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Full text of "Dictionnaire des sciences naturelles, dans lequel on traite mhodiquement des diffens res de la nature, consid soit en eux-mes, d'apr l'at actuel de nos connoissances, soit relativement l'utilitqu'en peuvent retirer la mecine, l'agriculture, le commerce et les artes. Suivi d'une biographie des plus cres naturalistes .."

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DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES NATURELLES. 


TOME XXIX. 


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Le nombre d'exemplaires prescrit par la lot a été 
déposé. Tous les exemplaires sont revêius de la signature 
de l'éditeur. 


DICTIONNAIRE 


DES 


SCIENCES NATURELLES, 


DANS LEQUEL 


ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, 
CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, D'APRÈS L'ÉTAT ACTUEL DE 
NOS CONNOISSANCES) SOIT RELATIVEMENT A L'UTILITÉ QU'EN 
PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, L'AGRICULTURE, LE COMMERCE 
ET LES ARTS. 


SUIVI D’UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES 
NATURALISTES. 

Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans, 

aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à 


connoître 1e productions de la nature, leurs caractères génériques 
et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. 


PAR 
Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales 
Écoles de Paris. 


TOME VFINGT-NEUVFIÈME. 


F. G. Levrauir, Éditeur, à STRASBOURG, 
et rue des Fossés M. le Prince, N.° 31, à PARIS. 


Le Norwanr, rue de Seine, N.° 8, à PARIS. 
10923. 


Liste dés Auteurs par ordre de Matières. 


Physique générale. 


M. LACROIX, membre de l'Académie des 


Sciences et professeur au Collége de 


France. (L.) à 
Chimie. 


M. CHEVREUL, au  Collége 


royal de Charlemagne. (C«.) 


professeur 


Minéralogie et Géologie. 

M. BRONGNIART, membre de l'Académie 
des Sciences, professeur à la Faculté des 
Sciences. (B.) 

M. BROCHANT DE VILLIERS, membre 
de l’Académie des Sciences. ( B. ne V.) 
M. DEFRANCE, membre de plusieurs 

Sociétés savantes. (D. F.) 


Botanique. 


M. DESFONTAINES , membre de l'Académie 
des Scicnces. (Desr.) 

M. DE JUSSIEU, membre de l’Académie 
des Sciences, prof. au Jardin du Roi. (J.) 

M. MIRBEL, membre de l'Académie des 
Sciences, professeur à la Faculté des 
Sciences. (B. M.) 

M. HENRI CASSINI, membre de la Société 
philomatique de Paris. (H. Cass.) 

M. LEMAN, membre de la Société philo- 
matique de Paris. (Lew.) 

M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS, 
Docteuren médecine, membre de plusieurs 
Sociétés savantes. (L. D.) 

M. MASSEY. ( Mass. ) 

M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés 
savantes et littéraires, continuateur de 
l'Encyclopédie botanique. (Poir.) 

M. DE TUSSAC, membre de plusieurs 
Sociétés savanies, auteur de la Flore des 


Antilles, (De T.) 


Zoologie générale, Anatomie et 
Physiologie. 
M. G. CUVIER, membre et secrétaire per- 


pétuel de l’Académie des Sciences, prof. au 
Jardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. ou G.) 


Mammifères. 
M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, membre 


de l’Académie des Sciences , prof. au Jardin 
du Roi. (G.) 
Oiseaux. 
M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés 
savantes, (Cx. D.) « 


Reptiles et Poissons. 
M. DE LACÉPEDE, membre de l’Académie 
des Sciences , prof. au Jardin du Roi. (L. L.) 
M, DUMERIL, membre de l'Académie des 


Sciences, professeur à l'École de méde- 
cine. (CG. D.) 


M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C.) 


Insectes. 
M. DUMERIL, membre de l’Académie des 


Sciences, professeur à l'École de médecine. 
(Gb 
Crastacés. 
M. W. E. LEACH , membre de la Société roy. 
de Londres, Correspond. du Muséum d’his- 
toire-naturelle de France. { W. E. L.) 


M. À. G. DESMAREST, membre titulaire de 


l'Académie royale de médecine, professeur 


à l'école royale vétérinaire d’Alfort, etc. 


Mollusques, Vers et Zoophytes. 
M. DE BLAINVILLE, professeur à la Faculté 
des Sciences (De B.) 


M, TURPIN, naturaliste, est chargé de 
l'exécution des dessins et de la direction de 


la gravure. 


MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques articles sur les objets 
nouveaux qu'ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets dout ils se sont 
plus particulièrement occupés. M. DE CANDOLLE nous a fait la même promesse. 

M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera aux 


articles généraux de zoologie et à l’histoire 


des mammifères. (EF. C.) 


DICTIONNAIRE 


DES. 


SCIENCES NATURELLES. 


MAN 


ManBéaAER. (Ornith.) Les habitans de la terre des Papous 
appellent ainsi un kakatoës blanc. (Cr. D.) 

MANBOBEK. (Ornith.) Ce nom désigne le Hi er a la 
terre des Papous. (Cr. D.) 

MANBOETOBANNA ( Bot.), nom caraïbe du béilèné bipin- 
nata, cité dans l’Herbier de Surian. (J.) 

MANBOULOU ( Bot. ), nom caraïbe cité par Surian, d’une 
plante Tor dont Plumier fait un milium, et qui paroît 
appartenir à un poa. (J.) 

MANBROUK. (Ornifh.) L'oiseau ainsi nommé par les Pa- 
pous est le pigeon couronné de Banda ou goura, columba co- 
ronala, Linn. (Cu. D.) 

MANCANILLA. (Bot.) Nom caraïbe adopté par Plumier, 
de l'arbre des Antilles nommé par cette raison en françois 
mancénillier. Il a été rejeté peut-être à tort par Linnæus, qui 
en à fait son hippomane. Le nom de mancanilla est encore 
donné, suivant Clusius, dans les environs de Murcie en Es- 
pagne, à la cämomille, et peut-être aussi à quelques gna- 
phales. (J.) 

MANCAPAQUI. ( Bot.) Nom péruvien des deux espèces du 
genre Virgularia de la Flore du Pérou, genre voisin du ca- 
praria parmi les personnées. On le donne aussi au calceolaria 
pinnata de la même famille. Feuillée cite encore dans le Chili, 

29e d 


: * MAN 


sous le nom de mangapaki, une plante qu’il regarde comme 
une conyse. (J.) 

MANCÉNILLIER, Hippomane. ( Bot.) Genre de plantes di- 
cotylédones, à fleurs monoïques, de la famille des euphorbia- 
cées, de la monoécie monadelphie, dont le caractère essentiel 
est d’avoir des fleurs monoïques : dans les mâles, un calice 
bifide, point de corolle; quatre étamines, à filamens soudés 
en un seul, et à anthères arrondies et disposées en croix; dans 
les fleurs femelles, un calice à trois divisions, un ovaire, un 
style court; plusieurs stigmates , un drupe charnu, laiteux, 
renfermant une noix ligneuse , à plusieurs loges monospermes, 
presque indéhiscentes. 

MancÉNILLIER VÉNÉNEUX : Hippomane mancenilla , Linn.; 
Lamck., Ill, gen., tab. 793; Commel., Hort., 1, tab. 68; Sloar., 
Jam., 129, hist. 2, tab. 159. Arbre trés-renommé par la qua- 
lité vénéneuse attribuée au suc laiteux qui découle de toutes 
ses parties. Ses rameaux sont glabres, nombreux, souvent 
ternés, revêtus d’une écorce grisàtre ; les feuilles pétiolées, 
alternes , éparses, ovales, aiguës, un peu en cœur à leur base, 
vertes, luisantes, médiocrement dentées en scie, longues de 
trois à quatre pouces; les stipules courtes, ovales, caduques; 
les fleurs petites, monoïques, réunies sur des épis droits, peu 
garnis : les mâles agglomérées par paquets dans des écailles 
concaves , éparses et distantes dans presque toute la lon- 
gueur des épis, avec deux grosses glandes latérales, orbicu- 
laires, à la base des écailles : les fleurs femelles solitaires et 
sessiles ; quelquefois une ou deux dans le bas des épis mâles, 
les autres sur de jeunes rameaux qui ne portent point d’épis. 
Les fruits ont la forme, la couleur et l’odeur d’une petite 
pomme : leur écorce est luisante , d’un vert jaunâtre; la pulpe 
blanche et laiteuse; la noix de la grosseur d’un marron, 
profondément sillonnée, ordinairement à sept valves, à sept 
loges monospermes, armée d’apophyses aiguës, tranchantes, 
irrégulières. Cette plante croît aux lieux sablonneux, sur les 
bords de la mer, dansles Antilles etautres contrées de l'Amé- 
rique méridionale. 

La plupart des auteurs disent que le mancénillier fournis- 
soit un bois dur, compacte , d’un beau grain, de très-longue 
durée, prenant aisément le poli; qu’il est d’un gris cendré, veiné 


MAN 3 


de brun, avee des nuances de jaune, tres-fréquemment em- 
ployé en Amérique pour des meubles élégans, des boiseries 
etautres usages domestiques. M. de Tussat prétend quele bois, 
dont il est ici question, n’est point celui d’un mancénillier, 
mais d'un sumac qui porte quelquefois Le nom de mancénillier 
des montagnes. Selon le même auteur, le bois du véritable 
-mancénillier est mou, et ne peut servir à faire des meubles. 
Son exploitation est, dit-on, trés-diffcile, par le danger au- 
quel s’exposent ceux qui abattent ces arbres : les ouvriers qui 
les scient et les mettent en œuvre, sont sujets à être incom- 
modés par la poussière qui s’en dégage. Quand on veut abattre 
un de ces arbres, on commence par environner le pied d’un 
grand feu de bois sec, afin de priver la base du tronc de son 
suc laiteux; ce n’est que lorsque l’on juge qu’il est suffisam- 
ment évaporé, qu’on se permet de se servir de la hache; de 
plus, les ouvriers ont la précaution d’entourer leurs yeux 
d’une gaze , de crainte que des molécules ou quelques gouttes 
de liqueur ne s’y introduisent, et n’y excitent des inflamma- 
tions dangereuses. Les habitans de la Martinique ont autrefois 
consumé par le feu des forêts entières de mancénilliers, afin 
de purger leurs habitations de cet arbre malfaisant. 

Le suc laiteux, qui découle de toutes les parties du man- 
cénillier, est trés-blanc, trés-abondant, très-caustique, et 
trés-vénéneux. Une goutte de ce suc, reçue sur le dos de 
la main, y produit bientôt une ampoule pleine de séro- 
sité, comme feroit un charbon ardent, ce qui peut faire 
juger des ravages qu’il causeroit, si on le prenoït à l’intérieur. 
Les Indiens trempent dars ce sue le bout de leurs flêches 
qu'ils veulent empoisonner; elles conservent très-long-temps 
leur qualité vénéneuse. On a dit que le mancénillier étoit 
dangereux jusque dans son ombre, et même dans la pluie 
qui avoit été en contact avec son feuillage ; mais ces récits pa- 
roissent exagérés. Plusieurs voyageurs, Jacquin en particu- 
lier, se sont souvent reposés sous cet arbre, durant l’espace 
de trois heures, sans éprouver le moindre RES etJacquin 
a reçu sans Hohitodité sur les parties nues de son corps la 
pluie qui tomboit à travers la cime du mancénillier. Nous 
croyons cependant qu'il n’est pas sage de rester exposé aux 
vapeurs de cet arbre, surtout lorsque les chaleurs sont ex- 


Ve 


A NAN 

cessives , et dans les momens où il transpire davantage. Il peut 
résulter, pour les personnes qui resteroient plongées trop long- 
temps dans son atmosphère, des maux de tête, des inflamma- 
tions aux yeux, des Cuissons aux lèvres, etc. Les huileux, les 
mucilagineux et les adoucissans remédient aux mauvais effets 
du mancénillier. On dit qu’un gobelet d’eau de la mer, bu 
sur-le-champ et à longs traits, suflit pour guérir promptemenut 
ceux qui auroient eu le malheur d’avaler quelques parcelles 
du fruit de cet arbre. (Porr.) 

MANCHE DE COUTEAU. ( Conchyl.) C’est le nom vulgaire 
d’un certain nombre d’espécesde so!len, dont la forme alongée, 
étroite , à bords paralléles, rappelle assez bien celle de nos 
manches de couteau; le solen-gaine, solen vagina, est surtout 
dans ce cas. Voyez Socex. ( DE B.) 

MANCHE-HACHES. (Bo.) Voyez Caraïre. (J.) 

MANCHEHOUÉË. ( Bot.) Voyez Bois De Mancusnové. (J.) 

MANCHE DE VELOURS. (Ornith.) Cette dénomination est 
une traduction de celle de Mangas de veludo, originairement 
donnée par des navigateursportugais à desoiseaux qui changent 
de plumage jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur troisième année, 
et de la vient la discordance qu’on remarque dans les récits, 
toujours peu exacts, des marins, habitués à appliquer vague- 
ment la premiére idée qui les frappe à des êtres qu'ils n’ont 
souvent pas l’occasion d'examiner de près. Parmi ceux qui les 
premiers ont parlé de ces oiseaux, sont le capucin Merolla, 
dont la relation est analysée dans l'Histoire générale des 
Voyages, sous la date de 1682, tome IV, in-4.°, pag. 528 et 
suiv., et le P. Tachard, dans son Voyage à Siam. Le premier 
dit que les oiseaux, dont ils’agit, sont de la grosseur d’une oïe, 
qu’ils -ont le bec long, le plumage d’une extrême blanchèur, 
et sont des messagers qui annoncent l'approche de la terre, où 
ils retournent tous les soirs après avoir volé pendant le jour . 
sur la mer. Le second ajoute que la pointe de leurs ailes 
est d’un noir velouté, et c’est à cette derniere circonstance 
que leur nom semble principalement être dû ; mais Linschott, 
cité par Dapper, dans sa Description de l'Afrique, pag. 565, 
parle d'individus dont les ailes étoient piquetées de noir, et 
il ya ün moyen fort simple de concilier ces variations. 

Les manches de velours sont des fous, sula, que.les natura- 


MAN 5 
listes ont considérés comme formant plusieurs espèces, peintes 
sous diverses dénominations dans les Oiseaux enluminés de 
Buffon , ais qui n’en constituent qu’une seule sous des états 
différens. On peut, en effet, s'assurer par la lecture du mot 
Fou , tome XVII, pag. 275 de ce Dictionnaire ,que c'est seule- 
nent a l’âge de trois ans quelle fou de Bassan, pelecanus bassanus, 
Lino., acquiert une couleur parfaitement blanche sur toutes 
les parties du corps, à l'exception des rémiges et de l'aile bà- 

tarde, qui deviennent d’un beau noir de velours, ce qui a tout 
naturellement donné naïssance au nom de l'oiseau. 

On auroit tort de regarder les manches de velours comme 
particuliers à certaines plages; ils sont fort répandus dans l'an- 
cien continent, et notamment sur les côtes d'Afrique, sur le 
banc des Aiguilles, et dansles environs du cap de Bonne-Espé- 
rance. Bernardin de Saint-Pierre dit, dans son Voyage à l'Ile- 
de-France, tome I.*, pag. 65, en avoir vu à la hauteur du 
cap Finistère, et la circonstance des ailes bordées de noir prouve 
qu'il ne s’est pas trompé sur l'espèce, quoique, sans doute à 
cause de l'éloignement , ilne les ait assimilés, pour la grosseur, 
qu’au canard. Ce qu'il ajoute, sur leur habitude de revenir 
tous Les soirs a terre, n’est pas toujours exact; car, malgré 
l'opinion des gens de mer sur ce point, ils s’éloignent quelque- 
fois au large à d'assez grandes distances pour ne pouvoir pas 
retourner à terre dans la même journée. En effet, le capitaine 
Marchand, se trouvant à 22 degrés et demi de latitude sud , et 
à environ 120 lieues dans l’ouest de la terre d'Afrique la plus 
prochaine, a vu des manches de velours qui, mêlés avec des 
albatros et des péirels, l'ont constamment suivi du 13 au 22 
mai. (Cu. D.) 

MANCHETTE DE LA VIERGE ( bot.), un des noms vul- 
gaires du liseron des haies. { L. D.) 

MANCHETTE DE NEPTUNE. ( Conchyl. et Polyp. j Les mar- 
chandsd’objets d'histoire naturelle emploientquelquefois cette 
dénomination pour désigner une espèce de buccin , le buccinum 
bezoar de Gmelin, sans doute à cause des espèces de dente- 
lures que forment les rugosités dont il est orné; mais le plus 
souvent ils désignent ainsi l'espèce de millepore, qui fait le 
type du genre Retépore de M. de Lamarck; le Rerérore DEN- 
TELLE DB MER, Retepora cellulosa, Voyez Rerérore. (DE B.) 


6 MAN 

Les MANCHETTES GRISES. (Bot.) Paulet (Trait,, 2,p..237, 
pl. 46, fig. 3) fait connoître sous ce nom un agaric de sa fa- 
mille des bassets à crochet. Ce champignon, de couleur grise 
glauque, croît en touffe au pied des arbres dans la forêt de 
Sénart. Son chapeau est sillonné ou plissé en quelque sorte 
comme une manchette et d'apparence soyeuse. Ses feuillets 
sont inégaux et adhérens au stipe. Celui-ci a un pouce et 
demi ou deux de hauteur. Cette plante n’est pas malfaisante. 
(Lem.) 

MAN CHIBOCÉE, ( Bot. ) C’est le nom que les Gonsitibs don- 
nent aux fruits du Mammeï. Voyez ce nom. (Lem.) 

MANCHOT. (Ichthyol.) Nom spécifique d’un poisson plat 
de la famille des hétérosomes. C’est le pleuronectes mancus, des 
auteurs. Voyez Preuronects et Turzor. (H. C.) 

MANCHOT. (Ornith.) Les oiseaux ainsi appelés sont les 
moins volatiles que l’on connoisse : leurs pieds étant placés 
plus en arrière que chez tous les autres palmipèdes, ils sont 
obligés, pour se soutenir à terre , de se tenir debout en s’ap- 
puyant sur le tarse, qui est court et élargi comme la plante 
du pied d’un quadrupède. Au lieu d’ailes munies de pennes, 
ils n’ont que de simples ailerons pendans , qui ne sont recou- 
verts que de rudimens de plumes ayant l'apparence d’écailles, 
et qui, faisant l’oflice de nageoires dans l’eau , peuvent tout 
au plus, hors de cet élément, servir de balanciers pour les 
aider à se maintenir en équilibre dans leur marche vacillante. 

M. Geoffroi de Saint-Hilaire a lu en 1798 à la Société phi- 
lomathique des observations sur les manchots, qui ont ensuite 
été insérées au tome 6. du Magasin Encyclopédique, troisième 
année, pag. 11. Il y a comparé leur organisation à celle des 
phoques, surtout pour la conformation des pieds qui n’offrent 
pas, comme chez les autres oiseaux, un os unique, alongé, 
relevé et faisant partie de la jambe. Le tarse est au contraire 
composé de trois pièces , dont les deux externes sont presque 
totalement soudées par leurs bords contigus, etles deux pièces 
extérieures disjointes vers le milieu et à leur extrémité in- 
férieure : d’où il résulte que les manchots marchent autant 
sur le tarse que sur le reste du pied, tandis que tousles autres 
oiseaux ne s'appuient que sur les doigts. 

Brisson a divisé les manchots en deux genres , dont les ca- 


MAN ie 07 
ractères ne diffèrent qu’en un seul point assez peu important, 
savoir que chez l’un le bout de la mandibule inférieure est 

tronqué, tandis que chez l’autre il est arrondi. Cet auteur a 
_ appliqué au premier genre, ou manchot proprement dit, le 
nom de spheniscus donné par Mochring aux macareux, et au 
second genre le nom françois de gorfou, tiré de goirfugl, qui 
aux îles Féroé est celui du grand pingouin, et lé nom grec de 
cakarractes , originairement employé pour désigner un oiseau 
volant très-bien et se précipitantsursa proie, c’est-a-dire vrat- 
semblablement une espèce de mouette. Il le présente d’ail- 
leurs comme ayant quatre doigts, dont les trois antérieurs 
sont joints ensemble pe des membranes entières, outre une 
petite membrane qui règne le long du côté intérieur du doigt 
interne; les jambes placées tout-à-fait en arrière et cachées 
dans l’abdomen ; le bec droit, et le boit de la mandibule su- 
périeure crochu. 

Forster a donné aux manchots le nom d’aptenodytes, lequel 
a été adopté, pour les diverses espèces, par Gmelin, par La- 
tham et par Illiger, qui les comprennent toutes sous des ca- 
ractères généraux, consistant en un bec droit, légèrement 
comprimé, un peu tranchant, dont la Handiiite supérieure, 
crochue à la pointe, est sillonnée obliquement, et dont l’infé- 
rieure est tronquée; des pieds tétradactyles dontlestrois doists 
antérieurs sont palmés , et dont le pouce, qui manque dans 
une espèce, est trés-court , tourné en devant, et uni au doigt 
intérieur par sa base ; des narines longitudinales placées dans 
le sillon de Ia mandibule supérieure ; une langue conique et 
garnie, ainsi que le palais, de piquans tournés en arrière ; 
des ailes courtes en forme de nageoires, dont Ia peau n'est 
recouverte que de quelques petits tuyaux de plumes, nulle- 
ment propres au vol; la queue remplacée par un petit fais- 
ceau de plumes. 

M. Vieillot, appliquant 1e nom de spheniscus à la famille 
des RU l’a sous-divisée en deux genres, les gorfous 
eudyptes, qui ont la mandibule supérieure crochue, l’infé- 
rieure arrondie ou tronquée à la pointe; et les Abténodyies, 
aplenodytes , dont le bec estalongé, droit, subulé , grêle, cylin- 
drique, pointu et incliné versle bout de sa partie supérieure. 
Cet auteur range presque toutes les espèces dans le prgnier de 


8 ; MAN 


ces genres, et l’apténodyte papou seukment dans le se- 
cond. 

M. Temminck, sans adopter de type commun, distribue les 
oiseaux dont il s’agit en deux genres particuliers. Les sphé- 
nisques, spheniscus, ont, pour caractères principaux, le bee 
plus court que la tête, comprimé, très-gros, droit, silionné 
obliquement, dont les deux mandibules ont leurs bords flé- 
chis en dedans, et dont l’inférieure, couverte de plumes à sa 
base, est tronquée ou obtuse à la pointe : dans ce genre, se 
trouvent placés les aptenodyles chrysocome, demersa et minor 
de Gmelin et de Latham. 

Le même ornithologiste réserve le nom de manchot, apteno- 
dytes, à son secand genre, composé d’espècesquiontle bec plus 
long que la tête , grêle, droit, fléchi à la pointe , avec les man- 
dibules à peu prés égales, dont la supérieure est sillonnée dans 
toute sa longueur, et dont l’inférieure, plus large à sa base, 
est couverte d’une peau nue et lisse. Ce genre comprend les 
aptenodytes patachonica, chiloensis et papua de Sonnerat. 

Enfin, suivant M. Cuvier, dans son Règne animal, on peut 


diviser les manchots en trois sous-genres : savoir, 1.° les Maw-- 


cuo1s proprement dits, aplenodytes, dont le bec est grêle, 
long , pointu, et la mandibule supérieure un peu arquée vers 
l'extrémité, couverte de plumes jusqu’au tiers de sa longueur, 
où est la narine, et d’où part un sillon qui s'étend jusqu’au 
bout. L'auteur cite pour espèce l’aptenodytes patagonica. 

2.* Les Gorrous, dont le bec, fort, peu comprimé, pointu, 
à dos arrondi, à pointe légèrement arquée , a un sillon qui 
part aussi de la narine, et se termine obliquement au tiers 
du bord inférieur. Les espèces que l’auteur y admet sont les 
aptenodytes chrysocome , catarractes, papua, torquata, minor. 

3.° Les SrPHÉNISQUES, chez lesquels le bec est comprimé, 
droit, irrégulièrement sillonné à sa base, le bout de la man- 
dibule supérieure crochu, celui de l’inférieure tronqué, et 
dont les narines, situées au milieu du bec, sont découvertes. 
L'auteur n'indique pour ce sous-genre que l’aptenodyles de- 
mersa , dont l'aptenodytes torquala ne lui paroit pas beaucoup 
différer. 

Comme sous le mot Gorrou, tom. XIX de ce Dictionnaire, 
on a renvoyé au mot Mancuo= la description des diverses es- 


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MAN 9 


pèces portant vulgairement ce dernier nom, il a paru con- 
venable de commencer cet article par l'exposition des ca- 
ractères d’après lesquels les ornithologistes modernes ont 
cru pouvoir les diviser. Il existe d’ailleurs tant d’ineertitudes 
sur la plupart des espèces, admises par les uns, rejetées par 
d’autres, qu’on ne sauroit les présenter comme constantes 
sans risquer de commettre des erreurs. Il est même difhcile 
d'établir une concordance exacte dans les synonymies. 
Ces oiseaux qu’on ne trouve que dans les mers et les îles 
antarctiques, tandis que la nature semble avoir assigné les 
mers du Nord aux pingouins, ont le cou gros et court, la 
peau dure et épaisse comme celle du cochon; leur ventre est 
couvert d’une grande quantité de graisse. On a déjà exposé 
que, vu la situation de leurs pieds, ils sont forcés de se 
tenir debout par terre, et comme assis sur leur croupion. 
Réunis en troupes, ils ressemblent en quelque sorte de loin à 
des enfans, et se laissent approcher en penchant la tête de 
côté et d'autre. On peut les prendre à la course et les assom- 
mer à coups de pierres ou de bâton ; mais on ne doit pas 
attribuer à la stupidité ce qui n’est qu’une conséquence na- 
turelle de leur conformation, laquelle ne leur permet pas dese 
soustraire avec assez de rapidité à des dangers que d’ailleurs 
ils connoissent peu dans leurs habitations désertes. S'ils sort 
surpris, ils se défendent en donnant des coups de bec aux 
jambes :ils ont même recours à la ruse, et, en paroissant 
fuir d’un côté, ils se retournent prestement, et pincent si 
fort qu’ils emportent la peau, quand les jambes de ceux qui 
les attaquent ne sont pas bien garnies. Au reste ils viennent 
rarement sur terre, hors le temps des couvées qu’ils font dans 
de petitesiles le long de la côte ; ils se tiennent deboutsur leur 
nid où les femelles ne paroiïssent en général poudre que deux 
ou trois œufs, quoique Molina dise que le manchot du Chili 
en fait dans le sable six ou sept qui sont blancs et tachetés de 
noir. | 

Suivant Pagès, dans son Voyage autour du monde, les aile- 
rons des manchots leur serviroient de temps en temps de 
pattes de .devant, et alors ils marcheroiïent plus vite; mais 
cette assertion ne sauroit être admise, puisque l'attitude ver- 
ticale est une conséquence de la situation de leurs jambes, et 


5 
* 


10 MAN 

qu’êlle est inconciliable avec l’emploi prétendu des ailerons , 
qui les forceroit à se courber, et qui ne peut avoir lieu que 
dans le cas où ils s’en aideroient pour éviter une chute, ou 
pour se relever. x 

Graxp Maxcuor. Cet oiseau, le plus grand du genre, et qui 
a trois et jusqu’à quatre pieds de longueur, est l’aptenodytes 
patachonica de Gmelin, de Latham,deM.Temminck, etle grand 
gorfou de M. Vieillot. On en trouve la figure dans les planches 
enluminées de Buffon, n.° 575, sous la dénomination de man- 
chot des iles Malouines. C’est aussi le même oiseau qui est re- 
présenté dans le Voyage de Sonnerat à la Nouvelle-Guinée, 
pag. 176, pl. 113. Le bec, plus long et plus délié que celui des 
autres espèces, est noir dans les deux tiers de son étendue, 
mais la pointe de la mandibule supérieure est jaunâtre, et la 
base de la mandibule inférieure est orangée; l'iris est de cou- 

leur noisette; la tête, le dessus du cou et la gorge sont d’un 
brun noir; une bande jaunâtre et bordée de noir passe der- 
rière les oreilles, sous les yeux, et s’étend sur les côtés du cou; 
le dos est d’un cendré bleuâtre, et tout le dessous du corps est 
blanc; les tarses sont courts et écailleux, les doigts fort gros et 
d’un brun noir, ainsi que les membranes. Leur chair est noire, 
et a un goût musqué. 

Quand ces oiseaux font entendre leur voix, qui ressemble 
au braiment d’un âne, ils alongent le cou, ce qui, dit Bou- 
gainville, donne un air de noblesse à leur allure. On les voit 
ordinairement en troupes ; et quelquefois au nombre de qua- 
rante; mais, quoiqu'ils paroissent rangés en bataille, ils s’ef- 
forcent de fuir du côté de l’eau, lorsqu'ils en ont le temps; 
et, dés qu’ils en trouvent assez pour couvrir leur cou et leurs 
épaules, ils s’y enfoncent et nagent avec tant de vitesse qu’au- 
cun poisson ne peut les suivre. Lorsqu'ils rencontrent quelque 
obstacle, ilss’élancent à quatre ou cinq pieds hors de l’eau, etre- 
plongentensuite pour continuer leur route. Bougaïinville avoit 
formé le projet de transporter vivant en Europe un individu 
qui mangeoit le pain et la viande comme le poisson, et qu’on 
avoit apprivoisé jusqu’à connoitre et suivre celui qui étoit 
chargé de le nourrir; mais ces alimens ne lui suflisoient pas, 
sans doute, et il est mort aprés avoir successivement maigri. 

Cesoiseauxnese rencontrent passeulement aux îles Falkland 


MAN | 11 


ou Malouines, mais dans plusieurs autres îles de la mer du 
sud, au détroit de Magellan, et même à la Nouvelle-Hollande. 
Ils se logent dans les glayeuls, comme les loups marins, etse 
terrent dans des tanières, comme les renards. 

Mancaor sauTEUR : Aptenodytes chrysocome, Gmel. et Lath.; 
Gonrou sauTeur de MM. Cuvier et Vieillot, espèce du genre 
Sphénisque de M. Temminck. Cet oiseau , représenté sous le 
n.° 984, dans les pl. enl. de Buffon, avec la dénomination de 
Manchot de Sibérie, dont l’auteur lui-même a reconnu la faus- 
seté, puisqu'il n’habite pas dans les régions septentrionales, 
a été trouvé par des voyageurs aux terres magellaniques, à celle 
de Van-Diémen , dans l’île de la Désolation, au cap de Bonne- 
Espérance. De la taille d’un fort canard, il n’a qu'environ un 
pied et demi de longveur, et se distingue surtout des autres 
espéces par une aigrette jaune qui, partant des sourcils, s’é- 
tend des deux côtés de la tête vers l’occiput, et se relève 
lorsque l’oiseau estirrité. Les narines sont situées versle milieu 
du bec, qui est glabre et de couleur rougeâtre aïnsi que l'iris. 
Le dessus de la tête, la face, le dessous du cou, le dos et les 
ailes sont d’un noir bleuâtre, et toutes les parties inférieures 
d’un blanc de neige; les pieds sont jaunâtres. Le nom de sau- 
teur a été donné à cet oiseau parce qu'au lieu de marcherilne 
se transporte d’un place à une autre que par sauts et par 

bonds. C’est probabiement d’après cette circonstance que Bou- 
gainville, tom. 1, pag. 122 de son Voyage autour du monde, 
attribue à cette espèce plus de vivacité qu'aux autres. Cet au- 
teur dit aussi qu'il vit en famille sur de hauts rochers, et y 
fait sa ponte qui, suivant Latham, né consiste qu’en un seul 
œuf, que la femelle dépose à terre dans un creux. M. Levaillant, 
qui a trouvé l'oiseau dont il s’agit dans la baie de Saldanha 
et au lac Perdu, et qui en parle dans ses Voyages au cap de 
Bonne-Espérance, pag. 42 du I.”, et pag. 357 du II.°, édition 
in-4.°, a accompagné sa première notice d’une figure qui laisse 
mieux voir le doigt de derrière que lesautres; mais, loin d’être 
d'accord avec Bougainville sur la vivacité de ces animaux, 
il annonce que; bien dressés sur leurs pattes, ilsnese donnoient 
même pas la peine de se déranger pour laisser passer tes per- 
sonnes qui s’'avançoient vers eux. 

Mancuo® rArou; Aptenodytes papua, Gmel., Lath. Sonne- 


AE MAN 


Tat a décrit cet oiseau dans son Voyage à la Nouvellé:Gui- 
née, pag. 181, etilen a donné une figure, pl. 115. C’est, 
Comme on en a déjà fait l'observation , la seule espèce du genre 
Apténodyte de M. Vieillot; ellese trouve à la Nouvelle-Guinée 
et aux îles Falkland et des Papous; sa longueur excéde deux 
pieds; sa tête et son cou sont d’un gris tirant sur le noir ; elle 
a sur chaque côté de la tête, au-dessus de l'œil, une grande 
marque blanche, et les deux sont réunies à l’occiput par une 
raie étroite de la même couleur : le cou, le dos et la queue sont 
d’un noïrtirantsur le bleu; lesailesle sont aussi dans le milieu, 
mais le bord extérieur est gris et l’intérieur blanc, ainsi que 
la poitrine, le ventre et les cuisses; l'iris est jaune; le bec et 
les piedssont roussàtres. 

Maxcnor racneté; Apienodytes demersa , Lath. et Gmel. Cet 
oiseau porte sur la PI. enl. de Buffon, n.° 382, le nom de 
manchot du cap de Bonne-Espérance; mais il se trouve en 
beaucoup d’autres contrées, et Latham regarde comme appar- 
tenant à la même espèce le manchot à bec tronqué de Buffon, 
le manchot tachelé de Brisson , le pingouin à lunettes de Pernetty, 
de sorte qu’enle décrivant, il seroit difficile d’éviter des confu- 
sions. La longueur de ce manchot est de près de vingt pouces. 
Son bec, noirâtre, alamandibuleinférieure tronquée à l’extré- 
mité, etune bandelette d’un blancjaunâtrelestravérse perpen- 
diculairement toutes deux vers la pointe. Le mâle a de plus un 
sourcil blanc : le dessus du corps, les côtés de la tête et la gorge 
sont noirs; une sorte de scapulaire de la même couleur part du 
baut dela poitrine, qui est blanche ainsi que les parties infé- 
rieures, et s'étend sur les flancs; mais cette particularité ne se 
rencontrepascheztouslesindividus, etlaplanche:005 de Buffon 
en représente un qui en est dépourvu et a tout le dessous du 
corps blanchätre. Buffon pense que celui-ci est une femelle, 
ct l’on seroiïit peut-être mieux fondé à le considérer comme 
un jeune. Les pieds et les ongles sont noirs. | 

Ce sont probablement des manchots de cette espèce qui ont 
donné lieu à la petite scène dont parle Forster dans le seeond 
Voyage du capitaine Cook. Le docteur Sparrman étant sur la 
terre des Etats, rencontra des manchots endormis, et tenta 
d’en réveiller un en le roulant à une certaine distance, mais on 
n’y parvint qu'en le secouant à différentes reprises. La bande 


MAN . 5 
se leva ensuite tout entière, et se précipita avec violence 
sur ceux qui l’entouroient en mordant leurs jambes et leurs 
habits. Pour s’en débarrasser on fut obligé d’en laisser un grand 
nombre sur le champ de bataille ; maïs, tandis qu’on poursui- 
voit les autres, on fut surpris de voir les premiers se relever 
et reprendre gravement leur marche. 

MM. Gaimard et Quoy, médecins naturalistes de l’expédi- 
tion de découvertes autour du monde , commandée par le ca- 
pitaine Freycinet, ont bien voulu communiquer à l’auteur de 
cet article des notes intéressantes sur cette espèce de manchots 
dont ils ont été à portée d’observer les mœurs aprés le nau- 
frage de l’Uranie; en voici l’extrait: 

On trouve aux iles Malouines le grand manchot et le man- 
chot huppé; mais ces oiseaux, qui s’avancent trés-loin dans la 
mer où ils se reposent vraisemblablement sur les îlots de glaces 
flottantes, sont fortraresaux Malouines, tandisque l’aplenodytes 
demersa, la même espèce que celle du cap de Bonne-Espérance, 
n’est nulle part aussi nombreux que dans les petites îles qui y 
sont enclavées, et surtout dans celle àlaqueile on a mala propos 
donné le nom d'ile aux Pingouins, ces derniers oiseaux, qui 
ont des rapports avec les manchots, habitant exclusivement 
comme on l’a déjà dit, l'hémisphère arctique. 

