner la latitude et la longitude, tant du vaisseau que 
des côtes, iles et écueils qu'on reconnait; suivi de 
recherches pour rectifier les cartes hydrographiques. 
Panis, 1778, 2 vol. in-4°. Cet ouvrage a été publié par 
Borda en société de Verdun de la Creuse et Pingré. 
IL. Description et usage du cercle de réflexion. Paris, 
1787, in-4°. LIL. Tables trigonometriques décimales ou 
Tables des logarithmes des sinus, sécantes et tangentes, 
suivant la division du quart de cercle en cent degrés. 
Paris, x vol. in-4°. M. Delambre a donné, en 1804, 
une nouvelle édition de ces Tables revues et augmentées. 

BORÉAL ( Astr. ). On donne indifféremment le nom 
de boréal ou celui de septentrional à tout ce qui est 
situé dans l'hémisphère nord de la sphère. (Voyez 
ArmLLAIRE.) Cet hémisphère lui-même se nomme é- 
misphère boréal. 

BORELLI (J£an-Azpnonse) médecin célèbre et savant 
mathématicien , naquit à Naples, le 28 janvier 1608.11 
professa long-temps les mathématiques à Pise et à Flo- 
rence, où il composa plusieurs ouvrages importans, 
qui ont surtout pour objet les travaux des géomètres de 
antiquité. On lui doit la restitution du troisième des 
quatre derniers livres d’Apollonius, qu'il parvint à 
déchiffrer avec l’aide, dit-on, d'Abraham Echellensis, 
d’après une paraphrase de quelques anciennes traduc- 
tions de larabe. Il fit à la même époque des recherches 
semblables sur jes travaux d'Euclide. Ses divers bio- 
graphes le représentent comme un homme d'un esprit 
mobile et inquiet, et d’un caractère peu sociable. Soit 


BO 


qu'il eût éprouvé à l’université de Pise des sujets. de 
mécontentemens réels où imaginaires, ou quil fût 
préoccupé d'intérêts autres que ceux de la science, 
Borelli passa à Messine au moment où cette ville essayait 
de se ravir par l'insurrection à la domination de l’'Es- 
pagne. I prit à cette sédition une part très-active, et 
courut les plus grands dangers quand l'autorité du roi 
d'Espagne l’eut emporté sur le mouvement désespéré 
des habitans de Messine, Il parvint néanmoins à prendre 
la fuite, et il se retira à Rome, oùil trouva un asile dans 
la maison des religieux des Écoles pies. Borelli s’est 
occupé d’astronvmie, et il tächa de déduire, des obser- 
vations de l’astronome sicilien Hodierna , la théorie des 
mouvemens des satellites de Jupiter. On remarque dans 
les principes sur lesquels il établit cette théorie quel- 
ques idées de l'attraction, qui sont loin sans doute 
de la détermination précise des lois de ce phénomène, 
mais qui révèlent du moins en lui une haute portée 
intellectuelle, Borelli est surtout célèbre par ses travaux 
en médecine. Il passa avec Bellini pour le chef de la secte 
iatro-mathématicienne, qui a long-temps dominé en 
Italie. On sait que cette secte avait pour objet de sou- 
mettre au calcul tous les phénomènes de l’écono- 
mie animale. Nous n'avons point à nous occuper ici de 
cette hypothèse et des recherches qu’elle a occasionnées 
à Borelli. Il est mort à Rome le 31 décembre 16709, 
Ses ouvrages mathématiques sont : I. Apolonii pergœæi 
corucorum, libri V, VI et VI. Florence, 1661, x vol. 
in-f°. 11. Æuclides restituluis. Pise, 1628, 1 vol. in-4°. 
L'ouvrage sur lequel se fonde encore aujourd'hui la 
réputation de Borelli n'appartient qu'indirectement aux 
sciences inathématiques; il est intitulé : De motu ani- 
malium , etc. Rome, 1680-1681, 2 vol. iu-4°. 

BOSCOVICH (Rocer-dosepn), polygraphe célèbre 
et savant mathématicien, naquit à Raguse le 18 mai 
1711. Il entra chez les Jésuites de Rome, pour y conti- 
nuer ses études, à l’âge de 14 ans. Il annonçait déjà ce 
qu'il devait être un jour par les rapides progrès qu'il 
fit,en peu de temps, dans la philosophie et les mathéma- 
tiques. Aussi, par une dérogation spéciale aux lois de 
cette institution, dans laquelle il prononça ses vœux, 
fut-il nommé professeur de ces deux sciences au collége 
romain, avant d’avoir pris les degrés prescrits par les 
statuts. Le père Boscovich, qui acquit bientôt une bril- 
lante réputation par l’étendue de ses connaissances, son 
esprit et son caractère, fut tour à tour honoré de la 
confiance de plusieurs papes, et de celle de la répu- 
blique de Lucques, qu le choisit pour arbitre d'un 
différend qui s'était élevé entre elle et la Foscane. 
Mais c’est surtout de la partie de sa vie qu'il consacra à 
des travaux scientifiques, que nous devons nous occuper 
ici. 


Boscovich s'est principalement livré à des recherches 


BO 


d’astronomie et d'optique. Il avait embrassé les opinions 
de Newton, dont il commenta la philosophie dans un 
ouvrage renarquable qu'il publia en 1758. En 1736, 
Boscovich avait débuté par une dissertation sur les 
taches du soleil (De maculis solaribus ). C’est dans cet 
écrit qu'on trouve la première solution géométrique qui 
ait été donnée du problème astronomique de l’équa- 
teur d’une planète, déterminé par trois observations 
d’uue tache. Il publia successivement à cette époque 
plusieurs dissertations astronomiques qui ont pour objet 
la méthode d'observer les éclipses de lune, et latmo- 
sphère de ce corps céleste. Après la suppression de 
son ordre, ce savant distingué fut accueilli par le grand- 
duc de Toscane, qui le nomma professeur de l'univer- 
sité de Pavie; mais il n’occupa sa chaire que fort peu 
de temps. En 17553, Boscovich fut appelé à Paris pour 
remplir l'emploi de directeur de optique de la marine, 
auquel furent attachés des émolumens considérables. Il 
était alors membre de la Société royale de Londres, et 
avait vu s’augmenter la renommée attachée à son nom, 
par le choix que cette illustre compagnie avait fait de 
lui pour aller observer en Californie, le second pas- 
sage de Vénus, et par la manière dont il s'était acquitté 
de cette mission. À cette époque, Boscovich s’attacha à 
perfectionner presque exclusivement la théorie des In- 
nettes achromatiques. Cette branche des mathématiques 
appliquées, occupe la plus grande partie de l'ouvrage 
considérable qu'il publia en 1785. Boscovich , obligé de 
quitter la France par des raisons qui sont demeurées 
inconnues, se retira à Milan, où l’empereur d’Alle- 
magne le chargea d’inspecter une mesure du degré en 
Lombardie. Il était environné d’une considération gé- 
nérale quand il mourut à Milan le 12 février 1787. 
Peu d’écrivains , même parmi ceux qui nese sont oceu- 
pés que de sujets frivoles, ont déployé autant de faci- 
lité et de fécondité que Boscovich. Nous ne citerons ici 
que ceux de ses ouvrages qui se rattachent à l'étude ou 
à l’histoire des sciences mathématiques, et dont voici 
les titres:1. E/ementa universa matheseos. Rome, 1754, 
3 vol iu-8°. IT. Philosophie naturalis theoria, redacta 
ad unicam legem virium in natur& existentium. Vienne, 
1758, fig. TT. De lentibus et telescopis dioptricis. 
Rome, 175, in-4°. Cet ouvrage à été traduit en alle- 
mand et én français. IV. Rog. Jos. Boscovich, opera 
ad opticam et astronomiam maximé ex parte nova et 
omnia hujusque inedita, in NV tomos distributa. Bas- 
sano , 1795, in-4°, fg. 

BOSSUT (Cnantrs), mathématicien distingué, na- 
quit, le 11 août 1730, dans un village des environs de 
Lyon. Il fut admis à l’âge de 14 ans au collége des 
Jésuites de cette ville, et continua avec succès sous ces 
maîtres célèbres des études pour lesquelles il avait réveié 


dès l'enfance les plus heureuses dispositions. Il fat 


BO 255 
accucilli à Paris, où l’appela, au sortir du collége, 
son goût pour les sciences, par le vénérable Fontenelle et 
par d'Alembert. Ilse lia plus étroitement avec ce dernier, 
et devint en quelque sorte son disciple. Ces relations et 
les connaissances déjà profondes qu’il manifesta dans les 
mathématiques, le firent nommer, à 22 ans, profes- 
seur de ces sciences à l’École militaire de Mézières. C’est 
alors qu’il composa une assez grande partie des ouvrages 
sur lesquels sa réputation est fondée, et qui lui ouvrirent 
les portes de l’Académie des sciences. La révolution vint 
troubler sa carrière en le privant de ses emplois. Il se 
retira à la campague pendant ces jours orageux, et fut 
assez heureux pour éviter, dans la solitude qu’il avait 
choisie, le sort funeste de plusieurs homenes de talent 
dont il était l’ami. Sous le consulat, il fut successivement 
nommé membre de lInstitut, de la Lépion-d'Hon- 


._neur, et l’un des examinateurs de l'Ecole polytechnique, 


Charles Bossut était aussi membre associé de l’Institut 
de Bologne, des Académies de Pétersbourg, de Turin, 

et d’un assez grand nombre de Sociétes savantes ou lit- 
téraires , qui jouissent d’une renommée moias brillante. 

Ilest mort à Paris le 14 janvier 1814. Bossut a fait 
peu de découvertes remarquables; mais ce qui le place 
au-dessus des mathématiciens vulgaires, ce sont, d’une 
part, ses talens incontestables pour le professorat, et 
d’autre part ses nombreux et utiles travaux. II était 

de mœurs douces et simples, qu’il unissait néanmoins 

à un caractère ferme et élevé. La seconde édition de 
son Âistoire des mathématiques lui suscita quelques 
ennemis, car il avait eu l’imprudence d’y apprécier 
avec une justice trop impartiale les travaux des mathé- 
maticiens vivans. Cependant son honorable vieillesse 
fat constamment entourée du respect et de la considéra- 
tion dont elle était digne. Le gouvernement s’associa aux 
pieux égards dont il était l’objet, en lui conservant 
jusqu’à la fin de ses jours le traitement des divers em- 
plois, dont son âge ne lui permettait plus de remplir 
les devoirs. Les ouvrages de Bossut qui intéressent plus 
spécialement les sciences mathématiques sont : I. Traité 
élémentaire de mécanique et de dynamique, 1763. 
IT. Traité élementaire de mecanique statique, 1771. 
IT. Traité élémentaire d'hydro-dynamique , 177%. 

IV, Truite élémentaire d'arithmétique, 1772. V. Traité 
élémentaire de géométrie, et de la manière d'appliquer 

l'algèbre à la géométrie, 1774. VI. Cours de math: 
matiques à l'usage des écoles militaires, 1782. VIT. Cours 

complet de mathématiques, 1800-1801. VIII. Essai sur 

l'histoire générale des mathématiques, 2° édition, 1810, 

2 vol. in-8°, Cet ouvrage, très-inférieur à celui de Mon- 

tucla, convient néanmoins beaucoup mieux aux étudians 

et aux gens du monde. Il renferme des appréciations 

rapides, mais justes, des progrès généraux de ia science 

jasqu'aux travaux des mathématiciens modernes. 


256 BG 


BOUC ( Astr.). Nom donné par quelques auteurs à 
la constellation du Capricorne. D'autres donnent ce 
nom à la belle étoile de la Chèvre qui est dans la cons- 
tellation du Cocher. 

BOUGUER (Pierre), géomètre célèbre, naquit au 
Croisic, en Basse-Bretagne, le 16 février 1658. Il était 
fils de Jean Bouguer, professeur d’hydrographie, et dont 
nous possédons un Traité de navigation , qui fut remar- 
qué à l’époque où il fut publié (1699-1706). Le jeune 
Bouguer n’eut pas en mathématiques d’autres maîtres que 
son père, et il le dépassa de bonne heure. Il concourut 
en 1727, 1729 et 1731, pour des prix proposés par l’Aca- 
démie, sur des sujets qui embrassaient diverses branches 
des sciences mathématiques et physiques. En 1527, son 
mémoire sur la mâture des vaisseaux remporta le prix. 
Celui qui fut également couronné en 1729 avait pour 
sujet la meilleure manière d'observer les astres à la mer. 
Enfin, son troisième mémoire sur la méthode la plus 
avantageuse pour obtenir à la mer la déclinaison de lai- 
guille aimantée , obtint aussi le prix en 1731. La répu- 
tation que Bouguer s’acquit par ses succès comme géo- 
mètre et comme physicien, et la publication de son 
Traité de ta gradation de la lumière, ui méritèrent le 
titre de pensionnaire de l’Académie des sciences, et le 
firent choisir pour accompagner ceux de ses membres 
qu’eMe chargea, vers cette époque, de mesurer deux 
degrés de latitude, l’un vers l'équateur, l’autre près du 
pôle, pour déterminer la figure de la terre. Bouguer fut 
chargé avec Godin et La Condamine d'aller à l'équateur. 
On sait que cette expédition scientifique eut le plus 
heureux succès ; et il est certain que les vastes connais- 
sances et le talent supérieur de Bouguer lui méritèrent 
Ja plus grande partie de la gloire qu’acquirent ces géné- 
reux apôtres de la science , au milieu de tous les dangers 
et detoutes les fatigues. Bouguer a publiéles résultats de 
cette importante opération dans un écrit remarquable qui 
est encore aujourd’hui le meilleur guide que puissent 
suivre les observateurs en astronomie et en physique. Cet 
ouvrage eut un très-grand succès, et plaça Bouguer au 
rang le plus distingué des savans de cette époque. Il fut 
successivement nommé membre de l’Académie des 
sciences de Paris, de la Société royale de Londres, et reçut 
le titre de correspondant des plus illustres compagnies 
savantes de l’Europe. On sait que cet ouvrage qui mit 
de comble à la gloire de Bouguer, lui causa plus tard 
.de graves chagrins, qui désolèrent les dernières années 
de sa vie. L'histoire de sa querelle avec La Condamine 
est connue. Il mourut le 15 août 1558, âgé d’un peu 
‘plus de 60 ans, après avoir contribué d’une manière 
remarquable aux progrès des sciences, durant une vie 
‘pleine de travaux, et que ses vertus avaient rendue 
aussi honorable que ses talens. Il n'avait trouvé d'autre 
moven pour rabattre l’orgueil de son heureux et bril- 


Dot 


BO 


lant rival, que de donner au publicune seconde édition 
de son ouvrage sur Ja gradation de la lumière; la mort 
vint le frapper avant que l'impression füt terminee. 
Mais il eut dans le digne et savant abbé Lacaille un ami 
fidèle qui remplit ses intentions avec un soin reli- 
gieux. Voici les ouvrages et les travaux de Bouguer qui 
intéressent plus spécialement les sciences mathéma- 
tiques : I. De la mâture des vaisseaux. Paris, 1727, 
in-4°. IT. Acthode d'observer sur mer la hauteur des 
astres. Paris 1729, in-4°. I. Essai d'optique sur la 
gradation de la lumière. Paris, 1729, in-12. IV. Ma- 
nière d'observer en mer la déclinaison de la boussole. 
Paris, 1729, in-4°. V. Théorie de la figure de la terre. 
Paris, 1749, in-4°. VI. Traité d'optique sur la grada- 
tion de la lumière, édition posthume, augmentée d’un 
Essai d'optique, et publiée par Lacaille. Paris, in-4°, 


fig. Bouguer est l'inventeur de l’hcliomètre, instrument 


qui sert à mesurer les diamètres apparens du soleil et 
des planètes. On lui doit un grand nombre d’excellentes 
observations sur la longueur du pendule simple à diffé- 


rentes latitudes; des recherches non moius curieuses 


sur la dilatation des métaux, sur la densité de l'air à 
diverses hauteurs, sur les réfractions atmosphériques, 
et sur un nombre considérable d'objets qui intéressent 
} géométrie et l'astronomie. Bouguer a été aussi l’un des 
principaux rédacteurs du Journal des Savans jusqu'en 
juin 1955. Il n’est pas inutile d’ajouter ici que cet 
homme célèbre qui avait malheureusement adopté les 
principes philosophiques des encyclopédistes, y renonça 
solennellement plusieurs années avant sa mort. Ces dé- 
tails sont consignés dans un ouvrage curieux, et qui a 
pour titre : Relation de la conversion et de La mort de 
M. Bouguer, par le père Laberthonie, dominicain. 
Paris, 1784, in-12. 

PBOULLIAU (Ismarz), célèbre astronome, naquit a 
Loudun le 28 septembre 1605. Bailly fait un grand 
éloge de ses travaux dans son Histoire de l'astronomie 
ancienne; mais On sait que cet honorable écrivain 
adoptait avec un trop facile enthousiasme toutes les 
idées qui favorisaient ses hypothèses si souvent 
hasardées. Le fait est que Boulliau ne fit que réunir 
des observations astronomiques peu connues, et qui 
existaient à la bibliothèque royale. Ces observations 
avaient pour objet des conjonctions de planètes, des 
occultations présumées , faites environ vers l'an 500 de 
notre ère, et qui n'auraient plus aujourd’hui pour la 
science l'intérêt qu’elles pouvaient présenter à l’époque 
où Boulliau les fitconnaitre. Boulliau acquit des connais- 
sauces étendues et variées dans ses voyages en Europe 
et dans le Levant. Il entra en correspondance avec les 
savans les plus distingués de son temps, et cette cir- 
constance n’a pas peu contribué à répandre son nom. Le 
plus important ouvrage qu'on ait de lui, et il a beau- 


BO 


coup écrit sur l'astronomie, la théologie et l'histoire, 
est son Astronomia philolaica. a eu le malheur, dins 
cet écrit, d'attaquer les fameuses lois de Képler : néan- 
moius on y trouve des constructions ingénicuses c£ des 
preuves d'un travail immense. Quelques-unes de ses 
recherches sur les mouvemens de la lune méritent d'être 
rapportées. Boulliau voulant expliquer la seconde inéga- 
lité, découverte qui a honoré le génie de Ptolémée, il 
en donne pour raison un déplacement du foyer de lel- 
lipse lunaire, qui n’est pas fixe au centre de Ja terre: 
de là le nom d'évection qu'il donne à cette inégalité, nom 
que la scicnce à conservé. 

Cet ouvrage de Boulliau fut vivement attaqué par le 
célèbre docteur Seth- Ward, évêque de Salisbury. Ce sa- 
Vant prit en main la défense des théories de Képler et 
démontra les erreurs de son adversaire, qui reconnut 
naïvement sa méprise dans un écrit publié pour servir 
de complément à son premier travail. 

Ismaël Boulliau, qui avait été élevé dans la religion 
protestante, se fit catholique romain, et mourut à 
l'abbaye Saint Victor, à Paris, où il s'était retiré, le 25 
novembre 1694. Ces principaux ouvrages sont : L. Thco- 
ries Snyrnæi mathematica, 1644, in-4°, grec et latin. 
IL. Astronomia philolaica, 1645, in-folio. JT. Æstro- 
nomiæ philolaicæ fundamenta explicata, 1657, in-4°. 
IV. Opus novum ad arithmeticum infinitorum, 168, 
in-fäio. V. Ad astronomos montta duo, 1667. Dans cet 
ouvrage Boulliau explique le changement de lumière 
qu’on observe dans quelques étoiles, par une révolution 
sur leur axe, qui nous montre successivement des par- 
ties obscures ou lumineuses. On n’a point encore donné 
une explication plus satisfaisante de ce phénomène. 

BOUSSOLE ( Astr.). Une des quatorze nouvelles 
constellations formées par Lacaille dans l'hémisphère 
austral. Elle est située au-dessus du Navire, très- 
près du tropique du Capricorne. Lacaille a donné 
une figure exacte de cette constellation dans les Aé- 
moires de l’Académie des sciences, année 1752. Elle 
est dessinée sur les cartes en forme de boussole ou com- 
pas de mer. 

BOUSSOLE (Nav.). Boîte dans laquelle on suspend 
librement sur un pivot une aiguille d’acier, qui, ayant 
été aimantée, à la propriété singulière de se diriger 
vers un mème point de l'horizon dans la direction du- 
quel elle retourne constamment lorsqu'on l’écarte à 
droite ou à gauche de la position où elle est en repos. 
La ligne de direction de l’aiguille aimantée se nomme 
la méridienne magnétique. Cette ligne forme, avec la 
méridienne d’un lieu un angle plus ou moins grand, 
qu’on appelle la déclinaison ou la variation de V'ai- 
guille (voy. ces mots). La boussole sert à diriger la 
route d'un vaisseau, et à faire que cette route coupe sous 
un augle constant tous les méridiens qu’elle traverse. 


BO 237 


On nomme loxodromique la courbe que décrit ainsi le 
vaisseau sur la surface sphérique de la terre. f'oyez 
Loxoproute. 

L'invention de la boussole est généralement attri- 
buée à Flavio de Gioia, Napolitain qui vivait dans le 
XII siècle. Mais, malgré la dissertation de M. Gri- 
maldi, publiée dans les Mémoires de l'Acuil. étrusque, 
il parait certain que cet instrument était connu en 
France avant l’an 1200. C’est ce qui résulte positive- 
ment des poésies de Æugues de Sercy ct de Jean de 
Mehun, cités lun et l’autre par Pasquier, dans le qua- 
trième livre de ses Recherches sur la, France. Guyot 
de Provins, vieux poète français du douzième siècle, 
parle aussi de l'usage de laimant pour la navigation. 

© Les Anglais s’attribuent sinon la découverte même 
de 15 boussole, au moins l'honneur de l'avoir perfec- 
tionnée ; et, sous ce dernier rapport, leurs prétentions 
paraissent assez bien fondées. Quelques auteurs ont 
avancé que la première application des vertus de l'ai- 
guille magnétique à la navigation est due aux Chinois. 
Ils se fondent sur ce qu'aujourd'hui encore on n’em.. 
ploie l’aiguille aimantée, à la Chine, qu’en la faisant 
nager sur un support de liége, comme on le faisait au- 
trefois en Europe, et qu’il est probable que quelques 
Vénitiens, dans un voyage à la Chine, auront été té- 
moins de cette expérience importante, et l’auront en- 
suite fait connaître à leur retour; mais il en est peut- 
être des découvertes des Chinois comme de leur haute 
antiquité. L'invention de la boussole, ainsi que toutes 
les inventions dont il est impossible de nommer aujour- 
d’hui les auteurs, sont dues sans doute à plusieurs per- 
sonnes, qui successivement se sont emparées d’un germe 
donné quelquefois par le hasard, l'ont modifié, amé- 
lioré et amené peu à peu à une plus grande perfection. 

Tout imparfaite qu’elle était alors que son usage com- 
mença à s’introduire dans la marine, la boussole parut 
aux navigateurs un moyen sûr de connaître en tout 
temps la position du nord, et de se guider dans ieur 
route. Pendant long-temps on crut que l’aiguille aiman- 
tée se tournait toujours dans la direction de l'axe de la 
terre, et indiquait ainsi les véritables points du nord et 
du sud ; on s’y abandonna aveuglément, sans soupçon 
ner la moindre erreur. Il fallut trois siècles pour que a 
déclinaison de cette aiguille fût bien constatée; et en- 
core ne l’admit-on qu'après y avoir opposé tout ce que 
les faux principes de la physique d’alors purent four 
nir de sophismes. 

La boussole dont on se sert aujourd’hui est üne boi & 
ronde , au centre de laquelle l'aiguille aimantée est po- 

sée sur un style de cuivre. Cette aiguille est plate, et 
forme un losange évidé en forme de chape à son centre 
de gravité, qui doit être exactement le centre de sus- 
pension, ou bieu elle est percée d'un trou rond à ce 


258 BR 


centre , auquel on adapte alors une chape d’agathe. Sur 
la chape est appliqué un cercle de carton, de tôle ou de 
cuivre très-mince ; en sorte que l'aiguille, dans son 
mouvement, est obligée d’entrainer avec elle ce petit 
cercle, qui par son poids modère un peu la trop grande 
facilité qu’elle aurait à vaciller. 

Le petit cercle appliqué à l'aiguille est découpé, et 
présente 32 points qui divisent la circonférence en 32 
Parties égales nommées rwmbs. Le cercle s'appelle rose 
des vents. Les quatre pointes principales désignent les 
points cardinaux de l'horizon : le nord, l’est, le sud 
et l’ouest. Quatre pointes intermédiaires portert les 
noms composés de nord-ouest, nord-est, sud-est et sud- 
ouest. Ces huit rumbs divisent le cercle en autant d’arcs 
de 45°, lesquels sont partagés chacun en deux parties 
égales par des pointes dont les noms sont : nord-nord- 
est, nord-nord-ouest, sudsud-est, sud-sud-ouest, est- 
sud-est, est-sud-ouest, ouest-sud-ouest, Ouest-nord-ouest. 
Enfin, ces derniers arcs sont divisés en deux par les 
pointes dont les dénominations sont ord 3-nord-est, 
nord $-nord-ouest, etc. 

Cet instrument, qu'on nonne plus particulièrement 
compas de mer, est suspendu daus une autre boîte, à la 
manière de la lampe de Cardan > afin que le rouis et le 
tangage du vaisseau ne lui fassent jamais perdre sa posi- 
tion horizontale. 

Outre la rose des vents, fixée sur l'aiguille, et qui par- 
tageses mouvemens, on place autour du bord de la boîte 
un cercle divisé en 360 degrés, et concéntrique avec le 
pivot. Ce cercle sert à faire connaître les angles formés 
par la direction de l'aiguille et celle du vaisseau , et 
donne en même temps les moyens de tenir exactement 
compte de la déclinaison de l'aiguille. La seconde boîte 
de la boussole est ordinairement carrée et couverte d’une 
glace (voy. PL. VII fig. 7); on la place près du gouver- 
nail, afin que le matelot qui tient la barre puisse l’a- 
voir toujours sous les yeux, et diriger la route du vais- 
Seau suivant le rumb nécessaire, 

Outre la boussole marine, on construit encore des 
boussoles plus simples dont on se sert Pour orienter les 
plans dans l’arpentage , et que l’on emploie même pour 
les lever lorsqu'il n’est pas besoin d’une grande exacti- 
tude. Voy. LevÉ Des prans. 

BOUVIER ( 4str. ). Constellation boréale qui a 53 
étoiles dans le catalogue de Flamstead. La plus belle 
étoile de cette constellation porte aujourd’hui générale- 
ment le nom d’Arcturus; les Arabes la nommaient 
Aramech. Voyez ce mot. 

BRACHYSTOCHRONE (Géom.) (de Épäxicres, très- 
Court, et de xpèros , temps). Nom donné par Jean Ber- 
nouilli à la courbe de la plus vite descente. I] proposa 
le problème de déterminer cette courbe, dans les 4ctes 
de Leïpsick , en 1696; sous la forme suivante : 


BR j 


Prorcema NovumM 
Ad cujns solutionem mathematici invitantur, 


« Datis in plano verticali duobus punctis AetB, assi- 
» gnare mobili M, viam AMB > Per Quam gravitate sua 
» descendens, etmoveri incipiens a puncto À. brevissimo 
» tempore perveniat ad ultrum punctum B. » 


C'est-à-dire : Trouver la courbe le long de laquelle 
un corps descende d'un point donné A à un autre point 
donné B, l’un et l’autre dans le même plan vertical, en 
employant le temps le plus court possible. 

Il semble, au premier aspect, que la ligne deman- 
dée doive être une ligne droite; car une telle ligne est 
la plus courte qu’on puisse mener d’un point à un autre; 
mais si l’on considère qu'il s’agit ici d’un mouvement 
accéléré, et que, dans une courbe concave, décrite 
d’un point à un autre, le corps descend d’abord dans 
une direction plus rapprochée de la perpendiculaire, et, 
conséquemment, acquiert une plus grande vitesse que 
sur le plan incliné plus écarté de cette perpendiculaire, 
on peut comprendre que le corps peut arriver au point 
B en employant moins de temps sur la courbe que sur 
la ligne droite. 

Ce problème fut résolu par Leibnitz, Jacques Ber- 
nouilli, Newton et le marquis de L'Hôpital. Jacques 
Bernouilli et Newton publièrent leurs solutions dans les 
Actes de Leipsick de mai 1697. Le dernier garda l’in- 
cognito, et se contenta de dire que la courbe demandée 
était une cycloïde ; mais Jean Bernouilli remarqua, à 
cette occasion, qu’il était facile de reconnaitre l’ongle 
du lion. 

Euler, dans le second volume de sa Mécanique , im- 
prané à St-Pétersbourg en 1736, donne une solution 
très-élégante de ce problème, en prenant l'hypothèse 
d’un milieu résistant ; ce qui complique extrêmement la 
question , et ce que personne n'avait fait avant lui. 

On trouve, dans les Mémoires de l Acad. pour 1718, 
deux solutions du problème de la brachystochrone dans 
le vide, données l’une et l’autre par Jean Bernouilli , et 
toutes deux fort simples. Nous allons faire connaitre la 
plus élémentaire de toutes ces solutions. 

Prosèmr. Trouver la courbe de La plus mite des- 
cente, ou la brachystochrone AM : Par le moyen de 4a- 
quelle un corps À parvienne de À en M dans le moindre 
temps possible, en supposant le milieu sans rÉSi= 
tance. 


BR 


Ayant mené les ordonnées PM, pm et Nn, que nous 
supposerons infiniment proches, ainsi que les autres 
lignes que représente la figure, soient AP =x, et PM 
=}, on aura Pp=Mr=mf=nF = dx, dx étaut 
l'accroissement infiniment petit ou la djffcrenticlle de 
x; de même »r— dy, et l'élément de la courbe = 
Mn = V/dx+dy:. Soit de plus rF = b, on aura mF 
—=b— dy, et mn =\V[(b—dy) + dx]. 

La vitesse le long de l’arc infiniment petit Mme pou- 
vant être regardée comme uniforme et comme égale à 
celle que le corps acquiert en tombant de la hauteur 
AP, supposons cette vitesse —+», et désignons par V la 
vitesse acquise le long de Ap ou la vitesse avec laquelle 
l'arc mn'est parcouru. Soit enfin £ le temps employé à 
parcourir l'arc AM: alors le temps, le long de Mm, 
sera — di. Or, dans le mouvement uniforme, les espa- 
ces sont en raison composée des temps et des vitesses , 
nous avons donc 


Mn = V/(dx? + dy?) = vdt, 
mn —= V/[(b— dy} + dx] = Vat. 


Ainsi, le temps employé à parcourir l'arc Mn sera 


Mais la courbe An doit être telle que si le corps des- 
cendait de M en », il devrait employer le moindre 
temps possible ; donc le temps 24df est un minimum. On 
a donc d(2dt) — 0, ou 


M dy&y dyd&y—bdy 
PE Ts + ds) VCD Ed” 


en supposant dx constant. 


Divisant par dy, et transposant, on obtient 8 


dy b— dy 
va + dy) VV — dy +de] 


C'est-à-dire, en remettant les lignes, 


mE 
V.mn' 


rm 
v.Mm 
ou 
v.Mm 


rar 


V.mn 

Jr 
Ainsi, puisque la vitesse est comme V/AP, et la vi- 
tesse V comme \/Ap, 


V.mn 
mE — 


le produit de la racine de l’abs- 
cisse par l'élément de l'arc correspondant étant divisé 
par la différentielle de l’ordonnée , donne toujours une 
quantité constante. Désignons cette quantité par V/a, et 
nous aurons 


V2. Vide? + dy?) 


dy =V/a. 


259 


D'où l’on tire 


æxdzx? 
PE ae 
et 
= D CARE [ES | 
2V/(ax—x) L2V/{ax—x:) 


Ce qui donne en intégrant , C étant une constante, 


adx 
DE J' aV/(ax—x) 
Supposons que AB — a soit le diamètre du demi-cer- 
cle AQB, l’ordonnée QP sera —\/{ax—2), et 


— V/(ax—x). 


adx = Ladx 
pre V/ax — x) 


sera l’arc AQ ; donc 
C+y—AQ—QP. 


Mais lorsquey—o, l'arc AQ et l’ordonnée QP de- 
viennent o ; donc C=—0, et l’on a définitivement 


7 =AQ—QP. 


C'est-à-dire l’ordonnée de la courbe cherchée est égale 
à l'arc du cercle correspondant , dont le diamètre est 4, 
moins le sinus de cet arc; ce qui est une des propriétés 
fondamentales de la cycloïde. La courbe demandée est 
donc une cycloide. Foy. ce mot. 

L'équation de la brachystochrone réclame le secours 
du calcul des variations pour être déterminé d’une 
manière directe, Voyez le Traité de mécanique de 
Poisson. C’est à l’aide de ce calcul que cet habile géo- 
mètre résout le problème de Jean Beruouilli avec cette 
clarté et cette élégance qui distinguent si éminemment 
toutes ses productions. 

BRADLEY (Jacques), grand et célèbre astronome, 
naquit vers la fin de l’aunée 1692, a Shireborn, en An 
gleterre, dans le comté de Glocester. La vie de cet 
bomme illustre, qu'on a surnommé avec raison le m0- 
dèle des astronomes, est tout entière dans ses travaux, 
qui en renferment les événemeus les plus importans. 
Destiné à l’état ecclésiastique, il prit ses grades, et ter. 
mina ses études à Oxford, Il fut successivement pourvu 
des cures de Bridstow et de Welfrie, dans le comté 
de Pembroke. Mais il renonça aux espérances d’ svan- 
cement qu’il était à même d’obtenir dans cette carrière 
pour se livrer aux observations astronomiques, dont 
l'étude des mathématiques avait développé en lui le 
goût exclusif, En 1721, à l’âge de 29 ans, Bradley, qui 
avait résigné ses fonctions évangéliques, fut nommé 
professeur d'astronomie du collége de Saville, à Ox- 
ford. Dès ce moment sa vie appartient tout entière à la 
science, dont il allait hâter les progrès et développer, 
les connaissances par d’immortelles découvertes. Ge fut 


240 BR 


en 1727 qu'il publia ses importantes observations sur 
l’aberration de la lumière (’oy. AsenraTion). Dans la 
même année, il exposa dans une lettre adressée à lord 
Masclesfield sa découverte du phénomène de la mutation 
de l'axe terrestre (Foy. Nurariow). Ces deux décou- 
vertes de Bradley ont eu une grande influence sur les 
progrès de l'astronomie; elles portent en effet sur les 
plus grands phénomènes de la nature, et expliquent 
la cause, jusqu'alors inconnue , des petits mouvemens 
des corps célestes. Elles ont permis d'apporter dans les 
observations astronomiques une exactitude rigoureuse 
et un degré de certitude dans celles des spéculations de la 
science qui en paraissaient le moins susceptibles. C’est 
aussi Bradley qui, ayant reconnu la principale inégalité 
du premier satellite de Jupiter, démontra comment 
les éclipses de ce satellite , corrigées de cette inégalité, 
pouvaient servir à mesurer les différences de longitude. 
Trois aunées après la découverte de l’aberration de la 
lumière, en 1730, Bradley, que l'éclat de ses travaux 
astronomiques avait environué d’une brillante réputa- 
tion, fut nommé professeur d'astronomie et de philoso- 
phie naturelle au muséum d'Oxford. Plus tard, en 
1741, après la mort du célèbre Halley, on lui déféra 
la place d'astronome royal, et il alla résider à Green- 
vich. On peut dire qu’alors Bradley n’eut plus de vœux 
à former: toute l’ambition qui avait pu remplir ce 
‘cœur simple et bon était alors satisfaite. Il se trouva au 
milieu des objets et des instrumens utiles à la science 
dans laquelle se concentraient toutes ses affections et 
toutes ses pensées ; et il commença ces longues et admi- 
rables observations, dont il remplit plusieurs volumes 
in-folio ; collection unique par son importance, et qu’on 
a peine à croire l’auvrage d’un seul homme. De cette 
mine féconde, dit un savant biographe, on a tiré des 
milliers d'observations du soleil, de la lune, des pla- 
nètes, qui, habilement combinées, et, pour ainsi dire, 
fondues ensemble par le calcul, ont porté l'exactitude 
dans toutes nos tables astronomiques. Ce fut là que le 
célèbre astronome Mayer puisa les élémens de ses Tu- 
bles de la lune , les premières qui aient rempli par leur 
exactitude l'espoir des marins et des géomètres. 
Bradley se voua entièrement, et avec un désintéres- 
sement sans exemples, à ce grand travail, qui a rempli 
sa vie. On ne trouve de lui que quelques mémoires in- 
sérés dans les Transactions philosophiques; mais son 
nom, recueilli par la reconnaissance et l'admiration des 
savans, peut se passer de tous les autres titres de gloire 
qu'il sacrifia à des travaux solitaires et spéciaux. Bradley 
était associé-étranger de l’Académie des Sciences de Pa- 
ris, membre de la Société royale de Londres, de l’A- 
cadémie impériale des Sciences de Pétersbourg et 
de l'Iustitut de Bologne. Comme le biographe dont 
nous venons de rapporter le jugement sur quelques tra- 


BR 


vaux de Bradley, nous sommes heureux de pouvenr 
dire que les savans français devancèrent, par les hom- 
mages qu'ils rendirent au talent de ce grand homme, 
ceux qui dans sa patrie récompensèrent son génie, son 
admirable patience et ses vertus. Jacques Bradley mou- 
rut, après deux années de souffrances cruelles, à Green- 
vich, le 13 juillet 1562, âgé de 50 ans. 

BRANCHE DE COURBE (Géom.). C'est un terme 
usité pour désigner les parties d’une courbe qui s'éten- 
dent indéfiniment sans retourner sur elles-mêmes. On 
les appelle aussi branches indéfinies. Tels sont les deux 
côtés de la parabole et de l’hyperbole (Foy. ces mots). 
Pour mieux faire comprendre la nature de ces branches, 
designons par x l’abscisse, par y l’ordonnée, et par gx 
une fonction de x, de manière que 


Y = x 


soit l'équation d’une courbe. En donnant successive- 
ment à x des valeurs arbitraires, nous trouverons les va- 
leurs correspondantes de y, qui nous donneront autant 
de points différens de la courbe, au moyen desquels nous 
pourrons la construire. Or, si pour chaque valeur post- 
tive de x la fonction #x donne deux valeurs pour y, 
l'une positive et l'autre négative, cette circonstance 
nous indiquera que la courbe a deux branches: l'une si- 
tuée à droite de l’axe des x, et l’autre à gauche; et si 
de plus les valeurs de y croissent en même temps que 
celle de +, ces deux branches s’étendront indéfiniment. 
De plus, en faisant æ négatif dans la fonction @x, si 
nous obtenons également deux valeurs pour y, l'une 
positive et l’autre négative, nous aurons deux autres 
branches s'étendant également à la droite et à la ganche 
de l'axe des x, mais du côté des x négalifs. Lorsqu’en 
faisant x négatif, la fonction 9x devient imaginaire, 
c'est qu'alors la courbe n’a pas de branches du côté né. 
gauf de l'axe des abscisses. 

Soit, par exemple, ° = px l'équation d’une courbe, 
cette équation donne y = V/pz. Ainsi, pour chaque 
valeur de x correspond une valeur positive et une va- 
leur négative pour y; la valeur +\/pr appartient aux 
ordonnées situées à la droite de l'axe des x, et la va- 
leur —\/px appartient aux ordonnées situées à la gau- 
che de cet axe. Nous avons donc d’abord dans ce cas 
deux branches différentes ; et comme y augmente indé- 
fiuiment à mesure que æ augmente, ces deux branches 
sont indéfinies. Mais si nous faisons x négatif, l'équa- 
tion devient 

Y=EV re. 
Ce qui nous apprend que la courbe n’a pas de branches 
du côté des x négatifs, puisque V/—=pz est une qua 


tité imaginaire. Cette courbe est la parabole apollos 


nienrie, 


BR 


Si l'équation de la courbe était 


d’où l’on tire 
+ 2 


nous aurions d’abord évidemment deux branches infi- 
nies du côté des x positifs. Faisant x négatif, l'équation 
devient 


EN 
ME 5 V'(x—Bx). 


Or, cette quantité est imaginaire tant que Bx est plus 
grand que x? , et devient o lorsque x? — Bx, ou lors- 
qu'on fait x—B. Ainsi, pour toutes les valeurs néga- 
tives de æ, depuis-r = o jusqu’à æ=B, il n'existe pas 
de valeurs réelles pour y; mais si l’on donne à æ des 
valeurs plus grandes que B, on trouve pour y des va- 
leurs réelles; ce qui nous apprend qu'à la distance B 
de l’origine et du côté négatif de l'axe des æ recom- 
mencent deux branches s'étendant à l'infini à droite et 
à gauche de cet axe. La courbe dont nous examinons 
l'équation a donc quatre branches infinies. C’est l’Ay- 
perbole apollonienne. 

Parmi les courbes du second degré, la parabole et 
l’Ayperbole ont seules des branches infinies : le cercle et 
l'ellipse n’en ont point; ces dernières sont des courbes 
qui rentrent en elles-mêmes. 

Les branches infinies des courbes supérieures se divi- 
sent en deux espèces. On les nomme branches paraboli- 
ques lorsqu'elles sont susceptibles d’avoir pour asymp- 
totes des paraboles d’un ordre quelconque , et branches 
hyperboliques lorsqu'elles ont pour asymptotes des 
lignes droites ou des hyperboles également d’un degré 
quelconque. (Voyez l’Zntroduction & l'analyse des 
lignes courbes, de Cramer.) Foy. Counress. 

BRAS DE LEVIER (#Méc.). Partie d’un levier cora- 
prise entre le point d'appui et le point où est appli- 
quée la puissance ou la résistance. Voyez Levier. 

BRASSE. Ancienne mesure de longueur en usage 
dans la marine. Il y en avait de trois espèces : la grande 
brasse dont se servaientles vaisseaux de guerre ; elle avait 
six pieds (1,94904 mètres). La moyenne dont se servaient 
les vaisseaux marchands, elle était d’une longueur de 
cinq pieds et demi (1,78662 mètres); et enfin, la 
petite brasse, en usage parmi les patrons de barque, 
dont la longueur était seulement de cinq pieds (1,62420 
mètres.) 

BRIGGS (Hewni). Célèbre mathématicien anglais, né 
vers lan 1560 dans le York-shire, de parens pauvres 
et d’une condition qui, d’après lès prejugés du temps, 
semblait devoir lui fermer la carrière des sciences. Mais 
les premières études du jeune Briggs furent si brillantes, 
et il y manifesta des dispositions si extraordinaires, 


BR 241 


que sa famille se condamna à tous les sacrifices pour 
l'envoyer à l’université de Cambridge, où il fut admis 
en 15709. C’est là, dit-on, qu'il connut pour la première 
fois les mathématiques, dont il embrassa l'étude avec 
ardeur. Il ne tarda pas d’y faire des progrès tellement 
supérieurs, que le chevalier Gresham, qui établit et 
dota en 1569 le collége de Londres qui porte son nom, 
nomma Briggs à la chaire de géométrie. Il sy distingua 
dans des entreprises utiles aux progrès de l'astronomie 
et de la géographie; mais son plus beau titre de gloire 
est d’avoir le premier saisi toute l'utilité de la décou- 
verte des logarithmes de Neper, alors toute récente. 
Henri Briggs fit plusieurs voyages de Londres à Edim- 
bourg pour canférer avec cet homme célèbre sur cet 
important sujet. On pense qu'il forma, concurremment 
avec Neper, le projet de changer la forme de ses loga- 
rithimes, Ce dernier n'eut que le temps de lui en recom- 
mauder l'exécution, car il mourut au moment où Briggs 
se disposait à faire un troisième voyage auprès de lui 
pour cet objet. Il + travailla avec tant d’ardeur , que 
dès 1618 il publia une table des logarithmes ordinaires 
des 100 premiers nombres, comme essai d’un travail 
beancoup plus étendu, qu'il promettait. Il se proposait 
de composer deux immenses tables : l’une contenant 
tous les logarithmes des nombres naturels depuis 1 jus- 
qu’à 100,000 , et l’autre, ceux des sinus et des tangentes 
pour tous les degrés et ;4; de degré du quart de cercle. 
Il ne put exécuter qu'une partie de ce prodigieux tra- 
vail; la mort vint le surprendre à Oxford , le 25 jan- 
vier 1630. Henri Briggs fut ainsi le premier promoteur 
de la théorie des logarithmes, et il est sans contredit 
celui qui contribua le plus par son travail à la propaga- 
tion de cette mémorable découverte. Cet éloge suffirait 
à la gloire de plusieurs noims. Voici la liste de ses prin- 
cipaux ouvrages : L. Logarithnorum chilias prima, 
Londres, 1617, in8°. Il. Arithmetica logarithmica, 
Londres, 1624, in-fol. ; ouvrage d’un travail immense, 
et qui à servi de modèle à toutes les tables de logarith- 
mes publiées depuis cette époque- Celles de Briggs 
contiennent les logarithmes des nombres naturels de 1 à 
20,000 et de 00,000 à 100,000 , avec 14 décimales ; elles 
renferment aussi ceux des sinus et des tangentes pour 
chaque -E, de degré, également avec 14 décimales, les 
sinus naturels avec 15 décimales, et les tangentes et sé- 
cantes naturelles avec 10 décimales. On attribue aussi à 
Briggs des travaux fort estimables sur les géomètres de 
l'antiquité, et la plus grande partie de la trigonométrie 
britannique; Trigonometria britannica , Goudal , 1623, 
in-folio. 

BROUETTE (HMce.). Caisse suspendue sur une roue, 
qui sert à transporter des matériaux de construction et 
autres. Cet appareil d’un usage extrêmement commun 


est susceptible de plusieurs perfectionnemens qui ont 
31 


242 BY 


été indiqués plusieurs fois, et que la routine aveugle a 
lconstamment repoussés. M. Person, dans son Recueil 
le mécanique, propose une nouvelle forme de brouette 
‘où le caisson est construit de manière que son centre de 
gravité porte le plus directement possible sur l’essieu 
formant le poiut d'appui du brancard (/oy. PL. XII, 
fig. 2). De cette manière, le plus grand bras du levier 
formé par le brancard se trouve beaucoup moins chargé 
et le conducteur peut mettre la brouctte en mouvement 
avec moins de force. On peut faire usage de ce prin- 
cipe sur les brouettes ordinaires et éviter les frais de 
nouvelles constructions en prolongeant en b (Foyez 
PL. XIT, fig. 1) les deux jumelles au-delà de l’essieu 
pour ÿ adapter un massif de plomb ce. Alors le brancard 
devient levier du premier genre; et la charge c de son 
petit bras balançant une portion du poids que porte le 
grand bras, diminue d'autant l'effort du conducteur. 


BROUNKER (Guirraume), lord, vicomte de Castle- 
Lyons, mathématicien anglais célèbre par sa décou- 
verte des fractions continues, naquit en 1620. Atta- 
ché à la cause royaliste, il fut un des nobles qui si- 
gnèrent la fameuse déclaration de 1660 en faveur de 
Mouk. Après la restauration, il fut chancelier de la 
reine Catherine, garde du grand sceau, et l’un des 
lords commissaires de la Tour. Il était du nombre 
des savans dont la réunion forma la Société royale de 
Londres. il en fut élu président. Lord Brounker culti- 
vait les sciences mathématiques avec beaucoup de dis- 
tinction; mais ce qui lui mérite l'honneur d'être cité 
parmi les plus grands géomètres, c’est son inven- 
tion des fractions continues. Wallis a publié sa décou- 
verte et la méthode par laquelle le noble savant v est 
parvenu (Voyez Fracrions conrinuEs et Wazis). Lord 
Brounker est mort à Westminster, en 1684. On trouve 
plusieurs égrits de lui dans les Transactions philoso- 
plhiques, 


BURIN (A4str.). Constellation méridionaie établie 
par La Caille dans son planisphère austral. Elle est pla- 
cée entre l’Éridan, la Colombe et la Dorade. Son 
étoile principale est de la cinquième grandeur. 


BYRGE (Jusre), mécanicien et astronome célèbre, na- 
quit à Lichstensteig, en Suisse, vers l’année 1549. Guil- 
Jaume IV, landgrave de Hesse, dont le nom est cher aux 
sciences, auxquelles il accorda une généreuse protection, 
appela Byrge à Cassel, où sa réputation d’astronome et de 
mécanicien l’avait devancé. Il y construisit plusieurs ins- 
trumens d'astronomie et diverses machines remarqua- 
bles par leur singularité, et se livra aux observations as- 
tronomiques avec son protecteur, qui cultivait spéciale- 
ment cette science. En 1597, et après la mort de Guil- 
laume, Bvyrge fut nominé mécanicien de l’empereur. 
Képler le représente (voy. Tasces Runozrmnes, fol, H) 


BY 


comme un homme doué de beaucoup de génie, vais 
pensant si modestement de ses inventions, et si indiffé- 
rent pour elles, qu’il les laissait enfouies dans la pous- 
sière de son cabinet. C’est par cette raison , ajoute ’u- 
lustre auteur, que, quoique fort laborieux, il ne donna 
jamais rien au public par la voie de l'impression. Il pa- 
raît que, sous ce dernier rapport du moins, Képler 
était dans l'erreur. Benjamin Bramer, son disciple et 
son beau-frère, dans un ouvrage qui a pour objet ja 
description d’un instrument pour la perspective et le 
levé des plans, s'exprime ainsi: « C’est sur ces prin- 
cipes que mon cher beau-frère et maître Juste Byrge a 
calculé, il y a vingt ans (cet ouvrage paraissait à Cassel 
ea 1630), une belle table des progressions , avec leurs 
différences de 10 en 10, calculées à 9 chiffres, qu’il a 
aussi fait imprimer sans texte à Prague, en 1620; de 
sorte que l'invention des lagarithmes n’est pas de Néper, 
mais a été faite par Juste Byrge long-temps avant. » 
Une telle prétention ne pouvait manquer d’exciter l’at- 
tention des savans. On objecta avec raison que, en sup- 
posant que Byrge eut publié ses tables en 1620 , on ue 
pouvait en conclure qu’il eut découvert les logarithmes 
avant Néper, dont l’ouvrage avait paru en 1614. Cette 
date est importante pour fixer l'opinion sur le mérite 
de l’antériorité, qui est demeuré à Néper. 

L'ouvrage de Byrge ne se retrouva pas; et ce fut le 
hasard qui le fit découvrir vers 17940, par Gotthelf 
Koœstner, géomètre allemand, connu par un traité 
de gaomonique analytique. Ce savant fut conduit, par le 
passage de Bramer que nous venons de citer, à recon- 
naitre les tables de Byrge parmi d’autres, qu'il avait 
achetées avec quelques anciens ouvrages mathématiques, 
qu'il n'avait jamais examinés. Voici la traduction du 
titre qu’elles portent : « Tables progressives, arithmé- 
tiques et géométriques , avec une instruction sur la ma- 
nière de les comprendre et de les employer dans toutes 
sortes de calculs, par J, B. (Juste Byrge), imprimées 
dans la vieille Prague, 1620. » 

Ces tables se composaient de sept feuilles et demie 
d'impression in-f°; mais on n’y trouve pas l'instruction 
annoncée dans le titre. D'où l'on a dû conjecturer que 
quelques circonstances particulières avaient empêché la 
continuation de cet ouvrage. Kæstner fit savoir qu’elles 
n'étaient pas de la forme des tables logarithmiques or- 
dinaires. Dans celles de Byrge, ce ne sont pas les nom- 
bres, mais les logarithmes , qui croissent arithmétique- 
ment de 10 en 10; ils sont imprimés en rouge, et les 
nombres naturels exprimés en 9 chiffres sont imprimés 
en noir, en regard , de cette manière : 

0.....100000000 

10 ++ + + 100010000 
20,,+.:100020001 
30.....100030003 


EE 


BY 


Nous n’accorderons pas plus d’étendue à cetexemple, 
qui suffit pour donner une idée de la marche adoptée par 
Byrge. Sans doute, c’est à Néper qu’appartient la gloire 
de cette découverte ; mais il est impossible de ne pas 
rendre justice au talent de Byrge, à qui une occasion 
seule a peut-être manqué pour être associé à l’honneur 
de cette ingénieuse invention. Byrge mourut à Cassel 


DY 


en 1633, ägé ainsi de quatre-vingt-un ans. On a attribué 


245 


à cet habile mécanicien l'invention du compas de pro- 
portion ; mais son instrument ayant été décrit par Levin 
Holstius, dans son ouvrage intitulé : Tractatus ad geo- 
desiam spectantes ; où l'on en trouve aussi la gravure; 
il en résulte que le compas de Byrge n’est autre chose 
que le compas de réduction. Voy. Gompas et GALILÉE. 


C. 


CA 
CABESTAN (Mec.). Treuil vertical, que l’on fait 


tourner circulairement avec des barres ou leviers hori- 
zontaux. Il se compose d’un roulean de bois cylindrique 
ou un peu conique AB (voy. FL. XIT, jig. 5), posé ver- 
ticalement dans un bâtis de bois, et dont la tête cubique 
A est percée de manière qu'on puisse y introduire les 
leviers GE et HF, qui servent à le faire tourner. 

Avec cette machine, on peut vaincre de très-grandes 
résistances à l’aide d’une force beaucoup moindre. Pour 
s’en servir, on fait faire plusieurs tours à la corde CD, 
qui tient en D le fardeau à mouvoir; on fixe l’extré- 
mité de cette corde, ou on la fait tenir par des hommes, 
et on en applique d’autres aux leviers GE et HF. Lors- 
que ces derniers font tourner le cylindre, la corde se 
roule de plus en plus autour, en faisant avancer la résis- 
tance D. Il est évident que le cabestan agit comme un le- 
vier du premier genre, ou plutôt comme un assemblage 
de leviers, et que le bras de la résistance est plus court que 
celui de la puissance; car le premier est le demi-diamè- 
tre, ou le rayon du cylindre, tandis que le second est 
ce même rayon prolongé de la longueur des leviers en 
croix. 

Plus ces leviers seront longs, plus la puissance devien- 
dra capable de surmonter une plus forte résistance , seu- 
lement il lui faudra plus de temps, parce qu’elle aura 
eu un plus grand espace à parcourir. Foy. Treuiz et 
Levier. 

Cette machine est employée sur les vaisseaux pour 
lever les ancres où autres fardeaux, auxquels sont amar- 
rés les cäbles que l’on fait passer autour du cylindre. 
Pour cet effet, il y a ordinairement deux cabestans sur 
les vaisseaux; savoir, un grand, qu’on appelle cabestan 
double, et un petit, qui est le cabestan ordinaire. Le 
cabestan double est placé sur le premier pont, derrière 
le grand mât; il s'élève jusqu’à quatre ou cinq pieds au- 
dessus du second pont. Son nom de cabestan double lui 
vient de ce qu’on peut mettre des hommes sur les deux 
ponts en même temps pour le faire tourner, et doubler 


CA 


ainsi sa force. Il sert particulièrement à lever les ancres 
Le cabestan ordinaire est placé sur le second ou le troi- 
sième pont, et sert à hisser les mâts de hune et les 
grandes voiles, et dans toutes les occasions où l’on peut 
lever les ancres avec peu de force. 

Il existe aussi des cabestans mobiles, qu’on peut trans- 
porter avec facilité d’un lieu à un autre. Ils servent dans 
l'architecture, ou plutôt dans la construction des bâti- 
mens, pour mettre en mouvement les grosses pierres. 

Le cabestan est sujet à plusieurs inconvéniens, qu’on 
n'a pu encore corriger. Il exige un homme qui serve 
uniquement à faire filer le câble au fur et à meswe qu'il 
s’enroule, pour que les tours qu’il fait sur le cylindre 
ne sy accumulent pas. La partie du câble qui s’enve- 
loppe, s’élevant ou s’abaissant progressivement , on est 
obligé de temps en temps d’arrêter la machine, afin de 
remettre le cäble dans la position qu’il doit occuper. 
Cette opération, que les ouvriers nomment choquer ; 
fait perdre un temps considérable, 

L'Académie des sciences de Paris proposa pour sujet 
de prix, en 1739, de trouver un cabestan qui eût les 
avantages de l’ancien, sans en avoir les défauts. Ce prix, 
qui ne fut pas remporté, fut remis au concours en 1741. 
et, sur un très-grand nombre de mémoires, les quatre 
suivans furent couronnés: Discours sur le cabestan, par 
Jean Bernouilli le fils; Dissertation sur la meilleure 
construction du cabestan, par un anonyme ; De ergatæ 
navalis præstabiliore usu , dissertatio|, auctore Joanne 
Poleno; Recherches sur la meilleure construction du 
cabestan, par Ladot, avocat en parlement. Trois au- 
tres mémoires obtinrent des accessits ; ce sont : A/Cmoire 
sur le cabestan, par de Pontis; Recueil d'expcriences 
sur le cabestan, par Fenel, chanoine de Seus; Cabes- 
tan à ccrevisses et cabestan à bras, par Delorme. Ces 
sept mémoires furent imprimés en 1745. Toutefois, 
l’Académie dit dans son avertissement qu’elle n’a trouvé 
aucun des cabestans proposés exempt d’inconvéniens ; 
mais elle reconnait qu'il y a d’excellentes choses, prin- 


244 CA 


cipalement sous le rapport de la théorie dans chacun 
des ouvrages couronnés. : 

En 1793, un ingénieur mécanicien français, nommé 
Cardinet , présenta au bureau de consultation un cabes- 
tan d’une construction plus simple que tous ceux pro- 
posés jusqu'alors, et dans lequel on évite Fopération de 
choquer. Cardinet s’est à la vérité servi d’une invention 
qu’on trouve dans les mémoires cités ci-dessus de Jean 
Bernouilli et de Ladot; mais il l'a considérablement 
perfectionnée ; et sa machine offre des avantages incon- 
testables. En 1594, E. C. de La Lande, professeur de 
mathématiques à l’école de La Flèche, inventa un nou- 
veau cabestan que l'illustre Borda déclara supérieur à 

, tout ce qui avait été fait avant. Voyez, pour ce qui 
concerne le cabestan : Recueil des pièces qui ont rem- 
porté le prix de Académie, tome V ; et le volume in- 
titulé Mouvement des fardeaux , du Traité de mécani- 
que appliquée aux arts, de M. Borgnis. 

CADMUS (Astr). Nom de la constellation du S$er- 
pentaire. Voy. ce mot. 

CADRAN SOLAIRE (Gnom.). Instrument sur le- 
quel sont tracées des lignes qui indiquent l'heure par 
Jombre d’un style ou par un ravon solaire. Foy. Gxo- 
MONIQUE. 

CAILLE ( Nicozas-Louis DE La), l’un des plus cé- 
lèbres et des plus savans astronomes du dernier siècle, 
est né à Rumigny, près de Rosoy en Thierache, le 15 
mars 1713. Il terminait ses études au collége de Lizieux, 
où il s'était déjà fait remarquer par son application et 
son goût pour les sciences, quand son père mourut, et 
le laissa sans ressources. Heureusement pour cet enfant 
qui donnait de si belles espérances , le duc de Bourbon, 
protecteur de sa famille, vint à son secours, et lui four- 
ait les moyens de se livrer à des études d'un ordre élevé. 
La douceur du caractère de La Caille, la générosité de 
son cœur, son ardeur pour le travail, lui avaient dès- 
lors concilié l'amitié de ses maitres et de ses condisciples; 
ses succès éclatans ne tardèrent pas à justifier l'intérèt 
qu'il inspirait à tout le monde. Le moment arriva enfin 
où il dut songer sérieusement au choix d’une carrière. 
Son père, ancien officier d'artillerie, qui s'était retiré à 
Anet où il était attaché à la duchesse de Vendôme comme 
capitaine des chasses, lui avait de bonne heure inspiré 
ie goût des sciences , etl’avait même initié à la connais- 
sance des mathématiques qu'il appliquait spécialement 
à la mécanique. Le jeune La Caille, conservant dans un 
âge plus avancé Fheureuse direction d'idées qu'il avait 
recues dès l'enfance, résoiut de se youer à l'état ccclésias- 


Üique, qui pouvait 4 la fois iui assurer une existence in- 


dépeñdante, et:lui offrn: assez Ge loisirs pour culuüver 


les hâutes sciences, vers desquelles l'entrsineit un pen- 


chant qui se développait eu hui de sus enpibas Dé 


cette époque. La Caille avait dirige toutes &c 


9 


CA 


vers l’astronomie, que, durant son cours de théologie, 
il étudiait en secret, saus instrumens et presque sans 
livres. [1 fit cependant des progrès si remarquables dans 
cette science, que le savant Fouchy, auquel il fut recom- 
mandé peu de temps après, eu 1736, s’étonna qu’un jeune 
homme de 23 ans eût pu pénétrer aussi avant daus ces 
connaissances supérieures. 
La Caille ayant éprouvé quelques contrariétés à 
l’époque où il subit son premier examen théologique, 
à l'issue duquel il reçut le sous-diaconat , se détermina 
à ne point chercher d'autre avancement dans les ordres. 
La hardiesse et la nouveauté de quelques-unes de ses 
réponses avaient irrité l'un de ses examinateurs, vieux 
docteur habitué aux subuilités de l’école, et aux yeux 
duquel l'indépendance des idées était un crime irré- 
missible. On fut sur le point de lui refuser le titre de 
maitre-ès-arts, et le jeune La Caille comprit sans doute 
qu'il aurait de noimbreux obstacles à vaincre dans Ja 
carrière qu'il avait voulu embrasser : il renonça dès ce 
moment à la théologie, et se livra sans réserve aux obser- 
vations de la science qu’il afféctionnait. Ce fut dans ces 
circonstances que l'abbé La Caille fut présenté à Jacques 
Cassini, qui, appréciant ses talens, l’accueillit avec 
bonté, et lui donna même un logement à l'Observatoire. 
Il se trouva ainsi en possession, dès son entrée dans la 
carrière, d'une position qui lui offrait l’inappréciable 
avantage de pouvoir vérifier les observations des meil- 
leurs maitres à l’aide des instrumens les plus puissans et 
les plus parfaits qu'on possédät alors. Dès l’année qui 
suivit sou entrée à l'Observatoire, l'abbé de La Caille 
fit, avec Maraldi qui l'avait pris en amitié, la descrip- 
tion géographique de la France, depuis Nantes jusqu'à 
Bayonne. On s'occupait à cette époque de la vérification 
de la méridienne. L’exactitude et la précision que La 
Caitle avait mises dans son premier travail, le firent juger 
digne d’être associé à cette grande et importante entre- 
prise. 1 commença ses opérations le 30 avril 1730, ct 
avant l'expiration de cette année, il avait achevé tous 
les triangles, dit le plus illustre de ses biographes, 
depuis Paris jusqu'à Perpignan; mesuré les bases de 
Bourges, de Rhodès et d'Arles; observé les azimuts ct 
les distances des éioiles au zénith à Bourges, Rhodès et 
Perpignan ; et avait enfin pris la plus grande part à la 
mesure du degré de longitude qui se termine au port 
de Cette. La Cuille, en continuant ses travaux pendant 
le rigoureux hiver de 1740, eutl'occasion de démontrer, 
par des calculs d’une exactitude inattaquable, que les 
soupçons sur la vraie longueur de la base de Picard, 
iesurée par cet acadéwicien, en 1669, en s'appuyant 
sur le moulin de Juvisy, étaient fondés. Il trouva que 
cette base était non de 5,663 toises, comme Picard l'avait 
mesurée, mais seulement de 5,657, c'est-à-dire moindre 


d'euvitca une toise par mille, et que par conséquent la 


CA 


toise dont s'était servi Picard était au moins d’une ligne 
plus courte que celle de l’Académie. Cette différence 
étant enfin bien reconnue et constatée, La Caille pro- 
céda avec Gassini à la vérification des triangles depuis 
Paris jusqu’à Dunkerque. A peu près à cette époque ; 
ces deux astronomes se livrèrent à une autre opération 
non moins importante, et qui confirme comme la me- 
sure exacte du méridien, l’aplatissement de la terre : 
c’est la mesure d’un.degré du parallèle passant au 43° + 
de latitude. Ils trouvèrent la longueur de ce degré égale à 
41,358 toises, tandis qu'il cût du être moindre de 260 
toises dans l'hypothèse de ia terre sphérique, et de plus 
de 500 dans celle de la terre allongée. Foyez Menibirx. 

Pendant que l'abbé La Caille se livrait ainsi à ces utiles 
travaux, le docteur Robbe, sur la foi de sa réputation, 
le nomma professeur de mathématiques au collége Maza- 
rio. Les devoirs de ses nouvelles fonctions suspendirent la 
continuation de la méridienne dans la partie du nord, 
qu'il termina en quelques mois lautomne suivant. À 
époque de la révolution française, et lorsqu'il fut ques- 
tion de prendre pour ünité de mesure la dix-millionième 
partie du quart du méridien, Delambre et Méchain 
furent chargés de refaire et de vérifier avec des moyens 
nouveaux la plus grande partie des travaux de La Calle. 
Le premier de ces savans , qui a rendu aussi d’importans 
services à l’astronomie , et qui est le biographe que 
nôus avons cité plus haut, ne parle de ces travanx 
qu'avec un sentiment de respect et d’admiration qui 
honore son caractère et ses talens. Nous croyons devoir 
lui emprunter ici quelques traits particuliers de la vie 
scientifique de La Calle, car nous avons déjà eu loc- 
casion de le dire, il est rare que toute la vie d’un 
homme de science ne soit pas renfermée dans l’histoire 
de ses travaux, et il n'existe guère plusieurs manières de 
les exposer. 

Au retour de ses excursions pour la mesure du méri- 
dien, La Caille se livra aux calculs qu’entrainait une si 
longue opération, et, par la comparaison des divers arcs 
qu'il avait mesurés, il démontra que les degrés allaient 
en croissant de l'équateur vers le pôle, conclusion dia- 
métralement opposée à celle qui résultait de l’ancienne 
mesure. En 1741, La Caille entra à l'Académie des 
sciences, et de cette époque date la plus grande partie 
des écrits qu’il a consacrés à la partie théorique de la 
science qu’il pratiquait avec tant de zèle et de distinction. 
Ses traités de géométrie, de mécanique, d'astronomie 
et d'optique, qui se succédèrent à des intervalles très- 
rapprochés, prouvent avec quelle assiduité il remplis- 
sait ses fonctions de professeur. Ses éphémérides et les 
nombreux et-importans mémoires qu'il publia dans le 
recueil de l'Académie des sciences, ses calculs d'éclipses 
pour dix-huit cents ans, insérés dans la première édition de 
l'Art de vérifier les dates, prouvent aussi avec quelle ar- 


CA 245 


deur il poursuivait ses travaux astronomiques. ILavait 
entrepris la vérification des catalogues d'étoiles, Les lu- 
nettes méridiennes étaient presque inconnues en France, 
et celles qu’il avait pu avoir ne lui inspirant que peu 
de confiance, il s’attacha à la méthode des hauteurs 
correspondantes, qu’il regardait comme la seule qui püt 
lui assurer l'exactitude à laquelle il aspirait. Fidèle à 
cette méthode pénible qu’il avait préférée pendant qua- 
torze aps, La Caille passa les jours et les nuits à obser- 
ver le soleil, les planètes, et surtout les étoiles, pour 
rectifier les catalogues et les tables astronomiques. On 
lui avait abandonné les deux secteurs de six pieds, avec 
lesquels il avait mesuré la méridienne de France, Ce 
travail lui inspira l’idée d’une expédition lointaine, qui 
a offert à la science des résultats importans. Nous en 
parlerons avec quelque détail. 

Ce fut en 1751 que l'abbé La Caille, dans le but de 
connaitre et de vérifier les étoiles australes qui nese 
lèvent jamais sur l'horizon de Paris, entreprit de faire 
un voyage au cap de Bonne-Espérance. Ce déplacement 
devait en outre offrir d’importans avantages pour l’ob- 
servation de la parallaxe de la lune, de celle de Vénus 
et de Mars, comme pour les réfractions, Le judicieux 
La Caille embrassa d’un coup d’œil ces diverses circons- 
tances , et se prépara à son expédition, pour laquelle il 
obtint facilement l’assentiment du gouvernement et de 
l'Académie des sciences. Il donna avis de son voyage à 
tous les astronomes de l'Europe ,'daus l'espoir que quel- 
ques-uns d’entre eux se joindraient à lui : un horloger 
seul l’accompagna. La Caille rapporte lui-même qu’à 
son arrivée au Cap, il crut, durant plusieurs mois, qu’il 
ne pourrait atteindre l’objet de son voyage. Lorsque le 
vent de sud-est, qui se fait sentir fréquemment dans ces 
latitudes, venait à souffler, tous les astres paraissaient 
dans une agitation continuelle; les étoiles même pre: 
naient la figure et les apparences des comètes , et la vio- 
lence du vent ébraulant les instrumens, il devenait à peu 
près impossible de se livrer à des observations suivies. 
La persévérance de La Caille, etson zèle pour la science, 
triomphèrent néanmoins de ces obstacles imprévus, et 
il observa avec une étonnante précision jusqu’à dix mille 
étoiles, dont il fut obligé de former quatorze nouvelles 
constellations, pour les lier méthodiquement entre elles. 
Hevélius et Halley avaient aussi précédemment formé 
des constellations nouvelles (voyez ce mot); mais ces 
savans astronomes avaient fait entrer quelques vues per- 
sonnelles dans les noms qu’ils leur avaient imposés. La 
Calle suivit une autre marche, et voulut consacrer sa dé- 
couverte aux sciences et aux arts. Ou trouve le nom de 
ces constellations placées dans l’ordre des ascensions 
droites, et telles qu'il les rapporte lui-même, dans es 
Mémoires de l'Académie des sciences de 1752, et dans 


le journal de son voyage, ainsi qu'il suit : 


246 CA 


2°. L'ATELIER DU SCULPTEUR : il est composé d’un sca- 
bellon qui porte un modèle , et d’un bloc de marbre sur 
lequel on a posé un maillet et un ciseau; 9° Le rounxeau 
CHIMIQUE avec son alambic et son récipient; 3° L'non- 
LOGE à pendule et a secondes; 4° LE RÉTICULE RHOMLOÏIDE, 
petit instrument astronomique composé de plusieurs fils, 
et qui se place au foyer d’une lunette pour mesurer le 
diamètre des astres ; 5° Le suriN pu craveur: la figure 
est composée d’un burin et d’une échoppe en sautoir 
liés par un ruban ; 6° Le cuevaLer Du PEINTRE auquel 
est attachée une palette; 5° La BOUSSOLE Où LE com- 
PAS DE MER; 8° LA MACHINE PNEUMATIQUE avec son 
récipient , instrument qui appartient à la physique 
expérimentale; 3° L’ocrantT ou LE QUARTIER DE RE- 
FLEXION dont on se sert en mer pour observer les lati- 
tudes et les longitudes; 10° Le compas; 11° L’ÉQuERRE 
XT LA RÈGLE, attributs de l'architecture, auxquels il 
ajouta en forme de niveau, le triangle austral qui sub- 
sistait déja; 12° LE TÉLESCOPE Où LA GRANDE LUNETTE 
ASTRONOMIQUE suspendue à un mât; 13° LE micROSCOPE : 
comme attribut de l'histoire naturelle, cet insrument 
est représenté par un tuyau placé au-dessus d’une boîte 
carrée ; 14° LA MONTAGNE DE sARLE, nom d’un lieu cé-- 
lèbre au cap de Bonne-Espérance, où La Caille acheva son 
grand travail sur les étoiles ; il l’a placée au-dessous du 
GRAND NUAGE, pour faire allusion à un nuage blanc qui 
couvre cette montagne aux approches des vents violens 
du sud-est. La Caille, en formant ces quatorze constella- 
tions, indiqua par des lettres grecques et latines, suivant 
la méthode employée par Bayer, en 1600, chacune des 
étoiles visibles à l'œil nu. Il reforma sous quelques rap- 
ports les catalogues de cet ancien astronome, en chan- 
reant les lettres qu'il avait mal à propos attribuées aux 
étoiles de diverses constellations. 

Le voyage de La Caille dura quatre ans, et ses décou- 
vertes, auxquelles on a justement donné le nom de con- 
quête astronomique, ne coùtèrent au gouvernement, en 
y comprenant les frais de construction ct d'instrumens ; 
que la somme de 9,144 livres 5 sous. Le modeste et 
scrupuleux La Caille, dont la naïve probité étonna, dit- 
on, les agens du trésor royal, lorsqu'il leur rendit ses 
comptes, fut épouvanté de la célébrité et de la gloire 
que son noble dévouement aux progrès de la science 
venait de lui acquérir. À son retour à Paris, en 1754; 
il fut accueilli avec un empressement qu'il était loin 
de rechercher, et auquel il se déroba en s’enfermant 
dans l'observatoire qu’on avait construit pour lui en 
1748, au collége Mazarin. Il eut un moment le projet, 
dont ses amis eurent de la peine à le détourner, de se 
retirer dans une province méridionale, où les impor- 
tuns et les curieux ne vinssent pas troubler ses études 
solitaires. Cette époque de la vie de La Caille est celle 
oùil produisit ses plus importans ouvrages. On est surpris 


CA 

de l'inmensité des travaux qu'a atégimpiis € isa lux 
ctsavanl astronome, durant une carrière malheureuse- 
nient si courte, dont il trouva encore le moyen de con- 
Sacrer une parue à la pratique des plus douces vertus, 
etaux devoirs de l'amitié. (Voyez Boueuer.) Un vio- 
lent accès de goutte vinttout à coup interrompre les tra- 
vaux de La Caille; mais il les reprenait avec une ardeur 
inprudente durant les intervalles de repos que lui lais- 
sait Ja douleur. Ce fut ainsi qu'il usa ce qui lui restait de 
forces, et qu'il contracta une maladie mortelle, eu pas- 
sant les nuits, pendant un hiver entier, couché sur 
les dalles de san observatoire, pour achever son cata- 
logue des étoiles. Il avait déjà éprouvé au Cap la 
fièvre violente dont il fut saisi. Le repos alors l'avait 
guéri sans le secours de l’art; les talens des médecins de 
Paris lui furent moins favorables. Il vit approcher ses 
derniers momens avec le calme et la résignation d’une 
âme forte et religieuse, fit de nombreuses dispositions 
qui prouvent jusqu’à quel point il avait conservé l’usage 
deses facultés, et il mourut le 21 mars 1562, à peine âgé 
de 49 ans. Sa perte fut grande pour la science ; et les 
ombreux travaux de La Lande, qui se glorifiait d’avoir 
été son disciple, ne la firent point oublier. La Caille est 
un des hommes les plus remarquables qu’ait produits la 
France, Son noble caractère ne se démentit jamais. 
Simple dans ses goûts, modeste, laborieux, on aurait 
dit que la gloire le fatiguait, et qu'il fuyait la célébrité 
avec autant de soin que d’autres en mettent à exalter 
un mérite douteux. Accueilli par les chefs de la secte 
encyclopédique, sa raison fut assez forte pour dérober 
sa jeunesse à l'entrainement des idées qui emportaient 
alors la France, idées fatales contrelesquelles elle estenfin 
entrée en lutte, dans sa généreuse ardeur de rénovation 
et de progrès. Les principaux ouvrages de l'abbé La 
Gaille sont : 1. Astronomiæ fundamenta, etc. Paris, 
1957, in-40. Il. Cœlum australe stelliferum. Paris, 
1700 , in-4°. C’est dans cet ouvrage que sont consignées 
les découvertes et les observations faites par l’auteur au 
cap de Bonne-Espérance. III. Tables des logarithmes 
pour des sinus el tangentes de toutes les minutes du quart 
de cercle, etc.; édition revue par l'abbé Marie. Paris, 
an vu (1799), in-8°. IV. Tables solaires, etc. Paris, 
1758. V. Lecons élémentaires de mathématiques. Paris, 
1741-1807, in-8°. VI. Lecons de mécanique, 1743, in-8°. 
VII. Leçons d'astronomie, 1746, 4° édition, publiée 
par La Lande, 1730. VIIL. Élemens d'optique. Paris, 
1750-1807 et 1808, IX. Éphémerides depuis 1745 jus- 
qu'à 1775. La Caille est aussi l’auteur d’un Zraité de na- 
vigation, d'observations faites au cap de Bonne-Espé- 
rance pour les parallaxes de Vénus et de Mars, etc. 

CALCUL. Réalisation des opérations qu'il faut faire 
sur les nombres donnés par une question pour en con- 
naitre le résultat. Ce mot est dérivé de calculus, pierre, 


CA 


parce que les anciens employaient de petites pierres 
pour effectuer les règles de l'arithmétique. On l’étend 
encore à toutes les branches de lx science des nom- 
bres qui emploient des procédés qui leur sont pro- 
pres pour exécuter des recherches ou des opérations 
mathématiques. C’est daus ce sens que l’on dit calcul 
différentiel, calcul des variations, ete., etc. Nous avons 
ainsi : 

CaLcuL DIFFÉRENTIEL, V0Y+ DiFFÉRENTIEL. 

CALCUL INTEGRAL, v0Y. INTEGRAL. 

CALCUL DES FONCTIONS , voy. Foncrion. 

CALCUL DES LIMITES, v0y. LIMITES. 
CALCUL DES FLUXIONS, V0Y. FLUXIONS. 
CALCUL DES DÉRIVATIONS , V0ÿ. DÉRIVATION. 

CALCUL EXPONENTIEL , VOY. ÉXPONENFIEL, 

CALCUL DES DIFFÉRENCES PARTIELLES, VOY« DIFFÉREN- 
CES PARTIELLES. 

CALGUL DES PROBABILITÉS, V0Y. PROBABILITÉ. 

CALCGUL DES VARIATIONS , VOY. VARIATION. 

Cazcuz numérique. C’est la même chose que l’Antre- 
MÉTIQUE. 

CALENDES (Calendrier). C'était ke nom que les Ro- 
mains donnaient au premier jour de chaque mois Voy. 
CALENDRIER. 

CALENDRIER. Distribution du temps en périodes 
plusou moins longues, imaginées pour les usages sociaux. 
On entend encore par ce mot une table qui contient 
l'ordre des jours , des semaines, des mois et des époques 
remarquables, ou des fêtes qui arrivent pendantle cours 
de l’année. 

Le nom de calendrier est dérivé de calendes : c’est 
ainsi que les Romains désignaient le premier jour de 
chacun de leurs mois, d’après le grec xæAtw , j'appele, 
parce que c'était en ces jours qu'on appelait le peuple 
aux assemblées. 

La perfection du calendrier a été de tout temps un 
des premiers besoins des peuples civilisés; et ee, n’est 
en effet qu’en déterminant une manière invariable de 
compter le temps, qu’on peut désigner avec exactitude 
le retour des mêmes travaux, des mêmes cérémonies, 
conserver à la postérité la date des événemens, et fixer 
enfin lesépoques de l'apparition des phénomènes célestes 
que la science est parvenue à calculer si long-temps à 
l'avance. 

1. La division du temps en jours se présente d’abord 
naturellement à tous les hommes : cependant les dif- 
févens peuples n'ont point attaché à ce met la même 
signification, Le jour est raturel où artificiel. Par jour 
naturel, nous entendons le temps pendant lequel le soleil 
achève sa révolution complète d’orient en occident, 
ou le temps écoulé entre deux midis consécutifs, Le 
jour naturel renferme donc non-seulement le temps de 


: . L 
l'apparition du soleil au-dessus de l'horizon; ce qui cons- 


CA 217 


titue le jour proprement dit, mais encore le temps de 
sa présence au-dessous de l'horizon, où la nuit. Le jour 
artificiel, au contraire, est seulement le temps pendant 
lequel le soleil demeure au-dessus de l'horizon. C’est sui- 
vant cette dernière signification que le jour est opposé 
à la nuit. 

2. Quelques peuples, comme les Assyriens, ont pris 
le commencement du jour naturel au lever du soleil, 
d’autres Font pris au coucher, comme on le fait en Ita: 
lie, en Bohème et ailleurs; plus généralement comme 
en France, et dans presque tous les états de l'Europe, le 
jour naturel commence à minuit; alors l'intervalle de 
temps compris entre deux minuits consécutifs forme le 
jour civil. Les astronomes et les navigateurs com- 
mencent le jour à midi, parce que le passage du soleil 
au méridien es! un phénomène facile à observer et qui 
est par cela très-propre à indiquer le commencement 
d’un nouveau jour. C’est là l’origine du jour astrono- 
mique où du jour vrai. Voyez Jovr. 

3. Le jour naturel se divise en 24 parties qu'on 
appelle heures; nous faisons ces parties égales entre 
elles. Il y a eu des peuples qui donnaient 12 heures au 
jour artificiel et 12 heures à la nuit ; alors les heures des 
jours et des nuit étaient bien égales entre celles, mais 
non les premières aux secondes, excepté le jour de 
l’équinoxe. 

Les Juifs et les Romains divisaieat le jour artificrel en 
quatre parties égales, quatre heures principales qu’ils 
nomimaient prime, tierce, Seæle el RONE, dont la pre- 
mière commençait au lever du soleil. L'Église se sert 
encore de ces quatres heures principales pour l'office. 

4. Après avoir divisé ainsi le temps en jours, on cher- 
cha à former des périodes plus grandes, composées 
d’un nombre déterminé de jours, et ensuite d’autres 
périodes composées de celles-ci, pour établir un moyen 
pratieable de fixer le retour des événemens physiques 
ou sociaux. La révolution synodique de la lune ou Finter- 
valle de temps compris entre deux nouvelles Tunes of- 
frit un avantage précieux pour les peuples encore peu 
ävancés, en ce que les phases de cette planète servent 
éllesmémes de subdivisions à sa révolution entière. 
Aussi les Juifs, les Grecs , les Gaulois, les Saxons, etc., 
employaient:ls le retour de la nouvelle ou de la pleine 
lune pour l'indication de leurs réunions politiques et 
religieuses. La révolution synodique de la lune s’effec- 
tuant à peu près en 29 jours, on donna à cette période 
le nom dé mois, et r2 mois réunis composèrent l'année 
lunaire. 

5. Mais la division du temps en /unaisons où mois 
lunaires, quoiqu’en apparence la plus simple , est loin 
cependant d’être la plus avantageuse; le retour des 
mêmes saisons eu offre une autre beaucoup plus impor- 
tante et qui dépend entièrement de la révolution du 


248 CA 


soleil. Cette révolution est le temps employé par le 
soleil pour faire le tour de l’écliptique d’occident en 
orient, ou l'intervalle qui sépare l’équinoxe du prin- 
temps du même équinoxe suivant. Cet intervalle, qui 
est de 365 jours et à peu près 6 heures. forme l’année 
solaire où astronomique. On tâcha de concilier ces deux 
divisions; et comme douze révolutions de la lune rem- 
plissent à peu près la durée d’une révolution du soleil, 
on prit cette dernière pour unité, sous le nom d'année, 
et on la divisa en 12 parties auxquelles on donna, 
comme nous l'avons déjà dit, le nom de mois, mot dé- 
rivé de celui de la lune dans toutes les langues anciennes. 
Douze lunaisons différant de près de 11 jours d'une 
révolution solaire, on s'aperçut bientôt que les saisons 
ne correéspoudaient plus, après quelques années, avec les 
mêmes mois des années précédentes ; et la difficulté de 
faire concorder les mouvemens de la lune avec le mou- 
vement du soleil jeta les astronomes dans le plus grand 
embarras. Quelques peuples, tels queles Égvpüens, tran- 
chèrent la difficulté, en s’en tenant au seul mouvement 
solaire; d’autres, au coutraire, tels que les Arabes, 
s’attachèrent uniquement à celui de la lune. Les Grecs 
s’obstinèrent à concilier les deux mouvemens, et ce fut 
chez eux l’occasion d’un grand nombre de tentatives 
qui contribuërent puissamment aux progrès de l’astro- 
nomie. 

6. Une révolution complète de la lune étant d’en- 
viron 29 jours +, et la nécessité de composer le mois 
d’un nombre entier de jours ne permettant pas de s’en 
tenir rigoureusement pour sa durée au temps de cette 
révolution, on imagina d’abord de faire alternative- 
ment les mois de 29 et de 30 jours, afin de regagner sur 
l'un ce qu'on était forcé de perdre sur l’autre. Soon, 
qui institua cette compensation , donna le nom de caves 
aux mois de 29 jours, et de pleins à ceux de 30; le 
trentième jour des mois pleins fut désigné par lui sous le 
nom de &%y xs veu», dernier et premier, parce que ce 
jour était le dernier de la lunaison qui finissait, et le 
premier de la lunaison qui commençait. Mais 12 lunai- 
sons , ainsi déterminées, ne faisant que 354 jours, et la 
révolution solaire étant de 365 £, on fit l’année tantôt 
de 12 et tantôt de 13 mois, c’est-à-dire que sur une 
période de huit années, cinq seulement se composaient 
de 12 mois, tandis qu'aux trois autres suivantes, la troi- 
sième, la cinquième et la huitième, on intercalait un 
treizième mois plein où de 30 jours. De cette manière 
comme cette période de huit ans se composait de 2922 
jours, et que huit révolutions solaires de 365 ; font 
également 2922 jours, on voit qu’en admettant la durée 
du mois lunaire égale à 29 jours +, les mouvemens du 
soleil et de la lune devaient coïncider exactement de 
la même manière à chaque période de huit ans. On fait 


honneur de l'invention de cette période, nommée 


CA 


octuctéride, à Cléostrate de Tenédos, astronome, à ce 
qu’on croit, peu postérieur à Thalès, 

7- Cet arrangement du calendrier grec aurait été fort 
heureux, si les 99 mois qui composent la période de 
Cléostrate eussent eu précisément la même durée qne 
99 lunaisons ; mais la révolution de la lune s’effectuant 
en 29 jours 12 heures 4o minutes 2# secondes, 99 lu- 
naisons font réellement 2923 j. 12 h. 40° 37", de sorte 
que la lune qui aurait dû se renouveler à l'expiration 
des huit années lunaires, ne le faisait qu'après un jour et 
demi. Pour remédier à ce défaut, qui ne tardä pas à se 
faire sentir, on se contenta pendant assez long-temps de 
faire quelques corrections pour rapprocher les octaétéri- 
des de l'état du ciel; ce qui finit par jeter un si grand 
désordre dans le calendrier, que tous les astronomes s’ef- 
forcèrent à l’envi de chercher les moyens d’y remédier. 
Plusieurs périodes furent successivement proposées et 
rejetées, lorsqu’enfin parurent Méton et Euctémon qui 
inventèrent la célèbre enneadécatéride, où cycle de 
19 ans. 

8. Cette période, qui ramène les nouvelles lunes aux 
mêmes jours de l’année, et presque aux mêmes heures, 
se composait de 19 années lunaires, dont 12 étaient 
communes où de 12 lunaisons, et 5 de 13 lunaisons, en 
tout 235 lunaisons : les années où l’on intercalait étaient 
les 3°, 6°, 8°, 11°, 14°, 19°, 19°. On les nommait an- 
nées embolismiques , du nom des mois ajoutés, qui s’ap- 
pelaient embolismiques ou intercalaires. La distributiox 
des mois caves et pleins n’était pas tout-à-fait la mêrne 
que celle de Solon: il y avait 110 mois caves, et 125 
pleins. Par ce moyen, les mouvemens du soleil et de la 
lune sont très-heurement conciliés, et ces deux astres se 
rencontrent à la fin de la période, à très-peu de chose 
près, dans le même lieu du ciel d’où ils étaient partis 
au commencement. 

9. Le cycle de Méton avait cependant un inconvé- 
nient qui exigea bientôt une correction que l’astronome 
Calippe effectua environ un siècle après. Les 235 mois 
lunaires, tant caves que pleins, qu'il renfermait, for- 
ment 6940 jours, tandis que 235 lunaisous ue font que 
6939 jours 16 heures 32 minutes: ainsi la période anti- 
cipait de sept heures et demie, et la nouvelle lune, qui 
aurait dûavoir lieu précisément à l'instant où recommen- 
çait la période, se trouvait déjà avancée de sept heures 
et demie; cette erreur multipliée ne pouvait manquer 
de devenir sensible dès la troisième révolution du cycle. 
De plus, 19 années solaires de 365 + ne font que 6039 
jours Ÿ : ainsi la période de Méton anticipait aussi sur 
les révolutions du soleil. Calippe commença d’abord 
par la quadrupler, ce qui fit un nouveau cycle de 56 
ans, au bout duquel on devait retrancher un jour, c’est- 
à-dire que son cycle était composé de quatre cycles de 
Méton, dont les trois premiers étaient de 6940 jours, et 


CA 


le dernier de 6939. L'effet de cette correction devait 
être de retarder l’anticipation des nouvelles lunes de 
plus de 300 ans, et en même temps de faire mieux 
accorder toute la période avec le mouvement du 
soleil. En effet, l'intervalle des quatre cycles de 
Méton diminué d’un jour, fait 27759 jours, et les 940 
lunaisons qui les composent font 27558 jours 18 heures 
8 minutes, tandis que 96 révolutions du soleil font 
27759 jours. Ainsi, le mouvement de la lune n’eût anti- 
cipé sur la période entière que de 5 heures 52 mi- 
nutes, et, par conséquent, que d’un seul jour environ 
après quatre de ces révolutions, ou 304 ans. A la vérité, sa 
concordance exacte avec l’année solaire n’était qu'appa- 
rétite, puisque cette année n’est pas exactement de 365 
jours +; mais à cette époque il était impossible de le 
prévoir. Cette période de 36 ans, appelée calppique, 
du nom de son auteur, commença l’an 331 avant J.-C., 
la septième aunée du sixième cycle métonien. Elle fut 
adoptée surtout par les astronomes qui y lièrent leurs 
ubservations, comme on peut le voir dans Ptolémée qui 
en fait fréquemment mention. Nous verrons plus loin 
qu’elle répond à notre cycle lunaire combiné avec les 
année juliennes. 

10. Cette combinaison des années solaires et lunaires 
rendait le calendrier des Grecs très-compliqué et très- 
peu commode; nous ne l’avons exposée en détail que 
parce que notre calendrier actuel la renferme également, 
quoique-notre année soit purement solaire : uue partie 
des fêtes que nous célébrons étant attachée au cours du 
soleil et l’autre à celui de la lune. C’est ce qui forme la 
distinction des fêtes immobiles qui ont un jour fixe dans 
l’année, et des fêtes mobiles qui se célèbrent tantôt un 
jour et tantôt un autre. 

Nous avons donné au mot année les divisions adoptées 
par les principaux peuples dans leurs calendriers ; nous 
ne nous y arrêéterons donc point ici : mais comme nous 
tenous en grande partie le nôtre des Romains, avant de 
développer les principes sur lesquels il est fondé, nous 
allons jeter un coup d'œil sur son origine. 

11. Lors de la fondation de la république romaine, 
Romulus, législateur barbare et ignorant, n'avait com- 
posé l’année que de 340 jours divisés en 10 mois; mais 
Numa qui possédait sans doute quelques connaissances 
astronomiques, fixa la durée de l’année solaire à 365 
jours, et celle de l’année lunaire à 354. Il voulut en 
conséquence que l’année romaine fût composée de 12 


mois alternativement de 9 et de 30 jours, afin de se 


conformer aux mouvemens de la lune, et que de 


deux en deux années on ajoutät un mois intercalaire 
alternativement de 22 et de 23 jours, pour l’accorder 
avec le mouvement du soleil. 

D'après ce que nous avons dit plus haut, il est facile 


de voir que Numa était loin d'atteindre son but, puis- 


919 


CA 


que son année ne s’accordait que de deux en deux ans 
avec le cours du soleil, et rarement, ou même seule- 
ment par hasard, avec celui de la lune. Il sentit, à.ce 
qu'il parait, l'imperfection de son. calendrier, puisqu'il 
préposa les pontifes pour y veiller et pour l'accorder 
avec les mouvemens célestes. Mais les intentions de ce 
prince furent bien mal remplies , car le peuple conqué-= 
rant, Ja grande nation dominatrice de l'univers, de- 
meura jusqu'a Jules-César, sous le rapport du calendrier, 
au-déssous de tous les peuples connus , et même de ceux 
que Kome traitait de barbares. 


12. Le calendrier romain était tombé, du temps de 
Jules-César, daus une si prodigieuse confusion que l’équi- 
noxe civil s’écartait de l’équinoxe astronomique de près 
de trois mois, et que l’ordre des saisons se trouvait 
entièrement interverti. César, d’après les conseils de 
l'astronomé Sosigènes, ayant déterminé l’année solaire 
astronomique de 365 jours G heures, adopta cette année 
comme plus commode pour la conformer à l’état du ciel. 
En conséquence, il décida que l’année civile serait 
pendant trois ans de 365 jours, ct qu’à chaque qua- 
trième aunée, on intercalerait un jour pour recouvrer 
les 24 heures dont 4 années communes diffèrent de 


4 années astronomiques. 


Suivant cette manière de compter, le soleil n’a pas 
fait sa révolution entière à la fin de la première année 
civile, il s’en faut alors de G heures; à la fin de la se- 
conde , ils’en faut de 12 heures; à la fin de la troisième, 
il s’en faut de 18; ct enfin il s'en faudrait de 24 heures 
à la fin de la quatrième si on ne la faisait pas plus lon- 
gue d’un'jour que la précédente. Grâce à cet arrange- 
ment, les saisons se reproduisent exactement aux mêmes 
époques de 4 en 4 années. 

13. Pour opérer sa réformation, César ajouta à l’an- 
née courante83 jours afin de ramener l’équinoxe du prin- 
temps à sa place; ce qui fit donner à cette année le nom 
d'année de confusion. K fixa, comme Numa, le com- 
mencement de chaque année au premier janvier, et fit 
les 12 mois alternativement de 31 et de 30 jours, à 
l'exception du mois de février qui ne devait être que 
de 29 jours dans les années communes, et de 30 jours 
dans les années dites bissextiles, par la raison que nous 
allons exposer. 

14. Notre période de sept jours, ou la semaine, qui 
ramène invariablement les différens jours dans le même 
ordre, quoique fort ancienne et fort répandue, n’en- 
trait cependant pas dans le calendrier des Grecs ni dans 
celui des Romains. Les Grecs divisaient le mois en trois 
décades, usage qu’on avait voulu renouveler dans le 
calendrier français républicain; les Romains parta- 
geaient également le mois en trois parties, mais ils Je 


faisaient de la manière la plus incommode pour les 
3» 


250 CA 


calculs. Ces parties se nommaient calendes, nones et 
ides. 

Les calendes étaient le premier jour de chaque mois; 
les nones arrivaient le 7 dans les mois de mars, de mai, 
de juillet et d'octobre, et le 5 dans les autres mois; les 
ides tombaient au 15 dans les mois de mars, de mai, 
de juillet et d'octobre ; et le 13 dans les autres mois. 
Les jours qui précédaient ces trois termes en tiraient 
leurs dénominations; c’est-à-dire que les jours compris 
entre les calendes et les nones se nommaient les jours 
avant les nones ; ceux qui étaient compris entre les 
nones et les ides étaient appelés jours avant les ides; et 
enfin les jours compris entre les ides d’un mois et les ca- 
lendes du mois suivant étaient nommés Jours avant les 
calendes de ce dernier mois. Ainsi, les ides de mars 
tombant le 14 de ce mois, le jour d’après était le Aui- 
tième jour avant les calendes d'avril, le suivant, le sep- 
tième avant les calendes d'avril, et ainsi de suite. 


15. Jules-César ayant arrêté que le jour intercalaire 
dont on augmenterait l’année tous les quatre ans serait 
placé entre le G° et le 7° jour avant les calendes de mars, 
on comptait dans cette année deux sixièmes jours des 
calendes, et l’on disait sexto calendas martit, et en- 
suite bi-sexlo calendas martit; ante est sous-entendu. 
C'est ce qui a fait donner à l’année de 366 jours le nom 
de bissextile. 


16, Le calendrier institué par Jules-César, et adopté, 
ensuite généralement, sauf quelques légères modifica- 
tions dont nous parlerons plus loin, sous le nom de ca- 
Lendrier julien, eut besoin, du temps d’Auguste, d’une 
espèce de correction dont Pline parle de manière à 
prouver qu’il n’avait aucunes connaissances astronomi- 
ques. Les prêtres chargés, comme avant la réformation, 
de la direction du calendrier, avaient anal compris ce 
que César avait ordonné, savoir, d’intercaler un jour 
après chaque quatrième année révolue; et ils avaient 
intercalé, après chaque quatrième année commençante, 
c’est-à-dire de trois ans en trois ans. Cette erreur avait 
déja duré 36 ans, et l’équinoxe commençait à arriver 
trois jours plus tôt qu'il ne fallait, lorsqu'Auguste, ayant 
fait examiner par les astronomes la cause de ce désor- 
dre, ordonna qu’on ne ferait aucune intercalation pen- 
dant 12 années, et qu’ensuite on ne le ferait qu’à la fin 
de la quatrième année. 


CA 


17. Les noms des mois romains furent conservés par 
Jules-César tels qu’ils se trouvaient dans l’ancien calen- 
drier. Les deux mois que nous nommons Juillet et août 
s’appelaient alors guintile et sextile, parce que l’un était 
le cinquième et l’autre le sixième de l’année de Romu- 
lus commençant au premier mars; mais dans la suite on 
donna le nom de Jules-César à quintile, et celui d'Au- 
guste à sextile. Pour que le mois d'Augustus ne fût pas 
inférieur à celui de Julius, on prit un jour de février pour 
le reporter sur août, qui fut alors de 31 jours, tandis que 
février n'eut plus que 28 jours dans les années commu 
nes, et 20 dans les années bissextiles. C’est ainsi qu’on 
dérangea l’ordre commode que Jules-César avait établi 
en ordonnant que les mois auraient alternativement 30 
et 31 jours. Les mois du calendrier romain, et par suite 
les mois de notre calendrier actuel, sont donc distri- 


Luës comme il suit : 


1.Janvier....31 jours 7.Juillet......3r1 jours 
2.Février.s..260u2091 8.Août....:..7.31 

3.Mars.. 
h:ANrilL......30 
5: Mai... 


Oduin,.....80 


es ol 9.Septembre...30 
10.O0ctobre.....31 
01 11.Novembre...30 
12.Décembre...31 

Pour aider la mémoire, on donne les deux règles sui- 
vantes: 1° Fermez la main; et sans tenir compte du 
poucé, comptez les mois par les racines des quatre 
doigts, et par les trois creux qui les séparent, en comp- 
tant l'index pour janvier, eten recommençant la série à 
ce même doigt lorsqu'elle est épuisée. Tous les ntois qui 
tomberont sur les doigts auront 31 jours, et ceux qui 
tomberont dans les intervalles n’en auront que 30. 
e° Ouvrez la main et baissez le second et le quatrième 
doigts , les doigts levés indiqueront les mois de 31 
jours, en commençant par le pouce affecté.au mois de 
mars; les doigts baissés indiqueront les mois de 30 jours. 
Il faut faire attention seulement que le mois de février 
désigné dans ces deux procédés comme ayant 30 jours 
n’en à réellement que 28 dans les années communes, 
et 29 dans les années bissextiles. 

18. Le tableau suivant comprend tout le calendrier 
romain. Nous y avons fait l'année bissextile; et le jour 


intercalaire est marqué par une étoile au 25 février. 


| 


JANUARIUS, 


sous la protection de 
Junon. 


1[Galeudis Jan. 
V Nonas. 
IT Nonas. 
! idiè Nonas. 
3[Nonis Januar. 


LE 


VI ildus. 
VIT Idus. 
VI Idus. 

V Idus. 
IV Idus. 


FEGRUARIUS, 
sous la protection de 
Neptune, 


1 Calendis Feb. 


2| IV Nonas. 
3| TITI Nonas. 
a|Pridiè Nonas. 
5[Nouis Februar. 


6| VIII Idus. 
7| VII Idus. 
8 VI Idus. 
9 


V Idus. 
o! IV Idus. 


CALENDRIER ROMAIN. 


[IT Idus. 
Pridiè Idus. 
fdibus Januar. 
X'!'X Cal. Feb. 
5|X VIII Cal. 


III Iüus. 
2|Pridiè Idus. 
3|Idibus Febr. 
XVI Cal. Mar. 
XV Calendas. 


6 XVII Cal. 


XVI Cal. 
XV Cal. 
XIV Cal. 
XITI Cal. 
XII Cal. 

> CEA 

X: Cal. 

IX Cal. 
VIII Cal. 


"IP OA) 


XIV Cal. 
7 XIII Cal. 
8| XII Cal. 
XI Cal. 
X Cal 
IX Cal. 
VIII Cal. 
VII Cal. 
>4 NI Cal 


DUBLIN 


af Prid. Cal. Feb.{ 


>5 *Cal: 
6 V Cal. 
27| : IV Cal. 
28| ITT Cal. 


Prid, Cal. Mar. 


»1l XII Cal. | 
>| XI Cal: 


56| VII Cal. 


MARTIUS , 

sous la protection de | 
Minerve 

1|Calendis Mart.| 
2| VI Nonas. 
5| V Nonas. 
4| IV Nonas 
5| TITI Nonas. 
6|Pridiè Nonas. 
71Nonis Marti. 
8| VIIE Idus, 
g| VII Iaus. 
10 VI Idus. 
11 V ldus 
12 IV idus, 
15| III Idus. 
14|Pridiè Tdus 
15|fdibus Marti, 
16/X VII Cal. Ap. 
191 XVI Calend,. 
18" XVC “a 


19! XIV Cal. 
“ XLIT Cai. 


25, X Cal. 
4| IX Cal 


Lil. 


5| VIII Col. 


>6 

)7 VI Cal. 
>< V Cal. 
20 EN Cal. 


301 III Cal. 


51 |Pridiè Cal. An.! 


9 & Ÿ DE 
Cr DIR = 


il 


| APRILIS, 


| sous la protection de 
V ecaus. 


DUT (trlengis Apr. 


a! IV Nonas. 
3| III Not: 

4|Pridiè Nonas. 
5'Nonis Aprilis. 


MAIUS, 
sous la prote.tion 
d'Apollon. 


Laleudis Mau. 
VI Nonas. 
V Nonas. 
IV Nonas. 
III Nonas. 


VIII fdus. 
VIi Idus. 
VI Idus. 

V Idus. 
IV idus. 
LI Ldus. 

Lridiè dus. 

Idibus Aprilis. 

X VIII Ca. Ma 

XVII Calend: 


5 © ON 


OIL DIN 


)|Pridiè Nonas. 

Nonis Mau. 

| VIII Idus. 

VII Idur. 
VI Idus 


mn V Idus. 


IV Idus. 
IIT Jdus. 
4|Pridiè Idus. 
5{Idibus Mau. 


251 


JONIUS, 
sous la protection de 
Mercure. 


en mens 
1/Calendis Junn. 
IV Novas. 
III Nonas. 
Pridiè Nonas. 
Nonis Junit. 
VIII Idus. 
VII Idus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idus. 


III Idus. 
Pridiè Idus. 
3{Edibus Junit. 
4IX VIII Cal. Jul 
5! XVII Cal, 


© ŒNI a CE ©, D 


| XVI Cal. 
XV Cal. 
XIV Cal. 
| XIII Cal. 
XII Cal. 


IX VII Ca. Jun. 
XVI Cal: 
XV Cal. 
XIV Cal. 
XIII Cal. 


XVI Cal. 
XV:Cal. 
XIV Cal. 
XIII Cal, 
XII Cal. 


XI Cal. 
X Cal. 
JX Cal. 
VIII Cal. 
VII Cal. 


XII Cal: 
XI Cäl. 
X Cal. 
TX Cal: 

VIIT Cal. 


VI Cal. 

] Cal. 
IV Cal. 
III Cal. 


5o|Prid. Gal. Maiil5 


50 


Pridié Cal. Jur 


XI Cal. 
X Cal. 
IX Cal. 
4| VIII Cal. 
VII Cal. 
NI-Cal. 
V Cal. 
EV Cal. 
29] TI Cal. Joli. 
30|Pridiè Cal. Jul. 


Î 


| 


alu or = 


JULIUS, 


sous la protection de 
Jupiter. 


a 
Calendis Julri. 


VI Nouas. 
V Nonas. 
IV Nomas. 
ITL Nonas. 
Pridiè Nonas. 
Nonis Jul. 
VIII Idus. 
VII Idus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idus. 
III Idus. 


4|Pridiè Idus. 


OO OI 


5{fdibus Julii. 


AUGUSTUS, 
sous la protection de 
Ceres. 

|[Calendis Aug. 
IV Nonas. 
III Nonas. 
4|Pridrè Nonas. 
5[Nonis August. 
VIIL Idus. 
VII Idus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idus. 


5 EAN] 


SEPTEMBER , 
sous Ja protection de 


Vulcoin. 


Calendis Septe. 
IV Nonas. 
IIT Nonas. 
Pridiè Nonas. 
5[Nonis Septem. | 


| OUTOBER. 
| sous la protection de 


Mars. 


[Calendis Octo. 
VI Nonas. 
V Nonas. 
IV Nonas, 
ITI Nonas. 


NOVEMBER, 
sous la protection de 
Diane. 


1, Caleudis Nov. 
2| IV Nonas. 
ITIT Nonas. 
Pridiè Nonas. 
5/Nonis Novem. 


)| ViII Idus. 
VII Ilus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idus. 


Pridié Nouas. 
Nonis Octobris 
VITi Idus. 
VIT dus. 
V Ï Jdus. 


3 Ol Gi cie D 


VIII Idus. 
VII Idus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idüus. 


DECEMBER , 


sous la protection dé 
Vesta. 


1|Calendis Dec. 
“| IV Nonas. 
III Nonas. 
Pridiè Nouas. 
5/Nonis Decemb. 
RTE PRET 
| VIII Idus. 
VIT Idus. 
VI Idus. 
V Idus. 
IV Idus. 


111 Idus. 
Pridiè Idus. 
Idibus Augnsti 
XIX Cal. Sept 
XVIIL Cal. 


OZ ON — 


ITE Tdus. 
>|Pridiè Idus. 
3|Idibus Septeni.| 
4|X VIII Ca. Oct 
5|X VII Cal 


V tdus. 
IV Idus. 
III Idus. 

4lPridiè Jdns. 
[idibus Octobr. 


16[XVEL Ca. 


Au. 
XVI Calendas. 
XV Cal. 
XIV Cal. 
XIII Cal. 


)'XVILC al. 


XVI Cal. 
XV Cal. 
| XIV Cal. 
XIII ve l: 


°NSNÉNY 


srqruo1dae 


TITI Cal. 
31|Pridiè Ca. Aug 


31 


Pi idié Ca, Sept 


‘SL1{O10) 


o|Pridiè Cal, Oct. 


IX VIE. Ca. Nov 
XVI Cal. 
XV Cal. 
XIV Cal. 
XIIXL Gal. 
XII Cal. 

XI Gal. 

X Cal: 
IX Cal. 
VIII Gal. 


VTE CAT 

VI Cal. 

Y Cal. 

IR Cal. 
o|Pridiè Cal, Oct. 


“SH RON. 


D D & NX 
CUS O1 N! - 


| 


er] 


19 "D & © 
| 


22 


ÊÎ IIT Idus. 
Pridiè dus. 
dibuis Novem 
XVIII Ca. Der 
5|X VII Gal: 


HI Idus. 

2! Pridiè Idus. 
Idibus Decemb 
XIX Cal. Jan. 

5[X VII Cal, 


16! X V1 Gal. 
5| XV Cal. 
18] XIV Cal. 
19| XIII Cal, 
»vo| XII Cal. 


o1l XI Cal 


21 


X Cal: 
3] IX Cal. 
24] VIII Cal. 
25| VII Cat. 


26 
27 V Cal. 
28] IV Cal. 
gl III Cal. 
30|Pridiè Ca. Dec. 


"STIQUI0N(T 


Vi: Cal: 


| X VII Cal. 


XIII Cal. 


XI Cal. 
X Cal. 
2 XI Cal. 
5| VIII Cal. 
VII Cal. 
VL Cal. 
Ÿ Cal. 
IV Cal. 
III Cal. 
31|Pridiè Ca. Jan. 


‘IIENUR p 


9252 CA 


19. Lorsque la religion chrétienne commença à rem- 
plir sa mission civilisatrice , l’année lunaire reparut 
dans le calendrier romain, dont Jules-César l'avait ban- 
me. Il fallait en effet se servir des révolutions de la lune 
pour fixer chaque année la fête de Pâques, instituée 
à Fimitation de la Päâque des juifs, quoiqu’en mémoire 
d’un événement bien différent, Les Juifs céléhbraient 
cette fête le 14 de leur premier mois, qu'ils nommaient 
Nisan, et ce premier mois était celui dont le 14° jour 
de la lune tombait à l'équinoxe du printemps ou le sui- 
vait de plus près. L'Église relint cet usage quant à la 
détermination du mois; mais à l’épard da jour elle vou- 
lut qu'il ne fût célébré que le dunanche. 

La division du mois en semaines ou périodes de 7 
jours, commune aux Juifs et aux premiers chrétiens, 
remplaca bientôt dans le calendrier romain les anciennes 
subdivisions de calendes, d'idées et de nones; mais la 
concordance des deux années lunaire et solaire se fit 
d’une manière si inexacte dans les premiers siècles de 
l'Église, que le concile de Nicée, tenu en 325, fut obligé 
de prendre un arrêté réglementaire à ce sujet. Ce con- 
cile décida que la fête de Pâques serait célébrée le pre- 
inier dimanche qui suit la pleine lune de l’équinoxe du 
printemps, ou qui vient immédiatement après cet équi- 
noxe : c’est-à-dire que si la nouvelle lune tombe au 8 
de mars, la pleine lune tombera le 21, qui est le jour 
de l’équinoxe, et par conséquent cette pleine lune sira 
paschale : la fête de Pâques devra donc être célébrée 
le premier dimanche suivant. De même, si la nouvelle 
lune tombait après le 8 1aars, la pleine lune suivaute 
serait aussi paschale, tandis qu’au contraire, si la nou- 
velle lune arrivait du 1‘* au 7 mars, la pleine lune 
tomberait avant l’équinoxe, et par conséquent il fau- 
drait attendre la pleise lune suivante, et prendre poër 
le jour de Päques le dimanche après cette dernière. 

20. Le problème de déterminer avec exactitude les 
nouvelles lunes, devint donc le plus important du ca- 
lendrier chrétien. Après plusieurs tentatives impuis- 
santes et mal conçues, dont il est inutile de rappeler les 
auteurs, Eusèbe de Césarée introduisit le cycle de Me- 
ton, ou autrement le cycle lunaire, dont nous ayons 
parlé ci-dessus (8).:L’usage de ce cycle, sous le nom 
de nombre d'or, fut confirmé par le concile de Nicée et 
le calendrier, arrangé définitivement, garda la forme 
dont nous allons parler, jusqu'a l’égoque de la grande 
réforme opérée sous le pontificat de.Grégoire XIII. 

or. L'Église ayant adopté le calendrier julien et les 
années bissextiles , il s'agissait de faire concorder avec 
les jours du mois ceux de la semaine, ainsi que les jours 
de la lune. Pour cet effet, on se servit d’un cycle de 28 
ans, nommé cycle solaire et du cycle lunaire. 

22. Le cYcLE soLAIRE est uue période de 28 années 
qui renferme toutes les combinasons possibles des jours 


CA 


de la semaine avec ceux du mois. Ces combinaisons 
naissent de ce que tous les ans les dimanches ne tom- 
bent pas les mêmes jours des mois. Par exemple, si 
l'année de 365 jours a commencé par un lundi, et que 
par conséquent le 7 de janvier ait été un dimanche, 
l'année suivante ne commencera pas par un lundi, mais 
par un mardi, etle premier dimanche sera le 6 de janvier. 
Lorsque l'année est bissextile ou de 366 jours, la diffé- 
rence est de deux jours; c’est-à-dire, que si l’année bis- 
sextile a cominencé par un lundi, l'année suivante com- 
mencera par un mercredi. 

Cette variation est due à ce que l’année solaire ne 
contient pas un nombre exact de semaines : l’année 
commune contient 52 semaines, plus 1 jour, et l’année 
bissextile 52 semaines plus 2 jours. 

23. Si toutes les années étaient communes ou de 365 


jours, le cvcle solaire serait seulement de 3 


ans ; car 
dans cette période toutes les combinaisons seraient épui- 
sées, puisqu'en supposant que la première année du 
cycle commençät par un lundi, la seconde commence- 
rait par le mardi, la troisième par le mercredi, la qua- 
trième par le jeudi, la cinquième par le vendredi, la 
sixième par le samedi, et la septième par le dimauche ; 
la huitième année, ou la première du cycle suivant, re- 
cominencerait donc par le lundi et ainsi de suite. Mais 
il arrive une année bissextile de 4 en 4 ans; et comme 
cette année produit un jour de différence de plus que 
les autres années , il faut 5 années bissextiles pour que le 
jour excédant de chacune produise 7 jours ou une se- 
maine. Or, 5 années bissextiles ne peuvent se présenter 
qu'en 28 ans : il faut donc une révolution complète de 
28 ans pour que les jours de la semaine correspondent 
de nouveau, de la mème manière, avec les mêmes jours 
du mois. 

24. On détermine les jours de la semaine à l’aide des 
sept premières lettres de l'alphabet que l’on place vis-à- 
vis les jours des mois dans le calendrier perpétuel. Ces 
lettres, auxquelles on a donné ie nom de LETTRES DoxI- 
NICALES, sont disposées comme il suit : À est à côté du 
premier de janvier, B à côté du second, C à côté du 
troisème, et ainsi de suite jusqu'au G qui est à côté du 
septième jour. A revient après au huitième, B au neu- 
vième, etc., etc., en continuant cet ordre jusgr'au 31 
janvier, auquel correspond la lettre C, février commence 
ensuite par D, et enfin on poursuit de la même ma- 
nière jusqu’au 31 décembre. 

Ces lettres sont nommées Domunicales, parce qu’on 
s'en sert pour marquer tous les dimanches de l'année. 
Ainsi, À étant la lettre dominicale d’une année, tous les 
jours des mois vis-à-vis desquels se trouve V'A sont des 
dimanches. Il en est de même des autres lettres qui de- 
viennent successivement dominicales. 

25. Dans les années bissextiles il y a toujours deux 


CA 


lettres dominicales, dont l’une sert depuis le commèn- 
cement de l’année jusqu’à la fête de saint Mathias, et 
l’autre depuis le jour de cette fête iuclusivement jusqu’à 
la fin de l’année. 

Nous devous remarquer qu’actuellement on ne change 
de lettre dominicale qu’à compter du premier mars; de 
cette manière, la fête de saint Mathias est toujours le 
24 février. 

26. Les lettres ne deviennent pas dominicales d’une 
année à l’autre, suivant le rang qu’elles tiennent dans 
l'alphabet, mais dans un ordrerenversé, c’est-à-dire que 
si la lettre C est dominicale pendant une année, B le 
deviendra l’année suivante; et ainsi de suite jusqu’à À, 
après laquelle on recommence par G. Cela résulte de ce 
que nous avons dit plus haut (22). 

27. LecycLe LUNAIRE est comme nous l'avons vu une 
période de 19 ans (8), qui renferme toutes les variétés 
qui peuventarriver aux nouvelleslunes par rapport aux 
jours des mois. En admettant que cette période soit en- 
tièrement exacte, les nouvelles lunes tomberaient, daus 
une année, aux mêmes jours auxquels elles arrivaient 19 
ans auparavant, et il suffirait de connaître la situation 
des nouvelles lunes pendant 19 années consécutives pour 
établir un calendrier perpétuel. 

Après la découverte du cycle lunaire de 19 ans, on 
marquait à Athènes l’année de ce cycle par des chiffres 
d’or qui étaient gravés en grand dans un lieu public. 
C’est pour cette raison que le nombre qui désigne l'an- 
née du cycle lunaire est encore appelé de nos jours le 
nombre d'or. Dans les anciens calendriers on écrivait 
aussi ces nombres en caractères d’or. 

28. On se servait de ces nombres pour marquer dans 
le calendrier les jours de chaque mois auxquels arri- 
vaient les nouvelles lunes, d’une manière analogue à 
celle dont les lettres dominicales étaient employtes 
pour marquer les dimanches. Ainsi, lorsqu'on était 
dans la première année: du cycle lunaire, le chiffre I 
indiquait dans le calendrier tous les jours de nouvelles 
lunes pendant cette année. Dans la seconde année du 
cycle, le chiffre 11 indiquait les jours des nouvelles 
lunes, et ainsi de suite. On avait donc disposé les nom- 
bres d’or dans les anciens calendriers, comme on le verra 
dans la table suivante, de manière qu'on connaissait 
immédiatement les jours des nouvelles lunes à l’aide du 
nombre d’or de l’année. 

Nous donnerons seulement ici les trois premiers mois 
de l’année ; ce qui est suffisant pour faire connaître lé mé- 
canisme du calendrier. Le nombre d’or II répond au 
premier janvier, parce qu'x Fépoque où lon a intro- 
duit le cycle de Méton dans le calendrier chrétien, la 
nouvelle lune arrivait le premier de janvier dans la 
troisième année de ce cycle. Il y a 11 jours dans janvier, 


10 dans février, et 11 dans mars, à côté desquels il n’y a 


CA 953 
point de nombres d’or; ce sont ceux où il w'arrivai 


pas alors de nouvelles lunes pendant la révolution di 
cycle. 


CALENDRIER ANCIEN DE L'ÉGLISE. 


JANVIER. FEVRIER. 
J. du | Let. | Sal lSda | La, | Neon. 


| 
Dom. d'or. mois. | Doi. 
a | mme emmmnns | communs 


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29. Ge système de calendrier renfermait deux fausses 
suppositions. La première, que la révolution du soleil 
est exactement de 365 j. Gh.; et la seconde, que 19 
années solaires sont égales à 235 lunaisons. Ces deux 
erreurs, qui sont peu sensibles pour un petit nombre d'an- 
nées , le sont devenues d’une manière assez considérable 
dans la suite des siècles. L'année solaire étant de 365 j. 
5 h. 48" 52”, 


dre que 365 j. G h., il en résultait un avancement 


c’est-à-dire d’à peu près 11 minutes moin- 


successif des équinoxes de 11 minutes par an, ou de 
3 jours en 400 ans. Cet avancement avait fait passer 
l'équinoxe du printemps, du 21 mars où il était lors du 
concile de Nicée, au 11 mars dès le XVI° siècle. De 
plus, le cycle de Méton ne ramenait pas précisément 
les nouvelles lunes au même point de l’année julienne: 
celles qu'annonçait le calendrier précédaient déjà de 
4 jours les véritables au milieu du même siècle , et sans 
la réformation qui se fit alors, les âges suivans auraient 
fini par avoir la pleine lune quand le calendrier aurait 
indiqué la nouvelle. 

Dès l'an 300 de l'ère chrétienne, le célèbre Bède 


avait signalé l’anticipation des équinoxes qui arrivaient 


254 CA 


déjà trois jours plus tôt qu’il ne fallait. Cingsiècles après, 
Jean de Sacro-Bosco et Roger Bacon, le premier dans 
son livre De anni ratione , et le second dans son projet 
de réformation intitulé : De reformatione calendar, 
exposèrent les défauts, devenus encoré plus saillans, du 
calendrier ; mais leurs travaux demeurèrent sans résul- 
tats. Enfin, dans le cours du XV° siècle, Pierre d’Ailly 
renouvela le projet de réformer le calendrier de l'Église, 
et présenta, sur ce sujet, au concile de Constance, des 
projets et des mémoires qui firent mettre la matière en 
délibération. Vers la même époque, le célèbre cardinal 
de Cusa en fit autant pour le concile de Latran. Le pape 
Sixte IV, frappé lui-même des désordres du comput 
ecclésiastique, entreprit, en 1474, la grande tâche qu'il 
n'était point destiné à remplir. Il fit choix de l’astro- 
nome Regiomontanus pour travailler à la réforme ; mais 
la mort précipitée de ce mathématicien célèbre rendit 
vaine la bonne volonté de Sixte. Plusieurs astronomes 
de divers pays s’occupèrent à l’envi de cette question 
devenue des plus importantes : Jean Angelus, en 1504, 
Jean Stoeffler, en 1516, Albertus Pighius, en 1520, 
Jean Schôner, en 1 522, Lucas Gauricus, en 1525, pu- 
blièrent des projets de réformation. Paul de Middel- 
bourg, évêque de Fossembrone, calcula les lunaisons 
pour les 3000 premières années de l’ère chrétienne, et 
détermina astronomiquement celles qui étaient pas- 
chales. Pierre Pitatus de Vérone, fit un grand nombre 
d'observations pour déterminer au juste les périodes 
solaires et lunaires ; il en présenta les résultats, avec un 
plan de réformation, en 1550, aü pape Pie IV. Le 
guomon élevé dans l’église de saint Pétrone à Bologne, 
par Egnazio Dante, n’a d’abord eu d’autre objet que de 
rendre sensible à tout le monde l’anticipation considé- 
rable de l’équinoxe. Le pape Grégoire XIIL exécuta 
enfin la réformation désirée depuis tant de siècles. 

Le plan qui réunit tous les suffrages fut celui de 
Aloysius Lilius, astronome et médecin véronais, que 
la mort enleva lorsqu'il était sur le point de le pré- 
senter au pape: ce fut son frère qui renælit cette mis- 
sion. Grégoire XIIT ayant donné le travail de Lilius à 
examiner à d'habiles mathématiciens, il fut jugé d’une 
exécution facile, et dès-lors l'affaire de la réformation 
fut entamée. Pour la traiter et la conduire à sa fin, le 
pape demanda l'avis de tous les souverains catholiques, 
et, après s'être assuré du consentement universel, il 
donna au mois de mars 1582, un bref par lequel il 
abrogea l'usage de l’ancien calendrier, et lui substitua le 
nouveau. Cette année, 1582, eut la particularité singu- 
lière d’avoir un mois de 20 jours, car on passa immé- 
diatement du 4 au 15 octobre, afin que l’équinoxe 
revint au 21 mars de l’année suivante 1583. Nous allons 
exposer la construction du calendrier grégorien, devenu 
le calendrier de tous les peuples chrétiens, à l'excep- 


CA 


tion des Russes qui n’ont point encore adopté la réfore 
mation. 

30. Dans le calendrier julien, les années étaient bis- 
sextiles de 4 en 4 ans, c’est-à-dire qu'en partant de 
l'année 1° d’un siècle, les années 4, 8, 12, 16, 20, 
24, etc., étaient composées de 366 jours. On reconnaissait 
ainsi qu'une année devait être bissextile lorsque le nom- 
bre de cette année est divisible par 4. Toutes les années . 
séculaires ou les années dont le nombre finit par deux 0,7 
telles que 100, 200, 1000, 1200, 1800, etc., étaient 
douc bissextiles. Dans le calendrier grégorien, on ne fait 
bissextile qu’une seule année séculaire sur quatre con- 
sécutives, pour éviter l’anticipation de l'équinoxe de 
3 jours sur 400, causée par la règle julienne. Ainsi, des 
quatre années 1600, 1700, 1800, 1900, la seule année 
1600 est bissextile, et les trois autres doivent être com- 
munes. Il en est de même dés années 2000, 2100, 
2200, 2300, dont la première doit être seule bissextile, 
et ainsi de suite. De cette manière, la règle pour trou- 
ver les années bissextiles se compose de deux parties : 


12 


. Pour les années qui ne sont pas séculaires ne 
prenez que les deux premiers chiffres à droite, et di- 
visez par 4 : si la division se fait exactement l'année 
est bissextile ; dans le cas contraire elle est conunune. 

2°. Pour les années séculaires , retranchez deux zéros 
à droite et divisez les chiffres restans à gauche par 4; 
l’année sera bissextile si la division se fail exacte- 
ment. 

D’après cette règle, si l’année proposée est 1534, on 
retranche 18, et l’on divise 34 par 4; la division ne pou- 
vant se faire exactement, 1834 est une année commune; 
si l’année proposée est 2400, on retranche deux zéros 
et l’on divise 24 par 4 : la division pouvant s’effectuer 
exactement , 2400 est une année bissextile. 

31. D’après cette combinaison, 400 années grégo- 
riennes se composent de 97 années bissextiles, et de 303 
années communes; ce qui forme un total de 146067 j.; 
mais 400 années solaires de 365 j. 5 h. 48° 52”, font 
146096 j. 21 h. 46" 40": il y a donc encore en 400 ans 
une différence de 2 h. 13° 20"; ce qui finira par pro- 
duire un jour en 4 ou 5000 ans. Ainsi, pour rétablir 
l'équinoxe, il faudra alors faire quatre années séculaires 
de suite non bissextiles ; mais on a le temps de se pré- 
parer à cette correction ; et si la réforme de Lilius n’est 
pas entièrement satisfaisante pour les astronomes, elle 
suffit amplement à tous les besoins civils. 

32. La restauration de l’année solaire, et la fixation 
de l’équinoxe au même jour, n’étaient pas la partie diffi- 
cile de la réformation du calendrier; il s'agissait d'v 
lier l’année lunaire; et c’est ce que Lilius a fait d'une 
manière très-ingénieuse a l’aide des épactes. 

33. Les Épacres sont trente nombres, depuis À jus- 
qu'à XXX, que l’on écrit à côté des jours du mois, 


CA 


comme on écrivait autrefois les nombres d’or, avec cette 
différence toutefois qu’on les place sans interruption, de 
manière qu'il y a des épactes devant tous les jours des 
mois. 

Ces nombres sont placés dans un ordre rétrograde, 
de sorte que l’astérisque * qui tient lieu de l’épacte XXX 
est à côté du premier janvier; ensuite l’'épacte XXIX 
est à côté du deux, XX VIIT est à côté du trois, et ainsi 
de suite jusqu’à l’épacte T, après laquelle on recom- 
.mence XXX ou l’astérisque *. 

34. Les 30 épactes ainsi disposées répondent à 30 
jours, et par conséquent elles désignent les 30 jours des 
mois lunaires pleins (6); mais comme il y en a six dans 
l’année lunaire qui sont caves, C'est-à-dire de 29 jours, 
on a mis ensemble les deux épactes XXV et XXIV, 
en sorte qu’elles répondent à un même jour dans six 


différens mois, savoir : au 5 février, au 5 


avril, au 3 
juin, au 1° août, au 29 septembre et au 27 novembre. 
Par ce moyen , les 30 épactes ne répondent qu’à 29 jours 
dans ces six mois. 

35. Le nom d’épactes donné à ces nombres, du grec 
kæaxrès, surajouté, vient de ce que celui qui appartient 
à chaque année est le nombre de jours dont la nouvelle 
lune précède le commencement de l’année civile. Par 
exemple, il y a XX à l’épacte en 1834, parce que la lune 
avait 20 jours lorsque cette année a commencé. On peut 
encore définir l’épacte d’une année, le nombre de jours 
qui restent au mois de décembre de l’année précédente, 
après la lune qui s’est terminée dans ce mois. 

36. D'après l’ordre rétrograde dans lequel les épactes 
sont écrites, on voit aisément que la nouvelle lune de 
janvier, pour une année quelconque, doit arriver le jour 
devant lequel cette épacte est placée; car pour l’année 
1834 l’épacte étant XX, ce nombre signifie qu’au 
1° janvier la lune avait 20 jours, ou que la lunaison de 
décembre s’est terminée le 11. Ainsi, la Junaison de 
janvier ayant commencé le 12 décembre, doit finir le 
10 janvier, puisque du 12 décembre au 10 janvier in- 
clusivement il ÿ a 30 jours : la nouvelle lune de janvier 
arrive donc le 11, justement marqué par le chiffre 
d’épacte XX, à cause de l’ordre rétrograde. Ainsi, 
comme cette épacte XX se trouve successivement écrite 


*« 


CA 255 


à 30 et 29 jours de distance, elle indique les nouvelles 
lunes pour toute la durée de l’année. 

37. Il est évident que cette manière de déterminer 
les nouvelles lunes est loin d’être exacte, et que la vé- 
ritable nouvelle lune diffère souvent de un, deux et 
même trois jours; mais cet arrangement a été choisi 
exprès pour que la Pâque des Chrétiens ne concordât 
pas avec celle des Juifs. 

38. Au lieu d'écrire le nombre XXX, on s’est servi 
de l’astérisque *, parce qu’on peut prendre ce signe 
pour o ou pour 30 selon que le besoin peut s’en pré- 
senter. Lorsque la lune se termine au premier décembre, 
l’épacte est alors XXX; mais si elle se termine au 31, 
l'épacte est o ; et comme ces deux cas placent la nou- 
elle lune de janvier au premier de ce mois, on s’est 
servi d’un signe qui pouvait être pris indifféremment 
pour o ou pour XXX. 

39. Nous verrons plus loin comment on calcule 
l’épacte d’une année donnée. Ce qui précède estsuffisant 
pour faire comprendre le calendrier suivant, qui est le 
calendrier grégorien, aujourd’hui en usage dans tous les 
pays catholiques. La première colonne de chaque mois 
contient l’ordre des jours, la seconde les lettres domi- 
nicales , et la troisième les épactes. 

4o. Le chiffre 19 placé à côté de l’épacte XX au 3r 
décembre, sert lui-même d’épacte pour les années dans 
lesquelles lenombre d’or 19 concourt avecl’épacte XIX. 
Dans cette année, qui est la dernière du cycle lunaire, 
la lune, qui commence au second jour de décembre doit 
finir le trente du même mois, puisque cette lunaison est 
cave ou de 29 jours; par conséquent, la nouvelle lune 
doit être le 31 : ainsi l’épacte 19 doit aussi se trouver à 
côté de ce jour. L’épacte de l’année suivante étant I, 
et ce chiffre ne se rencontrant plus qu’au 30 de janvier, 
il n’y aurait point eu de nouvelle lune indiquée sur le 
calendrier depuis le 2 décembre jusqu’au 30 juillet, si 
l'on n’avait pas remédié à cette difficulté en plaçant le 
chiffre 19 au 31 décembre. 

Quant au chitfre 25 placé à côté de XX VI dans les 
mois où les deux épactes XXV et XXIV répondent au 
même jour, et à côté de XXV dans tous les autres, 
nous verrons plus loin son usage. 


256 


JANVIER. FEVRIER, MARS. 
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CALENDRIER GRÉGORIEN, 


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E. NOVEMBRE. DECEMBRE. 


17 


Cycle 
des épactes. | 


Cycle 


des épactes. 


Cycle 


des épactes. 


“sou np'£ 


XX 
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XVIII 
XVII 
XVI 


XXI 
XX 
XIX 
XVIII 
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XV 
XIV 
XIII 
XII 
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XXVIII 
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XIII 
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XXI 


XXIA 
XXVII 
XXVIT 
XXVI 


CA 


41. I résuite, de ce que nous venons d’exposer, que 
lorsqu'on connaît le nombre d’or, la lettre dominicale 
et l’épacte d’une année, le calendrier de cette année se 
trouve entièrement déterminé à l’aide du tableau pré- 
cédent. Il nous reste donc, avant d’aller plus loin, à dé- 
velopper les moyens de trouver ces différens nombres. 

42. Pour trouver le nombre d’or ou le cycle lunaire 
d’une année proposée, il faut faire usage de la règle sui- 
vante : Ajoutez 1 à l’annce dont il s’agit; divisez en- 
suite la somme par 19, et le reste de la division sera le 
nombre d'or. Par exemple, pour trouver le nombre 
d’or de l’année 1834, il faut d’abord ajouter 1 à 1834, 
et puis diviser la somme 1835 par 19, le reste 11 de 
cette division est le nombre d’or demandé. 

La raison de cette règle est facile à comprendre : on 
ajoute 1 à l’année proposée, parce que la première année 
de l'ère chrétienne était la seconde du cycle lunaire, 
ou que le cycle avait commencé un an avant notre ère. 
Ea divisant ensuite par 19, le quotient indique néces- 
sairement le nombre de cycles entiers qui se sont suc- 
cédé depuis l’année qui a précédé le commencement de 
l'ère chrétienne jusqu’à l’année proposée, et le reste in- 
dique le nombre des années du cycle qui s'écoule, ou 


CA £5T 


l’année de ce cycle. Ainsi, dans l'exemple précédent, le 
quotient de la division étant 96, nous voyons que de- 
puis l’an un avant l'ère chrétienne, il y a eu 96 cycles 
lunaires révolus, tandis que le reste 11 nous apprend 
qu’en sus de ces 96 cycles entiers, il y a encore 11 an- 
nées d’écoulées, ou que nous nous trouvons dans la 
11° année du 97° cycle. 

43. La table suivante contient tous les nombres d’or, 
depuis l’origine de l’ère chrétienne jusqu’à l’année 5600. 
Son usage est des plus faciles. On a mis dans le haut 
trois rangées de chiffres qui renferment toutes les années 
séculaires ; au-dessous sont les nombres d’or. A la gauche 
des nombres d’or, sont les années des siècles depuis 
jusqu’à 09. Pour trouver le nombre d’or d’une année 
proposée 1744, par exemple, on cherche 1700 dans les 
années séculaires, et on descend le long de la colonne 
correspondante des nombres d’or jusqu’à ce qu’on soit 
arrivé au nombre placé horizontalement vis-à-vis de 44, 
pris dans les années des siècles , ce nombre qui est ici 6, 
est le nombre d’or. Lorsqu'il s’agit seulement d’une 
année séculaire, le nombre d’or est alors.le premier de 
la colonue: vour 1700, par exemple, ce nombre 
est 10. 


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258 


CA 


44. Pour trouver la lettre dominicale d’une année, 
on fait usage de plusieurs règles particulières. Nous 
allons exposer les deux les plus usuelles avant de donner 
la règle générale. 

Si l'annee proposée est entre 1700 et 1800, on prend 
Le nombre de l'année, sans tenir compte des siècles ; on 
lui ajoute 5 , et de plus autant d'unités qu'ily a d'annces 
bissextiles dans ce temps ; on divise ensuite la somme 
par 7, et le resie de la division, s'il y en a un, désigne 
la lettre dominicale, pourvu qu’on compte ces lettres 
dans un ordre rétrograde, c’est-à-dire, en prenant G 
pour 1, F pour2, E pour 3, D pour 4, C pour 5, B 
pour 6 et À pour 7. S'il n’y a point de reste après la 
division faite, la lettre dominicale est 7. Par exemple, 
on veut connaitre Ja lettre dominicale de 1534 : 1° on 
prend le nombre d'années 34 et on lui ajoute 5, et de 
plus 8 parce qu’il y a eu 8 années bissextiles en 34 ans; 
2° ou divise la somme 47 par 7; le reste est 5 : d’où l’on 
conclut que la lettre dominicale de 1734 est C. 

45. Cette règle est facile à comprendre : on ajoute 5 
au nombre d'années, parce que la lettre dominicale de 
l’année 1701 était B, et que, par conséquent, avant 
1701 il y avait déjà à lettres dominicales qui avaient 
servi : G,F,E,D, C; on ajoute ensuite autant d’uni- 
tés qu'il y a eu d’années bissextiles depuis 1701 jusqu’à 
l’année proposée, parce que chaque année bissextile a 
deux lettres dominicales, dont l’une sert jusqu’à la fin 
de février, et l’autre pendant le reste de l’année. 

Pour trouver le nombre des années bissextiles , 
il suffit de diviser le nombre de l’année proposée 
par 4, sans tenir compte du reste de la division : 
le quotient indique les années bissextiles. Ainsi, dans 
l'exemple ci-dessus, 34, divisé par 4, donne 8, et c’est 
pour cette raison que nous avons ajouté 8. 

46. Lorsque l'année proposée est bissextile, Ja lettre 
trouvée par la règle précédente est la première lettre 
dominicale de cette année ; on trouve la seconde en pre- 
nant celle qui suit immédiatement dans l'ordre rétro- 


CA 259 


grade que nous avons assigné. Ainsi, en opérant sur 


‘1744 commeil vient d’être dit, on a un reste 3 qui donne 


E pour lettre dominicale, mais 1744 est une année 
bissextile (30), donc sa seconde lettre sera 4 ou D. 

47. Voici une autre règle pour les années au-dessus 
de 1800. 

Si l’année proposée est entre 1800 et 1900, on 
prend également le nombre d'années, sans tenir compte 
des siècles; on lui ajoute son quart lorsque ce quart est 
exact, ou son quart par excès dans le cas contraire ; on 
divise ensuite la'somme par, et on retranvhe le reste 
de la division de 6 : La différence indique la lettre domi- 
nicale, en prenant toutefois les lettres dans l’ordre 
alphabétique , c’est-à-dire en prenant À pour 1, B pour 
2, etc. Si la différence est o, la lettre dominicale 
est G. À 

Soit, par exemple, 1834 l’année proposée; le quart 
de 34 étant plus grand que 8, on ajoute Q à 34, ce qui 
donne 43; en divisant ensuite 43 par 7, on obtient uu 
reste 1, qui, retranché de 6, donne 5:la lettre dominicale 
de 1834 est donc la cinquième dans l’ordre alphabé- 
tique ou E. 

48. La table suivante contient les lettres dominicales 
de toutes les années, depuis 1600 jusqu’à 5600. Elle est 
disposée d'une manière semblable à la table des nombres 
d’or : dans le haut sont les années séculaires, au-dessous 
les lettres dominicales, et à gauche les années de chaque 
siècle, depuis 1 jusqu’à ag. 

Pour s’en servir, on cherche la partie séculaire de l’an- 
née proposée, et on descend ensuite dans Ja colonne des 
lettres dominicales qui lui correspond, jusqu’à ce qu’on 
soit vis-à-vis de la partie excédante des années. La lettre 
ainsi trouvée est la lettre dominicale demandée. Par 
exemple, pour 1834, on cherche 1800 dans les années 
séculaires, et on descend ensuite verticalement dans la 
colonne des lettres située au-dessous de 1800 jusqu'à la 
lettre E placée en face de 34, pris dans les années de 
chaque siècle : E est donc la lettre dominicale de 1834. 


260 


TABLE DES LETTRES DOMINICALES 


ue pEruIs 4600 susou’a 5699. 


ANNÉES SÉCULAIRES, OU LES DERNIÈRES 
DES SIECLES,. 
1000 
1700 2100 1800 2200 1900 2300 2000 2400 
2500 2000 2600 3000 2700 3100 2800 3200 
3300 3700 400 3800 3500 3900 3600 4000 
4100 4500 4200 4600 4300 4700 4400  4Boo 
4900 5300 5000 5400 5100 5500 5200 5600 
Apnée de cune € E G BA 
1 29 957 95 B D 15) G 
2 30 58 86 A C E F 
3 31 59 97 G B D E 
4 32 60 55 FE AG CB DC 
5::33,:01:'199 D EF A B 
6 34 62 90 C E G A 
35 63 0x1 B D F G 
36 64 92 AC CB ED FE 
9 37 65 93 F A C D 
10 38 66 94 E G D C 
11 39 67 95 D F A B 
12 40 68 96 CB ED GF AG 
13 41 69 97 A C E F 
1 4 42 70 98 G B D E 
15 43 71 99 F A C D 
16 44 72 ED. GF BA CB 
7 45 73 C E G A 
18 46 74 B D F G 
19 47 75 A C E E 
20 48 76 GE BA DC ED 
21 49 77 E G B C 
29:50:75 D F A B 
23 51 79 C E G A 
24 B5a 8o BA DC FE GF 
25 53 "81 G B D E 
26 54 82 F A C D 
27:55 -83 E G B C 
28 56 84 DC FE AG BA 


49: Il nous reste à exposer la règle générale qu’on 
doit employer pour calculer la lettre dominicale d’une 
aunée quelconque. Soit N le numéro de la lettre domi- 
nicale d’une année donnée, en prenant les lettres dans 
l’ordre alphabétique : alors, comme les lettres rétro- 
gradent d’une année à l’autre (26), le numéro de la lettre 
dominicale de l’année suivante sera N — 1, et après un 
nombre d’années égal à a, il sera N — a. Mais, comme 
il arrivera presque toujours que a sera plus grand que 
N, pour rendre la soustraction possible, on ajoute 
un multiple de 7 ou 7», m étant un nombre entier 
quelconque : de cette manière la formule générale est 


N+qm— a. 


1} suffit donc de connaître la lettre dominicale d'une 


année donnée pour trouver celles de toutes les années 
suivantes. Or, c'est un fait que l’année première de 
notre ère commençait par un samedi; ainsi À indiquait 
le samedi et par conséquent B le dimanche; B était donc 
la lettre dominicale de l’an 1; d’où il suit que C, dont le 
numéro est 3, était la lettre dominicale de l’an 0. Faisant 
donc N —3, nous aurons 


qmm+3—a 
pour le numéro de la lettre dominicale, & étant le 
nombre d’années écoulées depuis l’an 0. 
Mais sur 4 années il y en a une bissextile, et chaque 
intercalation fait rétrograder la lettre d’une unité; la 
formule deviendra donc (a) 


Ju+3—a—;a. 


CA 


a : Lave 
ñ est toujours un nombre entier, et l’on néglige le reste 


de la division lorsqu’elle en offre un. 


Pour donner une application de cette formule, sup- 
posons qu’il s'agisse de trouver la. lettre dominicale de 


, = + «a 
l’année 545; on a ici a = 545 Sr — 136; la formule 
devient 


7m + 3 — 681 ou 7m — 678. 


Or, m2 étant un nombre arbitraire, il faut le choisir de 
manière que 7m soit plus grand que 678 , mais de ma- 
nière cependant aussi que la différence de ces nombres 
ne soit pas au-dessus de 7. Faisant 2 = 97 , nous aurons 


7m =679, et par suite 
679—678 = 1. 


La lettre dominicale de l’année 545 est donc A. 


Pour trouver immédiatement le plus petit nombre 
m qui rende 79» >a, il faut diviser a par 7, et, sans 
tenir compte du reste de la division, prendre le quo- 
tient augmenté d’une unité pour 2. 


5o. Cette règle n’est bonne que pour les années qui ont 
précédé la réformation grégorienne, ou pour le calen- 
drier julien, dans lequel l’intercalation bissextile arrive 
régulièrement tous les quatre ans. Pour l’étendre aux 
années qui ont suivi la réformation , il faut réduire la 
date grégorienne en date julienne, en se rappelant qu’en 
l’année 1582 on a retranché 10 jours, et que le 5 oc- 
tobre est devenu le 15. Ainsi, depuis.le 5 octobre 1582 
jusqu'en 1700, nous avons compté 10 jours de plus 
que ceux qui ont conservé le calendrier julien. En 
outre, ayant fait commune l’année 1700, qui devait 
être bissextile, nous avons dès-lors compté 11 jours de 
plus; et enfin, ayant fait une nouvelle suppression en 
1800, nous comptons en ce moment 12 jours de plus. 
Le premier mars 1900, nous compterons 13 jours de 
plus, et ainsi de suite. Ainsi, pour réduire au calen- 


CA 261 


drier julien, il faut retrancher d’abord les 10 jours omis 
en 1582, plus la correction 3(5—16), s étant le nombre 
qui marque le siècle. La formule (a) deviendra donc, 
en portant cette correction avec un signe contraire, 


qi+3—a—;a+is—16) +ro, 


qu'on peut mettre sous la forme (2), plus commode 
pour le calcul , 


74 G—a—iac+(s—16)—1%(s—16) 


Cette dernière servira pour toutes les années postérieu- 
res à la réformation. Quant aux années antérieures, on 


s’en tiendra à la formule (a). 


Soit à trouver la lettre dominicale de 1834, on a 


a—1834 , Fa—458 , s—18 , s—16—2, {(s—16)—0; 
ainsi la formule devient 
74 6—22092+#2, 
ou 
7n—2284 


Faisant m—327, nous aurons 7»—2289 et 2289—929284 
=5; ainsi, à étant le numéro de la lettre dominicale, 
cette lettre est E. 

Les formules (a) et (b) ont été données par Delambre. 


51. Quand on connaît la lettre dominicale de l’année 
et le quantième du mois, on peut trouver immédiate- 
ment le jour de la semaine à l’aide du tableau suivant, 
qui forme un calendrier civil perpétuel. 

Sachant, par exemple , ce qu’on trouve dans Ja table 
du numéro 48, que les lettres dominicales de l’année 
bissextile 1812 sont GF, si l’on voulait savoir à quel 
jour de la semaine répondait le 22 février, comme la 
lettre G sert jusqu’à la fin de février, on descendrait dans 
la colonne correspondante à G jusqu’à ce que l’on soit en 
face du 22 février; et l’on verrait que ce jour était un 
mardi. Pour les mois suivans, on prendrait la seconde 
lettre E. 


262 


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CA 


52. Pour compléter tout ce qui a rapport au calen- 
drier grégorien, il nous reste à déterminer l’épacte d’une 
année proposée. Ce problème est très-facile à résoudre 
lorsqu'on connait l’épacte de l’année précédente , car il 
suffit d'ajouter 11 à cette dernière, et si la somme 
n'excède pas 30, elle est l’épacte demandée ; si elle sur- 
passe 30, on en retranche cenombre, et le reste est alors 
l’épacte. Par exemple, l’épacte de 1834 étant XX, celle 
de 1835 sera 20 + 11 — 31; et comme cette somme 
est plus grande que 30, il faut en retrancher 30; ce qui 
donne 1 pour l’épacte de 1835. Ainsi l'épacte de 1836 
sera 1+- 11 Ou 12. 


53. Les 11 unités qu’on ajoute à l’épacte de l’année 
précédente viennent de ce que l’année lunaire est plus 
petite que l’année solaire de 11 jours. Or, ces 11 jours 
ajoutés les uns aux autres forment les sept mois embo- 
lismiques composés de 30 jours d’un cycle lunaire; il 
faut donc retrancher toujours 30 de la somme qu’on 
obtient, en ajoutant successivement 1 1 chaque année, au 
lieu de retrancher alternativement 30 et 29. 

Cependant, comme le dernier mois du cycle n’est que 
de 29 jours, et qu’en retranchant 30 on diminuerait d’une 
unité le reste de la soustraction, au lieu d’ajouter 11 à 
la dernière année du cycle on ajoute 12. Ainsi, lorsque 
l’année proposée est la première du cycle lunaire, ou 
bien qu’elle a I pour nombre d’or, on trouve son 
épacte en ajoutant 12 à l’épacte de l’année précédente. 


54. Pour trouver l’épacte d'une année, à partir de 
1700 , lorsqu'on ne connaît pas celle de l’année précé- 
dente, on fait usage de la formule suivante : 

Soit a le nombre d'années écoulées depuis 1700, et 
b le nombre de fois que le nombre d’or I $’est présenté 
pendant le temps 4, formez le nombre (c) 


11a+b+o. d 

Divisez ce nombre par 30, et le reste de la division sera 
l’épacte demandée. Lorsque ce reste est o, l’épacte est 
XXX ou plutôt l’astérisque * qui tient la place de 30. 

S'il s'agissait, par exemple, de trouver l’épacte de 
1746, on aurait a — 46, b — 2 et par conséquent 

ia+b+ og = 517. 

Or, 517 divisé par 30, donne pour reste 7, donc l’épacte 
de 1746 est VII. 

Le nombre d’or I ayant été celui de l’année 1710, et 


ue devant se présenter que tous les 19 ans, il est donc 


CA 263 


venu deux fois de 1700 à 1710 + 19, 3 fois de 1700 à 
1710 +2. 10, et enfin n fois de 1700 à 1910 +(n—1) 19, 
jusqu'à 1910 L(n—1) 194 18 inclusivement. On peut 
ürer, de là, la règle suivante pour calculer b : de l’année 
proposée retranchez 1509, et divisez le reste par 19; 
si la division se fait exactement, le quotient sera égal a b; 
s'il y a un reste, b sera égal au quotient augmenté d’une 
unité, 

Soit 1834, l’année dont on demande l’épacte. Nous 
aurons 1834 — 1709 — 125, et 125 divisé par 19 donne 
G avec un reste : ainsi b = 7; mais nous avons de plus 
a = 134. Substituons ces valeurs dans (c), nous trouve- 
rons 


11a+b + 9— 1490. 


Ainsi, divisant 1490 par 30, le reste 20 sera l'épacte 
de 1834. 

On peut se servir des formules précédentes sans aucune 
correction jusqu’à l’année 1900 ; mais dans cette année 
il y aura ce qu’on appelle une z2étemptose, c'est-à dire 
que la nouvelle lune tombera un jour plus tard qu’elle 
ne sera arrivée auparavant, et par-la l’épacte sera moin- 
dre d’une unité cette année et les suivantes qu’elle n’au- 
rait été sans la métemptose. Mais comme à l’aide de la 
Table étendue des épactes , il est plus facile de trouver 
ces nombres que par aucun autre moyen, nous n’entre- 
rons pas dans des détails d’ailleurs sans intérêt, car tout 
l’échafaudage des épactes ne vaut pas, pour tronver 
les nouvelles lunes, la plus grossière détermination 
astronomique. 


55. Dans la table étendue des épactes , composée de 
30 suites horizontales d’épactes désignées chacune par 
uue lettre ou indice différent, ces suites sont divisées en 
19 colonnes verticales, répondant aux 19 nombres d’or 
du cycle lunaire. Pour faire usage de cette table, il faut 
donc connaître 1e nombre d’or de l’année dont on cher- 
che lépacte, et de plus la lettre ou l'indice de la suite 
d’épactes qui appartient à cette année. Cet indice ne 
varie pas pour chaque année, mais seulement de siècle 
en siècle, ou de plusieurs siècles en plusieurs siècles, 
par leffet de la métemptose, ou de la correction qu'il 
faut faire subir de temps à autre à la suite des épactes, 
pour empêcher les nouvelles lunes qu’elles indiquent 
de trop s’écarter des nouvelles lunes moyennes astrono- 
miques. Cette variation se nomme l'équation des epactes. 


Voici les indices correspondans aux années séculaires. 


264 CA 


ÉQUATION DFS ÉPACTES. 


Tadices. Annevs. 


1100 
1400 
1582 après la réf. 
1600 
1700 
1800 
1900 
2000 
2100 
2200 
2300 
2400 
2500 
2600 
2700 
2800 
2900 
3000 
3100 
3200 
3300 
3400 
3500 
3600 
5700 
3800 
3900 
4000 
4100 

. 4200 


SR STANNQN NN R ER DEEE OOo SAR T 2 


On voit d’après cette table que toutes les années com- 


Jadices. 


HELD DDZMAMRSESORRREe SSSR RE RS me mm Ne 


Annces 


4300 
4400 
4500 
4600 
4700 
4800 
4900 
5000 
5100 
5200 
5300 
5400 
5500 
5600 
5700 
5800 
5900 
Gooo 
G100 
6200 
6300 
6400 
6500 
6600 
6700 
6800 
6900 
7000 
7100 
7200 
7300 
7400 
7500 
7600 


CA 


prises depuis 1700 jusqu'a 1899 inclusivement ont C 
pour indice. Ainsi, pour trouver l’épacte de 1834, par 
exemple, on cherchera dans la colonne horizontale de 
l'indice C; dans la table des épactes, le chiffre écrit au- 
dessous du nombre d’or de 1834. Ce nombre d’or étant 
11, l'épacte XX qui lui correspond est celle de l’année 


proposée. 


56. I faut remarquer que dans la table des épactes 
on a mis 5 en chiffres arabes au lieu de XXV dans 
toutes les colonnes dont les nombres d’or surpassent 11, 
tandis que dans les autres on a mis XXV. Cette dispo- 
sition est relative à celle des épactes dans le calendrier 
universel grégorien (n° 40 ), où l’on a placé 25 à côté 
de XXVI, dans les mois qui ont les deux épactes XXV 
et XXIV au même jour, et à côté de XXV dans les 
autres mois. On a pris cet arrangement pour que les 
nouvelles lunes ne fassent pas indiquées plusieurs fois 
au même jour dans l’espace de 19 ans, ou pendant la 
durée d’un cycle lunaire, ce qui effectivement serait 
une erreur, Or, on évite cet inconvénient à l’aide de 
la combinaison de ce nombre arabe 25; car dans les 
huit suites où les deux épactes XXIV et XX V se trou- 
veut ensemble, au lieu de XXV on a mis 25 qui, dans 
le calendrier , se trouve partout un jour plus haut que 
XKXIV : ces huit suites sont celles qui ont les indices 
b,e,k,n,r, B,E, N. Et pour éviter le même in- 
convénient par rapport à 25 et à XX VI qui répondent 
au même jour dans six mois différeus, on a mis XXV 
au lieu de 25 dans les huit séries qui contiennent les 
épactes XXV et XX VI. Ce sont les séries qui ont pour 
indices c,:f, lp 5; CE, P. 


57. Si l'on avait voulu conserver les nombres d’or 
pour indiquer les nouvelles lunes, il aurait fallu 
faire 30 calendriers différens, à cause des variations qui 
ré&ultent du défaut de concordance des années solaires 
et lunaires après la révolution de plusieurs cycles lu- 
naires : c’est ce dont les 30 séries d’épactes contenues 
dans la table suivante tiennent lieu. 


265 


fraxx [ax 1 ! 
{naxxl  frax [a AXX AIX fu fixx [x & XIX { { fux Ul q 
xxx Lirax [ia faxx AX Al [rrxx fix { XX 1 frraxx AIX {ni I 
Sel. XX fual  fiaxx [ax AÏ  aAIxx fux fi [xx xX| XIXX Ax A 
{ XX x] firaxx frax [a AXX AIX fu fixx {x ë [ax Al H E 
= 
fax [A NW 5 
fitax [ra N Eu 
XIX [its d Æ | 
xx ya D = à 
[xx x T a 
TR ne Ü 
al  faxx (1x { XX x1| frraxx [a AXX AIX fu fixx {x {] z 
al aix fre f [xx x xixx {ral Éaxx 1e ail fnxx fix  p 5 
[al axxl aix fn] fixx (x ; xx] final fraxx fax 4] -aixx] [nx| Es 
exal fax) af Lex af ail fixxl fix 1e xxb Sa] faxxl = fax (Al Sax] & xl. à ct à 
x x Tia [rAxx [ax A aA1xx fix fi [xx xX| OXIXX) firax [ral faxx Ax 3 = 
Re” —— = ce 2 
{ XX xi| frraxx AXX AIX [ui {xx [x ; XIX fial friaxx [ax y = 
(L [xx X|:0 XIXX [axx AX ail  fuxx {1x | XX xi [rraxx [rax 1 E 
fr fixx [x : fraax [ax A] AIXX furx xxx] (rrax A eo 
ail  irxx {1x ( firaxx [rax [a AXX AIX ; XIX I (= 
AÏ aixx fix fi { Uxixx| firax [inf faxx AX { xx] uw o 
mc: ES ls PE 
[a AXX AIX [nr fixx [x x fraxx fax 1 u = 
[ral faxx AX " [1x { [raaxt frax fu d 5 
{uaf fraxx [ax Af aix frix (CO XIXX|. frrax AI b ee 
x] friaxx (rax [a Axx AIX (nl : XIX A 1 7 
x| xiex] firaxl) fial  Çaxx] ax #1 (xx fa axxl 7 À 
Las [ Me — ——— 6 
#3 
[x . XIX {ul fraxx [ax À AIXX fax fr [xx x XIXX fisax [ra [AXX 1 se 
{1x [ XX x] firaxx [rax [a AXX AIX (O: [rxx [x e xx fural fraxx n ‘ 
[nix fi [xx x] Cxuxxl firax [ral faxx AX Ai fnxx fix { xx x1| fuaxxl y 
AIX {ui fixx {x 1e xXIX 1AÏ  fiaxx [ax A AIXX [uix {1 [xx x| xxx q | 
AX ail  fiixx fix { XX x1| frraxx frax [a AXX AIX fu [ixx [x : r 
| 
*STLOVAT *STLO VAT 
Lt 91 çr pr C1 &I 11 or 6 g 2 9 c y c & I 
| 
‘UOŒ SAUANON 


*SANQ'T SATIVENON SAHG SALOVAH SAQ HAONALH H'IAVE 


34 


266 CA 


58. L'usage principal des épactes consiste à faire 
connaître le jour où doit se célébrer la fête de Päques, 
jour qui sert ensuite à déterminer ceux de toutes les 
fêtes mobiles. Quant à la détermination des nouvelles 
lunes qu’on obtient par leur moyen, depuis long-temps 
elle n’est plus en usage que dans les calendriers ecclé- 
siastiques , les calendriers civils ou les almanachs con- 
tiennent aujourd’hui les nouvelles lunes astronomiques. 

D'après le concile de Nicée, le jour de Päques doit 
être célébré le dimanche qui suit la pleine lune du jour 
de l’équinoxe du printemps, ou qui vient immédiate- 
ment après cet équinoxe. Or, si la nouvelle lune de 
mars tombe au 8, le 14° jour de la lune ou la pleine 
lune tombera le 21, jour de l’équinoxe : alors cette 
pleine lune sera paschale; c’est-à-dire qu’il faudra célé- 
brer Pâques le premier dimanche qui la suivra. Si le 21 
était un dimanche, le jour de Pâques tomberait 7 jours 
après, ou le 28. Par la même raison, si la nouvelle lune 
tombait aprèsle8 de mars la pleine lune suivante serait 
aussi paschale. Mais, au contraire, sila nouvelle lune ar- 
rive avant le 8 de mars, la pleine lune tombera avant le 
21,etnesera pas paschale: il faudra conséquemmentatten- 
dre la pleine lune suivante pour célébrer Päques le di- 
manche d’après. Pâques ne peut donc arriver plus tôt 
que le 22 mars, d’après ce qui vient d’être dit; son plus 
graud retard est le 25 avril; car, lorsque la nouvelle 
lune de mars tombe le 7, le jour de la pleine lune est 
le 20; et comme il faut attendre dans ce cas la pleine 
lune suivante qui arrive le 18 d'avril, et que si ce jour 
est un dimanche il faut aller jusqu’au dimanchesuivant, 
qui est le 25 d'avril, il s'ensuit que le jour de Pâques 
ne peut jamais tomber plus loin que le 25 avril. 

59. Voici la règle à l'aide de laquelle on trouve le 
jour de Pâques pour une année proposée. 

1°. Cherchezla lettre dominicale de l’année proposée, 
ainsi que son épacte. 

2°. Voyez ensuite quel est le premier jour après le 7 
mars auquel répond l’épacte trouvée dans le calendrier 
grégorien (40), Ce jour est le premier de la lune pas- 
chale. 

3. Comptez 14 jours depuis celui de la nouvelle lune 
inclusivement , le quatorzième sera la pleine lune pas- 
chale. 

4° Enfin, voyez le premier jour après cette pleine 
lune, auquel répond la lettre dominicale; ce jour est le 
dimanche de Päques. 

Supposons, par exemple, qu’il s'agisse de déterminer 
le jour de Pâques de l’année 1834. L'épacte de cette 
année, prise dans la table du n° 57, ou calculée par la 
méthode du n° 52, étant XX, nous chercherons dans 
le calendrier grégorien ( 40) le jour, après le 7 mars, 
devant lequel se trouve l’épacte XX. Ce jour est le 11. 
Comptant ensuite jusqu’à 14, en prenant 11 pour 1, 


CA 
nous arriverons au 24, jour de la pleine lune paschale ; 
cherchant ensuite, après le 24, le jour qui correspond 
à la lettre dominicale E de l’année 1834, nous trouve- 
rons cette lettre devant le 30 mars. Le dimanche de 
Pâques de 1834 est donc le 30 mars. 

S'il s'agissait de 1835, la lettre domigicale de cette 
année étant D, et l’épacte I, nous trauverions de la 
même manière que le dimanche de Pâques doit arriver 
le 19 avril. | 

60. Delambre à donné, dans son Traité d' Astronomie, 
la table suivante par laquelle on trouve immédiatement 


le jour de Pâques au moyen de J’épacte et de la lettre 
dominicale. 


TABLE POUR TROUVER LA FÊTE DE PAQUES. 


LS. LETTRES DOMINIGALES. 
è D 0 0 0 € 2 conan 
31 D E F G A B G 
23122 mars! 23 mars|24 mars|25 mars|26 mars|27 mars|28 mars 
22129 23 24 25 26 27 28 
21129 30 34 25 26 29 28 
20129 30 31 25 26 29 28 
19129 30 31 x avril|26 27 28 
18/29 30 31 I 2 avril|27 28 
15129 30 SL 1 2 3 avrill28 
16/29 30 31 1 2 3 4 avril 
15] 5 avril| 30 31 1 2 3 4 
14} 5 6 avril|31 1 2 3 4 
131 3 6 7 avril] 1 2 5 4 
12) 5 6 7 8 2 3 4 
11] 5 6 7 8 9 8 4 
10) 5 6 7 8 9 10 4 

5 6 7 8 9 10 LT 

(3 6 7 8 9 10 11 

12 13 7 8 9 10 1 

12 13 14 8 9 10 ti 

12 13 14 15 9 10 IT 

£a 13 14 15 16 10 IL 

12 13 14 15 16 17 It 

12 13 14 15 16 17 15 

19 13 14 15 16 17 18 

19 20 14 15 16 17 18 
29/19 20 21 15 16 17 18 
28119 20 21 22 16 17 18 
27119 20 21 22 23 17 18 
26/19 20 21 22 23 2 18 
25119 20 21 22 45 24 25 
24/19 avril|20 avrill2r avril|22 avril\23 avril|24 avrill25 avril 


La première colonne de cette table renferme les 
épactes, et les colonnes suivantes, en tête desquelles sont 
les lettres dominicales, donnent le jour de la fête de 
Pâques dans le point qui répond à la fois à la lettre 
dominicale et à l'épacte. C'est ainsi qu'on trouve au- 
dessous de la lettre E, et devant l’épacte 20, le 30 mars 
pour le jour de Pâques de l’année 1834. 

61. Gauss a donné deux formules pour déterminer 


CA 


immédiatement le jour de Pâques sans le secours des 
léttres dominicales, ni des épactes ; nous allons les faire 
confiaitre. - 


Soit : à le reste de la division de l’année proposée par 19, 
b le résté de la division du même nombre par #4, 
c le reste de là division du même nombre par 7. 


Divisons 19 a + M par 30, et nommons 4 le reste de 
la division; divisons également 2b + 4c + 6d+ N 
par 7, et nommons € le reste. 

Nous aurons pour le quantième du jour de Päques 
les deux expressions (71) 


(22 + d+e), mars 
( d + é — 9), avril. 


Pour le calendrier julien; les quantités Met N, sont 
constamment M = 15 et N = 6, et pour le calendrier 
grégorien on à 
M N 
Depuis 1582 jusqu'a 1699:::::.2%,:4:3 
ADOO: 5458179096. 550235. 53 
18065 + à à #3 818995 5 5 6528 à 5 « 54 
19006 «2458 1909206245. . 55 
2OOO: à «5 à à à 62090. » so 5 + De 5 5 D 
BLOG à a à à 5 à 2199 à 5 8 à 8 24 5 5 + 40 
2200, : à à 8 6 82200: 6 6 à +525 à 56 10 
2BOO:5 55 . à 32909 s 445. 260csa0t 
2400: 15.15: 249956, 5.26.5ai15 


Nous allons éclaircir l'usage de ces formules par un 
exemple, Cherchons Päques pour l’année 1835, nous 
aurons 

= 95 rate 11= 4 

1835 
4 

1835 


7 


= 458, reste 3 = b 
— 26», reste i = €. 
Cornme lés quantités M et N sont respectivement 23 


et 4 pour toutes les années depuis 1800 jusqu'à 1899; 
noûs aurons deplus 


19a+M 932 

DD DS 7 ; reste 22 = d 
2b44c46d+N 6 
SERTÈTS = 148 = 26, r'éste 6 —é. 


De cés valéars nous tirons, par les formules (#), 


Päques 5o mars 


22% Æ 29 + 6, mars = 


où = 92 + G6— 9, avril = 19 avril, 


. à 5 ë 

La première valeur est identique avec la seconde, éaf 
en retranchant les 31 jours de mars de 50, il reste 19, 
qu'il faut nécéssairement reporter eur avril. 


CA %T. 


Cette règle, qui est générale pour le calendrier julien, 
souffre une exception pour le caléndrier grégorien à si 
le calcul donne un nombre au-dessus du 25 avril, il 
faut rétrancher 7 jours où une semäine, 

G2. Lorsque le jour de Pâques est trouvé, on en dé: 
duit les jours de toutes les fêtes mobiles, ainsi qu'il suit: 

Le jeudi quarantièmé jour après Päqués est l'Ascéh- 
sion: 

Le dimanche cinguantième jour après Pâques ést la 
Pentecôte. 

Le dimanche après la Pentecôte est la Thinité. 

Le jeudi après la Trinité est la Féte-Dieu. 

Si l’on compte, en rétrogradant de Pâques, si£ dis 
manches, on a le premier dimanche de carêmié où la 
Quadragésime ; le mercredi qui précède la quadragé- 
sime est le Aferéredi des cendres ; le dimanche avant les 
cendres est la Quinquagésime, et le dimanche qui là pré- 
cède est la Sexagésime; enfin, le dimanche avant 
sexagésime est la Septuagesime. 

63. Lorsque le calendrier grégorien parut, il fut objet 
de vives attaques, la plupart injustes et sans fondement. 
Les auteurs de ce calendrier voulaient détérminer la fête 
de Pâques dans de certaines limites, en satisfaisant atix 
conditions qu’ils s'étaient imposées, et ils ÿ ont réussi 
autant qu’ils ont pu le désirer. Lors de‘la réformation, 
en 1582, les états catholiques adoptèrent seuls le calën- 
drier grégorien; le retranchenient des 16 jours opéré 
par le bref de Grégoire XI fut cause d'uné différence 
dans la manière de compter les jours en Europe, et qui 
y à subsisté lonig-temps. Ainsi, tandis qu'en Angleterre 
on comptait le 3 janvier, en France on comptait lé 12, 
c’est-à-dire 10 jours de plus. En 1700 les États protes- 
tans d'Allemagne adoptèrent le calendrier grégorien 
pour tout ce qui concerne l'année solaire; mais ils ré- 
glèrent les nouvelles lunes et les fêtes qui dépenderit du 
jour de Pâques par les calculs astronomiques. En Angle- 
terre, cétte réforme n’a commencé qu’au mois de sep« 
tembre 1752. 

La Russie est aujourd’hui le seul pays de l’Europe où 
l’on se serve encore du calendrier julien, et comme en 
1700 les Russes ont eu une añnée bissextile que nots avons 
fait commune , leur manière de compter les jours diffë- 
rentde 12 jours delanôtre: par exemple, lorsqu'ils datent 
du 1, nous datons du 13 ; et ainsi dé suite. On désigneleur, 
manière de compter sous le nom de vieux style. Dans 
les actes publics ou privés de ce peuple, on écrit les 
deux dates l’une au-dessus de l’autre: par exemple, pouf 


désigner le 6 février, on écrit £ février, etc. 
G4. Lorsque la France fut constituée en république, 


les législateurs de cette sanglante époque voulurent ré- 
former le calendrier grégorien, et lui substituer ane 


268 CA 


copie du calendrier égyptien, perfectionné cependant. 
Cette tentative n’ayant pas eu de résultat, et l’œuvre de 
la force étant tombée avec la puissance désorganisatrice 
qui avait voulu Périger, nous n’en parlerons point ici. 
On peut pour cet objet consulter Lalande et Delambre,. 
Toutes les améliorations dont le calendrier est suscep- 
tible ne peuvent être désormais que l’œuvre de la 
science, et ce n’est que du temps et des progrès de la 
civilisation des peuples, qu’il est permis de les attendre. 

Le calendrier grégorien a été l’objet d’un immense 
travail publié en 1603 par Clavius ,sous le titre de Ro- 
mani Calendarii à Gregorio XIII, P. M., restituti 
explicatio. Cet ouvrage est assez curieux pour que nous 
y renvoyious ceux de nos lecteurs qui voudraient appro- 
fondir la question. 

65. On considère comme faisant partie du calendrier 
plusieurs cycles ou périodes dont nous n’avons point 
encore parlé ; ce sont : Les PÉRIODES Juzienxe et Vicro- 
RIENNE , et l'Inpicrion romaine. ’oyez ces divers mots. 

CALIPPE, astronome grec, qui vivait dans les pre- 
‘mières années du IV° siècle avant J.-C. Il est célèbre par 
l'invention d’un nouveau cycle, dont la durée était de 
176 ans, et qui fut substitué au cycle de Méton. On a donné 
à cette période, qui commença à être employée en l’an- 
‘née 331 avant notre ère, le nom de Calippique. Foyez 
ASTRONOMIE D. 

CAMÉLEON (Astr.). Nom de l’une des douze constel- 
lations méridionales ajoutées durant le X VI‘siècle à celles 
que les anciens avaient reconnues au midi du zodiaque. 
Elle estsur le colure des équinoxes et au-dedans du cercle 
polaire antarctique. Le caméléon n’est composé que de 
neuf étoiles dans l’Uranometria de Bayer ; mais La Caille 
‘ena ajouté un grand nombre d’autres dans son catalogue 
des étoiles australes, dressé au cap de Bonne-Espérance 
en 1751. Ce savant astronome et le célèbre Halley, qui, 
avant lui, avait été dans le même but à l'ile de Sainte- 
Hélène, ont déterminé la position des étoiles de cette 
constellation. Celle que Ea Caille a marquée x dans son 
catalogue, et qu’il a observée avecle plus de soin, avait, 
suivant lui, au commencement de 1750, 126°8' 38" 
d’ascension droite, et 56° 7° 12” de déclinaison australe. 

CAMUS (Cuarze-Érienxe-Louis), géomètre distin- 
gué du dernier siècle, naquit à Cressy-en-Brie le 25 août 
1699. Comme la plupart des hommes qui se sont fait un 
nom dans les sciences, Camus manmifesta dès l'enfance 
un goût décidé pour les mathématiques. Ses dispositions 
précoces déterminèrent ses parens à lui ouvrir, malgré 
lexiguité de leur fortune, la carrière dans laquelle il 
désirait entrer avec tant d’ardeur. I fit ses études à Paris, 
au collége de Navarre, où il ne tarda pas à se faire re- 
marquer par son assiduité au travail et par ses progrès. 
Deux ans après son entrée au collége, il fut assez fort 
en mathématiques pour pouvoir en donner des leçous 


CA 


particulières, dontle produit le mit à mème de se passer 
du secours de ses parens. Il fit plus tard son cours de 
géométrie sous Varignon. Camus se fit connaître dans 
le monde savant, en 1727, par un mémoire qu'il soumit 
au concours ouvert par l’Académie des sciences pour le 
prix qu’elle avait proposé sur la manière la plus avan- 
tageuse de müter Les vaisseaux. Ce fut Bouguer que 
l'Académie couronna; mais elle s’empressa de recevoir 
dans son sein Camus, dont le mémoire révélait un talent 
remarquable. Il fut du nombre des académiciens envoyés, 
quelques années après, dans le Nord, pour déterminer la 
figure de la terre. Nommé examinateur des écoles du 
génie et de l'artillerie, Camus composa pour les élèves 
de ces corps un Cours de mathématiques qui a été 
long-temps estimé, mais que les progrès toujours crois- 
sans de la science ont rendu inférieur aux livres élémen- 
taires publiés depuis. 

Ce mathématicien estimable, que son génie appela à 
des travaux plutôt utiles que brillans, n’a laissé que des 
manuscrits dont on ignore le sort. Dans le recueil de 
l'Académie des sciences, on trouve à l’année 1728 un 
mémoire intéressant de Camus, sur les forces vives, et 
à celui de 17933, un autre sur les dents des roues et êes 
ailes des pignons. En 1730, il lut à l'Académie plusieurs 
fragmens d’un grand travail sur l’Aydraulique, qui n’a 
point été imprimé. La meilleure édition de son Cours 
de mathématiques est celle de Paris, 1766, 4 vol. in-8°. 
Camus, membre de l’Académie des sciences et de la 
Société royale de Londres, mourut à Paris le 2 fé- 
vrier 1768. 

CANCER ou ÉCREVISSE (Astr.). Nom d’une con- 
stellation boréale et du quatrième signe du zodiaque, 
qu’on représente par cette figure 65. 

On appelle Trorique pu Cancer l’un des petits cer- 
cles de la sphère parallèles à l’équateur ; et qui passe à 
l’une des extrémités du signe zodiacal, dont il emprunte 
le nom. Le tropique du Cancer, qui est situé dans l’hé- 
misphère septentrional, est éloigné de l'équateur de 23° 
28". C’est ce cercle que le soleil paraît décrire le jour 
du solstice d'été. Foy. EcREvissE et ARMILLAIRE. 

CANICULE (Asu.). C'est le nom de la belle étoile 
de la constellation du Grann Cuiex , que les Grecs ap- 
pelaient œéposs, Sirius, et les Égyptiens Sothis. Cette 
étoile occupait une place importante dans l'astronomie 
pratique des anciens. Dans les temps reculés, le lever 
héliaque de la canicule coïncidait à peu près avec le sol- 
stice d'été, époque des inondations périodiques du Nil. 
Les Égyptiens choisirent pour point de départ de leur an- 
née tropique l'apparition de cette étoile, qui leur an- 
nonçait l'approche d’un phénomène si important pour 
eux. L'étoile Sirius, sous le nom de Sothis, joua le plus 
grand rôle dans toute leur mythologie et leurs rites re- 
ligicux. Les autres peuples ivilisés, pour qui le lever 


CA 


héliaque de Sirius était au contraire l'annonce des plus 
grands maux, puisqu'il précédait immédiatement les 
plus fortes chaleurs de l’année, qui engendrent souvent 
de graves maladies, sacrifiaient à cette étoile comme à 
un dieu malfaisant. Le lever héliaque de la canicule a lieu 
maintenant dans le mois d'août. 

On appelle caniculaires un certain nombre de jours 
qui précèdent et qui suivent celui où a lieu le lever hé- 
liaque de la canicule. C’est une habitude populaire de 
les compter par ceux qu'emploie le soleil à parcourir le 
signe du Lion, c’est-à-dire depuis le 22 juillet jusqu'au 
23 août. 

CANON (Alg.) (de xaysov, règle). Expression générale 
qui embrasse comme règle une infinité de cas partieu- 
liers. Ce mot, aujourd'hui peu usité, a été remplacé 
par celui de formule, Par exemple, l'expression 


sfr 


est un canon à l’aide duquel on obtient les valeurs de x 
dans l'équation générale du second degré x?+ax+4b—o; 
il suffit pour cet effet d’y substituer à la place de & 
et de b les valeurs particulières données par chaque 
question. De même, les deux expressions 


#3 cb'—c'b 
Tab 
__ ac'—a'e 
FD — ab 


sont les canons qui donnent, pour toutes les valeurs par- 
ticulières des quantités a,b, ce, a", L', c', celles des in- 
connues x et y , des deux équations du premier degré 


ax + by =c 
d'x+b'y=c". 

Les tables des logarithmes, sinus, tangentes, etc., 
sont aussi quelquefois désignées sous le nom de canons, 
parce qu’au moyen d’une quantité déterminée ces tables 
font connaître une autre quantité correspondante. 

CANOPUS (Astr.). Nom d’une belle étoile de la pre- 
mière grandeur, qui parait située à l'extrémité méridio- 
nale de la constellation Argo , dans l'hémisphère boréal. 
Elle est indiquée dans le catalogue de Bayer, sous les 
divers noms de Canobus, de Piolomæon, de Suel. 
Elle est, après la canicule ou Sirius, une des plus bril- 
lantes étoiles du ciel. 

CAPABLE (Géom.). Un segment de cercle est ca- 
pable d’un angle donné lorsque ce segment est tel que 
tous les angles qu’on peut y inscrire, et qui sont égaux 
entre eux, puisqu'ils ont chacun pour mesure le même 
arc, savoir la moitié du reste de la circonférence, sont 
égaux à cet angle donné. 


Il y a plusieurs procédés pour décrire un semblable 


CA 269 
segment; nous donnerous Île suivant, qui est le plus 
usité dans la pratique. Soit 
la droite AB, sur laquelle il 
s’agit de décrire un segment Less 
capable de l'angle M. 

Faites l'angle CAB égal à 
l’angle donné M. Du som- 
met À , menez la droite AO 
perpendiculaire sur AC ; et 
du point E, milieu de AB, 
menez à cette droite la per- 
pendiculaire EO. Du point GO, rencontre des deux per- 
pendiculaires avec AO pour rayon, décrivez la circon- 
férence AMBrA, le segment AMMMB sera le segment 
demandé. En effet, l’angle donné M ou CAB, qui lui 
est égal, a pour mesur: Ja moitié de l'arc AmB ; mais 
cette moitié est aussi la mesure de tous les angles AMB 
inscrits dans le segment AMMMB (Voy. angle, 18 et 
17) : donc tous ces angles sont égaux à l'angle M; 
donc, etc. 


a 


Cette construction sert dans la levée des plans, pour 


donner graphiquement la position d’un point, quand on 


connaît les angles sous lesquels on aperçoit, de ce point, 
trois autres dont les distances respectives sont connues. 
Soient, par exemple, À, B, C, trois points donnés de 
position, et soit D un quatrième point, duquel on a 
mesuré les angles ADB et BDC. Pour placer ce pot 
sur la carte, où se trouvent déjà A, B, C, décrivez sur la 
droite AB un segment capable de l'angle ADB, et, sur 
la droite BC, décrivez un segment capable de l'angle 
BDC; le point D, où les cercles se coupent, est évidem- 
ment le point demandé, puisqu'il est le seul d’où l’on 
puisse apercevoir en même temps les droites AB et BC 
sous les angles ADB et BDC. 


CAPACITÉ ( Géom.). Volume d’un corps. Ce mot 
est plus communément employé pour désigner la quan- 
tité de matière qu’un vaisseau peut contenir; c’est ainsi 
qu’on dit : la capacité d’une bouteille, d’un tonneau, 


d’une cuve, etc. 


nr : s 
On nomme mesures de capacité celles qui servent à 


déterminer le volume des liquides et des matières sèches 


270 CA 


divisées, telles que les grains, les racines alimentaires; 
le charbon, etc., etc. 

Mesures DE capacité pour les liquides. La esuré 
prise pour unité est le Zitre, dont le volume est égal à 
celui d’un cube qui aurait pour côté uñe longueur d’un 
décimètre. Cette mesure se subdivise en demi-litre et en 
quart de litre, auxquels on a adapté populairement 
les anciens noms de chopine et de demi-setier. 

Avant l'introduction du nouveau système métiique 
français, les mesures de capacité étaient différentes daris 
chaque province : on nommait pinte l'unité de ces me- 
sures pour Paris; la demi-pinte prenait le nom de cho- 
pine; le quart de pinte, celui de demi-setier, et le 
demi-quart, celui de poisson. L'emploi du litre évant 
aujourd’hui le seul toléré , et le litre différant d’ailleurs 
très-peu de l’ancienne pinte (le rapport du litre à la 
pinte est égal à 50,462248 : 48), on se sert encore 
quelquefois du nom de pinte pour le désigner; 

D'après la terminologie adoptée dans notre système 
métrique, les subdivisions décimales du litre sont : le 
décilitre, dixième du litre, et le certilitre, centième 
du litre. Les multiples décimaux du litre sont : le déca- 
litre où dix litres, l’hectolitre ou cent litres, et le Aïlo- 
litre où mille litres. 

Le litre, ou la pinte, contient un kilogramme d’eau 
distillée. 

5 décilitres, ou la chopine, contiennent 5 hecto- 
grammes où 500 grammes d’eau distillée. 

2 + décilitres, ou le demi-selier, en contiennent 250 
grammes: 

1 décilitre, ou ? de poisson, contient 100 grammes. 

1 centilitre contient 10 grammes. 

Mesures DE CAPACITÉ pour les matières sèches. Le 
Ltre est encore l'unité de ces mesures qui se composent 
de ces multiples décimaux. L'unité des añciennés me- 
sures était le boisseau, et 12 boïsseaux faisaient un 
selier. 

Le rapport de l’hectolitre au setier ést égal à 1 : 0,64; 
c'est-a-dire que 641 setier$ équivalent à 1000 hecto: 
litres. 

Le rapport du boisseau au litre est égal à 5:13, 
c'est-à-dire que 13 litres équivalent à un boisseau. Féyez 
Mesures, 

CAPRICORNE (A45t.). Caper, nom du dixième sipñie 
du zodiaque ; qu’on indique par cette figure %: Le ca= 
pricorne donne son nom au trôpique méridional ; c’est 
à-dire à l’un des cercles parallèles qui touchent à l’éclip- 
tique. 

Mayer et La Caille ont considérablement augmenté 
le nombre des étoiles de cette constellation. On n’en 
comptait que 51 dans les catalogues dressés avant leurs 
découvertes. Foy. ARMILLAIRE. 


CARACTÈRE (de yxoxxrio, marque). Signe dont on 


CA 

se dert en mathématiques pour désigner une quantité. 

Les caractères numériques se nomment en général 
chiffres. Nous avons Yü à l’article ArtramÉTiIQuE quels 
sont Jés. chiffres de l’arithinétique actuelle, ainsi que 
ceux de l’arithmétique grecque; nous allons exposer ici 
les caractères employés par les Romains dans leur sys- 
tème de numération, ces caractères étant encore usités 
parmi les peuples modérnes. 

Les chiffres romains sont au nombre de sept : 


(LYS ENT (Ce DM 
dont les valeurs sont 
5; 
En combinant ces chiffres comme il suit, on forme 
tous lés nombres : 
T placé à Ka gauche de V, tel qe IV, exprime 4 ; placé 
à la droite, VE, il exprime 6. On a de cette manière 
1, I, HI, IV, Ÿ, VI, VIL, VII. 
Ten 0 in 19) 10 utgulsie ie 


. 


1 ; 10, DO, 100, 506, 1000. 


De la inême manière, I placé à la pauche de X ex- 
primé 4; tandis que placé à la droite il exprimé ri; on 
a douce äinsi 


IX, X, XI, XIE, XIII, XIV, XV, XVI. 
010, 11; 19 ÿ 14, 16, 
et ainsi de suite jusqu'à XXXIX, 30. 
Le chiffre X agit par rapport aux chiffres L et C de la 
même manière que Î par rapport à V; c’est-à-dire que 


124 15}, 


placé à leur gauche il les diminue de 10 ; tandis que 
placé à leur droite il les augmente dé la même quantité. 
Ainsi, XL signifie 40, et LX, 60; XG signifie go, et 
CX, 110. 


De 1 à 100 les dixaines sont donc exprimées par 
X, XX, XXX,XL,L,LX,LXX, LXXX, XC, C. 
10, 36, 36, 46,50, 60, 76, 86, 
A la suite de ces dixaines, on écrit les caractères qui 
désignent les unités, de manière que 63 s'écrit LXVIT; 
84, LXXXIV ; 105, CV, etc. 


De 100 à 1000 , les centaines sont exprimées par 


G, CG, CCG, CECC, D, DC, DEC, DCEC, PCCCC, M 
160, 560, 300, 460, 5od, 600, 700, 800, 900, 1000 


go , 100. 


et l’on écrit également à la suite de ces caractères ceux 
qui expriment les dixaines et les unités ; ainsi, 547 s'écrit 
DXLVII; 839 s'écrit DCCCXXXIX,, etc., etc. 

On agit de la même manière pour les nombres au- 
dessus de mille. Par exemple, 


MDXCVII signifie 1597. 
MDCCCXXXIV signifie 1834. 


Outre la lettre D, qui exprime 500, on peut encore 


CA 
désigner ce nombre par un Î devant un € renversé de 
cette manière In. Quelquefois aussi, au lieu de M, on 
se sert de I entre deux C, dont l’un est renversé 
comme Cl). Suivant cette notation, on peut exprimer 
600 par 19C; 700 par 19CC, etc. 

L'addition de C devant et après CI augmente ce 
nombre en raison décuple. Ainsi, CCI exprime 10000, 
CECI 99) exprime 100000 , etc. 

Les Romains exprimaient encore les nombres au-des- 
sus de mille par une ligne — placée sur les caractères. 
Par exemple, V signifiait 5000; XL, 40000 ; M, 100000; 
MN, 2000000 , etc. , etc. 

On n’est pas d'accord sur la manière dont les Romains 

effectuaient leurs calculs avec un système si incommode 
de numération; mais on peut attribuer en grande"partie 
à ce système la longue nullité de ce peuple sous le rap- 
port des connajssances mathématiques. 
À CARACTÉRISTIQUE, La caractéristique d’un loga- 
rithme vulgaire est le nombre entier qui entre dans ce 
logarithme. Par exemple, 2 est la caractéristique de 
2,02118930, logarithme de 105; et o est la caractéris- 
tique de 0,6989700 , logarithme de 5. 

Les logarithmes vulgaires des nombres étant les expo- 
sans des puissances auxquelles il faut élever 10 pour 
obtenir ces nombres, et les puissances successives de 10 
étant 


Q 


OL — I 
0! = 10 
10 — 100 
10? — 1000 
10$ — 10000 
10Ÿ — 100000 
etc. etc. 


On voit que les nombres compris entre 1 et 10 ont pour 
logarithmes o plus une fraction; 1 plus une fraction, 
lorsqu'ils sont compris entre 10 et 100; 2 plus une frac- 
tion, entre 100 et 1000, etc., etc. On connaît donc im- 
médiatement la caractéristique du logarithme d’un nom- 
bre par la quantité de chiffres qui le composent ; car 
cette caractéristique est toujours égale à cette quantité 
moins un. Ainsi la caractéristique du logarithme de 4799 
est 3, parce que ce nombre a 4 chiffres, ou qu'il est 
compris entre 1000 et 10000, Il suffit donc de connaître 
la partie fractiounaire d'un logarithme, pour le con- 
naître entièrement; et c’est par cette raison que dans 
les tables de logarithmes on ne trouve que cette partie 
fractionnaire, et que les caractéristiques y sont sous- 
entendues. Foyez Locantrumes. 

On nomme en général caractéristique une marque, 
ou caractère, par laquelle on désigne une certaine fonc- 
tion d'une quantité : c'est ainsi que la lettre d est la 
caracleristique des quantités différentielles, ou que dx 


CA 271 


exprime la différentielle de x, suivant Leïbnitz. Dans 
la notation de Newton, cette caractéristique est un 
point (.) placé sur la quantité : +, est donc, d’après 
Newton, la fluxion ou la différentielle de x. Voyez 
DirrérenTiez et FLuxton. 

CARDAN (Jérôme), médecin et géomètre célèbre, 
naquit à Milan suivant quelques-uns de ses biographes, et 
à Pavie suivant d’autres, le 23 septembre ou le 24 no- 
vembre de l'an 1501. Cardan, qui a souvent parlé de lui 
dans ses écrits, n’avait lui-même aucune certitude À cet 
égard , d’où l’on a cru pouvoir tirer la conséquence que 
sa naissance était illégitime. Quoi qu'il en soit il est du 
moins certain que le jeune Jérôme fut élevé h Milan dans 
la maison de Faccia Cardan, son père, savant médecin et 
jurisconsulte éclairé, qui fut son premier maître. Il ne 
s’en sépara qu’à l’âge de 0 ans, époque à laquelle il 
alla à Pavie pour achever, à l'Université de cette ville, 
ses études et recevoirses grades. Ce fut dans cette célèbre 
institution que Jérôme Cardan acquit les premières no- 
tions des mathématiques, sciences dans lesquelles il de- 
vait plus tard illustrer son nom. Il fut bientôt à même 
d'expliquer Euclide, et dans la suite:il professa succes- 
sivement la médecine et les mathématiques à Pavie, à 
Bologre, à Milan et à Rome. Cardan était doué d'un 
génie fertile et d’une brillante imagination. Si ces heu- 
reux dons de la nature lui facilitèrent l'intelligence de 
toutes les connaissances humaines, car il fut À la fois, à 
un degré remarquable, orateur, naturaliste, géomètre, 
médecin, physicien, moraliste et philologue, ils contri- 
buèrent aussi à égarer quelquefois sa raison , en le jetant 
dans des travers et des contradictions inexplicables. 
Ainsi, il cultiva avec une incroyable ardeur , et défen- 
dit avec un fanatisme aveugle les vaines pratiques de 
lastrologie judiciaire; erreur à laquelle la plupart des 
savans de son siècle ont au reste payé un large tribut, 
Mais Cardan exagéra même les folies que l'astrologie a 
pu suggérer à des hommes beaucoup moins familiers que 
lui avec les vérités de la science. Il avait tracé plusieurs 
fois, et toujours inutilement, comme cela devait être, 
l’horoscope de sa mort, et il eut le courage d'attribuer 
publiquement la fausseté de ses prédictions, non à l’in- 
certitude de l’art, mais à l'ignorance de l'artiste. Car- 
dan avait si bien réussi, sous ce rapport, à établir sa ré- 
putation, que le bruit se répandit, après lui, qu’il s'était 
laissé mourir de faim à l’âge de 75 ans, pour ne pas faire 
mentir sa dernière prédiction, ou plutôt pour éviter la 
honte ou les railleries que ce nouvel essai de son art 
mensonger devait attirer sur lui. Enfin, Cardan a publié 
deux traités sous ces titres : De subtilitate et De rerum 
varietale, où sont consignées toutes les extravagances que 
l'astrologie inspira à cette imagination vive et exaltée. 
Ces traités, dit un de ses biographes, embrassent l'en- 
semble de sa physique, de sa métaphysique et de 


272 CA 


ses connaissances en histoire naturelle, et peuvent pa- 
raitre curieux à ceux qui aiment à voir dans quelles 
erreurs s'est promené l'esprit humain. Jules Scaliger 
s'attacha particulièrement à réfuter le traité De subtili- 
tate avec l’urbanité et la modération, dont ce célèbre 
critique avait coutume d’'user envers les malheureux 
auteurs des livres qui avaient pu exciter son irritabilité 
pédantesque : il se vanta d’avoir tué à la fois Cardan et 
son livre par la vivacité et la force de sa critique. Au 
reste, la vie agitée de Cardan a trouvé en lui-même un 
juge plus sévère que celui qu’auraient pu inspirer la 
haine et les passions des nombreux ennemis que son 
caractère lui avait attirés. Dans celui de ses ouvrages 
intitulé : De vita propria, et qu'on peut regarder 
comme des Mémoires d'une irréprochable authenticité, 
il a dépassé, en parlant de ses vices, toute la hardiesse de 
la calonnie. Il nous apprend dans ce livre, ajoute son 
biographe, que dans le monde il ne savait dire que ce 
qui devait déplaire à ceux qui l’entouraient, et qu’il 
persévérait dans cette mauvaise disposition, quoiqu'il 
en vit les effets; qu’il recherchait les souffrances phy- 
siques, parce qu’elles le préservaient des orages qui 
s’élevaient fréquemment dans son esprit en proie à une 
sombre mélancolie; qu'il se procurait lui-même des 
sensations douloureuses dans cette vue , et pour jouir de 
la volupté qu'il éprouvait à leur cessation ; enfin, qu'il 
employait aussi ce moyen comme un remède ou comme 
un palliatif dans les grandes afflictions morales. Nous 
abrégeons ces tristes aveux d’un homme de génie lut- 
tant avec un inconcevable cynisme contre des souvenirs 
qui, sans doute, venaient troubler sa vieillesse. De 
grandes infortunes l'avaient déjà puni de ses erreurs et 
de ses vices, dans tout ce que l’homme a de plus cher 
et de plus doux sur cette terre, les affections de famille. 
Son fils aîné, Jean-Baptiste Cardan, jeune homme de 
26 ans, qui s'était déjà acquis de la réputation dans la 
médecine, fut convaincu d’avoir empoisonné sa femme, 
et eut la tête tranchée à Milan. Les désordres de son 
second fils n’eurent pas un résultat aussi funeste, mais 
causèrent à ce malheureux père d’inexprimables cha- 
grins qui peut-être troublèrent sa raison et lui occa- 
_sionnèrent des accès de folie. C’est ainsi qu'ont pensé 
de lui lillustre Leibnitz et Naudé, et c’est sous ce rap- 
- port seulement que Cardan peut être jugé avec quelque 
indulgence. 

Tel fut l'homme cependant qui a conservé des 
titres réels à la gloire et à la reconnaissance des savans, 
quoique ses découvertes en mathématiques se rattachent 
encore à une conduite peu délicate et peu scrupuleuse 
de sa part, si l'on doit ajouter foi à l'opinion que ses 
contemporains en ont manifestée. Cardan était depuis 
long-temps étroitement lié avec Nicola Tartalea ou Tar- 
taglia de Brescia, mathématicien, que son savoir ct ses 


CA 


productions avaient déjà rendu célèbre. L'algèbre était 
une connaissance pour ainsi dire au berceau, et qui, 
depuis son introduction en Europe, n'avait guére été 
cultivée qu’en Italie. A l'époque où vivaient Cardan et 
Tartalea, les recherches dont cette science était l’objet 
excitaient une vive émulation entre les mathématiciens 
de ce pays. On était alors dans l'usage de proposer et 
d'accepter des défis publics dans les sciences aussi bien que 
dans les arts, etlesgraves géomètres, cornme les musiciens 
et les peintres, allaient de ville en ville exposer leurs 
découvertes et leurs talens devant les curieux, qui se 
réunissaient dans les églises, où l’on jugceait du mérite 
de ces rivaux de gloire et de savoir : c’étaient les temps 
chevaleresques de la science. fl paraît que Tartalea avait 
triomphé plusieurs fois dans de semblables défis, au 
moyen de la résolution des équations du troisième de- 
gré. Cardan conçut, dit-on, le vif désir de conuaiître la 
méthode qu'emplovait son ami pour obtenir an résultat 
si important et si inutilement cherché par les géomètres. 
Comme ses premières sollicitations avaient été inutiles, 
et que Tartalea avait besoin de la protection d’un grand, 
suivant l’usage du temps, Cardan employa, pour déci- 
der son ami à se rendre à ses désirs, une étrange super- 
cherie, Il lui fit savoir que le marquis del Vasto dési- 
rait faire sa connaissance, et s’entretenir avec lui de sa 
découverte. Tartalca se rendit avec empressement à 
cette invitation; mais Cardan se trouva seul dans l'hôtel 
du marquis, où le rendez-vous avait été'indiqué. Ce fat 
ainsi que ce dernier, après de vives instances, obtint, 
sous la foi du secret et du serment , la communication 
des méthodes de Tartalea. 

Telle serait, suivant les partisans de Tartalea , la vé- 
rité sur la découverte de la résolution des équations du 
troisième degré, attribuée à Cardan , qui la publia peu 
d’années après dans son 4rs magna. Mais selon Cardan, 
il n'aurait point ainsi violé la foi de sa promesse, ni 
trahi la confiance de Tartalea, dont il n'aurait reçu que 
la formule du procédé de la solution, tandis que seul il 
avaittrouvé la démonstration. Quant à la formule même, 
Cardan soutenait que la première découverte n’appar- 
tenait ni à lui ni à Tartalea, mais à Scipion Ferrco, 
mathématicien bolonais. La publication de l'4rs magna 
exata les vives plaintes de Tartalea : il reprocha amère- 
meut sa conduite à Cardan, et publia leur correspon- 
dance pour prouver sa duplicité. Il proposa aussi à son 
ancien ami, maintenant son adversaire et son ennemi, 
la solution de plusieurs problèmes , et l'on doit conve- 
nir que l'honneur de la lutte ne demeura pas à Cardan. 

Quoi qu'il en soit, Jérome Cardan est, en résultat, le 
premier qui ait publié la méthode de résolution des 
équations du troisième degré, et celui à qui est restée la 
gloire de cette découverte. On donne encore aujourd’hui 
à cette méthode le nom de formule de Cardan. West 


CA 


enfin beaucoup mieux établi encore que Cardan décou- 
vrit plusieurs cas nouveaux dont nous allons parler, et 
qui, d’après l'aveu de Tartalea, n'étaient pas compris 
dans la règle qu’il avait donnée. 

On doit en effet à Cardan la remarque de la limi- 
tation du cas irréductible, cas particulier des équations 
cubiques , qui est celui où il arrive que l'extraction de 
la racine carrée, qui entre dans la formule, n’est pas pos- 
sible. Il est également le premiér qui ait aperçu la mul- 
tiplicité des valeurs de l’inconnue dans les équations, 
et leur distinction en positives et négatives. Mais il ne 
paraît pas qu'il ait reconnu l’usage de ces racines néga- 
tives, découverte cependant qui, avec celle de Viète, 
a servi de fondement à celles d'Harriot et de Descartes 
sur l'analyse des équations. Si l’on ajoute à l’exposition 
de ces importans travaux, que la résolution des équa- 
tions du quatrième degré a été l'ouvrage, non contesté, 
de Louis Ferrari, disciple de Cardan, on re saurait 
refuser à cet homme extraordinaire, malgré les récri- 
minations de Tartalea, une grande part dans ces pro- 
grès de l'algèbre. ( J’oyez Ferranr. ) Telle est l'opinion 
du savant Cossali, dans son Histoire de l'algèbre en 
Jialie ( Origine e trasporto in Ttalia del algebra, 1.11), 
qui ayant eu à sa disposition les plus anciens manuscrits 
italiens, ajoute qu’on peut revendiquer en faveur de 
-Cardan la méthode de l'application de l'algèbre aux pro- 
blèmes de géométrie déterminés. Il y a sans doute quel- 
que exagération dans ce jugement de Cossali, car cette 
découverte est justement et généralement attribuée à 
‘notre célèbre Viète. 

On croit communément que Jérôme Cardan mourut 
VA Rome en 1575, quoiqu'il y ait quelque incertitude 
sur la date précise de cet événement. Nous nous croyons 
‘dispensés de donner ici la liste deses nombreux ouvrages, 
qui ont tous été réunis et publiés par Charles Spon , sous 
ce titre : Hieronymi Cardani opera. Lyon, 1663, 10 vol. 
fin-folio. 

CARDINAUX ( Astr. ). On a donné ce nom aux 
quatre points les plus diamétralement opposés de l'ho- 
rizon, l’est et l’ouest, le nord et le sud. Les points car- 
dinaux du zodiaque sont les premiers degrés des signes 
où l'entrée apparente du soleil détermine les saisons, 
c’est-à-dire le Bélier, le Cancer, la Balance et le Capri- 
corne. « 

CARNOT ( Lazare-Nicozas-MarGUERITE ), mathé- 
maticien célèbre, général, membre de l'Institut et de 
la Légion-d’'Honneur, naquit à Nolay en Bourgogne, 
le.10 mai 1753. L'illustration de Carnot appartient à la 
science et à l’histoire moderne; les grands événemens 
dans lesquels il a figuré sont encore jugés en France 
avec trop de passions, pour qu’il nous soit convenable 
d'apprécier, sous ce dernier point de vue, une vie si 
pleine de nobles actious et d'erreurs déplorables, C’est 


CA 275 


du savant seul que nous avons à nous occuper. La fa- 
mille de Carnot occupait dans le morale une position 
recommandable, elle avait déjà fourni à la France des 
officiers de mérite et des jurisconsultes distingués. Il fit 
d'excellentes études, et manifesta de bonne heure le 
goût qui l’entraiîna vers celles des mathématiques. En 
17971, Carnot entra au service dans l'arme du génie. 
En 1780, il n’était encore parvenu qu'au grade de ca- 
pitaine, quoique son Éloge de Fauban eût été cou- 
ronné par l’Académie de Dijon, et que son Essai sur 
les mathématiques eût obtenu un grand succès. En 1797, 
le département du Pas-de-Calais, où résidait le corps 
dans lequel il servait, le nomma député à l'Assemblée 
législative. Dès ce moment sa vie fut entièrement con- 
sacrée aux triomphes des opinions politiques qu'il avait 
embrassées. On sait qu’il occupa les plus hautes dignités 
de l'État dans ces temps désastreux, où la France se 
souvient avec reconnaissance qu'il organisa en peu de 
mois ses nombreuses armées. Lorsque Napoléon parvint 
à la couronne, Carnot résigna les fonctions de ministre 
de la guerre qu’il occupait, et se livra dans la retraite 
aux travaux qui avaient honoré sa jeunesse. Il publia, 
en 1808, son traité si remarquable De la défense des 
places fortes. Cet ouvrage le rappela à Napoléon, qui lui 
fit offrir les brillans avantages auxquels il avait renoncé. 
Carnot vivait alors dans un état voisin de l'indigence, 
lui qui avait un moment présidé aux destinées politiques 
de la Nation française. Il eut le courage de sacrifier 
ces avantages à ses principes, et il demeura dans la 
retraite. Mais en 1813, à la suite des désastres qui frap- 
pèrent alors son pays, il offrit spontanément son épée 
à l'empereur, qui accepta le dévouement de cet homme 
antique. Il s’enferma dans Anvers qu’il défendit jusqu’à 
l’époque où une nouvelle révolution changea en France 
la forme du gouvernement. Il s’acquit pendant ce siège 
mémorable qu'il soutint, une renommée digne de ses 
talens et de son caractère. Après les Cent-Jours, Carnot 
qui était un moment rentré au pouvoir, dans des espé-à 
rances qui ne devaient point se réaliser, fut compris $: 
dans une liste de personnes que le gouvernement des, 
Bourbons crut devoir éloigner de la France. Il fixa d 
sa résidence à Magdebourg, où il reprit ses travaux : 
scientifiques, et continua à vivre dans la solitude. Il 
mourut en 1823 avec le calme d’une âme pure et chré- 
tienne, si l’on doit s’en rapporter aux journaux du‘ 
temps; digne de respect pour les travaux dont il a en- 
richi la science, et du regret de toutes les âmes élevées, 
pour des erreurs vers lesquelles du moins ne l'entrainè- 
rent jamais les calculs d’un vil intérêt. 

Ses meilleurs écrits sont : I. Traité de la défense des 
places fortes, 1 vol in-4°, avec planches; 3° édition; 
1819. IL. Mémoire sur la fortification primitive, pour 
servir de suite au Traité sur la défense des places fortes, 


LP] 


974 È ‘A 


in-4°, fig, 1823. IT. Géométrie de position, in-4°, 
1803. [V. Mémoire sur la relation qui existe entre les 
distances respectives de cinq points quelconques pris 
dans l'espace; suivi d'un Essai sur la théorie des trans- 
versales, in-4°, 1806. V. De la corrélation des figures 
de géométrie, an 1x, in-8°. VI. Réflexions sur la méta- 
plysique du calcul infinitésimal, in-8°, fig., 2° édition, 
1813. VII. Principes de l'équilibre et du mouvement, 
-in-8°, 1803. 

CARRÉ (Louis), savant mathématicien, naquit en 
1663, le 26 juillet, à Clofontaine, près de Nangis en 
Brie. Son père était un honnête et pauvre laboureur de 
ce village, qui le fit étudier pour qu'il pût embrasser 
l'état ecclésiastique. Mais il ne crut pas avoir la voca- 
tion nécessaire, et ce fut par obéissance qu’il suivit du- 
rant trois années un cours dethéologie. A cette époque, 
comme il refusa d'entrer dans les ordres, et que d’ail- 
leurs son père ne pouvait plus lui fournir l'argent qui 
lui était nécessaire pour continuer ses études et pour 
subsister à Paris, il tomba dans l’'indigence ; mais il fut 
assez heureux, dans son infortune, pour trouver un 
asile chez l’illustre père Mallebranche, dont il devint je 
copiste. Ce fut sous ce grand maître que Louis Carré 
apprit les mathématiques, et qu'il fut initié à une phi- 
losophie bien supérieure à l’obscure métaphysique de 
l’école. L'histoire de sa vie est tout entière dans le culte 
qu'il voua à ces deux sciences ; il fut bientôt assez fort 
pour acquérir son indépendance en donnant des leçons 
de mathématiques et de philosophie. Il affectionnait 
particulièrement cette dernière science, et ik eut surtout 
pour disciples beaucoup de femmes et des religieuses. 
Cette circonstance a inspiré à Fontenelle des réflexions 
qui rendent intéressant l’éloge qu'il a fait de Carré, 
document auquel nous renvoyons le lecteur. Il continua 
ses études mathématiques sous Varignon, qui le mit 
au nombre de ses élèves pour l’Académie, Carré ne 
tarda pas à faire honneur à un tel maître; il publia un 
ouvrage sur le calcul intégral, qui eut beaucoup de suc- 
cès, malgré les imperfections et les erreurs qu'il con- 
tient, erreurs qu’il rceonnut ct corrigea dans la suite. 
Reçu, en 1697, membre de l’Académie des sciences, 
il fournit plusieurs mémoires à la collection de cette 
illustre compagnie, entre autres un Abrégée d’un traité 
sur la théorie générale du son, sur les différens accords 
de lamusique, et sur Le monochorde. I donna également 
un grand nombre d’articles au Journal des savans. Carré 
avait toujours été d’une santé faible et délicate , il mou- 
rut à Paris le 11 avril 1755, avant d’avoir pu achever 
un travail dont l'abbé Bignon l'avait chargé, sur les 
instrumens de musique les plus usités en France. Son 
ouvrage le plus important est intitulé : Aéthode pour 
la mesure des surfaces, la dimension des solides, leurs 


centres de pesanteur, de percussion, d'oscillation, par 


D CE ré tm— 


CA 


l'application du caleul intégral. Paris, 17005 == 9° édi- 
tion, 1710, in-4°. 

CARTE (Géographie Mathém. ). Figure plane qui 
représente la terre ou une de ses parties. 

L'invention des cartes géographiques est attribuée à | 
Anaximandre, qui le premier, dit-on, exposa aux 
veux des Grecs le tableau de la Grèce et des pays et des 
mers que fréquentaient les voyageurs de cette nation. 
Depuis cette époque la construction des cartes est deve- 
nue l’une des parties les plus importantes de la géogra- 
phie mathématique. La surface de la terre étant courbe, 
une carte ne peut représenter avec exactitude que 
des parties très-bornées de cette surface; car lors- 
qu'il s’agit de parties considérables la carte n’est plus 
qu'une projection faite suivant certaines lois de la per- 
spective. F’oyez ProjEcrioN. 

Les cartes sont universelles ou particulières. Les 
cartes universelles représentent toute la surface de la 
terre, où seulement la surface d’un hémisphère. On les 
nomme particulièrement m#appemondes.( Voyez Mavre- 
monpe.) Les cartes particulières représentent quelques 
parties déterminées de la terre. 

Ces deux espèces de cartes sont souvent désignées 
sous le nom de cartes géographiques ou cartes terrestres 
pour les distinguer des cartes hydrographiques ou ma- 
rines dans lesquelles on ne représente que la mer, ses 
îles et ses côtes. Voyez Hynrocrapuie. 

On distingue encore les cartes topographiques qui 
représentent de petites parties de la terre. Voyez Toro- 
GRAPHIE et LEVÉE DES PLANS ; 

Les cartes célestes qui représentent la position des 
étoiles fixes, telles que nos planches IX et X 3. 


Les cartes sélénographiques qui contiennent la des- 
cription ou les apparences soit de la lune entière soit de 
quelques-unes de ses parties. La planche XVIII ren- 
ferme une carte générale et sélénographique. Foyes 
Jig. 3 et Lune. 

La théorie et la pratique de la construction de toutes 
ces sortes de cartes seront données aux mots PERSPECTIVE 
et PROJECTION DE LA SPRÈRE ; voyez aussi les mots R£- 
DUCTION ET TERRE. 


CAS IRRÉDUCTIBLE (4/g.). C’est celui où les trois 
racines d’une équation du troisième degré sont réelles 
et inégales. Les expressions générales des racines don- 
nées par la formule dite de Cardan se présentent alors 
compliquées de radicaux imaginaires qu’il est impos- 
sible de faire disparaître, à moins de les développer en 
séries, et, encore, ces séries sont si rarement COnver< 
gentes , que dans la pratique on est forcé d’avoir re- 
cours aux méthodes de résolution des équations numé- 
riques. 


