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DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES.
TOME XXIX.
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Le nombre d'exemplaires prescrit par la lot a été
déposé. Tous les exemplaires sont revêius de la signature
de l'éditeur.
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES NATURELLES,
DANS LEQUEL
ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE,
CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, D'APRÈS L'ÉTAT ACTUEL DE
NOS CONNOISSANCES) SOIT RELATIVEMENT A L'UTILITÉ QU'EN
PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, L'AGRICULTURE, LE COMMERCE
ET LES ARTS.
SUIVI D’UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES
NATURALISTES.
Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans,
aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à
connoître 1e productions de la nature, leurs caractères génériques
et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages.
PAR
Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales
Écoles de Paris.
TOME VFINGT-NEUVFIÈME.
F. G. Levrauir, Éditeur, à STRASBOURG,
et rue des Fossés M. le Prince, N.° 31, à PARIS.
Le Norwanr, rue de Seine, N.° 8, à PARIS.
10923.
Liste dés Auteurs par ordre de Matières.
Physique générale.
M. LACROIX, membre de l'Académie des
Sciences et professeur au Collége de
France. (L.) à
Chimie.
M. CHEVREUL, au Collége
royal de Charlemagne. (C«.)
professeur
Minéralogie et Géologie.
M. BRONGNIART, membre de l'Académie
des Sciences, professeur à la Faculté des
Sciences. (B.)
M. BROCHANT DE VILLIERS, membre
de l’Académie des Sciences. ( B. ne V.)
M. DEFRANCE, membre de plusieurs
Sociétés savantes. (D. F.)
Botanique.
M. DESFONTAINES , membre de l'Académie
des Scicnces. (Desr.)
M. DE JUSSIEU, membre de l’Académie
des Sciences, prof. au Jardin du Roi. (J.)
M. MIRBEL, membre de l'Académie des
Sciences, professeur à la Faculté des
Sciences. (B. M.)
M. HENRI CASSINI, membre de la Société
philomatique de Paris. (H. Cass.)
M. LEMAN, membre de la Société philo-
matique de Paris. (Lew.)
M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS,
Docteuren médecine, membre de plusieurs
Sociétés savantes. (L. D.)
M. MASSEY. ( Mass. )
M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés
savantes et littéraires, continuateur de
l'Encyclopédie botanique. (Poir.)
M. DE TUSSAC, membre de plusieurs
Sociétés savanies, auteur de la Flore des
Antilles, (De T.)
Zoologie générale, Anatomie et
Physiologie.
M. G. CUVIER, membre et secrétaire per-
pétuel de l’Académie des Sciences, prof. au
Jardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. ou G.)
Mammifères.
M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre
de l’Académie des Sciences , prof. au Jardin
du Roi. (G.)
Oiseaux.
M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés
savantes, (Cx. D.) «
Reptiles et Poissons.
M. DE LACÉPEDE, membre de l’Académie
des Sciences , prof. au Jardin du Roi. (L. L.)
M, DUMERIL, membre de l'Académie des
Sciences, professeur à l'École de méde-
cine. (CG. D.)
M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C.)
Insectes.
M. DUMERIL, membre de l’Académie des
Sciences, professeur à l'École de médecine.
(Gb
Crastacés.
M. W. E. LEACH , membre de la Société roy.
de Londres, Correspond. du Muséum d’his-
toire-naturelle de France. { W. E. L.)
M. À. G. DESMAREST, membre titulaire de
l'Académie royale de médecine, professeur
à l'école royale vétérinaire d’Alfort, etc.
Mollusques, Vers et Zoophytes.
M. DE BLAINVILLE, professeur à la Faculté
des Sciences (De B.)
M, TURPIN, naturaliste, est chargé de
l'exécution des dessins et de la direction de
la gravure.
MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques articles sur les objets
nouveaux qu'ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets dout ils se sont
plus particulièrement occupés. M. DE CANDOLLE nous a fait la même promesse.
M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera aux
articles généraux de zoologie et à l’histoire
des mammifères. (EF. C.)
DICTIONNAIRE
DES.
SCIENCES NATURELLES.
MAN
ManBéaAER. (Ornith.) Les habitans de la terre des Papous
appellent ainsi un kakatoës blanc. (Cr. D.)
MANBOBEK. (Ornith.) Ce nom désigne le Hi er a la
terre des Papous. (Cr. D.)
MANBOETOBANNA ( Bot.), nom caraïbe du béilèné bipin-
nata, cité dans l’Herbier de Surian. (J.)
MANBOULOU ( Bot. ), nom caraïbe cité par Surian, d’une
plante Tor dont Plumier fait un milium, et qui paroît
appartenir à un poa. (J.)
MANBROUK. (Ornifh.) L'oiseau ainsi nommé par les Pa-
pous est le pigeon couronné de Banda ou goura, columba co-
ronala, Linn. (Cu. D.)
MANCANILLA. (Bot.) Nom caraïbe adopté par Plumier,
de l'arbre des Antilles nommé par cette raison en françois
mancénillier. Il a été rejeté peut-être à tort par Linnæus, qui
en à fait son hippomane. Le nom de mancanilla est encore
donné, suivant Clusius, dans les environs de Murcie en Es-
pagne, à la cämomille, et peut-être aussi à quelques gna-
phales. (J.)
MANCAPAQUI. ( Bot.) Nom péruvien des deux espèces du
genre Virgularia de la Flore du Pérou, genre voisin du ca-
praria parmi les personnées. On le donne aussi au calceolaria
pinnata de la même famille. Feuillée cite encore dans le Chili,
29e d
: * MAN
sous le nom de mangapaki, une plante qu’il regarde comme
une conyse. (J.)
MANCÉNILLIER, Hippomane. ( Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones, à fleurs monoïques, de la famille des euphorbia-
cées, de la monoécie monadelphie, dont le caractère essentiel
est d’avoir des fleurs monoïques : dans les mâles, un calice
bifide, point de corolle; quatre étamines, à filamens soudés
en un seul, et à anthères arrondies et disposées en croix; dans
les fleurs femelles, un calice à trois divisions, un ovaire, un
style court; plusieurs stigmates , un drupe charnu, laiteux,
renfermant une noix ligneuse , à plusieurs loges monospermes,
presque indéhiscentes.
MancÉNILLIER VÉNÉNEUX : Hippomane mancenilla , Linn.;
Lamck., Ill, gen., tab. 793; Commel., Hort., 1, tab. 68; Sloar.,
Jam., 129, hist. 2, tab. 159. Arbre trés-renommé par la qua-
lité vénéneuse attribuée au suc laiteux qui découle de toutes
ses parties. Ses rameaux sont glabres, nombreux, souvent
ternés, revêtus d’une écorce grisàtre ; les feuilles pétiolées,
alternes , éparses, ovales, aiguës, un peu en cœur à leur base,
vertes, luisantes, médiocrement dentées en scie, longues de
trois à quatre pouces; les stipules courtes, ovales, caduques;
les fleurs petites, monoïques, réunies sur des épis droits, peu
garnis : les mâles agglomérées par paquets dans des écailles
concaves , éparses et distantes dans presque toute la lon-
gueur des épis, avec deux grosses glandes latérales, orbicu-
laires, à la base des écailles : les fleurs femelles solitaires et
sessiles ; quelquefois une ou deux dans le bas des épis mâles,
les autres sur de jeunes rameaux qui ne portent point d’épis.
Les fruits ont la forme, la couleur et l’odeur d’une petite
pomme : leur écorce est luisante , d’un vert jaunâtre; la pulpe
blanche et laiteuse; la noix de la grosseur d’un marron,
profondément sillonnée, ordinairement à sept valves, à sept
loges monospermes, armée d’apophyses aiguës, tranchantes,
irrégulières. Cette plante croît aux lieux sablonneux, sur les
bords de la mer, dansles Antilles etautres contrées de l'Amé-
rique méridionale.
La plupart des auteurs disent que le mancénillier fournis-
soit un bois dur, compacte , d’un beau grain, de très-longue
durée, prenant aisément le poli; qu’il est d’un gris cendré, veiné
MAN 3
de brun, avee des nuances de jaune, tres-fréquemment em-
ployé en Amérique pour des meubles élégans, des boiseries
etautres usages domestiques. M. de Tussat prétend quele bois,
dont il est ici question, n’est point celui d’un mancénillier,
mais d'un sumac qui porte quelquefois Le nom de mancénillier
des montagnes. Selon le même auteur, le bois du véritable
-mancénillier est mou, et ne peut servir à faire des meubles.
Son exploitation est, dit-on, trés-diffcile, par le danger au-
quel s’exposent ceux qui abattent ces arbres : les ouvriers qui
les scient et les mettent en œuvre, sont sujets à être incom-
modés par la poussière qui s’en dégage. Quand on veut abattre
un de ces arbres, on commence par environner le pied d’un
grand feu de bois sec, afin de priver la base du tronc de son
suc laiteux; ce n’est que lorsque l’on juge qu’il est suffisam-
ment évaporé, qu’on se permet de se servir de la hache; de
plus, les ouvriers ont la précaution d’entourer leurs yeux
d’une gaze , de crainte que des molécules ou quelques gouttes
de liqueur ne s’y introduisent, et n’y excitent des inflamma-
tions dangereuses. Les habitans de la Martinique ont autrefois
consumé par le feu des forêts entières de mancénilliers, afin
de purger leurs habitations de cet arbre malfaisant.
Le suc laiteux, qui découle de toutes les parties du man-
cénillier, est trés-blanc, trés-abondant, très-caustique, et
trés-vénéneux. Une goutte de ce suc, reçue sur le dos de
la main, y produit bientôt une ampoule pleine de séro-
sité, comme feroit un charbon ardent, ce qui peut faire
juger des ravages qu’il causeroit, si on le prenoït à l’intérieur.
Les Indiens trempent dars ce sue le bout de leurs flêches
qu'ils veulent empoisonner; elles conservent très-long-temps
leur qualité vénéneuse. On a dit que le mancénillier étoit
dangereux jusque dans son ombre, et même dans la pluie
qui avoit été en contact avec son feuillage ; mais ces récits pa-
roissent exagérés. Plusieurs voyageurs, Jacquin en particu-
lier, se sont souvent reposés sous cet arbre, durant l’espace
de trois heures, sans éprouver le moindre RES etJacquin
a reçu sans Hohitodité sur les parties nues de son corps la
pluie qui tomboit à travers la cime du mancénillier. Nous
croyons cependant qu'il n’est pas sage de rester exposé aux
vapeurs de cet arbre, surtout lorsque les chaleurs sont ex-
Ve
A NAN
cessives , et dans les momens où il transpire davantage. Il peut
résulter, pour les personnes qui resteroient plongées trop long-
temps dans son atmosphère, des maux de tête, des inflamma-
tions aux yeux, des Cuissons aux lèvres, etc. Les huileux, les
mucilagineux et les adoucissans remédient aux mauvais effets
du mancénillier. On dit qu’un gobelet d’eau de la mer, bu
sur-le-champ et à longs traits, suflit pour guérir promptemenut
ceux qui auroient eu le malheur d’avaler quelques parcelles
du fruit de cet arbre. (Porr.)
MANCHE DE COUTEAU. ( Conchyl.) C’est le nom vulgaire
d’un certain nombre d’espécesde so!len, dont la forme alongée,
étroite , à bords paralléles, rappelle assez bien celle de nos
manches de couteau; le solen-gaine, solen vagina, est surtout
dans ce cas. Voyez Socex. ( DE B.)
MANCHE-HACHES. (Bo.) Voyez Caraïre. (J.)
MANCHEHOUÉË. ( Bot.) Voyez Bois De Mancusnové. (J.)
MANCHE DE VELOURS. (Ornith.) Cette dénomination est
une traduction de celle de Mangas de veludo, originairement
donnée par des navigateursportugais à desoiseaux qui changent
de plumage jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur troisième année,
et de la vient la discordance qu’on remarque dans les récits,
toujours peu exacts, des marins, habitués à appliquer vague-
ment la premiére idée qui les frappe à des êtres qu'ils n’ont
souvent pas l’occasion d'examiner de près. Parmi ceux qui les
premiers ont parlé de ces oiseaux, sont le capucin Merolla,
dont la relation est analysée dans l'Histoire générale des
Voyages, sous la date de 1682, tome IV, in-4.°, pag. 528 et
suiv., et le P. Tachard, dans son Voyage à Siam. Le premier
dit que les oiseaux, dont ils’agit, sont de la grosseur d’une oïe,
qu’ils -ont le bec long, le plumage d’une extrême blanchèur,
et sont des messagers qui annoncent l'approche de la terre, où
ils retournent tous les soirs après avoir volé pendant le jour .
sur la mer. Le second ajoute que la pointe de leurs ailes
est d’un noir velouté, et c’est à cette derniere circonstance
que leur nom semble principalement être dû ; mais Linschott,
cité par Dapper, dans sa Description de l'Afrique, pag. 565,
parle d'individus dont les ailes étoient piquetées de noir, et
il ya ün moyen fort simple de concilier ces variations.
Les manches de velours sont des fous, sula, que.les natura-
MAN 5
listes ont considérés comme formant plusieurs espèces, peintes
sous diverses dénominations dans les Oiseaux enluminés de
Buffon , ais qui n’en constituent qu’une seule sous des états
différens. On peut, en effet, s'assurer par la lecture du mot
Fou , tome XVII, pag. 275 de ce Dictionnaire ,que c'est seule-
nent a l’âge de trois ans quelle fou de Bassan, pelecanus bassanus,
Lino., acquiert une couleur parfaitement blanche sur toutes
les parties du corps, à l'exception des rémiges et de l'aile bà-
tarde, qui deviennent d’un beau noir de velours, ce qui a tout
naturellement donné naïssance au nom de l'oiseau.
On auroit tort de regarder les manches de velours comme
particuliers à certaines plages; ils sont fort répandus dans l'an-
cien continent, et notamment sur les côtes d'Afrique, sur le
banc des Aiguilles, et dansles environs du cap de Bonne-Espé-
rance. Bernardin de Saint-Pierre dit, dans son Voyage à l'Ile-
de-France, tome I.*, pag. 65, en avoir vu à la hauteur du
cap Finistère, et la circonstance des ailes bordées de noir prouve
qu'il ne s’est pas trompé sur l'espèce, quoique, sans doute à
cause de l'éloignement , ilne les ait assimilés, pour la grosseur,
qu’au canard. Ce qu'il ajoute, sur leur habitude de revenir
tous Les soirs a terre, n’est pas toujours exact; car, malgré
l'opinion des gens de mer sur ce point, ils s’éloignent quelque-
fois au large à d'assez grandes distances pour ne pouvoir pas
retourner à terre dans la même journée. En effet, le capitaine
Marchand, se trouvant à 22 degrés et demi de latitude sud , et
à environ 120 lieues dans l’ouest de la terre d'Afrique la plus
prochaine, a vu des manches de velours qui, mêlés avec des
albatros et des péirels, l'ont constamment suivi du 13 au 22
mai. (Cu. D.)
MANCHETTE DE LA VIERGE ( bot.), un des noms vul-
gaires du liseron des haies. { L. D.)
MANCHETTE DE NEPTUNE. ( Conchyl. et Polyp. j Les mar-
chandsd’objets d'histoire naturelle emploientquelquefois cette
dénomination pour désigner une espèce de buccin , le buccinum
bezoar de Gmelin, sans doute à cause des espèces de dente-
lures que forment les rugosités dont il est orné; mais le plus
souvent ils désignent ainsi l'espèce de millepore, qui fait le
type du genre Retépore de M. de Lamarck; le Rerérore DEN-
TELLE DB MER, Retepora cellulosa, Voyez Rerérore. (DE B.)
6 MAN
Les MANCHETTES GRISES. (Bot.) Paulet (Trait,, 2,p..237,
pl. 46, fig. 3) fait connoître sous ce nom un agaric de sa fa-
mille des bassets à crochet. Ce champignon, de couleur grise
glauque, croît en touffe au pied des arbres dans la forêt de
Sénart. Son chapeau est sillonné ou plissé en quelque sorte
comme une manchette et d'apparence soyeuse. Ses feuillets
sont inégaux et adhérens au stipe. Celui-ci a un pouce et
demi ou deux de hauteur. Cette plante n’est pas malfaisante.
(Lem.)
MAN CHIBOCÉE, ( Bot. ) C’est le nom que les Gonsitibs don-
nent aux fruits du Mammeï. Voyez ce nom. (Lem.)
MANCHOT. (Ichthyol.) Nom spécifique d’un poisson plat
de la famille des hétérosomes. C’est le pleuronectes mancus, des
auteurs. Voyez Preuronects et Turzor. (H. C.)
MANCHOT. (Ornith.) Les oiseaux ainsi appelés sont les
moins volatiles que l’on connoisse : leurs pieds étant placés
plus en arrière que chez tous les autres palmipèdes, ils sont
obligés, pour se soutenir à terre , de se tenir debout en s’ap-
puyant sur le tarse, qui est court et élargi comme la plante
du pied d’un quadrupède. Au lieu d’ailes munies de pennes,
ils n’ont que de simples ailerons pendans , qui ne sont recou-
verts que de rudimens de plumes ayant l'apparence d’écailles,
et qui, faisant l’oflice de nageoires dans l’eau , peuvent tout
au plus, hors de cet élément, servir de balanciers pour les
aider à se maintenir en équilibre dans leur marche vacillante.
M. Geoffroi de Saint-Hilaire a lu en 1798 à la Société phi-
lomathique des observations sur les manchots, qui ont ensuite
été insérées au tome 6. du Magasin Encyclopédique, troisième
année, pag. 11. Il y a comparé leur organisation à celle des
phoques, surtout pour la conformation des pieds qui n’offrent
pas, comme chez les autres oiseaux, un os unique, alongé,
relevé et faisant partie de la jambe. Le tarse est au contraire
composé de trois pièces , dont les deux externes sont presque
totalement soudées par leurs bords contigus, etles deux pièces
extérieures disjointes vers le milieu et à leur extrémité in-
férieure : d’où il résulte que les manchots marchent autant
sur le tarse que sur le reste du pied, tandis que tousles autres
oiseaux ne s'appuient que sur les doigts.
Brisson a divisé les manchots en deux genres , dont les ca-
MAN ie 07
ractères ne diffèrent qu’en un seul point assez peu important,
savoir que chez l’un le bout de la mandibule inférieure est
tronqué, tandis que chez l’autre il est arrondi. Cet auteur a
_ appliqué au premier genre, ou manchot proprement dit, le
nom de spheniscus donné par Mochring aux macareux, et au
second genre le nom françois de gorfou, tiré de goirfugl, qui
aux îles Féroé est celui du grand pingouin, et lé nom grec de
cakarractes , originairement employé pour désigner un oiseau
volant très-bien et se précipitantsursa proie, c’est-a-dire vrat-
semblablement une espèce de mouette. Il le présente d’ail-
leurs comme ayant quatre doigts, dont les trois antérieurs
sont joints ensemble pe des membranes entières, outre une
petite membrane qui règne le long du côté intérieur du doigt
interne; les jambes placées tout-à-fait en arrière et cachées
dans l’abdomen ; le bec droit, et le boit de la mandibule su-
périeure crochu.
Forster a donné aux manchots le nom d’aptenodytes, lequel
a été adopté, pour les diverses espèces, par Gmelin, par La-
tham et par Illiger, qui les comprennent toutes sous des ca-
ractères généraux, consistant en un bec droit, légèrement
comprimé, un peu tranchant, dont la Handiiite supérieure,
crochue à la pointe, est sillonnée obliquement, et dont l’infé-
rieure est tronquée; des pieds tétradactyles dontlestrois doists
antérieurs sont palmés , et dont le pouce, qui manque dans
une espèce, est trés-court , tourné en devant, et uni au doigt
intérieur par sa base ; des narines longitudinales placées dans
le sillon de Ia mandibule supérieure ; une langue conique et
garnie, ainsi que le palais, de piquans tournés en arrière ;
des ailes courtes en forme de nageoires, dont Ia peau n'est
recouverte que de quelques petits tuyaux de plumes, nulle-
ment propres au vol; la queue remplacée par un petit fais-
ceau de plumes.
M. Vieillot, appliquant 1e nom de spheniscus à la famille
des RU l’a sous-divisée en deux genres, les gorfous
eudyptes, qui ont la mandibule supérieure crochue, l’infé-
rieure arrondie ou tronquée à la pointe; et les Abténodyies,
aplenodytes , dont le bec estalongé, droit, subulé , grêle, cylin-
drique, pointu et incliné versle bout de sa partie supérieure.
Cet auteur range presque toutes les espèces dans le prgnier de
8 ; MAN
ces genres, et l’apténodyte papou seukment dans le se-
cond.
M. Temminck, sans adopter de type commun, distribue les
oiseaux dont il s’agit en deux genres particuliers. Les sphé-
nisques, spheniscus, ont, pour caractères principaux, le bee
plus court que la tête, comprimé, très-gros, droit, silionné
obliquement, dont les deux mandibules ont leurs bords flé-
chis en dedans, et dont l’inférieure, couverte de plumes à sa
base, est tronquée ou obtuse à la pointe : dans ce genre, se
trouvent placés les aptenodyles chrysocome, demersa et minor
de Gmelin et de Latham.
Le même ornithologiste réserve le nom de manchot, apteno-
dytes, à son secand genre, composé d’espècesquiontle bec plus
long que la tête , grêle, droit, fléchi à la pointe , avec les man-
dibules à peu prés égales, dont la supérieure est sillonnée dans
toute sa longueur, et dont l’inférieure, plus large à sa base,
est couverte d’une peau nue et lisse. Ce genre comprend les
aptenodytes patachonica, chiloensis et papua de Sonnerat.
Enfin, suivant M. Cuvier, dans son Règne animal, on peut
diviser les manchots en trois sous-genres : savoir, 1.° les Maw--
cuo1s proprement dits, aplenodytes, dont le bec est grêle,
long , pointu, et la mandibule supérieure un peu arquée vers
l'extrémité, couverte de plumes jusqu’au tiers de sa longueur,
où est la narine, et d’où part un sillon qui s'étend jusqu’au
bout. L'auteur cite pour espèce l’aptenodytes patagonica.
2.* Les Gorrous, dont le bec, fort, peu comprimé, pointu,
à dos arrondi, à pointe légèrement arquée , a un sillon qui
part aussi de la narine, et se termine obliquement au tiers
du bord inférieur. Les espèces que l’auteur y admet sont les
aptenodytes chrysocome , catarractes, papua, torquata, minor.
3.° Les SrPHÉNISQUES, chez lesquels le bec est comprimé,
droit, irrégulièrement sillonné à sa base, le bout de la man-
dibule supérieure crochu, celui de l’inférieure tronqué, et
dont les narines, situées au milieu du bec, sont découvertes.
L'auteur n'indique pour ce sous-genre que l’aptenodyles de-
mersa , dont l'aptenodytes torquala ne lui paroit pas beaucoup
différer.
Comme sous le mot Gorrou, tom. XIX de ce Dictionnaire,
on a renvoyé au mot Mancuo= la description des diverses es-
/
MAN 9
pèces portant vulgairement ce dernier nom, il a paru con-
venable de commencer cet article par l'exposition des ca-
ractères d’après lesquels les ornithologistes modernes ont
cru pouvoir les diviser. Il existe d’ailleurs tant d’ineertitudes
sur la plupart des espèces, admises par les uns, rejetées par
d’autres, qu’on ne sauroit les présenter comme constantes
sans risquer de commettre des erreurs. Il est même difhcile
d'établir une concordance exacte dans les synonymies.
Ces oiseaux qu’on ne trouve que dans les mers et les îles
antarctiques, tandis que la nature semble avoir assigné les
mers du Nord aux pingouins, ont le cou gros et court, la
peau dure et épaisse comme celle du cochon; leur ventre est
couvert d’une grande quantité de graisse. On a déjà exposé
que, vu la situation de leurs pieds, ils sont forcés de se
tenir debout par terre, et comme assis sur leur croupion.
Réunis en troupes, ils ressemblent en quelque sorte de loin à
des enfans, et se laissent approcher en penchant la tête de
côté et d'autre. On peut les prendre à la course et les assom-
mer à coups de pierres ou de bâton ; mais on ne doit pas
attribuer à la stupidité ce qui n’est qu’une conséquence na-
turelle de leur conformation, laquelle ne leur permet pas dese
soustraire avec assez de rapidité à des dangers que d’ailleurs
ils connoissent peu dans leurs habitations désertes. S'ils sort
surpris, ils se défendent en donnant des coups de bec aux
jambes :ils ont même recours à la ruse, et, en paroissant
fuir d’un côté, ils se retournent prestement, et pincent si
fort qu’ils emportent la peau, quand les jambes de ceux qui
les attaquent ne sont pas bien garnies. Au reste ils viennent
rarement sur terre, hors le temps des couvées qu’ils font dans
de petitesiles le long de la côte ; ils se tiennent deboutsur leur
nid où les femelles ne paroiïssent en général poudre que deux
ou trois œufs, quoique Molina dise que le manchot du Chili
en fait dans le sable six ou sept qui sont blancs et tachetés de
noir. |
Suivant Pagès, dans son Voyage autour du monde, les aile-
rons des manchots leur serviroient de temps en temps de
pattes de .devant, et alors ils marcheroiïent plus vite; mais
cette assertion ne sauroit être admise, puisque l'attitude ver-
ticale est une conséquence de la situation de leurs jambes, et
5
*
10 MAN
qu’êlle est inconciliable avec l’emploi prétendu des ailerons ,
qui les forceroit à se courber, et qui ne peut avoir lieu que
dans le cas où ils s’en aideroient pour éviter une chute, ou
pour se relever. x
Graxp Maxcuor. Cet oiseau, le plus grand du genre, et qui
a trois et jusqu’à quatre pieds de longueur, est l’aptenodytes
patachonica de Gmelin, de Latham,deM.Temminck, etle grand
gorfou de M. Vieillot. On en trouve la figure dans les planches
enluminées de Buffon, n.° 575, sous la dénomination de man-
chot des iles Malouines. C’est aussi le même oiseau qui est re-
présenté dans le Voyage de Sonnerat à la Nouvelle-Guinée,
pag. 176, pl. 113. Le bec, plus long et plus délié que celui des
autres espèces, est noir dans les deux tiers de son étendue,
mais la pointe de la mandibule supérieure est jaunâtre, et la
base de la mandibule inférieure est orangée; l'iris est de cou-
leur noisette; la tête, le dessus du cou et la gorge sont d’un
brun noir; une bande jaunâtre et bordée de noir passe der-
rière les oreilles, sous les yeux, et s’étend sur les côtés du cou;
le dos est d’un cendré bleuâtre, et tout le dessous du corps est
blanc; les tarses sont courts et écailleux, les doigts fort gros et
d’un brun noir, ainsi que les membranes. Leur chair est noire,
et a un goût musqué.
Quand ces oiseaux font entendre leur voix, qui ressemble
au braiment d’un âne, ils alongent le cou, ce qui, dit Bou-
gainville, donne un air de noblesse à leur allure. On les voit
ordinairement en troupes ; et quelquefois au nombre de qua-
rante; mais, quoiqu'ils paroissent rangés en bataille, ils s’ef-
forcent de fuir du côté de l’eau, lorsqu'ils en ont le temps;
et, dés qu’ils en trouvent assez pour couvrir leur cou et leurs
épaules, ils s’y enfoncent et nagent avec tant de vitesse qu’au-
cun poisson ne peut les suivre. Lorsqu'ils rencontrent quelque
obstacle, ilss’élancent à quatre ou cinq pieds hors de l’eau, etre-
plongentensuite pour continuer leur route. Bougaïinville avoit
formé le projet de transporter vivant en Europe un individu
qui mangeoit le pain et la viande comme le poisson, et qu’on
avoit apprivoisé jusqu’à connoitre et suivre celui qui étoit
chargé de le nourrir; mais ces alimens ne lui suflisoient pas,
sans doute, et il est mort aprés avoir successivement maigri.
Cesoiseauxnese rencontrent passeulement aux îles Falkland
MAN | 11
ou Malouines, mais dans plusieurs autres îles de la mer du
sud, au détroit de Magellan, et même à la Nouvelle-Hollande.
Ils se logent dans les glayeuls, comme les loups marins, etse
terrent dans des tanières, comme les renards.
Mancaor sauTEUR : Aptenodytes chrysocome, Gmel. et Lath.;
Gonrou sauTeur de MM. Cuvier et Vieillot, espèce du genre
Sphénisque de M. Temminck. Cet oiseau , représenté sous le
n.° 984, dans les pl. enl. de Buffon, avec la dénomination de
Manchot de Sibérie, dont l’auteur lui-même a reconnu la faus-
seté, puisqu'il n’habite pas dans les régions septentrionales,
a été trouvé par des voyageurs aux terres magellaniques, à celle
de Van-Diémen , dans l’île de la Désolation, au cap de Bonne-
Espérance. De la taille d’un fort canard, il n’a qu'environ un
pied et demi de longveur, et se distingue surtout des autres
espéces par une aigrette jaune qui, partant des sourcils, s’é-
tend des deux côtés de la tête vers l’occiput, et se relève
lorsque l’oiseau estirrité. Les narines sont situées versle milieu
du bec, qui est glabre et de couleur rougeâtre aïnsi que l'iris.
Le dessus de la tête, la face, le dessous du cou, le dos et les
ailes sont d’un noir bleuâtre, et toutes les parties inférieures
d’un blanc de neige; les pieds sont jaunâtres. Le nom de sau-
teur a été donné à cet oiseau parce qu'au lieu de marcherilne
se transporte d’un place à une autre que par sauts et par
bonds. C’est probabiement d’après cette circonstance que Bou-
gainville, tom. 1, pag. 122 de son Voyage autour du monde,
attribue à cette espèce plus de vivacité qu'aux autres. Cet au-
teur dit aussi qu'il vit en famille sur de hauts rochers, et y
fait sa ponte qui, suivant Latham, né consiste qu’en un seul
œuf, que la femelle dépose à terre dans un creux. M. Levaillant,
qui a trouvé l'oiseau dont il s’agit dans la baie de Saldanha
et au lac Perdu, et qui en parle dans ses Voyages au cap de
Bonne-Espérance, pag. 42 du I.”, et pag. 357 du II.°, édition
in-4.°, a accompagné sa première notice d’une figure qui laisse
mieux voir le doigt de derrière que lesautres; mais, loin d’être
d'accord avec Bougainville sur la vivacité de ces animaux,
il annonce que; bien dressés sur leurs pattes, ilsnese donnoient
même pas la peine de se déranger pour laisser passer tes per-
sonnes qui s’'avançoient vers eux.
Mancuo® rArou; Aptenodytes papua, Gmel., Lath. Sonne-
AE MAN
Tat a décrit cet oiseau dans son Voyage à la Nouvellé:Gui-
née, pag. 181, etilen a donné une figure, pl. 115. C’est,
Comme on en a déjà fait l'observation , la seule espèce du genre
Apténodyte de M. Vieillot; ellese trouve à la Nouvelle-Guinée
et aux îles Falkland et des Papous; sa longueur excéde deux
pieds; sa tête et son cou sont d’un gris tirant sur le noir ; elle
a sur chaque côté de la tête, au-dessus de l'œil, une grande
marque blanche, et les deux sont réunies à l’occiput par une
raie étroite de la même couleur : le cou, le dos et la queue sont
d’un noïrtirantsur le bleu; lesailesle sont aussi dans le milieu,
mais le bord extérieur est gris et l’intérieur blanc, ainsi que
la poitrine, le ventre et les cuisses; l'iris est jaune; le bec et
les piedssont roussàtres.
Maxcnor racneté; Apienodytes demersa , Lath. et Gmel. Cet
oiseau porte sur la PI. enl. de Buffon, n.° 382, le nom de
manchot du cap de Bonne-Espérance; mais il se trouve en
beaucoup d’autres contrées, et Latham regarde comme appar-
tenant à la même espèce le manchot à bec tronqué de Buffon,
le manchot tachelé de Brisson , le pingouin à lunettes de Pernetty,
de sorte qu’enle décrivant, il seroit difficile d’éviter des confu-
sions. La longueur de ce manchot est de près de vingt pouces.
Son bec, noirâtre, alamandibuleinférieure tronquée à l’extré-
mité, etune bandelette d’un blancjaunâtrelestravérse perpen-
diculairement toutes deux vers la pointe. Le mâle a de plus un
sourcil blanc : le dessus du corps, les côtés de la tête et la gorge
sont noirs; une sorte de scapulaire de la même couleur part du
baut dela poitrine, qui est blanche ainsi que les parties infé-
rieures, et s'étend sur les flancs; mais cette particularité ne se
rencontrepascheztouslesindividus, etlaplanche:005 de Buffon
en représente un qui en est dépourvu et a tout le dessous du
corps blanchätre. Buffon pense que celui-ci est une femelle,
ct l’on seroiïit peut-être mieux fondé à le considérer comme
un jeune. Les pieds et les ongles sont noirs. |
Ce sont probablement des manchots de cette espèce qui ont
donné lieu à la petite scène dont parle Forster dans le seeond
Voyage du capitaine Cook. Le docteur Sparrman étant sur la
terre des Etats, rencontra des manchots endormis, et tenta
d’en réveiller un en le roulant à une certaine distance, mais on
n’y parvint qu'en le secouant à différentes reprises. La bande
MAN . 5
se leva ensuite tout entière, et se précipita avec violence
sur ceux qui l’entouroient en mordant leurs jambes et leurs
habits. Pour s’en débarrasser on fut obligé d’en laisser un grand
nombre sur le champ de bataille ; maïs, tandis qu’on poursui-
voit les autres, on fut surpris de voir les premiers se relever
et reprendre gravement leur marche.
MM. Gaimard et Quoy, médecins naturalistes de l’expédi-
tion de découvertes autour du monde , commandée par le ca-
pitaine Freycinet, ont bien voulu communiquer à l’auteur de
cet article des notes intéressantes sur cette espèce de manchots
dont ils ont été à portée d’observer les mœurs aprés le nau-
frage de l’Uranie; en voici l’extrait:
On trouve aux iles Malouines le grand manchot et le man-
chot huppé; mais ces oiseaux, qui s’avancent trés-loin dans la
mer où ils se reposent vraisemblablement sur les îlots de glaces
flottantes, sont fortraresaux Malouines, tandisque l’aplenodytes
demersa, la même espèce que celle du cap de Bonne-Espérance,
n’est nulle part aussi nombreux que dans les petites îles qui y
sont enclavées, et surtout dans celle àlaqueile on a mala propos
donné le nom d'ile aux Pingouins, ces derniers oiseaux, qui
ont des rapports avec les manchots, habitant exclusivement
comme on l’a déjà dit, l'hémisphère arctique.
Les manchots dont il s'agit pèsent de dix a douze livres. Ils
ont un tube digestif d'environ vingt-cinq pieds, et souvent ils
prennent tant de nourriture à la fois, qu'ils sont obligés d’en
dégorger. Lorsqu'ils nagent, on ne voit que leur tête hors de
l’eau, etils atteignent les poissons avec d'autant plus de facilité,
qu'outre la rapidité de cette chasse , ils sautent aussi à la ma-
niére des bonites. Ils restent six mois en mer, mais pendant
l'été et l'automne, ils passentla plus grande partie dela journée
au milieu des grandes herbes dont les bords de l'ile sont entou-
rés, et où ils pratiquent en tous sens des sentiers dans lesquels
les hommes peuvent circuler librement en écartant le hautdes
feuilles avec la main. Ils y creusent avec leur bec des trous en
forme de four, de deux à trois pieds de profondeur, et dont
l'entrée esttrès-basse etassez large. C’est là qu'ils demeurent, et
que les femelles pondent deux ou trois œufs d’un jaune sale et
de la grosseur de ceux des dindons. De grand matin et le soir
tous les manchots sortent de leurs trous pour aller pêcher; à
14 MAN
leur retôur, ils se forment en troupes sur le rivage, où ils font
entendre tous à la fois des cris semblables au braïiment de l’âne,
et presque aussi forts. Quand ils marchent dans leurs sentiers,
on croit entendre le trot d’un petit cheval; les jeunes ont d’ail-
leurs un cri particulier et propre à faire reconnoître la pré-
sence de ces animaux, qui échappent rarement à une vive
poursuite, et qu’on peut tuer avec des bâtons courts, en ayant
soin d'éviter les coups de bec qu’ils portent aux jambes et qui
pincent jusqu’au sang. Ceux qui parviennent à se réfugier dans
les trous, en sont retirés à l’aide d’un fer pointu, terminé par
un tire-bouchon. Quand on arrive sur l’ile avant que les man-
chots y soient rentrés, on se cache jusqu’à ce qu'ils se trouvent
engagés sur les pierres dont la plage est recouverte, et où le
foible secours de leurs pieds arrondis et de leurs courtes na-
geoires est insuffisant pour lessoustraire aux attaques des chas-
seurs. <
Lorsque les petits sont en état de gagner la haute mer, a
troupe entière abandonne l’île dans la même journée, jusqu'a
l’époque où elle devra s'occuper des soins de la propagation.
Mancuor A cocier ; Aplenodytes torquata, Gmel. et Lath. Cet
oiseau, qui ne paroît pas à M. Cuvier être beaucoup différent
de l'espèce précédente , et que Buffon rapporte à son manchot
moyen, mais dont Latham fait une espèce particulière, a été
trouvé a la Nouvelle-Guinée par Sonnerat, qui l’a figuré pl. 114
de son Voyage en cette contrée, et Forster l’a vu aussi à la Nou-
velle-Géorgie et à la terre de Kerguelen. Il a 15 à 16 poucesde
longueur; la tête, la gorge et tout le dessus du corps sont noirs,
et les parties inférieures sont blanches; il a aussi un demi-col-
lier de la même couleur qui coupe par le milieu le fond noir
du dessus et des côtés du cou; les yeux sont entourés d’une
membrane nue, ridée, et teinte de rouge de sang; le bec, les
pieds et l'iris sont noirs.
Penir Mancxor; Aptenodytes minor, Lath. et Gmel. Cette es-
pèce, qui a environ 14 pouces de longueur et n'est pas plus
grande qu'une sarcelle, est figurée au tom. 3 du Synopsis de
Latham, pl. 103, pag. 5792. La mandibule supérieure de son bec
est noirâtre, et l'inférieure, un peu tronquée, est bleue à la
base. Les plumes qui couvrent le dessus du corps sont en général
d’un bleu cendré, et celles des partiesinférieures sont blanches;
MAN 15
mais leur taille et leur couleur sont sujettes à de grandes varia-
tions. Les pieds, d’un rouge terne, ont les membranes noirâtres
et les ongles noirs. On trouve cet oiseau à la Nouvelle-Zélande,
où il est connu sous le nom de korora ; il creuse, dans les ro-
chers, des trous profonds où la femelle pond ses œufs, et ces
trous sont si nombreux qu’on ne peut faire quelques pas sans
s’exposer à s’y enfoncer jusqu'aux genoux. Les habitans du dé-
troit de la Reine Charlotte, qui les tuent à coups de bâton,
les mangent après leur avoir enlevé la peau; etregardent leur
chair comme une bonne nourriture.
On compte encore dans la famille des manchots l’aptenodytes
catarracles, qui est le Gorfou de Brisson, pl. 49 de Histoire
des Oiseaux d'Edwards, et que Gmélin et M. Cuvier présentent
comme une espèce distincte, mais qui, selon M. Temminck,
est un manchot sauteur dans son jeune âge. D’une autre part,
le nom de cet oiseau, qui habite l'Océan austral, est cité par
Sonnini, à l’article Manchot à bec tronqué, parmi les synonymes
de cette espèce, dont il rapproche également l’'aptenodytes
magellanica. Quoi qu'il en soit, l'aptenodytes catarractes est , sui-
vant Latham, de la longueur d’une oie, et il a la mandibule
supérieure un peu crochue, l’inférieure arrondie, le devant
de la tête brun, l’occiput et tout le dessus du corps rougeûtres,
les parties inférieures blanches; et l'aptenodytes magellanica ,
qui, suivant le même auteur, a du rapport avec l’aptenodytes
demersa, dont il se distingue toutefois par son collier noir, a
le bec noir avec une tache rougeàtre, l'iris d’un rouge brun,
les pieds rouges avec des taches noires.
On trouve aussi parmi les espèces que Gmelin et Latham ont
décrites, le manchot antarctique, aptenodytes antarctica, dont
M. Cuvier ni M. Temminck ne font aucune mention, et qui,
suivant Forster , est très-nombreux à l'ile de la Désolation et
près des montagnes et desiles de glaces. L'auteur allemand à
qui est due la première description, dit qu'il a le becun peu
conique, plus court que la tête, et les pieds rouges; qu’une
bande noire va des oreilles à la gorge; que le dessus de son
corpsest noir, et le dessous d’un blanc soyeux.
Molina a Fees pag. 217 etsuiv. deson Histoire naturelle du
Chili, sous les noms de diomedea chiloensis et de diomedea chi-
lensis, qu’il ne faut pas confondre, deux manchots que Latham
16 MAN
et Gmelin ont admis comme espèces, mais dont M. Cuvier ne
parle pas, et dont la premiére seulement est citée par M. Tem-
minck.
Le Mancuor pu Cuir, Aptenodytes chilensis, Gmel., Apteno-
dytes Molinæ, Lath., est décrit par Molina comme n'ayant que
trois doigts réunis dans la même membrane, ce qui consti-
tueroit un pingouin plutôt qu’un manchot, et comme étant de
la grosseur du canard avec un cou beaucoup plus long, et ayant
le dessus du corps d’un gris bleu pr et ie dessous
blanc. -
Le Maxcnor p5 Cuiroé, Aptenodytes chiloensis, Gmel. et Lath.,
que les habitans de cet archipel nomment quéchu, est de a
même taille que le précédent, dont il se distingue par son plu-
mage touffu, irés-long, de couleur cendrée, un peu crépu et
si doux qu'on le file dot en FT des couvertures de lit.
(Cr. D.)
MANCHOTTE (Bot.), un des noms vulgaires du fordylium
nodosum. (LEM.)
MANCIENNE, MANSIENNE,, ou MANTIENNE (Bot.),noms
vulgaires de la viorne commune, viburnum lantana. (L. D.)
MANCIVIÈNE. ( Ornith. ) Le corlieu, scolopar phæopus,
Linn., porte ce nom et celui d’ancibine à la terre des Papous.
(Cu. D.)
MANDAHOUAËÈNE. (Ornith.) A l'ile de Guébé, dans les
Moluques, et à la terre des Papous, on appelle ainsi le calao
de waigiou , buceros ruficollis, Vieill. (Cu. D.)
MANDA ou LAMANDA. (Erpétol.) Ces noms sont, dit-on,
donnés à Java, à un trés-srand serpent sans doute des genres
Boa ou Pithon. (Dssm.)
MANDA-POLEOE ( Bos.), nom indien d’une plante gra-
minée, citée par Burmann, qui est l’apluda aristata de Lin-
næus. (J.)
MANDAR. (Mamm.) Ce nom est celui que Boddaert et Vicq-
d’'Azyr donnent à l’oryctérope , sans en indiquer M Con
(Des. )
MANDARU. (Bot.) Nom indien, cité par Plukenet, du
bauhinia tomentosa de-£innæus; c'est le canschena-pou des
Malabares , le mandaare de la côte de Coromandel. Le bauhi-
nia scandens est nommé mandaru-yalli au Malabar. (J.)
MAN | 17
MANDATIA. ( Bot.) On nomme ainsi au Brésil, suivant
Marcgrave , le lablab, espèce de haricot. (J.)
MANDELINE (Bot.), nom vulgaire de l'erinus alpinus:
(E::B.)
MANDELKRÆHE (Ornith.), nom allemand du rollier
d'Europe, coracias garrula, Linn. (Cu. D.)
MANDHATYA , MANGILLI, MARA (Bot.), noms de l’a-
denanthera à Ceilan, suivant Hermann. (J.)
MANDIBULES , Mandibulæ. (Entom.) On nomme ainsi, ne
les insectes qui màchent ou qui broient leurs alimens, la paire
de mâchoires plus fortes qui occupent le devant de la bouche
immédiatement après la lèvre supérieure; on les a appelées
aussi mazillæ superiores : nous avons dit à l’article Macnorres
en quoi celles-ci diffèrent des mandibules, Ces dernières sont
évidemment modifiées par l’usage auquel elles sont destinées
suivant la nature de l'aliment solide qu’attaque l’insecte par-
fait: d’ailleurs dans quelques espèces elles se développent peut-
être daus un autre but. Ellessont, par exemple, excessivement
prolongées dans les mâles des lucanes ou cerfs-volans. Dans
les abeilles, au contraire, les mandibules sont bien moins dé-
veloppées que les mâchoires:; dans les cicindèles, dans les man-
ticores. elles sont très-saillantes, dentelées en scie; dans les
araignées, les mygales, les scolopendres, elles forment des
crochets très-acérés. Voyez pour plus de détails les articles
Boucus dans les insectes, et le mot Ixsecres en particulier,
tom. XXIII, pag. 435. (C. D.)
MANDIBULES. (Ornith.) Ce nom est donné aux deux par-
ties qui forment le bec des oiseaux, et dont, à l'exception
des perroquets et des gros-becs, l'inférieure est ordinaire-.
ment la seule mobile comine la mâchoire des mammifères. On
les appeile indistinctement mandibuleæ ; le mot maxilla, qui est
employé pour désigner l'organe correspondant , ou les mà-
choires chez les mammifères, etc., n’est pas en usage dans
l’ornithologie, quoique quelques naturalistes en fassent l’ap-
plication à la mandibule supérieure. On a déja exposé au mot
Bec plusieurs considérations sur les mandibules, sous le rapport
de leur longueur; de leurs bords, tantôt échancrés, tantôt
dentelés, eic. On ajoutera ici qu’elles sont courbées en haut
dans l’avocette , et en bas dans le toucan; que leur extré-
29 2
18. MAN
mité est arrondie dans la spatule; que la mandibule supé-
rieure est crochue, et l’inférieure tronquée dans les oiseaux
de proie, les perroquets; que la supérieure seulement est ar-
mée d’une dent de chaque côté prés de la pointe, dans quel-
ques oiseaux de proie, dans les pies-grièches ; que la supé-
rieure est convexe, et l'inférieure aplatie dans le coliou:
que celle-ci est plus courte , et l’autre plus longue dans la bé-
casse, tandis que la supérieure est bien plus courte, et l’in-
férieure beaucoup plus longue dans le rhynchope; que la su-
périeure est recourbée en croc, et l'inférieure creusée en
gouttière dans les pétrels, etc. Il y a aussi beaucoup de va-
riations dans la couleur des mandibules, qui souvent n’est
pas la même dans les deux, ni dans toute l'étendue de cha-
cune d’elles. (Cr. D.)
MANDIBULITES. (F'oss.) Ce nom a été donné par quelques
oryctographes, à des palais de poissons pétrifiés, aussi nom-
més Buronires. (DEsm.)
MANDICEK. ( Ornith.) L'oiseau qu’on nomme aivsi en
Bohème est rapporté par Rzaczynski auremiz, parus pendulinus,
_Linn. (Cu. D.)
MANDIIBA , MANTIIBU. (Bot.) Noms brésiliens, suivant
Marcgrave, du manihot ou manioc, jatropha manihot, dont
la racine tubéreuse est employée comme nourriture, après
avoir subi diverses préparations qui la débarrassent de son
suc regardé comme très-pernicieux. Dans cet état de dépu-
ration elle devient le manioc proprement dit , ou mandioca
des Brésiliens. (J.)
MANDIOCA. ( Bot.) Voyez Manpr8a. (J.)
MANDOBI. ( Bot.) Voyez Manousr. ( Lem.)
MANDOR. (Mamm.) Boddaert, et, après lui, Vicq-d'Azyr,
ont donné ce nom à l’oryctérope. (FE. C.)
MANDOUAVATTE. ( Bot.) Arbre de Madagascar, men-
tionné par Flaccourt. Il a une écorce lisse, dure et verte, un
bois dont on fait des manches de sagaïe , et un fruit qui res-
semble à une aveline. (J.)
MANDRAGORE ( Bot.), Mandragora,Tournef., Juss. Genre
de plantes dicotylédones, de la famille des solanées, Juss. , et
de la pentandrie monogynie du système sexuel, qui présente les
caracteres suivans : Calice monophylle, turbiné, à cinq divi-
MAN | 19
sions; corolle monopétale, campanulée, près de moitié plus
longue que le calice, à limbe partagé en cinq lobes presque
égaux ; cinq étamines à filamens dilatés et connivens à leur
base, filiformes et divariqués dans leur partie supérieure,
terminés par des anthères un peu épaisses; un ovaire supère ,
muni de deux glandes à sa base, surmonté d’un style terminé
par un stigmate en tête; une baïe giobuleuse entourée à sa
base par le calice persistant, à une seule loge contenant plu-
sieurs graines réniformes , plongées dans la substance spon-
gieuse de l’intérieur du fruit et près de sa superficie,
Le genre Mandragore, établi par Tournefort, ensuite réuni
aux atropa-ou belladones par Linnæus, a de nouveau été sé-
paré par Gærtner et M. de Jussieu, des espèces de ce dernier
genre, dont il diffère prmcipalement par ses étamines élar-
gies et rapprochées à leur base, et surtout par son fruit à une
seule loge, contenant les graines éparses dans la pulpe et près
de lasurface, tandis que, dans les belladones, la baïe est à deux
loges, et que les graines sont portées dans chaque loge sur un
placenta convexe. Ce genre ne renferme que l'espèce suivante :
MaAnDRAGORE OFFICINALE: Vulsgairement MANDRAGORE MALE et
ManDrAGORE FEMELLE; Mandragora officinalis , Mill., Dict. , n° 1 ;
Atropa mandragora , Linn., Spec., 259; Bull., Herb., tab. 145
et 146. Sa racine est épaisse, vivace , longue, fusiforme ,
blanchätre en dehors , souvent simple, quelquefois partagée
én deux ou trois parties, et garnie de fibres menues; elle
donne naissance à plusieurs feuilles ovales oblongues, rétré-
cies à leur base, grandes, ondulées en leurs bords, et étalées
en rond sur la terre. Ses fleurs sont blanchitres , légèrement
teintes de pourpre, solitaires sur des hampes beaucoup plus
courtes que les feuilles , et qui naissent immédiatement de
la racine. Le fruit est une baie de ia grosseur d’une très-pe-
tite pomme, charnue , molle, jaunâtre dans sa maturité, ayant
une odeur fétide, comme tout le reste de la plante, et con-
tenant des graines blanchâtres , disposées sur un seul rang.
Cette plante croît naturellement dans les bois à l’ombre, et
sur les bords des rivières en Italie, en Espagne et dans le Le-
vant; on la cultive dans les jardins de botanique.
Souvent des plantes qui possèdent des vertus efficaces, des
qualités précieuses, restent dans l'oubli, tandis que d’autres
Ze
qui méritent fort peu d'attirer l'attention, jouissent d’une
grande réputation, sans qu'on sache trop pourquoi. C’est ce
qu’on pourroit sans injustice appliquer à la mandragore : elle
doit sa renommée à des contes bizarres et invraisemblables ,
et qui, comme tels, se sont accrédités facilement parmi la
classe d'hommes toujours la plus nombreuse dans tous les
pays, celle designorans et des sots, tristes victimes des char-
latans, et qui saisissent avec avidité tout ce qui leur paroît
extraordinaire.
L'esprit humain, par une manie singulière, se Au» à cher-
cher des ressemblances entre les objets, et il parvient à en
découvrir même entre les objets qui en ont le moins. La grosse
racine napiforme et comme velue de la mandragore , a paru
présenter quelque rapport avec le tronc et les extrémités in-
férieures d’un corps humain. On a saisi avec empressement
ce rapprochement forcé, et on a bâti là-dessus toutes les fables
dont cette plante a été l’objet. Que cette opinion bizarre fût
celle du vulgaire, rien d’extraordinaire ; maisque des hommes
remarquables par leurs connoissances l’aient adoptée, certes
cela ne fait pas honneur à leur jugement. Pythagore et Co-
lumelle n’ont pourtant pas craint de prepager cette fable,
et de donnér à la plante l’épithète d’avbporouopgor et de semi-
homo.
Persuadés de la ressembiance exacte de la mandragore avec
une figure humaine, des dessinateurs ignorans qui ont figuré.
cette plante, ont jugé à propos, pour mieux distinguer la
plante mâle de la plante femelle , de tracer, sans oublier au-
cun attribut, une figure d'homme et une figure de femme,
en les surmontant des feuilles et des fleurs. On peut en voir
la preuve dans l’ouvrage imprimé en caractères gothiques ,
intitulé: Le grand FE en françois.
On ne s’est pas contenté d'avoir trouvé dans Ja mandra-
gore une ressemblance qui n’existoit pas, ou qui du moins
n’étoit que fort peu remarquable, on a voulu la rendre en-
core plus intéressante, et pour cela on lui a accordé de la
sensibilité. On a prétendu quela mandragore poussoit des gé-.
missemens quänd on l’arrachoit de terre; et celui qui étoit
assez courageux pour l’entreprendre, devoit, pour ne pas se
laisser attendrir, se boucher exactement les oreilles.
: MAN | 24
En pensant à cette fable bizarre, notre esprit se reporte à
ces fictions ingénieuses , fruit de l'imagination brillante des
poëtes; il nous semble entendre Polydore transformé en myre
se plaindre à Enée de ses souffrances, et le paladin Astolphe
changé en laurier par les enchantemens de la fée Alcine,
faire au brave Roger le récit de ses malheurs.
Les charlatans. contribuèrent beaucoup sans doute à rendre
la mandragore célèbre; ils savoient tailler cette racine et lui
donner la ressemblance qui la rendoiït précieuse, sans qu’on
pût s’'apercevoir de leur fraude; ils faïisoient mieux encore
avec d’autres racines , telles que celle de bryone : ils fabri-
quoient de fausses mandrägores qu'ils vendoient effrontément
comme véritables , et qu'ils mettoient à un prix fort élevé,
vu les qualités précieuses qu’ils leur attribuoient. La mandra-
gore, disoient-ils, avoit le pouvoir de doubler chaque jour
l'argent avec lequel on l’enfermoit après quelques cérémo-
nies mystérieuses. On doit bien penser qu’une telle propriété
devoit être d’un grand prix auprès des sots avides qui, sem-
blables au chien qui laisse tomber sa proie pour l'ombre ,
s'empressoient d'aller porter leur argent pour recevoir en
échange des espérances de fortune.
Mais c'étoit surtout lorsque la mandragore avoit été “che
lie sous un gibet, qu’elle jouissoit de précieuses et puissantes
vertus. L’homme crédule la conservoit avec soin dans un mor-
ceau de linceul , et croyoiït que le bonheur de sa vie y étoit
attaché. Une plante qui possédoit des vertus si merveilleuses
ne pouvoit pas être arrachée comme une plante vulgaire : des
cérémonies étoient indispensables, et les anciens, à qui les
pratiques superstitieuses ne coûtoient rien, ont eu soin d’y
pourvoir. Il faut, dit Théophraste ( 1.1X, c. IX), tracer trois
fois un cercle avec la pointe d’une épée autour de la man-
dragore ; il faut ensuite qu’un des assistans arrache la plante
en se tournant vers l’orient, et qu’un autre danse à l’entour
en prononçant des paroles obscènes. Pline (1. XXV, c. XIII)
nous à transmis également ces extravagances, qu’on regardoit
comme nécessaires, si bien qu'on auroil cru s’exposer aux
plus grands dangers, si l’on y avoit manqué. Heureusement
que , pour les éviter, on prescrit un moyen bien simple et
bien facile à exécuter, c’est de faire arracher la plante par
22 MAN
un chien, moyen déjà indiqué par l'historien Josèphe (de Bello
Judaico, lib. VIT, c. XXV) pour la plante baaras, qui avoit la
propriété de chasser les esprits malfaisans, et bien d’autres
vertus tout aussi dignes de foi.
La mandragore étoit aussi célèbre chez les Germains : ils
faisoient avec ses racines des idoles appelées alrunes, pour les-
quelles ils avoient la plus grande vénération, et qu’ils avaient
soin de consulter dans leurs situations critiques.
Dans les contrées orientales, telles que l'Arabie , la Perse,
où l'imagination brillante ne se nourrit que de fictions et de
chimèrés , la mandragore ne devoit pas manquer d'acquérir
une grande renommée : aussi les récits les plus extraordinaires
furent-ils prodigués à l’envi au sujet de cette plante.
La mandragore avoit chez les anciens la réputation d’influer
sur la génération; on lemployoit pour composer desphiltres.
Cette opinion a passé depuis chez les modernes, et elle étoit
encore en grande faveur au quinzième siècle, ainsi que nous
le voyons par la comédie de Machiavel, intitulée la Mandra-
gord. |
L'odeur et la saveur de la mandragore sont également dé-
sagréables : aussi les mandragores (dudaim) dont il est ques-
tion dans l’Ecriture comme d’un aliment agréable; ces man-
dragores que Rachel ( Genèse, c. XXX, v.14) achète à sa
sœur Lia au prix des caresses de son époux, ne peuvent être
ni les fruits ni les racines de celle qui nous est connue. La
«plupart des interprètes ont avancé l'opinion contraire , mais
elle n’est point fondée.
On a cru successivement voir le dudaim dans la banane ,
dans le citron, dans la truffe , dans la figue, dans le fruit du
ziziphus lotus. Linnæus pense que c’étoit une espèce de con-
combre commun dans l'Orient, et qu’il nomme cucumis du-
daim. Cette opinion est assez conforme à l’Ecriture, car,dans
un passage le dudaïm est cité. pour son parfum, et les fruits
de ce cucumis exhalent une odeur fort agréable.
M. Virey (des medicam. aphrod. Bull. pharm., mai 1813)
pense que les mandragores dudaïm ne sontautre chose qu’une
espèce d’orchis, probablement celle dont on retire le salep.
11 appuie son opinion sur l’étymologie du mot hébreu dudaim,
qui semble indiquer la forme tuberculeuse des orchis, et sur
MAN 25
la propriété aphrodisiaque qu’on leur attribue. Nous ne cher-
cherons pas à décider entre l'opinion de Linnæus et celle de
M. Virey. Ce qu'il y a de certain, c’est que la mandragore de
Rachel n’est point notre mandragore.
La mandragore possède des propriétés vénéneuses trés-éner-
giques ; elle agit principalement comme narcotique. Frontin,
dans ses stratagèmes militaires, nous offre un exemple de
ses effets sous ce rapport: Annibal, envoyé par les Carthagi-
nois contre des Africains révoltés, feignit de se retirer aprés
un léger combat , et il laissa derrière lui quelques tonneaux
de vin dans lesquels il avoit fait infuser des racines de man-
dragore. Les Barbares burent sans défiance la liqueur perfide
qui les plongea dans un état d'ivresse et de stupeur si com-
plet, qu'Annibal qui revint les attaquer, obtint sans peine
une victoire qui lui auroit coûté plus cher s’il n’avoit pas em-
plové cet artifice. Cette ruse du général carthaginois a plus
d’une fois été renouvelée, et l’on en trouve d’autres exemples
dans Phistoire. 1 -
Cette propriété narcotique et stupéfiante de la mandragore
étoit connue dès le temps d'Hippocrate, et l’on savoit aussi
dès lors qu’à forte dose elle pouvoit produire un délire furieux.
Les médecins de l’antiquité s’en servoient particulièrement,
enn’en donnant qu'une quantitémodérée, pourapaiser les dou-
leurs et procurer du sommeil. On avoit la coutume d’en faire
prendre aux malades qui devoient subir quelque opération
chirurgicale douloureuse. On l’employoit aussi dans les mala-
dies convulsives, dans les affections mélancoliques, et contre
la goutte, les tumeurs scrophuleuses, cancéreuses, etc. Le
suc de la partie corticale de la racine passoit pour un fort
émétiique et un purgatif trés-énergique; il demandoit à
être employé avec beaucoup de prudence, pour ne pas cau-
ser de graves accidens. La mandragore étoit encore regardée
comme un puissant emménagogue ; elle pouvoit rappeler le
flux menstruel et faciliter l'accouchement; enfin elle étoit
en grande réputation contre la morsure des animaüx veni-
meux.
Aujourd’hui la mandragore n’est plus, ou presque plus em-
ployée en médecine ; c’est seulement en Allemagne et dans
quelques autres pays du Nord qu'on la trouve encore con-
24 MAN
seillée par quelques médecins, comme utile à l’intérieur, dans
l’hystérie et l’épilepsie, et à l’extérieur contre les engorge-
mens glanduleux, le cancer, la goutte. La dose intérieurement
doit être trés-foible, et ce n’est guère que d’un à six grains
qu’on peut prescrire la racine, ou les feuilles sèches et ré-
duites en poudre. A l'extérieur, la pulpe de la racine , ou les
feuilles cuites dans l’eau ou le lait peuvent servir à faire des
cataplasmes calmans et résolutifs. Ces mêmes feuilles sont au
nombre des substances qui entrent dans la composition du
baume tranquille et de l’onguent populeum. L’huile de man-
dragore, qui se préparoit jadis dans les pharmacies , est main-
tenant tombée en désuétude. (I. D.)
MANDRAGORE et MANDEGLOIRE DE CHINE. (Bot. )
Voyez Ginsenc. (Lem.)
MANDREL (Bot.), nom cité dans la Flore Équinénle, du
freziera, genre de la nouvelle famille des ternstromiées. (J).
MANDRILL. (Mamm.) Espèce de singe qui appartient au
genre Cynocérxare. Voyez ce mot. (Dpsm.)
-MANDRISE. ( Bot.) Bois marbré de Madagascar, dont le
cœur est violet, cité par Flaccourt. ( J.) ;
MANDRO (Mamm.), l'un des noms vulgaires du renard
dans le Midi de la France. ( Des.)
MANDSIADI (Bot.), nom malabare de l'édensnipen de
Linnæus. Les Portugais de l’Inde le nomment mangalins. (J.)
MANDUBA. (Bot.) Synonyme de ManDriBa (rapes ce mot),
dans quelques auteurs. (Lem.)
MANDUBI ( Bot.), nom brésilien de la pistache de terre,
arachis, nommée aussi ailleurs manobi. (J.)
MANDUBID’ANGOLA ! Bot.) , nom qu’on donne en Afrique
au fruit du glycine subterranea, ou pois d’Angole. (Lem.)
MANDURRIA. ( Ornith.) Les oiseaux désignés au Paraguay
par ce nom et par celui de curucau, appartiennent au genre
Courlis, tantalus, Linn. (Cs. D.)
MANÉBI (Ornith.), nom du pigeon couronné de Banda,
columba coronata, Linn., à File de Guébé et à la terre des
Papous. (Cu. D.)
MANEQUE ( Bot.), nom d’une variété de muscade chez Les
Hollandoïs, suivant M. Bosc. (J.)
MANERÈTE. ( Bot.) Belon , dans son Voyage au Levant,
MAN 25
parlant des productions et cultures de la campagne voisine
à'Alexandrie dans l'Egypte, dit que parmi ces productions,
on remarque l’espèce de pois que les Vénitiens nomment ma-
nerète, les Romains cicerchie, et les François cerrès. Il paroît
évident qu’il vouloit parler du ciche ou pois ciche, cicer arie-
tinum, qui, d’après le rapport de Shaw, est cultivé sur les
côtes méridionales de la Méditerranée , et dont les graines
rôties donnent une infusion substituée au café. (3.)
MANERICK (Bot.), nom hollandois de l’Arram du Mala-
bar. Voyez ce mot. (J.) ;
MANÉ SOUBA. (Ornith.) L'oiseau ainsi nommé à la terre
des Papous et à l’ile de Timor, est le psittacus moluccanus,
var. du psittacus hæmatopus, Linn., ou perruche des Moluques,
de Buffon, pl. enl. 743. (Cu. D.)
MANESTIER. (Mamm. ) Voyez Munisrien. ( Des.)
MANET. ( Ornith.) Les habitans des iles Sandwich nomment
ainsi la poule. ( Ca. D.)
MANETOU. (Conchyl.) Quelques auteurs écrivent ainsi le
nom sous lequel les Sauvages de l'Amérique méridionale dé-
signent une espèce de coquille du Bee ARE , l'ampul-
laire idole. ( De B.)
MANETTIA. ( Bot.) Voyez Nacire. (Porr.)
MANFOUTI. (Bot. ) Dans un herbier de Cayenne, on trouve
sous ce nom le mafourea guianensis d'Aublet, genre de la fa-
mille des personnées ou scrophularinées, (J.)
MANG. ( Bot.) Rochon cite à Madagascar un arbre de ce
nom, qui a dés feuilles de mauve et des fleurs roses semblables
à celles d’une ketmie; ce qui fait présumer qu’il appartient à
quelque genre de malvacées. (J.).
MANGA. (Bot.) Nomindien de l'arbre nommé pour cette
raison manguier, mangifera indica. C’est le mao, mau » mangifera
des Malabares, mangeira des Portugais de l’Inde, mango à
Sumatra. (J.)
MANGABEY. (Mamm.) Nom propre donné par Buffon à une
espèce de Guenox, qu'il croyoit à tort originaire de Madagas-
car. Voyez ce mot. (F. C.)
MANGABEY A COLLIER (Mamm.) ,autre nom propre d'une
espèce de Guenon. Voyez ce mot. (F. C.)
MANGA BRAVA. {( Bot.) Voyez Caru-Sussu. (J.)
26 MAN
MANGADILAO. ( Bot.) Voyez Caramanzav. (3.
MANGAIBA. ( Bot.) Nom brésilien que l’on applique au
mamé, mamei de Plumier, mamay de Nicolson, mammea ame-
ricana de Linnæus , qui est aussi l’abricotier des Antilles , et
dont le fruit, ayant le goût d’abricot, est très-estimé dans ces
îles. La figure donnée par Pison ne paroît pas conforme, mais
sa description convient mieux au mamé. Il peut cependant
rester un doutesur l'identité de ces faits, s’il est vrai que la
fleur du mangaba cité dans le recueil des voyages, ressemble
à celle du jasmin, et que son fruit est petit, renfermant quel-
ques noyaux ou pepins qui se mangent avec l'écorce. Cette
description ne peut convenir au mamé dont la fleur est po-
lypétale , et le fruit très-gros. (J.)
MANGAIO (Bot.), nom brésilien d’un haricot ou dolic,
dolicos lablab , cité par Vandelli. (J.) .
MANGANARTI. ( Bot.) Voyez Amsurr. (J.)
MANGANESE. ( Chim.) Corps simple compris na la troi-
sième section des métaux.
Le ee est très-diffieile à fondre, c "est pour cette rai-
sou qu’en le chauffant à un feu de forge , on l’obtient presque
toujours à l’état d’une masse poreuse , formée de petits grains
agglutinés; rarement il est en masse compacte. On FRS que
14 température nécessaire pour le liquéfier est de 160° du py-
romètre de Wedgwood.
On lui attribue une densité de 6,85.
Il est dur, cassant , SES d’être pulvérisé. Sa cassure
estgrenue.
11 à une couleur grise , moins foncée que la cit de la
fonte de fer. Ilest éclatant.
Il conduit bien la chaleur et l'électricité.
ILest trés-probable quele manganèses’unit à l’oxigéneen cinq
proportions; les quatre premières proportions constituent des
oxides, et la cinquième paroît constituer un véritable acide
qu’on a nommé manganésique.
A froid l'air et l’oxigène sec n’ont pas d'action sur le man-
sanèse; à chaud le manganèse pulvérisé est susceptible de
brûler à la manière d’un pyrophore; il produit alors un oxide
rouge , si l’exigène est en excés.
La vapeur d’eau que l’on fait passer sur du manganèse rouge
MAN | 27
de feu est décomposée ; son oxigèrre se fixe au métal, tandis
que son hydrogène se dégage. Il est probable que l’oxide pro-
duit est un oxide vert.
Le manganèse passe généralement pour Vue REA a
froid.
Quand on le conserve dans un flacon fermé avec du Du -
il se change en une poudre grise, qui contient beaucoup
d’oxide , si elle n’en est pas entièrement formée. En même
temps il se manifeste une odeur d'hydrogène fétide, qui sem-
bleroit annoncer que de l’eau a été décomposée.
Le chlore s’'unit au manganèse chaud, en dégageant de la
chaleur et de la lumiére.
On ne connoît passes combinaisons avec l’iode, le selenium :
l'azote , le bore et l'hydrogène.
Il s’unit au soufre avec dégagement de feu; le sulfure pro-
duit est solide et vert. |
Il s’unit au phosphore.
Le carbone est susceptible de s’y combiner suivant M. John.
Le manganése peut s’allier à un assez grand nombre de mé-
taux ; mais les propriétés de ces alliages sont encore peu con-
nues, ‘
On n’a fait qu’un petit nombre d'expériences pour constater
l’action des acides sur le manganése pur; ce qu’on sait porte à
croire que les résultats de cette action doivent être fort ana-
logues à ceux qu’on obtient en mettant les acides en contact
avec le fer.
Combinaisons du manganèse avec l’oxigène.
Protoxide de mansAReses Oxide vert.
Arfwedson.
DETTE AMENER ARE RARES RULES 28,105
PErnsamese Jin. 00 LP Ce OR ao 00e
Je l'ai préparé à l’état de puretéen prenant du tetroxide ou
du tritoxide de manganëése pur, l’introduisant dans un tube
de porcelaine, où je le chauffois au rouge blanc, et où je
dirigeois ensuite un courant d’hwirogéne ou de gaz ammo-
niaque.
Ce protoxide est vert.
28 : MAN
Il s’unit à la plupart des acides sans éprouver d’altération ;
l'acide hydrochlorique le dissout sans qu’il y ait dégagement
de chlore; il est la base de tous les sels de manganése dont
les solutions sont incolorées. Cessolutions précipitent en blanc
par le prussiate de potasse, et ne se colorent pas par la noix
de galle ; elles ne précipitent point par l'acide hydrosulfu-
rique; elles précipitent en blanc par les hydrosulfates solubles.
On. a regardé ce précipité comme un hydrosulfate ; maisil ne
seroit pas impossible qu’il fût un sulfure hydraté.
On obtient un hydrate d’oxide vert de manganèse en met-
tant de l’eau de potasse privée d’air par l’ébullition dans une
solution de manganése incolore, également privée d'air. Il se
précipite un hydrate blanc qui absorbe l’oxigène avéc rapi-
dité , et qui passe alors à l’état de tritoxide , suivant M. Arfwed-
son; c'est encore du tritoxide qui se fée lorsqu'on ajoute du
chlore à de l’eau où l’on a délayé de l’hydrate d’oxide vert.
Le protoxide de manganèse n’éprouve pas de changement
à la température ordinaire par son exposition à l’air, lorsque
préalablement il a été fortement chauffé ; dans le cas contraire
il s’oxide lentement.
Lorsqu'on le calcine fortement avec le Contact de l'air, àl
s'oxide davantage en dégageant de la lumière. Il HER:
rouge, c’est du deutoxide.
L'oxide vert de manganése est indécomposable parle feu.
Il est réduit à l’état métallique, lorsqu'on le chauffe forte-
ment dans un creuset brasqué de charbon.
Un courant d'hydrogène ne le décompose pas à une cha-
leur rouge.
Le soufre lui enlève son oxigène à chaud, il se forme du
gaz sulfureux et du sulfure de manganèse.
Cet oxide est produitlorsque le manganèse, en se dissolvant
dans un acide, s’oxide aux dépens de l’eau de l'acide.
Deutoxide de manganèse. Oxide rouge.
Arfwedson.
(ixisene... 2 2 pen 37,47
Nanpanese.; 0. Teese ce 100
On obtient cet oxide en calcinant fortement au milieu de
MAN 29
l'air le sous-carbonate de manganèse dans un creuset de pla-
tine, où bien encore en chauffant les oxides supérieurs, jus-
qu’à ce qu'ils ne dégagent plus d'oxigénc.
Il est d’un rouge plus ou moins brun , suivant la division
plus ou moins grande de ses parties.
Plusieurs acides, et particuliérement l'acide sulfurique
étendu , réduisent cet oxide en protoxide qui est dissous, et
en tritoxide qui se sépare a l’état d’une poudre noire.
Suivant M. Gay-Lussac et M. Berthier, l’acide nitrique, .
concentré , entretenu bouillant pendant un temps suffisant
sur l’oxide rouge de manganëése , le convertit en protoxide
qui est dissous, et en péroxide qui ne l’est pas.
Traité par l'acide hydrochlorique, il est réduit en hydro-
chlorate de protoxide , parce qu’une portion d’oxigène s’em-
pare de l'hydrogène, d’une portion de l'acide hydrochlorique.
De la le dégagement de chlore qui se manifeste dans la réac-
tion des corps.
Au rouge brun il absorbe l’oxigène , et se convertit en tri-
toxide.
L’acide sulfureux forme avec lui du sulfate de protoxide ; à
chaud, l'hydrogène le ramène à l’état de protoxide; tous les
combustibles qui agissent sur le protoxide , agissent sur lui.
M. Berthier, en chauffant pendant quatre heures à une ex-
cellente forge 19° de cet oxide dans un creuset DIRES de
charbon, a obtenu 7°,34 de métal.
M. BeMtfier préfère considérer l’oxide :ouge comme un
composé de deux atomes de protoxide , et un atome de pé-
roxide , plutôt que de le considérer comme un composé d’un
atome de protoxide, et de deux atomes de tritoxide.
Tritoxide de manganèse.
Arfwedson.
Chem PR TT RU es ve . eee 42,10
DÉHPAHERE NES Sn see ueme eee 100
Onl’obtient en chauffant le nitrate de manganèse au rouge
brun.
Il est d’un brun noir.
‘acide nitrique concentré l'attaque assez facilement; sui-
$o MAN
vant M. Berthier, il le change en protoxide qu'il dissout, et
en peroxide qu’il ne dissout pas.
On trouve dans la nature l’hydrate de tritoxide de man-
ganèse éristallisé en longues aiguilles. Cet hydrate analysé par
M. Arfwedson a donné pour 100 : io d’eau pure, et 3,07
d’oxigène ; le résidu étoit de l’oxide rouge. A nn con-
tient donc une quantité d’eau dont l’oxigène est ; de l'oxi-
. gène de l’oxide. On doit remarquer quesi on sjtrullé l'oxigène
de l'eau au tritoxide, on a du péroxide.
Péroxide de manganèse.
Arfwedson.
Oxigéne, .scoreseossssosnesse à 56,215
Manganése....s...ssssssesssee +090
_ Onle prépare en chanffant doucement presque au rouge
le nitrate de manganèse. Comme le péroxide est très-disposé
à abandonner de l’oxigène par la chaleur, il faut laver à chaud
le nitrate de manganèse calciné, par l'acide mére con-
centré, puis exposer de nouveau la matière lavée à l’action
de la chaleur.
Exposé au rouge. brun, cet oxide est réduit en tritoxide.
M. Berthier a vu qu'en Faut bouillir pendant une heure
le péroxide de manganése avec l'acide nitrique ,il y en a
les 0,06 qui sont dissous à l'état de protoxide , avec dégage-
ment d’oxigène. Le résidu indissous est un hydrate de Me
dans lequel l’oxigène de l’eau est le tiers de celui de loxi-
gène de l’oxide qui estsusceptible de se dégager par la chaleur.
A chaud l'acide sufurique en sépare de l’oxigène, et dis-
sout du protoxide.
L’acide sulfureux est converti par cet oxide délayé dans
l’eau en sulfate et en hyposulfate de manganèse.
L’acide nitreux est converti en acide nitrique , qui s’unit à
l’oxide ramené au minimum.
L'acide hydrochlorique le dissout en dégageant du chlore ;
dans cette réaction il se produit de l’eau et de l'hydrochlo-
rate de protoxide.
- Le péroxige de manganèse, par la chaleur rouge sombre,
MAN 51
est ramené à l’état de tritoxide ; et, parune chaleur rouge ce-
rise , il est ramené à l’état de deutoxide.
- D'aprés les expériences-de M. Berthier, il ni euspopE ble
de former deux hydrates : celui dont nous avons parlé plus
haut, etun autre qui contient trois fois plus d’eau. Celui-ci
se forme quand on fait passer du chlore en excès dans de l’eau
où l’on à délayé du carbonate de manganèse.
Du caméléon minéral.
Schéele, ayant chauffé au rouge dans un creuset du péroxide
de manganèse avec du nitrate de potasse, ou de la po-
tasse , a obtenu une masse verte qui, délayée dans l’eau, à
formé une dissolution verte; cette dissolution abandonnée à
elle-même dans un vase fermé, est devenue bleue, en dépo-
sant une poudre jaune. Il a vu encore que l’eau, ajoutée à
cette dissolution, la fait passer successivement au violet et au
rouge; que les acides saturés d’oxigène la font passer aussi à
cette dernière couleur, tandis que l'acide nitreux et l'acide
arsénieux la décolorent ; qu’il en est de même lorsqu'on
chauffe la masse verte he avec le charbon.
Ces changemens de couleur ont fait nommer la combinai-
son du manganèse oxigéné avec la potasse , caméléon minéral.
Schéeleles a expliqués de la maniéresuivante:« La manganèse
déphlogistiquée (péroxide de manganèse) forme avec la po-
tasse une combinaison soluble dans l’eau qui est bleue ; si on
l’obtient verte, cette couleur est due au mélange du bleu de
la combinaison précédente avec la couleur jaune du safran
de mars ( péroxide de fer). Enfin le caméléon devient rouge
au moment où la manganèse déphlogistiquée se sépare de son
alcali, par la raison que les particules de cette manganèse,
étant naturellement d’un rouge obscur, paroissent diaphanes
lorsqu'elles sont écartées les unes des autres. ?
En 1817 je publiai une note sur le caméléon minéral, J’é-
tablis les faits suivans: |
1.” Le caméléon peut être obtenu vert avec l’oxide de man-
ganèse le plus pur ; conséquemment la couleur verte n’est pas
le résultat d’un mélange de péroxide de fer et d’un caméléon
qui seroit bleu à l’état de pureté, comme Schéele l’a dit.
2.° Il existe un caméléon vert et un caméléon rouge, qui,
32 MAN
par leur mélange, produisent toutes les nuances successives
que présente le caméléon dissous dans l’eau. Aïnsi un peu de
caméléon rouge, ajouté au caméléon vert, produit le camé-
léon bleu, un peu plus de caméléon rouge produit le camé-
léon violet; enfin un peu plus encore un caméléon pourpre.
Toutes cesnuances se succèdent dans l’ordre des couleurs des
anneaux colorés.
Non seulement l'eau froide produit ces changemens
de couleur dans le caméléon vert, mais encore l’eau chaude,
l'acide carbonique, le carbonate de potasse et le sous-carbo-
nate d'ammoniaque.
4° En mettant dans la solution du caméléon rouge, saturée
de gaz acide carbonique , de la potasse sèche, on la fait passer
. au vert; on obtient le même résultat avec l’eau de gli dé ;
qui précipite de l'acide carbonique.
5° Le caméléon rouge est décomposé par la baryte en ex-
cès, qui forme, avec le manganèse oxigéné, un caméléon in-
soluble de couleur rose-lilas. j
6° En filtrant les dissolutions mixtes de caméléon vert et
de caméléon rouge dans du papier, le caméléon rouge se dé-
compose d’abord par l'influence du papier, et il passe au
caméléon vert. |
Telssontles faits que je découvris:je ne fisque desrecherches
insuffisantes pour reconnoître la cause des différences des
deux caméléons; j’étois porté à les regarder comme des com-
posés d’un même oxide de manganèse et de potasse , et j'étois
disposé à admettre que cet oxide étoit l’oxide rouge de man-
ganèse. |
Une explication précise de la différence des deux camé-
léons n’a point encore été donnée; mais, quant à l'opinion
que j'étois disposé à adopter , que l’oxide de manganése du ca-
méléon est le deutoxide, elle est fausse, ainsi que cela résulte
d’un travail fort intéressant, qui a été publié après le mien
par MM. Chevillot et Edwards. Ces chimistes ont découvert
les faits suivans : |
: 1. Le caméléon vert et le caméléon rouge ne peuvent être
produits qu’autant que le mélange de péroxide de manganèse
et de potasse est dans des circonstances où il peutabsorber du
_gazoxigène. L’absorption est au maximum, lorsque le mélange
MAN | 33
est faita parties égales; 3 grammes de ce mélange absorbent13a
14 centilitres d'oxigène; 1,5 de pose pure HE sonle
n’absorbe que 2 centilitrés d’oxigéne.
2° Le mélange précédent, saturé d’oxigène, misavecl’eau,
la colore en rouge. Si on fait évaporer rapidement la solu-
tion jusqu’à ce qu’il se produise de petites aiguilles, et qu’on
expose ensuite la liqueur à une chaleur inférieure à celle de
l’eau bouillante, on obtient des cristaux pourpres de deux à
huit lignes de longueur. C’est le caméléon rouge-concret; ila
les propriétés suivantes.
Lescristaux de caméléon rouge ontungoûtd’abord sucré, puis
amer et astringent. Ils n’ont pas d’action sur le papier de cur-
cuma : ils sont inaltérables à l’air.
Ils colorent l’eau en pourpre, ou en rouge-ponceau, suivant
la proportion du liquide.
Ils colorent l'acide sulfurique concentré en vert-olive ; cette
solution, étendue successivement de petites quantités d’eau,
devient jaune, orangée, rouge, puis écarlate.
L’acide nitrique concentré les décompose ; il y a dégage-
ment d’oxigène et précipitation d’un oxide brun.
Le phosphore , l’arsenic et le lycopode forment avec la
poudre des cristaux de caméléon rouge, des mélanges qui s’en-
flamment quand on les chauffe. Le mélange de phosphore dé-
tonne par la percussion.
Ces cristaux , chauffés au rouge dans le gaz azote, perdent
de loxigène, et se transforment en Li de manganése et en
caméléons vert et rouge.
3. Toutes les fois que l’on chauffe moins de péroxide de
manganèse que le poids de la potasse qu’on y a mêlée , l’absorp-
tion d’oxigène est plus foible , et le caméléon produit ne
colore plus l’eau en rouge; il la colore en vert, si la propor-
tion de l’alcali chauffé avec le péroxide a été suffisamment
forte. Il suit donc de là que le caméléon vert contient plus de
potasse et moins d’oxigène que le caméléon rouge.
D'après les expériences de MM. Chevillot et Edwards, Jes
chimistes sont assez généralement disposés à admettre au moins
dans le caméléon rouge un acide manganésique.
29e
QI
34 MAN
Chlorure de manganèse.
On le prépare en chauffant jusqu’à la fusion l'hydrochlo-
rate de manganèse dans un creuset de platine.
Ce chlorure est fixe et légèrement rose: quand il est en fu-
sion , ilest verdâtre.
Il paroît se réduire en hydrochlorate de protoxide dorée il
est dissous par l’eau.
Phtorure de manganèse. Voyez tom. XXII, pag. 267.
Todure de manganèse.
Cette combinaison n’a pas été UE d’une manière spé-
ciale.
Sulfure de manganèse.
Vauquelin.
Siret PIN EN es sors 341,29
Manganése........essessense.es 100
On l’obtient en chauffant dans une cornue un mélange de
manganèse oxidé et de soufre en excés; il se dégage du gaz
sulfureux , et on obtient un sulfure de manganèse fixe.
Ce composé est presque toujours pulvérulent, d’une cou-
leur verte-terne.
Il est inseluble dans l’eau, il FE de l'acide hydrosul-
furique avec l'acide sulfurique foible, l'acide bydrochlorique ,
et, ce qui est remarquable, avec l'acide nitrique foible.
Il absorbe l’oxigène lorsqu'on le chauffe doucement, et se
convertit en sulfate; si la température est trés-élevée, il se
convertit en gaz sulfureux et en oxide.
Phosphure de manganèse.
On peut le préparer en chauffant au rouge 1 p. d'acide phos-
phorique vitreux, 1 p. de manganèse oxidé , et ; de charbon.
Ce phosphure est brillant, cassant ; chauffé aveë le contact
de l’air, ilse change en phosphate.
Carbure de manganèse.
On n’a pas encore obtenu le manganèse saturé de carbone;
| MAN 55
tout ce qu'on sait, c’est que l’oxide de manganèse réduit avec
un excès de charbon, donné un métal carburé.
Usages. Le manganèse, à l’état métallique , ne sert à aucun
usage ; le péroxide et le deutoxide sont employés, dans
les laboratoires, pour préparer l’oxigene:; dans les ateliers,
pour préparer le chlore. Ces mêmes oxides sont aussi employés
pour colorer les verres et les émaux en rouge d’hyacinthe,
Enfin , lorsque le verre en fusion s’est coloré par du charbon,
l'addition du péroxide de manganèse est utile pour décolorer
le verre; si l’oxide ajouté est en quantité convenable, le verre
devient incolore; si l’oxide étoit en excès, le verre seroit coloré
en violet. C’est cet usage qui à fait donner à l’oxide natif de
manganèse le nom de savon des verriers. ( Cu.)
MANGANESE. ( Min.) Les minérais de manganése sont
assez répandus dans la nature, ils s’y trouvent quelquefois
même en masses ou amas fort étendus; mais ils sont telle-
ment variés dans leur aspect, qu'il devient assez diflicile de
leur assigner des caractères généraux, quand bien même ils
appartiendroient à la même espèce. La seule propriété peut-être
qui leur soit commune, c’est qu’ils ont tous la faculté dé co-
lorer le verre de borax en violet par l'addition d’une trés-pe-
tite quantité de nitre. Quant aux substances qui contiennent
ce métal à l’état d’oxide, elles changent ordinairement de
couleur ou de teinte par un long séjour à l’air ou par l’action
du feu. C’est ainsi, par exemple, que la chaux carbonatée
manganésifère qui, dans l’état naturel, présente une couleur
d’un blanc nacré ou d'un rose tendre, devient d’un jaune
sale à Pair et d’un brun foncé au feu.
A l’égard du manganèse métal, quelques chimistes seule»
ment, et Fourcroy entre autres, sont parvenus à l’extraire et a
le réduire; mais l’avidité avec laqueile il attire l’oxigène de
l’air pour repasser à l’état d’oxide, n’a pas permis de l’étudier
avec tout le soin possible; on sait seulement qu’il est blanc
dans le premier instant, mais qu’il se colore bientôt en violet,
qu’il est difficile à étendre sous le marteau, que sa pesanteur
spécifique est de 6,85 ,et qu’il est presque infusible,
L°® espèce. MANGANESE NATIF P
On ne cite encore qu’un seulexemple de ce métal à l’état
3.
36 MAN
natif, c'est celui que Picot Lapeyrouse prétendit avoir trouvé
en 1782 dans les mines de fer de Sem près Vic-Dessos, dépar-
tement de l’Ariége. Il est encore permis de douter de cette
découverte à cause de Ja grande affinité de ce métal pour l’oxi-
gène et de la facilité avec laquelle il passe dans nos labora-
toires de l’état de métal à l’état d’oxide, d’abord violet, ‘et
ensuite d’un bleu noirâtre assez intense. Le prétendu manga-
nèse natif de l’Ariége s’est présenté en boutons un peu aplatis,
recouverts d'un enduit terne. Je ne l’ai point retrouvé dans
la collection de feu Lapeyrouse que M. son fils a bien voulu
me permettre d'examiner.
II. espèce. MANGANÈSE OXIDÉ.
Comme cette espèce renferme ‘des variétés de l’aspect le
plus disparate, il importe de la subdiviser en plusieurs sous-
espéces, afin d'établir plus d'ordre et de clarté dans la des-
criplion ; nous la partagerons donc en trois groupes, savoir : les
métallcïdes, les ternes et les friables.
$. 1. Mang. oxid. métalloide. ( Graubraunstein-Erz. W.}
L'aspect des variétés de cette sous-espèce est tantôt celui du
fer poli, tantôt celui de l'argent. Leur texture est générale-
ment rayonnée et divergente; souvent les aiguilles ou les
cristaux se croisent sans ordre et dans tous les sens; rarement
ils prennent la texture lamellaire. Le manganèse oxidé mé-
talloïde est infusible, ce quile distingue nettement d'avec l’an-
timoine sulfuré qui a le même aspect et la même texture ; sa
poussière est noire et aride au toucher :sa pesanteur spécifique
est de 4,75, et.ses aiguilles d’un gris de fer, qui sont profondé-
ment cannelées et très-fragiles, se divisent dans le sens d’un
prisme rhomboïdal dont l'incidence respective des pans est
de 100 ét 80.° Ce solide est encore divisible dans le sens de
sa petite diagonale.
Mang. oxid. métali. cristallisé. En cristaux plus ou moins
alongés, prismatiques et rhomboïdaux, qui appartiennent à la
forme primitive de l’espèce, et qui n’en différent que par
l'addition de quelques pans ou facettes. M. de Bournon cite
treize modifications de ce prisme.
Mang. ovid. méball. aciculaire. En aiguilles plus ou moins dé-
MAN 37
liées, croisées dans tous les sens ou disposées en rayons di-
vergens. / : °
Mang. oxid. métall. soyeux. Son aspect rappelle certains fers
hydratés ou oxidés hématites, mais sa poussière d’un assez
beau noir suffit pour l’en distinguer, puisque ces minérais de
fer présentent toujours une poussière d’une couleur jaune ou
rouge bien tranchée.
Mang. oxid. métall. argentin. Il forme de petites masses
ee ou une espèce d'enduit ou de légères croûtes qui
recouvrent ordinairement certains minérais de fer, et surtout
les hématites et les fers carbonatés spathiques: Son aspect par-
ticulier le fait remarquer au premier coup d'œil, etilimprime
un toucher doux et savonneux lorsqu'on l'écrase entre les
doigts.
MM. Berthier, Éoebe et Beaunier ont fait un re beau
travail sur l’analyse de différentes qualités de manganése du
commerce. Ils ont trouvé, entr’autres, que celui qui provient
de la mine de Saint-Marcel au val d'Aost en Piémont, ren-
ferme :
Manganèseoxidé. 24.400. 478 AS A
Dashboard fus heat he NS
Benson: Se neo ES
Cannon enter. stat. #0 RE MURS RSS
Seeds. ie, been st auen 5
Le manganèse oxidé métalloïde appartient exclusivement
aux terrains primitifs : il y forme des rognons, des filons, et
même des couches, Parmi les nombreuses localités où il est
exploité, l’on cite particuliérement les mines de Suéde, d’An-
gleterre, de Hongrie, de Saxe , des Pyrénées, du Languedoc,
des Vosges, celle de Saint-Marcel en Piémont, qui a été vi-
sitée et décrite avec soin par de Saussure, et une infinité
d’autrés plus ou moins importantes.
$. IT. Manganèse oxidé terne.
Cette sous espèce passe à la précédente par des nuances dif-
ficiles à saisir; car quelques variétés du manganése terne
conservent encore un reste de l’état métalloïde qui caractérise
essentiellement le groupe précédent. Le manganèse oxidé
38 MAN
terne est d’un noir qui présente souvent une nuance de bleu
sombre ; sa surface et sa poussière tachent assez fortement les
doigts et le papier; sa cassure compacte ou finement grenue
est généralement terne; mais quand on la frotte avec un corps
dur , elle reçoit un commencement de poli.
Parmi les nombreuses variétés, nous citerons les suivantes
qüi sont les plus remarquables :
M ang. oxid. terne palmé. En massesirréguliéresqui présentent
dans leur cassure des coupes soyeuses et ondulées, composées
de filamens serrés et distiques. Il est d’un noir bleuâtre.
Mang. oxid. terne concrétionné. Il accompagne le précé-
dent à la Romanéche, et s’est trouvé dernièrement dans un
nouveau gîte du Périgord où il forme des plaques dont la sur-
face est mamelonnée, et dont la cassure est excessivement com-
pacte. 4}
Mang. oxid. terne amorphe. En masses lithoïdes qui ne se
distinguent dés fers hydratés que par la couleur noire de
leur poussière.
Mang. oxid. terne dendritique. La plupart des dendrites
ou arborisations noires que l’on remarque à la surface ou
dans l’intérieur de plusieurs roches, sont dues à des infiltra-
tions de manganèse; telles sont, entre autres, celles que l’on voit
sur les calcaires marneux de Paris, sur le kaolin de Saint-
Yriex, sur les malachites de Sibérie, etc. On pense que celles
des agates sont dues à une autre matière.
M. Berthier a trouvé que le manganèse oxidé terne de la
Romanèche étoit composé des principes suivans :
Oxide rouge de manganèse. .......-. 0,688
Oanene.s 3 LE he 0 27e MOT
Ramin SN LEON ES de. 00e
Basyiets enenee. Ù JUL RS. OS
Oxide rouge de fér2te une 6,008
Matieres insolubles......:.......... 0,026
1,000
D'aprésle savant auteur de cette analyse, la baryte ne seroit
point un produit accidentel et fortuit, elle y seroit à l’état de
combinaison, et se seroit rencontrée également dans plusieurs
MAN 39
autres minérais de manganèse, et, entre autres, dans celui de
Thiviers, connu sous le nom vulgaire de pierre de Périgueux.
L'on pourroit donc admettre dès à présent un manganèse oxidé
barytifere.
Le manganèse terne et compacte est très-commun dans la
nature ; il est exploité dans une foule de mines qui le pro-
duisent plus ou moins pur; et, pour ne citer que les plus im-
portantes, nous nommerons celles de la Romanèche près Mà-
con, et celles du Suquet près Thiviers, département de la
Dordogne, à environ huit lieues de Périgueux. Dolomieu à
décrit le gîte de la Romanèche, où le manganèse forme un
amas dans un bassin granitique, et où il est accompagné de
chaux fluatée et d’une argile marbrée d’une finesse de grain
extrême ; les ouvriers employés à l’exploitation s’en servent
pour se raser en place de savon. Le minérai s'expédie sur
divers points de la rangs et se vend 15 cent. le kilog. pris a
Màäcon.
$. III. Manganèse oxidé friable ou ferreux.
Les variétés qui appartiennent à cette sous-espéce ont un
degré de consistance qui varie depuis celui d’une sub$tance
qui cède à la pression des doigts jusqu’à celui d'une poudre
fine et noire; leur couleur passe du noir de charbon au brun
de tabac; mais, quels que soient leur consistance et leur aspect
extérieur, elles n’en colorent pas moins le verre de borax en
violet, ainsi que nous l'avons déjà dit au commencement de
cet article. Quant à leur pesanteur spécifique , elle est quel-
quefois si foible que plusieurs sont susceptibles de surnager à
la surface de l’eau avant de se précipiter au fond. Les prin-
cipales variétés sont les suivantes:
Mang. oxid. friable terreux. Sa couleur est d’un gris noirûtre,
sans aucun éclat; il forme de petites masses grenues dans leur
cassure, et qui tachent les doigts en noir.
Mang. oxid -Jriable pseudo-prismatique. En petites masses pris-
matoïdes dues à un retrait.
Mang. oxid. friable pulvérulent. En poudre brune ou noire
d'une grande finesse, se trouvant par petits nids dans les
interstices de certains minéraux, et particulièrement à la sur-
face du manganése terne, du cuivre carbonaté, etc. La variété
40 MAN Lo
nommée black-wad par les Anglois, analysée par Wedgwood,
s’est trouvée composée, comme il suit :
Manganëse oxidé.......,.......... 43
Fer) omdéstitce Lee sas 21: SOHÉERAREUES
Perte ef substances accidentelles:... 14
nn ——
100
Lé black-wad bien sec et mêlé à un quart de son poids
d'huile de lin, s’enflamme spontanément quand on vient à
chauffer le mélange d’une manière douce et ‘graduelle. C’est
ce qui lui a fait PORTA le nom de manganèse anne par
quelques min éralogistes.
Le manganése oxidé friable appartient a tous 1 terrains,
car ses diverses variétés accompagnent aussi bien les sous-
‘espèces qui se trouvent exclusivement dans les terrains pri-
mitifs que celles qui semblent plus particuliérement affectées
aux terrains plus modernes. C’est ainsi que la variété pseudo-
prismatique gîte dans le granite, et que d’autres se trouvent
dans les terrains calcaires de la Dordogne et de l'Ardèche.
Les différens oxides de manganèse que nous venons de citer
présentent plusieurs degrés d’oxidation et plusieurs combi-
naisons particulières, soit avec la silice, soit avec la baryte;
plusieurs sont évidemment des hydrates; et les chimistes
reconnoissent du péroxide, du deutoxide, des hydrates de
manganèse, ainsi que des silicates et des manganèses bary-
Dune Nous renvoyons a la partie chimique tout ce qui à
trait à ces différentes proportions d’oxigène et d’eau, et tout
ce qui concerne les différentes couleurs du caméléon minéral.
Les oxides de manganèse sont employés par les chimistes
pour enobtenir de loxigène pur pour la fabrication de l'acide
chlorique ou muriatique oxigéné, dont tout le monde connoît
emploi pourle blanchiment des toiles et pour l’assainissement
des hôpitaux et des étables.
Les verreries en font usage pour blanchir le verre à vitre
et le cristal; les fabricans d’émaux s’en servent avantageuse-
ment pour obtenir des teintes violettes et purpurines; il entre
dans la composition de l'encre de trait qui sert à marquer les
cadrans: on en colore la porcelaine et les faïences communes
MAN 41
en brun, etc. Plusieurs minéraux doivent leur couleur au man-
ganèse; tels sont certains grenats, le quarz améthyste, la tour-
maline rouge de Sibérie ,l’épidot et l’'amphibole de Saint-Mar-
cel, ete. Le manganèse oxidéest désigné sous le nom de magnésie
dans quelques anciens ouvrages de minéralogie et autres.
III. espèce. MANGANÈSE CARBONATÉ.
L’on avoit cru prudent de laisser cette espèce parmi le man-
ganése lithoïde; mais nous croyons aujourd’hui que les ana-
_lyses sont assez concluantes pour que l’on doive l’en séparer.
Le manganèse carbonaté est d’un rose vif qui passe au blanc
par une dégradation de teintes successives; l’on en connoît
même de jaunâtre et de brun; mais il est plus que probable
que ces dernières variétés sont dues à l’altération du centre.
La cassure et le tissu du manganèse carbonaté sont lamelleux
et nacrés, en sorte qu’il ne faut pas le confondre avec le man-
ganèêse lithoïde ou siliceux, qui est excessivement compacte.
Le manganèse carbonaté de Bohême, analysé par Descostils,
s’est trouvé composé de
Manganese oxidés: 24 44,45. .#440053,0
eide carbonique. 12e OUR
bénomides tt loue, ne QUIUUAR 16e
ohice etresidu ii MARS EL 40
DORA DC HUITRR LUN EU, 2,4
———
103,0
Cette espèce se trouve aux mines de Kapnick en Hongrie et
de Nagyag en Transylvanie , où elle accompagne le tellure auri-
fère , et où elle forme des veines et de petites masses dans l’inté-
rieur même du manganèse lithoïde siliceux ; mais en général
elle est fort rare. |
IV." espèce. Mançcanèse Lirnoïre; vulgairement Manganese
rose.
Nous laissons encore subsister la dénomination de lithoïde
pour désigner ce manganèse, dont l'aspect est celui d’une
pierre siliceuse, homogène et compacte, et dont la couleur
est encore le rose plus ou moins vif qui se dégrade en passant
42 MAN
au jaune et au brunatre. Il est très-dur, susceptible de rece-
voir un assez beau poli et de rayer le verre à la mamiére du
silex; sa cassure est raboteuse, et ses bords sont translucides; sa
pesanteur spécifique varie de 3,2 à 3,6; il brunit au feu. On
distingue deux variétés dans cette espèce : l’une qui est lamel-
leuse, et dans laquelle M. Léman croit avoir remarqué des
lames carrées qui sembloient appartenir à un noyau prisma-
tique. ù
L'autre est absolument compacte et a l’aspect d’un silex rose.
Le manganèse lithoïide lamelleux de Suède, analysé par
M. Berzélius, s’est trouvé composé des principes suivans :
Manganèse oxidé..............: 52,60
Sihce 274260 eee ea COUR
PEDRIME ENT 7000 PRE CS OC IEUE
Cha NS MT ee ne le bo
Matières volatilisées. 2.20... 05/978
100,05
La forte proportion de silice et l’absence totale de l'acide
carbonique, semblent devoir autoriser la distinction de l’es-
pèce précédente d’avec celle-ci. |
Le maganèése lithoïde se trouve en Suède, en Sibérie, en
Hongrie et en Transylvanie; il sert de gangue au tellure auri-
fère de Nagyag, et s'associe parfois au grenat et à la diallage
verte. On travaille en Russie les morceaux les plus purs et
les mieux colorés, qui proviennent de la mine d’Orlez près
d'Ekaterinbourg.
‘
! SL" Û L2
V.° espèce. MANGANÈSE SULFURÉ.
Cette espèce est rare et assez mal caractérisée ; sa couleur
ordinaire est le noir; sa cassure fraiche jouit d’un certain
éclat qui se ternit bientôt à l'air, mais sa poussière qui est
d’un vert assez sensible, peut aider à le reconnoître; sa struc-
ture est souvent lamelleuse, et Haüy lui avoit reconnu pour
noyau un prisme rhomboïdal divisible dans le sens de ses dia-
gonales ; au chalumeau il donne une odeur de soufre, et l’acide
sulfurique étendu produit sur lui un dégagement subit d’hy-
drogène sulfuré.
MAN A3
M. Vauquelin qui l’a Fe lui assigne les principes sui-
vans :
Manganése oxidé au minimum...... 89
DOMÉPE LE. LS SX 20 SISTER 15
—<—
[OO
C'est encore à Nagyag, et parmi le manganèse lithoïde
que l’on a trouvé le manganèse sulfuré; il y est associé au tel-
lure et aux différentes substances qui se trouvent dans cette
mine ; l’on en cite aussi dans celles du Mexique et de Cor-
nouailles.
VI.° espèce. Mancawèse ProspæaTÉ. ( Eisenpech-Erz, W.)
Ce minéral est d’un brun noirâtre passant quelquefois au
rougeûtre; il a l’aspect et la cassure de la résine , mais celle-ci
devient parfois lamelleuse et un peu conchoïde. Il présente,
dans son état de plus grande pureté, des joints naturels qui
sembleroient conduire à un noyau prismatique droit et à base
rectangulaire. Sa pesanteur spécifique est de 3,95; il se fond
aisément au chalumeau, et se dissout en entier dans l’acide
nitrique. M. Vauquelin, qui a fait l'analyse de ce minéral, l’a
trouvé composé de
Oxide de manpanésé su ue AU - 0,42
Oxide erfér sex sh é dés sd ge 0,31
Acide phosphorique.......s.se.e 0,27
1,00
L’on pense avec raison que le fer n’est ici qu’accidentel, et
que l’acide phosphorique est uniquement combiné avec le
manganèse, telle est l’opinion de M. Darcet. On doit la dé-
couverte de ce minéral à M. Alluaud , minéralogiste distingué,
qui le trouva disséminé dans les granites de Barat près Limoges.
L'existence du manganése muriaté est encore probléma-
tique, au moins dans l’état naturel: c’est pour cette raison vire
nous le passons sous silence. (P. Branp.)
MANGAPAKI, (Bot.) Voyez Mancaraqui. { J.)
MANGARA (Bot.), nom que l’on donne dans le Brésil aux
diverses espéces de gouet, arum, suivant Pison. (J.)
44 MAN nr
MANGARATIA (Bot.), nom brésilien du gingembre, sui-
vant Pison. (J.)
MANGARENT-SOUY-FOUTCHY. (Ornith.) De la Croix,
dans sa Relation de l’Afrique, tom. 4, pag. 427, dit que les
habitans de Madagascar donnent ce nom et celui de voula à
un ciseau de riviére, qui a un cou long etblanc, et qui res-
semble à un pélican. (Cu. D.)
MANGARSAHAC. (Mamm.) Flaccourt décrit imparfaite-
ment sous ce nom madécasse un animal dont les oreilles sont
pendantes et d’une longueur extrême, et qu’il compare à un
ane. (PF. C,)
MANGAS-DE-VELUDO. (Ornith.) Suivant le célébre hy-
drographe d’Aprés, la vue de ces oiseaux, qui sont des fous,
annonce l'approche de l'extrémité australe de l'Afrique.
Voyez Mancus-ne-veLours. (Cu. D.)
MANGE-BOUILLON. ( Entom.) Goëldac ia détee
nom dans son ouvrage ayantpour titre Métamorphoses naturelles,
tom. II, expérience 10, des insectes qu'il est fort diflicile, nous
n’osons pasdireimpossible,de reconnoitre d’aprèslevaguedeses
expressions. Si l’on s’en rapporte à la figure, on y voit quatre
larves de coccinelle, une de miride et deux insectes parfaits
de chacun de ces genres. Tout le texte relatif à ce sujet est
vague, etne contient que des préjugés, même sur la prétendue
efficacité de la fumée de la laine ou de la substance coton-
neuse du bouillon blanc employée en fumigation contre les
hémorroïdes. (C. D.)
MANGE-FOURMIS. (Mamm.) Voyez Fourmirier. (Desm.)
MANGE-FROMENT. ( Enlom.) Goëddaert a décrit à tort
sous ce nom la larve et l’insecte parfait de la coccinelle à sept
points. À l’exception des figures, les détails donnés dans le cha-
pitre 18 du tome II sont tout-à-fait erronés. (C. D.)
MANGE-SERPENT. (Ornith.) Kolbe, dans sa Description
du cap de Bonne-Espérance, tom. 5, chap. 19, n.° 21, dit
que le pélican porte dans cette contrée le nom hollandois de
slangen vreeter , qui signifie mange-serpent. Voyez MANGEUR DE
sERPENS. (Cu. D.)
MANGE-TOUT ( Bof.), nom d’une variété de pois. (L. D.)
MANGEIRA. ( Bot.) Voyez Maxea (J.)
MANGELINS, ( Bot.) Voyez Mapsrant. (J.)
nf MAN . 45
MANGELLA-KUA. (Bot.) Voyez Kua.(J.)
MANGERONA ( Bot. ), nom de la marjolaine dans le Por-
tugal, selon V'andelli. (J.)
MANGEUR D'’ABEILLES. (Ornith.) Nom vulgaire du gué-
pier commun, merops apiaster, Linn. Le guépier à collier de
Madagascar 7 nommé par Edwards mangeur d’abeilles des Indes.
(Cx. D.)
MANGEUR D’APPAT. (Ichthyol.) On dit que ce nom est
donné par les habitans de l’ile Bourbon à une espèce de baliste
toute noire. (Desm.) …
MANGEUR DE CERISES. (Ornith.) L'oiseau auquel on
donne ce nom et celui d’oiseau de cerises, est le loriot d’Eu-
rope , oriolus galbula, Linn.(Cn. D.)
MANGEUR DE CHÈVRES (Erpétol.), l'un des noms vul-
gaires du boa scytale. (Des.)
MANGEUR DE CRAPAUDS. ( Ornith.) L'oiseau qui, sui-
vant Holandre, tom. 2, pag. 39, porte-ce nom à Cayenne,
est une espèce ne buse , longue de dix-sept pouces. (Cu. D.)
* MANGEUR DE FOURMIS. (Ornith.) Cette dénomination,
qui appartient plus spécialement à un mammifère, s'applique
aussiaux oiseaux dont les fourmis constituentla principale nour-
riture, c’est-à-dire aux fourmiliers , myothera, Illig. (Cu. D.)
MANGEUR D'HUITRES ( Ornith.), nom donné à l’'huîtrier,
hæmatopus, Linn. (Cu. D.)
MANGEUR DE LOIRS (Erpétol.), nom vulgaire d’une es-
pèce de serpent , le boa rativore. (Desm.) :
MANGEUR DE MIEL, (Ornith.) L'oiseau que Kolbe (Voyage
au cap de Bonne-Espérance , tom. 3, pag. 190) appelle mange-
miel, mange-abeilles, mange-moucherons , est le même que le
Manczur D’Agerrres. Voyez ce mot. (Cu. D.) ;
MANGEUR DE MILLET. (Ornith.) L'oiseau qu’on appelle
ainsi à l’île de Cayenne , est une espèce d’ortolan, et notre
proyer appartenant au même genre, emberiza, a aussi pour
épithète le mot muiliaria. (Cu. D.)
MANGEUR DE MOUCHERONS. (Ornith.) Voyez Manceur
pe MIEL. (Cu. D.)
MANGEUR DE NOYAUX. ( Ornith.) On nomme ainsi le
gros-hec , loxia coccothraustes , Linn. (Cu. D.)
MANGEUR DE PLOMB. { Ornith.) Suivant Lepage du Pratz,
46 MAN
dans son Histoire de la Louisiane, tom. 2, pag. 115, ce nom
x été donné aux plongeons , parce qu'ils s’enfoncent si promp-
tement dans l’eau en voyant le feu du bassinet, qu’ils par-
viennént à se soustraire aux coups de fusil. ( Cu. D.)
MANGEUR DE PIERRES. (Entomol.) Voyez Lrrnogie et
Pérnosie. (Desm.)
MANGEUR DE PIERRES. (Malacoz.) Traduction du mot
lithophage, employé à tort pour désigner un assez grand nombre
d’espèces de mollusques bivalves qui vivent dans des excava-
tions qu’elles creusent dans les pierres. Voyez LirHoPHAGs et
Morrusques. (DE B.)
MANGEUR DE POIRES. (Entomol.) On a donné ce nom à
une larve qui vit dans l’intérieur des poires, et qui est sans
doute la pyrale des pommes, pyralis pomona , Fabr. (Desm.)
MANGEUR DE POIVRE. (Ornith.) C'est le toucan, ou
aracari-koulik, ramphastos piperivorus , Lath. (Cr. D.)
MANGEUR DE POULES. (Ornith. ) Cette dénomination est
vulgairement donnée à plusieurs oiseaux de proie qui font la
guerre aux poules et aux autres volailles, (Cu. D.)
MANGEUR DE RATS ( Erpétol. ), nom Me du boa ra-
tivore. (Des. )
MANGEUR DE RIZ. (Ornith.) L’ortolan de riz, emberiza
APR Linn., ou passerine agripenne, Vieill.; le gros-bec
padda , loxia oryzivora , Linn., et une espèce de troupiale,
oriolus oTYZiYOTUS , Linn., sont connus sous cette dénomina-
tion. (Cu. D.)
MANGEUR DE SERPENS. ( Ornith. ) C’est sous ce nom que
M. Levaillant décrit le secrétaire dans ses Oiseaux du cap de
Bonne-Espérance , tom. 1, pag. 68. (Cu.D.)
MANGEUR DE VERS. (Ornith.) Edwards décrit saus ce
nom, dansses Glanures, part. 2, pag. 200, le figuier de Pensyl-
vanie de Brisson, Suppl. au tom. 6°, pag. 102 de son Ornitho-
logie, lequel est le demi-fin mangeur de vers de Montbeillard ,
motacillavermivora, Linn. (Cx. D.)
MANGHAS. ( Bot. ) On trouve sous ce nom, dans C. Bauhin,
un arbre de la famille des apocynées, que Linnæus a nommé
cerbera manghas, sous lequel il a réuni deux espèces diffé-
rentes, quoique congénères, savoir l’arbor lactaria de Rumph,
et l’odollam de Rhéede. Ce genre rentre dans la section des
MAN 47
apocynées à fruit double et graines non aïgrettées, et l'on en
détache maintenant le thevetia qui a le fruit simple. (J.)
MANGHOS et MANGO.(Bot.) Voyez Mangier commun à l'ar-
ticle Maneier. ( Lex.)
MANGHULKARANDU. (Bof.) Le petit pois pouilleux,
dolichos pruriens de Linnæus, est ainsi nommé à Ceilan, sui-
vant Hermann. (J.)
MANGIER, Mangifera. (Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des
térébinthacées , de la pentandrie monogynie de Linnæus, offrant
pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions, cinq pé-
tales plus longs que le calice; cinq étamines dont une seule
fertile, portant une anthère presque réniforme; un ovaire
supérieur ; un style; un stigmate simple; un drupe oblong , un
peu rénilorme, contenant une noix oblongue, comprimée,
monosperme, couverte à l'extérieur de soies filamenteuses.
Maxerer commun : Mangifera indica , Linn.; Lamck., Ill. gen,
tab. 138; Manga domestica, Gærtner, de Fruct., tab. 100;
Rumph, Amb., 1, pag. 93, tab. 25; Mao seu mau, vel Manghos,
Rhéed., Malab., 4, tab. 1,2; vulgairement Maxnceier Mawco.
Arbre des Indes orientales, intéressant par ses fruits savou-
reux, d’une odeur agréable; son tronc s'élève à la hauteur
de trente ou quarante pieds; il supporte une cime large et
touffue: les feuilles sont grandes, pétiolées, alternes, lancéo-
lées, oblongues, aiguës, coriaces, glabres, entières, ondulées,
d’un vert foncé, longues de huit à dix pouces. Les fleurs sont
rougeâtres, petites, disposées en grandes panicules termi-
nales, dont les pédoncules sont colorés, munis de petites
bractées ovales, à divisions du calice caduques, à pétales
lancéolés, étalés, à cinq étamines, dont une seule munie
d’une anthère; les quatre autres ne présentant que des
filamens courts, sans anthère. Le fruit est un gros drupe
réniforme , très-variable dans ses dimensions, sa couleur et sa
forme; il renferme une noix large, aplatie, recouverte d’un
tissu fibreux, contenant une amande trés-amére.
Cet arbre croît dans les Indes orientales, au Malabar, à
Goa, au Bengale, etc. M. de Tussac dit qu’il a été transporté
à la Jamaïque en 1782; il faisoit partie d’une riche collec-
tion de plantes qu’une frégate françoise rapportoit de l’Ile-de-
48 MAN
France à Saint-Domingue, et qui fut capturée par le capitaine
Marshall, qui commandoit un vaisseau faisant partie de l’es-
cadre de l’amiral Godnay. Les fruits du manguier, que les
Anglois nomment mango à la Jamaïque, diffèrent presque
autant pour le goût qu’il y en a d’espèces ou de variétés. On
en compte plus de quatre-vingts, d’après le même auteur,
dont plusieurs flattent en même temps la vue, l’odorat et le
goût; quelques unes aussi ont une odeur et une saveur de
tevcbe he très-prononcée. Les variétés les plus recherchées
sont le mango-vert de la plus grande espèce; le mango-prune
très-petit, ayant un goût de prune, un noyau très-petit,
presque point filandreux ; le rase Pntes le mango-abricot,
ainsi nommés à cause du goût qu'on leur trouve de ces différens
fruits.
Ces fruits ont une saveur délicieuse qui ne le cède guère
qu’à celle des fruits du mangoustan: on leur trouve une légère
acidité qui plait beaucoup; ils sont bienfaisans, d'autant
meilleurs que leur noyau est plus petit, ils passent pour puri-
fier la masse du sang. Ces fruits se préparent de différentes
manières: la plus usitée est de les mettre tremper dans du vin
avec du sucre, après en avoir enlevé la peau, et les avoir
coupés par tranches; on en fait d’excellentes marmelades
avec du sucre et des écorces de citron, ainsi que des gelées,
des compotes, des beignets; on les conserve confits entiers
dans le sucre; on fait, aveclesjeunes fruits, d’excellens acharts
(on nomme ainsi dans les Indes les fruits confits dans le
vinaigre). Les amandes des noyaux séchées et réduites en farine
sont employées pour différens mets par les indigènes du pays;
on les administre, après les avoir fait rôtir, pour arrêter le
cours de ventre et tuer les vers. Les feuilles et l'écorce écrasées
ont une odeur analogue à celle des fruits; quelques personnes
les mâchent pour nettoyer les dents et raffermir les gencives.
L’écorceséchée et pulvérisée, prise dans du bouillon, est propre
à dissoudre le sang extravasé et coagulé dans les contusions ;son
suc exprimé, mêlé avec du blanc d'œuf et un peu d’opium,
est donné avec succés dans les diarrhées et les dyssenteries.
Enfin on assure que le mango fournit un remède dépuratif
des plus puissans, d’une grande importance surtout dans les
climats où les maladies scorbutiques sont les suites trop fré-
MAN 49
quentes d'un air chaud et humide pendant le jour , et quel-
quefois trés-frais pendant la nuit. Les malades qui se soumet-
tent au traitement par le mango, ne doivent prendre aucune
autrenourriture:ils éprouvent, pendantles premiersjours, une
agitation et des démangeaisons extraordinaires, qui les pri-
vent de sommeil, et il sort de leur corps une quantité de petits
boutons; plusieurs Nègres scorbutiques, dans lesquels la ma-
ladie paroissoit être à son dernier période, ont été, dit-on,
guéris radicalement , en ne leur faisant prendre d’autre nour-
riture que des mangos pendant déux mois.
Cet arbre croît extrêmement vite, et se charge d’une grande
quantité de fruits : ilest, dans le pays, très-facile à multiplier.
par $es noyaux qui peuvent se conserver plus d'un an avec
leur faculté germinative; on les sème autour des habitations,
et il ne s’agit plus que d'attendre. En Europe, le mangier ne
pousse jamais vigoureusement ; il faut le tenir constamment
dans la serre chaude, le changer de pot et lui donner de la
nouvelle terre tousles deux ans. On ne peut le multiplier que
de graines; lorsqu'on les envoie de loin, il faut les stratifier
dans du sable un peu humide ; elles serment pendantle voyage,
et on les met en terre aussitôt leur arrivée, dans une bache
dont la température est très-élevée. Le hi est blanchâtre,
n'a pas de dureté, se casse aisément, etsouventmême se rompt
sous le poids des fruits; on s’en sert dans les Indes avec celui
du santal, pour faire Hrdler les cadavres des personnes de
distinction, et l’on fait, avec ce bois, des cercueils pour en.
sevelir ceux que l’on ne fait pas brûler. Quoique cet arbre
semble être consacré aux funérailles, les Brachmanes sont
cependant dans l’usage d’orner leurs maisons avec son feuil-
lage, les jours de grandes fêtes.
Le ManGIER À FLEURS LACHES ( Mangifera laxiflora, Lamck.,
Encycl.) n’est peut-être qu’une variété de l’espèce précédente.
Les grappes sont plus lâches, plus alongées; les fruits plus
petits, ovales, arrondis ; les feuilles presque sessiles. Il croit à
l'Ile-de-France. Deux autres espèces de mangier (mangifera
axillaris et indica), munies toutes deux de dix étamines fer-
tiles, ont été exclues de ce genre; ae les rapporte
aux spondias., Voyez Mongin. (Porr.)
MANGIFERA, ( Bot.) Nom latin du mangier auquel Rott-
29. 4
50 MAN
bollréunissoitle weldmedia de Ceilan , sous le nom de mangifera
glauca. Cet arbre a changé successivement de nom et de genre.
C’étoit le sideroxylum spinosum de Linnæus, le schrebera al-
bens de Retz, le celastrus glaucus de Vahl. Nouscroyons , avec
M. Persoon , qu’il doit être réuni a ne: elæodendrum
de Jacquin. (J.)
MANGILI. (Bot.) Voyez Manpnatya. (J.)
MANGILI (Ichthyol.), nom spécifique d’un pleuronecte dé-
crit par M. Risso. Voyez Preuronecte. (H. C.)
MANGIUM. ( Bot.) Nom sous lequel Rumph décrit des ar-
brisseaux qui croissent et vivent comme le manglier, auquel
Linnæus les avoit réunis sous ceux de rhizophora cascolaris , et
rhizophora corniculata ; mais ensuite on en a fait des genres
très-distincts , Sonneratia et Ægiceras, reportés à des familles
éloignées. Le nom rhizophora, donné par Linnæus au genre
primitif, est tiré de sa graine qui germe dans le fruit dont
elle ne se détache qu'après avoir poussé au dehors une très-
longue racine. (J.)
MANGLE. ( Bot.) Ce nom est donné à divin arbres ou ar-
brisseaux qui croissent sur le bord de la mer, et sont sou-
vent à moitié submergés. Ils appartiennent à différens genres,
et principalemeut au vrai manglier ou palatuvier , rhizophora,
qui compte le mangle rouge de Nicolson parmi ses espèces.
Le mangle blanc, le mangle gris et le mangle zeragoza de
Jacquin sont des conocarpus. Le mangle bobo de Nicolson est
maintenant le sphænocarpus; un autre mangle blanc est l’a-
vicennia , etle mangle prieto de la Flore Equinoxiale est du
même genre. Le bucida est encore nommé mañgle gris par
Nicolson ; le sapium uucupartum est le mangle cantivo des An-
tilles, selon Jacquin; et un cocco loba porte le nom de mangle
rouge. Nous ajouterons que le mangle ou manglier porte aussi
dans divers lieux les noms de mange et mangrove. (J.)
MANGLIER. ( Bot.) Voyez Conocarrs. (Porn. )
MANGLIER VENIMEUX. ( Bot.) C’est aux colonies le nom
de l’ahouai-manghas, cerbera manghas, Linn. (Lem.)
MANGLILLA. (Bot.) Ce genre paroît devoir être réuni aux
ardisia. Voyez Anpisra et Caparcéria. (Porr.)
MANGLILLO. ( Bot.) Nom péruvien ou espagnol des ca-
balleria pellucida et oblonga de la Flore du Pérou, dont nous
MAN 51
avions fait antérieurement le genre Manglilla, de la famille
des sapotées, reporté depuis par M. Lamarck au chrysophyl-
lum et au bumelia par Willdenow. (J.)
MANGO. ( Bot.) Voyez Maxcuos. (LEem.)
MANGO (Ichthyol.), nom spécifique d’un poisson du genre
Porvnème. Voyez ce mot. (H.C.) :
MANGO. (Ornith.) Albin ,tom. 3, pag. 20, a décrit sous le
nom d'oiseau de mango ou botdonnienr de mango à longue
queue, un colibri de la Jamaïque, auquel Linnæus et La-
tham ont donné la même épithète, trochilus mango, et qui est
le plastron noir de Buffon , pl. enl., n.° 680, fig.3.(Cu.D.)
MANGOICHE. (Ornith.) Flaccourt (Histoire de Madagascar,
pag. 166) désigne cet oiseau comme uneespèce de serin. Buffon
le rapporte au serin de Mozambique, qui lui paroît former
une nuance entre les serins et les tarins. (Ca. D.)
MANGONE. (Ornith.) L'oiseau auquel, suivant Cetti,
p28. 303 , on donne enSardaigne ce nomet celui de gentarubia,
est le flamant, phænicopterus ruber, Linn. (Ca. D.)
MANGOREIRA. ( Bot.) L’arbrisseau de ce nom, cité dans
l’abrégé de l’histoire des voyages, est indiqué comme le
même que le jasmin d'Arabie, qui porte des fleurs blanches
d'une odeur trés-suave: c’est un mogori , mogorium sambac. (J.)
MANGOSE ( Bot. ), nom du séerculia cordifolia dans le Sé-
négal, cité dans l’Herbier d’Adanson. (J.)
MANGOSTANA. { Bot.) C’est sous ce nom que Garein et
Rumph ont les premiers décrit l'arbre qui produit le man-
goustan, un des meilleurs fruits de l'Inde, lequel a postérieu-
rement été nommé garcinia par Linnæus. (J.)
MANGOUSTAN, Garcinia. ( Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des
guttifères, de la dodécandrie monogynie de Linnæus, offrant
pour caractère essentiel : Un calice à quatre folioles persis-
tantes; quatre pétales; environ seize étamines insérées sur le
réceptacle; un ovaire supérieur; point de style; un stigmate
_aplati, à plusieurs lobes en rayons; une grosse baie couronnée
par le stigmate, revêtue d’une écorce épaisse, coriace, à plu-
sieurs loges pulpeuses, renfermant chacune une semence.
Mancousran CuLTIVÉ : Garcinia mangostana, Linn.; Lamck.,
Ill. gen., tab. 405, fig. 1; Gærtn., de Fruet., tab. 105; Man-
4.
52 | MAN
gostana, Rumph, Amboin., 1, tab. 43. Arbre d’un trés-beau
port, d’une hauteur médiocre. Ses feuilles sont grandes, op-
posées , pétiolées, glabres, fermes, épaisses, ovales, aiguës,
trés-entières; ses fleurs naissent au sommet des rameaux : elles
sont terminales, solitaires, pédonculées, d’une grandeur mé-
diocre , d’un rouge foncé; les folioles du calice épaisses, con-
caves, arrondies. Le fruit est une baïe sphérique, de la grosseur
d’une orange, d’un vertjaunàtre en dehors, remplie d’une pulpe
blanche , succulente, à demi transparente, d’une saveur déli-
cieuse. Cet arbre est originaire des Moluques, d’où il a été
transporté dans l’île de Java , où il est cultivé , ainsi qu’a M:-
lacca, à Siam, aux Manilles, etc.
Le nid a de loin Lee d’un citronniers il fournit
une ombre épaisse, d'autant plus précieuse que les chaleurs
sont plus considérables dans les lieux où il végète. Son bois.
n’est ben qu’a brûler : il découle des incisions faites aux
branches un suc jaunâtre qui prend une forme concrète. Ses
fruits passent pour les meilleurs de l’Inde ; ils flattent en même
temps le goût et l’odorat; on dit qu’ils ont à la fois la saveur
du raisin, de la fraise , de la cerise et de l’orange; qu'ils
exhalent un parfum très-suave , analogue à celui de la fram-
boise ; qu’ils sont très-rafrañchissans, n’incommodent jamais,
et sont tellement agréables qu’on a peine à s’en rassasier; on
les laisse manger aux malades, quelles que soient leurs mala-
dies , et l’on désespère de ceux pour qui ils n’ont plus d’attraits;
on prétend qu’ils sont un peu laxatifs. Avant leur maturité,
leur saveur est légèrement acide ; leur écorce est astringente;
sa décoction est employée dans la dyssenterie; l’écorce du
tronc fournit une teinture noire.
Mancousran À Bois pur : Garcinia cornea, Linn.: Lignum
cornkum, Rumph, Amboin., 5, tab. 30. Cet arbre est remar-
quable par la dureté de son boïs qui est blanchâtre, mais qui
prend, lorsqu'il est coupé, une couleur roussàtre ou jaunâtre.
Son tronc, assez élevé, est terminé par une cime ample, ra-
meuse, à rameaux quadrangulaires, garnis de grandes feuilles
opposées, pétiolées, ovales oblongues, lancéolées, glabres,
fermes , luisantes. Les fleurs sont inclinées , peu odorantes, pla-
cées sur des pédoncules courts, terminaux, presque solitaires.
Le fruit est d’un brun obscur, de la grosseur d’une prune, cou-
MAN 53
ronné par le stigmate en plateau. L’écorce est résineuse , lors-
que le fruit est fratchement cueilli. Les gerçures des rameaux
exsudent une liqueur épaïsse, visqueuse; jaunâtre, qui de-
vient concrète. Cet arbre croît sur les montagnes, à l’île d'Am-
boine. Son bois est pesant, difficile à travailler, presque
aussi dur que de la corne; on l’emploie à la charpente, et on
choisit, de préférence pour cet usage, celui des plus jeunes
arbres, parce qu’il se travaille plus facilement, n'ayant pas
encore un degré de dureté aussi considérable.
ManGousTAN MOREILLER : Garcinia morella, Lamck., Encycel. et
Ill. gen., tab. 405, fig. 2; Gærtn., de Fruet., tab. 105. Cette
espèce se distingue principalement par son fruit qui eonsiste
en une. petite baie sphérique à quatre loges, à peu prés de la
grosseur d’une cerise, Cette baie est glabre; son écorce coriace,
un peu épaisse; chacune des loges renferme une pulpe molle,
contenant une semence ovale, un peu réniforme , comprimée,
‘un peu scabre, d’un brun sale, entourée d’une double enve-
loppe. Ces semences, mises dans l’eau, lui communiquent
bientôt une couleur citrine. Cet arbre croit a Ceilan : il en
découle une sorte de gomme-gutte de très-benne qualité.
Maxcousran pu Marapar : Garcinia malabariea, Lamek.,
Encycl.; Panitsjica maram, Rhèede, Malab., 3, tab. 41. Grand
et bet arbre des Indes orientales, trés-commun sur la eôte du
Malabar. Il s'élève à la hauteur de plus de quatre-vingts pieds
sur un tronc de quinze pieds de circonférence. Le bois est
blanc, trés-dur; l'écorce noirâtre; les feuilles sont médiocre-
ment pét'olées, glabres, épaisses , luisantes, ovales obtuses;les
fleurs blanches, réunies sur des pédoncules courts, rameux :
elles répandent au loin une odeur aromatique trés-suave. Les
baies sont sphériques , de la grosseur d’une orange ; elles sont
d’abord verdâtres, puis rougeâtres et velues, enfin glabres et
de couleur cendrée à leur maturité; eiles renferment une
pulpe d’un blanc verdâtre, glutineuse, d’une saveur très-acide
qu’elles perdent en partie en mûrissant pour en acquérir une
plus douce; assez agréable. Les semences sont au nombre de
huit à dix, placéessymétriquement et en cercle dans la pulpe,
munies d’une arille.
Les fruits, au rapport de Rhèede , , Sont remplis, dans leur
jeunesse, d’un suc tellement abondant, qu'il se fait jour à
L 7 RES
travers keur écorce, sur laquelle il se répand et forme ure
couche. comme gommeuse. Cet arbre est, dans toutes les sai-
sons de l’année, chargé de fruits. Il se couvre de fleurs dans
les mois d’avril et d'octobre; il commence à porter des fruits
vers la septième année, et ne cesse d’en produire que lorsqu'il
a vécu plus d’un siècle. Les jeunes feuilles, broyées dans l’eau,
et le jus des fruits encore verts, passent pour un bon remède
contre les-aphthes et les crevasses de la langue. La substance
gluante et aqueuse, qui s'échappe des fruits, prend à l'air une
forme concrète, devient une matiére transparente, roussâtre,
avec laquelle on fait dans le pays une bonne colle qui est d’un
grand usage ; les Juifs et les Portugais s’en servent pour relier
leurs livres, parce qu’elle les préserve des insectes, et les
pêcheurs en enduisent leurs filets pour qu'ils soient de plus
longue durée.
Le garcinia calabica, Linn., forme aujourd’hui le genre
Oxycarpus. (Voyez Brinnonter.)
Le mangostana cambogia de Gærtner, ou garcinia cambogia,
Encycl., a été mentionné à l’article Gurrier. On a cru long-
temps qu’il fournissoit la gomme-gutte. Il est reconnu aujour-
d'hui qu'on doit cette substance à un arbre particulier qui
est le GurrærerA de Kœnig (Voyez ce mot), ou le stalagmitis
de Schreber. (Porr.)
MANGOUSTE(Mamm.):Herpestes, Illig.;1 HE Lacép. ;
Geoffr.; Viverra et Mustela, Linn. Genre de quadrupèdes car-
nassiers digitigrades , particulièrement rapproché de ceux qui
comprennent les civettes, les genettes, les surikates, les ictides
et les paradoxures, par le système de dentition.
Ces quadrupèdes forment le type du genre Viverra de Lin-
næus, qui renferme aussi , non seulement la plupart des genres
nouveaux que nous venons de nommer, mais Encore ceux des
coatis, des kinkajous, des moufettes, et de plus, l'animal ap-
pelé rattel, qu’on a rapporté au genre des gloutons. Ils en ont
été séparés pour former un groupe particulier par M.Cuvier
sous le nom de wiverra, par MM. Lacépéde et Geoffroy sous
celui de ichneumon, et par Illiger sous la dénomination d’ .
pesles.
Les margoustes sont de moyenne taille, à corps fort alongé,
a pattes courtes, terminées par cinq doigts! le pouce étant
MAN 55
trés-court), dont les ongles sont aigus et à demi rétractiles.
Leur tête est assez petite, terminée par un museau fin, qui
a un petit mufle, et qui est pourvu de quelques moustaches;
leurs oreilles sont larges, courtes et arrondies; leurs yeux,
assez grands, à pupille alongée transversalement, sont sus-
ceptibles d’être recouverts presque en entier par une grande
paupière clignotante; leur langue est hérissée de papilles cor-
nées ; leur queue, grosse à la base, très-longue et poilue, est
dans la direction générale du corps, et non prenante; leur
anus est situé au fond d’une poche, assez vaste, simple, dont
l'ouverture peut se dilater plus ou moins, et se placer de fa-
çon que les excrémens sont expulsés sans y faire aucun séjour ;
leurs mamelles sont placées sur le ventre et la poitrine. Dans
toutes les espèces les poïls qui sont assez durs, offrent des cou-
leurs variées, disposées par anneaux, de manière que le pelage
est en général tiqueté.
Le nombre des dents est de quarante en totalité, savoir :
à, la mâchoire supérieure, six incisives moyennes, simples et
bien rangées; une canine de chaque côté, conique et non
tranchante à sa partie postérieure ; trois fausses molaires dont
la première est peu éloignée de la canine; une carnassière
fort élargie particulièrement par le développement du tuber-
cule interne; deux tuberculeuses, dont la premiére présente
deux-tubercules pointus, mais peu saillans à son bord externe,
et dont la seconde , de même forme, ne peut guère être con-
sidérée que comme rudimentaire. À la mâchoire inférieure,
six incisives dont la seconde de chaque côté est un peu rentrée ;
une canine (aussi de chaque côté) semblable à la canine supé-
rieure; quatre fausses molaires, dont la première est trés-petite; |
une Carnassièrecomposée en avant de trois pointestrés-élevées,
disposées en triangle, et en arrière d’un talon assez bas, sur le
bord duquel sont trois petites élévations; enfin une tubercu-
leuse peu volumineuse, plus grande d’avant en arrière que d’un
côté à l’autre , et pourvue de trois tubercules.
Dans les individus adultes, la premiére fausse. molaire
manque ordinairement aux deux mâchoires.
Outre quelques caractères distinctifs que présente Le système
dentaire des anhnaux qui se rapprochent le plus des man-
goustes, il.y en a encore [plusieurs que fournit l'examen des
56 MAN
différentes parties du corps. Ainsi les surikates , qui en sont les
plus voisins, n'ont que quatre doigts aux pieds au lieu de cinq;
les civettes et les genettes ont une double poche, souvent
remplie d’une matière odorante, placée entre l’anus et les
organes de la génération, etleur poche anale n’a point le déve-
loppementde celle des mangoustes ;lesparadoxuresetlesictides
ont la queue susceptible de s’enrouler, tandis que celle des
mangoustes est toujours droite et basse ; les martes et les mou-
fettes sont dépourvues de poche anale, leurs mâchelières ont
une disposition et des formes toutes partieulières, et leur queue
“est plus courte; enfin la qualité de plantigrades éloigne des
mangoustes, les gloutons, le rattel et les mydaüs.
-Les habitudes naturelles des mangoustes sont très-analogues
à celles des martes, c’est-à-dire que ces animaux vivent de
rapine , et que leur nourriture consiste principalement en
petite proie vivante et en œufs ; seulement ils se tiennent plus
ordinairement à terre , dans les endroits découverts, et ils ont
un penchant déterminé pour la chasse aux reptiles. Ils ont
assez d'intelligence, et on peut assez facilement les réduire à
l’état de domesticité.
Leur genre est confiné dansles contrées chaudes de l’ancien
continent.
Maxcousrs p’Ecyrre ou,RaT pe PHarAON : Nems des Egyÿp-
tiens modernes; Ichneumon d'Hérodote et des anciens; Ichneu-
mon Pharaonis, Geoffr.; Herpestes Pharaonis, Desm.; la Man-
eousTE, Buff., Hist. nat. Suppl., tom. 3, pl. 26; Geoffr., Ména-
gerie du Muséum; Fréd. Cuvier, Mamm. lithogr. Sa longueur,
mesurée depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la
queue, est d’un pied six pouces, et celle de cette derniére
partie est à peu près égale. La hauteur de son corps ne dé-
passe pas sept pouces. Son pelage d’un brun foncé tiqueté de
blanc salé est composé de poils secs et cassans, courts sur la
tête et les membres, longssur les flancs, le ventre et la queue
qui se termine par un pinceau en éventail. Le ventre est plus
dair que le dos, et au contraire la tête et les pattes sont d'une
teinte plus foncée.
L'ichneumon étoit placé par les Egyptiens au rang des ani-
maux qu'ils adoroient parce qu’ils le considéroient comme
un destructeur fort actif des reptiles qui abondent dans leur
MAN 57
pays. Ils croyoient que ce quadrupède pénétroit dans le corps
des crocodiles endormis la gueule béante, et qu'il n’en sor-
toit qu'après en, avoir dévoré les entrailles. Ce fait est, ainsi
qu’on peut le penser, entièrement fabuleux; les mangoustes
ne nuisent à ces reptiles qu’en détruisant leurs œufs, et cette
destruction est fort bornée , au moins maintenant qu’ellessont
connues seulement dans la basse Egypte, et que les crocodiles
ne se trouvent plus que vers les cataractes du Nil.
Avant Sonnini et M. Geoffroy, l’histoire naturelle de lich-
neumon étoit très-incomplète et composée en grande partie des
récits mervèilleux des anciens, plus ou moins modifiés.
Aujourd’hui, d’après les observations de ces deux savans
voyageurs , on sait qu’elle a les plus grands rapports avec celle
des putois et des fouines. Les mangoustes se tiennent dansles
campagnes au voisinage des habitations, et ordinairementsur
les bords des rigoles qui servent aux irrigations. Lorsqu’elles
pénètrent dans les basses-cours, elles mettent à mort toutes les
volailles qu’elles rencontrent et se contentent d'en manger la
cervelle et d’en sucer le sang. Dans la campagne, elles font la
guerre aux rats, aux oiseaux et aux petits reptiles; elles recher-
chent aussi les œufs des oiseaux qui nichent à terre, et ceux des
reptiles qu’elles savent très-bien trouver dans le sable, où ils
ont été déposés. Leur démarche est extrêmement circonspecte ;
et elles ne font point un seul pas sans avoir examiné avec soin
l'état des lieux où elles se trouvent. Le moindre bruit les fait
s'arrêter et rétrograder, et lorsqu’elles sont assurées de n’avoir
a craindre aucun danger, elles: se PR brusquement sur l’ob-
jet qu’elles guettent.
Les mangoustes ne sont maintenant domestiques nulle part
en Egypte; mais il paroît qu'elles l’étoient du temps de Pros-
per Alpin. Il est trés-facile de les apprivoiser ; et celles qu'on
a observées en captivité avoient des allures trés-analogues à
celles des chats, c’est-à-dire qu’elles s'attachoient aux lieux
où elles vivoient ; qu’elles ne pénétroient jamais dans les en-
droits qu’elles n’avoient pas pratiqués, sans les étudier en dé-
tail, au moyen de l’odorat ; qu’elles poursuivoient avec activité
les rats, les souris, et autres petits animaux, etc.
Ces mêmes mangoustes montroient quelque affection pour
les personnes qui en prenoient soin , mais les méconnoissoient
58 MAN
comme toute autre, lorsqü’elles avoient une proie en leur
possession : alors elles se cachoiïent dans les lieux les plus re-
tirés en faisant entendre une sorte de grognement.
Les mangoustes ont l'habitude singulière de frotter le fond
de leur poche anale contre des corps durs, lisses et froids,
et semblent éprouver une sorte de jouissance dans cette ac-
tion. Elles lappent en buvant comme le chien, et aussi comme
lui, lèvent une de leurs jambes de derrière pour pisser.
Apfés l'homme, les ennemis les plus redoutables des man-
goustes, sont le chacal, espèce du genre des chiens, et le tupi-
nambis, reptile saurien, trés-courageux, à peu près de leur
taille, et qui habite la haute Egypte , au-dessus de Girgé.
Cette espèce semble confinée maintenant dans la basse
Egypte, entre la mer Méditerranée etla ville de Siout.
MAanNGOUsTtE À BANDES : Herpestes fasciatus, Desm.; Wiverna
mungo, Gmel.; Maxçcouste pe c’Inps, Buffon, tom. XIII,
pl. 19: Geoffr., Mém. sur l'Egypte ; Mancousre ne Burron, Fréd.
Cuv. Son corps a neuf à dix pouces de longueur, sa tête un
peu moins de trois pouces, et sa queue en a sept. Elle est gé-
néralement brune; son dos et ses flancs sont recouverts de
longs poils blanchätres, terminés de roux et marqués, dans
leur milieu, d'un large anneau brun, bien tranché; et l’arran-
gement de ces poils est tel, que les anneaux bruns d’un cer-
tain nombre d’entre eux arrivant à la même hauteur forment
sur le dos des bandes transversales de cette couleur, au
nombre de douze à treize, lesquelles sont séparées entre elles
par autant de bandes rousses formées par les extrémités des
mêmes poils. Les bandes placées sur la région des lombes sont
surtout très-distinctes, et les intervalles qui les séparent sont
d’un gris piqueté de brun, ce qui est dû également à la cou-
leur terminale des poils de cette région. Les poils de la tête
et des épaules, plus courts que les autres, sont d’un gris brun ;
la mâchoire inférieure et les lèvres sont roussatres, les pattes
et la queue brunes; enfin cette dernière partie n’est pas ter-
minée par un pinceau comme celle de la mangouste d'Egypte.
Le nom de Mangutia ou de Moncus est, ainsi que le rap-
portent les anciens voyageurs, Kæmpfer, Valentyn et Rum-
phius, donné dans les Indes orientales, aux animaux du genre
des mangoustes qui habitent ces contrées, quelles que soient
MAN 59
leurs espèces. Ces quadrupèdes y sont reconnus comme des
ennemis acharnés des reptiles, et l'on prétend que lorsqu'ils
ont été mordus par quelques serpens venimeux, ils savent se
guérir en mangeant la racine d’une plante particulière (Ophio-
riza Mongoz, Linn.), que les Indiens reconnoissent eux-mêmes
comme un antidote puissant contre l’action du venin, et à la-
quelle ils ont transporté le nom de l'animal quileur en a indiqué
les propriétés. Quant à la dénomination françoise de man-
gouste, elle a été créée par Buffon, d’après les noms indiens
de Manpgutia et de Moncus.
Ces noms, qui sont, ainsi que nous le voyons, génériques
dans l'Inde , ne peuvent par conséquent être appliqués plutôt
à une espèce qu'aux autres du même pays, et c’est ce qui nous
a engagé à désigner celle-ci par l’épithète de fasciatus, en re-
nonçant définitivement à l'emploi du nom spécitique Mungo.
La mangouste à bandes est particulière à l'Inde.
Mancousre Nems: Herpestes griseus, Desm.; MaNGOUSTE NES ,
Geoffr., Mém. sur l'Egypte; News, Buffon, Suppl., tom. 3,
pl. 27; Viverra cafra? Gmelin. La longueur de son corps
est de treize à quatorze pouces, et sa queue n’a guère qu’un
pied. Son pelage d’un gris pâle, uniforme, est légèrement teint
ou piqueté de brun, parce que la partie apparente des poils
en dehors est à peu prés marquée d’anneaux étroits de cette
couleur, tandis que tout le restant est d’un blanc jaunâtre
sale. Sur ses flancs et prés de son encolure, ces poils prennent
une disposition telle qu’on aperçoit de légères traces de
bandes transverses, analogues à celles qui caractérisent l’es-
pèce précédente; la tête et Les extrémités, couvertes de poils
courts, ont une couleur plus foncée que le reste du corps; la
croupe et la queue sont revêtues de poils roides et longs, blan-
châtres, avec un anneau brun dans leur milieu.
La description de la mangouste que Buffon désigne sous Le
nom de nems (tort, puisqu'il appartient à l'espèce d'Egypte),
s'accordant généralement avec celle de l'espèce désignée par
M. Geoffroy, sous le nom d’ichneumon griseus , ce naturaliste a
cru devoir ne passéparer ces animaux , bien que leur patrie ne
soit pas la même , puisque le sien se trouveroit dans l’Inde , et
que celui de Buffon habiterait les côtes orientales d'Afrique.
Quant au Viverra cafra de Schreber et de Gmelin , il s'en
6e MAN
rapprocheroit encore assez, mais ilen différeroit cependant
par la couleur noire de l'extrémité de sa queue.
Le caractère de l'espèce que nous décrivons, qui paroît
avoir le plus frappé M. Frédéric Cuvier, est la couleur blanche
des parties inférieures de son corps, et ce caractère doit être
un de ceux qui serviront le mieux à la distinguer de la suivante.
Maneousre DE Maracca, Fr. Cuv., Mamm. lithogr.:; Herpes-
Les Frederici, Desm. La longueur de son corps, mesurée depuis
le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, est de onze
pouces; celle de sa queue est d’un pied. Sa hauteur dans la
partie la plus élevée du dos est de cinq pouces quatre lignes.
La couleur générale de son pelage est d’un gris sale qui ré-
sulte des anneaux noirs et blancs jaunâtres qui recouvrent
les poils; le tour de l’œil, l'oreille et l'extrémité du museau
sont nus et violâtres; le jaune est un peu plus pur dans les
poils du dessous du cou, et le noir moins foncé aux parties
inférieures , ce qui les rend un peu plus pâles que les parties
supérieures. Les pattes n’ont que des poils courts, et la peau
est d’une coulenr de chair qui a une teinte lie de vin; la queue
est de la même couleur que le corps, très-grosse à son origine,
et se termine en pointe par des poils jaunûtres.
On voit par cette description que cette espèce est extré-
mement voisine de la précédente, et nous ne nous détermi-
nons même à l'en séparer que sur l'autorité de M. Frédéric
Cuvier, qui les a distinguées. Selon ce naturaliste, on doit la
placer à la tête d’une série de mangoustes indéterminées de
Pondichéry, du Cap, de l'Ile-de-France ou de Java, qui pas-
sent de l’une à l’autre, par des nuances insensibles, du gris
au brun, et dont la mangouste de Java seroit le dernier terme
vers le brun, celle-ci étant le premier vers le gris; ces ani-
maux ne paroissant être que des variétés d’une même espèce,
lorsque l’on compare les plus voisins, mais présentant de véri-
tables différencesspécifiques, lorsqu'on rapprocheles extrêmes.
M. Frédéric Cuvier a décrit l’animal dont nous nous occu-
pons, sous le nom de mangouste de Malacca, bien qu’elle se
trouve non seulement dans la presqu’ile de Malacca, mais
aussi aux environs de Pondichéry, d’où elle a été envoyée au
Muséum par M. Leschenault de Latour, et c'est ce qui m'a
déterminé à changer son nom spécifique.
MAN 61
Un mâle de cette espèce, qui a vécu a la ménagerïe, étoit
extrêmement apprivoisé, et d’une grande propreté, etil ne
montroit de férocité que lorsqu'il voyoit lespetitsanimaux dont
il désiroit faire sa proie : lorsqu'on l'irritoit, sa queue, dont les
poils se hérissoient, devenoit grosse comme celle d’un renard.
Dans son pays natal, cette mangouste habite les trous des
murailles, ou des terriers, au voisinage des habitations, où elle
cause des ravages semblables à ceux des putoisehez nous.
ManGousTe »E Java: Herpestesjavanicus, Desm.; Maxcouste
DE Java, Geoffr., Mém. sur l'Egypte; Fréd. Cuv., Mamm.lithogr.
Cetteespéce, selon M. Geoffroy, a le pelage brun marron, poin-
tillé de blanc jaunâtre;la tête, le dessous de la gorge et les pieds
d’un brun marron foncé, et la queue de la couleur du corps;
et c’est ainsi que je l’ai décrite (Mammalogie , n.° 326). D'un
autre côté, M. Fréd. Cuvier, qui a eu a sa disposition une man-
gouste vivante qu’il lui rapporte, dit qu’elle ne différe de la
mangouste de Malacca, que parce que son pelage est tiqueté de
noir et de brun, au lieu de l'être de noir et de blanc; mais que
du reste elles ont l’une et l’autre le museau noirâtre, le dos plus
foncé que les flancs, ainsi que les extrémités et la tête sur les-
quelles le brun est plus uniforme, parce que les poils ÿ sont
entiérement bruns ou noiràtres.
On trouve cette espèce, non seulement à l’ile de Java, mais
encore sur le continent asiatique.
Maxeousre D»'Edwanrps: Herpestes Edwardsu, Desm:; Viverra,
Edwards, Birds, tab. 199; Manceousre »'Enwanps, Geoffr. ,
Mém. sur l'Egypte. Cette petite espèce, qui paroîtappartenir à
cettesérie de mangoustesindéterminées que M. Frédéric Cuvier
fait commencer par la mangouste de Malacca , et qu’il termine
par la mangouste de Java, est caractérisée par la couleur des
poils de son dos et de sa queue, qui sont annelés de brun et
d’olivètre; par son museau d’un brun rougeâtre , et par sa
queue pointue. Elle est des Indes.
Granne Mancousre de Buffon, Hist. nat., Suppl., tom.3,
pl. 26 : Herpestes major , Desm.; Ichneumon major , Geoffr.,
Mém. de l'Iost. d'Egypte, Hist. nat., tom. 2, pag. 139,n.° 7.
Celle-ci, qui n’est connue que par la description de Buffon,
est remarquable par sa grande taille , son corps ayant un pied
dix pouces de longueur, et sa queue un pied huit pouces.
63 MAN
Son museau est un peu plus gros et un peu moins long que
celui des autres espèces; son poil est plus hérissé et plus long;
et sa couleur générale est la couleur marron très-finement
tiquetée de fauve; sa queue, qui est terminée de brun, est
pointue au bout. Sa patrie est inconnue.
Mancouste ROUGE : Herpestes ruber , Desm.; Ichneumonruber,
Geoffr., Mém. sur l'Egypte. Cette espèce. qui existe dans la
collection du Muséum, a quinze pouces environ de longueur
mesurée depuis le bout du nez jusqu'a l’origine de la queue qui
a onze pouces. La teinte générale de son pelage est le roux
ferrugineux très-éclatant, particulièrement sur la tête et sur la
face externe des quatre membres; Les poils du dos et des flancs
sont marqués d’anneaux alternativement roux foncé et roux
jaunàtre ou fauve, qui font paroître ces parties comme pi-
quetées de cette dernière couleur ; le dessus de la tête est
d’un roux d’écureuil trés-ardent; les poils du menton, du des-
sous du cou et de la poitrine sont d’un jaune roux égal, et
cette teinte devient un peu plus foncée sous le ventre; la
queue est couverte de poils roux non annelés.
La patrie de cette espèce est inconnue. |
ManGousrE VANSIRE : Herpestes galera , Desm.; Vaxsire, Buff.,
Hist. nat. t. 13, pl. 21; Mustela galera, Linn. ; MaAnGoOuUsTE VAN-
sire, Geoffr., Mém. sur l'Esypte; Vohang shira des Madécasses.
Cette dernière espèce, connue depuis long-temps, avoit d’a-
bord été rapportée au genre des martes, et c’esta M.Geoffroy
qu’on doitson transport dansceluides mangoustes,auquelellese
rapporte véritabtement. Son corps a un pied de long environ,
mesuré depuis le bout du nez jusqu'a l’origine de la queue. Le
tronçon de cette derniére partie n’a queseptpouces , maisäl est
dépassé de deux pouces et demi par les poils qui le terminent.
Son pelage est soyeux, moins long que celui de la fouine et
de la marte, d’un brun foncé et piqueté de blanc jaunûtre,
les poils intérieurs sont d’un brun uniforme ; latêteetles pattes
sont d’un brun plus teinté de roux que le reste du corps; les
oreilles sont assez grandes et brunes, la queue, de moyenne
épaisseur à sa base, est couverte de poils assez longs et bruns,
annelés, comme ceux du corps, de blanc jaunûtre.
Cet animal originaire de Madagascar, à été transporté dans
les iles de France et de Bourbon, où il est maintenant accli-
MAN 63
maté. On ne sait rien sur ses habitudes naturelles, si ce n’est
qu'il aime beaucoup à se baigner. { Desm. )
MANGRÈNEGRÈNE. (-Ornith.) L'œdicnème , charadrius
œdicnemus, Linn., se nomme ainsi à la terre des Papous. (Cu. D.)
MANGROVE. (Bot.) Voyez Maneze. (J.)
MANGUEIRO. (Bot.) Suivant Loureiro, on donne ce nom
sur la côte orientale d'Afrique, à un arbre qu’il décrit et
nomme éilachium africanum. (LE. )
MANGUEL et MEXOCOLT. ( Bot.) L’acanga, espèce d’a-
nanas, bromelia , porte ces noms au Mexique. (Lrv.)
MANGUES. ( Bot.) Synonyme de mangle et manglier.(Lxw.)
MANGUEY ( Bot.), nom de l'agave americana au Mexique.
(Lem.)
MANGUIER. ( Bot.) Voyez Mancrer et Maxeze. ( Le.)
MANGUIER A GRAPPES. ( Bot.) Suivant M. du Petit-
Thouars, on donne ce nom, dans l’iie de Madagascar, à son
genre Sorindeia, qui est le voa-sorindi des Malgaches, (J.)
MANGUMMANAUCK. (Bot.) Clusius, d’après un historien
de la Virginie, cite sous ce nom un chêne de ce pays, qui
donne un gland très-gros dont il figure la cupule. Il dit que
les habitans font sécher ce gland pour le conserver, et qu’ils
s’en nourrissent après l'avoir macéré dans l’eau et lui avoir
fait éprouver une cuisson. (J.)
MANGUSTA. ( Mamm.) Voyez Mancousre. (Des. )
MANHÉFOR. (Ornith.) Synonyme d'oiseau de paradis à La
terre des Papous. (Cx. D.)
MANI, Moronobea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des puttifères,
de la polyadelphie polyandrie de Linnæus, offrant pour carac-
tère essentiel : Un calice à cinq divisions; cinq pétales cor-
nivens , roulés et se recouvrant par un de leurs bords; quinze
a vingt étamines polyadelphes, distribuées en cinq faisceaux,
roulés en spirale autour d’un ovaire supérieur; un style;
cinq stigmates ; une baie capsulaire, uniloculaire, polysperme.
Mara FLEuRs ÉCARLATÉS : Moronobea coccinea, Aubl,, Guian.,
vol. 2, pag. 789, tab 215; Lamck., Ill. gen., tab. 644; Symphonia
globulifera, Linn., Suppl., pag. 302. Très-grand arbre de la
Guiane , dont l'écorce est lisse, cendrée, le boïs jaunâtre ;
la cime composée d’un grand nombre de rameaux noueux,
64 MAN
tétragones, garnis de feuilles opposées, ovales oblongues,
glabres, acuminées, à pétioles courts. Les fleurs sont d’un beau
rouge, solitaires, ou réunies en bouquets à l'extrémité des
rameaux ; les pédoncules courbés, puis redressés à l’époque
de la floraison; les divisions du calice concaves, épaisses, jJau-
nâtres, un peu arrondies et persistantes; les corolles beaucoup
plus longues que le calice; les pétales ovales, oblongs, à peine
ouverts; les filamens d’un rouge vif, réunis en cinq faisceaux
à leur base : les anthères longues, à deux lobes. L’ovaire est
strié en spirale , à stigmates étalés en étoile. Le fruitest ovale,
à une seule loge, renfermant deux à cinq semences grosses,
anguleuses, couvertes d’un duvet roussâtre.
Il découle, de toutes les parties de cet arbre, un suc jaune,
résineux, trés-abondant, surtout dans le tronc et les branches:
‘il s’épaissit et devient noir en se desséchant. Les Créoles l’em-
ploient pour goudronner leurs barques, leurs pirogues, leurs
cordages, etc. L’on en fait aussi des flambeaux, en le mélant
avec d’autres résines du pays. Les Galibis s’en servent pour
attacher les fers de leurs flèches, et les dents de poisson dont-
ils les arment. Le bois des jeunes individus sert à faire des
cercles de bariques: celui des grands arbres se fend pat
on en fabrique des bariques. boue )
MANI. (Ornith.) Synonyme d'oiseau à l’île Guébé, sus les
Moluques. (Cx. D.)
MANIAN ou MAGNA. (Entom.) Ces noms sont ceux sous
lesquels on désigne les vers à soie dans le Languedoc. (Desw.)
MANIAURI. (Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi magniaou-
rou , désigne, à la terre des Papous, le Lori tricolor, psittacus
Lori, Linn. (Cu.D.)
MANICAIRE, Manicaria. (Bot.)\ Genre de plantes monoco-
Le Loi der ol à fleurs monoïques, de la famille des palmiers, de
la monoëécie polyandrie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel : Les deux sexes réunis sur le même régime; une
spathe entière en forme de sac; un calice campanulé, déchi-
queté à son bord; trois pétales coriaces ; environ vingt-quatre
étamines; les filamens libres : dans ds fleurs femelles, un
ovaire supérieur, trigone; un style conique; un stigmate
ample; une noix ou un drupe sec?
MANICAIRE EN sAC : Manicaria saccifera, Gærtn., de F ruct., 2,
MAN 65
Pag. 469, tab. 176; Lamck., Ill. gen., tab. 774; Palma saccifera,
Clus., Exof., pag. 4; J. Bauh., Hist. ; 1, pag. 383; vulgaire-
ment De GX P C’est la seule espèce de ce genre, dont
nous ne connoissons encore quelesfleurs. Elles sont monoïques,
les mâles mélangées avec les femelles sur le mème régime, ren-
fermées d’abord dans une grande spathe entière, susceptible
d’une grande dilatation, en forme de sac ou de bonnet conique;
les spathes partielles situées sous chaque fleur sont à peine
sensibles. Le régime est tomenteux, presque paniculé, divisé
en rameaux trés-simples, comprimés. Les fieurs mâles sont
nombreuses, recouvrent presque toute la superficie des ra-
meaux ; leur calice est court, scarieux, anguleux, déchiré à son
bord ; leurs pétales sont ovales, rapprochés. Les fleurs femelles
sontrarementau-dela de ue. placées à la base des rameaux,
beaucoup plus grandes que les fleurs mâles ; leur calice est
membraneux, irréguliérement crénelé; leurs pétales sont
ovales, acuminés, coriaces, connivens ; leur ovaire est trigone
et leur'style épais conique. Cette DC croît dans les Indes
orientales. (Porr.)
MANICOU. (Mamm.) Nom propre du didelphe à oreilles
bicolores. Voyez Sanieue. (F.C.)
MANICOU. (Crust.) M. Bosc dit que l’on donne cenomàun
crustacé brachyure, dont il ne désigne pas le genre. (Desm.)
MANICUP. (Ornith. ) Ce nom , qui s'écrit aussi manikup , est
celui d’un manakin de Cayenne, autrement nommé plume
blanc, et dont M. Vieillot a formé le genre Pithys. (Ca. D.) :
MANIER. (Ornith.) C’est l’un des noms picards de la pie-
grièche écorcheur. (Desm. )
MANIFALKOUME (Ornith.), nom que porte l'ara noir à
trompe , dans l’île de Guébé. ( Cu. D.)
MANIFOLIUM (Bot.), un des noms anciens de la M
cités par Apulée. (J.)
MANI-GALGALET ou GALÉGALET (Ornith.), nom donné,
dans l'ile de Guébé, archipel des Moluques, à une Fosse dé
fou ou de cormoran. (Ca. D.).
MANIGETTE. (Bot.) Dans la collection ancienne des Voyages
par Théodore Debry, part. VI, chap. 38, il est fait mention
d’une espèce de frbiant brin, ainsi nommée dans l’E-
thiopie ; mais, d’après sa description trés-incomplète, il sem-
29. 5
66 MAN
bleroit qu’elle auroit plus de rapport avec le maïs, cependant
sans lui être congénère. On ne la eonfondra pas avec la mani-
guette, qui est un fruit ou une graine aromatique, substituée
quelquefois au poivre etque l’on croit produite parun cananba,
. ou un uvaria, genre de la famille des anonées. On l’assimile
aussi quelquefois aux graines de quelques cardamomes. (J.)
MANIGUETTE, ( Bot.) Voyez Manicerte. (J.)
MANIHOT. ( Bot.) Voyez Maxpnsa. (3-)
MANIKAU (Bot.), nom de la fraise à Java. (Lew. )
MANIKIN. (Mamm.) Selon Sonnini, ce nom seroit celui
que la guenon mône recevroit dans son pays natal, la .Côte-
d'Or en Afrique. (Desw.)
MANIKOR. (Ornith. ) L'oiseau connu sous ce nom est le
pipra papuensis, Gmel., lequel diffère des manakins, en ce
que sa mandibule supérieure n’est pas échancrée. (Cu. D.)
MANIKUP. (Ornith.) Voyez Maxicur. ( Ca. D.)
: MANIL. (Bot.) Voyez Mani. ( Leu.)
MANILJAKA (Bot.), nom malabare, cité par Rhéede, d’un
corossolier, anona squamala , qui est le manil-ponossou des
Brahmes. (J.)
MANIL-KARA. (Bot. ) L'arbre du Malabar cilé sous ce nom
par Rhéede, et que Scopoli a reproduit sous celui de s£isseria,
a beaucoup d’affinité avec l’imbricaria de Commerson, qui,
lui-même, est congénère de l’elengi mimusops. (J.)
MANILLE. (Erpétol.) M. Bosc dit que ce nom est celui d’une
vipére de l’Inde, dont la morsure est fort redoutée. (Des. )
MANIMBÉ. (Ornith.) Cet oiseau est un de ceux que M. d’A-
zara a décrits parmi ses chipius, et dont il a déjà été fait men-
tion dans le tome 8.° de ce Dictionnaire, pag. 590. L'auteur
espagnol dit, n° 141, que le manimbé ou malimbé se trouve
au Paraguay jusqu’à la rivière de la Plata, qu'il se perche or-
dinairement sur les buissons les plus bas et au bord des bois,
et qu'il a un ramage doux et assez varié. La longueur totale de
cet oiseau est de cinq pouces, et celle du bec, dont la forme
est pyramidale, de cinq lignes. La tête, le dessus du cou et
la moitié du dos sont couverts de plumes noiràtres au milieu,
et de couleur de plomb sur le reste; celles du bas du dos et le
croupion sont d’un brun noirâtre; les pennes alaires et cau-
dales sont brunes; le pli de l'aile est d’un jaune foncé, ainsi
| MAN 67
qu’un trait entre le bec et l'œil; lespaupières sont blanchîtres ;
l'iris est brun, et le bec, noirâtre en dessus , est blanchätre en
dessous. ( Cu. D.)
MANINA et MANINÆ. (Bot.) Dénominations sous lesquelles
les espèces de clavaires charnues, rameuses et coralloïdes,
sont décrites dans les ouvrages d'Hermolaïüs, Ruelle, Book,
Césalpin, etc. Micheli les réunissoit en un genre sous le nom
de corolloides qu'Adanson a conservé, mais nommé manina,
qu’il auroit fallu adopter, si ce genre n’avoit été réuni avec
d’autres champignons analogues sous le nom commun de cla-
varia. (Voyez CravVaïRes.)
Ces mêmes plantes sont encore désignées par manotæ dans
un ancien ouvrage intitulé: Dere Po. dont Bruyer, dit.
Champier de Lyon, est auteur. Toutes ces Jeres rap-
pellent que les clavaires dont il s’agit, sont découpées à peu
près de manière à imiter une main. Dans les campagnes, ce
sont encore elles qu’on nomment mainoltes, manoftes, doig-
liers, etc. (LEm.)
MANIOC. ( Bot.) Voyez JantpnA. ( Porn.)
MANIPI (Ornith.), nom du goura ou pigeon couronné,
columba coronata, Linn. , chezles Papous. ( Cx. D.
MANIPONGOU (Bot.), nom vulgaire d’un savonier, sapindus
laurifolia , sur la côte de Coromandel. (J.)
MANIPOURI ou MAIPOURI (Mamm.), un des noms du
Tapie D'AMÉRIQUE. (DEsM.)
MANIROTE. (Bot.) Dans le canton d’Angustura en Amé-
rique, On nomme ainsi un Corossolier, anona manirole. de la -
Flore Equinoxiale. (J.)
MA-NIROURI. ( Bof.) Petit arbre & Malabar, nommé
Hajana-peja par les Brahmes; lequel paroït être un phyllanthus
ou une espèce d’un genre voisin. (J.)
MANIS (Mana), nom latin donné par Linnæus comme
nom générique aux Pancorins. (F.C.) |
MANISURE , Manisuris. (Bot.) Genre de plantes monocoty-
lédones , à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de
la polygamie monoécie de Linnæus, offrant pour caractére
essentiel, dans les fleurs hermaphrodites, un calice bivalve,
uniflore ; la valve extérieure concave, hémisphérique, tuber-
culée ; la corolle plus petite que le calice, à deux valves
LE
6ë MAN
membraneuses ; trois étamines;un style bifide ; les fleurs mäles
pédicellées, mélangées et alternes avec les hermaphredites; les
valves calicinales ovales lancéolées ; celles de la corolle trans-
parentes, renfermées dans le calice.
M.de HAMRE L a exclu de ce genre le manisuris myurus, dont
1l a formé, d’après M. Desvaux, le genre Peltophorus, dont le
caractère est établi sur la valve extérieure du calice large,
presque plane, membraneuse à ses bords, point tuberculée.
Je doute que ce genre puisse être admis, d’après un si foible
caractère. (Voyez PEcToPHoRE.)
\ MANISURE GRANULÉE : Manisuris granularis, Swartz; Lamck.,
Ill. gen., tab. 639 ; Beauv., Agrost., tab. 21, fig, 10; Cenchrus
granularis, Linn.; Sloan., Jam. Hist., 1, pag. 120, tab. 80.
Cette plante a des tiges hautes, rameuses, chargées de poils,
ainsi que les feuilles; ces poils sont placés sur de petits points
calleux ; les feuilles d’une fongueur médiocre, larges d'environ
quatre lignes; les gaînes un peu renflées, plus courtes que les
entre-nœuds; les fleurs disposées en épis grêles, axillaires, termi-
naux, fasciculés, quelquefois solitaires; ils sont accompagnés
chacun d’une petite feuille en forme de bractée. La valve
calicinale externe est concave, presque entièrement sphé-
rique, d’un blanc jaunâtre, comme caileuse, et couverte de
rides tuberculées, échancrée à sa base pour embrasser le rachis
de l’épi. Cette plante croit aux Antilles, et même à l’Ile-de-
France.
MANISURE À PLUSIEURS ÉPIS : Manisuris polystachya, Pal. Beauv.,
Flore d'Oware et de Benin, 1, pag. 24, tab. 14, et Agrostog.,
pag. 119. Cette plante, trés-rapprochée de la précédente, en
est distinguée par ses épis deux ou trois fois plus nombreux.
Ses tiges sont dures, rameuses, striées, velues, hautes d’un
pied et demi et Abe les. ET larges, alongées, aiguës,
couvertes de poils tuberculés à leur base. Lesfleurssont réunies
en épis axillaires, latéraux, et nombreux ; le rachis articulé ;
la feuille qui les accompagne n’a qu’une gaine très-courte ou
nulle ; les fleurs mâles et les hermaphrodites placées sur le
même épi. Cette plante croît dans les prés humides à Chama,
Oware et Benin. ( Porn.)
MANITAMBOU (Bot.), nom caraïbe du sapotillier, cité par
Nicolson et Barrère, (J.)
MAN 6g
MANITHONDI (Bof.), nom du henné, lawsonia, à Ceilan,
suivant Hermann et Linnæus. (J.)
MANITOU, MANITOUR. (Mamm.) C’est le même nom que
Manicou. (F. C.)