Les manchots dont il s'agit pèsent de dix a douze livres. Ils 
ont un tube digestif d'environ vingt-cinq pieds, et souvent ils 
prennent tant de nourriture à la fois, qu'ils sont obligés d’en 
dégorger. Lorsqu'ils nagent, on ne voit que leur tête hors de 
l’eau, etils atteignent les poissons avec d'autant plus de facilité, 
qu'outre la rapidité de cette chasse , ils sautent aussi à la ma- 
niére des bonites. Ils restent six mois en mer, mais pendant 
l'été et l'automne, ils passentla plus grande partie dela journée 
au milieu des grandes herbes dont les bords de l'ile sont entou- 
rés, et où ils pratiquent en tous sens des sentiers dans lesquels 
les hommes peuvent circuler librement en écartant le hautdes 
feuilles avec la main. Ils y creusent avec leur bec des trous en 
forme de four, de deux à trois pieds de profondeur, et dont 
l'entrée esttrès-basse etassez large. C’est là qu'ils demeurent, et 
que les femelles pondent deux ou trois œufs d’un jaune sale et 
de la grosseur de ceux des dindons. De grand matin et le soir 
tous les manchots sortent de leurs trous pour aller pêcher; à 


14 MAN 

leur retôur, ils se forment en troupes sur le rivage, où ils font 
entendre tous à la fois des cris semblables au braïiment de l’âne, 
et presque aussi forts. Quand ils marchent dans leurs sentiers, 
on croit entendre le trot d’un petit cheval; les jeunes ont d’ail- 
leurs un cri particulier et propre à faire reconnoître la pré- 
sence de ces animaux, qui échappent rarement à une vive 
poursuite, et qu’on peut tuer avec des bâtons courts, en ayant 
soin d'éviter les coups de bec qu’ils portent aux jambes et qui 
pincent jusqu’au sang. Ceux qui parviennent à se réfugier dans 
les trous, en sont retirés à l’aide d’un fer pointu, terminé par 
un tire-bouchon. Quand on arrive sur l’ile avant que les man- 
chots y soient rentrés, on se cache jusqu’à ce qu'ils se trouvent 
engagés sur les pierres dont la plage est recouverte, et où le 
foible secours de leurs pieds arrondis et de leurs courtes na- 
geoires est insuffisant pour lessoustraire aux attaques des chas- 
seurs. < 

Lorsque les petits sont en état de gagner la haute mer, a 
troupe entière abandonne l’île dans la même journée, jusqu'a 
l’époque où elle devra s'occuper des soins de la propagation. 

Mancuor A cocier ; Aplenodytes torquata, Gmel. et Lath. Cet 
oiseau, qui ne paroît pas à M. Cuvier être beaucoup différent 
de l'espèce précédente , et que Buffon rapporte à son manchot 
moyen, mais dont Latham fait une espèce particulière, a été 
trouvé a la Nouvelle-Guinée par Sonnerat, qui l’a figuré pl. 114 
de son Voyage en cette contrée, et Forster l’a vu aussi à la Nou- 
velle-Géorgie et à la terre de Kerguelen. Il a 15 à 16 poucesde 
longueur; la tête, la gorge et tout le dessus du corps sont noirs, 
et les parties inférieures sont blanches; il a aussi un demi-col- 
lier de la même couleur qui coupe par le milieu le fond noir 
du dessus et des côtés du cou; les yeux sont entourés d’une 
membrane nue, ridée, et teinte de rouge de sang; le bec, les 
pieds et l'iris sont noirs. 

Penir Mancxor; Aptenodytes minor, Lath. et Gmel. Cette es- 
pèce, qui a environ 14 pouces de longueur et n'est pas plus 
grande qu'une sarcelle, est figurée au tom. 3 du Synopsis de 
Latham, pl. 103, pag. 5792. La mandibule supérieure de son bec 
est noirâtre, et l'inférieure, un peu tronquée, est bleue à la 
base. Les plumes qui couvrent le dessus du corps sont en général 
d’un bleu cendré, et celles des partiesinférieures sont blanches; 


MAN 15 


mais leur taille et leur couleur sont sujettes à de grandes varia- 
tions. Les pieds, d’un rouge terne, ont les membranes noirâtres 
et les ongles noirs. On trouve cet oiseau à la Nouvelle-Zélande, 
où il est connu sous le nom de korora ; il creuse, dans les ro- 
chers, des trous profonds où la femelle pond ses œufs, et ces 
trous sont si nombreux qu’on ne peut faire quelques pas sans 
s’exposer à s’y enfoncer jusqu'aux genoux. Les habitans du dé- 
troit de la Reine Charlotte, qui les tuent à coups de bâton, 
les mangent après leur avoir enlevé la peau; etregardent leur 
chair comme une bonne nourriture. 

On compte encore dans la famille des manchots l’aptenodytes 
catarracles, qui est le Gorfou de Brisson, pl. 49 de Histoire 
des Oiseaux d'Edwards, et que Gmélin et M. Cuvier présentent 
comme une espèce distincte, mais qui, selon M. Temminck, 
est un manchot sauteur dans son jeune âge. D’une autre part, 
le nom de cet oiseau, qui habite l'Océan austral, est cité par 
Sonnini, à l’article Manchot à bec tronqué, parmi les synonymes 
de cette espèce, dont il rapproche également l’'aptenodytes 
magellanica. Quoi qu'il en soit, l'aptenodytes catarractes est , sui- 
vant Latham, de la longueur d’une oie, et il a la mandibule 
supérieure un peu crochue, l’inférieure arrondie, le devant 
de la tête brun, l’occiput et tout le dessus du corps rougeûtres, 
les parties inférieures blanches; et l'aptenodytes magellanica , 
qui, suivant le même auteur, a du rapport avec l’aptenodytes 
demersa, dont il se distingue toutefois par son collier noir, a 
le bec noir avec une tache rougeàtre, l'iris d’un rouge brun, 
les pieds rouges avec des taches noires. 

On trouve aussi parmi les espèces que Gmelin et Latham ont 
décrites, le manchot antarctique, aptenodytes antarctica, dont 
M. Cuvier ni M. Temminck ne font aucune mention, et qui, 
suivant Forster , est très-nombreux à l'ile de la Désolation et 
près des montagnes et desiles de glaces. L'auteur allemand à 
qui est due la première description, dit qu'il a le becun peu 
conique, plus court que la tête, et les pieds rouges; qu’une 
bande noire va des oreilles à la gorge; que le dessus de son 
corpsest noir, et le dessous d’un blanc soyeux. 

Molina a Fees pag. 217 etsuiv. deson Histoire naturelle du 
Chili, sous les noms de diomedea chiloensis et de diomedea chi- 
lensis, qu’il ne faut pas confondre, deux manchots que Latham 


16 MAN 


et Gmelin ont admis comme espèces, mais dont M. Cuvier ne 
parle pas, et dont la premiére seulement est citée par M. Tem- 
minck. 

Le Mancuor pu Cuir, Aptenodytes chilensis, Gmel., Apteno- 
dytes Molinæ, Lath., est décrit par Molina comme n'ayant que 
trois doigts réunis dans la même membrane, ce qui consti- 
tueroit un pingouin plutôt qu’un manchot, et comme étant de 
la grosseur du canard avec un cou beaucoup plus long, et ayant 
le dessus du corps d’un gris bleu pr et ie dessous 
blanc. - 

Le Maxcnor p5 Cuiroé, Aptenodytes chiloensis, Gmel. et Lath., 
que les habitans de cet archipel nomment quéchu, est de a 
même taille que le précédent, dont il se distingue par son plu- 
mage touffu, irés-long, de couleur cendrée, un peu crépu et 
si doux qu'on le file dot en FT des couvertures de lit. 
(Cr. D.) 

MANCHOTTE (Bot.), un des noms vulgaires du fordylium 
nodosum. (LEM.) 

MANCIENNE, MANSIENNE,, ou MANTIENNE (Bot.),noms 
vulgaires de la viorne commune, viburnum lantana. (L. D.) 

MANCIVIÈNE. ( Ornith. ) Le corlieu, scolopar phæopus, 
Linn., porte ce nom et celui d’ancibine à la terre des Papous. 
(Cu. D.) 

MANDAHOUAËÈNE. (Ornith.) A l'ile de Guébé, dans les 
Moluques, et à la terre des Papous, on appelle ainsi le calao 
de waigiou , buceros ruficollis, Vieill. (Cu. D.) 

MANDA ou LAMANDA. (Erpétol.) Ces noms sont, dit-on, 
donnés à Java, à un trés-srand serpent sans doute des genres 
Boa ou Pithon. (Dssm.) 

MANDA-POLEOE ( Bos.), nom indien d’une plante gra- 
minée, citée par Burmann, qui est l’apluda aristata de Lin- 
næus. (J.) 

MANDAR. (Mamm.) Ce nom est celui que Boddaert et Vicq- 
d’'Azyr donnent à l’oryctérope , sans en indiquer M Con 
(Des. ) 

MANDARU. (Bot.) Nom indien, cité par Plukenet, du 
bauhinia tomentosa de-£innæus; c'est le canschena-pou des 
Malabares , le mandaare de la côte de Coromandel. Le bauhi- 
nia scandens est nommé mandaru-yalli au Malabar. (J.) 


MAN | 17 

MANDATIA. ( Bot.) On nomme ainsi au Brésil, suivant 
Marcgrave , le lablab, espèce de haricot. (J.) 

MANDELINE (Bot.), nom vulgaire de l'erinus alpinus: 
(E::B.) 

MANDELKRÆHE (Ornith.), nom allemand du rollier 
d'Europe, coracias garrula, Linn. (Cu. D.) 

MANDHATYA , MANGILLI, MARA (Bot.), noms de l’a- 
denanthera à Ceilan, suivant Hermann. (J.) 

MANDIBULES , Mandibulæ. (Entom.) On nomme ainsi, ne 
les insectes qui màchent ou qui broient leurs alimens, la paire 
de mâchoires plus fortes qui occupent le devant de la bouche 
immédiatement après la lèvre supérieure; on les a appelées 
aussi mazillæ superiores : nous avons dit à l’article Macnorres 
en quoi celles-ci diffèrent des mandibules, Ces dernières sont 
évidemment modifiées par l’usage auquel elles sont destinées 
suivant la nature de l'aliment solide qu’attaque l’insecte par- 
fait: d’ailleurs dans quelques espèces elles se développent peut- 
être daus un autre but. Ellessont, par exemple, excessivement 
prolongées dans les mâles des lucanes ou cerfs-volans. Dans 
les abeilles, au contraire, les mandibules sont bien moins dé- 
veloppées que les mâchoires:; dans les cicindèles, dans les man- 
ticores. elles sont très-saillantes, dentelées en scie; dans les 
araignées, les mygales, les scolopendres, elles forment des 
crochets très-acérés. Voyez pour plus de détails les articles 
Boucus dans les insectes, et le mot Ixsecres en particulier, 
tom. XXIII, pag. 435. (C. D.) 

MANDIBULES. (Ornith.) Ce nom est donné aux deux par- 
ties qui forment le bec des oiseaux, et dont, à l'exception 
des perroquets et des gros-becs, l'inférieure est ordinaire-. 
ment la seule mobile comine la mâchoire des mammifères. On 
les appeile indistinctement mandibuleæ ; le mot maxilla, qui est 
employé pour désigner l'organe correspondant , ou les mà- 
choires chez les mammifères, etc., n’est pas en usage dans 
l’ornithologie, quoique quelques naturalistes en fassent l’ap- 
plication à la mandibule supérieure. On a déja exposé au mot 
Bec plusieurs considérations sur les mandibules, sous le rapport 
de leur longueur; de leurs bords, tantôt échancrés, tantôt 
dentelés, eic. On ajoutera ici qu’elles sont courbées en haut 
dans l’avocette , et en bas dans le toucan; que leur extré- 

29 2 


18. MAN 

mité est arrondie dans la spatule; que la mandibule supé- 
rieure est crochue, et l’inférieure tronquée dans les oiseaux 
de proie, les perroquets; que la supérieure seulement est ar- 
mée d’une dent de chaque côté prés de la pointe, dans quel- 
ques oiseaux de proie, dans les pies-grièches ; que la supé- 
rieure est convexe, et l'inférieure aplatie dans le coliou: 
que celle-ci est plus courte , et l’autre plus longue dans la bé- 
casse, tandis que la supérieure est bien plus courte, et l’in- 
férieure beaucoup plus longue dans le rhynchope; que la su- 
périeure est recourbée en croc, et l'inférieure creusée en 
gouttière dans les pétrels, etc. Il y a aussi beaucoup de va- 
riations dans la couleur des mandibules, qui souvent n’est 
pas la même dans les deux, ni dans toute l'étendue de cha- 
cune d’elles. (Cr. D.) 

MANDIBULITES. (F'oss.) Ce nom a été donné par quelques 
oryctographes, à des palais de poissons pétrifiés, aussi nom- 
més Buronires. (DEsm.) 

MANDICEK. ( Ornith.) L'oiseau qu’on nomme aivsi en 
Bohème est rapporté par Rzaczynski auremiz, parus pendulinus, 
_Linn. (Cu. D.) 

MANDIIBA , MANTIIBU. (Bot.) Noms brésiliens, suivant 
Marcgrave, du manihot ou manioc, jatropha manihot, dont 
la racine tubéreuse est employée comme nourriture, après 
avoir subi diverses préparations qui la débarrassent de son 
suc regardé comme très-pernicieux. Dans cet état de dépu- 
ration elle devient le manioc proprement dit , ou mandioca 
des Brésiliens. (J.) 

MANDIOCA. ( Bot.) Voyez Manpr8a. (J.) 

MANDOBI. ( Bot.) Voyez Manousr. ( Lem.) 

MANDOR. (Mamm.) Boddaert, et, après lui, Vicq-d'Azyr, 
ont donné ce nom à l’oryctérope. (FE. C.) 

MANDOUAVATTE. ( Bot.) Arbre de Madagascar, men- 
tionné par Flaccourt. Il a une écorce lisse, dure et verte, un 
bois dont on fait des manches de sagaïe , et un fruit qui res- 
semble à une aveline. (J.) 

MANDRAGORE ( Bot.), Mandragora,Tournef., Juss. Genre 
de plantes dicotylédones, de la famille des solanées, Juss. , et 
de la pentandrie monogynie du système sexuel, qui présente les 
caracteres suivans : Calice monophylle, turbiné, à cinq divi- 


MAN | 19 


sions; corolle monopétale, campanulée, près de moitié plus 
longue que le calice, à limbe partagé en cinq lobes presque 
égaux ; cinq étamines à filamens dilatés et connivens à leur 
base, filiformes et divariqués dans leur partie supérieure, 
terminés par des anthères un peu épaisses; un ovaire supère , 
muni de deux glandes à sa base, surmonté d’un style terminé 
par un stigmate en tête; une baïe giobuleuse entourée à sa 
base par le calice persistant, à une seule loge contenant plu- 
sieurs graines réniformes , plongées dans la substance spon- 
gieuse de l’intérieur du fruit et près de sa superficie, 

Le genre Mandragore, établi par Tournefort, ensuite réuni 
aux atropa-ou belladones par Linnæus, a de nouveau été sé- 
paré par Gærtner et M. de Jussieu, des espèces de ce dernier 
genre, dont il diffère prmcipalement par ses étamines élar- 
gies et rapprochées à leur base, et surtout par son fruit à une 
seule loge, contenant les graines éparses dans la pulpe et près 
de lasurface, tandis que, dans les belladones, la baïe est à deux 
loges, et que les graines sont portées dans chaque loge sur un 
placenta convexe. Ce genre ne renferme que l'espèce suivante : 

MaAnDRAGORE OFFICINALE: Vulsgairement MANDRAGORE MALE et 
ManDrAGORE FEMELLE; Mandragora officinalis , Mill., Dict. , n° 1 ; 
Atropa mandragora , Linn., Spec., 259; Bull., Herb., tab. 145 
et 146. Sa racine est épaisse, vivace , longue, fusiforme , 
blanchätre en dehors , souvent simple, quelquefois partagée 
én deux ou trois parties, et garnie de fibres menues; elle 
donne naissance à plusieurs feuilles ovales oblongues, rétré- 
cies à leur base, grandes, ondulées en leurs bords, et étalées 
en rond sur la terre. Ses fleurs sont blanchitres , légèrement 
teintes de pourpre, solitaires sur des hampes beaucoup plus 
courtes que les feuilles , et qui naissent immédiatement de 
la racine. Le fruit est une baie de ia grosseur d’une très-pe- 
tite pomme, charnue , molle, jaunâtre dans sa maturité, ayant 
une odeur fétide, comme tout le reste de la plante, et con- 
tenant des graines blanchâtres , disposées sur un seul rang. 
Cette plante croît naturellement dans les bois à l’ombre, et 
sur les bords des rivières en Italie, en Espagne et dans le Le- 
vant; on la cultive dans les jardins de botanique. 

Souvent des plantes qui possèdent des vertus efficaces, des 
qualités précieuses, restent dans l'oubli, tandis que d’autres 


Ze 


qui méritent fort peu d'attirer l'attention, jouissent d’une 
grande réputation, sans qu'on sache trop pourquoi. C’est ce 
qu’on pourroit sans injustice appliquer à la mandragore : elle 
doit sa renommée à des contes bizarres et invraisemblables , 
et qui, comme tels, se sont accrédités facilement parmi la 
classe d'hommes toujours la plus nombreuse dans tous les 
pays, celle designorans et des sots, tristes victimes des char- 
latans, et qui saisissent avec avidité tout ce qui leur paroît 
extraordinaire. 

L'esprit humain, par une manie singulière, se Au» à cher- 
cher des ressemblances entre les objets, et il parvient à en 
découvrir même entre les objets qui en ont le moins. La grosse 
racine napiforme et comme velue de la mandragore , a paru 
présenter quelque rapport avec le tronc et les extrémités in- 
férieures d’un corps humain. On a saisi avec empressement 
ce rapprochement forcé, et on a bâti là-dessus toutes les fables 
dont cette plante a été l’objet. Que cette opinion bizarre fût 
celle du vulgaire, rien d’extraordinaire ; maisque des hommes 
remarquables par leurs connoissances l’aient adoptée, certes 
cela ne fait pas honneur à leur jugement. Pythagore et Co- 
lumelle n’ont pourtant pas craint de prepager cette fable, 
et de donnér à la plante l’épithète d’avbporouopgor et de semi- 
homo. 

Persuadés de la ressembiance exacte de la mandragore avec 
une figure humaine, des dessinateurs ignorans qui ont figuré. 
cette plante, ont jugé à propos, pour mieux distinguer la 
plante mâle de la plante femelle , de tracer, sans oublier au- 
cun attribut, une figure d'homme et une figure de femme, 
en les surmontant des feuilles et des fleurs. On peut en voir 
la preuve dans l’ouvrage imprimé en caractères gothiques , 
intitulé: Le grand FE en françois. 

On ne s’est pas contenté d'avoir trouvé dans Ja mandra- 
gore une ressemblance qui n’existoit pas, ou qui du moins 
n’étoit que fort peu remarquable, on a voulu la rendre en- 
core plus intéressante, et pour cela on lui a accordé de la 
sensibilité. On a prétendu quela mandragore poussoit des gé-. 
missemens quänd on l’arrachoit de terre; et celui qui étoit 
assez courageux pour l’entreprendre, devoit, pour ne pas se 
laisser attendrir, se boucher exactement les oreilles. 


: MAN | 24 

En pensant à cette fable bizarre, notre esprit se reporte à 
ces fictions ingénieuses , fruit de l'imagination brillante des 
poëtes; il nous semble entendre Polydore transformé en myre 
se plaindre à Enée de ses souffrances, et le paladin Astolphe 
changé en laurier par les enchantemens de la fée Alcine, 
faire au brave Roger le récit de ses malheurs. 

Les charlatans. contribuèrent beaucoup sans doute à rendre 
la mandragore célèbre; ils savoient tailler cette racine et lui 
donner la ressemblance qui la rendoiït précieuse, sans qu’on 
pût s’'apercevoir de leur fraude; ils faïisoient mieux encore 
avec d’autres racines , telles que celle de bryone : ils fabri- 
quoient de fausses mandrägores qu'ils vendoient effrontément 
comme véritables , et qu'ils mettoient à un prix fort élevé, 
vu les qualités précieuses qu’ils leur attribuoient. La mandra- 
gore, disoient-ils, avoit le pouvoir de doubler chaque jour 
l'argent avec lequel on l’enfermoit après quelques cérémo- 
nies mystérieuses. On doit bien penser qu’une telle propriété 
devoit être d’un grand prix auprès des sots avides qui, sem- 
blables au chien qui laisse tomber sa proie pour l'ombre , 
s'empressoient d'aller porter leur argent pour recevoir en 
échange des espérances de fortune. 

Mais c'étoit surtout lorsque la mandragore avoit été “che 
lie sous un gibet, qu’elle jouissoit de précieuses et puissantes 
vertus. L’homme crédule la conservoit avec soin dans un mor- 
ceau de linceul , et croyoiït que le bonheur de sa vie y étoit 
attaché. Une plante qui possédoit des vertus si merveilleuses 
ne pouvoit pas être arrachée comme une plante vulgaire : des 
cérémonies étoient indispensables, et les anciens, à qui les 
pratiques superstitieuses ne coûtoient rien, ont eu soin d’y 
pourvoir. Il faut, dit Théophraste ( 1.1X, c. IX), tracer trois 
fois un cercle avec la pointe d’une épée autour de la man- 
dragore ; il faut ensuite qu’un des assistans arrache la plante 
en se tournant vers l’orient, et qu’un autre danse à l’entour 
en prononçant des paroles obscènes. Pline (1. XXV, c. XIII) 
nous à transmis également ces extravagances, qu’on regardoit 
comme nécessaires, si bien qu'on auroil cru s’exposer aux 
plus grands dangers, si l’on y avoit manqué. Heureusement 
que , pour les éviter, on prescrit un moyen bien simple et 
bien facile à exécuter, c’est de faire arracher la plante par 


22 MAN 

un chien, moyen déjà indiqué par l'historien Josèphe (de Bello 
Judaico, lib. VIT, c. XXV) pour la plante baaras, qui avoit la 
propriété de chasser les esprits malfaisans, et bien d’autres 
vertus tout aussi dignes de foi. 

La mandragore étoit aussi célèbre chez les Germains : ils 
faisoient avec ses racines des idoles appelées alrunes, pour les- 
quelles ils avoient la plus grande vénération, et qu’ils avaient 
soin de consulter dans leurs situations critiques. 

Dans les contrées orientales, telles que l'Arabie , la Perse, 
où l'imagination brillante ne se nourrit que de fictions et de 
chimèrés , la mandragore ne devoit pas manquer d'acquérir 
une grande renommée : aussi les récits les plus extraordinaires 
furent-ils prodigués à l’envi au sujet de cette plante. 

La mandragore avoit chez les anciens la réputation d’influer 
sur la génération; on lemployoit pour composer desphiltres. 
Cette opinion a passé depuis chez les modernes, et elle étoit 
encore en grande faveur au quinzième siècle, ainsi que nous 
le voyons par la comédie de Machiavel, intitulée la Mandra- 
gord. | 

L'odeur et la saveur de la mandragore sont également dé- 
sagréables : aussi les mandragores (dudaim) dont il est ques- 
tion dans l’Ecriture comme d’un aliment agréable; ces man- 
dragores que Rachel ( Genèse, c. XXX, v.14) achète à sa 
sœur Lia au prix des caresses de son époux, ne peuvent être 
ni les fruits ni les racines de celle qui nous est connue. La 

«plupart des interprètes ont avancé l'opinion contraire , mais 
elle n’est point fondée. 

On a cru successivement voir le dudaim dans la banane , 
dans le citron, dans la truffe , dans la figue, dans le fruit du 
ziziphus lotus. Linnæus pense que c’étoit une espèce de con- 
combre commun dans l'Orient, et qu’il nomme cucumis du- 
daim. Cette opinion est assez conforme à l’Ecriture, car,dans 
un passage le dudaïm est cité. pour son parfum, et les fruits 
de ce cucumis exhalent une odeur fort agréable. 

M. Virey (des medicam. aphrod. Bull. pharm., mai 1813) 
pense que les mandragores dudaïm ne sontautre chose qu’une 
espèce d’orchis, probablement celle dont on retire le salep. 
11 appuie son opinion sur l’étymologie du mot hébreu dudaim, 
qui semble indiquer la forme tuberculeuse des orchis, et sur 


MAN 25 


la propriété aphrodisiaque qu’on leur attribue. Nous ne cher- 
cherons pas à décider entre l'opinion de Linnæus et celle de 
M. Virey. Ce qu'il y a de certain, c’est que la mandragore de 
Rachel n’est point notre mandragore. 

La mandragore possède des propriétés vénéneuses trés-éner- 
giques ; elle agit principalement comme narcotique. Frontin, 
dans ses stratagèmes militaires, nous offre un exemple de 
ses effets sous ce rapport: Annibal, envoyé par les Carthagi- 
nois contre des Africains révoltés, feignit de se retirer aprés 
un léger combat , et il laissa derrière lui quelques tonneaux 
de vin dans lesquels il avoit fait infuser des racines de man- 
dragore. Les Barbares burent sans défiance la liqueur perfide 
qui les plongea dans un état d'ivresse et de stupeur si com- 
plet, qu'Annibal qui revint les attaquer, obtint sans peine 
une victoire qui lui auroit coûté plus cher s’il n’avoit pas em- 
plové cet artifice. Cette ruse du général carthaginois a plus 
d’une fois été renouvelée, et l’on en trouve d’autres exemples 
dans Phistoire. 1 - 

Cette propriété narcotique et stupéfiante de la mandragore 
étoit connue dès le temps d'Hippocrate, et l’on savoit aussi 
dès lors qu’à forte dose elle pouvoit produire un délire furieux. 
Les médecins de l’antiquité s’en servoient particulièrement, 
enn’en donnant qu'une quantitémodérée, pourapaiser les dou- 
leurs et procurer du sommeil. On avoit la coutume d’en faire 
prendre aux malades qui devoient subir quelque opération 
chirurgicale douloureuse. On l’employoit aussi dans les mala- 
dies convulsives, dans les affections mélancoliques, et contre 
la goutte, les tumeurs scrophuleuses, cancéreuses, etc. Le 
suc de la partie corticale de la racine passoit pour un fort 
émétiique et un purgatif trés-énergique; il demandoit à 
être employé avec beaucoup de prudence, pour ne pas cau- 

ser de graves accidens. La mandragore étoit encore regardée 

comme un puissant emménagogue ; elle pouvoit rappeler le 
flux menstruel et faciliter l'accouchement; enfin elle étoit 
en grande réputation contre la morsure des animaüx veni- 
meux. 

Aujourd’hui la mandragore n’est plus, ou presque plus em- 
ployée en médecine ; c’est seulement en Allemagne et dans 
quelques autres pays du Nord qu'on la trouve encore con- 


24 MAN 

seillée par quelques médecins, comme utile à l’intérieur, dans 
l’hystérie et l’épilepsie, et à l’extérieur contre les engorge- 
mens glanduleux, le cancer, la goutte. La dose intérieurement 
doit être trés-foible, et ce n’est guère que d’un à six grains 
qu’on peut prescrire la racine, ou les feuilles sèches et ré- 
duites en poudre. A l'extérieur, la pulpe de la racine , ou les 
feuilles cuites dans l’eau ou le lait peuvent servir à faire des 
cataplasmes calmans et résolutifs. Ces mêmes feuilles sont au 
nombre des substances qui entrent dans la composition du 
baume tranquille et de l’onguent populeum. L’huile de man- 
dragore, qui se préparoit jadis dans les pharmacies , est main- 
tenant tombée en désuétude. (I. D.) 

MANDRAGORE et MANDEGLOIRE DE CHINE. (Bot. ) 
Voyez Ginsenc. (Lem.) 

MANDREL (Bot.), nom cité dans la Flore Équinénle, du 
freziera, genre de la nouvelle famille des ternstromiées. (J). 

MANDRILL. (Mamm.) Espèce de singe qui appartient au 
genre Cynocérxare. Voyez ce mot. (Dpsm.) 

-MANDRISE. ( Bot.) Bois marbré de Madagascar, dont le 
cœur est violet, cité par Flaccourt. ( J.) ; 

MANDRO (Mamm.), l'un des noms vulgaires du renard 
dans le Midi de la France. ( Des.) 

MANDSIADI (Bot.), nom malabare de l'édensnipen de 
Linnæus. Les Portugais de l’Inde le nomment mangalins. (J.) 

MANDUBA. (Bot.) Synonyme de ManDriBa (rapes ce mot), 
dans quelques auteurs. (Lem.) 

MANDUBI ( Bot.), nom brésilien de la pistache de terre, 
arachis, nommée aussi ailleurs manobi. (J.) 

MANDUBID’ANGOLA ! Bot.) , nom qu’on donne en Afrique 
au fruit du glycine subterranea, ou pois d’Angole. (Lem.) 

MANDURRIA. ( Ornith.) Les oiseaux désignés au Paraguay 
par ce nom et par celui de curucau, appartiennent au genre 
Courlis, tantalus, Linn. (Cs. D.) 

MANÉBI (Ornith.), nom du pigeon couronné de Banda, 
columba coronata, Linn., à File de Guébé et à la terre des 
Papous. (Cu. D.) 

MANEQUE ( Bot.), nom d’une variété de muscade chez Les 
Hollandoïs, suivant M. Bosc. (J.) 

MANERÈTE. ( Bot.) Belon , dans son Voyage au Levant, 


MAN 25 


parlant des productions et cultures de la campagne voisine 
à'Alexandrie dans l'Egypte, dit que parmi ces productions, 
on remarque l’espèce de pois que les Vénitiens nomment ma- 
nerète, les Romains cicerchie, et les François cerrès. Il paroît 
évident qu’il vouloit parler du ciche ou pois ciche, cicer arie- 
tinum, qui, d’après le rapport de Shaw, est cultivé sur les 
côtes méridionales de la Méditerranée , et dont les graines 
rôties donnent une infusion substituée au café. (3.) 

MANERICK (Bot.), nom hollandois de l’Arram du Mala- 
bar. Voyez ce mot. (J.) ; 

 MANÉ SOUBA. (Ornith.) L'oiseau ainsi nommé à la terre 
des Papous et à l’ile de Timor, est le psittacus moluccanus, 
var. du psittacus hæmatopus, Linn., ou perruche des Moluques, 
de Buffon, pl. enl. 743. (Cu. D.) 

MANESTIER. (Mamm. ) Voyez Munisrien. ( Des.) 

MANET. ( Ornith.) Les habitans des iles Sandwich nomment 
ainsi la poule. ( Ca. D.) 

MANETOU. (Conchyl.) Quelques auteurs écrivent ainsi le 
nom sous lequel les Sauvages de l'Amérique méridionale dé- 
signent une espèce de coquille du Bee ARE , l'ampul- 
laire idole. ( De B.) 

MANETTIA. ( Bot.) Voyez Nacire. (Porr.) 

MANFOUTI. (Bot. ) Dans un herbier de Cayenne, on trouve 
sous ce nom le mafourea guianensis d'Aublet, genre de la fa- 
mille des personnées ou scrophularinées, (J.) 

MANG. ( Bot.) Rochon cite à Madagascar un arbre de ce 
nom, qui a dés feuilles de mauve et des fleurs roses semblables 
à celles d’une ketmie; ce qui fait présumer qu’il appartient à 
quelque genre de malvacées. (J.). 

MANGA. (Bot.) Nomindien de l'arbre nommé pour cette 
raison manguier, mangifera indica. C’est le mao, mau » mangifera 
des Malabares, mangeira des Portugais de l’Inde, mango à 
Sumatra. (J.) 

MANGABEY. (Mamm.) Nom propre donné par Buffon à une 
espèce de Guenox, qu'il croyoit à tort originaire de Madagas- 
car. Voyez ce mot. (F. C.) 

MANGABEY A COLLIER (Mamm.) ,autre nom propre d'une 
espèce de Guenon. Voyez ce mot. (F. C.) 

MANGA BRAVA. {( Bot.) Voyez Caru-Sussu. (J.) 


26 MAN 

MANGADILAO. ( Bot.) Voyez Caramanzav. (3. 

MANGAIBA. ( Bot.) Nom brésilien que l’on applique au 
mamé, mamei de Plumier, mamay de Nicolson, mammea ame- 
ricana de Linnæus , qui est aussi l’abricotier des Antilles , et 
dont le fruit, ayant le goût d’abricot, est très-estimé dans ces 
îles. La figure donnée par Pison ne paroît pas conforme, mais 
sa description convient mieux au mamé. Il peut cependant 
rester un doutesur l'identité de ces faits, s’il est vrai que la 
fleur du mangaba cité dans le recueil des voyages, ressemble 
à celle du jasmin, et que son fruit est petit, renfermant quel- 
ques noyaux ou pepins qui se mangent avec l'écorce. Cette 
description ne peut convenir au mamé dont la fleur est po- 
lypétale , et le fruit très-gros. (J.) 

MANGAIO (Bot.), nom brésilien d’un haricot ou dolic, 
dolicos lablab , cité par Vandelli. (J.) . 

MANGANARTI. ( Bot.) Voyez Amsurr. (J.) 

MANGANESE. ( Chim.) Corps simple compris na la troi- 
sième section des métaux. 

Le ee est très-diffieile à fondre, c "est pour cette rai- 
sou qu’en le chauffant à un feu de forge , on l’obtient presque 
toujours à l’état d’une masse poreuse , formée de petits grains 
agglutinés; rarement il est en masse compacte. On FRS que 
14 température nécessaire pour le liquéfier est de 160° du py- 
romètre de Wedgwood. 

On lui attribue une densité de 6,85. 

Il est dur, cassant , SES d’être pulvérisé. Sa cassure 
estgrenue. 

11 à une couleur grise , moins foncée que la cit de la 
fonte de fer. Ilest éclatant. 

Il conduit bien la chaleur et l'électricité. 

ILest trés-probable quele manganèses’unit à l’oxigéneen cinq 
proportions; les quatre premières proportions constituent des 
oxides, et la cinquième paroît constituer un véritable acide 
qu’on a nommé manganésique. 

A froid l'air et l’oxigène sec n’ont pas d'action sur le man- 
sanèse; à chaud le manganèse pulvérisé est susceptible de 
brûler à la manière d’un pyrophore; il produit alors un oxide 
rouge , si l’exigène est en excés. 

La vapeur d’eau que l’on fait passer sur du manganèse rouge 


MAN | 27 


de feu est décomposée ; son oxigèrre se fixe au métal, tandis 
que son hydrogène se dégage. Il est probable que l’oxide pro- 
duit est un oxide vert. 
Le manganèse passe généralement pour Vue REA a 
froid. 
Quand on le conserve dans un flacon fermé avec du Du - 
il se change en une poudre grise, qui contient beaucoup 
d’oxide , si elle n’en est pas entièrement formée. En même 
temps il se manifeste une odeur d'hydrogène fétide, qui sem- 
bleroit annoncer que de l’eau a été décomposée. 
Le chlore s’'unit au manganèse chaud, en dégageant de la 
chaleur et de la lumiére. 
On ne connoît passes combinaisons avec l’iode, le selenium : 
l'azote , le bore et l'hydrogène. 
Il s’unit au soufre avec dégagement de feu; le sulfure pro- 
duit est solide et vert. | 
Il s’unit au phosphore. 
Le carbone est susceptible de s’y combiner suivant M. John. 
Le manganése peut s’allier à un assez grand nombre de mé- 
taux ; mais les propriétés de ces alliages sont encore peu con- 
nues, ‘ 
On n’a fait qu’un petit nombre d'expériences pour constater 
l’action des acides sur le manganése pur; ce qu’on sait porte à 
croire que les résultats de cette action doivent être fort ana- 
logues à ceux qu’on obtient en mettant les acides en contact 
avec le fer. 


Combinaisons du manganèse avec l’oxigène. 


Protoxide de mansAReses Oxide vert. 
Arfwedson. 


DETTE AMENER ARE RARES RULES 28,105 
PErnsamese Jin. 00 LP Ce OR ao 00e 


Je l'ai préparé à l’état de puretéen prenant du tetroxide ou 
du tritoxide de manganëése pur, l’introduisant dans un tube 
de porcelaine, où je le chauffois au rouge blanc, et où je 
dirigeois ensuite un courant d’hwirogéne ou de gaz ammo- 
niaque. 

Ce protoxide est vert. 