Soit x'+px+g=0o une équation quelconque du 


Fr 


CA 


troisième degré, sans second terme, ses trois racines 
sont (a) (Joy. ÉQUATIONS QUBIQUES) : 


es V[-24v (EH 
HV (HD) 

NE (ae 
HV (EH) 

3.2 [-2+v(e Fun 


+V[- VE 


- Le 
Lorsque les valeurs de pet de g sont telies que Le + 
— est une quantité négative, ce qui arrive toutes les 
27 

3 2 
Êe ‘ad alors 


4 
GBA ue ue ; ; 
V ( re) devient imaginaire , et par suite les trois 


fois que est négatif et plus grand que 


racines le sont également. Par exemple, si l'équation 
proposée est 


x—7x+6—0. 


Comparant avec les formules précédentes, on a p=—7 
et 9 =6, d’où l’on obtient pour la première racine 


2=V[-54/ + —5— 


expression zmaginaire, dont il est po ble de rien 
conclure pour la valeur de x. Quant aux deux autres 
racines, elles se trouvent doublement compliquées d’i- 
maginaires. On prouve cependant avec facilité que dans 
ce cas les trois racines sont réelles. En effet, faisons en 
général 


VISE = 
nous aurons, pour la première racine, (b) 
5 5 
=VAHBV—1] + VB a]. 


3 3 
Or, si l’on développe VIA+BV/—1] et V[A—B\/—1] 
par la formule de Newton (voy. BinomE) , on obtient 


HV A | 1+3 iv HR 


DB? 


ds 7 AS V— 1+— 243 Pa ete | 


Désignant par M la somme des termes impairs où la 
quantité V/—71 ne se trouve pas, et par N la somme 
des coefficiens de \/—1, ces deux expressions devien- 
nent 


[AB —1$ = AMEN —1] 
[A—By/—1$ = AM-Ny—1] 


dont la somme est 


—»A3M 3 
quantité réelle. 
Ainsi, la première racine est une quantité réelle 
dont la valeur est donnée par la série 


10 Bi 


33 1 


3 
æ=2Â GIF HE E:5 6 


+ ete. |. 


Les deux autres racines deviennent 


Eu -3 


2: SAME AN 1) X — 


se PAR K ee 
ee 3, 
us 


Ce qui se réduit, en effectuant les multiplications , à 


3, TA M TN VE 


. + [ASMAîN Eu 


2....%—=—AÎM-+ ASNV/3 


Lu : 
3....x——AM—ASNy/35. 
Ges racines sont donc également réelles. 


Il est donc prouvé que lorsque p est négatif et que : 
lon à 


les trois racines sont réelles, et que malgré la forme 
imaginaire sous laquelle elles apparaissent on peut les 
développer en séries; mais ces séries, par leur compli- 
cation de quantités irrationnelles, n’offrant qu’un moyen 
insuffisant pour arriver à l'évaluation des racines, il 
faut avoir recours à d’autres procédés (Foy. ArproxI- 
MATION , ÉQuarIoNSs, RAGINES CoMMENSURABLES). C’est 
ainsi qu’en appliquant la méthode des racines com- 
mensurables à l'équation 


2x—7x+6=0, 


on obtient, pour les trois valeurs de x, =, 425 


1 


276 En 


x—-3; tandis que, par les formules ci-dessus, la plus 
simple de ces racines est 


100 10000 


it 


10 
243 


59049 


z=— vs [its +], 
série si peu convergente ; qu'un très-grand nombre de 
termes ne peut faire soupçonner sa véritable valeur. 

La difficulté du cas irréductible se présenta bientôt à 
Cardan, lorsque Tartalea lui eut communiqué sa mé- 
thode pour résoudre les équations cubiques. Dans une 
lettre adressée à ce dernier le 4 août 1539, Cardan lui 
annonce que la méthode est en défaut pour l'équation 
x—o9x— 10 —0, et demande des explications à ce su- 
jet. Dans sa réponse, loin d'aborder la question, Tar- 
talea s'étend en récriminations sur la conduite de Car- 
dan, qui allait à cette époque rendre public ce qui lui 
avait été confié sous le secret ; il se contente de lui dire 
qu'il n’a pas su employer la formule ; et qu’elle est ri- 
goureuse dans tous les cas. Mais Tartalea n’était pas ca- 
pable de lever une difficulté demeurée insurmontable 
aux plus grands géomètres. 

L'emploi des fonctions trigonométriques fait dispa- 
raître les quantités imaginaires des racines (a) dans le 


cas irréductible ; et ces fonctions présentent ainsi le 


moyen le plus prompt et le plus direct pour résoudre 
les équations du troisième degré. C’est ce que nous al- 
lons développer : reprenons la racine (b) 


PNA TEE LAS), 


à la quantité 


et remarquons que nous pouvons donner 
A+By —1 la forme (c) 
_—_. A a 
VAT VA+B'VA+FE 


ce qui est évident. 


vi} : 


Mais A et B étant des quantités réelles, |/A°ÆB7 est 
; A 
plus grand que À; et, par conséquent, Var 
B 
VA +B. 
A 1 : 
VAR est le cosinus 


d’un arc inconnu z, puisqu'en prenant le rayon pour 


plus petit que l'unité. Il en est de même de 


On peut donc supposer que 


unité, les cosinus peuvent avoir toutes les valeurs com- 
prises entre o et 1. Or, de l'égalité 


\ 


COST = — 


V'A+B 


on tire 
sine — VAT A? 
in?z = 1 — 05 PRIT: : 
ou Z£ D #1 


sin?z — pee 
“A+: 
et enfin 
B 
SZ = — = —— 
VA +B: 
L'expression (c) devient donc 
VB" |cosz+ sinzl/—1], 3 


et l’on a conséquemment 


3 Gé = 

VIA+By —1] = VA +B [cosz-sinzy/—1}, 
On obtiendrait de même 
3 6 

VIA+ByV —1]= VASHB[cosz—sinz|/—1 8. 


Ces valeurs substituées dans (2) donnent (4) 


GC} —— 
T= 2V/AHB.cosiz, 
en observant que (voy. Sinus) 


+ 


(cosz 


sinz/—1) 


Pour rapporter cette dernière valeur de x aux racines 


(a), nous avons 


A7 
2 


ser (45] 


p° 


L 
étant négatif et plus grand que ee dans la dernière 
4 


égalité. Or, 


nous avons donc 


Substituaut ces valeurs de À et de B dans (d), nous 
obtiendrons définitivement (e) 


T—=2 cosiz.V/P. 
3 


L’arc z étant donné par la relation (f) 


Telle est donc l'expression générale et réelle d’une des 
racines de l’équation 

T'—pr+q=e 
p° 


lorsque À ; C'est-à-dire dans le cas irréductible. 


CA 


Les deux autres racines se produisent également sous 
une forme à la fois réelle et finie; mais sans entrer dans 
des calculs qui du reste n’offrent aucune difficulté, con- 
tentons-nous de faire observer que la formule (e) ren- 
ferme déja implicitement les trois racines par les va- 
leurs différentes de z, que donne la relation (f). En 
effet, » étant la demi-circonférence du cercle dont le 
rayon est 1, les arcs z, 252, 442, Go+z, etc. 
tous le même cosinus (voy. Sinus). Ainsi, on peut 


., ont 


prendre indifféremment le tiers d’un de ces arcs pour 
le substituer dans (a); mais, à cause de la périodicité 
des valeurs des sinus et des cosinus, il n’y a que les trois 
arcs 

2p+F 


É kHz 
38 3 Siroil 


qui donnent des valeurs différentes pour leurs cosinus, 
tous les autres se réduisent à ces trois derniers. Or, 


2 360° +2 _ 
3 nn 100 °HLz 
et 
z _720°—Lz : 
He = <+— = = 240°—2z. 


Les trois valeurs de x, ou les trois racines de l’équation 
a—px+q=0 sont donc 


VE 


1....4—2C0S 
2e. #22 cos (120° + 12) /À 


Dee L—2 cos (240° +32) À 


Appliquons ces formules à l'équation x—5x4+6—0, 
nous avons p—7, g—6, et par conséquent 


ha 18.V3 
TARN 


Pour ne pas tenir compte du signe —, rappelons-nous 
que 


COST — 


— cosz — cos(180°+:), 


et nous aurons 
cos (180°Æz) — ne 


Opérant par logarithmes, nous trouverons 
log cos(180°+2) = 9,92515607. 
D'où 
180° + z — 32° 4o' 41", 
et par conséquent 


32=—147° 19" 


CA HT 


dont le tiers est 3z2=—— 49° 6’ 27"; l'arc 3z étant néga- 
tif, nous avons 


COS (120427) = cos (120°=/09° 6' 27") — cos (70° 5333" 
cos (2404-52) = cos(240°—49° 6 27")— cos (190°53'33"). 


Le cosinus d’un arc négatif étant le même que si l’arc 
était positif, les trois racines cherchées sont donc 


ee 7 
OO 2. 
De cos( 70°53' 33”) 
Do D 2 Ver cos (190° 53° 33”). 


La dernière racine est négative et se réduit à 


3... — 2 | / 2. cos (10° 53 337) 


à cause de la propriété générale, cos (180° + ) = —co 
Réalisant les calculs nous trouverons 


cos( 49° 627") 


2....T—=2 


Log 7 — 0,8450980 
Log 3 — 0,4771212 


7 
Log /2 
Log 2 = 0,3010300 


Log 2 v72 = 0,4850184. 


Première racine 


Log 2 A: —= 0,4850184 


Log cos (49° 6° 27") — 9,8160116 


0,36:9768 


= 0,1839884 


0,3010300 — Log 2. 


Seconde racine 


Log» \/ 1 


Log cos (70° 53° 33") — 9,5149816 


— 0,4850184 


0,0000000 = Log. 1. 


Troisième racine 


Log 2 173 = 0,4850184 


Log cos (10° 53° 33") — 9,9921028 


0,4771212 = Log 3. 


Les racines de x? — 7x + 6 — 0, sont doncæx = 3, 
Lx, Z=— 3. 


On peut encore se servir des fonctions circulaires ou 


278 CA 


trigonométriques dans tous les cas des équations du 
troisième degré. Voyez RÉésorurion. 

CASSINI (Jeanx-Dommique). Les grands hommes 
appartiennent, comme la science, à l'humanité tout 
entière. Cependant la France revendique avec quelque 
raison le célèbre, ingénieux et savant astronome dont 
nous allons rapidement esquisser la vie et exposer Les 
travaux. Le roi Louis XIV eut assez d'influence pour 
l'enlever à Pitalie, et assez d'amour de la véritable 
gloire pour le fixer dans le royaume par des honneurs et 
de justes récompenses. La France est devenue sa seconde 
patrie. Les travaux qui lui ont acquis le plus de gloire 
ont été achevés dans son seiu, et entrepris pour elle. 
Enfin, il a laissé des enfans qui ont dignement porté son 
nom, et accepté pour eux l'honorable adoption dont 
leur père avait été l’objet. 

Cassini naquit le 8 juin 1625, à Perinaldo, dans le comté 
de Nice. Son pére, gentilhomme italien , sé nommait 
Jacopo Cassini, et sa mère Julia Crovesi. La fortune deses 
parens lui permit de recevoir une éducation distinguée, 
sous un habile professeur, qui fut dès son enfance atta- 
ché à sa personne. Il alla achever ses études à Gênes, 
chez les Jésuites de cette ville, où il ne tarda pas à se 
disüinguer. Ses premières dispositions le portèrent vers 
les lettres, pour lesquelles il manifesta un goût très-vif. 
Il composa un assez grand nombre de poésies latines qui 
ont été imprimées en 1646, avec celles de ses maitres, 
dans un recueil in-folio. 

Ce fut, diton, le hasard qui décida son penchant 
pour l'astronomie, et le fit entrer dans la glorieuse car- 
rière où nous allons suivre ses pas. Voici comment lil- 
lustre et spirituel auteur de léloge académique de 
Cassini raconte cette circonstance intéressante de sa vie : 
« Il fit une étroite liaison d'amitié avec M. Lercaro, qui 
fut depuis doge de la république de Gênes. I était allé 
avec lui à une de ses terres, lorsqu'un ecclésiastique lui 
prêta, pour l’amuser, quelques livres d’astrologie judi- 
ciaire. Sa curiosité en fut frappée, et il en fit un extrait 
pour son usage. L'instinct naturel qui le portait à la con- 
naissance des astres se méprenait alors, et ne démélait 
pas encore l’astronomis d'avec l'astrologie. Il alla jusqu’à 
faire quelques essais de prédictions qui lui réussirent. 
Mais cela même qui aurait plongé un autre dans l’er- 
reur lui fut suspect. Il sentit, par la droiture de son 
esprit, que cet art de prédire ne pouvait être que chi- 
mérique, etil craignit, par délicatesse de religion , que 
les succès ne fassent la punition de ceux qui sy appli- 
quaieut. Au travers du frivole et du ridicule de l’astro- 
logie, il avait aperçu les charmes solides de l’astro- 
uomie, et en avait été vivement touché,» Ce fut dès-lors 
que Cassini se livra aux sérieuses études qu’exige cette 
science : il y fit de si rapides progrès, que le sénat de 
Bologne, sur les pressantes recommandations du mar- 


CA 


quis Coruelio Malvasio, l'appela en 1650, et quand il 
n'était ainsi ägé que de 25 ans, à occuper la chaire de 
professeur d'astronomie, vacante à l'Université de cette 
ville par Ja mort récente du célèbre Cavalier, auteur 
de la méthode des indivisibles. En 1652, le jeune pro- 
fesseur observa la marche d’une comète, et tira de ses 
observations la juste conséquence, que le mouvement 
de ces astres n'était inégal qu'en apparence, et qu’ils 
étaient soumis à des lois régulières comme les autres 
planètes. Vers la même époque, Cassini résolut un pro- 
blème fondamental pour l'astronomie, et qui avait paru 
d’une difficulté iuabordable à Képler lui-même et à 
Boulliaud. IL détermina géométriquement l'apogée et 
l'excentricité d’une planète, les deux intervalles entre 
le lieu vrai et le lieu moyen étant donnés. Dès l’année 
1653, le génie de Cassini s'appliqua à un objet non 
moins essentiel aux progrès de l'astronomie et à la ré- 
gularité de ses observations. Il aspirait à éclaircir quel- 
ques points difficiles et importans de la théorie du soleil 
par des observations d'une exactitude particulière; mais 
la méridienne tracée à Bologne par le père Ignazio Dante, 
dans l'église de Sainte-Pétrone ou Pétronille, et qui 
existait encore à cette époque, était insuffisante pour 
arriver au résultat cherché par Cassini. Ce n’était qu’une 
ligne qui déclinait quelques degrés du soleil, et que ce 
savant avait tracée dans la seule vue d'observer combien 
l'équinoxe du printemps s’écartait du 21 mars. L'aup- 
mentation qu'on fit, en 1653, aux bâtimens de Sainte- 
Pétrone, fut une occasion heureuse pour Cassini de 
mettre à exécution l’idée qu'il avait conçue. Il résolut 
de tracer une méridienne plus grande et plus exacte 
que ceile de Dante. Les dispositions de l'édifice sem- 
blaient présenter un obstacle insurmontable à ce projet: 
la méridienne devait passer entre deux colonnes, contre 
l'une desquelles on devait craindre qu’elle n’allàt frapper. 
Les magistrats s'opposèrent d’abord aux vues de Cassini, 
pour cette raison et à cause de l'incertitude où l’on étaitde 
la réussite de l’entreprise. Mais il parvint à triompher de 
leur répugnance et des difficultés plus réelles que présen- 
tait cette opération. La nouvelle méridienne de Sainte- 
Pétrone , une des plus grandes et des plus exactes qu'on 
ait jamais construites, fut terminée en moins de deux ans. 
Il invita, par un écrit public, les astronomes de l'Europe 
à y venir observer le solstice d'hiver de 1655. « Il disait 
dans un style poétique, que la sécheresse des mathé- 
matiques ne lui avait pas fait perdre, ajoute Fontenelle 
que nous avons cité plus haut, qu'il s'était établi dans un 
temple un nouvel oracle d'Apollon ou du Soleil, que l'on 
pouvait consulter avec confiance sur toutes les difficultés 
d'astronomie.» Le gnomon de Cassini, dont la description 
peut intéresser les personnes qui s'occupent de cette 
science, était en effet construit de manière à produire 


les résultats merveilleux annoncés par son auteur. La 


CA 


ligne méridienne qu’il traça d’abord, passa entre Îles 
deux colonnes, sans éprouver le contact qu’on avait dû 
craindre; perpendiculairement au-dessus de cette ligne, 
et à la hauteur de 1000 pouces bolonnais (environ 83 
pieds de France ), il plaça horizontalement une plaque 
de bronze solidement scellée dans la voûte, et percée 
d’un trou circulaire qui a précisément un pouce de dia- 
mètre. C’est par ce trou que pénétrait le rayon solaire 
qui formait tous les jours à midi sur la méridienne 
l'image elliptique du soleil. Cette élévation considérable 
fait qu’à la variation de 1° en hauteur, répondent quatre 
lignes de différence près du solstice d'été, et près de celui 
d'hiver deux pouces une ligne ; de sorte que les moindres 
inégalités , soit dans la déclinaison, soit dans le diamètre 
apparent du soleil, sont extrêmement sensibles. Ce gno- 
mon existe toujours , et les révolutions dont l'Italie a été 
le théâtre, paraissent avoir respecté ce bel ouvrage de 
Cassini, qui n’a pas cessé d’être utile à la science, et qui 
fait encore l’ornement de l’église de Sainte-Pétrone. 
Nous ne devons pas oublier de dire néanmoins que lors- 
qu'après trente ans de séjour en France, Cassini, dans sa 
vieillesse, alla revoir sa patrie, il ne manqua pas de visi- 
ter son gnomon. Il trouva que le cercle de bronze qui 
lui sert de sommet était un peu sorti dela ligne verticale 
où il devait être, et que le pavé de marbre sur lequel 
était tracée la méridienne s'était un peu affaissé. I] rétablit 
les choses dans leur ancien état; et Dominique Gugliclmi 
fit de cette opération le sujet d’un livre intitulé : La 
meridiana di S. Petronia, revista el retirala per le 
osservaziont del S. dom Cassini. ( Bol. in-folio, 1696.) 
À l’aide de ce puissant instrument, le jeune professeur 
‘d'astronomie apporta à la théorie du soleil des correc- 
tions importantes. Il trouva que la déclinaison de léclip- 
“tique devait être diminuée d'environ 1° 30”, c’est-à- 
‘dire qu’au lieu de 23° 30’ que lui donnaient la plu- 
part des astronomes, elle n’était, en 1660, que de 23° 
28! 42". Les mêmes observations l’aidèrent à déterminer 
T'excentricité , ou la demi-distance des foyers de l'orbite 
‘solaire à 1700 parties. Képler l'avait faite, dans ses tables, 
‘de 1800, l’axe entier étant de 100000. Il reconnut 
lensuite une erreur qu'avait commise Tycho-Brahé, en 
fondant les réfractions solaires que jusqu’au 45° d'élé- 
lvation. Ses observations prouvèrent que ce phénomène 
s'étend jusqu'au zénith. Cassini obtint enfin de ce qu'il 
appelait le nouvel oracle d'Apollon, des tables du 
soleil plus parfaites, une mesure très-rapprochée de 
la parallaxe de cet astre, et une excellente table des 
réfractions. Ces suecès éclatans, à une époque où la 
science tenait le premier rang dans l'estime des na- 
tions, méritèrent à Cassini une brillante réputation. 
Mais bientôt la confiance que les magistrats de Bo- 
Jogne avaient dans ses connaissances mathématiques , 


le força d'interrompre momentanément ses occupa- 


SON à CA 279 
tions astronomiques, et le fit descendre, dit Fonte- 
nelle, de la région des astres, pour s'appliquer à des 
affaires purement terrestres. Les irrégularités et les 
inondations fréquentes du Pê occasionnaient entre 
Ferrare et Bologne de fréquens différends que le pape 
avait à juger, comme souverain de ces deux Etats, qui 
se gouvernaient alors séparément par leurs lois munici- 
pales. Dans une circonstance de ce genre, la ville de 
Bologne envoya le marquis de Tanara comine ambassa- 
deur extraordinaire auprès d'Alexandre VIT; mais elle 
voulut que ce personnage fût accompagné de Cassini, 
qui accepta cette mission. Il la remplit dignement, et 
publia un ouvrage savant et remarquable sur le cours du 
P6, si changeant et si dangereux. Cet ouvrage éclaircit un 
grand nombre de points difficiles, relativement à la na- 
vigation de ce fleuve. I fit, en présence des cardinaux de 
la congrégation des eaux, quantité d'expériences qui 
appartenaient à cette matière, et y apporta cette exacti- 
tude dont il avait donné tant de preuves dans ses tra- 
vaux astronomiques. Le sénat de Bologne lui donna 
alors en récompense la surintendance des eaux de 
l'État, fonctions qui le mirent en relation avec plusieurs 
dignitaires de V’Église, et firent briller d’un vif éclat 
l'esprit dont il était doué. En 1663, dom Mario Chigi, 
frère du pape, lui donna la surintendance du fort d’'Ur- 
bin, dont il eut à faire réparer les fortifications. Dans 
un démélé qu’Alexandre VIT eut avec le grand-duc de 
Toscane , relativement aux eaux de la Chiana, Cassini 
fut encore chargé des intérêts du Saint-Père, qui, pour 
lui témoigner sa satisfaction et l'estime qu’il avait pour 
ses talens, lui fit offrir des avantages considérables 
s’il voulait embrasser l’état ecclésiastique. Cassini ne 
se sentant pas la vocation que sa piété véritable lui 
faisait regarder comme indispensable dans cette circon- 
stance, refusa d'entrer dans l'Église. Au milieu des occu- 
pations nombreuses que ses diverses fonctions lui occa- 
sionnaient, Cassini, ajoute Fontenelle, ne laissait pas 
de jeter de temps en temps quelques regards vers le ciel. 
À la fin de 1664 , il parut une comète qu’il observa à 
Rome, dans le palais de Chigi, en présence de la reine 
Christine, cette célèbre reine de Suède, qui semblait 
avoir abandonné le trône pour les sciences. Il eut la joie 
de vérifier dans cette circonstance le système qu’il avañt 
précédemment émis sur les mouvemens des comètes, et 
de voir se réaliser toutes ses prévisions. Ce fut en 1665, 
à Citta della Picde, en Toscane, et dans l’un des inter- 
valles que lui laissait la discussion de l'affaire de la Chia- 
na , que Cassini reconnut, pour la première fois, avec 
quelque certitude, les ombres que les satellites de Jupi- 
ter projettent sur le disque de cette planète, lorsqu'ils 
passent entre elle et le soleil. Les astronomes avaient 
reconnu les taches qui restent fixes à la surface de Jupiter; 
mais Cassini sut distinguer les ombres mobiles, occasion- 


280 CA 
nées par les occultations de ses satellites d'avec ces acci- 
dens qui paraissent inhérens à sa masse. Il se servit des 
ombres mobiles pour compléter et vérifier la théorie des 
mouvemens des satellites qu’il venait de proposer, et ce 
fut au moyen des ombres ou des taches fixes qu’il recon- 
nut et mesura la rotation de cette planète sur elle-même. 
Il fixa son mouvement à 9 h. 56’, mouvement beaucoup 
plus rapide que celui de la Terre, qui est cependant près 
de quinze cents fois plus petite que Jupiter. Ce fut éga- 
lement par l'observation des taches semées à sa surface, 
que Cassini put reconnaître la rotation de Mars : il trouva 
que son mouvement était de 24 h. 4o'. Cassini avait 
aperçu la rotation de Vénus ; mais il n'avait pu la déter- 
miuer avec la même précision : il la supposa néanmoins 
peu différente de celle de Mars. Des observations ré- 
centes ont confirmé ce résultat des recherches de Cassini. 
La rotation de Vénus, comme on le sait, s'opère en 
23h. 21" à peu près, en effet, comme celles de la Terre 
et de Mars. 
L'importance et l'utilité réelle des observations astro- 
nomiques auxquelles Cassini aimait à se livrer, ne lui 
évitèrent pas les obsessions de ses admirateurs, qui ré- 
clamèrent trop souvent son intervention pour des objets 
étrangers à ses hautes études. Outre les emplois étrau- 
gers à l'astronomie qu'il avait déjà, on le chargea de 
l'inspection de la forteresse de Perrugia et du pont 
Félix que le Tibre menaçait d'abandonner. Il fit cons- 
truire divers ouvrages qui prévinrent ce dommage. Lui- 
même, d’ailleurs possédé d’un amour général pour les 
sciences, se livrait quelquefois à des distractions volou- 
taires. Lorsqu'il traitait de l'affaire de la Chiana avec 
Viviani, en Toscane, il avait fait sur les insectes un 
graud nombre d'observations physiques, que Montal- 
bani, auquel il les adressa, fit imprimer dans les ouvrages 
d’Aldrovandus. Il eut aussi la curiosité de répéter chez 
lui, à Bologne, les expériences, nouvelles alors, de la 
transfusion du sang , faites en France et en Angleterre. 
La réputation qu'il s'était acquise par l’universalité de 
ses connaissances, était telle, enfin, que lorsque, dans ses 
voyages de Bologne à Rome, il passait par Florence, le 
grand-duc de Toscane et le prince Léopold faisaient 
tenir en sa présence les assemblées de l’Académie del 
Cimento, persuadés qu’il y laisserait de ses lumières. 
En 1668 , Cassini publia les Éphémérides des satellites 
de Jupiter, que depuis Galilée on nommait encore, à 
cette époque, en Italie, les astres de Médicis. On peut 
se faire une idée de la difficulté et de l'importance de ce 
travail, si l’on considère quelle multiplicité d’élémens, 
qu'il fallait alors déterminer pour la première fois, 
durent lui servir de bases. Ces tables, comparées avec 
celles du ciel, parurent à tous les astronomes du temps 
d’une exactitude que l’observation trouvait plus rigou- 
reuse encore que leur auteur ne l'avait pensé, Mais si 


CA 


l'on compare aujourd'hui ces tables avec celles de De- 
lambre, on est encore plus étonné de trouver cette 
exactitude si imparfaite, tant les progrès de l’astro- 
nomie mathématique, depuis Cassini jusqu’au célèbre 
astronome moderne, ont été considérables. u 

Nous sommes enfin parvenus à cette époque de la 
vie de Cassini où son génie brilla sur une scène immense, 
au sein d’une grande nation où alors tous les talens étaient 
admirés, récompensés avec éclat, et surtout honorés : 
époque glorieuse en effet, pour l’homme célèbre dont 
nous esquissons la vie, et pour la France, dont on ne 
peut voir aujourd'hui, sans une profonde tristesse, l’in- 
différence pour les nobles travaux qui l'ont jadis illus- 
trée. Alors la France marchait réellement au-devant 
de l'humanité; elle avait une part dans toutes les dé- 
couvertes; elle servait de modèle à tous les peuples : 
elle était vraiment la grande nation. Aujourd’hui.ses 
savans isolés ne révèlent qu'à de rares intervalles l'an- 
cienne puissance intellectuelle dont elle était douée. 
Tels sont les fruits amers des discordes intestines, et 
de ces révolutions fatales où s’use le génie d’un peuple, 
que la Providence semble abandonner à son aveugle 
présomption. 

L'Académie des sciences, fondée à Paris, en 1666, 
par ordre de Louis XIV, voulut avoir Cassini pour 
correspondant; mais Colbert, le ministre influent de 
cette époque, et dont le nom se rattache à cette 
grande institution, fit plus encore : il sentit la né- 
cessité d'appeler en France le célèbre astronome de 
Bologne, honneur qu'il devait partager avec Huy- 
gens. Cette affaire fut alors l’objet d’une négociation 
diplomatique, qui dura fort long-temps, entre le roi de 
France, le pape et le sénat de Bologne. Il fut enfin dé- 
cidé que Cassini viendrait en France , mais seulement 
durant quelques années , après lesquelles il retournerait 
en Italie, où on lui conserva les émolumens des places 
qu'il occupait. Ce fut au commencement de 1669 que 
Cassini arriva à Paris, où il fut reçu par le roi avec la 
distinction qu’il méritait. Il fut vivement touché des 
preuves honorables d’empressement et d'admiration 
qu’il reçut de toutes parts; et l’on voit que, dès l’année 
1673, Colbert lui fit expédier des lettres de grande na- 
turalité. Dans la même année, Cassini contracta avec une 
Française un mariage qui reçut l'approbation du roi; et 
c'est ainsi, dit Fontenelle, que la France faisait 
des conquêtes jusque dans l’empire des lettres : con- 
quêtes pacifiques , dont la France devait tirer des fruits 
plus heureux que de toutes celles qui, sous le même 
roi, lui avaient coûté tant de sang. 

Jean-Dominique Cassini ne tarda pas à se montrer 
digne de l'estime flatteuse dont il était l’objet dans sa nou- 
velle patrie; il comprit qu’on atteudait beaucoup delui, 
et que pour ue pas tomber au-dessous de sa réputation, 


CA 
il fallait que ses nouveaux travaux surpassassent l'éclat 
des premiers. Le plan de cet ouvrage ne permet pas de 
les exposer en détail; nous ne pouvons que mentionner 
les plus remarquables de ceux qu’il entreprit, et les dé- 
couvertes essentielles dont son génie patient et hardi 
enrichit alors la science. Dès 1672, Cassini avait eu assez 
d'influence dans le sein de l'Académie pour faire entre- 
prendre à des observateurs, envoyés par elle, le voyage 
de Cayenne, dont le résultat fut de fixer les idées sur 
plusieurs points importans relatifs à la figure de la terre, 
en même temps qu'il fit découvrir le décroissement 
d'intensité de la pesanteur terrestre, en allant du pôle 
vers l'équateur ; phénomène qui offre une confirmation 
frappante de la théorie de la gravitation. La fameuse 
comète de 1680 fournit à Cassini l’occasion de faire de 
nouvelles observations qui confirmèrent la théorie qu'il 
avait précédemment exposée sur la marche des corps 
célestes. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer ici 
que cette, théorie, quelque respect qui soit dû à son cé- 
lèbre auteur, n’était pas complétement rigoureuse. Son 
hypothèse, aujourd'hui modifiée sous plusieurs points, 
était du moins la plus'scientifique qui eût été émise jus- 
qu’à lui. En 1683, Cassini découvrit la lumière zodia- 
cale, cette lueur blanchâtre qui entoure le soleil comme 
une lentille aplatie dont il serait le centre, et dont les 
bords s'étendent dans le plan de son équateur au-delà 
de l’orbe de Vénus. Il en fit connaître la forme avec 
exactitude ; et, d’après sa position relativement à l’éclip- 
tique , il détermina les circonstances où elle devait s’ob- 
server le plus exactement. Ce fut à peu près à la même 
époque que Cassini découvrit encore que l’axe de rota- 
tion de la terre n’était pas perpendiculaire à l'écliptique, 
comme, on l'avait cru jusqu'alors, et que ses positions 
successives dans l’espace n'étaient point parallèles entre 
elles : phénomène important, et qui n’avait point encore 
êté observé dans le système du monde. Les lois de ces 
mouvemens, qu'il assigna avec autant d'élégance que 
d’exactitude, doivent être mises au rang de ses plus belles 
découvertes. Huygens n'avait encore aperçu qu’un seul 
satellite de Saturne, en 1655: c’est le plus gros de tous, 
et le sixième dans l’ordre des distances. En 1671, Cas- 
sini avait vu le septième, et en 1672 le cinquième; en 
mars 10684, il découvrit le troisième et le quatrième; ce 
qui portait à cinq le nombre des satellites de cette pla- 
nète. On crut qu'il n’était plus possible d’en reconnaître 
d’autres. Une médaille fut frappée à cette occasion, avec 
cette légende : Saturni satellites primum cognité. Cela 
fait dire à Fontenelle, dans l'éloge de Cassini, que ce 
grand astronome mit alors la dernière main au monde 
de Saturne. Les conquêtes de l'astronomie ont depuis 
fait justice de cette exagération poétique, et l’on sait 
que le célèbre Herschell découvrit, en 1789, le deuxième, 
et ensuite le premier satellite, Er 1687, Cassini donna à 


CA 281 


l’Académie des recherches sur le calendrier indien, dont 
il avait retrouvé les fondemens dans la méthode empi- 
rique en usage à Siam, ét qu'avait rapportée de ée pays 
l'ambassadeur du roi, de La Loubère. En 1693, il publia 
de nouvelles tables des satellites de Jupiter, plus exactes 
que celles de 1667. Picard avait commencé, en 1669,;une 
méridienne qui devait être la 45° partie de la circonfé- ;° 
rence terrestre; elle avait été continuée par de La Hire, , 
au nord de Paris, en 1680; elle fut poussée, en 1920, par 
Cassini, jusqu'à l'extrémité du Roussillon. C’est cette 
même ligne qui fut mesurée de nouveau, quarante ans 
après, par un autre Cassini et jar La Caille, et enfin 
une dernière fois par Delambre et Méchain. Mais l'il- 
lustre auteur de l'éloge de Dominique Cassini n’a pas 
moins raison de dire que ce grand astronome, seul au- 
teur de la méridienne de Bologne, et auteur de la plus 
grande partie de celle de la France, a eu la gloire d’at- 
tacher son nom aux deux plus beaux monuméns que 
l'astronomie pratique ait jamais élevés sur la terre. 

Dans la dernière année de sa vie, Cassini perdit la 

vue. Ce malheur, qui lui a été commun avec le grand 
Galilée, a inspiré à Fontenelle une de ces appréciations 
ingénieuses qu’on trouve souvent dans ses écrits et qui 
mérite d’être conservée. « Selon l'esprit des fables, dit-il, 
ces deux grands hommes qui ont fait tant de découvertes 
dans le ciel, ressembleraient à Tirésias, qui devint 
aveugle pour avoir vu quelque secret des dieux. » 
Cassini mourut à Parisle 14 septembre 1712, sans avoir 
éprouvé aucunealtération dans sa santé, sans douleur: il 
avait alors quatre-vingt-sept ans et demi. La perte de 
ce grand homme fut vivement ressentie. Sa statue en 
marbre est aujourd’hui dans les salles de l'Observatoire. 
Jean Dominique Cassini était d’une constitution saine et 
robuste ; il était doué d’une extrême activité, qui a suffi 
aux nombreux emplois qu’il a occupés, aux nombreux 
ouvrages qu'il a publiés. Cependant cet homme qui 
semble avoir mené une vie si pleine et si agitée, avait 
un esprit égal, tranquille, exempt d'inquiétude; il 
était d’un commerce agréable, et d’une gaîté que l’af- 
fiction dont il fut frappé dans sa vieillesse ne put lui 
faire perdre. I devait à la religion et à son austère mo- 
ralité ce calme délicieux qui a embelli sa longue exis- 
tence. On sentait en lui, ajoute Fontenelle, avec lequel 
il avait été long-temps lié, cette candeur et cette sim- 
plicité que l’on aime tant dans les grands hommes, et 
qui cependant y sont plus communes que chez les autres. 
Il communiquait sans peine ses découvertes et ses vues, 
au hasard de se les voir enlever, il désirait plus qu’elles 
servissent aux progrès de la science qu'à sa propre 
gloire. On trouve dans la Bibliographie de Lalande la 
nomenclature des ouvrages de Cassini. 

CASSINI ( Jacours), astronome et géomètre distin- 


gué, fils de Jeau-Dominique Cassini et de Geneviève 
36 


282 CA 

Delaitre, uaquit à Paris en 1677. Comparé à son père 
et à son fils, Jacques Cassini ne saurait prétendre à une 
part égale dans leur célébrité; mais ses travaux utiles 
et importlans n’en méritent pas moins une menlion spé- 
ciale , car ils assignent à leur auteur un rang élevé parmi 
les hommes qui ont le plus contribué aux progrès de la 
science. Dominique Cassini fut le professeur de son fils, 
qui, dès l’année 1694, fut reçu membre de l'Académie 
des sciences. On conçoit facilement que ce jeune homme 
ait dû puiser de bonne heure dans les entretiens des 
nombreux savans qui fréquentaient la maison pater- 
nelle, des connaissances supérieures qui justifiaient la 
faveur dont il était l’objet. Jacques Cassini accompagna 
son père en Italie en 1605: il voyagea depuis en Hol- 
lande et en Angleterre, pays où il fut accueilli, et où il 
eut le bonheur de se lier d'amitié avec des hommes tels 
qué Newton, Halley et Flamstead. En 1696, il fut recu 
mémbre de la Société royale de Londres. Au retour de 
ses voyages, il selivra avec ardeur, dans le sein de l’Aca- 
démie, à des travaux qui attestent la multiplicité et 
l’éténdue des connaissances qu’il avait acquises. On 
trouve en effet dans la collection de ce corps savant un 
grand nombre de mémoires de Jacques Cassini sur 
divers sujets d'astronomie, d’optique et de physique. 
Ce fat en 1717 qu'il acheva, et qu'il présenta à l'Aca- 
démie des sciences un travail considérable et important 
sur l’iclinaison de l'orbite des satellites et de l’anneau 
de Saturne. 

Les premiers travaux-astronomiques et géométriques 
de Jacques Cassini avaient eu pour objet la mesure d’un 
degré du méridien , opération dans laquelle il avait aidé 
son père, en 1701, qui avait prolongé cette mesure jus- 
qu'au Canigou. En 1718, il en avait seul exécuté Ja 
partie septentrionale jusqu’à Dunkerque : il était donc 
tout-à-fait compétent dans la discussion que fit naître 
alors entre les géomètres le résultat proposé de cette 
expérience, qui avait pour but de donner une détermi- 
nation plus exacte de la figure de la terre. La mesure 
géométrique de la méridienne de Paris, prolongée au 
travers de Ja France, avait paru démontrer que le degré, 
loin de croître de l'équateur au pôle, allait au contraire 
en décroissant. On trouvait que la grandeur moyenne 
que donnaient les 6 degrés 3 mesurés au midi de Paris, 
était de 57,092 toises ; tandis que celie des degrés me- 
surés au nord, n’était que de 56,960. Il résulte de cette 
différeuce un accroissement de degré en allant du pêle 
à l'équateur, qui est d’environ 30 toises, et l’on devait 
en conclure que la terre avait la forme d’un sphéroïde 
alongé, et que le rapport de son axe au diamètre de 
son équateur était de 96 : 95. Ce résultat était diamé- 
tralement opposé à la détermination de la figure de 
la terre, donnée par Newton et Huygens. Ces grands 
aoms avaient sans doute de l'autorité; mais des opé- 


CA 


rations faites par les Cassini, Maraldi, La Hire et 
d’autres babiles géomètres qui les avaient secondés dans 
leurs travaux, n'étaient pas moins concluantes, pas moins 
dignes d’attention. On se partagea donc dans la science 
pour ou contre laplatissement ou l’alongement de Ja 
terre vers les pôles. Ce fut dans ces circonstances que 
Jacques Cassini publia son Traité de la grandeur et de 
la figure de la terre, Paris, 1720 , in-4°. La publication 
de cet ouvrage ne décida point la question, le système 
de Newton conserva de nombreux partisans parmi les 
géomètres et les philosophes du continent, mais surtout 
en Angleterre. Ils objectaient avec raison, contre le ré- 
sultat des opérations des deux Cassini, que la figure 
alongée de la terre ne pouvait, d’une part, se concilier 
avec les lois de la mécanique; et d’autre part, que la 
différence des degrés mesurés en France était trop peu 
considérable , pour que la mesure füt à l’abri des erreurs 
que pouvait produire l’imperfection des instrumens dont 
cuseservait. (Voy. Mémorres de l’ Académie pour 1720.) 
La discussion continuait encore en 1733, et alors l’Aca- 
démie fut chargée par le roi de mesurer la perpendicu- 
laire à la méridienne, depuis Brest jusqu’à Strasbourg. 
Cassini dirigea ce travail. Accompagné de quelques autres 
astronomes de l'Académie, il mesura d’abord, en 1733 
et 1734, la partie de cette ligne entre la méridienne de 
Paris et la partie la ples occidentale de la Bretagne; il 
en fit de même de la partie orientale de cette ligne, 
interceptée entre l'observatoire et le méridien de Stras- 
bourg. Ces différentes mesures donnèrent encore le 
degré de longitude plus court qu’il n'aurait du l'être 
dans l'hypothèse newtonienne: elles confirmèrent Cassini 
dans son opinion de l’alongement de la terre vers les 
pôles. Cette opération nouvelle était cependant moins 
concluante et moins susceptible d’exactitude que celle 
de la mesure des degrés du méridien : aussi les objections 
ne manquèrent-elles pas à ce résultat. Elles portèrent 
surtout, et avec raison, sur ces circonstances principales à 
Que lorsque les académiciens qui acccompagnaient Cas! 
sini arrivèrent à Strasbourg, Jupiter approchant de sa 
conjonction, ils se bornèrent, pour en déterminer la 
longitude, à faire usage de quelques anciennes observa- 
tions dessatellitesde cette planète faites par Eisenschmidt, 
et de celles de Picard et de La Hire, dout l'exactitude 
était précisément en discussion. On ajoutait que du temps 
de ces astronomes, d’ailleurs fort habiles, il n'existait 
aucun instrument assez perfectionné pour une opération 
aussi délicate : l'horloge à pendule d'Huygens leur était 
à peine connue. Ils ne pouvaient donc répondre d’une 
erreur d’une demi-minute sur le moment précis de : 
l’émersion des satellites. Or, une demi-miuute sur le 
temps dans une observation pareille en entraine une de 
7' + de longitude; ce qui ferait sur l'arc du parallèle 
entre le méridien de Paris et la côte de Bretagne plus 


CA 


de 5009 toises, Gomme la mesure était prise sur environ 
6° +, cette différence donnait pour chaque degré ure 
erreur presque certaine de 750 toises, quantité qui 
excédait la différence possible d’un degré d'un parallèle 
quelconque de même latitude, sur la sphère et sur le 
sphéroïde dans les deux hypothèses de l’alongement ou 
de l’aplatissement. On sait que l'hypothèse de Cassini 
a complétement succombé devant des observations pos- 
térieures, et que le système de l’aplatissement de la 
terre a été depuis démontré d’une mauière positive. 
Nous exposerons ailleurs les principes sur lesquels est 
fondée ‘cette détermination précise de la figure de la 
terre. Foyez MÉRIDIENNE Ct SPHÉROÏDE. 

Jacques Cassini mourut dans sa terre de Thury, le 
16 avril 1756, dans sa 50° année. Outre les mémoires 
académiques et l'ouvrage que nous avons cité, ses prin- 
cipaux écrits sont : I. Élémens d'astronomie. Paris, 
1746 in-4°. Cet ouvrage, entrepris sur la demande du 
duc de Bourgogne, a depuis été traduit en latin par le 
père Hell, professeur à Vienne. IE. Tables astronomiques 
du soleil, de la lune, des planètes, des étoiles et des 
satellites. Paris, 1740, in-4°. 

CASSINI DE THURY ( CésanmÆrancois), géomètre 
et astronome, célèbre surtout par ses travaux géodé- 
siques, fils de Jacques Cassini, naquit dans la terre dont 
al porta le nom, le 17 juin 1714. Son enfance fut confiée 
aux soins du savant Maraldi, qui avait été le collabora- 
teur et l’ami de son illustre aïeul. Le jeune Cassini se 
montra à la fois digne du nom qu’il portait, et des leçons 
d’un tel professeur. Il avait à peine 22 ans, quand il fut 
reçu à l’Académie des sciences, en qualité de membre 
adjoint surnuméraire : il prit dès ce moment une part 
très-active à ses travaux. Les recueils si curieux et si 
remarquables de cette Société contiennent un grand 
nombre de mémoires, rédigés par Cassini de Thury, sur 
des questions intéressantes d'astronomie , de géométrie, 
et surtout de topographie , science à laquelle il s’est spé- 
cialement consacré. On a vu ailleurs (voyéz J.-D. Cas- 
sint, J. Cassint, La Carre) les discussions qui s’éle- 
vèrent en France parmi les géomètres, dans la première 
partie du XVII siècle au sujet de la mesure d’un degré 
du méridien et du résultat qu’on prétendait en tirer 
pour ja détermination de la figure de la terre. En 1740, 
les académiciens chargés de faire au Nord l'opération 
qui avait excité en France tant de réclamations, revin- 
rent de leur voyage avec une mésure qui, rectifiant le 
degré de Picard, ne permettait pas de douter qu’il ne 
se fût glissé quelque erreur importanté dans les travaux 
de ses continuateurs ; erreur qui avait pour conséquence 
de détruire l'hypothèse de D. Cassini. Cassini de Thury 
s'étant assuré de la discordance qui existait entre les 

opérations faites dans le Nord, et celles faites en 


France, entreprit de rectifier les dernières. On sait qu’il 


CA 283 


fut habilement secondé dans cette entreprise par |le sa- 
vant La Caille, et nous avons déjà exposé les résultats 
de leurs opérations à l'article biographique consacré à 
cet illustre astronome. ( Voyez La Caizre. ) On sait au 
reste que toutes ses mesures ont été refaites avec un 
nouveau soin, et à l’aide d’instrumens perfectionnés par 
Delambre et Méchain, dans les années 1702 à 1799, et 
il ne reste plus aucun doute sur la théorie newtonienne 
relative à l’aplatissement de la terre vers les pôles. 

Cassini de Thury se présentera à la postérité avec un 
titre incontestable de gloire : nous voulons parler du 
grand travail qui porte le nom de sa famille, et dont le 
temps n’a pu encore diminuer fa perfection. Voici com- 
ment parle Condorcet, dans l'éloge de Cassini, de cette 
belle opération : on avait, dit-il, formé le projet de 
faire une description géométrique de la France ; le jeune 
Cassini conçut le plan plus étendu de ne pas borner 
cette description à la détermination des points des grands 
triangles qui devaient embrasser toute Ja surface du 
royaume, mais de lever le plan topographique de la 
France entière; de déterminer par ce moyen la distance 
de tous les lieux à la méridienne de Paris et à la per- 
peudiculaire de cette méridienne. Jamais on n'avait 
formé en géographie une entreprise plus vaste et d’une 
utilité plus générale. Une entreprise si utile, et en même 
temps si difficile, exigeait de la part du gouvernement 
des secours extraordinaires, et Cassini les obtint. Cepen- 
dant, dès l’année 1756 , le gouvernement cessa de don- 
ner des fonds, et l’entreprise fut abandonnée aux seules 
ressources de son auteur. Alors Cassini forma le plan 
d'une compagnie qui se chargerait des avances, et qui, 
devenue propriétaire de l'entreprise, retirerait ses fonds 
sur la vente des cartes. L'opération se continua sous 
cette nouvelle forme avec plus de rapidité et de mé- 
thode. Bientôt le gouvernement accorda de nouveau 
quelques encouragemens ; différentes provinces même 
contribuèrent à la dépense, et Cassini, bien qu’une mort 
prématurée l'ait enlevé à la science , a eu la consolation 
de voir terminer presque entièrement un travail si 
étendu, et d’en devoir à lui-même presque tout le suc- 
cès. Cassini mourut de la petite-vérole, le 4 septembre 
1754, membre de l'Académie des sciences, maître des 
comptes et directeur de l'Observatoire. Son fils, Jacques- 
Dominique Cassini, depuis membre de l'Institut, et 
comte de l'empire, continua cette belle entreprise. La 
Carte de Cassini forme une collection devenue très- 
rare , de cent quatre-vingt-deux feuilles. 

Ce grand et excellent ouvrage a fait une révolution 
dans la géographie, et il méritait de servir de modèle 
à tous les travaux qui ont cette science pour objet. Son 
exécution est admirable, toutes les mesures s'y rappor- 
tent à la méridienne et à la perpendiculaire de f'Obser- 
yatoire de Paris ; la projection est celle des cartes plates, 


9284 CA 


et l'échelle est d’une ligne pour cent toises , c’est-à-dire 
86, En réunissant les cent quatre-vingt une feuilles 


300° 


d’un 
dont se compose ce chef-d'œuvre detopographie (la carte 
des triangles forme une feuille à part), on établit une 
seule carte de trente-trois pieds de long sur trente- 
quatre de large. Les autres principaux ouvrages de Cas- 
sini de Thury sont : 1. La Mcridienne de l'Observatoire 
royal de Paris, vérifiée dans toute l'étendue du royaume, 
ete., 1744. IL. Cartes des triangles de la France( en 
société avec Maraldi), 1944, in-4°. IT. Addition aux 
tables astronomiques de Cassini, 1756, in-4°. IV. Des- 
cription géométrique de laterre, 17795, in-4°. Descrip- 
tion géométrique de la France, 178%, in-4°, etc. 

CASSINOÏDE ( Géom.), nom que l’on donne à la 
courbe proposée par Jean-Dominique Cassini, pour re- 
présenter l'orbite des planètes. C’est une courbe ellip- 
tique, dans laquelle le produit des deux droites tirées 
des foyers à la circonférence est une quantité constante, 
savoir : le produit des distances aphélie et périhélie de 
la planète. Mais, sauf quelques cas particuliers, les 
observations astronomiques ne s'accordent pas avec une 
telle courbe, et elle n’a pu être admise. On en trouve 
la déscription dans les Élémens d'astronomie de Cas- 
sini, page 149. 

CASSIOPÉE ( Astr.), nom d’une constellation bo- 
réale, située près du pôle nord, l’une des 48 formées 
par Ptolémée ; elle renferme 55 étoiles principales dans 
le catalogue britannique. 

En 1572, une nouvelle étoile, surpassant en gran- 
deur et en éclat la planète de Jupiter, apparut tout à 
coup dans cette constellation; mais elle diminua peu à 
peu, et finit par disparaitre entièrement au bout de dix- 
huit mois. Un phénomène si extraordinaire ne pouvait 
manquer d’appeler l'attention des astronomes de cette 
époque, et nous lui devons en eftet plusieurs écrits de 
Tycho-Brahé, de Képler, de Maurolycus, etc. Quel- 
ques observateurs prétendirent que c'était une comète ; 
on alla même jusqu’à prétendre que c'était la même qui 
avait paru à la naissance du Christ; mais Tycho-Brahé ré- 
futa victorieusement toutes ces assertions dans un grand 
ouvrage intitulé : De nova stella anni 1552. On sup- 
pose que cette étoile à un mouvement périodique, et 
qu’elle était déja apparue en 945 et 1264 : cependant 
cette conjecture est encore loin d’être appuyée sur des 
preuves satisfaisantes. Voyez ÉroiLes CHANGEANTES. 

CASTELLI( Bexoir ), mécanicien célèbre, et regardé 
comme le créateur d’une nouvelle partie de l'hydrau- 
lique (la mesure des eaux courantes) , naquit à Brescia 

-en 1553. Il devint abbé d’un couvent de Bénédictins de 
la congrégation du Mont-Cassin. Les hautes fonctious 
religieuses dont il était revêtu n’empêchèreut pas le 
père Castelli de se livrer avec ardeur à l'étude des ma- 
thématiques, qu'il professa avec distinction à l’univer- 


CA 


sité de Pise, et ensuite au collége de la Saprenza de 
Rome. Ce savant prit chaleureusement la défense de 
lillustre Galilée, dont il fut un des plus célébres dis- 
ciples, à l’occasion des découvertes hydrostatiques , 
qu’on osa disputer à ce grand maître, en 1615. Le pape 
Urbain VIT, qui l'avait appelé à Rome pour y profes- 
ser les mathématiques, le chargea d'indiquer les moyens 
de perfectionner les travaux destinés à contenir les eaux 
des fleuves, dont les crues extraordinaires et fréquentes 
occasionnent en Italie de graves dommages, et donnent 
lieu à de nombreuses contestations. C’est le fruit de ses 
recherches et de ses réflexions sur cet objet, qu'il donna 
dans son traité intitulé : Della misura dell acque cor- 
renti; ouvrage peu considérable par le volume, dit un 
historien, mais précieux par la solide et judicieuse doc- 
trine qu'il contient. Ce livre, qui parut en 1638, fut tra- 
duit en français en 1664. Castelli est avec Torricelli, 
dont il fut le professeur de mathématiques, un des dis- 
ciples de Galilée auxquels les théories de ce grand homme 
doivent leurs premiers accroissemess. 11 mourut à Rome 
en 1664. Les autres opuscules publiés par Castelli n’inté- 
ressent point spécialement les mathématiques, et sont 
d’ailleurs fort au-dessous del’ouvrage que nous avonscité. 
CASTOR ( Astr.). Nom de l’une des deux belles 
étoiles de la constellation des Gémeaux. Elle estmarquée 
« dans les cartes célestes. 
CASTRAMETATION (Art de la guerre ). ( De 
castrum , camp, ) Art de camper les armées, 
CATABIBAZON (Astr.), nœud descendant de la 
lune, nommé aussi Queue du Dragon. Voyez Luxe. 
CATACAUSTIQUE ( Opt.). Courbes catacaustiques 
(de *4ræ, contre, et de xaiw, je brüle). Ce sont de 
espèces de courbes 
caustiques formées L 
de la manière sui- 
vante par la réfle- 
xion des rayons lu- 
mineux : soit un 
point lumineux A, 
duquel une infinité 
de rayons AB, AC, 
AD, vont 
frapper une courbe 
donnée BCDH, et 


sont réfléchis en fai- 


etc:,, 


sant chacun un angle de réflexion égal à celui de leur 
incidence. (Voyez Carorrrique. ) La courbe GEI, à la- 
quelle les rayons réfléchis, ou les droites BI, CE, DF, 
etc., sont toutes tangentes, est la catacaustique, ou la 
caustique par réflexion ; c’est-à-dire qu’en supposant une 
iufinité de rayons réfléchis infiniment proches les uns des 
autres, la courbe se trouve formée par les points de 
rencontre de ces rayons. 


CA 


On donne ie nom de catacaustique à celte courbe, 
pour la distinguer de la diacaustique où caustique par 
réfraction. F’oyez CAUSTIQUE et DrAcAUSTIQUE. 

Si l'on prolonge le rayon réfléchi IB en K, en faisant 
BK — AB, et que la courbe KMNL commençant au 
point K, soit la développet (voyez ce mot) de la cata- 
caustique, commençant au point Ï, une tangente -quel- 
conque EM, de cette dernière, sera toujours égale à la 
partie correspondante EI de la courbe, plus la droite 
IK. Nous avons donc 


EI == EM —IK, 
ou, ce qui revient au même 


EI = EC + CM—IB—BK;, 


ce qui peut se mettre sous la forme 
EI =(EC—IB) +(AC—AB), 


à cause de BK — AB, CM— AC. Ainsi, une partie quel- 
conque de ia diacaustique est égale à la différence des 
rayons extrêmes réfléchis ajoutée à la différence des 
rayons extrêmes incidens. 

Lorsque la courbe BCDH est une courbe géométrique, 
la catacaustique l’est également, et se trouve toujours 
rectifiäblé. La catacaustique du cercle est une cycloïde 
ou épicycloïde formée par la révolution d’un cercle sur 
un cercle. La catacaustique d’une cycloïde commune, 
quand les rayons luruineux sont parallèles à l’axe, est 
elle-même une cycloïde commune. Celle de la spirale 
logarithmique ‘est aussi une spirale de même nature. 
Voyez Causrique. 

CATADIOPTRIQUE ( Op&). On se sert de ce mot 
pour désigner ce qui appartient à la fois à la catoptrique 
et à la dioptrique, ou les appareils d'optique daus les- 
quels on fuit usage en même temps de la réfraction et de 
la réflexion de la lumière. Foyez Técescore DE n£- 
FLEXION. | 

CATALOGUE pxs Éroires ( Astr. ), table des posi- 
tions des étoiles fixes à une époque donnée. 

Pour déterminer la situation d’un point sur le globe 
terrestre, on mène de ce point deux cercles imaginaires 
dont l’un est supposé passer par les pôles de la terre, et 
dont l’autre est parallèle à l'équateur. Le premier se 
nomme #néridien, et le second cercle parallèle. Ya po- 
sition du méridien est déterminée lorsque sa distance, 
mesurée sur l'équateur, à un autre méridien fixe nommé 
premier méridien et pris pour point de départ, est con- 
nue; de même la position du cercle parallèle est déter- 
minée lorsque sa distance à l’équateur mesurée sur le 


méridien est aussi connue, La distance du méridien d’un 


CA 285 
lieu au premier méridien est la longitude du lieu, et 
celle du cercle de latitude à l'équateur, ou, ce qui est la 
même chose, la distance du lieu à l'équateur, mesurée sur 
le méridien, est la latitude. On emploie le même moyen 
pour déterminer la situation d’un astre sur la voute cé- 
leste ; toutefois on nomme ascension droite ce que nous 
nommons longitude sur la terre, et décéinaison ce que 
nous nommons latitude. L’ascension droite d’un astre 
est donc la distance du méridien de cet asire au premier 
méridien céleste ; ce premier méridien, dont le choix est 
arbitraire, est ordinairement celui qui passe par le nœud 
équinoxial du printemps, ou par l'un des points de con- 
cours de l'équateur et de l’écliptique. La déclinaison est 
Parc du méridien compris entre l'astre et l'équateur. 
Voyez AScENSION DROITE et DÉCLINAISON. 

On rapporte encore la position des astres à d’autres 
cercles qui sont par rapport à l’écliptique, ce que sont 
les méridiens par rapport à l'équateur. Alors la distance 
de l’astre à l’écliptique, mesurée sur l'arc d’un grand 
cercle qui passe par les pôles de l'écliptique, est la lat. 
tude de V'astre , tandis que la distance de ce grand cercle 
au point équinoxial, mesurée sur l’écliptique, en est la 
longitude. X ne faut donc pas confondre les latitudes et 
longitudes célestes, avec les latitudes et longitudes ter- 
restres. 

Si les étoiles que l'on nomme fixes n’avaient aucune 
espèce de mouvement réel ou apparent, lorsqu'une fois 
on serait parvenu à déterminer leurs ascensions droites et 
déclinaisons , ou leurs latitudes et longitudes, on pour- 
rait dresser des catalogues invariablés comme ceux que 
nous possédons pour la position géographique des villes 
et autres lieux terrestres; il n’en est point ainsi, les 
étoiles fixes ont un mouvement apparent sur la sphère 
céleste, très-lent à la vérité, et qui ne devient sensible 
qu'à de longs intervalles, mais dont linfluence cepen- 
dant fait assez variér leurs positions pour qu'il soit essen- 
tiel de corriger chaque année les ascensious droites et 
déclinaisons données dans les catalogues. f’oyez Pré- 
cession et NUTATION. 

Le plus ancien catalogue d’étoiles est celui que Prolé- 
mée nous a conservé dans son A/mageste ; il renferme 
les latitudes et longitudes de 1022 étoiles pour l’année 
137 de notre ère, exprimées non en degrés et minutes, 
mais en degrés et fractions de degré. En admettant que 
les observations aient été bien faites, l'imperfection des 
moyens alors employés ne permet de compter sur ces 
longitudes qu’à 8 où 10 minutes près. 

C'est en comparant ces longitudes avec celles qu'Hip- 
parque avait observées 267 ans avant lui, que Ptolémée 
vérifia la précession des équimoxes déjà découverte et 


annoncée par son illastre prédécesseur, 


286 


CATALOGUE DE 100 ÉTOILES POUR 1830, D'APRÈS CELUI DE PIAZZI. 


; - ASCENSION DROITE MOYENNE ; DÉCLINAISON MOYENNE | 
NOMS 1°t janvier 1890 1°f janvier 180. À 
1 a —  ————— 
et — > ES DE 
Variation Variation Variation 
GRANDEURS DES ÉTOILES. | H+ M. S. mtedo De Me: $e ee | More Se he 
s. 
te he bte mt À RUE) PR ETIEN PSN TEUTS 
31 à Andromède 3 47.53 |'29 55 43,7 Br 19.87 
27 7 Cassiopée 3 52.97 | 59 47 45,5 B | + 19,65 
45 # Baleine 3 44. 99 9 545,2 AN —"18,97 
68 ar 3 45 49.24 Hr1g :58 27,5 B | + 17.96 
113 « Poissons 6 53 ° 15,6 56918 18 253,2 46,35 1 1 56 24,5 B| + 17.64 
= “| 
57 y Andromède 2 53 29.4 3,63, 28 22 21,7 54,45 À 41 30 34,0 B | + 17.65 
82 à Baleine 3 2 30 4b,7 3,06 | 37 41 3598 £. 45.93 ) 24 55,2: À |j— 15 85 
85 Bileine 3 31 20,6 2,89 | 37 50 9.6 45,27 12 55 51,0 À | — 15.85 
86 ; Baleine fs) 54 20.8 S'HLNIS 58 37 26,5 46,58 2, 30 52,3 B | + 15,66 
3  Eridan 3 48 7,8 2,02, 1242) LA 567 43,76 9 34 40,4 À | — 14,88 
235 2 Eridan à A5 GT 2,65 153 46 40,7 435,06 10 20 55:49 Al = Tr,25 
25 » Pléiades 3 39:123:3 3,54 | 54 20 47.9 53,13 | 23 34 ne 1 B| + 11,69 
34 7 Eridan 5 5o 6,0 2:79 07 31 29.4 41,81 13 59 49. 9 A | —:10. 76 
54 y Taureau 3 4 lo 17 3:39 | "62:.381., 54,811 40,85,11.15,-212,, 36,6,B.|, +: 9:94 
67 8 Lridan 5 59  29:7 2,99 {174 52 25,2 44,22 5 18 44,4 À | — 5.25 
19. igel 1 HA O0 2,88 | 56 35 31.9 45,14 8 24 14,7 À | — 4,65 
114 Lièvre 3 25 13.9 2,64 | 8r 18 28,9 39,60 À 17. 57:02 À 3,03 
129 5 Taureau 3 27. - 28,7 5,58 | 81 52 9.9 55.65 | 21 To 52 DUB UE En SS 
53 Orion 2.5 59 415 2,84 | 84 55 22,8 À 42,60 |. 9 44 7,8 AT 1,7 
z Colombe 3: 44 58,t 2,10 | 86.,:14 31,8 31,57 39 50 25,2 A | — 1,91 
ARE UE À ; 7 7 . ant // É / p + 
34 3 Cocher 2.3 47 3:4 440 | 86 45 51,7 65.97 À 44 55 11,4 B,| +2 1,18 
7 à Gémeaux 2.9 6 4 56,6 5,62 | 91. 91185 54,35 À 22 92 52,9 3 | 22 6,40 
19 s Gémeaux à) 19 40,2 3,62 | 93,.:10.,,,2:8 54,55. 1 22 95. ,34,7B| — 1,11 
15 Gr.-Chien 2,3 13: 4733 2,30 | 95 26 5o,2 34,47 | 29 59 41,8 A+ 1,01 
2 2 Gr.-Chien 2.3 25,.12:7 2.64 | 95 48 9,9 39,57 | 17 52 45,7 A | + 1,33 
74 1 Gémeaux 20 27 53,0 3,46 | 96 58 15,1 51,93 16 32 15.5 B| — ,243 
or: Gr-Chien 5 51 56,6 2,35 [102 59 8,7 35,31 | 28 44 42,8 A | + 4.50 
43 >; Gémeaux 3 A ND 3,56 [103 30 18,1 53,43 | 20 48 40,8 B | 4 4.68 
à 7 Gr.-Chien 2 56 3,8 2,70 [104 0 56,8 À 40.67 | 15 25 14,1 AT — 4,55 
5 d Gr.-Clhien 2 7 ÉLS 9877 2,44 |105 922 ‘9,7 36,54 | 26 7 42,0 A | + 5,31 
55 à Gémeaux 3 9 57.6 3,59 [107 29 24.6 53,85 À.22,: 17: 15,7 B | -— 6,02 
Fr DR Hs 11 7,6 2,12 |1c7 46 55,7 31,74 50 47 49,0 A | + 6,12 
1% Gr.-Chien 2 1929196 2,37 [109 20 24,4 35,55 À 28 58 35,6 A | 4 6,635 
5 £ Petit-Chien 5 17 55,2 5,26 liog 28 48,1 À 48,80 | 8 57 55,5 B | — 6,68 
5 Navire 2 271230: 2,11 [119 24 7,8 31,62 | 59 51 40,8 A | + 9.84 


el 


24» Lion 
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53 À Gr.-Ourse 
6 5 Lion 
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19 09 


7 Croix 
92 Corbeau 
71 Vierge 
Gr.-Ourse 


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45 Vierge 


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B lt} 02 


287 
Suite du Catalogue des Étoiles. 


ASCENSION DROITE MOYENNE, DÉCLINAISON MOYENNE ; 


NOMS 


1er janvier 1830. 1e" janvier 1830. 


et 


Variation 
anauelle, D. i- Me : Si 


Variation 
annuelle, 


GRANDEURS DES ÉTOILES. | H+ M: 


S. s. 

47 < Vierge 3 | 12 53 42,8 | +3,00 45.05 Tir 52 35,2 B | — 19,49 

2 y Cont. Hydre 31309 41,7 3,25 48,48 À 22 16 14,0 A | + 719,12 
« Centaure 5h13 14, ,4,9 3,36 50,43 À 35 48 41,3 A ++ 19.09 
50 £ Gr .-Ourse 2 17 2,9 2,42 36,29 55 48 56.8 B | — 

79 #- Vierge 3 26 9,5 3,07 45,99 o 16 39.3 B 

8» Bouvier 3 46 35,2 2,86 42,88 19 15 13,9 B 

5 4 Centaure 2.3 56 43,1 5.49 52,36 | 35 51 46.9 À 

30% Bouvier Bhi435200% 2,85 42,83 14 97 48,7 B 

74 Petite-Ourse 3 51 17,5 | —0,29 — 4:29 À 74 50 55:9 B 

27 2 Balance 2.5 | 15 7 52,0 3,22 48,27 8 44 55,7 À 


y» Loup 3 23 50.8 3,96 1230. 57 41.4 59,55 À 40 355 9,7 À 

13 à Serpent 3 26 40,9 2,06 951 40 13,2 42,95 11. 6 5o.9 B 
28 8 Serpent 5 38 20,4 2,76..1234 55 5,4 #r,55 À 15 57 421 B 
417 Serpent 5 48 56,5 3,74 [237252911446 41,22 16 .:141:%332: B 
8£ Scorpion 2 55 54,0 3:47 1238 55 . 29;8 52,04 19: 19. 53,5 À 


MT 


1  Ophiuchus 3, 1 16 ‘5 26,3 3:13 a4i 21 34.9 + 9.6: 
27 8 Hercule 3 22 54,3 2:90 245 43 55.9 — 8,24 
135 Ophiuchus 2.5 27 48,3 3,29 246 57 4,3 + 7:82 
26 © Scorpion 3 39 10,1 3,87 |249 47 51,3 + 6.92 

p1 Scorpion 5 4o 22,2 4,04 125025 33,6 Eu: 6:8 
ns ee + 
35 n Ophiuchus 2.3 17 a 38,1 3,43 255 9 32,2 51,39 15-301 40,0 À L + 5,13 
65 à Hercule 3 8... 2,1 2,46 257 O0 32,1 36.90 25 2 48.6 B|— 4,51 
35 à Scorpion 3 22 4,6 4,06 |»60 36° 9:7 66,96 |"36 58° 3,5 À | £ ‘3,30 
* Scorpion 3 30 44,0 4,14 [962 41  o,6 62,08 | 58 55 533 A! 4. 2,55 
: Scorpion 3 35 41,7 418.263 55 25,6 | 62,78 | 4o 2 58.9 AÏ + 2,12 
62 y Ophiuchus 3 39 22,0 3,00 45,04 2 46 46,4 B| -- 1,80 
32 ? Dragon 3 50 34.8 1,02 15,50 56. 54 5,2 B | — 0,82 
20 { Sagittaire 2.3-1.18 -22,-53,5 3,98 59,74 | 34 27 7,4 A | — 1,13 
3 à Petite-Ourse 3 27 5,1 19,17 287.50 86 35 5,7 B 2.36 
34 < Sagittaire 2.3 44 43,3 3,72 55,83 26 29 54.9 A | — 3,89 
58 ; Sagittaire 3 51: 47,4 3:82 |o83 56 50,5 57,55 | 30 6 49.6 A — 4.4 
16 Aigle 3 57 13,1 3:18. |. 84 18 16,6 47.76 5 7 4253 A | — 203 
ce r Sa: gittaire 3 59 38,9 3,57 [284.54 43.9.| 55.57 21 27 4.3. A | — 5,6 
? Dragon 3 | 19 12 29,1 DIGMERIER 17 16,9 0,34 67 21,.44,6B | + 6,23 
UE Aigle 3 16 1:55,5 9:01, 1289 ‘15 49.8 45,10 3 47 29 B|+ 6,60 
ner | mener | eng 

68 Cygne 3 23 51.6 2,42 90.57 54,6 36,24. 27 36, 31,6 B | +, 9:17 
182 Cygne 3 39 394 1,87 194 54 51,7 | 2802 | 44 43 214,1 B| +. 8,44 
55% Aigle 3 45 481 3,00 295 57 1.9 | 45,84 | o 34 372 B|+ 8.77 
6o 8 Aigle 3 46 57,7 2,94 1296 44 24.0 | 44,14 5 59 21,5 B|+ 8,48 

5x Capricorne 3.4 | 20 8 15,0 3,55 |302 , 3 15,3 49.95 13. 1 31,4 A | — 1064 
bus, pates nos nee td À 7 Qi à 

-96 gr Capricorne 3 11. 27,0 3,37 302 51 45,6 50,62 15 18 35,1 À | — 10,88 

377 Cygne 3 160 7,9 2,19 {304 sum 495 lnu32,22- 1 395 450 2,n:B |1#9° 11,22 

ga Dauphin 3 31 44,5 2,78 |507 56 . 7.3 41.69 À 15 .19. 9,4, B | + 12.32 

8 « Pégase 2.3 | 21 35 5o:1 2:94 825 57 31.5 44,13 9 6 2,8 B | + 16,21 
49 © Capricorne 3 37 38,8 9,00 1324 24 42,1 49,56 16 53 34,1 À | + 16,30 
| ——————— | —————— | ——————_——— | ——————— À ——— | ————— 

y Grue si 43 35,9 3,66 |325 53 59,1 54,85 | 3 9 30,6 A | — 16.60 
8 Poisson A 3 297 91 49.4 5,45 355 27 20,7 51,46 33 12 50,6 A | — 18,23 

4235 Pégase 3 32. 58,9 2.98. [338 14 44,1 44,73 a 56 52,9 B | + 18.6r 

62 Verseau &) 45 ‘37,1 3,20 |341 24 197,r 47:94 16 43 15,4 A | — 19.00 

3 Ë Pégase 2 55 32,4 2,88 1343 53 55 es 27 9 491 B| + 19,25 


288 CA 


Il paraît certain que Ptolémée n’a point observé réel- 


lement le grand nombre d’étoiles que contient son cata- 
logue, mais qu'il n’a fait que réduire le catalogue 
d'Hipparque à l’année 137 en ajoutant 2° 4o' à toutes 
les longitudes, pour tenir compte de l'effet de la pré- 
cession. Cette quantité était trop petite; et les longitudes 
de Ptolémée, quoique appliquées par lui à l'année 137, 
se rapportent à peu près à l'an 6. 

783 ans après Ptolémée, Albaténius vérifia quelques 
positions et les trouva plus avancées de 11° 50°. Ulugh- 
Beig, prince Tartare, nous a laissé un catalogue pour 
l'an 1437, que Flamstead donne dans son Histoire cé- 
leste, avec ceux plus étendus et plus exacts de Tycho- 
Brahé et d'Hévélius. L'histoire céleste de Flamstead, 
publiée en 1725, contient le grand catalogue de ce 
célèbre astronome. Ce grand ouvrage, célèbre sous le 
nom de Catalogue britannique, renferme 2884 étoiles. 

Lemonier, en 1742, donna, en plusieurs parties, un 
catalogue des étoiles zodiacales; et à peu près à la même 
époque, La Caille entreprit un grand travail sur ces 
étoiles, travail pour lequel il ft son voyage au cap de 
Bonne-Espérance. (Joy. Caire.) Depuis, Mayer, Brad- 
ley, Maskeline, Cagnoli, le baron de Zach, Delambre et 
Piazzi se sont livrés à de grands travaux, soit pour 
perfectionner les catalogues, soit pour les augmenter. Le 
Français Lalande a déterminé les positions de 50000 
étoiles boréales avec un grand quart de cercle de Bird; 
ouvrage immense qui assure à son auteur la reconnais- 
sance de la postérité. 


Piazzi a publié à Palerme un catalogue de 6500 
étoiles pour l’époque de 1800, que les astronomes re- 
gardent comme le plus parfait de tous ceux qui existent. 
Nous en extrayons la table jointe à cet article et qui 
renferme 100 étoiles dont les positions ont été ramenées 
à l’époque de 1830 par le bureau des longitudes. Pour 
les besoins de l'astronomie et de la ravigation, la Con- 
naissance des temps contient chaque année un catalogue 
des positions de 67 étoiles principales, dans lequel les 
ascensions droites et les déclinaisons sont données de 10 
jours en 10 jours. Dans les observations et calculs astro- 
nomiques il est très-souvent essentiel de réduire les 
degrés du cercle en temps, c'est-à-dire d’exprimer en 
heures ascension droite d’un astre. Or, comme la 
sphère céleste fait sa révolution diurne en 24 heures, 
24 heures équivalent à 560°, et conséquemment 1 heure 
équivaut à 15°, une minute d'heure à 15 miuutes de 
degré et ainsi de suite. Cette réduction se trouve toute 
faite dans la Connaissance des temps ainsi que dans la 
table ci-jointe. Voyez CONSTELLATION, Éroite, Lari- 


Tune, LoncrrupE et Passace au MÉRIDiEx. 


CATAPULTE (Aféc.). Nom d’une ancienne ma- 
chiue de guerre qui servait à lancer des pierres. Voyez 


; CA 
Vitruve; — Ammien Marcellin; — Polybe avec les 
Commentaires de Folard. 

CATHÈTE ( Géom.). (Dexabirns, perpendiculaire.) 
Droite tombant perpendiculairement sur une autre. 
Ainsi les cathètes d'un triangle rectangle sont les deux 
côtés qui comprennent l’angle droit. 

Carnère d'incidence en oPTIiQuE , est une ligne droite 
menée d'un point éclairé et rayonnant perpendiculai- 
rement au plan du miroir réfléchissant. 

Caraire de reflexion, c'est une perpendiculaire me- 
née de l'œil ou d’un point quelconque d’un rayon 
réfléchi sur le plan de réflexion. F’oyez Oprique. 

CATOPTRIQUE (Opr.) L'une des branches de l’op- 
tique, qui a pour objet les lois de la réflexion de la lu- 
mière. Nous donnerons au mot OpTique l'histoire de 
cétte science depuis ses premières traces jusqu'a nos 
jours. 

Toutes les surfaces polies réfléchissent Ja lumière; 
mais comme parmi les corps solides il n’y a que quelques 
métaux simples et quelques amalgames qui soient sus- 
ceptibles de prendre un poli parfait, on ne construit 
les miroirs qu'avec des substances métalliques. Les mi- 
roirs de verre ne sont eux-mêmes que des miroirs mé- 
talliques ; car ils ne doivent leurs propriétés réfléchis- 
santes qu’à l’amalgame de mercure et de zinc dont leur 
surface postérieure est revêtue. 

Les miroirs de verre ne peuvent être employés pour 
les expériences exactes d’optique, parce qu’ils opèrent 
dans les rayons lumineux une double réflexion, et 
même une double réfraction aux deux surfaces du verre. 
Les phénomènes qu’on peut observer par leur moyen 
ne résultent donc point de la seule réflexion des rayons. 
Ainsi nous supposerons, dans tout ce qui va suivre, que 
les miroirs employés sont des surfaces métalliques d’un 
poli mathématique. 

De toutes les formes qu’on peut donner aux miroirs, 
nous distinguerons particulièrement celles des miroirs 
plans et celles des miroirs sphériques concaves , el con- 
vexes, mais, quelle que soit la forme du miroir, tous 
les phénomènes reposent sur la loi générale suivante, 
qu'on peut considérer comme le fondement de toute la 
catoptrique : 

I. Loi roNDamENTALE. Lorsqu'un rayon de lumière 
mA (Pi. XVI, fig. 1, 2, 3) tombe sur une surface quel- 
conque, el qu’on élève au point d'incidence À la droûe 
AI, perpendiculaire au miroir, lorsqu'il est plan (fig. 1), 
ou perpendiculaire au plan tangent du miroir ax 
point À, lorsqu'il est sphérique (fig. 2 et 3); si ensuite 
on imagine un plan passant par celle perpendiculaire et 
le rayon incident, le rayon réfléchi se trouvera aussi 
dans ce plan, et fera avec la perpendiculaire AT un 
angle IAm égal à l'angle IAn, formé par le rayon in- 


cident avec la perpendiculare. 


CA 


L’angle IAm se nomme l'angle d'incidence, et l'angle 
IAn l'angle de réflexion. La loi précédente peut donc 
s’énoncer plus simplement en disant que lorsqu’un rayon 
de lumière est réfléchi par une surface polie quelconque, 
l'angle d’incidence est toujours égal à l'angle de ré- 
flexion. Cette loi est donnée par l'expérience. 

2. Si un rayon tombe perpendiculairement sur un 
miroir , l'angle d'incidence ainsi que celui de réflexion 
sont nuls : alors le rayon est réfléchi sur lui-même. 

3. A l’aide de la loi précédente on peut facilement 
expliquer les phénomènes du miroir plan, connus de 
tout le monde. Soit AB (PL. XVI, fig. 4) la coupe d’un 
tel miroir , et soit 22 un point rayonnant placé devant sa 
surface, si le rayon incident © est réfléchi suivant Cx', 
un œil situé en x’ recevra la sensation de la lumière 
dans la direction n'n, et renverra conséquemment dans 
cette même direction l’image du point 7». Or, si du 
point m on abaisse la droite mD, perpendiculaire au 
miroir, et qu'on la prolonge jusqu’à sa rencontre en 7 
avec le rayon réfléchi, également prolongé, les deux 
triangles rectangles DC et DCn sont égaux; car les 
deux angles DC et BCn', complémens des angles d'in- 
cidence et de réflexion, sont égaux, et par conséquent il 
en est de même des angles CD et DC; donc nD=Dyn. 
Or, cette construction sera la même pour tous jes 
rayons venant de 72, et réfléchis par le miroir ; c’est-à- 
dire que les directions de ces rayons passeront toutes 
par le point ». Donc un œil placé dans une de ces direc- 
tions, tel que n', doit voir er x une image du point mr. 
Mais comme ce que nous venons de dire du point 72 
s'applique nécessairement à tous les autres points d’un 
objet, on peut concevoir comment l'image de l’objet 
doit se montrer dans le miroir, et en apparence der- 
rière sa surface, à une distance égale à sa distance réelle. 
Nous allons retrouver plus loin cette propriété comme 
cas particulier d’une formule générale pour tous les mi- 
roirs. 

4. Des miroirs sphériques. Soit G (PL. XVI, fig. 5) 
le centre de la sphère dont le miroir AB est un segment, 
Le point D, milieu du segment, se nomme le centre op- 
tique, le point C est le centre géométrique ; et la droite 
menée par D et C représente l'axe. CD est le rayon du 
miroir, et DA ou DB sont les ouvertures. Lorsque la 
surface intérieure est polie, le miroir est concave ou 
convergent; lorsqu'au contraire c’est la surface exté- 
rieure qui sert à réfléchir la lumière, alors le miroir est 
convexe ou divergent. 

5. Lorsqu'on dirige l'axe d’un miroir concave vers le 
soleil, tous les rayons solaires qui viennent le frapper 
sont réunis par la réflexion dans un petit espace situé 
justement en F au milieu des deux centres. Il se produit 
non seulement à ce point une lumière éclatante; mais 


il s’y développe de plus une chaleur d’une prodigieuse 


CA 289 


intensité. Ce petit espace se nomme le foyer du miroir, 
et la distance DF se nomme la distance focale. 


G Pour se rendre raison des phénomènes que pré- 
sentent les miroirs sphériques, il faut examiner préala- 
blement la marche des rayons réfléchis dans ces sortes 
de miroirs. C’est l’objet des deux théorèmes suiyans: 


I. Un rayon lumineux qui tombe parallèlement à 
l'axe, sur un miroir concave, est réfléchi entre les deux 
centres, et d'autant plus près du foyer qu'il passe plus 
près de l'axe. 

Soit EA ce rayon, et C le centre géométrique (PL. XVI, 
Jig. 11), si l’on mène AC, cette droite sera un rayon 
de la sphère, et sera par conséquent perpendiculaire en 
A à Ja surface du miroir. Si l’on fait l’angle CAF égal 
à l'angle CAE, AF sera le rayon réfléchi (1). Mais dans 
le triangle AFC les angles FAC et FCA sont égaux ; car 
EAC—FCA comme angles alternes internes ( Voyez 
AnGre, 7) et EAC — FAC; donc les côtés opposés à ces 
angles sont égaux, et l’on a AF = FC. Por. IsocèLe. 

Ainsi, si l’on avait AF— DF, on aurait aussi DF— 
FC, ctie point F scrait le milieu de DC ou de la dis- 
tance des deux centres; mais cela n’arrive pas exacte- 
ment pour tous les rayons. Cependant la différence 
entre AF et DF est d'autant plus petite que l’arc AD est 
petit par rapport à DF; lors donc que l’angle AFD est 
très petit, on peut supposer sans erreur sensible DF — 
AF — FC. 

IL Un rayon lumineux qui tombe parallèlement à 
l'axe sur un miroir convexe est réfléchi dans la direc- 
tion de la droite mence du milieu de l'axe au point de 
contact. 

Soit ADB Île profil d’un miroir convexe (PL. XVI, 
Jig. 8), et soit AË un rayon parallèle à l’axe CD , et 
qui frappe le miroir en A. Si du centre géométrique C 
on mène le rayon CA, et qu'on le prolonge en G pour 
faire l'angle HAG égal à l'angle d'incidence GAE , AH 
sera le rayon réfléchi, lequel, suffisamment prolongé, 
passera par le point F, milieu de CD. La démonstra- 
tion est la même que la précédente, et l'égalité de AF 
er de FD n’est rigoureuse que pour un arc AD infini- 
ment petit. ] 

Dans le miroir convexe, le point 6ù les rayons ré- 
fléchis coupent l'axe se nomme le foyer négatif, et sa 
distance derrière le miroir La distance focale negative. 

7. Nommons 2a le rayon CD d’un miroir sphérique AB 
(PL. xvi, fig. 13), a sera la distance focale ; uommons 
encore d la distance DE du point lumineux E, et a’ 
la distance DF, à laquelle le rayon réfléchi AE coupe 
l'axe. 

GC étant le centre géométrique du miroir, si nous 
menons CA, nous aurons CA—CD=%2a ; CA sera per- 
pendiculaire en A à la surface du miroir, et par con- 

32 


290 CA 
séquent, d’après la loi (1) CAF=CAE ; mais on à 
(ANGLE ©) 
CAF—AFD—ACF 
et 
CAE=—ACF—AEC. 
Donc 


AFD—ACF—ACF—AEC, 
ou, ce qui est la même chose, (72) 
2 ACF—AFD+AEC. 


Mais, dans un triangle rectangle (v0y. TRIGONOMÉTRIE), 
lorsqu'un des angles aigus est très-petit, cet angle est à 
très-peu près proportionnel au côté opposé divisé par 
le côté adjacent, et cela d'autant plus exactement que 
le côté opposé est plus petit. Supposons donc que l'arc 
ADrest très-petit, nous pourrons le considérer comme 
une Jigne droite perpendiculaire sur l’axe DC, et alors 
les triangles ADF, ADC et ADE seront des triangles rec- 
tangles dontles angles er F, en Cet en E seront très-pe- 


tits, nous aurons donc 


, AD 

Il angle ACF— DC 
AD 

l'angle AFD = DF 
: A NAD 

1 angle AEC = DE 


Substituant ces valeurs dans l'égalité (#) elle de- 
vient 


= AD AD 


DE TDF 
et, en divisant par AD, 
2 
DG—DÉTDF” 
ou, définitivement (x), 
I I ï 
a -dta 


équation qui embrasse toute la théorie des miroirs sphé- 
riques. 

8. Le quotient qu’on obtient en divisant l’unité par une 
quantité quelconque se nomme ordinairement la valeur 


réciproque de cette quantité; ainsi 7 St en général la 


valeur réciproque de ». En appliquant cette dénomi- 
nation aux quantités de la formule (x), et en nommant 
de plus d=DE ct a'-=DF, les deux distances de réu- 
ñion tles rayons, on peut énoncer en ces termes la loi 


répréentés par la formule (x). 
i l { 


CA 


La valeur réciproque de la distance focale est égale 
à la somme des valeurs du die des deux distances 


de réunion des rayons. 


9. Dans la construction géométrique qui nous a servi 
à trouver la formule (2) nous avons considéré les quan- 
tités a, a’, d comme positives; mais si une de ces lignes 
se trouvait avoir une situation opposée à celle qu’elle a 
dans la figure 13, il faudrait lui donner un signe négatif; 
et avec cette modification la formule s'applique égale- 
ment aux miroirs convexes. Ainsi, pour un miroir con- 
cave (fig. 12) vers lequel un rayon lumineux GA ne 
vient pas d’un des points de l’axe , mais au contraire se 
dirige vers un de ces points, la distance DE — d se 
trouve dans un sens opposé, et alors il faut l’exprimer 
par —d. Si le miroir est convexe, le rayon et la dis- 
tance focale ont une direction opposée à celles qu’indi- 
quent les figures 12 et 13; il faut donc représenter la 
distance focale par —4, et par conséquent la fosmule 
(n) devient (p) 

TT ACT 
Ta-ata 
pour les miroirs convexes. 

10. Il résulte des formules (x) et (p) plusieurs consé- 
quences importantes que nous alloë exposer. D'abord, 
puisque tous les rayons qui partent d’un objet éclairé et 
qui tombent sur le miroir , à peu de distance du centre 
optique, vont passer par le foyer, ou du moins très- 
près de ce point, il doit s’y former une image de l’ob- 
jet qui sera visible pour un œil placé de manière à rece- 
voir, à quelque distance, les rayons réfléchis.Cette image 
est devant le miroir lorsque la valeur de a’ est positive, 
et elle’est derrière lorsque cette valeur est négative. 

Si l'on fait a— d, c'est-à-dire si l’on suppose le 2 pa 
rayonnant placé au Pas on a 

ETUI 
a ata" 


D'où 
I ’ 
Tes et Aa =D, 


Ce qui signifie que lorsque les rayons incidens partent 
du foyer, ils deviennent parallèles à l’axe après la ré- 
flexion; ou que leur point de réunion est à une distance 
infinie. On observe ce phénomène en plaçant une bou- 
gie allumée au foyer d’un miroir concave : l’image de 
la bougie ne se trouve nulle part; mais la lumière est 
réfléchie parallèlement à l'axe, et se propagerait à une 
distance infinie, si elle n’était pas absorbée par le mi- 
lieu dans lequel elle passe. On se sert de ceite propriété 
des miroirs concaves pour transmettre une vive clarté à 
de grandes distances. 


11. Jusqu'ici nous avons considéré le point rayonnant 


CA 


comme placé sur l'axe, examinons maintenant ce qui 
doit arriver lorsqu'il est situé hors de cet axe, mais à 
peu de distance. 

Soit G (fig. 15) un point rayonnant près de l’axe, et 
GK le rayon incident; menons la droite GCH par le 
centre géométrique, cette droite peut être considérée 
comme uu axe, puisque KDB est sphérique. Si donc le 
rayon réfléchi coupe GH en L, en faisant GH=d et 
UL = a', nous aurons comme ci-dessus 


RAS LR : 
a ata 


et tout ce que nous venous de dire par rapport à l’axe 
doit s'appliquer à la ligne GH ; c’est-à-dire que chaque 
point rayonnant situé sur la ligne GH produit une image 
quelque part dans la direction de cette même ligue, 
image qui peut être tantôt devant, tantôt derrière le 
miroir, et tantôt à une distance infinie selon les divers 
cas. 

12. Eu faisant différentes suppositions sur la distance 
à laquelle un objet exposé à la surface réfléchissante 
d’un miroir sphérique concave peut se trouver, nous 
déterminerons le lieu de son image par les formules (») 
et (p). Donnons d’abord à {n) la forme 


et supposons da ; d—a sera une quantité négative, 
et par conséquent a’ le sera également. Ainsi, lorsque 
l’objet est placé entre le foyer et le centre optique, l'i- 
mage est derrière le miroir. 

Nous avons examiné ci-dessus le cas de d—a; faisons 
maintenant da, alors a' est toujours positif, et l’image 
doit apparaître devant le miroir. Si l’on a d—a, 
c'est-à-dire si l’objet est placé au centre géométrique, a! 
devient 

; 24? 
24—a 


= 24. 


Donc lorsque l'objet est au centre l'image y est aussi. 
n étant un nombre quelconque, supposons généralement 
d=na, la formule devient 


$ na n 
= S ? 


Ti] 


1A4—@ 


et cette dernière expression explique tous les phéno- 
mènes du miroir concave. En effet, soit successivement 


NY ) 


n—=0 , =}, N=1yn—È, n—=2, n=3,n—=k4, 
etc., nous aurons 4'—=0, 4 —=—7i4a, d'=—a, a =, 
' “ ’ ‘ 2m | LEE | 
d'—3a,a—1a,@—ÿîa,a—;a, Ctc. 
D'où il suit que lorsque la distance de l’objet croît 
depuis o jusqu’à & ou jusqu'a la moitié du rayon, l'i- 
mage s'éloigne derrière le miroir depuis o jusqu'à l’in- 


fini; passé « l'image est devant le miroir, et s’en rap- 


CA soi 


proche à mesure que l’objet s'éloigne, jusqu’à parvenir 
au foyer lorsque la distance est infinie. 
13. Pour les miroirs convexes, la formule devient 


,_ ad 
nr. 
Faisons comme ci-dessus, d—na, nous aurons 
a na? n : 
D = = ——.4. 
a+na  1+n 


Or, quelles que soient les valeurs qu’on donne à », 
comme a’ reste négatif, nous voyons que dans les m1- 
roirs convexes l’image est toujours derrière. Faisons 
successivement 2—0, n—E, =, N=1,N—2, n=3, 
etc., nous aurons, abstraction faite du signe —, 


a'=0,a'=ia, a'=ïja, a —1la, a'—3a, a —$a, etc. 


Il résulte de ces valeurs que lorsque la distance de l’ob- 
jet au miroir croit depuis o jusqu’à une quantité égale 
à la moitié du rayon, l’image s'éloigne derrière le mi- 
roir depuis o jusqu’à a; c’est à-dire depuis o jusqu’au 
quart du rayon. Passé cette grandeur, l’image s'éloigne 
toujours derrière le miroir, à mesure que l’objet s'é- 
loigne; mais sans pouvoir s’écarter plus que de la 
moitié du rayon; car lorsque » est infini, on a a'=a. 

14. Si nous supposons infini le rayon de sphéricité 
a, nous pourrons considérer les miroirs comme plans, 
et la formule {#) nous donnera toutes Jes propriétés de 
ces miroirs. En effet ; elle devient alors 


D'où l’on tire 


Cette égalité nous apprend que l’image est toujours, 
derrière le miroir, à une distance égale à celle de l’ob- 
jet; c'est ce que nous avions vu précédemment {n° 3). 

15. Dans les miroirs sphériques , les images n’ont pas 
la même grandeur que les objets, et paraissent quel- 
quefois droites et quelquefois renversées. 7oy. Miroirs 
aoncaves et Miroirs CONVEXES. 

CAUDA LUCIDA (4str.). Belle étoile de la pre- 
mière ou de la seconde grandeur , placée à la queue du 
Lion , et marquée B dans les catalogues. 

CAUS, premier inventeur des machines à feu. Foyez 
SALOMON DE CAUs. 

CAUSTIQUE (Géom.). Courbe formée par l’inter- 
section des rayons lumineux partant d’un point rayon- 
nant, et réfléchis ou réfractés par une autre courbe. 
Chaque courbe a ses deux caustiques ; l’une produite par 
la réflexion, se nomme catacaustique (voy. ce mot); 
l’autre, produite par la réfraction , se nomme diacaus- 
tique. Foy. ce mot. 

L'invention de ces courbes est attribuée à Tschirn- 
hausen, qui les proposa à l'Académie des sciences en 


292 CA 


1682. Elles ont cette particularité remarquable, que, 
lorsque les courbes qui les produisent sont géométri- 
ques, elles sont toujours rectifiables. J. Bernoulli, le 
marquis de l'Hôpital et Carré se sont occupés des caus- 
tiques, pour lesquelles on peut consulter leurs ouvra- 
ges, ainsi que les Mémoires de l'Acad. des sciences 
de 1705. Nous donnerons autre part les moyens de 
déduire de l'équation d'une courbe celles de ses causti- 
ques. Joy, Counnes ENVELOPPANTES. 

CA VALIERI ou CAVALLERI (Bonavenrure ), l’un 
de ces grauds géomètres du XVII siècle, dont les dé- 
couvertes font époque dans l'histoire des mathéma- 
tiques, naquit à Milan en 1598. Il était entré fort jeune 
dans l’ordre des Jésuates ou Hyéronimites, et il avait 
révélé dès lors, et durant ses premières études, une 
intelligence si remarquable, que les chefs de son ordre 
crurent devoir l'envoyer à Pise, dont l'Université, cé- 
lèbre alors, présentait plus de moyens que le cloitre 
pour initier le brillant novice à tous les degrés de Ja 
haute instruction. El y avait alors une louable émulation 
entre les diverses congrégations religieuses, et elles lais- 
saient rarement échapper l’occasion de développer les 
intelligences supérieures qui se mauifestaient dans leur 
sein. L'Église, en ces temps déjà loin de nous, marchait 
en tête de l'humanité, et gouvernait le monde chrétien 
autant par la science que par la foi. C’est donc à tort 
que quelques modernes biographes de Cavalieri ont 
dit que les moiues cherchèrent à le détourner de son 
goût pour les études scientifiques, comme d’occupations 
profanes. Ses supérieurs, au contraire, eurent à lutter 
contre sa modestie et sa timidité naturelles, pour le dé- 
cider à aller à Pise; et d’ailleurs le jeune Cavalieri était 
déjà en proie à la mélancolie qu'une maladie doulou- 
reuse acheva d'imprimer à son caractère durant la 
courte durée de sa vie. Tristesse sublime du génie qu’on 
observe dans tous les hommes supérieurs, dans Des- 
cartes comme dans Corneille, dans Newton comme dans 
Mallebranche et Pascal! Cavalieri eut le bonheur d’étu- 
dier les mathématiques, à Pise, sous le père Benoît 
Castelli, le disciple et l'ami de Galilée, qui lut dans 
l'avenir de son jeune élève, et lui procura la conuais- 
sance de l’illustre philosophe de Florence. La géométrie 
fut l'objet spécial des travaux de Cavalieri; et, dit un 
historien, il y fit de tels progrès, et épuisa si prompte- 
ment dans ses lectures tous les géomètres anciens, que 
Castelli et Galilée prédirent dès-lors la haute célébrité à 
laquelle il devait atteindre. 

On est fondé à croire que, dès 1629, Cavalieri étaiten 
possession de sa Hethode des indivisibles, qu'il ne publia 
cependant que quelques années après, car, à cette époque, 
il fut nominé à la chaire d'astronomie, vacante alors à 
l'université de Bologuc; et il soumit aux magistrats un 


mémoire sur cette méthode nouvelle de traiter la géo- 


CA 

métrie, et un autre sur les sections coniques, qui le 
firent admettre imméaiatement. Ce fut en s’élevant à 
des considérations de l'infini, que Cavalieri résolut 
divers problèmes posés par Képler, et qu'abrégeant les 
démonstrations employées par les géomètres anciens 
dans la nature des figures curvilignes, il envisagea les 
élémens de ces figures, et remonta jusqu’à ceux qu’il 
appela indivisibles. Il concevait ainsi les lignes comme 
formées d’un nombre infini de points, les surfaces d’une 
infinité de lignes, et les volumes ou solides d’une infinité 
de surfaces. Nous exposons ailleurs scientifiquement cette 
méthode ( foyez Innivisisces et [nxrint); mais nous 
pouvons dire ici qu’elle a ouvert un champ plus vaste et 
plus fécond aux recherches des géomètres, et que la 
considération de l'infini, dont elle est le résultat , atteste 
une haute et saine philosophie, que certains biographes 
ont néanmoins appelée des idées monacales. C’est à de 
semblables idées que la science doit cependant tous ses 
progrès; et si l’on comparait aux merveilleuses décou- 
vertes qu’elles ont enfantées, le petit nombre de celles 
qui sont nées dans le domaine restreint de l’empirisme 
on comprendrait mieux Ja puissance de leur sublime 
inspiration. 

Les principes de Cavalieri furent vivement attaqués 
par quelques géomètres contemporains ; mais ils furent 
acceptés avec enthousiasme par ceux qui étaient le plus 
à même d’en juger. L’illustre Pascal se servit de la géo- 
métrie des indivisibles. Son suffrage dut consoler Cava- 
lieri des vives attaques de Guldin etdes prétentions de Ro- 
berval, qui réclama pour lui l'invention d’une méthode, 
dont la publication était de deux ans antérieure à celle 
qu'il proposait. Un biographe fait la remarque qu’il y eut 
entre Pascal et Cavalieri cette singulière conformité , 
qu'ils cherchèrent dans la culture de la géométrie un 
adoucissement à de grandes douleurs physiques. Cava- 
lieri ressentit de bonne heure de fortes atteintes de 
goutte, et Pascal éprouvait de longues insomnies, occa- 
sionnées par de cruels maux de dents. 

Cavalieri parait avoir été le premier géomètre qui 
aitaccueilli en Italie la mémorable découverte de Néper. 
Il publia à Bologne , en 1632, une trigonométrie, dans 
laquelle on trouve les sinus, tangentes, sécantes et sinus 
verses, avec leurs logarithmes en 8 chiffres, pour tous 
les degrés et minutes du quart de cercle. Ces tables 
renferment même une addition importante aux autres 
tables ; savoir : de seconde en seconde pour les cinq pre- 
mières et cinq dernières minutes du quart de cercle; de 
cinq en cinq secondes pour les cinq minutes suivantes; 
de 20 en 20 jusqu’à 30'; de 30 en 30 jusqu’à 1° 30"; et 
enfin pour le reste du quart de cercle de minute en mi- 
pute. Les logarithmes des nombres naturels ÿ sont don- 
nés seulement jusqu'à 2000. 

Après avoir mis la dernière main à sa géométrie des 


CE 


indivisibles, Cavalieri mourut d’une attaque de goutte 
le 3 décembre 1647. Voici les titres des ouvrages de ce 
célèbre géomètre, qui renferment pour la plupart des 
aperçus neufs, une érudition remarquable, et doivent 
tenir un rang distingué dans l’histoire scientifique du 
XVIL' siècle. I. Traité des sections coniques , en italien, 
sous ce titre : Lo spechio ustorio, overo trattato delle 
settioni coniche ; Bologne, 1632, in-4°. II. Directorium 
generale uranometrieum, in quo trigonométriæ loga- 
ritimiæ fundamento ac regulæ demonstratur ; Bologne, 
1632, in-4°. III. Geometria indivisibilibus continuorum 
nové guédam ratione promota, in häc postremä editione 
ab erroribus expurgatd ; Bologne, 1635-1653. IV. Tri 
gonometria plana et spherica, linearis et logarithmica; 
Bologne, 1605. V. Exercitationes geometricæ sex ; Bo- 
logne, 1647, iu-4° : ouvrage remarquable, le dernier 
de Cavalieri, dans lequel il a développé sa méthode 
des indivisibles, et où il a répondu aux objections des 
géomètres de son temps contre sa découverte. En 1776, 
le père Frisi a publié un éloge de Cavalieri, qui ren- 
ferme une exposition fort détaillée des travaux scienti- 
fiques de ce célèbre géomètre. 
= CEGINUS (Astr.), nom d’une étoile de la troisième 
grandeur, dans l'épaule gauche du Bouvier, et mar- 
quée y dans les catalogues. 

CÉLÉRITÉ (Mec.). Vitesse d’un corps en mouve- 
ment Voyez Vitesse. 

CÉLESTE. Se dit de tout ce qui a rapport au ciel; 
comme globe céleste, sphère céleste, etc. Voyez GLoze 
et SPHÈRE. 

CENTAURE ( 4st.). Constellation méridionale qui 
ne renfermait que cinq étoiles dans le catalogue de 
Flamstead, mais qui en a un grand nombre dans celui 
de Lacaille, une.entre autres de la première grandeur. 
Voyez CONSTELLATION. 

CENTÉSIMALE (Arüh.). Division centésimale du 
cercle. Le quart de la circonférence étant pris pour unité, 
on le divise en 100 degrés, le degré en 100 minutes, la 
minute en 100 secondes, etc. Cette division qui fait partie 
du système métrique français, quoique employée dans 
beaucoup d'ouvrages nouveaux, n'a pu faire oublier 
l’ancienne division sexagésimale, beaucoup moins com- 
mode sans doute, mais universellement adoptée par 
toutes les nations. 

CENTRAL ( Mée.). Ce qui est relatif à un centre. 
Nous avons ainsi éclipse centrale, force centrale, etc. 

Écupse cexrraze. Il y a éclipse centrale quand les 
centres de deux astres coïncideut exactement, et sont 
en ligue droite avec l'œil de lobservateur. Voyez 
Écurs. 

Foncrs CENTRALES, Ce sont ces forces qui proviennent 
directement d'un certain point où centre, où qui Y 


terdent; ou bien ce sont ls forces qui déterminent un 


CE 295 


corps en mouvement à tendre vers un centre ou à s'en 
éloigner : aussi les at-on divisées en deux espèces, selon 
leurs rapports différens avec le centre, savoir, lors- 
qu’elles approchent ou qu’elles repoussent du centre. 
On les appelle forces centripètes &ans le premier cas, 
et dans le second, forces centrifuges. 

La doctrine des forces centrales dépend de la pre- 
mière loi du mouvement, savoir : Tout corps persiste 
dans son état de repos, ou de mouvement uniforme 
dans une ligne droite, jusqu’à ce que l’action de quel- 
que force extérieure opère un changement. 

De là, quand un corps en repos tend incessamment 
à se mouvoir, ou quand la vitesse d’un mouvement 
reculigne est continuellement soit accélérée, soit retar- 
dée, ou qu'il décrit une ligne courbe; ces change- 
mens indiquent évidemment l’action ou l'influence de 
quelque force extérieure qui agit sans cesse sur le corps 
en repos ou en mouvement. Dans le premier cas, on 
mesure cette force par la pression du corps en repos 
coutre l’obstacle qui s’oppose à son mouvement; dans 
le second, si le corps est mu en ligne droite, on mesure 
la forcé par la quantité de l’accélération ou du retarde- 
ment; et si le corps se meut en décrivant une courbe, 
la courbure de cette ligne sert à évaluer la force, c’est- 
à dire qu’on l’évalue d’après l'écart constant du corps 
de sa voie rectiligne, en ayant égard, dans tous ces cas, 
au temps pendant lequel ces effets sont produits et aux 
autres circonstances , suivant les principes de la méca- 
nique. 

Tout ce qui est soumis à la puissance ou à la force de 
gravité tombe, selon une constante observation, près 
de la surface de la terre; car la même puissance qui 
rend les corps pesans quand ils sont en repos, les accé- 
lère quand ils tombent, et les retarde quand ils mon- 
tent ou quand ils sont projetés dans quelque autre 
direction que celle de la gravité; mais nous ne pouvons 
juger des forces ou puissances qui agissent sur les corps 
célestes, que par les phénomènes de cette dernière 
espèce de mouvement. De là vient que la doctrine des 
forces centrales est d’un si grand usage dans la théorie 
des mouvemens planétaires. 

La doctrine des forces centrales pour les orbites 
circulaires fut d’abord examinée par Huygens; mais 
Newton a traité le sujet plus en général, et dans les 
livres E et IL de ses Principes il a démontré ce théorème 
fondamental, savoir : Les aires décrites par le rayon 
mené d'un centre immobile à un corps en révolution, 
dans un méme plan immobile ,:sont proportionnelles 
aux temps pendant lequel elles sont parcourues. 

Cette loi, découverte d’abord par Képler, est la seule 
loi générale dans la doctrine des forces centrales ; muis 
püuisqu'elie ne peut (ainsi que Newton l'a prouvé) 


s'appliquer, quand un corps à une tendance, par sa 


CE 


pravité vers un autre que ce seul ét saëme point, il 


294 


semble nous manquer quelque loi qui serve à expli- 
quer le mouvement de la lune et des satellites qui ont 
une gravité vers déux centres différens. Voici célle 
que ce grantl honane pose pour cet objet, savoir : qu'un 
corps sollicité par deux Jürces, tendañt constamment 
vers deux pointé Jtces, décria, par dés lignes tirées de 
ces deux points fixes, des solides égaux dans des temps 
égaux, autour de la ligne joignant ces deux points. 

Des mathématiciéns distingués out traité avéc élé- 
gance le mème sujet, quand le mouvement est dirigé 
vers plus de deux centres; et des règles pratiques ont 
été données pour calculer la marche des planètes et dés 
satellites, par Lagrange, Laplace, Waring, etc: Voyez 
Mécanique céleste, Transactions philosophiques, ét 
les Mémoires des Acädémies de Paris et dé Berlin. 

Moivre, dans ses Mémoires analytiques, page 331, 
ainsi que dans les Transactions philosophiques, a écritsur 
ce sujet, et nous lui devons plusieurs théorèmes élégans, 
relatifs à la doctrine des forces centrales. Varignon, 
Maclautin, Simpson, Euler, Emerson et de L’Hôpi- 
tal, etc., s’en sont également occupés. Nous devons à 
ce deruier la proposition générale suivante : 

1. Sun corps d'un poids déterminé se meut unifor- 
mément autour d'un centre avec une vilesse donnce, 
sa force centrifuge Sera déterminée par celte propor- 
Lion : 

Le rayon du cercle décrit est au double de là hau- 
teur due à lu vitesse comme le poids du corps est & la 
force centrifuge. 

Ainsi, si P représente le poids du corps ou la force 
avec laquelle il tend vers le centre, 2g—9",8088 la 
force de la gravité, V la vitesse et R le rayon du cercle 
décrit, nous aurons d’abord, par la loi de la chute des 
corps; 


2 


V ; 
—— = là hauteur due à la vitesse, 


48 


et énsuité en vertu de la proportion énoncée , 


: Us : D: me — la force centrifuge. 
2g 2gR 
Il suit de cette expression que si la force centrifuge 
était égale à la force centripèté, ce qui a toujours lieu 
dans les mouvemens circulaires des corps libres , onau- 
räit, en désignant là première par f, 


Ps 
et par conséquent 
V2=58R ; 
on 


V—oV/giR 


ette dernière égalité nous apprend qu'alors la vitesse 


CE 
est la même que celle que le corps acquerrait en tom- 
bant librement d’une hauteur égale à la moitié du 
rayon. 

3. La forcé centrale d’un corps quise meut sur la cir- 
conférence d’un cercle est proportionnelle au sinus verse 
AM de Parc infiniment petit AE; ou bien elle est pro- 
portiontfiellé aü carré de cet arc divisé par le diamètré. 
Ex-effet, péndanit le temps que le corps décrit l'arc AE, 


ee > A » 


7 MN 
il 
| 


it 


B 


il descend de la tangénte AD, de la quantité AM. AM 
est düne la véritable mesure de la force centrale, puis- 
que l'intensité d’une force accélératrice s'évalue par le 
doublé de l’espace qu’elle fait parcourir dans la pre- 
mièré unité dé temps; mais AË étant supposé uès-pe- 
tit, et par cette raison égal à sa corde, nous avons par 
la nature du cercle 
7 2 
AB : AE :: Ft em 
AB 
3. Si deux corps roulent uniformément dans des cer 
cles différens, leurs forces centrales sont en raisun des 
carrés de leurs vitesses respectives divisées par les dix 
mètres ou rayons des cercles; c’est-à-dire qu'on à 
Fu: sr ë = 
d RE 
F,V,D,R étant la force, la vitesse, le diametre et le 
rayon pour l’un des corps, et f, v, d, r, ces mêmes quan 
tités pour l’autre ; car la force, suivant le dernier ar- 
2 / E2 . 
AB % D? et la vitesse V est conne 
l’espace AE uniformément décrit. 


ticle, est comme 


4. H suit de là que si les rayons ou diamètres sont en 
raison inverse des carrés des vitesses, les forces centrales 
seront en rapport inverse des carrés des rayons, ou en 
rapport direct des quatrièmes puissances des vitesses; car 
ayant 


V:viareR, 
on entire, d’après ce qui précède, : 
Fifi rss: Vésvé 


5. Les forces centrales sont entre elles comme les da 
mètres des cercles divisés par les carrés des temps pé- 


TA 


54 


riodiqu: s: car gi € est li crconférence décrite dans le 

temps T avec la vitesse V, alors l’espace C=TV, ou 
C ‘ , 

V— T' De là, emplovaut la valeur de V du numéro 3, 

on a 


CHEDNd AR. r 
Fu re ‘de T'eT'e: 


puisque le diamètre est comme la circonférence. 


6. Si deux corps roulant dans des cercles différens 
sont poussés par la même force centrale, les temps pé- 
riodiques sont en raison directe des racines carrées des 
diamètres ou des rayons des cercles ; car lorsque F=/, 


d 
alors ==, et l'on a 
ue 


Ta 
D:di Titi: VTiN4, 
ou 


DAV: A/r 


7. Si les vitesses sont réciproquement comme les dis- 
tances à partir des centres, les forces centrales seront 
réciproquement comme les cubes des mêmes distances, 
ou directement, comme les cubes des vitesses; car si 


MéparsR, 


alors on a 


HE UP REV Ps 


8. Si les vitesses sont en raison inverse des racines 
carrées des distances centrales, les carrés des temps se- 
ront comme les cubes des distances. En effet, de 


VE NTI 7R 
on tire 
Wiswtsp:R, 
et, par ce qui précède, 
ne Ni: 7 


On déduit la même loi en supposant les forces cen- 
trales dans le rapport inverse des carrés des rayons ou 
des distances centrales. 


9. Des théorèmes précédens nous déduirons la vitesse 
et le temps périodique d’un corps roulant dans un cercle 
au moyen desa propre gravité , ou lorsque la force cen- 
trifuge est égale à la force centripète, à toute distance 
donnée du centre de la terre. 

Soit g l’espace parcouru par un corps pesant à la 
surface de la terre, pendant la première seconde de 


temps, où 4",9044—AM dans la figure précédente ; 
2g mesurera la force de gravité à la surface et r étant 
pris pour le rayon AC de la terre, la vitesse du corps 


dans un cercle , à sa surface, sera dans une seconde, 


AE=V/(AB.AM)=\/2rg— 0903 mètres environ, 


le rayon moven de la terre étant 63663-8 mètres. 


CE 


Mais nous avons de plus, x étant la demi-circonfc- 


90Ë 


rence du cercle dorit le rayon est 1, 


ar 
V'org : 2mr :: 1": mV/—. 

£ 
Car 27r représente la circonférence d’un ceréle dont le 
rayon est r, et le rapport de cette circonférence à l'arc 
AË, ou org, est le même que celui des temps em- 
ployés pour les parcourir. 


Le temps périodique est donc 


or 2.6366778 
t= rV/ = 314160 s.\/ 1, 
Ve 141592 4,9044 


Réalisant les calculs, nous aurons 


t= 1 24! 


27" = 5067”. 


Si R représente maintenant le rayon d’un autre cercle 
décrit par un corps pesant autour du centre de la terre, 
comme la force de la gravité varie en raison inverse du 
carré de la distance, nous aurons 


VR:Vr:: Vie 


| . 
vy K 2 la vitesse daus le cercle dont le rayon est R, 


et d’après (8) 
Vr:VRsc:t 
TE 
? 73 sera le temps périodique dans le même cercle. 


Or, puisque nous avons trouvé ci-dessus » = 7903" 
et 4 = 5067", ces formules deviennent 


(1)« CEE _. 


(2):.:::» 067 


dont la première donne la vitesse, et la seconde le 
temps d’une révolution, r étant le rayon de la terre. 

10. Pour appliquer cette théorie à la lune , comme le 
rayon de son orbite est à peu près égal à 6o rayons de la 
terre, nous ferons R—Gor, et nous trouverons 


7903V/#— 1020 mètres 


5067 3V 21600 = = 27> jours à peu près, 


Ainsi, la vitesse de la lune est à peu près de 1020 mètres 
par seconde; et le temps de sa révolution périodique 


ASTON ER 
d'environ 27 j. +. 


On peut déterminer de la même manière les vitesses 


des planètes et leurs divers temps périodiques, leurs 


distances étant données, et, réciproquement ; le temps 


CE 


périodique de la révolution de la terre et sa distance au 


296 


soleil étant supposés connus. 


11. Il est bon d'observer que quoique nos premiers 
théorèmes se rapportent uniquement au mouvement cir- 
culaire, ils sont cependant également vrais pour des or- 
bites elliptiques; les géomètres que nous avons cités 
ayant démontré d'une manière satisfaisante que la même 
loi doit s'appliquer dans ce dernier cas, pourvu que la 
révolution soit faite autour de l’un des foyers de l'el- 
lipse , ainsi que cela est le cas dans tous les mouvemens 
planétaires, l'axe semi-transverse étant pris comme dis- 
tance moyenne. 

12. Nous pouvons calculer de la méme manière encore 
la force centrifuge d’un corps à l'équateur, due à la ro- 
tation de la terre; car il a été démontré plus haut que 
Le temps périodique, quand la force centrifuge est égale 
à la force de gravité, est 5067 secondes ; pour l'équateur, 
vù le rayon de la terre est 6376406 mètres, on trouve- 
rait de la même manière ce temps égal à 3078". On 
sait, de plus,.que 23 heures 56minutes 4 secondes, ou 
86164 secondes, est la période de la rotation de la terre 
sur son axe : c'est pourquoi on a par l'art. 5 

86164? : 5078? :: 1 : 559. 
34 est donc la force centrifuge demandée; et cette force 
est par conséquent la 289° partie de la gravité à la sur- 


face de la terre. 


13. Pour un autre exemple, supposons A une boule 
d’une once ( fig. ci-dessus) tournant autour du centre C, 
de manière à décrire le cercle ABE ; chaque révolution 
s’effectuant en une demi-seconde , et la longueur de la 
corde AC=2 pieds; d'où T=—+, R=—2. Ayant trouvé 


plus haut que VE test le temps périodique à la 


circonférence de la terre quand la force centrifuge est 
égale à la gravité, on a, par l’art. 5, 


LieourtF, 


laquelle proportion devient 


Bet ne 2 = 1677 ff à 
AE Le — 0,819 


Ainsi la force centrifuge , ou celle par laquelle la corde 
est tendue, est environ 10 onces, c’est-à-dire dix fois 
le poids de la boule. 


14. Enfin, supposons la corde et la boule suspendues 
d’un point D, et qu’elle décrive dans son mouvement une 
surface conique ABD ; posant DC—a, AC=R, AD—# ; 
et faisant f — 1, la force de gravité comme ci-des- 
sus; le corps A sera affecté par trois forces, savoir 


CE 


la gravité, agissant parallèlement à DC, une force cen- 
wifuge dans la direction CA, 
et la tension de la corde, 
ou force par laquelle elle 
est tendue dans la direction 
DA. De là, ces trois puis- 
sancesserontrespectivement 
comme les trois côtés du 
triangle ADC, et par consé- 
quent CD ou a: AD ou 


hh : 
his: Dit la tension de 


la corde comparée avec le poids du corps. 
De même 


DCoua:ACouR::1 228 


ge 


, 


expression générale de Ja force centrifuge trouvée ci- 
dessus. D'où 


24 
gl?—2ar? , UT 108V/a. 


1,108V/« est donc le temps périodique. Voyez les Hé. 
de l’Acad, pour 1500, 1701 et 1710; voyez aussi Ae- 
can. anal. de Lagrange, Mécanique de Poisson, et les 


mots MouvEMENT et GRAVITÉ. 


CENTRE, dans un sens général, désigne un point 
également éloigné des extrémités d’une ligne, d'une 
surface ou d’un solide. Ce mot vient de xeyrpor, qui ori- 
ginairement signifie un point. 

Le CEnrre d'attraction d'un corps est ce point dans 
lequel, si toute sa matière était réunie, son action sur 
uue molécule éloignée serait toujours la même, ainsi 
que cela est tant que le corps conserve sa propre forme. 
Ou bien c’est le point vers lequel des corps tendent 
par leur gravité, ou autour duquel une planète tourne 
comme autour d'un centre, y étant attirée ou poussée 
par l’action de la gravité. 

On désigne quelquefois par le centre commun d'at- 
traction de deux ou de plusieurs corps, le point dans 
lequel une molécule de matière étant placée, l’action 
de chaque corps sur cette molécule serait égale, et dans 
lequel elle resterait par conséquent en équilibre, n'ayant 
point de tendance à se mouvoir dans uu sens plutôt 
que dans un autre. 

Le nom donné à ce point par quelques auteurs, de 
point d'égale attraction, est plus convenable. La puis- 
sance d'attraction étant directement comme les masses 
des corps attirans, et réciproquen:ent comme les carrés 
de leurs distances, nous avons la méthode suivante pour 
trouver le centre commun d'attraction de deux corps 
dont les masses et les distances sont données. 

Représentons par M et n les massés de ces deux corps 


PS 


"2 


| 
: 
î 


: 


| 


CE 


et par d la distance qui les sépare. Désignons par zx la 
distance du point d’égale attraction à M, et par y la 
distance du même point à m2; nous aurons æ + y = d, 
et par les lois de l’attraction, Foyez ATTRACTION, 
m:M:Y:2 
ou 
VA : vM ML) 


de là on tire 


Vm+ÆVM:Vmiy+x:x 


VrÆEVM:VM:y+zx:7. 
D'où 
he dV/m 
= mn + Vi 
dV/M 
Se PM 


Le CEngne d’un cercle est ce point, dans un cercle, 
qui est également distant de tous les points de la cir- 
conférence, ou duquel le cercle a été décrit. 

Si plus de deux lignes égales peuvent être tirées 
d’un point à la circonférence, dans un cercle, ce point 
sera le centre. 

Le Cenrre d’une section conique est le point qui di- 
vise en deux son diamètre, ou le point dans lequel tous 
les diamètres s’entrecoupent l’un l’autre. Dans une ellipse 
ce point est dans la figure; il est dehors dans l'hyper- 
bole ; et dans la parabole il est à une distance infinie du 
sommet. 

Cenrre de conversion en mécanique , terme employé 
par M. Parent. On peut le comprendre ainsi : si on 
place un bâton sur de l’eau stagnante, et qu’on tire le fil 
auquel il est attaché, de manière à ce que ce fil fasse tou- 
jours le même angle avec lui, on trouvera que le bâton 
tourne autour d’un certain point. C’est ce point qu’on 
appelle centre de conversion. Voyez l’Abrégé des Mé- 
moires de À Académie des sciences , vol. T, page 197. 

Le Cenrre d'une courbe de la plus haute espèce, 
est le point où concourent deux diamètres, et quand 
tous les diamètres concourent au même point, on l’ap- 
pelle le centre général. Voyez, sur ce sujet, l'abbé de 
Gua, Usages de l'analyse de Descartes, et Cramer, 
Introduction à l'analyse des lignes courbes. 

CEnrre d’un cadran est le point où le gnomou ou 
style, qui est placé parallèlement à l'axe de la terre, 
coupe le plan du cadran. J’oyez GNomowique. 

Centre d'équant. C'est, dans l’ancienne astronomie, 
un point sur la ligne d’aphélie , aussi distant du centre 
de l’excentrique vers l’aphélie, que le soleil l’est du 
centre de l’exceutrique vers le périhélie. 

Le Genre d'équilibre est le même, pour les corps 
plongés dans un fluide, que le centre de gravité est 


CE SO 


pour les corps dans l’espace libre ; ou bien c’est un cer- 
tain point sur lequel un corps ou un système de corps 
resteront en équilibre dans toutes positions s'ils v sont [ 
suspendus. ! 

Le CENTRE de gravité de tout corps, ou de tout système 
de corps, est ce point sur lequel tout corps ou système 
de corps, actionné seulement par la force de gravité, 
se maintient en équilibre dans toutes les positions; ou 
bien c’est un point qui étant supporté, le corps ou le 
système sera supporté, de quelque manière qu'il soit 
situé sous les autres rapports. Il suit de là que si une 
ligne où un plan passant par le centre de gravité sont 
supportés , le corps ou le système sera supporté aussi. 
Et réciproquement, si un corps ou un système sont en 
équilibre sur une ligne ou un plan, dans toutes les posi- 
tions, le centre de gravité est dans cette ligne ou ce 
plan. Il résultera de la même manière, que si un corps 
reste en équilibre quand il est suspendu par un point, 
le centre de gravité de ce corps ou système est dans 
la perpendiculaire abaissée du centre de suspension. 
C’est de ces principes que dépend la méthode mécanique 
de trouver le centre de gravité des corps. 

Trouver mécaniquement le centre de gravité des corps. 

Pour cette opération, il suffit de disposer un corps 
dans deux positions différentes d'équilibre à l’aide de 
deux forces, dans des directions verticales, appliquées 
successivement à deux différens points du corps, et le 
point d'intersection de ces deux directions sera le 
centre cherché. 

Nous allons le démontrer par quelques exemples : Si 
le corps a les côtés plans comme un morceau de planche, 
suspendez-le par un point, alors le fil d'aplomb suspendu 
du mème point passera par le centre de gravité; après 
avoir tracé cette direction sur la planche, suspendez-la 
par un autre point, et appliquez le fil aplomb pour 
trouver une autre ligne semblable; leur intersection in- 
diquera le centre de gravité. 

Ou bien encore suspendez Îe corps par deux cordes 
partant du même point, et fixées à différentes parties du 
corps; le fil d'aplomb suspendu au même point tom- 
bera sur le centre de gravité. 

Autre méthode. Placez le corps sur le tranchant d’un 
prisme triangulaire, ou de quelque autre de ce genre, le 
changeant de place jusqu'a ce que les parties des deux 
côtés soient en équilibre, et marquez-y une ligne tout 
contre le bord du prisme; mettezle en équilibre de 
nouveau dans une autre position, et marquez une autre 
ligne au bord du prisme: la ligne verticale passant par 
l'intersection de ces lignes passera pareillement par le 
centre de gravité. On obtiendra le même résultat en 
posant le corps sur le bord d’une table, jusqu'a ce qu’il 
soit prêt à tomber, et en y marquant une ligne le long 


de ce bord; ceci répété dans deux positions du corps, 
35 


298 CE 


fera connaître de la même manière .:e centre de gra- 
vité. 


Trouver le centre de gravité de certains corps géome- 
triquement. 


Pror. I. Trouver le centre de gravité de deux corps 
donncs. 


Soit A et B les deux corpsdonnés, prenezAG:BG::B:A, 
le point G sera le centre de gravité de ces deux corps: 
cela est évident par le principe du levier; car les corps 
étant suspendus sur le point G, resteront en équilibre. 
Voyez Levier. 


Prop». II. Trouver le centre de gravité d’un triangle 
ABC. 


Partagez en deux chacun des deux côtés, AC, CB, 
aux points Det E; joignez AE et BD, le point d'inter- 
section G sera le centre de gravité 
du triangle. En effet, le triangle 
serait en équilibre sur chacune des 
lignes AE, BD; car ces lignes par- 
tageant également les lignes BC, 
AC, partagent toute section paral- 


lèle, et par conséquent le poids de 
chaque côté est égal, et également m" 
distant de ces lignes. 


Pro». II. Trouver le centre de gravité d'un trapèze. 


Divisez-le en deux triangles; trouvez le centre de 
gravité de chaque triangle, puis, par la proposition I, 
le centre de gravité de ces deux : ce sera le centre de 
gravité du trapèze. On trouvera de la même manière le 
centre de gravité de toute figure terminée par des ligne 
droites. 


Lois générales et détermination du centre de gravité. 


Pror. I. Trouver le centre de tout nombre de corps 
placés dans une ligne droite. 


8 A m ce __ 
La 


Soit A, B, GC, D, etc., les corps réunis dans leurs 
centres de gravité respectifs; S, tout point dans la ligne 
droite SAD; O le centre de gravité de tous ces corps. 

Alors puisque les corps se font équilibre en O, nous 
avons, par le principe du levier, E 


AXAO+BXBO—=CXCO+DYXDO, 
de là 


A K (SO —SA)-+B X (SO — SB)— 
C X(SG—S0) + D X (SD —SO), 


CE 
d'où l'en tire 
A X:SO +HBX SOLCX SO + D X SO — 
AXSA+BXSB+CXSC-ÆHD XSC, 
et, conséquemment , 


RER nr Enre et 


A EBEG LD 


Si quelqu'un des corps est placé en sens inverse de la 
IUT L “ l 


SÙ 


direction SD, leur distance doit être considérée comme 
négative; et si SO est négatif, la distance SO devra 
être mesurée de S selon cette direction qui a été sup- 
posée négative dans le calcul. 


Pop. II. 4S7 d’un nombre quelconque de corps on tire 
des perpendiculaires sur un plan donne, la somme des 
produits de chaque corps, par sa distance perpendicu- 
laire respective du plan, est égale au produit de la 
somme de tous les corps par la distance perpendicu- 
laire de leur centre commun 
de gravité au plan. 

Soient A,B, C, etc., les 
corps réunis dans leurs cen- 
tres respectifs de gravité; 
PQ le plan donné; tirez Aa, 


Bb, Ce, à angles droits sur | 


PQ, et par conséquent pa- 
rallèles entre eux; joignez > 


AB et prenez 
AE : EB::B:A. 


E est donc le centre de gravité de A et B; tirez Ee per- 
pendiculaire à PQ, ou parallèle à AQ, et x perpen- 
diculaire a Aa, ou Bb; donc dans les triangles sem- 


blables AEr, EBy on aura 


Azx : AL :: By : BE 
° Ax : By :: AE: BE ::B: A, 
c'est pourquoi 
A X Az = B X By, 


ou 
A(xa—Aa)=B(Bh—7yb), 


et, puisque Ea et EP sont des parallélogrammes 
A (Ee— Aa) — B (Bb — Ee) 
d'où 
A X Ee+B X Ec= A X Aa +B X Bb, 
ce qui donne 
(A+HB)Ee = A X Aa +B X B6, 
De plus joigrez EC, et prenez | 
CG:GE::A+B:C, 


CE 
donc G est le centre &e gravité des corps À, B, C; tirez 
Gg perpendiculaire à PQ, et on trouvera de même 
(À + B)Ee + C X Ce—(A LB +C) Gg, 
ou 
(AH BE C)Gg = À X Auf B X BBC X Ce. 
Il est évident que l’on peut étendre la même démonstra- 


tion à tout nombre de corps. 
Par conséquont 


Ca AXAa+BXBbHCKCCLDKDAHetc. 
LE “AFB+FC+DHetc. 


Et si un plan est tiré parallèlement à PQ, à une distance 


Gg, le centre de gravité sera quelque part dans ce plan. 
Où trouvera de la même manière deux autres plans, 
dans chacun desquels se trouve le centre de gravité, ct 
le point où les trois plans se coupent l’un l’autre est le 
centre de gravité du systéme. 

Maintenaut de l’expression précédente , pour le centre 
de gravité de tout'système de corps, on peut déduire uñe 
méthode générale pour trouver ce centre. Car A, B, 
C: etc., étant considérés comime les molécules élé- 
mentairés d’un corps, dont la somme où masse est 
M—A+B+C-+D +, etc.; À X Aa; B X Bb; 
C x Ce, D,x Dd, etc, Sont les divers momens de 
toutes cés parties. ( foyez Momens.) De là dohc, dans 
tout corps, trouvez une expression péïérale pour là 
somme des momens, et divisez-la pär la masse du corps ; 
le quotient sera la distance du centre de gravité au sümi- 
met où à tout autre point fixe, à partir duquel les mo- 
mens sont évalués. Mais maintenañt pour trouver l’ex- 
pression générale de la somme des momens , 2e problème 
se divise en différens cas, suivant qu’on demande de 
trouvér le centre dE fravité d’un solde, où d'une sur- 
face plane où courbe, où d’une ligne courbe de toute 
description. Nous examinerons chaque cas séparément. 

Prop. I. Trouver le centre de gravité d'un corps 
‘considéré comme aire , solide, surface d’un solide, ou 
ligne courbe: 

Soit ALV une liÿne courbe quelconque, RL l'axe 
dans léquel devra se trouver le centre de gravité, car, 
comme il partage toute , 


ordonnée IF en deux PS 
parties égales en N, les 


parties de chaque côté 
dekKLseferontéquilibre | 
les unes aux autres; le Rss | 
corps sera donc en équi- A 
libre sur RL, et par con- | 
séquent le centre de gravité doit être quelque part dans 
cette ligne. 

Faisons LN = x,IN = y,1L = 2, et tirons PQ pa- 


CE po 


railèle à IF : si nous considérons donc ce corps comme 
étant composé d’un nombre iufini de corpuscules, et si 
nous multiplions chacun d’eux par sa distance à PQ, la 
sonne de tous les produits divisée par la somme de tous 
les corpuscules, où par la masse du corps, nous donnera 
la distance du centre de gravité à L, ainsi que celà a été 
démontré plus haut dans la proposition précédente. 

Maintenant pour obtenir la somme de tousles produits, 
nous devrons trouver d’abord la différentielle de la 
somme , et son intégrale sera la somme elle-méme. 

Soit ds la différentielle ou l'élément du corps, ou en- 
core la différentielle de la somme des molécules, à la 
distance LN=zx;, alors xs sera la différentielle de la 
somme de tous les produits, et respectivement les in- 
tégrales 

ds: et: frds 
seront la première, la somme des molécules, et 1x 8e- 
conde, li somme des produits. 

Désignons par D la distance du point L au centre de 
gravité, et nous aurons, d’après ce qui vient d’être 
dit (a), 

D fé, 
J'ds 

Nous allons appliquer cette formule à plusieurs cas 
particuliers. | 

Soit la courbe ALV la parabole vulgaire dont l’équa- 
tion est y?—ax, a étant le paramètre. 

1. Trouver le centre de gravité de l’aire parabolique 
ALV. Nous avons 

L 4 
Y=V ax = ax", 
De plus, l'élément ds, puisqu'il s’agit d’une surface , 
est 2ydx ; nous aurons donc 
1 5 & 5 
> Jade is 

S'x dæ. z'dx 2x 

= ÿx—5LR quand x = LR. 


D 


2. Trouver le centre de gravité de la courbe para- 
bolique ALV. Ici, puisqu'il s’agit d’une simple ligne, 
l'élément ds devient 

ds =V/dx+dÿ; 
mais l'équation y?—ax nous donne en différentiant 
dy—ïai.x-idx ou dÿ=}ax-dæ. 


Nous avons donc : 


Var = dev [14%] 


et par conséquent 
L 3 a 
fEv Le + Fe Jéz 
U _L &x. 


p= RL + a 
if av [r + Je 


CE 
__J'x V(4x+a)dzæ 


JS VUz+adr 
Les intégrales étant trouvées, leur quotient donnera la 
distance demandée. 


3. Trouver le centre de gravité du paraboloïde formé 
par la révolution de la parabole ALV autour de son 
axe LR. 

L'élément ds étant pour un solide ry°dx , dans lequel 
r est la demi-circonférence dont le rayon est 1, nous au- 
rous, à cause de y°—=ax 


J'ax*dx x 
np: axdx Tix 


= 3x LR quand x= LR. 


4. Trouver le centre de gravité de la surface du pa- 
raboloiïde. L'élément d’une surface courbe étant ds — 


ryV/Ax® + dy*, nous trouverons , en substituant dans (a) 


_ Jai (4x +a)dx 
LE: V(4x+a)dz" 


dont les intégrales, étant trouvées, feront connaître la 
distance cherchée. 

Le centre de gravité pourra se déterminer de la 
mème manière dans tous les autres cas où l’on pourra 


exprimer la courbe par une équation algébrique. Ainsi, 
par exemple, en désignant par a la droite qui joint le 
sommet et le milieu de la base, nous trouvons pour les 
centres de gravité des corps suivans, les expressions 


5. Dans un triangle plan...... 3a. 


+lu wire 


6. Dans un cône droit...... .. 34. 


7. Pour un secteur circulaire nous avons : l’arc est à 


la corde comme les & du rayon sont à la distance du 


centre de gravité au Le du cercle. 


La hauteur du segment d’une sphère, d’un sphéroïde 
ou d’un conoïde , étant représentée par +, et tout l'axe 
par & , la distance du centre de gravité au sommet, dans 
chacun de ces corps, sera comme il suit : pour 
8. La sphère ou sphéroïde.......... es 

Aa— 4x 


RE TS SR 5 
9. Demi-sphère ou demi-sphéroïde.... 2x. 


10. Conoïde parabolique....,......., x. 
4a+3x 


11. Conoïde hyperbolique............ ae 


La position, la distance , et le mouvement du centre 
de gravité de tout corps, sont les moyennes des posi- 
tions ct distances de toutes les molécules de ce corps. 
Cette propriété de ce centre a déterminé plusieurs au- 
teurs à le nommer le centre de position, d’autres, le 
centre de la distance moyenné, etc. Et c'est sur ce 
principe qu'il est si important, dans toutes les questions 


CE 
mécaniques, de déterminer le centre de gravité des 
corps. Car, ce centre trouvé, on considère tout le corps 
comme condensé dans ce seul point, au moyen de quoi 
on obtient la plus grande simplicité possible. Foy. CEn- 
TRODARIQUE. 

Centre de mouvement circulaire. Ce centre d’un 
corps ou d’un système de corps est le point dans lequel, 
si toute la masse était réunie, une force donnée appli- 
quée à une distance donnée de l’axe de suspension pro- 
duirait la même vitesse angulaire dans le même temps, 
que si tous les corps étaient mis en mouvement à leurs 
distances respectives. Ce pomt ne diffère du centre 
d’oscillation qu’en ce que, dans ce dernier cas , le mou- 
vement est produit par la gravité du corps ou de ses 
molécules ; tandis que, dans le cas du centre de mouve- 
ment circulaire, le corps est mis en mouvement par 
quelque autre force agissant sur un de ses points. 


Déterminer le centre du mouvernent circulaire. 


Soient A, B, C, etc. , les 
molécules d’un corps, ou les 
corps qui forment ensemble 
un système; P la force don- 
née appliquée en D; R le 
centre du mouvement cir- 
culaire. Donc la force qui 
accélère D pendant que ces 
corps sont à leurs distances 
respectives est 


PXSD 
AXSA+BXSBLCXSCHetc. 


Soit maintenant toute la masse réunie en R, alors la 
force d'accélération sur D sera 


PXSD 
(A+B+C-+etc.) X SR 


Mais puisque P, et la vitesse angulaire de D sont, d’a- 
près la définition, les mêmes dans les deux cas, la vi- 


tesse absolue de D est aussi la même, et conséquem- 
ment aussi la force accélératrice. Ainsi, 


M=N. 
D'où 


SR=V ts XSA + BXSE + etc. ] 


Et, par conséquent , si ds est la différentielle du corps 
à la distance x de l’axe, on aura (b) 


SR — =] 


CE 


1. Dans le cas d’une ligne droite, cette formule de- 


vient 
| 2. d 


2. Pour le plan d’un cercle ou d’un cylindre roulant 


autour de l'axe, on a 
SR — rayon X V/+. 


3. Pour la périphérie d’un cercle autour du dia- 
mètre , 


SR=—rayonX +. 


4. Pour une roue avec un bord très-etroit, tournant 


autour de son essieu , 
SR = rayon. 
5. Pour le plan d’un cercle autour du diamôtre, 
SR = +rayon. 
6. Pour la surface d’une sphère autour du diamètre, 
SR = rayon X V/3. 
7. Pour un globe autour du diamètre, 
SR = rayon X V/+- 
8. Enfin, pour un cône, autour de l'axe, 
SR = rayon X y À. 


La distance du centre du mouvement circulaire à 
l’axe du mouvement est une moyenne proportionnelle 
entre la distance du centre de gravité et celle du centre 
d’oscillation au même axe. Ainsi, quand deux de ces 
distances sont connues, on déterminera facilement la 
troisième. 

Cenrre d'inertie. Voy. CENTRE de gravité. 

Cenrre de grandeur. C'est le point également distant 
des parties externes d’un corps. 

Cenrre des distances moyennes. Voy. CENTRE de gra- 
vilé. 


Cenrre de mouvement. Point autour duquel tournent 
plusieurs corps ou un système de corps. 

CenrRE d'oscillation. C’est le point dans axe de sus- 
pension d’un corps ou d’un système de corps , sur le- 
quel toute force appliquée, en supposant la masse du 
système réunie en ce point, produirait la même vitesse 
angulaire, dans un temps donné, que si cette même 
force était appliquée au centre de gravité, les parties 
du système oscillant à leurs places respectives; ou bien 
encore, puisque la force de gravité sur tout le corps 
peut être considérée comme une simple force, équiva- 
lente au poids du corps, appliquée à son centre de gra- 
vité, le centre d’oscillation est ce point, dans un 


CE 301 


corps vibrant, qui, si toute la masse était concentrée 
dans ce point, vibrerait dans le même temps que le 
fait le corps dans son état naturel. ? 

Mersenne proposa le premier à Huygens le pro- 
blème de trouver le centre d’oscillation de plusieurs 
corps de formes différentes, particulièrement de sec- 
teurs circulaires à différens points de suspension, et 
c'est à ce dernier que nous en devons la première solu- 
tion complète, quoique plusieurs cas particuliers aient. 
été considérés auparavant par Descartes, Fabry, etc. 
Depuis la découverte du calcul différentiel, cette ques- 
tion se trouve résolue dans presque tous les ouvrages 
élémentaires; mais nous renverrons le lecteur curieux 
de connaître les premières méthodes employées pour la 
solution de ce problème, aux Actes de Leipsic, de 
1691 à 1714, où le sujet est traité de la manière la plus 
ingénieuse par Bernoulli. Foyez aussi Herman, De motu 
corporum solidorum et fluidorum ; et Huygens, Horlo- 


gium oscillatorium. 


Déterminer le centre d’oscillation. 


Faites osciller plusieurs corps autour du point S, 
comme si la masse de chacun 
était concentrée dans les point 


S 


A,B,C. L'action produite par 
la gravité de chacun de ces 
corps peut être décomposée en 
deux forces, dont l’une est dé- 
truite par la résistance du cen- 
tre de suspension, que sa di- 
rection traverse, et dont l’autre 
est perpendiculaire dans la di- 
rection de la première; cette 
dernière seule est efficace pour 
mouvoir le corps ou le système. 


La gravité tendant à imprimer la même vitesse aux 
points À, B, C, dans la direction verticale, nous dési- 
gnerons cette vitesse par g, et par m, n,p, les sinus 
des angles que les barres supposées inflexibles, SA, SB, 
SC, etc., forment avec la verticale SL. Tirant AM, BN, 
CP, parallèles à SL, et chacune égale à g, elles représen- 
teront les forces accélératrices des points À, B,C, ou 
les espaces qu’ils décriraient dans la première unité de 
temps, s'ils étaient abandonnés à eux-mêmes. Mais si, à 
cause.de l’obliquité de ces forces sur SA, SB, SC, on 
construit les rectangles am, bn, cp, les espaces parcou- 
rus seront seulement Aa, Bb, Cc; et comme les angles 
AMa, BNb, CPc, ont pour sinus 72, 7, p, nous aurons 


Aa=m.g, Bb=n.g, Cc=p.g, etc. 


D'où il suit que les corps A, B, C, pris séparément, se 
meuvent avec des vitesses différentes, Mais si nous les 


302 CE 

supposons réunis ensemble d’une manière invariable, 
de façon à former toutes leurs vibrations dans le 
même temps, la vitesse des uns $era augmentée ; tandis 
que celle des autres séra diminuée; et comme la somme 
des forces qui sollicitent le système est toujours la même, 
la somme des mouvemens perdus doit nécessairement 
être égale à celle des mouvemens gagnés, ou la somme 
de ces mouvemens doit être égale à zéro; considérant 
les premiers comme positifs et les derniers comme né- 
gatifs. 

Représentons par À, B, C les masses des trois corps; 
par a, b;, c leurs distances du point de suspension, et 
par z,B, 7 les vitesses initiales qu’ils perdent où qu’ils 
gagnent, les quantités de mouvement perdues ou ga: 
gnées seront Az, B8; Cy, qui devront se faire équilibre : 
ainsi la Sonime des momens pris par rapport au point 
S est zéro; et comme les distances respectives de ce point 
sont a, b; ©, nous aurons 


Aaz + BEBE Ccy — 0. 


Soit f'la vitesse que recevrait dans la première unité de 
temps le point À soumis aux lois du système. Comme 
tous les points décrivent des arcs semblables, leurs vi- 
tesses initiales sont proportionnelles aux distances du 


centre de suspension 


Lf 


ne? 


: c'est pourquei celle de B sera 
C nee 1: 

et celle de C sera ce Or, l4 vitesse perdue par 

chaque corps est égale à la vitesse qu'il aurait eue 7noÏns 

celle qu’il a réellement : donc 


bf 


a? 


\ D < c 
a=m.g—f, Ê=n.g— v=pe—%. 


d’où, substituant ces valeurs dans l'équation précédente, 
nous aurons 


DIN. 2e ©. x 
Aaim.8 +8 n8— 7) + (ps Ÿ = 0. 


Maltipliant pat 4 pour débarrasser cette équation dés 
fractions , et dégageant f, nous aurons 


glAa*m+Babn+ Cacp] 
Aa+Bb+Ce 


sd — 


Des points A; B, C; abaissez les perpendictlaires AT; 
BK, CL, sur SL; et de IH; centre dé gravité du systotié, 
tirez HG perpendicüläire à la rnême ligne. La soriiié 
dés momens des points A; B, C, par rapport au püirit 
S, est égale du moment dé leur résultante qui traverse 
le point H, dofic 


A.AI + B.BK + C.CL = (A + B+C).Hg. 
Les triangles SAI, SBK, SCL, SHG étant donnés, 


faisons SIL — A, et désignons par r le sinus de l'angle 
HSG, nous aurons 


CE 
AI = AS;sin ASI — an, BK — BS. sin BSK = bn 
CL = CS. sin CSL = c.p, HG = SG. sin GSH = Air. 
Substituant donc à ces lignes leurs valeurs, dans l’équa- 
tiou précédente, nous aurons 
Aam + Bbn + Cep = (À Æ BÆC) hr; 

d’où résulte 

— ag[A+B<+C]Ar 

7 Aa + Bh + Ceci 


Pour constater la position actuelle du point, dont la 
connexion invariable avec le système ne change pas la 
vitesse, soit æ la distance au centre de suspension} et s 
le sinus de l'angle que la barre inflexible qui l’attache à 
ce point fait avec la verticale; sa force accélératrice, 
quand il se meut simplement, est gs; au cas contraire, 
elle est pruportionrielle à sa distance du point S; et par 


conséquent elle est égale à LS mais ces deux forces, 
ou les vitesses initiales qu’élles produisént, devrorit être 
égales : donc 2 =; niettant dans cette égalité la valeur 
précédente trouvée pour f, il en résulte 


(A ÆB +C)ghrx e 
Am +Br+Ce 6” 


d’où nous trouverons 


s Aa + Bb: L Ce? 


F (A+TB+EC)A 


Pour que le point désigné soit le centre d’oscillation, 


D a — 


il n’est pas seulement nécessaire que ces deux vitesses 
soient égales dans le premier moment, elles doivent 
l'être encore à chaque instant de la descente : c’est pour- 
quoi x restant le même, l’équation aura lieu, quelle que 
soit la position de ce point et celle du centre de gravité, 
relativement à la Verticale, c'est-à-dire, quêls que soient 


$ 
s et r; le rapport - est constant, et nous avons par 
F 


conséquent en même temps r—0, $ —0; ce qui 
prouvé que le cëntre d'ostillation, lé centre de gravité, 
et le point de suspetision, sütit dans une seule et mêmi 
ligne droite d'où il résulte s = r; et 


Âa 4 Bb: + Ce 

FTUATFBEOR 
Le même gente de raisonnement s'applique éxactement,; 
quel que soit le nombre des molécules. Donc; pour 
trouver le centre d’oscillation d’un système de molécules 
ou de corps, il faut multiplier le poids de chacune d'elles 
par le carré de sa distance au point de suspension, et 
diviser la somme de ces produits par celle des poids 
mulupliée par la distance du centre de gravité au centre 


CE 


de suspension ; le quotient exprime la distance du centre 
d'oscillation au point de suspension mesurée sur la 
droite menée par le centre de gravité et ce point. 

Pour rendre l'expression ci-dessus homogène à celles 
des articles précédens, nommons $S le point de suspen- 
sion, O le centre d’oscillation , ou SO Ja distance du 
centre d’oscillation au point de suspension; soit ds la 
différentielle du corps à la distance x, la formule ci- 
dessus devient alors 


Proposons-nous pour exemple de trouver le centre 
d’oscillation d’une ligne droite, ou d’un cylindre sus- 
pendu à à un point. 


Dans ce cas 


C'est-à-dire que le centre d’oscillation est aux 4 de toute 
la longueur, à partir du point de-suspension. Si du 
centre d’oscillation nous faisons le point de suspension ; 
le point de suspension deviendra le centre d'oscilla- 
tion. | | 

Les centres d'oscillation pour différentes figures yi- 
brantes sont, comme on le voit ci-dessous, savoir : 


Nature de la figure. 


Triangle isocèle. . 


Suspendue par le sommet. 
3 de sa hauteur. 


Parabole commune. de sa hauteur. 


ss... 7 


_—s X Ja hauteur. 


Toute parabole. ........... 


Comme dass les figures mues latéralement ou par côté, 
le mouvement se fait autour d’un axe perpendiculaire 
au plan de la figure, il est difficile de trouver le centre 
d’oscillation, parce que toutes les parties du poids, dans 
le même plan horizontal, ne se meuvent pas avec la 
même vitesse en raison de leurs distances inégales du 
point de suspension, C’est ce qu a démontré Huy gens 
dans son /Zorol. oscil. nl trouve, dans ce Cas, la distance 


du centre d’ oscillation au- PS de |’ axe, . say oir : 


Dans un cercle..... DDR 3 du ddtre. 


ss. 


Dans un rectangle suspendu | 
] L .. 3 de la diagonale, 


par un angle. 
Dans une parabole + tt 


5 1 
: - axe 3 param, 
par son sommet 7 F- 3 P: 


La même perdue par le 
+. axe ++ param. 


milieu de la base. 


3 arc X rayon 


Dans un secteur de cercle... LD pe 
4 corde 


(rayon base} 


baxe 


Dans DUNCONDe en. ?axe+ 


CE 303 


Dans une sphère... ......,...: +2 
où rest le rayon, et g—=a—+r le rayon ajouté à la lon- 
gueur a du fil par lequel elle est suspendue. 

Emerson , dans sa Mécanique, place le centre d’oscil- 
lation d’un cône aux + de son axe, à compter du som- 
met ; partant de la supposition erronée que chaque mo- 
lécule, dans Ja base du cône, se meut avec la même 
yitesse; mais quand la hauteur du cône est égale au 
demi-diamètre de sa base, le centre de la base est le 
centre d'oscillation ; et quand le demi-diamètre de la 
base excède la hauteur, ce centre tombe toujours au- 
dessous de la base : ce qu'on peut déduire de l'expression 
donnée ci-dessus pour le centre d'oscillation d’un cône. 


Le CENTRE de percussion, dans un corps en mouve- 
ment, est le point où la percussion ou le choc est le plus 
fort; le point dans lequel toute la force de percussion 
du corps est supposée réunie, ou autour duquel l'élan 
des parties est balancé de chaque côté de manière à être 
arrêté par un obstacle immuable à ce point, et à y res- 


ter sans agir sur le centre de suspension. 


1e Quand] le corps Ten roule autour d’un point 
fixe, le centre de percussion ne fait qu'un avec le cen- 
tre es et il est déterminé de la même ma- 
nière, savoir, en considérant le choc violent des parties 
comme autant de poids appliqués : à une ligne droite, 
inflexible, sans gravité; ÿ € ’est-à-dire en divisant ei 
par leurs distances du point de suspension , par la 
somme des forces. C’est pourquoi ce qui a été démontré 
plus baut pour le centre d' oscillation peut s'appliquer 
aussi au centre de percussion , quand ! le corps tourne au- 
tour d un point fixe. Par exemple, le centre de percus- 
sion dans un cylindre est à + de sa longueur, à partir du 
point de suspension; ainsi un bâton, de figure cylindri- 
que, en supposant le centre de mouvement à la main ; 
frappera le coup le plus fort au point qui se trouve en- 
yiron aux ; de sa longueur, à partir de la main. 

2. Mais si le corps se meut avec un mouvement paral- 
lèle, ou qu'il meuve toutes ses parties avec la même 
vitesse, alors le centre de percussion est le même que le 
centre de gravité; car les momens sont les produits des 
poids et des vitesses ; et multiplier des corps d’un poids 
égal par la même vitesse est la même chose que de 
prendre des multiples égaux : mais les multiples égaux 
de corps de poids égaux pèsent également aussi ; donc 
des momens équivalens sont disposés autour du centre 
de gravité, et par conséquent les deux centres coïnci- 
dent dans ce cas, et ce qui a été montré pour l’un sert 


pour l'autre. à 


CENTRE phonique (Acoust.). C'est la place où l’audi- 
teur entend des échos polysyllabiques et articulés. 


504 CE 

CenrTre phonocamptique. C’est la place où est l’objet 
qui renvoie le son. 

Cenrre de position (Méc.), désigne un point d’un 
corps quelconque, ou d’un système de corps choisi de 
manière à ce que nous puissions estimer exactement la 
situation et le mouvement du corps ou du système par 
le mouvement et la situation de ce point. 

Cenrre de pression, ou Meta centre d’un fluide contre 

‘un plan, est le point que soutient une force égale et op- 
posée à toute la pression appliquée contre lui, de sorte 
que le corps sur lequel s'exerce la pression demeure en 
équilibre ; c’est le même que le centre de percussion, en 
supposant l'axe de mouvement à l'intersection de ce 
plan avec la surface du fluide; et le centre de pression 
sur un plan parallèle à l'horizon ou sur tout plan où la 
pression est uniforme, est le même que le centre de gra- 
vité de ce plan. 

Le cexvre de rotation spontanée est le point qui reste 
en repos au moment où un corps est frappé, ou autour 
duquel le corps commence à tourner. Dans un court 
écrit intitulé Specimen theoriæ turbinium , Segnes a dé- 
montré que si on abandonne entièrement à lui-même, 
après des mouvemens de rotation ou circulaires, tout 
corps de telle forme ou dimension que ce soit, il aura 
toujours trois axes principaux de rotation; c’est-à-dire, 
tous les mouvemens de rotation peuvent constamment 
se réduire à trois, lesquels sont accomplis autour de 
trois axes perpendiculaires l’un à l’autre, passant par le 
centre de gravité, et conservant toujours la même po- 
sition dans un espace absolu , tant que le centre de gra- 
vité demeure en repos ou avance dans une ligne droite. 
Ce sujet est plus développé dans un des Mémoires de 
l'Acad. des sciences, 1761, sur l’Arrimage des vais- 
seaux , par A. Euler, fils du célèbre Léonard Euler. Ce 
dernier a écrit aussi sur le méme sujet dans les Mem. 
d: Berlin, 1759, et encore dans sa Theoria motus cor- 
porum rigidorum. Foyez aussi les OEuvres de d’Alem- 
bert, vol. I et IV. 

Cexrne vélique ou point vélique, est le centre de 
gravité d’une voile équivalente , ou d’une seule voile, 
dont la position ct la grandeur seraient telles, qu’elle 
püt recevoir l'action du vent, de manière que le mou- 
vement du vaisseau soit le même que celui qui a lieu 
pendant que les voiles ont leurs positions usuelles. 
Bouguer, dans son Traité sur les vaisseaux, publié en 
1746, examine la meilleure position pour les mäts, 
l'extension à donner aux voiles, et les différens mouve- 
mens de tourner par rapport aux changemens du point 
vélique; et la science pratique qu’il unissait à ses pro- 
fondes connaissances théoriques, le rendirent capable de 
jeter une telle lumière sur cette question, que s’il eût 
continué, il aurait pu être d’une grande utilité aux navi- 


gateurs pratiques. 


CE 
CENTRER ( Opt.). Action de placer ie centre de 


l'axe d’une lunette , de manière que toutes les parties 
du champ soient semblables et situées de la même ma- 
nière par rapport à cet axe. De tous les movens emplovés 
pour obtenir ce résultat, le plus simple est celui de cou- 
vrir l’objectif avec un diaphragme que l’on promène 
sur sa surface, en le présentant au soleil : il faut alors 
que l’image réfléchie par la partie convexe fasse un 
cercle concentrique et parallèle à celui de l’image don- 
née par la surface concave. 


CENTRIFUGE (Méccan.), force centrifuge (de cen- 
trum, centre, et de fugare, chasser). C’est celle par 
laquelle un mobile qui tourne autour d’un centre, fait 
effort pour s'éloigner de ce centre. 


Pour avoir une idée précise de cette force , considé- 
rons un point matériel P attaché à un centre fixe C par 
un fil CP, et supposons qu’on lui imprime une vitesse 
quelconque dans une 
direction PM perpen- 
diculaire à ce fil. Ce 
point matériel décrira 
un cercle dont le cen- 


M 


tre sera le point fixe 

C, etle rayon la lon- 

gueur du fil CP. Pen- 

dant le mouvement, 

le fil éprouvera une 

tension qui sera précisément la force centrifuge. En 
faisant abstraction du fil, et appliquant au mobile une 
force égale à cette tension, et constamment dirigée vers 
le point fixe C, on pourra considérer le mobile comme 
entièrement libre, mais obéissant à l’action simultanée 
de deux forces , dont l’une, la force centrifuge, si elle 
agissait seule, l’entrainerait dans la direction PM, et 
dont l’autre, la force centripète, si elle agissait égale- 
ment seule, lui ferait prendre la direction CP, tandis 
que le concours de ces deux forces oblige le mobile à 
décrire le cercle C. Voyez CENTRAL. 


CENTRIPÈTE (Mécan. ), force centripète (de cen- 
trum, centre, et de peto, je tends). C’est celle par la- 
quelle un mobile lancé suivant une droite PM ( fig. ci- 
dessus), est continuellement détourné de son mouve- 
ment rectiligne, et se meut dans une courbe. Cette force 
est ioujours égale à la force centrifuge. Foyez CENTRAL 


et TRAJECTOIRE. 


CENTROBARIQUE (Mecan.), (de xirrper, centre, 
et de Bagos, pesanteur, gravité). Méthode centrobarique, 
ou procédé pour déterminer le volume des solides de 
révolution par le mouvement des centres de gravité. 

Le père Guldin, jésuite, se rendit célèbre dans le 
XVII siècle par le théorème suivant, dont la décou- 


CE 


verte fui fut ensuite contestée par plusieurs savans. 

Toute figure formée par la rotation d'une ligne ou 
d'une surface autour d'un axe immobile, est le produit 
de la grandeur génératrice par le chemin de son centre 
de gravité. 

Cette belle proposition se trouve énoncée à peu près 
de la même manière dans la préface du septième livre 
des Collections mathématiques de Pappus d'Alexandrie ; 
et ii paraît difficile de disculper Guldin du plagiat dont 
ii fut accusé. Quoi qu'il en soit, Guldin ne put parvenir 
à démontrer son théorème d’une manière satisfaisante ; 
et ce n’est qu’en l’appliquant à des problèmes déjà ré- 
solus, qu'il conclut par induction qu'il était rigoureux 
et général. La première démonstration géométrique qui 
eu fut donnée est due à Antonio Roccha, disciple de 
Cavalleri. Depuis la découverte des calculs différentiel 
et intégral, le théorème de Guldin à été démontré de 
plusieurs manières. 

Soient x' et y’ les coordonnées du centre de gravité G 
d’une surface plane PMM'P' J 
dont nous représenterons l'aire 
par =; le moment de l'élément 
de cette surface, par rapport à 
l'axe des æ, est +y Xydy; 
mais la somme des momens des 
élémens est égale à celle du 
centre de gravité (voy. CENTRE 


DE GRAVITÉ ), et nous avons 


SEvdr= y. à P° P A 


En multipliant les deux membres de cette égalité par 
27, 7 étant la demi-circonférence du cercle dont le rayon 
est 1, elle deviendra 


JSry?dx = ?ry'3. 

Or, l'expression f'ry’dx cest celle du volume engendré 
par la révolution de PMM'P' autour de l’axe Ax, et 
2ry'E est le produit du chemin décrit par le centre de 
gravité autour de l’axe Ax par la surface génératrice 
PMM'P', d'où il suit le théorème énoncé ci-dessus, 

Pour donner quelques applications de cette méthode, 
proposons-nous de déterminer les volumes du cône ct du 
cylindre, c 

La génératrice du cône est le 
triangle rectangle CAB, qui fait 
une révolution autour de l’axe 
AC; cette génératrice a donc pour 
aire + AB X AC. (J’oyez Arme.) 
Menows les droites BE et AF sur 
les milieux des côtés BC et AC, 
le centre de gravité du triangle | 
CAB est au point de concours O 2 
de ces droites,etl’onaLO—1BE. 
( Voyez Cenrax pe cnayisé. ) L'ordonnée du centre de 


(> 


505 


gravité sera donc la perpendiculaire OD, dont la valeur 


VA 


s’obtiendra par la proportion 


EO : EB :: OD : AB, 
ou 


2209.11: OD : AB, 
d’où l’on tire 
OD — 5 AB. 


Mais dans la révolution de CAB autour de AC, le 
centre de gravité O décrit un cercle dont OD est le 
rayon, et dont par conséquent la circonférence est 
égale à 27 X OD, où 57 X AB. En multipliant 
cette circonférence, ou le chemin du centre de gravité, 
par l'aire de la génératrice qui est + AB X AC, on aura 
37. AC X AB”, pour le volume du cône. Or, r.AB° est 
la surface du cercle dont AB est le rayon. ( J’oyez 
Cercre.) Donc le volume du cône est égal au tiers du 
produit de sa base par sa hauteur. 

Le cylindre étant produit par la révolution du rec- 
tangle ABCD autour de l’axe 
AB, et l’ordonnée GE du 
centre de gravité G de ce rec- 
tangle étant égale à + AC, le 
chemin décrit par le centre de 
gravitéserar.AC.Multipliant 
cette expression par l'aire de 
la génératrice qui est égale à 
£B K AC, 
r.AC X AB, pour le volume 
du cylindre, c’est-à-dire que 


nous aurons, 


ae 


ce volume équivaut au pro- 
duit de sa base par sa hauteur. 

Lorsque la génératrice est une ligne, sa révolution 
autour d’un axe produit une surface à laquelle le théo- 
rème s'applique également. ( Foyez Poisson, Traité de 
mécanique statique, 114.) Varignon a fait plusieurs appli- 
cations curieuses de cette propriété du centre de gravité, 
dans un mémoire intitulé : Réflexions sur l'usage que 
la mécanique peut avoir en géométrie, et inséré dans 
les Mémoires de l'Académie pour 1714. 

CÉPHÉE ( Astr. ). Nom d’une constellation boréale 
composée de 35 étoiles, dans le catalogue britannique. 
Elle est située entre le Dragon et Cassiopée. Voyez 
Prancne IX. 

CERBÈRE ( Astr. ). Nom d'une constellation boréale 
introduite par Hévélius. Flamstead l’a adoptée dans son 
catalogue, et elle est figurée à côté d'Hercule dans son 
Atlas céleste. Cette constellation renferme seulement 
quatre étoiles qui sont aux environs de la main d'Her- 
cule. 

CERCLE (Gcom.). Figure plane terminée par une 

39 


306 CE 


ligne courbe dont tous les points sont à égale distance 
d'un point pris dans l’intérieur de la figure, et qu'on 
nomme le centre. 

Le cercle est la seule figure plane curviligne dont la 
géométrie élémentaire s'occupe, et les anciens géomètres 
ne donnaient le nom de constructions géométriques 
qu'à celles qui peuvent s'exécuter à l’aide de la ligne 
droite et du cercle. Plusieurs problèmes fameux dans 
l'antiquité, tels que la quadrature du cercle, la dupli- 
cation du cube et la trisection de l'angle n’ont conservé 
la popularité dont ils jouissent encore aujourd'hui parmi 
les personnes les plus étrangères aux mathématiques, 
que par l'aveugle obstination avec laquelle on s'est 
efforcé de les ramener dans le champ borné des con- 
structions géométriques élémentaires. Nous devons faire 
observer à cette occasion qu'il ue faut pas considérer 
comme une imperfection de la science l'impossibilité où 
elle se trouve de satisfaire à des exigences qui n’ont 
rien de rationnel : la véritable imperfection, ou plutôt 
l'ignorance, réside dans les efforts infructueux qui ont 
été faits pour résoudre avec. la ligne droite et le cercle 
des questions qui sont du ressort d’une géométrie plus 
élevée. 

Le cercle est donc une des figures les plus impor- 
tantes de la géométrie élémentaire ; et, sans rappeler i ici 
les définitions que nous avons données ailleurs, ainsi 
que les noms que prennent les lignes droites dans leurs 
rapports avec sa circonférence (voyez Norions PRELI- 
MINAIRES, n° 42), nous allons exposer les théorèmes 
principaux qui le concernent. 

Turoxème. La perpendiculaire abaïssée du centre 
d'un cercle sur une corde , partage cette corde en deux 
parues égales. 

Soit le cercle À, la perpendiculaire AM menée du 
centre sur la corde BC, 
partage cette corde en 
deux parties égales. 

Car en supposant les 
rayons AB, AC, le trian- 
gle BAC est isocèle, et 
par conséquent la per- 
pendiculaire AM menée 


du sommet à la base 
BC, partage cette base en deux parties égales. ( 7’oyez 
IsocÈre. ) 

Tuéonème. Dans un méme cercle ou des cercles 
égaux, les cordes situces à égale distance du centre 
sont égales. Boss 

Soient le cercle O et les deux cordes AB, CD, situées 
à égale distance du centre de ce cercle, ces cordes sont 
égales.Carsi on suppose menées les perpendiculairesOM, 
ON. ces perpendiculaires seront égales, puisqu'elles sont 
les distances du centre O aux cordes AB, CD , et de plus 


CE 


elles partageront ces cordes en parties égales (1); sup- 
posant de plus les rayons” 
OA, OC, on pourra con- 
sidérer ces rayons comme 


deux obliques égales par 


ee: 
A 
a D 
«M 
HAE 
p< R 


rapport aux perpendicu- 
laires égales OM, ON : ces 
obliques s’écartent donc 
également de leurs pieds : 
AM est donc égal à CN; 
mais AM, CN sont les moi- 
tiés des cordes AB, CD. 
Donc ces cordes elles-mêmes sont égales. 


3. Tnéorème. De deux cordes inégalement éloignées 
du centre d'un cercle, La plus proche est la plus grande, 
et réciproquement. 


1. Soit dans le cercle O les deux cordes AB, AC, 
inégalement éloignées du cen- 


tre, de manière que AB soit la 
plus proche; elle sera la plus 


longue; 
Car si on mène les deux 


perpendiculaires OE, OD, on 


aura 


AM > AD; 


car AM est oblique par rapport à la perpendiculaire 
AD : mais AE est plus grand que AM; donc on aura 
à fortiort 

AE >> AD. 


Or, AE, AD, sont les moitiés des cordes AB, AC (r); 
donc aussi AB est plus grand que AC. 

Soient dans le cercle O les cordes AB, AC, de 
ou e que AB soit plus grande que AC. Elle sera plus 
près du centre; 

Car, si cela n’était pas, sa distance au centre ne pour- 
rait être que plus petite ou égale à celle de l’autre. 
Mais dans le premier cas, d’après la proposition directe 
elle serait la plus petite, et dans le second cas elle serait 
égale à l’autre, ce qui est également contre l'hypo- 
thèse. Elle ne peut donc être que la plus proche du 
centre. 


4. Corozvarre. On peut conclure de cette proposi- 
tion la réciproque de la précédente, c’est-à-dire que 
les cordes égales dans un méme cercle ou dans des 
cercles égaux sont à Cgale distance du centre; 


Car il est évident qu'on ne peut le supposer autre- 
ment. 


2e ” 

5. Turonèmr. Dans un méme cercle où dans des 
cercles égaux, les arcs égaux sont soutendus par des 
cordes égales , el réciproquement. 


0 


1”. Sotent les deux cercles O , o égaux, et les deux 


CE 
arcs égaux ACB, acb : les cordes AB, ab qui soutenden: 
ces arcs sont égales; car si l’on conçoit le cercle O su” 


c 


perposé au cercle o, de manière que les deux points 
A, a coïncident, ces cercles étant égaux coïncideront 
dans toutes leurs parties, et par conséquent les circoufé- 
rences ACB , acb se confoudront; mais puisque le point 
A coïncide avec le point a, et que les arcs ACB, 
acb sont égaux, le point B coïncidera avec le point b, 
et les deux cordes AB, ab, ayant leurs extrémités con- 
fondues , evincideront parfaitement, et sont donc égales 

2°, Soient dans les cercles égaux O, o les cordes égales 
AB, ab. Les arcs ACB, acb soutendus par ces cordes 
sont égaux ; 

Car si l'arc acb w’était point égal à l’arc ACB, on 
pourrait en concevoir un autre ac, plus grand ou plus 
petit; qui le serait; et alors menant la corde &m, d’après 
ce qui précède, on aurait 


AB = am. 


Mais am est plus près ou plus éloigné du centre que &b; 
dans le premier cas on aurait 


am > ab, 
et dans le second (2) 
am < ab. 
On en conclurait donc dans le premier cas 


AB < ab, 
et dans le second 
AB > ab, 


ce qui est également contre l'hypothèse. Donc l'arc 
ACB ne pouvant être ni plus grand ni plus petit que 
l'arc acb, lui est égal. 

6. CorozLaimE. La perpendiculaire menée du centre 
d'un cercle sur une corde, partage l'arc soutendu en 
parties égales ( fig. du n° 1). 

On a démontré, n° 1, que cette perpendiculaire par- 
tageait la corde BC en deux parties égales. Donc, puis- 
que BM — MC, en supposant menées les cordes BD, 
DC, ces cordes seraient égales, et par conséquent les 
arcs soutendus égaux : le point D est donc le milieu de 
l’are BDC. 

3. Tüéorème. Les cordes parallèles interceptent dans 

cercle des arcs égaux. 


CE 207 
Soient les cordes parallèles AB, CD, dans le cuicie O, 
Les arcs AC, AD, qu'elles interceptent; son: égaux ; 
Car, en supposant menée 
la droite CB, on aurait les 
angles BCD, ABC qui au- 
raient pour mesures les moi- 
tiés des arcs BD, AC, qu'ils 
interceptent (voy. ANGLE O). 
Mais ces angles sont égaux 
internes. 


comme  alternes 
Donc les moïitiés des arcs AC, BD, sont égales, et par 
conséquent ces arcs eux-mêmes sont égaux. 

S. Taronème: Lorsque deux cercles se coupent, la 
droite qui joint leurs points d'intersection est partagée 
en deux parties égales et à angles droits par celle qui 
joint leurs centres. 

Soient lés deux cercles A; B; qui se coupent aux points 
GC, D, la drusite CD qui 
joint leurs points d’in- 
tersecton est parti- £ 
gée en deux parties r 
égales et à anples  ; 
droits, par la droite & 

ABquijointleurscen- "D 

tres : car ie centre A 

estégalement éloigné des d ux points C, D, extrémités de 
Ja Jroite CD, 6es points se trouvant sur la circonférence 
de son cercle; par la même raison, le centre B est ass! 
également éloigné de ces deux extrémités. Donc la droite 
AB ayant deux de ces points également éloignés des 
extrémités de la droite CD, lui est perpendiculaire, et 
la partage en deux parties égales. Foy. PERPENDICULARE. 

9. Tuéorèue. Par trois points dorines qui ne sont 
pas en digne droite, on peut toujours faire passer une 
circonférence de cercle. 

Soient les trois points À; B;, C qui ne sont pas en 
ligne droite, on pourra toujours faire passer une cir: 
conférence de cercle par ces trois points. 

Pour le prouver, il ne s’agit que de faire voir qu’il 
existe un point à égale dis- 
tance des points donnés À, 
B, C. Or, si l’on eonçoit ces 
points joints par les droites 
AB, BC, et que sur les mi- 
lieux dé ces droites on ait 
élevé les perpendiculaires 
EO, DO, cés perpéndicu- 
laires se rencontréront nécessairement en un point quel- 
conque O, car elles ne peuvent être parallèles, puis- 
qu'en menant la droite ED, la somme des angles in- 
ternes OED , EDO est évidemment plus petite que deux 
angles droits. Mais le point O, comme appartenant à la 
perpendiculaire EO, est également éloigné des deux 


508 CE 

points À, B, et, comme appartenant à la perpendiculaire 
DO, il est également éloigné des deux points B, C : donc 
il est également éloigné des trois points A, B, C,et par 
conséquent c’est le centre de la circonférence qui passe- 
rait par ces points. On se sert de cette construction pour 
trouver le centre du cercle qui doit passer par trois points 
donnés. 

10. CorozLatrE. La perpendiculaire élevée sur le 
milieu d'une corde passe par le centre du cercle ; 

Car les droites AB, BC, deviendraient des cordes si 
on faisait passer une circonférence de cercle par les trois 
points A, B, C. 

11. ScoutE. On peut conclure des numéros 1,6 et 10, 
que le ceutre d’un cercle, le milieu d’un arc et celui de 
la corde qui le soutend, sont en ligne droite, et que 
par conséquent , en faisant passer une ligne droite par 
deux de ces points, elle passera par le troisième. 

12. Turorème. Un triangle quelconque peut étre 
inscrit et circonscrit à un cercle. 

Soit un triangle quelconque ABC; ce triangle peut 
être inscrit et circonscrit à un cercle. 

D'abord il peut être. inscrit, puisqu'on peut toujours 
faire passer une circonférence de cercle par trois points 
qui ne sont pas en ligne droite (9). 

Il peut être aussi drconscrit, car si l’on suppose les 
angles À, B, divi- 
sés en deux par- 
ties égales par les 
droites AO, BO, 
le point O, ren- 
contre de ces deux 
droites, est à égale 
distance des trois 
côtés du triangle. 


Pour le prouver, 

supposons menées les droites Oa, Ob, Oc, perpendicu- 
laires aux côtés AB, BC, AC, et le triangle BO& trans- 
porté sur le triangle BOb de manière que le côté BO 
reste commun : alors, comme par construction, l'angle 
OBa est égal à l'angle OBb, le côté Ba prendra la di- 
rection du côté Bb; mais ces deux triangles étant rec- 
tangles, le troisième angle BOa est égal au troisième 
angle BOP, et par conséquent, à cause de l'égalité de ces 
angles, le côté Oa prendra la direction du côté Oh. Donc 
le point «a devant être en même temps sur les directions 
des droites Ab, Ob, ne peut tomber qu’au point à com- 
mun à ces deux droites; donc les deux perpendiculaires 
Oa, OL coincideront parfaitement et sont égales. 

On démontrerait de même que Oa, Oc, et par consé- 
quent que les trois perpendiculaires Oa, Ob, Oc, sont 
égales. 

On peut donc faire passer une circonférence de cercle 


par les trois pointsa, b, ce, et alors les trois côtés du 


CE 

triangle ABC étant perpendiculaires aux extrémités des 
rayons Oa, Ob, Oc, seront des tangentes, et ce triangle 
sera circonscrit. Donc, etc. 

13. Tuéorème. Un polygone régulier, d’un nombre 
quelconque de côtés, peut étre inscrit dans un cercle. 

Soit le polygone régulier ABCDEF, Il peut être in- 
scrit dans un cercle; 

Car si des points M, 
N, milieu des côtés 
AB, BC, on suppose 
élevées les perpendi- 
culaires Mo, No, à ces 
côtés, le point d’inter- 
section O de ces per- 
pendiculaires est le 


centre de la circonfé- 
rence (9) qui passerait par les trois points A,B, C. 

Il ne s’agit donc que de prouver que les autres som- 
mets D, E, Fse trouvent sur cette circonférence, ou 
qu’ils sont également éloignés du point O. Pour cet effet, 
supposant menées les droites AO, BO, CO, etc., les deux 
triangles OAB , OBC auront les deux angles AOB, BOC 
égaux, puisque ces angles ont leurs sommets au centre 
d’un même cercle, et qu'ils interceptent des arcs égaux 
AB, BC, sur la circonférence; la somme des deux angles 
OAB, ABO du triangle OAB, sera donc égale à la somme 
des deux angles OBC, BCO du triangle OBC (52); mais 
ces deux triangles sont isocèles par construction, puis- 
que les trois côtés OA, OB, OC, sont rayons d’un même 
cercle; on a donc 


OBC — BCO et OAB — ABO, 
donc 
OBC + BCO — OAB + ABO 
est la même chose que 
20BC — 2ABO, 
d’où l'on conclut 


OBC — ABO. 


La droite OB partage donc en deux parties égales 
l'angle B du polygone; mais l'angle OBC étant égal à 
l'angle BCO, ce dernier sera aussi la moitié de l’angle 
B ou de son égal C, et par suite l'angle OCD sera l’autre 
moitié. 

Donc si l’on suppose le triangle OBC transporté sur 
le triangle DOC, de manière que le côté OC reste com- 
mun, le côté BC prendra la direction du côté CD, à 
cause de l'égalité des angles OCB , OCD; et comme de 
plus ces côtés sont égaux, le point B tombera sur le 
point D, et le côté OB ayant ses extrémités confondues 
avec celles du côté OD, lui coïncidera parfaitement: ces 


deux côtés sont donc égaux, 


CE 


On démontrerait de même que OD—OE—OF= etc. 
Donc tous les sommets du polygone sont également 
distans du point O, et par conséquent la circonférence 
ABC devra passer par tous ces sommets, et ce polygone 
peut donc être inscrit. 

14. Scoue. Les angles AOB, BOC, COD, etc., se 
nomment angles au centre du polygone; ils sont tous 
égaux puisqu'ils interceptent des arcs égaux , et ilssont 
équivalens au quotient de la division de quatre angles 
droits par le nombre des côtés du polygone :car la 
somme de tous ces angles équivaut à quatre angles 
droits, puisque cette somme a pour mesure la circon- 
férence entière, et qu’il y en a autant que de côtés de 
polygone. 

Par exemple, l'angle au centre de l'hexagone régulie 
est équivalent à 4 ou 3 d'angle droit. 

15. Tuxonème. Un polygone régulier d'un nombre 
quelconque de côtés peut étre circonscrit à un cercle. 

Car soit le polygone régulier ABCDEF, nous avons 
démontré (13) que ce 
polygone pouvait être 
inscrit; donc tous les 
côtés AB, BC, CD, etc., 
peuvent êtreconsidérés 
comme des cordes éga- 
les ; mais alors ces cor- 
des sontégalementéloi- 
gnées du centre (4), et 


par conséquent les per- 
pendiculaires om, on, op, etc., que l’on peut concevoir 
menées du centre sur ces côtés sont égales, et les points 
m, n, 0, p, etc., sont également éloignés du centre 0. On 
peut donc par tous ces points faire passer une circonfé- 
rence de cercle : alors tous les côtés du polygone seront 
des tangentes, puisqu'ils sont perpendiculaires aux 
extrémités des rayons, et le polygone sera circonscrit. 

Un polygone régulier peut donc toujours être cir- 
conscrit à un cercle. 


16. ScoLiE. Dans un polygoné régulier les centres 
des cercles inscrits et circonscrits sont le même point. 

La perpendiculaire om, qui est le rayon du cercle 
inscrit, se nomme aussi l’apothéme du polygone. 

17. Tuéorème. Dans un demi-cercle, si de l'extré- 
milé du diamètre on mène des cordes, et que de l’autre 
extrémité de ces cordes on abaisse des perpendiculaïres 
sur le diamètre, les carrés de ces cordes seront entre 
«uæ comme les segmens adjacens. 

Soit le demi-cercle ABCE ; si de l'extrémité À du dia- 
mètre, on mène les cordes AB, AC, et que de l’extré- 
mité de ces cordes on abaisse sur le diamètre les per- 
pendiculaires BF, CG, on aura 


AB? : AC” :: AF : AG, 


509 


car si l’on suppose 
menéesles cordesBE, 
CE,lestriangles ABE, 
ACE étant rectangles 
(angle n°6), on aura 
(voyez TRIANGLE) 


AB'—AE XAF, AC — AE X AG, 


d’où l’on tire la proportion 
“AB° : AC° :: AE X AF : AE X AG. 


Divisant le dernier rapport par le facteur commun 

AË, on aura 
Ris 
AB : AC ::AF : AG, 

ce qui est la propriété énoncée. 

18. Scome. Il résulte encore des propriétés du 
triangle rectangle que la perpendiculaire abaissée d’un 
point de la circonférence sur le diamètre est moyenne, 
proportionnelle entre les deux segmens du diamètre, 
car le triangle ABE étant rectangle, on a 


AF : BF :: BF : FE. 


19. Taéorime. Dans un cercle, lorsque deux cordes 
se coupent, le rectangle formé entre les deux parties de 
l’une, est équivalent au rectangle formé entre les deux 
parties de l'autre. 

Soient AB et CD deux cordes qui se coupent au point 
O , on aura 

AO X OB — CO X OD 
car, menant lescor- 
des AC, DB, les 
deuxtrianglesACO 
DBO, ayant les an- 
gles CAO et ODB 
égaux, comme 
ayant chacun pour 
mesure la moitié de 
l'arc CB (angle 17), 


sontentre eux COm- 


me les produits‘ des 
côtés qui forment ces angles (voyez Trraxcze), on a 
donc 


ACO : DBO :: AC X AO : BD X OD. 
Mais ces deux triangles ont aussi les angles ACO et OBD 


égaux, comme ayant chacun pour mesure la moitié de 
l'arc AD (ANGLE n° 17), on a donc aussi 


ACO : DBO :: AC X CO : OB X BD; 


310 CE 


mais le rapport ACO : DBO étant commun à cette pro- 
portion et à la précédente, on en conclura 


AC X AO : BD x OD :: AC X CO : OB X BD. 


Divisant les antécédens par AC, et les conséquens par 
BD, on aura 


AO : OD :: CO : OB, 
donc 


AO X OB = CO X OD, 


donc, etc. 

20. Turorème. 8ÿ d'un point pris hors d'un cercle 
on lui mène une tangente et une sécante, le carré de la 
tangente sera équivalent au rectangle construit entre 
la sécante entière et sa partie extérieure. 

Soit: Je cercle ABCEA ; si d’un point quelconque D 
pris au dehors de ce cercle, on mène la tangente BD et 
la sécante AD, on aura 


BD° = AD KX CD, 


car, menant les cordes AB, D 
BC, les deux triangles ABD, 
CBD auront les trois angles 
égaux chacun à chacun, 
savoir l'angle D commun, 
les deux angles DBC, BAC 
comme ayant chacun pour 
mesure la moitié de l'arc 
BC, et les deux autres an- 
gles BCD , ABD à cause de 
l'égalité des deux premiers 
(ANGLE 8). 


Or, à cause de l'égalité des deux angles BAD, CBD, 


on à 


"+ 


ABD : CBD :: AB X AD : BC K BD; 
et 
ABD : CBD :: AB X BD : BC X CD, 
à cause de celle des deux angles ABD, BCD. 
Mais le rapport ABD : CBD étant commun aux deux 
proportions, les autres rapports sont égaux, et l’on a 
AB X AD : BC X BD :: AB X BD : BC x CD, 
ou 
AD : BD :: BD : CD, 


en divisant les antécédens par AB et les conséquens 
par BC. 
D'où l’on tire 
BD° = AD X CD. 
Donc, etc. 


CE 

21. Tnéorème. SE d’un point quelconque pris hors 
d'un cercle; on lui mène deux sécantes, le rectangle 
formé entre l'uhe de ces sécantes et sa partie extérieure 
sera équivalent au rectangle formé entre l'autre sécante 
et sa partie extérieure. 

Soit le cercle ci-dessus; si d’un point D pris au dehors 
ou mène les sécantes AD, DE; on aura 


AD *X CD — DE X DF. 


Car, menant les cordes AF, CE, les déux triangles 
AFD, CEF; auront leurs trois angles égaux chacun à 
chacun; savoir : ADE qui est commun, DAF et DEC 
comme ayant chacun pour mesure la moitié de l’are CF 
et AFD, DCE à cause de l'égalité des autres. 

Or, l'égalité des angles DAF, DEC, donne la pro- 
portion 


AFD : ECD :: AD X AF:DE KX CE, 
et l’on a aussi 

AFD : ECD :: AF X DF : CE X CD, 
à cause de celle des deux angles AFD , DCE. 


Mais le rapport AFD : ECD étant commun aux deux 
proportions , on en tire 


AD X AF:DE X CE :: AF X DF : CE X CD, 


d'où; en divisant les antécédens par AF, ét les consé- 
quèns par CE, 
AD : DE :: DF : CD, 
ce qui donne 
AD X CD — DE X DF. 
Doc, etc. 

22. TuéorÈme. $ÿ dans un demi-cercle on élève une 
perpendiculaire sur le diamètre , et que de l'extrémité 
de ce diamètre on mène une droite qui Coupe la 
perpendiculaire et la circonference, le rectangle formé 
entre les distances, prises sur cette droite, de l’extrc- 
mité du diamètre à la perpendiculaire et au cercle, sera 
équivalent au rectangle formé entre le diamètre et son 
segment adjacent à cette droite. 

Soit le demi-cerclé ADC; si on élève la perpen- 
diculaire BD sur 
lé diamètre AC, 
et que de lextré- 
mité À de ce dia- 
mètre, on mène la 
droite AE qui cou- 
pe la perpendicu- 
laire en F, et la cir- 
conférence en E, 
on aura 


AE X AF = AC X AB 


CE 
car, menant la corde CE, les deux triangles ACE, ABF 
seront rectangles, le premier en E, le second enB, et 
douncrort par conséquent 

ACE : ABF :: AE X EC : AB X BF, 
mais l'angle À étant commun à ces deux triangles, le 
troisième angle ACE du premier est égal au troisième 
augle AFB du second, et on a aussi 
ACE : ABF :: AC X EC : AF x BF. 


Le rapport ACE : ABD, étant commun aux deux 
proportions, on en conclura 


AE X EC: AB X BF :: AC X EC: AF X BF, 


d’où l’on tire, en divisant les antécédens par EC, et les 
conséquens par BF, 


AE : AB :: AC: AF, 
ce qui donne 


AE X AF — AC X AB. 
Donc, etc. 

23. Une ligne courbe pouvant être considérée comme 
un assemblage de lignes droites infiniment petites, la 
circonférence du cercle n’est que le périmètre d’un po- 
lygone régulier d’un nombre infini de côtés, et le cerele 
lui-même n’est qu'un tel polygone. 

Envisagé de cette manière, on voit immédiatement 
que le cercle doit avoir toutes les propriétés des poly- 
gones réguliers (voyez Porxcone). En conséquence, 

24. Tous les cercles quelconques sont semblables 
entre eux. 

25. Les secteurs de différens cercles formant au centre 
des angles égaux entre eux, sont aussi semblables entre 
eux. 

26. Les circonférences de cercles différens, de même 
que les arcs qui sous-tendent des secteurs semblables, 
sont entre eux comme les rayous de ces cercles. 

27. Les surfaces des cercles, de même que celles des 
secteurs circulaires semblables , sont entre elles comme 
les carrés de leurs rayons ou de leurs diamètres. 

28. La surface du cercle est égale au produit de sa 
circonférence par la moitié du rayon ; ou bien à la moi- 
tié du produit de la circonférence par le rayon. 

29. La surface d’un secteur circulaire est égale à la 
moitié du produit de son arc par le rayon. 

30. Turonèue. Trouver le rapport du diamètre à la 
circonference ; ou bien, le rayon étant supposé égal à 
l'unité, trouver la demi-circonférence. 

Ce rapport étant trauscendant, comme nous le ver- 
rons plus loin, la géométrie élémentaire ne peut ré- 
soudre le problème que par approximation. £i l’on con- 
sidère que la circonférence ‘est plus grande que tout 
polygone inscrit, quel que soit le nombre de ses côtés, 


et plus petite que tout polygone cireonscrit, le moven 


CE 51 


le plus simple qui se présente pour arrlver à une éva- 
luation approchée de la circonférence, consiste à calcu- 
ler les périmètres de deux polygones, l’un inscrit et 
l’autre circonscrit, et d’un nombre de côtés assez grand 
pour que la différence de leurs périmètres soit au-des- 
sous du degré où lon veut pousser l’approximation : 
alors la grandeur de la circonférence qui est entre cellesde 
ces périmètres sera connue d’une manière satisfaisante. 


C’est ainsi que le rayon du cercle étant 1, on trouve : 


Polygones inscrits. 


Nombre de côtés. Demi-périmètres. 


3 Se seotcese 30000001 
6 sosie DJ: 1000200 
12 ss sos ses J1020200 
24 ss: 01909002 
48 sssse.sse. 31410319 
96 soccer 91414020 
102 essossoss 3,1415576 
384 ssssesces. 3,1415839 
768 coossssse 3,1415004 
1536 sissscses 31410020 


Polygones circonserits. 


fMombre de côtés, Demi-périmètres. 


3 séscsosor 34041016 
6 ssl 2 1000 
12 Sos ose cs 1021000000 
24 ss sos 1914008002 
43 sessreoie 3,1427140 
96 ss ss see 31410 TOI 
192 sieste MO: 1410030 
384 sessssses  3,1416102 
768 ses... 3314150790 
1536 soso.  3,1410987 


La demi-circonférence du cercle tient le milieu entre 
deux demi-polygones inscrit et circonscrit d’un même 
nombre de côtés; mais elle n’en est pas la moyenne 
arithmétique. L’algèbre nous apprend qu'il faut ajouter 
à la première valeur, non la moitié, mais le &ers de Leur 
différence, pour avoir la valeur très-rapprochée de la 
demi-circonférence du cercle. En faisant ce ealcul, voici 
les résultats qu’on obtient : 


3 o..s.or.s  3,1423497 
6 ........: 3,1416391 
13 scies. 31415955 
2H Lthareeacee 0;1410029 
HO Re eeee. J1410027 
96 Ve 3,1415927 
192 +. à 3,1415927 
Stat EN . 3314159027 
RENE ETS 3,14150927 
130 see 3,1415927 


512 CE 


Les six derniers nombres de cette table, absolument 
égaux entre eux, prouvent que le rayon étant supposé 
égal à l'unité, la demi-circonférence est 3,1415927, sans 
qu'il y ait l'erreur d’une unité sur la septième décimale. 

Le rapport 1 : 3,1415927 peut se réduire à des rap- 


10000000 


ports plus simples, en réduisant 199%%%%% en fraction 


continue (voyez ce mot). On en retire les quotiens suc- 
cessifs 3, 7, 15, 1; d'où il résulte les rapports suivans : 


De tous les nombres, ceux-ci sont les plus petits qui 
expriment le plus exactement possible le rapport du 
rayon à la demi-circonférence, ou du diamètre à la cir- 
conférence. 

Archimède est le premier qui se soit occupé de cette 
recherche importante : il yemploya les polygones inscrits 
et circonscrit de 96 côtés chacun, et trouva que ce rap- 
port devait étre renfermé entre les limites 9:92 et 
71: 223. Le premier revient à 3,1425; l'autre à 3,1408 : 
ils différent donc du véritable rapport, savoir : l’un 
de 5 par excès, et l'autre de ès par défaut. 

Adrien Métius, géomètre de Franeker, se rendit cé- 
lèbre par la découverte des nombres 113 : 355, dont le 
plus grand mérite est d'être faciles à retenir , ce rapport 
étant composé des trois premiers nombres impairs 1, 3, 
5, répétés chacun deux fois de suite. Il revient à 
3,1415929 : ainsi, il ne diffère du véritable, par excès, 
que de =. 

Avant Métius, Ludolph Var Ceulen, avec un tra- 
vail d'une longueur effrayante , en continuant les cal- 
culs d’Archimède, par l'inscription et la circonscription 
des polygones, porta à 34 le nombre des décimales 
exactes du rapport. Plus récemment, l'infatigable Lagny, 
à l’aide de nouveaux moyens, poussa l’approximation 
jusqu'à la cent vingt-huitième décimale. Enfin, on 
trouve ce calcul porté à 155 décimales dans un manus- 
crit de la bibliothèque de Ratclif, à Oxford. Ainsi, le 
rayon du cercle étant 1, la circonférence est égale à 


3, 14159 26535 80793 23846 26433 83279 
50288 41971 69399 37510 58209 74944 
59230 78164 06286 20899 86280 34825 
34211 70679 82148 08651 32823 06647 
69384 46095 5o582 37172 53594 08128 
4802 + etc... 


Cette approximation étant de beaucoup au-dessus de ce 
que peuvent exiger les calculs les plus délicats, nous 
pouvons mettre le rapport du diamètre à la circonfé- 
rence au nombre des quantités entièrement connues. 


CE 


31. Eu désignant le nombre 3,141592... etc. par la 
lettre grecque #, qui lui est généralement consacrée, 
nous aurons, d’après ce qui précède (24, 26, 27, 28), R, 
Cet S étant respectivement le rayon, la circonférence 


et la surfac d’une cercle quelconque, 


1:2x::R:C. 
D'où 
C—=2r.R 


S = 2r.R XÈ=r.Re. 


Ainsi, lorsque le rayon d’un cercle est connu, on 
trouve sa circonférence en multipliant ce rayOu par 2, 
et sa surface en multipliant par + le carré de ce même 
rayon. 

32. Exposons maintenant quelques-uns des moyens 
que possède la science pour déterminer directement la 
nature et la valeur de ce nombre r. 

Soit z un arc quelconque de cercle, et x la tangente 
de cet arc, ou soit (a) 


T—=tangz, 


le rayon du cercle étant 1. 

Il s’agit donc de dégager z de cette équation; car le 
problème sera résolu quand on connaîtra la valeur d’un 
arc par celle de sa tangente. En effet, si nous pouvons 
obtenir une expression générale qui donne z en fonction 
de æ, comme on sait que la tangente de l'arc égal à la 
huitième partie de la circonférence est égal au rayon, 
en faisant dans cette expression æ=— 1 On aura ÿr —2, 
et x sera déterminé. Pour arriver à ce résultat, prenons 
la différentielle des deux membres de (a), nous aurons 


z = dtang z. 
Mais 


sin z cos z.dsin.z—sinz.d cosz 
cos?z 


d'ange =a[ TE — ! 
Or, dsinz— coszdz et dcosz — — sin z dz (Voyez 


DrrréRENTIELLES). Substituant ces valeurs, nous obtien- 


drons 
cos?z. dz + sin°z. dz 
diangs = — 
cos?z 
ou 
dz 
dtangz — ; 
cos?z 


à cause de cos’z+sinz=1. 
Cette dernière égalité nous donne () 
dz=cosz.dtangz. 
Mais, pour faire disparaître la quantité auxiliaire 
cos’z, rappelons-nous que 


sinz = cosz.tangz, 


CE 


et que, par conséquent, 

cos:z + cos?z.tang?z = 1. 
D'où l’on tire 

CUS?3 — Re 
1 +tang?z 
Substituant daus (b) , nous aurons 


dtangz 
1-+tangz 


Z = 


ou (c) 

dx 
1+ 2x2? 
en remplaçant tangz par x, 


En prenant l'intégrale des deux membres de cette 
égalité, nous obtiendrons (d) 


dz— 


3 — -E Us GC; 
C étant une constante arbitraire que nous déterminerons 
plus tard. 

Ainsi pour connaître l’arc z, il faut intégrer l'expres- 


sion ——— ; cetteintégration se fait par série de la ma- 
1+ x 
nière suivante : On a 
dx 
—— = dx (1+2)- 
I + zx? ( + 


développant le binome (1 + x°) —1 par la formule de 
Newton (Woy. Binome), et multipliant ensuite chaque 
terme par dx, nous obtiendrons 


JS var tar ads + 


+ xfdx — etc. |. 


Prenant l'intégrale terme par terme, en observant qu’on 


a en général, 
LÉ Me TU 
si FE ms 


cette expression devient 


dx DENT M ET NDS IE 
FR RP NT TN TS 


et nous avons définitivement (e) 


x “x'1 


FETE + etc... 


n 
1 


x x° _æ1 
CC OR US 


Quant à la constante, elle est nulle; car, si nous ob- 
servons que lorsque z est o, nous devons avoirxæ = 0, 
et que dans ce cas, l'égalité (e) devient o = 0 + C, on 
voit immédiatement que C = o. 


CE 


Telle est donc la série qui donne l'arc par la tangente; 


513 


ainsi, faisant x — 1, cas Où nous avons z — +7, nous 
obtiendrons l’expression très-remarquable ( f). 
1 tre: 
—,f 
=4ii--+e—-+-— etc... 
l 3.2 07,0 

qui est due à Leibnitz et à laquelle il est parvenu par 
des procédés bien différens. 

Cette série est très-peu convergente, mais on enseigne 
dans tous les ouvrages de mathématiques les moyens de 
la transformer en d’autres d’une convergence telle qu’il 
est plus facile d’obtenir 200 décimales exactes par leur 
moyen, que d’en calculer 20 par le procédé d’Archi- 
mède. 


33. Les nouvelles fonctions introduites dans la science 
des nombres par Vandermonde et ensuite par Kramp, 
sous le nom de factorielles, donnent une expression du 
nombre, dont nous allons exposer la déduction comme 


un exemple de leur usage. 

Le binome des factorielles ( voy. ce mot ) étant ap- 
pliqué au développement du trinome (a+4+b+4+c)1-—1 
donne 


(a+b+o) Ti (a+) (a)? ali c LE 


+200 ED toc 
Multipliant les deux membres de cette égalité par 
a 011 elle devient (1) 


(a+b+o) a li Cet) et ot 


al 1 


TC en ps c 


ne Hb)i-si-iq=bis gai 


b(b+1)(0- is 2) 


1. 


sg —bt cit 


HET ab) 


+ etc... 


Mais; nous avons en général (Voy. FacroneLces) 


a" — alla — 17) 
et par conséquent, en faisant m— — m;b—— bet 
2—=—1, 
a"! mie ui — CD) NX 


Ainsi, en vertu de cette dernière expression, nous 
avons successivement 
go 


314 CE 


(a-p3} 1 ri a°=t 
Ce ai 


(ab) 1-1 à —bl 1 ali 
étc. etc. 
CH TAaTiE La Ari . 


Substituant dans (1), nous obtiendrons 
(ab Chr t.a- tt à Æ bia-tit, cils Æ 
b( G—2 


+ —— —_'g—2l-A1 ç 2-1 
.2 
D(b—1)b—2) se 2812 
La 1:23 ns Es is 
+ etc. 
ce qui devient, eu faisant c = — à 


b bi, —Ù —1 =1#baT lt (a) + 


b(b— 
+ Le Sen 


b( (b—1Xb—2) Es 
1:29 
+ etc... 


Mais on a généralement 


a) 31—1 


—1(— 


ali 


TND 


Donc, l'expression précédente se réduit à (2) 


ae ni ru Ce Et bfB=r), (=apttet 

bôl 1,a—û SN tra (a+ 
bb—1)\b—92) (—aÿt-1 

KE 1:270 Mo rt 


Ceci posé, l'intégrale de la quantité prxPm—t,(1 —xr) 
est, en développant le binome (1—x?)", 


PR f 2e ml —ar)"=pnf | amd —naxr rt) dx 


ME Danmts)s de 


ALLO À 


1.2.3 REINE 


+ ete... 


En intégrant la série terme par terme , et faisant en- 
suite = 1, nous trouverons (3) 


CE 
pm | xPm-1.(1=xry.dx Res à 
(æ=1) m1 
m  n(n—1) 
MES 12. 
mn RES) 
ee PE PTT LAN 


Maintenant pour comparer les expressions (2) et (3), 
remarquons qu’en gérérak 


mp't 


CE CP Gap 


m 
mp 
à cause de 

mn (mtpXmt tt met m(m+ x), 
et de 
(—1)P.mPt=(—m}rl-s, 

Ainsi, l'expression (3) peut $e mettre aussi sous la 

forme (4) 


pme flam-stixr)" din 


(—m)l=1 


TEEN LE 


n(n=1) (=m}l=: 
1.2 (m+i)alt 


n(r—3) (n—2) (—m}l-s 


1.243  (m+1) Gino ttc is 


+ 


+ 


faisant donc x — betm—a, les seconds membres de 
(2) et de (4) deviennent identiques, et l’on à nécessaire- 
ment (5) 


pa far dr =bii,a-tit, 
=) 


ER SE * 
a =}, b=—; 


Pour les valeurs déterminées p=2, LR 


cette intégrale devient (6) 


_ A 


à cause de 


d’où 
1 + 
(—37* f=o(:) | 


Or, lorsque x = 1 est le sinus d’un arc, l'intégrale 
est la valeur de cetarc, alors égal à + #,car en diffé- 
rentiant l'égalité 


CE 
Ainsi dans Je cas de x = 1 , nous avons 
de 
ps | 


Vas. 


#=[@ LR T 


4! 


et par conséquent 


d’où enfin 
TC 


Cette élégante expression de 7 nous apprend que ce 
nombre est une quantité irrationnelle d'un ordre su- 
périeur aux irrationnelles élémentaires. 

34. Jean Bernouilli, par la considération des loga- 
rithmes des quantités dites imaginaires, est arrivé à une 
expression de 7 également remarquable : c’est la sui- 
vante : 


1, log. Vs 
? V3 


C'est en faisaut observer qu’il entre dans cette égalité 


des logarithmes qui sont déjà des fonctions dérivées, et 
que pour obtenir l'expression théorique d’un nombre 
(ce qui constitue sa nature), il ne faut employer que des 
fonctions élémentaires entièrement primitives (l'addi- 
tion, la multiplication, les puissances et leurs inverses), 
que M. Wronski parvient à la belle expression 

Le) ss — 

Her Vers CV — a) — (iv —:1)° 

— 1 
qui ne contient plus en effet que des fonctions primi- 
tives et qui dévoile la nature entièrement transcen- 
dante de ce fameux nombre. (Vov. /ntroduction à la 
phil. des math. , page 26.) 


Æn développant les binomes( (HV GevMEsf 


par la formule de Newton, on retrouve la série de 
Leibnitz. 


35. Pour compléter, autant que la nature de cet ou- 
vrage nous le permet, ce qui a rapport au cercle, nous 
ne devons pas passer sous silence les produites continues 
de Wallis. Ce célèbre géomètre a trouvé 


22-44.0-8-8-B-10, 10.12.01... 
1:3.325 5871-0401 L4 LI. CIC, 


QC 


T'=— 


fraction qui, lorsqu'on se-borne à un nombre fini de 
termes, comme on y est obligé lorsqu'on veut réaliser 
les calculs, donne des valeursalternativement plus petites 
et plus grandes que la véritable, suivant qu'on prend 
un nombre des termes pair où impair, C’est ainsi que 
2 2.2 
: esttrpp grand et que rs 


est trop petit, De même 


CE 515 
2. A 
n —. 22-408 = “À £ sera trop grand, ete if ge. ee sera trop 


petit. On obtient donc par ce moyen des limites de plus 
en plus rapprochées entre lesquelles se trouve la vraie 
valeur de x. 


36. Brounker s’est rendu célèbre par la fraction con- 
tinue suivante : 


Er =— 
1H 
2+9 
2 +25 
2 +49 
2 + 81 
2 + etc. 


dont les numérateurs sont la suite des carrés des nom- 
bres impairs 1, 3,5, 7,etc. 

Cette fraction n’est qu’une transformation de la série 
de Leiïbnitz, et elle est tout aussi peu convergente que 
cette dernière ; c'est-à-dire qu’un nombre quelconque de 
termes de la fraction donne précisément la même valeur 
qu’un pareil nombre de termes de la série. 


Euler s’est beaucoup occupé de toutes ces expressions 
singulières du nombre +; nous ne pouvons que ren- 
voyer à son Zntroduction à l'analyse des infiniment pe- 
tits, ceux qui voudraient approfondir cette matière. 


37. Nous terminerons cet article en donnant la frac- 
tion continue suivante, à laquelle nous sommes parve- 
nus par l’application de nouvelles formules sur ces im- 
portantes fonctions. Voyez FRACTIONS CONTINUES. 


La loi en est facile à saisir : les numérateurs des frac- 
tions particulières sont, comme dans la fraction de 
Brounker, la suite des carrés des nombres impairs 1, 3, 
5, etc.; et les dénominateurs sont les produits deux à 
deux successifs de ces mêmes nombres. Cette fraction est 
beaucoup plus convergente que celle de Brounker ; il 
suffit de 6 termes pour approcher dela valeur de x à 
moins de == près. 


Pt 
516 CE 
Cencies des degrés supérieurs. Ce sont des courbes 


représentées par l'équation générale 
VTT ES =Xx" (a—xy . 


dans laquelle a est l'axe, x l’abscisse, et y l’ordonnée. 

Ces courbes sont des espèces d’ovales lorsque m et n 
sont des nombres entiers, et se réduisent au cercle or- 
dinaire lorsque » = 1 et n — 1. On leur a donné le 
nom de cercles, parce que leur équation embrasse celle 
de cette figure comme cas particulier. 

Cencres de la sphère, Voyez SPhÈRE ARMILLAIRE. 

Cenczes de hauteur, Voyez ALMICANTARATS. 

Cencces de déclinaison. Ce sont de grands cercles qui 
passent tous par les deux pôles de la sphère céleste. 

Cencres diurnes. Ce sont des cercles parallèles à l’é- 
quateur, et supposés décrits par les étoiles et autres 
points du ciel dans leur rotation diurne apparente au- 
tour de la terre. 

Nous devons faire observer que la plus grande partie 
des cercles de la sphère sont transportés du ciel à la 
terre, et servent aussi bien à la géographie qu’à l’as- 
tronomie. On imagine, pour cet effet, que de chaque 
point d’un cercle céleste est abaissée une perpendicu- 
laire à la surface de la terre; toutes ces perpendicu- 
laires tracent sur cette surface un cercle absolument 
semblable au cercle céleste. C’est ainsi que l'équateur 
terrestre correspond directement ayec la ligne équi- 
noxiale ou l’équateur céleste. 

Cencces verticaux, Voyez Azimur. 

Cereces de latitude, de longitude, etc., Voyez La- 
TITUDE , LONGITUDE. 

CÉRES (Astr.). Nom donné par l’astronome Piazzi, 

‘de Palerme , à la planète qu’il a découverte le 1° jan- 
vier 1807. 

M. Piazzi, dans une courte relation qu'il a publiée 
sur la découverte de cette planète, raconte qu’occupé 
de la confection du grand catalogue qui porte aujour- 
d’hui son nom, il cherchait une étoile que Wollaston 
avait placée danssa collection sous le nom de87° deMaver, 
quoiqu’elle ne soit réellement pas dans le catalogue de 
cet astronome. Il paraît que par une faute de copie ou 
de calcul Wollaston l'avait changée de zone. Piazzi, ne 
pouvantla reconnaitre à la place indiquée, s’attacha à dé- 
terminer les petites étoiles qui s’y trouvaient. Le pre- 
mier janvier 1801, il observa une étoile qui, le lende- 
demain , lui parut avoir changé de place; 11 réitéra son 
observation les jours suivans, et il s’assura que cette 
étoile avaitun mouvement diurne et rétrograde de 4' en 
ascension droite, et de 3',5 en déclinaison vers le pôle 
boréal. Après en avoir suivi la marche jusqu’au 23 jan- 
vier ,il écrivit le 24 à MM. Bode et Oriani, leur don- 
nant les positions que l’étoile avait le premier et le 23 ; 

ais la planète était déjà perdue dans les rayons du so- 


CE 


leil, lorsque la lettre parvint 4 ces astronomes, et ce ne 
fut que le 7 décembre suivant que M. de Zach put la 
retrouver. Dans l'intervalle MM. Olbers, Burckhard et 
Gauss calculèrent, sur les observations de Piazzi, l'orbite 
decette nouvelle planète àlaquelle il venait de donner le 
nom de Cérès. Le premier trouva une orbe circulaire 
et les deux autres une orbe elliptique. 

Cette découverte ne fit que confirmer une idée de 
Képler, qui avait soupçonné l'existence d’une planète 
entre Mars et Jupiter, par la lacune qui semblait exister 
dans l’ordre des distances des planètes au soleil. En effet, 
c’est en partant de cette idée que MM. Lambert, Bode 
et Wurm trouvèrent une loi très-remarquable dans les 
différences premières des rayons vecteurs en nombres 
ronds. En prenant celui de Ja terre pour 10 , ces rayons 
vecteurs sont : 


Mercure...  4—4 

Vénus .... 7—4+#3.2 
Terre..... 10—4+43.2: 
Mars...... 16—4<+3.2 
Ts hors MOOGE ES 98 
Jupiter. ...  52—4+3.24 


Saturne ... 100—4+3.95 
Uranus. ... 196—4+43.95 


Ainsi, en exprimant par » le rang de la planète, à 
commencer par Vénus, l’expression générale du rayon 
vecteur serait 


4+3.2r— 


La lacune entre Mars et Jupiter est évidente. 

Quoi qu’il en soit de cette loi, connue aujourd’hui 
sous le nom de Loi de Bode et qui n’est du reste qu’une 
approximation empirique , la lacune s’est trouvée rem- 
plie beaucoup mieux qu’on n’aurait pule supposer, car 
la découverte de Cérès fut bientôt suivie de celles de 
trois autres planètes Pallas, Junon et Vesta, également 
situées entre Mars et Jupiter. (Joy. ces mots). 


Voici les élémens de Cérès d’après Gauss. 


Moyenne distance au soleil......,. 2,767 
Excentricité. 1806..............  0,0785028 
Diminution annuelle............  0,00000583 
Nœud ascendant. 1806..........° 80° 53 31",a 
Mouvement annuel............. 1,48 
Inclinaison de l'orbite. 1806...... 10 37 3r,2 
Diminution annuelle.........,.. 0, 46 


Révolution sydérale............ 1681 jours 12b0 


En prenant, comme on le fait dans la loi de Bode, 
la moyenne distance de la terre pour 10, celle de Cérès 
est 27,67; ce qui se rapporte assez bien avec ce que 
demande cette loi, c'est-à-dire l’existence d’une planète 
dont le rayon vecteur soit 28. 


L CE 


L'extrème petitesse de Cérès n’a pas encore permis de 
déterminer son diamètre ni le temps de sa rotation sur 
elle-même. 