MANITOU. ( Conchyl.) Dénomination que les Sauvages de
l’Amérique méridionale emploient pour désigner une coquille
du genre Ampullaire, l’ampullaire idole, helix ampullacea
Linn., Gmel. (DE B.)
MANJACK (Bot.), nom d’un sebestier, cordia elliptica, dans
les Antilles, suivant Swartz. (J.)
MANJA-KUA ( Bot. ), nom malabare du curcuma rolunda,
que. Garcias et Clusius nomment many ale; le mangella-kua est
le curcuma longa. (J.)
MANJA-KURINE (Bof.), nom malabare , cité ac’ Rhéele ;
du justicia infundibuliformis de Linnæus. (IL)
MANJALE. (Boë.) Voyez Maxsa-Kua. (J.)
MANJAPU, MANJAPUMERAM (Boi.), noms aisés de-
larbor tristis, nyctanthus arbor tristis de Linnæus, qui est le .
parialicu des Brahmes. (J.)
MANJHO-PERO ou BANAR. (Entom. ) Selon l'abbé de gas
vages, ces noms fanguedociens sont ceux du capricorne héros,
cerambyx heros ; et celui de manjho-roso est appliqué au ca-
pricorne à odeurde rose, cerambyz moschatus. (Desm.)
MANKAHOK. (Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi mangahonki
désigne , suivant MM. Quoy et Gaimard, médecins naturalistes
du voyage autour du monde du capitaine Freycinet, une
espèce de éassican, barita , Cuv., et eracticus, Vieill., & la
terre des Papous. (En. D.)
MANKINETROUS. (Ornifh.) On donne, à la terre des
Papous, ce nom et celui de mangrogrone, au martin-chasseur
gaudichaud, dacelo. gaudichavd, de MM. Quoy et Gaimard,
médecins naturalistes du voyage autour monde du CÉÈRS
Freycinet. (Cr. D.)
MANKIRIO. (Ornith.} C’est ainsi qu'a ka terre des Papous
on appelle le mégaäpode Freycinet, M at Freycinet ,
Quoy et Gaimard. (Cu. D.)
MAN-KO (Bot.}, nom que les Chinois donnent au fruit du
manguier, mangifera, suivant le Jésuite missionnaire Boym.
(3
79 MAN
MANKS PUFFIN (Ornith.), nom anglois du pétrel puffin ,
procellaria puffinus , Gmel. (Cu. D.)
MANLIRA (Bot.), nom caraïbe du gayae, selon Surian et
Nicolson. (J.)
MANLITOU (Bot.), nom caraïbe, cité par Surian, d’un
acacia qui paroît être le mimosa tergemina de Linnæus, ou son
mimosa purpurea , tous deux rapportés, par Wildenaae, à son
genre Inga. (J.)
MANNALIE RANKEN. (Bot.) Burmann dit qu’on nomme
ainsi son lobelia pumila sur la côte de Coromandel. (J.)
MANNA TERRESTRIS. (Bot.) C'est-à-dire manné terrestre.
Sterbeeck donne ce nom et celui de medula terrestris à la
chanterelle , très-bonne espèce de champignon que l’on mange
dans beaucoup d'endroits. Voyez Cnanrerezre et Merutius.
(Lem.)
MANNE. (Bot. ) Substance douceñtre et sucrée, produite
par certaines espèces de frênes, et principalement par le
fraxinus rotundifolia. Voyez vol. 17, p.379. (L. D.)
MANNE (Chim.) L'analyse de la manne m'a donné: 1.° du
sucre fermentescible; 2. dela mannite; 3.° une gomme qui produit
beaucoup d'acide saccholactique quand on la traite par l'acide
nitrique ; 4.° une matière nauséabonde. (Cn.)
MANNE DE PERSE. ( Bot.) Voyez Alhagi à l’article Sain-.
Foi. ( LE.)
MANNE DE PRUSSE (Bot. ), nom vulgaire du festuca fui
tans , Linn., que plusieurs auteurs rangent M ONE hui parmi
les poa. (L. D.)
MANNE DU LIBAN. ( Bot.) V oyez Masric. ( Lem )
MANNEI. (Ornith.) L'oiseau, ainsi appelé à .la terre des
Papous, est une espèce de done ou hirondelle de mer,
(Cu. D.) -
MANNELI (Bot.), nom malabare, cité par Rhèede de Eushbt
lathus indica, genre de la famille Ace légumineuses. (J.)
MANNESI (Bot.), nom chinois cité par M. Thunberg, de
son orontium japonicum, qui est le kiro ou wirjo du Japon. (J.).
MANNETIA. (Bot.) Voyez Gazour , Nacreea. (J.) -
MANNITE, (Chim.) Substance qu’on retire de la manne.
Elle est caractérisée par les propriétés suivantes : elle a une
saveur sucrée;elle cristallise en aiguilles fines, brillantes; elle
MAN 7
est soluble dans l’eau et dans l’alcooksurtout à chaud. L'alcool
bouillant qui en estsaturése prend en masse par le refroidisse-
ment; elle ne fermente pas avec la levure ;traitée par l'acide
nitrique , elle se convertit en acide oxalique , : sans donner
d'acide saccholactique. |
La mannite est formée suivant M. Th. de Saussure , de :
. 53,60:
PRET ENORME PR ARE RER Le mia into de MO DER
D DE -- ueoeLee.ue 7,87
fl suit de cette analyse que l'hydrogène est en excès sur la:
mr”. de cetélément qui est nécessaire pour convertir loxi-
gène dé la mannite en eau.
Pour préparer la mannite, on traite la manne en larmes
par l’alcoel bouillant ; on fleré: ; par Le refroidissement la man-
nite cristallise ; on verse les matières sur un filtre , on presse
les cristaux pour les égoutter; puis,on les redissout dans l’al-
eool bouillant pour achever de lespurifier: (Cx.)
MANOA. (Bot.) C’est dans ee. le nom d’une espèce
de corossok. ( LEm.)
- MANOBI. (Bot.) Voyez Manxourr. (J.)
MANOBO. ( Ornith.) Suivant MM. Quoy et Gaimard, c’est
_à la terre des Papous, la colombe kurukuru, columba de de
rata, Lath.(Cn. D.)
MAN-OF-W AR BIRD. (Ornith. ) Ce nom anglois, quisignifie-
oiseau guerrier, a été mal à EE donné par les Anglois de
la baie de Hudson au labbe à longue queue ; il avoit été an-
térieurement appliqué à la st pelecanus re Linn.
(Cx. D.)
MANON. ( Spong. ) M. Oen dans son Système général de
zoologie, fait sous ce nom un genre dans lequel il range les
Spongia hab 3 , lanuginosa , alcicornis, damicornis, lactuca,
fupha et lycopodium. Ses caractères sont: Eponges molles,
branchues, les branches rondes et flexibles. Le typ'e du genre
est le Spongia dichotoma , que M.Oken nomme Manon ceryicornis,
Voyez Sronxcratres. (DEB.)
MAN-ONAPU. (Bot.) Espèce de balsamine du Malabar. Le
terme onapu paroit appartenir au genre. (J.)
MANOO. (Ornith.) Ce mot, écrit en anglois, s'exprime en
72 : MAN
françois par manou. Il signifie oiseau en général dans lesiles de
la Société, dans celles des Amis, et à la Nouvelle-Calédonie,
où l’on désigne les oiseaux au pluriel par mani mani. (Cu. D.)
MANOO-ROA. (Ornith.) Le premier de ces mots signifie
oiseau , dans les îles de la Société, et le second est un adjectif
qui a plusieurs acceptions dont une est long. Les habitans de ces
iles appellent ainsi l’oiseau du tropique ou paille-en-queue ,
phaeton æthereus, Linn.(Cu. D.)
MANORINE. {Ornith.) M. Vieillot a établi sous ce nom dans
la famille des oiseaux sylvains, entre les martins et les gral-
lines, un genre composé d’une seule espèce de la Nouvelle-
Hollande, et lui a assigné pour caractères : Un bec court, assez
grêle, comprimé latéralement, entier, pointu , et dont la base
est garnie sur les côtés de petites plumes dirigées en avant; la
mandibule supérieure un peu arquée et couvrant les bords de
l'inférieure , qui est droite et plus courte; des narines amples,
s'étendant de l’arête jusqu'aux bords du bec, d’une longueur
égale à la moitié de la mandibule supérieure, terminées en
pointe et recouvertes par une membrane à ouverture linéaire ;
l'intermédiaire des trois doigts de devant soudéavec l'extérieur
à la base; le pouce trés-épais et plus long que les doigts laté-
raux; les ongles crochus, étroits et aigus, dont le postérieur
est le plus fort et le plus alongé.
ManoRiNE VERTE; Manorina viridis, Vieill. Cet oiseau, qui est
conservé au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, a environ six
pouces de longueur totale, et son bec a six à huit lignes; la
queue est un peu arrondie à l'extrémité; les ailes en repos n’en
dépassent pas la moitié. Le plumage est, en général, d’un vert
olive, dontles nuances sont jaunàtressur les partiesinférieures,
et foncées sur les parties supérieures et sur le bord interne des.
pennes de l'aile. Les plümes de la base du front qui, des deux
côtés, s'avancent sur les narines, sont noires; l’espace entre le
bec et l’œil est jaune et paroît velouté; le bec et les pieds sont
jaunes; deux moustaches noiràtres partent de la mandibule
inférieure du mâle, et descendent sur les côtés de la gorge. La
fémelle, qui est privée de ces moustaches, n’a pas non plus le
lorum jaune ; son plumage est d’ailleurs d’un vert plus terne et
assez uniforme. (Cn. D.)
: MANOTZÆ, (Bol.) Voyez Mania. (LeM.)
MAN 75:
MANOT-PIMEEHT (Bot.) , nom du papihne Res de Swartz,
dans les Antilles. (J.)
MANOU. ( Ornith.) Voyÿ. Mawoo. ( Ca. D.) Ÿ
MANOUBEÈNE (Ornith.), nom du crabier blanc, ardea æqui-
nockialis , Linn., à la terre des Papous. (C«. D.)
MANOUCA. (Ornith.) Le Père Paulin de Saint-Barthélemi,
dans son Voyage aux Indes orientales, tom. 1, pag. 422, cite
cet oiseau comme une espèce de paradisier, ainsi nommée au
Malabar. ( Cr. D.)
MANOUG-LAHÉ. (Ornith.) En langue chamorre ou desiles
Mariannes, le coq, phasianus gallus, s'appelle ainsi, et la poule
est nommée manoug-palahouan. Lahé signifie homme, et pala-
houan femme. (Cu. D.)
MANOUL. (Mamm.) Voyez Manu. (Desm.)
MANOUPO. ( Ornith.) À la terre des Papous, c’est ainsi qu’ on
appelle le balbuzard , faleo haliaelos, Linn.; pare Sav.
(GED:)
MANOUQUIBONGA. ( Bot.) L’arbrisseau de ce nom, st
Madagascar par Rochon, dont les fleurs rouges sont disposées
en aigrette, est le combretum coccineum, existant dans l’'Her-
bier de Commerson, sous les noms de pevræa , aigrelle de Ma-
dagascar. (J.)
MANOUSE. (Bo. ) Bomare dit qu'a Marseil oi on nomme
ainsi le lin apporté du Levant. (J.)
MANQUE. (Ornith.) Tel est, suivant Molini, le nom que
porte au Chili le condor, vultur gryphus, Linn. (Ca. D.)
MANROUA. ( Ornith.) La colombe muscadivore, columba
ænea, Lath., porte ce nom et celui de mankaoua à la terre des
a (Cx. D.)
MANS (Entom.), l’un des noms Han des larves du
hanneton et du scarabée nasicorne. (Het. )
MANSANA. ( Bot.) Voyez Manssanas. (J.)
MANSANILLA. (Bot.) Voyez Mancénirier. (LEM.)
- MANSARD. (Ornith.) Ce terme, qui s'écrit aussi Mansart,
est une des dénominations vulgaires du ramier, columba palum-
bus, Linn., qu’on appelle manseau dans le Brabant. (Cu. D.)
MANSEAU. ( Ornith.) Voyez Mansann.(Cu. D,)
MANSFENI. ( Ornith.) Voyez Marrinr. (Cu. D.)
MANSIADI {Boi.), de Rhèede. Voyez Connor. (Les. )
74 MAN
MANSIENNE. ( Bot.) Voyez Mancrewne. ( L. D.)
MANSJEL CALINIER (Bot.), nom indien, suivant Bur-
mann, de son mollugo triphylla. (3.)
MANSORINO (Bot.), nom toscan d’un chèvre-feuille que
Santi a observé dans son voyage au Montamiata dans la Tos-
cane. (J.)
MANSSANAS. ( Bot.) Dans l'ile de Mindanao, une des îles.
Philippines, on nomme ainsi, suivant Séis érdt , une espèce
de jujubier, ziziphus jujuba, de Willdenow. Gmelin en faisoit
son genre Mansana, auquel il attribuoit , avec Sonnerat, six
pétales et autant d’étamines; Rhèede réduit ce nombre à cinq
dans le perim-toddali des Malabares, qui est la même plante,
suivant Willdenow. (J.)
MANSUETTE ( Bot.), nom d’une variété de poire pyrami-
dale , obtuse, courbée, jaunàâtre , tachetée de brun. (L. D.)
MAN-SY-LAN. (Bot.) On donne en Chine ce nom à la cri-
nole d'Asie. ( Lem.)
MANTANNE. ( Bot.) Synonyme de mancienne. La
MANTE, Mantis. (Entom.) Nom donné par les Grecs à des.
insectes qui paroissent être les mêmes que ceux auxquels cet
article est consacré. On trouve en effet dans une desidylles de
Théocrite ce mot employé pour désigner une jeune fille
maigre, à bras minces et alongés. Præmacram ac pértenuem
puellara pavriv. Corpore prælongo ,pedibusitemprælongis ,locustæ
genus. Rondelet, Mouffet, Aldrovande, Linnæus, ont adopté
cette dénomination pour indiquer les mêmes insectes. Le
premier de ces auteurs dit qu’en Provence on nomme indif-
féremment ces insectes devin et préga diou ou prêéche-dieu,
parce qu’ils ont les pattes de devant étendues, comme s'ils pré
choient; il ajoute même avec bonhomie : Tam divina censelur
bestiola , ut puero interroganti de vià, altero pede extento rectam
monsiret, aique rar , vel nunquam fallat.
Les mantes sont des insectes orthoptères ou à élytres ét à
ailes inférieures plissées en longueur et non pliées transversa- -
lement, munis de mâchoires; dont les cuisses postérieures ne
sont pas plus longues que les autres; qui ont le corselet plus
long que large, et cinqarticl=s aux tarses, et par conséquent
qui appartiennent à la famille dite des anomides ou difformes .
parce qu'en effet'ils différent de la plupart des insectes par
NATAN ; 75
la longueur de leur cerselet qui peut se redresser sur l’abdo-
men, et par le mode d’articulation et de conformation des
pattes de devant dont l’insecte se sert comme de mains pour
porter ses alimens à la bouche, le premierarticle de cestarses
ayant la forme de crochet, et faisant avec la jambe une sorte
de pince. te
Nous avons fait figurer une des espèces dece genre a la
planche 24 qui a paru sous le n.° 12 de la première livraison
de l’atlas de ce Dictionnaire.
Les mantes différent de la plupart des insectes ortheptères
par les considérations que nous allons rappeler. D'abord elles
n'ont pas, comme les grylloïdes ou les sauterelles, les jambes,
les cuisses, ou en général les pattes postérieures, excessivement
développées et propres au saut ; ensuite leur abdomen ne se
termine pas par une sorte de pince, et leurs pattes par trois
articles. Elles en ont cinq à la vérité comme les blattes,
mais celles-ci ont le corselet au moins aussi large que long et
recouvrant la tête, tandis qu’au contraire il est excessivement
alongé et étroit dans les mantes.
Deux autres petits genres de la même famille des anomides ,
comme les phyllies et les phasmes, différent ensuite par la
configuration des pattes de devant qui ne forment pas la
pince.
Les mantes, dont le corps est généralement trés-alongé ,
ont la tête penchée, en forme de cœur ou detriangle dont les
angles sont arrondis; les antennes longues eu soie; les yeux
saillans avec trois stemmates. Leurs jambes de dgvant sont
trés-alengées, surtout dans la région des hanches et des cuisses,
et le tibia ou la jambe a, relativement, moins de longueur et
se termine par une pointe acéréè en crochet, reçu dans une
rainure de la cuisse qui est en outre armée d’épines.
On trouve peu de mantes dans le Nord ; mais on les observe
très-fréquemment dans le Midi sous les trois états de larves,
de nymphes motiles et d'insectes parfaits. Elles se nourrissent
d'insectes mous qu’elles dévorent tout vivans. Les femelles
pondent leurs œufs en masses disposées par lits, et enveloppées
d’une matière gluante, comme gélatineuse, qui se dessèche
a l'air, et qui reste cependant flexible. On trouve ces masses
sur les tiges des plantes et des arbrisseaux; elles ressemblent
76 . MAN
à de petits guépiers, où les œufs, enveloppés d’une sorte de
parchemin, sont disposés sur deux rangs.
Les principales espèces de ce genre sont les suivantes :
1.” La Mante orATEUR, Mandis oratoria.
Geoffroy l’a figurée, planche 8, fig. 4 du tome K, décrite:
page 399.
Caract. : Verte; corselet lisse; élytres vertes; ailes membra-
neuses, verdâtres, portant au milieu une tache œillée d’un
noir bleuâtre.
2.7 La ManrTe RELIGIEUSE, Mantis religiosa.
Caract. : Verte; corselet portant au milieu une carène
ou une crête saillante; les ailes inférieures sans taches; élytres à
côte externe jaunàtre ; une tache brune au dedans des hanches.
antérieures.
3.° La Manre srriée, Mantis striata.
C’est celle dont nous avons donné la figure citée plus haut.
Caract. : D'un jaune grisâtre; corselet et élytres bordés de
jaune, celles-ci ayant des nervures longitudinales saillantes.
4° La Manre PAÏENNE, Mantis pagana.
Cette espèce a été PRATE comme un névroptére ;etrangée
par Linnæus avec lés raphidies sous le nem de Mantispa.
Caract. : Grise; à aïles et élytres transparentes, à nervures
comme réticulées avec un bord externe plus brun. (C. D.)
MANTE DE MER ( Crust.), nom vulgaire des crustacés de
Vordre des stomapodes qui constituent le genre Squille.
Voyez Maracosrracés. (Des. ) |
MANTEAU. ( Fauconnerie.) Ce terme, qui s'emploie en gé-
néral pour désigner la partie supérieure du corps, étoit ET
particuliérement en usage pour les oiseaux de vol, dont om
disoit qu’ils avoient le manteau uni ou bigarré. (Cn. D.)
MANTEAU. ( Malacoz. ) Les zoologistes et les anatomistes,
partant de l’observation que le corps des mollusques bivalves
est compris entre deux grands lobes de la peau, situés l’un à
droite et l’autre à gauche , et quil’enveloppentun peu comme.
aotre corps l’est dans un manteau, ont employé ce terme d'a-
bord pour désigner cette partie de l’organisation des bivalves,
et ils Pont ensuite étendu à l’enveloppe cutanée de tous les
mollusques en général, quoiqu’elle se dispose souvent d’une
maniére extrémement différente. Voyez Morrusques. (De B.}
MAN | 77
MANTEAU-BLEU. (Ornith.) L'espèce de goéland à laquelle
on donne ce nom et celui de bieu-manteau , est le larus glaucus,
Linn.;.et celle qu’on nomme vulgairement manleau noir ou
noir-manteau , est le Larus marinus, Linn. (Cn. D.)
MANTEAU DU CHRIST. (Bot.) C’est en Espagne le nom
d’une stramoine , datura fastuosa. (LEem.)
MANTEAU DUCALI. (Conchyl.) Cette dénomination est
assez généralement employée par les marchands d’objets d’his-
toire naturelle, pour désigner une belle espèce de peigne,
le pecten pallium , Lamck.; ostrea pallium, Linn., Gmel. ,; que
la beauté et la variété de ses couleurs font beaucoup recher-
cher dans Les collections. Voyez Perexe. ( DE B.)
MANTEAU DUCAL BOMBE. ( Conchyl.) Sousce nom rare-
ment employé, l’on entend l’ostrea plica, Linn., Gmel. > espèce
de peigne des zoologistes modernes. (DE B.) |
MANTEAU DUCAL DE LA MÉDITERRANÉE. ( Conchyl.)
Bruguiére, dans ses Principes de conchyliologie , dit que l’on
déue ainsi l'ostrea plica de Linn., Gmel., espèce de peigne
des zoologistes modernes, et serie cette espèce provient
de l’Inde. (DE B.)
MANTEAU NOIR ou NOIR-MANTEAU. (Ornith. ) Voyez
GoéLaANp À MANTEAU noir et Mouette. (DEsm:) |
MANTEAU ROYAL. (Bot.) C’est l’ancholie desjardins. (Lem.)
MANTEAU ROYAL. ( Entom.) Selon M. Latreille, on donne
ce nom à une chenille, dont il n'indique pasle genre, parce
que ses taches rougeàtres, relevées de jaune clair, imitent
grossièrement des fleurs de lis. (Des. )
MANTEAU DE SAINTE MARIE ou DE LA VIERGE. (Boi.)
C’est la colocase. (Lew.)
MANTEAU DE SAINT-JAMES. (Conchyl.) Coquille pré-
cieuse du genre Harpe, harpanobilis, Linn. (Lem.)
: MANTEES. (Bot. ) Voyez Come-commr. (J.)
MANTEGAR ou MANTIGER. (Mamm.) Ces noms, qui
signifient homme-tigre , ont été donnés au mandrill, espèce
de singe du genre Cynocérxare. Voyez ce mot. (Desm.)
MANTELET. ( Malacoz.) Adanson , Sénég., pag. 75, a cru
devoir établir sous ce nom un petit genre de mollusques que
les zoologistes modernes paroissent ne pas avoir admis, parce
qu’ils l'ont regardé comme formé avec des mollusques du
78 MAN
genre Porcelaine, non encore parvenus à l’état adulte, Ce-
. pendant, en faisant la remarque qu’Adanson observoit pour
ainsi dire à la fois et pendant plusieurs années les cyprées , les
marginelles et les mantelets, et qu’il a trés-bien connu les
différences d’âge dans les coquilles et dans les animaux, il ne
paroit pas probab'e qu'il ait pu commettre une erreur aussi
grave, d'autant plus qu'il dit positivement avoir vu des in-
dividus de son genre Mantelet vieux et jeunes. Nous‘croyons
donc que ce genre doit être adopté comme intermédiaire aux
volutes et aux cyprées. Les caractères que l’on peut assigner
à ce genre sont : Animal ovale, enroulé ; le pied ovale, trés-
grand , plus large en avant, où son bord offre un sillon trans-
verse ; le manteau débordant un peu à droite et à gauche la
coquille sur les côtés de laquelle il peut se recourber; tête
petite, distincte, portant deux tentacules assez longs, très-
aigus, et les yeux à la partie externe de leur base ; la bouche
pourvue d’une trompe;le tube respiratoire court: coquille fort
mince, involvée; la spire extrêmement petite; l'ouverture
ovale alongée, anguleuse en arrière; le bord droit tranchant
et non recourbé en dedans; le bord columellaire avec une
sorte de long pli vers le milieu de la columelle.
” Ces animaux vivent comme les porcelaines sur les rochers.
Adanson place dans ce genre quatre espèces ; mais les trois
dernières me semblent être de véritables marginelles ; leur co-
quille a en effet des plis bien marqués au bord columellaire.Je
n’y range done que l’animal qu’il nomme potan, et dont il
_donne une description détaillée pag. 75, et une figure, pl.5,
fig. 1. L’animal, dont la couleur est d’un violet obscur et foncé,
qui se rapproche beaucoup du noir, a la partie supérieure des
lobes de son manteau parsemée d’un grand nombre de petits
filets charnus , cylindriqueset obtus a l'extrémité. Sa coquille,
qui est rarement entière, tant elle est mince et fragile, a la
forme d’un cylindre obtus aux deux extrémités. Dans le jeune
âge , sa couleur en dehors comme en dedans est d’un violet
foncé; dans l’âge intermédiaire elle est d’un gris de lin sale,
coupé transversalement par deux bandes agates: Enfin les
plus grandes, qui ont communément un pouce et demi de
longueur, et moitié moins de largeur, sont à fond blanc, mar-
quées de: quatre ou cinq rangs transversaux de petits points
MAN 79
fauves , ou d’un brun clair avec quelques taches blanches dis-
tbiee. sur trois ou quatre bandes transverses.
Gmelin rapporte cette espèce de mollusque à son conus
bullatus, mais très-probablement à tort. (DE B.)
MANTELET DES DAMES ( Bot.) , nom vulgaire de l’alché-
mille commune. (LeEm.)
MANTELLE (Ornith.), un des noms vulgaires de la cor-
neille mantelée, corvus cornix, Linn. (Cu. D.)
MANTELURE. (V'enerie.) On nomme ainsi la couleur a dos
d’un chien de chasse, quand elle n’est pas la même que celle
des autres parties du corps. (Cu. D.)
MANTERNIER. ( Bot.) Daléchamps dit qu'aux environs de
Nantua on nomme ainsi l’amelanchier, mespilus amelanchier
de Linnæus. (J.)
MANTIAKEIRA ( Bot.) , nom caraïbe, cité par Surian, du
pois à gratter, dolichos pruriens de Linnæus. (J.)
MANTICHORE. ( Mamm.) Animal fabuleux dont parlent
les auteurs grecs et latins; il n’est point du domaine de l’his-
toire naturelle. (F. C.)
MANTICORE,, Manticora. (Entom.) Nom donné par Fabri-
cius à un genre dents coléoptères qui ont cinq articles à
tous les tarses, les élytres dures, longues, les antennes en soie
non dentées, et les tarses non en nageoires, par conséquent
de la famille des eréophages ou carnassiers.
Ce genre, dont le nom est tiré de la fable HeVTIG 0 y indi-
quoit un animal monstrueux, de la forme du lion, à face hu-
maine, dont la bouche étoit armée de trois rangées de dents.
(Voyez Ælien, L. 7, c. 2; Pline, L. 8, c. 21.) Fabricius l’aura
probablement choisi à cause du grand nombre de dentelures
ou de pointes dont les mandibules de cet insecte sontarmées.
Il n'a encore été rapporté que deux espèces à ce genre, toutes
deux originaires du cap de Bonne-Espérance. Thunberg à fait
connoître l’une sous le nom de cicindèle géante, et Degéer en
avoit fait un carabe. Olivier l’a décrite et figurée dans son ou-
vrage sur les coléoptères, n.° 37, fig. b c d e. On ne connoît pas
leurs mœurs; mais l’analogie et la structure de leur bouche
prouvent Sur leurs habitudes carnassières.
Nous avons fait figurer dans la planche 13.° de la 3. livrai.
son de l’atlas de ce Dictionnaire, dans la seconde des créo-
$o MAN
phages sous le n.° 4, l'espèce de RASeore qu'on a appelée
maxiilaire ou a mâchoires.
Voici les caractères essentiels de ce genre. |
Corselet plus étroit que la tête et les élytres qui sont sou-
dées; pas d’ailes membraneuses; pattes de devant dentelées
à ni article des tarses simple.
Ces caractères suffisent seuls pour distinguer ce genre de
tous ceux de la même famille, surtout l’absence des ailes, en
même temps que l’étroitesse al corselet. (C: D.)
MANTIDES. (Entom.) M. Latreille avoit désigné sous ce
nom, qu'il paroît avoir abandonné dans le troisième volume
du Règne Animal de M. Cuvier, les insectes orthoptères,
voisins des mantes, que nous avions appelés la famille des
anomides ou difformes. (C. D.)
MANTIENNE ( Bot.) Voyez Maxcrenwe. (L. D.)
MANTIGER. (Mamm.) Voyez Mantscar. ( DEsm.)
MANTIRA (Bot.), nom caraïbe du gayac. (Lew.)
MANTISALQUE, Mantisalca. ( Bot.) Ce genre ou sous-
genre, que nous avons proposé dans le Bulletin des Sciences
- de septembre 1818 ( pag. 142), appartient à l’ordre des synan-
thérées, et à la tribu naturelle des centauriées. Voici ses ca-
ractéres, que nous avons observés sur un individu vivant et
cultivé.
Calathide discoïde : ait multiflore, subrégulariflore , an-
drogyniflore; couronne non radiante, unisériée, ampliatiflore,
mneutriflore. Péricline trés-inférieur aux fleurs, ovoïde; formé
de squames régulièrement imbriquées , appliquées, interdila-
tées, ovales oblongues, coriaces, munies au sommet d’un petit
appendice subulé ,spiniforme, réfléchi. Clinanthe plan, épais,
charnu, garni de fimbrilles nombreuses, libres, inégales, lon-
gues, fiiformes Jaminées. Fleurs du disque : Ovaire glabre,
muni de côtes longitudinales et de rides transversales. Ai-
grette double : l’extérieure semblable à celle de la plupart
des centauriées, l’intérieure irrégulière, unilatérale, longue,
composée de trois ou quatre squamellules entre-greffées, qui
forment une large lame membraneuse. Corolle régulière, pas
sensiblement obringente. Etamines à filet glabre, sauf des ves-
ügespapilliformesde poilsavortés.Stigmatophorespointlibres.
Fleurs de la couronne : Faux ovaire semi-avorté, filiforme,
MAN er
glabre, inaigretté. Corolle à limbe profondément divisé en
cinq ou six lanières égales, longues, linéaires, et contenant
trois ou quatre longs filets, qui sont des rudimens d’étamines
avortées. :
Nous ne connoissons jusqu'a uses .. ‘une seule espèce de
ce genre.
MANTISALQUE ÉLÉGANTE : Mantisalca elegans, H. Cass.; Cen-
taurea salmantica, Linn., Sp. pl., edit. 3, pag. 1299. C’est üne
plante herbacée, vivace suivant Linnée, bisannuelle suivant
Dumont-Courset, annuelle suivant Mœnch et Persoon; sa tige
est haute de trois pieds, grêle, striée, glabre et un peu ra-
meuse; ses feuilles inférieures sont pinnatifides et sinuées
comme celles de la chicorée, avec un lobe terminal en fer de
lance, assez grand et denté; elles sont garnies de poils fort
courts et un peu rudes; les feuilles de la tige sont très-étroites,
presque linéaires, dentées a leur base; les calathides sont seli-
taireset terminales; leurs corolles sont purpurines ou blanches ;
les squames du péricline sont trés-lisses. Cette plante habite
l’Europe méridionale et la Barbarie; on la trouve dans le midi
de la France.
Le nom générique Mantisalca étant l’anagramme du nom
spécifique Salmantica , qui signifie Salamanque, mérite assuré-
ment l’anathème des botanistes, qui ont proscrit ces sortes de
noms. Quant à nous, qui ne respectons les règles qu’autant
qu’elles sont fondées sur des motifs raisonnables, et qui ne
voyons dans les noms génériques que des lettres et des syllabes
arbitrairement assemblées et fixées par convention, nous sou-
tenons qu’un nom de genre formé par anagramme est aussi
bon que tout autre, lorsqu'il ne blesse ni l'organe de la pro-
nonciation, ni celui de l'audition, et lorsqu'on ne peut pas
le confondre avec aucun autre nom générique. ( H. Cass.)
MANTISIA, Mantisia. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la
famille des amomées , de la monandrie menogynie , offrant pour
caractère essentiel : ‘Un calice coloré, à trois divisions; une
corolle monopétale , à trois lobes; un Hour très-long, muni
à sa base de deux appendices subulés, bilobé à son sommet,
seutenantune anthère double; un style simple; le stigmate aigu.
Ce genre différe trés-peu des globba ; il pourroit même lui
29. 6
82 MAN
être réuni, si l’on connoissoit le fruit, qu’on peut cependant
soupçonner être le même. Il est borné à une seule espèce.
Manrista EN SAUTOIR : Mantisia saltatoria, Bot. Maguz.,
pag. et tab. 1520;,Poir., Encycl. Suppl. Plante des Indes
orientales, dont les racines se réunissent en plusieurs fibres
simples, épaisses, charnues, alongées. Les tiges sont munies
de feuilles alternes, médiocrement pétiolées , entières, lan-
céolées, prolongées en une lanière trés-aiguë. Des racines
s’élève’une hampe droite, plus courte que les feuilles, garnie
à sa partie inférieure de spathes vaginales , oblongues, ovales,
aiguës, s’enveloppant les unes les autres; divisée à sa partie
supérieure en quelques rameaux alternes, étalés, munis de
bractées ovales, colorées, un peu en cœur. Chaque fleur est
pédicellée, ayant une spathe composée de trois foliolesinégales,
colorées er violet, conniventes, presque ovales; la coroile est
distante du calice, jaune, monopétale , irrégulière, a trois lobes
inégaux; il y a un seul filament linéaire, violet, trés-long ,
muni à sa base de deux longs appendices subulés, étalés; ce.
filament, bilobé au sommet, soutient une anthère double.
(Pore.)
MANTISPE, Mantispa. (Entom. ) lines avoit les aun
genre denévroptères, celui desraphidies, une espèce de mante,
et par conséquent un insecte de l’ordre des orthoptères, parce
que ses ailes sont en toit et a peu prés transparentes; mais toute
l'organisation est celle des mantes. Illiger et M. Latreille en
ont fait un genre caractérisé uniquement par le port et la
consistance des ailes ou élytres. Manfispa signifie patte de
mante. Voyez RarxiniEe, Mante et AnomiDes, tom. II , Suppl.,
pag. 66. (C. D.) |
MAN-TODDA-V ADDI. (Bot.) Sous- arbrisseau du Malabar,
dont Adanson a voulu faire, sous le nom de mantodda, un genre
voisin du tamarin dans la famille des légumineuses, et que
Scopoli a voulu reproduire sous le nom de rochea : l’un et
l’autre n’ont pas été admis. (J.)
MANTRER (Bot.), nom arabe d'un giroflier, cheiranthus
villosus de Forskal, ou du cheiranthus chius. (J.)
MANUCODE. (Ornith.) Cette espèce de paradisier, ou oi-
seau de paradis, paradisea regia, Linn., forme, dans le système
de M. Vieillot, le genre Cicinnurus de sa famille des manuco-
MAN 83
diates , lequel a pour caractères un bec grêle, convexe en
dessus, fléchi et foiblement entaillé vers le Hu de sa partie
supérieure; une langue terminée en pinceau; des ailes alon-
gées. (Cu. D.)
MANUGHAW ÆlL, ( Bot.) On nomme ainsi à Ceilan une
asclepiade, asclepias asthmatica , très-estimée pour soulager
les asthmatiques. (J.)
MANUGUETTO (Bot. ), nom provençal d’un calament,
melissa nepeta , cité par Garidel. (J.) .
MANUL (Mamm.), nom propre d’une espèce de Cxar. Voyez
ce mot. (F. C.)
MANULÉE, Manulea. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
a fleurs complètes, monopétalées, de la famille des rhinanthées,
de la didynamie angiospermie, offrant pour caractère essentiel :
Un calice à cinq divisions ; une corolle tubulée ; le limbe par-
tagé en cinq découpures entières, inégales; l’inférieure dis-
tante; quatre étamines didynames, attachées au tube de la
corolle; un ovaire supérieur; un style; une capsule a deux
loges, à deux valves polyspermes.
ManuLée À Tices NUEs : Manulea cheiranthus nt Commel.,
Horé., 2, tab. 42 ; Nemia cheiranthus, Berg., Cap., 6, sp. pn
Plante boue du cap de Bonne-Espérance, dont la tige est
droite, rameuse, haute de huit à dix poutes, garnie de
feuilles alternes ou presque opposées, ovales, dentées en scie
ou presque incisées, très-distantes; de fleurs disposées en
grappes làches, droites, terminales, assez longues, munies de
bractées linéaires, à corolle d’un jaune foncé; dont le tube est
grêle et le limbe divisé profondément en cinq laniéresétroites,
linéaires, presque subulées , l'inférieure étant écartée et réflé-
chie; lesautres étalées en ne de main ouverte, d’où vient le
nom manulea imposé à ce genre.
ManuLée TomenTEUsE : Manulea tomentosa, Lamck., Encycl. et
TL. gen., tab. 520, fig. 1; Jacq., Icon. rar., 2; Pluken., Phy-
togr., tab. 519, fig. 2; Selago tomentosa, Linn. Cette espèce
est couverte sur toutes ses parties d’un duvet blanchâtre et
cotonneux ; ses tiges sont couchées à leur base, puis ascen-
dantes, longues de huit à dix pouces, herbacées, garries de
feuilles opposées, alternes vers le haut, rétrécies en pétiole,
ovales oblongues , presque spatulées , obtuses , crénelées ,
6,
84 MAN
longues d’un pouce et plus; les fleurs d’abord en bouquet ou
en thyrse; elles forment, en se développant, des panicules
étroites, un peu feuillées, composées de petites grappes
courtes, munies de bractées linéaires; la corolle est d’un jaune
foncé, un peu tomenteuse; le tube grêle; le limbe à cinq di-
visions courtes ; les capsules de la longueur du calice, Cette
plante croît au cap de Bonne-Espérance. | |
Manurée Hénissée : Manslea hirta, Poir., Encycl. Suppl. ;
Lamck?, IL. gen. , tab. 220, fig 2; Gærtn., de Fruct., tab. 5.
Ses tiges sont droites, un peu grêles, hérissées de poils courts,
garnies de feuilles alternes, presque sessiles, ovales, ellip-
tiques , obtuses, longues d’un demi-pouce, un peu pileuses,
a crénelures inégales, aiguës; quelques unes renferment dans
leur aisselle une fleur solitaire, presque sessile; mais le plus
grand nombre forment un épi droit, terminal, composé de
petites grappes distantes, chargées de trois ou quatre fleurs
presque sessiles; les bractées lancéolées, presque subulées : le
calice campanulé, ses divisions étroites, aiguës; la corolle
petite; le tube grêle; les divisious du limbe eourtes , ovales,
aiguës; les capsules petites. Cette plante eroît au cap de Bonne-
Espérance.
MANULÉE À LONGS PÉDONCULES : Manulea pedunculata, Poir.,
Encycl. suppl. ; Buchnera pedunculata , Andr., Bot. Repos. ,
tab. 84. Cette espèce, originaire du cap de Bonne-Espérance,
a des tiges droites, glabres, trés-rameuses, garnies de feuilles
nombreuses; les inférieures alternes, à peine pétiolées; les
supérieures opposées , ovales, cunéiformes, longues d’un
demi-pouce , glabres, sinuées et dentées; les fleurs solitaires,
axillaires, longuement pédonculées; la corolle d’un blanc
bleuâtre; l’orifice du tube marqué de lignes rougeûtres; les
divisions du limbe linéaires, obtuses.
MANULÉE A FEUILLES ALTERNES : Manulea alternifolia, Desf.,
Catal. Paris. ; Poir., Encycl. Suppl. Cette plante, très-rappro-
chée de la précédente, en diffère par ses feuilles toutes pé-
tiolées; les inférieures alternes ; les supérieures opposées,
ovales, un peu rhomboïdales, glabres à leurs deux faces, den-
tées à leur contour: les fleurs blanchâtres, un peu jaunâtres à
leur orifice, petites, alternes, pédonculées, sortant de l’ais_
selle d’une bractée, formant , par leur ensemble, une sorte
MAN 85
de corymbe termanai; les pédoncules filiformes, un peu pu-
bescens, plus longs que Les bractées ; le calice à einq divisions
sétacées; la corolle grêle ; les lobes du limbe fort petits. Cette
plante croît à la Nouvelle-Hollande; on la cultive au Jardin
du Roi.
MaANULÉE A FEUILLES OPPOSÉES; Manulea ons kde Vent.,
Malm., 1, tab. 15. Arbuste d'environ deux pieds, dont les tiges .
sont pubescentes, tres-rameuses ; les feuilles opposées, pétio-
lées, en ovale renversé, longues de six lignes, pubescentes,
les dde solitaires , opposées, axillaires; les pédoncules uni-
flores , de la‘longueur des feuilles; le ealice pubescent; la co-
rolle d un blanc de lait ; le tube grêle, pubescent; le imbea
cinq lobes entiers, arrondis; les filamens dilatés à leur som-
met ; les anthères ovales, à une seule loge; les eapsules ovales,
presque entiérement recouvertes par le caliae, à deuxdoges,
à deux valves; la cloison formée par les bords rentraas des
valves; les semences petites, trés-nombreuses, couleur de
rouille. Cette plante croît au cap de Bonne-FEspérance.
Mavucée rérine : Manulea fetida, Poir., Encycl. Suppl. ;
Willd., Enum.; Bichnera fetida, Andr., Bot. Repos., tab. 80. Les
tiges sont glabres, cylindriques; les rameaux axillaires; les
feuilles pétiolées, presque opposées; les supérieures alternes,
d’une odeur fétide, glabres, presque lancéolées, longues d’un à
deux pouces, incisées et laciniées à leurs bords; les fleurs
disposées en grappes axillaires, terminales, peu garnies; le
calice glabre; ses divisions courtes, filiformes; la corolle
blanche, deux fois plus longue que le calice. Cette plante
croît au cap de Bonne-Espérance.
Beaucoup d’autres espèces ont été découvertes dans les temps
modernes, particuliérement au cap de Bonne-Espérance. Plu-
sieurs de ces espèces peuvent être cultivées comme plantes
d'ornement. On les sème sur couche, dans des pots remplis de
terre de bruyère. On repique en pleine terre les espèces an-
nuelles; on rentre lesligneuses dans l’orangerie, aux ic 8
de lhiver. (Porr.)
MANUS MARINA. (Zoophyt.) Traduction latine du nom
de main marine, que quelques auteurs anciens ont donné à
l’alcyon digité de nos mers. Voyez Losuraire. (Ds B.)
MANZANA (Bot.), nom de la pomme en Espagne. (Lew,)
86 MAN
MANZANILLA (Bot.), nom castillan de l’absinthe, cité par
Quer, auteur d’une Flore Espagnole. (J.)
MANZAO , MANZO. (Mamm.) Les habitans du Const noin-
ment ainsi leur éléphant. (EF. C.)
MANZIZANION. (Bot.) Aetius, cité par Daléchamps, nom-
moit ainsile faba ægyptia des Latins, le cyamos des Grecs, que
l’on rapporte au nelumbium des modernes; maïs ce nom n’ap-
partient-il pas plutôt à la Corocase, arum colocasia? Voyez ce
mot. (J.)
MAO, MAUX: (Bot.) Voyez Manea. (J.)
MAOKA (Bot.), nom d’une variété de cotonnier, cité par
M. Bosc. (J.) | |
MAOS. (Ornith.) Le bourgmestre ou goéland à manteau
gris-brun , larus fuscus, se nomme ainsi en Suéde. (Cu. D.)
MAOU: (Bot.) Nom galihi, cité par Aublet, de l’hibiscus
liliaceus dont on emploie la seconde écorce pour faire des
cordes dans la Guiane. Le même nom est aussi donné au cou-
ratari d’Aublet, espèce de zanoniæ employé au même usage.
On peut en conclure que le mot maou est dérivé de celui de
mahot, donné à diverses plantes textiles. (J.)
MAOURELLO. (Bot.) Le tournesol porte ce nom en Lan-
guedoc. (L. D.)
MAOURELO {Bot.), nom languedocien du tournesol, cro-
éon tinctorium , cité par Gouan. (J.)
MAPACH. (Mamm.) Le raton laveur est ainsi nommé au
Mexique, suivant Nieremberg et Charleton. (F. C.)
MAPANA-POJA (Bor. ), un des noms malabares, cité par
Rhéede, pour une espèce de phyllanthe. (J.)
MAPANE , Mapania. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs glumacées , de la famille des cypéracées, de la
friandrie monogynie de Linnæus, effrant pour caractère es-
sentiel: Un grand involucre à trois folioles; un calice à six
valves imbriquées ; point de corolle; trois étamines; un ovaire
supérieur; un style; trois stigmates filiformes; une seule se-
mence.
MaAPaNE Des FoRÊTIS : Mapania sylyatica, Aubl., Guian., 1,
tab. 17; Lamck., Ill. gen. , tab. 37. Cette plante a des racines
dures, traçantes et fibreuses : il s’en élève des tiges simples,
longues d'environ deux pieds, triangulaires, uues, garnies
| MAP 87
seulement à leur partie inférieure de feuilles vaginales à leur
base, ovales, oblongues , aiguës, minces, sèches, membra-
neuses, de couleur roussätre. Au sommet de chaque tige est
un paquet de fleurs formant une tête sessile dans un invo-
lucre à trois grandes folioles ovales, aiguës, fermes, ner-
veuses , très-entières, élalées , longues de six pouces et plus. Les
piéces du calice sont concaves, ovales, alongées, aiguës, den-
tées en scie; les filamens plus longs que le calice, attachés sous
l'ovaire ; les anthéres quadrangulaires , oblongues, à deux
lobes; l'ovaire est ovale.Cette plante croît dans la Guiane ,au
bord des rivières d’Aroura et d'Orapu, dans les forêts inon-
dées. (Porr.)
MAPATO. (Bot.) À Tarma, dans le Pérou, on nomme ainsi
le krameria triandra de MM. Ruiz et Pavon, qui est le ratanhia
des environs de Huanuco, dont la racine jouit dans le pays
d’une grande réputation pour le traitement de plusieurs ma-
ladies. Voyez RaranniA. (J.)
MAPEURITA ou MAPURITA. (Mérite Ce nom est donné
aux moufettes dans plusieurs provinces de l'Amérique méri-
dionale. (Desm.)
MAPIRA. (Bot.) Adanson nommoit ainsi l’olyra de Linnæus,
genre de la famille des graminées. (J.) |
MAPOU. ( Bot.) Il paroît que ce nom désigne dans les An-
tilles des bois mous. On le donne à quelques figuiers, et sur-
.tout à diverses espèces de fromager, bombax, dont les troncs
légers sont employés, suivant Desportes, pour faire des canots.
On trouve encore sous ce nom, dans l'herbier de l’Ile-de-
France de Commerson , un cissus qui étoit son Ci et qui
est lé cissus mappia de M. Lamarck. (J.)
MAPOUREA (Ornith.), nom du faucon en tamoul. (Cx. D.)
MAPOURIA. ( Bot.) Genre d’Aublet, réuni au simira du
même auteur. Ces deux genres font partie des Psycotarra.
(Porr.)
MAPPA. (Bot.) Espèce de ricin des Moluques, cité par
Rumph, qui est le marocca-nonau de Ternate. (J.)
MAPPEMONDE. (Conchyl.) C’est la ceyprœa mappa, ainsi
nommée parce que la disposition de ses couleurs a quelques
rapports avec celle des terres sur.kes mappemondes. ( Dr B.)
MAPPIA. ( Bot.) Nom donné à plusieurs plantes différentes.
86 MAP
Ke cunila de Linnæus est le mappia de Heister et d’Adanson ;
celui de Jacquin paroît n’être qu’une espèce de celastrus, dont
on ne connoit pas encore le fruit, maïs qui est remarquable
par des pétales repliés en dedans à leur sommet et par un stig-
mate marqué de cinq sillons. Un autre mappia est celui de
Schréber qui nomme ainsi le soramia d'Aublet; maïs ce genre
ne peut subsister, puisque le soramia lui-même est maintenant
réuni au letracera dans la nouvelle famille des dilléniacées. Le
mappia, existant dansl’herbier de Commerson , fait à l’Ile-de-
France, est l’achitmappou, cissus mappia de M. Lamarck, genre
de la famille des viniféres. (J.)
MAPROUNIER , Maprounea. (Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille deseuphorbia-
cées , de la monoëcie monandrie de Linnæus, offrant pour ca-
ractère essentiel : Dans les fleurs mâles, un calice tubulé, à
- trois ou quatre divisions; point de corolle ; un seul filament
chargé d’une anthère à trois ou quatre lobes : dans les fleurs
femelles, un calice trifide; point de eorolle; un ovaire supé-
rieur; trois styles divergens; une capsule à trois coques mo-
nospermes.
MarROUNIER DE LA GuiANE: Maprounea guianensis , Aubl.,
Guian., 4, pag. 895, tab.342;Lamck., Ill. gen., tab. 743 ; Œgo-
pricum belulinum , Linn., Suppl.; Smith, Fase., 2, tab. 42;
Gærtn., de Fruct., tab. 138. Arbrisseau d'environ septa huit
pieds de haut, dont les branches sont revêtues d’une écorce
grisètre , chargées de rameaux gréles, un peu flexueux; les:
feuilles alternes , pétiolées, ovales, acuminées, aiguës, lui-
santes en dessus, plus pâles en dessous , longues d’environ
deux pouces. Les fleurs sont disposées au sommet des jeunes,
rameaux, en panicules lâches, petites, à ramifications tu-
berculées; les bractées courtes, écailleuses, ovales. Les fleurs
sont de deux sortes : les mâles petites, serrées, réunies plu-
sieurs ensemble en forme de petits chatons ovales, pédicellés,
presque arrondis; les femelles solitaires , inclinées sur des
pédoncules propres, plus longs que ceux des fleurs mâles.
Le fruit est une capsule sèche, globuleuse , glabre, à trois
loges, à trois coques monospermes, bifides au sommet. Cet
arbrisseau croit à Cayenne; il perd ses feuilles tous les ans.
Porn.)
| MAQ 89
MAPURIA. ( Bot.) Voyez Marowra. ( LE.)
MAPURITO (Mamm.), nom donné par les Européens de
l’Orénoque à une espèce de moufette. (F. C.)
MAQEDOUNIS.(Bot.) Nom arabe du persil, selon M. Delile.
Le cerfeuil est nommé macdunis frandji PAR Forskal , et le persil
bagdunis par le même. (J.)
MAQUE-BREU. (Ornith.) En Picardie, selon M. MisHiaks on,
donne ce nom au stercoraire labbe. (Desx.)
MAQUEREAU, Scomber , Scombrus. (Ichthyol.) On appelle
ainsi vulgairement un poisson du genre Scombre de Linnæus,
poisson très-abondant en été le long de nos côtes de l'Océan
et dont M. Cuvier a fait le type d’un sous-genre dans la famille
des scombéroïdes parmi les acanthoptérygiens. Voyez ScomBre.
(H. C.)
MAQUEREAU BATARD (Ichthyol. ), nom vulgaire du ca-
ranxz trachurus. Voyez Caranx. (H. C.)
MAQUEREAU DE SURINAM. (Ichthyol.) On a quelquefois
donné ce nom au carangue, caranx carangus, Voyez CaRanNx.
(H. C.)
MAQUI, Aristotelia. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, ou peut-être dioïques , de la dodécandrie
monogynie de Linnæus, offrant pour caractère essentiel : Un
calice presque campanulé , à cinq ou six découpures ; cinq ou
six pétales insérés à la base du calice ; douze étamines et plus
epposées aux divisions du calice ; les anthères droites, oblon-
gues, attachées aux filamens vers la base; un ovaire trés-petit,
supérieur; trois styles connivens à leur partie inférieure; une
baie à trois loges, renfermant deux ou trois semences dans
chaque loge.
Lhéritier, auteur de ce genre, a remarqué dans plusieurs
fleurs des anthères stériles, ce qui lui a fait soupçonner que
cette plante pourroit bien être stérile.
Maqui eranpureux : Aristotelia maqui, Lhéritier, Shrp.,
pag. 21, tab. 16; Lamck., Ill. gen., tab. 390; Gærtn., Fil.,
tabl. , 211; Aristotelia glandulosa,Sysk. veg. Flor. Per., pag. 126,
Arbrisseau du Chili, dont les rameaux sont glabres, opposés.
garnis de feuilles pétiolées, opposées, ovales, aiguës, arron-
dies à leur base, finement dentées en scie , longues de deux
pouces, accompagnées de stipules caduques. Les fleurs sont
go MAQ
disposées, vers l'extrémité des rameaux, en petites grappes
axillaires, de la longueur des pétioles , à trois fleurs pédicel-
lées, munies de bractées. Le calice est court , élargi à sa base ;
ses découpures un peu obtuses, de la longueur des pétales ;
les filamens trés-courts. Le fruit est une baie de la gros-
seur d’un pois, ponctuée, un peu glanduleuse, à trois loges.
Chaque loge renferme une à trois semences convexes, an-
guleuses ; l'embryon est plat, entouré d’un périsperme
charnu. Ces baies sont bonnes à manger. Les habitans du
Chili en retirent une ee dont ils font une sorte de vin.
(Porr..)
MAQUINHA (Bot.), nom donné par les Portugais de l'Inde
au nialel du Malabar , qui paroît être un cookia dans la famille
des aurantiacées. Voyez Lansa. (J.)
MAQUIZCOALT (Erpétol.), un des noms de pays de l'Amenis-
BÈNE. Voyez ce mot. (H. C.)
_… MAQUOMUOU (Bot.), nom provençal vulgaire d'une; jacée,
centaurea Lu de Linnæus, suivant Garidel. (J.)
MARA. (Bot.) Voyez Manpxarya. (J.)
MAR ABILLES DEL PERU. . (Bot. } C’est de cenom, donné d’a-
bord parles Espagnols du Pérou à la belle-de-nuit, quedérivece-
lui de mirabilis souslequel cette plante a été désignée par Clusius
et Gérard, et ensuite par Linnæus. Mais comme un nom géné-
rique ne doit jamais être adjectif, on a substitué à ce nom
celui de nyclago, qui est la traduction grecque ou latine de
belle-de-nuit. Û. ) CPAS
MARABOU. (Ornith.) L’argala, décrit dans ce Dicota
tom. 9, pag. 218, sous le nom de cigogne à sac, est aussi appelé
marabou dans des (Ca. D.)
MARACA. ( Bot.) Les Brésiliens donnoient ce nom et celui
de tamaruca à des courges de la grosseur de la tête, qui, étant
desséchées, vidées et remplies de cailloux , servoient d’ins-
trumens de musique. Au rapport de Thevet , ces courgessont
produites par la plante cohyne ou macocquier, qui pourroit
bien être notre callebassier, crescentia. ( LEm.)
MARACABALOU (Bot.), nom caraïbe d’une espece dé
caïmitier, chrysophyllum, cité dans l’herbier de Surian. (J.)
MARACANA. (Ornith.) Ce nom, sous lequel Marcgrave
-a décrit des perroquets du Brésil, a été appliqué en général,
MAR ; 91
par M. d'Azara, aux aras et aux perruches du Paraguay.
(Ce. D.) s
MARACAXAO. (Ornith.) L'oiseau queles Mexicainsnomment
ainsi, paroît être une espèce de chardonneret , fringilla melba,
Einn. Edwards l’a figuré, Hist., pl. 128, et Glan., pl. 272.
M. Vieillot lui trouve des rapports avec l’acalanthe, pl. 52 de
ses Oiseaux chauteurs. Le mäle à la taille du chardonneret
commun; le devant desa tête et sa gorge sont rouges ; on voir.
une petite tâche blemâtre entre le bec et l’œil; l'occiput,
le dessus du cou et le dos sont d’un vert jaunâtre ; lescouver-
tures et les pennes secondaires des ailes sont verdtres et fran-
gées de rouge à l’extérieur;les pennes primaires sont noiràtres;
la poitrine est d’un vert olive, et le ventre rayé transver-
. salement de blanc et de noir; le bec est de couleur de chair,
et les pieds sont d’un brun pale. Le dessus de la tête et Le cou
de la femelle sont cendrés: le dos et le croupion sont d'un
vert jaunâtre; les pennes de la queue, dont le fond est brun;
sont bordées en dehors d’un rouge vineux; les couvertures
inférieures sont blanches, et les pieds de couleur de chair.
(Cr. D.)
MARACAYA, MARAGAIA (Mamm.), noms brasiliens du
marguay, suivant Marcgrave. (F. C.) ©
MARACOT (Bot.), nom indien d’une grenadille, passiflora
incarnata, cité dansl'Hort. Farnes. d’Aldini ; elle est aussi nom-
mée maracoc. (J.) k
MARACOUJA. (Bot.) Voyez Murucuia. (LEw.)
MARAGNA. ( Ornith.) Coréal dit, tom. I de ses Voyages
aux Indes occidentales, pag. 179 , qu'il y a au Brésil un perro-
quet de ce nom, lequel y est aussi commun que les pigeons en
Espagne. (Cu. D.) À
MARAGOSA. (Bot.) Voyez Marsosa. (J.)
MARAIAIBA. (Bot.) Pison mentionne sous ce nom un pal-
mier à feuilles grandes, à tige entièrement couverte d'épines
noires trés-dures, et dont les fruits disposés en grappe, de la
grosseur d'un œuf de pigeon, sont bons à manger. (J.).
MARAIL. (Ornith.) Voyez les articles Maraye ét Yacou.
(Cu. D.)
MARAIS. (Géogr. Phys.) Voyez Eau , tom. XIV, p. 57. (B.)
MARAIS SALANS, (Min.) On donne spécialement ce nom
92 MAR
aux marais ou amas d’eau de mer, étendus en surface et peu
profonds, qui existent sur les rivages de la mer, ou qu’on y
forme artificiellement. On cite ceux d’'Aiguemortes entre Mar-
seïille et le Rhône comme un exemple des premiers ; les seconds
sont beaucoup plus nombreux.
On dispose ces marais de manière à ce qu’on puisse extraire
de l’eau de mér qu’ils renferment , et par les procédés les plus
économiques, le sel marin contenu dans cette eau. Nous réu-
nirons dans cet article non seulement ce qui concerne l’ex-
traction du sel marin des marais salans, mais encore ce*qui
est relatif à l'extraction de ce sel de l’eau de la mer.
L’eau de la mer est bien la mine la plus vaste de sel maria ;
mais ce n’est pas la plus riche. S'il falloit employer unique-
mentla chaleur des combustibles pour en obtenir le sel, cette
substance seroit portée à un prix trop élevé. On extrait done
le sel de l’eau de la mer de deux manieres : 1.° par la seule
évaporation naturelle; 2.° par l’évaporation naturelle combi-
née avec l’évaporation artificielle.
Dans le premier cas, on fait cette extraction au moyen des
marais salans. Ce sont des bassins très-étendus, mais trés-peu
profonds, dont le fond est argileux et fort uni; ils sont prati-
qués sur le rivage de la mer. Ces marais ou bassins consistent :
1.° En un vaste réservoir placé en avant des marais propre-
ment dits et plus profonds qu'eux; ce réservoir communique
avec la mer par un canal fermé d’une écluse : on peut, sur
les bords de l'Océan, le remplir à marée haute; mais les ma-
rées sont plutôt un inconvénient qu’un avantage pour les ma-
rais salans. 2.° En marais proprement dits, qui sont divisés en
une multitude de compartimens au moyen de petites chaus-
sées. Tous ces compartimens communiquent entre eux, mais
de manière que l’eau n’arrive souvent d’une case dans la case
voisine, qu'aprésavoir fait un trés-long circuit; ensorte qu’elle
a parcouru une étendue quelquefois de 4,500 métres, avant
d'arriver à l'extrémité de cette espèce de labyrinthe. Ces di-
verses parties ont des noms techniques très-nombreux, très-
singuliers, mais qui différent dans chaque département. Ces
marais doivent être exposés aux vents de N. O., de N. ou
de N.E.
C’est en mars que l’on fait entrer l’eau de la mer dans cesbas-
MAR 95
sins étendus. Elle y préseate, comme en voit, une vaste sur-
face à l’'évaporation. Le réservoir antérieur, nommé jas dans
quelques départemens , est destiné à conserver l’eau , afin
qu'elle y dépose ses impuretés, et qu’elle y subisse un com-
mencement d'évaporation : cette eau doit remplacer celle des
autres bassins à mesure qu’elle s'évapore. On juge que le sel
va bientôt cristalliser, quand l’eau commence à rougir; elle se
couvre peu aprés d’une pellicule de sel, qui se précipite sur
le sol. Tantôt on lui laisse déposer son sel dans les premiers
compartimens ; tantôt on la fait passer dans des cases où elle
présente encore une plus grande surface à l'air. Dans tous les
‘cas on retire le sel sur les rebords des cases, pour l’y faire
égoutter et sécher. On le recueille ainsi deux et trois fois par
semaine vers la fin de l'opération. On commence cette récolte,
ce qui s'appelle saler, en mai, et on la termine en octobre.
Le sel obtenu par ce moyen, participe de la couleur du sol
sur lequel il est déposé; et, selon la nature du terrain, ilest
blanc et propre pour la table, rouge, c’est-à-dire rougeàtre
et destiné au commerce de la mer Baltique, ou gris: on ap-
pelle aussi ce dernier sel vert; on le destine plus particulie-
rement aux salaisons de la morue et du hareng. Le sel de mer
a l'inconvénient d’être amer, si on l’emploie immédiatement
aprés sa fabrication. Il doit ce goût au muriate de chaux et au
sulfate de soude qu'il renferme. L'exposition à l'air, pendant
deux ou trois ans, le débarrasse en partie de ces sels.
_ Les marais salans sont presque aussi multipliés que les mines
et que les sources salées. — Ceux de Portugal passent pour
donner le sel de meilleure qualité; il est en gros grains, pres-
que trausparens. On le préfère, en Irlande, pour les salaisons
de bœuf. Les sels les plus estimés après celui-ci sont ceux de
Sicile, de Sardaigne et d'Espagne. — Les sels de France sont
appropriés a d’autres usages, notamment à la salaison du pois-
son. Il y a des marais salans sur les bords de la Méditerranée,
dans le département des Bouches-du-Rhône, et dans celui de
l'Hérault près d’Aiguemortes. C’est dans ce dernier lieu que
sont les marais de Peccais. La suite des opérations diffère un
peu de celle que nous avons décrite; mais les principes sont
les mêmes. — Sur les côtes de l'Océan on compte ceux de la
baie de Bourgneuf, ceux du Croisic, ceux de Brouage, de la
94 MAR
Tremblade et de Marenne, département de la Charente-fn-
férieure.
Dans la seconde manière d'extraire le sel de l’eau dela nrer,
on forme sur le rivage une esplanade de sable trés-unie, que
la mer doit couvrir dans les hautes marées des nouvelles et
- des pleines lunes; dans l'intervalle de ces marées, ce sable en
partie desséché montre de toutes parts des efflorescences de
sel marin ; on l’enlève, et on le met en magasin. Lorsqu'on en
a une suffisante quantité, on le lave dans desfossés avec l’eau
de mer qu’on sature ainsi de sel marin : on porte cette eau dans
des bassins de plomb assez étendus, mais peu profonds. On
évapore, par le moyen du feu , l’eau surabondante, et on
obtient le sel marin d’un beau blanc. Les ouvriers qui pra-
tiquent cet art portent plus particulièrement le nom de sau-
niers ou saliniers; ce sel s’appelle sel de bouillon, et se dis-
tingue par ce nom de celui des marais salans. Ce procédé est
mis en usage sur les côtes du département de la Manche, prés
d'Avranches, à Lissay, à Pont-Baïl, et sur celles du dépar-
tement du Calvados, à Touques.
On assure qu’on peut aussi concentrer l’eau de la mer par
la gelée; la partie qui se gèle contenant beaucoup moins de
sel que la partie qui n’est pas gelée : mais on ne peut pas.
l’amener par ce moyen à plus de 16 à 17 degrés. (FW411.) On
ne pourroit point employer le procédé de la congélation pour
l’eau des fontaines salées qui renferment du sulfate de magné-
sie, parce que ce sel décompose, à la température de la glace,
le muriate de soude ; ilse forme du sulfate de soude et du
_ muriate de magnésie, sel déliquescent qui gêne la cristallisa-
tion du sel marin, et en altère la qualité. ( Grex.)
Les Romains ont employé un autre procédé dans leurs sa-
lines de Cervia et d'Ostia. Ils accumuloient le sel en mon-
ceaux, et brüloient des roseaux à l’entour: la surface du sel
se durcissoit, et sembloit se vitrifier ; en sorte que l’eau des
pluies glissoit dessus sans dissoudre le sel. L’eau de la masse ne
pouvant plus s’évaporer, entraînoit, en s’écoulant , tous les
sels déliquescens; ce qui rendoït le sel plus pur et plus sec.
(P. San-Grorcro.)
Enfin, à la saline de Walloé en Norwège, on se sert de bà-
{imens de graduation pour concentrer l'eau de la mer qui est,
MAR 93
dit-on, à 5 degrés. On l'amène, par ce moyen et par l'addi-
tion d’un peu de sel de Norwich, a 32 degrés, et on l’évapore
dans des poêles. ( Voyez à l’article Soupe MuriaTée les autres
procédés d'extraction du sel marin, de ses mines, ou des eaux
qui le renferment. ( B.)
MARAKA, TAMARUKA. ( Bot.) Suivant Clusius et Dalé-
champs , ces nomssont donnés dans une contrée d'Amérique au
fruit du calebassier, crescentia. (J.)
MARALDI. (yo) En l'honneur de son compatriote
l’astronome Jacques Maraldi, M. Risso a donné ce nom a un
poisson du grand genre des gades de Linnæus et de la divi-
sion des merluches. Voyez Gape, et Merrücus. (H. C.)
MARALI (Mamm.), un des noms que les Russes donnent au
cerf commun. (F. C.)
MARALIA. ( Bot.) Genre de plantes denied a fleurs
complètes, polypétalées, établi par M. du Petit-Thouars, pour
une plante de l’île de Madagascar, qui appartient à la famille
des araliacées , de la pentandrie trigynie de Linnæus, trés-rap-
proché des aralia, Le calice est fort petit; la corolle composée
de cinq pétales, renfermant cinq étamines; un ovaire infé-
rieur, cylindrique, surmonté de trois styles. Le fruit est une
baie noirâtre, cylindrique, contenant trois semences. C’est
d’ailleurs un petit arbrisseau chargé de feuilles aiternes, ai-
lées ; les fleurs disposées en grappes pendantes, composées de
petites ombelles à longs pédoncules. (Pors.)
MARAMPOYAN. (Bof.) Plante médicinale de Sumatra , ci-
tée par Marsden, dont les jeunes pousses sont employées pour
frotter Les membres après une violente fatigue. (J.)
MARANA (Bot.), un des noms arabes du metel, espèce du
genre SrRAMOINE. ( LEm.)
MAR AN BAS ou BAZ. (Ornith.) Ce nom persan a été ap-
pliqué a plusieurs oiseaux du genre Faucon, tels que l’autour,
falco palumbarius , Linn. Le milan, falco milvus, est nommé
dans la même langue mar an tih. (Ce. D.)
MARANCOTTI. ( Ornith.) Le P. Paulin de Saint-Barthélemi
cite dans son Voyage aux Indes orientales, tom. 1, pag. 426,
_ parmi les oiseaux du Malabar, le marancotti ou picæ, qui, dit-il,
frappe les arbres avec son bec. Il s'agit ici d’une espèce de
pic. (Cn. D.)
96 MAR
MARANDA (Bot.), nom du myrtus zeylanica à Ceilan, sui-
vant Hermann et Linnæus. (J.)
MARANGOUIN ou MARINGOUIN. (Entom.) Voyez Cousin.
(Dssm.)
MARANI (Bot.), nom donné par les Portugais de l’Inde au
Berura AMELront du Malabar. Voyez ce mot. (J.)
MÂARANO. (Entom.) En Languedoc, selon l’abbé de Sau-
vages (Dict. languedoc.), on donne ce nom et celui d’arcisous
à la Mrre pu FROMAGE, (Desm.)
MARANTA. (Bot.) Voyez GaLAnGA. ( Por.)
MARAPUTE (Mamm.), nom malabare d’une espèce de chat
indéterminée, dont le fond du pelage est fauve, qui est cou-
verte de petites taches noires, à la queue courte, et vit sur
les arbres, où elle se fait une bauge. (F. C.) |
MARASAKKI. (Bot.) Le basella alba, employé à la Chine
comme épinards, est ainsinomméau Japon, suivant Kæmpfer.
(J.) G
MARASCA (Bot.), nom qu’on donne dans le pays de Ve-
nise à la variété de cerise acide avec laquelle ou fait le ma-
rasquin, liqueur qui en tire son nom. (Lew.)
MARASSUS. CU Quelques auteurs, Sébaen particulier
(Thes., 2, tab. 55 ,n.° 2), ont parlé ,sous ce nom, d’un serpent
d'Arabie see peu connu. (H. C.) :
MARATHRE , Marathrum. ( Bot.) Genre de Dlénfeé mono-
cotylédones , à fleurs incomplètes, de la famille des narades,
de l’heptandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel: Des fleurs hermaphrodites; point de calice ni de
coroile ; une spathe tubulée; cinq à huit étamines; entre cha-
cune d’ekes une écaille membraneuse , aiguë ; deux stigmates;
une capsule à deux valves, à deux loges séparées parune cloi-
son parallèle aux valves ; des semences nombreuses.
MARATHRE À FEUILLES DE FENOUIL : Marathrum fœniculaceum,
Humb. et Bonpl., PL Æqu., 1, pag. 4o, tab. 11; Poir., Ill.
gen., Suppl., tab. 941. Plante découverte à la Nouvelle-Gre-
nade sur les rochers inondés auxquels elle adhère par ses ra-
cinesnombreuses : elles prennent naissance d’une grosse souche
ou tubérosité qui tient lieu de tige, et produit les feuilles et
les fleurs. Les feuilles sont pétiolées, longues de six à neuf
pouces, plusieurs fois ailées , glabres , d’un vert foncé; les fo-
a
MAR 97
lioles nombreuses , sétacées ; les pédoncules solitaires, longs
d’un pouce, umiflores , environnés inférieurement par une
gaîne dans laquelle ils étoient d’abord complétement renfer-
més. Une spathe tubulée, alongée, transparente, membra-
neuse, d’abord fermée, puis s’ouvrant à son extrémité, laisse
sortir la fleur, qui n’a ni calice ni corolle. Les étamines
sont au nombre de einq à sept; les filamens subulés ; persis-
tans, insérés au sommet du pédoncule ; les anthères d’une
belle couleur rose, à deux loges, bifides à leur base; les
appendices placés entre chaque étamine, courts, membra-
neux ; l'ovaire est ovale, long de deux lignes, à ondes subu-
lés, divergens, persistans. Le fruit est une capsule ovale,
glabre , membraneuse, s’ouvrant en deux valves au sommet ;
les semences sont nombreuses, roussâtres, comme imbriquées
sur plusieurs rangs, fixées aux deux faces de la cloison. (Pors.)
MARATHRUM. (Bot.) On trouve dans Lobel que ce nom est
donné au fenouil ordinaire. (J.)
MARATTIA (Bot.), Smith, Swartz; Myrioraeca, Commers.,
Juss. Genre de la famiile des fougères, remarquable par sa
fructification située à la surface inférieure des frondes, et
composée de grosses capsules trés-nombreuses, anthériformes,
éparses ou disposées longitudinalement en une série le Le du
bord de la fronde, sessiles, ovales, nues (sans indusium), s’ou-
vrant longitudinalement par leur ut , Contenant deux sé-
ries de loges, et percées de trous en nombre égal à celui des
loges.
Les marattia sont de fougères exotiques qu’on ne voit chez
noüs que dans les herbiers; elles se distinguent par la beauté
etla grandeur de leurs frondes, toujours deux fois aïlées. Smith
en a figuré trois espèces, et une quatrième a été décrite par
Bory de Saint-Vincent; aucune n’a été connue de Linnæus.
Le MaraTrra AILÉ; Marattiaalata, Smith, Icon. ined. , tab. 46,
est caractérisé par ses frondes deux fois aïlées, à frondules
dentées en scie à dents aiguës, par ses rachis écailleux dont
les subdivisions sont ailées. Cette espèce croît a la Jamaïque,
dansles lieux pierreux et ombragés des montagnes.
Le MaARATTIA A FEUILLES DE FRÊNE ; Maraltia fraxinea, Smith,
Ic.ined., tab. 48, est caractérisé par ses frondes deux fois ai-
lées, à frondules opposées, à divisions lancéolées, pointues,
29° 7
98 MAR
dentées en scie , cunéiformes à la base, et par ses rachis lisses
et nus. Il croît dans les bois à l’île de Bourbon, où il a été ob-
servé par Commerson et par Bory de Saint-Vincent.
Le MARATTIA A FEUILLES DE SORBIER ; Marattia sorbifolia, Bory,
Itin., 1, pag. 267, est caractérisé par sa fronde deux fois ai:
lée, à frondules alternes, à divisions linéaires lancéolées, den-
tées en scie, cunéiformes à leur base, et par ses rachis lisses et
nus. Il croît à l'ile-de-Bourbon, avec le précédent dont il se
rapproche beaucoup. (Lem.) /
MARAVARA. (Bot.) Ce nom malabare est commun à plu-
sieurs espéces d’angrec , epidendrum, qui sont distinguées par
divers prénoms. Voyez ANGgzi-Maravara. (J.)
MARAVILLA.(Bot.) Dansle royaume de Quito, prés Chill,
on nomme ainsi la tigridia, genre de la famille des iridées.
Dans la nouvelle Andalousie c’est le ruellia macrophylla qui
porte ce nom, suivant les auteurs de la Flore Equinoxiale. (J.)
MARAXE (Ichthyol.) Rondelet a parlé, sous ce nom, d’un
poisson des Indes plus cruel et plus grand, dit-il, que le tibu-
ron, et dont la chair n’est pas bonne à manger. Voyez Tisuron.
(HG)
MARAYE. (Ornith.) Bajon dit dans ses Mémoiressur Cayésne
tom. 1, pag. 383, qu'il a préféré ce nom à celui de marail ,
parce que c’est le édrble nom que les Indiens ont donné à
cet oiseau. (Cu. D.)
MARAYÉ, OUCYAOUX. (Bot.) Noms caraïbes de la langue
de bœuf à Saint-Domingue, cités par Nicolson. C’est, selon lui,
le lingua cervina, et conséquemment une espèce de fougére.
(1)
MARBRE(Min.), Marmor des anciens.Ce nom avoitpoureux
la même signification qu’il a encore pour les gens du monde :
il désignoit toute espèce de roche susceptible de recevoir de
l'éclat parle poli. Les minéralogistes ont restreint cette expres-
sion , et peut-être a tort, aux seules pierres calcaires qui jouis-
soient de cette propriété; mais l’usige a tellement prévalu
‘parmi les nt Eee qui veulent mettre de lexactitude dans
leur manière de s'exprimer, que ce nom ne peut plus s’appli-
quer qu'aux variétés de chaux carbonatée ou de calcaire qui, par
la densité, la finesse , la cohérence de leurs parties, sont suscep-
tibles de recevoir un poli brillant et assez égal. On ne trouve
MAR 99
ces qualités que dans trois variétés principales de calcaire :
le calcaire saccaroide, qui donne seul les marbres statuaires ;
le calcaire concrétionné , ‘qui donne la sorte particulière de
marbre que l’on nomme albâtre; le calcaire de sédiment com-
pacte ou sublamellaire, qui, en raison de la finesse de son grain
et de la netteté de ses couleurs, a reçu le nom particulier de
calcaire marbre: enfin, quelques autres calcaires compactes
qui offrent quelquefois ré qualités à peu prés égales aux cal-
caires marbres proprement dits. Fa
Les calcaires doués de ces propriétés se trouvent dans pres-
que toutes les formations, mais en proportions bien différentes.
Ainsi, les calcaires saccaroïdes ou marbres statuaires n'appar-
tiennent qu'aux formations primordiales, soit aux plus an-
ciennes, soit aux plus nouvelles, à celles qu’on appelle géné-
ralement de transition. S'il s’en trouve dans des formations
plus récentes, ce sont des exceptions rares par leur nombre
et très-restreintes dans leur étendue. Aïnsi le calcaire juras-
sique dans certaines parties, dans celles surtout où beaucoup
de zoophytes entrent danssa composition, et dans celle où il est
associé avec une grande quantité de magnésie, présente un
aspect et quelques unes des propriétés du calcaire saccaroïde
ou des marbres statuaires.
La plupart des marbres colorés à texture en grande partie
compacte, avec des parties lamellaires ou également dissémi-
néesdans la masse, ou rassemblées en veines ou veinules, appar-
tiennent, soit aux derniers terrains primordiaux, c’est-à-dire,
aux terrains de transition compacte, soit aux terrains de sédi-
ment inférieur; mais ici ils commencent à être rares; et dans
des étendues immenses de pays, entiérement composés de ces
calcaires de sédiment inférieur, on ne trouve quelquefois pas
une carrière de marbre. Tel est le cas de beaucoup de cal-
caires des Alpes, sur Le versant septentrional de cette chaîne.
Les terrains de sédiment moyen renfermantle calcaire juras-
sique présentent encore moins de marbre exploitable; mais
ici ce n'est pas, comme dans les Alpes, une argile grise, du
sable, une stratification mince et contournée qui altérent les
qualités techniques de cette formation; au contraire, souvent
ce calcaire est pur et homogene, le grain est fin, la texture
très-compacte ; maïs le peu de vivacité des couleurs, etsurtout
FE
100 MAR
la disposition généralement fragmentaire de cette roche, lui
ôtent les qualités que doit avoir le calcaire marbre pour mé-
riter qu’on l'exploite avec avantage, et par conséquent qu’on
y établisse de vastes et durables carrières de marbres.
C'est dans le calcaire jurassique que se voient les dernières
grandes exploitations de marbre, et elles cessent même pres-
que entièrement après ce calcaire; car on ne retrouve plus le
marbre , même par échantillon, ni dans les terrains crayeux,
ni dans les calcaires grossiers supérieurs à la craie ; mais il se
présente de nouveau, en moindre quantité il est vrai, tant en
nombre qu’en étendue, 1° dans le terrain de transport com-
posé de cailloux calcaires roulés, connus sous le nom de
pouddingues, quelquefois de nagelflue, et èe terrain offre daus
certains. lieux des marbres pouddingues assez recherchés et
très-répandus (le pouddingue dit brèche de Tolonet en Pro-
vence, etc.); 2° dans le calcaire d’eau douce ou lacustre, su-
périeur au calcaire grossier et faisant partie du terrain de sédi-
méntsupérieur;etnouspouvons donnercomme preuve de cette
assertion la pierre de Chäteau-Landon près Némours, qui est
employée comme marbre: celle de Nonette prés d’Issoire, qui
offre le même usage : ce sont, il est vrai, des marbres peu re-
cherchés, parce que leurs couleurs sont grises ou pâles, et que
leur poli est trés-peu brillant; mais ils ont le grand avantage
d'offrir des masses puissantes, continués et d’une facile exploi-
tation; considération qui a sur le succés des carrières de
marbre plus d'influence que les qualités qui résultent de la
couleur, de la finesse du grain, et même de l'éclat du poli.
On rencontre, quand on parcourt les montagnes, des gîtes de
calcaires marbres souvent plus beaux par leurs couleurs
et leurs autres qualités brillantes que les plus fameux marbres,
soit statuaires, soit d'ornement, et cependant on ne peut
parvenir à les mettre en exploitation : cela vient presque
toujours, ou de leur position d’un accès difficile, ou plutôt
encore de leur peu d’étendue en masses homogènes et con-
tinues. Cette dernière condition est et la plus difficile à ren-
contrer et la plusimportante. Quand elle se présente, presque
toutes les difficultés disparoïissent devant elle, même celle qui
résulte d’un accès difficile, parce qu’alors la continuité des
masses, qui assure la longue durée de l'exploitation, permet
MAR de
de faire les dépenses nécessaires pour rendre les transports
plus faciles: telest le cas des principales carrières de marbres,
de celles qui sont connues et exploitées depuis long-temps, et
qui le seront encore pendant une longue suite de siècles, Il
suffit d’avoir vu les carrières de marbre de Carrare et leur
position avantageuse pour s'expliquer pourquoi on n'a pas
pu encore mettre en réelle exploitation les marbresstatuaires
qu'on a reconnus daus les Pyrénées, dans la Savoie, dans la
Corse, etc., ceux-ci ne se présentant en général qu’en couches
interposées dans d’autres roches, ou en amas de peu d’éten-
due, et pour ainsi dire en échantillon, en comparaison des
montagnes entièrement composées de marbre statuaire, géné »
ralement d’une belle qualité, qui forment les deux côtés de
14 vallée de Carrare. Nous le répétons, il n’y a peut-être pas de
terrain primordial qui ne puisse présenter des amas de calcaire
saccaroïde assez volumineux et assez beau pour fournir des
masses propres à faire quelques bustes, quelques vases, peut-
être même quelques statues; mais ce n’est pas sur un produit
aussi précaire, aussi limité, qu’on peut établir une exploitation
aussi difficile, dont l'ouverture est aussi dispendieuse qu’est
celle d’une carrière de marbre. (B.)
La partie minéralogique de cet article se trouvant presque
en entier à l’histoire de la chaux carbonatée , dont les marbres
ne sont que des variétés, il ne nous reste donc plus ici qu’à
considérer ces roches sous le rapport de leur utilité dans les
arts, et sous celui du commerce important auquel elles ont
donné naissance. Nous rappellerons cependant encore que les
marbres proprement dits appartiennent aux variétés lamel-
laire saccaroïde , et compacte fin du calcaire, et aux for-
mations primordiales, et de sédiment inférieur et moyen;
qu’ils en partagent les propriétés et les caractères, et que par
conséquent tout marbre, dans l’acception restreinte où l’on
doit entendre aujourd’hui cette expression, doit présenter
rigoureusement les caractères suivans : de faire une efferves-
cence plus ou moins vive dans l’acide nitrique ( eau forte ) À
deselaisser rayer par une pointe de fer, dese réduire en chaux
vive par la calcination, et de recevoir un poli plus ou moins
parfait. Ce petit nombre de caracteres dont l’ensemble est
décisif et tranchant, suffit pour éloigner cette foule de roches
102 MAR
que les gens du monde confondoient mal à propos avéc les
marbres, tandis qu’elles appartiennent aux porphyres, aux
granites, aux serpentines, etc... Nous ajouterons, pour aché-
ver de les isoler complétement, que l’albâtre calcaire où
oriental, qui jouit des mêmes caractères que nos marbres,
s'en distingue cependant par sa texture intérieure , qui est
presque toujours fibreuse dans un sens, ainsi que par ses
nuances jaunes de miel ou jaunes de cire, qui sont disposées
par zones ondulées ou concentriques, aspect qui est une suite
nécessaire de sa formation, et qui ne se rencontre jamais
dans les marbres.
L’on a proposé plusieurs méthodes pour classer les marbres ;
mais si l’on eût réfléchi que la plupart de ces roches ne dif-
férent entre elles que par des nuances, des teintes, ou de lé-
ger$ accidens qui n'ont pas la moindre importance en miné-
rälogie , on se seroit évité la peine que ces soi-disant méthodes
ont dû coûter à ceux qui les ont imaginées. L’on ne peut
réellement classer les marbres que par ordre de contrées,
quand on veut en faire une longue énumération , où par
ordre d'usage et d'emploi, quand on ne doit rappeler que
ceux qui sont le plus estimés dans le commerce ; et d’ailleurs,
comme chacun d’eux appartient à une variété de l’espéce
chaux carbonatée, l’on conçoit qu’il devient absolument su-
pérflu de s’efforcer à les soumettre à un arrangement métho-
dique spécial.
Les marbres , considérés par rapport à leur emploi dans les
ta se distinguent:
. En marbres statuaires;
2. En marbres de décoration.
Les premiers comprennent les marbres blancs dontle grain,
la teinte et la dureté sont uniformes; ils appartiennent aux
variétés lamellaires et saccaroïdes de la chaux carbonatée
des minéralogistes, parce que leur cassure présente une foule
de petites lamelles ou facettes brillantes qui se croisent en
tout sens, ou que leur grain plus fin et plus serré rappelle la
contexture du plus beau sucre.,
Les seconds se composent de cette foule de marbres colorés
dont quelques uns présentent le brillant assemblage des cou-
leurs Les plus tranchées qui, disposées par veines, par taches,
MAR 103
ou par bandes plus ou moins grandes, et plus ou moins dis-
tinctes , offrent cependant un aspect assez constant dans
chacun d’eux, pour qu’il soit toujours assez facile de les re-
connoître et de les désigner par les noms qu’ils portent dans
le commerce, surtout quand on a pu les étudier à la earrière-
ou au chantier. Les marbres de décoration appartiennent en
général au calcaire de sédiment , je dis en général , car il y
en a plusieurs qui se rangent a côté des marbres statuaires,
dont ils ne sont que de simples. variétés ; tels sont les marbres
blancs veinés de gris, les bleus turquins, les cipolins, etc.
La cassure des marbres de décoration est ordinairement terne
et compacte; ou, si elle devient brillante et lamellaire dans.
certaines parties, on peut assurer que ces parties sont dues à.
des veines de calcaire spathique traversant les masses dans un
grand nombre de directions, ou, plus souvent encore, ces
portions lamellaires brillantes et spathiques sont dues à des
débris de corps organisés marins, tels que coquilles, madré:
pores , entroques, etc., dont ces marbres sont quelquefois
pénétrés dans tous les sens.
Les noms génériques de brèche et de lumachelle sont a peu
prés les seuls qui soient employés dans le commerce pour dé-
signer les deux groupes que l’on peut raisonnablement établir
dans cette foule d’accidens difficiles à décrire, fastidieux à
énumérer, et pour lesquels l'expression est souvent en défaut.
Les marbres brèches sont ceux qui sont composés de frag-
mens anguleux, différemment colorés, réunis par une pâte
plus où moins distincte. Les marbres lumachelles sont ceux qui
contiennent des débris de coquilles trés-apparens et nom-
breux; quant à tous les antres.qui ne sont ni unis , ni bréches,
ni lumachelles, on les nommera, si l’on veut, Jaspés ; diaprés
ou bariolés.
Les marbres antiques sont ceux qui ont été exploités et em-
ployés par les Esyptiens, les Grecs ou les Romains, ou ceux
dont les carrières sont perdues, et qui ne se trouvent plus
qu’en fragmens ou en blocs travaillés au milieu des ruines,
des monumens et des villes dont le nom seul a survécu aux
révolutions politiques. Les marbres antiques, par cela même
qu'ils sont rares, sont très-recherchés, Nous en citerons plu-
sieurs pour exemple,
104 MAR
Marbres statuaires.
Les principaux marbres statuaires sont les marbres blancs
antiques de Paros, du mont Pentelès, du mont Hymette près
d'Athènes, et de Lui en Toscane. Celui de Carrare ne paroît
point avoir été exploité dans Îles temps les plus reculés, car
on s'accorde assez à n’en faire remonter l'exploitation qu’aü
temps où César pénétra dans les Gaules. Aujourd’hui c’est le
seul dont nos artistes fassent usage, et la belle qualité en de-
vient de plus en plus rare : aussi a-t-on fait quelques essais
sur les marbres de Florence et des Pyrénées; ces derniers ont
déjà même été employés avec succès, notamment par M. Bosio
qui en a fait une figure en pied , d'Henri IV enfant , et par
mademoiselle Charpentier, qui en a exécuté le buste de
Clémence Isaure , destiné au Capitole de Toulouse.
C’est particulièrement sur les marbres grecs que les plus
célèbres sculpteurs de l'antiquité se sont exercés ; aussi la
plupart des chefs-d’œuvre qui sont‘venus jusqu’a nous, et qui
font encore l’ornement de nos Musées, appartiennent-ils a ces
marbres dont le grain présente de larges facettes, et dont la
teinte est souvent altérée par des nuances de gris ou de vert,
qui ne se retrouvent point dans les beaux marbres statuaires
d'Italie ; quelquefois cependant ces artistes fameux semblent
avoir recherché cette finesse et cette blancheur uniformes;
car, si le Torse et la Vénus sont sortis des carriéres de Paros
et d'Athènes, lApollon appartient à celle de Luni en Tos-
cane. Le marbre rouge antique, et le marbre noir de Lucullus
ont été quelquefois employés comme marbres statuaires, té-
moin la statue colossale de M. Agrippa qui se voit à Ve-
nise au palais Grimani , et plusieurs autres statues qui sont
également en marbre rouge antique, et qui font partie du
Musée royal de Paris. On voyoit aussi plusieurs bustes en
marbre noir au Capitole et à la villa Albani à Rome.
Lors de la décadence des beaux arts, quelques sculpteurs
ne trouvèrent rien de mieux que d'exécuter des statues de
plusieurs pièces en marbres colorés, c’est ainsi qu’il nous en
reste encore dont la tête et les extrémités sont en marbre
blanc; tandis que les draperies sont en marbres de couleur,
qui imitent les étoffes, les brocards et les péquins à grands
MAR 105
ramages ; de tels écarts du bon goût n’autorisent point à re-
garder ces roches comme des marbres statuaires: un si noble
emploi semble exclusivement réservé aux marbres blancs les
plus purs. Le beau marbre statuaire est l’objet d’un commerce
important. Plusieurs carriéres sont exploitées dans la vallée de
Carrare pour le compte du gouvernement françois, qui en
possède un vaste dépôt à Paris; mais comme la belle qualité en
dévient excessivement rare, les artistes la paient jusqu’a 80 fr.
le pied cube. Il est donc àsouhaiter que nos carrières de Saint-
Beat, département de la Haute-Garonne, soient attaquées
avec suite et constance. :
Nous n’insisterons point davantage sur les qualités respec-
tives de ces marbres, ils sont décrits, avec beaucoup d’autres,
à l’article CaHaux cARBONATÉE de ce Dictionnaire.
Marbres de décoration.
i
L'usage des marbres de décoration n’eSt point aussi ancien
que celui des marbres statuaires : on commença par en exé-
cuter des colonnes monolithes , quelques sarcophages, et puis
on en vint à en revêtir les murs des EE et des palais ;
on attribua ce dernier excès 55 luxe à l’un des préfets de
César.
Les principaux marbres de décoration dont on faitusage en
Europe, sont, le marbre blanc veiné de gris de Carrare, dont on
fait tous les piédestaux et tous les vases qui décorent nos jar-
dins, celui dont ona construitle fameux escalier du château de
Versailles, et qui est d'autant plus recherché cu approche
davantage au marbre statuaire, dont il n’est qu’une variété.
Le bleu turquin n’est encore qu’une variété du précédent,
puisqu'il se trouve à Carrare dans les mêmes carrières.
Le cipolin, qui est blanc veiné de larges bandes ondulées,
grises et vertes, dues à du tale; les carrières antiques en sont
perdues, mais on en connoit plusieurs dans les Alpes.
Le languedoc: ils’exploite aux carrières de Caunes prés Nar-
bonne. Il est d’un rouge de feu rubanné de blanc; il produit
beaucoup d'effet, et est employé dans la plupart des belles
églises de France.
La griolte : ce marbre d’un rouge foncé, varié de taches
ovales, d’une teinte plus vive, et de cercles noirs dus à des
400; MAR
coquilles, s’extrait aussi dansles environs de Caunes en Lan-
guedoc:; ilse vend jusqu’à 200 fr. le pied cube.
Le campan, qui présente trois variétés dont on a fait à tort
trois marbres différens ; son fond rouge , rose ou vert clair,
est varié de veines entrelacées d’une teinte plus foncée; il
produit un grand effet quand il est bien choisi. On l’exploite
dans la vallée de Campan dans les Hautes-Pyrénées. Il se vend
55 fr. le pied cube à Paris; il s’altère à l’air. On en trouve des
fragmens dans les ruines romaines du midi de la France.
La brocatelle d'Espagne. Ce marbre jaune renferme une mul-
titude de fragmens de coquilles ; il s’extrait à Tortose en Catalo-
gne, d'où ilse répand dans toute l'Espagne, la France et l'Italie :
à la rigueur on pourroit le regarder comme une lumachelle.
= Le portor, l'un des plus beaux marbres de décoration dont
on puisse faire usage. Fond noir trés-intense, veiné de jaune
vif; le plus beau vient des environs de Gênes, et particulie-
rement de Porto-Veñere. Louis XIV le fit exploiter pour la
décoration de Versailles et de Marly.
Le jaune de Sienne. Ce beau marbre d’un jaune assez vif est
veiné de pourpre et de rouge vineux. On l'extrait à deux
lieues de Sienne, et il se vend à Paris 8o fr. le pied cube.
Le sicile, marbre trés-recherché qui se distingue par ses.
grandes bandes veinées et rubannées , rouges, brunes et oli-
vâtres.
Le noir antique et le noir de Élaudhe ne sont guère em ploÿés
que pour les inscriptions des monumens funébres. Le premier
est d’un noir excessivement foncé, le second tire sur Le gris.
Le Sainte-Anne, gris foncé veiné de blanc , trés-employé en
France , mais remplacé aujourd’hui par le suivant.
Le petit granite, marbre gris foncé, parsemé, ou presque
entièrement composé de débris d’entroques d’une teinte cen-
drée. Il se trouve aux Ecaussines pres Mons: il est très-em-
ployé en France où l’on en importe une quantité prodigieuse.
Nous formons des vœux pour qu’il soit bientôt remplacé par
le marbre françois de Moncy, département des Ardennes,
qui lui ressemble beaucoup.
Le grand antique est un marbre brèche à grands fragmens
noirs réunis par une pâte blanche.
La brèche violelte est un marbre trés- variable qui présente
MAR 18
[l
une foule de fragmens de marbre blancs, violets, rouges, li-
las, cimentés par une pee verdàtre, etc. Il faut réunir à ce
riérbié les suivans qui n’en sont que de simples accidens : le
marbre africain, le fleur de pêcher, et peut-être la brèche
rose. On D es a Saravezza en Italie.
La brèche de Tarentaise est un marbre qui ne ressemble à
aucun autre; son fond est d’un brun de chocolat, parsemé de
petits fragmens anguleux jaunes ou blancs. On y voit aussi,
mais rarement, quelques débris de coquilles. On exploite ce
marbre à Villette en Tarentaise.
Le drap mortuaire est un marbre lumachelle noir, parsemé
de coquilles blanches d’un pouce à quinze lignes de long. Il
est assez estimé malgré sa couleur de deuil.
Les marbres connus sous les noms de vert antique, de vert
de mer, de vert poireau et de ‘polzeverra, sont renvoyés aux
roches serpentineuses.
La plupart des marbres que je viens de citer sont déja nom-
més et décrits plus au long à l’article CHaux canBonarÉE de ce
Dictionnaire, ainsi que je l’ai dit en parlant des marbres sta-
tuaires : on y trouvera même un aperçu des principales opé-
rations de l’art du marbrier ; et je n’aurois pu amplifier cette
partie sans sortir des limites naturelles d’un article de dic-
tionnaire. On trouvera dans ma Minéralogie appliquée aux
arts (1) la description de plus de trois cents variétés de marbres,
et d’assez grands détails sur l’exploitation de ces roches, sur
l’art du marbrier et du lithoglypte; je renvoie donc à cet ou-
vrage ceux qui voudroient de plus grands détails sur l’histoire
de ces belles substances minérales qui contribuent tant à la
somptuosité des décorations intérieures, et a la durée des mo-
numens qui en sont enrichis. (P.Brarp.)
MARBRE. ( Foss.) Voir au mot Pérriricarion. (D. F.)
MARBRE. (Conchyl.) Ce nom est quelquefois employé dans
les catalogues de coquilles du dernier siècle, pour désigner une
coquille du genre Buccinum de Linnæus, et qui est une espèce
de turbinelle pour les conchyliologistes modernes. (De B.)
MARBRÉS. (Bot.) Paulet décrit quatre espèces de marbrés ou
mousseux marbrés ; ils forment une division dans la famille des
(1) Paris, F. G. Levrault, 1821, trois vol. in-6.°
108 MAR
cépes mousseux quisont tous des champignons du genre Boletus,
Linn. Les marbrés se font reconnoître à leur surface entr'ou-
verte, plus ou moins profondément découpée et sillonnée, se-
lon Paulet, en maniére de fortes veines de marbre. Ils naissent
dans nos bois en automne.
Le MaARBRÉ FEUILLE MORTE, Paul. Tr.,2, pag. 373. pk 17%,
fig. 1,est de er neyenne , à surface blanchâtre et chair
blanche : sa partie tubuleuse est grise; à la maturité, ce cham-
pignon prend une couleur générale de feuille-morte. Il a une
saveur agréabie ;etn’incommode pas; il estsec, léger, et brunit
l’eau dans laquelle on le fait bouillir; il n’est pas aussi délicat
que les mousseux fins.
Le Mareré BistRE, Paul., L. c., pl. 172, fig. 2, est haut de trois
pouces, de couleur de bistre ou de truffe noire avec des mar-
brures. Ses tubes sont fins, serrés et gris; le stipe est blanc et
ferme. Toute la plante à une agréable odeur, elle n’est point
malfaisante.
Le Mangré ouvarre, Paul. L. c., fig. 3, est de couleur brune
ou olivâtre marbré, à surface sèche, à tube et stipe gris.
Ce champignon, plus large que haut, a un chapeau de trois
pouces de diamètre ; il n’a pas d’odeur désagréable, et ne nuit
point; comme le marbré feuille-morte il rend brune et mous-
seuse l’eau dans laquelle on le fait cuire, caractère, au reste,
qui appartient à toute la famille qui en tire aussi son nom.
Le MarBré COULEUVRE, Paul., L. e., fig. 4,5, 6, est petit, à
surface découpée et marbrée, de manière à imiter, en quelque
sorte, les anfractuosités du cerveau, mélangée de bruu jau-
nätre et de rouge; sa chair, naturellement blanche, devient
subitement bleuätre et rougeàtre par le contact de l'air. Ses
tubes sont fins, serrés et verdâtres; le stipe est lavé de rouge
ou de pourpre. Ce champignon est élevé de deux à trois pouces ;
sa surface est sèche, et sa substance molle, humide, se cor-
rompt aisément; tout annonce qu'il pourroit être d” un dange-
reux usage. (Lem. )
MARBRE, (Erpétol.) Voyez Porvcnre. (H. C.)
MARBRÉE. (Ichthyol.) Dans quelques uns de nos cantons,
on donne vulgairement ce nom à la lamproie commune. (Voyez
PETROMYzoN.)
M. Risso a fait aussi de ce mot le nom spécifique d’une tor-
MAR 109
pille et d’une athérine de la mer de Nice. Voyez ÂTHÉRINE et
Tonrirre. (H. C.)
MARCANTHUS. ( Bot.) Voyez MacranTne. (Porr.)
MARCARAY (Bot.), nom d’un catesbæa sur la côte de Coro-
mandel, cité dans l’herbier de Commerson. (J.)
MARCASSIN (Mamm.), nom du jeune sanglier. (F.C.)
MARCASSITE.(Min.) Nom que l’on donne aux fers pyriteux
ou sulfurés jaunes, d’un jaune d’or pur, d’une homozgénité et
d’une pureté assez grande pour être susceptibles d’être taillés,
polis etemployés même comme objet d'ornement. Voyez Fer
SULFURÉ JAUNE, t. XVI, p. 5709. (B.)
MARCEAU (Bol.), nom d’une espèce de saule. (L. D.)
MARCESCENT | Canuce |. (Bot.) Lorsque le calice n’accom-
pagne pas le fruit, il tombe dés que la fleur commence à
s'épanouir (pavot), ou bien après la fécondation, en même
temps que la corolle (berberis, brassica). Lorsqu'il accompa-
_ gne le fruit, il continue de végéter (cucubalus bacciferus) , ou
bien il se dessèche (anagallis, rhinanthus). C’est dans ce der-
niers cas qu’on le dit marcescent. Il y a des corolles qui ne
tombent point après la fécondation (campanula, trientalis);
mais elles ne continuent pas de végéter : on les dit également
marcescentes. (Mass. )
MARCGRAVIA ou MARCGRAAVIA. (Bot.} Voyez Mar-
erAvVE. (Poir.) |
MARCGRAVIACÉES. ( Bot.) Le genre Marcgraavia, publié
primitivement par Plumier, offre des caractères apparens qui
avoient engagé Linnæus, Bernard de Jussieu et Adanson à le
rapprocher de la série naturelle des capparidées, remarquable
surtout par l’attache des graines aux parois du fruit; et j’avois
suivi ces auteurs en ce point. l’occasion de décrire une nou-
velle espèce de ce genre, trouvée à la Guadeloupe par M. Ri-
chard , me détermina à insérer dans le quatorzième volume
des Annales du Muséum d'Histoire naturelle, année 1809 ,un
mémoire sur'cette plante, dans lequel il étoit aussi fait men-
tion de celle de Plumier , et surtout des observations faites par
M.Richard sur cesplantes vivantes. Il en résultoit que dans le
marcgraavia, les cloisous du fruitmultiloculaire paroissent avoir
été d’abord réunies au centre, ensuite détachées au milieu
par suite d’un retrait, en conservant leur réunion au sommet
110 MAR
et à la base; et que le fruit dans sa maturité devient ainsi
uniloculaire. De plus, ces cloisons, qui portent les graines,
sont seulement contiguës avec les Frs du fruit sans leur
adhérer. Dès lors l'insertion des graines est réputée centrale
et non pariétale comme dans les capparidées. M. Richard
pensoit que ce genre devoit, d’après ces caractères, être rap-
proché du clusia dans les guttiféres. J'ai motivé dans le Mé-
moire précité les rapports et les différences qui existent entre
ces genres, dont l’affinité est réelle, mais non complète, et
j'en conclus que le marcgraavia pourroit devenir le type d’une
famille nouvelle voisine des guttiféres, à laquelle on devra
joindre le norentea d’Aublet et l’antholoma de M. Labillardière.
C’est d'aprés cette simple indication que M. Decandolle,
dans sa nouvelle édition de sa Théorie élémentaire de la Bo-
tanique, année 1819, faisant l’énumération des familles an-
ciennes et nouvelles, cite, sous ce nom, celle des marcgravia-
cées. Je n'avois fait que la proposer avec doute ,parce que ses ca-
ractèresne m’étoient pasassez connus ; mais puisqu elle est ainsi
dénoncée au public, il faut essayer de la caractériser, en préve-
nant cependant que ce caractère général sera sujet à revision.
Cette famille, placée à côté des guttifères, doit être dans la
classe des hypopétalées, c’est-à-dire des polypétalées à étamines
hypogynes. On ytrouve:un calice à plusieurs divisions très-pro-
fondes, dont une ou deux plus extérieures, sont peut-être des
Eat une Corolle hypogyne dontles pétales sont tantôt dis-
tincts, tantôt réunis en une coiffe recouvrantlesorganessexuels,
laquelle se détache par sa base et tombe entiére ; des étamines
nombreuses également insérées sous l'ovaire, leurs anthères
alongées et droites portées sur des filets très-courts; un ovaire
libre, simple ; un style simple ou nul; un stigmate en tête,
quelquefois iobé ; un fruit ordinairement globuleux, coriace,
ou un peu charnu, à plusieurs loges polyspermes, devenant
quelquefois uniloculaire en mûrissant, par le retrait des cloi-
sons; desgrainesattachées au bord des cloisons, à l'angle interne
des loges. Tige ligneuse, droite ou sarmenteuse, grimpante ;
feuilles alternes,simples, entières, coriaces; fleurs terminales,
pédicellées, en ombelle ou en épi. (J.)
MARCH (Bot.), nom arabe d’un cynanque, cynanchum py-
rotechnicum de Forskal. (J.) |
MAR 114
MARCHAIS. (Ichthyol.) Les pêcheurs appellent ainsi une
variété du maquereau qui manque de taches. (Voyez Scomsre.)
On donne aussi ce nom au hareng qui a frayé. Voyez Crurée.
(H:€) |
MARCHALLIA. (Bot.) Voyez Payreumorsis. (Poir.)
MARCHAND. ( Ornith.) Ce nom, qui est celui d’une espèce
de canard à bec large , figurée sur la planche 37 de l'Ency-
clopédie méthodique , et sur la planche 995 de Buffon, anas
perspicillata, Linn., est aussi donné à un oiseau de proie dont
il est question dans le Voyage du chevalier des Marchais, par
le P. Labat, tom. 3, pag. 329 , et que les Portugais appellent
gallinache. Ce dernier est le vautour urubu, oultur aura, Linn.;
gallinaze urubu, Vieïll. (Ca. D.)
MARCHANTIA (Bot), HÉPATIQUE, MARCHANTIE. Genre de
plantes cryptogames de la famille des hépatiques, caracté-
risé par sa fronde plane, membraneuse, dichotome ,lobée, por-
tant des pédicelles à l'extrémité desquels sont des espèces
d’ombelles coniques ou hémisphériques, lobées ou divisées en
quatre à douze rayons, au-dessous desquels se trouve la fructi-
fication.
Ces caracteres s'appliquent au genre Marchantia, tel que
Dillenius (quile nomme lichen), Linnæus et les botanistes l’ont
admisgénéralement, sans avoir égard aux observations et aux
travaux de Micheli, Adanson, Hill, Palisot-Beauvois, Raddi,
Nées,-etc., naturalistes qui ont trouvé dans l’étude des parties
que l’on peut considérer comme les-fleurs et la fructification
de ces végétaux, des caractèressuffisans pour les classer en plu-
sieurs genres. Quelques botanistes persistent à maintenir le
genre Marchantia entier, et rétablissent ainsi ses caractères,
. fondés principalement sur les observations d'Hedwig :
Frondeou expansion étalée, rampante ,herbacée, foliacée ou
membraneuse,succulente,réticuléeou ponctuée,lobéeetdicho-
tome, appliquée et fixée sur les pierres et la terre par de nom-
breusesfibrillesbrunes portant trois sortes d'organes floriformes
ou reproducteurs, qui s’observent sur le même pied ou sur des
pieds différens, savoir :
1.” Lesfleurs mâles (Hedw.,Mirb.; fleurs femelles, Pal. Beauv.),
cupuliformes, sessiles ou portées sur un pédicelle, et en forme
de plateaux membraneux, lobé ou sinueux, lisse ou écailleux
112 MAR '
en dessous, renfermant dans son épaisseur de petits corps
arrondis, émarginés à une de leurs extrémités ou aux deux,
nichés un ou plusieurs ensemble dans des loges, aboutissant
chacune à l'extérieur par un petit filet.
2.°Lesfleurs femelles (Hedxwv., Mirb.; fleurs mâles, Mich.., Adans.,
Pal. Beauvois), plus compliquées que les précédentes, forment,
à l'extrémité de pédicelles opaques et nus ou entourés d’une
gaîne à la base, des espèces d’ombelles ou réceptacle commun
à quatre ou douze rayons ou lobes, quelquefois conique ou hé-
misphérique, et le plus souvent en étoile; sous chaque rayon à
la base,etdanslesinus,on observeun périchèze ou périsporange,
ou calice commun à une loge, rarement deux, bivalve, à bords
dentés et frangés, contenant une à six fleurs orribes chacune
_de quelques filamens articulés ou paraphyses insérés à la base
d’un périchèze ou calice, ou périsporange propre, grand es-
pèce de sac ou de coiffe (calypira), d’abord clos, puis se dé-
chirant irréguliérement en quatre ou six parties, mettant à nu
unovaire surmonté d’un styleaunstigmate, et recouvert d’une
membrane ou pannexterne, autre périsporange propre ou
calycule, qui se déchire ausommeten deux ou plusieurs parties
auxquelles le style reste fixé. L’ovaire, porté sur un pédi-
celle en forme de soie transparente, se développe en une
capsule pendante, arrondie, quis’ouvre enquatreouhuitvalves,
quelquefois aussi par un opercule caduc, etcontenant quantité
de filamens (étamines, Mich.) ou crinules, ou élatères, qui
lancent de nombreuses séminules (anthères, Mich., Adans.),
qu'Hedwig a vues germer. | AS
3.° Lesorygomes ougemmules, ou propagules( fleurs femelles,
Mich., Adans.), espèce de cupules, de calices, ou de godets
(thecæ) crénelés , en forme d’entonnoir, situés sur la fronde,
et danslesquels sont desbulbilles, ou corpuscules propagateurs
lenticulaires, que quelques botanistes, d'accord avec Micheli
qui les a vus se développer, regardent comme les VÉHPARISS sé-
minules. -
Les pédicelles qui portent lesfleurs iles et ceux quiportent
les fleurs femelles, naissent aux extrémités de la fronde, dans
ses échancrures ou ses sinus, et en dessous ils sont rarement
épiphylles. Quelquefois les pédicelles femelles sont entourés à
leur base d’une gaine ou involucre membraneux, découpé ou
MAR 113
déchiré, renfermant en outre quelques filamens articulés que
Raddi donne pour des anthères.
Cette complication d’organes a lieu d’étonner et sera long-
temps le sujet des méditations des botanistes. On peut remar-
quer qu’il y a de l’analogie entre la fructitication des mar-
chantia et celle des mousses, dont l’urne est représentée par les
capsules, la coiffe parle périchèze propre qui enveloppe chaque
fleur , les gemmules par les fleurs mâles, ete.
Les modifications qu’on observe dans la fructification des es-
pècesont donné naissance aux genres suivans , que nous présen-
tons ici sous forme de tableau, renvoyant le lecteur à chaque
nom pour les caractères assignés à chacun d’eux.
1. Lunarra, Mich., Adans., Raddi; Marchantia cruciata
Linn. |
. 2. ConocérxaruM, Hill; Anfhoconum, P. Beauv.; Fegatella,
Raddi; Hepatica, Mich., Adans.; Marchantia conica, Linn.
(Voyez Hmparicecra.) |
3. Resourrzra, Raddi, Nées; Asterella, P. Beauv.; Hepatica,
Michel.; Marchantia hemisphærica , fie
4. GrImMArDiA, Raddi; Fimbraria, Nées; Duvalia, Nées ; Aste-
rella , P. Beauv.; Hepatica, Michel.; Marchantia triandra, Scop.
5, MarcnanrtiA, Mich., Adans., P. Beauv., Raddi; Marchantia
polymorpha ; Linn.
Dans cette nouvelle disposition le genre Marchantia setrouve
caractérisé par la présence, sur le même pied ou sur des
pieds différens, des trois sortes d'organes propagateurs que nous
avons décrits; par ses ombelles partagées en étoiles à sept
ou douze rayons environ, cylindriques, obtus, portant endes-
sous ,etdansdes périchèzes communs, à bords dentés ou frangés,
deux à six capsules pédicellées, munies de leur double calice,
se divisant au sommet en lanières inégales.
Les caractères de ces nouveaux genres étant pris sur des
parties qu’on ne peut étudier qu'avec le microscope, il en ré-
sulte que l'étude de ces végétaux est nécessairement difficile.
En outre les espèces connues n’étant pas encore toutes réparties
dansleur genre respectif, il en résulte qu’on doits’attendre à la
nécessité de créer d’autres genres, et par conséquent d’augmen-
ter les difficultés deleur étude; il nesera donc question ici que
du genre Marchantia , tel que Dillenius et Linnæus l’ont admis.
29. 8
2
114 MAR
Un petit nombrede ses espècesa été connu des botanistes avant
Micheli et Dillenius. Ces espèces étoient nommées lichen , lichen
pelræœus,muscus saxatilis , hepatica fontana et hepatica (voyez ce
mot). Maintenant on connoitune trentaine de marchantia,, les
mieux décrites croissent en Europe. Les espèces étrangères ont
été observées principalement en Amérique, quelques unes en
Afrique et au Japon. Elles se plaisent toutes dans les lieux
humides, dans les fentes des pierres , sur la terre aux bords des
fontaines et des puits, dans les cours abandonnées, etc.
1. MARCHANTIA rOLYMORPHE : Marchantia polymorpha, Linn.;
Hedw., Théor. Retr., pl. 26 et 27, fig. 1, 2; Web. et Mohr.,
Germ. ,tab.15,fig. 1,3; Marchantia, Micheli , Nov. Gen., pl. 2,
fig.1,2, 3; Lichen, Dill., Hist. Musc., tab.76et77,fg.7; Mar-
chantiaumbellata etstellata, Lamck., Illust. gen.,tab.876, fig.1,
2; Lichen, Matthiol., Fuchs, Dod., Lobel, Icon., t. 246, fig. 2
3, etc.; Lichen petreus et Hepatica fontana , C. B., Pin., p. 361,
n° 1,2,3; Hepatica, Brunfels; Jecoraria seu Hepatica fontana ,
Trag.; Lichen 1, Diosc., Plin.? vulgairement HÉPATHIQUE DES FON-
TAINES , HERBE D'HALOT, HERBE HÉPATIQUE, DU FOIE, DÉ [A
RATE, etc.
Fronde membraneuse, plane, longue de deux à quatre
pouces, lobée, à lobes obtus, traversée par une nervure mé-
diane; fleurs mâles en forme de disque ou de bouclier lobé,
portésur un pédicelle; fleurs femelles portées par une ombelle
radiée, de sept à douze rayons, dont les périchèzes communs
renferment deux à trois fleurs pendantes dont une seule frue-
tifie; orygome en forme de godets crénelés. Cette plante forme
des plaques de deux à six pouces de large, qui par leur multi-
plicité couvrent de grandes surfaces; ces plaques offrent tantôt
les deux espèces de fleurs, tantôt une seule. Quelques natura-
listes en font même alors deux especes, par exemple, le mar-
chantia stellata , Scop. ( Lamck., ILE gen.,t. 876, fig. 2; Dill.,
t. 77, fig. 7, B, ©, E, I), est l'individu femelle; et le mar-
chantia umbellata, Scop. (Lamck., fig. 1; Dill., fig. 7, D), re-
présente l'individu mâle; enfin le lichen, Dillen. ,pl. 76, fig. 6,
E, F, offre un pied avec les fleurs mâles et femelles, plus les
orygomes. D’autres auteurs ont confondu les fleurs mâles avec
les femelles (comme Micheli et D et ont établi aussi
plusieurs espèces.
MAR ! 115
Ceite plante croît sur les pierres, sur la terre humude, aux
bords des ruisseaux, des sources, des puits, dans les cours
exposées au nord. On l'employoit autrefois dans les maladies
du foie, du poumon, et comme vulnéraire. (Voyez Lriexex.)
Cette espèce est le type du genre Marchantia, de Micheli,
Adans., Raddi, etc.; la première bonne description qu’on en
rit, a été donnée dansles Mémoires de l’Académie des Sciences,
ann. 1713,p. 230, pl.5, par Marchant fils, médecin, qui dédia
cette plante à son père, médecin. Il remarqua le premier les
séminules et les filets qui les portent, et comment elles sont
lancéespar bouffées d’entre les filets, pour se répandre dans l'air.
« Ces particules jaunes, dit-il, qui par leur extrême finesse,
s’évanouissent aux yeux, et se perdent dans l'air, sont vraisem-
blablement les graines de la plante, puisqu'on en voit naître un
million de jeunes aux environs des anciennes. ? Schmidel et
Hedwig long-temps après ent fait connoître exactement l’or-
ganisation de cette plante curieuse. |
2. MarCHANTIA PATTE D'O1E : Marchantia chenopoda, Linn. ;
Lichen, Plum., Fil., tab. 142; Dill., tab.77, fig. 8. Fleurs mâles
pédicellées, portées par des réceptacles palinés ou en formede
main, à quatre lobes obtus; fleurs femelles également pédi-
cellées et portées sur un plateau à cinq ou six lobes obtus, cré-
nelés qui en dessous portent des capsules s’ouvrant en quatre
valves; fronde dichotome, rétrécie et fréquemment lobée et
sinuée. Cette singulière espèce a été observée à la Martinique,
dansles autresîlesenvironnantesetau cap de Bonne-Espérance.
Mieux connue, elle formera sans doute le type d’un nouveau
genre.
3. MAaRCHANMA HÉMISPHÉRIQUE : Marchanlia hemisphærica,
Linn.; Hepatica, Mich.,tab. 2 , fig. 2; Lichen, Dill., tab. 75, fig. 2.
Fronde petite , lobée, velue, ciliée, crénelée; réceptacle des
fleurs femelles presque hémisphérique,presqueentieretpresque
quadrangulaire ; réceptacle des fleurs mâles pelté, presque qua-
drangulaire ; orygomes oblongs. Cette plante croît en Europe,
dans les lieux couverts, les fossés, les puits; elle est peu com-
mune, quoique se rencontrant presque partout. Ses réceptacles
femelles ont trois à six lobes arrondis, très-peu profonds; au-
dessous de chaque lobe est un périchèze commun blanc, beau-
coup plus grand que dans les autres espèces.
8,
116 MAR
Cette plante est le iype du genre Regourrria (voyez ce aom),
de Raddi ,etde l’asterella de Palisot-Beauvois (voyezle vol. IIT,
pag. 257 de ceDictionnaire). Beauvois y place aussi le jungerman-
nia tenella , Linn., qui en diffère cependant par la forme de sa
capsule, et qui rentre dans le genre Fimbraria de Nées. Les
marehantia triloba et quadrata de Scopoli paroïssent être des
variétés du marchantia hemisphærica , ou des espèces très-
voisines.
4. MARCHANTIA ODORANTE : Marchantia fragrans , Balbis, De-
cand., Schwægr., Musc. hep., pag. 34; Web., Hist. Muse.
hep., page 106; Wallroth, Annal. Botan., pl. 6, fig. 9-f.;
Fimbraria fragrans, Nées, in Hor. Phys. Berol., page 45.
Fronde simple, dichotome, entière, un peu canaliculée; ré-
ceptacle des fleurs femelles en forme de cône obtus, lisse, en-
tier, à cinq ou six lobes, portant quatre fleurs dont le péri-
chèze propre est trés-grand , enflé, et se déchirant en huit à
dix lanières, restant attachées par leurs pointes ; capsule s'ou-
vrant transversalement en deux parties comme une boite. Cette
espèce, l’une des plus petites de ce genre, et dont la fronde est
quelquefois à peine rameuse, croît dans les Lieux humides et
ombragés, en Piémont, en Italie, en Suisse, en France et dans
les Landes; Schwægrichen l'indique en Caroline; elle répand
une forte odeur résineuse. Les lobes stériles de la fronde sont
obtus et fertiles, fortement échancrés; les pédiceilles fructi-
fères naissent dans les échancrures, et sont dans leur jeunesse
entourés de poils nombreux longs et blancs. Cette plante rentre
dans le genre Fimbraria de Nées, dont il est parlé à l'espèce
suivante.
6. MARCHANTIA MARGINÉ: Marchantia marginata, Nob.; Fim-
braria marginata , G. Nées, in Hor. Phys. Berol., pag. 44, pl. 5,
fig. 3. Fronde simple, petite, entière, ou à peine re !
glabre, verte en dessus, purpurine en dessous et sur le bord;
pédicelles, portant les réceptacles, munis à la base d’un péri-
chèze ou gainule, court, tubuleux, bordé de longs poils
blancs; réceptacles femelles , obtus, mamelonnés , à quatre
lobes uniflores ; fleurs munies d’un grand périchèze propre
(calyptra, Nées) , en forme de sac enflé, blanc , pendant, se
déchirant en six à douzelaniéres qui restent fixées par la pointe;
capsule s’ouvrant en deux comme dans l’espèce précédente.
MAR 117
Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance, sur les bords
de la route, près la montagne Leuwenstaart. Elle a été décou-
verte par Bergius.
La plante dont il s’agit ; ainsi que le marchantia saccata,
Wahl, Berl. Mag. , 3, tab. 7, fig. 3; le marchantia tenella,
Linn. (Dillen., tab. 21, fig. 4); etle marchantia fragrans,
Balbis , composent le genre Fimbraria de G. Nées, dans lequel
señcétre viendront se placer encore les marchantia gracilis,
Web., Ludvigüi, Schwæg., pilosa, F1. Dan., tab. 1148. Le 1e
brarig est essentiellement caractérisé par ses capsules, s’ou-
vrant en deux comme une boîte à savonnetie et renfermées
chacune dans un périchèze propre, trés-enflé, pendant, se
déchirant en six à douze lanières cohérentes à leur extrémité.
Ce périchèze manque dans le genre que Nées nomme duvalia,
peut-être le même que le grimaldia de Raddi. Enfin la ma-
niére dont sa capsule s'ouvre le distingue de tous les autres
genres.
6. MARCHANTIA TRIANDRE : Marchantia Find Scop., Carn.,
édit., 2, tab. 63 ; Balbis, Hepat., pl. 1 , fig. 1; Hepatica, Mich.,
2 , tom. 3 , fig. 5; Grimaldia dichotoma, Raddi, Opusce.'Scient.
Bot., 1818, pag. 356. Frondes linéaires, dichotomes, vertes
en dessus et ponctuées; violettes en dessous , émarginées à
l’extrémité , et donnant naïssance en dessous aux pédicelles
femelles ; réceptacles triangulaires, convexes, s’ouvrant en
dessous par trois fentes; capsules s’ouvrant par un opercule
caduc. Cette petite plante croit communément en Italie parmi
les herbes et les mousses, dans les fentes des rochers, etc. On l’a
confondue long-temps avec le marchantia hémisphérique, dont
elle diffère cependant par la forme de ses et Le genre
Grimaldia de Raddi, fondé sur cette espèce , se rapproche
beaucoup du Fimbraria de Nées, dont nous venons de parler,
et surtout du genre Duvalia.
7. MARCHANTIA CONIQUE : Marchantia conica, Linn.; Hedw.,
Theor. retr., tabl. 27, fig. 3, 4 ,'5, et tab. 28; Lichen, Dilk,
tabl. 75, fig. 1 ; Hepatica, Vaill., Paris., tab. 33, fig. 8 ; Mich.,
tabl. 2, fig. 1; Fegatella officinalis, Raddi, Opusc. Scient.
of., 16818, pag. 356. Expansion grande, rampante, dicho-
tome, rameuse, lobée, sinuée , obtuse; réceptacle femelle
porté sur un long pédicelle conique , ou ovale ‘conique, di-
\
118 MAR
visé en dessous en cinq à sept loges ; contenant chacune une
capsule recouverte d'un périchèze propre, alongé, et s’ou-
vrant en quatre lanières ; fleurs mâles sur des pieds différens,
en forme dé tubercules hémisphériques, sessiles. Cette espèce
croît dans les bois humides partout en Europe et dans l’Amé-
rique septentrionale. Elle offre plusieurs variétés: elle a été
le sujet des observations des botanistes depuis Micheli. Ce
naturaliste ne crut pas devoir la réunir au même genre que
le marchantia polymorpha, et il en fit son hepatica qui com-
prend les marchantia dont les réceptacles femelles ont la forme
conique ou ovale, ou hémisphérique ; mais bientôt les bota-
nistes s’aperçurent que la structure propre à sa fleur l’éloignoit
de celles des autresespèces citées par Micheli , et on en fitun
genre propre. Hill, je crois, est le premier qui l'en sépara sous
le nom de conocephalum , puis Beau vois sous celui de anthoco-
num, et enfin Raddi-sous celui de fegatella, en lui assignant
des caractères propres exposésaux articles Anrmocons et Hgpa-
riceLLA. L’hepatica de Micheli comprend les trois genres Fega-
tella, Grimaldia et Rebouillia, Raddi.
En Italie cette plante est te dtnesdené employée en mé-
decine au même usage que le marchantia polymorphe.
8. MarcHantr croïsErTE : Marchantia cruciata, Linn.; Li-
chen,; Decand., F1. Fr., n.° 1138; Lunularia, Michel., Gen.,
tab. 4; Liohen, Dill., Musc., tab. 95, Gg. 3; Lunularia vulgaris,
Raddi ; Staurophora ; Willd. Fronde membraneuse, plane,
lisse ,; rampante , rameuse, longue de un à deux pouces ; pé-
Abe munis d’une gaîne à leur base, soutenant un récep-
tacle divisé en quatre parties caen etas cinq) disposées en
croix, et portant chacune une seule capsule pédicellée à huit
sr ; fleurs mâles en forme de coupes recouvertes en partie
par une membrane. Cette espèce a été observée d’abord en
Italie aux environs de Florence, puis en France ( Lille, Ab-
beville, Montpellier, Grenoble), en Espagne, en Portugal, aux
environs d'Alger, et en Angleterre. Elle croit sur les pierres,
dans les lieux humides et ombragés. Micheli, Adanson, puis
Raddi ont fait de cette plante leur genre Lunularia, dont le
nom à été changé par Willdenow en celui de Staurophora.
Voyez pour les caractères de ce nouveau genre l’article Lu-
NULARIA, ( LEM.)
MAR
MARCHATO. (Bot.) Les Portugais de lmde nomment ainsi
le weetla-caitu du Malabar que Burmaon "eue comme une
variété du commelina cristata. (J.)
MARCHE DES FLUIDES dans le végétal. (Bot. ) Si l’on met
la partie inférieure d’une branche chargée de feuilles dans
une liqueur colorée, la liqueur montera dans la.branche et
laissera des marques non équivoques de son passage sur les
trachées, les fausses trachées; le tissu environnant sera coloré,
et l’on pourra quelquefois suivre la liqueur jusque dans les
feuilles. Si l’on renverse cette branche, et qu’on la fasse trem=
‘ per dans la liqueur par son sommet, dont on aura retranché
l'extrémité, la liqueur s’élèrera par les mêmes canaux qui ont
servi à la première ascension. Si l’on perce jusqu’à la moelle
le tronc d’un peuplier ou d’un orme au temps de la végéta-
tion, on verra la séve s'échapper des gros vaisseaux du bois,
et particuliérement de ceux qui sont au voisinage du centre.
Si lon entaille un arbre, de sorte qu'il ne reste dans une
partie du tronc qu’un petit cylindre ligneux qui établisse la
communication entre la base et le sommet, la séve continuera
de s'élever, et la végétation ne sera pas interrompue; mais si
on Ôte tout le bois et qu’on laisse seulement subsister l'écorce,
la séve s'arrêtera, et l'arbre cessera de végéter. (Voyezles expé-
riences de MM. Reichel, Bonnet, Cotta, Coulon, Link et
Mirbel, Théor. de lord. véget.
De ces faits et de beaucoup d’autres, on a tiré cette consé-
quence que la séve est charriée des racines jusque dans les
feuilles, ou des feuilles vers les racines, par les gros vaisseaux
du bois, et notamment par ceux qui sont à la proximité de
la moelle, et qu’elle se répand du centre à la circonférence
par les pores et les fentes du tissu.
Si maintenant vous considérez la quantité énorme d’humi-
dité que les plantes ahsorbent dans le cours de leur vie et
que vous fassiez réflexion que l’eau commune, loin d’être en
parfait état de pureté, contient toujours diverses substances
minérales en dissolution, vous ne serez pas surpris que les
matières végétales donnent, par l'analyse, des terres, des
sels, etc.
Au moment où la végétation recomnrence, dés avant que
les feuilles soient développées, et que, par leur moyen, une
120 MAR
abondante transpiration se soit établie, la séve monte dans
les végétaux ligneux; et comme elle n’a pas d’issue, elle rem-
plit non seulement les vaisseaux du bois et de l’aubier, mais
souvent encore tout le tissu cellulaire; c’est ce qu’on remarque
au printemps dans le bouleau, dans la vigne, et autres végé-
taux trés-riches en séve.
Quand les feuilles sont développées, la séve ne monte guère
que par le centre, parce que les racines , le tronc, les branches,
les rameaux ont une communication centrale, et que les gros
vaisseaux des feuilles aboutissent au cœur des rameaux.
Quelques physiciens ont cru que la séve circuloiïit comme
le sang, et par conséquent ils ont admis des veines et des
artères dans le système organique des végétaux; mais l’obser-
vation ne confirme point cette théorie. Le tissu végétal n'offre
rien de semblable aux veines et aux artères; et lorsque l’on
considère que le tronc d’un arbre dont on a retranché la
cime continue de végéter, on est forcé de reconnoître que la
séve ne circule pas à la manière du sang.
D’autres ont imaginé que les racines envoyoient de la séve
aux feuilles pendant le jour, et que les feuilles envoyoient
de la séve aux racines pendant la nuit. Mais voici à quoi se
réduit ce phénomène : Lorsque après une journée chaude et
desséchante survient une nuit fraîche avec du brouillard, de
la pluie ou de la rosée, l’air contenu dans la plante se con-
dense, et les feuilles, au lieu de transpirer, absorbent de l'air
et de baie pour a a PR le vide qui se forme.
Si dans de telles circonstances , on fait une entaille au tronc,
la séve qui sans doute fût evo stationnaire du moment que
les vaisseaux eussent été remplis, prendra son cours par la
lèvre supérieure de la plaie (Expériences de Rai, de Wil-
lougby, de Tonge), et les feuilles alors tireront beaucoup
plus d’eau que si les ehoses fussent restées dans l'état naturel.
La séve s’élabore dans les parties jeunes, et elle produit
les sucs propres et le cambium.
Les sucs propres remplissent quelquefois les vaisseaux du
boïs et de l’écorce, et alors ils sont soumis aux mêmes mou-
vemens que la séve avec laquelle ils se confondent. D’autres
fois ils se distinguent fort bien de la séve par la place qu'ils
occupent; ils sont cantonnés dans des lacunes de l’éeorce et
MAR 121
de la moelle. Là il ne paroît pas qu'ils aient des mouvemens
ascendans ou descendans.
Le cambium est le commencement d’ure nouvelle organi-
sation. La séve élaborée dans les vaisseaux imperceptibles de
la membrane végétale, la nourrit et la: développe. A sa nais-
sance , le tissu membraneéux, tout pénétré du fluide qui l’ali-
mente, semble n'être qu’un simple mucilage, et c’est.en cet
état qu'il est nommé cambium. On juge bien que cette subs-
tance ne peut se déposer dans des vaisseaux particuliers et
qu'elle n’a point de mouvement; mais la séve élaborée qui
développe le tissu vient du centre et du sommet du végétal.
Sur le corps ligneux du tronc d’un cerisier , à l'extrémité des
rayons médullaires, Duhamel a vu le cambium se former en
gouttes mucilagineuses et régénérer l'écorce; et quand on
fait une forte ligature sur le tronc d’un arbre dicotylédou,
ou qu’on lui enlève un annéau d’écorce, le suc qui se porte
des branches vers les racines, développe incessamment un
bourrelet au-dessus du lien ou au bord supérieur de la plaie.
Si, dans le cours de l’année, les bords de la plaie restant
séparés, ne rétablissent point la communication directe des
racines par le tissu de l'écorce , la base du tronc se dessèche,
les racines cessent de croître, la succion diminue de jour en
jour, et l'arbre meurt apres deux ou trois ans d’une vie lan-
guissante; car les fluides, qui se portent du centre à la cir-
conférence, ne sont pas assez abondans pour nourrir la partie
du liber située plus bas que la plaie, et pour déterminer la
formation de nouveiles racines.
Ce que je viens de dire de la marche des fluides s'applique
plus particuliérement aux dicotylédons qu'aux monocotylé-
dons; mais j'ai peu de mots à ajouter pour que cette théorie
convienne également aux deux classes. Chaque filet des mo-
nocotylédons est, sous quelques rapports, comme le corps
ligneux tout entier des dicotylédons. La séve monte par les
gros vaisseaux; les sucs propres se déposent dans le tissu cel-
lulaire environnant, et le cambium, qui se montre à lasuper-
ficie des filets, donne naissance à un nouveau tissu ligneux
et parenchymateux. |
Quant aux champignons; aux lichens, aux hypoxylées et
aux autres plantes acotylédones, qui n’ont ni trachées, ni
122 NAR
fausses trachées, ni vaisseaux poreux, il paroît que lesfluides
se répandent dans leur tissu, de proche en proche, sans suivre
de routes fixes et régulières. |
Causes de la succion, de la transpiration et de la marche des fluides.
Beaucoup de physiciens des deux derniers siècles croyoient
que la succion des végétaux (voyez Succrow) étoit une simple
imbibition, et que leur transpiration (voyez DépsrpitioN) ré-
sultoit uniquement de la vaporisation des fluides par la cha-
leur. La succion des racines et des feuilles, et la marche
ascendante de la séve étoient, suivant eux, le résultat de l'at-
traction capillaire des tubes; mais cette hypothèse et plusieurs
autres, tirées des lois générales de la physique, ne répondoient
pas à cette grande objection, que, dans les végétaux morts,
on n'observe ni succion, ni transpiration, ni mouvemens
réguliers des fluides, bien que les formes organiques n’y dif-
férent point sensiblement de celles des végétaux en pleine
végétation. Il a donc fallu avoir recours à la force vitale, qui
est pour le naturaliste ce qu'est l'attraction pour le physicien,
un effet général auquel on rapporte comme à une cause première
tous les phénomènes particuliers qui concourent à le produire.
Nous dirons donc que la succion, la transpiration et la marche
des fluides dépendent de la force vitale; mais, parce que nous
voyons que cêtte force n’agit pas toujours avec une égale inten-
sité, et que même ses effets sont modifiés par des causes exté-
rieures, il nous reste à connoître ces causes, et l'influence que
chacune d’elles exerce sur les phénoménes de la végétation.
Le calorique est celle dont l’action est le moins équivoque : in-
dépendamment de ce qu’il détermine l’évaporation, il agit en-
core comme stimulant de l’irritabilité, puisqu'il faut différens
degrés de chaleur pour faire entrer en séve les différentes
espèces, et que chacune est douée d’une force particulière ;
au moyen de laquelle élle supporte , sans risque de la vie, un
abaïissement de température plus ou moins considérable.
L'action de la lumière occasionne la décomposition du gaz
acide carbonique et le dégagement de l’oxigène : c’est un fait
que prouve l'expérience, quoique les théories chimiques n'en
puissent rendre raison.
Le fluide ékectrique à sans doute quelque influence sur la
MAR 123
vie végétale ; mais, jusqu’à ce jour, on ne sait rien de positif
à ce sujet. La croissance extraordinaire des plantes, quaud le
cielest orageux , dépend peut-être beaucoup plus de la lumière
diffuse du jour, et de la chaleur humide de l atmosphère, que
de l’action du fluide électrique.
La raréfaction et la condensation de l’air contenu dans les
vaisseaux contribuent aux mouvemfèns des fluides.'La plante,
au moyen de l'air, agit comme une pompe foulante et asp:-
rante ; mais cet effet a pour cause les variations de l’atmos-
phère, et l’air n’est ici qu’un véhicule que la température met
en jeu.
Quant à l'attraction capillaire, elle tend sans cesse à intro-
duire et à retenir dans le tissu végétal, une quantité considé-
rable d'humidité, et, par cette raison, il n’y a pas de doute
qu’elle n’aide à la nutrition ; mais le tissu végétal, privé de
vie, ne cesse pas d’être hygrométrique, parce que cette pro-
priété résulte de formes que la mort ne détruit point; ainsi on
ne sauroit expliquer certains mouvemens de la séve qui nese
manifestent que dans le végétal vivant, pas les seules lois de
l'attraction capillaire.
Concluez de tous ces faits, que la force vitale joue un rôle
dans les mouvemens de la séve aussi bien que dans les autres
phénomènes de la végétation.
Le premier cHetde la vie végétale, je veux dire la succion,
n’est señsible que dans les parties jeunes, telles que le Liber,
les feuilles et l’extrémité des racines. Le liber est l'organe
essentiel de la succion. Une branche peut pomper les fluides
sans feuilles, sans boutons, sans racines, mais non pas sans
liber ; et encore dois-je rappeler que les boutons, les feuilles
et l'extrémité des racines, qui, dans un arbre en pleine végé-
tation, aident si puissamment à la succion, ne sont que des
développemens du liber ou de l'herbe annuelle, ce qui est la
même chose.
Tant que les vaisseaux ne sont pas remplis de séve, la sue-
cion peut s’opérer indépendamment de la transpiration. Les
arbres entrent en séve avant l'épanouissement des boutons, et
les individus, dont on supprime les feuilles et les branches à
l’époque de la végétation, continuent durant quelque temps
de pomper les fluides par leurs racines.
124 MAR
Dans les climats tempérés, au retour du printemps, lorsque
l'élévation de la température excite l’irritabilité végétale, les
jeunes racines des végétaux ligneux entrent en succion , et la
séve s’éléve et s’amasse dans leurs tiges et leurs branches. A
cette époque, les feuilles sont encore enfermées dans les bou-
tons; la transpiration est à peu prés nulle , et la moindre bles-
sure , faite aux végétaux foccasionne une perte considérable
de séve. La ponction de l’érable à sucre se fait, dans l'Amé-
rique septentrionale, au mois d’avril, temps où la terre est
toute couverte de neige. C’est aussi dans ce mois que la vigne
et les bouléaux d'Europe se remplissent de séve. On reconnoît
clairement, à cette époque, l’effet d’une force interne propre
au végétal vivant; car, une fois que le mouvement séveux a
commencé, un abaissement marqué dans la température n’ar-
rête pas la succion du liber. Mais les boutons, abreuvés de
fluide, ne tardent pas à se développer, et dès lors les choses
prennent une autre face. La séve, auparavant presque stag-
nante, s’élance dans les vaisseaux avec une force prodigieuse,
pénètre les jeunes rameaux, se distribue dans les feuilles, et
produit a la fois la matiere de la transpiration , les sucs prapnes
et le cambium.
Aussi long-temps que les feuilles transpirent abondamment,
la séve est entraînée vers les extrémités, et les rameaux s’a-
longent, mais le végétal ne gagne pas en diamètre. Sitôt que
la transpiration se ralentit, la croissance des rameauxs’arrête,
les sucs nourriciers se portent vers la circonférence, et le
végétal grossit.
Vers la fin de l'été, les feuilles endurcies transpirent si peu
que la séve s’amasse dans les vaisseaux comme au printemps.
Cette surabondance de nourriture , à une époque où la chaleur
sollicite la transpiration et anime toutes les forces vitales, fait
bientôt épanouir les boutons terminaux; de jeunes feuilles
paroiïssent , le mouvement de la séve se rétablit, et ke végétal
s’alonge. Le renouvellement de la végétation continue jusqu’à
ce que les froids de l’arrière-saison y mettent un terme ; mais
alors même la transpiration et la nutrition ne sont pas totale-
ment interrompues. En cet état, l’arbre est comparable à ces
animaux dormeurs, qui passent l'hiver dans un engourdisse-
ment léthargique.
MAR 128
Un froid accidentel, ou la suppression des canaux nécessaires
à la transpiration, prolonge le repos des plantes au-delà du
temps ordinaire. M. Thouin rapporte qu'ayant envoyé dis
arbres en Russie, au comte Dimidoff, celui-ci les fit déposer
dans une glacière, jusqu'au moment favorable à la plantation;
que quelques uns de ces arbres, oubliés dans la glacière , pas-
sérent l’été sans donner aucun signe de vie, et que l’année
suivante , ils furent mis en terre et poussérent très-bien. Quel-
quefois des arbres transplantés ne se développent pas la pre-
mière année ; on les croit morts; mais la seconde année, ils
percent avec une vigueur toute nouvelle. On a vu des pieux
enfoncés dans le sol, s’enraciner et produire des branches au
bout de quinze à dix-huit mois.
La chaleur, l'humidité excessives des pays situés entre les
tropiques, apportent quelques modifications dans la marche
des phénomènes de la végétation; mais, quoi qu’il en soit,
on y reconnoît toujours l'influence des causes que j'ai Éd do
précédemment. Mrreer, Elém. (Mass.)
MARCHETTE. (Aviceptol. ) On appelle ainsi la planchette
ou toute autre machine qui tient un piége tendu, et que l’oi-
seau fait détendre lorsqu'il se pose dessus. (Cu. D.)
MARCOCABA. ( Bot.) Nom caraïbe cité dans l'Herbier de
Suriän, du duranta , genre de la famille des verbenacées, dont
la baïe est, selon lui, employée par les Caraïbes pour faire
un vin. (3) -
MARCOLEUS. ( Ornith.) On trouve, dans Gesner et dans Al-
drovande, ce nom et celui de marggraff donnés comme des
dérogation allemandes du geai d'Europe, corvus glandarius, :
: Linn. (Cx. D.)
MARCOTTAGE. ( Bot.) Mode de ani ition employé
pour un assez grand nombre de végétaux. IL consiste à faire
produire des racines à des branches encore attachées à la
plante-mère. Pour cet effet, on élève une butte de terre au-
tour de la base dé jeunes branches (ceignassier); souvent, il
est nécessaire de courber les branches en terre, au lieu deles
laisser dans la direction perpendiculaire (vigne); d’autres
fois il faut en outre inciser la partie courbée enterre (œillet),
afin de déterminer , à l'endroit de la blessure, un bourrelet
qui facilite l'émission des racines, On détermine également
126 MAR
des bourrelets par des ligatures, par lenlévement d'un an-
neau d’écorce, etc. Les branches ainsi opérées, se nn
marcottes, couchages, provins. ( Mass.)
MARDAKASCH. (Bot.) Nom arabe de la marjolaine, sui-
vant Forskal. Daléchamps dit qu’elle est nommée merzenius
ou mersangius. L’origanum ægyptiacum, espèce congénère , est
nommé mardakouch ou bardakou, selon M. Delile. (J.)
MARDAKOUCH. ( Bot.) Voyez Marpakascx. (J.)
MARDER, MAAR, MARD (Mamm.), noms de la marte
commune dans les langues germaniques. (F. C.)
MARDLURARTARTOK (Ornith.), un des noms groënlan-
dois cités par Fabricius, Fauna Groenlandica, pag. 125 , comme
synonymes du coq, phasianus gallus, Linn.(Cu. D.)
MARDONO (Bot.), nom donné dansle Chili au stereoxylum
pulverulentum de la Fiore du Pérou, qui croit aux environs de
la ville de la Conception. (J.)
MARÉCA. ( Ornith.) Suivant Pison, Hist. nat. el medica In-
diæ occidentalis, p. 83, et M. d’Azara, tom. 4 de la traduction
françoise de ses Voyages, p.326, ce nom désigne en général
les canards au Brésil. D'un autre côté, Marcgrave, p. 214, l’ap-
plique en particulier à deux espèces de ce genre, dont Bufion
appelle la première marec, et la seconde maréca. Celle-la, qui
porte le nom d'ilathera He l’île de Bahama, est l'anas bôbas
mensis, Linn., et celle-ci l’anas brasiliensis. (Cu. D.)
MARÉCAGEUSES [| Prawrss]. (Bot.) Parmi les plantes qui
vivent dans l’eau, on distingue celles qui eroissent dans la
mer (fucus), dans les lacs (scirpus lacustris, littorella lacustris),
dans les fontaines (monlia fontana, sisymbrium nasturiium),
dans les fleuves ou les eaux courantes (ranunculus fluviatilis) ,
dans les marais (chara, calla palustris); on nomme ces der-
nières plantes marécageuses. ( Mass.)
MARÉCAGINE. (Bot.) Nom françois donné par Bridel à son
genre ParupeLza. Voyez ce mot. (Lem.)
MARÉCHAL. (Entom.) Nom vulgaire re faupins dans
quelques départemens ; on les nomme aussi scarabées à ressorts,
Voyez Taurin. (C. D.)
MARÉCHAUX. (Ornith.) M. Guillemeau dit , dansson Essai
sur l’ornithologie des Deux-Sèvres, pag. 136, qu’on appelle
MAR 127
ainsi, dans les environs de Niort, le rossignol de muraille, mo-
tacilla phænicurus, Linn. (Cx. D.)
MARÉES. (Géogr. Phys.) Mouvemens périodiques de la mer,
par lesquels elle s'élève et s’abaïsse successivement dans un
même lieu, a des intervalles de temps réglés. La première
circonstance est la marée montante qui se nomme aussi flux
ou flot; l'autre est la marée descendante , appelée encore re-
flux ou jusan. Il est pleine mer quand la marée montante est
parvenue à sa plus grande hauteur ; il est basse mer " lorsque
la marée a cessé de descendre.
Ces divers mouvemens, peu sensibles dans les mers inté-
rieures, et souvent déguisés par l'effet des circonstances locales,
n’ont été connus des anciens que lorsqu'ils sont arrivés au bord
de l'Océan. Les Grecs, dans l'expédition d'Alexandre aux
Indes, et ies Romains, lors de la descente de César en Angle-
terre, furent vivement frappés de ce phénomène rendu très-
imposant par la grandeur que lui donnent les circonstances
locales, à l’embouchure de l’Indus et dans le passage étroit
qui sépare du continent les îles britanniques; maïs cependant
quelles que soient les différences qu'y peut apporter la configu-
ration des côtes, il est impossible , quand on l’observe avec
suite, de méconnoîitre les relations que ses périodes ont avec
les mouvemens de la lune. Dans les espaces libres, la haute
mer arrive toujours aux environs de l’heure où la lune
passe au méridien du lieu, et douze heures après lorsqu'elle
passe au méridien opposé ; en sorie que ces déux instans re-
tardent d'environ trois quarts d'heure par jour, ainsi que le
fait le passage de la lune au méridien. Dans les lieux situés sur
des détroifs ou sur des rivieres, ils ne sont plus les mêmes,
a cause du temps qu'emploient à y parvenir les ondes par
lesquelles le mouvement de la mer se propage ; mais le re-
tard journalier suit encore le cours de la lune.
La mer emploie six heures à monter et autant à descendre :
l'intervalle des deux époques successives de la basse mer, est
. don aussi d'environ douze heures; ces époques répondent
aux momens où la distance de la lune au méridien est d’en-
viron le quart de la circonférence. Il suit de là que si l’on a
observé une fois l'heure de la haute mer sur la côte ou dans
uz port, on connoîtra celle des jours suivans, en y ajoutant
[128 MAR
le retard du passage de la lune au méridien, pour le nombre
de jours quise sont écoulés. Cette première époque, de la-
quelle on déduit toutes les autres, et qu’on fixe ordinairement
au jour de la pleine lune, se nomme l'établissement du port.
On la détermine avec soin, et on la publie afin que les navi-
gateurs puissent profiter de la haute mer pour franchir les
espaces où la basse mer ne laisse pas une profondeur sufli-
sante. On voit par la qu'il est nécessaire aussi de connoître la
hauteur à laquelle la marée s'élève; et nous avons déjà dit que
cette hauteur dépendoit des localités. En effet, dans lesespaces
les plus ouverts, comme dans la mer des Indes, elle ne sur-
passe point 1: mètre (3 pieds), et ne va même qu’à 3 déci-
mètres (1 pied ) àOtahiti, dans le grand Océan (mer du Sud),
tandis qu’elle est de 15 mètres (45 pieds) environ dans le
renfoncement de la côte de France près de Saint-Malo. Des
vaisseaux du premier rang peuvent donc, dans ces parages,
passer sur un fond qui six heures après se trouvera entière-
ment découvert. Lorsqu'une élévation si considérable a lieu
sur une côte plate, la mer, s’avançant beaucoup dans les terres,
s’y développe avec une rapidité qui peut surpasser quelque-
fois la vitesse d’un cheval, et causer la perte des personnes
qui n’ont pas su se retirer assez à temps. |
Ce n’est pas seulement à raison des circonstances locales
que varie la hauteur des marées; elle dépend aussi de la po-
sition de la lune, soit par rapport à la terre, soit par rapport
au soleil. Toutes choses d’ailleurs égales, la marée est plus
forte quand la lune est le plus prés de la terre , c’est-à-dire à
son périgée, que lorsqu'elle en est le plus loin , ou à son apo-
gée. La marée est aussi plus forte aux époques des nouvelles
et pleines lunes, c’est-à-dire quand le soleil et la lune sont
en conjonction ou en opposition, qu'au premier et au dernier
quartier (1).
Cette dernière circonstance, jointe à ASE des
marées dans les équinoxes, montre qu’elles ont aussi quelque
liaison avec la position de la terre relativement au soleil,
(IL est bon de se rappeler ici que la nouvelle et la pleinelune portent
le nom commun de Syzve1rs ; le premier et le dernier quartier se nomment
QUADRATURES.
MAR 129
et concoure à établir d’une manière irréfragable l’explica-
tion donnée par Newton, la seule qui ait pleinement satis-
fait aux conditions du phénomène.
Lorsqu'il eut déduit des lois reconnues dans les mouvemens
des corps célestes , la tendance réciproque de leurs molécules
en raison inverse du quarré de la distance, il en conclut que
la lune attire inégalement les diverses parties du globe ter-
restre; qu’elle agit davantagesur celles doat elle estle plus prés,
et moins sur celles dont elle est le plus éloignée : ainsi les points
de la surface de la terre, tournés vers la lune , seront plus atti-
rés que ceux qui sont dans l’intérieur, et ces derniers plus que
ceux qui sont à la surface de l'hémisphère opposé à celui qu’é-
claire la lune. Si la terre étoit entièrement solide, ses molé-
cules ne pouvant obéir séparément à ces diverses actions,
prendroient un mouvement commun, répondant à une force
qui seroit la résultante de toutes celles que la lune exerce
sur chaque molécule terrestre ; et c’est ce qui a lieu en effet
pour la partie solide du globe , mais non dans la masse d’eau
qui le recouvre, dont toutes les parties, mobiles séparément,
obéissent à l’action qui les sollicite, selon l'intensité de cette
action. De là vient que la partie fluide située immédiatement
au-dessous de la lune, s'approche plus de cet astre que ne fait
le noyau solide de la terre , et la partie qui recouvre l'hémis-
phère opposé, étant encore plus éloignée de la lune que ce
noyau, demeure en arrière par. rapport à lui. La portion du
globe recouverte par l'Océan prend donc la forme d’un sphé-
roïde alongé, dont le grand diamètre est à peu prés dirigé
vers la lune ; je dis à peu près, parce que les molécules fluides
ne prennent pas instantanément les positions respectives qui
résultent des vitesses particulières qui leur sont imprimées,
et parce quele soleil agitsur elles comme le faitla lune, mais
dans :ine direction qui varie comme les situations de la terre
et de la lune relativement à cet astre, en sorte que tantôt son.
action conspire avec ceile de la lune, et tantôt lui est con-
traire en tout, ou au moins en partie.
Quoiqu’ayant une masse beaucoup plus petite que celle du
soleil, la lune, à cause de sa proximité de la terre , déter-
mine la plus grande partie de l'effet des marées, Son action
est environ trois fois plus intense que celle du soleii, et en
20. 9
150 MAR
conséquence c'est, comme on l’a vu plus haut, principale-
ment sur le mouvement de la lune que se règle celui des
marées. La mer est pleine dans un lieu peu de temps aprés le
passage de cet astre par le méridien du lieu, c’est-à-dire que
l’eau est parvenue à sa plus grande élévation , après que la
lune s’est approchée le plus du zénith du lieu dont ii s’agit.
Pareille chose arrive en même temps au point diamétralement
opposé, s'il appartient à l'Océan. À mesure que la terre s’é-
loïgne du méridien, l'eau s’abaisse jusqu’à ce que l’astre soit
arrivé à 9° de ce cercle. ,
On voit donc que les eaux de la mer doivent, comme en effet
cela a lieu, s'élever deux fois dans l’intervalle qui s'écoule entre
deux passages de ia lune par le méridien, ce qui dépend de la
combinaison des vitesses de la lune et de la ter re dans leurs or-
bites respectives. Sa durée moyenne, qui est de 24 heures
bo min. 28 sec., surpassant d'environ trois quarts d'heure celle
. du jour, fait retarder de cette quantité le moment de la pleine
mer. Enfin les forces du soleil et de la lune ayant leur entier
effet toutes les fois qu’elles agissent sur la même ligne , les ma-
rées, qui répondent à la nouvelle et à la pleine lune, doivent
être etsont aussi plus considérables que les autres.
T'elles sont les principales circonstances qui résultent d’un
premiér coup d'œil jeté sur la cause qui produit les marées;
c’est au calcul seul qu’il appartient de justifier l'explication
danstousses détails ;et, pour le voir, il faut recourir au second
volume de la Mécanique céleste où M. Laplace a développé sur
ce sujet toutes les ressourcesque pouvoit offrir l’analyse mathé-
matique; mais si la marche générale du phénomène cadresibien
avec la théorie, qu'il n'est plus permis de révoquer en doute
celle-ci, c’est de l'observation qu'il faut apprendre tout ce qui
tientaux localités, savoir : la hauteur absolue, l’heure de l’éta-
blissement du port, et les distances auxquelles la marée s'étend
danslelitdesriviéres.DanslaSeine, par exemple,lemouvement
de la marée n’est sensible que jusqu'à vingt-cinq lieues de l’em-
bouchure , et l’on s’en aperçoit encore à plus de deux cents dans
la rivière des Amazones. Cela ne tient pas à ce que la hauteur de
la pleine mer soit beaucoup plus considérable à l’entrée de la
rivière des Amazones qu’à celle de la Seine; les plus fortes ma-
rées s'élèvent dans le premier de ces lieux à trente pieds, et
MAR 131
dans le second à vingt-cinq; mais la différence entre les masses
d’eau qui se présentent aux embouchures respectives de ces
fleuves, en cause une très-srande dans l’étendue de l’ondula-
tion par laquelle se propage le mouvement du flux dans l’un et
l’autre cas : elles’avance beaucoup plus loin dans celui des deux
fleuves dont embouchure estle plus ouverte et tournée vers un
espace où rien n'arrête et ne dérange le mouvementdes marées,
La combinaison des courans particuliers aux diverses plages,
avec la configuration des côtes et les vents régnans, car le
vent agitbeaucoupsur le mouvement des eaux dans les marées,
produit les bizarreries qui s’observent dans les détroits, entre
lesiles, et dont il est bien difficile de donner une explica-
cation détaillée quisoit exacte. Ce concours de causes non seu-
lement change les époques de l’élévation et de l’abaïssement
des eaux , mais intervertit l’ordre des alternatives, les réduit
ou les multiplie. On cite un port de la côte du Tunquin où
les deux marées du même jour se confondent en une seule: et
l’on peut, jusqu’à un certain point, concevoir ce fait en obser-
vant que, si la disposition des terres force la masse d’eau mue
par Le flux etle reflux à se diviser , et qu’un même canal reçoive
par ses extrémités deux courans, allant à la rencontre l’un
de l’autre, l’eau s’élévera plus qu’elle n’auroit fait au large; ou
bien, si le canal tend à se vider par une deses extrémités, tandis
que l’eau y afflue par l’autre, il n’y aura que peu ou point d’é-
lévation : et tout celane dépend que dela différence des heures
auxquelles répondent l'élévation et l’abaissement des eaux dans
les points d’où les canaux tirent leurorigine.
D'autres fois, les eaux acquièrent en trés-peu de temps leur
hauteur , et s’avançant en masse, parcourent avec rapidité un
grand espace dans lequel elles causent beaucoup de ravages.
Tellessontles marées connuessouslenom de mascaret sur la eôte
de France, etde proroca a l'embouchure de la rivière des Ama-
zones. Dans ce dernier lieu, l’eau s'élève par trois etquatreondes
aui se succédent en peu de minutes, et dont la hauteur est de
douze à quinze pieds. On pense que l’engorgementqui a lieu dans
un canal resserré, et la résistance qu’opposent au courant du
fleuve des sables amoncelés à son entrée , retenant le flux pen-
dant quelque temps, occasionnent cetteespéce de déborde-
ment subit.
SE
132 MAR
Les eaux contenues dans des bassins peu étendus, ne peuvent
prendre que de trés-petits mouvemens en vertu de l’action im-
médiate dusoleiletdelalune;car ce n’est quel’accumulation des
mouvemens partiels imprimés à chaque molécule d’une grande
masse qui produit un déplacement appréciable, voila pourquoi
surleslacs on n’aperçoit aucun mouvement analogue aux ma-
rées, et ce qui les rend peu sensibles dans la Méditerranée et
la Baltique, mers intérieures, dont les communications avec
l'Océan sont d’ailleurs fort étroites par rapport a leur surface.
Dans la Méditerranée, la plus grande des deux, l’eau monte
à peine de quelques pieds. (L. C.)
-MAREH. (Bot.) Les habitans de la Nubie nomment ainsi fe
sorgho , suivant M. Delile, (J. )
- MAREKANITE. (Min.) Nom d'une variété d’obsidienne,
tiré de celui d’une colline volcanique appelée Marikan près
du port d’'Okhotsk dans le golfe du Kamtschatka. Elle ne paroit
différer en rien d’essentiel des ohsidiennes perlées de Hongrie
et du Mexique. Nous en placerons donc les caractères et l’his-
toire à l’article de l'Orsinienne. Voyez ce mot. (B.)
MARÈNE (Ichthyol.), nom d’un corégone que nous avons
décrit dans ce Dictionnaire, tom. X, pag. 560. (H.C.)
MARENGE (Ornith.),un des noms anciens que, d’après
Cotgrave, Buffon cite parmi les synonymes de la grosse mé-
sange, ou mésange charbonnière. parus major, Linn. (Cu. D.)
MARENTERIA (Bot.), Petit-Thou., Nov. Gen. Madag.,
pag. 18, n.° 60. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes, polypétalées , de la famille des anonées, de la po-.
lyandrie pentagynie, qui comprend des arbustes de l’île de
Madagascar, dont les rameaux sont grimpans; les fleurs ter-
minales et solitaires. Le caractère essentiel de ce genre est
d’avoir : Un calice d’une seule pièce , à trois lobes; une co-
rolle composée de six pétales; trois extérieurs étalés et plus
grands; trois intérieurs droits ; des étamines nombreuses ; :
quatré ou cing ovaires surmontés d’un stigmate; quatre à cinq
baies un peu pédicellées, horizontales , rudes, ventrues, iné-
gales ; plusieurs semences disposées sur un seul raug.
- Ce genre éiabli par M. du Petit-Thouars doit être placé
parmi les unona, d’après M. Dunal. (Porn. )
MAR 135
MARENULE (Ichthyol.), nom d’un corégone que nous avons
décrit dans cet ouvrage, tom.X, pag. 561. (H. C.)
MARETON (Ornith.), nom vulgaire, en Brie, du canard
millouin , anas ferina et rufa, Linn. Voyez Moreron. (Cu. D.)
MARETTA-MALA-MARAVARA ( Bot.), nom Malabare
de l’acrostichum heterophyllum, de la famille des fougères. (J.)
MARFOURÉ. ( Bot.) L'hellébore pied de griffon, hellebo-
rus fœtidus, est ainsi nommé aux environs de Montpellier, se-
lon Gouan. (J.)
MARGADON. ( Malacoz.) C’est le nom que l’on donne à la
sèche oflicinale sur les côtes de la Basse-Normandie, (De B.)
MARGAEZ ( Mamm.), nom russe du saïga mâle. (F. C.)
. MARGAI. (Mamm.) Voyez CHar Marçay. (F. C.)
MARGAIGNON. (Ichthyol.) Dans certains cantons, on
appelle ainsi une variété de l’anguille à tête plus petite. Voyez
Murèxe. (H.C.)
MARGAIRES. (Ornith.) Gesner cite, dans son Appendir, ce
nom comme donné en Savoie à des oiseaux qu'il ne désigne
que par leur couleur, tantôt blauche, tantôt rousse, et tantôt
noire. (Cx. D.)
MARGAL ou MARGAU.,(Bot.) Dans le midi de la France
et en Espagne, on donne ces noms à l'ivraie vivace. (L. D.)
MARGAL (Bot.), nom languedocien, suivant Gouan, de
l’ivraie vivace, lolium perenne, qui est le rai-grass des Anglois.
(3) à
MARGARATES. (Chim.) Combinaisons salines de l'acide
margarique avec les bases salifiables. d
100 parties d'acide margarique sec neutralisent une quan-
tité d’oxide qui contient 3 p. d’oxigène, c’est-a-dire, le tiers
de l’oxigène contenu dans l'acide. |
Tous les margarates, délayés ou dissous dans l’eau , sont dé-
composés par Les acides trés-solubles dans l’eau.
On prépare les margarates de baryte, de strontiane et de
chaux, en mettant l’acide margarique dans les eaux de baryte,
de strontiane et de chaux bouitlantes, lavant les magarates re-
froidis : 1.” avec l’eau; 2.° avec de l'alcool chaud.
Les margarates de potasse et de soude se préparent en fai-
sant digérer l'acide margarique dans des eaux de potasse et de
soude concentrées, pressant les margarates refroidis entre du
papier joseph, puis les traitant par l'alcool bouiliant. Ces mar-
garates se précipitent par le refroidissement.
MARGABATE D'AMMONIAQUE.
L'acide margarique hydraté se comporte avec le gaz ammo-
niaque comme l'acide stéarique, si ce n’est cependant qu’il s’y
combine plus lentement; il en absorbe sensiblement le même
volume. (Voyez STÉARATE D’AMMONIAQUE.)
L’acide margarique s’unit également bien à lammoniaque
Hquide. En chauffant l'acide dans un flacon fermé, entière-
ment plein d’ammoniaque liquide, on obtient une solution
complète, si lammoniaque est suffisamment étendue; dans le
cas contraire, il se forme un margarate gtlatineux plus ou
moins transparent.
Le margarate d’ammoniaque préparé avec le gaz peut être
sublimé dansle vide;il se dissout dans l’eau chaude, au moins
dans celle quicontient de l’ammoniaque : la solution dépose du
surmargarate nacré par le refroidissement, et il ne reste pas
sensiblement d'acide dans la liqueur.
Le margarate d'ammoniaque exposé à l'air à 13° (au moins
celui qui a été préparé avec l’ammoniaque aqueuse), laïsse dé-
gager ure portion de son alcali.
MARGARATE DE BARYTE.
Il est formé de
Méide. .aéte vs 209422 40100
Bacyie. 4 40e 22,31... 28,72 qui contiennent 3 d'oxigène.
L]
Iest insoluble dans l’eau, et un peu soluble dans l’alcool
bBouillant.
MARGARATE DE CHAUX.
Il'est formé de
Agide ts 90,033.... 100
Baryte....... 9,967.... 11,07 qui contiennent 3,109 d’oxigène.
Propriétés analogues à celles du précédent:
MARCARATE DE PLOMB.
Il est formé de
5 100
45... 41,74 qui contiennent 2,993 d'oxigène.
MAR 135
Il est insoluble dans l’eau, et un peu soluble dans l’acool
bouillant.
On le prépare en mélant deux solutions chaudes de marga-
rate de potasse et de nitrate de plomb.
SOUS-MARGARATB DE PLOMB. p
Il est formé de
MAeide:2. 214 BA AA... : O0
Massicos.-. 41. 45,59.... 83,79 qui contiennent 6,008 d’oxigène.
On le prépare en faisant bouillir de l’acide margarique dans
du sous-acétate de plomb, lavant le margarate refroidi avec de
l'eau.
MARGARATE DE POTASSE.
1l est formé de
Meidess. rt SO Go
Potasse.. Let 15,... 17,67 qui contiennent 2,997 d'oxigène:
Ilest blanc, cristallisable., il est soluble dans l’eau bouillante:
La solution par le refroidissement, si elle est suffisamment
étendue, se réduit en potasse et en bimargarate de potasse
quise précipite en pailiettes nacrées. Il est soluble dans l'alcool
bouillant sans altération. |
100 p. d’eau froide lui enlèvent la moitié deson alcali : l’éther
bouiilant lui enlève une portion deson acide.
_BÉMARGARATE DE POTASSE.
Il contient deux fois plus d'acide que le précédent; il est
insoluble dans l’eau froide, et soluble, sans altération, dans
l'alcool bouillant.
On le prépare en faisant macérer le margarate de potasse
dans l’eau froide.
MARGARATE DE SOUDE.
Il est formé de
RGTARS RE AS RU ren 100
Suuderh nan LhE. es 12,43 qui contiennent 3,179 d’oxigène,
IL est en petites plaques demi-transparentes; il est insipide
d’abord; mais il a ensuite un goût alcalin; exposé à la chaleur
il se fond.
: partie de margarate de soude mise dans 600 parties d’eau,
156 MAR
à la température de 12°, n'a éprouvé aucun changement dans
son aspect après une macération de huit jours; aprés quinze
jours il a perdu de sa transparence, L’eau évaporée ne laisse
qu’une trace de matière saline.
2 grammes de margarate de soude chauffés dans 100 grammes
d’eau ont été dissous avant que l’eau enträten ébullition; la so-
lution étoit parfaitement limpide; l'ayant étendue dans trois
litres d’eau froide , on a chtenu un précipiténacré. Après trois
jours on a filtré , l'eau évaporée a laissé un résidu alcalin qui
ne retenoit qu’une quantité d'acide margarique inappréciable.
Le dépôt nacré étoit un vrai surmargarate de soude; le mar-
garate de soude existe dans tous les savons à base de soude,
c’est lui qui produit dans le baume opodeldoch les végétations
qu’on yremarque lorsque ceite matière est exposée a une basse
température, :
BIMARGARATE DE SOUDE.
Il contient deux fois autant d'acide que le sel neutre.
Il est plus fusible que le margarate de soude; il est insoluble
dans l’eau, et tres-soluble dans l'alcool bouïllant.
On l’obtient en faisant dissoudre le margarate de soude dans
une grande quantité d'eau chaude; par le refroidissement il.
se précipite du bimargarate qu’on dissout dans l'alcool bouil-
lant; la solution alcooïisée dépose, en se refroidissant, du bi-
margarate cristallisé.
MARGARATE DE STRONTIANEe
Il contient :
De NC LOST NO M'ARDEMR CARPE 100 :
Strontiane. A de PCR UER EU 19,54 qui contiennent 3,063 d'oxigène.
Il est insoluble dans l’eau , et un peu soluble dans l'alcool
bouillant. (Cx.)
MARGARIDA. (Bot.) Gouan dit que dans le Languedoc on
donne ce nom vulgaire à la marguerite des prés, et celui de
margaridela à la paquerette. (J.)
MARGARIDETA (Bot.), nom languedocien de la paquerëtte
vivace. (L. D.)
MAR 1357
MARGARIQUE [acier |. ( Chim.)
T, Composition.
L’acide margarique hydraté (de graisse humaine), brülé
par l’oxide brun de cuivre, a donné:
Dhusènel unir cotisant RAC 1,656
férboneslh.i. 0. ts 6 cu 2 10 ES PAR RER Ti AP Al 76,366
Hd ee ue louis ne 11,978
Lorsqu'on le chauffe avec le massicot, on obtient de 0,500
d’acide 0f,017 d’eau. Conséquemment :
1. L’acide hydraté est formé de
Acide sec. 483... 96,6... 100
Eau: .:.. 17... 3,4... 3,52 qui contiennent 3,129 d'oxigène.
2.° L’acide margarique sec est formé de
en poids, — vol.
DERTENNCERRR OR RARE PAR GET CUIR PAR 1
CB OR SR PR pie set ea DOUÉ MAR A 1320D
Hydspsenc.e LUN ERINIAR DO OST EN LIRE ET Ve DET
100 parties d'acide sec neutralisent une quantité de base
qui contient 3 d’oxigéne; conséquemment dans les marga-
rates neutres l’oxigène de l'acide est à celui de la base sensible-
ment: :3:1; d'aprés cela, et en admettant que l'acide est formé
de
none EE. AA ui ne RE À PEL
peu Ne st. ln. 11,33
PME AEHE Te ne il ed UE cle Code Que 21,67
l'acide margarique sera formé de
Éfrigéne, 2 NE. PA: PPS BTE AR TEE 5 9,07
LL LA CAT EEE ER ART CN An AE COPA 2 PM LP dà CR dE 78,67
Hyrdrosane: (nt as Mocphoep ei CLR ANT 12,26
IT. Propriétés physiques de l’acide margarique.
Les propriétés physiques de cet acide sont les mêmes que
celles del’acide stéarique , si ce.n’est qu’ilse fond à 6o°, et qu'il
cristallise par le refroidissement en aiguilles entrelacées , qui
sont plus rapprochées que celles de l'acide stéarique et moins
brillantes, (Voyez SréaniQue, acide.)