28 : MAN 


Il s’unit à la plupart des acides sans éprouver d’altération ; 
l'acide hydrochlorique le dissout sans qu’il y ait dégagement 
de chlore; il est la base de tous les sels de manganése dont 
les solutions sont incolorées. Cessolutions précipitent en blanc 
par le prussiate de potasse, et ne se colorent pas par la noix 
de galle ; elles ne précipitent point par l'acide hydrosulfu- 
rique; elles précipitent en blanc par les hydrosulfates solubles. 
On. a regardé ce précipité comme un hydrosulfate ; maisil ne 
seroit pas impossible qu’il fût un sulfure hydraté. 

On obtient un hydrate d’oxide vert de manganèse en met- 
tant de l’eau de potasse privée d’air par l’ébullition dans une 
solution de manganése incolore, également privée d'air. Il se 
précipite un hydrate blanc qui absorbe l’oxigène avéc rapi- 
dité , et qui passe alors à l’état de tritoxide , suivant M. Arfwed- 
son; c'est encore du tritoxide qui se fée lorsqu'on ajoute du 
chlore à de l’eau où l’on a délayé de l’hydrate d’oxide vert. 

Le protoxide de manganèse n’éprouve pas de changement 
à la température ordinaire par son exposition à l’air, lorsque 
préalablement il a été fortement chauffé ; dans le cas contraire 
il s’oxide lentement. 

Lorsqu'on le calcine fortement avec le Contact de l'air, àl 
s'oxide davantage en dégageant de la lumière. Il HER: 
rouge, c’est du deutoxide. 

L'oxide vert de manganése est indécomposable parle feu. 

Il est réduit à l’état métallique, lorsqu'on le chauffe forte- 
ment dans un creuset brasqué de charbon. 

Un courant d'hydrogène ne le décompose pas à une cha- 
leur rouge. 

Le soufre lui enlève son oxigène à chaud, il se forme du 
gaz sulfureux et du sulfure de manganèse. 

Cet oxide est produitlorsque le manganèse, en se dissolvant 
dans un acide, s’oxide aux dépens de l’eau de l'acide. 


Deutoxide de manganèse. Oxide rouge. 
Arfwedson. 


(ixisene... 2 2 pen 37,47 
Nanpanese.; 0. Teese ce 100 


On obtient cet oxide en calcinant fortement au milieu de 


MAN 29 


l'air le sous-carbonate de manganèse dans un creuset de pla- 
tine, où bien encore en chauffant les oxides supérieurs, jus- 
qu’à ce qu'ils ne dégagent plus d'oxigénc. 

Il est d’un rouge plus ou moins brun , suivant la division 
plus ou moins grande de ses parties. 

Plusieurs acides, et particuliérement l'acide sulfurique 
étendu , réduisent cet oxide en protoxide qui est dissous, et 
en tritoxide qui se sépare a l’état d’une poudre noire. 

Suivant M. Gay-Lussac et M. Berthier, l’acide nitrique, . 
concentré , entretenu bouillant pendant un temps suffisant 
sur l’oxide rouge de manganëése , le convertit en protoxide 
qui est dissous, et en péroxide qui ne l’est pas. 

Traité par l'acide hydrochlorique, il est réduit en hydro- 
chlorate de protoxide , parce qu’une portion d’oxigène s’em- 
pare de l'hydrogène, d’une portion de l'acide hydrochlorique. 
De la le dégagement de chlore qui se manifeste dans la réac- 
tion des corps. 

Au rouge brun il absorbe l’oxigène , et se convertit en tri- 
toxide. 

L’acide sulfureux forme avec lui du sulfate de protoxide ; à 
chaud, l'hydrogène le ramène à l’état de protoxide; tous les 
combustibles qui agissent sur le protoxide , agissent sur lui. 
M. Berthier, en chauffant pendant quatre heures à une ex- 
cellente forge 19° de cet oxide dans un creuset DIRES de 
charbon, a obtenu 7°,34 de métal. 

M. BeMtfier préfère considérer l’oxide :ouge comme un 
composé de deux atomes de protoxide , et un atome de pé- 
roxide , plutôt que de le considérer comme un composé d’un 
atome de protoxide, et de deux atomes de tritoxide. 


Tritoxide de manganèse. 


Arfwedson. 
Chem PR TT RU es ve . eee 42,10 
DÉHPAHERE NES Sn see ueme eee 100 


Onl’obtient en chauffant le nitrate de manganèse au rouge 
brun. 
Il est d’un brun noir. 
‘acide nitrique concentré l'attaque assez facilement; sui- 


$o MAN 


vant M. Berthier, il le change en protoxide qu'il dissout, et 
en peroxide qu’il ne dissout pas. 
On trouve dans la nature l’hydrate de tritoxide de man- 
ganèse éristallisé en longues aiguilles. Cet hydrate analysé par 
M. Arfwedson a donné pour 100 : io d’eau pure, et 3,07 
d’oxigène ; le résidu étoit de l’oxide rouge. A nn con- 
tient donc une quantité d’eau dont l’oxigène est ; de l'oxi- 
. gène de l’oxide. On doit remarquer quesi on sjtrullé l'oxigène 
de l'eau au tritoxide, on a du péroxide. 


Péroxide de manganèse. 
Arfwedson. 


Oxigéne, .scoreseossssosnesse à 56,215 
Manganése....s...ssssssesssee +090 


_ Onle prépare en chanffant doucement presque au rouge 
le nitrate de manganèse. Comme le péroxide est très-disposé 
à abandonner de l’oxigène par la chaleur, il faut laver à chaud 
le nitrate de manganèse calciné, par l'acide mére con- 
centré, puis exposer de nouveau la matière lavée à l’action 
de la chaleur. 

Exposé au rouge. brun, cet oxide est réduit en tritoxide. 

M. Berthier a vu qu'en Faut bouillir pendant une heure 
le péroxide de manganése avec l'acide nitrique ,il y en a 
les 0,06 qui sont dissous à l'état de protoxide , avec dégage- 
ment d’oxigène. Le résidu indissous est un hydrate de Me 
dans lequel l’oxigène de l’eau est le tiers de celui de loxi- 
gène de l’oxide qui estsusceptible de se dégager par la chaleur. 

A chaud l'acide sufurique en sépare de l’oxigène, et dis- 

sout du protoxide. 

L’acide sulfureux est converti par cet oxide délayé dans 
l’eau en sulfate et en hyposulfate de manganèse. 

L’acide nitreux est converti en acide nitrique , qui s’unit à 
l’oxide ramené au minimum. 

L'acide hydrochlorique le dissout en dégageant du chlore ; 
dans cette réaction il se produit de l’eau et de l'hydrochlo- 
rate de protoxide. 

- Le péroxige de manganèse, par la chaleur rouge sombre, 


MAN 51 
est ramené à l’état de tritoxide ; et, parune chaleur rouge ce- 
rise , il est ramené à l’état de deutoxide. 

- D'aprés les expériences-de M. Berthier, il ni euspopE ble 
de former deux hydrates : celui dont nous avons parlé plus 
haut, etun autre qui contient trois fois plus d’eau. Celui-ci 
se forme quand on fait passer du chlore en excès dans de l’eau 
où l’on à délayé du carbonate de manganèse. 


Du caméléon minéral. 


Schéele, ayant chauffé au rouge dans un creuset du péroxide 
de manganèse avec du nitrate de potasse, ou de la po- 
tasse , a obtenu une masse verte qui, délayée dans l’eau, à 
formé une dissolution verte; cette dissolution abandonnée à 
elle-même dans un vase fermé, est devenue bleue, en dépo- 
sant une poudre jaune. Il a vu encore que l’eau, ajoutée à 
cette dissolution, la fait passer successivement au violet et au 
rouge; que les acides saturés d’oxigène la font passer aussi à 
cette dernière couleur, tandis que l'acide nitreux et l'acide 
arsénieux la décolorent ; qu’il en est de même lorsqu'on 
chauffe la masse verte he avec le charbon. 

Ces changemens de couleur ont fait nommer la combinai- 
son du manganèse oxigéné avec la potasse , caméléon minéral. 
Schéeleles a expliqués de la maniéresuivante:« La manganèse 
déphlogistiquée (péroxide de manganèse) forme avec la po- 
tasse une combinaison soluble dans l’eau qui est bleue ; si on 
l’obtient verte, cette couleur est due au mélange du bleu de 
la combinaison précédente avec la couleur jaune du safran 
de mars ( péroxide de fer). Enfin le caméléon devient rouge 
au moment où la manganèse déphlogistiquée se sépare de son 
alcali, par la raison que les particules de cette manganèse, 
étant naturellement d’un rouge obscur, paroissent diaphanes 
lorsqu'elles sont écartées les unes des autres. ? 

En 1817 je publiai une note sur le caméléon minéral, J’é- 
tablis les faits suivans: | 

1.” Le caméléon peut être obtenu vert avec l’oxide de man- 
ganèse le plus pur ; conséquemment la couleur verte n’est pas 
le résultat d’un mélange de péroxide de fer et d’un caméléon 
qui seroit bleu à l’état de pureté, comme Schéele l’a dit. 

2.° Il existe un caméléon vert et un caméléon rouge, qui, 


32 MAN 

par leur mélange, produisent toutes les nuances successives 
que présente le caméléon dissous dans l’eau. Aïnsi un peu de 
caméléon rouge, ajouté au caméléon vert, produit le camé- 
léon bleu, un peu plus de caméléon rouge produit le camé- 
léon violet; enfin un peu plus encore un caméléon pourpre. 
Toutes cesnuances se succèdent dans l’ordre des couleurs des 
anneaux colorés. 

Non seulement l'eau froide produit ces changemens 
de couleur dans le caméléon vert, mais encore l’eau chaude, 
l'acide carbonique, le carbonate de potasse et le sous-carbo- 
nate d'ammoniaque. 

4° En mettant dans la solution du caméléon rouge, saturée 
de gaz acide carbonique , de la potasse sèche, on la fait passer 
. au vert; on obtient le même résultat avec l’eau de gli dé ; 
qui précipite de l'acide carbonique. 

5° Le caméléon rouge est décomposé par la baryte en ex- 
cès, qui forme, avec le manganèse oxigéné, un caméléon in- 
soluble de couleur rose-lilas. j 

6° En filtrant les dissolutions mixtes de caméléon vert et 

de caméléon rouge dans du papier, le caméléon rouge se dé- 
compose d’abord par l'influence du papier, et il passe au 
caméléon vert. | 

Telssontles faits que je découvris:je ne fisque desrecherches 
insuffisantes pour reconnoître la cause des différences des 
deux caméléons; j’étois porté à les regarder comme des com- 
posés d’un même oxide de manganèse et de potasse , et j'étois 
disposé à admettre que cet oxide étoit l’oxide rouge de man- 
ganèse. | 

Une explication précise de la différence des deux camé- 
léons n’a point encore été donnée; mais, quant à l'opinion 
que j'étois disposé à adopter , que l’oxide de manganése du ca- 
méléon est le deutoxide, elle est fausse, ainsi que cela résulte 
d’un travail fort intéressant, qui a été publié après le mien 
par MM. Chevillot et Edwards. Ces chimistes ont découvert 
les faits suivans : | 
: 1. Le caméléon vert et le caméléon rouge ne peuvent être 
produits qu’autant que le mélange de péroxide de manganèse 
et de potasse est dans des circonstances où il peutabsorber du 
_gazoxigène. L’absorption est au maximum, lorsque le mélange 


MAN | 33 


est faita parties égales; 3 grammes de ce mélange absorbent13a 
14 centilitres d'oxigène; 1,5 de pose pure HE sonle 
n’absorbe que 2 centilitrés d’oxigéne. 

2° Le mélange précédent, saturé d’oxigène, misavecl’eau, 
la colore en rouge. Si on fait évaporer rapidement la solu- 
tion jusqu’à ce qu’il se produise de petites aiguilles, et qu’on 
expose ensuite la liqueur à une chaleur inférieure à celle de 
l’eau bouillante, on obtient des cristaux pourpres de deux à 
huit lignes de longueur. C’est le caméléon rouge-concret; ila 
les propriétés suivantes. 

Lescristaux de caméléon rouge ontungoûtd’abord sucré, puis 
amer et astringent. Ils n’ont pas d’action sur le papier de cur- 
cuma : ils sont inaltérables à l’air. 

Ils colorent l’eau en pourpre, ou en rouge-ponceau, suivant 
la proportion du liquide. 

Ils colorent l'acide sulfurique concentré en vert-olive ; cette 
solution, étendue successivement de petites quantités d’eau, 
devient jaune, orangée, rouge, puis écarlate. 

L’acide nitrique concentré les décompose ; il y a dégage- 
ment d’oxigène et précipitation d’un oxide brun. 

Le phosphore , l’arsenic et le lycopode forment avec la 
poudre des cristaux de caméléon rouge, des mélanges qui s’en- 
flamment quand on les chauffe. Le mélange de phosphore dé- 
tonne par la percussion. 

Ces cristaux , chauffés au rouge dans le gaz azote, perdent 
de loxigène, et se transforment en Li de manganése et en 
caméléons vert et rouge. 

3. Toutes les fois que l’on chauffe moins de péroxide de 
manganèse que le poids de la potasse qu’on y a mêlée , l’absorp- 
tion d’oxigène est plus foible , et le caméléon produit ne 
colore plus l’eau en rouge; il la colore en vert, si la propor- 
tion de l’alcali chauffé avec le péroxide a été suffisamment 
forte. Il suit donc de là que le caméléon vert contient plus de 
potasse et moins d’oxigène que le caméléon rouge. 

D'après les expériences de MM. Chevillot et Edwards, Jes 
chimistes sont assez généralement disposés à admettre au moins 
dans le caméléon rouge un acide manganésique. 


29e 


QI 


34 MAN 
Chlorure de manganèse. 


On le prépare en chauffant jusqu’à la fusion l'hydrochlo- 
rate de manganèse dans un creuset de platine. 

Ce chlorure est fixe et légèrement rose: quand il est en fu- 
sion , ilest verdâtre. 

Il paroît se réduire en hydrochlorate de protoxide dorée il 
est dissous par l’eau. 


Phtorure de manganèse. Voyez tom. XXII, pag. 267. 
Todure de manganèse. 


Cette combinaison n’a pas été UE d’une manière spé- 
ciale. 
Sulfure de manganèse. 
Vauquelin. 


Siret PIN EN es sors 341,29 
Manganése........essessense.es 100 


On l’obtient en chauffant dans une cornue un mélange de 
manganèse oxidé et de soufre en excés; il se dégage du gaz 
sulfureux , et on obtient un sulfure de manganèse fixe. 

Ce composé est presque toujours pulvérulent, d’une cou- 
leur verte-terne. 

Il est inseluble dans l’eau, il FE de l'acide hydrosul- 
furique avec l'acide sulfurique foible, l'acide bydrochlorique , 
et, ce qui est remarquable, avec l'acide nitrique foible. 

Il absorbe l’oxigène lorsqu'on le chauffe doucement, et se 
convertit en sulfate; si la température est trés-élevée, il se 
convertit en gaz sulfureux et en oxide. 


Phosphure de manganèse. 


On peut le préparer en chauffant au rouge 1 p. d'acide phos- 
phorique vitreux, 1 p. de manganèse oxidé , et ; de charbon. 

Ce phosphure est brillant, cassant ; chauffé aveë le contact 
de l’air, ilse change en phosphate. 


Carbure de manganèse. 


On n’a pas encore obtenu le manganèse saturé de carbone; 


| MAN 55 
tout ce qu'on sait, c’est que l’oxide de manganèse réduit avec 
un excès de charbon, donné un métal carburé. 

Usages. Le manganèse, à l’état métallique , ne sert à aucun 
usage ; le péroxide et le deutoxide sont employés, dans 
les laboratoires, pour préparer l’oxigene:; dans les ateliers, 
pour préparer le chlore. Ces mêmes oxides sont aussi employés 
pour colorer les verres et les émaux en rouge d’hyacinthe, 
Enfin , lorsque le verre en fusion s’est coloré par du charbon, 
l'addition du péroxide de manganèse est utile pour décolorer 
le verre; si l’oxide ajouté est en quantité convenable, le verre 
devient incolore; si l’oxide étoit en excès, le verre seroit coloré 
en violet. C’est cet usage qui à fait donner à l’oxide natif de 
manganèse le nom de savon des verriers. ( Cu.) 

MANGANESE. ( Min.) Les minérais de manganése sont 
assez répandus dans la nature, ils s’y trouvent quelquefois 
même en masses ou amas fort étendus; mais ils sont telle- 
ment variés dans leur aspect, qu'il devient assez diflicile de 
leur assigner des caractères généraux, quand bien même ils 
appartiendroient à la même espèce. La seule propriété peut-être 
qui leur soit commune, c’est qu’ils ont tous la faculté dé co- 
lorer le verre de borax en violet par l'addition d’une trés-pe- 
tite quantité de nitre. Quant aux substances qui contiennent 
ce métal à l’état d’oxide, elles changent ordinairement de 
couleur ou de teinte par un long séjour à l’air ou par l’action 
du feu. C’est ainsi, par exemple, que la chaux carbonatée 
manganésifère qui, dans l’état naturel, présente une couleur 
d’un blanc nacré ou d'un rose tendre, devient d’un jaune 
sale à Pair et d’un brun foncé au feu. 

A l’égard du manganèse métal, quelques chimistes seule» 
ment, et Fourcroy entre autres, sont parvenus à l’extraire et a 
le réduire; mais l’avidité avec laqueile il attire l’oxigène de 
l’air pour repasser à l’état d’oxide, n’a pas permis de l’étudier 
avec tout le soin possible; on sait seulement qu’il est blanc 
dans le premier instant, mais qu’il se colore bientôt en violet, 
qu’il est difficile à étendre sous le marteau, que sa pesanteur 
spécifique est de 6,85 ,et qu’il est presque infusible, 


L°® espèce. MANGANESE NATIF P 


On ne cite encore qu’un seulexemple de ce métal à l’état 
3. 


36 MAN 


natif, c'est celui que Picot Lapeyrouse prétendit avoir trouvé 
en 1782 dans les mines de fer de Sem près Vic-Dessos, dépar- 
tement de l’Ariége. Il est encore permis de douter de cette 
découverte à cause de Ja grande affinité de ce métal pour l’oxi- 
gène et de la facilité avec laquelle il passe dans nos labora- 
toires de l’état de métal à l’état d’oxide, d’abord violet, ‘et 
ensuite d’un bleu noirâtre assez intense. Le prétendu manga- 
nèse natif de l’Ariége s’est présenté en boutons un peu aplatis, 
recouverts d'un enduit terne. Je ne l’ai point retrouvé dans 
la collection de feu Lapeyrouse que M. son fils a bien voulu 
me permettre d'examiner. 


II. espèce. MANGANÈSE OXIDÉ. 


Comme cette espèce renferme ‘des variétés de l’aspect le 
plus disparate, il importe de la subdiviser en plusieurs sous- 
espéces, afin d'établir plus d'ordre et de clarté dans la des- 
criplion ; nous la partagerons donc en trois groupes, savoir : les 
métallcïdes, les ternes et les friables. 


$. 1. Mang. oxid. métalloide. ( Graubraunstein-Erz. W.} 


L'aspect des variétés de cette sous-espèce est tantôt celui du 
fer poli, tantôt celui de l'argent. Leur texture est générale- 
ment rayonnée et divergente; souvent les aiguilles ou les 
cristaux se croisent sans ordre et dans tous les sens; rarement 
ils prennent la texture lamellaire. Le manganèse oxidé mé- 
talloïde est infusible, ce quile distingue nettement d'avec l’an- 
timoine sulfuré qui a le même aspect et la même texture ; sa 
poussière est noire et aride au toucher :sa pesanteur spécifique 
est de 4,75, et.ses aiguilles d’un gris de fer, qui sont profondé- 
ment cannelées et très-fragiles, se divisent dans le sens d’un 
prisme rhomboïdal dont l'incidence respective des pans est 
de 100 ét 80.° Ce solide est encore divisible dans le sens de 
sa petite diagonale. 

Mang. oxid. métali. cristallisé. En cristaux plus ou moins 
alongés, prismatiques et rhomboïdaux, qui appartiennent à la 
forme primitive de l’espèce, et qui n’en différent que par 
l'addition de quelques pans ou facettes. M. de Bournon cite 
treize modifications de ce prisme. 

Mang. ovid. méball. aciculaire. En aiguilles plus ou moins dé- 


MAN 37 
liées, croisées dans tous les sens ou disposées en rayons di- 
vergens. / : ° 

Mang. oxid. métall. soyeux. Son aspect rappelle certains fers 
hydratés ou oxidés hématites, mais sa poussière d’un assez 
beau noir suffit pour l’en distinguer, puisque ces minérais de 
fer présentent toujours une poussière d’une couleur jaune ou 
rouge bien tranchée. 

Mang. oxid. métall. argentin. Il forme de petites masses 
ee ou une espèce d'enduit ou de légères croûtes qui 
recouvrent ordinairement certains minérais de fer, et surtout 
les hématites et les fers carbonatés spathiques: Son aspect par- 
ticulier le fait remarquer au premier coup d'œil, etilimprime 
un toucher doux et savonneux lorsqu'on l'écrase entre les 
doigts. 

MM. Berthier, Éoebe et Beaunier ont fait un re beau 
travail sur l’analyse de différentes qualités de manganése du 
commerce. Ils ont trouvé, entr’autres, que celui qui provient 
de la mine de Saint-Marcel au val d'Aost en Piémont, ren- 
ferme : 


Manganèseoxidé. 24.400. 478 AS A 
Dashboard fus heat he NS 
Benson: Se neo ES 
Cannon enter. stat. #0 RE MURS RSS 
Seeds. ie, been st auen 5 


Le manganèse oxidé métalloïde appartient exclusivement 
aux terrains primitifs : il y forme des rognons, des filons, et 
même des couches, Parmi les nombreuses localités où il est 
exploité, l’on cite particuliérement les mines de Suéde, d’An- 
gleterre, de Hongrie, de Saxe , des Pyrénées, du Languedoc, 
des Vosges, celle de Saint-Marcel en Piémont, qui a été vi- 
sitée et décrite avec soin par de Saussure, et une infinité 
d’autrés plus ou moins importantes. 


$. IT. Manganèse oxidé terne. 


Cette sous espèce passe à la précédente par des nuances dif- 
ficiles à saisir; car quelques variétés du manganése terne 
conservent encore un reste de l’état métalloïde qui caractérise 
essentiellement le groupe précédent. Le manganèse oxidé 


38 MAN 
terne est d’un noir qui présente souvent une nuance de bleu 
sombre ; sa surface et sa poussière tachent assez fortement les 
doigts et le papier; sa cassure compacte ou finement grenue 
est généralement terne; mais quand on la frotte avec un corps 
dur , elle reçoit un commencement de poli. 

Parmi les nombreuses variétés, nous citerons les suivantes 
qüi sont les plus remarquables : 

M ang. oxid. terne palmé. En massesirréguliéresqui présentent 
dans leur cassure des coupes soyeuses et ondulées, composées 
de filamens serrés et distiques. Il est d’un noir bleuâtre. 

Mang. oxid. terne concrétionné. Il accompagne le précé- 
dent à la Romanéche, et s’est trouvé dernièrement dans un 
nouveau gîte du Périgord où il forme des plaques dont la sur- 
face est mamelonnée, et dont la cassure est excessivement com- 
pacte. 4} 

Mang. oxid. terne amorphe. En masses lithoïdes qui ne se 
distinguent dés fers hydratés que par la couleur noire de 
leur poussière. 

Mang. oxid. terne dendritique. La plupart des dendrites 
ou arborisations noires que l’on remarque à la surface ou 
dans l’intérieur de plusieurs roches, sont dues à des infiltra- 
tions de manganèse; telles sont, entre autres, celles que l’on voit 
sur les calcaires marneux de Paris, sur le kaolin de Saint- 
Yriex, sur les malachites de Sibérie, etc. On pense que celles 
des agates sont dues à une autre matière. 

M. Berthier a trouvé que le manganèse oxidé terne de la 
Romanèche étoit composé des principes suivans : 


Oxide rouge de manganèse. .......-. 0,688 
Oanene.s 3 LE he 0 27e MOT 
Ramin SN LEON ES de. 00e 
Basyiets enenee. Ù JUL RS. OS 
Oxide rouge de fér2te une 6,008 
Matieres insolubles......:.......... 0,026 


1,000 


D'aprésle savant auteur de cette analyse, la baryte ne seroit 
point un produit accidentel et fortuit, elle y seroit à l’état de 
combinaison, et se seroit rencontrée également dans plusieurs 


MAN 39 
autres minérais de manganèse, et, entre autres, dans celui de 
Thiviers, connu sous le nom vulgaire de pierre de Périgueux. 
L'on pourroit donc admettre dès à présent un manganèse oxidé 
barytifere. 

Le manganèse terne et compacte est très-commun dans la 
nature ; il est exploité dans une foule de mines qui le pro- 
duisent plus ou moins pur; et, pour ne citer que les plus im- 
portantes, nous nommerons celles de la Romanèche près Mà- 
con, et celles du Suquet près Thiviers, département de la 
Dordogne, à environ huit lieues de Périgueux. Dolomieu à 
décrit le gîte de la Romanèche, où le manganèse forme un 
amas dans un bassin granitique, et où il est accompagné de 
chaux fluatée et d’une argile marbrée d’une finesse de grain 
extrême ; les ouvriers employés à l’exploitation s’en servent 
pour se raser en place de savon. Le minérai s'expédie sur 
divers points de la rangs et se vend 15 cent. le kilog. pris a 
Màäcon. 


$. III. Manganèse oxidé friable ou ferreux. 


Les variétés qui appartiennent à cette sous-espéce ont un 
degré de consistance qui varie depuis celui d’une sub$tance 
qui cède à la pression des doigts jusqu’à celui d'une poudre 
fine et noire; leur couleur passe du noir de charbon au brun 
de tabac; mais, quels que soient leur consistance et leur aspect 
extérieur, elles n’en colorent pas moins le verre de borax en 
violet, ainsi que nous l'avons déjà dit au commencement de 
cet article. Quant à leur pesanteur spécifique , elle est quel- 
quefois si foible que plusieurs sont susceptibles de surnager à 
la surface de l’eau avant de se précipiter au fond. Les prin- 
cipales variétés sont les suivantes: 

Mang. oxid. friable terreux. Sa couleur est d’un gris noirûtre, 
sans aucun éclat; il forme de petites masses grenues dans leur 
cassure, et qui tachent les doigts en noir. 

Mang. oxid -Jriable pseudo-prismatique. En petites masses pris- 
matoïdes dues à un retrait. 

Mang. oxid. friable pulvérulent. En poudre brune ou noire 
d'une grande finesse, se trouvant par petits nids dans les 
interstices de certains minéraux, et particulièrement à la sur- 
face du manganése terne, du cuivre carbonaté, etc. La variété 


40 MAN Lo 
nommée black-wad par les Anglois, analysée par Wedgwood, 
s’est trouvée composée, comme il suit : 


Manganëse oxidé.......,.......... 43 
Fer) omdéstitce Lee sas 21: SOHÉERAREUES 
Perte ef substances accidentelles:... 14 


nn —— 


100 


Lé black-wad bien sec et mêlé à un quart de son poids 
d'huile de lin, s’enflamme spontanément quand on vient à 
chauffer le mélange d’une manière douce et ‘graduelle. C’est 
ce qui lui a fait PORTA le nom de manganèse anne par 
quelques min éralogistes. 

Le manganése oxidé friable appartient a tous 1 terrains, 
car ses diverses variétés accompagnent aussi bien les sous- 
‘espèces qui se trouvent exclusivement dans les terrains pri- 
mitifs que celles qui semblent plus particuliérement affectées 
aux terrains plus modernes. C’est ainsi que la variété pseudo- 
prismatique gîte dans le granite, et que d’autres se trouvent 
dans les terrains calcaires de la Dordogne et de l'Ardèche. 

Les différens oxides de manganèse que nous venons de citer 
présentent plusieurs degrés d’oxidation et plusieurs combi- 
naisons particulières, soit avec la silice, soit avec la baryte; 
plusieurs sont évidemment des hydrates; et les chimistes 
reconnoissent du péroxide, du deutoxide, des hydrates de 
manganèse, ainsi que des silicates et des manganèses bary- 
Dune Nous renvoyons a la partie chimique tout ce qui à 
trait à ces différentes proportions d’oxigène et d’eau, et tout 
ce qui concerne les différentes couleurs du caméléon minéral. 

Les oxides de manganèse sont employés par les chimistes 
pour enobtenir de loxigène pur pour la fabrication de l'acide 
chlorique ou muriatique oxigéné, dont tout le monde connoît 
emploi pourle blanchiment des toiles et pour l’assainissement 
des hôpitaux et des étables. 

Les verreries en font usage pour blanchir le verre à vitre 
et le cristal; les fabricans d’émaux s’en servent avantageuse- 
ment pour obtenir des teintes violettes et purpurines; il entre 
dans la composition de l'encre de trait qui sert à marquer les 
cadrans: on en colore la porcelaine et les faïences communes 


MAN 41 


en brun, etc. Plusieurs minéraux doivent leur couleur au man- 
ganèse; tels sont certains grenats, le quarz améthyste, la tour- 
maline rouge de Sibérie ,l’épidot et l’'amphibole de Saint-Mar- 
cel, ete. Le manganèse oxidéest désigné sous le nom de magnésie 
dans quelques anciens ouvrages de minéralogie et autres. 


III. espèce. MANGANÈSE CARBONATÉ. 


L’on avoit cru prudent de laisser cette espèce parmi le man- 
ganése lithoïde; mais nous croyons aujourd’hui que les ana- 
_lyses sont assez concluantes pour que l’on doive l’en séparer. 

Le manganèse carbonaté est d’un rose vif qui passe au blanc 
par une dégradation de teintes successives; l’on en connoît 
même de jaunâtre et de brun; mais il est plus que probable 
que ces dernières variétés sont dues à l’altération du centre. 
La cassure et le tissu du manganèse carbonaté sont lamelleux 
et nacrés, en sorte qu’il ne faut pas le confondre avec le man- 
ganèêse lithoïde ou siliceux, qui est excessivement compacte. 


Le manganèse carbonaté de Bohême, analysé par Descostils, 
s’est trouvé composé de 


Manganese oxidés: 24 44,45. .#440053,0 
eide carbonique. 12e OUR 
bénomides tt loue, ne QUIUUAR 16e 
ohice etresidu ii MARS EL 40 
DORA DC HUITRR LUN EU, 2,4 


——— 


103,0 


Cette espèce se trouve aux mines de Kapnick en Hongrie et 
de Nagyag en Transylvanie , où elle accompagne le tellure auri- 
fère , et où elle forme des veines et de petites masses dans l’inté- 


rieur même du manganèse lithoïde siliceux ; mais en général 
elle est fort rare. | 


IV." espèce. Mançcanèse Lirnoïre; vulgairement Manganese 
rose. 


Nous laissons encore subsister la dénomination de lithoïde 
pour désigner ce manganèse, dont l'aspect est celui d’une 
pierre siliceuse, homogène et compacte, et dont la couleur 
est encore le rose plus ou moins vif qui se dégrade en passant 


42 MAN 
au jaune et au brunatre. Il est très-dur, susceptible de rece- 
voir un assez beau poli et de rayer le verre à la mamiére du 
silex; sa cassure est raboteuse, et ses bords sont translucides; sa 
pesanteur spécifique varie de 3,2 à 3,6; il brunit au feu. On 
distingue deux variétés dans cette espèce : l’une qui est lamel- 
leuse, et dans laquelle M. Léman croit avoir remarqué des 
lames carrées qui sembloient appartenir à un noyau prisma- 
tique. ù 
L'autre est absolument compacte et a l’aspect d’un silex rose. 
Le manganèse lithoïide lamelleux de Suède, analysé par 
M. Berzélius, s’est trouvé composé des principes suivans : 


Manganèse oxidé..............: 52,60 
Sihce 274260 eee ea COUR 
PEDRIME ENT 7000 PRE CS OC IEUE 
Cha NS MT ee ne le bo 
Matières volatilisées. 2.20... 05/978 


100,05 


La forte proportion de silice et l’absence totale de l'acide 
carbonique, semblent devoir autoriser la distinction de l’es- 
pèce précédente d’avec celle-ci. | 

Le maganèése lithoïde se trouve en Suède, en Sibérie, en 
Hongrie et en Transylvanie; il sert de gangue au tellure auri- 
fère de Nagyag, et s'associe parfois au grenat et à la diallage 
verte. On travaille en Russie les morceaux les plus purs et 
les mieux colorés, qui proviennent de la mine d’Orlez près 
d'Ekaterinbourg. 


‘ 


! SL" Û L2 
V.° espèce. MANGANÈSE SULFURÉ. 


Cette espèce est rare et assez mal caractérisée ; sa couleur 
ordinaire est le noir; sa cassure fraiche jouit d’un certain 
éclat qui se ternit bientôt à l'air, mais sa poussière qui est 
d’un vert assez sensible, peut aider à le reconnoître; sa struc- 
ture est souvent lamelleuse, et Haüy lui avoit reconnu pour 
noyau un prisme rhomboïdal divisible dans le sens de ses dia- 
gonales ; au chalumeau il donne une odeur de soufre, et l’acide 
sulfurique étendu produit sur lui un dégagement subit d’hy- 
drogène sulfuré. 


MAN A3 


M. Vauquelin qui l’a Fe lui assigne les principes sui- 
vans : 


Manganése oxidé au minimum...... 89 
DOMÉPE LE. LS SX 20 SISTER 15 


—<— 


[OO 


C'est encore à Nagyag, et parmi le manganèse lithoïde 
que l’on a trouvé le manganèse sulfuré; il y est associé au tel- 
lure et aux différentes substances qui se trouvent dans cette 
mine ; l’on en cite aussi dans celles du Mexique et de Cor- 
nouailles. 


VI.° espèce. Mancawèse ProspæaTÉ. ( Eisenpech-Erz, W.) 


Ce minéral est d’un brun noirâtre passant quelquefois au 
rougeûtre; il a l’aspect et la cassure de la résine , mais celle-ci 
devient parfois lamelleuse et un peu conchoïde. Il présente, 
dans son état de plus grande pureté, des joints naturels qui 
sembleroient conduire à un noyau prismatique droit et à base 
rectangulaire. Sa pesanteur spécifique est de 3,95; il se fond 
aisément au chalumeau, et se dissout en entier dans l’acide 
nitrique. M. Vauquelin, qui a fait l'analyse de ce minéral, l’a 
trouvé composé de 


Oxide de manpanésé su ue AU - 0,42 
Oxide erfér sex sh é dés sd ge 0,31 
Acide phosphorique.......s.se.e 0,27 


1,00 


L’on pense avec raison que le fer n’est ici qu’accidentel, et 
que l’acide phosphorique est uniquement combiné avec le 
manganèse, telle est l’opinion de M. Darcet. On doit la dé- 
couverte de ce minéral à M. Alluaud , minéralogiste distingué, 
qui le trouva disséminé dans les granites de Barat près Limoges. 

L'existence du manganése muriaté est encore probléma- 
tique, au moins dans l’état naturel: c’est pour cette raison vire 
nous le passons sous silence. (P. Branp.) 

MANGAPAKI, (Bot.) Voyez Mancaraqui. { J.) 

MANGARA (Bot.), nom que l’on donne dans le Brésil aux 
diverses espéces de gouet, arum, suivant Pison. (J.) 


44 MAN nr 

MANGARATIA (Bot.), nom brésilien du gingembre, sui- 
vant Pison. (J.) 

MANGARENT-SOUY-FOUTCHY. (Ornith.) De la Croix, 
dans sa Relation de l’Afrique, tom. 4, pag. 427, dit que les 
habitans de Madagascar donnent ce nom et celui de voula à 
un ciseau de riviére, qui a un cou long etblanc, et qui res- 
semble à un pélican. (Cu. D.) 

MANGARSAHAC. (Mamm.) Flaccourt décrit imparfaite- 
ment sous ce nom madécasse un animal dont les oreilles sont 
pendantes et d’une longueur extrême, et qu’il compare à un 
ane. (PF. C,) 

MANGAS-DE-VELUDO. (Ornith.) Suivant le célébre hy- 
drographe d’Aprés, la vue de ces oiseaux, qui sont des fous, 
annonce l'approche de l'extrémité australe de l'Afrique. 
Voyez Mancus-ne-veLours. (Cu. D.) 