CEULEN, ou plutôt KEULEN (Luporpn van), cé- 
lèbre géomètre hollandais, naquit à Hildesheim vers 
1550. Sa famille était originaire de Cologne, et c'est à 
cette circonstance qu'il doit le surnom néerlandais de 
Ceulen ou Keulen, sous lequel il est plus généralement 
désigné dans l’histoire de la science. Professeur de ma- 
thématiques à Breda et ensuite à Amsterdam , van Lu- 
dolph s'était acquis de la réputation par la publication 
de quelques écrits et pour l'habileté avec laquelle il sa- 
vait faciliter à ses nombreux auditeurs l'accès des pro- 
blèmes les plus difficiles, lorsqu'il se rendit tout à coup 
célèbre par l’approximation qu’il donna du rapport du 
diamètre du cercle àla circonférence. Le résultat auquel 
il parvint, par un immense travail, l’emporta de beau- 
coup sur celui où étaient parvenus Archimède, Metius, 
Viete et Adrianus Romanus, qui s'étaient évertués à 
resserrer de plus en plus les limites de ce rapport. Il y 
avait, en effet, quelque temps qu’Adrianus Romanus 
avait poussé cette approximation jusqu'à 17 décimales. 
Van Ludolph la porta à une exactitude bien plus satis- 
faisante; il démontra que le diamètre du cercle étant 
l'unité, suivie de 35 zéros, la circonférence est plus 
grande que3,14159265358579323846264338327950288 
et moindre que le même nombre augmenté de l’u- 
nité; ainsi l'erreur est moindre qu'une fraction dont 
l'unité serait le numérateur et le dénominateur un 
nombre de 36 chiffres. L'imagination est effrayée, dit 
Snellius, cité par les biographes de Ludolph, lorsqu'elle 
tente de se représenter la pctitesse de cette fraction : 
elle est beaucoup moindre, à l'égard de l'unité, que ne 
serait l'épaisseur d’un cheveu sur la circonférence d’un 
cercle , dont le rayon serait la distance qui existe entre 
la terre et les fixes les plus voisines. Van Ludolph ex- 
posa cette approximation dans son livre de Circulo et 
adscriptis, qu'il publia en hollandais en 1610, et que 
Snellius traduisit en 1615. On a observé avec raison 
que ce travail du géomètre hollandais annonçait plus de 
patience que de génie. Il suivit simplement le procédé 
d’Archimède, en doublant continuellementle nombre 
des côtés des polygones inscrits et circonscrits, jusqu’à 
ce qu’il fût parvenu à deux, dont les contours diffé- 
rassent de moins que l'unité sur un nombre composé 
de 35 chiffres. Néanmoins Van Ludolph fut émerveillé 
de la découverte de son approximation que la science 
détermine autrement aujourd’hui (voy. Crrcre); et à 
l'exemple d’Archimède, il désira que ces nombres fus- 
sent gravés sur son tombeau. Ses dernières volontés 
furent respectées : il mourut à Leyde en 1610, l'année 
même où il publia son travail sur lerapport du diamètre 
du cercle à la circonférence, il fut inhumé dans l’église 


CE 517 


de Saint-Pierre de cette ville où l’on voit son tombeau 
avec l’inscription qui rappelle sa principale découverte. 
Van Ludolph Ceulen est du petit nombre des géomètres 
distingués qui parurent dans les Pays-Bas au commen- 
cement du XVII® siècle; parmi ses ouvrages nous cite- 
rons seulement les deux suivans : undamenta arithme- 
tica et geometrica, traduction latine de Snellius, Leyde, 
1615, in-4°, L'original hollandais a été réimprimé à 
Leyde en 1716, in-fol. Zetemata ( ceu protesnata) geo- 
metrica, Leyde. Dans ce dernier écrit Van Ludolph 
s’escélevé à des considérations algébriques, qui attestent 
son habileté à se servir de l’analyse mathématique. 
CÉEVA (Tnomas), géomètre distingué, né à Milan, le 
20 décembre 1648, était entré fort jeune dans l’ordre 
des Jésuites, association aussi remarquable alors par sa 
puissanceque parle savoir élevé dela plupartde sesmem- 
bres, et où son mérite comme mathématicien ne tarda 
pas à être remarqué. En 1695 , le P. Thomas Céva , déjà 
connu en Italie, publia la découverte d’un instrument, 
à l'aide duquel on pouvait exécuter mécaniquement la 
trisection de l'angle. Le marquis de L’Hospital donna la 
même découverte dans son Traité des sections coniques, 
qui paruten 1707, et les géomètres italiens lui repro- 
chèrent de n'avoir fait, en la rapportant , aucune men- 
tion de Céva. Ce géomètre publia en 1699ses Opuscula 
mathematica, où Von trouve diverses considérations 
ingénieuses sur la multisection de l’angle, soit mécanique 
au moyen de son instrument, soit géométrique par le 
secours de certaines courbes. Le P. Céva ne s’occupait 
pas seulement de mathématiques, il était poète aussi, et 
l'on a de lui uu poème latin en quatre livres sur la phy- 
sique ancienne et moderne ; il est mort à Milan le 3 fé- 
vrier 1736. — CEVA (Jean, le marquis), l’un des frères 
du précédent , commissaire de la chambre archiducale, 
mérita aussi la réputation d’un savant mathématicien. 
Le P. Grandi en parle avec éloge dans son ouvrage inti- 
tulé : Geometrica divinatio vivianeorum problematum, 
mais il classe son mérite au-dessous de celui de son 
frère, malgré le nombre considérable de ses ouvrages, 
la plupart fort estimables Le premier ouvrage de Jean 
Céva, De lineis rectis se invicem secantibus constructio 
statica, publié à Milan en 1678, in-4, est un traité de 
géométrie remarquable pour l’époque. On Y trouve sur 
les centres de gravité use théorie profonde et supérieure 
du moins à ce qu’on avait publié jusqu'alors. Ses autres 
écrits sont: I. Opuscula mathematica, Milan, 1682, 
in-4°. II. Geometrica motus, Bologne, 16c2, in-4°. Cet 
ouvrage est fort rare, et paraît avoir obtenu ur grand 
succès lors de sa publication. L'auteur y traite du mou- 
vement des eaux; il fut probablement publié à l'occa- 
sion des contestations qui s'élevaient souvent entre Bo- 
logne , Ferrare et d’autres villes d'Italie, au sujet du 
cours irrégulier des fleuves de ce pays. (Voy. Cassini 


348 CH 


Dom.) Lé célèbre et savant Wolf recommande spéciale- 
ment cet écrit, que bien des géomètres français ont pu 
consulter. INT. Trra problemala geometris proposita, 
Mantoue, 1710, in-4°. IV. De re nummerid, quoad 
fieri potuit, geometricè tractat&. Mantoue, 1711, im-4°. 
V. De mundo fabricä, unico gravitatis principio innixa, 
deque fluminibus, etc., Mantoue, 1715, in-4°. VI. Hy- 
drostatica, Mantoue , 1928 ,in-4°. 

CHAINE (4rp.). Instrument dont on se sert pour me- 
surer les distances sur le terrain. Voy. ARPENTAGE. 

CHAINETTE (Gcom.).Ligne courbe formée par une 
corde parfaitement flexible, qui, suspendue lâchement 
à deux points fixes, est abandonnée à l’action de sa seule 
pesanteur. 

Le problème de déterminer la nature de cettecourbe, 
fut un de ceux que Jacques Bernouilli proposa aux géo- 
mètres du XVIT° siècle. Il est devenu célèbre par toutes 
les controverses qu’il a fait noître. Galilée s’en était déja 
occupé, mais il avait jugé sans aucune raison valable 
que la courbure de la chatnette était celle d’une parabole; 
et cette opinion soutenue par le père Pardies, à l’aide 
de grossiers paralogismes, n'avait pu résister aux dé- 
monstrations expérimentales de Jungius. 

Quatre solutions répondirent à la demande de Jacques 
Bernouilli ; elles furent publiées dansles actes deLeipsik, 
en 1691, et sont dues à Jacques et Jean Bernouilli, 
Leibnitz et Huygens. Ces illustres géomètres ont donné 
leurs résultats sans analyse, probablement, dit Montucla, 
dans son Histoire des mathématiques, afin de laisser 
encore quelques lauriers à ceux qui viendraient à bout 
de la deviner. En 1697, Grégory tenta de compléter 
leurs travaux, en exposant la théorie de la chaînette 
dans les Transact. philos., vol. W, page 48, et il pré- 
tendit que cette courbe renversée était la meilleure 
figure qu’on pût donner à une arche. Hutton a récem- 
ment prouvé dans son ouvrage: Principles of Brigdes 
que cela n’avait lieu que dans quelques cas particuliers. 
L'usage important qu’on peut faire de cette courbe dans 
l'architecture, et les propriétés, tout-à-fait remarquables, 
dont elle est douée , exigent que nous entrions dans quel: 


ques détails à son sujet. 
A 


2 œ 


oœ 


BB 


eennesnnnnem en ene sem ememems comen | 


Soit une corde ADB parfaitement flexible, supendue 


CH 


par ses extrémités en À eten B, ct prenant par son 
propre poids une courbure AyDFB. Prenons AB pour 
l'axe des abscisses, et faisons Ax — x et l’ordonnée 
yx ==Y, en choisissant le point À pour origine. Par les 
points À et y, menons les tangentes AO ,yO qui se 
rencontrent en O, et par ce point, abaissons Oh per- 
pendiculaire à l’axe. D’après la théorie de la machine 
Juniculaire (voy. ce mot), si nous supposons que le 
poids de la corde est appliqué en O, nous aurons 
T:P::sin AOy : sin AOy 

T désignant la tension en A et P le poids de la portion 
Ay de la corde. 

La tension T agissant suivant la tangente AO, dési- 
gnons par @ l'angle OAB formé par cette tangente et 
l'axe horizontal AB, et nommons s l'arc Ay. Remar- 
quons en outre que si nous prenons pour unité de poids 
une quantité quelconque p, nous aurons d’abord P=5p, 
et ensuite T—np, n étant un coefficient constant qui 
exprime le rapport de cette unité de poids avec celui 
de la tension de la portion de la corde Ay. La propor- 
tion ci-dessus devicadra donc 


np:sp::sin AO: sin AOY, 
ou (a) 


n:s::sin AOy:sin AOy 


en supprimant le facteur commun p dans le premier 
rapport. 

Ceci posé, imaginons le triangle élémentaire ny, 
c’est-à-dire, preuons 27 pour la différentielle de d'or- 
donnée, alors »n sera la différentielle de l'absçisse, et 
my celle de l'arc, ou nous aurons 


ny =dy, mn=dx, my=ds 


Or, ce triangle étant rectangle en », nous donne 


: nn yn 
sin myn my cos PYn = Fra 


ou, ce qui est la même chose, 


5 dx dy 
Sin JAY — = COS AY — Æ . 


Mais l’angle myn se confond avec l'angle Oyx, lors: 
que »2y est infiniment petit, et l'on a évidemment, à 
cause des parallèles AO , yx 


l'angle Oyx = l'angle GO 


donc 
dy 


Ë 
COL A 


Ai GO — 


De plus, les angles GOk et AOy ainsi que les angles: 
AOGet AOy, sont supplémens l’un del'autre; on a donc 


sin GOA — sin kOy 


CH 


sin AOy = sin AOG = sin (GO4 — hOAÿj. 
D'où (Foy. Sinus) 
sin AOy — sin GO. cos AOA — sin AOA. cos GO 


et, substituant les valeurs de sin GOZ et de cos GO , 


—-, cos AOA DM 


ee PE sin AOA 


sin AOy — 
Le triangle AO étant rectangle en , les deux 
angles AOA et OA sont complémens l’un de lautre. 
Ainsi, ayant désigné OA par @, nous avons 


cos AOA — sin ét Sin AOA = cos?, 
d’où 
: Æ dx . dy 
sin AOy= Te » Sin®— 7 cos ?. 
Etenfin, en substituant les valeurs précédentes dans (a), 
on obtient (b) 


dredr dy 
ni ST 2 snpE 5 COS @: 


De cette dernière proportion, on tire (c) 


é d 
S—=nSINŸ —n —— 


dx SP: 


En différentiant l'équation (c), elle devient 


ds——n T cos ?. 


dx 
Mais pas la nature du triangle élémentaire »ny, on a 
aussi. 
ds — Vdx'+dy.. 
Donc, 
Var = n0T. 606 4 
HE , 


D où l’on tire facilement 


À EE nos pa 


Intégrant cette dernière équation, on obtient 


Y=—n cos ? 17128. it 


qui, en mültipliant par dx et dégageant le rapport 


pl < 
A devient ( /) 


CH 919 


dy V{C—r)—n0c0s? 
dx n cos @ | 


Nous déterminerons la constante C en remarquant 
qu’au point A ,ona 


X—= 0,7 —0 €t dy —= tango. 
dx 
Ces valeurs substituées dans (d) donnent 
ntang . cos ? — VC cos’? 
ou, à cause de tängÿ. cos à — sii @(Poÿ. Sixvs), 
n sin ÿ = V/Ü—rc05@ 
Élevant au carré, ôn obtient 
sin 9 — Crncos 9 
et par conséquent, 


Ch" sing—cos ?)=7?* 


Ainsi C = n et l'équation différentielle de la chainette, 
est définitivement (e) 


dy LV (a—yÿ cos g 
dx A COS ® : 


Pour intégrer cette équation ; faisons 


N—Y=3, n COS —IM 


now aurons 
dy = — d, 
et elle deviendra 
indé 
dx = — —— 
VE —7r 


Sous cetté forme, l'intégrale est (log. désiguant le loga- 
rithme naturel), 


x=m log nc — V3 ns |+ C. 
Ainsi , en remettant pour z et 72 leurs valeurs, on a 
X=n cos @ log[ (unir cure | +C. 


Pour déterminer la constante C, faisons æ — 0 et 
! 
y = 0 dans cette dernière équation, et nous obtien- 


drons 
= — A COS @. Log[ x (1— Vi cor) |, 


d’où résulte pour l'équation élémentaire de la chaînetter 
l'expression (f) 


(n —y) =V{n—r) Pan LEee) 


n—n\/1—c05 @ g 


æ=ncoseog| 


320 CH 

de laquelle on peut aisément déduire toutes les propriétés 
de cette courbe. Nous verrons ailleurs qu’elle est rec- 
tifiable et quarrable. Voy. QUADRATURE et RECTIFICA- 


TION. 
Cette équation peut être mise sous une forme plus 


simple en la résolvant par rapport à y. En effet, E 
désignant la base des iogarithmes naturels, on a en gé- 
néral 


el &P=p, 


et, par conséquent, en faisant ; =, 


1 COS® 


n—n\/1— =D 


remarquant que V/1— cos’? — sin @, et dégageant y, 
on obtient (g) 
— 95 | 


y=n [1 


Ilentre dans leséquations(f) et(g) deux quantitésret®, 
dont on ne peut déterminer les valeurs qu’en sachant 
quelles sont les coordonnées du second point de suspen- 
sion, ainsi que la longueur totale dela corde. Supposons 
pour plusde généralité queFsoitcesecond point dont nous 
désiguerons les coordonnées AE et EF par x'ety', et 
que / soit la longueur de la corde comprise entre A et F'; 
en substituant ces valeurs dans (c) et dans (f), nous ob- 


tienudrons 


—3-(sinp).e 


= nsing—V/(1—y'}—ncosp 


(a _ DV arr co p 


x'=n cos. tof = a Vi cos 9) 


équations à l’aide desquelles on pourra déterminer » et 
cos @ en fonctions de x’ et de y”. 

CHAMBRE OBSCURE (Opt.). Instrument d'optique 
quireprésente les images des objets en leur conservant 
leurs couleursetleursmouvemens.La premièreinvention 
de ce curieux appareilest généralement attribuée à Bap- 
tiste Porta qui en a donné une description dans son ou- 
vrage, Magia naturalis, publié à Anvers en 1587.Cepen- 
dautle docteur Friend (Æistory of physic). affirme que la 
chambre obscure était connue de Roger Bacon, et il 
v’est guère possible de rejeter les preuves qu'il rapporte 
à l'appui de son assertion. 

i 1 théorie de cet appareil est facile à comprendre. Si 
un objet AB envoie des rayons à travers une petite ou- 
verture € sur un fond blanc opposé, et que la place de 
V'irradiation soit sombre derrière C, l'image de AB se 
peindra renversée en ab sur le fond; car l'ouverture C 
étant très petite, les rayons qui viennent du point A 
tomberont en a, et ceux de B en b; et comme ces rayons 


CH 
sont réfléchis par le fond blanc, une image de AB se 
montrera sur ce 
fond; image né- 
cessairement ren- 


versée, puisque la f 
partie supérieure D 
setrouveréfléchie ! 


en sens inverse de 


la partie inférieu- 

Quant à la 
grandeur de l’image, lorsque le fond de la chambre est 
parallèle à l'objet, elle sera à celle de l’objet dans le 


même rapport que celui de sa distance au point C, à la 
distance de l’objet au même point; c’est-à-dire qu’on 
aura 


AB : ab :: CD: Cd, 


oc qui est évident par l'inspection des triangles sem- 
blables Cd, CAD et Cad, CBD. 

On pourrait donc construire une chambre obscure au 
moyen d’un seul trou très-petit, sans y mettre de verre; 
mais lorsqu'on adapte en C une lentille convexe dont 
le foyer est en d, on obtient une image beaucoup plus 
distincte. De toutes les formes qu’on peut donner à cet 
instrument, la suivante est Ja plus simple et la plus com- 
mode pour le rendre facilement transportable. 


Soit MNCD une boite rectangulaire d’une longueur de 
20 à 24 pouces, et d’une largeur de 10 pouces. Cette 
boîte doit être fermée de tous les côtés, sauf l’espace 
FGED qu’on recouvre d’une glace ou d’un papier trans- 
parent, et d’un trou L auquel on adapte un tube portant 
un verre lenticulaire d’un foyer égal à la longueur de | 
la boite. Les rayons d’un objet quelconque AB, placé 
devant le tube, sont interceptés par un miroir, plan ID, 
incliné de 45° au fond de la droite, lequel les renvoie. 
sur le transparent FGED, où se peint l’image a'b'de 
l'objet, Comme il est nécessaire que le transparent ne 
soit pas affecté par la lumière extérieure, on le recouvre 
d’une autre boîte àlaquelle on ne réserve qu’une ouver- 
ture opposée à L pour regarder dans l’intérieur. 

On peut varier de plusieurs manières cette cons- 
truction, comme on peut aussi redresser la situation de 
l'image , en ajoutant au tube L un second verre lenti- 


cujaire. 


CH 


CHAMP (Opt.). On désigne sous ce nom l'étendue 
des objets qu’on peut embrasser avec une lunette, un 
télescope ou un microscope. La grandeur du champ d’un 
instrument dépend de la grandeur du foyer et de l’ou- 
verture de l’oculaire. Plus ce foyer est long et plus l’ou- 
verture est grande, plus le champ est considérable. 
(Foy. DiorTRIQUE.) 

CHANGEANTES 4str.).Étoiles qui changent d'éclat 
ou dont la lumière augmente et diminue alternative- 
ment, On les nomme plus particulièrement étoiles pé- 
riodiques. 

L'une des plus remarquables est la changeante de la 
Baleine, signalée par Fabricius en 1596, et dont la 
période fut fixée approximativement à 333 jours, par 
Bouillaud, en 1667. Cette étoile conserve son plus 
grand éclat pendant environ quinze jours, elle est alors 
de la seconde grandeur, elle décline ensuite pendant 
trois mois, jusqu’à devenir invisible, ce qui dure à peu 
près cinq mois, ensuite elle reparaît, et va en croissant 
pendant les trois derniers mois de sa période, dont la 
durée est de 333 à 334 jours. 

Aigol ou Bde Persée passe en 2j. 20! 48" ou 49'de la 
seconde grandeur à la quatrième. 6 de la Lyre passe en 
6 jours ob + de la troisième à la cinquième grandeur. 
Voici la liste des étoiles périodiques telles qu’on les 
connaît en cemoment. 


VARIATION 
NOMS DES ÉTOILES. | »Erloprs. | de 
Bide Persée... 2 20 48 draf 
HdeGéphée.. se... 5 837 | 3.4— 5 
Bidelaliyré....... ; 0MGEr 3 —,.5 
n d’Antinoüs......... ; 7 415 | 3.4—4.5 
cidiHerculests tes... sos 60 6 o 3 — 4 
Anonyme du Serpent....[ 180 » » 7 —.0 
n de la Baleime..... Al r334. 210 0 2 — 0 
x du Cvgne..... ere 300220 6 —11 
B67de l'Hydre:.. 1... 494 » » 4 —10 
BA dB YEN... eus 18 ans. 6 — 0 
{20 du Lion.....:- OA : 7 — 0 
x du Sagittaire. ........ po 3 — 6 
AAA Ion lee ‘ 6 — o 


Pour expliquer ce phénomène, on a supposé que ces 
étoiles avaient des parties moins brillantes ou totalement 
obscures, que leur rotation sur elles-mêmes nous mon- 
trait successivement; mais cette hypothèse, ainsi que 
plusieurs autres proposées par Maupertuis, Goodricke, 
etc. , ne peuvent être encore soumises à aucune théorie 
certaine, On pourrait peut-être ranger dans les classes des 
étoiles périodiques, ces astres qui ont apparu dans di- 
verses régions célestes, et qui, après avoir présenté pen- 
dant des temps plus ou moins longs tous les caractères 
des étoiles fixes, ont disparu sans laisser de traces. S'il 
en était ainsi, leurs périodes de réapparition ne serait 


pointencorearrivée. Cependant, quelques faits détruisent 


CH 394 


cette analogie; tel est entre autres celui de cette étoile 
découverte par Anthelme, en 1670, dans la tête du 
Cygne, qui, après avoir éprouvé pendant deux ans 
plusieurs variations de lumière, finit par disparaître en- 
tièrement, et n’a jamais reparu. Il est certain en outre 
que plusieurs étoiles marquées dans les anciens cata- 
logues, ne se retrouvent plus aujourd’hui. 

CHAPITEAU (Architecture). Partie du haut d’une 
colonne qui pose eur le füt. Les architectes grecs distin- 
guaient trois sortes de chapiteaux : le Dorique (P1. III, 
Sig. 2), V'Ionique (fig. 3) etle Corinthien (fig. 4). Les 
Romains ont ajouté à ce nombrele chapiteau composite 
(Jig. 5). Quant au chapiteau Toscan(fig. x), il ne diffère 
pas du Dorique. 

CHARIOT (A4str.). Constellationnommée aussi grande 
Ourse. Foy. ce mot. 

CHÊNE DE CHARLES II (4str.).Nom d'une cons- 
tellation méridionale, introduite par Halley, en mé- 
moire du chène royal sur lequel Charles II se cacha 
pendant 24 heures, après sa défaite à Worcester, le 
3 septembre 1651. Cette constellation composée en 
grande partie des étoiles du Navire, n’a point été adoptée 
par tous les astronomes. 

CHERCHEUR (astr.). Petite lunette adaptée aux té- 
lescopes dont le champ est petit, pour trouver plus fa- 
cilement les astres et les amener dans l’axe optique. 

CHÉRUBIN ({e Père), capucin, fut un géomètre etun 
mécanicien habile; il naquit vraisemblablement à Or- 
léans, vers le milieu du XVII° siècle, d’une famille in- 
connue. Les recherches biographiques les plus minu- 
tieuses n’ont pu nous faire découvrir ni son véritable 
nom, ni aucun détail relatif à ses premières années. 
Voué de bonne heure aux austères pratiques de son 
ordre, ilsut. du moinsallier lesdevoirs qu’elles imposent, 
avecla culture des sciences mathématiques.La géométrie 
et la mécanique ont été les principaux objets de ses 
études; mais c’est surtout par ses travaux en optique, 
qu'il s’est acquis de la célébrité. Chérubin a fabriqué des 
instrumens dont la supériorité relative a été utile aux 
progrès de cette dernière science, sur la théorie de 
laquelle il a publié un assez grand nombre d'ouvrages, 
qui fortrecherchés à l'époque où ils parurent, peuventen- 
coreaujourd’hui être consultésavec fruit.Le père Rheita, 
religieux de l’ordre auquel appartenait Chérubin, avait 
imaginé la construction du télescope binocle. X1 perfec- 
tionna cette invention quelques années après, et en 1676, 
itfut admis à présenter au roi un de ces instrumens.Il est 
formé de deux télescopes égaux et disposés de manière à 
diriger la vuesurle même objet, qu’on mire ainsiavecles 
deux yeux.f arrive ici un phénomène au moins curieux : 
lorsqu'on regarde par un seul des deux tubes, on aper- 
çoit l'objet comme on l’apercevrait avec un télescope de 
la même portée et de la même dimension; mais si l’on 

4: 


52 CH 

regarde dans les deux à la fois, le champ de la vision 
semble s’agrandir , et l'objet se rapprocher. Ce n’est à 
en effet qu'une illusion de la vue. L'action dés deux té- 
lescopes n’est point réellement supérieure à celle d’un 
seul , et à l'aide du binocle, on ne peut découvrir ce qué 
ne montrerait pas une seulé dé ses branches , où un té: 
lescope ordinaire de force égale à l'uné de ces branches. 
Cependant il résulte de céttè combinaison un degré de 
clarté, qui favorisé les observations. L'on dut croire 
que lé téleséope binocle, suscéptible au reste de nou- 
veaux pérfectionnemens, conservérait la supériorité 
qu'il paraissait avoir sur Iles lunettés astronomiques 
dont on se servait alors. Mais l'usage, devenu général, 
d’un instrument bien plus puissant, celui du télescope 
à réflexion, fit abaudouner l'invention des PP. Rheita 
et Chérubin. Néarmoins, le regrét qu'ont manifesté 
divers mathématiciens du dernier Siècle, de l'oubli dans 
lequel où avait laissé toinber cette invérntion, éstaujour- 
d’hui saus ébjet; elle a été appliquée avec avantagé, de- 
puis quéiques années, aux lunéttés achromatiqués d’une 
petite dimension, dont on se sert dans les spectaclés où 
dans les réunions publiques, pour agrandir la vision, ct 
rapprocher les objets. Les perféctionnémens de l'acous- 
tique ont aussi occupé Je Père Chérubin. 11 raconte lui- 
même dans unclettré du 2 février 1675, -adresséé à 
TFoinard , une expérience exécutée én présencé du gé- 
néral de son étrdre. «Je fis, dit, énténdre très-distinc- 
tement à quatre vingts pas dé distance, et discerner lés 
voix des particuliérs, dans une multitude, qui parlaient 
ensemble, quoique dans Je milieu on ne les püût aucu- 
nement entendre, car ils ne parlaient qu’à voix basse, et 
néanmoins on n’en perdait pas une syllabe. » Son supé- 
rieur lui défendit de donner de la suite à une pareille 
invention, qu'il considéra comme pouvant devenir dan- 
gercuse pour la société civile. On n'aurait en effet aucun 
moven de défense contre ce procédé qui mettrait à la 
merci du preinier venu les secrets les plus intimes. Avant 
et après la Père Chérubin, son invention, qui aurait fa- 
cilité l’inquiète curiosité de la tyrannie, n'aurait peut- 
être pas été repoussée par la haute moralité qui la fit 
condamner par le général de son ordre. L'ingénieux 
Chérubin respecta scrupuleusement la défense qui lui 
avait été faite ; mais il avoue avec naïveté à Toinard 
que dans une 
térêts de son 


seule circonstance, où il s'agissait des in- 
ordre, il avait fait usage de son méca- 
nisme, et découvert des secrets importans qui favori- 
saient son parti. 

Comme l’époque de sa naissance, celle de la mort du 
Père Chérubin demeura un secret du cloitre. On a de 
lui : L La Dioptrique oculaire , ou la théorique , la po- 
stive et La mécanique de l'oculaire dioptrique en toutes 
ses espèces, Paris, 1671, in-fol. avec Go planches et un 


frontispice. If. La Vision parfaite, ou le Concours des 


CH 


deux actes de la vision en 1m seul point de l'objet, 
Paris, 1659, in-fol. L'année suivante, Chérabin publia 
la traduction latiné dé cét ouvrâgé, de T'isione perfecta, 
etc. ,eten 1687, letomeÏT du même ouvrage, sonsce titre : 
LaV'ision parfaite, où la Vice disinète. WA. Effets le La 
Jorce de lacontiguritedu corps, par desqitels on repond aux 
expériences dela crainte du ride et à celle deTa pesanteur 
de l'air, Paris, 1650, im-r12. L'auteur, dit I P. Ber- 
nard de Bologne, biographé dés capucins, parlé dans 
cet ouvrage d’une machine telesgrapliique, à Yaide dé 
laquelle il dessinait les objets éloignés; et ils’y plaint 
que le Journal des savans eût mentionné avec éloge les 
nucroscopes de Hooke, inférieurs à ceux qu'il avait 
établis. IV, L'expérience justifiée pour l'élévation des 
eaux par un nouveau moyen, à telle hauteur ét en telle 
quantité que ce soit, Paris, 1681, in-19. V. Disserta- 
tion en laquelle sont résolues quelques difficultés pré- 
tendues au sujet de l'invention du binoclé, in-13; sans 
date. Le P. Chérubin a encore publié divers -ouvrages 
sur l’impénétrabilité du verre , sur le télescope ét le mi- 
croscope binocle; sur la nature et la construction du té- 
lescope; enfin, sur ka machine qu’il appélle felesgra- 
phique, espèce de pantographe à dessinèr la pérspectivé; 
mais le Père Berrard né donne que les titres de ces écrits, 
sans rapporter aucuns détails relatifs à leur publication, 


lation de Pégase. 

CHEVALET DU PEINTRÉ (455.1. Uné dés cofis- 
tellations boréales formées par La Caïlle : elle renferme 
25 étoiles, dont la plus brillante, marquée #, n’est qué 
de la cinquième grandeur. 

CHEVELURE pe BÉRENICE ( 4str.}. Ancienne 
constellation boréale, formée par le mathématicien 
Conon, en l'honneur de la reine Bérénice. Les historiens 
racontent que Bérénice, femme de Ptolémée Evergète, 
roi d'Égypte ,avant fait le vœu de couper ses cheveux 
si son mari revenait vainqueur de l’Asie, les consacra 
en effet dans le temple de Vénus, et qu’ils disparurent 
le lendemain. Ptolémée avant manifesté un grand regret 
de cette perte, Conon lui montra sept étoiles qui n’ap- 
partenaient à aucune des constellations alors existantes, 
en lui disant: c’est la chevelure de Bérénice.Gette cons- 
tellation renferme aujourd'hui 43 étoiles dans le cata- 
loguebritannique. 

CHÈVRE (Méc.). Machine qui sert à lever des far- 
deaux. Elle se compose de trois pièces de bois (PL. XII, 
fig. 4), AR, BR, CR, écartées par en bas, et réuniés par 
le haut, où se trouve une poulie suspendue.Sur la poulie 
passe une corde dont une extrémité soutient le fardeau 
à lever M, et dont l’autre s'enveloppe sur un cylindre T 
qu'on fait tourner à l’aide des leviers LT. 

CHÈVRE (4s4r.). Nom d'une brillante étoile de pre- 
mière grandeur, située dans la constellation du Cocher 


CH 


On Janomme aussi Capra, Hircus, Cabrilla, Amalthea. 
Les Arabes l'appelaient AZ Æyoug. Cette étoile est la 
plus belle de celles qui ne se couchent pas à Paris, Sa 
déclinaison moyenne sera, au premier janvier 1835, de 
45° 49° 46”,7 et son ascension droite de 36° 7° 40”,05. 

CHEVREAUX (Astr.). La constellation du Cocher 
renferme aussi les Chevreaux : ils sont formés par trois 
étoiles s, & et n qui font un triangle isocèle,dont l'angle 
du sommet est très-aigu. Ce triangle est placé à trois 
degrés au midi de la Chèvre, et sert à distinguer cette 
étoile des autres de première grandeur. 

CHIENS (Astr.). Constellations au nombre de trois 
dont deux anciennes, méridionales, et une nouvelle, 
septentrionale. 

Le cravp Cuir, Canis major, contient 31 étoiles, au 
nombre desquelles on remarque $%rius, la plus brillante 
de toutes les étoiles de première grandeur. 

Le »erir Curew, canis minor, contient 14 étoiles, dont 
une de la première grandeur, nommée Procyon, 

Les CuiEns DE CHASSE, canes venalici, contient 25 
étoiles. Cette dernière, introduite par Hévélius, se 
nomme aussi Asterio et Chara. 

CHILIADE (Arith.). Assemblage de plusieurs choses 
semblables qu’on compte par mille. C’est ainsi que dans 
les tables de logarithmes on nomme première chiliade les 
logarithmes des mille premiers nombres naturels. Une 
chiliade ou un mille sont la même chose. 

CHILIOGONE (Géom.).Polygone régulier de mille 
côtés. Quoiqu'il ne soit pas possible à nos sens de dis- 
tinguer un polygone de 1000 côtés d’un autre de9g9g ou 
de 1001, nous n’en avons pas moins une idée claire 
dans l’esprit, et jamais notre intelligence ne pourra les 
confondre. Nous savons que la somme de ses angles est 
égale à 1996 droits (voy. Porxcowes), et nous pouvons 
trouver avec facilité le rapport de son périmètre avec 
celui du cercle inscrit ou circonscrit. Cette certitude 
qui accompagne toutes les constructions géométriques, 
même celles qu’on ne peut réaliser dans l’espace et dont 
il est par conséquent impossible d'acquérir la sensation 
ou l'expérience, aurait dù faire remarquer plutôt la 
grande différence qui existe entre les sciences physiques 
etles sciences mathématiques; les premières, comme 
cela n’est pas contesté, ne peuvent s'élever, sans le 
secours des secondes, qu’à une certitude conditionnelle, 
ou à posteriori; tandis que les dernières sont éminem- 
ment douces de la certitude rationnelle ou 4 priori; ce 
qui doit faire chercher leur origine et leurs lois hors du 
domaine de l’observation. Foy. PniLosovute pes ma- 
THÉMATIQUES. 

CHOC (Meécanique.). Rencontre de deux corps qui se 
heurtent. 

Le choc peut être direct ou oblique. 


Le choc direct est celui où 12 point de contact des 


CH 323 


corps se trouve sur la droite supposée menée par leurs 
centres de gravité, 

Le choc oblique est celui qui se fait de toute autre ma- 
nière. 

Les corps qui se rencontrent peuvent être tous deux 
en mouvement, ou l’un de ces corps peut être en repos. 
Dans le premier cas, on a deux considérations diffé- 
rentes, savoir : lorsque les mouvemens s'effectuent dans 
le même sens, ou lorsqu'ils ont lieu dans un sens opposé. 

Quoiqu'il n’y ait point dans la mature de corps par- 
faitement élastiques, ni de corps parfaitement durs ou 
sans ressorts, nous sommes obligés, pour établir les lois 
du choc, de considérer les phénomènes qui peuvent ré- 
sulter de la rencontre de tels corps; nous supposerons, 
de plus, que les mouvemens n'éprouvent aucune alté- 
ration du milieu dans lequel ils s'opèrent. 

1. Choc des corps sans ressort. Lorsque deux tels 
corps, dont les mouvemens ont lieu dans le même sens, 
yiennent à se rencontrer, la quantité de mouvement qui 
se trouve dans les deux corps se distribue de manière 
qu'il en résulte la même vitesse pour tous deux après le 
choc ; car celui qui va le plus vite agit sur l’autre, seu- 
lement jusqu'à ce que celui-ci ayant acquis autant de vi- 
tesse qu’il en reste au premier, ne fait plus obstacle au 
mouvement. 

Soient À et a deux corps saus ressorts qui vont du 
même côté, a étant le premier, et soient V et » leurs 
vitesses respectives. Si À va plus vite que a, ou que V 
soit plus grand que v, il l'atteindra nécessairement, et 
alors les mobiles se comprimeront réciproquement jus- 
qu’à ce qu’ils soient animés d’une vitesse commune. 

Désignons par F et f'les forces qui ont communiqué 
aux mobiles À, a, les vitesses V, 2 ; comme ces forces 
peuvent être représentées par la quantité de mouvement 
qu’elles produisent, et que la quantité de mouvement 
{voy. ce mot.) d'un mobile est égale au produit de sa 
masse par sa vitesse, nous aurons 


F= AV, f= av. 
Mais d’après le principe de la composition des forces 
(voy. ce mot), celles qui s’exercent dans la même direc- 
tion doivent s'ajouter, ainsi (1) 


F+f = AV + av. 


Pour obtenir une autre expression de la somme des 
forces F + f', désignons par x la vitesse commune après 
le choc, alors nous pouvons considérer À Æ a comme 
un seul corps, et cette vitesse x comme le résultat del'apz 
plication de la force F+#+/: Nous aurons donc encore (2) 


F + f = æ(A +a), 
des équations (1) et (2), nous tirerons 


æ(A + a) = AV + av 


324 CH 

et par conséquent (3) 
AV + av 
Ata? 


expression générale de la vitesse finale. 

2. Si les corps se meuvent dans un sens opposé, ou 
vont à la rencontre l’un de l’autre, on doit considérer + 
comme négatif, et l'expression (3) devient (4) 

AV — av 

A+a 


TL= 


3. Si le corps a était en repos lorsque A vient le cho- 
quer on aurait —o et la formule deviendrait (5) 

ue AV 
7 Ata 

Les trois expressions (3), (4) , (3), renferment toute la 
théorie du choc des corps sans ressort. 

4. Maupertuis parvient à ces formules par une appli- 
cation élégante de son fameux principe de la moindre 
action (/ex parcimoniæ ); nous croyons devoir l’ex- 
poser ici, en rappelant qu'on désigne, d’après ce géo- 
mètre, par le nom de quantité d'action, le produit de 
la masse d’un corps par sa vitesse et l’espace parcouru. 

Conservant les désignations données ci-dessus aux let- 
tres À, V, a, v, x, nous aurons pour la vitesse perdue 
par À au moment du choc 

V— x, 
et pour celle gagnée par a 
ZX —v. 

Les espaces parcourus en temps égaux par ces vitesses, 
étant entre eux comme ces vitesses, la quantité d’action 
employée par le corps À sera comme 

A (V—zx}, 
et la quantité d'action gagnée par le corps & sera 
comme 

a (x —v}; 

La quantité totale d’action est donc comme 
A (V—x} + a(x—v}, 

et cette quantité doit être un minimum d’après la loi 
de Maupertuis. 


Différentions donc cette expression , nous aurons 
A[—2Vdx + oxdx] + a[2xdx — 2vdx]=0 
divisant par dx , et dégageant x, nous obtiendrons 


__AV + av 
7 A+a? 


ce qui nous apprend, comme ci-dessus (1), que la vitesse 
commune, après le choc, est égale à la somme des 


CH ÿ- 


quantités de mouvement divisée par la somme des 
masses. 

5. Choc des corps élastiques. Lorsque des corps par- 
faitement élastiques se reucontrent, pendant qu'ils se 
choquent, le choc est employé à plier leurs parties, à 
tendre leur ressort, et ces corps ne demeurent appli- 
qués l’un contre l’autre que jusqu’à ce que leur ressort 
les sépare ense débandant, et les fasse éloigner avec au- 
tant de vitesse qu’ils s’approchaient : car la vitesse res- 
pective étant la seule cause qui ait bandé leur ressort, 
la réaction de ce ressort doit reproduire la même vitesse 
respective qui avait lieu auparavant. 

Soient À et « deux corps élastiques que nous suppo- 
serons d’abord se mouvoir dans le même sens avec les 
vitesses V et v. Ces corps devant se choquer, si a est d’a- 
bord le plus avancé, il faut que l’on ait V > v. Cela 
posé, désignons par x la vitesse du corps A, et par x’ 
celle du corps 4, après le choc. 

La vitesse perdue par À sera donc V—x, et la vitesse 
gagnée par a sera x'—v, et la quantité d'action em- 
ployée dans le changement qui résulte du choc, sera 


A (V—zx} + a (x'—v}, 


cette quantité devant être un rxinimum, nous aurons 


en différentiant (a) 
A [—2Vdx + 2xdx]— a [2x'dx'—2vdx'"]=0. 


Mais dans les corps parfaitement élastiques, la vitesse 
respective étant la même avant et après le choc, nous 
avons 

V—v=z'—x, 


ou 
x'=V—-v+x, 


ce qui donne 
dx' = dx, 


En substituant ces valeurs de &' et de dx' dans (a), 
nous obtiendrons (71) 
AV— aV + sav 
ET TE 
et ensuite par la substitution de x —=x'—V+v et de 
dx= dzx' dans la méme expression, nous trouverons (x) 


à l’aide des deux expressions (2) et (x), nous pouvons 
examiner toutes les particularités du choc de deux corps 
élastiques. 
6. Supposons d’abord les masses égales, ou faisons 
A=a , (m) et (n) se réduisent à 
-2AY 
2A 


=Y 


TL= 


CH 


LA 2AV 
{Far 


=, 


ce qui nous apprend que dans ce cas les mobiles chan- 
gent de vitesse après le choc. 

7- Si les deux corps se meuvent en sens opposé, ou 
vont à la rencontre l’un de l’autre, il faut faire v négatif, 
et les expressions (2) et(n) deviennent (p) 


AV —aV — 2av 
L= —— PRE 


A+a 
,_ Av — av +2AV 
n Aa  ? 


dans ce cas, lorsque A=«, on a 
z=—v,et z'=V, 


c’est à-dire que les mobiles changeront de vitesse et s’é- 
carteront ensuite. 

8. Siles corps qui vont à la rencontre l’un de l’autre 
ont des vitesses égales, en faisant V=v, les équations (p) 
donnent 
PACE - 3a) V V 

FA Ha a 

_(3—a) V 
RUA ET. 


d’où il résulte que si la masse du corps A est triple de 


celle de a, sa vitesse après le choc est o, c’est-à-dire que 
ce corps s'arrêtera tandis que le corps & aura obtenu une 
vitesse double de la vitesse primitive de A ; car en faisaut 
A=—3a, on obtient 


Z=0, x'=92 Vi. 
. Si l’un des mobiles était en repos, a, par exemple 
9 P , 


‘on aurait v—0o. Substituant cette valeur dans (m) et (7), 
l 
ces équations deviennent 


__ AV —aV 
A+a 


_ (A—a)V 
Aa. 


Lorsque les deux mobiles sont égaux, on a Aa, et ces 
valeurs se réduisent à 


LOL —V,, 


c’est-à-dire que dans ce cas la mobile A perd sa vitesse , et 
la donne à 4. 


10. Par d’autres suppositions sur la grandeur des quan- 
tités qui entrent daus les équations générales (mn) et (n), 
on trouverait de la même manière les résultats du choc 
dans les cas particuliers de ces hypothèses : c’est ainsi, 
par exemple, que nous apprenqns que : 


1° Si deux corps élastiques égaux se choquent direc- 


CH 325 


tement en sens contraire avec des vitesses égales, ils se 
réfléchiront après le choc, chacun avec la Yiese qu'il 
avait, et dans la même ligne. 

2° Si les vitesses des deux mêmes corps sont en raison 
inverse de leurs masses, ils rejailliront chacun de son 
côté avec la même vitesse qu'ils avaient avant le choc, 


11. Le principe de la conservation des forces vives 
(voy. ce mot) dans le choc des corps élastiques, dont la 
découverte est due à Huygens , fait l'objet de la loi sui- 
vante : 


Lorsque deux corps élastiques se rencontrent, la 
somme des forces vives est la méme avant ou après le 
choc. 

En conservant les mêmes significations pour À, V, x, 
dy V, T's 
est 


la somme des forces vives, avant le choc, 


AV: Han, 
et celle des forces vives après le choc est 
Az + ax; 
on doit donc avoir. en vertu de la loi énoncée 
AV: + av — Az? + ax. 
En effet , reprenons les deux équations (2) et (x) 


AV — aV + sav 

FRE 
,_ av— Av oAV 
= A+a À 


et donnons-leur la forme 


[AV + av] 
MER 
,  2[AV + a] 
SR AS 


En faisant, pour plus de simplicité, la quantité com- 


TL 


mune 
AV VE av 
7 Aa 


ces expressions deviendront 


shorts: (P),s 


T= 29 —V 
L'= 29 —v 
nous aurons donc 


Ax Lac? =A(2@—V} + ap—v}. 
Développant le second nombre de cette égalité, nous 
aurons 

4A gp? — KAQV + AV? + ap — hagv + av? 


ou, ce qui est la même chose, 


AV: + an + ip[Agp + ap —AV— av]; 


526 CH 


mais letroisième terme de cette expression se réduit à0, 
car l'égalité (r) donne Ag + g @= AV + av, donc nous 


avons définitivement 
Axt + ax? = AVitan, 


ce qui est le principe de Huygens. 


12. Lorsque les corps ne sont point parfaitement élas- 
tiques , la loi dela conservation des forces vives n’a plus 
lieu, et la perte de ces forces est d'autant plus grande, 
que l’élasticité est plus imparfaite. Pour les corps par- 
faitement durs, la déperdition des forces vives, ou la diÿ* 
Jerence entre ces forces avant et après le choc, se 
trouve égale à la somme des forces vives qu'auraient 
les masses animées des vitesses perdues ou gagnées. Ce 
théorème, découvert par Carnot , se démontre aisément 
à l’aide de formules données pour le choc des corps 
sans ressort. 


13. Les corps parfaitement durs d’une part et les corps 
parfaitement élastiques de l’autre, forment les limites 
entre lesquelles tous les autres sont compris. On voit que 
les formules précédentes ne peuvent être considérées 
que comme des apnroximatious, lorsqu'il s’agit de les 
appliquer aux phénomènes physiques et que les résultats 
du calcul se rapprocheront d'autant plus de la réalité des 
faits, que les corps seront eux-mêmes plus près de l’état 
dur ou élastique expressément sous-entendu dans ces 
formules. Pour embrasser les divers degrés d’élasticité 
qui peuvent se manifester dans les corps, on donne aux 
formules (m) et (n) l'expression plus générale 


. 
è 


T— 
rest alors un coefficient constant qui dépend du plus 
ou moins d’élasticité des corps. Lorsque ? = 1, on a 
æ=x',etces formules se réduisent à l'égalité (3) : c’est 
le cas des corps durs ; lorsque 7 —2, on obtient les ex- 
pressions {m7) et (x) : c’est le cas des corps élastiques. 
entre ces deux valeurs 1 et 2, sont compris tous les cas 
intermédiaires, et il faut alors donner à » les valeurs 
trouvées par des expériences sur la nature des corps 
qu’on veut considérer. 

14. Le choc oblique présente un grand nombre de 
variations, dont l'examen ne peut trouver place ici. 
Nous considérerons seulement un cas particulier très- 
important, en ce qu'il sert à démontrer la loi fonda- 
mentale de la catoptrique. (Joy. Carorthique I.) 

Soit une boule élastique P qui vient frapper une 
surface résistante MN, sous une direction oblique MN. 
En prenant la ligne AC pour représenter la force du 
choc, on pourra décomposer cette force en deux autres, 


CH 
dont l’une NC est parallèke à la s:rface, et dont l'autre 
DC lui est perpendiculaire. Or, si la force DC agissait 


seule, son effet serait de faire rebondir le corps A, 
P 


avec une force égale et opposée en direction CD, tandis 
que si la force NC agissait seule, le corps A serait poussé 
dans la direction CM. Après le choc, le corps est donc 
sollicité par deux forces, dont l’une le pousse dans la 
direction CD, et l’autre dans ja direction CM. Il suivra 
conséquemment la diagonale CB, c’est-à-dire, que l’an- 
gle d'incidence ACD sera égal à l'angle deréflexion BCD. 
Les molécules lumineuses agissant comme des corps par- 
faitement élastiques, cette démonstration s'applique aux 
phénomènes de la réflexion opérée par les miroirs. 

On peut, en décomposant de la même manière tous 
les cas du choc oblique, les ramener aux lois du choc 
direct. Voy. Percussion. 

CHRONOLOGIE{de xpéres, le tempset x67es, raison, 
discours). Science dela mesureoudeladivision du temps ; 
elle se partage en deux branches spéciales, qui sont Ja 
chronologie théorique etla chronologie appliquée. La pre- 
mière est une déduction de l'astronomie , car elle est le 
résultat de l'observation des phénomènes célestes, dont 
cette science explique les lois; la seconde est une appli- 
cation aux événemens humains de cette déduction de 
la science astronomique : comme telle, elle forme la 
base essentielle de l’histoire , mais nous n'avons point à 
Ja considérer sous ce dernier point de vue. 

Les annales authentiques de toutes les nations sont 
nécessairement postérieures aux premières observations 
de l'as'ronomie, qui durent avoir pour objet la division 
du temps en périodes déterminées. Ainsi, par exemple, 
avant qu’on eût caleulé la durée de l'annee suivant le 
cours apparent du soleil, ou les phases de la lune, qu'on 
eût ensuite divisé l’année en 105$, et partagé les mois 
en certains nombres de jours , il paraît difficile que les 
hommes aient pu conserver d'une manière exacte le 
souvenir des choses passées. Ce travail a dû commencer 
par la détermination des périodes les moins longues. 
Ainsi, le terme qui s'écoule du lever ou coucher da 
soleil àunautre lever ou coucher, a, vraisemblablement, 
servi d’étalon pour la fixation des périodes plus longues. 
On peut logiquement diviser en temps incertains ct en 
temps historiques ceux qui ont précédé ou suivi les pre- 
miers produits de la science. Néanmoivs, en adoptant 
même ce point de départ, nne grande incertitude règne 
aujourd'hui dans la chronologie; les dissidences dont 


CI 


elle est la cause , les aberrations monstruenses qu’elle a 
enfantées , proviennent à la füis de la diversité des mé- 
thodes qu’adoptèrent les nations les plus ânciennement 
civilisées, et del’impossibilité où nous sommes, de déter- 
mineravec certitude le véritable sens des expressions dont 
elles se servaient pour exprimer les périodes que nous 
appelons années, mois et jours. Le but que doit se pro- 
poser la science, maintenant qu’elle esten possession de 
la connaissance certaine de quelques grands événemens, 
qui, combinés avec des observations astronomiques pré- 
cises, peuvent déterminer d'une manière invariable les 
époques principales , est évidemment d'établir une con- 
cordance mathématique entre les chronologies de tous 
les peuples.Malgré dénombreux et d’estimables travaux, 
cette œuvre est à peine commencée. 

On a expostailleurs (voy. Année et Cazenprien) l’his- 
toire et la théorie des élémens de la chronologie; il nous 
reste à faire connaître diverses parties de cette science , 
quine devaient point entrer dans les considérations prin- 
cipales , qui ont fait l’objet de ces articles ; elles seront 
successivement traitées dans le cours de cet ouvrage. 
Voyez Ênxs des Arméniens , chrétiennes, de Constanti- 
nople, d'Espagne, de l'Hégtre, de Nabonassar, etc. 
Juor, Mois, Orymrianr, PERIODES. 

CHRONOMÈTRE ( de yes, temps, et de wsrpor, 
mesure). Nom générique des instrumens qui servent à 
mesurer le temps. Il est plus particulièrement consacré 
à une espèce de montre construite avec une assez grande 
précision, pour donner exactement des subdivisions 
d’une seconde. On s’en sert en mer pour trouver les 
longitudes. Foy. ce mot. 

CHUTE(YMec.). Espace parcouru par un corps pesant 
qui s'approche du centre dela terre. 

Nous avons donné aux articles ACCÉLÉRATION €t ACCÉ- 
LERE, l’histoire de la découverte, faite par Galilée, des 
véritablés lois de la chuté des graves, ainsi que la dé- 
duction mathématique de ces lois. 

CIEL (4su.). Voûte sphérique concave, lieu app- 
rent des astres. 

CIRCONFÉRENCE (Géom.). Ligne courbe qui ren- 
ferme un cercle (voy. Cence). Ce mot vient de circum, 
autour , et de fero, je porte. On dorine quelquefois ce 
nom, par extension, au Contour d’une courbe quel- 
conque. 

CIRCOMPOLAIRES (Astr.). On nomme etoiles cir- 
compolaires les étoiles situées près de notre pôle bo- 
réal, et qui tournent autour, sans jamais s’abaisser au- 
dessous denotre horizon, Plus le pôle est élevé au-dessus 
del’horizon d’unlieu, et pluslenombredes étoilescircom- 
polaires est grand pour ce lieu. A Paris, var exemple, 
où le pôle estélevé de 48° 50° 14" au-dessus de l'horizon, 
si l'ob finagine an cercle parallèle à l'équateur, et situé 
à ectte même distance du pôle, la zone comprise æntne 


CI 527 


le pôle et ce cercle renfermera toutes les étoiles qui 
ne se couchent jamais pour Paris. 

CIRCONSCRIRE (Géom.). Décrire une figure autour 
d’un cercle ou de toute autre fgure courbe, de manière 
que tous ses côtés soient des tangentes à la circonfé- 
rence. 

Les polygones réguliers, quel que soit le nombre de 
leurs côtés, peuvent tous être circonscrits au cercle. f’oy. 
CERCLE, n° 15. ; 

On se sert encore de ce terme pour exprimer la des- 
cription d’un cercle autour d’un polygone. Le cercle est 
alors cérconscrit au polygone, ou plutôtle polygone est 
inscrit dansle cercle. Nous renverrons aux mots CarRÉ, 
Hexacone, Penracone, Trianëre, etc., les procédés 
géométriques au moyen desquels on inscrit et circonscrit 
ces figures. 

CIRCONVOLUTION (Géom.). On emploie quelque: 
fois ce mot à la place de révolution. C'est ainsi qu’on 
dit, par exemple, qu'un cône est formé par la circon- 
volution où par la révolution d’un triangle rectangle au- 
tour de l’un des côtés de son angle droit. 

CIRCUIT (Gcom.). Contour ou périmètre d’une 
figure. 

CIRCULAIRE (Geom. et Astr.). Tout ce qui a rap- 
port au cercle. C’est ainsi qu’on appelle arc circulaire, 
un arc ou portion de la circonférence d’un cercle; 
secteur circulaire, une partie d’un cercle comprise 
entre deux rayous et l'arc intercepté; mouvement circut- 
laire, le mouvement d’un corps autour d’un cerclé, etc. 

Ou donnait anciennement le nom de nombres cireu- 
laires à ceux dont toutes les paissances se terminent par 
le chiffre qui les exprime : ainsi 5 et 6 étaient des 
nombres circulaires, parce que toutes leurs puissances 
25,125, 625, etc., 36, 216, 1296, etc. se terminent 
par ces nombres mêmes. 

CISSOIDE (Géom.). Nom d’une courbe inventée par 
le géomètre grec Dioclés, pour résoudre le problème, 
alors celèbre, de la construction de deux movennes pro- 
portionnelles entre deux lignes données. ( Foy. Cusr.) 

Voici la génération de cette courbe. 


B 277 


Soit un ceréle quelconque AZBM ; si dé l'extrémité A 
du diamètre AB, on mène une infinité de droites Aya 


tous les points de la droite By, tangente à l’autre extré - 


528 CI 


mité B de ce diamètre, et que l’on prenne sur chacune 
de ces lignes, la partie xy égale à la corde correspon- 
dante Ad, la courbe qui passera par tous les points x 
est la céssotde. 

Pour trouver l'équation de cette courbe, désignons 
AB pour a,et PM par 2, 
AP =2x, et l'ordonnée Pr 7, et menons le diamètre 
Méd et la corde AM. L'angle dAM étant droit (ANGLES, 


faisons de plus l’abscisse 
P 


n° 19), le triangle xAM est rectangle, et comme AP est 
perpendiculaire sur la base xM, on a ( voy. RECTANGLE) 


Pzx : AP :: AP : PM 
ou 


Vi TL: Be 
Cette proportion donne 
Lt —=Yredse (1) 


Mais en menant la corde BM, on a un autre triangle 
ABM, qui donne 


AP : PM::PM:PB, 
c'est-à-dire, 
T'2::72:a4—X. 
Ainsi 2 —=ax—a,etz = # V/az — 2? Substituant 
cette valeur de z dans (1), on obtient 


Li EY Var —2?,; 
ce qui devient, en élevant au carré et dégageant y 


2? 


= Han: (2). 


. 


Telle est l'équation de la cissoïde. 
Il résulte de cette équation que, pour chaque valeur 
de x, ilexiste deux valeurs de y égales et de signes con- 
traires. Ainsi la courbe se compose de deux branches 
parfaitement semblables , situées l’une à droite et l’autre 
à gauche de l'axe. , 
Si l’on fait x—a les valeurs de y deviennent 


Eve — 0 


C'est-à-dire que 1a courbe ne rencontre la droite By 
qu'a des distances infinies du point B, ou que cette 
droite est une asymptote (voy. ce mot), par rapport 
aux deux branches de la cissoïde, 

Une des propriétés remarquables de cette courbe, 
c'est que l’espace asymptotique indéfini, compris entre 
l’asymptote et les deux branches de læ cissoïde , est un 
espace fini égal à trois fois la surface du cercle généra- 
teur AdBr2. Pour le démontrer il ne faut que substituer 
la valeur de y, donnée par l'équation (2), dans l’expres- 
sion générale 


Sydx, 


CL 


qui représente la surface renfermée entre une portion 
quelconque de courbe et les coordonnées x et y (vor. 
QuapraTuRE) : l'intégrale demandée est doncici 
3 
x* dx 


æ © RCE 
(a—x)" 


PRE ; ; : 1 
en multipliant lenumérateur etle dénominateur par x?) 
Intégrale dont la valeur, prise depuis x=o jusqu'ax=a, 
est 


a?r. 


Or, cette quantité est la moitié de l’espace asympto- 


3 
4 


tique ; donc cet espace entier est égal à ? 47, ou à trois 
fois la surface du cercle dont 44 est le rayon, ou a le 
diamètre, 

La cissoïde résoudrait directement le problème des 
deux moyennes proportionnelles , s’il était possible de la 
coustruire géométriquement; car en prenant le rayon CB 
pour une des lignes données, et élevant du point C la 
droite Cg perpendiculaire à l'axe; si l’on prend Co égale 
à l’autreligne et que du pointe, où la droite indéfinie Bo 
passant par les points B et o, coupe la courbe, on 
mène à l’origine À, Ja ligne Ae prolongée jusqu'à ce 
qu’elle coupe Cgen A, Ch sera la première des deux 
moyennes cherchées. Onaen effet ch=—hf, par la nature 
de la courbe, et c’est atrouver le point h, capable de 
donner cette égalité, que Pappus a ramené la solution 
du problème. Foy. PROPORTIONNELLE, 

Newton a indiqué le moven de décrire la cissoïde par 
un mouvement continu, ce que Dioclès n'avait pas 
trouvé. 

CITADELLE (Fortification). Lieu particulier d’une 
place de guerre fortifiée de manière à commander sur 
la place et sur la campagne. On place ordinairement les 
citadelles sur l'enceinte, de manière qu’une partie est 
enclavée dans la ville et l’autre saillante sur Ja campagne. 
Voy. la fig. 1°, PL. IL, et l’article FoxtiFricaTION. 


CLAIRAUT (Azexis-CLaube), l'un des plus celèbres 
géomètres du dernier siècle, naquit à Paris, le 7 mai 1513. 
Les utiles et importans travaux auxquelsil a attaché son 
nom, lui ont sans doute acquis dans la science un rang 
où l’on ne parvient qu’à l’aide du génie; mais quelque re- 
marquables qu'ils soient, ils ne sont peut-être pas tels 
qu'on aurait pu les attendre de lui, d’après la renom- 
mée qui le préceda dans le monde. Clairaut' fut dès son 
enfance uu rare exemple de précocité, et parvint à l'in- 
telligence des combinaisons les plus élevées en mathé- 
matiques, à un âge où les esprits, doués des plus heu- 
reuses dispositions, commencent à peine àrévéler vague- 
ment leur supériorité. Il faisait à dix ans sa lecture ha- 
bituelle des Sections coniques du marquis de l'Hopital, 
et cet ouyrage, l’un des plus importans que possédait 


= CL 


alors la science sur l'application de l'algèbre à la géo- 
métrie et sur la théorie des courbes, ne lui présentait, 
dit-on , aucune difficulté sérieuse. Il ne tarda pas à lire 
avec le même intérêt et à l’expliquer avec autant de fa- 
cilitéle Traité des infiniment petits de cet illustre géo- 
mètre. L'époque où vivait Clairaut est trop peuéloignée 
de lanôtre, et les témoignages en faveur de cette particu- 
larité de sa vie sont trop nombreux et trop res- 
pectables pour qu’il soit permis d’en douter. Jean- 
Baptiste Clairaut son père, professeur de mathématiques 
distingué et associé à l’Académie de Berbin, l'initia de 
bonne heure aux élémens de la science; il suça pour 
ainsi dire la géométrie avec le lait, suivant l'expression 
d’un historien qui a été son ami ; mais ces circonstances 
qui ont été communes à un grand nombre d'hommes 
n’expliquent pas entièrement l'aptitude prodigieuse que 
lejeune Clairaut montra pour lesmathématiques à un âge 
aussi tendre. Quoi qu'il en soit, en 1726, le jeune Clairaut 
qui n’avait encore que douze ans ethuit mois, soumit à 
l'Académie des sciences de Paris, un mémoire sur quatre 
courbes douées de propriétés remarquables. Ce corps 
savant pensa d’abord que la main de quelque maitre 
habile avait passé sur l’œuvre de l'enfant qui se présen- 
tait à son jugement. Mais cet enfant subit un examen sé- 
vère, et répondit avec tant de clarté et de précision aux 
questions qui lui furent adressées, qu’il fut impossible de 
douter de la loyauté de son travail et de sa prodigieuse ca- 
pacité. Fontenelle délivra au jeune Clairaut, au nom de 
l'Académie, un certificat qui attestait l'authenticité de ces 
faits. Ce certificat et le mémoire qui l'avait motivé sont 
imprimés dans le tome [V des Miscellanea-Berolinensia 
à la suite d’un écrit de Jean-Baptiste Clairaut. Le jeune 
géomètre qui venait de débuter avec tant &’éclat, ne 
laissa pas à la renommée le temps de l'oublier; il n’avait 
que seize ans, lorsqu'il fit paraître ses recherches sur les 
courbes à double courbure. Cet ouvrage eut un tel 
succès , que l’Académie songea à ouvrir ses portes à 
l’auteur ; mais ce candidat n'avait que dix-huit ans, et 
des ordres spéciaux du roi étaient nécessaires pour qu'on 
pût l’admettre au sein de cette compagnie, malgré les 
réglemens d'autant plus respectés qu’ils paraissent cho- 
quans. Que fait l’âge pour la science et le talent? d’ail- 
leurs, le cas exceptionnel dans lequel se trouvait le 
jeune Clairaut, ne se présente que trop rarement ; il fut 
admis à l'Académie des sciences avec l’agrément du roi, 
qu’on n'a jamais eu depuis l’occasion desolliciter pour 
le même motif. Le nouvel académicien ne parut point, 
malgré sa jeunesse, embarrassé de la gloire qui couron- 
nait sespremiers travaux. Il eut le courage de supporter 
avec une noble modestie l'accueil empressé qu’il reçut 
dans fe monde. C’est qu'il avait été préparé de bonne 
heure à mériter les honneurs qui venaient à lui dès ses 
premiers pas dans la carrière. Il avait reçu une éduca- 


, CL 329 


tion distinguée; son père avait voulu qu’il fit marcher de 
front avec l’étude des mathématiques, celle des langues 
et des belles lettres. Ses premières dispositions semblaient 
l’entrainer vers l’état militaire. En 1722, un camp avait 
été formé à Montreuil près de Paris, pour l’instruc-, 
tion de Louis XV, encore enfant; Clairaut qui n'avait 
alors que neuf ans, savait déjà assez de fortifications 
pour comprendre et développer scientifiquement les 
opérations d’un simulacre de siége qu'on y exécuta. Il 
montra depuis un vif désir de se destiner au service, et 
les promesses de son père, à cet égard, furent un vif 
stimulant pour son jeune élève, qui se livra avec plus 
d’ardeur à l'étude des mathématiques. Il avait grandi au 
milieu des savanset desartistes, dans la société desquels, 
à l’âge de treize ans, il était en état de tenir sa place. 
Aussi à dix-huit ans, la distinction honorable dont il était 
l’objet, ne fit-elle qu’augmenter son ardeur pour le tra- 
vail. Il assistait avec ponctualité aux séances de l’Aca- 
démie, et il y lisait de nombreux mémoires sur diverses 
branches de la science, dans lesquels on remarque le dé- 
veloppement successif de cette noble intelligence. 

Nous avons pensé qu’on ne trouverait pas sans intérêt, 
dans cet ouvrage, des détails sur l’enfance de Clairaut; 
nous reviendrons plus tard sur quelques circonstances de 
sa vie, dont nous allons d’abord exposer succinctement 
les plus remarquables travaux. 

Clairaut fut du nombre desacadémiciens qui, en 1736 
allèrent en Laponie pour mesurer un degré du méridien. 
La question de la figure de la terre occupait alors tous 
les savans d'Europe et en particulier l'Académie de 
Paris : Clairaut se livra avec l’ardeur qui lui était natu- 
relle, aux recherches qu’occasionna cet important pro- 
blême. On sait qu’il résulta des trois mesures du mé- 
ridien, en France, en Laponie et au Pérou, la consé- 
quence certaine que la terre est un sphéroïde aplati 
vers les pôles. Le premier degré du méridien à partir 
de l'équateur, fut trouvé de 56750 toises; celui de 
France, par une latitude de 43°23, futtrouvé de 57075 
toises ; celui de Laponie de 47438 toises : d’où il résulte 
évidemment que la valeur du degré augmente considé- 
‘ablement en allant de l’équateur en France et en La- 
ponie; ce qui confirma les admirables théories de Newtou 
et d'Huygens. (Foy. Bouquer, La Caizre, Cassini DE 
Taury.) 

La part que prit Clairaut à la discussion qui s’éleva 
ensuite sur quelques points de la théorie de la terre, et 
qui dura long-temps, est indiquée par son ouvrage in- 
titulé : Figure dela terre tirée des lois de l'hydrosta- 
tique, qu'il publia en 1740. 

Dans cet ouvrage, Clairaut résout les problèmes qui 
avaient alors été posés par Bouguer et Maupertuis 
(voy. ce nom), et à cette occasion, il fait voir qu'il 
existe une infinité d’hypothèses de pesanteur, où le 

42 


330 CL 

fluide ne demeure pas én équilibre, quand même les 
deux principes de Huygens et de Newton seraient 
observés À la fois. Clairaut donne ensuite les caractères 
généraux pour reconnaître les hypothèses qui admet- 
tent l’équilibre, et pour détermiuet la figure que le 
fluide doit prendre ; il applique sa théorie à divers phé- 
nomènes, et entre autres à celui des vaisseaux capillaires. 
C’est alors qu'il aborde le véritable objet de la question, 
c’est-à-dire, la recherche de la figure de la terre, en 
supposant que ses particules s'attirent en raison inverse 
des carrés des distances, et qu’elletourne autour de son 
axe. Il commence par le cas de lhomogéuéité de la 
masse fluide; et sur ce point, il abandonne sa propre 
inéthode pour suivre et adopter celle de Maclaurin, 
qui trouvait que les deux axes de ce sphéroïde sont 
entre eux comme 330 et 229, ainsi que Newton l'avait 
conclu de ses principes. Sans plus rien emprunter de 
personne , Clairaut se livre ensuite à d’autres recherches 
très profondes; il explique, par exemple, la ma- 
nière de reconnaître les variations de la pesanteur de- 
puis l'équateur jusqu’au pôle, dans un sphéroïde com- 
posé de couches, dont les densités et les ellipticités sui- 
vent une loi donnée, du centre à la surface ; il détermine 
la figure que la terre aurait, si, en la supposant d’ail- 
leurs entièrement fluide, elle était un assemblage de 
couches de différentes densités; enfin, il compare sa 
théorie avec les observations, et dans cette comparaison, 
il examine les erreurs qu’il faudrait attribuer aux obser- 
vations , afin que les dimensions du sphéroïde terrestre 
fussent à peu près telles que la théorie le demande. Ces 
vues utiles et nouvelles ajoutèrent aux découvertes de 
Newton, et l'ouvrage de Clairaut doit être comme 
une des productions les plus remarquables, et qui ho- 
norent le plus les travaux scientifiques du dernier 
siècle. 

En 1752, un mémoire sur la théorie de la lune, de 
Clairaut , remporta le prix proposé par l’Académie de 
Saint-Pétersbourg. Il tira les principales raisons de cette 
théorie du problème des trois corps, dont la solution 
fut, quelques années après, l’occasion d’un vif ressenti- 
ment entre lui et d’Alembert. Le mémoire couronné 
était un résumé des nombreuses et difficiles recherches 
auxquelles Clairaut s'était livré sur ce sujet. Il ÿ consi- 
dère la lune comme soumise à l’action de quatre forces, 
dont la première et la principale est sa tendance vers la 
terre , les trois autres sont des forces perturbatrices qui 
proviennent de l'action du soleil. Clairaut donneles for- 
mules qui expriment les mouvemens provenant de l’ac- 
tion de ces diverses forces, etilentire la détermina- 
tion de la latitude de la lune. D’après sa méthode, 
on à finalement le lieu de la lune dans le ciel, pour un 
instant quelconque ; ce qui était l’objet du problème des 
mouvemeps de la lune, 


CL 


Une circotistance importante, et que nous ne pouvons 
passer sous silence , se rattache à fa production de cette 
ihéoïie. Dans Îes nombreux et difficiles calculs des iné- 
galités de ja lune que Clairaut fut obligé d'entreprendre, 
il s'était d'abord mépris sur lé mouvement de l'apogée : 
il ne l'avait trouvé qu'environ la moitié de ce qu'il est 
réellement éuivant les observations. Ce résultat dont il 
se croyait bien sûr, et qu'ilse hâta frop d'annoncer dans 
Vassemblée publique de l'Académie des sciences du 14 
novembre 1747, aflligea beaucoup les partisans de 
Newton, et réjouit d’autant ceux dé Descäries, cär à 
cette époque les savansétaient encore mcertains entre les 
théories de ces deux grands hommes. Aussitôt les carté- 
siens firent retentir les journaux de ce qu'ils appelatent 
la découverte de Clairaut. Ils éspéraient que le $Ystème 
Newtonien, convaincu de faux dans un point essentiel, 
ne résisterait pas à un nouvel examen, et disparaîtrait 
entièrement. Leurs espérances et leur trioraphe ne 
furent pas de longue durée. Clairaut ayant revu ses cäl- 
culs avec sévérité, s’aperçut qu'il n'avait pas poussé 
assez loin l’'approximation de la série qui devait don- 
ner le mouvement de l'apogée; il corrigea donc son 
erreur , et il trouva la totalité de ce mouvement, sans 
rien ajouter ni rien changer à la loi de là théorie new- 
tonienne. Clairaut donna dans cette circonstance une 
preuve nouvelle de sa loyauté et de son ambur exclusif 
pourla science, indépendamment des intérêts de l’amour- 
propre, que bien des hommes ont placés avant. Îl ré- 
tracta publiquement et avec franchise son ässertion pré- 
cipitée. Ainsi, dès ce moment, la loi de Newton reçut 
une éclatante confirmation. Au mémoire qu’il envova 
au concours à Saint-Pétersbourg sur cet important sujet, 
Clairaut avait joint des fables qui se trouvèrent un pêu 
défectueuses, soit par quelques erreurs dans les For- 
mules analytiques , soit par l’inexactitude des observa- 
tions qui leur servaient de base. Mais en 1765 et peu de 
temps avant sa mort, il donna une nouvelle édition de 
cet ouvrage avec des additions théoriques et de nou- 
velles tables, qui satisfirent les astronomes, et jouissent 
encore d’une grand réputation. 

En 1997, Clairaut lut à J'Académie un mémoire sur 
l'orbite apparente du soleil autour de la terre, en ayant 
égard aux perturbations produites par la lune etpar les 
planètes principales. Ce mémoire, imprimé par antici- 
pation dans un volume de l'Académie, pour 1754, 
est une nouvelle application de la méthode que l’auteur 
aYait employée dans la théorie de la lune; il est remar- 
quable par laclarté avec laquelle sont exposées les ques- 
tions qui y sont traitées. 

Le célèbre Halley avait annoncé le retour de la co- 
mète de 1682 pour 1759 ; ce grand astronome avait re- 
connu que ce corps céleste, en vertu de l'attraction de 
Jupiter , avait dû mettre un peu plus de temps à faire 


CL 


sa révolution de 1607 à 1682, qu'elle n’en mettrait à 
faire la révolution suivante; mais son calcul ne pouvait 
pas avoir l'exactitude de ceux qu'on devait obtenir à 
l'aide des méthodes plus modernes. De plus, Halley 
avait négligé l'attraction de Saturne, dont la masse est 
d'environ le tiers de la masse de Jupiter, ce qui devait 
aussi produire un dérangement sensible dans Ja marche 
de la comète. Quant aux attractions de la Terre et des 
autres planètes, comme elles sont très-petites, on croyait 
pouvoirdes négliger. 

Clairaut fut le premier géomètre qui entreprit de dé- 
tecmiyer les inégalités de cette comète, en ayant égard 
aux attractions de Jupiter et de Saturne. On doit re- 
marquer que ce problème, quoique semblable dens le 
fond à celui qui a pour objet la détermination des iné- 
galités des planètes, en diffère cependant en deux 
points essentiels. Dans le mouvement des planètes, les 
orbites sont peu excentriques les unes par rapport aux 
autres. Dans le mouvement des comètes, les rayons vec- 
teurs changent considérablement, et l'orbite de la co- 
mète peut décrire un très-grand angle avec lorbite de 
Ja planète. perturbatrice. Or, ces différences changent 
nécessairement la nature ou le choix des moyens qu'il 
faut employer dans ces deux cas, pour parvenir à des 
séries convergentes. Clairaut selivra avec ardeur à ce 
nouveau travail; et avec le secours de quelques disciples 
qui l’aidaient à convertir en nombres les formules ana- 
lytiques, il se trouva en état d'annoncer dans l'assemblée 
publique de l’Académie des sciences, du 14 novem- 
bre 1758, que la comète paraîtrait au commencement 
de 1759, et qu’elle passerait à son périhélie vers le 15 
avril suivant. Cette annonce que Clairaut présenta avec 
réservé et modestie, fit une profonde sensation dans le 
monde savant, car, de sa réalisation, dépendait la con- 
firmation d'une importante théorie, et la solution d’un 
des plus beaux probièmes astronomiques. La comète fut 
aperçue en Saxe, en 1758, et fut observée à Paris, le 
4 janvier 19959. Clairaut en retira une grande renommée, 
son nom fut proclamé avec des éloges, dont on ne com® 
prend plus l'enthousiasme aujourd’hui, que les plus 
belles découvertes de la sciencesont accueillies avec une 
si déplorable indifférence. Mais il faut convenir que les 
amis de Clairaut dépassèrent dans cette circonstance 
toutes les bornes d’une juste admiration, et qu'ils ou 
blièrent beaucoup trople graud Halley, dont le nom fut 
à peine prononcé. (l’oyez Apran et HaLLey.) 

La théorie du mouvement des comètes, que Clairaut 
publia en 1:60, devint l’occasion, comme nous l’avons 
dit plus haut, d’une vive discussion entre lui et d’Alem- 
bert, dans laquelle il parait qu’il n'eut pas toujours rai- 
son. On trouvera les détails de cette lutte fâcheuse entre 
deux hommes de génie, qui avaient chacun un mérite 


paruculier, dans le Journal des savans des mois 


CL 531 
d'août 1759, décembre 1760, et janvier 1761. Nous 
nous bornerons à dire ici que le public saisissant avec 
plus de facilité les travaux d’application de Clairaut, 
que les recherches théoriques et abstraites de d’Alembert, 
donna raison au premier ; les savans ne furent pas en- 
tièrement de l'avis du public. 

Nous nous contenterons d'indiquer les autres travaux 
de Clairaut, par le titre des ouvrages où ils sont ex- 
posés. La vie de ce célèbre géomètre a été bien remplie, 
et son nom sera honoré aussi long-temps que la science 
tiendra le premier rang parmi les hautes productions de 
l'intelligence humaine. Voici le jugement que porte sur 
lui un de ses contemporains qui avait vécu dans son in- 
timité : Il avait le faible de tous les grands hommes : 
il aimait un peu trop la célébrité. Adroit à saisir tous 
les moyens de s’attirer des applaudissemens, il dirigeait 
ordinairement ses recherches vers des objets dont un 
grand nombre de personnes pouvaient apprécier, sinon 
la théorie , au moins les résultats. Il travaillait ses ou- 
vrages avec un extrême soin, et presque toujours il] 
leur donnait la perfection dont ils étaient susceptibles. 
Ses élémens de géométrie et d’algèbre Jui firent des 
partisans nombreux et zélés, parmi les jeunes étudians 
de ces sciences , flattés d’avoir pour guide un géomètre 
d’une aussi grande célébrité. Un caractère doux et hant, 
une grande politesse, une attention scrupuleuse à ne 
blesser l’amour-propre d’autrui, lui donnèrent daus le 
grand monde une existence, une considération, que le 
talent seul n’aurait pas obtenues. Par malheur pour les 
sciences, il se livra trop à l’empressement général qu’on 
avait de le connaître et de le posséder. Eutrainé par la 
dissipation du grand monde , et voulant allier Le plaisir 
à ses travaux ordinaires, il perdit le repos et la santé, 
quoique son excellente constitution physique parüt lui 
promettre une longue carrière. Clairaut fut enlevé aux 
sciences et à l'amitié, le 17 mai 1765, ägé seulement 
de cinquante-deux ans, On lit dans l'éloge académique 
de cet illustre géomètre, que son père eutle malheur 
de lui survivre ; il ne fut jamais marié, etle roi, en 
considération de son nom et de son mérite, fit une 
pension de 1,200 1. à sa sœur, qui resta seule d’une fa- 
mille de vingtenfans qu'avaiteus Jeax:-Baptiste Clairaut, 
leur père. Un frère puîné d’Alexis Clairaut avait éga- 
lement faiten mathématiques des progrès assez rapides, 
pour être en état, à l’âge de quatorze ans, de lire à l'A- 
cadémie des sciences un mémoire de sa composition. 
Les espérances que donnait cet enfant ne purent mal- 
heureusement pas se réaliser, la petite vérole l'emporta 
en deux jours, à l’âge de seize ans, un an après qu’il eut 
publié un Traité des quadratures circulaires et hyper- 
boliques, qui parut revêtu de l'approbation et des éloges 
de l’Académie. Voici la liste des principaux ouvrages de 
l’académicien célèbre dont nous venons d’esquisser les 


CL 


travaux. I. Recherches sur les courbes à double cour- 


592 


bure; Paris, 1731, in-4°. IL. Elémens de géométrie; 
Paris, 1741, 1765 ,in-8. III. Théorie de la figure de 
da terre; Paris, 1743, in-b°; réimprimé en 1800. 
IV. Éiémens d’algèbre; Paris, 1753, in-8°. La troisième 
édition de cetouvrage, revue par Clairaut, paruten 1760; 
elle est encore fort estimée. En 1797, il en parut 
unenouvelle édition avec des additions tirées en partie 
des lecons données à l’école normale, par La Grange 
et La Place, et précédée d'un traité élémentaire d'arith- 
métique ; 2 vol. in-8°. V. Théorie de la lune déduite du 
seul principe de l'attraction; in-4°. Pièce couronnée par 
l’Académie de Saint-Pétersbourg, en 1752; elle a eu 
une seconde édition à Paris, en 1565, accompagnée des 
tables de la lune, rectifiée par l’auteur. VI. Théorie 
du mouvement des comètes; Paris, 1760, in-8°. Un grand 
nombre de mémoires de Clairaut sur l’algèbre , la me- 
canique et l'optique se trouvent dans le Journal des 
savans , et dansle Recueil de l'académie des sciences ; 
ils n’ont jamais été, malgré la célébrité de leur auteur, 
nirecueillis, ni imprimés à part. 

CLAVIUS (Cunisropne), savant et célèbre mathéma- 
ticien du XVI° siècle, naquit à Bamberg, en 1537. Il 
entra chez les Jésuites, dont il prit l’habit; il ne tarda 
pas à s’acquérir une grande réputation de savoir mathé- 
matique; les chefs de son ordre l’envoyèrent à Rome, 
où il fut employé par Grégoire XIII, en 1581, à la 
réformation du calendrier. Il parait qu’il fit tous les 
calculs nécessaires à l'exécution de cette entreprise qu’il 
fui ensuite spécialement chargé de justifier contre les at- 
taques des protestans et contre celle des géomètres du 
temps , qui prirent cette utile réforme comme un texte 
de critique. I] eut à réfuter Viète, Meæstlin, Lydiat et 
le fameux Scaliger. Sa dispute avec ce polygraphe, 
qui avait la manie pédantesque de tout savoir, peut 
donner une idée de l’urbanité dont on usait dans la cri- 
tique littéraire de ce temps. À défaut de bonnes raisons, 
Scaliger écrivit de grossières injures contre son adver- 
saire. Voici, par exemple, comment il jugeait le savant 
Clavius. « C’est une bête, disait-il, un gros ventru d’Al- 
lemaud; c’est un âne que ce Clavius, qui ne sait rien 
que son Euclide, asinus est iste Clavius, qui præter 
Eucliden nihil seit; et il ajoutait avec la grâce parti- 
culière qui caractérise ses écrits : C’est ün esprit lourd et 
patient, et c'est ainsi que doivent être les mathématiciens; 
un grand mathématicien ne saurait être doué d’un esprit 
élevé : et tales debent esse mathemativi ; præclarum in- 
geniurm non polest esse magnus mathematicus. Scaliger, 
on le voit, avait un profond mépris pour les mathémati- 
ciens, parce qu'ils opposaient trop souvent à sa faconde 
doctorale des raisons péremptoires; il ne regardait pas les 
mathématiques comme unescience, parce qu’il ne les sac 
vait pas. Aujourd'hui, les utiles travaux du père Clavius 


CL 

sont justement appréciés, tandis que les nombreux 1n-fo 
io de Scaliger sont à peine connus par leurs titres de 
quelques patiens bibliographes. Gérard-Jean Vossius, 
juge plus éclairé que l’insolentScaliger du méritemodeste 
de Clavius, en parle autrementque lui dans son livre de 
Scientiis mathematicis , où il le considère comme l’au- 
teur du calendrier grégorien. {1 a reçu des éloges aussi 
exagérés que les critiques de Scaliger, car il est appelé 
dans quelques ouvrages l'Euclide de son siècle. Le 
P. Clavius mourut à Rome, le 6 février 1612. On a de 
lui de nombreux ouvrages dont nous citerons seulement 
les principaux. 1. Æuclidis elementorum libri AVI, 
cum scholüs; 1574. Malgré la longueur des commen- 
taires qu’il contient, cet ouvrage fort estimé a souvent 
été réimprimé. IT. Calendarii romani gregoriani expli- 
catio, jussu Clementis VF IIT; Rome, 1600. C’est sur 
cet ouvrage qu'est fondée la réputation de Clavins; il est 
peut être le meilleur écrit qui ait été publié sur le ca- 
lendrier romain, malgré Ja prolixité des détails dans 
lesquels l’auteur est entré. : 

Indépendamment des écrits importans, on trouve 
dans le Recueil des œuvres de Clavius, imprimé à 


Mayence, en 1612, en 5 


vol. in-fol., plusieurs traités 
de géométrie, d’algèbre, d'astronomie, ét surtout de 
gnomonique, branche de science à laquelle Clavius avait 
consacré, en 1581, un énorme in-fol. Parmi les pièces 
que contient ce vaste recueil , aujourd’hui peu consulté, 
celle intitulée : Castigatio castigationis Josephi Scali- 
gert, dans laquelle le pédant adversaire de la réforma- 
tion du calendrier est rigoureusement traité , mérite de 
fixer l'attention. 

CLEPSYDRE (de xxumrs, Je cache, et de vdwp, 
eau). Instrument ou horloge d’eau, dont les anciens se 
servaient pour mesurer le temps. 

Perrault, dans ses remarques sur Vitruve, expose les 
diverses formes que l'on donnait à ces horloges, dont il 
existait un grand nombre d'espèces, toutes cependant 
fondées sur le même principe, savoir : l'abaissement pro- 
gressif de la surface d’une colonne d’eau renfermée dans 
un vase, et s’écoulant par un petit orifice situé à la 
parüe inférieure du vase.Les clepsydres les plus simples 
consistaient en un large tube de verre, portant une 
échelle divisée de manière à ce que le niveau de l’eau, 
en s'abaissant, indiquait les heures par sa correspon- 
danceavecles divisions. L'usage de cetinstrument est très- 
ancien, Il fut inventé, à ce que l’on croit, en Egyptesous 
les Ptolémées. Le peu de précision dontil est susceptible 
l'a bien vite fait abandonner, dès qu’on eut inventé des 
moyens plus certains de mesurer le temps. On trouve 
dans le premier volume des Machines approuvées par 
l'Académie des sciences, la description de nouvelles 
clepsydres supérieures à celles des anciens. Nous y 
renverrons nos lecteurs, ainsi qu’au vol. XLIF des 


OÙ 


Transactions philosophiques, ou se trouvent également 
des renseignemens précieux sur la théorie et la pratique 
de ces instrumens. 


CLIMAT (Géom.) (de xxiwa«, inclinaison). Terme 
employé dans la géométrie ancienne, pour désigner les 
parties ou zones du globe terrestre comprises entre deux 


cercles parallèles à l'équateur, et distinguées les unes des . 


autres, par la durée de leur plus long jour d’été. Les 
anciens se servaient des climats pour déterminer la si- 
tuation des lieux sur la surface de la terre, avant qu’on 
eût imaginé d'employer les latitudes. 


La largeur de chaque climat est déterminée demanière 
qu'il y ait un accroissement d’une demi-heure entre le 
plus long jour du parallèle qui termine l’un d’eux et le 
plus long jour du parallèle qui termine le suivant, en 
allant de l'équateur vers le pôle. Ainsi, le premier climat 
est celui à l’extrémité duquel le plus long jour est de 
12 heures +, le second, celui où il est de 13 heures, et 
ainsi de suite. On compte, par conséquent, 24 climats, 
depuis l’équateur jusqu’au cercle polaire, parce qu’à 
l'équateur, le jour est constamment de 12 heures, tan- 
dis que sur les cercles polaires , le plus long jour est de 
24 heures, c'est-à-dire, de 12 heures, plus 24 demi- 
heures. On a donc pu diviser cet espace en 24 parties, 
croissant successivement d’une demi-heure. Passé le 
cercle polaire, on ne compte plus que six climats pour 
aller au pôle, mais le plus long jour de chacun de ces 
climats surpasse d’un mois celui du précédent jusqu’au 
dernier , qui se termine au pôle, où il n’y a qu’un seul 
jour de six mois, et une nuit également de six mois. 
Cette division a lieu pour l’un et l’autre hémisphère; 
ainsi, il y a trente climats dans l’hémisphère septentrio- 
nal, ettrente dans l'hémisphère méridional, savoir : 
24 climats d'heures et6 climats de mois. Quelques géo- 
graphes comptent les premiers climats de quart d’heure 
en quart d'heure, et les seconds, de 15 en 15 jours. 
Ils forment ainsi 60 climats différens. 


Les climats , soit d'heures, soit de mois, n'ont pas la 
même largeur. Les premiers sont d’autant plus larges, 
qu'ils sont plus près de l'équateur, tandis que les se- 
conds, au contraire, vont en s’élargissant vers les pôles. 
Cette différence vient de ce que les climats d’heures 
dépendent de la grandeur de l’arc du tropique voisin qui 
est sur l’horizon, au lieu que les climats de mois dé- 
pendent de l'arc de l’écliptique, lequel reste toujours 
sur l’horizon, pendant que la sphère fait sa révolution 
diurne. En examinant la situation de l’écliptique sur une 
sphère armillaire, on se rendra facilement compte de 
toutes les variations des climats. 


La table suivante indique le cercle de latitude auquel 


se termine chaque climat, ainsi que l'étendue de sa lar- 
geur. 


355 
le 


PEUS LONG , 
‘JOUR. 


CLIMATS. LATITUDE, |. LARGEURe 


AN æ 


m 
0 D On CGR M 


4 
4 
3 
2 
2 
2 
I 
I 
I 
I 
Oo 
o 
o 
o 
o 
Oo 
o 
o 
o 
o 
2 
3 
5 
5 
F 


Lorsqu’on connait Le plus long Jour d’un lieu, on peut 
trouver immédiatement le climat dans lequel il est situé, 
et réciproquement. Par exemple, ce jour étant pour 
Paris de 16 heures, on ôte 12 de 16, et il reste 4 heures 
ou 8 demi-heures; Paris est dans le huitième climat, 
puisqu’il y a 8 demi-heures de différence entre le plus 
long jour de Paris, et celui de l’équateur. Si l’on savait 
au contraire que Paris est dans le huitième climat, et 
qu’on voulût trouver son plus long jour, il suffirait d’a- 
jouter à 12 heures, 8 demi-heures, ce qui donnérait 
16 heures. Quant aux climats de mois, l’opération s’exé- 
cuterait en ajoutant ou retranchant un mois par climat, 
en partant du premier. 


Les anciens géographes qui ne connaissaient qu’une 
bien petite partie de la terre, et qui croyaient le reste 
inhabitable , ou du moins inhabité, n'avaient établi que 
sept climats, dont le premier avait 13 heures. Ilsles dési- 
gnaient par les noms des lieux les plus remarquables qui 
y sont situés: ainsi, le premicr était celui de Meroe; le 
second, celui de Syène; le troisième, celui d’Ælexan- 
drie; le quatrième, celui de Rhodes; le cinquième, celui 
de Rome ; le sixième, celui du Pont-Euxin; et le sep- 
tième, celui de l’embouchure du Borysthène. À ces 
climats , Ptolémée en ajouta plus tard sept autres, éga- 
lementseptentrionaux, etlorsque les progrès de la science 
eurent fait connaître les diverses contrées de la terre, 
les géographes complétèrent cette subdivision, beaucoup 


354 co 
trop vague, du globe, qu'ils auraient mieux fait d'aban- 
donner. 

CO.CHEOU-KING, l'un des plus célèbres astronpmes 
chinois, naquit à Chun-te-Fou, ville de la province de 
Pé-Tché-Li, 
Khan, que les Chinois ont appelé Ghi-Tson, le cinquième 


vers le milieu du XIII siècle. Koublai- 


successeur de Gengis-Khan, et le fondateur de la dy- 
nastie des Yven, en 1271, fit refleurir les sciences à la 
Chine, et favorisa particulièrement l'astronomie. La ré- 
putatipn de savoir et d’habileté que s'était attirée Co- 
Cheoy-King le fitappeler par ce prince dans la capitale 
de l'empire, et nommer chef de l'antique et célèbre tri- 
bunal des mathématiques. Ce grand obseryateur fit 
construire des instramens beaucoup plus exacts que 
ceux dont on avait fait usage jusqu'alors. Le plus pré- 
cieux de tous était ua gnomon de quarante pieds chi- 
nois, terminé par yne plaque de cuivre yerticaleet percée 
par un trou du diamètre d'une aiguille. C’est du centre 
de cette ouverture que Co-Cheou- King comptait la 
hauteur du gnomon : il mesurait l'ombre jusqu’au 
centre de l’image du soleil. « Jusqu'ici, dit-il dans un 
écrit rapporté par le P. Gaubil (ist. de l'astronomie 
chinoïse), on n’obseryait quele bord supérieur du soleil, 
et on avait de la peine à distinguer leterme del’ombre : 
d’ailleurs, le gaomon de huit pieds, dont on s’est cons- 
tamment servi, est trop court. Ces motifs m'ont porté à 
faire usage de gnomon de quarante pieds, et à prendre 
le centre de l’image. » En comparant les ombres méri- 
diennes d’une longue suite de jours avant le solstice, 
avec une pareille suite d'observations faites après le 
solstice, il détermina que le solstice d'hiver était arrivé 
à Péking , en 1280, le 13 décembre, à 1 heure 36! 24/ 
après minuit, C’est de ce jour que date d’ère nouvelle 
de l’astronomie chinoise, à laquelle les travaux de Co- 
Cheou-King apportèrent de nombreux et importans 
changemens, D’après le P. Gaubil, cet astrenome dé- 
termine, pour ce moment , le lieu du soléjl dans Îes 
constellations , le mouyement d’anemalie et de latitude 
de la lune, et lelieu de chaque planète; il marque aussi 
pour ce moment l'épacte et tousdes autres élémens du 
calcul astronomique. Co - Cheou -King conclut encore 
de ces observations, que la plus grande déclinaison du 
soleil était de 23° 38 40" 17 ou 18”. L'abbé de La Caille 
verifia cette ancienne détermination de l'obliquité de 
l'écliptique, qui lui parut un fait très-intéressant pour 
l'astronomie. En calculant d’après la longueur des 
ombres méridieuues observées par Co- Cheou- -King, et 
ayant égard à la réfraction et à la parallaxe, l’astro- 
nome français trouva que l’obliquité de l’écliptique 
avait été, eu 1270, de 23° 32' 11 ou 12”; puis, com- 
parant ensuite cette obliquité ayec celle qu’il avait déjà 
déterminée pour l’année 1950, de 23° 18° 43”, il en 
conclut que la diminution réelle de l’obliquité, a été de 


‘a 565 jours 5 heures 49° 12 


CO 


3° 43" en 471 ans, c'est-à-dire de 47" 3 par siècle. Ce 
qui confirme la détermination obtenue par Euler, 
d'après sa théorie physique. A la suite de l'observation 
de quatre autres solstices, rapportée par le P. Gaubil, 
et en les comprenant avec celui qu'avait observé, en 
460, l'habile Co- 


Chcou-King détermina la quantité de l’année solaire, 


l’ancien astronome Tchou-Tsong, 


»", C’est en partie d’après 
ces anciennes observations chinoises , que l'abbé de La 
Caille détermina la durée de l'année solaire à 365 jours 
5 heures 48° 49”. On regarde co nmunément, à la Chine, 
Co-Cheou-King commele premier mathématicien de ce 
pays, qui ait fait usage de la trigonométrie sphérique. 
C'est sans doute pour exécuter des opérations sur cette 
base, que Co-Cheou King , comnie chef du tribunal des 
mathématiques, envoya divers membres de ce tribunal 
dans différentes provinces de la Chine, dans la Tar- 
tarie et la Corée. Le P. Gaubil a rapporté les observa- 
tions qu'ils firent de la hauteur du pôle; mais il ne 
paraît pas qu’il ait pu retrouver d’autres détails de 
leurs travaux astronomiques. Co-Cheou-King ayant 
examiné les instrumens confectionnés sous les dynasties 
précédentes, les trouva défectueux, ct les fit construire 
de nouveau; mais comme, après lui, l'astronomie fut 
derechef négligée à la Chine, jusqu’à l'avènement de la 
dynastie de Ming, qui succéda à celle des Yven, ces 
instrumens , qui avaient passé pour être d'une grande 
précision , furent déposés à Péking, dans une salle basse 
du tribunal des mathématiques, où il ne fut plus pos- 
sible de les voir, et dont par conséquent on ne fait 
plus usage. On ignore la date de la mort de Eo-Cheou- 
King , le plus habile astronome qu'ait eu la Chine, et 
dontdes observations, précieuses parleurexactitude, m'ont 
pas été inutiles aux progrès de l'astronomie moderne. 

COCHER (Astr.). Nom d’une constellation boréale, 
composée de 66 étoiles dans le catalogue de Flamstead. 
L'étoile la plus brillante de cette constellationse nomme la 
Chèvre (voy. ce mot). Le cocher est situé au-dessus du 
Taureau;entre Persée etles Gémeaux (voy PL. IX). On 
lui donne-ençoreles noms de Æwriga, Aurigator, Agi- 
taior Currüs, Arator, Héniochus, Habenifer, Erich- 
thonius, Qrus, Phaeton, Bellérophon, Trochikus, 
Absyrthe, Lustos Caprarum, Ænomaus , Hippolytus. 

GOEFFICIENT (4/g:). Quantité par laquelle une 
autre quantité «st multipliée. Ainsi dans 3a, Ax, 
(aHn)æ? ,etc., 3 est le coefficient de a, A celui dexet 
mn celui de x? 

Lorsqu'une lettre n’est précédée d'aucun nombre, 
elle est toujours censée avoir 1 pour coefficient , parce 
qu’en général M est la même chose que 1 XM. 

Dans une équation quelconque 
ar + Am! Æ Bxr-? L Cri Hetc...+ Z =0o, 
Grdonnée par rapport aux puissances décroissantes de x, 


co 


le coefficient du second terme est égal à la somme de 
toutes les racines de l'équation prise avec un signe con- 
traire. 

Le coefficient du troisième terme est égal à la somme 
des produits deux à deux des racines. 

Le coefficient du quatrième terme est égal à la somme 
des produits trois à& tros des racines prise avec un signe 
contraire. 

Et ainsi de suite jusqu’au dernier Z, lequel est consi- 
déré comme le coefficient de x° et qui est égal au pro- 
duit de toutes les racines: 


Par exemple, soit l'équation du troisième degré 
x + Ai +Bx +C— 0, 
dont les racines sont à, b, ce, nous aurons 


A=— (a+ b+c) 
B— ab ac + bc 
C —= 


abc. 


V'oy. Equariox. 

MÉTnoODE DES COEFFIGIENS INDÉTERMINES. Cette mé- 
thode, l'une des plus fécondes de la science des 
nombres, fut entrevue par Viète, mais c’est à Descartes 
qu'on en doit le développement et la première ap- 
plication importante ; depuis on Pa employée avec 
succès dans les parties les plus élevées de la sciénce, 
soit coimmé moyen de démonstration, soit comme 
moyen de découverte. Elle consiste généralement à 
supposer une équation avec des coefficiens indétermi- 
nés dont on fixe ensuite là valeur par la comparaison de 
ses termes avec ceux d’üné autre équation qui lui doit 
être égale. C’est ainsi que Descartes est arrivé à la solu- 
tion f équations du quatrième degré. Voy. Biqua- 
DRATIQUE. 

La méthode des Coefficiens indéterminés est d'un 
graud usage dans la génération des quantités par le 
moyen des séries. Nous allons examiner ici divers cas 
particuliers afin de rendré plus sénsibles et la méthode 
elle-même et les divers procédés dont elle se sert. 

I. Supposons d’abord qu'il s'agisse de développer en 

a 
b+x 


quelconque, ou, comme on le dit, uñe quantité variable. 


série la quantité , dans laquelle æ est un nombre 


Nous poserons l'égalité (a) 
re =A + Bx + Ca + Ca Dot HE Letc.... 


et A, B, GC, D, etc., seront donc les coefficiens dont il 
faut déterminer la valeur, 


Avant de poursuivre, nous devons faire observer que 
la forme de l'égalité (a) n’est point arbitraire, mais 
qu’elle est fondée sur la proposition suivante dont nous 


donncrons ailleurs la démonstration. 


CO 355 

Une fonction quelconque d'une quantité variable 

x peut toujours étre développée en série procédant sui- 

vant les puissances progressives de x, c'est-à-dire @x 

étant une fonction quelconque de x etA,, A,, A, etc. 

des quantités indépendantes de x, maïs déterminées par 
la nature de La fonction, on a (2) 


pr =Aÿ+A,x+A,x + ATH Ari Letc... 
Oéti posé ; et la forme de l'égalité (a) ainsi légitimée 
(voy. Foxcrio x), multiplions les deux membres de cette 


égalité par b+x, et faisant passer ensuite a dans le se- 
cond membre , nous aurons (b) 


0 = Ab + Bbx + Cbx? + Dbx3 + Ebxi— etc. 
—a + Ax + Bz + Cri + Dri + etc. 
L’éfalité (a) devant subsister quellé que soit le valeur 
de x, il en est nécessairement de méme de cette dur. 
nière ; mais lorsqu'on fait x=—6 elle devient 
Ab—a—o, 


d’où l’on tire 
a 
À = nm . 


donc cette valeur de A dit restér la ième pour toute 
autre valeur de x, ét pair conséquent Ie preltiiér coëf- 
ficieut Se trouve ainsi déterminé: Rétrañchatt dans (D) 
les quantités Ab; et==a qui se détruisent, cetté équation 
se réduit à: 


0 — Bbx + Cha? + Dr + Ebri + Fbx L etc. 
+ Ax + Baf L Cr + Dai + Ex + etc., 
ou , divisant par æ, à (c) 


o — Bb + Chr À Dh + Fr À TEA ele : 
+ A + Br + Cr + Dr + Exf etc 
Cetté équation deVant encore Subäicter pour toute valeur 


de x, faisons x—o et nous aurons 


Be + À O0, 
D'où 
À 
B— = pa 
et enfin 
a 
B=— Re 7e 


en substituant À fa place de À, sa Valeur Ÿ trouvée ci- 
» 


dessus. 
Retranchant B5-HA=0 de (ec) ct divisant par æ, il 
nous restera (d) 
= Cb + Dbx + Eba? + Fbaxÿ + Gbzf — etc. 
+ B + Cx + Dar + Ex + Fri + etc. 


336 Co 
faisant de nouveau x—0 , nous aurons 
Cb + B= o 
d'où 
B,A4& 
C—=— 3 =5 


- , a 
en substituant à la place de B sa valeur — -—. 


b? 
Il est évident qu’en continuant de la même manière 
nous tomberions sur les égalités 


Dr +C—=0o 
Eb + D —=o 
Fb+E —o 
etc. = etc. 


à l’aide desquelles les coefficiens D, E, F, etc., se trou- 
xent déterminés. 


Remplaçant dans (a), À, B, C, D, etc, par leurs valeurs, 
nous aurons définitivement (71) 


«a a 


a [74 
sb ut pe — 57 a + etc... 
ce qui est le développement demandé. 


En se reportant à l'équation (b), on voit aisément 
que la marche que nous venons de suivre se réduit à éga- 
ler séparément à zéro les quantités qui multiplient une 
même puissance de x; et, en effet, il faut nécessaire- 
ment que ces quantités soient toutes o pour que cette 
équation puisse subsister daus toute sa généralité, c’est- 
à-dire x étant une quantité quelconque. 


Si dans l'expression (m)nous faisonsa=1 , elle devien- 


I ; ee 
dra, pus étant la même chose que (b4+x) o 
—{ ï TZ “2 x° x4 
G+x) Rp pal pe lp els) 


ce que nous obtiendrions également en développant 


G+x) 


ainsi qu’on arrive aux mêmes résultats par des procédés 


‘ par la formule de Newton (v0y. Binome). C’est 


pien différens, et que se manifeste la certitude de la 


science. 


IT. Appliquons maintenant la méthode des coefficiens 
indéterminés à des questions plus importantes, et com- 
mençons par la détermination des quantités À,, À,,A,, 
A,, etc., qui entrent dans le développement général (z) 
de toute fonction en série ; soit donc (1) 


px—=A,+ A,;x + A,at + A;xi LA ri etc... 


si, dans cette expression nous faisons x—o, nous 
aurons 


CO 
le point placé sur x indiquant qu'il faut faire æ=o dans 
la fonction gx pour obtenir la valeur de A. 
Prenant ensuite la différeutielle des deux meinbres de 


l'égalité 


(1), nous obtiendrons 
dx = Aidx + 2A,xdx +3A,x'de + 4A aux + etc. 
et, divisant par dx, (2) 


d 
_ = A:+2A,x+3A;x + 4A,t + etc. 
cette égalité devant aussi avoir lieu quel que soit x, on 


a, en faisant x=0, 


Différentiant de nouveau les deux membres de l’éga- 
lité (2) et divisant ensuite par dx, nous aurons (3) 


d 
PT OA, pasle 3. (A mé At Det 


dx? 
ce qui donne , en faisant x—0, 


do 
2dx* 


Aa 


Différentiant encore les deux membres de (3) et di- 
visant par dx, nous trouverons aussi 
dx 


és = 2.3A5+2.3.4A4x+3.4.5A x etc. 


d’où nous tirerons, en faisant x—0, 


Do 


Às 2.342 


Il est évident qu’en poursuivant de la même manière 
nous obtiendrons successivement 


d'gx 
= 2.3.4dxt? 
too 
PATENT LA 
etc. etc., 


et en général, # étant un indice quelconque, 


Fe d'où 
Fo .23.4. (1). pe dE” 


substituant ces valeurs dans (1), nous avons enfin (n) 


Le æ 


qu=qu+ HET, a 


de 1.2 


dx x 
“da 1.2. 


mie 


dont la loi est manifeste, ainsi, ilsuffit de savoir prendre 
les différentielles successives d’une fonction quelconque 
pour obtenir son développement en série. 

Soit, pour fixer les idées, x—(a+x)", nous aurons 
(voy. DirFÉRENTIEL) 


co 


ee = m(a+zx}r-1, 


LCR ca = m(m—1)(a 4x): 
LORD nms)(m—)(a+a—, 
CL. etc. 


faisant dans toutes ces expressions x—0o, et substituant 
dans (7) en observant que 


gi =(a+ à)" =a, 
nous aurons 


(a + x)r — am + man—1 2 + a am—222 
m(m—1)(m—)2) 


129 


+ 


am—3x3 + etc..., 


c’est-à-dire le binome de Newton. 

Or, comme les expressions précédentes sont indépen- 
dantes de toute valeur particulière de #2, le binome de 
Newton se trouve ainsi démontré pour un exposant 
quelconque. 

La loi générale (7), dont nous venors de donner une 
déduction, est connue sous le nom de théorème de Ma- 
claurin, nous verrons ailleurs en exposant le ‘hcorème 
de Taylor{voy. ce mot), qu’elle n’est qu’un cas particu- 
lier de ce dernier. 

II. Une fonction quelconque d’une variable æ pou- 
vant être encore développée en série, procédant suivant 
les factorielles progressives xl, x?*, x3l:, etc., de la 
variable, cherchons maintenant la loi des coefficiens de 
ce développement. Nous poserons donc (1) 


dx =A,+A,xtls+ A als HA ,xsls E Aile etc. 


Prenant les différences successives des deux membres 
de cette égalité, en prenant = pour l’accroissement de la 
variable # (voy. Dirrérence), nous aurons les égalités 

Aÿx —7A;—+923A,xti + 3zA ,x21:Letc.... 

Mr = 27%À,+4 9.37" Arts 3./4zA,xtl: E etc. 

Apr = 2.37/À, + 2.3.425A xls + 

+ 3.4.5 A xl: L etc. ... 
Afpx — 2.3.47AÀ, + 2.3.4.5z4A ils 
+ 3.4.5.623A xl Letc.. 


etc. CO 


faisant dans toutes ces égalités, à commencer par (1), 
x=0, nous obtiendrons 


A5 =#@?, 


CO 331, 
Aie 
27? 
Az 
me 2:32 
etc. , etc. , 


et en généra', 72 étant un indice quelconque 
2 q q ? 


ArQX 
DDR LT 


mm 


le point placé sur x indiquant, comme ci-dessus, 
qu’il faut faire æ—0o après avoir pris les différences. 
La loi demandée est donc (2) 


k Apt xl | A als 
TT = TX se —— —— 
# ? EH FA I 2? 1.2 
Aÿx al: 
——. —; etc 
LA z4 1:23 sr 


Lorsque l'accroissement z est infiniment petit, les 
factorielles deviennent de simples puissances et le déve- 
loppement (2) se réduit à celui de Maclaurin qu'il em- 
braste ainsi comme un cas très-particulier, quoiqu’ilne 
soit lui-même que le cas le plus simple de la for- 
mule donnée par M. Wronski, pour le développement 
des fonctions en séries (voy. Facurrés et Séries). Nous 
nous contenterons ici d'appliquer cette loi au binome 
des factorielles , soit donc 


gx = (a+). 


Quelles que soient les quantités a, x, m, =, nous avons, 
# étant un nombre entier quelconque, (voy. Dirré- 
RENCE) 


Aa) = m(m—i)...(m—u+i)atc)-#zs, 


et, par conséquent 
»P ; 


gi = a"t, 
Aÿx 
= — mails, 
A°Dx 
és = m(m—1)a"—21, 
_ 
etc., etc. 


substituant dans (1) nous aurons donc 
(a + Cyr = al: + man—1l: œil: + 


+ DATE) am-als, xls, etc... 
1:2 

etle binome des factorielles se trouve ainsi généralement 

démontré. 

Nous donnerons dans plusieurs articles d’autres appli- 
cations de la méthode des coefficiens indcterminés (voy. 
FRACTIONS CONTINUES , SERIES RÉCURRENTES); Ce qui pré- 

43 


sres) CO 

cède est suffisant pour montrer la haute utilité de cette 
méthode, qu’on peut appliquer à la recherche des lois 
les plus générales de la science. 

COEUR pu on, où RecuLus (Astr.). Étoile de la 
première grandeur , dans la constellation du Lion. Foy. 
RecuLus. 

COEUR 5e ’uspre (Astr.). Étoile de la seconde 
grandeur, dans la constéllation de l’Æydre. PVoy. ce 
mot. : 

COIHÉSION (Mec). Force qui unitles parties des 
corps, les retient ensemble etles constitue en une même 
masse. 

COIN {Héc.). Prisme triangulaire de fer que l’on 
fait entrer par uue de ses arètes dans la fente d’un 
corps pour en augmenter Pouverture. L'arète qui pé- 
nètre Je corps se nomme le tranchant du coin, la face 
opposée en est la téte, etes deux autres faces quadran- 
gulaires er sont les cotes. 

Le coin étant frappé sur sa tête (voy. PL. XVII, fig.) 
reçoit une impulsion que nous supposerons perpendieu- 
laire, où agissant suivant la droite BE. Cette impulsion 
tendant à écarter les côtés de la fente re put être con- 
trebalancée que par l'adhérence mutuelle des particules 
qui composent le corps; mais comme cette adhérence 
n’est pas la même dans toutes les substances, il devient 
impossible d'évaluer en général le rapport de la puis- 
sance à la résistance dans cette machine, que l’on 
compte parmi les six puissances mécaniques élémen- 
taives. Nous pouvons seulement chercher le rapport 
de la puissance aux pressions exercées sur les côtés du 
coin. 

Soit donc A BC le profil du coin ; représeutons par la 
droite arbitraire DO la 
force qui tend à le faire 
pénétrer, et ayant mené 
sur fes côtés AC, BC, les 
perpeudiculaires DE et 
DFE, achevons le parallé- 
Jlogramime IDHO , en re- 
présentant par DI et Dit 


ies pressions exercées sur C 

les côtés. Nommous donc F la force et P et P' ces pres- 
sions; les triangles semblables ABC , IDO , nous don- 
nerGnt 


DO : DI :10 :: AB : AC : BC 
où , en remarquant que IO—DH, : 
F:P:P':: AB :AG:RC, 
nous aurons donc aussi, H étant un nombre quelconque, 
F:P:P'::H X AB:HX AG:}H X BG, 


mais si H représente la largeur du coin, H % AB sera 


CO 
la surface de la tête, ét H X AB, H % BC les surfaces 


des côtés; ainsi la puissance F etles efforts P et P', qui 
agissent sur les côtés du coin, sont preportionnels à sa 
tête et à ses cotés. 

Il suit de cette théorie que plus le coin deviendra 
tranchant et plis a mênre puissance acquerra d'avantage 
sur les résistances, et plus, par conséquent, le coin 
trouvera de facilité à s’enfoncer. 

Nous avons supposé que la force agissait perpendicu- 
lairement à la tête, et il suffit en effet &e considérer ce 
cas ; car lorsque la force agit obliquement on peut la dé- 
composer en deux autres, lune perpendiculaire à la 
tête du coin et l'autre dirigée dans son plan : or, comme 
cette dernière force ne tend qu’à faire glisser la puissance 
sur le plan de la tête, elle demeure sans action sur la 
résistance. 

COÏNCIDER (Gcom.). Lorsque deux lignes ou deux 
surfaces appliquées l’une sur l'autre se confondent de 
manière à ne former qu’une seule ligne ou qu’une seule 
surface , on dit qu’elles coëncident. 

La coincidence désigne donc une égalité parfaite dans 
les figures ; et tous les géomètres, d'après Euclide, dé: 
montrent la plupart des propositions élénrentaires par 
le seul principe de Ix coïncidence ou superposition. 

COLLIMATION {Opr.) (de colimo, je vise). Nom 
dela ligne optique, supposée passer par les deux pinules 
d'un graphomètre lorsqu'on vise un objet. Dans une lu- 
nette, c’est l’axe optique, ou la ligne qui passe par le 
centre des verres. 

COLLINS (Jean), géomètre anglais, né à Wood- 
Laton , près d'Oxford, en 1624. Il avait des connais- 
sances étendues dans les diverses branches des mathéma- 
tiques et passa surtout pour un des plus habiles calcula- 
teurs qui eüt jamais existé. Ces connaissances et la 
publication de quelques ouvrages sur des sujets de ma- 
thématiques 1e firent admettre, en 1€67, dans la société 
royale de Londres. Les relations qu’il établit alors entre 
les savans , par ses correspondances avec eux , l’ont fait 
surnommer le Jersène anglais, et comme le Françaisil 
servit utilement la science par l’émulation qu'il excita 
entre ceux qui les cultivaient. Les papiers de Collins, 
tombés vingt-cinq'ans après sa mort entre les mains du 
savaut William Jones, ont jeté du jour sur plusieurs 
questions controyersées et qui intéressent l’histoire des 
sciences mathématiques. Ils ont fourni la plupart des 
pièces d’après lesquelles quelques savans anglais ont 
voulu attribuer à Newton seul l'invention des calculs 
différentiel et intégral, dant Leïbnitz doit au mots par- 
tager l'honneur avec lui. (Foy. Prrrérenrrez.) Ces 
pièces ont été publiées sous ce titre : Comnrercium epis- 
tolicum D. Johannis Collins et aliorum de analysæ 
promotd,  jussu societatis regiæ in lucem editum, 


Londres, 1912, in-4° et 1725 in-8°. — Jean Collins, 


Co 


savant modeste, dont la vie fut marquée par peu 
d’événemens, est mort le 16 novembre 1683. Outre 
plusieurs dissertations curieuses dont il est l’auteur, et 
qu'on trouve dans les Transactions philosophiques , 
voici les principaux ouvrages qu’il publia : 1. Zntroduc- 
tion à la tenue des livres , 1652, in-f° et 1665, avec un 
supplément. IL. The Sector on aquadrant, 1658, in-4°. 
Cet ouvrage contient la description et l'usage de quatre 
sortes de cadrans. IT. Za gnomonique géométrique, 
1659 , in-4°, 

COLLISION (Mec.), (de collisio, choc}. C’est la 
même chose que Cnoc. Foyez ce mot. 

COLOMBE ( 4str.). Nom d’une constellation méri- 
dionale placée près du tropique du Cancer, au-dessus 
du Lièvre et à côté du Grand Chien (voy. Pr. X). Elle 
ne contient que 10 étoiles dans le catalogue de Flamstead ; 
mais La Caille en à considérablement augmenté le 
nombre, dans la description qu’il en a donnée, AMém. 
de l’'Acad. des Sc., 1752. La plus brillante étoile de 
cette constellation, marquée #, est de la seconde gran- 
deur ; elle est visible en Europe, puisqu'elle est au mné- 
ridien près de 7° au-dessus de l'horizon de Paris. 

COLURES ( Astr.). On donne ce nom à deux grands 
cercles qui passent par les pôles du monde : l’un par les 
équinoxes, et l’autre par les solstices. Foy. ArmirraIRe. 

COMBINAISON (4/g.). Réunion de plusieurs objets 
en groupes composés d’un nombre quelconque de ces 
objets. Par exemple, les cinq lettres a, b, e, d, e, 
étant données, les groupes ab, be, ed, de, ac, etc., 
formés par la réunion de ces lettres deux à deux, ou les 
groupes abc, abd, cbd, etc., formés par la réunion de 
ces mêmes lettres trois à trois, et ainsi de suite, sont les 
combinaisons des cinq lettres a, b,c, d,e. 

Lorsqu'il s’agit de nombres représentés par des let: 
tres; comme les produits sont les mêmes , quel que soit 
l'ordre des facteurs, on ne donne proprement le nom 
de combinaison qu'aux groupes qui expriment des pro- 
duits différens : ainsi les trois quantités À , B, C, admet- 
tent bien six arrangemens en les combinant deux à 
deux, savoir : 


AB, BA, AC, CA, BC, CB; 
mais dans ces six arrangemens il n’y en a que trois : 
AB, AC, BC. 


qui donnent des produits différens; et. c’est seulement 
ces trois derniers qu'on désigne sous le nom des combi- 
naisons deux à deux des trois quantités À, B, C. 

Par la même raison, quoique les arrangemens des 
quatre lettres À, B, GC, D, combinées trois à trois, 
puissent former 24 groupes, leurs combinaisons où pro- 
duits différens ue sont qu’au nombre de quatre : 


ABC, ABD, BCD, ACD. 


co 


Si l’on considère que dans le nombre total des arran- 


239 


gemens possibles, chaque produit doit se trouver répété 
autant de fois que les lettres qui le composent admettent 
de changement de situation , on verra facilement que le 
problème de déterminer le nombre des combinaisons de 
plusieurs quantités se réduit à celui de déterminer le 
nombre des arrangemens, et à diviser.ce dernier par le 
nombre qui exprime tous les changemens de situation 
des divers facteurs d'un groupe. En effet, pour éclaircir 
ceci par un exemple, dans les six arrangemens deux à 
deux 

AB, AC, CB 

BA , CA, BG 


des trois lettres À, B,C, chaque produit différent se trouve 
répété deux fois : AB, BA; AC, CA ; CB, BC, parce que 
deux lettres admettent deux changemens de situations. 
ainsi, dans ce cas, le nombre des produits ou des combi- 
naisons est la z2ort1é de celui des arangemens. De même 
dans les 24 arrangemens 3 à 3 des quatre lettres À, B, 
C, D, chaque produit ABC, ABD, BCD, ACP se trouve 
répeté G fois, parce que trois lettres présentent six 
changemens de situation 


ABC, ACB, BAC, BCA, CAB, CBA. 


Le nombre des combinaisons est donc la sixième partie 
du nombre des arrangemens. 

En général, si M exprime le nombre total des arran- 
gemens de 7» lettres en groupes de » lettres, et si N ex- 


prime le nombre des changemens de situation qne peu- 


M 
vent admettre » lettres, — sera le nombre des combi- 


N 
naisons » à 7 des 71 lettres. 
On donne le nom de permutations aux changemens 
de situation des lettres entre elles , ainsi 


AB, PA, 
sont les permutations des deux lettres À et B, 


ABC, ACB, DAC, BCA, CAB, CBA 


sont les permutations des trois lettres A, B, C; ct ainsi 
de suite. 

Il s’agit donc préalablemeut de déterminer le nombre 
total des arrangemens que peuvent présenter plusieurs 
lettres, en les réunissant deux à deux, trois à trois, etc. 

Or, pour former les arrangemens de trois lettres deux 
à deux. il est évident qu’à côté de chacune d’elles il faut 
écrire les deux autres; de cette manière, &, b, © , étant 


ces lettres, on a 
al ic} ou ab, ac 


1 ac | ou ba, be 


540 CO 


c| a, b Lou ca , cb 


| 


S'il s'agissait de quatre lettres «4, b, C, 4, arrangées 
deux à deux, ontrouverait de même 


al b,r, a} ...ab, ac, ad 
b{a, cd |...ba, be, bd 
cla,b, d| ...ca, cb ,cd 


d\a, b, c} da, db, de 

Pour trouver les arrangemens #rois à trois, on voit 
aisément que devant chaque lettre il faut écrire tous les 
arrangemens deux à deux de toutes les autres lettres: 
ainsi pour quatre lettres, par exemple, on aurait 


albe, cb, bd, db, cd, de 


b{ac, ca, ad, da, cd, de) 


c{ab, ba, ad, da, id, db} 


d\a, ba, ac, ca, bc, cb} 


et, en réunissant les groupes, 


abc, acb, abd, adb, acd, adc 
bac, bca, bad, bda, bcd, bde 
cab, cha, cad, cda, cbd, cdb 


dab, dba, dac, dca, dbc, dcb 


En général, il est évident que pour former tous les ar- 
rangemens d’un nombre quelconque de lettresen groupes 
de n lettres , il faut écrire devant chaque lettre tous les 
arrangemens #7—1 à »—1 dont toutes les autres sont 
susceptibles. Si nous désignons doncpar An) le nombre 
des arrangemens de » lettres en groupes de » lettres, et 
par A{n—4,m—1) le nombre des arrangemens de m—1 
lettres en groupe de 2—1 , nous aurons 


Ajnm) = M. Â{n=1, m—1) 


Mais cette relation ayant nécessairement Keu, quels 
que soient les nombres 77 et n, n étant d’ailleurs plus 
petit que 7, nous aurons aussi 


A(n—1, mt) = (m—1) Ans, m3) 

Aqn—i,ms) — (1—92) Âfn_3,m—3) 

A(u—3, m3) = (M—3) A(n—$, mi) 
etc. .. etc. 


A(ns,my) = (N—p) Afin i,m—u1); 


CO 


substituant successivement ces valeurs l’une dans l’autre 
nous obtiendrons {1) 


Afn,m) = Nm—1)m—2)....(m—p) Â(n-pu-1,m-;1) 


expression dans laquelle tout sera connu si nous pouvons 
déterminer la valeur de 


A(n=u 1,mu—1) 


correspondante à une valeur du nombre arbitraire ge. 
Or, si nous faisons &—n—2, cette quantité devient 


A1, mnt 1) 


c’est-à-dire le nombre des arrangemens une à une de 
m—n+:1 lettres, mais un nombre quelconque de lettres 
admet autant d’arrangemens une à une qu'il y a de 
lettres, ainsi 


Ann) = MR, 


donnant donc, dans (1), la valeur 7—2 à la quantité 
arbitraire # nous aurons définitivement pour le nombre 
total des arrangemens » à » de "1 lettres, l'expression (b) 


An, m) =m{m—i\m—2)....(m—n+4+2)\m—n+1). 


Dans le cas de m—4 , n—3, nous avons 


A(3,4) = É5902— 24% 


comme nous l’avons trouvé ci-dessus. 

Le nombre des arrangemens étant ainsi exprimé , il 
ne s’agit plus, pour déterminer celui des combinaisons, 
que de connaître le nombre des permutations de chaque 
groupe formant un produit distinct; c'est ce que nous al- 
lons exposer. 

Les permutations d’un groupe de deux lettres se for- 
ment en écrivant chacune de ces lettres devant l’autre, 
comme il suit 


ab, ba. 


Celles d’un groupe de trois lettres , en écrivant devant 
chacune d’elle les permutations des deux autres 


{ | 
LE cb: 


a . abc; acb 


bac, ca} .. bac, bca 


c\ab, ba ...cab, cha 
On trouvera de la même manière les permut tions 
d'un groupe de quatre lettres, c’est-à-dire qu'on 
écrira 


a bed, bdc, cbd , cdb , de, deb) 


blacd, adc, cad, eda, dac, dea| 


CO 


c{abd, adb, bad, bda, dab, dba) 


d\abe, acb, bac, bca , cab, cha 


et, en réunissant 


abcd , abde , acbd , acdb, adbc , adcb 
bacd, bade , bead , boda, bdca , bdca 
cabd, cadb, chad, cbda, cdab, cdba 
dabe, dacb, dbac, dbca , dacb, dcba. 


Ainsi le nombre des permutations de trois lettres est 
égal à trois fois celui de deux lettres ; le nombre des 
permutations de quatre lettres est égal à quatre fois celui 
de trois lettres, et ainsi de suite. » étant un nombre en- 
tier quelconque si nous exprimons, CN général , par pes 
le nombre des permutations de # lettres, nous aurons la 


suite d’égalités 


P; — 3P: 

P; = 4P3 

Ps —5P4 

Ps — 6GPs 

etc. etc. 
Piu = (n—1)Piee 
Le —= nP,-1 


substituant chacune de ces valeurs dans celle qui la suit, 
nous obtiendrons 


P,= n(n—in—2).....6.5.4.3.P:, 


mais Ps—9, car deux lettres n’admettent que deux per- 
mutations: ainsi cette dernière expression devient (2) 


P,,—=2.3.4.5.6.5.... (71) 7. 


c'est-à-dire que le nombre des permutations de » lettres 
est égal au produit de tousles nombres naturels depuis 
1 jusqu’à 7. 

Si l’on demandait combien dix objets peuvent ad- 


mettre de variations de positions , ou de permutations 


“il suffirait donc de faire 7—10 dans (3) et l’on aurait 


P, = 2.3.4.5.6.7.8.9.10 — 3628800. 


Ceci posé, comme le nombre des combinaisons de m 
lettres 7 à n se trouve en divisant le nombre total des 
arrangemens 7 à n, par celui des permutations des groupes 
de » lettres, si nous désignons ce nombre de combinai- 
sons par C{um), NOUS aurons (4) 


m(m—\)\m—92)....(m—n+#1) 
SNA SE Te = 


C(nm) = 


En faisant successivement, dans cette expression géné- 


rale, n=1,n—2,n—3, etc., on trouve 


mm—1) mm—i)(m—0) m(m—i)(m—2)\m—3) 
2 NET ——<etc 


ER EE A 
HEAR 2.3 à 


CO 341 


qui sont , respectivement, les nombres des combinaisons 
1à1,2à2,3à3,4à4,etc., de m lettres, et qui 
forment la suite des coefficiens de la formule de Newton, 
Voyez Binoue. 


Pour donner au moins un exemple de l’application 
de la formule (4), supposons qu’il s'agisse de trouver le 
nombre des combinaisons 4 à 4, de 8 lettres; nous ferons 
m= 8 etn—4, etcommele dernier facteur du numéra- 


teur devient 7—n—+1=8—4+1=5, nous trouverons, 


8.7.6. 
JON 


Css T7 


La théorie des combinaisons reçoit de nombreuses 
applications dans diverses branches de l'algèbre, telles 
que la théorie des équations , le calcul des probabilités, 
etc., etc. On les trouvera aux articles consacrés à ces 
divers objets. F’oyez aussi PERMUrATION. 

COMÈTE (Astr.) (de youn, chevelure). Corps lumi- 
neux qui apparaît dans le ciel, presque toujours accom- 
pagné d’une trainée de lumière, et qui, pendant le temps 
de son apparition, a un mouvement propre généra- 
lement semblable à celui des planètes. 

Avant qu'on eût découvert le télescope, et suivi 
avec exactitude le cours de ces masses lumineuses de- 
puis l'instant où il est possible de les apercevoir, jusqu’à 
celui où elles se perdent dans l’espace, elles semblaient 
apparaître et disparaître presque subitement, et leur 
présence imprévue les faisait regarder comme l'an- 
nonce de grands événemens. Si le progrès des sciences 
astronomiques ne permet plus aujourd'hui d’attacher 
aucune idée superstitieuse à des phénomènes soumis, 
comme tous les autres, à des lois fixes et déterminées ; si 
la science est enfin parvenue à un degré assez élevé pour 
pouvoirsuivre dans les champs sans limites de l'univers 
la marche de ces corps singuliers, tracer la courbe de 
leurs orbites, et déterminer à l'avance l’époque de leur 
apparition, les comètes n’en demeurent pas moins les 
objets les plus propres à stimuler la curiosité humaine; 
et, malgré les travaux immenses dont elles ont été l'objet 
de la part des astronomes et des physiciens, elles sont 
encore une énigme dont le mot se perd dans le secret 
de la création. 

Que penser en effet de corps, dont les uns nous ap- 
paraissent comme des masses compactes semblables à la 
terre, et dont les autres, simples vapeurs lumineuses, 
plus ou moins contractées, selonleur proximité du soleil, 
n’offrent aucun caractère desolidité, et cependant par- 
courent, sans se dissiper, des espaces immenses ? 

On divisait jadis les comètes en trois classes, savoir : 
les barbues, les chevelues et les comètes à queues ; 
mais ces distinctions ne se rapportent à aucune diffc- 


rence dans ces corps enx-mêmes; elles sont seulement re+ 


342 co 


latives aux circonstances sous lesquelles nous les voyons, 
car il y a beaucoup de comètes qui n’ont ni queue, ni 
barbe ni chevelure. L’astronomie moderne considère 
trois parties distinctes dans une comète : Ja {éte, masse 
de lumière large et éclatante , mais terminée d’une ma- 
nière confuse ; le noyau, partie beaucoup plus brillante 
et plus franchement découpée, située au centre de la tête; 
la queue, trainée lumineuse plus ou moins large et dif- 
fuse, qui part de la tête dans une direction opposée 
au soleil, et qui se subdivise quelquefois en. plusieurs 
bandes. Cestrois parties ne se rencontrent pas dans toutes 
les comètes; quelques-unes n’ont point de queue, 
d’autresmanquent de noyau, etsont tellement diaphanes 
que les étoiles sont visibles au travers de leur disque. 

Tvycho-Brahé découvrit le premier, en observant, pen- 
dant un mois, la comète de 1585, que ces corps ne pou- 
vaient être de simples météores engendrés dans rotre 
atmosphère , comme on le supposait alors communément. 
Il fit ainsi revivre une ancienne idée de Sénèque, qui, 
avec cette pénétration du génie qui devance les décou- 
vertes de l'expérience, avait rangé les comètes au nom- 
bre des planètes de notre système solaire. « On ne peut 
point encore connaitre ,, dit-il ( Questions naturelles, 
Liv. VID, le cours des comètes , et savoir si eiles ont des 
retours réglés, parce queleurs apparitionssont trop rares; 
mais leur marche non plus que celles des planètes, 
n’est point vague et désordonnée comme celle des mé- 
téores qui seraient agités par le vent. On observe des 
comètes de forme très-différente ; mais leur nature est 
semblable, et ce sont en général des astres qu’on n’a pas 
coutume de voir, et qui sont accompagnés d’une lumière 
inégale; elles paraissent en tout temps, et dans toutes les 
parues du ciel, mais surtout vers le nord ; elles sont, 
comme tous les corps célestes, des ouvrages éternels de 
la noture : la foudre et les étoiles volantes et tous les 
feux de l'atmosphère sont passagers, et ne paraissent 
que dans leurs chutes.Les comètes ont leur route qu’elles 
parcourent ; elles s'éloignent, mais ne cessent pas 
d'exister, » 

Képler entreprit de calculer l’orbite d’une comète; 
mais il put reconnaitre seulement que cet orbite n’était 
point arculaire. Hévélius fit un plus grand pas, en re- 
connaissant, nou-seulement que la route des comètes 
se courbait autour du soleil, mais encore que cette 
courbe était de la nature de la parabole. Plus tard, 
Newton compléta cette théorie, en démontrant que les 
comètes circulent autour du soleil:, en vertu des mêmes 
lois que les planètes, et qu'elles décrivent des ellipses 
très-alongées dont le soleil occupe l’un des foyers. Enfin 
la célèbre comète de Halley, dont nous allons parler, 
vint donner à cette théorie le dernier degré d’évi- 
dence et de certitude, 


La parabole est une courbe qu'on peut considérer 


-CO 


comme la limite de lellipse, et qui en diffère d’autant 
moins que le grand axe de cette dernière a .plus d’é- 
tendue. On peut remarquer en cffet dans la génération 
de ces courbes, au moyen d’un cône coupé par un plan 
(vor. Cône) que la parabole n’est qu’une ellipse dontle 
grand axe est infiniment grand. Il est donc à peu près 
égal de considérer une petite portion de l'orbite, sur- 
tout près du périhélie, comme un arc de parabole ou 
comme un arc d’ellipse, lorsque le grand axe de l’el- 
lipse est très-grand, et c’est en employant cette méthode 
que Halley calcula le premier les orbites des comtes, et 
qu’en se servant des observations d’Apian sur la comète 
de 1531, de celle de Képler et de Longomontanus sur 
la comète de 1607, et enfin de celles de Lahire, Picard, 
Hévélius er Flamstead sur la.comète de 1682, qu’il re- 
connut que ces trois comètes n'étaient qu'un seul et même 
astre, dont il lui fut possible d'annoncer le retour. 


Les résultats de ces calculs furent les élémens para- 
boliques suivans. 


Comète de 1531 : 


Juclinaison. Longitude Longitude Distance 

du uœud, du périhéle. au périhél 

17° 56’ 49° 25’ 301° 39' 0, 57- 
Gomète de 1607 

172. DO 1e 302° 16" 0, 58. 
€Comète de 1682 

qe 4e! 5o° 48 301° 56 … «0,58. 


Les mouyemens propres de ces comètes s’effectuant 
en outre tous les trois dans l’ordre rétrograde, c'est-à- 
dire en sens inverse du mouvement diurne apparent 
de la sphère céleste, il était évident , en tenant compte 
des erreurs inévitables des observations et des pertus- 
bations que devait éprouver la comète par l'attraction 
des planètes, que ces trois orbites appartenaient à un 
seul astre, et que la même comèteétait apparue en 1531, 
1607, 1682, c'est-à-dire que la durée de sa révolution 
était de 55 à 76 ans, et qu’elle serait de nouveau visible 
xers 1725 ou 1759. 

La prédiction de Halley éveilla l'attention de tous les 
astronomes, et Clairaut entreprit derechercher l'influence 
que l'attraction des grosses planètes devait apporter sur 
la marche de la comète : il calcula pour cet effet l’or- 
bite réel, en transformant les élémens paraboliques en 
élémens elliptiques, et trouva que le retour au péri- 
hélie serait retardé de 100 jours, par l’action de Sa- 
turne; et de 518 au moins par celle de Jupiter (voyez 
Perrursarion); et en conséquence, il fixa ce retour vers 
le 12avril 1559, annonçant toutefoisque le temps l'ayant 
forcé de négliger dans son calcul de petites quantités, 
il pourrait y avoir upe différence de 30 jours en plus ou 
luoins. La comète passa en effet à son périhélie le 


CO 


so mars 1959, et ses élémens paraboliques furent tels 


que Elairaut les avaient calculés, savoir : 


Inélinaison, Longitude Longitude Distance 
du nœud. da périhélie. au périhélie. 
17° 38’ 53° 48" 303° 10° 0, 58. 


Le prochain retour de cette comète au périhéliea été 
calculé par MM. Damoiseau , du bureau des longitudes, 
et Pontécoulant, en tenant compte de l'effet pertur- 
bateur d'Uranus, dont l'existence n’était pas connue du 
temps de Clairaut, le premier fixe ce retour au 16, et le 
second au 7 novembre 1835. C’est en prenant pour base 
les élémens donnés par M. de Portécoulant, que M. Lit- 
trow, astronome de Vienne, a calculé les circonstances 
suivantes de l'apparition de cetastre.Vers le mois d'août, 
au matin, on commencera à apercevoir la comète dans 
la constellation du Faureau ; sa lumière sera encore très- 
faible, et sa distance à la terre d'à peu près 67 millions 
de lieues. Le 6 octobre, la comète se trouvera à sa plus 
courte distance de la terre ,6,198,000 lieues, c'est-à-dire 
à une distance cinq à six fois plus petite que celle du 
soleil; c'est alors qu’elle paraîtra dans son plus grand 
éclat. Le 7 novembre, elle atteindra sa plus courte dis- 
tance du soleil, 20,112,000 lieues. Après avorr passé au 
périhélie, elle se rapprochera de nouveau de Ja terre, 
au commencement de 1836. Au mois de mars elle en 
sera éloignée d'environ 25,000,000 de lieues, puis elle 
disparaitra pour ne revenir qu’en février 1912. 

Cette comète est la même qui, en 1456, causa en 
Europe la plus vive consternation par l'immense queue 
qu’elle développait sur l'horizon; mais cette queue dont 
l'étendue embrassait alors 60°, a toujours été en dimi 
nuant de grandeur et d'intensité, et quoiqu'il soit pro- 
bable, par la grande proximité dort la comète sera de la 
terre en 1833, qu’elle nous offre encore une apparence 
très-brillante , on ne peut espérer de revoir ces majes 
tueux et sublimes phénomènes, qui firent commander 
jadis des prières publiques pour conjurer la maligne 
influence qu’on leur attrihuait. 

L'hypothèse du mouvement elliptique des comètes, 
vérifiée dans celle de Halley, et dans la marche de plus 
de 100 autres, dont les nombreuses observations sont 
exactement représentées par cette théorie, est aujour- 
Thui universellement adoptée, quoiqu'on ait soup- 
çonné plusieurs fois que quelques-uns de ces astres 
avaient des orbites hyperboliques, et qu'accidentelle- 
ent engagés dans notre système solaire, après avoir 
subi l'action attractive du soleil, ils s'en éloignaient 
pour toujours. 

Toutes les comètes dont on a pu se procurer des ob- 
servatious exac'es, sont inscrites dans un catalogue; et 
lorsqu'on en découvre une nouvelle, après avoir déter- 


mia les élémens dé son orbite, on les compare à ceux du 


ë CO 343 
catalogue , et on cherche s’il s’en trouve qui leur ressem- 
ble. Si ce cas se présente, on en conclut que la comète a 
déjà paru dans une autre deses révolutions, mais l'égalité 
parfaite des élémens n’est pas entièrement nécessaire; car 
ils peuvent avoir subi des perturbations qui les aient al- 
térés. I suffit qu’ils aient entre eux beaucoup de ressem- 
blance , pour obtenir déjà un grand degré de probabilité 
en faveur de l’identité des comètes auxquelles ils appar- 
tiennent; c’est ainsi que le professeur Encke, de Berlin, 
a reconnu dans la comète découverte à Marseille, par 
M. Pons, le 26 novembre 1818, celle qui avait été ob- 
servée en 1786, 1705 et 1805. Il constata le premier le 
retour périodique de cette comète, dont il prédit l’ap- 
parition pour 1822, 1825, 1828, 1832; ce que l’expé- 
rience à confirmé. Elle doit être de nouveau visible 
en 1835. 

La très-courte période de cette comète, qui se com- 
pose de 1207 jours, n’est pas ce qui la rend la plus inté- 
ressante pour les astronomes ;: elle présente encore cette 
circonstance singulière, qu'à chacun de ses retours, le 
grand axe de l’ellipse qu’elle décrit et sa moyenne dis- 
tance au soleil diminuent progressivement, et qu’on est 
forcé d’en conclure qu’elle finira par tomber dans le 
soleil, à moins qu’elle ne se dissipe auparavant : ce que 
semblerait annoncer le décroissement de son éclat, et 
l'extrême rareté de sa substance au milieu de Jaquell: 
on ne découvreaucun noyau. 

Une autre comète à courie période, dite comète de 
Biela, du nom d'un astronome de Jobanisberg , qui en 
reconnut la périodicité, décrit en 6 ans ? une ellipse 
peu excentrique. Dans sa dernière apparition, arrivée 
en 1832, si la terre eût été en avance d’un mois sur son 
orbite, elle aurait traversé cette comète, coincidence 
bizarre qui aurait pu amener de singuliers phénomènes, 
mais dont la probabilité est si petite, qu’elle ne peut ins- 
pirer aucune inquiétude. La comète de Bicla est au 
reste assez iusignifiaute; elle ne présente n1 queue ni 
noyau. 

Les comètes de Halley, de Encke et de Biela sont les 
seules jusqu’à ce jour , dont le retour périodique ait été 
constaté par le fait. Les orbites présumées de beaucoup 
d’autres, sont tellement excentriques que leur retour 
ne peut s'effectuer que dans des périodes trop grandes, 
pour que les plus anciennes observations connues puis- 
sent les embrasser; et il faudra des siècles avant de les 
voir reparaître. 

Une comète que nous ne pouvons passer sous silence, 
est celle dont Exell avait calculé la période et prédit le 
retour, et qui cependant ne s’est pas représentée. Cette 
disparition , due à l'attraction de Jupiter, ainsi que le 
calcul l'a complétement démontré, est une nouvelle 
preuve de la réalité indestructible des lois découvertes 


pär l’immortel Newton. 


344 (O s 

Toutes les hypothèses physiques faites jusqu'ici dans 
le but d'expliquer les phénomènes variés que les comètes 
nous préseutent, sont encore trop éloignées d'offrir le 
moindre degré de certitude, pour nous permettre de 
les exposer, et nous nous bornerons à renvoyer nos lec- 
teurs à la notice de M. Arago, insérée dans l'Annuaire 
du Bureau des longitudes pour 1832; ils y trouveront, 
avec l’ensemble complet des connaissances actuelles sur 
ces astres singuliers, la réfutation de plusieurs erreurs 
populaires ou scientifiques auxquelles ils ont donné nais- 
sance ; et si, dans quelques cas, l'opinion de l’auteur 
nous parait beaucoup trop tranchante, les idées qu'il 
combat sont loin d'offrir un assez haut degré de proba- 
bilité pour qu’on puisse se prononcer en leur faveur 
avant de nouvelles recherches et un nouvel examen. 

La planche XXII contient quelques-unes des appa- 
rences sous lesquelles les comètes les plus célèbres se 
sont moutrées. 

La détermination de l'orbite des comètes exige des 
calculs longs et compliqués, dont il nous est impossible 
de donner ici l'exposition; nous devons nous contenter 
d’en démontrer seulement la possibilité, en faisant con- 
naître une mthode graphique assez expéditive, qui, 
si elle ne donne qu’une approximation insuffisante, met 
au moins dans tout son jour la difficulté du problème 
pour la solution duquel nous ne possédons encore au- 
cune méthode directe. 


Ayant tracé sur un morceau de carton le cercle 
TT'T'BA pour représenter l’éciptique, où détermi- 
nera les points T, T', T”, etc. , de la position de la terre 
au moment des observations successives de la situation 
de la comète sur la sphère céleste, et de ces points on 
tirera les droites indéfinies Tr, T'r, T'p, en tendant 
des fils suivant les directions de la comète dans l’espace 
au moment de chaque opération. D'autre part, ayant 
tracé plusieurs paraboles d’un même foyer F, on décou- 
pera chacune de ces paraboles, que l’on placerasuccessive- 


CO 
ment dans le cercle, de manière que leur foyer F coïncide 
avec le centre du soleil S. Pour cet effet on a préalable- 


EN 


ment évidé l'intérieur du 
cercle de manière à pouvoir 
y faire entrer les paraboles. 
On donne à ces paraboles 
différentes inclinaisons, jus- 
qu'à ce qu’elles touchent au 
moins deux des droites de 
direction; et parmi toutes 


celles qu’on a découpées, on | | 
choisit celle qui touche trois ! 
droites en même temps. Cette courbe étant trouvée, on 
marque dessus les points de contact re, n,p; et menant 
de chacun de ces points des droites au foyer F, on com- 
pare entre eux les secteurs hyperboliques » S n, m S P; 
afin de s'assurer s'ils sont proportionnels aux temps 
écoulés entre chaque “observation. Comme il n'existe 
qu'une seule parabole qui #yant son foyer en S, puisse 
toucher en même temps toutes les lignes menées de la 
terre à la comète, on peut donc toujours obtenir par 
le tätonnement cette parabole unique, qui indique la 
marche de la comète; et d’après sa position sur le cercle 
représentant l'écliptique , on peut déterminer immédia- 
tement, 1° la position du périhélie; 2° sa distance SP du 
centre du soleil; 3° l'instant du passage de la comète au 
périhélie; 4° l'inclinaison de l'orbite sur l'écliptique; 
5° la position des nœuds A et B. On connaît donc de 
cette manière tous les élémens paraboliques de la co- 
mète. 

Les méthodes algébriques consistent, en général, à ca!- 
culer une parabole qui satisfasse à deux observations ; à 
déterminer ersuite sur cette parabole le lieu de la co- 
mète à l'instant de la troisième observation, et le com- 
parer à celui observé. Si ces lieux ne coïncident pas, 
on fait une nouvelle hy] othèse, jusqu’à ce qu’on ait 
trouvé celle qui satisfait aux trois observations ; et en- 
suite, counaissant la position de cette parabole, on en 
déduit les élémens nécessaires pour déterminer la mar- 
che de la comète. Pour pouvoir annoncer le retour de 
la comète dont on a trouvé la parabole, :l faut calculer 
l'orbite elliptique véritable dont cette parabole n’est 
qu'une première approximation, et déterminer consé- 
quemment la longueur du grand axe de l’ellipse. Mais 
ces caiculs sont rarement susceptibles d’une exactitude 
suffisante, par la petitesse de l'arc de l'orbite que par- 
court la comète pendant qu’on peut l’observer; et ce 
n'est guère qu'après deux apparitions d'une même co- 
mète qu'il est possible de compléter sa théorie. Voyez 
Pingré, Cométographie; La Place, Théorie du mouvement 
des planètes ; Lagrange, Mécanique analytique ; Olbers, 
Abhandlung über die leichteste and bequemste die bahn 
eines cometen, etc.; Delambre, Astronomie; Bude, 


— 


co 


Considcrations genérales sur les orbites des plénètes et 
des comètes, etc., etc. 

COMMANDIN , ou plutôt COMMANDINO (Frép£- 
rIC), savant mathématicien, naquit à Urbin en 1509. 
Après la mort de Clément VII, dont il avait été le ca- 
mérier privé, Commandin entraàl’Université de Padoue, 
où il suivit des cours de lettres grecques, de philosophie 
et de médecine qu’il se destinait à pratiquer. Après de 
longues études, il reçut à Ferrare le grade de. docteur 
dans cette science; mais son esprit juste et éclairé se ré- 
volta contre les pratiques dont elle était alors l’objet. Il 
se voua dès-lors tout entier à l'étude des mathématiques, 
qu'il enseigna au duc d’Urbin , Gui-Ubalde de Monte- 
Feltro et au.jeune duc François-Marie If, successeur de 
ce prince. 

Commandin n’a point fait de découvertes en mathé- 
matiques; mais ses traductions et ses commentaires des 
travaux des anciens ont été assez utiles aux progrès de la 
science pour que son nom mérite d’être conservé. Géo- 
mètre habile, et profondément instruit, versé dans la 
connaissance des langues anciennes , il montra dans tous 
ses ouvrages une remarquable intelligence des textes 
qu'ilentreprend d'expliquer; il éclaircit les endroits dif- 
ficileset obscurs par des notes précises, claires et instruc- 
tives. « Quand on s’acquitte ainsi de son devoird’éditeur 
et de commentateur, dit Montucla, on mérite une place 
à côté des bons originaux. » On lui doit une traduction 
latine, fort estimée et enrichie de notes importantes, 
des Collections mathématiques de Pappus : elle est la 
seule qui ait paru; et probablement , sans la patience 
laborieuse de Commandin, cet ouvrage si important 
pour l’histoire ancienne des sciences mathématiques 
n'aurait jamais vu le jour. En 1558, Commandin avait 
déjà publié une traduction latine, avec un commentaire 
remarquable des livres d’Archimède de its quæ vehuntur 
in aqud , dont le texte grec est perdu. Il avait publié 
précédemment, en 1558, une traduction de la plus 
grande partie des œuvres de cetillustre géomètre, dont 
ses savans commentaires expliquentles endroits difficiles. 
En 1563, il publia la traduction latine des quatre pre- 
miers livres des Coniques d'Apollonius, avec le com- 
mentaire d'Eutocius et les Zemmes de Pappus, qui en 
sont à la fois le commentaire et l'introduction. Cet ou- 
vrage précieux est également couvert desnotes de Com- 
mandin. Sa nouvelle et célèbre traduction latine des 
Élémens d'Euclide, parut en 1572. Il en fit une traduc- 
tion en italien qui parut à Pésaro en 1575, et qui a été 
réimprimée dans la même ville en 1619. La traduction 
latine d'Euclide, par Commandin, a eu dans toute 
l'Europe un succèsremarquable , elle estencoreclassique 
en Angleterre, où elle a été réimprimée souvent. On 
doit encore à Commandin les meilleures traductions la- 
tines que l’on possède des divers ouvrages anciens, 


CO 545 


comme les traités du Planisphère et de l'Analemme de 
Ptolémée, le livre d’Aristarque de Samos, sur les gran- 
deurs et distances du soleil et de la lune; les Preuma- 
tiques d'Héron et la Géodéste attribuée à Mohammed de 
Bagdad, dont le géomètre anglais Jean Dée lui fournit - 
l'original. Le texte des deux traités de Ptolémée, dont 
nous venons de parler, étaient perdus, et il n’en existait 
que des traductions latines très-défectueuses qui avaient 
été faites sur les traductions arabes. Commandin com- 
para les textes de ces traductions, en corrigea les contre- 
sens, en remplit les lacunes avec un zèle et ane patience 
qu'on ne saurait trop louer. Il mourut le 3 septembre 
1970: 

COMMENSURABLE. Nom par lequel on désigne 
les quantités qui peuvent être mesurées par une mesure 
commune. Ainsi, deux lignes droites, dont l’une aurait 
15 mètres de long et l’autre 17, sont deux lignes com- 
mensurables , parce qu’elles sont toutes deux mesurées 
par une même ligne prise pour unité, et qui est ici le 
mètre. Si la longueur de la premièreligne était 1°,750, 
et celle de la seconde 0",805; ces lignes seraient encore 
commensurables ; mais la commune mesure serait aiors 
un ruillimètre. En général, deux lignes sont commen- 
surables, lorsqu'il existe une troisième ligne, quelque 
petite qu’elle soit, qui peut les mesurer toutes deux 
exactement. Dans le cas contraire, elles sont 27com- 
mensurables. 

Tous les nombres entiers pouvant ètre mesurés par 
l'unité, sont comunensurables ; il en est de même des 
nombres fractionnaires, soit entre eux, soit avec les 
nombres entiers, car on peut toujours trouver une unite 
fractionnaire qui les mesure: par exemple, 


12 ct55 


peuvent être mesurés par +, car 12 est la mème chose 
que #52, Ainsi, 12 contient 852 fois 4+, et ? contient 
35 fois ;?: ces deux nombres ont donc une commune 
mesure. Il n’en est pas de même de 1/2 et d’un nombre 


entier ou fractionnaire quelconque : il est impossible de 
trouver une quantité assez petite pour servir de mesure 
commune; aussi V/2 est un nombre ircommensurable 
(voy. ce mot), comme toutes les quantités de la forme 


m 
vA , lorsqu’elles ne sont pas des nombres entiers. 


COMMUN-DIVISEUR (4rith. et Alg.). Quantité 
qui divise exactement deux ou plusieurs autres quan- 
tités. Par exemple, 3 est commun-diviseur de 12 et 
de 30; 5 est commun-diviseur de 25 et de 35, etc., parce 
que 12 et 30 sont exactement divisibles par 3, ainsi que 
25 et 35 par 5. 

Deux nombres admettent autant de communs-divis, 
seurs qu'ils ont de Facteurs communs, ainsi : 210 étant 


formé par le produit des nombres 2, 3, 5, 7,et 330 par 
l4 


546 CO 


celui des nombres 2, 3, 5, 11; 210 et 330 auront pour 
comimuns-diviseurs, non-seulement 2, 3 et 5, mais cu- 
core tous les nombres qu'on peut formér par les pro- 
duits de ces derniers, savoir : 6, 10, 15, 30. Ona en 


effet : 


210—=2% 105=3 X 390=5 X 42=6 X35=— 
—io0oX21—=15 X14—=30 X 7. 

330 —2 X165=3 X110=5 X06=6X55— 
—10 X33—15 X 32=30 X 11. 


Le dernier diviseur 30, formé par le produit de tous 
Jes facteurs premiers communs aux deux nombres 210 
et 330, se nomme le plus grand cominun-diviseur. 

La connaissance des communs-diviseurs de deux 
nombres est particulièrement utile, lorsqu'il s'agit de 
réduire les fractions,ou de les exprimer par demoindres 
nombres. Si l'on avait, par exemple, la fraction 355, en 
divisant successivement ses deux termes par 2, 3, 5, G, 
10, 15, 30, on aurait une suite de fractions 


105 70 42 35 211 14 7 
1659 Ti0? 66? 559 339 229 11 
iontes égales entre elles et à la proposée. La fraction 7, 


qui résulte de la division des deux termes de 315 


leur plus grand commun-diviseur, est dite réduite à sa 


par 


plus simple expression, et en effet 7 et 11 n'ayant pins 
aucun facteur commun, cette fraction est irréductible, 

Si la recherche des diviseurs d’un nombre est, dans 
certains cas, un problème assez compliqué (voy. Fac- 
Treurs); celle du plus grand commun-diviseur de deux 
nombres fait l’objet d’une règle qui ne présente aucune 
difficulté ; 


montrerons les principes sur lesquels elle est fondée. 


nous allons d’abord l’exposer, puis nous dé- 


Règle du plus grand commun-diviseur. 1° Divisez le 
plus grand des nombres proposés par le plus petit; 
2° divisez le plus petit par le reste de la première di- 
vision ; 3° divisez le reste de la première division par 
celui de la seconde ; 4° continuez de la même maniere, 
en prenant successivement chaque dernier reste pour 
diviseur, et chaque reste précédent pour dividende, 
jusqu’à ce que vous trouviez zéro pour reste, ou que la 
&ivision se fasse exactement, le dernier diviseur sera le 
plus grand commun-diviseur demandé. 

Eclaircissons cette règle par un exemple pris sur les 
nombres ci-dessus 210 et 330. 


2: 
13. -00090 

1° division —— — 1, reste 120. 
210 


210 t 
—— = ], resteoo 
120 o Ets 


DU ere 


120 
3° Mr se 1, reste 30: 


eee 


= 3, resteo. 
30 ? 


CO 


Le dernier diviseur 30 est donc le plus grand commun 
diviseur des nombres 210 et 330. 

Cette règle est fondée sur la proposition générale sui- 
vante : Tout commun-diviseur de déux nombres divise 
exactement le reste qon oblient en divisant le plus 
grand de ces nombres par le plus petit 

Soit A et B, deux nombres quelconques tels que Pon 
ait A>B; désignant par Q lequotient de À divisé par B, 
par R le reste de cette division, et par D tout diviseur- 
commun de A etdeB, de 


À 
PB = Q, resteR. 


Nous tirons l'égalité 
A—BQHR, 


et, en divisant les deux membres par D, 


A 


Bou 
D 264 


; EL AE A 
Or, D étant parhypothèse diviseur de A, == estun nom- 


B R , 
Se l'est aussi nécessaire- 


bre entier, et son égal D 


2B 
ment; His ÈQ 


D tu nombre entier, puisque B,et par 


conséquent, BQ est divisible par D; il faut donc que : 


soit aussi un nombre entier, ou que R soit divisible 
par D. 

Ainsi, tout diviseur-commun de À et de B est en 
même temps commun-diviseur de A, Bet R. Mais en 
vertu de la même loi, si l'on désigne par R'le reste de 
Ja division de Bpar R, tout commun-diviseur de B et 
de R doit aussi diviser exactement R'. Ainsi ÀA,B,R 
et R' auront le même commun-diviseur. En désignant 
par R", R", etc., les restes successifs des divisions de R 
par R', R'par R”, etc. on voit facilement que tout com- 
mun diviseur des nombres À et B est aussi commun- 
diviseur des restes successifs R, R', R”, etc. Ceci pesé, 
lorsqu'on est arrivé à un reste égal à o, le reste pré- 
cédent, qui a servi de dernier diviseur, est le plus grand 
commun-diviseur entre À et B; car le plus grand com- 
mun-diviseur de A etde B, devant également diviser 
tous les restes des divisions successives, doit pouvoir di- 
viser le dernier reste; ilne peutdonc pas être plus grand; 
et comme le dernier reste divise lui-même A et B, ce 
reste est lui-même le plus grand commun-diviseur cher- 
ché. 

En effet, la suite d'opérations 


= Q,resteR 


= Q', reste R'. 


Him tl? 


+ 


co 


R L 

- Fe "resté R”. 
R : 
Fr= Q", reste R”. 
etc. — etc. 


nous donne les égalités 


A=BQ +R, 


B— RQ +R, 
R=RQ'+R", 
R=RQ+R", 
etc. = elc. 


Etil ne sâgit que de supposer un reste quelconque 
égal à zéro pour reconnaitre que le diviseur correspon- 
dantest le plus grand commun-diviseur des nombres 
A et B. Soit d'abord R = o. L'opération se termine à la 
première division, et l’on a 


À B 
er Cf Le 


Le plus petit des deux nombres est alors le plus grand 
commun-diviseur. Soit maintenant R'=0, on a deux 
divisions successives qui donnent 


A—BQ+R 
B—kQ’, 


ou, en substituant la valeur de B dans celle de À, 


AZ RQQ+HR 
B=RQ" 


À et B sont donc divisibles par R; et comme tout divi- 
seur de A et B doit aussi diviser R, R est donc le plus 
grand commun-diviseur. 

Si lopération ne se terminait qu’à la troisième di- 
vision, c’est-à-dire, si l’on avait R” = 0, les trois 
égalités 

A=BQ+LR 
B—RQ'+R" 
R=R'Q" 


-donneraient par lasubstitution de la valeur de R dans 
celle de B, et de ces deux dernières dans celle de A, 


AZ R'X(QQ'Q'+Q+40") 
B=R'X (QQ'+1), 


c'est-à-dire, que R'est diviseur exact de A et B;il est 
donc en même temps le plus grand commun-diviseur , 
puisque d’après ce qui précède ce dernier doit diviser 
A;B,RetR'. 

En continuant de la même manière, il devient évi- 
dent que, quel que soit le sombre des divisions succes- 
sives, lorsqu'on est parvenu à trouver o pour reste, le 


co sAY 


dernier diviseur est le plus grand commun-diviseur des 
deux nombres sur lesquels on opère. 

Les applications de la théorie du plus grand commun- 
diviseur , ne sout pas moins importantes dans l'algèbre 
que dans l’arithmetique. Nous allons les indiquer. 

Deux polynomes étant ordonnés par rapport aux puis- 
sances d’une même lettre, tels que 


(4 ai—5a+bartix—6 
(2)....x—109x+30, 


on désigne sous le nom de leur plus grand commun-divi- 
seur, le polynomele plus grand, sous le rapport des puis- 
sances de cette lettre, qui les divise l’un et l’autre exacte- 
ment.L'opérations’exécute d’ailleurs delamème manière 
que pourles nombres entiers ; seulement il faut avoir le 
soin, à chaque division, deretrancher les facteurs numé- 
riquesouautresquinesetrouventpasen même temps dans 
le dividende, et dans le diviseur : ces facteurs ne pouvant 
faire partie d'aucun diviseur commun ; c’est ainsi qu'en 


divisant (1) par (2), nous aurons pour premier reste 
(3)....24x—1907+ 144, 


polynome dont tous les termes sont multiples de 24. 
Or, comme 24 est un facteur qui n'entre pas dans (2), 


il faut le retrancher; ce qui réduit (3) à (4) 
æ—5x +6 ; 


opérant la seconde division, c’est-à-dire celle de (2) per 
(4), on obtient zéro pour reste, et l’on en conclut con- 
séquemment, que x?—5x4-6 estle plus grand commun 
diviseur des deux polynomes proposés. Nous avons en 
effet 


at—523+ 5x4 5x —6—(x—5x+6) (x7—1). 
23—19x430—(x°—5x+4-6) (x+45). 


Le retranchement des facteurs communs à tous les 
termes d’un polynome, et qui ne se trouvent pas dans 
l'autre, est l’objet de plusieurs règles particulières qui 
ne sont que des conséquences de la règle générale. Elles 
sont exposées dans tous les traités d’algèbre. Nous 
verrons plus loin quelques usages importans du plus 
grand commun-diviseur. Foy. Eiminariox , Racixis 
ÉGALES. 

L2 

COMMUNICATION pu mouvemenT (/éc.). Action 
par laquelle un corps met en mouvement un autre corps. 
Voy. Cuoc et Mouvemenr. 

COMMUTATION (Ast.). L’angle de commutation 
est celui qui est formé au centre du soleil par le ravon 
vecteur de la terre et celui d’une autre planète, Où 
peut encore définir la commutation : là distance entre 
la terre et lé lieu d’une planète 1 éduit à l'écliptique. 


COMPAGNIE, rèGrx DE comeaGnis (4ruh.), Opc- 


348 CO 


ration qui a pour but de partager le gain ou la perte 
d’une association entre tous les intéressés, proportion- 
nellement à la mise de chacun. Cette règle n’est qu’une 
application des propriétés des rapports géométriques 
(voy. ce mot); car la mise de chaque associé doit être à 
sa part de gain ou de perte comme la mise totale est 
au gain total ou à la perte. Il s’agit donc seulement de 
faire autant de règles de trois {voy. ce mot) qu'ily à 
‘d’associés. Un exemple suffit pour faire comprendre la 
Marche de l'opération. 

Exemple. Trois négocians ont fait un fonds de 
120000 fr., avec lequel ils ont gagné 24000 fr. Com- 
bien revient-il au premier dont la mise est de 20000 fr.; 
au second dont la mise est de 40000 fr. ; et au troisième 
dont la mise est 60000 fr. ? 

Comme le rapport de la mise totale au gain total doit 
être le même que celui de chaque mise particulière au 
gain correspondant, nous aurons, en désignant par 
Li, 2, , &, les parts demandées, les trois proportions. 


120000 : 24000 :: 20000 : Lr 
120000 : 24000 :: 40000 : æ, 
120000 : 24000 :: 60000 : x; 


D'où nous conclurons, en effectuant les calculs 


PE — 4000 
x, = 8000 
Ts = 12000. 


La somme des gains particuliers devant être égale au 
gain total, il suffit de les additionner pour vérifier la 
justesse de tous les calculs précédens. 

Nous avons supposé, dans ce qui précède, que les 
fonds mis en commun avaient été employés pendant 
le même temps et devaient alors rapporter proportion- 
nellement les uns autant que les autres, mais ce n’est là 
que le cas le plus simple de la règle de compagnie. Les 
associations commerciales peuvent présenter un grand 
nombre de circonstances particulières, et quelquefois le 
partage des bénéfices entraînerait des calculs très-com- 
- pliqués si l’on exigeait une solution mathématique rigou- 
reuse, Examinons, par exemple, le cas suivant, qui est 
un de ceux qui se rencontrent le plus communément. 

Deux particuliers se sont associés pour une opération 


trois ans ; 


qui a duré ils ont mis d’abord : le premier 
une somme 72, et le second une somme 7. A la fin de 
la première année le second, a mis de plus une somme 
n',etle premier a ajouté une autre somme 772! à la fin 
de ta seconde année. Que revient-il à chacun sur le bé- 
uéfice réalisé à la fin de la troisième année. 

Pour résoudre cette question , il faut considérer cha- 
que sonime mise dans la société comme un fonds qui 
travaille pendant tout le temps que cette.somme y de- 


meure, c’est-i-dire, depuis le jour de son versement 


co 

jusqu’à celui du partage; ce qui revient à l’envisager 
comme de l'argent placé à un certain intérêt dontle taux 
dépend du bénéfice total , mais doit être le même pour 
tous les intéressés. Ainsi, désignant par æ cetaux pour 
une année, comme on sait qu’en général une somme 
quelconque A devient A(1+x}r, en p année, et que, par 
conséquent le bénéfice qu’elle produit est (voy. InTé- 
RÊT.) 


A(1+x} — À — A[ti+ey 1] : 


les sommes m» et r ayant travaillé pendant trois ans, 
1 urs produits seront 


m [ar — | 2 [+ — | , 


tandis que ceux des sommes 1! ct n! seront 


mx, n [u+ar — 1] ; 


puisque la première n’a travaillé qu’un an et la seconde 
deux. 
Le bénéfice du premier intéressé sera donc 


mm [ua — | + mx 
et celui du second 


n [+a 1] +» [o+er 1]: 


Quantités qui seraient faciles à calculer si l’on connaissait 
la valeur de +. Mais la somme des gains partiels doit être 
égale au gain total ; nous aurons donc, en désignant le 
gain total par g, l'équation 


(min) Lo: | + nt — ‘| _ m'x—g, 


à Paide de laquelle on pourra déterminer cette valeur. 

Où voit que la qnestion très-simple qui nous occupe 
nous conduit à une équation du troisième degré, et 
qu’en supposant une durée de société plus grande, le 
degré de l'équation finale serait égal à cette durée. On 
ue peut donc résoudre les questions de ce genre que par 
approximation ; mais dans le commerce on ne tient pas 
compte de l'intérêt des intérêts et les calculs deviennent 
plus faciles. Par exemple , le taux étant toujours x pour 
un an, les produits des sommes »2 et n sont 3mx et 
3nx, pour trois ans, et ceux des sommes 72’ et »' sont 
m'x et an'x, la première pour un an et la seconde pour 
deux. 

Le bénéfice du premier intéressé est donc alors 


4 . 
3mx + m'x; 
celui du second, 
| 4 
3nx+on'x, 


FF CO 
et l’on a, pour déterminer x, l'équation 


3mx + m'x+ 3x +onx=g 


de laquelle on tire 


pese un pen 
3m + m'+3n+2m 


Substituant cette valeur dans les expressions précé- 
dentes , on a définitivement pour la part du premier, 


(Gm+ m").g 
3mm'+3n+2m 


et pour celle du second, 


Gn+on)g 
3m + 3n + om" 


Si l’on examine la forme de ces valeurs , on voit aisé- 
ment qu’en les désignant par x etæa, elles donnent les 


proportions 


(Bm+m'+3n+on) : g::(3m—bm) :x 
(3m+m'+3n+on):g::(3n4on") : Ls 


c’est-à-dire que la somme totale des mises, multipliée 
chacune par le temps pendant lequel elle a été employée, 
est au gain total, comme les mises particulières de chaque 
associé, multipliées par le temps correspondant , sont à 
la part de gain de cet associé. Cette règle serait la même 
pour un nombre quelconque d’intéressés. On la nomme, 
règle de compagnie à temps 


Soit, pour en montrer l'application, la question sui- 
vante : 5642 fr. ont été gagnés en 25 mois par une com- 
pagnie de trois régocians dontle premier a fourni2436f., 
le second 3542 fr., et le troisième 4848. Mais le second 
seul a fait travailler ses fonds pendant les 25 mois, ceux 
du premier n’ont travaillé que pendant 15 mois, et ceux 
du troisième que pendant les 7 derniers mois de l’asso- 
ciation. Il s'agit de déterminer la part de chacun. Mul- 
tiplions chaque somme par son temps , nous trouverons 
d’abord 


104... 124360 10 — 36540, 
du... 03542005 — 88550, 
SU 4BASIX. 7—133036, 


et la somme de ces produits étant 159026, nous aurons 
les trois proportions 


159026 : 5642 :: 36540 : x, 


159026 : 5642 :: 88550 : x,,, 


159026 : 5462 :: 33936 : x,, 
d’où nous tirerons 
Lr=11206, x, — 3142, x, —= 1204. 


Telles seront les parts demandées. 


CO 349 


COMPAS (Géom.). Instrument composé de deux 
branches s’ouvrant à charnière, dont on se sert pour 
décrire des cercles, mesurer des lignes, etc. 

L'invention du compas ordinaire remonte aux temps 
fabuleux de l'antiquité, les poètes grecs l’attribuent à 
Talaüs, neveu de Dédale. Il est certain que l’idée de 
cet instrument a dû venir avecles premières conceptions 
géométriques, car la ligne droite et le cercle sont les 
fondemens de toute la géométrie élémentaire. Aujour- 
d’hui, nous avons des compas de différentes espèces : les 
uns ont leurs pointes droites, d’autres les ont courbes ; 
ceux-ci ont diverses pointes que l’on peut ôter et re- 
mettre selon le besoin; quelques-uns ont trois branches : 
ils servent à prendre trois points à la fois. Enfin, on a 
varié Ja construction et la forme du compas de manière 
à satisfaire aux besoins des arts graphiques. Mais nous 
croyons qu’il est inutile de donner la description d’ins- 
trumens qui se trouvent entre les mains de tout le 
monde, et dont l'usage est trop simple pour présenter 
aucune difficulté. 

Compas DE ProporTION. Instrument dont l'invention 
a été disputée à Galilée par Balthasar Capra, un de ses 
élèves. Il consiste en deux règles de cuivre fixées l’une 
à l’autre par une extrémité, et pouvant s'ouvrir angu- 
lairement comme le compas ordinaire. Sur ces règles, 
sont tracées plusieurs échelles , dont les principales sont 
celles des parties égales, des cordes, des polygones, des 
plans, des solides, etc. La figure 7 et 8 de la 
planche XXV représente le compas de proportion vu de 
ses deux faces. 

Cet instrument , fondé sur les propriétés des triangles 
semblables, sert dans l’arpentage , lorsqu'on n’a pas be- 
soin d’une exactitude rigoureuse. Nous allons indiquer 
quelques-uns de ses usages. 

Pour diviser une ligne droite en plusieurs parties, 
en 11, par exemple, après avoir pris, avec un compas 
ordinaire la longueur de cette ligne, on ouvrira l’ins- 
trument du côté des parties égales, jusqu’à ce que l’une 
des pointes du compas ordinaire, étant placée sur un 
multiple de 11, tel que 110, prissur la ligne des parties 
égales, l’autre pointe tombe exactement sur le point 110 
correspondant de la double ligne des parties égales. Le 
compas de proportion étantainsi ouvert, on prendraavec 
le compas ordinaire la distance du point 10 au point 10 
des deux lignes des parties égales, et cette distance sera 
la onzième partie de la ligne qn’on voulait diviser. En 
effet, il est facile de voir qu’on a formé deux triangles 
isocèles semblables, dont les côtés du premier sont à 
ceux du second comme 110:.10, Où COMMEIT: TI. 

La ligne des cordes, ainsi nommée parce qu’elle com- 
prend les cordes de tous les degrés du demi-cercle qui 
a pour diamètre la longueur de cette ligne, sert à me- 
surer les angles tracés sur le papier; à diviser un angle 


350 co 

Ju un arc donné en parties égales, etc. Pour mesurer 
un augle, après avoir de son sommet décrit un are de 
cercle avec un rayon quelconque, on porte ce rayon sur 
le compas de proportion ouvert de manière que l’une 
despoiutes du compas ordinaire étant placée sur le point 
Go de la ligne des cordes, l’autre pointe torabe sur Go de 
la double ligne des cordes. On prend ensuite la gran- 
deur de la curde de l'angle donné, et on cherche à la 
faire correspondre aux mêmes points du compas de pro- 
portion : le nombre de cette correspondance indique 
celui des degrés de l’angle proposé. Si lon voulait, au 
contraire, tracer sur le papier un angle d’un nombre de 
degrés donné, il faudrait chercher sa corde en prenant 
pour rayon une distance arbitraire des deux points Go de 
la ligue des cordes, et à l’aide de cette corde et du 
rayon , on pourrait construire l'angle. 

Les lignes des polygones , des plans, des solides, ser. 
vérit à inscrire des polygones dans le cércle, à construive 
des figures dans un rapport donné avec d’autres figures, 
à trouver les côtés de solides multiples lesuns des autres, 
etc., etc. Nous ne pouvoris qu’'indiquer ici les divers 
emplois du compas de proportion; ils ont fourni la ma- 
tière d’un volume à Ozanam ; et cet ouvrage, intitulé : 
Usage du compas de proportion, doit être consulté par 
tous les dessinateurs de cartes et de plans; ils y trou- 
verout beaucoup de constructions qui peuvent leur être 
très-utiles pour abréger leur travail. Le professeur 
Garnier, auquel on doit plusieurs ouvrages éstimables ; 
a donné une nouvelle édition revue et corrigée du Treilé 
d'Ozonam: 

I ya un autre compas de proportion, que les Anglais 
nomment secteur, sûr lequel sont marquées les lignes 
des sinus, sécantes, tangentes ; etc. On peut résoudre 
graphiquement par son moyen tous les problèmes de 
la trigonométrie rectiligne. 

Compas DE MER. V’oy. BoussoLe: 

Compas DE VariATION. Il re diffère de la boussole 
que parce que la boîte extérieure est garnie de deux 
pinuules par lesquelles on vise aux objets dont on veut 
connaître le fisement, c'est-à-dire l'air de vent auquel 
ils répondent. 

Compas AzimuriL. Boussole surmontée d’un cercle di- 
visé en degrés, et portant un index mobile; avec une 
féfite pour viser les objets, au-devant de laquelle est un 
fil tendu ducentre de l'instrument au sonimet de l'index. 
(Pe. VITE, fig. 5.) Pour preudre la direction du séleil ou 
d’une étoile près de Fhorizoi, on tourne l'index jusqu'à 
ce qué l'ombre du fil, s’il s’agit du soleil, tombe sur la 
fente de l'index, ou jusqu’à ce que ce fil coupe l'étoile vue 
au travers de la fente, s’il s'agit d’une étoile. Lé cercle 
divisé fait connaître l’angle entre la direction de l'aiguille 
aimantée et celle dé l’astre, c'est-à-dire, l'azimut ma- 


guctique de l’astre; ce qui fait connaître la variation de 


CO 


l'aiguille, en comparant cet azimut avec l’azimut réel. 
Voy. Azimur. 


COMPAS (Astr.). Constellation. méridionale placée 
entre le centaure et le triangle austral. Elle fait partie 
des constellations formées par l'abbé de La Caille. Sa 
plus belle étoile n’est que de la quatrième grandeur. 

COMPLEMENT. Se dit en général de toute partie 
qui ajoutée à une autre forme une unité naturelle ou 
artificielle. 

C'est ainsi que l’angle droit étant pris pour unité et 
l'arc qui le mesure étant divisé en go degrés, d’après 
la division sexagésimale, deux angles dont lès mesures 
font ensemble 90 degrés, ou dont la somme épale un 
angle droit, sont dits complémens Vun de l’autre. Par 
exemple, le complément d’un angle ou d’un arc de 60° 
est un angle ou un arc de 30°, parce que 60°+30°=90"; 
et ainsi dés autres. 

Le sinus du complément d’un arc se nomme le co- 
sinus de cetarc; c'est-à-dire, que le sinus de 30° est ia 
même chose que le cosinus de Go°. 11 en est de même 
des cotangentes et des cosécantes , qui ne sont que les 
tangentés et sécantes du corrpléméit. Voy. ces divers 
mots. 

ComPLEMENT Artrumérique. Noñibre dont un autre 
diffère de l’unité de l’ordre immédiateéinent su dessus. 
Par exemple, 4 ést le complément dé 6, parce que 10 où 
l'unité du second ordr2 est immédiatement au-dessus 
de 6, et que 4+6—10; 373 estle complément de 63, 
parce que 37 +63=7100, et que 100 est l'unité du tror- 
sième ordre au-dessus de 63; 3545 est le complément de 
6455, parce que 3545 + 6455 — 10000; et aiusi d' suite. 

Pour avoir Le complément arithmétique d’un nombre, 
il suffit de prendre pour chacun des chiffres qui le com. 
posent ce qui lui manque pour égaler 9, sauf pour 
le chiffre des unités, dont il faut prendre ce qui ini 
manque pout égaler 10. Ainsi le nombre 55056432, par 
exemple étant donné; on écrit comme il suit, pour 


former toujours 9, 


87056432 
12943568 


ï au-dessous de 8, 2 au-déssous de 7 ;ÿ âu-déssous de 0, 
4 au-dessous de 5 ; 3au-dessous de6, 5 au-dessous de 4, 
6 au-dessous de 3; et enfin arrivé au chiffre 2. des uuités; 
on écrit 8 au-dessous pour former 10, et de cette ma- 
nière, on a effectivement formé le complément du 
nombre proposé car Ja somme totale ést 100000000, 
unité de l’ordre immédiatement au-dessusde 85056432. 

La facilité de former les complémens aritlimétiques, 
les font employer avecavantage pour changer les sous- 
tractions en additions. ce qui est particuliérement utile 
dans les calculs où l’on emploie des logarithmes: En 


effet, À étant un nombre quelcoique qu'il s'agit de 


CO 


soustraire d’un autre nombre B, si, au lieu d'effectuer 
directement la soustraction 


B—A, 
on prend le complément arithmétique de À, ce com- 


plément sera 


m— À 


m désignant le nombre des chiffres de A. Or, ajoutant 
ce complément à B, on a 


B+( 


résultat qui ne diffère de B—A que par une unité de 
l’ordre 72. Il suffit donc de retrancher cette unité pour 


10®— À) —=B—A+10", 


avoir le reste de la soustraction proposée. Soit, par 
exemple 5678124 à soustraire de 7005432, le complé- 
ment de 5678124 étant 4321856, on opérera l'addition 
suivante 

7005432 

_4321876 

11327308 


Retranchant l'unité la plus élevée, 1326308 est le reste 
de la soustraction ou la différence des nombres 7005432 
et 5678124. 

Les logarithmes étant des nombres composés d’une 
partie entière, et d’une partie fractionnaire, leurs com- 
plémens sont également composés d’une partie entière 
et d'une partie fractionnaire; mais on les forme comme 
si tout était entier, et la virgule seule indique la sépa- 
ration des chiffres entiers et des chiffres fractionnaires. 
Ainsi le complément de 


4,5451710 
logarithme de 36089, est 


5,4548290. 


Lorsqu'on fait entrer plusieurs complémens dans un 
calcul , il faut avoir le soin de retraucher du résultat 
autant d'unités de l’ordre le plus élevé qu’on a employé 
de complémens. Nous allons terminer par un exemple 
qui éclaircira toutes les difficultés. 

Supposons qu'il s'agisse de trouver un nombre x dt- 


pendant de plusieurs rapports, tels que 


5o : 85 :: 40: y 
89 8014: y: 3 
63:26) 5 


calculer y par la première pro- 
35X 40 


portion qui donne y — NN 


ainsi, il faut d'abord c 
substituer cette va- 
leur aans sa seconde qui devient alors 


35 X fo, 
39 : 80 :: —— : 


z 
{ 50 4 


CO 


O1 
ras 
pe 


et de laquelle on tire 


35 X 40 X 80 
7 boX37 à 


etenfin, remplaçant 3, par sa valeur, dans la troisième 
proportiou , on a 


GS at ue 0) LR CRE 


ESS 


2 


d’où l'on couclut 


__ 35X40X80X 28 
5 ) X37 X63 n 


En opérant par logarithmes, on a 


æ = log. 35 + log. 40 + log. 80 + log. 28 — log.50 
— log.37 — log. 63. 


ce qui se réduit à l'addition suivante, en substituant aux 
logarithmes qu’on doit soustraire leurs complémens 


arithmétiques. 
log. 35 = 1,5440680 
log. 40 — 1,6020600 
log. 80 — 1,9030900 
log. 28 = 1,4471580 
comp. log, 50 — 8,3010300 
compl.log. 57 = 8,4317983 


compl.log. 63 — 


Comme on a employé trois complémens, 11 faut re- 
trancher trois unités du plus haut ordre dans le résultat, 


qui devient alors 
429864 
Ce logarithme étant celui du nombre, 2,6906... ,ona 
donc définitivement x = 2,6906... 
COMPLEXE (449). Une quantité complexe est celle 
qui est composée de plusieurs telles 
A+B—C; Ax+y°—P, etc. Dans l’arithmétique, 


qui sont formées 


parties que 
on 
nomme quantités complexes celles 
d’entiers et de fractions. Par exemple 8 À est un nombre 
complexe ; Gri 8pe-; 3fr 55; 30° 20’, etc. , en sont égale- 
ment. 

COMPOSÉ (Arith.). Un nombre composé est celui 
qui est formé par la multiplication de plusieurs autres: 
ainsi 12; 1, 20, etc.,sont des nombres composées, parce 


qu'on a 

19—IN 4, 103X 0,204 XD, etc. 
On les nomme ainsi par opposition aux nombres pre- 
miers (voy. ce mot), qui ne peuvent être formés par le 


produit d’aucuns autres, tels que 7, 11, 13, 19, etc. 
Raison composée. C’est le rapport formé par le pro- 


CO 


duit des antécédens et par celui des conséquens de deux 


992 


ou de plusieurs rapports. Par exemple, 18 : 36 en raison 
composée de 3 : 4 et de 6 : 9. Foy. ProPorTION. 

Pexpuze comrosé ( Méc.). C’est celui qui consiste en 
plusieurs poids conservant constamment la même posi- 
tion entr’eux et oscillant autour d’un centre commun de 
mouvement. Tous les pendules sont composés, car 
chaque particule matérielle, soit de la verge, soit du 
corps qu’elle tient suspendu, peut être considérée comme 
un poids particulier. Voyez CENTRE d’osciLLaTION et 
PeNDULE. 

Mouvemenr composé (Méc.). Mouvement qui résulte 
de l’action simultanée de plusieurs forces. Foy. Comro- 


sir1oN et MOUVEMENT. 


COMPOSITION pu mouvement (Mec.). Réduction 
de plusieurs mouvemens à un seul. 

Cette composition a lieu lorsqu'un corps est poussé ou 
tiré par plusieurs puissances à la fois. Comme ces ditfé- 
rentes puissances peuvent agir en suivant une même di- 
rection ou des directions différentes, il en résulte plu- 


sieurs lois fondamentales que nous allons exposer. 


1. Si un mobile, quise meut en ligne droite, est 
poussé par plusieurs puissances dans la direction de son 
mouvement, sa vitesse seule changera, c’est-à-dire 
augmentera ou diminuera selon le rapport des forces 
impulsives ; mais le mobile parcourra toujours la même 


ligne droite. 


>. Si les mouvemens composans, ou, ce qui est la 
même chose, les puissances qui les produisent n’ont pas 
une même direction, le mouvementcomposé ne pourra 
s'effectuer dans aucune de leurs directions particulières, 
mais prendra une direction moyenne qui sera une ligne 
droite ou courbe, selon la nature des mouvemens com- 


posans. 


3. En ne considérant que deux mouvemens compo- 
sans, on trouve, 1° que si ces mouvemens sont toujours 
uniformes eutr’eux, et font unangle quelconque, laligne 
du mouvement composé sera une ligne droite comprise 
dans cet angle. Il en sera encore de même si les deux 
mouvemens sont accélérés ou retardés en même pro- 
portion, pourvu qu’ils fassent toujours le même angle; 
2° que si l’un des mouvemens est uniforme et l’autre 
accéléré, ou s’ils sont tous deux variés dans des propor- 
tions différentes, le mouvement composé s'effectuera 
dans une ligne courbe. | 

4. Les lois du mouvement composé sont liées à celles 
de la composition des forces; et leurs démonstrations, 
qui ont été l’objet d’un grand nombre de travaux des 
mathématiciens du dernier siècle, ont été ramenées par 
les modernes aux principes de l’équilibre en suivant la 
carrière ouverte par d’Alembert, dans son Traïtéde dy- 
nanuque. Nous donnerons ces principes avec tous leurs 


co 


développemens aux mots Force, MouvemenT et Sr4- 
TIQUE. 

COMPOSITION pe raprorts (4rith.). Dans une pro- 
portion quelconaue , 


AB: G2D, 


on sait que la somme des deux premiers termes est au 
second comme la somme des deux derniers est au der- 


nier, C'est-à-dire, qu’on à 
A+B:B::C+D:D; 


c'est ce qu’on appelle composition de rapports ou de 


raisons. Ainsi de 
Liassr6: 6, 
on tire par composilion 
6:2::94: 8. 


PVoy. PrororTioN. 

COMPRESSION (Méc.). Action de presser un corps 
pour lui faire occuper un moindre volume. Voyez 
Presse. 

COMPUT sccrzsrAsTiQue (A4rith.). Ensemble des 
calculs qui ont pour but de régler les fêtes mobiles. 
Voy. Carexnrien. 

CONCAVE (Géom. et Opt.). Surface concave, c’est 
la surface courbe intérieure d’un corps creux. Cette ex- 
pression s'applique particulièrement aux miroirs et aux 
verres d'optique. Foy. Lenrizze et Mrrorr. 

CONCENTRIQUE (Géom.). Ce qui a le même centre. 
Deux cercles ou deux courbes quelconques qui ont un 
même centre (voy. ce mot), se nomment concentriques. 
Voy. Cercre, Pozycone, Courses. 

CONCHOÏDE (Géom.) (de Kéyzm ns, conque). 
Courbe inventée par le géomètre grec Nicomède , pour 
résoudre les problèmes de la duplication du cube et de 
la trisection de l'angle. Voici sa construction. 


Du point À, pris au dehors d’une droite indéfinie 
MN, ayant mené les droites AB, Aa, Ab, Ac, Ad, etc. 
Si l’on prend les parties CB, fa, gb, he, id, etc., toutes 
égales entre elles ; la courbe Babcde, qui passe par les 


CO 


extrémités B, a, c, d,e, etc., est la conchoide. Comme 
on peut effectuer cette construction tout aussi bien au- 
dessous dela droite MN qu’au-dessus, on a deux espèces 
de conchoïdes. La première EBe se nomme conchoïde 
uliérieure , et la seconde RFO, conchoïde citérieure. La 
droite MN est une asymptote pour l’une et l’autre con- 
choïde. 

Ces deux courbes peuvent étre facilement décrites 
par un mouvement continu , en faisant tourner AB au- 
tour du point À, de manière que CD ou CF soient tou- 
jours les mêmes, alors le point B tracera la conchoïde 
ultérieure, et le point E la conchoïde citérieure. 

Pour trouver l’équation de la conchoïde, prenons 
AB pour l’axe des abscisses , et faisons 


AC=a, AD=—x, ED=—y, CB—QE—+ et 
CD—AD—AC—x—4. 


Le triangle rectangle AED donne 
AË —AD +ED 
ou 
AVE Fe 
Mais les triangles AQC, AED, sont semblables: on a 
donc 
AE: QE:: AD: CD, 
c’est-à-dire, 
VÆ+r : b::x:(x—a) 
et en élevant au carré 
(x?+y?) : D? :: x? : (x —aY. 
De cette dernière proportion on tire 
(22H72 : a? 15 br (x — a : (x—a. 
d’où 


x? [2 — (x— ay | 
2 — a — 
Va (x—a} 
équation qui convient également à la conchoïde cité- 
rieure, en prenant CF—BC—#. Cette dernière peut 
avoir des formes différentes, d’après le rapport de CF à 
AC, F'étant le point décrivant, comme nous le verrons 
ailleurs. /’oy. NoruD , Poinr conJuGur. 


L'équation polaire de la conchoïde est beaucoup plus 
simple que l’équation à coordonnées rectangulaires ; 
on l’obtient directement par la seule considération du 
triangle rectangle variable ACQ, car désignant par @ 
l'angle variable BAE, et par z la droite variable AE ou 
AR, nous aurons 


Par 


CO d09 


Mais AE = AQ + CB et AR = AQ — CF; ainsi 
on a 


Le signe +, servant pour la conchoïide ultérieure, et le 
signe — pour la conchoïde citérieure, Nous verrons aux 
mots Durzicarion et Trisecrion l’usage que les anciens 
faisaient de ces courbes dont quelques géomètres du 
siècle dernier se sont aussi occupés. Voyez Mem. de 
l’Acad. des sc. 1708, 1733, 17934 et 1735. Newton, 
Arith. universelle. 

CONCOURANTES (cc). On nomme puissances 
concourantes celles dont les directions ne sont pas pa- 
rallèles, ou concourent à produire un effet. On les dis- 
tingue ainsi des puissances opposées qui tendent à pro- 
duire des effets contraires, et qu’on appelle puissances 
conspirantes. Voy. Forces. 

CONCOURIR (Géom.). Deux lignes ou deux plans 
concourent lorsqu'ils sé coupent, ou que, sans se couper, 
ils sont tels qu’ils peuvent se rencontrer étant suffisam- 
ment prolongés. 

CONCOURS (Géom.). Le point de concours de plu- 
sieurs lignes est celui où elles se coupenteffectivement, ou 
bien celui où elles se couperaient toutes, si elles étaient 
suffisaaiment prolongées. Le centre d’un cercle est le 
point de concours de tous ses rayons. 

CONCRET (4rüh.). Un nombre concret est celui 
qui est considéré comme représentant ‘une collection 
d'objets déterminés. Ainsi 5 mètres, 8 litres, 60 degrés, 
etc.,sont des nombres concrets , parce que 5,8 et 6o n'ex- 
priment point ici des unités abstraites, mais des objets 
conventionnels; savoir: des mètres, des litres et des degres. 
Voy. ARITHMÉTIQUE, 6. 

CONDAMINE (Cnarzes-Manie La), membre de l’A- 
cadémie des sciences, de l’Académie française, de la 
Société royale de Londres, des Académies de Berlin et 
de Pétersbourg, naquit à Paris le 28 janvier 1901. 
Quoiqu’on ne puisse le citer ni comme savant, ni comme 
littérateur , La Condamine a eu dans le monde les plus 
brillans succès , et a joui de toute la gloire qui s'attache 
à la science et au talent. On disait de lui qu’à l’Académie 
française , il était regardé comme un savant, et à l’Aca- 
démie des sciences comme un homme très-spirituel. 
La vérité est que La Condamine, doué d’un esprit vif et 
pénétrant, et surtout inspiré par un irrésistible sentiment 
de curiosité, était naturellement disposé à s'occuper de 
tout ce qui peut exciter l’émulation du savoir ou la har- 
diesse de l'intelligence. Jeune, ilse fit militaire, comme 
il se fit savant plus tard par curiosité. Il faillit se faire 
tuer au siége de Roses, où, durant un assaut, il exami- 
nait fort tranquillement, à l’aide d’une lunette, le ser- 
vice d’une batterie et la direction des boulets. {1 était 

(5 


554 CO 
incapable d’une méditation sérieuse; mais son étrange 
curiosité lui tenait lieu d’une plus noble ardeur pour 
l'étude : aussi n’a-t-il fait qu'effleurer les matières dont il 
s'est tour à tour occupé. Son nom ne se trouverait point 
ici cependant, si La Condamine, en 1756, n'eut partagé 
les travaux de Godin et du savant Bouguer, chargés par 
l'Académie des sciences de mesurer un degré du méri- 
dien au Pérou, dans le voisinage de l'équateur. Son in- 
fluence ne fut pas étrangère à la décision du ministre 
Maurepas, qui approuva ce vovage scientifique, et 
fournit les moyens de lexécuter On sait que cette expé- 
dition dura dix ans. I est de la justice de dire que si La 
Condamine était inférieur à ses collègues sous le rapport 
du savoir, il les aida activement dans tous les moyens 
secondaires sans lesquels leur opération n'aurait pu avoir 
lieu. La Condamine, d’ailleurs, habitué à la vice des 
salons et à toutes les jouissances du monde, supporta 
ayec un courage et une résignation dignes d'éloges, les 
dangers et les fatigues d’une utile entreprise à laquelle 
il s'était volontairement associé. Son intarissable gaité 
fit souvent oublier à ses collègues les chagrins d’un long 
exil, et les privations auxquelles ils furent en proie, dans 
un pays où même aujourd'hui la civilisation a fait si peu 
de progrès. À leur retour en Europe, Bouguer et La 
Condamine publièrent la relation de leur voyage. Le 
public accueillit avec une faveur marquée le travail du 
dernier; et Bougucr, qui se voyait privé d’une gloire si 
laboricusement acquise, attaqua avec humeur son spi- 
rituel compagnon, qui luirépondit avec gaité. Le public, 
incapable de juger le fond de la discussion, donna en- 
core raison à La Condamine. Le{ février 1774, Charles- 
Marie de La Condamine mourut comme il avait vécu, 
pour s'être livré imprudemment à son penchant à la 
curiosité, en faisant faire sur lui l'essai d’une opération 
chirurgicale nouvelle, aux suites de laquelle il suc- 
comba. Le Recueil de l’Académie, le Mercure de 
France, et les divers journaux du temps contiennent 
de nombreux mémoires de La Condamine sur toutes 
sortes de sujets. Ses principaux écrits scientifiques sont : 
1. The distance of the tropicks, 1738, in-8°. IL. La fi- 
gure de la terre détermince par les observations de 
MM. de La Condamine et Bouguer, Paris, 1749, in-4°. 
I. Mesure des trois premiers degrés du méridien dans 
l'hémisphère austral, Paris, 1751, in-4° , etc. 

£ CONDORCET (Marie-Jean-AnrToine Nicoras Cari- 

A FAT, Mmarquisde), membre célèbre de l’Académie des scien- 
ces et de l'Académie française, naquit, en 1743, à Ribe- 
mont, près de Saint-Quentin, en Picardie. Il fitsesétudes 

_ au collége de Navarre, où avait fait entrer l’évêque de 
Lizieux, son oncle. Ses parens crurent remarquer en 
lui une aptitude particulière pour les mathématiques, 
et ils dirigèrent en conséquence ses études vers cette 
science, sur laquelle il soutint, à seize aus, une thèse 


CO 


qui recut les applaudissemens de D’Alembert, de Clai- 
raut et de Fontaine, devant lesquels elle fut pronon- 
cée, Ce succès décida de son sort, et il prit dès-lors la 
résolution de se livrer tout entier à l’étude d’une science, 
où l’approbation de savans aussi distingués dexait, en 
effet, lui paraître d’un favorable augure. Malheureuse- 
ment Condorcet ne se borna pas à accomplir cette ré- 
solution: il envia une gloire plus brillante peut-être, 
mais moins durable, et il se jeta avec ardeur dans une 
carrière où il succomba, victime des principes désastreux 
qu'il avait contribué à faire triompher. Au sortir du 
collége, Condorcet, qui vint se fixer à Paris, où la pro- 
tection du duc de La Rochefoucault lui procura les 
moyens de se produire honorablement dans le monde , 
se lia avec les plus célèbres géomètres de lépoque , et 
particulièrement avec Fontaine. 1 débuta par un essai 
sur le calcul intégral, qui fut publié en 1765; eten 1767 
il donna un mémoire sur le Problème des trois corps. 
Ces deux ouvrages, que l’Académie des sciences avait 
jugés dignes d’entrer dans la collection des travaux des 
savans étrangers , lui méritèrent honneur d’y être admis 
en 1769.Ce fut alorsque Condorcet se lia plus intimement 
avec les principaux membres dela secte encyclopédique, 
dont il devint bientôt un des adeptesles plus passionnés. 
I était assez jeune pour recueillir l'héritage de ses 
maîtres, qui, plus heureux que lui, ne virent pas les 
orages que la popularité malheureuse de leur philoso- 
phie appela sur la France. Condorcet fut effectivement 
le dernier écrivain de quelque valeur intellectuelle, que 
l’empirisme philosophique du X VITE" siècle ait conservé 
à l’Acadéniie dessciences. Son esprit, sans doute, n’y est 
pas mort avec lui: if y compte encore aujourd’hui de 
nombreux partisans; mais leur impuissante colère pro- 
tège mal contre les progrès toujours croissans de la rai- 
son, uné philosophie désolante dont la funeste mission 
est heureusement accomplie. Sur les ruines qu’elle avait 
amoncelées autour d’elle, l'esprit humain jette aujour- 
d'huiles bases d’un monument plus durable. Son travail 
sera peut-être long et pénible, et ceux qui apportent à 
ce grand labeur la part de leur talent et de leur généreuse 
conviction, doivent connaître d'avance les difficultés de 
l'œuvre à laquelle ils se sont voués. En effet, la philo- 
sophie du XVII siècle, qui, en prétendant seulement 
exercer l'autorité de ses préceptes contre l'ignorance et 
les préjugés, a flétri les croyances les plus respectables, 
confondu les principes de toutes choses et jeté l'huma- 
nité dans une fausse voie, n’a plus aujourd’hui de refuge 
que dans l'ignorance et les préjugés. 

Les travaux scientifiques de Condorcet sont peu im- 
portans : il s’estsurtout exercé danslesdiverses branches 
du calcul intégral; mais, ainsi que le dit avec raison un 
de ses contemporains, ses vues ont pu être nouvelles 
sans produire aucune découverte; car il s'est borné 


CO 


presque entièrement à des généralités qui ont elles- 
mêmes gfand besoin d’être dévéloppées. Condorcet s’est 
surtout acquis de la célébrité par les éloges des acadé- 
miciens, qu'il a composés , et par d’autres travaux de lit- 
tératute et d'économie politique dont nous w’avons point 
à nous occuper. 
Où sait quelle fat la fin déplorable de Condorcet. 
Ses crreürs fureñt expiées trop cruellement par ses in- 
fortunes, pour qu’on puisse lui refusér des regrets. Doué 
d’un esprit vif et pénétrant, d’une instruction profonde, 
d’une facilité de travail remarquable, il était appelé, 
par les plus heureuses dispositions; à occuper parmi les 
géomètres un rang plus distingué que celui où il est 
parvenu. Sesécrits scientifiques sont :[. Æssai d'analyse, 
Paris 17368, in-4° : ce recueil comprend le traité du 
Calcul intégral et celui du Problème des trois corps; qui 


déjà avaient été pübliés séparément. IL. Æ/oges desaca-, 


démiciens de l'Académie royale des sciences, morts 
depuis 1666 jusqu'en 1699; Paris 1993, in-19. IIL, Æs- 
sai sur L'applicution de l'analyse à la probabilité des de- 
cisions rendues à la pliralüté des voix, Paris ; 1785, 
in-4°, IV. Ælémens du calcul des probabilités, ete., 1804, 
in-8°. V.Moyen d'apprendre à compter sürement el avec 
facilité, Paris , an vir (1709), in 12. Ila en outre consa- 
cré un grand nombred’articles mathématiques à l’Eney- 
clopédie , et l’on trouve dans le recueil de l’Académie 
des stiences plusieurs mémoires sur des questions qui se 
rattachent aux diverses branches de lascience, tels qu'un 
Essai sur la théorie des comètes , sur la résistance des 
guides, etc. Ces divers écrits n’ont point été publiés sé- 
parément. 

CONE (Géom.). L'un des trois corps ronds dont s’oc- 
cupe la géométrie élémentaire. l’oyez Norions PRÉ- 
LM. 54. 

On défiñit le cône droit, le solide formé par la révolu- 
tion d’un triangle rectangle ABC (PL. XIX, fig. 4) au- 
tour d’un de ses côtés, tel que AG Dans cette révolution, 
le côté CB décrit un cercle BDE, qui est la base du cône, 
et l'hypothénuse AB en décrit la surface convexe. 

Pour étendre cette définition au cône obliqué, on 1a 
généralise en disant : un cône quelconque est produit 
par la révolution d’une droite assujétie à passer par un 
point fixe A (Jig. 3 et 4), en glissant autour d’un cercle 
BDE. 

Si l’on conçoit cette droite indéfiniment prolongée, 
elle décrira dans son mouvement deux surfaces convexes 
opposées par le sommet, comme dans la fig. 1. 

1. Il résulte immédiatement de la construction du cône 
droit que toutesles sections faites par des plans parallèles 
à la base, sont des cercles dont les rayons décroissent de- 
puis la base jusqu'au sommet, dans Ie rapport même de 
leurs distances à ce sommet. 

2. Toutes les sections faites suivant l'axe AC sont des 


CO J9Ù 
triangles isocèles, tels que BAE, doubles du triangle 
générateur. 

3. Toutes les sections faites dans le cône par des plans 
qui ne sont ni parallèles à la base, ni suivant l'axe, sont 
des lignes courbes connues sous le nom de SEcrions co- 
NIQUES. Ÿ’oy. ce mot. : 

4. On nomme cône tronqué une portion de cône 
dont on a retranché la partie supérieure, en le coupant 
par un plan parallèle à la base. ACDÉ, fig. 8, est un 
cône tronqué. On peut le concevoir comme formé par 
la révolution du trapèze AFCG autour de son côté FG.. 

5. Un cercle devant être considéré comme un poly- 
gone régulier d’un nombre infini de côtés, toutes les 
propriétés des cônes peuvent se déduire de celles des 
pyramides ; et c’est même la seule manière directe d’ar- 
river à la connäissance de ces propriétés: car les sup- 
poser d’äbord, comme on 16 fait dans les ouvrages élé- 
mêéntaires, puis les déiiontrer pit une contlüsion à l'ab- 
surde (boy. AnsurpE), n'indique En aucuñe manière la 
génération d'idées qui a pu amener à les découvrir. Ce 
serait peut-être ici l’occasion de signaler les défauts des 
Élémens de Géométrie adoptés en France pour l’ensei- 
gnement pnblic, défauts dont le plus essentiel est de 
retenir constamment l'esprit des élèves enchaîné dans 
les mêmes formes de raisonnement, de sorte que lé. 
tude de cette science, Join de concourir à développer 
l'intelligence, arrête son essor , et paralyse ses facultés. 
La plupart des géomètres, entièrementétrangers à toute 
idée philosophique, ont cru donner une grande r'gueur 
à Icurs démonstrations, en écartant avec soin les consi- 
dérations de l’énfinr, et en les remplaçant par un échafau- 
dage d’argumens et de constructions qui cependant 
n'auraient aucune siguification sans cet infeni qu'ils s’ef- 
forcent si maladroitement de bannir. Quelques auteurs 
élémentaires se sont imaginé de démontrer les axiornes, 
sans s’apercevoir que leurs argumens étaient beaucoup 
moins évidens que les objets en discussion; et il en est 
même de très-estimables du reste, qui, après avoir passé 
une grande partie deleur vie à faire età défaire la théorie 
des parallèles, ont présenté ensuite comme une belle dé- 
couverte une prétendue démonstration de l'égalité des 
trois angles d’un triangle à deux angles droits, fondée 
sur une construction successive de triangles, dont le 
dernier doitavoir deux angles infiniment petits! (Voyez 
Géométrie de Legendre, 19° édition, pag. 0 et 277.) 
Mais nous reviendrons autre part sur toutes ces ques- 
tions qui réclament une réforme complète. 7 oy. GÉo- 
te ét Pitôsopni£ prs Maru. 

G. Théorème. La surface convexe du cône droit est 
égale à la moitié du produit de la circonférence de sa 
base par le côté du cône. 

Où nomme cèté du cône toute droite menée sur Ja 


surface convexe du sommet à la base. 


556 CO 

Lasurface d’une pyramide régulière (voy. ce mot) est, 
sans y comprendre sa base, égale à la moitié du produit 
du périmètre de la base par l’apothème. Or, plus la py- 
ramide a de côtés, et plus la différence entre son arête 
et son apothème devient petit; et lorsque le nombre 
de ces côtés est infiniment grand, cas où la pyramide 
devient'un cône, l’arête et l’'apothème se confondent , et 
deviennent l’une et l’autre le côté du cône : donc la 
surface convexe du cône est aussi égale au demi-pro- 
duit du périmètre ou de la circonférence de sa base par 
son côté. 

Si nous désignons par r le rayon de la base d’un cône 
droit, et par k la hauteur de ce cône, son côté sera 


VFEF 
car, dans le triangle générateur (fig. 4) ABC, nous 
avons AB'—BC’+AC*. Si donc 7 exprime la demi-cir- 
conférence dont le rayon est l'unité, 27r sera la circon- 
férence dont le rayon est r, ou la circonférence de la base 
du cône, et 

VE HET 
sera sa surface convexe. 

La surface convexe du cône oblique est l’objet d’un 
problème très-difficile qui réclame les secours du calcul 
différentiel. Foy. QuapraTurE. 

7- Théorème. La surface convexe da cône tronqué 
ACDB (fig. 8) est égale au produit de son côté AC par la 
demi-somme des circonférences des deux bases, 


En effet , la surface convexe du cône entier AEB est, 
d’après ce qui précède , égale à 
Lcir. AFXAE, 
cir. AF désignant la circonférence, dont AF est le 


rayon, Ou la circonférence de la base. De même la sur- 
face convexe du cône retranché CED est égale à 


L'cir. CG X CE. 
Donc la surface convexe du cône tronqué ACDE, dif- 
férence entre la surface convexe du cône entier et celle 
du cône retranché , est égale à 
Lcir. AFXAE — 1 ir. CGXCE. 
Or, AE—AC+HCE, nous pouvons donc mettre cette 
dernière expression sous la forme (1) 

Loir. AFXACHZTcir. AF—cir. CG] X CE; 
mais nous avons, à cause des triangles semblables AFE, 
CGE, 

AF : CG:: AE : CE 
ct par conséquent, 


cir. AF : cir. CG :: AE : CE, 


CO 
proportion d'où l'on tire 
cir. AF—cir. CG : cir. CG :: AE—CE : CE, 
ct, par suite 
[cir. AF—cir. CGT X CE = cir. CGX AC 


Substituant cette valeur dans (1), nous aurons pour fa 
surface convexe du cône tronqué l’expression 


+[cir. AF— cir. CG] X AC. 
donc, etc. 


8. Théorème. Le volume du cône est égal au tiers 
du produit de sa base par sa hauteur. Voyez Pyra- 
MIDE. 


Désignant, comme ci-dessus, par 7 le rayon de la 
base, et par A sa hauteur, qui, dans le cône droit est 
la même que l'axe, nous aurons, V étant le volume, 


V=3rrh. 


9. Corollaire. Le volume d’un cylindre étant égal 
au produit de sa base par sa hauteur (voy. CYLiNDRE), 
un cône est le tiers du cylindre de même base et de 
même hauteur. 


10. Tuéorime. R étant le rayon de la base inférieure 
d’un cône tronqué, r le rayon de la base supérieure et 
H la hauteur du tronc, le volume du cône tronqué est 
égal à | 

3 rH[R + ERXr], 
car, si À désigne la hauteur du cône total, —H sera 


celle du cône retranché, et les volumes de ces cônes 
seront 


37rRh , 377 (h—H,. 
Ainsi le volume du cône tronqué, étant la différence de 
ces deux volumes, sera 

ï 1 . 

3 Re — 1 re (h—H), 
ou (2) 

3 (rRA — rh + 7H]; 

mais les circonférences des bases sont entre elles comme 


les hauteurs des cônes ; nousavons donc 
rR:rr::h:h—H, 
proportion qui nous donne 
rrh = rRh — rRH, 
et par suite 


RH = Rh — rh. 


Substituant dans (2), à la place de #r°h, la quantité 
rRrh — rRrH, qui lui est égale, et réduisant , on ob- 


CO 


tient 
37 [r Eh — rh) + RrH + rH| F 


ou 
Le [run +RrH +] 


ce qui est la même chose que la proposition énoncée. 

10. Il résulte encore des théorèmes précédens : 

1° Que les cônes de même base sont entre eux comme 
leurs hauteurs ; 

2° Que les cônes de même hauteur sont entre eux 
comme leurs bases. 


11. On nomme cônes semblables, les cônes dont les 
axes sont entre eux comme les diamètres de leurs bases. 

Les volumes de deux cônes semblables sont dans le 
même rapport que les cubes de leurs hauteurs, ou que 
les cubes des diamètres de leurs bases. 

CONFIGURATION {Astr.). Situation des planètes 
les unes par rapport aux autres. Joy. AsPecr. 

On applique principalement ce mot aux satellites de 
Jupiter que l’on ne pourrait distinguerles uns des autres, 
sans le secours d’une figure où leurs positions respec- 
tives sont indiquées. La connaissance des temps con- 
tient les configurations des satellites de Jupiter pour 
chaque jour de l’année. 

On se servait jadis d’un instrument nommé jovilabe 
( voy. ce mot) pour trouver ces configurations; mais 
Delambre a donné dans la connaissance des temps de 
1808 des tables qui dispensent de son usage. 

Lalande a imaginé un instrument semblable au jovi- 
labe pour la configuration des satellites de Saturne; ou 
le trouve décrit et gravé dansson Traité d’ Astronomie. 

CONGRUENCE ({4lg ). Nom donné par Gauss à la 
relation de deux nombres inégaux, dont la différence 
est multiple d’un nombre entier. Les nombres com- 
parés se nomment congrus, et le nombre entier qui 
divise exactement leur différence se nomme le module. 

Ainsi, 11 et 21 sont congrus par rapport au module 5, 
parce que la différence 21— 11, ou 10, est un multiple 
de 5. Ils sont au contraire incongrus par rapport à un 
autre module 7. 

Chacun des nombres comparés prend le nom de résidu 
par rapport à l’autre, lorsque ces nombres sont congrus, 
et de non-résidu dans le cas contraire: par exemple, 11 
est résidu de 21 par rapport au module 5, et il est non- 
résidu par rapport au module 7. 

Le signe de la congruence se compose de trois traits 
horizontaux =; ainsi 


A = B 


signifie que À est congruent avec B, ou que la différence 


de ces nombres, A—B, est multiple d'un module sous- 


CO 367 
entendu que nous désignerons par M. Si donc cette 


différence est M, nr étant un nombreentier quelconque, 
la congruence précédente revient à l'égalité 


A—B=—nM ; 


en ajoutant toutefois la condition expresse que les 
quatre nombres À, B,7, M sont des nombres entiers, 
condition que le signe — renferme. 

Les nombres comparés, toujours entiers, peuvent être 
positifs ou négatifs; mais le module doit être pris d'une 
manière absolue, c’est-à-dire sans signe. 

Lorsque cela est nécessaire, on écrit entre deux pa- 
renthèses le module à côté de la congruence, de cette 
manière 


A=B (mod.M). 


Nous allons exposer les principes fondamentaux des 
congruences, principes sur lesquels repose toute la 
T'hcorie des nombres. Foy. ce mot. 


1. Deux nombres différens et congruens à la fois à un 
troisième nombre, sont congrus entre eux, le module 
étant toujours le même. 

En effet les deux congruences 


A=C, B=C 
sont la même chose que les égalités 
A—C—nM,B—C—mM, 


n et m étant des nombres entiers; mais en retranchant la 
seconde de la première, on a 


A —B—{(n—1m) M 
et par conséquent 
A=B 
puisque n—m est nécessairement un nombre entier. 