136 MAR
III. Propriétés chimiques que l’on observe sans que l'acide soil alléré.
L’acide margarique est insoluble dans l’eau comme l'acide
stéarique; il est extrêmement soluble dans l’alcool et dans
l'éther; il s’unit aux bases salifiables et forme des sels qui ont
beaucoup d’analogieavec les stéarates. Il rougitle tournesol et
décompose à chaud les sous-carbonates de potasse et de soude.
IV. Propriétés chimiques que l’on observe dans des circonstances
où l’acide est altere.
L’acide margarique chauffé dans une cornue qu’on a adaptée
à un ballon, qui communique avec l’air,se fond, exhale une
fumée blanche quise dépose en une matière farineuse dans lé
col de la cornue. Il bout et dégage une vapeur élastique qui
se condense en liquide , puis en solide. Il se manifeste en même
temps de l’eau qui rougit le tournesol, et une odeur forte due
à une huile empyreumatique, et peut-être à un acide volatil ;
il ne se forme que très-peu de gaz et de liquide. Le charbon
qui reste est en petite nn |
Dans une expérience où j'ai chauffé 1° daëtde margarique
dans une cornue qui contenoit 394% d’air, le produit solide pe-
soit 0°,00; il étoit blanc nuancé de jaune et de roux; la potasse
l'a dissous, excepté 0°,05 d’une matière grasse, rousse, non
acide; la solution alcaline contenoit une quantité notable de
cette dernière matière,outre beaucoup d’acide margarique. Le
charbon pésoit 0°,018, mais il n'avoit pas été fortement rougi.
Siége. L’acide margarique se trouve dans le savon de graisse
humaine, et dans le savon d’huile d'olives.
Préparation. (Voyez Savon.)
Histoire.Je le fis connoître en 1813 sous le nom de Marca«
RINE. (Cx.)
MARGARITAIRE, Margaritaria. ( Bot. ) Genre de plantes
dicotylédones, à fleurs dioïques , polypétalées , de la famille
des euphorbiacées , de la dioécie octandrie de Linnæus, offrant
pour caractère essentiel : Des fleurs dioïques; un calice à
quatre dents ; quatre pétales insérés sur le calice; huit éta-
mines attachées au réceptacle ; les anthères arrondies; un
ovaire avec un style et un stigmate qui avortent. Dans les:
fleurs femelles, un ovaire supérieur; quatre à cinq styles :
MAR 199
autant de stigmates ; quatre à cinq coques bivalves , cartila-
gineuses , lisses, très-luisantes , réunies ensemble en forme de
baie ; les semences ovales.
MarGartraiRe D'AMÉRiQuE : Margaritaria nobilis, Linn. fils ,
Suppl. , pag. 428 ; Piuken., Phyt., tab. 176, fig. 4. Cette plante,
d’après Linnæus fils, présente de si grandes différences entre
les individus mâles et les femelles, qu'il paroit douter qu'ils
puissent appartenir à la même espèce. Les premiers ont des
rameaux cylindriques, opposés, flexueux ; les feuilles oppo-
sées, pétiolées , lisses, ovales, trés-entières, de la grandeur
de celles du fusain; une panicule composée de grappes ra-
meuses, chargées de petites fleurs abondantes, comme dans
le spiræa aruncus ; enfin un ovaire petit, avorté. Dans les indi-
vidus femelles, les rameaux sont alternes; les pédoncules
simples, axillaires, unifiores; un fruit composé de quatre à
cinq coques trés-lisses, d’un éclatsemblable à celui des perles.
Cette plante croît à Surinam. ( Poir.)
MARGARITE, Margarita. (Conchyl.) M. le docteur Leach
a établi sous ce nom une petite division générique parmi les
avieules de Bruguière, espèces de moules pour Linnæus, et
qui renferme celles qui sont droites, assez régulièrement ar-
rondies, parce que les oreilles sont petites, égales et droites.
Elles 6nt en outre la couche nacrée intérieure beaucoup plus
épaisse que les avicules proprement dites: aussi l’espèce prin-
cipale est-elle celle qui fournit les perles, du moins celles de
l'Inde , l’avicule perlière. M. Megerle avoit proposé le genre
avant M. le docteur Leach, sous le nom de margaritiphore ,
et M. de Lamarck, qui l’a adopté, lui donne celui de pinta-
dine. Klein (Ostracolog., pag. 123) avoit encore bien plus an-
ciennement senti la nécessité d'établir cette section générique
à laquelle il donne le nom de mater perlarum ; maïs il la carac-
térise assez mal, et même y range comme espèce une véri-
table perne. Voyez Avicuze et Perse. (De B.)
MARGARITIPHORE, Margaritiphora. (Conchyl.) C’est le
nom sous lequel M. Megerle , dans les Mémoires des amis de
la nature de Berlin, pour l’année 1810, a formé une petite
section générique avec les especes d’avicules de Bruguiére, qui
sont régulières par la petitesse et la similitude des oreilles qui
accompagnent le sommet, Voyez Avicure et Prnrapine. (DE B.)
140 MAR
MARGARITITES. (Foss.) Gesner a parlé de perles pétrifiées.
auxquelles on a donné le nom margaritites, mais, vu leur ra-
reté, il est très-probable qu’on aura pris pour des pertes des
pisolites ou d’autres corps qui en avoient la forme. { D. F.)
MARGAU. (Bot.) Voyez Marçar. (L. D.)
MARGAUX. (Ornith.) Les oiseaux que les marins désignent
par ce nom, quis'écrit aussi margobs, VArPEe CRE être des foux
ou des cormorans. (Cu. D.)
. MARGAY. (Mamm.) Nom d'une espèce du genre Cuar,
propre à Afrique. Voyez ce mot. (F.C.)
MARGÉE ( Ornith.), nom par lequel Anderson désigne des
espèces d’oies d'Islande. (Cu. D.)
:MARGGRAFF. ( Ornith.) Voyez Mancozrus. (Cu. D.)
MARGLÆS. ( Ornith.) Voyez Marcænse. (Cu. D.)
MARGINAIRE [| Croisox|. (Bot) Lorsque les cloisons d’un
fruit sont produites par l'expansion de la substance des valves,
cette expansion naît de la partie moyenne des valves (lis,
Lilas » hélianthème) , Ou bien au bord des valves qui, dans ce Cas,
se prolonge et rentre dans l’intérieur du fruit ( antirrhinum ,
rhododendrum). Ces cloisons sont nommées , par M.Mirbel, les
unes, cloisons valvéennes médianes; etlesautres, cloisons vai-
véennes marginaires. (Mass. )
MARGINALES | Graiwes]. (Bot.) Fixées, soit au bord des
valves, soit au bord des cloisons (légumineuses , ænothera). On
donne aussi l’épithète de marginales aux stipules pétiolaires,
iorsqu’elles sont attachées le long des côtés du pétialé (rosa ,
nymphæa). (Mass.)
MARGINÉ. ( Bot.) Un pétiole est marginé ou ailé lorsqu'il
est garni latéralement d’expansions foliacées (pisum ochurs,
rhus copalinum.) Une graine est marginée lorsqu'elle est pour-
vue d’un rebord saillant, produit par l'expansion des tuniques.
séminales (spergula pentandra, etc. ). (Mass. ) |
MARGINELLE, Marginella. (Malacoz.) M. de Lamarck a
donné ce nom aux espèces de mollusques céphalés dioiques
de la famille des angyostomes inoperculés, dont Adanson avoit
fait le premier un genre bien distinct, bien circonserit, sous
la dénomination de Porcecaine, Porcellana, dans son Voyage au,
Sénégal, p. 55, et qu'il place avec juste raison auprés du genre
Cyprée. Il y a en effet tant de rapprochemens entre ces deux
MAR 1A1
genres, surtout pour l'animal, que. dans les caractères des
marginelles, il suffit de faire observer que les lobes latéraux
du manteau sont seulement moins étendus que dans les cyprées,
et que le tube de la respiration est beaucoup plus long. Quant
aux caractéresde la coquille, ils sont plus évidens; jeles exprime
ainsi : Coquille lisse, polie , ovale oblongue, un peu conique,
à spire courte et mamelonnée; ouverture assez étroite, un peu
ovalaire par une légère excavation du bord droit qui est
épaissi ou rebordé en dehors, à peine échancré en avant: le
bord columellaire marqué de trois ou quatre plis bien espacés
et obliques. C’est donc un genre fort voisin des volutes, parmi
lesquelles en effet Linnæus confondoit les espèces qui le for-
ment, et qui fait le passage aux cyprées. Klein distinguoit
aussi ce genre sous le nom de cucumis.
Lesmarginellesne se sort trouvées jusqu'ici que danslesmers
des pays chauds, et toujours sur les rochers, sur les bords de la
mer, surtout dans les endroits exposés à la fureur des vagues.
On peut distribuer les espèces de ce genre en deux sections
d’aprésla forme de l'ouverture, comme l’a fait M. de Lamarck.
À. Espèces dont l'ouverture est moins longue que la coquille et dont
la spire est apparendle.
La MarGinELLE NEIGEUSE : Marginella glabella, Voluta glabella,
Lian., Gmel.; la Porcerane, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 1;
Enc. Méth., pl. 577, fig. 6 a-b. Ovale oblongue, à spire courte,
conique; quatre plis columellaires et quelques dents à la partie
antérieure du bord droit; couleur fauve grisâtre ceinte de
zones roussàtres, parsemées de petites taches blanches. Mers
dû Sénégal et des Antilles.
La Mareinezce NuséCuLÉE; Marginella nubeculata, Enc. Méth.,
pl. 377, fig. 2 a-b. De la même forme et grosseur à peu prés
que la précédente dont elle diffère surtout, parce que le bord
droit est entiérement lisse, que son dernier tour de spire est
un peu anguleux à sa partie supérieure, et enfin parce qu’elle
est blanche avec des flammes noiràtres ou fauves. Patrie in-
connue.
La MaARGINELLE RAYONNÉE; Marginella radiata, Leach, Miscell.
Zool., 1, t. 12, fig. 1. Espèce encore fort voisine de la marpi-
nelle neigeuse, mais dont le limbe interne du bord droit est
1/2 MAR
lisse comme dans la précédente, et qui est blanche avec des
ligneslongitudinales étroites, onduleuses, d’un jaune roussitre,
rayonnées.
La MArGINELLE BLEUATRE : Marginella cærulescens, V’oluta pru-
num, Gmel.; l'Ecouen, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 3 ; Enc. Méth.,
376, fig. a-b. Coquille ovale oblongue, à spire courte subaïgué ;
le bord columellaire à quatre plis; le bord droit lisse; couleur
d’un blanc bleuâtre, quelquefois couleur de chair un peu zonée,
mais toujours sans taches. Mers de l'Afrique occidentale, où
elle est trés-commune.
La Mar GIneLLe ciNQ-PL1S ; Marginella quinqueplicata,Enc. Méth.,
pl: 376, fig. a-b-c. De la grandeur à peu prés de la précé-
_dente et de la même forme; la spire trés-courte; le sommet
assez obtus; cinq plis columellaires; le bourrelet du bord droit
fort épais; couleur d’un blanc sale sans taches. Patrie?
La MaRGiNELLE GALONNÉE; Marginella limbata, Enc. Méth.,
pl. 376, fig. 2 a-b. Un peu plus petite (11 à 12lignes), dela forme
a peu prés de la marginelle neïigeuse, maïs dont le bord droit
est crénelé en dedäns, et dont la couleur blanche est ornée
de bandelettes longitudinales, étroites, ondées, d’un jaune pâle ;
le bord droit marqué de linéoles d’un brun fauve. Patrie in-
connue. |
La MarGINELLE ROSE; Marginella rosea. Espèce de 10 à 11
lignes de longueur, ovale, à spire conoïde, obtuse, la Tévre
droite, lisse; la columelle à quatre plis; parquetée de rose et
de blanc, surtout surle milieu du dernier tour; le bord droit
marqué de linéoles rouges. Patrie inconnue.
La MarGineLce BirascIéE; Marginella bifasciata, Enc. Méth.,
pl. 277, fig. 8 a-b. Petite coquille de 10 à 11 lignes de lon-
gueur, ovale oblongue, relevée de côtes longitudimales à sa
partie antérieure; la spire assez saillante ; la lévre droite cré-
nelée intérieurement; quatre plis columellaires; couleur d’un
gris fauve , ornée de points notrâtres disposés cn lignes trans-
verses et de deux bandes brunûâtres distantes. Mers du Sénégal.
La Mareinezze FÉVEROLLE: Marginella faba, V'oluka fabha, Linn.,
Gmel.; le Narez, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 2. De même forme
et grosseur que la précédente dont elle ne diffère guére que
parce qu’elle est blanche, parsemée de points noirs pour la
plupart oblonss, sans bandes transverses. Des mêmes mers.
MAR T4
La MarGiNELLE RANGÉE; Marginellaaurantiaca , Lamck. Très-
petite coquille (8 lignes) ovale, à spire conique, un peu obtuse;
la lévre droite crénelée; quatre plis columellaires ; de couleur
orangée maculée irréguliérement de blanc. Patrie inconnue.
La MARGINELLE DOUBLE-VaRICE: Marginella bivaricosa , Voluta
marginata, Linn. , Gmel.; Enc. Méth., pl. 376, fig. 9 a-b. Espèce
bien distincte , de 10411 lignes de longueur, ovale oblongue;
la spire ENT aiguë; deux varices longitudinales, l’une
au bord droit, l’autre au côté opposé, mais moins marquée;
quatre plis columellaires; couleur blanche; les deux varices
d’un jaune orangé. Mers du Sénégal.
La MarRGINELLELONGUE-vARICE; Marginellalongivaricosa, Lamck.
Espéce fort voisine de la précédente, dont elle diffère essen-
tiellement, parce que la varice du bord droit se prolonge
jusqu’au sommet de la spire ; sa couleur est d’ailleurs d’un fauve
pâle, porphyrisée de petites taches blanches irrégulières. Des
mêmes mers.
La Marçinerze moucue; Marginella musca, Lamck.Trés-petite
espèce (Slignes) des mers de la Nouvelle - Hollande, ovale
oblongue, àspireassezsaillante, obtuse;le bord droitlisse ; quatre
plis columellaires; de couleur blanche diaphane, quelquefois
d’un jaune orangé, d’après Péron qui l’a rapportée. On ramasse
cette espèce par poignées pres de l’ile Maria.
La Mareeite rormicuze : Marginella formicula, Lamck.
Petite espèce de la grandeur de la précédente, provenant des
mêmes lieux, et qui est blanche ou d’un jaune de corne, avec
des côtes longitudinales nombreuses dans sa partie antérieure.
B. Espèces dont l'ouverture de la coquille est aussi longue qu'elle,
à spire nulle et quelquefois ombiliquée.
La Marçeierze BuzLée : Marginella bullata, Voluta bullata,
Linn. ; Gmel.; Encyel. Méth., pl. 376, fig. 5 a-b. Coquille ovale
oblongue, cylindracée ; le sommet Fu le bord droit lisse ;
quatre de columellaires; couleur blanche, traversée de bandes
étroites, nombreuses, d’un rouge livide. Océan indien.
La Marcrnezce Dacryce ; Marginella dactyla, Lamck.Coquille
oblongue, étroite. subcylindrique ; le sommet obtus; ouverture
étroite ; le bord droit lisse; cinq plis columellaires; couleur
d’un gris fauve. Longueur, 10 lignes ;. Patrie inconnue.
7 A MAR
La MarGiNELLE CORNÉE : Marginella cornea, Lamck. Coquille
de o lignes ; de longueur, ovale oblongue, luisante : le sommet
obtus; le bord droit crénelé en dedans et dépassant antérieu-
rement la longueur de la coquille; sept plis columellaires; cou-
leur d’un gris blanchätre, avec trois zones jaunètres, obscures,
transverses. Patrie inconnue.
La MarGiNezcce AVELINE; Marginella avellana, Encycl. Méth.,
pl.377, f. 5 a-b. Coquille ovale, à sommet ombiliqué ; le bord
droit crénelé; huït plis columellaires; couleur fauve pâle par-
semée de points roux trés-nombreux. Patrie inconnue.
La MAR GINELLE TIGRINE : Marginella persicula, Woluta persicula,
Linn., Gmel.; Enc. Méth., pl. 377, fig. 3 a-b. Coquille ovale, à
sommet ombiliqué; le bord droit dentelé; huit plis à la colu-
melle; de couleur blanche parsemée de points jaunes serrés.
Océan atlantique austral.
La MarGineLLBRAYÉE : Marginella lineata, Lamck.; Voluta per-
sicula, var. b ; Linn., Gmel.; ; Le Box, Adané ,Sénég., pl. 4, fig. 4;
Encycl. Méth., pl. 377, fig. 4 a-b. De même forme et grosseur
que la dnécéAeRtE dont elle ne diffère que parce qu’elle est
ornée de lignes fauves, transverses, distantes et divisées vers
le bord, au lieu de points. Des mers du Sénégal.
Comme Adanson fait l'observation que la couleur varie
beaucoup dans les coquilles de cette espéce, les unes étant
blanches, les autres tigrées de petites taches rouges, et tandis
qu’il en est de rayées transversalement de lignes fauves ou
rouges, il est probable que plusieurs des espèces de M. de
Lamarck ne sont que des variétés de celle-ci.
La MarGiNELLE PARQUETÉE : Marginella tessellata, Lamck. ;
Voluta porcellana? Chemn., Conch., 10, t. 150 f. 1419 et 1420.
Coquille ovale, à sommet obtus; la lèvre droite crénelée; cinq
plis columellaires principaux ettrois pluspetits; couleurblanche
parquetée de points carrés, roux, disposés par séries. Patrie
inconnue. |
La MARGINELLE INTERROMPUE; Marginella interrupta, Lamck.
Coquille trés-petite (5 lignes), obovale, à sommet obtus; le
bord droit à peine crénelé; quatre plis columellaires; de cou-
leur blanche ornée delignes transverses pourpres, interrompues
et trés-serrées. Patrie inconnue.
Le duchon, qu'Adanson rapporte aussi à ce genre, paroît
MAR 145
être une espèce de véritable cyprée. Quant à son girol et à
son agarou, ce sont des olives. (De B.)
MARGINELLE. (Foss.) Les coquilles de ce genre ne 6e sont
encore présentées à l’état fossile que dans les couches du cal-
caire coquillier grossier; et quoique les espèces à l’état frais,
qui ne se trouvent qu’au Sénégal, dans l’Océan atlantique et
dans les mers de la Nouvelle-Hollande, soient assez nombreuses,
on n'a rencontré, à ma CconnoissanCe, que les quatre ou cinq
espèces ci-après.
Marernecze ÉBuRANÉE; Marginella eburnea, Lamck., Ann. du
Mus. d'Hist. nat., tom. VI, pl. 44, fig. 0. Coquille lisse, lui-
sante, à spire conique, portant un bourrelet marginal exté-
rieur, et quatre plis à la columelle. Longueur, cinq lignes;
lieu natal, Grignon, département de Seine et Oise. Cette
espèce a les plus grands rapports avec la marginella musca
(Lamck.) que l’on trouve abondamment dansles mers dela Nou-
velle-Hollande, prés de l’île Maria.
MarciNeLz8 OVuLE; Marginella ovulata, Lamck., loc. cit.,
même planche, fig. 10. Coquille lisse, à spire très-courte, à
bourrelet marginal étroit, et à bord droit, sillonné intérieu-
rement; la columelle porte cinq à sept plis. Longueur, six
lignes. Cette espèce, qui est trés-commune à Grignon, a les
plusgrands rapportsavec la marginellatigrina, Lamck., que l’on
trouve dans l’Océan atlantique austral, mais elle est un peu
plus petite. On peut croire que cette espèce étoit couverte, à
l’état frais, de petites taches comme la marginelle tigrine,
parce que je les ai remarquées sur une de ces coquilles, en la
faisant sortir d’une coquille univalve où elle étoit contenue ;
mais peu de temps après ces taches ont disparu.
ManGineLLe DENTIFÈRE : Marginella dentifera, Lamck., Anim.
sans vert., 1822, tom. VII, pag. 359; Vélins du Mus., n.° 3,
fig. 12. Coquille lisse, à spire alongée en pyramide, portant
une petite dent dans l’intérieur du bord droit ; longueur, quatre
lignes. On trouve cette espèce à Grignon, maïs elle est rare.
J’ai trouvé dans le même lieu une coquille qui a beaucoup
de rapports avec la marginelle ovule ; mais son bourrelet mar.
ginal est beaucoup plus large et plus épais, et le bord droit
est sillonné plus finement dans l’intérieur; elle a la plus grande
analogie avec la marginella interrupta, Lamck., loe. cit.
29e 10
146 MAR
MARGINELLE OREILLE DE LIÈVRE : Marginella auris leporis; V'oluta
auris leporis, Brocchi, Conch. foss. Subap., tab. 4, fig. 11.
* Coquille ovale oblongue, lisse, à ouverture rétrécie inférieu-
rement, à spire courte et conique, dont les tours sont peu
marqués, portant trois plis à la columelle, à bord épais et
marginé et à base entière; longueur, plus de deux pouces.
Lieu natal, la Toscane.Cette coquille paroît avoiries plus grands
rapportsavec la marginella cærulescens, Lamck., que l'on trouve
à l’état frais, près de l’ile de Gorée, dans l'Océan atlantique.
M. Brocchi (loc. cit.) a regardé, comme dépendante du genre
Marginelle, sa voluta buccinea, dontildonne une figure, tab. 4,
fig. 9, mais qui est la même espece que l’auricule grimaçante,
Lamck., et sa voluta cypræola(même planche, fig. 10) qui a les
plus grands rapports avec la porcelaine ovuliforme du même
auteur. (D. F.) |
MARGŒNSE. (Ornith.) Othon Fabricius , Fauna Groenlan-
dica, pag. 67 , cite ce nom et celui de margiæs parmi les syno-
nymes du cravant, anas bernicla, Linn. (Ca. D.)
MARGONE.(Ornith.) Cetti dit, dansses Oiseaux de Sardaigne,
que ce nom, attribué d’abord à un grand plongeon, a été re-
connu appartenir au corbeau aquatique ou cormoran. (Ca. D.)
MARGOSA. Bot.) Nom portugais dans l'Inde, d’une espèce
de momordique, momordica charantia , qui est l’amara indica de
Rumph. Il est indiqué au Malabar sous celui de maragosa. (J.)
MARGOT (Ornith.), nom vulgaire de la pie, corvus pica,
Linn. Voyez Mançaux. (Cu. D.)
MARGOUSIER. ( Bot.) Les colons de l'Inde nomment ainsi
la melia azadirachta , espèce d’azedarach. (J.) |
MARGRAVE, Marcgravia et Marcgraavia. (Bot.) Genre de
plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la
famille des capparidées, de la polyandrie monogynie, offrant pour
caractere essentiel: Un calice à six folioles imbriquées; les deux
extérieures plus petites ; un seul pétale concave, en coiffe,
caduc; des étamines nombreuses ; un ovaire supérieur ; un
stigmate sessile, en tête, persistant ; une baïe coriace , globu-
leuse, à plusieurs loges polyspermes, à plusieurs valves; les
semences nombreuses plongées dans une pulpe molle.
MarGraAve À OMBELLEs : Marcgravia umbellata, Linn.; Lamck.,
Ill. gen., tab. 447; Brown, Jam. , tab. 26; Sloan., Jam, Hist., 1,
MAR 147
pag. 74, tab. 28, fig. 1 , mediocris ; Jacq., Amer. , tab. 96. Ar-
brisseau qui , semblable au lierre, s'attache le long des arbres
par des radicules, s’éléve jusqu’à vingt-cinq à trente pieds,
et dont les rameaux tombent vers la terre; ses feuilles sont
trés-variables, selon l’âge des individus : elles sont ovales, el-
liptiques, oblongues, presque orbiculaires , aiguës ou échan-
crées en cœur à la base et au sommet, lancéolées ou en fau-
cille, glabres, glanduleuses à leur contour dans leur jeunesse.
Les fleurs sont disposées en ombeiles simples, terminales, pé-
donculées, pendantes ; aux pédoncules du centre on remarque
quatre à cinq corps, oblongs, arqués, qui paroïssent des pé.
tales avortés , assez semblables au pétale supérieur des aconits;
les folioles du calice concaves, arrondies; le pétale coriace,
épais, fermé par le haut ,s’enlevant en forme de coiffe ;les éta-
mines sont nombreuses, étaléesaprès la chute de la corolle;les
anthères droites, oblongues; l’ovaire est ovale ; les baïessont
glabres, globuleuses, polyspermes; les semences petites et lui-
santes. Cette plante croit dans les Antilles et à la Jamaïque.
MARGRAVE CORIACE : Marcgravia coriacea, Valh, Egl. Amer.,
2 , pag. 39. Arbrisseau de l’ile de Cayenne, dont les tiges se
divisent en rameaux glabres, revêtus d’une écorce cendrée,
parsemés de points saillans, garnis de feuilles pétiolées, co-
riaces, elliptiques, émoussées , glabres, longues de quatre à
cinq pouces, un peu repliées à leurs bords; le pédonceule com-
mun est chargé versson sommet de pédicelles verticillés, égaux,
au nombre de seize à dix-huit, cylindriques, très-ouverts ,
renflés vers leur sommet , parsemés de points nombreux, tu-
berculés; les fleurs sont ascendantes. (Porr.)
MARGUERITE | eranpe]|-(Bof.), nom vulgaire du chrysan-
themum leucanthemum. (Lem.)
MARGUERITE JAUNE. (Bo.) C'est le chrysanthemum coro-
narium, (LEM.)
MARGUERITE | »errre |. (Bot.) Voyez PaquerrTTe. (LEM.)
MARGUERITE { reins |. (Bot.) Voyez à l’article Asrère.
(Lew.) |
MARGUERITE BLEUE. (Bot.) C’est la globulaire commune.
(L. D.)
MARGUERITE DE LA SAINT MICHEL. (Bot.) C’est l’astère
annuel. (LEm.)
104
148 MAR
MARGYRICARPE (Boë.), Margyricarpus où Margyrocarpus,
Pers. Genre de plantes dicotylédones , à fleurs incomplètes,
de la famille des rosacées , de la décandrie monogynie de Lin-
næus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre ou
cinq divisions ; point de corolle; deux étamines ; un ovaire
supérieur; un style; un stigmate pelté; un drupe mono-
sperme.
Ce genre avoit d’abord été placé par M. de Lamarck parmi
les Empetrum ( CAMARINE, Encyl.), sous le nom d’Empelrum
pinnatum, puis dans les Illustrations des genres, sous celui
d’Ancistrum barbatum. Les auteurs de la Flore du Pérou en ont
fait un genre particulier, adopté par Vahl; mais les caractères
de ses fleurs ne s'accordent point avec ceux de Commerson,
qui regardoit cette plante comme dioïque, pourvue de quatre
pétales; les ovaires surmontés de quatre styles.
MarcyricARPE s0YEUx : Margyricarpus setosus, Ruiz et Pav. ,
Flor. Per. , 1, pag. 28 ,tab.8; Vahl, Enum., 1, pag. 307. Petit
arbrisseau diffus, ir ane tte a rameaux tortueux, cou-
verts par les gaînesstipulaires des pétioles des feuilles: celles-ci
sont petites, éparses, très-rapprochées , aïlées avec une im-
paire, composées d’onze folioles linéaires, subulées , repliées
en dessous à leurs bords, barbues à leur sommet, longues de
deuxlignes; les pétioles sont persistans, élargis et membraneux
aleur base , en forme de gaïînes les fleurs sessiles, latérales et
axillaires. Cette plante croît au Pérou. (Porr.)
MARIA-CAPRA. {Ornith.) Espèce de traquet de l’ile de
Luçon. (Cx.D.)
MARIALVA. (Bot.) Vandelli, dans ses Plantes du Brésil,
établit sous ce nom un genre qui est le même que le foyomika
d’'Aublet, et qui, quoique plus récent, paroît devoir être
préféré, parce que le nom d’Aublet est mal choisi, mal son-
nant, et pouvant être confondu avec le votomita du même. Il
faudra encore rapporter au marialva le beauharnesia de la Flore
du Pérou, moins ancien, et conforme dans presque tous ses
caractères. (J.)
MARIARMO. (Bot.) L'hysope est ainsi nommé parles Pro-
vençaux, au rapport de Garidel. (J.) |
MARIBLÉ (Bot.), nom languedocien des marrubes. (L. D.)
MARICA. ( Bot.) Nom substitué par Schreber à celui de ei-
MAR 149
pura d'Aublet, genre de Cayenne, de la famille des iridées,
dont aucune raison ne nécessite le changement de nom.
Necker de son côté le nome bauxia. Voyez Cipure. (J.)
MARICOCA. (Ornith.) Ce nom désigne dans Cotgrave la
passe-buse ou fauvette d'hiver, motacilla modularis, Linn.
(Cæ. D.)
MARICOUPY. (Bot.) Plante de Cayenne qui nous est incon-
nue. (Lem.)
MARIÉE. (Entom.) C’est le nom françois d’une Hostsele.
noctua sponsa, noctua pronuba, (C. D.)
MARI-ERLA. (Ornith.) Suivant Othon-Frédérice Muller,
Zool. Dan. Prodr., on nomme ainsi, en Islande, la lavandière,
mofacilla alba, Linn. (Cu. D.)
MARIE -GALANTE. (Bot.) C’est selon M. Bosc le nom vul-
gaire du quinquina corymbifère , à la Guadeloupe. (LEu.)
MARIETTE. ( Bot.) Ce nom vulgaire et ceux de violette de
Marie, viola mariana, sont cités par Daléchamps et d’autres
pour une campanule de jardins, eampanula medium. (J.)
MARIGNAN. (Ichthyol.) Dans les Antilles on donne ce nom
à l’holocentre sogho. Voyez Horocewrre. (H. C.)
MARIGNAN (Bot.), nom de l’aubergine dans le midi de la
France. ( Lem.)
MARIGNIA. (Bot.) Commerson, dansses Manuscrits et ses
Herbiers, avoit désigné sous ce nom un arbre résineux de
l'Ile-de-France, où il est connu sous celui de colophane bä-
tard. M. Lamarck l’a réuni au genre Bursera, dont il diffère
cependant un peu parle nombre plus grand des pétales et des
étamines, si le caractère donné par Commerson est exact. (J.)
MARIGOUIA , MERCOIA (Bot.), noms vulgaires à Saint-
Domingue, cités par Nicolson, pour désigner le murucuia,
genre de la famille des passiflorées. (J.)
MARIKANITE. (Min.) Voyez Marékantre. (LEm.)
MARIKINA. (Mamm.) Nom américain d’une espèee du
genre Ouisrirt. Voyez ce mot. (F. C.)
MARILA A GRAPPES (Bot.) : Marila racemosa, Swartz,
Prodr., 84; Willd., Spec., 2, pag. 1160; Bonnetia, Flor. Ind.
Occid., vol. 2, pag. 965. Genre de plantes encore peu connu,
établi par M. Swartz, paroissant tenir le milieu entre la fa-
mille des guttifères et celle des hypéricées, qui offre pour
150 MAR
caractére essentiel : Un calice à cinq folioles ; cinq pétales;
plusieurs étamines insérées sur le réceptacle ; un stigmate
simple ; une capsule à quatre loges polyspermes. Cette plante
croit à la Martinique, aux îles du mont Ferrat et de Saint-
Christophe, où elle porte le nom de bois d'amande. (Pors.)
MARIMARI (Bot.), nom caraïbe cité par Aublet, d’une
casse de Cayenne, cassia biflora. (J.)
MARIMONDA. (Mamm.) Suivant M. de Humboldt, les In-
diens de l’Orénoque nomment ainsi l’atele Belzébuth. (F. C.)
MARINES [Praxwes] (Bot. ), qui croissent dans l’eau de la
mer (fucus). On nomme plantes maritimes celles qui croissent
au bord delamer (glaux maritima, triglochin maritimum).(Mass.)
MARINGOUIN.(Ornith.) L'auteur des voyages d’un natu-
raliste, M. Descourtilz, parle sous ce nom, tom.2, pag. 249,
d’une alouette de mer aussi petite qu’un troglodyte, et qui est
très-nombreuse à Saint-Domingue, dans les savanes humides
où l’on en prend aisément des quantités avec des nappes sous
lesquelles on a répandu des vers ou des fourmis. (Cx. D.)
MARINGOUIN (Ent.),nom donné (ainsi que celui de mous-
tique) par les voyageurs à des insectes diptères trés-incom-
modesetqui paroissent appartenir au genre des Cousins.(Desm.)
MARION LAREUCHE (Ornith.), nom vulgaire du rouge-
gorge, motacilla rubecula, Linn., dans les environs d'Orléans.
( Cr. D.)
MARIONNETTES. (Ornith.) Denys, dans son Histoire natu-
relle de l'Amérique septentrionale, cite ; tom. 2, pag. 305,
parmi les oiseaux aquatiques du Canada ou Nouvelle-France,
les marionnettes, ainsi nommées, dit-il, parce qu’elles vont
sautant sur l’eau. Ce mot ne seroit-il pas une corruption de
marouettes ? (Cn. D.)
MARIPA. ( Bot.) Palmier de Cayenne, mentionné par Au-
blet, qui dit que son tronc a environ huit pieds de hauteur,
et six pieds et demi de diamètre. Ses feuilles pennées ont huit
à dix pieds de longueur, et ne s’étalent pas. Il porte des fleurs
mâles sur un pied, et des femelles sur un autre. Ses régimes
de fleurs sont divisés en plusieurs grappes réunies en pyra-
mide, et renfermées, avant leur développement, dans une
spathe très-considérable , coriace et épaisse, ayant la forme
d’une petite barique, et pouvant servir de vase pour conte-
MAR 151
nir, soit des alimens, soit de l’eau. On mange le fruit après
l'avoir fait bouillir. Aublet n'indique pas les caractères qui
pourroient aider à déterminer son genre; il est probable que
c’est aussi le maripa cité par Barrère, que l’on nomme chou-
maripa, parce qu'on mange, dit-il, son tronc apprêté de di-
verses manières, ou plutôt les jeunes pousses qui occupent le
centre de sa touffe de feuilles, comme cela a lieu pour d’autres
palmiers. On ne confondra pas ce maripa avec un genre du
même nom dans la famille des convolvulacées. (J.)
MARIPE, Maripa. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs complètes ,monopétalées, de la famille des convolvulacées,
de la pentandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel : Un calice à cinq divisions profondes, imbriquées;
une corole tubulée, renflée à sa base; le limbe évasé, divisé
en cinq lobes; cinq étamines attachées vers le bas du tube; un
ovaire supérieur ; un style; un stigmate en plateau; un fruit a
deux loges; deux semences dans chaque loge.
Maripe crimpant: Maripascandens, Aubl., Guian., 1, pag. 250,
tab. 91; Lamck., Ill. gen., tab. 110. Arbrisseau grimpant dont.
les branches très-longuesse divisent en rameaux qui retombent
vers la terre et sont garnis de feuilles pétiolées, alternes,
ovales, entières, aiguës, fermes, vertes et lisses, longues de six
a neuf pouces, sur trois de large. Les fleurs sont blanches, dis-
posées en grandes panicules làches, munies de bractées; les
ramifications velues, ainsi que les calices et la surface externe
des corolles. Cetté plante croît sur les bords de la rivière de
Sinamary. (Pore.)
MARIPOSA. ( Ornith.) Ce nom a été donné à plusieurs es-
pêces d'oiseaux. Le mariposa des oiseleurs est un bengali, frin-
gilla bengalensis, Lath., pl. 3 des Oiseaux chanteurs de M. Vieil-
lot. Le mariposa pintada de Catesby est le pape dela Louisiane,
emberiza ciris , Lath., pl. 159 de Buffon, fig. 1 et 2, sous le
nom de verdier de la Louisiane, lequel est décrit sous celui
de passerine nonpareil dans la deuxième édition du Nou-
veau Dictionnaire d'Histoire naturelle, tom. 12, pag. 17. On
a aussi appelé mariposa le bouvreuil noir du Mexique, pyrrhula
mezxicana, Brisson, tom. 3, pag. 316; loxianigra, Linn.etLath.,
figuré par Catesby, pl. 68. (Cu. D.)
MARIPOU. (Bot.) Une espece de jambosier (eugenia sinemarien-
1h2 | | MAR
sis, Aubl.) est ainsi appelée par les naturels de la Guiane. (Lem.)
MARIRAOU (Bot.), nom caraïbe d’une espèce de jambosier
de Cayenne, eugenia sinemariensis d’Aublet. (J.)
MARISCUS. (Bot.) La plante nommée ainsi par Pline est,
selon C. Bauhin, celle que Daléchamps croit être l’ Loloiche
nos de Théophraste, et se rapporte au scirpe des marais,
seirpus lacustris. Haller et Mœnch ont fait un genre Marisceus
comprenant les scirpus acicularis et setaceus, qui maintenant
font partie de l’isolepis de M. Rob. Brown. Il existe un autre
genre Mariseus de Gærtner, dont le schænus mariseus et le scir-
pus retrofractus de Linnæus font partie, ainsi que le killingia
panicea de Rottboll. (J.)
MARISMA. (Bot.) Ce nom a été donné par les Espagnols,
suivant Clusius , aune arroche, atriplex halimus, parce qu’elle
croît sur les bords de la mer. (J.)
MARISQUE, Marisceus. (Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs glumacées, de la famille des cypéracées, de la
triandrie monogynie, offrant pour caractère essentiel: Des épil-
lets peu garnis; plusieurs écailles imbriquées , les inférieures
vides; deux valves calicinales minces; trois étamines; un
ovaire supérieur; un style trifide caduc; point desoies sur le
réceptable; une semence trigone.
Ce genre est formé de plusieurs espèces de souchets, de
scirpes, de killinges , à tige presque nue. Lesprincipales sont :
Marisque AGcRÉGÉ; Mariseus aggregalus, WVilld., Enum., 1,
pag. 70. Cette plante a des tiges trigones, hautes d’un pied et
‘ plus, muniesde plusieurs feuilles radicales un peu rudes à leurs
bords, de la longueur des tiges; l’involucre composé de huit à
dix folioles inégales, presque de la longueur des tiges; les
fleurs réunies en huit ou dix épis sessiles, cylindriques, longs
de six lignes; les épillets alongés; les écailles ovales, membra-
neuses, aiguës, traversées par une nervure verdâtre; les valves
calicinales de même forme; des bractées sétacées, plus longues
que les épillets, rudes à leurs bords. Le lieu natal de cette
plante n’est pas connu.
MARISQUE A GrOs épis; Mariscus pychnostachyus, Kunth, in
Humb. et Bonp, Nos. Gen., 1, pag. 215, tab. 65. Ses tiges sont
droites, hautes d’un pied et plus, glabres, trigones; les feuilles
glabres, linéaires, cartilagineuses et denticulées, surtout vers
«
\
MAR 153
_ leursommet, en gaine à leur base ; l'ombelle est terminale, à
sept ou huit rayons inégaux longs de deux ou trois pouces; les
épis sont épais, oblongs , obtus, nus, presque longs d’un pouce;
les épillets très-nombreux, oblongs; l’involucre a huit folioles
inégales, les unes plus longues, d’autres plus courtes que l’om-
belle; les écailles sont ovales, concaves, aiguës, brunes, lé-
gèrement mucronées. Cette plante croît à la Nouvelle-Espagne.
Manisque DE Muris; Mariscus mutisü, Kunth, L. c., tab. 66.
Cette plante a des racines fibreuses ; d’où s'élèvent des tiges en
gazon, glabres, trigones, striées, longues d’un pied et demi; les
feuilles sont glabres, linéaires, nerveuses, striées, en carèue,
dures à leurs bords vers le sommet, plus courtes que les tiges;
l’ombelle est terminale, à sept ou huit rayons inégaux, longs
d’un ou de deux pouces; les épis sont linéaires, cylindriques, ob-
tus, longs d’un pouce; les épillets nombreux, distans, lancéolés,
aigus, à une ou deux fleurs; l’involucre a neuf folioles, deux
et trois fois plus longues que l’ombelle; cinq écailles ovales,
obtuses, gläbres, en carène, à cinq nervures, d’un brun jau-
. nâtre, vertes sur leur carène. Cette plante croît au Pérou,
dans la plaine de Bogota, proche Suba.
Marisque roux; Mariseusrufus , Kunth, L. c., tab. 67. Cette es-
pêce a des tiges droites, trigones, hautes d’un pied et plus,
glabres, hérissées de petits tubercules, d’un blanc verdûtre; les
feuilles sont linéaires, acuminées, en carène vers leur base,
denticulées à leur sommet, souvent plus longues que les tiges;
l’ombelle est terminale, à sept ou huit rayons inégaux; les épis
sontoblongs, obtus, souvent trois ou quatre et plus sur le même
pédoncule, lengs d’un pouce; lesépilletstouffus, très-nombreux,
ovales, sessiles, à trois fleurs; l’involucre a six ou sept folioles
tres-longues; les écailles sont arrondies, obtuses, glabres, con-
caves, roussâtres, à sept nervures. Cette plante croit à la
Nouvelle-Espagne.
MaARISQUE SANS FEUILLES : Mariscus lee Vahl, Enum., 2,
pag. 373 ; Junous cyperoides, Sloan., Hisé., 1, pag. 121, tab. 81,
fig. 2. Ses racines sont rampantes; ses tiges Del hautes
d’un pied, garnies à leur base, au lieu de feuilles, de plusieurs
gaînes obtuses, de couleur grisàtre, bordées ie brun, tron-
quées obliquement; l’involucre a deux ou trois folioles ovales,
lancéolées, plus courtes que l’épi; celui-ci est globuleux; une
154 MAR
fois plus gros qu'un pois, composé d’un grand nombre de
petits épillets linéaires, lancéolés; les valves sont purpurines et
ponctuées. Cette plante croît dans l'Amérique.
ManisQuE ÉrALÉ : Mariscus elatus, Vahl, Enum., 2 , pag. 377;
Kyllingia incompleta , Jacq., Ic.rar., 2, tab. 300: Kyllingia caya-
nensis, Lamck., II]. gen., 1, pag. 140. Ses tiges sont luisantes,
triangulaires, hautes d’environ trois pieds; les feuilles presque de
la longueur destiges, larges d’environ trois lignes; l’involucre
a six folioles et plus , longues d’un, etmême de deux pieds; les
rayons de l'ombelle sontlongs de deux pouces, soutenant chacun
une ombellule à quatre rayons; les épis sont cylindriques, étroits,
longs d’un à deux pouces; les épillets petits, très-étalés, à trois
fleurs. Cette plante croît dans l'Amérique, aux environs de
Caracas et dans l’ile de Cayenne. (Porr.)
MARITAMBOUR. ( Bot.) Espèce de grenadille de Cayenne,
suivant Richard. (J.) 4
MARJOLAINE , Majorana. ( Bot.) Tournefort et ses prédé-
cesseurs distinguoient ce genre de l’origan par les épis de
fleurs plus courts et de forme presque carrée, et par le ca-
lice fendu en dessus. Ces caractères ont paru insuffisans à
Linnæus pour séparer ces deux genres qu'il a réunis sous le
nom du dernier. Rumph a cité deux basilics sous le nom de
majorana. Voyez OrIGan. (J.)
MARJOLAINE BATARDE. (Bot) Dans quelques parties
des Alpes, on donne ce nom au cypripedium calceolus. (L. D.)
MARKAKO. (Bot.) C’est à Ceilan la même plante que le
Kixrrispa. Voyez ce mot. (J.)
MARKEA. (Bot.) Voyez les articles Lamancxea et MaRckEA.
(Porr.) |
MARKOJIO. (Ichthyol.) La Chesnaye-des-Bois a parlé, sous
ce nom, maisje ne sais d'aprés quelle autorité, d’un poisson des
Indes qui a la gueule assez grande pour avaler un homme tout
entier. C’est probablement quelque espèce de squale. (H. C.).
MARLE. (Ornith.) Les habitans dela campagne, dans le dé-
partement des Deux-Sèvres, et dans plusieurs endroits de celui
de la Somme, appellent ainsi le merle commun, turdus me-
rula, Linn. (Cu. D.)
MARLEG. ( Bot.) C’est le nom qu'on donne dans les iles Fé-
TOË au conferva ægagropila , suivant Lyngbye. ( Lex.)
MAR 155
MARLITE. (Min.) Kirwan nomme ainsi une pierre ou roche
mélangée qui renferme de la chaux earbonatée. Il distingue
les marlites des marnes en ce que celles-ci se désagrègent faci-
lement par l’action des météores atmosphériques, tandis que
les marlites, qui sont des roches plus dures, résistent aussi
beaucoup mieux à cette action.
11 place les macigno-molasses ou molasses de-Genève et de
Lausanne, plusieurs calcaires mêlés d’argile et de sable des:
Alpes. et du Hartz, ainsi que le schiste marno-bitumineux du
Mansfeld , etc., parmi les marlites. Cette réunion estfondée sur
la considération des caractères minéralogiques, la solidité, la
dureté, la rudesse au toucher, la texture un peu grenue, la
composition par mélange: le nom de marlite ne peut donc se
rapporter exactement à aucune de nos espèces minéralogiques
homogènes, ou de nos variétés composées. (B.)
MARLLENGA. (Ornith.) La bergeronntte lavandièré, mo-
tacilla alba, Linn., se nomme ainsi en catalan. (Cu. D.)
MARMARITIS (Bot.), un des noms grecs anciens de la fu-
meterre, cités par Ruellius. (J.)
MARME. (Ichthyol.) Voyez Mosus. (H. C-)
MARMEER , UMBATS (Bot.), noms japonois du coignas-
sier, cités par Kæmpfer. (J.)
MARMELDIER ( Mamm.), nom hollandoiïs de la marmotie
d'Europe. Voyez Murmerruréa. (Desm.)
MARMELEIRA (Bot.), nom du coignassier dans le Portu-
gal et au Bresil, selon Vandelli. (J.)
MARMELOS. (Bot.) Le fruit ainsi nommé dans l'Inde est
- porté sur un arbre qui est le covalam du Malabar, le marme-
leira des Portugais de l'Inde. Linnæus en faisoit son crateva
marmelos. M. Correa, qui l’a examiné de nouveau , a prouvé
_ qu’il n’appartenoiït pas aux capparidées dont le crateva fait
partie, et il l’a reporté aux aurantiacées comme genre dis-
tinct sous le nom d’ægle. Les Espagnols nomment aussi le
coignassier marmelos. Voyez Conoyons. (J.) F
MARMENTAUX. (Bot.) Dans le Dictionnaire économique,
on lit que ce nom est donné aux bois qui, plantés enavenues,
en quinconces ou en bosquets , serveut à l’embellissement des
villes ou des habitations partieulières, et qu’un simple usu-
fruitier n’a pas le drojt d’abattre. (J.)
1 56 MAR
MARMITE DE SINGE (Bot.), nom vulgaire à Cayenne de
quelques espèces de quatelé, lecythis, qui sont assez gros, et
ont la forme d’une marmite fermée supérieurement par son
couvercle et remplie de quelques graines que les singes
mangent avec avidité. (J.)
MARMOLIER. (Bot.) Voyez Dünora. (Porn.)
. MARMONTAIN, MARMOTAINE, MARMOTAN (Mamm..),
noms de la marmotte en vieux françois. (Desm.)
MARMOLITE (Min.) M. Nuttall a donné ce nom à une subs-
tance pierreuse qui paroit être trés-voisine de la serpentine,
si même ce n’en est pas une variété.
La marmolite, dit M. Nuttall, a use texture foliée avec
des lames minces et parallèles aux côtés d’un prisme à quatre
pans obliques et comprimés. Ces lames sont quelquefois ras-
semblées en groupes; elles sont d’un beau vert pâle avec un
lustre presque métallique; elles sont opaques, leur texture est
compacte ; elles n’ont aucune flexibilité, trés-peu de dureté;
leur poussière est brillante et onctueuse au toucher.
Ce minéral devient blanchâtre et friable par l’action de l'air;
sa pesanteur spécifique est de 2,470. Exposé à l’action du feu
du chalumeau, il décrépite,s’exfolie sans se fondre, et devient
dur; il perd 15 pour 100 de son poids, et donne dans l'acide
nitrique une dissolution épaisse et comme gélatineuse.
Il contient :
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Protoxide de fer etchrôme........,. 0,5
C’est, comme on voit, la composition de la serpentine, et la
marmoliteindiqueroitun commencement de cristallisation de
cette pierre, ce qui conduiroit à compléter la série des carac-
tères nécessaires pour établir exactement et scientifiquement
cette espèce.
La marmolite se présente en veines étroites dans la roche
de serpentine d'Hoboken et de Bare-Hills, près Baltimore, dans
les Etats-Unis d'A mérique.
Elle est souvent en contact dans le premier lieu avec la
MAR 157
brucite (magnésie hydratée) et le marbre magnésien décrit par
les minéralogistes américains. (B.)
MARMORARIA (Bot.), nom ancien de l’acanthe, cité par
Daléchamps. (J.)
MARMOSE. (Mamm.) Nom brasilien d’une espèce du genre
SarieuE. Voyez ce mot.(F.C.) ,
MARMOT (Ichthyol.), un des noms vulgaires du dentécom-
mun. Voyez Denré. (H. C.\
MARMOTTE. (Mamm.) Ce nom vient du motitalien mar-
moita, lequel tire peut-être son origine du Murmegrruier.
(Voyez ce mot.) D'abord donné à un rongeur des hautes mon-
tagues de l’Europe, il fut ensuite étendu à quelques autres
mammiferes qui offrent avec lui les plus intimes rapports.
Linnæus et Pallas confondirent ces animaux avec les rats. Ce
dernier en fit cependant une section particulière sous le nom
de mures soporosi. Brisson et Erxleben les placèrent dans leur
genre Glis, division incohérente qui renfermoit, selon le pre-
mier, les loirs, les marmottes et le hamster; et de plus, sui-
vant le second, le zemmi, les lemmings et le campagnol éco-
nome. C’est Gmelin qui le premier isola les marmottes sous le
nom d’arctomys (rat-ours) dans son édition du Syséema naturæ.
Depuis, les zoologistes ont toujours conservé cegenre établi en
effet sur des caractères assez nettement tranchés.
Les marmottes ont, à la mâchoire supérieure, deux inci-
sives, et cinq molaires de chaque côté, et à l’inférieure une
molaire de moins; les incisives sont fortes , épaisses et, comme
chez tous les autres rongeurs, séparées des molaires par un
grand espace vide; les supérieures sont tronquées carré-
ment a leur sommet; les inférieures sont terminées par une
pointe arrondie, et toutes deux sont taillées en biseau a leur
face interne. La premiére molaire supérieure , plus petite
que les autres, ne présente à la couronne qu’un simple tuber-
cule obtus; les quatre autres sont triangulaires et divisées par
deux sillons profonds, en trois crêtes transversales, qui, par-
tant du bord externe de la dent, font paroître celui-ci relevé
de trois tubercules aigus, et viennent toutes se réunir au som-
met du triangle qui occupe la face interne de la couronne et
se présente sous la forme d’un rebord arqué, lisse et élevé.
Les molaires inférieures, seulement au nombre de quatre, dif-
156 MAR
férent des supérieures, en ce qu’elles ont une forme carrée,
et que, n'ayant qu’un sillon iongitudinal, elles ne sont relevées
que de deux crêtes, l’une qui occupe le bord antérieur et
l’autre le postérieur; et elles se réunissent au bord interne
pour y former une pointe relevée ; le sillon échancre le bord
externe de manière à y faire paroitre deux tubercules.
Les membres sont courts et forts, les antérieurs se trouvent
terminés par une main large, épaisse, divisée en quatre doigts
courts et robustes, de longueur peu inégale, réunis jusqu’à la
seconde phalange par une membrane épaisse, et armés d'ongles
forts et reployés en gouttière; au haut de la partie internè du
carpe se trouve un trés-petit rudiment de pouce de forme
conique et protégé par un petit ongle plat. Les membres
postérieurs ont un pied court et large, terminé par cinq
doigts, semblables, pour la forme, à ceux de la main, réunis
comme eux jusqu'a la première phalange, mais munis
d'ongles plus forts et plus courts: les trois doigts du milieu, |
de longueur peu différente, sont plus alongés que les deux
latéraux qui sont les plus courts, et c’est l’interne qui est le
moins long de tous. La queue est très-courte, cylindrique et
entièrement couverte d’assez longs poils.
L'œil est petit, à pupille ronde; les paupières sont fortes et
épaisses, et l’interne est peu développée. Le mufle n’est qu’une
partie nue, et sans doute glanduleuse, placée entre les deux
narines et divisée par un profond silion longitudinal qui va
ensuite séparer la lèvre supérieure en deux portions; l’extré-
mité du museau forme une large surface arrondie, séparée du
mufle par un repli transversal et nu; les narines sont formées
d’une ouverture antérieure prolongée sur les côtés en un sinus
large et légèrement arqué vers le haut. L’oreille est petite,
courte, assez mince, arrondie et simple: ou n’y voit qu'un
rudiment d’hélix qui rentre dans la partie antérieure de la
conque, protège inférieurement le trou auditif percé au fond
de la partie antérieure de cette conque, et forme supérieure-
ment un cul-de-sac du fond duquel s'élève un pli qui traverse
l'oreille, La langue est courte, très-épaisse, arrondie et douce;
ses bords paroïissent comme relevés sur les côtés de sa partie
antérieure, ce qui forme un sillon longitudinal, trés-profond ;
les lèvres sont épaisses et courtes, et elles forment, à leurangle
MAR ÿ5o
de réunion, une réduplicature assez large. On ne trouve pas
d’abajoues dans l’intérieur de la bouche. La paume, la plante
et le dessous des doigts sont entiérement nus et marqués de
sillons assez réguliers et plus larges que ceux de la paume de
l’homme : la paume offre cinq tubercules; les trois premiers
répondent à la base des doigts, l’un correspondant au qua-
trième doigt, l’autre au secondet au troisième doigt, et le der-
nier au premier doigt : les deux autres tubercules occupent
la partie postérieure de la paume; ils sont extrêmement
développés, trés-épais et fort saillans; l'un occupe le bord
interne et soutient le rudiment du pouce; l’autre soutient
le bord externe. La plante est garnie de six tubercules
quatre placés à la base des doigts comme dans la paume,
excepté qu'il y en a un de plus pour le pouce, et les deux
autres placés à peu de distance des quatre précédens, l’un
au bord externe ei l’autre à l’interne; le reste du talon est lisse
et entiérement nu. Lessoies des moustachessont fortes, longues
et implantées dans une épaisse couche musculeuse ; on trouve
quelques autres bouquets de soies, l’un sur les sourcils, l’autre
sur la joue et le troisième sous la gorge. Le pelage est long,
épais et composé de poils de deux natures, de laineux nom-
breux, assez longs et peu frisés, et de deux couleurs, et de
soyeux plus longs, à peine aussi nombreux, et ordinairement
annelés de plusieurs couleurs.
Chez les mâles les testicules ne sont point renfermés dansun
scrotum particulier, et le gland est, à ce qu'il paroïît, simple-
ment conique et peu alongé; chez les femelles la vulve ne se
montre au dehors que sous l'apparence d’une fente longitudi-
nale et courte, garnie de deux lèvres épaisses et fortes, sur-
montées de quelques poils.
Les marmottes ont des formes lourdes et trapues ; leur
tête plate et épaisse, leurs oreilles arrondies. leurs membres
courts et larges, leur petite queue, et de plus leur épaisse
et grossière Éngute leur donnent une physionomie particu-
lière qu'indique assez bien le mot d’arctomys (rat-ours) fondé
sur les rapports de forme que l’on a cru trouver entre ces ron-
geurs et les ours. Leur démarche est lourde et embarrassée ;
elles courent mal, mais peuvent s’aplatir de manière à passer
par des fentes étroites.
160 MAR
Leurs cris ne consistent qu’en un grognement doux, ou un
gros murmure qui se change dansla colère ou la surprise en un
sifflement fort et aigu. Elles se fouissent avec promptitude une
retraite profonde, danslaquelle plusieurs individus se retirent
pendant l'hiver, passant cette saison dans un état léthargique
dont on n’a pas encore exactement apprécié la cause; d’après
ce que l’on sait de l'espèce européenne, il paroîtroit que les
marmottes vivent en société, et que dans les beaux jours du
printemps, elles viennent brouter ou jouer à l’entrée de leur
terrier dont elles ne s’éloignent jamais, et l’on assure que dans
toutes leurs sorties l’une d’entre elles, placée au sommet de
quelque rocher voisin, fait l’oflice de sentinelle avancée, et
avertit les autres par un sifflement aigu de la présence de l’en-
nemi; alors toute la troupe rentre dans sa retraite, ou bien se
tapit sous les rochers voisins. Elles recueillent dans leur terrier
uneassez grande quantité de foin qu’ellestransportentdansleur
bouche; elles s’en forment un litépais, dans lequel elles se blot-
tissent pour passer l'hiver; et à l'approche de cette saison elles
ontsoin de fermer, en y accumulant dela terre, l'entrée deleur
terrier. Elles ne forment point de provisions, mais lorsqu'elles
entrent dans leur retraite hibernale, elles sont trés-grasses
et garnies sur l’épiploon de feuillets graisseux trés-épais qui
paroissent suffisans pour réparer les pertes qu'elles peuvent
éprouver par l’action vitale qui leur reste. Leur nourriture
ordinaire ne consiste qu'en matières végétales, et surtout en
racines; mais on les habitue, sans peine, à manger de la
viande.
MARMOYTTE VULGAIRE : Arctomys marmotta, Gm.;la Marmotte,
Buff., Hist. Nat., tom. 8, pl. 28. Cette espèce est d’un gris foncé en
dessusavec la crouped’uneteinteunpeuplusroussâtre;le devant
et le dessous du corps, les flancs ét le bas des membres sont
d’un fauve roux pâle; la tête est en dessus du gris noiràtre du
dessus du corps, ses côtés sont d’un gris plus clair, et le tour
du museau est d’un gris blanc argenté; les pieds sont d’une
teinte presque blanche, et la queue est noirâtre, courte et
touffue. Tous les poils sont d’un gris noir à leur base; les lai-
neux ont leur pointe ur peu plus claire sur les parties supé-
rieures, et d'un gris fauve sousle corps; les soyeux aux par-
ties supérieures sont noirs avec une légère pointe d’un fauve
MAR 167
blanchâtre qui devient plus grande sur la croupe; ils sont
fauves sous le corps, et tout noirs sur la queue. Cette espèce
habite les montagnes alpines de l’Europe, et y creuse ses ter-
riers au-dela de la région des forêts. C'est elle qu’apportent
avec eux ces enfans qui descendent des Alpes, et viennent men-
dier leurexistence dans nos villes. Lesmontagnardsvontl'hiver
la prendre dans ses terriers où ils la trouvent engourdie et
roulée dans son foin; ils la mangent, et vendent la peau, qui
est une fourrure commune et de bas prix.
Marmorte 86BAck : Arctomys boback, Gmel.; Mus arctomys,
Pallas, GL., pag. 97, pl. 5; Bosack, Buff., tom. 13, pl. 18. Le
boback est d’un brun fauve trés-pàle, légérement mêlé de
brun noirètre; le dessous du corps est d’une teinte fauve
tres-päle; le tour des yeux et le dessus du museau sontbruns,
la région des moustaches et la gorge d’un roux assez pur;
le menton, la lèvre supérieure et le bout du museau d’un gris
argenté; la queue, trés-courte, est presque rousse. Tous les
. poils sont noirâtres à leur base , les laineux ont leur pointe d’un
blond cendré et les soyeux sont de cette couleur sous le corps,
et terminés aux parties supérieures par une pointe d’un brun
châtain. Cette espèce habite depuis la Pologne jusques dans le
nord de PAsie; elle suit la chaîne des monts Krapachs, et se
trouve principalement entre le Dniéper et le Don, mais elle
ne s'élève pas aussi haut que l’espèce précédente et préfère
les contrées moins froides et les collines arides ; elle recherche
surtout les plantes oléracées pour sa nourriture, et creuse son
terrier dans des terrains trés-durs.
Marmorre Du CanaDpa : Arctomys empetra, Quebeck mar-
mot, Pennant, Quadr., p. 270, n°199, pl. 24, fig. 2; Fors-
ter, Phil. Trans., p.378; Mus empetra, Pall., GL., p. 95 ; Schreb.,
tab. 210; Mowax çeris, F. Cuv., Hist. nat. des Mamm. Cette
espèce est d’un brun roux noirâtre, varié et tiqueté de
blanc; le dessous du corps et le bas des membres sont d’un
brun roux vif couleur de rouille; le dessus de la tête, les
pieds et la queue d’un brun foncé presque noir principale-
ment sur ces dernières parties; les côtés et le dessous de la
tête sont d’un fauve jaunâtre. Tous les poils sont noirs ou du
moins trés-foncés à leur base; les laineux ont la pointe rousse;
aux parties supérieures les poils sont soyeux , roux, puis noirs
29. 11
162 MAR
avec la pointe blanchâtre; sous le corps ils sont entièrement
terminés de roux. Ces poils soyeux ayant sur la croupe leur
pointe blanche plus étroite que sur le reste du dessus du corps,
cette dernière partie paroit plus brune, et seulement tiquetée
de blanc jaunètre. La queue est plus longue chez cette espèce
que chez les deux précédentes, et elle fait à peu près le tiers de
la longueur du corps. Le pelage est quelquefois un peu différent
de la description que nous venons d’en donner; ledos, les
épaules, les reins, les cuisses et les côtés du corps présentent,
dans certains individus, une teinte beaucoup plus grise, ce qui
paroît tenir à ce que les poils laineux sont terminés de gris
sur ces parties et que les soyeux manquent de teintes rousses.
Souvent aussi le roux des parties inférieures s'éteint pres-
qu’entiérement. On ne sait pas encore si ces différences
tiennent à l’âge , au sexe, ou aux diverses périodes de la mue;
quoi qu’il en soit, le quebeck marmot de Pennant, le mus empetra
de Païlas, et ie monazx gris, ne font vraisemblablement qu’une
seule et même espèce, propre à l'Amérique septentrionale.
Je crois encore pouvoir leur réunir l’aretomys pruinosa de Gme-
lin , dont la description ressemble entièrement a un individu du
Muséum envoyé de New-Yorck par M. Lesueur.
On a aussi rapporté aux marmottes: le Monax, arcéomys mo-
nax de Gmelin; Edwards, Glanures, tom. 2, p.104, et Buff.,
tom. 3 desSuppl., pl. 28. Selon Edwards il seroit de la grosseur
d’un lapin, et sa queue, un peu touffue, auroit plus de la
moitié de la longueur du corps; le pelage seroit d’un brun com-
parable à celui du rat d’eau et s’éclaiciroit sur les flancs, mais
plus encoresurle ventre ; le bout du museau seroit cendré, et
la queue d’un brun noiràtre; les pieds seroient noirs, et les
oreilles petites et rondes. Malheureusement le monax n’a pas
été revu depuis Edwards, et ce qu’il rapporte de cet animal
ne suffit pas pour faire décider s’il appartient en effet au genre
des marmottes.
On a joint.au monax le Lapin 5 Banama de Catesby, qui,
selon lui, est un peu plus petit qu'un lapin, brun sans aucun
mélange de gris, et dont les oreilles, les patteset la queuesont
celles d’un rat. Il faudroit des renseignemens plus positifs pour
qu’on püt se faire une idée claire de cet animal et l’admettre
parmi les marmottes.
MAR 163
Le Souslic,arctomys citillus, Gmel., qui, jusqu’à présent, avoit
élé réuni aux marmottes, doit former un genre distinct.
(Voyez Srermoruics.)
Quelques mammifères bien plusobscurément connus que le
monax, ou que le lapin de Bahama, ont encore été rapportés
au genre des marmottes; ce sont : le Gunp: pu mont ArLas, de
Rothmann, qui n’a que quatre doigts à tous les pieds, et qui, a
Ja taille d’un lapin, joint des oreilles très-courtes, mais à trés-
large ouverture, et un pelage roussâtre; le Maur de Molina,
quadrupéde du Chili, du double plus grand que la marmotte,
à pieds pentadactyles, à dents de souris et à museau pointu;
enfin la Marmorre DE Crrcasste, de Pennant, de la taille du
hamster, à jambes antérieures courtes, à poils alongés et
châtains, etc. (F.C.) :
MARMOTTÉ D'ALLEMAGNE. (Mamm. ) C’est le Hamster.
(Des. )
MARMOTTE DES ALPES. (Mamm.) C'est la Marmortre
VULGAIRE. (DEsm.)
MARMOTTE BATARDE D'AFRIQUE. (Mamm.) Vosmaer
donne ce nom au daman. (Desm.)
MARMOTTE DU CANADA. (Mamm.) Ce nom a été donné au
monax, espèce de marmotte encore mal déterminée. { Desm.)
MARMOTTE DU CAP. (Mamm.) C’est le Daman. ( Des. )
MARMOTTE DE CIRCASSIE. (Mamm.) Voyez MARMOTTE.
(Des. )
MARMOTTE DE POLOGNE. CPE Voyez Marmoite
BOBACK. ( Dssm.)
MARMOTTE DE STRASBOURG. (Mamm.) On a donné ce
nom au Hamsrer. ( Desm.)
MARMOTTE VOLANTE. (Mamm.) Daubenton a nommé
ainsi un quadrupède chéiroptère qui appartient au genre
Vesrertinion. Voyez ce mot. (DEsm.)
MARMOUTON (Mamm.) Dans quelques parties de la Frante
méridionale ce nom est donné au mouton entier ou bélier.
(Des».)
MARNAT. (Conchyl.) Adanson (Sénég., p. 168, pl. 12) dé-
crit et figure sous ce nom une petite espèce de turbo, que
l’on a rapportée peut-être à tort au furbo pullus de Linnæus
et de Gmelin. (DE B.)
1
164 MAR
MARNE (1). ( Min.) Si les parties qui composent les pierres
qu’on nomme marnes étoient plus grosses ou plus visibles, ces
minéraux sortiroient de la division des pierres simples et fe-
roient partie des roches mélangées; mais les matières argi-
leuses, calcaires et sablonneuses, qui par leur mélange forment
les marnes, sont d’une ténuité qui les rend invisibles. Les
marnes sont donc pour nous des minéraux homogènes, qui
ont l'aspect terne de l’argile ou de la craie, très-peu de du-
reté, qui sont même souvent tendres ou friables, qui font
une violente effervescence avec l’acide nitrique , se délaient
dans l’eau , mais quelquefois trés-difficilement, ne font qu’une
pâte courte, n’acquiérent que peu de dureté au feu, et se
fondent assez facilement. Elles se distinguent des argiles par
ces caractères; elles différent des pierres calcaires pures, parce
qu'elles laissent un résidu assez considérable lorsqu’on les dis-
sout dans l’acide nitrique.
Il ést trés-difficile d'établir des variétés distinctes parmi
les marnes. Celles qui semblent les plus différentes, passent
de l’une à l’autre par des nuances insensibles. Les caracteres
que nous donnons ne conviennent donc qu'aux extrêmes, et
il y a nécessairement beaucoup d’arbitraire dans la classifica-
tion des échantillons qui forment transition.
1. MARNE ARGILEUSE.
Cette variété se délaie toujours dans l’eau plus ou moins
facilement, et forme avec elle une pâte assez courte; elle est
tantôt compacte, tantôt friable , tantôt feuilletée. Ses couleurs
les plus ordinaires sont le gris, le vert sale plus ou moins foncé,
le brun jaunûâtre, le brun verdâtre, le gris et le jaune marbré.
Nous en citerons plusieurs exemples, que nous attacherons
à des sous-variétés particulières (2).
1. Marne argileuse figuline. — C’est ordinairement la terre
(1) Argile calcarifère. Hauy.
(2) Si nous avons autant divisé une espèce qui paroît si peu importante
en minéralogie, c’est qu’elle se trouve fréquemment et en grandes masses,
et que nous avons eu pour but de faciliter les descriptions géognostiques.
Werner divise la marne en deux sous-espèces : la marne terreuse ,
Mercez Enve, et la marne endurcie, Veknærrerer Mercer. Chacune de ces
sous-espèces renferme des marnes calcaires et des marnes argileuses.
LP
MAR 16
eu l'argile a potier, etc. etc., plus généralement connue sousce
dernier nom que sous celui de marne. Elle a une structure com-
pacte, à peine et rarement schistoïde, et une texture fine et
serrée d'apparence assez homogène; ellese casse plus facilement
que l'argile plastique: mais elle offre cependant encore une
sorte de tenacité. Sa cassure est raboteuse.
Elle se délaie aisément dans l’eau, beaucoup plus aisément
même que l'argile plastique. Elle forme avec ce liquide une
pâte assez liante , facile à travailler.
Ses couleurssont le brun, le gris, le jaunâtre, fe verdâtre, etc,
Elle a donc beaucoup des caracteres extérieurs de l'argile
plastique. Mais l'argile plastique ne fait aucune effervescence
avec les acides, et est sensiblement infusible, tandis que la
marne argileuse offre d’une manière très-marquée les carac-
tères opposés. Elle ne contient souvent que 5 pour cent dé
‘chaux carbonatée, et rarement au-delà de 15. Cette marne
appartient principalement aux terrains de sédiment supé-
rieurs, et dans ceux-ci encore plus particulièrement à la
formation gypseuse. Nous pouvons citer comme un exemple
authentique de cette variété, celle que l’on nomme aux en-
virons de Paris marne werte, terre à potier, et qui forme
au-dessus des gypses, dans le passage de ce terrain d’eau douce
au terrain marnin qui le recouvre, une couche souvent très-
puissante et d’une continuité remarquable. Elle n’est pas tou-
jours verte : elle prend quelquefois une teinte jaunàtre, telle
est celle des environs de Viroflay près Versailles. Mais cette
marne n’est pas tellement particulière à cette formation, et
même à ce terrain, qu’on ne puisse la rencontrer ailleurs. La
plupart des argiles inférieures à la craie, celles qu’on trouve
entre les bancs du calcaire jurassique, celles du calcaire à pin,
sont plutôt des marnes argileuses, comme on les nomme sou-
vent, que de véritables argiles. On voit que cette variété se pré-
sente dans une assez longue suite de formations, cependant il
paroît qu’elle ne commence qu'après le terrain transitif, et
qu’elle finit avec la formation du gypse à ossemens. On en
trouve bien encore un peu dans les terrains d’eau douce supé-
rieurs, et notamment dans le banc du silex meulière qui en
fait une des parties Les plus notables, mais elle n’y est qu’en
amas peu étendus, présentant aussi bien les caractères de la
166 MAR
marne calcaire ou de la marne FARUSE Fa que ceux
de la marne argileuse figuline. |
Cette marne accompagne le gypse dans presque toutes ses
formations, elle est presque aussi abondante dans les dépôts de
gypse des terrains de sédiment inférieurs et moyens que dans
ceux des terrains de sédiment supérieurs. :
2. Marne argileuse schistoide (1). — Elle a tous les carac-
téres de la marne argileuse , avec une structure schisteuse ou
fissile trés-distincte ; elle se casse assez difficilement, se délaie
plus difficilement dans l’eau que les précédentes, et il faut la
broyer assez long-temps avec ce liquide pour en former une
pâte qui ait quelque liant.
Sa couleur dominante est le brunâtre ; elle est quelquefois
associée à des matières charbonneuses ou bitumineuses qui la
colorent en brun foncé, ou même en noir.
Cette marne se présente à peu près dans les mêmes terrains
que la précédente, mais dans des rapports inverses. Ainsi
elle est rare dans les terrains de gypse à ossemens, où la
marne figuline est sicommune, et se présente entre les bancs
du calcaire grossier, où cette derniére est assez rare; mais
elle est beaucoup plus abondante que celle-ci dans les terrains
inférieurs à la craie, et notamment dans les terrains houiïllers.
On la confond quelquefois avec lesschistes; elle s’en distingue
par la faculté qu’elle possède de faire pâte avec l’eau, faculté
dont les schistes sont absolument privés. Elle est accompagnée,
dans les terrains inférieurs à la craie et dans le calcaire juras-
sique surtout, d’un grand nombre de coquilles marines fos-
siles, tandis qu’elle ne contient que des débris de végétaux
terrestres dans les terrains houillers; elle est souvent accom-
pagnée, ou même entièrement remplacée dans ces terrains, par
l'argile schisteuse désignée sous le nom de schieferthon.
3. Marne argileuse compacte. — Elle est solide, mais se laisse
facilement couper au couteau, et même entamer par l’ongle.
On la trouve en couche épaisse, d’un gris marbré, entre
les bancs de la seconde masse de gypse, à Montmartre. On en
voit aussi d’un vert pâle assez pur dans les carrières de Passy,
près Paris. Elle passe à la marne calcaire.
(1) ScaterEeRrHonN. Wern.
MAR ji; ER
Quelques terres ou argiles à foulon d'Angleterre et d’autres
pays doivent être rapportées à cette variété de marne, car
elles font une vive effervescence avec les acides, sont facile-
ment fusibles, se brisent et se délaient dans l’eau avec beau-
coup de promptitude , sans qu’on puisse cependant les réduire
en. une pâte liante.
2. MARNE CALCAIRE,
Cette marne est beaucoup plus aride au toucher qu'aucune
des variétés précédentes; elle ne se délaie point dans l’eau et
ne fait point pâte avec ce liquide, &i elle n’est finement et
longuement broyée. Elle est quelquefois assez dure pour être
employée dans les constructions; mais plus ordinairement
elle se délite à l’air, et se réduit d’elle-même en une poussière
assez fine. Ses couleurs sont le blanc, le gris, le jaunâtre sale,
le brun pâle. : |
1. Marne calcaire compacte (1). — Elle est compacte, plus ou
moins.solide, et seulement traversée par des fissures qui la
divisent quelquefois en fragmens d’une forme polyédrique-
assez régulière. Elle présente toutes les formes des-basaltes
jusqu'a la figure sphérique.
On voit des marnes compactes blanches à retraite irrégu-
lière à Montmartre; elles sont disposées en couches assez
puissantes entre les bancs de gypse des différentes masses. Les
parois des fissures sont souvent enduites d’une teinte brune
ou d’une teinte jaune, et couvertes de dessins noirs dendri-
tiques. On trouve à Argenteuil, sur le bord de la Seine à
l’ouest de Paris, une marne blanche compacte qui présente
quelquefois la retraite prismatique et les articulations des
basaltes.
Cette marne est la base terreuse de la porcelaine tendre
ou frittée.
C’est à cette variété, mais à la sous-variété tendre de cette
marne calcaire qu'appartient la circonstance observée par
MM. Desmarest et Prevost d’une retraite en forme de pyramides
a quatre faces dans une marne calcaire compacte , tendre, in-
férieure aux bancs gypseux à Montmartre, phénomène qu’on
——————
(1) VeruzærtTerer Mercez. Wern.
168 MAR |
a encore observé depuis eux dans quelques autres lieux des
environs de Paris. Les pyramides à quatre faces qui se montrent
dans cette marne ont une base à peu près carrée d'environ
six pouces de côté; leur hauteur est à peu prés égale au côté
de la base. Leurs faces sont assez profondément striées paral-
lèlement aux côtés de la base, elles adhérent par cette base
a la masse de la marne; mais ce qu’il y a de particulier et
d’assez difficile à faire comprendre sans figures, c’est le
grouppement constant de six pyramides, de manière que les
six sommets sont rapprochés, mais non confondus au centre
d’un cube dont les bases des pyramides formeroient les faces,
si elles étoient dégagées de la masse de marne.Ce n’estpointune
cristallisation, ces pyramides n’en offrent point les caractères
-de régularité, de constance, et d’homogénéité, c’est un solide
à peu près régulier, opéré par une cause analogue au retrait,
et par conséquent à celle qui donne naissance aux sphéroïdes
que présentent les basaltes et les marnes.
-2. Marne calcaire schistoide. — Elle est tendre, à structure
fissile ou schistoïde, à texture terreuse, à grain plus ou moins
fin. Les feuillets se séparent plus difficilement et moins nette-
ment que dans la marne argileuse schistoïde. Elle se délaie
quelquefois assez facilement dans l’eau, mais ne forme point
de pâte avec ce liquide, quelque soin qu’on mette a la pétrir.
Ces marnes sont plus particulières aux formations lacustres
des terrains de sédiment supérieurs qu’a tout autre. On les ob-
serve tant dans les terrains de formation uniquement aqueuse,
que dans les terrains lacustres inférieurs aux terrains basal-
tiques du Vivarais, de l'Auvergne, de l'Allemagne, etc. Les
grès célèbres par leurs coquilles et par leurs productions d’eau
douce, d'Œningen près du lac de Constance, du Locle prés
de Neufchâtel, d'Aix en Provence, etc., présentent des lits
nombreux, étendus etsouvent puissans de ces marnes calcaires
schisteuses enfermant entre les feuillets des débris de végétaux,
de poissons, de reptiles et de coquilles d’eau douce.
On n’a trouvé jusqu’à présent aucune substance métallique
dans ces marnes. Elles sont même, ordinairement, d’un blanc
assez pur, ou tirant légerement sur le grisâtre ou le jaunatre.
Les marnes calcaires compactes appartiennent aussi à des
terrains beaucoup plus anciens; elles alternent dansles terrains
MAR 169
de sédiment inférieurs ou alpins et dans les terrains de sédi-
ment moyens, jurassiques et crayeux, avec ces calcaires, €t
quelquefoisavec les marnes argileuses schistoïdes et compactes
que nous y avons citées, Elles renferment souvent les mêmes
coquilles, mais je ne sache pas qu’on ait encore observé cette
variété ni dans les terrains de transition, ni dansles terrains de
houille silicifere.
= Les marnes calcaires compactes forment quelquefois des
masses sphéroïdales au milieu des couches d’autres marnes.
Cessphéres sont souvent creuses et composées de prismes irré-
guliers dont les intervalles sont remplis de calcaire spathique.
On trouve ces masses sphéroïdales dans tous les terrains, mais
plus particuliérementdans!es terrains de sédimentmoyens. On
a donné à ces masses le nom de jeu de Vanhelmont ( ludus Hel-
montii). :
Les marnes calcaires compactes forment aussi un des
membres les plus puissans des terrains lacustres de tous les
âges.
3. Marne calcaire friable (1). — Elle est souvent tendre et
quelquefois assez friable pour se réduire en poudre entre les
doigts; elle est généralement blanche, ou foiblement soit gri-
satre, soit jaunâtre.
Lorsqu’elle paroît solide et même dure en sortant de la car-
rière, elle ne tarde pasa se déliter par l'influence des météores
atmosphériques. C’est la matière pierreuse qui reçoit spéciale-
ment le nom de marne dans l’acception vulgaire et technique
de ce mot.
Son gisement est à peu près le même que celui de la marne
calcaire schistoide, et elle est aussi accompagnée de marne
calcaire compacte, et de silex soit pyromaque, soit corné, soit
résinite; mais elle appartient encore plus particulièrement
que toutes les autres aux terrains lacustres supérieurs.
. Gisement général, Nous devons ajouter à ce que nous venons
de dire sur le gisementpropre à chaque variété, ce que toutes
ou presque toutes ces variétés présentent de commun dans le
rôle qu'elles jouent à la surface du globe.
Les marnes tant argileuses que calcaires, qui semblent avoir
(1) MerceL-Enpe. Wern.
170 MAR
si peu d'importance en minéralogie, et qui en effet n’en doi-
vent avoir aucune comme espèce minérale, en ont au contraire
une très-grande en géologie; elles LRO pour une partie
considérable dans certains terrains, et en composent entière-
ment d’autres aussi nombreux qu’étendus dans le sein ou à la
surface de la terre.
Dansle premier cas, on remarque qu’elles forment quelques
fois plus de la cinquième partie de la masse des terrains de cal-
caire alpin et jurassique ; qu’elles entrent pour une propor-
tion au moins aussi considérable dans lesterrains gypseux etsa-
liféres, qui appartiennent à ces formations; qu’elles forment
souvent plus destroisquarts de lamasse desterrains desédiment
supérieurs, tant de ceux qui sont inférieurs au terrain basal-
tique et volcanique, ou qui les entourent, que de ceux qui
_sont indépendans.
L'exemple le plus remarquable que nous puissions rapporter
du rôle qu’elles jouent dans la composition de ces dernières,
doit être pris dans les collines subapennines, dansleursannexes
et dans tous les terrains qui, sans être situés dans les Apennins,
peuvent leur être comparés; ierrains qu’on connoît main-
tenant au pied des Pyrénées-Orientales, dans la Provence,
dans la Suisse, dans la Hongrie, et qu’on trouvera dans beau-
coup d’autres lieux.
Mais, pour nous borner à la suite de collines qui peuvent
être considérées comme faisant partie des collines subapen-
nines, nous remarquerons d’abord que malgré leur nom elles
atteignent quelquefois l'étendue et la hauteur des montagnes,
et en présententles formes; qu'ellesrégnent au pied méridional
des Alpes et sur le versant septentrional des Apennins, depuis
le Piémont jusqu'aux extrémités méridionales de l'Italie; elles
diminuent beaucoup en puissance et en étendue dans cette
partie; mais on les retrouve encore sous un aspect imposant
par leur masse, dans Rome et dans ses environs.
Toutes ces collines sont composées principalement, c’est-à-
dire pour plus des deuxtiers de leur masse, tantôt de marne
calcaire compacte, tantôt de marne calcaire friable, et sou-
vent de marne argileusé, remarquables par l'influence que leurs
propriétés de se désagréger à l'air, de se délayer par l'eau, de
couler à l’état presque boueux, ont sur la forme, sur l'aspect,
MAR 171
et sur la stérilité de ces montagnes. Cette disposition estsurtout
trés-frappante dans les environs de Sienne; Patrin, qui cite,
d’après Ferber, les environs du terrain volcanique de Radico-
fani, rapporte avec intention l'expression de cet ebservateur
judicieux, qui dit que cette montagne de lave est entourée de
collines de marnes au lieu de cendre volcanique.li semble indiquer
ainsi que ces marnes sont sorties du sein de laterre , en même
temps que les laves, et ce rapprochement n’est peut-être pas
sans fondement. À
Toutesles marnes sont ou sans corps organisés fossiles, etalors
sans caractère indicatif du liquide dans lequel elles se sont
déposées, ou bien elles renferment , comme aux environs de
l'urin, de Plaisance, de Sienne, de Rome, etc., de nombreuses
coquilles marines, et elles indiquent ainsi qu’elles ont été Gé-
posées sous les eaux marines.
Les marnes argileuses et calcaires qui renferment souvent
des paillettes de mica, ne doivent pas êtfe confondues avec le
macigno solide des environs de Florence, et de beaucoup
d’autres parties des Apennins. Cette roche n’est point une
marne dans l’acception que nous avons dû donner de ce nom,
et les marnes subapennines ne paroïissent même pas résulter
de sa destruction et de sa désagrégation. Si on vouioit les re-
garder comme une modification géologique d’une roche, et
par conséquent comme appartenant à la même formation
qu’elle, il nous semble que c’est au MacieNo-morasse ( voyez
ce mot) qu’on devroit rapporter l’époque de leur formation.
Usages. Les marnessont d’une grande importance pour l’agri-
culture ; elles servent à amender les terres, et ont sur la fa-
culté productive du sol une influence qu’on n’a pas encore pu
exactement apprécier. On a cru pendant long-temps qu'elles
servoient uniquement à en modifier la tenacité ou l’aridité,
et on fondoit cette opinion sur ce que les marnes argileuses
conviennent plus particulièrement aux terres trop légères, et
les marnes calcaires aux terres argileuses et trop tenaces. On
a pensé depuis que les marnes pouvoient agir aussi en absorbant
le gaz oxigène de l'atmosphère, comme l’a observé M. de Huin-
boldt, ou bien en donnant aux végétaux l’acide carbonique
qui paroît nécessaire à leur nutrition.
Ce qu'il y a de certain, c’est que les marmes n’agissent qu'a.
172 MAR 2
prés avoir été réduites en poussière par l'influence des météores
atmosphériques, et que cet effet n’a souvent lieu que plusieurs.
années aprés le moment où on les a répandues sur le sol; en
sorte que cet amendement exige une sorte d'avance et de pré-
voyance qui ne sont pas à la portée de tous les cultivateurs.
(B.)
MARO. ( Bot.) Garcias, cité par Clusius, dit que dans
quelques lieux de l’Inde on nomme ainsi le cocotier, et quë
le nom de narel ou nurgel ést donné à son fruit. C’est encore
le nihor des Malais. (J.)
.. MAROCCA-NONAU. (Bot.) Rumph dit qu’on nomme ainsi
à Ternate le ricinus mappa. (J.)
MAROCHOS. (Ornith.) Le guépier commun . merops apius-
Ler, Linn., est ainsi nommé dans Albert-le-Grand. (C«x. D.)
MAROI (Bot.), nom brame du waftou-valli du Malabar,
mentionné par Rhèede, et qui, par sa figure, ressemble beau-
coup à une asclépiade. (J.)
MAROIO (Bot.) , nom portugais du marrube ordinaire,
selon Vandelli. (J.)
MAROLY. (Ornith.) La Chesnaie-des-Bois, dans son Dic-
tionnaire universel desauimaux , applique ce nom, sans Citer
aucun auteur, à un oiseau de proie d'Afrique, qui est voÿa-
geur, et qu'il dit être appelé pac chez les Persans. Il donne à
cet oiseau la taille et la forme d’un aigle, des oreilles d’une
énorme grandeur, qui lui tombent sur la gorge ; une tête éle-
vée en pointe de diamant ; un plumage varié qui, sur la tête
et les oreilles, est noirâtre. La nourriture de ce prétendu
oiseau consiste, ajoute-t-il, en poissons qu’il trouve morts sur
le rivage, et en serpens. Ces attributs contradictoires font.
penser, avec Sonnini, qu’une pareille description a été tirée de
quelque conte persan. (Cu. D.)
MARON DES GRECS. ( Bot.) Voyez Marum. (Lem.)
MARON ROTI. (Conchyl.) On entend par là le murex rici-
nus, Linn. et Gmel. (Ds B.)
MARONC (Bot.), nom indien d’un mimusope, mimusops
elengi, cité dans le Dictionnaire Encyclopédique. (J.)
MARONGAYE. ( Bot.) Marsden, dans son Voyage à Suma-
tra, parle d’un arbrisseau de ce nom, dont les feuilles sont
ailées ou pennées, et dont la racine, ayant la forme, le goût
MAR 179
et l'odeur du raifort , est mangée de la même maniere. Il n’a-
joute rien qui puisse en faire connoître le genre. (J.)
MARONION (Bot.), un des noms anciens de la grande
centaurée , cité par Daléchamps, d’après Apulée. (J.)
MAPRONITE (Min.), nom donné par Linck à la Macre.
Voyez ce mot. (B.)
MAROTANI (Bot.), nom brame du rasa-pu des Malabares,
nyctanthes hirsuta de Linnæus, lequel, reporté aux rubiacées
à cause de son ovaire adhérent, est maintenant réuni au guet-
tarda. (J.) |
» MAROTOU. (.Ornith. ) Suivant M. Guillemeau, dans son
Essai sur l'Histoire naturelle des Oiseaux du département des
Deux-Sèvres, on y donne vulgairement ce nom aux différentes
espèces de canards sauvages, autres que le canard sauvage
proprement dit , et particulièrement au souchet , au morillon,
au milonis. (Cu. D.)
MAROTTI. ( Bot.) Rhèede cite sous ce nom un grand arbre
du Malabar, à feuilles alternes , simples et ovales, lancéolées,
de l’aisselle desquelles sortent des bouquets de petites fleurs.
Ces fleurs ont un calice à cinq feuilles ou sépales, dix pétales
dont cinqintérieurs portés sur les onglets des cinq extérieurs;
cinq petites étamines velues à anthères rondes, entourant un
ovaire qui devient un fruit de la grosseur d’une orange, à
écorce dure, épaisse et raboteuse, renfermant dans une seule
loge environ dix graines entourées d’une substance charnue.
Ces graines sont des noyaux qui renferment une amande odo-
rante et huileuse. Of ne connoît en botanique aucun genre
qui réunisse ces caractères. La famille des sapindées présente
bien des fleurs à pétales doubles ; mais le nombre des étamines
ne répond pas à celui des pétales, et d’ailleurs leur fruit est
ordinairement à trois loges monospermes. Le marotti auroit
plus d’affinité avec les berbéridées qui ont également des pé-
tales doubles , des étamines en nombre correspondant, et un
fruit uniloculaire contenant une ou plusieurs graines ; mais
elles n’offrent pas d'exemples d’un fruit aussi volumineux. On
doit donc suspendre son jugement jusqu’à ce que cetarbresoit
mieux connu. (J.)
MAROU. ( Bot.) Sur la côte de Coromandel on nomme ainsi
la marjolaine , suivant Burmann. Voyez Maru. (J.)
174 MAR
MAROUETTE. (Ornith.) Cet oiseau est une espèce de ràle
d’eau , rallus porzana, Linn. (Cu. D.)
MAROULLA ( Bot.), nom dela laitue dans l'ile de Créte ;
suivant Belon. (J.)
MAROUTE ( Bot.) , nom vulgaire de la camomille puante,
anthemis cotula. (J.)
MAROUTE, Maruta. ( Bot.) C’est un sous-genre, que nous
avons proposé dans le Bulletin des Sciences de novembre 18:8
( pag. 167); il appartient à l'ordre des synanthérées, à notre
tribu naturelle des anthémidées, et au genre Anthemis ; il nous
a présenté les caractères suivans.
Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, andro-
gyniflore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri-
cline subhémisphérique ; à peu près égal aux fleurs du
disque; formé de squames paucisériées, inégales, imbriquées,
appliquées, oblongues, a bordure membraneuse. Clinanthe
cylindracé, à partie inférieure nue, à partie supérieure garnie
de squamelles plus courtes que les fleurs, trés-grêles , subulées.
Ovaires courts, épais, subcylindracés, tout hérissés de petites
excroissances charnues, tuberculeuses, globuleuses, qui sont
les indices de côtes ondulées-dentées; aïgrette absolument
nulle. Fleurs de la couronne à faux ovaire semi-avorté,
a style nul, à languette elliptique, tridentée au sommet.
MarouTE PUANTE : Maruta fætida, H. Cass.; Anthemis cotula,
Linn., Sp. pl., edit. 3, pag. 1261. Cette plante herbacée,
annuelle, a une racine tortueuse; la tige dressée, haute de
plus d’un pied, très-rameuse et diffuse, glabre, garnie de
feuilles; celles-ci sont bipinnées. presque glabres, à folioles
linéaires, divisées en trois lanières subulées;les calathides sont
nombreuses, solitaires au sommet des rameaux, à disque
jaune, et à couronne blanche, étalée durant le jour , pendante
“durant la nuit; le péricline est un peu poilu. La maroute est
commune aux environs de Paris, dans les champs incultes et
cultivés, où elle fleurit en mai, juin et juillet; elle est anti-
Rene que mais peu employée, sans doute à cause de son
odeur désagréable,
Le sous-senre Maruta diffère des vrais Anthemis par la cou-
roine coinposée de fleurs 'neutres, par les ovaires hérissés
de poiuts tubercuieux, et par le clinanthe cylindracé, inap-
MAR 175
pendiculé inférieurement, garnisupérieurement desquamelles
inférieures aux fleurs, très-grêles , subulées.
Le tableau méthodique des genres et sous-genres composant
la tribu des anthémidées, auroit dû se trouver dans notre
article sur cette tribu (tom. II, suppl., pag. 73); mais à l’é-
poque où nous rédigeàmes cet article, publié en 1816, nos
études étoient encore incomplètes sur plusieurs points, et
c’est pourquoi nous crûmes devoir nousborneralersà présenter
une simple liste alphabétique de trente genres. Maintenant
nous sommes en état d'offrir à nos lecteurs un tableau métho-
dique, plus complet, plus exact, mieux élaboré. C’est un sup-
plément nécessaire à notre article Anrnéminées, et nous le
plaçons ici en y joignant le tableau d’une autre tribu immé-
diatement voisine, et beaucoup plus petite.
X.° Tribu. Les Amgrosiées ( Ambrosieæ).
Flosculosarum genera. Tournefort(1694).—Genera Compositi-
floris aliena. Vaillant (ab 1718 ad 1721). — Nucamentacearum
genera, nune extrà nunc intra ordinem Compositorum. Linné
(1751).— Corymbiferarum genera. Bern. Jussieu (1759 ined.).—
Compositarum sectio Ambrosiæ dicta. Adanson (1763).— Corym-
biferarum anomalarum aut fortè Urticearum genera. À. I. Jussieu
(1789). — Compositiflorarum discoidearum genera. Gærtner
(1791). — Siphoniphyti species, hoc est, Flosculosarum genera.
Necker (1791). — Urticearum genera. Ventenat (1799). — La-
marck — Mirbel — Desfontaines— Decandolle. — Ordo dis-
tinctus, Synantheris proximus. Richard (1806). — In ordine Sy-
nantherarum genera incertæ sedis. H. Cassini (1812). — In ordine
Synantherarum tribus peculiaris dicta Ambrosieæ.H. Cass. (1813
et 1814).— Compositarum genera. R. Brown (1814). — Helian-
thearum genera. Kunth (1820).
(Voyez les caractères de la tribu des Ambrosiées, tom. XX,
pag. 371.)
Première Section.
Amerosiées-Ivées ( Ambrosieæ-Tveæ).
Caractères : Calathides bisexuelles, discoïdes. Péricline formé
de squames libres. Fleurs femelles pourvues d’une corelle.
76 MAR
Fleurs males ayant un faux ovaire; la corolle blanchätre, in-
fondibuliforme , à tube distinct du limbe; les étamines adhé-
rentes à la corolle. Feuilles opposées.
1. fPP9 Crupanium. — Clibadium. Allamand ined. — Lin.
(1271), Gass Dictiy- 0 pots |
2.* [va.= Conyzæ sp. Tourn.— Tarconanthi sp. Vaill. (1719)
— Parthenii sp. Lin. (1737) — Iva. Lin. (1748) — Juss. —
Gærtn. — H. Cass. Dict. v. 24. p. 43 — Denira. Adans. (1763).
Seconde Section.
AmBrostées-ProrOTyPEs ( Ambrosieæ-Archetypæ).
Caractères : Calathides unisexuelles; les femelles et les mâles
réunies sur le même individu. Calathide femelle à péricline
formé de squames entre-greffées , contenant une seule fleur pri-
vée de corolle. Fleurs mâles à faux ovaire nul; à corolle ver-
dâtre, campaniforme, sans tube distinct du limbe ; à étamines
non adhérentes à la corolle. Feuiiles alternes.
3.* Xanwrmrom. = Xanthium. Tourn. (1694) — Lin.— Juss.
— Gærtn.— Rich. (1806) Ann. du mus. v. 8. p.184.— H. Cass.
(1812 et seq.) Dict. v. 25. p. 195—R. Brown (1814) Gen.
rem. p. 27 —Kunth (1820).
4% Franserta. = Xanthii sp. Lin. fil. — Juss.— Ambrosiæ sp.
Lam. — Franseria. Cavan. (1795) — Wilid.— Pers. — H. Cass.
Dict. v. 17.p. 364.
5.* AmprosiA.— Ambrosia. Tourn. (1694) DR —
Gærtn.— Kunth — H. Cass. Dict. v. 25. p. 203.
XI. Tribu. Les ANTaéminéEs (Anthemideæ).
An? Matricariæ deindè Achilleæ. Jussieu (1789 et 1806) —
Chrysanthemorum pars major. H. Cassini (1812) — Chrysanthe-
morum sectio prima, propriè dicta Chrysanthema. H. Cass. (18153)
— Anthemideæ. H. Cass. (18:14 et seq.) — Kunth (1820).
(Voyez les caractères de la tribu des Anthémidées, tome XX,
page 372.)
Première Section.
ANTHÉMIDÉES-CHRYSANTHÉMÉES (Anthemideæ-Chrysanthemeæ).
Caractère : Clinanthe privé de squamelles.
MAR 1797
I. Calathide non radiée; fruits inaigrettés, point
obcomprimés.
_
1.* Ortcosrorus. — Abrotani sp. Tourn. (1694. malè.) —
P Neck. — Artemisiæ sp. Vaill. — Lin. — Adans. — Juss. —
Mœnch — Oligosporus. H. Cass. Bull. févr. 1817. p. 33.
2. * ArTEMISIA. — Artemisia. Tourn. (1694) — Gærtn. —
H. Cass. Dict. v. 22. p. 39. — Artemisiæ sp, Vaill. — Lin.—
Adans. —- Juss. — Neck. — Mœnch.
3.* Agsinraium. — Absinthü sp. Tourn. (1694) — Vaill —
Artemisiæ sp. Lin. — Juss. — Neck.— Absinthium. Adans. (1763)
— Gærtn. — Mœnch. —
4.* HumEa. — Humea. Smith (1804) — Aiton — Desf. —
H. Cass. Dict. v. 22. p. 38. — Calomeria. Venten. (1804) —
Agathomeris. Delaunay — Oxiphæria.
IT. Cotulées. Calathide non radiée; fruits inaïgrettés, obcom-
primés.
5.* Sozivæa. = Hippiæ sp. Lin. fl. — Brotero — Soliya.
Ruiz et Pav. (1794) — R. Brown (1817) Obs. comp. p. 101.
Journ. de phys. v. 86. p. 404. — Kunth (1820) — Ranunculi
de Poir. — Gymnostyles. Juss. (1804) — H. Cass. Dict. v. 20.
p. 152. — Soliva el Gymnostyles. Pers.
6.* Hiprra. = Tanaceti sp. Lin. (1737) — Eriocephali sp. Lin
(1767) — Hippia. Lin. (1774) — Gærtn.— H. Cass. Dict. v. 21,
p.173 — Hippiæ sp. Lin. fil.
7.* Leprinerca. — P Hippia. Kunth — Leptinella, H. Cass.
Bull. août 1822, p. 127. Dict. v. 26.
8.* Cenra. = Cotulæ sp. Tourn. — Lin. — Cotula. Vaill.
(1719. ben.) — Cenia. Commers. (ined.) — Juss. (1789) —
Pers. — H, Cass. Dict. v. 7. p. 567 — Lancisiæ sp. Gærtn. —
Lam. — (Non Lancisia, Ponted.) — Lidbeckiæ sp. Wild.
9-* Corura. — Ananthocyclus. Vaill. (1719. benè.) — Dillen
— Lancisia. Ponted. (1719. malè.)— An? Lancisia. Adans.—
Non Lancisia. Gærtn. — Lam.— Pers.— Cotulæ sp. Lin. (1737)
— Willd.— Cofula. Juss. (1789) — Gærtn. — H. Cass. Dict.
V. 11. p. 67. — Baldingeria. Neck.
III. Tanacétées. Calathide non radiée; fruits aigrettés.
10.* Barsamira. = Tanaceli et Absinthii sp. Tourn. — Balsa-
29, 12
176 MAR |
milæ sp. Vaill. (1719)— Tanaceti Chrysanthemi et Cotulæ sp. Lin.
— Tanaceti sp. Adans. — Juss. — Gærtn. — Mæœnch — Co-
tula et Psanacetum. Neck. (1791) — Balsamita, Desf. (17992) —
Willd. — Decand. — Pers.
11. * PenTzia. = Gnaphalii sp. Lin. — Tanaceti sp, Lhérit. —
Pentzia. Thunb. (1800) — Willd. — Aiton — Balsamitæ sp.
Pers.
12.* Tanacerum. — Tanaceli sp, Tourn. — Vaill. — Lin. —
Adans. — Juss. — Gærtn. — Mæœnch — Tanacetum. Neck. —
Desf. — Willd. — Decand. — Pers.
IV. Chrysanthémées vraies. Calathide radiée.
13.* GymNocuine. = Péarmicæ sp. Tourn. — Matricariæ sp.
Vaill. — Achilieæ sp. Lin.— Lam. —Desf. — Pyrethri sp. Gærtn.
— Chrysanthemi sp. Waldst. et Kit. — Chrysanthemi et Achilleæ
sp. Pers. — Gymnocline. H. Cass. Bull. déc. 1816.p. 199. Dict.
V. 20. pe 119.
14.* PYRETARUM. = Chrysanthemi Leucanthemi et Matricariæ
sp. Tourn.— Bellidioidis et Matricariæ sp. Vaill. —Chrysanthemi
sp. Lin. — Pers. — Matricaria. Adans. (1763) —Pyrethrum. Hall.
(1768) — Gærtn. (17991) — Mœnch — Smith — Willd. — De-
cand. — Metricariæ sp. Lam. (1789) — Chrysanthemum et Myco-
nia. Neck.
15.* CanysantTHemuM. — Chrysanthemi et Leucanthemi sp.
Tourn. — Bellidioidis et Matricariæ sp. Vaill. — Chrysanthemi
sp. Lin. (1737) — Pers. — Leucanthemum. Adans. (1763) —
Neck. — Matricariæ sp. Lam. (1789) — Chrysanthemum. Gærtn.
(1791) — Mœnch — Smith — Willd. — Decand. — H. Cass.
Dict. v-0- D. 151.
16.* Marricarra. = Chamæmeli sp. Tourn. — Matricariæ sp.
Vaill. — Lin. — Lam. (1789) — Matricaria. Gærtn. — Smith
(1800. bené.) — Willd. — Decand. — Pers. — Chamonmulla.
Juss. (1806).
17. * Lineecxia. — Lidbeckia. Berg. (1767) — Juss.— H. Cass.
Dict, — Cotulæ sp. Lin. — Lin. fil. — Lancisiæ sp. Gærtn. —
Lam. — Lidbeckiæ sp. Willd. — Lancisia. Pers. — - (Non Lanci-
sia. Ponted.)
MAR 119
Seconde Section. |
ANTHÉMIDÉES-PROTOTYPES (Anthemideæ-Archetypæ).
Caractère : Clinanthe garni de squamelles.
I. Santolinées. Calathide non radiée.
18.* Hymsnoreris. — Santolinæ sp. Lin. (1737) — Tanaceti
sp. Lin. (1763) — Athanasiæ sp. Lin. (1771) — Hymenolepis.
H. Cass. Bull. sept. 1817. p. 138. Dict. v. 22. p. 315.
19.* Araanasia. — Baccharidis sp. Vaiïll, (1719) — Santolinæ
sp. Lin. (1737) —Athanasiæ sp. Lin. (1763) —Athanasia. H. Cass.
Dictas22"p:315;
20. * Loxas.=—=Santolinæ sp.Tourn.— Lin. (1753) — Baccha-
ridis sp. Vaill. (1719) — Athanasiæ et Achilleæ sp. Lin. (1763) —
Lonas. Adans. (1765) — Gærtn. — Mœnch — Juss. (1806) —
Decand. (1815) —H. Cass. Dict.— Athanasiæ sp. Desf.
21. * Dionis. — Gnaphalium. Tourn. (1694) — Adans. —
Gærtn.— Baccharidis sp. Vaill. (1719) — Santolinæ sp. Lin.
(1737) — Lam.—Smith — Willd.— Juss. (1806) — Pers. — Fi-
laginis sp. Lin. (1753) — Athanasiæ sp. Lin. (1763) — Diotis.
Del (1799)— Decand. —H. Cass. Dict. v. 13. p. 2095.
22. * SanroLINA. — Santolina. Tourn. (1694) — Vaill. — Lin.
— Gæritn.
23.* LasrosperMuM. — Sanfolinoidis sp. Vaiïll.— Mich.—San-
tolinæ sp. Pers. — Desf. — Lasiospermum. Lag. (1816) —H. Cass.
Dict. v. 25. p. 304 — (Non Lasiospermum. Fisch.)
24. * Anacvcrus. — Cofula. Tourn. (1694) — Santolinoides.
Vaill. (1719) — Anacyclus. Lin. (1737) — Juss. — Gærtn. —
Pers. (1807) —Decand. FI. fr. v.6. p.480 — Anacyclus et Hior-
thia. Neck. (1791).
IE: Anthémidées - Prototypes vraies. Calathide radiée.
$. Aigrette stéphanoïde.
25. * Anrmemis. — Buphthalmum et Chamæmeli sp. Tourn. —
Chamæmel sp. Vaill. — Ali. — Anthemidis sp. Mich. (1729) —
Lin. — Anthemis. Gærtn. (1791)—Neck. —Moœænch.
$$. Aigrette nulle.
26. CraMÆmELUM. = Chamæmeli sp. Tourn. —Vaill. (1720)
12.
180 MAR
— Adans. — Alli, — Anthemidis sp. Mich. — Lin. — Chamaæ-
melum. Hall. — Gærtn. (1791) — Neck. Mœnch.
27. * Marura. = Chamæmeli sp. Tourn. — Vaill. — Alli. —
Moœnch.— Anthemidis sp. Lin. — Maruta. H. Cass. Bull. nov.
1818. p. 167. Dict.
28.* Onmenis. — Anthemidis sp. Mich. — Lin. — Chamæmeli
sp. AI. — Mœnch — Ormenis. H- Cass. Bull. nov. 1818. p. 167.
29.*CLananraus. = Anthemidis sp. Lin. — Asterisci sp. Shaw
— Cladanthus. H. Cass. Bull. déc. 1816. p. 199. Dict. vw. 9.
p- 342. atl. cah. 5. pl. o.
30. *? Enrocernarus. — Eriocephalus. Dill. (1732). (non
Vaill.)— Lin. (1757) — Gærtn.— H. Cass. Dict. v. 15. p. 188.
31.* AcuicreA. = Millefolium et Pfarmica. Tourn.— Achillea.
-Vaill. (1720. benè.) — Lin. — Müillefolium. Adans.— Achillea
et Ptarmica. Neck. \
32. * Osmrrorsis. —= Osmitis sp. Lin. — Osmitis posterior sp.
Gærtn. (1991)— Osmitopsis. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. 154.
$$$. Aigrette composée de squamellules.
33. + Osmires. — Osmitis et Anthemidis sp. Lin. — Osmitis prior
sp. Gærtn. (1791) —Osmites. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. 154.
34. +2? Lerinopaorum. = Chrysanthemi sp. Tourn.— Anthe-
mis repanda. Lin. Sp. pl. edit. 3. p. 1262 — Lepidophorum.
Neck. (1791).
35. * Srxenocyns. — Chamæmeli Asteris et Chrysanthemi sp.
J. Burm.— Arctotidis sp. Lin.— Wiild.— Pers. — Ursiniæ ? sp.
Gærtn. (1791)— Sphenogyne. R. Brown (1813) — Aiton —
Oligærion. H. Cass. Dict. v. 2. suppl. p. 75.
36. + Unrsinra. = Arclotidis sp. Lin. — Pers. — Ursinia.
Gærtn. (1791). |
L'histoire assez compliquée de la tribu des ambrosiées se
trouve indiquée, sous la forme d’une synonymie, au com-
mencement du tableau de cette tribu; et elle a été développée,
sous une autre forme, dans notre article Lampourpe (t. XXV,
pag. 200). Bornons-nous donc ici à rappeler qu'Adanson est
le véritable fondateur de ce petit groupe naturel si contro-
versé, mais que nos propres observations ont considérable.
ment changé ses caractères, sa composition, et sa situation
dans la série générale des synanthérées.
MAR 181
Notre première section, celle des ivées, a la plus grande
affinité avec les hélianthées-millériées, qui la précédent immé-
diatement. Il est même assez vraisemblable que le clibadium,
lorsqu'il sera mieux connu , pourra être attribué préférable-
ment aux millériées.
La section des ambrosiées-prototypes, qui rl exac-
tement aux ambrosies d'Adanson, s'allie fort bien, surtout
par l'intermédiaire du genre Ambrosia, avec les anthémidées
qui la suivent.
M. de Jussieu n'ayant jamais indiqué les caractères ni la com-
position du groupe proposé par lui sous le titre de matricaires
ou d’achillées, il est impossible de savoirsi ce groupe, entrevu
seulement avec doute par l’illustre botaniste, correspond plus
ou moinsexactement à notre tribu desanthémidées. Cependant,
puisque M. Kunth n’a pas voulu convenir que nous étions l’au-
teur de la tribu des eupatoriées, on pourroit s'étonner qu'il ait
semblé reconnoître nos droits sur celle des anthémidées; mais
cette différence s'explique parce que ce botaniste croit la tribu
des eupatoriées beaucoup meilleure que celle des anthémi-
dées, qui, selon lui, est fort douteuse et à peine distincte des
hélianthées. Cette opinion de M. Kunth sur les anthémidées
doit être attribuée, comme plusieurs autres idées de ce bota-
niste, à ce qu’il n’a soigneusement étudié que les synanthérées
de l'Amérique équinoxiale : s’il avoit examiné avec le même
soin celles d'Europe, d'Asie et d'Afrique, il auroit reconnu
que la tribu en question étoit fort solidement établie, et peut-
être qu’alorsil se seroit dispensé de nous citer comme auteur
de ce groupe naturel. (Voyez Nova Genera et Species plantarum,
tom. IV, pag. 299, edit. in-4° ; et Journal de Physique de juil-
let 1819, pag. 22.)
Notre tribu des anthémidées nous a paru pouvoir se diviser
assez naturellement en deux sections, distinguées par l'absence
ou la présence des squamelles sur le clinanthe. Quoique ce
caractère étranger à la fleur proprement dite, ait par con-
séquent peu d'importance dans la classification naturelle, il
peut néanmoins être employé quelquefois pour des divisions
secondaires, surtout dans un groupe tel que celui des anthé-
midées, où tous les genres sont liés entre eux par une affinité
si étroite, qu'il faudroit, s'il étoit possible, les agglomérer
162 MAR
tous autour d’un seul point, que leur disposition en série :
pourroit, sans beaucoup d’inconvéniens, être faite presque
au hasard, et que toutes les coupes qu’on peut y établir sont
plus ou moins arbitraires. Nous avouons franchement que la
commodité de la distinction dont il s’agit est le principal
motif qui nous l’a fait préférer. Remarquons cependant que
ie caractère surlequel elle est fondée n’est point aussi infaillible
que le croient les botanistes systématiques. L’anthemis grandi-
flora de Ramatuelle n’est peut-être qu’une variété du chrysan-
themum indicum de Linnæus, et les squamelles qui existent
sur son clinanthe sont une monstruosité produite par la cul-
ture. M. Persoon avoit énoncé cette opinion , dans son Synopsis
plantarum (pars 2, pag. 461); et nous l’avons professé d’après
lui, dans ce Dictionnaire (tom. IX, pag. 152), en nous fon-
dant sur ce que nous avions observé cette sorte de monstruo-
sité chez un grand nombre de synanthérées de tout genre. Le
pyrethrum grandiflorum de Willdenow, par exemple, cultivé
au Jardin du Roi, nous avoit offert son clinanthe quelquefois
irrégulièrement squamellé en certaines parties. Nous avions
souvent trouvé quelques squamelles éparses entre le péricline
et les fleurs extérieures du disque, chez les chrysanthemum
myconis et matricaria parthenium. Nous avons remarqué que,
d'ans l’artemisia violacea, Desf., quelques fleurs femelles sont
interposées entre les deux rangs de squames formant le péri-
cline, en sorte que les squames intérieures pourroient être
considérées comme des squamelles. L’hymenolepis a le clinanthe
tantôt nu, tantôt squamellifère. Le clinanthe du maruta est
nu sur une partie et squamellé sur l’autre. L’eriocephalus
africanus , que nous avons observé, a, sans aucun doute, le
clinanthe garni de squamelles ; et pourtant, si l'observation
de Gærtner est exacte, l'eriocephalus racemosus ne porteroit
que des fimbrilles. Il est vrai que cette seconde espèce doit
probabiement former un genre distinct; mais, dans la classiti-
cation naturelle, il faudroit nécessairement laïsser ce nouveau
genre immédiatement auprès de l’eriocephalus, malgré la diffé-
rence des appendices du clinanthe. Gardez-vous de croire
qu’il seroit plus commode et plus naturel de séparer les cli-
nanthes fimbrillés des clinanthes nus, et de les réunir aux
clinanthes squamellés. Pour repousser cette idée, il nous
MAR 183
sufhit de dire que l’on trouve des fimbrilles sur les clinanthes
de lPabsinthium, du solivæa, du pentzia , du lidbeckia, et que
ces genres ont évidemment trop d’aflinité avec des genres à
clinanthe nu , pour qu'il soit possible de les en éloigner
sans violer Les rapports naturels les mieux établis. Les bota-
nistes devroient bien enfin renoncer à la prétention chimé-
rique de trouver des caracteres infaillibles ou exempts d’excep-
tions. Nous osons affirmer qu’il n’en existe point , et que ceux
qu’on croit posséder perdront, comme les autres, leur infailli-
bilité, lorsqu’au lieu de jeter sur eux un coup d’œil général et
superficiel, on les observera scrupuleusement, minutieuse-
ment, dans tous les cas particuliers. Ne cessons pas de répéter
jusqu'a satiété que tous les groupes naturels, de quelque
degré qu’ils soient, ne peuvent être réellement fondés que
sur l’ensemble des affinités, et qu’il est impossible d’expri-
mer exactement cet ensemble par ce qu’on appelle des carac-
tères. IL est pourtant indispensable d’attribuer des caractères
à chaque groupe : mais, dans l’énonciation de ces caracteres,
le mot ordinairement doit toujours être exprimé ou sous-en-
tendu. Les caractères d’un groupe naturel ne sont donc que
des caractères ordinaires, des caractères centraux, des caractéres
Lypiques , c'est-a-dire, des caractères qui existent dans le plus
grand nombre des plantes composant ce groupe, et surtout
dans celles qui occupent le centre du groupe ou qui en offrent
le véritable type. ù
Les subdivisions que nous avons admises dans les deux sec-
tions de la tribu des anthémidées, sont caractérisées 1.° par la
calathide non radiée ou radiée, 2.° par l'absence ou la présence
de lPaigrette, 3.° par la forme du fruit. Ces trois sortes de
caractères sont encore moins exacts, moins infaillibles, plus
sujets a exceptions que l'absence ou la présence des squa-
melles, qui caractérise nos deux sections : mais on vient de
voir que nous attachons peu d'importance à ces exceptions,
et qu'elles ne nous font jamais rejeter le caractère qui les
subit, lorsque ce caractère nous paroïit exprimer un trait de
la constitution propre au type du groupe que nous voulons
caractériser.
Les artémisiées sont placées au commencement de la série,
a cause de leur grande affinité avec les ambrosiées; et notre
184 MAR
genre Oligosporus est en première ligne, parce qu'il n’a,
comme les ambrosiées, que des fleurs unisexuelles. Il est suivi
de l’artemisia, qui n’en diffère que par le disque androgyni-
flore, et de l’absinthium qui diffère de l’artemisia par le cli-
nanthe fimbrillé. L’humea, distinct des trois précédens par sa
calathide incouronnée, termine ce petit groupe de quatre
genres.
Les cotulées ont de l’affinité avec les ambrosiées, et elles
suivent les artémisiées, dontelles différent principalement par
la forme du fruit. Les genres Solivæa (1), Hippia, Leptinella
ont le disque masculiflore , comme l’oligosporus. Le solivæa a
ses fleurs femelles privées de corolle, comme les ambrosiées-
prototypes, et le clinanthe fimbrillé, comme l’absinthium. L’hip-
pia, dontlesfleurs femelles ont une corolle tubuleuse confondue
par sa base avec le sommet de l’ovaire, tient ainsi le milieu
entre le solivæa et le leptinella. Celui-ci a la corolle des fleurs
femelles articulée sur l'ovaire et ligulée; il paroït qu’une espèce
de ce genre a les calathides unisexelles, commeles ambrosiées-
prototypes, et qu’une autre a les corolles femelles biligulées,
comme le cenia. Le cenia et le cotula ont le disque androgyni-
flore : le premier de ces deux genres confine au leptinella par
sa couronne biliguliflore courtement radiante ; le second, qui
ressemble au solivæa par ses fleurs femelles à corolle nulle ou
presque nulle, se rapproche des tanacétées par la forme des
fruits du disque. M. Kunth a écrit que les genres Hippia et
Soliyæa seroient peut-être mieux placés dans la tribu des hé-
lianthées que dans celie des anthémidées (Nov. Gen. et Spee.
pl., t. IV, pag. 301, edit. in-4.°). Nous croyons inutile de réfuter
cette opinion, qui trouvera sans doute peu de partisans.
Les tanacétées se composent seulement de trois genres, à
calathide incouronnée dans les deux premiers, discoïde dans le
troisième. Le balsamita, dont l’aigrette est courte ou dimidiée,
Ÿ
rarement nulle, a les calathides tantôt solitaires comme le co- .
tula, tantôt corymbées comme les penézia et fanacelum. Le
pentzia ne se distingue du balsamita que par son aigrette fort
(1) Soziva étant un nom d'homme, nepeut régulièrement devenir un
nom de plante, sans que sa terminaison soit modifiée : c’est pourquoi
nous nonymons Soxivæa le genre nommé Soziva par les autres botanistes.
MAR 185
‘haute et en forme d’étui. Le fanacetum diffère de l’un et de
l’autre par la présence d’une couronne féminiflore.
Les chrysanthémées vraies, caractérisées par la calathide
radiée, comprennent d’abord le gymnoline et le pyrethrum
qui ont une aigrette comme les tanacétées, et qui se distinguent
l’un de l’autre par a radiation, courte dans le premier, longue
dans le second. Les trois autres genres, qui n’ont point d’ai-
grétte, sont le chrysanthemum à clinanthe nu, convexe, Île
matricaria à clinanthe nu, cylindracé-conique, et le lidbeckia
à clinanthe fimbrillifére, |
Notre seconde section, intitulée Anthémidées-Prototypes
et caractérisée par le clinanthe garni de squamelles, se divise
en deux groupes, selon que la calathide n’est point radiée ou
qu’elle est radiée.
Le groupe des santolinées offre d’abord l’hymenolepis, qui a
de l’affinité avec la première section, puisque son clinanthe
est quelquefois nu ; sa calathide est incouronnée, comme dans
les quatre genres suivans, dontil se distingue par son aigrette
composée de squamellules paléiformes. L’aigrette de l’athanasia
est composée de squamellules ostéomorphes; celle du lonas est
stéphanoïde. Le diotis et le santolina sont privés d’aigrette , et
ne se distinguent l’un de l’autre que parce que la base de la
corolle du diotis se prolonge inférieurement, en formant d’a-
bord un anneau qui emboîte le sommet de l'ovaire, puis deux
queues qui rampentsur ses deux côtés opposés jusqu’au milieu
de sa hauteur, et qui contractent quelque adhérence avec lui.
Le lasiospermum et l’anacyclus ont la calathide discoïde ; mais
le premier se distingue par ses fruits hérissés de poils; le se-
cond, dont la calathide est quelquefois radiée, se trouve ainsi
convenablement placé tout auprès du groupe suivant.
Les anthémidées-prototypes vraies, c’est-a-dire a calathide
radiée, présentent douze genres, distribués en trois subdivi-
sions. La première, caractérisée par l’aigrette stéphanoïde,
comprend le seul genre Anthemis, qui doit nécessairement
suivre l’anacyclus. La seconde, caractérisée par l’aigrette nulle,
est composée de sept genres. Le chamæmelum ne differe de l’an-
fhemis que par l’absence de l’aigrette. Le maruba diffère du cha-
mæmelum par sacouronne quiestneutriflore,et parsonclinanthe
dont la partie inférieure est privée de squamelles. L'ormentis
186 MAR
diffère des précédens par ses squamelles enveloppant com-
plétement les ovaires, par la base des corolles du disque pro-
longée en un appendice sur ces mêmes ovaires, par les corolles
de la couronne continues à l’ovaire qui les porte. Le cladan-
thus, ayant la base de sa corolle prolongée en un appendice
sur l'ovaire, et le clinanthe garni de squamelles et de fim-
brilles, semble assez bien rangé entre l’ormenis et l’eriocephalus,
Ce dernier genre seroit peut-être mieux placé entre l’hippia
et le cenia, parmi les cotulées, avec lesquelles il a des rapports
incontestables; et nous n’hésiterions point à préférer cet arran-
gement, s’il nous étoit bien démontré que le clinanthe de
leriocephalus racemosus ne porte point de squamelles, comme
celui de l’eriocephalus africanus , maïs seulement des fimbrilles :
quant à présent, nous croyons devoir placer avec doute le
genre en question entre le cladanthus, dont le clinanthe porte
tout à la fois des squamelles et des fimbrilles, et l’achillea, qui
a de l’analogie avec l’eriocephalus par la forme de ses fruits,
ainsi que par la forme et le petit nombre des corolles de sa
couronne. L’osmitopsis termine cette seconde subdivision, afin
de se trouver auprés de l’osmites qui commence la troisième.
Celle-ci, caractérisée par l’aigrette composée de squamellules,
offre en premier lieu l’osmites, dont l’aigrette est formée de
plusieurs squamelluies paléiformes, trés-courtes. Vient ensuite
le lepidophorum , à aigrette de quatre squameltules paléiformes,
dont deux se terminent en soies; mais ce genre, que Necker,
son auteur, n'a probablement jamais vu, et qu'il n’auroit
fondé que sur une note de Linnæus, est problématique pour
nous , qui ne le connoissons que par cette note, et il nappar-
tient peut-être pas à la tribu des anthémidées, dans laquelle
pourtant nous l’admettons provisoirement et avec doute. Le
sphenogyne a l’aigrette composée de cinq squamellules paléi-
formes trés-grandes; et celle de l’ursinia présente en outre
cinq squamellules filiformes , plus courtes, situées en dedans
des squamellules paléiformes. Ce dernier genre termine trés-
convenablement la série des anthémidées , parce qu'il a une
affinité manifeste avec les leysera et relhania, placés au com-
mencement de la série des inulées. Les ursinia et sphenogyne,
attribués par la plupart des botanistes au genre Arctolis, qui
n’est pas de la même tribu naturelle, offrent ainsi un exemple
MAR 187
notable des erreurs graves auxquelles on s'expose lorsque, né-
gligeant l'étude des organes floraux des synanthérées, et surtout
celle du style, on se borne à considérer les caractères tech-
niques communément employés. Le genre Sphenogynese trouve
inscrit, sousle nom d'oligærion , dans la liste qui termine notre
article AntTrémipées (tom. II, Suppl., pag. 75), parce que, à
l’époque où nous avons rédigé cet article , nous ignorions que
M. Brown avoit fait et publié avant nous ce même genre, sous
le nom de sphenogyne. Mais, presque aus$itôt aprés la publica-
tion de l’article dont il s’agit, nous avons appris que M. Brown
nous avoit devancé; et c'est pourquoi nous n’avons point dé-
crit, dans le Bulletin des Sciences, les caractères de ce genre
Oligærion, dont nous avions soigneusement étudié plusieurs
espèces. Nous le décrirons, dans ce Dictionnaire, sous le titre
de sphenogyne.
Depuis l'oligosporus, qui commence la série des anthémidées,
jusqu’à l’ursinia, qui la termine, on peut remarquer une pro-
gression croissante, presque continue et assez bien graduée,
dans le nombre , la grandeur et la coloration des parties de la
fleur et de la calathide. La sérié suivant laquelle nous avons
disposé les genres de la tribu des lactucées, présente une pro-
gression à peu prés analogue à celle-ci. (Voyez tom. XXV;
pag. 85.)
Le lecteur trouvera tousles éclaircissemens qu'il peut désirer
sur nos tableaux méthodiques des genres. à la suite du tableau
des inulées (tom. XXIII, pag. 560), de celui des lactucées
(tom. XXV, pag. 59), et de ceux des adénostylées et des eu-
patoriées, insérés dans notre article Liarrinées. (H..Cass.)
MARQUETTE. (Malacoz.) M. Bose (Dict. de Déterv.) dit que
l’on donne ce nom aux sèches HÉROS a faire des amorces.
(DEB)
MARQUIAAS. (Bot.) A Surinam , au rapport de Sibylle
Merian, on nomme ainsi une grenadille, passiflora laurifolia. (J.)
MARQUISE. (Bot.) Variété de poire pyramidale, assez grosse,
d’un vert jaunâtre, tachetée de gris, à chair fondante et su-
crée, mürissant en novembre et décembre. (L. D.)
MARRON (Ichthyol.), un des noms vulgaires du petit casta-
gueau , poisson que nous avons décrit dans ce Dictionnaire "
tom.IX , pag. 147. (H. C.)
188 MAR
MARRON. (Mamm.) Ce nom est donné dans les colonies
aux animaux domestiques qui se sont échappés des habita-
tions, et qui sont redevenus sauvages. (Desu.)
MARRON D'INDE (Conchyl.), nom marchand de la chame
arcinelle, chama arcinella. Linn. et Gmel. (DeB.)
MARRON ÉPINEUX. (Conchyl.) Espèce de chame , chame
arcinella, Linn. et Gmel. (DE B.)
MARRON NOIR (Bot), Paul., Trait., 2, pag. 202, pl. 92,
üg. 5,6. Espèce d’agüric de la famille des calottins de terre ou
des bois de Paulet, qui a le port du champignon de couche.
Il est de couleur de marron foncé en dessus : ses feuillets, d’a-
bord roux, deviennent ensuite noirs; ils sont entremélés de
demi-feuillets; son chapeau se fend communément sur les
bords. Sa chair est blanche et ferme.
Ce champignon peut être mangé sans risque, Il a l'odeur et
la saveur d’un champignon ordinaire.
Le MARRON A TIGE TIGRÉE, A FEUILLETS BLANCS, de Paulet,
est un grand agarie mentionné par Rai et par Dillenius, due
le chapeau est de couleur de marron, muni en dessous de
feuillets blancs, et porté sur un ee tacheté de ces deux
couleurs. (LEm.)
MARRON POURPRE (Conch1.), nom sous lequel les mar-
chands de coquilles désignent le murex ricinus de Linnæus,
Gmel., type du genre Ricinule de M. de Lamarck.(De B.)
MARRON ROTI (Conchyl.), nom vulgaire d’une espèce
de sabot. ( Drsm. )
MARRONIER. ( Bot.) Synonyme de chàtaignier. (LEm.)
MARRONIER (Bot.), Æseulus, Linn. Genre de plantes
dicotylédones, de la famille des acéridées, Juss., et de l’hep-
tandrie monogynie, Linn., qui présente les caractères suivans :
Calice monophylle, à cinq dents; corolle de cinq pétales iné-
gaux, ondulés et ciliés en leurs bords, rétrécis en onglet à
leurs bases; sept étamines à filamens subulés, inégaux, attachés
sous l’ovaire, terminés par des antheres ovales; un ovaire
supère, arrondi, placé sur un disque, et surmonté d’un style
subulé, terminé par un stigmate simple; une capsule coriace,
2lobuleuse, hérissée de pointes, s'ouvrant en trois valves, et
divisée eu trois loges devant contenir chacune deux graines;
mais une partie d’entre elles avortent le plus souvent, et, au
MAR 169
lieu de six par fruit, ilnes’en développe ordinairement qu'une
à deux, où au plus trois: ces graines sont grosses, glabres,
luisaates, arrondies ou diversement anguleuses selon l’espace
qu’elles occupent dans la capsule
Les marroniers sont des arbres à feuilles opposées, digitées,
et à fleurs disposées en grappes pyramidales et terminales,
d'un bel aspect. On en connoïit trois espèces.
Marnonier D'INDE: Æseulus hippocastanum, Linn., Spec., 488;
Hipposcatanum, Linn.Spec., 488; Hipposcatanum vulgare,Tourn.,
Inst. , 612 ;Duham.,nouv. éd., vol.2,p.54,t.13et14.C'estun
très-grand arbre qui s'élève à soixante et quatre-vingts pieds de
hauteur, sur un tronc de huit à douze pieds de circonférence,
revêtu d’une écorce brunäâtre crevassée. Ses feuilles sont trés-
grandes, longuement pétiolées, composées de cinq àsept folioles
ovales, oblongues, inégales, dentées, disposées comme les rayons
d’un parasol. Ses fleurs sont blanches, panachées de rouge,
assez grandes, nombreuses, disposées sur des pédicules ra-
meux, en une grappe pyramidale redressée et d’un superbe
aspect. Le fruit est une grosse capsule globuleuse, hérissée
de poinies, et ne contenant le plus souvent qu'une à deux
grosses graines du volume et de la forme d’une belle chà-
faigne, mais d'une saveur amère et désagréable. Cette espèce
fleurit à la fin d'avril ou au commencement de mai,
Ce bel arbre, qui n'a pas été connu des anciens, est ori-
ginaire des pays tempérés de l’Asie, d’où il a passé d’abord à
Constantinople, on ne sait à quelle époque, ensuite en Alle-
magne vers 1576, en France au commencement du siécle
suivant, en 1615, et seulement en 1635 en Angleterre. Peu
difficie sur la nature du sol, susceptible de supporter des
froids rigoureux sans en souffrir, le marronier fut bientôt accli-
maté partout où l’on voulut le planter; aussi, dès qu’il fut
connu de tous les amateurs, il se répandit promptement dans
tous les jardins, dans tous les parcs; on lui donna la préférence
pour en faire des avenues, pour en orner les places publiques.
Effectivement aucun des arbres alors connusen Europe ne pou-
voit être comparé au marronier pour la beauté de sesfleurs, et
il le disputoit à plusieurs par l’élégance de son feuillage.
Non seulement le marronier a eu une grande vogue comme
arbre d’ornement; mais encore on s’est efforcé de le faire
190 MAR
valoir davantage en cherchant en lui des propriétés utiles.
Un apothicaire vénitien, nommé Zanichelli, crut avoir trouvé
dans son écorce un puissant fébrifuge, égal au quinquina, et
le premier ille préconisa sous ce rapport. Depuis Zanichelli,
beaucoup de personnes ont aussi fait l’éloge de l'écorce du
marronier pour la guérison des fièvres intermittentes, et ils
ont publié les succès qu'ils disoient en avoir obtenus; mais les
partisans de cette écorce indigène ont souvent été cite
par d’autres praticiens qui ont prétendu que dans les essais
qu’ils ävoient faits de ce nouveau médicament, ils étoient
loin d’avoir constamment obtenu les résultats avantageux an-
noncés par les premiers. Enfin il ÿ a quelquesannées, lorsque.
la guerre maritime avoit élevé si haut le prix des médica-
mens exotiques, les expériences sur l’écorce du marronier
furent reprises dans plusieurs hôpitaux de Paris et de France,
et même dans la pratique particulière de beaucoup de méde-
cins ; il est résuité de ces expériences nombreuses faites avec
soin que l'écorce de marronier ne possède pas comme fébri-
fuge des propriétés supérieures à celles de plusieurs autres
amères indigènes, telles que la petite centaurée, la gentiane,
la camomille.
Les succès que quelques auteurs ont prétendu avoir obte-
nus de l’écorce de marronier dans plusieurs autres maladies,
telles que la fièvre lente, la pleurésie, la péripneumonie, la.
blénorrhée, l’épilepsie, sont encore bien moins constatés que
son efficacité dansles fièvres intermittentes. Cette écorce peut
d’ailleurs se donner en substance et en poudre, depuis un
à deux gros jusqu’à une once; en décoction, on en fait entrer
une à deux onces par pinte d’eau; on en a aussi préparé un
extrait et un vin. C’est avec l’écorce des jeunes rameaux
qu’on doit faire toutes ces préparations.
Les bêtes fauves, les vaches, les chèvres et les moutons
mangent les marrons d’ Inde et paroissent les rechercher. Ce-
pendant on ne doit les donner aux animaux domestiques
qu’en petite quantité, coupés par morceaux et mélangés aux
fourrages ordinaires. On assure qu’ils empêchent de pondre
les poules qu’on en nourrit.
Par le moyen de préparations convenables , on enlève à ces
fruits la grande amertume qui leur est propre, et on en re-
MAR so
tire une fécule dont on peut faire du pain ; mais les procédés
diMieiles et compliqués que cela exige ne sont pas de nature
a être jamais adoptés dans l’économie domestique; les frais
excédent le produit.
On a essayé de faire avec les marrons d'Inde une sorte de
savon; mais sa mauvaise qualité y a fait renoncer. Une autre
préparation qui fut très-vantée dans le temps où elle parut,
fut celle des bougies de marrons d'Inde, mais Parmentier a
prouvé qu’elles n’étoient autre chose que du suif de mouton
bien épuré, et rendu solide par l’action de la substance amère
et astrictive de ce fruit qui, loin d’en augmenter la masse,
opéroit sur elle un déchet de plus de moitié, et le prix auquel
ces prétendues bougies de marrons revenoient, les a bientôt
fait abandonner.
On a ercore fait d’autres spéculationssur les marrons d'Inde;
on a cru qu'en les faisant fermenter , et en les distillant ensuite,
on pourroit en retirer de l’alcoo!; mais les essais faits pour
retirer ce nouveau produit ont été encore plus infructueux
que tous les autres.
Le bois du marronier est blanc, tendre, filandreux et de
mauvaise qualité. Débité en planches, il se tourmente beau-
coup et ne peut servir qu’à faire des tablettes et autres ob-
jets de peu de valeur; cependantiln’est pas susceptible d’être
attaqué par les vers, ce qui mérite quelque considération, Il
prend bien d’ailleurs la couleur noire, et peut recevoir en
cet état un assez beau poli, ce qui le fait employer pour de
petits objets qui paroiïssent imiter l’ébène et qui se vendent
à bon marché au peuple. Comme bois de chauffage, il donne
peu de flamme, peu de chaleur et peu de charbon. Sous tous les
rapports où le marronier peut être envisagé, c’est done moins
par son utilité que par sa beauté que cet arbre peut être re-
commandable.
On multiplie facilement le marronier par ses graines qu’on
sème enpépiniére, à la distance de huit ou dix pouces, et qu’on
transplante à la fin de la première ou de la deuxième année,
en plaçant chaque pied à vingt-quatre ou trente pouces les
uns des autres. Pendant que ces jeunes arbres sont en pépi-
nière, ils n’ont besoin que de quelques binages,et d'être dé-
barrasés des mauvaises herbes. Quand ils auront acquis six à
192 MAR
sept pieds de hauteur, ils n'exigeront plus aucun soin. C'est
alors et jusqu'a ce qu’ils aient douze à quinze pieds de hau-
teur qu'ils sont bons à mettre en place. En les transplan-
tant on peut raccourcir les branches de la tête si elles sont
trop nombreuses; mais si on le destine à faire des avenues,
ou qu'on désire le voir s'élever le plus haut possible, il ne
faut jamais couper le bourgeon terminal, d’où dépendent
la beauté et le prompt accroissement de cet arbre. On peut
d’ailleurs en faire des palissades, dès rideaux de verdure, des
berceaux, qu’on taille tous les hivers. Cet arbre réussit dans
tous les terrains, et dans toutes les situations, pourvu qu’il y
trouve une humidité suflisante.
MarRONIER BUBICON ; Æsculus rubicunda, Lois., Herb. Amat.,
n.ett. 357. Cette espèce différe de la précédente, parce que
les folioles de ses feuilles sont nues à leur base et non char-
gées d’un duvet roussätre; parce que le calice est plus grand,
à dents moins inégales; parce que les pétales sont d’un rouge
clair; parce que les filamens des étamines sont rapprochées
en faisceau contre le style ou très-peu divergens; enfin parce
les fleurs ne sont portées que trois à quatre les unes prés des
autres sur le même pédoncule, etnon pas six à neuf ensemble.
Cette espèce ,ou au moins cette variété remarquable, fleurit
quinze jours plus tard que le marronier ordinaire. Nous l’avons
vue chez M. Cels et chez M. Noisette quila cultivent depuis six
ans, et qui l'ont reçue d’Aliemagne. Elle forme un arbre qui
pousse avec beaucoup de vigueur, et qui paroît devoir s'élever
autant que l'espèce commune; jusqu'à présent on ne la mul-
tiplie qu’en la greffantsur cette dernière. Entremélée avec elle,
dans les avenues, ses belles fleurs rouges trancheront agréable-
ment avec la couleur blanche de celle-ci.
MarRoNIER DE L'Om0; Æseulus ohiensis, Mich., Arb. Amer., 3,
p. 242. Cet arbre ne s’éléve ordinairement qu'à dix ou vingt
pieds ; mais quelquefois il peut atteindre jusqu’à trente et
irenté-cinq pieds. Ses feuilles sont digitées, composées de
cinq folioles inégales, ovales, acuminées, et irréguliérement
dentées en leurs bords; ses fleurs sont blanches, très-nom-
breuses et réunies en grappes ; ses fruits sont trois à quatre
fois plus petits que ceux du marronier ordinaire; cette espèce
croît natugellement dans les Etats-Unis d'Amérique, et parti-
MAR 195
culiérement sur les bords de l'Ohio. On la cultive en France
depuis quelques années. Son bois est blanc, tendre, et n’offre
aucun degré d'utilité. Ce n'est que par la beauté de ses fleurs
que cet arbre peut nous offrir de l'intérêt, en contribuant à
l’embellissement de nos jardins. Comme il est encore rare,
on ne le multiplie jusqu’à présent qu’en le greffant sur le
marronier ordinaire. (L. D.)
MARRONIERS A FLEURS ROUGES. ( Bot.) Voyez PaviA.
{Lew.)
MARRONS. (Bot.) On donne communément ce nom aux
fruits du châtaignier cultivé. (L. D.)
MARRUBE (Bot.),Marrubium. Linn. Genre de plantes dico-
tylédones, de la famille des labiées, Juss. et de la didynamie
gymnospermie, Linn., dont les caractères essentiels sont d’a-
voir un calice monophylle, cylindrique, à dix stries et à cinq
ou dix dents ; une corolle monopétale, à limbe partagé en
deux lèvres, dont la supérieure étroite, bifide, et l’inférieure
à trois lobes ; dont le moyen plus grand et échancré; quatre
étamines didynames, plus courtes que la corolle et placées sous
la lèvre supérieure: un ovaire supère, à quatre lobes, sur-
monté d’unstyle filiforme, de la longueur des étamines, et ter-
miné par un stigmate bifide; fruit composé de quatre graines
nues, situées au fond du calice persistant, dont l’entrée est
alors presque fermée par des poils.
Les marrubes sont des plantes herbacées , vivaces, à feuilles
simples, opposées, et à fleurs disposées par verticilles axil-
laires, accompagnés de bractées. On en connoît aujourd’hui
une trentaine d’espèces, dont le tiers se trouve en Europe.
Leurs tiges et leurs feuilles répandent une odeur aromatique,
quelquefois trés-forte et presque fétide.
* Calices à cinq dents.
MarrUSE ALYSsE : Marrubium alysson , Linn., Spec., 815; Mar-
rubium album, foliis profundè incisis, flore cœruleo, Moris.,
Hist., 3, p. 397, s. 11,1. 10, f. 12. Ses tiges sont droites,
quadrangulaires, rameuses inférieurement, hautes de huit
pouces à un pied , revêtues, ainsi que les feuilles et les calices ,
d’un duvet blanchâtre. Ses feuilles sont cunéiformes ou arron-
dies, ridées, crénelées en leurs bords et rétrécies en pétiole
194 MAR
à leur base. Les fleurs sont petites, purpurines, sessiles, dis-
posées par verticilles peu garnis et non accompagnés de
bractées. Cette plante croît naturellement en Espagne.
Marauge DE CRÈTE; Marrubium creticum, Lamcek., Dict.Enc., 3,
p- 716. Ses tiges sont droites, quadrangulaires, très-branchues
dans leur partie supérieure, hautes de deux pieds à deux
pieds et demi, couvertes, ainsi que toute la plante; d’un du-
vet court et blanchâtre. Ses feuilles inférieures sont ovales,
assez grandes, pétiolées, dentées; les supérieures sont lan-
céolées et presque sessiles. Ses fleurs sont blanches, disposées
par verticilles axillaires, peu garnis et munis de quelques
bractées subulées, trés-courtes. Cette plante croît naturelle-
ment dans l’île de Candie et en Orient; on la cultive au Jardin
du Roi.
Marauee coucaé: Marrubium supinum, Linn., Spec., 816; Mar-
rubium album hispanicum majus, Barrel., Icon., 686, et Marru-
bium album sericeo parvo el rotundo f6lio, Barrel., L. e., 685. Ses
tiges sont rameuses , couchées, cotonneuses, longues de douze
à dix-huit pouces. Ses feuilles sont arrondies, presque en
cœur à leur base, pétiolées, trés-ridées. Ses fleurs sont blan-
châtres, sessiles, nombreuses à chaque verticille, accompa-
gnées de bractées subulées, velues, de la longueur des calices.
Cette plante croît naturellement en Espagne, en Italie et dans
le midi de la France.
*#*+ Calices à dix dents.
MAñRUBE FAUX-DICTAMNE: Marrubium pseudo-dictamnus, Linn.,
Spec., 817; Pseudo-dictamnum, Dod., Pempt., 281.Sestiges sont à
demi frutescentes, à peine quadrangulaires, hautes d’un pied
et demi à deux pieds, branchues, toutes couvertes, ainsi que
les feuilles et les calices, d’un duvet blanchâtre , trèés-abondant,
et garnies de feuilles en cœur, presque arrondies, pétiolées,
crénelées, très-ridées. Les fleurs sont d’un pourpre clair,
disposées par verticilles rapprochés, accompagnés de bractées
spatulées et velues, plus courtes que les calices qui s'évasent
dans leur partie supérieure en un grand limbe ouvert. Cette
plante est originaire de l'île de Candie; on la cultive dans
les jardins de botanique.
Marruse D'Espaene: Marrubium hispanicum, Linn., Spec., 816;
MAR 194
Marrubium hispanicum rotundifolium, Barrel., Icon., 767. Ses
tiges sont droites, rameuses, hautes de quinze à vingt pouces,
très-velues ainsi que les feuilles et lesautres parties de la plante.
Ses feuilles sont cordiformes, crénelées, pétiolées. Les fleurs
sont blanches, tachées de pourpre, sessiles, nombreuses à
chaque verticille, et accompagnées de bractées étroites lan-
* céolées; les bords de leur calice sont terminés par dix dents
ouvertes en étoile. Cette espèce croît naturellement en Es-
pagne; elle a aussi été trouvée aux environs de Marseille par
M. Poiret.
Marruge commun: vulgairement Marruss pLanc; Marru-
bium vulgare , Linn., Spec., 816 ; Bull., Herb., t. 165. Sa racine
est presque ligneuse, un peu épaisse, divisée en fibres plus
menues; elle produit une ou plusieurs tiges droites, coton-
neuses, rameuses, hautes de douze à dix-huit pouces, et gar-
nies de feuilles ovales arrondies, pétiolées, crénelées, molles
au toucher, ridées en dessus, cotonneuses et blanchâtres en
dessous. Ses fleurs sont blanches, petites, sessiles, ramassées
en grand nombre par verticilles disposés dans les aïsselles
des feuilles supérieures; leur calice est à dix dents subulées
et crochues. Cette espèce est commune sur les bords des che-
mins, dans les lieux incultes et dans les décombres.
Le marrube blanc a une saveur amère, un peu âcre; son
odeur est assez forte, comme légèrement musquée. Il est émi-
nemment tonique et excitant. On l’emploie en médecine dans
l’asthme humide, les catarrhes chroniques, la chlorose, la sup-
pression des règles, les maladies hystériques, la jaunisse, les
engorgemens du foie; on l’a aussi recommandé contre les vers,
les scrophules et les fiévres intermittentes. Les parties de la
plante dont on fait usage sont les sommités fleuries en infu-
sion théiforme. La conserve, l'extrait et le sirop de marrube
sont aujourd’hui des préparations tombées en désuétude. Dans
l’ancien Codex, le marrube blanc est au nombre des subs-
tances qui doivent entrer dans la thériaque. (L. D.)
MARRUBE. ( Bot.) Ce nom appartenant au marrubium des
botanistes, a été aussi donné à des plantes d’autres genres. Le
lycopus europæus est nommé vulgairement marrube aquatique.
Le ballota nigra est un marrube noir; un autre marrube noir
est le stachys hirta; un troisième est [le phlomis herba venti ;
Led
19°
196 MAR
lagripaume , leonurus , est le marrubium cardiaca de Théo-
phraste, suivant C. Bauhin. Lee sideritis montana est nommé
faux marrube. (J.)
MARRUBE AQUATIQUE (Boë.), nom vulgaire du lycope
des marais. (L. D.)
MARRUBIASTRUM. (Bot.) Tournefort avoit fait, sous ce
nom, un genre de plantes labiées que Linnæus a détruit, et
dont il a reporté les espèces dans les genres Siderilis , Stachys
et Leonurus. (J.)
MARRUBIUM. (Bot.) Voyez Marnuge. (LEm.)
MARS (Entom.), nom donné par Geoffroy à un papillon
de jour, qui fait partie maintenant du genre NymPHALE.
(Dssm.)
MARS {Chim.), nom que les alchimistes ont donné au fer.
(Cx)
MARSANA. (Bot.) Ce nom étoit donné par Sonnerat à
l’arbrisseau, connu dans l’île de Traku sous celui de buis de
Chine, etnommé maintenant murraya par Linnæus. C’est aussi
le chalcas japonensis de Loureiro. (J.)
MARSDÈNE, Marsdenia. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apo-
cynées, de la pentandrie DE po de Linnæus, offrant pour carac-
tère essentiel : Un calice à cinq divisions; une corolle urcéolée,
à cinq découpures; cinq écailles simples, trés-entiéres; point
de dent pendante à leur base; cinq étamines; les anthères sur-
montées d’une membrane; un ovaire supérieur, à deux lobes ;
deux styles; deux follicules lisses ; les semences aigrettées.
Marspène OpORANTE : Marsdenia suaveolens , Rob. Brown,
Nov. Holl., 1, pag. 460, etin Wern. Trans., 1, pag. 30; Tran-
sact. Linn., vol. 10, pag. 299, tab. 21, fig. 1 ; Poir., Ill. gen.
Suppl., tab. 933. Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, dont
les tiges sont redressées, ramifiées; les rameaux garnis de
feuilles opposées, presque sessiles, glabres, ovales lancéolées,
obtuses, entières, sans nervures apparentes ; les fleurs rassem-
blées, dans l’aisselle des feuilles, en petites cimes beaucoup
plus courtes que les feuilles; le calice est fort petit; la corolle
ventrue à sa base, barbue à son orifice , à divisions sinuées à
leurs bords, lancéolées, un peu obtuses; Ves stigmates sont mu-
tiques. Dans le marsdenia cinerascens, Brown, L. c., la tige
| MAR 197
est droite; les feuilles sont ovales, un peu obtuses, veinées,
parsemées d’un duvet rare, soutenues par des pétioles longs
d’un demi-pouce ; la corolle est presque en roue.
ManspÈNE VSLOUTÉS : Marsdenia velutina , Rob. Brown, L. e.,
etin Wern. Trans., 1, pag. 29. Cette espèce a des tigesgrim-
pantes, garnies de feuilles ovales, élargies, échancrées en cœur
à leur base,acuminées à leur sommet, molles, tomenteuses; des
fleurs disposées en cime, presque en ombelle ; l’orifice de la
corolle nu. Dans le marsdenia wiridiflora, Brown, L. e., les
tiges sont également grimpantes; les feuilles oblongues, lan-
céolées, presque glabres, obtuses à leur base; le tube de la
corolle un peu velu en dedans. Ces plantes croissent à la Nou-
velle-Hollande.
Mansoène EN Bec : Marsdenia rostrata, Rob. Brown, L. c.,etin
WV'ern. Trans., 1, pag. 31. Cette espèce a des tiges grimpantes,
garnies de feuilles glabres, opposées, ovales acuminées, légère-
ment échancrées en cœur à leur base. Les fleurs sont nom-
breuses, disposées en ombelles ; le limbe de la corolle est
barbu. Cette plante croitsur les côtes de la Nouvelle-Hollande.
{Porn.)
MARSEA. (Bot.) Adanson nomme ainsi le genre Baccharis,
Linn. (Lem.)
MARSEAU ou MARSAULT. (Bot.) C’est le saule marceau.
(L. D.)
MARSEICHE. ( Bot.) C’est l'orge à deux rangs. (I. D.)
MARSEILLOISE (Bot.), nom que l'on donne à une variété
de figue. (L. D.)
MARSELLE. (Bot.) Dans quelques cantons, on donne ce
nom à la viorne commune. (I. D.)
MARSETTE {Bot.), nom vulgaire de la fléole des prés.
(L. D.)
MARSHALLIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à
fleurs composées, de la famille des corymbifères, de la syngé-
nésie polygamie égale de Linnæus, offrant pour caractére essen-
tiel : Des fleurons tous hermaphrodites et fertiles; un calice
composé d’écailles lancéolées, disposées presque sur deux
rangs; des fleurons plus longs que le calice, à cinq découpures
linéaires; cinq étamines syngénèses ; les ovaires alongés ; un
style ; deux stigmates réfléchis; les semences ovales, striées ,
198 MAR
surmontées de cinq paillettes membraneuses; le réceptacle
garni de paillettes de la longueur du calice.
MARSHALLIA A FEUILLES LANCÉOLÉES : Marshallia lanceolata,
Parsh, Amer., 2, pag. 519; Persoonia lanceolata, Mich., Amer., 2,
pag. 105; Trafttenikia lanceolata, Pers., Synops., 2, pag. 403;
Phyteumopsis lanceolata, Poir., Encycl. Suppl. Plante de la Caro-
line, dont la tige estsimple, droite, cylindrique, nue à sa partie
supérieure , garnie inférieurement de feuilles alternes, glabres,
oblongues lancéolées; elle porte une seule fleur droite, termi-
nale : le calice est composé de folioles lancéolées, obtuses, pres-
que égales, comme disposées sur deux rangs, couchées les unes
sur les autres; la corolle formée de fleurons hermaphrodites; le
réceptacle chargé de paillettes spatulées ; les semences sont sur-
montées d’une aigrette composée de cinq poils mermbraneux,
acuminés. Cette plante croît sur lés montagnes.
MARSHALLIA A LARGES FEUILLES : Marshallia latifolia, Pursh,
: Flor. Amer., 2, pag. 519; Persoonia latifolia, Mich., Amer., 3,
pag. 505, tab. 43; Trattenikia latifolia, Pers., Synops., 2,
pag. 403; Phyteumopsis latifolia, Poir., Encycl. Suppl. Cette
plante a des tiges droites, glabres, simples, garnies, seule-
ment à leur partie inférieure, de feuilles sessilés, alternes,
ovales lancéolées, acuminées, trés-entières, marquées de trois
nervures longitudinales; les feuilles inférieuressont presque en
forme de gaîne;il y a une seule fleur assez grosse et terminale
à folioles du calice étroites, inégales, lancéolées, aiguës; à
fleurons presque une fois plus longs que le calice; à pail-
lettes du réceptacle étroites, linéaires, celles quicouronnent
les semences, fines, acuminées. Cette plante croît sur les mon-
tagnes, à la Caroline. |
MARSHALLIA A FBUILLES ÉTROITES : Marshallia angustifolia,
Pursh, Amer., 2, pag. 520; Persoonia angustifolia, Mich., Amer..,
2, pag. 106 ; Phyteumopsis angustifolia, Poir., Encycl. Suppl.
Cette plante a des tiges rameuses, uniflores à leur extrémité,
ainsi qu'à celle des rameaux. Les feuilles inférieures sont
étroites, lancéolées; les autres et celles des rameaux linéaires,
très-étroites, les folioles du calice roides, très-aiguës, sont rétré-
cies à leur partie inférieure; les paillettes du réceptacle séta-
cées. Cette plante croît dans l'Amérique septentrionale. (Porn.)
MARSHALLIA. ( Bot.) Gmelin, dans son édition du Sys-
MAR 199
tema de Linnæus, désigne sous ce nom le laguneziade Scopoli,
qui est le même que le racoubea d'Aublet. Ce dernier genre,
étant réuni à l’homalium de Jacquin, entraîne nécessairement
la suppression des deux autres. Schreber s’est emparé du même
nom marshallia pour le substituer au phyteumopsis de Michaux,
genre de composées ou de synanthérées, voisin du bidens. Voyez
plus haut. (J.)
MARSILEA. ( Bot.) Ce genre, consacré par Micheli à la mé-
moire du célèbre Marsigli, n’a pas été adopté par les natura-
listes qui ont préféré donner, avec Linnæus, ce même nom
à un autre genre décrit ci-après.
Le marsilea de Micheli, reproduit par P. Beauvois sous le
nom de rhizophyllum , comprend les Jungermannia à expansion,
ou fronde foliacée, à capsules s’ouvrant par le bas en quatre
divisions en étoile, et portée par un pédicelle qui s'inserre dans
une petite gaine ou cornet marginal, épiphylle, ou hypo-
phylle. Raddi a trouvé dans le marsilea , ainsi caractérisé, les
élémens de ses trois genres, Melzegeria , Roemeria et Pellia.
Adanson a essayé, sans succés, de faire renaître le marsilea
de Micheli. Selon lui, ce genre est pourvu , indépendamment
des capsules dont nous avons parlé, et qui sont pour lui des
anthères, des fleurs femelles situées à la surface de l’expan-
sion sur les mêmes pieds, ou sur des pieds différens , produi-
sant des capsules sphériques à une loge et à une graine sphé-
rique. Ces capsules sont précisément ce que d’autres botanistes
prennent pour des fleurs mâles. (Voyez HéPariQuE et Juncrr-
MANNIA.
Micheli figure cinq espèces de marsilea, pl. 4 de son nou-
veau Genera; savoir : jungermannia epiphylla, fig. 1 ; Junger-
mannia pinguis, fig. 2 ; Jungermannmia mullifida , fig. 3; junger-
mannia furcata, fig. 4.
La figure 5 représente une plante inconnue à Micheli, in-
diquée aux environs de Florence, et qu’il n’introduit que sur
l’autorité etsur un dessin de Petiver. C’est une petite plante
terrestre à fronde étroite, noirâtre, dichotome, qui porte
des pédicelles fins, terminés par une capsule bivalve. Cette
plante rappelle par sa fronde le riccia fluitans , Linnæus, figuré
également par Micheli sous le n.° 6, de la pl. 4 ; mais ces deux
plantes habitent dans des circonstances trop différentes, pour
200 MAR
qu’on puisse soupçonner que la première ne soit que la se-
conde en fructification: ce qui, pour le dire en passant, eût
été aussi une nouveauté. On peut ajouter que, depuis Micheli,
les botanistes n’ont pas été plus heureux que lui dans la re-
cherche de cette plante demeurée toujours inconnue. Rai,
dans son Synopsis, édit. 3, pag. 109 , n.° 1 , décrit un lichenas-
{rum qui paroît être la plante de Petiver. Enfin , dans ces
derniers temps, on a cru que ce marsilea de Micheli pourroit
fort bien être une espèce du nouveau genre Blandowia de
Willdenow, ce qui paroît assez fondé; mais ce rapprochement
ve pourra être établi que lorsqu'on aura prouvé que cette
plante existe, ce qui paroît très-douteux , d’après lesrecherches
qu’on a faites. Il est peut-être possible aussi que Petiver ait figuré
une variété du jungermannia furcata, sur laquelle étoient en-
core fixés les œufs éclos et pédicellés de quelques insectes du
genre Hémerobe, sorte d’erreur dont il y a plusieurs exemples,
dont un est fourni par le genre Ascophora, et le second par le
Subularia de Dillenius; le premier fondé sur des œufs mêmes
d’hémerobe; et le second qui représente le littorella lacustris
avec des vorticelles.
Le genre Blandowia n'ayant été qu’indiqué dans ce Diction-
naire, nous allons le faire connoître.
Le genre Blandowia de Willdenow ( Voyez Magaz. des Cur.
de la Nat. de Berlin , vol. 2, 1809, p. 100), est caractérisé par
ses capsules bivalves, biloculaires, à séminules attachées sur les bords
d’une cloison ou réceptacle central, transversal, oblong. Il se rap-
proche ainsi du genre Anthoceros. La seule espèce qui le com-
pose, le blandowia striata, Willd. (L.e., pl.4, fig.2), estune
petite plane qui croît sur les arbres au Pérou et au Chili. Sa
fronde très- petite ressemble en quelque sorte à l'expansion
d’un collema, genre de la famille des lichens. Elle est plane,
‘ déprimée, lobée, lisse, à lobes ascendans et obtus. Chaque
_
capsule est portée par un pédicelle filiforme, trés-long, qui
naît du fond d’une gaîne ou périchèzetubuleux, court et déchi-
queté en son limbe; les pédicelles sont nombreux, et, d’après
la figure qu’en donne Wilidenow, semblent partir du mi-
lieu de la rosette que forment les frondes. Les capsules sont
elliptiques, striées longitudinalement, ets’ouvrent, de haut en
bas, en deux valves qui mettent en évidenee un réceptacle ou
MAR 201
columelle en forme de cloison, placée en travers des valves
qui le recouvroient , en se couchant sur ses arêtes. Ce ré-
ceptacle tombe après l’ouverture de la capsule. Les séminules
sont oblongues, un peu pédicellées, et fixées sur les bords du
réceptacle.
La figure de Micheli diffère par la forme dichotome de la
fronde, l'insertion des pédicelles et l’absence de périchèze.
(Le. )
MARSILEA. ( Bot.) Ce genre appartient à la famille des
rhizospermes ou marsiléacées. Il a été créé par Linnæus qui
y rapportoit le salvinia, Mich., et l’isoetes qu’il en retira bien-
tôt. M. de Jussieu en sépara ensuite Le salvinia, en conservant le
marsilea sous le nom de lemma que lui avoit donné Bernard
de Jussieu; et , de toutes ces pl#ätes unies au pilularia et à l’e-
quisetum , il composa les deux sections qui terminent sa famille
des fougères, sections qui font actuellement deux ou trois fa-
milles, les pilulaires qu’on réunit ou qu’on sépare des rhizos-
permes, et les équisétacées. Necker, ayantreconnu aussi la né-
cessité de séparer le marsilea du salvinia, a nommé le premier
zaluzianskia, et le second marsilea. Il ne sera question icique du
lemma de Jussieu et d’Adanson , ou marsilea, Linn., modifié
et adopté sous cette dernière dénomination par les botanistes,
Ce genre est caractérisé parses involucres ou globules, ou
coques constituant des espèces de capsules ou de péricarpes,
divisés intérieurement par une cloison membraneuse, longitu -
dinale, en deux loges , chacune divisée transversalement par
sept ou-huit petites cloisons, en autant de petites loges qui ren-
ferment pêle-mêle deux organes différens : les premiers
(anthères?) très-nombreux, très-petits, indéhiscens , à une
loge remplie de grains (pollen?) globuleux, opaques; les se-
conds (pistils? }, au nombre de trois à huit, formés de deux
. membranes, surmontés d’un filet (styler), et contenantune
matière granuleuse transparente.
Rien ne prouve que ces organes, considérés comme des an-
thères et des pistils, en exercent les fonctions ; mais on ne peut
douter, d'aprés les observations de M. Vaucher, sur le déve-
loppement du salvinia natans, que les involucres ne renfer-
ment les graines ou les corps reproducteurs. (Voyez Ruatzo-
SPERMES €t SALVINIA.)
292 (MAR
Les marsilea sont des plantes dont la tige est filiforme, ram-
pante ,rameuse, poussant de distance en distance des faisceaux
de racines, et, dans les mêmes points, des faisceaux de feuilles
longuement pétiolées, composées de quatre folioles terminales,
s'étalant en croix, entières ou dentées, ou lobées, Les invo-
lucres, c’est-à-dire , les globules fructifères naissent à la base
des pétioles, et aussi dessous; ils sont pédonculés, et les pédon-
cules ou pédicelles simples ou divisés en deux ou trois branches
portent chacun un globule. Ces plantes croissent dans les lieux
aquatiques , les lacs, les étangs, etc. Leurs feuilles viennent
nager à la surface de l’eau, tandis que la tige rampe dans la vase.
On ne connoît que six espèces de marsilea.
Le MarsILEA A QUATRE FEUILLES: Marsilea quadrifolia, Linn. ;
- Lamck., Ill. gen. , tab. 863; Schkuhr, Crypt., tab. 173 ; Lemma,
Juss., Act. Par., 1740, tab. 15; Filicula, Pluk., Amalt., tab. 4o1,
fig. 5 ; Lenticula, Mappi, Als., pag. 166 , Icon. ; Lens palustris,
C. B., Camer. Epit., 853; Moris., Hist., 3, pag. 619, sect. 15,
tab. 14, fig. 5. Folioles quaternées, entières, arrondies ou en
coin ; involucres obtus, velus, solitaires, ou communément
deux ou trois ensemble sur le même pédoncule.
Cette espèce se rencontre dans les lacs, les marais, les eaux
stagnantes , les fossés aquatiques : elle flotte à la surface de
l’eau ; elle est trés-répandue par toute l’Europe. On l’a obser-
vée encore en Barbarie, en Egypte, aux îles de France et de
Maurice jusqu’au Japon, et à la Nouvelle Hollande. Elle croît
encore dans lJ’Amérique septentrionale. Il y en a deux va-
riétés , une à larges feuilles, et une à petites feuilles; ses
fruits involucrés sont durs et du volume d’un petit pois; les
feuilles, d’un beau vert ,sont plissées et, ainsi que les pétioles,
trés-velues dans leur jeunesse.
Cette plante, trés-anciennement connue, n'a été bien exa-
minée pour la première fois que par Bernard de Jussieu.
Le Mansicea pu Coromanner: Marsilea coromandelina, Willd. ;
Sp. pl., 5539; Burm., Ind., tab. 62, fig. 3. Folioles quater-
nées, obovales, presque entières, glabres ; involucres ve-
lus, pédonculés, solitaires, munis de deux dents à la base.
Cette plante, confondue long-temps avec la précédente, croit
au Coromandel: elle est rampante, et se fait remarquer par la
pe titesse de ses involucres qui n’ont guère que la grosseur d’un
MAR 203
grain de moutarde. Les folioles sont aussi trés-petites , ayant
environ une ligne de longueur.
Mansirea D'Ecyrre: Marsilea ægyptiaca, Willd., Sp. pl. ,5,
pag. 540; Delile, Ægypt., tab. 5o, fig. 4. Folioles quaternées,
rudes, poilues, divisées en deux, trois et quatre lobes obtus
ou tronqués ; involucre velu. Cette plante croît en Egypte dans
“les liéux aquatiques ; elle n’a été connue que dans ces derniers
temps ; sa tige est filiforme , rampante, couverte de poils blan-
châtres , un peu écaiïlleux. Ses feuilles, également poilues, ont
un pétiole long d’un pouce et demi, et quatre folioles dont les
découpures sont assez profondes. Les involucres, portés sur des
pédoncules, sont trés-ve!us.
11 y a encore les marsilea sfrigosa, erosa et, biloba, Willd.
Cette dernière a été trouvée à Musselbay au cap fe Bonne-
Espérance ; la seconde à Tranquebar. ( Leu.)
MARSILÉACÉES. (Bot.) Voyez RuizosPerMes. (LEM.)
MARSIO (Ichthyol.), un des noms du gobie aphye. Voyez
Gonté. (H. C.)
MARSIONE. (Ichfhyol.) Sur plusieurs des côtes de la mer
Adriatique, on donne ce nom au gobie aphye. Voyez GoBie.
(H:C.)
MARSIPPOSPERME, Marsippospermum. (Bot.) Genre établi
par M. Desvaux pour le juncus grandiflorus , qui doit être séparé
des jones principalement par le caractère de ses capsules à
une seule loge, d’aprés l'observation de M. Desvaux; cepen-
dant M. de Hhtek, dans l'Encyclopédie, l'indique avec des
capsules à trois loges; je crois, dans ce cas, que cette plante
ne devroitpas être rétranchée desjoncs, quoi foule s’en écarte
un peu par son port et par les trois folioles externes et très-
longues de son calice.
Voici d’ailleurs la description delaseule espèce qui compose
ce genre.
MaARSIPPOSPERME CALICULÉ : Marsippospermum calyculatum ,
Desv., Journ. Bot., vol. 1, pag. 328; tab. 12, fig. 1: Juncus
grandiflorus, Linn. fils, Suppl., pag. 209; Lamck., Il. gen.,
tab. 250, fig. 4. Cette plante a uue racine rampante, couverte
d’écailles d’un brun roux : elle produit plusieurs tiges droites,
nues, cylindriques , hautes d'environ un pied, garnies a leur
base de quelques écailles vaginales, et souvent d’une feuille
204 MAR
cylindrique, aiguë, enveloppant le bas de la tige par sa gaine,
la surpassant souvent par sa longueur ; quelquefois paroissent
d’autres feuilles isolées, écailleuses à leur base, qui pourroient
bien être des tiges stériles. La fleur est grande, solitaire, ter-
minale. Son calice est composé de trois longues folioles, roides,
aiguës, de moitié plus longues que la corolle; celle-ci est
grande , à trois pélales aigus, scarieux , ondulés suz les
bords; elle renferme six étamines persistantes, à filamens très-
couris, soutenant des anthéres droites, linéaires; un ovaire
supérieur, oblong, aigu, surmonté d’un long style, et d'un
stigmate à trois divisions aiguës.
D’après M. Desvaux, la capsule est ovoïde, acuminée, ne
s’ouvrant qu’à son sommet, à une seule loge, renfermant des
graines nombreuses, disposées sur trois placenta pariétaux : ces
semences ressemblent à une navette de tisserand, à raison du
développementtrès-remarquable de l’épiderme du périsperme
ou le tégument propre de la graine, quise détache, reste trans-
parent, et contient, malgré cela, la semence vers son milieu :
la direction de ces semences est de bas en haut, le cordon
ombilical est loug, placé à l’extrémité inférieure.
Cette plante a été découverte par Commerson au détroit de
Magellan, dans les marais et sur la pente des montagnes. Les
naturels du pays en font de petites cordes, des paniers, des
corbeilles et autres ouvrages de vannerie. ( Porn.)
MARSOLEAUX. ( Ornith.) Salerne dit, pag. 280 de son Or-
nithologie, qu’en Aujou l’on nomme ainsi les linottes à gorge
rouge, parce qu’elles naissent au mois de mars. (Cr. D.)
MARSOPA (Mamm.), l’un des noms espagnols du marsouin.
(Desm.)
_ MARSOT. ( Bot.) Voyez Marceau. (L. D.)
MARSOUIN (Mamm.),nom propre d’une espèce du genre
Dauphin. Voyez Céracés et Msenscawein. (F. C.)
MARSOUIN BLANC. ( Mamm.) Le péluga cétacé du Nord,
dont M. de Lacépède a formé son genre DELPHINAPTÈRE, a reçu
ce nom. (Desm.)
MARSOUIN JACOBITE. (Mamm.) Espèce de dauphin ap-
pelé aussi Daurnix DE Commerson. ( Desm. )
MARSPITT. ({ Ornith.) L'huîtrier, hæmalopus ostralegus ,
Linn, , se nomme ainsi en Gottland. (Cu. D.)
\
MAR. 205
MARSUPIAUX. (Mamm. jOn nomme animaur marsupiaux (1)
un ordre entier de mammifères liés entre eux par des modi-
fications analogues des lombes et du train de derrière, dont la
principale différence, ou du moins la plus remarquée, est l’exis-
tence d’une bourse sous le ventre des femelles. Marsupium est
le nom latin de cette bourse, d’où on a fait ens marsupialium,
animalia marsupialia. Les François se servent aussi souvent ,
et dans le même sens, de la périphrase, animaux à bourse.