MANGE-BOUILLON. ( Entom.) Goëldac ia détee 
nom dans son ouvrage ayantpour titre Métamorphoses naturelles, 
tom. II, expérience 10, des insectes qu'il est fort diflicile, nous 
n’osons pasdireimpossible,de reconnoitre d’aprèslevaguedeses 
expressions. Si l’on s’en rapporte à la figure, on y voit quatre 
larves de coccinelle, une de miride et deux insectes parfaits 
de chacun de ces genres. Tout le texte relatif à ce sujet est 
vague, etne contient que des préjugés, même sur la prétendue 
efficacité de la fumée de la laine ou de la substance coton- 
neuse du bouillon blanc employée en fumigation contre les 
hémorroïdes. (C. D.) 

MANGE-FOURMIS. (Mamm.) Voyez Fourmirier. (Desm.) 

MANGE-FROMENT. ( Enlom.) Goëddaert a décrit à tort 
sous ce nom la larve et l’insecte parfait de la coccinelle à sept 
points. À l’exception des figures, les détails donnés dans le cha- 
pitre 18 du tome II sont tout-à-fait erronés. (C. D.) 

MANGE-SERPENT. (Ornith.) Kolbe, dans sa Description 
du cap de Bonne-Espérance, tom. 5, chap. 19, n.° 21, dit 
que le pélican porte dans cette contrée le nom hollandois de 
slangen vreeter , qui signifie mange-serpent. Voyez MANGEUR DE 
sERPENS. (Cu. D.) 

MANGE-TOUT ( Bof.), nom d’une variété de pois. (L. D.) 

MANGEIRA. ( Bot.) Voyez Maxea (J.) 

MANGELINS, ( Bot.) Voyez Mapsrant. (J.) 


nf MAN . 45 

MANGELLA-KUA. (Bot.) Voyez Kua.(J.) 

MANGERONA ( Bot. ), nom de la marjolaine dans le Por- 
tugal, selon V'andelli. (J.) 

MANGEUR D'’ABEILLES. (Ornith.) Nom vulgaire du gué- 
pier commun, merops apiaster, Linn. Le guépier à collier de 
Madagascar 7 nommé par Edwards mangeur d’abeilles des Indes. 
(Cx. D.) 

MANGEUR D’APPAT. (Ichthyol.) On dit que ce nom est 
donné par les habitans de l’ile Bourbon à une espèce de baliste 
toute noire. (Desm.) … 

MANGEUR DE CERISES. (Ornith.) L'oiseau auquel on 
donne ce nom et celui d’oiseau de cerises, est le loriot d’Eu- 
rope , oriolus galbula, Linn.(Cn. D.) 

MANGEUR DE CHÈVRES (Erpétol.), l'un des noms vul- 
gaires du boa scytale. (Des.) 

MANGEUR DE CRAPAUDS. ( Ornith.) L'oiseau qui, sui- 
vant Holandre, tom. 2, pag. 39, porte-ce nom à Cayenne, 
est une espèce ne buse , longue de dix-sept pouces. (Cu. D.) 
* MANGEUR DE FOURMIS. (Ornith.) Cette dénomination, 
qui appartient plus spécialement à un mammifère, s'applique 
aussiaux oiseaux dont les fourmis constituentla principale nour- 
riture, c’est-à-dire aux fourmiliers , myothera, Illig. (Cu. D.) 

MANGEUR D'HUITRES ( Ornith.), nom donné à l’'huîtrier, 
hæmatopus, Linn. (Cu. D.) 

MANGEUR DE LOIRS (Erpétol.), nom vulgaire d’une es- 
pèce de serpent , le boa rativore. (Desm.) : 

MANGEUR DE MIEL, (Ornith.) L'oiseau que Kolbe (Voyage 
au cap de Bonne-Espérance , tom. 3, pag. 190) appelle mange- 
miel, mange-abeilles, mange-moucherons , est le même que le 
Manczur D’Agerrres. Voyez ce mot. (Cu. D.) ; 

MANGEUR DE MILLET. (Ornith.) L'oiseau qu’on appelle 
ainsi à l’île de Cayenne , est une espèce d’ortolan, et notre 
proyer appartenant au même genre, emberiza, a aussi pour 
épithète le mot muiliaria. (Cu. D.) 

MANGEUR DE MOUCHERONS. (Ornith.) Voyez Manceur 
pe MIEL. (Cu. D.) 

MANGEUR DE NOYAUX. ( Ornith.) On nomme ainsi le 
gros-hec , loxia coccothraustes , Linn. (Cu. D.) 


MANGEUR DE PLOMB. { Ornith.) Suivant Lepage du Pratz, 


46 MAN 


dans son Histoire de la Louisiane, tom. 2, pag. 115, ce nom 
x été donné aux plongeons , parce qu'ils s’enfoncent si promp- 
tement dans l’eau en voyant le feu du bassinet, qu’ils par- 
viennént à se soustraire aux coups de fusil. ( Cu. D.) 

MANGEUR DE PIERRES. (Entomol.) Voyez Lrrnogie et 
Pérnosie. (Desm.) 

MANGEUR DE PIERRES. (Malacoz.) Traduction du mot 
lithophage, employé à tort pour désigner un assez grand nombre 
d’espèces de mollusques bivalves qui vivent dans des excava- 
tions qu’elles creusent dans les pierres. Voyez LirHoPHAGs et 
Morrusques. (DE B.) 

MANGEUR DE POIRES. (Entomol.) On a donné ce nom à 
une larve qui vit dans l’intérieur des poires, et qui est sans 
doute la pyrale des pommes, pyralis pomona , Fabr. (Desm.) 

MANGEUR DE POIVRE. (Ornith.) C'est le toucan, ou 
aracari-koulik, ramphastos piperivorus , Lath. (Cr. D.) 

MANGEUR DE POULES. (Ornith. ) Cette dénomination est 
vulgairement donnée à plusieurs oiseaux de proie qui font la 
guerre aux poules et aux autres volailles, (Cu. D.) 

MANGEUR DE RATS ( Erpétol. ), nom Me du boa ra- 
tivore. (Des. ) 

MANGEUR DE RIZ. (Ornith.) L’ortolan de riz, emberiza 
APR Linn., ou passerine agripenne, Vieill.; le gros-bec 
padda , loxia oryzivora , Linn., et une espèce de troupiale, 
oriolus oTYZiYOTUS , Linn., sont connus sous cette dénomina- 
tion. (Cu. D.) 

MANGEUR DE SERPENS. ( Ornith. ) C’est sous ce nom que 
M. Levaillant décrit le secrétaire dans ses Oiseaux du cap de 
Bonne-Espérance , tom. 1, pag. 68. (Cu.D.) 

MANGEUR DE VERS. (Ornith.) Edwards décrit saus ce 
nom, dansses Glanures, part. 2, pag. 200, le figuier de Pensyl- 
vanie de Brisson, Suppl. au tom. 6°, pag. 102 de son Ornitho- 
logie, lequel est le demi-fin mangeur de vers de Montbeillard , 
motacillavermivora, Linn. (Cx. D.) 

MANGHAS. ( Bot. ) On trouve sous ce nom, dans C. Bauhin, 
un arbre de la famille des apocynées, que Linnæus a nommé 
cerbera manghas, sous lequel il a réuni deux espèces diffé- 
rentes, quoique congénères, savoir l’arbor lactaria de Rumph, 
et l’odollam de Rhéede. Ce genre rentre dans la section des 


MAN 47 


apocynées à fruit double et graines non aïgrettées, et l'on en 
détache maintenant le thevetia qui a le fruit simple. (J.) 

MANGHOS et MANGO.(Bot.) Voyez Mangier commun à l'ar- 
ticle Maneier. ( Lex.) 

MANGHULKARANDU. (Bof.) Le petit pois pouilleux, 
dolichos pruriens de Linnæus, est ainsi nommé à Ceilan, sui- 
vant Hermann. (J.) 

MANGIER, Mangifera. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des 
térébinthacées , de la pentandrie monogynie de Linnæus, offrant 
pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions, cinq pé- 
tales plus longs que le calice; cinq étamines dont une seule 
fertile, portant une anthère presque réniforme; un ovaire 
supérieur ; un style; un stigmate simple; un drupe oblong , un 
peu rénilorme, contenant une noix oblongue, comprimée, 
monosperme, couverte à l'extérieur de soies filamenteuses. 

Maxerer commun : Mangifera indica , Linn.; Lamck., Ill. gen, 
tab. 138; Manga domestica, Gærtner, de Fruct., tab. 100; 
Rumph, Amb., 1, pag. 93, tab. 25; Mao seu mau, vel Manghos, 
Rhéed., Malab., 4, tab. 1,2; vulgairement Maxnceier Mawco. 
Arbre des Indes orientales, intéressant par ses fruits savou- 
reux, d’une odeur agréable; son tronc s'élève à la hauteur 
de trente ou quarante pieds; il supporte une cime large et 
touffue: les feuilles sont grandes, pétiolées, alternes, lancéo- 
lées, oblongues, aiguës, coriaces, glabres, entières, ondulées, 
d’un vert foncé, longues de huit à dix pouces. Les fleurs sont 
rougeâtres, petites, disposées en grandes panicules termi- 
nales, dont les pédoncules sont colorés, munis de petites 
bractées ovales, à divisions du calice caduques, à pétales 
lancéolés, étalés, à cinq étamines, dont une seule munie 
d’une anthère; les quatre autres ne présentant que des 
filamens courts, sans anthère. Le fruit est un gros drupe 
réniforme , très-variable dans ses dimensions, sa couleur et sa 
forme; il renferme une noix large, aplatie, recouverte d’un 
tissu fibreux, contenant une amande trés-amére. 

Cet arbre croît dans les Indes orientales, au Malabar, à 
Goa, au Bengale, etc. M. de Tussac dit qu’il a été transporté 
à la Jamaïque en 1782; il faisoit partie d’une riche collec- 
tion de plantes qu’une frégate françoise rapportoit de l’Ile-de- 


48 MAN 

France à Saint-Domingue, et qui fut capturée par le capitaine 
Marshall, qui commandoit un vaisseau faisant partie de l’es- 
cadre de l’amiral Godnay. Les fruits du manguier, que les 
Anglois nomment mango à la Jamaïque, diffèrent presque 
autant pour le goût qu’il y en a d’espèces ou de variétés. On 
en compte plus de quatre-vingts, d’après le même auteur, 
dont plusieurs flattent en même temps la vue, l’odorat et le 
goût; quelques unes aussi ont une odeur et une saveur de 
tevcbe he très-prononcée. Les variétés les plus recherchées 
sont le mango-vert de la plus grande espèce; le mango-prune 
très-petit, ayant un goût de prune, un noyau très-petit, 
presque point filandreux ; le rase Pntes le mango-abricot, 
ainsi nommés à cause du goût qu'on leur trouve de ces différens 
fruits. 

Ces fruits ont une saveur délicieuse qui ne le cède guère 
qu’à celle des fruits du mangoustan: on leur trouve une légère 
acidité qui plait beaucoup; ils sont bienfaisans, d'autant 
meilleurs que leur noyau est plus petit, ils passent pour puri- 
fier la masse du sang. Ces fruits se préparent de différentes 
manières: la plus usitée est de les mettre tremper dans du vin 
avec du sucre, après en avoir enlevé la peau, et les avoir 
coupés par tranches; on en fait d’excellentes marmelades 
avec du sucre et des écorces de citron, ainsi que des gelées, 
des compotes, des beignets; on les conserve confits entiers 
dans le sucre; on fait, aveclesjeunes fruits, d’excellens acharts 
(on nomme ainsi dans les Indes les fruits confits dans le 
vinaigre). Les amandes des noyaux séchées et réduites en farine 
sont employées pour différens mets par les indigènes du pays; 
on les administre, après les avoir fait rôtir, pour arrêter le 
cours de ventre et tuer les vers. Les feuilles et l'écorce écrasées 
ont une odeur analogue à celle des fruits; quelques personnes 
les mâchent pour nettoyer les dents et raffermir les gencives. 
L’écorceséchée et pulvérisée, prise dans du bouillon, est propre 
à dissoudre le sang extravasé et coagulé dans les contusions ;son 
suc exprimé, mêlé avec du blanc d'œuf et un peu d’opium, 
est donné avec succés dans les diarrhées et les dyssenteries. 
Enfin on assure que le mango fournit un remède dépuratif 
des plus puissans, d’une grande importance surtout dans les 
climats où les maladies scorbutiques sont les suites trop fré- 


MAN 49 
quentes d'un air chaud et humide pendant le jour , et quel- 
quefois trés-frais pendant la nuit. Les malades qui se soumet- 
tent au traitement par le mango, ne doivent prendre aucune 
autrenourriture:ils éprouvent, pendantles premiersjours, une 
agitation et des démangeaisons extraordinaires, qui les pri- 
vent de sommeil, et il sort de leur corps une quantité de petits 
boutons; plusieurs Nègres scorbutiques, dans lesquels la ma- 
ladie paroissoit être à son dernier période, ont été, dit-on, 
guéris radicalement , en ne leur faisant prendre d’autre nour- 
riture que des mangos pendant déux mois. 

Cet arbre croît extrêmement vite, et se charge d’une grande 
quantité de fruits : ilest, dans le pays, très-facile à multiplier. 
par $es noyaux qui peuvent se conserver plus d'un an avec 
leur faculté germinative; on les sème autour des habitations, 
et il ne s’agit plus que d'attendre. En Europe, le mangier ne 
pousse jamais vigoureusement ; il faut le tenir constamment 
dans la serre chaude, le changer de pot et lui donner de la 
nouvelle terre tousles deux ans. On ne peut le multiplier que 
de graines; lorsqu'on les envoie de loin, il faut les stratifier 
dans du sable un peu humide ; elles serment pendantle voyage, 
et on les met en terre aussitôt leur arrivée, dans une bache 
dont la température est très-élevée. Le hi est blanchâtre, 
n'a pas de dureté, se casse aisément, etsouventmême se rompt 
sous le poids des fruits; on s’en sert dans les Indes avec celui 
du santal, pour faire Hrdler les cadavres des personnes de 
distinction, et l’on fait, avec ce bois, des cercueils pour en. 
sevelir ceux que l’on ne fait pas brûler. Quoique cet arbre 
semble être consacré aux funérailles, les Brachmanes sont 
cependant dans l’usage d’orner leurs maisons avec son feuil- 
lage, les jours de grandes fêtes. 

Le ManGIER À FLEURS LACHES ( Mangifera laxiflora, Lamck., 
Encycl.) n’est peut-être qu’une variété de l’espèce précédente. 
Les grappes sont plus lâches, plus alongées; les fruits plus 
petits, ovales, arrondis ; les feuilles presque sessiles. Il croit à 
l'Ile-de-France. Deux autres espèces de mangier (mangifera 
axillaris et indica), munies toutes deux de dix étamines fer- 
tiles, ont été exclues de ce genre; ae les rapporte 
aux spondias., Voyez Mongin. (Porr.) 

MANGIFERA, ( Bot.) Nom latin du mangier auquel Rott- 


29. 4 


50 MAN 


bollréunissoitle weldmedia de Ceilan , sous le nom de mangifera 
glauca. Cet arbre a changé successivement de nom et de genre. 
C’étoit le sideroxylum spinosum de Linnæus, le schrebera al- 
bens de Retz, le celastrus glaucus de Vahl. Nouscroyons , avec 
M. Persoon , qu’il doit être réuni a ne: elæodendrum 
de Jacquin. (J.) 

MANGILI. (Bot.) Voyez Manpnatya. (J.) 

MANGILI (Ichthyol.), nom spécifique d’un pleuronecte dé- 
crit par M. Risso. Voyez Preuronecte. (H. C.) 

MANGIUM. ( Bot.) Nom sous lequel Rumph décrit des ar- 
brisseaux qui croissent et vivent comme le manglier, auquel 
Linnæus les avoit réunis sous ceux de rhizophora cascolaris , et 
rhizophora corniculata ; mais ensuite on en a fait des genres 
très-distincts , Sonneratia et Ægiceras, reportés à des familles 
éloignées. Le nom rhizophora, donné par Linnæus au genre 
primitif, est tiré de sa graine qui germe dans le fruit dont 
elle ne se détache qu'après avoir poussé au dehors une très- 
longue racine. (J.) 

MANGLE. ( Bot.) Ce nom est donné à divin arbres ou ar- 
brisseaux qui croissent sur le bord de la mer, et sont sou- 
vent à moitié submergés. Ils appartiennent à différens genres, 
et principalemeut au vrai manglier ou palatuvier , rhizophora, 
qui compte le mangle rouge de Nicolson parmi ses espèces. 
Le mangle blanc, le mangle gris et le mangle zeragoza de 
Jacquin sont des conocarpus. Le mangle bobo de Nicolson est 
maintenant le sphænocarpus; un autre mangle blanc est l’a- 
vicennia , etle mangle prieto de la Flore Equinoxiale est du 
même genre. Le bucida est encore nommé mañgle gris par 
Nicolson ; le sapium uucupartum est le mangle cantivo des An- 
tilles, selon Jacquin; et un cocco loba porte le nom de mangle 
rouge. Nous ajouterons que le mangle ou manglier porte aussi 
dans divers lieux les noms de mange et mangrove. (J.) 

MANGLIER. ( Bot.) Voyez Conocarrs. (Porn. ) 

MANGLIER VENIMEUX. ( Bot.) C’est aux colonies le nom 
de l’ahouai-manghas, cerbera manghas, Linn. (Lem.) 

MANGLILLA. (Bot.) Ce genre paroît devoir être réuni aux 
ardisia. Voyez Anpisra et Caparcéria. (Porr.) 

MANGLILLO. ( Bot.) Nom péruvien ou espagnol des ca- 
balleria pellucida et oblonga de la Flore du Pérou, dont nous 


MAN 51 


avions fait antérieurement le genre Manglilla, de la famille 
des sapotées, reporté depuis par M. Lamarck au chrysophyl- 
lum et au bumelia par Willdenow. (J.) 

MANGO. ( Bot.) Voyez Maxcuos. (LEem.) 

MANGO (Ichthyol.), nom spécifique d’un poisson du genre 
Porvnème. Voyez ce mot. (H.C.) : 

MANGO. (Ornith.) Albin ,tom. 3, pag. 20, a décrit sous le 
nom d'oiseau de mango ou botdonnienr de mango à longue 
queue, un colibri de la Jamaïque, auquel Linnæus et La- 
tham ont donné la même épithète, trochilus mango, et qui est 
le plastron noir de Buffon , pl. enl., n.° 680, fig.3.(Cu.D.) 

MANGOICHE. (Ornith.) Flaccourt (Histoire de Madagascar, 
pag. 166) désigne cet oiseau comme uneespèce de serin. Buffon 
le rapporte au serin de Mozambique, qui lui paroît former 
une nuance entre les serins et les tarins. (Ca. D.) 

MANGONE. (Ornith.) L'oiseau auquel, suivant Cetti, 
p28. 303 , on donne enSardaigne ce nomet celui de gentarubia, 
est le flamant, phænicopterus ruber, Linn. (Ca. D.) 

MANGOREIRA. ( Bot.) L’arbrisseau de ce nom, cité dans 
l’abrégé de l’histoire des voyages, est indiqué comme le 
même que le jasmin d'Arabie, qui porte des fleurs blanches 
d'une odeur trés-suave: c’est un mogori , mogorium sambac. (J.) 

MANGOSE ( Bot. ), nom du séerculia cordifolia dans le Sé- 
négal, cité dans l’Herbier d’Adanson. (J.) 

MANGOSTANA. { Bot.) C’est sous ce nom que Garein et 
Rumph ont les premiers décrit l'arbre qui produit le man- 
goustan, un des meilleurs fruits de l'Inde, lequel a postérieu- 
rement été nommé garcinia par Linnæus. (J.) 

MANGOUSTAN, Garcinia. ( Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des 
guttifères, de la dodécandrie monogynie de Linnæus, offrant 
pour caractère essentiel : Un calice à quatre folioles persis- 
tantes; quatre pétales; environ seize étamines insérées sur le 
réceptacle; un ovaire supérieur; point de style; un stigmate 
_aplati, à plusieurs lobes en rayons; une grosse baie couronnée 
par le stigmate, revêtue d’une écorce épaisse, coriace, à plu- 
sieurs loges pulpeuses, renfermant chacune une semence. 

Mancousran CuLTIVÉ : Garcinia mangostana, Linn.; Lamck., 
Ill. gen., tab. 405, fig. 1; Gærtn., de Fruet., tab. 105; Man- 


4. 


52 | MAN 

gostana, Rumph, Amboin., 1, tab. 43. Arbre d’un trés-beau 
port, d’une hauteur médiocre. Ses feuilles sont grandes, op- 
posées , pétiolées, glabres, fermes, épaisses, ovales, aiguës, 
trés-entières; ses fleurs naissent au sommet des rameaux : elles 
sont terminales, solitaires, pédonculées, d’une grandeur mé- 
diocre , d’un rouge foncé; les folioles du calice épaisses, con- 
caves, arrondies. Le fruit est une baïe sphérique, de la grosseur 
d’une orange, d’un vertjaunàtre en dehors, remplie d’une pulpe 
blanche , succulente, à demi transparente, d’une saveur déli- 
cieuse. Cet arbre est originaire des Moluques, d’où il a été 
transporté dans l’île de Java , où il est cultivé , ainsi qu’a M:- 
lacca, à Siam, aux Manilles, etc. 

Le nid a de loin Lee d’un citronniers il fournit 
une ombre épaisse, d'autant plus précieuse que les chaleurs 
sont plus considérables dans les lieux où il végète. Son bois. 
n’est ben qu’a brûler : il découle des incisions faites aux 
branches un suc jaunâtre qui prend une forme concrète. Ses 
fruits passent pour les meilleurs de l’Inde ; ils flattent en même 
temps le goût et l’odorat; on dit qu’ils ont à la fois la saveur 
du raisin, de la fraise , de la cerise et de l’orange; qu'ils 
exhalent un parfum très-suave , analogue à celui de la fram- 
boise ; qu’ils sont très-rafrañchissans, n’incommodent jamais, 
et sont tellement agréables qu’on a peine à s’en rassasier; on 
les laisse manger aux malades, quelles que soient leurs mala- 
dies , et l’on désespère de ceux pour qui ils n’ont plus d’attraits; 
on prétend qu’ils sont un peu laxatifs. Avant leur maturité, 
leur saveur est légèrement acide ; leur écorce est astringente; 
sa décoction est employée dans la dyssenterie; l’écorce du 
tronc fournit une teinture noire. 

Mancousran À Bois pur : Garcinia cornea, Linn.: Lignum 
cornkum, Rumph, Amboin., 5, tab. 30. Cet arbre est remar- 
quable par la dureté de son boïs qui est blanchâtre, mais qui 
prend, lorsqu'il est coupé, une couleur roussàtre ou jaunâtre. 
Son tronc, assez élevé, est terminé par une cime ample, ra- 
meuse, à rameaux quadrangulaires, garnis de grandes feuilles 
opposées, pétiolées, ovales oblongues, lancéolées, glabres, 
fermes , luisantes. Les fleurs sont inclinées , peu odorantes, pla- 
cées sur des pédoncules courts, terminaux, presque solitaires. 
Le fruit est d’un brun obscur, de la grosseur d’une prune, cou- 


MAN 53 


ronné par le stigmate en plateau. L’écorce est résineuse , lors- 
que le fruit est fratchement cueilli. Les gerçures des rameaux 
exsudent une liqueur épaïsse, visqueuse; jaunâtre, qui de- 
vient concrète. Cet arbre croît sur les montagnes, à l’île d'Am- 
boine. Son bois est pesant, difficile à travailler, presque 
aussi dur que de la corne; on l’emploie à la charpente, et on 
choisit, de préférence pour cet usage, celui des plus jeunes 
arbres, parce qu’il se travaille plus facilement, n'ayant pas 
encore un degré de dureté aussi considérable. 

ManGousTAN MOREILLER : Garcinia morella, Lamck., Encycel. et 
Ill. gen., tab. 405, fig. 2; Gærtn., de Fruet., tab. 105. Cette 
espèce se distingue principalement par son fruit qui eonsiste 
en une. petite baie sphérique à quatre loges, à peu prés de la 
grosseur d’une cerise, Cette baie est glabre; son écorce coriace, 
un peu épaisse; chacune des loges renferme une pulpe molle, 
contenant une semence ovale, un peu réniforme , comprimée, 
‘un peu scabre, d’un brun sale, entourée d’une double enve- 
loppe. Ces semences, mises dans l’eau, lui communiquent 
bientôt une couleur citrine. Cet arbre croit a Ceilan : il en 
découle une sorte de gomme-gutte de très-benne qualité. 

Maxcousran pu Marapar : Garcinia malabariea, Lamek., 
Encycl.; Panitsjica maram, Rhèede, Malab., 3, tab. 41. Grand 
et bet arbre des Indes orientales, trés-commun sur la eôte du 
Malabar. Il s'élève à la hauteur de plus de quatre-vingts pieds 
sur un tronc de quinze pieds de circonférence. Le bois est 
blanc, trés-dur; l'écorce noirâtre; les feuilles sont médiocre- 
ment pét'olées, glabres, épaisses , luisantes, ovales obtuses;les 
fleurs blanches, réunies sur des pédoncules courts, rameux : 
elles répandent au loin une odeur aromatique trés-suave. Les 
baies sont sphériques , de la grosseur d’une orange ; elles sont 
d’abord verdâtres, puis rougeâtres et velues, enfin glabres et 
de couleur cendrée à leur maturité; eiles renferment une 
pulpe d’un blanc verdâtre, glutineuse, d’une saveur très-acide 
qu’elles perdent en partie en mûrissant pour en acquérir une 
plus douce; assez agréable. Les semences sont au nombre de 
huit à dix, placéessymétriquement et en cercle dans la pulpe, 
munies d’une arille. 

Les fruits, au rapport de Rhèede , , Sont remplis, dans leur 
jeunesse, d’un suc tellement abondant, qu'il se fait jour à 


L 7 RES 

travers keur écorce, sur laquelle il se répand et forme ure 
couche. comme gommeuse. Cet arbre est, dans toutes les sai- 
sons de l’année, chargé de fruits. Il se couvre de fleurs dans 
les mois d’avril et d'octobre; il commence à porter des fruits 
vers la septième année, et ne cesse d’en produire que lorsqu'il 
a vécu plus d’un siècle. Les jeunes feuilles, broyées dans l’eau, 
et le jus des fruits encore verts, passent pour un bon remède 
contre les-aphthes et les crevasses de la langue. La substance 
gluante et aqueuse, qui s'échappe des fruits, prend à l'air une 
forme concrète, devient une matiére transparente, roussâtre, 
avec laquelle on fait dans le pays une bonne colle qui est d’un 
grand usage ; les Juifs et les Portugais s’en servent pour relier 
leurs livres, parce qu’elle les préserve des insectes, et les 
pêcheurs en enduisent leurs filets pour qu'ils soient de plus 
longue durée. 

Le garcinia calabica, Linn., forme aujourd’hui le genre 
Oxycarpus. (Voyez Brinnonter.) 

Le mangostana cambogia de Gærtner, ou garcinia cambogia, 
Encycl., a été mentionné à l’article Gurrier. On a cru long- 
temps qu’il fournissoit la gomme-gutte. Il est reconnu aujour- 
d'hui qu'on doit cette substance à un arbre particulier qui 
est le GurrærerA de Kœnig (Voyez ce mot), ou le stalagmitis 
de Schreber. (Porr.) 

MANGOUSTE(Mamm.):Herpestes, Illig.;1 HE Lacép. ; 
Geoffr.; Viverra et Mustela, Linn. Genre de quadrupèdes car- 
nassiers digitigrades , particulièrement rapproché de ceux qui 
comprennent les civettes, les genettes, les surikates, les ictides 
et les paradoxures, par le système de dentition. 

Ces quadrupèdes forment le type du genre Viverra de Lin- 
næus, qui renferme aussi , non seulement la plupart des genres 
nouveaux que nous venons de nommer, mais Encore ceux des 
coatis, des kinkajous, des moufettes, et de plus, l'animal ap- 
pelé rattel, qu’on a rapporté au genre des gloutons. Ils en ont 
été séparés pour former un groupe particulier par M.Cuvier 
sous le nom de wiverra, par MM. Lacépéde et Geoffroy sous 
celui de ichneumon, et par Illiger sous la dénomination d’ . 
pesles. 

Les margoustes sont de moyenne taille, à corps fort alongé, 
a pattes courtes, terminées par cinq doigts! le pouce étant 


MAN 55 
trés-court), dont les ongles sont aigus et à demi rétractiles. 
Leur tête est assez petite, terminée par un museau fin, qui 
a un petit mufle, et qui est pourvu de quelques moustaches; 
leurs oreilles sont larges, courtes et arrondies; leurs yeux, 
assez grands, à pupille alongée transversalement, sont sus- 
ceptibles d’être recouverts presque en entier par une grande 
paupière clignotante; leur langue est hérissée de papilles cor- 
nées ; leur queue, grosse à la base, très-longue et poilue, est 
dans la direction générale du corps, et non prenante; leur 
anus est situé au fond d’une poche, assez vaste, simple, dont 
l'ouverture peut se dilater plus ou moins, et se placer de fa- 
çon que les excrémens sont expulsés sans y faire aucun séjour ; 
leurs mamelles sont placées sur le ventre et la poitrine. Dans 
toutes les espèces les poïls qui sont assez durs, offrent des cou- 
leurs variées, disposées par anneaux, de manière que le pelage 
est en général tiqueté. 

Le nombre des dents est de quarante en totalité, savoir : 
à, la mâchoire supérieure, six incisives moyennes, simples et 
bien rangées; une canine de chaque côté, conique et non 
tranchante à sa partie postérieure ; trois fausses molaires dont 
la première est peu éloignée de la canine; une carnassière 
fort élargie particulièrement par le développement du tuber- 
cule interne; deux tuberculeuses, dont la premiére présente 
deux-tubercules pointus, mais peu saillans à son bord externe, 
et dont la seconde , de même forme, ne peut guère être con- 
sidérée que comme rudimentaire. À la mâchoire inférieure, 
six incisives dont la seconde de chaque côté est un peu rentrée ; 
une canine (aussi de chaque côté) semblable à la canine supé- 
rieure; quatre fausses molaires, dont la première est trés-petite; | 
une Carnassièrecomposée en avant de trois pointestrés-élevées, 
disposées en triangle, et en arrière d’un talon assez bas, sur le 
bord duquel sont trois petites élévations; enfin une tubercu- 
leuse peu volumineuse, plus grande d’avant en arrière que d’un 
côté à l’autre , et pourvue de trois tubercules. 

Dans les individus adultes, la premiére fausse. molaire 
manque ordinairement aux deux mâchoires. 

Outre quelques caractères distinctifs que présente Le système 
dentaire des anhnaux qui se rapprochent le plus des man- 
goustes, il.y en a encore [plusieurs que fournit l'examen des 


56 MAN 

différentes parties du corps. Ainsi les surikates , qui en sont les 
plus voisins, n'ont que quatre doigts aux pieds au lieu de cinq; 
les civettes et les genettes ont une double poche, souvent 
remplie d’une matière odorante, placée entre l’anus et les 
organes de la génération, etleur poche anale n’a point le déve- 
loppementde celle des mangoustes ;lesparadoxuresetlesictides 
ont la queue susceptible de s’enrouler, tandis que celle des 
mangoustes est toujours droite et basse ; les martes et les mou- 
fettes sont dépourvues de poche anale, leurs mâchelières ont 
une disposition et des formes toutes partieulières, et leur queue 
“est plus courte; enfin la qualité de plantigrades éloigne des 
mangoustes, les gloutons, le rattel et les mydaüs. 

-Les habitudes naturelles des mangoustes sont très-analogues 
à celles des martes, c’est-à-dire que ces animaux vivent de 
rapine , et que leur nourriture consiste principalement en 
petite proie vivante et en œufs ; seulement ils se tiennent plus 
ordinairement à terre , dans les endroits découverts, et ils ont 
un penchant déterminé pour la chasse aux reptiles. Ils ont 
assez d'intelligence, et on peut assez facilement les réduire à 
l’état de domesticité. 

Leur genre est confiné dansles contrées chaudes de l’ancien 
continent. 

Maxcousrs p’Ecyrre ou,RaT pe PHarAON : Nems des Egyÿp- 
tiens modernes; Ichneumon d'Hérodote et des anciens; Ichneu- 
mon Pharaonis, Geoffr.; Herpestes Pharaonis, Desm.; la Man- 
eousTE, Buff., Hist. nat. Suppl., tom. 3, pl. 26; Geoffr., Ména- 
gerie du Muséum; Fréd. Cuvier, Mamm. lithogr. Sa longueur, 
mesurée depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la 
queue, est d’un pied six pouces, et celle de cette derniére 
partie est à peu près égale. La hauteur de son corps ne dé- 
passe pas sept pouces. Son pelage d’un brun foncé tiqueté de 
blanc salé est composé de poils secs et cassans, courts sur la 
tête et les membres, longssur les flancs, le ventre et la queue 
qui se termine par un pinceau en éventail. Le ventre est plus 
dair que le dos, et au contraire la tête et les pattes sont d'une 
teinte plus foncée. 

L'ichneumon étoit placé par les Egyptiens au rang des ani- 
maux qu'ils adoroient parce qu’ils le considéroient comme 
un destructeur fort actif des reptiles qui abondent dans leur 


MAN 57 
pays. Ils croyoient que ce quadrupède pénétroit dans le corps 
des crocodiles endormis la gueule béante, et qu'il n’en sor- 
toit qu'après en, avoir dévoré les entrailles. Ce fait est, ainsi 
qu’on peut le penser, entièrement fabuleux; les mangoustes 
ne nuisent à ces reptiles qu’en détruisant leurs œufs, et cette 
destruction est fort bornée , au moins maintenant qu’ellessont 
connues seulement dans la basse Egypte, et que les crocodiles 
ne se trouvent plus que vers les cataractes du Nil. 

Avant Sonnini et M. Geoffroy, l’histoire naturelle de lich- 
neumon étoit très-incomplète et composée en grande partie des 
récits mervèilleux des anciens, plus ou moins modifiés. 

Aujourd’hui, d’après les observations de ces deux savans 
voyageurs , on sait qu’elle a les plus grands rapports avec celle 
des putois et des fouines. Les mangoustes se tiennent dansles 
campagnes au voisinage des habitations, et ordinairementsur 
les bords des rigoles qui servent aux irrigations. Lorsqu’elles 
pénètrent dans les basses-cours, elles mettent à mort toutes les 
volailles qu’elles rencontrent et se contentent d'en manger la 
cervelle et d’en sucer le sang. Dans la campagne, elles font la 
guerre aux rats, aux oiseaux et aux petits reptiles; elles recher- 
chent aussi les œufs des oiseaux qui nichent à terre, et ceux des 
reptiles qu’elles savent très-bien trouver dans le sable, où ils 
ont été déposés. Leur démarche est extrêmement circonspecte ; 
et elles ne font point un seul pas sans avoir examiné avec soin 
l'état des lieux où elles se trouvent. Le moindre bruit les fait 
s'arrêter et rétrograder, et lorsqu’elles sont assurées de n’avoir 
a craindre aucun danger, elles: se PR brusquement sur l’ob- 
jet qu’elles guettent. 

Les mangoustes ne sont maintenant domestiques nulle part 
en Egypte; mais il paroît qu'elles l’étoient du temps de Pros- 
per Alpin. Il est trés-facile de les apprivoiser ; et celles qu'on 
a observées en captivité avoient des allures trés-analogues à 
celles des chats, c’est-à-dire qu’elles s'attachoient aux lieux 
où elles vivoient ; qu’elles ne pénétroient jamais dans les en- 
droits qu’elles n’avoient pas pratiqués, sans les étudier en dé- 
tail, au moyen de l’odorat ; qu’elles poursuivoient avec activité 
les rats, les souris, et autres petits animaux, etc. 

Ces mêmes mangoustes montroient quelque affection pour 
les personnes qui en prenoient soin , mais les méconnoissoient 


58 MAN 


comme toute autre, lorsqü’elles avoient une proie en leur 
possession : alors elles se cachoiïent dans les lieux les plus re- 
tirés en faisant entendre une sorte de grognement. 

Les mangoustes ont l'habitude singulière de frotter le fond 
de leur poche anale contre des corps durs, lisses et froids, 
et semblent éprouver une sorte de jouissance dans cette ac- 
tion. Elles lappent en buvant comme le chien, et aussi comme 
lui, lèvent une de leurs jambes de derrière pour pisser. 

 Apfés l'homme, les ennemis les plus redoutables des man- 
goustes, sont le chacal, espèce du genre des chiens, et le tupi- 
nambis, reptile saurien, trés-courageux, à peu près de leur 
taille, et qui habite la haute Egypte , au-dessus de Girgé. 