2. Le module étant supposé le même, si on a plu- 
sieurs congruences 


A=B, C=D, E=F, etc. 


leur somme sera également une congruence; c’est-à- 
dire qu’on aura 


A+C+E+etc =B+D<+EF + etc. 


ce qui se démontre facilement. 
On aura de même 


A—C=B—D 
A—C—E—etc—B—D—F— etc. 


3. Lorsqu'on multiplie les deux termes d’une con- 
gruence par un même nombre entier, les produits sont 


encore congrus. Ainsi, p étant un nombre entier quel- 


358 


conque, la congruence 


co 


A=B 
donne une autre congruence 
pa= pB; 
suivant ié même module. 


4. Si l'on multiplie terme par terme plusieurs con- 
gruences, les produits seront congrus. Soient 


A=B, C=D, 


on aura 
A XC=BXD. 
En effet, désignant par m2 ét n les facteurs qui 
donnent | 
A—B=—mM, C—D=—2M, 
on à 


A=B+iM, C=D+M, 
et en multipliant, 
A XC=—(B<+ »M)(DÆ+7M), 
ou 
AXC=B XD +B2M+DmM + mnMM. 
Cette dernière égalité donne 
AXD—BX D=[Br+<Dm+mnMIM. 


Or , la quantité renfermée entre les crochets étant né- 
cessairement un uombre entier, on a définitivement 


AXC=BXD. 


5. Il en serait de même pour un nombre quelconque 
de congruences , c’est-à-dire , qu'ayant 


AB. C—D:£—=r:0— 0H, de 


On a aussi 
AXCXEXG ; étc. ; = BXDXFXHXetc. 


6: En prenant tous les nombres À; C; E; G, ete., 
égaux entre eux, ainsi que tous les nombresB; D; F;,H, 
etc. ,on a 


Au — Br 


# étant le nombre entier qui exprime la quantité des 
facteurs égaux. Ainsi, lorsque deux nombres sont con- 
grus, toutes les puissances de ces nombres le sont égale- 
ment. 

7. Désignant par a, b, c; d, etc:, desnombres entiers 
positifs, et par X une fonction quelconque de la variable 
x, dont la forme soit ? 


Au Brit L Ca + Dr + etc. 


CO 
À, B, C, D; etc., étant des nombres entiers quelconques 
positifs oû régatifs “ di äta pläce dé # où et successive- 
ment des nombres entiers congrus entre eux suivant le 
même module, les valeurs qui en résulteront pour X 
seront congrubntés entré ées: 
Car, d’après ce qui précède (3 et 6) p et 4 étant des 
nütnBfées congrus, üfi à 


Aps = Âg: , Bp —Bgt, Cp = Cg ete, 
et, d’après (2), 
Ap° + Bpi + Cp etc... Ag HBg +Cg +Hetc. 


8. Dans toute congruence on peut ajouter ou retran- 
cher, soit des deux termes à la fois, soit seulement de 
l’un d’eux, des multiples quelconques du module , c’est- 
a-dire ayant la congruence 


A =B 


et p et g étant des nombres entiers, les nombres cémpris 
sous les formes AÆ+pM; A—pM, d’une part, et B4+9M, 
B—4M , de l’autre, sont tous congruens éntre eux. 

‘9. Les congruences se classent comme les équations, 
selon le plus haut degré des indéterminées qui entrent 
dans leur composition : ainsi y étant un nombre entier 
indéterminé, 


Aÿ=B, 


est la forme générale des congruences du premier 
degré. 

Résoudre une congruence, cest trouver li valeur 
ou les valeurs de l’indéterminée qui peuvent la satisfaite, 
ainsi M étant le module ;et x un nombfeentier, eomine 
cette congruence revient à l'équation 


Ay —B— xM » 
d’où l’on tire 

Ay—B 

nn 2) 


tous les merñnbres entiers, qui, mis à la place de y, dün- 
neroht pour æ ün nombre également entier, résou- 
dront la congruence. Donc trouver la racine de la con- 
grüuence 


Ay = B 
èt résoudre l’équation indéterminée 
Ay—B—xM 


sont la même chose, lorsqu'on ne considère que les 
nombres entiers positifs ou négatifs qui satisfont à l'équa- 
tion. 

10. L’équation indéterminée précédente qui re- 
vient à 


Ay =xM +B,. 


co 


n'est généralement résoluble en nombres entiers que 
lorsque les facteurs À et M sont premiers entre eux. Si 
ces facteurs avaient un. diviseur commun, l’équation 
n’admettrait plus de solution générale, à moins que le 
terme absolu B eût ce même diviseur : alors, opérant la 
division sur tous les termes de l’équation , on la ramè- 
nerait au cas où les facteurs des indéterminés sont pre- 
mieys entre eux. 

Eneffer, si À et M ne sont pas premiers entre eux, soit 
D le plus grand commun diviseur de ces deux nombres, 


nous aurons 


A=pD et M=qD. 


p et g étant des nombres premiers entre eux ; l'équation 
deviendra donc 


pDy = qDx + B 


ou 
B 
PIE p 
et il est évident que æ et y ne pourront être des 
; ‘ : B 
nombres entiers, à moinsque == 


D 
c’est-à-dire, à moins que B ne soit divisible par D. Dans 


ne le soit lui-même, 


De onde a 
cederpier cas, soit à +7, l'équation sera ramenée à 


RIT RP 
cas dont nous allons donuer Ja solution. 
11. Soit l'équation générale 
Ny = Mx +0 
dans Jaquelle N et M sont des nombres premiers entre 


M : 
eux et tels queN< M; transfonmons = en fraction con- 


N 
tinue (voy. CONTINUE), nous aurons 
M ï 
— = a _ 
N AUTRE 1 
a+ 1 
a; +1 
a;+etc. 
+ 1 
A 


Construisons avec les quantités 4,, 4,, 4, etc... 4, les 


deux systèmes de quantités 


Pi a; OQ: = 

P,—a,P;+1 Q; = a, 

P,— a,P,+P, Q = 430, +Q 

P,—aP;+?, Q, — 4a,Q;+Q, 
etc.-— etc. CIC: = Etc; 


PQ er + La Qu=a A Ou, 


CO 


Les valeurs des indéterminés x et y seront 


Le = 2Qu + Qu O(—i)# tt 
Y —= zP, + Pu-i O(—i}+t, 


359 


z étant un nombre entier arbitraire. 

La déduction de ces valeurs est trop longue pour 
pouvoir trouver place ici; mais on les vérifie d’une 
manière générale sans aucune difficulté, car, multi- 
pliant la première par P, et la seconde par Q:, on ob- , 
tient 

Paz = P,Qu2 + Pu. Qu0O(—i}+t 
Qur = LQu 2h PuaQu. Or) +t 


et , retranchant la seconde égalité de ia première, 
Por —Quy = [PoQui—PuiQu] O(—i) +. 


Or, d’après les propriétés des fractions continues , 
on a 
PM, Qu—=N 
et : 
PeQu—i—Pu1Qu =), 
Substituant ces valeurs dans la dernière égalité, elle 
devient 


Mx — Ny F O(—i4rt, 


mais quel que soit, 21 est un nombre impair, € 


conséquemment (—1)##1=-1. Ainsi les yalenrs gé- 
nérales, données pour x et y, ramènent à J'équation 
Ny =Mx+oO, 


et conséquemment la résolvent dans toute sa généralité. 


12. Pour montrer J'application de ces formules , pro- 
posons-nous les questions suivantes. 


Proëème I. Trouver un nombre tel qu'en le divisant 
par 39, on ait 16 pour reste, et ‘qu’en le divisant par 56 
on ait 27, 

Pésignant par x et y les quotiens entiers du nombre 
demandé divisé successivement par 39 et par 56, nous 
aurons , ce nombre lui-même étant désigné par X, (a) 


X —397+16,et X = 56x +27 
et, par conséquent, 
3897 + 16 —= 56 x + 27. 


Retranchant 16 des deux termes de cette équation, pour 
la ramener à la forme générale du numéro précédent, elle 
deviendra 

39.7 = 56x + 11 


et nous aurons 


N=—39,M5=56,O0=ar. 


360 CO 
. 56 : : 
transformant N ou 39° en fraction continue, nous trou- 
verons 
56 


 — 1, reste 17; d’où a; —1 


3 . 
7 = 2 reste 5; d’où a, = 2 
17 . 
=, reste 2; d’où a, = 3 
5 De 
= reste 1 ; d’où a, — 2 


= 2, reste o ; d'oùa, = 2 


d’où nous obtiendrons 


be 


Q = 7: 
PP —=%3 Qi 2 
P; = 10 QG= 7 
P;=:23 Q, = 16 
P, = 56 @ = 39 
et enfin 
x = 397 + 176 
YF = 562 +253 


Mais x et y sont ici des inconnues auxiliaires, et pour 
avoir le véritable nombre demandé, il faut remplacer 
dans les équations (a), x et y par leurs valeurs. Nous au- 
rons , en nous servant seulement de la seconde, 


X = 56 [393 + 176] + 27, 
et, en réduisant , 
X = 2184z + 9883. 


z étant un nombre entier quelconque, .on peut lui 
donner toutes les valeurs positives depuis 1 jusqu’à 
l'infini, et on obtiendra pour X des nombres entiers qui 
satisferont à l'énoncé du problème ; mais si l’on donne 


à z des valeurs négatives, on ne pourra pas dépasser 


—4 ; car en faisant 2=—5 , la valeur de X serait néga- 
tive. Or, en faisant z=—4, on à 
X = 1147, 


donc 1147 est le plus petit des nombres qui résolvent 
le problème. 


Proszème I. Résoudre la congruence 
527 = — 32 (mod. 60). 


Cette congruence est la même chose que l'équation in- 
déterminée 


527 + 32 = Go x 


CO 
ou 
527 = 60x — 3, 
en la ramenant à la forme générale. 


Les facteursde x et de y n'étant pas premiers entr'eux, 
cherchonsleur plus grand commun diviseur (voy.ce mot); 
ce diviseur est 4, qui divise également le nombre absolu 
32: ainsi l’équation est soluble en nombres entiers. Di- 
visant tous les termes par 4, elle devient 


13y — 152 —8 
, 15 
opérant sur =, nous trouverons &=1, 4,6, 4, =, 
et parsuite 
P: —:1 OR 
Pi :7 Q, = 6 
PE x5 O5 18 


Nous avons donc, à cause de O——8 et de (—1)=+#1, 


X = 132 — 48 
Y = 153 — 56. 


Si l’on ne veut avoir pour æ et y que des nombres en- 
tiers positifs, il ne faut prendre pour z que des nombres 
positifs plus grands que 3, faisant donc successivement 
2=4 , 2=5, 2=6, etc., on aura la suite de valeurs 


J= & 
Ÿ — 19 
<= 50, °Y—= 134 
xæ=43, y —49 
etc. ... etc. 


T— 4, 
TX — 17; 


dont chaque couple satisfait à l’équation 527—60x2—32. 

Il est facile de s’apercevoir que les valeurs successives 
dexety forment des progressions arithmétiques, et qu’il 
suffit de connaitre deux de ces valeurs pour avoir la 
différence de la progression, et la continuer à l'infini 
par de simples additions. 


10. Les congruences du premier degré peuvent, ainsi 
que les équations, renfermer plusieurs inconnues, et pour 
les résoudre, il faut alors avoir autant de congruences 
indépendantes que d’inconnues. Mais cette résolution, 
qui forme la partie la plus importante de l’analyse in- 
déterminée ( voy. INDÉTERMINÉE), ne peut entrer dans le 
plan de ce dictionnaire. Nous renverrons donc à la 
Théorie des nombres de Legendre, et surtout aux Àe- 
cherches arithmétiques de Gauss. C'est à ce dernier 
géomètre qu'on doit l'introduction dans la science de la 
notation et de l’idée des congruences ; ila ainsi, le pre- 
mier, donné une forme systématique à cette branche 
importante de l'algèbre, nommée Théorie des nombres 
(voy. ce mot), dans laquelle il a fait de nombreuses et 
d'importantes découvertes, 


CO 
CONIQUE ( Géom.). Ce qui a rapport au cône : sur- 


face conique, section conique , etc. 

Secrions coniQues. Lignes courbes que donnent les 
sections d’un cône par un plan. Il y en a de quatre es- 
pèces différentes: ce sont le cercle, l’ellipse, la parabole 
et l’hyperbole. 

On pourrait mettre le triangle au nombre des sections 
du cône; car toutes les fois que le plan coupant passe 
par le sommet, la section est un triangle. Les anciens 
ne nommaient sections coniques que l’ellipse, la para- 
bole et l'hyperbole , que souvent ils désignaient simple- 
ment sous le nom de coniques. Nous traiterons en dé- 
tail, aux mots Ezrrrse, HyrErsoLE et Parasoze, de ces 
courbes célèbres, dont les nombreuses propriétés font 
une des parties les plus intéressantes de la science de 
l'étendue. ; 


CONJOINTE. RÈGLE conjointe (4rith.). Opération 
qui a pour but de déterminer le rapport de deux nom- 
bres dont les rapports avec d’autres nombres sont 
connus. 

La règle conjointe est encore une application des 
propriétés des rapports géométriques, et l'exemple 
suivant va faire comprendre sa marche et son exé- 
cution. 

Exemple. On demande ce que valent 36 toises an- 
glaises en mètres. On sait que 59 toises françaises 
valent 115 mètres, et que 76 toises françaises valent 81 
toises anglaises. 

Pour résoudre cette question , on voit qu'il suffit de 
chercher le rapport de la toise anglaise au mètre, car ce 
rapport une fois connu, en le multipliant par 36 on aura 
la valeur des 36 toises exprimées en mètres. 

Or, 76 toises françaises valent 8r toises anglaises ; le 
rapport de la toise française à la toise anglaise est donc 
égal à 76 : 81, ou, ce qui est la même chose, 

1 toise française vaut : toises anglaises. 

D'autre part, le rapport de la toisefrarçaiseau mètre 
étant celui de 59 : 115 , on a encore 

= 


119 . 
—— métres. 


1 toise française vaut 
59 


Mais les valeurs de la toise française devant être équi- 
valentes entre elles, on a 


81 


; 5 t TON Eu 
- toises anglaises valent —— mètres. 
6 59 


En] 


Donc le rapport de la toise anglaise au mètre est celui 
8r 115 


des nombres —, “Ho? ou , ce qui est la même chose, 
7 


: : GX 11 
une toise anglaise vaut 22! 
6 4 59X 81 


5 
— mètres, 


CO 361 
76X 115 
59X 81 
la valeur de 36 toises anglaises en mètres. 
Pour l'ordinaire, on dispose les rapports comme il 


11 faut donc multiplier 36 par pour avoir 


suit, æ étant le nombre cherché, 


x mètres : 36 toises anglaises, 
81 toises anglaises : 76 toises françaises, 


59 toises françaises : 115 mètres. 


C'est-à-dire que chaque antécédent doit être de la même 
espèce que le conséquent du rapport précédent. Or, le 
produit des antécédens est égal à celui des conséquens , 
car ces rapports donnent les proportions 


£ mètre : 1toise angl. :: æ: 36 
1 toise angl. : rtoisefrang. :: 81: 76 
1 toise franc. : x mètre :: HO TTD 


dont le produit donne 


rire 81 X 59: 36X 76 % +719. 
On a donc . 


x X 81 X 59 = 36 X 76 X 115. 


D'où l’on conclut 


__36X76X 115 
UUCSr NEO 


et, en réalisant les calculs x=56 mètres, à peu près. 

La règle consiste donc à disposer les rapports de ma- 
nière qu'après avoir écrit en tête celui qu’on veut trou- 
ver, chaque antécédent du rapport suivant soit de la 
même espèce que le dernier conséquent; cela fait, on 
forme le produit de tous les antécédens et celui de tous 
les conséquens , puis on divise le dernier produit par le 
premier : le quotient de la division est le nombre de- 
mandé, ou le premier antécédent de Ja suite des rap- 
ports. 

Les négocians font un emploi fréquent de la règle 
conjointe pour les opérations de change ; et, quoiqu'il 
puisse se présenter une multitude de cas différens, un 
exemple suffira pour indiquer la marche toujours uni- 
forme de ces calculs. 

Exemple. Un négociant de Cologne veut envoyer 
1000 francs à Paris, et ne trouvant pas à Cologne du 
papier sur Paris à un taux convenable, il veut l’ache- 
ter à Francfort. Lechange de Francfort sur Paris est à 
76; et le papier sur Francfort perd à Cologne x pour 
cent. On sait de plus que le rixdaler de Francfort est 
partagé en 90 kreutzers, et que 138 kreutzers valent 115 
stuvers de Cologne, que dans cette dernière ville, Go 
stuvers valent un rixdaler; et qu’eufin 80 francs équi- 
valent à 81 livres tournois. On demande combien le né- 
gociant doit envoyer de rixdalers à Francfort pour 
payer 1000 francs. 


362 CO 


Après avoir remaïqué que le change de Ffrancfoit sur 
Paris étant à 96, cela signifie que 100 écus tournois Où 
300 livres tournois équivalent à 70 rixdalers, et que da- 
près la perte de + pour 100 du papier de Francfort sur 
Cologne, 100 rixdalers de Francfort n'en valent que 99% 
à Cologne ; uoûs disposerons nos rappoi {5 comme il suit, 


d’après la règle ci-dessus : 


æ rixdalers de Cologne — 1000 francs. 

8o francs = Br livres toarnois. 
300 livres tournois — 6 rixd.de Francfort. 
100 rixdalers de Francfort 99,5 à Cologne. 

1 rixdaler de Frantfort— go Kreutzers. 
138 kreützers — 115 stuvers. 
Go stuvers = r rixd. de Cologne. 


Opérant les multiplications, et divisant le produit des 
antécédens par celui des conséquens ; nous aurons 


1000 X 81 X 76 _X 99,5 X 90 X 115 X 1 
80 X 300 X 100 X 1 X 135 X 00 


3 


D'où z—319 rixdalers et 15 stuvers : telle est donc la 
somme avec laquelle le négociant aura à Francfort 1000 
francs sur Paris. Ces calculs qui sout presque toujours 
d’une excessive longueur; se réduiraient à de simples 
additions, si l’on voulait emplover les logarithmes, 
mais la routine du commerce est plus forte que la 
raison. | 

CONJONCTION (4str.). Rencontre de deux astres 
ou de deux planètes au même point du zodiaque. 

La conjonction peut être considérée comme vraie ou 
comme apparente. Elle est vraie, lorsque lés deux astres 
out une même latitude ct une même longitude ; elle est 
apparente lorsqu’ayant la même longitude, leurs latitudes 
diffèrent. On divise encore les conjonctions en héliocen- 
triques et géocentriques. Les premières sont celles qu’on 
obser verait si l’on était dans le soleil ; les secondes sont 
les conjonctions vues de la terre. 

Les conjonctions géocentriques des planètes sont 2nfe- 
rieures ou supérieures, selon que les planètes sont 
entre la terre etle soleil, comme cela peut arriver pour 
Mercure et Vénus, ou selon que le soleil est entre 
la Terre et la planète, 

Les grandes conjonctions sont celles où plusieurs 
planètes sont vues, sinon au même point du zodiaque, 
du moius très-près l'une de l’autre. Telle est, par 
exemple, celle qui eut lieu en février 1524: Vénus, 
Mars, Jupiter et Saturne étaient à côté les uns des 
autres, et Mercure n’était élofgné du groupe que de 16°. 
Le 17 de mars 1725, Mercure, Vénus, Mars et Jupiter 
étaient si rapprochés qu'on pouvait les voir ensemble 
avec le même télescope. 

La conjonction est le premier aspect (voy: ce mot), 
comme l'opposition est le dernier. 


CO 

Les observations dés conjonctions dé Méreurs 6 de 
Vénus avec le soleil, sont très-impüortahtes pour ai- 
ironomie. On s'en est servi ävautigeusement pour dé- 
terminer avec exactitude la paraïlaxe du soleil, ét pâr 
suite &à distance de là terre. Voyez Passice SUR LE 
SOLEIL. 

La lune se trouve tous les mois en conjonction â4vec 
le soleil : c’est ce que l'on nomme nouvelle lune. Lors- 
que la conjonction est parfaite, c'ést-h-dire lorsqu'ellé a 
lieu daris les nœuds dé l'écliptique , où très’ près de ces 
nœuds , il y a éclipse de soleil , parce que la terre, a 
lune et le soleil se trouvent sur une même ligne droite. 
Par la mémé raison, si, au moment dé l'opposition , 
C'est-à-dire au témps de la pleine lnne, élle se trôüve 
près des nœuds , il ya éclipse dé lüné (toy: ÉCLIPSE). 
Les conjonctions et les oppositiens de la lune prennent 
le noïi commun de syzigies: 

Les Chiñoïis ont dans leurs aïinäles un récit d’uue con- 
jonction de tinq planètes arrivée, Selon eux; 2514 ähs 
avant l'ère chrétienne. Ils donnent ce fait comte üine 
preuve dé la haute antiquité de leur empire et de leur 
science astronomique. Les calculs d& Cassini avaient re- 
jeté cêtte cotijonction au rang dés fables; maïs d’autres 
calculs faits depuis par Muller, Desvignoles, Kirch, 
etc. ; sont plus favorables à la prétentiôn chinoise; il en 
résulte qu'environ 2459 ans avant le Christ, la Eüné, 
Jupiter, Saturne, Maïs et Mercure së irôhväient prés 
l'un de l'autre dans la constellation des Pbis$ons: Of a 
trouvé plus récemment, ense Sérvänt dé tablés plus 
correctes, que cette conjonction à dû avoir effectivement 
lieu le 8 février 2461 avant Jésus-Christ. Il est donc 
certain qué le fait rapporté par les Chinois est réeilé- 
ment arrivé à peu près à l’époque qu'ils lui fixent. 
Mais n'est-il pas beaucoup plus simple de croire qüe 
l'insertion qu’ils ont faite dans leurs atihalés résulte d’ün 
calcul et non d’une observation? On connait l’impor- 
tance que ce peuple attache à sa prétendue antiquité ; et 
si la conjonction eût été observée, il ne pourrait se 
trouver une différence de 53 ans entre l’époque qu'ils 
assignent et l’époque réelle. 

CONJUGUEÉ (Géom.). Axe conjugué de l’ellipse ou 
de l’hyperbole. Foy. Axe. 

Diamètre conjugue d’une section conique. Voy. Dra- 
MÈTRE. | 

Hyperboles conjugueées. Voy. HxPERBOLÉ. 

Ovale conjuguée. Voy. OvaLe. 

. CONOÏDE. {Géom.). Solide formé par la révolution 
d’une section couique autour de son axe. Ges corps ont 
diverses dénominations selon la nature de la courbe qui 
les produit ; ainsi, le conoïde paräbolique, qu'on ap- 
pelle aussi pæraboloïde (voy. ce mot), résulte de la ré- 
volution de la parabole ; le conoïde elliptique, ou sphé- 
roide (voy. ce mot) résulte de celle de l’ellipse, et le co- 


CO 


noïde hyperbolique ( voy. HyrersozrQuEe ) de celle de 
l'hyperbole. 

CONON, de Samos, astronome et géomètre célèbre 
de l'antiquité, vivait vers la 120° et la 130° olympiade 
(209 et 300 ans avant J.-C.). Les écrits de Conon sont 
imulhceureusement perdus; mais les regrets que l’illustre 
Archimède a donnés à sa mort , qui parait avoir été pré- 
maturée, le témoignage de ses contemporains et celui 
des plus célèbres écrivains des siècles suivans assigneront 
tonjours à son nom une place distinguée dans l’histoire 
de la science. On voit dans la préface au Traité des spr- 
rales qu'Archimèdelui avait envoyé plusieurs théorèmes 
sur la sphère et le cône; et quoique Conon n'en eût pas 
deviné les démoustrations, le grand architecte de Sy- 
racuse s'exprime ainsi sur son compte : « I les eût 
trouvés , sans doute, s’il eût assez vécu; il y eüût ajouté 
de nouveaux théorèmes, et fait avancer la science, car 
il avait une sagacité extraordinaire et un grand amour 
pour le travail.» En commençantson Trarté de la Qua- 
drature de la Parabole, Archimède exprime encore 
son opinion sur le savoir et le caractère de Conon : «Il 
était mon ami, dit-il, et c'était un homme admirable 
en mathématiques. » Il est aussi question des travaux 
scientifiques de Conon dansle 4° livre des Sections 
coniques d’Apollonius; mais ce célèbre géomètre, bien 
qu'il y prenne sa défense contre Nicotélès de Cyrène, 
lui est cependant moins favorable qu'Archimède. Enfin, 
on voit dans le Recueil de Pappus (prop. XVIIT) que 
Conon avait proposé aux géomètres de trouver, Ja 
théorie de la spirale, et que c'est probablement cette 
circonstance qui inspira à Archimède le Traité sur les 
Hélices.On croit que Conon distingua le premier la cons- 
tellation qui, depuis lui, est connue sous le nom de Che- 
velure de Bérénice. Le poète Callimaque dont les vers 
ont été traduits par Catulle, s’'appuya du moins du nom 
de ce géomètre pour donner quelque autorité à la fiction 
que lui suggéra la disparition subite de la boucle de 
cheveux consacrée à Vénus par Bérénice, femme et 
sœur de Ptolémée-Evergète, au retour d’une guerre que 
ce prince avait soutenue glorieusement en Asie, Cepen- 
dant les astronomes d'Alexandrie ne paraissent pas 
avoir adopté d’abord cette invention de Conon. 
Ptolémée qui vivait près de 300 ans aprèslui, ne cite 
que deux ou trois étoiles de sa constellation qu'il met 
comme informes à la suite de celles dont se compose la 
constellation du lion. Il est du moins certain que Conon 
s'est livré à d’importans travaux astronomiques. Sénèque 
assure qu’il avait recueilli Les éclipses de soleil observées 
en Égypte (Questions naturelles, VI, 3). Ptolémée cite 
souvent Conon, et en appelle à son témoignage dans un 
de ses priucipaux ouvrages (Phales fixcarum): I com- 
posa aussi des éphémérides sur les observations faites en 


ltalie, ettellesont eu assez de célébrité pour que Vir- 


(0 (0) 503 
gile en fasse mention dans ces vers de sa troisième 
églogue : 

In medio duo signa Conon , et quis fuit alter, 


Descripsit radio totum qui gentibus orbum, 


Tempora quæ messor, quæ Curous arator haberet ? 


CONSÉQUENT (Arith.). Nom du second terme d’un 
rapport, celui auquel l’antccédent est comparé. Foyéz 
ANTÉCÉDENT, Rapport et ProporTIoN. 

CONSEQU NTIA (Astr.). Mot latin, consacré dans 
l'astronomie pour exprimer le mouvement réel ou ap- 
parent d’un astre selon l’ordre des signes du zodiaque, 
ou d’occident en orient. On dit alors que l’astre se meut 
in consequentia. Ce mot est opposé à antecedentia. 

CONSPIRANTES (/Mcc.). Les puissances conspi- 
ranles sont celles qui agissent dans des directions qui ne 
sont pas opposées et qui > par conséquent, concourent à 
produire un effet. Foy. Force et MouvEmEnT. 

CONSTANTE (A4!g.). Nom que l’on donne à toute 
quantité qui ne varie pas par rapport à d’autres quantités 
qui varient et qu’on nomme variables. 

Lorsqu'on différentie une expression algébrique dans 
laquelle il se trouvedes constantes isolées, ces constantes 
disparaissent. En effet, la différentielle de Ax + B est 
(voy. DirréreNTIEL) Adx + dB ou simplement Adx, 
puisque, B étant invariable, dB—o. Ainsi, lorsqu'une 
différentielle est donnée, telle que Adx, on ne peut 
savoir immédiatement si elle est le résultat de la diffé- 
rentiation de la seule quantité Ax ou de Ax + B. 
Il faut donc toutes les fois qu'on prend l'intégrale d’une 
quantité différentielle, ajouter une constante qui 
peut bien être nulle, mais dont il faut savoir déterminer 
la valeur d’après la nature de la question. On exprime 
ordinairement cette constante par la lettre GC : par 
exemple , gx étant l'intégrale de dgx, on pose 


J'ux=ex+0. 


Pour déterminer cette constante on donne ordinaire- 
ment à Ja variable , ou aux variables qui entrent dans 
l'intégrale, des valeurs particulières, telles qu’il en résulte 
pour cette intégrale une valeur connug. Par exemple, 
si l’on sait qu’en faisant æ—0 on obtient, pour f'dgx,; 
une quantité quelconque que nous désignerons par M, 
où écrira 

gx +C=M, 
le point placé sur la variable, indiquant la valeur 0 


qu’elle doit avoir dans cette équation. 
On a donc 


C= ex +M 


et l'intégrale complète est px-gx+M. Pour fixer les 
idées, supposons qu'il s'agisse de prendre l'intégrale de 


364 CO 


la quantité dxV/x--a, qui est 


3 
J'ave=a = i(i—a) +- CG. 


et supposons aussi que lorsque x — 0, cette intégrale 
doit être zéro; nous aurons alors pour déterminer la 


coustante l’équation 


4—a) +C=0 
D'où 


3 


3 
C = 34°, 
ainsi, dans ce cas, l'intégrale cherchée est 


3 


2 3 
Java = j(x—a) + za. 


Voyez INTÉGRAL. 

CONSTELLATION (Astr.). Assemblage ou système 
d'étoiles exprimé et représenté sous le nom et la figure 
d’un homme, d’un animal , ou de tout autre emblème. 

La méthode de partager le ciel en plusieurs parties ou 
constellations paraît aussi ancienne que l’astronomie 
elle-même ; et la seule manière, en effet, de ne pas se 
perdre dans cette multitude innombrable d'étoiles qui 
peuplent le firmament, était d’en former des groupes et 
de les distinguer les uns des autres par des noms et des 
figures propres à aider la mémoire. Tel a dû être le pre- 
mier travail des premiers observateurs. 

Les écrivains les plus anciens dont les ouvrages nous 
sont parvenus , connaissaient cette division des cieux. 
Dans le livre de Job, on trouve, chap. 1x, verset: 
« C’est lui qui a créé les étoiles de l'Ourse, d'Orion, des 
Hyades, et celles qui sont plus proches du midi.» Plus 
loin, chap. xxxvinr, dans la sublime énumération qu’il 
place dans la bouche du.Seigneur , l’auteur sacré en fait 
une autre mention : « Pourrais-tu joindre ensemble les 
étoiles brillantes des Pléiades, et détourner l’'Ourse de 
son cours? » Nous trouvons dans la prophétie d’Amos 
l’exhortation suivante (chap. v, verset 8): « Cherchez 
celui qui a créé les étoiles de l'Ourse et celles d'Orion, 
qui fait succéder aux ténèbres de la nuit la clarté du 

‘matin, et la nuit au jour, qui appelle les eaux de la 
mer et les répand sur la surface de la terre, son nom 
est le Seigneur. » Dans ce passage remarquable les étoiles 
de l’Ourse et d'Orion sont citées comme bien connues, 
et par Amos, qui était un simple berger, et parle peuple 
auquel il s’adressait. D'où l’on peut conjecturer qu’à 
cette époque, c’est-à-dire environ 800 ans avant Jésus- 
Christ, ces constellations étaient déjà inventées depuis 
long-temps. Plusieurs constellations se trouvent aussi 
mentionnées par Hésiode et Homère environ 900 ans 
avant Jésus-Christ. 


CO 

Aratus de Tarse, le poète astronome qui vivait 274 
ans avant l’ère vulgaire nous a laissé un traité de toutes 
lesconstellations connues de son temps. Ce traité contient 
leur situation les unes par rapport aux autres , ainsi que 
leurs positions par rapport aux principaux cercles de la 
sphère. Le célèbre Hipparque a montré qu’Aratus n’a- 
vait fait que suivre la description d’Eudoxe, plus ancien 
que lui de près d’un siècle, et il esttrès-probable que les 
astronomes successeurs d’Hipparque continuèrent d’user 
des mêmes figures de constellations jusqu’au temps de 
Ptolémée, sauf quelques additions ou variations. L’Al- 
mageste de Ptolémée a été l’objet d’une si grande vé- 
nération , parmi les astronomes, que presque tous ceux 
qui ont écrit depuis son temps ont adopté les figures 
de ses constellations, et se sont efforcés autant que pos- 
sible de les faire correspondre avec ses descriptions ; ce 
qui du reste était bien nécessaire pour pouvoir compa- 
rer les nouvelles observations aux anciennes. 

La division des anciens avait lieu seulement dans la 
partie du ciel qui leur était visible; elle se composait de 
48 constellations distribuées comme il suit: douze for- 
maient le zodiaque , vingt-une étaient disposées dans la 
partie nord et seize dans la partie sud. On trouvera 
leurs noms plus loin. Les étoiles non comprises dans ces 
constellations, et qui cependant étaient visibles à l’œil 
nu , étaient appelées 2nformes; plusieurs d’entre elles 
ont servi aux astronomes modernes pour former de nou- 
veaux groupes ou de nouvelles constellations. C’est ainsi 
qu'Hévélius a placé le Petit-Lion entre le Lion et la 
Grande-Ourse, le Lynx entre la Petite- Ourse et Auri- 
ga, etc., etc. 

Pour ne pas nous étendre inutilement, nous passe- 
rons sous silence les tentatives faites sans succès pour 
remplacer les anciennes fgures des constellations par 
d’autres tirées soit de l'Ecriture-Sainte, soit des Ar- 
moiries des princes de l'Europe; et nous empruntons à 
Delambre le tableau suivant de toutes lesconstellations, 
tant anciennes que modernes. Elles font l’objet de plu- 
sieurs atlas dont le plus complet et le plus détaillé est 
celui que Bodea publié à Berlin. 


TABLEAU DES CONSTELLATIONS ANCIENNES ET MODERNES. 


Les constellations de Ptolémée sont au nombre de 48. 


1. Petite-Onrse ou Cynosure queue-du-Chien. 
2. Grande-Ourse. 
3. Dragon. 
4. Céphée. 
. Le Bouvier. 


. L'Agenouillé (Hercule ). 
. La Lyre. 
9. La Poule on le Cygne. 
10. Cassiépée ( Cassiopée ). LS 
ur. Persée. 


5 
6. La Couronne boréale. 
7 
8 


CO CO 365 


12. Le Cocher. = É $. Le Paon. 

13. Ophiuchus, ou le Serpentaire: 6. L'Oisean indien ou sans pied. TIR 

14. Le Serpent, AL 7. La Mouche. 

15. La Flèche (et le Renard). 8. Le Caméléon. 

16. L'Aigle et Antinous, Sans compter le Cœur de Charles II, qu'il a placé sur 


19. Le Dauphin. le Collier de Chara, l'un des Chiens d'Hévélius: 


18. Section antérieure du Cheval ( Petit-Cheval ). 
19. Le Cheval Pégase. Conitellations australes de Bayer. 


20. Androméde, 
1. L'Indien. 


21. Le Triangle. 
2. La Grue. 


Toutes ces constellations sont au nord ; les suivantes sont dans 3. Le Phénix. 
le zodiaque. 4. L'Abeille ou la Mouche. 
5. Le Triangle austral. 
22. Le Belier ( et la Mouche ). 6. L'Oiseau de Paradis, 
23. Le Taureau. 7. Le Paon. 
24. Les Gémeaux. 8. Le Toucan. 
25. Le Cancer ou l'Écrevisse. 9. L'Hydre mäle. 
26. Le Lion (auquel il a joint quelques étoiles de la Cheve- 10. La Dorade. , 
lare de Bérénice). 11. Le Poisson volant. 

27. La Vierge. 12. Le Caméléon. 

28. Les Serres (la Balance ). 
29. Le Scorpion. Constellations australes de La Caille, 
30. Le Sagittaire. Ù 
31. Le Capricorne. 1. L'Atelier du Sculpteur. 


32. Le Verseau. imi 
2. Le Fourncau chimique. 


30, Pes Poison 3. L'Horloge astronomique. 
4. Le Réticule rhomboiïde. 


Conitellations australes. 
5. Le Burin du Graveur. 


34. La Baleine, 6. Le Chevalet du Peintre. 

35. Orion. 7. La Boussole. 

36. Le Fleuve (l'Éridan ). 8. La Machine pneumatique. ! 

37. Le Lièvre. 9. L'Octant. 

38. Le Chien. 10. Le Compas et le Cercle, 

39. Procyon,, ou le Chien précurseur, 11. L'Équerre et la Règle. ) N 

40. Argo. 12. Le Telescope. 

41. L'Hydre. 13. Le Microscope. 

42. La Coupe. da 14. La Montagne de la Table, 

43. Le Corbeau. 15. Grand et petit Nuages. 

44. Le Centaure: 16, La Croix. Royer. 

45. La Bète ( le Loup). 

46. L'Autel. Autres conxellations modernes, 

47. La Couronne australe. 

48. Le Poisson austral. Le Repne, Lemonnier, 

Le Solitaire, Idem. 
Les constellations ajoutées par Hévélius sont : Le Messier, Lalande. 
Le Taureau de Poniatowski, Poczobat. 

1. Antinous, au-dessons de l'Aigle. Les Honneurs de Frédéric, Bode, 
2. Le mont Ménale, auprès du Bouvier. Le Sceptre de Brandebourg. Idem. 
3. Les Chiens de chasse Astérion et Chara, Le Télescope de Herschel, . Idem. 
4. La Giraffe, Le Globe aérostatique. Idem. 
5. Cerbere entre les mains d'Hercule, Le Quart de cercle mural, Idem. 
6. La Chevelure de Béréaice. Le Chat, Idem. 
7. Le Leézard. Le Loch, Idem, 
8. Le Lynx. La Harpe de George, Hell. 


9- L'Écu de Sobieski. 
10. Le Sextant d'Uranie. 
11. Le petit Triangle. 
12, Le petit Lion. 


CONSTRUCTION pes ÉquarTIoNs (4/g. appl.). Pro- 
cédés pour trouver les racines des équations par des 
opérations graphiques, c'est-à-dire par des constructions 


Les constellations ajontéesger Malar;dues la partis éométriques effectuées à l’aide de la règle et du com- 
australe, sont : & q 


pas, ou par des descriptions de lignes courbes. 


1. La Colombe, L . A re 
Rerlohus de Chates IL. Equations du premier degré. La forme générale de 


3. La Grue. ( Voyez Payer.) | ces équations étant Ax—B ouAx=1 XB, il suffit decher- 
4. Le Phénix. cher une quatrième proportionnelle aux lignes 1, AetB. 


366 co 


On prend donc une droite arbitraire pour unité; avec 
cette unité on construit deux autres droites égales à A ct 
B, puis on cherche la quatrième proportionnelle par 
l’un des procédés donnés dans Particle AppricarioN Î, 
n° 8. Cette quatrième proportionnelle est l’inconnue 
demandée. 

Equations du second degré. X’équation générale du 
second degré est 


+ pr +q—0; 


petg pouvant être des quantités quelcopqnes, positives, 
négatives ou zéro. Prenant une droite arbitraire pour 
unité, construisons les droites p et g et ensuite deux 
autres droites A et B, telles que l’on ait 


A—:p, B— 9x 1; 


ce qui se fait en prenant pour À la moitié de p et pour 
B la moyenne preportionnelle entre B et 1 (voy. Arrz. 
I, n° 9.)Ces quantités étant ainsi déterminées nous pou- 
vons donner à l’équation la forme tout aussi géné- 
rale 

x? + 2Ax + B: — 0. 


Les racines de cette dernière sont (voy. HÉQuarions) 


2= A+ VAE, 2eme VAT 
valeurs qu'on peut construire aisément à l’aide du 
cercle. En effet,avec un 
rayon AC—A ayant dé- 
crit un demi-cercleADB, 
prenons CE—B, et du 


point E élevons la per- En 
ED qui À Le CE 


coupe la circonférence en D, cette perpendiculaire sera 


pendiculaire 


égale à1/A°—B?, car en menant le rayon CD nous ayons 
le tri:pgle rectangle CDE qui donne 


CÔ* — CE? + ED° 


ou 
A2— B° +- ED? 
donc 
ED — V/a°—B: 


Si nous désignons ED par C, les deux vacines de- 
viennent 
Le x —A+C,x=——A—C, 
ou ce qui est la même chose, 
x = (A—C,r=—(A+0 
Ainsi abstraction faite du signe—, les deux racines sont 
la somme et la différence des deux lignes A et C. 


Si le terme B* était négatif, les racines seraient 


CO 
2=—A4 VAE, x=—A VAE 


et l’on construirait C— VA +Ben formant un triangle 
rectangle dont l’hypothénuse serait = C, les deux côtés 
de l’angle droit étant pris égaux à A et B. 

Lorsque À est négatif, les deux racines deviennent 


æ=A+C,x—A—C. 


Elles sont donc, comme ci-dessus, la somme et la diffé- 
rencg des ligues A et C. 

Dans le cas où B serait négatif et plus grand que A, la 
quantité v'A°—B: ne pourrait être construite :les ra- 
cines sont alors imaginaires. 

Equation du troisième et du quatrième degré. Les 
racines de ces équations peuvent toujours être déter- 
minées par les intersec- 
tions de deux sections co- 
niques; mais la construc- 
tion la plus simple est 
celle qu’on effectue par le 
cercle et la parabole. Soit 
yy"Ay"y" une parabole 
dont l'axe est AB et © 


Un a 


JET MN 
le centre est C et le rayon 


72 


un cercle dont 


Dal 


Cy, coupant la parabole 


dans les quatre points : 
3Y,Y",; y'. De ces points, menons les ordonnées 
xy, x y", x'y", æ'y"; menons en outre CD perpendicu- 
laire à l'axe et CE perpendiculaire sur TV. Faisons 
AD—a, CD—b, Ax—x, xy—y, ctdésignons par p le 
paramètre de ja parabole, et par r le rayon Ey du 


cercle. Ceci posé, l'équation de la parabole est 
F° = PT) 


et nous avons en outre 


= CE + Er 
ou 


Cy=(Ax—AD) +(xy—CD} 


C'est-à-dire 
= (2—a) + (y by, 
ce qui donne, en développant, l'équation 


x—2ax + a'+y--2b5 + —r. 


 - P'cais 

Substituant pour æ la valeur æ=—°—, prise dansl'équa- 
P 

tion }°=pæ, et ordounint par rapport puissances 

de y, nousavons 


D ERP np = 0 


Equation du quatrième degré dont les racines sont 


Fi—(2pa—p?) y —01 


CO 
æÿ, à", "y", x"y". I suffit donc, pour construire tte 
équition du quatrième degré, de la faire coïncider dVéc 
cette dernière. Or, la forme générale de cès équations 
est, après avoir fait disparaître lé second térme (voyez 
BIQUADRATIQUE), 


æxi + Aa +Bx+C=o; 
faisons donc 
À = — 9pa + p° 
B — — 2bp* 
C=(&+b—7p . 


et déterminons à l’aide de ces égalités les quantités &, 
b; p;, r avec lesquelles nous construirons le cercle et la 
parabole. Pour cet effet, prenons une droite arbitraire 
pour unité, et choisissons en même temps cette unité 
pour le paramètre de la parabole, c’est-à-dire, faisons 
p—13 les coefficiens A, B, © étant ensuite construits 
avec cette unité; nous aurons quatre droites connues 
p, À, B, G. Mais les égalités ci-dessus donnent 


Ar en 
2p  2p 
B 
sn 2 


FEV [ee]. 


Ainsi la Valeur de a se constrüira en prenant la somtié 


ÿ ) : 44 = D ent 
de deux droites dont la première e ou P est la moitié 


A 10 2 F 
de p, et dont laseconde est la moitié de À à cause 


de p=1 : la valeur de b est simplement la moitié de 
B ; puisque p°=—1 ; quant à la valeur de r; où construira 
d’äbord une droite auxiliaire m2 


puis on aurd 
PV Var 


qui se construit sans difficulté. 
Quant à la droite auxiliaire »2, puisque p—1, on 
rend son expression homogène en posant 


m=\ Le Pa | 


m=—= ve — Cp| 


Ce qui revient à 


Cette droite se construit en cherchant préalablement 
une moyenne proportionnelle aux deux droites C et p; 


car en désignant cette movenne parz,ona 


n'=Cp 


co 367 


ét par conséquent , 


ce qui ramène 72 à être le troisième côté d’un triangle 
rectangle dont b est l’hypothénuse, et » le second côté. 
Voy. A»pLicarion I, n. 2. 


Les valeurs de a, b et r étant ainsi construites , après 
avoir décrit une parabole dont le paramètre soit 1 ou p, 
on prend sur l’axe, AD—a; du point D, on élève la per- 
pendiculaire DC=b , et du point C comme centre, avec 
un rayon —r, on décrit un cercle : les ordonnées des 
intersections du cercle et de la parabole sont les racines 
de l’équation 


ai Az +Br+C—0. 


En discutänt les équations précédentes, on trouvera 
facilement le cas où toutes les racines sont réelles, celui 
où elles soût toutes imaginaires, et enfin celui où deux 
rcinés sont réelles, ét deux imagibiaires. 

La construction des équations du troisième degré ne 
diffère de celle du quatrième, que parce qu’une des in- 
tersections du cercle et de la parabole se trouve à l’ori- 
gine de l'axe, alors une des ordonnées s'évanouit, etles 


trois autres sont déterminées par une équation à trois 


dimensions ou du troisième degré, avec laquelle il suffit 
de faire coïncider une équation quelconque proposée du 
troisième degré pour constr üire géométriquement ses 


racines. 


Vièté, Getaldus et Descätes ont donhé la construc- 
tion des équations simples du prémier ét Ua second 
degré. Ge dernier ainsi que Baker, dans sa Georetrical 
Key, ont montré en outre comment on pouvait résoudré 
les équations du troisième et du qduätrième degré par 
un cerclè et une parabole; mais l'idée première de 
leurs constructions est due à Sluzé . l'avait exposée 
dans son ouvrage, Mesolabium , part. »: Newton, dans 
son Ærithmetique universelle, traite cètte question en 
employant ion seulement les sections coniques, mais en- 
core la conchoïde et la eissoïde qui se décrivent avec 
attant de facilité que ces dernières. Haileg , le marquis 
de L’Hôpital et Maclaurin se sont égalemeat oceupés de 
ces constructiüns, qui orit aussi fourni à Lähire le sujet 
d’un petit traité intitulé : La construction des équations 
, ainsi 


ahalytiques. Nous renvetrons à leurs ouvrages 


qu'aux traités plus récens d’äpplitation de l’algèbre 
à la géométrie; pour Loutes les constructions des équa- 
tions supérieures au quatrième degré, les découvertes 
moderries sur Ja solution algébrique de ces équations 
aÿant rendu les constructions géométriques plus curieuses 


que véritablement utiles. 


CONTACT (Gomi.). Lé poñit de contact est celui 


368 CO 


dans lequel une ligne droite touche une ligne courbe 
ou celui dans lequel deux lignes courbes se touchent. 

Angle de contact. Voy. CoNriINcEN ce. 

CONTENU (Géom.). Terme communément employé 
pour désigner le volume d’un corps : ainsi trouver le 
contenu d'un corps est la même chose que trouver sa 
solidité. 

Par exemple le contenu d’un parallélipipède rec- 
tangle de 3 mètres de côté, est 27 mètres cubes, c’est-à- 
dire que ce parallélipipède est renfermé dans un espace 
de 7 mètres cubes, ou que son volume a 27 mètres 
cubes. 

CONTIGU (Géom.).Les angles contigus sont ceux qui 
ont un côté commun, et dont les autres côtés sont en 
ligne droite : on les nomme aussi angles adjacens. 
Voy. ce mot. 

Onnomme corps contigus, ceux qui sont en contact 
absolu. 

CONTINGENCE (Géom.). On nomme angle de 
contingence, un angle mixtiligne, tel que l'angle BA» 
formé par un arc de cercle An et la tangente AB au point 
A. On sait que la droite BC perpendiculaire à l’extré- 
mité À du rayon, touche le cercle en un seul point, et 
qu’on ne peut tirer ancune ligne droite entre le cercle ct 
cette tangente (voy. Tancenre) et, par conséquent, que 
l'angle de contingence est plus petit qu’un angle rec- 
tiligne quelque petit qu’on puisse le supposer. La nature 
de cet angle a été l’ob- 
jet de grandes disputes Dion à 
parmi les 
des siècles derniers. 
Pelletier du Mans, Oza- 
narm et Wallis pré- 
tendirent que l'angle 


géomètres 
mm, 


de contingence n’était 
point un angle vérita- 
ble, et qu'il n’existait 
pas. Clavius, au con- 
traire, soutenait que cet angle était réel, mais d’une 
nature hétérogène à celle de l'angle rectiligne. Toute 
cette dispute ne reposait que sur un malentendu ; 
car l'idée d’un angle en général, telle qu’elle résulte 
de la considération de deux droites qui se coupent, 
est inapplicable sans modification à celui de contin- 
gence; les lignes droites sont des lignes dont toutes 
les parties ont une seule et même direction , et un angle 
rectiligne n’est que la différence des directions de deux 
droites. Îln’en est pas de mêmé de l'angle de contingence; 
la différence des directions de ses côtés varie à chaque 
point de son côté curviligne, puisque la nature de toute 
ligne courbe, en la considérant comme formée d’une infi- 
nité de lignes droites infiniment petitesconsiste principa- 
lementen cequelesdirections de deux partiesquelconques 


co 


qui se suivent immédiatement ne sont pas les mêmes. Il 
faut donc reconnaitre que ce qu'on nomme angle de 
contingence est une grandeur d'uue pature entièrement 
différente de l'angle rectiligne , et qui ne peut lui être 
comparée. Nous disons que l'angle de contingence est 
une grandeur, parce qu’il peut exister de tels angles 
plus grands ou plus petitsles uns que les autres, et par- 
faitement comparables entre eux. En effet quoiqu’on ne 
puisse faire passer une ligne droite entre l'arc Anet la 
tangente AB, on peut néanmoins faire passer une infi- 
nité d’autres cercles tels que AE, formant chacun un 
angle de contingence différent. Newton a démontré que 
le rapport de deux angles de contingence comme BAm, 
BA était l’inverse de celui des racines carrées des dia- 
mètres, c'est-à-dire qu’on a 


Angle BA : angle BAn :: VAD: VAE 


D'où il suit que ces angles peuvent être divisés en un 
nombre quelconque de parties égales ou proportion- 
pekes, en décrivant des cercles qui passent par le point 
de contact. 

L’angle de contingence ne se considère pas seulement 
par rapport au cercle : on nomme encore ainsi l'angle 
formé par un arc quelconque de courbe et la tangente à 
l'extrémité de cet arc. l’oy. pour plus de détails le 
premier livre des Principes, de Newton. 

CONTINU (de continuus, qui ne cesse pas)se dit de 
toutes les grandeurs dont les parties s’entre-tiennent et 
ne sont pas divisées les unes des autres : surface con- 
tinue , courbe continue, etc. Foy. ConrTinuiTé. 

Fracrions conrinurs(A/g.).Espèce particulière de frac- 
tion dont le dénominateur est composé d’un nombre en- 
tier et d’une autre fraction qui a également pour dénomi- 
nateur un nombre entier et unefraction, et ainsi de suite, 
L'importance des fractions continues, surtout dans l’état 
de généralité où elles ont été portées récemment, en font 
une des parties les plus importantes de la science des 
nombres ; nous allons donc en exposer là théorie avec 
quelques détails, en commençant par les plus simples 
de ces fractions; puis nous les considérerons comme 
mode particulier de génération d’une fonction quel- 
conque d’une quantité variable; nous donnerons alors 
leurs lois générales, et nous terminerons par quelques 
applications intéressantes , en jetant un coup d’œil sur 
l'histoire de leur introduction dans la science. 


N 
M’ 
telle que N soit plus grand que M. Si l’on divise N par 


M et que l’on désigne le quotient par a, et le reste par 
N; on aura 


1. Soit une quantité fractionnaire quelconque 


ou, ce qui est la même chose 


CO 


N N:; 
Meet 
: . N: 
N, étant nécessairement plus petit que M, mr 


une fraction plus petite que l'unité; et si on la compare 
à l'unité, on trouve 
N, M N, 
M— N, = As FN. 
désignant par a, le quotient de la division de M par N;, 


et par N; le reste de la division. 

N, devant être aussi plus petit que N;, opérons sur 
N, : N, 
N. comme nous venons de le faire sur M 


vons de la même manière sur les restes suivans ; nous 


, et poursui- 


obtiendrons cette suite de transformations , &,, 4;, a;, etc. 
exprimant les quotiens et N,, N4, N;, etc. les restes suc- 
cessifs. 


PEN N ST, 
ÉD nS E 
ae N = N, = 45 + \ 
etc. etc. etc. 

D = SE — 


On continuera les transformations jusqu’à ce qu’on soit 
parvenu à un reste N,—o, comme s'il s'agissait de trou+ 
ver le plus grand commun diviseur des deux nombres 
N et M (voy. Commun-niviseur), opération qui est 
identiquement la même que la précédente. 

Des égalités ci-dessus on tire les suivantes : 


Ne, enr 

Le as + V 

N, né 1 

hE a + . 
None, 

DE as + . 

etc etc. 
Ny=—, fn. I 
Ne ONE 


dont la dernière est simplement 


Non I 
Nn—2 Wan 


à cause de Ny=0, 


CO 369 
Substituant ces valeurs les unes dans les autres, à 
: ; ! 6. UN Ne 
partir de l’expression primitive NW = + M° * ob- 
tient définitivement 
N I 
——=4«4 —— 
M ’ + a+ I 
a+ 
a;+x 
a;+etc. 
+1 
Ami 1 


Am 

et telle sera la génération de la quantité fractionnaire 
ns énération qu’on désigne sous le nom de fraction 
M ? ÿ G q G S 
continue. 

2. On nomme fractions intégrantes les fractions 
: I I . > 
simples —, — etc., quientrent dans la composition 

As «3 


de la fraction continue. Ces fractions donnent le moyen 
d'obtenir des valeurs approximatives d’une quantité 


fractionnaire quel N : effécti la génér 
ractionnalre que conque M’ effectivement la gene a 


tion de cette quantité étant 


si l’on s'arrête succcessivement à la première, seconde 
troisième , etc. , fraction intégrante, on a les quantités 


(mr) 


I I 
FN RE At SAR 
: ai etc. 


ai 
qui approchent d’autant plus près de la véritable valeur 


des qu’on prend un plus grand nombre de fractions 


intégrantes. Il est évident d’ailleurs que cette véritable 
valeur n’est donnée que par toutes ces fractions. 


3. Les quantités (#1) que l’on obtient en s’arrêtant 
successivement à la première, seconde, etc. fraction in- 
tégrante, sont alternativement plus grandes et plus pe- 


tites que la quantité ni 
Fe Pa M” 


car , en s’arrêtant d’abord à la 

première fraction —; onnéglige la partie jointe au dé- 
Aa 

nominateur @,,et on rend par conséqnent ce dénomina- 

= t 

Pne © ar 

z- »P 


47 


teur plus petit qu’il ne devrait être ; d’où 


CO 


et en opérant de même pour Ja suite des valeurs appro- 


310 CO 


suite &i + _ plus grand, ainsi 


LA + —. 
da 


=l2 


: ; 1 
En sarrêtant à la seconde fraction FR: comnime cette 
3 


fraction devient plus grande, püisqu'on néglige la 


partie qui devrait être jointe à son dénomirateur, il 
nr 1 : + 
s'ensuit que 4 +— est plus grand qu'il ne devrait être, 
[Le 


I 


r suite — plus petit, d'où 
et pa A: Plw I] ; 


@3 


No I 
M pe MEET 


a; 


Par les mêmes raisons, en s’arrêtant à la troisième 
N 
fraction, on obtient une valeur plus grande que TE et 
À 
une valeur plus petite en s’arrêtant à la quatrième: ainsi 
de suite. 
On auradonc,en s'arrétant successivement à chaque frac- 


Les ; j N 
tion intégrante, une suite de valeurs approchées de M 
dont les unes, dans lesquelles lé nombre des fractions 
Rs : ; N 
intégrantes est impair, sont plüs grandes que M’ etdont 


les autres, dans lesquelles le nombre des fractions inté- 
grantes est pair, sont plus petites. 
Ainsi, comme on doit approcher d'autant plus près 


de la véritable valeur des que l'on prend plus de 


fractions intégrantes, les premières valeurs approchées 
(les plus grandes) doivent être de plus en plus petites; 
et les secondes, au contraire, de plus en plus grandes. 


4. Lorsqu'une fraction continue est donnée, on trouve 
la quantité qu’elle exprime en additionnant successive- 
ment la partie entière etla partie fractionnaire de chaque 
dénominateur en commençant par le dernier. C’est ainsi 
qu’on‘trouve, par exemple 


1 I 
a Re = PR 
+ CCE “a ait 
a+ sai 
LA &s 
I ï 
= 4 —- = 4 —— 
«5 a, + ai a + a,aa;+a,+as Ni 
ter” 
asayi asashi 
aa 
= d; + in = 
ame +a, 
LL Mt, + a+ it 
aasayLa+a, ia 


chées d 
hées de 
' M 


, On trouverait pour ces valeurs 


aa, +3 


@ : a + 1 de 


5. En examinant la forme de ces valeurs successives 


approchées de —, il est facile de voir qu’en désignant 


N 
M 
par A;, A:, A3, etc. , B:, B:,B;, etc., des quantités dont 
la généralion soit 


A ,—=@ B,=1: 
À,—@A:1 B,—a, 
A3—a3A:+ A, B:=—aB:+41 
Ai=ua;A;+A, B,=4,B:+8B, 
A,=a;A;+A; B:—a,B,+B: 
etc. etc. etc. etc. 
on aura 
A . À, _aa+H1 À;  @aaa;+a, Le 
Be CU 2 D)  æmapu Don 
Re 7 ASIA : 
C'est-à-dire queles quantités pp ‘seront les va- 
leurs successives de la fraction continue qui repré- 
sente | 
M ! 
Nous conserverons aux fonctions A, B le nom de me- i 


diateurs qui leur a été donné par Kramp (voy. ARITH- 
MÉTIQUE UNIVERSELLE), nous réservant d’en généraliser 
plus loin la conception. Nous allons appliquer ce qui 
précède à un cas particulier. 

6. Problème premier. Réduire la fraction JE en frac- 


tion continue. 


On a d’abord 


381 115 
266 ? 266? : 
, 11) dar net 
opérant sur 566 comme il a été indiqué (1), on trouve 
115 266 36 
1526 ns Th 
36 __ 115 7 | 
ET | 
2.763,50 0 | 
15 56 = = —=5+ | 
Te = 1 à PRE 


Er par conséquent 


381 I 
266 D'IPRES 


7. Problème second. Trouver les-valeurs successives 
de la fraction continue 


On construira les 2édiateurs suivans , en donnantaux 
quantités &r, &:, &3, etc., les valeurs 1, 2, 3, etc. 


Ait B:=1 
A0, 1—= -3 B:—2 
A;=3A:1tA;— 10 B:=3B,+B— 7 
Ai=4Aï+A,;—= 43 B;=4B:+B;— 30 


As=5Ai+A3— 2925 
A6—GA:5+Ai—13093 
Ay=7A;+A5=0976 


B:=5B,+B:= 157 
Bc—6B:+4B:= 972 
B,—9B;+B:—6c67, 


et on aura par conséquent pour les valeurs successives 


demandées 
De sr 08006 
?2 7° 30° 157° 972’ 6961 ? 


dont la dernière est celle de la fraction continue entière. 


8. Les médiateurs formant la partie principale de la 
théorie des fractions continues, et se trouvant étre d'un 
usage majeur dans une autre branche de l'algèbre, nous 
allons , ainsi que nous l’avons annoncé, généraliser la 
conception de ces fonctions en adoptant la notation qui 
a été proposée par M. Wronski, dans son Zntroduction 
à la Philosophie des mathématiques. 

Soient a, a, a, ete. des quantités quelconques 
auxquelles nous donneronsle nom debases. En prenant 

* lune de ces quantités ax pour former le premier mé- 
diateur, etsuccessivement lessuivantes &n41, 4m +2, @tC. 
prises ainsi dans un ordre direct, pour former les autres, 


nous désignerons ces médiateurs par la notation sui- 


[an | = An 
[ «| —= Ami [ «| +1 
a 2 1 
[< n | = in j-, [« » | + [an] 
= 3 a : : 


vante : 


CO 


[< ».] = Gin+3 [ar] + [a] 
4 3 2 


etc. 


[| nt [en] + «| 
n H— I n—, 


Mais on peut également former ces médiateurs, en pre- 


74 


GLC: 


nant les bases dans un ordre rétrograde, c’est-à-dire, 
en partant de la base a», et remontant aux basesam, 
m2, €ic.; pour exprimer cette circonstance, nous 
joindrons le signe — à l'indice de la première base dans 


chaque médiateur, et nous aurons ainsi 


[ | Gin 
L 
[ « m— | = mise | an 
2 
[ Am | — Un, [ con 


3 
An — | — Am—3 Am— 
4 


etcs 


l 
l 
l 


| Am— | =amnt] Am— | + [an] 
n : ni n—2 


D'après cette manière d'exprimer les médiateurs, on 
voit que nous sous-entendons le signe 4- après l'indice 


de la première base, dans les médiateurs directs, 


9. Étant donné un nombre # de bases &n, @m4r, 
etc... Amyn—1. Si on forme une suite de médiateurs 
tant dans l’ordre direct que dans l’ordre inverse de ces 
bases, le dernier médiateur direct, c'est-à-dire celui 
dans la composition duquel entreront toutes les bases, 
sera égal au dernier médiateur indirect, et on aura 


[ «| — [avr — | 
nm 112 


IL est d’abord facile de voir que cela a lieu effective- 
ment pour deux, trois, quatre, étc. bases, car faisant 
n— 1,92, 3,4, etc., et construisant les médiateurs cor- 
respondans , on a 


[| — An 
‘ 


[ar | —= nt Am 1 
à 


Lan] = (ln Has int in An +3 Am 


etc. etc. 


din — | = mn 
t 


CO 
[emo — | — Un «Am +33 


3 


[amra- | —Am «+ Am Am +3 Am Un +3 
3 
etc. etc. 


Ainsi, on peut déjà conclure que 


[=] = [en | ; [ | —= [awrn- |] ; 
= [ ] —= [ A(m+2)— ] etc. 
3 3 


Il s’agit donc seulement de prouver que cela a lieu 


pour un nombre quelconque n de bases. Pour cela , sup- 
posons que ce soit démontré jusqu'à un nombre n—+, 
c’est-à-dire qu’on ait 


[on | = [rain ] , [an | — 
ps T1 2 


= [amer] etc, etc. 
A3 


D'après la construction des médiateurs, on a 


[e.| = Ann: [an] - [an] 
n Ni Hs 


Substituant dans cette égalité les médiateurs inverses 
aux médiateurs directs correspondans, elle devient 


(x) 


[er] =antr| Am+n—3)— | + [atmins | 
n n—i U—3 


Mais d’après la formation des médiateurs inverses, nous 
ayons aussi 


[ Afm+n—2)— js —Am [ A(n+n—2)— ] + 
N—a2 
+ | A(n+n—2)— 


[ an | —=Gn | A(m+n—3)— 
n—a 


+ | aura | 
n=—=$ 


Substituant ces valeurs dans l’égalité (7), on a (p) 


[| = Am 11m Ï An+n—;)— | + 
n N—2 


+ Am+n—. [ ana | 


n—3 


[ A{n+n—3)— | + [cer 2 


+ am 


CL) 
Or, comme nous avons supposé que l'égalité entre les 
médiateurs directs et inverses était démontrée jusqu’à 
un nombre 7—1 de bases, on a 


| anim | —= [an + ] 
A3 A2 

[ a . —= [ nv 
n—3 n—3 
[ « mins | —= [ms '] 
n—3 n—3 


Am+n—3)— | = [ar Bi, 
n— n—4 


Valeurs qui, substituées dans l'expression (p) la change 
en (g) 


[rw] —=in+n—; me | Am +x amtn—; Am+3 
7e n—+a n—3 


+ C7 | ans | + [em+. | 
n— 


n—4 


ou (7) 


[an], == Am Am+n—i. [an + | :+ Lam. ja) + 


+amyn-s] an. | + [an+:] 
n—3 n 


Or, nous avons 


mn. | am | + [an+ | = [an+:] 

A—2 n—3 Ds 

Annie [am | + [am ] = [am+. | , 
H—3 U— n—3 


ct par conséquent (s) 


[an] = an | am+ | + [am] 
n Ji—3 Ts 


expression qui, en substituant aux médiateurs directs 


[an+.] : [+] , les médiateurs inverses cor- 
—3 N—3 


respondans | An+n— - | 3 [awinn- | , de- 
P— 1] n—32 


vient 
[| — an] aurn-1 ] + | ann ] 
72 H—; Ds 
Mais 


Ami [ A{n+n—:)— el + [ann | = 


— [ Ann) — 1. 


co 


Donc ona définitivement 


CES) 


Ainsi, il suffit que la proposition soit démontrée jusqu’à 
un nombre #—1 de bases pour qu’on puisse en conclure 
qu’elle est également vraie pour un nombre ». Or, 
nous avons vu plus haut qu’elle était vraie pour une, 
deux et trois bases ; elle l’est donc pour 4, 5, etc., etc., 
et par conséquent pour un nombre quelconque de 
bases. 


10. L'égalité (s) nous fait voir qu’on peut encore cons- 
truire les médiateurs de la manière suivante : 


[an] = am 


= An] am + | +1 


an[ an+], + [a+ 
an[ an+s], +[an+] 


etc. 


DÉRONEESR 


Nous aurons occasion de nous servir plus loin de 
cette construction qui modifie notre forme générale 


pente) 4e 


11. Un médiateur [an] 


formé par p bases am, 
P 


m4 se Am+p— est toujours égal au produit des deux 
médiateurs qu’on obtient en partageant ses bases en deux 


d’une manière quelconque [an] < [mn on 
n p+n 


étant un nombre entier quelconque depuis 1 jusqu'à p 
inclusivement, plus le produit des deux médiateurs 


[ «| ; [amint. | qu’on obtient des deux 
n—1 P—n— 


précédens en supprimant la dernière base de l’un et 
la première de l’autre, c’est-à-dire qu’on a 


[] = [an] . [an | + 
p n p—n 
+ [an] | ann | : 
UE à pP=—"n—; 


En effet , nous avons 


ÉRACRECR 


co 


[ee] amie), +[ee). 


Substituant la seconde égalité dans la première, elle 
donne 


[am] = Am+p—1e Am+p—se [an] + 
p p—s 


PORC 


ESC 


Li [er] famtpnantps se 


ou 


Expression qui, à cause de 


Am+p—ie Am+p—2 + 1 =| Am+p—> I 


Hd ee] 


par sa 


se change en (1) 


Si dans cette dernière on remplace [an] 


valeur an+p[ ar] + Len] on a 
= p—4 


[ | = Am+p—1 [an + 
p p—3 


+ Lam+r, |: Am+p—s Le]. + [en] _ 


PR Per ee 


+ [en]: [amir- 1 


Mais d’après la loi de formation 


Am+p—1 + mp3. [ em+r- fl = Amtp1 


+ Am+p—3e Am+p—s: Am+p—1 + Am+p—1 = 


= [ An+ |, 


d’où substituant (2), 


ESS 
+ [en] | A: | 


remplaçant également dns cette expression [ «| 
Jp—s 


par sa valeur an+p— [ a | + [an] elle de- 
pP—4 P—s 


314 


vient 


ÉCART 
HF] 


Een] }e 
Ha] Leo]. 


Or, en vertu de la loi (n° 10), ona 


CO - 


ou 


el 


Am+p—s [ Am+p—3 l+ | dm ps l= [ Am+p—k ] 
à F 4 


donc, substituant, (3) 


ee) are fal fau] 


Continuant ce système de transformations , on voit fa- 


cilement que le médiateur [er] prendra suecessive- 
Jp 


ment les formes suivantes : 


meta ete le] 
: [em] _[ Gin p—s É +[ 0 LE dites I. 
Pre) 
RESTE) 


et en général 


Π[er], | di l+ [er], fetes 


Si dans cette expression générale, on fait p — q =n, elle 


dourera (4) 
[a] . [ ana | + 
n p—n% 


[an] —= 
P 
+ [an] . [ann | n 
n—1 jp—n—x 


Ce qui est le théorème énoncé. 


12. Lethéorème précédent nous fait voir que suivant 
la loi de continuité de la formation des médiateurs, 


fer [= 


car en faisant »— p dans l'expression (4), elle donne 


on a 


(Ne 


[| = [a] : [er] + cu] . [am | 
P P o k—: — 


égalité qui ne peut évidemment avoir lieu qu'en sup: 


posant 
[am] =TI;, [ami ] 


ou en général 


CONCIES 


On peut en conclure de même 


[ a Y'a Am— = 0 
o —! 


13. Il existe toujours entre quatre médiateurs qui se 
suivent, tels que 


[a] , [a] 

nm D —1: 

[+] ‘ [an+. ] 
Ju—1 L n—3 


la relation suivante 


{Lee Lee LT feel) 


En effet, nous avons 


| Am ] —= mn] cn] + [a] 
nm Ti 1 1—32 
[et] — antn[am:] + [a] 
n—1 n— à n— 3 


d’où nous tirerons 


DS ne 


= 0 


=(—> 


= Am+n—1. [a] [su] + 
n— ï 3 
+ [a] . [an +] 
n—2 n—2 
= Ann [on] Lo] + 
n—2 N—1 


+ Ï ans] . [] 
n—3 n—1 
et, par suite, 


[a] . [ an +] > [a] + au +] — 
n n—2 n—1 n—s 
= [an] . [ans] = [em] . [ Am +] 
n—2 2 HT n—3 


Par une semblable transformation on trouverait 


[ar : | am | — [an] an +1 | TT 
Ua H— 3 N— 1 1—3 


ÉRIC 
Di 7) 


[e[e) 


= | Gn | Ami — [ar . an + | . 
: H—3 n—\ n—3 n—3 


et ainsi de suite on trouverait 


Eee abirsler 
nn a RESTE 
= [ue] [me] [fe] [es]. = 
Le TES EEE 


Le 
et en général 


{ble 
fe] fee 11 


Ainsi toutes les différencesde ces produits étant égales 
entre elles, mais alternativement positives et négatives, 
ilreste simplement à connaître ce qu’est cette différénce 
dans un des cas : or, en faisant p—n—3; on 


19 [Ton] [amis ] [es] Lans |] 


ou en développant 


3. (Am+1.AmAm+1Am+s Ham+iamt,+ 


C1ÿ- 
Am 14m) — (Am 43m + mt rtm À 
+ An +,@m +1 Amam+ #)| 
ce qui se réduit à 
Xi = (if: (ye y. 


Donc, on a définitivement 


[en] Jam ] — [am] [ mx] = (—1) 
Q n—2 n—=: A1 


La différence est donc =1 lorsque le nombre » des 
bases est impair, et 1 lorsque ce nombre est pair, 
propriété très-rémarquablé dés médiatéurs, dont nous 
ferons plus haut des applications importantes. 

Ce théorème n’est qu'ün cas particulier du suivant. 


14. Éntre quatre médiateurs 


[ cn [a tn | 
q q—n 
[a] [ in + «| 
q —j! J—p—n 


_ 
CO STS 
tels que les bases des deux seconds soient entièrement 
comprises, et de la méme manière , entre celles des deux 
premiers il existe toujours la relation suivanté. 


He 


= (—1)7+P+7 [an] [entr] 
LE p= 


I 


En vertu du n° 


El, [fe]. + 

+ [am] _. ['amtnt. Le 

ee], + 
H[ef [ete], 


multipliant la première de ces égalités parfa w| 


110na 


Eur es, 


on en tire (a) 


—n 


[am] L'am+r] — [an] L'amtn] = 
7 g—pin ÿ— g=n 


= [an] | envi] : 'aménss ] = 
Ni g—b—n | de Dé nn 
+ [ann] : [ Gmat | | 
g—n gep=h— j 


mais d’après le mêmenuméro 71 


[amn | À [ant] | auto | Ed 
ne gen —p P 
+ [ons] . [ Am+qg—p+ | 
g=n—ps L ps: 
[ Ann: ] —= [ Am+n+: ] | any | +À- 
MR 7 PE r F5 


+ Gin +s | Laxr-r+e] ra 
Jon p 


et la seconde par | ann] 


--Substituant ces valeurs dans le sécond membre de l'é- 


galité (a), ce second membre devient (b) 


[an]: [ Am+q—p+ is X 
à | [eme]. fee. mm 


= ['an+r] . [ ann | 
7—p—nr! J7—pn—s 


Or, en fäisant 
mn=u, q—p—n—"; 


dans la quantité-comprise entré les! aceolalles , elle se 


376 CO 
change en 


[eus]. Le] —[e] [a+] 


etse réduit à (—1}», d'après le théorème (13) ;substituant 
donc (—1})>, ou plutôt (—1)7-?-—" à la place de cette 
quantité, dans le second membre de l'égalité (a) et 
observant que 
(—1)9—p—n = (—1)7+P+n 
à cause de 
(—1)2n+2p = 1 


on aura définitivement 


[| . [an +» ] — |] + [am | = 
F4 JG Chan 4 gen 


= (—1)7+2+P . [em] . [am+y-r+s ] 
Ni Vtl | 


ce qui estle théorème en question. 


15. Les médiateurs simples que nous avons désignés 
par les lettres À,, A, etc., B:, B,, etc. seront, en suivant 


notre notation 


etc. etc. etc. etc. 


t squent les fractions 2, À? , etc. qui expr 

et par conséquent les fractions B° B° etc., qui expri- 
2 

ment les valeurs successives de la fraction continue 

dont les dénominateurs des fractions iutégrantes sont 


&, a, &, etc., seront dorénavant sous les formes (e) 
r Mae ? » 


EE PE 
PL 


1 1 L 
Le. ] [ se ] [ % k 
o 1 
et c’est ainsi que nous allons les examiner. 

16. Il suit du théorème du numéro 13, que si on 
multiplie en croix les termes des fractions voisines dans 


etc.... 


la suite des valeurs (c) d’une fraction continue, la dif- 
férence des produits sera toujours l'unité positive ou 
négative, c’est-à-dire qu’on aura en général 


[elle]. Le] {el = 


et en particulier 


DICO 


Il résulte de cette propriété que les fractions 


REA el 


2! etc, sont irréductibles, ou qu’elles 


be 


sont déjà à leur plus simple expression car si =— 


Le] 


par exemple, avait un diviseur-commun à ses deux 
termes autre que l'unité, il s’en suivrait que le nombre 


entier] a, | [ ,] [.] [e.] serait aussi divisible 


par ce même diviseur, ce qui ne se peut à cause de 


Lel{a]- [1 


7. La différence qu'il y a entre deux fractions con- 
sécutives (c) est la plus petite possible, c’est-à-dire, 
qu'entre ces mêmes fractions , il ne saurait tomber au- 
cune autre fraction quelconque, à moins qu’elle n’ait 
un dénominateur plus grand que ceux de ces frac- 
tions. 

Car prenons, par exemple, les deux fractions 


(«1 


, leur différence est 


ou 


Le], Le 


Puisque le numérateur se réduit à l'unité. 
nr dre A : 
Or, s'il existait une fraction ÿ dontla valeur tombât 
entre celles de ces deux fractions, et dont le dénomi- 


nateur fût moindre que [a 'h ou que [a L il faudrait 


A Le Ï 
que la différence entre et 


El 


qui est 


ee: 
] a, I 


fut plus petite que 


B a], 
DER mais il est. évident 
a. | " 


que cette différence ne saurait être plus petite que 


1 


ment plus grande que 


, donc si B [ a], elle sera nécessaire- 


; de même, la dif- 


I 
[<.] | «| 
î 3 
[æ]. 
férence entre et =" 


el 


sera nécessairement plus grande que 


ne pouvant être plus petite 


. iB< |]. 


18. D’après ce qui précède , on voit que la diffé- 
rence entre deux fractions consécutives quelconques est 
toujours égale à l’unité divisée par le produit des déno- 
minateurs de ces fractions, résultat qui est négatif, 
lorsque le médiateur qui forme le numérateur de Ja 
dernière fraction a un indice pair, et négatif dans le 
ças contraire. 


En effet, on a 


= (ie —— 
Mel 


: PEN; ne 
19. Un nombre fractionnaire NI étant réduit en frac- 


h 
tion continue , on peut, d’après ce qui précède , déter- 
miner toujours d’une manière rigoureuse la différence 
qui existe entre cette qnantité et les fractions consécu- 


(], 


[el 


tives qui en sont des approximations. Soit 


tO 371 

la dernière fraction consécutive, c'est-à-dire celle qui 
; , N ; ; 

est exactement égale à ==, p étant un nombre entict 


quelconque plus petit que =, une fraction consécutive 
quelconque sera représentée par 


[1 
Êe 


et la différence entre cette fraction etla quantité Ni 


par 


ou par 


LE oi PA 
FOIE 


mais d’après le théorème du n° 14 le numérateur de 
cette dernière fraction se réduit à 


en | an-p+.] 


Nous avons donc définitivement, en faisant »m —p=—n 


(alles 


expression qui sera encore plus facile à calculer, si à la 


on substitue 


M—Nn— 1 


place du médiateur direct [ant ] 


le médiateur inversel an] équivalent, parce 


M—n—i1 


qu’il ne faudra alors que calculer les trois suites de mé- 


diateurs [a] : [a] , Lan} Suivant cette der- 


E 


; À : N À 
nière substitution la quantité =—=- ouest successi- 


[ ] M 
&o k - 


[=—=—— 


vement égale à 


378 


An 
MN — 1 


Hit 
| 


&, a, 
Mi NY 


égalités au moyen desquelles on peut cannaître facile- 
ment le degré d’approximation que donne une des frac- 
tions consécutives quelconque. 

1733 
—?—- en frac- 


18. Exemple. Soit proposé de réduire 21E 
142 


tion continue et de.déterminer le degré d’approxima- 
tion de toutes les fractions consécutives. Les divisions 
successives donnent 


a =3,a =1, M m8, 4x9, 87 d—=8 


et on a par conséquent 


1733 _ I 
TRUE] 
8+1 
25 
LE 


8 
Li 
Il 
c 


8 
— 
I 


Il 


ER EE Len 

à 
a 
œ 
Il 
© 
Lea 

ER SN 
À 

a Eh 
Il 
© 


1733 Le]. = 445 


3 4 35 74 553 1733 
Fr 9197 142? 445 
etona 
1733 398 
nl = 3 TE 
NT 
—’» Le 47 
FL) 45X1 


2e ; 
929 22 
= » + TAFÈS 
9 4 X9 
— 7 Bat 
19 445X 719 
-23à } 
142  445X 142 


74 


anisi à fraction “=, 
19 

9 
3 


F , 
445X 19 


par exemple, est plus grande que 


; 53 . 
la proposée de et la fraction F2 plus petite 
1 


à - x“ . . . 

de ————. On connait donc ainsi avec exactitude le 
445 X 142 

degré d’approximation que donne chaque fraction con- 


sécutive. 


22. Dans tout ce qui précède, nous n’avons considéré 
les fractions continues que dans leur acception arithmé- 
tique, et comme donnant la génération d’une quantité 
fractionnaire déterminée; il nous reste maintenant à les 
examiner dans leur acception générale, c'est-à-dire 
comme mode particulier de génération de toute quan- 
tité quelconque, on de toute fonction. d’une variable. 

Avant tout, nous devons indiquer au moins la dif- 
férence qui existe entre la génération d'une quantité 
donnée par l’un des modes primitifs et élémentaires de 
génération, et celle qui est donnée par un mode uni- 
versel, tel que les fractions continues. Nous avons vu 
(Acc. 48) qu'il v’existe que trois modes élémentaires 
pour la construction des nombres, représentés par les 
formes générales. 


A+HB—C, AXB=C, A5 =C, ; 


Or, la construction d’une quantité par un de ces 
modes de génération est ce qui nous donne la nature 
particulière de cette quantité; par exemple, le côté 
d’un carré, étant l'unité, sa diagonale est égale à V/2, 
et cette expression ou cenombre \/2 nous fait connaître 
Ja nature de la diagonale dont la grandeur est incom- 
mensurable par rapport à l'unité. Mais si nous voulons 
évaluer cette grandeur, c’est-à-dire, si nous voulons la 
mesurer par la quantité prise pour unité, nous pouvons, 
soit par l'opération arithmétique de l'extraction des ra- 
cines, soit en développant V2 en série par le binome 
de Newton, ou par tout autre procédé, trouver des 
nombres dont la grandeur ne diffère de celle de V2 
que d’une quantité aussi petite que nous le voudrons ; 
ce qui nous permettra ainsi d'évaluer V/2, sinon .exac- 
tement du moins dans des limites aussi rapprochées que 
nous pourrons le désirer. 

En examinant les diverses manières d'évaluer \/2, on 
voit aisément que l'opération de l'extraction des racines 
tout en nous faisant connaître des valeurs qui diffèrent 


de moins en moins dela véritable, selon qu’on prolonge 


co 


davantage l'opération, ne nous apprend rien sur la /oë 
elle-même de cette évaluation; car ces Valeurs sont 
isolées les unes par rapport aux autres , et ne sont d’ail- 
leurs quele résultat d’un tâtonnement de calcul, dont 
l'ensemble ne peut être déterminé. Ainsi, en se bornant 


successivement à 1,2, 3, etc. décimales , on obtient 


SA. ne 
LA ee 
1,4145., 


1,4149.. 


évaluations dont les térmes ne sont liés par aucune loi. 
11 n’en est point ainsi de la génération de ceite même 
quantité obtenue par un procédé général de déve- 
loppement, car cette génération est, en employant , par 
exemple , le binome de Newton 


V1 +-Eete.. 


c'est-h-dne une série dont l'ensemble est donnè par 
son terme general; elle nous offre conséquemment une 
évaluation soumise à des lois fixes et déterminées. 

Il est donc essentiel de distinguer dans la génération 
des quantités deux points de vue parfaitement distincts 
dont l’un porte sur la zature, et l’autre sur la mesure 
des quantités, M. W ronski est le premier qui ait établi 
cette distinction importante, et partagé la science des 
nombres en deux branches, dont la preinière sous de 
nom de THÉORIE, a pour objet les modes primitifs et in- 
dépendans de la géreration et de la comparaison des 
quantités, et dont la seconde, sous celui de rEcuntE, a 
pour objet les modes universels de cette generation et 
de cette comparaison (voy. Philosoph. de la Technie). 
Les fractions continues nous offrent précisément un 
mode de génération technique universelle, et de là 
dérive lextrème importance de ces fractions; impor- 
tance que les géomètres modernes ne paraissent pas 
encore avoir complétement entrevue. Nous allons es- 
sayer de la mettre dans tout son jour. 


23. Soit F(x), une fonction quelconque d’une quantité 
variable x, dont il s’agit d’obtenir l'évaluation ou la 
génération technique, en prenant pour 7»72esure une 
autré fonction 4x de la même variable. Décomposons 
d’abord la fonction proposée en deux autres A, et fx 
telles que l’on ait d’abord (1) 


Fa) = fe 


et qu'ensuite f& $0it toujours comparable avec la me- 


sure px, où que le rapport de ces deux fonctions ne 
deviénne pas énfini , quelque valeur qu'on donne à +. 
Ainsi fix doit devenir zéro, lorsque @x devient zéro, 
et comme on à 


cPYWHE & 


F(x)—fox=A, 


CO 379 


si nous désignons par un point placé sur z la valeur 
que prend la fonction F{x), lorsque x = 0, nous 
aurons 


F(à)= A, 


A, peut donc toujours être déterminé , et la décompo- 
sition (1) peut avoir lieu dans tous les cas. 
Mais fx devant toujours être comparable à #z, le 
rapport 
ex 
- x 


ou son inverse 


ox 
Je 


sera une nouvelle fonction de gr, que nous exprime- 
rons par F, (x), et que nous décomposerons de même 
en 


F(z)=A:tfir; 


fix étant une fonction comparable à gx et qui devient 
zéro lorsque $x=—0. Exprimant de nouveau le rapport 


par F, (x), nous aurons pour troisième transformation 


F{2)=A + fr 


et, continuant de la même manière, nous trouverons 
en rassemblant les résultats, 


F (x) = À + fx d'où  F (*)=A 

F;(x) = A: + fix F, (à) = A 

F,(x) = A, + fx F, (à) =A, 

F, (x) = A5 + fix F, (+) = Às 

etc. etc. etc. etc. 
$X _r# , _ _?? 
ré Fi(x) d'où fx — F(&) 
PÆ,. pu: _ 
fa © F® FE Ex) 
_ = F:(xi Jx—= Fa) 

etc. etc. etc. etc. 


D'où, substituant ces valeurs les unes dans les autres 
(z) 


F()=A+ Dre 
A,+@x 
A:+@r 


A-etc. 


Telle sera donc la forme de la génération technique de 
la fonction Fr, en employant la fonction gx pour me- 
sure,et en ne considérant que les rapports inverses de cette 


580 ée 
mesure. Si, au lieu de prendre +< repports inverses de 
ox avec chacune des fonctions suc essives fa fiT, fat 
etc., nous nous étions servis des rapports directs, nous 
cussions obtenu une autre génération technique dont 
nous n'avons point à nous occuper ici. Ÿoy. SÉRIES. 

24. Pour mieux fixer les idées, supposons que la 
fonction F(x) soit W/{a+x), et que la mesure gx soit 
simplement x. En exécutant les opérations indiquées ci- 
dessus nous trouverons, en partant de 


F{x) = V/{a+x) . 
À = Vlati) = Va 


ce qui nous donnera d’abord 


x 
LUE Ve) — = V/a 
à cause de 
F(a)— As = fr 
et de 
T 
= — F(x) 


En faisant x—0 dans la valeur de F;x, nous devons 
obtenir celle de A;, mais comme cette valeur devient 


0 : ; Te 
—, dans ce cas, il faut chercher préalablement à lui donner 
o 


une autre forme. Or, en multipliant les deux termes 


de F;(x) par V/(a+x)+v'a, nous obtenons 


ports 
(a z)}—a 


ce qui devient , en faisant x=o, 
F, (æ) = À, =°2V/a 


Passant de ces valeurs à celles de fix et de F;(x), nous 
aurons, à cause de’, 


fix =F(x)—A;, 
fe = Wa+z)+ 


= {a+ +x)— 


Ex) 


Me=Ave 
; 
d’où , 


BE) = are 


Ce qui nous donnera encore, en multipliant les deux 


termes par V/(a+x)—V/a 
L)— V{a+x) Va 
et 
Erfæ) — A, = 2V/a 
En continuant de la même manière, on voit aisément 


qu’on obtiendrait à l'infini, A3=2V/a, Ai=2\/a, etc., 
etc. , et que la génération de V/a+x), est 


CO 


Va ae 


Ver 
2V/a+etc. 
fraction continue dont le nombre des termes est in- 
défini. 
Si nous faisons a — 1 etæ=—1, cette expression 
devient 


V{a+x) = 


v2= a 21 


24: 
2+1 
2+1 
2+4-etc. 


Elle nous donne alors l'évaluation générale de la quan- 
tité V2 


fraction continue (15) pour obtenir les fractions succes- 


,etil suffit de construire les médiateurs de cette 


sives alternativement plus petites et plus grandes que 


V2. 


25. Après avoir reconnu la forme (z) de la généra- 
tion technique de toute fonction en fraction continue, 
il nous reste à donner la détermination générale des 
quantités À, , A;, A,, etc. , qui entrent dans cette frac- 
tion. C’est ce que nous allons faire, en nous servant de 
la méthode des coefficiens indéterminés (voy. Corrri- 
CIENS ) pour donner un nouvel exemple de la fécondité 
de cette méthode. 

F(z) étant une fonction quelconque de x, et x une 
autre fonction également quelconque prise pour me- 
sure ; nous avons généralement, As, A, À,, etc. étant 
des coefficiens dont les valeurs sont connues (voyez 
SÉRIES , 


F(a) = Ao+AigzA,pa+A:9ztAipzi-tetc. 
Mais nous pouvons faire successivement, À, A;', A, 
ete , A7, A7, A", etc, A", A";, A", etc., étant des 
coefficiens indéterminés (b) 
Agx + À rt + Apxi + etc. — 
: oz ss 
7 AH A"pr+A' pr? +A "pr + etc. 
A'px + A',gx? L Apr +etc. = 
er pz 
— A" HA"px+A" px ÆA "pri etc. 
A',gx + A" ox? + A" x etc. = 
= Fe 
7 A"+A",pxA",pat + A"spx$ + etc. 


etc. etc. 


Ces expressions substituées les unes dans Jes autres, 
nous donnent (c) 


co 


F(x) = = a+ Fgz 
Apr 
A",-betc. 
Ainsi, il s’agit d'obtenir les valeurs des quantités indé- 
terminées À, , A’, A", etc. 
Or, en divisant la première égalité par @x, et ren- 
versant les rapports, nous avons 


Fe RE ON ie Sr à 
A o+A :.ÿx+A 3PT +etc— A: + A, pr + A39x? + etc. 


et, cette égalité étant indépendante de toute valeur par- 
ticulière de +, en donnant à x la valeur qui rend $r=u, 
nous aurons 
A'o—= — 
o À, 
et par suite, 


I 1 
AHAgr-fetc. A: 


À,@r+-A:@r + Apr +etc. 
7 AA, HA A g7+A Ar +etc, 


Substituant cette valeur dans la seconde égalité, après 


A'px—+A' pr? + etc. == 


l'avoir préalablement divisée par gx, nous obtiendrons 


A", + Az + Az? b etc. — 


su __AïAi+ AA,gz + A;A3@x? + etc. 
A, + Apr — A,dxt + etc. 


et cette dernière devant subsister également quelles que 


soient les valeurs de x, nous ferons comme ci-dessus 
@x=0o, et nous trouverons 


La valeur de A”, étant ainsi déterminée, en la retran- 
chant des deux membres de la dernière égalité, nous 
aurons 


POP DE en Le me 1À,Qx 


A,+Asgz + Le 
re [aa apr (AAA om Le ] 
7 AA HA,Aipx + A.Aigr A A6 + etc. 


ce que nous pouvons mettre sous la forme 


A,B:0z A, Bigz? + etc. 


A';gx+A",pabetc. = — AR ee 


en faisant pour abréger (d) 


AA, —A,A;3 — B: 

A,43 —A,;A —B, 

A, A4 — AA: = B: 
etc. etc. 


A.An—;— A:Ân — B; 


CO 381 

Si nous substituons cette dernière valeur dans la troi- 

sième des égalités (b), après l'avoir divisée par gx, 
uous trouverons 

AAA Aigr-A Aigr-etc 

A,B3+A,B;gz—+A,B:pr—betc. 


ce qui nous donnera en faisant gx—0 


A"oHA";Dx+etc. = — 


A. —— AA, 
: AB, 
continuant comme ci-dessus , nous aurons encore 


À ,A,+HA,A,dr+etc. 
AiB:+A,B;pr+etc. 


A A 
Sa AGE 1=— 2 — 
A"ipr+A" gr TE 
A, [A:B—A B)er+(AB—A.B) ex+ ee. | 
7 A,B;B;+8B,B,B;pz+AB;B:@z+etc. 
ou 


A,C+A, C:pr+etc. 


RP TE DEA F A. B:B;gx + etc. 


en faisant également pour abréger (d) 


BAS ABC, 
BA —AB:s = Cs 
B;A, —AB, —C, 
etc. etc. 
B3An—1— A,Bn — Cn 


à l’aide de cette valeur , nous trouverons, en procédant 
toujours de la même manière 


ABB, 
XG, 


AU =— 


Enfin, continuant la même opération, et faisant sac- 
cessivement (d) 


CB, —B;G = D: 

CB, —B,Cc = D, 

CB... —B,C; =D, 
etc. etc. 


CB, BC =D; 


D,C; —CiDs — Es 
D:C —CD, =E, 
DC, —CD: —E 

etc. etc. 
D,Ci—:— C,DA = E, 

etc. etc. 

nous trouverons 
| 2 A,C;C 
A, — a 
. À,B:D, 
#s A,B,D;Ds 


382 CO 
avi — A CEE 
° ” A,B;:D:F, 
etc. etc, 


En examinant les expressions des quantités A", A5, 
A" , etc., on voit aisément qu’en prenant leurs produits 
deux à deux, à l'exception toutefois de la première, 
Ces produits ont une loi remarquable de formation 


ae a he 
As" A!" = _— 
ANS . : 
FT = 
etc. PIC 


La construction de ces quantités nous montre évi- 
demment que la forme la plus simple de la fraction 
continue qui donne la génération de F{x) serait celle 
où les coefficiens A’, , A”; , etc. entréraient ainsi deux à 
deux ; mais si nous divisons successivement chaque frac- 
tion intégrante par Son dénominateur, l'expression (c) 
deviendra 


EX) A, dar x 


1 + A! er px 
TA 
1 + etc, 


ou simplement (e) 
Mgz 
M LM oz 1+M, px 
1+Mgx 
r + etc. 
Les coefficiens M, M;, M,, etc. étant donnés par les 
expressions (f) 


FE) = 


M, — À, : 
M, = A: 
À; 
à M, = — A 
B; . 
M= AA — 
E C 
DL AB; 
D: 
M: = BG 
Es 
M: — CD: 
etc. etc. 


CO 


Ainsi connaissant les coefficiens du développement 
en série d’une fonction quelconque , on peut toujours, 
à l'aide des formules précédentes, développer cette 
même fonction en F action continue, ce qui donne une 
génération entièrement différente de la série et toujours 
plus convergente. 

26. Pour obtenir les valeurs successives de la fonc- 
tion F(x) qui résultent de la somme de un, deux, trois, 
etc. termes de Ja fraction continue il faut:nécessairement 
modifier Ja forme des médiateurs {1 r)} faisant donc 


Po =M QE: 
PP +<M,@r Q:—=Q 
P,=P, +M grP Q=Q + M, çæ.Q, 
P,—=P, +Mox.P, Q—=Q,, +M pxQ 
Pi=P, +MiogrP, Q=Q +M, pz.Q, 
etc. etc. etc: etc. 


Pa= Pr + Mh9x.Pr_, Qu=Qu:+ Mh9z Qn—, 
Les fractions successives alternativement plus petites et 
plus grandes que F (2) seront 
Ps CP: Le Jus 
Q' Qi Q' @ 


appliquons les formules 


etc. 


27. Avant de poursuivre, 
précédentes à quelques eas particuliers. Sôit d'abord 
F(x) = (14+x)7. 

Le développément de (14-æ," en série est d’après la 
formule de Newton 


(a) = 1m 


etc. 


m(m— le m Fi —1)(n—2) pe 


1.2.3 7 A 


x — 


Nous avons donc ici 


AS xt 
À  =m 
UQ (mi) 
nr 
a = "irri)m—2) 
… op Re) 

ele, etc: 

LS mm:)(m—), (mn) 


1.2.3.4....(n—1) 


et de plus, la fonction dx, prise pour mesure, est sim- 
pleient +. | 

Construisons les quantités générales Br , Cr , Dr , 
E,, etc. (d) nous trouverons, en empléyant-pour abréger 
la notation des factorielles (voy. ce mot) 


(a—2)m tar |: 


be 1215,.7fs 
= 2 A2 pli 
Co — 2(3—n)m°l1.nl—t.m ” 
ben 1217,154x, A a — 


CO 
(n=—3)(4—n)(2#minmetine line lime -ann2 | 
D ee om 
etc: etc. 


à l’aide de ces quantités, Les expressions ( f') nous donne- 
rons 


M, = 1 
M; = "2 
M (1—m) 
a Ce 
ns — Ut) 
7 2.3 
_'(2=m) 
Me 2.3. 
De cr (EVE) 
7 3:0 
_ En) 
Mers: 7555 
n, = Gr) 
J 2.7 
etc. etc. 


dont la loi est évidente. 


Ainsi le développement du binome (r+x)" en frac- 
tion continue est 
IX 
ZI —————— 
Ve (1—m) x 
2.1 


(1x) 


1 er eLc. 


Lorsque m est un nombre entier positif ou négatif, la 
fraction continue a toujours un nombre fini de termes ; 


dans tous les autres cas, ce nombre est indéfini. 


28. Soit, pour second exémple, F{x)—log.x, log. dé- 
signant le logarithme naturel de æ&, On a la série (voyez 
LOGARITHME) 


Loge = (a—1)—4 (21) (ae) (a) et. 


Ici, la fonction, gx est x —1; et les coefficiens A,, A,, 


etc. , sont la suite des fractions ;, +, à, +, etc., de sorte 
qu’on a en général 


Formant les quantités B,, C,, D,, etc. , on obtient 


CO 385 


Fe à fie) 
Ê + Ha) 
+ s(x—1) 
1 + her) 
14 œ—1) 
14) 


29. Prenons pour dernier exemple F(x)=e, e étant 
la base des logarithmes naturels dont le développement 

en série est 
CIRE HT + + —— ete 
… I 1:29 1.2.3.4 : 


1.2 


Dans ce cas particulier xæ1, et le coefficient général 


I 
An on 0 . Nous trouverons 
n—2 3—n 
Br — 'OERETIE , Cr — 1311, qnlt 
D, — (3—n)(n—4) Es (4—n)(n—5) 
OCR CERN Se IT CET ENT VIE CNET 
etc. etc. 
et par suite 
ï 
e=i+ — 
LS 
Ii 
z LI 
I 3.3 
x 
ER 
1——< 


30. IL est important de faire remarquer que la géné- 
ration d’une quantité obtenue, au moyen des fractions 
continues, par les procédés que nous venons d'exposer, 
est essentiellement différente de la transformation des 
séries en fractions continues donnée par Euler daus son 
introduction à l’analyse infinitésimale. Cette transfor- 
mation ne produit aucune génération nouvelle ou dis- 
tincte de celle qui est opérée par la série elle-même, 
comme nous allons nous en assurer en rappelant ici la 
méthode d’'Euler. 


X étant une fonction quelconque soit 


sa génération en fraction continue, 


384 CO 


En prenant successivement la somme de un, deux, 
trois, etc., termes de cette fraction , on aura 


a = a 
a _ abba 
F7 HR à 
« ___abc+ Ba +ac 
CÉGES  btE 
© 
a __ abcd+Bad+acd+yab+ay 
Re bed db 
TH 
d 
etc. etc. 


Il est évident que ces fractions successives, en prenant 
a .. . ; 
- pour la première, sont alternativement plus petites et 
1 


plus grandes que X ; mais, en prenant les différences de 
chacune de ces fractions avec celle qui la suit, on voit 
aisément que la différence entre la première et la seconde 


œ ° , . 
est 3; que la différence entre la seconde et la troisième 


est me TS; entre la troisième et la quatrième : 
cet ; etc., etc. : ainsi on peut exprimer 
GcFBbed+ pd) ET dos 


la valeur de la fraction continue par une suite determes, 
de cette manière 


25 «5 


Hbc +9 Ÿ FD Cd) — 


série dont le nombre de termes sera infini ou fini, selon 


X=a+ £ = etc. 
b 
que la fraction coutinue s’étendra ou non à l'infini. 

En supposant, pour simplifier, le premier terme a 
égal à zéro, la fraction continue se trouve donc expri- 
mée par une suite dont les termes sont alternativement 
positifs et négatifs; et il est réciproquement très-facile 
de transformer une suite quelconque de termes alterna- 
tifs en une fraction continue dont la valeur soit égale à 
la somme de la série proposée, car, soit en effet cette 
série 

X—=A—B+C—D+HE-F+etc. 
en comparant avec la série engendrée par la fraction 
continue, on aura les égalités 


À — É 

B B 

À be+p 
Ur 

B bcd+fGd+;b 

D. RUE") 
C  bcde+fBde+ ybe+dbc+ps 
ctc. etc. 


D'ou l’on tirera ; 


æ— Ab 
Béc 

ns A—B 
ne ACcd 
1 [A—B)(B—C) 
2 BDde 

7 (B—C)(C—D) 

_ CEef 

7 (C—DXD—E) 
etc. etc. 


Avant ainsi trouvé les valeurs des numérateurs 
a, B, 7,9, etc., on peut prendre arbitrairement les dé- 
nominateurs b, c, d, e, etc., mais pour que ces nombres, 
étant entiers, donnent des valeurs entières à x, 8, 7,4, 
on fait 


b—1 d'oùuil vient «—=A 
cæA—C £=B 
d=B—C 7—=AC 
e=C—D d—=BD 
J=D—E n=DC 
etc. etc. 


Ainsi, sil’on a 
X—A—B+C—D+E-—F+etc. 


on pourra exprimer la valeur de X en une fraction con- 
tinue, comme il suit 


D—E+etc. 


Si tous les termes de la série étaient des nombres frac- 
tionnaires comme 


; I I 1, 1 
FA DT E D pe 


on obtiendrait la fraction continue 


 _— 
A + AA gi 
PAF =er ce 
Chr 
D—C+etc. 


31. Telles sont les transformations d'Euler. Or, en 
prenant, dans la première, les valeurs successives de la 
fraction coutinue, on a 


ë = À 
= = 
B 
LAS re 5 
ue PP EC 
B 
LE AG 

RUE 
etc. etc. 


C'est-à-dire que ces valeurs sont identiques avec celles 
que donnent les termes de la série proposée ; et que con- 
séquemment les transformations en question ne sont 
d'aucune utilité. 


32. Pour mieux montrer la différence des fractions 
continues dont nous avons donné les lois n. 25 et 26 
avec ces dernières, proposons-nous d'exprimer en frac- 
tion continue la demi - circonférence du cercle dont le 
rayon est l’unité. Ce nombre, en le désignant par +, 
est donné par la série (voy. GErcLe, n° 31) 

1 TOUT I I I 
FT X— Rs = = ——""elc 
4 3 A CPE; de 9 11 + 
En nous servant d’abord des formules d'Euler, faisons 
=1, B=3, C=—5, D=7, etc., et nous aurons 


Mi 


ce qui est la fameuse fraction de Brounker. Ses valeurs 
successives sont, en les réduisant en fractions déci- 


males, 


somme de 1 terme... 1 
2 ........ 0, 6666666 
SN hp 0107009008 
AD. 10,07200004 
Du cEe0r M0,,9347200 
OMR ENO, TAAOTTS 
M socrss. 10, 0200347 
etc. etc. 


D'où l’on voit que sept termes ne donnent pas une 
seule décimale exacte. 

Reprenons maintenant les formules des n. 20 et 21 
et faisons 


Ao=0, A1, À,——5,A:—",A;——7%,A;=—-, etc. 


en prenant de plusla mesure gx pour l'unité, Construi= 


(NE) 585 
sons Îes quantités (4/) Bu, Cn, D, etc. et avec ces quan- 
tités, nous trouverons 


M=o, M—:1,M,=;, M—:* 
M, M= ">, M, etc. 
en général 


D'où 


fraction continue dont les valeurs successives sont 


somme de 1: 


terme... 1, 0000000 
2 ses. 0, 7500000 
3 .:...:. 0; 7910666 
4 sosss.e 0, 7843120 
Dihescessse 107 700880 
OL. es 10; 7803687 
ii sise eds 3 05 7894037 
etc. etc. 


Or, nous avons vu (CErcue, n° 30) que la valeur de x 
est 3, 1415926... 
D'où 
1 
lé = 0, 7853981... 
Ainsi la somme de six termes ne diffère, en moins, de 

la véritable valeur que de moins de 3 cent millièmes, et 
a somme de sept termes ne diffère, en plus, que de moins 
de 1 cent nullième, approximation déjà bien supérieure 
au rapport d’Archimède. La génération produite ici par 
la fraction continue diffère donc essentiellement de celle 
que donne la série; puisque, comme nous l'avons dé- 
montré plus haut, la fraction de Brouncker donne des 
résultats identiques avec ceux de cette série. 


33. C'est à lord Brouncker, chancelier d'Angleterre, 
qu'ondoitl’invention des fractions continuesnumériques; 
il y fut conduit en cherchant à transformer les expres- 
sions indéfinies de Wallis pour la quadrature du cercle. 
Huygens s’en servit ensuite, et elles devinrent bientôt 
l’objet des recherches des plus célèbres géomètres. 
Daniel Bernouilli, Euler, Lambert, Lagrange et Le- 
gendre perfectionnèrent successivement leur théorie, et 
les employèrent dans des questions importantes. Euler 
et Lambert surtout considérèrent ces nouvelles fonctions 


d’une manière généraie ou algébrique, et parvinrent à 
19 


3386 co 


de véritables réductions des sériesen fractions continues. 
On n’a fait depuis que reproduire ou développer les 
procédés quileursont dus. Récemmentenñfin M. Wronski, 
dans la seconde section de sa Philosophie de la techni, 
a définitivement classé les fractiong£continues au nombre 
des algorithmes techniques, en montrant qu'ekles 
donnent toujours une génération différente des séries 
et beaucoup plus convergente. 11 a pour ainsi dire 
épuisé leur théorie , dans cet ouvrage , en les considé- 
rant d’une manière encore plus générale que nous ne 
l'avons fait aux n°° 23 et 25, et en donnant toutes les lois 
qui les régissent. Les belles expressions (d) et (f°) lui ap 
partiennent, au moins duns leur forme systématique, car 
le procédé de réduction qu'elles renferment avait déja 
ététrouvé par Euler. Mais la lougueur de cet article nous 
force à renvoyer à l'ouvrage de M. Wronski ceux de 
nos lecteurs qui voudraient approfondir la théorie des 
fractions continues. Nous verrons ailleurs un usage très- 
important de ces fractions. 

FRACTIONS CONTINUES PÉRIODIQUES, v0yez PÉRIODIQUE. 

CONTINUITÉ. — C’est une 


rompue. 


liaison non-inter- 


La loi de continaité est celle par laquelle des quan- 
tités variables passarit d’une grandeur à une autre, 
passent par toutes les grandeurs intermédiaires, sans en 
sauter aucune, Un gränd nombre de philosophes et de 
métaphvsiciens ont regardé comme probable l'applica- 
tion de cette loi aux opérations de la nature; mais le 
père Boscovich a prouvé que la loi était universelle. 
Ainsi nous vovons que la distance entre deux corps ne 
peut pas être altérée sans qu’ils aient passé par toutes 
les distances intermédiaires. Les planètes se meuvent 
chacune avec des vitesses et des directions différentes 
dans les diverses parties de leur orbite, mais toujours 
en observant la loi de continuité. Dans les corps célestes 
projetés, la vitesse croit et décroit suivant toutes les vi- 
tesses intermédiaires, ct il en arrive de même dans l’é- 
lectricité et le magnétisme. Aucun corps ne devient plus 
ou moins dense sans passer par toutes les densités inter- 
médiaires. La lumière du jour croit le matin et décroît 
le soir, suivant tous les degrés intermédiaires possibles. 
Et en examinant la nature avec tout le soin que réclame 
un tel examen, nous voyons que partout la loi de 
continuité existe. Il y a cependant des transitions brus- 
ques ; ainsi quand en comparant un jour au suivant, 
nous trouvons que celui-ci est plus court ou plus long 
que le premier de deux à trois minutes, nous serions 
tentés de dire qu’il y a transition brusque; mais si nous 
considérons toutes les longitudes, nous trouverons qu'il 
y 2 eu des jours de toutes les longueurs intermédiaires. 
Quelquefois aussi , nous confondons un mouvement ra- 
pideayecune impulsion instantanée. Ainsi, nous sommes 
disposes à penser qu’une balle est lancée par la poudre, 


CO 


par une impulsion instantanée; mais par le fait, un 
temps appréciable est nécessaire pour linflammation 
graduelle de la poudre, la raréfaction de l'air et la com- 
wmunication du mouvement à Ja balle. C’est ainsi qu'on 
peut détruire toutes les objections qui pourraient être 


faires à la loi de continuité. 


CONTOUR (Géom.).Mot dont on se sert quelquefois 


pour désigner le périmètre d’une figure. 


CONTRACTION pe La veine FLuIDE (Hydrod.). 
Resserrement qu'éprouve la colonne fluide qui sort d'un 


vase par un orifice. Ÿ’oy. EcouLemENr. 


CONTREGARDE. Ouvrage de fortification en forme 
de flèche, placé devant un bastion, dont il est séparé 
par un fossé. Son but est de protéger le rentrant: Foy. 


FoRTIFICATION. 


CONTRE-HARMONIQUE (4/g.). Trois nombres 
sont eu proportion contre-harmonique lorsque la diffé: 
rence entre le premicr et le second est à Ha différence 
entre le second et le troisième dans le rapport imverse 
du premier de ces nombres au troisième. Ainsi, les 
nombres À, B, C seront en proportion contre-harmo- 


rique, si l'on a (1) 
(AB) : (B—C;:: C: A, 


Cette proportion a été nommée contre-harmonique, par 
opposition avec la proportion harmonique, qui a lieu 
lorsque le rapport des différences est égal au rapport 
direct des nombres, ou quand on a 


(A—B) : (B—C)::4:C 


Si la considération des proportions contre-harmoniques 
est plus curieuse qu'utile, il n’en est pas de même de 
celle des proportions harmoniques, dont nous donne- 
rons ailleurs une application intéressante. Voy. Harmo- 
NIQUE. 

Des trois nombres A, B, C en proportion contre-har- 
monique, le second prend le nom de moyen contre-har- 
monique ; il est donné par légalité 
= A? C: 

AC 
qu’on tire facilement de la proportion (1). Ainsi, si l’on 
demandait quel est le moven contre-harmonique entre 
Get3, il faudrait faire , dans cette égalité A=6 , C3; 
et on trouverait B—5. 


CONTREMINES. Galeries de mines construitesau- 
tour de l'enceinte extérieure des places fortes, et des- 
tinées à épier les mouyemens des mineurs assiégans, Woy. 


FORTIFICATION. 


À 
1 
Î 
| 


CO 
CONVERGENT. On nomme droites convergentes 


en géométrie celles qui se rencontrent en un point, ou 
qui suffisamment prolongées se rencontreraient. 

Les rayons convergens , en dioptrique, sont ceux qui, 
en passant d’un milieu dans un autre, se rompent ou se 
réfractent en se rapprochant l’un de l’autre, de ma- 
nière à se rencontrer dans le même point ou foyer. Foy. 
Lenriire , Microscope. 

CONTRESCARPE. Paroi du fossé d’un ouvrage de 
fortification du côté de la campagne. Dans les places 
fortes, elle est revêtue en maçonnerie; dans les ouvrages 
de campagne, c’est un simple talus en terre. Foy. For- 


TIFICATION. 


CONVERGENT (4/g.). On nomme séries conver- 
gentes, les séries dans lesquelles la valeur de la somme 
d’un nombre quelconque de termes diffère d’autant 
moins de la valeur de la somme totale des termes que 
ce nombre est plus grand. Dans le cas contraire , on les 
nomme séries divergentes. Par exemple , la série 

Le £ à pe pe 
=; 142 + Loir Hat etc. à l'infini, 
qui, lorsque x=—+, exprime la génération de la quantité 
2 ou qui donne . 


214 RER EE. CC. 


est une série convergente , parce que les sommes succes- 
sives 

J 

1++ 

+ 

ii 


etc. etc. 


approchent de plus en plus de la valeur totale 2. 
Mais si dans cette même série, on fait æ=», elle 
devient 


14244484 16+432464+ etc. 


c'est-à-dire une série divergente , car les sommes suc- 
cessives 

L 

1+2 

142 * 

124 +8 


etc. CC: 


Différent de plus en plus de la valeur totale de la 
série qui est alors —1. 


] 


Le caractère prin ipal des séries convergentes est 
done que la différence cutre Ja somme d'un nombre 
quelconque de termes et la valeur totale de la série 


peut deveuir aussi petite quon le veut, c'est-chre 


CO 387 


moindre que toute grandeur donnée en prenant ce 
nombre de plus en plus grand, ainsi : 


1° Toutes les séries dont les termes étant alternati- 
vement positifs et négatifs décroissent à l'infini, sont des 
séries convergentes. En effet, soit 


a—b+c—d+e—f+g—h+etc..… 


une telle série, si nous représentons par N sa valeur 
totale ou la quantité dont elle donne la génération, 
nous aurons 


N=a—b+c—d+e—f+g—h+ etc... 


Or, en prenant un nombre quelconque de termes, par 


exemple 
a—b+c—d+e 


et en désignant par M leur somme, nous aurons aussi 


NM] tit tete. | 
Mais les termes allant en décroissant, les différences suc- 
cessives 
J—£ ; hi, kil, mn, etc... 
sont, à l'infini, des quantités positives, et conséquem- 
ment la somme de toutes ces différences, ou, ce qui est 
la même chose, la somme de tous les termes, à commen- 
cer par f, est elle-même une quantité positive; si nous la 
désignons par P, l'égalité précédente deviendra 
N—M—P 
Prenant maintenant ue terme de plus, et faisant 
a—b+c—-d+e—f=M 
nous aurons encore 
N=M'+{g—h+i—h+limtetc….] 
ou 
N=M'+P' 
en représentant par P' la quantité positive égale à la 
somme des différences positives 
g—h, ik, [—m, n—o, etc. 
Ainsi la valeur de N est comprise entre celles de M et de 
M', puisque nous avons 


N>>M et NM 


La différence entre M et M! étant le terme f, il suit 
de ce quiprécède quela diflérence entre Net M est plus 
petite que f, c'est-à-dire, en généralisant , quela somme 


des mr premiers termes de la série ne diffère de la 


588 co 


somme totale que d'une quantité plus petite que le 
m1 ième terme: donc la série est convergente, puis- 
que ce terme peut devenir auss' petit que l'on veut en 
prenant 7x suffisamment grand. 

2°, Une série dont tous les termes sont positifs est con- 
vergente lorsque ces termes sont décroissans à l'infini, car 
soit 


N=a+tb+c+d+e+f+g+h+ete. 
une telle série; si nous fajsons 


at s+<c+d+e=M 
a+b+tc+d+e+f=M 


nous aurons 


N=M+f+g+h+ it etc. 
N=M+g+h+itk+ etc. 


d'où N>M et N>M'; mais M'diffère moins de N que 
M puisqu'on a aussi M>M, donc la différence entre N 
et la somme d’un nombre de termes peut devenir aussi 
petite qu’on le voudra, en prenant ce nombre suffisam- 
ment grand. 

3° Toutes les séries dont les termes vont toujours en 
croissant sont divergentes. 

Quelque divergente que soit une série, lorsqu'elle n’a 
point été formée par une suite de termes pris arbitraire- 
ment, mais qu’elle exprime la génération d’une fonc- 
tion d’une quantité variable , d’après des valeurs par- 
ticulières de cette variable, on peut toujours la trans- 
former en série convergente ; soit(1) 


Fx = Ac+A fra, fa, fe friete. 


une série divergente , Fx étant une fonction quelconque 
de x, et fx une autre fonction également quelconque 
de la même variable, etsoit (2) 


Fr =B.+B,pr+B,or+B,0x+Bipzitetc. 


la série transformée convergente, x étant une fonction 
arbitraire de x. 

Supposons que l’équation fx=0o donne x—u, et 
construisons les fonctions fx, fx?, fx*,etc. avec les puis- 
sances successives de x—a, nous aurons (v0y. SÉRIES), 
en désignant par un point placé sur æ qu'il faut faire 
æ=a, après avoir pris les différentielles , 


dfi L— a d fx 
gene Ed LUE Un + de 
fe=pr+ Con jee Ga + etc. 


dx 1 dx? 


; dfx — d'fx (x—a) 
dpi (en 
dr Lu n dx us dx 1.2 + etc. 
etc. etc. 


CO 


Mais puisqu’en faisant x=a on à fz=0, 


toutes les 
quantités dans lesquelles entre/x se réduisent à zéro après 


les différentiations, ainsi on a en général 
dn fem — 0 


tant que » est plus petit que »2; retranchant donc des dé- 
veloppemens précédens les termes qui deviennent zero 


et substituant ensuite dans (1), nous aurons 


Fx = À: + A,dfà ee 


(x—a} 


pa [abri+aæri | 


Fe [ar + A dfir + age | ee 


+ etc. CC: 


Choisissant la fonction arbitraire gx de manière qu’on 
ait @x—0 , en faisant x—a, nous aurons de même 


(x—a) 


Fr = Be + Bidex 


(x—a} 
| 1.2 


— (5. doix+B,dex at 


F7, [Bert Bdei+B de | 
+ etc. etc. 


Donc, en comparant les deux développemens, nous 
obtiendrons (3) 

Ao=B, 

A,dfà=Bdpx 

A,dfà+A,dfx=B,dei+B,doi 


A Œfi+Alfi+A, Di =Bdfx+B,dfr+ 
+B; dif x 
etc. etc. etc. 


équations de couditions par lesquelles on pourra dé- 
terminer les quantités B,, B,, B,, etc., à l’aide des coef- 
ficiens A,,A,, À,, etc. 


Pour appliquer ces formules, soit la série générale 
Fr=A,+A,(x—n)+A,(x—a}+A(x—a)+etc. 


dans laquelle «& est une quantité donnée, telle que lors- 
qu'on a æ_>a+1, cette série devienne divergente; A,, 
A,, A,,etc., étant des nombres finis quelconques. On 


aura ainsi 
fx =(x—a). 


La fonction gx devant être choisie de manière qu’elle 
devienne zéro en faisant x—=a, donuons-lui la forme 


Co 
(x—a). (ÿx)" 


ÿæ étant une fonction arbitraire de x et un nombre 
arbitraire, et pour prendre la fonction la plus simple, 


faisons 


da=n+x etm——1 


nous aurons 
gx =(x—a). (n+x) !; 


de cette manière la série tranformée (2) sera 


de +) +B; É ©) +eic 


et pourra devenir convergente, quelle que soit la valeur 


Fx — B, +, 


de x, au moyen de la quantité arbitraire ». 

Substituons dans les équations de conditions (3) à la 
place de fx et gx leurs valeurs particulières ci-dessus, 
et nous obtiendrous (4) 


À — PB; 

A, (n+a) =B, 

À, (ra) = B, — B, 

A: (n+ta) = B, —2B,+ B, 

A, (n+a)i — B; —3B;+3B,—B, 


etc. etc. 


Am (n-ba)r — Br Be Pt ee 


(m—1)m—2)(m—3) 
CS 1:9:3 


Bn—,—+etc. 
Nous allons éclaircir cette théorie par quelques exemples 
numériques. 


I. Lx désignant le logarithme naturel dex, on a la 


série connue. 
La = (x—i)—}{x—i) + (x ir) — Ha) + etc. 


qui est divergente lorsque + est plus grand que 2; pour 
la transformer en une série convergente, faisons 
a—1etn—=1 
nous avons de plus 
Ao—0,A;—=—+, À, —+,A,—— +etc. 
ce qui nous donnera en substituant dans (4) 
B;:—0; B:—2: 


Bo—0,'B;—2; Bi=o, B:—7, ctc. 


Ainsi la série transformée sera 


= I 4 T— 1 \$ fx 1° | 
Lx = | L ) + il | etc 
Eee $ WE UD KT +17 | 
laquelle est convergente pour toutes les valeurs positives 
de x, 


CO 


IT. Prenons pour second exemple le développement 


28) 


I 
1x2 ri r$ Let... 
D pre 
qui devient divergent lorsque x n’est pas plus pett 
que l’unité. Nous aurons a—o et 


ÂAo=1 ; A;=—1 , A;=1 , A;——1 , Air , etc. 


En conservant dans toute sa généralité la quantité arbi- 
traire 7, nous obtiendrons 


B=1 ,B—=—n,B—n—n, B,—=—n+on—n, etc. 


et, conséquemment, 


I D T2 En) 
Te MR Den re) 
nr (n—1) 7 —n(n—1)f. ET +etc.…. 


Pour x=1, où la série proposée devient la suite singu- 
lière 
I—i+i—iti—iti—iti—etc., etc. 
dont les géomètres se sont tant occupés, la série trans- 
formée est 
n n(n—1) n(n—1) , n(n—1ÿ 


—= GROS ŒHiÿ  (n—1) eme etc. 


qui, pour toute valeur positive de » est une série con- 


vergente donnant la valeur +. 

Ces transformations et les belles lois dont elles déri- 
vent sont dues à M. Wronski (voy. Philosophie de la 
Technie, seconde section); elles prouvent évidemment 
qu'une série quelconque a, en elle-même, dans le 
nombre indéfini de ses termes, une valeur déterminée 
rigoureuse , sans avoir besoin d'aucune quantité complé- 
mentaire comme plusieurs géomètres l'ont cru, puisqu’à 
l’aide de ces mêmes termes, quelque divergente qu'elle 
soit, elle donne toujours une série convergente (Foyez 
SÉRIE). 

On peut ramener toutes les suites infinies de nombres 
déterminés dont on ne connaît pas les séries générales 
correspondantes, aux formules précédentes, en remar- 
quant que pour une telle suite 


NHN HN HN EN, etc. 


On peut admettre une série générale 


Fx = A+ Aufr + Asfe + A, fa A fax etc. 


en supposant que cette suite provienne de la série géné 
rale pour une valeurdéterminée de la variable x. Cette 
hypothèse arbitraire donne les relations (æ désignant la 


valeur déterminée de x) 


N=A.,N; = Afx, 


2 N, — = A;f x? etc 


390 


dont ontire 


CO 


A=N,A,.= je LE DE . = jte. 
es JE JE 

Connaissant ainsi les coefficiens de la série générale, 
on pourra déterminer sa valeur correspondante à Ja va- 
leur +, et cette valeur particulière de la série sera néces- 
sairement celle de la suite infinie proposée. Nousrenver- 
rons à l'ouvrage déjà cité de M. Wronski, ne pouvant 
qu'indiquer ici une théorie dont les limites de ce dic- 
tionnaire ne nous permettent pas d'exposer les principes 
supérieurs. 

CONVERSE (Géom.). Propositions converses où ré- 
ciproques. Foy. RÉcIPROQUE. 

CONVERSION {4/g.). Ancien mot par lequel on 
exprimait la proportion résultante des différences entre 
les antécédens et les conséquens de deux rapports égaux 


comparées aux conséquens. Ainsi ayant da proportion 
A:B::C:D 
la proportion dérive 
A—B :B::C—D:D 


se nommait proportion par conversion. Voyez Propor- 
TION. 

CONVEXE (Geéom.). La surface convexe est la sur- 
face extérieure d’un corps rond. Ce mot est particuliè- 
rement en usage dans la dioptrique et la catoptrique. 
PVoy. Miroirs. 

COORDONNÉES (Géom.). Nom commun donné 
aux abscisses et aux ordonnces d'un point. Foyez Ars- 
CISSE. 

COPERNIC (Nicoras), l'illustre et célèbre rénoyateur 
du véritable système du monde, naquit à Thorn, en 
Prusse, le 19 février 1473, d’une famille distinguée, 
suivant la plupart de ses biographes, et d’un paysan 
serf du nom de Zopernick, suivant Zernecke auteur de 
la Chronique de Thorn. Fils d’un gentilhomme ou d’un 
serf, Copernic a environné son nom d’une illustration 
dont l'éclat frappera seulla posterité; mais de ces deux 
circoustances, la première cependant est la plus vraisem- 
blable: l'éducation élevée que le jeune Copernic reçut 
dans la maison de son père, où il apprit les lettres grec- 
ques et latines, avant d'aller à Cracovie où il termina 
ses études, ne pouvait être alors le partage de la classe 
malheureuse dont on a prétendu le faire sortir. Quoi 

qu'il en soit, Copernic se livra d’abord à la philosophie 
et à la médecine; et obtint le grade de docteur dans 
cette dernière science. Ce fut alors qu'il put s’'aban- 
donner avec plus de liberté au goût ardent, que dèssa 
plus tendre jeunesse, il avait manifesté pour les mathé- 
matiques. I en fit l'objet d’études sérieuses, et aborda 
en même temps la connaissance de l'astronomie, science 


dans laquelle il devait immortaliser son nom. Le cé- 


CO 

libre Régiomontanus (Jean Muller) la professait à cette 
époque en ftalie avec beaucoup d'éclat; le jeune Co- 
peruic, entrainé peut-être par ce pressentiment de son 
avenir quise révèle quelquefois aux grands hommes, 
résolui d'aller enter dre ce maitre, et partit pour l'Italie 
après s'être perfectionné dans les arts graphiques, qu’il 
Jjugex utiles posr mettre ses leçons à profit. H étudia 
successivement à Bologne sous Dominique Maria, et à 
Rome sous Régiomontanus , et ces deux célèbres astro- 
nomes, frappés de sa sagacité, de la hauteur de ses 
vues et de ses nombreuses connaissances, que rendaient 
plus remarquables en lui la bonté de son caractère et la. 
douceur de ses mœurs, l’admirent dans leur intimité. 
Après avoir suivi avec tout le zèle dont il était animé, 
les leçons de ces illustres professeurs, et s'être fami- 
liarisé avec l'emploi des instrumens astronomiques , Co- 
pernic quitta Rome où le patronage de Régiomontanus 
lui avait fait obtenir une chaire de mathématiques, et il 
revint dans sa patrie, riche de l'instruction profonde 
qu'il avait acquise, et des observations auxquelles il 
avait pu se livrer, sous ce beau ciel de Ftalice, si favo- 
rable alorsaux sciences renaissantes.L’évéquedeW armie, 
son oncle, le pourvut d'un canonicat dans la petite ville 
de Fraënburgou Fravemberg, où il se fixa pourtoujours, 
et dès lors, cette vie, dont la laborieuse solitude allait 
être si utile aux progrès de la science, fut troublée par 
peu d’évènemens; il la partagea tout entière entre 
trois occupations principales qui étaient d'assister aux 
offices divins , d'exercer gratuitement la médecine pour 
les pauvres, et de consacrer le reste de son temps à ses 
études chéries. « Cependant, ajoute un deses biographes 
les plus distingués, quel que fût son éloignement pour 
les affaires, il ne put refuser l'administration des biens 
de l'évêché, qu’on lui confia plusieurs fois, pendaut les 
vacances du siège. Cette commission exigeait de la pro- 
bité et du courage; il fallait défendre les droits de 
l'évêché contre les chevaliers teutoniques, alors très- 
puissans. Copernic ue se laissa ni éblouir par leur auto- 
rité, nieffrayer par leurs menaces. Si l’on rapporte ces 
détails qui semblent étrangers à sa gloire, c’est pour 
montrer que dans ce caractère, l’esprit d'étude et de 
conteraplation était uni avec la fermeté et la constance, 
qualités non moins nécessaires que le génie pour atta- 
quer etrenverser les préjugés consacrés par la croyance 
des siècles. » 

En rapprochant dans ses médita:ionssur l’ancienne as- 
tronomie , ses profondes recherches sur la théorie des 
planètes et ses propres observations, Copernictronvales 
preuves certaines du double mouvement de la terre. 
Les bases du système qu'il établit sur cette doctrine né 
taient pas nouvelles, il est vrai, on a vu ailleurs (voy. 


AsrronomiE) que Pythagore avait transporté du soleil 


à la terre, Ile mouvement de révolution annuelle sur 


: 


CO 
+ 


l'éc'iptique; d’autres philosophes avaient après lui attri- 
bué à la terre un mouvement de rotation, pour expli- 
quer la succession des jours et des nuits. Copernic en 
combinant ces deux idées, est devenu le fondateur de 
la véritable mécanique céleste. TI plaça le soleil au centre 
de notre monde planétaire, et autour de cet astre, il fit 
tourner d’occident en orient, suivant cet ordre de dis- 
tance, Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter et 
Saturne ; quant à la lune, elle continua aussi &e tourner 
d’occident en orient , autour de la terre, pendant que 
celle-ci était emportée autour du soleil. Ïl supposa que 
la terre tournait dans l'intervalle d'un jour , d'occident 
en orient, autour d’un axe qui demeure toujours paral- 
lèle à lui-même, etqui fait un angle d'environ 23°+ avec 
l'axe de l’écliptique. Enfin, dit l’illustre Laplace, tout 
annonçait dans ce système cette belle simplicité qui nous 
charme dans les moyens de li nature, quand nous 
sommes assez heureux pour les connaître. Copernic con- 
sacra toute sa vie aux observations et aux études qui de- 
vaient confirmer ses découvertes, evil n’entreprit d'en 
exposer l’ensemble, que lorsqu'il eut acquis la certitude 
complète de leur vérité. L'ouvrage fameux dans lequel 
il déposa le fruit de tant d’études et de méditations,etoù 
il soumit à une seule idée toute l'astronomie, fut divisé 
eu six livres qu'ilintitula : De orbium cœlestiunr revo- 
lutionibus ; il fat terminé vers 1530. Il hésita long-temps 
à publier cet écrit, qui devait occasionner une véri- 
table révolution dans la science. Le bruit de ses idées 
s'était répandu en Europe, ses disciples et ses amis les 
faisaient circuler ; tandis qu’elles étaient accueillies avec 
respect par les savans les plus distingués, la foule dont 
elles attaquaient les préjugés se passionna contre elles: 
On taxa ce système de rêverie et d’'absurdité, et Co- 
pernic lui-même fut comme Socrate, livré aux huées de 
la multitude ignorante dans une pièce de théâtre. Co- 
pernic commençait à vieillir, et des études si constantes 
et si laborieuses avaient épuisé ses forces; il sentit, ajoute 
le biographe célèbre que nous avons cité plushaut, qu’en 
retardant plus long-temps la publication de ses recher- 
ches , il laissait à l'ignorance un champ plus libre, et 
que léxposition de vérités si évidentes, accompagnées 
de preuves si nombreuses et si palpables, serait le meil- 
leur inoyen de réfuter l'accusation d’absurdité, dont on 
qualifait ses opinions. H permit donc à ses amis de pu- 
blier son livre qu'il dédia au pape Paul TIE. « C’est, dit- 
» ikàä ce poutife, pour que l’on nem’accuse pas de fuir 
» Je jugement des personnes éclairées, ét pour que l’au- 
» torité de votre Sainteté, si elle approuve cet ouvrage, 
» megarantisse desmorsures de la calomnie.» L'ouvrage 
s'imprima à Nuremberg par les soins de Rhéticas, l’un 
des disciples dé Copernic. Le jour même de sa mort, 
et seulement quelques heures avant qu'il rendit lé 


dernier soupir, l'exemplaire de son ouvrage, envoyé 


CO D 


par Rhéticus, arriva : on le lui mit dans les mains; il 
le toucha , il le vit, mais il était occupé d’autres soins. 
Il mourut le 24 mai 1543, âgé de soixante-dix ans. Les 
ouvrages que nous avons de Copernic sont : E. e revo- 
lutionibus orbium cœlestium, Gibri VI; Nuremberg, 1545, 
petit in-f° en 196 feuillets, 2° édition. Basilis, 1566, 
avec la lettre de Rhéticus , imprimé à Dantzig, en 1540, 
où étaient annoncés les travaux de Copernic. Édition de 
Mulier, sous ce titre : Astronomia instaurata, avec des 
notes; Amsterdam, 1617, — 1640, in-4°. II. De late- 
ribus et angulis triangulorum , etc. ; Wittemberg ; 1542, 
in-4°. C’est un traité de trigonométrie avec des tables 
de sinus, et qu'on trouve aussi dans l’édition que Muller 
a publiée du principal ouvrage de Copernic. Ses autres 
ouvrages n’ont que peu de rapports avec les sciences 
mathématiques. 

CORBEAU (A5st.). Constellations australe, une des 
anciennes de l'astronomie des Grecs. Elle est composée 
dans le catalogue britannique de neuf étoiles, dont la 
principale marquée 8 est de la seconde grandeur. Cette 
constellation annonçait le solstice par son coucher hé- 
liaque. 

CORDES (Méc.). Les cordes dont on fait un si grand 
usage dans les machines, sont formées de plusieurs tou- 
rons, et ceux-ci de plusieurs fils de carret. Par la 
doüble torsion du fil de carret pour former le touron, et 
du touron en sens contraire, pour former la corde, le fil 
de carret après Pachèvement de la corde se trouve ré- 
duit à peu près au tiers de sa longueur. Nous ne parle- 
rons point ici des procédés à suivre dans la fabrication 
des cordes; ces détails sortiraient tout-à-fait de notre 
sujet. Pour nous, les cordes ne sont qu'un moyen de 
transmettre les forces. 

Les calculs de la mécanique sont faits en supposant 
que les cordes sont réduites à un fil inextensible et par- 
faitement flexible; mais dans la pratique les cordes 
ayant des diamètres souvent fort grands, etune roideur 
d'autant plus considérable, qu’elles sont plus grosses, 
les résultats du calcul ne sont pas applicables sans de 
grandes modifications. Afin de pouvoir évaluer ces cor- 
rections, Amontons, en 1699, fit des expériences directes 
pour détermiiner comment la roideur des cordes était 
fonction de leur diamètre. Mais, s'étant servi de ficelles 
plutôt que de cordes, ses résultats n’étaient point ap-; 
plicables à la pratique, et c’est à Coulomb qu’on doit de 
pouvoir évaluer exactement quelle est la force néces- 
saire pour vaincre la roideur d’une corde d’une grosseur 
déterminée. Il se servit d’abord d’un appareil semblable 
à celui d’Amontons; mais afin de pouvoir évaluer la 
roideur d’une corde passant dans la gorge d’une poulie, 
il employa l'appareil suivant, qui paraît le meilleur de 
tous ceux auxquels on peut avoir recours. 


Sur deux tréteaux solidement établis de six pieds de 


592 Co 


hauteur, reposent deux pièces de bois équarris, sur 
lesquelles sont appliquées deux règles de chène dressées 
et polies. Sur ces règles, bien mises de niveau, on place 
un rouleau de gaïac ou de tout autre bois d’un dia- 
mètre et d’un poids déterminés. A l’aide de ficelles de 
2 lignes de diamètre, et dont la roideur n’est pas égale 
à 3 de celle dela corde de six fils de carret, on sus- 
pend de chaque côté du rouleau des poids de 5o livres. 
Par ce moyen, on produit sur les règles une pression 
déterminé. En ajoutant successivement de chaque côté 
(Au rouleau de légers contrepoids, on détermine quelle 
est la force nécessaire pour donner au rouleau un mou- 


vement continu insensible, c'est-à-dire pour vaincre 


. 
MU 
e. 


son frottement. On trouve ainsi que le frottement des 
cylindres roulant sur des plans horizontaux, est en 
raison directe des pressions, et en raison inverse de leur 
diamètre. (Joy. Fnorreuenr.) Le frottement des rou- 
leaux étant déterminé, on cherche quel est le poids ad- 
ditionnel qui peut produire un mouvement continu in- 
sensible lorsque des cordes d'une dimension déterminée, 
et chargées de poids donnés, sont pliées sur les rou- 
leaux , et en en retranchant la partie du poids destinée 
à vaincre le frottement des rouleaux , il est évident que 
le reste sera la force nécessaire pour plier la corde sur 
le rouleau. 


TABLEAU DES EXPÉRIENCES FAITES PAR COULOMB, EN 1781, 


POUR 


DÉTERMINER LA ROIDEUR DES CORDAGES, 


"CORDES EMPLOYÉES ESPÈCE DE BOIS, 


dans diamètres et poids 


les expériences. 


| Corde blanche 
n° 3, de 3o fils 
de carret, , 


Méëme.corde.. . 


Corde blanche 
n°2, de 15 fils 
de carret.,.... 


Corde blanche 
n° 1, de 6 fils 
de carret. 


des rouliaux. 


Orne... 


de 12 po. de dia. 
pesant 110 liv.. 


de 6 po. de diam. 
pesant 50 livres. 


Gaiac 
de 6 po. de diam. 
pesant 5o livres. 


Gaiac 
de 6 po. de diam. 
pesant 50 livres. 


se 
| Gaïac 
| 
“| 


| 
| 
| 


POIDS 
suspendus 
de chaque côté 


du rouleau. 


res 
190 
300 
500 


200 


Lies 


208 


500 


200 


EOtve | ROIDEUR DE IA CORDF, 
additionnels PRESSION FROTTEMENT égale à la différence entre le 
pour surmonter poids additiounel et le frottement 

le frottement des des du rouleau, 
er  — — 
du rouleau d'après d'anri | 
2 d 4 a : 4 Le apres 
Se ee rouleaux. rouleaux. la methode la : méthode 
ù : de Coulomb. d'Amontons. 
me | mms | mmmnmmmmmnmne | snnmense | nes 
livres, livres livies. livres. livres. | 
5 313 113 3,5 4,4 
xt 721 3,6 AA 10,4. 
20 1130 5,6 14,4 16,4 
16 466 2,8 13,2 14,8 
it 461 2,8 8,2 AA 
24 1074 6,4 17,6 17,8 
6 456 237 3,3 4 


RD RD qu D 2 ENT I D QE EI 7 A EE à 


On voit par ce tableau que la méthode d’Amontons 
et celle de Coulomb fourmssent à peu près les mêmes ré- 
sultats. Coulomb attribue les différences les plus grandes 
à ce que le degré d’usure n’était pas le même dans les 
cordes aux expériences correspondantes. 


A l’aide de ces expériences, on détermine la force né- 
cessaire pour plier une corde autour d’un rouleau, lors- 
que le mouvement de celui-ci est insensible; mais afin 
de pouvoir les appliquer à la pratique, il était néces- 
saire de chercher si les résultats restaient les mêmes dans 
le cas d’une vitesse finie. Coulomb a trouvé pour résul- 
tat des expériences faites dans ce cas, que dans toute 
machine de rotation le rapport de la pression au frotte- 
ment peut toujours être supposé constant, et que l'in- 
fluence de la vitesse est trop petite pour qu’on doive y 
avoir égard. La résistance qu’il faut vaincre pour plier 
une corde sur un rouleau est représentée par la formule. 


5: 5 n+nT ) 


dans laquelle d# est une puissance du diamètre d de la 
corde, D le diamètre du rouleau, # et n' des quantités 
constantes déterminées par l'expérience, et T la tension 
de Ja corde. La quantité # varie suivant la flexibilité 
de la corde; dans les cordes neuves et dans les cordes 
à 6 fils de carret et au dessus , —2; 


dans les cordes plus qu’à demi usées, #—# 


goudronnées de 5 
. Voyez /a 


Théorie des machines simple par Coulomb. 


Les machines dans lesquelles les cordes sont le plus 
généralement employées , étant le treuil et la poulie, 
c’est à ces mots qu'il faut recourir pour voir comment 
on a pu appliquer au calcul des machines, les résultats 
fournis par l'expérience. Foy. PouriE, TRrEuIL. 


CorDEs viBranTESs. ’oy. VIBRATION. 


CORDE (Géom.) Ligne droite qui joint les deux ex- 
trémités d’un arc. Foy. NoTIONS PRÉLIMINAIRES 42, et 
CERCLE. 


CO 

CORNET ACOUSTIQUE (Æcous.). Instrument des- 
tiné à transmettre les sons en augmentant leur intensité. 
Le cornet acoustique remplit pour l'oreille une fonction 
semblabie à celle des lunettes pour les veux. l’oy. Écxo 
et Ponte-Voix. 

COROLLAIRE. Conséquence tirée d’une proposition 
établie et démontrée. Ainsi après avoir établi, par 
exemple, que les trois angles d’un triangle sont égaux 
à deux angles droits, on en déduit comme ConoLLAIRE, 
que deux triangles dans lesquels deux angles de l’un sont 
égaux à deux angles de l’autre, ont leurs trois angles 
égaux chacun à chacun. 

CORPS. Ce mot en géométrie désigne la même chose 
que solide. Foy. Souipr. 

CORRESPONDANTES (Astr.) mAUTEURS CcoRRES- 
PONDANTES. On donne ce nom à deux hauteurs égales du 
même astre au-dessus de l'horizon, observées l’une à 
lorient, et l’autre à l'occident, pour en conclure l’ins- 
tant précis du passage de cet astre au méridien. Foy. 
PaAssAGE AU MÉRIDIEN. 

COSÉCANTE (Géom.). On nomme cosécante d’un 
arc ou d’un angle, la sécante du complément de cet arc 
ou de cet angle. Ainsi, la cosécante d’un angle de 30° 
est la même chose que la sécante del’angle deGo°,complé- 
ment du premier. En général, +7 désignant le quart de 
la circonférence du cercle dont le rayon est 1, et @ un arc 
plus petit que +x, ou a 


cosécante ® — sécante (x —®). 


Voy.ComeLÉMENT et SÉCANTE. 

COSINUS (Geéom.). C’est le sinus du complément d’un 
arc ou d’un angle. Foy. ComeLÉMENT et SiNus. 

COSMIQUE (A4str.). On nomme lever et coucher 
cosmiques, d’une étoile, ceux qui s'effectuent quand l’é- 
toile se trouve à l’horizon en même temps quele soleil. 
PVoy. Lever et Coucuer. 

COSMOLABE (4str.). Ancien instrument de mathé- 
matiques très-ressemblant à l’astrolabe. Il servait à 
prendre des hauteurs et à représenter les cercles de la 
sphère ; depuis long-temps il n’est plus en usage. 

COSSIQUE. RÈGLE cossiQue , nom sous lequel les 
premiers auteurs italiens désignèrent l’ALGiere, lors de 
son introduction on Europe. Il est probable que cette 
dénomination venait du mot cosa, la chose, qu'ils don- 
naient à l’ënconnue des problèmes. 

COTANGENTE (Géom.). Nom donné à la tangente 
du complément d’un angle où d’un arc, Foy. Compré- 
MENT Ct'TANGENTE. 

COTÉ (Géom.). On nomme côté d’une figure , toute 
ligne droite qui fait partie de son périmètre. 

Les côtés d’un angle sont les deux droites qui le for- 
ment. Voy. ANGLE. 

COTES (Rocen), célèbre géomètre anglais, physicien 


CO 595 
habile et savant astronome , naquit en 1682 à Burbach, 
dans le comté de Leicester. Son père, qui était dans les 
ordres, le destina au ministère évangélique, mais il 
eut le bon esprit de laisser à son intelligence un libre 
développement. Roger Cotes annonça de bonne heure 
les plus heureuses dispositions pour les sciences, et par- 
ticulièrement pour les mathématiques, dispositions 
qu'un de ses parens lui fournit les moyens de cultiver. 
Il n'avait encore que vingt-quatre ans, lorsqu’en 1706, 
il fut choisi pour occuper le premier la chaire d’astro- 
nomie et de philosophie expérimentale que Thomas 
Plume, archidiacre de Rochester, venait alors de fonder 
à l’université de Cambridge. Les travaux mathéma- 
tiques de Cotes ne l’empêchèrent pas de se livrer en 
même temps à l’étude des langues, et à celle des sciences 
théologiques. Il soutint sa thèse, et entra dans les 
ordres, en 1713, suivant la volonté de son père. Peut- 
être ces travaux multipliés abrégèrent-ils cette vie qui 
renfermait en elle tant d’espérances et d'avenir pour la 
science. Roger Cotes mourut le 5 juin 1716, à l'âge de 
trente-trois ans. Les seuls ouvrages qu’il publia de son 
vivant, furent la seconde édition des Principia mathe- 
matica de Newton, livre qu'il fit précéder d’une pré- 
face remarquable, et deux mémoires insérés dans les 
Transactions philosophiques; le premier, est un traité 
d'analyse intitulé Logometria ; le second, contient la 
description d’un météore observé en Angleterre, le 
G mars 1716. La modestie de Cotes s’effrayait de la 
publicité; ce fut aux sollicitations pressantes du docteur 
Bentley, son ami, qu'il eéda en livrant à l'impression 
son premier ouvrage. Son nom serait peut-être oublié 
et la postérité ignorerait ses véritables titres à la gloire, 
si Robert Smith, son ami, son parent etson successeur 
à Cambridge, n'eût recueilli et publié des travaux plus 
importans, élaborés dans le mystère de sa vie studieuse. 
Cotes s’est beaucoup occupé du calcul intégral; on lui 
doit la découverte du théorème qui porte encore son 
nom , et qui fournit le moyen d'intégrer par logarithmes 
et par arcs de cercles, les fractions rationnelles dont le 
dénominateur est un binome. Ce théorème, que les pro- 
grès de la science ont réduit à une propriété curieuse du 
cercle, n’est qu'un cas particulier du théorème de Moi- 
vre , que nous exposeron5 ailleurs. ’oyez ÉQUATIONS Bt- 
nomes, Leibnitz et Jean Bernouilli s'étaient déjà occupés 
de ces expressions; et en supposant que Cotes ait puisé 
dans les écrits de ces grands géomètres l'idée de son théo- 
rème, les applications ingénieuses qu'il en fit lui appar- 
tiennent entièrement. La géométrie doit encore à Cotes 
plusieurs autres découvertes dont les travaux d'Eweront 
beaucoup diminué l'importance. L'ouvrage où ces divers 
travaux ont été réunis par les soins de Robert Smith , est 
intitulé : Harmonia mensurarum sive analysis et synthesis 


per raliontum el angularum mensuras promo : accedunt 


394 co 


alia opuscula mathematica; Cambridge, 1722, in-4°. 
Cet ouvrage a toujoursété fort rare, et peu de mathé- 
maticiens peuvent le consulter; le père Walmsley, bé- 
nédictin anglais et savant géomètre,en a publié unetra- 
duction, qui cependant n’est point littérale, et dans 
laquelle il s’est surtout attaché à donner des développe- 
mens à la théorie de Cotes ; elle est intitulée : {Analyse 
des mesures , des rapports et des angles, ou réduction 
des integrations aux logarithmes et aux arcs de cercle ; 
Paris, 1747, in 4°. Robert Smith a également publié 
un autre ouvrage de Cotes sur la physique, qui contient 
des propositions curieuses pour l’époque où elles ont 
étéexprimées, il a été traduit en français par Lemonnier, 
sous ce titre : Lecons de physique expérimentale sur 
Téquibre 

La mémoire de Cotes, que la publication de l'Æar- 


£ lieueurs; Paris, 1740, in-4° fig. 


monia mensurarum, rendait encore plus chère aux sa- 
Vaus jui avaient pu apprécier son talent si élevé et si 
modeste , ne fut point à l'abri de l'envie. Un pamphict 
intitulé : Epistola ad amicum de Cotesiï inveniis, parat 
à Londres queique temps après son ouvrage. On y ré- 
duisait les découvertes du jeune géomètre, dont l’An- 
gleterre savante déplorait la perte, à de simples dé- 
ductions des théorèmes de Newton. Ainsi de tout temps 
une basse jalousie s’attacha à flétrir les hommes de 
progrès et d'avenir; elle ne s'arrêta pas alors devant 
une tombe si prématurémentouverte! Le grand Neyrton 
ne partagea point l'opinion des détracteurs anonymes 
de Cotes, et à l’occasion de quelques recherches sur l'op- 
tique, auxquelles le jeune géomètre s'était livré peu de 
temps avant sa mort, il laissa échapper ces paroles, qui 
peuvent tenir lieu de tous les éloges : « Si Cotes eût 
vécu, nous saurions quelque chose. » 

COUCHANT (Astr.), Ouest, Occident. Point du ciel 
où le soleil parait se coucher. Ces trois expressions qui 
désignent une même chose, sont plus particulièrement 
employées , la première dans le discours ordinaire , la 
seconde par Îles marins, et la troisième par les astro- 
nomes. 

Le couchant variant chaque jour, on a pris pour 
point fixe , celui où le soleil se couche le jour de l'équi- 
noxe , et qui partage, conséquemment, en deux parties 
égales, le demi-cercle de lhorizon compris entre le 
nord et le midi. La distance du couchant effectif diffère 
d’autant plus de ce point fixe, qu'on nomme le vrai cou- 
chant, que la déclinaison du soleil et la hauteur du pôle 
sont plus considérables: c’est cette distance qu’on nomme 
AMPLITUDE. Foy. ce mot. 

COUCHER (Astr.). Moment où un astre quelconque 
se cache en descendant au*dessous de l'horizon. On clas- 
sait les couchers des astres » @D acronyque , cosmique et 
Lcliaque (voy. ces divers mots), ainsi que leurs Zevers. 
Nous donnerons au mot LEvER les méthodes employées 


CO 


paï les astronomes pour calculer Jes levers et1ès cou- 
chers dés astres. 
CC DUT )MB (Chancrs-AuvceustriN mi 


et physicien célèbre, né à Angoulème, 


, mathématicien 


1525. Ses 


en 
travaux appartisnnent moins aux théories qu'à l'appli- 
cation de la science, mais sous ce dernier rapport, ils 
ont été fort utiles aux progrès de la mécanique. Gou- 
lomb fit ses études à Paris, et entra de bonne heure 
dans le génie militaire. Il fut successivement employé à 
la Martinique, à Rochefort, à l'ile d'Aix et à Cherbourg, 
où il dirigeaavec distinction les travaux confiés au corps 
auquel il appartenait. Un caractère ferme et élevé, un 
dévoument à toute preuve, et surtoutses talens lui mé- 
ritèrent un avancement rapide. En 1784, il fat reçu à 
l'unanimité, membre de l’Académie des sciences, et 
occupa alors plusieurs places dont il se démit volon- 
tairement à l’époque de la révolution pour se livrer à 
l'éducation de ses enfans. 

Dès 1556, Coulomb avait présenté à l’Académie des 
sciences, un mémoire sur la statique des voütes qui ob- 
tint du succès , et le fit connaître des savans. En 1539 et 
1582, l'Académie proposa pour sujet de concours, la 
théorie des machines simples , en ayant égard aux effets 
de frottement et de la raideur des cordages. Ce fut 
Coulomb qui remporta le prix, et son mémoire est en- 
core regardé aujourd’hui comme le document le plus 
remarquable et le plus complet qu’on ait publié sur 
cette matière. { Voy. Corpes.) Ce fut deux ans après ce 
succès queCoulomb entra à l’Académie à laquelle il donna 
un grand nombre de mémoires importans sur diverses 
questions de mécanique, sur le frottement, sur le ma- 
gnétisme et l'électricité. Les observations remarquables 
qu'il a faites dans ces dernières parties, méritent 
d’être exposées avec quelque détail car elles renferment 
des découvertes qui font époque dans histoire de la 
physique mathématique. Nous ne pourrions avalyser ces 
travaux intéressans avec plus de clarté, de précision et 
d'élégance, qu’un célèbre biographe de Coulomb. C’est 
ainsi qu’il s'exprime à ce sujet : « Coulomb avait entre- 
pris une suite d'expériences sur l’élasticité des fils de 
métal , et pour la connaître, il eut l’idée ingénieuse de 
chercher à observer la force avec laquelle ils revenaient 
sur eux-mêmes, quand ils avaient été tendus. Il décou- 
vrit ainsi que ces fils résistaient à la torsion, d’autant 
plus qu’on les tordait davantage, pourvu que l’on n’allät 
pas jusqu’à les altérer dans leur constitution intime. 
Comme leur résistance était extrémement faible, il con- 
çut qu’elle pourrait servir pour mesurer les plus 
petites forces avec une extrême précision. Pour cela, il 
suspendit une longue aiguille horizontale à l'extrémité 
d’un fil de métal. En supposant cette aiguille en repos, 
si on l’écarte d’un certain nombre de degrés de sa po- 


sition naturel, le fil qui se trouve ainsi tordu, tend à 


NT 


Ë 


CO 


l'y ramener par une suite d’oscillations, dont on peut 
observer la durée; cela suffit pourque l’on puisse évaluer 
par le calcul la force qui a détourné l'aiguille. Telle fat 
l'idée de l'instrument ingénieux que Coulomb nomma 
balance de torsion. KW s'en servit bientôt pour découvrir 
les lois que suivent les attractionset les répulsions élec- 
tiques. Il trouva qu’elles étaient les mêmes que celles 
dl l'attraction céleste. Quelques années après, Caven- 
Ceh se servit lu même procédé, pour mesurer l’attrac- 

1n d’un globe de plomb, et la comparer à celle du 
&tobeterrestre. Le célèbre astronome Fobie-Mayer était 
aussi parvenu précédemment à découvrir la loi des at- 
tractions magnétiques , mais par une voie plus pénible 
que celle suivie par Coulomb. Ce dernier sentait trop 
bien Putilité de l’'instrumert qu’il avait découvert pour 
on pas multiplier les applications. Il entreprit de s’en 
servir pour déterminer par l'expérience les véritables 
lois de la distribution de lélectricité à la surface des 
corps et du magnétisme dans Pintérieur. L'ordre qu'il 
mit dans ses recherches n’est pas moins admirable que 
l'exactitude et la nouveauté de ses résultats. Il com- 
mença par déterminer la quantité d’électricité qui se perd, 
dans un temps donné, par les divers supports ; alors, il 
putnon-seulement déterminer la nature de ces supports 
la plus favorable à la conservation de l’électricité ; mais 
il put encore les considérer comme parfaits, et les 
rendre tels par le calcul. Il prouva ensuite par l’expé- 
rience que l'électricité se partage entre les corps, non 
pas en vertu d’une affinité chimique, mais en vertu d’un 
principe répuisif qui lui est propre; il prouva de 
même que l'électricité libre se répand tout entière à 
la surface des corps sans pénétrer à leur intérieur, et il 
démontra par le calcul que ce résultat était une con- 
séquence nécessaire de la loi de répulsion. Avec ces 
données, il put chercher et déterminer par l'expérience, 
la manière dont l'électricité se distribue à la surface des 
corps conducteurs, considérés isolément, où en pré- 
sence les uns des autres. Ces observations nombreuses 
et précises étaient comme autant de conditions fonda- 
mentales, auxquelles une bonne théorie devait satis- 
faire, si un jour on parvenait à soumettre au calcul les 
questions épineuses de l'électricité : c’est ce qu'ont ac- 
compliles travaux si remarquables d’un de nos plus grands 
géomètres, lesavant M. Poisson, Coulomb a préparé de 
même à la théorie du magnétisme, les élémens qui doivent 
servir alesoumettre à l'analyse; il détermina également la 
manière dont le magnétisme se distribue dans l’intérieur 
des corps aimantés, en se partageant entre cux. Ses ex- 
périences conduites avec une méthode parfaite lui ap- 
prirent les moyens qu'il fallait employer, soit pour 
donner le plus haut degré de magnétisme, soit pour 
connaître ce degré, lorsqu'il existe déjà, » 


Coulomb fut nommé membre de l'institut dès l'épo- 


co 


que dela création de ce corps savant ; il fut également 
nommé l’un des inspecteurs généraux de l'instruction 
publique. Il eut souvent l’occasion dans l'exercice de 


395 


ces importantes fonctions de déployer le noble carac- 
tère dont il avait fait preuve dans sa jeunesse, en résis- 
tnt à la fois, malgré d’injustes persécutions, à un mi- 
nistre et aux États de Bretagne qui voulaient le faire 
adhérer, en sa qualité de commissaire royal, à une dé- 
cision contraire à sa conscience, et aux prescriptions de 
la science, Ilomme de mœurs austères, et cependant 
douces, doué d'une bienveillance extrême, animé d’un 
esprit remarquable de justice et d’impaitialité, Cou- 
lomb qui fut heureux par ses affections de famille, le 
fat encore par ses relations sociales. Il a laissé après lui 
de nobles exemples à imiter, la réputation d’un homme 
de cœur, et d’un savant consciencieux. Il est mort à 
Paris le 23 août 1806. Les mémoires nombreux de 
Coulomb se trouvent dans le recueil de lInstitut, il 
n’a été imprimé séparément que son ouvrage intitulé : 
Recherches sur les moyens d'exécuter sous l'eau toutes 
sortes de travaux hydrauliques , sans employer aucun 
épuisement ; Paris, 1779, in-8°, fig. 

COUPE {4str.), Constellation méridionale placée sur 
l'uyore. Elle renferme 31 étoiles dans le catalogue bri- 
tannique. 

COURBE (Géom.). Ligne dont les parties successives, 
infiniment petites, ont des directions différentes. On ex- 
plique la génération des courbes d’une manière méca- 
nique, ainsi qu'il suit : 

Si on conçoit qu'un point matériel reçoiye une im- 
pulsion instantanée , il se mouvera, et dans son mou- 
vement décrira une ligne droite, mais si à chaque instant 
il est soumis à une force constante ou variable, agissant 
dans une direction autre que celle de l'impulsion pri- 
mitive , il décrira une ligne courbe. Cette ligne sera 
plane si elle est contenue tout entière dans un plan; si 
cette condition n’est pas remplie, elle sera dite à double 
courbure. Les lignes courbes sont représentées anal yti- 
quement par des équations. 

Les courbes planes se divisent ordinairement en deux 
classes ; les courbes algébriques où géométriques, et les 
courbes transcendantes où mécaniques. Les premières 
sont celles pour lesquelles la relation entre l’abscisse et 
l'ordonnée est exprimée par des quantités algébriques 
ordinaires; les secondes sont celles dont les équations 
renferment des quantités transcendantes. 

Ce fut Descartes qui le premier donna les moyens de 
déterminer les courbes par des équations. Il appela 
géométriques les courbes algébriques, les regardant 
comme les seules qui dussent être employées dans la so- 
lation des problèmes de géométrie ; mais Newton, et 
après lui Leibnitz et Wolf, pensèrent que dans la con- 
struction d’un problème, une courbe ne doit pas être 


396 CG 

préférée à une autre parce qu'elle à une éauauon plus 

simple, mais bien parce qu'elle est d'une construt tinn 

plus facile (Joy. Arithimetique universelle de Newton). 
Les lignes ont été classées suivant le degré des équa- 

tions qui les expriment. Lesligues du premier ordre qui 


sont toutes comprises dans l'équation 
Ay-+Bx+C=o, 


exprimant seulement des droites, ne peuvent, à pro- 
prement parler, être rangées parmi les courbes ; aussi 
les lignes du second ordre ont-elles reçu le nom de 
courbes du premier ordre. Elles sont exprimées par l’é- 


quation 
Ay?+Bzxy+Ca+Dy+Ex+F=o. 


Ces courbes, qui sont aussi appelées sections COnIqUes, 


comprennent le cercle, l'ellipse, l'hyperbole et la pa-” 


rabole (Voyez ces mots). 
L’équation qui comprend toutes les lignes du troi- 
sième ordre, ou les courbes du deuxième, est la sui- 


vante 


A+ Bay°+ Caiy+ Dai Eye + Fay + Ga + Hy+ 
+Kr+L=o. 


Les courbes du troisième ordre sont exprimées par 


l'équation 


Ayi+ Bay? + Cry? + Day + Ext + Fri + Gay? + 
+ Hay + Ka + LD May +Nx°+ Py + Qx + 
+R=—0, 


et ainsi des autres. 

L’équation des iignes du troisième ordre contenant 
dix constantes arbitraires, on voit que ieur nombre doit 
être extrêmement considérable. Newton le porte à 72; 
mais Sterling avant découvert quatre nouvelles espèces 
d’hyperboles de cet ordre, et Stone en ayant aussi 
trouvé deux, le nombre total devrait être porté à 78. 
Cependant Euler, qui les classe en seize genres, affirme 
qu'il y en a quatre-vingts variétés. Il dit aussi qu'il y a 
plus de cinq cents espèces de lignes du quatrième ordre, 
ce qui fait juger à quel nombre doivent s'élever les 
lignes des ordres suivans. 

La théorie des courbes forme une des branches les 
plus importantes des sciences mathématiques, et pour 
traiter ce sujet avec tout le développement qu’il com- 
porte, il ne faudrait pas être restreint par des limites 
aussi étroites que celles de cet ouvrage qui, embrassant 
la science dans tout son ensemble, ne peut donner sur 
les différentes parties dont elle se compose, les détails 
qu'on trouve dans les traités spéciaux ; aussi nous bor- 
nerons-nous à exprimer ici des idées générales sur la 
manière dont ou peut traiter les deux grands problèmes 
dans lesquels se décompose la théorie des courbes planes. 


CO 

TI. Trouver lequation d'une courbe, sa description et 
ses pl cpriclés carack ristiques clant données. 

1° On se propose de déterminer l'équation d’une cir- 
conférence de cercle, sachant qu'une de ses propriétés 
caractéristiques est d’avoir tous ses points également 
éloignés d’un point intérieur appelé centre. 

Pour cet objet, imaginons par le centre O d'un 
cercle les deux droites OX et OY perpendiculaires 
entre elles; menons un rayon quelconque OM, et du 
point M abaissons sur OX la perpendiculaire MP. Dans 


le triangle rectangle OMP nous aurons la relation 
_——2 _——-2 — » 
OM = PM + OP 
Or, pour tout autre rayon, nous pourrons construire 


un triangle semblable au triangle OMP , et exprimer ce 


rayon en fonction 
d'une partie de la 
OX et | | 


d'une perpendi- 


droite 


culaire à cette x 
#5 

droite. Si donc 

nous désignons 


par r le rayon du 
cercle, par x Île 


côté suivant la 
droite OX, et par y le côté qui lui est perpendiculaire, 
la relation ci-dessus prendra la forme 
n=p+x; 

et elle sera évidemment l'équation de la circonférence 
du cercle dont le rayon est r, puisque la ligne qu’elle 
exprime est le lien de tous les points éloignés du centre 
O de ia distance égale à r. 


2° Supposons que les deux droites rectangulaires XX" 
et YY' étant données, ainsi qu'un point O pris sur la 


YF 


droite XX’, on demande le lieu du point milieu du 
côté EH de l’angle droit d’un équerre HEO, dont l'ex- 
rémité HE est assujétie à s'appuyer sur la droite YY', et 


7 


CO 
dont l’autre côté de l'angle droit EO prolongé suffisam- 
ment, doit toujours passer par le point O. Le côté EH 
de l’équerre étant de plus égal à la distance AO. 

Nous prendrons les deux droites XX' et YY' pour 
axes des coordonnées, c’est à-dire nous appellerons 
æ les droites comptées sur la droite XX', ety les droites 
comptées sur la droite YY', ou parallèlement à elle. 
Soit M un point du lieu correspondant à la position 
OEH de l’équerre. Des points Met E, abaissons MP et 
ER perpendiculaires sur XX’, et menons EQ parallèle à 
XX’. Faisons AP=—x, MP—y, EH—AO—24. Le point 
M étant, d’après ce que nous avons supposé, le milieu 
de la droite EH, ME=a et QE = PR = AP = x; par 
conséquent on aura dans le triangle rectangle MQE 


MQ = a — x’, 


Mais les deux triangles OER et MQE sont semblables 
et donnent la proportion 


ER : OR :: EQ : MQ, 


ou bien 
ER : 2a+ox x: Va 
d'où 
ER = CES) 
va — 7? 
Mais 
MP ou y — ER + MQ; 
denc 


__ 2x(a+-x) 


JT Mae LVa x 


ce qui donne, en effectuant les calculs et élevant les deux 


r 


membres au carré 


Y'= (at) 


a—x ? 


équation qui est celle d’une cissoïde ( Voyez Cissoipe). 

Ces deux exemples doivent suffire pour faire voir 
comment , à l’aide des principes de la géométrie, com- 
binés avec les moyens analytiques fournis par l'algèbre, 
on peut trouver une équation exprimant les relations 
qui existent entre les différens points d’une courbe dont 
on connaît quelques-unes des propriétés. 


IT. Etant donnce l'équation d'une courbe, la décrire, 
et trouver ses principales proprictés. 

Quand une courbe plane est donnée par son équation, 
afin de pouvoir la décrire, on concoit deux droites fixes 
qui se coupent, et sur lesquelles on porte les longueurs 
qu’on attribue aux variables contenues dans l'équation. 
Menant alors par ces points des droites parallèles à ces 


droites fixes , qu’on appelle axes des roordennées, leu 


CO 


intersection détermine les points de la courbe. L’angle 


59? 


que les axes forment entre eux étant tout-à-fait arbitraire, 
nous le supposerons droit dans toutes les discussions 
qui vont suivre (J’oyez COORDONNÉES). 
1° On demande de tracer la courbe exprimée par l’é- 
quation , 
(9-2 = x, 


on en tire pour la valeur de y 


y = x (1+x") 


Cette équation se décomposant en deux parties 


Y=x (: +) ety=zx? ( —s) 


On voit que la courbe aura deux branches , qui toutes 
les deux passeront par l’origine des coordonnées, 
puisque dans l’une et dans l’autre pour x=—o, ona y—0. 
Considérons d’abord la première équation. À mesure 
que x augmente positivement , y augmente aussi posi- 
tivement, et pour æx=w,y=— ; cette branche s’étend 
donc à l'infini dans le sens des X et des Y positifs. Si on 


D[= 


donne à x des valeurs négatives, æ*devientimaginaire, 
et par conséquent cette branche de la courbe n’a pas de 
points du côté des X négatifs. 

Quand, dans la deuxième équation on supposexæ=1, 
on a y—0,cette branche de courbe coupe donc l’axedesX 
au point » , la distance An étant supposée égale à l’unité. 


Pour toutes les valeurs positives de +, plus grandes que 


l'unité, le facteur 1x" devient négatif, et par consé- 
quent les valeurs de y sont négatives. Et comme pour 
Z=X,7——, cette branche de courbe s'étend à l’in- 
fini dans le sens des X positifs et des Y négatifs. Pour 


LI 
les valeurs négatives de +, x* devenant imaginaire, il 


n’y a pas non plus de points de la courbe du côté des X 
négatifs. 


Si l’on différentie l'équation, en regardant x comme 
la variable indépendante, on trouve, pour la dérivée, 
par rapport à y 


398 CO 
en exprimant, pour abréger, la première dérivée diffé- 
rentielle 
dy 
! 
—— par ÿ'. 
dx PNY 
cette valeur devenant zéro pour x—0, lesdeux branches 
de la courbe sont à l'origine tangentes à l’axe des X 
(voy. Tancenres). Le point À, qui est commun aux 
deux branches de la courbe, est un point de rebrous- 
sement de deuxième espèce. ’oyez Point DE REsROoUs- 
SEMENT. 
2° Supposons que nous voulions construire Île lieu de 
l'équation 


(a—2x?) (x—b} = 2x7, 


on en tire pour la valeur dey 


La valeur de y étant affectée du double signe, à 
chaque valeur de x correspondront deux valeurs de y 
égales et de signes contraires, et par conséquent la courbe 


aura deux branches. 


Prenons AB—b et AC—a. Pour x=o0, y, les 
deux branches de la courbe ne rencontrant l'axe des Y 
qu'à l'infini, cette droite leur estasymptote (roy. Asymp- 
Tore). Pour toutes les valeurs de x plus petites que D, 
le facteur x—b est négatif, et alors la première valeur 
; de y est négative, et la seconde positive. Les valeurs 
décroissent à mesure que + augmente, et enfin pour 
æ=—b elles deviennent toutes les deux nulles. Les deux 
branches de la courbe passent donc parle point B. Pour 
æ>-b le facteur æ—4 devenant positif, la première valeur 
de y est positive et la seconde négative; c’est-à-dire que 
la branche de courbe qui se trouvait au-dessous de l’axe 
des X est passée au-dessus, et que celle qui était au- 
dessus est passée au-dessous. 


* SFR LE 1 
Enfin, pour x=—a le facteur Va? — x? devenantzéro, 
y=0 et les deux branches de la courbe passent par le 


point C. Pour toutes valeurs de x plus grandes que a, le 


facteur V/a— x? devenant imaginaire , il n’y a pus de 


CO 


point de la courbe au-delà du point C. Le point B ; par 
lequel passent les deux branches de la courbe, s'appelle 
point multiple (voyez Poixr murripre); et la partie 
BdCsB est un nœud. Foyez Nour. 

Si maintenant nous donnons àæ des valeurs négatives, 
la valeur de y devient 


L'inue _ V'a— x? 

pour æ—0 , =, par conséquent l'axe des Y est en- 
core asymptote des deux branches de la courbe. A me- 
sure que la valeur de x augmente, a valeur de y di- 
minue ; enfin pour x—4, y=0, et en ce point les deux 
branches de la courbe coupent l’axe des X. Pour x>a 
le facteur VË—x devenant imaginaire, il n’y a pas 
de point de la courbe au-delà du point D. 

Pour savoir s’il y a un point de rebroussement en D, 
il faudrait différentier la valeur de y en regardant x 
comme variable indépendante, et faire ensuite x=& 
dans la valeur de y’. Or, on trouverait que dans ce cas 
J'= ®, et par conséquent la courbe, en ce point, est 
tangente à l’axe des Y. J'oyez Tancenres. 

Si dans l'équation de la courbe on avait a=b, alors il 
y aurait un point de rebroussement en B. Si a<b , on 
aurait alors un point conjugué (doy. PoINT CONJUGEÉ). 
Cette courbe est la conchoïde (roy. Coxcnoïve). Foyez 
les ouvrages de Mac-Laurin, Euler et Carnot. 

Newton a fait voir que les courbes peuvent être en- 
gendrées par des ombres. Si, dit-il, sur un plan infini, 
éclairé par un point lumineux , on projette les ombres 
de certaines figures, on aura la projection des courbes. 
Les ombres des sections coniques seront toujours des 
sections coniques; celles des courbes du second ordre 
seront de cet ordre, et ainsi pour les autres courbes. 
La projeciogge l'ombre d’un cercle pouvant engen- 
drer toutes les sections coniques, de même les cinq pa- 
raboles divergentes engendreront par leurs ombres 
toutes les autres courbes du second ordre. On pourra de 
mème, dans les autres ordres, trouver quelquescourbes 
parmi les plus simples qui , par leur ombre projetée sur 
ua plan, pourront engendrer toutes les autres courbes 
du même ordre, 

On trouve dans les Mémoires de l'Académie une dé- 
monstration de ces propriétés, ainsi que des exemples 
de quelques-unes des courbes du second ordre, détcr- 
minées par un plan coupant un solide engendré par le 
mouvement d’uneligne droite indéfiaie sarune parabole 
divergente, passant toujours par nn point donné au- 
dessus du plan de cette parabole. 

Mac-Laurin, dans son ouvrage intitulé Geometria 
organica, indique les moyens de décrire plusieurs des 
courbes du second ordre, stutout celles qui ont un 


point multiple, par le mouvement de lignes droites et 


CO 


d'angles; mais Newtou regarde comme un des problèmes 
les plus difficiles, de décrire d’un mouvement continu 
celles qui n’ont pas de point multiple. 

Lorsqu'on coupe une surface par un plan, on déter- 
mine une courbe plane. Les intersections des surfaces 
du second degré par une suite de plans parallèles sont 
des courbes semblables ct semblablement placées (r0y: 
Sunraces pu seconp prGr£). Deux courbes d'un ordre 
quelconque , situées dans le même plan ou dans des 
plans parallèles , sont semblables et semblablement pla- 
cées , lorsqu’après avoir pris dans la première un point 
O quelconque et mené divers rayons vecteurs OM, ON, 


on peut trouver dans la seconde un point O' tel que Îles 
rayons vecteurs O'M', O'N' menés parallèlement aux 
premiers et dirigés dans le même sens, soient avec 
les premiers dans un rapport constant, c’est-à-dire qu’on 
ait 

O'M' __ ON 


ON 


ON ÆURL ER 


Les points O et O’ sont dits centre de similitude, et 
il suffit de leur existence pour qu'il y en ait une infinité 
d’autres. 

Si les rayons vecteurs de la seconde courbe n'étaient 
pas parallèles à ceux dé la première, mais faisaient des 
angles égaux avec deux droites OX et O'X' de direction 
différente, les courbes seraient seulement semblables , 
et pour qu’elles fussent semblablement placées, il suffi 
rait de faire tourner Ja seconde courbe autour du point 
O’ d’un espace angulaire égal à l'angle compris entre 
les deux droites OX et O'X’. Si après ce mouvement on 
transportait la seconde courbe parallèlement à elle- 
même, de manière à faire coincider les deux points O 
ut O", les deux courbes deviendratent concentriques 


quant à leur centre de similitude. 


Ces conditions de similitude peuvent être exprimées 
analytiquement. Supposons que F(x,7)=0 et f{x',y')=0 
Shiént les équations de deux courbes rapportées aux 
mêmes axés. Prenons pour origine dés coordonnésle 
centre de similitude de la prémière, et désignons par x 
et Blésco:donnces dur eeritre de similitude de la seconde. 


La Molation qui doit éxister , pour quelles deux courbes 


CO 399 


soient semblables, est 


O'M' 
OM = 
Or, à cause des triangles semblables MOP et M'O'P', on 
aura É 
z'—s _OM _rJ$_ OM _% 
z OM 7 OM 


on déduit de ces deux équations 


Re 
RS 7e + 


en substituant, dans l’équation de la première courbe, 


 fx'—0 TP) 
‘à rh = 
( KR "Æ 8 


équation qui devra être identiqueavec f (x'.7')=0. Sion 


onobtient 


trouve alors pour «, 8, et K des valeurs réelles et finies, 
la similitude existera. Cépendant K peut être imaginaire 
sans que la similitude cesse d’avoir lieu sous le rapport 
analytique, cequiarrive dansles hyperboles conjuguées. 
Voyez HYPEnBOLE. 

Lorsque deux surfaces se pénètrent elles déterminent, 
par leur intersection une courbe qui, en général, est 
à double courbure. Si les deux surfaces se traversent, 
il y aura deux courbes d’intersection; et si la première, 
ou courbe d’entrée, est plané , la seconde, ou courbe de 
sortie , sera aussi plane. Si on conçoit qu'un point ma- 
tériel, retenu par une force normale sur une surface 
courbe, se meuve en vertu d’une force agissant cons- 
tamment dans une direction différente, il décrira une 
courbe qui participera aussi de Ja courbure de la surface, 
et qui, par conséquent, sera à double courbure. En 
général, les courbes à double courbure sont détermi- 
nées par les équations des deux surfaces courbes dans 
lesquelles on exprime que les coordonnées sont les 
mêmes pour certaines valeurs particulières. 

Uue famille de courbes comprend toutes celles qui 
peuvent être exprimées par la même équation générale. 
Ainsi a—1x—7" représente une famille de courbes, 
dont le degré varie avec #2. 


COURSE AUX APPROCHES ÉGALES. Voyez APPROCuE. 

UNE COURBE EXPONENTIELLE est une courbe définie par 
une équation exponentielle. 

Courte FUNICULAIRE. Ÿoy. CHAÎNETTE. 

Course DE nIVEAU. Voyez Nivrau. 

COURBE REFLÉCHISSANTE. l’oyez ANACLASTIQUE. 

Côvnre DE LA PLUS VITE DESCENTE. Ÿoyez BnacnisTos 


a 
CHRONE. 


COURBURE (Géom.). On nomme courbure la quan- 
tité dont un arc de courbe infiniment petit s’écarte de 


400 co 


la ligne droite. Comme on peut supposer que cet arc in- 
finimeut petit appartient à un cercle, on mesure la 
courbure d’une courbe quelconque, en un point donné, 
par celle du cercle qui lui coïncide en ce point. Or, la 
courbure des cercles étant d'autant plus grande que les 

grayons sont plus petits, la courbure d’une courbe, à 
chacun de ses points, est en raison inverse du rayon 
du cercle coïncident. Le cercle coïncident se nomme 
cercle osculateur. Foy. OscuLATEUR. 

Le rayon du cercle osculateur, à l’aide duquel on 
détermine la courbure d’une ligne courbe, en un point 
déterminé, s'appelle rayon de courbure. Nous donnerons 
au mot osculateur la déduction de l'expression diffé- 
rentielle de ce rayon; ici, nous ne considérerons que 
ses applications particulières. 

fx étant une fonction de x, soit y=/fx, l'équation 
d’une courbe quelconque; son rayon de courbure est 
douné par l'expression 


3 
oo e 
P— dxdy — dydx 


(Déesse 
æ et y étant considérées comme dépendantes d’une 
autre variable. 

Si l’on considère x comme une variable indépen- 
dante, on aura d'x=o, et cette expression deviendra 


dy 
[: Tax 
—% 


(°] 


_(dx+ dy) 
—  dxdy — 


dx? 


ou, pour plus de simplicité 


3 
LE 


(2e... p y 


en désignant par y' et y” les dérwces différentielles 
dy dy 
dx'dx* 

La valeur de la normale, »=+yV/1+y", intro- 
duites dans (2) ramène l'équation du rayon de cour- 
bure à la forme très-simple 


qui s'applique au calcul avec facilité. 
Pour déterminer le rayon de courbure des courbes 
du second degré dont l'équation générale est 


P=2pX + q2x? 
on différentierait deux fois de suite cette équation, afin 
de déterminer y’ et y", pour lesquelles on trouverait 


PIX 3 p 
v A ra Te 4 FE 


CO 


ce qui donnerait pour la valeur de p, en se servant de 
l'équation (3), 


5 
eue 


frs ep= 
P Li e 


appliquons ces formules à quelques cas particuliers. 
1. Soit la courbe proposée une parabole vulgaire dont 
l'équation est 
J°=2px 
p exprimant le demi-paramètre. 
Dans cette courbe, la normale étant » =V/7°+p?, 


nous aurons, en substituant dans (4) et en ne prenant 


que le signe + 


+) 
P° 
C'est-à-dire que dans la parabole /e rayon de courbure 
est égal au cube de la normale divisé par le carré du 
demi-paramètre. 
Ainsi pour avoir le rayon de courbure d’un point 
quelconque de la courbe, il suffit de donner à y la va- 


EE 


leur qui correspond à ce point, par exemple, sil s’a- 
gissait du sommet de la courbe où l’on a yÿ—0, en don- 
nant cette valeur à + on aurait 


P—P 
ce qui nous apprend que la courbure de la parabole à 


son sommet, est la même que celle du cercle décrit avec 
le demi-paramètre pour rayon. 


2. Cherchons maintenant le rayon de courbure de {a 
cycloïde , courbe dont l'équation est 


z=rfae. co? |- vY (2r7—ÿ) | 


r étant le rayon du cercle générateur. Voy. CycLoïne. 


En différentiant deux fois de suite, on trouve pour 
ALT E 


V2r—} . 
LA = = 
vYy 


et on a de plus 

=Vry, 
valeurs qui , introduites dans l’équation (2), donnent | 
pour p 


p=aV/ary 


Mais comme »=V/2ry, on arrive à cette conséquence 
très-remarquable que dans la cycloïde, le rayon de 
courbure est double de la normale. 

Les équations d'un grand nombre de courbes étant 
données en fonctions de coordonnées polaires, il était 


CO 


nécessaire d’avoir p exprimé en fonctions des mêmes 
coordonnées. Sa valeur est 


ee 
+) 
or" +7? 


l'angle du rayon vecteur avec l'axe étanc pris comme 
variable indépendante, r étant le rayon vecteur va- 
riable, et r'et r”, les dérivées différentielles. 

La valeur du rayon de courbure variant avec les coor- 
données de la courbe, pour chaque point de celle-ci il 
ya un cercle osculateur différent. Les centres de ces 
cercles déterminent une nouvelle courbe qui est la dé- 
veloppée de la première et à laquelle les rayons de cour- 
bure sont tangents. P’oy. DÉVELOPPÉE. 

Pour déterminer le rayon de courbure d’une courbe 
à double courbure, on a la relation 


Fr € dy, / diz 
( er ds: =) 


La variable indépendante étant l'arc de courbe s qui 


est déterminé par l'équation differentielle, 
ds=dx+dy+dz 
Proposons-nous de chercher le rayon de courbure 
d’une hélice. L’une des équations de cette courbe est 


(1). +...2—=ararc tang T, 


L’axe des Z est l'axe du cylindre sur lequel est tracé 
l'hélice, et l’origine des coordonnées est à un des points 
de la surface du cylindre, rest le rayon du cercle gé- 
nérateur du cylindre; a—tang 9; 9 étant l’angle d’in- 
clinaison de la droite engendrant l’hélice avec le plan 
des XY, qui est perpendiculaire à l’axe des Z. 

La seconde équation de l'hélice est 


(2) Eee: 


équation de la projection du cercle générateur du cy- 
lindre sur le plan des XY. 

En différentiant deux fois de suite les équations (1) 
et (2), regardant s comme la variable indépendante , on 
trouve 


dx 
ds? 


dy 
ds? 


d3 
—=0. 
ds? 


—7% —Y 


nGi+e) rite) 


Ën portant ces valeurs dans celle dep, on obtient 


p=i+e)=rp sec? 


ce qui indique que dans l’hélice le rayon de courbure 
est constant. 


La courbure des surfaces en un point donné se dé- 


CO 401 


termine par les rayons de courbure des sections faites 
dans la surface par des plans passant par la normale. 
Parmi ces sections, il y en a toujours deux principales 
dont les rayons de courbure, qui portent le nom de 
Les 
plans de ces rayons sont perpendiculaires l’un à l’autre. 


rayons principaux, Sont /24xtmiuIm OÙ NUREMEN. 


Pour déterminer le 


rayon de courbure » d’unesection 


normale quelconque , on a la relation 


TEnUT lo. 
==. COS’ —, SIN 2ç 
FR PEUR EeC 

R' et R” étant les deux rayons principaux, et ® l'angle 

que fait la section avec l’une des sections principales. 

Cette relation a été trouvée par Euler. 


Lorsque les deux rayons de courbure principaux sont 
de même signe, le rayon de courbure p a aussi le même 
signe ; et comme il en est de même pour toutes les sec- 
tions normales, il suit que pour le point que l’on con- 
sidère, elles sont toutes d’un même côté du plan tan- 
gent à la surface; on dit alors que la surface est convexe 
au point M. Le plus petit des deux rayous principaux 
est un minimum, et l’autre un maximum. 

Si R'=R", alors s—R', ce qui prouve que toutes les 
sections normales ont même courbure, et quel’une quel- 
conque d’entr’elles peut être prise comme section prin- 
cipale. C’est ce qui a lieu pour tous les points d’une 
sphère, et dans une ellipsoïde de révolution, pour les 
deux points qui sont sur l’axe. 


Si R'est positifet R' négatif, la surface sera non- 
convexe, puisqu'il y aura des sections normales au-dessus 
du plan tangent et d’autres au-dessous. R' sera un mi- 
pimurn ; et —R” un maximum analytique seulement par 
rapport aux rayons négatifs. 

Le théorème de Meusnier donne les moyens de cal- 
culer le raÿon de courbure p', d’une section oblique 
quelconque, puisqu'il démontre qu'il est égal à la pro- 
jection sur son plan du rayon de courbure p de la sec- 
tion normale passant par la même tangente. Relation 
exprimée par l'équation. 


p=p COS w. 


æ étant l'angle compris entre les plans des deux sec- 


tions. 


Ces différentes formules ne subsisteut que lorsque le 
plan tangent à la surface au point que l'en considère, 
est pris pour plan des XY; pour calculer ces, raxons 
dans le cas général ; il faut avoir recours aux ligues de 


courbure, 
On appelle lignes de courbure d’une surface, la suite 
des points par lesquels deux normales consécutives! se 


rencontrent. Sur toute surface , il existe deux séries de 
51 


402 CO 

lignes de courbure qui les partagent en quadrilatères 
curvilignes infiniment petits, dont les côtés se coupent 
à angies droits. Les deux ligues de courbure passant par 
un point, sont tangentes aux deux sections principales. 

Si on calcule les rayons de courburede lasurface pour 
un point déterminé, c’est-à-dire les portions de la nor- 
male comprises entrele point, et ceux où eile est coupée 
par les deux normales voisines, on trouve qu'ils coïnci- 
dent en grandeur et en position avec les rayons de cour- 
bure des sections principales, ce qui généralise les ré- 
sultats énoncés ci-dessus. 

Pour de plus amples détails sur une théorie im- 
portante, voyez les.ouvrages de Monge etde M. Leroy. 

COURONNE (Zs4r.). Nom de deux constellations 
situées l’une dans l'hémisphère australe , et Fautre dans 
l'hémisphère boréal. 

La couronne australe, qui parait à peine sur notre 

1 Qui F F 
horizon au commencement du mois de juillet, renferme 
12 étoiles dont la plus remarquable n’est que de la cin- 
quième grandeur. 

La couronne boréale, située entre le Bouvier et er- 
cule, renferme 21 étoiles daus le catalogue britan- 
nique. 

COURTINE. Masse de terre revêtue de maçon- 
nerie, ayant pour but de réunir entre eux les plans de 
deux bastions, de manière à fermer l’enceinte fortifiée. 
PVoy. ForTiFicaTION. 


COUSIN ( Jacques-Anroine-Josepx ), savant mathé- 
maticien, naquit à Paris, le 29 janvier 1739. Il acquit 
de la réputation par la publication d’un traité de 
calcul intégral , auquel on a reproché un peu d’obscu- 
rité et de désordre, mais qui contenait plusieurs pro- 
positions nouvelles dans les différéAtes branches de 
cette partie élevée de la science , et principalement sur 
l'intégration des équations aux différences partielles. 
Cousin fut reçu à l'académie des sciences en 1772. Il 
avait été nommé, en 1760, professeur de mathématiques 
à l’école militaire, oùil exerça durant vingt ans ces utiles 
et honorables fonctions. Il était ésalement, depuis 1766, 
professeur coadjuteur de physique au collége de France. 
Cousin employait à des travaux scientifiques tout le 
temps que lui laissaient les devoirs de son double pro- 
fessorat ; sa vie douce et paisible, exempte d'ambition, 
semblait devoir s’écouler dans la tranquille obscurité de 

’étude et de l’enseignement, lorsque la révolution 
éclata. Alors cet homme simple et modeste déploya un 
caractère noble et énergique. Dès 1701 , il avait été élu 
officier municipal et il fut, en cette qualité, chargé 
spécialement de l’administration des subsistances. Em- 
prisonné pendant la terreur, il échappa aux périls de 
sa siluation et entra aussitôt, par le vœu de ses cenci- 


CR 


toyens , dans l'administration municipalé qu’il présidait 
le 1° prairial an HT, et affronta avec conrège, Les plus 
grands dangers pour comprimer la minorité qui vou- 
lait rétablir le régime de la terreur. Le directoire lui 
confia de hautes fonctions administratives, mais il donna 
sa démission au 18 fructidor ; l’année suivante il fut élu 
membre du corps législatif. Après le 18 brumaire, 
Cousin fut successivement nommé membre de l'institut 
et du sénat conservateur, Il mourut à Paris le 29 dé- 
cembre 1800. Voici la liste des ouyrages qu’il a publiés. 
1. Lecons de calcul différentiel et de calcul intégral, 
Traité du 


nn 
1977 


calcul différentiel et du calcul intégral, 1796, 2 vol. 


, 2 vol. in-8°. 9° édition, sous ce titre : 


in-4°. IL. Zntroduction à l'étude de l'astronomie phy- 
sique, 1787, in-4°. IT. Traite élémentaire de Physique, 
an JET, in-8°. IV. Traité élémentaire de l'analyse ma- 
thématique , 1797, iu-8°. On trouve divers mémoires 
de Cousin , dans les 4cta academiæ electoralis magun- 
ünæ scientiarum queæ erfuti est. 

CRAIGE, evmieux CRAIG (Joux), géomètre écossais, 
s’est reudu célèbre par la publication de plusieurs ouvra- 
ges importans en mathématiques , mais aucun de ses bio- 
graphes n'a puindiquer lelicuet la date de sa naissance et 
desa mort. Il commença à se faire uu nom dans Ja science, 
vers la fin du XVII siècle, en faisant connaître, le pre- 
mier, en Angleterre, le caïcul différentiel de Leibnitz. 
Ce fut environ un an après que ce grand homme eut 
publié sa découverte dans les Actes de Leipzig, en 1685, 
que Craig s'en servit dans un traité sur la quadrature 
des courbes. L’Angleterre a réclamé exclusivement pour 
l'immortel géomètre qui a reçu le jeur dans son sein, 
Newton , la découverte de ce calcul. La publication de 
l'ouvrage de Craig prouve néanmoins que si à cette 
époque Newton était en possession de sa méthode des 


fluxions , il n'avait point encore jugé à propos de la 


produire, ou il ne serait pas possible d'expliquer la 


seusation que causa cet ouvrage dans le monde savant 
de l’autre côté de la Manche. Cette circonstance remar- 
quable semblerait donc prouver que le calcul diiféren- 
tiel a été apporté du continent en Angleterre ; au reste, 
nous examinons ailleurs cette question, qui doit paraitre 
aujourd'hui fort secondaire (707. Lxrpxirz. Jean Ber- 
nouilli a vivement critiqué un autre ouvrage de Craig, 
surle Calcul des fluentes, qu'il publia ensuite, et qui 
est écrit avec les notations de Newton et les idées de cet 
illustre maître. Ce traité, peu remarquable même 
pour son auteur, est aujourd'hui à peu près ou- 
blié. John Craig s'est acquis d’ailleurs une grande 
célébrité par la production d’une théorie fort cu- 
rieuse, mais qui présente à l'imagination quelque 
chose de bizarre. Il voulut appliquer le calcul algé- 
brique à la théologie, en recherchant que! devait être 
V'affaiblissement des preuves historiques suivant la dis- 


CR 


tance des lieux et l’intervalle du temps. Nous ne croyons 
pas devoir exposer ici le résultat de ses recherches. 
Tout en reconnaissant que Craig ignorait les véritables 
principes du calcul des probabilités, un savant mathéma- 
ticien à pensé que l'application de ce calcul à la vérité 
des témoignages était un très-beau sujet; nous ne pou- 
vous partager cette opinion, ni admettre ici comme une 
réalité scientifique une hypothèse ingénieuse , à laquelle 
aucun travail postérieur n’a encore pu donner le degré 
‘de certitude mathématique qui lui est nécessaire. Au 
reste, l’ouvrage de Craig excitala verve des théologiens 
protestans, et semble avoir été enseveli sous le poids 
de volumineuses réfutations. On trouve dans les Tran- 
sactions philosophiques etles Acta eruditorum du temps, 
un grand nombre de mémoires dont Craig est l’auteur; 
ce géomètre a publié séparément les ouvrages suivans : 
I. Meihodus figurarum lineis rectis et curvis compre- 
hensarum , quadraturas determinandi, Londres, 1685, 
in-4°. II. Tractatus mathematicus , de figurarum cur- 
vilinearum quadraturis et locis geometricis; Londres, 
1693 ,in-4°: IT, Theologiæ christianæ principia mathe- 
matica ; Londres, 1609, broch. in-4° de 36 pages. 2° 
édition de J, Daniel Titius, Leipzig, in-4°, 1755, avec 
une réfutation de l'ouvrage et une notice sur l’auteur, 
où manquent cependant les détails biographiques que 
nous avons été obligés d’omettre ici. IV. De calculo 
fluëñtium , libri duo, autbus subjunguntur libri duo de 
optict analyticä; Londres, posth., 1718, 1n-4°. 
CRAMER (Gagner), géomètre distingué, membre 
de l’académie de Berlin, de la société royale de Londres, 
de l'institut de Bologne ; naquit à Genève, le 31 juillet 
1704. Il se livra de bonne heure à l'étude des branches 
les plus élevées des mathématiques, et jouissait à 20 ans 
d’une réputation de savoir assez bien établie, pour avoir 
pu disputer dans un discours, avec Calendrini, la chaire 
de philosophie de Genève. Son concurrent, qui était 
aussi son ami, l’emporta , mais il avait soutenu le com- 
bat avec tant d'honneur et d'éclat, que le conseil de la 
république institua , en 1724, une chaire de mathéma- 
tiques , où ces deux généreux membres, dont l'amitié 
w’avait point eu à souffrir de cette rivalité, furent char- 
gés de professér tour à tour, Gabriel Cramer s'était 
déjà fait connaître par des thèses sur le son, qui lui 
avaient mérité l'approbation des savans de ce temps, 
les plus dignes d’apprécier ses travaux. Le jeune géo- 
mètre avait une santé délicate, que son ardeur pour l’é- 
tude avait encore affaiblie ; il quitta Gerève en 1727, et 
voyägea dans l'espoir deserétablir.Maisils’arrèta d'abord 
à Bile, où il suivit avec ferveur iesleçons de Jean et de 
Nicolas Bernoulli, qui ne tardèrent pas à le distinguer 
parmi tous feurs disciples et à lui accorder leur amitié. 
I parcourut ensuite l'Angleterre et la France, et partout 
ses connaissances élevées et ’aménité de son caractère 


| CR 203 
lui firent de nombreux amis. À son retour dans sa patrie, 
il se remit à l’étude avec une nouvelle ardeur et parut 
ambitionner la gloire des hommes célèbres qu'il avait. 
eu l’occasion de connaître, en cultivant à la fois toutes Î 


les sciences. L'ouvrage qui a consacré la célébrité de : 
Cramer est celui qu'il intitula modestement : Zntroduc- 
tion à l'analyse des lignes courbes algebriques (Genève, 
1750, in-4°), Ce livre est connu de tous les mathéma- 
ticiens. La théorie générale des lignes courbes avait oc- * 
cupé le célèbre Euler, il en avait traité dans son Zntro- | 
dectio in analysin infinitorum avec cette puissance de 
talent et cette généralité de vues qui caractérisent toutes 
ses productions. Mais il était nécessaire que-ce sujet fût 
traité dans un ouvrage spécial, avec tous les dévelop- 
pemens qu'il comporte, et présenté sous une forme 
plus accessible à tous les géomètres. Tel fut le but que 
se proposa Cramer, et qu’il remplit avec un rare bon- 
heur. Cramer a donné des soius aux diverses éditions 
des œuvres de Jeau et de Jacques Bernouilli, et au pré- 
cieux recueil des lettres de Leibnitz et de Bernouilli. Il 
obtint en 1731, le premier accessit du prix proposé par 
l'académie des sciences de Paris, sur la cause de l’incli- 
naison des orbites des planètes, qui fut remporté par 
Jean Bernouilli. En 1550, la réputation qu’avait méritée 
Cramer le fit nommer, sans concours, à la chaire de 
philosophie qu'il avait disputée, dans sa jeunesse, à un 
redoutable et heureux concurrent. Mais ses nombreux 
travaux avaient de nouveau altéré sa santé ; il mourut 

à Bagnols, où il avait été respirer un air plus pur, en 
1722, à peine âgé de 48 ans. La liste complète des ou- 
vrages de Cramer se trouve dans l'Histoire dütéraire de 
Genève, par Sénebier. 


CRATISTUS , géomètre grec, de l’école de Platon. 
Son nom se trouve parmi ceux que Proclus nous a laissés, 
dans son commentaire sur Euclide, des disciples les 
plus remarquables de son illustre prédécesseur. Une 
particularité assez rare se rattache au nom de Cratistus; 
suivant Proclus, ce géomètre n’avait presque pas fait 
d’études, mais il avait en lui le génie de la science à un 
point si extraordinaire, qu’il pouvait résoudre immé- 
diatement, au moyen de sa géométrie naturelle, les 
problèmes qui émbarrassaient le plus les mathématiciens 
de son temps. Montucla appelle Cratistus le Pascal def 
l'antiquité; cette comparaison ne nous parait pas heu+' 
reuse. 

CRÉPUSCULAIRE (A4str.). On nomme cercle cré- 
pusctilaire un petit cercle abaissé au-dessous de l'horizon 
de 18° sexagésimaux et qui lui est parallèle : C’est le 
cercle limite des crépuscules. 

CRÉPUSCULE (Astr.). Lumière qui se répand dans 
l'atmosphère, quelque temps avant le lever du soleil et 


quelque temps après son coucher. 


404 CR 
Ce phénomène est produit par la réfraction des rayons 
lumineux, opérée par l'air atmosphérique. Nous en don- 


nerons l'explication et la théorie au mot Rérracrion. 


CRIBLE (Arüh.). Nom donné par Eratosthène à 
une méthode de son invention, pour déterminer les 
‘nombres premiers. 

Cette méthode consiste à exclure de la suite des 
nombres naturels, 1,2,3, 4, etc., tous ceux qui ont 
des diviseurs ; les nombres restants sont alors nécessai- 


rement des nombres premiers. 


Avant donc écrit les uns à côté des autresles nombres 
naturels, on supprime d'abord tous les zombres pairs , 
parce qu’à l'exception de 2, tous les autres ont ce même 
nombre pour diviseur, et ne peuvent conséquemment 
être premiers ; il ne reste ainsi à considérer que la suite 


des nombres impair:. 


DU Ho 075 Om I, 125,10 17 
RS + Let 99 
10 20015 291; Ma 95% A0! :31% 93 


35 ; 37; 39 ; 4t ; 45 , 45, #7 49 
Hi 0h31,055, 0157:  50:1161, 0 63;11:08 


191, 199: 109 > 137; 
147 ; 140 101; 103, 109; 197, 100: 161 


163/;: 165., 167% 169; 191, 173 , 199; 177 


Ô 
179, 181, 183, 185 , 187, 189 , 191, 193 


195 , 197; 199 » MOTS EC: 


Or, pour exclure tous les nombres qui ont 3 pour 
diviseur, on voit facilement que chaque nombre , dans 
cette suite, surpassant de 2 unités celui qui le précède, 
le premier nombre, après 3, égale 342; le second, 
3+2X 2; le troisième, 34+3X2; ce troisième nombre 
sera donc divisible par 3 et il en sera de même, en con- 
tinuant, de trois en troisnombres. Ainsi il y a toujours, 
dans la suite ci-dessus, un multiple de 3 après deux nom- 
bres qui ne le sont pas, et on peut aisément les exclure 
en marquant d’un trait tous les troisièmes nombres de la 
suite après 3. 


Prenant maintenant 5 pour diviseur, tous les nom- 
bres divisibles par 5 seront situés de manière qu'il y en 
aura quatre entre les deux voisins qui ne seront pas di- 


CR 


visibles par 5 ; c'est encore une conséquence de l’accrois- 


sement constant 2 des nombres qui se suivent. On mar- 
quera donc tousles cinquièmes nombres après 5, comme 
15, 2h, 35, etc. ; 

En prenant ensuite 7 pour diviseur, on aura 6 inter- 
médiaires non divisibles par 7, ainsi en marquant tous 
les septièmes nombres après 7, on exclura tous les nom: 
bres divisibles par 7. 

Arrivé à 0, il est inutile de faire la même opération, 
puisque 9 étant déjà marqué, tous les neuvièmesnombres 
après lui le sont nécessairement aussi; on continuera 
donc par le diviseur r1,et on marquera tous les on- 
zièmes nombres, après lui, qui sont ses multiples. 

On voit , en suivant l'opération, que tous les nom- 
bres qui précèdent celui auquel on arrive comme der- 
nier diviseur et qui ne sont pas marqués, sont des 
nombres premiers. C’est de cette manière que nous 
trouvous que les nombres premiers , au-dessous de 201, 


sont : 


1, 33 53 75 T1) 10, 17; 19; 29,20; 013 97, 413 4O3 47? 
53, 59, Gr, 67, 71, 73, 79, 83, 89 , 97, 101, 103, 107, 
109, 113, 127, 131; 137; 130; 149, 157, 163, 167, 173, 
179; 181,191; 193; 197; 109- 


Cette méthode est encore une des plus expéditives 
qui aient été trouvées jusqu’à ce jour pour la détermi- 
nation des nombres premiers. #oyez Nomeres PRE- 


MIERS. 


CRIC. — Machine fort employée dans tout ce quia 
rapport au soulèvement des fardeaux. 


Le cric simple se compose d’une barre de fer formant 
crémaillère d’un côté, et dans laquelle s’engrène un 
pignon que l’on fait tourner sur son axe au moyen d’une 
manivelle. Le haut de la crémaillère, appelé tête du 
cric porte une pièce de fer qui a la forme d’un crois- 
sant, et qui est mobile. La partie inférieure est recourbée 
à angle droit, et forme une saillie à l'aide de laquelle 
on peut soulever un fardeau sans l’élever préalable- 
ment. 

Dans cette machine. la résistance Q dans le sens de la 
la barre, et à la puissance P agissant sur la manivelle 
comme le rayon R de la manivelle ;‘est au rayon 7 du 
pignon; desorte qu’on a pour l'équation de l'équilibre : 


P.R—Or. 


Dans le cric composé, le pignon de la manivelle agit 
sur une roue dentée dont le pignon s’engrène avec la 
cremaillère; et si Rest le rayon de la roue, etr' celui de 
son pignon, l'équation d'équilibre devient 


P.R.R'=Qrr", 


CT 
CROISSANTE (44g.). Une quantité est dite crois- 


sante lorsqu'elle augmente à l'infini ou jusqu’à un cer- 
tain terme, par opposition à une quantité constante 
(voy. Constant), ou à une quantité décroissante. C'est 
ainsi que daus l'équation du cercle rapportée au centre, 
l'ordonnee est croissante pendant que l’abscisse est dé- 


croissante et vice Versa. 


CROISSANT (Astr.). Nom que l’on donne à la lune 
nouvelle ou en décours, qui nous montre une petite 
partie de sa surface terminée par des pointes. Ces pointes 


prennent le nom de cornes. 


CROIX (Astr.). Nom donné quelquefois à la constel- 


lation du Cygne. 


CROIX ausrraze (4str.). Constellation méridionale, 
qui contient 17 étoiles, dans le cœur australe stellife- 
rum de la Caïlle. C’est parle moyen de quatre des étoiles 
de cette con:tellation que les navigateurs trouvent le pôle 
Sud. Elle a été formée par Royer. Foy. ConsreL- 


LATION. 


CRUSIFORME (Géom.). L'hyperbole crusiforme est 
une ligne du troisième ordre, ainsi appelée par Newton 
parce qu’elle est forméede deux branches qui se coupent 


en croix. F’oyez HyrErnoLE. 


CTÉSIBIUS, mécanicien célèbre, d'Alexandrie, 
mais vraisemblablement d'origine grecque, vivait en 
Égypte sous le règne de Piolémée Evergète IT, vers la 
164° olympiade (124 ans, environ, avant J.-C.). Il était 
le fils d’un barbier, dont il dut exercer la profession. 
C’est dans cette condition obscure , qui semblait devoir 
lui fermer l'accès de la science, que Ctésibius trouva 
dans son génie les moyens de mériter la célébrité qui 
s'attache au talent. On croit d’après Vitruve, qui nous 
a conservé beaucoup de particularités relatives à cet 
homme extraordinaire , qu’en s’occupant un jour, dans 
la maison de son père, des devoirs de son état , il re- 
marqua , en abaissant un miroir mobile, que les contre- 
poids, en glissant dans le tube qui les contenaient, occa- 
sionnaient un son prolongé par la pression de l’air. 
Ctésibius en conçut l’idée de l'orgue hydraulique, dont 
l'usage s’est conservé long-temps. Il construisit d’après 
ce principe, une sorte de vase, en forme de trompe, 
où l'eau qu'on y lançait rendait un son éclatant. Cet 
instrument parut si merveilleux que ses concitoyens le 
consacrèreut dans le temple de Vénus-Zéphyrides, Il se 
livra ensuite à un grand nombre d’inventions. Parmi les 
ingénicuses productions mécaniques de Ctésibius, dont 
Vitruve nous a laissé la description, on citesurtout une 
clepsydre, ou plutôt une horloge mécanique, fort re- 
marquable et fort compliquée, qui montrait les heures 


de nuitet de jour par un index mobile sur une colonne. 


CÜ 405 


On lui attribue aussi l'invention de la pompe aspirante 
et foulante, qui d’ailleurs porte encore son nom. On 
sait que cette machine est composée de deux pistons qui 
se meuvent alternativement, de façon que tandis que 
l’un d’eux monte et aspire, l’autre descend en refoulant 
l'eau , et la fait pénétrer dans un tube commun. Le che- 
valier Morland , célèbre mécanicien du dernier siècle, 
et à qui l’on doit d'importantes recherches sur l’éléva- 
tion des eaux, s’est beaucoup attaché à perfectionner 
cette pompe, dont le mécanisme fort simple peut néan- 
moius produire de grands avantages. Un autre écrivain 
de l'antiquité, Philon de Bysance, attribue encore à 
Ctésibius l'invention, non moins ingénieuse, d’un ins- 
trument assez semblable au fusil à vent. Le traité qu’il 
parait avoir composé sur les machines hydrauliques ne 
nous est pas parvenu. Ctésibius avait une femme nom- 
mée Thaïs, qui avait aussi des connaissances remar- 
quables dans cette branche de la mécanique. Vitruve, 
Pline, Athénée et d’autres écrivains célèbres de l’anti- 
quité, parlent des talens et des ouvrages de Ctésibius 
avec la plus grande admiration. Il a été égalé, si non 
surpassé, par Héron l’ancien , qui fut son fils suivant 
quelques biographes , mais qui bien certainement a été 
son disciple. 


CUBATURE DES SOLIDES ( Géom. ). Méthode 
pour mesurer le volume des corps. 


Lorsque les corps proposés sont des solides de révolu- 
tion, c'est-à-dire, lorsqu'on peut les concevoir comme 
cugendrés par la révolution d’une surface plane autour 
d’un axe, le problème de déterminer leur volume dé- 
pend d’une formule différentielle, très-simple , dont la 
déduction ne présente aucune difficulté. 


Soit en effet un solide »CDy formé par la révolution 
de l'aire mixtiligne MAxy, autour de la d roite BX ;s 
l’abscisse Ax—x reçoit un accroissement ær'=2, cette 
abscisse deviendra æ+:, et le solide de révolution 
mCDy s'accroitra du corps engendré par la révolution 
du trapèze mixtiligne x)y'x' autour du même axe BX. 


ne 


406 CU 

Maintenant si nous concevons z comme nfiniment petit, 
ou comme la différentielle de x, alors l'arc infiniment 
petityy" sera l'élément dela courbe my, letrapèze xyÿ'x" 
sera l'élément de l'aire mAxy, etle solide 7y'ED , l’élé- 
ment du corps mCDy. C’est ce dernier élément dont il 
s’agit de trouver l'expression. Or, le trapèze xÿy x 
peut être considéré comme un rectangle dont la révo- 
lution produit un cylindre d’une hauteur dx et d’une 
base qui a pour rayon l'ordonnée xy=—y ; le volume de 
ce cylindre sera donc (oyez CxLINDRE) 


ry°dx 


# exprimant le nombre 3,1415926... ou le rapport 
durayon à la demi-circonférence. Voyez Cercue: 

Mais cette quantité représentant l'élément ou la diffé- 
réntielle du solide, son intégrale sera le volume cherclié 
et l’on aura, V désignant ce volume , 


(Prec Ve fiat 


Nous n’avont poin employé, pour arriver à cette 
expression, les procédés du calcul des limiies, qu’on 
prétend encore maintenant substituer au calcul diffe- 
rentiel, comme plus rigoureux ; quoiqu'il ne $6it qu’une 
méthode indirecte que nous apprécierohs ailleurs, et 
dont nous avons évité avec soin de nous servir dans nos 
articles précédens. Nous nous attendons bien que ce 
sera une nouvelle occasion , de la part d'un grand géo- 
mètre , de nous accuser de n'être pas à la hauteur dés 
mathématiques modernes; mais, si nous avonslé malheu 
dene pas connaître les découvertes dont M. Poncelét à, 
sans doute, enrichi la science, et qui lui ont mérité 16 
titre demembre de l'institut, découvertes que nous nous 
serions empressés de consigner dans notre dictionnaire 
siles recherches que nous en avons faites avaient été 
plus fructueuses, àous ne profiterons pas de cette cir- 
constance pour lui renvoyer son rnnocente accusation, 
ce qui d’ailleurs serait trop facile aujourd’hui pour eu 
espérer la moindre gloire ; nous préférons attendre les 
travaux futurs de cet académicien qu'aucun ressentiment 
ne pourra nous empêcher de placer à côté des Euler et 
des La Grange, s’il veut bien nous en fournir l’occasion. 
Nous lui demandons seulement d’user de la même gé- 
nérosité envers nous ét de suspéndre son jugement sur 
notre ouvragejusqu'à ce qu'il soit terminé. Quant à nos 
lecteurs, les motifs de notre préférence des procédés 
simples, directs ctrigonrenx du eileul différentiel, pro- 
prénient dit, aux procédés compliqués ét indirects Aù 
calcul des limites , leur seront suffisimment dévoilés aux 
articles CALCUL DIFFÉRÉNTIEL et CALGUL DES LIMITES. 

Reprenons la formule (1) et appliquons-la à quelques 
cas particuliers : 


CU 


I. Déterminer le volume de lellipsoïde alonge. Ce 
solide étant formé par la révolution d’une demi-ellipse 
autour de son grand axe, l’équation'de la courbe géné- 
ratrice, rapportée au centre, est 


Y* = (@— x) 


a étant le demi grand axe, et ble demi petit axe. 