Art. I. Zoocoere. On ne connut d’abord d'animaux à bourse
qu’en Amérique; et, comme toutes les espèces de cette con-
trée s'accordent merveilleusement entre elles par des modi-
fications, se correspondant tout aussi bien dans les systèmes
dentaire, digestif, locomoteur et sensitif, que par celles plus
importantes de l’appareil génital, Linnæus trouva dans cette
réunion de semblables rapports, les élémens d’un seul genre,
qu’il nomma didelphis, êtres à deux matrices.
On vit dans la suite arriver des Indes orientales, et plus
tard des régions australasiques, des animaux également ca-
ractérisés par l'existence d’une bourse abdominale. Ce ren-
seignement , le seul qui fût connu d’abord, n’entraïnoit dans
aucune hésitation, et l’on fut dés lors persuadé que l’ancien
monde nourrissoit des animaux en tous points semblables à
ceux du nouveau, de véritables didelphes. Gmelin donña ces
nouvelles espèces sous lesnoms de didelphis orientalis, didelphis
Brunii, didelphis gigantea ; et comme il étoit de plus embar-
rassé de l'animal aux longs tarses, du tarsier de Daubenton,
lequel ne se rapportoit aux marsupiaux tout au plus que par
un caractère commun d'étrangeté, il l’inscrivit de même
parmi les didelphes sous le nom de didelphis macrotarsus.
Cependant aucun de ces animaux ne répondoiït à la déf-
nition donnée par Linnæus : tous avoient moins de dix inci-
sives en haut, et moins de huit en bas, etc.; mais comme,
pour établir ce fait, des savans du premier ordre, Pallas,
Camper, Zimmermann se servoient néanmoins des dénomina-
tions de Gmelin, ou de correspondantes , didelphis asiatica ,
didelphis molucca , en en consacrant, par leurs appellations
(1) Jai le premier, dans mes cours et dans mes écrits, employé cette
expression que l’usage a consacrée.
206 MAR
et l'autorité de leur nom, les ciassifications fautives, ils er
prolongèrent l’abus.
Sur ces entrefaites, des Anglois visitent la Nouvelle-Hol-
lande, et en décrivent les animaux. Après les célebres natu-
ralistes Banks et Solander, ce sont le capitaine Phillips et le
chirurgien de la marine, John Withe. Les animaux qu'on
découvre dans cette vaste et nouvelle partie du globe, pré-
sentent pour la plupart les formes des prétendus didelphes
asiatiques. Le nom de didelphis est traduit chez les Anglois
par le mot d’opossum. Ce sont donc de nouveaux opossums ,
ou d’autres didelphes que ces hardis navigateurs et les natu-
ralistes qui les accompagnent nous font connoître.
Les voyageurs enrichissoient l'histoire naturelle par leurs
travaux: mais plus lés êtresse multiplicient , plus grande
aussi étoit la confusion résultante d’associations si incohé-
rentes. On découvrit des carnassiérs, des rongeurs, des insec-
tivores qui s’'appartenoient , il est vrai, par la considération
de la bourse, mais qui différoient essentiellement à d’autres
égards.
Une réforme étoit nécessaire, et j’osai l’entreprendre par
une révision des travaux précédens : ce: fut l’objet de la dis-
sertation sur les animaux à bourse, que je publiai en 1796;
elle parut dans le Magasin Encyclopédique , tom. 3, pag. 446.
Mon premier soin fut de rendre le genre Didelphis de Lin-
næus à sa première essence, c’est-à-dire de le composer uni-
quement d'espèces caractérisées , ainsi qu'il suit : |
1. Divercrne. Dents incisives ; canines ?; molaires 7=;;
queue nue ek prenante; doigts À; aux pieds de derrière, um Mippure
sans ongle; les autres doigts libres.
Il ne restoit en espèces certaines que les didelphis marsu-
pialis, didelphis opossum , didelphis murina, didelphis cayopollin
et didelphis brachyura; car les didelphis philander, molucca, dor-
sigera, cancrivora, étoient des doubles emplois des précédentes,
Linnæus avoit tracé ce caractère d’après la considération
d’un seul individu : il convenoit aux cinq espèces qu'il avoit
bien pu connoître : et il vaut toujours, appliqué à tous les
animaux à bourse d'Amérique, dont je compte aujourd’hui
jusqu’à dix-neuf espèces.
Ce qui, après la séparation des vrais didelphis, restoit dis-
MAR 1207
ponible, donnoit les matériaux de trois autres familles que,
dans la dissertation déja <itée, j’établis et déterminai ainsi
qu’il suit : i
2. Dasvure. Dents incisives ?; canines ?, molaires 32: ;
la queue lâche et fournie de longs poils; doigts +; le pouce de
derrière irès-court eb sans ongle; les autres doigts libres.
3.° Prnarancer. Dents incisives 35 canines o—%; molaires 8% ;
la queue nue et prenante; doigts ?. Aur pieds de derrière, Le
pouce renversé en arrière; les doigts medius et indicateur réunis.
4.” Kancuroo. Dents incisives $, canines ?; molaires È—ÿ;
la queue forte, longue, velue et non prenante; doigts £. Aux
. pieds de derrière, point de pouce; les doigts medius et indicateur
grêéles et réunis.
L'espèce didelphis macrotarsus fut reportée parmi les qua-
drumanes, et devint le type du genre T'arsius.
Ce nouvel arrangement fit apercevoir la liaison des deux
ordres, les carnassiers et les rongeurs : car le genre Dasyure
tient à celui des civettes; et, comme, par les didelphes, les
phalangers et les kanguroos, ces derniers conduisant sur les
gerboises et les lièvres,une liaison avec les rongeurs devenoit
manifeste , c’'étoit pour les rapports naturels un résultat cu-
rieux que cette réunion de deux grandes familles dont les
extrêmes offroient des différences si considérables.
D'autres faits, d’autres conclusions:ce quisembloit en 1796
appuyer le système d’une seule échelle organique, fut infirmé
en 1804 par l'apport de nouvelles richesses. Cette époque mé-
rite d’être remarquée : il nous arriva de l'expédition Baudin
à la Nouvelle-Hollande, et par les soins des infatigables na-
turalistes Péron et Lesueur, un nombre considérable d’ani-
maux à bourse, mais surtout pee nouveaux systèmes or-
ganiques, ou, comme cela s'exprime parmi les AD
plusieurs types de genres nouveaux.
Je donnai une nouvelle autorité au genre Dasyure, pour
lequel je n’avois eu que des élémens un peu vagues, en le dé-
crivantdenouveau, et en le montrant composédecinq espèces,
et plus tard de sept.
Enfin j'établis les nouveaux genres suivans :
PéramÈèLe. Dents incisives “=; canines +; molaires 77;
queue forte, velue et non prenante; doigts €. Sur le devant, les
208 MAR
deux doigts erternes très-courts; elen arrière, un pouce frès-court,
sans ongle; les doigts medius et indicateur réunis.
Prascoroms. Dents incisives ?; canines 2; molaires 3—3;
queue très-courte, cachée dans les poils; doigts À; sur le devant
à grands ongles , el en arrière un pouce court el sans ongle, et les
trois doigts intermédiaires engagés dans des membranes com-
mRunes+
Ces publications parurent dans les Annales du Muséum
d'Histoire naturelle, tomes 2, 3, 4 et 15.
_ On imprima des tableaux d'espèces en France, soit dans
des dictionnaires d'histoire naturelle, soit dans des écrits par-
ticuliers; et les divisions de la plupart de ces genres que j’a-
vois indiquées dans mes cours et dans un catalogue peu ré-
pandu, reçurent des noms,ce qui se soutint dans cet état
jusqu’en 1811,que parut le Prodromus d'Illiger. Plus occupé
de grammaire que des rapports naturels, des dissensions in-
testines del’Europe , que de l'observation des faits, Illiger copia
etaltérales travaux des François. Il n’inventa rien, et cependant
il se porta pour le réformateur de la plupart des dénomina-
tions reçues. Les animaux à bourse furent par lui distribués
en deux familles : les uns, sous le nom de marsupialia , furent
réunis aux singes et aux makis à cause de leur pouce des
pieds de derrière, quand les autres formérent un ordre à
part, salientia, sur la considération de leurs pieds plus longs
derriere que devant.
Voici les genres d'animaux à bourse déterminés par Illiger.
Didelphis (didelphis, Linn.); Chironectes, établi d’après un di-
delphe à pied de derrière palmé, l’yapock ou la petite loutre
de la Guiane , de Buffon; Thylacis , nom substitué à celui de
perameles ; Desnaus (Drerieute Geoff, S. H.); Amblotis, au
lieu de vombatus , pour un genre que je proposai d'établir en
1803 (Bull. des Sc. , an. XI, n.° 72), sur les indications du
célèbre navigateur Bass. Les caractères de ce wombat, donnés
par Bass et Flinders, et reproduits par moi, sont six incisives
à chaque mâchoire, deux canines el seize molaires; pieds de
devant, cinq doigts; de derrière, quatre. Sur l'avis donné
par les naturalistes de l'expédition Baudin, que le nom de
wombat s’appliquoit au phascolome, on a proposé, etj’ai con-
seillé moi-même de supprimer ce genre; cependant ne se
MAR re.
pourroit-il pas que ce nom des naturels du pays fût la déno-
mination de tout un groupe d’animaux à poche? balantia,
pour une division de mes phalangers, les coescoes des Mo-
luques à queue prenante; phalangista pour une autre section
des phalangers à membrane étendue sur les flancs ; phascolo-
mys (phascolomys, Geoff.S.H.); hypsiprymnus pour le kanguroo
a dents canines, et halmaturus pour les kanguroos sans Ca-
nines , tous jusqu'alors nommés kangurus.
La famille des marsupiaux fut reproduite en 1817 sans di-
visions ni report d'aucun de ses genres dans d’autres ordres,
par M. le baron Cuvier. Voyez le Règne animal distribué d’a-
près son organisation. Je dirai plus bas quels nouveaux motifs
j'aperçois de persévérer dans cette manière d’envisager les
marsupiaux. Aux genres précédemment décrits, M. Cuvier
ajoute celui du koala que M. de Blainville (Prodrome , Nouv.
Bull. des Sciences) a aussi nommé Les dents du
2
koala sont incisives $ ; canines 5 —0 ; molaires 4—i ; ; pieds à Cinq
doigts , séparés en deux groupes inégalement en devant et en ar-
rière.
M. Desmarest donna plus tard dans son grand ouvragesur les
mammiféres, destiné à compléter quant à cette classe, l’'Encyclo-
pédie par ordre de matières; donna, dis-je, troisans plus tard
le tableau complet des genres et des espèces. Les phalangers
s’y appellent, l’un PHALANGER, phalangista, et l’autre Perau-
RISTE, petaurista, et les kanguroos, 1.° avec dents canines,
Pororoo , potorous ; et 2.° sans dents canines, Kaneuroo, kan-
SguTrus.
De nouveaux phalangers que MM. Quoy et Gaimard vont
publier dans la zoologie de leur Voyage autour du monde,
expédition du capitaine Freycinet, ont reçu le nom de pha-
langista, qui paroiît prévaloir.
Enfin M. Frédéric Cuvier a encore modifié ces travaux dans
son ouvrage intitulé : Dents des mammifères; il sépare les kangu-
roos sans dents canines, distinguant des kanguroos proprement
dits, ayant cinq dents molaires de chaque côté et à chaque mà-
choire, une espèce nouvelle récemment apportée par MM.Quoy
et Gaimard, leur kangurus lepturus, qui n’a que quatre dentsmo-
laires. Shaw avoit employé les noms de macropus et petaurus, le
premier de cesnoms pour désignér le potoroo, et le second pour
29. 14
210 MAR
unassemblage bizarre formé par des écureuils et des phalangers
volans. M. F. Cuvier reprend ces noms définis d’une certaine
façon, mais qu’il croit abandonnés: savoir le nom de macropus
qu’il applique à son nouveau genre des kanguroossans canines,
et celui de petaurus, pour remplacer la dénomination de pe-
taurista. Qu’on veuille bien faire attention au sens nouveau
attaché à ces termes, pour qu'il ne résulte pas dans la suite de
leur double emploi et de leur définition différente de la con-
fusion et des erreurs dans la synonymie : ne point seservir de
ces noms eût sans doute été préférable. (Voyez Peraunus.)
Art. II. Anaromis. Les femelles des marsupiaux ont une
bourse sous le ventre , au fond de laquelle est distinctement
tout l'appareil mammaire. Les petits y sont nourris. Linnæus
les y voit reçus et entretenus comme dans une seconde ma-
trice; mais on a été plus loin, puisqu'on a ajouté qu'ils y :
prennent naissance. Ainsi cette bourse ne seroït plus seule-
ment dans ce système une représentation fidèle de la matrice,
ce seroit la matrice elle-même.
Que de questions dans cet énoncé! Mais, pour les traiter,
que de préventions il faudra écarter! ce qui du système sexuel
a été observé par rapport à l’homme , a rendu lascience dog-
matique. Onsait que la reproduction des êtres s'opère de bien
des manières; cependant l'attention ne se fixa pas sur le
grand nombre de ces moyens, tout bizarres que la plupart
devoient et pouvoient paroître. On n’avoit encore rencontré
que chezles animaux d'en bas ces modes si variés, cenomb re
si grand de combinaisons insolites. On regardoit que cela étoit
inhérent à la dégradation des constitutions organiques, et l’on
se croyoit si assuré de la même uniformité de moyens chez tous
les êtres conformés comme l’homme, chez tous les animaux à
mamelles, que l’on repoussa comme inexact tout ce qui du
pays des animaux à bourse nous parvenoit de contraire aux
doctrines reçues. On n’admit comme vrais que les faits qui pa-
roissoient d'accord avec l’analogie, avec cette règle detoute
bonne philosophie, mais qui n’estcependant un guide sûr pour
nos raisonnemens, que si l'application en est aussi réservée
que judicieuse. ’
Ainsi c’est, dès l’origine de nos connoissances sur les didel-
phes, une opinion fondée sur l’observation que les animaux
MAR 211
à bourse naissent aux tétines de leur mère. Il y a presque deux
siècles que Marcgrawe, pag. 223, avoit écrit : 4 La bourse
« est proprement la matrice du carigueya ( didelphis opossum) :
« je n’en ai point trouvé d'autre, et je m’en suis assuré par
« la dissection. La semence y est élaborée, et les petits y sont
« formés. ? Pison confirme les mêmes faits pour avoir aussi,
ajouta-t-il, disséqué plusieurs de ces carigueyas. Valentÿn ,
placé dans les Indes, qui y est occupé de fonctions ecclésias-
tiques, et qui, sansse douter qu’il y ait en Amérique des ani-
maux à bourse, donne à la fois l’histoire civile , l’histoire
religieuse et l’histoire naturelle des Moluques, témoigne des
mêmes faits. La poche des filandres (marsupiaux du genre
Phalanger) est une matrice dans laquelle sont conçus les pe
tits : ou si cette poche, continue-t-il, n’est pas ce que nous
en pensons , les mamelles sont à l'égard des petits de ces ani-
maux, ce que les pédicules sont à leurs fruits: ces petits res-
tent attachés aux mamelles jusqu’a ce qu’ils aient atteint leur
maturité, pour s’en séparer dans la suite de la même manière
que le fruit quitte son pédicule. ?
Ces idées sont aussi répandues en Virginie, même parmi
les médecins. Le marquis de Chastellux en fait la remarque
dans son Voyage à l'Amérique septentrionale, tom. 2 > P. 330.
« Les jeunes opossums existent dans le faux ventre, sans ja
mais entrer dans le véritable (dit Béverley dans son Histoire
de Virginie, Londres, 1722), et ilsse développent sur les té-
tines de leur mére. ? Pennant( Arct. Zool., tom. 1, pag. 84)
dit de ces animaux que, « suspendus aux mamelles des méres,
ils y sont d’abord sans mouvement; ce qui dure jusqu’à ce
qu'ayant acquis quelque développement, ils jouissent de plus
de force : maïs alors ils subissent une seconde naissance. »
Un des frères d’armes de notre illustre La Fayette, qui de-
vint le prisonnier, et plus tard l’un des chefs d’uné nation sau-
vage, les Créeks, et que les combinaisons de la politique ra-
menerent en France, m’a souvent affirmé qu’il avoit élevé
beaucoup d’opossums, et toujours vu que les petits näïssoient
sur les tétines dans la bourse.
Un si grand nombre de témoignages en imposa à l’Europe.
Les naturalistes se procurèrent des animaux à bourse - leur
esprit n’avoit conçu et ils n’avoient admis qu’une seule hy-
14,
pe MAR
pothèse : s'étant convaincus que l'inspection anatomique n’y
étoit pas favorable, ils repoussèrent unanimement de préten-
dus faits, dont ils déclarérent ne concevoir aucunement la
possibilité. C’étoient les savans les plus/recommandables de
l’époque, les Daubenton, les Pallas, les Vicq-d’Azyr, les Blu-
meubach , Reimarus, Flandrin , Home, Duvernoy, etc. etc.,
qui avoient cherché et qui n’avoient point trouvé de route
intérieure et directe de la matrice à la bourse. On revint aux
opinions qui avoient régné précédemment : les marsupiaux
passèrent pour des êtres dont la naissance prématurée étoit
compensée par une sorte d'incubation dans la bourse. & ‘Il
est à désirer, a dit Buffon, qu’on observe des sarigues vivans
(didelphis opossum ) : que leur exclusion précoce de l'utérus.
soit surtout examinée; car cette observation nous vaudra sans
doute quelques indications pour conserver à la vie desenfans
venusavantterme. La gestation de ces êtres ayant proportion-
nellement moins de durée, leur lactation en devient pluslon-
gue. ? D’uneaussi extrême petitesse en naissant, a dit Blumenbach
dans son Manuel d'Histoire naturelle , ce sont pour ainsi dire des
avorions. Tout en persévérant dans le système d’une naissance
parfaite , bien que prématurée, quelques naturalistes crurent
apercevoir qu’une seconde matrice ( c’est ainsi qu’à l'exemple
de Linnæus, on attribuoit de l’activité à la bourse) , qu'une.
seconde matrice protégeoit le développement d'animaux nés
dans un état de si grande débilité.
Comme cette théorie expliquoit les faits d’ure maniere
assez spécieuse, et par conséquent satisfaisante , parurent en
1786 de nouvelles observations qui ramenoient aux idées
proscrites. La qualité de l'observateur ( c'étoit un officier d’ar-
tillerie , alors le chevalier, devenu depuis le sénateur comte
d’Aboville), et le livre où l’observation étoit rapportée {le
Voyage précédemment cité du marquis de Chastellux ), devin-
rent autant de circonstances qui, jointes aux présomptions
dominantes, ne prévinrent pas d’abord les naturalistes. Voici
cette observation que son intérêt me paroiît devoir au con-
traire recommander fortement, etque je donne en l’abrégeant
beaucoup. |
« Deux opossums ( didelphis virginiana), mâle et femelle,
et apprivoisés , alloient et venoient librement dans une mai-
MAR 213
son que M. d'Aboville occupoit aux Etats-Unis en 1783. Ces
animaux, qu’il retiroit ke soir dans sa propre chambre, sy
accouplèrent. M. d’Aboville en suivitattentivementles effets,
ce qui donua lieu aux observations ci-après. j
« Le bord del’orifice de la poche fut trouvé dix jours après
un peu épaissi, cela parut de plus en plus sensible les jours
suivans. Comme la poche s’agrandissoit en même temps, l’ou-
verture en devenoit bien plus évasée. Le treizième jour, la
femelle ne quitte sa retraite que pour boire, manger et se
vider; le quatorzième, elle ne sort point. M. d’Aboville se
décide enfin à la saisir et à l’observer. La poche dont précé-
demment l’ouverture s’évasoit, étoit presque fermée : une sé-
crétion glaireuse humectoit les poils du pourtour. Le quin-
zième jour, un doigt est introduit dans la bourse, et un corps
rond de la grosseur d’un pois y est au fond sensible au tou-
cher. L'exploration en est faite difficilement à raison de l’im-
patience de cette mère, douce au contraire et tranquille
précédemment. Le seizième jour, elle sort de sa boîte un mo-
ment pour manger. Le dix-septième, elle se laisse visiter :
M. d’Aboville sent deux corps gros comme un pois, et con-
formés comme seroit une figue dont la queue occuperoit le
centre d’un segment de sphère : il est toutefois un plus grand
nombre de ces petits naissans. Le vingt-cinquième jour, ils
cèdent et remuent sous le doigt. Au quarantième, la bourse
est assez entr'ouverte pour qu'on puisse les distinguer; et au
soixantième , quand la mére est couchée, on les voit suspen-
dus aux tétines, les uns en dehors de la bourse, et les autres
en dedans. Quant au mamelon, il est après le sévrage long
de deux lignes; mais il se dessèche bientôt, et il finit par
tomber, comme feroit un cordon ombilical. ? Extrait de la
note terminant le deuxième et dernier volume du Voyage dans
l Amérique septentrionale du marquis de Chastellux. Paris, chez
Prault, 1786.
Cependant cette observation devient le fond d’une consul-
tation que le professeur Reimarus adresse de Hambourg en
Amérique au docteur Barton. Roume de Saint-Laurent, qui
avoit déjà communiqué à Buffon que les mamelons des didelphes
femelles apparoissoient à un certain moment sous la forme de pe-
tites bosses claires dans lesquelles étoit l'embryon ébauché, avoit
214 MAR
aussi de son côté déjà excité le zèle du docteur Barton, et
provoqué ses recherches. Ce savant médecin répondit à ces
appels, et dans deux lettres imprimées à un petit nombre
d'exemplaires pour ses amis, l’une adressée à M. Roume de
Paris (1806,14 pages), et l’autre à M. Reïimarus de Ham-
bourg (1815, 24 pages), Barton exposeses faits, ses observations
et ses conjectures touchant la génération de l’opossum, c’est-à-
dire du didelphe de Virginie.-
Les observations de ce savant sont d’un grand poids, et
elles paroïtront en effet d'autant plus précieuses, qu’attachant
du prix à faire savoir qu'il ne s’écartera point des saines
idées de la physiologie, des seules vues avouées par la science,
l’auteur est à tout moment enlacé par ses faits, et amené
à donner, sans s’en douter, des preuves contraires à la thèse
qu’il se propose d'établir. Tout ce qu’il rapporte seroit bon à
citer: cependant, pour être concis, je m’en tiendrai à ce qu’il
y a de plus important dans son récit.
« Les didelphes mettent bas, non des fœtus, mais des corps
gélatineux, des ébauches informes, des embryons sans yeux
ni oreilles ; la bouche de ces embryons n’est point fendue.
Nés de parens gros comme des chats, ils pèsent , à leur pre-
mière apparition, un grain, d’autres. quelque chose de plus,
et sept ensemble, dix grains au total. Barton a détaché un de
ces embryons pesant neuf grains, sans que cela eût donné
lieu à une plaie, et d’abord à du sang répandu: il contredit
en ce point un fait avancé par Pennant, et d’autres Anglois :
quinze jours de développement dans le nouveau domicile, ex-
pression imaginée par Barton pour donner la vraie valeur de
la bourse ; quinze jours de développement suffisent pour ame-
ner les petits au volume d’une souris. Ils ne quittent les ma-
melles qu'arrivés à la taille du rat : puis ils les reprennent
à volonté, étant alors nourris des deux manières , et par le
lait deleur mère, et par ce qu'ilstrouventetpeuventdéjà man-
ger. Pour que cetteébauche naïssante et vivante puisse fournir
aux actes de son développement, il faut, et il arrive que les
organes de la digestion et de la respiration soient dans une
harmonie parfaite ; aussi les narines sont-elles dès l’origine
largement ouvertes, et elles deviennent par conséquent les
premiéres voies que suit l'air qui se rend aux poumons. L’es-
MAR 215
tomac d’un jeune pesant quarante-un grains. étolt considé-
rablement distendu et dilaté par une matière blanche et lai-
teuse ; celui d’un plus jeune contenoit au contraire un liquide
para et sans couleur. ?
« Lesyeux se montrent ouvertsapréscinquante ou cinquante-
deux jours d’existence dans la bourse ; les tétines sont alors
quittées et reprises successivement; le poids d’un petit est,
aprés soixante jours, de 531 grains. Ce qui surprit beaucoup
Barton et lui causa une grande joie, fut de rencontrer une
femelle qui suffisoit à la fois à deux portées, l’une tirant a sa fin
et l’autre venant à commencer. Ceite mère nourrissoitsept pe-
tits déjà gros comme des rats. Assez forts pour vivre d’alimens
solides, ceux-ci recouroient encore aux tétines pour y puiser du
lait; mais touta eoup la boursese ferme, parce qu’elle étoit deve-
nue le nouveau domicile de sept autres petits, du poids chacun
d’un à deux grains. Cependant la premiére portée n’est point
privée dessoins de cette mére constammentaffectionnée, atten-
tive pour tous. Sasurveillances’étend toujourssursa famille déja
élevée. Elle lui continue son cri de rappel : elle la rassemble
sur son dos, et la dérobe au danger en l’emportant sur la cime
des arbres. ?
« De tousces faits et danssa premiére lettre, Bartor conclut
qu'on peut distinguer deux sortes de gestation, l’une qu’il ap-
pelle uférine et qu’il estime être de vingt-deux à vingt-six jours,
etl’autre, la gestation marsupiale, quicommence depuis l’entrée
de l'embryon dans la bourse. Celle-ci seroit la plus importante
physiologiquement parlant; car la bourse, ajoute-t-il, est vrai-
ment un second utérus et le plus important des deux. ?
Dans l'intervalle de la publication de sesdeux lettres, Barton
est informé que sir Everard Home avoit anciennement donné
un mémoire sur la génération des kanguroos, et qu’entre autres
considérations curieuses, ce savant avoit publié, dans la
deuxième partie des Transactions Philosophiques, pour l’année
1795, ce fait remarquable : les fœtus des animaux à bourse ne
laissent apercevoir aucune trace dé cordon ombilical. |
« Bartonse met en devoirde vérifier, sur de petits opossums
dans la bourse, ce point de fait qu’il trouve exact. Il suppose
qu’il découvrira ce cordon ombilical sur des individus de la
gestation utérine ; mais ses recherches ne lui procurent point
216 MAR
l’occasion de voir un fœtus dans l’utérus , et se livrant à des
conjectures théoriques, il propose de rapporter le mode de gé-
nération propre aux didelphes, à celui des reptiles et des
poissons qu’il croit aussi dépourvus de cordon ombilical. ?
Enfin il fournit un dernier renseignement pour l’opposer à
cette assertion de Camper, que l’homme seul est capable de se
coucher sur le dos : « Cela arrive fortsouvent à la femelle de
l’opossum , dit Barton, surtout quand elle a des petits. Couchée
sur le dos, elle touche, quand il lui plaît , tous les points des
parois intérieures de sa bourse, avec l'extrémité de son vagin,
et elle peut ainsi au moment de la mise bas y verser ses petits
sans recourir ou à un ongle, ou à l’un de ses doigts. ?
M. Cuvier qui, pour son ouvrage classique, le Règne Ani-
mal, etc., a rédigé en 1817 les généralités de la famille des mar-
supiaux sous l'influence des idées physiologiques admises jus-
qu’alors, s’autorise , comme l’ayant porté à ne rien changer à
cesystème, des observations précédentes de Barton et de celle-ci
en particulier : la gestation dans l'utérus est de vingt-six jours.
Cependant Barton n’auroit, je crois, énoncé cette proposition,
que dans un sens restreintret limité aux termes d’une théorie
propre, gestation utérine et gestation marsupiale; et de plus cette
expression de gestation qui emporte avecelle uneidée très-com-
plexe et étendue à un si grand nombre de phénoménes dis-
tincts, dont l’acception est fixée par les considérations de l’ana-
tomie humaine , pourroit-elle être justement appliquée à des
êtres dont ilest dit, qu’ils naissent dans un état de développement
à peine comparable à celui auquel des fœtus ordinaires parviennent
quelques jours après la conception? Règn. Anim. ,tom. 1,p. 169.
M. de Blainville revient l’année suivante sur ces considéra-
tions. Voyez son article génération et fætus des didelphes , dans
le Bulletin des Sciences, 18:18, p. 24. Des fœtus sans trace de
cordon ombilical , qui ont déja les narines largement ouvertes,
et les poumons très-développés, portent à la conjecture qu’ils
sont distingués par un autresystème d'organisation. M. de Blain-
ville vérifie les faits de Barton, et les trouve exacts. Les considé-
rations anatomiquessuivantes lui en paroissentle complément:
« Quelques soins qu’il y ait apportés, M. de Blainville n’a ob-
servé.ni veine, niartéres ombilicales,ni ouraque ; pas même
de ligament suspenseur du foie; la glande du thymus manquait
MAR 217
aussi et les surénales étoient d’une petitesse extrême. Eu thèse
générale, ajoute l’auteur, on ne trouve presque aucune des
dispositions du fœtus des autres mammifères, c’est-à-dire celles
d’où dépendent la circulation et la respiration. ?
De ces faits, M. de Blainville conclut à peu près comme Bar-
- ton :« Il y a deux sortes de gestation , l’une utérine et l’autre
mammaire, ces deux sortes de gestation agissant différemment,
etse suppléant l’une par l’autre. Chez Barton le mot de gesta-
tion étoit clair; il s’appliquoit à l'existence simultanée de Puté-
rus et dela bourse, à l’idée de ces deux domiciles, en dedansdes-
quels quelques phénomènes qui n’étoient pas entiérement pro:
duits dansl’un trouvoient à s'achever dans l’autre. Chez M. de
Blainville, et il s’en explique d’ailleurs positivement, son idée
de gestation utérine et de gestation mammairenes’étend qu’à l’ac-
tion différeute des modes de nourriture. « Dansles mammifè-
res , dit-il , le fœtus ,avant d'arriver à se nourrir d’une maniére
indépendante , est susceptible de tirer de sa mère sa nourriture
dans deux endroits distincts et de deux manières différentes,
c’est-à-dire d’une part, d:nsl’utérus, du sang, au moyen du sys-
tème vasculaire ; et de l’autre, aux mamelles, du lait, au moyen
du canal intestina! : et de plus les deux nutritionssont quant
à leur durée respective dans un rapport inverse chez les divers
animaux. « M. de Blainville applique l’esprit de cette généra-
lité aux animaux à bourse. Il conçoit qu'une des deux nutri-
tions puisse être entièrement supprimée :4 Sic’est, dit-il, la
nutrition utérine, il se peut que cette essentielle modification
donne les animaux à bourse, et que, si c’estau contraire lanutri-
tion mammaire ,il en résulte des mammifères sans mamelies,
quiseroient les monotrèmes. Qu'un animal puisse naitre,par uñe
nutrition mammaire, organisé comme un sujet à terme, cela
forme une conjecture hardie , ou du moins bien difficile à con-
cevoir; et aussi M. de Blainville ne s’y arrête pas absolument,
bien qu’il donne encore à cette idée une nouvelle consistance,
en admettant à la fin de son article que le fœtus passe peut-être
directement de l’utérus dans la poche, observant que le liga-
ment rond, dont on ne connoit pas l’usage dans les mammifères
ordinaires, pourroit en être le moyen. ?
Frappé aussi pour mon propre compte de tout le vague qui
régnoit dans la science au sujet des animaux marsupiaux,; je
216 MAR
publiai en mars 1819 (Voyez Journal complémentaire du Dic-
Lionnaire des Sciences médicales, tom. 18, p. 1) un mémoire
sous ce titre : Si les animaux à bourse naissent aux tétines de leur
mère? Mon but avoit été de porter les personnes éclairées qui,
placées dansles Indes ou en Amérique, s'intéressentaux progrès
dela physiologie, et qui setrouveroient à portéed’entreprendre
quelques recherches, de revoir, sous de nouveaux rapports,
ce qui avoit été vu si infructueusement jusqu'ici. Je me rap-
pelai les instances que fit si souvent auprès de moi le respec-
table comte d’Aboville, pour que je l’écoutassesans prévention,
etles chagrins que je lui causai en lui opposant des idées scien-
tifiques toutes faites, mais qu’avec une bonté parfaite, il
m'observoit n’avoir pourtant été généralisées que sur des ani-
maux de conditions bien différentes, et qui ne répondoient pas
ases données.J’ai enfin portéuneatteutionsérieusesurla marche
des esprits. Des observations nouvelles avoient déjà rectifié
d’assez graves erreurs. On avoit cru d’abord que la bourse étoit
un véritable utérus; maisles anatomistes n’avoient renversé ces
témoignages de visu que sur une seule remarque improbatise.
Les anatomistes revenoient à la charge, et dans ces derniers
temps c’étoit pour déclarer que décidément de grandes diver-
sités plaçoient les marsupiaux hors des règles communes. Ce-
pendant, ces anciens témoignages de wisa, nous ne les avions
rejetés que parce que nous les avions jugés contraires à l’ana-
logie. En sera-t-il aujourd’hui comme au jour des premières
insinuations relatives à la chute des aérolithesP et pour croire
à cessinguliers phénomènes , ne faut-il aussi que les concevoir?
Je ne voulois dans mon mémoire de 1819 qu’éveiller l’atten-
tion; car enfin il falloit sortir du cercle des impossibilités où
l’on se trouvoit renfermé. Je descendis sur les animaux des
classes inférieures; et des vues plus étendues sur la génération,
qu'ils me procurérent, en devenant de plus en plus applicables
aux marsupiaux, ont eu pour résultat d'éclairer un champ
d'observation plus limité. Sans préjugés présentement, j'ai
multiplié les faits par des recherches, et ces recherches m'ont
à leur tour convaincu que tant d'observations et d’opinionsen
apparence inconciliables, n’attendoient , afin d’êétreappréciées
à leur vraie valeur et d’être liées par des rapports inaperçus,
qu'une de ces idées fondamentales qu’il ne faut souvent qu'é-
MAR 219
noncer, pour qu’autour d’ellearrivent comme d’eu7-mêmes se
ranger tant de travaux incomplets, dont l’incohérence avoit
ne tous les esprits.
Je n’ai, dans ce qui précède, cité des faits que sur 1e témoi-
gnage d'autrui. Je vais dire présentement comment ces faits
me sont devenus propres, tant par l'attention que j’aiapportée
à les revoir et à les multiplier, que par l’intime conviction
qu’ils m'ont procurée.
1.° Sur la bourse. Ce n’est point à l’égard d’une femelle adulte
une cellule d’une capacité donnée à toujours. M. d’Aboville l’a
vue s’accroître sous l'influence des phénomènes de la généra-
tion : j'ai de plus moi-même observé ses grandeurs respectives
dans des femelles d’une même espèce. Elle est petite dans les
vierges , grande à l’excés quand les petits vont cesser d’adhérer
aux tétines, et d’une étendue moyenne dans l’'époquesuivante .
celle de l'allaitement. Ainsi la bourse n’est pas seulement un
second domicile sans ressort, ni activité; c’est une vraie poche
d’incubation s'étendant peu à peu et acquérant de plus en plus
du volume, comme il arrive de faire à tout autre domicile à
fœtus. On a donc bien pu dire d’elle, pour donner l’idée et la
mesure desa fonction, c’est un second utérus et le plus important
des deux,
Cependant la bourse est extérieure, et entiérement formée
par la peau et son panicule charnu. Sa composition est des
plus simples ; car ce sont ou des rides longitudinales de chaque
côté , ne donnant lieu qu’à une bourse foiblement esquissée,
dans un état tout-a-fait rudimentaire , comme chez les didelphis
du sous-genre Micouré, tels que les marmoses, les cayopollins,
les brachyura, etc., ou ce sont des replis amples et bridés au-
tour d’un point central; point fixe qui oblige lesreplisas’étendre
circulairement et à se confondre en un large rideau. La
glande mammaire, placée au centre de la région du bas-ventre,
devient par ses adhérences avec la peau et son immutabilité, le
point qui commande tout le reste. Tout autour, la peau se
fronce ,se repliesur elle-même etse prolonge en bord saïllant,
peu par devant, considérablement en arrière et moyennement
sur-les côtés.
Cependant pourquoicette extensioninaccoutumée duderme ?
qui Le porte àse plisser ? qui produit cenouvel ordre de choses?
220 MAR
Toute la auestion des marsupiaux est la; mais d’une autre part
c’est la reporter sur la considération des artères, qui sont les
agens de toute production organique. On sait qu’ainsi qu’exis-
tent les vaisseaux nourriciers, sont nécessairement les or-
ganes qu'ils forment et qu’ils entretiennent. Comme il n’est
qu’une somme de nourriture artérielle à dépenser , s’il y a plus
proportionnellement dans un lieu, il y a moins à distribuer
ailleurs. Notre loi du balancement des organes est fondée sur
ce principe. | /
. Or, par rapport à la distribution des artères, il est divers
arrangemens dont quelquesuns donnent aux marsupiaux d’assez
grands rapports avec les oiseaux. La principale modification
est qu’on ne trouve point de mésentérique inférieure à l'aorte
“abdominale (1). Chez les oiseaux, cette principale artère est
reportée en arrière desiliaques; mais chez les marsupiaux, elle
manque entièrement. j i
Les conséquences d’une pareille combinaison sont que,
depuis la région des reins jusqu'au rectum , il n’est aucun ra-
meau de l'aorte abdominale qui, sans que rien nel’en détourne,
ne soit employé à concourir à l’œuvre de la génération. Dans
les mammifères, autres que les marsupiaux, la mésentérique
inférieure (2), puisant au milieu de ces sources de vie, d’autres
et de derniers élémens à reporter sur le canal intestinal, est
une cause, sinon de trouble, du moins d’affoiblissement pour
les produits de la génération. Chez les marsupiaux, au con-
traire, et chez les oiseaux , où tous les dérivés de l’aorte
abdominale sont similaires et s'emploient sans interruption à
produire le même résultat, ces branches, que n’affectent ni
distraction, ni contrariétés, s’en ressentent par plus de facilité
dans leur jeu ; d’où il arrive encore que ce n’est pas seulement
(1) C’est aussi un autre arrangement pour la mésentérique supérieure,
qui ne naïît pas directement de l’aorte. Un tronc unique fournit quatre
rameaux : la cæliaque, la mésentérique supérieure, l’hépatique et un fort
petit rameau, celui de la diaphragmatique.
(2) Si les conditions marsupiales tiennent en effet à la seule absence de
cette artère, il suffira d’en lier le principal tronc sur une jeune femelle de
chien ou de chat, pour faire, avec ces carnassiers, de nouveaux genres.
- d'animaux à bourse.
MAR 291
l'énergie de leurs fonctions qui est accrue, mais que chaque
parlie cède à une sorte de réactien, dont l'effet est de déter-
miner à son profit plus d'activité dans le développement et
plus d'augmentation dans le volume.
Un autre arrangement d’une influence tout aussi grande,
est la région élevée du point de partage de l'aorte abdominale.
On sait que l'aorte se divise toujours à la hauteur de la crête
des os des îles. Comme le bassin a plus de longueur chez les
marsupiaux, cette circonstance place effectivement plus haut
la terminaison de l’aorte:les branches iliaques, en descendant,
font un angle sensiblement plus aigu , etle sang est, pour cette
raison, plus entraîné dans la mère-branche, c'est-à-dire dans
l’iliaque , se prolongeant en artère crurale. Un troisième ra-
meau, d'un calibre également considérable, est celui de la
sacrée moyenne : la queue forte et prenante des didelphes en
est le résultat.
Chez l'homme, l'iliaque primitive se partage en deux troncs
qu’une presque égalité de volume a fait juger de mêmerang,eta
fait appeler du même nom, iliaquessecondaires, savoir :iliaque
externe et iliaque interne ; l’iliaque interne devient l’hypogas-
trique, après avoir fourni un assez fort rameau , l’iléo-lombaire.
Son volume en est peu diminué, de sorte que l'hypogasirique
reste un tronc puissant, à gros calibre , et dans lequel s'engage
une grande masse de fluides nourriciers.
C’esttrès-différent chezles marsupiaux; et,eneffet, de ce que
lesiliaques primitives y naissent de plus haut ,ilsuitquel'artère
crurale a partir de l’iliaque primitive forme une mére-branche
qui n’a plus que de fort petits rameaux sur les côtés : Les pre-
miers qui se présentent et qui naissent exactement du même
point, l’un à droite et l’autre à gauche; c’est en dehors l’iléo-
lombaire , et en dedans l’hypogastrique. Ces deux artères
forment le pendant l’une de l’autre parla distribution de leurs
principaux rameaux, mais surtout par l'égalité de leur vo-
lume. Ainsi, l’hypogastrique si grosse chez l'homme, qu’elle
est l’une des deux bifurcations de l’iliaque primitive et qu’elle
est ainsi la congénère de la crurale , est donc infiniment res-
treinte chez les marsupiaux. Orc’est, comme on lesait, de l’hy-
pogastrique que proviennent les artères utérines et vaginales,
Les utérines et les vaginales, qui ne sont que des ramuscules
222 | MAR
de l'hypogastrique, fournissent des cimes capillaires à leurs
organes : diminuées sensiblement de calibre, elles suflisent à
les nourrir, mais elles ne sont plus capables de détourner à leur
profit les principaux afflux du sang. Dans ce cas, et n’est-il plus
d'activité vers les artères utérines? l'organe sexuel est tout à
coup privé de cette action dérivative et consommatrice d’une
nourriture en excès, laquelle tourmenteles voies génitales du-
rantles périodes de l'amour. Le sang en excès ne trouvant plus
praticables ces voies d'écoulement, s’ouvre un autre passage.
Mais qu’on ne croie pas à un désordre infini. Il n’est la rien
donné au hasard. L’artère crurale est gênée au pliant dela cuisse
sur le tronc : c’est alors sur les rameaux qui se trouvent en ce
lieu que cette surabondance des fluides nourriciers se porte.
_ Ainsi, le choix de l'artère est déterminé à l’avance: c’est done
un ordre nouveau; c’est un système toujours et également ré-
gulier ; ce sont les élémens d’une nouvelle famille que nous
avons à faire connoître.
Quand, dans les mammifères ordinaires, l’artère utérine
cesse de nourrir, une autre (l’épigastrique) continue a le faire.
Celle-là passe donc sa fonction à celle-ci. Dans le premier
cas, la surabondance du sang se porte de liliaque primitive
à son rameau intérieur, de la à l'hypogastrique, et de l’hy-
pogastrique à l’utérine ; et, dans le second cas, à son ra-
meau extérieur, et subséquemment à l’épigastrique. Aïnsi,
Vépigastrique termine, chez les mammifères ordinaires, par
une alimentation lactée, ce que l’utérine avoit déja fait par
une alimentation sanguine; l’épigastrique étant, comme chacun
sait, l'artère qui nourrit les mamelles abdominales. C'est
donc par une sorte de nécessité mathématique , l’utérine étant
privée deses fonctions génératrices, que le sang fera, en em-
ployant tout d’abord l’épigastrique, produire à cette artère
chezles marsupiaux ce quela marche progressive de l’organisa-
tion lui eût fait produire plus tard.
Une action de certains fluides impondérés, émanés du
monde extérieur, et la fécondation, portent l’inflammation
dans les organes sexuels. L’organe que la premiére de ces
causes met d’abord en jeu est l'ovaire, d’où cette excitation
se propage de proche en proche. L’ovaire ayant satisfait à sa
destination, c’est dans les cas ordinaires à l’utérus, par Les
THAR 223
travaux de l'artère utérine, à pourvoir au développement du
produit ovarien. Je n’embrasse dans cet article que les faits
qui se rapportent à la bourse, et j’admets pour le moment,
sauf à en donner la preuve dans la suite, que c’est un ovule
qui traverse un véritable oviductus, qui arrive dans la bourse
et qui parvient àse greffer aux mamelles. L’inflammation propa-
gée, si l'artère utérine est sans puissance, devient impossibleet
nulle à l'utérus: elle est denc toute dévolue 2 l'artère épigas-
trique. Cependant l’ovule n’en sauroït absorber les effets ; car
il ne contient encore qu'un germe imperceptible pour nosseus.
Il faut bien alors que cette inflammation profite a tous les points
oùse termine l’épigastrique, c’est-à-dire, àla glande mammaire
et au derme qui l’environne. Le derme n’en sauroit profiter
qu'il ne se développe au-delà de ce qui est nécessaire à sa con-
dition d’organe tégumentaire. L’iléo-lombaire, artère considé-
rable chez les marsupiaux, ajoute à ces résultats, d’une ma-
nière que je ne puis dire en ce moment. Ainsi s’expliquent les
plis dont la bourse se trouve formée; ainsi s'explique encore
l’accroissement de son volume sous l’influence des phéncmènes
de la génération, observation qui fait ie plus grand honneur
à la sagacité de M.le comte d’Aboville.
2.° Sur l'utérus. La bourse est un second utérus et Le plus impor-"
tant des deux, avons-nous répété après Barton. Mais quoi! sans
leressort d’une artère utérine, un utérus P ya-t-il véritablement
une partie qu’on puisse désignersous cenom ? cette poche exis-
teroit-elle au moins dans une condition rudimentairer Cela ne
fait point question dans les ouvrages des anatomistes. Loin qu’on
y méconnoisse cet organe , on y parle, dans plusieurs, de deux
utérus : ce sont deux poches amples , longues et recourbées
sur elles-mêmes. « Les animaux à bourse, a dit M. Cuvier,
(Lec. d’Anat. comp., tom. 5, pag. 146), nous fournissent des
exemples d’une matrice triple ou quadruple, et à la fois com-
pliquée. ? Cette même proposition est reproduite dans le
Règne Animal, etc., tom. 1, pag. 170,ainrsi qu'ilsuit : « La ma-
trice des mammifères marsupiaux n’est point ouverte par un
seul orifice dansle fond du vagin ; mais elle communique avec
ce canal par deux tubes latéraux en forme d’anse. > Ces tubes
avoient plus anciennement été considérés comme les deux
cornes de la matrice par Tyson, le premier des anatomistes qui
22} MAR
ait écrit sur les parties sexuelles des marsupiaux : mais cescornes
seroient donc placées en deça de l'utérus? Daubenton rejeta
cette détermination, et prit pour ces appendices, plus juste-
ment, je pense, deux autres prolongemens situés au-dela. Ce-
pendant il ne s’expliqua sur les tubes latéraux qu’en les dési-
gnant par la phrase suivante : Canaux qui communiquent du
vagin à l’utérus. Sir Everard Home, dans sa description du
Kanguroo, observa la même réserve. Aïnsi dans ce système,
qui à généralement prévalu, sont d’abord, un indétermiué à
l'égard des canaux en anse de panier, puis deux compartimens
qu’on suppose parfaitement reconnus, le vagin et l'utérus. Les
marsupiaux auroient donc tout au moins une matrice.
Cette conclusion ne me paroît point à ce moment assez ri-
goureuse. Dans les travaux d'anatomie comparée, on a passé
de l’homme aux animaux, d’une famille à une autre, sans
changer de marche , quand les formes devenoient tres-dissem-
blables. Si l’on apercevoit des parties à provoquer le doute,
on agissoit plus par discrétion et crainte d'innovation que par
conviction; et, parce qu’on trouvoit les moyens d'employer à
peu près convenablement les dénominations usitées, on conti-
nuoit à s’en servir, sans se douter que la crainte d’une innova-
tion erronée exposoit a d’autres erreurs. Mais evfinilarrive un
moment quede plusgrandes difficultésarrêtent, que deslacunes
dans les déterminations avertissent, et que les dissentimens des
auteurs doivent être appréciés. L’utilité d’un travail ex-professo
est alors généralementsentie. Or, cetterévision en ce qui con-
cerne les parties sexuelles des marsupiaux, je l'ai entreprise :
c’est en partie l’objet d’un Mémoireimprimé parmi ceux du Mu-
séum d'Histoire naturelle, tom. 9, pag. 438, portantpourtitre :
Considérations générales sur les organes sexuels des animaux à
grandes respiration et circulation.
Un des premiers résultats de ce travail est la détermination
de ce qu’on avoit pris jusqu'ici pour le vagin. Il n’est point
d'animaux où ne soit entre cet organe et le clitoris un compar-
timent distinct. Les canaux urinaires et les canaux sexuels,
c’est-à-dire dans ce cas particulier , le méat urinaire et le va-
gin , y aboutissent : chez la femme, c’est un emplacement fort
étroit, qu’on a cependant remarqué et appelé fosse navicu-
laire; les marsupiaux, aussi bien que les oiseaux, ont trés-
. MAR | 22h
considérable cette partie , que j'ai appelée canal uréfro-sexuel :
sa grandeur et sa situation l’avoient fait confondre avec le
vagin. | |
Ce point reconnu, on marche sans hésitation sur la déter-
mination des deux tubes en anse de panier. Leurs connexions
et leurs fonctions nous disent que ce sont deux vagins, l’un à
droite, l’autre à gauche. Leur duplicité ne doit pas plus nous
surprendre que celle du clitoris et d’une partie du pénis des
mâles : chaque vagin reçoit dans l’accouplement sa portion
correspondante des pénis; ajoutez à ces considérations que les
oiseaux ont également un vagin à droite, et un à gauche.
La portion, où ces vagins, en remontant vers l'ovaire, se
réunissent l’un avec l’autre, forme-t-elle une véritable ma-
trice? C’est l'opinion générale ; car c’est bien cela que chacun
entend, s’il ne parle que d’un seul utérus.
Avant de nous expliquer à cet égard, reprenons les choses
de plus haut. Chez les animaux qui ont le bassin alongé , la ma-
trice est très-visiblement faite de troïs parties, le corps que
j'appelle proprement uterus , et de deux longues cornes, que
je nomme ad-uterum. À l'égard de la femme où les ad-uterum
sont dans un état minime et rudimentaire, beaucoup moins
chez les très-jeunes filles, on n’a pas fait nettement cette dis-
tinclion; maisles anatomistes vétérinaires l’ont nécessairement
admise. Ce sont, pour moi, des organes indépendans: chacun
est nourri par une artère propre, les ad-uterum parune branche
de la spermatique , et l'utérus par une branche de l’hypogas-
trique, par l’utérine. Le flux artériel tend à développer lu-
térus ; mais celui-ci est entouré et bridé par des membranes.
Les lames dont il est formé venant à s’accroîtrese froncent et
se plissent : c’est le même événement que chez les marsupiaux ,
à l'égard de la bourse. Ces plis circonscrivent des espaces et
amènent des resserremens. On dit à ce sujet que la matricea
un ou plusieurs cols; un chez la femme, deux chez les femelles
des ruminans.
L’usage de ces cols est un sujetimportant de considérations.
N’obéissant que plus tard au déplissement du sac utérin occa-
sionné par le grossissement du fœtus, ils forment l’obstacle qui
arrête l’ovule dans l’ad-uterum , et qui force cette partie et l’u-
térus, au fur et à mesure deleur extension, à devenir une poche
29. 15
226 MAR
d’iscubation. L'artére utérine prolonge sa cime terminale du
côté de l’ad-uterum, l'artère spermatique efférente la sienne du
côté de l'utérus; et du travail réciproque et concerté de ces
deux artères résulte la nutrition du fœtus dans le séin de sa
mère. Voila ce qui concerne les mammifères ordinaires.
Les marsupiaux sont dans une condition différente, en vertu
des deux considérations suivantes: 1.” l'emplacement où siégent
les organes sexuels est proportionnellement beaucoup plus
grand : nous traiterons plus bas de ce point. Mais pour le mo-
ment la conséquence de ce fait est que rien ne s'oppose aux
accroissemens qué pourroit prendre la portion du couduit gé-
nital, destiné à acquérir le caractère d’un utérus; 2." si lartère
utérine est dans un état rudimentaire, il n'y a donc point pour
cette partie de gros troncs nourriciers qui la soumettent à des
développemens extraordinaires, rien par conséquent qui l’o-
blige à se plisser; il n’est donc point de col d’utérus. Voiià
ce que donne l’observation directe. Les portions coudées et
rentrantes font un sac membraneux, évasé, vide, déja fort
étendu dansles vierges, et qui acquiert chez lesmères une capa-
cité portée au triple. Des deux portions dont est formée l’anse,
l’une qui naît du canal urétro-sexuel doit être rapportée au
vagin, l’autre qui se réfléchit en dedans, à l'utérus ; elles sont
assez différentes pour être ainsi distinguées; car le tissu de
l’utérus paroît plus plissé intérieurement et plus fourni de
_ follicules glanduleux. La portion qui nait du canal urétro-
sexuel est aussi la seule qui puisse être pratiquée par les pénis ;
mais cependant il faut convenir que ces deux portionsse con-
tinuentsiexactementl’une dans l’autre qu’on peut dire qu’elles
forment un seul etmême canal. C’est de même chez les oiseaux
et de même aussi chez les lapins. Le corps de l’utérus, en s’éten-
dant en longueur, s’y confond avec le vagin.
Jusqu'à ce moment j'ai évité de parler d’un seul utérus,
pour placer ici la remarque suivante. Daubenton a vu les
parties utérines à droite et à gauche confondues sur la ligne
médiane ; mais, en y apportantson exactitude ordinaire, ila eu
le soin d'indiquer chez le sarigue (Hist. nat. g.etp.t.10,pl 49,
lett.S)unraphéqui forme uncommencementde diaphragmesur
le milieu des deux parties. C’est ainsi dans des femellesquiont
mis bas ; mais c’est tout autrement dans les femelles vierges. Ce
MAR | 227
Le est prolongé de part en part et d'avant en arrière, c’est-
a-dire que c’est un diaphragme séparant les portions utérines.
Ce sont donc deux organes distincts qui se sont sEele en ce
point, mais que plus tard les développemens propres à la géné-
ration accroissent et amincissent au point qu’une perforation
vient a s’y pratiquer.
Daubenton décrit le surplus des conduits génitaux se ren-
dant aux ovaires, La détermination qu’il en donne me pa-
roît précise. Il voit là des cornes de la matrice : le tube de
Fallope, qui est fort court, se confond avec elles, pour ne for-
mer aussi en ce point qu'un seul et même organe.
Cependant ce qui est réuni chezles didelphes est séparé chez
les kanguroos : ce n’est plus maintenant d’après mes propres
observations, mais d'aprés celles de sir Everard Home, insérées
dans les Transactions Philosophiques, que je rapporte ce qui
suit. L’utérus forme un canal unique et alongé entre les deux
vagins en anse de panier; au-delà sont les autres parties qui
se rendent aux ovaires. Ces conduits sont manifestement par-
tageables et parfaitement distincts en un tube de Fallope, et
en un ad-uterum ou corne d’utérus: il est là peu de différence de
ce que j'ai vu sur l’ornithorinque et sur l’oiseau.
Un résultat, intéressant par sa généralité autant que par sa
simplicité, formant la conséquence de ce qui précéde, c’est
que les appareils sexuels des diäelphes seulement, si ce n’est
même ainsi chez les kanguroos , forment deux longsintestins
génitaux entièrement semblables aux oviductus des oiseaux;
à ces différences prés, 1.” qu'ilssont réunis et greffés sur un
point de leur longueur, à la région utérine , et ».° que, par-
tagés en compartimens antérieurs et postérieurs, ceux-là sont
de beaucoup plus courts que ceux-ci,
Enfin, une dernière conséquence, c’est que les poches
utérines sont des canaux seulement : elles ne sont point éta-
blies sur le modéle d’un utérus de mammifere:illeur manque
pour cela d’être concentrées , ramassées et en partie plissées.
L’organe n’éxiste que poursatisfaire a la théorie desanalogues, il
manque souslerapportd’une partie deses fonctions. Point d’obs-
tacle à la sortie du produit ovarien; celui-ci échappe, ils'écoule
nécessairement. On exprime ce fait chez les mammifères, en le
déclarant un fait d'avortement ; l’ovule est expulsé avant que
15.
228 MAR
le phénomène desa transformation en embryon ait commencé;
mais chez les oiseaux on se eontente de dire : un œuf est pondu.
Nota Pour que les lecteurs qui s'intéresseroient à ces déter-
minations d'organes puissent les suivre sans fatigue, j'en place
ci-aprésletableau comparatif, en mettantenregardlesnomsque
nous leur avons donnés, MM. Daubenton, Home etmoi. Dauber-
ton a publié son anatomie du sarigue dans l'ouvrage qui lui est
commun avec Buffon, tom. 10, et sir Everard Home dans les
Transactions Philosophiques pour l’année 1795.J’engage à con-
sulterles figures dont ces maîtres de la science ontenrichileurs
mémoires.
DAUBENTON. _ S.E. HOME. GEOFFROY S. H.
Sarigue, tom. < Kanguroo,Tr. 1795.| Didelphede Virginie.
Mesa eionen dia (es Vaso dire dre Canal urétro-sexuel.
Canal en anse de panier,
communiquantduva-?}Ibhid.............. Vagin.
gin à l’utérus.......
Utérus, comme lieu et
pére Ca nent non comme fonction :
tion du canal précé- bidon nas : ï :
à quelques égards,
dent nes AR ae
Tube de Fallope (por-{ Corne de matrice (ad-
tion utérine )...... uterum ). |
Corne de matrice. .... à
D l Tube de Fallope.
tion ovarienne......
Ovaire-....-..:2... Ovaire ss AMAR Ovaire.
3.° Sur Les os marsupiaux. Les tiges osseuses, qui s'élèvent
des pubis, qui forment sur le devant comme une seconde
paire d’os desiles, et qui sont mobilesà la maniére d’un pivot,
ont de tout temps été remarquées. Tyson qui les voitintervenir
chez les marsupiaux en même temps que la bourse, les donne à
celle-ci quant aux fonctions, et les nomme marsupii Janitores.
L'apparition simultanée de la bourse et de ces os tient à une
circonstance d’organisation trés-singuliére et dont je ne sache
pas qu’on se soit aperçu. C’est le développement d’une région,
| MAR ee
dont on n’a jamais bien compris l’objet, parce que dans l’es-
pèce humaine, elle y est concentrée. Cette région porte, chez la
femme, le nom de mont de Vénus. Chez les animaux à bourse,
c’est un champ plus espacé, une localité agrandie au profit
des organes sexuels; deux très-petits rameaux, partant de l’ori-
gine de l’artére épigastrique, nourrissent comme à regret chez
la femme ce monticule, dont la dénomination bizarre a jusqu’à
présent fait tout l'intérêt. Les follicules et les poils qui abondent
en ce lieu sont les derniers efforts d’artères restreintes, rudi-
mentairesla etailleurs rameaux considérables. Ces deux artères
auxquelles j'ai déja proposé de donner le nom de marsupiaire
profonde et marsupiaire superficielle (Mémoires du Mus.tom.9,
pag. 404), sont, chez les animaux à bourse, de forts rameaux.
Ils naissent directement de la crurale un peu en avant de l’épi-
gastrique :se bifurquant dés l’origine, ils vont former, déve-
lopper et nourrir tout le plastron antérieur du bassin, savoir :
les os marsupiaux, les muscles pyramidaux (triangulaires sous
leur nouvelle forme) , le derme et toutes les dépendances de
la bourse.
Le ligament rond chez la femme a ses dernieres racines im-
plantéessur le mont de Vénus; ilse prolonge dansles animaux
à bourse tout autant que l’exige l'accroissement de cette région;
et, en envoyant ses dernières racines à la glande mammaire, il
lui sert à elle-même de ligament : mais, de plus,le ligamentrond
se couvre de fibres musculaires qui paroiïssent reproduire en ce
lieu le muscle crémaster du cordon spermatique des mâles.
M. Duvernoy a proposé (Anciens Bull. de la Société philoma-
thique, n.° 81, frimaire an XIE) d'appeler ce muscle iléo-marsu-
pial : il en a donné une excellente figure , le montrant sortant
par un bout de l’anneau inguinal, et allant se perdre de l’autre
par trois digitations sur la glande mammaire et sur les segmens
de celle-ci. 11 n’a manqué à cette esquisse pour être complète
qu’un filet sur sa longueur qui fasse connoître le cours de l’ar-
tère épigastrique. Cette artère forme un rameau isolé, et se
compose particulièrement de la même subdivision quise porte
chez l’homme sur le cordon spermatique, et qui s’en va nourrir
les enveloppes du derme et son épanouissement en scrotum.
L'analogie se soutient donc du mâle à la femelle, aussi bien en
ce point qu’à tous autres égards.
230 MAR
Hes plis du derme dont nous avons dit que la bourse étoit un :
produit ne sont pas engendrés uniquement par l’artere épigas-
trique : elleadmet à y concourir quelques ramuscules latéraux,
réservant sa cime pour la glande mammaire. Sur ces ramus-
cules arrivent avec bien plus d'efficacité des rameaux de la
marsupiaire superficielle et de liléo-lombaire : et de l’action
concertée et réciproque de ces vaisseaux résulte un développe-
ment extraordinaire du derme, lequel fait poche alors, tout
aussi bien chez les mâles que chez les femelles; chez lesmäles
pour être la poche sortante, ou le scrotum des testicules, et
chez les femelles, pour devenir une poche rentrante, ou la
poche d’incubation des embryons. .
On s’est beaucoup étendu sur les usages des os marsupiaux :
sans doute que la position qu'ils prennent favorise ou eon-
_trarie les actes propres à la bourse; placés entre des muscles,
dont les uns les écartent, et d’autres les rapprochent, retenus
et oscillant sur le pubis, ils agissent comme un rayon de cercle.
Leur objet, comme celui de leurs muscles, sont de laisser
les viscères abdominaux libres de toutes pressions et la bourse
abandonnée à la restitution, s'ils sont écartés l’un de l’autre ;
et au contraire ils pressent les organes abdominaux d’unepart,
comme d'autre part ils serrent la glande mammaire pour la
porter en devant , s'ils sont ramenés sur ses bords.
M. Duvernoy leur a cherché un usage pour le moment de
la mise-bas : ce seroit, dit-il, de servir de poulie de renvoi à
l'égard du muscle iléo-marsupial (notre crémaster); mais il
faudroit admettre pour cela que, pendant que dure la ponte,
les os marsupiaux s’éloignent l’un de l’autre ; ce qui favori-
seroit l'agrandissement de l’arc de renvoi : quand au contraire
ils secondent merveilleusement la mise-bas, en se rapprochant;
car alors toutes les masses musculaires de l'abdomen entrant
en jeu, et serrant fortement le bas-ventre , les organes géni-
taux, et principalement le canal urétro-sexuel, sont contraints
à descendre vers le fond du bassin; cette pression persévérant
de plusen plus, le canal urétro-sexuel sort, en se retournant
comme un doigt de gant, ets’en vient porter dehors l'entrée
même des vagins. L'effet de ces contractions générales et en
particulier du muscle pyramidal (nommé triangulaire dans
ce cas-ci) , est d’obliger les os marsupiaux à se rapprocher : la
MAR 251
glande mammaire est au milieu d’eux; elle ressent leurs ef-
forts, et n’y échappe qu’en se portant en devant. C’est aussi
au même moment qu'agissent les muscles crémasters, tirant la
bourse chacun vers son anneau inguinal : ils l'entrainent dans
la diagonale de leurs efforts, c’est-à-dire qu'ils l’abaissent et
qu'ils la portent sur le vagin, M. Duvernoy a très-bien exposé
ce mécanisme. Ainsi s'exécute ce que Barton (1) a raconté d’a-
prés ses propres observations. Le vagin , qui a la faculté de
toucher toutes les surfaces internes de la bourse, a par consé-
quent, et à plus forte raison, celle d'y déposer les produits
accumulés dans l’oviductus. C’est une chose dont j’aurois pu
douter, malgré l’assertion formelle de ce célébre médecin , si
je ne savois pertinemment aujourd’hui, pour l'avoir bien des
fois expérimenté , que c’est le devoir de tout canal urétro-
sexuel de s'employer à amener dehors, tantôt le méat vagi-
nal, ettantôt le méat urinaire. Le rectum des oiseaux, bien
plus reculé dans l'abdomen, agit de même, et réussit égale-
ment à porter dehors son extrémité.
4° Sur l’évolution des germes. J'ai enfin abordé en 1819 la
question tant controversée , si les pelits des animaux à bourse.
NalsseNT aux létines de leur mère. Ces petits y sont formés, et ils
y naissent, ont dit d'anciens observateurs ; expressions données
comme synonymes, et qui n’ont pas cependant la même va-
leur, Partageant une autre opinion, et voulant s'exprimer
différemment, M. Cuvier a dit (Régne Animal, etc.) que« les
petits des marsupiaux naissent dans un état peu différent des
fœtus ordinaires quelques jours après la conception, qu’ils
sont incapables de mouvement, qu’ils montrent à peine des
germes d'organes, et qu’en cet état ils s’attachent aux ma-
mnelles de leur mère. ? Le mot naïtre dans ces phrases n’a plus
un sens nettement défini. Nous n'avons d'idées faites, et par
conséquent de termes qui les expriment, que pour trois modes
EEE EEE
(1) Barton: seroit parvenu depuis la publication de ses Lettres: à ob-
server les pontes des didelphes : il auroit vu le vagin lancer directement
dans la bourse les corps gélatineux et pisiformes, visibles plus tard à
l'extrémité des tétines. Cette observation m'est communiquée par notre
célèbre et profond botaniste, M. Turpin, à qui Barton l’a plusieurs. fois
dite et rapportée à Philadelphie.
232 MAR
de génération. Ces idées sont énoncées par les mots ponte,
avortement et naissance. Ponte se dit pour un corps organique
séparé du tronc qui l’a produit, avant de vivre , mais devant
vivre et naître un jour ; avortement, pour un corps organique,
qui se développoit au sein de sa mére, et qui quitte violem-
ment et intempestivement ce domicile; et naissance, pourun
être qui, s’étant formé dansle sein maternel, et qui, y ayant
déjà vécu d’une certaine manière , est produit à la lumière ,
c’est-à-dire, qui quitte à un moment préfixe cet ancien domi-
cile pour passer dans un autre, dans le monde extérieur ; et
encore, ces trois modes de génération se réduisent-ils réelle-
mentà deux, puisque l’un, restant improductif, ne sauroit être
placé sur la ligne des deux autres. L'idée d’avortement em-
porte nécessairement celle d'animaux non viables.
On ne sait pas encore bien au juste quel est, aux premières
journées de leur apparition aux mamelles, le degré de déve-
loppement de ces ébauches informes (Barton), de ces bosses
claires (Roume), que, par une anticipation fàcheuse sur la
connoissance des faits, on déclare être des petits : s'ils ne
jouissent encore que d’un état de développement à peine com-
parable à celui auquel des fœtus ordinaires parviennent quel-
ques jours après la conception , fait consigné dans la science,
s’ils ne montrent ni membres ni organes extérieurs , ils ne
sont done point formés; ils ne vivent pas : ils ne sauroïent
naître dans l’acception vraie de ce mot. Ilsseroient donc dans
un état fort rapproché de l’œuf pondu; mais cependant ce
n’est pas un corps organique, entièrement détaché comme est
l'œuf du corps producteur : qu’est-ce donc, les mots ponte et
naissance ne lui allant pas? De ces conséquences on se porte
au pressentiment de la possibilité d’un troisième mode de gé-
nération. C’est donc uneidée nouvelle à acquérir, et la science
auroit dû reconnoître à ce moment qu’elle étoit tout aussi dé-
pourvue autrefois des moyens de l’observation que de ceux du
langage, pour rendre ce qu’il lui falloit apprendre.
Cette idée à acquérir est depuis long-temps l'objet de mes
recherches : mais au moment que j’essayai de déterminer à
quelie époque du développement des mammifères ordinaires
pouvoient correspondre les formations apparoiïssant périodi-
quement dans la bourse des marsupiaux, je m’aperçus d’une
MAR 233
nouvelle lacune dans la science, ces degrés n'y paroissant
pointmesurés avec précision. On reconnoît, il est vrai, comme
s'appliquant à de premières époques, quatre états successifs,
œuf, embryon, fœtus et nouveau- né: mais y a-t-il d’autres degrés
intermédiaires ? et, pour ceux-là même , connoit-on des ca-
ractères exacts qui en donnent une rigoureuse définitione
Je ne pouvois demander ces documens à uneseule espèce,
et encore moins à une espéce de la classe des mammiféres:les
développemens et métamorphoses des produits génitaux S'y
poursuivent avec trop de rapidité dans les commencemens,
pour pouvoir être saisis et suffisamment bien constatés; mais
choisissant mes sujets d'observation parmi les animaux, où
chacune des premières époques est marquée par des inter-
valles d’une assez longue durée, par des crises organiques et
par la métastase des produits , j’ai pu embrasser tous les faits
qui établissent la marche des développemens par périodes
graduées et distinctes.
Or, voici ce qu’on observe chez lesovipares. Chaque année
l'artère spermatique reprend son service par une domination
qui lui soumet de rouveau toutes les forces organiques ; c'est
d’abord en reproduisant l’ovaire et en augmentant son tissu
slanduleux ou parenchymateux, puis en produisant de petits
corps ronds, transparens et incolores, et puis enfin par une
slsadation nouvelle, en drmadénabtt ces corps qui, comme
s’ils étoientsusceptibles d’une sorte de maturation, deviennent
opaques et jaunes. Quelques anatomistes les ont nommés de
leur couleur, corpora lutea. Jusques-la ces ovules(c’estle nom
que je leur donne à ce moment de leur formation ); jusques-là
ces ovules sont renfermés dans lesmembranes propres de l’o-
vaire, et principalement en dedans de sa dernière enceinte,
sac formé par le péritoine. À ce moment de leur maturité, les
ovules sont comme un fruit sur le point de se détacher du tronc
qui l’a nourri. Cet événement rend une crise nécessaire : le
pédicule du fruitrompra, le sac contenant l’ovule se déchirera.
Le fruit et l’ovule tombent ; le fruit pour être moissonné, et
l’ovule, s’il tombe directement dans le monde extérieur
(comme à l’égard des poissons osseux dans le fluide ambiant),
pour passer au moment même à l’état de fœtule : ou s’il tombe
dans l'abdomen (comme chez les oiseaux , les poissons cartila-
234 MAR
gineux , etc.), pour être reçu dans un autre système organique,
et d’abord dans le pavillon de l’oviductus.
Maturité, déchirement, déplacement, tels sont sans doute des
caractères évidens pour distinguer un premier âge des pro-
duits génitaux. L’ovule est un corps fini, car il est tout ce
que l'ovaire pouvoit le faire: il est pondu, ou pour le monde
extérieur, ou pour l'abdomen, suivant les animaux chez les-
quelson observe. L’ovaire continue, non pas d’influencer, mais
de produire : car ce n’est plus pour perfectionner ce qui est
dans une condition arrêtée, mais pour refaire d’autres ovules.
: Aprés cette première ponte, l'ovule est repris chez les oi-
seaux et chez les mammiféres par le pavillon, conduit dans
le tube de Fallope , et conservé un moment dans l’ad-uterum.
Le passage et le séjour momentané de ce corps dans ces par-
ties de l’oviductus, en irritentla membrane séreuse:le résultat
de cette irritation est une sécrétion abondante d’albumine,
qui se réunit à l’ovule, et qui forme, autour, ces couches con-
centriques, dites vulgairement le blanc de l'œuf. Cette com-
binaison de jaune et de blanc, pourvue de ses membranes,
constitue un nouveau corps, par conséquent un second àge
des produits génitaux. En cet état, c’est un œuf: produit de-
hors, on dit de lui qu’il est pondu; mais c’est vraiment pour
la seconde fois.qu'il quitte la souche originelle. |
Cetœuf s’anime sous de premiers efforts de développement:
des vaisseaux paroïssent de toutes parts ; c’est un œuf injecté,
ou mieux c’est un réseau placentaire, troisième âge des pro-
duits génitaux. Dans les actes irréguliers , tous ces vaisseaux
sont divergens ,,et nous avons des produits monstrueux con-
nus sous le nom de végétations animales, de masses charnues
et de môles; monstruosités sur lesquelles nous avons présenté
quelques nouveaux aperçus dans notre Philosophie anatomique,
tom, >, pag. 206 ; ou, au contraire, dans les phénomènes qui
se suivent régulièrement, la plupart des vaisseaux viennent
converger sur un point, et donnent lieu à des formations d’or-
ganes, dont l'assemblage est connu sous le nom d’embryÿon.
Donnons À ce mot une valeur bien déterminée. C’est, jele
répète, une réunion de parties où paroissent informes etcon-
fusément des organes qui tendent vers une forme précise, et
qui, achevés, procéderont à des actes pour produire de nou-
MAR 255
veaux organes. Dans ce cas, un embryon n'est point encore
un être vivant, pas plus quel’œuf dont il provient : si donc
quelque chose présente ici l’aspect d'une organisation vivante,
ce n’est ni l'œuf avant son animation, ni l'embryon qui est
jusques-là un résultat d'organes répandus autour de lui, mais
c’est l’ensemble de vaisseaux qui a joui d’une activité assez
puissante pour coordonner tant d’élémens assemblés; c’est
le réseau placentaire. Plusieurs animaux des derniers rangs de
l'échelle, les méduses, nous donnent en réalisation perma-
nente ces combinaisons qui ne sont ici qu'un état intermé-
diaire. Le réseau placentaire, qui vit pour l'embryon, respire
aussi pour lui. Par conséquent le sang qui arrive sur celui-ci
est artériel et assimilable en raison de son oxigénation : il
profite à l'embryon et pourvoit à son accroissement vers tous
les points de son arrivée. S'il en est ainsi, comptons un qua-
triéme âge pour les produits génitaux; celui que l’existence
d’un embryon nous fait connoître.
_ Mais que, par une révolution subite dont les phénomènes
n’ont pas encore été examinés, tous les organes de l'embryon,
et principalement son propre organe de la respiration, entrent
enjeu, moment qui dépend de l'achèvement de ces organes, et
surtout de l'élaboration complète de l’organerespiratoire, l’em-
bryon vit par lui-même ; mais ce n’est plus l'embryon, c’est le
fœtus. Les vaisseaux placentaires ont perdu les fonctions respi-
ratoires : ils s’en tiennent à uneseule fonction, quand aupara-
vant ils en remplissoient deux. Ce n’est plus qu'un appareil
vasculaire, établissant une bouche de succion entre la mére
et le fœtus. Les fonctions respiratoires ont passé aux vaisseaux
du derme , comme plus tard et aprés la naissance, elles pas-
seront aux vaisseaux du poumon. Le fœtus ne reçoit plus un
sang assimilable , mais du sang veineux, c’est-à-dire une nour-
riture composée d’élémens hétérogènes, à laquelle il à main-
tenant les moyens de faire éprouver tous les actes de la di-
gestion , de la nutrition, et finalement ceux de la respiration.
Le fœtus, qui jouit d’une vie parfaite, mais particulière à sa
situation d’être emprisonné , forme un cinquième état ou âge
des produits génitaux.
Un sixième âge est celui de ce même fœtus, lorsqu'il est
produit au jour: c’est, pour ainsi dire, une autre ponte qui
236 MAR
Vapporte dans un nouveau monde, et qui l'y apporte cette
fois d’une manière bien autrement remarquable ; cet événe-
ment étant caractérisé par des crises plus déchirantes. En effet,
les enveloppes placentaires sont forcées et rompues: la bouche
intestinale de succion est flétrie et périt; le derme se rétracte
sous l'influence de l’air atmosphérique, et de larges vaisseaux
de respiration, atteints par cette rétraction, se changent en
capillaires de la peau ; la nutrition est intervertie aussi bien
dans son mode que dans son mécanisme ; et le sang, comme:
les fluides respiratoires de l’air , viennent gonfler et faire jouer
les poumons. Le fœtus a perdu ce nom, en se dépouillant de
ses enveloppes fœtales, et prend alors celui de NOUVEAU-NÉ ,
expression que je remplace à l'égard des mammifères par celle
de lactivore.
J’ai depuis long-temps perdu de vue les animaux à bourse,
car tout ce qui précède est une histoire de l’évolution des
germes, laquelle embrasse l’universalité desanimaux vertébrés;
maïs l’on doit sentir que j’avois besoin de substituer aux obs-
curités de la science à ce sujet, quelque chose de moins vague,
et surtout que, sans un dictionnaire composé à l’avance de
termes définis avec rigueur, je ne pouvois espérer d’être com-
pris en traitant de ce qui concerne la naïssance des marsu-
piaux : tandis que présentement, s’il m'arrive de dire qu’aun
moment de leur évolution, ils naissent aux tétines de leur
mére, je serai entendu dans le sens où j'aurai conçu cette
idée.
J’en viens maintenant à ces animaux, et je vais tenter d’ex-
poser comment j'entends la révolution de leurs àges, leurs
successives métamorphoses, et leur diverse apparition en cer-
tains lieux. J’embrasserai, par la pensée et les observations
d'autrui, dont j'ai plus haut donné un précis, mes propres
observations, et tousles faits que les considérations anatomiques
et les secours de l’analogie ont pu me procurer. Comme rien
ne peut suppléer des observations directes, et que plusieurs
données de ce genre manquent toujours à ces déductions,
j'en préviens pour que mes jugemens soient reçus avec une
juste défiance. Je déclare que c’est à titre de devoir que je me
suis résigné à publier ce qui suit. Il n’y avoit moyen d’arri-
versur les faits qu’en faisant paroître un programme qui expo-
MAR | 257
sèt ce qui est acquis et ce qui reste à acquérir. Je me flatte
que l’intérêt du sujet excitera le zèle des médecins qui, aux
Indes et en Amérique, sont à portée d'examiner des marsu-
piaux, et qu’ils voudront bien entreprendre d’aussi belles
recherches. Cet espoir et la conscience de l'utilité de mon
entreprise m'ont fait passer sur la répugnance d’avoir à avan-
cer ici ce qui un jour sera peut-être justement contredit.
Un mode de génération possible à la rigueur , mais non pro-
bable, vu la distance des marsupiaux à l'égard des animaux
chez lesquels ce mode se rencontre , est la génération gemmi-
pare. Les organes mammaïires, en attirant à eux les princi-
pales dérivations des troncs artériels, pouvoient acquérir un
degré de développement, de concentration et de puissance
expansive, capable de produire un ou plusieurs rameaux pro-
longés, et par suite un système excentrique d'organes, dont
le pédicule, venant enfin à se rompre, laissât en dehors du
tronc principal un sujet semblable à sa tige originelle. Voilà
ce que plusieurs physiologistes ont cru, mais ce qui n’est ni
probable ni admissible d’après les faits. ‘
Les femelles des oiseaux produisent des ovules et des œufs
sans l’approche des mâles, celles des mammifères seulement
des ovules. Ceci nous apprend que l’artère spermatique, obéis-
sant à une excitation intérieure, s’exalte sans autre provoca-
tion pour venir verser ses produits dans l’ovaire; glande qui
se forme du groupement de ses branches terminales, de l’a-
nastomose (?) d’une partie de ses vaisseaux capillaires. La
fécondation qui ne s'exerce que dans l’ovaire et pour l’ovaire,
est un phénomène qui joint son effet à des effets produits. Par
conséquent la fécondation ni ne cause, ni ne caractérise l’o-
vule. Fécondé, l’ovule a acquis une condition de plus, la con-
dition qui en excite et favorise le développement : non fécondé,
il est réabsorbé, du moment que l'artère spermatique cesse
de produire, et retourne à son premier état d’atrophie.
Chez l'oiseau, l’ovule qui traverse un long et large canal si-
nueux, irrite par sa présence la membrane séreuse de cet
intestin. Plus de sang porté à la membrane séreuse, y produit
des bandelettes glanduleuses, et celles-ci sécrétent bientôt dela
matière albumineuse ; l’ovule s’en recouvre, et, grossissant à la
258 MAR
manière d’une pelote de neige, il devient finalement ün œuf.
Il est donc manifeste que ces événemens postérieurs n’ont rien
changé à la nature primordiale del’ovule : son unique modifica-
tion, c’est qu’il est enfermé au dedansde plusieurs couches albu-
mineuses. L'ovule avoit-il été fécondé quand il adhéroit à l'o-
vaire? Lesmatiéresalbumineuses du tube de Fallope,ontcomme
répandu autour de lui un voile léger qui paralyse momenta-
nément l'effet de la fécondation. C’est de la cendre versée sur
du feu : la plus petite circonstance fera cesser l’ajournement
de ces effets de fécondation. Mais dans tous les cas, le liquide
albumineux produit par le tube de Fallope, ainsi que les en-
veloppes qui le contiennent, sont des conditions propres aux
oiseaux. Ce concours d’évéremens peut rester, et, je crois,
reste étranger aux mammifères; d’où vient que je puis dire,
pour donner toute ma pensée a cet égard, que les mammi-
féres ne sont point ovipares, maïs bien ovulipares, en dedans
de la matrice. ils sautent par-dessus cette formation de l'œuf,
dont nous avons plus haut fait le second àge des produits gé-
nitaux. Ceux-ci, passant de suite à l’état de réseau vasculaire,
trouvent, dans les sécrétions des membranes séreuses contem-
poraines à l'égard de l’action du développement, assez d'at-
bumine déja produite pour fournir les élémens des membranes.
On ala preuve de tous ces faits dans les gestations extra-uté-
rines de la femme. Un ovule s’est il détourné de sa route, il
lui suffit de rencontrer une artère pour se greffer, soit vers
les trompes, soit même au-delà sur un point dés surfaces pé-
ritonéales. Or ce n’est certainement pas un œuf, mais un ovule
qui peut s’égarer de cette manière et prendre ainsi racine.
Quant aux marsupiaux, je ne puis voir en eux que des
ovulipares : car ils ont encore moins que les mammiferes or-
dinaires l'organe susceptible d'élever l’ovule par des couches
additionnelles à l’état et au volume d’un œuf, les portions
fallopiennes de leurs oviductus étant très-courtes. (| dans les
kangüroos) ou presque nulles (dans les didelphes). Leurs
ovules, qui ne sont point arrêtés par une matrice ramassée
sur elle-même et fermée par des cols, sont nécessairement
rejetés dehors, au lieu d'entrer dans des travaux d'incuba-
tion à l'intérieur. Mais dans quel état et à quelle époque ? Rien
ne peut sur ce point suppléer à l'observation, et il est prudent
NAR 259
d'attendre que celle-ci soit donnée. Cependant l'analogie fait
entrevoir une circonstance : ce ne sauroit être le produit
ovarien sans fécondation; car les femelles vierges le fournis-
sent comme les femelles imprégnées : la différence des unes
aux autres, c’est que dans celles-ci ce produit est efficace , et
que dans celles-la il est destiné a être, aprés la saison d’amour,
repris par la circulation. Les ovules qui s'écouleront ne sau-
roient être que des ovules fécondés : mais comme la féconda-
tion ne leur donne jusqu'a leur parfaite maturité que des
qualités de futur contingent, ce n’est point la fécon-
dation en elle-même, mais les effets de la fécondation qui
peuvent entraineries ovul!es. On conçoit que, venant à grossir,
leur accumulation dans les portions (ad-uterum? ) de l’ovi-
ductus qui les contiennent, amenent un entassement doulou-
reux pour ces portions contenantes, et que l’animal cherche
à s’en débarrasser, nous pouvons dire à les pondre. Ainsi ce
ne sauroit être des ovules dans l’état de tranquillité et de
maturité, tel que lindique leur présence dars l'ovaire, mais
des ovules dans un commencement de développement. J'i-
gnore ce qui en est, et je ne fais que donner une supposi-
tion; ce seroit l’ovule avec réseau vasculaire, l’ovule du troi-
sième àge des produits génitaux.
L’ovule se greffe à ce moment sur l’un des points de la
matrice chez les mammifères ordinaires; il n’y auroit de dif-
férence à l'égard des marsupiaux que dans le lieu; la bourse
seroit un organe supplémentaire ; un second utérus, et le plus
important des deux (Barton). Cette gestation utérine de quaterze
jours, suivant d’Aboville, de vingt-deux à vingt-six jours,
suivant Barton, se composeroit du temps qu'emploient les
ovules pour devenir réseau vasculaire, pour commencer cette
premiére existence, dont les méduses nous présentent une
image, et, comme je l’ai dit plus haut, dont ces animaux,
l’un des derniers chaïinons de l’échelle animale , nous fournis-
sent une réalisation permanente. Ainsi, l’on conçoit l’expres-
sion de Blumenbach, appliquée à 4 des êtres apparoissant
dans la bourse, lesqueis ne seroient que des avortons. ? Ainsi
s'expliquent, 1.° l'ebservation de Roume, reproduite par
d’Aboville, que ce sont d’abord des corps ronds, pisiformes
où en figue, des bosses claires, où l’on distingue à peine une
240 MAR
foible ébauche d’embryon; 2.° cette autre observation de
Barton, que ce sont des corps gélatineux, des ébauches in-
formes. Dans l'hypothèse que c’étoient des fœtus nés, on disoit,
sans le comprendre, qu'ils s’attachoient aux mamelles; il est
au contraire trés-possible et très-naturel que des corps gélati-
neux, que des ovules injectés se greffent aux mamelles, qui
sont les points de la bourse où les artères sont le plus déve-
loppées.
Le corps gélatineux déjà ouvragé par un tissu vasculaire,
cettesorte de méduse, cet avorton pondu dans la bourse, forme
le troisième état des produits génitaux. Je ne lui ai pas appliqué
le mot de réseau placentaire, mais celui de réseau vasculaire,
parce que je présume que ce réseau s'établit bien différemment
et sans doute avec plus de simplicité. La respiration doit de
bonne heure s’exécuter dans l’air libre, quand celle des ré-
seaux placentaires puise l'air disséminé dans l’eau. Je me
borne à ce simple énoncé pour ne pas anticiper sur les faits, es-
pérant que cet aperçu y appellera l’œil des observateurs.
Ce réseau vasculaire établit l'embryon marsupial sous des
conditions bien différentes de celles des embryons utérins; car
il s'applique à former, aprésles appareils circulatoires et intes-
tinaux , les poumons, et en même temps les narines, qui sont
alors une continuation des canaux aériens. Le développement
de l’organe olfactif, et particulierement de ses propres tuber-
cules dans le cerveau, s'ensuit nécessairement; mais de plus,
une autre conséquence qui en découle pareillement, c’est que
le développement anticipé de celui-ci nuit à la formation de
l'organe de la vision , l’un des premiers à paroître, comme l’un
des plus considérables systèmes du fœtus chez les oiseaux. Bar-
ton dit en effet que les jeunes opossums n’ouvrent les yeux que
vers le 5o° ou le 52° jour de leur entrée dans la bourse,
et M. Serres, auquel on doit de si belles recherches sur l’en-
céphale des animaux vertébrés, m'a communiqué une obser-
vation correspondante. Il a vu sur un fœtus de marmose les
tubercules nommés quadri-jumeaux fort petits; ce qui est exac-
tement le contraire dans les embryons utérins. Un autre fait
non moins singulier qu'il a aussi remarqué, c’est l’occlusion
ab-ovo des yeux parle derme. On sait que chez les fœtus utérins
les yeux existent d’abord ouverts, et que les paupières arrivent
MAR | 241
et s'étendent dessus plus tard pour les défendre de la lumiére
lors de la naïssance. Il semble que les yeux, avañt de devenir
un organe de vision, soient consacrés à d’autres services, ou
parce qu’ils recueillent certains fluidessécrétés, ou parce qu'ils
établissent une communication de l'embryon avec son réseau
vasculaire ambiant.Voyez, pour le développement de ces aper-
us, la note de ma Philosophie anatomique, tom. 2 , pag. 317.
Après l’état d’embryon arrive l’état fœtal. Le fœtus est tel,
du moment que ses membres apparoiïssent, mais principale-
ment dès que le poumon est formé, et que les narines se sont
ouvertes et ont donné accés à l'air ambiant.
Quel est le mode de nourriture de ces différens âges? la
tétine est-elle un cordon ombilical, se continuant par une
liaison non interrompue chez l'embryon jusques dans l’æso-
phage P et le fluide parvenu dans l’estomac et l'intestin seroit-
il sécrété par l’œsophage? par l'estomac? par l'intestinr Cet
aliment lui-même ne seroit-il autre que le mucus, que ce
fluide quintessencié du système artériel? Voyez pour cette
théorie qui m'est propre le chapitre du deuxième volume de
ma Philosophie anatomique, pag. 288, portant pour titre : De
la nutrition intestinale du fœtus et de sa très-grande conformité
avec la nutrition intestinale de l'animal adulte. Un passage de
Barton doit le faire supposer; c’est quand Barton dit avoir vu
dans l’estomac d’un trés-petit embryon, un liquide transparent
et sans couleur, observation qu’il oppose à une remarque,
faite surunsujetmoinsjeune, pesant quarante-un grains, etchez
lequel l’estomac étoit distendu et dilaté par une matière blanche
et laiteuse. Cet estomac si distendu, si dilaté, me rappelle la
vésicule ombilicale des mamumiféres, la poche du jaune des
fœtus d’oiseaux. €
Barton traite, avec détails, du développement de la tétine :
elle croît en longueur et en diamètre , dans la même raison que
croît l'embryon. Celui-ci y fait naître un appareil de vaisseaux
nourriciers analogues à ceux dont se compose le placenta, mais
adaptés dans ce nouvel ordre de choses, non plus à une ouver-
ture d’une courte durée, à l’ouverture ventrale, dite l’ombi-
lic, mais à un orifice permanent, celui de la bouche elle-même ;
entrée plus naturelle peut-être pour la substance alimentaire,
que celle des fœtus, que nous sommes cependant et si journel-
29. 16
242 MAR
lement à portée d'observer. « L’embryon forme son mamelon,
a dit Barton :les plus intimes rapports d’accroissement et de
développement existent entre l’un et l’autre. Quand la bouche
de l'embryon grandit, lemamelon grossit pareillement :etavec
le temps on s'aperçoit que le mamelon n’est plus qu’en partie
contenu dans la bouche; on en voit dayantage en dehors de-
puis son insertion à la glande mammaire jusqu'au bord exté-
rieur des lèvres. ? | Ë |
J'ai eu occasion d’étudier les rapports du mamelon avec la
bouche, mais dans un jeune sujet libre de tous liens, et reve-
nant téter dans la bourse. C’est un arrangement d’un accord si
merveilleux qu’il faut croire qu’une adhérence des deux par-
ties persistantes dans le premier âge en avait ainsi ordonné.
Afin que les deux fonctions de la respiration et &e la lactation
puissent s’exécuter simultanément, le larynx est terminé par
un col évasé dont le pourtour se-prononce en une sorte de
petit bourrelet; tout cet ensemble est introduit dans les arrière-
narines : ainsi le larynx est placé sur le voile du palais. Decette
maniére, la respiration du jeune didelphe se fait par les na-
rines et le larynx, lorsque Îa succion de la tétine remplit de
lait la bouche et le pharynx. Ce liquide glisse le long du larynx
dont le collet forme un ressaut qui ménage de chaque côté une
très-petite issue pour le trajet de la substance alimentaire. La
lactation achevée, le larynx descend sous le voile du palais,
les narines deviennent libres; la respiration et la manducation
sont comme partout ailleurs des actes nécessairement successifs.
M. d’Aboville a dit du mamelon que, long de deux lignes ,äl
se dessèche aprés le sévrage, et tombe comme ie feroit un
cordon ombilical. Il est beaucoup plus long, quand ilsert de
pédieule pour suspendre le fœtus. C’est à ce moment qu'on
peut le regarder comme un véritable cordon ombilical; mais
au bout de six semaines la rupture s’en opère; ses vaisseaux,
qui se prolongeoient dans le fœtus, s'arrêtent et se terminent
dans la glande mammaire. Leur rôle à cette seconde époque,est
de nourrir abondamment cette glande , et d’en faire un organe
puissant de lactation. Le pédicule de suspension , ainsi réduit à
n'être que le vestige d’un riche appareil, prend à ce moment
le caractère et la fonction d'une tétine.
Le sang quitte doncune habitude prise pour en contracter une
MAR 243
autre ; mais n'est-ce pas ce qui arrive chez toutes les méres des
mammiféres ordinaires, quandelies mettentaujourleurspetits?
Ces mêmes effets chez les marsupiaux tiennent à de semblables
causes.« Après l’ège de la suspension aux mamelles, a dit Pen-
nant , les jeunes opossums subissent une seconde naïssance. ?
La proposition de Pennant est rigoureusement vraie, si l’on
admet que leur entrée dans la bourse leur doit être comptée
comme une première naissance. Une première fois nés, quand
ils ne jouissoient encore que de l’organisation des méduses, ils
naissent une seconde fois, le jour que leurs yeux sont ouverts,
que leur bouche est fendue latéralement, que le pédicule de
suspension a été rompu, et qu'ils n’ont plus avec leur mère
de rapports que comme lactivores. Un instant auparavant,
c’étoient encore des fœtus, les voilà nouveau-nés ou lacti-
vores.
A ce moment ils rentrent dans les conditions communes de
tous les mammiféres.
Cependant jusqu’à quel point s'en sont-ils écartés ? Ils étoient
déjà nés une premiére fois, organisés comme des méduses ;
mais tous les mammifères passent par cette existence intermé-
diaire ; la différence ici, c’est que les marsupiaux naissent mé-
duses dans le second utérus, la bourse, et que"les mammiftres
ordinaires naissent avec ce degré d'organisation dans le pre-
mier, la véritable matrice.
Telle est ia dernière observation par laquelle je : termine ce
long paragraphé. On aura remarqué que voilà un bien long
article pour exposer le plus souvent des idées plutôt probables
qu'avérées; mais l'intérêt dusujet estsigrandqu'ilfera sans doute
excuser la témérité de cette entreprise. Une génération rappro-
chée de la nôtre, anomale en quelques points, opérant un autre
partage des époques de développement, productive par l'emploi
d’autres moyens, forme sans doute l’un des plus grands spec-
tacles que les considérationsanatomiques pouvoient fournir à la
philosophie. Notre champ habituel d'investigation nous a pro-
curé des théories, des règles, qui nous ont à peu près appris
tout ce qu’elles pouvoient nous enseigner. En étudiant au
contraire toutes cessortes d'irrégularités, nous nous procurons
d’autres sujets de méditation, d’autres bases pour juger diffé-
remment ce que nous appelions les cas normaux, des effets
16
244 MAR
nécessaires. La génération estle plusgrandfait dela physiologie:
s’il nous est donné d'en PPDOIPERE les mystères avec plus de
bonheur qu’on ne l’a fait jusqu'a ce jour, ce sera, je pense, en sui-
vantpasa pastouteslesobservationspossibles deses phénomènes,
et plus particulièrement en donnant la plus sérieuse attention
aux métamorphoses etaux métastases des produits génitaux
dans les animaux à bourse.
Une derniére considération intéresse la zoologie. Comment
tant de familles différentes sous le rapport des organes du
mouvement et de la nutrition ? et comment arrive-t-il cepen-
dant qu'une chaîne, les maîtrisant impérieusement , les eniace
et les réunisse en un seul groupe , dans l’ordre unique des mar-
supiaux ? Ce ne seroit plus une question problématique, si la
modification principale, qui amène à un centre commun tant
d'organisations diverses, tient à la seule absence de la mésenté-
rique inférieure; car on sent que cette cause peut agir forte-
ment dans un lieu, sans affecter bien vivement toutes les autres
parties de l’être. (Gsorr. Sr.-H.)
MARSUPITE. (Foss. ) On trouve dans les couches de craie,
prés de Lewes » à Hurstpoint, prés de Brigthon et de War-
minster, et dans d’autres endroits de l'Angleterre, un singulier
corps fossile , qui paroît dépendre de la famille des échinides,
mais qui est d’un genre particulier, auquel Parkinson avoit
donné le nom de tortoiseencrinite (Park., Org. remains, vol. IT,
pl. XIIL, fig. 24), etauquel Miiler et Mantell ont donné celuide
marsupites ( Miller a natural history of the crinoidea, Mantell’s ma-
nuscript on the southdosyn fossile, tab. XVI, fig. 6,10, 14et 15).
Dans l'ouvrage ci-dessus cité, Miller lui assigne les caractères
suivans : Corps libre, subglobuleux, et qui a dû renfermer des
viscéres, protégés par des pièces calcaires, appuyées sur
elles-mêmes. Cet auteur a cru y remarquer des épaules, des-
quelles ont dû partir des bras, et un espace près de l’épaule
qui a dù être couvert par un tégument, protégé par de petites
pièces très-nombreuses, dont il donne les figures (pag. 124),
ainsi que celle de l'espèce qu’il a décrite, à laquelle il a donné
le nom de marsupiles ornalus.
On voit, tant par les morceaux de ce fossile que nous pos-
sédons, que parles figures que nous venons de citer, que ce corps
MAR 245
de la grosseur d’un œuf de poule, arrondi par l’un des bouts,
et trenqué par l’autre, est composé environ de douze pièces
changées en spath calcaire, et qui sont appliquées les unes au-
prés des autres. Les cinq pièces, qui terminent le bout arrondi,
sont pentagones et finement striées ; les autres sont hexagones,
et chargées extérieurement de cordons rayonnans, dont le
centre part du milieu dé chaque pièce. Dans la figure donnée
par Miller, on voit au bout tronqué cinq proéminences qui
indiqueroient qu’au bout de chacune d’elles auroient pu se
trouver des bras semblables à ceux des ophiures. La figure,
donnée par Parkinson, porte des échancrures aux places où
ces bras devroient avoir existé.
‘ D'après ce que l’on voit de ce corps, il est difficile de se faire
une véritable idée de ce qu’il étoit à l’état vivant. Peut-être
que quelque jour, on se procurera des morceaux plus entiers
qui nous le feront mieux connoître. (D. F.)
MARSYAS. (Malacoz.) C’est le nom sous lequel M. Ocken,
dans son Système général d'Histoire naturelle, 3° partie, p. 302,
a établi le même genre que M. de Lamarck avoit proposé depuis
long -temps sous le nom d’Avuricure, qui a été généralement
adopté. Voyez ce mot. (De B.)
MARSYPOCARPUS. (Bot.) Necker donne ce nom à la
bourse à berger , thlaspi bursa pastoris, dont long-tempsavant,
Césalpin avoit fait un genresous celui de capsella, adopté ré-
cemment par Medicus et Mœnch, et caractérisé par la silicule
triangulaire. (J.)
MARTAGON. ( Bot.) Ce nom ser a été donné par Lo-
bel, Clusius et d’autres à diverses espèces de lis ; mais il est
resté appliqué plus spécialement au lilium martagon des bota-
nistes, dont les pétales sont réfléchis et courbés en dehors. (J.)
MARTE, Martre (Mamm.), Mustela, Linn. C’est le nom
latin Marées , qui appartenoit à une espèce du genre ou plutôt
du groupe trés-naturel auquel il est aujourd’hui appliqué
comme nom générique.
Ce n’est que dans ces derniers temps qu’on a réuni da»s le
genre Marte des animaux dont l’analogie d'organisation est
réelle. Raï et Brisson y associèrent les mangoustes, Linnæus y
réunit les loutres : ce que Gmelinse garda bien de rectifier. Pen-
nant confondit les martes avec une foule d'animaux hétérogènes
246 MAR
et Erxleben, par un hasard heureux, sinon par une raison solide,
associa les gloutonsaux martes. Depuis on a diversement ballotté |
ces animaux, et nous avons essayé nous-même de les soumettre à
un ordre régulier, et d'établir leurs véritables rapports. Pour
cet effet, considérant que la structure des organes de la mastica-
tion et de la digestion sont, chez les animaux carnassiers, dans
des rapports intimes avec le naturel fondamental, et que les dif-
férences que ce naturel présente, suivant les espèces, tiennent
aux modifications organiques qui ont pour objet, non de le
changer, mais seulement de varier les moyens de le satisfaire,
nous avons considéré tous les carnassiers pourvus du même
système de dentition que les martes, et non dérivant de ce
système, comme appartenant à une même famille, laquelle
se subdivise en _plusieurs genres ou sous-genres, Suivant les
différences de leurs autres systèmes d'organes. /
Envisagée sous ce os de vue, la famille des martes ren-
ferme : 1.° les pulois, 2.° les zorilles, 3.°les martes, 4.° les gri-
sons , et 5.° les gloutons. Nous avons déjà traité des grisons et
du glouton sous ce dernier nom. Nous traiterons dans cet
article, sous le nom commun de martes, des putois, du zorille,
et des martes proprement dites.
Les Purois.
Les espèces de ce groupe, qui se trouvent chez nous,
tels que le putois, la belette, le furet; etc., sont trés-propres
à donner l’idée de la physionomie et du naturel qui sont com-
muns à toutes. On n’en connoît point encore dont la taille sur-
passe celle du putois. Ce sont des animaux minces, cylindriques,
alongés, bas sur jambes, dont le cou est presque aussi gros que
la tête, qui ont une incroyable souplesse, et une rapidité de
mouvemens plus incroyable encore; ils s'introduisent par les
ouvertures les plus étroites, montent aux arbres a l’aide de leurs
ongles acérés, marchent sur l'extrémité des doigts; et lors-
qu’ils fuient, c’est uneflèche qui vole. Après les chats, cesontles
plus sanguinaires de tous les carnassiers ; c’est même le sang
plutôt que la chair qu’ils recherchent pour leur nourriture:
ils s’aftachent au cou du lièvre qu’ils ont surpris, percent sa
peau de leurs canines aiguës, et malgré sa fuite, s’il est assez
grand pour les entraîner avec lui, ils ne le quittent qu'après
MAR 247
s'être repus et l'avoir épuisé. Leur vie est solitaire et noc-
turne; c’est lorsque les autres animaux reposent qu'ils tentent
de surprendre leur proie; et c'est aussi durant la nuit qu’ils
cherchent à satisfaire les besoins de l’amour. Les uns vivent
près des habitations, les autres dans le voisinage des forêts,
quelques uns près des rivières, et ceux que nourrissent les
régions septentrionales, couverts d’un pelage fin et épais,
fournissent au commerce des fourrures très-recherchées. On a
déja trouvé des putois dans toute l’Europe, dans le midi
comme dans le nord de l’Asie, dans les provinces du nord de
l'Afrique et dans l'Amérique septentrionale.
Leurs caractères organiques sont tout-à-fait en rapport
avec leur naturel. Leur systéme de dentition consiste en six
incisives, deux canines et huit mâcheliéres à la mâchoire
supérieure, et en six incisives, deux canines et dix mâche-
lières à l’inférieure. Les incisives et les canines n’offrent rien
d’important dans leurs détails. Les mâchel ères supérieures se
composent de deux fausses molaires normales, d’une carnas-
sière pourvue d’un tubercule interne, petit, mais trés-distinct,
et d'uñe tuberculeuse assez étendue. Lesmächelières inférieures
sont forméesde trois fausses molaires , les deux premières rudi-
mentaires et la derniére normale, d'une carnassiére dont le
talon postérieur est assez étendu, et d’une trés-petite tubercu-
leuse de forme cirtulaire. Le pelage est ordinairement com-
posé de deux sortes de poils , et les moustaches sont longues
et épaisses, l'oreille est petite , arrondie, plus large que haute,
peu compliquée dans son intérieur, mais avec un repli en forme
de poche à son bord antérieur. L'œil n’a qu’un rudiment de
paupière interne, et sa pupille est alongée trarsversalement.
Les narines sont ouvertes au milieu d'un mufle composé de
fortes glandes, et la langue étroite est couverte de papilles
cornées et aiguës, et elle est terminée en arriére par deux
lignes parallèles de chacune trois glandes à calice, qui sont
entourées de beaucoup d’autres glandes plus petites. Les quatre
pieds sont terminés par cinq doigts réunis dans les trois quarts
de leur longueur par un membrane assez lâche. Le doigt du
milieu et l’'avant-dernier sont égaux, et plus longs que les autres ;
le second et le dernier , également égaux entre eux, viennent
ensuite, et le premier, ou celui qui répond au pouce, est le
248 MAR
plus couft. Des tubercules nus et oblongs garnissent la base
des doigts, et, au milieu de chaque plante, s’en trouve un
autre également nu, et en forme de trèfle, dont les divisions
sont dirigées du côté des doigts. À chaque pied de devant, se
trouve un tubercule qui les termine en arrière. L’intervalle qui
sépare ces divers tubercules est couvert de poils chez les uns,
etnu chez les autres. Les organes génitaux n’en ont point
d'accessoires; et l’on observe de chaque côté de l'anus, l’orifice
de glandes qui sécrètent une matière visqueuse plus ou moins
odorante. gl
‘Les espèces de ce groupe qui sont assez bien connues pour
être caracterisées, sont au nombre de onze.
1. Le Purois : Mustelaputorius, Linn.; Buffon ,tom. VII, pl. 24.
Cette espéce a environ quinze à dix-huit pouces de longueur
- du bout du museau à l’origine de la queue; celle-ci en a six.
C’est peut-être la plus grande espèce de ce groupe. Elle est
généralement d’un noir brunâtre quis’éclaircit en prenantune
teinte jaunâtre sur les flancs etsur le vernitre , et sa face blanche
semble être recouverte en partie d’un masque brun ; mais ob-
servée en-détail, on trouve quelesommet dela tête, le front, le
dessus du cou et la queue sont d’un beau roux assez clair; que
les autres parties de la tête, excepté le museau, le reste du
cou, les épaules, les jambes et le bout de la queue sont d’un
brun plus foncé ; que le museau est blanc , sauf le masque assez
large qui part du front, s'étend sur les yeux, et vient ense ré-
trécissant jusque sur le bout de la mâchoire inférieure ; que la
partie postérieure de la poitrine et le ventre sont d’un fauve
clair avec une ligne longitudinale noiràtre qui les partage en
deux parties égales ; enfin que le bout des oreilles est blanc.
Le putois vit prés de nos habitations, et, surtoutenhiver,
établit son gîte dans les greniers, sous les toits et dans les par-
ties les plus reculées des granges; il cherche à se glisser dans
les basses-cours, dans les colombiers, et, s’il y pénètre, il met
tout à mort, apaise d’abord sa faim, et ensuite emporte pièce
à pièce tout ce qui reste. Il est aussi très-dangereux pour les la-
pins danslesterriers desquelsils’introduitaisément,etoù même
il établit quelquefoisson gîte. Les nids de caille, de perdrix, les
rats, les mulots deviennent aussi sa proie, lorsque durant la belle
saison il s’est établi dans le voisinage ou sur la lisière des bois.
_ 4
MAR 249
Sa défiance le fait aisément échapper aux piéges qu’on lui tend;
aussi est-il à la campagne un voisinage très-inquiétant; mais
lorsqu’it s'aperçoit qu’on persiste à le poursuivre, il finit par
s'éloigner. On assure qu’il aime le miel et qu'il attaque
les ruches. C’est au printemps que ces animaux entrent en
amour; les mâles se livrent alors des combats cruels. Après
cette époque, les femelles se retirent dans leur retraite, où
elles mettent bas quatre ou cinq petits dont ellesseules prennent
soin; mais on ne dit ni combien dure la gestation, ni dans quel
état de développement ces petits naissent. C’est vers la fin de
l'été qu’ils commencent à se conduire seuls, et bientôt aprèsils
seséparent entièrement de leur mére. La voix des putoisest assez
_ sourde, ils ne la font entendre que rarement, et surtout dans
leurs combats. L’odeur qu'ils répandent est infecte , et c’est de
la que leur nom a été tiré.
On trouve cette espèce dans toute l' Europe, etjusqu’en Suède.
2. Le CHorox; Mustela sibirica, Pall., Spiciles. Zoolog.,
fasc. 14, pl. 4, fig. 2. Les Russes donnent ce nom à une espèce
décrite par Pallas sous le nom latin que nous avons joint au
premier, mais la description de ce savant naturaliste diffère si
peu de celle du putois, que noussommes embarassé de trouver
des différences qui les distinguent. Selon cetillustre naturaliste,
le chorok auroit des poils plus longs et moins fins que le pu-
tois, et, au lieu d’avoir l’extrémité du museau brune, il auroit
le tour du nez blanc. Cet animal du reste a toutes les mœurs du
putois. On sent qu’une nouvelle comparaison est nécessaire
pour établir qu’il y a une différence spécifique entre ces ani-
maux.
La collection du Muséum paroît posséder un individu de
cette espèce qui est uniformément d’un blond roux, excepté le
tour du museau qui est blanc au bout et brun jusqu'aux yeux.
Cetindividu diffère donc beaucoup du putois, et donneroït des
caractères très-précis à son espèce.
3. Le Vison : Mustela vison, Linn.; Buffon, tom. XIII, pl. 45.Sa
taille approche beaucoup de celle dela fouine; il a quinze pouces
du bout du nez à l’origine de la queue; celle-ci en a douze.
Ilest d’un brun marron, #n peu plus ou un peu moins foncé;
le dernier tiers de sa queue est noir; le bout de la mâchoire in-
férieure est blanc, et cette couleur s'étend en uneligne étroite
260 MAR
jusqu’au milieu du cou. La membrane interdigitale est remar-
quable par son étendue. Le vison fx de l'Amérique Re bn
trionale.
4. Le Mixr; Mustela lutreola , Pall., Spicileg. Zoolog., fase. 14,
pl. 31. Cette espèce est d’un tiers plus petite que le vison, et
d’un marron presque noir. Le dernier tiers de sa queue est
iout-a-fait noir, et le bout de sa mâchoire inférieure est blanc.
Ses doigts ne paroissent pas être aussi Der que ceux de l’es-
péce précédente.
Elle est commune dans le nord de l’Europe, et descend jus-
qu’à la mer Noire. Elle est également répandue dans l'Asie sep-
tentrionale et dans l'Amérique du Nord. On rapporte qu’elle
se tient principalement aux bords des rivières, et qu’elle vitde
reptileset de poissons. L’odeur qu'elle répand est celle du musc.
5. Le Furer : Mustela furo, Linn.; Buffon, tom. VII, p. 26.
Cet animal a de si nombtfeux et de si intimes rapports avec le
putois, que quelques naturalistes ont: pensé qu'il ne devoit
être considéré que comme une de ses variétés. En effet noûs
ne le connoïssons guère qu'a l’état domestique et sous des
pelages variés de brun elair ou jaunàtre. Quelques races sont
entièrement blanches par Peffet de l’albinisme.
Le furet est généralement un peu moins grand que le putoïs,
et nous l’'employons surtout à la chasse du lapin. Suivant Stra-
bon, il est originaire d'Afrique, d’où il a été apportéen Es-
pagne, et c’est de cette dernière contrée qu’ila passé chez nous.
Il a fait le sujet de peu d'observations. Dans l'état de domesticité
où nous le tenons, privé de toute liberté, il ne s’éveille guère
que pour satisfaire au besoin de manger et de se reproduire.
On le nourrit de farine et de pain trempés dans du lait.
Il fait communément deux portées par an de six à huit petits
que les mères dévorent très-souvent. Il a peu été vu à l’état sau-
vage. Shaw dit qu’en Barbarie on le nomme nimse.
6. L'Hermine : Mustela erminea, Linn.; Buffon, tom. VIT, pl. 29,
fig. 2; et pl. 31, fig. 1. Cette espèce, parmi les putois de uos
contrées, vient immédiatement après le furet pourla grandeur,
elle a du bout du museau à l’origine de la queue environ
neuf pouces, et la queue en a quatre. Elle nous est connue
sous deux couleurs et sous deux noms. En hiver elle est
toute blanche avec le bout de la queue noir, et porte dans
MAR 291
‘cetétat le nom d’hermine; pendant l'été, elle est d’unbeau brun
en dessus et d’un blanc jaunàtre en dessous, avec le bout de la
queue noir; c’est alors un roselet. Elle se trouve surtout dans
les partiesseptentrionales de l’ancien et du nouveau continent ;
et, sans êlre chez nous aussi commune que la belette, elle n’y
est pointrare. Ellérecherche les contrées rocailleuses, et fuitle
voisinage des habitations.
Les peaux d’hiverde cette espèce font un se considérable
de commerce. ;
M. Choris, peintre de l'expédition de M. Kotzbuë, a déposé
au cabinetd Aa la partie antérieure d’une tête, et la mà-
choire inférieure d’une espèce des Isles aleutiennes quise br
proche, par la taille, du roselet, et qui pourroit même n'en
pas différer.
7. La Bererte: Mustela vulearis, Linn.; Buffon, tom. VIL pL.27,
fg. 1.Sa longueur du bout du museau à l’origine de la queue
est d'environ six pouces; la queue a de quinze a dix-huit lignes.
Les parties supérieures de la tête, le dessus et Les côtés du cou,
le dessus et les côtés du corps, les pattes de devant antérieure-
ment etextérieurement , les cuisses, les fesses, Les pattes de der-
rière extérieurement et postérieurement, et toute la queue
sont d’un beau marron clair. La mâchoire inférieure, le dessous
du cou, la pcitrine, le ventre, les pattes de devant et les pattes
de derrière aux parties, dont nous n'avons point encore parlé,
et les cuisses à leur bord antérieuret à leur face interne, sont
blancs, à la seule exception d’une petite tache brune qui se
trouve sur la mâchoire inférieure en arrière de la bouche.
Cette espèce établit assez volontiers son gite près de nous,
surtout en hiver, et cherche à vivre aux dépens de nos poulail-
lers et de nos colombiers où elle fait de grands dégâts. En été, on
la trouve sur les bords des lieux rue d'arbres, ayant établi
sa retraite sous quelque racine ou dans les arbres creusés par le
temps. C’est vers la fin de l’hiver que ces animaux ressentent le
besoin de l’amour , et c’est au printemps qu’on trouve les jeunes
cachés dans un nid de paille ou de foin arrangé par la mère :
ces petitsnaissent les yeux fermés. On trouve la belette dansles
parties tempérées de l’ancien continent.
Quelques auteurs ont regardé comme une variété de cette es-
pèce le mustela nivalis de Linnæus, qui est blanc avec le bout de
sis MAR
la queue noir, comme l’hermine, mais qui est plus petit. D’au-
tres ne l’ont considéré que comme une hermine de petite taille.
8. La Berette D'AFRIQUE; Mustela africana, Desm.M.Desmarest
a publié cette espèce d’après une peau bourrée du cabinet du
Muséum, qui porte aujourd’hui pour touteindication qu’elle a
été tirée du cabinet de Lisbonne : elle a environ dix pouces de
longueur, etsa queue ena six.Toutesses partiessupérieuressont
d’un beau maron , etses parties inférieures d’un blanc jaunètre.
Une bande marron, très-étroite , qui naît à la poitrine ets’étend
jusqu’à la partie postérieure de l’abdomen, partage longitudi-
nalement en deux ces parties blanchâtres; et le blanc des bords
des lèvres remonte un peu sur les joues. La queue est de cou-
Jeur marron dans toute son étendue.
9. Le PEnouasca ; Mustela sarmatica, Pall. , Spicileg. Zoolog.,
fase. 14, pl. 4, fig. 1. Cette espèce a du bout du museau a l’ori-
gine de la queue un pied deux pouces environ, et la queue
en a six. fille nous offre quelques particularités qui la dis-
tinguent profondément des autres espèces de ce groupe, c’est
son pelage tacheté. Elle paroît aussi, suivant Pallas, avoir
la tête moins large proportionnellement que les putois. Les
couleurs de son pelage consistent dans un fond marron varié
de blanc. Toutes les parties inférieures du corps, depuis le cou
jusqu'a la base de la queue, c’est-à-dire Le cou, la poitrine, le
ventre et les membres sont d’un brun foncé; cette couleur
remontesur les épaules en y prenantune teinte plus pâle ; toutle
reste est à peu près également mélangé de brun et deblanc, mais
trop irréguliérement pour qu’on puisse donner de la distribu-
tion de ces couleurs une description fidèle. La mâchoire infé-
rieure et le bord de la lèvre supérieure sont blancs; une bande
blanche transversale, étroite, sépare les deux yeux, passe par-
dessus, et vient en s’élargissant se terminer au bas des oreilles
sur les côtés du cou. La nuque est blanche et donne naïssance
à deux autres bandes blanches qui descendent obliquement et
viennent se terminer au devant de l'épaule. Quelques petites
taches isolées garnissent la ligne moyenne jusqu’en arrière des
épaules, où naît de chaque côté une longue tache qui se lie à
celles qui bordent les flancs et qui forment une chaine jusqu'a
la queue ; entre ces deux lignes se voit un espace à peu près
également partagé entre de petites taches irrégulières, brunes
MAR 255
et blanches. La queue est uniformément variée de ces deux
couleurs, excepté à la pointe qui est toute noire.
Cette description, faite sur l'individu du cabinet, différe
assez de celle que Pallas nous a donnée du perouasca, pour
qu’on puisse penser que la distribution des taches blanches
peut varier dans certaines limites suivant les individus.
10. LaBererreravÉée; Mustela striata, Geoff. Ce joli petitanimal
est de la taille de la belette. Son pelage est d'un brun foncé
en dessus, partagé longitudinalement par cinq raies blanches,
étroites et parallèles, qui garnissent toute l'étendue du dos.
Le dessous du corps est d’un blanc grisàtre pâle; la base de la
queue est brune, mais le reste, c’est-à-dire la plus grande
partie de sa longueur, est blanc.
Cette espèce, qui n’a jamais été représentée et dont il n’a
encore été fait mention que par M. Geoffroy Saint-Hilaire, a
été trouvée à Madagascar par Sonnesat, qui ena rapporté l'indi-
vidu que les galeries du Muséum possèdent, et duquel j'ai tiré
la description que je viens d’en donner.
11.Le Furet DE JAVA; Mustela nudipes, His. nat. des Mam.., liv.32
Cette espece estun peu plus petite queleputois, Toutson corps,
excepté la tête et le bout de la queue, est couvert d’un poil
d’un fauve d’or brillant. La tête et l'extrémité de la queue
sontblanchesjaunâtres; mais ce qui caractérise particulièrement
cette espèce, est la nudité du dessous de ses pieds. Le putois
n’a de nu sous la plante des pieds et sous la paume des mains
que lextrémité des tubercules qui garnissent ces parties, et
quenousavons décrits. Dans le furet de Java les parties quisépa-
rent ces tubercules sont également nues ; et ce n’est cependant
. point un animal plantigrade; cette circonstance n’influe donc
en rien sur son naturel, d’une manière appréciable pour nous
du moins, et c’est pourquoi je ne l’ai considérée que comme
un caractère spécifique.
C’est à MM. Duvaucel et Diard que nous devons la conuois-
sance de cette belle et singulière espèce de putois.
Les ZorILLes.
Les modifications organiques qui caractérisent lezorillen’ont
encore été présentées que par une espèce, la seule parmi les
belettes qui soit propre à fouiller la terre et à faire des terriers;
254 MAR
du reste elle ressemble à ces derniers animaux par sa physio-
nomie générale, son système de dentition,sessensetson naturel.
Le Zone : Mustela zorilla, Linn. : Buff., t. XIII, pl.41.,a
environ seize pouces du bout du museau à l’origine de la
queue; celle-ci a dix pouces. Le fond de son pelage est noir
avec des‘taches et des lignes blanches distribuées régulière-
ment. On voit une de ces taches sur le milieu du front, et une
autre de chaque côté de ia tête, qui naît derrière l'œil et
s'étend jusqu'a la base de l'oreille; celle-ci a son bord supé-
rieur blanc. Au sommet de la tête est une large tache blanche
de laquelle naissent quatre bandes de la même couleur qui s’é-
tendent tout le long du corps, et viennent se terminer à la
queue. Les bandes latérales sont un peu plus larges que les
moyennes, et toutes s'élargissent en s’avançant vers la croupe,
‘où, s’écartant en même temps, elles laissent une tache noire
dont la forme est à peu prés celle d’un trapèze. La queue est
glacée de noir et de blanc dars un rapport à peu près égal de
ces deux couleurs. On trouve le zorille au cap de Bonne-Espé:
rance , où il a aussi reçu les noms de blaireau et de putois.
Les Mantes.
Les martes différent des putois et du zoriile par une fausse
molaire de plus à chaque màchoire, et par une tête générale-
ment plus alongée, Leurs ongles sont à demi rétractiles, et du
reste les unes et les autres se ressembient par toutes les
autres parties organiques, ainsi que par le naturel. Cependant
quelques unes d’entre elles ont toutes les parties de la plante des
pieds couvertes de poils, ce sont de vrais lagopèdes.
On connoit moins de martes que de putois;et celles qu’on a
caractérisées jusqu'a présent ne se trouvent qu’en Europe, dans
l'Asie septentrionale et dans le Nouveau-Monde.
La Fouine: Mustela foina , Lion: Buffon, t. VII, pl. 18 ,estde
la grandeur d’unjeune chat domestique.Sa longueur, de l’occi-
put à l’origine de la queue, est d’un pied environ; sa têétea quatre
pouces et sa queue huit. Toutes les parties supérieures de son
corpssontd’un brun jaunâtre; mais la tête, excepté lemuseau, est
plus päle que ne le sontle cou et le dos; les pattes et la queue à sa
moitié postérieure sont presque noires, le ventre et la poitrine
postérieurement sont blonds; la mächoire inférieure, le des-
MAR QE 235
sous du cou et le devant de la poitrine sont du plus beau blanc.
Quelques petitestaches irrégulières ethbrunesse remarquentala
partieblanche de la naïssançge du cou. La fouire a les dispositions
sanguinaires de toutes les autres espèces de martes; cependant
le naturel qui la porte à vivre prés de nos habitations, et à se
familiariser avec le bruit et le mouvement qui a nape EE
toujours les travaux agrico!es, lui donne aussiune beaucoup plus
grande facilité qu'aux autres espèces pour s’aprivoiser. Néan-
inoins elle se trouve aussi dans les forêts. On sait que cet animal
estuudes plus dangereuxpour nos basses-cours, que soninstinct
le porte à mettre à mort tout ce qui tombe sous sa dent meur-
trière, pour emporter ensuite une à une dans son repaire
les victimes de sa sanglante moisson. Il mange aussi les subs-
tancessucrées, et surtout le miel. F
C’est vers la fin de l’hiver que les fouines entrent en rut, et
l’on dit que la durée de leur gestation est la méme que
celle des chats. Au bout d’une année les jeunes fouines ont
atteint tout leur déve:oppement. Cette espèce répand une
odeur très-désagréable , et paroît être répandue dans toute
l'Europe et dans une parte de l'Asie.
La Mante: Mustela martes, Linn.; Buffon, tom. VII, pl. 22,
diffère peu pour la taille de la fouine. Sa couleur est d’un brun
assez brillant; le bout du museau, la moitié postérieure de la
queue et les membressont plus foncés et presque noirs. La partie
postérieure du ventre est roussàtre, et la gorge, 15 cou et une
partie de la poitrine sont jaunâtres.
. Ces caractères n’établissent cependant pas entre la fouine et
la marte des différences si sensibles que plusieurs naturalistes
n'aient pensé qu'elles n’étoient que des variétés d'une même
espèce; cependant l'opinion contraire a prévalu. En effet
ces animaux ont des instincts différens : la marte recherche les
lieux les plus solitaires, vit surtout dans le fond des forêts, et ne
s'approche jamais des habitations. Elle monte aux arbres pour
y surprendre les oiseaux ou les écureuils, et c’est dans les nids
des uns ou la bauge desautres, qu’elle dépose souvent ses petits.
La martesé trouve aussi dans toute l’Europe, et, dit-on, même
dans l’Amérique septentrionale.
La Zissuine: Martes zibellina, Linn.; Pail., Spicil., 14, tab. 3,
fig. 2, diffère aussi trés-peu du putois par la taille, et ressemble
266 | MAR
beaucoup a la marte par les couleurs. Son pelage est générale-
nent d’un brun marron plus ou moins foncé et plus ou moins
brillant, et les parties inférieures de la gorge et le cou sont
grisàtres; mais le trait le plus caractéristique de cette espèce,
c’est que le dessous de ses doigts est entièrement garni de poils.
Elle a le même genre de vie que lamarte, c’est-à-dire qu’elle
vit dans le fond des forêts, qu’elle fait sa proïe des oiseaux et
des petits quadrupèdes, et qu’elle se reproduit comme elle.
Elle se trouve dans toutes les parties septentrionales de
l'Europe et de l'Asie.
On sait que la fourrure de cette espéce fait pour le Nord, et
surtout pour la Russie, un objet considérable de commerce.
Le Pexan : Mustela canadensis, Linn.; Schreber, pl. 154.5a
taille est encore la même que celle des animaux précédens.
Sa couleur est généralement d’un brun grisàtre, ce qui tient
à ce que les poilssoyeux, bruns dans leur plus grande étendue,
sont grisâtres à leur extrémité. Le museau, les membres et la
queue sont plus foncés que le corps.
On ne connoit rien de positif sur les mœurs de cette espèce;
il y a lieu de penser qu’elle vit d’une manière analogue à Le
de l’espèce précédente.
MarrTe Des Hurows; Mustela Huro. De la taille de la fouine.
Uniformément d’un blond clair, les pattes et la queue plus
foncées. Le dessous des doigts entièrement revêtu de poils,
comme ceux de la zibeline. Telssont les traits caractéristiques
d’une espèce de marie envoyée au Muséum d'Histoire naturelle
par M. Milbert sous le nom de marte des Hurons, et comme
ayant été prise dans le haut Canada. Cet établissement pos-
sède plusieursindividus de cette espèce, qui ne différent point
sensiblement l’un de l’autre.
On a encore donné le nom de marte, ou les noms propres
à quelques espèces de ce genre, à plusieurs animaux, peu
connus ou qui appartiennent à d’autres genres. Nous allons les
indiquer successivement.
Marre (grande) DE La GurAxe, Buffon. C’est le glouton taira.
(Voyez Grouron.)
Marre cusA, Molina. ( Voyez Cusa.)
Marre quiqur, Molina. (Voyez Quiqur.)
Marre zorra, Humb. Voyez Zonra.(F. C.)
MAR 287
MARTE DOMESTIQUE. (Mamm.) Dénomination abusive-
ment donnée à la fouine, parce qu’elle s'approche des habi-
tatious pour y chercher sa proie, à peu près comme le font
les renards et les putois, que l’on n’a pourtant pas été tenté
de regarder comme des animaux domestiques. (Desu.)
MARTEAU (Bot.), un des noms ie Gl du narcisse faux
narcisse. ( L. D.)
MARTEAU. (Ichthyol.) Voyez Zycëne. (H.C.)
MARTEAU, Malleus. (Conchyl.) Genre de coquilles bivalves,
de la famille des submytilacées de M. de Blainville , des malléa-
cées de M. de Lamarck , établi par ce dernier pour un assez
petit. nombre d’espèces que Linnæus plaçoit dans son genre
_Huïtre, et dont Bruguière faisoit des avicules. L'animal de ce
genre est a peu près inconnu, Nous savons seulement qu'il est
pourvu d'un byssus assez petit, et que son manteau se pro-
longe en arrière par des lobes ouverts et assez grands. Les
caractères génériques tirés de la coquiile peuvent être expri-
més ainsi: Coquille irrégulière, subéquivalve, le plus souvent
très-auriculée de chaque côté du sommet, et prolongée en
arrière dans son corps, de manière à ressembler un peu à un
marteau ; le sommet tout-a-fait antérieur et inférieur; entre
lui et l’auricule inférieure, une échancrure oblique pour le
passage du byssus; charnière sans dents, linéaire ; fort longue,
et céphalique ; ligament simple, triangulaire, et inséré dans
une fossette conique, oblique, et en partie extérieure. Les
espèces assez peu nombreuses de ce genre, qui est pour ainsi
dire intermédiaire aux vulselles et aux pernes, n’ont encore
été trouvées que dans les mers de l’Inde et de l’Austraiasie ; on
n’en connoît pas dans les mers de l'Amérique, et aucune espèce
fossile n’a encore été découverte dans notre Europe. M. de
Lamarck en distingue six espèces, que l’on peut partager en
celles qui sont malléiformes, par le prolongement des oreilles,
et celles qui ne le sont pas.
Dans la premiére section sont :
Le Marteau vurGaIRE: Malleus vulgaris, Ostrea malleus, Linn.,
Gmel.; Encycl. Méth., pl. 177, f. 12. C’est la plus grande et la
plus connue du genre. Les deux lobes de la tête du marteau
sont étroits, alongés, presque égaux; la couleur est le plus sou-
vent noire, et le sinus du byssus est bien séparé de celui du liga-
29. 17
258 MAR
ment. On la trouve dans tous les points de l'Océan des Grandes-
Indes et Austral.
M. de Lamarck regarde comme une simple variété du mar-
teau commun la coquille figurée dans l'Encyel. Méth., 177, f. 12,
d’après Chemnitz, Conch., 8, t. 70, f. 656, qui est toujours
blanche, et dont les lobes sont plus courts et triangulaires.
Le Manteau BLANC : Malleus albus, Lamck.; List. , Conch.,
t.219,f. 54? Coquille de la forme à peu près de la précédente,
mais constamment de couleur blanche, et dont Le sinus du bys-
sus n’est pas distinct de celui du ligament ou est confondu avec
lui.
Cette coquille, qui vient des mers Orientales australes, est
fort rare et très-recherchée dass les collections.
Dans la seconde section sont :
Le Marreau normMALz; Malleus normalis, Lamck. Une seule
oreille à la partie antérieure de la coquille, qui est de couleur
noire en dehors comme en dedans.
Une variété qui vient des Grandes-Indes a le lobe auriculaire
assez alongé, tandis qu’un autre de la Nouvelle - Hollande l’a
trés-court.
Le Manteau VULSELLÉ : Malleus vulsellatus, Osfrea vulsellata ,
Linn., Gmel.; Enc. Méth., pl. 177, fig. 15, d'aprés Chemn., 8,
t. 70, fig. 657. Coquille alongée , aplatie, à bords presque pa-
ralléles, avec un lobe auriculaire fort court et oblique à sa
partie antérieure ; couieur d’un violet noirâtre.
Cette espèce quise trouve dans la mer Rouge, à Timor, dans
l'Océan austral, est quelquefois courbée.
Le MarTeau RETUS : Malleus anatinus, Ostrea anatina, Linn.,
Gmel., pl. 1797, fig. 14; vulgairement le Moure-4-Barre. Cette
espèce qui ressemble beaucoup à la précédente, et qui est
tantôt droite et tantôt courbée comme elle, a sa partie anté-
rieure moins irrégulière, plus droite, et une auricule plus
prononcée. Des îles de Nicobar et de Timor.
Le Marreau Raccourci; Malleus decurtatus, Lamck. C’est en
core une espèce qui paroît bien voisine du marteau vulsellé,
mais qui est plus petite, atténuée vers l’extrémité postérieure ,
et dont la fossette du ligament est trés-courte, ce quitient
peut-être à l’âge. L’Australasie et la Nouvelle-Hollaude. (De B.)
MARTEAU D'EAU. (Crust.) Nom donné par Duchesne au
MAR 259
branchipe stagnal , à cause des mouvemens brusques que
fait cet animal en nageant, et qu’il a comparés à des coups
de marteau. Voyez l’article Maracosrracés, tome XXVIII,
page 416. (Des. )
MARTELA. (Bot. ) Voici comment Adanson définit ce genre
qu’il établit dans la familie des champignons : tige cylindrique,
élevée, simple, ou ramifiée et terminée par un ou plusieurs
faisceaux de piquans, coniques, pleins; substance charnue ou
coriace; graines sphériques, distinctes, répandues à la sur-
face des piquans. Adanson cite pour exemple les agaricum
fig. 1et2, pl. 64 du Nova Genera de Micheli, lesquels repré-
sentent deux espèces d’hydnum, hyd. hystrix et coralloides.
-_Adanson renvoie encore au corallo-fungus de Vaillant, Bot.
Paris., tab. 8, fig. 1, maïs sans doute parerreur, car cette figure
représente le byssus parielina, Decand., auquel les caractères
assignés par Adanson au martela ne sont pas applicables.
Scopoli, dans son Histoire des champignons de la Hongrie,
adopte ce genre Martela, qui ne peutêtre considéré que comme
une division de l’hydnum, où viennent se ranger les espèces
rameuses, et quelques autres qui font le passage de ce genre
au clavaria. (LEm.)
MARTELET (Ornith.), un des noms vulgaires du martinet
commun, hirundo apus, Linn. (Cx.D.)
MARTELOT. (Ornith.) On appelle ainsi, aux environsde
Langres, letraquet, motacilla rubicola, Linn. (Cu. D.)
MARTEN-HORSE ( Ornith. ), nom anglois du martinet
commun, hirundo apus, Linn. (Cu. D.)
MARTES. (Mamm.) Nom latin de la Maure. Voyez ce mot.
(Des». ) |
MARTEU. (Ichthyol.) Sur la côte des Alpes maritimes, on
appelle ainsi le marteau, poisson que Linnæus avoit rangé
parmi les squales. Voyez Zycëne. (H. C.)
MARTICHKI. (Ornith.) Ce nom russe paroît, d’aprés un
tableau qui se trouve pag. 505 de la Description du Kam-
tschatka par Krascheninnikow, désigner des hirondelles de
mer ou des cormorans. (Cx. D.)
MARTIN. (Ornith.) Les oiseaux de ce genre, qui fait partie
de l’ordre des passereaux, ont pour caractères: un bec en cône
alongé , légèrement arqué, comprimé latéralement, dont la
17.
260 MAR
mandibule supérieure est en général un peu échancrée, l’in-
férieure droite et plus courte, et dont la commissure. forme
un angle comme chez les étourneaux; une langue cartilagi-
neuse , fourchue à la pointe ; un espace nu autour des yeux,
ou sur ua autre endroit de la tête. et quelquefois des caron-
cules; des narines latérales, ovales, à moitié fermées par
une membrane garnie de plumes étroites ; quatre doigts, un
derrière et trois devant, dont l'extérieur. est réuni par sa
base à celui du milieu; la premiére rémige fort courte, et
les trois suivantes les plus longues.
Les espèces de martin ont été mêlées par Linnæus, Gmelin
et Latham, dans les genres Gracula, Sturnus, Turdus, etc.,
avec d’autres plus ou moins disparates. M. Vieillot a créé,
pour celles qui ont été considérées comme de véritables mar-
tins, le nom d’acridotheres , lequel désigne les sauterelles qui
forment leur principale nourriture; et M. Temminck a tiré
de leurs habitudes la dénomination de pastor, pâtre, en y
joignant le merle rose , turdus roseus, sous le nom spécifique
de roselin, que cet oiseau avoit déjà reçu de M. Levaillant.
Enfin M. Cuvier, qui a réduit les mainates au gracula relt-
giosa, sous le nom générique d’eulabes, a proposé, pour les
espèces de martins conservées, celui de cossyphus, que l’on
croit devoir adopter ici, afin de prévenir de nouvellescon-
fusions , mais en laissant provisoirement avec les merles, et
malgré la différence des habitudes, qu’on ne peut prendre
pour règles dans les classifications fondées sur les seuls carac-
tères extérieurs, le roselin dont M. Vieillot avoit d'abord
formé le genre Psaroide, qu'il a supprimé depuis par les
mêmes motifs.
Les martins, qui appartiennent tous à l’ancien continent,
ont les mœurs des étourneaux, et vivent, comme eux, en
grandes troupes. M. Levaillant observe, pag. 129 du tom. 2
de son Ornithologie d'Afrique, que, dans une grande partie
de la France, de l'Allemagne et de la Hollande, le peuple est
dans l’usage d’appliquer ce nom aux étourneaux élevés en
cage, comme celui de margot aux pies, de jacquotaux per-
roquets, et il en conclut que si dans l’Inde on appelle généra-
lement martins les oiseaux qui ont les habitudes des étour-
ngaux, C’est vraisemblablement d’aprèsles premiersEuropéens
MAR 26:
qui sont venus dans ces contrées. Ces oiseaux se rassemblent
sur les fumiers et dans les endroits où ils trouvent , soit des
larves d'insectes, soit des insectes parfaits, surtout des saute-
relles; ils se posent aussi sur le dos des bestiaux pour se nour-
rir des pous et des taons attachés à leur peau. Au défaut
d'insectes, ilsse jettentsur les fruits et les semences ; leur mue
est simple ; leur corps a une forme un peu ramassée ; les vieux
se distinguent des jeunes par les ornemens qu’ils portent à la
tête, et dont sont privés ceux-ci, qui ont d'ailleurs des diffé-
rences assez remarquables dans leur plumage.
Marin onniaiRe; Cossyphus tristis, Dum. Cette espèce, qui
est le paradisea tristis de Gmelin, le gracula tristis de La-
tham, l’acridoftheres tristis , ou martin proprement dit de
M. Vieillot, a été figurée, sous le nom de merle des Philip-
pines, dans les planches enluminées de Buffon, n.° 219. Elle
est de la taille du merle commun, et a neuf pouces et demi
de longueur. Le bec et les pieds sont jaunes, et il y a une
place nue, triangulaire, de la même couleur, derrière les
yeux. Le haut de la tête et le dessus du cou sont d’un noir
brun; le dos, le bas de ia poitrine et les couvertures des aïles
et de la queue d’un brun marron ; la gorge, le dessous du
cou et le haut de la poitrine d’un noir grisâtre ; le ventre est
blanc, ainsi que les flancs et les plumes anales ; les rémiges
sont de cette dernière couleur à leur origine, et noiràtres
dans le reste, comme les rectrices, quisont égales entre elles,
et dont l’extrémité èst blanche, excepté chez les deux inter-
médiaires.
Cette espèce est celle dont on a été le plus à portée d’étu-
dier les mœurs: outre la chasse qu’elle donne aux mouches,
aux papillons, aux scarabées, etc., elle cherche la vermine
sur le dos des chevaux, des bœufs, des cochons, qui souffrent
volontiers leurs libérateurs, à moins qu'ils n'aient le cuir
entamé; car alors ces oiseaux carnassiers , qui s’accommodent
de tout, leur béqueteroient la chaïir vive.
Les coups de fusil écartent à peine les martins qui se ras-
semblent à la chute du jour sur les arbres voisins des habi-
tations, et y babillent d’une manière fort incommode, quoi-
qu’ils aient un ramage naturel trés-varié et assez agréable.
Le matin ils se dispersent dans les campagnes par pelotons,
262 MAR
ou par paires , selon la saison. Ils font chaque année deux
pontes, composées ordinairement de quatre œufs, dans des
nids d’une construction grossière, qu’ils attachent aux ais-
selles des feuilles du palmier latanier, ou d’autres arbres, et
qu’ils placent même dans des greniers lorsqu'ils en trouvent
les moyens. Leur attachement pour leurs petits est tel qu’ils
poursuivent le ravisseur à coups de bec , et en jetant des
cris. S’ils découvrent le lieu où ces petits ont été placés, ils
s’y introduisent pour leur apporter à manger.
On apprivoise sans peine les jeunes martins, qui appren-
nent facilement à parler, et qui, tenus dans une basse-cour,
contrefont d'eux-mêmes les cris des poules, des coqs, des
oies, des moutons et autres animaux domestiques; ils accom-.
pagnent même leur babil d’accens et de gestes remplis de
gentillesses, qui contrastent avec l’épithète fristis , qu’on n’a
pu néanmoins tirer avec plus de fondement de leur plumage
dont les teintes variées n’ont rien de triste ni de sombre.
Ces oiseaux, trés-nombreux dans l’Inde, aux Philippines,
et probablement dans les contrées intermédiaires, sont d'un
naturel fort glouton, et de grands destructeurs de sauterelles.
Cette dernière circonstance les a rendus célébres à l’île de
Bourbon , à laquelle ils ont été étrangers pendant long-temps,
mais où l’intendant Poivre en a fait transporter plusieurs
paires , afin de les opposer aux sauterelles qui désoloient l'ile,
dans laquelle leurs œufs avoient été introduits avec des plants
apportés de Madagascar. Les vues de l'excellent administra-
teur avoient d’abord été couronnées d’un plein succés; mais,
comme les colons se sont aperçus , aprés quelques années,
que les martins fouilloient avec avidité dans les terres nou-
vellement ensemencées , ils se sont figuré que c’étoit pour
se nourrir du grain; et, après un procés dans les formes, on
les a tous détruits. Les sauterelles ayant ensuite reparu sans
obstacles, et causé de nouveaux dégâts, on regretta les mar-
tins dont il fut, huit ans après, apporté deux paires que l’on
mit sous la protection des lois. Une nouvelle destruction de
ces insectes fut encore le résultat de cette seconde introduc-
tion des martins; mais la nourriture de choix étant venue
à manquer à ces oiseaux, ils se rejetèrent sur un insecte,
dont les larves faisoient une guerre continuelle aux pucerons
MAR 263
<otonneux qui causent tant de dommages aux cafiers, et de
là sur les fruits, les grains; ils tuèrent même les jeunes pi-
geons dans les colombiers, et ils devinrent à leur tour un
fléau qui exigea des mesures pour obvier à la trop grande
multiplication de leur espèce.
M. Cuvier regarde à peine comme une variété du martin
ordinaire le martin huppé de la Chine, pl. enl. 507, et d'Ed-
wards , 19; gracula cristatella, Lath., qui a surle front quel-
ques plumes susceptibles de redressement, et dont tout le
plumage est d’un noir bleuûtre , avec la partie supérieure des
pennes alaires blanche , et une bordure de la même cou-
leur aux pennes caudales. On prétend que cet oiseau apprend
très-bien à siffler des airs, à articuler des paroles, et que les
Chinois l’élèvent en cage avec du riz et des insectes.
Daudin a décrit un martin aux ailes noires, gracula mela-
noptera, qui différoit de l’espèce ci-dessus par la couleur de
son plumage , lequel étoit blanc, à l’exception des ailes dont
les pennes étoient entiérement noires; mais cet individu n’é-
toit probablement aussi qu’une variété, comme celui dont
parle Latham, chez lequel la peau nue s’étendoit depuis les
coins du bec jusque beaucoup au-delà des yeux, et qui avoit
le. devant du cou, la gorge et la poitrine cendrés.
Marin PorTE-LamBsAUx : Cossyphus carunculatus, Dum.; Gra-
cula carunculata, Gmel.; Gracula larvata, Shaw; Sturnus gal-
linaceus , Lath. On trouve dans l’Ornithologie d’Afrique,
pl. 93 et 94, la figure du mâle, de la femelle, du jeune et
d’une variété de cet oiseau dont M. Vieillot avoit formé le
genre Dilophe, qu’il a supprimé depuis, en considérant que
les caroncules ne sont que les attributs de l'oiseau avancé en
âge. En effet le jeune, pl. 94, n.° 1, a la tête tout-a-fait em-
plumée , et dans cet état son bec est d’un brun jaunûtre; ses
pieds sont bruns ainsi que les premières pennes alaires, et
toutes celles de la queue, qui n’ont encore aucun reflet; les
moyennes plumes et les couvertures de l'aile sont d’un gris
brun, ainsi que les scapulaires, le manteau , le cou, la tête
et la poitrine, tandis que le ventre, les jambes et les cou-
vertures supérieures et inférieures de la queue sont blan-
châtres.
Le mâle, un peu plus grand que létourneau d'Europe,
264 -. MAR
pl. 93, n.° 1, a sous le bec un lambeau double qui embrasse
toute la gorge, et pend ensuite de la longueur d'un pouce,
ense séparant à son extrémité où ilse termine en deux pointes.
Une sorte de crête ovalaire , haute de quatre lignes, traverse
le front, et une autre plus élevée, arrondie et échancrée par
le haut en forme de cœur,-se dresse sur le milieu de la tête.
Ces peaux nues sont de couleur noire, ainsi que la face de
l'oiseau , qui est aussi dégarnie de plumes. La peau également
nue du derrière de la tête est roussâtre ; le bec, les yeux et
les pieds sont bruns. Le plumage de cet oiseau est d’un gris
roussàtre, plus foncé sur le derrière du cou et sur le man-
teau que sous le corps; les ailes et la queue sont d’un noir
bronzé à reflets. Les ailes pliées atteignent la moitié de la
queue, qui est carrée.
La taille de la femelle est un peu inférieure à celle du
male ; la face nue et sans plumes est moins noire; les crêtes
du dessus de la tête sont peu apparentes, et celle de la gorge
ne descend pas au-delà de l’espace où elle y adhère ; son
plumage est aussi moins lustré,
Les porte-lambeaux recherchent les troupeaux de buffles,
et se nourrissent de baies, d'insectes et de vers, qu’ils ra-
massent sur laterre dans les lieux humides. Ils arrivent pen-
dant les chaleurs dans les environs du Gamtoos; mais ils ne
. font que le traverser, et se dirigent vers les pays des Caffres.
On en voit rarement prés de la ville du Cap. M. Levaillant a
tué dans leurs bandes le jeune individu qui est figuré pl. 94,
n.° 2, et il s’en trouvoit dans la même troupe piusieurs qui,
comme lui, avoient le plumage varié de presque autant de
plumes blanches que de grises, IL ne paroît pas que ces oi-
seaux nichent dans le pays, puisque les bandes renfermoient
des jeunes; aussi ne connoît-on pas encore leurs œufs.
ManTin-BRAME: Cossyphus pagodarum, Dum.; Turdus pago-
darum , Linn. et Lath.; Gracula pagodarum, Daud.; Acrido-
theres pagodarum, Vieiïll. Les Européens ont donné le nom de
brame à cet oiseau, parce qu'il fréquente les tours des pa-
godes au Coromandel et au Malabar, où Latham dit, pag. 140
de son premier Supplément, qu’on le nomme powee, et qu’on
l'élève en cage à cause de son chant. Suivant M. Leschenault,
qui a rapporté de Pondichéry un individu déposé au Muséum
MAR 265
royal de Paris, on l'y appelle papara ramanulé. M. Levaillant
en a aussi rencontré au midi de l’Afrique , sous le 27° degré
de latitude , des bandes. considérables qui paroissoient se
rendre dans des parties situées plus à l’Est pour y faire leur
ponte; mais, pendant les six jours qu’a duré ce passage, :l
n’a pu tuer que deux mâles faisant partie d'une bande qui
s’'étoit abattue prés d’une fontaine; et c’est un de ces màles
qu'il a fait figurer pl. 95, n.° 1, deson Ornithologie d'Afrique,
et dont il a donné une description un peu différente de celle
qu’on trouve dans le Voyage aux Indes de Sonnerat, tom. 2,
pag. 180. dal
Ce dernier ne présente le martin-brame que comme d’une
_taillé un peu supérieure à celle du moineau franc, et, suivant
M. Levaillant, il est aussi grand que le merle commun, dont
il a aussi les proportions. Le bec, noir depuis sa base jusqu’à
la moitié, et jaune ensuite, d'après Sonnerat , est entiérement
jaune, ainsi que les pieds et les ongles, selon M. Levaillant,
qui donne à l’oiseau des yeux d’un brun roussâtre, tandis
que l'iris est bleu suivant le premier voyageur, qui, peut-être
aussi pour avoir négligé d'étendre les pennes alaires ét cau-
dales, les dit entièrement noires, quoiqu'elles ne le soient
qu'en partie. Au reste, les deux individus que s’est procurés
M. Levaillant avoient les plumes de la tête longues, étroites et
pointues, formant une huppe occipitale d’un noir violet; les
joues, la gorge, le cou et la poitrine d'un fauve roussàtre et
plus clair sur les parties inférieures; le dos et les autres par-
ties supérieures d’un gris tirent sur le roux; les rémiges noirà-
tres extérieurement avec lesbarbesintérieures d’un brun clair;
les couvertures du dessous de l'aile blanches, et formantsur son
bord une bande de cette couleur; la plus latérale desrectrices
est blanche avec unelarge tache noire dans le haut des barbes
intérieures; enfiñ il y a plus de noir aux autres rectrices
jusqu'aux deux du milieu, dont la pointe seule est blanche.
Latham cite des individus dont l'orbite étoit nue, et dont
les couleurs présentoient des différences , sans doute à raison
de l’âge et du sexe,
Marin eus-pEe-rER : Cossyphus griseus, Dum. ; Gracula grisea,
Daud.; Acridotheres griseus, Vieill.; Oiseaux d'Afrique de
Levaillant, pl. 95, fig. 2. Cet oiseau, de la taille du précédent,
200 MAR
a la queue courte et arrondie. Sa tête est couverte de plumes
noires, pointues et eflilées, qui ne forment point de huppe.
On remarque derrière l’œil une peau nue, de couleur orangée,
qui s'étend en pointe et relève le noir dont il est entouré; la
gorge, la poitrine et les flancs sont d’un gris ferrugineux; une
bande assez large, d’un fauve clair, se prolonge du milieu de
la poitrine jusqu’au ventre; les couvertures supérieures des
ailes sont de la même couleur, qui se retrouve à l’extrémité
des quatre premières pennes caudales de chaque côté, les-
quelles dans le surplus sont noires, ainsi que les pennesalaires.
Le bec est d’un orangé vif, les pieds et les ongles d’un jaune
citron, et l’iris d’un brun rouge foncé. La femelle, un peu
plus petite, a les couleurs plus ternes.
Ces oiseaux volent par pelotons comme les étourneaux, et
M. Levaillant, témoin d’un de leurs passages, effectué au
mois d'octobre, au-dessus des hauteurs de Bruyntjes-Hoogte,
a tué cinq individus des deux sexes. Comme les plumes de
leur queue étoient usées par le frottement, il en a conclu
qu'ils nichoient dans des trous, habitude qui lui paroît être
celle de la tribu entière.
Quoique plusieurs naturalistes parlent du martin gris-de-
fer comme d’une espèce nouvelle, il paroît être le même que
le martin de Gingi, turdus ginginianus, Lath., acridotheres ginpgi-
nianus, Vieill. En effet la description que Sonneraten a donnée
dans son Voyage aux Indes, tom. 2, pag. 194, présente des
rapports frappans avec celle de M. Levaillant. La tête estnoire
chez les deux. Les plumes ne paroiïssent pas à ce dernier
susceptibles de se relever en huppe, comme le dit Sonnerat ;
mais, selon tous deux, elles sont pointues et effilées, et Son-
nerat a pu voir vivant l'oiseau que M. Levaillant n’a été a portée
d'examiner qu'après sa mort. Sonnerat fait partir la peau nue
de l'angle supérieur du bec pour se prolonger derrière l'œil,
tandis que M. Levaillant ne l'annonce que comme existant dans
cette dernière partie; mais l’accroissement des peaux nues
dépend, comme on l’a vu, de l’âge des individus, et d’ailleurs
la couleur jaune est la même, ainsi qu’au bec et aux pieds;
l'iris est également rouge chez tous deux. Le gris, le roux
clair et les autres couleurs occupent aussi les mêmes places
MAR 267
dans le plumage, soit pour les masses, soit pour les simples
taches; la taille de l’oiseau est d’ailleurs identique.
Marin -vigircanD: Cossyphus malabaricus , Dum. ; Turdus
malabaricus, Linn. et Lath.; Acridotheres malabaricus, Vieill.
Cet oiseau, dont parle Sonnerat dans son Voyage aux Indes,
tom.2, pag. 195, est long d'environ huit pouces; son bec,
noir dans la première partie, est jaunâtre à l'extrémité; l'iris
et les pieds sont jaunes. La tête et le cou sont revêtus de
plumes longues et déliées, d’un gris cendré, avec une ligne
blanche au centre , ce qui lui a fait donner le nom de vieil-
lard ; le dos, le croupion et les couvertures des ailes et de la
queue sont d’un gris cendré; les pennes sont noires; le dessous
du corps est d’un brun roux. Cet oiseau porte au Malabar le
même nom que le martin-brame ; on le trouve aussi à la
Chine, au Bengale, et on l'élève également en cage.
Marrin soyEux: Cossyphus sericeus, Dum.; Sturnus sericeus ,
Gmel.; ErourneAU À REFLETS, Brown, Illustr., pl. 21. Cet
oiseau , de la grosseur de l’étourneau ordinaire, a le bec de
couleur orange foncé: les pieds jaunes; la tête et la gorge
d’un blanc jaunâtre; le dessus et Le dessous du corps d’un gris
soyeux; la queue noire et Les pennes alaires de la même cou-
leur dans leur moitié inférieure, et blanches dans leur partie
supérieure. :
Brown a donné dans l’ouvrage ci-dessus cité, pl. 22 , sous
le nom de grive à tête jaune , la figure d’un oïseau qui a le
bec noir ; une peau nue et rougeûtre devant et derrière les
yeux ; le haut de la tête d’un jaune pâle, ainsi que les joues,
sous lesquelles se remarque une ligne noire; la poitrine et
le ventre présentant, sur un fond cendré, des raies blanchâtres
qui sont longitudinales sur la premiére , et demi-circulaires
sur le second; le dos et les couvertures des ailes également
cendrés, ayec des taches en croissant et alternativement
brunes et blanchâtres; les pennes alaires et caudales, d’un
vert sombre ; les jambes d’un gris bleuûtre.
Cet oiseau , qui ressemble au moqueur par son talent pour
limitation des sons, est élevé en cage dans l’île de Java , où
on l’appelle stutju crawan. Il paroït se rapporter aux éurdus
ochrocephalus et sturnus zeylanicus de Gmelin; et s’il appar-
tient, comme cela est probable, et comme le pense M. Cu-
268 MAR
vier , au genre Martin, ce seroit le cas de le nommer cossy =
phusochrocephalus.
ManniN ouve; Cossyphus olivaceus, Dum. Cette espèce ,
dont il existe au Muséum d'Histoire naturelle de Paris un
individu rapporté de Timor par Macé , est l’oiseau dont
M. Vieïllot a fait un genre sous le nom de Manorine, et qui
a été ci-devant décrit. Cet individu, de la grosseur du Pense
est d’un vert plus foncé en dessus ren dessous ; son bec assez
fort est jaune, et il a une place nue en avant des yeux et
derrière.
On trouve aussi dans les mêmes galeries les espèces nou-
velles dont voici la notice, et qui viennent toutes des Indes:
elles sont désignées sous le nom de gracula, avec des épithètes
données par M. Cuvier, et que l’on va conserver ici.
1.° MARTIN À LONGUE QUEUE ; Cossyphus caudatus , Dum. , le-
quel à la gorge blanche, quelques raies longitudinales à la
poitrine, et le dessus du corps grivelé et roussâtre, comme
chez l’alouette commune.
2.° MARTIN A QUEUE sTRIÉE ; Cossyphus striatus , Dum. Il y a
plusieurs individus de cette espèce , qui ont été rapportés du
Bengale par Macé et M. Dussumier. Leur taille est celle du
merle commun ; leur couleur dominante est un gris roussatre ;
l’un a des stries brunes, transversales sur la poitrine, et
chez d’autres les stries sont longitudinales et plus pâles.
3.” MARTIN PYGMÉE; Cossyphus minutus, Dum. Cette espèce,
qui n’est pas plus grosse qu’un troglodyte , a la gorge blan-
châtre et la tête rayée longitudinalement de roux La ou
moins foncé.
MM. Vieillot et Temminck rangent parmi les martins le
goulin, graeula calva, Gmel. et Lath, acridothères calvus ,
Vieill., qui est figuré dans la 200.° pl. enl. de Buffon, sous
le nom de mérle chauve des Philippines. Mais M. Cuvier le
place dans la troisième section de ses philédons , et l’on se
bornera à exposer ici que les oiseaux vulgairement appelés
goulins sont sujets à varier, soit pour la taille , soit pour la
couleur du plumage. Le plus grand des deux qu'a décrits
Montbeillard, n’est que de la grosseur du merle commun ,
tandis que celui de Sonnerat a prés d’un pied de longueur,
et la peau nue de la tête est tantôt de couleur de chair, tan-
MAR 269
tôt jaune. Ces oiseaux babillards se familiarisent aisément ;
ils mangent les fruits du du et nichent dans des trous
d'arbres.
Edwards donne le nom de martin de l'Amérique à l'hiron-
delle bleue femelle. (Cu. D.)
MARTIN ou MARTLET (Mamm.), noms anglois de la marte
ordinaire. (Desm.)
NE CHASSEUR. ne ) Voyez MarTiN-PÊCHEUR:
(CH. D
re ( Ornith. ) Voyez Marrin -Pécneur.
(Cab). |
MARTIN-PECHCARET (Ornith.), nom provençal du martin-
pêcheur d'Europe, alcedo ispida, rue (Cr D.)
MARTIN-PÉCHEUR. (Ornith.) On a déjà décrit un assez
grand nombre d'espèces de ce genre sousle mot ArcyoN ; mais
d’autres ont été découvertes depuisla publication du premier
volume de ce Dictionnaire, et il a d’ailleurs été proposé dans
leur distribution des changemens que l’on croit devoir faire
connoître. L’auteur de cet article s’étoit borné à diviser les
alcyons, alcedo, Linn., en trois sections; savoir : les alcyons
tétradactyles huppés ou sans huppes, et les alcyons tridac-
tyles. M. Cuvier, prenant pour base la forme du bec et le
nombre des doigts, a fait observer que chez ces oïseaux les
uns ont, comme dans l'espèce ordinaire, le bec droit et pointu;
que chez d’autres la mandibule inférieure est renflée; que
ceux de la Nouvelle-Hollande, des terres voisines, etc., ont
le bout de la mandibule supérieure crochu; et qu’enfin chez
les Ceyx de M. de Lacépéde, dont le bec est droit et pointu
comme chez les martins-pêcheurs ordinaires , le doigtinterne
n'existe point au dehors, ce qui toutefois n'autorise pas suffi-
samment la formation d'un genre particulier, puisqu'on a
trouvé dans l’Inde deux espèces, dont l’une , l’alcedo tribra-
chys deShaw , a un moignon dépourvu d’ongle, et dont l’autre
a un ongle sans doigts, c'est-à-dire des rudimens du quatrième.
M. Cuvier range dans la première section , l’alcedo maxima,
Gmel., ou afra, at pl. enl. de Buffon , 679; alcedo alcyon,
pl. 715 et 793; alcedo torquata, pl. 284; alcedo rudis , pl. 62
et 716; alcedo bicolor, pl. 592 ; alcedo americana, pl. 591; alcedo
bengalensis, Edw., pl. 11;alcedo cæruleocephala, pl. 356 de Bufr.,
270 MAR
fig. 2; alcedo cristata, pl. 756, fig. 1 ; alcedo madagascariensis,
pl. 778, fig. 1; alcedo purpurea, pl. 778, fig. 2; alcedo super-
ciliosa, pl. 766, fig. 1 et 2.
Dans la seconde, alcedo capensis, pl. 590 : alcedo atrica-
pilla, pl. 673 ; alcedo smyrnensis, pl. 232 et 804; alcedo dea,
pl. 116; alcedo chlorocephala , pl. 783, fig. 2 ; alcedo coromanda,
Sonnerat, Ind., pl. 118; alcedo leucocephala (javanica, Sh.),
pl. 757; alcedo senegalensis, pl. 594 et 556; alcedo cancro-
phaga, Sh., pl. 3534.
Daxs la troisième, alcedo fusca ( gigantea, Sh. X, pl Pop:
Dans la quatrième, alcedo tridactyla, Gmel.; Pall., Spicil.,
VI, pl. 11, fig. 2; Sonn., pl. 52; alcedo tribrachys , Sh.,
Natural. Misc., XVI, pl. 681.
M. Cuvier observe que dans plusieurs des figures enlumi-
nées de Buffon, qui se rapportent aux alcyors de la seconde
section , le bec n’est pas assez renflé.
M. Vieillot, dans la seconde édition du Nouveau Diction-
naire d'Histoire naturelle, a aussi divisé les martins-pécheurs
d’après le nombre de leurs doigts ; mais il a sous-divisé les té-
tradactyles en trois sections, dont la première se distingue
par un bec droit, quadrangulaire ; la seconde par un becdroïit,
trigone, et la mandibule inférieure renflée; et la troisième
par un bec trigone, et une échancrure à la mandibule supé-
rieure qui est inclinée vers le bout. La dernière de ces sec-
tions ne comprend que trois espèces sur l’une desquelles ( l’al-
cedo gigantea de Latham et fusca de Gmelin), M. Leach à
établi au tome second de ses Miscellanea Zoologica , pag. 125,
le genre Dacelo, anagramme d’alcedo , en lui donnant pour ca-
ractères : Un bec gros, conique, à quatre angles, qui s'ouvre
jusque sous les yeux ; la mandibule supérieure plus longue que
l'inférieure, et fortement échancrée vers sa pointe; les narines
oblongues; la queue moyenne, composée de douze rectrices
presque égales, dont l’extérieure de chaque côté est un peu
plus courte, Les pieds munis de quatre doigts, un derrière et
trois devant, dont l’interne est le moins long, et dont les
deux autres sont réunis à leur base par une membrane; les
ongles recourbés.
M. Temminck, qui, dans la seconde édition de son Manuel
d’ornithologie, admet le genre Dacelo, ou martin -chasseur,
MAR 271
ajoute aux caracteres fournis par M. Leach , que le bec, dé-
primé à la pointe, n’a pas l’arête vive qui se remarque à la
mandibule supérieure des martins-pêcheurs ; que cette mandi-
bule, subitement comprimée, est courbée à l'extrémité qui est
trés-évasée ; que les narines, percées obliquement, sont à moi-
tié fermées par une membrane couverte de plumes. Le même
auteur indique en outre, comme différence essentielle entre
les deux genres, la nature du plumage, toujours lustré, lisse
et à barbes serrées chez les martins-pêcheurs, tandis que ces
barbes sont làches chez les martins-chasseurs, dont les plumes
ne sont pas lustrées. M. Temminck avoue, d’ailleurs, que le
bec de l’alcedo gigantea, Lath., ou martin-pêcheur choucas,
sur lequel M. Leach a formé son genre Dacelo , est presquele
même que celui des alcedo, et qu’il doit, en conséquence,
être placé sur la limite des deux genres, de sorte qu’à son
égard le changement de dénomination ne reposeroit que sur
les mœurs et la nature du plumage; circonstances d’autant
moins suflisantes pour le motiver dans un système artificiel,
que si les martins-chasseurs, qui habitent les bois, nichent
dans aes creux d’arbres, et non dans des trous en terre, leur
nourriture, qui consiste surtout en insectes, n’est pas tout-à-
fait différente de celle des martins-ichthyophages, puisque ces
derniers en mangent aussi conjointement avec des poissons.
D'un autre côté, M. Temminck ne cite pas d’autres espèces
a ranger, suivant lui, dans le genre Dacelo, et M. Vieillot
ne place avec l’alcedo gigantea que le martin-pécheur à tête
grise, alcedo senegalensis , Lath., pl. enl. de Buffon, n.° 594,
et le martin-pècheur vert de l’Australasie, alcedo Australasiæ,
Vieill. Il est vrai que, suivant l’ordre dans lequel on trouve
les alcyons rangés au Muséum d'Histoire naturelle de Paris,
le nombre des martins-chasseurs seroit plus considérable ;
mais la division entre les martins-pêcheurs et chasseurs ne pa-
roit pas encore suflisamment établie pour la proposer ici d’une
maniere absolue; et d’ailleurs M. Levaillant, qui le premier
en a donné l’idée dans le second volume de ses Oiseaux de
paradis, rolliers, etc., pag. 111, annonce dans les additions
au troisième volume du même ouvrage, pag. b1, article du
jacamar alcyon, le projet de diviser le genre Alcedo en trois
familles tres-distinctes, savoir : les alcyons-pêcheurs , les al-
272 MAR s
cyons-crabiers et les alcyons-chasseurs. Il renvoie même pour
l'établissement des caractères physiques et moraux de ces trois
familles, au Supplément à l'Histoire naturelle des Oiseaux
d'Afrique; mais malheureusement la suite de ce grand et bel
ouvrage n’a pas encore été publiée, quoique le manuscrit fût
prêt dés l'année 1808, ainsi que | l’auteur l’a déclaré par une
note qui en termine le sixième “volume ; et la division des
martins-crabiers, qui, comme l’alcedo cancrophaga, Lath., se
nourrissent de crabes de terre, ayant sans doute offert à .
M. Levaillant de nouveaux aperçus, il y auroit de l’indiscré-
tion à s'occuper en ce moment d’une classification générale
des alcyons, qui seroit nécessairement incomplète avant d’a-
voir, sur la totalité de ces oiseaux, les renseignemens promis
par ce savant ornithologiste.
Une considération générale qui résulte toutefois de l’exa-
men auquel on vient de se livrer, c’est que le terme simple
alcyon, employé dans le premier volume de ce Dictionnaire,
de préférence au mot composé. martin- pécheur, étoit en effet
plus convenable, puisque les épithètes de chasseurs etde cra-
biers ne peuvent être ajoutées à martins-pécheurs, et que le
mot martin, isolé, pourroit faire naître une confusion avec
le martin, autre genre d'oiseau (cossyphus, Cuv.),auquel ce
nom est consacré depuis long-temps.
Avant de s'occuper d'espèces dont il n’est point parlé dans
le premier Volume de ce Dictionnaire, on croit devoir ajou-
ter aux observations générales qui y sont présentées, que ces
oiseaux n’ont pas la faculté de marcher:ni de sauter; qu'ils
ne paroïssent être sujets à la mue qu’une fois l’année : que
plus les poissons que veulent saisir les alcyons- ichthyophages s
sont grands, plus ceux-ci se laissent tomber de haut: enfin,
que chez certaines espèces étrangères, les jeunes, qui res-
semblent aux femelles, se reconnoissent à la couleur du bec
et des pets
Les espèces d’alcyons que l’on trouve au Muséum d Histoire
naturelle de Paris, et qui ne paroissent pas encore avoir été
décrites, sont les suivantes : J
ALCYON À MANTEAU ; Alcedo westita. Cet oiseau, placé prés
du martin-pécheur-pie, et dont la taille est un peu plus forte,
a été rapporté du Brésil par M. Lalande, aide-naturaliste, qui
MAR 273
a fait plusieurs voyages utiles à l’histoire naturelle, et que
les sciences viennent de perdre. Tout le dessus du corps est
d’un vert foncé, ainsi que les ailes et la queue, dont les pennes
extérieures sont tachetées de blanc. Cette dernière couleur
est celle des parties inférieures; mais, comme le vert descend
jusque sur les côtés de la poitrine, il en résulte un demi-col-
lier blanc. Le bec et les pieds sont noirs.
Cet oiseau paroît être le même que celui quia été décrit par
M. d’Azara, 2.° 421, sous le nom de martin-pêcheur, d’un
vert sombre, œiridis, Vieill.
ALCYON D'UN VERT DE MER; Alcedo beryllina, Vieill. Cette
espèce de cinq à six pouces de longueur, est sur toutes les
_ partiessupérieures d’un vert de mer, qui forme aussi une ER
bande sur la poitrine ; l’espace entre le bec et l’œil est blanc ;
et l’on voit aux côtés du cou une tache longitudinale de la
même couleur; la gorge et le ventre sont également blancs ;
le bec est noir et les pieds sont jaunâtres. Un individu de
cette espèce est représenté dans l’atlas de ce Dictionnaire. Il
est indiqué au Muséum comme étant de la Nouvelle-Hollande;
mais M. Vieillot dit qu’il se trouve à Java.
ALCYON À TÊTE ROUSSE ; Alcedo ruficeps , Cuv. Cette espèce,
un peu plus forte que l’alcyon d'Europe, a été trouvée aux
îles Mariannes par MM. Quoy et Gaimard, naturalistes de
l'expédition du capitaine Freycinet. La tête et le haut du dos
sont roux; les autres parties supérieures , les ailes et la queue
sont d’un vert foncé.