Cette espèce semble confinée maintenant dans la basse 
Egypte, entre la mer Méditerranée etla ville de Siout. 

MAanNGOUsTtE À BANDES : Herpestes fasciatus, Desm.; Wiverna 
mungo, Gmel.; Maxçcouste pe c’Inps, Buffon, tom. XIII, 
pl. 19: Geoffr., Mém. sur l'Egypte ; Mancousre ne Burron, Fréd. 
Cuv. Son corps a neuf à dix pouces de longueur, sa tête un 
peu moins de trois pouces, et sa queue en a sept. Elle est gé- 
néralement brune; son dos et ses flancs sont recouverts de 
longs poils blanchätres, terminés de roux et marqués, dans 
leur milieu, d'un large anneau brun, bien tranché; et l’arran- 
gement de ces poils est tel, que les anneaux bruns d’un cer- 
tain nombre d’entre eux arrivant à la même hauteur forment 
sur le dos des bandes transversales de cette couleur, au 
nombre de douze à treize, lesquelles sont séparées entre elles 
par autant de bandes rousses formées par les extrémités des 
mêmes poils. Les bandes placées sur la région des lombes sont 
surtout très-distinctes, et les intervalles qui les séparent sont 
d’un gris piqueté de brun, ce qui est dû également à la cou- 
leur terminale des poils de cette région. Les poils de la tête 
et des épaules, plus courts que les autres, sont d’un gris brun ; 
la mâchoire inférieure et les lèvres sont roussatres, les pattes 
et la queue brunes; enfin cette dernière partie n’est pas ter- 
minée par un pinceau comme celle de la mangouste d'Egypte. 

Le nom de Mangutia ou de Moncus est, ainsi que le rap- 
portent les anciens voyageurs, Kæmpfer, Valentyn et Rum- 
phius, donné dans les Indes orientales, aux animaux du genre 
des mangoustes qui habitent ces contrées, quelles que soient 


MAN 59 


leurs espèces. Ces quadrupèdes y sont reconnus comme des 
ennemis acharnés des reptiles, et l'on prétend que lorsqu'ils 
ont été mordus par quelques serpens venimeux, ils savent se 
guérir en mangeant la racine d’une plante particulière (Ophio- 
riza Mongoz, Linn.), que les Indiens reconnoissent eux-mêmes 
comme un antidote puissant contre l’action du venin, et à la- 
quelle ils ont transporté le nom de l'animal quileur en a indiqué 
les propriétés. Quant à la dénomination françoise de man- 
gouste, elle a été créée par Buffon, d’après les noms indiens 
de Manpgutia et de Moncus. 

Ces noms, qui sont, ainsi que nous le voyons, génériques 
dans l'Inde , ne peuvent par conséquent être appliqués plutôt 
à une espèce qu'aux autres du même pays, et c’est ce qui nous 
a engagé à désigner celle-ci par l’épithète de fasciatus, en re- 
nonçant définitivement à l'emploi du nom spécitique Mungo. 

La mangouste à bandes est particulière à l'Inde. 

Mancousre Nems: Herpestes griseus, Desm.; MaNGOUSTE NES , 
Geoffr., Mém. sur l'Egypte; News, Buffon, Suppl., tom. 3, 
pl. 27; Viverra cafra? Gmelin. La longueur de son corps 
est de treize à quatorze pouces, et sa queue n’a guère qu’un 
pied. Son pelage d’un gris pâle, uniforme, est légèrement teint 
ou piqueté de brun, parce que la partie apparente des poils 
en dehors est à peu prés marquée d’anneaux étroits de cette 
couleur, tandis que tout le restant est d’un blanc jaunâtre 
sale. Sur ses flancs et prés de son encolure, ces poils prennent 
une disposition telle qu’on aperçoit de légères traces de 
bandes transverses, analogues à celles qui caractérisent l’es- 
pèce précédente; la tête et Les extrémités, couvertes de poils 
courts, ont une couleur plus foncée que le reste du corps; la 
croupe et la queue sont revêtues de poils roides et longs, blan- 
châtres, avec un anneau brun dans leur milieu. 

La description de la mangouste que Buffon désigne sous Le 
nom de nems (tort, puisqu'il appartient à l'espèce d'Egypte), 
s'accordant généralement avec celle de l'espèce désignée par 
M. Geoffroy, sous le nom d’ichneumon griseus , ce naturaliste a 
cru devoir ne passéparer ces animaux , bien que leur patrie ne 
soit pas la même , puisque le sien se trouveroit dans l’Inde , et 
que celui de Buffon habiterait les côtes orientales d'Afrique. 

Quant au Viverra cafra de Schreber et de Gmelin , il s'en 


6e MAN 


rapprocheroit encore assez, mais ilen différeroit cependant 
par la couleur noire de l'extrémité de sa queue. 

Le caractère de l'espèce que nous décrivons, qui paroît 
avoir le plus frappé M. Frédéric Cuvier, est la couleur blanche 
des parties inférieures de son corps, et ce caractère doit être 
un de ceux qui serviront le mieux à la distinguer de la suivante. 

Maneousre DE Maracca, Fr. Cuv., Mamm. lithogr.:; Herpes- 
Les Frederici, Desm. La longueur de son corps, mesurée depuis 
le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, est de onze 
pouces; celle de sa queue est d’un pied. Sa hauteur dans la 
partie la plus élevée du dos est de cinq pouces quatre lignes. 
La couleur générale de son pelage est d’un gris sale qui ré- 
sulte des anneaux noirs et blancs jaunâtres qui recouvrent 
les poils; le tour de l’œil, l'oreille et l'extrémité du museau 
sont nus et violâtres; le jaune est un peu plus pur dans les 
poils du dessous du cou, et le noir moins foncé aux parties 
inférieures , ce qui les rend un peu plus pâles que les parties 
supérieures. Les pattes n’ont que des poils courts, et la peau 
est d’une coulenr de chair qui a une teinte lie de vin; la queue 
est de la même couleur que le corps, très-grosse à son origine, 
et se termine en pointe par des poils jaunûtres. 

On voit par cette description que cette espèce est extré- 
mement voisine de la précédente, et nous ne nous détermi- 
nons même à l'en séparer que sur l'autorité de M. Frédéric 
Cuvier, qui les a distinguées. Selon ce naturaliste, on doit la 
placer à la tête d’une série de mangoustes indéterminées de 
Pondichéry, du Cap, de l'Ile-de-France ou de Java, qui pas- 
sent de l’une à l’autre, par des nuances insensibles, du gris 
au brun, et dont la mangouste de Java seroit le dernier terme 
vers le brun, celle-ci étant le premier vers le gris; ces ani- 
maux ne paroissant être que des variétés d’une même espèce, 
lorsque l’on compare les plus voisins, mais présentant de véri- 
tables différencesspécifiques, lorsqu'on rapprocheles extrêmes. 

M. Frédéric Cuvier a décrit l’animal dont nous nous occu- 
pons, sous le nom de mangouste de Malacca, bien qu’elle se 
trouve non seulement dans la presqu’ile de Malacca, mais 
aussi aux environs de Pondichéry, d’où elle a été envoyée au 
Muséum par M. Leschenault de Latour, et c'est ce qui m'a 
déterminé à changer son nom spécifique. 


MAN 61 


Un mâle de cette espèce, qui a vécu a la ménagerïe, étoit 
extrêmement apprivoisé, et d’une grande propreté, etil ne 
montroit de férocité que lorsqu'il voyoit lespetitsanimaux dont 
il désiroit faire sa proie : lorsqu'on l'irritoit, sa queue, dont les 
poils se hérissoient, devenoit grosse comme celle d’un renard. 

Dans son pays natal, cette mangouste habite les trous des 
murailles, ou des terriers, au voisinage des habitations, où elle 
cause des ravages semblables à ceux des putoisehez nous. 

ManGousTe »E Java: Herpestesjavanicus, Desm.; Maxcouste 
DE Java, Geoffr., Mém. sur l'Egypte; Fréd. Cuv., Mamm.lithogr. 
Cetteespéce, selon M. Geoffroy, a le pelage brun marron, poin- 
tillé de blanc jaunâtre;la tête, le dessous de la gorge et les pieds 
d’un brun marron foncé, et la queue de la couleur du corps; 
et c’est ainsi que je l’ai décrite (Mammalogie , n.° 326). D'un 
autre côté, M. Fréd. Cuvier, qui a eu a sa disposition une man- 
gouste vivante qu’il lui rapporte, dit qu’elle ne différe de la 
mangouste de Malacca, que parce que son pelage est tiqueté de 
noir et de brun, au lieu de l'être de noir et de blanc; mais que 
du reste elles ont l’une et l’autre le museau noirâtre, le dos plus 
foncé que les flancs, ainsi que les extrémités et la tête sur les- 
quelles le brun est plus uniforme, parce que les poils ÿ sont 
entiérement bruns ou noiràtres. 

On trouve cette espèce, non seulement à l’ile de Java, mais 
encore sur le continent asiatique. 

Maxeousre D»'Edwanrps: Herpestes Edwardsu, Desm:; Viverra, 
Edwards, Birds, tab. 199; Manceousre »'Enwanps, Geoffr. , 
Mém. sur l'Egypte. Cette petite espèce, qui paroîtappartenir à 
cettesérie de mangoustesindéterminées que M. Frédéric Cuvier 
fait commencer par la mangouste de Malacca , et qu’il termine 
par la mangouste de Java, est caractérisée par la couleur des 
poils de son dos et de sa queue, qui sont annelés de brun et 
d’olivètre; par son museau d’un brun rougeâtre , et par sa 
queue pointue. Elle est des Indes. 

Granne Mancousre de Buffon, Hist. nat., Suppl., tom.3, 
pl. 26 : Herpestes major , Desm.; Ichneumon major , Geoffr., 
Mém. de l'Iost. d'Egypte, Hist. nat., tom. 2, pag. 139,n.° 7. 
Celle-ci, qui n’est connue que par la description de Buffon, 
est remarquable par sa grande taille , son corps ayant un pied 
dix pouces de longueur, et sa queue un pied huit pouces. 


63 MAN 


Son museau est un peu plus gros et un peu moins long que 
celui des autres espèces; son poil est plus hérissé et plus long; 
et sa couleur générale est la couleur marron très-finement 
tiquetée de fauve; sa queue, qui est terminée de brun, est 
pointue au bout. Sa patrie est inconnue. 

Mancouste ROUGE : Herpestes ruber , Desm.; Ichneumonruber, 
Geoffr., Mém. sur l'Egypte. Cette espèce. qui existe dans la 
collection du Muséum, a quinze pouces environ de longueur 
mesurée depuis le bout du nez jusqu'a l’origine de la queue qui 
a onze pouces. La teinte générale de son pelage est le roux 
ferrugineux très-éclatant, particulièrement sur la tête et sur la 
face externe des quatre membres; Les poils du dos et des flancs 
sont marqués d’anneaux alternativement roux foncé et roux 
jaunàtre ou fauve, qui font paroître ces parties comme pi- 
quetées de cette dernière couleur ; le dessus de la tête est 
d’un roux d’écureuil trés-ardent; les poils du menton, du des- 
sous du cou et de la poitrine sont d’un jaune roux égal, et 
cette teinte devient un peu plus foncée sous le ventre; la 
queue est couverte de poils roux non annelés. 

La patrie de cette espèce est inconnue. | 

ManGousrE VANSIRE : Herpestes galera , Desm.; Vaxsire, Buff., 
Hist. nat. t. 13, pl. 21; Mustela galera, Linn. ; MaAnGoOuUsTE VAN- 
sire, Geoffr., Mém. sur l'Esypte; Vohang shira des Madécasses. 

Cette dernière espèce, connue depuis long-temps, avoit d’a- 
bord été rapportée au genre des martes, et c’esta M.Geoffroy 
qu’on doitson transport dansceluides mangoustes,auquelellese 
rapporte véritabtement. Son corps a un pied de long environ, 
mesuré depuis le bout du nez jusqu'a l’origine de la queue. Le 
tronçon de cette derniére partie n’a queseptpouces , maisäl est 
dépassé de deux pouces et demi par les poils qui le terminent. 
Son pelage est soyeux, moins long que celui de la fouine et 
de la marte, d’un brun foncé et piqueté de blanc jaunûtre, 
les poils intérieurs sont d’un brun uniforme ; latêteetles pattes 
sont d’un brun plus teinté de roux que le reste du corps; les 
oreilles sont assez grandes et brunes, la queue, de moyenne 
épaisseur à sa base, est couverte de poils assez longs et bruns, 
annelés, comme ceux du corps, de blanc jaunûtre. 

Cet animal originaire de Madagascar, à été transporté dans 
les iles de France et de Bourbon, où il est maintenant accli- 


MAN 63 
maté. On ne sait rien sur ses habitudes naturelles, si ce n’est 
qu'il aime beaucoup à se baigner. { Desm. ) 

MANGRÈNEGRÈNE. (-Ornith.) L'œdicnème , charadrius 
œdicnemus, Linn., se nomme ainsi à la terre des Papous. (Cu. D.) 

MANGROVE. (Bot.) Voyez Maneze. (J.) 

MANGUEIRO. (Bot.) Suivant Loureiro, on donne ce nom 
sur la côte orientale d'Afrique, à un arbre qu’il décrit et 
nomme éilachium africanum. (LE. ) 

MANGUEL et MEXOCOLT. ( Bot.) L’acanga, espèce d’a- 
nanas, bromelia , porte ces noms au Mexique. (Lrv.) 

MANGUES. ( Bot.) Synonyme de mangle et manglier.(Lxw.) 

MANGUEY ( Bot.), nom de l'agave americana au Mexique. 
(Lem.) 

MANGUIER. ( Bot.) Voyez Mancrer et Maxeze. ( Le.) 

MANGUIER A GRAPPES. ( Bot.) Suivant M. du Petit- 
Thouars, on donne ce nom, dans l’iie de Madagascar, à son 
genre Sorindeia, qui est le voa-sorindi des Malgaches, (J.) 

MANGUMMANAUCK. (Bot.) Clusius, d’après un historien 
de la Virginie, cite sous ce nom un chêne de ce pays, qui 
donne un gland très-gros dont il figure la cupule. Il dit que 
les habitans font sécher ce gland pour le conserver, et qu’ils 
s’en nourrissent après l'avoir macéré dans l’eau et lui avoir 
fait éprouver une cuisson. (J.) 

MANGUSTA. ( Mamm.) Voyez Mancousre. (Des. ) 

MANHÉFOR. (Ornith.) Synonyme d'oiseau de paradis à La 
terre des Papous. (Cx. D.) 

MANI, Moronobea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des puttifères, 
de la polyadelphie polyandrie de Linnæus, offrant pour carac- 
tère essentiel : Un calice à cinq divisions; cinq pétales cor- 
nivens , roulés et se recouvrant par un de leurs bords; quinze 
a vingt étamines polyadelphes, distribuées en cinq faisceaux, 
roulés en spirale autour d’un ovaire supérieur; un style; 
cinq stigmates ; une baie capsulaire, uniloculaire, polysperme. 
Mara FLEuRs ÉCARLATÉS : Moronobea coccinea, Aubl,, Guian., 
vol. 2, pag. 789, tab 215; Lamck., Ill. gen., tab. 644; Symphonia 
globulifera, Linn., Suppl., pag. 302. Très-grand arbre de la 
Guiane , dont l'écorce est lisse, cendrée, le boïs jaunâtre ; 
la cime composée d’un grand nombre de rameaux noueux, 


64 MAN 
tétragones, garnis de feuilles opposées, ovales oblongues, 
glabres, acuminées, à pétioles courts. Les fleurs sont d’un beau 
rouge, solitaires, ou réunies en bouquets à l'extrémité des 
rameaux ; les pédoncules courbés, puis redressés à l’époque 
de la floraison; les divisions du calice concaves, épaisses, jJau- 
nâtres, un peu arrondies et persistantes; les corolles beaucoup 
plus longues que le calice; les pétales ovales, oblongs, à peine 
ouverts; les filamens d’un rouge vif, réunis en cinq faisceaux 
à leur base : les anthères longues, à deux lobes. L’ovaire est 
strié en spirale , à stigmates étalés en étoile. Le fruitest ovale, 
à une seule loge, renfermant deux à cinq semences grosses, 
anguleuses, couvertes d’un duvet roussâtre. 
Il découle, de toutes les parties de cet arbre, un suc jaune, 
résineux, trés-abondant, surtout dans le tronc et les branches: 
‘il s’épaissit et devient noir en se desséchant. Les Créoles l’em- 
ploient pour goudronner leurs barques, leurs pirogues, leurs 
cordages, etc. L’on en fait aussi des flambeaux, en le mélant 
avec d’autres résines du pays. Les Galibis s’en servent pour 
attacher les fers de leurs flèches, et les dents de poisson dont- 
ils les arment. Le bois des jeunes individus sert à faire des 
cercles de bariques: celui des grands arbres se fend pat 
on en fabrique des bariques. boue ) 
MANI. (Ornith.) Synonyme d'oiseau à l’île Guébé, sus les 
Moluques. (Cx. D.) 
MANIAN ou MAGNA. (Entom.) Ces noms sont ceux sous 
lesquels on désigne les vers à soie dans le Languedoc. (Desw.) 
MANIAURI. (Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi magniaou- 
rou , désigne, à la terre des Papous, le Lori tricolor, psittacus 
Lori, Linn. (Cu.D.) 
MANICAIRE, Manicaria. (Bot.)\ Genre de plantes monoco- 
Le Loi der ol à fleurs monoïques, de la famille des palmiers, de 
la monoëécie polyandrie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel : Les deux sexes réunis sur le même régime; une 
spathe entière en forme de sac; un calice campanulé, déchi- 
queté à son bord; trois pétales coriaces ; environ vingt-quatre 
étamines; les filamens libres : dans ds fleurs femelles, un 
ovaire supérieur, trigone; un style conique; un stigmate 
ample; une noix ou un drupe sec? 
MANICAIRE EN sAC : Manicaria saccifera, Gærtn., de F ruct., 2, 


MAN 65 
Pag. 469, tab. 176; Lamck., Ill. gen., tab. 774; Palma saccifera, 
Clus., Exof., pag. 4; J. Bauh., Hist. ; 1, pag. 383; vulgaire- 
ment De GX P C’est la seule espèce de ce genre, dont 
nous ne connoissons encore quelesfleurs. Elles sont monoïques, 
les mâles mélangées avec les femelles sur le mème régime, ren- 
fermées d’abord dans une grande spathe entière, susceptible 
d’une grande dilatation, en forme de sac ou de bonnet conique; 
les spathes partielles situées sous chaque fleur sont à peine 
sensibles. Le régime est tomenteux, presque paniculé, divisé 
en rameaux trés-simples, comprimés. Les fieurs mâles sont 
nombreuses, recouvrent presque toute la superficie des ra- 
meaux ; leur calice est court, scarieux, anguleux, déchiré à son 
bord ; leurs pétales sont ovales, rapprochés. Les fleurs femelles 
sontrarementau-dela de ue. placées à la base des rameaux, 
beaucoup plus grandes que les fleurs mâles ; leur calice est 
membraneux, irréguliérement crénelé; leurs pétales sont 
ovales, acuminés, coriaces, connivens ; leur ovaire est trigone 
et leur'style épais conique. Cette DC croît dans les Indes 
orientales. (Porr.) 

MANICOU. (Mamm.) Nom propre du didelphe à oreilles 
bicolores. Voyez Sanieue. (F.C.) 

MANICOU. (Crust.) M. Bosc dit que l’on donne cenomàun 
crustacé brachyure, dont il ne désigne pas le genre. (Desm.) 

MANICUP. (Ornith. ) Ce nom , qui s'écrit aussi manikup , est 
celui d’un manakin de Cayenne, autrement nommé plume 
blanc, et dont M. Vieillot a formé le genre Pithys. (Ca. D.) : 

MANIER. (Ornith.) C’est l’un des noms picards de la pie- 
grièche écorcheur. (Desm. ) 

MANIFALKOUME (Ornith.), nom que porte l'ara noir à 
trompe , dans l’île de Guébé. ( Cu. D.) 

MANIFOLIUM (Bot.), un des noms anciens de la M 
cités par Apulée. (J.) 

MANI-GALGALET ou GALÉGALET (Ornith.), nom donné, 
dans l'ile de Guébé, archipel des Moluques, à une Fosse dé 
fou ou de cormoran. (Ca. D.). 

MANIGETTE. (Bot.) Dans la collection ancienne des Voyages 
par Théodore Debry, part. VI, chap. 38, il est fait mention 
d’une espèce de frbiant brin, ainsi nommée dans l’E- 
thiopie ; mais, d’après sa description trés-incomplète, il sem- 

29. 5 


66 MAN 

bleroit qu’elle auroit plus de rapport avec le maïs, cependant 
sans lui être congénère. On ne la eonfondra pas avec la mani- 
guette, qui est un fruit ou une graine aromatique, substituée 
quelquefois au poivre etque l’on croit produite parun cananba, 
. ou un uvaria, genre de la famille des anonées. On l’assimile 
aussi quelquefois aux graines de quelques cardamomes. (J.) 

MANIGUETTE, ( Bot.) Voyez Manicerte. (J.) 

MANIHOT. ( Bot.) Voyez Maxpnsa. (3-) 

MANIKAU (Bot.), nom de la fraise à Java. (Lew. ) 

MANIKIN. (Mamm.) Selon Sonnini, ce nom seroit celui 
que la guenon mône recevroit dans son pays natal, la .Côte- 
d'Or en Afrique. (Desw.) 

MANIKOR. (Ornith. ) L'oiseau connu sous ce nom est le 
pipra papuensis, Gmel., lequel diffère des manakins, en ce 
que sa mandibule supérieure n’est pas échancrée. (Cu. D.) 

MANIKUP. (Ornith.) Voyez Maxicur. ( Ca. D.) 

: MANIL. (Bot.) Voyez Mani. ( Leu.) 

MANILJAKA (Bot.), nom malabare, cité par Rhéede, d’un 
corossolier, anona squamala , qui est le manil-ponossou des 
Brahmes. (J.) 

MANIL-KARA. (Bot. ) L'arbre du Malabar cilé sous ce nom 
par Rhéede, et que Scopoli a reproduit sous celui de s£isseria, 
a beaucoup d’affinité avec l’imbricaria de Commerson, qui, 
lui-même, est congénère de l’elengi mimusops. (J.) 

MANILLE. (Erpétol.) M. Bosc dit que ce nom est celui d’une 
vipére de l’Inde, dont la morsure est fort redoutée. (Des. ) 

MANIMBÉ. (Ornith.) Cet oiseau est un de ceux que M. d’A- 
zara a décrits parmi ses chipius, et dont il a déjà été fait men- 
tion dans le tome 8.° de ce Dictionnaire, pag. 590. L'auteur 
espagnol dit, n° 141, que le manimbé ou malimbé se trouve 
au Paraguay jusqu’à la rivière de la Plata, qu'il se perche or- 
dinairement sur les buissons les plus bas et au bord des bois, 
et qu'il a un ramage doux et assez varié. La longueur totale de 
cet oiseau est de cinq pouces, et celle du bec, dont la forme 
est pyramidale, de cinq lignes. La tête, le dessus du cou et 
la moitié du dos sont couverts de plumes noiràtres au milieu, 
et de couleur de plomb sur le reste; celles du bas du dos et le 
croupion sont d’un brun noirâtre; les pennes alaires et cau- 
dales sont brunes; le pli de l'aile est d’un jaune foncé, ainsi 


| MAN 67 
qu’un trait entre le bec et l'œil; lespaupières sont blanchîtres ; 
l'iris est brun, et le bec, noirâtre en dessus , est blanchätre en 
dessous. ( Cu. D.) 

MANINA et MANINÆ. (Bot.) Dénominations sous lesquelles 
les espèces de clavaires charnues, rameuses et coralloïdes, 
sont décrites dans les ouvrages d'Hermolaïüs, Ruelle, Book, 
Césalpin, etc. Micheli les réunissoit en un genre sous le nom 
de corolloides qu'Adanson a conservé, mais nommé manina, 
qu’il auroit fallu adopter, si ce genre n’avoit été réuni avec 
d’autres champignons analogues sous le nom commun de cla- 
varia. (Voyez CravVaïRes.) 

Ces mêmes plantes sont encore désignées par manotæ dans 
un ancien ouvrage intitulé: Dere Po. dont Bruyer, dit. 
Champier de Lyon, est auteur. Toutes ces Jeres rap- 
pellent que les clavaires dont il s’agit, sont découpées à peu 
près de manière à imiter une main. Dans les campagnes, ce 
sont encore elles qu’on nomment mainoltes, manoftes, doig- 
liers, etc. (LEm.) 

MANIOC. ( Bot.) Voyez JantpnA. ( Porn.) 

MANIPI (Ornith.), nom du goura ou pigeon couronné, 
columba coronata, Linn. , chezles Papous. ( Cx. D. 

MANIPONGOU (Bot.), nom vulgaire d’un savonier, sapindus 
laurifolia , sur la côte de Coromandel. (J.) 

MANIPOURI ou MAIPOURI (Mamm.), un des noms du 
Tapie D'AMÉRIQUE. (DEsM.) 

MANIROTE. (Bot.) Dans le canton d’Angustura en Amé- 
rique, On nomme ainsi un Corossolier, anona manirole. de la - 
Flore Equinoxiale. (J.) 

MA-NIROURI. ( Bof.) Petit arbre & Malabar, nommé 
Hajana-peja par les Brahmes; lequel paroït être un phyllanthus 
ou une espèce d’un genre voisin. (J.) 

MANIS (Mana), nom latin donné par Linnæus comme 
nom générique aux Pancorins. (F.C.) | 
MANISURE , Manisuris. (Bot.) Genre de plantes monocoty- 
lédones , à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de 
la polygamie monoécie de Linnæus, offrant pour caractére 
essentiel, dans les fleurs hermaphrodites, un calice bivalve, 
uniflore ; la valve extérieure concave, hémisphérique, tuber- 
culée ; la corolle plus petite que le calice, à deux valves 

LE 


6ë MAN 


membraneuses ; trois étamines;un style bifide ; les fleurs mäles 
pédicellées, mélangées et alternes avec les hermaphredites; les 
valves calicinales ovales lancéolées ; celles de la corolle trans- 
parentes, renfermées dans le calice. 

M.de HAMRE L a exclu de ce genre le manisuris myurus, dont 
1l a formé, d’après M. Desvaux, le genre Peltophorus, dont le 
caractère est établi sur la valve extérieure du calice large, 
presque plane, membraneuse à ses bords, point tuberculée. 
Je doute que ce genre puisse être admis, d’après un si foible 

caractère. (Voyez PEcToPHoRE.) 

\ MANISURE GRANULÉE : Manisuris granularis, Swartz; Lamck., 
Ill. gen., tab. 639 ; Beauv., Agrost., tab. 21, fig, 10; Cenchrus 
granularis, Linn.; Sloan., Jam. Hist., 1, pag. 120, tab. 80. 
Cette plante a des tiges hautes, rameuses, chargées de poils, 
ainsi que les feuilles; ces poils sont placés sur de petits points 
calleux ; les feuilles d’une fongueur médiocre, larges d'environ 
quatre lignes; les gaînes un peu renflées, plus courtes que les 
entre-nœuds; les fleurs disposées en épis grêles, axillaires, termi- 
naux, fasciculés, quelquefois solitaires; ils sont accompagnés 
chacun d’une petite feuille en forme de bractée. La valve 
calicinale externe est concave, presque entièrement sphé- 
rique, d’un blanc jaunâtre, comme caileuse, et couverte de 
rides tuberculées, échancrée à sa base pour embrasser le rachis 
de l’épi. Cette plante croit aux Antilles, et même à l’Ile-de- 
France. 

MANISURE À PLUSIEURS ÉPIS : Manisuris polystachya, Pal. Beauv., 
Flore d'Oware et de Benin, 1, pag. 24, tab. 14, et Agrostog., 
pag. 119. Cette plante, trés-rapprochée de la précédente, en 
est distinguée par ses épis deux ou trois fois plus nombreux. 
Ses tiges sont dures, rameuses, striées, velues, hautes d’un 
pied et demi et Abe les. ET larges, alongées, aiguës, 

couvertes de poils tuberculés à leur base. Lesfleurssont réunies 
en épis axillaires, latéraux, et nombreux ; le rachis articulé ; 
la feuille qui les accompagne n’a qu’une gaine très-courte ou 
nulle ; les fleurs mâles et les hermaphrodites placées sur le 
même épi. Cette plante croît dans les prés humides à Chama, 

Oware et Benin. ( Porn.) 

MANITAMBOU (Bot.), nom caraïbe du sapotillier, cité par 
Nicolson et Barrère, (J.) 


MAN 6g 
MANITHONDI (Bof.), nom du henné, lawsonia, à Ceilan, 


suivant Hermann et Linnæus. (J.) 

MANITOU, MANITOUR. (Mamm.) C’est le même nom que 
Manicou. (F. C.) 

MANITOU. ( Conchyl.) Dénomination que les Sauvages de 
l’Amérique méridionale emploient pour désigner une coquille 
du genre Ampullaire, l’ampullaire idole, helix ampullacea 
Linn., Gmel. (DE B.) 

MANJACK (Bot.), nom d’un sebestier, cordia elliptica, dans 
les Antilles, suivant Swartz. (J.) 

MANJA-KUA ( Bot. ), nom malabare du curcuma rolunda, 
que. Garcias et Clusius nomment many ale; le mangella-kua est 
le curcuma longa. (J.) 

MANJA-KURINE (Bof.), nom malabare , cité ac’ Rhéele ; 
du justicia infundibuliformis de Linnæus. (IL) 

MANJALE. (Boë.) Voyez Maxsa-Kua. (J.) 

MANJAPU, MANJAPUMERAM (Boi.), noms aisés de- 

larbor tristis, nyctanthus arbor tristis de Linnæus, qui est le . 
parialicu des Brahmes. (J.) 

MANJHO-PERO ou BANAR. (Entom. ) Selon l'abbé de gas 
vages, ces noms fanguedociens sont ceux du capricorne héros, 
cerambyx heros ; et celui de manjho-roso est appliqué au ca- 
pricorne à odeurde rose, cerambyz moschatus. (Desm.) 

MANKAHOK. (Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi mangahonki 
désigne , suivant MM. Quoy et Gaimard, médecins naturalistes 
du voyage autour du monde du capitaine Freycinet, une 
espèce de éassican, barita , Cuv., et eracticus, Vieill., & la 
terre des Papous. (En. D.) 

MANKINETROUS. (Ornifh.) On donne, à la terre des 
Papous, ce nom et celui de mangrogrone, au martin-chasseur 
gaudichaud, dacelo. gaudichavd, de MM. Quoy et Gaimard, 
médecins naturalistes du voyage autour monde du CÉÈRS 
Freycinet. (Cr. D.) 

MANKIRIO. (Ornith.} C’est ainsi qu'a ka terre des Papous 
on appelle le mégaäpode Freycinet, M at Freycinet , 

Quoy et Gaimard. (Cu. D.) 

MAN-KO (Bot.}, nom que les Chinois donnent au fruit du 
manguier, mangifera, suivant le Jésuite missionnaire Boym. 


(3 


79 MAN 

MANKS PUFFIN (Ornith.), nom anglois du pétrel puffin , 
procellaria puffinus , Gmel. (Cu. D.) 

MANLIRA (Bot.), nom caraïbe du gayae, selon Surian et 
Nicolson. (J.) 

MANLITOU (Bot.), nom caraïbe, cité par Surian, d’un 
acacia qui paroît être le mimosa tergemina de Linnæus, ou son 
mimosa purpurea , tous deux rapportés, par Wildenaae, à son 
genre Inga. (J.) 

MANNALIE RANKEN. (Bot.) Burmann dit qu’on nomme 
ainsi son lobelia pumila sur la côte de Coromandel. (J.) 

MANNA TERRESTRIS. (Bot.) C'est-à-dire manné terrestre. 
Sterbeeck donne ce nom et celui de medula terrestris à la 
chanterelle , très-bonne espèce de champignon que l’on mange 
dans beaucoup d'endroits. Voyez Cnanrerezre et Merutius. 
(Lem.) 

MANNE. (Bot. ) Substance douceñtre et sucrée, produite 
par certaines espèces de frênes, et principalement par le 
fraxinus rotundifolia. Voyez vol. 17, p.379. (L. D.) 

MANNE (Chim.) L'analyse de la manne m'a donné: 1.° du 
sucre fermentescible; 2. dela mannite; 3.° une gomme qui produit 
beaucoup d'acide saccholactique quand on la traite par l'acide 
nitrique ; 4.° une matière nauséabonde. (Cn.) 


MANNE DE PERSE. ( Bot.) Voyez Alhagi à l’article Sain-. 


Foi. ( LE.) 

MANNE DE PRUSSE (Bot. ), nom vulgaire du festuca fui 
tans , Linn., que plusieurs auteurs rangent M ONE hui parmi 
les poa. (L. D.) 

MANNE DU LIBAN. ( Bot.) V oyez Masric. ( Lem ) 

MANNEI. (Ornith.) L'oiseau, ainsi appelé à .la terre des 
Papous, est une espèce de done ou hirondelle de mer, 
(Cu. D.) - 


MANNELI (Bot.), nom malabare, cité par Rhèede de Eushbt 


lathus indica, genre de la famille Ace légumineuses. (J.) 
MANNESI (Bot.), nom chinois cité par M. Thunberg, de 


son orontium japonicum, qui est le kiro ou wirjo du Japon. (J.). 


MANNETIA. (Bot.) Voyez Gazour , Nacreea. (J.) - 

MANNITE, (Chim.) Substance qu’on retire de la manne. 
Elle est caractérisée par les propriétés suivantes : elle a une 
saveur sucrée;elle cristallise en aiguilles fines, brillantes; elle 


MAN 7 
est soluble dans l’eau et dans l’alcooksurtout à chaud. L'alcool 
bouillant qui en estsaturése prend en masse par le refroidisse- 
ment; elle ne fermente pas avec la levure ;traitée par l'acide 
nitrique , elle se convertit en acide oxalique , : sans donner 
d'acide saccholactique. | 

La mannite est formée suivant M. Th. de Saussure , de : 


. 53,60: 
PRET ENORME PR ARE RER Le mia into de MO DER 
D DE -- ueoeLee.ue 7,87 


fl suit de cette analyse que l'hydrogène est en excès sur la: 
mr”. de cetélément qui est nécessaire pour convertir loxi- 
gène dé la mannite en eau. 

Pour préparer la mannite, on traite la manne en larmes 
par l’alcoel bouillant ; on fleré: ; par Le refroidissement la man- 
nite cristallise ; on verse les matières sur un filtre , on presse 
les cristaux pour les égoutter; puis,on les redissout dans l’al- 
eool bouillant pour achever de lespurifier: (Cx.) 

MANOA. (Bot.) C’est dans ee. le nom d’une espèce 
de corossok. ( LEm.) 

- MANOBI. (Bot.) Voyez Manxourr. (J.) 

MANOBO. ( Ornith.) Suivant MM. Quoy et Gaimard, c’est 
_à la terre des Papous, la colombe kurukuru, columba de de 
rata, Lath.(Cn. D.) 

MAN-OF-W AR BIRD. (Ornith. ) Ce nom anglois, quisignifie- 
oiseau guerrier, a été mal à EE donné par les Anglois de 
la baie de Hudson au labbe à longue queue ; il avoit été an- 
térieurement appliqué à la st pelecanus re Linn. 
(Cx. D.) 
 MANON. ( Spong. ) M. Oen dans son Système général de 
zoologie, fait sous ce nom un genre dans lequel il range les 
Spongia hab 3 , lanuginosa , alcicornis, damicornis, lactuca, 
fupha et lycopodium. Ses caractères sont: Eponges molles, 
branchues, les branches rondes et flexibles. Le typ'e du genre 
est le Spongia dichotoma , que M.Oken nomme Manon ceryicornis, 
Voyez Sronxcratres. (DEB.) 

MAN-ONAPU. (Bot.) Espèce de balsamine du Malabar. Le 
terme onapu paroit appartenir au genre. (J.) 

MANOO. (Ornith.) Ce mot, écrit en anglois, s'exprime en 


72 : MAN 

françois par manou. Il signifie oiseau en général dans lesiles de 
la Société, dans celles des Amis, et à la Nouvelle-Calédonie, 
où l’on désigne les oiseaux au pluriel par mani mani. (Cu. D.) 