Substituant cette valeur de ÿ*, dans (1), on ob- 


tiendra 
ba 
Væ PE (@—2)dx , 
et, enintégrant, 


Var E (ax 7 )+c. 


F Pour déterminer la constante C, nous remarquerons 


que l'intégrale est nulle pour la valeur x=—a puisque 
la courbe se réduit alors à un seul point, nous aurons 
donc 
bo 
C=7 —.- ai 
a 3 


et, par suite; 


Si dans cette expression, nous faisons æ=a pour avoir 
Fintégrale définie comprise entre les limites x= —a et 
æ=a, nous trouverons 


= an 4 à 
Venise : 


6ü, cé qui ést là méme chose, 
V— Sat 


tel est le volume de l’ellipsoïde allongé. 


Si on avait a=b, l'ellipse deviendrait un cercle, et 
ce volume serait celui de la sphère, Dans ce cas, on a 


V— fa 


D'ou l’on voit que le volume de la sphère est égal aux 
3 de celui du cylindre circonscrit, puisque le volume 
d’un cylindre qui a pour rayon de sa base 4, et pour 
hauteur 24 est 


ra X2a—Ara 


CU 


IT. Déterminer le volume du paraboloide de révo- 
lution. L’équation de la parabole rapportée vu sommet 
étant 


Y?—=2px 


dans laquelle »p est le paramètre; si nous substituons 


dans (1), nous aurons 


J V— fe r2pxdx 


dont l'intégrale est 
V=—rpzx+C 


Le volume étant nul au sommet, où l’on a æ=o, nous 
avons, pour déterminer la constante, l'équation o—04-C 
d’où C—o, ainsi, l'intégrale complète est 


V=xpr?. 


Nous pouvons mettre cette expression sous la forme 


æ 
V=orpa.— 
ou 
x 
V=ry 


en remplacant 2px par sa valeur y”. Mais xy? est l'aire 
d’ua cercle dont y est le ravon(voy. Cerce, n°31), et 
par conséquent r}°.x représente le yolume du cylindre, 
ayant ry° pour base, et x pour hauteur, c’est à-dire, 
du cylindre circonscrit; ainsi le paraboloïde de révo- 
lution ést égal en volume à la moiëé du cylindre cir- 


conscrit. 

La cubature du paraboloïde trouve son application 
dans le calcul de lexcavation produite par le jet des 
mines. 

Pour les solides qui ne sont pas de révolution. Foy. 
VoLumE, 


CUBE (Géom.). Corps solide régulier, terminé par 


six faces carrées égales entre elles. Voy. Hexarnre. 


CUBIQUE (A4rüh.). Un nombre cubique est un 
nombre formé par l'élévation d’un autre nombre à la 


troisième puissance, par exemple 8 est un nombre cu- 


"bique , parce que 8—2*. 

Puissance CUuBIQUE, c’est la même chose que troisième 
puissance ; comme racine cubique, et racine troisième 
sont des expressions synonymes. 

Une ÉQUATION GUBIQUE est également une équation 
du troisième degré, Voyez pour ja formation des puis- 


CU 407 


sances cubiques le mot puissANcE, et pour l'extraction 


- des racines cubiques, celui EXTRACTION DES RACINES. 


Nous ne nous occuperons ici que des équations cubiques 
quoique l’épithète cubique, pour désigner les équations 
du troisième degré ait beaucoup vieilli. 

ÉQUATION CuBiQUE ( A{g.). Les équations cubiques où 
du troisième degré, sont des équations dans lesquelles 
la plus haute puissance de l’inconnue est du troisième 
degré. Leur forme générale est 


xHAx+Br+C—0o 
que l’on peut ramener à (1) 


z'+px+q=0 
eu faisant disparaître le second terme, Foy, Transror- 
MATION. 


Pour résoudre cette équation, faisons x=y+4-3, y et z 
étant deux nouvelles inconnues dont la détermination 
nous conduira à celle de x; élevant au cube, nous 
aurons 


Li (y +2) = 437224 3y28-hat 
= + À +3y{y+2) 
=yt 2 +3yar 


ou 
2—3yzx—y—2—0 


Pour que cette équation soit identique avec (1), il fau 


qu'on ait 
= — 372 
g = —y—<" 
d'où l'on tire 
9) one 
(2)... 72= —3 
(3)... += — q 


Telles sont les conditions que les valeurs de y et de z 
doivent remplir afin queleur somme donne une valeur 
de x capable de satisfaire à l'équation (1). Or, énélevant 
(2) au cube, on a 


3 
EE 0 
F'r= 27 
d’où 
P° 
= TF2 


408 


qui se réduit à 


iquation du sixième degré qu’on peut abaisser au second, 


3 


en faisant 2°=1, ce qui donne 


3 


3 Por = 
L+at 27— 


Les racines de cette équation qu’on nomme la réduite , 
sont les valeurs de y? et de 2°, parce que ces valeurs sont 
symétriques, et qu’en prenant dans (2) la valeur de 2° 
pour la substituer dans (3), on serait parvenu à une 
équation identique avec cette dernière. En la résolvant 
,voy. second degré), on a 


| VÉ: pi 
=—+ À Ta 


et, par conséquent, 


on en conclut, à cause dex=y+z 


VE 


cette expression est nommée la formule de Cardan.V'oy. 


À 


ALGÈBRE, CarDax et CAs IRRÉDUCTIBLE. 


La formule de Cardan semblerait ne donner qu'une 
seule valeur pour x, mais on peut facilement la ramener 
à lui faire exprimer les trois racines. Pour cet effet, re- 
marquons qu’en général, w étant une quantité quelcon- 
que, on a non-seulement 


5 
V8 =u 


mais encore 


1,2, 8 désignant Îes trois racines cubiques de l’unité. 
Ainsi, représevtant par M et N les quantités comprises 
sous les radicaux cubiques, les valeurs de y et de z sont 


8M. 
= EN. 


CU 


valeurs qui, étant combinées deux à deux pour former 

—=}+7 donneront toutes les racines de la proposée. 
Il est important de faire observer que parmi ces com- 
binaisons , celles qui ne remplissent par la condition (2) 


? : 4 : , 
3 = — P doivent être rejetées, et qu'il nereste que les 


trois suivantes 


x M+ N 
x = aM + BN 
x = 6M + 2N 


ce qu'on peut aisément vérifier. 
Les trois racines cubiques de l'unité étant (voyez Ra- 
CINES). 


mn 2 em 


0] 


1; 


VS 
2 


celles de l'équation (1) sont définitivement 


avt -4v(047)]+ 

Ame Col 
sV[-1+(f+0)]x nn 
e=v[-2 + (P+2)]x er 


1H RE 


Pour examiner la nature des racines données par ces 


+1 


expressions , ilsuffit de considérer le radical carré 


Ver 


qui sera réel ou #aaginaire , selon que la quantité sous 
le signe sera positive où négative. Or, nous pouvons 


avoir 
CE LA OR EL ES 24 
4 97 0; 4 27 707 + 27 


Daus le premier cas la quantité sous le signe étant posi- 
tive, le radical est une quantité réelle, et par consé- 


D] 


Eve) 


quent les deux expressions 
3 2 
VIT VÉEE 


5 


Ve 


CU 


sont elles-mêmes des quantités réelles ; ainsi la première 
racine, qui se compose seulement de la somme de ces 
quantités, est réelle. Quant aux deux autres racines, 
elles sont évidemment #7aginaires , puisque le produit 
des quantités réelles par des quantités 2maginatres ne 
peut être qu’imnaginatre. 

Dans le second cas le radical carré devenant zéro, 
les deux radicaux cubes sont réels, et la première ra- 
cine seule est encore réelle. 

y 


Dans le troisième cas na — da étant négatif, ce qui 


tarriver qu'autant create old 
ne peu arrivel qu autan UT DRE etp us gran 


que, 


4 


cubes sont des quantités compliquées d’imaginaires ; ce 


le radical carré, et par suite, les deux radicaux 


qui donne aux trois racines une forme imaginaire; ce 
cas singulier a été examiné à l’article Cas 1RRÉDUCTIBLE. 

Lorsqu'il n’y a qu’une seule racine réelle, on peut en- 
corese servir des fonctions trigonométriques avec succès, 
pour calculer sa valeur plus promptement qu’en réali- 
santlesextractions de racines indiquées dans les formules. 
Eu effet , nous pouvons poser en général 


pe 


7 — À. tang @ 


À étant une quantité quelconque et @ un arc déterminé 
par la relation 


Ainsi, pour rendre la quantité sous le radical carré 
un carré parfait , il suffit de faire 


car alors cette quantité devient 


D'ELLES se 2 
2 ; pus 2 
HT uré ’ 


ce qu'on peut mettre sous la forme 


q° L qq sin@ 
4 4 cos” @ 
ou 
q° cos ?@ + q° sin °@ 
4 cos 2® | 


sin? 


: SN?® : 1 . , 
en remplaçant ang ‘@ pour cos? qui lui est égal, 


Le radical carré devient donc 


CU 409 
V É ee 21] = V/cos#+sin@} 
ES! 
7 2co5® 


, 
à cause de cos °9 +sin?9 = 71. 


Ainsi la première racine prend la forme 


z=v|— 140] Ale me 


Mais la relation 


p° q° 
— = —<- tang? 
in di 
donne 
p° 
9 Vois i= 
D tang ? 


Substituant cette valeur dans celle de x, on obtient, 
après les réductions, 


T= —92 cot2a.1/ À 


l'arc w étant donné par la relation 
3 
tang w — \/tang 19 


et l’angle & par la relation 


2 p° 
tang P —= q 27 


Si 4 était négatif, la valeur de x deviendrait positive 
et l’on aurait 


æ= 2 cot241/Ë 


Dans le cas de p négatif, ou de l'équation 


23 — px +q =0 


une marche semblable à celle que nous venons de suivre 
nous conduirait aux trois équations 


tang o — V'tanpg +? 


T=— 


=VË 


sin 2 w 


dont la troisième devient 


T 


VE 


lorsque g est négatif, il est bien entendu que dans ces 


"sind & 


dernières expressions on a 


PP q° 
27 4 


410 CÜ 
Eclairassons par un exemple l'emploi decesformules. 
Soit 


L—2X—5—=0 


l'équation proposée; en comparant avec la forme pé- 
nérale 


L—pr—ÿ=0 x 


nous aurons p—2, 4=5 et la valeur de x dépendra des 


trois expressions 


2V/ £ 


(x). ZX CT 


5 


e nr 
(2)... tango = y tang1® 
2 = 
(3)... sne=2Ver EP va /P 
* 7 5 78 VS; 
En substituant les valeurs de p et de g dans ces expres- 
sions , nous aurons 


Cp} 


‘ 2 
sin ® — 15 XV/3 


et, opérant par logarithmes, 


Log 2 — 0,3010300 
Log 3 = 0,4771213 
9,8239088 


Log = 9,1195544 


Log 2 — 0,3010300 
2 

Log V3 — 0,2120944 

Log 2 := 0,3010300 


4 
Log 15= 1,1760912 
Log sin & — 9,3350232 


Ce qui donne g==12° 34! 33”,2. Prenant la moitié de 
?, et cherchant dans les tableslelogarithme de tangr®, 
on aura 


Log. tang (6° 17" 16”,6) = 9,0421341 


dont le tiers est 


3 — 
Log Vang ?, Ou (2) tang w — 9,0807114 
Ce dernier logarithme fait connaître 


#25 36" 49",5 et20 = 510 13! 30" 


CÙÜ 
Substituant dans (1) les valeurs de p et de 2, 


ou à 


Ps 

sin{bivi 

Ainsi, prenant dans les calculs précédensle logarithme, 

déjà trouvé, du numérateur de cette dernitre expres- 

sion, la valeur de æ est donnée par la simple ad 
dition 


2 
Log. V3 — 0,2120844 


Log. sin (51° 13° 30") — 9,8918933 de 


Log. x — 0,3210g911 
d’où l’on conclut 
æ = 2,0945514. 


Nous avons dans un autre article (voy. AprRoxIMA- 
TON) traité l'équation z—22x—5—0, par des procédés 
bien différens , et l’on peut s'assurer , en comparant les 
calculs, de la supériorité de cette dernière méthode, 
sous le rapport de la promptitude. Trouvé d'abord par 
Bombelli, généralisé ensuite par Viète, puis étendu par 
Albert Girard au cas irréductible, ce mode de résolu- 
tion des équations cubiques ne présenté d'autre difficult 
que le soin qu'il faut apporter dans le calcul des carac- 
téristiques des logarithmes pour lequel il ne faut pas 
s'écarter des règles exposées aux mots ExTRAGTION DES 
RACINES et LocaniTumEs. 

Construction des équations curiques. Voyez Con- 
STRUCTION. 

Parabole curiqun. Voyez Paranore. 

Hyperbole cusiqur. Voyez HxrERBOLE. 

Cuser un solide. Voyez Cuparüre. 

CULTELLATION (Géom.) (de cultello, mettre à- 
plomb, unir au cordeau). Expression dont quelques au- 
teurs se sont servis pour désigner lamesure d’un terrain 
projeté sur le plan de l'horizon. Voyez Torsé. 

CULMINANT {Astr.). Le point culminant d’un astre 
est celui où il est à sa plus grande hauteur au-dessus de 
l'horizon ; ce qui arrive lorsque l’astre est au méri- 
dien. 

CULMINATION (4sur.). Moment du passage d’un 
astre au méridien. 

CUNETTE. — Petit fossé creusé suivant la ligne 
milieu du fossé d’un ouvrage de fortifications, et destiné 
à l'écoulement des eaux pluviales. 

CUNITZ (Marre), femme savante, que ses connais- 
sances en astronomie rendirent célèbre en Allemagne, 
naquit, dans les premières années du XVIT siècle, à 
Schweidnitz, en Silésie. Elle apprit dans sa jeunesse, 
avec une grande facilité, plusieurs langues anciennes 


et modernes, et étudia avec le même succès l’histoire, 


CY 


la médecine et les mathématiques ; elle s’occupa égale- 
ment de peinture, mais ses goûts la portèrent plus par- 
ticülièrement à cultiver l'astronomie, que suivant les 
préjugés de son siècle, elle confondit quelquefois avec 
les pratiques de l'astrologie judiciaire. Vers l'an 1630, 
elle épousa son professeur de mathématiques, médecin, 
suivant quelques biographes, gentilhomme silésien, 
suivant d’autres, et qui se nommait Élias-a-Lewen. Ce- 
pendant, malgré son mariage, elle continua à porter 
son nom de famille, et le titre de demoiselle. Elle est 
l’auteur d’un abrégé des tables rudolphines, qu'elle fit 
paraître, en 1650, sous ce titre : Urania propilia, seu 
tabulæ astronomicæ mire faciles , vin hypothesium plhy- 
sicarum Kepleri complexæ ; etc. ; Oels, in-fol. Une se- 
conde édition de cet ouvrage fut publiée à Francfort, 
en 1351, avec une dédicace à l’empereur Ferdinand HT, 
et précédéed’une introduction en latin et en allemand, 
Marie Cunitz et Lewen s'étaient servis pour leurs cal- 
culs des tables danoises de Longomontanus; mais ils 
s’aperçurent qu’elles ne répondaient point à leurs ob- 
servations, et ils adoptèrent les tables rudolphines de 
Kepler, beaucoup plus exactes. L'usage de ces der- 
nières était néanmoins difficile, à cause du fréquent 
emploi des logarithmes , qu’il fallait souvent corriger : 
lès époux astronomes cherchèrent les moyens de les 
rendre plus commodes dans la pratique. M‘ Cunitz 
commença cet important travail, qui fut interrompu 
par les événemens de la guerre de trente ans. Elle fut 
obligée de se réfugier avec son époux en Pologne où ils 
reçurent l'hospitalité dans un couvent de femmes; ce 
fut là que l’Urania propüia fut achevée. Plusieurs ma- 
thématiciens , et notamment Wolf, font l'éloge de cet 
ouvrage, où cependant les hypothèses de Kepler sont 
trop souvent altérées. Suivant Lalande, Marie Cunitz 
mourut à Pitscher , le 22 août 1664. 


CUR VILIGNE (Geom.). Les figures curvilignes sont 
des ares renfermées par des lignes courbes, comme le 
cercle, l’ellipse, le triangle sphérique, etc. Voyez Fi- 
GURE. 


ANGLE cuRVILIGNE. C’est un angle formé par des lignes 
courbes. f’oyez SPnire. 


CYCLE (de xvxnes cercle ). Période ou révolution 
toujours égale d’un certain nombre d’années, pendant 
laquelle les mêmes phénomènes se reproduisent con- 


stamment et dans le même ordre. 


CY JA 


ration , sans reconnaitre même qu’elle füt une courbe 
particulière. C’est Galilée qui, le premier, la signala 
vers 1615. Roberval, en 1634, détermina son aire; 
quelques années plus tard , Descartes et Fermat lui me- 
nèrent des tangentes, et en 1644 Roberval trouva le vo- 
lume des solides engendrés par sa révolution autour de 
sa base et de son axe. En 1658, Pascal, sous le nom de 
À. Dettouville, proposa aux mathématiciens une série 
de problèmes qui avaient rapport à la recherche de la 
quadrature de certains espaces; à la détermination du 
centre de gravité de la courbe et de certains segmens, 
ainsi qu’à celle du volume de solides engendrés par la 
révolution de certaines parties. Wallis réclama en vain 
le prix qui avait été attaché à Ja solution de ces pro- 
blèmes ; les commissaires reconnurent qu’il n'avait pas 
atteint le but. En 1650, Pascal publia ses solutions 
Huygens démontra que la développée de la cycloïde 
était une cycloïde égale, placée en sens contraire. Leib- 
nitzet Jean Bernouilli y découvrirent certains espaces 
quarrables, et ce dernier fit voir qu'un arc de cycloïde 
était la courbe de la plus vite descente. 


Cette courbe est engendrée par un point fixe d’un 


cercle roulant sur une droite. Chaque point d’une roue 
en mouvement décrit une cycloïde. 

D’après la génération de cette courbe, il est évident 
que l'arc DP' est égal à la droite AD , et qu’ainsi la base 
AG est égale à la circonference du cercle générateur. 
Désignons donc AQ par x, PQ par y, ct par rle rayon 
du cercle générateur. On aura 


x=AD—QD=arc PD—QD 


mais 


; 


f} Les principaux cycles sont le cYcLe LüunaImE (voyez 


arc PD= arc sin PC —="arc [sin = Var) | 


CatenDrier, n° 25), 16 cYCLE SOLAIRE (voy. CALEX TT 
27) > CYCLE SOL E . ALENDRIE ?) k 
É Mg ee DRIER, QD—PC=V/CD X EB = V/y (27 —7) 
n° 29) et le cYGLE D'inpicriox. Voyez Inprcriow. 6 : “ 
: l'équation de la cycloïde sera donc 


CYCLOIDE (Gégm.) (de xvxaos, cercle) où trochôide 


(dé Teogos, roue). La découverte de cette conrbe a 


LE ave[sin NF ET—T) 


cé LES 
attribuée ‘au Cardinal Cusa, et à Charles dé Bôvlle ) 


mais ces mathématiciens u'out fait qu'entrevoir hu 


J 


La droite BP est tangente à la courbe au point P, Er 


412 CY 

effet, si l'on différentie l'équation de la cycloïde. en re- 

gardant x comme Ja variable indépendante;on aura pour 
1 


la valeur de la tangente trigonométrique de l'angie de 


Ja tangente avec l'axe des x, T désignant cette tangente, 


Voy. TANcENTEs. 
Or, dans le triangle BPC, on a 


BC 


tang BPC—SE 


expression qui devient, en multipliant les deux termes 


par y, eten supprimant le facteur commun \/y{(2r—7), 


tang Bpe=V? Er) 
valeur trouvee ci-dessus pour la tangente trigonomé- 
trique de l'angle de la tangente à la courbe avec l'axe 
des x. 

On déduit de là un moyen bien simple pour mener 
à la courbe une tangente en un point quelconque P. 11 
suffit pour cela de mener la droite PH parallèle à la 
base, jusqu’à la rencontre de l'axe de la cycloïde; de 
joindre par une droite le point K, où elle coupe le cercle 
générateur, avec le point F, sommet de la courbe, et 
de mener PB parallèle à cette droite KF. 

L’aire de la courbe entière AFG est égale à trois fois 
la surface du cercle générateur. 

Les principales propriétés de cette courbe justement 
cèlèbre appartenant à la mécanique, c’est aux différens 
articles sur cette branche des sciences mathéinatiques 
qu'il faut recourir pour pouvoir en apprécier toute l’im- 
portance. Joy. BRACHYSTOCHRÔNE, QUADRATURE. 

CYGNE (4sur.). Constellation boréale qui renferme 
81 étoiles dans le catalogue de Flanistead, Elle et située 
entie Céphée , la Lyreetle Renard. Foy. Pr IX, 

11 y a dans cette constellation une étoile CHANGE ANTE. 


> 


Voyez ce mot. | 

CYLINDRE (Géom.). Solide terminé par trois sur- 
faces, dont deux sont planes et parallèles entre elles, 
et dont la troisième est convexe et circulaire. 

On nomme cylindre 
droit {1) celui dans le- 
quel la droite AB, qui 
joint les centres des 


A. 


deux cerclesest perpen- 
diculaire aux plans de 


ces cercles. Dans tous 


les autres cas (2) on le 


- nomme cylindre oblique. 


CY 

Un peut concevoir la génération du cylindre droiten 
le considérant comme produit par la révolution d’un 
rectangle ABCD autour du côté immobile AB. Dans ce 
mouvementles côtes AG et BD décrivent les deux cercles 
et le côté DC la surface convexe. 

La droite immobile AB pu 
prend le nom d’axe du cy- | 
dindre. Les deux cercles se 
nomment les bases du ey- 
lindre. 

On 


noinme hauteur du 


cylindre la perpendiculaire 


| 
abaissée de Fun des points 
d’une de ses bases sur le plan 
de l’autre base; dans le cylin- LV PER 
dre droit la hauteur est égale DS 
à l'axe. 

Un cylindre droit ou oblique peut être considéré 
comme un prisme (voy. ce mot) dont les bases sont des 
polygones d’un nombre infini de côtés, puisque le cercle 
n'est qu'un tel polygone (voyez au mot Cône ce que 
nous avons dit à ce sujet) ; ainsi toutes les propriétés des 
cylindres peuvent se déduire de celles des prismes, et 
nous pouvons établir les propositions suivantes. 

1. Théorème. La surface convexe d’un cylindre droit 
est égale au produit de la circonférence de sa base par 
l'axe du cylindre ou par sa hauteur. 

Si nous désignons donc par R le rayon de la base, et 
par H la hauteur; # étant la demi-circonférence du 
cercle dont le rayon est 1 , ou le nombre 5,1415296...., 
cette surface convexe aura pour expression 


2rRH. 


En effet, la surface d'un prisme droit est, sans y 
comprendre les deux bases, égale au produit du péri- 
mètre de sa base par sa hauteur. Or, le périmètre est ici 
la circonférence de la base; donc, etc. 

Quant à la surface convexe du cylindre oblique, elle 
ne peut être obtenue par les propositions de la géométrie 
élémentaire. /’oyez QUADRATURE. 

>. Théorème. Le volume du cylindre droit ou 
oblique est égal an produit de sa base par sa hauteur. 
Voyez Prismr. 

Ce volume aura donc pour expression 


rx RH 


en conservant les mêmes désignations que ci-dessus. 
Dansle cylindre droit, H sera la méme chose que l'axe; 
dans le cylindre oblique IX sera la hauteur AC, fig. 2 
ci-dessus. : 
3. Théorème. Deux cylindres sont entre eux dans 
le rapport des produits de leurs bases par leurs hau- 
teurs. 


CY 


En effet C et C' désignant deux cylindres quelconques 
dent les bases sont B et B'et les hauteurs H et H', 
puisqu'on a , d’après le théorème précédent, 


C=BH;;:C;=8.H; 
on a aussi 


C:,C':5 BH: BH. 
Or, si B=B', cette proportion se réduit à 
GC: CRU TH, 


c'est-à-dire que les cylindres de méme base sont entre 
eux comme leurs hauteurs. On en tirerait de même que 
Les cylindres de méme hauteur sont entre eux comine 
leurs bases. 

4. On nomme cylindres semblables ceux dans lesquels 
les axes ont le même rapport que les diamètres des 
bases. 


5. Il résulte de la construction du cylindre que toute 


CY 413 


section faite par un plan, parallèlement à la base, est un 
cercle égal à la base. 

Toute section faite par un plan parallèle à l'axe est 
un parallélogramme. Dans le cylindre droit, ce paral- 
lélogramme est toujours rectangle; et lorsque le plan 
coupant passe par J’axe, la section est un rectangle 
double du rectangle générateur. 

Les sections formées dans le cylindre droit par des 
plans inclinés à l'axe , sont des ellipses. La même chose 
a lieu généralement dans le cylindre oblique; mais dans 


certains cas ces sections sont des cercles. 


CYLINDRIQUE (Gcom.). Ce qui a rapport au cy- 
lindre, ou ce qui ena la forme. 

CYLINDROIDE (Gcom.). Solide ressemblant au cy- 
lindre ordinaire, mais dont les bases sont des ellipses au 
lieu d’être des cercies. 

CYNOSURE (Astr.). Nom que lesGrecs donnaient à 
la constellation de la Petite-Ourse. Ce mot , formé de 


oupa et xvuv, signifie queue de chien. 


D. 


DA 


D'ALEMBERT. Poy. ALEmserr. 

DANTE (Prrecrixo), plus connu sous le nom de 
P. Ecxazio , qu'il prit en entrant dans l’ordre des Do- 
minicains, appartenait à une famille qui avait déjà pro- 
duit plusieurs mathématiciens distingués, mais il les 
surpassa tous en talent et en réputation. Egnazio, 
naquit à Pérouse, en 1537; il cultiva dès l’enfance les 
mathématiques avec succès, et ne cessa pas de s’y ap- 
pliquer dans la vie religieuse qu’il embrassa de bonne 
heure. Il professa, jeune encore, la science à Bologne, 
et s’acquit une renommée assez brillante, pour que 
Cosme I® de Médicis manifestât le désir d’entendre ses 
leçons, et lefit venir à Florence. Grégoire XIII et Sixte V 
lui firent le même honneur, et l’appelèrent auprès 
de leur personne, Le premier de ces souverains 
pontifes employa le P. Egnazio Dante à lever le 
plan de différentes places de l'état pontifical, et le 
promut, en 1583, à l'évêché d’Alatri. Le P. Egnazio 
est surtout célèbre par le service qu'il rendit à l’astro- 
nomie moderne, en faisant construire le premier un 
gnomon assez considérable pour fixer les équinoxes et 


les solstices. Celui qu'il établit, en 1573 dans l’église 


DA 


Sainte-Pétrone de Bologne, n'avait pas cependant toute 
la perfection désirable, il déclinait du méridien de 
quelques degrés. Il ne se proposa au surplus dans la 
construction de cet instrument, que de montrer par 
une observation pour ainsi dire populaire, combien 
l’'équinoxe du printemps s'écartait du 21 mars, auquel 
il était censé arriver, et sous ce rapport, il n'avait pas 
besoin d’une plus grande précision. C’est ce gnomon 
qui servit de base à celui que construisit, en 1653, dans 
la même église, Jean-Dominique Cassini. Le P. Dante 
Egnazio a laissé un assez grand nombre d'ouvrages 
parmi lesquels nous citerons surtout : 1. Traité de la 
construction et de l'usage de l'astrolabe; Florence, 
1583, in 4°,2° édit., 1578, avec la description de plu- 
sieurs nouveaux instrumens astronomiques. IL. 7raduc- 
tion italienne de la Sphère de Proclus; Florence, 1573, 
iu-4°. III. Commentario alle regole della prospettiva di 
Jacobo Barozzi; Rome, 1583, in 4°. Cet ouvrage ren- 
ferme des démonstrations mathématiques des règles de 
la perspective, dont Vignole n'avait donné que la pra- 
tique, IV. Le scienze matematiche redott in tavole, 


Bologne, 1577. Cet ouvrage se compose de quarante- 


M4 DA 


cinq tableaux synoptiques, dont la composition suppose 
une grande érudition; on peur le consulter comme un 
monumént curieux de l’état de la seience vers la fin du 
XVI siècle, V. La prospettiva di Euclide, tradotta , 
con alcui annotazioni, insiame la prospectiva di elio- 
dora; Florence, 1573, in-4°. Dante Egnazio mourut 
le 19 octobre 1586, au moment où il allait quitter Alatri 
pour serendre auxdesirs deSixte V. Nous croyons devoir 
indiquericilesautres mathématiciens dunom de Dante.— 
Pierre-Vincenr-pr-Rainazni, gentilhomme de Pérouse, 
qui vivait dans lequinzième siècle, et quimouruten1 DE2; 
eut une grande réputation comme mathématicien et 


comme architecte. Ce savant, qui s’éccupait aussi de 


poésie, s’imagina que ses compositions atteignaiént la - 


sublimité de celles du Dante, pour lesqueltes il profes- 
sait au resté une admiratiôn enthousiaste; il prit le nom 
de ce grand homme, et ses descendans continuèrent à 
Le porter. Il est auteur d’un commentaire italien sur la 
Sphère de Sacro Bosco, imprimé à Pérouse; en 1544— 
1574. — Juces Dante son fils, se rendit également cé- 
lèbre par ses connaissances en mathématiques et en ar- 
chitecture. C’est lui qui construisit la magnifique église 
de saint François-d’Assise. Il estle père d'Egnazio Dante. 
— Tuéonpora Danre, sœur de Jules, futle premier pro- 
fesseur d'Egnazio, son neveu; elle fut aussi célèbre en 
Italie par les grâces de son esprit que par ses talens éñ 
mathématiques. — Danre (Jeax-Baprisre), autre ma- 
thématicien de Pérouse, mais qui n’était probablement 
pas de la même famille, acquit de la célébrité vers la 
fin du XV° siècle, par une expérience de mécanique 
qui mérite d’être rapportée. Au moyen de deux grandes 
ailes de son invention, ilosa s’élancer de la tour la plus 
élevée de la ville de Pérouse, il traversa la place et se 
balanca quelque temps en l'air, aux acclamations de la 
multitude. Malheureusement l'un des ressorts en fer de 
son aile gauche se rompit tout à coup, et le hardi mé- 
canicien tomba sur le faite d’une église voisine, et se 
cassa la jambe. Après sa guérison , Jean-Baptiste Dante, 
fut professeur de mathématiques à Venise, où il mourut 
dans un âge peu avancé. 

DASYPODIUS (Conan), mathématicien célèbre du 
XVI° siècle, né à Strasbourg; il était fils de Pierre 
Raucaruss, savant helléniste, de Frauenfeld , en Suisse, 
qui avait changé son nom allemand (Pied velu), contre 
le nom grec de Dasypodius, qui a la mêmesignification. 
Conrad Dasypodius professa les mathématiques à Stras- 
bourg ; il s'adonna spécialement à l’étude des géomètres 
grecs, etil a publié des commentaires sur les six premiers 
livres d'Euclide, à la suite d’un travail commencé par 
Herlinus, qui l'avait précédé dans sa chaire, Cet ouvrage 
intitulé : Analyses gometr. sex librorum Euclidi, etc. 
Argent., 1566, in-f°, n’est qu'un travail pédantesque, 


dans lequel les propositions du célèbre géomètre ancien 
ü ; 


DA 


sont présentées sous la forme de syliogisines d'une éten- 
due disproportionnée, qui eu obscurcissent les démons- 
trations. Le premier et le cinquième livre sont de Her- 
linus, les quatre autres seulement sout l'ouvrage de 
Dasypodius. Ce mâthématicién à rendu néanmoins de 
grands services à la science, par la publication en grec 
et en latin de plusieurs livres d'Euclide, et par la tra- 
duction de son optique et de sa catoptrique. On lui at- 
tribue aussi la traduction des sphériques de Théodose. 
C’est sur les dessins de Dasypodius que fut faite, en 1580, 
la fameuse horloge de la cathédrale de Strasbourg qui 
a long-temps passé pour la plus belle de l'Europe. Il en 
à donné la description dans son Æ/eron mathematicus ; 
Argent.; 1580. Il se proposait de réunir et de publieren 
un seul eorps d'ouvrage tous les mathématiciens grecs, 
mais il ne put exécuter ce dessein. La mort le surprit 
le 26 avril 1600, à l’âge de 68 ans. 

DAUPHIN ({str.). Constellation boréale située près 
de l'équateur céleste (voy. PL. 9): l’une des 48 de Pto- 
lémée. Elle renferme 18 étoiles dans le catalogue bri- 
tannique. 

DÉCADE (Arith.). Ce mot a été employée par d’an- 
ciens auteurs pour désigner ce que nous nommons une 
dixaine. Les auteurs du calendrier républicain lavait 
adopté dans leur terminologie, et leurs trois pé- 
riodes de dix jours dans lesquelles ils divisaient le mois, 
portaient le nom de décades. 

DÉCAGONE (Géom.) (de déve, 
angle). Figure plane qui a dix côtés et dix angles. 


dix et de yovia 


Lorsque les angles sont égaux entre eux, ainsi que les 
côtés, le décagone est dit régulier. H peut être alors in- 
scrit et circonscrit au cercle. ay. Cencre , n°° 15 et 15. 

La somme des angles d’un décagone étant égale à 
8 fois 2 droits (voy. Porycone), ou à 16 droits, l'angle 
du décagone régulier est équivalent à :$ d'angle droit. 
Cet angle est donc de 144° sexagésimaux. 

Si l'on désigne parr le rayon du cercle circonscrit à 
un décagone régulier; le côté de ce décagone sera donné 
par l'expression ; 


RS a 
2 


cdésignant ce côté. Cette relation peut Servir à déter- 
miner lé rayon du cercle circonscrit lorsque le côté est 


connu ; pour cet effet, on lui donne la forme 


2C 


mvieT 


Le 


Elle résulte de la division en moyenne et extréme 
raison du rayon du cercle circonscrit; le côté du dé- 
cagone régulier étant égal au plus grand des deux 


segments. Foy. ExXAGONE. 


DE 


Ainsi, zJour inscrire un décagone régulier dans un 
cercle donné, il faut diviser son rayon en moyenne 
et extrèmeraison (v0y. APPLICATION DE L'ALGÈBRE, N° 14), 
et le plus grand segment est le côté du décagone. 

La surface d’un polygone régulier quelconque étant 
égale à la moitié du produit de son périmètre par son 
apothème, comme le périmètre du décagone est égal 


à 10 fois son côté, sa surface sera 
S—5c.h 


S désignant la surface, et À l'apothème. Mais l’apothème 
étant l’un des côtés de l'angle droit du triangle rec- 
tangle qui a le rayon du cercle circonscrit pour hypothé- 
nuse et le demi-côté du décagone pour troisième côté, 


nous avons 


cV/(4r7—0c?) 


Pour avoir cette surface seulement en fonction du 
côté, ou seulement en fonction du rayon, il suffit de 
substituer dans cette dernière égalité, la valeur deren €, 


ou celle de e en 7, et l’on obtient 


br 
S = — 
D °% 


VA4a—2V/5 


En calculant les coefficiens de c’ et de r?, ces deux 
? 


expressions se réduisent à 


S— 7,694209 X c? 
S — 2,938927 X r? 


ce qui est suffisant pour la pratique. 

On donne quelquefois le nom de DécacoNE à un ou- 
vrage de fortification composé de dix bastions. Foyez 
FonririCATIoN. . 

DÉCAGRAMME. Mesure de pesanteur égale à dix 


grammes, 


DÉCALITRE Mesure de capacité égale à dix litres. 
DÉCAMÈTRE. Mesure de longueur égale à dix 


mètres. l’oy. Mrsune. 

DÉCAN (As4r.). Nom donné par les anciens astro- 
nomes à l'arc de 10 degrés, où au tiers d'un signe. Voy. 
SIGNE. 

DÉCEMBRE {Calendrier). Nom du dixième mois de 
l’année romaine. C'est le douzième de Ja nôtre depuis 


l’édit de Charles IX , en 1564. Be soktice d'hiver à licu 


DE 445 


vers le 21 de ce mois; le soleil entre alors dans le signe 
du capricorne. 

DÉCHARGE (Méc.). On appelle tuyaux de décharge 
ceux qui, dans les machines hydrauliques sont destinés 
à faire écouler le superflu des eaux. La détermination 
de l’airede leur section étant, dans beaucoup de cas, une 
question importante , elle sera traitée à l’article Écou- 
LEMENT. 

DÉCIL ou DEXTIL, (4str.). Vieux terme d'astro- 
nomie ou plutôt d’astrologie sous lequel on désignait 
l'aspect (voy. ce mot) de deux planètes éloignées l’une 
de l’autre de 36° ou de la dixième partie du zodiaque. 

DÉCIMALE. La division décimale est celle qui a lieu 
de dix eu dix; ainsi notre échelle de numération est 
une échelle décimale, parce que la valeur des chiffres 
augmente de dix en dix suivant la place qu’ils occupent. 
Voy. NumMÉRATION. 

Fracrioxs DÉcImaALESs. Ce sont des fractions qui ont 
pour dénominateurs des puissances entières de dix, 
telles que À, L 


1) 108? 1000? 


etc. D’après la nature de notre 
système de numération, on peut les exprimer, en faisant 
abstraction de leurs déuominateurs, seulement par la 
place qu’on fait occuper aux chiffres de leurs dénomi- 
pateurs. En effet, étant convenu de donner à un chiffre 
une valeur dix fois plus grande lorsqu'il est placé à la 
gauche d’un autre, que celle qu'il exprime isolément, si 
l'on adopte ceîte règle dans toute sa généralité, il est 
évident que la valeur relative de plusieurs chiffres écrits 
les uns à côté des autres, doit diminucr de dix en dix en 
allant de gauche à droite; ainsi dans la quantité repré- 
sentée par 5555, le second chiffre vaut 10 fois moins que 
le premier,le troisième dix fois moins que le second, ou 
cent fois moins que le premier, et le quatrième dix fois 
moins quele troisième, ou cent fois moins que le second, 
et mille fois moins que le premier. Si donc le premier 
exprime 5 unités absolues, le second exprimera 5, le 
troisième 55, et le quatrième 5. On indique cette 
circonstance par une virgule placée aprèsle chiffre des 
unités, c'est-à-dire que dans le cas en question on écrit 
5,555, alors, les chiffres à la gauche de la virgule sont 
les chiffres entiers et ceux à la droite sont les chiffres dé- 
cimaux; de cette manière, l’échelle compléte de numé- 
ration est 


ClCesssogee LOL TS ET I TT CT 
Oo eo 
SERRE Lozes 
ZE X D EE k À 
0 4 © 5 — © @ &. = à El 
co E ET 2 D: En, D D EE E CC. soso 
2 5 © ITR 
= À : REP ne 
& : * ® OO G-#=: 
ë pe ee 
5 & 


Lorsqu'il n’y a point d’entiers, on remplace par o le 


_s+ 
100 


chiffre des unités; ainsi o,1 désigne :+, 0,54 désigne 
0,002 désigne 2, etainsi de suite. 


Cette manière d'écrire les fractions désimass, mtro- 


416 LÉ 


duite par le géomètre anglais Oughtred , facilite extré- 
mement les calculs, et on peut voir aux articles ADDITION, 
SOUSTAACTION |; MULTIPLICATION, DIVISION, EXTRACTION 
DES RACINES , @L ÉLÉVATION AUX PUISSANCES Qu'On exécute 
sur ces fractions toutes les opérations de l’arithmétique 


avec autant de facilité que sur les nombres entiers. 


On réduit une fraction ordinaire en fraction décimale, 
en divisant son numérateur par son dénominateur, 
après avoir ajouté préalablement autant de zéro: à la 
gauche des chiffres du numérateur qu'il en est besoin 
pour que l'opération se fasse exactement, ou pour ob- 
teuir une approximation suffisante, si la fraction ordi- 
naire ne peut s'exprimer exactement par une fraction 
décimale. Pour réduire #, par exemple, en fraction dé- 
cimale, il faut ajouter deux zéros, et l’on a 

200 55 
alors le dividende ayant été rendu cent fois plus grand, 
le quotient est également cent fois trop grand; ainsi, au 
lieu d’exprimer 95 unités, il ne doit exprimer qu’une 
quantité cent fois plus petite, c’est-à-dire 


75 F. 
Too OU 0,79; 


on a donc 


S'il s'agissait de la fraction ordinaire $, quel que soit 
le nombre des zéros qu’on ajoutât à 5, il serait impos- 
sible d’effectuer exactement la division par 7,et dans 
ce cas, on ne peut obtenir qu’une fraction décimale ap- 
proximative ; ainsi, en ajoutant 1, 2, 3,4, 5, etc., zéro, 
et divisant sans tenir compte du dernier reste, on a 


5o 

Gi = 7 de be 

5oo 

Su =7I Ou-—0,71 

5000 5 

—714 ou-— 0,71 

7 7 = »714 
a Led F 

= Tifrou == 07142 


Ce que l’on pourrait continuer à l'infini, parce qu'après 
avoir trouvé 6 chiffres au quotieut, le dernier reste 
est de nouveau 5, et la même période de 6 chiffres re- 
commence; de sorte que l’on a 
5 
— 0,714285 7149285 714285 etc... à l'infini. 
La fraction décimale prend alors le nom de fraction 
périodique. Foy. PÉRIODIQUE. 

Le problème de réduire une fraction ordinaire en 
fraction décimale, peut être généralisé de la manière 


suivante, 


DE 


4N ; hi. 

Soit une fraction ordivaire quelconque, et 
soient a, b, c, d,e,etc., les chiffres décimaux qui 
dounent 

N 


M = 10—1+b.10—"4e.10—+d.10—1Letc. 


nous avons NM, et il s’agit de déterminer a,b,c, 
d', etc. | 

Multipliant les deux membres de cette égalité par 10, 
elle devient 


de =a+b.10—1+c.10o—+d.10—+ etc. 


Alors a exprime des entiers, et b devient le premier 
chiffre décimal ou le chiffre des dixièmes. Nous avons 
donc, en désignant par N'le reste de la division de 


N.10 par M 


— =D, reste N’ 
c’est-à-dire, 
et par conséquent, 
. =b10—14+c.10—+d.10—3+etc. 


Multipliant de nouveau les deux membres de cette éga- 
lité par 10, elle devient 


LS =b+c.10-1Æd.10—24e.10—$+etc. 
ou 
se —b , reste N° 


en désignant par N”, le reste de la division de N'.10 
pour M. On a donc aussi 

N'.10 N’ 

TM TM 
et 


" 


 =c.i10—1d.10—7+e.10— etc... 

M 

et ainsi de suite; d’où il est facile de conclure la règle 
suivante : Multipliez le numérateur par 10, et divisez 
le produit par le dénominateur, Je quotient sera le 
premier chiffre décimal oule chiffre des divièmes; mul- 
tipliez ensuite par 10 le reste de la division, et divisez 
ce second produit par le dénominateur, le quotient 
sera le second chiffre décimal ou le-chiffre des certièmes; 


multipliez de nouveau par 10,lesecond reste, et di- 


DE 


visez le produit par le dénominateur, le quotient sera 
le troisième chiffre décimal ou le chiffre des rnillièmes ; 
multipliez encore le dernier reste par 10, et continuez 
toujours de la même manière, jusqu’à ce que vous ayez 
pour reste, zéro, ou un nombre déjà trouvé : Dans le 
premier cas, l'opération est terminée; dans le second, 
la période est trouvée. Si après avoir multiplié un des 
restes par 10, le produit était plus petit que le déno- 
mivateur , la division ne pourrait s'effectuer ; alors, le 
chiffre décimal correspondant serait zéro , et il faudrait 
considérer ce preduit comme un reste, ct le multiplier 
par 10 pour obtenir le chiffre décimal suivant. 

SysrèmEe pÉcIMAL. La division de dix en dix, faisant 
le fondement de l’arithmétique, on a cru qu'il était na- 
turel de l’adopter dans les poids et mesures, quoiqu’elle 
ne soit pas la plus commode, et maintenant notre sys- 
tème métrique est décimal. Nous l’exposerons au mot 
Mesure. 

DÉCLIN de la lune. Voyez Décours. 

DÉCLINAISON (Astr.). La déclinaison d’un astre est 
sa distance à l'équateur céleste, mesurée sur larc du 
grand cercle qui passe par lastre et par les pôles de la 
sphère. Elle est, par rapport aux corps célestes, ce 
qu'est la latitude par rapport aux lieux terrestres. 

La déclinaison est boréale ou australe, selon que 
l'astre se trouve dans l’hémisphère boréal ou dans l'hé- 
misphère austral. 

Pour trouver la déclinaison d’un astre, on observe 
préalablement la hauteur du pôleau-dessus de l'horizon 
. ou la latitude du lieu de l'observation (voy. Larirune), 

et on mesure ensuite la hauteur de l’astre au moment de 
son passage au méridien ou sa distance auzénith, qui est 
le complément de la hauteur. Lorsque la distance de 
l’astré au zénith, qu’on nomme boréale si l’astre est dans 
l'hémisphère boréal, et australe si Vastre est dans l'hé- 
misphère austral, est de même désignation que la la- 
titude, ieur somme est la déclinaison, laquelle est de 
méme désignation que la latitude; lorsqu'au contraire 
la distance au zénith est d’une désignation opposée à la 
latitude , leur différence est la déclinaison , dont la dé- 
signation est la même que celle de la plus grande des 
deux quantités. Cette règle est assez évidente pour se 
passer de démonstration. 

Par exemple, l'élévation du pôle nord étant de 47° 
20", on a trouvé la hauteur du soleil , lors de son pas- 
sage au méridien, égale à 33° 25'; et par conséquent, 
sa distance au zénith égale à 56° 35"; cette distance est 
australe. Les désignations étant différentes, la difference 
entre 56° 35" et 47° 20’ ou 0° 15’ est la déclinaison cher- 
chée , laquelle est australe, parce que la distance aus- 
trale est plus grande que la latitude boréale. 

Les déclinaisons servent de concours avec les ascen- 


DE AT 


sions droites pour fixer la position des astres sur la voûte 
céleste. 


Le mouvement propre des astres et la précession des 
équinoxes (v0y. ce mot), faisant varier continuellement 
leurs ascensions droites et leurs déclinaisons, on trouve 
ces quantités calculées à l'avance dans la Connaissance 
des temps de chaque année pour les besoins de l’astrono- 
mie et de la navigation. ’oyez Cararocue. 


CERCLES DE DÉCLIN AISON. Grands cercles de la sphère 
qui passent par les pôles du monde, et sur lesquels la 
déclinaison est mesurée. 

ParaLLÈLEsS DE DÉCLINAISON. Pêtits cercles dela sphère, 
parallèles à l'équateur. 

PARALLAXE DE DÉCLINAISON. Arc du cercle de décli- 
naison, qui mesure la quantité dont la déclinaison d’un 
ästre est augmentée ou diminuée par la parallaxe de 
hauteur. Voyez ce mot. 


RÉFRACTION DE DÉCLINAISON. Arc du cercle de décli- 
naison, qui mesure la quantité dont la déclinaison aug- 
mente ou diminue par l'effet de la réfraction. 


DÉcriNAISON DU PLAN vErricaL (Gnom.). Arc de 
l'horizon , compris entre le premier vertical et la sec- 
tion du plan du cadran avec l'horizon. Voyez Décr- 
NANT. 


Décrinaisox de l’aiguilie aimantée ou de la boussole, 


Voyez VARIATION. 


DÉCLINANT (Gnom.). Les cadrans declinans sont 
ceux dont la section avec l'horizon fait un angle avec le 
premier vertical. Voyez GNoOmoniQuE. 

DÉCLINATEUR ou DÉCLINATOIRE (Gnom.). 
Instrument qui sert à déterminer l'inclinaison ou la dé- 
clinaison des plans sur lesquels on veut trouver des ca- 
drans solaires. Voyez GNomoniQuE. 

DÉCOMPOSITION DES FORCES (Mec.). On peut 
toujours remplacer une force par deux ou plusieurs 
autres, agissant dans des directions différentes, et dont 
elle serait la résultante. Ceite décomposition, dont la 
possibilité repose sur les mêmes principes que ceux de 
la compPosiTION DES FORGES est d’un grand usage dans la 
imécanique. Ÿ’oyez Force. 

DÉCOMPOSITION DES ÉQUATIONS (4/g.). Pour 
résoudre une équation on la décompose souveat en plu- 
sieurs autres qui sontses facteurs; c’est ainsi que Descartes 
est parvenu à la solution des équations du quatrième 


degré en décomposant l'équation générale 
xi+Ax +Br+C=o, 


en facteurs du second degré 


a?+ax+b , x +cr+d 
53 


418 DE 


ou en posant l'égalité hypothétique 


diHAxÆBr4C — (a+ax+4b) (x + cx+d). 


Voyez BIQUADRATIQUE. 

DÉCOURS (4str.). On nomme décours la diminu- 
tion de la lumière de la lune, depuis la pleine lune 
jusqu’au moment de la nouvelle lune suivante. Cette 
désignation est l’opposée de celle de croissant, qui s’ap- 
plique à la figure dela lune, depuis lemomentou elle est 
nouvelle jusqu’à celui où elle est pleine ; passé cette der- 
nière époque la lune est en décours. 

DÉCRIRE (Géom.). Action d’engendrerune étendue 
par le mouvement d’un point, d’uneligne ou d’une swr- 
face : ainsi un point qui se meut est dit décrire une ligme 
droite ou courbe; une ligne, décrire une surface; et 
une surface, décrire un solide. f’ayez GÉNÉRATION. 

DÉCUPLE. Terme d’arithmétique qu’on emploie 
pour désigner une quantité dix fois plus grande qu'une 
autre. Par exemple, 40 est décrple de 4; 100 est de- 
cuple de 10, etc., etc. 


DÉCUPL#. On nomme rapport décuplé celui qui 
existe entre les racines dirièmes de deux nombres. 


Ainsi act b sont eu rapport décuple de a1° et b1; en géné- 


[l 
ral, M et N étant deux nombres quelconques, M NN 
est le rapport décuple de M à N. Il est important de ne 
pas confondre decrplé et décuple. 

DÉCUSSATION (Opr.). Le point de décussation est 
celui où plusieurs rayons se coupent , tel que le foyer 
d’un miroir, d’une lentille, etc. 

DÉE (Jzan), mathématicien anglais, né à Londresle 
13 juillet 1527, de parens obscurs. 11 s’adonna de bonne 
heure, avec ardeur, à l'étude des mathématiques et de 
l’astronomie, et ne tarda pas à acquérir de la célébrité 
par ses connaissances étendues dans les diverses branches 
de ces sciences. Ce fut probablement cette renommée 
exagéréc de son savoir qui plongea Dée dans de graves 
erreurs, et donna à ses travaux scientifiques une direc- 
tion malheureuse. Sa réputation le suivit sur le conti- 
nent, oùil vint en 1548. À Louvain, il fut consulté 
comme un oracle, et à Paris, où il donna des leçons de 
géométrie et commenta publiquement Euclide, il fut 
accueilli avec autant d’empressement. De retour dans sa 

: patrie, il donna dans toutes les erreurs de l'astrologie 
- judiciaire, et fut employé en cette qualité par la reine 
Élisabeth. Il quitta de nouveau l'Angleterre et se livra 
entièrement à des pratiques peu dignes de la science; 
nous nele suivrons pas dans ces diverses phases de sa vie 
qui fut triste, agitée par de vaines espérances, et usée 
par des travaux sans résultats. La reine Élisabeth, ayant 
la connaissance de la profonde détresse dans laquelle 
cet homme célèbre était tombé, le rappela à Londres, 
où il mourut en 1607. Malgré l’état de misère où il 


DE 


vécut long-temps, Dée était parvenu à se former une 
très-belle bibliothèque et un cabinet de curiosités fort 
remarquable. Parmi les ouvrages qu’il a publiés et qui 
sont tous plus où moins empreints des idées qui le ren- 
dirent malheureux , nous citerons seulement : I. Jonas 
lieroglyphica, mathematicè, magicè, cabalisticè et 
analogicè explicata ; Anvers, 1564, in-4°, 1584 : Franc- 
fort, 1691, in-8°. IL. Propædeumata aphoristica de 
præstantioribus quibusdam naturæ virtutibus; Londres, 
1556-1558-1568 , in-4°, etc. 

DÉFECTIF (Arith.). Un nombre défectif est la même 
chose qu'un nombre déficient. Foy. ce mot. 

Dérecrir (Gcom.). Newion à donné le nom d’Ayper- 
boles défectives à des courbes du troisième ordre, qui 
n'ont qu'une seule asymptote. Foy. HyrErzoux. 

DÉFICIENT (Arith.). Lorsque la somme des parties 
aliquotes d’un nombre est plus petite que ce nombre, on 
le nomme deficient, par opposition avec le nombre 
AtONDANr, dans lequel le contraire a lieu. 10, par 
exemple , est un nombre déficient, parce que la somme 


de ses parties aliquotes 1,2, 


5, est plus petite que ce 
nombre lui-même. 

DÉFILEMENT (Fort). On appeMe plan de défile- 
ment celui qui contient les crêtes intérieures d’un ou- 
vrage de fortification. Après avoir fait le tracé d’un ou- 
vrage ou d’un ensemble d'ouvrages , il faut déterminer 
le relief de ses différentes parties, c’est-à-dire les hau- 
teurs dont elles doivent s'élever au-dessus du terrain sur 
lequel elles sont assises, pour abriter les défenseurs des 
vues de la campagne. Remplir ces conditions, c’est défi- 
ler un ouvrage. On y parvient en tenant les crêtes inté- 
rieures des différens ouvrages dans des plans laissant 
au-dessous d'eux tout le terrain environnant. La solution 
complète de ce problème étant une des parties les plus 
difficiies de la science de la fortification , nous allons en 
traiter avec quelques détails. 

La première opération à faire est de tracer les limites 
entre lesquelles sont compris les points d'où l’ennemi 
peut prendre des vues sur l’ouvrage et tirer des coups 
dangereux. L'expérience a fixé entre 1200 et 1400 
mètres la distance au-delà de laquelle les coups de l’en- 
nemi ne sont plus à craindre, Si l'ouvrage à défiler est 
isolé, de tous ses saillans, comme centre etavec unrayon 
égal à 1400", on décrit des arcs de cercle qui, par leurs 
rencontres , déterminent toute la partie du terrain dont 
on a à se défiler. Si l'ouvrage fait partie d’un système, 
alors des ouvrages environnans peuvent intercepter une 
partie des coups , et il faut déterminer avec soin la di- 
rection des coups extrêmes , puisque c’est elle qui fixera 
la limite du terrain dont on devra se défiler. Cette dé- 
termination, qui souvent offre de grandes difficultés, 
se fait ordinairement par tâtonnemens; cependant on 
peut « arriver d’une manière rigoureuse. En effet, si, 


; DE 


par le saillant de l'ouvrage à défiler et par la partie su- 
périeuré de l’ouvrage couvrant, on fait passer une surface 
cotiique dofit on cherchera l'intersection avec une sur- 
face paralléle au terrain et suffisamment élevée au-dessus 
de lui, tous les points compris entre cette intersection 
etl’obstacle , et qui, par conséquent, sont au-dessous du 
cône, ne peuvent diriger sur l'ouvrage que des coups 
intercéptés. Alors la dernière direction des coups dan- 
gereux, est laligneextrêéme menée vers cette intersection, 
das à partie comprise entre l'obstacle et l'arc de cercle 
tracé à 14007. 

Ces différentes opérations préliminaires, pour la fixa- 
tion dés limites , présentant une foule de particularités, 
nous ne pouvons entrer dans les détails qui les concer- 
nent; seulement nous ferons observer que cette déter- 
mination étant ordinairement faite avant que le saillant 
de l’ouvrage à couvrir et même la crête couvrante soient 
définitivement arrêtés, il est nécessaire, après que le 
tracé et le relief sont fixés, de vérifier si ces Innites sont 
bien telles qu’elles doivent être. 

Afin de nous occuper d’abord des cas les plus simples, 
nous supposerons que l’ouvrage à défiler soit compléte- 
tement tracé et quele relief de ses crêtes intérieures soit 
fixé; que de plus, il ne se compose que de deux faces 
formant un angle. Imaginons que le plan de ses deux 
crêtes intérieures soit indéfiniment prolongé au-dessus 
de tout le terrain dont on a à se défiler, terrain que 
nous supposerons relevé de 1",40, quantité dont le plan 
de défilement doit passer au-dessus de lui, pour être au- 
dessus des ouvrages que peut construire l’assiégeant. 
Nous releverons ainsi le terrain, en diminuant de 1,40 
les côtés des courbes horizontales équidistantes qui ser- 
vent à le déterminer. Ou ce plan laissera tout le terrain 
relevé au-dessous de lui, ou il le coupera. Dans le pre- 
mier cas le terre-plein de l'ouvrage, étant maintenu pa- 
- ralléle au plan des crêtes et à 2,50 au-dessous de lui, 
sera évidemment défilé. Dans le second cas, l'ouvrage 
ne sera pas défilé, puisque des pærties du terrain relevé, 
situé au-dessus du plan des crêtes , l'ennemi plongerait 
dans l'ouvrage. Imaginons alors la crête d’une des faces 
de l'ouvrage indéfiniment prolongée , et trois cas pour- 
ront s’en suivre : ou toute la partie du terrain située au- 
dessus du plan des crêtes sera en avant de cette droite, 
ou ellesera percée par elle, ou elle sera en-arrière, 

Examinons d’abord le premier cas. Si par cette crête 
prolongée on fait passer un plan tangent à la partie du 
terrain relevé située au-dessus du plan des crêtes, et 
qu’on lui tienne parallèle et à 2w,56 au-dessous , le plan 
du terre-plein , celui-ci sera défilé. Si la même circon- 
Stance se présente pour l’autre face, on la défilera de la 
même mänière. Alors les deux terre-pleins se couperont 
suivant une droite passant par le saillant ct formant 
gouttière. Si l’inclinaison des deux plans de défilement 


DE 419 
était très-grande, les déblais à faire pour obtenir les 
terre-pleins seraient très-considérables. Afin d'éviter ce 
grand remuement de terres, on ne prolonge pas les 
plans de terre-plein jusqu’à leur intersection. Eu effet, 
si on joint par des droites les deux points de tangence 
des plans de défilement et le saillant de l'ouvrage, ces 
deux droites, prolongées dans l’intérieur de l'ouvrage, 
comprendront entre elles un angle, dont l’intérieur ne 
pourra être vu, par-dessus le saillant ; que de la portion 
de surface du terrain comprise entre les deux plans de 
défilement, partie qui est au-dessous des plans de défile- 
ment. Si donc par le saillant on imagine un cône tan- 
gent au terrain , la nappe dans l’intérieur de l'ouvrage 
se raccordera avec les deux plans de terre-plein, et on 
pourra, en satisfaisant aux conditions de défilement, te- 
nir le terre plein tangent à cette surface. Cette manière 
de défiler un ouvrage s'appelle défilement par le terre- 
plein (Pr. XXIX , fig. 1). Si la crête intérieure prolon- 
gée fichait dans la partie du terrain relevé qui se trouve 
au-dessus du plan de crête, il serait impossible de défiler 
sans changer Le côté dela crête, à moins qu’on n’élevâtau 
sailant une bonnette ou massif de terre, moyen qui est 
toujours mauvais. 

Si la crête prolongée laisse derrière elle une partie du 
terrain relevé, situé au-dessus du plan des crûtes, il 
faudranécessairement élever dans l’ouvrage unetraverse, 
car le plan tangent du terrain relevé passant par la pre- 
mière crête, laissera au-dessous de lui la seconde, qui 
alors serait prise de revers. Cette traverse devra être 
assez élevée pour atteindre le plan tangent. Pour lui don- 
ner ce minimum de relief, il faudra le faire passer par le 
saillant; mais comme cette disposition est génante pour 
la défense, il vaudra mieux la rapprocher de la seconde 
face; et lui donner un peu plus de relief. Si la seconde 
face de l'ouvrage se trouve daus le même cas, il faudra 
construire une seconde traverse pour empêcher la pre- 
mière face d’être prise de revers. Mais si on dirige une 
traverse suivant l'intersection des deux plans tangens 
passant par les crêtes, elle suffira. Il arrivera souvent 
qu’on sera obligé de briser cette traverse, afin de bais- 
ser le saillant libre de manière à ce qu’on puisse y établir 
uuc batterie à barbette. D’autres fois il faudra nécessai- 
rement construire plusieurs traverses. Ce sont là des cas 
particuliers qu’il est impossible de préciser à l'avance, 
et qui ne peuvent se déterminer que suivant les localités 
et en combinant entre eux les élémens de la facilité de 
la défense, de l'abri qu'elles offrent et de la dépense 
qu’elles oecasionnent (PL. XXIX , fig. 2). 

Supposons maintenant que le tracé et la ligne de feux 
soient à peu près déterminés, mais que le relief ne lesoit 
pas entièrement, Alors trois cas encore peuvent se pré- 
senter. 1° Le rclief est conou par deux points de l’ou- 


virage mème. @ù par deux points d’un ouvrage cullaté- 


420 DE 

ral par lesquels le plan de défilement doit passer; 2° le 
plan de défilement n’est assujéti à passer que par un seu 
point; 3° le plan de défilement peut n'être assujéti qu’à 
donner un relief compris entre certaines limites. 

Dans le premier cas le plan de défilement étant déjà 
assujétia deux conditions, il suffit, pour le déterminer, 
de le rendre tangent au terrain relevé compris entre les 
lignes assignées précédemment. Quand il sera possible 
d'y satisfaire, ce probléme n'offrira aucune difficulté, 
et la géométrie des échelles de pente fournira tout ce qui 
est nécessaire pour le résoudre (roy. ÉCnELLE DE PENTE). 
Mais il arrivera souvent que les points culminans du 
terrain seront tellement élevés qu'on ne pourra, par la 
droite donnée, mener un plan qui les laisse tous au- 
dessous de lui ; ou bien , cette condition étant remplie, 
le plan de défilement sera tellement raide qu’il donne- 
rait au saillant un relief excessif, et à la gorge une han- 
teur qui ne serait pas suffisante. Dans ce cas on prolon- 
gera les deux crêtes des faces à défiler, ce qui partagera 
le terrain en trois parties: les deux latérales et ceile 
comprise entre ces deux droites. Si alors, par une des 
faces, on peut mener un plan tangent aux hauteurs 
latérales, ou le considérera comme le plan des crêtes , et 
on défilera chaque face des hauteurs comprises dans 
l'angle des faces , à l’aide de son terre-plein. Si la droite 
donnée coupait le terrain latéral relevé, il ne serait plus 
possible de défiler sans traverses. Alors on emploicrait 
un plan particulier pour chaque face , et ces plans de 
défilement ne seraient plus assujétis qu'à passer par un 
point déterminé, circonstance que nous allons exa- 
miner. 

Si le plan de défilement était trop raide et que la rai- 
deur fût due aux hauteurs comprises dans l’angle des 
faces, on se défilerait des hauteurs latérales, ce qui di- 
minuerait le relief du saillant , et on défilerait les faces 
par leur terre-plein. Afin de diminuer la raideur de 
celui-ci, au lieu de le tenir parallèle aux plans de défi- 
lement, onle ferait perdre vers les saillans; ce qui ne 
ferait qu'alonger les talus de banquette. 

Si le plan de défilement n’est assujéti qu'à passer par 
un point déterminé, on pourra le rendre tangent au 
serrain relevé en deux points ; ou Lien en un seul point 
autour duquel on le fera tourner de manière à satisfaire 
le plus convenablement aux conditions exigées. 

Examinons maintenant le cas où le tracé seul est 
donné, circonstance la plus ordinaire, car il est rare que 
les hauteurs des crètes intérieures soient tellement 
fixées, qu’il ne soit pas possible de les faire varier. On 
essayera d’abord de déterminer un plan tangent au ter- 
rain dont on a à craindre. Si dans ce terrain il ne se 
trouve que deux points dangereux, on appuiera le plan 
sur ces deux points , et on le fera monter ou descendre, 


en le faisant tourner sur une surface développable, tan- 


DE 

gente au terrain, jusqu'à ce qu'il donne un relief con- 
venable. D’autres fois on relèvera le plan au-dessus de 
l’un des points de contact , en l’assujétissant seulement 
à étre tangent au terrain dans l’autre point. Alors on 
joindra par une droite le point de tangence et le point 
donné de l’ouvrage; et, les divisant de mètre en mètre, 
on aura les points par lesquels doivent passer les hori- 
zontales du plan cherché, horizontales que l’on devra 
diriger de manière à satisfaire aux conditions exigées. 
On arrivera ainsi, à l’aide de tâtonnemens, à trouver 
le plan qui donne les reliefs les plus convenables. 

Lorsqu'on a à défiler un ouvrage d’une certaine 
étendue, il est rarement avantageux de n’employer 
qu'un seul plan. Du reste le nombre des plans de défile- 
ment auxquels on devra avoir recours, ne peut pas se 
déterminer d'avance, et cette détermination doit résulter 
d’une étude approfondie du terrain qui environne la 
fortification que l’on doit défiler. 

Indépendamment du défilement des ouvrages qui est 
indispensable pour que les défenseurs soient à couvert, 
l'ingénieur est encore astreint à la condition de défiler 
les maçonneries des vues de l’assiégeant. La distance de 
laquelle on doit se défiler est fixée à 800". Le problème 
icise simplifie beaucoup, car au lieu d’une surface on 
n’a qu'une ligne à mettre à l'abri. Trois cas sout encore 
à considérer ; la hauteur de la maçonnerie peut être 
fixée, la hauteur de la crête de l'ouvrage couvrant étant 
indéterminée; la hauteur de la crête de ia Imasse cou- 
vrante peut être donnée, celle de la maçonnerie étant 
arbitraire; enfin, la hauteur de la crête de l’ouvrage 
couvrant et celle de la maçonnerie peuvent être indé- 
terminées. 

Dans le premier cas on mène par la ligne terminant 
la maçonnerie , un plan tangent aux hauteurs dont on a 
à craindre, et la crête de Fouvrage couvrant ne doit pas 
être au-dessous de ce plan, ce qui fournitune condition 
de plus à considérer dans la détermination de cette crête. 
Dans le second cas Qu fait passer le plan tangent parla 
crête de la masse couvrante , et la ligne suivant laquelle 
elle coupe le revêtement, détermine la limite au-delà de 
laquelle la maçonnerie ne doit point s'élever. Dans le 
troisième cas, enfin, une grande latitude est donnée, 
et alors ce n’estque par tâätonnement qu’on peut arriver 
à trouver le plan qui, avec un relief convenable pour 
la crête, donne pour la maçonnerie, une hauteur satis- 
faisant aux autres conditions exigées pour un revête- 
ment. 

D'après cet exposé rapide des principaux moyens 
employés pour défiler les ouvrages de fortification , on 
doit être convaincu que le problème à résoudre, ren- 
fermant en général plus de données qu’il n’est néces- 
saire, on ne peut arriver à sa solution que par un grand 


nombre de tâtonnemens, ce qui nécessite des dessins 


DE 


longs et pénibles. Pour obvier à cet inconvénient, le 
colonel Bellonet a inventé la machine à défiler, que 
nous croyons devoir décrire pour compléter la théorie 
que nous avons présentée. 

Sur un chässis composé de quatre règles en bois 
réunies par des boulons autour desquels elles peuvent 
tourner de manière à former un parallélogramme quel- 
conque, sont fixés des fils équidistans, parallèles entre 
eux et à deux côtés du chässis. Découvrant plus ou 
moins le chässis, on fait varier l’écartement des fils, 
sans que pour cela ils cessent d’être parallèles à leur pre- 
mière direction. Ces fils représentant les horizontales du 
plan déterminé par ce châssis , à mesure que leur écar- 
tement diminue, le plan qui les contient devient plus 
raide, et si on laisse un des fils invariable, alors le plan 
tourne autour de jui comme une charnière. Si l’écarte- 
ment des fils ne variant pas, on change leur direction, le 
plan alors restera également incliné. 

Supposons maintenant qu'a l’aide de cette machine 
nous voulions défiler une face de bastion , dont les côtés 
extrêmes de la crête intérieure sont 21,50 et 22",50. 
Afin d’avoir immédiatement le plan du terre-plein, 
nous abaisserons ces côtes de 2",50, ce qui donnera 23" 
et 24" pour les côtés extrêmes de la droite par laquelle 
devra passer le plan tangent au terrain environnant, 
que nous releverons de 1°,40. Plaçant les fils cotés 23 et 
24 sur la machine, de manière qu’ils passent par les 
points de la crête qui ont même cote, nous examinerons 
si les horizontales du plan ainsi déterminé coupent ou 
laissent au-dessous d'elles les horizontales du terrain 
relevé qui ont même cote. Dans le second cas, le plan 
du châssis sera le plan de défilement ; et en menant une 
perpendiculaire à ses herizontales, on obtiendra immé- 
diatement son échelle de pente. Dans le premier cas , on 
fera varier la distance entre les horizontales, en assujé- 
tissanc toujours celles cotées 23 et 24 à passer par les 
points correspondans de la crête, de manière qu’elles 
laissent au-dessous d’elles les courbes du terrain ayant 
même cote. On arrivera ainsi au bout d’un temps très- 
court, à trouver la position indiquée par la figure, et en 
menant par le point coté 23" ou 24° une perpendicu- 
laire à la direction de ces horizontales , on aura l’échelle 
du plan de défilement cherché, qui ainsi se trouvera 
complètement déterminé, (PL. XXX). Voyez Mémo- 
rial de lofficier du génie , n° 6 et n° 10. 

DÉFINITION. C’est en général la spécification des 
caractères qui distinguent un objet, ou l’énumération des 
idées simples qui forment une idée composée. 

Les logiciens reconnaissent deux espèces de défini- 
tions : celles des nos et celles des choses. Les premières 
ont pour but d'expliquer le sens où la signification d’un 
mot; les secondes, celui de Zarter un objet pour le dis- 


tinguer de tous les autres, Les définitions mathéma- 


DE 421 


tiques , quoi qu’en ait prétendu d’Alembert dans l’encv- 
clopédie, ne sont pas de simples définitions de noms; 
elles ont même un caractère essentiellement distinct des 
définitions purement physiques, car en physique. l'objet 
est donné et précède sa définition, tandis qu'en mathé- 
matiques l’objet est construit par sa définitiou même, 
En effet, définir en mathématiques, c’est opérer une 
synthèse intellectuelle dont le résultat est un objet éga- 
lement intellectuel, réalisable à la vérité dans l'espace 
ou dans le £emps, mais qui n'existait pas avant cette svn- 
thèse. Ainsi, lorsque nous définissons le rR1ANGLE : une 
étendue plane limitée par trois droites qui se coupent 
deux à deux, non seulement nous fixons le sens du 
mot (riangle, mais encore nous construisons intellec- 
tuellement l'étendue particulière que nous désignerons 
dorénavant par ce nom. Or, ce triangle, ce n'est ni un 
triangle rectangle, ni un triangle 1socèle, ni uv triangle 
équilatéral, ce west eufin aucun triangle particulier | 
c’est le triangle en général, le triangle type, dont tous 
ceux que nous pouvons décrire physiquement ne sout 
que des images grossières , des cas particuliers. Pourra- 
t-on nous dire ici, que nous nous sommes élevés par 
abstraction à l'idée générale de triangle, après avoir 
observé des triangles de diverses espèces , lorsque ce n’est 
au contraire que par des nouvelles limitations ou de 
nouvelles synthèses que de l’idée générale nous descen- 
drons aux idées particulières de triangle rectangle, iso- 
cèle, équilatéral, etc.? Le caractère distincuf de la de- 
finition mathématique est donc de créer les objets de la 
science dont la marche est ainsi douée du plus haut degré 
de certitude, parce qu’elle n’opère que sur ses propres 
constructions eL que dans toutes ses propositions la syn- 
thèse a toujours précédé l'analyse. 

DEGRÉ (4lg.). Terme employé pour désigner les 
équations d’après la plus haute puissance de l'inconnue 
qu’elles renferment. Ainsi, une équation du cinquième 
degré, par exemple, est celle dans laquelle x est à la 
cinquième puissance , ou qui contient æ°. Foy. Équa- 
TIONS, 

Drcré (Geéom.). C’est la 360° partie de la circonfe- 
rence d’un cercle suivant la division sexagésimale ou la 
400° suivant la division centésimale. 

Toute circonférence de cercle étant supposée divisée 
en degrés, on désigne la grandeur, d'un angle par le 
nombre de degrés et de fractions de degré que ren- 
ferme l’arc qui lui sert de mesure. Ainsi, un angle de 
30° sexagésimaux est un angle qui, placé au centre 
d’un cercle, intercepte entre ses côtés un arc dont la 
rapport avec la circonférence entière est le même que 
celui de 30 à 360. Joy. AxGce, n° 15. 


Decré de latitude. Foy. LaTiTuDE. 


Dseré de longitude. Foy. Lonçrrune. 
£ 


422 DE 


Decré terrestre. Si la terre était une sphère exacte, 
un degré terrestre serait la 360° partie de sa circonfé. 
rence (division sexagésimale); tous les degrés seraient 
égaux, et les angles au seritre de la terre intércepteraient 
entre leurs côtés des arcs qui leur seraient proportionnels. 
Mais la terre est loin d’être parfaitement sphérique, et 
conséquemment , les angles égaux au centre ne détér- 
minent pas des aïcs égaux à la surface. Ce qu’on nomme 

| degré terrestre est la portion d’un arc tertestre qui cor- 
respond à un degré céleste ; ainsi, un degré nicsuré de 
cette manière est un angle qui n’a pas son Sommet àäu 
contre de la terre, mais au point de concours des vérti- 
ales tirées des deux extrémités du degré céleste per- 
peudiculairement à la terre. Un degré terrestre est donc 
l'espace qu'il faut parcourir sur la terre pour que là 
ligne verticaléaitchangé d’un degré.Cet espace étantd'au- 
tant plus grand que lacourburcest plus petite, si laterre 
est aplatie vers les pôles , les degrés terrestres mesurés 
sur le méridien doivent être d’autant plus grands qu'ils 
sont plus près du pôle, où la courbure est la plus grande, 
et c’est ce que l’expérience a confirmé. #’oy Mesure 
DELA TERRE. 

DELAMBRE (Jean-Baptiste-Joseph le Chevalier), 
l’un des plus célèbres astronomes de ce siècle, naquit à 
Amiens, le 19 septembre 1549. Les dispositions qu’il 
manifesta dans le cours de ses premières études, n’an- 
noûçaient point le rang qu'il devait prendre un jour 
dans la science. Il suivit les leçons de Delille , et l'affec- 
tion particulière que lui voua cet ingénieux écrivain, 
semblait, d'accord avec ses goûts, l’exciter à suivre la 
carrière des lettres. Ce fut, en effet, seulement à l’âge 
de treute-six ansans que Delambrecommencça à s'occuper 
d'astronomie. Il est probable qu’il avait néanmoins déjà 
des connaissances étendues en mathématiques, et qu’il 
ue fit alors que se livrer plus spécialement à l'étude de 
cette branche de la science. La Lande professait l’as- 
tronomie au collége de France, Delambre devint 
son élève de prédilection, etenfin son ami. Cet astro- 
nome se plaisait à dire que Delambre était son meilleur 
ouvrage;ilne tarda pas à Passocier à ses travaux, et 
pour ainsi dire à sa renommée. Le grand travail de La 
Flace sur les satellites de Jupiter servit de base à De- 
Jambre pour calculer avec une précision remarquable 
les tables de ces astres, qui parurent dans l'édition de 
1792 de l’Astronomie de La Lande. Cet ouvrage ouvrit 
à Delambre les portes de l’Académie des sciences , où il 
fut reçu au mois de février de la même année. Il fut im- 
médiatement chargé avec Méchain, membre comme lui 
de ce corps savant, de la mesure de la méridienne de 
la France. On pensa à cette époque que la perfection 
qu'on était parvenu à donner aux instrumens, pourrait 
conduire à des résultats précis, en mesurant ua plus 


graud arc du méridien qu'ou ne l'avait encore essavé. 


DE 
Outre cet avantage que n'avaient pu avoir lés trataux 
dorit elle avait été précédemment l'objet (voy. Cassinr 
et LA Caïrce) , cette grande opération trigonométrique 
devait avoir celui de fixer d’unemanière trés-éxacte une 
unité fondämentale pour toutes les mesures d’éténdue. 
L’arc du méridien, que‘Delambre et Méchain furent 
chargés de mesurer, s'étend depuis Duñkerque jusqu’à 


Barcelonne, et comprend environ neufdegrés; étendue |, 


plus grande qu’aucune de cellesqu’on avait déterminées. 
Delambre fut chargé dela partie boréale, à partir de 
Dunkerque, et poursuivit jusqu'a Rhodés les opéra- 
tions géodésiques et astronomiques de cette belle en- 
teprise. On sait que l’Académie des sciences avait été 
dissoute en 1793, Delambre n’en continua pas moins, 
malgré les désordres de ce temps, et les difficultés phy- 
siquesqu'il eut à surmonter, etavecun zèle etune persis- 
tance qui l’honorent, l'important travail qui lui avait 
été confié : il n’a été complétement terminé qu’en 1799 
(voy. Mérinrexne). Depuis lors, Delambre a en- 
core mesuré par des procédés nouveaux, et avec une 
grande précision, deux autres bases de 6000 toises, l’une 
près de Melun, et l’autre près de Perpignan. En 1505, 
Delambre fut nommé membre de la classe des sciences 
de l'institut, et presqu'en même temps, mémbre du 
bureau de longitude. En 1810 , l'Académie des sciences, 
à l’occasion des prix décénnaux, couronna l’ouvräge 
de Delambre où sont exposés les élémens ét les résultats 
de la grande opération qu’il avait exécutée avée son 
collègue Méchain, et quia pour titre : Base du système 
métrique. Delambre a exercé avec distinction dé hautes 
Fonctions publiques, la plupart de ses ouvrages, qui 
manquent peut être de clarté et de méthode, séront 
long-temps estimés, et lui ont mérité une réputa- 
tion distinguée parmi les astronomes et les géomètres 
modernes. Chevalier et ensuite officier de la Légion- 
d'Honneur , chevalier de l’ordre de Saint-Michel, ho- 
ncré de l’estime générale, Delambre fut enlevé à la 
science et à ses nombreux amis, dans lemois d’août 1822. 
Voiciles titres de ses principaux ouvrages : I. Tables 
du soleil, de Jupiter, de Saturne, d'Uranus et des sa- 
tellites de Jupiter ; 1592 (insérée dans l'astronomie de 
La Lande). II. Mcthode analytique pour la détermina- 
tion d’un arc du méridien ; 1 vo}. in-4°, 1590. IT. Base 
du système métrique cu mesure de l'arc dix méridien de 
Dunkerque à Barcelonne ; 3 vol. in 4°, 1806 — 1814 ; 
formant suite aux Mémotres de L'Institut. IV. Nouv lles 
tables du soleil, in-4° 1806. V. Rapport historique sur 
les progrès des sciences mathematiques; depuis l'an 
1789, lu au conseil-d'État, le G février 1808; in-4°, 
1810. VI. Abrégé d Astronomie; 1 vol. in-8°, 1613. 
VII. Traité complet d'astronomie thCorique et pra- 
tique; 3 vol.in-f° , 1814. VIIL histoire de l'astrono- 


mie ancienne ; 2 vol. in-4°, 1817. IX: Zistourr de l'as- 


DE 


tronomie du moyen dge; 1 vol. in-4°, 1819. Histoire 
ide l'astronomie moderne ; 2 vol. in-4°, 1821 , etc. 
DEMÉTRIUS , mathématicien de l'École d’Alexan- 
drie, cité‘par Pappus, dans ses Collectiones mathema- 
icæ, où il lui attribue un traité des courbes, intitulé : 
Lineares aggressiones. Cet ouvrage ne nous est pas par- 
venu, mais la mention qu’en fait Pappus, peut fortifier 
cette conjecture, que les anciens avaient sur ce sujet im- 
portant des connaissances et une théorie plus étendue 
qu’on ne le pense communément. On croit que Démé- 
tius vivait durant le II siècle de notre ère. 
DÉMOCRITE, l’un des plus célèbres et des plus il- 
lustres philosophes de l'antiquité, naquit, suivant l’o- 
pinion le plus généralement adoptée par les chronolo- 
gistes, à Abdère, ville de la Thrace, dans la 3° année 
de la 77° olympiade (450 avant J.-C). Pour donnerune 
idée de ja fortune et de l'illustration de sa famille, 
Diogène Laërce prétend, probablement d’après des 
annalistes plus anciens, que son pére offrit l'hospitalité 
au fastueux Xercès et à sa nombreuse suite. Suivant cette 
tradition, le roi, touché des soins généreux dont il 
avait été l’objet, laissa des Chaldéens et des Mages auprès 
de son hôte pour qu'ils fissent l'éducation de son fils. 
Ce serait à cette circonstance que Démocrite aurait dû 
les connaissances morales et scientifiques qu'il répandit 
bientôt après dans la Grèce étonnée. Malheureusement 
ce fait est difficile à accorder avec l'invasion des Perses 
qui n’eut lieu qu'environ dix aus après l'époque où l’on 
croit pouvoir placer Ja naissance de Démocrite, Quoi 
qu'il ea soit, après la mort de son père, le philosophe 
abdéritain se tronya maître d’une fortune immense dont 
il abandonua la plus grande partie à ses deux frères ; il 
nese réserya que lFargent comptant, qui se montait, 
dit-on, à cent talents, somme qui équivaut à un peu 
plus d’un denu million de notre monnaie, et, inspiré 
par l'amour des sciences , jl se mit à parcourir le monde 
civilisé, l'Égypte , la Perse et l'Inde, IL vint ensuite 
dans la Grèce, où il écouta les philosophes Leucippe, 
Socrate et Anaxagore, De retour dans sa patrie, il éluda 
la loi qui privait des honneurs de la sépulture quiconque 
avait dissipé son patrimoine, en lisant à ses concitoyens 
son Traité sur le grand monde. Le peuple, charmé de 
la beauté de cet ouvrage, décerna à Démocrite les plus 
grauds honneurs, et décida que ses funérailles seraient 
faites aux frais du trésor public. Nous ne suiyrons pas ce 
philosophe dans toutes les phases de sa vie, et il nous 
suffira d'exposer ici quelques parties de son système qui 
mériterait un examen approfondi et détaillé, La plupart 
de ses idées sur le monde physique et moral appartien- 
nent à l’école de Pythagore et à la secte Eléatique, dans 
laquelle on enseignait le système des atomes et du vide, 
Socrate disait de Démocrite, qu'il était digne d’être 
comparé à ceux qui remportaient Ja palme dans les cinq 


DE 425 


espèces de combats des jeux olympiques. M faisait ainsi 
allusion à l’étendue et à l’éclat de ses connaissances. 
Suivant Cicéron, son style avait toute l’éloquence et 
toute la beauté de celui de Platon; ainsi, à ia puissance 
de la pensée, Démocrite joignait la puissance de l’ex- 
pression. En parcourant la liste de ses ouvrages, dont 
les titres nous ont été conservés par Diogène Laërce, on 
voit que l'histoire naturelle , l'anatomie, la médecine, 
la morale, les lettres , les arts, la géométrie et la phy- 
sique occupèrent tour à tour les méditations de cet 
esprit supérieur. Sous ces derniers rapports, les opinions 
et les travaux de Démocrite appartiennent essentielle- 
ment à l’histoire de la science. 

La géométrie fut un des principaux sujets des études 
de Démocrite; on conjecture, d’après les titres de 
quelques-uns de ses écrits, qu’il exposa l’un des premiers 
Ja doctrine élémentaire sur les contacts des cercles et des 
sphères, sur les lignes irrationnelles et les solides. 
Vitruve l’associe à Anaxagore, dans l'invention de la 
perspective et de l'optique, dont il démontra les prin- 
cipes dans un traité intitulé : Actinographia, ete. Aucun 
des ouvrages de Démocrite sur l'astronomie physique et 
mathématique n’a malheureusement résisté aux ravages 
du temps, et nous sommes obligés de nous en tenir à 
des conjectures d’après les titres des ouvrages qu'il con- 
sacra à cette science. Il paraît avoir proposé un nouvel 
arrangement du calendrier grec, il a publié des éphé- 
mérides et une uranographie, et on lui attribue une 
hypothèse heureuse sur la constitution de la voie lactée: 
son éclat, disait-il, n’est autre chose que la clarté réunie 
d’une multitude de petites étoiles, dont chacune en par- 
ticulier échappe à notre vue, Nous avons plus de ren- 
sejgnemens sur son système physique de l'univers, sys- 
tème remarquable où l’on rencontre un grand nombre 
d'idées reproduites plus tard par l'illustre Descartes. Dé- 
mocrite attribuait le mouvement et la formation des 
corps célestes à des tourbillons d’atomes, qui ayant 
adhéré Jes uns aux autres, dans des circonstances par- 
ticulières, avaient formé des concrétions sphériques. Il 
pensait que le mouvement propre des planètes d'occi- 
denten orient n'était qu’une apparence, qu'il n’y en 
avait qu'un seul dont la direction était d’orient en occi- 
dent; majs que Les planètes les plus voisines de notre 
globe, étant les plus éloignées du premier mobile, 
obéissaient moins à son mouvement et restaient en ar- 
rière, d’où naissait leur mouvement apparent vers 
lorient. Les idées fondamentales de Démocrite ont été 
assez heureusement réduites dans les propositions sui- 
vantes ; — Le savoir de l’homme n’est que le sentiment 
de ses propres affections. — Rien ne se fait de rien, et 
ne peut se résoudre en ce qui n’est pas; donc tout ce qui 
est, est composé de principes subsistant par eux-mêmes. 


Ces principes sont les atomes et le yide, — Dans tout ce 


4224 DE 
qui existe il n’y a de véel que ces deux principes. Les 
atomes sont infinis en nombre, comme le vide l’est en 
capacité. — Le mouvement des atomes n’a point eu de 
commencement, il est de toute éternité : par lui les 
atomes s’attirent, se vepoussent, s'uuissent, se séparent, 
et de ces unions , de ces séparations résultent la compo- 
sition et la décomposition de tous les cerps.—Les corps 
ue diffèrent entre eux que par le nombre, la figuie et la 
disposition réciproque des atomes dont ilsse composent. 
—Les mondes eux-mêmes disséminés n'ont pas une autre 
‘origine et sont soumis aux mêmes variations. Le mouve- 
ment rapide des atomes est la seule ame qui pénètre ces 
mondes avec l’activité du feu, etc. 

On croit que Démocrite mourut dans un âge très- 
avancé. 

DEMI. C'est la moitié d’un tout; ainsi, on dit un 
demi-cercle, pour la moitié d'un cercle, un demi-dia- 
mètre pour la moitié d'un diamètre, etc., etc. 

DEMI-LUNE. Ouvrage en forme de flèche, qui a 
pour. capitale la droite perpendiculaire sur le milieu de 
la courtine. Dans son intérieur est construit un ouvrage 
semblable qui porte le uom de réduit de la demi-lune. 

Ces deux ouvrages, qui sont séparés de l'enceinte par 
le fossé du corps de place, font partie des dehors, et 
ont pour but de donner de la force au système. Woyez 
FoRrTiFICATION. | 

DÉMONSTRATION. Raisonnement par lequel on 
établit la vérité d’une proposition. 

Démontrer, c'est décomposer la proposition énoncée 
pour la ramener à ses élémens et la faire dépendre d'une 
autre proposition déja démontrée ou évidente par elle- 
inème. Toute démonstration suppose donc l'existence 
de certaines propositions dont la vérité ne peut êwe 
mise en doute, ou plutôt toute démonstration postule 
un criterium de la vérité qui lui sert de base ; car sans 
un tel criterium , il serait impossible de s'élever à au- 
cune certitude ; or, il existe trois criterium logiques, 
et conséquemment, trois modes différens de démonstra- 
tions; ce sont 

1° LE PRINCIPE DE CONTRADICTION ET D'IDENTITÉ; 

2° LE PRINCIPE D'EXCLUSION ; 

3° LE PRINCIPE DE RAISON SUFFISANTE, 

Sur ces trois principes reposent les trois propositions 
générales suivantes qui sont les fondemens de toutes nos 
connaissances. 

15 deux objets sont identiques, tout ce que l’on peut 
affirmer de l'un peut étre cgalement affirmé de l'autre. 
— Lorsqu'on ne peut affirmer d'un objet tout ce que 
l’on peut affirmer d'un autre; ces deux objets ne sont 
voint identiques. 

2° L'eix objets quis’excluent mutuellement ne peu- 
vent exist2r ensemble. 


3°Une proposition dont la conséquence est fausse, est 


DE 


nécessairement fausse. — Une proposition dont toutes 


les conséquences sont vraies est nécessairement vraie. 

Les démonstrations mathématiques reposent en gé 
néral surle principe de contradiction 

DENDROMÈTRE (Géom.)(de divdper, arbre, et de 
æsrper, mesure). Instrument pour mesurer le diamètre 
et la hauteur des arbres. 

DENEB (4str.). Mot arabe qui signifie queue, et dont 
les astronomes se sont servis pour désigner quelques 
étoiles comme Deneb adigege, la Queue du Cygne, Deneb 
algedi, la Queue du Capricorne. 

DÉNOMINATEUR (Arith.). Celui des deux nombres 
d’une fraction qui indique en combien de parties l'unité 
est divisée ; on l'écrit au-dessous de l’autre nombre, en 
les séparant par un trait. Par exemple, dans la fraction 
3 


5 trois quarts, 4 est dénominaleur, et indique que 


l'unité est divisée en 4 parties. Foy. ALGÈbrEe, n° 12 et 
Fracrion. 

DENSITÉ (Phys). Rapport de la masse d’un corps 
à son volume ou quantité de matière que contient un 
corps sous un volume déterminé. De deux corps égaux 
en volumes, tels qu’un centimètre cubed’or el un centi- 
mètre cube de bois de chêne, le plus dense est celui 
qui est le plus pesant, et par conséquent qui contient le 
plus de matière ou qui a la plus grande masse. La 
masse est toujours proportionnelle au poids. 

Les densités de deux corps quelconques qui ont un 
même volume sont donc en rapport direct des masses; 
et les densités de deux corps qui ont la même masse sont 
en raison inverse des volumes. 

En combinant ces deux propositions on en déduit la 
proposition générale suivante, d’où découle toute la 
théorie de la densité : Les densités de deux corps sont 
en raison composée du rapport direct des masses el du 
rapport inverse des volumes. 

Désignant donc par D et D' les densités de deux corps 
dont les masses sont M et M'et les volumes V et V', 


nous aurons 


M M' 
(TN SD D PES 

Vo 
Les masses étant proportionnelles aux poids, nous pou- 
vons poser cette autre proportion 


(2) La DiD'Hg: E 


P et P' représentant les poids. 

Pour comparer les densités de plusieurs corps, il suffit 
donc de connaître leurs poids et leurs volumes; car si 
par exemple on sait qu'un premier corps, dont le vo- 
lume est de 3 centimètres cubes, pèse 4 grammes, et 
qu'un second corps, dont.le volume estde 5 ceutunètres 


cubes , pèse 7 grammes, on a 


d’où l’on conclut que la densité du premier corps est à 
celle du second comme 20 : 21. 

Les densités relatives des corps prenennt le nom de 
pesanteurs spécifiques, lorsqu’en les comparant sous des 
volumes égaux, on prend l’une de ces densités pour 
unité ou pour terme de comparaison, Ainsi ayant trouvé 
que 5oo centinrètres cubes d’or pèsent 9750 grammes, 
que 500 centimètres cubes d'argent pèsent 5237 gram- 
mes et que oo centimètres cubes d’eau distillée pèsent 
500 grammes, et sachant d’après (2) qu'à volume égal 
les densités sont comme les poids, on en conclut que les 
densités de l’eau, de l’or et de l'argent sont entre elles 
comme les nombres 500, 0750, 5237. Or, en divisant 
ces trois nombres par 500, pour rendre le premier 
terme égal à l’unité, leurs rapports ne changent pas : 
donc ces densités sont encore entre elles comme 
1: 19.5 : 10,474; C'est-à-dire que la densité de l’eau 
étant prise pour unité, celles d’un méme volume d’or 
et d'argent, ou, ce qui est la même chose, les pesan- 
teurs spécifiques de l'or et de l’argent sont représentées 
par 19,5 et 10,474. 

Si l’on pouvait mesurer avec exactitude le volume des 
corps solides, il suffirait d’une balance pour déterminer 
leur densité; mais, dans le plus grand nombre des cas, il 
est impossible d'obtenir cette mesure géométriquement, 
et, dans tous, il est beaucoup plus prompt et plus exact 
d’avoir recours aux moyens fournis par l'hydrostatique. 
On sait qu’un corps solide plongé dans un liquide y perd 
une partie de son poids égale à celui du volume d’eau 
qu’il déplace; ainsi en pesant dans l’eau plusieurs corps 
qui ont un même poids dans l'air, c’est-à-dire, en pe- 
sant, par exemple, dans l’eau un kilogramme d’or et un 
kilogramme d'argent, les pertes éprouvées en poids 
seront les poids respectifs des volumes d’eau déplacés 
par l'or et l'argent, volumes nécessairement égaux à 
ceux des kilogrammes d’or et d'argent et dont le rap- 
port est le même. Mais d’après (1) et (2), lorsque les 
inasses ou les poids sont les mêmes, les densités sont en 
raison inverse des volumes; ainsi, ces volumes étant 
dans le rapport du poids des quantités d’eau déplacées, 
il s’en suit que les densités sont en raison inverse de ces 
mêmes poids et que l’on parvient de cette manière à 
déterminer les densités sans avoir besoin de connaître 
le volume des corps. 

C'est pour cet objet qu'on a inventé la BALANCE 
XV , jig. 3. Sous 
chaque bassin se trouve un crochet, à l'un desquels on 


HYDROSTATIQUE, l'eprésentée PL. 


attache avec un crin où un fil très-délié l’objet dont on 
veut connaître la densité. On met des poids dans l’autre 


bassin, pour connaitre le poids absolu de cet objet, 


DE 425 
qu’ensuite on plonge dans l’eau : l'équilibre se rompt; 
pour le rétablir, on met des poids sur le bassin du côté 
du corps, et ces poids font connaître celui du volume 
d’eau déplacé. 

Il n’est pas même besoin que les corps dont on veut 
connaitre la densité relative aient le même poids ab- 
solu , car P et P' étant les poids absolus de deux corps, 
et pet p'les poids qu’ils perdent lorsqu'on les pèse dans 


! 
l’eau, les rapports + 5 réduits au même dénomina- 
: p P' JP se 
teur deviennent > : D; on peut considérer PP" 


comme le poids commun, et pP', p'P comme les poids 
perdus. 

Pour déterminer la densité relative des liquides, où se 
sert encore de la balance hydrostatique, ou d’instrumens 
nommés aréomètres (voy. ce mot). Quant aux corps 
gazeux on évalue leur densité par la différence entre le 
poids d’un ballon de verre rempli d’un gaz et le poids 
du même ballon dans lequel on a fait le vide. Nous em- 
prunterons à l’Ænnuaire du bureau des longitudes la 
table suivante des pesanteurs spécifiques d’un grand 
nombre de substances: c’est la plus exacte et la plus 
complète qui existe. 


Pesanteurs spécifiques des gaz, celle de l'air étant prise 


pour unité. 
ee . Noms 
Densités  Densités 
Noms des gaz. trouvées, calculées, des 
observateurs, 
ILES à cute ments en LOO0DD ere con eee scores 
Gazhydriodique.. 4,443 4,340 Gay-Lussac. 


Gaz fluo-silicique.. 3,573 ...... John Davy. 
Gaz chloro-borique 3,420 .....: Dumas. 


Gaz chloroxi-carbo- 


DIQUE are ee + +0 0! ose DID ee 


CRC 


Hydrog.arseniqué. 2,695 2,695 Dumas. 
{ Gay-Lussac et 


ÜÙ  Thénerd. 


Oxide de chlore... ..:..."2:315 ‘..5..: 


Chlorer:-....../2/7014,2,420 


Acide fluo-borique. 2,3 John Davv. 


Acide sulfureux.. 2,234 : Thénard. 
Cyanogène....... 1,806 1,619 * Gay-Lussac. 
Hydrog.phosphoré 1,761 ...... Dumas. 
Protoxide d'azote. 1,520 1,527 Colin. 


Acide carbonique... 1,5245 .. Berzélius, Dulong. 

Acide hydro -chlo- 
TIQUE Te. see . Biot et Arago. 

Hydrogène proto- 
phosphoré ..... 1 Dumas. 


Acide hydro-sulfu:} { Gay-Lussac et 


1O12 = sheet 
1,101 | 


TIQUE ER ere Thénard. 
OxXIPenC re etre MIAIODO Set . Berzélius, Dulong. 
6 2? 2 


54 


426 DE DE 


Son dés gi: Densité _Demsités Noms Lait. cr ado taire Se 1,09 
è d observateurs, Eau distillée.. .., D re nacre ; 1,0000 
Deutoxide d’azote. 1,0388 1,0364 Bérard. Vin de Bordeaux. .......... rise 0:0939 
Hydrog.bi-carbon. 00700 ec. Th. de Saussure. Viu de DOUTROBNE.. css seen RS 0,9915 
AZOLE - fo se 10070 ot Berzélius, Dulong. Huile d’olive........ des esmoee 0,9153 
Oxide decarbone.. 0,957 0,967 Cruikshanck. Ether MUTIALIQUESS see asie » » eee De 0e ae 0,874 
Ammoniaque..... 0,5967 0,5910 Biot et Arago. Huile essentielle de térébenthine. ...... 0,8697 
Hydrog. carb. des Bitume liquide dit raphte............. 0,8475 
marais......... 0,555 0,559 Thomson. AICOOL ABSOÏUS Een te serre ere 0,792 
Hydrogène. ...... 0,0688 ...... Berzélius, Dulong. Ethel SUIIUrIQUe: - saone sata: 0,7155 
Pesanteurs spécifiques des vapeurs, celle de l'air étant Solides. 
prise pour unité, et les vapeurs élant ramenées par le be 
caleul à 0 et 0,76. | nd DORE Die ++.  22,06090 
Platine pue klafilière ss. ent 21,04 cv 
AIRE dei de ec dé se 1 0000 ae a lee Sole e De Pa D 
Bi-chlorure d’étain.... 9,199 8,993 Dumas. Leg ES MNT TE Hi 
Vapeur d’iode........ BIG 0 us id Or P : Les RUN ETS eh DR 
Vapeur de mercure... 6,976 ..... id (OCT tornrees Ne 19,258r 
Vapeur de soufre. .... 6 E1 0 MSI 7 2 er op 5) D OR Eee SOU : g 
Proto-chlorured’arsenic 6,300 6,297 id. Ploinb fnduss NS RE eu era 
Chlorure de silicium... 5,939 5,959 id, . RU LEONE DT EURE Pas 
Ether hydriodique. .. ,4749 ..….… Gay-Lussac. ee CARTE D LT EL 5,8 
Camphre ordinaire... 5,468 5,314 Dumas. Rhodium....1.....-.. CPE tn EE LE A 3 # | 
PE e 5éog 5,241 D. et Boullay. Argent fondu . :. 2. sossdossosessése  10,4743 
Ethér oxaliqhes 5428, 8,087 5,081 id. Re fondu: sue stérile eds pe : 9,822 
Proto-chlor. dephosph. 4,875 4,807 Dumas. PA énfils essais. PEER ET CEE Don 
ES ace de terchenthine 45163 4,765 id. CEA Ionge fondu ss sois site als s 5: 87880 
Chlorurejaunedesoufre 4,730 ...... id. ee susitidle crues has Le 
Naphtaline........... 4,528 4,492 id. trs a LUDO A S CR sa 
Vapeur dephosphore.. 4,355 4,325 1 ickel' fondu asstéese égntlant nt 5270 


; Ufranés. 4h 48 se She eee 8 dir 
Chlorurerougedesoufre 3,700 ...... id. d 


Liqueur des Hollandais. 5,443 ...... Gay-Lussac. NP AGREE ARS RE SDS nue 
Re Lu Cobalt fondu....... Mes Le SE Sen “. _7,8119 
Acide hypo-nitrique... 3,180 ...... Dulong. ” bari du 
Ether acétique....... 3,067 3,066 D. et Boullay. a a a RE Lis) ” 
Sulfure de carbone.... 2,644 ...... Gay-Lussac. nn CES * 779 
: Fer fondu......:....r4ie... 5355, © | 9,2070 
Ether hyponitreux.... 2,626 92,606 Dum. et Boul. ne 
: ne Zinc'fondu:53%32: 8300000 EE A 6,867 
Ether sulfurique. ..... 2 060 - ce Gay-Lussac. AE 6 
Éther hydro-chlorique. 2,212 eee Thénid. Antimoine fondu..,....,.... CSP ETAPE ;712 
; A | Fellure:::45s 12e es CE 6,115 
Chlorure de cyanogène. 2,111 2,112 Gay-Lussac. É : 
Eco É Ghronie MERS ee MN ea enL 5,9 
(Esprit pyro-acétique... 2,019 2,020 Dumas. Fu ais 
Alcool... 10188... Gay-Lussac. mi “ IDE are RU pre 
|Acide hydro-cyaniqne.. 09476 0,9360 id. path pesant..... ECC PR D AMC LE k 
e : Jargon de Céylans see. cote 4,416r 
Eau..........:....., 0,6235 0,624 id. ss 
Rubis oriental........ A CE 4,2833 
His j 
iPesanteurs spécifiques des liquides et des solides ,; celle Sap us PER NES FE L Fa 
de l'eau ctant 1 à 18° centigrades. Saphir du'Bresilir. ect en renee É 1307 
Topase orientale...,.,,..... RS arte 4,0106 
ACIDE SULUTIQUE.. secs sos e 0 0 1,8409 Topase\de Saxe... 17e: ENS :50 70 
ACIdeMITEUR see asec ose o se 1,550 Bénil'oriental.. 25m 2 RES Mess emes 3,5489 
Eau de la mer Morte....,......,.,.. 1,2403 Diamans les plus lourds (légèrement co- 
AGUE HILTIQUE. <>. esecese LA IONÉS en TOSC) ep eRerrereecce 3,5310 
PA 0e A Mélsrsss secs me ese cc 1 0209 — les plus légers. .... SDS ONE CE + 3,5010 


La. 


DE 


Flint-glass (anglais). . .5.....4 0 3,3203 
Spath fluor (rouge)................:.  3,1911 


Mauemäline(vente)..e, sise sie einen e ol 0 3T0DD 
A BhEste RAM eee ns eenmensrlemen ce1ts »2,0008 
Marbre de Paros (chaux carbonatée la- 

mellaire) nero eme 120070 
Quartz-jaspeonyx...................  2,8160 
Emeraude verte. ........s.......s.e  2,7705 
Perles. eee ds ass dense cesse 27000 


Chaux carbonatée cristallisée.........  2,7102 
Quartz-jaspe....................... 2,701 
Cnrail uemuos tion, eee 3: 72,660 


Cristal de roche pur................. 2,6530 


Quartzagathe..................0... 2,615 
Feld-spath limpide..................  2,5644 
Verve de Saint-Gobain.....,......... ,4882 


2 
Porcelaine de la Chine.....,......... 2,3847 
3 


Chauxsulfatée cristallisée. ............ - 2,3117 
Porcelaine de Sèvres................  2,1457 
SOnrena tisse ee se sages tee sons see 0 1230990 
Ivoire ......oessessosvessesesssesse 139170 
AIDALTES cos coment echec else til 150740 


Anthraciteñadetnhatn les se deniers 1, 


8 

Mansion dessein s Tin sn 110,720 
Houille compactes. ......s.ssecssees, 1,3 

JAVEL ee CR oem ee oo emo ces à D 1,209 
SUCCIN s4e es etes se se eee es Eh ee 
Sodinmedereneht es dec ans esters 00720 
Glace mem Aie ermrembs eme 03000 
POtASS Me eee er eeects eee t LO;O0DI 
Boisderhétres sas sde. 
Eréner che scusemerte etes 
HP net ecoles dem eseceseee#% 0007: 
Bois diOrme: ets eme esesc esse 10000 


Pommier. 1.440 2810 Ja ER Ron 33 


Bois d'oranger... ....eseses sosonese 0,709 
Sapinijaunessse seseomeneeessossses 03007 
EURE RE RE Se Less aen oise see 1 0004 


Bois de ayprès 252000. 00,500 


Boisde dresse. 2.0. 1.020 /0,)07 
Peuplier: blanc.d’'Espagne........... 0,529 
Bois deshssalpass 2 ds rare uace 0,402 
Peuplienordinaire es 204 see. 0,383 
Liège Hire PR T lee a 200; 240 


Pour établir une liaison entre les tables de pesanteurs 
spécifiques qui précèdent, nousajouterons que, d’après 
les recherches de MM. Biot et Arago, le poids de l'air 
atmosphérique sec, à la température de la glace fon- 
dante , et sous la pression de 0”,76 est, à volume égal, 


nie de celui de l’eau distillée. 
770 


Par une moyenne entre un grand nombre de pesées, 
on atrouvé qu'à zèro de température et sous la pression 


DE 2427 


de 0»,76, le rapport du poids de l’air à celui du mercure, 
est de 1 à 10466. 

Ces tables, dont l'usage est si important en physique, 
donnent la solution d’un problème intéressant; elles ser- 
vent à déterminer le poids absolu d’un corpsäl’aidedeson 
volume et réciproquement. Par exemple, on veut savoir 
ce que pèse un morceau de fer fondu dont le volume 
est de 125 décimètres cubes; cherchant, dans la table des 
solides , la pesanteur spécifique du fer fondu, on trouve 
le nombre 7,207 qui nous apprend que les densi- 
tés de l’eau et du fer sont comme 1 : 7,207; il suffit 
donc desavoir ce que pèsent 125 décimètrescubes d’eau, 
et de multiplier ce poids par 7,207 pour connaître le 
poids de 125 décimètres cubes de fer. Or, la base de 
notre système de poids est que 

i centimètre cube d’eau distillée pèse un gramme; 
conséquemment 

1 décimètre cube, qui vaut 1000 centimètres cubes, 
pèse 1000 grammes ou 1 kilogramme. 

125 décimètres cubes d’eau pèsent donc 125 kil., et 
125 décimètres cubes de fer fondu pèsent 125 X 7,207 
ou 898 kil. , 875. 

Si au contraire on demandait le volume d’un mor- 
ceau d'ivoire pesant 255 grammes , la pesanteur spécifi- 
que del’ivoire, 1,917, donnée par la table, nous apprend 
que le poids d’un centimètre cube d’eau étant r gramme 
celui du centimètre cube d’ivoire est 1 8,g17: ainsi divi- 
sant 255 grammes par 18,917, on aura le nombre de 
centimètres cubes contenus dans le morceau d'ivoire ou 
son volume. Ce volume est donc égal à 133 centimètres 
cubes, plus -525. 

La densité des corps n’est pas toujours la mêmé, car 
l’action de la chaleur qui les dilate plus ou moins aug- 
mentant leur volume sans augmenter leur quantité de 
matière, fait varier la densité, il est donc essentiel 
lorsqu'on veut faire des expériences de ramener les 
corps à la même température, et c’est au manque de ce 
soin que sont dues les différences qui existent entre les 
tables de pesanteurs spécifiques données par plusieurs 
physiciens. 

Densité pe LA TERRE. La détermination de la densité 
de la terre, comparée à celle de Veau où d’un autre 
corps connu, a vivement excité l'intérêt des mathé- 
maticiens; et quoiqu'il paraisse au premier aspect que 
la solution d’un tel problème est impossible, la science, 
cependant, est arrivée à des résultats qui, s'ils ne sont 
pas entièrement exacts, ont du moins le mérite d’une 
approximation assez élevée. 

La densité de la terre est une densité moyenne résul- 
tante des densités de tous les corps qui la composent, 
et il est évident que chaque partie isolée de la terre pos- 
sède une densité particulière; ainsi, par cette expression, 


nous entendons la densité movenne de la masse entière 


298 DE 

dela terre, 2n un mot le rapport qui existe entre s0# 
poids et celui d’un égal volume d'eau, puisque nous 
avons pris l’eau pour terme de comparaison. 

La première idée de déterminer la densité de la terre 
est due à Bouguer, elle lui fut suggérée par la déviation 
du fil d’aplomb de ses instrumens ; occasionnée par l’at- 
traction du mont Chimboraco, pendant qu'il était oc- 
cupé à mesurer un degré du méridien près Quito, dans 
le Pérou. 

La quantité de cette déviation ne fat pas exactement 
déterminée ; mais trente-quatre ans après, le célèbre as- 
tronome anglais, Maskeline, mesura avecle plus grand 
soin la déviation du fil à plomb produit par l'attraction 
de la montagne Schchallien en Ecosse, et il devint dès 
lors possible de comparer la force attractive de la mon- 
tagne à la force attractive de la terre entière, et con- 
séquemment la densité de la montagne à celle de la 
terre. Hutton, après des calculs immenses, évalua cette 
densité à 4 +, celle de l’eau étant 1, mais il avait pris 
pour base une approximation de la pesanteur spé- 
cifique de la montagne au-dessous de celle qu’elle devait 
avoir, et depuis, de concours avec le professeur Playfair, 
il recommeuca ses calculs et fixa la densité à 5. 

À l’aide de semblables principes, mais en employant 
des procédés entièrement différens, Cavendish a établi 
que la densité de la terre est à celle de l’eau, comme 
5,48:71. Ainsi, prenant une moyenne entre ces divers 
rapports ; nous avons celui de 5,24 : 1 qui est probable- 
meuttrès approché. 

Dexsiré Des PLanÈTEs. Les densités des corps étant 
daos le rapport composé du rapport direct des masses et 
du rapport inverse des volumes (1), lorsque deux de ces 
choses sont données, il est facile d’en conclure la troi- 
sième : ainsi, le problème singulier de déterminer la 
densité des planètes se réduit à celui de déterminer 
leurs masses (voy. PLanÈres). Ces masses, obtenues à 
l’aide des lois de l'attraction générale, donnent pour les 
densités, celle de la terre étant prise pour unité, 


Terres... 
Soleil::ttee 
Mercure... 


1,00000 
0,25226 
2,58330 
1,02400 
0,65630 
0,20093 
0,10349 
0,21055 


Vénus...... 
Mars. 55e 
Jupiter..... 
Saturne ..., 
Uranus..... 


Voy. Masse et PLanères. 


DENTS (Meéc.). Aspérités dont on arme la circonfé- 
rence d’une roue pour transmettre le mouvement qui 


lui est imprimé. Foy. EnGrenace. 


DÉRIVATION (Alg.). Opération par laquelle des 


DE 


quantités sont produites par d’autres en employant un 
procédé uniforme. Par exemple, gx étant une fonction 
quelconque de la variable +, on nomme dérivée diffé. 
rentielle de gx, la différentielle de cette fonction divisée 


; … dÿx 
par celle de la variable, ou la quantité Te 3 par 
suite 
af] 
dx 
dati 
nr dp x se 
est la dérivée de x °u la dérivée seconde de gx. 
[e 


Lorsque x est une variable indépendante, cette secoude 


2 3 


A A RU € = x 
dérivée s'écrit simplement PTS De même ETES est 
dx ax 
dx dx 


, Ou la seconde de 


la première dérivée de 
dx? dx 


, 


ou enfin la troisièmie de $r; et ainsi de suite. En gé- 


néral 


est la dérivée de l’ordre 72 de la fonction @x. 
Pourreudre ces dérivations plus sensibles soit gx =", 


dx" 


la première dérivée de æ" est ou maæm—1  (poy. 


dx 
DrrrérenTiez) ; la seconde est 


dima) ; dxm NEO 
, u — — 1] me, 
dx dx É d 
la troisième est 
dim(m—1)xm-2] dx» 
CE t =m{m—1)\m—2)2m—3 
dx dx? a X ) 


généralement la dérivée de l’ordre nest 
diam 

dan 

On voit queles dérivées successives de +, 


= m(m—1) (m—2).....(m—n+4i)xn-n 


AI 

m(m—1) xm—2 

m(m—1) (m—2) x"—3 
m(m—1) (m—2) (m—3) x—4 


es. nu ee . 


m(m—1) (m—2)...(m—n+4x) æn-n 


sont formées en déduisant chacune d'elle de celle qui 
la précède par le même procédé de dérivation ,savoir 
en la multipliant par l’exposant de +, et en diminuant 


ensuite cet exposant d’une unité. 


Cazcus pes pÉrivarions. Calcul fondé sur la dépen- 
dance réciproque des coefficiens des séries et présenté 
par Arbogast comme devant remplacer le calcul diffé- 
rentiel, et rendre inutile la considération de l'infini. 


DE 
. 

Lorsque l’ouvrage d’Arbogast parut en 1800, Îles 
principes matérialistes de lasecte encyclopédique étaient 
alors si généralement adoptés que les mathématiciens 
crurent y trouver lemoven, depuislong-temps cherché, 
d’écarter de leur science tout ce qui s'y trouvait en- 
core de trop intellectuel; et ceux que la méthode des 
limites (voy. ce mot) ne satisfaisait pas entièrement 
s'empressèrent de proclamer la supériorité du point 
de vue métaphysique du calcul des dérivations, calcul 
plus général que celui des fonctions analytiques (voy. ce 
mot) déjà proposé par Lagrange pour remplacer et ex- 
pliquer le calcul différentiel. Montucla, dans son Æis- 
toire des mathématiques, où plutôt son continuateur, 
ne craint pas de présenter le nouveau calcul d’Arbo- 
gast comme le point le plus élevé de Ja science des 
nomkres, d’en faire dépendre les progrès futurs de la 
science, et de rabaisser le calcul différentiel à n'être 
qu'un de ses cas particuliers. Un géomètre moderne a 
fait justice de ces étranges prétentions , et il est aujour- 
d'hui prouvé que le calcul des dérivations n’est qu’une 
méthode indirecte qui peut bien à la vérité, dans les 
applications, remplacer le calcul différentiel, mais qui 
loin de l'expliquer, ne peut être conçu, et n’a absolu- 
ment aucune signification sans ce calcul lui-même (voy. 
Philosophie de l'infini). Quant au petit nombre de 
résultats vraiment importaus auxquels sont parvenus 
Arbogast et ensuite Kramp à l’aide des dérivations, 
il est facile de les obtenir d’une manière directe et 
beaucoup plus simple par les procédés, d’ailleurs 
bien moins compliqués du calcul différentiel. Foy. Dir- 
FÉRENTIEL , POLYNOME, Puissance et RETOUR DES SUITE. 

DESARGUES (GEranrb), géomètre distingué, né à 
Lyon, en 1503. Il appartenait à une famille ancienne 
et pour obéir à d’honorables préjugés, il embrassa 
d’abord la profession des armes. Il se trouva au siége 
de La Rochelle où il connut Descartes; des goûts com- 
muns les rapprochèrent, et ils se lièrent ensuite d’une 
amitié solide et sincère. Désargues s’étant retiré du ser- 
vice vint à Paris, oùil entra dans la société de Chantereau 
Lefévre qui réunissait chez lui une sorte d’Académie 
de mathématiciens. Il y connut Gassendi, Bouillau, 
Roberval, Carcavi et Pascal ; quand Descartes eut pu- 
blié son livre des Principes, qui jeta les fondemens de 
sa réputation, Désargues prit chaleureusement sa défense 
contre Fermat et le P. Bourdin qui avaient attaqué 
quelques-unes de ses opinions. Il publia à peu près à 
cette époque, un traité sur les Sections coniques qui lui 
donna une place parmi les mathématiciens les plus re- 
marquables de cette époque. Sa réputation était telleque 
lorsque Pascal publia son traité sur le même sujet, Des- 
cartes l’attribua à Desargues, qu’il regardaiteommeleseul 
mathématicien en état de produire un semblable ou- 


vrage. Désargues quitta ensuite Paris, et revint à Lvon 


DE 429 


où n se livra entièrement à ses goûts pour l'étude et où 
il s’adonna surtout à la coupe des pierres; il se plaisait 
même à faire aux ouvriers, dont il était entouré, des 
leçons sur cette partie toute géométrique de l’architec- 
ture. Désargues écrivait avec pureté, mais soit timidité 
ou modestie, if confia à Abraham Bosse le soin de ré- 
diger ses ouvrages, et c’est à cette ficheuse circonstance 
qu'il faut attribuer l'obscurité dans laquelle ils sont 
tombés. Désargues mourut à Lyon en 1662, on a delui; 
—I. Traité de la perspective ; 1636 , in-f°. IT. Traite 
des sections coniques ; 1630, in-8°. HI. Ouvrages rédigés 
par Bosse.—La manière universelle pour poser l'essieu. 
— La pratique du trait à preuve pour la coupe des 
pierres. — La manière de graver en taille douce et à 
l’eau forte. — La manière universelle pour pratiquer 
la perspective. : 
DESCARTES (Rëwé). Ces hommes d’un génie 
rare et puissant qui semblent appelés par la Providence 
à imprimer un grand mouvement à la marche inteliec- 
tuelle du monde , n’appartiennent point au pays où ils 
sont nés, mais à l'humanité tout entière. Cependant le 
sentiment intime et profond de la nationalité ne consent 
point à se perdre dans la sainte fraternité des sociétés 
humaines , il aime à s’isoler et à s’enorgueillir d'une 
fraternité plus restreinte. L’italie se prévaut avec fierté 
du génie de Galilée , l'Allemagne de celui de Leibnitz, 
l'Angleterre de celui de Newton , la France a le droit 
de grandir son illustration de celui de Descartes. Tous 
ces esprits forts et hardis , qui ouvrent à l'humanité des 
voies nouvelles et qui la précèdent dans l'avenir, n’ap- 
paraissent qu’à de longs intervalles. Les grandes pen- 
sées ne viennent pas toujours à une époque assez bien 
préparée pour les accueillir. Trop souvent la parole par 
qui se révèle l’œuvre du génie, va parcourir un monde 
qui n’a point d’écho pour elle. Mais cette parole ne 
meurt pas et elle attend, brillante et féconde , dans le 
sanctuaire de la vérité, qu'ilse lève un jour favorable, 
où son retentissement sera immense , où tous les esprits 
pourront la comprendre. Ce jour semble arrivé pour 
l’immortel auteur du Discours de læ Méthode et de 
tant de brillantes découvertes dans les parties les plus 
élevées du savoir, dans les plus nobles spéculations de 


Ja pensée, La France intellectuelle et savante, si long- 


temps entrainée hors de la voie des grandes découvertes 
par un philosophisme sans autorité , renaît enfin aux 
clartés d’une philosophie plus digne de la sagacité mer- 
veilleuse dont elle est douée. Déjà elle contemple, dans 
une profonde douleur pour son long aveuglement, les 
statues qu'elle æélevées aux dieux usés de la secte ency- 
clopédique, dieux menteurs dont les autels sont ense- 
velis sous les ruines amoncelées par leurs funestes 
doctrines. Déja, dans un grand nombre d’écrits nouveaux 


inspirés par une fécoude pensée de rénovation et d’a- 


430 DE 
venir, le nom glorieux de Descartes est rappelé aux 
respects et à l'admiration de tous les hommes éclairés. 
Et nous qui venons apporter notre part de pensées au 
mouvement philosophiqueet progressifde notre temps, 
nous ne craindrons pas, dans cette rapide analyse de la 
vieet des travaux de Descartes, de proclamer hautement 
notre admiration profonde ponr cette noble et pure 
intelligence. 

Réné Descartes naquit à la Have, petite ville de la 
Touraine, le 31 mars 1506. Sa famille, originaire de 
la Bretagne, était noble , mais peu favorisée du côté de 
la fortune. Comme Newton , comme d’autres hommes 
de génie, À était d’une constitution maladive et débile 
qui causa, dans son enfance , de vives craintes a ses pa- 
rens. Cependant il fut envoyé de boune heuré à La 
Flèche pour y faire ses études, sous la direction des 
jésuites nouvellement alors établis daas ce collége, Il 
résulte des observations dont il fat l’objet de lu part de 
ses maîtres qu'il ne se distingua d’abord des autres élèves, 
ses condisciples,que parsonapplication plus vive à l'étude 
et par son goût pour l'isolement et la solitude ; on attri- 
buait ces peuchans méditatifs à la faiblesse de son organi- 
sation, qui le rendait triste et mélancolique. Mais déjà 
il vivait de pensées, déjà cet esprit fer et indépendant 
avait sondé l’abime de la philosophie scholastique, 
il avait apprécié la haute importance des mathéma- 
tiques et il cherchait dans sa raison un principe de vé- 
rité que ses études classiques ne lui avaient point révélé. 
Voici comment il nous initie lui-même à ces premiers 
élans de son génie : « J'ai été nourri’aux lettres dès mon 
» enfance; et parce qu’on me persuadait que par leur 
» moyen on pouvait acquérir une connaissance éclairée 
» et assurée de tout ce qui‘est utile à la vie, j'avais un 
» extrême désir de les apprendre. Mais sitôt que j'eus 
» achevé ce cours d’études au bout duquel on à cou- 
» tume d'être reçu au rang des doctes, je changeai en- 
» tiérement d'opinion, car je me trouvai embarrassé 
» de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait 
» w'avoir fait aucun profit en tâchant de m'instruire , 
» sinon que j'avais découvert de plus en plus moù 
» ignorance... Je crus que pour toutes les opinions 
» que j'avais reçues jusqu'alors en ma créance, je ne 
» pouvais mieux faire que d'entreprendre une bonne 
» fois de les en ôter, afin d'y en remettre par après, 
» ou d’autres meilleures, ou bien les mêmes lorsque 
» je les aurais ajustées au niveau de ma raison. » Nous 
reviendrons plus tard sur ces principes dont tous les 
travaux de Descartes ne sont en effet que des déduc- 
tions plus ou moins heureuses : achevons de jeter un 
coup d’œil rapide sur les événemens de sa vie. Au sortir 
du collége , à peine âgé de 19 ans, Descartes résolut de 
voyager, pour mettre en pratique ses nouvelles idées, 
tout voir par lui-même et chercher la vérité « dans le 


DE 
-. 
grand livre du monde.» Il prit le parti des armes, et 
servit successivement en qualité de volontaire dans les 
troupes de la Hollande et dans celles du duc de Bavière. 
« J'employai, dit-il , le reste de ma jeunesse à voyager, 
à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens de 
diverses humeurs et conditions. » Mais Descartes était 
doué d’une raison trop supérieure pour prendre réelle- 
ment parti dans les querelles sanglantes au milieu des- 
quelles il se trouvait. Le guerrier ne cessait pas d’être 
philosophe sur les champs de bataille; ils w’étaient pour 
lui qu'une grande scène ouverte à son observation. Ce 
mélange d'hommes de divers pays, avec toutes les pas- 
sions qui honorent ou affligent l'humanité, ces mouve- 
mens imprévus qui naissent des chances de la guerre, 
présentaient à cet esprit, calme au sein de l'agitation, 
solitaire parmi la foule, tous les moyens de vé- 
rifier par l'expérience les questions qu'il s'était posées; 
il continuait ainsi sur un plan vaste et nouveau les 
études les plus importantes, en appliquant aux faits et 
aux accidens dont il était le témoin les principes des 
sciences mathématiques et philosophiques, objets con- 
stans de ses méditations et de ses uavaux. On rapporte 
que se trouvant en garnison à Breda, il vit un jour un 
grand nombre de personnes rassemblées devant une 
affiche écrite en langue flamande ; c'était l'énoncé d’un 
problème mathématique , que suivant l’usage du temps, 
un géomètre inconnu proposait aux mathématiciens. 
Descartes n'avait pas jugé à propos d'apprendre le fla- 
mand et il pria un des spectateurs de lui traduire la 
proposition exposée ainsi à un concours public. Le ha- 
sard voulut que la personne à laquelle le jeune officier 
étranger s'adressa fût uu professeur du collège de Dort, 
nommé Bekman. Cedernier prit avec le militaire le ton 
de supériorité d’un pédant qui doute qu’un autre puisse 
s'élever à l'intelligence de ce qu'il ne comprend pas 
lui-même. Mais le lendemain Descartes lui apporta la 
solation complète du problème. Après avoir assisté à Ja 
bataille de Prague en 1620 et avoir été témoin des re- 
vers militaires dont la Hongrie fut ensuite le théätre, 
Descartes quitta la profession des armes et continua ses 
voyages, Il parcourut successivement la Hellande, la 
France, l'Italie, la Suisse et le Tyrol, il fit un assez 
long séjour à Venise et à Rome, toujours inspiré par le 
désir d'acquérir des connaissances nouvelles et de vé- 
vifier celles qu'il avait acquises. La plupart de ses bio- 
graphes s’étonnent avec raison que, durant son voyage 
en Italie, Descartes n’ait pas visité l'illustre Galilée, 
alors en possession de ses principales découvertes, et 
persécuté pour avoir produit quelques vérités sublimes. 
Descartes ne s’est jamais expliqué à cet égard, et l'on a 
remarqué que dans un âge plus ayancé il n'avait mari- 
festé aucune admiration pour le génie de Galilée. C'est 
qu’alors tout son système cosmo-physique était conçu 


DE 


dans sa raison et qu'il n'aurait pu , sans s’exposer à une 
évidente contradiction, louer des doctrines qui n'étaient 
point en harmonie avec les siennes. Mais ou sent que 
cette considération est bien faible : il vaut mieux re- 
noncer à expliquer une circonstauce inconcevable, dont 
la cause est demeurée cachée dans le profoud mystère 
de la pensée humaine. Au retour de ses voyages, Des- 
cartes voulut se livrer tout entier à la seule occupation 
qui lui parut convenir à un philosophe, celle de cultiver 
sa raison. Il pensa qu'il ne trouverait pas en France 
cette tranquillité dont il avait besoin, ce procul nego- 
ciis sans lequel les hommes d'intelligence se perdent 
daus la foule, et enfin cette liberté qui convenait sur- 
tout à la fière indépendance de son esprit. Il se retira 
en Hollande après avoir vendu une partie de son 
patrimoine. Ce fut sur cette terre étrangère que 
Descartes écrivit le plus grand nombre de ses ouvrages 
et qu'il élabora dans une laborieuse solitude les hautes 
pensées qui devaient le signaler au monde comme l’un 
des plus beaux génies qui aient jamais captivé son admi- 
ration. Mais ce fut là aussi, et quand une immense 
renommée accueillit ses travaux, que Descartes eut à 
lutter contre l'envie basse et cruelle qui s'attache aux 
succès les plus mérités et aux œuvres les plus éclatantes 
du génie, Nousne pouvons passer sous silence cette par- 
ticularité si importante de sa vie. Gisbert Voët ou 
Voëtius, premier professeur de théologie à l’université 
d'Utrecht, se distingua parmi les ennemis de la gloire 
de Descartes par un zèle frénétique , dont nous ne pou- 
vous plus nous faire une juste idée , dans l’état actuel 
de ros mœurs e& des relations sociales. Cet homme, 
abusant de l'influence que lui donnaient les fonctions 
dont il était chargé et de la réputation que lui avait 
acquise lhypocrite austérité de ses formes et de ses 
mœurs , fit d'abord combattre la doctrine de Descartes 
dans des thèses publiques, où l’on osait insinuer contre 
lui l'absurde accusation d’athéisme. Descartes athée ! lui 
dont toutes les spéculations philosophiques avaient eu 
pour but de démontrer l'existence de Dieu et l'immor- 


talité de l'ame ! 


Mais dans l’aveuglement de sa haine, 
le théologien protestant ne pouvait tenir compte des 
admirables propositions où l’illustre auteur des Hédi- 
tations s'élève souvent à la perfection la plus claire de 
ces augustes vérités. Voët eut l'audace d’écrire au père 
Mersenne pour l’engager asévir contreson ennemi en pre- 
nant en main la défense dela religion catholique , qu’il 
prétendait attaquée par la métaphysique de Descartes. 
Mais le père Mersenne était l'ami le plus cher du phi- 
losophe; de doux souvenirs se rattachaient à leur liaison 
qui avait commencé au collége de La Flèche. Le sa- 
vant religieux adressa à son ami sa réponse tout oùverte 

ct Descartes la fit parvenir à Voët, sans daigner y 
ajouter un seul mot, lui qui avait été si cruellement 


DE 431 
Outragé par son lâche adversaire. Voët ne perdit pas 
courage, il continua de déclamer contre la métaphy- 
sique de Descartes et de l’attaquer comme contraire à la 
religion : on sait que par une manœuvre infme, il 
parvint à faire condamner ses doctrines philosophiques 
par les bourgmestres d’'Utrecht, étrangesjuges , il faut 
Pavouer , dans des questions de ce genre! Ces persécu- 
tions aggravées par des calomnies de tout genre , par 
les accusationsles plus atroces, compromirent un moment 
la tranquillité de Descartes , qui , retiré alors dans une 
charmante solitude des environsde La Haye, accueilli et 
aimé de la princesse palatine Elisabeth, n’attachait au- 
cune importance à ces misérables attaques, et ne faisait 
rien par conséquent pour en prévenir l'effet. Mais 
quand sur l’odieux libelle , pour lequel Voët avait eu 
la lächeté d'emprunter un nom étranger, sa condam- 
mation eut été prononcée, le philosophe sortit de la 
réserve dans Jaquelle il s'était enfermé. Il n'eut qu’à 
paraitre pour déjouer la vile machination inventée pour 
le perdre ; mais alors il éprouva un profond découra- 
gement, et redoutant pour l'avenir les nouveaux cha- 
grins que pouvait Jui susciter la haine que sa magna- 
nimité ni ses talens n'avaient pu vaincre , il s’éloigna 
d’un pays qui avait été le théâtre de sa gloire et celui 
des plus étranges persécutions; il accepta alors l’asile que 
la célèbre Christine, reine de Suède, offrait à son génie. 

Les attaques de Voët firent de Descartes le chef d’une 
nouvelle école philosophique qui eut ses adhérens et 
ses adversaires; mais quel que soit le jugement dont ses 
doctrines ont pu être l'objet. l'infânre nom de son persé- 
cuteur est condamné à subir leur immortalité. 

On considère en général sous trois points de vue 
spéciaux le vaste génie de Descartes, et, séparant sa 
philosophie de ses découvertes en physique et en mathé. 
matiques, on a trop long-temps avancé que sous ce der- 
nier rapport seulement sa gloire était incontestable. 
Ainsi sa physique et sa philosophie n'auraient été que 
de sublimes erreurs pour lesquelles ses travaux mathé- 
matiques lui feraient trouver grâce. Nous ne pouvons 
admettre ces distinctions aussi injustes qu'arbitraires; 
et sans disconveuir que quelques-unes de ses hypothèses 
cosmo-physiques ne sauraient être admises, nous consi- 
dérons les doctrines de Descartes, dans toutes les bran- 
ches du savoir, comme un majestueux ensemble qu’on 
ne peut diviser; comme un tout dont les parties liées 
entre elles par la même pensée et déduites du même 
principe, ne sauraient être logiquement distraites les 
unes des autres: telle fat du moins l'opinion de son 
siècle , qui donna le nom de cartésianisme à l'ensemble 
admirable de ses doctrines. 

Descartes pensa par lui-même, il brisa le vieux joug 
de laphilosophie péripatéticienne, et m'admit de règles 


dans les choses de la raison que la raison elle-même, 


À52 DE 

Cette doctrine forma un grand nombre de penseurs. En 
invitant chaque homme à rentrer en lui-même et à 
partir de sa propre conviction , Descartes offrait un 
moven de ne pas même s’égarer avec lui, dans lasuppo- 
sition qu'il fût tombé dans quelques erreurs. Le service 
qu'ilrendit ainsi à la philosophie est immense; ilréforma 
la spéculation comme Coperric avait réformé l’astrono- 
mie, En brisant l'esclavage de la pensée il suscita uu mode 
actif de philosopher qui ruina le mode passif et historique 
en usage avant lui, et il ne suffit plus de jurer par la 
parole du maître pour triompher de toute idée raison- 
nable aux applaudissemens de l’école pédantesque de la 
philosophie aristotélique. La raison recouvra ainsi par 
lui sa féconde et puissante autonomie. 

Déjà, sans doute, le dogmatisme scholastique avait 
été attaqué, avant Descartes, par des hommes tels que 
Rabelais, Ramus, Sanchez, Montaigne et Charron, qui 
tous, dans les formes spéciales de leur talent et de leur 
caractère, l'avaient tour à tour poursuivi de leurs rail- 
leries cyniques, de leurs sarcasmes, de leurs graves ob- 
jections. Mais ils n'avaient pu Jui substituer qu'un 
scepticisme exagéré, qui n’était réellement que la né- 
gauon de toute science philosophique. Aussi, à peu 
près à la même époque, des hommes de foi comme 
Erasme et Mélanchthon , effrayés du néant que le pyr- 
rhonisme amenait dans la spéculation, prétèrent-ils à la 
scholastique l'appui de leur chaleureuse éloquence. Il 
ne faut pas s'imaginer d’ailleurs que la scholastique fût 
en elle-même une chose puérile, Les Thomas et les Scot 
n'étaient point des esprits superficiels ou grossiers. Ces 
hommes remarquables par l'étendue de leurs connais- 
sances et la subtilité de leur dialectique avaient du moins 
montré, dans toute son étendue , l'emploi que l'esprit 
humain pouvait faire de l'instrument logique. Ils avaient 
fait plus encore en purifiant , en intellectualisant l’idée 
de l'être suprème. Ainsi la scholastique mettait l'esprit 
humain sur le chemin d'une métaphysique rationnelle, 
et par cela même valait toujours mieux que l’empirisme 
et que le scepticisme. Telle fut l’œuvre de Descartes 
qui réalisa, par l'émancipation de la raison, cet inappré- 
ciable bienfait. 

La devise de l’école cartésienne fut celle - ci : 
« Pense par toi-même , et ne juge de rien sur parole. » 
Elle renferme l’une des règles les plus importantes pour 
l'esprit philosophique, et n’admet le doute que comme 
une préparation à l'examen. Cette école célèbre illustra 
la France etia fit comprendre parmi les nations les plus 
éclairées. Le cartésianisme fut successivement adopté 
par les esprits les plus forts, les plus élevés, les plus 
indépendans du siècle de Louis XIV , par les Bossuet, 
les Fénelon, les Mallebranche , par les principaux mem- 
bres de l'illustre congrégation de l'Oratoire, par les 


écrivains si distingués de la grande et célèbre école de 


DE 


Port-Royal, et enfin par une institution religieuse, au- 
jourd’hui déchue, qu'on n’a du moins jamais accusée 
d'ignorance. Si ces illustres adhésions ne suffisaient pas 
pour établir la profonde influence que le cartésianisme 
exerça sur son siècle et en même temps sa haute direc- 
tion, les sarcasmes de Voltaire et de son école prouve- 
raient assez qu'il était, pour l’empirisme du dernier 
siècle, un principe fort et vivant qui condamnait ses dé- 
plorables erreurs. 

Ainsi la philosophie de Descartes n’est pas tellement 
une faible conception qu’on n’en doive parler que pour 
mémoire, et, n’eüt-il point d’autres titres à l’admira- 
tion de la postérité, sa gloire serait encore immor- 
telle. 

Le principe rationnel que Descartes avait apporté dans 
la métaphysique, il dut l'appliquer aussi à la physique. 
Malgré la hardiesse et peut-être l’invraisemblance de 
quelques-unes de ses hypothèses, on est frappé de la fé- 
condité et de l'étendue de son génie en examinant l’en- 
semble de son système. Néanmoins son ingénieuse idée 
des tourbillons est presque la seule qu’on lui attribue 
généralement , comme s’il était possible d'arriver à une 
telle conception, quelle que soit, au reste, sa valeur 
scientifique, sans avoir parcouru un cercle immense de 


pensées et de recherches! 


mais que de sublimes décou- 
vertes n’a-t-il pas réalisées daus cesystème, etdecombien 
d’autres conquêtes scientifiques ce système n'a-t-il pas 
été la source ! aussi un écrivaio moderne a-t-il pu dire, 
avec raison: s’il s’est trompé sur les lois du mouvement 
il a du moins deviné le premier qu’il devait y en avoir. 
Ne serait-ce point aussi en soumettant à l'examen de sa 
haute raison les idées de Descartes, que le grand Newton 
s’est trouvé naturellement dans la voie de ses immor- 
telles découvertes? 

Lorsque Descartes écrivit son discours sur la diop- 
trique, la réfrangibilité inégale des divers rayons de la 
lumière n’était pas connue; cependant, outre une 
foule d'applications ingénieuses de la géométrie à cette 
science, son traité renferme une exposition de la véri- 
table loi de la réflexion , découverte immense que Huy- 
gens a voulu vainement contester à Descartes. Dans le 
traité des météores il a donné la véritable théorie de larc- 
en-ciel. Ainsi, comme sa philosophie, la physique de 
Descartes est empreinte de la pensée d’un génie puissant; 
et si, dans son système du moude et dans l'explication 
de quelques phénomènes naturels , il n’a pas aussi heu- 
reusement rencontré la vérité, est-ce sous ce rapport 
seulement que doivent être envisagés ses immenses tra- 
vaux, et à quelle hauteur ne faut-il pas être placé soi- 
même pour se prononcer sur les erreurs d'un tel 
homme? 

Les travaux géométriques de Descartes, qui doivent 
maintenant nous occuper, lui assignent à jamais je rang 


DE 


le plus élevé ÿa mi les hommes de génie qui ont déter- 
miné les progrès de la science. Ses droits, à cet égard, 
furent reconnus même par ses plus cruels ennemis ; et 
les théologiens hollandais, dont ileutà subirles attaques, 
rendirent hommage à la beauté et à l'importance de ses 
découvertes mathématiques. Mais nous avons eu raison 
de dire que la haute aptitude de Descartes, dans cette 
branche du savoir, découlait aussi du principe supérieur 
sur lequel il fonda sa philosophie. Cette idée n’est point 
nouvelle, et l'illustre Fontenelle avait dit avant nous, 
en établissant un parallèle entre Descartes et Newton : 
« Tous deux, géomètres excellens, ont vu la néces- 
sité de transporter la géométrie dans la physique; tous 
deux ont fondé leur physique sur une géométrie qu’ils 
ne tenaient presque que de leurs propres lumières. » Ce 
fut en effet par une faculté spontanée de sa raison que 
Descartes opéra dans les mathématiques une révolution 
heureuse; et, en effet, ses idées, exposées presque sans 
ordre et surtout sans développemens , sont produites 
dans sa géométrie sous la forme de principes que son 
génie se contente de dévoiler, sans daigner s’astreindre 
à en faire l'application. 

Le traité de géométrie de Descartes parut à la suite de 
la méthode , non pas comme on l’a dit, parce qu'il n’at- 
tachait aucun prix à des méthodes dont il était l’inven- 
teur et dont sa gloire devait cependant tirer le plus d’é- 
clat, mais parce qu’il avait été amené par le raisonne- 
ment, ou si l’on veut par la spéculation métaphysique, 
à la découverte de ses plus beaux théorèmes. 

La science doit à Descartes la connaissance de la na- 
ture et de l'usage des racines négatives , et il est le 
premier qui les ait introduites dans la géométrie; il a 
donné une régle pour déterminer par la seule inspec- 
tion des signes le nombre des racines positives et néga- 
tives, et il a ainsi enrichi la théorie d’'Harriot, d’une 
découverte que les injustes critiques de Wallis n’ont 
pu dépouiller de son caractère d'originalité et d'utilité 
aux yeux de tous les géomètres. On sait que la limita- 
tion de cette règle consiste en ce qu'il faut que l’équa- 
tion wait aucune racine imaginaire, Descartes , comme 
l'ont prétendu Wallis et Roberval, n’a point ignoré 
cette limitation , puisqu'il l'annonce lui-mème dans un 
autre passage de géométrie, en disant que ces racines 
tant positives quenégatives, ne sont pas toujours réelles, 
mais quelquefois seulement imaginaires. Wallis a refusé 
à Descartes , dans le même esprit d’injustice , une dé- 

“couverte fort importante dans l'algèbre c’est la mc- 
thode des coefficiens indéterminés, qui consistex supposer 
une équation avec des cocfficiens indéterminés, dont on 
fixe ensuite la valeur par Ia comparaison de ses termes 
avec ceux d’une autre équation qui lui doit être égale. 
Nous ne pouvons donner ici que l'énoncé des décou- 

* vertes et des tarvaux de Descartes dans la géométrie cet 


DE 


l'algèbre ; elles sont exposées au mot qui les concerne, 


455 


daus tous leurs développemens , c’est pourquoi nous 
passons sous silence les diverses querelles scientifiques 
auxquelles ces découvertes ont pu donner lieu, soit du : 
temps même de Descartes , soit après lui. 

L'application de l'algèbre à la géométrie est sans con- 
tredit une des plus belles découvertes de Descartes. 
Il est le véritable fondateur de cette science aujour- 
d’hui si féconde, désignée sous le nom inexact de Géo- 
métrie analytique. On avait bien avant lui appliqué 
l'algèbre aux problèmes de la géométrie, mais c’est à 
Descartes qu’est due entièrement cette méthode de con- 
struire l’étendue à l’aide des relations de deux quantités 
variables, Il est ainsi bien certain que ces découvertes 
dans la science, antérieures à Descartes, ne sont pour 
ainsi dire qu’élémentaires relativement aux siennes; 
et c’est réellement à ce qu'il y a ajouté qu'il faut 
fixer l’époque d’une révolution qui a si énergiquement 
favorisé les progrès de la géométrie. La méthode des 
tangentes que donna ensuite Descartes, doit tenir un 
rang distingué parmi ses découvertes , quoique depuis 
lui on soit parvenu à en imaginer d’une expression plus 
simple et plus commode. Il parle lui-même de sa mc- 
thode avec une sorte d'enthousiasme : « De tous les pro- 
blèmes, dit-il, que j'ai découverts en géométrie, il n’en 
est aucun qui soit plus utile et plus général, et c’est de 
tous celui dont j'ai davantage désiré la solution. » Plus 
tard Descartes proposa dans sa correspondance une autre 
méthode pour les tangentes, mais toutes deux sont 
fondées d’ailleurs sur les mêmes principes. 

Ainsi Descartes n’a abordé aucune des branches éle- 
vées du savoir sans leur imprimer lamarque de son génie. 
En mathématiques on lui doit d'importantes décou- 
vertes dans toutes les parties de l'algèbre et principale- 
ment dans la théorie des équations; l'application de 
l'algèbre à la géométrie et une ingénieuse méthode pour 
mener les tangentes aux courbes. Dans la physique ma- 
thématique, la théorie de l’arc-en-ciel, la loi de Ja 
réfraction et la démonstration du principe fondamental 
de la mécanique sont des découvertes inappréciables 
que la science doit à Descartes. On voit dans une des 
lettres de ce grand homme, écrite en 1631, qu'il avait 
reconnu ayant Torricelli la pesanteur de l'air et son 
action pour soutenir l’eau dans les pompes et les tuyaux 
fermés à une extrémité, puisqu'il y explique le phéno- 
mène de la suspension du mercure dans un tube fermé 
par le haut, en l’attribuant au poids de la colonne d’air 
élevée jusqu’au dela des nues. Il a enfin déterminé , 
par le principe rationnelqu'il a mis dans la philosophie, 
le grand mouvement intellectuel qui continue às’opérer 
dans l'esprit humain. 

Nousavons vu plus haut que l'illustre Descartes, pro- 
fondément affligé des injust:s persécutions que ses opi- 


55 


454 DE 

nions lui attiraient en Hollande, avait accepté l'asile 
que la reine Christine lui offrit à sa cour. Ce ne fat point 
cependant alors que la France se montra indifférente à 
la gloire de cet homme prodigieux. Ses doctrines y 
firent de rapides progrès, et le roi Louis XIIT lui fit en 
vain offrir ses faveurs. Il accepta plus tard du cardinal 
Mazarin une pension de 3,000 livres, qui lui fut exacte- 
ment payée, malgré les troubles politiques qui agitaient 
alors le pays. Il est vrai que l’année suivante le brevet 
d’une pension plus considérable lui fut adressé et que, 
quand il eut payé le: droits d'usage, il n’en entendit 
plusparler. Mais qu'étaicnt-ce en cffet que ces tristes et 
faibles rémunérations envers un homme comme Des- 
cartes , tandis qu’une foule de poètes et de comédiens, 
honorés dans sa patrie, y recevaient les récompenses qui 
ne sont dues qu’au génie? 

Le changement de vie que sa nouvelle position auprès 
dela reine Christine imposa à Descartes, altérèrent bien- 
tôt sa santé, qui avait toujours eu besoin des plus grands 
ménagemens. Le froid climat de la Suède et la tyrannie 
des habitudes de courtisan , qu'il fut obligé de prendre, 
abrégèrent sa vie, Atteint d’une fluxion de poitrine, il 
souffrit durant quelques jours et mourut à Stockholm le 
11 février 1650, à peine âgé de 54 ans. 

La reine de Suède donna des larmes à la mort de 
Descartes, elle voulut le faire enterrer dans le tombeau 
des rois, mais la Frauce réclama, par son ambassadeur, 
sa dépouille mortelle, qui néanmoin: ne fut transférée, 
de Stockholm à Paris, que dix-huit : ns après le doulou- 
reux événement qui avait privé le monde savant des 
vives lumières de son génie, et la France du plus grand 
homme qui ait jamais reçu le jour dans son sein. 

Les restes de Descartes furent déposés dans l’église 
de Sainte-Geneviève , et l'on inscrivit sur son tombeau 
l'épitaphe suivante quioffre un remarquable résumé de 
sa vie et de ses illustres travaux. 


D. ©. M. 
RENATUS DESCARTES, 

Vir supra titulos omnium retro philosophorum 
Nobilis genere, armoricus gente, turonicus origine 
[n Gallia Flexiæ studuit , 

In Pannonia miles meruit, 

In Batavia philosophus delituit, 

In Suecia r'ocatus occubuit. 

Tanté viré pretiosas reliquias 
Galliarum percelebris tune legatus, Petrus Chanut, 
Christinæ, sapientissimæ reginæ, sapientium amatrici 
Invidere non potuit, nec vindicare patriæ 
Sed quibus licuit cumulatas honoribus 
Peregrinæ terræ mandavit invitus, 

Anno 1650, mense fébruario , ætatis 54. 
Tundem post septem et decem annos 
Ingratiam Christianissimti regis 
Ludovici decimé queiti 


: DE 
Pirerum fns'gnium cultoris ct remunatorts 
Procurante Petro d'Albert 
Sepulchri p'o et amico violatore 
Patrie reddite sunt, 
Ein isto urbis et artium culmine positæ , 
Ut qui vivus apud exteros otum et famam quæsierat 
Mortuus apud suos cum laude quiesceret, 
Suis et exteris in exemplum et documentum futurus. 
I aunc viator , 
Et divinitatis, immortalis que animæ 
Maximum et clarum assertorem 


Aut jam credefèlicem: aut precibus redde. 


Nous ne croyons pas devoir ajouter ici la notice bi- 
bliographique des œuvres de Descartes, réimprimées 
plusieurs fois et sous tous les formats, elles sont connues 
de tout le moude. Il x avait daus le caractère de ce 
grand homme un mélange de douceur et de noble fierté 
qui annonçaient à la fois la pureté de son ame et l’élé- 
vation de son esprit. Il se laissa néanmoins emporter 
quelquefois par la vivacité de son imagination dans des 
querelles scientifiques où la raison n’était pas toujours de 
son côté; mais ce sont là de ces taches, comme celles du 
soleil, qu'on ne peut apercevoir qu'a l'aide de puis- 
sans instrumeus et qui n’altèrent pas plus la beauté de 
son géniequ'’elles n’obscurcissent l'éclat de cet astre. Du 
reste , tous les témoignages contemporains attestent la 
bonté du cœur, la générosité et la piété éclairée de 
Descartes, dont un apologiste a dit avec raison : « On 
peut avoir été plus loin que lui, mais c’est dans la route 
qu'il a tracée; on peut Fètre élevé plus haut , mais c’est 
en partant du point d’élévation où il a porté les esprits; 
on peut enfin l'avoir combattu lui-méme avec succès, 
mais c’est en se servant des armes qu'il a fournies. » 

Qu'il nous soit permis , en terminant cette rapide no- 
tice sur notre grand et illustre Descartes, d'émettre ici 
un vœu qui sera compris de la France éclairée. Notre 
pays a élevé des monumens et des statues à la mémoire 
de quelques écrivains peu digues de l'enthousiasme 
aveugle qu’ils ont excité et dont les travaux ort ébranlé 
la morale et retardé la marche de l'humanité. Que la 
mémoire de Descartes soit enfin honorée et que la sta- 
tue de Voltaire ne fasse plus remarquer, dans le temple 
même de la science, l’ingratitude de la France envers 
l'illustre restaurateur de la philosophie rationnelle. 


DESCENDANT | Asu.). Les signes descendans sont 
ceux dans lesquels le seleil descend vers le pôle abaissé, 


c'est-à-dire, du 3° au g° pour notre hémisphère boréal. 


DESCENSION (Asur.). La descension d’un astre est, 
comme son ascension (voy. ce mot), DROITE OU OBLIQUE, 
selon qu’on la rapporte à la sphère droite ou à la sphère 
oblique ; c’est en général la distance entre le point équi- 
noxial et le point de l'équateur qui descend sous l’ho; 
rizon en mème temps que l'astre. On nesesert plus au- 


DE 


jourd’hui que des ascensions droites pour déterminer la 
position des astres. 


DESCENTE Méc.). Les lois de la descente des 
corps forment une branche importante de la mécani- 
que ; elles sont exposées dans plusieurs articles. Voyez 
ACCÉLÉRATION, PLAN INCLINÉ, RÉSISTANCE. 

Lorsqu'un corps tombe librement, à la surface de la 
terre , en vertu de sa seule pesanteur , le mouvement de 
rotation de la terre le fait dévier de la verticale d’une 
manière assez sensible, pour que ce mouvement si long- 
temps contesté puisse être démontré par l'expérience. 
Poy. Dévrarion. 


DESCHALES (le P. François Milliet), religieux de 
l’ordre de Jésus, a mérité le titre de savant et d'habile 
géomètre durant le XVII siècle, si prodigieusement 
fertile en grands maîtres dans les sciences mathémati- 
ques. Il naquit à Chambéry, en 1611, et se distingua 
par son savoir dans l'ordre religieux dont il avait pris 
l'habit. I est l’auteur d’un cours de mathématiques qui à 
pour titre : Cursus seu mundus mathematicus, etc.; 
Lyon, 1693—1691, in-f°. Aux leçons d’arithmétique et 
de géométrie qui forment le fond de cet ouvrage, le 
P. Deschales ajouta un traité sur la perspective et un 
autre sur la gnomonique. On place au nombre des meil- 
leurs ouvrages d'hydrographie qui aient été publiés de 
son temps un autre écrit du P. Deschales intitulé : 
L'art de naviguer démontré par principes, etc. ; Paris, 
1677, in-4°. Quoiqu'il fût entaché de quelques-uns des 
préjugés qui animaient alors l'Église romaine contre le 
système de Copernic, le P. Deschales eut le courage, 
sinon de prendre la défense de ce système, du moins 
de prouver la grossière ignorance en mathématique et 
en physique de quelques-uns de ses détracteurs. Le mé- 
rite particulier des ouvrages du P. Deschales est la clarté 
avec laquelle il y expose les propositions les plus com- 
pliquées. Il mourut à l’âge de 67 ans, en 1678, à Turin, 
où il occupait encore une chaire de mathématiques. 

DESCRIPTION ( Gcom.). Action de tracer une 
figure, ou construction d’une figure; c’est ainsi qu'on 
dit décrire un cercle, une parabole, etc. 

DESCRIPTIVE. Géoméenxe pescmprivx. Une des 
branches de la sance pe L’Érevnur. 'oy. Géomévne. 

L'objet de la géométrie descriptive est la construction 
ou la génération universelle de l'étendue par le moyen 
des projections. 

1. On nomme projection la trace déterminée, sûr un 
plan donné de position, par les intersections des per- 
peüdiculaines abaissées de tous les points d’une ligne ou 
‘d’une surface situées hors de ce plan d'une manière 
quelconque.Par exemple, si de touslespoints de ladroite 
AB:on mène des perpendiculaires sur le plan MN, la 
trace CD formée par les intersections de ces perpendi- 


DE 235 


culaires sera la projection de AB, et en , le particulier 


point G sera la projection du point A, et le point D la 
projection du point B. 

2. La position de la droite AB dans l’espace sera donc 
entièrement céte:minée si, connaissant d’ailleurs celle 
du plan MN, aiusi que la projection CD , on conuaît 
de plus la longueur des perpendiculaires AC et BD. 

3. Cette position sera également déterminée par les 
projections de la droite AB sur deux plans différens 
donnés de position et perpendiculaires entre eux, tels 
que les plans MN et MP ; car ab et a'b' étant ces ob- 
jections, si l’on fait passer par la première un plan aB 
perpendiculaire à MP , et par la seconde un plan A, 
perpendiculaire à MN, l'intersection de ces deux plans 
sera évidemment la droite AB. 

4. Si du point « on abaisse la perpendiculaire 4x sur 
l'intersection commune MQ, cette perpendiculaire e 


M 


sera également à la droite aA (»07.PLax), et par consé- 
quent on pourra faire passer par les droites ax, aA, Aa 
un plan perpendiculaire au plan MN, et dont l’inter- 
section avec MN sera la droite a'x = aA. On a de plus 
ax = Aa’, Ainsi, lorsqu'on connait les deux projections 
«et a, d'un point À sur les plans rectangulaires MN ct 
MP , si de ces projections on abaisse des perpendicu- 
hüres ax et ax à l'intersection commune MQ, ces per- 
pendiculaires se rencontreront en un même point x, 
et seront respectives égales aux perpendiculaires me- 
nées du point À à chacun des plans, ou aux perpendicu- 
laires détérminant les projections æet 4". 

5. Pouf se conformer aux usages habituels dela ligne 
de niveau et du fil à plomb, on est convenu de suppo- 


ser l’un des doux plans hor’=soztal et l'autre vertical 


456 Di 


Nous donnes ousie nom de base à la droite MG intersec- 


tion commune des deux plans. 


6. 


Le but des projections est de représenter par des 


figures faites sur un seul plan, et n'ayant par conséquent 
que deux dimensions, tout ce qui concerne l'étendue 
ayant deux ou trois dimensions. Pour cet effet, on con- 
sidère le plan vertical comme ne faisant qu’un avec le 
plan horizoutal, en supposant que le vertical , tournant 
autour de la base comme charnière, ait fait un quart 
de conversion pour ne plus former qu’un seul plan avec 
l'horizontal. En vertu de ce mouvement, toute droite 
située sur le plan vertical et perpendiculaire à la base, 
restera perpendiculaire à cette base après que la conver- 
sion aura été achevée, ct la projection verticale d’un 
point quelconque se trouvera sur le prolongement de 
la perpendiculaire menée de sa projection horizontale 
à la base, car le plan MP prenant la position MF", les 
perpendiculaires Ex et Fx ne font plus qu’une seule et 
même droite perpendiculaire à la base MQ. 

Ceci posé, nous allons donner les propositions fonda- 
mentales de la géométrie descriptive. 

7. Onnomme traces d’un plan quelconque lesdeuxin- 
tersections qu’it fait avec les deux plans fixes, lorsqu'on 
le prolonge suffisamment pour qu'il les rencontre, On 
nomme de même {races d’une ligne les points O et I 
(/ig. ci-dessus) , où cette ligue, prolongée s’il est besoin, 
rencontre les plans fixes. 

8. Les deux projections d'une droite étant données, 
déterminer ses rraces sur les deux plans Jixes, c’est-à- 
dire, les points où elle traverse le plan horizontal et le 


plan vertical. 


ee 
re. 


Soit ab la projection verticale, et a’ la projection 


DE 


horizontale. Prolongez ces projections jusqu’à cequ’elles 
rencontrent la base, la première en E et la seconde en 
C, et de ces points menez les perpendiculaires ED et CO 
à la base, dont la première rencontre en D le prolonge- 
ment de la projection &’b', ct dont la seconde rencontre 
en O le prolongement de la projection ab, Les points D 
et O, ainsi déterminés, seront les traces demandées. 

En effet, CD et EO sont les projections d’une droite 
OD, qui contient comme une de ses parties la droite 
dont ab, a'b' sont les projections. Or, cette ligne OD 
devant se trouver sur l'intersection de deux plans dif- 
férens , l'un OCD mené par CD, et perpendiculaire au 
plan horizontal, et l’autre OED, mené par OE, et per- 
pendiculaire au plan vertical, passe nécessairement d’un 
côté par l'intersection des droites CO et CE, et de 
l’autre par l'intersection des droites ED et OE; puis- 
que CD perpendiculaire à CO, se trouve sur le plan 
perpendiculaire mené selon CO, et que ED perpendi« 
culaire à OE se trouve sur le plan perpendiculaire mené 
selon OË; ainsi ces intersections, ou les points O et D, 
sont les traces de la droite OD, et conséquemment de 
la droite dont ab ct a'b'sont les projections. 

9. Si la droite OD était parallèle au plan horizontal, 
sa projection horizontale CD pourrait bien faire avec 
la base MQ un angle quelconque. Mais sa projection 
verticale serait alors parallèle à la base, et il n’y aurait 
point de trace horizontale D. On déterminerait comme 
ci-dessus la trace verticale O. | 

10. Réciproquement, si la droite OD était parallèle 
au plan vertical, il n’y aurait point’ de trace verticale ; 
sa projection horizontale serait parallèle à la base, et 
l’on déterminerait seulement le trace horizontale D, 

11. Les projections d'une droite étant ‘données, dé- 
terminer les projections d'un autre droite parallèle à 
la première , et assujélie à passer par un point dont les 
projections sont également données. 

Les projections horizontales de la droite donnée et 
de la droite cherchée, doiventêtre parallèles entre elles, 
puisqu'elles sont les intersections de deux plans per- 
pendiculaires au plan horizontal, et par conséquent 
parallèles entre eux.Par la même raison ; les projections 
verticales doivent être aussi parallèles entre elles. Donc 
en menant par les projections du point, des lignes pa- 
rallèles anx projections de la droite donnée, ces paral- 
lèles seront les projections demandées. 

12. Déterminer la longueur d'une droite dont les pro- 
jections sont connues. 

Si la droite est parallèle à l’un des plans, ce que l’on 
connait lorsque sa projection sur ce plan est parallèle 
à la base , elle est égale à cette projection. Si elle n’est 
parallèle à aucun des deux plans, elle est plus grande 
que chacune de ses projections. Dans ce dernier cas, le 
menant du point À (fig. du n° 4 ci-dessus) la droite 


DE 


AD parallèle à la projection horizontale a'b' ou, ce 
qui est la même chose, perpendiculaire sur Bb", on 
aura un triangle rectangle ABD dont la droite AB est 
l’hypothénuse, et dont les deux autres côtés sontAD=—a'b" 
et BD—B?'—Aa', mais la projection ad de AD sur Île 
plan vertical détermine bd=BD, et cette projection 
s'obtient en menant ad parallèle à la base ; ainsi les deux 
côtés de l'angle droit du triangle rectangle ABD sont 
donnés par les projections, et il suffit de construire ce 
triangle pour obtenir l’hypothénuse ou la longueur de- 
mandée de la droite AB. 


Ainsi ab, a'b' étant les projections données, du point a 
on abaissera sur bb’ la perpendiculaire ac sur laquelle 
on prendra de cen o, co=a'b', on mènera bo et cette 
droite sera égale à celle dont les projections sont 
ab et a'b'. 

13. Connaissant les projections d’une droite, trouver 
les angles qu'elle fait avec chacun des deux plans 
fixes. 


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Si ab et a" sont les projections données, on déter- 
minera (8) les traces o et d, et alors l'angle odC sera 
l'angle fait par la droite avec le plan horizontal, 
et l’angle dE, l'angle fait par ta même droite avec le 
plan vertical. Ces angles appartiennent aux triangles 
rectangles oCd et dEo que l’on peut supposer entiè- 
rement connus, puisqu'on a leurs bases Co et dE, et 


DE. 437 


leuvs hauteurs Cd et 0Ë. Il suffit donc de construire ces 
triangles pour obtenirlesangles demandés. Ainsi, prenant 
ED — Ed et CO = Ca, on mènera les droites oD et dO 
dont la première fera connaître l'angle CO4 égal à 
l'angle de la droite avec le plan horizontal et la se- 
conde , l'angle oDE égal à l'angle de la droite avec le 
plan vertical. 

14. Connaïssant les projections de trois points quel- 
conques , trouver les traces du plan qui passe par ces 


trois points. 


Soient a, b, cles projections verticales, et,a', b', c’, 
les projections horizontales données; menons les droites 
a'b', b'c', ab et ac; et prolongeons-les jusqu’à leurs points 
de rencontre respectifs 72, n, 0, p avec la base; des 
points o et p élevons, à la base, des perpendicu- 
laires oA et pB jusqu'aux points À et B où elles 
rencontrent les droites ab et be; élevons de même 
des points » et m les perpendiculaires rC et mD 
jusqu'aux points C et D où elles rencontrent les droites 
a'b' et b'c’ ; les droites AB et CD seront les traces de- 
mandées, lesquelles, prolongées, auront un point com- 
mun E d’intersection où le plan proposé coupe la base. 

Eneffet, ab et a'b! sont les projections d’une droite 
menée dans le plan proposé par les points dont a et 4, 
bet b', sont les projections, et d’après la construction 
A et D sont les traces de cette droite; de même be et b'e’ 
sont les projections d’une seconde droite menée dans 
le plan proposé par les points dont bet b', « et ec’ sont 
les projections, et également d’aprèsla construction C etB 
sont les traces de cette seconde droite. Or, le plan pro- 
posé coupe donc le plan horizontal aux points À et B 
et le plan vertical aux points C et D; ses intersections 
avec cesplans ont donc lieu suivant les droites AB et 
CD, et par conséquent AB et CD sont ses traces. 

15. Les traces d'un plan ctant données ainsi que les 
projections d'un point situé hors de ce plan, trouver les 
traces d’un second plan parallèle au premier, et qui 
passe par ce point. 

Soient MN et NP , les traces du plan, eta et a' les 
projections du point. Par le point a menons aÀ paral- 
lèle à Ja base , et aB parallèle à la trace verticale MN, 
jusqu’à sa rencontre en B avec la base. Par le point a’, 


438 DE 

menons également a'C parallèle à la base, et a'D paral- 
lèle à la trace horizontale NP. Aux deux points B et D, 
élevons les perpendiculaires à la base BG et DA jusqu’à 
la rencontre des parallèles aA et 4'G, et par les points 
A et C, menons les droites AO et CO parallèles aux 
races données, ces parallèles seront les traces de- 
mandées. 


R 
| 


Lessobnsnemuve nn 
# 


4 


| 
| 


En effet ;les points A et G sont les traces d’unedroite 
dont la projection verticale est aB.et dont la projection 
horizontale est «'C. Or, cette droite est parallèle au plan 
donné, puisque sa projeètion verticale aB est parallèle 
à la trace verticale de ce plan ,et par conséquent, elle 
est contenue dans le plan cherché puisqu'elle passe par 
de point dont les projections sont à et a’, Ainsi ce plan 
coupe le plan vertical au point À et le plan-horizontal 
au point C, et ces points sont situés sur ses traces; 
mais les traces de deux plans parallèles sont nécessaire- 
ment parallèlés. Ainsi, il suffit de connaître un :seul 
point de chaque trace du second plan pour les dé- 
terminer, et ces traces sont les droites AO+t CO qui, 
par la natüre du problème , doivent se couper. à la base 
‘én'un/même point O. 

XGÉ tant données, les traces PB et:BC d'un planet 
les projections a et «' d'un point ; construire 1°.les pra- 
jections'de la’ttroite äbaïssée /perpendioulatrement du 
point sure plan ; 2° Les projections du:point de: ren- 
contreide le droite et duplan. 

Dés points & et a menons les perpendiculaires am et 
a'n sur les traces BP et BC; ces perpendiculaires seront 
1és projections de la droite-demandée. Car si l’on con- 
çoit un plan vertical mené par cette droite, ‘ce plan 
-coupera le plan donné et le plan horizontal en deux 

droites qui seront l’une et l’autre perpendiculaires à la 


DE 


commune intersection BC de ces plans, et dont la pre- 
micre sera la projection du plan vertical, et en même 


temps la projection de la droite; ainsi cette projection 
devant passer par le point a et être perpendiculaire à 
BC, sera a'n. 

On démontre de la même manière que am est la 
projection verticale. 

Pour déterminer le point de rencontre, on doit re- 
marquer que ce point se trouve nécessairement sur l’in- 
tersection du plan donné par le plan vertical mené sui- 
vant la droite cherchée, intersection dont 4'g estla pro- 
jection horizontale, Or, si l'on avait la projection verti- 
cale Pr de cette intersection, elle contiendrait celle du 
point demandé, et comme de plus, ce point doit aussi 
se trouver projeté sur la perpendiculaire @x, il serait 
au point de rencontre r, de P£ et de am. Mais l'intersec- 
tion dont il s’agit, rencontre le plan horizontal en n», 
dont on aura la projection verticale { , en menant xt per- 
pendiculaire à la base; et comme elle rencontre le plan 
vertical de projection en un poiut dont la projection ho- 
nizontale.est g,rencontre de la base avec a’ prolongée, 
s'il est nécessaire, et dont la projection verticale doit 
se trouver en même temps sur la perpendiculaire gP et, 
sur la trade PB, c’est-à-dire au point de rencontre P de 
ces droites, on aura donc la projection verticale de l'in- 
tersection en joignant par une droite les points P et £. 
Cette projection étant connue, il suffit de prolonger &x 
jusqu’à pour obtenir la projection verticale demandée 
du point.de rencontre; quant à la projection horizon- 
tale du même point, comme’elle doit se trouver en 
même temps sur le prolongement de la perpendicu- 
laire menée de r à la base et sur a'g, en abaissant cette 
perpendiculaire, on la déterminera en s. 

195 Étant données les projections d'une droite et 
celles d’un point, construire les traces d'un plan mené 
par Le point perpendiculairement à la droite. 

Soient AB, ab les projections de la droite et D, d'célle 
du point. Par le point d, menons la droite indéfinie dG 
parallèle à la base, et par le point D, la droite DH, 
perpendiculaire à la projection horizontale AB, jusqu’a 
ce qu’elle coupe la base en H. Au point H, élevons à 


DE 
la base la perpendiculaire HG, et du point G, où cette 
perpendiculaire rencontre la droite dG,menons GE per- 
peudiculaire à la projection ab; du point C, où GC ren 
contre la basé, menons également CE perpeñdiculaire 
à la projection AB.GC,et CEseront les traces demandées. 


Où sait déjà par ce qui précède que les traces de- 
mandées doivent être perpendiculaires aux projections 
données de la droite, et qu’elles se coupent en un 
même point de la base; ainsi, il suffit d’unsecond point 
trouvé sur l'une ou autre de ces traces pour les déter- 
miner entièrement. Or, si parle point cherché, on con- 
çoit une droite parallèle an plan horizontal de projec- 
tion, et prolongée jusqu’à sa rencontre avec le plan ver- 
tical, cette rencontre sera la trace de la parallèle, et se 
trouvera*ur la trace du plan; mais les projections d'une 
telle droite doivent être, la verticale, parallèle à la base; 
et l'horizontale, perpendiculaire à AB; elles sont donc 
les droites G et DH ; ainsi, d’après la construction, la 
trace verticale de cette droite est au point G, et ce 
point G fait également partie de la trace verticale du 
plan demandé. 

18. Les traces de deux plans étant données construire 
les projections de leur commune intersection. 


Soient AB, Ab lestraces du premier plan, et CD, Cd 
les traces du second, Du point», intersection de AB et 
de CD, abaissons zum" perpendiculaire à la base ; abais- 


sons de même den’, intersection de Ab et de Gd, lt per- 


DE 435 


pendiculaire »’#; menons ensuite les droites mn, m'r', 
ces droites seront les projections demandées. 

En effet, tous les points des traces AB et CD se trou- 
vant sur les plans proposés leur point de rencontre »2 
se trouve en même temps sur ces deux plans, et fait con- 
séquemment partie de leur intersection; il en est abso- 
Jament de même du point 7, commun aux deux traces 
Abet Cd; ainsi l'intersection des deux plans rencontre 
le plan verticale en "1, etle plan horizontal en w. Or, 
m' est la projection horizontale de 2, et n la projection 
vertical de »', donc zx est la projection verticale de 
l'intersection des plans donnés et 'n" sa projection ho- 
rizontale. 

rg: Construire l'angle formé par deux plans qui se 


coupent , et donton connaît les traces. 


LU 


Soient AB ct CD , les traces verticales des plans, cet 
Ab, Cdles traces horizontales. Construisons d’abord par 
ce qui précède la projection horizontale E/ de l'inter- 
section des deux plaus et d'un, point [ pris à volonté, 
menons la droite GH perpendiculaire à Ef! Prenons fo 
égale à Efet f à égale à JT ; menons eo; et du pointé, 
abaissons sur cette droite la perpendiculaire £k ; portons 
tk de Ten K, et eufin du point K, ainsi déterminé, me- 
nons les droites KG et KH, l'angle GKH sera l'angle 
demandé. 

On peut considérer la droite GI menée par le point 
arbitraire comme la trace d'un plan perpendiculaire à 
l'intersection des plans proposés, et par conséquent per- 
pendiculaire à ces plans eux-mêmes. Ainsi l'angle formé 
par les intersections de ce troisième plan avec les pro- 
posés, sera le même que angle de ces plans; et ces in- 
tersections formeront avec GH, comme base, un triangle 
dont l'angle au sommet sera l'angle demandé. Mais si 
l'an conçoit le plan de ce angle abattu sur le plan ho- 
rizontal, après avoir tourné autour de sa base GH, son 
sommet tombera nécessairement sur Ef, et deviendra 
l'un des points de cette droite; il suffit donc de déter- 
miuer ce point, où la hauteur du triangle, pour pouvoir 


\ 


440 DE 


construire ce triangle, et conséquemment pour connaître 
l'angle cherché.Or, la hauteur du triangle est la perpen- 
diculaire abaissée du point I sur l'intersection des plans 
proposés et elle est comprise dans le plan vertical mené 
par E/. Si l’on conçoit donc que ce plan vertical soit 
abattu sur le plan vertical de projection après avoir 
tourné autour de fe, et quel’on prenne f I—fiet E/=fo, 
le point I se trouvera en £, le point E en o, et l’inter- 
section en eo. Ainsi du point ?, menant sur eo , la per- 
pendiculaire 7, elle sera la hauteur du triangle; il 
suffit donc de porter cette hauteur de I en K pour 
achever ce triangleet construire l’angle demandé GKH. 

20. Les projections de deux droites qui se coupent 


dans l'espace étant données , construire l'angle qu’elles 
forment. 


nan an ma me mens 


Soient AC et AB les projections horizontales et ac et 
ab les projections verticales. Par le procédé du n°8, 
déterminons d’abord les traces horizontales E et D des 
deux droites et menons DE. Cette droite sera la base 
d’un triangle dont les parties des droites proposées com- 
prises entre leurs traces et leur point de rencontre, 
seront les autres côtés. Il ne s’agit donc que de déter- 
miner les longueurs de ces parties , pour pouvoir cons- 
truire le triangle et conséquemment résoudre le pro- 
blème. Or, il se présente un moyen plus simple pour 
arriver à cette solution : du point À menons sur ED la 
perpendiculaire indéfinie AF ; joignons les points a et A, 
et portons AF de G en f'; tirons la droite af, et prenons 
FH=4af. Da point H, menons enfin HD et HE; l’angle 
EHD sera l'angle demandé. 

En effet, la droite aA est perpendiculaire à la base, 
püusqueles droites proposées devant se couper, le point & 
est la projection verticale de leur point de rencontre etle 
point A la projection horizontale de cemême point(5).Or, 
AF est la projection horizontale de la hauteur du triangle 
dont ED est la base, et dont les deux autres côtés sont 


les portions des droites proposées, comprises entre 


DE 


leur point de rencontre et leurs traces E et D, car si 
lon conçoit un plan vertical mené par la perpendicu- 
laire abaissée du sommet de ce triangle sur sa base, ce 
plan passera nécessairement par le point À, et sa trace 
sera AF. Mais A est la projection horizontale de cette 
hauteur, dont une des extrémités est F, et dont l’autre 
se trouve élevée au-dessus du plan horizontal d’une 
hauteur verticale égale à 4G; elle est donc égale à l’hy- 
pothénuse d’un triangle rectangle aGf ayant aG et 
Gf=AF pour côtés de l'angle droit. De plus, la hau- 
teur du triangle, si l’on suppose son plan abattu sur le 
plan horizontal, en tournant autour de ED, devant 
prendre la direction de AF, il faut donc prendre sur 
cette direction FH=—af, et le triangle se trouve construit 
en menant HE et HD. 

21. Connaissant les projections d'une droite et les 
traces d’un plan, construire l'angle que la droite forme 
avec le plan. 

Cette question se ramène facilement à la précédente, 
car si l’on imagine que par un point quelconque de la 
droite , on abaisse une perpendiculaire au plan, l'angle 
de cette droite avec la perpendiculaire sera le complé- 
ment de l’angle cherché, et il suffira de le construire 
pour résoudre le problème. Mais d’après le n° 16, si 
l’on prend deux points sur les projections données qui 
soient sur la même perpendiculaire à la base et que de 
ces points, on élève des perpendiculaires aux traces res- 
pectives du plan donné, on aura les projections hori- 
zontales et verticales de la perpendiculaire au plan, et 
il nes’agira plus que de construire l’angle formé par 
deux droites dont on connait les projections, ce qui 
s’exécutera par les procédés du numéro précédent. 

22. Étant donné l'angle de deux droites qui se 
coupent dans l’espace ainsi que les angles qu’elles for- 
ment l’une et l'autre avec le plan horizontal, construire 
la projection horizontale du premier de ces angles. 


a gr 
De 


À vi /8 
! / 
! 
}/ 
TA 
# 
‘1 
#2 
/, 
#1 
# 
Fr 
é 
po) 


ent À la projection horizontale du sommet de 
+ 


DE 


l'angle des deux droites, et AB la projection de ;a pre- 
muère de ces droites. Du point À, élevons sur AB la 
perpendiculaire indéfinie Aa, et d’un point arbitraire 
d, pris sur Aa, menonsles droites dB et dC dont la pre- 
mière fasse avec AB un angle dBA égal à l'angle donné, 
que fait la première droite avec le plan horizontal, et 
dont la seconde fasse l'angle dCA égal à celui de la se- 
conde droite avec le même plan; menons de plus dD, 
faisant avec dB l'angle DB égal à celui des droites; 
prenons dD—dC, menons DB; et enfin des points À et B 
comme centres, et avec ACet BD commerayons, décri- 
vons deux arcs de cercle; du point E où ces arcs se 
coupent, menons AE; l’angle BAE sera l'angle de- 
mandé. 

En effet, si nous supposons que le plan vertical de 
projection passe par AB, ou que cette droite soit la 
base ; la projection verticale du sommet de l'angle des 
deux droites sera l’un des points de la perpendiculae 
Aa; considérant le point d comme cette projection, et 
Cd comme la projection verticale de la seconde droite; 
il est évident que cette seconde droite ne pourra ren- 
contrer le plan horizontal que dans l’un des ponts de 
la curconférence du cercle décrit du point À comme 
centre avec AC pour rayon, puisque cette seconde 
droite fait avec ce plan un angle égal à dCA. I ne s’agit 
donc plus que de déterminer celui des points de la cir- 
conférence qui satisfait aux autres conditions du pro- 
blème, et pour cet effet, il suffit de trouver sa distance 
à quelqu’autre point fixe tel que B. Or, l’angle B4D 
étant égal à l'angle des deux droites, le point D, déter- 
miné par l'arc de cercle CD décrit du point 4 comme 
centre avec dC pour rayon , se trouvera à la même dis- 
tance du point B que le point cherché; ainsi, menant 
BD et portant cette longueur de Ben E, ce point E sera 
le point cherché, et par conséquent CAE l'angle de- 
mandé. | 

Ce problème connu sous le nom de réduction d'un 
angle au plan de l'horizon, trouve une application fré- 
quente dans la levée des plans. Foy. Pran. 

23. Telles sont les propositions élémentaires de la géo- 
métrie descriptive. 

Les limites de ce dictionnaire nous forcent à passer 
sous silence les applications curieuses et importantes 
qu'elles offrent en foule, et pour lesquelles nous ren- 
verrons nos lecteurs aux ouyrages de Monge, créateur 
pour ainsi dire de cette branche de la géométrie (voy. 
GÉomÉrtE), à ceux de Lacroix , et particulièrement au 
Traité de géométrie descriptive de A1. F’allée.Les parties 
plus élevées de cette science sont traitées dans notredic 
tionnaire aux mots : NonmaLes, PLANS ranGENs, Pro- 
JECTION ; SURFACES COURRES ; VOyYEZ aussi: ÉCHELLE pEs 
cures, Epunes et TRANSVERSALE. 


DÉTERMINÉ (Alg.).Les problèmes déterminés sont 


DE 221 


ceux qui »’admettent qu’un nombre déterminé de s6- 
lutions. On les nomme ainsi, par opposition aux pro- 
blèmes indéterminés dans lesquels le nombre des solu- 
tions est indéfini. ’oy. INDÉTERMINÉE. 

DÉTURBATRICE (4str.). On nomme force detur- 
batrice celle qui est perpendiculaire au plan de la pla- 
nète troublée. Foy. PErrurgaTioN. 


DEUCALION (4str.). Nom donné par quelques au- 


teurs à la constellation du VERSEAU. 


DÉVELOPPANTE (Géom.). Courbe décrite par le 
déroulement d’un fil enroulé sur sa développée. Voyez 
Dévecorrée. 

DÉVELOPPÉE (Géom.). Courbe lieu de tous les 
points de rencontre des normales infiniment voisines 
menées à une courbe donnée, Ces courbes ont été dé- 
couvertes par Huygens. 


Si l’on imagine qu'une courbe AB soit entourée d’un 
fil flexible, infiniment délié et tout à fait inextensible, 
à mesure que ce fil abandonnera la courbe à partir du 
point À , sans cesser d’être enroulé sur elle, son extré- 
mité décrira une nouvelle courbe, dont la première sera 
sa développée. La courbe décrite OG sera la dévelop- 
pante. Il est évident d’après ce mode de génération, 
qu’en chaque point de la développante, le fil qui la dé- 
crit lui est perpendiculaire; car si on considère la dé- 
veloppée comme un polygone d’une infinité de côtés, 
l'extrémité du fil décrira un arc infiniment petit de sec- 
teur circulaire qui se confondra avec l'élément de la 
courbe décrite. Le rayon de cet arcest le rayon de la dé- 
veloppée, et comme il est tangent à cette courbe, on 
peut la considérer comme le lieu du concours de toutes 
les normales infiniment rapprochées de la développante. 
En effet, si ces perpendiculaires sont à une distance 
finie, elles formeront par leur rencontre un polygone 
circonscrit à la développée, et quand on les supposera 
infiniment proches, les côtés de ce polygone devien ; 
dront infiniment petits et se confondront avec la déve- * 
loppée. 

De ce que chaque portion infiniment petite de la 
courbe se confond avee un arc du secteur circulaire dont 
le centre est sur la développée, il suit que sa courbure 
en chacun de ses points est la même que celle du cercle 

56 


PE 
t du rayon de Ja déveleppée; aussi ce rayon a-t-l 
recu Je nom de rayon de courbure, ct le cercle celui 
de cercle de courbure, ou cercle osculateur, 
Cherchons maintenaut comment pour chaque point 
d’une courbe nous pourrons déterminer son cercle 10s- 
culateur, et partant le lieu de tous leurs centres, Si 


uous comparons le cercle dont l'équation générale est 
ay =p 


avec une courbe y=fx, pour exprimer que ces deux 
courbes ont un point commun, il faudra que dans l’une 
et dans l’autre les coordonnées de ce point soient les 
mêmes , ce qui donnera l'équation, 


AA 


En égalant les valeurs de y', première dérivée de y, 
daus les équations des deux courbes , nous exprimerons 
qu'elles ont une tangente commune au point x, y, et 


nous aurous les relations 


Voyez Foxcrions. 
De ces deux équations on tire pour les valeurs de « 


et de 5 en fonction de x, y, y" etp: 


! 
0Y 


. p 
RD y en 
(6 or y 608 (r=y?) 


sl 


Si le rayon p était donné, le cercle dont les coor- 
données du centre seraient « et 8, serait tel qu’entre 
lui et la courbe, on ne pourrait faire passer au- 
cun autre cercle du même rayon; car pour déter- 
iniuer les coordonaées 1 et £ du centre de ce nouveau 
cercle, on aurait les mêmes relations que celles qui ont 
servi à déterminer « et £ 

Le cercle dont le rayon estp, étant tangent à la courbe 
au point æ,,y indépendamment de toute valeur de p, si 
on suppose le rayon indéterminé, et qu’on l’élimine 
entre les valeurs de «et £, on aura la relation. 


L 


(4 
ER) 
Y 


J B=Yy + 


qui est l'équation d’une droite, laquelle sera par consé- 
quent‘le lieu des centres de tous les cercles tangens à la 
courbe au point æ, y,et qui alors sera normale à la 
courbe en ce point. 

Simaintenant nous exprimons que y” est le même 


dans le cercle et dans la courbe, nous obtiendrons la re- 
ation 


= — À 


(ea) 


DE 

qui permettra de déterminer «, £ etp en fonction de 
x, y," et y". Le cercle sera alors complétement déter- 
miné, etil sera tel qu'aucun autre cercle ne pourra 
passer entre lui et la courbe au point x,y. En effet, 
pour déterminer les coordonnés » et £ du centre de ce 
nouveau cercle , et son rayon R, il faudrait exprimer 
que dans ce nouveau cercle et dans la courbe, y,7' et 7” 
sont les mêmes, ce qui donnerait les mêmes équations 
que celles qui ont servi à déterminer «, B etp. 

Le cercle que nous venons de déterminer a un con- 
tact du second crdre au point x ,y avec la courbe. C’est 
le cercle osculateur de cette courbe; et le lieu des centres 
de tous ces cercles est la développée. Cherchons en effet 
la courbe qui, en chacun de ses points aura un contact 
du second ordre avec le cercle dont l'équation est 


+0 bep, 


et dont les élémens du contact «, B et p ont entre eux 
la relation @ (x, £, p}=0. 

Pour y parvenir, on pourrait substituer dans cette 
dernière équation les valeurs de «, £, p trouvées ci- 
dessus, et à l’aide de l’équation du second ordre ob- 
tenue, on remonterait à l'équation primitive. Mais si on 
suppose les quantités #, 8 et p constantes, ce qui re- 
donnera l'équation au cercle , on aura l'équation primi- 
tive complète; et si on fait varier «, B, p, de manière 
que les équations primes et secondes de l'équation du 
cercle, soient les mêmes que si ces quantités étaient re- 
gardées comme constantes, ou aura une équation pri- 
mitive qui sera celle de la courbe enveloppant tous les 
cercles représentés par lamême équation. 

On obtiendra cette équation en éliminant les quan- 
6 + 


=, entre les équations 


tités c, B,pet—,, 
g. & 


“ 


(jee. (aa + (y—pf=p 
(2)... æ—a+(y—fy'=0 
(3)..... @(x, B, p)j—=0 


et les équations primes de celles-ci prises relativement 
aux seules variables «, B et p, et qui sont 


f 


Ge (eat (pet 


£' 
(b}.... I à J'=0 


(6)s css @f ar ? BE + Ê, @' p=0 


® à Lnéral 
Mais les valeurs de æ et de y se présentent géncrale- 
meut ainsi sous une forme compliquée, il est plus 
simple de chercher à Les déterminer à l’aide d'une troi- 


sième variable. e 


DE 


Étiminons d’abord y’ au moyen des équations (2) ct 
(5), noûs aurons 


at ee 


£' 
qui; combinée avec (1) donne immédiatement 


pas 
va°+6" 
En substituant ces valeurs dans (4), on obtient : 
p'=V a EE 


équation qui, combinée avec #{x, 8, p)}=0, donnée par 


LEA 


F=B + Va+ p'* 


le problème servira à déterminer z et 8 en fonction de 
p, et par conséquent aussi æ et y. 

Or, la relation p'=V/Tp" existant quelleque soit 
lPéquation de la courbe lieu des éentres des cercles qui 
ot un contact du second ordre avec la courhe cher- 
chée, on voit que la courbe demandée est telle que le 
rayon p est égal à l'arc de la courbe des centres. De plus 
ce rayon est tangent à la courbe des centres. En cffct, 
la tangente à cette courbe a pour tangente d'incli- 


Là 
. H : 1 
naison La mais le rayon p est normal à la courbe dont 
œ 


les coordonnées sont x ety, et la tangente de l’angle 


I e 
qu'il fait avec l'axe des x est pr Or de la relation 


Eh tete Ra tes 
1 + r=0 On tire Vo donc le rayon p est 


tangent à la courbe des centres. 

Le rayon des cercles qui ont un contact du second 
ordre avecune courbe étant toujours tangent à la courbe 
lieu des centres de tous ces cercles, et en même temps 
égal à l'arc de cette courbe; il suit qu’une courbe quel 
‘conque peut être considérée comme engendrée par le 
développement de celle qui est le lieu des centres de 
tous les cerclés qui ont avec elle un contact du second 
ordre. Cette dernière courbe est donc la développée de 
la première; le cercle qui a un contact du second ordre 
avec la courbe donnée est son cercle osculateur , et son 
rayon est le rayon de courbure de cette courbe. 

Appliquons mainténant cette théorie à quelques 
éxémples. Proposons-nous de trouver la développée de 
la parabole dont l'équation est 


(1). +» Y°=PL: 


En prenant les dérivées , on a 


d'où 


DE 


ce qui donne pour les valeurs de x et de y 


G— - 


1 LE 
nt) 


En substituant dans l'équation (1), on obtient 


P 
* 


P 


Si maintenant on pose &— 7 — 0; c'est-à-dire, si on 
> 
transporte l’origine des coordonnées à l’origine de la dé- 
veloppée, on aura pour l’équation de la développée, 
169% 


27p 


= 


Cette courbe aura deux branches, dont l’inféricure 
engendrera la branche supérieure de la parabole, et vice 
versé. 

On pourrait, en suivant la même méthode, trouver 
l'équation de la développée de la cycloïde, mais nous 
allons déterminer la nature de cette courbe à l’aide de 
considérations géométriques. 


Le rayon de courbure de la cycloïde est égal à deux 
fois la normale à la courbe (voyez RAYON DE COUREURE, ; 
or ; la valeur maximum dela normale est celle qui cor- 
respond à la position OD dans laquelle elle. est égale à 
2r,r étant le rayon du cercle générateur, Donc le ravon 
20D, et 
le point D' appartient à la développée. 'Le point M, 


de courbure a pour valeur maximum DD' =- 


qui est sur le prolongement de la normale MR, et tel 
que M'R=MR, est aussi, un point de la développée. Dé: 
terminons maintenant. la nature de cette courbe: Pons 
cela par le point D’ mesons D'E parallèle à AR; pro: 
longeons le diamètre RG, jusqu'à sa rencontre, cn !° 
avec cette droite, et menons FM!. Les deux triangles, 
MGR. et M'F étant égaux, l'angle en M'est dreit puis: 
que celui en M l’est aussi, ce qui prouve que le ecrele 
décrit sur RE passe parle point M', Les deux droites 
M'E et MG étant égales, les arcs qu'elles sous-tendleut 
sont égaux, et on en déduit 


444 à DE 
arcM'E = arc RMG—arc RM—AO—AR=— RO FD’. 
Comme ces relations existent‘pour tout autre point de 
_la développée, il suit qu'elle est une evcloïde décrite 
par le mouvement du cercle RM'FR de même rayon 
que le cercle générateur de la première cycloïde, rou- 
Jant sur la droite D'F, de D’, qui est l’origine, sur F. 
A l’aide de considérations que nous allons rapidement 
exposer, Monge est parvenu à prouver qu'une courbe 


quelconque a toujours une infinité de développées. 


Suppo sons que BAC soit une courbe à double cour- 
bure quelconque, Par un point A de cette courbe menons 
ua plan MNOP perpendiculaire à la tangente en A ; ime- 
nons de même par le point A’, infiniment proche deA, un 
plan MNO'P'perpendiculaire à la tangente en A'. Ces 
deux plans se couperont suivant une droite OP qui sera 
l'axe du cercle dont on peut supp oser que l'élément AA 
de la courbe fait partie; de sorte que si on abaisse de ces 
points des perpendiculaires sur cette droite, elles seron 
égales entre elles et se rencontreront en un même point 
qui sera le centre de ce cercle, lequel sera le cercle oscula- 
teur de la courbe. Tous les autres points de cette droite 
seront chacun à égale distance de tous les points de l'arc 
infiniment petit AA’ et pourront par conséquent en être 
regardés comme les pôles ; cette droite sera donc le lieu 
géométrique des pôles de l'arc AA’. Si maintenant 6n 
agit de même pour les points infiniment voisins A”,A".... 
Fous les plans perpendiculaires aux tangentes à la courbe 
en ces points, se rencontreront deux à deux suivant des 
droites O'P', O"P”, OP”... qui seront les licux géo- 
métriques des pôles des arcs A'A”, AA"... et ainsi de 
suite; par conséquent, la surface courbe que ces droites 
forment par leur assemblage est le lieu géométrique des 
pôlesd e la courbe BAC. 


DE 


Menons maintenant par le point À et dans le plan 
MNOP une droite quelconque et prolongeons-la jasqu’à 
ce qu’elle rencontre PO en d; joignons A'et d par une 
droite que nous prolongerons jusqu’à ce qu’elle ren- 
contre O'P'en d',menons de même A"d'etainsi de suite; 
nous obtiendrons de cette manière une courbe passant 
par tous les points dd'd"d"... qui sera une développée 
de BAC’. En effet, toutes les droites Ad, A'd', A'd"... 
sont tangentes à la courbe d d'd"... puisqu'elles sont 
les prolongemens des élémens de cette courbe; de plus, 
si on conçoit que la première Ad tourne autour du 
point d pour venir s'appliquer sur la suivante A'd', elle 
n'aura pas cessé d’être tangente à la courbe 4 d'd", et 
son extrémité À, après avoir parcouru l'arc AA', se 
confondra avec l’extrémité A' de la seconde. Il en sera 
de même pour les autres droites A'd', A"d'.... La 
courbe d d'd" est donc telle que si on imagine qu’une de 
ses tangentes tourne autour de cette courbe sans cesser 
de lui être tangente, et sans avoir de mouvement dans 
le sens de sa longueur, un des points décrira la courbe 
BAC ; c'est donc une de ses développées. Mais nous 
avons supposé que la direction de Ad était arbitraire, 
par conséquent il en serait de même pour toute autre 
droite menée par le point À dansle plan normal MNOP; 
donc une courbe quelconque a une infinité de dévelop- 
pées toutes comprises sur la surface ; lieu des pôles de 
la courbe; cette surface, qui d’ailleurs est dévelop- 
pable , est donc le lieu géométrique de toutes les deve- 
loppées. 

Si du point A on abaisse sur OP la perpendiculaire 
AD , du point A’ sur O'P' la perpendiculaire A'D', du 
point A” sur O’P" la perpendiculaire AD” et ainsi de 
suite, les points D, D', D’seront les centres de cour- 
bure des élémens correspondans de la courbe BAC, et 
par conséquent la courbe passant parles points D, D', D”- 
sera le lieu géométrique de ces points. Cependant cette 
courbe ne sera une développée de la proposée, qu’au- 
tant que celle-ci sera plane. En effet lorsqu'une courbe 
est à double courbure, deux tangentes consécutives sont 
bien dans un même plan, mais trois tangentes prises de 
suite ne peuvent s’y trouver ; par conséquent trois plans 
consécutifs, chacun normal à la courbe , ne peuvent pas 
être perpendiculaires à un mème plan, et l'intersection 
du premier et du second ne peut être parallèle à celle 
du second et du troisième. 

Si donc la courbe BAC est à double courbure, les 
droites OP, O'P', OP’ ne sont pas parallèles, Il suit 
de là que la droite AD étant perpendiculaira à OP ainsi 
que la droite A'D, celle-ci prolongée jusqu'en A ne ren- 
contrera pas O'P' perpendiculairement ; les deux droi- 
tes AD et A'D' ne rencontreront donc pas la droite OP 
dans un même point. Mais ces deux droites, considé- 
rées dans des plans différens, ne peuveut se rencontrer 


DE 


que sur l'intersection des deux plans dans lesquels on les 
considère , par conséquent elles ne se coupent pas et ne 
sont pas situées dans un même plan. [l en est de même 
des droites A'D', AD”, A"D" prises deux à deux consé- 
cutivement; par conséquent elles ne peuvent être les 
tangentes consécutives d’une courbe. Il suit aussi de là 
que si, par deux points consécutifs D et D’, on conçoit 
une droite tangente à la courbe DD'D", elle ne passera 
pas par le point A'; mais én tant qu’elle est dans le se- 
cond plan normal elle ne pourrait couper la courbe 
BAC qu’en ce point A' où ce plan la coupe, donc la 
courbe DD'D' est telle qu'aucune de ses tangentes pro- 
longées ne rencontre la courbe BAC ; par conséquent 
elle ne peut être une de ses développées. 

Si la courbe BAC était plane, toutes les droites 
OP, OP", O’P” seraient perpendiculaires au plan de 
la courbe et par conséquent parallèles entre elles. Alors 
les droites AD, A’D', A"D” seraient toutes dans le plan 
de la courbe et se rencontreraient consécutivement dans 
la courbe DD'D” dont elles seraient les tangentes. Il est 
évident alors que cette courbe serait la développée de 
la courbe BAC etprécisément celle que l’on a l'habitude 
de considérer. 

On pourrait maintenant se proposer de déterminer 
l'équation de la surface développable, lieu géométrique 
de toutes les développées d’une courbe dont les équa- 
tions sont données ; et ensuite trouver l’équation d’une 
développée déterminée; mais ces considérations nous 
meneraient trop loin, et nous renvoyons ceux qui se- 
raient curieux d'étudier cette théorie dans tous ses dé- 
tails, à l'analyse appliquée à la géométrie de Monge. 

DÉVELOPPEMENT, C’est, en géométrie , l’action 
par laquelle on développe une courbe pour lui faire dé- 
crire une développante. Foy. ce mot. 

On se sert encore de cette expression pour indiquer 
la réunion sur un plan de plusieurs figures planes dont 
l’ensemble forme la surface d’un solide. 

En algèbre, on entend par développement la forma- 
tion de la série qui donne la génération d’une fonction. 
Par exemple (a+x)" étant une fonction de la variable 
æ, sa valeur, 


am + mam—ix + ee a—2x2 + 


m(m—1)\(m—02) 
— ©" "%{ qn-3 3 
UE a T ete... 


+ 
obtenue par le binome de Newton, est ce qu’on nomme 
son développement. Foy. Série. 

DÉVIATION (Astr.). Ecart de position. On se sert 
de ce terme pour exprimer la quantité dont une lunette 
méridienne ou un quart de cercle mural s’écartent du 
véritable plan du méridien, On trouve cette déviation 


DE 445 


en comparant le passage du soleil, observé dans la lu- 
nette, avec le passage au méridien calculé par la mé- 
thode des hauteurs correspondantes. Par exemple, 
ayant calculé que le passage au méridien doit s’effec- 
tuer à oh 2" 10", ct ce passage s'étant effectué dans la 
lunette à o" 2° 6", on en conclut que la déviation de la lu- 
nette est de 4" vers l’est, puisque le soleil a passé dans 
la lunette avant de passer au méridien justement de 
cette quantité. 

Déviarion des corps dans leurchute libre. On nomme 
ainsi la quantité dont un corps tombant librement à la 
surface de la terre, s'écarte de la perpendiculaire menée 
de son point de départ à cette surface. Si la terre était 
immobile , il ne pourrait y avoir aucune espèce de dé 
viation, car la force qui fait tomber un corps agissant 
suivant la droite qui passe par le corps et par le centre 
de la terre, tant que cette force est supposée agir, seule, 
rien ne peut changer la direction du mouvement; mais 
la terre tournant en 24 heures autour de son axe, et 
toutes ses parties ayant une vitesse d'autant plus grande 
qu'elles sont plus éloignées de cet axe, il est évident 
que Île corps placé au-dessus de la surface et qui parti- 
cipe du mouvement commun tant qu’il n’est pas libre, 
décrit un cercle plus grand que celui décrit par le poin 
dela surface auquel il correspond perpendiculairement. 
Ainsi au moment de la chute, ou lorsque le corps de- 
vient libre , il se trouve sollicité par deux forces dont 
l’une le ferait tomber suivant la perpendiculaire et dont 
l'autre lui ferait parcourir un espace plus grand que 
l’espace parcouru par le pied de la perpendiculaire ; il 
en résulte que le corps doit tomber un peu plus à l’est 
que le pied de cette perpendiculaire, et cette déviation, 
calculée d’après la théorie et vérifiée par l'expérience 
devient ainsi une preuve de fait de la rotation de la terre 
sur son axe. 

La Place a donné la formule suivante pour calculer 
la grandeur de la déviation d’après la hauteur de la 


A=% nh sin A/?, 
6 


dans laquelle 4 désigne la déviation, À la hauteur de la 


chute 


chute, n l’angle de rotation de la terre pendant le 
temps de la chute, 9 le complément de la latitude du 
lieu et g l’espace parcouru par un corps pendant la pre- 
mière seconde de sa chute, savoir g— 4",9044 pour 
Paris. Voy. Bulletin des Sciences , n° 75. 

Cette déviation, observée par MM. Guglielmini et 
Benzemberg , a été trouvée par le premier, de 8 lignes 
pour un corps tombant d’unchauteur de 241 pieds, et 
par le second, de 5 lignes pour un cerps tombant de 260 
pieds; mais de tels résultats ne peuvent être considérés 


que comme une vérification générale du phénomène. 


426 DI 

DIACAUSTIQU (Geom.). Foy. CausrniQue. 

DIAGONALE (Géom.) (de die, travers, et de yovæ, 
angle). Droite menée du sommet de l'angle d’un paral- 
lélogramme au sommet de l'angle opposé. Foy. Panau- 
LÉLOGRAMME €t QUARRÉ. 

DIAMÈTRE (Géom.) (de di«, à travers, et de æerpoy 
mesure). Droite qui passe par le centre d’un cercle et 
qui se termine de part et d’autre à sa circonférence. Le 
diamètre d’un cercle est le double de son rayon. Woyez 
NorionspréLim. , 42, et CERCLE , 30. 

Le pramèrre d'une section conique est une droite qui 
coupe toutes les ordonnées en deux parties égales. Lors- 
que ce diamètre est perpendiculaire aux ordounées , il 
prend le nom d’axe. Foy. chacune de ces courbes en 
particulier. 

Le pramèrre-d'une sphère est la même chose que le 
diamètre du demi-cercle dont la révolution a engen- 
dré Ja sphère. On le nomme aussi l'axe de la sphère, 
Voyez SpuÈre. 

Diamèirres pes PLANÈTES (Astr). Ils sont ou réels ou 
apparens. Le diamètre apparent d'une planète est l’an- 
gle sous lequel elle apparait aux observateurs,en prenant 
pour rayon la distance de la planète à la terre. C’est-à- 
dire, en menant de l'œil des rayons visuels à deux points 
opposés du disque d’une planète, l’angle formé par ces 
rayons et dont le diamètre de la planète est la corde, 
forme ce qu'on appelle le d'amètre apparent. Cet angle 
étant très-petit, on peut considérer la corde comme 
confondue ayecl'arc ou comme étant sa mesure. Ainsi 
les diamètres apparens d’une même planète sont en rai- 
son inverse de ses distances à la terre, car il est évident 
que ces diamètres doivent paraitre d’autant plus grands 
que les distances sont plus petites. 

Le diamètre réèl d'une planète est sa véritable gran- 
deur mesurée à l’aide d’une grandeur connue telle que 
le mètre, ou comparée avec le diamètre de la terre. 

Les diamètres apparens servent à trouver les diamè- 
tres réelslorsque les distances sont connues. C’est ce que 
nous exposerons au mot Disrance. 

La distance des planètes à la terre variant à chaque 
instant par suite des mouvemens propres de ces corps , 
leurs diamètres apparens varient également , mais ces 
variations s'effectuent entre certaines limites dont voici 
la moyenne. 


Moyens diamètres apparens. 


Boleil 75 42. 8aint 
Mercure.,...... 11,8 
Ménuss suce oo yo. 57,9 
MAS heros 8,94 
Jupiter see os 39 
Saturne. ss... 1e 18 
Uranus ere 3,54 
lallunes. ee eo 


« DI 


Les diamètres réels sont, en prenant celui de la terre 
pour unie, 


Diam. réels, 
Soleil. ,..,.. 109,9300 


Mercure,.... 0,3944 
Vénus.......  0,9730 
Marsa... 0,556 
Jupiter...... 11,616 
Saturne ..... 9,604 
Uranus......  4,2630 
La lune,....  0,2720 


Il suffit donc de multiplier ces nombres par la valeur 
du diamètre de la terre exprimée eu lieues ou eu 
mètres pour connaître les diamètres des planètes expri- 
mées en mesures semblables. Le diamètre équatorial de 
la terre est de 12754863 mètres. 


DICHOTOMIE (Astr.), (dedis, deux fois, et repos 
partie). Terme dont se servent les astronomes pour 
exprimer la phase de la lune dans laquelle elle est cou- 
pée en deux, ou dans laquelle il n’y a exactement qu'une 
moitié de son disque éclairée. 

Le moment de la dichotomie de la lune a été em- 
ployé pour déterminer la distance du soleil à la terre 
par Aristarque de Samos, environ 260 ans avant l'ère 
vulgaire; cette méthode, extrêmement ingénieuse : 
mais peu susceptible d'exactitude par la difficulté de 
saisir l'instant où la lumière est terminée par une ligue 
droite, se trouve décritedansl’4stronomie de Lalande. 
Voyez aussi l'Astronomie de Delambre, ch. 25, 

DIFFÉRENCE (Arith., Alg.). Excès de grandeu 
d’une quautité sur une autre, ou ce qui reste lorsqu'on 
retranche une quantité d’une autre quantité, Par exem- 
ple, la différence entre 8 et 5 est 3; et en général la dif- 
férence entre a et b est a—b, quantité qui peut être 
positive ou négative selon que b<a ou b>a.. Voyez 
ALGËBRE. 

Carcuz Des DIFFÉRENCES. Une des branches fonda- 
mentales de la science générale des nombres. F'oyez 
MATBEÉMATIQUES. 

1. Le calcul des différences , considéré dans toute sa 
généralité, c'est-à-dire comme embrassant le calcul 
différentiel, a pour objet les lois de la variation des 
quantités. , 

Par variation, nous entendons l'augmentation ou la 
diminution de grandeur qu'éprouve une fonction quel- 
conque de quantités variables lorsqu'on augmente où di- 
minue ces variables. 

2. Pour fixer les idées, considérons ce que devient la 
fonction simple ax en faisant croître æ d'une quantité 
quelconque m ; on a alors 


alim) où ax + an , 


DI 


ainsi la fonction ax a reçu un accroissement arr par 
suite de l'augmentation éprouvée par æ. Si au contraire 
on avait diminué æ de la même quantité », ax serait 


devenue 


{x —m) où ax —an , 


et par conséquent la fonction ax aurait éprouvé ane 
diminution am correspondante à la diminution 72 de «. 
Or c'est cette variation am, en plus ouen moins, qu'ou 
nomme en géuéral prFFÉRENCE de la fonction ax. 

3. De même, soit a-bx? une autre fonction de la 
variable æ; en la désignant par y, nous aurons l'expres- 
sion 


7 =a+ bx 


etil est évident qu'en faisant varier æ, y éprouvera une 
variation correspondante. Désignons par y' ce que de- 
vient y lorsqu'on augmente æ d’une quantité #7, nous 


aurons 


J'=a+b(itn}), ° 


mais la variation subie par y pour devenir y", ou y'—y, 


est 
[eite+nr | — [a+ bx | 


c’est-à-dire, 
a+ ba? + bnx + bn — a—ba? = bnx + bre. 


Ainsi bar+br est l'accroissement ou la différence de 
la fonction y. 

4. Généralement, gx étant une fonction quelconque 
de x, si noùs désignons par Ax l'accroissement qu’on 
fait subir à la variable + et par Agx l'accroissement qui 
en résulte pour la fonction gx, nous aurons 


Apx = f(x +Ax)—@x, 


et, si au lieu de faire varier æ en plus nous l’eussions 
fait varier en z20ins , nous aurions eu 


È APT = PL (x = AX). 


5. px étant une fonction quelconque de la seule va- 
riable x, si nous Ja désignons par y, nous aurons l’ex- 
pression 


YE= x; 


et nous pourrons alors considérer y comme une autre 
variable , mais dont les variations dépendent de celles 
de æ. On dit alors que y est une variable dépendante , 
tandis qu’on nomme x une variable indépendante. 

G. Les accroissemens qu’on fait subir aux variables 
peuvent être considérés comme des quantités réelles ou 


idéales , c’est-à-dire, commé des quantités fuites ou in- 


AT 


DI 


fiuiment petites, dans le premier cas le calcul des diffe- 

rences prend le nom de CALCUL DES DIFFÉRENCES FINIES, 

et dans le second, celui de cazCUuL ptFFÉRENTIEL. Nous 

allons procéder à l'exposition des lois générales de ces: 
calculs et de leurs applications les plus importantes, 

puis nous jetterons un coup-d’œil sur l'histoire de leur 

introduction dans la science et sur les diverses considé- 

rations métaphysiques auxquelles ils out donné lieu. 

7. CALCUL DES DIFFERENCES FINIES. La diffcrence d’une 
fonction étant la variation qu'elle éprouve lorsqu'on 
fait croître les quantités variables qu’elle contient, la 
règle générale pour trouver cette différence est donc 
de retrancher la fonction primitive dela fonction variée, 
et c’est ainsi que nous avons trouvé ci-dessus 


Apr = gix+Ax)—x, 
ou 


APX = px — p(x —Ax) 


en prenant l'accroissement négatif. 

Il résulte de cette construction, que pour obtenir la 
différence d’une quantité composée telle que ALBx, 
dans laquelle A et B sont des quantités constantes et æ 
une quantité variable, il suffit de faire varier le terme 
qui contient x, c'est-à-dire qu’on a 


A(A+Bx) — Ba, 
car la quantité À, ne recevant aucun accroissement, 


disparait lorsqu'on retranche la fonction primitive de 


la fonction variée ; en effet on a 


A(AHBzx) = (A+B(x+ax) — (ALBr) 
= A+Br+Bar—A—Bxr 
—= BAx 


On aurait par la même raison 


s[ A +Bx+ 07] — Bar +Caiy, 


et ainsi de suite dans tous les cas semblables. 
Il est facile de voir qu’en général la différence d’une 
suite de termes telle que 


ox +9 y + a+ ete., 


px, @y; g'z, désignant des fonctions quelconques des 
variables x, y, z, se trouve en prenant la différence de 
chaque terme, ou qu’on a 


sf ex+gve"sete. [sert +aospere, 


8. Agx désignant toujours l'accroissement ou la dimi- 
nutiouépronvée par 4x, lorsqu'on augmenteou qu'on 
diminue la variable æ de la quantité A, on peut consi- 


448 DI 


dérer cette quantité Ag comme une nouvelle fonction 
de x qui peut admettre aussi un accroissement corres- 
pondant à celui de la variable x. Ainsi, en supposant 
que x croisse encore de la même quantité Ax, on au- 


rait après l'accroissement 
Ag(x+aAx), 


et la variation correspondante de la fonction 4gzx , ou 
la différence de cette fonction serait 


A(ADX) = Aÿ(x+Ax)—Apx. 