ALCYON A TÊTE BLANCHE; Alcedo abc, Cuv. Cet oiseau,
de la taille du proyer, a été rapporté des mêmes îles par les
mêmes naturalistes, qui ont fait a son sujet des observations
propres a jeter des incertitudes fondées sur la réalité des es-
pèces que les auteurs ont trop multipliées, sans doute, dans
le genre Alcyon. Les trois individus qu’ils se sont procurés,
leur ont offert trois états différens : dans le premier, la tête
étoit bleue ; dans le second, elle étoit moitié blanche et moi-
tié bleue; dans le troisième , tout-à-fait blanche. Le ventre
est de cette dernière couleur ; la gorge et la poitrine sont
roussàtres.
Mais l’espèce la plus intéressante de celles qu’on doit à
MM. Quoy et Gaimard, est le Manrin-cHasseur, ou Arcyon
F9. 18
274 MAR
GAUDICHAUD, Dacelo Gaudichaud, auquel ils ont donné le nom
de ieur collègue, chargé de la partie botanique dans Le voyage
autour du monde. Cet” oiseau , qui est représenté sur la vingt-
cinquième planche de l'Atlas de Zoologie de ce voyage , est
le salba des habitans de Guébé, et le mankinetrous, où man-
grogrone des Papous. Il résulte des notes que MM. Gaimard
et Quoy ont bien voulu communiquer à l’auteur de cet ar-
ticle, que l'oiseau dont il s’agit habite les bois aux iles Rawak
et Waigiou, faisant partie de celles des Papous, aux îles Ma-
riannes et à la Nouvelle-Hollande; qu’il n’est point farouche,
et que les individus qu’on y a tués avoient encore le bec cou-
vert délaterre qu'ils venoient de fouiller pour y chercherleur
nourriture.
L'individu du Muséum a onze pouces et demi de longueur :
son bec, gros et tétragone, qui est verdâtre sur les côtés, et
de couleur de corne sur les arêtes, est long de deux pouces
quatre lignes; les mandibules sont aiguës à leur pointe, et la
supérieure dépasse l’inférieure; l'iris est rougeàtre ; le haut
des tarses ést emplumé; les pieds sont courts et de couleur
brune ; l’ongle du doigt du milieu est dilaté sur son bord in-
terne. Le plumage est d’un noir foncé sur la tête et le man-
teau ; la gorge est couverte d’un plastron blanc qui $’étend sur
les côtés du cou , et forme par derrière un collier moins large,
nuancé de roussâtre ; un trait blanc passe du bec derrière
l'œil ; le bas du dos, le croupion et les couvertures supérieures
des ailes sont d’un bleu d’outremer; les grandes pennes des
ailes et de la queue sont d’un bleu foncé, qui devient noir à
leur extrémité ; la poitrine et les parties inférieures sont
d’un roux également foncé; les côtés du corps sont fauves, et
ont une tache noire qui ne devient visible que quand laile
est soulevée. ;
Les naturalistes voyageurs ont trouvé sur deux autres indi-
vidus des mêmeslieux , quelques différences qu'ils attribuent à
l’âge, et ils ont observé qu’en généralles alcyons-chasseurs sont
fort gras, qu’ils habitent le milieu des boïs, et que si Rue; 4
fois ils fréquentent les bords de la mer, c’est pour s ‘empärer
de petites pagures qu’ils enlévent avec leur coquille.
L'article Arcyow, inséré au premier volume de ce Diction-
ndire , né faisant point mention de plusieurs espèces décrites
MAR Lib 278
dans d’autres ouvrages, on va en donner ici une courte notice,
sans prétendre aucunement les présenter toutes comme es-
péces réelles, ni même en garantir l'existence ; et comme on
vient de parler d’un alcyon-chasseur, on commencera par les
deux espèces qui, avec l’alcyon géant, dont il a été question
au premier volumede ce Dictionnaire, pag. 453, offrent d’une
maniere plus prononcée les caractères de la même famille.
ALCYON À TÊTE GkIse; Alcedo senegalensis, Lath. Cet oiseau ,
de la taille d’un merle, qui se trouve au Sénégal, en Arabie
et dans d’autres contrées de l'Afrique, est figuré dans les
planches enluminées de Buffon sous le n.° 594 ; mais, suivant
M. Levaillant, qui l’a vu dansle pays des Caffres, cette planche
représente la femeile. Le mâle, un peu différent, a le dessus
de la tête d’un brun mêlé de noir; le dos et les petites cou-
vertures des ailes de cette dernière couleur; le croupion, la
queue et les ailes bleus; le ventre rayé longitudinalement de
noir. Gmelin et Latham regardent comme une variété le
martin-pêcheur bleu et noir du Sénégal, Buff., pl. 556 ; et
le second de ces auteurs cite aussi comme une autre variété
un individu rapporté d’Abyssinie , lequel a la tête et le cou
blancs; une bande bleue sur la poitrine; le bec et les pieds
rouges, et vit, dit-on, de crabes, comme l’alcyon crabier,
pl. 3342
ALCYON VERT DE EE Alcedo Australasiæ, Vieill. Cet
oiseau, de la taille de l’alcyon d'Europe, a sur le front des
plumes de couleur ferrugineuse : une bande de la même cou-
leur, au centre de laquelle se voit une ligne d’un bleu foncé,
part des narines, passe au-dessus des yeux, et occupe ensuite
toute la partie postérieure du cou et les côtés de la tête, dont
le sommet est vert ainsi que le dos. Les ailes et la queue ont
leurs pennes bleues; la gorge est d’un blanc qui jaunit sur
la poitrine et le ventre. Le bec, noir en dessus, est blanc en
| dessous.
ALCYON DE L'AMAZONE; Alcedo amazona, Lath. Cet oiseau de
la Guiase, long d’un pied, a le bec noir; les parties su pé-
rieures d’un vert brillant ; le dessous du corps blanc, ainsi
qu'un demi-collier prés de la nuque; des taches vertes à la
poitrine et aux flancs , et des or blanches aux pennes
alaires.
18)
276 MAR
ALCYON A BEC BLANC; Alcedo leucorhyncha , Lath. Séba , qui
donne tet oiseau de quatre pouces et demi de longueur, comme
habitant l'Amérique, dit qu’il a le cou et la tête d’un rouge
bai; le dos et les couvertures: des ailes et de la queue d’un
beau vert; les pennes alaires cendrées; la poitrine etle ventre
d’un jaune clair ; la queue bleue en dessus, et cendrée en
dessous.
Arcyon Du BEsNGALE ; Alcedo bengalensis, Lath. Les "he pe-
tits alcyons Crau a ie pl. 11, et dont Brisson a
formé deux espèces, sont considérés par les ornithologistes
modernes comme des variétés du même. L’un a quatre pouces
et demi de longueur; son bec est noir, et le dessus du corps
d’un bleu d’aigue-marine ; une strie rousse traverse les yeux ;
la gorge est blanche, et le dessous du corps roux: les pennes
alaires et caudales sont brunes et bordées d’un vert d’aigue-
marine; les pieds sont rouges. Les plumes de la tête et de la
queue sont entiérement brunes chez le second de ces oiseaux,
dont la taille est un peu inférieure.
ALCYON BLEUATRE ; Alcedo cærulescens, Lath. Cet oiseau , de
l'ile de Timor, est de la taille du précédent; il a les PDES su-
périeures d’un bleu très-pâle, varié de blanc. La poitrine est
de la même couleur, ainsi qu’une bandelette qui de la mandi-
bule inférieure descend des deux côtés de la gorge. Le reste
des parties inférieures est blanc ; le bec noir, et le tarse
orangé.
ALCYON A FRONT JAUNE; Alcedo erithaca, Lath. Cette espèce
du Bengale a été décrite par Albin, comme étant de la taille
du martin-pêcheur d'Europe, et ayant le bec, les pieds, le
dessus de la tête, le croupion et les couvertures supérieures
de la queue rouges; une bande noire et une bleue sur les
côtés de la tête ; le front et le dessous du corps jaunes; la
gorge et un collier blancs; le dos d’un bleu foncé; les ailes
d’un gris de fer. Buffon et Mauduyt élèvent des doutes sur
l'existence de cet oiseau , auquel Latham donne une variété
dans celui qui est ainsi décrit par Pennant dans ses Genera of
birds : Bec et pieds rouges; une tache blanche prés de la base
de la mandibule supérieure ; tête et haut du cou d’un rouge
orangé, gorge blanche; haut du dos bleu , le milieu orangé;
le croupion d’un pourpre clair; la poitrine et le ventre d’un
blanc jaunûtre.
MAR =
Ces oiseaux paroissent avoir des rapports avec Palcedo pur-
purea, décrit dans ce Dictionnaire, 1.“ vol., pag: 449.
ALCYON BLEU ET BLANC ; Alcedo cyanoleuca, Vieïll. Cette es-
pêce est donnée par M. Vieillot comme se trouvant en Afrique
sur la côte d’Angole, et ayant le bec rouge avec la pointe
noire; la tête , le dessous du co@, le dos , les ailes etla queue
d’un bleu d’aigue-marine ; la gorge, les côtés du cou, la poi-
trine et le ventre blancs , avec quelques raies obscures ; les
pieds noirs.
ALCYON 4 COLLIER BLANC ; Alcedo collaris, LatR Suivant Son-
nerat, cette espèce des Philippines est d’une taille inférieure
à celle du merle commun; le bec est noir, et jaunâtre à la
- base de la mandibule inférieure; les pieds sont noirätres; les
parties supérieures sont d’un bleu verdàtre, et le dessous du
corps est blanc, ainsi que le collier.
ALeyoN À FRONT Gn!s; Alcedo cinereifrons, Vieill, Cet oiseau
de Malimbe , qui fréquente, dit-on, les bords de la mer, a la
mandibule supérieure jaune , avec des taches rouges et noires;
l’inférieure de cette‘ derniére couleur; les pieds bruns; la tête,
a l'exception du front , le cou, le dos, le croupion, là poi-
trine, et le bord extérieur des pennes alaires, d’un bleu
d’aigue-marine ; les couvertures des aïles et les plumes scapu-
laires noires, ainsi qu’un trait qui traverse l’œil; la gorge et
le ventre blanchâtres.
ALCYON À COLLIER DES INDES; Alcedo cærulea, Lath. Long d’en-
viron sept pouces, il a le bec noirâtre à la pointe, et gris à
sa base. Les yeux sont surmontés d’une petite bande blanche ;
le dessus du corps est d’un très-beau bleu jusqu’au croupion,
qui est d’un vertéclatant, ainsi que les couvertures supérieures
des ailes et de la queue. Le cou est entouré d’un collier blanc ;
la gorge, la poitrine et le dessous du corps sont roux ; les pennés
des ailes et de la queue sont bleues en dessus, et noirâtres en
dessous. Les pieds sont gris.
ALCYON BLEU DE CIgL; Alcedo cyanea, Vieill. Cet oiseau du
Paraguay, décrit par M. d’Azara, n.° 417, est long d’environ
seize pouces. Le bec, plus épais que large , a deux pouces de
longueur; et il est trés-fort; la gorge , une portion du devant
du cou etune tache entre le bec et l’œil sont blancs ; un beau
bleu de ciel règne sur le sommet et les côtés de la tête, et sur
278 MAR
le dessus du corps, où chaque plume présente un trait longi-
tudinal noir. Les parties inférieures sont d’une couleur de
tabac d’Espagne; le bas de la jambe et le tarse sont d’un brun
clair, mêlé de verdâtre, Les jeunes se reconnoissent à un mé-
lange de rouge foible et au bleu de ciel du devant du cou.
M. d’Azara a décrit, n.° 488, un autre individu sous le
nom de martin-pêcheur d’un bleu de ciel obscur; mais, comme
il ressemble béaucoup au précédent, ce n’est probablement
qu’une différence d’âge ou de sexe.
Le même auteur donne , aux n.* 419 et 420, la description
de deux alcyons sous les noms de martin-pêcheur mordoré ( al-
cedo rubescens, Vieill.) et de martin-pêcheur à cou rouge; mais
il paroît aussi que le second n’est pas une espèce différente du
premier, qui est long de douze pouces environ, et a le bec
noir, les sourcils , la gorge, un demi-collier sur la nuque, la
poitrine, le ventre blancs; la tête, le derrière et les côtés du
cou , le dos, le croupion, le côté supérieur des pennesalaires,
et leurs couvertures, mordorés sous un aspect, et d’un noi-
râtre mêlé de bleu de béryl sous l’autre, avec quelques taches
et points blancs sur les couvertures ; le grand côté des pennes
frangé en festons blancs et noirâtres ; la queue noirâtre et ta-
chetée de blanc sur les pennes extérieures de chaque côté.
ALCYON TOUNZI ; Alcedo nutans, Vieill. Cet oiseau, plus pe-
tit que l’alcyon d'Europe, estregardé par Sonnini comme une
variété du martin-pêcheur bleu et noir du Sénégal; mais quoi-
qu’il ait, comme celui-ci, les parties supérieures bleues, la
gorge blanche et le dessous du corps d’un roux fauve, M. Vieil-
lot fait observer qu’il en diffère par la taille, par ses pennes
brunes, par le violet pourpré qui lui couvre les joues, par
son collier roux, etc. Il habite les rivages de la mer et le bord
des ruisseaux dans les royaumes de Congo et de Cacombo,
et balance continuellement sa tête.
ALCYON TEU-ROU-JOu-LON. Cet oiseau, qui habite les iles Cé-
lébes, a le bec rouge, la tête et le dos verts; la queue d’un
beau bleu , et le ventre jaune. Suivant Buffon , ce n’est qu’une
variété du martin-pêcheur à tête couleur de paille; mais sa
taille n'excède pas celle de l’alouette, et celui-ci est beaucoup
plus grand.
ALCYON A TÊTE 8LEUR ; Alcedo cœruleocephala, Latham, pl.
MAR 279
enl. de Buffon, n.° 366. Cet oiseau, qui, comme le précé-
dent, se trouve à Madagascar , n’a que quatre pouces de lon-
gueur ; le dessus de sa tête est d’un bleu vif avec des nuances
plus claires et verdoyantes ; le dessus du corps est d’un bleu
d'outremer; la gorge est blanche, et les parties inférieures
sont rouges, ainsi que les piedset le bec.
Golberry dit, au tome second de son Voyage en Afrique,
pag. 4358, qu’on voitsur les bords du Sénégal un martin-pé-
cheur qui n’a que deux pouces de longueur, et qui, d’une
vitesse et d’une légèreté extrêmes, voltige toute la journée,
sans se reposer, aux-environs de l'ile Saint-Louis, où, pen-
dant les crues du fleuve, il recherche avidement les petits
‘vers qu'il trouve sur ses rives. Son bec:trés-fin est, ajoute-t-il,
plus long que son corps; sa tête verdâtre est chatoyante comme
l’émeraude orientale; le dos et les autres parties supérieures
sont d’un bleu céleste foncé; l'extrémité des aïles est noire;
la gorge est d’un blanc éclatant; la poitrine, le ventre et le
dessous de la queue sont d’un roux alezan. Le voyageur qu’on
vient de nommer, et dont l’ouvrage a été imprimé en 1602»
n’est point cité par les ornithologistes qui, en parlant du mar-
tin-pêcheur bleu et noir du Sénégal, alcedo senegalensis, Lath.,
var., et du inartin-pêcheur à tête bleue, alcedo cæruleoce-
phala , Lath., appliquent aux deux la planche 356 de Buffon,
quoiqu'’ils donnent au premier de ces oiseaux sept pouces de
longueur, et quatre seulément au deuxième. Comme les cou-
leurs de la planche enluminée indiquent des rapports entre
ce dernier et le petit martin-pêcheur de Golberry, qui n’a
vraisemblablement pas compris la longueur du bec et celle
du corps dans son évaluation à deux pouces, il est probable
que l'oiseau dont il s’agit n’est pas une nouvelle espèce ; mais
saus cela on pourroit l'appeler à juste titre alcedo pusilla.
ALCYON Des Inpes; Alcedo orientalis, Lath. Cet oiseau, qui
a le bec et les pieds rouges, est long de quatre pouces et
demi. La tête et la gorge sont d’un beau bleu; le dessus du
corps”est vert; les pennes alaires sont noirâtres et bleues à
l'extérieur; le dessous du corps est roux ; le bec et les pieds
sont rouges.
ALcyon viozet; Alcedo coromanda, Lath. On trouve à la
côte de Coromandel cet oiseau de la grosseur du merle, qui
280 MAR
a les parties superieures du corps d’un rouge päle changeant
en violet, à l'exception du croupion sur lequel on voit une
bande longitudinale d’un blanc bleuâtre. Le dessous du corps
est d’un roux clair; la gorge est blanche, et le bec et les
pieds sont rougeàtres.
ALCYON DE SURINAM; Alcedo surinamensis, Lath. Cet oiseau
dont parle Fermin dans sa Description de Surinam, tom. 2,
pag. 181, est un peu moins grand que le merle commun.
Il a la tête d’un noir verdâtre, avec quelques taches bleues
en travers; le dos est d’un bleu clair et argenté, avec des
nuances noirâtres; la queue est d’un bleu obscur; la gorge
et le milieu du ventre sont d’un blanc rougeûtre; la poitrine
est rousse; le bec est noir. On le trouve ordinairement prés
des eaux vives; il se perche sur les arbres, et fait dans des
trous près de l’eau un nid où il pond cinq ou six œufs.
ALcyon TACHETÉ ; Alcedo inda, Lath. Edwards a donné, pl. 335,
la figure de cet oiseau de Cayenne, qui est long de sept pouces,
et a le dos, les aïles et la queue d’un noir verdàtre, avec
une bordure blanche aux pennes caudales et uropygiales; le
dessous du corps orangé, à l'exception d’un collier noir, et
bordé de cendré blanchâtre; le bec noirâtre et les pieds de
couleur de chair. |
On a décritau tome I. de ce Dictionnaire , pag. 457, sous
le nom d’alcyon ceyx, l’alcyon tridactyle de l’île de Luçon ;
alcedo tridactyla, Lath., dont la figure se trouve dans le Voyage
à la Nouvelle-Guinée, de Sonnerat, pl. 32, et dansle sixième
fascicule des Spicilegia de Pallas, pl. 11, fig. 2. Shaw a décrit
depuis dans ses Mélanges une autre espèce sous le nom d’al-
cedo tribrachys, ou alcyon ceyx à dos bleu. Cet oiseau , rap-
porté de Timor, a été figuré dans le même ouvrage, pl. 681.
Il est d’un bleu foncé sur le corps, et une bande de la même
couleur descend des joues sur les côtés de la gorge, du cou
et de la poitrine; les côtés de l’occiput et le dessous du corps
sont ferrugineux. Les tarses sont orangés, et le bec est noir.
ALCYON CEYX POURPRE ; Alcedo ceyx purpurata, Dum. Cet oï-
seau , de la taille d’une fauvette , a été rapporté de Java par
M. Leschenault. Les parties supérieures du corps sont rousses ;
les inférieures sont blanches, et le bec est roux.
L'oiseau décrit sous le nom de martin-pécheur de mer aux
MAR 281
ailes longues, par M. d'Azara , est la frégate, pelecanus aquilus,
Linn.; et M. Savigny dit, pag. 6 des Observations sur son sys-
tèine des oiseaux d'Egypte et de Syrie, que l’alcedo ægyptia
d'Hasselquist dans son Voyage au Levant, part. 2, pag. 21 dela
traduction françoise, n’est pas un alcyon , mais vraisemblable-
ment un bihoreau.
Les alcyons portent à O-Taïti et aux iles des Amis les noms
d’erooro et de koato-0-00. Ils y sont regardés comme des oiseaux
sacrés, qu’il est défendu de tuer. (Ca. D.)
MARTIN-PESCAO.( Ornith.) L'oiseau que l’on nomme ainsi
à Gênes est l’hirondelle de mer cendrée, séerna cinerea, Linn.
(Cr:
MARTIN-SEC. ( Bot.) Nom d'une variété de poire pyrami-
dale, de grosseur moyenne, roussàtre, à chair cassante, sèche,
d’une saveur sucrée, müûrissant de novembre à janvier. (L. D.)
MARTIN-SIRE. (Bot.) Autre variété de poire alongée, assez
grosse, d’un vert jaunâtre, tachetée de points gris, à chair
ferme, sucrée , et mûrissant en novembre. (I. D.)
MARTIN , VACHE A DIEU, BÊTE A DIEU, MARTIN BON
DIEU (Entom.), noms vulgaires des coccinelles. (C. D.)
MARTINAZZO ( Ornith.), nom donné par les Vénitiens au
goéland varié ou grisard, Larus nævius, Linn. (Cn. D.)
MARTINET. (Ornith.) Ces oiseaux ont beaucoup de rapports
avec les hirondelles; mais, tandis que celles-ci ont les doigts
des pieds et le sternum disposés comme chez la plupart des
passereaux, les martinets s’en distinguent, 1.° par la situation
du pouce qui, placé de côté, se dirige le plus ordinairement
en avant, et quelquefois, selon le besoin de l’oiseau, en ar-
riére; 2.° par la brièveté de l’humérus, dont les apophyses
sont très-larges, par la fourchette ovale et par le sternum sans
échancrure vers le bas, toutes circonstances propres à aug-
menter la puissance du vol. Les autres caractères génériques
des martinets sont d’avoir le bec très-court et couvert de
plumes presque jusqu’à la pointe; des abajoues contre les pa-
rois desquelles une humeur gluante retient les insectes jus-
qu'au moment où l'oiseau éprouve le besoin de les avaler, ou
d’en nourrir ses petits; les tarses et les doigts plus courts et
plus gros que chez les hirondelles, et les ongles plus crochus;
les ailes plus longues et moins larges; la queue ordinaire-
282 MAR
ment composée de dix pennes. On peut remarquer, en
outre, que les plumes des martinets sont courtes, rudes et
de la nature de celles des oiseaux aquatiques, pendant que
les plumes des hirondelles sont plus fines et plus moelleuses :
aussi M. Levaillant observe-t-il que si les grands orages, les
fortes pluies, les vents violens font rentrer les hirondelles
dans leurs cachettes, les martinets semblent éprouver un plat
sir réel à lutter contre les élémens en fureur.
Aristote paroît avoir appliqué collectivement aux hiron-
delles et aux martinets le nom d’apodes, quoiqu'il n'ignoràt
pas que ces oiseaux n’étoient point privés de pieds, mais parce
qu'ils s’en servent fort peu. Linnæus a restreint cette déno-
mination aux martinets qui en font encore moins d'usage que
les hirondelles ; mais ce terme ambigu doit être tout-à-fait
écarté pour le remplacer par celui de cypselus , tiré du mode
de fabrication de leurs nids, cistellis ex luto fictis, d'apres
l'interprétation de Gaza, rapportée par Gesner, de Avibus,
p- 161. Ce nom générique a d’ailleurs été adopté par Illiger
et par d’autres ornithologistes modernes.
Les martinetssontdes oiseaux aériens par excellence, dontla
vie se passe dans une agitation extrême ou dans un repos absolu.
Lorsqu'ils se posent, ce qui arrive rarement, c’est sur des lieux
élevés, contre des muraiiles ou contre des arbres; et si par
accident ils tombent à terre, ils ont beaucuup de mal à se
traîner sur une petite motte ou une pierre qui leur fournisse
les moyens de mettre en jeu leurs longues ailes. Dans le cas
même où ils se irouveroient sur une surface dure et polie,
Linnæus et Montbeillard pensoient qu’il leur seroit impossible
de se relever; mais Spallanzani à vérifié le contraire par des
expériences faites sur plus de dix individus d’âges différens
qui, posés sur le parquet trés-uni d’une chambre vaste et bien
éclairée, frappoient subitement de leurs pieds contre terre,
étendoient leurs ailes, les battoïient l’une contre l’autre, et,
après s'être ainsi détachés du sol, parvenoient à décrire un
cercle bas et court, puis un second plus large et plus élevé,
et devenoient enfin maîtres de l'air. L'auteur italien croit
néanmoins que si les martinets s’'abattoient dans des lieux
fourrés, couverts de buissons ou de hautes herbes , ce seroient
pour eux des écueils insurmontables; mais il faudroit, pour
MAR | 283
cela, qu'ils sussent épuisé leurs forces à ramper vainement, à
la manière des reptiles, avant de pouvoir se dégager de ce
mauvais pas. .
Les martinets boivent comme ils mangent en volant. etleur
nourriture consiste en insectes qui vivent dans les régions
élevées dé l'air ou sur les eaux , et Spallanzani, qui a eu lieu de
SA UREr combien ces oiseaux sont friands des fourmis aïlées,
s’est assuré, dans cette occasion, qu ’1ls apercevoient distinc-
tement un objet de cinq lignes de diamètre à la distance de
trois cent quatorze pieds, et que leur vue étoit si nette, qu'ils
descendoient du haut des airs avec la rapidité d’une flèche,
et, aprés avoir effleuré la terre, remontoient d’une vitesse
égale et dans une direction contraire. Montbeillard pensoit
que les martinets alloient passer la nuit dans les bois pour
faire la chasse aux insectes ; mais Spallanzani, ayant ouvert de
ces oiseaux par lui tués de grand matin, au moment de leur
retour journalier , n’a trouvé dans leur estomac qu'un résidu
d'insectes méconnoissables par l'effet de la digestion, qui n’au-
roit pas été si avancée dans le cas où ces alimens auroient été
pris la nuit même , et il croit d'autant moins que les martinets
puissent voir suffisamment dans la nuit, qu'en obscurcissant
une chambre qui en renfermoit, ces oiseaux perdoient la
direction du vol, se heurtoient contre les murs et tomboiïent
à terre. |
Les martinets sont peu nombreux en espèces. On n’en con-
noît que deux en Europe, le martinet noir ou commun, etle
martinet à ventre blanc ou des hautes montagnes.
Marniner nor ou commun. Cet oiseau, qui est l'hirundo
que , Linn,, dont la figure se trouve dans les Pl. ent. de Buffon,
542, et dans Lewin, n.° 127, ne peut conserver aucun de ces
ge noms, puisque, d'une part, on est convenü de séparer
génériquement les martinets des hirondelles, et que, d’une
autre ;, l’épithète apus est inexacte et propre à donner une idée
fausse. M. Temminck a appelé cette espèce martinet de mu-
raille ,cypselus murarius , et si cette dénomination avoit indiqué
une particularité exclusive, ç'auroit été le cas de l'adopter;
mais ce martinet, qui s'accroche aux murailles et niche dans
les trous, s'accroche également aux vieux arbres, dans Île
creux desquels il fait aussi son nid, comme le grand martinet.
284 MAR
On croit donc devoir préférer l’épithète vulgaris ou niger,
sans toutefois appliquer celle d’albiventris au grand martinet
ou martinet a ventre blanc, attendu qu’il n'existe pas de mo-
tifs pour ôter à celui-ci l’ancienne épithète melba.
Le martinet commun est long d'environ huit pouces;ila prés
de quinze pouces de vol; sa queue, fourchue, en a environ
trois, et, suivant Montbeillard, elle est composée de douze
pennes. Le bec a huit à neuf lignes.
Cet oiseau, qui pèse dix à douze gros, a l'œil enfoncé et l'iris
de couleur de noïsette. Son plumage est d’un noir de suie, à
l'exception de la gorge qui est blanchâtre. Le bec est noir; les
pieds et les ongles sont noïirâtres; le devantetle côté intérieur
du tarse sont couverts de petites plumes de la même couleur. La
femelle, un peu plus petite que le mâle, n’est pas tout-à-fait
aussi brune, et les jeunesont la bordure des plumes supérieures
roussâtre ; mais aprés la première mue, qui, suivant M. Nat-
terer, a lieu chez ces oïseaux une fois l’année, au mois de
février, pendant qu'ils sont en Afrique et en Asie , il n'existe
plus dé différences entre eux.
Ces martinets arrivent dans nos climats pendant le cours
du mois d'avril et plus tard que les hirondelles, parce que
les insectes ailés ne s’élévent aux régions où ils ont cou-
tume de voler, que quand latmosphère y est suffisamment
échauffée; mais leur apparition a lieu un peu plus tôt ou
plus tard, selon que la contrée qu'ils viennent habiter est
plus ou moins méridionale. Ils n’arrivent guère avant le com-
mencement de mai en Angleterre.
Quoiqu'il résulte des expériences de Spallanzani que ces
oiseaux peuvent résister à un froid plus qu’ordinaire, ilsse re-
tirent aussi avant les hirondelles, parce que les insectes de
haut vol qui forment la nourriture des premiers, ne conservent
pas, quand la température se refroidit, la vigueur nécessaire
pour voltiger à leur portée, tandis qu’ils restent à celle des
hirondelles domestiques et de fenêtre.
Les martinets noirs, comme les hirondelles, reviennent au
printemps prendre possession des domiciles qu’ils avoient
adoptés les années précédentes. Les trous, les crevasses de mu-
railles, les avant-toits des maisons couvertes de tuiles, sont
les lieux où ils se plaisent le plus généralement à établir
MAR 285
leurs nids, et lorsqu'ils retrouvent les anciens, ils nese donnent
pas la peine d’en construire de nouveaux. Spallanzani en a
décrit un qui présentoit une cavité alongée, dont le plus
grand diamètre avoit quatre pouces trois lignes, et le plus petit
trois pouces et demi; mais ils n’ont pas tous la même dimen-
sion, et ne sont pas composés des mêmes substances, qui con-
sistent surtout en plumes, laine, herbes sèches et autres ma-
tériaux souples que ces oiseaux peuvent rencontrer, soit en
l'air, soit en rasant la surface du terrain, ou qu’ils enlévent
d’autres nids, et particulièrement de ceux des moineaux, à
quoi ils ajoutent extérieurement des parties d'insectes qu’ils
ont à demi digérées. Pour donner de la consistance à cet assem-
blage incohérent, l'oiseau tire de sa gorge une humeur vis-
queuse , de couleur cendrée, la même qui lui sert comme de
glu pour attraper sa proie, et qui, pénétrant le nid de toutes
parts, lui donne une sorte d’élasticité. Quelquefois les mar-
tinets se contentent de rajuster les nids de moineaux pour leur
usage. F
Comme on ne voit point ces oiseaux se poser à terre ni sur
les branches d’arbres, il étoit probable qu’ils s’aecouploient
dans leurs nids, et Spallanzani s’est assuré de ce fait par la fa-
cilité que lui donnoient à cet égard des nids établis dans des
colombiers entre Les boulins destinés aux pigeons. En exami-
nant de l’intérieur et par des sortes de guichets formés d’une
brique, ce qui se passoit dans ces nids, l’observateur zélé est
parvenu à voir plusieurs fois le mâle couvrir la femelle, et
en user à peu prés comme les hirondelles de fenêtre, excepté
que cet acte chez eux est de plus courte durée. Le mâle, dans
ces doux momens, jette de petits cris dont l'expression est
toute différente de celle des cris plus alongés, plus forts qu'il
pousse quelquefois dans le nid, et qui s'entendent assez loin
pendant le silence de la nuit. Ces cris sont indépendans du
sifflement aigu que les martinets font entendre en voiant.
Spallanzani a observé que les martinets entrés dans leur
trou, y éprouvent une sorte d'inertie ou de stupeur, et que,
surpris dans l’accouplement ou l’incubation, ilsne font aucun
mouvement pour changer d’attitude ,se laissent même prendre
à la main, et qu’on est forcé de les pousser dehors pour les
faire sortir de leur trou, ce qu'il attribue aux longues ailes
286 MAR
et aux pieds courts de ces oiseaux, qui leur ôtent lesmoyens
de se remuer facilement dans des espaces aussi étroits. Cette
explication est d'autant plus naturelle qu'un pareil abandon
d'eux-mêmes ne les accompagne qu’au gîte.
Les martinets ne font qu’une seule ponte, à moins que la
première couvée n'ait manqué par Les froids du mois de mai,
ou par quelque autre accident. La femelle seule couve les
œufs, qui sont blancs, de forme alongée, au nombre de deux
à cinq, et dont Lewin a donné, tom. 4, pl. 28, une fort
mauvaise figure. L’incubation dure environ trois semainés, et
Ja mére couve encore ces petits plusieurs jours aprés qu'ils sont
éclos. Suivant Montbeillard , les petits ne sollicitent pas la bec-
quée comme ceux des autres oiseaux; mais Spallanzani qui,
en 1789, en a vu éclore une nichée dans son voisinage, où
il étoit à portée d’en examiner le trou, à remarqué qu’au
moment où les père et mère leur apportoient à manger, ce qui
arrive cinq a six fois le jour, les petits ouvroient le bec pourre-
cevoir la nourriture et poussoient en mêmetempsun cri, foible
à la vérité, maïs sensible et soutenu pendant quelques instans;
et ils en faisoient autant avec lui quand il leur touchoit le bec
avec le doigt. Lorsque les petits ont acquis assez de force pour
n'avoir plus besoin d’être réchauffés par leurs mères, celles-ci
s'élèvent vers la fin du jour avec les mâles, et ne reviennent
que le lendemain au soleïl levant, ce qui a lieu jusqu’a l’époque
de leur départ, c’est-à-dire jusqu’à la fin de juillet ou au
mois d'août. |
Ce n’est qu’au bout d’un mois que les jeunes abandonnent
leur nid, et en cela ils sont plus tardifs que les autres oiseaux,
et même que les hirondelles, ce qu’on peut attribuer à la
nécessité dans laquelle se trouvent les martinets de se passer de
tout appui dés l'instant où ils ont prisleur essor. Aussi un adulte
s'échappant du nid a-t-illes pennes aussi longues que celles des
pére et mère, son vol est aussi rapide ; une fois sorti du nid,
il n'y revient plus.
Pendant les grandes chaleurs, les martinets restent au
milieu du jour dans leur nid, dansles fentes de murailles ou de
rochers, entre les entablemens des constructions, et ce n’est
que le matinet le soir qu’ils vont à la provision, ou voltigent
sans but et par le seul besoin d’exercer leurs ailes. Dans ce
.
| MAR 287
dernier cas, ils décrivent en l’air des courbes sans fin autour
des clochers, des colombiers, ow des lignes droites le long des
maisons, en poussant des cris aigus; mais lorsqu'ils vont à la
chasse, ils ont une maniere lente de nager dans l’air, souvent
ils ne battent pas des ailes, ils sont solitaires et silencieux, et
la direction de leur vol éprouve des interruptions et des chan-
gemeus subits et en divers sens. C’est pour se soustraire à la
trop grande chaleur que ces oiseaux ont l'habitude particu-
lière de se tenir cachés pendant le jour, et de ne s'élever dans
les airs que vers le crépuscule du soir; plus libre quand les
petits ont pris leur vol, la famille entière se transporte sur les
montagnes, où elle séjourne jusqu'aux approches des froids.
rl
Les jeunes martinets, comme les jeunes hirondelles’, pèsent
plus que les vieux, et la cause en est dans l'existence d’une
grande quantité de graisse, dont le corps des premiers est
couvert et pénétré même en plusieurs endroits, tandis que les
vieux en sont privés totalement. Le poids des adultes diminue
à mesure de leur accroissement, et ils finissent par ne plus
peser davantage que les père et mére quand toute leur graisse
a disparu. Cette circonstance doit suffire pour détourner des
ruses qu’on emploie en divers pays, a l'effet de s'emparer de
ces oiseaux utiles, puisque si les jeunes sont un fort bon man-
ger, les vieux ont la chair dure et point succulente.
Ces oiseaux sont à tout âge, et particulièrement dans leurs
nids, tourmentés d'insectes parasites, et celui qui les quitte
le moins forme un démembrement du genre Hippobosque,
auquel M. Latreille a donné le nom d’ornithomiye.
GRAND MaARTINET Où MARTINET À VENTREBLANC; Cypselus melba,
Vieiïll. L'espèce désignée sous le nom d’hirundo melba, par
Linnæus ét par Latham, ou grand martinet à ventre blanc,
par Montbeillard, et qui est figurée pl. 17 des Glanures
d'Ewards, est considérée par MM. Cuvier et Temminck, comme
étant la même que le martinet à gorge blanche de l’Ornitho-
logie d'Afrique, pl. 243. Cet oïseau, long d’environ neuf
pouces, a les parties supérieures d’un gris brun, ainsi qu’un
plastron à la poitrine. La gorge et le ventre sont d’un blanc
qui paroit être plus ou moins pur selon l’âge des individus, Le .
bec est d’un brun noirâtre, et les pieds sont couverts de plumes
brunes. La femelle a le éisés moins large, et les teintes du
288 MAR
plumage moins foncées. Cette espèce habite Les Alpes du Midi,
en Suisse, au Tyrol, en Sardaigne: Spallanzani l’a rencontrée
danslesiles de Pannaria, d'Ischia, de Lipari et à Constantinople.
Russel l’a vue sur les rochers des environs d'Alep, et celui
qui a été décrit par Edwards, avoit été tué à Gibraltar. C'est
aussi dans les rochers que se retire et niche le martinet figaré
par M. Levaillant ; et les individus que M. Temminck a reçus
de l'Afrique méridionale, ne différoient de ceux d'Europe
que par l’espace plus étendu qu'occupoitle brun de la poitrine
sur le bas du cou et'sur les flancs.
Ces martinets, plus gros que les noirs, et qui volent avec
une rapidité étonnante, se distinguent dans les airs par les
parties blanches de leur plumage, et par des cris plus reten-
tissans et plus soutenus. Ils se font aussi remarquer par une
singulière habitude : au milieu deleurs circuitsils s’acerochent
par les ongles aux rochers situés dans le voisinage de leurs
nids, et d’autres s’attachant successivement sur les premiers,
ilen résulte une masse oscillante jusqu’au moment où ils se
séparent, etreprennent leur vol en jetant leurs cris accoutumés.
C’est à la fin de mars et au commencement d'avril que les
grands martinets arrivent en Savoie ; maïs pendant la première
quinzaine ils volent sur les étangs et les marais, et nese dirigent
qu’ensuite vers les hautes montagnes, leur séjour habituel.
Comme ils établissent en général leurs nids sur des précipices,
Spallanzani n’est parvenu à obtenir quelques renseignemens
sur leur ponte et l'éducation des petits que du concierge d’un
château des Etats de Modène, sur la haute tour duquel ils’éta-
blissoit de ces oiseaux qui y faisoient chaque année deux
pontes, la premiere de trois ou quatre œufs, et la seconde
ordinairement de deux seulement. L’incubation dure trois
semaines; les petits de la première couvée devencient adultes
à la mi-juillet, et ceux de la seconde à la mi-septembre, et
quoique ces jeunes qui sont fort bons à manger, leur fussent
enlevés chaque fois, les pères et mères n’abandonnoïent pas
les mêmes lieux, où ils nichoient dans leurs anciens nids, à
moins qu'ilsne se trouvassentobligés d’en refaire de nouveaux.
Ces nids, construits extérieurement avec des morceaux de
bois.et des brins de paille enirelacés en cercles concentriques,
et fortifiés par des feuilles d'arbres qui en occupent les vides,
MAR 289
sort revêtus intérieurement de chatons de peuplier æt de
plumes, qui ne sont pas unis au ‘moyen du gluten sorti de la
bouche.
Spallanzani, à qui l’on avoit envoyé avec le nid un martinet
adulte, qui étoit à jeun depuis trente-une heures au moment
de son arrivée , et devoit, par conséquent , avoir déjà perdu.
de ses forces, l’a encore soumis'à des épreuves pour s'assurer
du. degré de froid auquel il résisteroit ; et l'oiseau n’a péri
qu'après être resté sept heures sous: un bocal où le thermo:
mètre marquoit huit degrés et demi au-dessous de la congéla-
tion, et vingt-cinqheures dans une glacière, sans avoir donné
aucun signe de léthargie | ce qui ajoute aux raisons exposées
sous le mot hirondelle, pour rejeter l'hypothèse de la ei ds
de ces oiseaux pendant l'hiver. )
- Spallanzani croit que les grards martinets ne butte. pas
tous les iles Eoliennes pendant l'hiver; et que dans un pays
où cette saison.est assez douce ,plusieursse cachentseulement
dans quelques retraites:où ilss'abandonnent au repos et àune
abstinence que leur graisse, assez abondante, les aide à sup-
porter; mais les autres et ceux des: contrées plus au x
passent en Afrique. NT, D47.,7 L
L'auteur des articles: didea iii: du le Nouveau Dic:
tionnaire d'Histoire naturelle ;tapporte dés observations faites
en Suisse sur .ces oiseaux par un de ses‘correspondans; mais
la plupart sont contradictoires avec celles du naturaliste ita-
lien , puisqu'il enrésul{eroit que le nid'auroïtune autre forme,
qu'au lieu d'être pratiqué: dansiun:itrou ; il seroit attaché le
long d’un soliveau, et que ; composé d’autres matériaux, il
seroit enduit de là matière glaante que cedernier n’ÿ à point
trouvée. La seule remarque pourdaquelie les deux :observa-
teurs soient d'accord , est la facilité avec laquelle on peut tou
cher le mâle: et la: SR HE blottis l’un contre l’autre dans
leur nid; mais cette dernière circonstance n'empêche pas
qu’on ne soit fondé ia douter de l'identité des espèces.
GranD MarriNer p&rA CINE. À l'exception de la taille de éet
oiseau qui, d’après la description qu’en a donnée Sonnerat dans
son Voyage aux Indes, tom. 2, pag. 199, est de onze pouces
six lignes depuis le bout du bec, jusqu'à celui de la queue,
rien n'anuonce s'il s’agit ici d'une hirondelle ou d’un martinet,
EE 3 5
290 MAR
et sion doit l'appeler cypselus sinensis ou lui conserver le noïf
d’hirundo. On se bornera donc à exposer que la queue est
fourchue et aussi longue queles ailes; que le sommet de la tête
est d’un roux clair et la gorge blanche;que le cou en arrière,
le dos, les ailes et la queue sont bruns; qu’à l'angle supérieur
du bec il naît une bande longitudinale brune qui se prolonge
au-delà de l'œil, lequel estentouré de-petites plumes blanches;
que la poitrine et le ventre sont d’ungris roux, et qu’enfin
l'iris, le béc et les pieds sont d’un gris bleuâtre.
M. Levaillant a donné, dans ses Oiseaux d'Afrique ,la figure :
de deux martinets, pl. 244, n°41 et2,sousles noms de mar-
linet à croupion blanc et de martine vélocifère; mais ces deux
oiseaux étant représentés sur des branches d'arbres avec trois
doigts en devant et un par derrière, l’auteur des articles d’or-
nithologie dansle Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle,
s’est cru autorisé à les considérer comme des hirondelles éta les
ranger parmi elles. Le même motif auroit pu cependant le dé-
terminer à prendre un parti semblable pour le martinetà gorge
blanche , dont chaque pied, vu deface, n'offre que trois doigts,
étilauroitpü soupçonnerqu'afin de ne passe trouver obligé de
figurer une muraille, et attendu que le quatrième doigt est
implanté sur le tarse de manière à dévenir versatile, le peintre
aura usé-de la faculté que lui donnoït cette circonstance pour
en profiter en artiste; sans examiner rigoureusement quelles
inductionsle naturaliste seroit dansle cas d’en tirer. D'ailleurs,
M. Levaillant a appliqué aux trois espéces par lui décrites
sous le nom de martinets, l'observation que chez elles Le
doigt antérieur est-placé de côté; de manière que, suivanit le besoin
de l'oiseau , il se dirige en avant ou en arrière; et une erreur
dans le.dessin n’auroit, pas dû suffire pour faire contéster
l'exactitude d’une classification établie par un aussi habile
ornithologiste. On, va donc emprunter à M. Levaillant ses
descriptions, en laissant les deux plus petits martinets à la
place qu’il leur a assignée prés du grand.
MARTINEZ A CROUPE BLANCHE D'AFRIQUE. Cet oiseau ‘porte le
nom de martinet à croupion blanc, au tom. 5, p. 112 des
Oiseaux d'Afrique; mais, comme il est désigné sous celui de
martinet à croupe blanche ,sur la pl. 244, fig. 1 ,etquedéjà lenom
d'hirondelle à croupion blanc a:été donné a notre hirondelle
MAR sd
“de fenêtre, et à l’hirondelle du Paraguay décrite par d’A-
zara sous le n.° 304, on préférera ici la dénomination de mar-
tinet à croupe blanche, ‘qui offre au moins une distinction
légère en françois; et, ne pouvant adopter avec M. Vieillot
l’épithète latine d’atra, tirée d’un aperçu tout différent et
“peu d'accord avec la couleur brune du plumage de l'oiseau ,
‘on lui donnera celle de cypselus uropygialis, propre à appeler
l’attention sur la couleur des côtés du croupion et des bar-
bes internes des dernières plumes alaires qui avoisinent cette
partie, laquelle a paru à M. Levaillant former le caractere le
plus tranchant pour signaler une différence spécifique entre
l'oiseau en question et notre martinet commun. Celui-là , fort
abondant au cap de Bonne -Espérance, est plus familier que
le martinet à gorge blanche; il s'approche des maisons et vit
dans les mêmes jieux que les’ hirondelles , sans cependant se
méèler avec elles. Lorsqu'il ne peut s'emparer du nid de ces der-
nières, il en fait un lui-même dans destrous de murs ou dans des
crevasses de rochers, et la femelle y pond quatre œufs blancs.
Manrier vécocirère;Cypselus velo, Ois. d’Afr., pl. 244, fig. 2.
L’épithète adoptée par M. Vieillot pour cette espèce étant la
traduction littérale de celle de M. Levaillant, on n'hésite pas à
la conserver pour un oiseau dont la rapidité est telle, qu’il
parcourt cent toises en cinq secondes, ce qui équivaut à une
demi-lieue en une minute. La queue de cette petite espèce est
trés-fourchue ;ses ailes, fort longues, la dépassent de près de
deux pouces, lorsqu'elles sont pliées. Son plumage est d’un
noir foncé à reflets bleus sur la tête, les ailes et la queue, et
d’ur noir pur sous le corps. Les yeux sont rougeàtres, Les pieds
et le bec sont bruns. Ce petit martinet habite la côte de
l'Est pendant la saison d’hiver du Cap; maig cette contrée
n’est pas sa patrie, et il paroît n’y venir qu'après avoir fait
ses petits ailleurs. Le soir et le matin il vole à la lisière des
“bois, et saisit les insectes et les moucherons qu’il aperçoit en
Vair ou posés sur les feuilles des arbres, dans les trous desquels
il passe la nuit, mais sans se poser sur les branches. M. Le-
vaillant ne l’a jamais entendu jeter un cri quelconque.
Les colons du cap de Bonne- Espérance nomment tous les
martinets wilsde swaluw (hirondelles sauvages), et les hiron-
pelles make swaluw ( hirondelles privées eu domestiques }.
19
292 MAR
Dans le département de la Somme , on donne le nom de
martinet à une bécasse que les chasseurs regardent comme for-
mant une race plus petite que l'espèce commune ; et Magné
de Marolles prétend, dans son Traité de la chasse au fusil,
pag. 374, avoir effectivement observé une différence de taitle
parmi les bécasses, et remarqué que celle qui est vul-
gairement appelée martinet, a le bec plus long que l’autre,
etle plumage roussàtre. Feu Baïllon père disoit même, dans
une note communiquée à Buffon, que celle-là avoit les pieds
bleus, et qu’elle arrivoit la dernière ; mais , comme on l'a
déjà exposé au tome quatrième de ce Dictionnaire, p. 196,
ces circonstances n’ont paru à Buffon être que le résultat de
différences accidentelles ou individuelles, si elles ne tiennent
même plutôt à l’âge de l'oiseau, dont celui-ci seroit le jeune ,
et l’autre l'adulte. (Cu. D.) : :
MARTINEZIA. (Bot.) Genre de plantes monokeiviédaede à
fléursincomplètes, monoïques ou dioïques, de la famille des pal-
miers , de la monoécie herandrie de Linnæus, offrant pour carac-
tère essentiel: Des fleurs monoïques sur le même spadice (ou
dioïques),un calice à trois divisions profondes: une corolle
plus longue que le calice, à trois pétales ; dans les fleurs mâles,
six étamines; les filamens libres; dans les fleurs femelles, un
ovaire à trois loges; trois styles ; un drupe globuleux, monos-
perme. |
MARTINEZIA À FEUILLES DE CARYOTE : Martinezia car ryota, Kunth,
in Humb. Nov. Gen. et Spec. , 1, pag. 305 EN lai RE Corozo.
: je
ré mile rs: CS
Ce palmier s'élève depuis trente jusqu’à cinquante pieds, sur.
un tronc cylindrique épineux.Ses feuillessont peu nombreuses,
ailées:les pinnulgs membraneuses, cunéiformes, tronquéesau
sommet, d'unyert gai, à trois lobes obtus et rongés ; leurs pé-
tioles garnis en dessus d’épines géminées. La spathe .est d’une
seule pièce, ovale, épineuse, longue d'environ seize pouces;
le spadice rameux, sans épines; à rameaux alternes, flexueux,
comprimés; les fleurs sont ternées; les deux supérieures fe-
melles; l'inférieure mâle; le calice est trés-petit, trigone,
urcéolé, à trois lobes aigus; les pétales sont ovales, aigus, con-
caves; les filamens des étamines trés-courts. L’ovaire avorte
daus les fleurs mälés. Le fruit est un drupe globuleux, d’un
jaune rougeâtre, à une loge monosperme, d'un demi-pouce
LS
MAR | 293
de diamètre; la semence est veinée, striée à l'extérieur, mar-
quée de deux sillons. Cette plante croit sur les rives de lOré-
noque;elle est cultivée dans plusieurs contrées.
Les auteurs de la Flore du Pérou ont mentionné, dans leur
Systema veget. Flor. Per., 1, pag. 295, plusieursautresespèces
originaires du même pays, tels sout le martinezia ciliata, grand
arbre dont le tronc ainsi que les pétioles sont armés d’épines;
les feuilles ailées , sans impaire ; les folioles ensiformes, ciliées;
les fleurs monviques. Dans le martinezia interrupta, le tronc
s’élève à la hauteur de trente pieds; les feuilles sont ailées avec
interruption; les folioles courbées en faucille. Le martinezia
ensiformis est un arbre d’environ trente pieds, à feuilles ailées,
avec une impaire, et dont les folioles sont ensiformes.
Les deux espèces suivantes ont leurs fleurs dioïques, savoir :
le martinezia linearis, arbre d'environ quinze à dix-huit pieds,
dont les feuilles sont aïlées, sansimpaire; les folioles linéaires,
très-aiguës ; les grappes de fleurs composées d’épis courbés. Dans
le martinezia lanceolata, les feuilles ailées, sans impaire , sont
composées de folioles lancéolées; les supérieures recourbées ;
les épis lâches, réunis en grappes. Toutes ces plantes croissent
dans les grandes forêts du Pérou. (Porr.)
MARTINETA PESCADOR. (Ornith.) L’oiseau que les Es-
pagnols du Mexique appellent ainsi, est le héron hoactli ou
tobactli, ardea hoactli, ne et Lath. (Cx.D.)
MARTINOLLE (Erpét.), l’un des noms vulgaires de la
Rae vente, hyla arborea. (Des. ) |
MARTLAT. (Ornith.) Cé nom et celui de martlin sont Han
nés à l’hirondelle de rivage, hirundo riparia, Linn., dans le
Piémont , où l’on applique ceux de martlera et martlot à l’hi-
rondelle de fenêtre , hirundo urbica, Linn. (Cu. D.)
MARTLERA. (Ornith.) Pour ce mot et pour Martlot voyez
Marrcar. (Cu. D.)
MARTLET.(Mamm.) Voyez Marin. (Desm.)
MARTLET. ( Ornith.) Ce nom et celui de martin désignent
enanglois, dans Willughby , l’hirondelle derivage, hirundo
riparia ,; Linn. (Cu. D.)
MARTORELLO , MARTURA (Mamm.), noms italiens de
la marte. (Desm.)
MARTRASIA. (Bot.) M. Lagasca, Lieniste espagnol, com-
294 MAR
muniqua, au commencement de 1808, à quelques botanistes
françois, un Mémoire manuscrit, rédigé par lui en 1805, et
intitulé Dissertation sur un nouvel ordre de plantes de la classe
des composées. Ce Mémoire contenoit les caractères de beau-
coup de genres nouveaux; dont un éioit nommé par l’auteur
Dumerilia. Maïs, lorsqu’en 1811, i! publia son Mémoire dané
les Amenidades naturales de las Espanas , imprimées à Orihuela,
M. Lagasca changea quelques uns des noms qu'il avoit lui-même
donnés, dans son manuscrit, à ses nouveaux genres, et le du-
merilia devint le martrasia. Cependant M. Decandolle, qui avoit
vu en 1808 le manuscrit de M. Lagasca , mais qui ignoroït sa
publication récente et le changement de quelques noms géné-
riques, décrivit le genre dont il s’agit, sous le nom de dume-
rilia, dans son Mémoire sur les labiatiflores, publié en 1812:
Suivant la rigueur des règles en cette matiére, le nom de mar-
trasia ayant été publié par l’auteur même du genre, un an avant
que le nom de dumerilia ait été publié par un autre botaniste,
le premier nom devroit incontestablement obtenir la préfé-
rence sur lé sécond. Mais plusieurs considérations nous déter-
misent à nous écarter un peu de la régle dans ce cas-ci: 1.° l’au-
teur du genre étant aussi l’auteur de l’un et de l’autre nom,
on né lui fait aucun tort en adoptant celui de dumerilia; 2.° la
publication du genre, sous le nom de marirasia, n’étoit ni ne
pouvoit être connue en France , à l’époque où M. Decandolle
a publié les descriptions et les figures de deux espèces, sous le
nom générique de dumerilia, et en reconnoissant M. Lagasca
comme auteur de ce genre; 3.” l’excellent Mémoire de M. La-
gasca, quoique assurément trés-digne d’un meilleur sort, est
pourtant encore aujourd’hui beaucoup moins connu que Île
Mémoire de M. Decandolle , ce qui dépend de circonstances
fort étrangères au mérité respectif des deux opuscules; 4.° les
botanistes, qui ne peuvent deviner le motif de ce changement
de dénomination, se résoudront difficilement à préférer le nom
d’un obseur apothicaire de Barcelonne à celui d’un naturaliste
aussi distingué que M. Duméril; 5° enfin , lenom de dumerilia
est adopté par M. Kunth, dans ses Nova Genera et Species plan-
farum , et il avoit déjà été adopté par nous-même dans ce
Dictionnaire (tom. XIII, pag. 553).
Néanmoins, nous proposons aujourd’hui de conserver le
À
MAR 295
nom générique de martrasia, mais en l’appliquant seulement
à une espèce qui nous paroît devoir être distraite du genre
Dumerilis, et constituer un genre particulier. Cette espèce est
la martrasia pubescens de M. Lagasca, qui, selon cet auteur, a
l’aigrette stipitée, tandis que les autres espèces ont l’aigrette
sessile. Ce botauiste doutoit lui-même que due dont il
s'agis fût congénère des autres.
Ainsi, nous admettons un genre Dumerilia et un genre
Martrasia, en les. distinguant l’un de l’autre par la forme
du fruit, qui est cylindracé dans le dumerilia , aminci et pro-
longé supérieurement en un col dans le martrasia. (H. Cass.)
MARTRE, CHENILLE MARTRE. (Entom.) Nom de la larve
d'une espèce de bombyce qui est en effet couverte de poils
fauves, soyeux, qu’elle a la faculté de redresser ; on la nomme
encore hérissonne, bombyx caja. (C. D.)
MARTYNIA. (Bot.) Voyez Connaner. (Porr.)
MARTYROLE. (Ornith.) Les Genevois appellent ainsi Le
martinet noir, hirundo apus, Linn., ou cypselus vulgaris, Dum.,
lequel est nommé en anglois martlette. ( Cu. D.)
MARU. (Bot.) Dans File de Crète, suivant Prosper Alpin,
on donne ce nom à une plante que Tournefort a désignée
comme une marjolaine, et quiest l'origanum maru de Linnæus.
Le maru de Dodoens est une espèce de melinet , cerinthe,
‘ suivant C. Bauhin. Voyez Maroc. (J.)
MARUA (Bof.), nom malabare cité par Rhéede, d’un can-
nellier, laurus cassia. (3.)
MARUEITA. (Ornith.) Brisson din ce nom particulier
à la marouette , ou petit râle de eau , rallus porzana, Linn.
{ Cu. D.)
MARUGEM. (Bot.) Nom portugais du mouron, anagallis,
selon Vandelli: Il est aussi donné à la morgeline, alsine media,
qui est notre mouron des petits oiseaux. (J.)
MARULION (Bot.), un des noms grecs de la laitue, cité par
Mentzel. (J.)
MARUM. (Bot, } Ce nom est donné à diverses plantes de la
famille des labiées: l’une est le marum cortusi, marum verum ,
teucrium marum de Linnæus, l'herbe à chat sur laquelle ces
animaux aiment à se rouler; l’autre est le marum vulgare de
Dodoens, thymus mastichina. L’origan de Syrie est le marum
296 MAS
syriacum de Lobel. Get auteur a encore un mdrum supinum qui
paroît être aussi un.origan. (3: )
MARUM D’EGYPTE (Bot.), nom qui a été donné à une
espèce de sauge, salvia æthiopis, Linn. (L. D.) |
MARUM VRAI. (Bof. ) C'est la à maritime.
(L. De} » *
MARURANG. (Bot.) A Anais on donne ce nom, sui-
vant Rumph, à son pebasites agrestis , qui est le ‘clerodendrum
infortunatum de Linnæus, genre de la famille dés verbénacées.
Adanson fait du marurang un genre distinct du clerodendrum,
et le réporte même à sa famille des jasminées, dans laquelle
iladmet des genres à quatre et à cinq étamines, et il place le
marurang parmi ces derniers, d’après la description de Rumph,
. qui paroït peu exacte, puisque d'ailleurs il décrit une corolle
polypétale , pendant qu’il en figure une évidemment monc-
pétale, semblable à celle. du PRE A Ce genre d’Adanson
doit donc être supprimé. (J.)
MARU WKI (Mamm.), nom d’un écureuil rayé; peut-être
l’écureuil suisse chez les Tartares tungouses. (Daswr.)
MARZUOLO. (Bot.) Les Italiens, et particulièrement les
Toscans, donnent ce nom à un agaric figuré par Micheli,
tab. 74 , fig. 9. Ce petitchampignon, quel’on mange se trouve
sous la neige dans les montagnés au printemps, c'est le jacobin
oule ventru brun et blanc, etle dormeur dé Paulet; c’est aussi
l’agaricus marzuolus de Fries: (Leu. )
MASANQUIENNE. (Ornith.) La poule est ainsi nommée à
l'ile Waäïgiou , selon Labillardière. (Cu. D.)
MASARA (Bot.). Nom brame, cité par Rhéede, du welia
cupameni du Malabar, espèce dacalrpha Une autre espèce qui
est le cupameni simplement, est nommée maserasesade. (J.)
MASARE, Masaris. (Entom.) Nom d’un genre d'insectes hy-
ménoptères de la famille des duplipeunes ou ptérodiples, près:
des guépes dont ils différent par leurs antennes en masse, et
non en fuseau. On n’en connoît pas les mœurs; l’une a été
rapportée:de Barbarie par M. Desfontaines, et décrite par
Fabricius sous le nom de vespiforme. L'autre, observée en
Italie et près de Montpellier par M. Chabrier, a été rangée
par M. Latreille dans un genre distinct sous le nom de célonite.
C’est l'espèce que nous avons fait figurer à la planche 31 de
MAS 297
l’atlas de ce Dictionnaire, 1.°° livraison, n.° 10. Ces in”
sectes se roulent en boule comme les chrysides, avec les-
quelles Rossi les avoit rangés : il les avoit figurés dans sa Faune
d’Etrurie, planche 7, fig. 10 et 11. Nousignorons l’étymologie.
du nom de masare; paraprç est l’un des surnoms de Bacchus
dans la Mythologie. (C. D.)
MASARICO. ( Ornith.) Voyez MasaniNo. (Cu. D.)
MASARINO. (Ornith.) L'oiseau auquel les Portugais du
Brésil donnent ce nom et celui de masarico, suivant Marcgrave
et d’Azara , est le curicaca du premier de ces auteurs, ou
couricaca de Buffon, tantalus loculator, Linn. et Lath. (Cu. D.)
MASCA. (Bot.) Nom donné dans " Pérou au monnina po-
: Lystacha de MM. Ruiz et Pavon, genre de la famille des poly-
galées. C’est un arbrisseau d’un Mine de hauteur, dont toutes
les parties, et surtout la racine, sont amères et savonneuses,
employées avec succès pour le traitement des maladies dans
lesquelles on fait usage du quassi. (J.)
MASCA. (Ichthyol.) Sur la côte des Alpes maritimes, on
donne ce nom à la murénophis < sourcière de M. Risso. Voyez
Muréworuis. (H. C.)
MASCA DEI AMPLOA. (Ichthyol.) Sur la côte de Nice, on
donne ce nom à l’ésoce boa de M. Risso, qui forme le type du
nouveau genre Sromias. Voyez ce mot. (H. C:) |
MASCAGNIN. ( Min.) C'est le nom univoque donné à l’am-
moniaque sulfatée native, en l'honneur du célèbre Mascagni.
C’est celui dont nous nous servirons lorsque nous aurons occa-
sion de parler de cette substance, extrêmement rare dans le
règne minéral. Voyez AMMONIAQUE SULFATÉE. (B.)
MASCALOUF. (Ornith.) L'oiseau qu’on appelle aïnsi en
Abyssinie est le pére noir. Voyez Darrier. (Cu. D.)
MASCARET. (Géogr. Phys.) Mouvemens extraordinaires de
la marée. Voyez l’article Marées, pag. 127. (L: C.)
MASCARILLE , ou le CHAMPIGNON MUSQUÉ (Bot.)de
Paulet (Tr., 2, pag. 203, pl. 93, fig. 6, et Synon., n° 34).
Ce médecin le rapporte au champignon comestible dont.
Clusius a donné une figure à la page 265 de son Histoire des
plantes rares, et aux espèces représentées , tab. 0, fig. E,F, G
de l’ouvrage de Sterbeeck, sur les champignons du Brabant.
Il le rapporte encore au champignon en forme de borne ,
298: MAS
déerit par C. Bauhin , Plin., 370, n.° 3 , et par J. Bauhin,,
Hist,, pag- 826 ; maiscette synonymie nd a être vérifiée.
Elle n’a pu nous servir à reconnoitre dans le Syst. mycologi-
cum de Fries le nom moderne de cette espèce.
Suivant Paulet,« ce champignon (du genre Agaric et de la
famille des calotins de terre ou des bois) est trés-recherché par
les amateurs , et n’a pas de mauvaises qualités ; au contraire il
paroît même que celui qu’on appelle fripam ou boudin noir
dans FInde , est un champignon analogue à celui-ci, et peut-
être le même. Quoi qu'ilen soit , l’un et l’autre sont délicieux,
et n’incommodent pas. ? |
Cechampignon, d’une taille moyenne, s'élève en forme de
borne, ou de tête oblongue de couleur brune, avec une chair
blanche, sujet à s'entr'ouvrir et à laisser voir une partie des
feuillets par le relèvement de.ses bords. Cette différence de
couleur change le premier aspect de ce champignon, et lui
donne l’apparence d’un masque, d’où lui vient son nom de
mascarille, qu’il porte spécialement dans les parties méridio-
nales de la France. Ses feuillets sont épais, de longueur iné-
gale ; son stipe est plein et fort. |
Suivant quelques auteurs. c’est le champignon de couche
. gw’on nomme mascarille: maïs alors ce nom appartiendroit a
plusieurs espèces, car le champignon ci-dessus et ceux figurés
par Clusius et Sterbeeck ne s’y rapportent point. (Lerm.)
MASCARIN. (Ornith.) Cette espèce de perroquet, psitta-
cus obscurus, Linn., est représentée dans les planches enlumi-
nées de Buffon, sous Le n.° 35. (Cu. D.)
MASCARONE, ( Crust.) Les crustacés brachyures du genre
Dorippe ont reçu ce nom enItalie, a cause des bosselures de
leur têt, qui sont disposées de manière à figurer une sorte de
masque humain. ( Desu.)
MASCHALANTHUS. (Bot.), Schultz; Maschalocarpus ;
Spreng. Ce genre de mousses ne différe presque point du pte-
rigynandrum , duquel il n’auroit pas dû être séparé, ayant
pour type le péerigynandrum “ri limpe Hedw. Voyez Prericy-
NANDRUM. {LEM.)
MASCHIO. (Ornith.} L'oiseau ainsi nommé dans le Bo-
lonois est l’'écorcheur, lanius collurio , Linn, (Cæ. D. )
MASDEVALLIA. (Bot) Genre de plantes monocotylédones,
MAS 20e
à fleurs incomplètes, irrégulières, de la famille des orchidées,
de la gynandrie monandrie de Linnæus, offrant pour caractere
essentiel : Point de calice; uné corolle ouverte, a six pétales;
les extérieurs soudés jusque vers leur milieu, le sixième pétale
ou la lèvre orguiculée, point éperonnée; l'onglet soudé avec
les pétales extérieurs; la colonne des organes sexuels non ailée;
une anthère terminale, operculée; le pollen distribué en deux
paquets.
Maspevarcra uniFLORE : Masdevalliauniflora, Kunth , in Humb.
etBonpl. Nov.Gen. et Spec., 1, p. 361 ,tab. 89 ; Ruiz et Pav., Syst.
veg. Flor. Peruv., pag. 258. Cette plante a des racines épaisses,
PET NS trés-simples qui produisent des feuilles coriaces,
lancéolées, planes, un peu obtuses, rétrécies a leur base, longues
de trois pouces, toutes radicales; de leur centre s'élèvent des
hampes simples. glabres, longues de huit pouces ,uniflores,en-
veloppéespar quelquesgraines glabres ,striées , presque longues
d’un pouce. La fleur est terminale, inclinée; la corolle campanu-
lée, longue d’un pouce; les trois pétales extérieurssont oblongs,
un pêu épais, rétrécis à leur sommet, à trois nervures, soudés
ensemble jusque vers leur miheu; les deux intérieurs latéraux
libres , alongés, aigus, à une seule nervure, trois fois plus
courts que les extérieurs; le sixième pétale est onguiculé; son
limbe oblong, obtus, en carène, ponctué de rouge dans son
milieu , une fois plus court que les pétales extérieurs; la co-
lonne droite, canaliculée, ponctuée de rouge, de la longueur
des pétales intérieurs; l’anthère terminale. Cette plante est
parasite; elle croit au Pérou et dans les contrées froides du
royaume de Quito. (Porz.)
MASEH. (Bot.) Voyez LousrA. (J.)
MASENGE. ( Ornith.} C’est, dans le Brabant, la grosse mé-
sange, parus major, Linn. (CH. D.)
MASERASESADE. (Bot.) Voyez Masara. (J.)
MASGNAPENNE. (Bot.) Suivant M. Bose, c’est le nom d’une
racine, peut-être celle de la sanguinaire du Canada, ou celle
de l’heritiera tinctoria , dont se servoient les Sauvages de la
Virginie, pour teindre en rouge leurs meubles et leurs armes.
( Lem.)
MASIER. (Malacoz.?) Adanson (Sénég. PDA DLL)"
nommé ainsi un tube calcaire qu'il place dans son genre Ver-
300 ._ MAS
met, et dont Gmelin a cependant fait une espèce de serpule,
sous le nom de serpula arenaria. Voyez Vermer. ( DE B.)
MASITYPOS (Bot.), nom du mouron, anagallis, chez les
anciens Etrusques, suivant Ruellius. (J.)
MASLAC. (Bot.) C. Bauhin dit, d’après Paludanus et Lins-
cot, que les Turcs rommoient ainsi l’opium extrait du pavot
der et qu’ils en prennent chaque jour une partie équivalente
à la grosseur d’un pois. Suivant Mentzel , le même nomiudien
est donné au chanvre, et il faut APT à ce sujet qué cette
plante a aussi une iualiié enivrante et un peu narcotique.
(3) (
MASL.ENIK. (Bot. ) Pallas rapporte qu’en Russie, dans la
province de Mouroum, les paysans mangent un charité
qu'ils nomment massenik truffe visqueuse, espèce de bolet,
boletus viscosus, Pall., sans en ressentir de pernicieux effets.
(Lem.)
MASMOCRA {Bot.), nom arabe de l’aristoloche suivant Ta-
beriæmontanus cité par Mentzel. (J.)
MASPETON. (Bot.) Voyez Masrastes. (J.)
MASQUE, Persona. {Conchyl.) Denys- Montfort, tom. 2,
pag. 602 de son Système de Conchyliologie, a établi sous ce nom
une petite division générique dans le grand genre Murex de
. Lionæus, pour un petit nombre d’espéces dont l’ouverture,
largement calleuse, a ses bords rétrécis par des dents irrégu-
lières. Telle est l'espèce que l’on connoit vulgairement sous les
noms de Grimace, de Vigiie Ride, de Bossue, et qui vient de
la mer des Indes. C’est une espèce du genre Triton de M. de
Lamarck, le murex anus de Linnæus. (Varés Rocxer et Tairon..
(De B.)
MASQUE. ( Entom.) Ce nom a été employé par Réaumur
et par Geoffroy , pour désigner l’extrémité de la lèvre infé-,
rieure des larves de libellules, qui recouvre toute la partie
antérieure de la bouche. Voyez tome XXVI, page 242, le
dernier alinéa. ( Des.) |
MASSA (Bot.), nom de la muscade dans l'ile de Java, ou
plutôt de son macis, suivant C. Bauhin. (J.)
MASSA (Tchthyol.) , nomspécifique d’un crénilabre que nous
avons décrit dans ce Dictionnaire , tom. XI, pag. 387. (H. C.)
-MASSACA-CURI, JU-URIVI. (Bot.) Palmier d'Amérique,
MAS 301
prés de Javita, non décrit, vu seulement par M. de Humboldt
qui dit que son tronc est chargé d’épines ; ses feuilles sont pen-
nées; son fruit, ovoide, de la longueur d’un pouce, est percé
de trois trous. C’est peut-être un bactris. (J.)
MASSACAH. ( Ornith.) Ce nom arabe est donné, suivant
M. Savigny, Oiseaux d'Egypte et de Syrie , p. 54, à l’effraie,
strix flammea, Linn. (Ca. D.)
MASSACAN. (Ornith.) Ce nom paroît être appliqué dans
le Piémont à plusieurs fauvettes tachetées.. (Cr. D.)
MASSAMAS (Bot.), nom mal transcrit dans quelques livres.
Voyez Manssanas. (J.)
MASSAQUILA. (Bot.) pañstie voisinage de Cumana on
_ donne ce nom, suivant M. de Humboldt, à un micocoulier,
celtis mollis. (J.) Ù
MASSARIL (Bof.), nom de l’espéce de raisin que l’on re-
cueilloit en Afrique pour l’employer comme médicament,
suivant Daléchamps. (J.) #9
MASSE. ( Bof, ) Paulet donne ce nom à une petite famill
qu'il forme dans le genre Clavaire, à cause de la forme en
massue des trois espèces qu'il cite, décrit et désigne ainsi:
1. Lespriis Pinons, ou Clavaria cæspitosa, Jaceq., mainte-
nant une espèce du genre Sphæria..
…2. Le cros Picon, ou Clavaria pistillaris, Linn. ( Voyez Pa
ticle CraAvaire.)
3. Etla Masse À euErRIER, ou Clavaria milifaris, Linn., main-
tenant Sphæria militaris, Pers. Voyez Spxænta. ( Le.)
MASSE À GUERRIER: (Bor.) Voyez Masse." ( Lem. ) - |
MASSE AU BEDEAU (Bot.), nom vulgaire commun à deux
plantes, l'érucage des moissons et la massette a lärges feuilles.
(LD:)
MASSE D'EAU. (Bot. ) Voyez Masserre. _ D. ) ;
MASSENA (ichthyol.), nom spécifique d’un poisson du
genre CépnaLortère. Voyez ce mot. (H. C.)
. MASSETE,, Scolex. (Entoz.) Genre de vers intestinaux assez
peu connus à cause celeur petitesse et de la variation extrême
de leur forme, étabii par Muller, et adopté depuis par ious
les zoologistes. Ses cäractères sont : Corps mou, déprimé, atté-
nué en artière, renflé en avant, où il est terminé par une
masse céphalique polymorphe, pourvue de quatre succirs
302 MAS
symétriquement placés, de quatre appendices et d’un pore
orhicu!aire central. l’organisation des massètes est à peu prés
inconnue. M. Rudolphi avoit d’abord supposé qu’elles avaient
un canal intestinal; maïs depuis il pense qu'il n’en est pas
ainsi, et que le pore terminal est une sorte de suçoir. Les
orgares de la génération et le mode de reproduction sont
entièrement ignorés. On sait seulement que ces animaux vivent
dans la mucosité qui tapisse en si grande abondance le canal
intestinal des poissons. Je n’ai jamais eu l’occasion d'observer
de massètes. M. Rudolphi, avant son voyage en Italie, n’en
avoit pas vu non plus ; mais à cette époque, il a trouvé :fré-
quemment la massète quadrilobée qu'il a observée vivante, et
il croit qu’elle change tellement de forme, qu’il n’est pasim-
possible qu'on ait pu en former plusieurs espèces. L'auteur que
nous venons de citer, dans sou Traité sur les vers intestinaux,
comptoit six espèces dans ce genre, dont trois étoient douteu-
ses. Dans son Synopsis, il regarde les animaux qu'il avoit dési-
gnés sous les noms de Scolex bilobus ou de Lavaret, et de Scolex
Letrastomzs ou de l’éperlan comme des bothriocéphales, ou de
jeunes tænias. Toutes les autres ne sont que des individus
de la massète quadrilobée mal observés. Ainsi ce genre n’est
plus composé que'de cette seule espèce, dont le corps à une
ligne et demie de longueur sur un tiers de ligne de largeur,
quand il est contracté, du moins suivant Fabricius; car Muller
dit qu’on ne peut la voir à l'œil nu. Lorsqu'il s’alonge, ilatteint
jusqu’à plus de quatre lignes; mais alors il devient linéaire. Il
est très-mou, trés-polymorphe comme celui de plusieurs planai-
res; sa couleur est blanchâtre, opaque, gélatineuse. Muiler dit
qu’en arrière de la tête sont deux points sanguins et oblongs,
dont il est assez difficile de déterminer la nature. On trouve ce
ver assez souvent, àce qu'il paroît, dans les intestins de diffé-
rentes espèces de pleuronectes et dans ceux du saumonlavaret,
et peut-être de plusieurs autres poissons. En général, cegenrea
bescein d'observations nouvelles; peut-être même l'espèce qui
le compose n'est-elle pas aduiter et n'est-elle formée qu'avec
de jeunes individus d'échinorhyuques. M. G.Cuvier, quia suivi
le premier ouvrage de M. Rudolphi, dit qu’il en possède une
grande espèce qui pénètre la chair du spare de Ray ,et dont
la partie moyenne du corps est renflée en une vessie qui, dans
MAS 303
Vétat de vie, se restreint ou s’élargit alternativement dans son
milieu. Est-ce une véritable massète? (Dr B.)
MASSETTE (Bot.), Typha, Linn. Genre de plantes monoco-
tylédones, qui a donné son nom à la famille des typhacées ou
typhinées, et qui, dans le système sexuel , appartient à la mo-
noëécie triandrie. Ses principaux caractères sont les suivans :
Fleurs trés-nombreuses, trés-serrées les unes contre les autres,
et disposées en deux chatons cylindriques au sommet de la tige;
le mâle placé immédiatement au-dessus du chaton femelle.
Chaque fleur mâle est composée d’un calice de trois folioles
linéaires-sétacées et d’un seul filament trifurqué, portant trois
anthères oblongues, quadrangulaires, pendantes; chaque fleur
_ femelle présente un calice formé d'une houpe de poils, etun
ovaire porté sur un pédicule trés-délié, surmonté d’un style
terminé par deux stigmates capillaires. L’ovaire devient une
graine ovale, pointue, enveloppée d’une tunique membra-
neuse, très-mince, et le calice persistant lui sert d’aigrette.
Tuçgn est dans Dioscoride le nom d’une plante qui croît dans
les étangs et les marais, et qui est peut-être la même qu’une
des espèces du genre auquel les modernesont consacré le nom
de Typha. Ce dernier renferme aujourd’hui sept espèces; les
deux‘plus intéressantes à connoître, sont les deux qui suivent :
Masserre À LARGES FEUILLES : vulgairement Masse n’#au, Masse
AUSeDE AU, Roseat peséranes; Typha latifolia, Linn.,Spec., 157;
F1. Dan., tab. 645. Sa raéine est vivace, rampante, noueuse,
garnie de fibres presque ‘verticillées ; elle produit plusieurs
tiges droites, frès-simplés, cylindriques, dépourvues de nœuds,
parfäitement glabres comme toute la plante ; et hautes de six à
huit picds. Ses feuillés sonfalternes linéaires, planes, presque
ensiformes, larges de cinq à dix ligriés au plus, engaiînantes à
leur base; les unes radicales, lés autres caulinaires; et aussi
longués, pour la plupart, que les tiges elles-mêmes. Ses fleurs
sont tres-petites, en quantité presque innombrable; les mâles
disposées en un chaton cylindrique, long de quatre à cinq
pouces, de couleur jaune, contigu à l’épi femelle, qui a la
même forme , et qui est d’abord d'un vert obseur, puis ensuite
roussätre, et enfin brünâtre, lors de la maturité des graines.
Après la floraison, l'épi mâle se flétrit, se détruit le-plus sou-
vent, et alors le chaton femeile paroit terminer la tige au som-
504 MAS
met de laquelle il forme en quelque sorte une massue. Cette
plante croît en France, en Europe, en Asie et en Amériques
dans les étangs, les fossés aphbtique le long dés rivières et
des ruisseaux. Gt
MassetTrB A FEUILLES ÉTROITES : Typha angustifolia , hide
Spec., 1377; Flor. Dan., t. 815. Cette espéce a tout le port de la
précédente; sa tige atteint la même élévation; ses feuilles sont;
en général, plus étroites, mais la différence est si peu consi-
dérable, que cela ne mériteroit aucune considération. Le ca-
ractère saillant qui fait facilement distinguer ces deux plantes;
c’est que, dans la massette à larges feuilles, le chaton mäle.est
toujours contigu au chaton femelle; tandis que, dans celle,à
feuilles étroites, il y a constamment un intervalle d’un.a deux
pouces entre les deux chatons. Cette plante se trouve dans les
mêmes lieux que la précédente.
Les bestiaux mangent les feuilles des massettes, mais C’est
un bien médiccre fourrage, et l'on soupconne même qu'il
peutleur être nuisible. Lorsque lés racines de ces plantes sont
jeunes, et.quand leurs tiges commencent a pousser ,.ellessont
tendres et assez douces au goût; quelques personnes les, forit
alors confire dans le vinaigre et les mangent en salade. La dé:
coction de ces racines dans. l'eau a passé pour avoir la,pro-
priété de modérer les pertes utérines, mais aucune observation
ne confirme cette prétendue propriété, et l'usage de ces plantes
en médecine-est-tout-a-fait nul aujourd'hui : noi AE
Dans les cantons où les massettes sont abondantes on enr
ploie leurs feuiiles pour former le siége des chaises communes;
pour faire des paillasseset desnattes. En Suède et dans d'autres
pays, les tonneliers s’en servent pour lier les extrémités; des
cerceaux;ilseninterposentaussi entre les douves des tonneaux,
afin qu'ils soient plus exactement clos. Les tiges et les,feuilles
servent, au lieu de chaume, a couvrir les toits des maisons
rustiques; on peut dans les jardins en. former. des abris pour
remplacer les paillassons. Les aigrettes des fleurs femelles, qui
font une sorte de duvet, sont, dans le nord de l’Europe, em-
ployées pour remplir des matelas , des coussins, des oreillers.
On les mêle avec de la poix et du goudron pour calfaterles
bateaux et les navires; mais, en général, on tire peu de,parti
de cette matière, quoiqu’on puissese la procurer avecfacihité,
MAS 305
On a cherché à l'utiliser davantage en la faisant carder, fouler
et feutrer en l’'incorporant avec un tiers de poils delièvre. Par
ce moyen on a réussi à en fabriquer des chapeaux. En mêlant ce
duvet avec un tiers de coton, eten le faisant carder et filer, on
en a aussi fait fabriquer des gants, ei mêmeune espèce de tricot
en pièce. Mais ces essais suffisent-ils pour faire croire que cette
matière pourroit être employée à faire des bas, des bonnets
pour les habitans des campagnes, et même du drap et des cou-
vertures? Il n’est guère permis de le croire; car il ne suffit pas
que ce duvet soit doux au toucher etsusceptible de conserver la
chaleur, il manque par un point essentiel, c’est que les poils
qui le composent sont trop courts pour être jamais travaillés
- seuls, et pour qu’on en puisse former des étoffes solides et
durables. (L. D.)
MASSETTES. (Bot.) Nous avions désigné primitivement sous
ce nom une famille de plantes monocotylédones, maintenant
connue sous celui de typhinées. (J.)
MASSETES A RESSORT. ( Bot.) C’est un petit groupe de
champignons formé par Paulet, et qu’il présente ainsi:
1.Espèce pourpreatigesimple, où il citele clathrus denodatus,
Linn., ou trichia cinnabarina, Bull. , etarcyria punicea ; Pers.
2. Espèce jaune de safran, à tige simple, où il place l’embo-
lus crocatus , Baisch, Elen. , tab. 30, fig. 177.
3. Espèce à tige ascendante, où il mit d’abord Le clathrus
nudus, Linn., ou stemonilis fasciculata, Pers. , et trichia axifera,
Bull.; ensuite le clafhrus recutitus, Linn., l’embolus pertusus,
Baisch, L. c., fig. 176, ou stemonitis typhina, Pers.
Tous ces petits champignons ont une tête oblongue qui res-
semble plus ou moins à une massette portée sur une tige grêle.
Les graines renfermées dans cette tête sont lancéesau loin par
les filamens élastiques sur lesquels elles sont d’abord fixées.
(Lem.)
MASSHUW. {Ornith.)\) Hermann, dans ses Observationes
Zoologicæ ; pag. 120, donne ce nom allemand à son strix bu-
talis, en françois grimaud ou grimauld, dont il a déjà été parlé
sous ce nom au tome XIX, pag. 481 de ce Dictionnaire. Cet
oiseau, qui a des rapports avec le strix aluco , Ou hulote, lui
paroît en différer par la taille, la couleur de l'iris et le dé-
faut de taches aux pieds. ( Cu, D.)
29. 20
306 MAS
MASSICOT (Chim.) , nom souslequel l’oxide de plomb formé
de 100 de métal etde 7,7 d’oxigène, est connu dansles arts. (CH)
MASSICOT. ( Min.) C’est le nom vulgaire de l’oxide jaune
de plomb. On le donne quelquefois à un carbonate de plomb
natif, pulvérulent et jaunâtre, qui, sans être cet oxide pur,
lui ressemble extérieurement. Voyez PLoms. (B.)
MASSITRE. (Bot.) Daléchamps dit que les Allobroges, au-
jourd’hui les Savoyards, nommoient ainsi l’ellébore puant. (J.)
MASSON (Bot.), nom vulgaire du jujubier cotonneux, zizi-
phus jujuba. (J.) |
MASSONE, Massonia. ( Bot.) Genre de or: monocoty-
lédones, à fleurs incomplètes, de la famille des asphodélées,
de l’hexandrie monogynie de Linnæus, offrant pour éaractére
essentiel : Une corolile tubulée à sa base; le limbe double; l’ex-
térieur plus grand , à six divisions; l’intérieur à six dentsstami-
niférés ; Six étamines; les filamens subulés; les anthères ovales-
oblongues; l’ovaire supérieur trigone; un style fitiforme ; Le
stigmate simple; une capsule triloculaire, à trois valves, poly-
sperme.
Ce genre renferme quelques Mel ct plusieurs variétés
qui ont été indiquées comme espéces : toutes sont remär-
quables par,leur port, par la disposition de leurs feuilles
toutes radicales, courtes, ei plus ou moins larges; par leurs
fleurs faseiculées où réunies en une sorte d’ombélle, dont la
hampe est fort courte, presque nulle. Les racines sont bul-
beuses: Leur culture est un peu difficile, en ce qu’elles donnent
rarement descäïeux, et qu’elles ne donnent présque jamais de
graines dans nos climats. Elles fleurissent pendant l'hiver, et
veulent la serre-chaude, un mélange de terre de bruyère et
de terre franche, renouvelées tous les deux ans.
MaAssonE À LARGES FEUILLES : Massonia latifolia, Linn. fils,
Suppl.; Lamck., Ill. gen. , tab. 233, fig. 1; Aït., Hort. Kew.,
tab. 3; Magaz. Bot., tab. 848. Ses racines sont bulbeuses,
de ia grosséur d’un radis; elles produisent deux larges
feuilles ovales, presque arrondies, étalées, séssilés, tachetées
de rouge en dessus, d’un vert pâle en dessous. Les fleurs sont
blanches, un peu pédicellées, disposées entre les feuilles en
une sorte d’ombelle serrée , presque sessile, ou portée sur une
hampe trés-courte ; le tube de la corolle est à peu près de la
| MAS 307
longueur du limbe extérieur. L'ovaire devient une capsule
obtuse , À angles trés-saillans. Cette plante croît au cap de
Bonne-Espérance. On la cultive au Jardin du Roi.
MASSONE À FEUILLES ÉTROITES : Massonia angustifolia, Linn. fils,
Suppl.; Lamck., I. gen., tab. 233, fig. 2; Ait., Hort. Kew.,
tab. 4; Bot. Magaz. , tab. 736. Ses feuilles sont beaucoup plus
étroites que dans l’espèce précédente, redressées, ovales-lan-
céolées,aiguës, longues d’environ trois pouces, du milieu
desquelles s’élève une hampe verticale, trés-courte, soute-
nant des fleurs pédicellées , réunies en un faiscçeau ombelli-
forme , un peu irrégulier, munies de bractées lancéolées, ai-
_guës, plus courtes que les fleurs; le tube de la corolle est grêle,
trois fois aussi long que le limbe extérieur, dont les décou-
pures sont linéaires, lancéolées, très-étroites, aiguës, réflé-
chies, de la longueur des étamines. Cette espèce croît au cap
de PET VA ES
Massons ONDULÉE, Massonia ne. Thunb., Diss. Nov.,
pag. 41. Plante découverte dansl'intérieur des terres des con-
trées australes de l'Afrique, dont la racine est pourvue d’une
bulbe à peu prés de la grosseur d’une noïsette, qui produit
trois, quatre, quelquefois cinq feuilles ensiformes, lancéo-
lées, rétrécies à leur base , droites, ondulées, de la longueur
du doigt; la hampe droite, glabre, longue d’un pouce; les
fleurs disposées en ombelle, et portées chacune sur un pédon-
cule propre, trés-court.
MaAssonE A FLEURS VIOLETTES : Massonia violacea, Andr., Bot.
Repos., tab. 46; Agapanthus ensifolius, Willd., Sp., 2, pag. 48 ;
Mauhlia ensifolia, Thunb., Prodr., 6o, tab. 3; Polyanthes pYg-
mæa, Jacq., Icon. rar., 2, tab. 380. Cette plante est munie
d’une bulbe ovale, garnie en dessous d’un grand nombre
de fibres simples et charnues; deux feuilles radicales, d’une
médiocre grandeur, droites, glabres, ovales, spatulées. IL
sort deleur centre une hampe droite, filiforme, longue d’en-
viron deux pouces, chargée, à sa partie supérieure, de fleurs
presque en corÿymbe, éparses, nombreuses, pédonculées, de
couleur violette; les pédoncules sont uniflores; la corolle
pourvue d'un tube grêle, alongé, divisé à son limbe en six lobes
ovales, obtus, un peu recourbés. Cette plante croit au cap de
Bonne-Espérance. Elle est cultivée au Jardin du Roi.
20e
308 MAS.
Masson PUSTULEUSE : Massonia pustulata, Jacq. , Hori.
Schænbr., A,tab. 454; Redout., Liliac., vol. 4, Icon. Espèce du.
cap de Bonne-Espérance , dont les bubles sont brunes, tuni-
quées, de la forme et de la grosseur d’une noix ; il en sort deux
feuilles opposées, un peu vaginales et canaliculées à leur base,
ovales, un peu arrondies, légèrement mucronées, d’un vert
foncé, garnies en dessus d’un grand nombre de pustules,
longues d'environ six pouces. La hampe est droite , très-courte,
soutenant une touffe de fleurs réunies en tête, entremêlées de
bractées ventrues, lancéolées, longues d’un pouce ; les fleurs
sont pédicellées; la corolle est grêle, d’un blanc pâle; l'orifice
du tube verdatre.
MAssSonE A FEUILLES EN LANCE; Massonia lanceæfolia, Jacq.,
Hort. Schænbr., 4, tab. 456. Plante du cap de Bonne-Espérance,
dont les feuilles sont alongées, lancéolées, acuminées, trés-
entières, planes, un peu charnues, longues de huit à dix pouces,
larges de quatre; la hampe est droite, longue de deux pouces,
soutenant une tête de fleurs épaisse, pédonculée, longue d’un
pouce et demi; les pédoncules sont épais, renflés en massue,
accompagnés d’une bractée lancéolée, concave, acuminée,
de la longueur des fleurs ; le tube de la corolle est tres-grêle,
les bords du limbe d’un blanc sale, de la longueur du tube;
l’orifice rouge, ainsi, que les filamens et le style.
MAssonE EN cœur ; Massonia cordata , Jacq., Hort. Schænbr.,
4, pag. 5o, tab. 459. Cette espèce à des feuilles un peu ar-
rondies, échancrées en cœur à leur base, aiguës, luisantes'à
leurs deux fâces, longues d'environ sept pouces, larges de
cinq; les hamipes Courtes, soutenant une tête de fleurs touffue;
la éorolle est blanche, rouge à l’orifice du tube; les filamens
sont jaunâtres, teints dé rouge à leur base; l’ovaire est tri-
gone; le style plus court que les étamines. Cette plante croit
au cap de Bünñe-Espérance.
Outre ces espèces, Jacquin en a mentionné et fait FRA
plusieursautres dans l’'Hortus Schænbr., telles que massonia abo-
ata,yol. 4, tab. 458, massonia longifolia, tab. 457;;massonia coro-
nata, tab. 460; massonia sanguinea, tab. 461, etc. Je soupçonne
que plusieurs de ces plantes ne sont que des variétés. ( Porr.)
MASSOT. (Ichthyol.) Delaroche dit que ce nom est, aux îles
Baléares, celui du Lagre rouaps ( labrus turdus). ( D esm.)
MAS 309
MASSOUABOU (Ornith.), nom que les habitans de
Guébé, dans les rues: donnent au calao, buceros, Linn.
(CDs)
MASSOY. (Bot.) Rumph estle premier qui aît fait connoître
l'écorce de ce nom dont il fait une mention trés-détaillée sous
celui de cortex oninius dans son Herb. Amboin., vol. 2, pag. 62,
et Murray la cite aussi dans son Appar, Medicam., vol. 6, p.185-
Elle provient d’un arbre élevé et assez gros, commun dans la
région occidentale de la Nouvelle-Guinée qui estnommée onim.
Cette écorce est mince, presque plane, d’une saveur douce et
agréable, approchant de celle de la cannelle, d’une couleur
grise striée. Les Indiens lui attribuent une vertu échauffante et
la propriété d’apaiser les coliques. Ils la réduisent en poudre,
et la mélent ainsi dans l’eau avec laquelle ils se lavent tout le
corps dans la saison froide et humide. On ne connoît pas assez
l'arbre qui la fournit pour déterminer ses affinités." (J.)
MASSUE, ou GRANDE MASSUE D'HERCULE. ( Conchyl.)
Les marchands de coquilles donnent ce nom au murex cornutus,
Linn., Gmel., à cause de la longueur du canal, et la brièveté
de la père de dite coquille. (De B.)
. MASSUE ÉPINEUSE, ou GRANDE MASSUE D'HERCULE.
(Conch.) C’est le Rocaer corNu, murex cornulus. (DEsn.)
MASSUE D’HERCULE ( Bot. ), nom d’une variété de
concombre, que l’on a ainsi nommée d’après la forme de son
fruit. (L. D.)
MASSUE D'HERCULE DE LA MÉDITERRANÉE (Conchyl.),
Murex brandaris, Linn., Gmel. (DE B. )
MASSUE D'HERCULE À POINTES COURTES. (Conchyl.)
Variété du murex brandaris, Linn., Gmel. (DE B.)
MASSUE DES SAUVAGES. (Bot.) Ce sont les racines du
mabouyer, que les naturels de l'Amérique employoïent pour
faire des massues. ( Le.)
MASSUGUO (Bot.), nom provençal d’un ciste, cistus albidu$,
cité par Garidel. (J.)
MASSWY. (Ornith.) Ce nom allemand est donné, dans
Gesuer et Aldrovande, à l'aigle de mer, ou balbuzard, falco
haliaetus, Linn. (Cu. D.)
MASTACEMBLE, Mastacembelus. ( Ichthyol.) Gronovius a
donné ce nom à un genre de poissons osseux, holobranches,
310 MAS
de la famille des pantoptères, et reconnoissable aux carac-
tères suivans :
Corps alongé, comprimé, ensiforme, dépourvu de catopes ; na-
geoires dorsale et anale presque unies à la caudale ; des épines iso-
lées au lieu de première dorsale; deux RER en avant de l’anale;
mâchoires à (42 peu près égales. j
Ce BGRES a été confondu par Linnæus avec ses Ora1niss
mais il s’en distingue facilement, de même que de celui des
Murèxes, parce que les Masracemeres n’ont pas toutes les na-
geoires impaires réunies, On sépare encore aisément ceux-ci des
Ammopytes, qui ont la mâchoire supérieure plus courte que
l’inférieure ; des MacroenaTues, qui ont le museau terminé par
une pointe cartilagineuse aplatie ; des Xipaias, qui ont le mu-
seau terminé par une pointe osseuse ; des ErPIvocnes, qui ont
des catopes. ( Voyez ces différens 1 mots, ainsi que PANTOPTÈRES
et RHYNCHORDELLE. )
Cegenrene renfermeencore qu’une espéce, c’est le rhynchob-
della haleppensis de Schneider, qui a été figuré par Gronovius
dans son Zoophylacium (tab. vu, a, fig. 1). C’est un poisson qui
se nourrit de vers dans les eaux douces de l’Asie, et dont la
chair est estimée. (H. C.)
MASTAKI. ( Bot.) C’est au Japon, suivant in, et
Thunberg , le nom vulgaire d’une variété du champignon
comestible (agaricus campestris, Linn.). Selon ces auteurs, ce:
champignon se nomme encore naba, tam, et vulgairement faki.
Les silaki, faskaki, kuragi et kistaki en sont des variétés. On
les desséche, et on en fait une grande consommation dans tout
l'empire, et on les voit exposés en vente dans presque toutes
les boutiques. ( Lem.)
MASTASTES. (Bot) Nom er du laser , laserpitium, selon
PDaléchamps; ilajoute quesa tige estle maspeton de Dioscoride,
et que Théophraste et Pline donnent plutôt ce dernier nom à
sa feuille. (J.)
MASTFISCH, MASTVISCH. (Mamm.) Noms germaniques
quisignifient poisson gras,et qu’on a donnés à quelques cétacés.
(FE. C.)
MASTIC. (Bot.) Résine qui découle du lentisque; on en re-
cueille aussisurune espèce de térébinthe, suivant Duhamel.(J.)
MASTIC (Chim.), nom d’une résine. Voyez Résine. ( Cu.)
MAS 316
MASTIC FRANÇOIS. (Bot.) On donne ce nom à une espèce
de thym qui exhale l'odeur du mastic. (L. D.)
MASTICATION. (Physiol.) Voyez Ononrozocie. (EF. £: )
MASTICHINA. (Bot.) Ce nom donné, suivant J. Bauhin, a
une plante labiée qui a l'odeur du mastic, et que, pour cette
raison, l’on nommoit mastic Gallorum, a été adopté par Boer-
haave, et ensuite par Adanson, qui tous deux regardoient cette
plante comme genre distinct. Ses caractères génériques n’ont
paru suflisans ni à Tournefort, qui en faisoit un thymbra, ni à
Linnæus qui l’a réuni au thym sous le nom de thymus mastichina
qu’il a conservé. (J.)
MASTIGE, Mastigus. (Entom.) Nom d’un genre d'insectes
- coléoptères, pentamérés , formé par M. de Hoffmansegg d’une
très-petite espèce qu’il a observée en Portugal. Cet insecte
paroit voisin des ptines , de la famille des térédyles ou perce-
bois. Fabricius et Olivier l’avoient au moins regardé comme
une espèce du genre Pline; mais M. Latreille la rapporté à
la famille des clairons. C’est ce que le nombre des articles
peut seul faire décider, les clairons étant tétramérés. Le mas-
tige décrit a les palpes trés-longs, ce qui l’a fait désigner sous
le nom de palpalis, palpeur. On le trouve sous les écorces,
et avec les débris de végétaux sous les pierres. (C. D.)
MASTIGODE, Mastigodes. (Entoz.) Nom de genre employé
par Zeder pour désigner la plus grande partie des espèces de
vers que les zoologistes modernes nomment trichocéphales, et
entre autres, le trichocéphale de l'homme, trichocephalus dispar,
plus connu sous la dénomination d’ascaride vermiculaire.
Zeder distinguoit son genre Mastigode de son genre Capil-
laire, parce que la partie antérieure du corps s'atténue peu
à peu dans celui-ci, et brusquement dans celui-la, carac-
tère qui est bien loin d’être constant pour toutes les espèces
de ces deux genres. Le mot mastigode est composé de deux
motsgrecs, maçiË et edvc, ce qui veut dire semblable à un
fouet. Voyez Tricuacépxaze. (DE B.)
MASTOCEPHALUS. ( Bot.) Epithète employée par Battara
pour caractériser les agaricus dont le chapeau est mamelonné
dans son centre. (Lem.)
MASTODIES. (Mamm.) Ce nom a été proposé par M. Ra-
finesque, pour remplacer celui de Mammurères. ( Des. )
312 MAS
MASTODOLOGIE. (Mamm.) M. Latreille a proposé ce mot
pour remplacer le nom hybride de Mammarocre, dont onse
sert pour désigner la branche d'histoire naturelle qui a pour
objet la connoïssance des mammifères. ( Des.)
MASTODONTE, Mastodon. (Mamm.) Ce nom, qui siguifie
dents mamelonnées, a été donné par M. Cuvier à un genre d’a-
nimaux perdus, fort voisins des éléphans par leur structure,
et qui comme eux doivent être classés dans l’ordre des pachy-
dérmes et dans la tribu des proboscidiens.
Les espèces de ce genre sont au nombre de six, toutes ca-
ractérisées par des différences de forme et de proportion dans
les dents molaires qui fournissent les débris qu’on en trouve
le plus ordinairement. Une seule d’entre elles, dont la taille
est au moins égale à celle de l'éléphant, est connue depuis
long-temps, non seulement par ses énormes molaires qui ne
sont pas rares dans les cabinets d'histoire naturelle, mais en-
core par de nombreux ossemens qui ont mis à même de
prendre une idée exacte et assez complète de son organisation.
Cette espèce, généralement désignée sous la dénomination d’ani-
mal de l'Ohio, a été confondue, surtout par les Anglois et les
habitans des Etats-Unis, avec l'éléphant fossile, le mammouth
ou le mammont, et en a même recu les noms. :
Les restes des mastodontes n’ont encore été rencontrés que
dans des terrains meubles et très-superfciels, d’où l’on infère
que ces animaux doivent prendre rang parmi les plus ré-
cens de ceux dont les espéees n’existent plus vivantes sur le
globe. |
L'examen des parties du squelette de l’animal de POhio
qu’on à pu se procurer a démontré qu'il avoit de grosses
défenses recourbées en haut, comme celles des éléphans; que
son nez devoit être prolongé comme le leur en une énorme
trompe, et que ses pieds étoient également pourvus de cinq
doigts ; mais qu’il différoit de ces animaux vivans ou fossiles,
par la structure des molaires qui, au lieu d’être composées de
nombreuses dents partielles étroites et réunies par une subs-
tance cémenteuse, offroient seulement à leur couronne de
gros tubercules disposés par paires, et ayant la forme de ma-
melons très-saillans, de telle façon que ces dents, lorsqu'elles
étoient usées présentoient sur leur couronne de doubles lo-
MAS 313
sanges ou des disques bordés d’émail, plus ou moins grands,
plus ou moins rapprochés ou confondus entre eux, au lieu
de montrer les rubans transversaux à contoursémailleux qu’on
voit sur celles des éléphans. |
Comme les éléphans d’ailleurs, les grands mastodontes n’a-
voient point de canines, ni d’incisives inférieures, et leurs
molaires, au nombre de deux à chaque côté des mâchoires,
poussoient du fond de ces mâchoires en avant, en usant obli-
quement leur couronne. L’ivoire de léurs défenses présentoit,
comme celui des éléphans, de nombreuses lignes courbes, di-
vergentes du centre à la circonférence, et entre-croisées ré-
gulièrement , d’une matière plus dure que le reste; le cou étoit
court; les membres étoient trés-solides et trés-grands; la lon-
gueur de la queue étoit médiocre; lenombre des côtes de dix-
neuf, dont six vraies, de chaque côté, etc. |
Les dépouilles de ce grand animal ont été trouvées très-abon-
daminent dans le sol d’attérissement des principales vallées
des fleuves de l'Amérique septentrionale; celles des autres es-
pèces de moindre taille ont été rencontrées, ou sur les pla-
teaux élevés de l'Amérique du Sud , ou dans quelques points
de la France, de l'Italie et de l’Allemagne.
Le Gran» Masroronre : Mastodon giganteum, Cuv., Rech. sur
les oss. fossiles, 2° édit., torn. 1, pag. 206; Peales, Account of the
skelebon of the mammouth et an historical disquisition on the mam-
mouth; Animal de FOhio des Francois; Père aux bœufs des In-
diens ; Eléphant carnivore de quelques auteurs. Cet animal.est
caractérisé, spécifiquement, par la forme de ses molaires dont
la couronne est à peu prés rectangulaire, si ce ne sont les pos-
térieures qui ont moins de largeur en arrière qu’en avant, et
parles gros tubercules en forme de pyramides quadrangulaires,
au nombre de six, huit ou dix, disposés par paires, qui gar-
nissent cette couronne.
Par la détrition, ces dents, dont le poids s'élève jusqu’à
douze livres, présentent d’abord autant de paires de figures
d’émail en losange, qu’il y avoit de pointes dans l’origine.
Elles sont en nombre variable comme ceiles des éléphans, ce
qui est une suite de leur mode de croissance et d’usure. Quand
on les voit entiéres, il n’y en a que deux de chaque côté des
mâchoires; maïs lorsque l’antérieure est à moitié usée, la se-
314 MAS
conde est entière, et le commencement d’une troisième ap-
paroît en arrière du bord maxillaire.
En général, cet animal étoit, ainsi que le fait observer
M. Cuvier, fortsemblable à l’éléphant par les défenses et toute
l’ostéologie , les molaires exceptées. Il portoit très-probable-
ment une trompe; sa hauteur (environ neuf pieds) ne sur-
passoit point celle de l’éléphant , maïs il étoit un peu plus
alongé, et avoit des membres un peu plus épais, ayec un ventre
plus mince. Sa mâchoire inférieure a les plus grands rapports
avec celle du même animal, par la forme des condyles ar-
ticulaires, par l’absence de dents incisives et canines, et sur-
tout par sa terminaison antérieure en une sorte de pointe
creusée d’un canal; mais cette pointe a moins de longueuret
est moins pointue. Les deux lignes dentaires de la mâchoire su-
périeure divergent en avant, au lieu de converger comme cela
est dans l’éléphant; les deux défenses, implantées dans les os in-
cisifs, sont grosses, un peu comprimées , et paroissent légère-
mentarquées en en haut, Les vertèbres cervicales, au nombre
desept, sont assez minces, d’où il résulte que le col est court.
On compte dix-neuf vertébres dorsales, et dix-neuf paires
de côtes, c’est-a-dire une de moins que dans l'éléphant ; les
apophyses épineuses des seconde , troisième et quatrième dor-
sales sont très-longues; les côtes sont autrement faites que
dans l'éléphant, car elles sont minces près du cartilage, et
ont de la force et de l’épaisseur vers le dos. L’avant-bras est
plus long et le bras plus court à proportion que ceux de cet
animal; le bassin est beaucoup plus déprimé, son ouverture
est beaucoup plus étroite; le femur est beaucoup plus large
d’un côté à l’autre, et plus aplati d’arrière en avant: les pieds
sont terminés par cinq doigts courts (surtout les antérieurs}
et qui sont conformés comme ceux de l'éléphant.
Dans son résumé sur l’histoire du mastodonte, M. Cuvier
ajoute ce qui suit:
« La structure particulière de ses molaires semble indi-
quer que cet animal se nourrissoit à peu près comme l’hip-
popotame et le sanglier, choisissant de préférence des racines
et autres parties charnues des végétaux; cette sorte de nour-
riture devoit l’attirer vers les terrains mous et marécageux;
. néanmoins il n’étoit pas fait pour nager et vivre souvent dans
MAS 315
les eaux comme l'hippopotame, et c’étoit un véritable ani-
mal terrestre. Ses ossemens sont beaucoup plus communs dans
l'Amérique septentrionale que partout ailleurs, et peut-être
même ils sont exclusivement propres à ce pays. Ils sont mieux
‘conservés, plus frais qu'aucun des autres os fossiles connus ,
et jamais ils ne sont empreints ou accompagnés de CORPS ma-
rins comme beaucoup de ceux-ci. Néanmoins il n'y a pas la
moindre preuve, le moindre témoignage authentique propre
à faire croire qu’il y ait encore, ni en Amérique, ni ailleurs,
aucun individu vivant; car les différentes annonces qu’on a
lues de temps en temps dans les journaux, touchant des mas-
todontes vivans que l’on auroit aperçus dans les bois ou dans
les landes de ce vaste continent, ne se sont jamais confir-
mées, et ne peuvent passer que pour des fables. »
Quelques faits particuliers: paroissent aussi prouver que
la destruction de cette espèce est trés-récente; et dans le
nombre nous citerons d’abord la découverte faite en Virgi-
nie près de Williamsbourg, à cinq pieds et demi de profon-
deur, et sur un banc calcaire, denombreux débris au-milieu
desquels on trouva une masse à demi broyée de petites
branches, de gramen, de feuilles, etc., le tout enveloppé
dans une sorte de sac que l’on regarda comme l'estomac de
l'animal, renfermant encore les matières mêmes que cet in-
dividu avoit dévorées. Nous y ajouterons également la cita-
tion faite par Barton, d’une tête de mastodonte, trouvée par
des Sauvages en 1762, laquelle avoit encore un long nez sous
lequel étoit la bouche, et celle de Kalm qui dit, en parlant
d’un squelette découvert dansle paysdesIllinoïs, que la forme
du bec étoit encore reconnoissable, quoiqu'il fut à moitié
décomposé.
Les lieux principaux des États-Unis où les ossemens de
mastodontes ont été recueillis sont : 1° Big-Bone-Strick, ou
Great-Bone-Lich , marais salé dont le fond est une vase noire
et puante, et qui est situésur la rive gauche de l'Ohio, à quatre
milles de ce fleuve et à trente-six milles de sa jonction avec
la rivière de Kentucky, presque vis-a-vis la riviére appelée
Grande-Miamis { les os y sont très-abondans et enfoncés seu-
lement de quatre pieds) ; 2° Newbourg,sur la rivière d'Hudson,
à soixante-sept milles de Philadelphie : c’est de ce lieu que
516 MAS
proviennent les ossemens dont MM. Peales ont pu reformer
un squelette entier, moins le eràne cependant, dont les
formes restent inconnues ; 5° Albany, dans l'État de New-
York, également près de l’Hudson ; 4° plusieurs points des
rives de l’Ohio et de la rivière des Grands Osages; 5° les
bords du Nord-Holston, branche du Tennessée , dans des ma-
rais salés; 6° les alluvions du Müississipi, etc. On n’en a
point rencontré plus haut vers le nord que le 45° degré de la-
titude, du côté du lac Erié. Quant à ceux que l’on dit avoir
été découverts dans l’ancien continent. ils se bornent à une
molaire dont Buffon a fait mention, et qui proviendroit de la
Petite-Tartarie, à une autrequiauroit été trouvée en Sibérie par
l'abbé Chappe, et enfin à une troisième des monts Ourals, qui
a été figurée et décrite par Pallas dans les Actes de Pétersbourg
pour l’année 1777. M. Cuvier témoigne à leur égard quelques
doutes, dans sa dernière édition, en faisant remarquer que
la dent de Pallas ressemble autant à une molaire de masto-
donte à dents étroites, qu'a une molaire de grand mastodonte,
et qu'il se pourroit qu’elle appartint à la fpremiére de ces
espèces; il ne trouve nulle part de témoignage certain que
l'abbé Chappe ait rapporté la sienne de Sibérie, et il croit
qu’elle auroit pu être envoyée de Californie au cabinet du
Roi par ce voyageur; enfin il pense que la molaire décrite
par Buffon, lui ayant été transmise par Vergennes, il n’est
pas impossible que ce ministre ait été induit en erreur sur sa
localité. Néanmoins, quoique tout semble établir qu'il n’a
encore été rencontré d’ossemens de la grande espèce de mas-
todonte que dans le nord de l'Amérique, M. Cuvier ne pré-
tend pas infirmer entièrement ces trois preuves de leur exis-
tence sur l’ancien continent; mais il commence à ne plus les
regarder comme suffisantes.
Les Sauvages de plusieurs tribus de l'Amérique du Nord,
croient encore à l'existence de ces animaux; d’autres recon-
noissent que leur espèce est détruite. Au PERL de M. Jef-
ferson , ceux de Virginie, entre autres, disent qu’une troupe
de ces terribles quadrupèdes détruisant les daïms, les buffles
et les autres animaux créés pour l'usage des Indiens, le grand
homme d'en haut avoit pris son tonucrre, et les avoit tous fou-
droyés, excepté le plus gros mâle , qui se mit à fuir vers les
MAS S17
grands laes où il se tient jusqu’à ce jour. Selon Barton, Îles
Shavanois croient qu'il existoit avec ces animaux des hommes
d’une taille proportionnée à la leur, et que le grand Être
foudroya les uns et les autres.
Le Masroponre À DENTS ÉrrOITES ; Mastodon anguslidens , Cuv.,
Rech. sur les ossem. foss., 2° édition, tome :i, pag. Ad est
une espèce du même genre que le précédent, ainsi que le dé-
montre la forme de ses molaires, qui, avec un fragment de mâ-
choire inférieure et un tibia, sont à peu prés les seules parties
qu'on en ait encore recueillies.
Ces molaires sont d’un tiers moindres environ dans leur vo-
lume que celles des mastodontes géants, mais ellessont compara-
_tivement plus longues et plus étroites; les mamelons que leur
couronne présente, au lieu d’être à peu prés en forme de pyra-
mides quadrangulaires comme dans la première espèce, sont
coniques, marqués de sillons plus ou moins profonds, tantôt
terminés par plusieurs pointes, tantôt accompagnés d’autres
cônes plus petits sur leurs côtés ou dans leurs intervalles;
d’où il résulte que l'usure produit d’abord sur cette cou-
ronne de petits cercles d’émail isolés, et ensuite des tréfles
ou figures à trois lobes, entourés d’émail, mais jamais de lo-
sanges. La première molaire est petite, à quatre tubercules
divisés en deux paires, et paroît pousser perpendiculaire-
ment; laseconde asixtubercules en trois paires, dont le mode
de croissance est comme celui des molaires d’éléphans et du
grand mastodonte, d’arrière en avant; la troisième a dix tu-
bercules partagés en cinq paires, et paroît pousser comme
la seconde.
La màchoire inférieure a sa pointe antérieure terminée
comme celle de l’espèce précédente et celle des éléphans, par
une sorte de bec tronqué et en gouttiére.
Le tibia, par ses dimensions comparées avec celles des dents,
sembleroit établir que cet animal étoit, proportions gardées,
plus bas sur jambes que le mastodonte géant.
Les débris du mastodonte à dents étroites ont été trouvés
en Europe et dans l'Amérique méridionale.
Le gisement le plus remarquable est celui de Simorre , dans
la montagne Noire (département du Gers). Depuis long-temps
les dents qu'on y a découvertes, et qui étoient teintes en vert
318 | MAS
bleuitre par lefer,sont connues sous les noms de furquoises
de Simorre et de furquoises occidentales. Réanmur, qui en a
parléle premier, décrit ainsi leur position géologique. « Les
dents et Les débris d'os de ce lieù reposent sur une terre blan-
châtre, et sont recouverts et encroûtés d’un sable fin, gris, et
quelquefois bléuâtre, mêlé de petites pierres, sur lequel est
un autre lit de sable semblable à celui de rivière. ? Par l’ac-
tion de la chaleur ces dents prennent une couleur bleue assez
vive, mais inégale , et se brisent en éclats, |
Des fragmens de dents de la même espèce, recueillis à Sort
près de Dax, par Borda, étoient placés au milieu d’une couche
vraiment marine, ainsi que l indiquoient les autres fossiles qui
y étoient contenus. Une dent, trouvée à Trévoux, étoit au mi-
lieu du sable. D’autres ont été découvertes en Bavière à Rei-
chenberg, et en Italie, Re dans le val d’Arno,
à Padoue, au mont foiéaéo prés de Monte Pulciano, et
non loin d’Asti en Piémont. Enfin on doit à Dombey eta M. de
Humboldt la connoiïssance de plusieurs molaïres qui ont été
trouvées au Pérou, et notamment près de Santa-Fé-de-Bogota.
Le MasropoxTe pes CorpiLcrères, Cuv., Rech. sur les oss. foss.,
tom. 1, pag. 266, n’a présenté que des molaires rapportées de
l'Amérique méridionale par M. de Humboidt, et trouvées par
ce célébre voyageur , l’une près du volcan SUN DEC au
royaume de Quito , à 1200 toises de hauteur, et deux autres
dans la cordilière de Chiquitos, entre Chichas et Tarija, prés
de Santa Crux de la Sierra, par quinze degrés de latitude mé-
ridionale. R |
Les proportions et les dimensions de ces dents sont les mêmes
que celles des molaires à six pointes, ou les intermédiaires du
mastodonte géant; mais leurs tubercules, au lieu de présenter
sur leur coupe des figures en losanges, offrent des figures de
trèfles comme celle des tubercules de l’espèce à dents étroites.
Le Masroponre Humeocptien , Cuv., Rech. sur les oss. foss.,
2° édit., tom. 1, pag. 268, est une espèce établie d’après les
formes et les proportions d’une seule dent fort usée et de cou-
leur noire, rapportée des environs de la Conception au Chili
par M.de Humboldt. Sa forme générale est carrée comme celle
des dents intermédiaires des mastodontes géants, et des Cor-
dilières ; mais elle est d’un tiers plus petite.
| MAS 319
Le Perir Masroponre, Mastodon minor, Cuv., Rech. sur les
oss. foss., tom. 1, pag. 267, est une espèce fondée sur lobser-
vation d’une molaire, trouvée en Saxe par le professeur Hugo
de Gættingue, qui l’envoya à Bernard de Jussieu. Cette dent,
quoiqu’ayant évidemment appartenu à un individu adulte,
ainsi qu’on pouvoiten juger par son état de détrition , offroit
toutes les formes etles proportions de celles du mastodonte à
dents étroites, mais avoit un volume moindre d’un tiers; d’où
M. Cuvier conclut que l’espèce à laquelle cette dent appar-
tenoit étoit aussi plus petite dans le même rapport.
Enfin une dernière espèce, le MasrobonNTE Tariroïpe, Cuv.,
Rech. sur les oss., pag. 267 èt 268, avoit des dents du même
- volume que celles du petit mastodonte; mais ces dents étoient
formées de coilines transverses, simplement crénelées et non pas
aussi exactement partagées en deux pointes que celles de toutes
les autresespèces. Leurs collinesdivisées en quatre ou cinq lobes
principaux indiquent un rapportavec les dents des grands ta-
pirs fossiles; mais celles-ci en différent en ce que les collines
de leur couronne sont plus séparées, et que les crénelures qui
en bordent le sommet sont beaucoup trop nombreuses et trop
petites pour représenter des mamelons.
La dent de cette espèce décrite et figurée par M. Cuvier, l’a-
voit été déja par Guettard, Mém., tom. 4, 10° Mémoire, pl. 7,
fig. 4. Elle a été découverte par M. Dufay, à Montabusard
près d'Orléans, dans une carrière de calcaire d’eau douce
pétrie de limnées et de planorbes ; et où se trouvoïent aussi
beaucoup d’ossemens de palæotheriums de diverses grandeurs.
(Des) | |
MASTORSIUM (Bot.) , nom ancien vulgaire du cresson dans
la Toscane, cité par Césalpin. (J.)
MASTOS. ( Bot.) Selon Daléchamps, quelques uns pensent
que cette plante de Pline est la scabieuse ordinaire. (J.)
MASTOZOAIRES. ( Mamm.) M. de Blainville remplace par
ce nom celui de Mammirëres, et substitue celui de Masrozoo-
LoctE au mot MammaLoc1Ee. (Desm.) i
MASTRANSO DE SABANA. { Bot.) L'hyptis Plumeri de
M. Poiteau et de la Flore equinoxiale est ainsi nommé dans le
canton de Caracas, en Amérique. (J.)
MASTUERCO DE LAS INDIAS. (Bot.) La plante du Pérou,
520 MAS
citée sous ce nom par Monardez et Clusius, paroït être la ca-
pucine , tropæolum. (J.)
: MASTWICH. (Mamm.) Ce nom est employé par Houttuyn
pour désigner un cétacé qui a été rapporté à l’espèce du phy-
_setere tursio par Erxleben. (Dssx. )
MATABRANCA (Bot.), nom portugais du feucrium fruticans ,
suivant Grisley. (J.)
MATADOA. FLAN Mes (Sa ae 239, pl.18)
désigne par cette dénomination une coquille bivalve de son
genre Telline, qui corresponi à celui des donaces des :con-
chyliologistes modernes, et dont Gmelin fait une espèce de
vénus, sous le nom de Venus Matadoa, très-probablement à
tort. (DE B.)
MATAGASSE. (Ornith.)Ce nom , qui s'écrit aussi mat tages,
est donné en Savoie et en Angleterre , tantôt à la piegrièche
grise, lanius major, Linn., tantôt à l’écorcheur, lanius collu-
rio , ide (Cu. D.)
MATAGUSANOS. (Bo. \ À Lima, suivant les auteurs de la
Flore du Pérou, on donne ce nom S celui de contrayerva à la
plante queles auteurs de cette Florenommentvermifuga, parce
qu’elle est employée dans le pays en application extérieure
pour détruire les vers qui s’engendrent dansles chairs des ani-
maux; c’est la même que Le milleria contrayerva de Cavanilles,
qui est notre flaveria dont on se sert pour les teintures jaunes.
G)
MATAIBA. ( Bot.) Voyez Erniczis. CR
MATALISTA. (Bot.) La racine de ce nom provenant d'Amé-
rique, et citée par Murray dansses App. Medic., v. 6, p. 169, se
trouve dans quelques pharmacies, coupée en tronçons plus ou
moins gros, assez compactes et pesans. On lui attribue la vertu
de purger à la dose de deux gros plus fortement que le me-
choacan, et moins que le jalap. (J.)
MATALLO (Bot.), nom italien de l’alizier, cralægus aria,
cité par Daléchamps. (J.)
MATALLOU(Bot.), nom caraïbe du coui ou calebasier,
crescentia, cité dans le catalogue et l’herbier de Surian. (J.)
MATAMATA. (Erpétol.) Voyez Caécyps. (H.C.)
MATAPALO. (Bot.) Ce nom espagnol qui signifie luepieu, a
été donné à un arbre de l'Amérique méridionale, qui, foible
US |
MAT K 3o1
dans son origine, s'accroche à un grand arbre voisin le long
duquel il monte, jusqu'à ce qu’il soit parvenu à le dominer.
Alors sa tête s’élargit a$sez pour dérober à son soutien l'in-
fluence du soleil. IL se nourrit de sa substance, le consume
par degrés, et prend enfin sa place. Il devient ensuite si gros,
qu’on en fait des canots de la première grandeur, à quoi la
quantité de ses fibres et sa légèreté le rendent trés-propre. Ces
détails sont consignés dans le petit recueil des voyages qui ne
nous fait pas mieux connoître cet arbre; mais les auteurs de
la Flore Equinoxiale nous apprennent que c’est une espèce de
figuier qu’ils ont nommé pour cette raison ficus dendrocida.
(T.
10h TE ( Bot.) Leslianes sont appelées ainsi dans les
colonies espagnoles. ( LE.) |
MATAPOLLO. (Bot.) Le garou, Line gnidium , hole.
est ainsi nommé en Espagne. (Lem.)
MATAPULGAS.(Bot.)Grisley, auteur du Virid. Lusit., cite ce
nom portugais pour une euphraise à fleurs jaunes, dont les
rameaux sont employés pour faire des balais. (J.)
MATARA , PALMITO, (Bot.) Noms péruviens ou espagnols
du molina ferrugina , arbrisseau décrit dans la flore du Pérou,
qui doitêtre , comme les congénères, réuni au genre Baccharis,
dans la famille des corymbifères. La fumée de cette plante
brûlée a la réputation de tuer les vers qui s’engendrent dans
les plaies, et on la brûle pour cette raison dans les bergeries.
(d)
- MATARRUBIA (Bot. Yi nom que l’on donne à l’yeuse, en
Espagne. (Lem.)
MATAVIALOOS (Bot.), nom brame ” l’ophioxylum, dont
la racine est employée au Malabar pour guérir la morsure des
serpens. (J.)
MATA, XARUECA. (Bot.) Noms espagnols du lentisque , sui-
vant Dhs La résine qui en découle est nommée almastiga ;
c’est le mastic des François. (J.)
MATCEI. (Mamm.) Voyez Ouavaravr. (F. C.)
MATCHIR (Ornith.), nom kourile d’un oiseau aquatique,
qui est rapporté par Krascheninnikow à l’anas arctica de Clu-
sius, Ou macareux moine, alca arctica, Linn. (Cu. D.)
MATCHIS. (Mamm.) C'est le nom générique des sapajous
29: 21
322 MAT
dans les colonies espagnoles, au rapport de M. de Humboldt.
(F. C.) ; |
MATE. (Bot.) Le réglisse d'Amérique, abrus præcatorius ,
Linn., est ainsi nommé par les Espagnols. (LEm.) |
MATÉLÉE, Matelea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apocynées,
de la pentandrie digynie de Linnæus, offrant pour caractère
esseutiel : Un calice à cinq divisions profondes; une corolle
monopétale en roue; le limbe à cinq lobes arrondis; le tube
très-court; cinq étamines; les anthères réunies en un corps
pentagone, aplati en dessus, fermant l'entrée du tube; deux
ovaires supérieurs ; deux styles; deux, plus souvent un folli-
cule bivalve, à deux loges; la cloison chargée de semences
imbriquées, crenelées à leurs bords.
Marécée Des MaraAIS : Mafelea palustris, Aubl., Guian., vol. 1,
pag. 278, tab. 109, fig. 1; Lamck., Ill. gen., tab. 179; Hos-
tea viridiflora, Willd., Spec., 2, pag. 326. Plante herbacée
dont les tiges sont simples , quelquefois rameuses, hautes de
deux ou trois pieds, et plus droites, noueuses, garnies. de
feuilles médiocrement pétiolées, opposées, ovales, alongées,
étroites, très-entières, surmontées d’une longue pointe, glan-
duleuses à leur partie inférieure ; les articulations pileuses. Les
fleurs sont disposées, aux aisselles des feuilles, en grappes
courtes, droites, accompagnées de petites écailles; Le calice
est persistant ;ses divisions ovales , aiguës; la coroile verdûtre,
presque plane ; les lobes du limbe se recouvrant les uns Îles
autres par un de leurs bords ; les filamens très-courts; les
ovaires ovales, dont un des deux avorte très-souvent; le stig-
mate renversé et creusé en bec d’aiguiére. Le fruit consiste
en un long follicule pentagone, aigu, verruqueux, partagé
en deux loges par une cloison membraneuse. Cette plante
est remplie d’un suc laiteux : elle croît à Cayenne au bord des
ruisseaux. ( Por.)
MATELOT (Conchyl.), nom vulgaire d’une espèce de co-
quille du genre Cône, conus classiarius. (DE B.)
MATELOT ( Ornith.) , nom de l’hirondelle de fenêtre, lu-
rundo urbica, Linn., dans le département de la Meurthe.
(Cu. D.)
MATERAT (Ornith.), un des noms vulgaires dela mésange
MAT 523
à longue queue, parus caudatus, Linn., que, selon Buffon,
quelques villageois appellent monstre, parce qu’ ‘elle a souvent
les plumes hérissées. (Ca. D.)
MATERAZ. ( Bot.) Les champignons qu’on nomme ainsi en
France, selon Clusius, sontles cèpes potirons etles ni 5 UE
FotAs , suivant Paulet. (Lem.)
MATEREBÉ (Bot.), nom caraïbe du lappulier, triumfetta,
cité par Surian. (J.)
MATES DE INDIA. (Bot.) Clusius, dansses Erotica, cite sous
ce nom indien le cniquier, guilandina bonduc. (J.)
MATETE, ( Bot.) C’est le nom que porte dans les colonies
françoises le manioc préparé pour les esciaves malades. (L£m.)
MATGACH (Mamm.), nom du saïga mâle en Tartarie. (F. C.)
MATHERINA. (Bot.) Les paysans de l'ile de Crète donnent
<e nom à la marjolaine, suivant Belon. (J.)
MATHOEN (Ornith.), nom que les Flamands donnent à
Véchassé, charadrius himantopus, Länn. (Cx. D.)
MATIÈRE. ( Physique.) Terme abstrait, servant à indiquer
ce que tousles corps ont de commun, et, a proprement par-
ler, indéfinissable , aussi bien que les mots femps et espace. La
combinaison des sensations éprouvées par nos divers organes,
la constance de leur reproduction , de leur succession où de
leur simultanéité, nous découvrent toutes les propriétés que
nous attribuons à la matière , maïs ne peuvent nous apprendre
ce qu’elle est en e'le-même. Nous ne savons autre chose, si-
non qu'il existe des corps qui produisent sur nous tels ou tels
effets. Jouissent-ils de propriétés qui n'aient pas de relation
avec ces effets, ou avéc nous? Nous l’ignorons : que nous
paroîitroient-ils si nous étions autrement organisés? Nous l’i-
gnorons encore ; mais tous les hommes conviennent qu’il y a
un espace étendu dans lequel sont contenus des espaces éten-
dus, circonscrits par des limites, et opposant de plus une
résistance , lorsqu'on veut les déplacer ou pénétrer entre
leurs limites. Voyez Air, t.[.%, p.395. (1)
,
(1) Il y a bien quelques métaphysiciens qui ont nié l'existence des
corps; mais les physiciens ne peuvent regarder ces discussions que comme
un jeu, et si l’on veut, un exercice de l'esprit, suffisamment réfuté dans
l'argumentation de Sganarelle avec Marphurius. ( Mariage forcé, sc, VII.)
24e
Se USE MAT
C'est par la vue et le toucher ques’acquierent l’idée d’éfen-
due et la notion d’impénétrabilité, qui, se reproduisant dans
tous les corps, constituent pour nous le caractère essentiel
de la matière. Mais outre ces propriétés, sans lesquelles nous ne
saurions la concevoir, toutes les observations et toutes les ex-
périences ont établi jusqu'ici, sans excep‘ion, la mobilité,
c’est-a-dire la propriété qu'ont les corps d’être mus; la poro-
sité, celle d’être composés de parties ou molécules qui ne se
touchent point ; la divisibilité, celle de pouvoir être divisés,
sinon jusqu’à l'infini, comme la simple étendue, au moins de
l'être jusqu’à un degré de ténuité, tel que leurs parties échap-
pent à nos sens aidés des plus puissans microscopes ; la com-
pressibilité, c’est-à-dire la propriété d’être réduits à occuper
moins d'espace ; l’élasticité, celle de revenir plus ou moins
complétement à leur premier état; enfin la pesanteur, c'est-
h-dire la tendance qu’ils manifestent versle centré dela terre,
par leur chute, quand ils ne sont pas soutenus, et par la pres-
sion qu’ils exercent sur leurs supports. J’ai énoncé cette pro-
priété la dernière, non parce qu’elle est moins générale que
les précédentes, mais parce qu’elle me semble tenir de moins
“près aux idées sensibles qu’on se fait de la constitution des
corps. |
On a fait des fluides électrique, magnétique, de la chaleur
et de la lumière , une classe de corps impondérabies ; mais cette
épithète indique seulement que leur pesanteur échappe à nos
instrumesns ; elle seroit tout naturellement nulle, si les phé-
nomènes attribués a ces fluides se réduisoient à de simples
mouvemens excités entre les molécules äes corps. Voyez
Lümière, tom. XXVII, pag. 345; voyez aussi les articles
Mouvement, Pssanteur , Pones , Ressort et Corps. ( Chym. )
Cl:C.)
MATIÈRE VERTE. ( Bot.) Ce mot désigne une molécule
végétale qui fut le sujet de beaucoup de controverses en his-
toire naturelle. Nous croyons pouvoir fxer toute incertitude
à.cet égard. Ce que l’on appelle communément matière verte
se développe dans l’eau distillée, comme dans celle des puits,
des fontaines, des rivières ou de la pluie. Elle se forme sur
les parois des vases, dans la masse du liquide mise en expé-
rience, sur les pierres et autres corps inondés, en y produisant
NAT 325
une teinte agréable à l’œil, teinte que Priestley remarqua le
premier, à laquelle ce physicien donna le nom qu’elle porte,
et qui, méconnue depuis, mérite qu’on s'y arrête dans cet
ouvrage. Des corpusculesindépendans, sans liaison entre eux,
la composent. Ces corpuscules sont ovoïdes comme les globules
du sang de certains petits oiseaux; ils paroissent varier de
forme , lorsqu'on les examine au microscope, tantôt sur un
sens, tantôt sur un autre, et changent conséquemment de
figure, selon l’aspect sous lequel on les aperçoit. On seroït
tenté de croire qu’il en existe de plusieurs espèces, mais la
diversité de forme dent on étoit d'abord frappé s'explique
bientôt. $ A
C’est cette matière verte qui, se développant dans toute la
nature partout où la lumière agit sur l’eau, pénètre les marais
où l’on fait parquer les Huîtres, les fossés des grandes routes,
les pierres taillées et le bas des vieux murs humides. Partout
où se développe une mucosité, qui n’avoit pas échappé à
Priestiey, celle-ci est bientôt suivie par la matière verte, qui,
la saturant, en forme le plus simple des végétaux ; l'humidité
venant à disparoitre, quand la matiére muqueuse s'évanouit
la verte persiste, et, comme une poussière de la plusbelle cou-
leur , elle ne cesse de teindre les corps sur lesquels on la vit se
développer. Quelques animaux infusoires l’absorbent ou s’en
nourrissent , ou peut-être la matière verte se développe-t-elle
aussi dans leur corps humide et pénétrable à la lumière, comme
elle se développe dans de l’eau même, et de la cette organi-
sation de molécules sphériques, hyalines ou animales, et de
molécules ovoïdes, vertes, qui forment certains Enchélides,
Volvoces et Vorticellaires. Nos Zoocarpes surtout, qui sont
des animaux verts, offrent cette double composition.
Les Infusoires, ces ébauches invisibles de l’animalité, ne
sont pas les seuls animaux qui se pénétrent de matière
verte; de plus compliqués s’en teignent aussi, soit qu’ils l’ab-
sorbent, soit qu’elle se forme dans leur translucide tissu:
ainsi nous avons produit sur ces Hydres que l’on appelle vul-
gairement Polypes d’eau douce, ce qui arrive tous les jours
aux Huitres que l’on fait parquer; en élevant de ces animaux
dans des vases où la matière verte s'étoit développée en abon-
dance , ils sout devenus du plus beau vert, ce qui nous porte à
326 | -MAT
soupçonner que l'Hydra siridis deshelmintologues n’est pasure
espèce, mais simplement une modification des espèces voi-
sines que le hasard plaça dans des circonstances pareilles à
celles où nous en avons mis pour les colorer.
La viridité des Ifuîtres, pour nous servir de l’exprèssion em-
ployée par M. Gaillon, de Dieppe, qui a fait d'excellentes ob-
servations sur les parcs où l’on fait verdir ces conchiféres, n’a
d'autre cause que l'absorption de la matière verte. L'époque:
où cette viridité a lieu, est celle où l’eau , introduite dans les
parcs, se trouve dans les conditions nécessaires pour que la
matière verte sy développe en suffisante quantité. Tout ce
qui existe alors dans ces parcs s’en pénètre, la vase, les plantes,
les coquilles même s’en trouvent colorées. On a long-temps
rapporté ce phénomène à la décomposition des Ulves ou autres
Hydrophytes, et c’est précisément le contraire qui a lieu, car
c’est au développement du principe primitif de ces végétaux
aquatiques, à ce que l’on peut considérer comme les prépa-
ratifs de leur organisation, qu'est dû ce que l’on croyoit un
effet de leur dépérissement. i
M. Gaïllon, qui le premier acquit par le mieroscope des
idées justessur la coloration des Huitres, fut cependant induit
en erreur sur un point, Ce quine prouve pas que cet excellent
observateur eût mal vu, mais seulement que dans les choses
délicates, de la nature de celles qui nous occupent, il est
impossible de voir juste du premier coup d’œil. I! observa
dans l’eau verte des parcs, dans les Huitres colorées, dans
les couches de la matière végétative étendue sur les coquilles
de celies-ci, un animal dont il a dit d’excellentes choses (An-
pales générales des sciences physiques, t. VII, p.95), et qu'il
compare au V'ibrio tripunetatus de Muller; il n’y vit guèrede dif-
férence que dans la couleur; la figure qu’il nous en adressa est
parfaitement exacte. Cet animal que M. Gaillon proposoit de
‘ nommer Vibrio ostrearius, n’est cependantlui-même qu’un être
coloré accidentellement comme l’Huître : fort transparent, il
absorbe ou sert au développement des corpuseules de matière.
verte;et, dans cet état, pénétrant dans la matière muqueuse,
et dans les parties de l’Huître où sa forme aiguë et naviculaire
lui donne la faculté de s’introduire, il ne colore que parce
que lui-même fut coloré précédemment, et il est possible qu'on
MAT 327
trouve, dans certaines circonstances, des Huïtres colorées sans
la participation des Vibrions de M. Gaillon, ainsi que l’étoient
lès Hydres que nousavons colorés et qui n’offroient ah leur
masse aucune trace de pareils animaux.
Nous avons dit que Priestley remarquale premier la substance
dont il est question et qu’il appela matière verte (tom. IV,
sect. 335, pag. 355). Il la trouva confondue avec une mucesité,
dont elle est indépendante et distincte, mais qu’elle pénètre
communément. Il soccupa beaucoup plus des propriétés de
l'air qu’il supposoit s’en dégager que de sa nature; cependant
il affirma avec raison qu’elle n'éloit ni un animal, ni un végé-
tal; et, n’y découvrant aucune organisation au microscope, il
la regarda comme une substance particulière, sui generis,
véritable sédiment muqueux'et coloré de l’eau.
Sénebier (Journal de Physique, 1781, tom. 27, pag. 209 et
suiv.), s'étant proposé de réitérer les expériences de Priestléy
sur la matière verte, la méconnut totalement : « cette ma-
« tière, dit-il, est une plante aquatique du genre dés conferves
« gélatineuses. ? Il est facile de voir par tout ce qu’ajoute ce
savant, à cette erreur, que, n'ayant pas tenu compte des
teintes formées par les molécules de la véritable matière verte,
il a pris pour celle-ci l’Oscillaire d’Adanson, qui ne tarde
pas effectivement à se développer et à croître dans les vases
où l’on met en expérience de l’eau pure exposée à la lumière
a l’air. Ces vases offrent au développement de cette Ar-
throdiée les mêmes facilités que lui présentent les baquets où
on laisse séjourner l’eau dans nos cours ou dans nos jardins.
Baker ( Employ. for fhe micr., part. Il, pag. 233, pl. X,
fig. 1-6) avoit déja observé la même Oscillaire développée dans
des vases de verre remplis d’eau, et l’avoit considérée
comme un être vivant, et non comme une Conferve géla-
tineuse.
M. Decandolle ( Flor. Fr., tom. 11, pag. 65) a étéentraîné dans
l'erreur par son illustre compatriote, au sujet de la matière
verte de Priestley; et de la cette création du Vaucheria in-
Jfusionum , plante qui n’existeroit pas dans la nature, si l’ex-
périence ne nous avoitappris qu'’ilétoit question de l'Oscillaria
Adansonii, N. ,imparfaitement observée, avecune lentille trop
foible pour qu'on y pût découvrir les articulations ‘caracté-
328 MAT
ristiques. Cette Oscillaire, ou la prétendue Vaucherie des infu-
sions, n’a nul rapport avec les êtres auxquels le savant gene-
vois Ôta, sans motifs suffisans, l'excellent nom d’'Ectospermeque
leur avoit donné M. Vaucher, et que nous rétablirons par la
suite, lorsqu’au mot Psycaoniées nous exposerons dans ce Dic-
tionnaire un travail étendu sur les êtres microscopiques de na-
ture ambigue. F
Ingen-Housz (Journ. Phys., 1784, tom. 24, pag. 336 et suiv.)
avoit , aprés Sénebier, examiné la matiére verte de Priestley,
mais en observant des faits très-intéressans dont iln’appréciapas
toute l'importance, et lorsque le hasard lui avoit évidemment
découvert avant nous ces Zoocarpes que nous avons les pre-
miers fait connoître , il prononçÇa que la matière verte étoit
composée de petits animaux qu’il. appeloit improprement
insectes. Le Mémoire d’Ingen-Housz est trop curieux et trop
riche de faits pour que nous puissions ne pas nous y arrêter.
L'auteur s’étoit proposé principalementde publier ses obser-
vationssur l'air qui résulte de la matière verte. 4 M. Priestley,
dit-il, avoit remarqué le premier que lorsqu'on expose au so-
leil de l’eau , surtout de l’eau de source, il s’y engendre, après
quelques jours , une substance verte, gélatineuse au toucher ;
et que, quand cette matière est produite, on trouve dans le
vase une grande quantité d'air pur quise développe au soleil. >
Ce n’étoient point des plantes placées dans ces bouteilles qui
avoient produit ce phénomène, qui continua quand on les en
eut retirées; il étoit conséquemment dû à la matiére verte
qui en tapissoit le fond.
M. Priestley, ayant décrit la matière verte comme un sédi-
ment muqueux de l’eau ( dans son quatrième volume sur les
airs, imprimé en 1779), l'éleva au rang des végétaux dans
son cinquième volume imprimé en 1781, sur le témoignage de
son ami, M. Bevly, et il la classa parmi les Conferves, sans
vouloir déterminer si c’étoit la Conferva fontinalis, ou quelque
autre espèce de Conferves. M. Forster l’avoit prise pourle
Byssus botryoides de Linné. M. Sénebier, dans son ouvrage
également intéressant et curieux sur la lumiére solaire, im-
primé en 1782, a cru que ni M. Priestley, ni M. Forster n'a-
voient connu la véritable nature de cet être. Le premier dit
qu’en examinant de plus près cette plante, il l’a reconnue pour
MAT. 329
être la Conferva cespitosa filis rectis undique divergentibus Halleri,
n.° 214. Si c’est la Conferva fontinalis , il faudroit qu'elle eût des
fibres au moins de la longueur d’un demi-pouce. Si c'est la
plante de Haller, il faudroit que lesfilamens fussent encore plus
longs. Suivant le second, ces filamens paroissent déja aprés deux
jours, lorsqu'on expose l’eau commune à l’action immédiate du
soleil. IL dit qu'on voit ces filamens s'élever graduellement
et tapisser les parois sur tout ie fond du verre. Cette plante,
poursuit M. Sénebier, devient fort serrée en bas, et parvient
à une grandeur si considérable, qu'il l’a vue s'élever pendant
deux mois à la hauteur de deux pouces et demi au-dessus du
fond. M. Ingen-Housz ne veut pas nier l'exactitude des ob-
servations de M. Sénebier ; mais il doute avec raison que la
plante de ce savant soit la véritable matière verte que Priestley
décrivit dans son quatrième volume. En effet, dit-il, lorsque
l'on compare une masse informe, muqueuse, sans aucune Or-
ganisation apparente , ainsi que l’a décrite Priestleÿy, avec une
plante qui, selon M. Sénebier, tapisse, comme un tissu fort
serré, toutle fond du vase, et quis’alonge jusqu’à deux pouces
et demi en hauteur, et par conséquent qui est très-visible
à plusieurs pas de distance, on ne sauroit guëére soupçonuer
l'identité. Priestley a montré lui-même a M. Ingen-Housz cette
matière à Londres; une cloche pleine d’eau en étoit tapissée ;
et cet observateur exact y eût certainement vu des fibres, si ces
fibres y eussent existé. L'auteur a examiné journellement la
matière verte durant plus de trois ans, et l’a suivie dans tous
ses états depuis son origine jusqu’à son dépérissement. Il croit
pouvoir prononcer à cet égard, et en ayant fait faire des dessins
exacis, gravés pour orner le second volume deses expériences
sur les végétaux, il se contente d'en donner une description
abrégée. Pour éviter toute confusion, il commence par pro-
duire da matière verte sous les yeux de ses lecteurs, comme
le faisoit M. Priestley, c’est-à-dire, en mettant dans'des vases
bien transparens exposés au soleil, de l’eau de sourte, et en
plaçant au fond de ces vases de petites lames de verre, afin
de pouvoir ensuite examiner ces lames au microscope.
Lorsqu'après quelques jours on aura observé une bonne
quantité de bulles d'air montant continuellement dans l'eau,
on trouvera les parois du vase intérieurement parsemées de
330 MAT
corpuscules ronds ou ovales, ou approchant de ces figures , et
d’une couleur verdàtre.(On voit qu'ici M. Ingen- Housznes’étoit
pas rendu exactement compte de la forme des corpusculesdeia
matière verte.) Le nombre des corpusculesaugmentant chaque
jour, ceux-ci deviennent au boùt de quelques semaines une
croûte dont la verdure est plus ou moins foncée , en raison du
temps que l’eau a été exposée au soleil, et du nombre des
corpuscules qui se sont accumulés dans cette eau. Ces cor-
puscules sont extrêmement petits, et enveloppés dans une ma-
tiére muqueuse. On les reconnoîft bientôt pour de véritables
insectes qui cessent de se mouvoir lorsqu'ils se trouvent embar-
rassés dans la couche glaireuse. On en voit nager tout autour :
où y apérçoit aussi des corps angulaires plus volumineux que
les insectes.
Ces insectes finissent par obstruer et remplir la couche mu-
queuse, qui elle-même étoit sans couleur, de sorte que celle-ci
ne paroit bientôt plus être qu’une masse glaireuse , verte, sans
aucune apparence manifeste d'organisation; elle ressemble
alors parfaitement à ce que l’a trouvée M. Priestley, une dispo-
silion glaireuse de l’eau devenue verte au soleil.
Plus tard l’incorporation des insectes dans la masse mu-
queuse est complète ; mais si l’on en éparpille des lambeaux,
onremarquera que ses bords déchiréssont tout hérissés de fbres
transparentes, sans aucune couleur, et ressemblant à des tubes
de verre. On observera que ces fibres sont douées d’un mouve-
ment sensible (ilest évidemmentquestion ici d’une Oscillaire) ;
elles se plient en tous sens, s’approchent, s’entrelacent et se
tortillent de nouveau. Ce mouvement, qui ressemble à celui
de certains animalcules aquatiques, qui ont la forme d’an-
guilles , se fait par intervalles très-irréguliers. M. l'abbé Fon-
tana a montré, plusieurs années auparavant, à l’auteur, des
fibressemblables, mais vertes, douées d’un pareil mouvement;
il les prit pour des animaux plantes, et les crut des êtres in-
termédiaires entre ceux des règnes animal et végétal. Il falloit
trois, quatre ou cinq mois pour produire ces fibres.
Si l’on s’obstine à abandonner la croûte muqueuse à elle-
méme , la métamorphose va plus loin, la croûte muqueuse
se couvre de bosses et d’aspérités. En dix ou douze mois
ces bosses s'élèvent en pyramides d’un à deux pouces, qui
MAT 531
deviennent perpendiculaires, sont d’un vert plus foncé vers
leur partie supérieure et latérale qu’au milieu et au bas, et
ressemblent à une gelée assez ferme pour se soutenir dans
l’eau. Si la croûte muqueuse mérite réellement le nom de
plante , elle doit être classée parmi les Tremelles, Il faut pour
obtenir ces résultats laisser la matière verte dans le même vase
sans la déranger. La Tremelle ne se forme pas pour péu qu'il
y ait de mouvement.
La matiere verte est généralement commune dans les bas-
sins des jardins, et entremêlée à La Conferva rivularis, On en
voit aussi dans les cuves en bois qui servent aux arrosemens
du jardin de botanique de Vienne; et plus tard cette matière
verte est remplacée par la Conferva rivularis, dont les fila-
mens observés au microscope paroissent être des tubes trans-
parens, ayant des intersections plus ou moins distantes les
unes des autres. Ces fibres tubulaires semblent devoir leur
couleur aux petits corpuscules verts dont elles sont comme
fareies, et qu’on seroit tenté de prendre pour les restes
des insectes dont la matière verte est composée, ou pour ces
insectes même qui y sont enfermés comme ils le seroient dans
un tube de verre, c’est-à-dire, sans être attachés au tube,
dont on les voit sortir librement et assez souvent , lorsqu'on
observe au microscope les extrémités des fibres coupées.
On placera peut-être les Conferves parmi les Zoophytes,
lorsqu'on sera convaincu que ces corpuscules verts, dont les
fibres de la Conferve sont comme farcies, sont des insectes
morts ou vivans.
« La matière verte de M. Priestley, ajoute M. Ingen-Housz,
« toute composée d'insectes véritables dans le premier temps
« de son existence, se change-t-elle d'elle-même, tantôt en
« Tremelle, et tantôt en Conferve ? Je me contenterai, dans
« Cet abrégé, de la relation du fait tel qu'ilest. ? :
« J'invite, continue M. Ingen-Housz, en terminant son in=
téressant Mémoire, les physiciens asuivre en été les progrès de
cette substance vraiment curieuse, et entiérement négligée
avant M. Priestley, au moins dans l’état où il l’a observée. Mais
si l’on désire abrégerle temps, et obtenir bientôt une quantité
très-considérable de la matière verte de M. Priestley , on
peut suivre la méthode simple de la produire qu’il a indiquée
332 MAT
dans son cinquième volume : elle consiste à mettre dans l’eau
exposée au soleil un morceau de viande, de poisson, de
pomme de terre, ou quelque autre substance putrescible. On
verra bientôt (quoique pas infailliblement) toute l’eau de-
venir verte. En examinant cette eau au foyer d’un bon mi-
croscope, on trouvera que sa couleur est due à un nombre
infini de petits insectes verts, très-manifestement vivans. Ces
insectes sont communément ronds et ovales. ?
Ilest évident, d’après cet extrait du travail de M. Ingen-
Housz, que ce physicien a d’abord connu et fort bien observé
notre matière verte, qui est celle de Priestley ; mais que l’ayant
ensuite perdue de vue, il a pris, comme les sayans dont il
avoit essayé de réfuter les erreurs, des organisations toutes
différentes, et des êtres d’une autre nature, pour les consé-
quences de la matière verte. Les idées d’Ingen-Housz ont été
reproduites sous d’autres formes par M. Agardbh , et l'on peut
reconnoiître en partie les bases du Mémoire qu’a publié le
professeur suédois, sous le titre.de métamorphose des Algues,
dans le Mémoire d’Ingen-Hous.
Celui-ci a vu encore comme Priestley et comme nous,
la matière verte pénétrant une matière muqueuse. Les Os-
ciHlaires n'ayant pas tardé à se développer dans les mêmes
vases et autour des amas de matière muqueuse pénétrée de
matiere verte , il a soupçonné que ces substances s’étoient or-
ganisées en végétaux ; enfin sont venus les Infusoires plus com-
pliqués, remplis, comme nous avous dit que la chose arrive
souvent, de matière verte, etila cru que la matière verte
s'éloit transformée en animaux. Nous avons déjà indiqué la
source de ces erreurs; elles ne prouvent rien contre la saga-
cité des observateurs qui y sont tombés, puisque tous ont par-
faitement décrit une série de phénomènes qu’on retrouve
constamment dans les infusions.
Quant aux animalcules verts qui se développent dans les
infusions de matière animale ou végétale , ou bien à ceux
qui sortent des tubes des Conferves , ni les uns ni les autres
ne sont de la matière verte, et nous devons, pour éviter
toute coufusion, nous étendre un peu sur ce point,
Les tubes des Conferves, et surtout des êtres ambigus-dont
nous avons formé la famille des Arthrodiées, sont générale-
MAT 333
ment veris; vus au microscope, leur couleur paroît d’abord
due à des glomérules de même teinte dont seroït rempli le
tube intérieur quise reconnoît aisément dans la plupart d’en-
tre eux. Ces glomérules sont probablement de la matiere
végétative ou verte , ainsi que l’a pensé Ingen-Housz ; maïs il
ne faut pas confondre , avec cette matière, des corpuscules par-
faitemert globuleux, un peu plus gros que ses corpuseules
ovoides et que nous appellerons corpuscules hyalins, pour in-
diquer leur parfaite translucidité ; ceux-ci, mêlés à la matiere
verte intérieure, se groupent ou se disposent avec elle sous
diverses figures, dont plusieurs peuvent fournir des caractères
génériques et spécifiques excellens. Ce sont eux qui, par
exemple , sont comme enfilés en spirale dans nos Salmacides,
de là tribu des Conjugées. Ces e. hyalins ne sont
peut-être que des globules de gaz pareils à ceux qui montent
à la surface des eaux où l'on tient des Conferves ou des Ar-
throdiées en expérience, et qui fournissoient à Priestiey , à
Sénebier, ainsi qu’à Ingen-Housz, l'air sur lequel ces savans
firent leurs expériences. Ils attribuoient le CN RPC n
de cet air à la présence de la matière verte qui n’en produit
cependant pas.
Ce qui nous a fait naître cette idée, c’est que lorsqu'on ob-
serve au microscope des Arthrodiées, des Conferves, ou toute
autre hydrophyte filamenteuse, tubuleuse et transparente,
qui contient de la matière verte et des corpuseules hyalins ,
si quelque filament vient à se rompre sous l'œil de l’observa-
teur, les globules ovoides de matière verte , qui doivent
avoir un certain poids, se répandent au fond de l’eau comme
le feroit un sédiment, tandis que les corpuscules hyalins s’é-
lèvent a la surface de cette eau, comme le font partout ailleurs
les bulles d'air. Le grand nombre de ces corpuscules hyalins
ou builes ne tarde pas à diminuer et même à disparoître peu
d’instans après avoir été mis en liberté; la matière verte au
contraire demeure et présente les mêmes phénomènes dans
son desséchement que celle qui s’est formée en liberté sans
avoir jamais été captive dans des tubes.
Nos Zoocarpes, véritables propagules ; ou semences végéta-
tivement formées dans les articles des Arthrodiées, agolomé-
ration de matière verte et de corpuscules hyalins , probable-
554 MAT
ment aussi de matière animale développée dans l’intérieur de
l’Arthrodiée, où nos foibles moyens ne nous permettent pas de
la distinguer; nos Zoocarpes, tant qu’ils sont eaptifs et sans
mouvement, se préparent à la vie, comme le papillon s'y
prépare dans l’immobile chrysalide : que manque-t-il donc
à ces Zoocarpes dans la capsule articulaire qui les renferme
pour agir et manifester une vie complète? Est-ce le contact
immédiat de l’eau? Il ne nous est pas donné de l'expli-
quer ; mais si les corpuscules hyalins sont , comme nous avons
de fortes raisons de le croire, des globules de gaz, on s’ex-
plique comment les gaz peuvent entrer sous forme molécu-
laire dans la composition des corps organisés vivans. C’est
à leur présence, sous cette forme globuleuse, que seroit peut-
être due l’élasticité des tissus; et, indépendamment de leurs
propriétés chimiques, ils auroient encore l'usage de petites
vessies compressibles, interposées dans la réunion de la ma-
tiére vivante, végétative et muqueuse, pour compléter l'or-
ganisation. Ici nous arrivons aux limites des connoissances
que nos yeux nous ont pu fournir, et nous nous arrêtons
pour rentrer dans le domaine des réalités.
Ceux qui voudroient connoître exactement lamatière verte
de Priestley, et qui craindroient de confondre celle qu'ils peu-
vent faire développer sous leurs yeux, avec les Oscillaires et
les Conferves qui lui succèdent, ou quis’y mêlent, la retrou-
veront souvent contre les vitres humides des serres chaudes:
celles du Jardin des Plantes particuliérementen sont souvent
colorées vers l’automne, surtout aux lieux où ces vitres pas-
sent l’une sur l’autre par leurs bords. Il faut remarquer
dans cette circonstance qu'il arrive à la matière verte une
chose fort remarquable qui a encore été prise pour une méta-
morphose par certains observateurs, Le même fait a eu quel-
quefois lieu sous nos yeux dans des carafes : pressées les unes
contre les autres dans une légère couche de matière mu-
queuse, qui s’est également développée sur les parois des
vases ou contre les vitres, les moiécules se déforment légè-
rement, et devenant imparfaitement polygones, composent
une petite membrane. mince, qu'on peut préparer sur le pa-
pier comme une véritable Ulve, dont la matière verte prend
alors totalement l'aspect quand on l’examine au microscope.
MAT 355
Il est peu de personnes qui n’aient remarqué dans certains
fossés du pourtour d’une ferme, dans plusieurs ornières des
boues d’un faubourg, dans‘des coins de fosses à fumier, enfin
dans l’eau stagnante et superficielle deslieux voisins deshabita-
tions mal tenues des gens de la campagne, de l’eâu d’un vert
sombre, souvent trés-foncée en couleur, qui s’épaissit quel-
quefois au point de perdre toute fluidité, et d'acquérir la
propriété de teindre les doigts, le papier ou le linge qu’on y
plonge, ainsi que le feroit une dissolution de vert d'iris. Dans
cet état l’eau a contracté une légère odeur de poisson, qui
rappelle celle des parcs où l’on met verdir les Huîtres. Ce n’est
point la matière verte, dans son état primitif et naturel, qui
produit un tel phénomène. Si l’on soumet au microscope une
goutte de cette eau colorée, on la trouve remplie d'Enché-
lides , infusoires du premier ordre que nous établissons dans
la classification de ces animaux, c’est-a-dire du nombre de
ceux qui sont trés-simples, nus, dépourvus de cirres ou d’or-
ganes quelconques visibles même. au microscope; ces Enché-
lides nagent avec rapidité; leur forme est celle d’une poire
alongée, et leur taille est bien plus considérable que celle
des corpuscules constitutifs de la matière verte. Ce sont de
pareils animaux qui, absorbant ou produisant dans leur épais-
seur de la matiére verte, en se formant de matière muqueuse
et de matière vivarte,se retrouvent souvent dans les infusions
artificielles ; cesont eux qui, s'étant développés dans les expé-
riences d’Ingen-Housz , ont porté ce physicien à regarder la
matière verte comme composée d'êtres vivans qu'il appeloit
improprement, des insectes.
On doit remarquer que les animalcules veris sont déja
d’un ordre fort avancé, relativement à ceux qui sont entié-
rement incolores et translucides. Il n’entre dans ces derniers,
que de la matière muqueuse , pénétrée de matiére animale
et de corpuscules hyalins ou gazeux; la matière verte,
soit qu'elle se développe enSuite intérieurement en veriu
du mécanisme de la décomposition de l’eau par la lumière,
soit qu'elle ait été absorbée, apportant une molécule élé-
mentaire de plus, doit augmenter les combinaisons, et de
la ce passage de l’infusoire aux Zoocarpes que nous avons
démontré n'être que les semences ou les propagules vivaus
336 MAT $
d’un tube végétal, alongé sous la forme d'une Conferve.
(Bonx pe Sr. Vincent.) ï |
MATIERES ANIMALES. ( Chim.) Matiéres dont les prin-
cipes ont été unis sous l’influence de la vie d’un animal. Voyez
PRINCIPES IMMÉDIATS ORGANIQUES. { Cu.) | |
MATIÈRES INORGANIQUES. (Chim.) On comprend sous
ce nom les corps simples, et les corps composés dont les prin-
cipes ont été unis sans l'influence de la vie d'un être organisé.
Cette expression est synonyime de corps inorganiques, de corps
bruts. Voyez Corps, tom. V, pag. 520, et Principes IMMÉDIATS
ORGANIQUES. ( CH.)
MATIÈRES ORGANIQUES. (Chim.) Cette expression, op:
posée à celle de matières inorganiques, s'applique aux ma:
tières dont Les principes ont été unis sous l’influerce de la vie
d’un être organisé, soit d'un végétal, soit d’un animal. Voyez
PRINCIPES IMMÉDIATS ORGANIQUES. (CH)
MATIÈRES VÉGÉTALES. (Chim.) On comprend, sous ce
nom, les corps composés dont les principes ont été unis sous
l'influence de la vie d’un végétal. Voyez Pinéfees IMMÉDIATS
ORGANIQUES. (Cx.) |
MATIN (Mamm.), nom propre d’une race du chien domes-
hique:, (EC
MATINA. (Ornith.) La Chesnaye-des- Bois dit, d’après Ray,
que ce nom est donné en Italie a la cane-pétière, ou petite
outarde , ofis tetrax, Linn. (Cu. D.)
MATINALE | Freurj. (Bot.) Les fleurs sont dites nocturnes
ou diurnes, selon qu’elles s’épanouissent la nuit ou le jour,
et les fleurs diurnes sont méridiénres ou matinales suivant
qu’elles s'ouvrent vers le milieu du jour ou le matin; la chi-
corée, le pissentit ont les fleurs matinales. L’ornithogallum um-
bellatum, le mesembrianthemum cristallinum , etc; ont les fleurs
méridiennes. (Mass. ) |
MATISE, Matisia. { Bot.) Genre de plantes dicotylédones ;
à fleurs complètes , polypétalées, irrégulières, de la famille
des malvacées, dela monadelphie polyandrie de Linnæus, offrant
pour caractere essentiel: Un calice d’une seule pièce, de deux
a cinq lobes ; une corolle Composée de cinq-pétales, dont deux
plus courts, un tube à cinq découpures, chargées chacune
d'environ douze anthères sessiles, à une loge; un ovaire supé-
| MAT 337
rieur, entouré par le tube des étamines; un stigmate charnu,
muni de cinq tubercules violettes; une baie à ae loges mo-
nospermes.
Marise EN cœur : Matisia cordata , Humb. et Bonpl., PI.
Æquin., vol.1,pag. 10, tab. 2; Kunth, in Humb., 5, pag. 306.
Arbre d'environ quinze pieds de haut, dont le tronc se divise
à son sommet en un grand nombre de rameaux étalés hori-
zontalement, garnis de feuilles alternes, pétiolées, situées
vers l'extrémité des rameaux, amples, en cœur, larges de dix
pouces, longues de huit, glabres, membraneuses, entières,
aiguës, de couleur verte, à sept nervures saillantes et deux
_ petites stipules aiguës et caduques. Les fleurs sont d’un blanc-
rose, éparses, longues de deux pouces, réfléchies, couvertes
d’un léger duvet , réunies en trois ou six faisceaux petits, pé-
donculés; les pédoncules munis de deux ou trois bractées per-
sistantes. Le calice est un peu charnu , roussàtre, tomenteux
en dehors, pileux en dedans, à deux ou cinq dents inégales ;
la corolle presque labiée, un peu plus grande que le calice,
a cinq pétales, dont trois un peu concaves forment la lèvre
supérieure; les deux autres plus petits, ovales, rétrécis à leur
base ; les filamens plus longs que la corolle, réunis inférieure-
ment en un tube charnu, point adhérent, cylindrique, pul-
vérulent; les anthères réniformes, à deux loges, rapprochées
deux à deux, et environ au nombre de douze sur chaque fila-
ment ; l'ovaire pileux a cinq angles peu saillans. Le fruit est
une baie ovale, de quatre à cinq pouces, entourée à sa base
par le calice, couverte d’un duvet cendré et soyeux, sur-
montée d’un mamelon, divisée en cinq loges, contenant dans
chacune une semence brune, anguleuse , longue d’un pouce.
Cette plante croît dans les vallées chaudes et humides de l’A-
mérique méridionale. Son fruit a le goût de l’abricot, Les
habitans de la Nouvelle-Grenade et du Pérou la cultivent
avec soin. ( Porn.)
MATOU. (Ichthyol.) C’est le nom que l’on donne se
ment à un pimélode de la Caroline, pimelodus catus. Voyez
Pimécone. (H. C.)
MATOUREA.(Bot.) Genre de plantes de la Guiane établi par
Aublet, et le même qué le Vandellia de Vahl, placé à la fin
des personées, Voyez Marounr. (J.)
72 Te
338 MAT
MATOURI, Matourea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la famille
des personées, de la didynamie angiospermie de Linnæus , offrant
pour caractère essentiel : Un calice à quatre divisions pro-
fondes; une corolle monopétale, le tube courbé; le limbe à
deux lèvres, la supérieure bifide ; l'inférieure à trois divisions;
quatre étamines didynames; un ovaire supérieur; un style;
deux stigmates, une capsule uniloculaire, polysperme. Quel-
ques auteurs modernes ont réuni ce genre au Vandellia, dont
il différe à peine.
Maxrourr DEs prés : Matourea pratensis, Aubl., Guian., 2,
pag. 642, tab. 259; Lamck., Ill. gen. , tab. 553; Vandellia pra-
tensis, Vahl, Egl., 2, pag. 48; Dickia, Scopol.; vulgairement
Basiric sAuVAGE. Plante herbacée, qui s’éléve à la hauteur d’en-
viron deux pieds sur plusieurs tiges tétragones, rameuses,
garnies de feuilles opposées , ovales oblongues, un peu aiguës,
dentées en scie , médiocrement velues, soutenues par de courts
pétioles, longues d'environ un pouce et demi. Les fleurs sont
axillaires , ordinairement solitaires, de couleur bleuâtre; à
calice velu ; ayantles découpures ovales, alongées, acuminées,
persistantes ; le tube de la corolle est beaucoup plus long que le
calice ;la lévresupérieure du limbe relevée, bifide: l'inférieure
à trois lobes ovales, obtus, inclinés; celui du milieu un peu
plus long ; les deux éfamines sont plus longues surpassent le tube
de la corolle; elles sont arquées et portent des anthères, ovales,
à deux lobes; l'ovaire est supérieur, le style de la longueur
des étamines; le stigmate à deux lames. Le fruit est une capsuie
oblongue, bivalve, à une seule loge au centre de laquelle est
un placenta dl chargé de semences nombreuses très-
menues. Cette plante croît dans les terrains humides, à l'ile
de Cayenne. (Poir.)
MATRA-MARELO, SAKSOK (Bot.), noms sous lesquels est |
désignéà Java, suivant Burmann, leverbesina lavenia de Linnæus.
(J.)
MATRAS. (Chim.) C’est un vaisseau de verre de forme sphé-
roïidale à long col.(Cx.)
MATRELLA. (Bot.) Ce nom a été donné par M. Persoon à
l'agrostis matrella, de Linnæus, plante graminée qu'il regar-
doit comme genre différent, en quoi il étoit d'accord avec
MAT 339
Wiälldenow, qui a établi ee genre sous lenom de ee main-
tenant admis. Voyez Zoysta. (J.)
MATREME, Matrema. ( Polyp. ) M. Rafinesque a nb ce
nom (J. de Physiq., tom. 88 , pag. 428) , pour désigner un
genre de poiypiers fossiles qu'il dit être de la famille des tu-
biporites , et auquel il donne pour caractères : Corps pier-
reux, composé de plusieurs tubes articulés, libres ou réunis;
articulations imbriquées; ouverture terminale, campanulée,
ayant un centre mamelliforme. Il cite dans ce genre trois es-
pèces : Matremastriata, crenulata, rugosa, mais qu’il ne définit
pas. Il n’en indique pas même la patrie. (De B.)
MATRICAIRE, Matricaria. (Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs composées, de la famille des corymbiféres ,
de la syngénésie polygamie superflue de Linnæus, offrant pour
caractère essentiel : Un calice imbriqué, hémisphérique; des
fleurs radiées; Les fleurons hermaphrodites; les demi-fleurons
oblongs, femelles, fertiles; cinq étamines syngénèses;un ovaire
supérieur; un style; deux stigmates; des semences oblongues;
dépourvues d’aigrettes; le réceptacle nu, convexe.
Ce genre a plus ou moins d’étendue, suivant les auteurs.
Les uns y réunissent les chrysanthemum de Linnæus qui n’en
différent que par les écailles du calice scarieuses à leurs bords;
d’autres ont établi le genre Pyrethrum qui se compose en
grande partie de plusieurs espèces des deux premiers genres
dont elles différent par leurs demi-fleurons terminés par trois
dents, et par lessemences surmontées d'une membrane sai!-
lante , souvent dentée. Quoique les matricaires soient plus gé-
néralement considérées comme plantes médicales, cependant
on les cultive dans plusieurs jardins comme plantes d'ornement,
surtout le matricaria parthenium. (Voyez CarysanTaème et Py-
RÈTHRE.)
MATRICAIRE OFFICINALE : Matricaria parthenium, Linn.; Pyre-
thrum parthenium, Smith, Bull. Herb., tab. 203; Fuchs, pag. 48,
tab. 45. Optima. Cette plante a donné le nom au genre que
nous traitons, a cause de son emploi dans les douleurs de la
matrice.Ses tiges sont nombreuses, droites, fermes, canneléess,
hautes d'environ deux pieds; les feuilles alternes, pétiolées,
assez larges, ailées, composées de pinnules pinnatifides dont
les divisions sont incisées , un peu obtuses, d’un vert tendre,
22»
340 MAT
légèrement velues. Les fleurs naissent à l'extrémité des tiges
et des rameaux sur des pédoncules disposés en: CONTES de :
grandeur médiocre, jaunes dans leur disque, blanches à leur
circonférence: les écailles du calice sont étroites, les inté-
rieures un peu scarieuses sur leurs bords.
Cette plante croît aux lieux incultes et pierreux de l'Europe.
On la cultive dans la plupart des jardins, tant à raison de ses
propriétés médicales, que pour la décoration des parterres :
les fleuristes recherchent particulièrement une de ses va-
riétés à fleurs doubles. La matricaire a une odeur forte , péné-
trante, un peu désagréable, une saveur amère , d’où résultent
ses propriétés antispasmodiques, stomachiques, diurétiques,
emménagogues, résolutives, etc. C’est principalement sur les
organes dans un état d’atonie qu’elle agit avec plus d’efficacité.