MANOO-ROA. (Ornith.) Le premier de ces mots signifie 
oiseau , dans les îles de la Société, et le second est un adjectif 
qui a plusieurs acceptions dont une est long. Les habitans de ces 
iles appellent ainsi l’oiseau du tropique ou paille-en-queue , 
phaeton æthereus, Linn.(Cu. D.) 

MANORINE. {Ornith.) M. Vieillot a établi sous ce nom dans 
la famille des oiseaux sylvains, entre les martins et les gral- 
lines, un genre composé d’une seule espèce de la Nouvelle- 
Hollande, et lui a assigné pour caractères : Un bec court, assez 
grêle, comprimé latéralement, entier, pointu , et dont la base 
est garnie sur les côtés de petites plumes dirigées en avant; la 
mandibule supérieure un peu arquée et couvrant les bords de 
l'inférieure , qui est droite et plus courte; des narines amples, 
s'étendant de l’arête jusqu'aux bords du bec, d’une longueur 
égale à la moitié de la mandibule supérieure, terminées en 
pointe et recouvertes par une membrane à ouverture linéaire ; 
l'intermédiaire des trois doigts de devant soudéavec l'extérieur 
à la base; le pouce trés-épais et plus long que les doigts laté- 
raux; les ongles crochus, étroits et aigus, dont le postérieur 
est le plus fort et le plus alongé. 

ManoRiNE VERTE; Manorina viridis, Vieill. Cet oiseau, qui est 
conservé au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, a environ six 
pouces de longueur totale, et son bec a six à huit lignes; la 
queue est un peu arrondie à l'extrémité; les ailes en repos n’en 
dépassent pas la moitié. Le plumage est, en général, d’un vert 
olive, dontles nuances sont jaunàtressur les partiesinférieures, 
et foncées sur les parties supérieures et sur le bord interne des. 
pennes de l'aile. Les plümes de la base du front qui, des deux 
côtés, s'avancent sur les narines, sont noires; l’espace entre le 
bec et l’œil est jaune et paroît velouté; le bec et les pieds sont 
jaunes; deux moustaches noiràtres partent de la mandibule 
inférieure du mâle, et descendent sur les côtés de la gorge. La 
fémelle, qui est privée de ces moustaches, n’a pas non plus le 
lorum jaune ; son plumage est d’ailleurs d’un vert plus terne et 
assez uniforme. (Cn. D.) 

: MANOTZÆ, (Bol.) Voyez Mania. (LeM.) 


MAN 75: 

MANOT-PIMEEHT (Bot.) , nom du papihne Res de Swartz, 
dans les Antilles. (J.) 

MANOU. ( Ornith.) Voyÿ. Mawoo. ( Ca. D.) Ÿ 

MANOUBEÈNE (Ornith.), nom du crabier blanc, ardea æqui- 
nockialis , Linn., à la terre des Papous. (C«. D.) 

MANOUCA. (Ornith.) Le Père Paulin de Saint-Barthélemi, 
dans son Voyage aux Indes orientales, tom. 1, pag. 422, cite 
cet oiseau comme une espèce de paradisier, ainsi nommée au 
Malabar. ( Cr. D.) 

MANOUG-LAHÉ. (Ornith.) En langue chamorre ou desiles 
Mariannes, le coq, phasianus gallus, s'appelle ainsi, et la poule 
est nommée manoug-palahouan. Lahé signifie homme, et pala- 
houan femme. (Cu. D.) 

MANOUL. (Mamm.) Voyez Manu. (Desm.) 

MANOUPO. ( Ornith.) À la terre des Papous, c’est ainsi qu’ on 
appelle le balbuzard , faleo haliaelos, Linn.; pare Sav. 
(GED:) 

MANOUQUIBONGA. ( Bot.) L’arbrisseau de ce nom, st 
Madagascar par Rochon, dont les fleurs rouges sont disposées 
en aigrette, est le combretum coccineum, existant dans l’'Her- 
bier de Commerson, sous les noms de pevræa , aigrelle de Ma- 
dagascar. (J.) 

MANOUSE. (Bo. ) Bomare dit qu'a Marseil oi on nomme 
ainsi le lin apporté du Levant. (J.) 

MANQUE. (Ornith.) Tel est, suivant Molini, le nom que 
porte au Chili le condor, vultur gryphus, Linn. (Ca. D.) 

MANROUA. ( Ornith.) La colombe muscadivore, columba 
ænea, Lath., porte ce nom et celui de mankaoua à la terre des 
a (Cx. D.) 

MANS (Entom.), l’un des noms Han des larves du 
hanneton et du scarabée nasicorne. (Het. ) 

MANSANA. ( Bot.) Voyez Manssanas. (J.) 

MANSANILLA. (Bot.) Voyez Mancénirier. (LEM.) 

- MANSARD. (Ornith.) Ce terme, qui s'écrit aussi Mansart, 
est une des dénominations vulgaires du ramier, columba palum- 
bus, Linn., qu’on appelle manseau dans le Brabant. (Cu. D.) 

MANSEAU. ( Ornith.) Voyez Mansann.(Cu. D,) 

MANSFENI. ( Ornith.) Voyez Marrinr. (Cu. D.) 

MANSIADI {Boi.), de Rhèede. Voyez Connor. (Les. ) 


74 MAN 

MANSIENNE. ( Bot.) Voyez Mancrewne. ( L. D.) 

MANSJEL CALINIER (Bot.), nom indien, suivant Bur- 
mann, de son mollugo triphylla. (3.) 

MANSORINO (Bot.), nom toscan d’un chèvre-feuille que 
Santi a observé dans son voyage au Montamiata dans la Tos- 
cane. (J.) 

MANSSANAS. ( Bot.) Dans l'ile de Mindanao, une des îles. 
Philippines, on nomme ainsi, suivant Séis érdt , une espèce 
de jujubier, ziziphus jujuba, de Willdenow. Gmelin en faisoit 
son genre Mansana, auquel il attribuoit , avec Sonnerat, six 
pétales et autant d’étamines; Rhèede réduit ce nombre à cinq 
dans le perim-toddali des Malabares, qui est la même plante, 
suivant Willdenow. (J.) 

MANSUETTE ( Bot.), nom d’une variété de poire pyrami- 
dale , obtuse, courbée, jaunàâtre , tachetée de brun. (L. D.) 

MAN-SY-LAN. (Bot.) On donne en Chine ce nom à la cri- 
nole d'Asie. ( Lem.) 

MANTANNE. ( Bot.) Synonyme de mancienne. La 

MANTE, Mantis. (Entom.) Nom donné par les Grecs à des. 
insectes qui paroissent être les mêmes que ceux auxquels cet 
article est consacré. On trouve en effet dans une desidylles de 
Théocrite ce mot employé pour désigner une jeune fille 
maigre, à bras minces et alongés. Præmacram ac pértenuem 
puellara pavriv. Corpore prælongo ,pedibusitemprælongis ,locustæ 
genus. Rondelet, Mouffet, Aldrovande, Linnæus, ont adopté 
cette dénomination pour indiquer les mêmes insectes. Le 
premier de ces auteurs dit qu’en Provence on nomme indif- 
féremment ces insectes devin et préga diou ou prêéche-dieu, 
parce qu’ils ont les pattes de devant étendues, comme s'ils pré 
choient; il ajoute même avec bonhomie : Tam divina censelur 
bestiola , ut puero interroganti de vià, altero pede extento rectam 
monsiret, aique rar , vel nunquam fallat. 

Les mantes sont des insectes orthoptères ou à élytres ét à 


ailes inférieures plissées en longueur et non pliées transversa- - 


lement, munis de mâchoires; dont les cuisses postérieures ne 
sont pas plus longues que les autres; qui ont le corselet plus 
long que large, et cinqarticl=s aux tarses, et par conséquent 
qui appartiennent à la famille dite des anomides ou difformes . 
parce qu'en effet'ils différent de la plupart des insectes par 


NATAN ; 75 
la longueur de leur cerselet qui peut se redresser sur l’abdo- 
men, et par le mode d’articulation et de conformation des 
pattes de devant dont l’insecte se sert comme de mains pour 
porter ses alimens à la bouche, le premierarticle de cestarses 
ayant la forme de crochet, et faisant avec la jambe une sorte 
de pince. te 

Nous avons fait figurer une des espèces dece genre a la 
planche 24 qui a paru sous le n.° 12 de la première livraison 
de l’atlas de ce Dictionnaire. 

Les mantes différent de la plupart des insectes ortheptères 
par les considérations que nous allons rappeler. D'abord elles 
n'ont pas, comme les grylloïdes ou les sauterelles, les jambes, 
les cuisses, ou en général les pattes postérieures, excessivement 
développées et propres au saut ; ensuite leur abdomen ne se 
termine pas par une sorte de pince, et leurs pattes par trois 
articles. Elles en ont cinq à la vérité comme les blattes, 
mais celles-ci ont le corselet au moins aussi large que long et 
recouvrant la tête, tandis qu’au contraire il est excessivement 
alongé et étroit dans les mantes. 

Deux autres petits genres de la même famille des anomides , 
comme les phyllies et les phasmes, différent ensuite par la 
configuration des pattes de devant qui ne forment pas la 
pince. 

Les mantes, dont le corps est généralement trés-alongé , 
ont la tête penchée, en forme de cœur ou detriangle dont les 
angles sont arrondis; les antennes longues eu soie; les yeux 
saillans avec trois stemmates. Leurs jambes de dgvant sont 
trés-alengées, surtout dans la région des hanches et des cuisses, 
et le tibia ou la jambe a, relativement, moins de longueur et 
se termine par une pointe acéréè en crochet, reçu dans une 
rainure de la cuisse qui est en outre armée d’épines. 

On trouve peu de mantes dans le Nord ; mais on les observe 
très-fréquemment dans le Midi sous les trois états de larves, 
de nymphes motiles et d'insectes parfaits. Elles se nourrissent 
d'insectes mous qu’elles dévorent tout vivans. Les femelles 
pondent leurs œufs en masses disposées par lits, et enveloppées 
d’une matière gluante, comme gélatineuse, qui se dessèche 
a l'air, et qui reste cependant flexible. On trouve ces masses 
sur les tiges des plantes et des arbrisseaux; elles ressemblent 


76 . MAN 


à de petits guépiers, où les œufs, enveloppés d’une sorte de 
parchemin, sont disposés sur deux rangs. 

Les principales espèces de ce genre sont les suivantes : 

1.” La Mante orATEUR, Mandis oratoria. 

Geoffroy l’a figurée, planche 8, fig. 4 du tome K, décrite: 
page 399. 

Caract. : Verte; corselet lisse; élytres vertes; ailes membra- 
neuses, verdâtres, portant au milieu une tache œillée d’un 
noir bleuâtre. 

2.7 La ManrTe RELIGIEUSE, Mantis religiosa. 

Caract. : Verte; corselet portant au milieu une carène 
ou une crête saillante; les ailes inférieures sans taches; élytres à 
côte externe jaunàtre ; une tache brune au dedans des hanches. 
antérieures. 

3.° La Manre srriée, Mantis striata. 

C’est celle dont nous avons donné la figure citée plus haut. 

Caract. : D'un jaune grisâtre; corselet et élytres bordés de 
jaune, celles-ci ayant des nervures longitudinales saillantes. 

4° La Manre PAÏENNE, Mantis pagana. 

Cette espèce a été PRATE comme un névroptére ;etrangée 
par Linnæus avec lés raphidies sous le nem de Mantispa. 

Caract. : Grise; à aïles et élytres transparentes, à nervures 
comme réticulées avec un bord externe plus brun. (C. D.) 

MANTE DE MER ( Crust.), nom vulgaire des crustacés de 
Vordre des stomapodes qui constituent le genre Squille. 
Voyez Maracosrracés. (Des. ) | 

MANTEAU. ( Fauconnerie.) Ce terme, qui s'emploie en gé- 
néral pour désigner la partie supérieure du corps, étoit ET 
particuliérement en usage pour les oiseaux de vol, dont om 
disoit qu’ils avoient le manteau uni ou bigarré. (Cn. D.) 

MANTEAU. ( Malacoz. ) Les zoologistes et les anatomistes, 
partant de l’observation que le corps des mollusques bivalves 
est compris entre deux grands lobes de la peau, situés l’un à 
droite et l’autre à gauche , et quil’enveloppentun peu comme. 
aotre corps l’est dans un manteau, ont employé ce terme d'a- 
bord pour désigner cette partie de l’organisation des bivalves, 
et ils Pont ensuite étendu à l’enveloppe cutanée de tous les 
mollusques en général, quoiqu’elle se dispose souvent d’une 
maniére extrémement différente. Voyez Morrusques. (De B.} 


MAN | 77 

MANTEAU-BLEU. (Ornith.) L'espèce de goéland à laquelle 
on donne ce nom et celui de bieu-manteau , est le larus glaucus, 
Linn.;.et celle qu’on nomme vulgairement manleau noir ou 
noir-manteau , est le Larus marinus, Linn. (Cn. D.) 

MANTEAU DU CHRIST. (Bot.) C’est en Espagne le nom 
d’une stramoine , datura fastuosa. (LEem.) 

MANTEAU DUCALI. (Conchyl.) Cette dénomination est 
assez généralement employée par les marchands d’objets d’his- 
toire naturelle, pour désigner une belle espèce de peigne, 
le pecten pallium , Lamck.; ostrea pallium, Linn., Gmel. ,; que 
la beauté et la variété de ses couleurs font beaucoup recher- 
cher dans Les collections. Voyez Perexe. ( DE B.) 

MANTEAU DUCAL BOMBE. ( Conchyl.) Sousce nom rare- 
ment employé, l’on entend l’ostrea plica, Linn., Gmel. > espèce 
de peigne des zoologistes modernes. (DE B.) | 

MANTEAU DUCAL DE LA MÉDITERRANÉE. ( Conchyl.) 
Bruguiére, dans ses Principes de conchyliologie , dit que l’on 
déue ainsi l'ostrea plica de Linn., Gmel., espèce de peigne 
des zoologistes modernes, et serie cette espèce provient 
de l’Inde. (DE B.) 

MANTEAU NOIR ou NOIR-MANTEAU. (Ornith. ) Voyez 
GoéLaANp À MANTEAU noir et Mouette. (DEsm:) | 

MANTEAU ROYAL. (Bot.) C’est l’ancholie desjardins. (Lem.) 

MANTEAU ROYAL. ( Entom.) Selon M. Latreille, on donne 
ce nom à une chenille, dont il n'indique pasle genre, parce 
que ses taches rougeàtres, relevées de jaune clair, imitent 
grossièrement des fleurs de lis. (Des. ) 

MANTEAU DE SAINTE MARIE ou DE LA VIERGE. (Boi.) 
C’est la colocase. (Lew.) 

MANTEAU DE SAINT-JAMES. (Conchyl.) Coquille pré- 
cieuse du genre Harpe, harpanobilis, Linn. (Lem.) 

: MANTEES. (Bot. ) Voyez Come-commr. (J.) 

MANTEGAR ou MANTIGER. (Mamm.) Ces noms, qui 
signifient homme-tigre , ont été donnés au mandrill, espèce 
de singe du genre Cynocérxare. Voyez ce mot. (Desm.) 

MANTELET. ( Malacoz.) Adanson , Sénég., pag. 75, a cru 
devoir établir sous ce nom un petit genre de mollusques que 
les zoologistes modernes paroissent ne pas avoir admis, parce 
qu’ils l'ont regardé comme formé avec des mollusques du 


78 MAN 


genre Porcelaine, non encore parvenus à l’état adulte, Ce- 
. pendant, en faisant la remarque qu’Adanson observoit pour 
ainsi dire à la fois et pendant plusieurs années les cyprées , les 
marginelles et les mantelets, et qu’il a trés-bien connu les 
différences d’âge dans les coquilles et dans les animaux, il ne 
paroit pas probab'e qu'il ait pu commettre une erreur aussi 
grave, d'autant plus qu'il dit positivement avoir vu des in- 
dividus de son genre Mantelet vieux et jeunes. Nous‘croyons 
donc que ce genre doit être adopté comme intermédiaire aux 
volutes et aux cyprées. Les caractères que l’on peut assigner 
à ce genre sont : Animal ovale, enroulé ; le pied ovale, trés- 
grand , plus large en avant, où son bord offre un sillon trans- 
verse ; le manteau débordant un peu à droite et à gauche la 
coquille sur les côtés de laquelle il peut se recourber; tête 
petite, distincte, portant deux tentacules assez longs, très- 
aigus, et les yeux à la partie externe de leur base ; la bouche 
pourvue d’une trompe;le tube respiratoire court: coquille fort 
mince, involvée; la spire extrêmement petite; l'ouverture 
ovale alongée, anguleuse en arrière; le bord droit tranchant 
et non recourbé en dedans; le bord columellaire avec une 
sorte de long pli vers le milieu de la columelle. 
” Ces animaux vivent comme les porcelaines sur les rochers. 
Adanson place dans ce genre quatre espèces ; mais les trois 
dernières me semblent être de véritables marginelles ; leur co- 
quille a en effet des plis bien marqués au bord columellaire.Je 
n’y range done que l’animal qu’il nomme potan, et dont il 
_donne une description détaillée pag. 75, et une figure, pl.5, 
fig. 1. L’animal, dont la couleur est d’un violet obscur et foncé, 
qui se rapproche beaucoup du noir, a la partie supérieure des 
lobes de son manteau parsemée d’un grand nombre de petits 
filets charnus , cylindriqueset obtus a l'extrémité. Sa coquille, 
qui est rarement entière, tant elle est mince et fragile, a la 
forme d’un cylindre obtus aux deux extrémités. Dans le jeune 
âge , sa couleur en dehors comme en dedans est d’un violet 
foncé; dans l’âge intermédiaire elle est d’un gris de lin sale, 
coupé transversalement par deux bandes agates: Enfin les 
plus grandes, qui ont communément un pouce et demi de 
longueur, et moitié moins de largeur, sont à fond blanc, mar- 
quées de: quatre ou cinq rangs transversaux de petits points 


MAN 79 


fauves , ou d’un brun clair avec quelques taches blanches dis- 
tbiee. sur trois ou quatre bandes transverses. 

Gmelin rapporte cette espèce de mollusque à son conus 
bullatus, mais très-probablement à tort. (DE B.) 

MANTELET DES DAMES ( Bot.) , nom vulgaire de l’alché- 
mille commune. (LeEm.) 

MANTELLE (Ornith.), un des noms vulgaires de la cor- 
neille mantelée, corvus cornix, Linn. (Cu. D.) 

MANTELURE. (V'enerie.) On nomme ainsi la couleur a dos 
d’un chien de chasse, quand elle n’est pas la même que celle 
des autres parties du corps. (Cu. D.) 

MANTERNIER. ( Bot.) Daléchamps dit qu'aux environs de 
Nantua on nomme ainsi l’amelanchier, mespilus amelanchier 
de Linnæus. (J.) 

MANTIAKEIRA ( Bot.) , nom caraïbe, cité par Surian, du 
pois à gratter, dolichos pruriens de Linnæus. (J.) 

MANTICHORE. ( Mamm.) Animal fabuleux dont parlent 
les auteurs grecs et latins; il n’est point du domaine de l’his- 
toire naturelle. (F. C.) 

MANTICORE,, Manticora. (Entom.) Nom donné par Fabri- 
cius à un genre dents coléoptères qui ont cinq articles à 
tous les tarses, les élytres dures, longues, les antennes en soie 
non dentées, et les tarses non en nageoires, par conséquent 
de la famille des eréophages ou carnassiers. 

Ce genre, dont le nom est tiré de la fable HeVTIG 0 y indi- 
quoit un animal monstrueux, de la forme du lion, à face hu- 
maine, dont la bouche étoit armée de trois rangées de dents. 
(Voyez Ælien, L. 7, c. 2; Pline, L. 8, c. 21.) Fabricius l’aura 
probablement choisi à cause du grand nombre de dentelures 
ou de pointes dont les mandibules de cet insecte sontarmées. 

Il n'a encore été rapporté que deux espèces à ce genre, toutes 
deux originaires du cap de Bonne-Espérance. Thunberg à fait 
connoître l’une sous le nom de cicindèle géante, et Degéer en 
avoit fait un carabe. Olivier l’a décrite et figurée dans son ou- 
vrage sur les coléoptères, n.° 37, fig. b c d e. On ne connoît pas 
leurs mœurs; mais l’analogie et la structure de leur bouche 
prouvent Sur leurs habitudes carnassières. 

Nous avons fait figurer dans la planche 13.° de la 3. livrai. 
son de l’atlas de ce Dictionnaire, dans la seconde des créo- 


$o MAN 


phages sous le n.° 4, l'espèce de RASeore qu'on a appelée 
maxiilaire ou a mâchoires. 

Voici les caractères essentiels de ce genre. | 

Corselet plus étroit que la tête et les élytres qui sont sou- 
dées; pas d’ailes membraneuses; pattes de devant dentelées 
à ni article des tarses simple. 

Ces caractères suffisent seuls pour distinguer ce genre de 
tous ceux de la même famille, surtout l’absence des ailes, en 
même temps que l’étroitesse al corselet. (C: D.) 

MANTIDES. (Entom.) M. Latreille avoit désigné sous ce 
nom, qu'il paroît avoir abandonné dans le troisième volume 
du Règne Animal de M. Cuvier, les insectes orthoptères, 
voisins des mantes, que nous avions appelés la famille des 
anomides ou difformes. (C. D.) 

MANTIENNE ( Bot.) Voyez Maxcrenwe. (L. D.) 

MANTIGER. (Mamm.) Voyez Mantscar. ( DEsm.) 

MANTIRA (Bot.), nom caraïbe du gayac. (Lew.) 

MANTISALQUE, Mantisalca. ( Bot.) Ce genre ou sous- 
genre, que nous avons proposé dans le Bulletin des Sciences 
- de septembre 1818 ( pag. 142), appartient à l’ordre des synan- 
thérées, et à la tribu naturelle des centauriées. Voici ses ca- 
ractéres, que nous avons observés sur un individu vivant et 
cultivé. 

Calathide discoïde : ait multiflore, subrégulariflore , an- 
drogyniflore; couronne non radiante, unisériée, ampliatiflore, 
mneutriflore. Péricline trés-inférieur aux fleurs, ovoïde; formé 
de squames régulièrement imbriquées , appliquées, interdila- 
tées, ovales oblongues, coriaces, munies au sommet d’un petit 
appendice subulé ,spiniforme, réfléchi. Clinanthe plan, épais, 
charnu, garni de fimbrilles nombreuses, libres, inégales, lon- 
gues, fiiformes Jaminées. Fleurs du disque : Ovaire glabre, 
muni de côtes longitudinales et de rides transversales. Ai- 
grette double : l’extérieure semblable à celle de la plupart 
des centauriées, l’intérieure irrégulière, unilatérale, longue, 
composée de trois ou quatre squamellules entre-greffées, qui 
forment une large lame membraneuse. Corolle régulière, pas 
sensiblement obringente. Etamines à filet glabre, sauf des ves- 
ügespapilliformesde poilsavortés.Stigmatophorespointlibres. 
Fleurs de la couronne : Faux ovaire semi-avorté, filiforme, 


MAN er 
glabre, inaigretté. Corolle à limbe profondément divisé en 
cinq ou six lanières égales, longues, linéaires, et contenant 
trois ou quatre longs filets, qui sont des rudimens d’étamines 
avortées. : 

Nous ne connoissons jusqu'a uses .. ‘une seule espèce de 
ce genre. 

MANTISALQUE ÉLÉGANTE : Mantisalca elegans, H. Cass.; Cen- 
taurea salmantica, Linn., Sp. pl., edit. 3, pag. 1299. C’est üne 
plante herbacée, vivace suivant Linnée, bisannuelle suivant 
Dumont-Courset, annuelle suivant Mœnch et Persoon; sa tige 
est haute de trois pieds, grêle, striée, glabre et un peu ra- 
meuse; ses feuilles inférieures sont pinnatifides et sinuées 
comme celles de la chicorée, avec un lobe terminal en fer de 
lance, assez grand et denté; elles sont garnies de poils fort 
courts et un peu rudes; les feuilles de la tige sont très-étroites, 
presque linéaires, dentées a leur base; les calathides sont seli- 
taireset terminales; leurs corolles sont purpurines ou blanches ; 
les squames du péricline sont trés-lisses. Cette plante habite 
l’Europe méridionale et la Barbarie; on la trouve dans le midi 
de la France. 

Le nom générique Mantisalca étant l’anagramme du nom 
spécifique Salmantica , qui signifie Salamanque, mérite assuré- 
ment l’anathème des botanistes, qui ont proscrit ces sortes de 
noms. Quant à nous, qui ne respectons les règles qu’autant 
qu’elles sont fondées sur des motifs raisonnables, et qui ne 
voyons dans les noms génériques que des lettres et des syllabes 
arbitrairement assemblées et fixées par convention, nous sou- 
tenons qu’un nom de genre formé par anagramme est aussi 
bon que tout autre, lorsqu'il ne blesse ni l'organe de la pro- 
nonciation, ni celui de l'audition, et lorsqu'on ne peut pas 
le confondre avec aucun autre nom générique. ( H. Cass.) 

MANTISIA, Mantisia. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la 
famille des amomées , de la monandrie menogynie , offrant pour 
caractère essentiel : ‘Un calice coloré, à trois divisions; une 
corolle monopétale , à trois lobes; un Hour très-long, muni 
à sa base de deux appendices subulés, bilobé à son sommet, 
seutenantune anthère double; un style simple; le stigmate aigu. 

Ce genre différe trés-peu des globba ; il pourroit même lui 


29. 6 


82 MAN 
être réuni, si l’on connoissoit le fruit, qu’on peut cependant 
soupçonner être le même. Il est borné à une seule espèce. 

Manrista EN SAUTOIR : Mantisia saltatoria, Bot. Maguz., 
pag. et tab. 1520;,Poir., Encycl. Suppl. Plante des Indes 
orientales, dont les racines se réunissent en plusieurs fibres 
simples, épaisses, charnues, alongées. Les tiges sont munies 
de feuilles alternes, médiocrement pétiolées , entières, lan- 
céolées, prolongées en une lanière trés-aiguë. Des racines 
s’élève’une hampe droite, plus courte que les feuilles, garnie 
à sa partie inférieure de spathes vaginales , oblongues, ovales, 
aiguës, s’enveloppant les unes les autres; divisée à sa partie 
supérieure en quelques rameaux alternes, étalés, munis de 
bractées ovales, colorées, un peu en cœur. Chaque fleur est 
 pédicellée, ayant une spathe composée de trois foliolesinégales, 
colorées er violet, conniventes, presque ovales; la coroile est 
distante du calice, jaune, monopétale , irrégulière, a trois lobes 
inégaux; il y a un seul filament linéaire, violet, trés-long , 
muni à sa base de deux longs appendices subulés, étalés; ce. 
filament, bilobé au sommet, soutient une anthère double. 
(Pore.) 

MANTISPE, Mantispa. (Entom. ) lines avoit les aun 
genre denévroptères, celui desraphidies, une espèce de mante, 
et par conséquent un insecte de l’ordre des orthoptères, parce 
que ses ailes sont en toit et a peu prés transparentes; mais toute 
l'organisation est celle des mantes. Illiger et M. Latreille en 
ont fait un genre caractérisé uniquement par le port et la 
consistance des ailes ou élytres. Manfispa signifie patte de 
mante. Voyez RarxiniEe, Mante et AnomiDes, tom. II , Suppl., 
pag. 66. (C. D.) | 

MAN-TODDA-V ADDI. (Bot.) Sous- arbrisseau du Malabar, 
dont Adanson a voulu faire, sous le nom de mantodda, un genre 
voisin du tamarin dans la famille des légumineuses, et que 
Scopoli a voulu reproduire sous le nom de rochea : l’un et 
l’autre n’ont pas été admis. (J.) 

MANTRER (Bot.), nom arabe d'un giroflier, cheiranthus 
villosus de Forskal, ou du cheiranthus chius. (J.) 

MANUCODE. (Ornith.) Cette espèce de paradisier, ou oi- 
seau de paradis, paradisea regia, Linn., forme, dans le système 
de M. Vieillot, le genre Cicinnurus de sa famille des manuco- 


MAN 83 
diates , lequel a pour caractères un bec grêle, convexe en 
dessus, fléchi et foiblement entaillé vers le Hu de sa partie 
supérieure; une langue terminée en pinceau; des ailes alon- 
gées. (Cu. D.) 

MANUGHAW ÆlL, ( Bot.) On nomme ainsi à Ceilan une 
asclepiade, asclepias asthmatica , très-estimée pour soulager 
les asthmatiques. (J.) 

MANUGUETTO (Bot. ), nom provençal d’un calament, 
melissa nepeta , cité par Garidel. (J.) . 

MANUL (Mamm.), nom propre d’une espèce de Cxar. Voyez 
ce mot. (F. C.) 

MANULÉE, Manulea. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
a fleurs complètes, monopétalées, de la famille des rhinanthées, 
de la didynamie angiospermie, offrant pour caractère essentiel : 
Un calice à cinq divisions ; une corolle tubulée ; le limbe par- 
tagé en cinq découpures entières, inégales; l’inférieure dis- 
tante; quatre étamines didynames, attachées au tube de la 
corolle; un ovaire supérieur; un style; une capsule a deux 
loges, à deux valves polyspermes. 

ManuLée À Tices NUEs : Manulea cheiranthus nt Commel., 
Horé., 2, tab. 42 ; Nemia cheiranthus, Berg., Cap., 6, sp. pn 
Plante boue du cap de Bonne-Espérance, dont la tige est 
droite, rameuse, haute de huit à dix poutes, garnie de 
feuilles alternes ou presque opposées, ovales, dentées en scie 
ou presque incisées, très-distantes; de fleurs disposées en 
grappes làches, droites, terminales, assez longues, munies de 
bractées linéaires, à corolle d’un jaune foncé; dont le tube est 
grêle et le limbe divisé profondément en cinq laniéresétroites, 
linéaires, presque subulées , l'inférieure étant écartée et réflé- 
chie; lesautres étalées en ne de main ouverte, d’où vient le 
nom manulea imposé à ce genre. 

ManuLée TomenTEUsE : Manulea tomentosa, Lamck., Encycl. et 
TL. gen., tab. 520, fig. 1; Jacq., Icon. rar., 2; Pluken., Phy- 
togr., tab. 519, fig. 2; Selago tomentosa, Linn. Cette espèce 
est couverte sur toutes ses parties d’un duvet blanchâtre et 
cotonneux ; ses tiges sont couchées à leur base, puis ascen- 
dantes, longues de huit à dix pouces, herbacées, garries de 
feuilles opposées, alternes vers le haut, rétrécies en pétiole, 
ovales oblongues , presque spatulées , obtuses , crénelées , 


6, 


84 MAN 


longues d’un pouce et plus; les fleurs d’abord en bouquet ou 
en thyrse; elles forment, en se développant, des panicules 
étroites, un peu feuillées, composées de petites grappes 
courtes, munies de bractées linéaires; la corolle est d’un jaune 
foncé, un peu tomenteuse; le tube grêle; le limbe à cinq di- 
visions courtes ; les capsules de la longueur du calice, Cette 
plante croît au cap de Bonne-Espérance. | | 

Manurée Hénissée : Manslea hirta, Poir., Encycl. Suppl. ; 
Lamck?, IL. gen. , tab. 220, fig 2; Gærtn., de Fruct., tab. 5. 
Ses tiges sont droites, un peu grêles, hérissées de poils courts, 
garnies de feuilles alternes, presque sessiles, ovales, ellip- 
tiques , obtuses, longues d’un demi-pouce, un peu pileuses, 
a crénelures inégales, aiguës; quelques unes renferment dans 
leur aisselle une fleur solitaire, presque sessile; mais le plus 
grand nombre forment un épi droit, terminal, composé de 
petites grappes distantes, chargées de trois ou quatre fleurs 
presque sessiles; les bractées lancéolées, presque subulées : le 
calice campanulé, ses divisions étroites, aiguës; la corolle 
petite; le tube grêle; les divisious du limbe eourtes , ovales, 
aiguës; les capsules petites. Cette plante eroît au cap de Bonne- 
Espérance. 

MANULÉE À LONGS PÉDONCULES : Manulea pedunculata, Poir., 
Encycl. suppl. ; Buchnera pedunculata , Andr., Bot. Repos. , 
tab. 84. Cette espèce, originaire du cap de Bonne-Espérance, 
a des tiges droites, glabres, trés-rameuses, garnies de feuilles 
nombreuses; les inférieures alternes, à peine pétiolées; les 
supérieures opposées , ovales, cunéiformes, longues d’un 
demi-pouce , glabres, sinuées et dentées; les fleurs solitaires, 
axillaires, longuement pédonculées; la corolle d’un blanc 
bleuâtre; l’orifice du tube marqué de lignes rougeûtres; les 
divisions du limbe linéaires, obtuses. 

MANULÉE A FEUILLES ALTERNES : Manulea alternifolia, Desf., 
Catal. Paris. ; Poir., Encycl. Suppl. Cette plante, très-rappro- 
chée de la précédente, en diffère par ses feuilles toutes pé- 
tiolées; les inférieures alternes ; les supérieures opposées, 
ovales, un peu rhomboïdales, glabres à leurs deux faces, den- 
tées à leur contour: les fleurs blanchâtres, un peu jaunâtres à 
leur orifice, petites, alternes, pédonculées, sortant de l’ais_ 
selle d’une bractée, formant , par leur ensemble, une sorte 


MAN 85 


de corymbe termanai; les pédoncules filiformes, un peu pu- 
bescens, plus longs que Les bractées ; le calice à einq divisions 
sétacées; la corolle grêle ; les lobes du limbe fort petits. Cette 
plante croît à la Nouvelle-Hollande; on la cultive au Jardin 
du Roi. 

MaANULÉE A FEUILLES OPPOSÉES; Manulea ons kde Vent., 
Malm., 1, tab. 15. Arbuste d'environ deux pieds, dont les tiges . 
sont pubescentes, tres-rameuses ; les feuilles opposées, pétio- 
lées, en ovale renversé, longues de six lignes, pubescentes, 
les dde solitaires , opposées, axillaires; les pédoncules uni- 
flores , de la‘longueur des feuilles; le ealice pubescent; la co- 
rolle d un blanc de lait ; le tube grêle, pubescent; le imbea 
cinq lobes entiers, arrondis; les filamens dilatés à leur som- 
met ; les anthères ovales, à une seule loge; les eapsules ovales, 
presque entiérement recouvertes par le caliae, à deuxdoges, 
à deux valves; la cloison formée par les bords rentraas des 
valves; les semences petites, trés-nombreuses, couleur de 
rouille. Cette plante croît au cap de Bonne-FEspérance. 

Mavucée rérine : Manulea fetida, Poir., Encycl. Suppl. ; 
Willd., Enum.; Bichnera fetida, Andr., Bot. Repos., tab. 80. Les 
tiges sont glabres, cylindriques; les rameaux axillaires; les 
feuilles pétiolées, presque opposées; les supérieures alternes, 
d’une odeur fétide, glabres, presque lancéolées, longues d’un à 
deux pouces, incisées et laciniées à leurs bords; les fleurs 
disposées en grappes axillaires, terminales, peu garnies; le 
calice glabre; ses divisions courtes, filiformes; la corolle 
blanche, deux fois plus longue que le calice. Cette plante 
croît au cap de Bonne-Espérance. 

Beaucoup d’autres espèces ont été découvertes dans les temps 
modernes, particuliérement au cap de Bonne-Espérance. Plu- 
sieurs de ces espèces peuvent être cultivées comme plantes 
d'ornement. On les sème sur couche, dans des pots remplis de 
terre de bruyère. On repique en pleine terre les espèces an- 
nuelles; on rentre lesligneuses dans l’orangerie, aux ic 8 
de lhiver. (Porr.) 

MANUS MARINA. (Zoophyt.) Traduction latine du nom 
de main marine, que quelques auteurs anciens ont donné à 
l’alcyon digité de nos mers. Voyez Losuraire. (Ds B.) 

MANZANA (Bot.), nom de la pomme en Espagne. (Lew,) 


86 MAN 


MANZANILLA (Bot.), nom castillan de l’absinthe, cité par 
Quer, auteur d’une Flore Espagnole. (J.) 

MANZAO , MANZO. (Mamm.) Les habitans du Const noin- 
ment ainsi leur éléphant. (EF. C.) 

MANZIZANION. (Bot.) Aetius, cité par Daléchamps, nom- 
moit ainsile faba ægyptia des Latins, le cyamos des Grecs, que 
l’on rapporte au nelumbium des modernes; maïs ce nom n’ap- 
partient-il pas plutôt à la Corocase, arum colocasia? Voyez ce 
mot. (J.) 