La différence de Agx ou A(Agzx), s'exprime par 4@x, 
et c’est ce qu’on nomme la différence seconde dela fonc- 
tion x. 

9. On a donc pour la différence seconde de gx, l'ex- 
pression 


A°@x = Ap(x+Ar)—Apr. 


Substituant la valeur de 4gx ou g{(x+Ax)—@x, cette 
expression devient 


A’Qx = Ap(x+Ax)—#(r+Ar)+ox, 


mais on à aussi, d’après l'expression générale du nu- 
méro 4 ; 


AP(x+Ar) = pr +24x)—p(x tar). 
Donc, la différence seconde est 
AT = (x +24r)—2p(x+Ar)+hr. 


10. Considérant de nouveau A°@x, comme une nou- 
velle fonction de x, sa différence A{A@x) ou Agx sera 
la différence troisième de gx, et, d’après ce qui précède, 
on aura 


Agx A" p(x+Ax)—Apx 
Mais, d’après 9 
Ap(x+Ax) = p(x+34r)—2p(x+24xrH#(x+ax) 
Apr = (x +24r)—-29(x+ar)+x, 
Ainsi, eu substituant , on trouvera 
Apr = p(x+34x)—39(x+24r) + 30(x+Ar)—pr. 


11. En suivant la même marche.on trouverait, pour 
la différence quatrième de @x , l'expression 


Aigr = q(x+hax)—4p(x+34x)+69(x4+24x) — 
—he(x+ar)+ex 


12. D'après ce qui précède , en remarquant que les 
coefficiens numériques de ces développemens sont les 
mêmes que ceux du binome de Néwton, on peut con 


DI | 
clure, par analogie , que la différence m ième de la fonc- 
tion gx doit avoir pour expression générale 
Apr = p(x+mAr) — mpix + (m—1)Ax) + 


Le (x (m—2)ax)— etc... .(—1)"px, 


+- 


le dernier terme gx ayant le signe lorsque 72 est pair 
et le signe — lorsqu'il est impair. 


En renversant cette expression on peut lui donner Ja 


forme plus commode 


AM DL —(— 1 ÿ# [eme (x+Ax) 


m(m—1) 


+ —, f(r+2a7) 


m(m—1) (m—2) m—3) 


12.94 Tr PF) 


ssmsssrte] 


13. Pour donner une démonstration générale de 


+ 


—etC....s.s 


cette loi, il suffit de prouver qu’elle est vraie pour la 
différence de l'ordre #21, en la supposant vraie pour 
la différence de l’ordre 7; car il est évident que puis- 
qu’elle se vérifie en faisant »m—4, il en résultera qu’elle 
est également vraie pour »#1—5, et par suite pour toutes 
les valeurs entières de 7». 


Or, en désignant, pour abréger, par à l'accroissement 
Az de la variable x , cette loi est (4). 


Am px —(—1)" Lex—mete-+5) + 


m(m—1) 


ATEN) e(c+ai—ete.….] 


—1 

1.2 
Prenant la différence des deux membres de cette éga- 

lité, ona 

A(AmDX)—=(— 1)" [acr+n—metr+an 


m(m— 1) 


— pr +3i)— etc. | 


1.2 


(0 {omete+D+ 


Late DETENTE PES ete... | 


1.2 


Ou , en effectuant l'addition des coefficiens des mê- 
mes fonctions, 


DI 
Am HiIpa= (1) +, Lc 1).p(x+i) 


+ (me UD) expo 


… m (m—3) (pe 


1209 


m{(m—1) (m—2)m—3) 


LE 1:2:044 


poses ete. | 


ce qui se réduit à (2) 
AM H1IPX = (1). 1 Lez—(nHr).e(2t) 


4 CU gatod— 


CD Ch ete 


1:253 


Car, en nous servant pour abréger de la notation des 
factorielles, on a en général, # étant un nombre entier 


quelconque 


m(m—1) (m—2)... EE mhi—1 


TDR uit 
m(m—) a dre (mike) _ mhtiITt 
T.2030%e (+) RENE TEST 


Mais, en réduisant au même dénominateur, 


mit EH IA  (gehr)rat mA 
li PETER m7 til + A+ 


= (men (name 


1#+ut 


ns 


HT 1 


15 (mæ+r)e- tait 


== —— 
au+uit 


expression qui , en faisant successivement #—0 , m=1, 
#=—2, etc., donne les coefficie ns de (b), savoir : 


(m+1), EC RER 


Or, l'expression (b) est ce € que devient (a), lorsqu'on Cette loi qui, dans 
y faitm=m4#, ainsi il suffit que la loi (a) soit vraie 


7) ete hi) 


ie SE (m+1 Den Fe 


DI 449 


pour une valeur quelconque de m pour qu’elle soit vraie 
en général. 

14. Lorsque l'accroissement de la variable est né- 
gatif, la loi ci-dessus devient 


2e LA Les. DRE EtCusse 


AP = pen (ci) + ————° 


ce qu’on déduit sans difficulté. 


15. Fr et fx étant deux fonctions différentes d'une 
même variable x, la différence de leur produit ou 


A(Fx.fx) 


se trouvera aisément par ce qui précède, car d’après la 
conception générale des différences, on a 


a(Fx.fx)=F(x+ax).f{x+ax)—Fr.fs 
or 
F(x+aAr)=Fr+AFr 
Jletax)= fr+afe 


] et par conséquent 


F(x+ax).f(a+ax)=Fr fa+ fx. AFx+Fz.AFz+ 
+AFx Afr 


donc 
A(F 2.fr)=Fx.Afr+Afr.AFx+fr.AFz 


La différence seconde du même produit s’obtiendrait 
de la même manière. Cette différence est 


A (Ex fc) =Fx.Afx+24Fr.a fr + AFr.fr 
+24F x. A fx +24 Fz.Afr 
+ 4Fzx.4'fx 


En général, # étant un indice quelconque, on a (c) 
AU(Fx fe) =F x. 48 fre Fr [ave afx | 
os are NS [arret 2Au—1 fr + Au | 
=E ele ee £ 2). AFx [a-petsae-re+ 


4 3au—sfra fx I 


le cas des accroissemens neégatiff, 


devient 
57 


450. BI 


"1! 


AP fe) = Prdsfe L eATr | Ab fx — SEA 


4 nhisyye 50 L'oeuf, 
+ = à Fe [à H—2 fx —2ART fx Lai] 
(e—x)(e—2) vs nr 
LE PAST Vin AFx AHT AU fa + 
+ 34r-ife A ofr | 
> etes. 


est la loi fondamentale de la théorie des différences. Sa 
démonstration générale peut s'effectuer en suivant la 
marche que nous avons employée au n° 13. 

16. É nous serait facile maintenant de trouverles dif- 
férences de tous les ordres d’une quantité algébrique 
quelconque ,mais sans nous arrèter ici à des déductions 
particulières dont nous trouverons d’ailleurs plus loin 
des exemples, 
calcul des différenees n'a-pas seulement pour but de 
trouver les différences des quantités données, mais qu'il 
doit encore pouvoir remonter de ces différences aux 
dérivent, 
Cette distinction partage ce 
calcu}--én:deñixbrañches-dont fa première considère les 


difjérences directes, ou Les différences proprement dites, 


fonctions dout elles lorsque les premières 


seulement sont connues. 


et la seconde les différences inverses ou sommes. 

Ainsi, 4x étant la différence directe de ox, réci- 
proquement 9x est la différence inverse ou la somme de 
Apx. 

On désigne les différences inverses par la caractéris- 
tique >; de sorte que pour exprimer que er est la 
somme de A9x : on écrit 


px=2[ax| 


17. Comme il y a des différences de plusieurs ordres, 
il y a également des sommes de plusieurs ordres, par 
exemple 


[ax] 


indique la somme seconde de 4x. En général Z# est 
Ja caractéristique de la somme de l’ordre m. 


i8. Pour remonter d’une différence quelconque à EE 


fonction primitive, il est évident qu'il faut prendre Ja 
somme du même ordre, et qu’on a 


2[4"çx]=çx 


‘19. Une fonction quelconque d’une variable étant 
donnée, si on considère cette fonction comme la diffé- 
rence d’une autré fonction inconnue , le problème de 
trouver cétte dernière est donc le but du calcul des 
différences inverses. Ainsi Fx étant la fonction donnés. 


c’est ici le cas de faire remarquer que le 


DI 


trouver la somme de Fx ou XFx c'esttrouver une autre 
fonction fx telle que Fon ait sa) 


Fx=4fe 


S'il est toujours facile de trouverles différences d’une 
quautité donnée, il n’en est pas de même des sommes, 
mais ce n’est point ici le Tieu de nous occuper deæce pro- 
blème, qui forme Je but général du calcul des différen- 
ces inverses, Où du CALCUL INTÉGRAL. 

20. On considére encore les sommes comme des dif- 
Jérences d'un ordre négatif, c'est-à-dire qu'on attache 
la même signification aux caractéristiques 2” et A# ; de 
cette manière 


Z'ox et A—pox 


sont des expressions identiques, 


Si dans les lois (a) et (ce), on fait l'indice négatif, elles 
s'appliquent immédiatément aux sommes. La première, 
en ne considérant que les accroissemens négatifs, ce qui 
est Le cas le plus snnple, devient (4) 


mn mis) 


L'on qu + me(a—i) + ———— (2 — 2) + 


mi ae (+2) ne 


DL 5: FFE 


et la seconde (e) 


Sn(Ee fr) =F 2 > fem AFx [ Butife — Enfer | 
+ AE PO LE Enr 2204-fx + 


è + por |-eic D 


21. Nous allons montrer par quelques exemples l’ap- 
plication de ces formules . £ désignant toujours l’accrois- 
sement de la variable x, proposons-nous de trouver les 
différences successives de la quantité +, 

La première difference : ou Az” sera 

ax = (æ+i}— 2x" 
et en développant le bia: ome (æ+-i}" 


n(n— 


1.2 


A = RMI # Ê Cite D ni 


n(n—1)(r1 


—2) 
7 gn=—3j Let... 
7 135330 + 


Pour obtenir la différe) ace seconde, puisque d’après 
la loi(a), ona 


= 9x = 9 gai) + ple+2) 


Aer = 


à 


= DI 


en faisant rx», on obtiendra 
aan = en — oo + (ao, 


ou, en développant les binomes, 


Acxn — x" 
.. N(7—1 $ 
— 20m NA D, LR) an? 2 etc, 
1.2 
n(n—1) 


an—2 Æ Ctc. 


han + onan tit 


mme: 
et en réduisant 


A7Xr — n(n—1 ini +6 al fren)h, spi etc. 


ce. 
on trouverait de mème pour la différence troisième 
Aa = nfr—i)(n—2)2r + Anti Brr$$ etc, 
en désignant, pour abréger, par À B C etc., les coefi- 
ciens des puissances ii, 2°, 1°, etc. 
“PP! . Tan 
En général, la différence m ième aura la forme 


ann n(n1) (n—2)...(n—m4#i)ar-nim + 
AE Mar-n-iimtitetc. 


Lorsque l’exposant » est entier et positif, le nombre 
des termes de 4” x, diminuant d’une unité lorsque 72 
augmente d’une unité, on voit facilement que dans le 
cas de m—n,0ona 


Amd — n(n—1)(n—2)...1.ùt 


et que cette différence ne contient plus la variable x. 
Il suit de cette remarque, que les différences d’un 
ordre supérieur à 72 sont 0 , ou qu’on a en général 


Amxn = 0 


toutes les fois que 72 est plus grand que ». 


En donnant des valeurs particulières à #7, nous au- 
rons 


A x? = 2x%ii 


AE? = 91° 
Aix? = 0 
etc. etc. 


A x3 — 3xiLaxi + 
x = Grit6à 


A3 — 68 
Aixi — 0 
etc, etc. 


29. Proposons:nous maintenant de trouver les diffé- 
rences successives de la factorielle æli en prenant pour 


DI 451 
accroissement de lavariable l'accroissement £:dela facto- 
rielle , nous aurons 


ir 


AœnrÈ |, dr )nli jm ë : tbe ei 
Or, par la nature des factoriclles 


(ini = (ai) (am 


dan ii D. (a+ int lÈ 


Ainsi, opérant la soustraction 


(a+ ini ami (xp [+ + mi— | : 


donc 


Agmi = pri(atipne ii, 
En prenant les différences à accroissemens négatifs, 
cette expression devient plus simple, car on alors 


AZI — pm (x —i)r i 
= (24 (ni ri) ant (gr) pm ré 


= NU. xm—1 i, 
La différence seéonce étant: 


APXUEE = A(nris dm A à) 


NU VAT 


on obtient immédiatement , en vertu de l'expression 
précédente, 


AM = n(né ie am à, 


En continuant de la mème manière il ést facile de voir 
qu'on a en général 


Ang nm)... (mini). ir anni, 


Si au lieu de la simple factorielle æ#{ nous prenons 
le binome (a+-x)"i nous aurons, en considérant tou- 


jours les accroissemens comme négatifs, 


Aa)" à = (a-prné 8 (aan 
= (a+x + (n—r)à) (a+-x)n-ii 
—(ata—i\ aa) 
=nmiatrpenii, 


et, par suite 


An(a#x}rè m(m—x1)(m09) (nds) in 


(a+a)mni, 


Nous avons fait usage de ces différences à l'article Coxe 
FICIENS INDÉTERMINÉS, 

23. Les accroissemens dela variable! fuenütis vor 
considérés comme égaux entre eux dins Tes différents 


successives, peuyént admettre, dinisique notslé véto: 


452 DI 


ailleurs, des valeurs différentes. Mais avant d'aborder 
les applications du calcul des différences , procédons à 
l'exposition du cas des différences idéales qui forme la 
partie la plus importante de ce calcul. 

24s Cazcuz DiFFÉReNTIEL. Lorsque les accroissemens 
des variables sont considérés comme infiniment petits, le 
‘calcul des différences prend le nom de calcul différen- 
tiel. Alors la nature purement idéale des quantités sur 
lesquelles on opère apporte non-seulement des modifi- 
cations dans les procédés du calcul, mais jui donne en- 
core une signification particulière, qui, jusqu’à cette 
époque, ne paraît pas avoir été saisie par le plus grand 
nombre des mathématiciens. Nous allons essayer, autant 
que les limites de ce dictionnaire peuvent nous le per- 
mettre, d’éclaircir les difficultés qui , depuis l'invention 
du calcul différentiel, ont porté quelques géomètres cé- 
Jèbres à éluder l'idée de l'infini, en substituant aux pro- 
cédés, si éminemment simple de ce calcul, des procédés 
indirects et compliqués. 

Remarquons avant tout que l'intelligence de l’homme 
se compose de facultés différentes qui ont chacune leurs 
lois propres, et que toute connaissance est le produit de 
la double action, de l’objet de cette connaissance , sur 
les facultés intellectuelles et des facultés sur cet objet. 
C’est ainsi, par exemple, pour nous faire comprendre 
par une image sensible ; que dans les sensations de l’or- 
gane de la vue, la vision est le résultat composé de l’ac- 
tion d’un objet matériel sur l'œil et de la réaction de 
l'œil sur cet objet; de cette action réciproque nait la 
sensañon de la couleur; couleur dont on ne peut cher- 
cher exclusivement l’origine ni dans l’objet ni dans l’or- 
gane affecté, mais bien dans la réunion de leurs activités. 

Il en est de même pour les facultés de l'intelligence; 
chaque faculté est douée de dispositions primitives ou 
de lois particulières qui entrent comme parties consti- 
tuantes dans les connaissances auxquelles nous nous éle- 
vons par son moyen. Il est donc aussi essentiel de ne 
pas confondre les produits de ces diverses facultés que 
ces facultés elles-mêmes. Or, deux facultés opposées do- 
minent toute l'intelligence humaine, ce sont l’ENTEN- 
DEMENT et la RAISON, qui se neutralisent dans la faculté 
intermédiaire du sucxmenr. Les fonctions de l’entende- 
ment se rapportent aux objets sensibles, c’est-à-dire, 
aux objets réels qui existent dans l’espace et daus le 
temps. Cette-faculté agit en introduisant une unité intel- 
lectuelledansles intuitions que nous avons de ces objets; 
ses produits se nomment perceplions générales où con- 
ceptions. Les fonctions de la raison ne s’exercent pas 
sur les objets eux-mêmes ou sur leurs intuitions, mais 
bien sur les conceptions de l’entendement que cette fa- 
culté supérieure ramene à l’unité ; ses produits se nom- 
ment conceplions générales, ou idées, en prenant le 
‘mot idée dans son acception philosophique. Les fonctions 


DI 


du jugement s'exercent alternativement sur les concep 
tions de l’entendement et sur les idées de la raison; cette 
faculté, dont les produits se nommert jugemens, agiten 
descendant des conceptions générales aux conceptious 
particulières, ou en remontant des secondes aux pre- 
mières. 

Ceci posé, il est évident que l’idée de l'infini est un 
produit de la raison et par conséquent un produit essen- 
tiellement différent de celui de l’entendement qui doune 
la conception d’une quantité finie. En effet la-concep- 
tion d’une quantité finie sert à lier les intuitions que 
nous avons des objets en les ramenant à l’unité, tandis 
que l’idée de l'infini est absolument inapplicable aux 
objets sensibles et ne peut se rapporter à aucune conpais- 
sance réalisable par l'expérience. Mais cette idée de l’in- 
fini, dernier terme de la raison, soumise à l'influence 
du jugement, se transforme en idée de l’indéfini et de- 
vient alors applicable aux conceptions de l’entendement 
dans lesquelles elle introduit la dernière unité intellec- 
tuelle. 

Ainsi la conception d’une quantité finie porte toujours 
sur des objets réels réalisables par l'expérience, et sert 
de loi constitutive à des relations possibles dans ces 
objets; tandis que l’idée d’une quantité indéfinie ne 
porte que sur les fonctions même de l'intelligence et sert 
de loi régulative ou de règle pour la géneration, non 
de la quantité elle-même, mais de sa connaïssance. 

Les quantités finies et les quantités indéfinies appar- 
tiennent donc à deux classes opposées de connaissances 
et conséquemment les lois des premières ne peuvent être 
les mêmes que les lois des secondes. C’est à la confusion 
de l’origine de ces deux espèces si différentes de quan- 
tités que sont dues toutes les controverses dont le calcul 
différentiel a été l’objet. 

La première loi de ce calcul est : 

Deux quantités quine diffèrent entre elles que d'une 
quantité indéfiniment plus petite, sont rigoureusement 
égales. 

C'est sur cette loi que les géomètres ont tant peine à 
comprendre que repose toute la question. Question pour 
lasolution de laquelleil faut, à la vérité, s'élever au-dessus 
de la niaise métaphysique de Condillac et de son grossier 
mécanisme des sensations. La plupart des mathémati- 
ciens modernes regardant encore la /angue des calculs 
et d’autres inepties semblables comme le plus sublime 
effort de l'intelligence, nous ne pouvons nous éton- 
ner que malgré la publication faite en 1814, par 
M. Wronski, d’un ouvrage intitulé Philosophie de l’in- 
fini, et dans lequel la loi du calcul différentiel se trouve 
démontrée de la manière Ja plus rigoureuse, ces mathé- 
maticiens ayent persisté dans leur savante prétention de 
bannir l'infini des mathématiques; mais nous ne pou- 
yons nous empêcher de déplorer la condition des jeuues 


DI 


gens auxquels on impose l'étude d'ouvrages qui ne se 
font remarquer que par l'absence totale d'idées philo- 
sophiques. 

La démonstration complète de la grande loi des 
quantités infinitésimales repose sur la distinction néces- 
saire qui existe entre les lois réelles des quantités finies 
et les lois idéales des quantités indéfinies; distinction 
dont nous n'avons pu ci-dessus que résumer les princi- 
pes et pour laquelle nous renverrons nos lecteurs à la 
Philosophie de l'infini, car c’est dans cet ouvrage seul 
qu'ils pourront l’approfondir et conséquemment appré- 
cier la démonstration dont elle est la base. Nous ne 
pouvons ici qu’affaiblir cette démonstration en la résu- 
mant comme il suit : 

Les lois des quantités indéfinies n'étant, comme 
comme nous l'avons dit plus haut, que des lois idéales 
qui ne peuvent servir de règle que pour la génération 
de la connaissance de Ja quantité , et non des lois réelles 
de la relation même des quantités, il est évident que 
deux quantités, A etB, quine different entre elles que 
d’une quantité indéfiniment plus petite GC, sont rigou- 
reusement égales. Car l’idée de la quantité indéfinie C 
n'étant qu'une règle pour la génération de la connais- 
sance des quantités de l'ordre de À et B, et ne pouvant 
avoir conséquemment aucune réalité dans la sphère de 
grandeur où se trouvent A et B, ne peut, par son in- 
fluence purement idéale, changer en rien la relation de 
ces dernières quantités considérée dans sa réalité. 


25. On se sert de la caractéristique d pour désigner 
les différences infiniment petites ou les différentielles. 
Ainsi dr est la différentielle de x et dgx celle de @z. 

dx étant une quantité infiniment petite; dx? est une 
quantité infiniment petite du second ordre, ou une 
quantité infiniment petite par rapport à dx; de même 
dx est une quantité infiniment petite du troisième 
ordre, et ainsi de suite.Le produit de deux quantités in- 
finiment petites , telles que dx etdy, est aussi une quan- 
tité infiniment petite du second ordre; le produit de 
Lrois quantités infiniment petites dx , dy, dz est égale- 
ment une quantité iufiniment petite du troisième ordre, 
etc., etc. Foy. Inrini. 

La loi des quantités infinitésimales embrassant les dif- 
férens ordres de ces quantités, il est évident que les in- 
finiment petits d’un ordre quelconque n’ont aucune 
valeur à côté de ceux de l’ordre précédent, considérés 
comme donnant lieu à une relation réelle, c’est-à-dire 
que l'égalité 

A=B+C 
se réduit toujours à 
A—=D 


S1, quel que soit l’ordre de grandeur des quantités A ct 


DI 455 


B, C est une quantité infiniment petite par rappoit à 
AetB. 

26. Tout ce que nous avons ditsur lesdifférences peut 
actuellement s'appliquer sans difficulté aux, différen- 
elles. Par exemple la différence d'un produit de deux 
variables simples x et y étant (15) 


A(X.ÿ) = x Ay+Ax, Ay+yaz, 


Si l’on prend les différences infiniment petites, cette 
expression devient 


d(x.y)=xdy+dx.dy+ydx, 
ou simplement 
d(x.y) = xdy+ydx, 


en retranchant dx.dy qui est une quantité énfiniment 
petite du second ordre et qui n’a, par conséquent, au- 
cune valeur comparée avec celles du premier xdy 
et ydr. 


27. La loi fondamentale (a) lorsqu'on change l'ac- 
croissement? en dx, se réduit à (e) 


dE. fe) = Fa.dhfr+u.dEz.du—1fz 


+ en ŒFx.du—2fz 
1 


m(e—1) (#—2) 


3 5 
+; .dFzr.dr—2fx 


etc. etc. 


en négligeant les quantités qui se détruisent. Cette loi 
peut, comme le binome de Newton, avec lequel elle a 
une grande analogie, se transformer en développement 
de trois ou d’un nombre quelconque de facteurs. 

28.Procédons maintenant à la déduction des différen- 
tielles des fonctions élémentaires. Soit d’abord (gx}" la 
fonction qu’il s’agit de différentier. 

Si m est un nombre entier quelconque, faisons 
m—=p+g, pet g étant eux-mêmes des nombres 
entiers , et nous aurons 


(gx) = (pxhp+7 = (px (ox)7. 


Mais d’après la loi précédente 
d (px). (ex) | — (gx). d(gi) + (ex. d(px)7. 


Ainsi , faisant p—1 et successivement 91, 3, 3, 4, etc. 
Di—1 , On à 

d(px) =29x .dex 

d(px)=3(ex) .dpx 

d(pc={\(ex). dx 


etc. elc. 


454 DI 
ét généralement (f) 
dex}?=m(px)" dx 
Si m est un nombre fractionnaire , en le représentant 


P 
ar — 
d q 


tion inconnue ÿx de la variable x, et poser 


ST 54 
nous pourrons cousidérer (gx), commeunce fonc- 


p 
(px)s = Ÿx 


d’où 
D... (gx = (dx) 


et 


[22] 


ee | (ex E d\(yay} 
ainsi, p et g étant des nombres entiers , on à 


d} (px)? | = p(ypc)—1.dpx 


a (Ja) | = gx) dr 
et, par conséquent, 
pexP—:.dex=q(br)—1. dx, 
on tire de cette égalité 
sos AVE — P . 
4 Ÿ : 
Mais d’après l'égalité 1 
F La 
dy = à {(xY | 


et 


CAES ETtP 
ave (ele (eu) ? 


substituant dans 4, on a 


P 


g\_P _GxpT 
a] Gx) | __q PI +P 
(ox) ? 
LE 
=? (+2) . dax. 


Ainsi l’expression {f)a lieu lorsque 72 est un nombre po- 
sitif entier ou fractionnaire. 

Lorsque m2: est un nombre négatif, entier ou fract:on- 
paire, nous pouvons poser 


> pr)" — J T 


d’où 


et par suite 
1 (px), x 


Nous aurons donc aussi, à cause de d1=0, puisque x est 
une quantité constante , 


o=4l (px)m. ve F 
et d’après la lai (e) 
o= dépx}. Ve + (ex) dhe, 
c'est-à-dire «À 


mloxhn—:. dx. dx ——oxm,.déx, 


d'ou 
‘ \m—1 
\?PT ) 
d£ = —m — ,.dex.d4x 
Ÿ Gen Ÿ 
=—mlex)-1.dex 4x, 
mais 


dyæ=al (ox) | et Ve = (pr). 


Donc, en substituant ces valeurs dans la dernière éga- 
lité, on obtient définitivement 


diex)-n =—mipx)-"-1.dex, 


l'expression (f) se trouve ainsi démontrée pour toutes les 
valeurs entières et fractionnaires positives et négatives 
de l’exposant 71. 

serait facile, en employant un procédé semblable à 
celui dont nous nous sommes servis à l’article ANGLE, 
u° 13, d'étendre cette démonstration au cas de l’expo- 
sant irrationnel. 


59. ILest facile à présent de trouver la différentielle 
é . Ç æ 
d’une expression fractionnaire telle que re ; Car on a 
px 
= = oX.(dTr)T! 
Ÿx x .(ÿæx) 
et par conséquent 


a Æ = pr (pe) (pa). dx 


= — 192.d($x)—2.dVx + (ÿx)-1dpe 


x. dex—eox.d x 
(E3E É 


DI 


30. En substituant, dans ces expressions générales, des 
fonctions déterminées de x, on peut trouver facilement 
les différentielles de ces fonctions. C’est ce que nous 


allons éclaircir par les exemples suivans, 


Soit 
—(A+xt) ctn=+, 
on a 
d(A+z’h = (A+): d(A+æt), 
pes 
d(A+zx’)= dA+dx? = o+2xdx, 
donc 


d(AHathà = +. (A+a)-t.2xdx 


dx 
V(A+a) 
On trouverait de la méme manière 


pxr—*.dx 


d| V' {ar + x?] | = n/ Feu Fe 


à cause de 1—m——(m—i). 
Soit actuellement 


€ 


(px) = (a+ bar, 
onaura 


Ka+ban)” = m(a+bar)#— Ke, d{a+bær) 
= m(a+bar)n— .nbaæn=\dx 
= mb (aber da. 


Prenons pour dernier exemple 


ere[e+ÿ6-5) 


nous aurons d’abord 


a [av 2) 1% 


= m [a+ 


Mais 


afa+v(i— D, A 


D [ afetv 6-5 | 


À 455 
1-5) 
= —dcx—? 


= +pex-p1,dx 
pcdx 
xP+2 


donc en substituant 


LH) 
LC 


31.L’expression théorique du logarithme d’un nom- 
bre x, d’après la base &, élant 
log æ = cp (. = 7 
gx =X(x 1) PE 
dans laquelle © représente un nombre infiniment 
grand et La le logarithme naturel de la base a (voy. Lo- 
GariTaMes). La différentielle est, d'après ce qui pré- 
cède, 


d loge = d] » x 1). 


Le) œ 
Lo” œ@ 1 
nr æ* x a— dx 
< _i dæ 
7 La.x 


Le 
à cause de 2°" =x—1 

S'ils’agissait d’un logarithme naturel, on aurait La—1 
et 


dx 
dLx = — 


On aurait de même, en général, 


35. Cette derniéredifférentielle nous fournit le moyen 
d'obtenir facilement celle de fa fonction exponentielle 
a: Eu effet, 


faisons 


d: A) 


DI 


af +] — dy 


Mais en prenant les logarithmes naturels des deux 


456 


nous aurons 


Lo 


membres de la première égalité, nous avons 
ox.La=Lx 
ce qui nous donne en différentiant 


La.dpx —dly = # 


“ 


Ainsi 
dy=y.La.dyx 


et par conséquent, en substituant les valeurs ci-dessus 
de dy etdey, 


d [ur] = a;*.La.dyx 


33.Pourobtenirles différentielles des fonctions trigo- 
aométriques sin æ et cos æ, nous pourrions partir des 
expressions théoriques de ces fonctions (voy. Sinus), 
mais il se présente un moyen plus simple de les obtenir 
immédiatement. Nous avons généralement (7) 


dex=g{x+dr)-9x 


Ainsi 
d'sinx— sin (x+dx)—sin x 
or 
sin(xÆdx)=sin x.cosdx+cosx.sindx 
donc 


d'sin x=sinx. cos dx +cosx.sinx 


Or, dx étant une quantité infiniment petite 
sin dx=sin x et cos dx 1 (voy. Sinus), par conséquent 


dsinx.=cosx.dx 
On trouverait dela même manière 
dcosxæ ——sinx. dx 


A l’aide des différentielles précédentes, on peut cou- 
struire sans aucune difficulté celles de toutes les fonctions 
composées, nous ne nous y arrèterons donc point, et 
nous passerons immédiatement aux applications les plus 
importantes du calcul des différences. 


34. Le grand but du calcul des différences finies ou 
indéfinies+, étant d'obtenir la génération d’une fonction 
quelconque, par le moyen de ses accroissemens, dési- 
gnous par Fx unetelle fonction , etexaminons ce qu’elle 


devient lorsqu'on augmente successivement la variable 


DI 


z. Or, z étant considéré comme 
l'accroissement de x, nous avons en général 


æ d’une même quantité 


AFx=F(x+z)—Fxr 
d’où 
F(x+z)=Fx+aFx 


faisant successivement dans cette relation générale 
Lx +2, x =2x+#25, xx +3, etc., et substituant 
les unes dans les autres les valeurs que donne cette 


même relation , nous obtiendrons la suite d'expressions 


Fx+ 2)=Fr+aFx 
F(x+22)=F{(xtboz)+al(x+oz)=Fxr+o4Fr+a4Fx 
F(x+3z)=F{x+#02)+AF(x+402)=lr+3aFr+ 

+34 Fx+aFr 


etc. etc. etc. 
et en général (g) 
F(x+mz)=F 2maF + MU aFz x + 
m(m—1) (m—2) ,; 
+ Ps po Fr+etc…. 


ce qu’on peut démontrer en suivant la marche employé 
pour la loi du numéro 13. 


Maintenant, y étant un multiple exact de z égal à 22, 
on a =?, et substituant cette valeur dans (g), on 


obtient (k) 


Fr +7. ME rUD, APE 4 


Ya} (9—22) es 


de etc... 


AT AT 


Mais le nombre des termes de cette expression est d’au- 
tant plus grand que la quantité z qui est sous-multiple 
de y est plus petite; lors donc que cet accroissement est 
infiniment petit, et alors , il peut toujours être con- 
sidéré comme un sous-multiple exact de y, le nombre 
des termes de (k) devient infiniment grand. Dans ce cas, 
les différences deviennent des différentielles, z est 
simplement dx, et l’expression (4) devient (t) 


Le 


Fete pr +20 2, CEE 


12 da? 


—— + 


Telle est la génération de la fonction F(x+7). C'est 
ce qu’on nomme le théorème de Taylor. 


35. Pour appliquer ce théorème à la génération d'une 


DI 


fonction déterminée , on voit aisément qu'il suffit de 
savoir trouver les différentielles successives de cette 
fonction, ce qu’on peut toujours faire par les règles 
données ci-dessus. Soit en effet F(x+y)=(z47)", nous 
aurons Fx=—x”, et par conséquent 


d'Fx—d{[xr]=mam-dx 

dFx=d{rr]=dimen-dx]=m(m—1)x"-1dx? 

DEx=d{xm]=d\m(m—rx"—- dx] 
=m(m—1\m—2)x"-$dx 


elc. —=etc. = etc. 


la quantité dx étant considérée comme constante. 


Substituant toutes ces valeurs dans le théorème (4), 


on obtient. 


_— 


Gnome y me 


Mn 1)(ni—2) 


EVENE — xm—iy3 etc... 


ou la formule de Newton, qui se trouve ainsi démontrée 
pour un exposant quelconque 7. 

36. Si dans le théorème(z),on fait x—0o,ona,en 
désignant cette circonstance par un point placé sur æ 
dans Fx, 


es LE 


+ 2. 


1.2 


F(y)=Fà +7 


CE 


es 33" NE Le etc... 


changeant y en x, on a définitivement (4) 


a &Fx 


æ dFx 2e 


Fa)= Fi + EE 


.2 dx? 


dFx 


3 
z 
Te -— etc... 


SU 1.2.3 


formule connue sous le nom de thcorème de Maclaurin, 
et dont on a revendiqué dernièrement la propriété en 
faveur de Süurling. 

Nous avons déjà donné une déduction de cette for- 
mule par la méthode des coefficiens indétermines. 


37. Éclaircissons Vusage de ces formules par quelques 
exemples. Soit Fx=L'i-x), la caractéristique L dési- 
goant le logarithme naturel de (14-x). Nous aurons les 
différentielles successives de L{14-x)en faisant d’abord, 
d’après (31) 


et ensuite 


DI 
died [LE tai Se 1+x)—1.dx 


dx? 


= —1.(1+x)-.d2x= TRE 


dUi4r)= a |- & | —=+(1+x)-3.d2 
dx? 
= +rG 
dl ral=d] Le 3(14x)- 4 dut 
+T)= . el —2.3(1+x)-é.dx 
Tri 
NS te 
(1+x)t 
etc... etc. 
et en général 
drL(i+zx) =2.3.41. nr) (—i)a—1 


faisant dans toutes ces expressions 4=0, et les substi- 
tuant ensuite dans (4) on obtient 


ri 5 


n 2 3 
L(i+x) — Li+® "+ — AE — etc... 


ou seulement 


% Ne D 2 
L(i+x)=x— + MR: + CAT + etc... 
° 
à cause de Li=o. 
Soit actuellement Fx=sin{a—x), nous trouverons 
pour les différentielles successives 


d sin(a+4-x)=cos(a+x),dx 
æsin{a+x)—d| cos(a+x).dx ]=—sin(a+x).dx 
Bsin(a+x)=d|—sin(a4-x)dx"]=—cos(a+x).dx 


disin(a+x)=d|—cos(a+-x)dx]=<+sin (ar). 


dx 


et ainsi de suite. 
Faisant dans ces valeurs x=0 et substituant dans (4) 


on à 
LR : æ k 
sin (ax) = sin a+ cos a.— — sin «. ee 
Lil 


13 


x 
— 3 + etc... 


.2.9 


— cos &, 
1 


si l’on fait «—0, on à sin o—0, cos o—1, et le dévelop- 


pement devient 


PACE Es etc.. 


On trouverait de la même manière pour cos æ, l’ex- 


pression 


458 ‘- DIT 
= 2” ot Rte r | etc 
CRT Slt Sie nt 00 Lo 


38. Nous avons jusqu'ici considéré la variable x de la 
fonction générale 9x comme une variable indépen- 
dante, c’est-à-dire comme une variable qu’on peut dé- 
terminer à volonté; mais il peut se présenter le cas où 
cette quantité est elle-même fonction d’une autre va- 
riable, des accroissemens desquels les siens dépendent ; 
par exemple, æ peut être une fonction quelconque Ÿz 
dez, et l’on peut avoir besoin de connaitre immédia- 
tement l'accroissement de 9x correspondant à celui de 
z, ou la différentielle de #x en fonction immédiate de az. 
Pour mieux faire comprendre cette particularité, sup- 
posons 

gx ax? etz—=bz 


en éliminant x entre ces deux équations, on obtient 
gx—ab"z" 
dont la différentielle , en faisant varier z, est 
dox—2ab";dz 


Or, cette élimination peutsouvent devenir très: com- 
pliquée , et il est toujours facile d'obtenir immédiate- 
ment la différentielle de #x en fouction de la variable 
indépendante z. 

Pour cet effet, remarquons que la différentielle d’une 
fonction quelconque 9x est toujours de lg forme Mdx, 


c’est-à-dire qu’on a en général 
dox— Max 


æ étant considérée comme variable indépendante, et 
M étant une quantité dans laquelle x peut ou non se 
trouver, selon que dans +, ilentre ou n’entre pas des 
puissances de x. Or, en divisant l'équation précédente 
par dx, ona 


et M est ce qu'on nomme la dérivée différentielle de 
ar. 


Ainsi, dans le cas ou @x serait a + bx  ca*, nous 


aurions 


dÿx = bdx + 2cxdx 


= (b + ocx)dx 
et, par conséquent, 
dx 
nn b+ ocx. 
b+ocx serait la dérivée différentielle de ox. 
de: , 
De même Je est la seconde dérwée différentielle 


de gx , et ainsi de suite. 


DI 


Or, lorsque la dérivée différentieite d'une fonction 
est connue, on obtient immédiatement sa différentielle, 
car de l'équation générale 


dmgzx _ X, 


dm 
on tire 


dméx = X.dxn, 


û 
Ayant donc la fonction 9x dans laquelle x=4Ÿz2, ce qui 
revient à 


gx = g(Y2) 
si nous parvenons à trouver la dérivée 


dé(Yr) , der 


ds ? 


dz 


nous aurons en même temps la différentielle de gx en 
fonction de la différentielle d3 de la variable indépen- 
dante z. 

Mais si nous désignons par M la dérivée de gx, et 
par N celle de 43, nous aurons 


d$xr dYz 
PR UN 
d’où 
Lz 
CNRC 
dx dz 


Or, à cause de ===, on a dx —d#2, retranchant donc 
le facteur commun aux deux termes de la fraction , il 
reste 


et conséquemment 
dgx =M.N.d, 


ce qui nous apprend que pour obtenir la différentielle 
de gx, par rapport à la vañable indépendante 2, il faut 
prendre le produit des dérivées de gx et Ÿz et le mul- 
tiplier par dz. Appliquons d’abord cette règle à l'exem- 


ple donné ci-dessus dans lequel 


gx = ar et x — bz 
ou à | 
dpx = 2ax dx, et dx = bdz 
d’où 
d L 
PE oax ; et —b 
dx dz 
ainsi 
dpx  dpx dx 
eo de 


et définitivement 


DI 


dgx = 2abx dz, 


différentielle qui est identiquement la même que celle 
obtenue par l'élimination, en substituant à la place de x 
sa valeur bz. 

Soit pour second exemple px —a+bx*etæ—mz+n2, 
nous aurons 


dgx 2 _ 
Rie 3bx?, » = 74-07 
et 
DE = 3bx(m+anz) 
de 
ou 


dpx = 3bx*(m+onz)dz. 


39. Si la variable x de gx, dépendait d’une autre va- 
riable y, dépendant à son tour d’une troisième z, c’est- 
à-dire , si l’on avait 


x = Ÿy ety = 02, 


y et 63 étant des fonctions quelconques de y et dez, on 
obtiendrait la différentielle de gx, en fonction du seul 
accroissement dz, par le produit des trois dérivées 


dgxz dx dy. 
dx * dy &° 
c'est-à-dire qu'on aurait 
d$x dx dy, 
dpx = PES , dy me dz, 


ce qui est une conséquence de ce qui précède et peut 


s'étendre à un nombre quelconque d'équations auxi- 
liaires. 

40. Ces formules peuvent être employées avec ayan- 
tage dans la différentiation des quantités compliquées; 
un seul exemple suffit pour enseigner leur emploi. 

Soit 


pas 
supposon 
b mas d her (1) 


et nous aurons 


gx=(a+\/y) 


l'équation (1) nous donnera 


.. (2). 


dy _ 2c 
dx x 


et l'équation (2) 


DI 459 


dox (a y} 
dj _ 2Vyr 
nous aurons donc 
dex_ déx dy _ hat vy 
de. dy ‘dx axi,\/y ? 


d’où, en mettant pour y sa valeur, 


fr. Sans nous arrêter ici à la déduction des différen- 
tielles successives d’une fonction gx dans laquelle x est 
une variable dépendante, déduction qui ne présente 
aucune difficulté et dont ce qui va suivre offrira d’ail- 
leurs un exemple , appliquons les considérations précé- 
dentes à la génération de Ja fonction générale Fx, au 
moyen des accroissemens dy d’une variable indépen- 
dante y avec laquelle x est liée par l'équation x=4y. 
La fonction Fx est alors proprement F(4y). 

Or, en appliquant à cette dernière le théorème de 
Maclaurin (4), nous aurons (2) 


F(dn) = 


J dy 
F7 


Le point placé sur y indiquant toujours qu'il faut 
faire yo après avoir pris les différentielles. 
Mais, d’après li formule du n° 38 , nous avons 


dEx dEx dx 


nous aurons évidemment 


dA: - dA; dx 
dy dx dy 
et par conséquent 
AA; … dFx 
dy — dy? 


désignons de nouveau cette seconde dérivée par À, , et 
poursuivant de la même manière, nous trouverong, en 


rassemblant les résultats, 


dEfdy) dFx  dFx dx dEx 
tr Amel Ke 5 A4 = LL, — = = À, 
d) dæ dx dy dy 


460 Di 

dy) dEx dA, dx dA; 

E Pr = = - . — — = A, 
dy dy? dx dy dy 

ŒF(Ÿy) _ d'Ex dA, dx dA, 

3 — = T = -7.e = - = À; 
dy dy dx dy dy 

déE(Ÿy) _ diFx dA dx dA, 

—— — = — = - . =-— —=A, 
dy{ dy dx dy dy 

etc. etc. 


Substituant ces valeurs dans l'expression (/), elle de- 
viendra 


ed LL ÿ* _ ÿ 
Fe = Fit + A + he a etc... 


Le point indiquant qu'après lesdifférentiations il faut 
donner à la variable x la valeur qui résulte pour cette 
quantité de la relation y = 0 dans l'équation x = y. 
Mais si nous désignons par gx la fonction réciproque 
qui donne y=@x, nous aurons définitivement (72) 

Er Fèt, Pa EE pere. 
et alors le point indique qu’il faut donner à x, après 
les différentiations, la valeur qui rend gx=o. 

Ceite formule, qui donne la génération en série d’une 
fonction quelconque de la variable + au moyen des puis- 
sances progressives gx , (x) ,[(@x)* d’une autre fonc- 
tion arbitraire de la même variable, est appelée le {Aco- 
rème de Paoli, du nom du géomètre qui l’a décou- 
verte. 


42. En examinant la formation des coefficiens A,, A, 
A, on peut les exprimer ainsi qu’il suit, en les rendant 
indépendans les uns des autres 


dFx 
d@ x 


x a; dE & 
AT px" +] 
à I 1 fx 
NT dx" ldgz"* ll 


. _ à I I 1 dx 
A ox‘ ldox'‘ (s " Al 


etc, 


À = 


» 


etc. 


Si nous divisons ces valeurs par les coefficiens numé- 


riques qui entrent dans l'expression (2) ou si nous fai- 


sons 


A2 RE Âs _ 
1.2 “)1.2,3 7 Ha 
Nous pourrons lui donner la forme plus simple (x) 


Pare FA gr Ai(ge) A (pr) (ox) etc. 


DI 


et alors ces nouveaux coefficiens seront 


. dFx , dAï , AA, 
Ru A; dx” 37,3 dx" etc., etc. 
ou 
Az : .% 
dyx 


: I dE & 
A = 55 ge ae] 


ï e dE 
A, = 533: dy& dé . d mr | 


= di de fo 
* dex"" [do Ldox' &x |] 


etc. 


A4 = — 


1:2:3:4 


etc. 


43. On peut encore obtenir d’autres expressions beau- 
coup plus simples de ces mêmes coefficiens. Pour cet 
effet, représentons par À, le terme Fx qui est une quan- 
üté constante , et considérons comme entièrement indé- 
terminés les coefficiens A4, A;, A, etc. de la série géné- 
rale 


Fr=Ac+A;ex+ÆA,ox+A:px LA ,pribetc. 


désignant en général par gx” la puissance », non de x 
mais de gx. 


En prenant les différentielles successives des deux 
membres de cette équation, nous aurons la suite d’é- 
galités 

d'Fx=A,d gx +A d ox? +Asd ex + A ,d pxi+etc. 

dEFx=A,dyx+A, dox+A,dox +Aid'yx+etc. 

DFx=A d'ox HA, dox +A dox+Aidyxi4etc. 

d'iFx:=A ,diyx + À d'ex + A diexi+A dipxibetc. 


etc. etc 


Or , si l’on fait ox—o, toutes les différentielles dans 
lesquelles l’exposant de #x est plus grand que celui dela 
caractéristique deviennent zéro, car il est facile de voir 
que dans la différentielle générale 


d' x 


lorsque »2 est plus grand que x, ox entre comme fac- 
teur. Désignant cette circonstance par un point placé sur 
æ, et observant de plus que lorsqu'on faityx=—0o, on a en 
général 


dexn = m(m—i\m—2) ... 3.2. (dpx)" 
nous aurons les équations 


Fr=A 
d Fx=A,dpt 


DI 
d'Fx=A,d'ex+421A (dpx) 
BFx=A,d'oex+Ad'ox+02.3.A (dpx) 
dFx=A,diet+A,digr?+A;dio x +0.3.4.Au(dex)t 


etc. etc. 


d’où nous tirerons (0) 


As== Fx 
1.Â,— DE æ 
1.2.Â,= - Da Hÿ [er X—A dy | 
LB (7 api d'Fe A Pot dy | 


IF > hop + in n2 
1 4AS x diFi—A digä—A dei 


—A dpi] 
etc. etc. 


Expressions à l’aide desquelles il devient très-facile 
de calculer ces coefficiens les uns au moyen des autres. 

44. Faisons de gx une fonction déterminée pour mon- 
trer l'usage de ces formules. Soit , par exemple, 


TI—n 


TT z+n 


ce qui nous donne æ+=n, dans le cas ae 9x =. 
Prenant les différentielles successives de ÿx ou de 


T—n : 
, nous obtiendrons 


ee 
d'ox:= ins d, 
dex= — 2 
dyx — Dre 
dipx = —2.3.1. G ES .dx 
DC — T4 GE .dx° 
etc. etc. 


donnant à x, dans ces expressions, la valeur x, cui rénd 
gx=0 ; NOUS aurons 


: dx 
d'yx— D 

4 dx? 
AN ?-Tonp 


DI 


etc. 


7 
d'ex=(—1)#+tr#li 


(2n)4 


461 


avec ces expressions il nous sera facile de construire les 


différentielles des puissances de 9x qui entrent dans les 


coefficiens (0). En effet, 


avons 


+ 


ainsi 


dx} = qx.d'ex+ odex.dyx + dox.ox 


dt(?x) =dr PX.9X | = grdtyx + pdexdi—19x + 


1) 


et, conséquemment en faisant 9x—0, 


æ(px) — 


dx 


(px) = 


2dex.dox , 


2dx? 


EDS 


nous trouverions de la même manière 


dx} = 


(gt) 
B(px) 


dx) 


etc. 


Substituant ces valeurs dans les coefficiens ( o 


viennent (p). 


A =Fx 
dE x 
A; — (an). Le 
dE à 


A,=(an). + (an 


12. dx5 
Gr} 


72. dx 
(22) 


Gdx? 
(2n)$ 


72 da 


(2n)t 


etc. 


d'oxdu—16x + etc. 


d'après la loi (e), nous 


ce qui nous donne, en substituant la valeur ci-dessus de 


) ils de- 


402 DI 
dFä dFi dF 
A = (on). pe AO Te ME 
Fx 
A, = (an). TE 3(an)- | 3(2n)—— LE + 
es 
+ (2r)t - T-2534 F dat 
etc: etc. 
\ FX 
Au) EL (us Yon de 


nm A 


1: 159:34dx 
(e—1Xe—2Yp—3), , _ dFä 
æ 1,250 MT 3.4.dxi 


+ etc. 


et la série générale (7) prend la forme (g) 
‘ x—n x—n\? X—n\ 
Fer) (EE) +) + 


dans laquelle » est une quäntité arbitraire. 


45. Appliquons cette loï particulière de génération à 
quelques fonctionsélémentaires. Soit d’abord Fx=log.x, 
log. désignant le logarithme naturel. 


Construisons les différentielles successives de log. x, 
et nous trouverons 


dEx=d log. x= . 
L 

d 2 

dEx=dlogaæ= 7 
A 

| 3 

SEx = log. «— a 

"4 

diFx = dilog. a=s 3% 


elc, etc. 


Substituant ces valeurs dans les expressions (p), après 


avoir fait =, nous obtiendrons 


À,—2, À,—0, ÀA:—3, À,—0,Aï—", A:=o, A7 ét. 


et, par conséquent , 


Log. x — log. n +2 É ei (2 = 


+5 CE) +et 


DI 


ce qui devient en faisant #=1, d'où log. nr =log. 10 
le développement connu 


Log as |(EE) +4) +5 (5) + 


lequel est convergent pour toutes les valeurs de x. 
Prenons pour second exemple Fx = (1+x)-1. Les 
différentielles successives de Fx sont, dans ce cas 


+ etc. 


dEFx— — (14)? dx 
BFr— 2.(1-x)-$ dx? 
BEx =—1.2.3(14x) 4 dx 


dFx —1.2,3,4(1+x)—" dx 


etc. etc. 


Faisant x =», et substituant dans (p), nous aurons 


CRE 
A: = Re 
bu MER 
A AE 
etc. Frs 


et par suite 


1 on  fX—nR 
te me 14 Re —) 


on(n—1) fx—n? 


hr Len) 
>n( n—1) T—n 
_ (in) (© =) 


+ etc. 


+ 


série convergente pour toutes des valeurs de la quantité 
arbitraire ». Par exemple dans le cas de x=1, où le 
développement de (1x): donne, par la formule de 


Newton, l'expression singulière 


Cp CS À 0 à etc. 


vi 


cette série devient 


on(n=-1) 


[l ll DA LA [72 
rem NS à 


Lee =) —elc. 


DI 


qui pour toute valeur de 7 est une série 
donnant {. 


convergente 


En faisant n==1, On a immédiatement 


I 


1 
2 141 


La loi (g) peut ainsi, par des déterminations conve- 


1 | 


nables de la quantité arbitraire 7, donner des généra- 
tions en séries toujours convergentes d’une fonction 
quelconque Fx, ce que ne peut faire le théorème de 
Taylor. Mais le développement des fonctions en séries 
fait l’objet d’un autre article, dans lequel nous verrons 
que le théorème de Paoli, duquel nous avons tiré la 
loi (q), n’est lui-même qu'un cas très-particulier d’an 
théorème général dont nous donnerons l'exposition. 
Voyez Série et Trcnnie. 

. 46. Nous verrons ailleurs comment on étend les déve- 
loppemens que nous avons obtenus pour des fonctions 
d’une seule variable aux fonctions qui en contiennent 
plusieurs, Quant 4ux applications du calcul différentiel 
elles s'étendent à toutes les parties des mathématiques 
et nous renverrons également aux articles dans lesquels 
il est employé. f'oyez particulièrement : AGCcÉLÉRÉ, 
AsymPeToTE, Cuoc, Cusarure , DÉVELOPPÉE |, Maxima, 
Nonmaze Et Sous-NormaLe, OsCULATRICE , Point sin- 
GULIER , QuADRATURE, RACINES ÉGALES , RECTIFIGATION, 
Tancente £r Sous-T'ancentre, Série, RETOUR DES sUITES, 
etc., etc. Nous allons terminer en exposant son emploi 
pour la détermination des vraies valeurs de certaines 
expressions qui deviennent 3 dans quelques cas particu- 
liers. 


47. Toute quantité fractionnaire de la forme (a) 


A (a—ay" 
B'x— a)" 


dans laquelle on fait &—#«, devient ©, c’est-à-dire com- 
plètement indéterminée quoique sa véritable valeur soit 
dans ce cas (b') 


A 


B (x—-à) mi —n 


et qu’elle puisse être conséquemment finie ou indéfinie 
selon que 72=n7 où que 7» est plus grand ou plus petit 
que ». 

Si le facteur (x—a) était en évidence, la détermina- 
tion de la valeur de l'expression (4') n’offrirait sans doute 
aucune difficulté, mais il n’en est pas toujours ainsi, et 
C'est à ramener cette expression à la forme (4') que con- 
siste le problème. 

Soit, par exemple, la quantité 


a—ax+ax—« 


e à 
L'—@ 


DI 465 
dont on veut connaître la valeur, dans le cas de#=a, 
en substituant & à la place de x, cette quantité devient 


et rien ne peut nous indiquer ainsi quelle est la valeur 
demandée ; mais si nous remarquons que le numérateur 
d—cex<+ar—a peut se mettre sous la forme 


(a —a)r+(x—da=(x—a)(x+a), 


et que le dénominateur est 


ou 


en rotranchant le facteur commun +=a. Or, si l’on 


fait dans cette dernière expression x=a , elle devient 


et l’on peut en conclure que 
q 


a—ax Lara ax 
X?— a? V9 


lorsque #—a, 

Daus les expressions plus composées, où il serait im- 
possible de mettre ainsi les facteurs en évidence, on 
pourrait encore tenter de chercher le commun diviseur 
des deux termes (0y. ce mot); et une fois ce diviseur 
commun trouvé , il suffirait d’en diviser les termes pour 
le faire disparaitre. Mais ce moyen n’est pas toujours 
praticable, et il est dans tous les cas beaucoup plussimple 
d’avoir recours au procédé que nous allons exposer. 


Soit une quantité qui devient ? pour une valeur 


x 
particulière &, de la variable æ ; contenue dans chacune 
des fonctions X et X'; cette circonstance indiquant l’exis- 
tence d’un facteur æ—a commun à ces deux fonctions, 


nous pouvons faire 


Pet Q étant les deux autres facteurs. Or, en prenant 
les différentielles des deux membres de chacune de ces 


464 DI 

expressions, d’après le numéro 26, nous avons 
dX — dP.(x—a)+P.dx 
dX' = dQ.(x—a)+Q.dx 

d’où 
dX _ dP.(x—a)+P.dx 
dX'7 dQ.(x—a)+Q.dx 


quantité qui se réduit à 
Pdx _P 
Qdx  Q 
- orsqu'on fait x—a. 
Ainsi, en admettant que P et Q ne contiennent plus 


= 


le facteur (x—a), G sera la véritable valeur de , dans 
le cas de æ—a. Si au contiaire x—a entre encore dans 
PetQ , ou si nous avons 
P — P'{x—a) 
Q = Qx—4) 
“est que les fonctions X et X’ sont elles-mêmes 
X = P'(x—a) 
X'= Q'(x—a) 
et alors il faut prendre les différentieiles se£bndes po 
se débarrasser de ce double facteur; on a 
EX =dP'.(x—a)+4(x—a)dx.dP'+2dxl" 
dX'=d'Q'.(x—a) +4 (a—a)dx.dQ'+2deQ 
et lorsque x—a 


æX _odw.P' _P 
EXT 4m Q © 


X ; 
x Il est facile de 


voir que si le facteur x—a entrait trois fois dans X etX", 
il faudrait prendre les différentielles troisièmes pour le 


c'est-à-dire la véritable valeur de 


faire disparaître et ainsi de suite. 
Par exemple, pour la quantité 


ai—ax Lar—a 


X1—0 


en prenant les différentielles premières du numérateur 


et du dénominateur , on a 
d | ai—ax +ax—® | 3x dx —2axdx+adx 
d(x—a’)—2xdx 
ce qui donne 


3 ax ei . 
dix ax + ax æ| ile 


27 


da — & | 


DI 


et quand x=a 


3a—0ax+ a 3a—2a+a 
22 y 24 


valeur que nous avons trouvée ci-dessus. 
Si le facteur (x—a) était contenu un plus grand 
nombre de fois dans un terme que dans l’autre, la va- 
X 


leur de x serait de la forme 


X _M.(x—a)" M, 
X  N.{a—ar |_ N «(#—a) 


et pourrait être æors infiniment petite ou infiniment 
grande selon que »7 serait plus grande ou plus petite 
o 


N 


que ». car sim >n, cette quantité devient et si 


m<nelle devinte TS expressions dont la première repré- 


sente une quantité infiniment petite ou zéro, et dont la 
seconde représente une quantité infiniment grande. Les 
différentiations successives font encore reconnaître ces 
circonstances, car en nous rappelant que lorsque ?x==0, 
on a toujours 


d#@x—0 
toutes les fois que <>, si nous développons par la loi 
(e) les différentielles d'X, d''X", nous aurons 
dX == dm | M (x— a)n | =drM.(x—a)" 


Æmdm—iM.d(x—a)" 


+ a. dn—2M.d (x a)" 


+ etc.... 
+M.dr(x—a)" 


drX'= dr | N(a—a)") = drN.(2—a)r. 
Æmdm—iN.d(x—a)" 


JU) nn (x a)" 


1.2 
+etc.... 
+ N.dm(x—a)" 
Or, à cause de d{x—a)" = m{m—1)....2. 1dx" , si 
l'on fait æ—a dans ces expressions, la premiere se ré- 


duit à m(m—i)....2.1.M.dx"", et la seconde à 0.427; 


en supposant »<{n, on a donc 


dmX _ m(m—:1)...2.1.M 
dix o 


DI 


À. Perte 
Ce qui nous apprend que la valeur de x © infini- 


ment grande. On trouverait de même lorsque #7>n, en 
prenant les différences de l’ordre x, une expression de 
la forme 

d'X 0 


deX KR 
qui nous ferait connaître la valeur infinimént petite dela 
Lx 
quantité x 
On peut conclure de ce qui précède la règle suivante : 
GX : 
Pour déterminer la vraie valeur d’une fraction x Ju 


devient ? par une valeur particulière de la variable x , 
différentiez séparément les deux termes X et X' et exa- 


minez si les résultats 7 se réduisent l’un et l’autre à o 
€ 


par lu valeur hypothétique de la variable; si cela est, 


; : : ŒX, PE 
différentiezune seconde fois elexaminez si zx se réduit 


encore à? ; continuez enfin à différentier jusqu'à ce que 
les deux termes de la fraction ou seulement un ne s’éva- 
nouissent pas par la valeur donnée à la variable , cette 


, ’ X 
dernière fraction sera la vraie valeur de x Cette va- 


leur sera finie dans le premier cas , nulle si le numéra- 
teur est 0 , et infinie si c’est le dénominateur. 
48. Prenons pour exemple la fraction 


a —52+2 
a— 62 +L8x—3 
: o . 
cette fraction devenant ES lorsque x=—1.Prenant les dif- 


férentielies premières, nous aurons 


d a — 3x +2} 343 
Se nn La—122L8 
d di— 6x1 + 8x—3 | SE AE 


faisant x—1, cette nouvelle fraction se réduit encore à 


0 ° 01e : 
. Différentiant de nouveau , nous trouverons 
0 . 


; FIOZ ; , à 
ce qui se réduit à S'en faisant x—1. Le dénominateur 


seul se réduisant À zéro, nous en conclurons que la quan- 
tité proposée est infinie dans le cas de x=1, 
Soit maintenant la fraction 


a—bx 


IE \ ES à 


DI 465 


qui devient $, pour æ—o. Différentions séparément les 


deux termes, et nous aurons 


d(aï— bx) ar. loga.dx—bzlog b.dx 


dx dx 


= azloga—brlogh 


expression qui se réduit à log u — log b, en faisant 
æ=0. 

Lorsque le facteur commun , qui réduit la fonction 
fractionnaire à ?, est élevé à une puissance fractionnaire 
les différentiations ne peuvent le dégager, mais comme 
ilest toujours possible alors de l'isoler, on peut immé- 
diatement trouver la vraie valeur de la fonction. 


49-Dans tout ce qui précède, nous avons considéré les 
différences successives dans l’ordre direct, c’est-à-dire en 
passant de la première à la seconde, de la seconde à la 
troisième et ainsi de suite, et nous avons formé ainsiune 
suite de fonctions dérivées 


gt où ex 
A gx d px 
ex d'ex 
Ac dx 
etc. etc. 


cette formation successive des différences dans l’ordre 
direct, entraîne comme nous l'avons déjà dit, la con- 
sidération opposée de leur formation dans l’ordre ir- 
verse; or, le problème de construire la différence 4’4x, 
parexemple, au moyen de la différence supérieure 
Az est l’objet général dn calcul integral. 


On nomme sntégrale où somme la différence prise 
dans l’ordre inverse. Ainsi, > étant la caractéristique de 
l'intégrale pour les différences finies, et J celle de l’in- 
tégrale pour les différentielles, on écrit 


ZA ox] —4’ox sf [dex]=dex 

3[Atgx] =A pe sf [dgx]=d gx 

Aagr]= gx vi Ciqx]= 9x 

et, en continuant avec des indices négatifs, 
Mal=age  fral=d-ige 
2[A—1gx] —A—2ypx 


vi a 1ox]=d—sg0 


Z[A—29x] —A—-Sox [td=2px)= d-3yx 


99 


466 DI 


on a de même 
2|z [A°e x] las Z[A’ox] = Apx 


Je VA [dipx]] = f [de] — dyx 


ou 
Z'Alpx — Apx VE 2 Po —dyx 
en général 
2a[Anex]— AN mo f mEdrox]=dr-mox 
Comme aussi les expressions 
Zn) ct Ame , a mod) et d=m(ox) 


sont équivalentes. 


5o. En appliquant ces considérations à la loi fonda- 
mentale (ce), elle devient pour le cas des différentielles 
inverses ou des intégrales 


Fa m (Fxfx) = Fx. JS m fa — dFx. LÉ m+ifa 
ce frere 


OR ape, ftp 


+ etc... 


en multipliant les deux nombres par dem. 

Les applications de cette loi , ainsi que tout ce qui re- 
garde le calcul des différences inverses, se trouveront à 
l'article CALCUL INTEGRAL. 


5r. I nous resterait à examiner le cas où les fonctions 
que l’on veut différentier , contiennent plusieurs varia- 
bles, mais ce cas ne présente aucune difficulté, et l’on 
peut immédiatement conclure des principes précédens 
que la différence d’une fonction F(x ,y,2, etc.) d’an 
nombre quelconque de variables, reçoit par l’accroisse- 
ment particulier de chaque variable un accroissement 


ue ainsi désignant comme cest lusage par 


(3 —— =) ax, l'accroissement ou la différence de la fonc- 

tion F correspondante à l'accroissement Ax de la varia- 
AF _. , 

olezpar (A ).ar, la différence correspondante à l’ac- 


croisement Ay de la variable y, etc., la différence 
générale sera la somme de ces différences particulières, 
et nous aurons 


DI 
AF(x,7,2,etc...) = e ) Aa+ (©) Ay+ 
+ (hache, 


et dans le cas des différentielles 


dF(x, y, z, etc...) 


(RE) (A )dr+ 
(9) dz+ etc... 


c'est-à-dire, que la différence totale se trouye en prenant 
la somme des différences prises pour chaque variable 
en particulier comme si toutes les autres étaient con- 
stantes. 

Soit par exemple 


F(x, y)=2+3xy+ory 


en différentiant d’abord comme si y était constante, 
nous aurons d’une part 


(A ar sad +62 Y.dx+9ytdx 


et, de l’autre, en différentiant comme si æ était cons- 
tante 


(ÉS En PV dy = Sedy+haydr 
d’où , nous aurons pour la différentielle générale (z) 
dE(x.y)=(32+6xy+427")dx+(3x+4xy)dy 


En effet, 


on a 


par la construction même des différences, 


Œ(xy)=F(x+dx , y+dy)—F(x,7) 


c’est-à-dire, dans l'exemple qui nous occupe, 


(ad) +3(a-da)" (y + dy) +a(atdn)(y + dr) — 
—2—3xy—2xy° 


ou, en développant les produits, 


a+3xdx+3x.dx +dx 
3xy <+6Gxy.dx +3ydx 
+32" dy +6xdxdy +3dy.dx* 
+oxyt +2y’dx 
+ixrdy +hrdz.dy 
+oxdy* 4-dx.dy* 
—23—3xy—027x)" 


opérant les soustractions et retranchant toutes les quan- 


DI 


utés indéfiniment petites des ordres supérieurs au pre- 
mier , il reste 


3 dx+62y.dx +29. de +32 dy +4xy.dy 


ce qui est identique avec (2). 

Nous verrons à l’article s£RIE comment ou peut éten- 
dre aux fonctions de plusieurs variables les théorèmes 
de Taylor, de Maciaurin, de Paoli, et d’autres encore 
plus généraux. 

Les équations de différences seront traitées au mot 
ÉQUATION. 

52. La découverte du calcul différentiel a été l'objet 
d’une longue contestation, que nous aurons ailleurs 
l’occasion de rapporter (voy. Leisnirz et NEwrow), 
et quoiqu'il soit aujourd'hui démontré avec la dernière 
évidence que l’accusation de plagiat dont les Anglais 
ont voulu flétrir Leibnitz, ne repose sur aucun fonde- 
ment, nous ne nous servirons point des argumeus que 
les historiens français et allemand des mathématiques 
ont accumulés pour venger sa mémoire. Selon nous, la 
gloire de Leibnitz reste pure et inattaquable car non- 
seulement ce grand homme à, le premier , produit le 
calcul différentiel, mais il est encore le premier qui ait 
compris la nature abstraite de ce calcul ; et ses infini- 
ment petits des divers ordres, sont une conception phi- 
losophique d’un ordre bien supérieur à celle des fluxions 
de-Newton. En admettant donc ce qui parait assez pro- 
bable que chacun de ces géomètres soit arrivé par la 
seule force de son génie à la découverte d’une même 
méthode de calcul, c’est à Leibnitz qu'appartient l'hon- 
neur de s'être élévé jusqu'aux véritables principes méta- 
physiques de cette méthode, et de l'avoir ainsi consti 
tuée une des branches fondamentales de la science des 
nombres. 

Notre intention avait été d’abord d'examiner dans cet 
article les diverses méthodes que quelques géomètres 
ont voulu substituer au calcul différentiel, mais ces mé- 
thodes devant être l’objet d'articles particuliers, et celui- 
ci dépassant déjà les bornes qui nous sont prescrites, nous 
renverrons aux mots : FONCTIONS ANALYTIQUES, FLUxIONS, 
ÉvanouissanTes, Limires, Résipuezce. Voyez aussé, 
MaTuÉMATIQUES, pour ce qui regarde la découverte du 
calcul des différences finies. 

DIFFRACTION (Ope.). On donne ce nom à la pro- 
priété qu'ont les rayons de lumière de s'infléchir lors- 
qu'ils rasent en passant un corps opaque. Voyez In- 
FLEXION. 

DIGRESSION (454). Éloignement apparent des 
planètes inférieures au soleil. ’oy. ELoxcarion. 

DIMENSION (Géom.). Longueur, largeur ou épais- 
seur d’un corps. Nous concevons les Zignes comme 
v’ayant qu'une seule dimension, la longueur; les sur- 
faces comme ayant seulement deux dimensions, la on« 


DI 467 


gueur et la largeur, et enfin les solides comme ayant 
trois dimensions longueur, largeur et épaisseur ou pro- 
Jondeur. Voy. Lace, Soutne, SuRrAcE. 

On se sert encore du mot dimension en algèbre , 
pour désigner le degré d’une puissance ou d’une équa- 
tion; ainsi l’inconnue x est dite avoir une, deux , trois 
etc. dimensions, selon qu’elle est élevée à la première, 
seconde, troisième, etc. , puissance. En général, une 
quantité a autant de dimensions qu'il entre de facteurs 
dans sa composition : 4, par exemple, est d’une seule di- 
mension, ab est de deux, abc de trois, abcd de 
quatre , etc. 

DINOCRATES , architecte et géomètre célèbre de 
l'antiquité. Alexandre, vainqueur de Darius, et maitre 
déjà d’une partie de l'Asie, entouré des chefs de son 
armée, donnait audience aux rois qu’il avait soumis , 
lorsqu'un étrange murmure s’éleva de la foule qui en- 
tourait sa tente royale, etsignala à l'attention du jeune 
conquérant un personnage extraordinaire, qui parais- 
sait désirer la faveur de lui parler. C'était un homme 
d’une taille élevée, d’une beauté mâle et brillante : ses 
noirs et longs cheveux tombaient arrondis en boucles sur 
son cou nerveux , son regard était fier ct haidi; à lex- 
ception d’une peau de lion jetée sur ses larges épaules, 
il était entièrement nu, et avait le corps oint comme 
un athlète; enfin sou front noble et élevé était ceim 
d’une couronne formée de branches de peupliers, et il 
s'appuyait sur une lourde massue. 1 dépassait de toute 
sa tête la foule des chefs et des courtisars qui s’écarta 
avec respect devant lui. Alexandre fut lui-même frappé 
d'admiration et d’étonnement à son aspect, et il lui fit 
signe d'approcher de son tribunal. — Qui que tu sois, 
lui dit-il, que veux-tu d'Alexandre? — Je m'appelle 
Dinocrates, répondit cet homme, et je suis architecte 
macédonien. Jet’appoitele projet d’un monumentdigne 
de ton grand nom et de ton génie. Parle, et je taillerai 
le mont Atlas en forme de statue humaine ; la main 
droite contiendra une ville immense, et dans sa gauche 
une vaste coupe recevra les caux des montagnes, et les 
déversera dans la mer. 

Il est probable qu'Alexandre admira laudace et le 
génie d’un artiste qui avait pu concevoir un pareil pro- 
jet, mais sa réponse prouve que ce grand homme m’ai- 
mait pas seulement la gloire qui s'attache à l'exécution 
des choses difficiles; le but civilisateur qu'il avait en vue 
le préoccupait davantage. Il se borna à demander à 
Dinocrates, comment s’opérerait l'approvisionnement 
d’une telle ville; l'artiste ne put résoudre cette difficulté, 
et Alexandre le retint auprès de sa personne, en lui pro: 
mettant d'appliquer bientôt ses talens à une œuvre plus 
utile que celle dont il avaitrèvé l’accomplissement dans 
son imagination. Effectivement , ce fut Dinocrates qui 


présida à tous les travaux de la fondation d'Alexandrie, 


468 DI 


exécutée par ordre d'Alexandre durant la 112° olym- 
piade , environ 332 aus avant J.-C. On attribue à Di- 
nocrates le rétablissement du célèbre temple d'Éphèse, 
brulé par Érostrate. La mort le surprit sous le règne du 
premier Ptolémée, au moment où chargé par ce prince 
de construire un temple en l’honneur d’Arsinoé, il vou- 
lait y soutenir en l’air une statue de fer, au moyen d'une 
voüte d’aimant. L'inspiration de l'artiste ne peut seule 
aider à l’accomplissement des travaux exécutés ou mé- 
dités par Dinocrates; aussi les anciens Mnstoriens qui 
nous ont conservé son nom, en parlent-ils comme d’un 
géomètre habile. 

DINOSTRATE, géomètre grec de l’école de Platon, 
dont il fut l'ami, vivait par conséquent à Ja fin du 
IV® siècle avant J.-C. Il ne nous reste aucun de ses 
écrits, mais Proclus le cite avec son frère Menechare 
‘Procl. iv. IT, chap. IF, Commentaire sur Euclide), 
comme ayant essentiellement contribué aux progrès de 
la géométrie. On sait que le problème de la trisection 
de l'angle a beaucoup exercé la patience des géomètres 
anciens. Suivant Pappus (Collections mathématiques , 
prop. 25), Dinostrate imagina une courbe qui aurait eu 
le double avantage de donner la trisection ou la multi- 
plication de l'angle, et la quadrature du cercle, si on 
eût pu la décrire d’un mouvement continu par la règle 
etle compas. C’est pour cette raison que le nom de 
quadratrice est demeuré attaché à cette ligne, qui est 
du nombre des courbes mécaniques et ne remplit ri- 
goureusement ni l’un ni l’autre des objets auxquels 
elle était destinée. Pappus ne dit pas positivement que 
Dinostrate fût l'inventeur de la quadratrice, mais il pa- 
rait certain que ce géomètre observa le premier la pro- 
priété remarquablede cette ligne; elle a d’ailleurs retenu 
son nom. Nous ne possédons aucun autre renseignement 
sur les travaux mathématiques de Dinostrate. 

DIOCLÉS, géomètre grec qu’on suppose avoir vécu 
durant le VI° siècle de notre ère, s'est rendu célèbre 
par plusieurs découvertes en géométrie, et spécialement 
par une ingénieuse solution du problème de la dupli- 
cation du cube, qui consiste, comme on le sait, à trouver 
deux moyennes proportionnelles entre deux lignes 
données. Eutocius, l’un des commentateurs d’Archi- 
mède, est le premier des écrivains anciens qui fasse 
mention de cette solution que Dioclès obtint au moyen 
d’une courbe qui areçu le nom de cissoïpe (voy. ce mot). 
Le savant Pappus qui s’est beaucoup occupé des diffé- 
rentes manières derésoudre ce problème, ne parle point 
de celle qu’employa Dioclès, d’où l’on a tiré la juste 
conséquence que ce géomètre lui était postérieur. 

Eutocius attribue aussi à Dioclès une belle et savante 
solution du problème posé par Archimède, dans son 
livre de la Sphère et du cylindre, problème dont l’objet 
est de couper la sphère en deux segmens, qui soient 


DI 


entre eux daus un rapport donné. Ce grand géomètre 
avait promis derésoudreailleursce problème, et Eutocius 
qui en rapporte trois solutions, prétend que la pre- 
mière pourrait bien être d'Archimède; la seconde est 
de Dionysidore, la troisième est celle de Dioclès. C’est 
d’un ouvrage sur les machines à feu (De Pyrits) qu'Eu- 
tocius a extrait ces parties remarquables des travaux de 
Dioclès ; ces fragmens font regretter la perte de ce livre. 
On ignore s’il composa d’autres écrits , et l’époque de sa 
mort. 

DIONIS DU SÉJOUR (Acmize-Prerre), mathéma- 
ticien et astronome distingué, naquit à Parisle 1 1 janvier 
1734. Destiné à la magistrature, il fut envoyé de bonne 
heure au collége des jésuites pour y faire ses études ; il y 
manifesta un penchant invincible et une heureuse apti- 
tude pour les mathématiques. Le hasard lui donna pour 
condisciple le jeune Goudin , destiné par ses parens à Ja 
même carrière que lui et dominé par les mêmes gouts. 
Ils se lièrent dès lors d’une amitié qui dura toute leur 
vie, et se livrèrent ensemble à leurs études favorites. 
Au sortir du collége Dionis et Goudin débutèrent dans 
le monde savant par la publication de deux ouvrages re- 
marquables, composés en commun. Le premier a pour 
titre : Traité des courbes algébriques, Paris, 1756, un 
vol. in-12, et lesecond: Recherches sur la gnomonique, 
les rétrogradations des planètes et les éclipses de soleil, 
Paris; 1 vol. in-8°, 1961. Ce dernier écrit attira l’atten- 
tion des savans sur les jeunes géomètres , et particuliè- 
rement sur Dionis qui parait en avoir composé la plus 
grande partie ; mais ce succès ne put rien changer aux 
vues de ses parens, et dans l'intervalle de la publication 
de ces deux ouvrages, Dionis prit siége au parlement 
de Paris, à la 4° chambre des enquêtes, en 1758, et à 
la grand'chambre en 1750.11 continua néanmoins à se 
livrer avec le même zèle à l’étude des sciences ; il suivit 
les cours de Clairault, qui le remarqua parmi ses dis- 
ciples, et qui , appréciant ses talens , contribua à le faire 
nommer, en 1765, associé libre de l'académie des 
sciences, dont il fut depuis associé ordinaire. Dioniss’est 
rendu célèbre comme savant et comme magistrat. Il 
était membre des académies de Stockholm, de Goët- 
tingue et de la société royale de Londres. Malgré les 
nombreuses correspondances qu'il entretenait avec les 
principaux savans de l'Europe et sa consciencieuse per- 
sévérance dans les recherches scientifiques auxquelles il 
se livrait, il n’en remplissait pas moins avec distinction 
ses fonctions de conseiller au parlement que les malheurs 
du temps commençaient à rendre difficiles. A cette 
époque la révolution éclata et Dionis fut membre de 
l’assemblée constituante , après avoir été député aux 
états-pénéraux pour l’ordre de lanoblesse. « Ilsoutint la 
cause d’une liberté sage, qui était dans ses principes, 
dit un de ses biographes, et fit rendre au célèbre La 


PE | 


DI 


Grange la pension qu’un décret général lui avait ravie. 
!lne se maria point et passa toute sa vie avec son père 
qui lui survécut de quelques années. Il étonnait ses con- 
frères par la quantité d’affaires qu'il expédiait, et dis- 
cutait les procès avec une précision et une impartialité 
rares. Sa vie de magistrat est remplie d'actions qui rap- 
pellent son humanité et son caractère bienfaisant en fa- 
veur des opprimés. Il ne connaissait que le sentiment de 
l'utilité, et c’est en le cultivant qu'il parvint à mériter 
les regrets dont on l’honore aujourd’hui comme géo- 
mètre et comme magistrat. » Tels sont les justes éloges 
que les amis nombreux de Dionis se sont accordés à 
donnér à sa vie privée; nous devons maintenant rapi- 
dement examiner sa vie scientifique. 

Dès son entrée à l'académie Dionis se livra à l’appli- 
cation de l'algèbre à l’astronomie. Les détails de ses 
études et de ses découvertes sont consignés dans les A6- 
moires de l'Académie des sciences , de 1761 à 1774. 
Sans aborder la solution des grands problèmes que pré- 
sente cette science , ses travaux n’en sont pas moins re- 
commandables et ne méritent pas moins d’être cités 
parmi ceux des géomètres du XVIIL siècle. Il traita 
diverses théories importantes, auxquelles il fit des ap- 
plications heureuses de ses formules, et l’on peut dire 
qu’il a enrichi la science d’une foule de résultats intéres- 
sans sur les éclipses , les comètes, les apparitions et les 
disparitions de l’anneau de Saturne. Dionis a étendu sa 
méthode aux passages de Vénus sur le soleil et il a an- 
noncé ceux qu’attendent les astronomes au 8 décembre 
1874 etau 6 décembre 1882. On sait qu’en 1775, le 
bruit se répandit tout-à-coup que Lalande avait annoncé 
Je choc d’une comète et qu’il lui avait été défendu de 
lire à l'Académie le Mémoire dans lequel cet astronome, 
alors en possession d’une grande popularité, avait établi 
les conditions de ce phénomène. L’ignorance et la cré- 
dulité avaient tellement accrédité cette étrange décou- 
verte, que le chocde cette terrible comète faisait l’objet 
de tous les entretiens et excitait les plus vives craintes 
dans le public. Dionis entreprit de les faire cesser et il 
publia à cette occasion son Æssai sur les comètes en ge- 
néral, et particulièrement sur celles qui peuvent appro- 
cher de la terre. Cet écrit fut lu avec avidité. Dionis y 
siguala toutes les circonstances nécessaires pour amener 
le choc de la terre par une comète , et démontra la 
presque impossibilité de cette funeste rencontre. Quoique 
cet ouvrage fût surtout destiné à cette partie du public 
qui se préoccupe plus des résultats que des causes des 
phénomènes, l’auteur sut + faire parler à la science son 
langage rigoureux, sans diminuer en rien la ciarté de 
ses démonstrations. L'année suivante, Dionis publia 
son Æssai sur Les phénomènes relatifs aux dispositions 
de l'anneau de Saturne ; Paris, 1776, in-8°. L'ouvrage 


le plus important de ce géomètre est son Traité analy- 


DI 469 


tique des mouvemens apparens des corps célestes, Paris, 
2 vol. in-4°, 1785-1789. Cet écrit est la réunion de. 
nombreux traitês sur toutes les parties de l’astrono- 
mie, dont il avait enrichi les mémoires de l’Académie 
des sciences pendant vingt-quatre ans. Dionis les revit 
avec le plus grand soin et en forma un véritable cours 
d'astronomie analytique. Cette science n’occupait pas 
seule ses méditations , la résolution générale des équa- 
tions avait plasieurs fois appelé toute son attention. On 
trouve dans les Afeémoires de l'Académie des sciences de 
l'année 1772 les premiers résultats de ses recherches à 
cet égard. Il les avait étendues aux équations du cin- 
quième degré, et il se proposait de réunir en un corps 
d'ouvrage ses divers travaux sur cette partie impor- 
tante de l'algèbre , lorsqu'il fut atteint d’une maladie 
grave, à sa terre d’Angerville où il vivait dans la re- 
traite. Alors la révolution avait prisce caractère terrible 
qui l’entraina dans de funestes violences; Dionis en res- 
sentait une vive douleur que la perte de plusieurs de ses 
confrères au parlement, frappés par la faux révolution- 
naire, ne fit qu'augmenter. Ces chagrins hâtèrent les 
ravages de la maladie dont il était atteint et il mourut, 
regretté de tous ceux qui avaient su apprécier ses talens 
et son honorable caractère, le 22 août 1594, à l’âge de 
60 ans. 

DIOPHANTE, d’Alexandrie. On ne saurait déter- 
miner d’une manière précise l’époque à laquelle vivait ce 
grand géomètre, si long-temps oublié, etdontles travaux 
n'ont été rendus à l'Europe qu'au XVI° siècle. Néan- 
moins la plupart des historiens des mathématiques qui 
se sont livrés à de nombreuses recherches sur cet objet, 
ont adopté l'opinion de l'arabe Al-bupharage qui , dans 
un passage de l'Histoire des dynasties, parle de Dio- 
phante et du philosophe Thémiste, comme ayant vécu 
du temps de l'empereur Julien, c'est-à-dire vers le mi- 
lieu du IV® siècle. 

Diophante est l'auteur du plus ancien traité qui nous 
soit parvenu sur l'algèbre. Des treize livres dont il était 
composé , six seulement nous sont parvenus sous le titre 
de: Arithmeticorum libri, avec un autre livre contenant 
les nombres multangulaires ou polygones, intitulé : De 
numeris multangulis. 

Nous avons exposé aiileurs l'idée générale qu'on 
peut se faire du travail de Diophante et de sa valeur 
scientifique (voy. ALGivne). Nous nous bornerons à 
ajouter ici quelques considérations particulières qui S'y 
rattachent et celles qui peuvent intéresser l'histoire lit- 
téraire de la science. Xilander, mathématicien d’un 
médiocresavoir, fut le premier traducteur de Diophante, 
son travail incomplet et rempli de fautes fut repris par 
Bachet de Meziriac(voy. ce mot), qui en donna, en 1621, 
une édition plus correcte, avec des commentaires qui 


sont encorc estimés, Plus tard le célèbre Fermat y ajouta 


470 DI 


de savantes notés que son fils publit daws une édition 
nouvelle en 1630. Sans exantiner ici li question, fort 
peu importañte au reste, de savoir si Diophante doit 
être regardé comme l'inventeur de l'algèbre, on peut 
dire que ses premiers aperçus sur cétte science ont sin- 
gulièrement favorisé ses progrès. Elle était en effet 
restée à peu près stationnaire depuis Lucas Pacciolo qui 
l'avait transportée d'Orient en Italie. Et d'ailleurs, 
malgré l'opinion qui donne à l'algèbre l'Inde pour vé- 
ritable berceau , il est au moins probable que Diophante 
ne fut pas étranger à cette conquête scientifique des 
Âïabes. Les géomètres de cette nation conrurent cer- 
taiveinent l'ouvrage du muthématicien grec, et, si l'on 
peut espérer de retrouver un jour les parties qui en sont 
perdues, c'est dans une version arabe qui aurait échap: 
pé aù naufrage des temps et à l’auéantissement des 
sciences en Orient. Bachet de Meziriac raconte d’ailleurs 
dans la préface de son édition; que le cardinal Duper- 
ron lui assura avoir possédé un manuscrit complet de 
Diophante qui lui fut emprunté par Gosselin pour en 
préparer une nouvelle édition avec un commentaire, et 
que ce savant étant mort d’üné maladie pestilentielle, 
le manuscrit avait disparu. On peut donc espérer que 
quelque heureuse circonstance rendra un jour à la 
science l'important ouvrage de Diophante. Au nombre 
des écrits de la savante ct célèbre Hypatia, qui périt en 
415, Suidas met un commentaire du géomètre grec. Ce 
travail est également perdu et il ne parait pas que les 
Arabes en aient eu connaissance. 
Nous n’aurions aucuns détails sur la vie de Diophante, 
si, parmi les épigrammes de l’anthologie grecque, il ne 
s'en était trouvé une, qui, sous la forme de l’énoncé 
d’un problème, contient quelques explications inté- 
ressantes. On ne peut penser que cette pièce soit, 
comme beaucoup d’autres de ce recueil, un jeu de l’es- 
prit, car elle expose des faits qu’on ne se serait pas 
donné la peine d'inventer et dont l’arrangement seul a 
dù sourire à l'imagination du poète. Bachet de Meziriac 
en a donné une traduction latine , nous nous bornerons 
à en rapporter limitation française, « Diophante passa 
» dans l’enfance le sixième du temps qu'il vécut, un 
» douzième dans l'adolescence, ensuite il se maria et 
» demeura dans cette union le septième de sa vie, aug- 
» menté de cinq ans, avant d'avoir un fils auquel il sur- 
» vécut de quatre ans, et qui n’atteignit que la moitié 
» de l’âge où son père est parvenu. Quel Âge avait Dio- 
» phante lorsqu'il mourut ? » Il résulte ainsi de la solu- 
tion de ce problème que ce géomètre a vécu quatre- 
vingt-quatre ans. 
Le traité de Diophante a souvent été réimprimé. 
mais voici les éditions de cet ouvrage qu’on regarde 
comme les meilleures et les plus complètes, excepté la 


première, Ï. Diophanti Alexandrini rerum artihmetica- 


DI 


run, libri sex, quarum prina duo adjecta habent scho- 
dia maximi (ut conjectura est) Planudis, item liber de 
nummeris polygonis seu multangulis, opus incomparabile, 
veræ artthmelicæ logisticæ perfectionem continens ; 
paucis adhuc visum, à Guillelmo Xilandro Augustano, 
éncredibili labore latinè redditum etcommentariis expla- 
natum , inque lucem editum ; Bas. 1575, in-fe. II. Dio- 
phanti Alexandrini, etc., nunc primum græce et latinè 
editi; atque absolutissimis commentariis  illustrati, 
auctore C. G. Bacheto Meztriaco; Paris, 1621, in-F°. 
HT, Driophanti Alexandrini, etc., cum commentaris 
Bacheti et observationibus Petri de Fermat; Toulouse, 
1670 , in-f°. L'édition allemande de Leipzig , 1810, est 
aussi fort estimée. 

DIOPTRIQUE (de d/«, à travers , et de ëxTomæ, je 
vois). Science de la propagation de la lumière par ré- 
fraction: G’ést une des branches de l’oprique. Foy. ce 
mot. 

Tout rayon lumineux qui , traversant un milieu quel- 
conque; en rencontre un autre de densité ou de nature 
différente, change de direction ; sil ne peut pénétrer 
cesecond milieu, il se réfléchit à sa surface; s’il peut 
le pénétrer, il se brise ou se rcfracte en y entrant. Les 
lois de la réflexion de la lumière forment l’objet de la 
CATOPTRIQUE (voy. ce mot), celles de la réfraction sont 
l'objet de la pioprriQuE. 

Cette science, dont les anciens n’ont eu qu'une con- 
naissance très imparfaite, et qui semble ne dater chez 
les modernes que de Snellins et de Descartes, a reçu 
tout récemment un accroissement prodigieux par les dé- 
couvertes de Fresnel, de Brewster, de Malus, du doe- 
teur Young, et par les belles expériences de MM. Biot, 
Arago et Herschel fils. Cependant, si la dioptrique s’est 
étendue sous le rapport des connaissances pratiques, le 
principe premier de cette science est encore demeuré 
inaccessible à tous les efforts des observateurs, et les 
deux hypothèses ou les deux systèmes de la propaga- 
tion de la lumière ; savoir : celui de l'émission et celui 
des ondulations (voy. GrriQue), qui divisent aujour- 
d'huiles physiciens , ne sont encore revêtus ni l’un ni 
l'autre d’un degré de certitude assez élevé pour pou- 
voir s'établir exclusivement. 

Mais l'examen de ces difficultés est entièrement du 
ressort de la physique. et nous n’avons à considérer ici 
que les résultats mathématiques de la science, ou du 
moins ceux de ses résultats qui subsistent indépendam- 
ment de toute hypothèse sur la nature de la lumière et 
son mode de propagation. Ces résultats sont de deux 
espèces, ils comprenuent 1° les propriétés générales de 
la lumière, lorsqu’elle traverse des corps transjarens, 
et 2° les phénomènes qui en résultent par rapport à la 
vision des objets. 

La première partie sera traitée au mot REFRACTION : 


DI 


la seconde sera le sujet de plusieurs articles. Foyez 
Lenvire, Menisque Verre; voy. aussi ‘TELEsCOPE 
et Micnoscore. 

DIRECT (454). On dit en astronomie que les pla- 
nètes sont “directes, lorsqu'elles paraissent se mouvoir 
d'occident en orient suivant l'ordre des signes du zodia- 
que. ’oy. PLanères. 

La combinaison du mouvement propre de la terre 
avec ceux des planètes donne à ces dernières diverses 
apparences qu'on désignent par les mots : directe, sta- 
tionnaire ct rétrograde ; ainsi, par opposition à planète 
directe , on nomme planète rétrograde, celle qui paraît 
se mouvoir dans l’ordre inverse des signes , ou d’orient 
en occident, et planète stationnaire, celle qui parait 
rester immobile au même point du ciel. 

DIRECT (4/g.). Lorsque deux quantités m et n dé- 
pendent de deux autres quantités M et N, et que le rap- 
port des premières est le même que celui des secondes, 
c'est-à-dire, lorsqu'on à 


min::M:N. 


on dit que »2 et » sont en rapport ou raison directe de 
M et N; tandis qu'on nomme rapport inverse Où réci- 
proque, celui qui aurait lieu, si on avait 


n:m::M:N 


Le premier soin qu’on doit avoir lorsqu'on veut éta- 
blir une proportion pour opérer la règle de trois, c'est 
d’examiner si les rapports sont directs ou inverses. Foy. 
RÈGLE DE TRo1s. 

DIRECTION (Yéc.). DroitesuivantJaquelle un corps 
se meut ou est censé se mouvoir. 

On nomme en particulier ligne de direction, celle 
qui passe par le centre de gravité d’un corps, et par le 
centre de la terre. Lorsque cette ligne ne passe pas em 
même temps par le point d'appui du corps, supposé 
élevé au-dessus de la surface de la terre, il faut néces- 
sairement qu’il tombe sur cette surface. 

L'angle de direction est l'angle compris entre les di- 
rections de deux puissances conspirantes. Foy. Puis- 
SANCE. 

Das la géométrie, on dit que trois points ont une 
même direction, ou sont dans la même direction lors- 
qu'ilsse trouvent sur une seule et même droite. 

DIRECTRICE (Gcom.). Droite le long de laquelle 
on fait couler une autre ligne ou une surface pour dé- 
crire une figure plane ou solide. Foy. GÉNÉrAmoN , et 
les diverses SECTIONS CONIQUES. 

DISCRÈTE (Arith.), Vieux mot par lequel on dé- 
signait une quantité &ont les parties ne sont point eon- 
- linues ou jointes ensemble. fo. Quanrrré. 


DI AA 
DISQUE (45t.). Corps d’un astre tel qu'il apparaît 4 


nos yeux. La largeur du disque du soleil se divise en 
douze parties qu’on appelle doigts ; il en est de même 
de celui de la lune. C’est par le nombre des doigts qu’on . 
mesure la grandeur d’une éclipse. Poy. ÉcLipse. 


DISTANCE (Géom.). C'est proprement le plus court 
chemin d’un objet à un autre. Ainsi la distance d’un 
point à un autre est la ligne droite qui joint ces points ; ! 
et la distance d’un point à une ligne ou à une surface 
est la perpendiculaire menée du point à la ligne ou à la 
surface, 

On mesure les distances par le moyen de la chaîne ou 
du mètre. Foy. ARPENTAGE. Quand les distances sont 
inaccessibles , on forme des triangles au moyen desquels 
on peut les calculer. Voy. ArTIMÉTRIE, PLANCHETTE et 
GhaPhoMÈTRE. 


DISTANCE (454). Les distances des astres entre eux 
sont réelles ou proportionnelles, on les distingue encore 
en moyenne distance, distance aphélie, et distance péri- 
hélic. 

La pisrance aphélie des planètes est celle où elles 
sont à leur plus grand éloignement du soleil. 

La Disrance périhélie est celle au contraire où elles 
occupent le point de leur orbite le plus rapproché du 
soleil. 

La pisrancr moyenne des planètes est la moyenne 
entre leur plus grande et leur plus petite distance du 
soleil où la moyenne entre leurs distances aphélieet pé- 
rihélie. 

Les pisrAnGEs celles sont les distances de ces corps 
mesurées à l’aide de quelques mesures terrestres comme 
les licues, les milles, ete. 

Les nisrancrs proportionnelles sont les distances des 
planètes au soleil comparées avec l’une d’entre elles 
prise pour unité. Elles sont aisément déterminées à l’aide 
de la troisième loi de Kepler, savoir : les carrés des 
temps périodiques des révolutions de plusieurs corps 
autour d'un centre commun, sont comme les cubes des 
moyennes distances respectives. D’après cette loi, les 
temps des révolutions des planètes étant connus, on 
déduit les distances proportionnelles suivantes, celle de 
la terre étant prise pour unité : 


Distances proportionnelles 


moyennes. 
Mercure...... 0,3870981 
Vénus..,..,., 0,7233323 


La Terre,.... 1,0000000 


Mais. ii 1,5230035 
Wébta 1.544 2,2373000 
Junon:: 4.4 44 2,0671630 
GÉLCS LE... 2,7074060 
Pallas. ...,.1. :2,9676920 


Distances proportionnelles 
moyennes, 
Jupiter... 5,2025g911 


Saturne....... 0,5357709 


Uranus....... 19,1933050 


Maintenant la distance moyenne réelle de la terre, 
ayant été déterminée par le passage de Vénus (voy. Pas- 
SAGE €t PanaLLAxE), à 39229 000 lieues de 2000 toises, 
il suffit de multiplier par ce nombre les distances pré- 
cédentes pour obtenir les distances moyennes réelles ex- 
primées en lieues de 2000 toises. On trouve ainsi 


Distances réelles 
moyenues, 


Mercure..... 15 185 465 lieues. 
28 375 Goo 


39 220 000 


VéQUS.: 6.2 


La Terre. .... 


NTarse 72e .. 59772 960 
Vestai 419167767020 
Junons 0 104 630 140 


Cérés....... 108 562 550 
Palläsir eee se 


Jupiter. .... ; 


108 570 000 
204 100 280 
374 196 340 
752 540 172 


Saturne. . 


Uranus...... 


Quant à la distance de la lune et celle des autres pla- 
nètes secondaires, ’0y. SATELLITES. 

Nous verrons pour chaque planète en particulier 
comment on détermine ses distances aphélie et périhélie, 
ainsi que ses distances à la terre. C’est à laide de ces 
dernières qu’on calcule le diamètre réel d’une planète 
dont on connaît le diamètre apparent. 

La pisrance des étoiles fixes soit de la terre, soit du 
soleil , n’a pu encore être déterminée par aucun moyen, 
on sait seulement qu’elle est si grande, que le diamètre 
entier de l'orbite de la terre qui est d'à peu près 80 mil- 
lions de lieues , est comme un point par rapport à cette 
distance, et ne forme aucune mesure sensible qu’on 
puisse lui comparer. 


Disrance APPARENTE de deux astres; c’est l’angle 
formé par les rayons visuels qui vont de notre œil à 
chacun d'eux, il est mesuré par l'arc du grand cercle 
compris entre eux sur la sphère céleste. 


Disrance accourctE. C’est la distance d’une planète 
au soleil réduite au plan de l’écliptique, oula distance qui 
est entre le soleil et la projection de la planète sur le 
plan de l'écliptique. Les astronomes lui ont donné le 
nom de d'stantia curtata; parce qu’elle est toujours plus 
courte que la distance réelle. La différence entre ces 
deux distances s'appelle curtation où réduction de la 
distance. 


DITTON (Huwpurey), habile géomètre anglais, né 


DI 


à Salisbury, en 1675. Il avait annoncé dès l'enfance les 
plus heureuses dispositions pour l’étude des mathéma- 
tiques , à laquelle il fut obligé de se livrer en secret, car 
son père forca son inclination, en le consacrant à la car- 
rière ecclésiastique. I] exerçait les fonctions du ministère 
évangélique à Cambridge dans le comté de Kent, lors- 
que lesdocteurs Harris et Wisthon purent apprécier ses 
talens et lui fournirentles moyens de se livrer exclusi- 
vement à son goût pour les mathématiques. Le grand 
Newton lui-même le prit sous sa protection, et lui 
fit obtenir la chaire de mathématiques de l’école insti- 
tuée dans l'hôpital du Christ. I] ne jouit pas long-temps 
de cette faveur qui comblait toutes les espérances de 
son honorable et studieuse ambition. Il paraît que, con- 
jointement avec Wisthon , il avait proposé une méthode 
pour reconnaître la longitude en mer, et quoiqu’elle 
eët été approuvée par Newton, cette méthode n’eut 
aucun succès à l'expérience, Ditton en concçut un violent 
chagrin, et il mouruten 1515, âgé seulement de qua- 
rante ans. Parmi les nombreux ouvrages consacrés aux 
mathématiques, ec qu’a publiés Ditton, nous citerons : 
IL. Des tangentes des courbes. W. Traité de catoptrique 
sphérique. Le premier de ces écrits a été imprimé dans 
le 23° vol. Des transactions philosophiques, le second a 
été également publié dans ce recueil, en 1705, et réim- 
primé en 1707 dans les Acta eruditorum. NX. Lois ge- 
ncrales de la nature et du mouvement, in-8° 1705. 
IV. Méthode des fluxions , in-8, 1706. Cet ouvrage a 
été de nouveau publié, en 1726, avec des additions et 
des changemens par Clarke. V. Traité de perspective, 
1712. VI. La nouvelle loi des fluides, 1714. 

DIVERGENT. On nomme divergent tout ce qui par- 
tant d’un point s’écarte ensuite de plus en plus de ma- 
nière à ne pouvoir plus se rencontrer. Ainsi deux lignes 
qui forment un angle sont divergentes du côté de l’ou- 
verture de cet angle; elles sont au contraire convergentes 
du côté du sommet. 

On nomme série divergente , en algèbre, celle dont 
les termes croissent continuellement, de sorte que la 
somme d’un nombre quelconque de termes, loin d’ap- 
procher d’autant plus de la valeur totale de la série que 
ce nombre est plus grand, s’en éloigne au contraire da- 
vantage. Poy. CONYERGENT. 

DIVIDENDE {Arith.). Nombre sur lequel on veut 
opérer une division. ’oy. Division. 

DIVISEUR (Arith.). Nombre par lequel on veut divi- 
ser un autre. Foy. Division et Commun DivisEuR. 

Diviseurs cOMMENSURABLES, Ÿ’oy. RACINES COMMENSU- 
RABLES. 

DIVISION (Arith. et Alg.). Opération qui a pour but 
de trouver l’un des facteurs d’un nombre donné lors- 
qu’on connaît l’autre facteur. 

Cette définition générale de la division est susceptible 


DI 


de deux modifications résultantes de cé qu’on peut con- 
sidérer le facteur cherché comme étant le multiplicande 
ou comme étant le maltiplicateur. Par exemple, 3 mul- 
tiplié par 4 donne 12; ici , 3 est le multiplicande et 4le 
multiplicateur. Si l’on se proposait donc de déter- 
miner 3 au moyen de 12 et de 4, ou ce qui est la mème 
chose de diviser 12 par 4, il est évident que l'opération 
consisterait à chercher la quatrième partie de 12, puis- 
qu’on sait que le.nombre demandé a dû être pris 4 fois 
pour former 12. Si l'an connaissait au contraire 12, et 
le multiplicande 3, et qu’on voulüt déterminer 4, on se 
proposerait de chercher combien 3 est contenu dans 12. 

Ces deux manières d'envisager la division se réunis- 
sent dans l’idée générale de cette opération, parce que, 
comme nous l'avons démontré (Ale. 7) les deux facteurs 
eutrent de la même manière dans la composition du 
produit et qu'il est, par conséquent, indifférent de 
prendre l’un quelconque de ces facteurs pour multi- 
plicande. Ainsi nous pouvons également dire, dans tous 
les cas , que diviser un nombre par un autre c’est cher- 
cher combien de fois le premier contient le second. 

En prenant pour exemple les nombres 12 et 3, le 
moyen qui s'offre d’abord pour trouver le facteur de- 
mandé est de retrancher 3 de 12 autant qu’il y est con- 
tenu, et de cette manière on aurait 


192—3—0, 9—3—6, 6—3—3,3—3—0, 


d’où l’on pourrait conclure que 12 contient 4 fois3, 
puisqu'il a fallu exécuter 4 soustractions pour ne plus 
trouver de reste. 

Mais ces soustractions successives deviendraient im- 
praticables s’il s'agissait d'opérer sur de grands nombres 
et l’on sent la nécessité d’un procédé particulier qui soit 
à leur égard ce qu’est la multiplication par rapport aux 
additions successives d’une quantité avec elle-même. 
Or, ce procédé ne peut être que l'inverse de celui de la 
multiplication, et c’est en partant de ce dernier que nous 


allons faire comprendre son mécanisme. 


1. Le nombre qu’on veut diviser prend le nom de dri- 
vidende ; le facteur connu , celui de diviseur, et le fac- 
teur cherché celui de quotient. Ainsi dans la division 


»2 est le dividende, 3 le diviseur, et 4 le quotient. 


2. Pour diviser un nombre composé de deux chiffres 
par un nombre composé d’un seul chiffre, on se sert de 
la table des produits nommée table de Pythagore (voy. 
Muvriricarion). Par exemple, pour diviser 56 par 7, 
on cherche dans la septième colonne verticale lenombre 
56 et l'ayant trouvé placé en face du 8 de Ja première 


i 


DI ATS 


colonne , on en conclut que 56—73X8, et par conséquent 
que le facteur cherché, ou le quotient, est 8. 

3. Lorsque le dividende donné ne se trouve pas dans 
la table, c’est qu'il n’est point exactement le produit de 
deux facteurs. Dans ce cas la division laisse un reste; 
par exemple, 8ne divise pas 5o exactement, car 8X6—48 
et 8X7—56, on dit alors que 50 divisé par 8 est égal à 
6 avec un reste 2 ; ce qui donne l'égalité 50=8X6+0. 

4. Pour effectuer la division des nombres composés de 
plus de deux chiffres, il faut prendre préalablement 
l'habitude d'exécuter de mémoire celle des nombres de 
deux chiffres, comme il faut savoir former les produits 
simples pour pouvoir opérer une multiplication Nous 
supposerons dorénavant qu’on sait trouver les quotiens 
simples. 

5. Soit maintenant à diviser un nombre composé de 
plus de deux chiffres par un diviseur d’un seul chiffre. 
Pour rendre le procédé plus sensible , multiplions un 
nombre quelconque par un seul chiffre; par exemple, 
6548 par 8, et prenons 8 pour multiplicateur afin de pou- 
voir mieux examiner la composition du produit ; nous 
aurons 


6548 
8 


64 
32 
40 
48 


52384 


Maintenant prenons 52384 pour dividende et 8 pour 
diviseur , et faisons l’opération suivante : 


8 


48 
43 
40 


38 

3 
64 
64 


Oo 


Ayant écrit 8 à la droite de 52384, commençons par di- 
viser les deux derniers chiffres à gauche 52 par 8; cette 
division nous donne 6 pour quotient avec un reste 4 
parce que GX8—48. Or, ce nombre 6 ainsi trouvé est 
le chiffre des plus hautes dixaines du quotient demandé; 
car d’après la formation de 52384, il est évident que les 
deux derniers chiffres 52 contiennent le produit 48 du 
dernier chiffre du multiplicande par8, plus les dixaines 
du produit précédent 40, ajoutées dans l'addition finale; 
donc 52 divisé par 8 doit donner pour quotient ce der- 
à 60 


414 DI 
nier chiffre du multiplicande, avec un reste égal aux 
dixaines ajoutées. é 
Ayant retranché le produit de 6 par 8, ou 48, de 5», 
! et écrit à côté du reste 4, le chiffre suivant 3 du divi- 
{ dende, on voit que 43 est le produit de l’avant-der- 
: nier chiffre 5 du multiplicaude par 8, produit aug- 
menté des dixaines 3 du produit précédent. Raisonnant 
comme pour 52, ou trouvera quele diviseur 8 est con- 
tenu 5 fois dans 43, avecun reste 3; on écrira donc 5 
au quotient, et à côté du reste 3, on abaissera le qua- 
trième chiffre 8 du dividende. 38 étant, par les mêmes 
raisons que ci-dessus, le produit du second chiffre à 
gauche du multiplicande, par le multiplicateur 6, aug- 
menté des dixaines du premier produit, on trouvera 
ce second chiffre en divisant 38 par 8, ce qui dounera 
4 pour quotient, et 6 pour reste. Écrivant enfin, à 
côté de ce dernier reste, le dernier chiffre 4 du divi- 
dende, 64 sera le produit des unités du multiplicande, 
et en divisant 64 par 8, on obtiendra ces uuités 8, qu’on 
écrira au quotient. La division aura donc fait retrouver 
exactement le multiplicande 6548. 


6. Sans nous appesantir sur d’autres décompositions 


semblables , nous poserons la règle suivante : 


Pour diviser un nombre de plusieurs chiffres par un 


nombre d’un seul chiffre, il faut : 


1° Écrire le diviseur à côté du dividende, en les sé- 
parant par un trait. 

2° Chercher combien le premier chiffre du dividende 
contient le diviseur , ou , si ce premier chiffre est plus 
petit que le diviseur, combien les deux premiers chif- 
fres du dividende contiennent le diviseur, et écrire ce 
uombre au quotient; 

3° Retrancher de la partie employée du dividende, 
e produit du chiffre trouvé ; 
le produit du chiffre t ; 

4° Écrire à côté du reste obtenu par cette soustraction 
le chiffre suivant du divideude, pour former un nou- 
veau dividende partiel sur lequel on opère comme sur 
le premier ; 

5° Écrire le second quotient partiel à la droite du 
premier et retrancher son produit du second dividende 
partiel ; 

6° A côté du reste de cette dernière soustraction, 
écrire le chiffre du dividende général qui suit le dernier 
employé, pour former un troisième dividende partiel ; 

7° Continuer enfin de la méme manière jusqu’à ce 
qu’on ait employé tous les chiffres du dividende gé- 
néral, 


Quelques exemples suffiront pour rendre cette règle 
évidente, 


DI - 
7- Soit à diviser 61605 par g. Après ayoir disposé 
comme il suit les nombres donnés 


on dira : en 61 combien de foisg? 6 fois pour 54.On écrira 
6 au quotient , et on retranchera 6 fois 9 ou 54 de 61, 
ce qui donnera un reste 7, à côté duquel on écrira le 
chiffre 6 du dividende. Continuant l'opération, ou dira : 
en 76, combien de fois 9? 8 fois pour 72; on écrira 8 
au quotient, et on retranchera 72 de 56, ce qui donnera 
4 pour reste, à côté duquel on écrira le chiffre o du di- 
vidende. On dira de nouveau, en 4o combien de fois g? 
4 fois pour 36 ; on écrira 4 au quotient et à côté du reste 
4, obtenu en retranchant 36 de 40, on écrira le dernier 
chiffre 5 du dividende. On dira enfin, en 45 combien 
de fois 9 ? 5 fois exactement, et l’on terminera l’opéra- 
tion en écrivant 5 au quotient et o pour dernier reste, 


Le quotient demandé est donc 6845. 
5. Proposons-nous de diviser 8437 par 9. Ici, il n’est 
pas besoin de prendre deux chiffres du dividende pour 


commencer l’opération, parce que le premier le con- 
tient déjà. On dira donc 


en 8 combien de fois 7 ? une fois avec un reste r, Abäis- 
sant le chiffre 4 , on continuera en disant en 14 combien 
de fois 7? 2 fois sans reste, On écrira donc o pour reste, 
et l’on abaissera le chiffre 3 du dividende ; ce qui don- 
nera 03 ou seulement 3 pour troisième dividende par- 
tiel; on dira donc en 3 combien de fois 3? La division 
ne pouvant s'effectuer, on écrira o au quotient, et con- 
sidérant 3 comme un reste, on écrira à côté le dernier 
chiffre 3 du dividende. On terminer# enfin en disant : 


7? 5 fois avec un reste 2. 


en 37 combien de fois 7 


Le quotient cherché est donc 1205; mais il y a un 


reste, ce qui prouve que 7 n’est pas facteur exact de 
8437. 


9. Une décomposition semblable à celle du numéro 5, 
va nous montrer la marche qu’il fant suivre lorsque le 
diviseur a plusieurs chiffres. Ayant multiplié 856 par 
464, et trouvé comme ci-dessous 406464, proposons- 
nous le problème inverse de diviser 406464 par 876 : le 


DI 


quotient sera nécessairement 464; écrivons le diviseur à 
côté du dividende, et opérons comme il suit : 


876 

- 464 

3504 
5256 


200. (816 


D'après la composition du dividende, on voit que le 
produit du diviseur par le dernier chiffre 4 du quotient 
est contenu dans les quatre derniers chiffres 4064 du di- 
vidende, plus les dixaines provenant des autres produits 
partiels. Ainsi, ayant séparé ces quatre chiffres par un 
point, ilest évident que pour trouver le dernier chiffre 
4 en question, il ne faut que chercher combien les chiffres 
ainsi séparés contiennent de fois le diviseur. Nousdirons 
donc en 4064 combien de fois 876? mais comme ici la 
table de multiplication est insuffisante, nous remarque- 
rons que 4064 étant le produit de 856 par le chiffre 
cherché , le premier chiffre 4, ou à son défaut, les 
deux premierschiffres 4o doivent contenir leproduit du 
chiffre cherché par le dernier chiffre 8 de876; la question 
se réduit donc à dire en 40 combien de fois 8? et comme 
il y est 4 fois, nous en conclurons que 4064 contient 
4 fois876. Cela posé, 4064 contenant en outre les dixaines 
provenant des autres produits partiels, pour avoir ces 
dixaines , il ne faut que multiplier 876 par 4, et retran- 
cher le produit de 4064. Ayant donc écrit 4 au quotient 
multiplions le diviseur par ce nombre, portons le pro- 
duit 3504 sous 4064 , et retranchons-le de ce nombre, 
nous aurons 560 pour reste. 

Si à côté de ce reste , nous écrivons jes deux autres 
chiffres 64 du dividende, il est bien évident que le 
nombre qui en résulte 56064 ne contient plus que les 
produits de 8736 par les deux premiers chiffres 64 du 
quotient. 

Remarquons de nouveau que le produit de 876 par 
lavant-dernier chiffre 6 du quotient est contenu dans 
les quatre premiers chiffres 5606 de notre nouveau di- 
vidende plus les dixaines reportées du premier produit 
partiel. Ainsi, pour trouver ce chiffre 6, il faut encore 
chercher combien de fois 5606 contient 876, ou, comme 
ci-dessus, combien 56 contient 8. Mais ici 56 contient 8 
7 fois et non G fois. On pourrait donc croire qu’il y a 
erreur dans Popération , si l’on ne se rappelait pas que 


DI 475 


non-seulement 56 contient le produit deS par le chiffre 
cherché, mais qu’il contient encore de plus les dixaines 
provenant des produits des autres chiffres de 896, et 
cucore celles proveuantdu premier produit partiel 3504; 
il arrive donc souvent que la division des deux premiers 
chiffres du dividende par le premier chiffre du diviseur 
donne un nombre plus grand que celui qui est cherché ; 
et l’on ne peut regarder ce procédé que comme un ta- 
tonnement , puisque pour être sûr qne le chiffre trouvé 
n’est pas trop grand, il faut multiplier le diviseur entier 
pour savoir si le produit ne surpasse pas les chiffres sé- 
parés du dividende, car il ne faut pas perdre de vue 
que la véritable question est ici de savoir combien 5606 
contient 876. 

Ainsi ayant trouvé 7, en disant : en 56 combien de 
fois 8? multiplions 876 par 7, et comme le produit 6132 
est plus grand que 5606, concluons que 7 est trop fort; 
alors multiplions 876 par 6 , et comme le produit 5256 
est contenu dans 5606, écrivons 6 au quotient et re- 
tranchons 5256 de 5606; nous aurons 350 pour reste, à 
côté duquel nous écrirons le dernier chiffre 4 du divi- 
dende. 

Or, il est évident que puisque nous avons retranché 
successivement du dividende général, les produits du 
diviseur par les centaines et les dixaines du quotient, 
le dernier reste 3504 ne doit plus contenir que le pro- 
duit du diviseur par le chiffre des unités du quotient, 
et qu’il doit être ce produit même, puisque le dividende 
proposé est exactement le produit du diviseur par le 
quotient. Ainsi, pour trouver ce chiffre des unités, 
nous dirons : en 3504 combien de fois 8,6? ou plus 
simplement, en 35 combien de fois 8? 4 fois. Multiplions 
donc 876 par 4 pour savoir sice chiffre n’est pas trop 
grand , et comme le produit est justement 3504, écri- 
vons { au quotient, eto pour dernier reste, ce qui de- 
vait être nécessairement , puisque nous n'avons fait que 
retrancher du dividende tous les produits partiels qui 


le composaient. 


10. De là il est aisé de conclure la règle générale 
suivante : 

On prendra sur la gauche du dividende autant de 
chiffres qu'il est nécessaire pour contenir le diviseur. 

Cela posé, on cherchera combien {a partie prise du 
dividende contient de fois le diviseur, ce qui se fait en 
cherchant seulement combien de fois Le premier chiffre 
à gauche du diviseur est contenu daus le premier chiffre 
du dividende, ou dans les deux premiers si le premier 
ne suffit pas; on écrit le chiffre trouvé sous le diviseur. 

On multiplie tous les chiffresdu diviseur par ce quo- 
tient partiel, et on porte à mesure les chiffres du pro- 
duit sous les chiffres correspondans du dividende par- 
tiel. On fait la soustraction, et à côté du reste on abaisse 


416° BI 
le chiffre suivant du dividende général, ce qui donne 
un second dividende partiel. 

Oa opère sur ce second dividende partiel comme sur 
yle premier , et on continue l'opération jusqu’à ce qu’on 
‘ait abaissé tous les chiffres du dividende général. 


Quelques exemple éclairaront les cas embarassans. 
17. Soit à diviser 3730438 par 5364; 


37304.38 (7304 
36820 (506 
45438 
k 4184 


4254 


Ayant séparé par un point les cinq derniers chiffres 
du dividende, parce que les quatre premiers sont in- 
suffisans pour contenir le diviseur ; je dis : en 37 com- 
bien de fois 7 ? 5 fois; j'écris 5 au quotient. 

Je multiplie 3364 par 5, et je porte le produit 36820 
sous 37304 , duquel je le retranche; à côté du reste 454 
j'abaisse le chiffre suivant 3 du dividende, et j'ai pour 
second dividende partiel 4543. 

Qr, comme ce second dividende est plus petit que 
le diviseur, j'agis comme dans le numéro 8, c'est-à- 
dire que j'écris o au quotient , et que j’abaisse le dernier 
chiffre 8 du dividende. 

Je dis, eu 48438 combien de fois 5364? ou, en 48 
combien de fois 7? je trouve 6 fois que j'écris au quo- 
tient, je multiplie le diviseur par 6, et j'écris le produit 
44184 sous le dividende 48438 duquel le retranchant, 
j'ai 4254 pour reste. 

Eu effet, en multipliant le diviseur par le quotient, 
on trouve pour produit 3526184 qui diffère du divi- 


/ 


dende donné du nombre 42544. 
12. Il s’agit de diviser 8988186 par 596. 


8988186 596 
596 15080 
3028 
2950 
4318 
4768 
506 


Je prends seulement les trois premiers chiffres du di- 
vidende parce qu’ils suffisent pour contenir le diviseur, 
et au lieu de dire en 895 combien de fois 596? je dis : 
en 8 combien de fois 5? je trouve 1 que j'écris au quo- 
tient. 

Jemultiplie 596 par 1, et je porte le produit 596 
sous 895, je fais la soustraction, et à côté du reste 302, 
j'abaisse le chiffre 8 du dividende, et je continue en 


DI 


disant : en 30 combien de fois 5? G fois, mais en mul- 
tipliant le diviseur par 6, je trouve 3056 qui est plus 
grand que le dividende, je n’écris donc que 5 au quo- 
tuent. 

Je multiplie le diviseur par 5, j'écris le produit 2980 
sous 30928, je fais la soustraction, et à côté du reste 48 
j'abaisse le chiffre 1 du dividende. Mais comme 481 ne 
peut pas contenir le diviseur 506, je porte o au quo- 
tient, et j'abaisse à côté de 481 le chiffre suivant du 
dividende, ce qui donne 4818. Alors je dis : en 48 com- 
bien de fois 5? IL y va 9 fois, mais pour la même raison 
que ci-dessus , je ne pose que 8 au quotient. 


Je multiplie le diviseur par 8, et ayant retranché le 
produit 4768 de 4818 , j'ai pour reste 50 à côté duquel 
j'abaisse le dernier chiffre 6 du dividende. Or, 506 
étant plus petit que le diviseur, j'écris o au quotient, 
et comme je w’ai plus de chiffres à abaisser, j'en conclus 
que 8988186 contient 15680 fois 506, plus un reste 506. 


13.Ces exemplessuffisent pour montrer la marche qu’on 
doitsuivre dans tous les cas.Ïl nous reste à montrer com= 
ment on peut abréger les multiplications qu’on est 
obligé de faire pour savoir si le chiffre obtenu par la 
division des deux premiers chiffres du dividende par le 
premier chiffre du diviseur n’est pas trop grand. Par 
exemple, dans l'exemple ci-dessus , au troisième divi- 
dende partiel, nous avions : en 48 combien de fois 5? 
9 fois, et nous n'avons mis que 8 au quotient, parce 
que le diviseur multiplié par 9, donne 5364 qui est plus 
grand que le dividende 4818. Or, nous aurions pu éviter 
cette multiplication en faisant la remarque suivante : 

Si 4818 contenait 9 fois 596, les derniers chiffres 48 
devraient contenir Q fois 5 , plus un reste qui se com- 
poserait des dixaines provenant de la multiplication des 
autres chiffres du diviseur par O, retranchant donc 
5 fois 9 ou 45 de 48, le reste 3 devrait être ces mêmes 
dixaines. Or, 318 qui reste après avoir Ôté 45 centaines 
de 4818, doit donc contenir les produits des deux au- 
tres chiffres, 96 du diviseur par 9, et particulièrement 
31 doit contenir le produit du chiffre 9 des dixaines 
par 9; mais ce produit étant 81, et par conséquent 
plus grand que 31, il s'ensuit que 9 fois 596 est 
plus grand que 4818. Ainsi, sans être obligé de faire 
la multiplication et seulement à l’aide de la différence 
de 45 à 48, on reconnait que le chiffre 9 n’est point celui 
qu’on demande. 

Actuellement pour savoir si 8 n’est pas aussi trop 
grand, car il se présente des cas où le premier chiffre 
trouvé surpasse le chiffre cherché de deux unités; on 
dira de même 8 fois 5 font 40, ôté de 48 reste 8; joi- 
gnant 8 au troisième chiffre 1 de 4818, on dira : 8 fois 9 
font 52 qui, ôté de81 , donne un reste 9 auquel on joint 
le dernier chiffre 8 de 4818, et comme 98 qui en ré- 


DI 


sulte , est plus grand que 8 fois 6, il s'ensuit que 596 
est contenu 8 fois dans 4818. 


4818 (596 
4o_\8 


Avec de l’habitude, on aperçoit facilement dèsle pre- 
mier reste, si le chiffre n’est pas trop grand; mais 
dans tous les cas, comme il est inutile d’écrire, ainsi que 
je lai fait ci-dessus, une opération qu’on exécute men- 
talement, on abrège considérablement l’opération gé- 
nérale. 

On doit aussi prendre l'habitude d’exécuter les sous- 
tractions des produits partiels sans écrire ces produits 
et à mesure qu’on les forme; c’est ce qu'on trouve ex- 
pliqué dans tous les traités d’arithmétique. 


14. Division pes Fracriows. Diviser une fraction quel- 
conque £ par une autre fraction 7, c’est la même chose 
que multiplier £ par 7 renversé ou par 7. On a donc 

RE LES 9 

6 916 1 
Les raisons de cette règle sont exposées à l’article AL- 
GÈDRE, n° 18. 

15. S'il s'agissait des fractions décimales, l'opération 
se simplifierait beaucoupen remarquant que le quotient 
de deux nombres ne change pas lorsqu'on multiplie ces 
deux nombres par un même facteur. En effet, soit 0,45 
à diviser par 0,5; en multipliant ces deux fractions par 
100, elles deviennent 45 et 50 dont le quotient est la 
fraction 

45 

50 
qu’on peut réduire en fraction décimale par le procédé 
exposé au mot DécIMALE. 

On trouve ainsi 


16. Si les nombres proposés étaient composés de par- 
ties entières et de parties décimales, il faudrait les multi- 
plier l’un et l’autre par un multiple de 10 , capable de 
faire disparaître à la fois les deux parties décimales, et 
opérer ensuite la division sur les nombres entiers résul- 
tans. Ainsi, pour diviser 54,35 par 7,005, il faut com- 
mencer par multiplier chaque nombre par 1000 ce qui 
les transforme en 543500 et 70025 dont le quotient est 
le mème que celui des nombres proposés. 

On peut ainsi poser la règle générale de cette opéra- 
tion : Ayant complétc par des zéros le nombre des dé- 


.— 
di 


DI 


cimales du dividende et du diviseur, on retranche la 
virgule de part et d'autre, et on opère comme st les 
nombres proposés étaient entiers. Par exemple, pour 
diviser 154,05 par 3,2552, ou écrira 

LA 


154.0500|3.2552 


et, en retranchant la virgule, on aura 


1540500 Pa 
238420 : +7 
1056 


Le quotient demandé est donc 47 plus un reste 20556. 
Ce reste, qu’il faudrait encore diviser par 32552, 


: : 6 £ 
fournit la fraction , etle quotient total est donc 


1055 
32552 

FURE 10556 

TT 3255 

Si l’on ne voulait avoir que des fractions décimales, il 
faudrait continuer la division ci-dessus en écrivant suc- 
cessivement des o à côté de chaque reste, et l’on n’arré- 
terait l'opération qu'après avoir obtenu le degré d'ap- 
proximation dont on aurait besoin. En supposant, dans 
l'exemple précédent, qu’on r’ait besoin de connaitre le 
quotient qu’à un millième près, l'opération totale de- 
viendrait 
32552 


5405 = 
1540500 RE 


238420 
105560 
79040 
109360 
9152 


Le quotient de 154,05, divisé par 3,2552, est donc 
47,324 à un millième près. 

17. Lorsqu'on a exécuté une division, le moyen le 
plus direct qui se présente pour la vérification du calcu 
ou pour faire ce que l’on nomme la PREUvE de l’opéra- 
tion, c’est de multiplier le diviseur par le quotient 
puisque ces deux quantités sont les facteurs du dividende. 
Ainsi cette multiplication doit reproduire exactement le 
dividende, si la division n'a pas laissé de reste, et s’il y 
a un reste le produit augmenté de ce reste doit être égal 
au dividende. 

Ilexiste encore une preuve deladivision qu’on nomme 
preuve par Q , elle est exposée au mot AnITHMÉTIQUE, 
dans le fragment d'Avicenne; nous verrons à l’article 
Facreur les principes sur lesquels elle est fondée. 

18. Division comPLexE. On nomme divisioncomplexe 
celle qu'il's’agit d'effectuer sur des nombres composés 
d'entiers et de fractions. Il se présente trois cas : 1° Le 
dividende seul est complexe ; 2° le dividende et le divi- 
seur sont tous deux complexes; 3° le diviseur seul est 


complexe. Nous allons les examiner successivement. 


4178 DI 


1° Soit à diviser 345 20' 30" par 24 ; après avoir di- 
visé 345 par 24, ce qui donne 14 pour quotient et Q 
pour reste; on réduira ce reste g heures, en minutes, en 
multipliant 9 par 60, puisque une heure équivaut à Go 
minutes ; on augmentera le produit, 540, des 20” du di- 
vidende, et on aura ainsi un nouveau dividende par- 
tiel 560, qui , divisé par 24 , donnera 23 pour quotient 
et 8 pour reste; on réduira de nouveau ce second reste 
en secondes, en le multipliant par 60, et on ajoutera au 
produit, 480 , les 30” du dividende général, ce qui don- 
nera pour second dividende partiel 510; ce nombre, 
divisé enfin par 24, donnera pour quotient 21 et pour 
reste G. Le quotient général sera donc 14 heures, 23 
minutes, 21 secondes , plus # de seconde. Voici les dé- 
tails de l’opération : 


345 20 30]? 
105 
Reste d’heures.... 9 
6o 


540 
20 


560 

80 

Reste des minutes. 8 
60 


480 
30 


ne 


510 
30 
Reste de secondes... 6 


S'il s'agissait d’un dividende composé de fractious or- 
dinaires, on ramènerait l'opération à une division 
simple en se débarrassant des fractions comme il suit : 


Soit 5 à diviser par 49. Réduisant tout le divi- 


dende en fraction, c'est-à-dire opérant l'addition 


56 + À ë SRE 


L'opération sera ramenée à la division de nc par 49. 
Mais en retranchant le dénominateur 57, ou rend Ja 
fraction 57 fois plus grande ; ainsi le quotient de 2097 
par le diviseur proposé 49 serait 57 fois trop grand, il 
faut donc multiplier préalablement le diviseur par 57, 
et alors le quotient de 2097 par 49X 57 ou par 2693 
sera le quotient demandé. 


Larègle générale est donc deréduire tout le dividende 
en une seule fraction, de multiplier ensuite le diviseur 
par le dénominateur de cette fraction, et de diviser seu- 
lement le numérateur par ce dernier produit. 


DI 


2° Si le dividende et le diviseur sont tous deux com- 
plexes , on pourra se servir de plusieurs opérations pré- 
paratoires dont la plus simple est de rendre le diviseur 
incomplexe en le réduisant en unités de l’ordre le plus 
bas de celles qu’il contient. Soit par exemple : 

48 livres sterling 16 shellings 6 pences à diviser par 
350 toises 5 pieds 10 pouces. On réduira le diviseur en 
pouces, ce qui s’exécutera en multipliant d’abord 350 
par 6, pour avoir le nombre de pieds contenus dans 350 
toises, on ajoutera 5 à ce nombre 2100, puis on multi- 
pliera 2105 par 12, pour avoir le nombre de pouces eon- 
tenus dans 2105 , ajoutant 10 enfin à ce dernier nombre 
25260, on saura que le diviseur proposé est équivalent 
à 25270 pouces. Or, une toise contenant 72 pouces, le 
nombre précédent, comparé à l’unité, est donc la frac- 
tion 

25270 


72 


et c’est par cette fraction qu’il faut diviser 48! 16° Gr. 
Pour faire disparaitre le dénominateur 92, il ne s’agit 
donc plus que de multiplier le dividende et le diviseur 
par ce nombre, ce qui ne change pas le quotient; le se- 
cond devient alors simplement 25250, et le premier, en 
opérant lamultiplication, devient (voy. MuzrripLicaTioN) 
3515! 8°. Voici les details de l'opération , pour laquelle 
il faut savoir que ia livre sterling vaut 20 schellings et 
le schelling 12 pences. 


3515! 8° [2327 9 


20 Lol 2° 9" 


schellings 70300 
8 


70308 
19768 
12 


39536 
19768. 


Ieste en schel. 


Pences. . .237216 
Reste.... 9786 


Le quotient demandé est donc 2 schellings 9 pences 


86 
plus oee de pence. 
29270 


Il faut observer dans toute division que le diviseur 
doit toujours être considéré comme un nombre abstrait, 
et que le quotient ne peut être d’une autre nature que 
le dividende. En effet , une division quelconque avant 
pour but de trouver le nombre qui , ajouté à lui-même 
un nombre de fois donné en produit un autre également 
donné, il est évident que le nombre cherché est de 
même nature que celui qu'il doit produire, ou que le di- 
vidende; tandis que le diviseur, exprimant seulement 


le nombre de fois que le quotient est contenu dans le di- 


DI 


vidende ; est essentiellement un nombre abstrait. Si 
donc l’on divise des livres sterlings par des toises, C’est 
qu'une telle division est Le résultat d’une question qui 
considère seulement le rapport des nombres entre eux 
indépendamment de leurs natures. Ainsi, par exemple, 
si l’on savait que 350 toises 5 pieds 10 pouces d'un cér- 
tain ouvrage de mäçonnefie ont coûté la somme de 48 
livres 16 schellings 6 pences et qu’on voulüt connaitre , 
à l'aide dé ces nombres , quel est le prix de la toise , il 
s'agirait de savoir d’abord quel est le rapport entre une 
toise et le nombre en question, car si une toise est la 
centième, la deut=centière , ttc. partie de ce nombre 
son prix sera la centiènie païtie, la deux centième, etc. 
de la somme conntie; e’est-ä-dire, que pour obtenir ce 
prix il suffira de diviser cette somme par 100, ou 200, 
ou etc. Mais le rapport d’une toise à 350° 5r 10P , et ce 
nombre lui-même ; car en réduisant tout en pouces se 


rapport est le même que celui de 
72 pouces à 25270 pouces; 


ou que le nombre abstrait 


25270 


72 


C’est donc seulement pour abréger qu’on sous-entend la 
nature abstraite du diviseur et qu’on lui conserve les dé- 
nominations des nombres concrets dont ii est le rap- 
port. 

3° Lorsque le diviseur seul est complexe , on ramène 
l'opération à une division simple en opérant sur lui 
comme dans le cas précédent. 

La division complexe, dans le cas des fractions déci- 
males, a été déjà exposée ci-dessus, n° 16. 

19. Division aLGEBRIQUE. Nous avons Vu ALGÈBRE, 
n°10 , comment les signes du dividende et du diviseur 
déterminent ceux du quotient, nous rappellerons seule- 
ment ici, en désignant par À un dividende quelconque, 


par B le diviseur, et par C le quotient, qu’on a en gé- 


uéral : 
CR  — 
5-0 AT 


20. La division d’un polynome paï un monome s’o- 
père en divisant chaque terme du polyÿnome en particu- 
lier. Il est évident que 


KABLESD ec. À B° CD 
Mon MM MN: 


Ja raison de cette règle est évidente. 


Di 419 


Tant que les lettres du dividende et du diviseur sont 
différentes on ne peut opérer aucune réduction sur les 
résultats, mais lorsqu'il y a des lettres semblables, ou 
des coefficiens numériques, ces résultats peuvent être 
simplifiés. Soit par exemple 6a%b—4ac?+2b?c à diviser 
par 2ac; on a d'abord par la règle générale 


. 2b?c 
2ac 


Ga?b— 4ac? + 2e 


2ac 


6æb . 4ac? 
2ac 


7 2ac 
{- . n D 
maté en examinant chaque terme du quotient on voit 
que les numérateurs et les dénominateurs ont des fac- 
teurs communs qui peuvent être conséquemment re- 
tranchés sans changer la valeur des termes ; ainsi 


Gaib 
2ûc 


., …  2ab 
se réduit à 7» 


en divisant les deux termes de cette fraction par le fac- 
teur commun 2a ; 


4ac? 
2ac 


se réduit à 2c 


en divisant les deux termes par 2ac ; et enfin 


ohe “abgracéi 
se réduit à — 
a 


2ac 


en divisant les deux termes par 24: 
Le quotiet demandé est donc seulement 


Secondexemple.Lepolynome 1 5afbc6—3añen+5b8c7 
divisé par 15 a°b7 devient 


15ab3c® 3aÿc': 5b8c7 
1 ab? 1 54°b7 15a°b7 
et se réduit à 
a%c° eu be? 
bi 5ab7  3@ 


après le retranchement”des facteurs égaux des deux 
termes de chaque fraction. On peut encorë donnet à ce 
quotient la forme 


; I : 
@b—icf — a —b—7en + aber 
L5] 


CS | 


en se servant d’exposans négatifs, puisqu'on a en géné- 
l b 


L 


ral — = —A-", Voy. ALGÈBRE , n° 24. 


21. La méthode qu'on emploie pour diviser un poly- 


nome par un autre polvnome est à peu près semblable 


480 DI 


à celle que nous avons donnée -dessus pour les nombres. 
On ordonne d’abord le dividende et le diviseur par 
rapport à une même lettre, commune à l’un et à l’autre, 
de manière que les puissances consécutives aillent en dé- 
croissant du premier terme au dernier. On divise en- 
suite le premier terme du dividende par le premier du 
diviseur, d’après les règles que nous venons d’exposer 
pour les monomes, le quotient qu'on obtient est le pre 
mier terme du quotient général demandé. Multipliant 
le diviseur par ce terme trouvé, et retranchant le pro- 
duit du dividende, on a un premier reste dont le pre- 
mier terme divisé par le premier terme du diviseur 
donne pour résultat le second terme du quotient. Opé- 
rant ensuite comme ci-dessus, on obtient un second reste 
lequel sert de la même manière à la détermination du 
troisième terme du quotient, et ainsi de suite jusqu’à ce 
qu’on trouve o pour reste, ou un reste qui ne puisse 
plus être divisé. 


Exemple 1°. On demande le quotient de la division 
de 3a?+oga—5a—15 par 3a—5 


3a—5 
3 LE Fe Re 
Lu . 7 a +3 quotient 
9æ@—15 premier reste. 
—9@ +15 


o second reste — 0. 


Les produits de 3a—5 par aet par 3 sont 3a—5a 
et oa?—15, mais pour les soustraire il faut changer les 
signes et ils deviennent —3a+5a, —ga+15. 


Exemple 2°. On veut diviser 4a—17ab+2b; par 


a+2b 


—2b 
Re b3 F Le | 
ne JL en He 4aæ—8ab—b quotient 
—8ab—17ab? premicr reste 
—8abLi6ab? 
—ab?+2b3 second reste 
+ab—2bi 


o troisième reste. 
Exemple 3°. Diviser am—bm par a—b 


a—b 
PS mm pm rm 
a Lab aa an a etc. 
an bin 
—am—1b+am—2hs 
sa | Han—h— mt 
—an—3b + am—3p3 
er 
—am 3h Lam—hpi 
Han—hbi pm 
etc. etc. 


L'opération ne pourra seterminer tant que l’exposant 
m restera ainsi général, mais il est facile de saisir la loi 


DI 


des termes du quotient; en effet , on voit que les puis- 
sances de a décroissent à mesure que celles de b devien- 
nent plus grandes, et on pourra conclure par analogie 
que le dernier terme de ce quotient général est abm—1 
et que ce quotient lui-même est 


am E am—3h + am—3h3 Letc...... 
+ @bm-3 LE abm—3 L bn ; 


pour s’en assurer il ne faut que le multiplier par «—b, 
ce qui donne . 


an E am—1ib L am—2h2 L etc. 
+ dbm—3 Labs LL 'abm-1 
—amTib—am—2h2 —etc.... 
—dbn—3 co bm—3abm 1h 


dont la somme est effectivement a—bm. 


Exemple 4°. Diviser a*—ab?+b5 par a4+b 


a—abpp fe 
—a—æb a—ab 
—æ@b—ab 
A ma 
FT 


Le quotient sera donc égal à &—ab plus la fraction 
b3 


a+’ 


a, on ne peut continuer la division sans trouver des 


comme ici le numérateur ne contient plus la lettre 


termes fractionnaires, et alors dans ce dernier cas, lors- 
qu'on veut continuer la division, on peut la pousser à 
l'indéfini car il n’y a plus de raison pour s'arrêter à un 
terme plutôt qu’à un autre; le quotient pris donc en gé- 
néral est composé d’un nombre indéfini de termes dont 
chacun peut être déterminé par une loi très-simple au 
moyen de ceux qui le précèdent, comme nous allons le 
voir pour le cas dont il est question. 


a 
HP RE TE 
——— RTE TA +etc. 
bi : 
. premier reste 
bi bd 
++ 
b5 
+ _ second reste 
b5 b5 
7 à 
—— 7 


—— troisième reste 
a 


etc. 


La loi des termes du quotient est facile à saisir, leur 


bm+a 


Fr = - 
forme générale est —— et ils sont alternativement 
a 


DI 


positifs et négatifs. On peut encore exprimer cetie der- 
nière circonstance, en observant que (—1}"+1est positif 
toutes les fois que #1 estimpair, c’est-à-dire que 711,3, 
5, 7, etc., et négatif lorsqu'il est pair, c’est-à-dire que 
m—2 , 4, 6,8, cetc.; en effet, lorsque 72 est impair, 
mx est pair, et (—i)tt = + 1; lorsque 72 est pair 
m + x est impair et (—1}"+1=— 1. Ainsi la forme 
absolument générale des termes de ce quotient est 


bn+2 
( —] }a+1 > 


a 


Connaissant ainsi cette forme générale, pour trouver 
un terme quelsonque, le quatrième par exemple, il faut 
y faire »m—4 et on obtient 

b5 

lea 
pour ce terme, comme nous l’avons obtenu ci-dessus 
par la division. On appelle en général suite ou série une 
quantité composée, comme le quotient en question, d’un 
nombre indéfini de termes; et terme général de cette 


Ni — 2 


suite une expression, telle que (—1}#+, dont 


on peut tirer tous les termes qui la composent. 


Les restes successifs de cette division sont aussi liés par 
une loi très simple ; en examinant leur génération 


bi b5 b5 b1 
70 = DNS A Mt 
on voit avec facilité que leur forme générale est 


bm+3 
an h 


(apr. 


Si on voulait terminer l'opération au premier, second, 
troisième reste, etc., pour compléter le quotient, il fau- 
drait alors lui ajouter une fraction dont le dernier reste 
serait le numérateur et le diviseur le dénominateur; c’est 


ainsi qu’on pourrait avoir 


DEDRAN D bi 
akb a  a(a+b) 

b3 b5 bi b° 
a$b «a  « au a (a+b) 

b3 b5 bi L5 ' Ad 


a+b ne Ua fe a a{a+b) 


etc. etc. 


Mais en considérant le quotient danstoute sa généralité, 


; b5 cr + 
la fraction F2 est exprimée par la suite indéfinie 
bi b3 bi b° OR 
etc. 
a+b a a a ai ? 


DI 481 
29. Nous aflons, avant de terminer cet article, exa- 
miner les différentes formes sous lesquelles les suites pro: 
duites par la division peuvent se présenter. 
La division de a« par a—b, donne, en suivant les 
principes exposés ci-dessus, 


a b b2 b3 bi 
—=1+—+ La tarpete 


Si dans cette égalité on fait a=b, elle deviendra 


_ = 14141 iii etc. 


Le second membre de cette égalité pris dans sa généra- 
lité est nécessairement infiniment grand, ainsi la division 
d’un nombre quelconque par o produit l'infini. EfFeti- 
vement si l'on considère ceque devient un quotient dont 
on diminue successivement le diviseur, on remarquera 
sa croissance rapide 


a a a a 
— = 1,5. =24,,-=4ha,;=8a,-— = 1604 
a 


L — — 
24 44 84 160 


Donc, lorsque le diviseur devient infiniment petit, ou 
zéro, le quotient est infiniment grand; c'est ce que donne 
l'égalité en question. 

23. En faisant dans la même fraction 


a 
NE a=I1 et b=+ 


on a 


ou 


2 = 


DHEA do ete. 

Dans cette suite, les termes devenant de plus en plus 
petits, on voit facilement qu’on peut, en n’en prenant 
qu’une quantité déterminée obtenir des valeurs appro- 
chées du nombre 2, qui est ici la valeur totale de la 
suite; en effet on a 


ie iii es , 


143 


ititititie=isetc. 


; à sr 7 LION OI 
et il est évident que les quantités 1, S'£ 80 diffè- 


rent d'autant moins de 2 qu’il entre dans leur composi- 
tion un plus grand nombre des termes de la suite. 

Les suites, dont les termes sont ainsi de plus en plus 
petits, se nomment convergentes à cause de leur pro- 


priété de pouvoir donner au moyen d’un nombre limité 
Gi 


482 DI 


de leurs termes, des valeurs approchées de la valeur 
générale qu’elles expriment par la totalité de ces mêmes 
termes. L'usage de ces suites est d’un graud avantage 
dans l'algèbre pour obtenir les valeurs approximatives 
des quantités qui ne peuvent s'exprimer exactément bi 


par des nombres entiers, ni par des nombres fraction- 


2 
naires, tels que V/3, etc. 
24. Faisant actuellement a = 1 et b——2, nous 
aurons 


LL £ _: 
Tous 1244 —8+16—32+64—0ctc. 
me 
Cette suite diffère essentiellement de la précédente, 
car en additionnant successivement deux, trois, quatre 
etc. de ses termes , on obtient les quantités 


1,—1,+3,—5,<+11,etc., 


qui s'éloignent de plus en plus de la fraction 3, va- 
leur générale de la suite : ici quelque grand que soit 
le nombre des termesqu'on voudrait prendre, on ne 
pourrait rien en conclure sur la valeur qu'exprime cette 
suite, à laquelle onu donne pour cette raison le nom de 
divergente ; ce n’est, commenous le verrous en son lieu, 
qu’en les considérant dans le nombre indéfini de leurs 
termes que les suites divergentes ont une signification ou 
une valeur générale déterminée. 

Nous verrons aussi que les suites divergentes peuvent 
être, au moven de certains procédés, transformées en 
suites convergentes. #’oy. CoNvERGENT et SÉRIE. 


Division (Géom.). Diviser une ligne par une autre, 
c'est chercher combien de fois cette ligne contient l’au- 
tre , et alors on les compare toutes deux à une troisième 
ligne prise pour unité, ce qui donne le moyen de les 
‘exprimer par des nombres. Par exemple, soit à divi- 
ser la ligne: A par la ligne B et soit Gl’unité de mesure; 
supposons de plus que A contient 72 unités, et B, nuni- 
tés; le quotient de »7 par x exprimera le nombre d’uni- 
jLés C que contientle quotient dela ligne A par laligne B. 
(Mais sans avoir besoin de recourir aux nombres, ce der- 
Fa quotient, ou la ligne qui le représente, peut toujours 
ètre obtenu par une construction géométrique. En 
effet, | 


À AN 
BB 
AXT ; à 
et —— se construit en prenant une quatrième propor- 


B 
tionnelle aux trois lignes À, B, et 1 ou C. Foy. Arpui- 
CATION , n° 8. 

On obtiendra le quotient d’un produit de ngnes 
droites a, b, c, d, etc. en nombre quelconque, par un 
autre produit d’autres lignes droites », 7, 0,p, etc. 


DI 


en nombre également quelconque, par des construc- 
tions successives de quatrièmes proportuonnelles. Si l’on 
avait par exemple aXbXc à diviser par mxn comme 
le quotient 


on chercherait d’abord la quatrième proportionnelleaux 
trois lignes a, b,m, et en la désignant par x, on au- 
rait 


construisant ensuite la quatrième proportionnelle aux 
trois lignes x, c, r, on aurait le quotient demandé. 

Tant que le nombre des dimensions du dividende 
surpasse d’une unité celui des dimensions du diviseur, 
on voit aisément qu’en agissant de la même manière on 
parviendra à trouver une dernière quatrième propor- 
tionnelle qui sera ie quotient général. Dans tous les 
autres cas il faudra connaître l’unité de mesure et ajou- 
ter cette unité comme facteur soit au dividende soit au 
diviseur, de manière que le nombre des facteurs du divi- 
dende surpasse d’une unité celui des facteurs du divi- 
seur. Par exemple on donnera au quotient de 


SRE 
min pig 
la forme 


deb: C-Lra 
m.n.p.q 
et au quotient de 


a.b.c.d 


la forme 
a.b.c.d 


m.1.l 


ce que l’on peut ensuite construire aisément par une 
suite de quatrièmes proportionnelles. 

Division pu cercLe. V’oy. PoLxGonE, CENTESIMALE et 
SEXAGÉSIMALE. 

DIURNE (Astr.). Ce qui a rapport au jour; par op- 
position à octurne ; ce qui a rapport à la nuit. 

Arc diurne. Arc décrit par un astre sur la sphère cé- 
leste, depuis le moment de son lever jusqu’à celui de 
son coucher. On nomme arc semi-diurne V'arc décrit par 
un astre depuis son lever jusqu’à son passage au méri= 
dien ou depuis son passage au méridien jusqu’àson cou- 
cher. : 

. Le cercle diurne est un cercle parallèle à l'équateur 
sur lequel un astre paraît se mouvoir par son mouve- 


ment diurne. 


DO 


On nomme mouvement diurne d’une planète, l'arc 
céleste qu’elle parcourt dans l’espace de 24 heures par 
son mouvement propre. Ainsi pour connaître le mouve- 
ment diurne d’une planète il faut préalablement con- 
naître le temps qu’elle emploie pour sa révolution en- 
tière ; par exemple, sachant que le soleil fait sa révolu- 
tion entièreen 365 jours et à peu près 6 heures ou 8766 
heures, on posera la proportion 

8366 : 24 :: 360° : & 
d’où l’on trouvera 
360°X 24 


— n° LA 
bn Pan so M 


Ainsi le mouvement diurne du soleil est d'environ 59 mi- 
nutes. (Division sexagésimale. ) 

Nous devons faire observer qu’une telle proportion 
ne donne que le mouvement diurne moyen, car le mou- 
vement diurne réel est variable Voy. PLanères. 

Le mouvement diurne de la terre est sa rotation autour 
de son axe, qui s'effectue en 24 heures et forme le jour 
naturel. 

DODÉCAËDRE (Géom.). (de dodexx, douze, et 
de e9pa , base). Un des cinq solides réguliers. Il est ter- 
miné par douze pentagones réguliers égaux. f’oy, So- 
LIDES REGULIERS. 

DODECAGONE (Geéom.). 
par douze droites qui se coupent deux à deux. 

Lorsque les douze côtés du dodécagone sont égaux 


Figure plane terminée 


entre eux, et qu'il en est de même des douze angles 
formés par les intersections de ces côtés, le dodécagone 
est dit régulier. Il est alors inscriptible et circonscrip- 
tible au cercle. 

Le problème d'inscrire un dodécagone régulier dans un 
cercle donné revient à celui de diviser la circonférence 
en douze parties égales , ce qui ne présente aucune dif- 
ficulté, car il s’agit d’abord de diviser cette circonfé- 
rence en six parties égales, par l'inscription d’un hexa- 
gone régulier (voy. ce mot), et ensuite de diviser, en 
deux également, chacun de ces six parties ; en menant 
une droite de chaque point de division à celui qui lesuit 
immédiatement , le dodécagone se trouve construit. 

La plupart des questions qu’on peut se proposer sur 
le dodécagone régulier exigeant la connaissance des 
rapports qui existent entre le côté de cette figure et les 
rayons des cercles insérits et circonscrits, nous allons 
faire connaître ces rapports. 


Soient BC (PL. XXXI, Jig. 2) le côté du dodécagone 


| régulier, AB le rayon du cercle circonscrit; si du point À 


on abaisse sur BC la perpendiculaire AF, cette droite 
sera lerayon du cercle inscrit. 
Le triangle BAC dont la surface est la douzième par- 
tie dé la surface du : dodécagone à pour mésure la moi- 


D9 483 


tié du produit de sa base BC par sa hauteur AF , ou la 
moitié du produit de son autre base AC par sa hauteur 
BE, ainsi les deux quantités 


4 BC X AF et AC X BE, 


sont équivalentes entre elles et représentent chacune la 
douzième partie de la surface totale du dodécagone. 
Mais BE est la moitié de BD, côté de l'hexagone égal 
au rayon AD ; ainsi désignant par R le rayon AB ou AC 
du cercle circonscrit, par 7 le rayon AF du cercle inscrit, 
par c le côté BC du dodécagone, et par S la surface de 
cette figure , nous aurons les deux expressions (m1) 


S = 12.1c,r = 6c.r 
S=1a.3ÎR x za] = 3R° 


et par conséquent 
6c.r = 3R: 
u (7) 
B 
r 


LL à 
C—=-. , 


mais le triangle rectancle ABF donne 


=ÀF +BE 
c’est-à-dire 
R— 7 E (ich. 
Substituant dans {n) cette valeur de R? nous avons 


té | 


équation du second degré, dont la solution donne la 


2 


ces: 


valeur de c en fonction du rayon du cercle inscrit et ré- 
ciproquement; si, pour plus de simplicité , nous faisons 
ce côté égal à l'unité , nous trouverons 


=:f+ vil 


et en substituant cette valeur dans la première des expres- 
sions (72) , nous aurons 


=" [+V3] = 11,1001524 


Or, les surfaces de deux figures semblables étant entre 
elles comme les carrés de leurs côtés homologues, si 
nous désignons par S' la surface d’un dodécagone régu- 


lier dont le côté est C, nous aurons 


484 DO 


d'où 
S'=CXxS 


et conséquemment 


s=3[2+ vlc 
= C.11,1961524, 


expression à l’aide de laquelle on obtient immédiate- 
ment la surface d’un dodécagone régulier dont on con- 
naît le côté. Toutes les autres relations du côté avec les 
rayons s’obtiennent sans difficulté des équations précé- 
dentes. 

La somme des angles d’un polygone étant égale à 
autant de fois deux angles droits qu'il a de côtés moins 
deux, les douze angles d’un dodécagone régulier font 
ensemble 2 X[12—2], ou 20 angles droits, ainsi chaque 
angle vaut en particulier = 1 + 3 angles droits, c’est- 
à-dire, go° 40'. Division sexagésimale. 

DODÉCATEMORIE (Aser.). (de dedixæ, douze, et 
de mspos, partie). Vieux terme employé jadis pour dé- 
signer la douzième partie d’un cercle. 

DOIGT (Astr.). Douzième partie du diamètre appa- 
rent du soleil ou de la lune. On évalue la grandeur des 
éclipses de ces astres par le nombre de doigts éclipsés 
qui prennent alors le nom de doigts écliptiques. 

DOLLOND (Jean), célèbre opticien, né à Londres 
de parens français, en juin 1706. Cet artiste que ses con- 
paissances en géométrie et en physique plaçaient déjà 
au-dessus des plus habiles constructeurs d’instrumens 
d'optique , acquit vers 1750 , une grande réputation, et 
même un rang distingué dans la science par sa décou- 
verte de certaines propriétés des corps réfringens ; qui 
le conduisit à établir des lunettes achromatiques. Dol- 
lond eut l'honneur à cette occasion d’entrer en discus- 
sion surles principes fondamentaux de son art, avec 
l’'illustre Euler. Tous deux déployèrent beaucoup de 
talent dans cette lutte scientifique, au milieu de laquelle 
un mémoire de Klingenstierna, célèbre géomètre et 
astronomesuédois, vintapporter des considérations nou- 
velles qui mirent Dollond sur les traces de la vérité. 
Nous avons eu l'occasion d'exposer ailleurs les princi- 
pales parties de cetteimportante discussion (voy. Acro- 
MATIQUE). Nous devons nous borner ici à rappeler ce 
qu’elle renferme de plus spécialement personnel pour 
1Dollond; il est d’ailleurs impossible, dans un ouvrage 
comme le nôtre d’éviter quelques répétitions. 

Ce fur vers l’année 1747; qu'Euler entreprit de dé- 
truire l’aberration de réfrangibilité par la combinaison 
de plusieurs verres, entre lesquels on enfermerait de 
’eau ou autre liqueur, et l’on sait qu’il appuvyait ce 
nouveau principe de coustruction des objectifs, sur l’imi- 


DO 


tation de la structure même de l’œil humain. Les cal- 
culs d’après lesqueis il détermina la forme de ces nou- 
veaux instrumens durent exciter l'attention de tous les 
opticiens, capables de comprendre les spéculations de 
ce génie créateur, Dollond fut celui qui s’empara avec 
le plus de puissance de cette idée générale; mais il crut 
devoir substituer les expériences de Newton aux hypo- 
thèses d'Euler , et c’est alors que commença la discus- 
sion dont nous venons de parler. Dollond cherchait con- 
sciencieusement la vérité; les objections de Klingens- 
tierna l'amenèrent à penser que Newton avait pu se 
tromper. On peut traduire ainsi la proposition expéri- 
mentale du grand géomètre : « Siles rayons de lumière 
traversent deux milieux contigusde différentes densités, 
comme l’eau et le verre, soit queles surfaces réfringen- 
tes soient parallèles, ou qu’elles soient inclinées, et que 
cependant la réfraction de l’une détruise la réfraction 
de l’autre, de manière que les rayons émergens soient 
parallèles aux rayons incidens : alors, la lumière sort 
toujours blanche. » (Newton, Opt. sive de reflexionibus 
740.) 

Cette conclusion formait tout le nœud du différend 


et coloribus lucis, ete., Lond. et Laus.; 


entre Euler et Dollond ; ce dernier renouvela l’expé- 
rience de Newton, et c’est ainsi, suivant un historien 
des mathématiques, qu'il en rend compte lui-même, 
dans une lettre écrite, en 1757, au P. Pezenas, tra- 
ducteur de l'optique de Smith. 

« Près d’un petit trou d’environ un demi-pouce de 
diamètre, pratiqué à la fenêtre d’une chambre obscure, 
et destiné à introduire Ja lumière du soleil, Dollond 
plaça un priime de verre, dont la section était un 
triangle isocèle formant au sommet situé en haut, un 
angle de 8° 52". A la face la plus éloignée du trou, 
il adossa un second prisme creux posé en sens con- 
traire, c’est-à-dire, de manière que la base était en haut, 
Les faces de ce prisme qui devait contenir de l’eau, 
étaient de minces plaques de verre, et on pouvait ou- 
vrir plus ou moins l’angle de la pointe. Cela fait, en in- 
troduisant la lumière du soleil par le petit trou de la 
fenêtre , elle passait d’abord de l'air dans le prisme de 
verre, ensuite dans le prisme d’eau, et enfin de l’eau 
dans l'air; ainsi , elle éprouvait trois réfractions. Après 
plusieurs tentatives, Dollond parvint à faire en sorte 
que la direction de la lumière, au sortir du prisme d’eau, 
fût parallèle à la direction qu'elle avait à son entrée 
dans le prisme de verre; ce qui était le cas de la propo- 
sition de Newton, mais alors la couleur des rayons 
émergens ne fut point blanche comme Newton l'avait 
affirmé; au contraire, le bord inférieur du soleil était 
fortement teint de bleu , tandis que le bord supérieur 
était d’une couleur rougeätre. Ainsi, Dollond reconnut 
d’abord que l’eau ne disperse pas les couleurs autant 
que le verre, à réfractions égales; ensuite ayant varié 


DO 
l'angle au sommet du prisme d’eau, de telle manière 
que la dispersion des couleurs füt la même dans les deux 
cas , il trouva qu’alors les deux réfractions n’étaient pas 
ga es.» 

Toutes ces observations firent revenir Dollond au 
projet d'Euler , et il ne mit plus en doute la possibilité 
de son exécution , sinon avec l’eau et le verre, du moins 
avec d’autres matières transparentes de différentes den- 
sités. Néanmoins, il employa d’abord le verre et l’eau, 
comme l'avait proposé Euler ; mais il reconnut bientôt, 
d’après la formule du géomètre allemand , que les cour- 
bures à donner aux objectifs étaient trop considérables 
pour ne pas produire une aberration fort sensible dans 
l'ouverture des objectifs. Il est important de remarquer 
ici qu'Euler avait senti etannoncé lui-même que c’étaient 
là les seules et véritables difficultés que sa théorie püt 
éprouver dans la pratique. 

» Dollond, parfaitement versé dans la connaissance 
des différentes espèces de verres, et convaincu qu’il s’en 
devait trouver dont les pouvoirs réfractifs fussent fort 
différens, imagina d'employer deux sortes de verres 
connus en Angleterre sous le nom de fAntglass et de 
crownglass. Le premier est un verre très-blanc et fort 
transparent, qui donne lesiris les plus remarquables, et 
par conséquent, celui dans lequel la réfraction du rouge 
diffère le plus de celle du violet. Le second aunecouleur 
verdâtre, et ressemble beaucoup en qualité à notre 
verre commun , il donne la moindre différence entre la 
réfraction du rouge et du violet. Dollond mesura les 
rapports des réfrangibilités par le même moyen qu’il 
avait employé pour le verre ct l’eau; il trouva que le 
rapport des différences de réfrangibilités, dans les deux 
matières, était environ celui de 3 à 2. Avant fait cette 
substitution dans la formule d'Euler , il obtint d’abord 
des résultats qui n'étaient pas très-satisfaisans. Mais 
enfin , à force de tentatives et de combinaisons, soit 
dans le choix des matières d'excellente qualité, soit dans 
celui des sphères les plus propres, dans chaque cas, à 
réunir les foyers de toutes les couleurs, il parvint à 
construire des lunettes achromatiques, très-supérieures, 
en parité de circonstances aux lunettes ordinaires. Du 
reste, Dollond ne fit point connaître ses moyens, et la 
question était de les découvrir ou d’en proposer d’autres 
encore plus avantageux. » 

Dollond ne tarda pas à éprouver les chagrins et les 
attaques qui paraissent inséparables des grandes re- 

‘nommées. Il eut plusieurs procès à soutenir, et on lui 
contesta jusqu'à la priorité de son ingénieuse décou- 
verte. Voici, au reste l’opinion de La Lande sur les di- 
verses circonstances qui se rattachent à la production 
des lunettes achromatiques et que Montucla considère 
comme l'expression de l’exacte vérité. 

» Ce fut, avance l’astronome français, Chestermouhall 


‘DO 485 


qui, vers 1750 , eut l'idée des lunettes achromatiques 
Il s’adressait à Ayscough qui faisait travailler Bass. Dol-* 
lond ayant eu besoin de Bass pour un verre que! 
demandait le duc d'Yorck, cet habile artiste lui 
montra du crownglass et du flintglass. Hall donna 
une lunette à Avyscough qui la fit voir à plusieurs 
personnes; il en donna Îa construction à Bird, qui 
n'en tint pas compte. Dollond en profita. Dans le 
procès qu’il y ent entre Dollond et Watkin, à la cour 
du banc du roi, ces faits furent prouvés; mais Dollond 
triompha de son adversaire, parce qu'il était réelle 

ment le premier qui eût fait connaitre les lunettes achre 

matiques. » 

Quelque réalité qu’il y ait au fond de ces allégations, 
il résulte des recherches consciencieuses de Dollond et 
de l’expositionscientifique qu'il en a donnée, soit pen- 
dant sa discussion avec Euler, soit après, que ce cé- 
lèbre et savant artiste n’a pu déduire sa découverte de 
quelques communications aussi incomplètes. Telle parait 
avoir été l'opinion de la société royale de Londres, qui 
s’honora , en 1761, en recevant Dollond au nombre de 
ses membres. Malheureusement, il ne jouit pas long- 
temps de cette juste récompense de ses travaux, il suc- 
comba à une attaque d’apoplexie le 30 novembre de la 
même année. Les divers mémoires de Dollond sur la 
branche de l'optique dont il s’est spécialement occupé, 
ont été recueillis dans les #ransactions philosophiques, 
de 1750 à 1558. 

DOMINICALE. Lettre dominicale. Voy. Caren- 
DRIER, N° 24. 

DOMINIS (Marc-Antoine de), célèbre pour avoir 
le premier abordé la véritable théorie de l’arc-en-ciel, 
naquit en 1566, à Arbe, capitale de l'ile de ce nom, 
située sur la côte de Dalmatie. Sa famille était ancienne 
et d’une grande illustration dans l’église à laquelle elle 
avait donné un pape et plusieurs prélats recomman- 
dables par leurs lumières et leurs vertus. Il montra dès 
l'enfance une grande aptitude pour les sciences, et par- 
ticulièrement pour les mathématiques. Les jésuites ses 
maitres, qui dirigeaient le collége des Ilyriens à Lorette, 
où il faisait ses études, furent frappés de ses dispositions 
et de ses jeunes talens ; ils ne négligérent rien pour l’at- 
tacher à leur ordre; Dominis y consentit et il alla achever 
ses études à la célèbre université de Padoue. Durant 
son noviciat , il professa avec le plns grand succès l’é- 
loquence, la philosophie et les mathématiques. Dominis 
était né avec un esprit inquiet et remuant, et les éloges 
que son zèle et ses travaux lui attirèrent de la part de 
ses supérieurs, développèrent dans son ame les germes 
d’une ambition ardente, qui fut la cause de ses malheurs. 
La vie paisible du cloître, les honorables mais obscurs 
travaux du professorat, né convenaient point à son ca- 


ractère, il sollicita et obtint sa sécuralisation, en même 


486 DO 


temps qu'à la recominandation de l'empereur Rodolphe 
il fut promu à l’évéché de Sepni et deux ans après à 
l’archevèché de Spolatro. | 
Lorsque Dominis professait les mathématiques, il 
avait composé un ouvrage sur les propriétés de la lu- 
mière qui est aujourd'huison plus beau titre de gloire 
et dont nous devons spécialement nous occuper. Les 
causes de l’arc-en-cielavaient été entrevues, à cétte épo- 
que de progrès scientifique, par Maurolic, Porta et 
Kepler; Dominis les approfondit et les développa avec 
un. talent remarquable. On sait dans quelles circon- 
stances se manifeste ce phénomène. Déjà on avait com- 
paré les gouttes de pluie à de petites sphères de verre, 
et on avait cru que les sphères renuvoyaient par la ré- 
flexion les rayons solaires vers l'œil du spectateur ; mais 
cela n’expliquait point les couleurs de l’arc-en-ciel . car 
les rayons de lumière ne se séparent les uns des autres 
que par la réfraction. Domainis employa tout à la fois 
la réflexion et la réfraction, et parvint à rendre assez 
exactement raison de l’arc-en-ciet intérieur ; il fut moins 
heureux pour l’arc-en-ciel extérieur, mais ses erreurs 
à ce sujet viennent de l'ignorance générale où l’on était 
alors sur la diverse réfrangibilité des rayons et des lois 
de ce phénomène. L'illustre Newton, dans son traité 
d'optique, a donné les plus grands éloges à la méthode 
de Dominis; peut-être existe-t-il dans ces éloges assez 
d'affectation pour qu'on ait pu croire qu’ils aient été 
conçus dans le but de rabaisser notre Descartes. Bos- 
cowich et Tiraboschi, juges éclairés dans cette cause, 
n'hésitent pas à déclarer que Dominis, au talent duquel 
ils rendenthommage, a pu mettre Descartes sur la voie 
de sa découverte, mais que c’est lui qui doiten être re- 
gardé comme le véritable auteur. Quoi qu'il en soit, 
en lisant le traité de Dominis, on regrette que cet in- 
génieux auteur n’ait pas consacré toute sa vie à lascience 
pour laquelle il paraissait avoir un si véritable talent. 
L’archevèque de Spolatro entreprit de réformer les 
mœurs du clergé, mais il avança des opinions peu con- 
formes à celle de l'église. Il fut obligé de résigner son 
siége, etil seréfugia en Angleterre auprès de Jacques 1”, 
qui, en sa qualité de théologien, lui fit un accueil ho- 
norable et empressé. Sans adopter entièrement les prin- 
cipes de la réforme, Dominis combattit plusieurs pré- 
tentions du pape et accepta un bénéfice du roi d’Angle- 
terre. Cependant tourmenté par sa conscience, suivant 
quelques historiens ; mécontent des théologiens protes- 
tans suivant d’autres, Dominis tourna de nouveau ses 
regards vers Rome : le pape Grégoire XV le recüt en 
grâce, etil abjura publiquement dans un temple de 
Londres, les opinions qui l'avaient séparé de l'église. 11 
jouit durant deux ans de quelque tranquillité, mais son 
protecteur étant mort et les disputes théologiques aux- 


quelles il se livra de nouveau offrant un prétexte à l'in- 


DR 


quisition qui le surveillait, il fut arrêté par 6rdré @ 
pape Urbain VIT, et enfermé au château Säint-Angé 
oùil mourut peu de temps après, énséptenibre 1634. Lin: 
quisition continua son procès , il fut déclaré hérétique; 
son corps fut exhumé, pendu et brûlé avec ses écrits. 
Nous ne citérons ici que célui qui intéresse la sciénce : 
De radis visus et lucis in vitris perspectivis et tride; 
Venise 1611, in-8°: Cet écrit qui est dévénü fort rare; 
fut publié par Jean Bartole, l’un des élèves de Dominis; 
long-temps après l'époque où il a été composé. 

DONNÉ. Terme général par lequel on désigne en 
mathématiques toute espèce de grandeur qu’on supposé 
connue, Ainsi, on dit un nombre donné, une ligne 
donnée, etc. 

Eu général les données d’un problème sont les quañ- 
iités connues au moyen desquelles il faut construire les 
quantités inconnues ou cherchées. 

Lorsque la position d’une figure géométrique est con- 
nue, on dit encore que cette figure est donnce de po- 
sttion. Par exemple, lorsqu'un cercle est réellement 
décrit sur un plan, son centre est donné dé position , sa 
circonférence est donnce de grandeur, et le cercle ést 
donné de position et donné de grandeur. 

DORADE (4sur.). Nom d’un poisson qu'on a donné à 
une constellation méridionale, nommée aussi Yiphias ét 
située entre  Eridanet le Navire. La plus belle étoile de 
cette constellation, marquée «, est de la troisième präñe 
deur. 

DOUBLE. Une quantité est double d’une autre, lors- 
qu’elle la contient deux fois; elle esta contraire sois- 
double, lorsqu'elle en est la moitié. 

DOUBLÉ (Arith.). La raison ou le rapport doublé de 
deux quantités, ét Le rapport de leurs carrés; ainsi le 
rapport doublé de a à B est le rapport de a’ à b?; où dû 
carré de & au carré de D. 

Le rapport sous-doublé est celui des racines carrées; 
lors donc qu’on dit qu'une quantité est égäle au rap- 
port sous-doublé dea et deb,on entend que cette quañ- 
tité est égale à V/a : V/b. 

Il ne faut pas confondre double et doubie. 

DRACONTIQUE (Astr.). Mois dräcontique ; expres- 
sion qui n’est plus en usage et par laqnellé les âiciens äs- 
tronomes désignaient l'espace de temps employé par la 
lune pour revenir de son nœud ascendant appellé Capüt 
draconis , tête du dragon, au même point; où la révo- 
lution entière de la lune par rapport à son nœud. | 

DRAGON (Astr.). Constellation boréale composée de 
8o étoiles daus le catalogue britannique; les anciens la 
nommaient encore : Serpens, Anguis, Hesperidurn cus- 
tos, Coluber arborum conscendens, Sidus Minervæ ét 
, Python. 

. La téte et la queue du Dragon, 


Bacchi, Esculapius 
DRAGON (As1r.) 


Caput et cauda draconis, sont lés nœuds ou les points 


æ 


DR 
É 
d’intersection de l'orbite de la lune avec l’écliptique. 

On les marque ordinairement par ces caractères :@, 
tête du dragon, et &, queue du dragon. 

Les astronomes ont abandonné ces dénominations, et 
ils nomment simplement nœud ascendant, celui par 
lequel la lune passe pour aller au nord de l’écliptique, 
dans la partie septentrionale de son orbite, et nœud des- 
cendant, celui par lequel elle rentre dans la partie 
méridionale de son orbite. 

Le nœud ascendant est la tête du dragon, et le nœud 
descendant la queue du dragon. 

DREBBEL (CogneiLze Van), né à Alckmaer en Hol- 
lande, à la fin du seizième siècle, célèbre par l'invention 
dumicroscope, qui lui est généralement attribuée. Cetin- 
strument a été pour la physique, ce que le télescope a 
été pour l’astrouomie, ct il n’est pas étonnant que l'hon- 
ueur d’une telle découverteait été vivementdisputé. Un 
grand nombre d'écrivains représentent Drebbel comme 
uu charlatan , qui , à l'aide d'un microscope, dontilsn’ex- 
pliquent pas la possession entre ses mains, montrait au 
public de Londres des curiosités dont il exagérait l’im- 
portance suivant l'usage des gens de cette profession. 
Ces critiques ajoutent que c'était un paysan de North- 
Hollande, sans éducation, et par conséquent sans au- 
cune Connaissance scientifique. La chronique d’Alckmaer, 
patrie de Drebbel, s'exprime autrement sur son compte. 
Suivant ce documeut dont on n’a aucune raison derévo- 
quer en doute la sincérité, Drebbel, au contraire, né 
de parens distingués , aurait reçu une brillante éduca- 
tion ; il aurait manifesté de bonne heure une aptitude 
remarquable pour les scicences; il aimait le merveilleux 
et se kvrait volontiers à la recherche des secrets natu- 
rels. Jeune encore, il alla en Angleterre, où il fut ac- 
cueilli avec distinction par Le roi Jacques I, prince 
assez éclairé et assez instruit pour n'être pas Ja dupe 
d’un paysan ignorant et d’un bâteleur. Tout porte donc 
à croire que Corneille Drebbel a été la victime d’une 
étrange calomnie, etil est d’ailleurs certain qu’il ex- 
posa à Londres vers 1618, le premier microscope qui 
eût paru. Il n’y a aucune raison de penser qu’il n’en était 
pas l’auteur. Néanmoins Pierre Borel, auteur de re- 
cherches fort curieuses sur l'invention du télescope, 
rapporte dans son ouvrage (De vero telescopit inven- 
tore, etc.) diverses circonstances qui tendent à priver 
Drebbel d’une grande partie de l'honneur que lui mé- 
riterait la découverte du microscope. Cet écrivain cite 
une lettre de l'envoyé des États-Unis en Angleterre, 
Guillaume Boreel, dans laquelle ce diplomate, qui s’oc- 
cupait de science, cite Zacharie Jans, lunetier de 
Middelbourg , 


microscope. [l ajoute qu'il a vu entre les mains de 


comme Je véritable inventeur du 


Corneille Drebbel, sor ami, le microscope que Za- 


charie et son père avaient présenté à l’archiduc Al- 


DU 487 


bert, et que ce prince avait donné à Drebbel. Ainsi 
qu'il soit ou non l'inventeur de cet ingénieux instrument 
il est du moins hors de doute que Drebbel est le pre- 
mier qui l'ait fait connaître, et que cet homme à qui 
l'on attribue aussi l'invention du thermomètre, honoré 
de l'intérêt des souverains et de l’amitié d’un grand 
personnage de son pays n’a pu être un aventurier. Dreb- 
bel est mort à Londres, en 1634. Il n’a laissé que deux 
ouvrages, mais ils sont étrangers à l’objet pour lequel 
il figure dansce dictionnaire, ’oy. Microscore et Tnenr- 


MOMÈTRE. 


DROIT (Geom.). C'est en général l'opposé de courbe, 
c’est-à-dire tout ce qui ne fléchit pas ou ne s'incline pas; 
ainsi on nomme ligne droite , celle dont toutes les par- 
ties indéfiniment petites ont une seule et même direc- 
ton. 


L'angle droit est celui qui est formé par une ligne 
perpendiculjaire sur une autre, et qui, par conséquent 
ne s'incline d'aucun côté. 

Cône droit. Foy. Cône. 

Sinus droit {voy. Sinus). L'adjectif droit ne s'emploie 
ici que pour distinguer le sinus droit du sinus verse; et 
toutes les fois qu’on parle de sinus sans y ajouter le 


mot verse, on entend le sinus droit. 


DUPLICATION DU CUBE (Hist.). Ce problème 
est célèbre dans l’histoire de la science, et il se rattache 
d’ailleurs à ses premiers développemens. Il s'agissait de 
construire un cube double d'un cube donné er volume, 
et de faire cette construction saus employer d’autres ins- 
trumens que la règle et le compas. On sait que les au- 
ciens géomètres ne regardaient en effet comme géomé- 
triques que les opérations exécutées au moyen de ces 
instrumens et qu'ils appelaient mécaniques celles qui 
exigeaient l'emploi d’autres moyens. Ainsi posé, le 
problème de la duplication du cube, dont la solution 
est en effet impossible par le seul secours de la géomé- 
trie ordinaire, dut exercer long-temps la patience et la 
sagacité des géomètres. Ce fut surtout au temps de 
Platon qu'on occupa avec plus d’ardeur des recher- 
ches dont ce problème était l’objet, et c'est peut-être 
la difficulté dont sa solution est entourée, qui fit at- 
tribuer dans la suite son origine à des circonstances aussi 
étranges qu’elles paraissent peu probables. 

Suivant Philopponus, ce savant célèbre qui s’efforça 
vainement de sauver la bibliothèque d'Alexandrie de 
la fureur des Arabes, voici la tradition qui existait dan 
la Grèce, au sujet de ce problème : Une peste ravageait 
l'Attique, et l’oracle de Délos, consulté sur les moyens 
d’apaiser Apollon, à la colère duquel les Athéniens at- 
tribuaientle fléau dont ils étaient tourmentés, répondit : 


Doublez l'autel. On dut supposer que l'autel désigné 


4838 DU 


par l’oracle était celui qu'Apollon avait à Athènes, et 
il était d’une forme exactement cubique. Il parut d’a- 
bord facile de satisfaire le Dieu ; on se borna à cons- 
truire un nouvel autel et à doubler les côtés de celui 
qui existait, mais On obtint ainsi un cube non pas dou- 
ble, mais octuple. Le fléau ne cessa pas, et l'oracle con- 
sulté de nouveau, répondit qu’on avait mal interprété 
sa réponse. On soupçonna dès lors qu'il s'agissait de la 
duplication géométrique de l'autel, et tousles géomeètres 
de la Grèce furent appelés à trouver la solution d’un 
problème que les moyens pratiques w’avaient pu 
donner. Valère Maxime ajoute à cette histoire mer- 
veilleuse une circonstance encore plus invraisemblable. 
Cet écrivain prétend que Platon, consulté sur cette im- 
portante question, désigna Euclide comme le seul géo- 
mètre.en état d'y répondre de manière à satisfaire le 
mystérieux oracle de Délos. Mais cette assertion est dé- 
nuée de fondement. Le géomètre Euclide est postérieur 
à Platon de près d’un siècle, et Euclide de Mégare, 
contemporain de ce grand homme, n’était qu’un sophiste 
sans talens, et entièrement dépourvu des connaissances 
géométriques que Platon au contraire possédait au 
plus haut degré. 

D'ailleurs, même en admettant qu’il y ait quelque 
réalité au fond de cette histoire merveilleuse, il est 
certain que le problème de la duplication du cube 
avait déjà occupé les géomètres, et que sa solution 
avait été presque aussitôt trouvée que cherchée. Hypo- 
crate de Chio l'avait réduit à la recherche de deux 
moyennes proportionnelles continues, c’est-à-dire à l’in- 
sertion de deux lignes moyennes proportionnelles géo- 
métriques entre le côté du cube donné et le double 
de ce côté, la première de ces deux lignes étant le côté 
du cube cerché. Ce futen se plaçant dans ce point de 
vue qu’on conserva l'espérance d'achever sa solution 
par la règle et le compas, car c’est en ce sens seulement 
que se révélait la difficulté du problème, et qu’elle oc- 
cupa les géomètres et particulièrement l’école Platoni- 
cienne. Platon lui-même en donna sous ce rapport une 
solution ingénieuse, mais où la difficulté n’était encore 
qu'éludée. Il y employa un instrument composé de 
deuxrègles, dont l'unes’éloigne parallèlement de l’autre, 
en glissant entre les rainures de deux montans perpen- 
diculaires à la première. Architas imagina une courbe 


DY 


décrite par un mouvement particulier, sur la surface 
d’un cylindre droit, et qui étant rencontrée par la surface 
d’un cône situé d’une certaine manière, déterminait 
l'une des moyennes. Cette solution ne pouvait être 
utile dans la pratique. Eudoxe en proposa une autre 
qu'il obtint au moyen de courbes de son invention. 
Menechme, Aristée, Dinostrates s’exercèrentégalement 
sur ce problème qu'ils abordèrent par les movens que 
leur présentèrent la théorie des sections coniques nou- 
vellement découverte. Les deux solutions proposées 
par Menechme, sont surtout remarquables; la quadra- 
trice de Dinostrate et le conchoïde de Nicomède sont 
également dues aux recherches qu'occasionna le pro- 
blème de la duplication du cube. Enfin Pappus, dans 
ses Collections mathématiques proposa une ingénieuse 
méthode pour trouver les deux moyennes proportion- 
nelles, méthode que perfectionna encore Dioclès au 
moyen de la Cissoïde, courbe qui porte son nom. 

Le problème dela duplication du cube, comme celui 
de la trisection de l’angle et de la quadrature du cercle 
a beaucoup occupé les géomètres anciens. La solution 
des difficultés qu'ils présentent est impossible par la 
règle et le compas, et il ne faut pas oublier que c'était 
surtout à obtenir ce résultat que tendaient tous les ef- 
forts de la géométrie ancienne. Mais les recherches dont 
ces problèmes ont été l’objet ont du moins donné nais- 
sances à d'importantes découvertes, et c’est sous ce rap- 
port surtout qu’elles intéressent vivement encore l’his- 
toire de la science. Foy. Cunique, HExAËDRE et Moyen- 
NES PROPORTIONNELLES. 


DYNAMIQUE (de dévœus, force). Partie de la mé- 
canique qui a pour objet les lois du mouvement des 
corps, ou les lois de l’action des forces motrices. Voy, 
MECANIQUE. 

DYNAMOMÈTRE (Méc.). Instrument pour mesurer 
l'intensité d’une force. C’est un peson à ressort muni d’un 
cadran sur lequel un index, mis en jeu par l’action de la 
force, marque les degrés de tension du ressort. Diverses 
formes ont été données à cet instrument pour le rendre 
propre à comparer entre elles les forces des hommes et 
celles des animaux. On voit à Paris dans tous les en- 
droits publics des dynamomètres destinés à mesurer la 
force des coups de poing. 


EC 


489 


ÉCHECS. Il existe au jeu des échecs un problème 
curieux qui a occupé les mathématiciens et que le cé- 
lèbre Euler n’a pas trouvé indigne de son attention; il 
consiste à faire parcourir successivement au cavalier les 
64 cases de l’échiquier sans passer plus d’une fois sur la 
même case. Le cavalier est , comme chacun le sait, une 
pièce dont la marche oblique s'effectue de trois cases en 
trois cases, en sautant d’une case blanche sur une case 
noire. Nous allons rapporter ici la solution de ce pro- 
blème, teile qu’elle a été donnée par Euler dans les A/e- 
moires de l’Académie de Berlin , pour l’année 1750. 

En partant d’un des coins de l’échiquier, donnons à 
chaque case un numéro d'ordre pour les distinguer ; 
nous aurODs ainsi : 


57 | 58 | 59 | 60 | 61 | G2 | 63 | 64 
go | 50 | 51 | 5 | 53 | 56 | 55 | 56 
APP PAP FAO AE 
“33 | 34 | 35 | 26 | 3, | 38 30 4o 
25 | 26 | 27 | 28 |.29.|:30:|; 3r1|:32 


Ceci posé, si nous supposons que le cavalier est placé 
sur la case 1, et qu’on le fasse partir de cette case, on 
pourra d’abord le faire sauter indifféremment sur 11 ou 
sur 18, mais arrivé à l’une de ces deux cases l'embarras 
commence, puisque de chacune d’elles on peut le faire 
sauter sur trois autres. Voici l’ordre des cases à parcou- 
rir en partant de 1 sur 11: 


> 
= 

1 
» 


Si,aulieu denuméroter les cases de l’échiquier comme 
nous l'avons fait, nous les numérotons dans l’ordre ou 
elles sont parcourues , nous aurons donc la route sui- 
vante, où le cavalier part de 1 pour aller à 2, ensuite à 
3, etc., de manière qu’en arrivant à 64, il a parcouru 


toutes les cases. 


On voit aisément qu’en prenant une marche symé- 


trique à celle-ci, on peut faire partir le cavalier des 


autres angles. 


Si l’on voulait partir de la case numérotée 64, en 
marchant dans l’ordre inverse des numéros, on irait à 63, 
de là à 6r et on parvicudrait à 1. Mais cette route n’est 
plus d’aucune utilité lorsqu'il s’agit de commencer par 
toute autre case , et le problème général consiste préci- 


sément à prendre un point de départ arbitraire. 


Euler fait observer qu'il s’agit seulement de trouver 
une route où la dernière case marquée 64 soit éloignée 
de la première d’un saut du cavalier, de manière qu’il 
puisse sauter de la dernière sur la première. Car cette 
route étant déterminée, on pourra partir d’une case 
quelconque et suivre l’ordre des numéros jusqu’à 64, de 
là sauter sur 1 et continuer la route jusqu’à celle dont 


on est parti. 


Une telle route qu'Euler nomme route rentrante en 
elle-méme, est beaucoup plus difficile à trouver que. 
celle que nous avons donnée ci-dessus, mais nous ne; 
pouvons que renvoyer au mémoire déjà cité ceux de 
nos lecteurs qui voudraient connaître la méthode ingé- 
nieuse employée par l'illustre géomètre. 

62 


490 EC 


Voici une route rentrante; elle suffit pour obtenir la 
solution complète du problème. 


Cette route étant bien fixée dans la mémoire, on 
pourfa faire partir le cavalier d'une case quelconque. 
S'agit-il par exemple de partir de la case 30, on le fera 
passer par les cases 31, 32, 33, etc., jusqu’à 64, d’où 
en passant ensuite par 1,2, 3, etc.: on lui fera pour- 
suivre sa route jusqu’à la case 29. 

Vandermonde s’est aussi occcupé de ce problème dans 
les Memoires de l'Académie des sciences pour 1771. 

ÉCHELLE (Géom.). Ligne droite divisée en parties 
égales ou inégales selon les usages auxquels on la des- 

.tine, 

En géographie et en topographie, uneéchelle est une 
ligne divisée en parties égales et placée au bas d’une 
carte, où d’un plan, pour servir de mesure. Ainsi, 
lorsqu'on veut trouver sur une carte la distance de deux 
points, on en prend l'intervalle avec un compas, et en 
appliquant cet intervalle sur l'échelle on évalue la dis- 
tance par le nombre dedivisions qu’il renferme. Ces di- 
visions représentent des lieues ou des mètres ou toute 
autre mesure de longueur. 

Avant de tracer un plan sur le papier on commence 
toujours par construire l'échelle d’après laquelle les par- 
ties qu’on 4 à représenter doivent être placées, les unes 
par rapport aux autres, comme elles le sont sur le ter- 
rain. Si l'on voulait, par exemple, que les objets fus- 
sent mille fois plus petits sur le plan que sur le terrain, 
on construirait une échelle de 100 mètres, ou plus sui- 
yant le besoin , en prenant pour unité la grandeur réelle 
d’un millimètre; cette grandeur représenterait un mètre 
sur l'échelle. Alors deux objets dont la distance sur le 
terrain est de vingt mètres doivent être placés sur le 
plan à une distance de vingt unités de l'échelle. 

Cette échelle, dont l'emploi est des plus fréquens, se 
uomme l'échelle des parties égales, et quand on la 
construit de manière à pouvoir trouver les parties déci- 


EC 


males de l’unité, on lui donne le nom d’echelle des 
dixmes. Nous allons donner la construction de cette 
dernière. 

ÉcueLLe DES DixMEs. On trace un droite indéfinie AM 
(Pi. XXXTI, fig. 1), et l’on porte sur cette droite, en 
partaït du point À, dix fois de suite üné même ouver- 
ture de compas AB, déterminée par la grandeut relative 
qu'on veut donner à l’échelle. On subdivise AB en dix 
parties égales qu’on numérote 1,2, 3,4, 5,6, etc, et 
de tous les points de division, A, B,C,etc., 1,2, 3, 
4, etc. on mène des perpendiculaires à AM en faisant 
toutes ces perpendiculaires égales à AB. Après avoir di- 
visé AO, NO et BN comme on a divisé AB, où joint par 
des droites les points opposés de division, et l’on mène 
des transversales dont la première part de B et tombe 
sur le point de la première division de NO, la seconde 
du point 1 et tombe sur le point de la seconde division 
de NO, et ainsi de suite jusqu’à la dernière qui part du 
point 9 et tombe sur le point O. On riumérüte ensuite 
les divisions comme elles le sout dans la figure. 

Il est évident que le triangle rectangle BNa est coupé 
en parties proportionnelles dont la première vaut un 
dixième de Na, la seconde, deux dixièmes, etc., etc., 
de sorte que, si les parties 1, 2, 3, etc., représehtert 
des mètres, et que l’on veuille prendte sur cette échelle 
10", 4, par exemple, ce sera la distance c'e qui repré- 
sentera cette quantité. De même, s’il s'agissait de 16,7, 
on prendrait la distance cg. 

Avec de l'habitude on peut subdiviser à l'œil les dis- 
tances0, 15 0,2; 0:9,-etc., el prendre conséquem- 
ment des centièmes, du moins approximativement. C'est 
ainsi que df représente 237,65. 

Comme les échelles sur le papier sont bientôt dégra 
dées par les pointes des compas, Où en cofistrüit en 
cuivre à l'usage des ingénieurs; on les nomme échelles 
de 1 à 1000, de 1 à 000, de 1 à 25000, etc., selon que 
l'unité de l'échelle est 1000, 2000, 25000, etc. , fois 
plus petite qu’un mètre. 

ÉcnELLE Locarirmmique. C’est une ligne droite divi- 
sée en parties inégales et qui représente les logarithmes 
des nombres ou ceux des sinus et des tangentes. Cette 
échelle, iuventée par Edmond Gunter,a donné naissance 
au cercle logarithmique. (Foy. Amramomèrre). Elle sert 
à faire des multiplications et des divisions. 

ÉCHELLE ARITHMÉTIQUE. On donne ce nom à 
la progression géométrique par laquelle se règle la va- 
leur relative des chiffres simples dans un système quel- 
conque de numération. 

Dans l’arithmétique actuelle on est convenu de n’em- 
ployer que dix caractères en donnant à chacun d'euxune 
valeur dix fois, cent fois, mille fois, etc. , plus grande 
selon qu'il occupe la seconde, troisième , etc. place à 
gauche du chiffre des unités (Foy. ARITHMÉTIQUE 10.) 


Ainsi lorsque plusieurs chiffres sont écrits les unsà côté 
des autres, si l’on écrit au-dessous la progression géomé- 
trique 


etc. 10°, 104, 1pf, 10°, 101, 10° 


en faisant correspondre 10° avec le chiffre des unités, 
la valeur relative de chaque chiffre est égale à sa valeur 
absolue multipliée par le terme correspondant de la pro- 
gression. Par exemple 3 à la quatrième place à gauche 
vaut 3X 10% ou 3 mille; 2 à ja troisième place vaut 
2X 10? ou 2 cents, etc. Or, le choix de dix caractères 
est tout-à-fait arbitraire et l’on aurait pu tout aussi bien 
en prendre plus ou moins pour former un système de 
numération capable comme le nôtre de donner la con- 
struction de tous les nombres, Foy. Numérarion. 
Supposons en effet que nous n’ayons que cinq carac- 
tères o, 1,2,3, 4, et donnons-leur une valeur de cinq 
en cinq fois plus grande, selon qu'ils occupent des 
places plus reculées à la gauche du chiffre des unités 


10 représente le nombre cinq. 


100 le nombre vingt-cinq. 
1000 le nombre cent vingt-cinq. 
etc. etc. 


c’est-à-dire qu'ayant comme ci-dessus plusieurs chiffres 
écrits les uns à côté des autres, si on leur fait correspondre 
la progression 


etc. (5), (5), (5), (5), (5), (5), 


leur valeur relative sera égale à leur valeur absolue 
multipliée par le terme correspondant de la progres- 
sion. x 

Nous devons faire observer que dans un tel système 
de numération le chiffre 5 n’existe pas, et que nous ne 
nous en seryons ici que pour réduire à notre système 
décimal les quantités exprimées dans ce système de cinq 
chiffres. 

En général m étant le nombre des chiffres d’un système 
de numération, la progression 


etc. om, mi, m, m°, m1, m° 


est l'échelle arithmétique de ce système; m2 est la base 
de l’échelle. 

On peut se proposer sur les échelles arithmétiques 
plusieurs problèmes dont nous allons exposer Jes plus 
inportans. 

1. Une quantité A étant exprimée dans une échelle 7, 
L'ouver son expression dans une autre échelle x, 

Soit expression donnée (1) 


A = a.mp#Æb,mp—-i+c.mp-14ctc ec, nf, 


a, b, c, d, etc. , étant les chiffres de l'échelle mn. 


EC à 


491 


Désignons par a’, b’, c', d', etc. les chiffres qu’il s’a- 
git de trouver dans l'échelle x, et par 4 l’exposant du 
dernier terme de la progression, nous aurons (2) 


A=a'.n1+b'.n7—-1+c'ng—-1+etc...e!. mæf'.no 


et le problème se réduit à la détermination des chiffres 
a’, b', c', etc. au moyen des chiffres a, b, e, etc. 

Or, si l’on divise l'expression (1) par », le reste de 
cette division sera nécessairement plus petit que n ; ainsi 
désignant le reste par r, et le quotient par £, on aura 


a.mp+b.mp—14c.mpP—etc.. .—=t.n+r 


r sera donc le chiffre des unités de A dans l'échelle n. 


Divisant de nouveau le quotient { par », on obtien- 
dra un second quotient #, et un second reste 7,, et on. 
aura aussi 


t=t,.n+r, 
Divisant de même £, par 7», on aura encore 
b=ten+r, 


Poursuivant de la même manière jusqu’à ce que le 
dernier quotient soit plus petit que » et rassemblant les 
résultats, on aura 


At nr 

€ —=t,n+r 

ti —t,.n+r, 
t,=6.n4rs 
etc. etc. 
tot 


Substituant successivement ces valeurs les unes dans 


les autres on formera l'expression 
A=tuntHete....rsn rer nr 


ce qui est évidemment l'expression de À dans l'échelle » 
puisque toutes les quantités 71, r:, 7;,, etc. sont plus pe- 
tites que x, et peuvent conséquemment être représen- 
tées par les chiffres de cette échelle. 

Ainsi, pour passer d'un système de numération à un 
autre, il faut diviser la quantité donnée par la base 
du système en question, le reste de cette première divi- 
sion est le chiffre des unités. Diviser ensuite le quotient 
de cette première division par la même base, ce qui 
donnera pou: reste lechiffre des dixaines. Une troisième 
division fera conuaître le chiffre des centaines, ete., ete. 

Mais pour pouvoir faire toutes ces divisions , il faut 
d'abord quela base dusvstème demandésoit exprimée en 
chiffres du svstème donné, ce qui est toujours possible, 


Troll du système donné, et » celle 


2. ne Glant la } 


492 EC 

du système demandé, si x est plus petit que m, il est 
alors un chiffre du système 72, et si le contraire a lieu, 
mn est un chiffre du système ». Daus ce dernier cas, di- 
visant 2 par »2, ic reste de Ja division fera connaître les 
unités de r exprimées dans le système 72; si le quotient 
est plus petit que »2, ilsera le chiffre des dixaines; s’il 
est plus grand , on continuera f'opération comme ci- 
. dessus. 

Exemple. La quantité 435321, exprimée dans l’é- 
chelle de 6 chiffres ou hexadique, étant donnée, on de- 
mande son expression dans l'échelle de huit chiffres ou 
octodique. 

La base de cette dernière étant plus grande que 6, 
G est un de ses chiffres, divisant donc 10 par 6, on a 2 
pour reste et 1 pour quotient ; la base de l'échelle oc- 
todique exprimée en chiffres de l'échelle hexadique, est 
par conséquent 12. 

Opérant actuellement comme il est prescrit, on trou- 


vera ce qui suit. 


Premier reste.... OI 


Deuxième reste... 


Troisième reste.... 5 


Quatrième reste.... 10 


12 
Cinquième reste... 0°! EC 

Le quatrième reste ou 10 qui est la base de l'échelle 
Lexadique, est exprimé par le chifire 6 du système 
ectodique. 


Si un des restes avait été 11, on voit avec la même 
facilité qu’il aurait répondu au chiffre 7. 

Les restes sont donc 1,4, 5,6,0, 1, et la quantité 
435321 exprimée dans l’échelle octodique est 106541. 

On peut, pour vérifier de semblables calculs, faire 
repasser ensuite l'expression trouvée à celle donnée. 
Par exemple, ici la base de la première échelle étant 
égale au chiffre G de la seconde, on aura 


EC 
106541 6 = 
26 13020 
45 
14 
Premierreste..... O1 - 
13620 pue 
56 1755 
42 
40 
Deuxième reste... 2 
DA É 
17951 — 
35 (247 
55 


Troisième reste..... 3 


Quatrième reste..... 5 


6 
33! ue 
Cinquième reste...... 314 ROC AENS 


Les restes sont 1, 2,3,5, 3,4,on a donc aussi 
[106541]échelleoctodique=[435321]échellehexadique. 
On trouve au mot BiNAIRE un autre exemple de sem- 
blables calculs. * 


2. Problème. L'expression d’un nombre étant donnée 
dans deux échelles différentes dont la base de l’une est 
inconnue , trouver cette base. 

Soit le nombre 4532 dans l'échelle ordinaire ou déci - 
male, dont on a l'expression 16134 selon une échelle 
inconnue. Si l’on désigne par zx la base cherchée, on 
aura 


4532 = 1x4 62H rax2+aiL 3x 
ce qu’on peut mettre sous la forme 
Ti HGx +x+3x+3—4532—0 


équation du quatrième degré de laquelle dépend la va- 
leur de x. Or, pour résoudre cette équation, qui se ré- 
duit à (a) 


DiHGx$ Hart L3x—/529—0 


il fautremarquer que la base x cherchée, doit être plus 
petite que 10, car l'expression 16134 contient plus de 
chiffresque4532; et cependant plus grande que6,puisque 
6 est un des chiffres de l'échelle inconnue. La base de- 
mandée ne peut donc être que 7, 8 ou 9. De plus, la 
valeur de + étant racine de l’équation (a), doit diviser 
exactement le dernierterme 4528 de cette équation (vo. 
Equarion ); ainsi, essayant successivement les nombres 
7, 8, 9, on trouvera que le seul diviseur exact est 7, et 


EC 
par conséquent que l’on a x=#9. Voy. NUMÉRATION, 
pour les principes de la théorie des échelles arithmé- 
tiques. 

ÉCHELLE DE FRONT (Persp.). Droite parallèle àla ligne 
horizontale, et divisée en parties égales, qui représen- 
tent des mètres ou des subdivisions du mètre. 

ÉCHELLE FUYANTE (Persp.). Droite verticale divisée 
en parties inégales, qui représentent des mètres ou des 
subdivisions du mètre. loy. PERSPECTIVE. 

ÉCHELLES DE PENTE (Geom.). Géométrie des 
échelles de pente.Une des branches de la géométrie des- 
criptive. 

Dans la géométrie descriptive, on détermine la position 
des points dans l’espace à l’aide de leurs projections sur 
deux plans qui se coupent; et pour plus de simplicité, 
où suppose l’un de ces plans horizontal et l’autre verti- 
cal (Joy. GÉOMÉTRIE DEscriprIvE ). Cette méthode, qui 
est rigoureuse , et d’une application facile toutes les fois 
qu'il s’agit de surfaces dont la génération peut être ri- 
goureusement définie,se trouve en défaut lorsqu'on veut 
l'appliquer à des surfaces déterminées seulement par 
des conditions qui ne peuvent être exprimées par l’ana- 
lyse. Ce genre de questions se présentant fréquemment 
dans les applications, on a dù chercher un moyen de 
pouvoir ies résoudre, et on y est arrivé à l’aide des 
échelles de pente. Dans cette géométrie nouvelle, la po- 
sition des points dans l’espace, est déterminée par 
leur projection horizontale et par leur distance à un 
plan horizontal fixe de position, et passant au-dessus 
de tous les points que l’on considère. Ces distances 
comptées sur les verticales abaissées des points sur ce 
plan, sont exprimées en nombres. Il est évident d’a- 
près cela qu'une ligne droite sera complètement déter- 
minée lorsqu'on connaîtra sa projection horizontale et 
les cotes de deux de ses points. Supposons en effet que 
AB (P£. XXXIII, fig. 2 ) étant la projection horizon- 
tale d’une droite, «et 8 les cotes de ses points A et B, on 
demande la cote x d’un quelconque de ses points C. 

Aux points À, Bet Célevons des perpendiculaires au 
plan horizontal de projection. Soit MN l'intersection du 
plan horizontal, par rapport auquel sont comptées les 
cotes des points de la droite, et qui prend le nom de 
pian de comparaison, avec le plan projetant de la droite. 
Si à partir des points Det E, on porte des longueurs 
DA' et EB' égales à «et à 8, la droite A'B' sera la droite 
dans l’espace , et si nous menons par le point A! et dans 
le plan projetant l'horizontale AC", des deux triangles 
semblables A'B'B", A'C'C" on déduira la proportion. 

A'B" ou AB : A'C" ou AC :: B'B" : C'C” 


et, en désignant AB par a et AC par b, cette proportion 
deviendra 


aibi: B—u: x—u. 


EC 495 


dans laquelle tout est connu excepté æ, et qui par con 
séquent suffira pour sa détermination. Si au contraire x 
était connu , et qu'on demandät la position du point 
qui lui correspond, la même proportion servirait à ré- 
soudre la question, et l’inconnue serait alors b. 

Un plan étant complétement déterminé lorsqu’on con- 
naît la position de trois de ces points, nous allons cher- 
cher comment nous pourrons déterminer les cotes d’un 
point quelconque d’un plan, lorsque nous connaissons 
la projection horizontale et les cotes de trois de ses 
points. 


Soient À, Bet C (PL. XXXIII, fig. 3) les projections 
de trois points d’un plan, et «, Bet y les cotes de ces 
trois points. On demande la cote x d’un point quelconque 
D situé dans ce plan. Nous supposerons a fB< 7. 


Joignonslestrois points À, BetC par des droites, et sur 
AC déterminons le point E qui a la même cote que le 
point B. La droite BEsera horizontale, et toutes les hori- 
zontales qu’on pourra mener dans le plan donné lui se- 
ront parallèles, puisque ce sont les intersections d’une 
suite de plans parallèles par un même plan. Menons par 
le point D une horizontale qui rencontre la droite AB en 
F, Ce point se trouvant sur la droite AB, on aura la pro- 
portion 


AB : AF :: B-—u : x—a 


et par conséquent, on pourra déterminer æ.Si du point 
À nous abaissons la droite AH perpendiculaire sur l’ho- 
rizontale BE, nous aurons encore la proportion 


AG: AI :: AB: AF 
ou 


AG : AT :: B—a : x—u 


qui nous servira également à déterminer x. 

Si maintenant nous déterminons le point L de ma- 
nière que la différence entre la cote du point A, et celle 
du point L soit de 1,00, en portant de L en M, la dis- 
tance AL, le point M aura une cote différant de 2"00 de 
celle du point A, puisque dans la proportion ci-dessus 
le deuxième antécédent étant le double du premier, la 
même relation devra exister entre les conséquens. On 
pourra donc avoir ainsi la position de tous les points du 
plan dont les cotes différent de celle du point A d’un 
nombre exact de mètres. En divisant la longueur AL en 
dix parties égales, on aura des points successifs dont les 
cotes ne différeront que de 0",10. Pour alors obtenir les 
cotes d’un point quelconque O du plan, il suffira d’abais- 
ser de ce point une perpendiculaire sur la droite AH et 
de lire sur la graduation. Cette droite qui sert ainsi à dé- 
terminer les cotes de tous les points d’un plan, s'appelle 


l'échelle de pente de ce plan, Toute droite menée par le 


494 EC 


point A pourrait servir d'échelle de pente, mois il est 
beaucoup plus simple de lastreindre à être perpendicu- 
laire à la direction des horizontales du plan. 

Si le plan était vertical, il serait déterminé par sa 
trace et par les cotes de deux points de cette trace. S'il 
était horizontal, une seule cote suffirait pour le déter- 
miner. 

Lorsqu'une ligne courbe sera plane, elle sera com- 
plétement déterminée par sa projection horizontale, et 
par les cotes de trois de ses points ; car dans l’espace elle 
sera l'intersection du cylindre vertical qui la projette, 
par le plan qui la contient, et qui est complétement 
connue par les cotes de trois de ses points. 

Si on imagine qu'une surface courbe soit coupée par 
une suite de plans horizontaux équi-distans, et qu'on 
projette sur un même plan horizontal toutes les courbes 
d’intersection, cescourbes qui prennent le uom de courbes 
horizontales ou de niveau, suffiront avec leurs cotes 
pour déterminer complétement la surface. Supposons en 
effet qu'on veuille déterminer la cote d’un point situé 
entre deux courbes horizontales. Si par le point on fait 
passer un plan vertical normal à l’une des courbes qui 
l'avoisinent, il coupera la surface suivant une courbe, 
qui se projettera sur la trace horizontale du plan, trace 
qui sera perpendiculaire à la projection de la courbe à 
laquelle ce plan est normal dans l’espace. Si les courbes 
entre lesquelles le point de la surface est placé, sont très- 
rapprochées , on pourra concevoir que la courbe de sec- 
tion du plan normal se confond avec une droite passant 
par le point, et terminé aux deux courbes, et dont par 
conséquent les cotes des extrémités sont connues. Rien 
ne sera plus facile alors que d'obtenir la cote du point 
demandé. On conçoit alors que la surface donnée est 
remplacée par des portions de surfaces gauches engen- 
drées par le mouvement d’une droite qui s'appuie sur 
deux courbes consécutives, en étant astreinte à la con- 
dition d’être constamment normale à l’une d'elles. 

Ces préliminaires bien conçus, voyons comment nous 
pourrons résoudre les différentes questions traitées par 
la géométrie descriptive. 


I. Une droite étant donnée par sa projection et les 
cotes de deux de ses points , trouver la tangente de l'an- 
gle quelle fait avec l'horizon. 


Si par l’un des points connus de la droite, on mène 
une horizontale , et Que par l’autre on abaisse sur cette 
ligne, une perpendiculaire ; où formera un triangle 
rectangle, dont l’un des côtés de l'angle droit sera la 
longueur de la projection de la droite, et dont l'autre, 
opposé à l'angle dont on demande la tangente, sera 
égal à la différence entre les cotes des deux points. Par 
conséquent , la tangente de l’angle formé par une droite 
avec le plan horizontal est égale à la différence entre les 


EC 


cotes des deux points connus de cette droite, divisée par 
la distance qui les sépare. 

Si on demandait de faire passer par un point donné 
une droite, faisant avec l’horizon un angle donné, le 
problème serait indéterminé, puisque toutes les généra- 
trices d’un cône ayant pour sommet le poirit connu, et 
faisant avec l’horizon l'angle donné, conviendraient éga- 
lement, Cependant cette question étant d’un usage fré- 
queut, nous allons chercher comment on pourrait dé- 
termiuer la cote d’un point d’une telle droite. Imagi- 
nons sur le point une verticale d’un nombre exact de 
mètres et une horizontale ayant une longueur telle que 
le rapport entre ces deux longueurs soit égal à la tan- 
gente de l'angle donné, En joignant les extrémités de 
ces deux droites, nous aurons une des positions de la 
droite dans l’espace, et dans son mouvement, elle dé- 
crira dans l’espace une circonférence qui sera projetée 
par une circonférence ayant pour rayon la longueur de 
l'horizontale, et dont tous les points seront propres à 
donner la cote demandée. 


I. Déterminer le point d'intersection de deutc droites 
qui se coupent. 

Les projections horizontales de ces deux droites de- 
vant nécessairement se couper en un point qui est la 
projection du point d’intersection dans l'espace, on dé- 
terminera la cote de ce point à l'aide Ges notions pré- 
cédentes. Si les deux droites étaient dans un même plan 
vertical, leurs projections horizontales se confondraient 
et ce moyen ne serait plus praticable. Soient donc À et B 
(PL. XXXIIT, fig. 4 ) les deux poiuts de la première 
droite dont les cotes x et 8 sont connues , et C et D les 
points de la seconde dont les cotes sont 7 et 2. Si par les 
points A et B, nous menons des verticales jusqu’à leur 
rencontre en E et F, avec la droite CD, nous pourrons 
déterminer les cotes # et n de ces points, et à cause des 
triangles semblables B'OF et OA'E nous aurous la pro- 
portion 


EO:O0E:;:AE:BTE 
mais On à aussi 
EO : OE :: EH : HG, 
EG étant une droite horizontale; donc 
HS HC SUEDE 
d’où 
ŒH+LHG) ou EG=AB : EH :: A'E+B'F:A'E 


et si on désigne par æ la distance EH=AT et par a Ja 


longueur AB, on aura 


as mii(s—a)+(8—n): sx 


EC 
proportion qui suffit pour déterminer x. Le point I 
étart connu , on obtiendra facilement sa cote. 


II. Deux plans étant donnés, trouver leur inter- 
section. 


Ondéterminéra d’abord 168 échelles de pente des deux 
plans, et dans l’un et dans l’autre, on tracera des hori- 
Zonitalés à même cote. Les points d’intersection de ces 
droites apparténänt évidemment à l'intersection des 
deux plans suffront pour la déterminer. Si l’ün desplans 
était horizontal ; l’iiteiséction serait horizontale, et il 
sufürait de chercher parti les horizontales du second 
plan, celle qui est à la cote du premier. 

Si les horizontales des deux plans étaient parallèles, 
leur intersection serait aussi une horizontale parallèle à 
celle-ci. Pour li déterminer, il sufiira d'imaginer un 
troisième plan qui coupera les deux premiers suivant 
déux droites qui se couperont en ün point appartenant 
à l'intersection coimutie des deux plans. 

Poür trouver l'intersection d’une droite et d’un plan, 
of imaginera par elle un plan qui coupera le premier, 
süivait une droite contenant le point demandé, et qui, 
par conséquent , se trouvera à l’itersection de cette 
droite avec la droite donnée. { Pi. XX XII, Jig. 5.) 


IV. Par unpoint donné, abaïsser une perpendiculaire 
sur un plan. 


Cette droite aura évidemment sa projection perpen- 
diculaire aux horizontales du plan, ct, par conséquent, 
parallèle à son échelle de pente, il suffit donc de déter- 
miner la cote d’un autre de ses points. Imaginons par 
la droite un plan vertical, il coupera le plan suivant la 
ligne de plus grande pente, et soieut AB la droite, et 
BC la ligue de la plus grande pente du plan. (PLANGRE 
XXXII, fig. 6.) 

Par le point À menons l'horizontale AC ; ä partir du 
point C, portons sur cette droite une longueur DC expri- 
mée exactement en mètres et abaissons la verticale DE, 
dont la longueur sera égale à la différence entre les cotes 
des points Cet E. Si maintenant nous prenons AF égal 
à DE et que nous menions la verticale FG , elle sera 
égale à DC: Par conséquent, la différence entre la cote 
du point Get celle du point A sera égale à la longueur 
DC. 