Dans tout autre cas, surtout dans les affections utérines qui
résultent d’un excès d'action, d’un état pléthorique, la ma-
tricaire seroit plus nuisible qu’utile, d’après les observations
de M. Alibert. On l’administre intérieurement en poudre, en
décoction, en infusion, ou bien on en fait prendre le suc cla-
rifié : on la donne en lavemens, surtout pour les maladies de
la matrice. Simon Paulli recommande aux personnes qui sont
exposées à la piqûre des abeilles de se munir d’un bouquet
de matricaire pour chasser ces insectes, que l’odeur de cette
plante met en fuite.
MATRICAIRE CAMOMILLE : Matricaria camomilla , Linn. ; Lobel,
Tcon., 770, fig. 1; Dodon., Pempt., 257. I1ne faut pas confondre
cette espèce avec la vraie camomille, connue sous le nom de
camomille romaine , anthemis nobilis, Linn.; elle ressemble un
peu à la camomille puante; mais son réceptacle n’est pas garni
de paillettes; son odeur est foible ,point désagréable. Ses tiges
sont striées, souvent rougeàtres, hautes d'environ un pied et
demi, garnies de feuilles glabres, sessiles, d’un vert gris, deux
fois ailées, découpées très-menu; les folioles linéaires, aiguës,
simples, ou bien à deux ou trois divisions; les fleurssolitaires,
à l'extrémité des rameaux, formant par leur ensemble une
sorte de corymbe; leur disque est jaune; leurs demi-fleurons
sont blancs; les folioles du calice lancéolées, un peu obtuses,
presque égales, un peu scarieuses sur les bords. |
Cette plante croît en Burope dans les champs cultivés. Quoi-
MAT 34
queinférieure en qualité à la camomille romaine , on l’emploie
quelquefois aux mêmes usages. Ses fleurs ont une odeur légère-
ment aromatique et une saveur mucilagineuse. Elles donnent
par la distillation une huile essentielle d’une couleur bleue
tres-agréable, semblable à celle du saphir.
MATRICAIRE ODORANTE ; Matricaria suaveolens, Linn. Cétte
plante est d’une odeur suave et pénétrante. Ses racines pro-
duisent des tiges grêles, tres-ramifiées, paniculées, un peu
striées, hautes d'environ un pied; garnies de feuilles lâches,
alternes, sessiles, finement découpées, les inférieures double-
ment ailées, à découpures linéaires, simples ou bifides; les su-
périeures trés-souvent une fois ailées. Les fleurs, petites, soli-
taires , situées à l'extrémité de rameaux dénués. de feuilles.
a leur partie supérieure, ont le disque jaune, les demi-fleu-
rous blancs et renversés, les folioles du calice obtuses et sca-
rieuses à leurs bords, le réceptacle conique, fort alongé. Cette
plante croît en Europe. (Porr.)
MATRICE, Ulerus. (Mamm.) On donne ce nom à une dé-
pendance des organes de la génération qui existe spécialement
chez. les femelles de mammifères. C’est un viscère creux ,mus-
culo-membraneux et vasculaire, destiné à loger les fœtus de-
puis le moment de la conception jusqu’à celui de la naissance,
et a leur fournir pendant ce temps les fluides nécessaires à
leur nutrition.
> E
La matrice est située dans la cavité pelvienne ou du bassin,
entre la terminaison du canal intestinal et la vessie urinaire.
Sa forme, toujours symétrique, est fort variable dans les di-
verses espèces d'animaux. L'on y distingue son corps ou par-
tie principale, et son col ou prolongement postérieur. Son
volume, trés-peu remarquable dans l’état de vacuité, prend
dans le temps de la gestation un développement d'autant plus
considérable que le terme de celle-ci est moins éloigné. Elle est
fixée aux deux côtés du bassin par deux replisdu péritoine ap-
pelésimproprement ligamens larges ou sous-lombaires, et aussi
par plusieurs autres liens nommés ligamens ronds ou cordons
suspubiens, ligament antérieur et ligameut postérieur.
Hors de l’épgque de la gestation, la cavité intérieure de le
matrice est fort petite, surtout relativement à l'épaisseur de
ses parois. Cette cavité, dans le plus grand aombre de femelles
342 MAT
de mammiféres, communique au dehors par une seule ouver-
ture, le museau de tanche, qui s'ouvre dans le fond d’un
tube cylindrique, dilatable , plus ou moins long, ou le vagin,
lequel aboutit extérieurement à la vulve. Dans sa partié an-
térieure , l'utérus est bifurqué et reçoit au fond de chacune des
bifurcations nommées cornes de la matrice, un canal de lon-
gueur variable, plus ou moins sinueux, flottant dans l’abdo-
men, placé le long du bord supérieur et dans la duplicature
du ligament large. Ces conduits, nommés trompes utérines
ou trompes de Fallope, débouchent d’une part dans la cavité
de la matrice, et de l’autre se terminent par un évasement
béant dans la cavité abdominale, en forme de cornet découpé
sur ses bords, et qui reçoit les noms-de pavillon de la trompe
ou de morceau frangé.
C’est dans le pavillon des trompes que tombent les ovules
détachés des ovaires, lesquels sont situés en regard de son
ouverture. Ces ovules descendent dans Iles trompes, et,
arrivés à la matrice, y séjournent, s’y développent et y mon-
trent bientôt les fœtus apparens. Lorsque les ovules tombent
dans la cavité abdominale, au lieu de prendre la route des
trompes, ils donnent lieu à la grossesse extra-utérine. Quel-
quefois ils se développent dans les trompes mêmes, et non
dans J’utérus, et souvent aussi dans les cornes, dont le vo-
fume est ordinairement en sens inverse de celui du corps de
la matrice, c’est-a-dire plus considérable lorsque ce dernier
est tréspetite el vice versä.
La matrice est composée d’une membrane extérieure ou
séreuse qui est la continuation du péritoine, d’une mem-
brane muqueuse intérieure, et d’un tissu particulier inter-
médiaire fort épais, élastique, à texture dense et serrée,
composé de fibres dont la disposition n’a pu encore être bien
observée, et pourvu d’un très-grand nombre de vaïsseaux
sanguins, de vaisseaux lymphatiques et de nerfs. Ce tissu dans
la grossesse paroît devenir véritablement fibreux, et dans lac-
couchement, sa contraction trés-puissante est la cause déter-
minante de l’expulsion des fœtus.
Les artères de la matrice provenant des sperhatdéek et
d’une branche des hypogastriques, l’utérine, ont de nombreuses
anastomoses entre elles et sont trés-flexueuses, Ses veines
MAT 343
suivent à peu prés le même trajet, mais sont encore plus
flexueuses. Ses nerfs viennent des plexus sciatiques et hypo-
gastriques. Ses vaisseaux lymphatiques sont très-multipliés et
acquièrent un gros volume dans le temps de la gestation. Tous
ces organes sont soutenus à leur origine entre les deux lames
du péritoine, qui forment les ligamens larges, et qui con-
tiennent aussi les trompes de Fallope.
Dans la femme, le corps de la matrice est de forme ovale
un peu aplatie et plus large vers son fond. Son col est à peu
près cylindrique. Sa cavité est petite et à peu prés triangu-
laire; ses deux angles supérieurs conduisent dans les trompes
chacun par une ouverture très-fine , et l’antérieur au museau de
tanche par une fente transversale. Les cornes de la matrice
(ad uterum, Geoffr.) sont dans un état minime et rudimen-
taire.
L’utérus des femelles de singes et de bradypes a beaucoup
de ressemblance avec celui de la femme, seulement sa forme
générale chez les premières est ordinairement plus alongée,
son corps plus arrondi et son col distingué par un étrangle-
ment plus ou moins marqué : dans les secondes il est à peu
près triangulaire.
Les makis parmi les quadrumanes, les carnassiers excepté
les marsupiaux, la plupart des rongeurs, les pachydermes,
les ruminans et les cétacés ont au contraire un utérus plus
compliqué. La partie qui répond au col est simple mais le
corps est constamment séparé en deux cornes, soit dans une
partie de son étendue, soit dans toute sa longueur. Il est peu
divisé dans les makis et semble seulement bilobé; mäis, dans
les autres mammifères qu’on vient de nommer, les cornes sont
ordinairement fort alôngées, et elles excédent souvent trois
fois, et même plus, la longueur du col. Ce dernier est réduit à
presque .rien dans l’agouti, le paca et le cobaye cochon
d’Inde. Dans le lièvre et le lapin il n’y a pas de col de ma-
trice ni de museau de tanche, et chaque corne forme un sac
séparé qui a dans le fond du vagin un orifice distinct, d'où il
suit qu’on peut considérer leur matrice comme double.
Les organes femelles des marsupiaux du genre Didelphe se
composent d’un large canal membraneux , qui aboutit à la
vulve, et dans le fond duquel viennent déboucher deux autres
544 MAT
canaux assez étroits, arqués en anse de panier, et qui se ren-=
dent, par leur extrémité opposée , à une cavité commune, di-
visée en deux çornes, et recevant dansson fond les deux trompes
utérines.Jusqu’a ce jour on avoit donné le nom de vagin au canal
extérieur, celui de matrice à la cavité commune, où se rendent
les deux canaux en anse de panier, et ces derniers n’avoient
pas reçu de désignation particulière. M. Geoffroy Saint-Hi-
laire vient de démontrer la véritable analogie de ces parties
dans l’article Marsurraux de ce Dictionnaire. (Voyez ce mot.)
I1 les considère comme ayant la plus grande analogie avec
celles des oiseaux, et conséquemment il rapporte ce qu’on a
nommé vagin, au canal qu'il appelle urétro-sexuel dans ces
animaux, ou à la fosse naviculaire des mammifères; il re-
garde comme étant des vagins les deux canaux en anse de
panier, et fait voir que la prétendue matrice n’est que le
résultat de la greffe par approche de ces deux canaux. Cette
cavité dans les femelles vierges est partagée en deux, longi-
tudinalement, dans son milieu, par un diaphragme qui se
détruit par la gestation, et dont les débris laissent un raphé
lorsqu'elle est devenue commune chez les femelles qui ont
mis bas. Lorsque ce diaphragme existe, chacun des vagins se
continue par une matrice à peine plus renflée et par la
trompe qui en est la suite, jusques prés de l'ovaire.
Les plus grands rapports existent entre cette organisation
et celle qui est propre aux femelles. de lapins , de lièvres, et
d'oiseaux: ‘ |
Dans l’ornithorhynque et l’échidné , le canal urétro sexuel,
selon M. Geoffroy, ou le vagin, suivant sir Everard Home et
M. Duvernoy, présente dansson fond deux orifices de canaux
encore plus semblables aux oviductus des oiseaux , lesquels
sont égaux entre eux, bien séparés et trés-distans, renflés
dans la partie inférieure, qu’on peut, à cause desa fonction ,
appeler du nom de matrice, et plus minces dans. la supérieure
ou l’antérieure qui représente la trompe de Fallope.
Les parois de l'utérus n’ont pas toujours la même struc-
ture, et leur épaisseur n’est pas proportionnelle dans les.
différentes espèces de mammiferes. Ce n’est guère qué dans
les femelles de singes qu’elles paroïissent aussi épaisses et aussi
denses que chez la femme. Mais, dans toutes les autres, elles.
MAT 345
sont beaucoup plus minces, et surtout dans celles des ani-
maux à bourse. Dans les grands animaux à matrice double ou
à grandes cornes, les fibres musculaires sont plus apparentes
que dans celles de la femme, ou des petites espèces de qua-
drupèdes. Dans les ruminans , les parois internes de l'utérus
présentent de gros mamelons appelés cotylédons, sur lesquels
se fait l'application du placenta des petits, et qui sont d'autant
plus considérables que les femelles ont eu plus de gestations.
Tout ce que nous venons de dire de la matrice des mam-
mifères se rapporte à l’état de vacuité de cet organe. Aprés
la conception elle change de forme et de volume dans un
temps variable , selon les espèces. Chez la femme elle devient
presque globuleuse dans sa totalité; et ses parois, à son der-
nier degré d’extension, sont fort amincies; son tissu est de-
_ venu spongieux par le développement et la dilatation des
vaisseaux (surtout les veines) qui entrent dans sa composi-
tion ; des fibres musculaires se sont évidemment formées dans
son épaisseur, et affectent des directions très-variées, mais
qui sont en général disposées de manière à resserrer la ma-
trice dans tous ses points, lorsqu'elles se contractent à l’é-
poque de l’accouchement.
Les modifications dans la structure de la matrice sont en
général les mêmes dans les femelles de mammifères que chez
la femme; mais les fibres musculaires, au lieu de se renfor-
cer, s'amincissent. Quant à la forme , elle varie. Dans les ma-
trices à grandes cornes , les changemens de figure de cet
organe différent suivant qu’il y a plusieurs petits dans chaque
corne, ou qu'il n’y en a qu’un dans une corne, ou que l’u-
nique fœtus est contenu à la fois (comme chez la vache) dans
une des cornes et dans le col de la matrice.
Les fonctions principales de l’utérus consistent à conserver
les petits pendant un temps plus ou moins long , en leur four-
nissant les fluides nécessaires à leur nutrition et à leur déve-
loppement; fluides qui sont absorbés par un organe particu-
lier à ces petits, le placenta. Cette absorption se fait avec
l'intermédiaire des enveloppes propres des fœtus , qui n’em-
pêchent en aucune manière l’arrivée du sang artériel de la
mère aux artérioles du placenta , et le retour du sang vei-
neux de ce même placenta aux veinules de l’utérus,, Une autre
346 MAT
fonction de cet organe est d’expulser par sa contraction propre
les fœtus, lorsqu'ils sont à terme. Enfin , dans plusieurs es-
péces, l'utérus devient un organe ÉrÉtE ur de sang artériel,
à des époques plus ou moins éloignées, mais réguliéres, et
l’on observe Hits ces époques sont celles où les femelles sont
surtout aptes a la génération.
La matrice est représentée dans les animaux vertébrés
ovipares, par la portion inférieure de leurs oviductus; mais
cette partie n’est pas un lieu de séjour pour les fœtus , et si
quelquefois elle conserve dans les reptiles et les poissons les
ovules ou les œufs, assez long-temps pour Que les petits y
éclosent , elle ne leur fournit en aucune manière les fluides
nourriciers dont ils ont besoin pour se développer.
Enfin on a nommé matrice, dans plusieurs crustacés, cer-
tains lieux de dépôt pour les œufs, certaines cavités ou poches,
tantôt dorsales, tantôt ventrales, où ces œufs sont placés aprés
être poadus jusqu’au moment de leur éclosement; maiscette
dénomination est également inexacte, en ce que les organes
auxquels elle est appliquée n’exercent point la fonction prin-
cipale de l'utérus. (Desu.)
MATRICE. ( Min.) On donne quelquefois ce nom à la roche
ou à la substance minérale qui en enveloppe une autre. C’est
une expression synonyme du mot gangue, dans l’acception que
nous lui donnons en françois, expression doublement impropre
en ce qu’elle est appliquée dans le régne organique à un organe
qui n'a aucune analogie avec cette enveloppe pierreuse, et
parce qu’elle pourroit faire croire que cette enveloppe a une
influence de création, de nutrition ou de développement sur
le minéral qu’elle renferme. On ne s’en sert plus dans les ou-
vrages où l’on cherche à introduire de la précision dans les
idées et dans leur expression. (B.)
MATRICE DE GEROFLE, MÈRE DE GEROFLE. (Bot.)
C’est le fruit du geroflier, parvenu à maturité, nommé aussi
ANroPHyLLe. Voyez Ce mot.(J.) |
MATRI SALVIA. (Bot.) Le botaniste Columna nommoit
ainsi la grande sclarée. (J.)
MATRISYLVA. (Bot.) Ce nom a été donné par Tragus et
Cordus au muguet des bois, asperula odorata, que Gesner, cité
par C. Bauhin, dit être l’alyssum de Pline. Le matrisylva est
MAT | 347
cité dansles tivres de matiére médicale; on lui attribue la vertu
de résoudre les obstructions du foie et de guérir la jaunisse;
mais ces vertus ne sont pas bien constatées, et cette plante est
peu usitée. (J.)
MATSCH, (Mamm.) nom du chat domestique en Tartarie.
(F. C.)
MATSIBUS.(Bot.) La plante ainsi nommée au J apon, PACE"
Kæm pfer , est le gnaphalium arenarium. (J.)
MATSJADADA. (Bot.) Voyez Mix-AnGant. (J.)
MATS-KASE-SO (Bot.), nom japonois de la rue, rula gra-
veolens, suivant M. Thunberg. (J.)
MATTA-CAVALLO. (Bot.) Les Espagnols de Saint-Domingue
donnent ce nom au lobelia longiflora, plante que l’on redoute
dans les prairies, comme trés-nuisible aux chevaux. (J. )
MATTA-CUTTU. (Bot.) Voyez Cossrr. (J.)
MATTÉ (Bot.) , nom donné dans le Brésil à l'herbe du Para-
guay. (J.)
MATTHIOLA. (Bot. JV ds Marrioze et Guerranps. (Poir.)
MATTHIOLE, Matthiola. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurscomplètes , polypétalées, de la famille des cru-
ciféres, de la fétradynamie siliqueuse de Tinnæus, très-voisin
des cheiranthus, dont il différe par le stigmate et les cotylédons.
Son caractère essentielconsiste dans : Un calice fermé, à quatre
folioles, dont deux renflées à leur base; quatre pétales en
croix , onguiculés; six étamines libres , tétradynames , sans
dents; les plus longues, un peu dilatées ; un ovaire supérieur
alongé ; un style presque nul; un stigmate à deux lobes con-
nivens, renflés sur le dos, ou munis d’une pointe; une silique
arrondie ou comprimée , alongée , bivalve, à deux loges, cou-
ronnée par le stigmate; les semences comprimées, Lis HE
échancrées, placées en un seul rang.
Le nom de matthiola avoit été employé par Linnœus pour
un genre de plantes que l’on a depuis reconnu pour appar-
tenir au guettarda, auquelil a été réuni. D'après cette réforme,
Rob. Brown a appliqué le nom de matthiola à un autre genre
établi pour un grand nombre d’espèces placées parmi les chei-
ranthus de Linnæus (Grroriée) , réforme qui ne peut être au-
torisée qu’à raison des espèces très-nombreuses de ce dernier
genre. Il suit de la que notre giroflée des jardins (cheiranthus
7
SD: MAT
incanus, celle nommée quarantaine ( cheirantus annuus), et les
Cheiranthus fenestralis, sinualus, tricuspidatus, etc. , doivent être
rapportés à ce genre. (Voyez Girortée.) Parmi les autres es-
péces on distingue :
MaxïTaioce ELLIPTIQUE : Matthiola elliptica, Rob. Brown, in
Salt. Voy. Abyss., App., pag. 65; Dec., Syst. , 2, pag. 167. Plante
découverte dans l’Abyssinie , au pied du mont Tarente. Sa tige
est tortueuse , ligneuse à sa base; ses rameaux cylindriques, as-
cendans, pubescens et blanchàtres; ses feuilles alternes, pétio-
lées, couvertes d’un duvet blanchâtre et cotonneux, molles,
elliptiques, rétrécies à leurs deux extrémités, entières ou mé-
diocrement dentées ; les fleurs odorantes, disposées en grappes
opposées aux feuilles, longues de six à huit pouces; les calices
pubescens; les pétales élargis en ovale renversé à leur limbe,
un peu obtus, presque tronqués; les siliques cylindriques, to-
menteuses, couronnées par deux stigmates épais.
MarrnioLe ACAULE : Matfhiola acaulis, Dec., Sysk., 2 , pag. 168.
Fort petite plante originaire de l'Egypte, couverte d’un duvet
blanchâtre et cendré. Sa racine est grêle, simple, perpeñdicu-
laire ; ses feuilles sont toutes radicales, linéaires, dentées,
sinuées, longues d’un demi-pouce ; les fleurs disposées en une
grappe presque radicale, peu garnie; le calice est hérissé ; le
limbe des pétales ovale.
Marrmore ecurrre; Matthiola tenella, Dec., Syst., 2, pag. 169.
Plante de l’ile de Chypre, découverte par M. de Labillardière;
ses tiges sont droites, grêles, herbacées , presque simples, cou-
vertes, ainsique toute la plante, d’un duvetmou et blanchâtre,
garnies de feuilles cblongues, radicales, pétiolées, dentées , si-
nuées, longues d’un pouce; les grappes sont terminales; le calice
est velouté; la lame des pétales oblongue, obtuse; l'ovaire velu;
le stigmate à deux lobes rapprochés.
MarTHioLE TORULEUSE : Matthiola forulosa, Dec., Syst. , 2,
pag. 169; Cheiranthus torulosus, Thunb., Prodr., 108. Plante du
cap de Bonne-Espérance, dont la tige est droite, cylindrique,
rameuse à son sommet, pubescente, un peu rude, longue d’un
à deux pieds, garnie de feuilles linéaires, entières ou un peu
siuueuses, tomenteuses, les inférieures ad de deux pieds;
les grappes sont alongées, chargées d’un duvet glanduleux; les
pédicelles très-courts, épais; les fleurs petites, à calice velouté,
MAT 349
et pétales ovales, oblongs. Les siliques sont cylindriques, un
peu toruleuses légèrement pubescentes et glanduleuses , lon-
gues de deux pouces.
Marrxioce pe Tararie : Matthiola tatarica , Dec., Syst., 2,
pag. 170; Hesperis tatarica, Pall., Itin., 1, App. 117, tab. O.
Ses racines sont fusiformes, un peu charnues, tomenteuses à
leur collet; les tiges simples, droites, ou à peine rameuses,
glabres, hautes d’un à trois pieds; les feuilles ovales, oblongues,
aiguës, blanchâtres et pubescentes, irréguliérement dentées
ou roncinées, ou presque pinnatifides; les radicales pétiolées ;
les grappes alongées; les pédicelles très-courts; le calice blan-
_châtre et velu; les pétales oblongs, obliques; les siliques
droites, glabres, longues de deux pouces, un peu toruleuses,
surmontées d’un stigmate sessile, à deux lobes rapprochés,
un peu épais sur leur dos. Cette plante croît dans les Fantrées
méridionales de la Tartarie.
Marruioce oporANTE: Matthiola odoratissima, Brow., in Hort.
Kew., édit. 2, vol. 4, pag. 120; Bot. Magaz. , tab. 1711; Chei-
ranthus odoratissimus , Bieb., Casp., pag. 110; Hesperis odoratis-
sima, Poir., Encycl. Suppl. Cette espèce a des tiges un peu li-
gneuses, rameuses à leur base, blanches et tomenteuses ainsi
que toute la plante; les feuilles très-variables, alongées, la plu-
part sinuées, presque pinnatifides, à découpures obtuses, en-
tiéres, d’autres profondément pinnatifides ou inégalement
. dentées, quelquefois simples, entières, surtout les infé-
rieures ; les grappes droites, chargées de fleurs d’un blancsale,
ou d’un brun pourpre, trés-odorantes vers le soir; le calice
blanchâtre, hérissé : les siliques comprimées, longues de deux
pouces, tomenteuses, terminées par un stigmate épais, à deux
lobes. Cette plante croît sur les collines arides, dans la Tau-
ride et les contrées septentrionales de ia Perse.
MARS EN CORNE DE CERF : Mafthiola coronopifolia, Dec.,
Syst., 2, pag. 173; Cheiranthus coronopifolius, Sibth., Flor.
4 tab. 637 ; Barrel., Icon. , tab. 999, fig. 1-2. Ses tiges
sont droites, rameuses a leur base ; ses feuilles linéaires, blan-
châtres, RUE pinnatifides; à lobes courts et entiers : ses
fleurs distantes, presquesessiles ; à pétales oblongs, ondulés, d’un
pourpre vineux. Les siliques sont droites, un peu toruleuses,
terminées à leur sommet en trois pointes égales, Cette plante
3 50 MAT |
croît sur les montagnes, en Sicile, auxenvirons d'Athènes, en
Espagne, etc. (Porr.)
MATTI. ( Bot.) Selon Bosc, c’est une ‘espèce de truffe qui croit
en Chine, et qui y est fort recherchée. ( Leu.)
MATTIA. (Bot.) Genre établi par Schultz pour le cynoglos-
sum umbellatum. Voyez Cynoczosse. (Por. )
MATTI-GONSALI (Bot.), nom brame du CaTru-Picinna de
Malabar. Voyez ce mot. (J.)
MATTKERN. (Ornith.) Ce nom et celui de matkneltzel sont
donnés en allemand à une espèce de poule-sultane ou por-
phyrion , gallinula erythra de Gesner. (Cu. D.)
MATTKNILLIS (Ornith.), nom allemand de la bécassine
commune, scolopax gallinago , Linn. (Ca. D.) |
MATTOLINA. ( Ornith.) Ce nom, suivant Cetti, pag. 156,
est donné en Sardaigne à l’alouette des bois ou cujelier,
alauda arborea, Linn. (Cn.D.)
MATTUSCHK.ÆA.(Bot.) Schreber,regardantcomme barbare
le nom perama, donné par Aublet à un de ses genres de la fa-
mille des verbenacées, lui a donné celui de maftuschkæa. I à fait
beaucoup de substitutions pareilles de noms qui certainement
ne sont pas préférables à ceux qu'il supprime, et qui consé-
quemment peuvent sans inconvénient n’être pas adoptés.
Le mattuschkia de Gmelin est le même que le saururus cer-
nuus, suivant Michaux. Voyezles articles PÉRAUE et LEZARDELLE,
(J.)
MATUITUI. (Ornith.) Marcgrave et Pison polont à sous ce
nom d'oiseaux fort différens: l’un, décrit et figuré par Marc-
grave, p. 217, et par Pison, p.95, est évidemment un alcyon
ou martin-pêcheur ; le second , dont la description et la figure
se trouvent dans Marcgrave, p. 191, et dans Pison, p. 88,
est le curicaca ou matuiti des rivages, dont il a été question
ci-dessus au mot Masarino; etle troisième, Marcgr., p. 199 ,.est
rapporté par Buffon au pluvier à collier. (Cx. D.)
: MATULERA (Bot.), nom vulgaire du phlomis lychnitis, dans
les montagnes de la Sierra Morena en Espagne, où il est trés-
commun, suivant Clusius. (J.)
MATUREA. (Bot.) Voyez Marou. (Por)
MATUTE, Matuta. (Crust.) Genre de crustacés brachyures
établi par Fabricius , d’après Daldorff, et que M. Latreille
MAU | 351
place dans sa famille des nageurs, parce que tous les pieds
des espèces qu’il renferme, à l'exception desserres, sont ter-
minés en nageoire. Voyez l’article Maracosrnacés, t. XX VIII,
p.226. (Desm.)
| MATUTU. (Ornith.) Ce nom est donné à Tomogui, suivant
le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle , au pigeon cou-
ronné des Grandes-Indes, ou goura. (Ca. D.)
MATZATLI (Bot.), nom mexicain de l'ananas cité par Her-
nandez. (J.)
MAU. (Bot.) Voyez Mawca. (J.)
MAUBEÈCHE. ( Ornith.) L'auteur de cet article a inséré dans
le tome 1V.° de ce Dictionnaire, pl, 189, au mot Bécasse,
un tableau d'oiseaux riverains que Linnæus avoit compris
daus ses deux genres Scolopax et Tringa, et qu’il proposoit de
subdiviser en huit genres, parmi lesquels se trouvoit celui
des maubèches; mais divers auteurs, et notamment Meyer,
Leisler, Montagu , et MM. Cuvier, Temminck et Vieillot se
sont depuis ce temps occupés, d'une manière spéciale, de
ces oiseaux dont le plumage , sujet à de nombreuses varia-
tions, a donné lieu à beaucoup de doubles emplois; et, tandis
que M. Cuvier avoit essayé d’y établir des coupures , M. Tem-
minck a prétendu, dans la seconde édition de son Manuël,
p. 609, que si ce savant avoit été à portée de voir vivans ou
fraichement tués plusieurs fissipèdes dont il forme des genres nou-
veaux, et d'observer leurs mœurs , il auroit certainement aban-
donné cette idée. Le mêmeauteur à, de son côté, réuni plu-
sieurs oiseaux riverains, notamment les maubéches , sous la
dénomination de Bécasseaux, et il a annoncé qu'à l'exception
d’une espèce , il connoissoit la livrée d’hiver de toutes les
autres. Il est résulté, de sa distribution , des noms peu d'accord
avec ceux qu’il faudroit adopter, soit pour l’arrangement
méthodique de M. Cuvier, soit pour les divisions proposées
dans le tableau dont on a parlé; et, d’une autre part,
M. Vieillot , en établissant, sous les noms françois et latin de
fringa, un genre qui renferme aussi les maubèches, n'a pas
adopté la nomenclature de M. Temminck, et a combattu
quelques unes de ses assertions. Ces motifs ont paru suflisans
pour ne pas s’exposer à introduire de nouvelles discussions
dans une matière déjà si embrouillée; et, sans faire quant à
352 MAU
présent un genre particulier des maubèches , on se bornera à
dire que M. Cuvier, èn proposant pour ces oiseaux le nom de
calidris , leur assigne les caractères suivans : Bec déprimé au
bout, et en général pas plus long que la tête; sillon nasal
très-prolongé; doigts légérement bordés sans palmures entre -
leurs bases; pouce touchant à peine la terre; jambes médio-
crement hautes; taille raccourcie, plus petite que celle des
barges, et port plus lourd.
Les espèces désignées par le même naturaliste sont: 1.° La
GRanoE MauBècxe Grise ( Sandniper et Canut des Angloïis,
Tringa grisen et tringa canutus ), représentée sous son plumage
d’hiver dans Edwards, pl. 276, et dans les planches enluminées
de Buffon , n.° 566. Cet oiseau, presque de la taille d’une bé-
cassine , est cendré en dessus, blanc en dessous, tacheté de
noirâtre devant le cou et la poitrine, et il a le croupion et
la queue blancs, rayés de noirûtre.
2.° La Pertre MAUBÈCHE GRISE, Tringa arenaria, ou canut,
Brit. Zool., pl. C, 2; laquelle, de moitié plus petite que la
précédente, est dessus le corps et en dessous de la même cou-
leur, et a dés nuages gris sur la poitrine. |
Cette courte énonciation est suivie de la remarque que la
maubéche proprement: dite, calidris de Brisson , tome 5,
pl. 20, fig. 1, est la même que le chevalier varié, pl. enl.
300, qui est un combattant; que la maubéche de l'Histoire
naturelle ,tom. 7 in-4.°, pl. 31, est la maubèche grise , et que
la maubèche tachetée , fringa nævia, pl. enl. 365, paroit
n'être que la maubèche rousse, tringæislandica , en mue, les-
quelles ne sont regardées par M. Temminck que comme le
premier âge de la maubéche grise. Voyez Trinea. (Cu. D.
MAUCE. (Ornith. ) La Chesnaye-des-Bois, et, d’après lui,
des ornithologistes plus modernes, citent ee mot comme sy-
nonyme de mouelte, tandis qu’il n’est probablement qu’une
corruption de mauve. ( Cu. D.)
MAUCHARTIA. (Bot.) Voyez KuxDmannrA. (J.)
MAUCOCO. (Mamm.) Voyez les articles Maxr, Mococo.
(Desm.) |
MAUDUI. ( Bot.) C’est le pavot coquelicot. (L. D.)
MAUDUYTA. (Bot.) Dans les manuscrits de Commerson et
dans son herbier on trouve sous ce nom un arbre qui est le niola
MAU 353
de M. de Lamarck, et qui paroïit le même que le karim-niota de
l’Hort. Malab. Ce genre doit être réuni au samadera de Gært-
ner, ou vitmannia de Vahl et de Willdenow, qui se rapporte à
la mstelle famille des simaroubées. (J.)
MAUERRAUTE et STEINRAUTE (Boë.), noms allemands
de la rue de muraille , asplenium ruta muraria, Linn. (Lem.)
:: MAUER-SCHWALBE (Ornith.), nom allemand du mar-
tinet commun, hirundo apus , Linn. , ou ARTE vuloaris ,
Dum. (Cx. D.)
MAUERSPECHT ( Ornith.), nom she d du grimpereau
du muraille, certhia muraria, Linn. (Cx. D.)
MAUGHANIA. (Bot.) Le genre ainsi nommé par M. Jaume-
Saint-Hilaire a été ensuite appelé Ostrydium par Desvaux.
Voyez Osrrypium. (LEM.)
MAUHLIA. (Bot.) Ce genre de plante publié par Dahl et
Thunberg, avoit été fait auparavant par Adanson sous le nom
d’abumon; c’étoit le crinum americanum de Linnæus, différent
des autres crinum par son ovaire libre. Lhéritier l'a nommé
agapanthus, et ce nom a été préféré aux précédens qui étoient
cepeñdant plus anciens. Voyez Masson. (J.)
MAULIN.(Mamm.) Molina décrit sous le nom de grandesou.
ris des bois une grande espèce de rongeurs qu'il découvrit au
Chili, dans la province de Maule, ce qui le porta à donner à cet
animal le nom latin de mus maulinus ; et c’est de maulinus qu’on
a fait maulin. Ce rongeur indéterminé estdu double plus grand
que la marmotte, dont il a le pelage; maïs il en diffère en ce
qu’il 2 les oreilles plus pointues et le museau plus alongé; il a
des moustaches disposées sur quatre rangs, cinq doigts à tous
les pieds, et la queue assez longue. Ses dents sont, pour le nom-
bre et la disposition, égales à celles de la souris. (F. C.)
MAUNEIA (Bot.), Mauneia, Pet.-Thou., Nov. Gen. Madag.,
pag. 6, n.° 19. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incom-
plètes, dont les rapports naturels ne sont pas encore connus,
qui paroît avoir quelque affinité avec le flacurtia, apparte-
nant à l’icosandrie monogynie de Linnæus, comprenant des ar-
brisseaux à feuilles alternes, ovales, dentées, munies d’épines
dans leur aisselle. Les fleurs sont solitaires, axillaires. Leur
calice est plane, d’une seule pièce , a cinq lobes; il n’y a point
de corolle. Les étamines sont en nombre indéfini, attachées
LA
29: 29
354 ù MAU
sur le calice; l'ovaire supérieur surmonté d'un style plus long
que les étamines , terminé par trois stigmates. Le fruit consiste
en une baie ovale, acuminée par le style persistant, contenant
‘trois semences, quelquefois deux par avortement, ovales, om-
biliquées à leur base, aiguës à leur sommet, munies d’un péri-
sperme charnu; l’embryon plane, verdâtre, renversé, de la
largeur des semences; la radicule épaisse et courte. Cette
plante a été observée par M. du Petit-Thouars à l’île de Mada-
gascar. (Porn.) |
. MAURANDIE, Maurandia. (Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la
famille des scrophulaires , de la didynamie angiospermie de Lin-
næus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divi-
sions profondes ;une corolle presque en masque; le tube ventru
etagrandi à sa partie supérieure; la lèvre supérieure droite,
à deux lobes; l’inférieure une fois plus grande, à trois lobes
presque égaux; quatre étamines didynames, non saillantes; les
filamens calleux à leur base: les anthères à deux loges écar-
tées; un ovaire supérieur; un style; un stigmate en massue;
une capsule à deux loges; s’ouvrant à son sommet en dix
dents. . |
MaAURANDIE FLEURIE : Maurandia semperflorens , Jacq., Hort.
Schænbr.; 3, tab. 288 ; Curtis, Magaz. Bot., tab. 460; Usleria scan-
dens , Cavan., Icon. rar., 2 ,tab. 116 ; Andrew., Bof. Repos.,
tab. 63; Reichardia scandens, Roth, Catal. Bot., pars 2, pag.64.
Plante du Mexique, dont les tiges presque ligneuses sont grim-
pantes, glabres, cylindriques, longues de deux pieds et plus,
divisées en rameaux trés-ouverts, les inférieurs opposés, lessu-
périeursalternes, garnis de feuilles pétiolées, opposées à la par-
tieinférieuredesrameaux, lesautresalternes,en formede pique;
échancrées en cœur, longues de deux à trois pouces, sur deux
de large, glabres, d’un vert gai, plus pâles en dessous, lancéo-
lées vers leur sommet, entières; à pétioles filiformes, en vrilles,
s’'accrochant aux plantes qui les avoisinent. Les fleurssont axil-
laires, pédonculées, pendantes, solitaires, d’un pourpre violet;
les pédoncules flexueux, filiformes; le calice est glabre, ovale
à découpures concaves, lancéoléés; le limbe de là corolle pu-
bescent, à lobes échancrés; la capsule glabre, ovale, récou-
verte presque entièrement par le calice. Cette plante, qui
on
En
MAU 355
fleurit pendant une grande partie de l'été, peut être placée
parmi les fleurs d'ornement.
Willdenow en a fait connoïtre une seconde espéce dans son
Horé. Berol., tab. 8% , sous le nom de maurandia antirrhiniflora.
D dchéc de la précédente, elle s’en distingue par sa
stature plus petite, par ses feuilles plus profondémentéchancerées
à leur base; les lobes rapprochés; le calice plus alongé; les
lobes de la corolle entiers et non échancrés. Elle croit au
Mexique. (Poir.)
MAURE. (Mamm.) Nom propre d’une espèce de Semnori-
THÈQUE. Voyez ce mot. (F.C.)
MAURE, Coluber maurus. (Erpétol.) On appelle ainsi une
couleuyre d'Alger encore peu connue, et dont nous avons parlé
dans ce Dictionnaire, tom. XI, pag. 216. (H. C.)
MAURELLE (Bot.), nom sous lequel on connoît à Montpel-
lier le tournesol, croton tinctorium, employé dans les teintures.
Voyez Croron. (J.)
MAUREPASIA. (Bot.) On trouve sous ce nom, dans le cata-
logue des arbres de Saint-Domingue, bons pour les construc-
tions et la fabrique des meubles, par Desportes, l’acajou franc
qui, d'aprés sa description trés-incompléte, paroît être le
swielenia ou acajou meuble. (J.)
MAURET (Bot.), nom vulgaire du petit fruit noir de l’airelle
ou myrtille, vaccinium myrlillus, qui est quelquefois employé
pour colorer le vin. (J.)
MAURETTE ou MAURETS. (Bof.) On donne ces noms aux
fruits de l’airelle vulgaire et de l’airelle anguleuse. (L. D.)
MAURICE, Mauritia. (Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs incomplètes, dioïques, de la famille des pal-
miers , de la dioécie hexandrie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel : Des fleurs dioïques; dans les mâles, un calice à trois
dents; une corolle à trois divisions profondes; six étamines :
dans les fleurs femelles, un ovaire supérieur à trois loges,
un drupe monosperme, couvert d'écailles imbriquées.
Maunice FLExUEUSE: Mauritia fleruosa, Linn. fils, Supp., 454;
Kunth, in Humb. Nos. Gen., 1, pag. 510; Palma radiata, folüs
palmatis, Bache Cayennensium, etc. Barr.; Franc. Equin., pag.00;
Pazmien BacHE, Aubl., Guian.? Append. Arbre de l'Amérique
méridionale dont le tronc s'élève à la hauteur d'environ vingt-
CET
356 MAU
quatre pieds; son feuillage est pendant, un peu membraneux,
en forme d’éventail. Les spadicesmälessont séparés des femelles
sur desindividus différens, longs de trois pieds, flexueux , cou-
verts d’écailles imbriquées , concaves, acuminées; les divisions
de la panicule courtes, longues d’un pouce et demi, en forme
de chaton, ovalescylindriques, alternes; lesécailles trés-serrées
et nombreuses; les fleurs sessiles; le calice trigone, à trois
dents; la corolle trois fois plus grande, à trois divisions très-pro-
fondes, droites; concaves, lancéolées ; aiguës; les anthéres sont
presque sessiles, droites, linéaires , à deux loges, de moitié plus
courtes que la corolle; le fruit ressemble à celui du calamus
rolang.
Linuæus fils, dit M. de Humboldt, dans ses Tabtédés de la
Nature , n’a décrit qu ns tentent ce beau palmier (mauritia
flexuosa), puisqu'il dit qu'il n’a pas de feuilles. Son tronc a
vingt-cinq pieds de haut; maïs il n’atteint probablement cette
taille que lorsqu'il est àgé de cent vingt à cent cinquante ans. Le
mauritia forme dans les lieux humides des groupes magnifiques
d’un vert frais et brillant, à peu prés comme nos aulnes. Son
ombre conserve aux autres arbres un sol humide, ce qui fait
dire äux Indiensquele mauritia, parune attraction mystérieuse,
réunit l’eau autour de ses racines. Une théorie semblable leur
fait penser qu’il ne faut pas tuer les serpens, parce que, si on
détruisoit ces reptiles, les plaques d’eau se dessécheroient: c’est
ainsi que l’homme grossier de la nature confond la cause avec
l'effet.
On connofît partout ici les qualités bienfaisantes Ms cet arbre
de vie. Seul il nourrit, al’embouchure de lOrénoque, la nation
indomptée des Guaranis, qui tendent avec art d’un tronc à
l’autre des nattes tissuesavec la nervure des feuilles du mauritia ;
et, durant la saison des pluies où le Delta estinondé, semblables
à des singes, ils vivent au sommet des arbres. Ces habitations
suspendues sont en partie couvertesavec de la glaise. Les femmes
allument sur cette couche humide le feu nécessaire aux besoins
du ménage, et le voyageur qui, pendant la nuit, navigue sur le
fleuve, aperçoit des flammes à une grande hauteur. Les Guaranis
doivent leur indépendance physique, et peut-être aussi leur
indépendance morale au sol mouvant et tourbeux qu’ils foulent
d’un pied léger, et à leur séjour sur les arbres; république aé-
MAU 357
riénne où l'enthousiasme religieux ne conduira jamais un stylite
américain.
Le mauritiane leurprocurepasseulementune habitation sûre,
il leur fournit aussi des mets variés. Avant quesa tendre enve-
loppe paroisse sur l'individu mâle, et seulement à ce période de
la végétation , la moelle du tronc recèle une farine analogue au
sagou. Comme la farine contenue dansla racine du manioc, elle
forme en se séchant des disques minces, dela nature du pain. De
la séve fermentée de cet arbre , les Guaranis font un vin de pal-
mier doux et enivrant. Les fruits, encore frais, recouverts d’é-
caïlles comme les cônes du pin, fournissent, ainsi que le bana-
nier et la plupart des fruits de la zone torride, une nourriture
variée, suivant qu’on en fait usage, après l’entier développe-
ment de leur principe sucré, ou auparavant, lorsqu'ils ne con-
tiennent encore qu’une pulpe abondante. Ainsi noustrouvons,
au degré le plus bas de la civilisation humaine, l’existence d’un
peuple enchaînée à une seule espèce d’arbre, semblable à celle
de cesinsectes qui ne subsistent que par certaines parties d’une
fleur.
M. de Humboldt cite une seconde espèce de mauritia, sous le
nom de mauritia spinosa, distingué par ses épines, découvert
dans l'Amérique méridionale ,sur les bords du fleuve Atabapo.
(Porr.)
MAUROCAPNOS. (Bot.) Nomgrec du storax cité par Belon,
C’est le narcaphton ou nascaphton de Dioscoride, suivant Ama-
tus, au rapport de C. Bauhin, qui ajoute que c’est le tegname
des Italiens, le bufuri des Siciliens. (J.)
MAUROCENIA (Bot.), Fossombronia, Raddi. Genre établi
par Raddi pour placer les jungermannia pusilla, Roth, et Pu-
silla, Linn. , qui différent essentiellement des autres espèces
de jungermannia , et des autres genres faits à ses dépens par
Raddi, par sa capsule qui, en s’ouvrant, se déchire trés-irré-
guliérement, au lieu de se partager en quatre divisions dis-
posées en croix. Ce genre offre en outre des caractères dans
son calyce ou périchèze DISQUE campanulé; danssa corolle ou
coiffe monopétale, stylifére, à limbe découpé; dansses fleurs
mâles ou anthéres capituliformes, succulens, portés sur des
pédoncules placés sur des pieds distincts, et insérés à la partie
inférieure deg sa tige.
v
358 MAU
Les espèces de ce genre sont des jingermannia muscoides,
privées de stipules. Eiles croissent , en SUR dans les fossés
ét les endroits ombragés , et particulièrement dans les bois
montueux. <
Le Fossombronia angulosæ, Radd., Jungerm. Etrusc., pag. 29,
pl. 5, fig. CMD TENTE Michel., N. G., 7, tab. 5, fig. 10,
N° Jun germannia pusilla, Roth Hook. , Jung. Brit. , tab. 69, est
une petite plante à tige rampante, siriple où peu rameuse ;
a frondules distiques, horizontales, presque imbriquées 4
presque carrées, crénelées ou anguleuses au sommet ; à calyces
ou périchèzes latéraux, sessiles, plissés, bndulés et dentelés sur
le bord. On trouve cette espece partout en Europe; une variété
croit en touffe.
Le Fossombronia pusilla, Raddi, 1. e., fig. 5; Jungermannia
pusilla; Linn.; Mich., L' 6, fig. 10, M;Hedw., Theor., 2,
tab. 20; Dillen:, Mus., tab, 74, fig. AG, est une plante beau-
coup plus petite que la précédente, dont les tiges tres-
simples sont souvent excessivement courtes: se$ feuilles sont
ondulées, anguleuses ou dentées au sommet; elles formént
des rosettes terminales; les calyces presque terminaux , sont
grands, plissés, bddtlés et denticulés. Cette espèce croît
aussi partout en Europe; elle est plus précoce. :
La lettre F de ce Dictionnaire étoit publiée lorsque la Jun-
germannographie Etrusque /de M. Raddi a paru; et, ne vou-
lant pas renvoyer la description du genré Fossombronia à un
supplément éloigné, nous avons cru devoir luï imposer le nom
de Maurocenia, qui rappélle celui du sénateur vénitien, Jean-
François Manroten , qui fit graver à ses dépens la planche 5
du Nova Genera, de Micheli, dans laquelle se trouvent repré-
sentées la plupart des espèces de jungermannia , décrites par
Micheli, et notamment les deux espèces rats au Fos-
sombronia, par Raddi. (LEm.)
MAUROCENIA. (Bot) Un arbrisseau d'Afrique dont Lin-
næus avoit d’abord fait un genre distinct sous ce nom, a été en-
suite réuni pardui-même au cassine, et c’est maintenant le cas-
sine maurocenia. (J.)
MAURONIA. (Bot.) Belon dit que la centelairé, plumbago, est
ainsi nommée dans l’ile de Lesbos. C’est encore le sarcophago,
des Crétois, le phrocalida de l’ile de Lemnos, le crepanella des
MAU | 359
Italiens ; et Anguillara veut que cé soit le molybdæna de Pline.
(32) PONT R
MAUS(Mamm.), nom allemand du rat. (Drsm.)
MAUSART. (Ornith.) C'est Mansart. (Cu. D.)
MAUSSADE. (Crust.) Joblot a nommé ainsi une espèce d’en-
tomosiracé du genre Cypais. (Des)
MAUVE (Bot.), Malva. Linn. Genre de plantes dicotylé-
dones , qui a douné son nom à la famille des malvacées, et
qui, dans le système sexuel, appartient à la manadelphie po-
lyandrie. Ses principaux caractères sont les suivans : Calice
double, l'extérieur plus court, et composé de deux à trois
folioles distinctes, l’intérieur monophylle et semiquinquéfide ;
corolle de cinq pétales en cœur, ouverts, réunis par leur base
et adhérens au tube staminifère; élamines nombreuses, ayant
leurs filamens réunis inférieurement en un tube cylindrique,
libres, distincts et inégaux dans leur partie supérieure, et
terminés par des anthères arrondies ou réniformes; un ovaire
supère, arrondi, surmonté d’un style cylindrique, divisé dans sa
partie supérieure en huit branches ou plus, terminées chacune
par un stigmate sétacé; fruit composé de plusieurs capsules
disposées orbiculairement sur un réceptacle commun : elles
sont le plus communément monospérmes et en même nombre
que les stigmates.
Les mäuves sont des plantes souvent herbacées , quelquefois
frutescentes, à feuilles alternes, accompagnées destipules; elles
ont leurs fleurs disposées au sommet des tiges ou des rameaux,
et le plus communément dans les aisselles des feuilles. On en
connoîit maintenant au-delà de quatre-vingts espèces, dont la
plus grande partie ést exotique. Nous nous bornerons à parler
ici des plus remarquables et des plus utiles.
* Feuilles entières.
MAUVE A Éris : Malva spicata, Linn., Spec., 067; Cavan., Dis-
sert., 2, p.80, t. 20, fig. 4. Ses tiges sont frutescentes, droites,
rameuses , hautes de trois à quatre pieds, garnies de feuilles
ovales ou cordiformes, dentées en leurs bords, un peu coton-
neuses et d’un vert blanchâtre ainsi que toute la plante. Les
fleurs sont jaunes, petites, sessiles, disposées en épis alongés,
serrés, velus et terminaux ; les folioles de leur calice extérieur
560 _ MAU
sont lancéolées. Le fruit est composé d'environ douze capsules
monospermes.Cetarbrisseau croitnaturellement à la Jamaïque;
on le cültive dans la serre chaude du Jardin du Roi, à Paris.
Mauve À 8aLAIS : Malva scoparia , Lhérit., Skirp., 53, t. 27;
‘Willd., Spec., 3, p. 775. Ses tiges sont frutescentes, droites,
hautes de quatre à six pieds, divisées en rameaux nombreux,
eflilés, garnis de feuilles ovales, presque en cœur, pétiolées,
dentées, hérissées, comme toute la plante, de poils courts et
nombreux. Les fleurs jaunes, petites, marquées de quel-
ques taches rouges, sont solitaires, ou le plus souvent dispo-
sées plusieurs ensemble dans les aisselles des feuilles en petits
paquets portés sur des pédoncules plus courts que les pétioles;
les folioles de leur calice extérieur sont courtes et subulées.
Le fruit est orbiculaire, déprimé, composé d’une douzaine
de capsules pubescentes , à trois pointes courtes. Cette espèce
a été trouvée au Pérou par Dombey, qui en a rapporté les
graines au Jardin du Roï, où on la cultive encore dans la
serre chaude. Dans son pays natal on fait avec ses rameaux
des balais grossiers,
Mauve scagre : Malva scabra, Cavan., Dissert., 5, p. 261,
1. 138, f, 1; Willd., Spec., 3, p. 778. Ses tiges sont droites,
frutescentes, hautes de trois à quatre pieds, divisées en ra-
meaux eflilés, tout couvertes, ainsi que les feuilleset les calices,
d’un duvet eourt, étoilé, qui les rend rudes au toucher. Ses
feuilles sont ovales cordiformes, dentées, quelquefois impar-
faitement lobées. Ses fleurs sont d’un jaune clair, axillaires,
solitaires ou deux à deux , portées sur des pédoncules un peu
plus courts que les pétioles des feuilles. Ses fruits sont com-
posés d'environ douze capsules monospermes, munies de deux
petites dents. Cet arbrisseau croit naturellement au Pérou;
on le cuitive au Jardin du Roi, dans la serre chaude.
Mauve A FEUILLES ÉrROITES : Malva angustifolia, Cavan., Dis-
sert., 2, pe 64, t. 20,f. 13 Willd., Spec., 3, p. 977. Ses tiges
sont frutescentes, droites, hautes de trois à quatre pieds,
divisées en rameaux eflilés, revêtues, ainsi que les feuilles et
les calices, d’un duvet court, étoilé, qui leur donne un aspect
grisàtre. Ses feuilles sont pétiolées, lancéolées, crénelées en
leurs bords. Ses fleurs sont violettes, larges d’un pouce, grou-
pées deux à six ensemble, sur un à deux pédoncules beau-
MAU 361
coup plus courts que les pétioles. Les fruits sont composés
de seize à vingt capsules. qui contiennent chacune deux à
trois graines. Cette espèce est originaire du Mexique; on la
cultive dans les jardins de botanique, et on la rentre pendant
l'hiver dans la serre tempérée.
** Feuilles anguleuses.
Mauve verMizzoN : Malva miniata, Cavan., Icon. rar., 3,
p.40,t.278 ; Willd., Spec., 3, p.783. Ses tiges sont droites,
frutescentes, légèrement cotonneuses et blanchâtres, garnies
de feuilles pétiolées, ovales cordiformes, crénelées et parta-
gées en trois lobes, dont le moyen plus alongé que les deux
latéraux. Les fleurs sont d’un rouge vif, disposées en petites
grappes axillaires et peu fournies. Cet arbrisseau est cultivé
dans les jardins de botanique, sans qu’on connoisse son pays
natal. On le rentre pendant l'hiver dans la serre chaude.
Mauve ErFiLée : Malva virgata, Cavan., Dissert., 2, p. 70,
t.18, f. 2; Willd., Spee., 3, p. 783. Cette espèce est un arbris-
seau qui, dans nos jardins, s'élève à quatre ou six pieds de
hauteur, en se divisant en rameaux grêles, légérement velus,
garnis de feuilles pétiolées, glabres, partagées plus ou moins
profondément en trois lobes, dentées ou crénelées. Les fleurs
sont d’une couleur purpurine, axillaires, solitaires ou gémi-
nées, portées sur des pédoncules plus longs que les pétioles.
Cette mauve est originaire du cap de Bonne-Espérance, et
cultivée dans les jardins de botanique Sep près de centans;
elle fleurit depuis le mois de juin jusqu’en septembre. On la
rentre dans l’orangerie pendant l'hiver. |
Mauve omsecrée : Malva umbellata, Cavan. , fcon. rar.; 1,
p.64, t. 95; Willd., Spec., 3, p. 779. Sa tige est ligneuse,
haute de cinq à six pieds, divisée en rameaux qui, ainsi que
le dessous des feuilles et les calices, sont plus ou moins cou-
verts d’un duvet court, rayonnant. Ses feuilles sont pétiolées,
échancrées en cœur à leur base, crénelées en leurs bords; et
partagéesen cinq lobes peu profonds.Ses fleurssont purpurines,
situées dans la partie supérieure des rameaux, et disposées
trois à quatre ensemble sur le même pédoncule en maniere
d’ombelle ; les folioles de leur calice extérieur sont concaves,
rétrécies en coin à leur base , et tombent après la floraison. Cet
362 MAU
arbrisseau croît naturellement au Mexique. On le cultive dans
les jardins de botanique, et on le rentre dans TR Le
dant l'hiver.
Mauve sauvace : Malva Enr Linn., Spec., 9605 Muluo
vulgaris Blackw., Herb., t. 22. Sa racine est vivace , pivôt
tante, MG tre, d’une saveur douce et visqueuse ; elle pro-
duit une ou plusieurs tiges cylindriques, légèrement pubes-
centes, rameuses, hautes de deux à trois pieds, garnies de
feuilles longuement pétiolées, arrondies, échanerées-en cœur
à leur base, crénelées en leurs bords, et découpées en cinq à
sept lobes peu profonds. Ses fleurs sont assez grandes, de cou-
leur rose, rayées de rouge plus foncé , quelquefois tout-à-fait
blanches , portées, plusieurs ensemble, dans les aisselles des
feuilles , sur des pédoncules inégaux. Le fruit est formé d’une
douzaine de capsules glabres et monospermes. Cette plante est
commune en France et en Europe, dans les haïes et les lieux
incultes; elle fleurit pendant tout l'été.
MAUVE À FEUILLES RONDES : vulgairement Per1re Mauve; Malva
rotundifolia, Linn., Spec., 969; Malva sylvestris folio rotundo,
Flor. Dan., t. 721. Cette mauve diffère de la précédente par
sa racine annuelle ; par ses tiges plus basses, étalées et presque
couchées sur la terre; par ses fleurs beaucoup plus petites,
d’un pourpre très-clair ou presque blanches; et enfin par ses
capsules recouvertes d’un duvet court et serré. Cette plante
est. commune en France et dans le reste de l'Europe, dans les
décombres et sur les bords des chemins; ses fleurs se succédent
les unes aux autres pendänt une grande partie de lété.
La mauve à feuilles rondes, et la mauve sauvage sont muci-
Jlagineuses , émollientes, sdotéran ME) laxatives, et toutes les
deux sont indifféremment employées en médecine : excepté
les fruits qui ne sont point usités, toutes les autres parties sont
d’un usage fréquent. Les fleurs sont au nombre de cellés dites
pectorales; on en fait prendre l’infusion aqueusé dans les
rhumes , dans les maladies inflammatoires de la poitrine, du
bas-ventre, ete. Les feuilles et les racines font la base des la-
vemens émolliens; suffisamment cuites, on les applique en ca-
taplasmes et en fomentations sur les aprés douloureuses et
enflammées.
Lés anciens mangeoient les feuilles de mauve, et c'étoit
MAU 365
poûür eux un aliment d'un usage commun. Ils en cultivoient à
cét ‘effet plusieurs espèces, et elles paroissoient sur leurs
täbles diversement préparées. Aujourd’hui encore, les Chinois
manvent les feuilles de mauve, à peu près comme nous faisons
des épinards, de la laitue, etc. Les jeunes pousses, en salade
ou cuites, se mangeoient encore souvent du temps de Mat-
thiole ; maïs de nos jours elles sont abandonnées sous ce rap-
port.
Les bestiaux n'aiment pas les mauves; il est fort rare qu’ on
les leur voie brouter. On peut retirer de l'écorce des deux
mauves ci-dessus, et de quelques autres espèces du même
genre, une sorte de filasse propre à faire des cordes.
Mauve créPues Malva crispa, Linn., Spec.. 970; Dod.,
Pempt., 653; Cavan.. Dissert., 3, P. 7h, t.23,f. 1. Sa racine
est annuelle; elle POS une . droite, flop nee rameuse,
haute de quatre à six et jusqu’à huit pieds, garnie Ée feuilles
grandes, pétiolées, arrondies, échancrées en cœur à leur base,
la plupart découpées en sept lobes courts, obtus, et dont tous
les bords sont finement dentés, ondulés et comme crépus. Ses
fleurs sont blanches ou légèrement purpurines, disposées par
groupés axillaires, sur des pédoncules courts, inégaux etsou-
vent rameux. Les fruits sont composés de douze à quinze cap-
sules monospermes et glabres.
Cette mauve est originaire de Syrie; on la cultive dans beau-
coup de jardius de botanique, et elle croît aujourd’hui comme
spontanément dans plusieurs parties de l'Allemagne , de la
France et du midi de l’Europe. Ses fleurs, assez petites, ont
peu d'éclat; mais son feuillage est d’un trés-bel effet. C’est avec
les fibres de l’écorce de cette espèce que Cavanilles, dans les
expériences qu'il a faites sur les plantes de ce genre, a retiré
une plus grande quantité de filasse propre à faire des cordes,
et il croit même qu’on pourroit peut-être employer cette fi-
lasse à des ouvrages plus délicats.
Mauve ALCÉE : Malva alcea, Linn., Spec., 971; Cavan., Diss.,
2,p-.75,t. 17, f. 2. Sa racine est vivace; elle produit une tige
cylindrique, chargée de poils fasciculés, rameuse, haute de deux
a quatre pieds, garnie de feuilles pétiolées, rudes au toucher,
partagées communément, les inférieures en cinq lobes arron-
dis, et les supérieures en lobes plus alongés, plus profonds, la
364 MAU
plupart très-incisés et presque pinnatifides. Ses fleurs sont
grandes, couleur de chair ou purpurines claires, pédonculées;
les unes solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures, les
autres rapprochées au sommet de la tige en une sorte de grappe
terminale ; les folioles de leur calice extérieur sont oblongues,
obtuses ; les capsules sont glabres. Cette espèce croît naturel-
lement dans les bois, en France, en Angleterre, en Allemagne.
On la cultive, dans quelques jardins, comme plante d’or-
nement.
Mauve musqués : Malva moschata, Linn., Spec., 971; Cavan.,
Disserk., 2, p. 75, t. 17, f. 1. Sa racine est vivace; elle donne
naissance à une ou plusieurs tiges, droites, souvent simples,
cylindriques, hérissées de poils simples, et hautes de deux
pieds ou environ. Ses feuilles sont arrondies, pétiolées, presque
toutes découpées jusqu’au pétiole en cinq lobes incisés et mul-
tifides ; les inférieures et surtout les radicales sont réniformes
et seulement lobées. Les fleurs sont ordinairement purpurines,
quelquefois blanches, quelques unes solitaires et pédonculées
dans les aïsselles des feuilles supérieures, la plupart des autres
ramassées au sommet de la tige; elles ont une odeur musquée
et agréable; les folioles de leur calice extérieur sont linéaires.
Les capsules sont hérissées de poils. Cette mauve croît dans
les boïs et les prés, en France, en Allemagne, en Angleterre.
Elle mérite, de même que la précédente, d’être cultivée pour
l’ornement des jardins. (L. D.)
MAUVE. (Ornith.) Ce nom, trés-anciennement employé
en botanique pour désigner une plante fort commune, de-
vroit être rayé du vocabulaire ornithologique , afin d’éviter
des confusions avec le mot mouette, dénomination exclusive
d’une famille d'oiseaux palmipèdes, qui comprend les goé-
lands , larus, Linn. (Cu. D.)
MAUVE EN ARBRE (Bot.), nom vulgaire de la ketmie des
jardins. (I. D.)
MAUVE DES JUIFS (Bot.), nom vulgaire de la corète po-
tagère. (L. D.)
MAUVE ROSE (Bot.), nom vulgaire de la guimauve alcée.
(L. D.)
MAUVETTE BRULANTE. ( Bot.) On donne ce nom à lor-
chis brûlé. (L, D.)
MAU 365
MAUVETTE ou MOVIN. (Bor.) C’est le géranion à feuilles
rondes. (L. D.) :
MAUVIARD. ( Ornith.) Voyez Mavis. ( Cu. D.)
MAUVIETTE, (Ornith.) Ce nom, appliqué par erreur à la
grive proprement dite de Buffon , turdus musicus , Linn.,
est plus généralement employé pour désigner l’alouette com-
mune dans la saison où , devenue grasse , elle se prend au
filet, et se sert sur les tables. (Cu. D.) |
MAUVIS (Ornith.), nom sous lequel est connu le furdus
iliacus, Linn., qui est figuré dans les planches enluminées de
Buffon sous le n.° 50. ( Cu. D.)
MAUVISQUE, Malvaviseus. (Bot.) Genre de plantes dico-
tylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des
malvacées, de la monadelphie polyandrie de Linnæus, offrant
pour Grattère essentiel : Un calice double ; l'extérieur à plu-
sieurs folioles : l’intérieur à cinq divisions ; cinq pétales égaux,
roulés ensemble, presque en tube, auriculés à la base ; les
étamines nombreuses, monadelphes; les anthères réniformes,
uniloculaires ; un ovaire supérieur, surmonté d’un style à dix
divisions; les stigmates en tête ; une baïe un peu globuleuse,
à cinq loges monospermes.
Ce genre renferme des arbrisseaux à feuilles alternes , en-
tières, ou médiocrement lobées , accompagnées à la base des
pétioles , de deux stipules. Les fleurs sont solitaires, axillaires
et terminales, quelquefois géminées ou ternées ; les corolles
rouges. Il est nommé achania par Solander, QUE Vill-
denow.
MavvisqQuE 8N ARBRE : Malvaviscus arboreus, Cavan. , Diss. 13;
tab.48 , fig. 1; Dillen. , Eltham., 210, tab. 170, fig. 208 ; Burm..,
Amer. Icon. , 169, fig. 2 ; Pluk., Phy£., tab. 237, fig. 1 ; Hibiscus
malvaviscus, Linn., Spec.; Achania malvaviscus, Swvartz, Flor.
Ind. occid. , et Aït., Hort. Kew. Grand arbrisseau très-ra-
meux, qui s'élève à la hauteur de dix à douze pieds; ses ra-
meaux sont lisses ; glabres et blanchâtres, pubescens dans leur
jeunesse, garnis de feuilles alternes, pétiolées , ovales, en
cœur, acuminées, entières, ou à trois lobes peu marqués, iné-
galement crénelées, molles , pendantes, longues d’environ
trois pouces, hérissées de poils étoilés, à stipules filiformes.
Les fleurs sont belles, assez grandes, d’un rouge écarlate très-
366 MAU
vif , solitaires, axillaires et presque terminales; les pédon-
cules tomenteux, ainsi que les calices:; les folioles du calice
extérieur au nombre de dix à douze, égales, linéaires, presque
de la longueur du calice intérieur, campanulées, à trois ou
quatre lobes inégaux ; les pétales presque trois fois aussi longs
que les calices. Le fruit est une baie charnue, succulente,
glabre , à cinq loges monospermes. Cette plante croit au
Mexique. On la cultive au Jardin du Roi.
MAUVISQUE ÉLÉGANT ; Marais concinnus, Kunth, in DL.
et Bonpl. Nov. Gen. et Spec., 5, pag. 286. Arbrisseau du Pé-
rou , proche Loxa, dont les rameaux sont un peu anguleux,
médiocrement flexueux, pubescens, garnis de feuilles pé-
tiolées , ovales oblongues, acuminées, en cœur à leur base, à
grosses dentelures, longues de trois pouces et plus, un peu
pubescentes ; les stipules linéaires ; les fleurs géminées ou ter-
nées à l'extrémité des rameaux, d’un rouge écarlate ; le calice
extérieur est pileux, à sept folioles linéaires, un peu spatu-
lées, égales ; l’intérieur à cinq divisions, parsemé de points
diaphanes; les pétales sont onguiculés, inégaux à leurs côtés,
ciliés, longs d’un pouce et demi, roulés,.quatre fois plus longs
que les calices; l’ovaire glabre, un peu globuleux, déprimé.
MaAuUviISQuE A GRANDES FLEURS ; Malyaviscus grandiflorus ,
Kunth, L. c., pag. 286. Dans cet arbrisseau les rameaux sont
blanchâtres, cylindriques, anguleux et pileux dans leur jeu-,
nesse; les feuilles ovales oblongues, aiguës, arrondies, un
peu en cœur à leur base, presque à trois lobes, presque
glabres, dentées en scie, longues d’environ trois pouces; les
fleurs grandes, solitaires; leurs calices légèrement pileux;
l'extérieur à huit folioles linéaires, une fois plus court que
l’intérieur ; la corolle est rouge, longue d’un pouce et demi,
à pétales égaux, ovales, cunéiformes; l'ovaire glabre, ovale,
arrondi; Le style pubescent; à stigmates pileux, en tête. Cette
plante croit au Mexique, proche Guanaxuato.
Mauvisque p'Acarucco : Malvaviscus acapulcensis , Kunth,
L. c., pag. 288; Achania pilosa, Swvartz, Flor. Ind. occid., 2,
pag. 1224P Les tiges sont ligneuses ; les rameaux blanchätres,
velus, couverts de poils mous;les feuilles ovales, presque.acu-
minées, profondément échancrées en cœur, pileuses à leurs
deux faces, molles.et blanchâtres en dessous, à grosses dente-
MAV 367
lures, quelquefois à trois lobes, longues d’environ trois pouces
et demi; les calices pileux; l'extérieur presque à sept folioles,
de la longueur de l’intérieur;les pétales rouges, égaux, ongui-
culés; les étamines une fois plus longues que la corolle; l’o-
vaire glabre, un peu globuleux; le style est glabre, pubescent
sur ses divisions ainsi que sur le stigmate. Cette plante croît
au Mexique, proche Acapulce, sur les bords de l'océan Paci-
fique. |
MAUvVISQUE À FEUILLES MOLLES : Malyaviseus mollis, Poir., Ency-
clop., II°. Suppl.; Achania mollis, Andr., Bot. Repos., tab. 45;
Thomps:, Bot. Disp., tab. 5; Willd., Spec., 3, pag. 850.
Arbrisseau de l'Amérique, dont les tiges sont velues, hautes
de trois pieds; les rameaux lâches; les feuilles amples, ovales,
tomenteuses, échancrées en cœur à leur base, à trois lobes et
plus, irréguliers, dentés en scie; les fleurs solitaires, axillaires ;
les pédoncules velus, de la longueur des pétioles; les calices
pubescens: l'extérieur à huit folioles étroites, recourbées; l’in-
térieur plus long, à cinq découpurés droites. La corolle est d’un
rose pâle, longue d’un pouce et plus, tomenteuse en dehors.
Le fruit estune baie presque globuleuse , à cinq loges. (Porr.)
MAUZ. (Bot.) Prosper Alpin, dans ses Plantes d'Egypte,
nomme ainsi le bananier. C’est le mauze de Thevet. (J.)
MAVE ou MAWE (Ornith.), nom qu’on donne en Suëde
et dans l’île de Gothland à la mouette cendrée, larus cine-
rarius, Linn. (Cu. D.
MAVEVE. (Bot.) Les Créoles de la Guiane donnent ce nom
à un arbrisseau dont Aublet a fait son genre Racoubea réuni
maintenant à l’homalium, à la suite des rosacées. (J.)
MAVIS. (Ornith.) Nom anglois de la grive proprement
dite de Buffon; T'urdus musicus, pl. enl., 406, sous le nom
fautif de litorne, qu’il ne faut pas confondre, comme l’a fait
Salerne, p. 70, avecle mauvis, et à laquelle il a mal à pro-
pos appliqué les synonymes indiqués par Belon pour cette
dernière espèce. C’est aussi le furdus musicus qu’on désigne
vulgairement dans le département de la Somme et autres
voisins , par le nom de mauviard. (Cu. D.)
MAVOLO ou MAYBULU. (Bot.) Aux Philippines on donne
ces noms à un arbre dont M. Lamarck a fait son cavanillea qu?
de son propre aveu, paroissoit être congénère de l’embryopteris
368 MAW
de Gærtner, genre de la famille des ébenacées : ce qui a été
vérifié après lui. (J.)
MAWHAHA. (Bot.) Forster, dans $on petit ouvrage sur les
végétaux comestibles des îles de l'Océan austral, fait mention
d’une racine de ce nom cultivée dans les îles des Amis, laquelle
a le goût de la pomme de terre, et que l’on cultive comme le
bananier et l’'arum. Il n’en désigne ni l'espèce ni le genre.
(3)
MAWO-POULO (Ornith.), nom de l’étourneau commun,
sturnus vulgaris, Linn., en grec moderne. (Cx. D.)
. MAXILLAIRE , Maxillaria. ( Bot.) Genre de plantes mono-
cotylédones, à fleurs irrégulières, de la famille des orchidées,
de la gynandrie diandrie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel: Cinq pétales presque égaux, courbés en faucille ;
un sixième inférieur, en lèvre , canaliculé à sa base, élargi et
trilobe ; un appendice en ne de MAGRONE, te mé-
diocrement éperonné; une anthère à deux lobes distincts.
Ce genre, établi par les auteurs de la Flore du Pérou, com-
prend des plantes à racines bulbeuses , toutes nsisi tie elles
croissent dans les grandes forêts du Pérou, sur le tronc des
arbres et sur les rochers : elles ont de trés-grands rapports
avec les dendrobium, auxquels Swartz les a réunies; maïs il
faudroit que ce genre fût mieux connu. Les auteurs de la Flore
du Pérou n’ont fait qu’en mentionner les espèces, sans autre
description qu’une phrase spécifique : elles sont au nombre de
seize. Nous en citerons les plus remarquables, tels que le
marillaria alata , Ruiz et Pav., Sysk. veg. Flor. Per., pag. 220,
dont les bulbes sont oblongues; les feuilles linéaires, alongées;
les fleurs en grappes; les capsules aïlées. Il fleurit dans les
mois d'octobre et de novembre. Ces bulbes sont insipides,
succulentes; les naturels du pays les mâchent pour apaiser la
soif : ils font le même usage de celles du maxillaria bicolor,
dont les bulbes très -nombreuses ressemblent à un amas de
cailloux; elles sont ovales; les feuilles ensiformes, rudes à
leurs bords; les fleurs disposées en grappes ; les pédicelles
presque dichotomes.
Le marillaria ciliata , loc. cit., a la lèvre de la eorolle ciliée
à ses bords; les feuilles lancéolées, à cinq ou sept nervures ;
la hampe uniflore; les bulbes ovales, presque à deux angles.
MAY 569
Dans le maxillaria undulata, loc. cit., les bulbes sont ovales-
oblongues, striées , les feuilles nerveuses, lancéolées ; la hampe
courte; les fleurs disposées en grappes. Le maxillaria ligulata,
loc. cit., a les hampes volubiles ; ses fleurs paniculées; la
lèvre ou le pétale inférieur en languette; les bulbes ovales ;
les feuilles ensiformes. Ces dernières sont lancéolées et plis-
sées dans le maxillaria variegata, dont la hampe est panachée,
les fleurs en grappes. Dans le marillaria hastata, les bulbes
sont oblongues, les feuilles en lame d’épée; les hampes volu-
biles ; les fleurs en grappe lâche; la lèvre hastée. Elle est en
cœur dans le maxillaria cuneiformis ; lés autres pétales sont en
forme de coin; les bulbes ovales; les feuilles ensiformes, ea-
naliculées. Le maxillaria longipetala a des bulbes ovales, des
feuilles oblongues, sans nervures apparentes, tridentées au
sommet. La hampe se termine par une seule fleur. (Porr.)
MAXON. (Ichthyol.) Sur la côte de Gênes, on appelle ainsi
le mugil cephalus. Voyez Muce. (H. C.) :
MAXTLOTON. (Mamm.) Fernandès parle sous ce nom d’un
animal carnassier qu'il rapporte au genre Chat, vraisembla-
blement à tort, et qu'on n’a pas eu moins tort de rapporter
au marguai. Il me semble aussi difficile d'en déterminer le
genre que l'espèce. (F. C.)
MAYANTHEMUM. (Boi.) Voyez MaïanTHÈME. (L. D.)
MAYAQUE, Mayaca. (Bot.) Genre de plantes monocoty-
lédones, à fleurs complètes, de la famille des joncées, de la
triandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère essen-
tiel : Un calice à trois divisions; trois pétales ; trois étamines ;
les anthères à deux loges; un ovaire supérieur ; un style sur-
monté d’un stigmate trifide; une capsule à trois valves ; deux
semences dans le milieu de chaque valve.
MayaAQuE pes RIVIÈRES : Mayaca fluviatilis, Aubl., Guian. , 1,
tab. 15; Lamck., Ill. gen., tab. 56; Mayaca Aubletii, Mich.,
Amer., 1,p+26;Syena fluviatilis, Vahl, Enum. PL.2 ,p. 180 ;Bias=
lia, Vandell., Flor. Peruv. et Lusit. Petite plante aquatique qui
ressemble à une mousse, et qui n’a que quatre à cinq pouces
de longueur, dont la tige et les branches sont grêles, cylindri=
ques, radicantes à leur base, et lesracines fibreuses. Les feuilles
sont sessiles, éparses, alternes, fort petites, aiguës, trés-étroites,
presque subulées , trés-rapprochées les unes dés autres, à trois
29« 24
370 MAY
nervures longitudinales, visibles à la loupe, avec un grand
nombre de veines transverses. Les fleurs sont petites, blanches,
axillaires, solitaires, portées sur un long pédoncule capillaire ,
muni à sa base de deux petites écailles. Le calice est composé
de trois folioles vertes, ovales-oblongues, aiguës, persis-
tantes, renfermant trois pétales ovales, concaves, alternesavec
les folioles du calice. Les étamines sont attachées sous l'ovaire ;
leurs filamens, courbés, soutiennent des anthéres oblongues.
L’ovaire est arrondi; le style persistant. Le fruit consiste en une
capsule sèche, ovale, petite, presque sphérique, mucronée
par le style, s’ouvrant du sommet à sa base en trois valves,
contenant chacune deux semences noires, arrondies, striées,
placées l’une au-dessus de l'autre. Cette plante croît dans la
Guiane sur le bord des ruisseaux, ainsi que dans la Virginie
et la Floride. Dans l'espèce citée par Michaux, les pédoncules
sont très- courts; ils sont trés-longs dans celle que je posséde
de la Guiane. Je doute qu’on puisse les COR comme
deux espéces. (Pozn.) |
MAYBULU. (Bot.) Voyez M4voco. (J.)
MAYENCHE. (Ornith.) Ce nom est donné en Savoie aux
mésanges, parus, Linn. (Cu. D.)
MAYENNE (Bot.), un des noms donnés par les jardiniers à
la mélongène, ou morelle aubergine. (J.)
MAYÉÈPE, Mayepea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des rhamnées,
de la fétrandrie monogynie, offrant pour caractère essentiel :
Un calice à quatre divisions ; quatre pétales terminés par un
filet; quatre anthères presque sessiles, placées dans la conca-
vité des pétales; un ovaire supérieur; point de style; un stig-
mate épais, concave ; un drupe ovale, renfermant un noyau
ligneux, monosperme.
MayèPe DE LA GuianE : Mayepea guianensis, Aubl., Guian.,1,
p.81,tab. 51; Lamck., Ill. gen., tab.72 ; Chionanthus tetrandra ,
Vahi; Enum. PL, 1 ,p. 45. Arbrisseau de cinq à six pieds, revêtu
d’une écorce amère et blanchâtre , ainsi que son bois; les ra-
meaux sont garnis de feuilles presque opposées ou alternes, pé-
tiolées, ovales-oblongues, lisses, entières, aiguës, longues de
six à sept pouces, larges de deux ; les pétioles courts, durs et
renflés à leur base. Les fleurs sont disposées , dans les aisselles
"LA
MAY 371
‘des feuilles, en petits corymbes dont les ramifications sont di-
ou trichotomes, munies de petites bractées. Ces fleurs sont
blanches, petites, etrépandent une odeur agréable ; leur calice
est petit, velu , à quatre découpures profondes, ovales, aiguës,
tres-ouvertes ; leur corolle composée de quatre pétales ovales,
concaves, terminés chacun par un long filet, placés entre
les découpures du calice; leurs anthéres sont ovales, à deux
lobes ; leurs filamens tres-courts. L’ovaire est ovale, surmonté
d’un stigmate sessile. Le fruit est un drupe oblong, de la forme
et de la grosseur d’une olive, dont le brou est violet, succu-
lent, épais de deux lignes , d’une saveur amère, renfermant
un noyau de même forme , monosperme. Cet arbrisseau croît
. dans les forêts à la Guiane. (Porr.)
MAYETA. (Bot.) Voyez Maïère. ( Porn.)
:MAYLA (Bot.), nom . deux bauhinia, à Ceiïlan, cités par
Hermann. (J.)
MAY-MAY. ( Ornith.) L'oiseau qui porte ce nom à la baie
de Hudson, est le pic noir à huppe rouge, picus lineatus,
Linn. (Cx. D.) Ÿ
MAYNA. (Bot.) Voyez Maïxne. (Porr.)
MAYNOA. (Ornith.) Nom que , suivant Latham, Synops.,
tom. 1, part. 2, p. 456, les Javanois donnent au mainate re-
ligieux , gracula religiosa, Linn. (Cx. D.)
MAYPOURI. (Mamm.) Voyez Maïrouer. (F.C.)
MAYPOURI-CRABRI. (Bot.) Les Galibis nomment ainsi un
arbrisseau de Cayenne, de la famille des rubiacées, mapouria
d’Aublet, parce que les maypouris ou vachessauvages se nour-
rissent volontiers de ses feuilles et de ses rameaux. Aublet a
confondu ici avec des vaches sauvages le tapir nommé may-
pouri dans la Guiane. (J.)
MAYS. (Bot.) Voyez Maïs. (L. D.)
MAYSE. (Ornith.) Les Allemands désignent par ce nom,
qui s'écrit aussi Meisé, les mésanges , parus, Linn. (Cu. D.)
MAYTEN. ( Bot.) Cet arbrisseau du Chili, dont Molina à
fait son genre Maytenus, paroît devoir être réuni au genre
Celastrus, dont il ne diffère -que par sa capsule à deux loges
au lieu de trois, en quoi ilse rapproche du bois du PARENT,
senacia de Commerson, qui a aussi été regardé comme “bé
du même éoare: Voyez SÉNACIER, (J.)
37% MAY
MAYTENUS. (Bot.) Genre de Molina qui aujourd’hui fait
partie du genre Senacia. Voyez Sénacier. ( Porr.)
MAZAME. (Mamm.) Nom propre d’une espèce du genre
Cerr. (Voyez ce mot.) Il paroît que dans la langue du Mexique
il étoit commun à tous ces animaux, et c’est dans ce sens qu'il
a été employé par Buffon et d’autres naturalistes. M. Ord en
fait le synonyme de son antilocapra. (F. C.)
MAZANKÉENE. ( Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi mé-
zankéène , est synonyme de cog, à la terre des Papous, où la
poule est appelée mazankéène-biène, ce dernier mot signifiant
femme, comme lahé signifie homme. Voyez Manouc - Lané,
(Cs. D.)
MAZARICO. (Ornith.) Voyez Masarico. (Cu. D.)
MAZARINO. ( Ornith.) Voyez Masarino. (Cu. D.)
MAZEUTOXERON. (Bot.) Ce genre , établi par M. Labillar-
dière, a été réuni au Correa de M. Smith , qui fait partie de la
famille des tribulées, maintenant séparée des rutacées. Voyez
Connée. (J.)
MAZINA. (Zoophyt.) C’est le nom sous lequel M. Ocken
( Systém. gén. d’'Hist. nat., part. 3, p. 83) a réuni en un genre
particulier un certain nombre d'espèces d’alcyonium de Lin-
næus, et entre autres celles dont M. Savigny à fait son genre
LosuraiRE; mais les caräctéres qu’il lui donne sont si làches
(corps cartilagineux ou dermoïde, lobé ou divisé, et couvert
d’un grand nombre d'ouvertures stelliformes avec des franges),
qu’il a pu y placer des espèces assez disparates , etentre autres
Valcyonium ficus, qui paroît être une espèce de distome de
Gærtner. (DE B.)
MAZUREK. (Ornith.) L'oiseau que, d’après Ringo les
Polonois nomment ainsi, est le moineau à collier, passer tor-
quatus, Briss., ou friquet, fringilla montana, Hit (Cu. D:)
MAZUS. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs
complètes, monopétalées, irrégulières, de la famille des
personées, de la didynamie angiospermie de Linnæus, offrant
pour caractère essentiel : Un grand calice campanulé, à cinq
découpures égales : une corolle en masque; la lèvre supé-
rieure à deux lobes, l’inférieure à trois lobes entiers, l’orifice
à deux sillons extérieurs, garni en dedans de mammelons
pédicellés; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur ;
MAZ 373
un style à un stigmate à deux lames ; une capsule à déux loges,
à deux valves entières, séparées dans leur milieu par une
cloison; plusieurs semences.
Mazus RIDÉ : Mazus rugosus, Lour., Flor. Cochin., 2, p.468;
Lindernia jäponica, Thunb. Plante de la Cochinchine, dont
les tiges sont herbacées, rameuses, hautes d'environ un demi-
pied, garnies de feuilles opposées, ovales, ridées, dentées en
scie. Lesfleurs, disposées en un épi lâche , terminal, alongé, ont
leur calice fort grand, pentagone, à cinq découpures lancéo-
lées, presque égales, étalées ; la corolle d’un blanc violet ; la
lèvre supérieure acuminée, un peu en voûte, à deux lobes
peu profonds; l’inférieure à trois lobes arrondis ; l’orifice
marqué extérieurement de deux sillons, muni à l’intérieur de
deux petites glandes pédicellées. Le fruit est une capsule ar-
rondie, comprimée , à deux loges, à deux valves, enveloppée
par le calice, renfermant des semences ovales, nombreuses,
fort petites. D’aprés les observations de M. Rob. Brown, le
lindernia japonica de Thunberg doit appartenir à ce genre ;
peut-être même n’est-il point différent de l'espèce qui vient
d’être mentionnée.
Mazus naïx ; Mazus pumilio, Rob. Brown, Nov. Holl., p.439.
Cette plante est très-basse ; ses feuilles sont presque toutes ra-
dicales, en touffe ; les caulinaires opposées, mais souvent
nulles. Les tiges sont simples, glabres, trés-courtés, munies ;
ou d’une seule fleur terminale, ou de trois ou quatre pédicel-
lées, disposées en grappe, garnies chacune d’une petite bractée
sétacée à la base du pédoncule. Le calice est glabre, campa-
nulé , à cinq divisions égales ; la lévre supérieure de la corolle
à deux lobes profonds, recourbés à leur bord ; l’inférieure
trifide, munie de deux bosses à sa base; les lobes sont en-
tiers ; la capsule, à deux valves, est renfermée dans le calice.
Cette plante croit-à la Nouvelle-Hollande. (Porr.)
MAZZA. (Conchyl.) Dénomination que les Italiens em-
ploient pour désigner la masse d’argent qui est confiée aux
rois défenseurs de l’Église romaine, et que Klein a transpor-
tée à un genre de coquilles univalves dont la spire est courte,
et le canal long et droit, ce qui les rend claviformes. Il cor-
respond assez bien au genre Pyrule des conchyliologistes mo-
dernes. (DE B.)
374 MAZ
MAZZA-SORDA. (Bot.) Suivant Césalpin, on nomme ainsi,
dans la Toscane, la tête cylindrique qui termine la tige de la
massette, typha, et qui est formée de l'assemblage très-serré
de ses fleurs. Cet auteur croit que cette plante est l’ulva des
anciens, mentionné par Virgile. (J.)
MBAGUARI. (Ornith.) Voyez Macvart. (Cn. D.) .
MBARACAYA. (Mamm.) Nom du chat domestique chez
les Guaranis, suivant M. d’Azara. Il est quelquefois pris dans
un sens général. (F. C.)
MBATUITUI (Ornith.), nom des pluviers au Paraguay,
selon M. d’Azara, tom. 3 de l'édition espagnole de son Orni-
thologie, p. 282. (ue D.)
MBIYUI. (Ornith.) L’hirondelle din GE du Paraguay,
dont M. d'Azara donne la description sous le n.° 300, répête
plusieurs fois ce mot dans son cri ordinaire , d’après lequel les
Guaranis l’ont ainsi appelée. Ce nom a ensuite été étendu aux
autres espèces. (Cu. D.)
MBOPI. (Mamm.) Nom générique des chauve-souris chez
les Guaranis, suivant M. d’Azara. (F. C.)
MBOREBI. (Mamm.) Nom du tapir chez les Guaranis, au
rapport de M. d’Azara. (EF. C.) |
MDJUBEGI. ( Bot.) Nom arabe de la sophie (Lem.)
MEADIA. (Bot.) Premier nom donné par Catesby, en mé-
moire de Méad, célébre médecin anglois, à la giroselle , do-
decatheon de is genre dela famille des primulacées. (J.)
MÉANDRINE, Meandrina. ( Polyp.) Genre de polypiaires
établi par M. de Hoi pour un certain nombre de masses
calcaires ou de polypiers, que Pallas, Linnæus, Solander,
etc., rangeoient parmi les madrépores dans la section parti-
culière des M. conglomeratæ, et dont Hill et Brown avoient
déjà fait une coupe générique sous le nom de Mycedia. Quoi-
qu’on se doutàt bien que les animaux qui construisent ces
polypiers, devoient avoir les plus grands rapports avec ceux
des caryophyllées, on ne le sait réellement d’une manière
positive que depuis le Mémoire de M. Lesueur, sur les ac-
tinies et genres voisins, inséré dans le premier tome du
Journal des sciences naturelles de Philadelphie. Voici ce
qu’il dit de l'animal de la méandrine labyrinthiforme, qu'il
a eu l’occasion d’observer vivant sur les rivages de l'ile de
MEA 375
S. Thomas. & Les animaux se trouvent au fond dessillons ; leur
bouche, entourée de cercles rouges et jaunes, mêlés de vert,
offre six plis de chaque côté ; les tentacules, au nombre de
dix-huit à vingt, sont longs, rouges, parsemés de petites
taches blanches ; enfin, l'expansion membraneuse qui couvre
les sillons de chaque côté, est d’un rouge brunâtre.” D’aprés
cela, ,et d'aprés la figure, voici comme ce genre nous paroit
pouvoir être caractérisé. Polypes à corps court, membra-
neux sur les côtés, dont la bouche, plus ou moins transverse,
est garnie, sur ses bords, de plis, et dans sa circonférence,
de tentacules assez longs, simples, sur un seul rang, et au
nombre de dix-huit ou vingt; contenus dans des loges cal-
caires, stelliformes d’abord, puis s'alongeant peu à peu, de
manière à former, par leur réunion, des espèces d’ambula-
cres ou de sillons plus ou moins creux, sinueux, sur la ligne
médiane desquels tombent perpendiculairement des lames
parallèles , à la surface convexe d’une masse pierreuse sim-
ple, adhérente par sa face inférieure également convexe et
subpédiculée. |
Les polypes des méandrines, d’abord uniques, se réunis-
sent en plus ou moins grand nombre, au moyen de lexpan-
sion membraneuse des côtés de leur corps, à mesure qu'ils
se reproduisent ; il en résulte que les loges calcaires que
celui-ci exhale à sa face inférieure, au lieu d’être simples et.
régulières, comme cela a lieu dans les caryophylilies et en-
core plus dans beaucoup d'astrées, se réunissent assez com-
plétement pour former une masse calcaire ou un poly-
pier souvent assez considérable, convexe en-dessous, eù il
adhère par un pédicule court et conique, d’où partent des
lignés qui divergent vers la circonférence. Ce polypier,
convexe en-dessus, est comme labouré par des sillons plus
ou moins sinueux, irréguliers, s’anastomosant d'une manière
variable, et offrant un grand nombre de lames alternative-
ment inégales, tombant sur une sorte de crète cariée qui
occupe et suit le fond des sillons. À mesure que les nouveaux
germes. produits par les animaux déja soudés se placent de
manière à n’en être pas séparés, le polypier augmente par
la circonférence ; mais, s'ils tombent tout-à-fait en dehors, il
en résulte l’origine d’un nouveau polypier. Aussi les méan-
376 | MEA
drines ne différent que fort peu de certaines espèces de ca-
ryophyllies, qui présentent la même lobure; ce ne sont,
pour ainsi dire, que des caryophyllies anomales.
Les méandrines n’ont été trouvées jusqu'ici que dans les
mers des pays chauds, assez peu loin des rivages et à une
assez petite profondeur pour que l’action de la lumière et
du soleil puisse avoir lieu sur elles. Il y en a qui acquicrent
une assez grande taille; mais il n’est pas probable qu’elles
puissent augmenter beaucoup la masse des continens.
M. de Lamarck caractérise neuf espèces de ce genre:
La M. LaBYRINTHIFORME; M. labyrinthica, Linn., Sol. et
EIL., tab. 46, fig. 3, 4. De forme hémisphérique : les sillons
longs, tortueux, dilatés à leur base, avec des lames étroites ;
les collines simples et presque aiguës. Des mers d'Amérique.
La M. céRéBRIFORME ; M. cerebriformis , Lamck. ; Séb., Mus.,
tab. 112, fig. 1—5, 6. Subsphérique : les silloñs tortueux,
trés-longs ; les lamelles dilatées à la base, denticulées; les
coilines tronquées, subcarenées et ambulacriformes. Des mers
d'Amérique. Cette espèce acquiert un trés-grand volume.
La M. népare ; M. dædalea, Soland. et Ell., tab. 46, fig. 1.
Hémisphérique : les sillons profonds et courts ; les lamelles
dentées , lacérées à la base; les collines perpendiculaires.
Des Indes orientales.
La M. rPecriNéE : M. pectinata, Lamck.; Mad. meandrites ,
Linn., Soland. et Ell., t. 48, fig. 1. Subhémisphérique : les
sillons profonds, étroits; les collines pectinées; les lamelles
larges, éloignées, presque entières. Des mers d'Amérique.
La M. aréorée; M. areolata, Linn., Soland. et Ell., t. 47,
fig. 4, 5. Turbino-hémisphérique: les sillons larges, dila-
tés à l'extrémité ; les lames étroites, denticulées; les collines
partout doubles. De l’océan des deux Indes.
La M. crêrue ; M. crispa, Lamck., Séba; Ell., t. 108, fig.
3, 5. Furbino-hémisphérique : les sillons larges, dilatés à
l'extrémité ; les lamelles comme crépues, denticulées. De
l'océan Indien. |
La M. oxnoyanre; M. gyrosa, Soland. et Ell., t. 52, fig. 2.
Hémisphérique : les sillons un peu larges; les lamelles folia-
cées, plus larges a leur base, sans dents; les collines tronquées.
Cette espèce devient trés-grande; on ignore sa patrie.
MEA 377
La M. onpes érroites; M. phrygia, Soland. et El, t. 45,
fig. 2. Subhémisphérique : les sillons trés-étroits, longs, tan-
tôt droits, tantôt tortueux; les lamelles petites, un peu
écartées; collines perpendiculaires. Des grandes Indes et de la
mer Pacifique.
La M. rirocraAne ; M. filograna, Gmel. ; Gualt., Ind., t. 97
verso. Globuleuse, subgibbuleuse : les sillons superficiels,
très-étroits, tortueux ; lames petites, éloignées; collines fili-
formes. Des mers des Indes. (DE B.)
MÉANDRINE. ( Foss.) Quoique les polypes des méandrines
ne puissent vivre aujourd'hui que dans les mers des climats
chauds des deux Indes, on en trouve à l’état fossile dans les
couches de nos pays.
La MÉANDRINE ORBICULAIRE; Meandrina orbicularis, Def. Po-
lypier orbiculaire, aplati, à pédicule central trés-court, à
collines simples, larges et tortueuses; diamètre trois pouces.
11 à quelques rapports avec celui qui se trouve figuré dans
nai e ns de a. sur les pétrifications, pl. 86 , fig 3. J’ignore
où cette espèce a été trouvée.
La MÉanDriNE ANTIQUE; Meandrina antiqua, Def. Je pos-
sède de cette espèce de polypier un morceau qui a six
pouces de longueur sur trois pouces de largeur et plus de
quatre pouces de hauteur. Il paroît avoir dépendu d’une
masse beaucoup plus grande. Les collines sont peu tortueuses
et rapprochées les unes des autres. Il a quelques rapports
avec la méandrine ondes-étroites, Lamk., dont on voit une
figure dans l’ouvrage de Solander, sur les polypiers, t. 48,
fig. 2. J’ignore où il a été trouvé.
La MéanDrine DE Deruc ; Meandrina Deluci, Def. On trouve
cette espèce au mont Salève prés de Genève, dans une pierre
grise qui prend un assez beau poli; ses étoiles sont isolées
et marginales. On voit des figures qui pourroient se rapporter
a cette espèce , dans l’ouvrage de Knorr ci-dessus cité, pl. 96,
fig. 2,3 et 4, et dans le Traité des pétrifications, de Bour-
guet, pl. IX, fig. 41.
La MéanDrine DE Lucas; Meandrina lucasiana, Def. Poly-
pier turbiné, à sillons larges et lamelleux, à base efilée, et
couvert extérieurement de stries longitudinales; il a des
rapports avec la méandrine aréolée, Lamk., dont on voit
578 MEA
une figure dans l’ouvrage de Solander ci-dessus cité, t. 47,
fig. 5. M. Lucas l’a rapporté d’Italie ; mais j'ignore dans quelle
couche et dans quel endroit il a été trouvé.
La MéANDRINE ASTRÉOIDE ; Meandrina astrevides, Def. Ce po-
lypier porte un pédicule fort et un peu élevé; son extérieur,
qui est presque lisse, est couvert, ainsi que l'intervalle qui
se trouve entre les étoiles dont il sera question ci-après, de
pores très-petits ; sa forme est évasée, et représente celle de
certains champignons à bords un peu retroussés; la partie su-
périeure est couverte d'étoiles, dont quelques-unes sont 1iso-
lées ; les autres se touchent et forment des sillons irréguliers
et peu profonds, en sorte qu’il n’est pas bien certain si ce
polypier appartient plutôt aux méandrines qu'aux astrées.
On le trouve dans la couche du calcaire coquillier grossier,
a Valmondois, département de Seine-et-Oise.
On voit dans les Mémoires de Guettard (vol. 3, pl. XV,
hein set 7 pl XN IE es pl XVIR fe me | XVII,
fig. 1) des figures de polypiers auxquels ce savant a donné
le nom de méandrites, et qui ont été trouvés au Havre, à
Chaumont prés de Verdun et dans les environs de Mézières ;
mais ces figures ne présentent pas assez clairement les ca-
racteres de ces polypiers, PO qu’on puisse les saisir et en
distinguer les espèces.
On voit encore une figure d’une méandrine fossile dans
l'ouvrage de Bourguet ci-dessus cité, pl. VIIT, fg. 40; mais
sa patrie n’est pas indiquée. (A Rte
MÉANDRITE. (Foss.) C'est le nom que l’on a donné autre-
fois aux méandrines fossiles. (D. F.)
MEAPAN. (Ornith.) Sonnini cite, d’après Guillaume Tar-
dif, ce pre syriaque, comme FL celui du grand aigle.
(C. D :)
MEAR. {Ichthyol.) Selon l’ancien voyageur Roberts, les
Nègres du cap Vert, en Afrique, donnent ce nom à un
poisson de la taille ét de la figure de la morue, mais plus
épais qu’elle, et assez abondamment répandu dans les mers
de cette contrée pour qu’un vaisseau puisse promptement en
faire une cargaison, avec d'autant plus de facilité d’ailleurs
que les aborigènes de Saint-Antoine et de Saint-Nicolas sont
d’une adresse extrême pour la pêche et pour la salaison.
MEB 379
- C’est probablement l’espèce de gade ou de merue dont il
est question dans la Relation du naufrage de la frégate la
Méduse (seconde édition, Paris, 1818, page 283) et qui fré-
quente habituellement les parages du golfe d’Arguin, com-
pris entre les caps Blanc et Mirick et la côte de Zahara,
vers l'embouchure de ce que l'on appelle la rivière Saint-
Jean, où existe un immense banc qui, en rompant les va-
gues soulevées par les vents du large, assure la tranquillité
des eaux, et fait de ce lieu une retraite pour les poissons et
une sorte de vivier pour les pêcheurs. C’est de ce golfe, en
effet, que sortent toutes les salaisons qui sont la principale
nourriture des habitans des Canaries, et que ceux-ci viennent
y faire tous les ans, au printemps, sur des embarcations
d’une centaine de tonneaux environ et de trente à quarante
hommes d'équipage. Ordinairement, en moins d’un mois, la
cargaison est complétée. Pourquoi les Européens ne profitent-
ils pas de cette espèce de banc de Terre-neuve méridional ?
Pourquoi des expéditions ne partent-elles point de Bayonne
pour l’exploiter au profit de la France? (H. C.).
MEBAAR. (Ichthyol.) Dans l'Histoire générale des voyages,
tom. X, p. 674, il est parlé sous ce nom d’un poisson rouge,
a yeux fort saillans, et très-commun au Japon, où il consti-
tue la nourriture ordinaire des pauvres. Ces renseignemens
sont insuffisans pour lui assigner une place dans les cadres
ichthyologiques. (H. C.) |
MEBBIA. (Mamm.) Suivant quelques voyageurs, c’est au
Congo le nom d’une espèce de chien sauvage, peut-être d’un
chagal; (EC. ) |
MÉBORIER , Meborea. (Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, à fleurs incomplètes, dont la famille n’est pas encore
use, de la gynandrie triandrie de Linnæus, offrant
pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions creusées
d’une fossette à leur base ; point de corolle; trois étamines
attachées sur les styles, au-dessous des stigmates; un ovaire
supérieur ; trois styles ; une capsule trigone, à trois loges, à
trois valves ; deux semences dans chaque A
MégBoriEr DE LA GUIANE : Meborea guianensis; Aubl., Guian.
2, pag. 825, tab. 323; Lamk., Ill, gen., tab. 931; Rhopium
citrifolium , WWilld., Spec., 4, pag. 150. Arbrisseau de trois
380 MEB s
à quatre pieds, dont le bois ést blanc, ainsi que l'écorce,
chargé de rameaux grêles, garnis de feuilles alternes, pres:
que sessiles, ovales, acuminées, très-entières, vertes en-déssus,
cendrées en-dessous, accompagnées à leur base de deux pe-
tites stipules caduques. Les fleurs naissent par petits bouquets
dans les aisselles des feuilles , d’autres à l'extrémité des ra-
meaux, disposées en petits faisceaux corymbiformes, munis
de plusieurs petites écailles. Ces fleurs sont très-petites,
portées chacune sur un pédoncule partiel, grêle, assez long,
de couleur roussâtre ; leur calice, persistant , se divise en
cinq découpures profondes, lancéolées, aiguës, creusées à
leur partie inférieure ; les filamens des étamines sont larges,
bifides à leur sommet, portant chacun deux anthèéres à deux
loges ; l’ovaire est trigone ; les styles sont adossés l’un contre
Vautre ; la capsule est sèche, trigone, d’abord à trois valves,
qui ensuite se divisent en six, partagées chacune par une
cloison ; les semences sont ovales et noires. Cette plante croît
dans la Guiane. ( Porn.)
MEBUTANA, MEBULATU, NEBULATU. (Bot.) Noms
Li dans l’ile d’Amboine et les îles adjacentes, a une
espèce de dentelaire, plumbago rosea , qui est le radix vesica-
toria de Rumph, l’accar binassu des Malais, le schetti-codivellr
du Malabar. À Java, c’est le don-patma, suivant Burmann ; le
gandin-meræ, selon M. Leschenault, qui ajouté que le plum-
bago zeylanica est nommé pomok. (J.)
MECAPATLI. (Bot.) Nom mexicain de la salsepareiïlle ,
suivant Marcgrave; la même ou une espèce voisine est nom-
mée quauhmecatl. (J.)
MECARDONIA. (Boi.) Genre de plantes dicotylédones à ,
fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, jusqu’à ce jour
peu connu, qui paroît avoir quelque affinité avec la famille
des primulacées, appartenant à la didynamie angiospermie de
Linnæus ; offrant pour caractère essentiel : Un calice com-
posé de sept folioles; une corolle irréguliére, presque la-.
biée, dont le tube est ventru ; la lévre supérieure bifide;
l’inférieure à trois divisions ; quatre étamines didynames; un
ovaire supérieur; un style comprimé, courbé à son sommet.
Le fruit est une capsule bivalve, à une loge ; le réceptacle
cylindrique.
MEC 381
Les auteurs de la Flore du Pérou, qui ont établi ce genre,
n’en citent qu’une seule espèce, sans autre description que
d’avoir des feuilles ovales, dentées en scie, sous le nom de
mecardonia ovata, Ruiz et Pav., Syst. veget. Flor. Per., pag.
164. Cette plante croit au Pérou. (Pot. 3
MECERY. (Bot.) On lit, dans le grand Recueil des voyages
publié par Théodore de Bry, que ce nom est donné à l’opium
que l’on porte du Caire dans l'Inde, et que cet opium est
blanc , tandis que celui qui vient d'Aden et de la mer Rouge
tire sur le noir et a plus de dureté. Celui de Cambaye et
du Décan est rougeûtre et plus friable. (J.)
MECHANITIS. (Entom.) Genre de lépidoptéres diurnes
fondé par Fabricius, et qui renferme plusieurs AE de
papillons héliconiens de Linné. (Desm.)
MECHINUM. ( Bot.) Daléchamps et C. Bauhin citent sous
ce nom deux racines qui paroissent appartenir au genre du
gingembre. (J.)
MECH-MECH. ( Bot.) Nom arabe de l’abricotier , cité par
M. Delile : c’est le mischmisch de Forskal. (J.):
MECHOACAN. (Bot.) On donne dans les pharmacies ce
nom à une racine apportée de la province de Mechoacan,
dans le royaume du Mexique. Elle est employée comme pur-
gatif résineux, maïs moins actif que la scammonée. Son ori-
gine n'a pas été connue d’abord; mais on sait maintenant
que c’est une espèce de liseron. Le phytolacca decandra est
aussi nommé mechoacan du Canada. Voyez LisERoN ne
vol. XXVII, p. 33. (J.)
MÉCHOACAN NOIR. (Bot. ) C'est le jalap. Voyez Lisenon
sALAP, Vol. XXVII, p. 36. (L. D.)
MÉCHON. (Bot.) On donne ce nom, dans quelques can-
tons, aux racines tuberculeuses de ratthe pimpinelloïde.
(L. D.)
_ MECON, MECION. (Bot.) Noms qui, chez les Grecs, dé-
signoient les pavots. (LEm.)
MÉCONIQUE [| Acipe]. ( Chim. ) Il existe dans l’opium com-
biné avec la MorPuine (voyez ce mot). Il a été découvert par
M. Sertuerner, et examiné par M. Robiquet. Les propriétés
qu’on lui a reconnues, après l’avoir sublimé, sont les sui-
vantes.
382 MEC
Il est inodore ; il se fond de 120 à 125 degrés ; dès qu'il
est liquéfié, il commence à se sublimer, sans éprouvér d’al-
tération, pourvu que la chaleur ne soit pas trop ‘élevée. On
peut l’obtenir sous forme de belles aiguilles, de lames carrées,
ou de ramifications formées par des octaèdres très-alongés.
Il est extrêmement soluble dans l’eau et l’alcool. Sa solu-
tion rougit fortement la teinture de tournesol.
Méconates.
L’acide méconique ne précipite pas l’eau de baryte, parce
qu’il forme avec elle un sel assez soluble : il ne précipite pas
davantage les sels de baryte; mais, quand il est en présence
de certaines matières organiques, il précipite en partie l’hy-
drochlorate de baryte. Il forme avec la chaux, la potasse et
la soude des sels plus ou moins solubles.
Le méconate de chaux cristallise en prismes.
L’acide méconique, ajouté à des solutions d’un sel de fer au
maximum d’oxidafion, + une belle couleur TOR e Wire
duire de précipité. C’est même la un de ses LE eR carac-
itéres. En cela il se comporte comme l'acide sa J'ai appelé
amer au minimum d’acide nitrique, acide qu'on obtient en
traitant l’indigo par l’acide nitrique.
Versé dans une solution de sulfate de cuivre, la rise
passe au vert émeraude, et à la longue il se produit un pré-
cipité jaune pâle.
L’acide méconique précipite aussi à la longue le perchlo-
rure de mercure.
M. Sertuerner dit qu’il a pris à grains d’acide méconique,
sans en ressentir aucun effet. (Cu.)
MÉCONITES. (Foss.) On a donné autrefois le nom de mé-
conites à des grains plus ou moins arrondis et quelquefois si
petits qu’on a annoncé qu'ils étoient des graines de pavots ou
des œufs de poissons pétrifés. IL est bien reconnu aujourd’hui
que ces corps n’ont point été organisés. Voyez Oouxres. (D.F.)
MECONIUM. (Bot.) Suc exprimé des têtes et feuilles de
pavot mises sous une presse. IL est d’une qualité inférieure
à celle de l’opium, et son action est moindre. (J.)
MÉCONIUM. (Chim.) C’est une matière qui se trouve
dans les intestins du fœtus qui n’a pas respiré, et qui est na-
MED .. 383
turellement expulsée du corps, ordinairement peines
heures après la naissance. ,
Le méconium est d’un brun olive ou jaunâtre, visqueux ;
ordinairement il est insipide et inodore.
Il a été examiné par Bordeu, Bayen, Deleurye, et enfin
par M. Bouillon-Lagrange, Nous allons présenter les conclu-
sions du mémoire de ce dernier.
1.” Le méconium d’un enfant nouveau-né, ou celut provenankt
d’un fœtus, à diverses époques de grossesse, est boujours de la
méme nature.
2.9 Lorsqu'il est frais, il contient 0,70 d’eau.
3.° Les divers méconium examinés , ainsi que celui provenant
des agneaux, sont mélés de poils.
4% Celui d'enfant contient 0,02 d’une matière analogue au
mucus nasal, 0,70 d’eau el 0,28 d’une substance que lon peut
regarder comme le méconium pur.
5° Il se rapproche beaucoup plus des substances végétales que
des mafières animales.
6° Cette substance ne contient pas de bile, comme on l'avoit
pensé; aussi le peu d’amertume qu’elle peut présenter , paroït
plutôt se rapporter à Vamer des végétaux.
7. Le méconium des agneaux, desséché, a une odeur de muse,
et dans sa composition il présente quelques caractères analogues
au méconium d’enfant.
8° La matière colorée, mélée aux excrémens que rendent les
enfans à la suite des tranchées, est purement végétale et combinée
à une substance colorante verte et à de la graisse. (Cx.)
MECONOPSIS. ( Bot.) M. Viguier, dans son Histoire des
pavots, p. 48, a établi, sous ce nom, un genre particulier
pour le papaver cambricum, Linn., distingué des pavots par
les valves de ses capsules, qui le rapprochent des argemone,
et surtout par le stigmate pourvu d’un style court et non
sessile. Cette plante a déjà été mentionnée dans ce Diction-
naire sous le nom d’'ARGÉMONE CAMBRIQUE, VOL. Il, pag. 481.
(Porr.)
MÉDAILLE. (Bot.) Nom vulgaire de la lunaire, cité dans
le Dictionnaire des drogues de Lemery. (J.)
MEDAN. (Bot.) Nom arabe de deux ocimum de Forskal,
que Vahl nomme plectranthus Forskalei et P. crassifolius. Ce
384 MED
dernier, qui étoit l’ocimum zatarhendi de Forskal, est cité
par M. Delile sous le nom arabe zatar. (J.)
MEDDAD. (Bot.) Voyez Sruenr. (J.)
MEDE-CANNI. (Bot.) Nom brame de l’Irrr-cawnr du Ma=
labar. Voyez ce mot. (J.)
MÉDÉE. (Entom.) Nom donné par Fabricius à un lépi-
doptére d'Afrique du genre Sphinx. (C. D.)
MÉDÉOLE, Medeola. (Bot.) Genre de plantes monocoty-
lédones, à fleurs incomplètes, de la famille des asparaginées,
de l’herandrie trigynie de Linnæus ; offrant pour caractère es-
sentiel : Une corolle à six divisions égales et renversées en
dehors; point de calice ; un ovaire supérieur, à trois sillons,
chargé de trois styles; une baie trifide, à trois loges; une
ou deux semences dans chaque loge.
Si lon admet les réformes établies pour les trois especes
qui composent ce genre, on le verra presque disparoïître en
totalité. Nuttal a présenté, pour le medeola virginica, le genre
Gyromia. Le medeola angustifolia d’Aiton est rapporté, mais
avec doute, au dracæna volubilis de Linnæus fils. Willdenow
a établi le genre Myrsiphyllum pour le medeola asparagoides.
Je vais faire connoître ces deux dernieres espèces, la pre-
mière ayant été mentionnée à l’article GyromrA.
Mépéore sARMENTEUSE : Medeola asparagoides, Linn.; Mant.,
Lamk., Ill. gen., tab. 266 ; Till., Pis., tab. 12, fig. 1; Myr-
siphyllum , Willd., Enum., 1, pag. 4oo ; Dracæna medeoloides,
Linn. fils, Suppl.; Asparagus medeoloides, Thunb. , Prodr. La
racine de cette plante est composée de plusieurs tubercules
alongées, presque fasciculées ; il s’en élève quelques tiges
grêles, sarmenteuses, anguleuses, hautes de quatre à cinq
‘pieds, garnies de feuilles presque sessiles, ovales, aiguës,
vertes, longues d’environ un pouce, à nervures fines, nom-
bidaiée: dont la ressemblance avec celles du ruscus racemosa
y a fait rapporter le laurus alerandrira, etc., Herm., Lugdb.,
pag. 679, tab. 681, également cité, par un double emploi,
pour ces deux plantes. Une petite écaille ovale, scarieuse,;
est au-dessous de chaque feuille. Les fleurs sont petites,
pendantes, solitaires ou géminées, situées dans Paisselle des
écailles stipulaires, portées chacune sur un pédoncule grêle,
long de trois à quatre lignes ; la corolle est d’un blanc sale,
MED. 385
verdatre en dehors; les étamines ont la longueur de la co-
rolle ; les styles sont roides et rapprochés; l'ovaire est pédicellé
la baie a trois loges et deux semencés dans chaque loge ? selon
Willdenow. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance;
on la cultive au Jardin du Roi.
MÉpéote À FEUILLES ÉrRoItEs ; Medeola angushfolia, Aït. , Hort.
Kew.; Till., Pis., 17, tab. 12, fig. 2. Cette plante n’est très-
probablement qu’une variété de l’espèce précédente, dont
les tiges sont plus longues, moins grosses et moins rameuses ;
les feuilles plus alongées, plus étroites, de couleur grisâtre ;
les fleurs, d’un blanc herbacé, naissant deux ou trois en-
_semble. Cette espèce croît au cap de Bonne-Espérance. (Poïz.)
MEDESUSIUM. ( Bof.) Cordus cite sôus ce nom la reine
des prés, spiræa ulmaria. (J.)
MEDHÆSAA. (Bot.) Nom arabe, cité par Forskal, d’une
carmantine, Jusficia bicalyculata de Willdenow. (J.)
MÉDIAIRE [Emeryow]. ( Bot.) Lorsque l’embryon est ren-
fermé dans le périsperme, il en occupe tantôt le milieu
(frêne, etc.), tantôt le côte (cyclamen, etc.). Lorsqu'il en
occupe le milieu, tantôt, sous la forme d’un axe, il se porte
en ligne droite d’un point du périsperme au point diamé-
tralement opposé ( conifères, etc.); tantôt, large et étendu,
il partage le périsperme en deux portions à peu prés égales
(cassia fistula, ricin) : dans ce dernier cas M. Mirbel dit
que l’embryon est médiaire: ( Mass.)
MÉDIANE |Czoison}. (Bot.) Les cloisons d’un fruit sont
souvent produites par les valves. Cela a lieu de deux ma-
niéres ; tantôt le bord des valves se prolonge et rentre dans
intérieur du fruit (antirrhinum, etc.), tantôt le milieu des
valves se prolonge en saillie (lilium, hibiscus, etc.) : dans le
premier cas, les cloisons valvéennes sont marginaires; dans
le second, elles sont médianes. (Muss.)
MÉDIASTINE. ( Bot.) Dodart a décrit sous ce nom et sous
celui de Plante nouvelle, dans les anciens Mémoires de l’A-
cadémie des sciences, tom. 10, pl. 4, fig. 3, une crypto-
game, décrite et figurée ensuite par Michéli (Nov. gen.,
pl. 66, fig. 35), nommée par Roth Rhizomorpha fragilis, et
par Persoon , suivi par Acharius, Rhiz. subcorticahis. Paulet
la place dans sa famille des clayaires truffans. Son nom de.
29e 122
386 MED
médiastine rappelle qu’elle croît entre l'écorce et le bois des
vieux arbres. Sa forme réticulaire lui a valu le nom générique
de reticula, que lui avoit donné Adanson. Haller en avoit
fait une espèce du genre des Sphæria. Voyez Rarzomonrxa.
(Lem.)
: MÉDIATE [Insenriox]. ( Bot.) L'insertion d’un organe est
médiate, lorsque cet organe adhère par sa base à un autre
organe, qui, dans ce cas, semble le supporter. Telle,est, par
exemple, l'insertion des étamines, lorsque ces dernières ad-
hérent à la corolle. Voyez Inseartion. (Mass.)
MEDICA. ( Bot.) Plusieurs espèces de luzernes étoient ainsi
nommées par Lobel, Daléchamps, Dodoens et d’autres. Tour-
nefort et Vaillant avoient aussi adopté ce nom; mais Lin-
næus, le trouvant trop adjectif, a généralisé pour ce genre
le nom medicago, donné par Morison à une de ses espèces. (J.)
. MEDICA-TALI. ( Bot.) Nom brame, cité par Rhéede, du
cassytha, genre qui a le port de la cuscute et la fructifica-
tion presque la même que celle du laurier. (J.)
MÉDICINIER. ( Bot.) Voyez Jarropma. (Poir.)
MEDICUSIA. (Bot. ) Sous ce nom Mœnch fait un genre du
crepis rhagadioloides , dont les feuilles du calicule sont cymbi-
formes ou creusées en nacelle, et les gaines non amincies à
léurs bords. Cette plante doit être reportée au genre Hedyp-
nois de Tournefort. (J.) |
MÉDICUSIE, Medicusia. (Bot.) Ce genre de plantes, pro-
posé en 1794 par Mœnch, dans sa Methodus plantas descri-
bendi, appartient à l’ordre des synanthérées, à la tribu na-
turelle des lactucées, et à notre section des lactucées-crépi-
dées, dans laquelle nous l’avons placé auprés du genre Picris
(voyez notre article Lacrucées, tom. XXV, pag. 63). Le Me-
dicusia offre les caractères génériques suivans, que nous n’a-
von» point observés, mais que nous empruntons à Mœnch.
Calathide incouronnée , radiatiforme, multiflore, fissi-
flore , androgyniflore. Péricline ovoide , formé de squames
unisériées, égales, trés-appliquées, mais non enveloppantes,
lancéolées-linéaires, toruleuses, carenées, cymbiformes ; et
accompagné de squamules surnuméraires inappliquées, iné-
gales, linéaires, infléchies au sommet. Clinanthe nu. Fruits
arqués en dedans, amincis au sommet, sillonnés longitudina-
MED 587
lement et transversalement, libres, c’est-à-dire, non enve-
loppés par les squames du péricline; aigrette composée de
squamellules filiformes, barbées.
On ne connoît qu’une espèce de ce genre.
Mépicuste APRE : Medicusia aspera, Mœnch, Methodus, pag.
537 ; Crepis rhagadioloides, Linn., Mant., p. 108; Picris rha-
gadiolus, Pers., Syn. pl., pars 2, p. 370 ; Crepis rhagadiolus,
Jacq., Hort. Schænbr., vol. 2, pag. 9, tab. 144. C’est une
plante herbacée, annuelle, hérissée sur toutes ses parties
de petits aiguillons fourchus, a divisions recourbées en cro-
chet ; sa tige est haute de trois pieds, rameuse, fragile ; les
feuilles inférieures sont oblongues, sinuées, dentées; les su-
périeures sont sessiles, lancéolées ; les corolles sont Jaunes,
rougeàtres extérieurement; les fruits sont de couleur can-
nelle. Nous n'avons point vu cette plante, que nous décri-
vons d’après Mœnch ; elle se trouve en Espagne, auprés de
Malaga. |
Le Crepis rhagadioloides de Linné, dont Mæœnch a fait le
genre ci-dessus décrit, dédié au botaniste Medicus, étoit at-
tribué par M. de Jussieu, ainsi que le Lapsana zacintha de
Linné, au genre Hedypnois. M. De Candolle (Flor. fr., tom.
IV, pag. 58) a pensé que le Medicusia de Mœnch pourroit
être réuni au genre Zacintha. Il est probable que MM. de
Jussieu et De Candolle n’avoient point remarqué que la
plante en question a l’aigrette plumeuse, comme les Picris,
et qu’ils avoient confondu cette plante avec celle qui sert de
type à notre genre Nemauchenes. L’aigrette plumeuse du
Medicusia suffit assurément pour distinguer ce genre des Za-
cintha, Nemauchenes , Gatyona, qui ont l’aigrette simple : mais
il nous paroît trés- douteux que le genre Medicusia soit dis-
tinct du genre Picris, et néanmoins nous l'avons conservé
provisoirement, parce que, ne l'ayant point observé nous-
même, il est prudent de suspendre notre jugement à son
égard.
Nous avons supposé jusqu'ici que le Medicusia de Mœnch
est, comme le déclare cet auteur, le Crepis rhagadioloïides de
Linné : mais il faut avouer que cette synonymie n'est rier
moins que certaine; car, s'il faut en croire Jacquin et Will-
denow, la plante de Linné n’a pas l’aigrette plumeuse, et
588 MED
les poils de cette plante sont simples, à l'exception de ceux
du péricline ; tandis que Mœnch range le Medicusia avec le
Picris, dans une division caractérisée par l’aigrette plumeuse,
et qu’en décrivant sa plante, il dit : planta tota aspera acw-
leolis glochidibus. (H. Cass.)
MÉDIFIXE [Anraëre]. (Bot.) Les anthères sont fixées à
leur support, tantôt dans toute leur longueur (podophyllum,
renoncule), tantôt par la base (iris, etc.), tantôt par leur
milicu (lis, etc.); et d'aprés ces divers points d’attache, on
les dit adnées, basifixes, médifixes. (Mass. )
MEDIUM. (Bot.) La plante ainsi nommée par Dioscoride
est, suivant Rauwolf, une campanule, campanula laciniata
de Linnæus. Son campanula medium est le medium de Mat-
thiole et de Gesner. (J.) |
MÉDIVALVE [Pracexraire|. ( Bot.) Le placentaire, partie
du fruit où les graines sont attachées, ne tient quelquefois
à rien aprés la déhiscence du péricarpe (Plantain, etc.). Lors-
qu’il est adhérent, il est fixé tantôt à la base du péricarpe
(primevère, silene, etc.), tantôt à l’axe central du fruit (ixia
chinensis), tantôt aux cloisons (pavot, etc.), tantôt contre
les sutures des valves (asclepias), tantôt contre les valves, et
dans ce dernier cas, s’il est placé le long de la ligne médiane
des valves (parnassia, orchis, etc.), onle dit médivalve.(Mass.)
MEDRONHEIRO. (Bot.) Nom portugais de 'AFPOURIES
cité par Vandelli. (J.)
MÉDULLAIRE. (Bot.) On nomme rayons nr les
lames verticales de tissu cellulaire qui, partant de la moelle
et se dirigeant vers l'écorce, paroissent sur la coupe trans-
versale du tronc sous la forme de rayons. On nomme CaANaz
MÉDULLAIRE (voyez ce mot), la cavité que remplit la moelle
au centre de la tige; et étui médullaire, la rangée de vaisseaux ,
( trachées, fausses trachées, etc.) qui tapisse intérieurement
la couche la plus centrale du boïs et entoure immédiate-
ment la moelle. Les trachées qui se déroulent quand on
brise une jeune branche, appartiennent à l’étui médullaire ;
ces vaisseaux ne se rencontrent dans aucune autre partie de
la tige des dicotylédones. ( Mass.)
MEDUSA. (Bot.) Ce genre de Loureiro est po medu-
sula par M. Persoon, et ce léger changement paroît conve-
MED 568
nable pour éviter le double emploi d’un nom dans deux
régnes différens. (J.) |
MÉDUSAIRES, Medusdriæ. (Actin.) Nous avons adopté,
avec M. de Lamarck, cette dénomination, pour indiquer
une famille de la classe des arachnodermaires, qui renferme
la plus grande partie des animaux que Linnæus avoit com-
pris davs son genre Medusa, en en retranchant les espèces
qui ont des côtes ciliées, celles dont le corps est soutenu
par un disque cartilagineux, et enfin celles qui sont flottantes
dans l’eau à l’aide de vésicules aérifères ; c’est-a-dire, les
beroës , les porpites, les velelles, ete. Cette famille corres-
pond à celle que Péron et Lesueur nomment les méduses
gélatineuses sans côtes ciliées; ce sont les méduses propre-
ment dites de M. Goldfuss. M. G. Cuvier paroît encore, sous
le même nom, confondre les béroës, etc., dans son ordre
des acaléphes libres.
Cesanimaux, extrêmement nombreux dans toutes les mers
et surtout dans celles des pays chauds, ont été remarqués de
tout temps par les peuples qui habitent les bords de la mer,
et par tous les auteurs d'histoire naturelle, depuis Aristote
jusqu’à nos jours, quoiqu'ils ne soient à peu prés d'aucune
utilité à l'espèce humaine ; mais la singulière propriété dont
plusieurs jouissent, d’être lumineux à un haut degré dans
l’obseurité, et surtout celle de produire une sensation dou-
loureuse, semblable à celle de l’urtication , quand on vient
à en toucher quelques-uns, ont dû les faire cbserver de
bonne heure : aussi tous les peuples maritimes ont-ils des
dénominations particulières pour les désigner. Elles indi-
quent cependant presque toujours l’une de ces deux pro-
priétés, comme les mots knide, acaléphé, chez les Grecs ;
urtica marina, chez les Latins, que nous avons traduits dans
notre langue par ceux d’ortie marine. Quelques nations les
appellent des chandelles de mer ; et enfin, en faisant l’obser-
vation que ces animaux ont dans leur forme, ou mieux peut-
être dans leurs mouvemens continuels de dilatation et de
resserrement, quelque analogie avec les poumons, les médu-
saires sont aussi désignées par des dénominations qui signifient
poumons marins. Leur structure apparente leur a fait quel-
quefois donner le nom de gelée de mer,
199 MED
Un trés-grand nombre d’auteurs, comme nous venons de
le dire tout à l'heure, se sont occupés de cette famille d’ani-
maux soui le rapport de leur distribution systématique, de
leur organisation, ou de leur histoire naturelle proprement
dite. Parmi les premiers il faut compter, outre Aristote
et Pline, qui en ont dit assez peu de chose : chez les Italiens,
Imperato, Columna, Spallanzani, Macri; parmi les Alle-
mands, Suédois et Danois, Martens, O. Fabricius, Modeer,
Forskal, Muller, Pallas, Linnæus, Gmelin, etc., et dans ces
derniers temps, MM. de Chamisso, Eysenhardt; parmi les
Anglois, Sloane, Browne, Borlaze; et enfin parmi les Fran-
çais, MM. Bosc, de Lamarck, G. Cuvier, et surtout MM. Péron
et Lesueur, qui avoient entrepris une monographie com-
plète de toutes les véritables méduses, accompagnée d’ex-
cellentes figures coloriées ; mais, quoique celles-ei soient en
grande partie terminées, il n’a été publié de l’ouvrage qu’un
prodrome de la classification, inséré dans les Annales du
Muséum d'histoire naturelle, et quelques généralités, malheu-
reusement bien vagues, sur les espèces du genre Équorée.
Les personnes qui se sont occupées de l’organisation des
médusaires sont beaucoup moins nombreuses. De Heyde est
le premier: Muller, M. G. Cuvier ont ajouté quelque chose
à ce que l’on savoit d'après cet auteur; mais les travaux
de M. Gaëde , et ceux de M. Eysenhardt y ont ajouté davan-
tage. J'ai aussi plusieurs fois fait l'anatomie de plusieurs
méduses, mais sans en être complétement satisfait,
Les auteurs qui ont parlé des mœurs des médusaires d’a-
prés leurs propres observations, sont réellement aussi en
petit nombre. Ce sont Réaumur, l'abbé Dicquemare, et
surtout Macri et Spallanzani.
Les médusaires ont une forme régulière , bien circulaire,
hémisphérique, plus ou moins convexe en-dessus et concave
en-dessous, avec un orifice simple, arrondi, médian, ordi-
nairement fort grand, entouré ou non d’appendices de
forme variable; la réunion, dans une plus ou moins grande
partie de leur bord, de ces appendices buccaux, constitue
un pédoncule commun, dont l’attache en croix divise l’ori-
fice en quatre parties.
On donne à la partie hémisphérique et principale du corps
MED 391
des médusaires la dénomination de chapeau ou d’ombrelle, à
cause de sa ressemblance avec la partie qui porte ce nom
dans les champignons. Les appendices buccaux qui entourent
souvent la bouche, se nomment des bras. La partie com-
posée par la réunion de ces bras a été désignée sous le nom
de pédoncule.
L’ombrelle, comme nous venons de le dire, toujours ré-
guliérement circulaire, est quelquefois très- déprimée en-
dessus comme en-dessous ; d’autres fois elle est subcylindrique
par sà grande élévation; rarement elle est globuleuse ; enfin,
le plus souvent, elle est à peu près hémisphérique. Ses bords,
ou la ligne de jonction de la partie convexe avec la partie
concave, sont quelquefois entiérement lisses, rarement rele-
vés en angles peu saillans, ou sublobés ou tuberculeux; le
plus souvent ils sont garnis de filamens tentaculaires plus ou
moins alongés, auxquels on donne le nom de fentacules, On re-
marque aussi dans un certain nombre d'espèces, dans diffé-
rens points de la circonférence de l’ombrelle, des organes
similaires, bien régulièrement espacés, dont on ignore l'usage
et dont nous parlerons tout à l'heure ; on les désigne par la
dénomination d’auricules. L’ouverture du milieu de la face
concave est quelquefois trés-grande , ronde ou carrée ; elle
est sessile ou bien à l'extrémité d’une espèce de prolonge-
ment labial, en forme de trompe ou d’entonnoir plus ou
moins alongé. Dans la circonférence de cette ouverture, ses-
sile ou non, se rémarquent souvent des appendices ou bras
assez souvent fort longs, en nombre fixe, et qui se divisent
et se ramifient dans toute leur étendue ou à leur extrémité
seulement : entre ces divisions se voient quelquefois des or-
ganes que Pallas et Péron ont comparés aux cotylédons des
végétaux, ce qui leur fait nommer ces bras cotiliféres. Ces
appendices sont souvent attachés à la circonférence de la
bouche sessile, et quelquefois plus ou moins haut sur la
trompe, qui la prolonge ; mais il arrive aussi qu’ils se réunis-
sent dans une partie plus ou moins considérable de leur
étendue : il en résulte alors un pédoncule, quelquefois fort
gros, qui semble partager la bouche en quatre parties. C’est
la-dessus qu’est établie la division, proposée par Péron et Le-
sueur, adoptée par M. de Lamarck, des médusaires en mo-
592 MED
nostomes et en polysiomes.: Le fait est qu'il n’y a toujours
qu'une bouche , dans les unes comme dans les autres.
Les médusaires, qui varient considérablement en grosseur,
puisque , s’il en est de véritablement microscopiques, il en
est aussi qui atteignent jusqu'a plusieurs pieds de diamètre!
et qui pésent cinquante livres, sont les animaux qui offrent
le moins de substance solide : ce n’est, pour ainsi dire,
qu’une gelée plus ou moins consistante , parfaitement trans-
parénte, qui, par suite de la perte de la vie, se résout com-
plétement en une eau limpide salée, én ne laissant pour ré-
sidu que quelques grains de pariies membraneuses également
transparentes. Spallanzani, qui a fait cette expérience sur un
individu pesant cinquante onces, n’a retiré que cinq à six
‘grains de pellicules ; tout le reste s’est fondu en eau. Cette
‘eau est aussi salée que celle de la mer, et en effet le même
naturaliste a extrait par l’évaporation autant de sel marin
de l’une que de l’autre. Aussi, en coupant l’animal vivant
et en touchant la plaie avec la langue, éprouve-t-on la
‘même sensation qu’en goûtant de l’eau de mer. En faisant
bouillir un de ces animaux dans l’eau ordinaire, il ne s’est
pas dissous, comme il l’eût fait dans l’eau froide; il s’est con-
‘tracté en conservant exactement sa forme, et il est devenu
“plus ferme, plus résistant. J’ai réussi aussi à faire durcir une
méduse par l'alcool, au point qu’elle ressembloit à de la corne
d'un brun noir; mais elle étoit devenue beaucoup plus pe-
tite. D’après cela, l’eau qui constitue la pius grande partie
de ces animaux, doit être contenue dans un tissu cellulaire
d'une finesse et d’une mollesse extrêmes.
Le tissu des médusaires n’est donc pas réellement homo-
gène, quoiqu'il le paroisse. Leur peau ou enveloppe est ce-
pendant d’une minceur extraordinaire , non distincte; ce
n’est pour ainsi dire que la limite de leur tissu un peu con-
densé. Observée au microscope, M. Gaëde a vu qu’elle est
‘garnie de petits grains dont chacun paroît lui-même formé de
grains plus petits. Seroit-ce la source de la matière visqueuse
qui transsude de toutes les parties du corps, et que Péron
dit avoir observée sur des individus mis dans de l’eau de
1 Dicquemare en cite une de quatre pieds de diamètre.
ét
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MED 5
mer assez fréquemment renouvelée pour qu'ils conservassent
toute leur activité vitale, qui est tellement abondante, dit-
il, que la trentième portion d’eau est aussi altérée que la
première ? Cela n’est pas probable. On pourroit peut-être
croire plutôt que c’est l’origine de la substance éminem-
ment phosphorescente que Spallanzani a remarquée dans cer-
tains endroits du corps des médusaires lumineuses, et qui
jouit de propriétés différentes de celles de la liqueur qui
sort d’une plaie. Celle-ci a le goût d’eau salée, et autre
fait éprouver une sensation douloureuse , au point qu’en ayant
touché avec la langue, Spallanzani ressentit une impression
brûlante qui dura plus d’un jour. Une goutte lui étant par
hasard tombée sur l’œil, la douleur fut encore plus cuisante.
La qualité caustique de cette humeur n’est cependant pas tou-
jours concordante avec la propriété phosphorescente, puis-
qu'il est des espèces qui ne sont pas lumineuses et qui cepen-
dant produisent les effets de l’urtication.
Ordinairement les médusaires sont parfaitement incolores,
et ressemblent au cristal de roche le plus pur et le plus trans-
parent : il y en a cependant qui offrent des parties colorées
en roussâtre, en beau bleu d'outre-mer, en verdâtre, et
même à l’intérieur en très-beau violet ou pourpre.
L'appareil des sensations des médusaires paroïît être borné
à la peau. Le nom de tentacules qu’on a donné aux filamens
plus ou moins alongés qui bordent Yombrelle, l’usage qu'on
leur assigne, ainsi qu'aux appendices brachiaux dans certaines
espèces, pourroient faire soupçonner que ces organes jouis-
sent d’un toucher plus exquis; mais je ne trouve rien dans
l’organisation de ces parties qui puisse confirmer cesoupçon,
et je ne vois même pas qu'il soit certain que ces organes
servent aux usages qu’on leur attribue.
L'appareil de la locomotion se compose seulement d’une
couche de très-petits muscles paralléles et disposés transver-
salement dans toute la circonférence de l’ombrelle, dans
l'étendue d’un demi-pouce environ de sa face supérieure.
Spallanzani les indique très-bien, et je les ai vus moi-même.
Je ne suis pas aussi certain des bandes, également muscu-
laires, qu’il décrit comme provenant des bords de l'ou-
verture inférieure, en se prolongeant le long des appen-
394 MED
dices buccaux qu’elles composent, quoique cela soit pro-
bable. 5
L'appareil de la digestion paroît consister, du moins dans
le plus grand nombre des espèces de médusaires, et peut-être
mieux chez toutes celles qui ont été suffisamment observées !,
dans une cavité plus ou moins considérable , située à la face con-
cave de l’ombrelle et creusée dans le tissu même de l'animal,
sans qu’on puisse y distinguer de membrane, pas plus qu’on
ne distingue de derme à l'extérieur. Cette cavité a le plus sou-
vent une ouverture centrale, comme nous l'avons fait remar-
quer plus haut, quelquefois à l'extrémité d’une sorte de trompe
alongée , et quelquefois bordée seulement d’une lèvre circu-
laire saillante. Nous avons déja dit comment il est possible
que cet orifice soit partagé en quatre et même en un plus
grand nombre de parties de forme sigmoïde, s’il étoit rond,
par les racines du pédoncule, quand il existe; en sorte qu’il
n’est pas juste de considérer chacune de ces parties comme
autant de bouches, en suivant l’exemple de MM. Péron et
Lesueur. Quelquefois cette loge centrale ou espèce d’esto-
mac est indivise ; d’autres fois des cloisons plus ou moins in-
complètes la partagent en quatre loges distinctes. Enfin, dans
plusieurs espèces de médusaires on trouve que ces loges
communiquent, par une ouverture supérieure, avec d’au-
tres, sur un plan plus élevé ou supérieur, en nombre égal
à celui des premières, et séparées par une cloison. C’est
des premiers sacs que naissent des espèces de vaisseaux creu-
sés, comme eux, dans le tissu même de l’animal, et qui,
aprés s'être divisés, vont se réunir dans un canal circulaire
:
1 MM. Péron et Lesueur, dans leur division systématique des mé-
dusaires, foni une division des espèces qu'ils nomment agastriques,
parce qu’elles n’ont pas, suivant eux, d’estomac; et cependant ils dé-
crivent un siaus où se rendent des ramifications vasculariformes, comme
toutes les médusaires bien observées en montrent. N'est-ce pas là L’a-
nalogue de l'estomac des médusaires gastriques? Observons d’ailleurs
que les différens genres de ceite section n’ont été établis que sur des
dessins et non sur les animaux eux-mêmes , et par conséquent ne
méritent peut-être pas la même confiance que tous ceux que ces natu-
ralistes ont faits depuis sur les médusaires qu’ils ont observées dans la
Manche et dans la Méditerranée, et qui toutes sont gastriques.
MED | 395
qui occupe le bord de l’ombrelle, et dans lequel s’ouvrent
des canaux semblables, qui règnent dans toute la longueur
des tentacules. Dans certaines espèces, comme dans la me-
dusa capillata, Linn., espèce de cyanée pour Péron et Le-
sueur , il y a même plus de complication ; dans la cavité
buccale s'ouvrent largement quatre premiers sacs communi-
quant l’un avec l’autre. Chacun d’eux donne naissance à
quatre appendices, deux oblongs et deux cordiformes, qui
sont séparés entre eux par des cloisons. C’est dans l’intérieur
de ceux-ci que s’ouvrent, sur trois rangées, les orifices
des canaux qui régnent dans toute la longueur de ces tenta-
cules fins et nombreux qui ont valu à cette espèce le nom
de chevelue. Dans les espèces qui ont des bras ou un pédon-
cule central plus ou moins ramifié, l’intérieur de ces or-
ganes est également creux et leur canal communique avec
la cavité centrale, Réaumur avoit même vu depuis long-
temps que, dans le rhizostome de M. G. Cuvier, l'origine He.
ramifications de ces canaux est percée d’un pore à l’exté-
rieur, ce qui à fait supposer à ce dernier que ces animaux
n’ont pas une bouche unique, mais un trés-grand nombre
de suçoirs à l’extrémité des ramifications du pédoncule qui
puisent le fluide nourricier dans l’eau, comme les racines
des plantes le font dans la terre.
. Les ramifications vasculaires de l’estomac des médusaires,
qui forment souvent un réseau trés-fin dans les bords de l’om-
brelle, et la place de ces animaux dans la série, ne permet-
tent pas de penser qu’ils possédent aucun organe spécial de
respiration et de circulation. Quelques auteurs ont cepen-
dant regardé, mais à tort, comme des espèces de branchies
des organes plissés, qu’il nous reste à décrire, parce qu'ils
appartiennent à l'appareil de la génération.
Surla eloison qui sépare les premiers sacs stomachiques des
seconds dans la M. aurita, et dans les premiers de ces sacs
dans la M. capillata, M. Gaëde a remarqué une membrane
plissée, à laquelle est attaché un cordon de vaisseaux courts
en forme de cœcum, et qui se meuvent comme les tenta-
cules, même quand ils ont été détachés du corps. Ce sont
indubitablement les ovaires, que l’on voit former une croix
au milieu du dos de l’ombrelle, à cause de leur coloration
396 MED
souvent différente du reste, puisqie M. Gaëde y a parfai-
tement vu des œufs ou mieux des gemmules nageant dans
un fluide. Quand ils s’en sont détachés, il paroit qu'ils tom-
bent dans les canaux dés bras, qui servent alors d'organes
de dépôt; car on n’en voit jamais à la fois dans les ovaires
et dans ces organes.
Muller, qui cependant a aussi étudié l’organisation des
médusaires, regardoit comme produisant des excrémens ces
petits organes que nous avons désignés plus haut sous le nom
d’auricules, et qui se trouvent dans le bord de l’ombrelle
d’un assez grand nombre d’espéces : à l'œil nu ces organes,
dans la M. aurita, ont paru à M. Gaëde comme de petits
points blanchâtres; mais, sous le microscope, il a vu que
chacun d’eux est formé par un petit corps creux qui porte
à son extrémité libre une foule de corpuscules tous plus ou
moins hexagones. 11 avoue n’en pas connoître l'usage.
On n’a jamais vu de traces de système nerveux dans les
animaux de cet ordre, et il n’est pas probable qu'il ÿ en
existe. (
Si, aprés l’organisation des médusaires, nous en étudions
les fonctions, nous allons encore trouver plusieurs choses
assez remarquables. |
Leur sensibilité générale paroît être bien obtuse ; et peut-
être en est-il de même de la sensibilité spéciale des ten-
tacules marginaux et buccaux, dont la force de contractilité
paroit cependant être très-grande : aussi les médusaires ne
semblent pas sentir la main qui les saisit.
Leur locomotion, qui est fort lente et qui dénote un assez
foible degré d'énergie musculaire, paroît, au contraire,
m’avoir pas de cesse, puisque, étant d’une pesanteur spéci-
fique plus considérable que l’eau dans laquelle ils sont im-
mergés, ces animaux, si mous qu'il n’est pas probable qu'ils
puissent se reposer sur un sol solide , ont besoin d’agir
constamment pour se soutenir dans le fluide qu'ils habitent :
aussi sont-ils dans un mouvement continuel de systole et de
diastole. Spallanzani, qui les a observés avec soin dans leurs
mouvemens, dit que ceux de translation sont exécutés par
le rapprochement des bords de l’ombrelle, de maniere à ce
que son diamètre diminue d’une maniére sensible : par la,
MED |. 397
une certaine quantité d'eau contenue dans les estomacs et
dans la cavité ombrellaire est chassée avec plus ou moins
de force, et le corps est projeté en sens inverse; revenu
par la cessation de la force musculaire à son premier état
de développement, il se contracte de nouveau, et fait un
nouveau pas. Si le corps est perpendiculaire à l'horizon,
cette succession de contraction et de dilatation le fait mon-
ter; s’il est plus ou moins oblique, il avance plus ou moins
horizontalement. Pour descendre, il suffit à l’animal de ces-
ser ses mouvemens ; sa pesanteur seule l’entraine : jamais
il ne se retourne, la convexité de l’ombrelle en bas. Les
_tentacules ni les bras ne paroiïssent pas servir dans ces mou-
vemens de translation; du moins ceux-ci, d’aprés Spallan-
zani, sont toujours étendus en suivant le corps. Des expé-
riences ingénieuses, rapportées par cet observateur, prou-
vent que ce sont les seuls muscles de la zone marginale de
l’ombrelle qui la font contracter en totalité, puisqu’en les
enlevant le reste de l’ombrelle n'éprouve aucun change-
ment, tandis que la zone enlevée continue ses mouvemens
de systole et de diastole. Malgré cette action presque con-
tinuelle de la faculté locomotrice, les médusaires m'ont paru
ne pouvoir vaincre le plus petit courant et être entraînées
avec lui.
D'apres tous les observateurs, les médusaires se nourrissent
de petits animaux, de mollusques, de vers, de crustacés et
même de poissons, qu’elles attirent vers leur bouche à
l’aide des appendices dont elle est armée. Spallanzani l’a
supposé, parce qu'il a vu un petit poisson qui étoit collé à
l’un des appendices d’un individu qu’il venoit de saisir. M.
Gaëde dit positivement avoir trouvé, dans l’estomac des mé-
duses qu’il a disséquées, de petits poissons et des néréïdes.
MM. de Chamisso et Eysenhardt , dans leurs Mémoires sur
ces animaux, insérés dans le tome 9 des actes de la Société
des curieux de la nature, disent encore plus, puisqu'ils as-
surent avoir trouvé plusieurs fois dans les ventricules des
têtes et des restes de poissons comme digérés. M. Bosc, qui a vu
un grand nombre de ces animaux, MM. Péron et Lesueur,
qui ont pu en observer encore bien davantage, sont de
cette opinion, ainsi que Dicquemare et Othon Fabricius.
598 MED
J'ai moi-même aussi trouvé quelquefois dé petits poissons
dans des équorées et même dans des rhizostomes. Mais ces
petits animaux avoient-ils été saisis par ces méduses pour
‘ leur servir de nourriture, ou ne s’y trouvoient-ils que par
accident? Cette derniére opinion est celle de M. Cuvier,
du moins pour les rhizostomes, qui lui paroissent puiser
leur nourriture par des espèces de suçoirs, comme nous
l'avons dit plus haut.
On ignore jusqu'ici et probablement l'on ignorera toujours
la durée de la vie des médusaires, ainsi que l’histoire de leur
développement. IL est probable qu’elles sont rejetées par
teur mère à l’état parfait et ne différant d’elle qu’en gros-
seur. On sait qu’elles sont plus grosses au printemps et dans
l'été, c’est-a-dire, à l’époque où leurs ovaires sont gonflés
par les œufs qu’ils contiennent, et que dans les autres par-
ties de l’année elles sont plus petites; on sait aussi que les
appendices acquièrent avec l’âge un développement et une
complication qu'ils n’avoient pas d’abord.
On trouve des espèces de cette famille d'animaux dans
toutes les mers des pays froids, comme dans celles des pays
chauds, et surtout dans la haute mer. Chacune, d'apres les
observations de MM. Péron et Lesueur, paroît être confinée
a des parties déterminées du globe, où les individus sont
réunis en troupe innombrable et forment quelquefois plu-
sieurs lieues carrées d’étendue. Si elles paroissent et dispa-
roissent parfois dans le même pays à des époques déterminées,
cela dépend sans doute des vents et des courans réglés qui les
emportent et les raménent. Elles sont quelquefois jetées en
grande quantité sur les bords de nos côtes, où on a cherché à
en tirer parti. On a essayé, mais sans beaucoup de succés, à
eu extraire de l’ammoniaque. On s’en sert plus ue UE 7
ment comme amendement sur les terres arables.
Toutes les médusaires, à l’état de mort et de putréfaction,
paroissent être phosphorescentes; mais 1l n’y en à qu'un
petit nombre qui le soit à l’état vivant. Nous devons à Spal-
lanzani un grand nombre d'expériences curieuses sur ce
sujet. Il a d’abord cherché quelles sont les parties qui jouis-
sent le plus de cette singuliére propriété, et il a vu que
é’étoient, 1.° les grands tentacules ou bras, 2.° la zone muscu-
MED 799
laire de l’ombrelle, et 3.° la cavité stomachale : le reste de
lombrelle ne brille que par la lumiére transmise. IL s’est
ensuite occupé de voir à quoi est due la phosphorescence, et
il s’est assuré que c’est à une humeur gluante particulière
qui sort de la surface des trois parties que je viens de citer.
Cette humeur, comme nous l’avons dit plus haut, est tout-
à-fait différente de celle qui sort du corps, et même de ces
parties quand on les coupe : elle est trés-corrosive, et son
application sur la peau et surtout sur la langue, la conjonc-
tive, occasionne une vive douleur; exprimée dans différens
liquides, comme dans l’eau salée, mais surtout dans l’eau
_ douce, l'urine et le lait, elle leur communique une lumière
phosphorique. Une seule méduse, exprimée dans vingt-sept
onces de lait de vache, le rendit si resplendissant, qu’on pou-
voit lire les caractères d’une lettre à trois pieds de distance ;
au bout d’onze heures il conservoit encore quelque lumiére.
Quand il l’eut perdue tout-à-fait, on la lui rendit en l’agi-
tant, et enfin, lorsque ce moyen ne produisit plus d'effet,
l’on en obtint encore par la chaleur, en ayant soin qu’elle ne
fût pas trop forte. La méduse morte jouit aussi encore assez
long-temps de la propriété phosphorescente, surtout si on
vient à verser dessus de l’eau douce, même quelque temps
aprés qu’elle ne luit plus. Sur l'animal vivant elle est plus
forte dans le mouvement de contraction que dans celui de
dilatation , ce qui se conçoit, puisque c’est la partie éminem-
ment contractile qui exhale l’humeur phosphorique. La lu-
mière peut être suspendue pendant plus d’une demi-heure,
ce qui dépend de la cessation des oscillations, et cependant
la phosphorescence persiste, quoiqu’àa un degré beaucoup
moins intense, dans l'animal mort, jusqu’à la putréfaction. On
accroît la phosphorescence, en donnant une commotion aux
parties de l’animal, ou même en lui faisant sentir le frot-
tement de la main. Quand il est vivant, il communique au
fluide dans lequel il est plongé, sa propriété phosphorique,
mais moitié plus si c’est de l’eau douce que si c’est de l’eau
- salée.
Un certain nombre de ces animaux jouissent d’une autre
propriété plus nuisible, c’est celle de produire une douleur
très - vive quand ils touchent une partie de notre peau, ce
400 ME D
qui leur a valu le nom d’ortie de mer. Jusqu'ici, quoique j'aie
touché un assez grand nombre de méduses, je n'ai pas encore
éprouvé cet effet; mais Dicquemare, qui a fait des expé-
riences à Ce sujet sur lui-même avec la cyanée bleue, en
rapporte les effets en ces termes : « La douleur est à peu
prés semblable à celle qu’on ressent en heurtant une plante
d’ortie; mais elle est plus forte, et dure environ une demi- .
heure. Ce sont dans les derniers momens comme des pi-
qûres réitérées et plus foibles. Il paroît une rougeur consi-
dérable dans toute la partie de la peau qui a été touchée, et
des élévations de même couleur, qui ont un point blanc dans
le milieu. Au bout de quelques jours, apres que la douleur
est passée, la chaleur du lit fait reparoître les élevures de
la peau.> Cet effet paroît être dû à une humeur caustique
qui sort de la peau de la méduse. Est-elle différente de celle
que produit la phosphorescence ? cela est probable, puisque,
comme nous l'avons dit plus haut, l’espèce observée par
Spallanzani , qui étoit éminemment phosphorescente , ne
produisoit aucun effet d’urtication. Les espèces qui. jouissent
de cette propriété à l’état vivant, l’ont aussi dans l’état de
mort. Certaines autres ont un effet d’urtication si peu in-
tense, qu'il ne devient sensible que sur les parties de la
peau tres-molles, comme la conjonctive, ou attendries par
un long séjour dans l’eau, et surtout dénudées.
Quoique les médusaires paroissent n'être composées que
d’une grande quantité d’eau de mer, elles se putréfient avec
une très-grande facilité et exhalent alors une odeur très-
désagréable. Pendant la vie même elles en répandent une
qui tient un peu de celle du poisson : elle est forte, péné-
trante, et devient insupportable dans un lieu fermé, sur-
tout quand elles meurent et se dissolvent.
On a essayé de voir si les méduses étoient susceptibles de
reproduire les portions qu’on leur avoit enlevées ; mais ül
paroît que non. On en irouve souvent qui continuent de
vivre, quoiqu’elles aient été plus ou moins mutilées; et M.
Gaëde, qui a fait des expériences à ce sujet, dit que l’ani-
mal ne paroïît pas être affecté par la perte de plusieurs des
grandes parties de son corps, et, bien plus, que si l’on coupe
une méduse en plusieurs morceaux, ceux qui n’ont qu'un
seul estomac continuent de vivre. ;
MED 40ù
Aucune médusaire, comme nous l'avons dit plus haut, ne
paroît servir à la nourriture de l’homme. Il paroit qu’il n’en
est pas de même pour plusieurs animaux : ainsi les actinies
les saisissent au passage et les entraînent peu à peu dans
leur estomac. Les baleines en détruisent aussi une immense
quantité ; mais il paroit que ce sont des espèces ou des in-
dividus d’une extrême petitesse, dont sont remplies les eaux
de la mer qu’'habitent ces grands animaux, et qu’elles y sont
avec beaucoup d’autres animaux de types différens , mais
également presque microscopiques.
Le nombre des espèces de ce groupe est assez considérable
pour au’on ait eu besoin d’une méthode propre à les faire
reconnoître aisément. Avant le travail de MM. Péron et Le-
sueur elles étoient réparties presque sans ordre sous le nom
de méduse. La classification des médusaires, donnée dans ce
travail, est la plus complète qui ait paru jusqu'ici; nous
avons cru devoir la suivre dans ce Dictionnaire, quoique
nous doutions beaucoup, comme nous lavons dit plus haut,
qu'il y ait des méduses sans estomac et des espèces avec
plusieurs bouches. M. Ocken l’a égalemént suivie ; M. de La-
marck a fait de même, mais il a réduit le nombre des genres
a moitié. M. G. Cuvier a aussi pris pour base de sa subdivi-
sion des méduses le travail de Péron ; maïs ii l’a un peu mo-
difié. Enfin, MM. Schbweïger, Goldfuss, Eysenhardt ont fait
à peu près la même chose.
Nous passerons sous silence les deux premières divisions
que MM. Péron et Lesueur établissent dans leur famille des
méduses; savoir: les méduses en parties membraneuses, ou
les porpites, les physales, et même les méduses entiérement
gélatineuses avec des côtes ciliées, c’est-a-dire , les béroës,
qui ne sont ni les unes ni les autres de véritables médusaires
pour nous; et nous ne parlerons que de celles-ci. En con-
sidérant l’existence évidente ou l’absence apparente de l’es-
tomac , il en résulte la première division en Méduses agastri-
ques et Méduses gastriques, qui sont de beaucoup plus nom-
breuses, et qui, à cause de cela, sont divisées en monos/omes
et en polystomes, suivant que l'ouverture inférieure de l’om-
brelle est simple, inédiane ou divisée en plusieurs parties
latérales par les racines du pédoncule. Les espèces de ces
29e 2
402 MED
différentes sections peuvent être pourvues de ce pédoncule
ou ne l'être pas, cé qui les divisera en médusaires pédoncu-
lées et en médusaires non pédonculées. Le pédoncule, à son
tour, peut être partagé ou non en lanières ou bras, d’où
résulte une autre division des médusaires brachidées et des
médusaires non brachidées. Enfin, en considérant que les
bords de l’ombrelle peuvent être pourvues ou non de ten-
tacules, on obtient une division dichotomique, en médusaires
tentaculées et en médusaires non tentaculées. Pour être plus
court et pour en faciliter l'intelligence, nous allons donner
cette distribution Systématique sous forme de tableau, en
renvoyant pour les genres et pour les espèces aux noms de
ceux - la.
A ç non non tentaculées. Eurore.
| pédonculées ; |tentaculées..:.. Bérénice.
: OryTutres.
ACASTRIQUES. « « » ; non tentaculées.
pédonculées ; Favonre.
k LYymNoRÉE.
| tentaculées..... Ë
GÉRYoNIE.
| CarYzDÉE.
non ten- P
taculées. ROCHE
non L
non te he EuLiIMÈNE.
édon- PAR Da ee
P GA dées ; LÉ EQUORÉE.
culées; acu ù
ee Fovéozte.
. Pécasie.
nn Moxo- DAT : Ù
HA ue brachidées; tentacul. Carr1RnoË,
[se +: HE
FT non ten- |! MÉLITÉE.
ms ke s iaculées. | Évacore.
= pédonculées ; bra- L
j RA OcÉANTrE.
A chidées ; À F
-E tentacu- | PÉLaGiE.
= GASTRI- | lées. AGLAURE.
QUES : N MÉLICERTE.
ÿ _(EurvaLes.
hou bra- non qe ë
MPa chidées ; 1 taculees. PHŸRE.
pédon- tentacul. OBÉzre.
culées ; ten- | OcYRoË.
°9 | brachi- | "0 |
Pozy- décs; taculées. | CassiOPEE.
STOMES : tentacul. AURELLIE.
pedonculées; bra-
taculées. RHYZOSTOME.
chidées ;
tentacu- a à
je ten- | CÉPRÉE.
lées. Rs
MED 403
Voyez Ori ne mer et Poumons pE mer, dans le cas où de
nouveaux travaux auroient été faits sur cette famille. (DE B.)
MÉDUSE, Medusa. ( Actinoz.) Ce nom à été appliqué par
Linnæus aux animaux dont on fait assez généralement une
famille sous la dénomination de Mépusaires, parce que leur
forme , et surtout les tentacules souvent assez longs qui l’en-
tourent ou la terminent, leur donne quelque ressemblance
avec la tête de Méduse des mythologues grecs et romains.
Pour les détails d'organisation, de mœurs et de distribution
systématique, voyez Mépusaires. (De B.)
MEDUSE, Medusa. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones,
_à fleurs complètes, polypétalées, de la monadelphie pentandrie
de Linnæus; offrant pour caractère essentiel : Un calice
persistant à cinq folioles; cinq pétales; cinq filamens réunis
en tube à la base; les anthéres pendantes ; un ovaire supé-
rieur; unstyle; un stigmate simple; une capsule hérissée,
uniloculaire, à trois valves ; six semences.
Mépouse nérissée : Medusa anguifera, Lour., Flor. Cochinc.,
2, pag. 4095 ; Medusula anguifera , Pers. , Synops., 2, pag. 215.
Arbre de la Cochinchine, d’une médiocre grandeur, dont
les rameaux sont ascendans, garnis de feuilles alternes, ovales,
alongées, acuminées, glabres à leurs deux faces, dentées en
scie; les fleurs sont rouges, disposées én grappes trés-peu
garnies ; leur calice pileux, à cinq folioles ovales, étalées,
courbées en dedans; une corolle composée de cinq pétales
ovales, alongés, courbés en dedans, puis réfléchis à leur
sommet; les filamens réunis en un tube de la longueur de
la corolle; les anthéres pendantes; l'ovaire arrondi; le style
garni de poils, de la longueur des étamines. Le fruit est une
capsule ovale, uniloculaire , à trois lobes, à trois valves, cou-
verte d’un grand nombre de poils flexueux, trés-longs, ren-
fermant six semences arrondies. (Porn.)
MEDUSULA. ( Bot.) Pers., Synops. Voyez Mépuse. (Porr.)
MEDUSULA. (Bot.) Champignon solide, globuleux, sti-
pité, ayant des conceptacles externes filiformes, flexibles
et qui se résolvent en eau. L'espèce qui constitue ce genre,
est le M. labyrinthica, Tode , Fung. Meckl., p. 17, pl 3, fig.
28. Il est voisin du genre Dematium et des autres genres faits
à ses dépens. (LEm.)
404 MEE
MEEAREI. (Ichthyol.) Un .des noms locaux du paille-
en-cul, frichiurus lepturus de Linnæus. Voyez Ceinture. ( H.C.)
MEEREL. (Ornith.) Nom flamand du merle commun,
turdus merula , Linn. (Cx. D.)
MEERKAKA. (Bot.) Voyez Horekrex. (J.)
MEER - MAID. (Mamm.) Barbot donne ce nom à un ani-
mal voisin du lamantin. (F. C.)
MEER-OTTER. (Mamm.) Nom allemand qui signifie
loutre de mer, et qu'on donne en effet à la loutre marine.
Voyez Lourre. (F. C.)
MEER -ROS. (Mamm.) Un des noms allemands du Morse.
(FE. Gi)
MEERSCHWALBE. (Ornith.) Ce nom désigne, en alle-
mand, les hirondelles de mer ou sternes, sterna, Linn.
(Ce. D.)
MEERSCHWEIN. (Mamm.) None allo qui signifie
cochon de mer, et que l’on donne aux espèces du genre
Dauphin. (EF. C.)
MEER-SCHW EINLEIN. (Mann. ) Un des noms du cochon
d'Inde dans quelques langues germaniques; il signifie pro-
prement petil cochon de mer. (F. C.)
MEERU, (Bot.) Nom brésilien du balisier, canna indica,
cité par Pison. C’est le katu-bala du Malabar. (J.) |
MEERWOLF. (Mamm.) Ce nom allemand, qui signifie
Lour mMariN, a été donné à l’hyène par Belon. ( Des.)
MEESIA. (Bot.) Ce nom a été donné d’une part à une
mousse, par Hedwig; de l’autre, à une plante ochnacée, par
Gærtner. Le genre de He est confondu par Din
avec son amblycdum ; par M. Kunth, avec le bryum. Celui de
Gærtner, adopté par M. de Lamarck, a été nommé Walkera
par Schreber, par Willdenow et par M. De Candolle. Si. le
genre de Hedwig doit être supprimé, il paroîtra naturel.de
conserver à celui de Gærtner le nom qu'il lui a donné le
premier. Voyez Mésier. (J.)
MEESIA. (Bot.) Genre d'Hedwig, de ia famille des mousses,
qui est déjà décrit dans ce Dictionnaire à l’article Amprvont.
Nous ajouterons ici quelques lignes pour compléter l’histoire
de ce genre. Nous ferons observer qu'il ne doit pas être
confondu avec le Meesia de Gærtner, lequel n'appartient
MEG 405
pas à la classe des plantes cryptogames, et dont le nom a
‘été changé avec raison par. Schreber en celui de Walkera.
Le Wicesia longiseta, Hedvwv.( Amblyodum longisetum, Pal. B.),
n’est plus rangé dans le genre Meesia. Weber et Mohr, et
puis Voit et Bridel, en ont fait leur genre Diplocomium, sur
la considération que les cils du péristome interne sont au
nombre de seize, rapprochés par paires, et non réunis par
une membrane réticulée, comme on l’observe dans le genre
Meesia. (LEm.) |
MEEUWE. (Ornith.) Nom hollandois de la mouette d'hi-
ver, larus hibernus, Gmel., lequel paroït n'être qu'un jeune
du larus canus, id. (Cu. D.)
MÉGACARPÉE, Megacarpæa. (Bot.) Genre de plantes di-
cotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, réguliéres, de
la famille des crucifères, de la tétradynamie siliculeuse; offrant
pour cäractère essentiel : Un calice à quatre folioles, point
gibbeux à sa base; quatre pétales entiers ; six, étamines té-
tradynames, sans dents; point de style ; un stigmate sessile,
presque bilobé, en disque; une silicule sessile, à deux dis-
ques, échancrée à ses deux extrémités, à deux loges très-
comprimées, entourées d’un rebord aïlé, soudé avec l'axe
par son côté intérieur ; dans chaque loge une semence so-
litaire, orbiculaire, comprimée.
MécacarPée LACINIÉE; Megacarpæa laciniata, Dec., Syst.
veg., 2, pag. 417. Sa racine est épaisse, cylindrique, de la
grosseur du doigt. Elle produit une tige droite, herbacée,
haute de quatre à six pouces, glabre, cylindrique ; les feuilles
radicales et les inférieures pétiolées, velues, presque aïlées ;
les lobes étroits, pinnatifides ou dentés, aigus ; les fleurs
petites, disposées en grappes paniculées, accompagnées à
leur base de feuilles sessiles, petites, multifides, pileuses ;
les pédicelles filiformes, dépourvus de bractées; les folioles
du. calice égales ; les pétales à peine plus longs que les ca-
lices ; la silicule grande, large d’un pouce, couronnée par
un stigmate sessile, presque discoïde ; les lobes plans, très-
comprimés, entourés d’un large rebord ; le cordon ombilical
long, un peu tomenteux ; la semence en cœur, orbiculaire,
comprimée. Cette plante croît dans la Sibérie. (Porn.)
MÉGACÉPHALE, Megacephala. (Entom.) M. Latreille a
406 MEG
décrit sous ce nom de genre quelques espèces de coléop-
tères créophages, qui ne différent dés cicindèles que par le
prolongement de leurs palpes postérieurs ou labiaux : il y
rapporte les espèces nommées par les auteurs mégalocéphale
de Caroline, de Virginie, sépulcrale, équinoxiale, etc. Voyez
Cicxpèce. (C. D.)
MÉGACHILE. (Entom.) Ce nom, qui signifie longue lèvre,
a été employé par M. latreille pour indiquer un genre d'in-
sectes hyménoptères, de la famille des mellites, correspon-
dant à celui des anfthophores de Fabricius : telle est en parti-
culier l'espèce d’abeille coupeuse de feuilles que nous avons
fait figurer, planche 29, n.° 3, sous le nom de phyllotome
empileur. (C. D.)
MÉGADERME. ( Mamm.) Nom formé de deux mots grecs,
et qui signifie grande peau, peau étendue : il a été appliqué
par M. Geoffroy à un genre de Chéiroptères ou Chauve-souris,
dont les especes sont en effet remarquables par un singulier
développement de la peau au-dessus des narines, qui pré-
sente des appendices de formes diverses, lesquelles ont fait
donner à ces espèces les noms de lyre, de feuille, etc.
Lorsque M. Geoffroy a établi ce genre, on n’en connoissoit
qu’une espèce, que Linnæus avoit réunie à ses autres vesper-
tilions. On sait en effet que la famille des chéiropteres, di-
visée aujourd'hui en 15 ou 16 genres, ne formoit pour Linnæus
qu'un seul groupe générique : et quoique le nombre des
espèces se soit considérablement accru , 1l est à présumer que
leur connoissance n’auroit point changé les vuesde cetillustre
naturaliste, puisqu'il tiroit le caractère distinctif de ce groupe
de la structure des membres antérieurs disposés pour le vol,
caracteres propres à tous les chéiroptères ; et Gmelin auroit
sans doute confondu les mégadermes avec ses Vespertihio lep-
Eurus et ferrum equinum, qui constituent le septième groupe
qu’il a formé de ces animaux , les uns comme les autres
ayant pour caractères des intermaxillaires tout-à-fait dé-
pourvus d’incisives, et quatre de ces dents aux maxillaires
inférieurs. Chez les mégadermes les intermaxillaires sont car-
tilagineux , et les incisives inférieures, suivant M. Geoffroy ,
se trouvent uniformément placées à côté l’une de l’autre sur
la même ligne et dentelées sur leur tranchant; les canines,
MEG 407
semblabies à celles de tous les chéiroptéres, sont fortes et
crochues; leurs fausses molaires sont au nombre de six, deux
normales à la mâchoire supérieure, et à la sus infé-
rieure deux normales et deux anomales; et leurs molaires
sont au nombre de six, à l’une et à l'autre mâchoire. Leurs
yeux sont petits et ne présentent rien de particulier, et il en
est de mème de leur langue douce. Les organes qui rendent
surtout ces animaux remarquables, sont les oreilles et le nez.
La conque externe des premiéres est d’une grandeur exces-
sive, comparativement à la taille de l'animal. Celle d’un côté
est réunie à celle de l’autre par son bord antérieur, et
l'entrée du canal auditif est garnie en avant d’un oreillon
_ formé de deux lobes : l’un externe, long et pointu; l’autre,
interne, plus court et arrondi. Les narines sont environnées
et immédiatement surmontées d’un appendice charnu, ou
plutôt tégumentaire, de forme différente pour chaque es-
pèce, mais qui chez, toutes se compose essentiellement de
trois parties : l’une verticale, une autre horizontale, et la
troisième en fer à cheval. Ces organes, particuliers aux mé-
gadermes, aux rhinolophes et aux phillostomes, et qui ont
déterminé la formation des genres qu'ils constituent , ne
sont point encore connus, quant à leur utilité pour l’animal,
à l’usage qu'il en fait, et à leurs rapports avec les autres par-
ties de l’organisation. C’est un genre de recherches nouveau,
qui donnera les moyens d'apprécier la valeur de ces organes
comme caractères zoologiques, et d'établir sur un fondement
réel les groupes génériques dont ils forment l'essence.
Les erganes du mouvement se distinguent par l’ahsence de
la queue et par des ailes très-étendues. Le troisième doigt
des membres antérieurs manque de phalenge onguéale. Ce qui
fait aisément distinguer les mégadermes des phillostomes et des
rhinolophes, c’est qu'ils n’ont pas, comme les premiers, une
langue divisée par un sillon profond et couverte de verrues
qui paroissent les rendre propres à sucer; et que, différens
des seconds, ilssont dépourvus d’une queue, etontdesoreillons.
Les espèces de ce genre connues jusqu’à ce jour ne se trou-
vent qu’en Afrique et aux Indes, et rien ne nous a été Tap-
porté sur leur genre de vie, sur le rôle qu’elles ont à jouer
dans l’économie générale de la nature.
408 MEG
Nous tirerons les caractères de ces espèces des descriptions
qu’en a données M. Geoffroy , et qui se trouvent dans le XV.
tome des Annales 4u Muséum d'histoire naturelle, page 187.