MAO, MAUX: (Bot.) Voyez Manea. (J.) 

MAOKA (Bot.), nom d’une variété de cotonnier, cité par 

M. Bosc. (J.) | | 
 MAOS. (Ornith.) Le bourgmestre ou goéland à manteau 
gris-brun , larus fuscus, se nomme ainsi en Suéde. (Cu. D.) 

MAOU: (Bot.) Nom galihi, cité par Aublet, de l’hibiscus 
liliaceus dont on emploie la seconde écorce pour faire des 
cordes dans la Guiane. Le même nom est aussi donné au cou- 
ratari d’Aublet, espèce de zanoniæ employé au même usage. 
On peut en conclure que le mot maou est dérivé de celui de 
mahot, donné à diverses plantes textiles. (J.) 

MAOURELLO. (Bot.) Le tournesol porte ce nom en Lan- 
guedoc. (L. D.) 

MAOURELO {Bot.), nom languedocien du tournesol, cro- 
éon tinctorium , cité par Gouan. (J.) 

MAPACH. (Mamm.) Le raton laveur est ainsi nommé au 
Mexique, suivant Nieremberg et Charleton. (F. C.) 

MAPANA-POJA (Bor. ), un des noms malabares, cité par 
Rhéede, pour une espèce de phyllanthe. (J.) 

MAPANE , Mapania. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs glumacées , de la famille des cypéracées, de la 
friandrie monogynie de Linnæus, effrant pour caractère es- 
sentiel: Un grand involucre à trois folioles; un calice à six 
valves imbriquées ; point de corolle; trois étamines; un ovaire 
supérieur; un style; trois stigmates filiformes; une seule se- 
mence. 

MaAPaNE Des FoRÊTIS : Mapania sylyatica, Aubl., Guian., 1, 
tab. 17; Lamck., Ill. gen. , tab. 37. Cette plante a des racines 
dures, traçantes et fibreuses : il s’en élève des tiges simples, 
longues d'environ deux pieds, triangulaires, uues, garnies 


| MAP 87 
seulement à leur partie inférieure de feuilles vaginales à leur 
base, ovales, oblongues , aiguës, minces, sèches, membra- 
neuses, de couleur roussätre. Au sommet de chaque tige est 
un paquet de fleurs formant une tête sessile dans un invo- 
lucre à trois grandes folioles ovales, aiguës, fermes, ner- 
veuses , très-entières, élalées , longues de six pouces et plus. Les 
piéces du calice sont concaves, ovales, alongées, aiguës, den- 
tées en scie; les filamens plus longs que le calice, attachés sous 
l'ovaire ; les anthéres quadrangulaires , oblongues, à deux 
lobes; l'ovaire est ovale.Cette plante croît dans la Guiane ,au 
bord des rivières d’Aroura et d'Orapu, dans les forêts inon- 
dées. (Porr.) 

MAPATO. (Bot.) À Tarma, dans le Pérou, on nomme ainsi 
le krameria triandra de MM. Ruiz et Pavon, qui est le ratanhia 
des environs de Huanuco, dont la racine jouit dans le pays 
d’une grande réputation pour le traitement de plusieurs ma- 
ladies. Voyez RaranniA. (J.) 

MAPEURITA ou MAPURITA. (Mérite Ce nom est donné 
aux moufettes dans plusieurs provinces de l'Amérique méri- 
dionale. (Desm.) 

MAPIRA. (Bot.) Adanson nommoit ainsi l’olyra de Linnæus, 
genre de la famille des graminées. (J.) | 
MAPOU. ( Bot.) Il paroît que ce nom désigne dans les An- 
tilles des bois mous. On le donne à quelques figuiers, et sur- 
.tout à diverses espèces de fromager, bombax, dont les troncs 
légers sont employés, suivant Desportes, pour faire des canots. 
On trouve encore sous ce nom, dans l'herbier de l’Ile-de- 
France de Commerson , un cissus qui étoit son Ci et qui 

est lé cissus mappia de M. Lamarck. (J.) 

MAPOUREA (Ornith.), nom du faucon en tamoul. (Cx. D.) 

MAPOURIA. ( Bot.) Genre d’Aublet, réuni au simira du 
même auteur. Ces deux genres font partie des Psycotarra. 
(Porr.) 

MAPPA. (Bot.) Espèce de ricin des Moluques, cité par 
Rumph, qui est le marocca-nonau de Ternate. (J.) 

MAPPEMONDE. (Conchyl.) C’est la ceyprœa mappa, ainsi 
nommée parce que la disposition de ses couleurs a quelques 
rapports avec celle des terres sur.kes mappemondes. ( Dr B.) 

MAPPIA. ( Bot.) Nom donné à plusieurs plantes différentes. 


86 MAP 


Ke cunila de Linnæus est le mappia de Heister et d’Adanson ; 
celui de Jacquin paroît n’être qu’une espèce de celastrus, dont 
on ne connoit pas encore le fruit, maïs qui est remarquable 
par des pétales repliés en dedans à leur sommet et par un stig- 
mate marqué de cinq sillons. Un autre mappia est celui de 
Schréber qui nomme ainsi le soramia d'Aublet; maïs ce genre 
ne peut subsister, puisque le soramia lui-même est maintenant 
réuni au letracera dans la nouvelle famille des dilléniacées. Le 
mappia, existant dansl’herbier de Commerson , fait à l’Ile-de- 
France, est l’achitmappou, cissus mappia de M. Lamarck, genre 
de la famille des viniféres. (J.) 

MAPROUNIER , Maprounea. (Bot.) Genre de plantes di- 
cotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille deseuphorbia- 
cées , de la monoëcie monandrie de Linnæus, offrant pour ca- 
ractère essentiel : Dans les fleurs mâles, un calice tubulé, à 

- trois ou quatre divisions; point de corolle ; un seul filament 
chargé d’une anthère à trois ou quatre lobes : dans les fleurs 
femelles, un calice trifide; point de eorolle; un ovaire supé- 
rieur; trois styles divergens; une capsule à trois coques mo- 
nospermes. 

MarROUNIER DE LA GuiANE: Maprounea guianensis , Aubl., 
Guian., 4, pag. 895, tab.342;Lamck., Ill. gen., tab. 743 ; Œgo- 
pricum belulinum , Linn., Suppl.; Smith, Fase., 2, tab. 42; 
Gærtn., de Fruct., tab. 138. Arbrisseau d'environ septa huit 
pieds de haut, dont les branches sont revêtues d’une écorce 
grisètre , chargées de rameaux gréles, un peu flexueux; les: 
feuilles alternes , pétiolées, ovales, acuminées, aiguës, lui- 
santes en dessus, plus pâles en dessous , longues d’environ 
deux pouces. Les fleurs sont disposées au sommet des jeunes, 
rameaux, en panicules lâches, petites, à ramifications tu- 
berculées; les bractées courtes, écailleuses, ovales. Les fleurs 
sont de deux sortes : les mâles petites, serrées, réunies plu- 
sieurs ensemble en forme de petits chatons ovales, pédicellés, 
presque arrondis; les femelles solitaires , inclinées sur des 
pédoncules propres, plus longs que ceux des fleurs mâles. 
Le fruit est une capsule sèche, globuleuse , glabre, à trois 
loges, à trois coques monospermes, bifides au sommet. Cet 
arbrisseau croit à Cayenne; il perd ses feuilles tous les ans. 


Porn.) 


| MAQ 89 

MAPURIA. ( Bot.) Voyez Marowra. ( LE.) 

MAPURITO (Mamm.), nom donné par les Européens de 
l’Orénoque à une espèce de moufette. (F. C.) 

MAQEDOUNIS.(Bot.) Nom arabe du persil, selon M. Delile. 
Le cerfeuil est nommé macdunis frandji PAR Forskal , et le persil 
bagdunis par le même. (J.) 

MAQUE-BREU. (Ornith.) En Picardie, selon M. MisHiaks on, 
donne ce nom au stercoraire labbe. (Desx.) 

MAQUEREAU, Scomber , Scombrus. (Ichthyol.) On appelle 
ainsi vulgairement un poisson du genre Scombre de Linnæus, 
poisson très-abondant en été le long de nos côtes de l'Océan 
et dont M. Cuvier a fait le type d’un sous-genre dans la famille 
des scombéroïdes parmi les acanthoptérygiens. Voyez ScomBre. 
(H. C.) 

MAQUEREAU BATARD (Ichthyol. ), nom vulgaire du ca- 
ranxz trachurus. Voyez Caranx. (H. C.) 

MAQUEREAU DE SURINAM. (Ichthyol.) On a quelquefois 
donné ce nom au carangue, caranx carangus, Voyez CaRanNx. 
(H. C.) 

MAQUI, Aristotelia. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
à fleurs complètes, ou peut-être dioïques , de la dodécandrie 
monogynie de Linnæus, offrant pour caractère essentiel : Un 
calice presque campanulé , à cinq ou six découpures ; cinq ou 
six pétales insérés à la base du calice ; douze étamines et plus 
epposées aux divisions du calice ; les anthères droites, oblon- 
gues, attachées aux filamens vers la base; un ovaire trés-petit, 
supérieur; trois styles connivens à leur partie inférieure; une 
baie à trois loges, renfermant deux ou trois semences dans 
chaque loge. 

Lhéritier, auteur de ce genre, a remarqué dans plusieurs 
fleurs des anthères stériles, ce qui lui a fait soupçonner que 
cette plante pourroit bien être stérile. 

Maqui eranpureux : Aristotelia maqui, Lhéritier, Shrp., 
pag. 21, tab. 16; Lamck., Ill. gen., tab. 390; Gærtn., Fil., 
tabl. , 211; Aristotelia glandulosa,Sysk. veg. Flor. Per., pag. 126, 
Arbrisseau du Chili, dont les rameaux sont glabres, opposés. 
garnis de feuilles pétiolées, opposées, ovales, aiguës, arron- 
dies à leur base, finement dentées en scie , longues de deux 
pouces, accompagnées de stipules caduques. Les fleurs sont 


go MAQ 

disposées, vers l'extrémité des rameaux, en petites grappes 
axillaires, de la longueur des pétioles , à trois fleurs pédicel- 
lées, munies de bractées. Le calice est court , élargi à sa base ; 
ses découpures un peu obtuses, de la longueur des pétales ; 
les filamens trés-courts. Le fruit est une baie de la gros- 
seur d’un pois, ponctuée, un peu glanduleuse, à trois loges. 
Chaque loge renferme une à trois semences convexes, an- 
guleuses ; l'embryon est plat, entouré d’un périsperme 
charnu. Ces baies sont bonnes à manger. Les habitans du 
Chili en retirent une ee dont ils font une sorte de vin. 
(Porr..) 

MAQUINHA (Bot.), nom donné par les Portugais de l'Inde 
au nialel du Malabar , qui paroît être un cookia dans la famille 
des aurantiacées. Voyez Lansa. (J.) 

MAQUIZCOALT (Erpétol.), un des noms de pays de l'Amenis- 
BÈNE. Voyez ce mot. (H. C.) 

_… MAQUOMUOU (Bot.), nom provençal vulgaire d'une; jacée, 

centaurea Lu de Linnæus, suivant Garidel. (J.) 

MARA. (Bot.) Voyez Manpxarya. (J.) 

MAR ABILLES DEL PERU. . (Bot. } C’est de cenom, donné d’a- 
bord parles Espagnols du Pérou à la belle-de-nuit, quedérivece- 
lui de mirabilis souslequel cette plante a été désignée par Clusius 
et Gérard, et ensuite par Linnæus. Mais comme un nom géné- 
rique ne doit jamais être adjectif, on a substitué à ce nom 
celui de nyclago, qui est la traduction grecque ou latine de 
belle-de-nuit. Û. ) CPAS 

MARABOU. (Ornith.) L’argala, décrit dans ce Dicota 
tom. 9, pag. 218, sous le nom de cigogne à sac, est aussi appelé 
marabou dans des (Ca. D.) 

MARACA. ( Bot.) Les Brésiliens donnoient ce nom et celui 
de tamaruca à des courges de la grosseur de la tête, qui, étant 
desséchées, vidées et remplies de cailloux , servoient d’ins- 
trumens de musique. Au rapport de Thevet , ces courgessont 
produites par la plante cohyne ou macocquier, qui pourroit 
bien être notre callebassier, crescentia. ( LEm.) 

MARACABALOU (Bot.), nom caraïbe d’une espece dé 
caïmitier, chrysophyllum, cité dans l’herbier de Surian. (J.) 

MARACANA. (Ornith.) Ce nom, sous lequel Marcgrave 
-a décrit des perroquets du Brésil, a été appliqué en général, 


MAR ; 91 
par M. d'Azara, aux aras et aux perruches du Paraguay. 
(Ce. D.) s 

MARACAXAO. (Ornith.) L'oiseau queles Mexicainsnomment 
ainsi, paroît être une espèce de chardonneret , fringilla melba, 
Einn. Edwards l’a figuré, Hist., pl. 128, et Glan., pl. 272. 
M. Vieillot lui trouve des rapports avec l’acalanthe, pl. 52 de 
ses Oiseaux chauteurs. Le mäle à la taille du chardonneret 
commun; le devant desa tête et sa gorge sont rouges ; on voir. 
une petite tâche blemâtre entre le bec et l’œil; l'occiput, 
le dessus du cou et le dos sont d’un vert jaunâtre ; lescouver- 
tures et les pennes secondaires des ailes sont verdtres et fran- 
gées de rouge à l’extérieur;les pennes primaires sont noiràtres; 
la poitrine est d’un vert olive, et le ventre rayé transver- 
. salement de blanc et de noir; le bec est de couleur de chair, 
et les pieds sont d’un brun pale. Le dessus de la tête et Le cou 
de la femelle sont cendrés: le dos et le croupion sont d'un 
vert jaunâtre; les pennes de la queue, dont le fond est brun; 
sont bordées en dehors d’un rouge vineux; les couvertures 
inférieures sont blanches, et les pieds de couleur de chair. 
(Cr. D.) 

MARACAYA, MARAGAIA (Mamm.), noms brasiliens du 
marguay, suivant Marcgrave. (F. C.) © 

MARACOT (Bot.), nom indien d’une grenadille, passiflora 
incarnata, cité dansl'Hort. Farnes. d’Aldini ; elle est aussi nom- 
mée maracoc. (J.) k 

MARACOUJA. (Bot.) Voyez Murucuia. (LEw.) 

MARAGNA. ( Ornith.) Coréal dit, tom. I de ses Voyages 
aux Indes occidentales, pag. 179 , qu'il y a au Brésil un perro- 
quet de ce nom, lequel y est aussi commun que les pigeons en 
Espagne. (Cu. D.) À 

MARAGOSA. (Bot.) Voyez Marsosa. (J.) 

MARAIAIBA. (Bot.) Pison mentionne sous ce nom un pal- 
mier à feuilles grandes, à tige entièrement couverte d'épines 
noires trés-dures, et dont les fruits disposés en grappe, de la 
grosseur d'un œuf de pigeon, sont bons à manger. (J.). 

MARAIL. (Ornith.) Voyez les articles Maraye ét Yacou. 
(Cu. D.) 

MARAIS. (Géogr. Phys.) Voyez Eau , tom. XIV, p. 57. (B.) 

MARAIS SALANS, (Min.) On donne spécialement ce nom 


92 MAR 


aux marais ou amas d’eau de mer, étendus en surface et peu 
profonds, qui existent sur les rivages de la mer, ou qu’on y 
forme artificiellement. On cite ceux d’'Aiguemortes entre Mar- 
seïille et le Rhône comme un exemple des premiers ; les seconds 
sont beaucoup plus nombreux. 

On dispose ces marais de manière à ce qu’on puisse extraire 
de l’eau de mér qu’ils renferment , et par les procédés les plus 
économiques, le sel marin contenu dans cette eau. Nous réu- 
nirons dans cet article non seulement ce qui concerne l’ex- 
traction du sel marin des marais salans, mais encore ce*qui 
est relatif à l'extraction de ce sel de l’eau de la mer. 

L’eau de la mer est bien la mine la plus vaste de sel maria ; 
mais ce n’est pas la plus riche. S'il falloit employer unique- 
mentla chaleur des combustibles pour en obtenir le sel, cette 
substance seroit portée à un prix trop élevé. On extrait done 
le sel de l’eau de la mer de deux manieres : 1.° par la seule 
évaporation naturelle; 2.° par l’évaporation naturelle combi- 
née avec l’évaporation artificielle. 

Dans le premier cas, on fait cette extraction au moyen des 
marais salans. Ce sont des bassins très-étendus, mais trés-peu 
profonds, dont le fond est argileux et fort uni; ils sont prati- 
qués sur le rivage de la mer. Ces marais ou bassins consistent : 
1.° En un vaste réservoir placé en avant des marais propre- 
ment dits et plus profonds qu'eux; ce réservoir communique 
avec la mer par un canal fermé d’une écluse : on peut, sur 
les bords de l'Océan, le remplir à marée haute; mais les ma- 
rées sont plutôt un inconvénient qu’un avantage pour les ma- 
rais salans. 2.° En marais proprement dits, qui sont divisés en 
une multitude de compartimens au moyen de petites chaus- 
sées. Tous ces compartimens communiquent entre eux, mais 
de manière que l’eau n’arrive souvent d’une case dans la case 
voisine, qu'aprésavoir fait un trés-long circuit; ensorte qu’elle 
a parcouru une étendue quelquefois de 4,500 métres, avant 
d'arriver à l'extrémité de cette espèce de labyrinthe. Ces di- 
verses parties ont des noms techniques très-nombreux, très- 
singuliers, mais qui différent dans chaque département. Ces 
marais doivent être exposés aux vents de N. O., de N. ou 


de N.E. 
C’est en mars que l’on fait entrer l’eau de la mer dans cesbas- 


MAR 95 


sins étendus. Elle y préseate, comme en voit, une vaste sur- 
face à l’'évaporation. Le réservoir antérieur, nommé jas dans 
quelques départemens , est destiné à conserver l’eau , afin 
qu'elle y dépose ses impuretés, et qu’elle y subisse un com- 
mencement d'évaporation : cette eau doit remplacer celle des 
autres bassins à mesure qu’elle s'évapore. On juge que le sel 
va bientôt cristalliser, quand l’eau commence à rougir; elle se 
couvre peu aprés d’une pellicule de sel, qui se précipite sur 
le sol. Tantôt on lui laisse déposer son sel dans les premiers 
compartimens ; tantôt on la fait passer dans des cases où elle 
présente encore une plus grande surface à l'air. Dans tous les 
‘cas on retire le sel sur les rebords des cases, pour l’y faire 
égoutter et sécher. On le recueille ainsi deux et trois fois par 
semaine vers la fin de l'opération. On commence cette récolte, 
ce qui s'appelle saler, en mai, et on la termine en octobre. 
Le sel obtenu par ce moyen, participe de la couleur du sol 
sur lequel il est déposé; et, selon la nature du terrain, ilest 
blanc et propre pour la table, rouge, c’est-à-dire rougeàtre 
et destiné au commerce de la mer Baltique, ou gris: on ap- 
pelle aussi ce dernier sel vert; on le destine plus particulie- 
rement aux salaisons de la morue et du hareng. Le sel de mer 
a l'inconvénient d’être amer, si on l’emploie immédiatement 
aprés sa fabrication. Il doit ce goût au muriate de chaux et au 
sulfate de soude qu'il renferme. L'exposition à l'air, pendant 
deux ou trois ans, le débarrasse en partie de ces sels. 
_ Les marais salans sont presque aussi multipliés que les mines 
et que les sources salées. — Ceux de Portugal passent pour 
donner le sel de meilleure qualité; il est en gros grains, pres- 
que trausparens. On le préfère, en Irlande, pour les salaisons 
de bœuf. Les sels les plus estimés après celui-ci sont ceux de 
Sicile, de Sardaigne et d'Espagne. — Les sels de France sont 
appropriés a d’autres usages, notamment à la salaison du pois- 
son. Il y a des marais salans sur les bords de la Méditerranée, 
dans le département des Bouches-du-Rhône, et dans celui de 
l'Hérault près d’Aiguemortes. C’est dans ce dernier lieu que 
sont les marais de Peccais. La suite des opérations diffère un 
peu de celle que nous avons décrite; mais les principes sont 
les mêmes. — Sur les côtes de l'Océan on compte ceux de la 
baie de Bourgneuf, ceux du Croisic, ceux de Brouage, de la 


94 MAR 


Tremblade et de Marenne, département de la Charente-fn- 
férieure. 

Dans la seconde manière d'extraire le sel de l’eau dela nrer, 
on forme sur le rivage une esplanade de sable trés-unie, que 
la mer doit couvrir dans les hautes marées des nouvelles et 
- des pleines lunes; dans l'intervalle de ces marées, ce sable en 
partie desséché montre de toutes parts des efflorescences de 
sel marin ; on l’enlève, et on le met en magasin. Lorsqu'on en 
a une suffisante quantité, on le lave dans desfossés avec l’eau 
de mer qu’on sature ainsi de sel marin : on porte cette eau dans 
des bassins de plomb assez étendus, mais peu profonds. On 
évapore, par le moyen du feu , l’eau surabondante, et on 
obtient le sel marin d’un beau blanc. Les ouvriers qui pra- 
tiquent cet art portent plus particulièrement le nom de sau- 
niers ou saliniers; ce sel s’appelle sel de bouillon, et se dis- 
tingue par ce nom de celui des marais salans. Ce procédé est 
mis en usage sur les côtes du département de la Manche, prés 
d'Avranches, à Lissay, à Pont-Baïl, et sur celles du dépar- 
tement du Calvados, à Touques. 

On assure qu’on peut aussi concentrer l’eau de la mer par 
la gelée; la partie qui se gèle contenant beaucoup moins de 
sel que la partie qui n’est pas gelée : mais on ne peut pas. 
l’amener par ce moyen à plus de 16 à 17 degrés. (FW411.) On 
ne pourroit point employer le procédé de la congélation pour 
l’eau des fontaines salées qui renferment du sulfate de magné- 
sie, parce que ce sel décompose, à la température de la glace, 
le muriate de soude ; ilse forme du sulfate de soude et du 
_ muriate de magnésie, sel déliquescent qui gêne la cristallisa- 
tion du sel marin, et en altère la qualité. ( Grex.) 

Les Romains ont employé un autre procédé dans leurs sa- 
lines de Cervia et d'Ostia. Ils accumuloient le sel en mon- 
ceaux, et brüloient des roseaux à l’entour: la surface du sel 
se durcissoit, et sembloit se vitrifier ; en sorte que l’eau des 
pluies glissoit dessus sans dissoudre le sel. L’eau de la masse ne 
pouvant plus s’évaporer, entraînoit, en s’écoulant , tous les 
sels déliquescens; ce qui rendoït le sel plus pur et plus sec. 
(P. San-Grorcro.) 

Enfin, à la saline de Walloé en Norwège, on se sert de bà- 
{imens de graduation pour concentrer l'eau de la mer qui est, 


MAR 93 
dit-on, à 5 degrés. On l'amène, par ce moyen et par l'addi- 
tion d’un peu de sel de Norwich, a 32 degrés, et on l’évapore 
dans des poêles. ( Voyez à l’article Soupe MuriaTée les autres 
procédés d'extraction du sel marin, de ses mines, ou des eaux 
qui le renferment. ( B.) 

MARAKA, TAMARUKA. ( Bot.) Suivant Clusius et Dalé- 
champs , ces nomssont donnés dans une contrée d'Amérique au 
fruit du calebassier, crescentia. (J.) 

MARALDI. (yo) En l'honneur de son compatriote 
l’astronome Jacques Maraldi, M. Risso a donné ce nom a un 
poisson du grand genre des gades de Linnæus et de la divi- 
sion des merluches. Voyez Gape, et Merrücus. (H. C.) 

MARALI (Mamm.), un des noms que les Russes donnent au 
cerf commun. (F. C.) 

MARALIA. ( Bot.) Genre de plantes denied a fleurs 
complètes, polypétalées, établi par M. du Petit-Thouars, pour 
une plante de l’île de Madagascar, qui appartient à la famille 
des araliacées , de la pentandrie trigynie de Linnæus, trés-rap- 
proché des aralia, Le calice est fort petit; la corolle composée 
de cinq pétales, renfermant cinq étamines; un ovaire infé- 
rieur, cylindrique, surmonté de trois styles. Le fruit est une 
baie noirâtre, cylindrique, contenant trois semences. C’est 
d’ailleurs un petit arbrisseau chargé de feuilles aiternes, ai- 
lées ; les fleurs disposées en grappes pendantes, composées de 
petites ombelles à longs pédoncules. (Pors.) 

MARAMPOYAN. (Bof.) Plante médicinale de Sumatra , ci- 
tée par Marsden, dont les jeunes pousses sont employées pour 
frotter Les membres après une violente fatigue. (J.) 

MARANA (Bot.), un des noms arabes du metel, espèce du 
genre SrRAMOINE. ( LEm.) 

MAR AN BAS ou BAZ. (Ornith.) Ce nom persan a été ap- 
pliqué a plusieurs oiseaux du genre Faucon, tels que l’autour, 
falco palumbarius , Linn. Le milan, falco milvus, est nommé 
dans la même langue mar an tih. (Ce. D.) 

MARANCOTTI. ( Ornith.) Le P. Paulin de Saint-Barthélemi 
cite dans son Voyage aux Indes orientales, tom. 1, pag. 426, 

_ parmi les oiseaux du Malabar, le marancotti ou picæ, qui, dit-il, 
frappe les arbres avec son bec. Il s'agit ici d’une espèce de 
pic. (Cn. D.) 


96 MAR 

MARANDA (Bot.), nom du myrtus zeylanica à Ceilan, sui- 
vant Hermann et Linnæus. (J.) 

MARANGOUIN ou MARINGOUIN. (Entom.) Voyez Cousin. 
(Dssm.) 

MARANI (Bot.), nom donné par les Portugais de l’Inde au 
Berura AMELront du Malabar. Voyez ce mot. (J.) 

MÂARANO. (Entom.) En Languedoc, selon l’abbé de Sau- 
vages (Dict. languedoc.), on donne ce nom et celui d’arcisous 


à la Mrre pu FROMAGE, (Desm.) 

MARANTA. (Bot.) Voyez GaLAnGA. ( Por.) 

MARAPUTE (Mamm.), nom malabare d’une espèce de chat 
indéterminée, dont le fond du pelage est fauve, qui est cou- 
verte de petites taches noires, à la queue courte, et vit sur 
les arbres, où elle se fait une bauge. (F. C.) | 

MARASAKKI. (Bot.) Le basella alba, employé à la Chine 
comme épinards, est ainsinomméau Japon, suivant Kæmpfer. 

(J.) G 
MARASCA (Bot.), nom qu’on donne dans le pays de Ve- 
nise à la variété de cerise acide avec laquelle ou fait le ma- 
rasquin, liqueur qui en tire son nom. (Lew.) 

MARASSUS. CU Quelques auteurs, Sébaen particulier 
(Thes., 2, tab. 55 ,n.° 2), ont parlé ,sous ce nom, d’un serpent 
d'Arabie see peu connu. (H. C.) : 

MARATHRE , Marathrum. ( Bot.) Genre de Dlénfeé mono- 
cotylédones , à fleurs incomplètes, de la famille des narades, 
de l’heptandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel: Des fleurs hermaphrodites; point de calice ni de 
coroile ; une spathe tubulée; cinq à huit étamines; entre cha- 
cune d’ekes une écaille membraneuse , aiguë ; deux stigmates; 
une capsule à deux valves, à deux loges séparées parune cloi- 
son parallèle aux valves ; des semences nombreuses. 

MARATHRE À FEUILLES DE FENOUIL : Marathrum fœniculaceum, 
Humb. et Bonpl., PL Æqu., 1, pag. 4o, tab. 11; Poir., Ill. 
gen., Suppl., tab. 941. Plante découverte à la Nouvelle-Gre- 
nade sur les rochers inondés auxquels elle adhère par ses ra- 
cinesnombreuses : elles prennent naissance d’une grosse souche 
ou tubérosité qui tient lieu de tige, et produit les feuilles et 
les fleurs. Les feuilles sont pétiolées, longues de six à neuf 
pouces, plusieurs fois ailées , glabres , d’un vert foncé; les fo- 


a 


MAR 97 


lioles nombreuses , sétacées ; les pédoncules solitaires, longs 
d’un pouce, umiflores , environnés inférieurement par une 
gaîne dans laquelle ils étoient d’abord complétement renfer- 
més. Une spathe tubulée, alongée, transparente, membra- 
neuse, d’abord fermée, puis s’ouvrant à son extrémité, laisse 
sortir la fleur, qui n’a ni calice ni corolle. Les étamines 
sont au nombre de einq à sept; les filamens subulés ; persis- 
tans, insérés au sommet du pédoncule ; les anthères d’une 
belle couleur rose, à deux loges, bifides à leur base; les 
appendices placés entre chaque étamine, courts, membra- 
neux ; l'ovaire est ovale, long de deux lignes, à ondes subu- 
lés, divergens, persistans. Le fruit est une capsule ovale, 
glabre , membraneuse, s’ouvrant en deux valves au sommet ; 
les semences sont nombreuses, roussâtres, comme imbriquées 
sur plusieurs rangs, fixées aux deux faces de la cloison. (Pors.) 

MARATHRUM. (Bot.) On trouve dans Lobel que ce nom est 
donné au fenouil ordinaire. (J.) 

MARATTIA (Bot.), Smith, Swartz; Myrioraeca, Commers., 
Juss. Genre de la famiile des fougères, remarquable par sa 
fructification située à la surface inférieure des frondes, et 
composée de grosses capsules trés-nombreuses, anthériformes, 
éparses ou disposées longitudinalement en une série le Le du 
bord de la fronde, sessiles, ovales, nues (sans indusium), s’ou- 
vrant longitudinalement par leur ut , Contenant deux sé- 
ries de loges, et percées de trous en nombre égal à celui des 
loges. 

Les marattia sont de fougères exotiques qu’on ne voit chez 
noüs que dans les herbiers; elles se distinguent par la beauté 
etla grandeur de leurs frondes, toujours deux fois aïlées. Smith 
en a figuré trois espèces, et une quatrième a été décrite par 
Bory de Saint-Vincent; aucune n’a été connue de Linnæus. 

Le MaraTrra AILÉ; Marattiaalata, Smith, Icon. ined. , tab. 46, 
est caractérisé par ses frondes deux fois aïlées, à frondules 
dentées en scie à dents aiguës, par ses rachis écailleux dont 
les subdivisions sont ailées. Cette espèce croît a la Jamaïque, 
dansles lieux pierreux et ombragés des montagnes. 

Le MaARATTIA A FEUILLES DE FRÊNE ; Maraltia fraxinea, Smith, 
Ic.ined., tab. 48, est caractérisé par ses frondes deux fois ai- 
lées, à frondules opposées, à divisions lancéolées, pointues, 


29° 7 


98 MAR 


dentées en scie , cunéiformes à la base, et par ses rachis lisses 
et nus. Il croît dans les bois à l’île de Bourbon, où il a été ob- 
servé par Commerson et par Bory de Saint-Vincent. 

Le MARATTIA A FEUILLES DE SORBIER ; Marattia sorbifolia, Bory, 
Itin., 1, pag. 267, est caractérisé par sa fronde deux fois ai: 
lée, à frondules alternes, à divisions linéaires lancéolées, den- 
tées en scie, cunéiformes à leur base, et par ses rachis lisses et 
nus. Il croît à l'ile-de-Bourbon, avec le précédent dont il se 
rapproche beaucoup. (Lem.) / 

MARAVARA. (Bot.) Ce nom malabare est commun à plu- 
sieurs espéces d’angrec , epidendrum, qui sont distinguées par 
divers prénoms. Voyez ANGgzi-Maravara. (J.) 

MARAVILLA.(Bot.) Dansle royaume de Quito, prés Chill, 
on nomme ainsi la tigridia, genre de la famille des iridées. 
Dans la nouvelle Andalousie c’est le ruellia macrophylla qui 
porte ce nom, suivant les auteurs de la Flore Equinoxiale. (J.) 

MARAXE (Ichthyol.) Rondelet a parlé, sous ce nom, d’un 
poisson des Indes plus cruel et plus grand, dit-il, que le tibu- 
ron, et dont la chair n’est pas bonne à manger. Voyez Tisuron. 

(HG) 

MARAYE. (Ornith.) Bajon dit dans ses Mémoiressur Cayésne 
tom. 1, pag. 383, qu'il a préféré ce nom à celui de marail , 
parce que c’est le édrble nom que les Indiens ont donné à 
cet oiseau. (Cu. D.) 

MARAYÉ, OUCYAOUX. (Bot.) Noms caraïbes de la langue 
de bœuf à Saint-Domingue, cités par Nicolson. C’est, selon lui, 
le lingua cervina, et conséquemment une espèce de fougére. 
(1) 

MARBRE(Min.), Marmor des anciens.Ce nom avoitpoureux 
la même signification qu’il a encore pour les gens du monde : 
il désignoit toute espèce de roche susceptible de recevoir de 
l'éclat parle poli. Les minéralogistes ont restreint cette expres- 
sion , et peut-être a tort, aux seules pierres calcaires qui jouis- 
soient de cette propriété; mais l’usige a tellement prévalu 
‘parmi les nt Eee qui veulent mettre de lexactitude dans 
leur manière de s'exprimer, que ce nom ne peut plus s’appli- 
quer qu'aux variétés de chaux carbonatée ou de calcaire qui, par 
la densité, la finesse , la cohérence de leurs parties, sont suscep- 
tibles de recevoir un poli brillant et assez égal. On ne trouve 


MAR 99 


ces qualités que dans trois variétés principales de calcaire : 
le calcaire saccaroide, qui donne seul les marbres statuaires ; 
le calcaire concrétionné , ‘qui donne la sorte particulière de 
marbre que l’on nomme albâtre; le calcaire de sédiment com- 
pacte ou sublamellaire, qui, en raison de la finesse de son grain 
et de la netteté de ses couleurs, a reçu le nom particulier de 
calcaire marbre: enfin, quelques autres calcaires compactes 
qui offrent quelquefois ré qualités à peu prés égales aux cal- 
caires marbres proprement dits. Fa 

Les calcaires doués de ces propriétés se trouvent dans pres- 
que toutes les formations, mais en proportions bien différentes. 
Ainsi, les calcaires saccaroïdes ou marbres statuaires n'appar- 
tiennent qu'aux formations primordiales, soit aux plus an- 
ciennes, soit aux plus nouvelles, à celles qu’on appelle géné- 
ralement de transition. S'il s’en trouve dans des formations 
plus récentes, ce sont des exceptions rares par leur nombre 
et très-restreintes dans leur étendue. Aïnsi le calcaire juras- 
sique dans certaines parties, dans celles surtout où beaucoup 
de zoophytes entrent danssa composition, et dans celle où il est 
associé avec une grande quantité de magnésie, présente un 
aspect et quelques unes des propriétés du calcaire saccaroïde 
ou des marbres statuaires. 

La plupart des marbres colorés à texture en grande partie 
compacte, avec des parties lamellaires ou également dissémi- 
néesdans la masse, ou rassemblées en veines ou veinules, appar- 
tiennent, soit aux derniers terrains primordiaux, c’est-à-dire, 
aux terrains de transition compacte, soit aux terrains de sédi- 
ment inférieur; mais ici ils commencent à être rares; et dans 
des étendues immenses de pays, entiérement composés de ces 
calcaires de sédiment inférieur, on ne trouve quelquefois pas 
une carrière de marbre. Tel est le cas de beaucoup de cal- 
caires des Alpes, sur Le versant septentrional de cette chaîne. 

Les terrains de sédiment moyen renfermantle calcaire juras- 
sique présentent encore moins de marbre exploitable; mais 
ici ce n'est pas, comme dans les Alpes, une argile grise, du 
sable, une stratification mince et contournée qui altérent les 
qualités techniques de cette formation; au contraire, souvent 
ce calcaire est pur et homogene, le grain est fin, la texture 
très-compacte ; maïs le peu de vivacité des couleurs, etsurtout 


FE 


100 MAR 


la disposition généralement fragmentaire de cette roche, lui 
ôtent les qualités que doit avoir le calcaire marbre pour mé- 
riter qu’on l'exploite avec avantage, et par conséquent qu’on 
y établisse de vastes et durables carrières de marbres. 