Rien ne sera plus facile alors que de déterminer cette 
cote sans faire aucune construction. Soient en effet AB 
l'échelle de pente du plan (Pr. XXXIII, Jig. 7) ei 
CD la droite perpendiculaire à ce plan menée par le 
point. À partir du point I, qui a la même cote que le 
point C, nous porterons une longueur HI d’un nombre 
exact de mètres; et du point C nous porterons la lon- 
gueur CG égale à la différence entre les cotes des points 
H et I. La différence alors eutre la cote du pont G et 
celle du point GC sera égale à la longueur HE. 


iQ 
s\ 


495 
La détermination du point O, où cette droite ren- 
contre le plan, ne présente aucune difficulté. 
Au moyen de ce que nous venons de dire on pourra, 
par une droite donnée , mener ün plan perpendiculaire 
à un plan donné. 


V. Mener par un point donné un plan perpendiculaire 


à une droite donnee. 


L’échelle de pente du plan cherché devant être paral- 
lèle à la projection de la droite, si par la projection du 
point donné on mène üne perpendiculaire à là projec- 
tion dé la droite, cette ligne sera une horizontale du 
plän demandé, et en considérant la projection de la 
droite donnée comme l'échelle de pénte d’un plan au- 
quel la figure de plus grande pente du plan cherché de- 
vra être perpendiculaire, la question rentrera tout-à-fait 
dans la précédente. 


VI. Pärun point donné abaisser une perpendiculaire 
sur üné droite doñnce: 

On mènera par le point un plan perpendiculaire ä là 
droite donnée. On cherchera son point d’intersection 
avec celte droite, et en joignant ce point et le point don- 


né par une droite, le problème sera résolu. 


VIL Troiver la tangente de l'angle formé par deux 
droites. 


En menant de l’un des points d’une des droites une per- 
peéñdiculaire sur l’autre on formera uni triangle rectangle 
dätis lequel le rapport des detix côtés de l’atigle droit 
sera égal à la tangente déinandée. 

Si on voulait avoir l'angle d'une droite et d’un plah 
on abaisserait d’un des points de la droite une perpen- 
diculaire sur le plan donné, eten divisant la longueur 
de cette droite, par la distance de son pied aü point où 
la droite perce le plan, on aurait la valeur de la tani- 


gente de l'angle demandé, 


Pour trouver l'angle de deux plans on déterminerait 
d'abord leur intersection ; on lui mènerait un plan per- 
pendiculaire , dont on chercherait les intersections avec 
les deux plans donnés et l'angle de ces deux droites se- 


rait l'angle demandé. 


0 


VII Trouver la plus courte distance entre deux 


droites non situées dans un méme plan. 


Lasolütion de cette question se traitera par les moyens 
indiqués par là géométrie, séulément les différentes 
coistrüctions tiécessaires pour déterminer la droite de- 
mandée, se feront à laide des méthodes que nous ve- 


nons d'indiquer, { Pr. NXXIV, fig. 3:) 


IX. Tracer, à partir d'un point, sur une surjace 
courbe donnee par es horizontales, une courbe dont la 


M * . 0 + 
tangrnte fasse toujours le même angle avec l'horizon. 


496 EC 

On regardera la distance verticale qui sépare deux 
courbes comme la hauteur de l'inclinaison de la tan- 
gente, ct si, à partir du point donné, on porte avec un 
compas une longueur égale à la base de cette inclinaison, 
de manière à ce que son extrémité rencontre la courbe 
suivante, cette droite sera la projection de la courbe 
demandée. Cette solution n’est rigoureuse que lorsqu'on 
suppose les courbes équi-distantes assez rapprochées 
pour qu’on puisse supposer que les parties de la surface 
occupées par la base de la pente soient planes. Pour qu’elle 
soit possible il faut que la base de la pente soit au moins 
égale à la plus courte distance entre deux courbes con- 
sécutives. Elle a de plus uneinfinité de solutions puisque 
pour chaque point il y aura deux directions qui y satis- 


feront. 


X. Trouver l'intersection d'une surface avec un plan 


donné. 


L'échelle de pente du plan étant déterminée, on mè- 
nera les horizontales à mêmes cotes que les courbes de 
la surface, et les points de rencontre avec lescourbes ap- 
partiendront à l’intersection demandée. Il pourra arri- 
ver, d’après la forme de la surface, qu'on ait plusieurs 
courbes d’intersection indépendantes les unes des 
autres. (PL. XXXV, /ig. 6.) 

On pourrait se demander de déterminer l'intersection 
d’un cône par un plan. Nous supposerons le cône droit, 
ayant son axe vertical; alors les courbes équi-distantes 
qui le déterminent sont des circonférences de cercle con- 
centriques , et la détermination de la courbe d’intersec- 
tion ne présente aucune espèce de difficultés. ( PLanxcue 


XXXII, fig. 9.) 
XI. Trouver l'intersection de deux surfaces données. 


Les points de cette intersection seront évidemment 
donnés par les points de rencontre des courbes ayant 
même cote, et ils feront partie d’une ou de plusieurs 
courbes suivant les formes des surfaces. (PL. XXXIII, 
fig. 7) 

XII. Par un point donné sur une surface lui mener 


un plan tangent. 


Ce plan contenant toutes lestangentes menées à la sur- 
face au point donné, passera par la tangente à la courbe 
horizontale passant par ce point , et cette droite sera une 
de ses horizontales. Si maintenant on conçoit par le 
poiut un plan vertical perpendiculaire à cette horizon- 
tale, il coupera la surface suivant une courbe dont l’é- 
lément devra se trouver dans le plan tangent. Mais cette 
courbe se projette suivant une droite perpendiculaire à 
la projection de la courbe horizontale passant par le 
point , et la cote de son extrémité est la même que celle 
de la courbe horizontale suivante ; par conséquent l’é- 
cheile de pente du plan demandé estcomplétement dé- 


EC 


terminée. Comme on peut considérer lacourbe horizon- 
tale supérieure à celle passant par le point donné, ou 
celle qui lui est inférieure , le problème est en général 
susceptible de deux solutions , qui se réduiront à une 
seule lorsque les courbes seront infiniment rapprochées, 
parce qu’alors les deux élémens de la courbe normale se 
confondront en direction et ne donneront qu’une tan- 
gente. Si on conçoit que l’un des deux plans tangens 
tourne autour de son horizontale de contact, en aban- 
donnant l’élément de contact , de manière à venir se 
rabattre sur l’autre plan , on aura une infinité de solu- 


tions limitées par les deux plans primitifs. 


XIII. Parune droite donnée mener un plan tangent à 
une surface donnée. 


Au point où ce plan touche la surface, son horizon- 
tale devra se confondre avec la tangente à la courbe ho- 
rizontale passant par ce point. Si donc nous marquons 
sur la droite les points ayant mêmes cotes que les courbes 
horizontales de la surface, et que par chacun de ces 
points nous menions une tangente à la courbe ayant 
même cote que lui, l’uue de ces tangentes devra être 
l'horizontale demandée. Mais le plan tangent passant 
par la droite donnée et par cette tangente, devra conte- 
nir l'élément de la surface perpendiculaire à latangente 
et passant par le point de contact, et par conséquent aussi 
la tangente à la surface à l'extrémité de cet élément; cette 
tangente devra donc être parallèle à la première. Parmi 
toutes les tangentes menées aux courbes horizontales par 
les points de la droite donnée ayant mêmes cotes, celle 
qui satisfera à la question sera telle que l'horizontale 
immédiatement inférieure ou supérieure, lui sera paral- 
lèle. Cette solution serait rigoureuse si les courbes étaient 
infiniment rapprochées , mais comme elles sont à une 
distance finie, il serait impossible de satisfaire à cette 
condition du parallélisme , quoique cependant le pro- 
blème füt soluble. On examinera alors les variations de 
l'angle que les tangentes menées aux courbeshorizontales 
font avec la droite donnée. Si cetangle, après avoir crü 
ou diminué d'une manière continue, commence à décroi- 
tre ouà croître d’une manière continue, il est évident qu’il 
y aura eu un maximum ou un minimum , etla tangente 
y donnant lieu sera celle qui devra être choisie. En ef- 
fet , en rétablissant la continuité de la surface et menant 
toutes les tangentes par la droite, les variations de 
l'angle deviendront infiniment petites , et elles ne pour- 
ront changer de signe sans passer par zéro. Par consé- 
quent dans le voisinage de ce point il y aura deux hori- 
zontales parallèles. (Pr. XXXIV, fig. 5.) 


Si la droite donnée était horizontale, elle serait elle- 
même une des horizontales du plan demandé, et par 
conséquent la tangente à la courbe horizontale pas- 


saut par le point de contact de la surface et du plan 


“EC 
devrait lui être parallèle. On mènera alors à chaque 
courbe des tangentes parallèles à la droite donnée, ct 
par un point de la projection de la droite on mènera une 
droite coupant les projections de ces tangentes. A partir 
du même point on portera sur la droite des parties pro- 
portionnelles aux distances verticales de cette droite au 
plan de chacune des courbes, on cotera ces points de 
division comme les courbes elles-mêmes et on les joindra 
par des droites avec les points d’intersection des tan- 
gentes aux courbes avec la droite passant par le point de 
départ. Lorsque deux de ces droites successives seront 
parallèles, elles correspondront à deux tangentes dont 
le plan passera par la droite donnée, et par conséquent 
aux deux tangentes de l’élément de contact. Cette cori- 
dition du parallélisme ne pouvant être remplie que 
lorsque les courbes sont infiniment voisines, on exami- 
néra la marche de l’angle de ces droites avec la droite 
donnée , et celle qui donnera lieu à un maximum ou à 
un minimum , satisfera évidemment à la question. (Pr. 


XXXIV , fig. r.) 


XIV. Mener à une surface donnée un plan tangent 
parallèle à un plan donné. 

La direction des horizontales du plan demandé est 
connue puisqu'elles doivent être parallèles à celle du 
plan, donné; et si à chaque courbe horizontale 6n mène 
une tangente parallèle à l'horizontale du plan donné, 
l'une d’elles devra se trouver dans le plan cherché. Dans 
le plan donné on mènera deux horizontales dont la dis- 
tance verticale soit égale à la distance qui sépare verti- 

.calement deux courbes consécutives, et on prendra une 
“ouverture de compas égale à la ligne qui mesure la dis- 
. tance entre les projections de ces horizontales. On por- 
_tera cette distance entre toutes les horizontales tangentes 
aux courbes, et, lorsqu'il y aura égalité, le plan tangent 
passera évidemment par ces deux tangentes. Si cet es- 
pace après avoir été plus grand devient plus petit, alors 
le plan tangent sera tangent à la courbe horizontale qui 
sépare les intervalles plus grands des intervalles plus 


petits. 


XV. Par unpoint donné mener un cône langent ä une 
surface donnée, et déterminer la courbe de contact. 


4 Si par le point donné on fait passer une série de plans 
| verticaux, dont on déterminera l'intersection avec la sur- 
, face, et que par le même point on mène des tangentes à 
l ces courbes d’intersection, ces tangentes seront les géné- 
‘ratrices du cône demandé, et leurs points de contact 
+ appartiendront à la courbe de contact du cône et de la 
surface. 
On pourra, à l’aide de la méthode que nous venons 
 d’exposer, résoudre toutes les questions qui pourront 
se présenter , et on se convaincra que souvent les moyens 


fournis seront beaucoup plus expéditifs que ceux de la 


EC 497 


géométrie descriptive ordinaire , même dans le cas où il 
s’agit de surfaces analytiquement définies. 

(Poyezle n° 6 du Mémorial de l'officier du génie et 
la géométrie descriptive de M. Leroy). 

ÉCHO(Acoust.). Phénomène produit parla réflexion 
du son. Ce mot vient du grec #xos , son. ® 

Lorsqu'un son rencontre un corps solide, suivant cer- 
taines conditions, il est réfléchi ou renvoyé de manière 
qu'il se répète à l’oreille. Pour rendre raison de cet 
effet, il faut rappeler ici (voy. Sox) que le son est le ré- 
sultat d’un mouvement de vibration excité dans les corps 
sonores, etquisecommunique à l'air environnant en dé- 
terminantdesondulations, lesquelles de proche en proche 
parviennent jusqu’à l’air renfermé dans l'oreille et pro- 
duisent la sensation du son. 

Les ondes sonores, lorsqu'elles passent d’un milieu 
dans un autre, éprouvent une réflexion partielle qui 
devient totale quand elles rencontrent un obstacle fixe. 
Cette réflexion qu’elle soit partielle ou totale, s’accom- 
plit toujours dans une direction telle que l’angle de ré- 
flexion est égal à l’angle d'incidence. Ainsi lorsqu'un 
observateur placé de manière à pouvoir entendre un 
son se trouve de plus dans la direction de la réflexion, 
il entend successivement deux sons semblables, dont le 
second n’est que la répétition du premier. 

Si les ondes sonores vont tomber perpendiculaire- 
mert sur la surface réfléchissante, le son est renvoyé 
dans la même direction, et alors la personne qui le pro- 
duit reçoit à la même place la sensation du son et celle 
de l'écho. 

Pour que le son soit réfléchi dans la même direction, 
il faut donc que la surface réfléchissante, si elle est 
plane, soit perpendiculaire à la direction, ou, si elle 
est sphérique, que son centre soit le point même de 
départ. 

Si la surface réfléchissante est placée à 170 mètres de 
distance de celui qui parle, le temps qui s'écoule entre 
le premier son et le son réfléchi est d’uneseconde, parce 
que le son fait environ 340 mètres par secondes. Ainsi 
l'écho répétera toutes les syllabes qui auront été pro- 
noncées dans le temps d’une seconde, de manière que 
lorsque celui qui parle aura cessé de parler, l’écho pa- 
raîtra répéter toutes les paroles qu’on aura prononcées, 
et la première reviendra à l'observateur après une se- 
conde, c’est-à-dire, à l'instant où la dernière sera pro- 
noncée. À la distance de 340 mètres, un écho peut ré- 
péter 7 à 8 syllabes. Sila surface réfléchissante se trouve 
trop proche, l'écho ne répétera qu’une syllabe. On en 
cite qui répètent jusqu’à 15 syllabes. 

Les échos se produisent avec diverses circonstances. 
Par exemple , une surface plane, réfléchissanté, renvoie 
le son avec toute son intensité, et il n’éprouve de di- 


minution que celle produite par la distance. Une sur- 
63 


498 EC 

face convexe réfléchit le son avec moins d'intensité et 
de vitesse qu’une surface plane; tandis qu'une surface 
concaye renvoie un son plus fort que le son primitif. Il 
en est À peu près du son comme de la lumière : les mi- 
roirs plans rendent l'objet tel qu'il est, les convexés le 
diminuent et les concaves le grossisseut. 

Comme un son réfléchi peut se réfléchir de nouveau 
en rencontrant un second obstacle dans sa direction , il 
existe des échos doubles, triples, quadruples, etc. Ces 
échos qu’on nomme en général échos multiples se pro- 
duisent ordinairement daus les lieux où se trouvent des 
murs parallèles et éloignés. IL en existait jadis un cé- 
Ièbre près de Verdun qui répétait 12 à 13 fois le même 
mot ; il était formé par deux tours éloignées l’une de 
l’autre de 50 mètres. 

Dans la théorie des échos, on nomme centre-phonique 
le poiat où le son est produit, ct centre-phonocampui- 
que celui où il est réfléchi. 

Lorsque la réflexion du sou se produit dans des di- 
rectious différentes de celle de son incidence, il peut 
arriver que celui qui le produit n'ait pas la sensation de 


l'écho, tandis qu'un autre observateur entende l’écho 


sans. avoir eutendu le son primitif. Ce phénomène 
s’observe fréquemunent sousdes voûtes plus ou moins 
hautes, et il est une suite des propriétés de l’ellipse; en 
effet, si nous supposonsque la section d’une voûte par 
un plan soit une ellipse, les sons qui partiront d’un des 
foyers pour frapper la courbe, iront tous se réfléchir à 
l’autre foyer, de sorte que deux personnes, placées cha- 
cune à l’un des foyers, pourront s’entendre à la dis- 
tance de 12 mètres, et même de 30, en parlant à voix 
basse; tandis que des spectateurs intermédiaires ne pour- 
ront saisir aucun mot. Les arches de plusieurs ponts pré- 
sentent ce phénomène, qu'on peut observer dans une 
grande salle carrée du Conservatoire des arts et métiers. 
C'est d'après la propriété des surfaces réfléchissantes 
.qu’on a construit le cornet acoustique, dont la destina- 
tion est de renforcer le son. On donne à cet instrument 
une forme parabolique parce que le son en frappant sa 
paroi interne est réfléchi de toutes parts en un seul point 
ou foyer situé à l'extrémité qu’on place dans l'oreille. 
_Le porte-voix (voy. ce mot) est construit d’après les 
mêmes propriétés. 
ÉCLIPSE (A4str.). Disparition momentanée d’un astre 
-en tout ou en partie. 
‘Les éclipses, si long-temps l’objet de la frayeur des 
«hommes, n’excitent plus aujourd’hui que leur intérêt 
.etleur curiosité; et ce qui parait le plus étonnant dans 
les phénomènes qu’elles présentent, pour les personnes 
étrangères aux principes de l'astronomie, c’est la certi- 
tude avec laquelle elles peuvent être prédites. Dans les 
temps Les plus reculés de l’antiquité, avant que la science 
eût répaudu sa lumière sur lemmonde, les apparences de 


* à 

EC 

cette espèce étaient regardées comme unealammante dé- 

viation des lois éternelles de la nature; les philosophes 

eux-mêmes partageaient en grande partie les idées su- 

perstitieuses du vulgaire; et ce ne fut qu'après delongues 

observations, et lorsque les mouyemens des corps cé- 

lestes commencèrent à être mieux connus, qu’on osa 

supposer que ces phénomènes effrayans dépendaient 
d'une cause régulière. 


r 


Anaxagore , contemporain de Périclès, parait être le 
premier qui ait écrit sans déguisement sur les diverses 
phases de la lune et sur ses éclipses ; mais ayant Hippar- 
que, les astronomes n’étaient guère en état de prédireles 
éclipses ; et s’il est vrai , comme le rapporte Hérodote, 
que Thalès ait annoncé une éclipse de soleil, ce ne peut 
être qu’à l’aide de la période de 18 ans et 11 jours dont 
nous parlerons plus loin, période qui ramène les éclipses 
à peu près à la même époque, et qui pouvait être con- 
nue de cet illustre fondateur de l’école ionienne. 

Néanmoins les tentatives de l’astronomie pour expli- 
quer ce phénomène et en prédire le retour, remontent 
à une époque fort antérieure dans l’histoire du monde. 
Mais il n’est pas inutile de remarquer que partout la 
découverte des véritables causes des éclipsés dè soleil 
parait avoir précédé la connaissance dé cellés dé lune. La 
marche de ce corps céleste esten effet facile à observer, ét 
son passage entre le soleil et la terré a dû de bonné heure 
être regardé comme la cause de l’obscurcissément mo- 
mentané de la lumière solaire. Il n’était pas aussi facile 
d'attribuer les éclipses de lune à l’ombre de Ja terre, 


et cette observation exigeait une connaissance plus ap- 


profondie de la forme et des mouvemens des astres: 
aussi dut-elle être l’œuvre d’une science plus avancée. 
La cause réelle des phénomènes ayant pu être trouvée 
par la simple observation, il restait à la science à com- 
pléter cette découverte, en démontrant sa réalité par le 
calcul rigoureux des époques oùles mêmes faits devaient 
se reproduire. C’est sous ce point de vue qu’il faut sur- 
tout admirer les ingénieuses méthodes qu’employèrent 
les premiers astronomes pour arriver à ce but; nous 
jouissons des travaux de l'intelligence des siècles passés 
sans reporter notre esprit vers les difficultés presqu'in- 
surmontables qui génèrent les premiers pas de la science. 
Les préjugés d'une religion toute matérielle, dont le 
vulgaire du moins prenait au sérieux le sens figuré ou 
allégorique, arrêtèrent long-temps , dans la Grèce sur- 
tout, la production de la vérité. Ce fut sans doute pour ! 
tromper l’aveugle instinct de la multitude et se ravir | 
aux persécutions qui ont frappé les auteurs des plus 

belles découvertes, que l’école pythagoricienne cacha 

ses nobles leçons sous le voile d’une poésie mystérieuse. 

Anaxagore tint long-temps secret son écrit sur les éclip- 
ses, mais la haine de l'ignorance s’attacha à lui dès le mo- 
ment où il osa professer ses opinions, et il expia dans 


| 


: Sl 


EC 
les fers le tort d’avoir expliqué l’un des grands phé- 
nomènes de la nature. 

: Un acte de sévérité, occasionné par des raïsons tout- 
xfaitopposées se rattache à la tradition d’une éclipse 
de soleil, qui sérait arrivée à la Chine vers l’an 2155 
avant notre ère: Suivant les historiens , au moins fort 
suspects; de ce pays, il y eût eu cette annéé, düx appro- 
ches de l’équinoxe d’automne, sous le règne de Veni- 
pereur Tchong-Kang une éclipse de soleil et les astro- 
només Hô et Hi furent condamnés à mort pour ne l’a- 
voir point prévue, comme la lui leur en faisait un 
devoir. Ainsi, d’après cette histoire, non-seulement les 
éclipses étaient observées à la Chine plus de deux 
mille añs-dvant notré ère, mais encore les astronomes 
pouvaient en calculer le retour avec assez de précision 
pour qu'on y fit mourir ceux qui négligeaient d’an- 
noncer le prochain accomplissemént de ce phéno- 
mène. On sait que les missionuaires versés dans l’astro- 
nomie, et que d’autres astronomes ont prétendu véri- 
fier par des calculs, lexistence réelle de cette éclipse. 
Il est en effet possible qu’elle ait eu lieu ; mais il est com- 
plétement impossible que l’observation scientifique en 
ait été faite à la Chine à l’époque reculée où on la place, 
époque antérieure à toutes les certitudes historiques, et 
par conséquent à la civilisation avancée que suppose un 
pareil travail. En ne citant ce fait que pour ce qu’il vaut 
réellement, c’est-a-dire, pour une audacieuse interpo- 
lation des astronomès chinois entreprise dans le but de 
flatter l'orgueil d’une antiquité fabuleuse, qui domine 
leur nation, on doit convenir qu’il en résulte au moins 
la preuve que la connaissance de la cause des éclipses 
est fort ancienne dans l'astronomie chinoise; mais on 
ignore entièrement d’après quelle méthode elle pouvait 
les calculer. 

Les plus anciennes observations d’éclipses, rapportées 
par Ptolémée, sont trois éclipses de lune, observées à 
Babylone, dans les années 719 et 720 avant notre ère, 
et dont ce grand astronome a fait usage pour détermi- 
ner les mouvemens de la lune. Les observations anté- 
rieures à cette époque, et dont se vantaient les Chal- 
déens , ayant été rejetées par Hipparque et Ptolémée, 
probablement parce qu’elles manquaient de précision et 
d’exactitude, on aurait tort de les invoquer en garan- 
tie de la science des Chinois. Les observations d’éclipses 
des Indiens et des Persans offrent encore moins de cex- 
titude ; mais comme nous l'avons dit plus haut, quelque 
exagérées que soient les prétentions astronomiques des 
anciens peuples, onpeut du moins en tirer cette con- 

séquence que la connaissance des causes des éclipses a 
toujours vivement excité l’attention des hommes, et 
que. c’est le premier problème que l'astronomie ait eu 

_à résoudre. 

Mais la connaissance de ces causes et la méthode pour 


EC 499 


calculer d’avance la production des phénomènes qui les 
accompagnent, furent long-temps encore regardées 
commeune des combinaisons les plus élevées dela science 
et n’ont été par conséquent le partage que d’un petit 
nombre d'hommes supérieurs. Les peuples regardaient 
tout ce qu’ils appelaient les prédictions des astronomes 
relativement aux éclipses comme des opérations qui te- 
naient du prodige. Plutarque rapporte qu'Hélicon de 
Gynique ayant annoncé une éclipse de soleil à Denys, 
tyran de Syracuse, et ce phénomène ayant eu lieu au 
jour et à Pheure qu’il avait fixés , reçut de ce prince un 
talent , où 5,406 fr. de notfe monnaie, eu récompense 
de son habileté, récompense dont l'importance prouve 
assez que les connaissances d'Hélicon n'étaient pas com- 
munes. (3 septembre, an 4or avant J.-C.) 

Le peuole romain, lorg-temps après, suivant Tite- 
Live (lib. 44), regarda encore comme une prodige inoui, 
lannonce d’une éclipse de lune , qui fut faite par Caius 
Sulpitius Gallus, le premier géomètre dé cette nation 
qui ait eu quelque connaissance étendue en astronomie. 
Ce phénomène devait avoir lieu durant la nuit qui pré- 
céda le jour où Paul-Emile défit Persée: Gallus l’an- 
nonça aux soldats romains, et leur en ayant expliqué les 
causes, il dissipa la frayeur que cet événement imprévu 
aurait jetée dans leur esprit. Suivant les calculs de Ric- 
cioli, cetté éclipsé arriva le malin du 4 septembre de 
Van 168 avant J.-C. 

Après la déstruction de l’école d’Alexandiié et durant 
le moyen-dge ; on sait que la science fat à peu près exilée 
de l'occident, et jusqu’à l’époque où ellé lui fut rendue 
par les Arabes, ün ne trouve quelques observations 
fort incomplètes d’éclipses de soleil et dé late que dans 
les annales du règne de Louis-le-Débüntfaire, écrites 
par un moine anonÿme. Ces observätioris comprennent 
le temps qui s’est écoulé dépuis l'an 865 jusqu’en 84. 

Les éclipses sont divisées, par rapport aux objets 
éclipsés, en {unaires et solaires. U y a aussi les éclipses des 
planètes secondaires où satellites , ét celles des étoiles et 
des planètes; ces dernières se nomment plüs particu- 
lièrement ocoultations. Nous allons les éxaniiner succes: 
sivément. 

r. Écuieses zunarnes. La terre étant un corps opaque 
éclairé par le soleil, projette au loin derrière elle une 
ombre dans l'espace. Quandialunetraverse cetteombre, 
cé qui arrive dans certaines circonstances, elle ne reçoit 
plus la lumière du soleil, et doit par conséquent dispa- 
raître pendant tout le témps qu'elle y démeure; car la 
lune, ainsi que toutes les planètes, est aussi un corps 
opaque qui n’apparaît à nos yeux. que lorsqu'elle est 
éclairée par les rdyons du soleil. La figure suivante fera 
concevoir aisément ce phénomène. 

SoitS le soleilet T la terre; si par les bords opposts 
du disque du soleil; oh contoit des lignes droitus AB et 


500 EC 


BE qui rasent la surface terrestre ces lignes détermine- 
ront les limites de l'ombre, et comme le soleil est beau- 


At 
al 


1 Me 


È j | | | 


LL 
dut 


coup plus gros que la terre, elles se croiseront derrière 
la terre en un point E, de sorte que l’ombre aura la fi- 
gure d’un cône circulaire ou elliptique selon que la terre 
est une sphère ou un ellipsoide. 

Ainsi, lorsque la lune L entre dans cette ombre, elle 
commence peu à peu à disparaitre , à mesure qu’elle s’y 
eugage; cesse entierement d’être visible, lorsqu'elle y 
est plongée tout entière; et reparaît dès qu’elle en sort 
de l’autre côté. Dans son passage à travers cette ombre, 
la lune présente donc une suite de phases décroissantes 
depuis l'instant où elle la touche jusqu’à celui où elle 
disparaît, et une suite de phases croissantes depuis l’in- 
stant où elle commence à sortir de l’ombre jusqu'a celui 
où elle en est entièrement dégagée. 

2. La lune ne s’éclipse pas subitement ; lorsqu’elle ap- 
proche de l’ombre terrestre, sa lumière commence d’a- 
bord à s’affaiblir, et ce n’estqu’après avoir passé par plu- 
sieurs dégradations successives que l'obscurité estla plus 
intense. Pour concevoir ce phénomène, il faut observer 
qu’un corps opaque placé entre un objet et le soleil 
peut ne lui cacher cet astre qu’en partie, et qu’alors lob- 
jet est moins éclairé que s’il recevait toute la lumière du 
soleil, mais plus cependant que s’il en était entièrement 
privé. Il existe doncune limite intermédiaire entre la 
lumière et l’ambre pure; cette teinte se nomme la pen- 
ombre. Pour en trouver les limites, on conçoit deux 
droites AD et BC qui rasent aussi la surface du soleil et 
celle de la terre, mais qui se croisent entre ces deux 
corps. Les angles CBD et DAC déterminent l’espace 
compris par la pénombre; car d’un point situé au-delà 
de ces limites, on apercevrait le soleil tout entier, 
tandis que d’un point L qui leur serait intérieur, on ne 
verrait que la partie OB du disque de cet astre. Cette 
portion visible diminuant à mesure qu’on approche de* 
l'ombre, l'intensité de la pénombre va en croissant de- 
puis la première limite, où elle commence, jusqu'à l’en- 
droit où elle se confond avec l'ombre pure. De là, la 
progression d’obscurité que présente le disque de la lune 
lorsqu’elle s’éclipse. 

3. Si l'orbite de la lune était parallèle à l’écliptique, il 
y aurait éclipse complète toutes les fois que la lune est 
pleine , car au moment de cette phase la terre se trouve 
exactement entre le soleil et la lune; mais l'orbite lu- 


BC 

nare estincliné d’un peu plus de 5° sur le plan de l’éclip- 
tique, et conséquemment la lunese trouve tantôt élevée 
au-dessus de ce plan et tantôt abaissée au-dessous ; il 
peut donc arriver, lorsqu'elle est pleine, qu’elle passe. 
tout-à-fait en-dehors de l’ombre de la terre, ou qu’elle 
l’effleure seulement par son bord, ou qu’enfin elle n’en- 
tre qu’en partie dans cette ombre. De ces deux derniers 
cas, le premier se nomme appulse, et le second éclipse 
partielle. On appelle éclipses totales, celles où la lune 
se plonge tout entière dans l’ombre, et éclipses :cen- 
trales , celles où son centre coïncide avec l’axe même du 
cône de l’ombre. 

4. Ainsi, pour qu’une éclipse de lune puisse avoir lieu, 
il faut qu'au moment de l'opposition ou de la pleine 
lune , cet astre se trouve, sinon dans le‘ plan de l’éclip- 
tique, du moins près de ce plan. Or, comme dans sa ré- 
volution autour de la terre, la lune, en décrivant son 
orbite, passe deux fois dans le plau de l’écliptique, en 
des points diamétralement opposés qu’on nomme les 
nœuds, ce n’est donc que lorsqu'elle est dans ces nœuds 
où aux environs, qu’elle peut être éclipsée. 

5. À l’aide de ces notions élémentaires il est facile de 
comprendre comment on peut calculer approximative- 
ment les éclipses lunaires d’une année proposée; car le 
problème se réduit à trouver les pleines lunes de cette an- 
née et à choisir celles qui arrivent lorsque la lune est 
près de ses nœuds. Si, au moment de l'opposition, la 
lunese trouve sur le nœud même, il v aura éclipse totale; 
si elle se trouve plus ou moins près il y aura éclipse par- 
tielle , et si son éloignement du nœud passe certaine li- 
mite on est sûr qu’il n’y aura point d’éclipse. 

Sinous supposons le cône d'ombre coupé par un plan 
suivant la ligne où il est traversé par la lune, sa sec- 
tion par ce plan sera un cercle, et alors au conmencement 
de l'éclipse la distance entre le centre de la June ct celui 
de l’ombre sera égale à la somme des demi-diamètres de 
la lune et de l'ombre; cette distance diminuera jus- 
qu’au milieu de l'éclipse et recommencera ensuite à 
croître , de manière que la lune sera entièrement déga- 
gée de l'ombre, lorsque la distance des deux centres sera 
redevenue plus grande que la somme des demi dia- 
niètres. On appelle temps de l'immersion, celui que la 
lune emploie à entrer dans l'ombre, et temps de l’émer- 
sion celui qu’elle emploie à s’en dégager entièrement. 

Si nous représentons par O (PL. XXXIV, fig.9) 
l'ombre de la terre, et par L, L', L”, diverses positions | 
de la lune sur son orbite inclinée, on voit effectivement 
qu’au commencement et à la fin de l’éclipse la distance 
des centres OL ou OL” est égale à la somme des demi- 
diamètres, et qu'entre ces distances extrêmes il existe 
une distance OL! perpendiculaire à l'orbite de la lune, 
et conséquemment la plus courte de toutes ; c’est cette 
dernière qui détermine le milieu de l’éclipse. 


EC 
. Au moment de la conjonction (PL: XXXIV, fig. 4) 


s. distance des centres est perpendiculaire à l’écliptique, 


et conséquemment égale à la latitude de la lune. 


6. Ainsi, lorsqu'au moment de l'opposition ou de la 
pleine lune, la distance du centre de la lune à l’écliptique, 
c’est-à-dire sa latitude , sera plus grande que la somme 
de son demi-diamètre et du demi-diamètre de l'ombre, il 
ne pourra y avoir d’éclipse: Dans le cas contrairela lune 
sera nécessairement éclipsée, et l'éclipse sera totale 
lorsque sa latitude sera plus petite que l'excès du demi- 
diamètre de l'ombre sur le demi-diamètre de la lane. 


7.!Il Eagits donc avant tout: de calculer le demi- dia- 
mètre du cône d'ombre à l'endroit où lalune letraverse, 
ce qui ne présente aucune difficulté; car, soit SA (PLan- 
cue XXXIIT, Ji 
Ja terre T' sous l’augle ATS ; soit CI un arc de l'orbite de 
la lune ; le centre de l'ombre est en L, et l'arc CL, qui 
‘est sensiblement une ligne droite, est le demi-diamètre 


. 8) le démi-diamètre du soleilS, vu de 


de l'ombre. 


L’angle BAT est la parallaxe horizontale du soleil, 
l'angle BCT est la paralaxe horizontale de la lune, et 
l’angleCTD, extérieur par rapport au triangle CAT, est 
égal à la somme des deux angles intérieurs opposés 
(ANGLE, n° 9), ou à la somme des deux parallaxes. Mais 
l'angle CTD est aussi égal à la somme des deux angles 


CTL et LTD , on a donc 


CTL—CTD—LTD 


ou 


CTL—CTD—ATS 


à cause de LTD—ATS. 


Or, lorsqu'on connait l'angle CTL on connait l'arc CL 
qui lui sert de mesure et qui esten même temps le demi 
diamètre de l'ombre. Ainsi, e demi-diamètre du cône 
de l'ombre est égal à la somme des parallaxes horizon- 
tales du soleil et de La lune , diminuce du demi-diamè- 


tre apparent du soleil. 


8. Nous allons éclaircir l'application de ces principes 
par un exemple. En cherchant dans la connaissance des 
temps les pleines lunes de l’année 1835, si nous choi- 
#ssons celle du mois de juin ;, nous voyons que l'instant 
de l'opposition a lieu le 10 à 10 heures 54 minutes 37 
secondes du soir. Nous trouvons également qu’à cétte 
époque le demi-diamètre du soleil est égal à 15° 47", 
celui de la lune à 16° 34" et que la latitude de la lune est 


de 1° 
est de 8”,5 et celle de la lune de Go’ 16”. 


0’ 30”. De plus, la parallaxe horizontale du soleil 


Nous aurons donc pour le demi-diamètre de l'ombre: 


8,5 + Go'16" — 15/47" = LS 44/37",5 


EC 504. 


et, pour la somme des demi-diamètres de l’ombre et de 
la lune | , 


44137",5 HA 634 = han bas 

Cette somme étant plus grande que la latitude de la lune, 

1° 0° 30”, uousen conclurons qu'il ÿ aura éclipse de lune 

le 10 juin 1835 à 10 h. b5' du soir. ; | [O 
Cette éclipse ne sera pas totale, car Den da den 

diamètre de l’ombre sur le demi-diamètre de la lune, 


ou 


44'37",5 ss 1634" Lu 28'3",5 


est plus petit que la latitude 1° 0° 30”. 


9. Les données dont nous venons de faire usage sont 
encore suffisantes pour trouver la grandeur de l'éclipse 
au moment de Ja conjonction. Alors le,centre de da June 
est éloigné de l’axe du cône d'ombre d’une quantité égale 
à la latitude de cet astre, et par conséquent le bord su- 
périeur de son disque est distant de cet axe de la somme 
de Ja latitude et du rayon lunaire; si donc on retranche 
de cette somme le demi-diamètre du cône de l’ombre, 
le reste sera la grandeur de la partie non éclipsée de la 
lune, et il suffira de retrancher ce reste du diamètre lu: 
aaire pour connaître la grandeur de la REA éclipsée. 


Ainsi cette par tie éclipsée sera 
RE He ES [ 1°0/30” _ 16'34" — 4437", 5] — 4x" 


en ne tenant pas compte des dixièmes de secondes. 


10. On évalue ordinairement la grandeur des éclipses 
en divisant le diamètre lunaire en douze parties qu'on 
nomme doigts,et ensubdivisant chaque doigt en soixante 
minutes. Pourramener à ces mesures ‘la quantité que 
nous venons de trouver, réduisôns ‘en secondes :cette 
quantité, ainsi que le diamètre lunaire # nous trouverons 
le diamètre égal à 1988” et la partie échpsée égale à 41”. 


4x 


Ainsi le rapport de cette partie au diamètre est Tel 
il Où < 


Pour réduire cette fraction en. une autre dont le déno- 


minateur soit 12, pOsOns 


12X 41 

1988 
grendére de! l'éclipse au moment de l’opposition. 

Lorsqu'on parle de la grandeur d'une éclipse sans 


et nous trouyerons x— — 0 doigts 15° pour la 


spécifier l'instant du phénomène, on entend toujours la 
grandeur totile, c'est-à-dire celle qui a lieu lorsque 
la distance des centres est la plus peute. 


11. Procédons maintenant à l'exposition des moyens 


502 * EC 
rigoureux que possède la Scietite pour détérminet toutes 
les circonstances d’une éclipse de lune. 
Représentons par la droite ES, l’écliptique, et par 
la droite CN l'orbite de la lune inclinée à l'écliptique- 
Supposons qu'au moment de la conjonction, Ô soit le 
centre de l'ombre terrestre et L 12 centre de la lune 
OL représentera la latitü dé de la lune. 


12. En vertu du mouvement apparent du toleil dans 
l’écliptique, le centre de l'ombre, qui lui est toujours 
diamétralement opposé, se meut comme lui et avec là 
même vitesse d’orient en occident. Dans le même temps 
e centre de la lune $é meut aussi d’orient en occident, 
et les vitesses de cés deux mouvemens sont données par 
les tables astronomiques. Il S’agit donc de déterminer 


l'instant où la lune et l'ombre se rencontreront. 


Le mouvement propre de la lune faisant varier sa 
longitude et sa latitude, on nomme mouvement horaire 
en longituder;\a variation qui arrive dans la- longitude en 
une heure de témps par l'effet du mouvement Epropre, et 
mouvement horaire en latitude , la variation correspon- 
dante pour Ja latitude. Le mouvement horaire du soleil 
est toujours en longitude puisque cet astre parait se 
mouvoir sur l’échiptique, et que sa latitude est; tou- 
jours nulle. 

Désignons par » le mouvement horaire du soleil , et 
par æet» ceux de laluné , en longitude et en latitude, 


Si nous exprimons par T un temps quelconque compté 
en heures et pendant lequel nous supposerons que le 
centre de l’ombre soit parvenu de O en O'et celui de la 
lune deLen L', la distance OO" sera égale à 3XT, ouau 
mouvement du soleil en longitude pendant le temps T. 
Dans le même temps la longitude de la lune aura varié 
de la quantité OM, déterminée par la perpendicuiaire 
L'Mà EN, et sa latitude, de la différence entre L'M et LO. 
Nousaurons pour les valeurs de ces variations les expres- 
sions 2XT etr»XT. , 

Ceci posé, si nous représentons par D la distance OL’, 
des centres O' ct L’, 
d’ün triangle rectangle dont l'un des côtés MO'est égal à 
OM—00'=4T— HT; ct dont autre côté L'M—LO+YP 
ou à+YT , en désignant par À la latitude LO ; au mo- 


cette distance sera l'hypothénuse 


ment de l’opposition. Nous aurons donc 


D'={uT—1mT} $F [a+ T1 


EC 


Si, pouf simplifier cette expression, nous brendiis un 


angle auxiliaire 4, déterminé par la relation 


tang au — 
ë Em 


eBe deviendra, en éliminant u—m , 


DTA O2 sin°z. T = (D'— 


22) sin°« 


équation du second degré, qui, résolue en regardant T 
comme l’inconnue, donne (1) 
F= + 


er +! sine. V/[ D: — 2? cos? a] 

y y 
Substituant dans cette expression les différentes valeurs 
de D qui conviennent au commencement ou à la fin, ou 
à toute autre phase de l’éclipse, on trouvera toujours , 
si cette phase est possible, deux époques où elle aura 
lieu. Les valeurs négatives de T se rapporteront aux 
époques antérieures à la conjonction, laquelle est le 
point de départ. 

13, Il nous reste donc à déterminer les valeurs de D 
pour Îles différentes phases de l'éclipse. Nômmons R le 
demi- diamètre apparent du soleil, r celui de la lune, P la 
parallaxe horizontale du soleil et p celle de la lune. 
Quand e disque de la lune entrera dans l'ombre, et s’en 
dégagera , la distance des centres sera égale à a EN somme 
des demi-diamètres de la lune et de Fombre , ce dernier 
étant égal à P+p—R, comme nous l'avons vu ci-des- 


sus; on aura donc alors (7) 
D=r+P-+p—R. 


C’est l'instant du commencement ou de la fin de l'é- 
clipse. En substituant cette valeur dans (mn) on obtient 
deux valeurs de T dontla première répond au commen- 
cement et la seconde à la fin de l'éclipse. s 

14. Pour déterminer le milieu de l'éclipse, il suffit de 
remarquer que l'expression. (m1) ne doit donner dans ce 
cas qu’une seule valeur de T, ce qui ne peut arriver que 
lorsque le radical s'évanouit; ainsi pour le milieu de 


éclipse nous avons 
T = — Àisintx 
y 
et la distance des centres est alors 
D=—à1, cos x: 


Connaissant la plus courte distance des centres, il est 
facile de trouver l'étendue de la partie éclipsée à cet 
instant, étendae qu'on nomme la grandeur de l’éclipse; 
car , si à cette plus courte distance, A.COSæ, on ajoute 
le demi-dianiètre r de là lune, on aurd la distance du 


£ EC 

bord extérieur de la lune au centre del’ombre, et si de 
cette dernière onretranchele demi-diamètre de} ombre, 
le reste sera la portion du diamètre de la lune non éclip- 

sée; les opérations à faireicisont les mêmes que celles dont 
nous avons donné un exemple plus haut en prenant 
pour distance des centres la latitude de la lune. Ainsi la 
portion non éclipsée est égale à 


RHr+a.cosx—P—p, 


si cette quantité est positive, en la retranchant du dia- 
mètre appparent 27, nous aurons 


r—R—3.cos «HP+p 


pour la partie éclipsée du disque ;. si elléest nulle, cela 
indique que l'éclipse est totale au moment de la plus 
grande phasé; et si enfin cette expression est négative, 
cela indique que l'éclipse est plus que totale, c’est- à- dire, 
que lors même que le rayon de la lune séraît plus prnd, 
cer astre n’en serait pas moins plongé dans l'ombre. 

15. Pour faciliter les-calculs, les astronomes sont dans 
l’usage de supposer l'ombre terrestre fixe ou sans mou- 
yement, eL pour cet effetil suffit d'imaginer quel la lune 
se meut dans une orbite relative ayec. un mouvement 
Horaire en longitude égal à la différence des mouvé- 
meps réels du soleil et de la lune, car As cette hypo- 
thèse les dispaces qe centres sont DE js mêmes 
gentre del ne et L . de la ane au moment de 
la conjonction, si après un temps quelconque Le , par 
l'effet des mouvemens réels, le centre de l'ombre est en 
O' et celui de la dune eu T;', le mouvement en longitude 
du soleil aura été OO, celui de la lune OM , et la diffé- 
rence de ces mouvemens MO'.Or, en supposant Oim- 
mobile, et Laffecté de deux mouvemens, l'uneu tongi- 
tude capable de lui faire parcourir O'Mdans le temps T, 
et l’autre en latitude tipable de li faire parcourir NL' 
dans le même temps, il est ASC PACE aus on 
— MO' et M'L’=ML, 
même que celle. entre Q'etL', et qu’ainsi les (Hé 
mènes seront exactement les mêmes , soit qu’on tienne 
compte du mouvement de l’ombresur l'éciptique OK, 
en considérant le mouvement de Ja lune sur son orbite 
réelle LE, soit q'on suppose l’ombre fixe en O, et qu’on 
ne tienne compté que du mouvemeüt relatif de la lune, 
sur son orbite relative L'L. 


16. La position de l'orbite relative ou son inclinaison 
ur lécliptique est donnée par les mouvemens rela- 
uifs dé ri lune ; en. effet cette inclinaison est l'angle 
L'LN', dont la tangente dépend de la proportion. Foy. 
TniGoNoMÉTRE. 

LN' : 


ditang, L'LN' :: NA”, 


EC 505 


Mais LN'—OM'est le mouvement relatif de la lune en 
longitude, et N'L' est son mouvement en latitude ; dé- | 
siguant donc le premier de ces mouvenmens paf mn ét Té 
second par », nous aurons 


y 
" r 
tang L'LN'——, 
d’où nous voyons que L'LN est la même chose que 
l'angle auxiliaire que nous avons désigné ci-dessus par 
a, puisque mm Em. Nous cantinuer ons à exprimer 
l’'inclinaison de l'orbite par la même lettre. 


. Soit OL=—à, la latitude de la lune en conjonc- 
tion ee KYXIV er: 7), en abaissant üne perpendi- 
culaire OL sur l'orbite relative EL, on aura un triangle 
LL'O dans lequel A LOL sera égal al angle d’ incli 
ñaison E Où 4, ce qui donnerd 


OL' = OL. cbsx 


ou 
OL’ —= à. COS.x 


Cette valeur est la plus petite stinee des centres. Nous 
É ayons obtenue, plus haut (14) par un procédé bien dif- 
férent. 


Le même triangle nous donne 
We — À.Sin & 


C’est la portion de l'orbite relative parcourue depuis le 
moment de la copjoncion jusqu'à celui du milieu de 
l'éclipse. Pour trouver le temps T pendant leche] cette 
RO tion d’ orbite Se PAreOus ue, si nOUS désignons, comme 
ee dessus, par n! F le mouvement horaire relatif en lon- 
gitude, nous aurons 


{ } 1 


En HT j 
Or, Ê tie LN LNI,, Por a { oxsllsisd 
ke 1 : HS : LL': NL, 
carBdie 
1 “cos dt: ASitæ: MT, 


on tire de cette proportion 


À.8in &.Cc0s & 


T= FT 
me 


Ce temps T ,.qui exprime des heures où des fractions 
d'heure , étant la différence entre le temps de la con- 
jonction et celui du milieu de l'éclipsey fera connaître 


ce dernier. 


504 EC 


18. Pour avoir le temps du commencement et celui 


du milieu de l’éclipse, remarquons, ainsi que nous l’a- 
vons fait plus haut, que lecommencement a lieu lorsque 
la lune est en L sur l’orbiterelative (Pr. XXXIV, fig. 9), 
de manière que la distance des centres O et L est égale à 
la somme des demi-diamètres de l'ombre et de la lune, 
ou lorsqu’on a 


à OL p+PR+r 
P;P,R, et r conservant les désignations ci-dessus. 
Mais le triangle L'OL donne 
(L'L)=(L0}—{L'0}—(LO—L'0) (LO+L'O) 
ou 


LL} =(p+P—R+r—à cos a) (pH PR x, cos «) 


Connaissant d’après cette expression la valeur de LI’, 
on aura le temps T' pendant lequel cette portion d’or- 
bite aura été parcourue par la relation 

m' LL'.cos « 


T' = LL": 


COS x nv 


Ce temps T’, retranché du milieu de l’éclipse donnera 
le commencement; ajouté , il donnera la fin. 


19. Nous allons montrer l'application de ces formules 
en prenant pour exemple l’éclipse du 10 juin 1835, dont 
nous nous sommes déjà occupés. 


Voici les élémens du calcul : 


Opposition, 10 juin 1835 à 108 54! 37" du soir. 
Latitude de la lune au mo- 
ment de l’opposition.... À = 1° o' 30" austr. 
Mouvement horaire relatif 
de la lune en longitude... 7»'— 34° 56" 
Mouvement horaire de la. 


lune en latitude...... UP — 130290 
Parallaxe horizontale de la Î 

[Une EEE some sp —= 60'r6 
Demi-diamètre apparent de 

RARE ce ee Tr — 1634" 
Parallaxe horizontale du so- 

léil. 5. Lac ae erle &° or E— 875 
Demi-diamètre apparent du 

soleil. ........... sc Rio35lqti 


Déterminous d’abord l’inclinaison « de l'orbite rela- 
uve par la formule (16) 


:u y 3'23° 203" 
94 = — — 
BA 3456" 2096" 


Nous trouverons, à l’aide des tables trigonométriques, 


a=5°31'54"8 


EC 
Substituant cette valeur dans la formule du numéro 
17, qui donne le temps entre la conjonction et le mi- 
lieu de l’éclipse , en observant que la latitude, étant aus: 
trale, doit être prise négativement, nous aurons 


60’30”.sin(5°31'54",8).cos(5°31"54",8) 
Le TEE a non nono 
réduisant les facteurs numériques en secondes, et opé- 
rant par logarithmes , nous aurons 


L.sin(5°31/54",8) — 8,9840758 
L.cos(5°31 54,5) = 9,9979746 
L 3630 — 3,5599066 


Compl. L 2096 — 6,6:86087 


92203657 
d’où T=—ot, 166175. Réduisant la fraction décimale 
en minutes et secondes, nous trouverons 


T=—9' 58" 


T étant négatif, il faut le retrancher du temps de l’op- 
position, 10b5437", pour avoir le temps du milieu de 
l'éclipse, et nous aurons 


milieu de l’éclipse à....10h44'30" du soir. 


Pour trouver maintenant le commencement et la fin 
de l'éclipse, prenons la formule du numéro 18 


ŒL'P=(p+P—R+p—a.cos2)(p4+P—R +7 acos2) 


nous trouverons d’abord pour à cos x, la valeur 3613”, 
et comme nous avons, en réduisant tout en secondes 


p+P-R+r=3671",5 
Nous en conclurons 
LL'=V/[58",5X7284",5] 
et, réalisant le calcul, 
L.58",5 — 1,7671559 
L284,5 = 3,8623997 
L(LL'}= 5,6295556 
L(LL') — 2,8147778 


Substituant cette valeur de LL' dans la formule 


#ous aurons, en achevaat le calcul, 


É EC 


L(LL')= 2,8147778 
L cos « — 9,9979476 
Compl.Lm' = 6,6786087 


LT"  —9,4913341 


ce qui donne T'—oh, 30999—0h18'35". 
Ajoutant cette quantité au temps du milieu de l’é- 
clipse, et la retranchant, nous trouverons 


Commencement del’éclipse.. 10h 26" 4" 


3 14 


Fin de l'éclipse......1...,. 10 


En remarquant que T'estla demi-durée de l’éclipse 
nous aurons immédiatement 


durée de l’éclipse... 3710" 


20. Il nous reste à déterminer la grandeur de l’éclipse; 
observons pour cet effetque, quelleque soit la position de 
la lune dans l'ombre, la distance entre le centre de 
l'ombre et le bord supérieur de la lune, est égale à 
la distance des centres plus le demi-diamètre de la lune ; 
si de cette quantité, on retranche le demi diamètre de 
l'ombre, on aura pour reste la partie non éclipsée de 
la lune; ainsi pour connaître la partie éclipsée, il faudra 
retrancher cette dernière du diamètre de la lune. Nous 
avons donc en général, en désignant par p le demi-dia- 
mètre de l'ombre 


Partie éclipsée —2r —[ distance actuelle des centres+- 


+r—el 


Lorsque le calcul donne une valeur plus grande que 
or, C'est qu’alors la lune est entièrement dans l’ombre; 
l'excédent de 2r exprime la distance du bord de la lune 
au bord de l'ombre. 

Pour calculer la grandeur de l’éclipse du 10 juin, 
prenons pour distance des centres celle du milieu, c’est- 

0 


à-dire la quantité à cos à (n° 17), dont nous venons de 
irouver la valeur égale à 3613”, et comme 


p=p + PR = 2677", 


\ 


nous aurons 


partie éclipsée—10988"— [561 3"+09f"—2677"| 
—58" 


quantité qu’on exprimera en doigts enla multipliant par 
12 


* 
EC 505 

On trouvera de la même manière toutes les autres 
circonstances de l’éclipse, comprises d’ailleurs dans la 
formule générale du n° 12. 

21. Les mouvemens horaires du soleil'et de la lune 
ne sont pas constans ; et si l’éclipse est de longue durée, 
on ne peut regarder que comme une première approxi- 
mation les calculs faits en partant du mouvement ho- 
raire relatif à l’époque de la conjonction. Mais tous ces 
détails de calculs ne peuvent trouver place ici, et nous 
ferons seulement observer qu'on ne pousse ordinaire- 
ment l’exactitude qu’à + de minute près; ainsi nos ré- 


sultats sont : 


Commencement, 10 juin 1814, à 10h 26 soir 
je Fa 
Milieu, san. serusiel lo erstsiess do 107 44S 


9 


Fins le ememalten iisselTON 0e 


On est obligé aussi dans ces calculs d'augmenter le 
rayon de l'ombre terrestre d’environ +, ou de faire 
subir une augmentation correspondante à la parallaxe 
de la lune; sans cela les durées observées seraient plus 
longues que celles données par le calcul, car l’atmo- 
sphère de la terre fait autour de.ce corps une enveloppe 
assez épaisse pour empêcher la lumière de passer en 
quantité suflisante, et produire. l'effet d’une aug- 
mentation dans le rayon de Ja terre. Ce phénomène 
rend aussi, par conséquent, le cône de l’ombre plus 
grand ainsi que son demi-diamètre. 

22. L’atmosphère terrestre produit encore une autre 
apparence remarquable, lorsque la lune,est complète- 
ment éclipsée; on ne la perd cependant pas tout-à-fait 
de vue,son disque est encore éclairé d’une lumière 
rougeâtre très faible, produite par les rayons solaires 
réfractés par notre atmosphère et infléchis derrière la 
terre.Sans l'absorption de cesrayons, dont la plus grande 
partie se trouve éteinte en traversant l'atmosphère, l’ef- 
fet de la lumière ainsi projetée vers la lune serait assez 
considérable pour l’éclairer entièrement. 

22. ÉCLIPSES SOLAIRES. Les éclipses du soleil 
étant produites par l’interpositron de la lune entre cet 
astre et la terre , doivent se concevoir à peu près de la 


même manière que les éclipses de lune, c’est-à-dire , que 


Tag € qui donne d É 
19 lorsque la terre entre dans le cone d'ombre projeté par 
58" = o doigts 21” Ja lune, les points de sa surface qui sont plongés dans 
19 cette ombre ne reçoivent plus les,rayons du soleil et se 


6! 


506 - EC 
trouvent dans une obscurité complète ; ce que la figure 


ci-dessus rendra sensible : S est Le soleil, EF la lune, et 


CD la terre. 


Cependant il existe une différence essentielle que nous 


. devons signaler : c’est que le soleil ne perdant pas réel- 


lement sa lumière, reste visible pour un observateur 
placé hors des limites de l'ombre et qui a le soleil au- 
dessus de son horizon, tandis que la lune devient réel- 
lement obscure et disparait pour tout l'hémisphère au- 
dessus duquel elle se trouve au moment de l'éclipse. 
23. Si l’on imagiueun observateur placé dans la lune, 
du côté qui fait face à la terre, l’éclipse solaire sera pour 
lui une véritable éclipse de terre, et toutes les considé- 
rations relatives aux éclipses de lune, vues de la terre, 
pourront s’y appliquer également. 


cherche à faire 


La première re- 
est donc celle de la longueur du cône 
d'ombre projeté par la lune, pour savoir si ce cône s’é- 
tend toujours jusqu’à la terre et s’il est capable de la 
couvrir entièrement. 


24. Soit S le centre du soleil, L celui de Ja lune, AB 


la tangente au soleil et à la lune qui forme la limite de 
l’ombre pure et LE la longueur du cône d'ombre. Pour 
déterminer cette longueur il suffit de connaître l’angle 
LEB au sommet du cône ; or, en menant la droite AL, 
on a l'angle ALS extérieur par rapport au triangle AEL 
égal à la somme des deux angles intérieurs opposés 
LAE, LEA ou LEB, d’où l’on tire 


LEB = ALS —LAE, 


mais ALS est le demi-diamètre apparent du soleil vu du 
centre de la lune, et LAE est la parallaxe horizontale 
du soleil par rapport à la lune. Désignant donc par R' 
ce demi-diamètre et par P' la parallaxe , nous aurons 


LEB — R'—P’. 


Maintenant si nous considérons letriangle rectangleELB, 
à \ 1 
nous trouverons 


x : EL :: sin LEB : BL 
ou : 


1: CL::sin(R'—P':p 


p étant le rayon BL de la lune. 


EC 
Cette dernière proportion donne 
RETRACE 
— sin{R'—P") 


Pour avoir les valeurs de R'et P' il faut observer : 
1° Que le demi-diamètre apparent ‘du soleil, vü "de Ta 
lune, estégal au demi-diamètre apparent de cet astre yu 
de la terre et augmenté dans fe rapport des distances de 
la terre et de la lune au soleil ; 2° que la parallaxe du 
soleil pour lalune est égale à la Le du soleil pour 
laterre : augmentée dans le rapport des dir et dimi- 
nuée dans lerapport des rayons de la terre et delalune. 
Ainsi, désignant par D et d les distances de la terre au 
soleil et à la lune, par R le rayon apparent du soleil 
pour la terre, par r le rayon de la terre, et par P la 
parallaxe du soleil pour la terre, nous aurons 


1" DER ; P 1) 
Rp À À PFDa 
et par conséquent 
pr [pr _p PI D 
R—P= [RP 


Mais P étant la parallaxe horizontale du soleil pour la 
terre, on a (v0y. PARALLAXE) 


; r ; r 
sin P = --, d'où D - 
k - sin P' 


D 


De même en désignant par p la parallaxe horizontale de 
la lune, on a 


d= — 
sin p 
et, par suite, 
| De sin p 
D—d sin p—sin P 

ou, simplement, 

D "rer 

D—d p-P 


eu substituant les arcs aux sinus, ce qui n’entraine pas 
d'erreur sensible pour de si petits angles; nous aurons 
donc définitivement pour la longueur du cône d’ombré, 
l'expression 


ci = lp: "5-0 
sin[R — P: Re, à 4 


Cette longueur variant avec la distance de la lune au 
soleil, calculons seulement les deux-cas extrêmes , € “est 
à-dire celui dans lequel la lune se trouve le plus loin du 
soleil et le plus prèsde la terre, et celui où elle se trouve 
le plus près du soleil et le plus loin de la terre. En pre- 


EC 


nant le rayon de la terre pour unité et donnant aux 
quantités R, P et p les valeurs correspondantes à cha- 
cune de ces hypothèses , nous trouverons : 


Longueur Distance 
du de la lune 
cône. à la terre. 


Soleil apogée. Parallaxe maximum. 59,730 55,902 


Soleil périgée. Parallaxe minimum. 57,760 63,862 

Dans le premier cas l'ombre atteindra ét même dé- 
passera le centre de la terre; dans le second elle n’at- 
teindra même pas sa surface. Ainsi lors même que la 
lunese mouvrait dans le plan de l’écliptique, elle ne pro- 
duirait pas toujours, en passant devant le soleil, une 
obscurité totale sur quelque point de la surface de la 
terre. 


25. Nous avons vu (n° 7) que le demi-diamètre du 
cône d’ombreterrestre, à l’endroit où il est traversé par 
la lune , est égal à la somme des parallaxes du soleil et 
de la lune diminuée du demi-diamètre apparent du so- 
leil : ainsi les données relatives étant les mêmes pour un 
observateur placé dans la lune, nous pouvons en con- 
clure que, pour cet observateur, le demi-diamètre de 
l'ombre lunaire, à l’endroit où elle est rencontrée par la 
terre, est égal à la somme des paärallaxes du soleil et de 
laterre, pour la lune, diminuée du demi-diamètre ap- 
parent du soleil vu de la lune. Or, Ja parallaxé de la 
terre est la même chose que le demi-diamètre apparent 
de la lune vu de la terre; ainsi, en désignant par O le 
demi-diamètre de l'ombre, par d celui de la lune, et en 
conservant les désignations ci-dessus, nous aurons 


O = dLP'—R 
ou 
7e p D de D.R 
QE pr 


ce qui se réduit à 


= g4pP Pi pp 
CRU ER LP 


à cause de 


D P 
er Le à 

Mais en divisant le demi-diamètre apparent d’un 
astre par sa parallaxe horizontale on a le rapport de son 
rayon au rayon de la terre ; nous avons donc (voy. Pa- 
RALLAXE) k 


substituant cette valeur dans la dernière expressie a, et 


EC 507 


réduisant , on trouve définitivement 
O=(5—R), LE. 
p—P 


Er négligeantla parallaxe P du soleil, ce qui ne pro- 
duit pas une différence d’une demi-seconde dans les ré- 
sultats, on peut poser : Le demi-diamètre de l'ombre 
lunaire est égal à l'excès du demi-diamètre apparent 
de la lune sur le demi-diamètre apparent du soleil. 

Si l’on veut connaitre quelle est la largeur de l’om- 
bre dans les circonstances les plus favorables à l’éclipse, 
c'est-à-dire lorsque le soleil estapogée etla lune périgée, 
il faut dans l'expression précédente donner aux quan- 
tés d, R,pet P les valeurs qui conviennent à ces si- 
tuations: ainsi à moins d’une seconde près ces valeurs 
étant 

d — 1005" R = 945” 
p = 3689" P 8" 


nous trouverons O—Go”, Mais le demi-diamètre appa- 
rent de la terre, vu de la lune , est la même chose que 
la parallaxe de la lune vue de la terre, 3689", ainsi la 
grandeur de l'ombre lunaire est à celle du disque de la 
terre comme Go : 3689, ou à peu près comme 1 : Gi; 
d’où il suit que cette ombre ne peut pas couvrir la 
Go° 


et qu'il n'y a jamais, dans toutes les autres circonstances 


partie de la largeur de lhémisphère terrestre, 


moins favorables, qu’une très-petite portion de cet hé- 
misphère plongée dansune obscurité complète. Lorsque 
9—R, la pointe seule du cône de l'ombre atteint l'ob- 
servateur, et lorsque d<ZR cette pointe est plus ou 
moins éloignée de la surface de la terre; ainsi il ne peut 
y avoir d’éclipse avec obscurité complète si le demi-dia- 
mètre apparent de la lune ne surpasse pas celui du 
soleil. 


26. L'ombre lunaire estaccompagnée d’une pénombre, 
ainsi que l'ombre terrestre, et il est essentiel d’en dé- 
terminer les dimensions, car ici, il ne s’agit plus d’une 
simple diminution de lumière pour l'observateur placé 
dans cette pénombre, mais bien de la disparition d’une 
partie du disque solaire : l’éclipse commençant pour cet 
observateur au moment où le lieu qu’il occupe entre en 
contact avec une des limites de la pénombre, et se ter- 
minant lorsque le contact s'effectue avec la limite op- 
posée, ce lieu ne devient entièrement obscur que lors- 
que le cône d'ombre lunaire est assez grand pour l’at- 
teindre, ce qui produit alors pour lui une éclipse 
totale. 


Menons donc une droite AG tangente aux bords op- 
posés du soleil $ et de la lune L ( figure ci-dessus ), 
cette droite déterminera une des limites de la pénombre; 
etsi TT représente une portion de l'orbite de la terre, 


sn 
508 EC 

l'angle TLE sera la distance angulaire de la pénombre 
à l’axe SE ou le demi-diamètre de cette pénombre. Si 
nous traçons les autres lignes de la figure nous aurons 


les relations suivantes , entre les angles, 


TLE = 'TPL + PTL 
TPL = PAL + ALP 


TLE = PAL+HALPHPTI. 


Or, PAL est la parallaxe du soleil pour la lune, ALP le 
demi-diamètre apparent du soleil pour le même asire et 
PTL la parallaxe de Ja terre; ainsi, en conservant les 
désignations ci-dessus, nous avons 


TLE = P'+R'+06, 


exprimant P'etR' en valeur de la parallaxe et du rayon 
du soleil vus de la terre, cette égalité devient 


D.R 


Nb ED 
minor re 


et, en opérant comme dans le numéro précédent, 


De p 
TS 1 


ou simplement 


TLE = 54+R, 


en négligeant l'influence presque insensible de P; c’est- 
à-dire, que le demi-diamètre de la pénombre, vu de la 
lune , est égal à la somme des demi-diamètres apparens 
du soleil et de la lune vus de la terre. 

Si nous donnons à 9 et à R les valeurs  — 1005"; 
R=—945", qui répondent aux circonstances les plus fa- 
vorables pour l’éclipse , nous trouyerons 


Demi-diamètre pénombre — 1950”. 


Dans les mêmes circonstances, le demi-diamètre apparent 
de la terre, vu de la lune, étant 3689”, ces demi-dia- 
mètres sont donc entre eux comme 1950 : 3689, ou à 
peu près comme 1 : 1,9; d’où il suit que, dans ce cas, la 
pénombre embrasse un peu plus de la moitié du disque 
de la terre. 

27. Les dimensions de l’ombre et de la pénombre 
étant connues, toutes les circonstances d’une éclipse de 
soleil peuvent se déterminer sans aucune difficulté en la 
considérant comme une éclipse de terre par rapport à 
un observateur placé dans la lune, car à l’aide de cette 
hypothèse on obtient des formules semblables à celles 
que nous ayons données pour les éciipses lunaires. 

Soit en effet (Pr. XXXV, fig. 3)S,LetT, les lieux 
du soleil, de la terre et de la June ; SOxsera l'axe du 


EC 
cône de l'ombre lunaire, et l'angle TLO la distance an- 
gulaire apparente des centres de la terre et de l'ombre 
vue de la lune; cet angle étant égal à la somme des deux 
angles STL et TSL, si nous le désignons par y et si nous 
nommons simplement STL, T et TSL, S nous aurons 


y=S+T. 


Du point T menons TO perpendiculaire à l'axe de 
l'ombre, le triangle TSO nous donnera 


HIS OS D LEO, 
d’où 


TO = ST.snS, ou TO = D.sinS 


en désignant par D la distance de la terre au soleil. 
Le triangle TLO nous donnera également 


1 : sin TLO :: TL : TO 
ou 
1:siny::d:TO 


en désignant par d la distance de la terre à {a lune. De 
cette dernière proportion, on tire 


TO=d. sin y 
et, en égalant les deux valeurs de TO, 
D.sin S—d.sin y, ou D.sin(y—T)=—d.sin y 


à cause de R—y—T. 


; En D 
En substituant au rapport des distances 7: le rap- 
: sin P Fe ; 
port inverse des parallaxes nn qui lui est égal, on 


aura (72) 


sin P.sin (ÿ—T)=sin p. sin y 


Au moment de l’éclipse, l'angle T, qui, mesure la dis- 
tance apparente du soleil et de la lune, esttoujours très- 
petit , et l’on peut évaluer cette distance eu la regardant 
comme l'hypothénuse d’un triangle rectangle, dont les 
deux autres côtés sont les différences de longitude et de 
latitude des deux astres. Désignons donc comme nous 
l'avons fait (n° 16) par #, le mouvement horaire de la 
lune en longitude, par » son mouvement horaire en la- 
titude , par 72 le mouvement horaire du soleil, par À la 
latitude de la lune au moment de la conjonction, et 
par é le temps compté eu heures à partir de cet instant. 
Or, à l’époque de la conjonction les longitudes étant les 
mêmes, après le temps £, leur différence sera #t—mt; 
et la différence des latitudes sera visiblement à + 5; 


uous aurons donc /x) 


T?— (um)? 2 La 4rt) 


EC 


Si, pour nous contenter d’une approximation suff- 
sante, nous remplaçons dans l'équation (77) les sinus 
par leurs arcs, cette équation deviendra 


P(y—T)=p.7 


et nous donnera 


Substituant cette valeur , dans l'équation (x), eile de- 
viendra 


En faisant entrer dans cette dernière un angle auxiliaire 


a, déterminé par la relation 


y 


tang & = 
& um 


c’est-à-dire l’inclinaison de l'orbite relative, et la résol- 
vant eusuite par rapport à £, on obtient (p) 


2.sin?z , Sin & 


Etat) 


Il ne s’agit plus que de mettre dans cette expression 
pour y, ou pour la distance des centres, les valeurs qui 
conviennent aux phases, et les valeurs correspondantes 
de t feront connaître les époques où ces phases auront 
lieu. 

Pour le moment du milieu de l’éclipse, comme on 
ne doit trouver qu’une seule valeur de £, le radical s’é- 


vanouit, et l’on a seulement 


“ 
1.sin?@ 


fs 


y 


La distance des centres est alors 


EE TL 
1= |; pfre0s Ge 


Lorsque cette distance est égale à la somme des demi- 
diamètres de la pénombre et du rayon apparent de la 
terre vus dela lune, ou, ce qui est la même chose, à la 
somme du demi-diamètre de la pénombre et de la pa- 


rallaxe horizontale de la lune, c’est-à-dire, quand on a 


Ti e = p+? 


on trouve deux valeurs pour £, dont l’une répond au 
commencement, et l’autre à la fin de l'éclipse. 

28. Toutes les circonstances générales d’une éclipse 
de soleil peuvent donc être déterminées aussi facilement 
que celles d’une éclipse lunaire, en supposant l'obser- 


EC 509 


vateur placé dans la lune; mais le problème se com- 
plique singulièrement si l’on veut déterminer les circon 
stances particulières de cette éclipse pour un lieu donné 
de la terre ; car alors l'influence du pouvoir réfringent 
de l'atmosphère terrestre qui se borne , pour le specta- 
teur lunaire, à modifierles dimensions du cône d'ombre, 
et dont ilest facile de tenir compte, apporte de grands 
changemens dans les distances apparentes du soleil et de 
la lune ; distances qui sont en outre affectées par les pa- 
rallaxes de hauteur. Ces modifications exigeant des 
calculs dont l'exposition n’entre point dans le plan de 
notre Dictionnaire, nous devons renvoyer nos lecteurs 
aux ouvrages spéciaux sur la théorie des éclipses; le 
Traité d'astronomie de Delambre, renferme ce qu'il y 
a de plus complet en ce genre. $ 

Il nous reste à faire connaître quelques particularités 
des éclipses tant lunaires que solaires. 

29. Les éclipses solaires se distinguent ainsi que les lu- 
naires en partielles et totales.Les premières ont lieu lors- 
que la lune cache seulement une partie du disque du 
soleil; les secondes, lorsque le disque entier est caché.On 
comprend facilement qu’une éclipse de soleil peut être 
partielle pour un lieu terrestre et en même temps totale 
pour un autre; comme aussi elle peut être totale pour 
plusieurs lieux successivement. 

On nomme éclipses annulaires , celles dans lesquelles 
le disque du soleil déborde de toutes parts celui de la lune 
et apparaît comme un anneau lumineux; ce phénomène 
se remarque sur les lieux terrestres situés sous le cône 
d'ombre, lorsque ce cône est trop petit pour atteindre 
la surface de la terre. Enfin, on nomme éclipses cen- 
trales, celles où l'observateur se trouve placé au centre 
de l'ombre sur la droite qui joint les centres du soleil et 
de la lune. Les éclipses centrales sont totales ou annu- 
laires selon que l’ombre lunaire atteint ou n’atteint pas 
la surface terrestre. Quand les disques de la lune et du 
soleil ne font que se toucher dans leur passage il n’y a 
point, à proprement pe d’éclipse, mais bien une 
appulse. 

30. En comparant le temps des révolutions périodiques 
de la lune et du soleil, on peut trouver un moyen 
très-simple de prévoir, sinon rigoureusement du moins 
approximätivement les époques où les éclipses auront 
lieu, carilsuffit évidemment, pour cet effet, de connaitre 
une période de temps après laquelle le soleil et la lune 
se trouvent, à très peu près, dans les mêmes positions par 
rapport aux nœuds de l'orbite lunaire. Les mouvemens 
de ces astres recommençant de la même manière ; les 
éclipses qui auront eu lieu pendant le cours de cette pé- 
riode, se reproduiront successivement et dans le même 
ordre; ilne pourra se trouver d'autres différences que 
celles résultant des inégalités auxquelles les mouvye- 


mens du soleil et de la lune sont assujétis. 


510 ÉC 

On sait (voy. Révorurios ) que la révolution syñ6- 
dique de la lune s'effectue en 20j 12h 44° 2" 5o"; 9, ou 
29j,53058$, en considérant simplement les fractions dé- 
cimales du jour; et que la révolution synodique des 
nœuds de l'orbite lunaire s'effectue en 346, 61963; ces 
nombres étant à très-peu près dans le rapport de 19 à 
293, il s’en suit qu'après 223 révolutions synodiques de 
la lune, le nœud est revénu 19 fois à la même position 
par rapport au soleil. Mais 223 mois lutiaires font 
6585), 321124, ou 18 ans et 10 jours. Ainsi, 
intervalle de temps, toutes les éclipses ; soit de 
soit de lune , doivent reparaitre dans lemême ordre: Il 
suffit donc dé connaître celles qui ont eu lieu dans une 
période de 18 ans 10 jours, pour pouvoir annoncer 


toutes celles qui arriveroüt dans les périodes suivantes. 


après cêl 


soleil, 


Cependant éonime 19 révolutions duntæud surpassent 
de oi, 45185 les 223 mois lunäires, à la fin de chaque pé- 
riode, la lotigitude du nœud lunaire se trouve un peu 
plis grandé qu’du commencement, et par conséquent 
V'érdre observé doit s’'altérer à la longue. 

Cette période si remarquable paraît avoir été connue 
des plus anciens astronomes Chaldéens, qui Pavaient 
sans doute refnarquée en observant le retour constant 
des mêmes éclipses. Ils lui avaient donné le nom de 
Saros. 

31.Aujourd’hui, on possède des inoyens beaucoup plus 
sûrs de prédire les éclipses, on calcule au moyen des 
épactes astronomiques (voy. ce mot), les époques des 
conjonétions moyennes où des nouvelles lunes. Cés épo- 
ques étant connues, on trouve celles des oppositions, où 
dés pleines lunes, en rétranchant dés premières ane 
demi-révolution sÿnodique, c’ést-a-dire 14j 184 29" 
Quänd on à ainsi déterminé les instans dés conjonctions 
et des oppositions, on calculé pour ces instans la distaricè 
du soleil au nœud de la lune, et on voit si cette ‘dis- 
tance tombe dans les limites où il peut y avoit éclipse. 
Ces lunites sont 


Eclipses solaires. 


Sim difiud plus petite que 13° 33 ] sure. 
du soleil Véclipse | ca 
au nœud est plus grande que 19° 44 J tnipoitle. 


Eclipses lunaires. 


sure. 
dusoleib ; 


Si la distance je pe tite que 7°47 
au nœud est 


€ | l'éclipse est JOLI1È 
plus grande que 13° 21° impossible. 


entre ces Väleurs extrêmes qu'on nomme mites éclip- 
tiques ; V'éclipse est possible; mais douteuse ; et il faut 
alors un calcul plus exact des syzigies, 

A l'inspection de ces limites, on voit que les éclipses 
de soleil doivent être plus fréquentes que celles de lune; 
mais elles ne sont visibles que d’un petit nombre de 
lieux terrestres, tandis que les éclipses de lune sont vi- 


EC 
sibles de tous les lieux de l'hémisphère qui a la lune sur 
l'horizon peudant la durée de l’éclipse. 

52. Les éclipses sont des phénomènes d’un grand in- 
térêt pour l'astronomie et la physique. Elles nous ont 
appris que la lune est un corps opaque, et que la forme 
de la terre est sphérique. Dans la géographie; on.s’en 
sert pour déterminer leslongitudes des lieux terrestres, 
etla chronologie en fait un grand usage pour fixer avec 
exactitude la date des événemens passés. Nous aurons 
plüs d’une fôis l’occasion dans le cours dé cet oüvrige de 
revenir sur les nombreuses applications dont elles sont 
l'objet. 

Écuipses DÉS SATELLITES, v0ÿ: SATELLITES DE JUPITER. 

Écuirses Des ÉTOILES , VOY. CCCULTATION. 

Écrses du soteil par les planètes inférieures, voyez 
Passacr. 

ÉCLIPTIQUE (4str.). Grand cercle de la sphère cé- 
leste (voy. AnmiLLaIRE). C'est celui que le soleil paraît 
parcourir en une année et que la terre décrit réellement 
dans cét espace ile temps. Ce cercle à été nommé éclip- 
tique parce qüe toutes les éclipses de soleil et de lune ar- 
rivent quand la lune se trouve dans les points où son 
orbite le rencontre, ou, au moins, très-près de ces 
points. Voy. Écuises: 

L’écliptique partage le zodiaque en deux parties 
égales; c’est sur ce cercle que sont marqués les douze 
signes célestes: le Bélier, le Taureau, etc., de sorte 
qu’eu le divisant en 360°, chacun de ces signes en com- 
prend 30. 

Ou nomme axe de l'écliptique, vne droite perpendi- 
culaire à son plan et passant par son ceutre. Les extré- 
mités de cette droite sur la voûte céleste sont les pôles 
de Pécliptique. 

L'écliptique est située obliquement par rapport à l’é- 
quateur qu’elle coupe en deux points diamétralement 
opposés qu’on nomme les points équinoxiaux; ces points 
sont le commencement des signes du Bélier et de la Ba- 
lance , de sorte que le Soléil se trouve chaque année deux 
fois sur l’équateur et le resté-du temps, tantôt dans l’hé- 
misphère boréal et tantôt dans l hémisphèr e austral. On 
nomme points solsticiaux les deux points de l écliptique 
1e plus éloignés del équateur. 
| On désigne par le nom d’ 'obliquité de l'écliptique, 
l'angle qu "elle fait avec l’équateur. Cette obliquité se 
trouve de a manière suivante : 

Vers l’époque où le soleil est le plus éloigné @e l'équa- 
teur, c’est-à-dire, quelques jours avant le solstice d'été, 
observez avec le plus grand soin la hauteur du soleil 
au-dessus de l'horizon, au moment de son passage au 
méridien ; faites chaque jour cette opération jusqu'à ce 
que les hauteurs micsurées aillènt en décroissant, ce qui 
vous indiquera que le moment du solstice est passé, 
prenez alors la plus grände des hauteurs observées et 


EI 


retranchez-en lahauteur de l’équateur au-dessusde l'ho- 
rizon, la différence sera l'arc du méridien compris entre 
l'équateur et le point solsticial, lequel arc est précisé- 
ment la mesure de l'obliquité cherchée. 

Cette obliquité, qui est en ce moment d'a peu près 
23° 27! 50”, est variable. Selon les observations de Py- 
theas, faites à Marseille plus de 300 ans avant l’ère 
chrétienne: l’obliquité était alors de 23° 49. ‘Albaté- 
nius, vers l’année 880 , la trouva de 23° 35°, ce qui re- 
vicht à 23° 35! 40! en corrigeant ce résultat des cffets 
de la parallaxeet de la réfraction.Les Arabes, en 1140, la 
fixèrent à 28° 33° 30’. Tycho-Brahé, en 1587, la trouva 
de 23! 29" 30". Flamsteed , en 1689, de 23° 25° 56". La 
Condamine, à Quito en 1736, de 23° 28° 247: Maskeline, 
en 1769, de 28° 98!°10%! Enfin, d’après Delambre; 
cette obliquité, qui, outre sa diminution ‘progressive, est 
affectée chaque année de variations en plus et en moins 
(voyez Nurariow),ayaiten 1510, pour valeur moyenne; 
23927" 57" Le même astronome fixe à 48" par siècle la 
diminntion progressive. 

Cette diminution d’obliquité de l’écliptique est due à 
l'action des planètes sur la terre, et principalement aux 
attractions de Vénus et de Jupiter. D’après Lagrange, 
elle ne peut dépasser une certaine période, à la fin de 
laquelie elle doit se changer en augmentation. La 
Place donne pour limite à ces variations une grandeur 
de 22 42’. 

Les points équinoxiaux ne sont pas fixes; ils rétro- 
gradent de 5o”,1 par année. C’est ce phénomène que 
l'on nomme la précession des équinoxes. Voy. ce mot. 


ÉCOULEMENT DES FLUIDES. (Hydrod.). Foy. 


Evuines. 


ÉCRHEVISSE (Astr.). Quatrième signe du zodiaque: 


qu’on nomme aussi Cancer. 

ÉCU DE SOBIESKI (A4str.). Constellation placée 
par Hévélius dans l'hémisphère austral entre Antinoüs, 
le Sagittaire et le Sérpentaire. 

ÉGAL, On exprime par ce mot le rapport de deux où 
de plusieurs objets qui ont la même grandeur , la mêmé 
quantité ou la même qualité. En général, les choses 
égales sont celles dont l’une peut être .substituée à 
l'autre sans qu’il résulte aucun changement dans les re- 
lations qui existaient pour cette dernière. 

ÉGALITÉ. Relation de deux choses égales. On dé- 
signe légalité en mathématiques par lesigne —, qui si- 
gnifie égal à. Ainsi AB signifie À est épal à B. ’ 

EIMMART (Grorce-Cnrisropne), astronome, né à Ra- 
tisbonne le 22 août 1638, se consacra d’abordà la peinture, 
etserendit néanmoins célèbre par la multiplicité de ses 
connaissances. Doué d’une heureuse activité et d’une 
grandeaptitude pour les sciences, Eimmart quiavaitétu- 
dié avec distinction les mathématiques à l’université de 
Jena, s'adonna presqu’entièrement à l'astronomie vers la 


fin de sa vie. La ville de Nuremberg, que les Régiomon- 
tanus et lesWalther avaient long-temps illustrée par leurs 
importans travaux dans cette science, fit construire un 
observatoire, vers l’année 1688, et la direction en fut 
donnée à Eimmart. Il publia par la voie des journaux 
de Leipzig un grand nombre d'observations utiles, et 
lon prétend qu'il alaissé en manuscrit près de cinquante- 
sept'volumes, recueillis dans la bibliothèque des jé- 
suites de Polocz, en Lithuanie; l’én y trouve beaucoup 
d'observations astronomiques ét météorologiqnes et des 
lettres de plusieurs astronomes célèbres. Eimmart joi- 
gnait à ses nombreuses connaissances un talent remar- 
quable pour la mécanique ; on lui attribue l'invention 
et l'exécution de plusieurs instrumens astronomiques ; il 
construisit entre autres une sphère armillaire qui re: 
présentait le véritable mouvement de la terre et Le sys: 
tème de Copernic, dont ilétait un zélé défenseur. Eim- 
martest mort à Nuremberg, le 5 janvier 1705. Les seuls 
écrits qu'il ait publiés, soit : Zconographia nova con- 
templationem de: sole ; indesolætis artiquortum philoso- 
phorum ruderibus concepta. Nuremberg, 1781, in-fo, 
dédié à Louis XEV. De spheræ armillaris ‘ete. , in-4°, 
Altorf, 1695. Ec premier de cesouvrages, où l’on‘trouve 
une érudition malheureuse et de la mauvaise physique 
sur le soleil, est peu estimé. Les observations d'Eimmart 
ont été plus utiles que son livre aux progrès de l’astro- 
nomie. Le second est une description de son instrument. 
— Ermmarr(Maria-Clara) fille de cet ingénieux artiste, 
a été Pune des fenunes les plus savantes de son siècle. 
Elle devint l'épouse de Jean-Henri Muller, qui suc: 
céda à Eiïmmart dans la direction de l'observatoire de 
Nuremberg. Ses connaissances en mathématiques étaient 
assez étendues pour qu'elle ait pu participer aux travaux 
de son père et de son mari. fi 

ELASTICITE (Méc!). Propriété qu'ont les corps de 
reprendre leur état primitif, quand on fait cesser la 
cause qui changeait leur formie et leur volume. Tous les 
corps né sont pas doués au même degré de cette pro- 
priété, qui, surtout dans les solides, ne peut se mani- 
fester que relativement et dans certaines liniites. La ques- 
tion de savoir si tous les corps sans exception, sont plus 
ou moins élastiques, n’est point encore absolument ré- 
solue, mais la détermination précise du degré d’élasti- 
cité dont les corps sont susceptibles, étant surtout néces- 
saire en mécanique, où cetté propriété, pour être calculée 
comme un élément de Peffet à obtenir, doit être appa- 
rente où au moins d’une appréciation facile, la physique 
expérimentale: a dû adméttre l'existence de corps noù 
élastiques, du moins sous ce rapport. 

Les anciens ne ‘paraissent pas avoir étudié les diverses 
propriétés naturelles des corps, et l'on né voit pas, en 
particulier qu'ils aient reconnu et apprécié l’élasticité 
dont la plupart sont doués. Ge n’est qu’à une époque peu 


512 EL 


éloignée dans l’histoire dela scieuce, et lorsque la mé- 
canique participa de tous les progrès des sciences mathé- 
matiques, qu’on rechercha les causes de lélasticité. Les 
explications que voulurent en donner au XVIT'siècle, 
après les mémorables travaux de Galilée et d'Huygens, 
les diverses écoles philosophiques , ne sont point satis- 
faisantes. C’est en effet un de ces phénomèmes dont l’ap- 
préciation semble être plus, particulièrement du do- 
maine de l’expérience. 

La recherche des causes et des lois de l’élasticité 
a été l’objet des travaux de d’Alembert; voici comment 

sil s'exprime lui-même à cet égard : « Nous supposerons 
que tous les corps dans lesquels on observe cette puis- 
sance, soient composés , ou puissent être conçus com- 
posés de l’élasticité dans le cas le plus simple; nous pren- 
drons , par exemple, les cordes des instrumens de mu- 
sique. 

» Les fibres n’ont de l’élasticité qu’autant qu’elles sont 
tendues par quelque force, comme on voit parles cordes 
läches qu’on peut faire changer facilement de position, 
sans qu’elles puissent reprendre la première qu’elles 
avaient, quoique cependant on n’ait pas eucore déter- 
miné exactement par expérience, quel est le degré de 
tension nécessaire pour faire apercevoir élasticité. 

» Quand une fibre est trop tendue, elle perd son élas- 
ticité. Quoiqu’on ne connaisse pas non plus le degré de 
tension qu’il faudrait pour détruire l’élasticité, il est 
certain au moins, que l’élasticité dépend de la tension, 
et que cette tension a des limites où l’élasticité com- 
mence et où elle cesse, 

» Si cette observation ne nous fait pas connaître la 
cause propre et adéquate de l’élasticité, elle nous fait 
voir au moins la différence qu’il y a entre les corps non 
élastiques ; comment il arrive qu’un corps destitué de 
cette force vient à l’acquérir. Ainsi une plaque de métal 
devient élastique à force d’être battue, et si on la fait 
chauffer , elle perd cette propriété. 

» Entre les limites de tension qui sont les termes de 
J'élasticité, on peut compter différens degrés de force 
nécessaire pour donner différens degrés de tension et 
pour tendre les cordes à telle ou telle longueur. Mais 
quelle est:la proportion de ces forces par rapport aux 
longueurs des cordes? C’est ce qu'on ne saurait déter- 
miner que par des expériences faites avec des cordes de 
métal; et comme les alongemens de ces cordes sont à 
peine sensibles , il s’ensuit qu’on ne saurait mesurer di- 
rectement ces proportions, mais qu’il faut pour cela se 
servir d’un moyen particulier et indirect. 

Le savant S’Gravesende, en renouvelant souvent ces 
diverses expériences, essaya de déterminer ainsi les lois 
de l’élasticité : 

1° Les poids nécessaires pour augmenter une fibre par 
Ja tension jusqu’à un certain degré, sont dans différens 


EL 


degrés de tension même. Ainsi, par exemple, si on sup- 
pose trois fibres de même longueur et de même épais- 
seur, dont les tensions soient comme 1, 2,3, des poids 
qui se trouveront dans la même proportion les tendront 
également, 

2° Les plus petits alongemens des mêmes fibres seront 
entre eux à peu près comme les forces qui les alongent; 
proportion qu’on peut appliquer aussi à leur inflexion. 

3° Dans les cordes de même genre, de même épais- 
seur, et également tendues, mais de différentes lon- 
gueurs, les alongemens produits en ajoutant des poids 
égaux, sont les uns aux autres comme les longueurs des 
cordes; ce qui vient de ce que la corde s’alonge dans 
toutes ses parties, et que par conséquent l’alongement 
d’une corde totale est double de l’alongement de sa 
moitié ou de l’alongement d'une corde sous-double. 

4° On peut comparer de la même manière les fibres 
de même espèce, mais de différente épaisseur, et pre- 
nant ensuite le nombre total des fibres, en raison de la 
solidité des cordes, c’est-à-dire comme les quarrés du 
diamètre des cordes, ou comme leur poids, lorsque 
leurs longueurs sont égales. De telles cordes doivent 
donc être tendues également par des forces que l’on sup- 
posera en raison des quarrés de leurs diamètres. Le 
même rapport doit aussi se trouver entre les forces qu’il 
faut pour courber des cordes, de façon que les flèches 
de la courbure soient égales dans les fibres données. 

5° Le mouvement d’une fibre tendue suit les mêmes 
lois que celui d’un corps qui fait ses oscillations dans 
une cycloïde, et quelque inégales que soient les vibra- 
tions, elles se font toujours dans un même temps. 

6° Deux cordes étant supposées égales, mais inégale- 
ment tendues, il faut des forces égales pour les fléchir 
également. 

Newton a expliqué l’élasticité des fluides par l'action 
d’une force centrifuge qu’il suppose dans toutes leurs 
parties. En partant de cette hypothèse, il admet que les 
particules qui se repoussent ou se fuient mutuellement 
les unes les autres par des forces réciproquement pro- 
portionnelles aux distances de leur centre, doivent com- 
poser un fluide élastique dont la densité soit propor- 
tionnelle à sa compression. Réciproquement Newton 
admet que si un fluide est composé de parties qui se 
fuient et s’'évitent mutuellement les unes les autres, et 
que sa densité soit proportionnelle à la compression ; la 
force centrifuge de ces particules sera en raison inverse 
de leurs distances. 

Daniel Bernouilli, dansson Traité d'hydrodynamique, 
a abordé la discussion des divers phénomènes que com- 
prend lélasticité, etil y a exposé les lois de la compres- 
sion et du mouvement des fluides élastiques. C’est de 
ces lois qu'il a ensuite tiré ses belles théories de la com- 
pression de l'air et de son mouvèment en passant par 


EL 


différens canaux. Il a pu en déduire d’autres non moins 
remarquables et particulièrement celle de la force de la 
poudre pour mouvoir les boulets de canon. 


On trouve aussi une savante théorie de la tension des 
fibres élastiques de différenteslongueurs, ou de leur com- 
pression par différens poids, dans un Mémoire de Jacques 
Bernouilli, qui fait partie du Recuerl de l Académie des 
Sciences , année 1703. Ce célèbre géomètre y fait une 
remarque fort importante , c’est que la compression des 
fibres élastiques ne peut pas être exactement propor- 
tionnelle au poids comprimant, Ilappuiecette résolution 
sur la considération qu’une fibre élastique ne peut pas 
être comprimée à l'infini. Dans son dernier état de com- 
pression cette fibre a encore une étendue quelconque, et 
quelque poids qu’on ajoute alors au poids comprimant, 
la compression ne peut pas être plus grande : d’où il 
s'ensuit nécessairement que la compression n’augmente 
pas généralement en raison du poids. 

Nous avons parlé ailleurs des propriétés élastiques de 
l'air (voy. ce mot); les gaz et les liquides ont une élas- 
ticité parfaite, qu’on ne rencontre à un degré égal dans 
aucun corps solide. Un savant professeur moderne fait 
remarquer avec raison que quelque imparfaite que soit 
l’élasticité des solides, elle n’en est pas moins une pro- 
priété très-importante et très-curieuse à observer. Nous 
croyons devoir rappeler ici une expérience ingénieuse 
sur l’élasticité de l’ivoire, exécutée au moyen de billes 
de billard, qui est proposée par cet habile physicien. 

On laisse tomber une bille ordinaire , ou une bille 
grosse seulement comme une balle, sur un plan très-uni 
où l’on a passé une légère couche d'huile ; à l'instant elle 
se relève et rebondit jusqu’à la hauteur du point de dé- 
part, ou à très-peu près. C’est là sans doute une preuve 
suffisante deson élasticité, et par conséquent de son chan- 
gement de forme, mais si l’on regarde sur le plan, au 
point où elle a frappé, on y voit une empreinte d’au- 
tant plus large que le choc a été plus vif, ce qui prouve 
d’une manière certaine que la bille ne s’est relevée qu’a- 
près s’êtreaplatie , comme ferait une vessie pleine d’air 
ou une bulle de savon , car ces bulles si légères peuvent 
aussi se réfléchir contre les corps, et rejaillir sans se 

rompre. 


Des balles de bois, de pierre, de verre ou de métal, 
se comportent à peu près comme les billes d'ivoire : 
toutes s’aplatissent plus ou moins avant de se relever, 
ce qui est une preuve de leur compressibilité ; et toutes, 
quand elles n’ont pas été comprimées trop vivement, 
rebondissent et reprennent leur forme primitive, ce qui 
est une preuve de leur élasticité. Ainsi , dans le jeu des 
corps élastiques, il y a un double phénomène, celui de la 
compression ou du changement de forme, et celui du 
rétablissement complet de toutes les parties. 


EL 513 
L’élasticité résultant toujours d’un dérangement des 
molécules, soit qu’il ait lieu par pression ou par flexion, 
soit qu'il ait lieu par torsion ou par traction , l’on juge 
aisément qu'il y a pour chaque corps des limites à ces 
dérangemens, et par conséquent, des limites à l’élasti- ” 
cité, Mais si l’on ne fait éprouver aux molécules d’un‘ 
corps que le dérangement que son état d'agrégation ? 
peut permettre, elles reviennent toujours très-exacte- à’ 
ment à leur position, et dans ce sens, on pourrait dire 
que tous les corps, les solides mêmes, ont une élasticité 
parfaite. 


Cette conclusion, toute hypothétique, ne détruit en 
rien ce que nous avons dit plus haut sur l’existence de 
corps solides non élastiques, elle serait d’ailleurs en elle- 
même sujette àde graves objections. La question est pré- 
cisément de savoir quel est le degré de dérangement que 
les molécules d’un corps peuvent supporter, pour tirer 
de cette première détermination la connaissance de son 
degré d’élasticité; car si l’élasticité se manifeste par le 
double phénomène du changement de forme et du réta- 
blissement complet de cette forme, il est impossible 
d'apprécier l’accomplissement de la seconde phase, si la 
première n’a été rigoureusement observée. 


ÉLASTIQUE. Courbe élastique, nom donné par 
Jacques Bernouilli à la courbe que forme une lame de 
ressort fixée horizontalement par une de ses extrémités 
à un plan vertical et chargée à l’autre extrémité d’un 


poids qui la fait courber, Foy. Lame. 


ÉLÉMENS. C’est en physique les principes premiers 
ou les molécules simples dont les corps sont composés. 
En géométrie on donne ce nom aux parties infiniment 
petites de l'étendue. Foy. Ixnivisisres. 


Les ÉLÉMENS, en astronomie, sont les nombres qui 
expriment soit les mouvemens des corps célestes, soit les 
relations de distance et de grandeur qu’ils ont entre 
eux. Ces nombres ont été ainsi nommés parce qu'ils 
servent à la construction des tables astronomiques. Voici 


les principaux élémens du système solaire. 


DURÉES 
de leurs révolutions 
sidérales. 


DISTANCES 
moyennes au soleil, 


NOMS DES PLANÈTES. 


ee mine de 2 ne de | ne a eo nn 


37/9069 0,387 
224,701 
369,256 
636,980 
1335,205 
1500,008 
10681, 39 
il 81,709 


0,723 


1,000 


1,92/ 
2137 
2,667 
2,707 


2,7 


Junon,.,. 
Ceres... 
Pallas.. 
Jupiter. 
Saturne 


1332,5q0 
10-58.9-0 
1713 


! 


EL 


Frs coupé par l'équateur, Le méridien se trouvant partagé 
des masses des par l'équateur en deux parties inégales pour tous les 


l'lanetes, ceile 


lu Sol. étant 1. lieux de la terre à l'exception de ceux qui sont situés sur 


Î DIAMETRES VOLUMES , 
J planétaires, celui 1 è ; 
celui de la Terre de la Terre lies Are 
étant 1, étant 1. des Flanètes. 
ms | ce pu em moe 


DURÈES 


DLe Soleil. 10993!  13:8460 25j500 la ligne de l'équateur terrestre , on entend communé- 

ment par élévation de l'équateur la plus petite de ces 
Mercure. 0,39 à 1,000 TE ee : 

2025810 deux parties. . 

1 

Vénus. 0,97 * 0,972 


101847 Erévarion pu rôLr. Arc du méridien compris entre 


DETTE à le pole élevé et l'horizon. La distance du pôle à l’é- 


La Terre,. 1,00 FE 
354ÿ36 


0,997 


quateur étant mesurée par le quart d’un grand cercle 


D Mars... 


de Ja sphère, l'élévation du pôle est toujours le complé- 
Jupiter... 5 170 5655 | zaent de celle de l’équateur; ainsi lorsqu'une de ces 
ner Re grandeurs est connue, on connaît aussi l’autre. 


1 L'élévation du pôle est égale à la latitude du lieu. 
L lAUUS,,e 


Voy. LaTiTupe. 
DiETUReS 0: < L'Erévarion d’une pièce d'artillerie, dans la théorie 


É [ 23090000 
et la pratique de la balistique (voy. ce mot) est l’angle 


Satellites de Jupiter. A que fait l'axe de la pièce avec l'horizon. 


On nomme en général ANGLE D'ÉLÉVATION l'angle 
MASSES 
DISTANCES MOYENNES , DURÉES des satellites, 


le demi-diamètre de la Planète des celle ! . . " S Ê . a 
patte PR EN tion horizontale du plan mené par cette ligne perpendi 


étant l'unité (l culairement à l'horizon. 


0,000017 |} ÉLÉVATION AUX PUISSANCES (Arith. et Alg.). 


0,000023 d \ . È L 
7, 0,000088 Une des six opérations élémentaires de la science des 
16,6838 0,0000/3 K : 


formé par une ligne quelconque de direction et la sec- 


D EE 
‘* Satellite... 6,0435 


96235 
15 3502 


ri 
2 
o 


nombres. 


: | Elever une quantité À une puissance, c’est la multi- 
Satellites de Saturne. 


plier par elle-mémeautant de fois qu’il y a d'unités dans 
|| 


0 ® . 
; l'exposant de cette puissance, ou plus exactement ; c'est 
DISTANCES MOYENNES ;, DUREES, 


le demi-diamètre de la Planète étant 1. des révolutions. former le produit dans lequel cette quantité entre 


comme facteur un nombre de fois déterminé par l’ex- 
1° Satellite sesesssos 3,5 9 H posant. Ainsi {a seconde puissance de 4 est le produit 
4X4 ; la troisième puissance de 5 est le produit X5X5 
etc. En général À étant une quantité quelconque, le 
produit 


sesssssse ASCAMAN AS As enss JA 


llites d'Uranus. : ’ 
Satellites d'Ur dans lequel A entre 72 fois comme facteur, est la puis- 
sance »2 ième de A. Cette opérations’exprime en écrivant 


DISTANCES MOYENNES;, DURÉES 


À : Rs au- ité nbre qui indique combien 
le demi-diamètre de la Planète étant 1, des révolutions. au-dessus dela quant té le nor GI q 


de fois elle doit être prise pour facteur, nombre que lon 


TA telle ns 20. =D 0 5j803 nomme exposant de la puissance. Parexemplelatrotstè- 
8,707 


es me puissance de 5 ou le produit5X5X5, s'exprime par 
13.46 55, de manière que 5 X 5 X 5 et 5*sont une seule et même 


chose, et que l’on a 


ÉLÉVATION (Hydraul.). On désigne par ce mot la 


: TE : inous désignons par À une quantité quelconque, par 
hauteur à laquelle montent les eaux jaillissantes. 7’oyez S A NA q T Lots 


FR B l’exposant de la puissance à laquelle on veut l’élever, 


ÉLÉVATION (Astr.).L'élévation d’un astre au-dessus et par C le résultat de l'opération ou le produit com- 


‘hori : : c ï \ rme générale 
de l'horizon est un arc de cercle vertical compris entre posé deB facteurs À, nous aurons la fo g 


l'astre et l'horizon. AB—C 
ELÉVATION DE L'ÉQUATEUR. Arc du méridien compris 
entre l'horizon du lieu et le point où le méridien est A se nomme la base, B l’exposant et C la puissance, 


EL 


Ainsi dans le cas particulier 
D—12), 


on dit que 125 est la trorstème puissance de la base 5. 

1. Tant qu’il s’agit de nombres exprimés par des 
chiffres , 
peut s’exécuter que par une suite de multiplications , ou 


HD 29700 AUD A Ë 
l'opération de l'élévation aux puissances ne 


du moins c’est encore le moyen le plus expéditif d’obte- 
nir le résultat. Par exemple pour trouver la quatrième 


puissance de 12, on dira 


IX 12144 
144X12=1728 
1728X 12=20736 
et on en conclura 


121—920730. 


Mais lorsque les quantités sont exprimées par des 
lettres, ou sont ce qu’onappelle des quantités algébriques, 
leur élévation aux puissances donne lieu à des transfor- 
mations particulières et reçoit des lois importantes que 
nous allons exposer. 

2. La puissance 72 d’une quantité quelconque A étant 
exprimée par A”, nous avons vu (ALGÈBRE n° 24) que cette 
puissance dans le cas de »3— 0 est égale à l’unrté et que 
dans le cas de 77 négatif, elle est équivalente à une frac- 
tion dont le numérateur est l'unité et dont le dénomi- 
nateur est cette même puissance prise en changeant le 


signe de l’exposant c’est-à-dire qu’on a 


Nous avons vu également (ALGÈBRE, n° 26) que la puis- 
sance 7 d’une quantité A” s'exprime en multipliant les 
deux exposans ou que l’on a 


(Am)r = Ann 


et généralement, quel que soit le nombre des facteurs, 
[aw.Br.c Dr... [ans Be. Ge.Drz. 


Ainsi en appliquant ces formes générales à des quantités 
monomes quelconques , on pourra simplifier considéra- 
.blement l'expression deleurs puissances, C’est ainsi, par 
exemple, qu’on trouvera sans difficulté 


(a, bi) = @ryb lots 


SDS soprs, ,a$.bre,c2 btogs 
É PTT = ;ç: 4. 0"C 
en général 
an, bn, cPvdas 


N>.d'ies 


Poe | = 
N.d.ez 7È 


EL 7 5415 


ce qu'on peut aussi exprimer par 


ï 
a, bn, pr, dr, d—1,e—2 


N: 

ense servant d’exposans négatifs. 

22 ” ‘ 

3. Nous avons vu également (ALGÈBRE, n° 27) qu’une 
puissance quelconque 72 d'une quantité irrationnelle 

Li 
V/A pouvait s'exprimer par 
1172 


Fly 
VA" ou par À 


Si donc le nombre 72 était plus grand que » , le résul- 
tat pourrait se décomposer en deux facteurs dont l’un 
seulement couserverait la forme radicale, Par exemple, 
mn étant plus grand que », divisons 72 par # et nommons 
g le quotient de cette division et r le reste, nous 
aurons 


et par conséquent (ALGÈSRE, n° 20) 


; ka à 
À —A = A7, À" — AY, Var 


Dans le cas de r=0, c’est-à-dire , dans le cas où la divi- 


sion de 72 par » se fait exactement, la puissance devient 
simplement Av. 
En appliquant cette règle aux puissances particulières 


LveL [we [ver 


on obtient les transformations suivantes 


Nous obtiendrons de la même manière les transforma- 
tions plus générales 


LIBAN UE L | . 4 24.1 
[Vire] = [aw.cff=fass.c] ? 
=[ar.cT K [asc |’ 
: LIÉE 
—=A?,B4.C.1/A.B2,C 
ne: æbc1r æbBc FE æb3cT+rE 
[ 5 | ns [rer | an] F | 
5 
afb6c2 Ve 
“dics * ee 


516 EL 

4. Les puissances successives des quantités dites ima- 
ginaires présentent des particularités remarquables que 
nous allons examiner. Mais comme toutes ces quantités 
peuvent s'exprimer au moyen de la seule V— (vor. 
ImaciNAIRE), nous ne nous occuperons ici que de cette 
dernière. 


On a d’abord évidemment 


NES 


Cependant en se servant de la règle donnée pour la 
multiplication des quantités affectées de signes radicaux 
(ALGÈBRE, n° 29) on trouverait 


VENTES rene Ven 


ou 


(V=Y=V eV HI = + 1 


et le signesupérieur + donnerait un résultatabsurde, car 
la seconde puissance d’une racine seconde ne peut être 
que la quantité primitive qui est sous le radical. Cette 
ambiguité du double signe # disparait lorsqu'on em- 
ploie les exposans fractionnaires, car 


(V—1> =(—1} = (—1): = — 1. 


On peut se rendre raison de l'espèce d'erreur qui se 
glisse dans l’application de la première règle en obser- 
vant que —1 étant multiplié par lui-même, introduit 
dans l'expression 


VE = V1, 


après la multiplication , une signification qui n’y était 
pas auparavant, celle de pouvoir avoir une racine posi- 
tive ou négative, et cela d’après la propriété générale 


1} = + 1; Hi} = + 1; 


car après la multiplication de (—1) par (—1), le radical 
devenant y/+1 ne porte plus aucun caractère qui 
puisse lui faire attribuer exclusivement l’une ou l’autre 
de ces générations; on peut donc alors sans erreur les lui 
‘ assigner indifféremment, tandis que sous la forme 


(y/—1} la génération du résultat est terminée et ce ré- 
sultat ne peut être que — 1. Or, en se servant du calcul 
des exposans fractionnaires on évite l’opération, qui peut 
induire en erreur parce qu’on n’opère quesur les ex- 
posans sans toucher à la base. 

Cette considération est essentielle pour former toutes 
les puissances paires de V/—1 , à cause 


(—1)" = (+1) 


EL 


2 représentant un nombre pair quelconque. Ainsi par 
la règle des radicaux , on aurait encore 


(= = VE =V hi = ti 


tandis que par les exposans fractionnaires ou trouve 


ET 4 
(V—1) =—ih=(—1)=+#i 
seul résultat satisfaisant | 
Nous conclurons donc que dans l’élévation aux puis- 


sances de la quantité imaginaire V/—1, il faut, pour 
éviter les erreurs, n’opérer que sur les exposans et ne 
toucher à la base (—1) qu'après avoir épuisé toutes les 
réductions. 


5. En suivant ces principes on trouvera pour les puis- 


sances successives de la quantité V/—1, prise positive- 
ment et négativement, les résultats suivans : 


Pour la quantité Æ4/—1 


HV: 

HV = Vi 
VE Ë = 

VE HE) () 
HV === 


etc. 
Pour la quantité — J/—1, où (—1). 1 


VE: 
oi ne 
Gon os  0 s nons. 


V1) =). (1) = (1) = —1 


etc. etc. 


En comparant les résultats 


Ver v=i)= 
EVER = Vi 
En MOMENT 
VV VV 


EL 


(CC Vs 
MM VV 
CV == V—iŸ=—1 

etc. etc. 


On pourrait conclure par induction que les puissances 
de y—1 sont périodiques et doivent se reproduire à 
l'infini dans le même ordre, savoir : 


+1, +V—1, —1> —V—i , 


pour 
(HV), 
et 
+:, —V—1, 1 +V—1 ; 
pour 


V1. 
Cette propriété existe en effet , car soit 72 un. nombre 
quelconque plus grand que 3; en le divisant par 4, si 
nous désignons par » le quotient et par p le reste, nous 
aurons généralement 


m _ LP 
Ft; 


p pouvant être indifféremment l’un des nombres 
0,1, 2, 3. De cette égalité, on tire 


m—=4n+#p 
ce qui nous donne Ja forme générale de tous les nom- 
bres plus grands que 3. 


Or (y —1}" pouvant représenter toutes les puis- 
sances de V/—1dont les exposans sont plus grardsque 3, 
nous aurons également pour toutes ces puissances l’ex- 


pression 
(Vaste 
Mais on a 
Re SEP, P P 
(it (i) ? =fi)nPeGih i) 
P P 
en) 


d’où l’on conclut 


OU 
(V—i}r= (= (V1) 


p étant le reste de la division de m3 par 4. 


Ainsi quel que soit le nombre x, le reste p ne pou- 
vant être que o, 1,2, 3, on retrouvera à l’indéfini les 
quatre premiers résultats trouvés ci-dessus, 


EL 517 


6. En se rappelant que lorsque p est le reste de la di- 
vision de m par 4,ona 


VEN ER 
il suffit de connaître les quatre puissances à exposans 
0, 1,2, 3 pour obtenir immédiatement une puissance 


quelconque m de V/—1. 
Par exemple s’il s'agissait de trouver la onzième puis. 


sance de V/—1, comme le reste de la division de 
11 par 4 est 3, on poserait 


==) 
et comme 

V—i}=-V—1 
on conclurait 

(= =V—i 


On trouverait de la même manière 


nm mi 
(—V=n5=(— = 1 
et ainsi de suite. 
7. Il résulte encore de ce qui précède une cansé- 
quence très remarquable et que nous devons signaler. 


En prenant la racine quatrième des deux membres des 
égalités 


Ve 


V==ti 
nous avons 
ae fol 
+V=I=VH: 
 — 
VV +: 


mais nous AVONG.AUSSI 


Vi 


Ïl s'ensuit donc que la racine quatrième de l'unité 
peut être indifféremment l’une des quatre quantités 


ist, Vs Vi 


et généralement que la racine quatrième d'un nombre 
quelconque a quatre valeurs différentes, car la généra- 
tion d’un nombre quelconque M au moyen de l'unité 
étant 1XM, on a en général 


De nn à. 
VM=ViXM=VMX Vi 


et par conséquent 


518 EL 


VCD : ä 
(1) VIT 
HV) VA 
VAE 


On verra ailleurs (voy. ExTRAGTION DES RAGINES) 
qu’une racine quelconque admet autant de valeurs dif- 
férentes qu'il y a d'unités dans son exposant. Nous n’a- 
vons abordé cette question qui n’est pointicinotre objet 
que pour faire observer que l'égalité de deux puissances 
dont les exposans sont égaux n’eutraine pas nécessaire- 
ment celle des bases, ou que de l'égalité 


(A}n—(B" 


on ne peut généralement conclure A—B. 

8. L'élévation des monomes à une puissance quel- 
conque pouvant toujours s'effectuer d’après les règles 
précédentes, nous allons passer à celle des polynomes. 

Considérons d’abord lé binome (a+), l'expression 
générale de sa puissance 72 étant donnée par la for- 
mule de Newton. (Woy. Bixome De Newrow) 


ma Piper) 


(aHb}n= a ht am BE —— am-spsL 


mimi) (1 — —2) 


es am—1h3+etc… 


+ 
en substituant à la place de m la valeur numérique de 
cet exposant on obtiendra immédiatement la puis- 

- sance correspondante, ou le produit des binomes 
(a+-b).(a4b).{(a+b)...etc. Soit, par exemple, lé biiomé 
m+na? à élever à la quatrième puissance. Nous ferons 
m—À, ce qui nous donnera d’abord pour les coefficiens : 


m—< 4 
m{Mm—1) 4. : 
RTE EP 
D 1.2 
m(m—i)m—2). 4.3.0 
RCE RLEEE L 
mn — A) m0 m3) 4: 319257 
1 
152.934 1.234 
m(m—iYm—2\m—3 (m—{)  4.3.2.1.0 
NE = = = 0 
12 TES 1220340 


Tous les autres coefficiens devenant o, à cause du 
facteur m—{—o qui entre dans chacun d’eux, nous 
vovons d’abord que le développement cherché s’arrête 
au cinquième terme; faisant donc a= et b=nx*, nous 


aurons 


(m+nx)=miz 
+ (222) 


+hn(nx®)+ 6m (na?) +4 m(na)s 


EL 
ou 
(na) =mit {max +Gnr xt {mn bnéxs 
Nous avons donné au mot binome d’autres applica- 
tions de la formule de Newton. 
9. Le développement de la puissance m» d’un trinome 


peut se déduire facilement de celui du binome. En effet 
soit a+-b+c un trinome quelconque, supposons 


a+b=p 
et nous aurons 
(a+b+c)n =(p+c)" 


mais d’après la formule de Newton 


nt (ni — I ) 


(p+c) M pr np ic + RTS pe L 


m(m—1)(n—2) 


1:23 


pci Letc... 


Reémettant dans ce développemeut ab à la place dep, 
il devient (#2) 


(eHbHc}r= {a+ bn matins ,c+ 
m2 (In —1) 
+ ee (abbim—,c3Æ etc... 


1.2 
Or , en vertu de l’expression générale, on a 


mi (ni 
Le an—1l? etc... 


(a+ b}r=anLiman—:h + 
(a+ b}r—i= ani (ms )an + 


(ra 1) (rh=—5) 


1.2 


(a+ bn and (mo )ansb#+ 
+ 


am—he + €tGr.e 


vr—9) (7 3) 
a an—ipr etc. = 
1:29 : 


elc-s: elC...ss 


Substituant ces valeurs dans l'expression (»), et ordon- 
nant par rapport aux puissances de a, on aura pour le 
développement de la puissance 72 du trinome a4+b+c, 
l'expression générale (7) 


m(m—1) 


(a+b+cyr=antman—l + a m—2h?+ etc. 


H—1c (1 A 
manie Ln(m—i)an—bebetc.. 


ml fn — il 
= =) am—?c3+ etc... 


12 
etc. 


Pour donner un exemple de l'application de cette for: 


+ 


mule, faisons »m—3, alors nous aurons 


mm). . m(m—i)(m—5) 
AP =23, in(m—1)=6, PATES ES OS: 


EL 


et par suite 
(a+b+c)—a5+3ab+3abt + b? 
+3ac+Gabc4-3b°e 
+3ac+3bc? 
+ c 


10. On pourrait, eu suivant la même marche, trouver 
le développement de la puissance d’un tétranome et gé- 
néralement celui d’un polynome quelconque; mais cette 
marche entrainerait de longs calculs et aurait en outre 
l'inconvénient de ne pas conduire à des expressions dont 
les termes puissent se déduire les uns des autres, ce que 
l'on voit déjà pour le trinome. Nous allons en consé- 
quence aborder la question dans toute sa généralité, et 
exposer la loi générale du développement de la puis- 
sance quelconque 7 d'un polynome quelconque. 

Théoréme. La puissance 7? d’un polynome a+b+c 
+d+eæ+etc..…., est égale à la somme des produits re- 
présentés par toutes les combinaisons 72 à #2 des lettres 
a, b,e,d, etc, avec permutations. 

Ce théorême est une conséquence de ce qui a été dé- 
montré pour la formation des puissances d’un binome. 
Voy. Binour. 


Or, ces combinaisons sont évidemment 


an, an—1b, an—al?, am—b5, etc. 


bn, bm—1e, bn—2e? etc: 
am—2be, am—3bc) an—ibc?, etc. 


an—bcde, a—b?cde, etc. 
ou plus généralement 
am. br CRdo.e, fe. 
art, b1,0: dre. fe. 
ereelC: 
CEE 
etc. 
09.47.02 
abri, cr. de, es, ft 
æ. bm—?, c'. d. e° fe: 


..etc. 
CIC. 
am—2,b1.cx,.d°.e° 
an-3 ,b.c.dr.  . LC, 

etc. 
@&. Dm +» CLC. 
" . CLCe 
se ÉC: 
@.bn—3,c,d1.e ER MERENEN 2 
etc. etc. 


Désignant donc par », 0, p, q,r, s, etc. une suite de 
nombres tels qu’on ait 


m=n+4o+p+g+r+s+ete. 
la forme générale de ces combinaisons sera 


an.bo,cr,d1.er.ff...etc. 


EL 519 
etcomme le nombre des permutations d’un pareil groupe 
est 


m(m—i)(m—2)(m—3)(m—4)(m—5).......... 1 


n(n—1)..1X0(0—1)..1 Xp(p—1..1 Xg)qg—1).1 AE : 


on aura pour le terme général de la puissance 2 d'un 


polynome quelconque l'expression, 


mn(m—i)(m—92)(m—3)....1 


n(n—1) .1X0(o—1).1 XpP(p—1)..1 Xetc. 


.a,bo.c,.dietc. 


au moyen de ce terme général, en donnant successive- 
meut aux quantités 2, 0, p, q, etc. les valeurs dont elles 
sont susceptibles, on formera tous les termes qui com- 
posent cette puissance. 

11. Pour indiquer au moins par un exemple l’appli- 
cation de cette formule, supposons qu’il s'agisse d’éle- 
ver le trinome a+b+c à la quatrième puissance. Dans 
ce cas les quantités indéterminées », 0, p, q, etc. se ré- 


duisent à trois et le terme général devient 


m(m—i)(m—2){m—3)....1 


n(n—1)...1 X0(0—1)...1 XRP=H...1 


.an.bo,cr 


dans lequel #=n+0+4p 
On détermine 7, 0, p pour chaque cas particulier de 
la manière suivante 


=0+3+o 
3—0+2+1 
3—0+1+2 
3=0+0+35 


j 
DOI : 
—a,b°.e7—3ac? 


359241 
Las, bre =Gabe 
LÉ MO 
I 323.1 
.c°= 3ab? a°.b°.c=c 


ai. b? 


d’où l’on conclura 


(a+b+c) za +3 b+3ab Hb 
+3ec+Gabc+3be 
Sac +3be 

+ci 


résultat identique avec celui du numéro 9. 


520 EL 


12. Onobtiendra l'expression générale de la puissance 
m d’une série indéfinie 


Ac A;x+,Ax+Asx +Aiæietc....à l'infini, 


en se servant des formules générales de développement 
données à l’article différentiel et notamment de celle qui 
porte le nom de Maclaurin. Lorsque le premier terme 
de la série est l'unité, sa puissance a une expression 
très-simple que nous allons faire connaître. Soit 


(1+ax+bx Lox+Hetc.)r = 14Ax+Bx+Cri+etc. 


les coefficiens A, B, C, etc., seront 


À — ma 
B — a+ mb 
GC DL — 3 bAnc 

—3 2m— 
Dee -h0 25h MEL md 
pe Le, aD+ ic + 23 

4m 
+ Fe —dA+me 


etc. etc. 


Appliquons ces formules à la série 


at + tait taf bpetc. 


et proposons-nous de l’élever à la quatrième puissance. 
Nous avons m4, a—1, b=1, c=1, etc. Les coeff- 
ciens A, B, C, etc. deviendront 


A —4 
= TT jpinro 
C— = “2 4400 
D at ro 35 
etc. etc. 


et nous aurons 


(i+ax+a etc. à l'infini)f=1# 4x ox +202 +35x4 


Hetc....à l'infini. 
En remarquant que la série proposée n’est autre chose 


que le développement de la puissance —1 du binome 
(1—x), car ou trouve par le binome de Newton 


ia ta tauitbrs etc, 


(1—x)-1= 


EL 


On voit que la quatrième puissance de cette série est 
aussi la quatrième puissance de (1—x)-1, Mais 


[ea] =0- 


, par la formule de Newton, 


(1—2) = 144 + 


etc. etc, 


=1+/4x+iox+oox +35xibetc. 


ce qui est identique avec ce que nous venons de trouver 
ci-dessus et montre l'accord parfait de toutes les lois de 
la science. . 

ELGEBAR (Astr.) Nom de la belle étoile située au 
pied d’Orion , plus communément appelée Rigel. 

ÉLIMINATION (Astr.). Opération dont le but est de 
faire disparaître toutes les inconnues, moins une, qui 
se trouvent dans une équation. Pour que cette opération 
soit possible, il faut avoir autant d'équations indépen- 
dantes que d’inconnues. Foy. ÉQUATION. 


1. Soit d’abord les deux équations du premier degré 
à deux inconnues 


Ax+By=—C 
A'x+B'y=C' 


Le premier procédé qui se.présente naturellement c’est 
de résoudre chacune deces équations par rapport à +, 
comme si y était une quantité connue; la première 


donne 
— C-Br 
et la seconde 
_ CB 
= ru 


Or, ces deux valeurs de x devant être identiques, on 
en conclut 

C—By _C'—B'y 

D nu. 
équation qui ne contient plus quey , et que l’on nomme 
l'équation finale. 

En résolvant l'équation finale on obtient la valeur de 
yetil suffit ensuite de substituer cette valeur dans l'une 
ou l’autre des deux équations proposées pour obtenir 
une équation qui ue contient plus d’autre inconnue que 
æ et qui puisse servir conséquemment à la détermination 
complète de cette inconnue. 

2. Si les coefficiens de l’une des inconnues ttaient les 
mêmes dans les deux équations, il est évident qu’il suf- 


EL 


firait de retrancher l’une de ces équations de l’autre pour 
obtenir immédiatement l'équation finale. Par exemple, 
étant données les deux équations 


Ax+By=C 
Ax+Dy=E 


en retranchant la première de la seconde, on aurait 


Ax+By—Ax—Dy=C—E 
ou 
(B—D}y=C—E 


équation débarrassée de x. Or, on peut toujours rendre 
égaux les coefficiens de la même inconnue , car, en pre- 
naut pour exemple les deux premières équations 


A x+By=C 
A'x+B'y—C' 


si l’on multiplie tous les termes de la première par A' 
et tous ceux de la seconde par À , À et A’ étant les coef- 
ficiens de l’inconnue qu’on veut faire disparaitre , ces 
équations deviendront 


A'Ax+A'By—A'C 
AA'x+AB'y—AC". 

c'est-à-dire que les cocfficiens de x seront les mêmes 

puisqu’ilssont composés du produit des mêmes facteurs. 

Opérant la soustraction, nous obtiendrons 


(A'B—AB')y=A'C—AC", 
équation finale en y , qui donne 


AC AC 
Y— A'B— AB 


Pour trouver la valeur de l’autre inconnue x, substi- 
tuant cette valeur de y dans la première des équations 
proposées, nous aurons 


A'C—AC"' 
Ax-+B AB AB = 
ce qui nous donnera 
A'C—AC' 
Er UE 
LL —_———_— 
et en réduisant 
ss C'B-- CB’ 
ARABE AB; 


Si on avait voulu trouver d’abord l’équation finale 
en æ, On aurait multiplié la première des équations pro- 
posées par B'et la seconde par B, on aurait obtenu 


EL 
AB'r+BB'y—CB 
A'Bx+B'By—C'B 


521 


et, en retranchant, 
(AB'—A'B)x=CB'—C'B 
ce qui donne immédiatement pour æ 


:CB'— CB 
TAB AB 


ou, ce qui est la même chose, en changeant les signes 
des deux termes de la fraction ce qui n’en change pas 
la valeur, 

._ C'B—CB" 

7 AB—A'B 


même valeur que ci-dessus, 

3. On agirait d’une manière analogue pour un plus 
grand nombre d’équations et d’inconnues, Par exemple, 
soient les trois équations 


CI 


.. Ax +By +Cz =D 
.…. A'x+B'y+C'z=D' 
.….. A'x+B'y+C'z=D" 


& 


© 


En éliminant x entre 1 et 2 par le procédé ci-dessus, 
c’est-à-dire en multipliant 1 par A", et 2 par À, et pre- 
nant la différence des produits, on formera l'équation. 


4e. (A'B—AB')}y+(A'C—AC')z— 
= A'D—AD' 


débarrassée de x. Éliminant ensuite de la même ma- 
nière x entre 2 et 3, on formera une seconde équation 
sans 
5.., (A"B—A'B")y+(A"C'—A'C"}:= 
= À'D'—A'D" 


Éliminant enfin y entre 4 et 5, on trouvera pour l’é- 
quation finale en 3 


[(A'C—AC')(A"B'—A'B")—(A"C'—A'C")(A'B—AB')] 
=(A'D—AD')(A'B'—A!B"}—(A"D'—A'D")(A'B—AB') 


et, par conséquent, pour la valeur de x 


(AD—AD") A"B'—A'B">—{(A"D'—A'D"(A'B— AB") 
F— (A G—ACYA"B—A'B")—(A"C—A'C') (A'B—AP) 


substituant cette valeur de 3 dans 1 et 2, on obtiendra 
des équations en x et. y qui fourniront par l'élimination 
de x une équation finale en y, d’où l'on tirera la valeur 
de y; et, enfin, substituant dans 1,ou?, ou 3, arbitraire- 
ment, les valeurs trouvées de y et de z, on aura une 
équation finale en x, qui fera connaitre la valeur de 


cette dernière inconnue. ” 
6 


522 EL 

En opéraut de la même manière, ïl est visible que 
quel que soit le nombre des équations et des inconnues, 
on arrivera à former l'équation finale peur chaque in- 
connue. 

4. En examinant la forme symétrique des équations 
finales , on voit qu'il suffit de connaitre la forme géné- 
rale de la valeur d'une des inconnues pour trouver 
celles des autres inconnues, mais la résolution des équa- 
tions n’est point ici notre objet, ct cette question sera 
traitée en son lieu. Considérons maintenant les équations 
des degrés supérieurs. 

A, B,C, D, etc. A’, B', C', D'etc. représentant des 
fonctions quelconques de la variable x, soient les deux 


équations à deux inconnues d’un degré quelconque 


o=A +By +Cy +Dyi +HEyi +etc…. 
o=A'+B'y+C'y4D'y#E'yl#etc.::. 


preposons-nous d'obtenir l'équation finale entièrement 
débarrossée de y. 

5. Si l’une des équations, la première par exemple, 
ne s'élève qu'au premier degré, le problème ne présente 
aucune difficulté, car de 


o—A-+By 


:. À 
on Urè Y=—— 


B 


et substituant cette valeur dans la 


seconde , à la place de y , on obtient une équation seu- 
lement en x. 


6. Lorsqu'une des équations s'élève au seconil degré, 
l'autre étant d'un degré quelconque ; la question com- 
mence à se compliquer, Donnons à l'équation ds second 
degré la forme particulière 


y°—=a+by 


ce qui n’en diminue pas la généralité, et il nous de- 
viendra alors toujours possible de donner à toute autre 
puissance de y la forme d’un binome telle que P+Q y. 
En effet, de 


Pay 
on tire, en multipliant les deux membres par y, 
J'=ar+br 
et, remettant à la place de y? sa valeur a+by, on a 
P=ab+(bb+a)y 
Multipliant cette dernière égalité par y, on trouve 
7'=aby (bb a} 


et, remettant à la place de y? sa valeur a+by, on a 


EL 


encore 
= (ab +) Baby 


Continuant de la même manière, on voit qu’il est tou- 
jours possible de donner à là puissance générale y"#, la 
forme d’un binome P+Qÿ, dont les coefficiens seront 
des fonctions ratiounelles et entières de & et de &. 

7. En examinant la formation successive des puis- 
sances y, y#,7°, etc., et leur mode uniforme de géné- 
ration, on trouvera la 101 suivante : 

La seconde puissance y étant égale à a4by, toute 
autre puissance m de la méme variable, pourra étre 
représentée sous la forme d'in binome P LH Qy, les 
quantutés P et Q étant 


m—35 


P = abm—: + 


abm—4+ Le afbm—6 + 


x 


(m—5){in—6)(n—;) 
Lrded 


+ 


afbm—8 + etc. 


Q— bei — abn—$ + PURE a bm- + 
(m—4)(m—5) (m—6) 
1.2.3 


+ a'bm—1Letc…. 


8. Ayant formé d’après cette loi toutes ies expressions 
binomiales des puissances de y, si on les substitue dans 
la seconde équation proposée 


O—A+By+Cy+DY+E yi+etc… 
on pourra lui donner aussi la forme d’un binome 
o—M+Ny 


et éliminant y entre cette troisième équation, et la pre- 


mière y*=a+by, on obtiendra une équation finale 
M'—aN—bMN 


entièrement débarrassée de y. 

Cet ingénieux procédé d'élimination est dû à Kramp. 
Quoique l’une des deux équations ne doive pas sur- 
passer le second degré , il suffit aux besoinsde la science. 
On peut l'appliquer au cas de trois équations et dé trois 
inconnues. 

9. Comme on emploie ordinairement dans les traités 
d’algèbre consacrés à l'instruction publique, la méthode 
du plus grand commun-diviseur pour former l’équation 
finale, nous ne croyons pas nécessaire de l’exposer ici ; 
elle demande d’ailleurs des détails dans lesquels il nou 
serait impossible d’entrer. 

L'élimination a été l’objet des travaux des plus grand 
mathématiciens. Cramer, dans son Analyse des lignes 


courbes, Bezout, dans sa Théorie générale des équations ; 


EL 


Vandermonde et La Place, dans les Ménoires de l'Acas 
demie pour 1772, ont traité avec plus ou moins de gé- 
néralité cette partie importante de la théorie des équa- 
tions qui est en outre redevable à Euler d’un procédé 
simple et élégant. | 

ELLIPSE (Géom.). Une des séctions coniques. Elle 
est engendrée par un plan qui coupe obliquement un 
cône droit de manière à ne pouvoir rencontrer la base 
du cône qué prolongée hors de ce solide. Telle est la 
courbe EQDFLE (Pr. XXI, fig. 8), formée par l’inter- 
section du cône BCA et du plan mené selon la droite 
FD qui rencontre en F, hors du cône, le plan de la 
base AB. 

Pour déterminer les propriétés de cette courbe, nous 
la considérerons dans le plan générateur; et nous cher- 
cherons son équatior en prenant pour axe des abscisses 
la droite AB, section du plan qui coupe le cône par un 
autre plan MCN mené par l’axe du cône, et conséquem- 
ment perpendiculaire à sa base. On nomme ce dernier 
plan principal. Nous snpposerons dans ce qui va suivre 
que le plan coupant est perpendiculaire au plan princi- 
pal. 


Par un point O quelconque de l’axe AB concevons un 
plan parallèle à celui de la base du cône, sa section avec 
le cône sera un cercle EHFG {voy. Cône, n° 1). La sec- 
tion dé ce nouveau plan par le plan principal sera le 
diamètre EF et sa section par le plan coupant la droite 
GH, perpendiculaire à EF, Menons par les points A 
et B, dans le plan principal, les droites AK et BI paral- 
lèles au diamètre FE, 

En prenant le point À pour sommet de l’axe des ab- 
scisses, désignons AO par x et l’ordonnée OH par y; 
faisons de plus 


AB—2a, Anñ—d, BI=c 


ceci posé, si nous considérons OH dans le cercle FHEGF 
nous aurons par a propriété du cercle (voy. Gercue, 


… 


EL 523 
n° 18) 

OH°=FOXOE, ou y°=FOXOE 
mais les triangles semblables BAI et OAE donnent 


AB : AO::BI:O0E 
ou 


2a:æ::0:0E 


de même les triangles semblables ABK et OBF don- 


nent 

AB: OB:: AK :FO 
ou 

2a: (2a—x) :: d: FO 


Tirant de ces proportions les valeurs de OE et de FO, 
savoir : ; 


er _d(2a—x) 
OE— 0 FO NE TE 


et les substituant dans celle de OH ou de y, nous aurons 
pour l’équation de l’ellipse rapportée à l'axe AB, l’ex- 
pression 


cd 
P? mn (2ax—x*) 
Il suit de cette équation plusieurs particularités Te- 
marquables que nous allons d’abord examiner. 


1. En prenant la racine carrée des deux membres de 
cette égalité, on a 
I a 
J=ÈE—V cdf2axz—x) 


24a 


ce qui nous apprend d’abord qu’à chaque valeur de x 
correspondent deux valeurs dey égales et de s gne con- 
traire; d’où ilsuit que l'axe AB partage l’ellipse en deux 
parties égales. 

La grandeur de y dépendant de celle du facteur va- 
riable 2ax—x?, examinons ce quiarrive à ce facteur 
lorsqu'on fait croître x, en partant de x=o, Ce facteur 
étant la même chose que 


(2a—x).x 


on voit qu'il s'évanouit en faisant x—2a et qu'au-dessus 
de cette valeur de x il devient négatif, ce qui rend le 
radical imaginaire et indique par conséquent que la 
courbe se termine au point x = 24,7—0, comme elle 
commence au point æ=0, y—0. Ainsi en partant de 
æ=—=0, les valeurs de:y commencent à croître et après 
avoir atteint une certaine limite elles commencent à dé- 
croître pour revenir à 6 lorsque æ=5%a: La grandeur 
maximum de + correspond donc au cas où la valeur 
de æ est telle que le facteur (24—x)x est lui-même le 


Che 


24 


EL 


plus grand possible, ce qui arrive évidemment quand 
on faitæ=a, car il devient alors @ ; tandis qu’en don- 
ant à x une valeur quelconque plus grande ou plus pe- 
üte que a, a Em, par exemple, il devient 


[racastene) jam = —m , 


quantité plus petite que a’. Ainsi l’ordonnée qui passe 
par le milieu de l’axe est la plus grande de toutes. Sa 


valeur est 
Ï ERLRNS ES. = 
J = + Sa Vedea—#)=+11/cd 


2. On voit aisément, d’après ce qui précède, que la 
droite menée perpendiculairement à l'axe AB par son 
milieu, partage aussi l'ellipse en deux parties égales. 
Cette propriété lui a fait donner le nom de petit axe , 
tandis qu’on a donné celui de grand axe à l'axe AB. 
Or, si nous désignons par 22 la grandeur de ce petit axe, 
nous aurons 


€ 


TR 


b—1V/cd; ou b = 


| 


Substituant cette valeur dans l'équation de l’ellipse, 
nous la dégagerons des quantités auxiliaires c et d'etelle 
deviendra (1) 

b 


2 —_ ,(9cx—7 
Ni — = EeX L') 


; , b? : 95 
b étant plus petit que a; _ est une fraction : ainsi y? 


est plus petit que le produit (24a—x)x ; c’est-à-dire que 
dans l’ellipse le carré de l’ordonnée est toujours plus 
petit que le rectangle formé entre les deux parties cor- 
respondantes du grand axe. C’est cette propriété qui a 
fait donner le nom d’ellipse à cette courbe, d’raategue, 
défaut, parce que dans le cercle le carré de l’ordonnée 
est précisément égal au rectangle formé entre les deux 
parties du diamètre. 


3. Si au lieu de prendre l’une des extrémités du 
grand axe pour origine des abscisses, on prend le point 
‘de rencontre des deux axes, point quel’on nomme aussi 
le centre de la courbe, la relation entre ces nouvelles 
abscisses , désignées par x’, et les précédentes sera évi- 
demment x'=x—4a, d'où x=—x'+a en substituant cette 
valeur dans l’équation(r) elle deviendra 


EL 
Telle est l'équation de l’ellipse rapportée à ses deux 
axes. 
4. En comparant les équations (1) et (2) avec les équa- 
tions du cercle. 


+. Y=2rX—2° 


Jo... 
Ds 


Dssocse VI —2? 


dont la première est rapportée à l'extrémité du diamètre 
et la seconde au centre (Woy. AppzicarTion , n° 34), on 
voit qu’il existe une grande analogie entre l’ellipse et le 
cercle ou que le cercle n’est qu’une ellipse dont les deux 
axes sont égaux, puisque , lorsque b=—a, les deux équa- 
tions (1) et (2) se réduisent à 1 et 2. 

Cette circonstance qui fait du cercle un cas particulier 
de l'ellipse doit nous faire rechercher si les propriétés 
connues du cercle existent pour l’ellipse, ou du moins 
commentelles sont modifiées en passant de l’une à l’autre 
figure. 

Or, dans un cercle toutes les cordes qui passent par 
le centre sont partagées au centre en deux parties égales 
et de plus sont toutes égales entre elles, voyons d'abord 
ce qui a lieu dans l’ellipse pour les droites qui passent 
par le centre etse terminent de part et d’autre au péri- 


G 


D 


mètre. Soit donc MN une telle droite, en prenant O 
pour origine des coordonnées, son équation sera (voyez 
Appuicarion IT, n°0) 


Y—=IMET 


m étant la tangente trigonométrique de l'angle NOB. 
Les points M et N appartenant à l’ellipse, on aura aussi 
pour les coordonnées de ces points la relation 


CT 
Nr (a?—x*) 
et, par conséquent , 
b 
mL (ax) 
d’où 


ab 


Van + b2 


LR 


EL 
cette valeur substituée dans y=mx, donne 
Sn abm 
“4 ee — 
Va m+b 


les valeurs positives de x et de y seront les coordon- 
nées On et ñ»=N du point N, et les valeurs négatives, 
celles du point M, savoir Om et mM ; et comme ces va- 
leurs sont égales, indépendamment du signe, on a 


Om—On et mM=—nN. 


Ainsi les triangles rectangles MmO et NO sont égaux 
et l’on a MO—ON. Donc toute droite menée par lecentre 
se trouve partagée.à ce point en deux parties égales : ce 
qui est exactement la propriété du cercle, 

Le triangle ON, nous donne 


ON = On + Nr 
ou 


ON — 2 + 


substituant à la place de y? sa valeur prise dans l’équa- 
tion de l’ellipse , cette dernière égalité deviént 


x b 
ON = x? + (a—2°) 


ce qu'on peut mettre sous la forme 


Il résulte de cette égalité que la valeur de ON et con- 
séquemment celle de MN est variable et dépend de la 
grandeur de x. On aura donc la valeur de la plus petite 
ligne qui passe par le centre en faisant x=o et la valeur 
de la plus grande en faisant x—a, puisque telles sont 
les deux limites de l’abscisse. Or, lorsque x — 0, on 
trouve 


ON — ba 
et lorsque x—a 
ON — 
c’est-à-dire que le petit axe est la plus courte de toutes 
les droites qui passent par le centre de l’ellipse et que le 
grand axe est la plus longue. 
On nomme diamètre toute droite qui, passant au centre 


d’une ellipse, se termine de part et d’autre à son péri- 
mètre. 


5, Si de l'extrémité du petit axe CD avec un rayon 
égal à la moitié du grand axe on décrit deux arcs de 
cercle qui coupent le grand axe en deux points fetF, 
ces points, ainsi déterminés, présenteront une des pro- 


riétés les plus remarquables de lellipse: c'est que la 
[ ( 


somme de leurs distances à un point quelconque de la 


courbe est une quantité constante, égale au grand axe. 
En effet, soit un point quelconque » dont l'abscisse 
æ=On et l’ordonnée y—mn, ses distances à F et f seront 
les droites »F et mf dont les valeurs, comme hypothé- 
nuses des triangles rectangles fin et mnF, sont (a) 


mE =Fr + mn 
mf = fn » + Fri 
mais 
fr =$0+On=fo+r, 


et 
Fn=OF—On—OF—x ; 


de plus, par construction, fO —OF , et l’on a dans le 
triangle rectangle fCO 


0° =ÿC" __TO" 
ou 


JO = & —b 
Ainsi, en substituant, les égalités (a) deviennent à cause 


_—1 
demn =, 


LA) 
re (Ver 2) + (a—x) 


2 pee db 
mf = (Va—b+hr) +7 (a—x°) 


développant les carrés et réduisant, nous aurons 


a 


(a—x.V/a- —b} 
æœ 


— + 2@xV/a—b+(a—bhes 


fm = 2 


_(w+ever} 


526 EL 


ce qui donne, en prenant la racine carrée, 


a\/a—b? 

En 4 — ai Ace 
« 

L x va —b 

Jn=a a 
a 


donc 
Fra + fn = 24 


ce qui est la propriété énoncée. 
Les points f'et F se nommeut les foyers de l'ellipse, 
et la distanceOfon OF du centre à ces points se nomme 


l'excentricité. Toutes les droites menées des fovers à la 
courbe prennent le nom de rayons vecteurs. 

6. Quand on considère l’ellipse indé peadaniment ct: 
sa génération dans le cône, on la définit bar la propriété 
que nous venons de démontrer ; on dit alors que c'est 
une courbe dont la sontmeé dés distances de chacun de 
sespoints à deux points fixes, est égale à une ligne dounte, 
et en partant de cettè définition of-trouve son équation 
et l’on reconnait que la ligne donnée est le plus grawd 
des diamètres de la: courbe. Sans nous-arrêter à ces dé- 
ductions , que ce qui précède rend inutiles , proposons- 
nous de décrire une ellipse dont les deux axe: sont 


donnés. 


LA ee 
02 us 
RLILEETP PIECE 


Avant mené sur le milieu du grand axe"AB use pér- 
pendiculaire OC égale à la moitié du petit, on com- 
mencera par déterrhinér. les fovers E et-f'en: décrivant 
du point C comme centre , avec un ravon égal à AO ou 
OB, un àrc de cer cle TE. Les_ foyers étañ£ trouvés, de 
l’un d’eux F avec un rayon arbitraire Fra, on décriraun 
arc de cercle ; et de l'aitre foyer fs avec un rayon égal 
à AB— Fm, on décrira un autre arc de cercle , le point 
de rencontre 7z# de ces deux ares sera un des points de 
l'ellipse. On déterminera de la mème manière autant de 


points que lon voudra, suffisamment rapprochés les uns - 
- 9; Le problème de mener .une tangente à J'ellipse 


des autres pour qu’on puisse les Joindre par une ligne 
continue ArCB qui sera la moitié de l’ellipse demandée. 
En opérant dé la même manière de l’autrecôté de AB, 
on décrira l’autre moitié de la courbe, 

7- Ilest plus commode de. décrire l’ellipse par un 


Riouvement continu ainsi qu'il suit : 


EL , 


Les foyers F, f (PL. XXI, fig. 10), étant trouvés, 
fixez-y par le moyen de deux épingles les extrémités 
d'un fil, dont la longueur soit égale au grand axe AB, 
faites ensuite glisser un crayon qui tienne le fil toujours 
tendu. La courbe sera tracée lorsque le crayon aura fait 
deux demi-révolutions l’une au-dessus de AB ét l’autre 
äu-dessous. 

C'est de cette construction que le compas elliptique 
tire son origine. Foy. ELLIPTIQUE. 


8. La double ordonnée qui passe par un des foyers se 
none le paramètre de l'ellipse; pour en trouver la 
valeur il faut, dans l'équation 


& 
es fem 
= (ax) 


fire =}, etl'on obtient, 


” b3 ne L? 
nr ET 


Ai steu désignant le paramètre-par 2p , nons aurons 


d'où 

ä:b::b:p 
ce qui nous appprend-qué Ze paramètre estune troisième 
proportionnelle aux deux axes. 


- Eu divisæit par a lés deux inembres de li dèérnière 
“égalité; on obtient 


T- = . 133 ÿ £ 
On peut donc substituer = à laplace de . dans. 


les équations de l'ellipse, ti)'e (2) ; on a alors 


14 
2—=; (2ax—2° 
JS ) 
} f 5 ] A} P'; Li] F S 9 
2—"- (a —27) 
J a: 


. On nomme ces dernières équations au paramètre. 


n’est qu’un cas particulier du problème géuéral de mener 
Jes tangentes aux courbes, et comme tel, nous pour- 
_rions le renvoyer au mot tangente, mais comme il eu 
‘résulte quelques particularités importantes, nous allons 


‘en indiquer ici la solution. 


EL 


Et 527 


Soit le point où ilsagit de mener latargente, des paie de diamètres conjugués est sene au rectangle 


foyers f'et F, menons les droites fit, Frs, étprolongeoné coistruit entre legrand et Le petit axe ; 


j 


fin d'une quantité »m4d=F. Joignons les points F et 4 
par une droite Fd, et du point g, miliea decette droite, 
menons ga, ce sera la tangente demandée, Eu effet; 
certe droite ne peut avoir que le seul point #2, commur 
avec la courbe, car pour tout autre point ñn, en menané 
fn,ndetnF,on a fn-+nd>fd, où, à cause de Frn=ré, 
fn+Fr>fd; or, par construction fé est égal au grana 
axe, donc la somme des distances fn et Fr du point n 
aux foyers est plus grande que le grand axe, et consé- 
quemment le point # est en-dehors de la courbe, 


Il résulte immédiatement de cette construction que 
les angles formes par la tangente et les. deux rayons 
| vecteurs menés au point de contact sont égaux; car le 
triangle dm étant isocèle (voy.ce mot) et mg passant 
par le milieu de Ja base, on a l'angle dng—l'angle Frg; 
mais drug =nmf comme opposés par le. sommet, donc 
Eyng=nmf. 

Ainsi, la lumièrese réfléchissant en faisant un angle 
de réflexion égal à l'angle d’ incidence (voy. Carorrri- 
Que), si de l’un des foyers de l’ellipse partent des rayon$ 
de lumière qui tombent sur la surface intérieure d' un 
miroir formé par la révolution de-cette ellipse autour 
de son grand axe, ces rayons seront tous réfléchis vers 
4 autre foyer, re est cette propriété qui a fait donner le 
nom de foyers aux points FE. et. f. 

10. On nomme diamètres conjugués , deux diamètres 
dont l’un est parallèle à la tangente menée à l'extrémité 
de l’autre, On reconnait facilement que toutes les cordes 
inenées dans l’ellipse parallèlement à un diamètre sont 
coupées en deux parties égales par son coxjugué, Les 
deux axes formentun système de diamètres coujngués, 

Eau prenant deux diamètres conjugués pour axes des 
abscisses et des ordonnées , les coordonnées ‘deviennent 
obliques, mais les équationsne changent pas de forme. 
(Foy. TRANSFORMATION DES COORDONNÉES.) On trouve 
encore 1° que le parallélogramme circonserit à Pellipse 
et formé par Les tangentes meuces aux extrémités d'une 


2° que la somme 
des carrés de deux dianètres conjugués est égale à la 
sormine des carrés des deux axes, 

11. Si Jon décrit un cercle sur le grand axe d’une el- 
Jipse (PL. XIX, fig. 10), le rapport des ordonnées IM 
de l’ellipse et Pr du cercle ; correspondantes à la même 
abscisse CI sera égal à celui des axes de l’ellipse. En 
effet, en comptant les abscisses du centre, l'équation de 
l'ellipse est 


CS) 


Ja : 
=. 


et celle du cercle décrit sur 24, comme diamètre, est 


) 


V? HAL, | 


désignant donc par # la talear &é l’ordonnée de l’el- 
lipse correspondante a l'abscisse «, et pa y la valeur de 
l'ordonnée du cercle correspondant à la même abscisse, 


nous aulons 


et par conséquent 


) 

On conclut aisément de cette propriété-que la sur- 
face de l’ellipse est à celle du cércle décrit sur son grand 
axe comme le petit axe est au grand axé. Ainsi 477 rex 
présentant a surface du ceréle dont 4 st le ravon (vay. 
CERCLE, n° 31), 


grand axe et 2h pour petit axe, sera 


Ja surface de. l’ellipse qui a 24 pour 


CS 


. c : 
L X ar = abr 


o& = 
le nombre + étant 5,1415026...4 etc. (Poyez Quaprai 
TURE). d 

12. La surface du cercle décrit sur le demi petit axe 
de l’ellipse comme diamètre étant dr, en comparant 
les trois quantités b?r, ab, «+, on Yoit aisément qu'on 


à la proportion 


Pr: abr:: abr: @r, 


c'est-à-dire que la surface de Pellipse est moyenne pro- 
portionnelle entre les surfaces des cercles décrits sur ses 
deux axes. ET. 

13. Au lieu dé rapporter l’ellipse à des coordonnées 


alectangulhives où à des coordoinées parallèles oc paiu 


-eneore considérer, son équation par mmpport 4 baie 


528 EL 


que font avec le grand axe les droites mêmes de l’un 
des foyers. Cette considération est surtout utile dans 
l'astronomie parce que les planètes décrivent autour du 
soleil des ellipses dont il occupe l’un des foyers. Choi- 
sissons donc f pour le foyer ou pour le p6£e d'où doivent 
partir les rayons vecteurs (figure ci-dessus du n° 5), et 
désignons par 9 l’angle 1fB formé par un rayon quel- 
conque fm et l’axe AB ; faisons toujours On=x, mn=y 
et représentons l’exceniricité Of par e et le rayon vec- 
teur fm parz; le triangle fnm donne 


1:sin@::2:Y 


d’où 
y = 2.sin Ÿ 
Z =3.00s Ÿ—e ;' 


substituant ces valeurs dans l'équation de l’ellipse 


b? 2 2 
NA = 7 (a tt ) 
elle devient 


2*.sin 9 = _ .(a—(3.c059—e)") 


b 
= Aie + COS D 267. C0sD=—€?) 
ou 
az? sin °@+-b22? cos p—2bez cos DH be = ab1 


mais sin 2 — 1 —C05 °® , substituant cette valeur de 
in *@, etremarquant ensuite que &’—b?=e?, on aura 


æz=(b1+ez, cos @} 
et, prenant la racine carrée, 

Haz=br+ez, cos g 
ce qui donne définitivement 


« ba 
a—e cos 


D — 
3 = 


Telle est l'équation polaire de l’ellipse. 
Cette équation fournit pour chaque valeur de @ deux 
valeurs de 3 inégales et de signe contraire 


Mais, abstraction faite du signe, on voit que la seconde 
valeur se déduit de la première, en changeant cos @ en 


EL 


— cos @; ainsi cette première suffit pour donner tous 
les points de la courbe en faisant passer l'angle @ par 
tous les degrés de grandeurs depuis @=0° jusqu’à 
=—360°. En faisant p=0, nous aurons cos #1, et par 
suite 


a+e 
valeurs qui 1épondent aux deux points où la courbe 
coupe le grand axe, car on a évidemment &æ+e=—/fB 
et —(a—e)=Af. 

14. Ce qui précède est suffisant pour trouver toutes 
les propriétés de l’ellipse dont nous pourrons avoir be- 
soin dans le cours de ce. dictionnaire. La nature de cet 
ouvrage, nous force à renvoyer pour les détails aux 
traités spéciaux. Voy. Le Traité des courbes du second 
degré, de Biot, la Géométrie analytique, de Garnier, et 
l’Application de l'algèbre à la géométrie, de Bourdon. 
PVoy. aussi les mots TancenTE, NORMALE, TrAnsron- 
MATION, QUADRATURE et RECTIFICATION. 


ELLIPSOÏDE (Géom.). Solide formé par la révo- 
lution d’une demi-ellipse autour de son axe. Voy. Spué- 
ROÏLE. 

ELLIPTIQUE. Ce qui appartient ou ce qui se rap- 
porte à l’ellipse ; tel que segment elliptique, arc ellip- 
tique, etc. 

Compas ELLIPTIQUE. Il se compose d’une règle DG 
(PL. XXV, fig. 2), portant trois curseurs, à l’un des- 
quels D est ajusté une pointe ou un crayon, les deux 
autres entrent dans les rainures de deux pièces en bois 
ou en cuivre, disposées à angle droit, comme on le 
voit dans la figure. En faisant tourner la règle DG, les 
deux curseurs L et G glissent dans les coulisses et la 
pointe D décrit une ellipse. Il suffit donc de donner à 
L et G une distance égale à celle des foyers de l’ellipse 
qu’on veut construire. Cette espèce de compas est si 
peu commode dans la pratique qu’on préfère décrire 
l'ellipse par points. V’oy. Ezzirse , n° 6. 

ÉL-MAMOUN(AsD-ALLan), vulgairement ALMAMON, 
vingt-septième Khalyfe de Bagdad, et le septième de la 
dynastie des Abassides , était le deuxième fils du célèbre 
Haroun-êl-Rachyd. Cet illustre protecteur des sciences, 
monta sur letrônele 25 du mois de Moharrem, an de 
de l'Hégire 198 (25 septembre de notre ère). Él-Mi- 
mounavait eu pour principal maître Jean Mesva, mé- 
decin chrétien, qui lui inspira de bonne heure le goût 
des sciences et des lettres. Parvenu au rang suprême, ce 
prince ne démentit point les espérances de sa jeunesse. 
Ce fut sous son règne que la nation arabe chercha dans 
l'étude des sciences une gloire plus pure et plus digne 
de l'admiration des hommes, que celle des armes. La 
protection généreuse que le Khalyfe leur acçorda, son 


EL 


exemple surtout, détermina ce mouvement de civilisa- 
tion qui s'était déja manifesté, parmi les Arabes, sous 
ses prédécesseurs El-Mansour surnommé Abou-Djafar , 
Haroun-él-Rachyd et Mohammed-él-Amyn. Il appela à 
lui etencouragea par seslibéralitésles savans de l'Orient, 
il se procura à tout prix les livres originaux que possé- 
dait la Grèce , et lorsqu'une grande victoire l’eût mis à 
même de dicter la paix à Michel HT, il exigea comme 
un tribut de la part de cet empereur l'envoi des ouvrages 
les plus rares qui existassent dans la Grèce. Ce fut ainsi 
que la nation arabe entra en possession de toutes les ri- 
chesses littéraires de l'antiquité. 

L’astronomie fut une des sciences quise ressentit le 
plus de la protection d'El-mämoun. Il en avait fait l’ob- 
jet le plus spécial de ses études, et il continuait à s’en 
occuper avec ardeur, sans négliger les soins multipliés 
qu’exigeait le gouvernement de son vaste empire. C’est 
par ses ordres et sous sa direction que fut faite la tra- 
duction arabe de l’Almageste de Ptolémée et des élé- 
mens d’'Euclide. Deux observations de l’obliquité de l’é- 
cliptique, qui ont dü être conservéesà cause de leur 
précision furent faites sous les auspices du Khalyfe, et 
suivant plusieurs auteurs avec sa coopération. Dans la 
première, la plus grande déclinaison de Fécliptique est 
déterminée à 23° 33’; dans la seconde qui fut opérée à 
l'aide d’un instrument d’une grande dimension, cons- 
truit par ordre du prince, cette déclinaison fut trouvée 
de 23° 33' 52”. Le Khalyfe indiqua aux savans dont il 
était entouré un grand nombre de travaux non moins 
utiles, et d’une exécution non moins difficile, parmi les- 
quels on ne doit point oublier la tentative faite pour ob- 
tenir une mesure de la terre plus exacte que celle des an- 
ciens, ni les tables astronomiques qui portent son nom, et 
qui sont un monument impérissable de sa gloire et de 
son génie. Les astronomes qui se distinguèrent le plus 
sous ce règne brillant, et qui réalisèrent avec plus de 
bonheur la pensée du Khalyfe furent Habech-él-Me- 
rouzy, l’un des auteurs des tables, Ahmed-ben-Kolhevr, 
surnommé Él-Fergäny, et par corruption Êl-Fragen F 
Abd-Allah-ben-Saleh, Mohammed-ben-Moussa et Mâchä- 
Allah-Él-Ychoudy. 

L'époque d’un progrès important dans les sciences 
renaissantes se rattache ainsi au règne d'Él-Mämoun ; 
la reconnaissance des hommes qui apprécient leur in- 
fluence sur la marche de l'esprit humain, a fondé une 
grande et durable renommée à cet illustre Khalyfe, 


qui mourutà Tarse, en Cilicie, l'an de l'hégire 210, . 


le 19° jour du mois regab (10 août de l’an 833 ‘de l'ère 
chrétienne.) 

ELONGATION (Astr.). Distance angulaire d’une 
planète au soleil. C’est l'angle formé entre les deux 
rayons visuels menés de l’œil à la planète et au soleil. 

Pour les planètes dites i/trieures la plus grande élon- 


EM 529 


gation est en même temps la plus grande distance de la 
planète au soleil; celle de Vénus est de 47° 48", et celle 
de Mercure de 28° 20’, c'est-à-dire que la première de 
ces planètes ne s'éloigne jamais du soleil deplus de 48° 
et la seconde de plus de 28° 20". Quantaux autres planètes 
leur élongation peut aller à 180°, puisque la terre est 
située entre elles et le soleil. : 

EMBOLISMIQUE (Calendrier). Mois embolismique 
ou intercalaire; moisajouté parles chronologistes pour 
former le cycle lunaire de 19 ans. Woy. Carknprmen, 
n° 8. 

EMERSION (45t.). Réapparition d’un astre éclipsé. 
On se sert encore quelquefois de ce terme, lorsqu'un 
astre que le soleil empéchait d’apercevoir commence à 
devenir visible. 

Dans les éclipses de lune, on nomme minute ou scru- 
pule d'Emersion l'arc que le centre de la lune décrit 
depuisle moment où elle commence à sortir de l'ombre 
de la terre jusqu’à la fin de l’éclipse. 

EMPEDOCLES. Célèbre philosophe et géomètre de 
l'antiquité. Son père se nommait Buton et son grand- 
père Empedocles. Ce dernier avait remporté aux jeux 
olympiques le prix de la course du char, en la 71° olym- 
piade (environ l’an 496 avant J.-C.), et ce fut probable- 
ment en commémoration de cette illustration que son 
nom fut donné à son petit-fils, qui lui acquit par d’autres 
moyens une célébrité plus durable. Empédocles naquit 
à Agrigente, en Sicile, où sa famille occupait un rang 
distingué. On ignore sous quels maîtres il commença ses 
études , mais on ne peut douter qu’il appartint à la bril- 
lante école de Pythagore, dontil a été l’un des plus il- 
lustres représentans. Ses écrits ne nous sont parvenus 
que par fragmens. Le célèbreacadémicien Fréret a pré- 
tendu trouver dans quelques expressions de ce philo- 
sophe l’idée première du système newtonien de l’attrac- 
tion. Empédocles, comme la plupart des anciens, attri- 
buait l'harmonie du monde à une sympathie et une an- 
üpathie, dont ils ne s’expliquaieut pas bien la nature. 
Il y a sans doute bien loin de ces vagues aperçus aux 
immortelles découvertes de Newton. 

Aristote dans un de ses écrits ( De anima, lib. IT), 
nous apprend qu'Empédocles faisait consister la lumière 
dans un écoulement continu hors du corps lumineux. 
On objectait à cette opinion que si la lumière du soleil 
consistait dans une émission de corpuscules partant de 
cet astre, on nc le verrait jamais à sa vraie place, car il 
eu aurait changé dans l'intervalle de temps que le cor- 
puscule de lumière mettrait pour arriver à nous. Empé- 
docles, sansrecourir à l’instantanéité de cette émission 
de la lumière, ou à sa prodigieuse vélocité, répondait 
à cette objection d’unemanière assez ingénieuse, JI disait, 
en cffet, que cette argumentation serait vraie, si le soleil 
lui-même était eo mouyement; mais que la terre tour- 


07 


Bt) EN 
nant autour de son axe, venait au-devant du rayon, et 
voyait l’astre dans sa prolongation. L'ouvrage d'Em- 
pédo. les qui eut le plus de célébrité dans l'antiquité est 
un poëme intitulé Classica, c'est à-dire : De la allure 
et des principes des choses. H'admettait quatre élémens, 
le feu , l'eau, l'air et la terre, soumis à deux causes pri- 
mitives et principales qu'il appelait l'amour et la haine 
ou la sympathie et Vantipathie, dont l'uue unit les élé- 
meus et l’autre Jes divise. En donnant au feu le nom de 
Jupiter, à la terre le nom de Junon, à Pair celui de 
Pluton, à l'eau celui de Nestis, Empédocles est un dés 
premiers philosophes qui aieut allégorisé où du moins 
expliqué par des allégories, la grossière théogonie de 
ces temps reculés. C’est aussi dans cet ouvrage qu'Em- 
pédocles exposait Les principes de la métempsycose. Il 
disait que l'ame était d’origine divine, et d’une nature 
immatérielle, qu’elle avait été rc'éguée dans un corps 
en punition d’une faute antérieure, et qu’elle était con- 
damnée à passer successivement dans plusieurs, jusqu’à 
.ce qu'elle fût entièrement purifiée, Où voit qu'il ue se- 
‘rait pas difficile d'accorder cette philosophie avec les 
“dogmes les plus sublimes et les plus moraux du christia- 
nisme. 

Empédocles qui exerça une grande influence dans la 
république oùilétaitué, et quiavait refusé la tyrannie, 
c'est-à-dire le pouvoir souverain, vivait encore lorsque 
la ville d'Agrigente fut prise et saccagée par les Cartha- 
ginois, l'an 403 avant J. C. A l’époque de ce désastre, 
il se retira dans le Péloponèse où il finit ses jours dans la 
solitude et l'obscurité. Timée, historien né en Sicile, 
d'après lequel Diogi ne Laërce rapporte ces circonstances 
relatives à Empédocles, s'élève avec force contre le 
bruit populaire d’après lequel ce philosophe se serait 
précipité dans l’un des cratères de l'Etna. Les fragmens 
desécrits d'Empedocles ont été imprimés de nôtre temps 
dans deux recueils. I. Æmpedoclis agr'gentint, de 
vit et philosophia ejus exposuit, carminurmn reliquias 
collegit, Fred., Guill., Sturg, Leipzig, 1305, in8°, 

a vol. II. Empedoclis et Parmenidis fra;menta, ex 
codice bibliothecæ taurinensis restituta ab Amedeco, 
Pevrou. 

ENGENDRER. On se sert de ce mot pour désigner 
en géométrie la génération d’une étendue à l’aide du 
mouvement d’une autre étendue. C’est ainsi qu’on dit, 
par exemple, qu’un cylindre droit est engendré par la 
rotation d’un rectangle autour d’un de ses côtés. 

ENGIN (Mec.). Nom générique que l’on donnait jadis 
à toutes les machines. Il est plus spécialement consacré 
aujourd’hui à désigner un appareil destiné à former un 
point de suspension pour élever les fardeaux. 

ENGRENAGE (Méc.). Système à l’aide duquel on 
transmet le mouvement d’une roue à une autre. 

Les roues pouvant engrener extérieurement ou inté- 


EN 


rieurement, il suit qu’il y a deux espèces d’engrenages; 
mais comme la première espèce est à peu près la seule 
employée, c'est aussi la seule que nous considérerons, 
Pour déterminer qu’elle est la meilleure forme à don- 
ner aux dents des roues qui engrènent les unes avec les 
autres ; il est d’abord nécessaire d'examiner le mouve: 


ment de rotation de deux cercles qui se touchent. 
Roues dont les axes sont parallèles. 


Supposons d’abord que les deux cercles sont dans un 
mème plan et qu'ils puissent prendre un mouvement 
de rotation autour de la droite, passant par leur centre 
perpendicülairement à leur plan. Si on suppose qu’à 
l’un des cercles on applique une force F dirigée suivant 
la tangente à l’un ou l’autre cercle, ils tourneront avec 
des vitesses égales, car , puisqu'ils roulent l'an sur l’au- 
tre, les arcs décrits dans le même temps par chacun des 
points de leur circonférence sont égaux et ces arcs sont 
la mesure des vitesses. Les momens de la force F, par 
rapport aux centres des deux cercles, sont proportion- 
nels à leur rayon, car ils ont pour expression FXR 
et FXR'’. 

Si nous considérons les cercles des rayons R et R', 
comme les bases de deux roues cylindriques, etleslignes 
qui terminent les dents comme les bases de deux cy- 
lindres, ces lignes devront se toucher dans toutes leurs 
positions, et la normale commune qui varie avec la po- 
sion des cercles devra passer par le point de coutact 
des deux cercles. Si nous nommons B et B'les perpen- 
diculaires abaissées des centres fixes sur la normale com- 
mune, et f la force qui est dirigée suivant la normale et 
dont le moment, par rapport au centre du cercle du 
rayon R, est égal au moment de la force F, nous 


aurons 
JXB=FXR, 
d’où 
RE 
= 


Le moment de cette force, par rapport au cercle dont 
le rayon est K', est f X B'; mais la normale passant par 
le point de contact des deux cercles, on à la propor- 


tion 
HR RE p-D; 


donc 


Par conséquent les momens, par rapport aux centres des 
cercles, n’ont pas changé , donc les deux cercles se meu- 
vent comme s'ils étaient conduits par une force unique 
F, dirigée suivant la tangente à l’un des deux cercles. 


Tuaginons un cercle d’un rayon AB (PL. XXXIT, 


EN 


fig. 3) tournant autour de la ligne des pôles projetée en 
À, c’est-à-dire de la droite passant par son centre per- 
pendiculairement à son plan, et cherchons comment il 
pourra transmettre son mouvement de rotation à un 
autre cercle d’un rayon CB, qui lui est tangent en B et 
qui est situé dans le même plan. Si nous décrivons un 
cercle sur CB comme diamètre, et que nous le fassions 
tourner sur la circonférence dont le rayon est AB, le 
point B décrira une épicycloïde plane; s’il tournait sur 
la circonférence dont le rayon est CB il engendrerait une 
droite CB (Foy. Éricxcuoïnr). Si on suppose que l’épi- 
cycloïde BP soit fixée au cercle AB et que la droite BC 
le soit aussi au cercle BC, cette épicycloïde conduira 
cette droite de manière que les vitesses de rotation se- 
ront égales et les momens constans. 

Supposons en effet que l'épicycloïde soit arrivée dans 
la position B'd'P', elle coupera alors le cercle du dia- 
mètre CB en un point d' tel qu'on aura 


arc Bd’ — arc BB'; 


car si on suppose que la position primitive du cercle 
soit telle qu’il touche en B'le cercle AB sur lequel il 
roule , on aura le point d' de la courbe parcourue eu 
faisant l’arc BB'— arc Bd!. 

La position correspondante du rayon CB passera aussi 
parle point d', puisque d’après la définition des épicy- 
cloïdes les arcs BB'; Bb', Bd', sont de même longueur. 
Mais Ja droite C£' est tangente à l'épicycloïde B'dP', 
donc la pression de cette épicycloïde contre le rayon Cb’ 
aura lieu suivant la normale dB qui passe par le point 
de contact B des deux cercles AB et BC: donc la force 
qui fait tourner l’un ou l’autre cercle, et le moment de 
cette force, sont constans. 

Soient maintenant AB et OB les rayons de deux cer- 
cles situés dans le même plan et tangeus l'un à l’autre au 
point B. Imaginons un troisième cercle décrit d’un 
rayon quelconque O'B et tangentaux deux premiers du 
même point À. S'ilse meut successivement sur les deux 
cercles AB et OB, un de ses points engendrera deux 
épicycloïdes BP et BQ. La première de ces épicycloïdes 
étant fixée sur le cercle AB et l’autre sur le cercle OB, 
dans leur rotation ;avec les cercles elles auront des vi- 
tesses égales: ec. les momens seront proportionnels aux 
rayous AB ct OB, Supposons en effet les épicycloïdes 
daus les positions B’P" et B’Q". Par construction elles 
aurout de commun le point d” situé sur la circonférence 
dont le rayon est O'B, par conséquent une tangente 
commune Cd"; et leur pression l’une, contre l’autre 
s'exercera suivant la normale Bd” qui passe nécessaire- 
ment par le point B. Il suivra.de là que le momerit 
d'une force appliquée à l’un des cercles étant constant , 
le moment d’une force appliquée à l’autre cercle le sera 
aussi. | 


EN 


Nous allons nous occuper de déterminer la forme de: 
dents de deux roues cylindriques de même épaisseur, 


591 


comprises entre deux plans parallèles et tournant autour 
de deux axes parallèles passant par leur centre, de ma- 
nière à ce qu’elles se meuvent comme deux cercles si- 
tués dans ie même plan et constamment tangens l’uu à 
l’autre. 

Soient À et B (PL. XXXII, fig. 2) les projections des 
deux axes parallèles autour desquels ces roues doivent 
tourner. Sur la droite qui joint ces deux points, prenons 
un point C qui ait sur l’une et l’autre roue la même vi- 
tesse de rotation, et des rayons AC ct BC, que nous 
nommerons rayons primitifs, traçons deux cercles qui 
seront tangens en C. Les circonférences de ces cercles 
sont dans le rapport de leurs rayons, qui est déterminé 
par le nombre des dents des roues: de sorte qu’il est tou- 
jours exprimé en nombres entiers. 

Les épaisseurs des dents, qui sont égales sur l’une et 
l'autre roue, se mesurent sur les circonférences des 
rayons primitifs ; l'intervalle qui les sépare et qui s’ap- 
pelie creux, est aussi le même pour les deux roues etse 
mesuresur les mêmes circonférences. {l est un peu plus 
grand que l’épaisseur des dents: On a soin de prendre 
les deux arcs déterminant l'épaisseur d’une dent et la 
largeur du creux dans + rapport tel que leur somme 
soit contenue un nombre exact de fois dans les deux cir- 
conférences. Supposons que FI soit l'épaisseur des dents 
de Ja première roue, dont le ravon est CB, et FH la 
longueur du creux, ct VOYONS comment nous détermi- 
nerons les courbes qui doivent servir de base aux sure 
faces cylindriques terminant les dents, Sur la droite AC, 
comme diamètre , nous déctirons un cercle dont nous 
supposerons la cireoriférénce tournant sur la circonfé- 
rence BC. Dans ce niouvement le point € décrira une 
épicycloïde CM. Si maintenant nous prenons l'are 
CN 


et que nous menions le rayon BNM, le 
point M où il coupe l’épicyeloïde CM sera le dernier 
point de la courbe qui doit servit de base à la surface 
cylindrique du plein de la dent. 

À cet arc CM, de la dent de la grande roue, corres- 
pond un flanc de la petite roue que nous allons déter- 
miner. Du point B comme centre et du rayon BM dé- 
crivons un arc de cercle MPL, Get are coupe la cir- 
conférence du rayon AG au point L, et la circonférence 
du diamètre AC au point P. En traçant une circonfé- 
rence du point À comme centre avéc le rayon AP, le 
point Q, où elle rencontre le rayon AC, déterminera 
la longueur CQ du flanc demandé. La portion d'épi- 
cycloïde CM, conduisant le flanc CQ de AC en AC, 
passe de la position CM à la position PP’, et alors elle 


a pour tangente le rayon APC’. Au-delà de cette posi- 
tion la deut glisserait cncore sur le flanc qw'elle pousse- 


t 


24 


532 EN 

rait au-delà de AC! jusqu'à ce que les deux extrémités 
de la dent et du flanc fussent réunies en L; maisalorsles 
conditions de mouvement ne seraient plus satisfaites. 
Aussi lorsque le flanc AC est arrivé en AC", il faut 
qu’une autre dent engrène avec un autre flanc et qu’elle 
communique à la roue du rayon primitif AC un mou- 
vement uniforme de rotation. Aussitôt que cet engre- 
nage aura lieu, le flanc CQ étant arrivé dans ia position 
APC', il cessera d’être passé par la dent et lorsque la 
dent sera parvenue en LL’ Ie flanc sera au-delà de AL. 


On fera absolument les mêmes constructions pour 
déterminer les dents de la petite roue et les flancs de la 
grande. Il reste maintenant à tracer la forme du creux 
qui sépare deux denis, car au point où nous sommes 
arrivés, le mouvement ne pourrait avoir lieu puisque 
les arcs d’épicycloïdes qui terminent le contour des 
dents ne pourraient se loger dans l'espace pratiqué entre 
les dents. L’intervalle entre deux dents dela petite roue 
est terminé par la courbe que décrit l'extrémité M de 
la dent CM de la grande roue sur le plan du cercle du 
rayon primitif AC. Or, en faisant tourner les deux cer- 
cles des rayons AC et BG autour de leur centre, le point 
C décrit, d’un mouvement rapporté au rayon AC comme 
axe fixe, une épicycloïde: partant, le point M décrit une 
épicycloïde ralongée (voy. Éprcyccoïnx). Mais tous les 
points du cercle qui a pour rayon BNM décrivent la 
même ligne. Si donc on prend Ca=MN, les points M 
et a décriront la même épicycloïde ralongée. Soit ab l'é- 
picycloïde ralongée décrite par ce point a. En décrivant 
du point À comme centre avec AM pour rayon un arc 
de cercle jusqu’à ce qu’il rencontre ba en 1, on con- 
struira la droite Aa’ faisant l’angle MAa'—mAa ; trans- 
portant la branche de courbe amb en a'Q ct en «' Md, 
Ma'Q sera la courbe décrite par le point M sur le plan 
du cercle primitif de la petite roue, en rapportant cette 
courbe à la droite Ad, considérée comme un axe fixe de 
coordonnées. 


En supposant la dent CM de la grande roue transpor- 
tée en PP’ où elle cesse de toucher le flanc de la petite 
roue, le creux Qa' aura pris la position PY ; l'extrémité 
de la dent CM et la naissance de la courbe de creux se 
confondront alors en un même point P. Les courbes PP' 
et PY ont encore en ce point la même normale CP, car 
le point P appartenant à l’épicycloïde ralongée, on a un 
triangle APB dans lequel PB — MB, d'ou il suit que la 
normale de cette épicycloïde passe par le point C. On 
doit conclure de là qu’au point Q la courbe de creux est 
tangente au rayon AQ. 


Cet exemple suffisant pour bien faire comprendre 
comment on peut tracer les dents des roues tournant au- 
tour d’axes parallèles entre eux, nous ne considérerons 
pas le cas où l’une des roues devient une lanterne, ni 


EN 


celui des lames et pilons, renvoyant pour cela au traité 
des machines de Hachette. 


Roues dont les axes se rencontrent. 


Imaginons mainteuant que deux cercles en contact ne 
sont pas dans un même plan et qu'ils soient mobiles au- 
tour deleurs centres. Dans ce cas une force F passant par 
leur point de contact, est équivalente à une autre force f 
dans un rapport déterminé avec elle et dirigée suivant la 
tangente commune aux deux cercles. En effet la force 
F, qui passe par le point de contact des deux cercles, 
peut se décomposer, par rapport au plan de chacun des 
deux cercles, en trois forces , l’une suivant la perpendi- 
culaire au plan , la seconde suivant un rayon du cerele 
situé dans ce plan , et la troisième fsuivant la tangente 
commune aux deux cercles. Les deux premières sont dé- 
truites par la résistance des axes fixes de rotation des 
deux cercles. Pour trouver le rapport entre f'et F, il 
suffit de remarquer qu’en décomposant, cette dernière 
en deux autres, l’une suivant la tangente commune aux 
deux cercles, etl’autre perpendiculaire à cette tangente, 
la première sera égale à f, et que par conséquent cette 
force fne dépend que de l'angle formé par la tangente 
commune aux deux cercles avec la direction de la force 
F. Par conséquent, la force f' est la même, soit qu’on dé- 
compose la force F par rapport au plan de l’un ou de 
l’autre cercle. Mais les momens de cette force f, par 
rapport aux centres des cercles, sont proportionnels 
aux rayons de ces cercles , donc quelle que soit la direc- 
tion de la force F, par rapport au plan des deux cercles, 
pourvu qu’elle passe par le point de contact de ces cer- 
cles , elle est équivalente à une force f dont les momens, 
par rapport aux centres des cercles, sont proportionnels 
à leurs rayons: proposition qui est encore vraie, si la 
force F est dans le plan de l’un des cercles. 

Si on nomme à l’angle de la force F avec la tangente 
commune aux deux cercles, le rapport entre F et f'sera 
déterminé par l'équation. 


J=F cos «; 


et les momens de la force f, par rapport aux centres des 
cercles des rayons R et R', seront RF cos «, R'F cos &. 
Ce rapport est donc celui de R à R', et il est indépen- 
dant de la grandeur et dela direction de F. 

Désignons par C et C' les deux cercles qui se touchent 
sans être dans un même plan, et éonsidérons-les comme 
les bases de deux cônes droits C et C’ qui ont pour som- 
met commun le point d’intersection de leur ligne des 
pôles. 

Dansie plan du cercle C' traçons un troisième cercle C” 
qui ait pour diamètre le rayon de ce cercle et qui lui 
soit tangent au point de contact qu’il a avec le cercle C. 
En faisant rouler le cône C' sur le cône C, un point 


EN 

quelconque du cercle C” décrira une épicycloïde sphé- 
rique dont l'origine sera sur le cercle C. Prenons cette 
épicycloïde pour base d’un troisième cône ayant même 
sommet que les deux premiers et qui soit fixe sur le 
cône C. Par la ligne des pôles du cercle C! menons un 
plan contenant le triangle formé par un rayon du cercle 
C', la ligne des pôles de ce cercle et une arête du cône 
C', etfixons ce triangle sur le cercle C’ qu’on veut faire 
tourner autour de la ligne des pôles comme axe. 

Une force quelconque faisant tourner le cône droit GC 
sur son axe, fera tourner en même temps le cône à base 
épicycloïdale fixé sur le cercle C. Le dernier cône pres- 
sera le plan du triangle fixé sur le cercle C' et obligera 
ce cercle à tourner. 

Mais le cône à base épicycloïdale est touché danstoutes 
ses positions par le plan du triangle suivant une arête ; 
etsi par cette arête on mène un plan normal au cône , 
ce plan passe par l’arête de contact des deux cônes droits 
Cet C', dont l’un est fixe et l’autre mobile (Foyez Épr- 
eYGLoÏDE spuÉrIQUE). Mais la force qui conduit le plan 
du triangle fixé au cercle C' est nécessairement perpen- 
diculaire à ce dernier plan, donc elle est dirigée dans le 
plan normal au cône épicycloïdal ; par conséquent elle 
passé par l’arête de contact des deux cônes droits. La force 
appliquée tangentiellement au cercle C, se change alors 
en uue autre force passant par le point de contact des 
deux cercles GC etC', et dirigée darsle plan du cercle C. 
Mais les momens de cette force, par rapport aux centres 
des cercles C et C', sont préportionnels aux rayons de 
ces cercles , donc les deux cercles se meuvent comme si 
le mouvement de l’un d'eux se transmettait à l’autre par 
leur élément commun. 

Siles deux cercles C et C' sont les bases de deux roues, 
la dent dela premièresera formée par un tronc du cône 
épicycioïdal, et elle conduira la seconde roue en tou- 
chant continuellement une portion du plan triangulaire 
qui est fixé au cercle C' et qui porte le nom de flanc. 

Soient AB le rayon du cercle fixe (PL. XXXIT, fig. 3) 
et AHlaligne des pôles ; le cercle mobile a pour rayon Ba 
et pour ligne des pôles Hd. L’angle 4BG est celui du plan 
des deux cercles. Sur Bd comme diamètre on décrit le 
cercle C”,qui, rabattu, prend la position BP4. Un point de 
ce cercle décrit une épicycloïdesphérique dont le centre 
est en O', point d’intersection de la ligne AH et de la 
droite OO" perpendiculaire sur le milieu de Bd, 

Lorsque les deux cônes GC et C', dont le sommet com- 
mun est en H, se tournent suivant l’arête BH, on sup- 
pose que le point générateur de lépicycloïde sphérique 
est projeté en EE’, sa vraie position étant en P. Alors 
le plan du flanc passe par les droites Pd et dIT: il est per- 
pendiculaire au plan BPd et touche le cône épicyeloïdal 
suivant une arête dont les projections sont AE, HE' et 


Pd, La position de cette arête, par rapport à la droite 


EN 533 
Hd, varie en même temps que la position du cône épi- 
cycloïdal. 

Une force F appliquée tangentiellement au cercle Ge 
du rayon AB , et par conséquent au cercle C' du yo 
BO', se change en une autre force f qui est dirigée sui- 
vant BP; de sorte que plus le point P s'approche du 
point d, plus la force f'augmente, et par conséquent la 
pression de la dent contre le flanc. Le frottement crois- 
sant avec la pression, il est nécessaire, pour le rendre le 
plus faible possible , que la dent ne fasse tourner le flanc 
que d’un petit arc. La différence entre les deux droites 
dB et dP détermine la portion du flanc contre laquelle 
la dent a glissé pour faire tourner le cercle C' d’un arc 
égal à BP. 

Si on suppose que le cône épicycloïdal a pour base 
une portion déterminée d’épicycloïde , telle que celle 
dont la projection est 4Ë, dans cette position le cône 
est touché par ie plan du flanc passant par l’axe de ro- 
tation Hd suivant l’arête qui se projette en HE’ et en 
Pd. Lorsque le pointa, crigine de l’épicycloïde, était en 
B , le cône épicycloïdal touchait alors le plan du flanc 
passant par l'axe de rotation H4, suivant la droite HB 
qui se projette en Bd; d'où il suit, que tandis que le cône 
épicycloïdal tourne autour de l’axe AH d’un arc Ba, le 
plan du flanc tourne autour d’un arc égal à celui qui 
mesure l’angle P4B. Si donc du point d comme centre, 
avec dP pour rayon, on décrit un arc qui coupe la 
droite dB au point p, la portion du flanc passant par 
l’axe Hd, sur laquelle glisse la portion de cône épicy- 
cloïdal, est comprise entre les deux droites Hp et HB. 
L'angle de ces deux droites comprend la portion utile 
du flanc, qui correspond à la portion du cône épicy- 
cloïdal dont les arêtes extrêmes se projettent en Aa et 
AE. Ainsi, connaissant l'arc décrit par un point quel- 
conque du cône épicycloïdal autour du premier axe de 
rotation AH , on en conclut la grandeur de l'arc épicy- 
cloïdal qui lui sert de base, l'angle qui comprend le 
flanc; et l’arc décrit par un point quelconque de ce flanc 
autour du second axe de rotation Hd. 

Lorsque le cône épicycloïdal tourne autour de l'axe 
de rotation AH, chacun des points de l’épicycloïde sphé- 
rique qui lui sert de base, décrit un cercle autour de cet 
axe. Ainsi, le point extrême EE’ décrit un cercle qui a 
pour rayon AE, qui se projette en FE'e. Si donc on dé- 
crit l’arc de cercle E£ du point À comme centre avec 
AE pour rayon, et si on prend et—nE, eHF sera l’an- 
gle de l'axe AH avec l’arête extrême qui se projette en 
AE. Dans toutes les positions du cône épicycloïdal cette 
arête fait avec l'arc de rotation un angle constant, puis- 
que le cône tourne autour de cet axe. Connaissant cet 
angle , on peut en conclure la grandeur de l’arc que le 
cône épicycloïdal fait décrire à un point quelconque du 
flanc. En effet, soit FHe cet angle ramené dans le plan 


554 EN 


des deux axes de rotation AH, H4 ; Te étant la longueur 
de l’arête extrême du cône épicycloïdal, la perpendis 
culaire eF, abaissée sur l'axe de rotation AH, est le rayon 
du cercle décrit par l'extrémité de cette arëte autour de 
cet axe; le plan de ce cercle coupe le plan du cercle gés 
nérateur de l’épicycloïde suivant PE’. Joignous donc P 
et d'par une droite, le flanc a d’abord pour trace Pd et 
ensuite Bd; il a donc tourné d’un augle égal a P4B. 
Nous allons déterminer la forme des deuts de deux 
roues d'angle en nous appuyant sur les considérations 
que uous venons d'établir. 
Nous considérerons d’abord la roue qui a pour axe de 
rotation la droite AC (PL. XXXI, fig, 1). Elle est ter+ 
minée extérieurement et intérieurement par deux troncs 
de cônes droits qui ont pour axe commun la droite AC, 
et pour génératrices l'un la droite LI et l'autre la droite 
L'T'. Ces troncs de cône ont pour base inférieure deux 
cercles dont les rayons sont {Let Z'L', etles centres en 2 
et L' sur l’axe de rotation. La distance entre ces deux 
cercles est égale à l'épaisseur des pièces de bois qui for- 
ment l’enrayure de la roue. Les dimensions des cônes 
droits qui terminent l'extérieur et l’intérieur de la roue 
déterminent la portion de cône épicycloïdal qui formele 
plein d’une demident. Soient donc DE la projection de 
l’épicycloïde sphérique qui sert de base au cône épicy- 
cloïdal dela dent,sur un plan perpendiculaire l'axe AC, 
et DME' laprojection sur le même plau de l’intersection 
du cône épicycloïdal et du cône droit qui a pour géné- 
ratrice LI, Le cercle Mi, décrit du point O comme centre 
avec le rayon OM=HI, coupe la ligne DM au point M. 
Dai étant l'épaisseur d’une dent et la largeur d’uu creux, 
on divisera cet arcen deux parties Dn etnt, de telle sorte 
que rt soit plus grand que Dn d'environ >; on mènera 
ensuite la droite Oz' qui est la bissectrice de l’anglezOD, 
et qui déterminera Je milieu du plein de la dent. Sur le 
cercle du rayon OM on prendra l'arc M'x'=Me et, par 
cet arc Ma'M' et par le sommet du cône épicycloïdal on 
fera passer un cône droit qui terminera la dent, et en 
séparera les deux parties. Le tronc de cône droit qui 
forme l’intérieur de la roue estterminé au cercle qui a 
pour rayon Où = H'T', Sion mène les rayons OM et 
OM, ils intercepteront sur le cercle décrit du rayon Of’, 
l'arc mm" et la projection de la face conique qui sépare 
les deux parties d’une dent sera MM'm'm. Si maintenant 
on fait la courbe M'n égale à la courbe MD, et qu'on 
trace les courbes dr et pm' semblables aux courbes DM 
et M'r et semblablement placées par rapport à axe Ox!, 
on aura la projection du plein de la première roue. La 
seconde ayant pour axe de rotation A'C qui fait avec le 
premier l'angle ACA", on déterminera, de la même ma- 
mière, sur un plan perpendiculaire à son axe, la projec- 
tion du plein d’une deses dents. Mais les dimensions de 
. selte dent déterminant la longueur du flanc de la pre- 


EN : 
mière roue, il est nécessaire, pour déterminer ce flanc, 
de connaître le cercle MM' décrit du rayon A'4' et qui 
termine les dents de la seconde roue. 

Le cercle BaD décrit du rayon A'4—BA', contient 
les naissances de ces dents. Les deux cercles des rayons 
À'x, A'u' peuvent être considérés comme bases de deux 
cônes droits, ayant pour axe commun l’axe de rotation 
de la seconde roue, et pour sommet commun le point 
de rencontre des deux axes de rotation. Les extrémités 
et les naissances des dents de la première roue, sont sur 
les deux cercles décrits des rayons Ox' et Oz qu’on peut 
aussi considérer comme base de deux cônes droits, ayant 
pour axe commun l'axe derotation de la première roue, 
et pour sommet commun le point de rencontre des 
deux axes de rotation. Les arêtes de ces cônes conte- 
nues dans le plan qui passe par leur axe commun font 
entre elles un angle qui est pris pour mesure de la saillie 
de ladent; et c’est le rapport dessaillies des deux roues, 
qui détermine le cercle MM' qui limite les dents de la 
seconde roue. Dans le cas dont nous nous occupons, 
uous supposerons les saillies égales. 

La droite qui joint le point D etle point de rencon- 
tre des deux axes de rotation se projette parallèlement 
à elle-même en BC, Si on ramène le point Menz, et 
qu’on élève la perpendiculaire ëL à la droite OD, la 
mesure de la saillie de la dent de la première roue sera 
mesurée par l’angle BCI, puisque les deux droites BC et 
IC sont dans un plan passant par l'axe de rotation, et 
qu’ellesappartiennentaux deux cônes droitsqui ont pour 
base les cercles Dz et MM'. Menons maintenaut CQP, 
faisant avec BC un angle PCB.= BC ,1cet augle sera la 
mesure de lasaillie des dents de la seconde roue. Cette 
roue.est terminée extérieurement etintérieurement par 
deux troncs de cônes droits dont la section par le plan 
des deux axes de rotation, est composée de deux parties 
égales à celle qui a pour contour PBré£gp Q. Cette fi- 
gure en tournant autour de l'axe de rotation AC, en- 
geudre la surface, qui termine la seconde roue avant 
qu'on.ait taillé les dents. Si du point P, on abaisse la 
perpendiculaire PP' sur A'B, A'P' sera le rayon du 


.cercle terminant les dents de la seconde roue. 


Le cône épicyclaïdal formant une dem -dent de la se- 


.çonde roue a pour base l’épicycloïde sphérique qui a 


pour projection MD. Supposous que æ et7 soient les 
points milieux des droites AB et OD. La droite x per- 
pendicujaire à OD coupe l'axe de rotation AC en un 
point y, centre de la sphère sur laquelle est tracée l'6- 
picycloïde MD , yB étant le rayon de cette sphère. Si 
donc du point y comme centre et avec ce rayon on dé- 
crit un arc de cercle, on aura toutes les données néces- 
saires pour résoudre la question proposée. En effet, dé- 
crivons le cercle yD du point y comme centre; du point 
G intersection de la droite CP et de l'arc By, abaissons 


EN 

la pérpendiculaire £9 sur l'axe de rotation AC, et pro- 
jetons le point : où elle coupe la droite AB, sur le ctr- 
cle décritdu rayon yD.Ramenons ce point d’intersection 
» sur la droite AB en 8; joignons 0C, et le point €, où 
cette droite coupe la droite BL, projeté en #, déterminera 
le rayon Oy du cercle qui termine le flanc de la dent de 
la première roue. Le point €’, où la droite CÈ coupe la 
droite L'L', projeté en £”, déterminera de même l’autre 
extrémité de ce flanc, qui ainsi est projeté en pp'n'n. 
Dans l’espace, ce flanc a la forme d’un trapèze, dont 
les deux côtés parallèles appartiennent aux côtés des 
cônes intérieur et extérieur de la roue, et les deux autres 
côtés concourent au point d'intersection des deux axes 
de rotation. it 10. 

Déterminons maintenant la forme du creux qui doit 
exister entre deux dents, Lorsque.les deux roues tour- 
nent autour des axes AC et A'C, l'extrémité M de la 
dent de la secoude roue, décrit autour de son axe un 
cercle dont le rayon est A'M. Si on-rapporte le mouve- 
ment du point M aux droites AG et AB, considérées 
comme des axes fixes, le point décrit une épicycloïde 
sphérique ralongée. Le cône dout le sommet est au 
point de rencontre des deux axes de rotation, et qui a 
pour base l'épicycloïde raiougée décrite d’un mouve- 
meut relatif par Je point M, pénètre le solide sur lequel 
on a taillé les dents de la roue, ct c’est cette pénétration 
qui détermiue.le creux. Sa grandeur sur une roue dé- 
perd évidemment de la longueur des dents de l’autre, 
Le contour des creux de la première roue est en pro- 
jection composé des deux droites x'p',rg quiconcourent 
au point O, et des deux courbes n'q, rp' résultant de 
l'intersection des cônes droits intérieurs et extérieurs de 
la roue, et,du cône à base. d’épicycloïde sphérique 
ralongée. Les deux courbes sont tangentes à la droite 
np. La courbe g't'=q'u', intervalle qui les sépare, 
étant terminé par une portion de surface conique dont 


le sommet est au point C, et dont la base est l'arc gg’. 


Pour tracer les coutours du creux et du plein d’une 
dent, on développe les surfaces coniques droites qui ter- 
minent la roue extérieurement et intérieurement, Pour 
le détail des procédés pratiques employés pour le tracé 
des diverses sortes d’eugrenages , voyez les dessins de 
machines publiés par M, Leblanc. 

ENIF (4s1r.). Étoile de la troisième grandeur, située 
à la bouche de Pégase. Elle est marquée « dans les ca: 
tlogues. Où la nomme encore nf Alpheras. 


ENNEADECATERIDE (Calend.). Période de 19 
ans qui ramène les nouvelles lunes aux mêmes jours du 
. x e 
mois. Foy. CarrNprier 7. 
ENNEFAGONE (Géom.) (de ervtaæ, neuf, ct. yorie y 


angle). Figure de neuf angles et de neuf côtés, Voy. Po- 
LYGONE. 


EP 535 

ÉPACTE (Astr.). Nombre déjours et de fractions de 
jour dont les révolutions lunaires diffèrent dés solaires. 
Nous avons expliqué en détail au mot Cazenprier l'usage 
des épactes pour trouver les nouvelles lunes ecclésias- 
tiques, ainsi nous ne nous occuperons ici que de celles 
‘qu’on nomme astronomiques , parce que jadis les astro- 
nomes s'en servaient pour préparer les calculs des 
éclipses. 

Les épactes astronomiques sont des nombres qui 
expriment l’âge de la lune au commencement dé l’année, 
ouletempsquis’est écoulé depuisla dernière conjonction 
moyenne del'année précédente jusqu’au commencement 
dé l'année actuelle, si elle est bissextile, ou à la veille, 
‘si c'ést une annéé commune. Outre ces épactes , qu’on 
nomimeépactes d'années, on considère encore les épactes 
les Mois, qui sont, pour châqué mois en particulier 
l'âge qu'aurait la luné à son comméncement si la der- 
nière éonjonction de l’année écouléé avait eu lieu le 31 
décembre à midi. Ainsi ; en ajoutant l’épacte de l’année 
à celle d’un mois quelconque on a l’âge réel dé la lune 
au commencement de ce mois ; et, couséquemment, en 
retranchant ensuite cet âge de la durée d’une révolution 
entière de la lune, le reste exprime le temps de la con- 
jonction moyenne qui doit avoir lieu dans le cours du 
mois. Par exemple, l'épacte d’une année étant égale à 
14j 20b 44" 18", si l’on voulait connaître l’époque de la 
nouvelle lune du mois d’avrildont l’épacte est 19" 4752", 
on retrancherait la somme de ces nombres 16i 64 3210" 
de la durée d’une révolution lunaire , savoir de 29j 12" 
44" S", et le reste 13j 6h 11° 53" indiquerait que la nou- 
velle lune cherchée aurait lieu le:13 avril à 6h 11! 33”. 

On trouve des tablés dés épactes astronomiques dans 
les ouvrages de Riccioli, de La Hire, de Cassini et dans 
l'astronomie de Lalande, mais l’état actuel de perfec- 
tion des tables solaires à fait renoncer à l'emploi de ces 
épactes. 


ÉPHÉMÉRIDES (Astr:). Tables qui donnent pour 
chaque jour d’une année l’état du ciel. Les astronomes 
des diverses nations publient des éphémérides dont les 
plus célèbres sont en France, la Connaissance des temps, 
en Angleterre, l'Almanach nautique et en Italie, les 
Ephémérides de Bologne. 


EPI DE LA VIERGE (A4str.). Brillante étoile de la 
première grandeur, située dans la constellation de la 
Vierge. 

ÉPICYCLE (des, sur, et de xvxaos, cercle). C'était, 
dans l’ancienne astronomie, une orbite circulaire subor= 
donnée dont le centre était supposé se mouvoir sur la 
circonférence d’un plus grand cercle appelé le déférent; 
on s’en servait pour ramener à des mouvemens réguliers 
lesirrépularités apparentes des mouvemens des planètes. 


La découverte du véritable système de l'univers rend 


556 EP 
inutile la considération des épicycles dont l'invention 
toutefois est des plus ingénieuses. Foy. Révozurion. 


ÉPICYCLOÏDE (Géom.) (de #74, sur, et xvxaos, 
cercle). Courbe décrite par un point d’une circonfé- 
rence de cercle roulant sur une autre circonférence. 
Lorsque les deux cercles sont dans un même plan, l’é- 
spicycloïde est plane ; lorsqu'ils sont dans des plans dif- 
jférens l'épicycloïde est sphérique. 


Occupons-nous d’abord des épicycloïdes planes et 
supposons que l’épicycloïde soit extérieure, c’est-à-dire 
que le cercle mobile soit tangent extérieurement au 
cercle fixe. Soit À (Pr. XXXII, Jig. 1) le centre du 
cercle fixe dont AB est le rayon. Le rayon du cercle mo- 
bileest Ba. C'est le point de contact des deux cercles dans 
leur première position. Lorsque le cercle mobile arrive 
en BPD, le point C de ce cercle s’est transporté en P, 
de manière que l'arc BP=BC, et cette condition suffit 
pour déterminer tous les points de l’épicycloïde décrite 
par le point C. 


Pendant que le cercle mobile roule sur le cercle fixe, 
son centre décrit une circonférence dont le centre est en 
À et dont le rayon égale AB+ Ba. La première position 
de ce centre est en a’. Si on augmente ou si on diminue 
le rayon Ca’ du cercle mobile d’une quantité CO ou 
CO", les points O et O', mobiles avec le rayon Ca’, dé- 
criront des courbes dont la première a reçu le nom d’é- 
picycloïde ralongée , et la seconde d’épicycloïde racour- 
cie. Soit AP l’une des positions du rayon du cercle mo- 
bile, en portant sur cette droite la longueur Pp—CO, 
et Pp'— CO", le point p appartiendra à l’épicycloïde 
ralongée , et le point p' à l’épicycloïde racourcie. 


On se propose de déterminer au point P la tangente 
à l’épicycloïde, Le point P tend à décrire un cercle dont 
le point de contact B du cercle fixe et du cercle mobile, 
correspondant au point P, est le centre; par conséquent 
BP est normale à l’épicycloïde , et partant la droite PD 
est la tangente demandée. Les normales aux épicycloïdes 
ralongées et racourcies au points p et p' concourent aussi 
au point B, ce qui donne le moyen de déterminer leur 
tangente. 


Sile cerclemobile étaittangentintérieurementau cercle 
fixe, l’épicycloïde décrite serait intérieure, et on en déter- 
minerait les points d’après la condition que les arcs par- 
courus dans le même temps sont égaux dans l’un et 
l’autre cercle. Dans le cas où le cercle mobile a pour 
diamètre le rayon du cercle fixe, l’épicycloïde devient 
une ligne droite, qui est le rayon du cercle fixe passant 
par le point où il est touché par le cercle mobile consi- 
déré dans sa première position. Soit en effet B le point 
où le cercle mobile AEBF touche le cercle fixe GIBH 
dans sa première position, Dans une autre position quel- 


EP 


conque ACD , ii touche le cercle fixe en D , et en pre- 
nant l’arc DC=BD), le point C sera le point de la courbe 


décrite, Or, ce point C est nécessairement sur le rayon 
AB. Supposons en effet qu’il puisse être en C’ hors du 
rayon AB. L’angle BAD a pour mesure l'arc BD ou la 
moitié de l’arc CD; or, cet arc CD est décrit d’un rayon 
moitié de celui avec lequel est décrit l'arc BD , donc 
ces deux arcs sont égaux. Mais nous avons supposé que 
l'arc DC’ était égal à l'arc BD, donc les deux arcs DC et 
DC' sont égaux, ce qui serait absurde si le point C ne se 
confondait pas avec le point C. Comme il en sera de 
même pour toute autre position du cercle mobite, il suit 
que la ligne décrite est la droite AB. 

Imaginons que deux cônes droits ayant même 
sommet et étant tangents, sont coupés par une sphère 
ayant pour centre le sommet commun. Ils auront pour 
base sur cette sphère deux cercles dont les plans feront 
entre eux le même angle que les axes des cônes ; et si on 
conçoit que l’un de ces cônes roule sur l’autre, sans ces. 
ser de lui être tangent , un point quelconque de la base 
du cône mobile décrira dans l’espace une courbe qui 
porte le nom d’épicycloïde sphérique. Elle est en effet 
tracée sur une sphère ayant pour rayon la distance con- 
stante du point générateur au sommet commun des deux 
cônes. 

Le rapport connu de la circonférence à son rayon dé- 
terminera les longueurs absolues des circonférences du 
cercle fixe et du cercle dont l’un des points décrit l’épi- 
cycloïde. Divisant donc la longueur de la circonférence 
mobile en un certain nombre de parties égales , chaque 
partie correspondra à une partie égale sur le cercle fixe. 
Considérant le cercle mobile dans la première position, 
on abaissera de chacun de ses points deux perpendicu- 
laires, l’une sur sa tangente commune avec le cercle 
fixe, l’autre sur son diamètre perpendiculaire à cette 
tangente. Lorsque le point de contact changera, la tan- 
gente commune et le diamètre qui luiest perpendiculaire 
changeront aussi de position et deviendront des axes 
mobiles dont la position sera connue à chaque instant. 
Les projections des deux perpendiculaires abaissées d’un 
point du cercle mobile sur ces axes se couperont en un 
point qui apparticudra à la projection de l’épicycloïde. 


£P 


Au lieu de considérer chaque point du cercle mobile 
comme l'intersection dedeux coordonnéesrectangulaires, 
on pourrait les considérer comme l'intersection de l’une 
de ces coordonnées et d’un rayon du cercle mobile, alors 
ce serait la projection de ces deux droites qui détermi- 
nerait un point de l’épicycloïde. 

Soient AaB (PL. XX XII, fig. 1 )le cercle fixe, aa l'arc 
de cercle égal en longueur à la demi-circonférence «RS 
du cercle mobile »#M#, l'angle du plan des deux cercles 

‘ mesuré dans un plan Mr perpendiculaire à leur intersec- 

“ tion aM. Ayant divisé la circonférence du cercle mobile 
en parties égales, soit L'un des points de division duquel 
on abaisse la perpendiculaire L'wsur le diamètre 4S qui 
correspond au point de contact a des deux cercles ; soit a'L 
unarc du cercle fixeégal en longueur à l’arcaL'. Lorsque 
les deux points L et L' se confondront, les coordonnées 
du point à, par rapport au rayon xL seront égales aux 
coordonnées L'u et ua du point L', par rapport au 
rayon ax. C’est à l’aide de ces considérations que nous 
allons construire le point L” de la projection de l’épi- 
cycloïde sphérique. Le centre x du cercle mobile et le 
point L’ de ce cercle se projettent sur la droite M» du 
plan Mn en des points £'et à' tels qu’on a MB'—ax et 
MA'=au. Sur le plan du cercle fixe ils se projettent en 
Aeten A. Si maintenant on prend La”-=aù et LA, 
le point L” sera le point cherché. On peut construire ce 
point de plusieurs manières , car les droites AA et AL' 
sont les rayons d'un même cercle, et letriangle rectangle 
aaA est égal au triangle rectangle L2"L,”. 


En même temps que le point « du cerclemobile décrit 
une épicycloïde sphérique, tous les points de son plan 
décrivent d'autres courbes, qui sont des épicycloïdes 
ralongées ou racourcies suivant qu’elles sont en dehors 
ou en dedans du cercle 4aRS. 


Cherchons maintenant comment nous pourrons me- 
ner une tangente en un point déterminé de l’épicycloïde 
sphérique ; au point I par exemple. BI" est la position 
du cercle mobile lorsque le point [” de ce cercle géné- 
rateur de l'épicycloïde se projette en I. Le point de 
contact des deux cercles est en B; et si par ce point et 
par les centres des deux cercles, on conçoitun plan ver- 
tical ABV, l'angle dBV sera égal à celui des plans des 
deux cercles. La verticale AO' et la droite OO perpen- 
diculaire sur le milieu du diamètre B4 du cercle mobile 
se rencontrent en un point O’, centre de la sphère du 
rayon O'B sur laquelle est tracée l'épicycloïde sphéri- 
que; d’où il suit que la tangente à cette courbe, en un 
point quelconque, est dans le plan tangent à la sphère 
O'B qui correspond au même point. Mais ce point 1”, gé- 
nérateur de l’épicycloïde, en passant de cette position à 
une position infiniment voisine, ne quitte pas la sphère 
dont le centre est en B, et le rayon BI’; par conséquent 


EP 557 


le plan tangeut à cette sphère contient encore la tan- 
gente à l’épicycloïde au point 1”. Cette tangente est donc 
l'intersection de deux plans tangens à deux sphères dont 
Les centres et les rayons sont connus. Le plau tangent à 
la dernière sphère est perpendiculaire au rayon BI”, ou 
au rayon BD (le cercle BD4 étant le cercle mobile ra- 
battu autour de son diamètre). Ce plan tangent a donc 
pour traces la droite D et la droite H4V perpendicu- 
laire à Bd; par conséquent la tangente à l’épicycloïde 
sphérique rencontre la droite H4V qui est la perpendi- 
culaire au plan du cercle mobile mené par l'extrémité d 
de son diamètre B4 passant par son point de contact B 
avec le cercle fixe. 


Puisque cette tangente est dans le plan tangent à la 
sphère dont le centre est O", et dont le rayon est O'B, 
et qu’elle rencontre la droite HV , elle passe par l’inter- 
section de cette droite et du plan tangent. Tous les 
plans tangens à la sphère suivant le petit cercle BDd 
font le même angle avec le plan de ce cercle; mais le 
plan tangent en B fait avec le plan du cercle l'angle 
dBJ , BJ étant perpendiculaire à O'B; de plus, la droite 
d£ perpendiculaire à la tangente DE au cercle mobile 
au point D est égale à DF ou ['4: si donc on mène l'G 
parallèle à BJ, le point G appartiendra à la tangente à 
l’épicycloïde sphérique au point 1’. Projetant le point 
Gen G', la droite G'T sera la tangente demandée. 

L'invention des épicycloïdes est attribuée au célèbre 
astronome danois Roemer, auquel on doit la décou- 
verte du mouvement de la lumière. Ces courbes, qui 
furent l’objet d’un traité particulier publié par la Hire, 
en 1694, occupèrent les plus grands géomètres; Newton, 
Jean Bernouilli, Halley, Maupertuis, Nicole et Clai- 
rault ont successivement examiné leurs propriétés prin- 
cipales, ’oy.les Mémoires de l Académie des sciences, 
pour 1706, 1927 et 1932, et les transactions philoso- 
phiques, n° 218. 


ÉPOQUE. Terme nsité en chronologie pour fixer un 
point de départ dans la succession des temps, d’où les 
années sont ensuite comptées. Les diverses nations font 
usage de différentes époques. Les Chrétiens comptent 
les années à partir de la naissance ou de l’incarnation 
de Jésus-Christ; les Mahométans, de l’époque de l'Hé- 
gire ou de la fuite de Mahomet ; les Juifs, des époques 
hypothétiques de la création du monde et du déluge 
universel; les anciens Grecs les comptaient de la première 
olympiade; les Romains, de la fondation de Rome ; et les 
Persans et les Assyriens de l’époque de Nabonassar , etc. 

Trouver la concordance des années de deux époques 
différentes, ou quelle année d’une époque correspond 
à l’année donnée d’une autre époque, forme l’un des 
problèmes les plus importans de la chronologie ; on le 


résout facilement en rapportant toutes les époques con: 
68 


538 EQ 


nues à une période d'années dont lé commencemeit 
leur est antéricur, et qu'on nomme période julienne 
(voy. ce mot). Cette période, formée par la multipli- 
cation des trois cycles, solaire, lunaire et d’indiction, 
c’est-à-dire, des nombres 28, 19 et 15, embrasse un 
espace de 7980 années dans lequel il ne peut y avoir 
deux années qui aient les mêmes nombres pour les trois 
cycles, mais au bout duquel les trois cycles reviennent 
ensemble dans le même ordre, La première année de 
la période julienne étant celle qui a l'unité pour le 
nombre de chacun des trois cycles, elle se trouve avair 
commencé avant l’époque juive de la création du 
monde, et devient ainsi très-propre à servir d'échelle de 
comparaison entre toutes les époquespostérieures. Ayant 
donc détérininé les années de la période julienne aux- 
quelles correspondent les diverses époques, il ne faut 
plus qu'un calcul très-simple pour établir la concor- 
dancé des années comptées à parti de chacune de ces 
époques. 

Les principales époques rapportées à la période ju- 


lienne donnent les résultats suivans : 


Années 
de ja période julienne, 

Création du monde..... 706 
Délupe. rss sense 2302 
Première olympiade.... 3038 
Fondation de Rome..... 3961 
Êre de Nabonassar.…. 3967 
re chrétienne... .... 4713 
MÉPITEe senc decee set 00300 


Pour plus de détails, voy. Êre. 


ÉPOQUE (4st.). On nomme époque des moyens 
mouvemens d’un astre , le lieu moyen de cet astre fixé 
pour un instant déterminé, afin de pouvoir ensuite , en 
partant de cet instant, trouver le lieu moyen de l’astre 
pour un autre instant quelconque. 


Dans les anciennes tables astronomiques les époques 
se rapportaient au 31 décembre, à midi, temps moyen, 
pour les années communes et au 31 janvier à midi pour 

: les années bissextiles; mais le bureau des longitudes, 
dans toutes les tables qu'il a publiées, a pris pour ori- 
gine le premier janvier de chaque année, à minuit 
moyen au méridien moyen de Paris. Voy. Tases. 