Le MécaDerMe LYRE; Megaderma lyra, Geoff. Longueur du
corps, 8 centimètres; de la tête, 3; de la feuille, en hauteur 1,
en largeur 0,8 ; de l'aile, 34; de la membrane interfémorale,
4 ; des osselets du tarse, 1.
Cette espèce a été envoyée de la Hollande à M. Geoffroy,
qui pense qu’elle venoit des Indes orientales.
Le bourrelet de la feuille nasale est assez saïllant : cette
feuille est coupée carrément à son extrémité libre : mais dans
son état plisse ordinaire elle présente trois pointes, une
moyenne pius longue que les deux autres, qui sont d’égale
longueur. Les lobes latéraux sé continuent sans interruption
avec le fer à cheval, c’est-a-dire, cette arête demi-circulaire
qui est située au-devant des narines. Enfin vient la lame qui
recouvre la base du cône: elle est concentrique au fer à
cheval et tire son origine de la racine du bourrelet ; adhé-
rente sur toute sa ligne moyenne aux cartilages qui forment
la cloison dés narines, elle devient en quelque sorte pour
celle-ci deux auricules dont les ouvertures sont latérales.
Cette lame est de moïtié moins grande que la feuille propre-
ment dite, Les oreilles réunies, mesurées transversalement,
ont cinq centimètres ; leur partie libre forme la moitié de
leur longueur. L’oreillon est formé de deux lobes : l’interne
petit, terminé circulairement; externe, tres-grand , terminé
en pointe. La membrane interfémorale est soutenue dans le
vol par trois tendons qui partent du coccyx, les deux externes
allant obliquement ‘aux tarses, et celui du milieu suivant
directement la ligne moyenne. |
Le pelage du mégaderme lyre est roux en-dessus et fauve
en-dessous.
Le MécanermMe FEUILLE ; Megaderma frons, Daubenton, Aca-
démie des sciences, 1759.
Voici ce que ce célébre naturaliste dit de cet animal :
« Elle (la feuille) a sur le bout du museau une membrane
ovale posée verticalement, qui ressemble à une feuille : cette
membrane a huit lignes de longueur sur six de largeur ; elle
est trés-grande a proportion de l'animal, qui n’a que deux
MEG #0ù
pouces un quart de longueur depuis le bout du museau jus-
qu'à l'anus. Les oreilles sont près de deux fois aussi grandes
que la membrane : aussi se touchent-elles l’une l’autre depuis
leur origine par la moitié de la longueur de leur bord interne;
elles ont un oreillon qui a la moitié de leur longueur, et qui
est fort étroit et pointu par le bout. Le poil est d’une belle
couleur cendrée, avec quelque teinte de Jaunàtre peu appa-
rent?
Ce mégaderme venoit du Sénégal, où Adanson l’avoit dé-
couvert.
Le Mécanenme TRÈFLE; Megaderma frifolium, Geoïf.
Cette espèce, qui n’est connue de M. Geoffroy que par une
peau desséchée, rapportée de Java par M. Leschenault, se rap-
proche beaucoup du M. lyra. Sa feuille nasale diffère cepen-
dant de celle de cette première espèce, en ce qu’au lieu d’être
coupée carrément, elle conserve une forme ovale et pointue;
de plus, la foilicuie d’en-bas est beaucoup plus grande, et la
feuille plus petite ; et, enfin, la crête en fer à cheval présente
aussi plus de largeur dans son contour. l’orcillon, bien
qu’un peu déformé dans l'individu qu’il avoit sous les yeux,
a’paru présenter à M. Geoffroy un bon caractère spécifique,
en ce qu'il n’est pas seulement fourchu comme celui de la
lyre , mais bien formé de trois branches, celie du centre
étant la plus longue. Les oreilles sont aussi plus profondé-
menñt fendues , n'étant réunies qu’au tiers de leur longueur.
Enfin les osselets du tarse sont plus alongés, et les ailes, moins
chargées de brides musculaires, en acquièrent plus de trans-
parence. Le pelage de cette espèce est trés-long, moelleux
et de couleur gris-de-souris.
Cette chauve-souris, qui porte à Java le nom de lovo, est
distinguée de la première espèce par les traits suivans : Feuille
ovale ; la follicule aussi grande ; chacune du cinquième de la
longueur des oreilles; l’oreillon en. trèfle; mise en opposition
avec celle de la lyre : feuille rectangulaire, la follicule de
moitié plus petite.
Le MÉGADERME SPASME : Hp spasma ; , Vespertilio
ge de Linnæus.
* L'existence de cette espèce ne repose que sur l’autorité de
Séba ; M. Geoffroy croit, cependant que ses caractères sont
410 MEG te
assez nettement énoncés pour qu'elle doive être conservée
dans le système général des mammifères. Elle auroit, en
admettant la figure de Séba comme exacte, les oreilles plus
profondément fendues que celles de la lyre ; l’oreillon plus
long, maïs ayant son lobe intérieur plus petit; la follicule et
la feuille de mêmes dimensions, et toutes deux en forme de
cœur.
Ce mégaderme , d’une espèce douteuse, et qui conserve
les dimensions de la lyre, son pelage roussètre et son oreillon
bifurqué, en est cependant distingué par M. Geoffroy, à l’aide
de la phrase suivante : Feuille en cœur ; la follicule aussi grande
el semblable ; oreillon en demi-cæœur. Il est figuré dans Séba,
qui dit lavoir reçu de Ternate (Mus., p. 90, pl. 56, fig. 1),
sous le nom de Glis volans. (F. C.)
MEGALOCARPÆA. (Bct.) Sous ce nom générique M. De
Candolle sépare du genre Biscutella, l'espèce nommée biscu-
Lella megalocarpa par M. Fischer, parce que son calice n’est
pas gibbeux à sa base, et que son stigmate et sa silicule ont
une large bordure. Ces différences ne sont peut-être pas suffi-
_Santes pour en former un genre. (J.)
MÉGALODONTE. (Entom.) Par ce nom, emprunté du grec,
et qui signifie grandes màchoires, M. Latreille a désigné un
petit genre d'insectes hyménoptéres, de la famille des uro-
pristes, voisins des tenthrèdes, avec lesquelles les deux espèces
qu'il renferme ont été rangées. M. Fabricius, en adoptant le
genre, l’a indiqué sous le nom de T'arpa. Telles sont les mou-
ches-à-scie ou tenthrèdes, appelées céphalote et tête plate (pla-
giocephala). Voyez .Urorrisres et Tenrurene. (C. D.)
MEGALONIX. (Mamm.) Espèce fossile du genre Mega-
thérium, découverte en Virginie. Voyez Mrcarsertum. (F. C.)
MÉGALOPE, Megalopa. (Crust.) Genre de crustacés fondé
par Leach, et que j'ai rapporté à la famille des décapodes
macroures. Voyez Maracostrracés, tome XXVIII, page 299.
(Dssm.)
MÉGALOPE, Megalopus. (Entom.) Ce nom, qui est tiré
du grec et qui signifie longues pattes, a été employé par Fa-
bricius pour désigner un petit genre d'insectes coléoptéeres
tétramérés, de la famille des lignivores, qu'il a placé entre
Jes leptures et les nécydales. Ce genre ne comprend que
MEG 411
deux espèces, qui ont été rapportées de l'Amérique méridio-
nale par le docteur Shmidt. (C. D.)
MEGALOFE, Megalops. (Ichthyol.) M. de Lacépède a
donné, le premier, ce nom à un genre de poissons qui doit
entrer dans la famille des gymnopomes de l'auteur de la
Zoologie analytique. Ce genre, généralement adopté, se re-
connoît aux caractères suivans :
Ouverture de la bouche médiocre, non entièrement pi de
dents ; nageoïre dorsale unique, insérée au-dessus des catopes eb
ayant son dernier rayon prolongé en un filament ; ventre carené,
dentelé , presque droit; nageoire anale libre; yeux très - grands;
vingt-quatre rayons ou plus à la membrane des branches; écailles
COTÉES.
D'aprés ces notes, il devient facile de séparer les Méca-
rores des Hanexes ou CLupées, ainsi que des Ésoces, des CLu-
PANoDoNs et des Mysres, genres dans lesquels la nageoire
dorsale est simple; des Canres, des Agres, des Tances, et
en général de tous les Cyprins, qui ont le ventre arrondi,
non dentelé, et qui manquent de dents maxillaires; des Sau-
Mons, qui ont deux nageoires dorsales ; des LÉPisostTÉEs, qui
ont les écailles osseuses, etc. (Voyez ces différens mots,
GyMnoPomes et SIAGONOTES. )
Ce genre ne PEUT encore que {trois espèces bien dé-
terminées. DA
Le Mécarore-FriraMEnT ; Megalops filamentosus, Lacép. Na-,
geoire caudale fourchue; mâchoire inférieure plus avancée
que la supérieure et recourbée vers le haut, anale falei-
forme; corps et queue comprimés ; langue rude; deux ori-
fices à chaque narine ; teinte générale argentée; dos et na-
geoires à nuances bleues.
Ce poisson est, comme M. Cuvier l’a fort bien remarqué,
le même que celui représenté, dans la planche 403 de Bloch,
sous le nom de clupea cyprinoides, et doit être confondu
par conséquent avec la clupée apalike de Bonnaterre et de M.
de Lacépéde, qui, d’ailleurs, en a parlé le premier, d’après
une note du voyageur Commerson.
Le mégalope-filament a été observé par celui-ci dans les
environs du fort Dauphin de l'ile de Madagascar ; mais il
fréquente aussi les eaux du grand océan et celles de l’océan
|
A12 MEG
atlantique , particulièrement auprès de l’équateur et dés
tropiques, où on l’a vu parvenir a la taille de douze pieds
et présenter une assez grande ouverture de la gueule pour
engloutir la tête d'un homme. Ila, dans cet état, le corps
couvert d’écailles d'environ deux pouces de largeur.
Si ce poisson est, comme il le paroït, le camura puguacu
de Marcgrave et de Ruysch, sa chair est grasse, pesante et
de difficile digestion.
Le Mécarore CcaAILLEU -Tassart : Megalops fhrissa; Clupano-
don fhrissa, Lacép.; Clupea fhrissa, Linn. Corps alongé, com-
primé, couvert d’écailles grandes , minces et fortement atta-.
chées ; tête petite et a!lépidote. Màchoires a côtés seulement
protractiles ; l’inférieure est terminée, par une espèce de
crochet, qui se trouve logé dars une échancrure de la su-
. périeure : ouverture de la bouche médiocrement étendue ;
palais garni d’une membrane ridée; langue lisse, courte et
cartilagineuse ; narines offrant chacune deux orifices.
La nageoire caudaie de ce poisson est fourchue, et tout-
à-fait distincte de celle de l'anus, qui n'offre aucune échan-
crure. |
Sa ligne latérale est droite.
Une belle couleur d'un bleu céleste régne sur lé dos et
les nageoires du de dont l’abdomen et les flancs
brillent de l’éclat de l'argent.
Ce poisson, qui atteint la taille d’un pied à quinze pouces,
fréquente les eaux de la Chine, des Antilles, de la Jamaïque,
de la Caroline. Sa chair est souvent grasse, d’une Saveur
agréable et d’une digestion facile; maïs , assez souvent aussi,
son ingestion cause des accidens assez graves pour qu'on doive
exclure de la classe des substances alimentaires, quoiqu’à
Puerto-Rico on la mange impunémert. :
Dans certaines saisons , dans certains parages, en effet,
cette chair est vénéneuse à un degré presque incroyable,
dit M. Robert Thomas de Salisbury, qui a pendant long-
temps pratiqué la médecine aux Indes occidentales, et, dans
plusieurs cas, son ingestion a déterminé la mort dans l’espace
d’une demi-heure et au milieu de convulsions épouvantables.
On cite, entre autres exemples, celui d’un nègre des états
du grand Mogol, qui succomba de cette maniere, et chez
MEG 413
lèquel les spasmes convulsifs commencérent presque avec la
déglutition de ce mets. On a vu a Saint-Eustache des individus
expirer au moment même qu'ils en mangeoient.
Dans le cas où l’action de ce poison est moins violente , à
il détermine à peu près les mêmes accidens que lon voit
produire à la bécune, c’est-à-dire qu’il cause une déman-
geaison universelle à la peau, de vives coliques,. un senti-
ment de conmstriction à l’œsophage, une sôrie de pyrosis,
des nausées, une chaleur fébrile, l'accélération du pouls,
des vertiges, la cécité, des sueurs froides, l’insensibilité et
une mort plus ou moins tardive.
Le traitement, du reste, est ici absolument le même que
dans les circonstances où l’on est empoisonné par les autres
espèces de poissons, qui, tels que la bécune , le capitaine,
le carangue, offrent tantôt a nos besoins une ressource ali-
mentaire, et tantôt portent dans nos entrailles le germe des
douleurs et de la mort. (Voyez IcurnyquE et Poissons.)
Le Mécazore NasiQuE : Megalops nasus, N.; Clipancdon na-
sica, Lacép.; Clupea nasus, Bloch (429). Nageoire caudale
fourchue; museau plus saillant que les màchoires et prolongé
en forme de nez; un seul orifice à chaque narine; tête cou-
verte de grandes lames; écailles épaisses ; ligne latérale
droite et descendante ; dos bleu; couleur générale argentée:
taille de dix à onze pouces.
Ce poisson habite près des côtes du Malabar, où ïl se tient
à l'embouchure des rivières plus particulièrement. Sa chair
est remplie de petites arêtes, et passe pour être quelquefois
mal-saine. (H. C.)
. MÉGALOPTÈRES, Megaloptera. (Entom.) M. Latreille a
désigné d’abord sous ce nom, qui signifie grandes ailes, une
famille d'insectes névroptères, à laquelle il rapportoit les
genres Chauliode, Corydale, Sialis et Raphidie. Depuis, dans
l'ouvrage de M. Cuvier, il a réparti ces genres dans les diffé-
rentes sections de la famille qu’il nomme planipennes, parmi
les hémérohins et les termitines. Voyez Srécozrères ou Tec-
TIPENNES. (C. D.)
MEGALOTIS. (Mamm.) Illiger donne ce nom générique
au fennec ou animal anonyme que M. Geoffroy regarde
comme un galago. (F. C.)
414 | MEG
- MEGAPODE,. (Ornith.) MM. Gaimard et Quoy, médecins
naturalistes de l’expédition de découvertes autour du monde
commandée par le capitaine Freycinet, ont, au mois de
Décembre 1618, trouvé, dans les iles des Papous, un oiseau
qui leur a offert plusieurs rapports avec les menures, et qui
leur a semblé faire le passage entre les gallinacés et les échas-
siers, mais qui, suivant MM. Cuvier et Temminck, appar-
tient plutôt au premier de ces ordres. En effet, on l’a placé,
dans les Galeries du Muséum d'histoire naturelle, entre les
cryptonix et les peintades, et M. Temminck le regarde
comme le représentant des tinamous dans les contrées chaudes
de l’ancien continent. Les naturalistes voyageurs lui ont
donné le nom de mégapode, megapodius, à raison de Îla
grandeur de ses pieds; et dans un mémoire lu, le 6 Juin 1823,
par M. Gaimard, à la Société d’histoire naturelle de Paris,
le genre a été établi à peu prés de cette manière.
Bec foible, aussi large que haut, dont la mandibule supé-
rieure, un peu courbée à son extrémité, dépasse l'inférieure,
qui est droite; narines ovales, placées vers le milieu du
bec et couvertes d’une membrane garnie de quelques petites
plumes; œil entouré d’une peau nue; pieds situés à l'arrière
du corps; jambes garnies de plumes jusqu'aux tarses, qui
sont gros et robustes, comprimés surtout par derrière, et
couverts de grandes écailles ; quatre doigts trés-alongés, dont
les trois antérieurs sont presque égaux, et dont le postérieur,
plus court, est horizontal et pose à terre dans toute son éten-
due ; ongles trés-longs et très-forts, lésérement convexes en-
dessus, plats en-dessous, à pointe obtuse; ailes concaves, ar-
rondies, dont les troisième et quatriéme rémiges sont les plus
longues, et atteignent presque l'extrémité de la queue, qui
est petite, cunéiforme et composée de douze à quatorze
pennes.
Les deux espèces trouvées par MM. Quoy et Gaimard , ont
été dédiées, l’une à M. Freycinet, chef de l'expédition ; l’au-
tre, à la mémoire du célèbre et malheureux La Pérouse.
Mécapone Freyciner ; Megapodius Freycinet, Q. et G. Cette
espêce, que les Papous nomment Mankirio, et les habitans
de l’île de Guébé Blévine, est figurée sous le n.° 31 pour
l'Atlas du Voyage autour du monde. Elle a environ treize
MEG 415
pouces de longueur; le bec est long de dix lignes et les tarses
de deux pouces cinq lignes. Le doigt du milieu a deux pouces
de longueur ; il est réuni à l’interne par une membrane assez
large, et à l’externe par une membrane trés-petite. Le pouce
est long de dix-huit lignes. Le côté interne de l'ongle du
doigt du milieu n’est pasdilaté comme chezlesautres gallinacés.
La tête de cet oïseau est petite ; les plumes en sont
étroites, elles se relèvent légèrement en huppe à l’occiput; les
plumes dorsales sont, au contraire, longues et larges, et les’
grandes pennes de l’aile s'appliquant sur une queue convexe
qui ne les dépasse que d’un pouce, le corps a une forme
ovale alongée. La peau du cou est brunètre, et recouverte
séulement de quelques petits faisceaux de plumes courtes.
Les partiés supérieures sont d’un brun noir, qui s'éclaircit
au ventre et sous les ailes. Les larges écailles qui recouvrent
les tarses ne forment qu’un rang sur le devant, et par der-
rière deux, qui se touchent immédiatement sans losanges in-
termédiaires; elles sont d’un brun très-foncé. Le bec, brun
à son origine , est blanchâtre à la pointe: l'iris est noir.
Cette espèce est tres-commune dans Pile de Guébé, où
elle paroït vivre en demi-domesticité. Les bois humides sont
sa demeure habituelle. Sa démarche est lente, et, ses pieds
étant retirés en arrière, le corps se trouve sans cesse pro-
jeté en avant, ce qui rend l'oiseau comme voûté. Il efleure
la terre dans son vol de courte durée. Son cri est une sorte
de gloussement. Ses œufs, de couleur de brique pâle, ou de
café au lait, sont oblongs et d’une grosseur excessivement
disproportionnée à sa taille. Un individu a vécu plusieurs
jours à bord de la corvette l'Uranie.
_Mécarone La-Pérouse; Megapodius La Pérouse, G. et Q.,
Atlas zool. du Voy. autour du monde. Cette espèce, de la
même forme que la précédente, n’a que neuf pouces et
demi dans sa plus grande longueur ; ses tarses sont moins
élevés. Elle habite l’archipel des Mariannes, et se nomme
Sasségnat en langue chamorre ou de ces îles. Elle y étoit
autrefois trés-commune ; on prétend même qu’elle y vivoit
en domesticité : mais actuellement elle n’existe plus à Guam
ni à Rotta, et il faut, pour la trouver, aller à Tinian, où
elle est trés-rare.
416 MEG
Les plumes d’un brun clair qui couvrent la partie posté-
rieure de la tête, sont effilées et susceptibles de se redresser
un peu ; celles du dos et des ailes sont brunes et mélangées,
vers la pointe, d’un roux qui s’éclaireit à la poitrine, au
ventre, à l’anus et au croupion. La peau du cou, à l’en-
droit où les plumes sont rares, est d’un jaune rougeûtre.
Le bec, noïrâtre en-dessus, vers sa base, est dans le reste
de couleur de corne. La mandibule supérieure est plus
courbée et plus pointue que celle du mégapode Freycinet;
les tarses sont jaunâtres, médiocrement forts, et les doigts
sont noirs vers leur extrémité, ainsi que les ongles.
Les œufs de cette espèce, de la même couleur et de la
même forme, sont un peu moins gros; mais leur dispropor-
tion avec la taille de l'oiseau n’est pas moins remarquable. ,
M. le professeur Reinwardt, Hcillandois, a rapporté d'Am-
boine, daus les iles Moluques, un individu du même genre,
dont il paroit avoir fait présent à son compatriote, M. Tem-
minck, qui l'a déposé au cabinet d'histoire naturelle, et
se propose de le faire figurer dans une des livraisons du
Recueil de planches destinées à faire suite à celles de Buffon,
sous le nom de Mécarone Reixwarpr, Megapodius Reinwardt.
Cet oiseau a prés d’un pied de longueur de l'extrémité du
bec à celle de la queue, et quinze pouces jusquà celle
des pieds. Les tarses, tres-forts, ont trente lignes, le doigt
du milieu vingt, le pouce douze et les ongles six. Les
écailles qui garnissent le devant des tarses sont larges, car-
rées, et de couleur moins brune que celles qui couvrent
les doigts; les ongles sont noirâtres. Le bec, long d'environ
quatorze lignes, est blanchâtre. Les narines sont fort larges,
et les plumes usées qui se trouvent sur la base de la mandi-
bule supérieure et sur le front, semblent annoncer que
l'oiseau enfonce le bec dans la terre pour y chercher sa
nourriture. La peau du cou n’est pas nue : les plumes qui
en couvrent le dessus et le dessous sont d’un brun ardoisé:
celles de la tête, du dos, des ailes et de la queue , sont
olivâtres ; sur la poitrine, le ventre et les parties inférieures
elles sont d’un brun noirûtre.
Pendant que lauteur de cet article s’occupoit de sa rédac-
tion, on a placé au Muséum, où le mégapode Reinwardt
MEG 417
b'étoit pas encore, et près des. deux preméêéres espèces, un
œuf pareil aux leurs, avec cette étiquette : œuf du Tavon
des Philippines } et immédiatement à côté un nouveau galli-
nacé, à peu près de la même taille que le plus grand des
deux autres et ayant quelque ressemblance avec eux ; mais
dont les doigts et les ongles sont plus courts, la queue bien
plus longue, coupée carrément, et qui. a le cou étroit, la
gorge couverte de petites plumes blanches comme aux méga-
podes, la poitrine roussàtre, le dos brun et les baguettes de
chaque plume blanches. Cette circonstance à déterminé à
prendre des renseignemens, dont il a paru résulter que l'œuf
et l'oiseau avoient été apportés des Philippines par M. Dussu-
mier, et qu'il s'agissoit ici du T'avon, sur lequel on n’avoit
encore que la relation assez extraordinaire de Gemelli Careri,
dans son Voyage autour du monde, {om. 5, p.266, de l’édi-
tion, de 1719, ou p.157 de celle de 1727, et dans l'Histoire
générale des voyages, tome 10, in-4.°, p. 411. Si ce récit con-
tient des exagérations, au moins ne peut-on douter mainte-
nant de la vérité des principaux faits, puisqu'ils s'accordent
avec ce qu'ont observé MM. Dussumier, voyageur digne de
foi, et Calvo , amateur de la chasse, qui a résidé pendant
quinze ans sur les lieux en qualité d'agent de la Compagnie
des Philippines. Suivant ces messieurs, les tavons, dont le
nom, en langage tagalle ou du pays, signifie enfouir, dépo-
sent effectivement leurs œufs dans le sable, et les y aban-
donnent à l'influence de la chaleur solaire; mais, loin d'en
mettre quarante à cinquante dans une même fosse, ainsi
que le dit Gemelli Careri, chaque trou n’en renferme qu’un
seul, et s'il est probable que ces oiseaux en pondent plu-
sieurs, il ne l’est pas que le nombre de ces œufs puisse ja-
mais, vu leur extrême grosseur, approcher de la quantité
supposée: Du moment que le petit est éclos, il se met à cou-
rir, et la mère, disent les voyageurs modernes, ne paroît
lui donner. aucun soin, quoique le voyageur italien pré-
tende le contraire, et ajoute même que par ses cris elle
excite les petits à faire leurs efforts pour soulever le sable
qui les couvre et s'approcher d’elle. On trouve quelquefois
de: petits tavons morts dans leur trou, qui étoit probabie-
ment d’une trop grande profondeur; mais, malgré la con-
29: 27
418 MEG
fiance que méritent les assertions de MM. Dussumier et Calvo,
l’on ne peut s'empêcher de douter si le défaut absolu d’in-
cubation, qui n’a pas lieu pour les autruches puisqu'elles
se placent sur leurs œufs pendant les nuits trop fraîches,
s'étend à d’autres espéces de tavons ou mégapodes, puisque
l'ile Boni, où MM, Quoy et Gaimard en ont rencontré, est
couverte de bois, et que sa ceinture, toute madréporique,
ne leur a offert aucune plage sablonneuse. Quoi qu'il en
soit, MM. Dussumier et Calvo, qui ont trouvé parmi les
tavons des individus noirs, d’autres roux, ont observé que
tous , fort timides, courent trés-vîte à l'aspect des chasseurs,
et vont se cacher dans les touffes de bambous, où ils restent
long-temps. Le mégapode Reinwardt a paru à M. Dussumier
de la même espèce que les tavons ; mais il faudroit être
à portée de comparer plusieurs individus de chacune pour
en déterminer plus sûrement l'identité ou la différence, et
peut-être alors jugera-t-on plus convenable de rendre au
genre un nom connu depuis long-temps et qui existe dans
tous les ouvrages d'histoire naturelle. (Cu. D.)
MÉGARE. ( Foss.) On a donné le nom de pierre de Mégare
à des pierres remplies de coquilles fossiles. LacamunD, Oryct.,
pag. 45. (D. F.)
MEGARIMA. (Conchyl.) Subdivision générique proposée
par M. PARENTS Journ. de phys., t. 88, p. 427, pour
quelques espèces de térébratules dont les valves sont presque
égales, lisses, arrondies, transversales, rétrécies, sans auri-
cules; l'ouverture arrondie ; une grande cavité arrondie,
intérieure à la base, séparée en deux par une cloison longi-
tudinale dans une des valves. M. Rafinesque rapporte à ce
genré les Ter. lævis, crassa, truncala , etc. Voyez TÉRÉBRA-
TuLE. (De B.)
MEGASAC. (Bot.) Dans la Judée, suivant Raüwolf, on
nommoit ainsi l’astragalus tragacantha, ou sa variété. (J.)
MEGASTACHYŸA. (Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de
la triandrie digynie de Linnæus ; offrant pour caractère essen-
tiel : Des fleurs disposées en une panicule rameuse ; les épil-
lets composés de fleurs imbriquéés sur deux rangs, au nombre
de cinq à vingt, dans un calice bivalve; la valve inférieure
MEG 419
de Ia corolle échancrée à son sommet, mucronée au milieu
de léchancrure ; la valve. supérieure, bifide ou bidentée ;
trois étamines ; le style court, à deux divisions profondes; lés
stigmates velus ; les semences nues.
Ce génre a été établi par M. Palisot de Beauvois pour plu-
sieurs espèces de poa (palurin) dont les principales sont :
MEcasracuya ciné : Megastachya ciliaris, P. Beauv., Agrost.,
pag. 74; Poa ciliaris, Linn., Jacq., Ic. rar. Cetté graminée
est une des plus jolies espèces de ce genre. Ses tiges sont
droites, glabres, menues, cylindriques, hautes d’un pied et
plus; les feuilles petites, molles, glabres, étroites, aiguës,
_ garnies à l’orifice de leur gaine de cils blanchâtres et soyeux.
La panicule offre le port d’un épi étroit, serré, un peu
‘touffu , assez souvent interrompu, divisé en petits rameaux,
dont les pédoncules sont trés-courts, ramifiés, soutenant des
épillets ovales, obtus, trés-rapprochés, comme pelotonnés,
velus et ailés, d'un pourpre foncé, en contraste avec la
blancheur des cils; chaque épillet contient environ dix fleurs
fort petites ; les valves de la corolle sont chargées d’un duvet
blanchâtre et de cils abondans. Cette plante croit dans l’A-
mérique méridionale ; on la cultive au Jardin du Roi à Paris.
MEecasracayA HyPNoiDe : Megastachya hypnoides, P. Beauv.,
L. c.; Poa hypnoides, Poir., Encycl. ; Poa reptans, Mich., F1.
bor. Amer., mas. Cette espèce est une des plus singulières et
des plus remarquables de ce genre : elle a le port d’un hyp-
num, et se répand sur terre en longues traînées, comme les
mousses. Ses panicules nombreuses ont l'aspect de feuilles
imbriquées, très-courtes ; elles cachent entièrement les feuilles
et lestiges, qui rampent et s’élévent peu; elles sont grêtes,
stolonifères ; à chaque nœud il croît une petite touffe de
feuilles molles, courtes, glabres, aiguës; de leur centre s'élève
un chaume très-souvent nu, filiforme, à peine long d'un
demi-pouce, chargé d’un trés-grand nombre de longs épillets
étroits, comprimés, presque sessiles, alternés, trés-rappro-
chés, et comme disposés en éventail, la plupart un péu cour-
bés à leur sommet, contenant environ cinquante à soixante
‘fleurs femelles, dont les valves sont gläbres, minces, trans-
“parentes, aiguës, d’un vert blanchätre, rangées trés-agréa-
blement sur deux rangs par imbrication.
A20 MEG |
Les fleurs mâles, placées sur des pieds séparés, ont un,
aspect un peu différent : les tiges sont plus élevées; la pani-
cule moins garnie, plus alongée, rameuse ; les épillets plus
étroits, filiformes, alongés, aigus, contenant environ douze
à quinze fleurs, dont les valves sont oblongues , aiguës. Cette
plante croît dans l'Amérique méridionale.
_ Il faut ajouter à ce genre les Poa amabilis, badensis, elon-
gata, polymorpha, etc., Linn.; Poa oblonga, Mœnch ; Poa
mucronata, Beauv., Ovwar.; Briza bipinnala, Lamk.; Briza
eragrostis, Linn.; Briza multiflora, Forsk., ete. (Poir.)
MÉGASTOMES, Megastomatæ. (Conchyl.) Dans son Sys-
tème de conchyliologie, M, de Blainville a employé ce mot
pour désigner les coquilles univalves dont l'ouverture entiere
est fort grande, proportionnément au reste de la coquille ;
telle est celle du sigaret, par rampe Voyez Concaxr1o-
LociE. (DE B.)
MÉGATHÈRE , Megatherium. (am. ) M. Cuvier a donné
ce nom, qui rushe grand animal, à un genre de mammi-
fères fossiles de l’ordre des édentés, qui comprend deux
espéces, savoir : le Mégathère proprement dit, ou Animal
du Paraguay, et le Mégalonyx de Jefferson. |
Le squelette presque entier du premier de ces animaux est
connu, et son examen a prouvé qu'il a plus de rapports
avec celui des bradypes ou paresseux qu'avec aucun autre,
particulièrement en ce qui a rapport au système dentaire, à
la forme de la tête et a la composition des extrémités des
quatre membres. We:
Quant au mégalonyx, on n’en a encore recueilli qu’une
dent et des ossemens peu nombreux, appartenant aux mem-
bres; mais ces débris ont suffi pour reconnoître que ce qua-
ape de étoit fort voisin du mégathére proprement dit, quoi-
qu’en différant néanmoins spécifiquement.
Tous les deux avoient au moins la taille du Dibh£ leurs
membres étoient robustes et terminés par cinq gros doigts,
dont quelques-uns seulement étoient pourvus d’un ongle
énorme , arqué et crochu, comme le sont les ongles de quel-
ques tatous, des fourmiliers et des bradypes. Le mégathère
proprement dit, dont on peut se former une idée plus exacte
que du mégalonyx, avoit la tête petite, le museau court,
MEG | 421
peut-être terminé par une courte trompe, la bouche-seule-
ment garnie de molaires à couronne marquée de'collines
transversales ; son cou étoit médiocrement court, son corps.
volumineux et lourd ; ses membres étoient trés-robustes, et
les antérieurs pourvus de clavicules trés-robustes. Dés ob-
servations récentes paroissent prouver que, s’il avoit des rap-
ports avec les bradypes par les formes de sa tête et son sys-
tème dentaire, et avec les fourmiliers par la conformation de
ses extrémités, il en avoit aussi avec les tatous par la nature
de ses tégumens; c'est-à-dire que sa peau, épaissie et comme
ossifiée, étoit partagée en une foule d’écussons polygones et
rapprochés les uns des autres comme les pièces qui entrent
dans la composition d’une mosaïque.
La forme des molaires et la taille de ces animaux-semblent
indiquer qu’ils se nourrissoient de végétaux et sans doute de
racines. La conformation de leurs membres doit faire juger
qu’ils avoient une démarche lente et égaie. Leurs débris n’ont
encore été rencontrés qu’en Amérique.
Le Mécaraëère proprement dit (Megatherium Cuvieri, Desm.,
Mamm., n°579; Mégathère, Cuv., Mag. encycl., an 4 ; Ejusd.
Ann. Mus., tom. V, page 576; Animal du Paraguay, Garriga
et J. B. Bru) a été découvert vers la fin du siècle dernier.
Le squelette presque entier, dont nous venons de parler,
fut trouvé, à prés de cent pieds de profondeur , dans des ex-
cavations faites au milieu du terrain d’alluvion des bords de
la rivière de Luxan, à une lieue sud-est dé la ville du même
nom, laquelle est à trois lieues ouest-sud-ouest de Buenos-
Ayres ; il fut envoyé au cabinet de Madrid, en 1789. Un
second squelette, moins complet, fait partie de la même col-
lection, et y fut envoyé de Lima, en 1795. Un troisième a
été trouvé au Paraguay.
Bru, qui monta, à Madrid, le squeiette de Buenos-Ayres,
en fit graver de bonnes figures ; M. Cuvier développa ensuite;
sur l’examen de ces figures, l'affinité de cet animal avec les
paresseux et les autres édentés. Plus tard, Garriga, en tra-
duisant en espagnol le travail de M. Cuvier, y joignit la des-
cription fort étendue et plus ancienne que Bru en avoit faite.
Plusieurs autres auteurs oùt écrit sur le même sujet: Abild-
gaard, qui ne connoissoit pas les recherches de M. Cuvier,
422 MEG
rapporta, comme lui, le mégathère à la famille des édentés
ou des bruta de Linné ; Shaw adopta plus tard cette opinion,
et MM. Lichtenstein et Faujas la combattirent sans succés:
Depuis lors, un espace assez considérable de temps s’est
écoulé . sans qu’il aït été rien ajouté à ce qu’on savoit sur cet
animal fossile, et ce n’est que tout récemment que Don Da-
masio de Laranhaïa à fait connoître à la Société philomatique
la découverte de parties de têt analagues à celui des tatous,
et qui paroiïissent avoir appartenu au mégathère.
Les formes générales de la tête du mégathérese sense hic
beaucoup de celles de la tête des héndésiie ; mais le trait le
plus frappant de ressemblance consiste dans l’existence d’une
longue apophyse descendante, aplatie, placée à la base an-
térieure de l’arcade zygomatique. Cette arcade est entiere,
tandis que dans les bradypes elle est interrompue postérieu-
rement. Le dessous de la mâchoire inférieure offre de chaque
côté une saillie très-remarquable, dont on ne trouve d’ana-
Jlogue que celles, beaucoup moins senties, de la mâchoire
inférieure des éléphans : la symphyse en est fort prolongée,
ce qui rend le museau plus saillant que celui de. laï et
de lunau. Les os propres du nez étant fort courts, comme
ceux du tapir et de l'éléphant, il y a lieu de sceupçonner
l'existence d’une trompe ; mais cette trompe devoit être
courte, ce qu'indique la longueur assez considérable du cou.
Il n’y a ni incisives ordinaires , ni défenses, ni canines ; les
molaires , au nombre de quatre de chaque côté des mà-
choires, sont rapprochées les unes des autres, prismatiques,
carrées, et leur couronne présente deux collines transver-
sales, séparées par un sillon (les bradypes ont les molaires
écartées et précédées canine en forme de pyramide à
trois faces).
Les vertèbres cervicales paroissent avoir été au nombre de
sept, comme dans Funau, et non de neuf comme dans l’aï.
On compte seize vertébres dorsales et par conséquent seize
paires de côtes : il y a trois vertébres lombaires, et les verté-
bres coccygiennes, dont la connoissance est due récemment
a Don Damasio, sont assez nombreuses. Les os des îles for-
ment un demi-bassin large et évasé, ce qui indique que le
ventre étoit gros. Le pubis et Vischion manquent au squelette
de Madrid.
MEG 423
Les extrémités antérieures, plus longues, mais plus minces
que les postérieures, qui: sont tres-épaisses, n’ont pas les
proportions démesurées qu’on remarque dans celles de lai,
et même de l’unau. Le fémur, plus gros relativement que
celui d'aucun animal connu, même des pangolins, n’a en
hauteur que le double de sa plus grande épaisseur. Le tibia
et le péroné, aussi trés-gros et trés-courts, sont soudés par
leurs deux extrémités. L’omoplate a les mêmes proportions
que celle des bradypes. L'existence de la clavicule prouve,
ainsi que la longueur des phalanges des doigts onguiculés,
que les extrémités antérieures pouvoient être employées pour
saisir et même pour grimper. L’humérus est trés-large à sa
partie inférieure, par le grand développement des crêtes aux-
quelles venoient s'attacher les muscles moteurs des doigts.
Le radius , distinct du cubitus, pouvoit tourner librement
sur lui ; lapophyse olécrane a une saillie assez marquée. La
main, qui appuyoit en entier sur le sol, a le métacarpe fort
court et composé d’os séparés; les trois doigts du milieu, fort
gros et longs, sont terminés par une énorme phalange onguéale,
dont l’extrémité est composée d’un axe conique et arqué qui
portoit l’ongle, et d’une gaine profonde qui renfermoit la
base de cet ongle et l’affermissoit ; les deux doigts latéraux,
plus courts, paroissoient n'avoir pas d’ongle, et étoient sans
doute rudimentaires. Les pieds de derrière, plus petits que
ceux de devant, sont articulés avec le tibia par un large
astragale, d’une manière beaucoup moins oblique que celui
des bradypes ; ils n’ont, dans la figure du squelette de Ma-
drid, qu’un seul de leurs doigts pourvu d’un grand ongle,
comparable à ceux des pieds de devant ; ce doigt en a deux
externes rudimentaires, et l’on n’en voit pas du côté inté-
rieur. M. Cuvier soupçonne que ces pieds ne sont pas entié-
rement rétablis; car l'observation lui a fait reconnoître
comme une règle, dont il n’a pas encore trouvé d’excep-
tion , que tous les animaux onguiculés ont cinq doigts visibles
ou rudimentaires. Il y a, d’après cela, lieu de croire que
les deux doigts internes manquent, et il est possible que tous
deux aient été pourvus d’ongle.
Les mesures qu’on a rapportées des diverses parties du
mégathère, lui donnent à peu près la taille du rhinocéros.
424 MEG
Le Mécaronvx (grands-ongles) ; Megatherium Jeffersonit ,
Desm., Mamm., n.° 580 ; nommé ainsi par le célèbre prési-
dent américain Jefferson, qui en a décrit, le premier, quel-
ques ossemens, dans le n.° 30 des Transactions de la Société
philosophique de Philadelphie, a été aussi l’objet des re-
cherches de M. Cuvier, dans le tome _— a or du
Muséum, p. 556.
Les débris qu’on en a trouvés pour la première fois, en
1797, à une profondeur de deux ou trois pieds, dans une des
cavernes des montagnes calcaires du comté de Greenbriar, dans
l’ouest de la Virginie, consistent en ossemens d’extrémités, et
notamment d’un pied de devant, dont l'identité des formes
avec les parties analogues du mégathère est presque absolue ;
mais Ces ossemens sont d’un tiers plus petits, quoïqu'ils por-
tent tous les caractères de l’état adulte. Une dent rapportée
d'Amérique par feu M. Palisot de Beauvois, a été reconnue
par M. Cuvier pour être précisément et rigoureusement une
dent de bradype : c’étoit un simple cylindre de'substance 'os-
seuse, enveloppé dans un étui de substance émaïlleuse ; sa:
couronne étoit creuse dans son miliéu , avec des rebords saïl=
ans : relativement à la forme de'cette dent, le mégalonyx
différoit notablement du mégathere, chez lequel les molaires
ont la couronne marquée de collines transversales. ;
Dans son Mémoire sur le mésalonyx, M:'Cuvier a donné
les détails les plus minutieux sur les formes ‘ét les rapports
de position de ces différens débris ; il s’est attaché surtout à
démontrer la similitude qu'ils ont avec les partiés analogues
des fourmiliers et surtout des bradypes, et il à diéèuté et
réfuté l’opinior de M. Jefferson et de M. Faujas, qui considé-
roient le mégalonyx comme un grand carnassiér à griffes
acérées, appartenant peut-être au genre des Chats; il a sur-
tout fait la comparaison des phalanges onguéales du lion
avec celles du mégalonyx, et montré que eur différence"est
énorme, tandis qu'entre les dernieres et celles des édentés on
trouve CR AEURS d’analogie.
Assez récemment, M. Étiatont de New-York, a émis l’idée
que les débris du mégalonyx abpaHibntibnt à l’espéce vivante
du grand ours gris d'Amérique ; mais il ne soutient pas
cette opinion par une comparaison exacte et détaillée de ces
Le
MEG 425
débris avec leurs parties correspondantes, ainsi qu'il auroit
été utile de le faire. 1l se borne à remarquer que les osse-
mens de mégalonyx ne, sont pas réellement fossiles, parce
qu'ils ont été découverts à peu de profondeur dans la terre
meuble de plusieurs cavernes des États-Unis ; que la taille
du mégalonyx est à peu prés la même que celle de l’ours
gris (celle du bœuf), et que le dernier doit avoir des pha-
langes onguéales très-robustes pour porter les ongles énormes
dont il est pourvu. :
. Si l'ours gris ne diffère pas plus des autres ours sous le rap-
port des formes des os des extrémités, que ceux-ci ne diffèrent
entre eux, ce qui est très-probable, l’idée émise par M.Clin-
ton.setrouveroit totalement détruite par la simple compa-
raison de ces os avec ceux des extrémités du mégalonyx.
En définitive, M. Cuvier rapproche le mégalonyx du mé-
gathère, et considère ces deux animaux comme devant former
un genre intermédiaire à ceux des bradypes ou paresseux et
des fourmiliers. 11 les considère tous deux comme herbivores,
et le mégalonyx particulièrement comme un herbivore à la
maniere des paresseux, puisqu'il avoit les dents faites comme
eux. De la ressemblance de leurs pieds il conclut qu'ilsavoient
la même démarche!:, les mêmes mouvemens, aux différences
prés que devoit entraîner celle du volume, qui étoit si con-
sidérable : « Ainsi, . dit-il, le mégalonyx aura grimpé rare-
«umentsur les arbres, parce qu'il en aura rarement trouvé
d'assez gros pour le porter ; > et cette différence d’habi-
tudes avec les bradypes ne lui paroït pas plus surprenante
que celle qui existe dans les habitudes des animaux du genre
des Chats, dont les petites espèces, telles que celles du chat
sauvage et du lynx ,grimpent avec facilité sur les arbres, tan-
dis que les grosses, telles que le lion et ie tigre, n’y montent
guère. ( Des.) |
MÉGATOME, Megatoma. (Entom.) Nom d’un petit genre
d'insectes, que Herbst a décrit dans le. septième volume de
son ouyrege allemand sur les coléoptères,: il a été formé aux
dépens de quelques espèces de dermestes, telles que celles
nommées par Schæffer ondé, scie, pattes-noires, etc. Voyez
Dernesre. (C. D.)
MÉGERE. (Entom.) Nom d'une espèce de ART TES du
genre Papillon. (C. D.)
426 MEG
MEGGA. (Bot.) Voyez Mioca. (J.)
MÉGILLE. Megilla. (Entom.) Ce nom de genre a été ap-
pliqué par Fabricius à une division d’insectes hyménopteres,
de la famille des mellites, que M. Latreille avoit déjà indiqué,
d’abord sous le nom de podalirie, puis sous celui d’anthophore.
Ce sont des abeilles telles que celles qui ont été décrites par
la plupart des auteurs sous le nom de pilipes, acervorum, tumu-
lorum , parietina, etc. (C. D.)
MÉGISTANES. (Ornith.) M. Vieillot doute ce nom à une
famille d’échassiers de sa tribu des di-tridactyles, oiseaux à
deux ou trois doigts antérieurs , laquelle adaie l'au-
truche, le casoar, etc. (Cu. D.)
MEGUSA. (Bot.) Nom japonois, cité par M. Dee six
d’une véronique à feuilles opposées et à tige traçante, pous-
sant des racines de chaque articulation, laquelle croît dans
l’eau : il est probable que c’est une espèce voisine du becca-
bunga. (J.)
MEGUSON, MACJON. (Bot.) Noms donnés dans les Pays-
Bas et le Nord de la France à la racine tubéreuse d’une
gesse, lathyrus Euberosus, qui est trés-cultivée dans ces pays.
Cette racine est noire et de la grosseur du gland ; ce qui
la fait aussi nommer gland de terre. Elle a le goût de la
châtaigne. On l’apprête de diverses maniéres. Les cochons
et autres animaux la mangent avec avidité. Elle est encore
nommée macusson dans la Champagne, et chourle dans la Pi-
cardie. (J.)
MEHARREKA. (Bot.) Nom arabe de l'urlica divaricala de
Forskal , urtica hirsuta de Vahl. Il donne le même nom à son
He pungens. (J.)
MEHAT-ABJAD. ( Bot.) Nom arabe d’un ch aRlASES achy-
ranthes decumbens de Forskal. (J.)
MEHENBETENE. ( Bot.) Le fruit du canarium commune,
Linn., est ainsi désigné dans les ouvrages des Bauhin, Mat-
thiole, Clusius, Lobel, etc. (Lem.)
M-HAH. (Bot.) Nom arabe de l’andropogon bieorne, cité
par Forskal. (J.)
MEIBOMIA. (Bot.) Sous ce nom Heister séparoït du genre
Hedysarum de Linnæus les espèces à feuilles ternées. Adan-
son appliquoit spécialement ce nom à l’hedysarum canadense,
MET 427
ainsi que Scopoli, qui a copié son caractère ; mais aucun ne
décrit exactement la forme de la gousse, qui, rétrécie d’un
seul côté par des étranglemens multipliés et presque égaux,
peut fournir une bonne distinction générique. (J.)
MEILLAUQUE. (Bot.) Vieux nom françois du sorgho. (Lem.)
MEIMENDRO. (Bot) Nom Lines de la jusquiame ;
selon Vandelli. (J.)
MEINELECATI. (Bot.) Nom caraïbe de la sensitive, cité
par Surian. (J.)
MEÏONITE. (Min.) Cette substance minérale, qui fut dé-
crite pour la première fois par Romé de Lisle,, sous la déno-
mination de hyacinthe blanche de la Somma, ne s’est encore
trouvée que dans les déjections du Vésuve : elle est peu ap-
parente, et se confond aisément avec le felspath blanc, au-
quel on la voit souvent associée.
La meïonite se présente ordinairement sous la forme de
trés-petits cristaux incolores, blancs ou grisàtres, implantés
ou serrés dans les cavités d’une roche micacée ou d'un cal-
caire lamellaire. Ces cristaux, étudiés avec attention, présen-
tent des prismes droits à quatre ou à huit pans, terminés
par des pyramides très-surbaissées, à quatre ou à huit faces,
reposant tantôt sur les pans, tantôt sur les arêtes de ce même
prisme, dont le noyau est un prisme à quatre pans, aplati
et symétrique. La meïonite raye le verre ; sa cassure est
éclatante et ondulée, surtout dans le sens perpendiculaire
aux pans de ses cristaux; sa pesanteur spécifique est de 2,6:
mais son caractère physique le plus tranché, et celui qui
peut à lui seul faire distinguer ce minéral non cristallisé des
autres minéraux blancs qui lui sont associés, c’est la facilité
avec laquelle il se fond au chalumeau en un émail spon-
gieux et blanchâtre; fusion qui est accompagnée d’un bruis-
sement et d’un boursoufflement trés-remarquables.
L’analyse de la meïonite, faite par M. Arfwedson , a donné:
SCC PES 28, LEON TEMERS AE PER TO
ANDNIHES - 20 0T MR ce PL
PORASSE. 7 Re ee Re D Te 0
CAUSE. LT SRE TRE PR ST DS
Oxide de’ fer. 2000 RO
?
101,800
428 MET
Les principales variétés cristallines de ce minéral-sont les
suivantes :
Meronite dodécaèdre, composée d'un prisme à quatre pans,
terminé par deux pyramides à quatre faces rhomboïdales.
Aux angles près c'est la même forme que celle du zircon
byacinthe dodécaëdre. |
Meronite dioctaèdre ; la même que la précédente, avec l’ad-
dition de quatre pans sur les quatre arêtes du prisme, ce
qui change les faces rhomboïdales des pyramides en faces
pentagonales. |
Les Meïonites triplante, trioctaèdre et soustractive, dérivent
des deux variétés précédentes, avec l'addition de quelques
facettes sur le pourtour du prisme ou des pyramides.
Enfin , la Meionite granuliforme n'est qu'un assemblage de
cristaux imparfaits et pressés, formant quelquefois de petites
masses qui rappellent la contexture de certaines pieRREs cal-
caires grénues.
La meïonite, comme nous l'avons déja dit, se trouve eu
petits cristaux parmi les roches de cette partie’ du Vésuve
qui porte le nom de Somma. Elle est accompagnée de plu-
sieurs minéraux trés-remarquables par leur rareté, leurs
belles couleurs, la perfection de leurs formes cristallines.
Jusqu'ici elle ne s’est encore trouvée que dans cette localité.
M. Leman, à qui nous devons sans contredit la meilleure
description de la meïonite, dont il semble avoir fait une
étude particulière sur la collection de Dolomieu, avoit cru
devoir en rapprocher une autre substance rose, lamelleuse
et fusible, quise trouve en rognons dans la lave des car-
rières de Capo di Bove près Rome; mais, actuellement que
nous possédons une analyse de la meïonite , il n'est plus
permis de songer à ce rapprochement, puisque la meïonite
contient 21,40 de potasse, et seulement 1,35 de chaux,
tandis que le minéral de Capo di Bove ne coutient. pas un
atome de potasse et renferme 36 de chaux. M. Leman avoit
au reste prévu d'avance que cette substance n’étoit point
une meïonite, malgré son analogie extérieure , puisqu'il
proposoit de la nommer wollasfonite, espèce que Haüy à
placée immédiatement aprés le pyroxène dans la seconde
édition de son Traité de minéralogie. (Braro.)
/
MEL A3
MEISCE. (Bot.) Selon Rauwolf, Avicenne désignoit sous
ce nom un haricot , phaseolus max, auquel Sérapion donnoit
celui de mes, et Clusius celui de mungo. (4. d5
MEISE ou MEISS. (Ornith.) Nom générique des mésanges ;
parus, Linn., en allemand. (Cu.D.)
MEISTERIA. ( Bot.) Scopoli a substitué ce nom a celui de
pacourina, donné par Aublet à un de ses genres de la fa-
mille des cinarocéphales. Willdenow l’a nommé haynea. (J.)
MEJAHŒSE. ( Bot.) Nom arabe d’une fougère que Forskal
nommoit acrostichum dichotomum , que Vahl rapportoit à la-
crostichum australe, et que plus récemment Swariz a nommée
asplenium radiatum. Forskal dit que dans PF Arabie on applique
avec succès sur les brûlures ses feuilles broyées. (J.)
MEJANE. (Ichthyol.) On donne vulgairement. ce nom à
la dorade dans son pppeuer âge. Voyez Daurane et SPaRE.
(H. C.) | | |
MEJEANS. (Ornith.) Ce mot est cité, dans le Nouveau
Dictionnaire d'histoire naturelle, comme étant le nom pro-
vençal d'un grèbe. (Cx. D.)
MEKALEFAH. (Ornih.) Nom arabe du sxnes ou phène,
vultur barbatus, Gmel. (Cu. D.)
MEKARAL, ( Bot.) Hermann cite ce nom pour un haricot
de Ceilan, dont il ne donne aucune désignation. (J.)
MEKATKAT. { Bot.) Nom arabe, selon Forskal, de son
senecio lyralus, qui est le senecio auriculatus de Vahl. (J.)
MEKATKATA ,; MENECKETE. (Bot.) Noms arabes du phyl-
lanthes niruri, suivant Forskal. (J.)
MEKISEWE PAUPASTAOW. (Ornith.) Suivant M. Vieil-
lot, Hist. nat. des oiseaux de l’Amér. sept., tom. 2, p, 63,
les métrinels de, la baie de Hudson nomment ainsi l'épeiche
ou pic, varié de la, Caroline , Buffon, picus varius, Linn.
(CRD); té
MEL. ( Bot.) En nine des on donne ce nom aux millets.
(L. D.)
: MELACRANIS. (Bot.) Voyez Merancranis. ( Porn.)
MELADOS. (Mamm.) On a donné ce nom à des chevaux
dont la robe est blanche, dont les yeux sont bleus, et qui
ont les lévres et le bout du nez souvent couverts de ladre
ou de dartres furfuracées. (Dasw.)
430 MEL
MÉLAGASTRE. (Ichthyol.) Nom spécifique d’un labre que
nous avons décrit dans ce Dictionnaire, tome XXV, p. 36.
(H::C.) |
MELAGRORYPHOS. (Ornith.) L'oiseau désigné par ce
nom dans Aristote a été rapporté à la petite mésange noire,
parus ater, Linn. (Cx. D.)
MÉLALEUQUE, Melaleuca. (Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des
-myrtées , de la monadelphie polyandrie de Linnæus; offrant pour
caractère essentiel : Un calice à cinq divisions; cinq pétales
insérés à l’orifice du calice; des étamines nombreuses, réu- :
nies en cinq faisceaux ; les anthères à deux lobes; un ovaire
inférieur ; un style ; un stigmate simple ; une capsule faisant
corps avec le calice, à trois valves, à trois loges polyspermes.
Ce genre est intéressant par les belles espèces qu’il ren-
ferme, presque toutes provenues de la Nouvelle-Hollande.
11 a de grands rapports avec les Metrosideros, dont il diffère
par ses étamines réunies en plusieurs paquets. L'affinité qui
existe entre ces deux genres et le Lepfospermum, a occasioné
le déplacement de plusieurs espèces transportées d’un genre
à l’autre. (Voyez LeprosPerME et MErrosiDEros.)
La plupart des espèces de melaleuca sont aujourd’hui cul-
tivées, conime plantes d'ornement, dans un grand nombre
de jardins : elles réussissent bien dans du terreau de bruyère
mélangé avec de la terre franche. On les multiplie de drageons
et de marcottes, quelquefois aussi de boutures, et même de
graines ; mais il faut attendre trois ou quatre ans pour qu’elles
soient parfaitement mûres, époque indiquée par l'ouverture
naturelle des capsules. Il est à remarquer que, d’une autre
part, les feuilles sont persistantes; circonstance qui vient à
l'appui d’une opinion que j’ai exposée dans les Leçons de Flore,
vol. 1, pag. 120, sur la cause de la persistance des feuilles
dans les arbres dont les fruits exigent une ou plusieurs an-
nées pour leur maturité, et par suite le secours des feuilles.
Ces plantes veulent être abritées du froid pendant lhiver.
Comme le froid à deux ou trois degrés au-dessous de zéro
ne leur est pas nuisible, il est à croire qu’on pourroit les
conserver en pleine terre dans les climats plus tempérés
que celui de Paris.
MEL 431
Mérareuque «A Bois BLANC; Melaleuca leucadendron, Linn.;
Lamk., Ill. gen., tab. 641, fig. 4; Rumph., Amb., 2, p. 72,
tab. 16 et tab. 17, fig. 1; Gærtn., De fruct., tab. 35. Arbre
de cinquante à soixante pieds, dont le tronc est noirâtre,
surtout à sa partie inférieure, revêtu d’une écorce de la
nature du liége; les branches blanches, ainsi que les rameaux
trés-déliés, garnis de feuilles alternes, presque sessiles, ovales-
Jancéolées, entières, aiguës à leurs deux extrémités, glabres,
d’un vert pâle, un peu courbhées en faucille, marquées de
cinq nervures, longues de quatre à cinq pouces; les fleurs
odorantes, éparses autour des rameaux, sessiles, presque
agglomérées ; la corolle fort petite ; les pétales blancs, con-
caves ; les filamens des étamines trés-longs ; les anthères pe-
tites, jaunâtres; les capsules de couleur cendrée, urcéolées,
de la grosseur d’un grain de coriandre, à trois loges, rem-
plies de semences brunès, fort petites, semblables à des
paillettes.
Cet arbre croît dans les Indes orientales : on le cultive au
Jardin du Roi. Son bois est employé, dans les Indes, pour
la construction des vaisseaux ; il est dur, pesant, et se con-
serve assez long-temps dans l’eau de mer : il est difficile de
l’employer à d’autres usages, ayant le défaut de se fendre
trop aisément, et de ne pas se prêter au poli. Son écerce
tient de la nature du liége; elle se régénère comme lui,
et se gonfle dans l’eau : on s’en sert en guise d’étoupes pour
‘calfater les vaisseaux. On retire de ses feuilles, par le moyen
de la distillation, une huile que l’on nomme huile dé cajaput :
elle est de couleur verte , d’une odeur approchante de celle
de la térébenthine, d’une saveur assez semblable à celle de
la menthe poivrée, mais plus forte; eile occasionne une sensa-
tion de froid plus sensible. Elle est rare, et presque toujours
sophistiquée lorsqu'elle nous arrive en Europe : elle passe
pour carminative, emménagogue. M. Bosc assure, d’après sa
propre expérience , qu’elle a la propriété de garantir les
“animaux empaillés du ravage des insectes.
Il ne faut pas confondre avec cette espèce, comme où
l’avoit fait d’abord. le Melaleuca viridiflora, Gærtn., De fruct.,
tab. 35; Lamk., Ill. gen., tab. 641, fig. 5. Ses feuilles sont
plus épaisses, plus roides, non evurbées en faucille , coriaces,
432 MEL
lancéolées, d’un vert plus pâle ; les rameaux et les pétioles
pubescens dans leur jeunesse ; les fleurs verdàtres, plus rap-
prochées, formant, par leur rapprochement sur les rameaux,
une sorte de grappe touffue. Cette espéce croît à la Nouvelle-
Hollande et dans la Nouveile-Calédonie.
MÉtALEUQUE A FEUILLES DE sTYPHÉLIE; Melaleuca stypheloides ,
Smith, Act. soc. Linn. Lond., 3, pag. 275. Arbrisseau de
la Nouvelle-Holiande, que l’on cultive au Jardin du Roi.
Ses rameaux sont velus dans leur jeunesse ; ils deviennent
glabres en vieillissant. Les feuilles sont éparses, alternes, ses-
siles , glabres, petites, ovales, un peu arrondies, trés-aiguës
et piquantes à leur sommet, marquées de sept nervures,
parsemées de points transparens; les fleurs disposées en
forme de grappes sur les jeunes rameaux; les dents du ca-
lice striées et mucronées.
MéÉLALEUQUE A FEUILLES DE BRUYÈRE : Melaleuca ericifolia;
Vent., Malm., tab. 56; Smith, Bot. exot., tab. 545" Andrx
Bot. repos., tab. 175; Melaleuca armillaris, Cavan., Ic. rar.,
4, tab. 335. Arbrisseau de cinq à six pieds, dont! les tiges
sont droites, d’un gris cendré; les rameaux eflilés; les feuilles
éparses, linéaires, ponctuées, un peu courbées a leur som-
met, d’une odeur et d’une saveur aromatique; les fleurs
sessiles, tres-serrées, rougeàtres avant leur épanouissement,
puis d’un blanc sàle, répandant une odeur de miel, réunies
sur. les vieux bois autour d'un axe éeailleux , rougeûtre ,
garni de bractées ovales, pubescentes, rougeàtres; le calice
glabre et ponctué ; les pétales ovales, coneaves, obtus; les
étamines. réunies en faisceaux deux fois plus longs que iles
pétales ; les anthères vacillantes, à quatre sillons ; l'ovaire
globuleux, parsemé de poils courts, peu apparens..Gette
plante croit à la Nouvelle-Hollande ; on la cultive au Jardin
du Roi.
MÉLALEUQUE NOUEUSE : Melaleuca nodosa, Smith, Bot. exot. )
tab. 35; Vent., Malim., v. 2, tab. 112; Metrosideros nodosa,
.Cavan., Icon, rar, -4,utab::,334:, Gærtn.,!Deifruck.;ut4154.
Ses tiges sont hautes de trois à quatre pieds, divisées en ra-
meaux peu .ouveris, rougeàtres, articulés, un peu pileux,
garnis de feuilles nombreuses, alternes,; linéaires, presque
sessiies, glabres; mucronées et .piquantes. à leur sommet.
MEL 433
ñédiocreent ponctuées, longues d'environ un pouce ; les
fleurs petites, situées vers le sommet des rameaux, rappro-
chées en une tête globuleuse, sessile, répandant une odeur
de cerfeuil ; les bractées brunes, très-caduques ; le calice
globuleux, à cinq dents courtes; la corolle blanchätre avec
une légère teinte de rose ; les capsules globuleuses, à trois
loges, s’ouvrant à leur sommet en trois valves ; les semences
nombreuses, cunéiformes.
Cette plante croit au port Jackson, dans la Nouvelle-
Hollande.
MÉLALEUQUE À FEUILLES DE MYRTE : Melaleuéa myrtifolia; Vent.,
Malm., tab. 47; Melaleuca squarrosa, Labill., Nov. Holl., 5,
tab. 169. Cette espèce est particulièrement recherchée pour
la beauté de son port; de son feuillage, et de ses fleurs d’un
rouge vif, disposées en paquets serrés le long des rameaux.
Dans nos jardins c’est un arbrisseau de trois ou quatre pieds,
dont les rameaux sont opposés, tétragones, d’un brun rou-
geâtre : c'est dans son pays natal, d’après M. de Labillar-
dière, un arbre de cinquante à soixante pieds; ses feuilles
sont presque sessiles, éparses ou opposées, ovales, concaves,
aiguës, trés-entières, ponctuées, à cinq ou sept nérvures,
un peu pileuses dans leur jeunesse, assez semblables à celles
du petit myrte commun. Les fleurs sont disposées en épis:
très-serrés, situés dans la partie supérieure des jeunes pousses,
réunies trois par trois dans l’aisselle d’une bractée pubescente :
elles sont d’un jaune de soufre, et répandent une odeur très-
agréable ; ainsi que les feuilles quand on les froisse, Le ca-
lice est glabre, à cinq découpures obtuses ; les pétales con-
caves, d’un blanc de lait, d’après M. de Labillardière; les
filamens d’un jaune pâle; les anthères vacillantes, à quatre
sillons ; l'ovaire globuleux, couvert de poils trés-blancs ; les
capsules de la grosseur d’un grain de poivre.
Cet arbrisseau est originaire de la Nouvelle -Hollande et
des îles de la mer du Sud; on le cultive au Jardin du Roi:
il fleurit vers la fin du printemps.
MéLatBuQuE G18B8EUSE : Melaleuca gibbosa; Labill., Nov. Holl.,
2, pag. 30, tab. 172. Arbrisseau de huit à neuf pouces de
haut et plus, chargé de rameaux nombreux , entrelacés, gla-
bres, cendrés; les feuilles sont sessiles, opposées, presque
29. 28
454 MEL
imbriquéés, courtes, épaisses, ovales, longues de deux li-
gnes, courbées en faucille, à trois nervures, repliées à leurs
bords, glabres, obtuses, parsemées en-dessous de points glan-
duleux. Les fleurs sont trés-rapprochées, latérales et termi-
nales, presque enfoncées dans une portion renflée des ra-
meaux ; les découpures du calice ohtuses ; les pétales ovales ;
le stigmate presque globuleux ; les capsules enfoncéés dans
le calice dilaté et fongueux : le pistil avorte dans quelques
fleurs.
Cette plante croit au cap Van-Diémen.
MÉiALEUQUE À FEUILLES DE TuyM : Melaleuca thymifolia; Smith,
Exot. bot., t. 36; Melaleuca gnidiæfolia, Vent., Malm., t. 4;
Melaleuca coronata, Andr., Bot. repos., tab. 278. Arbrisseau
aromatique , d’un aspect gracieux, dont les tiges sont hautes
de deux ou trois pieds, grêles, trés-rameuses, de couleur
cendrée ; les rameaux bruns, opposés, s’élevant en pyramide,
garnis de glandes concaves et d’écailles membraneuses. Les
feuilles sont opposées, presque sessiles, très-rapprochées,
glabres, lancéolées, aiguës, d’un verttendre, à trois ner-
vures, longues de trois à quatre lignes, répandant une odeur
aromatique lorsqu'on les froisse entre les doigts ; les fleurs
sont peu nombreuses, sessiles, de couleur violette ; les brac-
tées ovales, ponctuées ; le calice glabre , à cinq lobes ovales ;
les pétales concaves, ponctués ; les étamines réunies en cinq
paquets, chaque paquet formant une petite colonne de cou-
leur violette, opposée aux pétales ; les filamens rameux ;
l'ovaire globuleux, enfoncé dans un disque charnu.
Cet arbrisseau croît à la Nouvelle-Hollande.
MÉLALEUQUE A FEUILLES DE MILLEPERTUIS : Melaleuca hyperici-
folia, Vent., Jard. Cels., t. 10; Andr., Bot. repos., t. 200.
Arbrisseau très-élégant, remarquable par la beauté de ses
fleurs, dont les tiges sont très-rameuses, lisses, cendrées,
hautes de quatre à cinq pieds; les rameaux souples, un peu
anguleux, rougeàtres ; les feuilles sessiles, opposées, coria-
ces, ovales-oblongues, d’une odeur agréable ; les fleurs ses-
siles, nombreuses, réunies en un épi court, touffu ; les brac-
tées d’un rouge vif, trés-caduques; le calice tubulé; ses
découpures ovales, blanches en dedans; les pétales de la
longueur du calice ; les étamines réunies presque dans toute
MEL 455
leur longueur en cinq faisceaux alongés, divisés à leur som-
met en une petite houpe, soutenant des anthéres vacillantes
et noiràtres, .
Cet arbrisseau croît à la Nouvelle - Hollande,
MÉLALEUQUE À FEUILLES ELLIPTIQUES ; Melaleuca élliptica, Lab.
Nov. Holl., tab. 173. Arbrisseau de six pieds, dont les ra-
meaux sont glabres, étalés, un peu tuberculés; les feuilles
opposées, médiocrement pétiolées, ovales, elliptiques, lon-
gues de quatre à six lignes, trés-obtuses, ‘chargées en-dessous
de points glanduleux et saillans ; les fleurs réunies en épis
alongés; le calice un peu tomenteux, parsemé de points en-
foncés ; ses découpures obtuses, persistantes ; les pétales
oblongs, un peu onguiculés; le stigmate concave ; les cap-
sules turbinées.
Cette plante croît à la terre Van-Leuwin, à la Nouvelle-
Hollande. ( Poir.)
MELAMBO. (Bof.) C’est une écorce qu’on emploie en
médecine ; elle est amére ; on l’apporte des contrées méri-
dionales d'Amérique, et elle paroïit produite pan un arbre de
la famille des magnoliacées. ( Leu.)
MÉLAMPE, Melampus. (Conchyl.) M. Denys de Montfort ;
sous ce nom, est le premier qui ait proposé de faire un
genre distinct avec le bulime coniforme de Bruguiëres, espèce
si voisine des auricuies que M. de Lamarck, qui pendant
quélque temps avoit cru devoir aussi établir ce genre sous la
dénomination de Conovule et qui l’a même figuré sous ce nom
dans les planches de l'Encyclopédie méthodique, a définitive-
ment inséré cette espèce dans la seconde section des auricules
(Anim.sans vert., 2.*éd., tom: VI, 2.*part., p.141). Peut-être
eût-elle été encore mieux placée dans son genre Tornatelle
ou Piétin d'Adanson : en effet, d'après ce que M. Say dit de
l’animal du mélampe, il a le pied partagé en deux talons
par un sillon transverse. M. Denys de Montfort caractérisoit
ce genre d’après la forme conoïde de la coquille, et parce
que l'ouverture entière, étroite, alongée, a sa lèvre externe
tranchante, dentée , et l'interne ou columellaire! marquée
de ‘trois plis. Le type:dé ce genre est une petite coquille
dont Linnæus faisoit une espèce de volute, V. coffea : elle
est blanche , fasciée de brun, assez épaisse et rarement d’un
456 MEL
pouce de longueur; on la trouve, à ce qü’il paroît, sur
toute la côte orientale des deux Amériques. M. Denys de
Montfort cite particuliérement le rocher du Connétable,
qui est en avant de la rade de Cayenñe. Voyez Prérin et
Tonnaterze, ( DE B.)
MELAMPELOS et MELAMPELON. (Bot.) Deux noms
donnés à la pariétaire chez les anciens Grecs. ( Lem.)
MELAMPHYLLON. (Bot.) Voyez HerpacanTHA. (J.)
MÉLAMPODE, Melampodium. (Bot.) Genre de plantes
dicotylédones , à fleurs composées, de la famille des corymbi-
fères, de la syngénésie polygamie nécessaire, dont le caractère
essentiel consiste dans des fleurs radiées ; le calice commun
à cinq folioles égales ; les fleurons du disque mâles, à cinq
étamines syngénèses ; les demi-fleurons de la circonférence
femelles : un ovaire inférieur; un style simple; le réceptacle
conique, couvert de paillettes ; les semences tétragones, en-
veloppées dans une écaille en capuchon.
Le genre Dysodium a été réuni à ce genre par quelques
äyteurs ; d’autres l’en ont séparé. (Voyez Dyson.)
MécamPronE D'AMÉRIQUE; Melampodium americanum, Linn.,
Lamk., Il gen:, tab: 913; ‘Gærtn., de Fruct+,\ tab. 169);
Banks, Relig. Houst., 9, tab. 21. Cette plante a des tiges
chargées de poils et divisées par nœuds, garnies de feuilles
opposées, linéaires-lancéolées, avec deux grandes dents de
chaque côté, trés-entières, parsemées de points blancs, blan:
ches et tomenteuses en-dessous. Un pédoncule filiforme , ter-
minal et pileux, soutient une fleur jaune ; elle produit des
semences bombées sur le dos, légèrement arquées, couron-
nées par une membrane oblique , jaunâtre, à bords roulés
en dedans. |
Cette plante croit à la Veéra-Cruz.
… Mérampops soyeux; Melampodium sericeum, Kunth , in Humb.
Nov. gen., 4, p. 272. Ses tiges sont ligneuses, droites ou
tombantes, hautes d'environ un pied; les rameaux glabres,
opposés, pubescens et velus dans leur jeunesse; les feuilles
sont sessiles, opposées, linéaires-lancéolées, très-entières,
soyeuses, argentées et presque lanugineuses en-dessous, vertes,
pubescentes et soyeuses en- dessus. Les fleurs sont réunies
presque en corymbe sur de longs pédoncules à l'extrémité
MEL 437
des rameaux, de la grandeur de celles de la eamomille ; le
calice commun hémisphéfique, à cinq folioles ovales, aiguës,
en coin ; la corolle d’un jaune orangé; le réceptacle conique,
garni de paillettes linéaires, en carène, dilatées, ondulées
au sommet, un peu velues sur le dos.
Cette plante croît dans la Nouvelle - Espagne, prés de la
ville de Tasco.
MérAMPODE A LONGUES FEUILLES ; Melampodium longifolium,
Willd., Enum., 2, pag. 934. Cette plante a des tiges droites,
annuelles, hautes de deux pieds, légérement pubescentes,
dichotomes, garnies de feuilles sessiles, opposées, lancéolées,
presque en cœur, entières, spatulées, quelquefois un peu
dentées, longues d’un à deux pouces; les supérieures un peu
anguleuses; les pédoncules solitaires, uniflores, aïlés à leurs
bords ; le calice composé de cinq folioles ; le réceptacle co-
nique, garni de paillettes; les semences surmontées d’une
écaille roulée en dedans.
Cette plante croît au Mexique ; on la cultive au Jardin du Roi,
MÉLAMPODE A TIGE BASSE; Melampodium humile, Swartz, M,
Ind. occid., 3, p.1370. Plante de la Jamaïque , annuelle, trés-
commune, tant aux lieux incultes que cultivés, Au rapport
de M, Swartz, elle gêne beaucoup la culture : ses semences
sont trés-nuisibles aux oiseaux de basse-cour. Ses racines sont
petites et fibreuses; ses tiges droites, rameuses, à peine lon-
gues d’un pied, cylindriques, rougeâtres, velues ; les feuilles
sessiles , opposées, légérement pubescentes, découpées en
lyre ; le lobe terminal très-grand, ovale, presque hasté,
inégalement denté ; les fleurs jaunes, solitaires, axillaires,
médiocrement pédonculées; les folioles du calice ovales,
concaves , pubescentes; quatre à cinq demi-fleurons linéai-
res ; six à huit fleurons dans le disque; les anthères noires;
les semences trigones, un peu comprimées, cunéiformes,
hérissées sur leurs angles d’aiguillons crochus, terminées par
deux épines; les paillettes petites, lancéolées.
MécamPoDE AUSTRAL; Melampodium australe, Linn., Lœfl.,
Itin., 268. Ses tiges sont diffuses, couchées, étalées dans tous
les sens , longues d’environ sept pouces, un peu pubescentes;
les rameaux opposés, ascendans; les feuilles pétiolées, op-
posées, ovales, obtuses, légèrement dentées à leur partie
438 MEL
supérieure. Les fleurs sont jaunes, terminales, axillaires ou
placées dans la bifurcation des rameaux, solitaires, presque
sessiles; le disque occupé par quatre à huit fleurons terminés
par deux dents ; les demi-fleurons courts, filiformes, au
nombre de cinq à huit ; les semences un peu comprimées,
sillonnées latente pileuses ; le réceptacle garni de
paillettes concaves, oblongues.
Cette plante croît en Amérique, aux environs de Cu-
mana, (Porr.)
MELAMPODIUM. (Bot) Adanson avoit réuni ce genre de
composée , ainsi que le chrysogonum, à son genre Cargilla,
lequel n’a pas été adopté. (J.)
_ MELAMPUS, (Ornith.) L'oiseau qui porte ce nom dans
Gesner, Aldrovande et Willughby, est la glaréole tachetée,
glarcola nœvia, Linn. (Ca D.) °°°
MÉLAMPYRE; Melampyrum, Linn. (Bot.) Genre de plantes
dicotylédones , ie la famille des rhinanthées, Juss., et de la
didynamie angicspermie, Linn., dont les principaux caractères
sont les suivars : Calice monophylle, tubuleux, à quatre
découpures ; corolle monopétale, à tube oblong et à limbe
comprimé , partagé en deux lèvres, dont la supérieure en
casque et ayant ses bords réfléchis, l’inférieure triide ; quatre
étamines didynames; un ovaire supére, ovale, surmonté
d’un style filiforme, terminé par un stigmate obtus; une
capsule ovale, oblique, acuminée, à deux valves, à deux
loges séparées par une cloison opposée aux valves, et conte-
nant chacune deux graines gibbeuses.
Les mélampyres sont des plantes herbacées, annuelles ,
dont les feuilles sont simples, opposées, et les fleurs situées
dans les aisselles des feuilles supérieures, ou disposées en épis
terminaux, garnis de bractées. On en connoît une dixaine
d'espèces, dont la plus grande partie croît naturellement en
Europe. Elles présentent toutes dans leur port des conve-
nances qui ont été senties par tous les botanistes. Ces, plantes
prennent communément, en se desséchant, une couleur noi-
rètre, qui leur donne, dans l’herbier, un aspect désagréa-
ble; et l’on ne peut guère prévenir en partie cet inconvé-
ment, qu'en leur enlevant promptement leur humidité, en
es mettant entre des papiers trés-secs, qu’on change plu-
MEL 439
sieurs fois le jour, ou même en hàtant encore plus leur des-
siccation à l’aide d’un fer chaud, passé à plusieurs reprises
sur les papiers dans lesquels elles sont placées.
Le nom de Melampyrum est formé de deux mots grecs,
jeNas noir, et rupoc, blé : il paroît avoir été donné aux
plantes de ce genre, parce que leurs graines ont en quelque
sorte la forme d’un grain de froment, et qu’eiles sont ordi-
mairement noirâtres, }
Mérampyre À crêtes : Melampyrum cristatum , Linn., Spec.,
842; Flor. Dan., tab. 1104. Sa tige est droite, simple , ou
le plus souvent divisée en rameaux étalés, et haute de huit
à douze pouces. Ses feuilles sont étroites, lancéolées-linéaires,
glabres, trés-entiéres. Ses fleurs sont rougeâtres, mêlées de
blanc ou de jaunâtre , quelquefois entiérement blanches,
disposées au sommet de la tige et des rameaux en épis ovales-
oblongs, serrés et imbriqués de bractées d’un vert pâle,
dentées, presque ciliées et trés-larges à leur base. Cette
plante n’est pas rare dans les bois et les pâturages.
MécamPyre Des cHAMPs; vulgairement BLé-DE-VACHE, QuEUE-
DE-RENARD , CornetTE, Rouceoce : Melampyrum arvense, Linn.,
Spec., 842; Flor. Dan., t. 911; Triticum vaccinum, Dod.,
Pempt., 541. Sa tige est droite, haute d’un pied ou environ,
simple ou divisée en rameaux redressés. Ses feuilles sont lan-
céolées-linéaires, finement pubescentes. Ses fleurs sont pur-
purines, mélées de jaune , disposées en épis terminaux, plus
longs que dans l'espèce précédente, et accompagnées de
bractées rouges, comme les corolles, et ayant leurs bords dé-
coupés en lanières sétacées. Cette plante est commune dans
les moissons.
Ses graines, mêlées avec celles du froment, donnent au
pain une couleur d’un violet noiràtre. Quelques auteurs
disent que ce pain a une odeur piquante et une saveur
désagréable ; qu’il est mal-sain, et que ceux qui en font usage
sont sujets à être attaqués de pesanteurs de tête : mais plu-
sieurs autres assurent au contraire en avoir souvent mangé,
et ne lui avoir jamais trouvé de mauvais goût. Rai, qui est
de ces derniers, ajoute que, dans certains cantons où le
mélampyre des champs est trés-commun dans les moissons,
on ne regarde pas ses graines comme nuisibles, et qu'on n€
446 MEL
prend aucun soin pour en purger le blé. Il est même des
auteurs qui prétendent qu'il est possible de faire du pain
agréable ei sain avec la seule graine de mélampyre. Il n’est
guëre possible de concilier ces diverses assertions, comme
l’observe l’abbé Rosier, qu’en supposant que les graines trop
nouvelles et encore trop pourvues de toute leur eau de vé-
gétation possèdent les mauvais effets qu’on leur reproche,
tandis qu’elles n’ont plus rien de mal-faisant, lorsqu'une des-
siccation parfaite a fait évaporer leur humidité.
Ce mélampyre en herbe est une tres-bonne nourriture
pour les bestiaux, qui tous l’aiment beaucoup; les vaches
surtout en sont si friandes qu’elles le préférent à toute
autre plante, et c’est de la que lui est venu un de ses noms
vulgaires. Le lait et le beurre de celles qui en mangent
beaucoup dans la saison, est d’une excellente qualité. Cela
a fait penser à le cultiver comme fourrage ; mais il résulte
des éxpériences de M. Tessier, que cette plante vient mal
lorsqu'elle est semée seule, de sorte que le seul moyen d’en
retirer quelque utilité est de la faire arracher parmi les
moissons, quand elle est en fleur, pour la donner à manger
aux bestiaux. Cela a d’ailleurs l'avantage d’en débarrasser les
blés, a la végétation desquels elle nuit d’abord, tandis qu’elle
est sur pied, ensuite en altérant la paille , si ses tiges ne sont
pas bien desséchées au moment d’amonceler les gerbes dans
les granges, et enfin en mélant ses graines au froment, ce
qui rend celui-ci d’une qualité inférieure.
MÉLramPyrE DES FORÊTS : Melampyrum nemorosum, Linn. , Spec.
843; Flor. Dan., tab. 305. Sa tige est haute de douze à dix-
huit pouces, divisée en rameaux étalés, chargés de quelques
poils. Ses feuilles sont lancéolées, pétiolées, très-légèrement
velues en-dessous. Ses fleurs sont jaunes, briévement pédi-
cellées, pour la plupart tournées du même côté, et placées
dans les aisselles des feuilles supérieures, qui sont d’une belle
couleur violette, et découpées à leur base en plusieurs dents
profondes : ces fleurs sont rapprochées les unes des autres,
de maniere à former une sorte de grappe terminale; les
dents de leur calice sont étroites, très-aiguës et hérissées:
Cette espèce croît dans les bois des montagnes en Dauphiné,
en Provence et dans le Midi de l’Europe. Linnæus dit que
MEL \ ui
‘ sa présence égaye tellement les lieux sombres dans les forêts,
qu’on prendroit volontiers ces lieux pour le palais de l’Au-
rore ou de la déesse des fleurs.
MéramPyrEe Des prés : Melampyrum pratense, Linn., Spec.,
845; Lam., Illust., tab. 518, fig. 2; Melampyrum vulgatum,
Pers., Synops., 2, p.151. Cette espèce a le port de la précé-
dente; elle n’en diffère que parce qu’elle est entièrement
glabre et que ses feuilles supérieures ou bractées ne sont
pas colorées : ses fleurs sont jaunes, à limbe blanc, peu ou-
vert. Elle est commune dans les bois et les prairies.
MérampyrE DEs Bois: Melampyrum sylvaticum , Linn., Spec.,
843; Flor. Dan,, t. 145. Sa tige est haute de huit à douze
pouces, glabre, ainsi que toute la plante. Ses feuilles sont
lancéolées-linéaires, toutes trés-entières, même les supé-
rieures, qui accompagnent les fleurs. Celles-ci sont blanchà-
tres ou jaunâtres, à limbe bleu, ouvert, et moitié plus pe-
iites que dans les deux espèces précédentes, solitaires dans
les aisselles des feuilles, et dans une grande partie de la tige
et des rameaux, sans être assez rapprochés pour former,
comme dans les deux espèces précédentes, une sorte de
grappe. Ce mélampyre croît dans les bois et les prés des
montagnes de l'Europe. Linnæus dit que les pâturages où il
est abendant, ainsi que le précédent , fournissent aux vaches
un lait dont on fait du beurre qui est plus jaune et de HN
leure qualité. (L. D.)
MELANÆTOS. (Ornith.) Aristote a appliqué ce nom aux
deux races d’aigle commun. (Cx. D.)
MELANANTHERA. (Bot.) Voyez MécanrHÈre. ( H.Cass.)
MELANCHIER. (Bot.) Voyez Amuecancmier. (LEm.)
MELANCHLENES. (Eniom.) Nom employé par M. La-
treille pour désigner une division d'insectes coléoptères ren-
fermant plusieurs genres nouveaux, tels que HarPare, Licine
et SiAGONE, démembrés du genre Carare de Linné. (Desm.)
MELANCHRYSE, Melanchrysum. (Bot.) Ce genre de plantes,
que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences de Jan-
vier 1817 (pag. 12), appartient à l’ordre des synanthérées,
a notre tribu naturelle des arctotidées, et à la section des
arctotidées-gortériées. Voici les caractères que nous lui avons
assignés (tom. XVIII, pag. 2409).
442 MEL
Calathide radiée : disque multiflore , régulariflore , andro-
gyniflore ; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri-
cline supérieur aux fleurs du disque, cylindracé , plécolé-
pide ; formé de squames bi-trisériées, un peu inégales, im-
briquées, entièrement entregreffées, mais surmontées d’un
appendice libre, étalé, linéaire ou lancéolé, foliacé. Cli-
nanthe épais, charnu, à face Supérieure conique, alvéolée,
à face inférieure creusée d’une cavité où s’insère le pédon-
cule. Ovaires tout couverts de longs poils capillaires, mous,
appliqués, dressés et s’élevant plus haut que l’aigrette ; ai-
grette composée de squamellules nombreuses, bisériées, un
peu inégales, longues, laminées, membraneuses, linéaires-
subulées, finement denticulées en scie sur les bords. Fleurs
de la couronne à faux -ovaire nul, à style nul, à corolle
formée d’un long tube et d’une très-grande languette dentée
au sommet.
MÉrancHryse RO1DE : Melanchrysum rigens, H. Cass.; Gor-
£eria rigens, Linn., Sp. pl., edit. 3,-pag. 1284; Lam., Dict.
encycl.; Willd., Sp. pl., tom. 3, part. 3, p. 2267; Non Gor-
teria rigens 8, Thunb., Act, Hafn., 4, pag. 4, tab. 4, fig. a;
Gazania rigens, R. Brown, Hort, Kew., edit. 2, tom. h; An?
Gazania rigens , Mœnch, Supplem. ad method.; Lam., Illustr.
gen, ; Non Gazania rigens, Gærtn., De fruct. eb sem. plant.,
tom. 2, pag. 451, tab. 173, fig. 2. Une racine vivace produit
plusieurs tiges un peu ligneuses, plus ou moirs longues,
couchées sur la terre ; leur partie inférieure ne porte que
les vestiges ou les cicatrices des anciennes feuilles tom-
bées; la partie supérieure est garnie de feuilles linéaires-
spatulées, rétrécies vers la base qui est semi-amplexicaule ,
glabres et vertes en-dessus, cotonneuses et trés-blanches en-
dessous , sauf la nervure médiaire qui est glabre ; la plupart
de ces feuilles sont ordinairement entières, quelques-unes
seulement sont pinnatifides; chaque tige porte un pédoncuie
scapiforme, terminal, qui sort du milieu des feuilles; il est
redressé, long de cinq ou six pouces, nu, glabre, et terminé
par une calathide large de trois pouces et quelquefois plus,
composée de fleurs d’un beau jaune-souci ; les languettes de
la couronne , longues de pres d'un pouce et demi, offrent
à leur base deux nervures en-dessous, et une tache noire
MEL 443
en-dessus, avec deux petites lignes blanches, ce qui forme
autour du disque un annéau noir moucheté de blanc; le
péricline est glabre.
Cette plante, qu’il ne faut pas confondre avec la Gazanie
de Gærtner, est indigène au cap de Bonne-Espérance, et
cultivée en Europe pour ses calathides, les plus belles peut-
être de tout l’ordre des synanthérées, lorsqu'elles sont bien
épanouies, ce qui n’a lieu qu'autant qu’elles sont exposées
à la vive ardeur du soleil. Comme ses graines mürissent ra-
rement dans notre climat, le plus sûr moyen de multiplica-
tion est d’enterrer les tiges ou les branches au printemps,
- pour leur faire produire des racines, et de les séparer de
leur souche commune au mois de septembre. La plante doit
être mise dans un pot rempli de bonne terre légère et placé
au soleil; il-faut l’arroser fréquemment pendant l'été, et la
serrer dans l’orangerie durant l'hiver. Elle fleurit en maï,
juin et juillet.
MÉLaANCHRYsE spINULÉ ; Melanchrysum spinulosum, H. Cass.
Une souche courte, étalée sur la terre, tortueuse, rameuse,
diffuse, porte au sommet de chacune de ses branches plu-
sieurs faisceaux de feuilles étalées, longues d'environ trois
pouces, inégales et dissemblables; les unes sont simples,
subspatulées, pétioliformes inférieurement, elliptiques-oblon-
gues supérieurement; les autres ont la partie supérieure plus
large, pinnatifide ou presque pinnée, à pinnules distancées,
elliptiques-oblongues ; toutes ces feuilles sont épaisses, roides,
coriaces, glabres et vertes en-dessus, tomenteuses et blan-
ches en-dessous , à l'exception de la nervure médiaire ; leurs
bords sont garnis de très-petites épines éparses, en forme de
cils, qu'on observe aussi sur la côte moyenne de la face in-
férieure ; les pédoncules naissent au milieu des faisceaux de
feuilles ; ils sont longs de cinq pouces, cylindriques, hispi-
dules, terminés par une calathide large de deux pouces,
dont le disque et la couronne sont de couleur jaune-
orangée; chaque languette de la couronne a , sur sa partie
HHunse : une HAE tache très-noire , et est bidentée au
sommet.
Nous avons fait cette description sur un individu vivant,
cultivé au Jardin du Roi, où il fleurit en juin, et où il est
TE MEL
étiqueté Gorteria pectinata, ou quelquefois Gorteria pinnata :
mais ce n'est assurément ni l’un ni l’autre. La plante en
question n'est peut-être qu’une variété du Melanchrysum ri-
gens, et c’est avec doute que nous la présentons comme une
espéce distincte. |
Il est bien vraisemblable que les Gorteria pectinata et hetero-
phylla, décrites par Willdenow, la première dans le Species
planiarum, la seconde dans l’'Hortus Berolinensis, appartien-
nent au geure Melanchrysum, qui peut-être revendiqueroit
encore légitimement quelques autres espèces attribuées par
Willdenow et Persoon aux genres Gorteria et Mussinia.
Comme nous devons éviter, autant qu’il est possible, de
répéter dans un article ce que nous avons déjà dit dans
un autre, nous renvoyons le lecteur à nos articies GazANIE
(tom. XVIII, pag. 245) et Gortérie (tom. XIX, pag. 251),
où il trouvera le complément de ce qui manque à celui-ci.
En effet, nous avons établi, dans ces deux articles, 1.° que
la Gorteria personata étoit le véritable type du genre Gorteria,
et peut-être même la seule espèce qu’on pût, jusqu'a présent,
attribuer avec assurance 4 ce genre, qui, étant ainsi réduit,
doit conserver le nom de Gorteria, auquel on a voulu mal à
propos substituer celui de Personaria; 2.° que la Gorteria
rigens, qui différe génériquement du vrai Gorteria, ne diffère
pas moins du Gazania de Gærtner, qui est le Mussinia de
Willdenow ; d’où ii suit que M. R. Brown a eu trés- grand
tort de changer les caractères du genre Gazania, en conser-
vant ce nom, pour appliquer le tout a la Gorteria rigens,
que Gærtner n’a point prise réellement pour type de ce
genre, et qu’il n’a citée que par erreur de synonymie ; la-
quelle erreur, partagée par M. Brown et par plusieurs au-
tres botanistes, a produit une étrange confusion; 3.° que, le
nom générique de Gazania devant être préféré, comme plus
ancien , à celui de Mussinia, donné plus récemment par
Willdenow au même genre, il faut conserver à ce genre de
Gærtner son premier nom, et surtout ne pas s’aviser, comme
M. Brown, de l'appliquer à la Gorteria rigens, pour laquelle
nous avons dû créer un nouveau nom générique; 4." que le
genre Melanchrysum se distingue de tous les genres voisins
par des différences que nous avons signalées dans les deux
MEL 44
articles cités, où l’on trouvera plusieurs autres documens
relatifs au sujet du présent article.
Le nom de Melanchrysum, composé de deux mots grecs qui
signifient noir et or, fait allusion aux couleurs de la calathide.
Quelques observations particulières, faites par nous sur le
Melanchrysum rigens, ne seront pas déplacées ici, et pour-
ront intéresser nos lecteurs.
Le style est composé de deux articles, dont le supérieur
est plus épais que l’inférieur. En préfleuraison. la base de
l’article supérieur forme une saillie annulaire trés-forte et
tres-brusque, qui est en outré manifestement hérissée de
collecteurs piliformes. À l’époque dont nous parlons, cette
saillie se trouve immédiatement au-dessous de la base du
tube anthéral. Lorsqu’ensuite ce bourrelet annulaire traverse
de bas en haut le tube anthéral, on conçoit aisément qu'il
doit enlever tout le pollen, Mais, à l’époque de la fleuraison,
lorsque la base de l’article supérieur du style a surmonté le
sommet du tube anthéral, la saillie annulaire, cessant d’être
utile, s’oblitére et n’est presque plus sensible. En observant
le style pendant la préfleuraison, nous avons remarqué qu’à
cet âge les deux languettes, c’est-a-dire, les deux branches
de l’article supérieur, étoient d’un jaune trés-pur, tandis
que la partie indivise de cet article étoit d’un jaune ver-
dâtre ; et ces deux colorations diverses, loin de se fondre
l'une dans l’autre par des nuances intermédiaires, formoient
une ligne trèes-nette séparant la base des languettes du sommet
de la partie indivise, comme s’il existoit entre elles une ar-
ticulation. Dans les autres arctotidées, la face intérieure des
languettes nous a paru glabre, unie, lisse, dénuée de bour-
relets et de papilles stigmatiques, comme dans les échinop-
sées. Mais, dans le Melanchrysum , la face intérieure des lan-
guettes est finement poncticulée, sauf le milieu de la moitié
inférieure : cette moitié n'étant poncticulée ou stigmatique
que sur ses deux marges latérales, son milieu forme une
sorte de rainure ou de gouttiére non stigmatique. C’est pour-
quoi, pendant la fleuraison, tandis que les deux languettes
divergent par tous les autres points de leurs faces intérieures,
elles demeurent appliquées l’une contre l’autre par cette rai-
aure non stigmatique.
446 MEL
Les étimines du Melanchrysum différent aussi de celles de
beaucoup d’autres arctotidées, et elles ressemblent assez à
celles des calendulées. Le filet est glabre , jaunàtre ; eom-
pacte, charnu ; l’article anthérifére est long et grêle, blanc,
demi-transparent, aqueux, se flétrissant plus tôt que le filet :
l’appendice apicilaire de l’anthère est demi-lancéolé-aigu; les
appendices basilaires sont subulés, libres des deux côtés ;
longs comme l’article anthérifère.
Les corolles du disque ont leurs nervures comme mar:
quetées de petites lignes blanches, longitudinales, interrom-
pues, qui paroiïssent être des vaisseaux propres, contenant ;
comme les autres parties de la plante , un suc laiteux tres-
abondant. Les corolles de la couronne ont le tube plein, sa
cavité ayant disparu par la greffe mutuelle des parois in-
ternes; et ce tube, qui ressemble à -un pétiole, repose im-
médiatement sur le clinanthe, avec lequel ÿl est articulé
par sa base, sans qu’il y-ait entre eux aucun vestige de faux:
ovaire ,, en sorte qu'ici la corolle, trés-analogue à une feuille
péticlée, constitue à elle seule toute la fleur.
L'ovaire est cylindracé , ou plutôt obconique, tout hérissé
de trés-longs poils mous, soyeux, droits, appliqués, s'élevant
beaucoup plus haut que l’aigrette, La partie placentairienne
de cet ovaire est amincie et prolongée en un pied, qui forme
près de la moitié de la hauteur de l'ovaire. Nous n'avons
aperçu aucune nervure distincte à la surface de cet ovaire;
qui différeroit par là de la structure ordinaire des ovaires
d’arctotidées : mais on altère probablement l’état naturel
de la surface, en arrachant les poils qui masquent cet état:
I1 y a un bourrelet apicilaire peu saillant, cylindrique,
charnu, verdâtre. L’aigrette, aussi longue que l'ovaire , est
composée de squamellules irréguliérement bisériées, inégales,
longues, étroites, membraneuses, étrécies depuis la base
jusqu’au sommet qui est aigu, très-légérement dentées en
scie sur les bords, vers le haut seulement.
La cavité qui reçoit le sommet du pédoncule, paroît être
formée par la base du péricline, prolongée inférieurement
en un appendice annulaire, épais, charnu.
Les squames du péricline sont entregreffées de manière à
former par leur réunion nn tube cylindrique, coriace, di-
MEL 447
visé seulemént au sommet; le clinanthe est épais, charnu,
conique, nu ; les fruits sont tout couverts de longs poils ca-
pillaires, dressés , qui s'élèvent plus haut que l’aigrette. A
l’époque de la maturité, le péricline se dessèche et se res-
serre à tel point que sa capacité diminue de moitié; les fruits
se détachent du clinanthe, et les poils dont ils sont hérissés
divergent fortement. Il résulte de toutes les circonstances de
cette disposition, que les fruits, pressés entre les parois du
péricline et la protubérance conique du clinanthe, sont ex-
pulsés au dehors, et sortent du péricline, en s’élevant au-
dessus de son orifice, où leur aigrette et surtout leurs longs
poils facilitent leur dispersion opérée par le vent. Ce mode
de dissémination est assez remarquable, en ce que le rétré-
cissement du péricline et la forme du clinanthe paroissent
être les causes principales de l'expulsion des fruits, et en
ce que les longs poils dont ces fruits sont hérissés contribuent
plus que l’aigrette à leur dissémination. (Voyéz notre Mé-
moire sur les différens modes de la dissémination chez les
synanthérées, dans le Bulletin des sciences de 1821, p. 92.)
Nous allons maintenant exposer le tableau méthodique des
genres composant la tribu des Arctotidées, afin de compléter
nos articles Arcrorinées (tom.Il, Suppi., pag. 118), et Gor-
TÉRIÉES (tom. XIX, pag: 234), dans l’un desquels ce tableau
auroit dû être placé. Le Melanchrysum se trouvant, dans
l'ordre alphabétique , le dernier genre de sa tribu, nous
n’aurions plus l’occasion d'introduire dans le Dictionnaire ce
complément indispensable, si nous négligions de le faire ic,
VI.° Tribu. Les ARCTOTIDÉES ( Arctotideæ ).
Bulletin des sciences, décembre 1812, page 191. Journal
de physique, mars 1813, page 194 ; avril 1814, page 281;
février 1816, page 127; juillet 1817, page 12; février 1819,
page 159. Journal de botanique, avril 1813, page 154; année
1814, tome 4, page 240. Dictionnaire des sciences naturelles,
tome II, Supplément, page 118; tome 19, page 254 ; tome
20, page 364.
(Voyez les caractères de la tribu des Arctotidées, tome XX,
page 364.) 4
448 MEL
Première Section:
ARCTOTIDÉES-GorRTÉRIÉES ( Arctotideæ-Gorterieæ ).
Caractère : Péricline plécolépide , c’est-à-dire, formé de
squames plus ou moins entregreffées.
. * Hirpicrum. = Œdéra alienata: Thunb. — (Non Œdera
Ru Lin. fil. — Jacq.)— Hirpicium. H. Cass. Bull. févr. 1820:
p. 26. Dict. v. 21: p. 238.
2. t GonrEerta. — Gorteriæ sp: Lins — WVilld. — Pers. —
Gorteria: Adans. (1765) — Gærtn. — Neck. — Personaria. Lam.
JIllustr. gen.
3. * Icrinuss — ITcetinus. H, Cass. Bull. sept: 1818. p; 142.
Dict. v. 22: p. 559: ù
4. + GazantA.= Gazania. Gærtn. (1791) — H, Cass. Dict. v:
18. p.245.— An ? Moehnia. Neck. (1791) — Gorteriæ sp: Thunb.
— An ?Gazamia. Mœnch (1802)— Lam. Illustr. gen. — Mussinia.
Willd. (1803) — Non Gaïzania. R. Brown (1813).
5. * MELANCHRYSUM, — Anemonospermi sp. Ray. — Arctothecæ
sp: Vaill. — Arctotidis sp. Mill. — Gorteriæ sp. Lin, — Willd,
Non Gazania. Gærtn.— An ? Moehnia. Neck.(1791)— An ? Ga-
zonia. Mœnch (1802): — Lam. Illustr. gen. — Gazania. R.
Brown (1813). — Melanchrysum. H. Cass. Bull, janv. 1817. p.
12. Dict. v. 18. ps 248.
6. * Cusrinpia. — Gorteriæ sp. Lin. fil. — Aiton (1789). —=
Aspidaliis. Gærtn: (1791 in icon.) — Cuspidia. Gærtn: (1991 in
descr.) — H. Cass. Dict. v. 12. p. 251. Bull. nov, 1820. p. 171.
7- * Diverra. — Polymniæ sp. Lin. fil. — Didelta. L'Hérit.
(1785): -— Juss. — H. Cass. Dict. v. 13. p, 221. — Dideltæ sp.
Aiton (1789). — Pers.—- Choristea. Thunb. 1800.— Breteuillia.
Buchoz.
8. + Favonium. — Polymniæ sp. Lin. fil. — Dideltæ sp. Aiton
(1789). — Pers. — Choristea. Soland. (ined.) — Favonium.
Gærtn. (1791). — H. Cass. Dict. v. 16. p. 295.
9. * Cuzzumra. = Carthami sp. Vaill. — Gorteriæ sp. Lin. —
Berkheyæ sp. Willd.— Pers. — Cullumia. R. Brown (1613).:—-
EH, Cass. Dictiv tapas;
10. * Berkueya.— Carthami sp. Walther (1735). — Aérac-
tylidis sp. Lin. (1737 et 1774). — Gorteriæ sp. Lin. (1763). —-
MEL 449
Crocedilodes. Adans. (1763). (Non Crocodilodes, Vaiil.) —
Basteria. Houttuyn (1780). — Berkheya. Ehrhart (1768 }. —
Schreb. — Willd. — Pers. — Agriphyllum. Juss. (1789) — Desf.
— Rohria. Vahl (1790).—Thunb, — Apuleja. Gærtn. (1791).
— Zarabellia. Neck. (1791). — Gorteria. Lam. Illustr. gen.
11. *Evoris, — Gorteriæ sp. Lin. fil — Rohriæ sp. Vahl
(1790). — Berkheyæ sp. Willd. — Pers. — Evopis. H. Cass.
Bull. févr. 1818. p. 32. Dict. v. 16. p. 65. :
Seconde Section,
Arcrorinées - Prororyres ( Arctotideæ - Archetypæ).
Caractère : Péricline chorisolépide , c’est-à-dire, formé de
squames entierement libres.
* Hereroceris. —= Œdera aliena. Lin. fil. — Jacq. — (Non
Œin alienata. Thunb.) — Arnica inuloides. Vahl, — Hetero-
morpha. H. Cass. Bull. janv. 1817. p. 12. — Heterolepis. H.
Cass. Bull. févr. 1820. p.26. Dict. v. 21. p. 120.
13. * CRYPTOSTEMMA. — Anemonospermi sp. Commel. — Arc-
thotecæ sp. Vaill. — Arctoñidis sp. Lin. (1737). — Juss. —
Gærtn. — Neck. — Willd.— Pers. — Cryptostemma. R. Brown
(1813). — H. Cass. Dict. v. 12. p. 125.
14. * ArcrOTHECA. — Arctotidis sp. Jacq. — Arctotheca.
Wendland (1798). — Willd. — Pers. — H. Cass. Dict. v. 2.
Suppl. p. 117. v. 25. p. 271. — (Non Arctotheca. Vaill.)
15. * Arcroris. — Anemonospermi sp. Commel. (1703). —
Boerh. — Adans.— Arctothecæ sp. Vaill. (1720). — Arctotidis
sp. Lin. (1737). — Juss. — Gærtn. — Willd. — Pers. — Sper-
mophylla. Neck. (1791). — Arctotis. R. Brown (1813). — H.
Cass. Dict. v. 25, p. 270.
16. *Damarris. — Damatris, H. Cass. Bull. sept. 1817. p.
139- Det. Va 22. DATI.
Nos deux sections pourroient être considérées comme deux
grands genres, l’un nommé Gorteria, l’autre Arctotis, et divi-
sés chacun en plusieurs sous-genres. Mais nous ne voyons pas
quel avantage on trouveroit dans cette disposition, qui ne
changeroit rien au fond des choses, et que nous indiquons
ici seulément pour démontrer à nos adversaires que le re-
proche qu’ils nous font de trop multiplier les genres se ré-
29. #3
450 MEL
duit à une vaine dispute de mots, puisqu'il suffit de changer
les titres donnés aux groupes, en élevant ou abaissant l’échelle
de graduation suivant laquelle ils sont subordonnés les uns
aux autres. Ainsi, On croit généralement et on a coutume
de dire que Necker a beaucoup trop multiplié les genres :
mais si l’on remarquoit que ce botaniste n’admet dans le
règne végétal que cinquante-quatre genres, et qu'il intitule
espèces les groupes intitulés genres par tous les autres bota-
nistes, on lui adresseroit sans doute le reproche de beaucoup
trop restreindre le nombre des genres. Voilà donc deux re-
proches alternatifs, contraires et incompatibles, fondés uni-
quement sur des dénominations presque arbitraires. Le véri-
table reproche que mérite Necker, c’est d’avoir mal observé,
mal décrit, mal caractérisé, mal composé, mal indiqué les
groupes dont il s’agit : mais assurément il importe peu qu'il
les ait intitulés genres ou espèces.
La tribu des Arctotidées étant placée Cubee celle des Échi-
nopsées, qui la précède, et celle dés Calendulées, qui la
suit, il a fallu mettre au commencement les Gortériées,
plantes roides, coriaces , épineuses , comme les Échinopsées,
et reléguer à la fin les Prototypes, qui ont beaucoup d’ana-
logie avec les Calendulées.
Notre genre Hirpicium , confondu par Thunberg avec
T'Œdera, semble se rapprocher un peu plus que tout autre
de l’Echinops, par la structure de l’aigrette, et parce que
les fruits sont hérissés de poils excessivement longs, fourchus
au sommet, souvent fasciculés et entregreffés de manière à
former des membranes.
Le genre Gorteria, convenablement limité par Adanson,
Gærtner, Necker, a une grande affinité avec l’Hirpicium pat
le péricline, et il n’en diffère essentiellement que par l’ab-
sence d’une véritable aigrette.
Notre genre Ictinus ressemble aux deux précédens par le
péricline ; maïs son aigrette nous paroît avoir quelque ana-
logie avec celle du Gazania.
Le vrai genre Gazania de Gærtnér n’est peut-être pas celui
de Mœnch ni de M. de Lamarck, et certainement il n’est pas
celui de M. Brown; mais il pourroit être le Moehnia de
Necker, et il est sans doute le Mussinia de Willdenow. -
MEL PRE
Notre genre Melanchrysum, qui est peut-être aussi le Moeh-
mia de Necker, a la plus grande aflinité aveë le Gazania de
Gærtner, par le péricline , le port et toutes les apparences
extérieures ; ce qui a produit les erreurs et la confusion
commises par plusieurs botanistes, et notamment par M.
Brown.
Le genre Cuspidia, qui se rapproche du Melanchrysum par
certains caraëtères, et dont l’aigrette est analogue à celle du
Didelta , nous a paru pouvoir être placé entre ces deux genres.
Gærtner lui attribue une couronne féminifiore , ce qui seroit
extraordinaire dans la section des Gortériées, où nous avons
trouvé constamment la couronne neutriflore. Mais Gærtner
ne s'est-il pas trompé sur ce point? Nous sommes d’autant
plus disposé à le croire, que notre Cuspidia castrata, décrite
dans le Bulletin des sciences de Novembré 1820, a la cou-
ronne évidemment neutriflore.
Le genre Didelta auroit aussi la couronne féminiflore,
suivant l’Héritier. Mais c'est probablement encore une er-
reur, car la calathide que nous avons décrite (tom. XIII,
pag. 225) avoit la couronne neutriflore; et il n’est plus dou-
teux pour nous que cette calathide appartient à une espèce
du genre Didelta, très-peu distincte de la Didelta fetragoniæ-
jfolia de l’Héritier, et dont voici la description faite sur um
échantillon de l’herbier de M. Desfontaines.
Didelta obtusifolia , H. Cass. Tige rameuse, striée, glabre.
Feuilles alternes , eu un peu opposées, sessiles, oblongues-
obovales, étrécies à la base, arrondies au sommet, trés-entières;
les jeunes feuilles tomenteuses et blanchâtres. Grandes cala<
thides radiées, solitaires au sommet de la tige, et de longs ra-
meaux pédonculiformes; corolles jaunes. Chaque calathide
composée d'un disque multüflore , régulariflore, androgyni-
flore, et d’une couronne unisériée, liguliflore, neutriflore ;
péricline supérieur aux fleurs du disque, plécolépide , formé
de squames entregreffées, excessivement courtes, presque
nulles, manifestes seulement par leufs appendices, et bisé-
riées : les extérieures au nombre de trois, dont chacune est
surmontée d’un grand appendice libre, foliacé, ovale ; les
intérieures plus nombreuses, surmontées d’appendices plus
courts et plus étroits, libres, foliacés, linéaires-lancéolés ;
482 | MEL
clinanthe large, plan, alvéolé, hérissé de fimbriiles spini-
formes, qui sont nulles sur sa partie centrale ; ovaires pe-
tits, obconiques, enchâssés dans les alvéoles du clinanthe ;
aigrettes courtes, composées de squamellules inégales, fili-
formes, épaisses, aiguës, barbellulées; corolles de la cou-
ronne tridentées au sommet ; corolles du disque à divisions
longues, linéaires, noirâtres au sommet ; étamines à appen-
dices apicilaires arrondis, noirâtres; styles d’arctotidée.
Le genre Favonium doit sans doute accompagner immédia-
tement le Didelta : maïs il en est, selon nous, SE cd
distinct. É
Le genre Cullumia, qui a surtout des rapports avec les
Berkheya à fruits glabres, se rapproche peut-être aussi du Di-
delta par les fimbrilles fort remarquables que nous avons obser-
vées sur les cloisons du clinanthe, dans la Cullumia squarrosa.
Le caractère sur lequel M. Brown a fondé son genre Cullu-
mia, n’avoit point échappé à la sagacité de Vaillant, puisqu'il
attribuoit la Cullumia ciliaris à son genre Caprnees carac-
térisé par l’aigrette nulle. t
Le genre Berkheya fut institué par Adanson sous le nom
de Crocodilodes, parce qu’il supposoit que ce genre corres-
pondoit au Crocodilodes de Vaillant. C’est une erreur. Le
genre Crocodilodes de Vaillant correspond au genre Afrac-
Lylis de Linné : en effet, il est composé de quatre espèces,
dont les trois premières sont les Atractylis gummifera, cancel-
lata et humilis de Linné; et s'il est vrai, comme on le pré-
tend, que la quatrième espèce appartienne au genre Berk-
heya, c’est par ignorance de.ses caractères génériques que
Vaillant l’aura comprise dans son genre Crocodilodes, puis-
qu'il attribuoit à ce genre les caractères propres au genre
Atractylis de Linné. Depuis Adanson, plusieurs botanistes
ont successivement reproduit comme nouveau, et sous dif-
férens noms, son genre Crocodilodes. Si la raison et l'équité
pouvoient prévaloir sur des régles arbitraires et frivoles, il
n’est pes douteux que le nom de Crocodilodes devroit être
préféré à tout autre, puisque c’est celui qui a été employé
par le premier fondateur du genre: mais on a gravement
décidé que tout nom générique terminé en odes ou oides de-
voit être sévèrement proscrit. Il faut souvent danslessciences,
MEL 453
comme dans la conduite ordinaire de la vie, se soumettre à
certains préjugés déraisonnables : c’est pourquoi nous laissons
a l'écart le nom de Crocodilodes, et, forcé de choisir entre les
autres, nous préférons celui de Berkheya, parce qu'il est le
plus usité, et parce qu’il consacre un beau genre de synan-
thérées à la mémoire du botaniste qui, le premier, a écrit
un traité complet sur la structure propre à cet ordre de
plantes considéré en général. M. de Lamarck, dans ses Illus-
trahiones generum , applique le nom de Gorteria au genre Berk-
heya, et il donne celui de Personaria au vrai genre Gorteria.
C'est violer manifestement la règle qui veut que, lorsqu'un
ancien genre est divisé en plusieurs genres nouveaux, l’ancien
nom générique soit conservé au genre nouveau contenant
l'espèce qui fut le type primitif du genre ancien. Cette règle,
trop peu respectée par les botanistes, est pourtant bien né-
cessaire pour garantir la nomenclature de la confusion, de
l'arbitraire et des variations continuelles.
Le genre Berkheya n'ayant point été décrit dans ce Diction-
naire, nous devons réparer cette lacune , en exposant ici ses .
caractères, tels que nous les avons observés sur un échan-
tillon sec de la Gorteria fruticosa de Linné, qui est le type
de ce genre Berkheya.
Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, andro-
gyniflore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri-
chine égal aux fleurs du disque , irrégulier ; formé de squames
paucisériées, extrêmement courtes, appliquées, surmontées
de très-grands appendices inégaux , inappliqués, oblongs,
foliiformes , foliacés, munis d’épines sur les bords et au som-
met. Clinanthe très-profondément alvéolé, à cloisons mem-
braneuses. Fleurs’ du disque : Ovaires entièrement engainés
par les alvéoles du clinanthe , et tout couverts de longs poils.
Aigrettes courtes, composées de squamellules paucisériées ,
un peu inégales, paléiformes, coriaces, ovales-oblongues,
denticulées. Corolles à cinq divisions trés-longues , linéaires.
Anthères pourvues d’appendices basilaires, et d’un appen-
dice apicilaire alongé, arrondi au sommet. Styles d’arcto-
tidée. Fleurs de la couronne privées de faux-ovaire, mais
pourvues de fausses-étamines. |
Notre genre Evopis, dont les fleurs de la couronne sont
454 MEL
pourvues de fausses- étamines, comme les deux genres Bertk-
heya et Heterolepis, entre lesquels il est rangé, paroït d’ail-
leurs convenablement placé à la fin des Gortériées et tout
auprès des Prototypes, parce que son péricline semble être
formé de squames libres. Ce n’est pourtant, selon nous,
qu’une fausse apparence ; car l’analogie nous persuade que
les pièces du péricline de l’Evopis ne sont que les appendices
des vraies squames qui sont totalement avortées, et qui se-
voient infailliblement entregreffées, si elles existoient. Il ne
faut pas confondre notre genre Evopis avec le genre Rohria
de Vahl, caractérisé par ce botaniste de la maniére suivante:
Receptaculum favosum; pappus polyphyllus; corollulæ radü ligu-
latæ, staminiferæ, antheris sterilibus. Vahl attribuoït a ce genre
_ deux espèces : 1.° la Gorteria herbacea de Linné fils, qui est
le type de notre genre Evopis; 2.° l’Atractylis oppositifolia de
Linné, qui est le type du genre Berkheya. Aïnsi, le genre
Rohria de Vahl est formé de la réunion de l’Evopis et du
Berkheya ; maïs il correspond plus directement avec le Berk-
heya, par le caractère que Vahl assigne à laigrette : c’est
pourquoi Thunberg applique à toutes les espèces de Berkheya
le nom générique de Rohria, que nous n’avons pas dû con-
server à notre genre Evopis, distingué du Berkheya par le
péricline et par l’aigrette.
Notre genre Heterolepis ne sauroïit être mieux placé qu’au
commencement des Prototypes, et tout auprés des gorté-
riées, avec lesquelles il a une affinité manifeste ; il se rap-
proche surtout de l’Evopis par les fausses-étamines dont sa
couronne est pourvue, et par son aigrette, qui s'éloigne de
celle des autres Prototypes.
Le genre Cryptostemma, dont la couronne est souvent bili-
guliflore, doit suivre immédiatement l'Heterolepis, qui est
particuliérement remarquable par ce caractère, et qui offre
ainsi une affinité apparente avec les mutisiées.
Le genre Arctotheca, placé à la suite du précédent, parce
qu’il a, comme lui, la couronne neutriflore, à été mal dé-
crit dans ce Dictionnaire, ce qui nous impose l'obligation
d'exposer ici ses caractères génériques , tels que nous les
avons observés sur un individu vivant d’Arcéotheca repens ,
cultivé au Jardin du Roi.
MES 455
Calathide radiée : disque multiflore , régulariflore, andro-
gyaiflore; couronne unisériée, liguliflore , neutriflore, Péri-
cline supérieur aux fleurs du disque , hémisphérique; formé
de squames imbriquées, appliquées, coriaces : les extérieures
ovales, surmontées d'un appendice inappliqué, linéaire, fo-
hacé ; les intérieures surmontées d’un appendice margini-
forme, arrondi, membraneux. Clinanthe plan, alvéolé, à
cloisons élevées, membraneuses, découpées supérieurement
en dents fimbrilliformes. Ovaires cylindracés, un peu ob-
comprimés, élargis en haut, amincis vers la base en forme
de pied, glabriuscules, légèrement pubescens ou garnis d’un
duvet fugace, munis de cinq côtes situées sur la face exté-
rieure, et pourvus d’un bourrelet apicilaire très-saillant,
épais, cylindrique, cartilagineux, très-glabre ; aigrette àb-
solument nulle. Fleurs de la couronne pourvues d’un faux-
ovaire. :
Le nom d’Arctotheca, qui exprime que les fruits sont velus
comme un ours, convenoit fort bien au genre ainsi nommé
par Vaillant; mais il convient fort mal à celui-ci, dont les
fruits sont presque glabres; et cependant nous n’avons Hi
cru devoir le changer.
Le genre Arctotis, dont le disque est androgyniflore exté-
rieurement et masculiflore intérieurement, tient ainsi le
milieu entre l’Arctotheca, dont le disque est androgyniflore,
et le Damatris, dont le disque est masculiflore.
Les Arctotis de Linné appartenoient à plusieurs genres difré-
rens, ainsi que M. de Jussieu l’avoit pressenti. Gærtner.et M.
Brown en ont éliminé les Ursinia et Sphenogyne, qui ne sont pas
de la même tribu naturelle. Les autres Arctotis ont été distribués
par M. Brown en deux genres : l’un nommé Crypfostemma et
caractérisé par la couronne neutriflore ; l’autre nommé Arc-
tolis et caractérisé par la couronne féminiflore. Il est juste
de remarquer que cette distinction générique n’appartient
pas à M. Brown, mais à Necker, qui nommoit au contraire
Arctotis les espèces à couronne neutriflore, et Spermophylla
les espèces à couronne féminiflore. Cependant, nous avons
cru devoir préférer la nomenclature de M. Brown, quoique
beaucoup plus moderne , 1.° parce que la description géné-
rique de Linné prouve qu’il a pris pour type de son genre
256 MEL
Arctotis les espèces à couronne fertile et à disque stérile;
2. parce que la plupart des Arctotis de Linné et des autres
botanistes offrent ce caractère ; 3.° parce que Necker a mal
décrit le clinanthe, et a sans doute admis dans son genre
Arctotis les Sphenogyne et Ursinia.
Le genre Arctolis n'a point été décrit par nous dans ce
Dictionnaire, et il n'existe aucune description satisfaisante
des caracteres de ce genre remarquable, réduit maintenant
dans de justes limites. Nous croyons donc pouvoir utilement
tracer ici les caractères génériques que nous avons soigneu-
sement observés sur des individus vivans de plusieurs espèces
d’Arctotis proprement dits.
Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , andro-
. gyniflore extérieurement, masculiflore intérieurement; cou-
ronne unisériée, liguliflore , fémiuiflore. Péricline supérieur
aux fleurs du disque, hémisphérique ; formé de squames im-
briquées, appliquées, coriaces : les extérieures ovales, sur-
montées d’un appendice étalé, linéaire-subulé, foliacé; les
intermédiaires inappendiculées ; les intérieures oblongues,
avec un appendice décurrent, large , arrondi, membraneux-
scarieux. Clinanthe plan ou un peu convexe, charnu, hé-
rissé de fimbrilles longues, inégales, filiformes, entregref-
fées à la base et formant ainsi des alvéoles à cloisons char-
nues. Ovaires des fleurs femelles et des fleurs hermaphro-
dites, obconiques, plus ou moins amincis vers la base en
forme de pied, hérissés de trés-longs poils doubles, biapi-
culés, dressés, appliqués, pourvus d’un bourrelet apicilaire,
et de cinq grosses côtes longitudinales situées sur la face
extérieure, et offrant intérieurement trois loges, dont une
seule , bien conformée et contenant un ovule, correspond à
la face intérieure, et les deux autres, stériles par l’avorte-
ment de leurs ovules et remplies de parenchyme, corres-
pondent à la face extérieure , et forment les deux côtes qui
accompagnent la côte médiaire; aigrette composée de squa-
mellules paucisériées, inégales, paléiformes, oblongues, ar-
rondies au sommet, membraneuses, scarieuses, diaphanes.
Fleurs mâles, par défaut de stigmate, pourvues d’un faux-
ovaire demi-avorté, glabre, presque inaigretté, contenant
un ovule, et d’une corolle dont les divisions portent une
é MEL Lu HER
callosité derrière leur sommet. Languettes de la couronne
longues, lancéolées , a peine tridentées au sommet.
Notre genre Damatris, qui a la couronne féminiflore,
comme l’Arctolis, offre comme lui plusieurs analogies nota-
bles avec les Calendulées, et même il s’en rapproche peut-
être un peu plus en ce que son clinanthe est presque nu.
- Cependant, cette nudité du clinanthe nous paroît ne devoir
être attribuée ici qu'a l'avortement complet des ovaires du
disque ; car les ovaires de la couronne sont protégés par des
paléoles, qui sont, comme dans les Leysera et Leptophytus,
des cloisons détachées formant des alvéoles dimidiées.
Les appendices du clinanthe, dans la tribu des Arctoti-
dées, peuvent donner lieu à quelques autres remarques in-
téressantes. Ces appendices concourent avec le style pour
établir l’affinité incontestable des Arctotidées avec les Car-
duinées, les Centauriées, et surtout avec les Carlinées, au-
près desquelles nous les aurions placées, si cet arrangement
n’étoit pas contrarié par d’autres considérations. L’observa-
tion du clinanthe, chez les diverses Arctotidées, démontre
clairement que tout clinanthe alvéolé est un clinanthe muni
de fimbrilles entregreffées et formant par leur réunion les
cloisons des alvéoles. (Voyez, dans l’article LeProPoDE, nos
remarques sur le genre Balduina.) Ainsi, les cloisons sont
de véritables appendices nés de la surface du clinanthe, et
plus ou moins élevés au-dessus d'elle; la véritable surface
d’un clinanthe alvéolé n’est point au sommet des cloisons,
mais bien au fond des alvéoles; et l’on se fait une fausse idée
en concevant les alvéoles comme des excavations pratiquées
dans la substance du clinanthe, tandis qu’elles sont au con-
traire formées par des érainences produites sur sa surface.
La production de ces éminences ou appendices paroît être
déterminée par la présence des ovaires, puisque l’avorte-
ment plus ou moins complet des ovaires se trouve ordinai-
rement en rapport avec l'avortement plus ou moins complet
des appendices. On peut en conclure que l’usage des appen-
dices dont il s’agit est de protéger, d’envelopper, de cou-
vrir les ovaires. En général , il semble que les ovaires ou les
fruits des Arctotidées craignent le contact de l'air, le froid
et l'humidité; car ils sont ordinairement vêtus d’une couche
458 MEL ,
épaisse de longs poils, ils sont plus ou moins complétement
engainés dans les alvéoles du clinanthe dont souvent ils ne
sortent pas, et quelquefois ils restent jusqu’à la germination
enfermés dans le péricline, dont les squames sont entre-
grellées, et qui forme ainsi une sorte de capsule.
Le lecteur trouvera tous les éclaircissemens qu’il peut dé-
sirer sur nos tableaux méthodiques des genres, à la suite du
tableau des Inulées (tom. XXIII, pag. 560), de celui des
Lactucées (tom. XXV, p.59), de ceux des Adénostylées et
des Eupatoriées insérés dans notre article Luarriées, et de
ceux des Ambrosiées et des Anthémidées insérés dans notre
article Maroute. (H, Cass.)
MELANCONIUM. ( Bof.) Genre de plantes de la famille
des champignons, établi par Link, puis supprimé par lui-
même, comme étant fondé sur une plante douteuse, voisine
des Sphæria , dont elle a le port. Cependant T. Nées persiste
à conserver ce genre, et Ehrenberg, en l’adoptant aussi,
le place tout près du Didymosporium de Nées. On reviendra
sur ces genres à l’article Mycoroeir. (LEem.)
MELANCORYPHOS. (Ornith.) Aristote paroiïit avoir dé-
signé par ce nom soit la fauvette à tête noire, soit la petite
. mésange à tête noire, et le nom de melancoryphus est ap-
pliqué par Belon, p. 359, au bouvreuil ou pivoine, loæia
pyrrhula, Linn. (Ca. D.)
MELANCOUPHALI. (Ornith.) C’est ainsi que les habitans
de l’île de Candie appellent le traquet, miotacilla rubicola,
Linn. (C«. D.) |
MELANCRANIS. (Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs glumacées, de la famille des cypéracées , de
la friandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère
essentiel : Des épis composés de toutes parts d’écailles imbri-
quées ; chaque écaïlle renfermant plusieurs fleurs disposées
sur deux rangs; dans chaque fleur trois étamines, un style,
deux stigmates, une semence dépourvue de soies.
Ce genre a été établi par Vahl pour quelques espèces de
choins, schænus, Linn. Il comprend des herbes à tige roide,
sans nœuds, trigones vers leur sommet; les fleurs réunies en
une tête terminale, composée d’épis trés-serrés. Les princi-
pales espèces de ce genre sont :
MEL 459
MerANcRANIS SCARIEUSE : Melancranis seariosa, Vah}, Enum.,
2, pag. 239 ; Schænus scariosus, Thunb., Prodr., 16. Plante
du cap de Bonne-Espérance , qui croît en touffes gazon-
neuses, composées de plusieurs tiges filiformes , longues d’un
pied ; les feuilles sétacées , canaliculées, dilatées en gaine
a leur base , plus courtes que les tiges ; les fleurs réunies en
une tête terminale, alongée, d'environ un demi-pouce de
long, chargée de larges écailles ovales, imbriquées, mem-
braneuses, luisantes, un peu roides, élargies à leur som-
met, surmontées d’une pointe en forme d'’arête; les trois
inférieures stériles, acuminées, la dernière prolongée en une
foliole sétacée, longue de trois pouces; cinq fleurs dans
_ chaque épillet.
MELANCRANIS RADIÉE ; Melancranis radiata, Vahl, Enum.,
2, p-. 239. Cette espece a des tiges hautes d’un pied et plus,
supportant à leur sommet une tête de fleurs presque globu-
leuse, de la grosseur d’une cerise; un involucre composé
d’environ six à huit folioles; l’inférieure plus longue d’envi-
ron un demi-pouce, les autres graduellement plus petites,
trés-étalées, roides, subulées, un peu piquantes: les épillets
très - nombreux, agglomérés , ovales; les écailles striées,
ponctuées de pourpre. Cette plante croît au cap de Banner
Espérance. ( Porn.)
MELANDEROS. (Ornifh.) Gesner, en citant ce nom, d’a-
prés Hesychius et Varinus, se borne à dire que c'est ur
petit oiseau dont le cou est noir. (Cu. D.)
MÉLANDRE. (Ichthyol.) On a parlé, sous ce nom, d’un
petit poisson de la mer Méditerranée, que je ne sais à quel
genre rapporter, vu le peu de détails que nous possédons à
son égard. (H. C.)
MELANDRION. (Bot.) On n’est pas d'accord sur la plante
nommée ainsi par Pline. Clusius, cité par C. Bauhin, croit
que c’est le lychnis dioica. Il dit ailleurs que, selon d’au-
tres, c’est le behen blanc, ceucubalus behen. C.: Bauhin fait
encore mention de la barbe-de-chèvre , spiræa aruneus ;
mais les indications de Pline sont trop incomplètes pour
qu’on puisse déterminer avec précision quelle est sa plante.
(J.)
MÉLANDRYE, Melandrya. (Entom.) Fabricius désigne sous
460 MEL
ce nom de genre celui que Helwig avoit déjà appelé Serro-
palpe. Nous avons conservé ce dernier nom, et fait figurer
l’une des espèces parmi les insectés coléoptères, hétéro-
mérés, ornéphiles, à la planche 12, n.° 2. Voyez SERROPALPE.
(C.D:) |
MELANEA. (Bot.) Voyez. Marant. (Porr.) !
MÉLANGE. (Chim.) Nom que l’on donne à une réunion
de corps qe n’ont aucune affinité, au moins dans la cir-
constance où on les considère. (Ca. )
MÉLANGES FRIGORIFIQUES. (Chim.) On donne ce nom
aux corps que l’on met en contact pour produire du froid.
Voyez Froin ArTiriciez, tome XVII, page 410. (Cx.) :
MELANGULA. (Bot.) Césalpin cite ce nom, employé dans
la Toscane pour un citronier à trés-gros fruits. (J.)
© MELANICTÈRE. (Ornith.) L'oiseau figuré sous ce nom
dans les planches de l'Encyclopédie méthodique, est un tan-
gara, tanagra melanictera, Gmel. (Cu. D.)
MÉLANIE , Melania. (Coachyl) M. de Lamarck est le
premier zoologiste qui ait employé ce nom, tiré d’un mot grec,
qui signifie noir, pour désigner une petite coupe générique
de notre famille des ellipsostomes, qui comprend des co-
quilles pour la plupart noires ou d’un brun foncé. C’étoit
pour Linnæus, qui n’en connoissoit qu’un petit nombre d’es-
péces, des hélices; pour Muller, des buccins, et sous ce
nom il entendoit des limnées; et pour Bruguieres, des bu-
limes. La plupart des zoologistes modernes ont adopté ce
genre , que l’on peut caractériser ainsi: Animal dioïque spiral ;
le pied trachélien ovale, frangé dans sa circonférence ; deux
tentacules filiformes ; les yeux à leur base externe; un mufñle
proboscidiforme; coquille ovale-oblongue, à spire assez
pointue et souvent turriculée ; l'ouverture ovale à péristome
discontinu, ou modifié par le dernier tour de spire, a bord
droit, tranchant, s’évasant en avant par la fusion de la co-
lumelle dans le bord ‘gauche; un opercule corné et com-
plet. Ainsi, quoique ce genre ait quelque ressemblance ap-
parente avec les bulimes et les limnées, il différe des deux,
parce qu’il est operculé : du premier, parce que l’ani-
mal n’a que deux tentacules, les yeux étant sessiles ; et du
second, parce que, trés-probablement, son appareil respi-
MEL 461
ratoire est branchial, et par la forme évasée de la partie
antérieure de l'ouverture, C’est avec les phasianelles qu’il a
évidemment le plus de rapports; mais son opercule est corné:
il n’a pas de callosité longitudinale sur la columelle, et
enfin il est d’eau douce. |
Je n’ai jamais observé moi-même l'animal des mélanies, et
par conséquent je n’en connoiïis pas l’organisation : le peu
que j'en viens de dire est tiré de Bruguières, qui a observé
à Madagascar une des plus grandes espèces de ce genre, la
Mélanie cordonnée ; mais, d’après l’analogie, ce doit être
un animal fort voisin de celui des phasianelles et même des
paludines. Ce que l’on sait positirement, c’est que toutes
les espèces de ce genre habitent les eaux douces des pays
chauds, en Amérique et en Asie, où elles semblent rem-
placer les paludines, qui paroissent au contraire y être fort
rares.
M. de Lamarck caractérise seize espèces dans ce genre,
dont un assez petit nombre a été figuré ; plusieurs ont la
spire tronquée. |
A. Espèces sublurriculées.
1.” La M. surare : M. amarula, Lamck.; Helix amarula,
Linn., Gmel.; Bulim. amarula, Brug., Enc. méth., pl. 458,
fig. 6, a, bi vulgairement la Turare rruviarire. Coquille de
prés d’un pouce et demi, conique, ovale, épaisse; les tours
de spire décroissant subitement , aplatis à la partie supé-
rieure, et garnis dans leur circonférence d’espèces d’épines
droites à l'extrémité de côtes assez saillantes au dernier
tour : couleur d'un brun noirâtre en dehors et d’un blanc
bleuätre en dedans. Des rivières des grandes Indes et de
Madagascar. La chair de l’animal est très-amère, ce qui lui
a valu son nom latin : elle passe pour un bon reméde contre
l’'hydropisie. Lure
2° La M. rararezce : M. thiarella, Lamck.; Bulimus ama-
rula, var. c, Brug.; Born., Mus., t. 16, fig. 31. Coquille
d’un pouce de longueur , mais plus oblongue, plus mince,
diaphane; la spire conique , aiguë; les tours aplatis à leur
partie supérieure, comme dans la précédente, maïs garnis
de tubercules au lieu d’épines, et par conséquent moins
462 MEL
côtelés. Elle vient dés mêmes pays, et n’est peut-être qu’une
variété de la précédente.
3. La M. carinirÈère; M.carinifera , Lamck. Petite coquille
de sept lignes et demie de longueur, ovale-oblongue, à tours
de spire Carenés transversalement au milieu, séparés par
des sutures légérément granuleuses; couleur brun-noirûtre.
Du pays des Chérokées, dans l'Amérique septentrionale,
d’où elle a été rapportée par M. Palissot de Beauvoïis.
4° La M. GrantFERE; M. granifera, Lamck., Enc. méth.,
pl. 458, fig. 4, a, b. Coquille d’un pouce de longueur en-
viron, ovale, aiguë, cerclée de stries transverses, granu-
leuses, et de couleur d’un jaune verdètre. Des rivières de
l'ile de Timor.
5° La M. srInuLEusE; M. spinulosa, Lamck. Coquille ob-
longue, un peu rude, garnie de côtes peu sensibles dans
sa longueur, striée transversalement ; les tours de spire
nombreux, un peu épineux en-dessus, le dernier plus petit
que la spire : couleur brunätre. Du même endroit.
6. La M. rruNcATULE; M. truncatula, Lamck. Coquille de
sept à huit lignes de longueur, oblongue, conique, tron-
quée au sommet; les tours de spire, au nombre de cinq, striés
transversalement, garnis de côtes longitudinales assez peu
sensibles; la suture enfoncée : couleur noire. Du même pays.
7. La M. rramsée : M. fasciolata, Oliv.: Melanoides fascio-
lata, Oliv., Voyage au Levant, pl. 31, fig. 7. Coquille de
sept à huit lignes, oblongue, subulée, ventrue en avant,
mince, diaphane , finement striée dans les deux sens : cou-
leur blatéhét, ornée de flammes longitudinales jaunâtres.
Égypte, dans lé canal d'Alexandrie.
8° La M. pécoirée; M. decollata, Lamck. Coquille cylin-
dracée, courte et grosse, glabre , n’ayant que trois ou quatre
tours dé spire par la troncature du sommet, le dernier un
peu plissé : couleur brun-noiràtre. Des rivières de la Guiane.
9. La M. crou; M. clavus, Lamck. Coquille de onze lignes
de longueur, turriculée, maïs assez courte; le sommet est
obtus et atténué ; les tours de spire un peu aplatis, plissés
Jongitudinalement en haut ; des stries longitudinales écartées
en bas : couleur fauve. Patrie inconnue,
- D
MEL 463
B. Espèces turriculées.
10. La M.risse; M. lœvigata, Lamck. Coquille de quinze
à seize lignes de longueur, turriculée, un peu tronquée au
sommet , lisse, à tours de spire aplatis et à peine séparés par
une suture : couleur blanche, d’un fauve päle en-dessus.
Rivières de l’ile de Timor.
11° La M. sugurée ; M. subulata, Lamck. Coquille d’un
pouce et demi de longueur, turriculée, subulée, glabre ;
les tours de spire aplatis, striés très-finement, suivant leur
longueur : couleur d’un brun châtain en haut, et d’un fauve
pâle, orné de bandes blanches, en bas. Patrie inconnue.
12.° La M. Frroncée; M. corrugata, Lamck. Coquille de
même grandeur à peu prés que la précédente, turriculée,
aiguë , brune, finement striée à sa partie inférieure et fron-
cée longitudinalement dans la moitié supérieure. Patrie in-
connue.
13.9 La M. roncruée; M. punctata, Lamck. Coquille de
vingt-une lignes de longueur , turriculée, glabre ; le sommet
aigu ; les tours de spire un peu convexes: couleur blanche,
avec des taches longitudinales angulo-flexueuses, fauves en-
dessus, et des points de la même couleur, et disposés en
séries transverses sur le dernier tour. Patrie inconnue.
13° La M. srrANGULÉE ; M. strangulata, Lamck., Encycl.
méth., pl. 458, fig. 5, a, b. Coquille trés-rare, de prés de
deux pouces de hauteur, turriculée, solide ; les tours de
spire convexes et comme étranglés dans toute la longueur de
la suture, striés finement dans leur hauteur; quelques stries
transverses sur le dernier tour: couleur d’un brun roussâtre.
Patrie inconnue.
14.7 La M. TronQuéE : M. truncata, Lamck.:; Melania semi-
plicata, Enc. méth., pl. 458, fig. 3, a, b. Coquille turriculée,
de prés de deux pouces de longueur, solide, tronquée au
sommet ; garnie de petites côtes longitudinales, dont les su-
périeures sont plus saïllantes et coupées par des stries trans-
verses, nombreuses : couleur d’un brun noirâtre. Des rivières
de la Guiane. |
15.7 La M. AsPéRULÉE; M. asperata. Coquille de même lon-
gueur à peu près, également turriculée, tronquéé au som-
464 MEL
met, avec de petites côtes longitudinales subtuberculeuses,
coupées par des stries transverses, aïguës ; les tours de’spire
convexes , séparés par une suture assez excavée : couleur
roussätre. Des rivières de l'Amérique méridionale ?
16.” La M. rusercureuse ; M. tuberculata, Brug., Martini,
Conchyl., 2, tab. 136, fig. 1261, 1262. Coquille turriculée ,
transparente, à tours de spire striés transversalement et tu-
berculeux : couleur cendrée avec des rayons rouges.
La M. «PRE: M. scabra ; Bulimus scaber de Bruguiéres. Dif-
fére-t-elle de celle-ci? Toutes éeux sont des eaux douces de
la côte de Coromandel.
17.2 La M. auricurée : M. auriculata; Bulimus auriculatus ,
Brug.; Lister, Synops., tab. 121, fig. 16. Coquille épaisse,
turriculée , à sommet tronqué ; les tours de spire médians
garnis de tuberecules aplatis et distans ; l'ouverture avec une
sorte d’échancrure en arrière ; couleur brun -marron, le
plus communément ornée sur le tour inférieur de trois.bandes
brunes, séparées par autant de lignes blanches. Des eaux
douces de l’intérieur de l'Afrique. M. de Lamarck en fait
une pyrène ; mais M. de Férussac dit positivement que c’est
une mélanie.
16.” La M. corponnée ; M. torulosa, Brug.; Martini, Conch.,
tom. 9, p.2, tab. 155, fig. 1230. Coquille de deux pouces
et demi de longueur, turriculée, peu épaisse; la spire très-
pointue, de dix à onze tours, moyennement convexes, un
peu striés et dont chacun est terminé dans le haut par un
cordon convexe, adossé à la suture divisée par des créne-
lures assez profondes. La couleur de la coquille est toute
blanche, sous un épiderme d’un brun noiràtre.
C’est de cette espèce que Bruguiéres a vu l’animal, qui est
blanchätre, dans des marais d’eau douce dans le voisinage
de Foulpointe, à Madagascar.
Il faut encore très-probablement rapporter à ce genre
plusieurs espèces de coquilles décrites par M. Say, dans son
article Conchology de l'Encyclopédie américaine, de Nichol-
son, et dans le Journal des sciences naturelles de Philadel-
phie; la Limnæa virginica, planche 2, fig. 7, qu’il rapporte
au Buccinum virginicum de Gmelin, et qui est turriculée, à
spire tronquée, de couleur de corne, sous un épiderme ver-
-
|
MEL 465
dâtre ; la-Limnæa decisa ressemble davantage à une paludine,
a cause de la brièveté de la spire ; mais son ouverture est
bien ovale. La M. canaliculata est conique, à sommet tron-
qué, blanchâtre, et offre pour caractère plus distinctif une
grande rainure obtuse , décurrente avec la spire. Commune
dans l'Ohio, la M. elevata, de la même rivière, a la spire
beaucoup plus élevée, avec des lignes décurrentes, dont
l’une, plus saïillante, lui donne l'apparence carenée. La M.
conica ressemble beaucoup à la M. virginica, mais la spire est
bien moins élevée. La M. prærorsa , qui est globuleuse ,
ovale , la spire étant trés-tronquée dans les vieux individus,
et dont la columelie est un peu alongée et recourbée, est
peut-être une mélanopside; et la M. armigera, dont les tours
de spire sont armés de tubercules distans et proéminens ,
appartient encore plutôt à ce genre. (De B.)
MÉLANIE. (Foss.) Les coquilles de ce genre nous présen-
tent des choses assez étonnantes. Celles qui se trouvent à
l’état vivant, habitent dans les eaux douces des climats chaud.
des deux Indes. Leur test, en général, est mince et trans-
parent ; leur couleur est brune ou presque noire ; des cloi-
sons formées dans la spire, à quelque distance du sommet,
permettent que ce dernier soit brisé ou rongé, sans que
l'animal soit exposé à être attaqué, ou bien, dans quelques
espèces, ce sommet est extrêmement long et aigu; enfin on
ne trouve presque jamais ces coquilles à l’état fossile dans
les terrains d’eau douce. Au contraire, celles qui sont fos-
siles, ont en général fe test épais; elles ne sont jamais tron-
quées ou efhlées, et on ne les trouve que dans des dépôts
où elles sont accompagnées de coquilles marines. Pourroit-
on en conclure que les animaux des mélanies vivoient autre-
fois dans la mer, dont la salure étoit peut-être moins grande,
comme on le croit (Halley et autres), et qu'aujourd'hui
elles ne peuvent supporter cette salure ?
On remarque avec étonnement que les mélanopsides, les
cyrènes , les ampullaires et les néritines, qui vivent dans les.
eaux douces, ne se trouvent à l’état fossile que dans cer-
tains dépôts qui paroissent appartenir à la mer par la na-
ture des corps qui les accompagnent, et dont quelques-uns
même sont évidemment marins. Si l’on admet, comme tout
29: | 30
66 | MEL
porte à le croire, que les eaux de la mer ont-dû devenir
et deviennent tous les jours plus salées, on pourra soup-
çonner que c'est là peut-être la cause que certains genres
y ont été anéantis.
Il existe à l’état fossile un assez grand nombre d’espéces
de mélanies qui ont été trouvées dans les couches plus nou-
velles que celle de la craie : à l’égard des coquilles qui ont
été regardées comme des mélanies, et qui ont été trouvées
dans les couches antérieures à cette substance, il n’est peut-
être pas trés-certain qu’elles dépendent de ce genre.
MÉrantE À PETITES cÔTEs ; Melania costellafa, Lamk., Ann.
du mus. d’hist. natur., tom. 8, pl. 6o, fig. 2. Coquille tur-
riculée, portant des stries transverses et de petites côtes
longitudinales. Son ouverture est ovale, évasée à la base,
et porte un petit canal à sa partie supérieure : longueur deux
pouces. On trouve cette espèce à Grignon, département de
Seine-et-Oise ; à Hauteville, département de la Manche, et
dans les couches du calcaire coquillier des environs de Paris,
où elle est commune. Le dernier tour de la spire tend à
s'éloigner de lavant- dernier, et cet éloignement est plus
considérable dans celles qu’on trouve à Mouchy-le-Châtel,
département de l'Oise.
On trouve à Ronca en lialie une variété de cette espece,
à laquelle M. Brongniart a donné le nom de M. roncana.
Mém. sur les terr. de séd. sup. du Vicentin, pl. 2, fig. 18.
MéLante VARIABLE ; Melania variabilis, Def. Cette espèce est
moins grande que la précédente, à laquelle elle ressemble ;
mais, au lieu de petites côtes longitudinales, elle porte seu-
lement une varice sur la partie du dernier tour opposée à
l'ouverture. Les mélanies à petites côtes portant également
à cet endroit une varice plus ou moins grosse, et quelques
individus étant presque dépourvus de côtes longitudinales,
il est possible qne celle-ci ne soit qu’une variété de la pre-
mière. On trouve ces coquilles à Hauteville.
Mérantie Lacrée : Melania lactea, Lam. , loc. cit., même pl.,
fig. 5; Bulimus lacteus, Brug., Dict., n.° 45. Coquille turri-
culée, épaisse, pointue au sommét. Les tours inférieurs sont
lisses, mais les supérieurs offrent quelques stries transverses,
ainsi que des stries longitudinales; on voit même sur quel-
MEL 467
ques individus de légères stries transverses, plus marquées
vers la base : Jlongueur, neuf lignes. On trouve cette espèce
a Grignon, à Montmirail, à Fréjus : quelques individus que
je possède, mais dont je ne connois pas la patrie, ont jus-
qu’à un pouce et demi de longueur.
Dans l’ouvrage de M. Brongniart ci-dessus cité, on voit
la figure (pl. 2, fig. 10) et la description d’une espèce
qu’on trouve à Ronca, et à laquelle ce savant a donnéle nom
de melania stygu. Il paroît qu’elle a les plus grands rapports
avec la mélanie lactée.
Méranre BORDÉE : Melania marginata, Lam., loc. cit., même
pl, fig. 4: Bulimus turricula, Brug., Dict., n° 44. Coquille
conique -turriculée, couverte de stries transverses ; elle a
onze à douze tours de spire aplatis, dont le bord supérieur
en saillie forme une rampe; autour de l’ouverture on voit
un rebord épais et un peu large, qui forme un bourrelet.
On trouve cette espèce à Grignon (où elle n’acquiert que
neuf lignes de longueur), à Hauteville, à Mouchy-le-Châtel
et à Vaurin-Froid, département de l'Oise, où elle est de plus
d’un tiers plus longue. :
MÉLANIE GRAIN-D'ORGE; Melania hordacea, Lam., Ann. du
mus. Coquille turriculée, couverte de stries transverses, por-
tant huit à dix tours de spire marqués par un étranglement.
L'ouverture est fort petite, rétrécie, et en pointe à sa partie
supérieure : longueur, quatre lignes. On trouve cette espèce,
avec quelques modifications dans ses formes, suivant les lo-
calités, à Grignon, à Orglandes, département de la Manche;
à Houdan, dans une couche où il se trouve des néritines, et
dans une couche quartzeuse à Abbecourt près de Beauvais.
Méranis RACCOURCIE ; Melania abbreviata, Def. Cette espèce
est moins longue et un peu plas grosse que la précédente,
avec laquelle elle a beaucoup de rapports. On la trouve à
Cuise-Lamothe, département de l'Oise, avec de grandes cy-
rénes et des coquilles marines, et dans des couches de grès
supérieur à Morfontaine , à Betz, même département; à Pierre-
laie et à Écouen, département de Seine-et-Oise. Les co-
quilles de cette dernière localité sont aussi longues et plus
grosses que les mélanies grain-d’orge.
MÉLANIE canicuLaIRE ; Melania canicularia, Lam., loc. cit.,
1c8 MEL
Vélins du mus., n.° 17, fig. 4. Cette coquille à beäucoup
de rapports avec la mélanie grain-d’orge ; mais ellé est plus
longue et ressemble à ure dent canine aiguë : lieu natal,
Grignon. Je n’en ai trouvé qu’un seul individu.
MÉéLanir FRONCÉE ; Melania corrugata, Lam., Ann. du mus.,
tom. 8, pl. Co, fig. 3. Coquille turriculée , trés-remarquable
par ses stries transverses et par leur croisement sur les tours
supérieurs, ainsi que sur la moitié supérieure des autres
tours, avec des rides verticales qui font paroître la coquille
plissée et comme granuleuse : longueur douze à quinze li-
gnes. On trouve cette espèce prés du château de Pont-
Chartrain, département de Seine-et-Oise, dans une couche
qui diffère beaucoup de celle de Grignon par les coquilles
qu’elle renferme.
MÉLANIE BRILLANTE : Melania nitida, Lam., loc.'cit., même
planche, fig. 6; Helix subulata, Brocc., Conch. foss. Subapp.,
p. 306, tab. 111, fig. 5. Coquillie turriculée , subulée, grêle,
fort aiguë au sommet, et partout lisse, polie et brillante; son
ouverture est petite, ovale et légérement évasée à la base.
Elle a quatorze ou quinze tours de spire; longueur, quatre
à cinq lignes: lieu natal, Grignon, Parnes, département de
VOise, et San-Giusto prés de Volterre en Italie.
Méranie Tortue; Melania distorta, Def. M. Lamarck avoit
confondu cette espèce avec la précédente, à laquelle elle
ressemble beaucoup par son brillant; mais elle en diffère
essentiellement par sa courbure et par une ligne longitudi-
nale qui se trouve sur chacun des tours. Ces lignes sont
placées du côté droit de la coquille, et, sans répondre
précisément les unes aux autres, elles deviennent une ligne
oblique du sommet jusqu’à la partie supérieure de louver-
ture. Les individus de cette espèce que l’on trouve à Gri-
gnon, ont trois à quatre lignes de longueur; mais j’en ai
reçu des environs d'Angers qui ont sept à huit lignes de lon-
gueur. On trouve dans la baie de Weymouth une coquille
qui ressemble parfaitement à ces derniers, et qui doit être
son analogue vivant; elle m'a été envoyée sous le nom de
Eurpo politus. On trouve aussi cette espèce fossile à Dax.
Mécanie neMi-srniée ; Melania semi-striata, Lam. ,. Ann. du
mus. Coquille oblongue subturriculée, couverte à sa partie
MEL 46
supérieure de stries longitudinales trés-fines et brillantes à
Nes)
sa base; son ouverture est ovale-oblongue et très-évasée à
la base. Longueur, trois à quatre lignes : lieu natal, Grignon.
MÉLANIE CUILLERONNE; Melania cochlearella, Lam., loc. cif.,
Vélins du mus., n°1, fig. 14, et Supp., 2, fig. 18. Coquille
conique , turriculée, pointue au sommet, chargée de sillons
longitudinaux nombreux, trés-fins et un peu courbés; l’ou-
verture est ovale, oblique, à bord droit, épaissi et marginé :
longueur six lignes. On trouve cette espèce à Grignon, à
Orglandes et à Thorigner près d'Angers. Celles de ce der-
nier endroit sont plus grandes. Cette espèce a bien des rap-
ports avec le genre Rissoa et pourroit en dépendre.
MéLante FRAGILE; Melania fragilis, Lam., Vél., n.° 17, fig. 15,
et Suppl. , 2, fig. 17. Coquille tubturriculée , mince, fragile,
couverte de stries longitudinales trés-fines, à tours très-con-
vexes et au nombre de sept : longueur, deux lignes. L’ou-
verture est oblongue et ne s'avance point en cuilleron, comme
dans la précédente. Lieu natal, Grignon. Elle est rare.
Melania elongata. Dans le Mémoire sur le terrain du Vi-
centin ci-dessus cité, M. Brongniart a donné ce nom à une
espèce trouvée à Castel-Gomberto dans le Vicentin. Il paroïit,
d'aprés la figure qu'il en a donnée, pl. 3, fig. 13, qu'elle à
beaucoup de rapport avec la mélanie à petites côtes, dont
peut-être elle n’est qu'une variété. Je posséde une pareille
coquille, trouvée dans le Plaisantin. Elle diffère un peu de
la mélanie à petites côtes de nos pays; mais je pense qu’elle
n’en est qu'une variété modifiée par le lieu où elle a vécu.
MÉLANIE soUILLÉE : Melania inquinata, Def. ; Cerithium mela-
noides, Sow., pl. 147, fig. 6 et 7. Coquille conique, turri-
culée, chargée de tubercules et de cordons transverses , comme
certaines espèces de cérites; le dernier tour est chargé de
cinq à sept cordons, et d'une rangée de tubercules à sa partie
supérieure ; sur les autres “tours on ne voit qu’un ou deux
cordons et les tubercules, qui ont cela de très-singulier,
que souvent ils sont brisés, et qu'à leur place on voit une
petite cavité : longueur, deux pouces. On trouve cette espèce
a Wolwich, a Charleton et à Southfleet en Angleterre, à
Beaurein, département de la Somme, où elle est accompa-
gnée de paludines, et à Épernai avec des cyrènes, Celles de
:
so MEL
Wolwich et de Beaurein ont jusqu’à douze tubercules sur
chaque ‘tour, et quelques individus de ce dernier lieu en
sont presque dépourvus. Celles d'Épernai en ont environ.
huit trés-marquées. Je n’ai jamais pu rencontrer une seule de
ces coquilles ayant l'ouverture en assez bon état pour en saisir
tous les caractères; mais je pense qu’elles dépendent du
genre Mélanie.
Celles que l’on rencontre à Épernai et à Beaurein, se trou-
vent dans des couches qui touchent à la partie supérieure de
l'argile plastique et du lignite, au-dessous du calcaire coquil-
lier, et il y a lieu de croire que celles des autres localités
se trouvent dans les mêmes circonstances.
Mérante Griclée ; Melania clathrata, Def. Coquille turri-
culée, conique, chargée de petites côtes longitudinales, un
peu obliques, et coupées par cinq à six stries transverses, qui
les divisent en autant de petits points élevés : longueur, huit
lignes. Cette espèce a été trouvée en Italie, mais j'ignore
dans quel endroit : elle est remplie d’une vase grise, comme
les coquilles qui ont été trouvées dans le Plaisantin. |
Melania heddingtonensis, Sow., Min. conch., pl. 359. Cette
espèce se trouve dans les couches antérieures à la craie à
Southampton en Angleterre, et dans la couche à oolithes
au Mesnil pres de Caen : sa longueur est de quatre à cinq
pouces. Elle est turriculée-conique ; les tours de sa spire sont
aplatis, avec un certain enfoncement au milieu : son ouver-
ture présente assez les caractères de celles des mélanies; mais
comme elle n’est presque jamais entière, il est difficile d’être
assuré si elle appartient précisément à ce genre. |
Je possède une coquille qui a de très-grands rapports avec
la mélanie spinuleuse (Lam.) qui vit dans lesrivières de Timor;
mais j'ignore où elle a été trouvée, et, malgré son aspect fos-
sile, je ne puis assurer qu’elle soit à cet état.
M. Sowerby a donné dans sa Min. concb. la dar V et
les figures des espèces de mélanies ci-après.
Melania striata (pl. 47) : coquille de la grosseur du poing
et de plus de sept pouces de longueur, que l’on trouve à
Limington en Somersetshire. Melania constricta (pl. 218,
fig. 2), qu'on trouve à Tisdewel dans le Derbyshire ; Melania
lineata (même planche, fig. 1), que l’on trouve à Dundry.
À
b 4
"
L
a
PL RU
et blé
MEL 472
Melania fasciata (pl. 241, fig. 1), qui se trouve à l’île de
Wight. Melania costata (même pl., fig. 2), qu’on trouve à
Hordwelclif. Melania minima et Melania truncata (même pl,
fig. 3 et 4), que l’on trouve à Brakenhurst.
Cet auteur a donné (pl. 50) la figure d’une coquille qu’il
a nommée melania sulcata. Cette espèce a été rangée par M.
de Lamarck dans le genre des Turritelles. Il lui a donné le
nom de T. terebralis, et nous croyons avec ce savant qu’elle
dépend de ce genre.
M. de Lamarck (Ann. du mus. d’hist. nat.) a rangé dans
le genre Mélanie, sous le nom de mélanie demi-plissée,
une coquille qui ne dépend point de ce genre. Je possède
les deux coquilles qui ont servi à la description de cette
_espéce, et j'ai reconnu qu’elles étoient de jeunes cérites de
‘ l'espèce à laquelle il a donné le nom de C. nudum.
M. Faujas a trouvé dans une couche de marne bitumineuse
qui sépare les bancs de charbon de la mine de Gavalon,
dans l'arrondissement de Saint-Paulet, département du Gard,
avec des ampullaires et des coquilles qui ressemblent à des
planorbes, une espece particulière de mélanie , qui a un pouce
de longueur et qui est couverte de grosses côtes longitudi-
nales. Ann. du mus. d’hist. nat., tom. 14, pl. 19, fig. 1
Ch 19 s
M. Daudebard de Férussac a trouvé dans le bassin d’Ép ernai,
avec la melania inquinata, une autre espèce de mélanie, voisine
de la melania hordacea, à laquelle il a donné le nom de melania
trilicea. (D.EF.)
MÉLANIE. (Entom. ) Nom vulgaire, donné à une ie
de l’espece Agrion vierge, sorte de demoiselle, dont les ailes
sont He. dans le repos, colorées d’un brun doré avec
une tache noire, et le corps d’un vert métallique. Rœsel l’a
figurée t. Il, pl. 9, fig. 6. Voyez Acriow, t. I.® de ce Dic-
tionnaire, p. 325, var. F. (C. D.)
MELANIPELOS. (Bot.) Voyez Herxine. (J.)
MELANIS. (Erpétol.) Nom par lequel on a désigné un rep-
tile ophidien. Voyez Virère. (H. C.)
MÉLANITE, Melanites. (Entom.) Nom d’un genre de pa-
pillons de jour qui comprend quelques espèces des Indes,
telles que l’Ariadne, merione, coryta, undularis, etc. (C. D.)
472 MEL
MÉLANITE. (Min.) Nom donné à un minéral qui présente,
avec une couleur noire assez pure, tous les caractères géomé-
triques et plusieurs des caractères minéralogiques des gre-
nats. Comme on ne possède encore aucun moyen précis pour
séparer ce minéral des grenats, nous en avons fait l’histoire
à l’article de cette espèce. Voyez GRENAT MÉLANITE, au mot
GREAT. (B.)
MELANIUM. (Bot.) Daléchamps nommoit ainsi le viola
calcarata. P. Browne, dans ses Plantes de la Jamaïque, donne
le même nom à une Share. que Linnæus , pour cette rai-
son, nomme lyfhrum melanium, et qui doit peut-être se rap-
porter plutôt au genre Parsonsia de la même famille. (J.)
MELANOCERASON. (Bot.) Nom grec anciennement donné
_à la belladone, afropa belladona. ( Lex.)
MELANOCORHYNCOS. (Ornith.) Ce nom grec et celui de
sycalis désignoient chez les anciens le gobe-mouche ordi-
naire, muscicapa atricapilla, Gmel., dans son beau plumage,
c’est-à-dire à l'époque des amours, où le mâle offre un joli
mélange de noir et de blanc, tandis qu’en hiver il est gris,
comme sa femelle, avec une simple bande blanche sur Paile.
(Cz. D.)
MÉLANOÏDE, Melanoïdes. (Conchyl.) Olivier, dans son
Voyage au Levant, tom. 2, pag. 4o, a donné ce nom au
genre de coquilles que M. de Lamarck avoit nommé Mélanie,
etila, au contraire, employé ce derniernom pour désigner un
autre genre, généralement adopté, mais dont M. de Férussac
a changé la dénomination en celle de MéÉranoPsine. di ra
ce mot et Méranie. ( DE B.)
MELANOLOME, Melanoloma. (Bot.) Ce rouveau genre
de plantes, que nous proposons, appartient à l’ordre des
Synanthérées et à la tribu naturelle des Centauriées. Voici
ses caractères.
Calathide très-radiée : disque multiflore , obringentiflore,
androgyniflore ; couronne unisériée, amplitiflore, neutri-
flore. Involucre de quelques feuilles bractéiformes, verticil-
ées autour de la base du péricline. Péricline inférieur aux
fleurs du disque, ovoïde ; formé de squames imbriquées,
a ppliquées, coriaces : les intermédiaires oblongues, étrécies
de bas en haut, munies sur chaque côté d’une bordure li-
Le MEL 475
néaire, frangée , scarieuse, noire , et surmontées d’un grand
appendice étalé, penné, eoriace, à pinnules distancées, fili-
formes, barbellulées, roides. Clinanthe plan, épais, charnu,
garni de fimbrilles nombreuses , inégales, libres, filiformes-
laminées. Fleurs du disque : Ovaire oblong, comprimé, muni
de poils capillaires. Aïgrette de pe) tres - courte ,
avec petite aigrette intérieure. Corolle obringente. Étamines
a filet parsemé de poils trés-courts; appendice apicilaire
long. Fleurs de la couronne : Faux-ovaire grêle, inaigretté.
Corolle obringentiforme, à limbe amplifié, divisé en deux
segmens, l’intérieur quadrilobé au sommet ; l'extérieur tantôt
bifide jusqu’à la base, tantôt indivis.
Nous connoissons deux espèces de ce genre.
MÉLANOLOME BASSE : Melanoloma humilis, H. Cass. ; Centaurea
pullata, Linn., Sp. pl., édit. 5, pag. 1288. C’est une plante
herbacée , annuelle suivant Linné, bisannuelle selon Villars,
vivace selon M. Desfontaines. Sa racine , qui est assez grosse,
produit deux ou trois tiges courtes, menues, simples ou
presque simples, ordinairement monocalathides , anguleuses,
pubescentes; les feuilles sont trés-variables, un peu dentées,
pubescentes, un peu scabres; les inférieures longues, pétio-
lées, ordinairement lyrées; les supérieures courtes, sessiles,
oblongues ; les calathides sont terminales, solitaires, assez
grandes, composées de fieurs blanches ou purpurines; leur
péricline est entouré à sa base d’un involucre de quelques
feuilles ou bractées lancéolées, velues, entiéres ; l’appendice
des squames est jaunâtre. Cette plante habite l’Europe aus-.
trale , la Barbarie, le Levant ; on la trouve en France, dans
les départemens méridionaux, auprés des haïes et au bord
des champs, où elle fleurit en Mai et Juin.
MÉLaNoLOME ÉLEVÉE; Melanoloma excelsior, H. Cass. Tige
herbacée, haute d’un pied et demi, rameuse, diffuse , an-
guleuse, striée, pubescente, scabre ; feuilles alternes, un
peu pubescentés, un peu scabres, d’une substance ferme et
roide : les inférieures pétiolées, ovales-lancéolées, obtuses,
presque indentées; les supérieures sessiles, semi-amplexi-
caules, oblongues, obtuses, presque indentées, a base biau-
riculée, comme sagittée ; calathides grandes, belles, trés-
radiées, solitaires au sommet des rameaux , entourées cha-
474 ‘| MEL
cune à la base d'un involucre de cinq ou six feuilles verti-
cillées, inégales, ovales; corolles de la couronne blanches ;
celles du disque blanc-jaunâtre, avec le sommet des divi-
sions couleur de chair. Nous ignorons l’origine de cette
plante , qui nous paroît constituer une espèce distincte, et
que nous avons décrite sur un individu vivant, cultivé au
Jardin du Roi, où il n’étoit point nommé.
Notre genre Menthe est exactement intermédiaire entre
le Cyanus et le Lepteranthus. Il ressemble au Cyanus par la
bordure des squames du péricline, et par les corolles de la
couronne; mais il s’en distingue par l’involucre et par l'ap-
pendice des squames du péricline : il ressemble au Lepteran-
thus par l’appendice des squames du péricline ; mais il s’en
- distingue par l’involucre qui entoure ce péricline, par la
bordure dont les squames du péricline sont pourvues, et par
la forme des corolles de la couronne. (Voyez notre article
LEPrÉRANTHE, tom. XXVI, pag. 64.)
Le nom de Melanoloma, composé de deux mots grecs qui
signifient bordure noire, fait allusion à la bordure remar-
quable des squames du éd ses (H. Cass.)
MÉLANOMPHALE. { Bot.) Reneaulme nommoit ainsi l’or-
nithogalum arabicum, parce que, selon lui, le centre ou om-
bilic de la fleur est noir. (J.)
MÉLANOPHORE, Melanophora. (Entom.) M. Meigen a
décrit sous ce nom un genre d'insectes diptères, de la er
des sarcostomes, correspondans aux tachines et aux téphrites
de Fabricius, tels que le musca grossificañionis de Linnæus.
(C. D.)
MELANOPS. (Or nith.) Cette épithete est dise par La-
tham à une espèce de corbeau, dont M. Vieillot a fait sa
coracine kaiïlora. (Cu. D.)
MÉLANOPSIDE, Melanopsis. (Conchyl.) Ce nom, qui in-
dique des rapports avec les mélanies, ce qui n’est pas rigou-
reusement exact, a été imaginé par M. d’Audebard de Fé-
russac, le père, pour désigner un petit genre de coquilles
qu'Olivier avoit établi sous la dénomination de Mélanie, ou
qu’il confondoit avec les espèces véritables de ce genre, et que
M. de Lamarck avoit proposé plusieurs années auparavant.
Les caractères de ce genre , qui a été adopté par tous les zoolo-
ot. ‘ne nil mt se mltét nantes te he, à ii
MEL 475
gistes modernes, et duquel M. d'Audebard de Férussac, fils,
a publié une monographie dans la premiére partie du pre-
mier volume des Mémoires de la Société d'histoire naturelle
de Paris, peuvent être exprimés ainsi : Animal dioïque, spi-
ral, trachélipode ; le pied court, arrondi, pourvu d’un oper-
cule corné : la tête avec deux gros tentacules coniques, assez
peu alongés, incomplétement contractiles, portant les yeux
sur un renflement assez saillant, situé à leur base externe;
la. bouche à l’extrémité d’une sorte de mufle proboscidi-
forme ; la cavité respiratrice aquatique contenant deux pei-
gnes branchiaux inégaux, et se prolongeant en un tube in-
complet à son angle antérieur et externe. Coquille ovale,
subturriculée, à spire courte ; l'ouverture ovale, sans tube,
mais échancrée en avant et sans trace de sinus à son extré-
mité postérieure ; le bord columellaire calleux et plus ou
moins profondément excavé. D’après ces caractères il est évi-
dent que ce genre est assez éloigné des mélanies proprement
dites, surtout pour la coquille, qui n’a jamais l’'évasement
de l’ouverture par la fusion de la columelle qui existe dans
celle-ci. C’est pour moi une simple subdivision des cérithes,
dont elle ne diffère que parce que l’échancrure de louver-
ture , au lieu d’être quelquefois présque tubuleuse , est sou-
vent peu marquée. Je divise en effet les Cérithes en cinq
petits groupes: dansie premier, les Cérirues proprement dites,
comme le C. vertagus, il y a réellement un petit canal fort
court, recourbé vers le dos de la coquille; les CHenirres,
C. aluca, ont le canal encore plus petit, tout droit, et une
échancrure ou sinus bien formé a la jonction postérieure des
deux bords ; les Poramines et les Pirazes n’ont plus de canal,
mais une simple échancrure en avant, et le bord droit se
dilate plus ou moins avec l’âge, comme dans le C. palustre;
les PrRÈNES ont aussi l'ouverture sans canal, peu échancré en
avant, avec un sinus à l’extrémité postérieure du bord droit,
qui ne se dilate pas; le bord columellaire calleux et courbé
dans son milieu : enfin, les Méranopsines, en général moins
turriculées, ont l’échancrure antérieure, mais pas de sinus
en arrière et une large callosité sur le bord columellaire,
Jamais ces caractères ne se trouvent sur les véritables mé-
lanies.
476 MEL
- Les mélanopsides habitent constamment les eaux douces,
et leurs mœurs s'éloignent sans doute fort peu de celles des
cérithes fluviatiles et même dè celles des paludines. On n’en
a pas encore trouvé en France ni même en Italie, où cepen-
dant il est fort probable qu'il en existe : mais on en a dis-
tingué en Carniole, en Hongrie, dans la Russie méridionale
et dans presque tout le bassin de la Méditerranée ; en Espa-
gne, sur le versant de la mer Océane ; dans les grands
fleuves, le Tigre et l’'Euphrate, de la pente méridionale de
l'Asie. Il me paroît probable que deux ou trois espèces de
coquilles dont M. Say a fait dés mélanies, appartiennent
réellement au genre Mélanopside : ainsi l'Amérique septen-
trionale auroit des espèces de ce genre, ce que n’auroit pas
le versant de l’Europe vers la mer Océane. Aussi, en admet.
tant ce fait comme positif, il sembleroit que celles qui y
ont existé n’y sont plus qu'à l’état fossile; et, en effet, on
trouve un assez grand nombre de mélanopsides fossiles en
France, où il ne s’en rencontré peut-être plus de vivantes.