ÉQUANT (Astr.). Cercle dont le centre était celui des 
mouvemens réguliers dans l’ancienne astronomie. On 
n’en fait plus usage depuis que Kepler a démontré queles 
planètes se meuvent dans des orbes elliptiques dont le 
soleil occupe l’un des foyers. 


ÉQUATEUR (Astr.). Grand cercle de la sphère au- 
tour duquel s’effectue le mouvement diurne, et dont 
les pôles sont les pôles du monde, 74 0Y+ ARMILLAIRE, 12. 


EQ 

ÉQUATION {4/3.).On donne généralement ce nom 
à la relation d'égalité qui existe eutre deux générations 
différentes d'une même quantité. Par exemple, æ étant 
un nombre indéterminé, si l’on sait que quatre fois x 
plus 4, où 4x4, doit former le même nombre que 
deux fois la seconde puissance de x moins 2, ou 2x?» 
l'expression 


iati=or—, 


qui désigne cette circonstance, est une équation. 

Les quantités séparées par le signe de l'égalité = se 
nominent les »embres de l'équation, et particulière- 
ment, premier membre celle qui est à la gauche de ce 
signe, second membre celle qui est à la droite. Les dif- 
férentes parties dont les membres sont composés pren- 
nent le nom de termes; ainsi dans l'équation ci-dessus 
4x et 4 sontles termes du premier membre, et 2x7? et 2 
sont les £ermes du second membre. 

Résoudre une équation, c’est trouver la valeur de la 
quantité indéterminée et inconnue qui sy trouve liée 
aux quantités connues, valeur dont la substitution dans 
chaque membre, à la place de l’inconnue, doit rendre 
ces membres identiques, Cette valeur prend le nom de 
racine de l'équation. 3 , par exemple, est la racine de 
l'équation : 


Lx +220 
parce qu’en substituant 3 à la place de x, ona 
4.3+44=2.3—5 , où 16—16 


Les équations forment une des parties les plus impor- 
tantes de Ja science des nombres, car la solution de tous 
les problèmes des mathématiques peut être ramenée à 
celui de la résolution d’une équation. Nous exposerons 
aux mots MarmémariQuEs et PuiLosopuie, l’origine de 
leur théorie, les principes supérieurs aui fixent leur 
rang dans la science, ainsi que les caractères qui les dis- 
tinguent des simples égalités ; ici, nous nous contente- 
rons de les examiner sous le rapport de leurs diverses 
propriétés, et sous celui des procédés qui peuvent con- 
duire à déterminer les valeurs de leurs racines. 

1. En se rappelant les axiomes posés ALGÈBRE, n°5, 
on voit immédiatement que dans toute équation on est 
libre de faire passer un terme quelconque d’un membre 
dans l’autre en changeant le signe dont il est affecté. 
Par exemple, si l’on a l’équation 


8xt—3x—7x ri 


on peut transporter —3x dans lé second membre, en 
changeant le signe — en +, et l'équation devient 


Bret 11432 


EQ 
En:effet, lorsqu'on ajoute ou qu'on retranche une 
même quantité de deux quantités égales, les résultats 
restent égaux ; or, le transport de 3x du premier mem- 
bre au second, en changeant le signe, est identiquement 
la même chose que l'addition simultanée de +3x à cha- 
cun des membres ; car, par cette addition, l'équation 


devient 
Ba—3x+3x— 7x + 11432 


ou. 


8x=7x+rr+3x 


à cause de —37—+3x—0. 

2. On peut donc transporter de la même manière tous 
les termes d’un membre dans l’autre, ct, après cette 
transposition , l’ensemble de tous les termes sera égal à 
zéro. Ainsi, l'équation précédente pourra se mettre sous 


la forme 


Ba—Bx—Tx—11—0 
ou plus simplement 


8x?—10%—11—0 


en additionnant —7x et —3x. 

3. Il suit encore de là qu'il est toujours permis de 
changer tous les signes des termes qui composent une 
équation quelconque en les remplaçant par des signes 
opposés. On peut donc écrire indifféremment 


Sx?—10x—11—0 


ou 


—8x?+ 1024110 


4. En partant toujours des mêmes principes, il est 
évident qu’on peut multiplier ou diviser les deux mem- 
bres d’une équation par le même nombre sans détruire 
l'égalité de ces membres. Donc, ayant l'équation 


On peut faire disparaître les fractions, car en réduisant 
d’abord tous les termes au même dénominateur on a 


2.5.x.2æx 3.5. 
CRETE: 2 


puis en multipliant les deux membres par le dénomina- 
teur commun 2.3.5.æ, cette équation devient 


h D LC - F 
2.9.%.22%—3,.5%.(5—x)-=4,3 Dar 9 se 200 


EQ 


LA 


ou, en exécutant les multiplications indiquées, : 4, 


2027—752H15X2—120—18x° 
On peut encore donner à cette dernière la forme 
2027—1752+H1527—120418x2—0 
quise réduit à 
532x?—75x—120=0 
en opérant l'addition 
20% 15x32 182x7 53m, 


Nous supposerons dorénavant que toute équation est 
ramenée à sa forme la plus simple, c’est-à-dire, qu’on a 
fait passer tous les termes dans le premier membre, et 
qu’on a opéré l'addition des coefficieus des mêmes puis- 
sances de l’inconnue. 

5. On classe les équations d’après le degré de la plus 
haute puissance de l’inconnue : ainsi une équation est 
dite du premier degré, du second degré, du troisième 
degré, etc., selon que l’inconnue sy trouve à la pre- 
mière puissance, à la seconde, à la troisième , etc. La 
forme générale de ces équations est (voy. TransrormA- 


TION) : 


Équations du premier degré 
AoZ+A;=0 

Fquations du second degré 

- Ao%7HA;x+A —=0 
Equations du troisième degré 

A,@ LA ,2+A:xx+As—o 

Et en général, équation du degré »2 

Aoxn A gmit,.....Am1t Am 


L’équation est complète quand toutes les puissances 
de l’inconnue x, depuis la plus élevée æ”, jusqu’à la 
puissance 0, æ° sous-entendue dans le terme absolu A», 
s'y trouvent; mais elle ne change pas de désignation 
lors même que plusieurs termes manquent. 

Pour plus de simplicité on peut faire disparaître le 


premier coefficient A, , en divisant toute l'équation par 
A. 


G. Si les équations contiennent plusieurs quantités in- 


"erminées ou inconnues, on les nomme encore du 


510 * EQ 
premier degré, du second, etc., seen la plus haute 


puissance qui s’y trouve, ainsi 
Ax+By+C=o 
est une équation du premier degré à deux inconnues. 
Ax+Bzxy+Cy+Dx+Ey+4F=0 


est une équation du second degré à deux inconnues, et 
ainsi de suite. Nous reviendrons sur ces classifications. 


7. Déterminer la valeur des inconnues qui entrent dans 
une équation , est le problème le plus important de l'al- 
gèbre. S'il nous est impossible d'entrer dans tous les dé- 
tails que réclame une telle question, nous allons au 


moins essayer de l’exposer le plus simplement possible. 


ÉqQuarions pu PREMIER DEGRÉ. La résolution des équa- 
tions du premier degré à une seule inconnue ne pré- 
sente aucune difficulté, car la forme générale de ces 
équations étant (a) 


Aox+A,—=0 
en faisant passer le second terme du premier membre 


dans le second membre, et divisant ensuite les deux 
membres par le coefficient de x, on a (b) 


> 


L= — 


F 


Il ne s’agit donc que de ramener une équation quel- 
conque à la forme générale (aj pour obtenir immédia- 
tement la racine (b). Un seul exemple estsuffisant pour 
indiquer la marche à suivre dans tous les cas. Soit l’é- 
quation 


4x—8—5x=g—8x—11+ix 


en transportant tous les termes dans le premier membre 
on a 


4x—8—5x—0+8x+ 11520 
ou, en rassemblant tous les facteurs de x, 


548) pri 8 0 


opérant les réductions 


—9+#11—68=—6 
l'équation devient 


at—0=0 ar 


EQ 


et, multipliant les deux termes par 3 pour faire dis- 
paraitre la fraction, on a définitivement 


19x—18= 
comparant avec la forme générale (a), on a 


A—19 , À,= —18 


D'où l’on tire 


de ; 13 : : 
Ainsi substituant le nombre —, dans l’équation pro- 
19 


posée, à la place de x , les deux membres de cette équa- 
tion doivent devenir identiques. On trouve en effet. 


8 18 18 2 18 
LT DÉS md DU 
et, en réduisant, 
PR LE D 
19 19 : 


8. Si dans une équation du premier degré à une seule 
inconnue la valeur de l’inconnue se trouve insnédiate- 
ment déterminée par celles des quantités connues qui 
entrent dans sa composition, il n’en est pas de même 
des équations à plusieurs inconnues: une seule équation 
est insuffisante pour déterminer la valeur des racines. 
Dans l'équation à deux inconnues, par exemple, 


Ax+By+C=—o 


Il est évident qu’on ne peut obtenir aucune détermina- 
tion pour æ et y à moins de décomposer le ombre GC en 
deux autres a et b capables de donner les deux équa- 
tions séparées 


Ax+a=o, By+b=o 


Or, la quantité C peut être décomposée en deux parties 
d’une infinité de manières différentes ; ainsi, tant qu’on 
n'a qu'une seule équation entre deux inconnues x ct y, 
ces inconnues restent complétement indéterminées. 

Mais si l’on a deux équations différentes entre fes 
deux mêmes inconnues, telles par exemple que 


Ax +By +C =o 

A'x+B'y+4C'=0o 
en remarquant que la valeur de x doit être telle que 
l'on ait 


—C—By 
À 


T= 


pour la premièreéquation , et 


équation par laquelle la valeur de y est déterminée, il 
en résulte que ces deux équations déterminent entière- 
ment lés inconnues. On verrait facilement qu’il faut 
trois équations si l'on a trois inconnues, et, en général, 
autant d'équations que d’inconnues. 

9. Sachant qu'il faut deux équations différentes entre 
deux inconnues pour déterminer ces inconnues , propo- 
sous-nous de résoudre les deux équations générales. 


Ax +By +C—o 

A'x+B'r+C'=0o 
ou detrouver les valeurs de x et de y quiréduisent , en 
même temps, à zéro leurs premiers membres. 


La solution de ce problèmerepose sur l'élimination de 
l'une des inconnues , opération qui estexposée en détail 
au mot Éciminarion. Il suffit donc de multiplier la pre- 
mière équation par À’, et la seconde par À, elles de- 
viennent 


A'Ax+A'By+A'C—o 
AA'x+AB'y+AC'=0 
et, prenant leur différence, on a 
(A'B—AB')}y+A'C—AC'—0 
équation finale qui ne contient plus que y, et donne 
(c) 
ee 
7 A'B—AB 


Pour trouver la valeur de x, on éliminera y entre 
les proposées en multipliant la première par B', et la 
seconde par B, elles deviendront 


AB'x+-B'By-+B'C—0o 
A'Bx+-B'By-+BC'=0 


et leur différence 


(A'B—AB')r+BC'—B'C=0 


, 


ra l’équation finale en x, dont la solution donne rs 


BC'—B'C 


RS EAP 


EQ 544 


On suppose ordinairement que les termes absolus G 
et C' sont négatifs, alors leséquations générales sont (d) 


A x+B y—C —o 
A'x+B'yC'=0 


et les valeurs des inconnues deviennent (e) 


Fed 
$— AB-AB 
__ A'C—AC" 
YTAB—AB 
ce qui dispense de Ja considération du signe — placé 


devant les valeurs précédentes. 
10. Nous allons appliquer ces formules à quelques 
cas particuliers pour en faire mieux comprendre l'usage. 
Æxemple premier. Connaissant la somme et la diffé- 
rence de deux nombres, trouver ces nombres. 


Soient m la somme, et 7 la différence données ; dési- 
gnant par x et y les nombres cherchés, nous aurons, en 
considérant æ comme le plus grand , 


T+ÿy=m Où X+y—mz=0 


F-Y=N OÙ X—y—N—0 
Comparant avec (d), nous trouverons 
A=1,B=—1, Cm, A1, B——1, C'=n 


Substituant ces valeurs dans les expressions (e), elles 
fourniront 


D'où l’on conclut que Le plus grand des nombres 
cherches est égal à la moitie de La somme plus La moïtie 
de la différence, et que le plus petit est égal à la moitie de 
la somme moins la moitié de la différence. 

Sila somme dounée était 18 et la différence 6, on 
aurait donc 


Exemple 2. Partager un nombre donné p en deux 
parties telles qu’en les divisant respectivement par les 
deux nombres donnés » et x, la somme des quotiens 
soit égale au nombre également donné 4. 

Désignant les nombres cherchés par æ et y, on aura 
les deux équations 


CETTE NE L 


542 EQ 

Pour faire disparaître les fractions de ia seconde équa- 
; tion, on la multipliera parleproduit des dénominateurs 
met n (4), etelle deviendra 


ax my =mnq 


Ainsi, en rameuant ces équations aux formes géné- 
rales (d), on aura 


2+y—p=0 
nx+my—mrng=0 


comparant avec (d),on a 


A:,Bz1: Cp 


A'zn, B'=m, ÇC'=nnq 


et, en substituant dans (e), 


n—m 


mnq—m 
= 7 P 


—r 


n—nm 


np— mnq 
= scans 


Ainsi, s'il s'agissait de diviser 17 en deux parties telles 
que Le tiers de la première ajouté au quart de la seconde 
fût égal à 5, on aurait 


m=3, n=4 , P=17 ;, 9=S 


et, par conséquent, 


Exemple 3°. Résoudre les deux équations 
3x—2y+ 5=o 
6y—g9x—15=0 


Nous avons ici 


A3, B——2,C——5 
A'=—9,B=6, C'—15 
et par suite 
_,730o+30a _o 


— 18—18 0 


45—45_o 


DT 


résultats singuliers qui ne peuvent rien nous apprendre 
sur les véritables valeurs de x et de y. 


EQ 
Examiuons d’où PCUL provenir ce cas remarquable. 
Les expressions 
” BC'—B'C 
 AB-TAR 
_: A'C—ACG 
AE A'B—AB' 


pe peuvent généralement donner de pareils résultats 
qu'autant que l'on a (»1) 


A'B—AB'=0o 
BC —B'C'=0 
A'C—AC'=0 


Or, l'une quelconque de ces égalités est une conséquence 
nécessaire des deux autres; car prenant, par exemple, 
la valeur de B' dans la première, valeur qui est 


p AB 
A 
et la substituant dans la seconde , on trouve 


HO. C=o 


D'où, multipliant par A, et divisant par B, 

AC'—A' C—0o 
Ce qui est la même chose que la dernière égalité, en 
changeant les signes. 


Ceci posé, prenant les valeurs de A’ et de B' données 
par les deux dernières égalités ; savoir : 


et les substituant dans l'équation générale 


A'x+B'y—C'=0 
on a 


AC' | 
Die Eu 


ce qui devient en multipliant par C, et divisant par 
G's 
AxHBy—C=0o 


Ainsi dans l'hypothèse des trois égalités (m), la seconde 
équation n’est qu’une conséquence de la première, et au 
lieu d’avoir deux équations indépendantes, on n’en a 
réellement qu'une; c'est-à-dire qu'alors les valeurs de 
æ et de y sont indéterminées. Donc, lorsqu’après Jes ré- 
ductions faites, on trouvera les résultats 


o o 
LE Y—=— 
Fe 7. 5 


EQ 


ot eh éénelura que les valeurs des inconnues sont in- 
détérminées etque des deux équations, dont-on est parti, 
l'une n'est qu'une transformation de l’autre, En effet, 


si ous examinons les proposées 


3æ—27—+ b=0 


Gy—9x—15=0 


Nous verrons facilement qu'on obtient la seconde, en 


multipliant la première par le facteur —3. 


Exemple 4°. Soient les équations proposées 


22437 5=0 


4ax+67—15—0 
Nous avons, eh comparant avec (d) et (e) . 


A=2,B=3,0=—=5 
A4, B'=6, C'—15 


d’où 
45—30 15 
12—12  O 
20—30 10 
ARE TES TI 0 


valeurs infiniment grandes. Voy: Division, n4 22, 


Pour que de semblables valéurs soient dünnées par 
les expressions générales (d), il faut qu'on ait 


A'B—AB'— 0 
Or, cette égalité donné 


RD 
À ss Re 


substituant cette valeur de A’ dans l'équation 


À'z+B'y—C'=0 
nous aurons 


A æ+By=C = 


et en multipliant par B, 
1 ...... AB'x+BB'y—BC'=0 


Or, en multiplant par B', l’équation Ax+By—C=0, 
on aurait 


2 44... AB'x+BB'y—B'C=o 


Ainsi, pour que les deux expressions 1 et 2 ne soient 
pas contradictoires, les premiers termes étant identiques, 
il faudrait que l’en eût 


BC'-B'C ou BC/— B'C—o 


EQ 543 
Mais alors à cause de A'B--AB'=0, ou conclnrait, 
comme ci-dessus (exemple 3°) A'C—AC'=%,etilré: 
sulterait de ces égalités les valeurs L 


x [e) 
D — 2 
SU nr | 


résultats qui ne sont pas ceux qu’on a obtenus. Ou ne 
peut donc avoir BC'=B'C, et la condition isolée 


A'B—AB'—0 


indique que les deux équations dont on est parti sont 
contradictoires: 

En effet, multipliant la première équation par 2, elle 
donné 


4x+6y=10 


tandis que la seconde donne 


key 15 


égalités qui né peuvent être satisfaites en même temps 
par aucunes valeurs finies de x et de y. 
M 


Les résultats généraux æ — 
[0] 


Pass A désignent 
7 = 5 désignen 


doncune contradiction dans les équations proposées, ou 
une impossibilité d’assigner aux inconnues des valeurs 
finies. Cependant cètte contradiction n’est que relauve , 
car dans le problème que nous examinons, nous trou- 
vôns les Valeurs infinies æ22 @œ , y = 2% qui résolvent 
complétement la question, et il est important de distin- 
guer l'impossibilité relative de l'impossibilité absolue, 
c'est-à-dire de celle dônt'les totidilions ne peuvent être 
remplies, ni réellement; nt ééalement, Par exemple, 


si un problème fouraissait a Ia fois les trois équations 


2230 
AA 3700 


2 +) —6—c 


(® 


des deux premièrés on Lirérait y = 5 et des deux se- 


LD ; À : 
coudes, y=—, résultat absurde qui montre évidunt- 
J 5 
ment que le problème ne peut avoir aucune espèce de 
solution. 
11. Nousavonsvu, EziminarTioN, n°3, que lorsqu'on 


a trois équations À (Fois inconnues 


1... Ar + By Cr: 
a... A'4+ByCz—D"-n 
34 A" B'y-HC'2-D', 


en éliminant æ d’abord entre 1 £t 2 et ensuite entre 2 et 


844 EQ 


3, on parvenait à deux équations à deux inconnues, y 
et z, à l’aide desquelles, par l’élimination de y, on trou- 
vait l’équation finale en z. 


[arc—acrarn a" (A'G—A"C"(AB—AB)] Z 
=(A'D—AD')(A"B'—A'B")>—(A"D'—A'D")(A'B—AB") 
et, par suite, pour la valeur de z 


(A'D—AD')(A "B'—A"B")—(A"D'—A'D")(A'B—APB") 


(A'C— AC) (A'B—A'B")—(4"C—AC'\A B—AP) 


” 
A 


expression qui devient, en développant les produits, 


AB'D"—AD'B"+ DA'B"—BA'D"+BD'A"—DB'A" 
“AB'C'—AC'B'CA'B’—BA'C'LBC'A'—CB'À" * 


 — 
D 


On trouverait de lamême manière, en formant les équa- 
tions finales en yetenz, 


__ AD'C"—ACD'HC A'D'"—DA'C"+DC'A"—CD'A" 
 AB'C'—AC'B’+CA'B'—BAC"+BC'A"CB'A” ? 

DB'C'"—DC'B"+CD'B"— BD'C"+BC'D"—CB'D" 
”__ ABC'—AC'RB'+CA'B'—BA'C"+BCA’—CB'AT" 


Si l’on examine ces valeurs on voit aisément que leur 


dénominateur commun 
AB'C"—AC'B"'ÆCA'B"—BA'C'+BC'A"—CB'A" 


est composé de tous les produits formés par les combi- 
naisons trois à trois des neuf quantités 


A, B;,,G 
’ [4 
A; BC 
" L:4 
A7, B”, CG 
combinaisons qu’on peut réaliser de la manière suivante: 


Ayant écrit toutes les permutations du produit général 
ABC, savoir 


ABC, BAC, CBA 
ACB , BCA, CAB. 


On donne le signe + à tous les groupes dans lesquels 
les variations de l'ordre alphabétique sont nulles ou ea 
nombres pair, et le signe — à tous les groupes dont les 
variations sont en nombre #mpair, ce qui donne 


ABC—ACB+BCA—BAC-HCAB—CBA, 


puis on place les accens prime et seconde, sur les deux 
dernières lettres de chaque groupe et l’on obtient 


AB'C"—AC'B"+BC'A"—BA'C"+CA'B"—CB'A" 5 


ce qui est le dénominateur en question. 


EQ 

Quant aux numérateurs , on forme celuide x en chan- 
geant dans ce dénominateur A en D ; celui de y, en chan- 
geant Ben D ; et enfin celui de z, en changeant Cen D. 

12. La règle précédente, pour la formation des va- 
leurs de x, y,2, s’étend à un nombre quelconque d’é- 
quations et d’inconnues ; ainsi, revenant sur nos pas, 
si lou a deux équations 


A x+B y—C —o 
A'x+B'y—C'—0 


en prenant les permutations du produit général AB, des 
coefficiens des inconnues, c’est-à-dire 


AB BA 


et donnant le signe —, au groupe dont le nombre des 
variations alphabétiques est impair, on a 


AB — PA, 
ce qui devient 

AB'—BA, 
en plaçant l’accent prime sur la dernière lettre de chaque 
groupe. 


Cette dernière quantité est le dénominateur commun 
des valeurs dexet de y. 

Pour former le numérateur de +, on change A en C, 
c’est-à-dire, le coefficient de x, en terme absolu, et 


pour former celui de y, on change B en C. On obtient 


ainsi 
_ CB—BC 
ET AP BA 
“AGEACA 
Y— AB BA 


valeurs qui, en changeant les signes des deux termes des 
fractions, sont identiques avec celles que nous avons 
trouvées ci-dessus n° 9. : 

13. Pour appliquer cette règle au cas de quatre équa- 
tions et de quatre inconnues, soienties équations 


A x+B y+C +0 u—E — 
A'x+B'y+C'z+D'u—E'—0o 
A'"x+B'y+C'z+D'u—E"—o 
A'"x+B'y+C'24D'u—E"—o 


formons les permutations suivantes du produit général 
ABCD , 

ABCD BACD CABD DABC 

ABDC BADC CADB DACB 

ACBD BCAD CBAD DBAC 

ACDB BCDA CBDA DBCA 

ADCB BDCA CDAB DCAB 

ADBC BDAC CDBA DCBA 


EQ 


donnons à tous les groupes dont les variations sont en 
nombre pair, le signe + et aux autres le signe —; 
placons ensuite l'accent prime sur la seconde lettre de 
chaque groupe, l’accent seconde sur la troisième et l’ac- 
cent tierce sur la quatrième , et nous aurons pour le dé- 
nominateur commun des valeurs de x, y, z et ul’expres- 
sion 


AB'C'D"—AB'D'C"+AD'B"C"—AD'C'B” 
+-AC'D'B"—AC'B'D"+BA'D'C"—BA'C'D" 
BC'A'D"—BCD”A"-+-BD'C'A"—BD'A"C" 
+-CA'D'B"—CA'B’D"--CB'D’A"—CB'A'D" 
4-CD'A'B"—CD'B'A"-+DA'C'B"—DA'B"C" 
+-DB'A'C"—DB'C'A"--DC'B'A"—DC'A"B" 


En changeant successivement dans cette expressien À, 
B,CG,DenE, on formera les numérateurs des valeurs 
de æ, 7, et u. 


La démonstration de cette formation symétrique des 
valeurs des inconnues, qui rendinutiles les procédés d’é- 
limination, ne peut trouver place ici (voy. dans les imé- 
moires de l’Académie des Sciences pour 1772, 2° partie, 
un écrit de La Place sur cet objet), nous devons seule- 
ment ajouter , pour terminer tout ce qui concerne les 
équations du premier degré, que ce que nous avons dit 
exemple 3 et 4, peut s'appliquer à un nombre quel- 
conque d'équations et d’inconnués , c’est-à-dire, 1° que 
le problème est indéterminé lorsqu’on trouvedes valeurs 


0 _ 
de la forme x=— - et 2° qu'il renferme des conditions 
Oo 


SE M 
contradictoires lorsqu'on en trouve de la forme si 


14. Quoique les dénominations quarrée, cubique, et 
biquadratique données jadis aux équations des second, 
troisième et quatrième degrés aient beaucoup vieilli, 
nous les avons conservées dans notre dictionnaire afin de 
pouvoir renvoyer à chacun de ces mots en particulier 
la résolution de l’équation à laquelle il s'applique. Nous 
nous contenterons donc, dans le présent article, d’exami- 
ner les propriétés communes à toutes les équations supé- 
rieures au premier degré. 

15. D'Alembert a démontré le premier qu’il existe tou- 
jours une quantité 4, rationnelle ou irrationnelle, réelle 
ou imaginaire telle qu’en la substituant à la place de x 
dans une équation d’un degré quelconque (p) 


am Aæm—i HA œm—2 etc. : Am —0 


le premier terme se réduit à zéro, ou ce qui est la 
même chose, que cette équation à nécessairement une 
racine a. Voy. les Mémoires de Berlin 1346. Depuis, 
cette proposition importante a été démontrée de plusieurs 


manières (voy, Complément des élémens d'algèbre de 


EQ 545 


Lacroix) et nous devons la considérer comme suffisam- 
ment établie pour pouvoir fonder ici sur elle la théorie 
des équations. 

Soit donc & la racine de l’équation générale (p), si 
l’on divise par le binome (x—a) le premier membre 
de cette équation, et que lon poursuive l'opération 
jusqu’à ce que l’on trouve un reste qui ne contienne 
plus x, en désignant le quotient par Q et ce reste par 
R, on aura 


am HA ,xm—1+etc. on A» ST (x—a)Q+R. 


Or, lorsqu'on fait x—a, le premier membre de cette 
égalité se réduit à zéro, il doit donc en être de même 
du second membre, et l’on a 


(a—a)Q+4R=0o ou R=o. 


Ainsi le reste de la division est nécessairement égal à 
géro , c'est-à-dire que lorsque a est racine de l'équation 
(p), le premier membre de cette équation estexactement 
divisible par le binome (x—a). On prouve aisément la 
réciproque de cette proposition , ou que a est racine de 
l’équation , lorsque le premier membre est exactement 
divisible par le binome (x—a). 

Ceci posé, d’après les règles de la division, le quotient 
Q étant de la forme (q) 


ami LBxm—3 EL Bum—2Letc...+Bn—, 


nous avons l'égalité (x) 


am A,xm—3 LA m2 etc, . =(x—a) ami + 


B,xm—:+etc.. 


Mais, en vertu de la proposition fondamentale, il existe 
aussi une quantité b réelle ou imaginaire, dont la sub- 
stitution à la place de x rend (g) égal à zéro, et par con- 
séquent , d’après ce qui vient d’être démontré, la quan- 
tité (g) est exactement divisible par le binome (x—b). 
Opérant la division nous aurons un quotient de la 
forme (s) 


am Can LC,aom—ibetc...+ Cm, 
et l'égalité (x), pourra être mise sous la forme 
aœm+A ami HA am betc...—(x—a)(x—b) [as 


+ Ciem—S bete, .;., } 


546 #10 


Divisant de La même manière le second quotient (s) par 
Je binome (x—c » € étant le nombre qui réduit ce quo- 
tient à zéro, et poursuivant ainsi jusqu'à ce que ke der- 
nier quotieut soit du premier degré, nous trouverons 


évidemment {#) 
am 2 A ar Æ ete. = (xa)(x=b)(xc)... (22m) 


le nombre des binomes (x—a) , {æ—b) etc. étant 7. 

16. H résulte de l’équivalence générale (® que, le pre- 
imnier membre étant nécessairement divisible par chacun 
des binomés, les quantités a, b,€, ete. sont toutes des 
racines de Féquation (p), et que cette équation est satis- 
faite en faisant indifféremment æ = a, ou x = b, ou 
æ=e, étc. Ainsi, ces quantités étant au nombre dé rm, 
né équation adinel autant de racines différentes qu'ily 
a d'unités dans le nombre qi marque son degré. 

Une considération très-simple prouve qu'il ne peut 
pas y enavoir davantage: en cffets'il existait un nombre 
pautré que a, b,e,ctce., capable de réduire ä zéro le 
premier membre de l'égalité (0 en Le substituant à æ, il 
faudrait aussi que la même substitution rendit Le second 


membre égal à zéro, où que l’on eût 
(p—a) (p—b)(p—c).:.(p=m)=0. 


Or, un tel produit ne peut devenir o qu’autant que l’un 
de ses facteurs (p—a) par exemple, ne devienne o; 
ais si p—a=0 on a pæ«, et ainsi de même pour tous 
les autres facteurs : donc ce produit ne peut devenir o, 
qu'en faisant p égal à l'une des quantités a, b, ©, d, etc. 
et ces quantités seules sont les racines de l'équation (p), 

17. On sait qu’en formant le produit de #2 binomes 
(x—a), (x—b), (x—c), etc, (Foy. MurriPicaTioN) 
on obtient une expression de la forme 


am Agm—s LBan—2—Crr—i bete... (—1)7Z 


dans laquelle le premier cocfficient A est égai à la somme 
des seconds termes des binomes , savoir : 


A = a+b+cdLd+etc,..+m. 


Le second coefficient B est égal à la somme des produits 
deux à deux des mêmes seconds termes, savoir : 


B=abLac+ad+betc...+be+bd+4etc.., 


Letroisième coefficient € est égal à la somme des pro- 
duits trois à trois , des seconds termes, savoir : 


C = abc, abd, cbd, cbebetc.... 


et ainsi de suite jusqu’au dernier coefficient Z, qui est égal 
au produit de tous les seconds termes, savoir : 


Z=a.b.c.d... im. 


EQ 


Or, le produit des » binomes (x—a), (3—b), (x—v), 
etc., devant être identique avec le premier membre de 


l'égalité (£), nous avons 


Ay=——E 


étc.—= elc. 


D'où il résulte la proposition générale suivante : Dans 
une équation d'un degré quelconque 


ani HA œm—iRA qui? LA sam etc... HAm—=o. 


Le coefficient du second terme est égal à la somme des 
racines prise avec un signe contraire; celui du troi- 
sième, à la somme de leurs produits deux à deux; celui 
du quatrième, à la somme de leurs produits trois à trois 
pris avec un signe contraire, etc., etc., et enfin le der- 
uier coefficient est égal au produit de toutes les racines, 
pris avec le même signe si équation est de degré pair, 
et pris avec unsigne contraire, si l'équation est de degré 
impair. 

Par exemple , si nous désignons par x, 8, 7 les trois 
racines de l'équation du troisième degré 


LP +qgu+re0 , 


nous avons 
p=—(a+85+) 
gare tb 


PT 
T==— 407. 


18. Nous avons déjà dit qu’on appelle résoudre une 
équation trouver les valeurs de ses racines; ainsi le pro- 
blème de la résolution des équations , pris dans toute sa 
généralité, consiste dans la détermination des quantités 
a,b,c, d, etc. , à l'aide des coefficiens A,, A2, A,, etc. 
Ce problème est encore au-dessus des forces de la science 
et toutes les tentatives des mathématiciens sont venues 
échouer contre les équations du cinquième degré. Ce- 
pendant si l’on ne peut obtenir une expression théorique 


générale des racines des équations d’un degré supérieur 


au quatrième, les divers procédés d’approximation ont 
été portés à une perfection telle qu'on peut considérer 
le problème comme suffisamment résolu pour tous les 
besoins de la science. Joy. ApProxImaTiON. Foy. aussi 
Racines. 

Eu 1819, M. Wronski a publié, sous /etitre de Reso- 
lution des équations de tous-les degrés, un opuscule 
contenant une solution de ce fameux problème, Dans 


:Q 

ses formules, que l’auteur donne sans démonstration, 
les racines de l'équation du degré m7 dépendent des ra- 
cines d’une autre équation dite la réduite, dout le degré, 
ainsi qu'il l’a annoncé depuis, peut être plus petit ou 
plus grand que» , ce qui rend la résolution possible ou 
impossible suivant les cas particuliers. Si ce géomètre 
complète et démontreun jour ses résultats, on counaitra 
du moins la condition de cette impossibilité qui jusqu’à 
présent a échappé à tous les analystes. 

19. Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés que des 
équations à une seule inconnue, mais la formation de 
ces équations conduit facilement à la formation de celles 
qui contiennent plusieurs inconnues ; ces dernières ré- 
sultent évidemment du produit de polynomes du pre- 


mier degré tels que 


(aæ+by+cez+etc...) (ax + b'y4Lc'z4etce...) 
(aa l'y +c'y+ete. 0) 


Ainsi une équation du second degré à deux inconnnes 


A,aÆA,xy LA: +LA,Z=0o 
entraine l'égalité correspondante 


= 0 


(ax+by+0) (a'x+by+c) 


et, en général, une équation du degré à 7 inconnues 
est équivalente au produit de » facteurs de la forme 


ati+bx,+cxstdxibete....-Æparitq 


13 XL y La EtC... .Æn, étant lesz variables et a, b, c, d, 
etc. des quantités constantes. Pour la résolution des 
équations à plusieurs inconnues voy. Écmnarion et Ix- 
DÉTERMINÉ. 

20. ÉQUATIONS BINOMES. On donne ce nom à toute 
équation qui ne renferme qu’une seule puissance de l’in- 
connue, telle que 


AZ" A,=0. 


La solution de ces équations entraîne plusieurs particu- 
larités intéressantes que nous allons signaler. 

Ramenons d’abord l'équation précédente à la forme 
plus simple (A) 

ærEA= 0 

en divisant ses deux membres par À, eten faisant en- 
À 5 : : 
—= A. Sous cette dernière forme, il est évident 


Àc 
qu’en dégageant x on a immédiatement 


suite 


EQ #47 
Or, nous savons (ÉLÉVATION AUX PuISSANCES, n° 7) 
qu'une racine du degré »m admet »2 valeurs différentes 
parce que 


M ———— me 


VEA= y 


[= ; ave Xv'A 


et que l'unité positive ou négative a 7» racines diffé- 
rentes, dont une ou deux au plus peuvent étre réelles. 


En effet, si ze est impair, on a les racines réelles 


Vin ti, Vie 


+ 
et les 72— 1 autres sont 2maginaïres , tandis que si 7» est 
pair On a pour +71, les deux racines réelles (voy. Arc, 

N 


37) 


/ 


n 


mais pour —1, toutes les racines sont imaginaires, 

Si nous déciguons doncpara, a, &,,#,, Ce, &m, LOS mn 
racines de l'unité positive et par x’, &',,4",,#',, etc. les 
ma racines de l'unité négative, les #2 valeurs de x qui 


satisfont à l'équation 


x A = 0 
seront 
Pour À négatif. Pour À positif. 

on Le Ju 
&=a V/À x=a VA 
=, V/A =" V/A 

mt mn 
= VA —a\/À 

etc, etc. 

m Le 

—=umY/A = m V À 


Désignons doncen général par y les racines de l’unité, 


nous aurons æ —=yy/ À, et substituant dans (k), nous 
obtiendrons 


JAH A==0 d’où 3#1=0 


équation binome la plus simple de toutes et de la solu- 
tion de laquelle dépend la détermination des »1 racines 
de l'unité positive ou négative. 

21. Considérons d’abord le signe — , ou le cas de l&- 
quation 


Y"—1T0 


et remarquons avant tout que si #2 est. un nombre com- 
posé de facteurs, c’est-à-dire si l'on a par exemple 
m=p.q, petg étant des nombres-entiers, la résolution 


7 à 
548 FO 
de l'équation proposée peut se ramener à celles des 
équations inférieures 


JP—1=0 j Y1—1=0. 


car si nous désignons par # une des racines de la pre- 
mière et par f une de celles de la seconde , nous aurons 


=, P7—=1 
et, par suite, 
(@)1=19=1, (BI =1r7=1 
d'où 
(ar)7.(B7)P == (x E)9 = x 
et, par conséquent, 
(a. f}n—1 = 0 
donc le produit des racines « , B est une des racines de 
la proposée. 
22. Appliquons cette remarqueà l'équation du sixième 


degré. 
y$—1=0 


Comme nous avons 6—2.3, la résolution de cette équa- 
tion se réduit à celle des deux suivantes 


P—1=0, ÿ—1—0, 
Or, les racines dela première sont, à cause de y=#\/1 


Y=+H1,Y=—1 


Quant à celles de la seconde, l’une d’elles étant néces- 
sairement y—1 ,en divisant yŸ—1 par y—1 , le quotient 
F°+27 +1, égalé à zéro , donnera l’équation du second 
degré 

P+2Y+1=0 


de laquelle dépendent les deux autres racines. 
La solution de cette dernière donne (v0y. QUARRÉE) 


Y = ŸY 


RÉ PS 2e 
2 SE 2 
ainsi , formant tous les produits de chacune des racines 
Se Le : JR ee) : % 
de y—1=0o par celles de y—1=0, nous trouverons 
pour les six racines de y°—1=—0 


re  — _— 


— ] 


HV HV 
2 


2 


23. Il est facile de voir que si l’exposant m2 était dé- 


EQ 


< 
composable en plus de deux facteurs, la résolution de 
l'équation ÿ"—1=o dépendrait de celle d’autant d'é- 
quations que »2 contiendrait de facteurs, et qu’en sup- 
posant par exemple, m=p.q.r.s.t.,...etc., les équa- 
tions 


JP—I1=0 , Y1—1=0 , Yr—1—=0, YS—1—0 etc. 


fourniraient des racines dont les produits seraient les ra 
cines de la proposée. 

24. Lorsque m1 est un nombre impair , et il est alors 
de la forme 2741, l'équation 


FATF =0 


a toujours une racine réelle =7+, et conséquemment son 
premier membre est exactement divisible pary—1 (voy. 
ci-dessus, 15). Mais le quotient de ÿ?#+—1 par y—1 est 
(voy. Drvisiox , 21) 


gene genete 4 4. 


Ainsi les 22 autres racines de la proposée dépendent de 
l'équation 


pra yan—2betc. . . + +y+i=0 


qui est du genre de celles qu’on nomme réciproques et 
dont on peut toujours abaisser le degré (voy. ci-après, 
n°39), 

En effet divisanttoutpar y” et rapprochant les termes 
également distaus des extrêmes, cette équation de- 
viendra 


q E 4 1 I 
pi Le  Lynit 2 Hotc.. .Hy+ — — =0 
PE do un ane 


et si nous faisons 


y Le = 3, d'où y?—:y+1=0 


nous obtiendrons successivement 


+ pr = 7—37 
LI 
+ = he 
+ FR = 25523452 
etc. — Met. 
3 

pr ann pans HE aus 

T7 j 

‘ tu 

2G = . ) Pr. 


EQ 


Substituant ces valeurs dans l'équation précédente on 


obtiendra évidemment une équation en z du degré » 


dont chaque racine mise à la place de cette variable dans 


PEU 0 


fera connaître deux valeurs correspondantes de y, et, 
de cette manière , on déterminera les 22 valeurs de y 
qui, jointes à la première y = 1, formeront les 2741 
racines de y27+1—1-=0. 


25. Proposons-nous pour exemple de trouver les cinq 
racines cinquièmes de l'unité , ou les cinq racines de l’é- 
quation 


Cette équation, comme toutes les équations semblables 
de degré impair ayant une racine réelle y=1 , divisons 


J°—1 par ÿ—1, et nous obtiendrons pour quotient 


PHP I = 0 


équation du quatrième degré dont dépendent les quatre 
autres racines. 


Divisant tout par y? et rapprochant les termes égale- 
ment distans des extrêmes , nous trouverons 


P+ titre 
faisant 


jé 
— = 53 
da 


et substituant, cette dernière deviendra 
2 Lz—1—=0o 


qui, résolue par la méthode du second degré (voyez 
QuarrÉE) nous donnera pour ses deux racines 


—1—\/5 


2 


145 
2 , 
Mais l'équation auxiliaire 


Y += 2 Ou ÿ?—2y +1 = 0 


traitée par la même méthode, fournit 


EQ 549 
Substituant successivement dans ces valeurs celles de z, 


nous obtiendrons définitivement pour les cinqracines de 
la proposée les expressions 


167 —d 


IV 5+V/(—r0o—2V/5) 
fA 


Dep — 


D 
4 

pri VE tea" 
des e2 n 

—1—V5—V/(—i0+92/5) 

Gas PS vu 


26. D’après ce que nous venons de dire, on voit 
que lorsque l’exposant général » de l'équation binome 
peut être décomposé en facteurs simples ou premiers 
plus petit que 11, l’équation est toujours résoluble à 
l’aide des procédés connus pour les équations des second 
et troisième degrés; mais si cet exposant renfermait des 
facteurs égaux ou supérieurs à 11, la méthode de dé- 
composition dont nousvenons de faire usage deviendrait 
insuffisante, car pour le facteur 11, seulement, il faudrait 
résoudre l’équation partielle 


Y''—1 =—0 


qui nous conduirait à l'équation réciproque du dixième 
degré 


dr dr Alu rdv ds ru 7° ds LES LA rm 


laquelle ne peut être abaissée qu'au cinquième degré. 
Mais s’il est impossible d'obtenir dans tous les cas 
l'expression théorique élémentaire des racines de l’é- 
quation 
F—1—0, 


on peut au moins les exprimer toujours d’une mamère 


générale à l’aide des fonctions circulaires (voy. Sinus) car, 
en vertu du théorème connu 


(cos DÆsing\/—1}"—cosmp+sinmpy/—1 
m et ® étant des nombres quelconques , si lon fait 
; on 
mp=a2nr, d'où —=— 7 
m 
r désignant la demi-circonférence du cercle dont le 
rayon est 1 , On aura 
cos 2nr+- sin 227\/—1=1 


tant que x sera un nombre entier positif, puisque dans 
ce cas 


EQ 


tOB2Nr= I , SN 2Hr—0 ; 


550 


on a donc aussi, dans le même cas, 
2n . 2n ——\"# 
COS — 7 $in —7T —1 T1: 
( mt he m V ) 


Substituant cette expression à la plaçe de l’unité dans 
l'équation binome, nons obtiendrons 


on . 20 7m 
ya ={c0s 7 sin FrV=i) 
et, conséquemment , (À) 


on on —- 
== cos —7 — sin —7\/—1, 
y ne T sio rV 

En faisant donc suecessivement n=0,n=1,n=9, 
etc., jusqu'à n=m—1, dans cette dernière expression 
nous aurons des 2 racines de l’unité. 

Si l'on prenait pour » des nombres plus grands que 
m—1 on retrouverait à l'infini les » premières valeurs, à 
cause de la périodicité des fonctions sinus et cosinus. 

27. Il existe entre les racines de l’unité une relation 
importante que nous devons signaler, La première des 
racines imaginaires , correspondante à la valeur 7—=1, 
est, en la désignant par « 


27% "DT 
ÿ = C0 +sin— V—1 = à 
or, d’après le théorème fondamental , 


on L IN = a 03 RU LAS 
_—_ sin — —1—= {| COS — SLIL —V/ — 
cos 7 + TV ( TE in = V % 


== 


Ainsi toutes les racines de unité pourront être repré- 
sentées par les puissances de cette première x, ou par la 
suite 


«at, a, «3, af, etc... am—3 

Cette propriété des racines de l’unité rend plus facile 
l'évaluation de leurs valeurs puisqu'il suffit de trouver 
la première racine imaginaire en faisant n — 1 dans 
l’expression (k). S'il s'agissait par exemple de l'équation 
binome 


Y°—1=0 
on aurait »m —6, et par conséquent la première racine 


imaginaire serait 


MERE RE 
J = cos gr +sin s"V—1 


EQ 


mais 
SE ED 7 De nn 
cos 47 = sin (1r—}r) — sin 


car le sénus de 30° est égal à la moitié du rayon; on a 
donc, à cause de la relation générale cos’@+sin’® = 1, 


sin? Fr=—1—}, et sin 5r—=V/1—5—1y3 


d’où 
YVES nn 


Telle est la première racine imaginaire. D’après cequi 
précède on aura donc pour les six racines de l’unité 


peer - 
ET sous 
[ST ue 


valeurs que nous avons déjà ebtenues, ci-dessus n° 22 
par un procédé bien différent. 

28. Examinons maintenant les racines de l'unité ne- 
galive , ou celle de l'équation binome 


PH 1—0 
On sait (voy. Sinus) que 
<os(2n+i)r=—1, sin (224 1)z—0 : 


lorsque » est un nombre entier positif quelconque; ainsi 
on a 


cos(an+i)r—+sin(2n+1)ry—1=—1 


et, par suite, 


y cos {2n+r1)r+ sin (2244)r\/—1 


d’où 
y—V Je on+ Da | 
= 


FV/—1. 


Telle est l'expression générale les racines de l’unite 


négauve, dont on obtiendra les valeurs en faisant suc- 
cessivement 2—0, n—1, 2—2, CtC., jusqu'à 27h 
En désignant par « la racine correspondante à n—0, 


ou 
+ SAT re 
cos — SIO=— —1—=6 
Im Eu mt V 
on a 


T CR Dr EL 
an+1—{ cos _. sin — V/—1 
U 


IR 2 


(on +i)r . (ni, -— 
— cos DES EU V—1 


c'est-à-dire que toutes les racines peuvent être encore 
exprimées par les puissancesde cette première et qu’elles 


sont représentées par la suite 


at, «5, 25,87, Hz GtET sir au, 
29. Les racines de Punité tant positives que négatives 


sont encore données par les expressions générales 


2n 27 = 
Y—= €0$ — 7 — sin —7r V/—1 
mn 


ne 
on+1 


— COS ———- 7 — sin 
Y Tr 


on 


nt 


Li nn — 
rV/—1 


car on a effectivement pour toutes les valeurs de x en- 
tières et positives 


= 
cos 2nr Æ sin 277 W—1=I 


cos (22 1)r + sin(an1)rV/—1 = —1 


Mais il est facile de voir queles valeurs des racines cor- 
respondantes aux valeurs 70, 1, n—2, etc. , se- 
ront les mêmes que lorsqu'on prend le signe - ; seule- 
ment elles se présenteront dans un ordre différent. 


Il résulte de cette considération que si 


a+b\/—1 


est une racine imaginaire de l’unité 
a—b\/—1 


en est nécessairement une autre du même degré. On 
nomme racines conjuguées, de telles racines qui ne dif- 


frent que par le signe du coefficient de W=1. 

30. Si nous représentons généralement par a+ by —x 
une des racines imaginaires de l'équation binome 
æM—1—0, a—b VTT sera laracine conjuguée, etle pre- 
mier membre de cette équation æ”—1 sera exactement 
divisible (15) par l’une et l’autre des quantités 


EQ 581 
æ—a—b\/— 1 
æ—a+b\/—1 
Ce premier membre sera donc aussi exactement divisible 
par le produit 


(a—a—b\/ 5 Ya —a+bl/ 1) = x—0ax+a+b 


ou, ce qui est la même chose, x°—2ax+a+4b? sera un 
facteur du second degré de l'équation proposée. 

On peut donc facilement trouver tous les facteurs du 
second degré d'une équation binome en prenant le pro- 
duit de ses facteurs conjugués du premier degré. Par 
exemple les cinq racines de l'équation &°—1—0, sont 


coso + sino V—1 


cos se+ sin $ vi 


4 1 F 4 TE 
cos set sin FrV—1 
cos de + sin es 
cos SAT re v—1 

J J 


ce que l’on trouve en faisant successivement 2—0, 1, 2, 
3 et 4 dans l'expression k, n° 26. 
Or, en observant que (voy. Sinus) 


cos Oo — sino — 0 


L; 


cos se — cos(r + 57) cos (r—57) 


5 
4 


= COS ET 
5 
. 6 : 1 k ï 
SiNn-Xx =—— Sin TR) = =—SID(T—- 
pe == sin(r+ 5) (r—3*) 
. 4 
= —Ssin-T 
5 


8 3 3 
COS 5 — cos(r+27) = cos (x — pr) 


= COS ;T 


Cv © 


sin LA _— sin) hr) 


5 5 


. 2 
= — $In:xr 


5 


les quatre racines imaginaires deviennent 


2 2 — 
cos + sinprV—1 


À + sine 


cos 


552 EQ 
4 pe 
0$ 27 — Sin -r\/—1 
c ET 1 srV 
2 . 2 — 
cos, x — sin —1 
5” 5 V 
et l’on a 
2 . 2 — 
ai = (ù—1)(x—cos. r—sin :r\/—1) 
ô 5 
4 . 4 —— 
X(&—cos$ x — sin grV—1) 
2.2  -— 
&— c05 -r—+sin 7 V/—1 
5 5 
2 — 
X (x— cos 1 sin 27 V—:1) 
J J 
ou 


gi (x —i Xa?—2xcos2r+ 1 Xa—2rc0sfr-+ 1) 
J 


en formant les produits des facteurs conjugués. 


On trouverait de la même manière 
dira —1)(a—2xc0s, + 1at—2xcos: s+ 1) 


C’est surcette décomposition de l’équation binome en 
facteurs du second degré qu'est fondé le célèbre théo- 
rème de Cotes dont nous parlerons plus loin (34). 

31. ÉQuarions TRINOMES. On donne ce nom à toute 
équation de la forme 


x? Au ER =0 


c’est-à-dire , à toute équation qui ne renferme que deux 
puissances de l’inconnue et dont l’exposant de l’une est 
double de celui de l’autre. 


Ces équations se résolvent comme celles du second 


degré, car en faisant «= on a x2“=z°, et la propo- 


sée devient 
224 Az+B—0o 


dont les deux racine$ sont (voy. Quarrte) 


AVES 


A Aa JE. 


4 
ainsi désiguant ces valeurs par a et b nous avons succes- 
sivement 

AA OÙ L—q—0 


am=b où x2—b—0 


équations binomes dont les racines seront les 272 racines 
de la proposée. 


nee A? 
Si l’on a Be, les valeurs de z ou de x" seront 


imaginaires et on pourra leur donner la forme 


\ 
A — A 
A =— A2 


Ainsi, en faisant 


on aura 


x =a+b)—t 


et Les 27» racines de la proposée seront représentées par 
l'expression 


x =V/{< = = | 


mais, nous pouvons donner à cette dernière la forme 


T =V | Va +. | 


VE Fo vi] 


et, comme alors —— , sont des frac- 


= + TD Var = b? 
tions plus petites que l’unité, nous pouvons supposer 
aussi 


«a 


——— = cos 
V'a+b: ‘à 


d’où nous tirons 
; a? 
siug=V/| 1 —cos"e | =V [r— HP 


{sl Fr 


remarquant de plus que 


Ver = el = VE 


l'expression de x deviendra 


(cosp1- sing\/—1 _1) F4 


2m 


TI=N/ BR 


mais # étant un noynbre entier quelconque, nous 


avons 


EQ 
cos(2ar—+$)—=cosp 
sin(2nr+p)=sin® 


par conséquent , cette dernière valeur de x est la même 


chose que 


L— VB. | (cos(arr+-y)2sin(anr +) V1) d | 


ou simplement (#) 


= #8 cos (PT) sr in (2 =] 


Telle est l'expression générale de la racine de l’équa- 
tion trinome; on trouvera ses 2 valeurs en faisant suc- 
cessivement 2—0, 2=1,72—2 jusqu'a #—m—1. En 
prenant pour 7 des valeurs au-dessus de cette dernière 


on retombera toujours sur les mêmes racines. 


32. Le produit des deux facteurs simples conjugués 


LR ps. {co os(2” tete + sin (= an) et 
Re) 


: 


æ COS (CS) _ B" 


représente tous les facteurs du second degré de l’équa- 


ou 


Li 
x'—2B°”. 


tion trinome. 


33. La décomposition de l’équation trinome en fac- 
teurs du second degré, nous donne les moyens de dé- 
moutrer le théorème suivant, découvert par Moivre, 
sur la division du cercle en parties égales. 


3 


Théorème. Si Yon partage un arc Arr, en un nombre 
quelconque de parties égales An, et qu'à partir du point 


EQ 995 


ñ on divise la circonférence entière en autant de par- 
ties que An est contenu dans A”, et qu’ensuite d’un 
point quelconque O pris sur le diamètre AB ou sur son 
prolongement on mène les droites On, Or, O2, O3, etc., 
à tous les points de division, le produit des carrés de 
toutes ces lignes sera égal à 


AIN LM COS + 1 


æ, représentant la distance OC du point O au centre du 
cercle , m» le nombre des divisions, et @ l’arc Am. 


En effet, supposons le rayon AC égal à l’unité, et 


prenons »=—/4 pour simplifier la démonstration. Nous 
aurons seulement les quatre lignes On , Or, O2 et O3. 


Or 
On =0p + np =(&—pC)+np 
amor. pC+pC + np 
mais 
pG = cos : , et np = sin 
donc 


On = x—27.c0s ? Pos À £ sin € 


= x'—2%. COS A 


On trouvera de même 


O1 — [e — cos (= Ï + (22) 
tar co (Ts) — 1 


O2 — 


Gi-[e ne (ss) 


= x1—2T,COS (=) +1 


mais, d’après le numéro précédent, en décomposant 
l'équation 


xi—2xi,cosp#+1—=0 ;, 


en facteurs du second degré on obtient 


70 


donc 


af—oxi.cosb+r = On KXOr KO KXO3 


34. En faisant @=r et 9=0, il est facile de déduire 
de ce théorème celui de Cotes dont la découverte fit 
faire, dans le temps, des progrès au calcul intégral. 
Nous allons le démontrer directement par la décompo- 
sition de l'équation binome en ses facteurs du second 


degré. 


Théorème. Si dans un cercle décrit du rayon AC—a on 
mène un diamètre quelconque AB, qu’à partir de l'extré- 
mité À on divise la circonférence en un nombre pair 2m 
de parties égales et qu’on désigne pare, 1,2, 3, étCs, 
om—1, ces divisions , en faisant répondre o à l’origine 
À , et que de plus , d’un point quelconque O pris sur le 
diamètre ou sur son prolongement et du méme côté du 
centre que l’origine, or mène des droites à tous les 
points de division, le produit de toutes les droites me- 
nées aux numéros impairs est égal à la somine des puis- 
sances 72 du rayon et de la distance du point O au centre; 
le produit de toutes celles menées aux numéros pairs 
est égal à la différence des mêmes puissances. 

Ainsi désignant par x la distance OC, ou a 
anbar—01xXO03XO5X07.,....etc. 
am—an—OoxXO2XO4XO8......etc. 


En effet, du point 1 abaissons la perpendiculaire 1P 
el nous aurons 


EQ ; 
à — 
O1 —OP +:P° 
mais & étant le rayon du cercle nous avons 


1P — a.sin arc Ar 
PC = a.cos arc Ar 


et, deplus, 


OP—OC—PC—x—a.cos arc Ar 


nous avons donc, en désignant simplement l'arc Ar par 
AT, 


3 


O1 —x—2axcosAr-Ha?cos Àr-Ha’sin?Ar 


= 2°—2ux cos A1+a? 


On trouverait de la même manière 


O2 — 2°—0ax. cos A24a? 

| 

O3 — x°—oax, cos A3+a 

2e ë 

O4 —x—2ax. cos A4+a 
etc. etc. 


mais r désignant la demi-circonférence du cercle, on a 


Fr 27 37 
Ar==—,A2——, A3——, 
mm mn m 
" 
etc. etc. ' 
LZ 


Ainsi les carrés des lignes menées aux numéros pairs se- 
ront 


O2 


2% 
= ai — 24X.C0S — + a? 
m 


(7 = X? — 24% .C0S - + ee 


__ Gr 
O6 = x? — 24x.c0S + a* 


etc. etc. 


et les carrés des lignes menées aux numéros impairs se- 


ront 

—3 Tr 

O1 —x'—2ax.cos— + «& 
um - 

—2 : 3x 

O3 = x? — 24ax,cos — + æ& 
me 

— 5x 2 

O5 = x—24ax.cos — + & 
m 

etc, etc. 


Or, si l’on décompose l'équation binome 


LT me = O 


| 
| 


| 


EQ 


en ses facteurs du second degré, on a évidemment, 
lorsque 72 est un nombre pair (p), 


2r 

Dm — (x —a) : (a—aar.c0s a + & 
4r 

* 2—2a%,C0S + æ 


6 
SA (= 24ax.c0s _ + œ) 
De EC... 
M—9, 


4 T—24%.C05 —— r.æ ) 


et lorsque "7 est un nombre impair (q) 
27 
Œm—am— (x —a) . (æ°—amcos = + a 
4x 
4 (a°—sarcos = + a 


6 
X(a°—sax.e0s = -L a 
mt 
M retciun. 


M—1 
> (a—saxcos. —7 + æ) 
m 


Mais dans le cas de 7: nombre pair, parmi toutes les 
lignes menées du point O aux numéros pairs se trouve- 
ront les lignes OA et OB quirépondrontaux extrémités 
du diamètre et dont les valeurs sont 


OA=x—a, OB=x+a 


4 


et le produit 
OA XOB—22— a : 


ainsi dans ce même cas l’expression (p) devient 


axm—am=OAXOBKO> XO4 XO6 .…... KO)" 


Mais toutes les lignes O2, O4, O6, etc. Ofm—2) qui 
sont situées d’un même côté du diamètre ont leurs cor- 
respondantes O4, Od, etc., qui leur sont respective- 
ment égales, de sorte qu’on peut écrireO2X Ob à la place 


de O2, O4XO4 à la place de Of ‘etc. , etc. Nous au- 
rons donc définitivement 


am—am=OAKO2XO4etc... XOdXOBX etc. 


c’est-à-dire que la différence des puissances æ" et am est 
égale au produit de toutes les lignes menées aux nurmé- 
ros pairs. 

La méme chose a évidemment lieu dans le cas de 
m nombre impair, car On a alors OA—x—a et par suite 


zm—am=OAX O2" x Of > ET Of) 
=OAXO2XO4Xetc... XOZXObX etc 


EQ 555 


En décomposant l'équation binome æ#-+a"—o en 
ses facteurs du second degré nous trouverons, en suivant 
la même marche, 


amtanm=O1 XO3KXOSX...KOaXOcKetc. 


et ainsi se trouvent démontrées les deux parties du théo- 
rème de Cotes. 

35. Equarions rÉcrPROQUES. Toute équation d’un 
degré quelconque qui, ayant une racine =a, en a une 


I zu sue AT 
autre =) prend le nom d’équation réciproque. 


On démontre aisément qu’une équation ne peut être 
réciproque que dans les cas suivans : 1° quel que soit Le 
degré, pair ou impair, si les coefficiens des termes à 
cgale distance des extrêmes sont égaux et de mémes 
signes ; 2° lorsque le'degré est pair et que le terme du 
milieu manque, ou lorsque le degré est impair , si les 
coefficiens des termes à égale distance des extrémes 


son égaux e* de signes contraires 

Ces équations sont remarquables parce qu’on peut 
abaisser leur degré de moitié et qu'il devient ainsi pos- 
sible de résoudre celles des neuf premiers degrés à l’aide 
des procédés théoriques connus jusqu’à présent. 

36 Soit, pour fixer les idées, l'équation réciproque du 
sixième degré (a) 

Axf+Bzx+Cri+DxLCr+Bxr+A — o. 


L 1 . I . 
Il est d’abord facile de s'assurer que 4 St racine de 


ns he ; I 
cette équation si a en est une, En effet substituons - 


à la place de x, nous aurons 


ï I Le I Le Li 
AH BT+ CE +DE+CT+B'+A=M 


en désignant par M la valeur inconnue que prend le se- 
cond nombre de l'équation par cette substitution. Or, 
en multipliant les deux membres de cette dernière par 


aÿ , nous obtiendrons (b) 
A+Ba-+Ca+ Da Cai+Ba5+A a — My, 


Mais a étant racine de la proposée et le premier membre 
de (b) étant précisément ce que devient (a) en y faisant 
x=a , nous ayous nécessairement 


Maï=o , ou M—o 
donc le premier membre de l'équation (a) se réduit 
PES | . I ñ L 
aussi à zéro en faisant æ = - , et par conséquent : est 
a 
racine de cette équation. 


On vérifierait de la méme manière le cas des expo- 


556 EQ 


sans égaux et de signes contraires lorsque l’équation est 
de degré impair, ou lorsque, étant de degré pair, le 
terme du milieu manque, 

37. Ea divisant tous les termes de l'équation (a) par 
le premier coefficient A, on peut donner à cette équation 
la forme (c) 


xiHax+bri+cxr Lbx Lax+i = 0. 


c’est-à-dire qu’on peut ramener toute équation réci- 
proque à avoir l'unité pour terme absolu. Nous suppo- 
serons, dans ce qui vasuivre, qu’on a opéré cette réduc- 
tion. 

39. Comme il suffit de connaître la valeur d'une ra- 
cine pour obtenir immédiatement celle de sa réciproque, 


. I 
à cause de la relation a X a = #0npeut prendre pour 


inconoue auxiliaire la somme de deux telles racines, ou 
poser 


1 


et transformer en z l'équation en x, par le procédé sui- 
vant. 

Nous supposerons d’abord qu'il s’agit d’une équa- 
tion de degré pair et nous prendrons l'équation ci-des- 
sus (c) pour exemple. Divisons tous les termes par une 
puissance de æ, moitié de la plus élevée, c’est-à-dire, 
par x, dans le cas que nous examinons, et rassemblons 
les termes affectés des mêmes coefficiens; (c) deviendra 


(d) 
a+ + af +) U(e eo 


mais en faisant 


CA = —=Z 
5 T 
nous aurons 
G+y=r 
x 
ou 
x?+2+ on 
et, par conséquent 
x? + ee = 229 
de même 
(x + Ly = 2 
x 
ou 


3 Lara 
air +3 + 


EQ 


La 


ce qui est la même chose que 


a+ = six +) 


3 


= 2}—3; 
— * 32 


Substituant donc ces valeurs de 


dans l'équation (d) elle deviendra (e) 


mHaz+(b—3):+c—2a—0 


équation d’un degré sous-double dela proposée, dont la 
résolution fera connaître les six racines de cette der- 
nière , puisqu’en désignant par &, 8, y les trois racines 
de (c), chacune de ces quantités substituée à [a place de 
z dans l'équation 

1 

= X+ Zu X—2X +1 = 0 

fera eonnaître deux valeurs de x, en résolvant cette 
équation. 


4o. En examiuant les valeurs, en fonction de z, des 
it I 1 
quantités x + . x 0 cetc., sur lesquelles repose 


cet akaissement des équations réciproques, il est facile 
d'arriver à l’expression générale (f). 


ml (m3), 
An RL — 24 1 7" ym—6 
+2 + M 
A te 5) BL L ctc. 


289 


dont la démonstration ne présente aucune difficulté. 

41 Considérons maintenant les équations réciproques 
de degré impair, et pre ons pour exemple l’équation 
du septième degré (g) 


x ax br +cxi+cxLbr+Hax+i = 0 


On voit aisément que cette équation a une racine =—1, 


car, substituant —1 à la place de & , on a évidemment 


—i1+a—b+c—c+b—a+ti=o, 
ainsi le premier membre de (g 


par æ+1 (voy. 
vision On à pour quotient 


2 + (a—i a + bat) L(o—b+a—i)xt 
+(b—a+i)x a 
+e—ne 
+1 


équation réciproque du sixième degré de laquelle dé- 


t exactement divisible 


ci-dessus n° 15). Mais en opérant la di- 


pendent les six autres racines. 


EQ 

Ainsi après avoir divisé le premier membre de toute 
équation réciproque de degré impair par le binome æ+-1 
on obtiendra une autre équation réciproque de degré 
pair qu’on résoudra par les procédés exposés ci-dessus. 

Quant à l'équation réciproque de degré impair 
dans laquelle les coefficiens des termes à égale distance 
des extrêmes sont égaux et de signes contraires, on voit 
aisément qu’eMe a une racine =1, et qu’il faut par con- 
séquent la diviser par x — 1, pour obtenir une équation 
réciproque de degré pair. 

42. Si l'équation est de degré pair et que, son terme 
du milieu manquant , tes coefficiens des termes à égale 
distance soient égaux et de signes contraires, ellea une 
racine = 1, et en la divisant par le binome x—1, on 
obtient une équation de degré impair dont les coefficiens 
sont égaux et de mêmes signes, laquelle a, par consé- 
quent, une racine==— 1, et est divisible par x+1. 
Donc la proposée estdivisible par (x—1)\x+1)=2x—1, 
et le quotient est une équation d’un degré pair, moindre 
de deux unités, résoluble de la même manière que celle 
du numéro 41. 

43. Nous avons déjà vu (n° 23) un exemple de réso- 
lution d’équation réciproque , nous nous contenterons 
donc ici d’appliquer les règles précédentes à l’équation 

A Lx Hoxi—2r—3r—1 = 0 
Cette équation ayant une racine —1 , divisons son pre- 
mier membre par x—1 et nous obtiendrons pour quo- 
tient à°+/4xiLGxr+G6x+ix+r , lequel, égalé à zéro, 
nous donnera l’équation réciproque du cinquième 
degré 
2° + 4x Gr +Gx Lx trio 


Cette dernière ayant une racine = — 1, divisons son 
premier nombre par æ+41, et nous obtiendrons défini 
tivement l'équation du quatrième degré 


diH3x +32 +3xtr = o 


qui nous fera connaître les quatre autres racines. 
Divisons donc tous les termes par x? et rassemblons 
ceux qui ont le même coefficient, nous aurons (k) 


m4 (et) = 0 


faisons maintenant 


et substituons dans (4), cette équation deviendra 


24351 = 0 


EQ 557 


dont les deux racines sont 


—3+ V5 
nn 
—3\/5 


. 2 


Or, l'équation æ + mg = QU 257410, ré- 


solue par rapport à x, donne 
” m2 — 
2 RAS 


DNS Tu 
2 


Substituant successivement dans chacune de ces va- 
leurs les deux valeurs de z, et rassemblant tous les ré- 
sultats , nous aurons définitivement pour les six racines 
de la proposée les valeurs 


T—=I1 
T=—I 


nd en em €) 
4 


—64+21/5—V/(—2— 6/5) 
4 


—6—2V5+1/(—2+6V5) 
PRE LE 


ZT 


av V2 +GVE) 
4 


44. Équarions TranscenpanrTes, Les diverses espèces 
d'équations que nous venons d’examiner,ainsi que toutes 
celles quine contiennent que des puissances entières des 
inconnues, se nomment généralement équations algc- 
briques , tandis qu’on donne le nom de transcendantes, 
aux équations qui renferment , soit des puissances irra: 
tionnelles telles que x", soit des exposans eux-mêmes 
indéterminés tel que ax, soit des fonctions dérivées des. 
variables telles que sin x ou log x etc., soit enfin des 
quantités infinitésimales, Ces équations se divisent en 
plusieurs classes que nous allons examiner rapidement. 


: Nous devons faire observer ici que les équations qui ; 
contiennent des exposans fractionnaires sont a/gebriques 
et non transcendantes parce qu'il est toujours possible 
de faire disparaitre ces exposans. ’oy. Transrorma- 
TION. 


45. ÉQuarTioNs EXPONENTIELLES. Ce sont des équations 
dans lesquelles les exposans des puissances sont incon- 
nus, comme a*—b, xt=—m, etc. , etc. Lorsqu'elles sont 


” 
558 EQ 
simples, c'est-à-dire lorsque les exposans seuls sont in- 
déterminés, on les résout facilement à l’aide des loga- 


rithmes. : 
Soit en effet l'équation 
a? —=b 
en prenant les logarithmes des deux membres on a 
log. at = log.b 
mais d’après la propriété des logarithmes 
log.ar=x log a , 
on à donc aussi 


ee log.b 
x log.a= log.b, d'où x ne 

0g.a 
et en cherchant dans les tables les logarithmes de b et de 
a, leur quotient fera connaître la valeur de #. Si l’on avait 
par exemple a—12 et b—20; ou l'équation 


197 — 20 
en prenant les logarithmes de 12 et de 20, on trouve- 
rait 


log.20 _1,3010300 


LT = — 
log.12 1,0791812 


— 1,200... 


Tr 


L’équation & —c peut encore se traiter de la même 


manière caren faisant br=% on a 


désignant par» le quotient des logarithmes ; mais &x=—z, 
donne alors b*=m, d’où 


c’est-à-dire 


L'équation x — a présente bien plus de difficultés; 
car en prenant les logarithmes on a x log x=a, expres- 
sion dont on ne peut dégager x que par des développe- 
mens en sérietrès-compliqués(voy. REsoLuTION et SERIE). 
Il est beaucoup plus simple et plus prompt de se servir 
ici de la règle de Fausse PosiriON (voy. ce mot), règle 
précieuse dans tous les cas où l’on ne peut aborder di- 


rectement l'évaluation des quantités. 


ÉqQuations DE DirrÉrENces. On les divise en équations 
aux différences finies et en ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES. 


EQ 


Par exemple, À et B étant des fonctions quelconques 
des variables rety, 


A. Ar4+B,4y =0 
est une équation aux différences finies, et 
ÀA.dzx + B. dy = 0 


est une équation différentielle. 


Ces équations se classent d’après l'indice le plus élevé 
des différences qu'elles renferment; ainsi on nomme 
équations du premier ordre , celles qui ne contiennent 
que des différences simples, Ar où dæ; équations du 
second ordre, celles qui contiennent des différences se- 
condes , 4’x ou d’x , etc., etc. 


Lorsque les équations de différences renferment la 
différence complète de la fonction primitive, on leur 
donne le nom d'équations totales ; par exemple @ étant 
unc fonction quelconque des trois variables x, y, =, la 
différence totale de cette fonction prise en faisaut varier 
successivement x , y et z, est de la forme (voy. Carcur 
DES DIFFÉRENCES , N° D1) 


(EE jar (É9) a+ (Es 


-et l'équation 


A? AD Le +) pre 
(art Go) y+ (a) = 0 


; j ; 
2st une ÉQUATION TOTALE DE DIFFÉRENCES. : 
De même l'équation 


(ae) a+ (Leo 


est une ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE TOTALE. 

Si l'équation ne renferme pas la différence complète 
de la fonction primitive, elle prend le nom d’ÉQUATION 
AUX DIFFÉRENCES PARTIELLESs 

Enfin lorsqu'une imême équation contient en mème 
temps des différences finies et des différentielles, on la 
nomme ÉQUATION AUX DIFFÉRENCES MÉLÉES. 

Outre la classification de toutes ces équations par rap- 
port à l’ordre des différences, il en existe deux autres 
fondées sur le degré de puissance auquel $e trouvent les 
différences , et sur l’ordre d’indétermination des varia- 
bles. Ainsi une équation de différences d’un ordre que: 
conque est du premier degré, du second degré, ete., 
selon que les différences contenues dans cette équation 
sont au premier degré de puissance, au second de- 
gré, etc., et elle est du premier ordre d'indéterminaton, 
du second ordre, etc., selon qu’elle renferme un , 


deux, etc., quantités variables. 


FQ 


® Résoudre nne équation de différences, c’est détermi- 
ner l'équation primitive qui exprime la relation des 
variables équivalente à celle qui est exprimée par la 
proposée. Cette résolution est l’objet du CALCUL INTÉ- 
GrAL. P’oy. ce mot. 


ÉQUATION (Astr.). On nomme généralement équa- 
tionen astronomie la différence qui existe entre l'élément 
vrai d’un corps céleste etson élément moyen; c’est-à-dire 
laquantité dontil fautaugmenter ou diminuer sa position, 
calculée dans l'hypothèse d'un mouvement moyen uni- 
forme, pour trouver sa véritablesituation résultante de 
son mouvement réel et inégal. Il y a plusieurs espèces 


d'équations astrononiques. 


Équariox pu remps. C’est la différence entre le temps 
vrai et inégal indiqué par le soleil , et le temps #0yen, 
marqué par une pendule bien réglée, 

Le jour solaire, pris pour base de la division du 
temps par tous les peuples, est l'intervalle entre deux 
passages consécutifs du soleil au méridien , ou entre deux 
midis vrais; c’est cet intervalle qui, divisé en 24 parties 
égales, détermine le grandeur de l’heure civile et par 
suite celle des subdivisions de cette dernière, Mais la 
durée du temps écoulé entre deux passages du soleil par 
le même méridien, n’est pas constamment uniforme, 
et, par conséquent , les jours solaires ne sont pas égaux 
entre eux, d’où il suit qu’en divisant chaque jour en 
24 parties égales, ces parties n’ont pas tous les jours la 
même grandeur ; de sorte qu’une bonne pendule dont 
toutes les heures sont nécessairement uniformes et qui 
est réglée de manière à compter exactement 24 heures 
pendant la durée d’un jour solaire déterminé, en mar- 
quant 7nidi au moment du midi vrai, ne s'accorde plus 
les jours suivans avec le soleil , et marque midi un peu 
avant où un peu après midi vrai, selon les circonstances. 
Cette inégalité, dont l'importance est peu sensible pour 
les usages civils, exerce une grande influence sur les 
calculs astronomiques qui réclament une mesure de 
temps fixe et invariable. 


La différence de la grandeur des jours solaires est due 
à plusieurs causes que nous allons signaler. Dans sa 
course annuelle autour du soleil, la terre est animée de 
divers degrés de vitesse correspondant aux différentes 
distances où elle se trouve de cet astre. Cette vitesse est 
à son maximum dans la partie de l'orbite la plus rap- 
prochée du soleil ou au périhélie, tandis qu’à l’aphélie 
elle est au minimum. Comme nous transportons au 
soleil lui-même le mouvement de la terre, il nous paraît 
se mouvoir sur l’écliptique justementavec les vitesses va- 
riables de la terre, de sorte qu’à certaines époques 
de l’année il semble décrire en un jour un arc de 61" 11”, 
tandis qu’à d'autres cet arc n’est que de 57' 11". Mais 
la rotation de la terre autour de son axe, ou la rotation 


ri 5$9 


apparente de la voûte céleste qui en est la conséquence, 


LOT 


s’effectuant toujours dans Je même intervalle de temps, 
et le soleil ne pouvani se retrouver au iméridien qu’a- 
près une révolution entière de la sphère plus une petite 
partie de révelution proportionnelle à l'arc qu'il a 
décrit dans l'intervalle, en sens inverse du mouvement 
diurne de la sphère, il est évident que la grandeur va- 
riable de cet arc devient une première cause d’iné- 
galité pour la grandeur du jour solaire, puisque la 
durée de ce jour se compose de la durée de la révo- 
Jution diurne de la sphère, plus, de la durée dela partie 
de révolution correspondante à cet arc. Mais cette 
cause n’est pas la seule; car, en supposant même le mou- 
vement apparent du soleil parfaitement uniforme sur 
l'écliptique, ce mouvement ne serait point égal par 
rapport au méridien, et les jours solaires, dont la durée 
est précisément l'intervalle de deux passages consécutifs 
du soleil au méridien, ne seraient point encore égaux. 
En effet, si lon partage l’écliptique en parties égales 
et qu’on fasse passer des méridiens par tous les points 
de ‘division, ces méridiens partageront l’équateur en 
parties inégales, et comme c’est autour de l’équateur que 
se comptent les heures, quelque régulier que fût le mou- 
vement du soleil sur l’écliptique, son mouvement, par 
rapport à l'équateur et conséquemment par rapport au 
méridien, pris pour terme de comparaison, serait 
toujours inégal. 

L'inégalité des jours solaires repose donc sur deux 
causes principales : l’obliquité de Pécliptique, et l'iné- 
galité du mouvement propre du soleil. Pour eu déter- 
miner les circonstances , il faut calculer les ares que le 
soleil décrit chaque jour sur l’écliptique; projeter ces 
ares sur l'équateur par des méridiens et prendre les dif- 
férences successives des angles horaires compris entre 
eux. 

Pour comparer les jours nrais et inépaux au jour 
moyen toujours égal, pris pour unité de mesure, on 
conçoit un soleil moyen et uniforme qui tourne dans 
Yéquateur et achève sa révolution sur ce cercle exacte- 
ment dans le même intervalle de temps que le soleil réel 
achève lasiennesur l'écliptique. De cette manière, en sup- 
posant que le soleil moyen parte de l’équinoxe du prin- 
temps en même temps que le soleil réel, on dit qu'il est 
midi moyen toutes les fois que ce soleil moyen passe 
par le méridien; et si, à cet instant, le soleil réel se 
trouve plus ou moins avancé, en sorte qu'il soit plus ou 
moins de rridi vrai, la différence forme l'ÉqQuariow pu 
TEMPS. 

L’équation du temps était déjà connue et employée a 
l’époque de Ptolémée, qui en parle dans son Almageste 
(iv. in, chap. x). Cependant jusqu’à Képler, les astro- 
nomes ne tinrent compte que de l'inégalité résultante de 
l'obliquité de l’écliptique ; ce grand homme, qu'on peu’! 


360 EQ 


considérer comme le fondateur de l'astronomie mo- 
derne, calcula le premier l'effet de la variation du mou- 
vement propre du soleil. Depuis, on a reconnu que 
l'équation du temps était affectée par la Précession et la 

utation ( Voyez ces mots ). Quoique nos horloges 
publiques soient aujourd’hui réglées sur le temps 
moyen, nous n’entrerons pas dans de plus grands dé- 
tails sur ce sujet, l'annuaire du bureau des longitudes, 
etla plupart des almanachs donnant l'équation du temps 
pour chaque jour de l’année, ou du moins l’heure 
exacte que doit marquer une bonne pendule au midi 
vrai de chaque jour. Nous devons ajouter cependant 
que quatre fois dans l’année, savoir : vers le 14 avril, 
le 15 juin, le 30 août et le 23 septembre, l’équation du 
temps est nulle, et que sa plus grande valeur s'élève 
jusqu’à 16" 14", vers le 1° novembre. 

ÉQUATION DE L’ORuITE. Æquation du centre, prosta- 
phérèse. Différence entre le mouvement inégal d’une 
planète dans son orbite et le mouvement moyen, égal 
et uniforme qu’on lui suppose pour pouvoir calculer 
plus facilement son lieu vrai. Cette différence est égale 
à celle qui existe entre l'anomalie vraie et l’anomalie 
moyenne. Voy. ANOMALIE et ORBITE. 


ÉQUATION DES HAUTEURS CORKESPONDANTES. Correction 
qui doit être appliquée au temps de midi calculé par 
l'observation des hauteurs égales du soleil avant et après 
son passage au méridien, pour déterminer le temps 
vrai. 7. Haureur et PAssAce. 

EÉQUATORIAL (Astr.). Instrument qui sert à mesurer 
l'ascension droite et la déclinaison des astres, et à suivre 
toutes les circonstances de leur mouvement diurne. L’u 
sage de cet instrument , dérivé de la machine parallaci- 
que (7. ce mot), fut introduit en Angleterre par Short ; 
depuis, Nairne, Ramsden , Mégnié et Dollond le per- 
fectionnèrent successivement. Woy. Trans. phil. 1777. 

ÉQUERRE ( Astr.). Constellation méridionale in- 
troduite par La Caille. Voy. CONSTELLATION. 

ÉQUERRE ( Géom.). Instrument de bois ou de 
métal, composé de deux jambes fixes ajustées perpen- 
diculairement l’une à l'extrémité de l’autre , et qui sert 


à tracer des angles droits ou à tirer des perpendiculaires 
sur une ligne donnée. 


EQ 


On vérifie Ja justesse d’une équerre de la manière sui- 
vante: ayant décrit un demi-cercle sur un diamètre pris 
à volonté, on lui applique l’équerre de manière que l’un 
de ses bras touche une extrémité du diamètre tandis 
que son sommet touche un point quelconque de la ce r- 
conférence, comme dans la figure ci-jointe ; alors, si 
l'équerre est juste, il faut que l’autre bras touche l’autre 
extrémité du diamètre. En effet, dans cette situation, 
l'angle des deux bras de l’équerre a pour mesure la 
moitié de l’arc qu'ils comprennent, et conséquemment 
ne peut être un angle droit si cet arc n’est pas la demi- 
circonférence entière, c’est-à-dire, si les deux bras ne 
touchent pas les deux extrémités du diamètre. 

ÉQUERRE D’ARPENTEUR. Cercle épais de cuivre 
divisé en quatre parties égales par deux droites qui se 
coupent au centre à angles droits, et dont les extrémités 
sont garnies de pinnules. Cet instrument sert à tirer des 
perpendiculaires sur le terrain, et à prendre des aligne- 
mens. 

L'équerre d’arpenteur a récemment changé de forme, 
c’est aujourd’hui une espèce de prisme octogonal qui. an 
lieu de pinnules, a quatre fentes perpendiculaires ser- 
vant au même usage. On lui donne le nom d’éguerre 
octogone. 

On visse l’une et l’autre de ces équerres à l'extrémité 
arrondie d’un bâton dont l’autre bout est garni d'un 
fer pointu, de manière à pouvoir l’enfoncer dans la 
terre. 

Pour mener d’un point donné une perpendiculaire 
sur une droite, on opère de la manière suivante: soit 
AC (PL. V, fig. 6.), la droite tracée sur le terrain ou 
donnée par des alignemens de jalons; ayant planté ver- 
ticalement le bâton d’arpenteur au point où l’on veut 
élever la perpendiculaire, on visse l’équerre et on la 
tourne de manière que l'œil, placé successivement à 
deux pinnules opposées, aperçoive les jalons A et C 
plantés sur la droite AC; ceci fait, et l’instrument res- 
tant fixe, on regarde par les deux autres pinnules si l’on 
aperçoit le jalon qu’on a envoyé présenter par l’aide 
arpenteur dans la direction de ces pinnules, faisant 
signe à l’aide d’avancer ou de reculer jusqu’à ce que le 
jalon soit exactement en E ou en B sur le rayon visuel ; 
alors, au signal convenu, l’aide plante son jalon, et il 
ne s’agit plus que de mener une droite par le pied de 
l’équerre et par le pied du jalon, pour avoir la per- 
pendiculaire demandée. 

Tous les problèmes qu’on peut exécuter sur le ter- 
rain à l’aide de l’équerre d’arpenteur, ne sont que des 
modifications de celui-ci, et ne présentent pas plus de 
difficultés. Joy. Le nouveau traité de l’arpentage par 
A. Lefebvre. 

ÉQUIANGLE (Gcom.). On nomme figure équiangle 
toute figure dont les angles sont égaux, Ainsi un rec- 


mi 


EQ 


tangle est une figure équiangle. Un triangle équilatéral 
estaussi équiangle. En général tous les polygones régu- 
liers sont équiangles. 


On se sert encore de ce mot dans une autre acception: 
on dit, par exemple, que deux triangles sont équiangles 
entre eux, lorsque les angles du premier sont égaux 
chacun à chacun aux angles du second. 


Il est donc important de ne pas confondre un poly- 
gone équiangle tout seul , avec un polygone équiangle 
à un autre, puisque le premier est une figure dont tous 
les angles sont égaux entre eux, tandis que le second à 
seulement ses angles égaux à ceux d’un autre polygone. 

D’Alembert avait proposé, pour éviter l’équivoque, 
de n’employer ie mot équiangle que dans la dernière 
acception, et de le remplacer, dans la première, par le 
mot équiangulaire, mais l’usage a prévalu. 

ÉQUIDIFFÉRENCE. Égalité de deux rapports par 
différence. À, B, C, Détant quatre quantités quelconques, 
si la différence des deux premières est égale à la diffé- 
rence des deux secondes, la relation 


A—B—C—D 


sera une éqguidifférence. 

Ce mot a été introduit par Lacroix, pour remplacer 
celui de proportion arithmétique, par lequel on désigne 
généralement une telle relation. #oy. Rarporr et Pro- 


PORTION. 


ÉQUIDISTANT (Géom.). On dit que deux points 
sont équidistans par rapport à un troisième , lorsque 
leurs distances à ce dernier sont égales. Aïnsi tous les 
points de la circonference du cercle sont équidistans au 


centre. 


Méthode des coordonnées ÉqQuinisranTEs. C’est une 
méthode due à Hutton, pour trouver par approxima- 
tion l’aire d’une figure terminée d’un côté par une ligne 
droite et de l’autre par une ligne courbe. 

— Ayant mesuré un nombre impair d’ordonnées équidis- 
tantes, ou de perpendiculaires élevées sur la ligne 
droite et se terminant à la courbe , désignons par A la 
somme de la première et de la dernière, par B la somme 
de la seconde, de la quatrième, de la sixième, etc., 
par C la somme de toutes les autres, et par D la com- 
mune distance des ordonnées, nous aurons, à très peu 
près, | : 


L 
SEC D= aire de la figure. 


Voy. Hutton, Mensuration, pag. 374. 
ÉQUILATÉRAL ou ÉQUILATÈRE (Géom.) (De 
æquus égal, et de latus coté.) Nom que l’on donne 


EQ 5GI 


tout ce qui a les côtés égaux. Un ériangle équilatérai 
est un triangle dont tous les côtés ont la même gran 
deur. 


Tous les polygones réguliers et tous les corps régu 
liers sont 
RécuLiEr. 


On dit aussi que deux polygones sont équilatéraux 
entre eux, lorsqu'ils ont les côtés égaux chacun à cha- 
cun , et placés dans le même ordre. 

Le mot cquilatère ne s'applique généralement qu'à 
l’hyperbole. On nomme hyperbole équilaière celle dont 
les axes conjugués sont égaux. V’oy: HyrErsoze. 

ÉQUILIBRE (Meéc.). État d’un corps sollicité au 
mouvement par des forces opposées qui se détruisent; 
ou égalité parfaite de force entre deux corps qui agis- 
sent l’un contre l’autre ; une balance est eh équilibre 
lorsque son fléau se maintient dans une position pa- 
rallèle à l'horizon. C’est de cet instrument que le mot 
équilibre dérive , car il est formé d’æqguus égal, et de 
libra balance. Les lois de l'équilibre sont l’objet d’une 
branche de la mécanique nommé STATIQUE. Woy. ce 
mot. 


ÉQUIMULTIPLE ( Arith.). Les quantités équimul- 
tiples sont celles qui proviennent du produit d’autres 
quantités par un même facteur. Ainsi A et B étant des 
quantités quelconques, 4A et 4B sont les équimultiples 
de A et de B. De même 5A et 5B sont d’autres équimui- 
tiples de ces mêmes quantités. 

Le rapport de deux quantités équimultiples est tou- 
jours le même que celui des deux quantités primitives 
dont elles proviennent, car en genéral, 72 étant un 
facteur quelconque, 


mA 
Br 


ÉQUINOXE ( Astr.). Moment où le soleil, passant 
par l’un des points équinoxiaux , se trouve sur l’équa- 
teur. 

Les équinoxes ont lieu deux fois chaque année, savoir : 
vers le vingtième jour de mars etle vingt deuxième de 
septembre. À ces époques la révolution diurne du soleil 
lui faisant décrire l'équateur , les jours sont égaux aux 
nuits par toute la terre, sauf toutefois la petite diffé- 
rence qui résulte des réfractions, dont l’effetest de faire 
paraître le soieil au-dessus de l'horizon plus long-temps 
qu'il n’y est en réalité. 

Le mouvement propre du soleil étant inégal, il y a en- 
viron huit jours de plus de l’équinoxe de mars, ou du prin- 
temps, à celui de septembre, ou d'automne, quede l’équi- 
noxe d'automne à celui du printemps, parce que le 
soleil se meut avec plus de vitesse dans la partie sep- 

74 


n——. 


cquilatéraux. Voy. TRiANGLE, PoLyGone, : 


562 ER 


tentrionale de l’écliptique que dans la partie méridig- 
nale. 

On a reconnu que les points équinoxiaux ne sont pas 
fixes, mais qu’ils ont un mouvement rétrograde, ou en 
sens inverse de l’ordre des signes, de sorte que le soleil 
ne passe pas deux années de suite sur le même point de 
l'équateur. C’est ce mouvement qu’on nomme préces- 
sion des équinoxes. Foy. ce mot. 


ÉQUINOXIAL (4str,). L'Équinoxial est la même 
chose que l'équateur. Foy. AnmiLLAIRE, 12. 


Ce mot se prend aussi adjectivement comme dans 
cadran équinoxial. Foy. GNomoniQuE. 

Ponrs ÉQuixoxIaux. Ce sont les points où l’écliptique 
coupe l'équateur. 


ÉQUIPAGE ({ Opt.). On donne ce nom à l’assem- 
blage des oculaires que l'on applique à un télescope. 
Un équipage est d'autant plus fort qu'il grossit davan- 

| tage les objets. 

ERATOSTHÈNES, fils d’Aglaüs, l’un des plus ce- 
lèbres savans de l'antiquité, naquit à Cyrène , colonie 
grecque située sur la côte septentrionale de l'Afrique, 
dans la première année de la 176° olympiade (256 ans 
avant J.-G.). Des maitres habiles, tels que le philosophe 
Ariston de Chio, Lysannias de Cyrène, Callimaque le 
grammairien et le poète, développèrent de bonne heure 
son intelligence et l’initièrent à toutes les connaissances, 
dont l'humanité était alors en possession. La réputation 
qu'Eratosthènes ne tarda pas à acquérir appela sur lui 
l'attention de Ptolémée Evergètes. Ce digne successeur 
de Lagus lui donna, en raison de son savoir encyclo- 
pédique, la direction de la bibliothèque d'Alexandrie, 
dont la célèbre école commençait à compter les plus 
grands hommes du temps parmi ses maîtres et ses dis- 
ciples. Les écrivains de l'antiquité ont parlé d’Eratos- 
thènes avec trop d’éloges et de respect, pour qu’on 
puisse douter de l’influence que ses travaux durent 
exercer sur les progrès généraux de la science. I fut à 
la fois, orateur, poète, antiquaire, philosophe, astro- 
nome et géomètre, mais c’est surtout à ces derniers 
titres qu’il s’éleva jusqu’au rang des Euclide, des Apol- 
lonius, des Aristée. Malheureusement les nombreux et 
importans ouvrages qui lui sont attribués sont perdus 
pour toujours et il deviendrait difficile d'apprécier la 
valeur des jugemens dont ils furent l’objet , si les savans 
mathématiciens, qui illustrèrent les derniers siècles de 
l’école d'Alexandrie, ne nousavaient conservé quelques- 
unes des recherches qui occupèrent sa longue et labo- 
rieuse vie. 

Eutocius, dans ses commentaires sur Archimède, a 
reproduit la solution qu'Eratosthènes donna du pro- 
blème de la duplication du cube. Nicomaque et Boëce 
CBoeui arih. 1. 2) rapportent aussi de lui une méthode 


ER 
pour trogyer les nombres premiers; il lui ayait donné 
le nom de #pxxivoy ou de crible, parce qu'au lieu de dé- 
méthode, il le faisait indirectement et en quelque sorte 
par exclusion, On trouve dans /es Transactions philo- 
sophiques de l'année 1772 un mémoire du géomètre an- 
glais Horsley où cette méthode est exposée, Foy. Cnisre. 

L’astronomie a diverses obligations importantes à 
Eratosthènes. Sa tentative pour mesurer la grandeur de 
Ja terre a de la célébrité, ce fut la première solution 
que la scienceait donnée de ce problème. On sait qu'il y 
parvint à l’aide de l'observation qu’il avait faite à Syène, 
où il existait un puits que le jour même du solstice d'été 
le soleil éclairait verticalement dans toute sa profon- 
deur. I] supposa que Syène se trouvait précisément 
sous la ligne du Cancer, et que cette ville et Alexandrie 
étaient l’une et l’autre sous le même méridien er fixa 
leur distance à 5000 stades. Pour obtenir d’après ces 
premiers élémens la solution complète du problème, il 
fit construire un instrument fort ingénieux dont il se 
servit à Alexandrie le jour du solstice à midi, moment 
où le soleil était absolument vertical à Syène. C'était 
une scaphé ou un hémisphère concave , sur le fond du- 
quel s'élevait un style vertical dont le sommet était le 
centre de courbure de l'hémisphère. Ce fut parce moyen 
qu'il mesura l'arc intercepté entre le soleil alors au 
zénith de Syène et le zénith d'Alexandrie. 11 trouva 
qu’il était de la cinquantième partie de la circonférence, 
d’où il crut pouvoir conclure que la grandeur du degré 
terrestre était de 250,000 stades. 

I est inutile de faire observer ici que cette méthode 
ne pouvait amener un résultat juste et que cette mesure 
du méridien s'éloigne considérablement de celle que 
nous possédons ; ii est difficile d’ailleurs de l’apprécier 
avec exactitude puisque nous ignorons la valeur du 
stade employé par Eratosthènes. Au reste cette intéres- 
sante question sera traitée avec tous les développemens 
scientifiques qu’elle comporte, dans un autre article de 
ce dictionnaire. Foy. MESURE DE LA TERRE. 

Onattribue à Eratosthènes une observation de l’obli- 
quité de l’écliptique ou de la distance des tropiques; sa 
célébrité n’est pas moindre que celle dont nous venons 
de parler. Il est vrai qu'aucun auteur ancien ne nous a 
transmis le procédé qu'il employa. On sait seulement 
qu'il trouva que la distance des tropiques était les 4 de 
la circonférence d’un grand cercle, c’est-à-dire de 47° 
42' 27"; il détermina conséquemment l'inclinaison de 
l'écliptique à l'équateur à 23° 51° 13”. 

Ce fut Eratosthènes qui fit construire et placer sous le 
portique de l’école d'Alexandrie, ces grands instrumens 
pour l'observation des astres, qui sont devenus fameux 
sous le nom d’armilles (voy. ce mot) et qui ont été 
long-temps d’une si grande utilité pour l'étude de l'as- 


ER 


tronomie et les observations qui font l’objet de cette 
science: 

Nous avons dit plus haut que les ouvrages scientifiques 
attribués à Eratosthènes par l'antiquité avaient été 
perdus, un seul de ses livres a survécu au naufrage des 
temps, encore a-t-on de fortes raisons pour croire que 
si ce West point une de ces ingénieuses divinations du 
XVII siècle et qu’il soit réellement l’œuvre d’Eratos- 
thène, il a au moins subi de nombreuses altérations. C’est 
une description des astérismes ou constellations cé- 
lestes, qui fut publiée en 1630, par le P. Pétau, dans 
son uranologium. En 1672, Aratus, donna, à Oxford, 
une nouvelle et remarquable édition de ce précieux 
reste de la science antique ; il y ajouta plusieurs autres 
fragmens d’Ératosthènes, empruntés aux auteurs anciens 
qui les avaient conservés, 

Ératosthènes parvint à un âge très-avancé, quelques 
écrivains ont dit que ne pouvant plus supporter les in- 
firmités d’une lente vieillesse, il se laissa mourir de 
faim. Quoi qu'il en soit, on place généralement l’époque 
de sa mort vers la 7° ou la 9° année du règne de Pto- 
lémée Épiphanes, 

ÈRE (Chron: }. Il n'existe point d’étymologie satis- 
faisante de ce mot employé depuis long-temps en chro- 
nologie vour désigner spécialement une époque Histo- 
rique ou astronomique précise, d’où lon compte les 
années. Il ne faut point confondre l'ère avec la période ; 
les computistes les plus estimés sont souvent tombés 
dans cette grave erreur qui a produit une fâcheuse con- 
fusion dans les époques chronologiques et a rendu leur 
concordance fort difficile à établir. La période a expres- 
sément des élémens astronomiques ; on l’entend d’une 
succession d’années comprises dans l'intervalle d’une ré- 
volution sidérale donnée à une révolution semblable, et 


dont par conséquent la durée peut être variable. L'ère est 


au contraire un point fixe et déterminé dans le temps. 
Ainsi la période et l’ère Juliennes n’ont rien de commun, 
La période julienne est un comput arbitraire établi par 
Joseph Scaliger pour faciliter les calculs des concor- 
dances chronologiques ou servir d'échelle générale à la 
chronologie de l’histoire: elle a pour élémenit le cycle 
lunaire de 19 ans multipliés par le cycle solaire de 28 
ans, dont le produit est encore multiplié par le cycle des 
indictions de 15 ans. L'ère julienne indique seulement 
l'époque de la réformation du calendrier romain par 
Jules-César. Joy. Cazrvbnienr, 12, 13, 14 et suivant, et 
PÉRIODE. 

Ces ères historiques ou astronomiques sont anterienres 
ou postérieures à l'ère chrétienne (12), qui peut servir à 
la fois entre elles de terme moyen et de terme de com- 
paraison. Elle est à peu près la seule qu’on emploie gé- 
néralement aujourd’hui sous la dénomination d’èrs 


VULGAIRE, Car à part les ères nationales, comme celle 


ER | | 563 
de lhégyre, par exemple, les autres peuvent être re- 
gardées comme des ères savantes ou d’un usage pure- 
ment scientifique. Nous allons rapidement exposer les 
élémens des principales, et surtout de celles qui sont 
encore employées le plus souvent en astronomie et 
en chronologie. Pour éviter des répétitions sans objet, 
nous classerons sous les désignations générales d’ères 
anciennes ou d’ères modernes celles qui sont antérieures - 
ou postérieures à l’ère chrétienne. t 

Ênres ANCIENNES. 1. Êre mondaine. — Des Juif. — 
De la création du monde. Cette ère r’anticipe que 
d’une année sur l’ère vulgaire; les Juifs en placent 
ainsi le commencement 3761 ans avant J.-C., elle est 
réglée par le cycle lunaire de 19 ans, composé de douze 
années communes et de sept autres embolismiques. Les 
juifs modernes prétendent que cette ère de la création 
du monde a été connue de leur nation dès la plus 
haute antiquité. Cette assertion est révoquée en doute 
par quelques critiques qui se fondent surtout sur l’im- 
perfection des anciennes notions astronomiques du 
peuple hébreu , et ils ne pensent pas qu’on puisse faire 
remonter au-delà du onzième siècle de l’ère vulgaire; 
l'institution de l’ère mondaine. 

. Êre d'Abraham: Elle n’est qu’historiquement dé: 
terminée, mais cette détermination paraît du moins ré- 
sulter de l'unanimité des traditions qui ont, en Orient; 
une grande antiquité. Cette ère commence à la vocation 
du patriarche dont elle porte le nom et qu’on fixe au 
premier octobre de la 2015° année avant J.-C, mais il 
faut remarquer que la 2016° année commence avec ce 
même jour immédiatement antérieur au commencement: 
de l'ère chrétienne. Les computistes et les anciens 
écrivains chrétiens ont en général adopté l’ère d’A 
braham. 

3. Êre de Nabonassar. Le commencement de cette 
dre est fixé à midi d’un mercredi qui était le 26 février 
de l'an 747 avant J.-C. , son élément astronomique est 
l’année vague de 365 jours, sans intercalation, telle 
qu'elle était réglée en Égypte: Son nom est celui d’un 
prince qu’on considère comme le fondateur du royaume 
de Babylone. Cette ère est très célèbre et a été généra- 
lement usitée dans les diverses supputations du temps. 
Elle a surtout été atile à l'astronomie. Ptolémée s’en 
est servi dans l’almageste, et a ramené à cette ère, en 
employant les mois égyptiens, la date des observations 
anciennes qu'il a recueillies. L’astronome Théon a imité 
cetexemple, et parmi les écrivains modernes, Boubliau, 
(As, philol.) emploie également l'ère de Nabonassar, 
afin d'exprimer par des termes uniformes l'époque des 
observations, même récentes, qui doivent être compa- 
rées avec les plus anciennes: On doit remarquer que 
par la natute de son année vague, l'ère de Nabonassar 


, rétrogradait d’un jour tous les quatre ans sur l’année ju- 


564 ER 
lienne, ce qui forme une année dans la période de 1/60 
années juliennes. Îl est encore un point essentiel à ob- 
server dans les tables de concordance qui ont été dres- 
sées d’après ces variations, c’est qu’il peut arriver que 
; deux années de Nabonassar prennent leur commence- 
“ment dans la même année julienne. Cela est ainsi quand 
le premier jour de l’année de l’ère (1°° thot) tombe au 
premier janvier d’une année julienne bissextile; celle- 
ci ayant 366 jours, et l’année de Nabonassar n’en ayant 
que 365, ilest évident qu’elle finit avec le 30 décembre 
julien, et que l’année suivante de l'ère commence avec 
le lendemain 31 décembre de la même année. L'ère de 
Nabonassar qu’on trouve empioyée dans toutes les an- 
ciennes tables astronomiques, n’est plus en usage au- 
jourd’hui que pour les années qui ont précédé l'ère 
chrétienne, il faut avoir soin pour les concordances de 
tenir compte des inégalités que nous avons signalées. 
4. Ére des olympiades. La connaissance de cette ère 
est d’une utilité indispensable pour l'étude de l'histoire, 
elle est la plus célèbre de toutes celles qui ont été en 
usage dans l’antiquité. Les romains et tous les peuples 
qui se trouvèrent en relation avec la Grèce, furent 
obligés de l’adopter pour s'entendre avec elle, et s’as- 
surer de l'exactitude de leurs propres supputations. 
C’est une ère historique dont l'élément astronomique 
est une révolution de quatre années. Quoique Timée 
écrivain Sicilien postérieur au règne d’Alexandre-le- 
Grand, paraisse être le premier des historiens Grecs qui 
ait introduit dans la chronologie l’emploi de cette ère, 
il est évident qu’elle était long-temps avant d’un usage 
national en Grèce. La même incertitude règne d’ailleurs 
sur l’époque de l'institution des jeux olympiques dans la 
Grèce. Leur origine fut rattachée lors de l’établissement 
de l’ère à l’époque où l’usage fut introduit d’ériger des 
statues aux vainqueurs des jeux. On remonta ainsi jusqu’à 
Cœrebus qui recut le premier cet honneur, et l'ère des 
olympiades a pour point initial cet événement qui est 
sans doute arrivé plusieurs siècles après institution 
même des jeux olympiques; il est fixé à l’an 776 avant 
J.-C., la première olympiade comprenait ainsi les an- 
nées 776, 775, 774 et 773 avant l’ère chrétienne. En 
additionnant le nombre des années qu’indiquent ces 
chiffres, on trouve que 194 olympiades entières font 
juste 776 ans, nombre qui forme l'intervalle entre 
le point initial de l’ère des olympiades et de l’ère chré- 
tienne. La première année de la 195° olvmpiade répond 
ainsi à la première année de l’ère chretienne. Mais il est 
important de remarquer que la concordance des années 
olympiques et des années de l'ère vulgaire ne peut être 
complète. Les années olympiques commencaient vers la 
pleine lune aprèsle solstice d’été, approximativement le 
premier juillet, tandis que les années vulgaires com- 
mençent au mois de janvier : il en résulte qu’une année 


ER 
olympique répond à la seconde moitié d’une année ju- 
lienne ct à la première moitié de l’année suivante. 

On cessa de se servir ‘des olympiades vers la fin du 
IV° siècle, époque où elles furent remplacées, dans 
toute la chrétienté du moins, par les indictions. Néan- 
moins un grand nombre d'écrivains continuèrent à em- 
ployer cet ancien comput, et mêlèrent l'esprit de sys- 
tème à une méthode chronologique qui ne paraissait pas 
devoir l’exciter jamais. La plupart des chronographes 
du moyen-âge , tels qu'Eustbe, St-Jérôme, l'historien 
Socrate, Jules Africain, George le Syncelle et beaucoup 
d'autres moins célèbres eurent leur manière de compter 
par olympiades. Mais l'errear la plus grave qui fut 
commise par quelques-uns de ces écrivains, a été de con- 
fondre l’année olympique avec l’année civile des Grecs 
et de les faire commencer l’une et l’autre au premier 
septembre. Ces observations et les véritables élémens 
des olympiades que nous venons d'exposer, suffiront 
pour trouver sûrement la concordance des années de 
cette ère avec celles de notre ère vulgaire. 


5. Ëre d'Alexandre-le-Grand. — De Philippe. — 
Des Lagides. La première année de cette ère commence 
avec la 425° de l’ère de Nabonassar, et le 12 novembre 
de l’an 324 avant J.-C. La mort d'Alexandre en est le 
pointinitial, quoique cet événement ne se rapporte pas 
précisément à cette date. C’est que le 1°° thôt de l’an 425 
de Nabonassar tomba cette année là au 12 novembre, et 
que les Égyptiens dataient toujours les années du règne 
de leurs princes, du commencement de leur année civile. 
Au surplus l'ère d'Alexandre instituée en l’honneur de ce 
conquérant , n’est en réalité qu’une transformation sous 
divers noms de l’ère de Nabonassar. 

6. Êre des Séleucides. Cette ère qu’on a souvent con- 
fondue avec l’ère précédente, et qui porte aussi le nom 
d'Alexandre, a été long-temps et généralement em- 
ployée dans lorient. 11 est important d’en connaitre les 
élémens. L’avénement de Séleucus-Nicanor au trône de 
Babylone, après la défaite de Démétrius Poliorcète à 
Gaza, et la mort d'Alexandre, roi de Macédoine, est 
communément regardé comme la cause de son institu- 
tion. Son époque initiale, sur laquelle on est également 
d’accord , est la première année de la r17° olympiade, 
ou le mois de juillet de l’an 312 avant J.-C. Les modi- 
fications auxquelles cette ère a été arbitrairement sou- 
mise, soit par les auteurs, soit par les diverses nations 
orientales qui l’adoptèrent, sont nombreuses et exige- 
raient des détails que ne comportent point notre plan. 
Nous ferons seulement remarquer que la concordance 
des années séleucides avec les années juliennes exige la 
plus grande attention. 


7. Êre de Tyr. Son époque inisiale est le 19 octobre 
de l’au 125 avant J.-C, Elle fut alors fondée par les 


ER 
Tyriens, en reconnaissance du droit d'autonomie qui 
leur fut accordé par Bala roi de Syrie. Elle est employée 


par quelques astronomes. 


8. Êre césaréenne d'Antioche. Une basse flatterie 
d’un peuple déchu envers un grand homme est la cause 
de l'établissement de cette ère. Elle se rapporte à la 
victoire que Jules César remporta dans les plaines de 
Pharsale l'an 48 avant J.-C. C’est là son époque initiale. 
Elle fut momentanément adoptée en Grèce. 

9. Êre julienne. Son époqueinitiale est la réforme du 


caleudrierromain de Jules César, c’est-à-direl'an 45 avant 
J.-C, Les chronologistes l’appellent ère Julienne prolep- 


tique lorsqu'ils l’'emploient pour calculer les années an- 


térieures à son institution. 


10. Êre d'Espagne. Cette ère, long-temps en usage 
en Espagne , en Afrique et dans le midi de la France, a 
pour époque initiale le 1° janvier an 38 avant J.-C. 
Elle fut instituée en mémoire de la conquête de toute 
l'Espagne par Auguste, l'année précédente (de Rome 
715, avant J.-C. 39). L'année julienne réglait l’année 
de l’ère d'Espagne; l’adoption générale de l’ère chré- 
tienne la fit successivement abolir dans la Catalogne en 
1180, l’Aragon 1350, Valence 1358, dans la Castille 
en 1393 , dans le Portugal en 1422 seulement. Comme 
cette ère précède de trente-huit ans pleins l’ère chré- 
tienne il est facile de la faire concorder avec elle. 


11. Êre actiaque. — Ëre des Augustes. On a sou- 
vent confondu ces deuxères, qui ne paraissent pas d’ail- 
leurs avoir été long-temps employées. La première fut 
instituée en Egypte à l’occasion de la bataille d’Actium 
et le point initial en fut placé au 1°° thot ou 30 août, 
jour immédiatement antérieur à celui de cet événement 
qui eut lieu le 2 septembre de l’an 30 avant J.-C., la 
719° de Nabonassar.—L'ère des Augustes est également 
une époque commémorative, qu’on rattache générale- 
ment à l'établissement de l’année fixe en Egypte par 
Auguste. Son point initial est le 29 août Julien de l'an 
25 avant J.-C. 


Telles sont les ères anciennes dont l’usage se retrouve 
le plus communément dans les chronographies, les ob- 
servations astronomiques, les médailles et lesmonumens 
de l’antiquité. On en compte en chronologie un grand 
nombre d’autres, qui , n'ayant été employées que peu 
de temps ou d’une manière toute spéciale, ne nous ont 
pas paru devoir être décrites dans cet ouvrage. Telles 
sont par exemple l’ère de Denys, de Ptolémée Phila- 
delphe, mondaine d’Antioche, etc. 


Ênes mopEnNes. 12. Ere vulgaire. — Chrétienne—de 
Jésus-Christ, de l'incarnation. La naissance de Jésus- 
Christ est le point initial de cette ère qui fut reçue ct 
approuyée par l’église latine et tous les peuples occi- 


: ER 
dentaux ; elley restera probablement long-tenps encore 
d’un usage universel. Durant le VI siècle de J.-C. De 


bn 
O0) 


nys le petit proposa cette ère en Italie, elle fut successi- 

vement adoptée depuislors en France eten Angléterre. ; 
Nous ne devons point entrer ici dansles longues discus- 
sions auxquelles a donné lieu la date précise du grand 

événemeut sur lequel repose l’établissement de l'ère 

chrétienne. L'époque où elle fut instituée permet de 

penser que le computiste à qui elle est due à commis 

une grave erreur et que, suivant les plus célèbres chro- 

nographes, c’est bien certainement à cinq ans plus tôt 

qu'on ne l'a fait que devrait être portée dans notre 

comput la première année de l’incarnation. L'usage l'a 

emporté sur les démonstrations de la science et nous 

sommes dans l’année 1835 de cette ère, au lieu de 1840 

qu'on devrait compter. L'ère chrétienne se compose 

d’années juliennes de la réformation grégorienne. Foy. 

ANNÉE. 

13. Êre de Constantinople. On commença seulement 
dès le VIL° siècle, dans les dates des conciles, à seservir 
de cette ère, qui a pour origine la création du monde 
suivant l’église grecque, qui compte 5508 ans avant la 
première année de l’ère chrétienne. La concordance de 
ces deux ères serait facile à établir, mais il faut remar- 
quer dans les calculs chronologiques, où elle entrerait 
comme élément, que l'ère de Constantinople n’a pas 


toujours employé la même année. 


14. Êre de Dioclétien. — Des Martyrs. Cette tre fut 
instituée en Égyptedans le but de célébrer l’avénement 
de Dioclétien à l'empire. Son point initial est le 29 
août de l’an 284. Leschrétiens lui donnèrentlenom d’ère 
des martyrs, à cause des persécutions qu’ils eurent à subir . 
sous le règne de ce prince. 


15. Êre des Arméniens. L'institution de cette ère fut 
motivée sur la séparation de l’église arménienne de 
l’église latine, ensuite de la condamnation prononcée 
contre elle par le concile de Calcédoine. Elle a pour 
époque initiale le 9 juillet 532 de J.-C. Le nouveau ou 
premier jour de cette année fut fixé au 11 août julien. 


16. Êre des Persans — d’Hiesdedger.— Melikéenne. 
— Gélaléenne. L'avénement d'Hiesdedger au trône de 
Perse, que l’on rapporte au 16 juin de l’an 632 de J.-C., 
est généralement considéré comme le véritable motif de 
l'institution de cette ère. Elle se régla long-temps sur 
l’année vague de 365 jours, mais Melik-Schah-Dgela- 
leddin voulut, en l’an 467 de l'Hégire (1075 de J.-C), 
que l’année de l’ère fût fixe à l’avenir. Ses astronomes 
déterminèrent l’ordre etle nombre des jours épagomènes 
que devait recevoir l’année, et fixèrent l’équinoxe du 
printemps au 14 mars Julien. Cette réforme s’exécuta 
dès l'an 471 de l'hégire (1079 de J.-C.) ; l'ère fat appelée 
mélikéenne ou gélaléenne du nom du réformateur, 


566 ES 
L'année de l’ère persanne est de 365 j. 4h, 49! 15" 0" 
48"". 


17. Êre de l'Hégyre. On sait que l’époque initiale de 
cette ère et la cause de son institution, en Arabie , est la 
fuite de Mahomet de la Mecque à Médine. Cet événe- 
ment arriva le vendredi 16 juillet de l’an 622 de Jet 
Les années de l’hégyre sont lunaires et distribuées en 
cycle de30 ans, ce qui rend très-variablés leurs rapports 
avec les années grégoriennes. On ne doit pas oublier 
non plus que les années de l’hégyre commencent avec 
le coucher du soleil. Malgré les nombreuses variétés 
que présente cette ère et les difficultés qu’elles occa: 
sionnent pour la concordance, elle est d’un usage géné- 
ral dans tous les pays où l’on suit la religion dont Maho- 
met fut le prophète ou le fondateur. 


18: Êre dé la république française. Son point initial 
est le 22 septembre de l’an 1792. Nous avons exposé 
ailleurs les divisions du calendrier qui furent la consé- 
quence de son adoption. La 14° année de cette ère com- 
mença le 23 septembre 1805 et finit le 31 décembre sui- 
vant qui répondait au 10 nivose an IV. Le calendrier 
grégorien fut rétabli avec l'ère chrétienne à compter du 
1° janvier 1806 suivant. V’oy. ANNÉE, CALENDRIER, 
Périone , et pour les détails spéciaux la dissertation qui 
précède l’A4rt de vérifier les datès. 

ERIDAN (4s4r.). Constellation méridionale composée 
de 84 étoiles, dans le catalogue britannique, au nombre 
desquelles on remarque une belle étoile de la première 
grandeur nommée Achernar ou Acharnar ; l'Éridan 
est situé entre Orion et la Baleine. Foy. PL. X. 


ERREUR: C'est, ex arithmétique, la différence 
entre le résultat fautif d’un calcul et le résultat vrai de 
ce calcul. En astronomie c’est la différence entre le lieu 
d’un corps céleste déterminé par le calcul et ce même 
lieu trouvé par l'observation. Par exemple, l'erreur des 
tables lunaires est la quantité dont la longitude calculée 
diffère de la longitude observée. On marque ordinaire- 
ment cette quantité par les signes + ou—, selon qu’elle 
doit être ajoutée ou soustraite du résultat des tables. 


ESCOMPTE (4rith.). C'est la remise faite aù débi- 
teur qui paie un billet avant l'échéance, où l'intérêt 
payé au banquier qui, se chargeant d’un billet, se met 
à la place du créancier en le remboursant. Les calculs 
par lesquels on détermine la quotité de cetté rémise 
forment la RÈGLE D'ESCOMPTE. 

La règle d'escompte est l'inverse de celle d’intérét , et 
pour en bien comprendre les procédés il est nécessaire 
d’être familier avec ceux de cette dernière. L’intime 
liaison des deux règles ne nous permettrait pas de les 
traiter séparément sans faire un double emploi inutile 
| de définitions et de démonstrations ; nous rehverrons 
donc au mot Inrénér. 


ET 

ESPACE, Perception pure et invariable qui accom= 
pagne toutes nos intuitions des objets extérieurs ou 
matériels, et sans laquelle ces intuitions seraient impos- 
sibles: 

Les propriétés de l’espace sont toujours les mêmes 
pour nous; nous ne concevons qu’un seul espace sans 
bornes, s'étendant en tout sens autour de nous; et quand 
nous parlons de plusieurs espaces, nous ne les conce- 
yons que commie des parties inséparables de l’espace ur 
et infini qui embrasse tout , a trois dimensions , occupe 
toujours et tout entier la même place, etqui , par consé- 
quent est immobile. 

Tous les corps.nous apparaissent comme occupant un 
lieu dans l’espace ; ce lieu, portion limitée de l’espace 
sans limites, est ce qu'on nomme l'étendue des corps. 
Sans l’espace, aucun corps né pourrait exister ; mais 
lors même que tous les corps seraient anéantis, l’espace 


n’en demeurerait pas moins un, infini, immobile. 


En géométrie, le mot EspACE prend un sens particu- 
lier et restreint, il ne signifie plus que l'aire d’uné figure 
renfermée où bornée par les lignes droites ou courbes 
qui terminent cette figure. 

Ainsi, l'espace parabolique est celui qui est ren 
fermé par la parabole; de même l’espace elliptique, 
l’espace hÿperbolique , l'espace conchoïdal, ete. , sont 
ceux qui sont renfermés par lellipse, Fhyperbole, la 


conchoïde, etc. l’oy. ces mots et QuaprarTure. 


En mécanique, L'Espace est la ligne droite ou courbe 
que décrit un mobile en mouvement 

ESSIEU (Géom.). Vieux mot synonyme d'are dont 
où ne sert plus qu’én parlant des roués, pour &ésigher 
Ja ligne autour de laquelle elles tournent: 

ETABLISSEMENT du port. C'éstl'heure dé la pleine 
er dans un port lé jour de li nouvelle lune. Joy. 
Fiux et Manre. | 

ÉTÉ (Géog. et Astr.). Seconde saison de l’année, qui 
commence , dans les pays septentrionaux , le 22 juin, 
lorsque le soleil entre dans le signe du Cancer, et finit 
le 53 septémbre lorsqu'il entré dans celui dela Balance. 
Le prémiér jour de l'été, ou le jour du so/érice, ést le 
plus long de l’année. La durée de cette saison LA esl 
la plus longué des quatre, èst de 93 j. 21 h. -£ Poyez 
SAISON. 

SOLSTIcE D'ÉTÉ. Ÿ0y. SOLSTICÉ. 

ÉTENDUE. Partie déterminée de l’espace absolu 
(voy. Espace). On considère en géométrie trois espèces 
d’étendues : la Zigne, la surface et le solide. Foy ces 
mots. 

ÉTOILE (Astr.). Nom sous lequel on désignait jadis 
tous Les corps célestes, enles partageant én étoiles fixes et 
en éfoiles errantes ou planètes. Aujourd'hui on ne donne 


ET 
plus le nom d'étoile, qu'aux astres lumineux par eux- 
ménes et qui paraissentcomplètement étrangers à notre 
système solaire ; les autres sont désignés par leurs noms 
particuliers de planètes, comètes, satellites , etc. Voyez 
AnmiLLAIRE , n° 4, pour les divers mouvemens de tous 
ces corps, ainsi que Pnécession et Nurariow, 

Outre la manière de distinguer les étoiles les unes 
des autres en les séparant par groupes nommés constel- 
lations (voy. ce mot et GararocuE), les astronomes sonf 
dans l'usage de les classer par ordre de grandeur, d’après 
leur éclat apparent. Ainsi les étoiles les plus brillantes 
sont dites de première grandeur, et lesautres de seconde, 
troisième, etc. , selon que la lumière dont elles brillent 
a plus ou moins d'intensité, Cette classification ne com- 
prend pas plus de sept ordres de grandeur pour les 
étoiles vues à l'œil nu ; mais avec le secours du télescope 
elle s'étend jusqu'à la seizième grandeur, et on peut 
même dire qu’elle n’a de limites que celles des instru- 
mens, Car nous ne pouvons douter qu’un accroissement 
du pouvoir amplifiant des télescopes ne nous rende 
visibles une multitude d'étoiles trop éloignées de nous 
pour que nous puissions les apercevoir avec les moyens 
actuels. 

Quoiqu'il soit à peu près impossible d’assigner avec 
exactitude les limites où commencent ct finissent les 
ordres différens de grandeur ; on est cependant assez 
généralement d’accord de ne comprendre dans le pre- 
mier ordre que les2 étoiles principales suivantes : 


Noms des étoiles. Constellations dont elles font partie, 


Aldebaran. Le Taureau. 
Castor. Les Gémeaux. 
Répulus, Le Lion. 

L'Épi de la Vierge. La Vierge. 
Antarès. Le Scorpion. 

La Chèvre. Le Cocher. 
Arcturus. Le Bouvie, 
Vega. La Lyre. 

Altair. LAigle. 

Deueb Adigege. Le Cygue. 
Achernar. L’Eridan. 

Rigel. Orion. 
Betelgeuse. Orion. 

Canopus. Le Navire. 
Sirius. Le grand Chien, 
Procyon. Le petit Chien, 
Cœur de l'Hydre. L'Hydre. 
Fomalhaut. Le poisson austral. 


Le Pied de la Croix. 


La jambe du Centaure, 


La Croix australe. 
Le Centaure, 


Les 50 ou 6o étoiles qui viennent après sont de la se- 


conde grandeur. On en compte environ 200 dans la 


ET 567 


troisième, et un bien plus grand nombre dans les 
autres. 

Herschel a trouvé qu’en désignant par 100 la quantité 
de lumière fournie par une étoile de première grandeur, 
les nombres suivans représentaient assez bien les rap- 
ports des divers ordres. | 


Lumière d’une étoile moyenne de 1°° grandeur — 100 


2° — 09 
8° = 12 
4° = 6 
LS = 2 
6° = 1! 


Le fils de ce grand observateur a conclu de ses pro- 
pres expériences que la lumière de Sirius, la plus bril- 
lante des étoiles, égale environ 324 fois celle d’une 
étoile moyenne de sixième grandeur. 


Le nombre des étoiles paraît infini, car en observant 
au télescope ces petites tâches blanchâtres que l’on aper- 
çoit dans le ciel et que l’on nomme des nébuleuses , on 
y découvre une multitude d’étoiles très-rapprochées les 
unes des autres et dont la lumière, confondue par l'effet 
de l’irradiation, n’offre à l'œil nu qu'une faible lueur 
à peu près uniforme. Cette grande zone blanche et lu- 
miueuse qui traverse le ciel d’un pôle à l’autre et que 
l’on nomme la vote lactée , n’est qu’une nébaleuse de ee 
genre. Herschel, dont les télescopes, d’un pouvoir 
ambplifiant extraordinaire , ont analysé la voie lactée , a 
reconnu qu’elle était entièrement composée d'étoiles et il 
en a pu compter jusqu’à 50000 contenues dans un in- 
tervalle de deux degrés! 

Les opérations les plus délicates n’ont pu jusqu'ici 
déterminer la parullaxe (vay. ce mot) d'aucune étoile, 
et conséquemment la distance cù nous nous trouvons de 
ces corps nous est entièrement inconnue. Néanmoins, 
comme il est prouvé que cette parallaxe doit être 
moindre qu’une seconde sexagésimale pour les étoiles 
les plus proches de la terre, nous savons que nous en 
sommes séparés par une distance plus grande que 
6 720 000 000 000 lieues de 25 au degré ; car en ad- 
mettant une parallaxe d'une seconde , l’étoile qui nous 
la présenterait serait située à une distance du soleil 
équivalente environ à 200 000 fois la distance de la 
terre au soleil ou à 4 800 000 000 demi-diamètres de la 
terre (vay. Parazuaxe). Nous avons donc une limite en 
moins; mais de combien était-elle surpassée? c’est ce 
que nous ignorerons probablement encore long-temps. 

Les étoiles paraissent en général conserver une posi- 
tion inyariable sur la voûte céleste, car depuis les pre- 
miers âges de l'astronomie les figures des constellations 
n'ont éprouvé aucun changement sens'ble. Aussi ces 
astres sont-ils les points fixes dans le ciel auxquels les 
astrouomes rapportent les mouvemens des plauètes pour 


568 ET 

mesurer leurs révolutions. Cependant on a reconnu que 
plusieurs étoiles étaient animées d’un mouvement pro- 
pre, etilest extrêmement probable qu’il en est de même 
de toutes les autres. Nous ne voulons point ici parler 
de mouvemens apparens, comme ceux qui résultent de 
la précession, de la nutation , ou de V'aberration de la 
lumière, et qui affectent en même temps tous les corps 
célestes , mais bien de mouvemens réels dont l'effet est 
de changer la relation des distances. Par exemple, l’é- 
toile 61 du Cygne s’est déplacée sur le ciel de 4" 23" de- 
puis seulement 50 ans; tandis que d’autres ont demandé 
plusieurs siècles pour présenter des déplacemens bien 
moins considérables. 

Le mouvement propre des étoiles fut annoncé par 
Halley comme un des résultats de ses travaux sur la 
comparaison des lieux de ces corps donnés par les an- 
ciennes et les nouvelles observations. Cette circonstance 
remarquable, reconnue ensuite par Cassini et Le Mon- 
nier, fut enfin complétement confirmée par Tobie 
Mayer, qui compara les lieux de 8o étoiles déterminés 
par Roemer, avec ses propres observations, et trouva 
que la plus grande partie de ces astres avait éprouvé des 
variations de position. Il voulut expliquer ce phéno- 
mène en supposant que c'était une apparence due à un 
mouvement progressif du soleil et de tout le système 
solaire vers une partie de l’espace; mais comme le ré- 
sultat des observations n’était point entièrement d’accord 
avec cette théorie , il remarqua qu’on ne pouvait rien 
conclure des directions divergentes de quelques étoiles 
avant que plusieurssiècles n’eussent permis de les étudier 
avec plus de soin. 

IL est sans doute très-probable que le système solaire 
n’occupe pas constamment le même lieu dans l’espace; 
et il n’est pas plus difficile de concevoir le soleil tour- 
nant autour d’un centre d’attraction, en entraînant 
avec lui, dans son mouvement, toutesles planètes, que 
de concevoir Saturne tournant autour du soleil avec les 
sept satellites qui l’accompagnent. Or, d’après les lois 
de la perspective, si le soleil se meut dans une direc- 
tion quelconque , le résultat, pour nous, d’un pareil 
mouvement, doit être une tendance apparente du sys- 
tème entier des étoiles à semouvoir, en sens contraire de 
la direction réelle du soleil, vers le point de la sphère 
où convergent les lignes parallèles à cette direction, 
c'est-à-dire que toutes les étoiles doivent paraitre se 
rapprocher de ce point. 
= Quoique les directions apparentes des mouyemens 
propres des étoiles observés jusqu'ici soient trop diver- 

gentes pour qu’elles puissent indiquer une tendance 
commune vers un point du ciel plutôt que vers un autre, 
cependant Herschel a pensé qu’en faisant la part des 
déviations individuelles on pouvait apercevoir un mou- 
vement générai des principales étoiles, qui les entraine 


EU 


dans un point de la sphère céleste diamétralemen: op- 
posé à l’étoile marquée £ de la constellation d'Hercule. 
D'où il'résulterait que le soleil se meut lui-même dans 
la direction de cette étoile. 

Si les étoiles étaient fixes d’une manière absolue, il 
est hors de doute que le déplacement du soleil dans 
l’espace devrait leur donner un mouvement général 
apparent vers un même point, mais si ces COrps eux- 
mêmes ont des mouvemens réels comme il est impos- 
sible d’en douter, leur déplacement observé sur la voûte 
céleste devient le résultat de deux causes différentes ; et 
selon que ces causes concourent ou divergent, la di- 
rection des mouvemens doit se rapprocher ou séloi- 
gaer de la direction générale apparente Ainsi les obser- 
vations qui paraissent aujourd’hui contrarier l’hypo- 
thèse ingénieuse de Tobie Mayer, pourront peut-être 
qar la suite, lorsque les mouvemens réels des étoiles 
seront mieux connus, en devenir la confirmation. 
Jusqu'ici la science ne peut se prononcer d’une manière 
certaine. 

Les étoiles présentent encore des phénomènes très 
remarquables qui sont exposés dans d’autres articles. 
Voy. CuanceanTes, Murrieres et NÉBULEUSE. 

EUCLIDE. On ne sait point quelle fut la patrie de 
cet illustre géomètre et l’histoire a également gardé le 
silence sur les événemens de sa vie. Lorsque les Arabes 
traduisirent le livre célèbre qui a acquis à son nom une 
popularité que le cours de vingt siècles n’a point encore 
altérée, ils voulurent suppléer à ce bizarre oubli de la re- 
nommée. Ils firent Euclide natif de Tyr et fils d’un ha- 
bitant de Damas nommé Naucrates. Mais ces deux noms 
sont grecs et d’autre part l’assertion des écrivains arabes 
ne reposait sur aucun document historique digne d’at- 
tention. Il est certain seulement qu'Euclide habita la 
Grèce, dont il a dû fréquenter les écoles, mais comme 
ces fleuves dont on cherche vainement la source, on ne 
peut savoir sous quel maître il puisa les premières no- 
tions de la science, dont il était destiné à poser les priu- 
cipes d’une manière presqu’absolue. Il avait déjà une 
grande réputation lorsque l'accueil bienveillant que 
Ptolémée, fils de Lagus, faisait en Égypte aux savans 
de toutes les nations, l’attira, dit-on, à Alexandrie, où il 
ne tarda pas à prendre une place distinguée parmi les 
chefs de sa brillante école. Le savant Pappus (Collect. 
math. t. 7. Prœæm.) nous a laissé de lui un portrait qui 
nous fait vegretter plus vivement l'absence de tout ren- 
seignement biographique sur un tel homme. Laborieux, 
doux et modeste, suivant cet écrivain, il porta toujours 
une affection particulière à ceux qui pouvaient contri- 
buer aux progrès des mathématiques. Bien différent 
d'Apollonius, qui, ajoute Pappus, était un homme d'une 
insupportable vanité, et se faisait un plaisir de dépré- 
cier ses contemporains, on ne vit jamais Euclide jalouz 


d EU 

du succès desesémules et chercher, ens’emparant deleurs 
travaux, à leur ravir une partie de la gloire qu’ils pou- 
vaient mériter. À ces traits généraux il faut ajouter une 
noble réponse qui dessine avec vigueur le caractère de ce 
géomètre. Ptolémée-Philadelphe, fatigué de l'attention 
que réclamait de sa part l’étude des mathématiques, 
demanda un jour à Euclide s’il ne pouvait pas applanir 
la route en sa faveur, celui-ci lui répondit : «Non, 
prince, il n’y a point de chemin particulier pour les 
rois. » 

Dans les premiers temps de l’école d'Alexandrie les 
progrès de la science n’étaient constatés que par des ou- 
vrages spéciaux qu'aucune méthode ne reliait entr'eux. 
L'étude des mathématiques offrait ainsi des difficultés 
insurmontables et il devenait nécessaire , pour en apla- 
nir l'intelligence aux disciples, de classer toutes les con- 
naissances reçues dans un ordre méthodique où elles 
fussent successivement exposées de leur point de départ 
au degré qu’elles avaient pu atteindre. Tel paraît avoir 
été l’objet que se proposa Euclide en écrivant son livre 
des Élémens. Cet ouvrage, tel que l’auteur l’a laissé, est 
divisé en treize livres, dont les six premiers ainsi que 
le onzième, le douzième et le treizième appartiennent à 
la géométrie; les quatre autres traitent des proportions 
en général, et des principaux caractères des nombres 
commensurables et des nombres incommensurables, Un 
quatorzième et un quinzième livre suivent ordinaire- 
ment ceux-ci. Ils sont l’ouvrage d'Hypsicle, géomètre 
de l’école d'Alexandrie, et furent ajoutés à l'ouvrage 
d'Euclide, suivant toute apparence par Théon, l’un 
des maîtres de la même école, et qui le premier com- 
menta les élémens, y ajouta des notes et y fit même 
quelques changemens. 

Aucun livre de science n’a eu un succès comparable à 
celui des Élémens d’Euclide. X\s ont été enseignés exclu- 
sivement, pendant plusieurs siècles dans toutes les écoles 
de mathématiques et sont encore suivis en Angleterre 
comme un livre classique dans toutes les universités de 
ce pays. On a adressé divers reproches à cet ouvrage dont 
on ne peut néanmoins nicr l'excellence. On a trouvé que 
les démonstrations d'Euclide étaient quelquefoislongues, 
indirectes , compliquées et que les commençans avaient 
de la peine à les suivre. C’est peut-être là une consé- 
quence forcée de la méthode rigoureuse consacrée par 
l’assentiment unanime des anciens géomètres et à la- 
quelle Euclide s’est conformé. Sans doute on a eu raison 
danslestraitésélémentaires modernes de rendre la science 
plus accessible ; mais les géomètres n'hésitent point à 
accorder une grande supériorité sur tous ces ouvrages 
aux Élémens dEuclide. 

Une notice complète des commentaires et des éditions 
de cet immortel écrit, serait sans doute un des monu- 
mens les plus curieux et les plus intéressans de la biblio- 


LA 


EU 569 
graphie mathématique, mais elle dépasscrait de beau- 
coup trop les bornes qui nous sont imposées, Théon et 
Proclus, dans l'antiquité, commencèrent à accompagner 
d’un commentaire le livre des Élémens , ils furent de- 
puis imités par les Arabes, les Juifs maures et les savans du 
moyen-äge ; si on ajoute àcestravaux ceux des géomètres 
d’une époque plus rapprochée de nous, on sera con- 
vaincu de l’importance des Élémens par l'immense quan- 
tité d’écrits dont ils ont été l’objet. Ce livre a en effet 
été traduit dans toutes les langues des peuples civilisés. 
Dans l’avant-dernier siècle les jésuites missionnaires de 
la Chine, en ont fait une traduction tartare pour l’em- 
pereur Kang-Hy, qui, dit-on, ne pouvait trop admirer 
l'exactitude des démonstrations qu’il renferme. 

La célébrité d'Euclide a sans doute pour principe le 
livre des Elémens, mais ce grand géomètre ne s’est point 
borné à frayer aux commençans les routes de la science, 
et à établir sur des bases indestructibles ses vérités fonda- 
mentales, il avait su également en reculer les bornes. 
Ïl a composé un traité des données (data) qui est parvenu 
jusqu’à nous et dont il existe un grand nombre d’éditions. 
Pappus parle de quatre livres d'Euclide sur Les sections 
coniques, de deux autres sur les Zieux à la surface et 
d’un traité divisé en troislivres intitulés : De Porisima- 
tibus. Ces écrits sont sans doute à jamais perdus pour la 
science, et nous n’en connaissons que quelques fragmens 
conservés par d’anciens commentateurs, fragmens qui 
rendent leur perte plus regrettable encore. 


On attribue à Euclide beaucoup d’autres ouvrages 
importans qui n’ont pas mieux résisté aux ravages des 
temps, il faut consulter, pour en prendre une idée, les 
Collections mathématiques de Pappus et de Proclus et 
surtout l’ouvrage du savant Bose de Wittemberg : De 
varüs Euclidis editionibus etc., Lipsiæ, 1734, in-4°. 
L'époque de la mort d'Euclide n’est pas mieux connue 
que celle de sa naissance. 


EUDOXE, astronome et géomètre célèbre de lanti- 
quité, naquit à Guide vers la fin du V° siècle avant J.-C. 
11 fut l’un des disciples les plus distingués de l’école de 
Platon et prit une part active aux travaux géométriques 
qui l'ont illustré. Son nom se trouve cité plusieurs fois 
à l’occasion du fameux problème des moyennes propor- 
tionnelles, par les commentateurs et les mathématiciens 
d'Alexandrie. Eratosthènes, dans l’un des fragmens 
d’écrits qui sont venus jusqu’à nous, parle avec éloge de 
la solution de ce problème proposée par Eudoxe. Il est 
vrai que cette opinion est contredite par Eutocius, qui 
n’a pas cru devoir exposer l'opération qu'il critiquait , 
de façon que les élémens principaux nous manquent au- 
jourd’hui pour nous prononcer entre ces deux géomètres. 
1] paraît néanmoins certain qu'Eudoxe doit être compté 


parmi les contemporains et les disciples de Platon qui 
72 
3 


570 EU 


contribuërent le plus aux progrès de la géométrie, A1 
cultiva la théorie des sections coniques avec assez de’ 
succès et d'éclat pour qu’on ait pu lui attribuer plus 
tärd l'invention mème de ces courbes ; dont il se seivit 
pour résoudre le problème de la duplication du cube: 
Enfin l’imposant témoigrage d’Archimède ne laissé au- 
cun doute sur l'importance et la valeur des travaux? 
géométriques d'Eudoxe. Dans son traité de Spherd et 
Cytindro, Yilustre mathématicien de Syracuse, désigne 
£Eadoxe comme l’auteur de la mesure de la pyramide et 
du cône. et le. présente comme s’étant spécialement oc- 
cupe de la contemplation des solides. Quelques écrivains 
et entr’autres Théon de Smyrne, lui font honneur de 
la théorié des proportions exposées dans le cinquième 
livre d'Euclide. Mais c’est surtout comme astronome et 
comme géographe qu'Eudoxe acquit une grande célé+ 
brité, Sénèque attribue à un long séjour que fit en 
Égypte le philosophe de Gnide les connaissances élevées 
qu'il montre dans cette science. Il suppose même qu'il 
en rapperta lathéorie des mouvemens des cinq planètes 
que les Grecs n'avaient point encore considérées à cette 
époque. Mais cette opiuion de Sénèque (Quæst. nal. 

t. 7.) paraîtra au moins erronée si lon considère que 
plusieurs siècles après, Hipparque manquait d’observa- 
tions pour établir cette théorie qui n'avait point encore 
été mème entrevuepar Jes Grecs. Eudoxe calcula pendant 
plusieurs années des éphémérides célestes, qui eurent de 
la renommée dans la Grèce et qu’on affichait dans leslieux 
de réunion les plus fréquentés tels que le prytanée d’A- 
thènes. On lui attribue également une hypothèse phy- 
sico-astronomique que les astronomes modernes se sont 
donné la peine de critiquer avec une minutieuse sévé- 
rité. Il avait construit unesphère dont les cercles étaient 
sans doute trop multipliés, et au moyen desquels il 
cherchait à rendre compte des apparences des planètes, 

Mais à une époque où le mouvement de la terre était 
inconnu, Eudoxe rendit un grand service à la science 
cn appliquant à l'astronomie les démonstrations phy- 
siques. Deux ouvrages d'Eudoxe, dont l’un était la 
description des constellations, et l’autre un traité de 
leurs levers et de leurs couchers, connus et cités par les 
anciens astronomes , sont entièrement perdus, il en est 
de même de ses travaux géographiques que Strabon 

rappelle souvent evec éloges et sur lesquels il s’'appuye 

pour donuer de l'autorité à ses propres opinions. Long- 

temps après Eudoxe on montrait aux étrangers qui 
visitaient Guide une tour qu’il avait fait construire pour 

y observer la marche des astres. IL mourut, vers l'an 

350 avant J.-C., chargé de gloire et d’années, après 

avoir été le législateur de sa patrie. 

EULER (Léonanp). Le nom de cet illustre géomètre 
doit briller à jamais dans les fastes de la science auprès 
des uoms glorieux de Descartes, de Leibnitz, de Newton. 


EU 


Euler fat , en effet, un de ces hommes de génie que 
leur spontanéité appelle à mener Phumanité dans dé 
graides ét nouvelles voies , et qui sanctifient l'autorité 
du savoir par uné philosophie élevée et la pratique des 
plus nobles vertus. Ses ouvrages embrassent pour ainsi 
dire dans tout leur ensemble les diverses branches des 
inathématiquesetils marquentpourla plupartd’entrelles 
la production d'importantes découvertes où de quelque 
progrès remarquable ; nous en‘indiqueronsles caractères 
généraux. Sa vie, sans avoir étéagitée par les passions; 
sans'avoir été troublée par de grandes infortunes me fut 
cependant pas toujours paisibie; nous en rappellerons 
les principales circonstances. 

Ce fut à Bâle, le 15 avril 1707, que naquit Léonard 
Euler ; son père Paul Euler, ministre du saint évangile 
ét qui était devenu en 1708 pasteur de Riechen , fat 
son premier maitre. Il avait étudié lui-même les ma- 
thématiques sous Jacques Bernouilli, c’est-a-dire qu’il 
s’attacha à développer dans son jeuné élève les hauts 
principes de morale qui épurent la raison en même 
temps qu’il exerça son intelligence par l'étude d’une 
science sans laquelle il est impossible de s'élever à la 
connaissance réelle d’aucune vérité. Le jeune Euler 
était destiné par son père au ministère évangélique, 
mais il renonca à ce projet lorsqu’à l’université de Bâle, 
son fils se distingua par son application et ses heureuses 
dispositions qui lui acquirent de bonne heurel’arnitié de 
Daniel et de Nicolas Bernoulli, disciples ét déjà rivaux 
de Jean Bernouilli, leur illustre père. On sait qu'en 
1727, à l’âge de 19 ans, Euler obtint un accessit pour 
un mémoire sur la mdture des vaisseaux , sujet d’un 
prix proposé par l'Académie des sciences. Ce prix fut 
obteuu par Bouguer, géomètre distingué de ce temps ct 
qui exercait depuis dix ans les fonctions de professeur 
d'hydrographie, dans une ville maritime. Cette pre- 
mière illustration de la vie scientifique d’Euler mérite 
d’être remarquée, car elle donne une idée de la direc- 
tion et de la force de son génie, Le jeune citoyen de 
Bäle, dépourvu de toute connaissance pratique dans la 
matière qu’il traitait, ne put lutter, en effet , qu’à l’aide 
de la science, contre son redoutable concurrent. 

Verscetteépoque, Euler futappeléàSaint-Pétersbourg 
par ses amis Daniel et Nicolas Bernouilli, dont il s'était 
séparé avec peine deux ans auparavant. À peine arri- 
vait-il en Russie qu'il apprit l'accident funeste arrivé à 
Nicolas Bernouilli et la mort de l’impératrice Cathe- 
rine I"°, circonstance ficheuse et qui mettait en question 
l'existence de l’Académie récemment fondée par cette 
princesse. Euler obtint le titre de professeur et suc- 
céda ; en 1733, à Daniel Bernouilli, qui revint alors 
dans leur commune patrie. Le sombre despotisme du 
gouvernement russe, sous le ministère, de Biren, dut 
influer sur le caractère d’un jeune homme naturellement 


mnt e 


grave et élevé dans une républiqué. Euler venait dés 


pouser Mile Gsell ; file d'un peintre | son compatriote, 


amené en Russie par Pierre KI se Hivra tout entier & 


l'étude et cacha sa vie dans le sanctuaire de la science et 
des affections privées. Si c’est à ceite circonstance qu'il 
dut l’opiniätreté pour le travail, dont il donna depuis 
tant de preuvés ; c'est aussi à élle qu'il faut attribuer 
cette tristéssé profonde et cette! vague inquiétude de 
Vavenir qu'on remärqua toujours-dans cet homme dé 
mœurs si donces etsi pures et doué de tant de bienveil- 
lancé: Cette impression fut si forte sur son esprit qu’en 
1941, lorsqu Euler se rendit à Berlin , la reine de Prusse 


qui l’accueillit avec-une noble bonté ne put obiënir de 


lui que des monosylläbes, et comme elle s’étonnait de 
la timidité et de l'embarras d'un savant aussi distingué , 
Euler lui répondit naivement : — Madäme;, c’est que je 
viens d'un pays où; quand ôn parle on est pendu. Il re- 
tourna néanmoibs en 1766 dans ce pays, auquel il était 
d’ailleurs attaché par des lieris dificilés à briser , mais il 
ne fit à cette époque que déférer aux vœux-de l'impéra- 
t'ice Catherine IE, dont le règne brillant excitait alors 
Yadmiration de l’Europe. < 

Dès Yannée 1735 Euler avait été attéint: d’une 
ôphtalmie x 
assujetti, il perdit alors un œil et fut bientôt menacé 


la suite d’un travail forcé auquel il $était 


d’une cécité complète. Les craintes de ses amis et de sa 
famille ne furent que trop justifiées par l'évènement, il 
devintaÿeugle, mais il conserva cependant la faculté de 
distinguer de grands caractères tracés sur une ardoise 
avec de la craie. Cette douloureuse circonstance ne fit 
rien perdre à Euler de sou amour pour la scieyce et de 
son ardeur pour létude etl continua de se livrer aux 
trayaux multipliés qui ont illustré sa vie. Ses fils ou ses 
élèves copiaient ses calculs et écrivaient sous sa dictée le 
reste de ses mémoires; et si, dit Condorcet, on en juge 
par leurnombreetsouvent parle géniequ’on y rewouve, 
on pourrait croire que l’absence encore plus absolue de 
toute distraction ; et la nouvelle énergié que ce recueil- 
lement forcé donnait à toutes ses facultés, lui ont fait 
plus gagner que l’affaiblissement de sa vüe n’a pu lui 
faire perdre:dé facilité et dé moyens pour le travail. 
On a dit avec,raison qu'Euler, en succtdant à Nicolas 
Bernouilli, avait continué l'école de Heibnitz; cette 
expr ession caractér ise, en effe (er d’ une manièr € gé né rale 
les productions de cet illustre géomètre ; qui out exercé 
unesi gruide ufluëencé sir les progrès de la science, Nous 
w’entreprendrons point ici d'exposer même l'énoncé des 
immenses travaux d'Eûler; il faudrait, pour en présenter 
digrrement Je xésumé ; foriner un tableau méthodique 
des dhfféréntes branthes des sciences mathématiques, en 
marquant pour chacune les progrès, les changemens 
heureux qu'elle doit au génie d'Euler , cette méthode 
qui à èté suiyie oudu moins indiquée par Condorcet 


EU 571 
dans l’élépe académique de l'homme célèbre qui fait le 
sujet décette notice, nous entraîncrait à d’inutiles répé- 
titions, püisque la théorie des diverses branches de la 
science qui ônt fait ne de ses travaux doit. être 
exposée tour à tour dans d’autres articles de ce-die- 
tionnaire, 

Euler paraît s'être attaché surtout à perfectionner la 
science du calcul , en écartant de plus en plus les consi- 
dérations de pure géométrie que l’école de Newton af- 
fectionnait. Génie profond , inventif, doué d'une émi- | 
nente sagacité , il étendit considérablement la théorie 
des suites ét créa le calcul algébrique dés fonctions cir- 
culaires. L'analyse indéterminée et la théorie des nom- 
bres, qui depuis Diophante n'avaient été cultivées avec 
quelque succès que par Bachet de Méziriac et Fermat, 
doivent à Euler de nombreux accroissemens, et le pre- 
mier il démontra les théorêmes dont l'illustre Fermat 
w’avait donné que l'énoncé. Il traita entièrement la mé- 
chanique par l'algèbre ct en augmentant ainsi l'étendue 
de cette science, il perfectionna beaucoup le calcul in- 
tégral et le calcul différentiel. Il sempara avec tout son 
génie du calcul intégral aux différentielles partiches, 
dont la pensée paraît appartenir à d’Alembert, mais 
dont le premier il a donné la notation. Il embrassa tour 
à tour dans des traités qui sont devenus célèbres, la 
science navale et ladioptrique. On lui doit des essais im- 
portans sur la théorie générale de la lumière ; sur celle 
du son, de l’aimant, de la cohésion des corps, des frot- 
temens, sur le calcul des probabilités, et sur l’arithmé- 
tique politique, 

Euler n’éprouva point ces douloureuses injustices, 
ces poiguantes déceptions qui troublent trop souvent la 
vie des hommes supérieurs, au contraireses talens furent 
noblement appréciés et son génie a reçu des hommages 
dignes de lui, En 156o les Russes , ayant pénétré dans 
la marche de Brandebourg ; Pillèrent une métairie 
qu'Euler possédait près de Charlottembourg. Mais le 
général Toltieben, qui les commandait, s'empressa de 
réparer la perte que lillustre géomètre avait pu essuyer 
ét l'impératrice Elisabeth, sa souveraine, ajouta un don 
considérable à l'indemnité genéreuse qui lui avait été 
Eù r77 
tersbourg atteignirent la maison d'Euler aveugle et 


accordée: 1, les flammes qui dévoraient Pé- 


souffrant, Pierre Grimon, de Bâle, se dévoua pour le 
salut de son célèbre compatriote; il pénétra jusqu'à lui, 
le chargea sur ses épaules et le sauva au péi il de sa vie. 
Sa bibliothèque et ses meubles furent consumés, mais les 
soins empressés du comte Orloff sauvèrent ses manus- 
crits. Cette maison, qui était un des bienfaits de l'impé- 
ratrice , fut rétablie à ses frais : et, cette attention, au 
milieu du trouble et des horreurs d’un grand désastre , 
ajoute Condorcet, l'éloquent panégyriste d'Euler , est 
uu des hommages les plus vrais et les plus flatteurs que 


572 EX 
jamais l'autorité ait rendu au génie des sciences. Voici 
comment cet écrivain raconte les derniers momens de 
l'illustre associé de l'Académie des sciences. Il avait con: 
servé, dit-il , toute sa facilité et en apparence toute sa 
force, Aucun changement n’annonçait que les sciences 
fussent menacées de le perdre. Le 7 septembre 1783, 
après s'être amusé à calculer sur une ardoise les lois du 
mouvement ascensionnel des machines aérostatiques, 
dontla découverterécente occupaitalors toute l'Europe, 
1l dina avec M. Lexell et sa famille, parla de la planète 
d’'Herschell et des calculs qui en déterminent l'orbite; peu 
de temps après il fit venir son petit-fils, avec lequel il ba- 
dinait en prenant quelques tasses de thé, lorsque tout-à- 
coup la pipe qu’il tenait à la main lui échappa et il 
cessa de calculer et de vivre. Teile fut la fin d’un des 
hommes les plus grands et les plus extraordinaires que 
la nature ait jamais produits, dont le génie fut égale- 
ment capable des plus grands efforts et du travail le 
plus continu.... Euler avait alors quatre-vingt-cinq 
ans, il avait eu treize enfans et trente-huit petits-enfans. 
Ever (Jean-Albert), son fils aîné, à Saint-Pétersbourg 
en 1734 et mort dans la même ville en 1800 , a été un 
géomètre distingué. Eurer (Charles) et Euzer (Chris- 
tophe), son second et son troisième fils, avaient égale- 
ment des connaissances étendues en mathématiques, 
mais leurs talens ne peuvent soutenir le rapprochement 
de la gloire de leur père. 

La multiplicité des écrits d'Euler ne nous permet pas 
d’en donner ici laliste, qui formerait à elle seule une 
bibliographie considérable. Fuss, son élève, et le gendre 
d’un de ses fils, en a dressé une table générale à la fin 
de l'éloge qu'il a prononcé le 28 octobre 1783 à l’Aca- 
démie de Pétersbourg. On la trouvera à la fin de 2° vo- 
lume de l'édition des Znstitutions du calcul différentiel 
d’Euler, donnée à Pavie, en 1787, par Grégoire Fon- 
tana. Elle existe aussi dans le Dictionnaire de Mensel, 


EUTOCIUS , d’Ascalon, géomètre célèbre, vivait 
sous l’empereur Justinien vers l’an 540 de notre ère. Il 
ne nous reste de lui que ses commentaires sur Apollo- 
nius et sur quelques écrits d’Archimède. Ces travaux 
sont encore fort estimés des savans. On ignore absolu- 
ment l’époque de la naissance, celle de la mort d’Euto- 
cius et les événemens de sa vie. 


EVANOUIR (4{g.). faire évanouir une quantité est 
la même chose quela chasser ou la faire disparaître d’une 
expression. Ÿ’oy. ÉLrmiNArION et TransFORMATION. 


EVECTION (Astr.). Inégalité dansle mouvement de 
la lune produit par l'attraction du soleil sur ce corps et 
dont l'effet est de rapprocher ou d’éloigner la forme de 
son orbite de celle du cercle. 

Cette inégalité, découverte par Ptolémée, influe par- 


EX 


ticulièrement sur l'équation du centre (voy. ce mot) 
qu’elle diminue dans les sysigies et augmente dans les 
quadratures. Voy. Lune et PERTURBATION. 


EXCENTRICITÉ (Gcom.). Distance entre le centre 
et le foyer d’une ellipse. Voy. Ezzrrse. 


EXCENTRICITÉ (Astr.). Dans l’ancienne astrono- 
mie on désignait sous le nom d’excentricité la distance 
de la terre au centre de l'orbite d’une planète; mais 
depuis Képler ce mot n’est plus employé que pour 
exprimer la distance entre le centre de l’orbe elliptique 
d’une planète ou d’un satellite, et son foyer occupé par 
le soleil ou par la planète principale. 

Les observations fournissent plusieurs moyens pour 
déterminer l’excentricité d’une planète. Celle de la 
terre par exemple, ou, ce qui est la même chose, celle 
de l’orbite apparente du soleil, pourrait se conclure de 
la différence des diamètres apparens de cet astre. En 
effet le diamètre du soleil devant paraître d'autant plus 
petit que la distance réelle est plus grande, et d’autant 
plus grand que cette distance est plus petite , il suffit de 
connaître le plus grand et le plus petit diamètre appa- 
rens du soleil pour connaître le rapport entre la plus 
grande et la plus petite distance, puisque ce rapport est 
l'inverse de celui des diamètres apparens. Or, on sait 
que ces diamètres sont : 


Plus grand diamètre apparent = 32/35"’,6 — 1955'’,6 
Plus petit diamètre apparent —3131* —41891" 


et, par conséquent que leur rapportest celui desnombres 
1955,6 : 1891. Ainsi, désignant par D la distance 
moyenne de la terre au soleil , ou le demi grand axe de 
l'orbite solaire, et par e l’excentricité de cet orbite, 
D+e représentera le plus grand rayon vecteur , ou la 
plus grande distance, et D—e le plus petitrayon vecteur, 
ou la plus petite distance ; on aura donc 


D+e: D—e:: 1955,6 : 1891 


et, par suite, 


=D 1955,6—1891 64,6 
955,6 1891 — ‘3846,6 


=D.(0,016794...). 
Ainsi, en prenant, comme c’est l’usage , le demi grand 
axe pour unité, l’excentricité de l'orbite solaire 
= 0,016794 : 
Lorsqu’on connaît l'équation du centre , on peut cal- 


culer approximativement l’excentricité par la propor- 
tion : 


57° 17’ 44,8 {l'arc — rayon) est à la moitié de la plusgrande 
équation , comme le rayon =1, est à l’excentricitg 


EX 


la valeur résultante différera d'autant moins dela véri« 
table que l'excentricité sera plus petite. Par exemple, 
sachant quela plus grande équation du centre est pour le 
soleil de 1° 55" 26”, on tirera de cette proportion 


c— moi Ce = ee 016794 
57°1744",8  206264",8  ? 

L'excentricité et la plus grande équation du centre 
sont deux quantités tellement liés entr’elles qu’on peut 
toujours calculer l’une au moyen de l’autre. Euler , qui 
s’est occupé de ce problème (voyez les Mémoires de 
l'Académie de Berlin, tome 2), a donné les deux sé- 
riessuivantes , dans lesquelles a désigne la plus grande 


équation et e l’excentricité : 


20 1 Ù Le 599 - 
LE DEC RP AMEN VPN sde 
11 587 
der NUS fe ee 
Da an ee 


a doit être exprimée en parties du rayon dans la se- 
conde série, ce qui se fait en réduisant l'angle a en se- 
condes et en divisant ensuite par 206264",8, ou par le 
nombre de secondes que contient l’arc égal au rayon. 
Dans la première série a est donnée en parties du rayon 
el par une opération inverse de la précédente on peut 
la convertir en degrés. 

On voit que lorsque e est très-petit on peut négliger 
sans erreur sensible tous les termes qui suivent le pre- 
mier, et qu'on a alors 


82 — 


UC 


a 


égalité identique avec la proportion ci-dessus, 


Les excentricités des planètes sont constamment va- 
riables, entre certaines limites, comme tous les autres 
élémens de ces corps (voy. OrmiTe et PLanères). Voici 
le résultat des calculs les plus exacts. 


Noms 


Ercentricités en parties 
des Planètes, 


du demi grand axe, 


Mercure....... 0,2055149 
0,0068607 
0,0167836 
0,0933070 
0,0891300 
0,2578480 


MÉQUS.. ss pie 4 
La Terre... 24 
Mars... 
VOSTR Se oees ele 
JUNOND. ms. 
GCÉT ES rose se 
PASS ee 


0,0784390 
0,2416480 
Jupiter........ 0,0481621t 
Saturne........ 0,0961505 
Uranus........ 0,0466794 


Lalune.,.,.... 0,0548447 


EX 573 


Les données pour Vesta, Junon, Cérès et Pallas se 
rapportent au 1° janvier 1820, et pour les autres pla- 
nètes au 1°" janvier 18or. 


Variations séculaires de l'excentricité. 


Mercure...., 
Vénus....... 
La Terre...:. 
Mars... 


+-0,00000 3867 
—0,00006 2711 
—o,00004 1632 
+-0,00009 0176 
+0,00015 9350 
—0,00031 2402 


Jupiter... 
Saturne...... 
Uranus...... —0,00002 5072 

Le signe + indique une augmentation et le signe — una 
diminution. 


EXCENTRIQUE ( Géom.). On donne le nom 
d’excentriques à deux cercles ou à deux-sphères qui, 
quoique renfermés l’un dans l’autre n’ont pas le même 
centre, par opposition aux concentriques qui ont un 
seul et même centre. P’oy. CONCENTRIQUE. 


EXCLUSION (4rith.). La méthode des exclusions , 
ainsi nommée par son auteur le mathématicien Frénicle 
qui vivait du temps de Descartes , a pour objet la solu- 
tion numérique des problèmes en procédant par voie 
d'exclusion, c’est-à-dire, en examinant quels sont les 
nombres qui ne peuvent satisfaire aux conditions de- 
mandées et en les excluant successivement jusqu’à ce 
qu’on trouveenfin celui qui résoud la question. Cette mé- 
thode, à l’aice de laquelle Frénicle-traitait avec succès 
les problèmes numériques les plus compliqués, excita 
jadis l'admiration de Fermat et de Descartes ; mais au- 
jourd’hui les progrès de la science ont fait abandonner 
son usage. Nous renverrons donc nos lecteurs, pour son 
exposition, aux Mémoires de l’Académie des sciences, 


1693. 


EXÉGÈSE numerique. Ancien terme dont Viète 
s’est servi pour désigner la recherche des racines des 
équations. 


EXHAUSTION. Nom de la méthode dont les an- 
ciens faisaient usage pour la découverte et la démon- 
stration des vérités géométriques. P’oy. Mérnonr. 


EXPONENTIEL. Les quantités exponentielles, sont 
des puissances dont l’exposant est indéterminé ou va- 
riable, telles que ax ,x*, etc. 


Le calcul exponentiel est l'ensemble des procédés à 
l’aide desquels on trouve les différentielles et les inté- 
grales des quantités exponentielles. Poy. DiFFÉRENTIEL 
et INTEGRAL. 

Ou nomme équation exponentielle (voy. ce mot) 
équation dans laquelle 1 entre des quantités 


“onto 
> mt 


514 EX 
exponentielle; comme on donne anssilenom de courbes 


exponentielles aux çourbes dont l'équation est Spor: 
nentielle. 


EXPOSANT (4{g.). Nombre qui désigne le degré 
d’une puissance ou d’une racine. Ÿ’oy. ALGÈBRE 19, et 
NOTIONS PRÉLIMINAIRES 7e 


On nommait jadis exposant d’une raison, le rapport 
de deux quantités (60y. Rapport), et exposant de rang 
le nombre ou l'érdice qui exprime la place qu'occupe un 
terme dans une suite quelconque. Aujourd'hui le mot 
exposant est consacré exclusivemént äux puissances. 


EXPRESSION (41/g 
qui représente la génération d’une quantité. Par exem- 


.). On donse ce nom à la formule 


ple dans les égalités 


Fe 
a PV 
La ar 
Den et <a + V/a—1 sont les expressions de + et 
de y. 


EXTERNE ({ Ur ). On nomme angle externe. ou 
extérieur l'angle formé par un des côtés d’une figure 
rectiligne quelconque et le prolongement, hors de la 
figure , du côté adjacent. 

La sommie de tousles añglesexternes d’un polygoné est 
équivalente à quatre angles droits. foy. Pozycone. 


L’angle extérieur d’un triangle est équivalent à la 
somme des deux angles intérieurs opposés. Voyez 
ANGLE, 9. 


EXTRACTION DES KACINES (Arith. et Alg.). 
Une des six opérations élémentaires de la science des 
nombres. Elle a pour obiet de trouver la base d’une 
puissance connue. 


Nous avons vu (ALGÈBRE, 19 et 48) que le troisième 


et dernier mode élémentaire de la coustruction des. 
nombres a pour forme générale 


AB8=C, 


expression. dans laquelle 4, ou la base, est ua n6mbré, 


quelconque qui entre comme facteur, dans la puissance 
C, autant de fois qu'il y a d'unités dans l'exposant B. 

Nous avons vu également que la forme générale de 
la branche inverse de ce mode de construction est 


B 
VE = À 

dans laquelle la base À prend le nom de racine ; tandis 

que Bet C conservent les désignations précédentes. 


Le dernier mode élémentaire de la construction des 


nombres donne donc, comme les modes précédens,. 


EX 

naissance. à deux opérations ou à deux règles dont la 
première a pour objet de calculer C au moyen de A et 
dé B, c’est-à-dire de calculer une puissance dont on 
connait Ja base et l'exposant, et dont la seconde a le 
but inverse de calculer À au moven de Bet de C, c’est- 
à-dire de calculer wne ‘racine dont on connaît la puis- 
sance et l’exposänt. La première de ces ppérations se 
nomme élévation aux puissances, elle a été tr aitée ail 
leuis (boy. ÉLévarion) ; la seconde se nomine extraction 
des racines ; nous allons en donner ici l'exposition. 

1. Pour considérer la question dans toute sa prénéralité 
désignons par A; B; C, D, éte. des nombres quelconques 
simples ou primitifs, c’est-à-dire des nombres dont les 
valeurs ne surpassént paso; et alors nous pourrons re- 
présenter par (1) 


A(10}#+ B(10}n—1 + Cro)”--2 + ete... Y(10)'ÆZ(10) 


un nombre composé quelconque ; Z étant le chiffre des 
unités et À celui des plus hautes dixaines. Foy: Ariru- 
MÉTIQUE, 113 ÉCHELLE ARITAMÉTIQUE ct NUMÉRATION. 
Proposous-nous d'extraire la racine du degré x, du 
nombre (1) et supposons d'abord, afin de rendre l'opé- 
ration plus facile, que la racine cherchée n'a que deux 
chiffres. Sinous représentons para le chiffre des dixaines 
et par à eelui des unités, cette racine pourra s'exprimer 
ar 


ao) + b(ro), 
ou simplement par 


a.10 + b 
et nous devrons avoir l'égalité (2). 
(a.10+b}*= A(1o}"+B(r10}"—1:+#+etc. . +2 


Ceci posé, en développant le premier nombre de l'é- 
galité (2) par la formule du binome (voy. BivomE DE 
Nrwrox) nous avons (3) 


(a.10+b)h=an(1o)" nant. (1o"—1b 


en 1) 


'an—1{10}—?.b? + etc. 
1.2 


ce que nous pouvons mettre sous la forme (4) 


(a.ro+ bn — (and rohHA:(10)—1+# A (10)? 
+ Aro) Hetc.... 


en désignant par A:, À,, À, les coefficiens des puis- 
sances (10)"—*, (10)? , etc. 
ordres qui résultent de la réalisation des ealculs, apres 
qu’on a reportés les dixaines d’un ordre sur l'ordre sui 

vant plus élevé. 3 désigne donc ici les dixaines de 


; ou les chiffres des divers 


l’ordre (10}—* s'il y en a. 
Or, la quantité a4-9 pouvant être conrposée d'unités 


et de dixaines, représentons encore par À, B', C', etc., 


EX 
les chiffres au moyen desquels elle est représentée dans 
notre système décimal de numération et nous pourrons 
poser, p étant l’exposant des plus hautes dixaines, 


art = A'(1oÿ+BGop=i ete, M1) 4-N' (10) 


substituons cette valeur. dans (4); nous obtiendrons (5) 


| (a.104+b} = A'(1o}#+r4-B'(10)}+arx dE etc... 
na AS Æ#Airo)n—t LA (ro) etc... 


égalité qui doit être identique avec (2). Nous avons 
douce nécessairement 


c 


m—=p#n, d'où p—mR, 
et de plus 


A'=A, B—B, C'—C, D'—Didesgtei 


Ainsi les chiffres A B', C''etc., qui expriment la quan- 
tité a+, sont les premiers chiffres À , B, €, etc. du 
nombre proposé depuis celui de Fordre le plus élevé 
(ro” 
Nous avons donc {6} 


usqu'à celui de l’ordre (ro} inclusivement. 
jusq ) 


ar +0—A(10)"4B(10)#—-4C(10)#-24etc.+P(ro)"-r 


Aïnsi, en admettant qu’on connaisse d’avancé les puis= 
sances du degré »2 des nombres simples, 1, 2,3, 4, 5; 
6, 7, 8,0, la plus grande de ces puissances, que con: 
tiendrait le second membre de légalité (6) sérait &r et 
la racine connue de cette puissance serait «, c'est-à-dire 
le chiffre des dixaines de la racine cherchée. 

2. On voit donc ici la nécessité de calculér préalable- 
ment une table qui soit pour l'extraction des racines ce 
qu'est celle de Pythagore pour la division. Lid cobstrue- 
tion de cette table ne présenteaucane difficulté. 


Ayant écrit sur une même ligne verticale les neuf 
chiffres de nôtre numération, on multipliéra sSuCCESSi- 
vement chacun de ées chiffres par lui - même et on 
écrira les résultats à côté, de manière À former une 
seconde colonrie vérticalé qui Contiehira conséqueme 
ment Les $econdes piissances dés ‘nombres de a 


piémière. On multipliéra ensuite Châcun des nothbres 


dé la seconde colonne par son correspondant dé là pre 


mière colotine et'on formera avec Tes produits une trot: 
sièëmé colonne qui contiendra les #roiWbmies püissances 
des nombres de la première. En multipliant de nouveau 
les nombres de la troisième colonne par leurs corres- 
pondans de la première, ‘on forméra la colonne des 
quatrièmes puissances, et ainsi de suite! 241" -01) 


EX 578 


TU TABLE DES PUISSANCES. 


Exposans 1 2, 3 4 5 etc 
1 I 1 I ou 
CA 2 8 16 32 
3 10@o:23 8 243 
4 16 64 256. 1024 
9.29, 199 ..025 3129 
6 36 216 1296 7776 
7 49 343 2401 10807 
8 64 512 4096 32768 
9 81 729 6561 59049 


À l’aide de cette table on peut donc trouver immé- 
diatement la racine . d’une quantité. donnée lorsque 
cette racine n’a qu’un seul chiffre. Par exemple si l’on 
demandait la racine quatrième de 2401, en cherchant 
ce nombre dans. la quatrième colonne, et en voyant 
qu Al correspond au chiffre 7.de la première on saurait 
que la racine demandée est 7. 


Si le nombre proposé n’est point une puissance 
exacte , il faut alors cherchét dans la colonne da degré 
désigné ke nombre plus petit qui en diffère 1e moius et 
la racine dé ce dernier est alors celle de la plus grande 
puissance Tonténue dans le nombre proposé. Ainsi; 5i] 
s'agissait de trouver la troisième racine de 350, commé 
343estle nombre le plus petit qui diffère témoins de 350; 
dans la troisième colonne , on verrait que la racine de 
33o est plus grande que #i mais, qu'elle est pins petite 
que 6, et conséquemment que la plus grande troisième 


puissance contenue dans 350 est 543. 


:3::Revenons à nôtre opération générale: Tlfaut done, 
pour trouver de chiffre des: idixaines dec lracime de- 
nandée,; extraire, qu moven dela table ‘des puissances, 
la racine du degré » du groupe dé chiffres deVordre ma 
à l'ordre, ou, ce quest la même chose, du groupe de 
chiffres restant à la gauche après qu'on aséparén chiffres 
sué Ja droite. Paur rendre ceci‘plus sensible ; supposons 
qu'ul s'agisse de trouver, le chiffre des: dixaimes de la 
racine quatrième de 26853856, on séparera quatre ak1f- 
fres à droite : et, an, cherchera d: Ans la quatrième co- 
lonne de la t: ble des puissances le hombre qui approche 
le plus des chiffres restans 2685,.ce nombre étant 2401 
des 


dont la racine est 7, on en conclura que le chiffre 


dixaines cherché est 7£:£ 


Mais le chiffre des dixaines de la racine, ou le nombre 
à étant ainsi déterminé il estévident qu’en retranchant 
a de A(10}"+B/10)"—1 + etc…P{10}"—7 on obtiendra 
pour réste la quantité d à coté dè laquelle écrivant les qua- 
tre chiffres retränchés de la quantité proposée, on aura 


‘u reste général qui doit être égal à ” 


516 EX 


Le 


nan—1(10)"—1b + D ar (10 109 + 


nn) (2) 


2) n— n—3}3 
Et 3(10}—b3+etc. 


+ 


cette dernière quantité étant ce qui reste du second 
membre de (3) après en avoir également retranché ar. 


Le premier terme de cette quantité contient » fois la 
puissance a—1 de a multipliée par b; si donc l’on con- 
naissait dans le reste général les chiffres qui contiennent 
ce produit, en les divisant par nar—* on obtiendrait b 
pour quotient, et la racineserait entièrement déterminée. 
Mais il est évident que ce produit ne peut avoir des 
chiffres de l’ordre 7—2; ainsi, en retranchant n—1 
chiffres à la droite du reste général, les chiffres restant 
à la gauche coutiendront nécessairement ce produit, 
plus une quantité quelconque y provenant des dixaines 
reportées des ordres inférieurs. Lors donc que 7 sera 
plus petit que na—", en divisant les chiffres restant à la 
gauche par »#4"-—", on obtiendra b pour quotient et 7 
pour reste; dansle cas contraire, le quotient de la divi- 
sion pourra surpasser » d’une ou de plusieurs unités. 
Ainsi en supposant que ce quotient soit 9, il faudra 
élever a.10+-6 à la puissance », et si la puissance trouvée 
surpasse la quantité proposée (1), c'est que 0 est plus 
grand que b; alors on substituera 0—1 ou 6—2 dans la 
racine, et on fera un second essai qui déterminera la 
véritable valeur de b. Nous allons éclaircir ce procédé 
par quelques exemples, 


4. Problème. Trouver la racine quatrième de 
26873856. 


Nous avons déjà vu ci-dessus qu’en séparant quatre 
chiffres à droite, le nombre restant 2687 avait pour 
racine 7, ou pour mieux dire , que la plus grande qua- 
trième puissance contenue dans 2687 était celle de 7, 
c’est-à-dire 2401, retranchant donc 2401 de 2687, et 
les quatre chiffres retranchés 
3856, nous aurons pour reste général 2863856. Retran- 


écrivant à côté du reste, 


chant trois chiffres à la droite de ce reste général, les 
chiffres restans à gauche, 2863, doivent donc contenir 
le produit 


nan—1h, c'est-à-dire ici 4a°b 
mais la table des puissances nous fait connaître 


a =72x343 


ainsi 4a—4X343—1372. Divisant donc2863 par 1372, 
le quotient 2 sera le chiffre cherché des unités de la 
racine, et cette racine est 72. En effet, élevant 72 à la 
quatrième puissance , on retrouve 26873856. 


On dispose le calcul de la manière suivante : 


EX 


2687.3856 {7 dixaines de la racine 
2401 
Re) 1372 diviseur = 4.7 
2 unités de la racine. 


5. Problème. Trouver la racine troisième ou cubique 
de 24389. 

Dans ce cas particulier »=3 ; ainsi, ayant séparé trois 
chiffres à droite, où cherchera dans la table la troisième 
puissance qui approche le plus de 24 : c’est 8 dont la 
racine est 2. Après avoir retranché 8 de 24, on écrira 
389 à côté du reste 16, et on séparera deux chiffres à 
droite de ce reste général; les chiffres restans seront 
163 qu’ondivisera par na —: c’est-à-dire par 3.22—12. 
Le quotient de cette division est 10; mais comme le 
chiffre des unités ne peut surpasser 9, on conclura que 
ce quotient est trop grand, et l’on essaiera si 9 lui-même 
n’est pas dans le même cas 29 en élevant à la troisième 
puissance. Le calcul donnant 29° — 24389, 29 est la 
racine demandée 


24.389 2 dixaines de la racine 


163. 163.89 12 diviseur = 3.2? 
Er 10 quotient. 


6. Problème. Trouver la racine cinquième de 
6436343. 

Ici »—5. On séparera cing chiffres à droite, et on 
cherchera dans la table la cinquième puissance immé- 
diatement au-dessous de 64 ; c’est 32 dont la racine est 
2. À côté du reste de 64—32, on écrira les cinq chiffres 
retranchés 36343; on séparera quatre chiffres à droite, 
et on divisera 323 par 5.2=—80. Le quotient étant 
4, on élèvera 24 à la cinquième puissance, mais 
comme le résultat de l’opération donne 24° = 7962624 
c’est-à-dire un nombre plus grand que le proposé, ce 
qui indique que le quotient 4 est trop grand, on lui 
substituera 3, et en élevant 23 à la cinquième puissance, 
on trouvera 23°—6436343 ; ainsi 24 est la racine de 
mandée. 


7. On peut facilement étendre ce procédé à la re- 
cherche d’une racine composée d’un nombre quelconque 
de chiffres. Mais avant d'aborder cette question, remar- 
quons que À étant un chiffre quelconque de notre sys- 
tème de numération, la puissance n de ce chiffre (x 
étant unnombre entier) ne peut contenir tout au plus que 
achiffres, car en supposant même que A soitle plus grand 
des chiffres, c’est-à-dire A=g=10—1 il est évident 
que 9" ou (10—1 doit être plus petit que 10"; orona 


10710, 107—100,107— 1000,10{—10000, etc. 


d’où l’on voit que 10" a na chiffres , ainsi 9" ou 
(10—1) ne peut donc avoir au plus que x chiffres. 


EX 


Cela posé, sion vouäit extraire la racine cubique de 
45382463 , après avoir séparé 3 chiffres à droite, il en 
reste à à gauche, 45382; les dixaines de la racine ont 
donc plusieurs chiffres puisque, d’après ce qui précède, 
la troisième puissance d’un seul chiffre ne peut contenir 
que 3 chiffres au plus. Supposant alors qu’il s'agisse 
seulement de trouver la racine troisième de 45382, on 
agira comme dans les exemples précédens, et comme 
45382 n'est pas une troisième puissance parfaite, on 
trouvera 35 pour cette racine approchée. Retranchant 
la troisième puissance de 35, de 45389, on aura 2507 à 
côté duquel écrivant 463, chiffres séparés à la droite de 
la quantité proposée, on formera un reste sur lequel 
on agira d’après la règle donnée, en considérant les 
dixaines 35 comme ne formant qu’un seul chiffre. Le 
quotient de la division donnera 6, et on aura par con- 
séquent pour la racine demandée 356. 


45,382,463 3 plus hautes dixaines 

2 

T83B 27—3X3 

Te: É quotient 

42875 —35* 

reste général25074,63 3675—3X 32 
6 quotient. 


reste 


La troisième puissance de 36 étant 46656 on ne prend 
que 35 pour les dixaines. 


La troisième puissance de 356 étant 45115016, on voit 
que la quantité proposée n’est pas une troisième puis- 
sance exacte et que sa racine est entre 356 et 357. 

8. On peut conclure de ce qui précède, la règle géné- 
rale suivante pour l'extraction des racines. Pour extraire 
la racine du degré quelconque 7 d’une quantité donnée, 
il faut : 1° diviser la quantité en groupes de x chiffres 
en commençant de droite à gauche. 2° Chercher la plus 
grande puissance # contenue dans les chiffres du dernier 
groupe, au moyen de la table des puissances. La racine 
de cette puissance sera le chiffre de l’ordre le plus élevé 
de la racine cherchée. 3° À côté de la différence de ce 
dernier groupe et de la puissance qu’il contient , abais- 
ser le groupe suivant, séparer »—1 chiffres à la droite, 
et diviser le restant par x fois la #—1 puissance du 
chiffre trouvé. Le quotient sera le chiffre de la racine 
qui vient après le premier déja connu. 4° Élever les 
deux chiffres connus à la puissance #, et retrancher le 
résultat des deux premiers groupes sur lesquels on 
vient d'opérer. À côté du reste, abaisser le troisième 
groupe, séparer ensuite #—1 chiffres à droite, et di- 
viser le reste par rx fois la puissance »—1, des deux 
chiffres connus. Le quotient sera le troisième chiffre de 
la racine. 5° Élever les trois chiffres connus à Ja puis- 
sance », retrancher le résultat des trois premiers grou- 


EX 577 
pes , abaisser le quatrième groupe à côté du reste, etc. 
Et ainsi de suite. 

On trouvera ainsi successivement tous les chiffres de 
la racine en ayant soin de diminuer les quotienslorsqu’is 
sont trop grands. 

9. Lorsque les quantités dont on veut extraire les ra- 
cines ne sont pas des puissances parfaites, on ne trouve, 
en faisant l’opération d’après la règle donnée, que les 
racines des plus grandes puissances contenues dans ces 
qnantités, et il peut se faire alors que la différence, 
entre la puissance de la racine trouvée et la quantité 
donnée, soit assez considérable pour faire croire que la 
racine trouvée est trop petite d’une unité. Dans le der- 
nier exemple précédent la différence 264627 qu'il y a 
entre la quantité proposée 45382463, et la troisième 
puissance de 356,se trouve dans ce cas ; on pourrait donc 
croire que 357 donnerait une troisième puissance plus 
approchée de 45382463. Comme pour vérifier ce 
doute, il faudrait élever 356 à la troisième puissance et 
que dans plusieurs cas cela peut entraîner à de Tongs cal- 
culs, ilest essentiel d’examiner si l’on ne peut abréger 
ces calculs, en trouvant un caractère qui indique le cas 
où la racine trouvée est trop faible d’une unité. 

D'abord pour la troisième puissance, en désignant 
par À la racine trouvée, la différence qu'il y a entre A 


et (A1) est 3A243 A+, car 
(A+ 1) —AS+3A1H+3A LI 


Ainsi tant que la différence, entre la quantité donnée 
et la puissance de la racine trouvée, est moindre que 
3 A?+3A—+Y, c'est-à-dire , est moindre que trois fois la 
seconde puissance de cette racine, plus trois fois cette 
racine plus un, la racine en question n’est pas trop 
faible. 

Par exemple , dans le cas cité on a 


3X(G356) + 3X(356)+1 = 381277 >264627, 
ainsi la racine 351 n’est pas trop faible d’une unité. 


S'il s'agissait d’une seconde puissance, comme 


(ai) =æ+aatr, 
on aurait 
(abri) —a—aa+r. 
Le reste ne doit donc pas surpasser le double de la 
racine trouvée plus un. 
Pour une cinquième puissance on aurait 


(a+) —a = baiÆHroa+roa+5atr 
et en général pour une puissance quelconque 4 


m{ri—1) 
(a+ in am = mans ù SRE VU 


am—2 + 


(m—1)(m1—2 
1 DC Dans etc, et, 


1.2, 


578 CX 
expression dans laquelle en faisant 72 Cpaite, 20, DE 


6, etc. , on obtient tous les cas particuliers. 


10. Les propriétés des quantités radicales, peuvent 
servir à simplifier, dans certains cas, l'opération de 
l'extraction des racines. Si on voulait extraire par 


exemple la racine 6° d’une quantité À ,en observant que 


6 5 + 
VA=V VA 


L'opération se réduirait à extraire d’abord Ja racine 
deuxième de À et ensuite la racine troisième de cette 
racine deuxième, ce qui simplifie beaucoup les calculs, 
car ces calculs deviennent déjà très longs pour les ra- 
cines du quatrième ordre. 

Comine on a 

È 


m0, P, Ty .  noPq 
ve Ve Wa V'A = VA 

toutes Les fois que l’exposant d’une racine peut être dé- 
composé en facteurs l'opération devient donc plus 
facile. C’est ainsi que l'extraction de la racine huitième 
se réduit à trois extractions successives de racines 
deuxièmes, que l'extraction de la racine douzième se 
réduit à deux extractions successives de la racine deuxiè- 
me faites sur la racinetroisième de la quautité proposée. 


Parce que 
DXON2—S,2NX IN 3—12 
et ainsi de suite. 


11. Nous avons vu ( ALG. 22) que pour extraire la 
racine d’une fraction il fallait extraire celles de son nu- 
mérateur et de son dénominateur , et qu’on avait 


2 
vb 


Lorsque les deux termes de la fraction ne sont pas des 
puissances parfaites, on ne peut alors trouver que des 
valeurs approchées , mais la propriété que possèdent les 
fractions, de ne point changer de valeur lorsqu'on 
multiplie leurs deux termes par le même nombre fait 
qu'on peut simplifier cette opération, En effet, multi- 
pliantles deux termes de la fraction par b—2 on a 


abm-= V'abm—x V'abm-: 
V()= v( bhm—s RE nn — CNE ne , 


Etil est évident qu'il ne faut plus extraire que la ras 
cine du numérateur. 


Ainsi si l’on demandait la racine troisième de À 


on 
CHE 


EX 


multiplierait ses deux termes par 5° et la fraction de- 


venant 


sa racine serait 


La racine troisième de 100 étant entre 4 et5, on au- 


rait donc 5 Pour la racine demandée. Valeur qui ne 


Fe RRT 
la véritable que de 


peut différer de g tout au plus. 


En rendant le dénominateur plus grand on obtiendrait 
un plus haut degré d’approximation. Parexemple, sion 
voulait avoir la racine précédente à un cinq-centième 
d'unité près, on commencerait par multiplier les deux 
termes de la fraction proposée par 100, ce qui doune- 
rait 


multipliant ensuite les deux termes par la seconde puis- 


sance du dénominateur , on aurait 


dont la racine troisième 


__ V1000000 
500 


500* 


3 (re) = 


3 
es 2 à moins 


est entre 85 
(0) 


e. et.—, clleest donc égale à 


I sr A 
de -— d'unité près. 
500 


On pourrait employer cette méthode pour obtenir la 
racine d'une quantité quelconque à un dégré déterminé 
d'approximation, il ne faudrait pour cela que donner 
la forme fractionnaire à la quantité proposée. Par 
exemple, s’il s'agissait d'obtenir la racine troisième de 22 
à moins d’un dixième d'unité près, on réduirait 22-en 


sp : .. 220 É : 
dixièmes, ce qui donnérait Fe dont la racine cherchée 


; rite 29 
comme ci-dessus, serait effectivement, ou2+— 


moins d’un dixième d’unité près. 

19. Le moyen le plus prompt et le plus commode 
pour extraire la racine d’une quantité quelconque, à un 
degré d’approximation déterminé , consiste à convertir 
cette quantité en fraction décimale, en observant d’a- 
jouter autant de tranches de » Zéros, qu’on veut avoir 


EX 


de décimales à la racine. Par exemple, pour extraire la 
racine cinquième de 25 à moins d’un millième près, on 
converüra 5 en fraction décimale en lui ajoutant trois 
tranches de 5 zéros, puisqu'on demande trois chiffres 
décimaux à la racine. Et extrayaut ainsi la racine de 


25,00000,00000,00000 


le premier chiffre de cette racine sera seul entier et les 


autres seront décimaux. 


13. La formule da binome offre encore le moyen 
d'extraire les racines avec très haut degré d’approxima- 
tion. L'exemple suivant est suffisant pour en indiquér 
la marche. 

Problème. Extraire la racine cinquième de 260. 

Faisant dans la formule du binome (voy. Bixome) 
l’exposant épala +, on aura 


Aie ei B 
anim afiri Berne 


LT en 
rs — 3 etc. 
GES APS] U+ 


+ 


ou, en évaluant les coefficiens 


E _ à B 4B°, 36 B° 
2 AL | Et ns 
(A5) 13 SAT 5oA: © 753 A3 
_4o4 Bi 
15000 Ai HIER 


La plus grande cinquième puissance contenue dans 
260 étant 243—3°, on FRRRME 260 en 243417, et 


: B 17 
faisant A—2/3 et B—1;, AË sera égal à 3 et —— —; 
VENT, 249 


substituant ces valeurs dans la dernière formule, la ra- 
cine demandée sera exprimée par une suite convergente 
et par conséquent plus on prendra de termes , plus on 
approchera de la véritable valeur. Pour évaluer un cer- 
tain nombre de termes de cette suite, comme ces ter- 
mes sont fractionnaires on les convertira en fractions dé- 
cimales et ensuite on ajoutera d’une part, tous les 
termes positif, et de l’autre tous les termes négatifs, 


’ 


la différence des deux sommes multipliée par À ou 
par 3, donnera la racine cherchée. Comme ici les ter- 
mes vont en décroissant rapidement et que le cinquième 
est déjà moindre que 0,0000009, en se bornant aux cinq 
premiers termes, on aura, tous calculs futs, 3,0408477 
pour la racine cinquième de 260, ou seulement 3,040847 
pour plus d’exactitude, parce que n’ayant employé que 
7 décimales dans le calcul, la septième dans le résultat 
peut quelquefois être trop faible et qu'on ne peut rigou- 
veusement compter que sur l’exactitude des six pre- 
mières. 

I faut toujours observer , quand on emploie la for- 


x 
mule (A+-B)", ges B soit plus petit que À afin que 


EX 


+ soit une fraction et que tous les termes devenant de 


plus en plus petits la suite soit convergente. 

Au lieu de prendre pour A la plus grande puissance 
contenue dans la quantité donnée, il peut-être quetque- 
fois avantageux de prendre la puissance immédiatement 
au-dessus de cette quantité. En effet s'il s'agissait de 
calculer la racine quatrième de 80, la plus grande puis- 
sance contenue dans 80 étant 16 on aurait 


A—16, B—G64 


et alors ne serait pas une fraction plus petite que 
L 


l'unité. Mais la quatrième puissance immédiatement au- 


dessus étant 51 , si l’on faisait A=S1 , B—1, où aurait 


et on ferait alors B négatif dans le développement de la 
: 
puissance (A+B)* 

34. L’extraction des racines des quantités algébriques 
est fondée sur les mêmes principes que nous avons dé- 
veloppés dans les numéros précédens, un exemple seul 
suffit encore ici pour indiquer la marche de ropé- 
ration. 

Soit à extraire la racine: quatrième de 


167$ + 96422 + 216afixi + o16afx? + Srai. 


On commencera par disposer les termes en les or- 
donnant, comme ci-dessus, par rapportà une même 
lettre et par puissances décroïssantes. 

La quantité proposée étant donc ordonuée par rap- 
port à æ, son premier terme doit être la quatrième 
puissance du PES terme de la racine ordonaée de 
la même manière, Prenant donc là racine quatrième 


de16zx on a 


n 4 4 8 
4 


V162 = V16.V/a 


ox? est donc le premier terme de la racine. 

Retranchant la quatrième puissance de ox'où 16x, 
de la quantité proposée, le reste doit nécessairement 
commencer par le second terme du développement de 
la quatrième puissance des deux premiers termes de la 
racine , or dans l'expression 


(a4b)i = ai + 4aÿb + Gab? + ab + bi. 


+ 


le second terme contient quatre fois la troisième puis- 
sance du premier terme de la racine, multiplié par le 

Li : PS 
second. Divisant donc ce terme par 4 & 


b pour quotient. [ci le second terme du développe- 


, on doit avoir 


ment est 96æx°; prenant quatre fois la troisième 
puissance de 24°, on à 32x° pour résultat; divisant 


580 EX 
96 æ& x par 324°, le quotient 34° est le second terme de 
la racine. 

Elevant 247434 à la quatrième puissance on à 


(ax 3e) 167409647204 216aixi+ 1 Ga°x?+8rai. 


Ainsi, le second membre de cette égalité étant la quantité 
proposée , 6x°+-34a? est la racine demandée. 

Si la racine avait eu plus de deux termes , en retran- 
chant de la quantité donnée, la quatrième puissance de 
2x°+3a° , on aurait obtenu un reste qui aurait servi à 
déterminer les autres termes, en comparant avec 


(AB) + C|'=(A+ BH (A+B) Crete. 


Car après avoir retranché (AB), le reste devant com- 
mencer par 4 (A+4B)C*, en divisant ce premier terme 
par 4 (A+B) on a C pour quotient. Divisant donc le 
premier terme du reste par 4(2x*4+34°), on aurait 
obtenu le troisième terme de la racine, et ainsi de 


suite. 


15. Lorsqu'il s’agit des nombres, les logarithmes 
offrentlemoyeninfaillible de déterminerimmédiatement 
une racine d’un degré quelconque sans avoir besoin des 
calculs prolixes que nous avons exposés ci-dessus ; il 
est bien rare que les géomètres ne se contentent pas de 
leur usage, car avec les tables ordinaires on peut obte- 
nir sept chiffres exacts ce qui est suffisant dans le plus 
grand nombre des cas. 

D'après la nature des logarithmes (voy. ce mot) on a 


Ainsi, le logarithme d’une racine s’obtient en divisant 


celui de la puissance par l’exposant, et il ne faut plus que 


chercher dans les tables le nombre qui correspond 
à ce dernier pour avoir la racine. 

Par exemple, soit proposé, comme au n° 5, d’ex- 
traire la racine cubique de 24389. On trouvera dans les 
tables de logarithmes. 


log. 24389 = 4, 3871940 
et, en opérant la division de ce logarithme par 3, on 
aura 


4,3871940 
3 


— 1,4623960. 


Ce quotient étant le logarithme de la racine demandée, 
on cherchera dans les tables le nombre correspondant et 
on trouvera que la racine est 20. 

Prenons pour second exemple le nombre 2, et propo- 
sons-nous d’extraire sa racine carrée approchée avec six 
décimales. Nous trouverons 


0, 3010300 


ROBE 
10; 


1909190 


log. 2 — 0, 3010300, et 
Le quotient étant le logarithme de 1,414213, nous 
avons 


V2=1,414215 
Pour plus de détails voy. LocanTamEs, 
EXTRADOS (4rch.). surface extérieure d’une voûte. 


EXTRÊME, On donne le nom d’extrémes au pre- 
mier et au dernier termes d’ane proportion. Les deux 
termes du milieu se nomment les moyens. Voy. Pro- 
PORTION. 

En gcométrie, on dit qu’une ligne est partagée en 
moyenne et extrémeraison lorsqu’elle est divisée en deux 
parties telles que la plus grande est moyenne propor- 
tionnelle entre la ligne entière et la plus petite. Foyez 
APPLICATION 14. l 


FIN DE LA LETTRE Ë EX DE LA PREMIÈRE PARTIE. 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS LA PREMIÈRE PARTIE. 


L’initiale placée entre parenthèses après le mot indique l’auteur de l’article, savoir : (B) M. A. Barcixer, de Grenoble; (L) 
M de Lesrix ,. capitaine du génie. Les articles dont les noms ne sont pas suivis d’initiales sont de M. de MontFeRRier. 
Le premier nombre indique la page , le second la colonne. 


Introduction (5). 
Notion: préliminaires. 
Abaco (1. 
Abacus. 
Abaissenent. 
Abeille. 
Abenezra. 
Aberration 
Abondant. 
Abrachaleus 
Abraham-bei-Chija (5). 
Atraham Zadut (5). 
Abrévition. 
Abscisse. 
Abside. 
Absolu. 
Abstrait. 
Absurde. 
Acampte. 
Accélération. 
Accélération de la chue des 
corps (8). 
Accélération des étoile: 
des planètes. 
de la lune. 
Accéléré (mouvement). 
Accord. 
Accores. 
Accroissement. 
Acharnar. 
Achromatique (5). 
Aclaste. 
Acoustique. 
Acre. 
Acbronique. 
Action. 
Acutangle. 
Acutangulaire. 
Adar. 
Addition. 
Adéraimin. 
Adhésion. 
Adhil. 
Adigège. 
Adjacent. 
Aegoceros. 
Aérostation (3). 
Aérostatique. 
Affecté. 
Afection. 
Aflirmative. 
Age de la lune. 
Agent. 
Agnesi (»). 
Aigu. 
Aigle. 
Aile. 
Air. 
Air de vent. 
Aire. 
Aires proportionnelles. 


a 
© 
mm D D D D = mm D D DIS DO me me ee Det 2e 


b 
rs 
= ne NO DO 0e ee et DD De De on 


& 
& 
= 


23 


D 
SJ 
mmbemme DEEE mm DER DER REE EE m 


œ 
a 
» 


Alamak. 
Albatenius (3). 
Albegala. 
Albert le Grand. 
Albireo. 
Alcuin. 
Alcyon. 
Aldébaran. 
Aldhafera. 
Alembert (d”) (8). 
Alexandrie (école d”) (s). 
Algebar. 
Algèbre. 
Algébrique. 
Algedy. 
Algeneb. 
Algol. 
Algomeiza. 
Algorab. 
Algorithme. 
Algorithmie. 
Alhabor. 
Albaioth. 
Alhazen (3). 
Alhoot. 
Alidade. 
Alignement. 
Aliémini. 
Aliquante. 
Aliquote. 
Alkameluz. 
Alliage (règle d’}. 
Allongé. 
Almageste (r). 
Almamon (5). 
Almanach. 
Almerzamonnagied. 
Almicantarat. 
Almucédie. 
Alpberaz. 
Alpheta. 
diphonse X (s). 
“Jphonsines (tables) (5). 
Aramech. 
Aluccabah. 
Alta. 
Alterntion. 
Alterne 
Altimétrs. 
Ambigène. 
Amblygone, 
Amiable. 
Amontons (). 
Amplification. 
Amphora. 
Amplitude. 
Anabibazon. 
Auacamptique. 
Anachronisme. 
Anaclastique. 
Analemmatique. 


D D DD opt het me DD De pue Dé me pt ee ee Dé et ee DO NO OS me De et et Dee Dee et De LS DO et De Dee Dee me Du D KO DO me me ei D et DD DD 19 DO D DO me pe et et DO DD Dee De es Det 


Analemme. 
Analogie. 
Analyse. 
Analytique. 
Anamorphose. 
Anazxagoras (5). 
Anazimandre (»). 
Anazximène (8). 
Anderson. (8). 
Androïde (8). 
Andromède. 
Anelar: 
Anémomètre. 
Anémoscope. 
Anes. 
Angle. 
Angle optique. 
Anguinée. 
Angulaire. 
Anisocycle. 
Anneau de Saturne (5). 
Anneau astr. 
Année (8). 
Annuel. 
Annuité. 
Annulaire. 
Anomalie. 
Anomalistique. 
Anse de panier. 
Anses. 
Antarctique (8). 
Antarés. 
Antécanis. 
Antécédent. 
Antecedentia. 
Anthemius (8). 
Anti-logarithme. 
Antichtones (5). 
Antinous (x). 
Antipodes (5). 
Août. 
Aphélie. 
Apian (5). 
Apocatastase. 
Apogée. 
Apojove. 
Apollonienne. 
Apollonius (8). 
Apomécométrie 
Apothème. 
Apotome. 
Apparence. 
Apparent. 
Apparition. 
Applati. 
Application de l'algèbre à la 
géométrie. 
Application. 
Appliquée. 
Appliquer. 
Apollon. 


AIT 
EEE EE 


MOOD D D EN D pe me me pe mt 9 9 1 mm mt me D ND à À D D & OR Em pt mé et et Det Pet D 9 DO D et ee me DD D 10 M D mt D em D me D D 


75 


LE LE 


#82 


Approcheségales (courbe aux). 112 


Approches fortif. 
Approximation. 
Appui. 
Appulse. 
Appuyé. 
Apsides. 
Apus. 
Aquarius. 
Aqueduc. 
Arameh. 
Arbalète. 
Atbre, 

Arc. 

Arc-boutant, 

Arcas. 

Arc-en-ciel. 

Arche. 

Archimède (s). 

Architecture (3). 

Archytas (3). 

Arçon (3). 

Arctique. 

Arctophilax. 

Arcturus, 

Arctus, 

Are. 

Aréomètre. 

Aréométrie. 

Argetenar. 

Argo. 

Argument. 

Arided. 

Aries. 

Aristarque (3). 

Aristéc (8). 

Aristote (3). 

Avithmétique. 

Arithmomètre. 

Aïruillaire (sphère). 

Armille. 

Arpentage. 

Artificiel, 

Artillerie (8). 

Artimon. 

Arzachell (8). 

Ascendant, 

Ascendante.. 

Ascension. 

Aschémie. 

Aschère. 

Asciens (8). 

Aspect. 

Aspirante. 

Assurance (2). 

- Astaroth. 
Astéréomètre. 
Astério, 
Astérisme, 
Astéroïdes. 
Astérope. 
Astral. 
Astrée. 
Astres. 
Astrodictum. 
Astrognosie. 
Astrokion. 
Astrolabe. 
Astronomie (e), 
Astronomique. 
Astroscope. 
Astrothésie, 

: Asugia. 
Asymétrie. 
Asymptote. 
Asymptotique. 
Atair. 

Ataur. : 

: Atelier. 

‘ Athénée (»). 
Atin. 
Atlantides. 
Atlas. 
Atnosphére, 


ms dé 
PRES 
a Œ © 


mmnmDE DD DD DE DD MD D DE D D D D D mm mm mn D D D D D D mm D D D ND mm D mom RO mt DS RO me me me me me RO DO KO me mt mm KO M 10 RS 1 5 1 RUN D D D à mm me de ee Re 


118 


118 
118 


TABLE ALPHABÉTIQUE, 


terrestre. 

des planètes. 
Atmosphérique. 
Attoucliemént, 
Attraction. 
Attrition, 
Aubes. 
Auges. 
Augmentation. 
Auriga. 
Aurore. 
Austral. 
Autel. 
Autolycus (8): 
Automate. 
Automne. 
Auzout (3). 
Avellan. 
Averroes (8). 
Avicenrre {8}. 
Avril. 
Axe. 
Axifuge. 
Axiome. 
Ayuk. 
Arelphage, 
Azimech. 
Azimut. 


Bachet (s). 
Bacon (3). 
Baculamétrie. 
Bailly (z). 
Baker (3). 
Balance (aser.). 
Palance (méc.). 
Balancement. 
Balancier. 
aleine. 
Balise. 
Baliste. 
Balistique. 
Bandes de Jupiter. 
Baromètre. 


; Baroscope. 


arrow (s). 
Base, 
Pasilicus. 
Bassantin (3). 
Bastion. 
Batardeau. 
Batn-êl-Geyttors. 
Batn-él-Hoat. 
Bâton de Jacob. 
Batyn. 
Pattyat. 
Bayer (). 
Beaune (3). 
Bédos (»). 
Bégala. 
Belidor (r). 
Bélier. 
Bellatrix. 
Bellérophon. 
Benat-él-Naacb. 
Bérénice. 
Bernoulli (s). 
Berose (s). 
Beze. 
Bezout (5). 
Billion. 
Bimédial. 
Binaire (arih.). 
Binome. 

de Neyton. 

des fÆtorielle. 
Biquacratiques équations). 
Biquitile. 
Biss-clion, 
Bisextile. 
Bügrave (9: 
Flondel (s} 


el 
a 
PO De Det Dei De pe ND me ND D mt me me De met D) D D DEN ND D R BR EN 


[S 
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Boisseau. 
Borda (5). 
Boréal. 
Borell (5) 
Boscovich (8). 
Bossut (8). 
Bouc. 

Bouguer (5), 
Boulliau(s). 
Boussole. 
Bouvier. 
Brachystochrone. 
Bradley (4). 
Branche de courbe, 
Bras de levier. 
Prasse. 

Briggs (8) 
Prouette. 
Brounker (>). 
Purin. 
Byrsge(r). 


Cabestan. 
Cadmus. 
Cadran. 
Caïlle (Vabbé de La) (5). 
Calcul, 
Calendes. 
Calendrier. 
Calippe (3). 
Caméléon. 
Camus (8). 
Gancer. 
Canicule. 
Canon. 
GCanopus. 
Capable. 
Capacité. 
Capricorne. 
Caractère. 
Caractéristicie. 
Cardan (e). 
Cardinaux(points). 
Carnot (8) 
Carre (5) 
Carré, 07. Quarré, 
Cartes 
Cas iréductible. 
Cassir (3). 
Casinoiïide, 
Cosiopée. 
Qstelli (z). 
sastor. 
Castramétation. 
Catabibazon. 
Catacaustique. 
Catadioptrique. 
Gatalogue d’étoiles. 
Catapulte. 
athète. 
Catoptrique. 
Cauda lucida. 
Caus. 
Caustique. 
Cavalier (5). 
Céginus. 
Célérité. 
Céleste, 
Centaure. 
Centésimale. 
Central. 
Centrales (forces). 
Centre. 
d'attraction. 
de gravité. 
d’oscillation. 
Centrer. 
Centrifuge (force), 
Centripete (force), 
Centrobarique, 
Cüphée. 
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Cercle. 

Cérès. 

Ceulan (8). 

Ceva (3). 

Chaine. 
Chbainette. 
Chambre obscure. 
Champ. 


Chanzeantes (étoiles). 


Chapiteau. 
Chariot. 

Chène. 
Chercheur. 
Chérubin (se). 
Cheval. 
Chevalet. 
Chevelure. 
Chèvre. 
Chevreaux, 
Chiens. 
Chiliade. 
Chilioyone. 
Choc. 
Chronologie. (8) 
Chronomètre. 
Chute des corps. 
Ciel. 
Circompolaires. 
Circonférence. 
Circonscrire. 
Circonvolution. 
Circuit. 
Circulaire. 
Cissoide. 
Citadelle. 
Clairaut (8). 
Clavius (3). 
Clepsydre. 
Climat. 
Co-Cheou-King (8). 
Cocher. 
Coeflicient. 
Cœur. 
Cohésion. 

Coin. 
Coïncider. 
Collimation. 
Collins (3). 
Collision. 
Colombe. 
Colures. 
Combinaison. 
Comète. 
Commandin (5). 
Commensurable. 
Commun-diviseur, 
Communication. 
Commutation. 
Compagnie (règle de) 
Compas. 
Complément. 
Complexe. 
Composé. 
Composition 
Compression. 
Comput. 
Concave. 
Concentrique. 
Cunchoïde. 
Concourantes. 
Concourir. 
Concours, 
Concret. 
Condamine (8). 
Condo rcet(s). 
Cône. À 
Configuration. 
Congruence. 
Conique. 
Conjointe (règle). 
Conjonction. 
Conjugué. 
Conoiïde 

Conon (3). 


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TABLE ALPHABÉTIQUE. 


Conséquent. 
Consequentia. 
Conspirantes. 
Constante. 
Constellation. 
Construction. 
Contact. 
Contenu. 
Contigu. 
Contingence. 
Continu. 
Continues (fraclions). 
Continuité (1). 
Contour. 
Contraction. 
Çontregarde (1). 
Contre-harmonique. 
Contremines (1). 
Contrescarpe (1). 
Conyergent. 
Converse. 
Gonyersion. 
Convexe. 
Coordonnées. 
Copernic (s). 
Corbeau. | 
Cordes (1). 
Cornet acoustique, 
Corallaire. 
Corps. 
Correspondantes (hauteurs). 
Costrante. 
Cosinns. 
Cosmolabe. 
Cossique (règle). 
Cotangente. 
Côté. 

Cotes (3). 
Couchant. 
Coucher. 
Coulomb (8). 
Coupe. 

Courbe (1). 
Courbure (r). 
Couronne. 
Courtine (1). 
Cousin (8). 
Craige (5). 
Cramer (8). 
Cratistus” (8), 
Crépusculaire. 
Crépuscule. 
Crible. 

Cric (1). 
Croissante, 
Croissant. 
Croix. 

Croix australe. 
Crusiforme. 
Cuesibius (»). 
Cubature. 

Cube. 

Cubique (équation). 
Caltellation. 
Culminant. 
Cunette (1). 
Cunitz (x). 
Gurviligne. 
Cycle. 

Cycloïde (L). 
Cygne. 
Cylindre. 
Cylindrique, 
Cylindroïde. 
Cynosure. 


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D’ Alembert (»). 
Dante (x). 
Dasypodius (»). 
Dauphin. 
Décade. 
Décagonc, 


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Décagramme. 
Décalitre, 
Décamètre. 
Décan. 
Décembre. 
Décharge. 
Décil. 
Décimale. 
Déclin. 
Déclinaison. 
Déclinant (cadran). 
Décomposition des forces. 
des équations. 
Décours. 
Décrire. 
Décuple. 
Décuplé. 
Décussation. 
Dee (5). 
Défectif. 
Défcient. 
Défilement (1). 
Définition. 
Desré, 
Delambre (»). 
Demetrius (8). 
Déemocrite (8). 
Demi. 
Demi-lune (1). 
Démonstration. 
Dendromètre. 
Deneb. 
Dénominateur. 
Densité. 
Densité de la terre. 
Densité des planètes. 
Dento. 
Dérivation. 
Desargues (5). 
Descartes (2). 
Descendant. 
Descepsion. 
Descente. 
Deschales (s). 
Description. 
Descriptive (géométrie). 
Déterminé. 
Déturbatrice. 
Deucalion. 
Développante. 
Développée (1). 
Développement. 
Déviation. 
Diacaustique, 
Diagonale. 
Diamètre. 
Dichotomie. 
Différence. 
Calcul des différences. 
Calcul différentiel. 
Diffraction, 
Digression. 
Dimension. 
Dinocrates (x). 
Dinostrates (»). 
Dioclès (%). 
Dionis du Séjour (8). 
Diophante (3). 
Dioptrique. 
Dee : 
Direction. 
Directrice. 
Discrète. 
Disque. 
Distance. 
aphélie. 
périhélie. 
réelle. 
moyenne, 
proportionnelle. 
apparente. 
accourcie, 
Ditton (»). 
Divergent, 


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Dividende. 
Diviseur. 
Division. 

des fractions. 

complexe. 

alzébrique. 
Division Cén 
Diurne. 
Dodécaëdre. 
Dodécagone. 
Dodécatémorie. 
Doigt. 
Dotlond (s). 
Dominicale (lettre). 
Dominis (8). 
Donné. 
Dorade. 
Double. 
Doublé. 
Dracontique. 
Dragon. 
Drebbel(s). 
Droit. 


Duplication du cube (s). 


Dynamique. 
D'ynamomètre. 


Echecs. 
Echelle. 
des dixmes. 
logarithmique. 
arithmétique. 
Echelles de pente (1). 
Echo. 
Eclipse. 
lunaire. 
solaire. 


Scliptique. 


DDR DR D RE D D ND N De mt ot me me me em N NON ON 


DD D ND mm D D D em 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


Ecoulement. 
Lcrevisse. 
Ecu de Sobieski. 
Egal. 
Egalité. 
Eïimmart (s). 
Elasticité (8). 
Elastique (courbe). 
Elémens. 

du système solaire. 
Elévation 


Elévation aux puissances. 


Elgebar. 
Elimination. 
Ellipse. 
Ellipsoïde, 
Elliptique (compas). 
ÆEl-Mamoun (»). 
Elongation. 
Engendrer. 
Engin. 
Engrenage (1). 
Enif. 
Ennéadécaétéride. 
Ennéagone. 
Epacte. 
Ephémérides. 
Epi de la Vierge. 
Epicyole (1). 
Epoque. 
Equant 
Equateur. 
Equations (a/g.) 
binomes. 
trinomes. 
réciproques 
transcendantes. 
exponentielles. 
de différences. 
Equation (astr). 
du temps. 


FIN DE LA TABLE. 


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Sri 
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Six 
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513 
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514 
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530 
535 
535 
535 
535 
535 
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535 
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538 
538 
538 
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562 
555 
557 
558 
559 
559 
560 


mem mm NN D mm ND mm ND D D D NO me me oi on mt on in NO ND NO = DD DO D = N° DD D NO me me ne mi ve 


de l'orbite. 

des hauteurs correspon- 

dantes. 
Equatorial. 
Equerre. 
Equiangle. 
Equidifférence; 
Equidistant. 
Equilatéral, 
Equilibre. 
Equinoxe, 
Equinoxial. 
Equipage. 
ÆEratosthènes (5). 
Fre (5). 
Eridan. 
Erreur. 
Escompte (règle d’). 
Espace. 
Essieu. 
Etablissement du port. 
Eté. 
Etoile. 
ÆEuclide (s). 
Eudoxe (r). 
Euler (»). 
ÆEutocius (»). 
Evanouir. 
Evection. 
Excentricite. 
Exclusion. 
Exégése. 
Excentrique. 
Exhaustion. 
Exponentiel. 
Exposant,. 
Expression. 
Externe. 
Extraction des racines, 
Extrados. 
Extrême. 


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