Les espèces que M. de Férussac caractérise dans ce genre,
sont au nombre de onze ; mais il faut convenir qu’elles sont
souvent si voisines les unes des autres, que je doute qu'il y
en aït plus de trois ou qiâtre véritables.
La M. euccoine ; M. buccinoides, Olivier, Féruss., loc.
cit, pli, fig. 1—1, et pl. 11, fig. 1—4. Coquille conique,
ovale, épaisse, à spire courte, souvent aiguë; les tours de
spire déprimés, striés longitudinalement, au nombre de huit,
dont le dernier est plus grand que tous les autres pris en-
semble ; une large callosité sur le bord columellaire. Cou-
leur uniforme, brune ou châtaine.
C’est la M. rss, M. lævigata, de M. de Lamarck ; le Buc-
cinum prærorsum de Linnæus; le Bulimus prærorsus de Bru-
guieres ; le Bulimus anfediluvianus de M. Poiret.
Cette espèce se trouve vivante dans les ezux douces de la
Syrie, de l’île de Crête, de l’archipel grec, d’après Olivier;
on dt qu’elle se trouve aussi en Hongrie, d’après M. de Fé-
russac, qui en posséde un grand nombre d'individus. Elle
offre un assez grand nombre de variétés, soit dans la couleur,
soit dans la forme: ainsi elle est tantôt noire, brune, chà-
taine; tantôt d’un vert jaunàtre et quelquefois ornée de
MEL 477
trois bandes brunes sur un fond verdâtre ; elle est plus ou
moins alongée ou élargie, ce qui la rend conique ou fusi-
forme. Dans quelques individus l’ouverture a la moitié de
la longueur de la coquille, et dans d’autres les deux tiers.
Il estcertain qu’elle est parfaitement identique avec l'espèce
fossile que l’on trouve dans l’ile de Rhodes, dans les mon-
tagnes de Sestos, dans la formation d'argile plastique et des
environs de Soissons ; en Angleterre, à l’île de Wight, et dans
plusieurs autres endroits; en Italie, etc.
La M. »e Durour; M. Dufourü, de Fér., loc. cit., pl. 1,
fig. 16, et pl. 2, fig. 5. Espèce fort rapprochée de la précé-
dente par la forme et la grandeur, qui varient cependant
aussi beaucoup : sa couleur, également fort variable, brune
ou verdtre, est quelquefois parsemée de taches brunes; le
dernier tour de spire est ordinairement pourvu de trois côtes
transversales, mais aussi quelquefois elles s’effacent presque
complétement. |
Elle se trouve vivante dans le royaume de Valence et dans
différens endroits de l'Espagne ; fossile à Dax, dans les faluns
de Mandiilot.
Fa M. À côres : M. costata, Oliv., Lam. ; de Fér., loc. cit,
pl.1, fig. 14, 15. Coquille ovale, conique, épaisse, pourvue
de côtes épaisses, nombreuses, longitudinales sur tous les
tours de spire, qui sont au nombre de huit, dont le dernier
est plus grand que tous les autres ble la couleur est
brune ou cornée, avec une tache de la même couleur sur la
columelle, qui est blanche, comprimée et assez excavée.
Cette espèce, qui varie aussi pour la grandeur et la pro-
portion des parties, se trouve vivante dans les environs
d'Alep et dans le fleuve Oronte. Elle est fossile sur le haut
des montagnes de Sestos et d’Abydos.
La M. 4 »er1Tes côtes : M, costellata > Mur. cariosus, Linn.;
Buccina murocceana, Chemnitz, Conchyl., X } tab. 310, fie
2682, 2083. Cette espèce, que M. de Férussac ne sépare
qu'avec doute de la précédente, paroit n’en différer qu’en
ce que les côtes sont plus nombreuses, plus serrées, et que le
dernier tour est trois fois plus grand que tous les autres pris
ensemble.
Elle se trouve abondamment dans les ruisseaux des envi-
478 MEL
rons de l’aqueduc de Séville et dans cet aqueduec, dans les
lacs et rivières du royaume de Maroc. Son animal est orné,
comme celui de la mélanie buccinoïde, de lignes brunes et
ondulées.
La M. 4 cros sœurs: M. nodosa, de Fér., loc. cit., pl.1,
fig. 13» M. affinis, Mém. géolog. Coquille ovale, aiguë,
épaisse, de sept à huit tours de spire ; le dernier ventru,
pourvu de côtes noueuses, longitudinales.
Cette espèce, qui habite vivante dans le Tigre, paroît,
comme la précédente , aussi peu différer de la M. à côtes.
Elle a été trouvée fossile par M. Menard de la Groye entre
Ottricoli et Lavigno, prés de la route de Rome à Foligno,
avec des coquilles marines. Une variété de cette même es-
péce est répandue dans un calcaire compacte dont est bâti
le temple de Daphné à Athènes.
La M. cHevronnéE ; M. decussata , de Fér. Coquille à spire
conique, formée de cinq à six tours déprimés, le dernier
plus grand que tous les autres; l’ouverture grande, à peine
échancrée ; la columelle presque droite , à peine canaliculée :
couleur blanche, variée de lignes rousses entières ou ponc-
tuées. Dans divers endroïts de la Hongrie, et entre autres
dans le Plattensée.
La M. »'Esrer, M. Esperi, de Fér., ne paroît différer que
par quelques nuances dans la couleur , et parce que le canal
de la columelle est mieux formé. De la rivière de Laybach,
dans la Carniole.
La M. aronGée; M. acicularis, de Fér. Coquille subulée,
lisse, épaisse, de huit à dix tours de spire, décroissant in-
sensiblement ; callosité nulle ; la columelle atténuée , aiguë,
a peine canaliculée et échancrée : couleur brune foncée,
avec une bande jaunàtre sur les sutures.
Vivante, elle se trouve dans la Laybach, dans les eaux
thermales de Weslau prés Vienne, dans le Danube, à Bude,
etc.; fossile, à l’ile de Wight.
M. de Férussac, dans sa Monographie , joint aux mélanop-
sides les Pyrènes de. M. de Lamarck; mais, quoique fort
rapprochées en effet, nous n’en parlerons que sous ce der-
nier mot. (DE B.)
MÉLANOPSIDE. (Foss.) Les mélanopsides, ainsi que les
MEL 479
mélanies, ne se trouvent plus aujourd'hui à l'état vivant
que dans les eaux douces des climats chauds. Comme ces
dernières, elles ne se trouvent à l’état fossile, dans nos pays,
que dans les couches postérieures à la craie, mais avec cette
différence, que les couches qui les contiennent sont posées
sur l'argile plastique au-dessous du calcaire coquillier, où
elles sont accompagnées de planorbes, de physes, de lymnées
et d’autres coquilles d’eau douce (d’Audeb. de Féruss.), et
qu’on ne les trouve jamais, comme les mélanies, dans le cal-
caire coquillier marin.
Méranorsine pucainoïne : Melanopsis buccinoidea, Oliv., Voy.,
pl. 17, fig. 8 ; Melanopsis fusiformis, Sow., Min. conch., t.332,
fig. 1— 7. Coquille ovale-conique, lisse, portant sept tours
de spire, dont le dernier est plus long que la spire : lon-
gueur, huit à neuf lignes. On trouve cette espèce dans le
bassin d’Épernai, au-dessous d’un banc d’huîtres; à Soissons,
à Vaubuin, à Cuiseaux dans le Jura; à Heuden-Hill, dans
l'ile de Wight, à Wolwich; en Italie, en Grèce. Elle ne
différe en rien de celles qu’Olivier a prises vivantes dans le
fleuve Oronte et dans toutes les rivières de la côte de Syrie,
ni de celles que M. de Férussac a trouvées dans les petites
rivières d’Andalousie en Espagne. J’en possède une dont l’ou-
verture est remplie de vermilies ou de serpules.
MéranorsipE À CÔTES ; Melanopsis costata, Oliv., voy. pl. 31,
fig. 3; Encycl. méth., pl. 458, fig. 7. Il paroît que cette es-
pèce est analogue à celle qu’on rencontre vivante dans les ri-
vières des îles de l’Archipel et en Syrie. On la trouve fossile
à Soissons, en Italie et à Sestos, où elle forme des rochers
solides. (De Férussac.)
Mécanorsine NOUEUSE : Melanopsis nodosa, De Fér. Les co-
quilles de cette espèce ont beaucoup de rapport, pour la forme
et la grandeur, avec les précédentes; mais celles-ci sont cou-
vertes, à la partie supérieure du dernier tour de la spire, de
deux rangs transverses de nœuds lisses et peu élevés, qui se
terminent par des côtes douces longitudinales. On les trouve
à Magliano en Italie.
Mézaxorsine DE Boué; Melanopsis Bouet, De Fér. Cette es-
pèce a beaucoup de rapports avec celle qui précède immé-
diatement; mais elle est beaucoup plus raccourcie. On la
trouve en Moravie.
480 - MEL
Melanopsis Dufourit, De Fér. Cette espèce a jusqu’à quinze
lignes de longueur : elle est ventrue, et porte une très-grosse
callosité sur le bord gauche de son ouverture : elle est très-
remarquable en ce que la partie supérieure de chaque tour
est munie d’un canal en forme de rampe comme les olives.
On trouve cette espèce à Dax.
Je posséde une petite coquille du genre Mélanopside qui
a été trouvée à Gilocourt, département de l'Oise. Elle est
Lsse, et le bord droit de l'ouverture s'élève presque jus-
qu’au haut de la spire, qui n’est composée que de deux ou
trois tours. Ce petit nombre de tours feroit soupçonner que
ce seroit un jeune individu de la mélanopside buccinoïde.
Longueur, deux lignes et demie. Elle a la forme d’un petit
haricot.
M. Sowerby a donné la figure et la description d’une co-
quille de cegenre, à laquelle il a donné le nom de melanopsis
subulatus (Min. conch., tab. 532, fig. 8): elle a sept lignes
de longueur sur deux lignes et demie de largeur vers sa
base. Elle a été trouvée dans l’île de Wight avec la M. buc-
cinoide, dont elle n’est peut-être qu’une variété. (D. F.)
MELANOS. (Ornith.) M. Desmarest a donné, dans le
Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , des explications
curieuses sur l'emploi de ce terme pour désigner les mam-
mifères et les oiseaux dont les poils ou les plumes passent
d’une autre couleur au noir foncé. (Cu. D.) |
MELANOSCHŒNUS. ( Bot.) Michéli, auteur italien , nom-
moit ainsi une espèce de chouin, schænus mucronabus. (J.)
MELANOSINAPIS. (Bof) M. De Candolle nomme ainsi
l’une de ses cinq sections du genre Sinapis, laquelle contient
Ja vraie moutarde, sinapis nigra. (J.)
MELANOTIS. (Bot. ) Le genre fait sous ce nom par Necker
est le meläsma de Bergius, ‘ou nigrina de Einnæus, que le fils
de ce dernier a réuni au Gerardia, genre de la famille des
personées. (J.) ,
MELANPYRON ( Boi.) : Blé noir, en grec. Voyez Méram-
PYRE. (LEM.)
MÉLANTÉRIE. (Min.) C'est un nom employé par quel-
ques minéralogistes anciens pour désigner une terre noire
pyriteuse, susceptible de donner une couleur noire ana-
PRE PT RES
MEL AB
logue à celle de l'encre et d’ûne nature qui n’en est pas très-
éloignée. Cette matière se trouve principalement dans les
raches schisteuses , noires et pyriteuses, que nous avons dési-
gnées ailleurs sous le nom d’ampélite.
Mais il paroît que celle qu'Agricola et Dioscoride indi-
quent en Cilicie, qui étoit jaune de soufre et qui donnoit
dans l’eau une dissolution noire, pourroit être regardée
comme un sulfate de fer en partie décomposé par l'air, ef
tel qu’on le trouve souvent en efflorescence sur les roches
schisteuses que nous venons de mentionner, M. Leonhard
paroît avoir adopté cette opinion, en citant le melanteria
comme synonyme du fer sulfaté. (B.)
__ MÉLANTHE, Melanthium. (Bot.) Genre de plantes mono-
cotylédones , à fleurs incomplètes, de la famille des colchicées,
de l’herandrie trigynie de Linnæus; offrant pour caractère es-
sentiel : Une corolle à six pétales; point de calice ; six éta-
mines insérées sur les onglets des pétales; les anthères à
deux lobes; un”ovaire supérieur, trigone, chargé de trois
styles; une ou plutôt trois capsules unies ensemble par leur
côté intérieur; les semences nombreuses, comprimées.
MéLanTee DE Vir@inie : Melanthium virginicum, Linn.; Lmk.,
Ill. gen., tab. 569, fig. 1; Pluken., Phytogr., t. 434, fig. 8.
Cette plante s'élève à la hauteur de trois pieds sur une tige
simple, herbacée, fistuleuse, un peu velue, garnie de feuilles
alternes, vaginales à leur base, linéaires, longues, aiguës.
Ses fleurs forment à l'extrémité des tiges une grande et belle
panicule pyramidale , velue sur ses ramifications, munie de
bractées courtes, pubescentes ; la corolle d’un blanc jaunètre.
d’une médiocre grandeur ; les pétales presque hastés, mar-
qués à leur base de deux taches foncées ; les filamens de la
longueur dela corolle ; l'ovaire glabre, ovale, à trois lobes;
_ les styles divergens, un peu plus courts que les étamines.
Cette plante croît aux lieux humides, dans la Virginie, l&
Caroline, etc.
Mécantse pu Car. : Melanthium capense, Linn.; Lamk., JU,
gen., tab. 260, fig. 3; Pluk., Phytogr., tab. 195, fig 43
Melanthium punctatum, Mill., Dict. Espèce remarquable par
ses feuilles et ses corolles ponctuées, dont la tige est très-
simple, haute de sept à neuf pouces, garnie d'environ quatre
29 31
482 MEL
feuilies ovales, un peu concaves, épaisses, un peu eciliées à&
leurs bords, couvertes à leurs deux faces de très-petits points
noirs, tuberculeux ; les fleurs sessiles, disposées en un épi
simple, terminal, long d'environ trois pouces; la corolle
finement piquetée de rouge ; les pétales caducs, lancéolés ;
les étamines de moitié plus courtes que la corolle ; l'ovaire
trigone, divisé jusqu’à son milieu en trois parties, terminées
chacune par une pointe courte, en forme de corne. Cette
plante croît au cap de Bonne-Espérance.
MÉLANTHE UNILATÉRAL; Melanthium secundum, Lamk., Enc.
et Ill. gen., tab. 269, fig. 2. Cette espece, rapprochée de la
précédente, s’en distingue par ses fleurs unilatérales, par
ses pétales onguiculés, munis ordinairement de deux petites
dents à peu de distance de leur base ; par ses feuilles étroites,
à peine larges d’une demi-ligne. La tige est grêle, simple,
finement panachée de rouge, haute de huit à neuf pouces;
les fleurs sessiles, formant un épi court, un peu lâche, dé-
pourvu de bractées ; les pétales étroits, linéaires-lancéolés ;
l'ovaire court, médiocrement turbiné, chargé de trois styles
grêles. Cette plante a été découverte au cap de Bonne-Espé-
rance par Sonnerat.
MÉLANTHE À ÉPI DENSE : Melanthium densum, Lamk., Encycl.
et Ill. gen., tab. 269, fig. 4 ; Veratrum luteum, Linn. Cette
plante s'élève à la hauteur d'un à deux pieds sur une tige
simple, garnie de feuilles alternes, sessiles, un peu amplexi-
caules, linéaires, aiguës, larges d'environ deux hgnes; les
inférieures trés-longues; les fleurs petites, nombreuses, épar-
ses, pédicellées, réunies en un épi droit terminal, d’abord
ovale ; à la base de chaque pédicelle une petite bractée
ovale, aiguë, scarieuse ; les corolles trés-ouvertes; les pé-
tales ovales, sans onglets; les anthéres blanchätres, en cœur;
l'ovaire court, trifide au sommet. Cette plante croît dans da
Caroline.
MéLaNTHE 30NCIFORME ; Melanthium junceum, Jacq., Ice. rar.)
2, tab. 451. Cette espèce est pouivue d’une bulbe arrondie,
de la grosseur d’une noisette : elle produit une feuille radi-
cale, subulée , aiguë ; puis deux autres planes, aiguës, vagi-
nales. Les tiges sont droites, simples, subulées, longues d'un
pied et demi, munies vers leur sommet de deux feuilles al-
MEL 48%
ternes ; les fleurs sessiles, alternes, disposées en un épi ter:
minal, long de deux pouces ; la corolle d’un pourpre violet
ou blanchâtre ; les pétales onguiculés, lancéolés, un peu aï-
gus ; les filamens de couleur purpurine ; les anthères alon-
gées ; les capsules trigones,.noueuses, obtuses, couronnées
par les styles. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance,
Méranrae cicré : Melanfhium ciliatum, Linn., Suppl., 213 ;
Jacq., Fragm., tab. 3, fig. 3 ; Melanthium uniflorum, Jacq.,
Coll., 4, pag. 100. Plante herbacée, du cap de Bonne-Espé-
rance, dont les tiges sont simples, longues d’un pied et plus,
garnies de feuilles alternes, linéaires-lancéolées, trés-aiguës,
finement crénelées et membraneuses à leurs bords, longues
d’un demi-pied ; les radicales et inférieures pourvues d’une
longue gaine : les fleurs sessiles, alternes, peu nombreuses,
rapprochées, terminales; la corolle d’une grandeur mé-
diocre ; les pétales lancéolés, onguiculés, rouges en dehors, :
jaunàtres à leur base ; les capsules cendrées, longues d’un
pouce. x,
MÉétanNTHE A FEUIILES DE GRAMINÉES ; Melanfhium gramineum,
Cavan., Icon. rar., 6, tab. 587. Ses racines sont pourvues
de plusieurs bulbes ovales, d’où s’élévent des tiges tres-
courtes, en partie enfoncées en terre, longues d’un pouce,
filhformes ; les feuilles radicales semblables à celles des gra
minées, vaginales, canaliculées, tres-aiguës, longues de trois
pouces ; les fleurs, au nombre de deux ou trois, sont d’un
blanc jaunâtre ; les pétales veinés, lancéolés, longs d’un
pouce et plus, larges de deux lignes; les filamerns plus courts
que la corolle ; l'ovaire ovale, aigu ; trois styles rougeûtres,
divergens. Cette plante a été découverte dans les environs
de Mogador par Broussonet. (Pors.)
MÉLANTHÈRE, Melanthera. (Bot) Ce genre de plantes,
publié par Von Robr, en 1792, appartient à l’ordre des sy-
nanthérées, à notre tribu naturelle des hélianthées, et à la
section des hélianthées-prototypes, dans laquelle il est im-
médiatement voisin des genres Blainvillea et Lipotriche. Voici
les caractères génériques du melanthera, tels que nous les
avons observés sur des individus vivans de melanthera urticæ-
folia.
Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, régulari-
484 MEL
flore, androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, d’abord
convexe où turbiné, puis plan ;: formé de squames irrégulié-
rement bisériées, à peu près égales, appliquées, ovales, fo-
liacées ou subcoriaces. Clinanthe convexe, garni de squa-
melles inférieures aux fleurs, embrassantes, oblongues-lan-
céolées , presque spinescentes au sommet. Fruits plus ou moins
comprimés bilatéralement, subtétragones, élargis et épaissis
de bas en haut, glabres, lisses, tronqués au sommet, à tron-
cature en losange, trés-large, plane, hispide ; aréole apici-
laire, petite, orbiculaire, occupant le centre de la troncature;
aigrette interrompue, irrégulière, composée d'environ cinq
_à dix squamellules inégales, filiformes, courtes, épaisses,
roides, blanches, barbellulées, se détachant facilement, et
paroissant articulées par la base sur un rebord trés-court,
épais, charnu, vert, dentelé, qui simule un bourrelet apici-
laire ou une très-petite aigrette stéphanoïde. Corolles blan-
ches, à dix nervures, à tube court et glabre, à limbe hé-
rissé de poils, à cinq divisions hérissées de papilles sur leur
face supérieure. Anthères à loges noirâtres, à appendice api-
cilaire blanc. Nectaire tubulé.
Nous distinguons trois espèces de melanthera.
MéLanNTHÈRE A FEUILLES D'ORTIE : Melanthera 'urticæfolia, H.
Cass.; Melananthera Linnæi, Kunth, Nov. gen. et sp. pl. t. IV,
pag. 199 (édit. in-4.°) ; Melananthera deltoidea, Rich. et Mich.,
FI. bor. Amer., tom. 2, pag. 107; Pers., Syn. pl., pars 2,
pag. 395; Calea aspera, Jacq., Collect. ad bot. spect., vol. 2,
pag. 290, n.° 230; Icon. pl. rar., vol. 3, tab. 583; Willd.;
Desf. ; Decand. ; Aiton; Lam.; Bidens nivea, Swartz, Obs. bot.,
pag. 2096 ; Bidenbis niveæ varietas prima, Linn., Sp. pl., édit. 3,
pag. 1167; An? Amellus, P. Browne, Hist. of Jam., p. 317;
Bidens scabra, flore niveo, folio urticæ, Dill., Hort. eltham.,
pag. 55, tab. 47, fig. 55, n.° 3. C’est une plante herbacée,
dont la tige, haute d’environ trois pieds, est dressée, ra-
meuse, subtétragone, striée, scabre ; ses feuilles sont oppo-
sées, pétiolées, ovales, acuminées, dentées en scie, tripli-
nervées, scabres, surtout en-dessous, un peu pubescentes,
d’un vert cendré; les calathides, larges de six à neuf lignes,
sont solitaires au sommet de longs pédoncules nus, ordinai-
rement ternés à l’extrémité de la tige et des rameaux; les
MEL 485
corolles sont blanches. Nous avons fait cette description spé-
cifique, et celle des caractères génériques, sur des individus
vivans, cultivés au Jardin du Roi, où ils fleurissoient au
mois d'août. Swartz, qui paroît avoir bien observé cette
plante, dit qu’elle est vivace par sa racine, et qu’elle ha-
bite la Jamaïque australe, où on la trouve prés des bords
de la mer, ainsi que sur les terrains élevés, cultivés ou cou-
verts de gazon. Elle seroit annuelle, selon M. Kunth; mais
Jacquin a remarqué, sur des individus cultivés en Europe
dans la serre chaude, que cette espèce étoit tantôt annuelle
et tantôt vivace. M. Link, dans son Enumeratio plantarum horti
berolinensis, dit que les fleurs sont jaunes, ce qui est une
erreur manifeste.
MÉLANTRÈRE A FEUILLES EN VIOLON : Melanthera panduriformis,
H. Cass.; Melanantheræ hastatæ varietas, Rich. et Mich., F1.
bor. Amer., tom. 2, p. 107; Pers., Syn. pl., pars 2, p. 305;
Bidentis niveæ varietas tertia, Linn., Sp. pl., édit. 3, p.'1167;
Bidens scabra, flore niveo, folio panduræformi, Dill., Horé.
Eltham., pag. 54, tab. 46, fig. 54. Une racine vivace pro-
duit plusieurs tiges droites, simples ; hautes de plus de quatre
pieds, roides, scabres, munies de quatre côtes longitudi-
nales; les feuilles sont opposées, étalées, assez grandes, pé-
tiolées, oblongues-lancéolées, ridées, scabres, acuminées au
sommet, dentées en scie sur les bords, étrécies des deux côtés
vers le milieu de leur longueur, ce qui produit deux lobes
vers la base ; chaque tige se divise au sommet en quelques
rameaux et pédoncules terminés par de belles calathides assez
grandes, subzlobuleuses, imitant celles de certainesscabieuses:
les corolles, d’abord un peu rougeàtres, deviennent ensuite
trés-blanches ; les anthères sont exsertes et noires; les squames
du péricline sont roides et vertes; les squamelles du cli-
nanthe sont cuspidées; les fruits ont une aigrette de deux
squamellules. Cette plante, que nous n’avons point vue, et
que nous décrivons d'aprés Dillen, a été observée par ce
botaniste sur des individus vivans, provenant de graines en-
voyées de la Caroline, et cultivés en Angleterre, où ils fleu-
rissoient en octobre.
MÉLANTHÈRE A FEUILLES TRILOBÉEs : Melanthera trilobatæ, H.
Cass. ; Melanantheræ hastaltæ varietas, Rich. et Mich., FI. bor.
486 MEL
Amer. , tom. 2, pag. 107; Pers., Syn. pl., pars 2, pag. 594;
Bidentis niveæ varielas secunda , Linn. , Sp. pl., édit. 3, p. 1167;
Bidens scabra, flore niveo, folio trilobato, Dill., Hort. Eltham. ,
pag. 55, tab. 47, fig. 55. La racine est vivace; les tiges s’élè-
vent un peu plus haut que celles de l'espèce précédente ;
les feuilles sont pétiolées, très-profondément divisées en trois
grands lobes dentés en scie, le terminal plus long, lancéolé,
les deux latéraux ordinairement ovales: les calathides sont
subglobuleuses, belles, assez grandes, composées de fleurs
blanches ; les anthères sont noires, mais incluses, et non ap-
parentes extérieurement ; les stigmatophores sont plus grêles
que dans la précédente espèce , dont celle-ci ne diffère essen-
tiellement que par la figure des feuilles. Dillen, dont nous
empruntons la description, faite sur des individus vivans,
cultivés en Angleterre et provenant de graines envoyées de
la Caroline , remarque que cette espèce fleurit un mois plus
tard que la précédente, et qu’elle paroit être plus sensible
au froid. Cu
Ce botaniste est le premier qui ait fait connoître les trois
espèces dont se compose aujourd'hui le genre Melanfhera : il
a complétement décrit et figuré, en 1732, dans l’Hortus El-
thamensis, la seconde et la troisième espèces : quant à la pre-
mière , il s’est contenté de dire qu’elle ressembloit aux deux
autres par sa tige, ses calathides, et l’aspérité de sa surface;
mais qu'elle en différoit beaucoup par ses feuilles, semblables
à celles de l’ortie commune, et dont il a Fo la figure.
Suivant lui, l’aigrette de ces plantes n’est composée que de
deux squamellules, et c’est te il les à rapportées au
genre Bidens.
Linné a réuni, en 1755, dans la première édition du Spe-
cies plantarum, sous le nom de bidens nivea, les trois espèces
de melanthera, qu’il a considérées comme trois variétés d’une
séule et même espèce, et il a cité, comme synonyme de la
premiére, le ceratocephalus foliis cordatis seu triangularibus,
Jlore albo, de Vaillant. .
Patrice Browne a proposé, en 1756, dans son Histoire ci-
vile et naturelle de la Jamaïque, un genre Amellus, ayant
pour caracteres : le péricline imbriqué, campanulé, étalé,
à squames presque égales ; la calathide incouronnée , régula-
MEL 487
riflore ; les fruits oblongs, anguleux ; le clinanthe squamelli-
fére. L’unique espèce attribuée à ce genre par l’auteur est
une plante rameuse , à feuilles ovales, dentées, à calathides
terminales, solitaires, portées sur de longs pédoncules di-
vergens. Browne cite, comme synonyme de son Amellus, une
plante de Jean Burmann, qui est l’adenostemma viscosa ; et
Linné cite la plante de Browne comme synonyme de son
calea amellus. Mais M. Robert Brown prétend que le calea
amellus de Linné est le salmea scandens de M. De Candalle,
et que l’amellus de Patrice Browne est le melanthera urticæ-
Jolia, dont il n’a point remarqué l’aigrette, parce qu’elle est
caduque. Si cette dernière synonymie, qui est irés-vraisem-
blable, pouvoit être mise tout-a-fait hors de doute, il s’en
suivroit que Browne seroit le premier auteur du genre Me-
lanthera ; maïs il ne l’auroit pas suffisamment caractérisé, et
d'ailleurs le nom d'amellus, ayant été consacré par Linné à
un autre genre, ne peut plus être restitué à celui-ci.
Adanson, en 1763, dans ses Familles des plantes, a pro-
posé un genre Ucacou, caractérisé ainsi : Feuilles opposées,
entières; plusieurs calathides axillaires et solitaires termi-
nales ; péricline de cinq à sept squames unisériées, larges ;
clinanthe garni de squamelles larges ; aigrette de deux à trois
soies persistantes; calathide radiée, à disque de fleurs her-
maphrodites quinquédentées, à couronne de fleurs femelles
tridentées. L’auteur rapporte a son genre Ucacou, les bidens
nodiflora et nivea de Linné, le genre Ceratocephalus de Vail-
lant, les figures de l'Hortus Elfhamensis représentant les trois
espèces de melanthera, et les noms vulgaires d’Arekepa, de
Chatiakelia, d'Herbe aux malingres.
Jacquin a tracé, en 1788 , dans le secand volume de ses
Collectanea , la première description exacte et complete de la
melanthera urticæfolia, qu’il a nommée calea aspera ; et vers
Je même temps il a donné ure bonne figure de cette plante,
dans ses Icones plantarum rariorum.
Swartz, en 1791, dans ses Observationes botanicæ, a donné
une nouvelle description exacte et complète de la meian-
thera urticæfolia, à laquelle il a conservé le nom de bidens
mivea.
M. Robert Brown nous apprend que, dès 1784, la plante
438 | MEL
dont nous venons de parler avoit été décrite par Von Robr,
comme genre distinct, sous le nom de melanthera : maïs il
paroit qu'il n’a publié ce genre qu’en 1792, dans le second
volume des Mémoires de la Société d'histoire naturelle de
Copenhague.
Le genre Melanthera de Von Bike a été reproduit, en
1803, sous le nom de melananthera, par Richard et Michaux,
dans la Flora boreali-americana. On y trouve une description
trés-complète des caractères du genre, et l'indication de deux
espèces, dont la première, nommée par ces botanistes mela-
nanthera hastata, correspond à nos melanthera panduriformis et
trilobata, et la seconde, nommée par eux melananthera del-
toidea, correspond à notre melanthera urticæfolia.
M. Robert Brown, en 1817, dans ses Observations sur les
Composées, a décrit de nouveau les caractères du genre
Melanthera, et il a présenté quelques remarques intéressantes
sur ce gerre, ainsi que la description d’un autre genre voisin
de celui-ci et nommé par l’auteur Lipotriche. Dans la tra-
duction que nous avons faite de l’opuscule de M. Brown,
nous avons inséré la note suivante sur l’article concernant le
melanthera : « M. Brown paroît ignorer que le genre dont
« il s’agit, ayant pour type le Bidens nivea de Linné, avoit
« été déjà proposé, avant Von Rohr et Richard, par Adanson,
« qui le nomme Ucacou. Il est vrai que sa description pré-
« sente de faux caractères, ce qui, d'après mes principes,
« ne permet pas de lui attribuer la découverte du genre;
« mais, d'aprés les principes contraires généralement adop-
« tés, et professés surtout par M. Brown, comme on l’a vu
« aux articles Craspepra et Trinax, dn devroit préférer au
« nom de melananthera , suivant l’ordre chronologique, 1.° celui
« d’Amellus, 2.° celui d'Ucacou, 3.° celui de Melanthera. Je
« dois faire observer que les caracteres attribués par Adanson
« à son ucacou, et qui s'appliquent fort mal au melananthera,
« s'appliquent au contraire assez bien au Lipotriche de M.
« Brown, décrit dans sa note X. J'ai examiné, dans l’herbier
« de Surian, la plante qui y est nommée chatiakelle, et dont
« Adanson a fait son genre Ucacou, et je me suis assuré que
« la calathide de cette plante étoit radiée. ? (Journal de
physique de Juillet 1818, pag. 27.)
MEL 489
Dans l’article Liorrreue de ce Dictionnaire, après avoir
rappelé là note précédente, nous ajoutions : « Depuis cette
« époque, nousavons reconnu que le genre Ucacou d’Adanson
« étoit fort exactement caractérisé, et trés-distinct du me-
« lanthera et du lipotriche, comme nous le démontrerons
« bientôt dans notre article MécanrHëre. Le genre d’Adanson
« doit donc être conservé, maïs en modifiant un peu son
« nom, qui est trop barbare; c'est pourquoi nous proposons
« de le nommer ucacea. ?
Depuis la rédaction de cet article Liporricne, nous nous
sommes livré à de nouvelles recherches sur la synonymie du
genre Ucacou, et nous croyons être enfin parvenu à l'éclaircir
parfaitement. Il est maintenant bien démontré pour nous que
le genre Ucacou ou Ukakou d'Adanson a pour type la verbe-
sina nodiflora de Linné, et que par conséquent il correspond
principalement au genre Synedrella de Gærtner; mais qu'A-
danson a compris dans ce même genre la cotula spilanthus de
Linné, la chylodia sarmentosa de Richard, le bidens nodiflora
de Linné, et les trois espèces de melanthera : d’où il suit que
le genre Ucacou d’Adanson, étant un mélange confus de cinq
genres différens, doit être définitivement rejeté.
Dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1720
(p. 527), l'hucacou de l’herbier de Surian est cité par Vail-
lant comme synonyme de son ceratocephalus nodiflorus, coronæ
solis foliis minoribus. Nous avons examiné, dans l’herbier de
Surian, la plante indiquée par Vaillant, et nous avons re-
connu avec certitude que cette plante étoit la verbesina no-
diflora de Linné, ou synedrella nodiflora de Gærtner. Cela est
conforme à la synonymie de Dillen, qui, dans l’Hortus Eltha-
mensis (p. 54), cite l’hucacou de Surian, et le ceratocephalus
nodiflorus toronæ sols foliis minoribus de Vaillant, comme syÿ-
nonymes de son bidens nodiflora folio telrahit, qui est bien le
synedrella de Gærtner.
L'arekepa , indiqué dans la table d’Adanson (t. II, p. 615)
comme appartenant à son genre Ukakou, est cité par Vail-
lant dans la synonymie de son ceratocephalus foliis lanceolatis
serratis sapore fervido ; et nous avons vérifié dans l’herbier de
Surian que cette plante étoit la cotula spilanthus de Linné,
qui est le spilanthes urens de Jacquin.
490 MEL
La chatiakelle, ou l'herbe aux malingres, appartient encore
au genre Ukakou, d’après la table d’Adanson, et elle est citée
par Vaillant comme synonyme de son ceratocephalus foliis cor-
datis seu triangularibus flore albo. Dillen avoit indiqué avec
doute la plante de Vaillant comme synonyme de la melan-
thera panduriformis : mais Linné a rapporté la même plante
à la melanthera urticæfolia; et cette dernière synonymie est
généralement admise, notamment par Richard et M. Robert
Brown. Elle est cemient trés-fausse , car le catalogue ma-
nuscrit de Vaillant, que nous avons consulté, renvoie au
numéro 252 de l’herbier de Surian ; et l'échantillon qui porte
ce numéro est la chylodia sarmentosa de Richard, ou werbe-
sina opposiliflora de Poiret, dont les caractères génériques
sont fort différens de ceux des melanthera.
La table d’Adanson rapporte, enfin, au genre Ukakou les
troisième et septième espèces de bidens de la première édition
du Species plantarum de Linné : l’une est le bidens nodiflora,
qui, d'aprés la figure de Dillen, appartient bien réellement
au genre Bidens; l’autre est le bidens nivea, qui comprend
les trois espèces de melanthera. 11 n’est pas douteux que les
melanthera étoient compris par Adanson dans son genre Uca-
cou, puisqu'à la page 131 il cite les planches 46 et 47 de
lV’'Hortus Elhamensis : mais il nous paroît vraisemblable que ce
botaniste, en indiquant le bidens nodiflora de Linné, qui est
le bidens nodiflora brunellæ folio de Dillen, avoit l'intention
d'indiquer le bidens nodiflora folio tetrahit de Dillen, qui est
l’hucacou de Surian, le verbesina nodiflora de Linné, et le sy-
nedrella de Gærtner.
La Chatiakelle de l’herbier de Surian porte, dans cet her-
bier , le nom de Chylodia sarmentosa, écrit au crayon de la
main de Richard. Un échantillon de la même plante, re-
cueilli à la Guiane, et donné par Richard, en 1791, se
trouve dans l’herbier de M. de Jussieu, où il porte aussi le
nom de Chylodia sarmentosa, avec cette note : Fedelioides ;
calyx imbricalus , semina baccata. Enfin, un autre échantillon
de la même plante, recueilli à Cayenne par M. Martin, se
trouve dans l’herbier de M. Desfontaines, où il porte le nom
de Verbesina oppositiflora , sous lequel M. Poiret l’a décrit dans
le tom. VIII (p. 460) du Dictionnaire de botanique de l’En-
/
| MEL AP
cyclopédie méthodique. Comme le genre Chylodia de Richard
n’a jamais été publié, nous croyons devoir décrire ici ses
caracteres, tels que nous les avons observés sur deux échan-
tillons de l'herbier de Surian , numérotés 232 et 604, et sur
les échantillons des herbiers de MM. de Jussieu et Desfon-
taines.
Cayropia ou CHarrAKeLLA. Calathide radiée : disque multi-
flore, régulariflore, androgyniflore ; couronne unisériée, li-
guliflore, neutriflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque,
formé de squames subbisériées, à peu près égales, appliquées,
oblongues, ovales ou lancéolées, coriaces-foliacées, à sommet
inappliqué, foliacé. Clinanthe planiuscule, garni de squa-
melles inférieures aux fleurs, embrassantes, oblongues-lan-
céolées, acuminées et presque spinescentes au sommet. Fleurs
du disque : Ovaire court, tétragone, glabre , surmonté d’une
aigrette stéphanoïde très-courte, trés-épaisse, a bord presque
entier, sinué, ou un peu denticulé. Corolle jaune, à cinq
divisions. Anthéres noiràtres. Fleurs de la couronne : Ovaire
semblable à celui des fleurs du disque, mais privé de style
et par conséquent stérile. Corolle jaune, à tube court, à
languette longue , un peu étroite, bidentée au sommet.
Ce genre appartient indubitablement à notre section des
hélianthées-rudbeckiées. Son premier nom, dérivé sans doute
du mot grec quAce, qui signifie suc, et la petite note carac-
téristique inscrite dans l’herbier de M. de Jussieu, témoignent
que le péricarpe est succulent comme une baie : mais nous
avons quelque peine à le croire, parce que l'ovaire observé
durant la fleuraison ou peu de temps aprés, ne nous a pas
offert le plus léger indice de cet état succulent et bacciforme,
qui s'annonce ordinairement par quelque signe reconnoissable
avant la maturité. Cependant, comme nous n'avons vu que
des échantillons secs et sans fruits mûrs, nous devons suse
pendre notre jugement sur ce point. Le Clibadium d’Alla-
mand , et le ulfia de Necker, qui est la Coreopsis baccata
de_Linné fils, ont aussi des fruits succulens et bacciformes,
et ces deux plantes habitent la même contrée qur ie Chylo-
dia: Quant au Clibadium, quoiqu'il soit jusqu’à présent fort
peu connu, on ne peut pas supposer qu'il y ait identité entre
lui et le Chylodia : mais le Chylodia et le Fulfia pourroient
492 MEL
bien être de la même espèce, ou tout au moins du même
genre. Toutefois, ces deux plantes n'étant pas encore suffi-
samment connues , il nous paroît prudent de conserver pro-
visoirement le Wulfia et le Chylodia, en les considérant
comme deux genres immédiatement voisins, jusqu’à ce que
des observations exactes et complètes autorisent enfin à les
réunir avec une pleine confiance sous le titre de Wulfiia, qui
est le plus ancien. Le genre Gymnolomia de M. Kunth devra
peut-être aussi être supprimé, c’est-à-dire, réuni, comme
le Chylodia, au Fulfia : mais il seroit téméraire d'opérer
cette réunion avant d’avoir observé, sur des individus vi-
vans, les fruits mürs des trois genres dont il s’agit. Remar-
quez que le nom de Chylodia pourroit subsister, quoique M.
Brown ait donné à un autre genre le nom de Chilodia, dérivé
sans doute du mot grec eos, qui signifie lèvre. Ces deux
noms, qui semblent se confondre, comme ceux d'Hedera et
d'Œdera, sont réellement bien distincts, comme eux, parleur
étymologie, par leur orthographe, et même par leur pronon-
ciation chez d’autres peuples que nous. Si cependant on ju-
geoit que les deux noms se ressemblent trop, nous propose-
rions celui de Chatiakella pour le genre de Richard. On
doit s'étonner que le Chylodia, ayant les fleurs jaunes et l’ai-
grette stéphanoïde, très-courte, presque entière, soit le Ce-
ratocephalus folüis cordatis seu triangularibus, flore albo , de Vail-
lant : mais ce botaniste a pu se tromper sur la couleur des
fleurs, en observant un échantillon sec, et la plante en ques-
tion peut être une de celles qu'il a rapportées à ses genres,
sans vérifier les caractères génériques, et en ne consultant
que les apparences extérieures. Il est évident que la phrase
de Vaillant s'accorde infiniment mieux avec les caracteres
de la Melanthera urticæfolia qu'avec ceux de la Chylodia sar-
mentosa ; et cependant la synonymie que nous substituons à
celle qui étoit précédemment admise, ne peut guère être
considérée comme douteuse, puisqu'elle est fondée sur une
indication manuscrite et non équivoque, donnée par Vail-
lant lui-même. Avant d’avoir suffisamment étudié la plante
de Surian, nous avions déja remarqué que sa calathide étoit
radiée, et que ses corolles étoient jaunes : c’est pourquoi,
dans nos notes sur les observations de M. Brown, nous avons
MEL 493
dit que le genre Lipofriche de ce botaniste nous sembloit cor-
respondre assez bien à l'Ucacou d’'Adansor, en supposant que
celui-ci eût pour type la C’hatiakelle de Surian.
: Quelque temps aprés, nous observàmes une plante trés-
voisine des Melanthera et Lipotriche, et dont les caractères
génériques se trouvèrent exactement conformes à ceux qui
sont attribués par Adanson à son Ucacou. Imaginant, en con-
séquence, que notre plante avoit servi de type au genre
d'Adanson, nous avons dit dans l’article Taporricue, que
l’'Ucacou étoit un genre fort exactement caractérisé, très-dis-
tinct de tout autre, et qui devoit être conservé en le nom-
mant Ucacea. Mais aujourd'hui qu’il est démontré que c’est
la Verbesina nodiflora de Linné, ou Synedrella de Gærtner,
qui est le vrai type de l’Ucacou, il s'ensuit que la confor-
mité des caractères génériques de notre plante avec ceux de
l'Ucacou n’est qu’apparente et fortuite, car assurément notre
plante n’est point congénère du Synedrella : elle constitue un
genre, que le célébre naturaliste, M. de Blainville, nous à
permis de lui dédier, et que nous décrivons de la manière
suivante.
Brainvirzea. Calathide subcylindracée, discoïde ; disque
multifiore, régulariflore, androgyriflore ; couronne unisériée,
interrompue, pauciflore, ambiguiïflore, féminiflore. Péricline
égal aux fleurs, subcylindracé, irrégulier ; formé de squames
uni-bisériées : les extérieures, ordinairement au nombre de
cinq ou six, plus grandes, égales, larges, ovales-oblongues,
obtuses, subfoliacées, plurinervées, appliquées, à sommet
foliacé, inappliqué ; les intérieures plus courtes, squamelli-
formes. Clinanthe petit, planiuscule, garni de squamelies un
peu inférieures aux fleurs, embrassantes, concaves, larges,
plurinervées, saubmembraneuses , à sommet tronqué, irrégu-
liérement denté. Fruits extérieurs oblongs, épaissis de bas en
haut, triquètres, glabriuscules, hispidules sur les angles,
tronqués au sommet ; le milieu de là troncature portant un
col trés-court, très-gros, dont l’aréole apicilaire est entourée
d’une aigrette de trois squamellules égales, persistantes, très-
adhérentes, continues au col, épaisses, roides, fortes, sub-
triquètres, subulées, vertes, hérissées de longues barbellules
piliformes. Fruits intérieurs trés-comprimés bilatéralement ,
494 MEL
obovales-oblongs, élargis de bas en haut, ayant un cot
court, épais, né du milieu de la troncature, et une aigrette
composée ordinairement de deux squamellules, quelquefois
de trois ou de quatre. Anthéres noires. Corolles blanches :
celles du disque, au nombre d'environ dix-huit ou vingt, à
cinq divisions courtes; celles de la couronne , au nombre de
deux à six, égales à celles du disque, privées de fausses-éta-
mines, à tube surmonté d’un limbe court, large, non ra-
diant, liguliforme, élargi de bas en haut, trilobé au sommet,
fendu profondément sur la face intérieure.
Blainvillea rhomboidea, H. Cass. Plante herbacée, haute d’en-
viron trois pieds et demi; tige dressée, rameuse, épaisse, Cy-
lindrique, striée, velue ; feuilles supérieures alternes ; les
autres opposées, inégales, grandes, pétiolées, d’un vert cen-
dré, velues sur les deux faces, à limbe triplinervé, réticulé
en-dessous, rhomboïdal, sublancéolé, décurrent sur la partie
supérieure du péticle, inégalement et grossièrement denté
en scie, presque entier sur les bords de la partie inférieure ;
calathides longues de trois lignes et demie, portées sur des
pédoncules grêles, longs de huit à neuf lignes, axillaires et
terminaux, rapprochés, ordinairement ternés au sommet de
la tige, des branches et des rameaux.
Nous avons fait cette description spécifique, et celle des
caractères génériques, sur des individus vivans, cultivés an
Jardin du Roi, où ils fleurissent vers le milieu du mois de
septembre, et où ils sont faussement nommés Bidens nivea.
La plante que Dumont Courset a décrite dans le Botaniste
cultivateur (tom. IV, p. 240, 2° édit.), sous ce même non
de Bidens nivea, et qu'il a cru être la Melananthera hastata
de Michaux et de Persoon, est probablement notre Blainvillea
rhomboidea, quoiqu'il lui ait attribué des feuilles presque
hastées et des calathides globuleuses.
Notre genre Blainvillea paroit être voisin du Verbesina, et
il est intermédiaire entre les deux genres Melanthera et Li-
potriche. T1 diffère du Melanthera par la forme subcylindracée
de la calathide , par la présence d’une couronne féminiflore,
par le péricline égal aux fleurs et subcylindracé , par le cli-
nanthe planiuscule , garni de squamelles larges, submembra-
neuses, tronquées au sommet, par les fruits surmontés d'un
MEL 495
col, par l'aigrette persistante , fortement adhérente et même
parfaitement continue avec le col du fruit, dont elle est in-
séparable, et par la briéveté des divisions de là corolle. Le
genre Blainvillea ne diffère pas moins du Lipotriche, dont.
la calathide est longuement radiée, le péricline court, le
clinanthe convexe, garni de squamelles aiguës, les fruits
privés de col, l’aigrette caduque, les corolles jaunes.
Von Robr doit certainement être considéré comme le vé-
ritable auteur du genre Melanfhera. C’est donc fort injuste-
ment que les botanistes ont coutume de préférer le nom gé-
nérique employé par Richard. Vainement prétendroit-on,
pour excuser cette injustice, que le nom de Melananthera est
plus régulier que celui de Melanthera. Dioscoride et Pline,
qui apparemment connoissoient la langue grecque aussi bien
que les botanistes modernes, n’étoient pas si scrupuleux; car
ils disoient Melanthium, Melanthemon. Melampelon, au lieu
de Melananthium, Melananthemon et Melanampelon.
Dillen étant le fondateur des trois espèces qui composent
le genre Melanthera, et deux de ces trois espèces ayant été,
selon nous, mal à propos réunies en une seule par Richard,
il nous a paru convenable de donner aux trois plantes des
noms spécifiques, calqués sur les phrases caractéristiques, fort
‘ exactes, de l’ancien auteur. Le nom d’hastata, sous lequel
Richard avoit confondu la seconde et la troisième espèces,
ne pouvoit guère être conservé en les distinguant. Quant à
la premiére espèce, M. Kunth a déjà pris la même licence
que nous, en se permettant de changer le nom de delfoidea
que Richard avoit imposé à cette plante; car il est hors de
doute que la Melananthera Linnæi de M. Kunth est absolument
identique avec la Melananthera delioidea de Richard, quoique
celui-ci lui ait attribué des squamelles obtuses (paleis recep-
taculi obtusis), ce qui est une erreur manifeste, uu lapsus
calami, ou peut-être même une simple faute d'impression,
puisque Richard cite Swartz et Jacquin, qui disent positive-
ment le contraire. Au reste, Linné ayant confondu, sous le
nom de Bidens nivea, les trois espèces anciennement établies
par Dillen, on ne voit pas pourquoi l’une d’elles mériteroit
de porter le nom de Melananthera Linnæi, qui ne convient
pas plus à ceile-la qu'aux deux autres. |
496 MEL
M. Brown remarque que Von Rohr, dans sa description
des caractères du Melanthera, parle du nectaire engainant
la base du style: et que c’est la plus ancienne mention qui
ait été faite, à sa connoiïssance, de cet organe dans les sy-
nanthérées, sauf que Batsch , dans son Analysis florum, pu-
bliée en 1790, a décrit et figuré ce même organe dans le
Coreopsis tripteris. « Néanmoins, ajoute M. Brown, c'est à
« M. Cassini qu'appartient le mérite d’avoir reconnu l’exis-
« tence presque universelle de l'organe dont il s’agit dans Les
« fleurettes hermaphrodites de cette grande classe. ? {Voyez
le Journal de physique, de Juillet 1818, pag. 12.) Cet aveu
d’un botaniste peu disposé à favoriser nos prétentions est
d'autant plus précieux pour nous, que feu M. Richard, qui
sans doute, n’avoit pas pris la peine de lire tous nos écrits
sur les synanthérées, et notamment notre premier Mémoire
(Journ. de phys., tom. LXXVI, pag..107, 257, 269), wa
pas craint d’aflirmer, dans son Mémoire sur les calycérées,
que nous n'avions aperçu le nectaire que dans un bien petit
nombre de synanthérées.
Suivant Dillen , les anthères sont exsertes dans la Melanth era
panduriformis, et ones dans la Melanthera trilobata ; et,selon
Jacquin, elles sont d’abord exsertes, puis incluses, chez la
Melanthera urticæfolia : mais Von Rokhr et Richard semblent
assigner au genre Melanthera des anthères constamment in-
cluses. M. Brown admet l'observation de Jacquin et la rend
commune à tout le genre Melanthera, ainsi qu'a d'autres sy-
nanthérées, et notamment aux hélianthées; et: il attribue
l'effet dont il s’agit à une contraction considérable et gra-
duelle des filets, laquelle résulteroit d’un acte vital analogue
aux mouvemens d’irritabilité. Nous proposons une autre ex-
plication, qui paroitra peut-être plus vraisemblable.
Si l’on observe une fleur de Melanthera non encore épa-
nouie, mais tout prés de s'épanouir, on remarque que le
sommet du tube anthéral atteint le sommet de la corelle,
et que le sommet des stigmatophores atteint le sommet du
tube anthéral. Dés l'instant où la coroile s’épanouïit, ses cing
iris ns s'étalent en s’arquant en dehors, tandis que le tube
anthédàl reste dans le même état que ci-devant, c’est-à-dire,
dressé, d’où il suit qu’il paroît s'élever au-dessus de Ja co-
MEL 497
rolle. Dans ce premier moment de la fleuraison , le tube
anthéral, loin de pouvoir s’abaisser, est nécessairement aussi
élevé qu'il peut l'être; car ses cinq appendices apicilaires
convergens, rapprochés et presque collés par les bords, cou-
vrent le sommet des stigmatophores, et sont poussés par eux
de bas en haut, parce que le style tend à s’alonger. Mais
aprés que les appendices apicilaires du tube anthéral ont
été écartés par les stigmatophores qui les traversent pour
s'élever au-dessus d’eux, le tube anthéral doit commencer
à descendre, parce que les deux stigmatophores divergent
en s'arquant en dehors, et repoussent par conséquent vers
le bas le tube dans lequel ils étoient engaïinés. Ainsi, les an-
thères des Melanthera et de beaucoup d’autres synanthérées
doivent nécessairement être d’abord exsertes, puis incluses ;
et il n’est pas besoin, pour expliquer ce fait, de recourir à
la contraction des filets, ni de supposer des mouvemens d’ir-
ritabilité. Cependant, deux circonstances que nous avons ob-
servées, et qui sont exposées dans le Journal de physique
de Juillet 1818 (pag. 15 et 27), peuvent contribuer à l’in-
clusion des anthères, qui succède à leur exsertion : l’une est
que la partie supérieure libre du filet de l’étamine paroit
avoir en général, chez les synanthérées, une tendance plus
ou moins forte à s’arquer en dedans, non par irritabilité,
mais par élasticité; l’autre est que, dans beaucoup de sy-
nanthérées, notamment chez les hélianthées, la partie ne
rieure libre du filet de l’étamine se flétrit aussitôt aprés la
fécondation, et avant l’article anthérifére.
Le genre Melanthera se rapporte à la syngénésie polygamie
égale de Linné, et aux corymbifères de M. de Jussieu. Dans
notre classification , il fait partie des Hélianthées-Prototypes,
ce qui l’éloigne des Bidens et des Calea, avec lesquels on l’avoit
confondu; car les Bidens sont . es Han hee-Coréepsidées,
et les vrais Calea sont des Hélianthées-Héléniées.
Le nom de Melanthera, composé de deux mots grecs qui
signifient anfthères noires, pourroit s'appliquer assez bien à
beaucoup d'Hélianthées et même à. plusieurs autres synan-
thérées; mais il convient particuliérement au genre dont il
s’agit, parce que la blancheur de la corolle rend plus remar-
quable la couleur noiràtre des anthères. (H. Cass.) .
29. 32
498 MEL
MÉLANTHÉRIN. (Ichfhyol.) Oppien paroït, sous le nom
de meraævbepivoc ; avoir parlé du Trox. Voyez ce mot. (H.C.)
MÉLANTHÉRITE. (Min.) De la Métherie a donné ce nom au
schiste noir à dessiner, nigrica de Wallerius, pierre que nous
avons décrite sous la dénomination d’ampélite graphique. (B.)
MELANTHIACÉES. (Bot.) M. R. Brown désigne sous ce
nom la nouvelle famille des colchicées, qui formoit aupara-
vant une des sections de celle des pme et dans laquelle
sont compris le melanthium et le colchique. (J.)
MELANTHIUM. (Bot.) Ce nom, donné anciennement par
Matthiole et d’autres à différentes espèces de nigelle, nigella,
a été transporté par Linnæus à un genre de la famille des
colchicées dans sa grande division des monocotylédones. Voyez
* Méranrxe. (J.)
MELANTOUN. (Ichthyol.) A Nice, suivant M. Risso, on
donne ce nom au squale-nez de M. de Lacépède. Voyez
Lame. (H. C.)
MÉLANURE. (Entom.) Mot composé, tiré du grec, et signi-
fiant queue noire : on l’a donné souvent comme nom trivial à
des espèces d'insectes très-différens , qui ont l'extrémité des
élytres ou de l’abdomen noirs. (C. D.)
MÉLANURE. (Ichfhyol.) Ce nom, tiré du grec et qui si-
gnifie à queue noire, a été donné à deux espèces de poissons,
dont l’une a été rapportée par Bloch au genre Salmone, et
est probablement un piabuque, tandis que l’autre est l’oblade,
sparus melanurus de Linnæus. Voyez Bocue, dans le supplé-
ment du cinquième volume de ce Dictionnaire, PLABUQUE et
Sarmowe. (H. C.)
MELANZANE. ( Bot.) Belon, dans son Voyage au Levant,
parle d’un fruit de ce nom, iitiésé en Égypte, qu’il nomme
aussi pomme d'amour, et Ath il indique des variétés blan-
ches et rouges, longues et rondes. Il est évident que c’est
la melongène, solanum melongena, dont il est ici question. Il
ajoute que c’est probablement la même que Théophraste in-
dique dans les mêmes lieux, près du Nil, sous le nom de ma-
linatala; mais ce nom, suivant C. Bauhin, doit être plutôt
appliqué au souchet comestible. Voyez MariNAtHALLA. (J.)
MELAPELON. (Bot.) Voyez Herxine. (J.)
MÉLAPHYRE. (Min.) C’est une roche ayant la structure
MEL 495
| qu'on nomme porphyrique, c’est-a-dire, composée d’une
pâte homogène dans laquelle des cristaux de felspath sont
disséminés.
La roche à laquelle nous donnons ce nom n’est autre chose
que le frappporphyr des minéralogistes allemands. C’est la
même que celle qu’on nomme porphyre noir ; mais, afin d’être
conséquent aux principes que j'ai cru devoir poser pour la
classification des roches mélangées, j'ai dû placer dans une
autre espèce cette roche, dont la base est différente de celle
du porphyre, et par conséquent lui donner un autre nom.
Le Mérarayre est une roche composée, ayant pour base
une pâte noire et dure, d'amphibole ? pétrosiliceux, qui en-
veloppe des cristaux de felspath blancs ou grisâtres.
La pâte est fusible en émail noir ou grisâtre.
Les parties constituantes accessoires sont l’amphibole schor-
lique , le mica et le quarz : tous ces minéraux, et surtout les
deux derniers , y sont ordinairement en petite quantité.
Sa texture est compacte, à parties fines et tres-serrées ; la
cassure de la pâte est droite ou imparfaitement CORRE MES
un peu écailleuse.
Les parties disséminées dans la pâte sont toujours cristal-
lisées.
La roche, considérée dans son entier, est assez facile à
casser : la cassure est le plus souvent unie, quelquefois Ta=
boteuse.
Le mélaphyre est dur et même en susceptible de
recevoir un poli brillant et égal, ce qui indique que ses
parties composantes jouissent d’une dureté à peu près égale.
Sa couleur est généralement le noïr et même le noir foncé;
mais elle passe au grisätre et au brun rougeûtre.
Les cristaux de felspath disséminés sont tantôt blancs, tan-
tôt rougetres, et quelquefois d’un assez beau vert.
La pâte est quelquefois complétement opaque ; mais plus
souvent elle est un peu translucide.
Dans le premier cas elle fond en émail noir, et dans le
second en émail gris.
Le mélaphyre paroît peu susceptible de s’altérer par Vac-
tion des météores atmosphériques.
Il passe par des nuances rougeàtres au porphyre ; par
5oo MEL
Vopacité et la grosseur des parties, au basanite ; par la trans-
lucidité et la finesse des parties, à l’eurite, et par l'aspect
vitreux et la texture quelquefois celluleuse, aux stigmites.
VARIÉTÉS. es
1. Melaphyre demi - deuil,
Noir foncé, à cristaux de felspath blanchätres; point de
quarz.
De Suède : la plupart des roches de porphyre de Suëde
appartiennent à cette variété et à la suivante.
De Venaison dans les Vosges.
De Tabago.
Du Morne malheureux à la Martinique : sa pâte un peu
celluleuse et ses cristaux de felspath subvitreux le Ke
chent des stigmites. Une autre variété de la Martinique, à
pâte noire terne, fusible en émail noir, passe au basanite ;
elle renferme des parties de vrai RS quelques por-
phyres noirs antiques, tels par exemple qu’une colonne qui
est à la porte de la chapelle de la Colonne, dans l’église de
Sainte-Praxéde à Rome (Bozoner ).
Je suis porté à réunir à cette variété la he dite roche
noire, qui forme un banc au-dessous d’une couche de houille
à Lite département du Calvados.
2. Mélaphyre sanguin.
Noirâtre : cristaux de felspath rougeûtres ; des graïns de
quarz. He |
De Niolo en Corse : pâte avec des nuances rougeàtres.
De la montagne de l’Esterel en Provence.
_ De la source de l'Yonne.
A une demi-journée au nord du mont Sinaï, dans l’Arabie
pétrée (ne Rozière) : il ressemble entièrement à celui de
Suéde.
3. Mélaphyre taches-vertes.
Pâte d’un brun rougeàtre : cristaux de felspath verdatres
et même d’un beau vert. PE
C’est le porphyre noir antique.
On se borne à ces exemples; ils suffisent pour faire voir
que cette roche remplit les conditions que nous exigeons
pour qu'un mélange de minéraux soit considéré de même
MEL 301
et décrit comme roche, puisqu'elle se trouve avec des carac-
tères fondamentaux dans plusieurs lieux de la terre trés-
éloignés les uns des autres, dans des terrains très-différens,
et qu’elle s’y présente dans une étendue assez considérable. (B.)
MELAR. (Conchyl.) Adanson, Senegal, pag. 90, pl. 6,
décrit et figure sous ce nom l'espèce de cône que Linnæus a
nommée conus striatus. (DE B.)
MELAROSA. (Bot) Nom d’une variété de citronnier dent
le fruit à une odeur analogue à celle de la rose. (L. D.) :
MÉLAS. (Conchyl.) C'est le nom que M. Denys de Mont-
fort a proposé de substituer, on ne sait trop pourquoi, à
celui de mélanie, employé par M. de Lamarck pour le
genre dont l’helix amarula de Linnæus est le Fi Voyez
Méranre. ( DE B.)
MÉLAS. (Mamm.) Nom donné par Péron à une ne
espèce de chat dont le pelage est Le or noir. Voyez
Cuar. (FE. C.)
MÉLASIS, Melasis. (Entom.) Ce nom, tiré du grec peAaoie,
noir, a été employé par Olivier, et conservé pour indiquer
un genre d'insectes térédyles ou perce-bois. Ce sont des co-
léoptères pentamérés, voisins des vrillettes et des lime-bois,
dont le corps est arrondi, les antennes pectinées, et le cor-
selet terminé en arrière par deux pointes, comme dans les
taupins. La forme des antennes, qui sont dentelées, en les
rapprochant des panaches ou ptilins dont le corselet n’est pas
terminé en pointes, éloigne les mélasis des quatre autres
genres de la même famille, tels que ceux des tilles qui ont
les antennes plus grosses à l’extrémité, et des lymexylons,
des ptines et des vrillettes, qui ont les antennes en fil simples.
Fabricius n’a rapporté que deux espèces à ce genre, dont
une seule est d'Europe; c’est
Le MÉLasis FLABELLICORNE Où à antennes en éventail, dont
nous avons fait figurer un individu à la planche 8, sous le
n. 4 bis; c’est l’elater buprestoides de Linnæus : il est d’un
noir bleuâtre, avec les élytres striés ; il a quatre lignes de
longueur eaviron. On le trouve dans les bois sous les écorces
des chênes. (C. D.)
MELASMA. { Bot.) Genre établi par Bergius, conservé par
Gærtner, que Linnæus avoit nommé nigrina, qui a été placé
502 MEL
parmi les gerardia. (Voyez Gerarpe.) Le Ni igrina est un autre
genre de Thunberg. ( Porn.)
MÉLASOMES. (Entom.) M. Latreille a PLAT ce nom
pour désigner une famille d'insectes coléoptères hétéromé-
rés, correspondante à celles que nous avons établies sous les
noms de photophyges et de lygophiles. (C. D.)
MELASPHÆRULA. (Bot.) Ce genre, fait par M. Gawler,
est le même que le Diasia de M. De Candolle, placé parmi
les iridées. (J.)
MÉLASSE. (Chim.) Liquide sirupeux, plus ou moins co-
loré, qu’on obtient lorsqu'on purifie le sucre cristallisable.
La mélasse est principalement formée de sucre incristalli-
sable et de matiere colorante. Voyez Sucre. (Cx.)
MÉLASTOME, Melastoma. ( Bot.) Genre de plantes dico-
tylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des
mélastomées , de la décandrie monogynie de Linnæus; offrant
pour caractère essentiel: Un calice campanulé, à quatre ou
cinq dents; quatre ou cinq pétales attachés sur le calice, ainsi
que les huit ou dix étamines ; un ovaire adhérent ou enve-
loppé par le calice, un style; une baie recouverte par le ca-
lice, à quatre ou cinq loges polyspermes.
Ce genre renferme de tres-beiles plantes à tige ligneuse,
remarquables, la plupart, par l’élégance de leurs feuilles
simples, opposées, marquées de plusieurs nervures longitu-
dinales, d’autres transversales et paralléles, formant de jolis
réseaux ; les fleurs sont latérales ou terminales. Le caractère
de ce genre, comparé à celui des Rhexia et de quelques au-
tres genres voisins, est tres-difficile a déterminer. Si l’on
fait attention à la variété du nombre des étamines dans les
différentes espèces qui le composent, on se convaincra faci-
lement qu’elles ne peuvent fournir qu’un caractère variable,
ainsi que le nombre des divisions du calice, des pétales, et
celui des loges dans le fruit ; l’ovaire est adhérent ou a demi
adhérent avec le calice, ou seulement enveloppé par lui.
Dans les rheria, le fruit est une capsule enveloppée par le
calice et non adhérente ; mais on a des espèces intermédiaires,
dont le fruit est une baie sèche, presque capsulaire : d’où
résultent de grandes difficultés pour la détermination de ces
deux genres, et de quelques autres, tantôt séparés, tantôt
MEL 5o3
réunis, selon la manière de voir de chaque auteur; d’une
autre part, les espèces sont si nombreuses, qu’elles nécessi-
tent des subdivisions. On compte aujourd’hui prés de deux
. cents espèces pour les seuls mélastomes. Nous nous borne-
rons à en citer quelques espèces des plus remarquables: on
en cultive trés-peu dans les jardins de l’Europe.
* Æleurs lalérales.
MéLcastTomME succurenr ; Melastoma succosa, Aubl., Guian.,
1, pag. 418, tab. 162. Arbrisseau de dix à douze pieds, dont
les jeunes rameaux sont tétragones, couverts de poils rous-
sàtres, et de feuilles à peine pétiolées, ovales, mucronées,
entières, de cinq à sept pouces de long, chargées dans leur
jeunesse de poils mous et rougeûtres, traversées par quatre
nervures avec des veines transverses et parallèles. Les fleurs
sont presque sessiles, agglomérées sur les branches, au-des-
sous des feuilles. Leur calice est charnu, arrondi, muni de
poils couchés et blanchàtres, à cinq larges découpures ; cinq
pétales blancs, concaves, frangés à leurs bords; l’ovaire se
convertit en une baie velue, rougeûtre, de la grosseur de
celle du groseillier épineux, couronnée par les découpures
du calice, partagée par des membranes très-fines en cinq
loges remplies de semences fort menues, enveloppées d’une
substance douce, molle , fondante, rougeàtre. Ces fruits sont
d’un bon goût, et généralement recherchés par les différens
peuples qui habitent la Guiane, où croît cet arbrisseau, que
les Créoles nomment Caca Henriette. Ses feuilles sont em-
ployées en décoction pour laver les plaies et les ulcères.
MéLasTOME ARBORESCENT ; Melastoma arborescens, Aubl.,
Guian., 1, p. 420, t. 163. Cette espèce est, d'aprés Aublet,
un trés-grand arbre, d'environ soixante pieds de hauteur
sur un pied et demi de diamètre, divisé a sa base en plu-
sieurs portions aplaties, séparées les unes des autres, enra-
cinées dans la terre, et connues à Cayenne sous le nom
d’arcaba. Le bois de cet arbre est blanchätre, compact; il de-
vient roussàtre quelque temps aprés avoir été coupé : l'écorce
est cendrée. Les rameaux sont nombreux, étalés, noueux ;
les plus jeunes tétragones ; les feuilles opposées, pétiolées,
glabres, ovales, aiguës, longues de sept pouces, munies de
504 MEL
cinq nervures; les fleurs disposées par petits bouquets opposés
et latéraux, soutenus par un pédoncule commun, muni,
ainsi que les ramifications, de petites bractées. Le calice est
d’un blanc verdàtre, charnu , campanulé, muni de dix pe-
ttes dents de couleur rouge ; la corolle blanche ; les pé-
tales élargis et ondulés au sommet, divisés à la base en deux
lanières en onglet. Le fruit est une baie jaune, grosse comme
une petite nèfle, couronnée par les bords du calice, divisée
en cinq loges remplies de semences très-menues, enveloppées
d’une substance molle et fondante. Ces baies sont bonnes à
manger, d'une saveur douceûtre : elles sont connues sous le
nom de méle par les habitans. Cette plante croît à la Guiane.
MÉLASTOME JAUNATRE : Melasioma flavescens, Aubl., Guian., .
vol. 1, pag. 423, tab. 164. Par ses fleurs et ses fruits cette
espéce ressemble en tout à la précédente; ces derniers sont
également bons à manger : mais ce n’est qu'un arbrisseau de
huit à dix pieds, dont le bois est blanc, trés-dur; l'écorce
lisse et grisètre ; les feuilles pétiolées, ovoïdes, rétrécies à
leur base, terminées en pointe, lisses, minces, entières, lon-
gues de huit à neuf pouces, jaunèâtres en-dessus, d’un blanc
cendré en-dessous, marquées de cing nervures longitudinales.
Cette espèce croît dans les forêts de Sinémari.
MéLastome crÉPU : Melastoma crispata, Linn.; Rumph., 4mb.,
5, p. 66,t. 35. Cette plante a des tiges ligneuses, divisées en
rameaux cendrés, fragiles, pleins de moelle, tétragones, mu-
nis à chacun de leurs augles d’une membrane crépue; les
feuilles sont quatre par quatre, entières, elliptiques, aï-
guës, presque sessiles, de couleur glauque, marquées de
- cinq nervures; les fleurs latérales, portées sur des pédoncules
rameux, au nombre de cinq à six; le calice de couleur pur-
purine ; la corolle blanche ; les pétales épais, concaves, ré-
Héchis ; les fruits orbiculaires, succulens, rouges en dehors,
verdâtres en dedans : ils acquièrent, en mûrissant, une sa-
veur douce ; celle des feuilles est légèrement acide et as-
tringente. Cette espèce croît dans les iles Moluques.
#% Fleurs lerminales.
MécrasromE a Épr simpze ; Melastoma aplostachya, Bonpl.,
Monogr. melast., tab. 1. Arbrisseau élégant, haut de huit à
MEL bo
dix pieds, remarquable par ses fleurs sessiles et comme ver-
ticillées, sur un axe simple et terminal, formant une sorte
d’épi simple. Ses tiges se divisent en rameaux opposés, étalés,
lisses, comprimés, un peu pulvérulens et cendrés; les feuilles
sont coriaces, médiocrement pétiolées, entières, lancéolées,
d’un beau vert, aiguës à leurs deux extrémités, roussètres
et pubescentes en-dessous, à trois nervures; les fleurs dé-
pourvues de bractées ; le calice court, un peu globuleux, à
cinq petites dents ; la corolle petite ; les pétales blancs, en
ovale renversé ; les étamines plus courtes que les pétales; la
corolle blanche; une petite baie à trois loges, couronnée
par les dents du calice. Cette plante croît sur les bords de
l'Orénoque, où elle forme des bois entiers.
MéLrasrome À QuEuE ; Melastoma caudata, Bonpl., Monogr.,
tab. 7. Arbrisseau fort élégant, distingué par le prolonge-
ment de ses feuilles en une longue queue, et par ses fleurs
d’une belle couleur de rose. Ses tiges sont hautes de huit
a neuf pieds; ses rameaux glabres, tétragones, pulvérulens
dans leur jeunesse ; les feuilles longuement pétiolées, glabres,
ovales, un peu sinuées à leurs bords, d’un beau vert en-
dessus, roussätres et pulvérulentes en-dessous, longues d’en-
viron cinq pouces, à cinq nervures; les fleurs nombreuses,
fasciculées, réunies en une panicule terminale ; le calice
campanulé, à cinq dents ovales, obtuses, parsemé de poils
blancs très-courts ; les pétales ovales ; l'ovaire presque libre ;
une baie à trois loges polyspermes, de la grosseur d’un petit
pois, couronnée par les dents du calice. Cette espèce croît
a la Nouvelle-Grenade. à
MérasromE-THé; Melastoma theezans, Bonpl., L. c., p. 17,
t. 9. Arbrisseau de douze à quinze pieds, glabre dans toutes
ses parties; chargé de rameaux étalés, cylindriques, garnis
de feuilles médiocrement pétiolées, ovales, longues de trois
ou quatre pouces, d’un beau vert en-dessus, plus pâles en-
dessous, légérement dentées, à cinq nervures. Les fleurs
sont blanches ; elles exhalent, pendant la nuit, une odeur
fort douce ; elles sont disposées en une panicule terminale ;
ces fleurs sont petites, sessiles, nombreuses, réunies par pe-
tits bouquets opposés ; le limbe du calice membraneux, à
cinq petites dents courtes; les pétales de la longueur du ca-
506 MEL
lice; les filamens articulés dans leur milieu, comprimés et
membraneux à leur partie inférieure, chargés, vers leur
sommet, d’un fort petit tubercule ; les anthères cunéiformes;
l'ovaire presque libre; le stigmate en plateau ; une baie
sphérique, bleue à sa maturité, couronnée par les dents du
calice, à trois loges polyspermes. Cette plante croît aux en-
virons de la ville de Popayan, dans l'Amérique méridionale.
« Les habitans de la ville de Popayan, dit M. Bonpland,
&« font, avec les feuilles de cette plante, une infusion qui
« à toutes les propriétés du thé, et qui est employée aux
e mêmes usages. M. Guijano père, habitant distingué de cette
« même ville, est l’auteur de cette découverte : trouvant
_« une grande analogie entre les feuilles de ce mélastome
« et celles du thé ordinaire, il pensa que son pays possédoit
« le vrai thé de la Chine. Il s'empressa de recueillir, un
« grand nombre de feuilles de cette plante, les prépara de
« la même manière que les Chinois préparent celles du fhea
« bohea, et en fit une infusion : celle-ci lui prouva bientôt
« que la plante de son pays étoit différente de celle des
« Chinois ; mais elle lui apprit en même temps qu’elle pou-
« voit être employée aux mêmes usages, et y suppléer dans
« bien des circonstances. Nous avons souvent bu avec plaisir
« l’infusion du melastoma theezans : elle a la couleur du thé,
« est bien moins astringente, mais plus aromatique. Plusieurs
« personnes, sans doute, préféreroient cette boisson à celle
« du thé; et je la crois aussi plus utile dans beaucoup. de
«-cas. Le mélastome-thé viendroit très-bien à Toulon, à
« Hyères, et autres pays en qui jouissent d’une
« douce température. ?
MérasromE MALABATañoÏDE : Melastoma malabathroides, Linn. ;
Eamk., Ill. gen., tab. 361, fig. 1; Rumph., Amb,, 4,t. 72;
Burm., Zeyl., t. 93; Gæritn., De fruct., t. 126. Arbrisseau des
Indes orientales, d’une médiocre grandeur, distingué par ses
grandes et belles fleurs. Ses tiges sont très-rameuses ; les ra-
meaux quadrangulaires dans leur jeunesse, hérissés de poils
courts et roides: les feuilles ovales-lancéolées, à peine pétio-
lées, marquées de trois à cinq nervures un peu rudes; les
fleurs sessiles, disposées en une panicule lâche, feuillée. Ces
fleurs sont grandes, purpurines; le calice couvert d’écailles
MEL : 507
luisantes, d'un blanc argenté; les pétales ovoïdes, longs d’en-
viron un pouce; les fruitssphériques, à cinq loges ;lessemences
blanchâtres, enveloppées d’une pulpe d’un rouge foncé.
Les feuilles ont une saveur astringente, qui les rend utiles
dans la dyssenterie et dans les pertes blanches des femmes.
Les fruits servent à teindre des étoffes de coton; leur pulpe
molle est assez agréable à manger, et fort recherchée des
enfans : elle noircit les lèvres et la bouche de ceux qui sen
nourrissent, d’où vient le nom de melastoma, que Burman a
imposé à ce genre, composé de deux mots grecs, melas et
éoma, qui signifient bouche noire.
MérasromE soyeux : Melastoma holosericea, Linn ; Pluken.,
-Phyt., tab. 5o, fig. 2; Breyn., Cené., 1, tab. 3. Cet arbris-
seau, de médiocre grandeur, est remarquable par la couleur
blanchâtre , presque argentée, du dessous de ses feuilles, qui
contraste agréablement avec le vert de la surface supérieure.
Les jeunes pousses sont tomenteuses, un peu tétragones ; les
feuilles ovales-oblongues, à cinq nervures; les fleurs petites,
unilatérales, disposées en grappes sessiles, paniculées, munies
de bractées ; les calices tomenteux, un peu roussâtres. Cette
plante croît au Brésil, à la Guiane et dans les Antilles : elle
varie à feuilles ferrugineuses en-dessous. (Porr.)
MÉLASTOMÉES. (Bot.) Famille de plantes dont le Mela-
stoma est le genre principal, et qui est placée dans la classe
des péripétalées ou dicotylédones polypétales, à étamines in-
sérées au calice. Ses caractères uniformes sont : Un calice
monosépale tubulé, entourant l'ovaire libre, ou plus souvent
faisant corps avec lui; il est nu, ou plus rarement entouré
d’écailles, découpé ordinairement à son limbe en plusieurs
lobes. Des pétales en nombre égal, insérés au sommet du
calice , sont alternes avec ses lobes ; plusieurs étamines partant
du même point, en nombre égal ou double; les antheres des
pétales, longues, arquées, s’ouvrant au sommet en deux pores
et prolongées en-dessus en un bec, sont implantées par le bas
sur des filets garnis en ce point de deux soies ou deux oreil-
lettes. Ces anthères, d’abord pendantes du sommet des filets,
sont réfléchies en dedans, puis redressées avec les filets. Un
ovaire simple, adhérent au calice ou plus rarement libre et
seulement couvert; un style et un stigmate simples; fruit ad-
508 MEL
héreni ou libre, charnu ou capsulaire , à plusieurs loges po-
lyspermes ; graines insérées à l’angle intérieur des loges ; em-
bryon sans périsperme, à radicule droite dirigée vers le point
d'attache de la graine.
Les plantes de cette famille sont des arbres ou des arbris-
seaux, rarement des herbes. Les feuilles sont toujours oppo-
sées, simples, marquées de plusieurs nervures longitudinales
et dépourvues de stipules; les fleurs, également opposées,
sont axillaires ou terminales, portées sur des pédoncules uni-
ou multiflores.
On peut établir dans la famille deux sections : celle des
fruits adhérens présente les genres Waldesia, de la Flore du
Pérou; Blakea, Melastoma (dont quelques espèces ont peut-
être le fruit libre); Miconia et Arinea, de la Flore du Pérou :
Tristemma.
À la section des ovaires libres ou supères se rattachent les
genres Meriania de Swartz, Topobæa, Tibouchina , Mayeta,
Tococa, Osbeckia, Rherxia.
Cette famille est très-naturelle. Ses feuilles, opposées et
marquées de nervures longitudinales, la font aisément re-
connoître , ainsi que la forme de ses anthères, qui est trés-
remarquable. Elle se place très-naturellement entre les myr-
tées et les lythraires. (J.)
MELBA. (Ornith.) Linnæus a désigné par ce mot deux
espèces d'oiseaux, un martinet et un chardonneret. (Cu. D.)
MELBŒJN , NOOMANIE. ( Bot.) Noms arabes d’un tithy-
male, euphorbia retusa de Forskal, différant, selon lui, de
celui de Linnæus. (J.)
MELCKER. (Ornith.) Nom allemand du chat-huant, sérix
aluco et stridula, Linn. (Cx. D.)
MÉLÉAGRE , Meleagris. (Conchyl.) M. Denys de Mont-
fort, conséquent dans le principe de distinguer les coquilles
ombiliquées de celles qui ne le sont pas, a distingué sous ce
nom les espèces de turbo qui ont un ombilic. L’espèce qui
lui sert de type, est le turbo pica de Linnæus, vulgairement
la Veuve, la PIE, à cause de sa coloration en noir et en
blanc. Voyez Tunso et Sasor. (DE B.)
MELEAGRIS. (Ornith.) Ce nom grec de la peintade a été :
mal à propos appliqué par Linnæus au dindon, qui est un
MEL 5og
ciseau d'Amérique. Le meleagris guianensis de Barrére est le
vautour urubu. (C«. D.)
MELEAGRIS. ( Bot.) Dodoens, Daléchamps et Reneaulme
donnoiïent ce nom à une fritillaire qui est le frifillaria me-
leagris de Linnæus. (J.)
MÉLECTE, Melecta. (Entom.) M. Latreille et Fabricius em-
ploient ce nom pour indiquer un genre d'insectes hyménop-
tères voisin des nomades, qui comprend parmi les espèces
de ce dernier genre celles que l’on a désignées sous les noms
d’histrio, scutellaris, punctata, etc. (C. D.)
MELEGATA , MELEGUETA. (Bot.) Espèce de cardamome,
suivant C. Bauhin. (J.)
MELES. (Mamm.) Nom latin donné par Gesner au blai--
reau et tiré de Meus. Voyez ce mot. (F. C.)
MELET, MELETO. (Ichthyol.) Voyez Mérerre. (H. C.)
MÉLETTE. (Ichthyol.) Sur le littoral de la Méditerranée
on donne généralement ce nom à tous les petits poissons
qui ont sur les côtés une bande argentée. Mais on l’applique
plus particulièrement aux diverses espèces du genre Scopéle,
et au Stoléphore commersonien de Lacépède, dont nous
avons parlé en même temps que de l’anchois. Voyez ENGRAULE
et ScoPèLe. (H. @s)
MÉLEZE; Larix, Tournef. ( Bot.) Grand arbre de la fa-
mille des comfères, dont Tournefort et plusieurs autres ont
fait un genre particulier, mais que nous ne regardons que
comme une espèce du genre Sapin. Cependant, à cause de
l'importance des usages auxquels son bois est consacré et
de ses autres produits, nous croyons re lui consacrer un
‘article particulier.
Mérëze D'EuroPe ou SariN mécëze : Larir europæa, Decand.,
FL fr. , n° 2064; Larix folio deciduo, conifera, Tournef., Ftr
586 ; bis lors am, USE, ;t; Te ; Lois. in Nov. Duham.,
5} pag "20m 1470, Be 1 ; Pinus larix, Linn., Spec., 1420.
Le mélèze est un des plus grands arbres de l’Europe: lors-
qu'il atteint à toute l'élévation dont il est susceptible, il a
souvent plus de cent pieds de hauteur. Son tronc, parfaite-
ment droit, produit des branches nombreuses, horizontales.
disposées par étages irréguliers, et dont l’ensemble forme
une vaste pyramide. Ses feuilles sont étroites, linéaires, ai-
{
510 MEL
guës, d’un vert gai, caduques, éparsessur les jeunes rameaux,
et disposées, sur ceux d’un à deux ans, en rosèttes, du mi-
lieu desquelles naissent les fleurs, qui sont de deux sortes,
les unes mâles et les autres femelles. Les premières sont
composées d’étamines nombreuses, presque sessiles, imbri-
quées sur un axe commun, formant des chatons ovales-
arrondis, sessiles et presque entiéremént enfoncés au milieu
d’un grand nombre de petites écailles qui leur ont servi
d’enveloppes. Les chatons femelles, un peu moins nombreux
que les mâles, et épars sans ordre sur les mêmes rameaux,
sortent de même d’un groupe de petites écailles roussâtres ;
ils sont portés sur de courts pédoncules et toujours redressés
vers le ciel. Lors de la floraison ils sont d’une couleur rou-
_geâtre, composés d’écailles imbriquées, portant chacune deux
ovaires à leur base interne. Les fruits qui succèdent aux
fleurs, sont des cônes redressés, ovoides, longs d’un pouce
ou peu plus, formés d’écailles imbriquées, assez làches,
ayant chacune à leur base interne deux graines surmontées
d’une aile membraneuse. Le méléze fleurit en avril ou mai,
et même en juin, selon qu'il habité des pays plus ou moins
élevés. 11 croit sur les Alpes de la France et de la Suisse, sur
l’Apennin en Italie, sur les montagnes de l'Allemagne, de
la Russie, de la Sibérie, et dans la plus grande partie de
toutes les régions septentrionales de lancien continent. Ii
n’existe pas en Angleterre ni dans les Pyrénées.
Il ne paroît pas que les Grecs aient connu le mélèze ;
Théophraste n’en fait aucune mention. La description que
Pline nous a laissée de cet arbre est trés-incomplète et même
si peu exacte (lib. 16, cap. 10) qu’il seroit bien difficile de
l'y reconnoître, si les. propriétés qu’il lui attribue, et qui
sont absolument les mêmes que celles qu’on lui reconnoît
encore aujourd'hui, ne nous donnoient pas lieu de croire que
le larix des Latins doit être le même arbre que notre méléze.
Aucun autre arbre indigène ne surpasse la hauteur du
mélèze, ne s'élève plus droit, et n’a un bois d’une aussi
grande durée. Ce bois est rougeàtre, avec des veines plus
foncées, et, plus les mélèzes sont âgés, plus il est foncé en
couleur ; il n’y a que celui des jeunes pieds qui soit blan-
châtre : il est d’ailleurs plus serré que celui du sapin et a
MEL 51:
moins de nœuds. Lorsqu'il est sec, sa pesanteur spécifique
est de cinquante-deux livres huit onces par pied cube. Le :
bois de mélèze est propre aux constructions civiles et na-
vales ; nul autre ne résiste aussi long-temps à l’action de l’air
et de l’eau. Les charpentes qui en sont faites, durent des sié-
cles sans s’altérer ; elles ont l'avantage de moins charger les
murs que le chêne, et les poutres ne sont point sujettes à
plier. Lorsqu'on l’emploie en planches, il faut avoir la pré-
caution de ne le mettre en œuvre que lorsqu'il est parfaitement
sec, car autrement il est sujet à se déjeter. Dans les cantons
où le méléze est commun, comme en Savoie , en Suisse, on
construit des maisons entiéres en bois de méléze, en en pla-
çant des piéces d’un pied d’équarrissage les unes sur les au-
tres ; et au lieu de tuiles on couvre leurs toits avec des
planchettes du même bois. Ces maisons sont blanchätres dans
leur nouveauté; mais elles deviennent brunâtres et même
noirâtres en vieillissant ; et, la chaleur du soleil faisant suin-
ter la résine à travers les pores du bois, les interstices entre
les différentes pieces s’en remplissent, et cette résine, en se
durcissant à l'air, forme une sorte de vernis qui lie et en-
duit parfaitement entre elles toutes les piéces de ces maisons
et les rend impénétrables à l’eau et à l’air. Le bois dont
elles sont bâties devient avec le temps tellement dur, qu'il
est souvent difficile de l’éntamer avec un instrument tran-
chant. Malesherbes a vu dans le Valais, en 1778, une de ces
maisons qui avoit deux cent. quarante ans, et dont le bois
étoit encore parfaitement sain.
Le méléze peut avoir dans l’eau une durée presque inf-
nie, et il y acquiert avec le temps une dureté qui ne peut
être comparée qu’a celle de la pierre. Miller fait à ce sujet
mention d’un vaisseau qui étoit de mélèze et de cyprès, trouvé
a douze brasses de profondeur dans les mers du Nord, après
avoir été submergé pendant plus de mille ans, et dont les
bois étoient devenus si durs qu’ils résistoient aux outils les
plus tranchans. Cette propriété du mélèze, de ne pas s’altérer
dans les lieux humides, le rend propre à faire des tuyaux
pour la conduite des eaux, et on l’'emploie à cet usage dans
plusieurs pays. Dans ceux où il est commun, il sert aussi à
toutes sortes de menuiseries, et à faire des futailles pour
b12 MEL
le vin ou les liqueurs spiritueuses. Il n’est pas propre pour
les ouvrages de tour, parce qu’il a l'inconvénient de graisser
les outils. Dans le Valais, les échalas faits avec des branches
ou avec du bois de méléze refendu sont pour ainsi dire éter-
nels, quoiqu’on ne les retire jamais de la terre, où ils res-
tent fichés sans s’altérer un grand nombre d’années, pendant
lesquelles on voit les ceps de vigne mourir et se renouveler
plusieurs fois à leur pied; au lieu que les èchalas de sapin
n’y durent que dix ans ou environ. Jusqu’a présent on n’em-
ploie pas le mélèze dans les grandes constructions navales ;
mais l’usage dont il est pour les mâts et les bordages des
barques qui servent pour la navigation du lac de Geneve,
donne lieu de croire qu’il auroit les mêmes avantages s’il
étoit mis en œuvre plus en grand; car les bordages de ces
barques, faits avec ce bois, durent généralement deux fois
autant que ceux faits en chêne.
La grande durée du bois de mélèze, la finesse de son
grain et l'avantage qu’il a de n'être pas sujet à se fendre,
faisoient que les anciens peintres et mêmes ceux du moyen
âge, avant qu’on se servît généralement de toiles, l’em-
ployoient pour leurs tableaux. Plusieurs de ceux de Raphaël
passent pour être peints sur ce bois.
Le méléze, comme nous l’avons dit dans le commencement
de cet article, peut s'élever à une grande hauteur, et son
tronc a avec les années une grosseur colossale. Pline
(lib. 16, cap. 4o) parle d'une poutre de méléze qui avoit
cent Hi pieds de long sur deux d’équarrissage : l’empereur
Tibère la fit transporter à Rome, et Néron l’employa dans
la construction de son amphithéätre. De nos jours il existe,
sur la montagne d’Endzon, dans les Alpes du Valais, un mé-
lèze célèbre dans le pays à cause de sa taille gigantesque.
Son tronc est tel, par le bas, que sept hommes suffisent à peine
pour l’embrasser, et ce n’est qu'à la hauteur de cinquante
pieds qu’il donne ses premières branches.
Les anciens croyoient que le bois de mélèze étoit incom-
bustible ; mais il est reconnu aujourd’hui qu'il brûle bien,
qu’il donne plus de chaleur que le sapin, et qu’il fournit
aussi plus de braise. Son charbon est très-bon pour les forges
et la fonte du fer. L’écorce des jeunes mélezes est astrin-
MEL 513
gente, et on l’emploie dans les Alpes pour le tannage des
cuirs.
Non-seulement l’arbre qui nous occupe est précieux par
son bois, dont les usages sont nombreux; mais il fournit en-
core, tandis qu'il est sur pied, plusieurs produits qui sont
employés dans les arts et en médecine. Le principal de ces
produits est la résine ou térébenthine qui suinte des fentes
de son écorce, et que l’on retire en plus grande quantité,
soit en pratiquant des entailles sur le corps des arbres, soit
en faisant des trous dans leur substance même.
Le premier procédé est peu usité : le second l’est beaucoup
davantage , particulièrement dans les Alpes suisses et pays
voisins. Dans ces montagnes , les paysans percent en différens
endroits, avec des tarières qui ont jusqu’à un pouce de
diamètre, le tronc des mélézes vigoureux, en commençant
à trois ou quatre pieds de terre, et en remontant jusqu’à
dix ou douze. Ils choisissent de préférence, pour faire leurs
trous, qui doivent être en pente, les places d'anciennes
branches rompues et exposées au midi. De petites gouttieres,
faites avec des branches de mélèzes creusées à cet effet, sont
adaptées à l’orifice de chaque trou, et vont aboutir dans des
auges disposées au pied des arbres. Une fois par jour, ou au
plus tard tous les deux à trois jours, la térébenthine qui a
coulé par les gouttières dans les auges, est recueillie dans
des baquets de bois et transportée à la maison, où on la
passe à travers un tamis pour en séparer les corps étran-
gers qui pourroient y être mêlés. On bouche avec des che-
villes de bois les trous qui n’ont point donné de résine ou
qui cessent d’en fournir, et on les rouvre douze à quinze
jours aprés : assez ordinairement ils donnent alors plus de
térébenthine que ceux qu’on perce pour la première fois.
On commence la récolte de la térébenthine à la fin de mai,
et on la continue jusqu’au milieu ou à la fin de septembre.
La quantité qui coule est toujours proportionnée à la chaleur
du jour et à l'exposition plus ou moins au midi.
Un mélèze vigoureux peut fournir, pendant quarante à
cinquante ans, sept à huit livres de térébenthine chaque
année ; mais le bois des arbres qui ont donné ce produit par-
ticulier n’est plus aussi bon pour les constructions de toute
29 33
514 MEL
espéce. Les mélézes trop jeunes ou trop vieux ne rapportent
que peu de térébenthine; aussi choisit-on de préférence ceux
qui sont dans toute leur vigueur.
La résine de mélèze reste toujours liquide et de la con-
sistance d’un sirop épais; elle est claire, transparente, de
couleur jaunâtre , d’une saveur un peu amére et d’une odeur
aromatique assez agréable. Elle est connue dans le commerce
sous le nom de térébenthine de Venise. |
Quelques médecins ont recommandé cette substance dans
la phthisie pulmonaire; mais le plus grand nombre aujour-
d’'hui regarde non-seulement ce reméde comme insuflisant,
mais encore comme nuisible et comme pouvant accélérer la
marche de la maladie. La térébenthine réussit mieux dans le
catarrhe des membranes muqueuses des voies urinaires ; elle
donne une odeur de violette à l’urine des personnes qui en
font usage.
Cette résine entre dans la composition d’un grand nombre
de préparations pharmaceutiques, comme baumes, onguens,
emplatres.
En la distillant avec de l’eau, on obtient une huile essen-
tielle qui est connue sous le nom d'essence de térébenthine,
et dont on fait principalement usage dans la peinture à
l'huile : elle sert à rendre les couleurs plus coulantes et
plus siccatives ; elle entre dans la composition des vernis.
L’essence de térébenthine étoit peu employée en méde-
cine autrefois, et seulement à petite dose, comme à un gros
ou deux; mais depuis une vingtaine d'années elle a été donnée
en Angleterre en bien plus grande quantité comme purgatif
vermifuge, et tout semble prouver maintenant, d’après les
nombreuses observations qui ont été publiées par les jour-
naux anglois, que cette substance, administrée depuis une
demi-once jusqu’à quatre onces par jour, en une seule ou
plusieurs fois, constitue un purgatif très-efficace contre le
tænia ou ver solitaire. Dans le même pays, le docteur Per-
cival a également employé avec avantage l'essence de téré-
benthine à la dose de deux gros à une once dans l'épilepsie.
La colophone ou colophane est une matière résineuse qui
reste au fond des vaisseaux aprés la distillation de la téré-
benthine; elle est sèche, dure, luisante et friable. On ne
MEL : 515
l’'emploie point à l'intérieur, mais elle entre dans la compo-
sition de plusiers onguens et emplâtres. Les/chirurgiens en
font usage, afin d'arrêter les homorrbagies, pour saupou-
drer les premiers plumasseaux ou bourdonnets qu’ils appli-
quent aprés les amputations des membres. Les joueurs de
_violon s’en servent pour frotter leurs archets.
Le matin, pendant les mois de juin et de juillet, avant
d’être frappés des rayons du soleil, les jeunes mélèzes ont
souvent leurs feuilles toutes couvertes de petits grains blancs
et gluans, qui ne tardent pas à disparoître si on ne se presse
de les ramasser. Cette substance est connue sous le nom de
manne de Briançon. Elle est légèrement purgative, mais elle
n’est en usage que parmi les gens de la campagne dans les
pays où il y a beaucoup de mélèzes. Villars assure d’ailleurs
que cette manne est fort difficile à recueillir, et il ne croît
pas qu’on pût jamais en récolter de grandes quantités.
C’est sur le tronc des vieux mélèzes que croît une espèce
de champignon connu vulgairement sous le nom d’agaric des
boutiques, et que Linnæus a désigné sous celui de boletus La-
ricis. C'est un purgatif qu'on employoit fréquemment autre-
fois; on lui attribuoit des propriétés particuliéres pour purger
les humeurs de la tête. Il n’est presque plus usité maintenant.
Le mélèze n’est pas délicat sur la nature du sol; les plus
mauvais terrains lui conviennent , à l'exception de ceux qui
sont marécageux et argileux. On en trouve sur les monta-
gnes les plus stériles : il prospère dans les lieux froids, pier-
reux et maigres ; il réussit aussi dans les fonds secs et sablon-
neux; enfin il vient bien sur les collines séches et arides.
L'exposition qui lui est la plus favorable , est celle du nord ;
il craint, au contraire, la grande chaleur, et les pays trop
méridionaux ne peuvent lui convenir.
De tous les pins et sapins d'Europe le mélèze est le seul
qui perde ses feuilles en hiver. 11 est d'observation fort an-
cienne parmi les montagnards suisses, que, lorsqu'il commence
à tomber de la neige en automne, cette neige n’est durable
que lorsque le méléze a perdu ses feuilles ; car on n’a jamais
vu, disent les vieillards les plus âgés , la neige rester sur les
feuilles des mélézes, et celle qui tombe avant que ces arbres
soient dépouillés ne tarde pas à être suivie d’un dégel.
516 MEL
Le mélèze ne se multiplie en général que de semences,
parce qu'il ne reprend pas de boutures, et parce qu’on
n'obtient par ies marcottes que des arbres peu vigoureux et
jamais d’une aussi belle venue. Pour se procurer de la graine
de mélèze, il faut recuillir les cônes qui les renferment à la
fin de l'automne, et les conserver dans un endroit qui ne
soit ni trop sec ni trop humide, jusqu'a la fin de l'hiver. A
cette époque , lorsque les gelées ne sont plus guëre à craindre,
on expose les cônes à la chaleur du soleil ou du feu pour
faire ouvrir leurs écailles et faciliter la sortie des graines
qu’elles recouvrent.
Les méleèzes que les jardiniers élèvent pour le commerce,
se sèément en pépinière, à la fin de mars ou au commence-
ment d’avrii, dans une terre légère, à l’exposition du nord
ou du norü-est ,'et dans le courant du printemps et de l’été on
les débarrasse des mauvaises herbes et on les arrose quand ils
en ont besoin. Au printemps de l’année suivante, on repique
le jeune plant à six pouces de distance et toujours à l’expo-
sition du nord , en prenant pour cette opération le moment
où il commence à entrer en séve. Deux ans après, ou au
commencement de la troisième année, on le relève de nou-
veau pour le placer n'importe à quelle exposition, et en
mettant les jeunes arbres à deux pieds l’un de l’autre ou
environ. Aprés leur seconde transplantation, les mélézes ne
doivent plus rester que deux à trois ans dans la pépinière ;
ils sont alors bons à planter à demeure : car, si l’on tardoit
plus long-temps à les mettre en place, on risqueroit de les
perdre, ou au moins une grande partie ne reprendroit pas.
La meilleure saison pour cette transplantation est la fin de
mars ou le commencement d'avril, peu de temps avant que
ces arbres ne poussent; lorsqu'on les transplante plus tôt,
il est rare qu'ils réussissent aussi bien. |
De même que les pins et les sapins, le mélèze prend son
accroissement en hauteur par le développement d’un bour-
geon unique qui termine sa fléche, et si cette flèche ou ce
bourgeon vient à être rompu ou endommagé par quelque
accident, l’arbre cesse de s'élever. Par une admirable pré-
voyance de la nature, ce bourgeon terminal ne s'ouvre
que bien long-temps après que le reste dé l'arbre est garni
MEL 517
dé feuilles; car, comme le méléze croît souvent au milieu
des neiges et des glaces qui couronnent les plus hautes mon-
tagnes, si le bourgeon terminal s’ouvroit trop tôt, la tendre
pousse qui en sortiroit, pourroit être saisie par les gelées qui
surviennent souvent jusqu'a la moitié du printemps, dans
les lieux où croissent ces arbres, et par sa perte ils cesse-
roient de croître en hauteur et resteroient toujours plus
ou moins rabougris. ;
Le méleze supporte bien, comme l’if, la taille aux ciseaux;
on peut de même lui faire prendre différentes formes, l’éle-
ver en pyramide, le réduire en boule, etc., et l’employer
ainsi à l’ornement des grands parterres ; mais ce genre de déco-
ration dans les jardins n’est plus guère d’usage aujourd’hui.
Outre le mélèze d'Europe, on connoît encore deux autres
espèces, qui sont exotiques et dont nous n’aurons que peude
chose à dire.
MéLèze À BRANCHES PENDANTES ; Larix pendula ; Pinus pendula,
Lamb., Descript. of pin, pag. 56, t. 36. Cette espèce paroît
être intermédiaire entre le méléze d'Europe et celui à pe-
tits fruits; les caractères qui la distinguent sont même si peu
prononcés qu’on pourroit croire qu’elle n’est qu’une variété
de l’un ou de l’autre. Nous l'indiquons, d’après sir Lambert,
qui la dit indigène de l'Amérique septentrionale.
Mécèëèze À petits FRUITS; Larix microcarpa ; Abies microcarpa,
Lois., in Nov. Duham., 5, pag. 289, t. 79, fig. 2. Cet arbre
a de grands rapports avec notre méléze d'Europe ; maïs il
en diffère par ses feuilles trés-menues, moitié plus courtes
et moitié plus étroites ; par la petitesse de ses cônes, qui n’ont
que six lignes de long au plus, et qui ne sont composés
que d’un trés-petit nombre d’écailles. Cette espèce est ori-
ginaire de l’Amérique septentrionale, et on la cultive depuis
quelques années en Angleterre et en France, où elle est en-
core rare. Le plus grand individu que nous ayons vu, avoit
une vingtaine de pieds de hauteur; il étoit très-vigoureux,
donnoit tous les ans beaucoup de fruits, et paroissoit n’avoir
encore acquis que lamoindre partie de son élévation naturelle.
Le méléze à rameaux pendans n’est pas encore cultivé en
France ; quant à celui a petits fruits, on le multiplie de graines,
comme l'espèce commune. Quelques cultivateurs prétendent
518 MEL
l'avoir propagé de marcottes faites en juillet, et qui étoient
bien enracinées au troisième automne. D'autres ont essayé
de le multiplier en le greffant par approche sur le méleze
d'Europe ; mais, quand ce moyen pourroit réussir, il ne don-
_neroit jamais que des arbres peu vigoureux et qui, pour la
plupart, seroient privés Ce la faculté de s'élever sur une tige
bien droite, par la raison qu'il est fort rare que dans les
pins et les sapins la nature donne jamais à des bourgeons
‘latéraux la même vigueur qu’au bourgeon terminal qui forme
leur fléche. (L. D.) |
MELHANIA. ( Bot.) Voyez Domrey verouré. (Porr.)
MELIA. (Bot.) Nom grec du frêne. Voyez Azébaracx. (LEM.)
MÉLIACÉES. ( Bot.) L’azédarach, melia, donne son nom
à cette famille, qui est dans la classe des hypopétalées ou
dicotylédones polypétales à étamines insérées sous l'ovaire.
Elles sont placées entre les théacées et les viniferes.
Elles ont pour caractères généraux un calice monosépale,
divisé plus ou moins profondément; quatre ou cinq pétales
à onglet large, rapprochés par leur base; des étamines en
nombre défini, égal à celui des pétales, ou double; les filets
insérés sous l'ovaire et réunis par le bas en un tube, ou seu-
lement en un godet denté à son sommet, et dont les dents
portent les étamines a leur pointe ou sur leur surface inté-
rieure ; un ovaire simple et libre, surmonté d’un style sim-
ple et d’un stigmate simple ou plus rarement divisé; un fruit
en baie ou plus souvent capsulaire , à plusieurs loges mono- ou
dispermes, s’ouvrant en autant de valves qui portent une
cloison dans leur milieu. L’embryon, à lobes droits, est ordi-
nairement entouré d’un périsperme, qui manque dans quel-
ques genres.
Les genres de cette famille sont des arbres ou des arbris-
seaux à rameaux alternes, ainsi que les feuilles, qui sont
stipulées, simples dans les uns, composées dans d’autres. Les
fleurs n’ont pas de disposition uniforme.
On distingue ici deux sections, caractérisées par les feuilles.
Dans celle des feuilles simples sont rapportés les genres Ca-
nella, Symphonia, Pentaloba, de Loureiro; Geruma; Strigiha,
de Cavanilles ; Lauradia de Vandelli; Alsodeia de M. du Petit-
Thouars, Ceranthera de Beauvois; Aitonia, Quivisia, Turræa.
/
MER : 519 :
On range dans la section des feuilles composées les genres
Camunium de Rumph, ou Aglaia de Loureiro ; Ticorea, Cus-
paria, de MM. de Humboldt et Kunth; Sandoricum, Trichilia,
auquel on réunit le Portesia et le Elcaja, Quarea, qui manque
de périsperme , ainsi que le précédent; Ekebergia, Melia,
Aquilicia. Quelques genres sont placés à la suite, comme ayant
seulement de l’affinité avec les méliacées, tels que le Carapa
d’Aublet, ou Xylocarpus de Kœnig, le Swietenia , le Cedrela,
et le Pautsowia ou Stylidium de Loureiro. HA)
MELIANTHE, Melianthus. ( Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, voisin de la famille
des rutacées, de la didynamie angiospermie de Linnæus ; offrant
pour caractere essentiel : Un calice persistant à cinq divisions
profondes, inégales, colorées ; l’inférieure gibbeuse ; quatre
pétales onguiculés, entre lesquels se trouve une glande melli-
fère ; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur; un
style ; une capsule vésiculeuse, à quatre loges monospermes.
FÉLIANTHE A LARGES FEUILLES : Melianthus major, Linn.;
Lamk., Ill. gen., tab. 552; Herm., Lugdb., tab. 415 ; Mill.,
Tllust., tab. 53 ; vulgairement FLEUR MIELLÉE, PIMPRENELLE p'A-
FRIQUE. Cette belle plante à des racines traçantes ; des tiges
glabres, presque ligneuses, un peu tuberculeuses, hautes de
six à sept pieds; les jeunes pousses herbacées, d’un vert
glauque ; les feuilles grandes, toujours vertes, pétiolées, al-
ternes, ailées avec une impaire; les folioles opposées, au
nombre de cinq à sept, ovales, oblongues, dentées en scie,
glauques, longues de deux à trois pouces, un peu courantes
sur le pétiole commun, à la base duquel existe une grande
stipule membraneuse, amplexicaule, ovale, mucronée , longue
d'environ un pouce et demi, chargée, comme les feuilles,
d’une poussière glauque. Les fleurs sont grandes, pédicellées,
disposées en une grappe simple, presque pyramidale, munie
de bractées ovales, aiguës: le calice ample ; les deux divi-
sions supérieures droites, oblongues ; les deux moyennes
plus intérieures, opposées, lancéolées ; l’inférieure plus
courte, concave, gibbeuse a sa base; les pétales linéaires-
lancéolés, onguiculés, un peu ouverts, situés à la partie
gibbeuse du calice;'autour d’une grosse glande utriculaire ;
aux fleurs succèdent de gros fruits vésiculeux, tétragones,
520 MEL
partagés presque jusqu’à la moitié en quatre lobes; chaque
loge renfermant une semence noire, ovale, luisante. Cette
plante croit aux lieux humides et marécageux du cap de
Bonne-Espérance.
Les feuilles ont une odeur fétide, comme narcotique,
analogue à celle du stramonium. Il suinte de la grosse glande
placée entre les pétales, pendant tout le temps de la florai-
son, une liqueur noirâtre, mielleuse, dont la saveur est un
peu vineuse : elle est tellement abondante, qu’elle se ré-
pand sur les feuilles, et que le sol en est quelquefois co-
loré ; elle est très-recherchée par les Hottentots et les Hol-
landois qui habitent le cap de Bonne-Fspérance; elle passe
pour cordiale, stomachique et nourrissante, d’où vient que
ce genre a reçu le nom de Mélianthe, composé de deux
mots grecs, qui signifient fleur à miel. Sa découverte est due
a Herman, qui l’envoya en Europe à Thomas Bartholin, en
1672. On la cultive au Jardin du Roi, ainsi que les deux
espèces suivantes. Elles craignent peu le froid; il suffit de
leur faire passer l'hiver dans l’orangerie. Leur multiplication
a lieu par rejetons, par marcottes, par boutures.
MÉLIANTHE A FEUILLES ÉTROITES ; Melianthus minor, Linn. Cette
espèce a des tiges ligaeuses, cylindriques, hautes de cinq à
six pieds ; les rameaux légerement cotonneux ; les feuilles
ailées avec une impaire; les folioles, de sept à neuf, oppo-
sées, ovales-alongées, étroites, profondément dentées en scie,
molles, douces au toucher, un peu velues, longues de deux
a quatre pouces, blanchâtres en-dessous ; les stipules linéai-
res, trés-étroites ; les fleurs alternes, rapprochées, dispo-
sées en grappes axillaires ; le calice ample, légérement to-
menteux, coloré de rouge ; la corolle purpurine ou d’un
jaune rougeûtre ; les pétales étroits, onguiculés, pendans hors
du calice; les étamines ascendantes ; le style un peu pileux ;
la capsule vésiculeuse , de la grosseur d’une petite noix, cou-
verte d’un duvet cotonneux. Cette plante a une odeur fé-
tide : elle croît au cap de Bonne-Espérance ; on la cultive
au Jardin du Roi.
MécranreE vecu : Melianthus comosus, Vahl, Symb., 3, p.86;
Commel., Rar., 4,t. 4. Cette plante, originaire du cap de
Bonne-Espérance, se distingue de la précédente par ses grappes
MEL Sat
situées un peu au-dessous de l'insertion des feuilles, et non
axillaires, excepté quelquefois aux feuilles supérieures: elles
sont inclinées, longues de trois pouces ; lesfeuillesvelues a leur
face supérieure; les fleurs pendantes, verticillées, disposées
en grappes peu garnies. On la cultive au Jardin duRoi. (Poir.)
MÉLIBÉE. (Entom.) Nom d’une espèce de papillon voisin
du céphale. (C. D.)
MELICA. ( Bot.) Ce nom, donné par Dodoens au sorgho,
holcus sorghum, de Linnæus, a été appliqué par ce dernier
à un autre genre de graminée. Voyez Mérique. (J.)
MELICERTA. (Polyp.) M. Ocken, Système gén. d'hist.
nat., part. IL, p. 49, distingue sous cette dénomination un
petit genre voisin des vorticelles, qu’il caractérise ainsi :
quatre lobes autour de la bouche, le corps fusiforme , contenu
dans un tube corné opaque; et il y range la Sabella ringens,
qu’il nomme M. ringens. Voyez Vorriceze et Saserre. (DE B.)
MÉLICERTE, Melicerta. (Arachnod.) MM. Péron et Le-
sueur, dans leur distribution systématique des Mépusaires
(voyez ce mot), ont désigné, sous ce nom, un genre de mé-
duses gastriques, monostomes, pédonculées, brachidées, ten-
taculées, et dont les bras très-nombreux, filiformes, che-
velus, forment une espèce de houppe à l'extrémité du pé-
doncule. Parmi les cinq espèces que MM. Péron et Lesueur
placent dans ce genre, deux seules ont été observées par
eux; ce sont :
La M. rascicuzée; M. fasciculata. De la mer de Nice, dont
l’ombrelle subsphéroïdale hyaline a 15— 20 millimètres de
diamètre, un estomac quadrangulaire à sa base, avec quatre
vaisseaux prolongés à chaque angle jusqu’au rebord, quatre
ovaires feuilletés et brun-roux; les bras en forme de petite
houppe violette et huit faisceaux de tentacules.
La M. PxEuRosrToME, M. pleurostoma , vient de la Terre de
Witt, et est beaucoup plus grande (2,3, 4 centimètres ) :
son ombrelle est semi-ovalaire, avec vingt-cinq à trente ten-
tacules; son estomac est subconique et comme suspendu par
huit ligamens ; le pédoncule, environné de huit ovaires réni-
formes, a des bras trés-longs, très-nombreux, très-chevelus,
distribués autour de son ouverture. Couleur générale hya-
line; les ovaires couleur de terre d'ombre.
522 MEL
Des trois autres, la M. nicirare, M. digitalis, Mull., Prodr.
Zool. Dan., p. 253, vient des rivages du Groënland : sen
ombrelle, qui a un centimètre de diamètre, est conique et
garnie de tentacules crochus; l’estomac, libre et pendant,
se prolonge en un pédoncule pistilliforme , garni d’une mul-
titude de bras formant une sorte de pinceau ; la couleur
est hyaline , les tentacules jaunes. La M. camranuLe, M. cam-
panula, Mull., loc. cit., est des mêmes mers : son ombrelle,
de deux ou trois pouces de diamètre, est en forme de petite
cloche , avec un petit nombre de tentacules jaunes; l’estomac,
dessiné à sa base par un carré, a chacun de ses angles pro-
longé.par une ligne revêtue de bras trés-longs et trés-fins ;
couleur hyaline. Enfin, la M. PERLE, M. perla, Slabber, Phys.
Belust., p.58, tab. XIII, fig. 1, 2, de 10 à 12 milliméetres de
diamètre, a son ombrelle subhémisphérique couverte de
tubercules perliformes, et garnie dans sa circonférence de
huit tentacules courts et terminés par un bouton; l'estomac
est libre, pendant et terminé par un faisceau de bras che-
velus; la couleur est perlée, le rebord d’un brun doré. Des
mers de Hollande. (DE B.)
MÉLICERTE. (Crust.) Ce nom a été donné à différens
crustacés : 1.° par M. Risso, à un genre voisin des palémons,
qu'il appelle maintenant Lysmate ; 2.° par M. Rafinesque, à
un genre voisin des Penées. Voyez l’article MaracosTRAGÉs,
tome XXVIII, pag. 311, 326 et 356. (Desm.)
MELICHNUS. ( Bot.) Voyez VenTENATIA. (Poir.)
MÉLICITE, Melicytus. (Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, de la dioécie pentandrie de Linnæus, dont on ne con-
noît encore que les parties de la fructification, et dont le
caractère essentiel est d’avoir : Des fleurs dioïques; un calice
d’une seule pièce, à cinq dents; une corolle à cinq pétales
ovales, évasés, plus longs que le calice. Dans les fleurs mâles,
cinq étamines courtes, dont les filamens ( nommés nectaires
par Forster), turbinés, cyathiformes, creux au sommet, por-
tent à leur côté interne des anthéres ovales, élargies, plus
longues que les filamens, marquées de quatre sillons. Dans
les fleurs femelles, cinq écailles ovales, un peu plus courtes
que le calice, situées entre les pétales, relevées etappliquées .
contre les parois de l'ovaire ; celui-ci est supérieur, ovale-
MEL 523
arrondi, chargé d’un style court, terminé par un stigmate
à quatre ou cinq lobes arrondis, ouverts en étoile.
Le fruit est une capsule en forme de baie, glabre, co-
riace, globuleuse, à une loge, contenant quelques semences
dans une pulpe rare, peu succulente. Ces semences sont
brunes, convexes d’un côté, anguleuses de l’autre.
Forster cite de ce geure deux espèces, mais sans descrip-
tion, savoir : 1° Melicytus umbellatus, Forst., Nov. gen., t. 62;
Lamk., Ill. gen., tab. 812, fig. 2; Gærtn., De fruct., t. 44;
2° Melicytus ramiflorus , Forst., loc. cif.; Lamk., loc. cit., fig. 1.
( Por. ) :
MELICOCCA. (Bot.) Voyez Kwéprier. (Porr.)
MELICOCCUS. ( Bot.) Ce genre de plantes, établi par P.
Browne et adopté par Jacquin, a été postérieurement
nommé melicocca par Linnæus. C’est la casimiria de Scopoli.
Nous en avons donné la monographie dans les Mémoires du
Muséum d'histoire natureile, vol. 3, p. 179. (J.)
MÉLICOPE, Entagonum. (Bot.) Genre de plantes dicoty-
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de l’octandrie mo-
nogynie de Linnæus; offrant pour carctére essentiel : Un
alice à quatre divisions ; quatre pétales ; quatre glandes
situées autour de l'ovaire; huit étamines; quatre ovaires;
un style ; un fruit composé de quatre capsules uniloculaires,
monospermes.
Méricore 1isse : Entagonum lævigatum, Gærtn., De fruct.,
tab. 68 ; Lamk., Il]. gen., tab. 294 ; Melicope ternata, Forst.,
Nov. gen., tab. 28. Nous ne connoissons de cette plante que
les caracteres de sa fleur. Son calice est persistant, a quatre
divisions ; la corolle plus longue que le calice, tétragone,
urcéolée à sa base, évasée en son limbe , composée de quatre
pétales ovales-oblongs, aigus; de plus, quatre grandes glandes
à deux lobes, situées entre les étamines et le pistil; huit
étamines attachées au réceptacle ; les filamens droits, subu-
lés, plus courts que les pétales; les anthères droites, sagit-
tées; quatre ovaires supérieurs, ovaies, d’entre lesquels s'élève
un style filiforme, caduc, plus long que les étamines, ter-
miné par un stigmate tétragone, évasé, concave à son centre.
Le fruit consiste en quatre capsules coriaces, membraneuses,
elliptiques, rétrécies en pointe à la base, un peu aplaties laté-
524 MEL,
ralement, divergentes ;, uniloculaires, monospermes, s'ouvrant
par le bord interne ; les semences glabres, elliptiques, lenti-
culaires. Cette plante croît à la Nouvelle-Zélande. (Porr.)
MÉLIER. (Bot.) Voyez Brarea. Les fruits de cette plante
portent le nom de mueles ou cormes. ( Pots.)
MÉLIER ou MESLIER. (Bot.) Ancien nom françois du
néflier , et sous lequel cet arbre est encore connu dans quel-
ques cantons. (L. D.)
MELIEHÆMI, HOMÆSCH. (Bot.) Noms arabes du solanum
bahamense, suivant Forskal. (J.) ù
MÉLILITE. (Min.) Ce minéral ne s'est encore présenté
qu’en cristaux cubiques ou parallélipipédiques , trés-petits,
mais trés-nets, qui paroissent passer à l’octaëédre ou en dé-
river. Ils sont d'un jaune de miel, souvent recouvert d’un
enduit jaune pulvérulent, qui paroït être du fer oxidé. Ils
sont assez durs pour rayer l’acier. Au chalumeau ils se fon-
dent sans bouillonnement en un verre transparent verdâtre.
Ils forment gelée dans l’acide nitrique.
C'est un minéral presque microscopique, découvert et dé-
crit pour la première fois par M. Fleuriau de Bellevue. Ii
l’a trouvé implanté sur les parois des fissures de la lave com-
pacte ou téphrine noire de Capo di Bove prés de Rome. Ils
y sont associés avec de la népheline et des cristaux capillaires
encore inconnus.
Leur petitesse et leur mélange avec d’autres substances a
rendu trés-diflicile à déterminer exactement leur nature par
l'analyse. Cependant M. Carpi, savant chimiste de Rome, en
donne la composition ainsi qu'il suit:
Chauxe mia er de Her N29e
Masnésiespttrecamaet 19,4
Férnroxidé vis ouate A
TitaneNogidés ste et 4
CEA ou series LOUER
Alunine:. gels dedans net 2,9
On a aussi reconnu le mélilite dans les laves de Tivoli. (B.)
MÉLILITES. (Min.) Nom donné par les anciens litholo-
gistes à une espèce d’argile compacte , d’un blanc jaunûtre,
semblable par sa couleur au miel : ellé s'employoit en mé-
decine et étoit regardée comme soporifique. (B.)
MEL 525
MELILOBUS. (Bot.) Michéli désignoit sous ce nom le gle-
ditsia triacanthos. (J.)
MÉLILOT; Melilotus, Tournef., Juss. (Bot.) Genre de
plantes dicotylédones, de la famille des papilionacées, Juss.,
et de la diadelphie décandrie du système sexuel, qui offre pour
caractères : Un calice monophylle, persistant, à cinq dents;
une corolle papilionacée, dont la carène est plus courte
que les ailes qui sont ovales-oblongues, conniventes et à peu
prés égales à l’étendard ; dix étamines, dont neuf ont leurs
filamens réunis en un seul corps ; un ovaire supére, ovale,
chargé d’un style subulé et filiforme, ascendant, terminé
par un stigmate simple ; une capsule caduque, uniloculaire,
s’ouvrant à peine, saillante hors du calice, et renfermant
une à trois graines arrondies ou ovoides.
Les mélilots sont des plantes herbacées, à feuilles munies
de stipules à leur base, et composées de trois folioles, dont
les deux latérales sont insérées sur le pétiole comimun à quel-
que distance de la foliole terminale: leurs fleurs sont dis-
posées en grappes plus ou moins alongées et placées dans
les aïsselles des feuilles supérieures. On en connoît vingt-
quatre espèces, dont la plus grande partie croît naturellement
en Europe. ;
Mézicor pe Messie : Melilofus messanensis, Lam., Dict. enc.,
4, pag. 66; Trifolium melilotus messanensis, Linn., Mant.,
275. Sa racine est annuelle; elle produit une tige haute de
huit à douze pouces, glabre, comme toute la plante, divisée
le plus souvent dès sa base en plusieurs rameaux redressés ,
garnis de feuilles longuement pétiolées, dont les stipules
sont élargies à leur base, et les folioles cunéiformes, pres-
que ironquées au sommet , légérement dentées en leurs
bords. Les fleurs sont d’un jaune pâle, petites, peu nom-
breuses sur des grappes plus courtes que les pétioles. Les
légumes sont plus gros que dans la plupart des autres es-
pèces, ovales, comprimés, relevés de nervures nombreuses,
régulières, et contenant chacun deux graines. Cette plante
croit dans les moissons en Provence, en Italie, en Sicile.
Mérriior sicconné : Melilotus sulcata, Desf., FI. atlant., >,
pag. 193 ; Trifolium melilotus indica, Linn., Spec., 1077. Sa
racine, qui est annuelle, produit une ou plusieurs tiges
LU
526 MEL
grêles, redressées, longues de six pouces à un pied, gar-
nies de feuilles à stipules dentées à leur base, et à folioles
ovales-oblongues, dentées en scie. Ses fleurs sont petites,
nombreuses, d'un jaune pâle, disposées en grappes’ prés de
moitié plus longues que les feuilles, et garnies dans presque
toute leur longueur. Les légumes sont presque globuleux,
monospermes, marqués de nervures nombreuses, régulières,
Cette espèce croit dans les champs, aux environs de Toulon,
en Italie, en Barbarie.
Mériror GRêce ; Melilotus gracilis, Decand., Flor. franç.,
5, p. 565. Cette espèce ressemble assez à la précédente:
mais ses feuilles sont généralement plus larges, moins alon-
gées et peu dentées; les fleurs sont disposées en grappes plus
lâches, et les légumes sont presque globuleux, dispermes,
relevés seulement de quelques nervures en réseau et non
en arcs rapprochés et presque concentriques. Elle croît en
Provence.
MÉcicor PARVIFLORE : Melilotus parviflora, Desf., F1. atl.,
2, 192; Trifolium melilotus indica, d', Linn., Spec., 1077. Sa
racine est annuelle ; elle donne naissance à une tige rameuse,
haute d’un pied ou environ, garnie de feuilles dont les sti-
pules sont le plus souvent entiéres, et les folioles ovales-
oblongues ou cunéiformes, dentées en scie. Les fleurs sont
d’un jaune pâle, très-nombreuses, plus petites que dans les
espèces précédentes et les suivantes, disposées en grappes
grêles, au moins une fois aussi longues que les feuilles. Les
légumes, également trés-petits, sont ovoïdes ou presque
globuleux, monospermes, relevés de quelques rides et fine-
ment pubescens. Ce mélilot croît dans les prairies sèches et
sur les collines en Provence et en Italie; il se trouve aussi
en Afrique et dans l’Inde.
Méuziot p’Iraute : Melilotus italica, Lam., Dict. enc., 4,
pag. 67; Trifolium melilotus ikalica, Linn., Spec., 1078. Sa
racine est annuelle, comme celle des précédentes; elle pro-
duit une tige droite, rameuse, haute d’un pied ou un peu
plus, garnie de feuilles dont les folioles sont ovoïdes-ren-
versées, grandes, le plus souvent trés-entières. Ses fleurs
sont d’un jaune clair, disposées au sommet des tiges ou dans
les aisselles des feuilles supérieures en plusieurs grappes là-
MEL 529
ches, rapprochées en une sorte de panicule. Ses légumes
sont ovoides ou presque globuleux, relevés de grosses rides.
Cette plante croît en Italie et en Barbarie.
Méuior orricinar : Melilotus officinalis, Lam., Dict. enc.,
4, pag. 62; Trifolium melilotus officinalis, Linn., Spec., 1078 ;
Bull., Herb., tab. 255. Sa racine est pivotante, bisannuelle;
elle donne naïssance à une ou plusieurs tiges hautes d’un à
deux pieds, ordinairement un peu étalées à leur base, en-
suite redressées, garnies de feuilles à trois folioles ovales,
dentées en scie. Ses fleurs sont petites, d’un jaune pâle,
nombreuses, pendantes, et disposées en longues grappes dans
les aisselles des feuilles supérieures ; il leur succède des lé-
_gumes ovoides, ridés, glabres, ne contenant le plus sou-
vent qu’une seule graine. Cette plante est commune dans les
champs cultivés, en France et en Europe.
Le mélilot n’a qu’une trés-légére odeur à l’état frais; mais
il acquiert par la dessiccation une odeur plus forte et assez
agréable , qui le rend trés-propre à aromatiser le foin auquel
il se trouve mêlé et à le rendre plus agréable au goût des
bestiaux , qui, en général , aiment cette plante, principale-
ment les moutons et les chevaux , et surtout avant sa flo-
raison. Toute espèce de terrain convient au mélilot, pourvu
qu'il ne soit pas aquatique ; mais, en général, il ne fait
point l’objet d’une culture particuliere : il se trouve seule-
ment épars dans les prairies, où le plus souvent il n’a été
semé que naturellement.
_ On fait usage en médecine des sommités fleuries du méli-
lot, qui acquierent par la dessiccation une odeur plus agréable
que les autres parties de la plante. On les emploie comme
émollientes, adoucissantes, résolutives, et principalement à
l'extérieur, en lotions, fomentations et cataplasmes. Leur in-
fusion aqueuse est trés-usitée dans les ophthalmies inflamma-
toires. On prescrit aussi leur décoction dans les lavemens
émolliens. Le mélilot a donné son nom, dans les pharma-
cies, à un emplâtre. qui n’est plus guëre employé aujourd’hui.
Mériror ÉLevé : Melilotus alfissima , Thuil., Fior. Par., 372 ;
Melilotus vulgaris altissima, frutescens, flore luteo, Tournef.,
Inst., 4o7. Cette espèce différe de la précédente par ses
tiges beaucoup plus élevées, ayant trois à six pieds,de hau-
528 MEL
teur ; par les folioles de ses feuilles, qui sont plus alongées,
plus étroites; et par ses légumes, qui deviennent noirs en
mûrissant, et qui sont rétrécis à leur base et à leur sommet,
à peine ridés et légérement pubescens. Elle paroît en différer
aussi par sa durée ; Thuilier la dit vivace. Cette plante croît
dans les bois et les prés humides et marécageux. Nous croyons
que sa culture pourroit, dans les localités convenables, pré-
senter les mêmes avantages que celle de l'espèce suivante.
Mériror BLanc, vulgairement Mécrcor pe Sreérie : Meh-
lotus alba, Lam., Dict. encycl., 4, pag. 63; Melilotus leucan-
tha, Decand., FI. franc., 5, pag. 564 ; Melilotus vulgaris al-
tissima , frutescens, flore albo, Tournef., Inst. , 407. Sa racine »
qui est bisannuelle, produit une ou plusieurs tiges hautes
de trois à six pieds, et même de huit à neuf dans un terrain
favorable. Ses feuilles, munies à leur base de stipules subu-
lées, très-entières, sont composées de trois folioles ovales-
oblongues, bordées, dans leurs deux tiers supérieurs, de
dents en scie. Ses fleurs sont blanches, plus petites que dans
les deux espèces précédentes, presque inodores , disposées
en grappes grêles; leur calice est en cloche; les aiïles sont
plus courtes que l’étendard et à peine plus longues que la
carène. Les légumes sont globuleux ou ovoïdes, non rétrécis
à leur base, ridés, non pubescens, monospermes. Cette
espèce croît naturellement dans les champs cultivés et les
lieux sablonneux, aux environs de Montpellier, de Paris,
en Provence et dans plusieurs autres parties de l'Europe :
elle croît aussi en Sibérie. |
M. Thouin, dans les Mémoires de la Société royale d’agri-
culture, année 1788, présente ce mélilot comme un four-
rage intéressant, dont il seroit à désirer qu’on introduisit la
culture en France. Cette plante, tant verte que séche, est
propre, selon ce savant agronome, à la nourriture des bes-
tiaux; on peut en former des prairies artificielles dans les
terres qu’on laisseroit en jachère. Sa culture est à peu pres
la même que celle de la luzerne : on doit le semer ‘avec de
l'orge ou de l’avoine, même avec du seigle ou du froment,
afin de s’épargner par là les frais de culture, et de ne pas
perdre une année de la rente de la terre , parce que le mé-
Hlot ne rapporte rien la première année du semis, On peut
MEL 529.
ensuite en faire trois et même quatre récoltes par an; c'est
même une nécessité de le faire, parce qu’en. laissant cette
plante s'élever trop haut, ses tiges deviennent ligneuses avec
l’âge, et cessent alors d’être mangeables. Par ces coupes fré-
quemment renouvelées on change sa durée, et, de bisannuelle
qu’elle est naturellement, on parvient a la conserver et à la,
faire produire pendant trois à six ans. Lorsqu'on la laisse monter
en graine, elle en fournit une grande quantité, dont on peut
donner le superflu aux volailles et aux cochons. Les tiges
qui ont porté graine, peuvent encore servir pour chauffer le
four. Les terrains légers et humides sont ceux dans lesquels
elle réussit le mieux; cependant elle peut venir dans tous
ceux qui ne sont pas décidément marécageux, et dans ceux-
ci, comme nous l’avons dit plus haut, le mélilot élevé pour-
roit probablement la remplacer et donner les mêmes produits.
Le mélilot blanc, cultivé seul, est, selon M. Thouiïin, plus
productif que les différentes espèces de trèfle ; mais il de-
vient encore d’un rapport bien plus considérable, lorsqu'on
le cultive avec la vesce de Sibérie, ces deux plantes ayant
toutes les qualités qui peuvent en faire désirer la réunion.
En effet, leur durée est la même; elles poussent en même
temps, fleurissent et grènent dans la même saison : les racines,
pivotantes dans la premiére et traçantes dans la seconde, ne
se nuisent l’une à l’autre en aucune façon. Enfin, le mélilot
blanc fournit aux animaux une nourriture substantielle, so-
lide, échauffante , qui trouve un correctif suffisant dans le
fourrage délié, tendre et aqueux, produit par la vesce de
Sibérie.
Méuicor DenTÉ : Melilotus dentata; Trifolium dentatum , Waldst.
et Kitaibl., PL. rar. Hung., 1, pag. 41, t. 42; Willd., Spec.,
5 , pag 12355. Cette espèce a beaucoup de rapports avec les
deux espèces précédentes : mais elle en diffère par ses feuilles
plus alongées, bordées tout autour de dents plus fines, plus
nombreuses et plus aiguës; par ses stipules incisées à leur
base en deux grandes dents, et par ses légumes ovales et cons-
tamment dispermes. Ses fleurs sont jaunes, comme dans le’
mélilot élevé, dont elle paroît avoir la hauteur. Cette plante
croît dans les prés humides en Hongrie, et en Allemagne aux
environs de Mayence. Il est probable qu’elle offriroit pour
| 29. 34
530 MEL
la culture les mêmes avantages que l'espèce précédente “elke
ÉSÉrvivace. "7"
Mérrror BLEU : Melilotus cærulea, Lam., Dict. encycl., 4,
pag. 62; Trifolium melilotus cærulea, Linn., Spec., 1077. Sa
racine est pivotante , annuelle ; elle produit une tige droite,
haute d’un pied et demi à trois pieds, rameuse, garnie de
feuilles munies à leur base de larges stipules dentées, et
composées de trois folioles ovales, finement dentées en scie.
Ses fleurs sont d’un bleu pâle, disposées en grappes resserrées
en épis ovales, portés sur de longs pédoncules axillaires. Les
_calices sont pubescens, presque aussi grands que les lévcumes,
longuement acuminés par le style. Ce mélilot croît naturel-
lement en Bohème et en Libye ; on le cultive dans plusieurs
jardins.
Toutes les parties de cette plante, mais particuliérement
ses sommités chargées de fleurs ou de fruits, exhalent une
odeur fort agréable, comme balsamique, qui a valu à cette
espèce les noms vulgaires de baumier, faux-baume du Pérou,
lotier odorant , trèfle musqué. Cette odeur se développe davan-
tage et devient plus intense par la dessiccation, et elle est
susceptible de se conserver tres-longtemps. On a d’ailleurs
remarqué que cette odeur se répandoit en plus grande
abondance dans les temps pluvieux et disposés à l'orage. Les
abeiïlles paroïissent rechercher encore plus les fleurs de ce
mélilot que celles des autres espèces, qu’elles aiment cepen-
dant beaucoup, et sous ce rapport il ne peut qu'être avanta-
geux d'en semer aux environs de leurs ruches. Quelques
personnes sont dans l’usage d’en mettre les sommités fleuries
dans les armoires parmi le linge et les habits, soit pour leur
communiquer une bonne odeur, soit pour les préserver des
vers. Dans quelques cantons de la Suisse on en mêle les fleurs
dans certains fromages, pour leur donner une saveur et une
odeur plus agréables. Ces fleurs passent en médecine pour
avoir les mêmes propriétés que celles du mélilot officinal,
ét on les emploie quelquefois de la même manière. On les
a aussi recommandées comme sudorifiques, emménagogues
et diurétiques ; on les a même vantées comme alexiphar-
maques, vulnéraires, et comme pouvant être utiles dans la
phthisie pulmonaire ; mais, en définitive, les médecins n’en
MEL 531
font en général que peu ou point d’usage aujourd’hui. En
Silésie on prend assez communément leur infusion aqueuse
en guise de thé. (L. D.)
* MÉLILOT ANGLOIS ou MÉLILOT CORNICULEÉ. (Bof.)
C’est une espèce de trigonelle, frigonella corniculata, L. (L. D.)
MÉLILOT D'ALLEMAGNE. (Bot.) Un des noms vulgaires
du lotier corniculé. (L. D.)
MÉLILOT [PETIT| DES CHAMPS. (Bot.) Deux plantes
portent vulgairement ce nom, la luzerne lupuline, medicago
lupujina, Linn., ét le trèfle des champs, frifolium LAS
Linn.'(L.D.)!
MÉLILOT D'ÉGYPTE. ( Bot.) C'est une autre espèce de
trigonelle, Trigonella hamosa, Linn. (L. D.)
MÉLILOT FAUX. (Bot.) Nom vulgaire du lotier corniculé.
(Ep)
MÉLILOT DE MONTAGNE ou DES SABLES. ( Bot.) C’est
une éspèce de bugrane, ononis pinguis, Linn. (L. D.)
* MÉLILOT VRAI. (Bot.) C’est le mélilot bleu. (L. D.)
MÉLILOTOÏDES. (Bot.) Nom donné par Heister au mé-
- lilot de Crête, différent des autres espèces par sa gousse
beaucoup plus grande, comprimée, orbiculaire et membra-
neuse. Medicus et Mœnch en ont fait aussi un genre sous le
nom de melissitus. (J.)
MELILOTUM. (Bot.) Fes de melilotus chez les an-
ciens botanistes. (LEm.)
MELILOTUS. {Bot.) Voyez Mériror. Law.)
MELIMELA. (Bot.) Nom de la pomme d’api, chez les
Latins. (Lem.)
MÉLINE, Melinis. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé-
dones, à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de
la triandrie digynie de Linnæus; offrant pour caractère es-
sentiel : Des fleurs polygames; un calice bivalve, à deux
fleurs; la valve calicinale inférieure entière, fort petite ; la
supérieure trois et quatre fois plus grande, échancrée en
cœur à son sommet, mucronée ; une fleur inférieure, à une
seule valve herbacée , à deux découpures aiguës au sommet,
du milieu duquel s'élève une arête très-longue, sétacée ;
une fleur hermäphrodite, à deux valves dures, coriaces ;
l’inférieure mutique, presque à deux dents ; trois étamines ;
552 MEL
un ovaire médiocrement échancré ; le style bifide; les stig=
mates en pinceau. |
MÉLINE A PETITES FLEURS : Melinis minufiflora, Pal. Beauv.,
Agrostogr., pag- 54, tab. 11, fig. 4. M. de Beauvois, auteur
de ce genre, n’ena near qu’une seule espèce, observée
dans Et de M. de Jussieu. C’est une plante fort élégante,
qui.a le port des canches (aira, Linn.), dont les fleurs sont
trés-petites, disposées en une panicule terminale, presque
pyramidale, dont les ramifications sont presque simples, ca-
pillaires, comme verticillées, garnies d’épillets fort petits,
pédicellés, qui paroissent polygames. Cette plante croît à
Rio-Janeiro. ( Pour.)
. MÉLINE et MELINUM. (Min.) Il paroît que les anciens
et les auteurs qui les ont commentés, ont appliqué ces noms
à deux substances assez différentes.
L'une, le melinum de Pline , étoit sans aucun doute une terre
argileuse blanche, dont les peintres se servoient pour pein-
dre en blanc. Elle étoit légère, douce au toucher, friable ;
elle happoit à la langue, se délayoit facilement dars l’eau,
et se trouvoit dans l’île de Melos, d'ou elle avoit pris son nom.
L'autre, mentionnée par Celse, Vitruve, Servius, Dios-
coride , étoit de couleur jaune, ou même fauve. et pour-
roit bien avoir été une sorte d’ocre jaune. (B.)
MÉLINET ; Cerinthe, Linn. ( Bot.) Genre de plantes dico-
tylédones, de la famille des borraginées, Juss., et de la pen-
tandrie monogynie, Linn., qui a pour caractères: Un calice
monophylle, persistant, partagé jusqu’à sa base en cinq di-
visions ; une corolle monopétale, tubuleuse, ayant l'entrée
du tube nue, s’élargissant graduellement dans sa partie supé-
rieure qui se termine en cinq dents; cinq étamines à filamens
larges et courts , attachés à la corolle et portant des anthères
hastées; deux ovaires supérieurs, entre lesquels s'élève un
style filiforme, terminé par un stigmate simple ou légére-
ment échancré ; deux coques dures, luisantes, ovales, à deux
loges monospeTmMEs : il n’y a le plus souvent qu’une seule
coque qui mürisse, l’autre avorte.
Les mélinets Su des plantes herbacées, à feuilles, sim-
ples et alternes, dont les fleurs sont disposées en grappes
terminales, garnies de feuilles. On en compte six espèces.
o1
MEL 55
Les suivantes croisserit dans le Midi de la France ow de
l’Europe.
Méuner ruDE: Cerinthe aspera, WWilld., Spec., 1, pag. 772 ;
Cerinthe major, R, Linn.; Spec., 106; Certnthe quorumdam
major versicolore flore, Clus., Hist. CLXVII Sa racine est
annuelle ; elle produit uñe tige droite, glabre, haute d’un
pied ou un peu plus, rameuse dans sa partie supérieure,
‘garnie de feuilles oblongues, en cœur à leur base, amplexi-
caules, bordées de cils, chargées en-dessus de petits tuber-
<ules nombreux, qui les rendent rudes au toucher et qui se
prolongent quelquefois en poils. Ses fleurs sont axillaires, pé-
donculées, disposées, au sommet des rameaux, en grappe
simple ; leur calice est foliacé, moitié plus court que la co-
rolle, qui est jaune, marquée de pourpre ou dé violet dans
sa partie moyenne ,-et términée par cinq dents courtes. Cette
espéce croît dans les champs du Midi de la France, en Italie,
en Espagne, dans le Levant.
- Méuinet évasrE : Cérinthe glabra, Müll., Dict., n° 2, Icon.,
tab. 91; Cerinthe major, #, Linn., Spec. 196. Cette espéce differe
de la précédente par ses feuilles glabres, dont les tubercules
ne sont visibles qu’a la loupe et ne les reñdént point rudes
au toucher, et parce qu'elles ne sont pas bôrdées de cils ;
par ses fleurs moitié plus petites, dont le calice est presque
aussi grand que la corolle, et énfin parce que sa racine pa-
roît être vivace. Elle croit en PAT OUE et en Sibérie, dans
les montagnes sous-alpines.
MÉLiNET À PETITES FLEURS: Cerinthe minor, Linn., Spee,, 1,
pag. 137; Jacq., Flor. Austr., tab. 124. Cette espèce est
glabre , comme la précédente, avec laquelle elle a les plus
grands rapports; mais elle en diffère par ses fleurs entiére-
ment jaunes et dont les corolles sont à cinq dents profondes,
dans l’interstice desquelles on aperçoit les anthères, qui, dans
les äutres espèces, sont tout-à-fait cachées dans la coroile.
Cette plante croît dans les prés secs ét montueux, et sur les
bords des champs, en Dauphiné, en Provence, en Italie, en
Allemagne : sa racine est bisannuelle ou même vivace.
MÉLiNèr TAcH£TÉ : Cerinthe maculata, Linn. , Spec., 1, p. 137;
Allion., Flor. Ped., n.° 178. Ce mélinet différe, selon Allioni,
de celui à petites fleurs, par ses feuilles plus grandes, ovales,
534 MEL
échancrées, d’un vert plus glauque et constamment tachetées ;
par ses fleurs jaunes, dont les dents sont purpurines. Il croît
dans les pâturages des montagnes du Piémont et du mont
Caucase. Sa racine est vivace. ( L. D.) |
MELINIS. (Bot.) Ce genre, fait par Beauvois sur une plante
graminée du Brésil, paroît devoir être réuni à la division
du panicum à fleurs paniculées , dont il ne diffère que par
la paillette de la fleur neutre, fendue à son sommet et laiïs-
sant échapper de cette fente une soie trés-longue. (J.)
MELINOS et MELINE. ( Bot.) Nom du millet en épi (pa-
nicum.italicum, Linn.) chez les anciens Grecs. (Lem.)
MELINUM. ( Bot.) Césalpin désigne par ce nom la sauge
glutineuse ; et il appelle melinum alter la germandrée des bois,
Leucrium-scorodonia. (LEm.)
MELION, MELIUM. (Bot.) Calepin, dans son Diction-
naire, Cite sous ce nom une herbe aquatique, ou croissant
dans des lieux humides, réputée aphrodisiaque, qui est la
même que le salyrium erythronium de Dioscoride. C. Bauhin
cite ce dernier nom comme synonyme de son hyacinthus
stellaris trifolius; et il joint comme autre synonyme le hya-
cinthus cϾruleusimas minor de Fuchsius, qui est le scilla bi-
folia de Linnæwus, bien figuré par Daléchamps sous le nom
donné par Fuchsius, mais avec trois feuilles au lieu de deux :
d’où il sembleroit résulter que ce scilla seroit. le melion des
anciens, le salyrium erythronium de Dioscoride, quoiqu'il ne
croisse pas dans l’eau. (J.)
MELIPHYLLON. (Bot.) Un des noms grecs anciens de la
mélisse. ( Lew.)
ÉSrronee Melipona. nt ) Illiger et M. Latéealle se
sont servis de cette dénomination pour un genre d'insectes
hyménoptères, correspondant à celui des trigones de Jurine,
et qui comprend en particulier l’abeille amalthée et, quelques
autres abeilles à miel de l'Amérique méridionale, dont, la
forme, des tarses est différente de celle de nos-abeïlles ou-
vrières.(C..D.) ts
MÉLIQUE; Melica, PE (Bot.) Genre de plantes mono-
cotylédones, de la famille des graminées , Juss., et de la frian-
drie digynie du système sexuel, dont les principaux caractères
-sont d’avoir : Un calice anis à deux valves membra-
MEL 935
neuses, presque égales, contenant deux à quatre fleurs, ayant
chacune une balle à deux valves ventrues et mutiques;
trois étamines à anthéres fourchues, et un ovaire supére,
‘surmonté de deux styles à stigmates velus; une graine ovale,
sillonnée d’un côté et renfermée dans la balle persistante. Le
nombre des fleurs n’est pas constant dans ce genre ; plusieurs
espèces n’ont qu’une fleur parfaitement développée, avec le
rudiment d’une ou deux autres fleurs avortées.
Les méliques sont des plantes herbacées, presque toutes
vivaces, à fleurs disposées en panicule. On en connoît une
trentaine d’espèces, dont un tiers croît naturellement en
Europe. Nous ne parlerons ici que des suivantes.
À HAE Loutes glabres.
_ Méuique 81euE : Melica cærulea, Linn., Mané., 524 ; Aira cæ-
rulea, Linn., Spec., 95; Flor. Dan., t. 259. Sa tige est un
chaume droit, haut de deux à quatre pieds, un peu renflé
a sa base, et n’ayant le plus souvent qu’un seul nœud, placé
un peu au-dessus de celle-ci. Ses feuilles sont linéaires, alon-
gées. Ses fleurs sont d’un vert pourpre ou violet, disposées
en panicule plus ou moins resserrée. La glume, à deux valves
inégales, contient trois ou quatre fleurs, ou seulement deux
avec le rudiment d’une troisième. Cette plante croît en
France et en Europe dans les prés et les pâturages humides
et dans les forêts. Les bestiaux la mangent tandis que ses
pousses sont encore jeunes, mais ils n’en veulent plus lors-
qu’elle monte en fleur. Dans les landes de Bordeaux, de la
Pologne, de la Westphalie, etc., où elle est très-multipliée,
on en tire parti pour divers usages économiques: on en fait
des paniers; on en tresse des nattes, des cordes ; on s’en sert
a couvrir les maisons au lieu de chaume; on l’emploie pour
litière. On l’a recommandée comme propre à fixer les sa-
bles, mais elle ne peut servir sous ce rapport que dans les
terrains humides; car, d’après l’observation de M. Bosc, elle
ne peut subsister qu’un ou deux ans dans les lieux qui ne
sont pas couverts d'eau une partie de l’année.
Mérique PENcHÉE : Melica nutans, Linn., Spec., 98 ; FL. Dan.,
t. 962. Son chaume est grêle, redressé, haut de douze à dix-
huit pouces, garni de quelques feuilles linéaires, aiguës,
556 MEL
planes. Ses titurs sont écartées les unes des autres, pen-
chéés, disposées en une grappe simple, ou trés-peu rameuse,
ordinairement tournée d’un même côté. Ses valves calicinales
sont rougeàtres, obtuses, membraneuses en leurs bords,
presque égales entte ellés, un peu plus courtes que les balies,
contenant deux fleurs et le rudiment d’une troisième. Cette
espèce croît dans les montagnes de l'Alsace, des Vosges, du
Dauphiné, de la Provencé, etc. Elle est du goût de tous les
bestiaux ; les bœufs et les chevaux surtout en sont trés-
friands, et il est des pays où elle est, pendant les chaleurs
de l'été, la base de la nourriture des bêtes à cornes, qu’on
met alors dans les bois, où elle offre l’avantage de croître à
l’ombre des grands arbres, là où peu d’autres graminées peu-
vent venir. Comme elle forme d’ailleurs un trés-maigre four-
rage, parcé que ses racines portent rarement plus de deux à
trois tiges peu garnies de feuilles, on ne le cultive point exprès.
Mésique uniriorEe: Melica uniflora, Willd., Spet} F4 ;'F608
Melica Lobélii, Wäll., Dauph., >, p. 89, t. 3. Cette bé a
presque le même port que la précédente ; maïs elle en est bien
distincte par ses fleurs plus petites, disposées en une grappe
ordinairement plus rameuse, et surtout par ses calices un
peu aigus, peu où point du tout membraneux en leurs bords,
ne contenänt qu’une sèule fleur hermaphrodite et une autre
imparfaite. Cette plante est commune dans les bois et les lieux
ombragés. Les bestiaux en sont aussi friands que de la précé-
dente, et ellé offre les mêmes avantages pour leur nourri-
ture pendant les chaleurs de l'été.
ei
Ë
** Valve externe des balles garnie de chaque côté de
deux rangées de cils. |
Mérique ue : Melica ciliata, Linn., Spec., 97; Host.,
Gram. , 2, pag. 10, t. 12. Ses chaumes sont droits, hauts de
quinze à vingt pouces, garnis de feuilles étroites, d’un vert
päle, et souvent roulées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un
vert blanchâtre, disposées en panicule à rameaux ordinaire-
ment peu nombreux, quelquefois simples, d’autres fois com-
posés , redréssés et serrés contre l'axe, de manière à avoir
l'apparence d’un épi; les valves de leur glumeé sont aiguës,
Yintérieure lancéolée, sensiblement plus étroite et plus
MEL | 537
longue ; elles contiennent une fleur hermaphrodite et Îles
rudimens d’une ou de deux fleurs avortées. Cette plante croit
sur les collines et dans les lieux stériles, pierreux et décou-
verts, en France, dans une grande partie de l'Europe et au
mont Caucase.
Mérique pe Bawmin ; Melica Bauhini, Al, Auct. F1. Ped., 43.
Cette espèce se distingue de. la précédente par sa panicule
moins garnie, dont les rameaux inférieurs sont ordinaire-
ment étalés; parce que les cils de la valve externe de sa
balle sont plus rares et plus courts; et enfin parce que les
valves de sa glume sont presque d’une largeur égale, et très-
souvent plus ou moins colorées de rouge. Elle croît sur les
collines, dans les lieux pierreux et stériles de la Provence,
du Languedoc; dans le Midi de “See et le Nord de lA-
frique. (L. D.)
MELIS. (Mamm.) Nom du blaireau dans Pline. (EF. C.)
MELISSA. ( Bot.) Indépendamment des mélisses vraies et
des calaments, réunis par Linnæus sous ce nom générique,
on voit encore que le même nom a été donné à d’autres
plantes labiées, à la molucelle{molucella), au satureia montana,
à deux hyptis, à un dracocephalum , au mélissot (melitis), au
prasium majus, au cunila pulegioides et à l'agripaume. (T.)
MÉLISSE; Melissa, Linn. ( Bot.) Génre de plantes dicoty-
lédones, de la famille des labiées, Juss., et de la didynamie
gymnospermie , Linn.; dont les principaux caractères sont
d’avoir : Un calice monophylle , presque campanulé, à cinq
dents, dont trois supérieures et deux inférieures; une Corolle
006 | à tube cylindrique, évasé au sommet et partagé
en deux lèvres; la Supérieure courte, échancrée et presque
en voûte ; l’inférieure à trois lobes, doit le moyen plus grand
et échancré; quatre étamines didynames, à anthéres oblon-
gues didymes; un ovaire supère, à quatre lobes, du milieu
desquels s'élève un style filiforme , à peu près de là longüeutf
des étamines, terminé par un stigmate bifide : quatre graines
nues au fond du calice persistant,
Les mélisses sont des plantes le plus souvent herbacées,
quelquefois des arbustes, à feuilles simples, opposées, et à
fleurs axillairés, portées sur des pédoncules ordinairement
rameux €t disposés presque en grappe au sommet des tiges
538 MEL
ou des rameaux. On en connoit dix-sept à dix-huit espèces,
pour la plupart indigènes de l'Europe. Les suivantes se trou-
vent en France.
MéLissE oFriciNALE : Melissa officinalis, Linn., Spec., 827;
Blackw., Herb. , t. 27. Sa racine est vivace, horizontale ; elle
produit une tige droite, tétragone, rameuse, presque glabre,
haute d’un pied et demi ou un peu plus, garnie de feuilles
ovales, pétiolées, légèrement échancrées en cœur à leur base,
et crénelées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un blanc jau-
nâtre , portées, plusieurs ensemble, dans les aisselles des
feuilles, sur des pédoncules rameux. Cette plante croît na-
turellement le long des haies et dans les bois, dans le Midi
de la France et de l’Europe ; elle fleurit en juin et juillet.
Nous en avons recu de Corse une variété remarquable, en ce
qu’elle s'élève moitié plus; en ce que ses tiges et ses feuilles
sont velues, et en ce que ses fleurs sont plus grandes, avec
la lévre supérieure de la corolle violette.
L'odeur agréable et assez analogue à celle du citron de
toutes les parties de cette plante, la font cultiver dans beau-
coup de jardins, et lui ont fait donner les noms de citro-.
nelle, mélisse citronée, citronade, herbe de citron. On la
connoît aussi sous ceux de poncirade et de piment des ruches
ou des mouches à miel.
La mélisse est aromatique et un peu amére. Ses propriétés
sont d’être légerement excitante et fortifiante; c’est princi-
palement sur le systéme nerveux qu’elle porte son action.
Elle convient dans les affections spasmodiques, surtout dans
celles qui ont pour, cause un état de débilité et de langueur
de l’estomac et des voies digestives. Les palpitations, les
vertiges, les syncopes qui ont la même cause, sont encore
des cas où son usage peut être avantageux; mais on ne doit
en attendre qu’un effet bien secondaire dans lapoplexie, la
paralysie et l'asphyxie, pour lesquelles on l’a aussi recom-
mandée.
Les parties de la plante dont on fait usage, sont Les feuilles
recueillies avant la floraison, parce qu’elles ont alors une
odeur plus agréable et plus pénétrante. Elles se préparent
par infusion théiforme, à la dose d’une à quatre pincées pour
une pinte d’eau bouillante. Elles servent dans les pharmacies
MEL 539
à faire une eau de mélisse simple et une eau de mélisse spi-
ritueuse. Cette dernière, qui est beaucoup plus énergique, se
donne depuis un gros jusqu’à une demi-once, pure ou mélée
à un peu d’eau sucrée, dans les défaillances, les syncopes,
les affections spasmodiques, l’asphyxie. L’extrait, la con-
serve et le sirop de mélisse sont d'anciennes préparations
pharmaceutiques très-peu employées aujourd’hui.
Mécisse GraNDiFLoRE : Melissa grandiflora, Linn., Spec., 527 ;
Thymus grandiflorus, Scop., Carn., éd. 2, n.° 732. Ses tiges
sont légèrement pubescentes, tétragones, hautes d’un à deux
pieds, garnies de feuilles ovales, aiguës, dentées en scie,
presque glabres. Ses fleurs sont grandes, purpurines, portées
trois à quatre ensemble sur des pédoncules assez longs, et
disposées en grappe terminale. Leur calice est presque gla-
bre, à dents ciliées. Cette espèce croît dans les bois et les
buissons des lieux montagneux du Midi de la France et de
l'Europe. |
Méuisse : cALAMENT, vulgairement CALAMENT DE MONTAGNE:
Melissa calamintha, Linn., Spec., 825; Bull., Herb., t. 251.
Sestiges sont redressées, pubescentes, ainsi que toute la plante,
a peine tétragones, hautes de dix à vingt pouces, garnies
de feuilles ovales, presque en cœur à leur base, bordées de
dents égales, presque obtuses. Ses fleurs sont purpurines ou
blanchâtres, etsouvent tachetées de violet, deux fois plus pe-
tites que dans l'espèce précédente, portées, au nombre de
dix à douze, sur des pédoncules plusieurs fois divisés, et dis-
posées. en grappe alongée et un peu paniculée ; leur calice
est velu. Cette plante est commune dans les bois, sur les
collines et aux bords des champs.
La mélisse grandiflore et le calament de montagne ont des
propriétés analogues à celles de la mélisse officinale ; mais
on les emploie fort peu, et on leur préfère généralement
cette derniére, qu’on regarde comme plus eflicace et comme
ayant une iddué plus réntul
Mérrsse NépérA : Melissa nepeta, Linn., Spec., 828 ; ; Thymus
nepela, Smith, Flora Brit., 2, pag. 642. Cette espèce, qu’on
nomme vulgairement petit calament, ressemble beaucoup à
la précédente ; mais ses tiges sont un peu plus basses, plus
roides, et ses feuilles sont plus courtes, presque arrondies,
546 0 MBE
bordées seulement de chaque côté de deux à trois dents iné-
gales. Les fleurs sont de même disposées en grappe, et leur
corolle est blanche, tachetée de pourpre, avec des anthères
violettes. Toute la Dlétité a une forte odeur; ses tiges et ses
feuilles sont plus ou moins velues, quelquefois couvertes de
poils si rapprochés qu’elles sont comme cotonneuses et blan-
châtres. Elle croît sur les collines et sur les bords des champs
dans les lieux secs et pierreux.
Méuisse de Crère : Melissa cretica , Linn., Spec., 828; Thy-
mus crelicus, Decand., F1. fr., 3, pag. 564; Calaminthé se-
cunda incana, Lob., ru SA Ses tiges sont droites, efli-
lées, rameuses, hautes de huit à douze pouces, couvertes,
ainsi que toute la plante, d’un duvet court, serré et blan-
châtre. Ses feuilles sont petites, ovales, presque entières.
Ses fleurs sont blanchâtres ou légèrement purpurescentes,
disposées, au nombre de huit à douze, sur des pédoncules ra-
meux, formant par leur rapprochement une longue grappé
terminale ; les dents de leur calice sont courtes, presque
égales. Cette espèce croit naturellement dans le Midi de! 12
France, en Espagne , en Italie, etc. k
Mécisse nes Pyrénées : Melissa pyrenaica, Jacq., Hort. Vind.,
2, t. 183; Willd., Spec., 3, p. 148; Horminum pyrenaicum,
Linn., Spec., 831. La plupart des botanistes modernes ont
réuni aux mélisses cette plante, dont Linnæus avoit fait un
genre particulier. Elle diffère en effet beaucoup par le port
de toutes les espèces dont nous avons parlé jusqu’à présent :
ses feuilles, presque toutes radicales et étalées en rosette .
sont ovales, crénelées, portées sur des pétioles velus; sa
tige est simple, haute de six à huit pouces, garnié, dans sa
partie inférieure, de deux paires de petites feuilles sessiles,
et chargée dans le reste de sa longueur de fleurs d’un pour-
pre bleuâtre, disposées, sur des pédoncules simples; sixà
huit par verticilles assez rapprochés ; leur calice est à cinq
dents trés-aiguës et presque égales. Cette plante croît dans
les Pyrénées et dans les Alpes du Tyrol et de la Carniole. (L. D.)
MÉLISSE BATARDE ou MÉLISSE DES BOIS. (Bot.) Noms
vulgaires du melitis melissophyllum. (L. D.)
MÉLISSE DES CANARIES. (Bot. ) C’est le dracocéphale
des Canaries, (L. D.)
MEL 5A1
MÉLISSE DE CONSTANTINOPLE ou MÉLISSE TURQUE.
(Bot.) Noms vulgaires du dracocéphale de Moldavie. (L. D.)
MÉLISSE ÉPINEUSE. (Bot.) C’est le nom vulgaire du
Molucella spinosa. (1. D.) |
MÉLISSE DE MOLDAVIE. ( Bot.) C'est le dracocephalum
moldavica. (I. D.) |
MÉLISSE PUNAISE. (Bot.) Un des noms vulgaires de la
mélite à feuilles de mélisse. (L. D.)
MÉLISSE ROUGE. (Bot.) Nom vulgaire du salvia virgi-
nica. (L. D.)
MÉLISSE SAUVAGE. (Bot.) Un des noms vulgaires du Leo-
nurus cardiaca. ( L. D.)
MÉLISSIÈRE. ( Bot.) C’est encore un des noms de la mélite
à feuilles de mélisse. (L. D.)
MELISSITUS. (Bot.) Voyez Meuiroroipes. (J.)
MELISSO -PHAGO. (Ornith.) Le guêpier, merops apiaster,
Linn., est ainsi appelé en Crête... Quelques naturalistes le
nomment aussi mellophagus. (Cu. D.)
MELISSOPHYLLUM. (Bot.) Matthiole, Gesner et d’autres
nommoient ainsi la mélisse ordinaire. Fuchs et Daléchamps
donnoient au mélissot, une autre plante labiée, ce nom,
qui lui avoit été conservé par Haller et Adanson, et auquel
Linnæus a substitué celui de melitis, en y ajoutant celui de
melissophyllum comme spécifique. (J.)
MÉLISSOT. (Bot.) Autre nom vulgaire de la mélite à
feuilles de-mélisse. (L. D.) |
_ MELISTAURUM. ( Bot.) Ce genre de Forster a été réuni
par nous à l’anavinga de Rhéede et d’Adanson, ou Casearia
de Jacquin. (J.)
MÉLITE, Melita. (Crust.) Genre de crustacés fondé par
M. Leach pour placer une espèce de crevette, décrite par
Montagu sous le nom de cancer gammarus palmatus. Voyez
l’article Maracosrracés, tome XXVIIT, page 352. ( Des.)
MÉLITE ; Melitis, Linn. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé-
dones, de la famille des labiées, Juss., et de la didynamie
gymnospermie, Linn., qui offre pour caractères : Un calice
monophylle , campanulé, à trois lobes, le supérieur quelque-
fois échancré; une corolle monopétale, à tube plus étroit que
le calice, et à limbe partagé en deux lèvres, dont la supé-
.
542 MERE °
rieure entière, et l'inférieure à trois grands lobes inégaux ;
quatre étamines didynames, à anthères conniventes par paire
et en maniere de croix; un ovaire supére, quadrifide, du
milieu duquel s'élève un style filiforme, de la longueur des
étamines, terminé par un stigmate bifide et aigu; quatre
graines nues au fond du calice persistant.
Les mélites sont des herbes vivaces, à feuilles simples, op-
posées, et à fleurs axillaires. On en connoîit trois espèces,
dont deux croissent en Europe et la troisième au Japon.
Mérite mÉécyssoPpxyLie : Melitis melissophyllum, Linn., Spec.,
832; Jacq., Flor. Aust., tab. 26. Sa tige est droite, simple,
tétragone, velue, haute d’un pied à dix-huit pouces, garnie,
dans toute sa longueur, de feuilles pétiolées, ovales-oblon-
gues, aiguës, crénelées. Ses fleurs sont blanches avec une
large tache purpurine, solitaires ou deux à trois énsemble
dans les aisselles des feuilles, et sur des pédoncules simples,
à peu pres égaux aux pétioles : leur calice est à trois lobes
entiers, et la lèvre supérieure de la corolle n’est point échan-
crée. Cette plante est commune dans les bois et les lieux
ombragés. Toutes ses parties herbacées ont une odeur forte
et presque fétide, qui lui ont fait donner les nomsde mélisse
punaise, mélisse puante; elle est aussi vulgairement connue
sous ceux de mélisse sauvage ou des bois. Elle passe pour
diurétique , expectorante, et surtout pour emménagogue ; on
lui a aussi attribué la propriété lithontriptique : mais elle n’est
en général que peu ou point employée en médecine.
MÉLITE GRANDIFLORE : Melitis grandiflora, Smith, FI. Brit.,.
2, p. 644; Melitis melissophyllum, Curt., FL Lond., 6, t. 39-
Cette espèce ressemble presque en toutes choses à la précé-
dente ; elle en diffère seulement parce qu’elle est moins velue ;
parce que ses fleurs sont plus grandes, d’un blanc un peu
jaunâtre, et parce que les lobes supérieurs de la corolle et du
calice sont échancrés. Elle croît de même dans les forêts ét
les lieux couverts. (L. D.)
MÉLITE. (Foss.) On a appelé ainsi autrefois les bois fossiles
que l’on croyoit pouvoir rapporter au genre du Frêne. (D. F.)
MÉLITÉE, Melitea. (Arachnod.) MM. Péron et Lesueur,
dans leur Tableau systématique de la famille des médusaires,
ont employé ce nom pour désigner un genre de la division
MEL 543
des Léo: pédonculé , brachidé, non tentaculé ; dontles
huit bras, supportés par autant de pédicules, sont réunis en
une espèce de croix de Malte, et qui n’offre pas d’organes inté-
rieurs apparens. Il ne renferme qu’une seule espèce , la M.
POURPRE, M. purpurea, de la Terre de Witt dans l'Australasie,
dont l’ombrelle hémisphérique est creusée par un estomac
large, profond, ouvert et subconique ; toutes les parties de
l'animal, qui a quarante à cinquante centimètres de diamé-
ire: Su d’une couleur pourpre foncée. (Ds B.)
MÉLITÉE, Melitæa. (Entom.) Genre d'insectes lépidop-
téres, dadcbre du genre Papillon de Linné par Fabricius,
et qui se rapporte au genre Areynxe de M. Latreille. (C. D.)
MÉLITÉE, Melitea. (Zooph.) M. Lamouroux sépare sous
ce nom un assez petit nombre d’espèces d’isis de Linnæus,
de Pallas, d’Ellis et Solander, dont les animaux, tout sem-
blables à ceux de ce genre, c’est-a-dire, avec Îles tentacules
pectinés sur un seul rang, sont contenus dans une sorte d’é-
corce mince, persistante dans l'état sec, enveloppant un axe
dendroïde , à rameaux souvent anastomosés, composés d’ar-
ticulations calcaires substriées, séparées par des intervalles
spongieux et noueux. Les mélitées différent donc des véri-
tables isis par le peu d'épaisseur de l'écorce du polypier,
par sa très-grande adhérence à l’axe, par l’état presque lisse
des articulations pierreuses et la nodosité des parties inter-
articulaires , qui sont aussi moins cornées, en un mot,
moins différentes, de naturé, de structure et de couleur,
des articulations calcaires. La couleur des mélitées est presque
toujours rouge ou jaune. Les polypes, d’après ce qu'en dit M.
Lamouroux, sont . dans les espèces à écorce jaune, et
jaunes dans celles à écorce ro ils sont épars ou disposés
sur les côtes.
Les quatre espèces que MM. Lamouroux et de Lamarck
caractérisent dans ée genre, viennent de la mer des Indes.
La M. ocuracéEe : M. ochracea, Linn., Gmel. ; Seba, Th.,111,
t. 104, fig. 1. Polypier comprimé, très-rameux, dichotome;
les articulations cornées, noueuses et spongieuses; les pier-
reuses inégales, sillonnées dans les grands rameaux seulement.
La M. orAncéE; M. coccinea, Solander, Ellis, p. 107, n°
3,t.12, fig. 5. Plus petite; les rameaux divergens et quel-
s4k | MEL
quefois anastomosés ; les articulations osseuses trés-rouges ;
les entre-nœuds courts, spongieux et jaunes; les cellules .
verruqueuses, à oscules trés-petits. M. Lamouroux a donné à
cette espèce le nom dé M. Risso, de Nice.
La M. RéTIFÈRE : M. refifera, Lamck.; I. aurantia, Esper,
Suppl., 2, tab. 9. Tige épaisse , rameuse; les rameaux dans
‘le même plan, souvent anastomosés ; les articulations très-
rapprochées dans la tige, écartées dans les rameaux et nulles
dans les ramuscules : couleur rouge, pourpre et piquetée.
Cette espèce, qui vient de l'océan Indien, comme les deux
précédentes, et de l’Australasie, offre PERUSANE de variétés
de couleur et de grandeur.
La M. rextirorme; M. textiformis, Lamx., pl. 19, fig. 1.
Tige courte, noueuse , terminée par une sorte de réseau
flabelliforme, à mailles assez grandes et alongées ; couleur
trés-variable : deux à trois décimètres de hauteur. Des mers
de l’Australasie. (DE B.)
MELITHREPTUS. (Ornith.) Voyez Héoro-Tatres. (DEsm.)
MELITIS. ( Bot.) Voyez Mérire. (L. D.)
MÉLITOPHILES. (Entom.) M. Latrcille a donné ce nom
à une division de la section des coléoptères pentamérés, qui
comprend les insectes lamellicornes, qui ont le labre mem-
braneux caché sous une avance du chaperon ; les mandibules
tres-minces ; les mâchoires terminées en forme de pinceau ;
les palpes filiformes ou en massue ; les antennes formées de
dix articles, etc. Cette division comprend les genres Goliath,
Trichie, Cétoine et Crémastochéile. (Desm.) ù
FIN DU VINGT-NEUVIÈME VOLUME.
TTC TES TONER EE NL FOR TT RON LATT OU MONTS Te À D CNE BCE ETES ET UE
STRASBOURG, de l'imprimerie de F. G. Levrauzr.
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