C'est dans le calcaire jurassique que se voient les dernières 
grandes exploitations de marbre, et elles cessent même pres- 
que entièrement après ce calcaire; car on ne retrouve plus le 
marbre , même par échantillon, ni dans les terrains crayeux, 
ni dans les calcaires grossiers supérieurs à la craie ; mais il se 
présente de nouveau, en moindre quantité il est vrai, tant en 
nombre qu’en étendue, 1° dans le terrain de transport com- 
posé de cailloux calcaires roulés, connus sous le nom de 
pouddingues, quelquefois de nagelflue, et èe terrain offre daus 
certains. lieux des marbres pouddingues assez recherchés et 
très-répandus (le pouddingue dit brèche de Tolonet en Pro- 
vence, etc.); 2° dans le calcaire d’eau douce ou lacustre, su- 
périeur au calcaire grossier et faisant partie du terrain de sédi- 
méntsupérieur;etnouspouvons donnercomme preuve de cette 
assertion la pierre de Chäteau-Landon près Némours, qui est 
employée comme marbre: celle de Nonette prés d’Issoire, qui 
offre le même usage : ce sont, il est vrai, des marbres peu re- 
cherchés, parce que leurs couleurs sont grises ou pâles, et que 
leur poli est trés-peu brillant; mais ils ont le grand avantage 
d'offrir des masses puissantes, continués et d’une facile exploi- 
tation; considération qui a sur le succés des carrières de 
marbre plus d'influence que les qualités qui résultent de la 
couleur, de la finesse du grain, et même de l'éclat du poli. 
On rencontre, quand on parcourt les montagnes, des gîtes de 
calcaires marbres souvent plus beaux par leurs couleurs 
et leurs autres qualités brillantes que les plus fameux marbres, 
soit statuaires, soit d'ornement, et cependant on ne peut 
parvenir à les mettre en exploitation : cela vient presque 
toujours, ou de leur position d’un accès difficile, ou plutôt 
encore de leur peu d’étendue en masses homogènes et con- 
tinues. Cette dernière condition est et la plus difficile à ren- 
contrer et la plusimportante. Quand elle se présente, presque 
toutes les difficultés disparoïissent devant elle, même celle qui 
résulte d’un accès difficile, parce qu’alors la continuité des 
masses, qui assure la longue durée de l'exploitation, permet 


MAR de 


de faire les dépenses nécessaires pour rendre les transports 
plus faciles: telest le cas des principales carrières de marbres, 
de celles qui sont connues et exploitées depuis long-temps, et 
qui le seront encore pendant une longue suite de siècles, Il 
suffit d’avoir vu les carrières de marbre de Carrare et leur 
position avantageuse pour s'expliquer pourquoi on n'a pas 
pu encore mettre en réelle exploitation les marbresstatuaires 
qu'on a reconnus daus les Pyrénées, dans la Savoie, dans la 
Corse, etc., ceux-ci ne se présentant en général qu’en couches 
interposées dans d’autres roches, ou en amas de peu d’éten- 
due, et pour ainsi dire en échantillon, en comparaison des 
montagnes entièrement composées de marbre statuaire, géné » 
ralement d’une belle qualité, qui forment les deux côtés de 
14 vallée de Carrare. Nous le répétons, il n’y a peut-être pas de 
terrain primordial qui ne puisse présenter des amas de calcaire 
saccaroïde assez volumineux et assez beau pour fournir des 
masses propres à faire quelques bustes, quelques vases, peut- 
être même quelques statues; mais ce n’est pas sur un produit 
aussi précaire, aussi limité, qu’on peut établir une exploitation 
aussi difficile, dont l'ouverture est aussi dispendieuse qu’est 
celle d’une carrière de marbre. (B.) 

La partie minéralogique de cet article se trouvant presque 
en entier à l’histoire de la chaux carbonatée , dont les marbres 
ne sont que des variétés, il ne nous reste donc plus ici qu’à 
considérer ces roches sous le rapport de leur utilité dans les 
arts, et sous celui du commerce important auquel elles ont 
donné naissance. Nous rappellerons cependant encore que les 
marbres proprement dits appartiennent aux variétés lamel- 
laire saccaroïde , et compacte fin du calcaire, et aux for- 
mations primordiales, et de sédiment inférieur et moyen; 
qu’ils en partagent les propriétés et les caractères, et que par 
conséquent tout marbre, dans l’acception restreinte où l’on 
doit entendre aujourd’hui cette expression, doit présenter 
rigoureusement les caractères suivans : de faire une efferves- 
cence plus ou moins vive dans l’acide nitrique ( eau forte ) À 
deselaisser rayer par une pointe de fer, dese réduire en chaux 
vive par la calcination, et de recevoir un poli plus ou moins 
parfait. Ce petit nombre de caracteres dont l’ensemble est 
décisif et tranchant, suffit pour éloigner cette foule de roches 


102 MAR 

que les gens du monde confondoient mal à propos avéc les 
marbres, tandis qu’elles appartiennent aux porphyres, aux 
granites, aux serpentines, etc... Nous ajouterons, pour aché- 
ver de les isoler complétement, que l’albâtre calcaire où 
oriental, qui jouit des mêmes caractères que nos marbres, 
s'en distingue cependant par sa texture intérieure , qui est 
presque toujours fibreuse dans un sens, ainsi que par ses 
nuances jaunes de miel ou jaunes de cire, qui sont disposées 
par zones ondulées ou concentriques, aspect qui est une suite 
nécessaire de sa formation, et qui ne se rencontre jamais 
dans les marbres. 

L’on a proposé plusieurs méthodes pour classer les marbres ; 
mais si l’on eût réfléchi que la plupart de ces roches ne dif- 
férent entre elles que par des nuances, des teintes, ou de lé- 
ger$ accidens qui n'ont pas la moindre importance en miné- 

rälogie , on se seroit évité la peine que ces soi-disant méthodes 
ont dû coûter à ceux qui les ont imaginées. L’on ne peut 
réellement classer les marbres que par ordre de contrées, 
quand on veut en faire une longue énumération , où par 
ordre d'usage et d'emploi, quand on ne doit rappeler que 
ceux qui sont le plus estimés dans le commerce ; et d’ailleurs, 
comme chacun d’eux appartient à une variété de l’espéce 
chaux carbonatée, l’on conçoit qu’il devient absolument su- 
pérflu de s’efforcer à les soumettre à un arrangement métho- 
dique spécial. 

Les marbres , considérés par rapport à leur emploi dans les 
ta se distinguent: 

. En marbres statuaires; 

2. En marbres de décoration. 

Les premiers comprennent les marbres blancs dontle grain, 
la teinte et la dureté sont uniformes; ils appartiennent aux 
variétés lamellaires et saccaroïdes de la chaux carbonatée 
des minéralogistes, parce que leur cassure présente une foule 
de petites lamelles ou facettes brillantes qui se croisent en 
tout sens, ou que leur grain plus fin et plus serré rappelle la 
contexture du plus beau sucre., 

Les seconds se composent de cette foule de marbres colorés 
dont quelques uns présentent le brillant assemblage des cou- 
leurs Les plus tranchées qui, disposées par veines, par taches, 


MAR 103 


ou par bandes plus ou moins grandes, et plus ou moins dis- 
tinctes , offrent cependant un aspect assez constant dans 
chacun d’eux, pour qu’il soit toujours assez facile de les re- 
connoître et de les désigner par les noms qu’ils portent dans 
le commerce, surtout quand on a pu les étudier à la earrière- 
ou au chantier. Les marbres de décoration appartiennent en 
général au calcaire de sédiment , je dis en général , car il y 
en a plusieurs qui se rangent a côté des marbres statuaires, 

dont ils ne sont que de simples. variétés ; tels sont les marbres 

blancs veinés de gris, les bleus turquins, les cipolins, etc. 
La cassure des marbres de décoration est ordinairement terne 
et compacte; ou, si elle devient brillante et lamellaire dans. 
certaines parties, on peut assurer que ces parties sont dues à. 
des veines de calcaire spathique traversant les masses dans un 
grand nombre de directions, ou, plus souvent encore, ces 
portions lamellaires brillantes et spathiques sont dues à des 
débris de corps organisés marins, tels que coquilles, madré: 
pores , entroques, etc., dont ces marbres sont quelquefois 
pénétrés dans tous les sens. 

Les noms génériques de brèche et de lumachelle sont a peu 
prés les seuls qui soient employés dans le commerce pour dé- 
signer les deux groupes que l’on peut raisonnablement établir 
dans cette foule d’accidens difficiles à décrire, fastidieux à 
énumérer, et pour lesquels l'expression est souvent en défaut. 

Les marbres brèches sont ceux qui sont composés de frag- 
mens anguleux, différemment colorés, réunis par une pâte 
plus où moins distincte. Les marbres lumachelles sont ceux qui 
contiennent des débris de coquilles trés-apparens et nom- 
breux; quant à tous les antres.qui ne sont ni unis , ni bréches, 
ni lumachelles, on les nommera, si l’on veut, Jaspés ; diaprés 
ou bariolés. 

Les marbres antiques sont ceux qui ont été exploités et em- 
ployés par les Esyptiens, les Grecs ou les Romains, ou ceux 
dont les carrières sont perdues, et qui ne se trouvent plus 
qu’en fragmens ou en blocs travaillés au milieu des ruines, 
des monumens et des villes dont le nom seul a survécu aux 
révolutions politiques. Les marbres antiques, par cela même 
qu'ils sont rares, sont très-recherchés, Nous en citerons plu- 
sieurs pour exemple, 


104 MAR 
Marbres statuaires. 


Les principaux marbres statuaires sont les marbres blancs 
antiques de Paros, du mont Pentelès, du mont Hymette près 
d'Athènes, et de Lui en Toscane. Celui de Carrare ne paroît 
point avoir été exploité dans Îles temps les plus reculés, car 
on s'accorde assez à n’en faire remonter l'exploitation qu’aü 
temps où César pénétra dans les Gaules. Aujourd’hui c’est le 
seul dont nos artistes fassent usage, et la belle qualité en de- 
vient de plus en plus rare : aussi a-t-on fait quelques essais 
sur les marbres de Florence et des Pyrénées; ces derniers ont 
déjà même été employés avec succès, notamment par M. Bosio 
qui en a fait une figure en pied , d'Henri IV enfant , et par 
mademoiselle Charpentier, qui en a exécuté le buste de 
Clémence Isaure , destiné au Capitole de Toulouse. 

C’est particulièrement sur les marbres grecs que les plus 
célèbres sculpteurs de l'antiquité se sont exercés ; aussi la 
plupart des chefs-d’œuvre qui sont‘venus jusqu’a nous, et qui 
font encore l’ornement de nos Musées, appartiennent-ils a ces 
marbres dont le grain présente de larges facettes, et dont la 
teinte est souvent altérée par des nuances de gris ou de vert, 
qui ne se retrouvent point dans les beaux marbres statuaires 
d'Italie ; quelquefois cependant ces artistes fameux semblent 
avoir recherché cette finesse et cette blancheur uniformes; 
car, si le Torse et la Vénus sont sortis des carriéres de Paros 
et d'Athènes, lApollon appartient à celle de Luni en Tos- 
cane. Le marbre rouge antique, et le marbre noir de Lucullus 
ont été quelquefois employés comme marbres statuaires, té- 
moin la statue colossale de M. Agrippa qui se voit à Ve- 
nise au palais Grimani , et plusieurs autres statues qui sont 
également en marbre rouge antique, et qui font partie du 
Musée royal de Paris. On voyoit aussi plusieurs bustes en 
marbre noir au Capitole et à la villa Albani à Rome. 

Lors de la décadence des beaux arts, quelques sculpteurs 
ne trouvèrent rien de mieux que d'exécuter des statues de 
plusieurs pièces en marbres colorés, c’est ainsi qu’il nous en 
reste encore dont la tête et les extrémités sont en marbre 
blanc; tandis que les draperies sont en marbres de couleur, 
qui imitent les étoffes, les brocards et les péquins à grands 


MAR 105 

ramages ; de tels écarts du bon goût n’autorisent point à re- 
garder ces roches comme des marbres statuaires: un si noble 
emploi semble exclusivement réservé aux marbres blancs les 
plus purs. Le beau marbre statuaire est l’objet d’un commerce 
important. Plusieurs carriéres sont exploitées dans la vallée de 
Carrare pour le compte du gouvernement françois, qui en 
possède un vaste dépôt à Paris; mais comme la belle qualité en 
dévient excessivement rare, les artistes la paient jusqu’a 80 fr. 
le pied cube. Il est donc àsouhaiter que nos carrières de Saint- 
Beat, département de la Haute-Garonne, soient attaquées 
avec suite et constance. : 
Nous n’insisterons point davantage sur les qualités respec- 
tives de ces marbres, ils sont décrits, avec beaucoup d’autres, 


à l’article CaHaux cARBONATÉE de ce Dictionnaire. 


Marbres de décoration. 


i 


L'usage des marbres de décoration n’eSt point aussi ancien 
que celui des marbres statuaires : on commença par en exé- 
cuter des colonnes monolithes , quelques sarcophages, et puis 
on en vint à en revêtir les murs des EE et des palais ; 
on attribua ce dernier excès 55 luxe à l’un des préfets de 
César. 

Les principaux marbres de décoration dont on faitusage en 
Europe, sont, le marbre blanc veiné de gris de Carrare, dont on 
fait tous les piédestaux et tous les vases qui décorent nos jar- 
dins, celui dont ona construitle fameux escalier du château de 
Versailles, et qui est d'autant plus recherché cu approche 
davantage au marbre statuaire, dont il n’est qu’une variété. 

Le bleu turquin n’est encore qu’une variété du précédent, 
puisqu'il se trouve à Carrare dans les mêmes carrières. 

Le cipolin, qui est blanc veiné de larges bandes ondulées, 
grises et vertes, dues à du tale; les carrières antiques en sont 
perdues, mais on en connoit plusieurs dans les Alpes. 

Le languedoc: ils’exploite aux carrières de Caunes prés Nar- 
bonne. Il est d’un rouge de feu rubanné de blanc; il produit 
beaucoup d'effet, et est employé dans la plupart des belles 
églises de France. 

La griolte : ce marbre d’un rouge foncé, varié de taches 
ovales, d’une teinte plus vive, et de cercles noirs dus à des 


400; MAR 
coquilles, s’extrait aussi dansles environs de Caunes en Lan- 
guedoc:; ilse vend jusqu’à 200 fr. le pied cube. 

Le campan, qui présente trois variétés dont on a fait à tort 
trois marbres différens ; son fond rouge , rose ou vert clair, 
est varié de veines entrelacées d’une teinte plus foncée; il 
produit un grand effet quand il est bien choisi. On l’exploite 
dans la vallée de Campan dans les Hautes-Pyrénées. Il se vend 
55 fr. le pied cube à Paris; il s’altère à l’air. On en trouve des 
fragmens dans les ruines romaines du midi de la France. 

La brocatelle d'Espagne. Ce marbre jaune renferme une mul- 
titude de fragmens de coquilles ; il s’extrait à Tortose en Catalo- 
gne, d'où ilse répand dans toute l'Espagne, la France et l'Italie : 
à la rigueur on pourroit le regarder comme une lumachelle. 
= Le portor, l'un des plus beaux marbres de décoration dont 
on puisse faire usage. Fond noir trés-intense, veiné de jaune 
vif; le plus beau vient des environs de Gênes, et particulie- 
rement de Porto-Veñere. Louis XIV le fit exploiter pour la 
décoration de Versailles et de Marly. 

Le jaune de Sienne. Ce beau marbre d’un jaune assez vif est 
veiné de pourpre et de rouge vineux. On l'extrait à deux 
lieues de Sienne, et il se vend à Paris 8o fr. le pied cube. 

Le sicile, marbre trés-recherché qui se distingue par ses. 
grandes bandes veinées et rubannées , rouges, brunes et oli- 
vâtres. 

Le noir antique et le noir de Élaudhe ne sont guère em ploÿés 
que pour les inscriptions des monumens funébres. Le premier 
est d’un noir excessivement foncé, le second tire sur Le gris. 

Le Sainte-Anne, gris foncé veiné de blanc , trés-employé en 
France , mais remplacé aujourd’hui par le suivant. 

Le petit granite, marbre gris foncé, parsemé, ou presque 
entièrement composé de débris d’entroques d’une teinte cen- 
drée. Il se trouve aux Ecaussines pres Mons: il est très-em- 
ployé en France où l’on en importe une quantité prodigieuse. 
Nous formons des vœux pour qu’il soit bientôt remplacé par 
le marbre françois de Moncy, département des Ardennes, 
qui lui ressemble beaucoup. 

Le grand antique est un marbre brèche à grands fragmens 
noirs réunis par une pâte blanche. 

La brèche violelte est un marbre trés- variable qui présente 


MAR 18 


[l 


une foule de fragmens de marbre blancs, violets, rouges, li- 
las, cimentés par une pee verdàtre, etc. Il faut réunir à ce 
riérbié les suivans qui n’en sont que de simples accidens : le 
marbre africain, le fleur de pêcher, et peut-être la brèche 
rose. On D es a Saravezza en Italie. 

La brèche de Tarentaise est un marbre qui ne ressemble à 
aucun autre; son fond est d’un brun de chocolat, parsemé de 
petits fragmens anguleux jaunes ou blancs. On y voit aussi, 
mais rarement, quelques débris de coquilles. On exploite ce 
marbre à Villette en Tarentaise. 

Le drap mortuaire est un marbre lumachelle noir, parsemé 
de coquilles blanches d’un pouce à quinze lignes de long. Il 
est assez estimé malgré sa couleur de deuil. 

Les marbres connus sous les noms de vert antique, de vert 
de mer, de vert poireau et de ‘polzeverra, sont renvoyés aux 
roches serpentineuses. 

La plupart des marbres que je viens de citer sont déja nom- 
més et décrits plus au long à l’article CHaux canBonarÉE de ce 
Dictionnaire, ainsi que je l’ai dit en parlant des marbres sta- 
tuaires : on y trouvera même un aperçu des principales opé- 
rations de l’art du marbrier ; et je n’aurois pu amplifier cette 
partie sans sortir des limites naturelles d’un article de dic- 
tionnaire. On trouvera dans ma Minéralogie appliquée aux 
arts (1) la description de plus de trois cents variétés de marbres, 
et d’assez grands détails sur l’exploitation de ces roches, sur 
l’art du marbrier et du lithoglypte; je renvoie donc à cet ou- 
vrage ceux qui voudroient de plus grands détails sur l’histoire 
de ces belles substances minérales qui contribuent tant à la 
somptuosité des décorations intérieures, et a la durée des mo- 
numens qui en sont enrichis. (P.Brarp.) 

MARBRE. ( Foss.) Voir au mot Pérriricarion. (D. F.) 

MARBRE. (Conchyl.) Ce nom est quelquefois employé dans 
les catalogues de coquilles du dernier siècle, pour désigner une 
coquille du genre Buccinum de Linnæus, et qui est une espèce 
de turbinelle pour les conchyliologistes modernes. (De B.) 

MARBRÉS. (Bot.) Paulet décrit quatre espèces de marbrés ou 
mousseux marbrés ; ils forment une division dans la famille des 


(1) Paris, F. G. Levrault, 1821, trois vol. in-6.° 


108 MAR 

cépes mousseux quisont tous des champignons du genre Boletus, 
Linn. Les marbrés se font reconnoître à leur surface entr'ou- 
verte, plus ou moins profondément découpée et sillonnée, se- 
lon Paulet, en maniére de fortes veines de marbre. Ils naissent 
dans nos bois en automne. 

Le MaARBRÉ FEUILLE MORTE, Paul. Tr.,2, pag. 373. pk 17%, 
fig. 1,est de er neyenne , à surface blanchâtre et chair 
blanche : sa partie tubuleuse est grise; à la maturité, ce cham- 
pignon prend une couleur générale de feuille-morte. Il a une 
saveur agréabie ;etn’incommode pas; il estsec, léger, et brunit 
l’eau dans laquelle on le fait bouillir; il n’est pas aussi délicat 
que les mousseux fins. 

Le Mareré BistRE, Paul., L. c., pl. 172, fig. 2, est haut de trois 
pouces, de couleur de bistre ou de truffe noire avec des mar- 
brures. Ses tubes sont fins, serrés et gris; le stipe est blanc et 
ferme. Toute la plante à une agréable odeur, elle n’est point 
malfaisante. 

Le Mangré ouvarre, Paul. L. c., fig. 3, est de couleur brune 
ou olivâtre marbré, à surface sèche, à tube et stipe gris. 
Ce champignon, plus large que haut, a un chapeau de trois 
pouces de diamètre ; il n’a pas d’odeur désagréable, et ne nuit 
point; comme le marbré feuille-morte il rend brune et mous- 
seuse l’eau dans laquelle on le fait cuire, caractère, au reste, 
qui appartient à toute la famille qui en tire aussi son nom. 

Le MarBré COULEUVRE, Paul., L. e., fig. 4,5, 6, est petit, à 
surface découpée et marbrée, de manière à imiter, en quelque 
sorte, les anfractuosités du cerveau, mélangée de bruu jau- 
nätre et de rouge; sa chair, naturellement blanche, devient 
subitement bleuätre et rougeàtre par le contact de l'air. Ses 
tubes sont fins, serrés et verdâtres; le stipe est lavé de rouge 
ou de pourpre. Ce champignon est élevé de deux à trois pouces ; 
sa surface est sèche, et sa substance molle, humide, se cor- 
rompt aisément; tout annonce qu'il pourroit être d” un dange- 
reux usage. (Lem. ) 

MARBRE, (Erpétol.) Voyez Porvcnre. (H. C.) 

MARBRÉE. (Ichthyol.) Dans quelques uns de nos cantons, 
on donne vulgairement ce nom à la lamproie commune. (Voyez 
PETROMYzoN.) 

M. Risso a fait aussi de ce mot le nom spécifique d’une tor- 


MAR 109 
pille et d’une athérine de la mer de Nice. Voyez ÂTHÉRINE et 
Tonrirre. (H. C.) 

MARCANTHUS. ( Bot.) Voyez MacranTne. (Porr.) 
MARCARAY (Bot.), nom d’un catesbæa sur la côte de Coro- 
mandel, cité dans l’herbier de Commerson. (J.) 
MARCASSIN (Mamm.), nom du jeune sanglier. (F.C.) 
MARCASSITE.(Min.) Nom que l’on donne aux fers pyriteux 
ou sulfurés jaunes, d’un jaune d’or pur, d’une homozgénité et 
d’une pureté assez grande pour être susceptibles d’être taillés, 
polis etemployés même comme objet d'ornement. Voyez Fer 
SULFURÉ JAUNE, t. XVI, p. 5709. (B.) 
MARCEAU (Bol.), nom d’une espèce de saule. (L. D.) 
MARCESCENT | Canuce |. (Bot.) Lorsque le calice n’accom- 
pagne pas le fruit, il tombe dés que la fleur commence à 
s'épanouir (pavot), ou bien après la fécondation, en même 
temps que la corolle (berberis, brassica). Lorsqu'il accompa- 
_ gne le fruit, il continue de végéter (cucubalus bacciferus) , ou 
bien il se dessèche (anagallis, rhinanthus). C’est dans ce der- 
niers cas qu’on le dit marcescent. Il y a des corolles qui ne 
tombent point après la fécondation (campanula, trientalis); 
mais elles ne continuent pas de végéter : on les dit également 
marcescentes. (Mass. ) 
MARCGRAVIA ou MARCGRAAVIA. (Bot.} Voyez Mar- 
erAvVE. (Poir.) | 
MARCGRAVIACÉES. ( Bot.) Le genre Marcgraavia, publié 
primitivement par Plumier, offre des caractères apparens qui 
avoient engagé Linnæus, Bernard de Jussieu et Adanson à le 
rapprocher de la série naturelle des capparidées, remarquable 
surtout par l’attache des graines aux parois du fruit; et j’avois 
suivi ces auteurs en ce point. l’occasion de décrire une nou- 
velle espèce de ce genre, trouvée à la Guadeloupe par M. Ri- 
chard , me détermina à insérer dans le quatorzième volume 
des Annales du Muséum d'Histoire naturelle, année 1809 ,un 
mémoire sur'cette plante, dans lequel il étoit aussi fait men- 
tion de celle de Plumier , et surtout des observations faites par 
M.Richard sur cesplantes vivantes. Il en résultoit que dans le 
marcgraavia, les cloisous du fruitmultiloculaire paroissent avoir 
été d’abord réunies au centre, ensuite détachées au milieu 
par suite d’un retrait, en conservant leur réunion au sommet 


110 MAR 


et à la base; et que le fruit dans sa maturité devient ainsi 
uniloculaire. De plus, ces cloisons, qui portent les graines, 
sont seulement contiguës avec les Frs du fruit sans leur 
adhérer. Dès lors l'insertion des graines est réputée centrale 
et non pariétale comme dans les capparidées. M. Richard 
pensoit que ce genre devoit, d’après ces caractères, être rap- 
proché du clusia dans les guttiféres. J'ai motivé dans le Mé- 
moire précité les rapports et les différences qui existent entre 
ces genres, dont l’affinité est réelle, mais non complète, et 
j'en conclus que le marcgraavia pourroit devenir le type d’une 
famille nouvelle voisine des guttiféres, à laquelle on devra 
joindre le norentea d’Aublet et l’antholoma de M. Labillardière. 
C’est d'aprés cette simple indication que M. Decandolle, 
dans sa nouvelle édition de sa Théorie élémentaire de la Bo- 
tanique, année 1819, faisant l’énumération des familles an- 
ciennes et nouvelles, cite, sous ce nom, celle des marcgravia- 
cées. Je n'avois fait que la proposer avec doute ,parce que ses ca- 
ractèresne m’étoient pasassez connus ; mais puisqu elle est ainsi 
dénoncée au public, il faut essayer de la caractériser, en préve- 
nant cependant que ce caractère général sera sujet à revision. 
Cette famille, placée à côté des guttifères, doit être dans la 
classe des hypopétalées, c’est-à-dire des polypétalées à étamines 
hypogynes. On ytrouve:un calice à plusieurs divisions très-pro- 
fondes, dont une ou deux plus extérieures, sont peut-être des 
Eat une Corolle hypogyne dontles pétales sont tantôt dis- 
tincts, tantôt réunis en une coiffe recouvrantlesorganessexuels, 
laquelle se détache par sa base et tombe entiére ; des étamines 
nombreuses également insérées sous l'ovaire, leurs anthères 
alongées et droites portées sur des filets très-courts; un ovaire 
libre, simple ; un style simple ou nul; un stigmate en tête, 
quelquefois iobé ; un fruit ordinairement globuleux, coriace, 
ou un peu charnu, à plusieurs loges polyspermes, devenant 
quelquefois uniloculaire en mûrissant, par le retrait des cloi- 
sons; desgrainesattachées au bord des cloisons, à l'angle interne 
des loges. Tige ligneuse, droite ou sarmenteuse, grimpante ; 
feuilles alternes,simples, entières, coriaces; fleurs terminales, 
pédicellées, en ombelle ou en épi. (J.) 
MARCH (Bot.), nom arabe d’un cynanque, cynanchum py- 
rotechnicum de Forskal. (J.) | 


MAR 114 

MARCHAIS. (Ichthyol.) Les pêcheurs appellent ainsi une 
variété du maquereau qui manque de taches. (Voyez Scomsre.) 

On donne aussi ce nom au hareng qui a frayé. Voyez Crurée. 
(H:€) | 

MARCHALLIA. (Bot.) Voyez Payreumorsis. (Poir.) 

MARCHAND. ( Ornith.) Ce nom, qui est celui d’une espèce 
de canard à bec large , figurée sur la planche 37 de l'Ency- 
clopédie méthodique , et sur la planche 995 de Buffon, anas 
perspicillata, Linn., est aussi donné à un oiseau de proie dont 
il est question dans le Voyage du chevalier des Marchais, par 
le P. Labat, tom. 3, pag. 329 , et que les Portugais appellent 
gallinache. Ce dernier est le vautour urubu, oultur aura, Linn.; 
gallinaze urubu, Vieïll. (Ca. D.) 

MARCHANTIA (Bot), HÉPATIQUE, MARCHANTIE. Genre de 
plantes cryptogames de la famille des hépatiques, caracté- 
risé par sa fronde plane, membraneuse, dichotome ,lobée, por- 
tant des pédicelles à l'extrémité desquels sont des espèces 
d’ombelles coniques ou hémisphériques, lobées ou divisées en 
quatre à douze rayons, au-dessous desquels se trouve la fructi- 
fication. 

Ces caracteres s'appliquent au genre Marchantia, tel que 
Dillenius (quile nomme lichen), Linnæus et les botanistes l’ont 
admisgénéralement, sans avoir égard aux observations et aux 
travaux de Micheli, Adanson, Hill, Palisot-Beauvois, Raddi, 
Nées,-etc., naturalistes qui ont trouvé dans l’étude des parties 
que l’on peut considérer comme les-fleurs et la fructification 
de ces végétaux, des caractèressuffisans pour les classer en plu- 
sieurs genres. Quelques botanistes persistent à maintenir le 
genre Marchantia entier, et rétablissent ainsi ses caractères, 
. fondés principalement sur les observations d'Hedwig : 

Frondeou expansion étalée, rampante ,herbacée, foliacée ou 
membraneuse,succulente,réticuléeou ponctuée,lobéeetdicho- 
tome, appliquée et fixée sur les pierres et la terre par de nom- 
breusesfibrillesbrunes portant trois sortes d'organes floriformes 
ou reproducteurs, qui s’observent sur le même pied ou sur des 
pieds différens, savoir : 

1.” Lesfleurs mâles (Hedw.,Mirb.; fleurs femelles, Pal. Beauv.), 
cupuliformes, sessiles ou portées sur un pédicelle, et en forme 
de plateaux membraneux, lobé ou sinueux, lisse ou écailleux 


112 MAR ' 


en dessous, renfermant dans son épaisseur de petits corps 
arrondis, émarginés à une de leurs extrémités ou aux deux, 
nichés un ou plusieurs ensemble dans des loges, aboutissant 
chacune à l'extérieur par un petit filet. 

2.°Lesfleurs femelles (Hedxwv., Mirb.; fleurs mâles, Mich.., Adans., 
Pal. Beauvois), plus compliquées que les précédentes, forment, 
à l'extrémité de pédicelles opaques et nus ou entourés d’une 
gaîne à la base, des espèces d’ombelles ou réceptacle commun 
à quatre ou douze rayons ou lobes, quelquefois conique ou hé- 
misphérique, et le plus souvent en étoile; sous chaque rayon à 
la base,etdanslesinus,on observeun périchèze ou périsporange, 
ou calice commun à une loge, rarement deux, bivalve, à bords 
dentés et frangés, contenant une à six fleurs orribes chacune 

_de quelques filamens articulés ou paraphyses insérés à la base 
d’un périchèze ou calice, ou périsporange propre, grand es- 
pèce de sac ou de coiffe (calypira), d’abord clos, puis se dé- 
chirant irréguliérement en quatre ou six parties, mettant à nu 
unovaire surmonté d’un styleaunstigmate, et recouvert d’une 
membrane ou pannexterne, autre périsporange propre ou 
calycule, qui se déchire ausommeten deux ou plusieurs parties 
auxquelles le style reste fixé. L’ovaire, porté sur un pédi- 
celle en forme de soie transparente, se développe en une 
capsule pendante, arrondie, quis’ouvre enquatreouhuitvalves, 
quelquefois aussi par un opercule caduc, etcontenant quantité 
de filamens (étamines, Mich.) ou crinules, ou élatères, qui 
lancent de nombreuses séminules (anthères, Mich., Adans.), 
qu'Hedwig a vues germer. | AS 

3.° Lesorygomes ougemmules, ou propagules( fleurs femelles, 
Mich., Adans.), espèce de cupules, de calices, ou de godets 
(thecæ) crénelés , en forme d’entonnoir, situés sur la fronde, 
et danslesquels sont desbulbilles, ou corpuscules propagateurs 
lenticulaires, que quelques botanistes, d'accord avec Micheli 
qui les a vus se développer, regardent comme les VÉHPARISS sé- 
minules. - 

Les pédicelles qui portent lesfleurs iles et ceux quiportent 
les fleurs femelles, naissent aux extrémités de la fronde, dans 
ses échancrures ou ses sinus, et en dessous ils sont rarement 
épiphylles. Quelquefois les pédicelles femelles sont entourés à 
leur base d’une gaine ou involucre membraneux, découpé ou 


MAR 113 


déchiré, renfermant en outre quelques filamens articulés que 
Raddi donne pour des anthères. 
Cette complication d’organes a lieu d’étonner et sera long- 
temps le sujet des méditations des botanistes. On peut remar- 
quer qu’il y a de l’analogie entre la fructitication des mar- 
chantia et celle des mousses, dont l’urne est représentée par les 
capsules, la coiffe parle périchèze propre qui enveloppe chaque 
fleur , les gemmules par les fleurs mâles, ete. 
Les modifications qu’on observe dans la fructification des es- 
pècesont donné naissance aux genres suivans , que nous présen- 
tons ici sous forme de tableau, renvoyant le lecteur à chaque 
nom pour les caractères assignés à chacun d’eux. 
1. Lunarra, Mich., Adans., Raddi; Marchantia cruciata 
Linn. | 
. 2. ConocérxaruM, Hill; Anfhoconum, P. Beauv.; Fegatella, 
Raddi; Hepatica, Mich., Adans.; Marchantia conica, Linn. 
(Voyez Hmparicecra.) | 
3. Resourrzra, Raddi, Nées; Asterella, P. Beauv.; Hepatica, 
Michel.; Marchantia hemisphærica , fie 
4. GrImMArDiA, Raddi; Fimbraria, Nées; Duvalia, Nées ; Aste- 
rella , P. Beauv.; Hepatica, Michel.; Marchantia triandra, Scop. 
5, MarcnanrtiA, Mich., Adans., P. Beauv., Raddi; Marchantia 
polymorpha ; Linn. 
Dans cette nouvelle disposition le genre Marchantia setrouve 
caractérisé par la présence, sur le même pied ou sur des 
pieds différens, des trois sortes d'organes propagateurs que nous 
avons décrits; par ses ombelles partagées en étoiles à sept 
ou douze rayons environ, cylindriques, obtus, portant endes- 
sous ,etdansdes périchèzes communs, à bords dentés ou frangés, 

deux à six capsules pédicellées, munies de leur double calice, 
se divisant au sommet en lanières inégales. 

Les caractères de ces nouveaux genres étant pris sur des 
parties qu’on ne peut étudier qu'avec le microscope, il en ré- 
sulte que l'étude de ces végétaux est nécessairement difficile. 
En outre les espèces connues n’étant pas encore toutes réparties 
dansleur genre respectif, il en résulte qu’on doits’attendre à la 
nécessité de créer d’autres genres, et par conséquent d’augmen- 

ter les difficultés deleur étude; il nesera donc question ici que 
du genre Marchantia , tel que Dillenius et Linnæus l’ont admis. 


29. 8 


2 


114 MAR 

Un petit nombrede ses espècesa été connu des botanistes avant 
Micheli et Dillenius. Ces espèces étoient nommées lichen , lichen 
pelræœus,muscus saxatilis , hepatica fontana et hepatica (voyez ce 
mot). Maintenant on connoitune trentaine de marchantia,, les 
mieux décrites croissent en Europe. Les espèces étrangères ont 
été observées principalement en Amérique, quelques unes en 
Afrique et au Japon. Elles se plaisent toutes dans les lieux 
humides, dans les fentes des pierres , sur la terre aux bords des 
fontaines et des puits, dans les cours abandonnées, etc. 

1. MARCHANTIA rOLYMORPHE : Marchantia polymorpha, Linn.; 
Hedw., Théor. Retr., pl. 26 et 27, fig. 1, 2; Web. et Mohr., 
Germ. ,tab.15,fig. 1,3; Marchantia, Micheli , Nov. Gen., pl. 2, 
fig.1,2, 3; Lichen, Dill., Hist. Musc., tab.76et77,fg.7; Mar- 
chantiaumbellata etstellata, Lamck., Illust. gen.,tab.876, fig.1, 
2; Lichen, Matthiol., Fuchs, Dod., Lobel, Icon., t. 246, fig. 2 
3, etc.; Lichen petreus et Hepatica fontana , C. B., Pin., p. 361, 
n° 1,2,3; Hepatica, Brunfels; Jecoraria seu Hepatica fontana , 
Trag.; Lichen 1, Diosc., Plin.? vulgairement HÉPATHIQUE DES FON- 
TAINES , HERBE D'HALOT, HERBE HÉPATIQUE, DU FOIE, DÉ [A 
RATE, etc. 

Fronde membraneuse, plane, longue de deux à quatre 
pouces, lobée, à lobes obtus, traversée par une nervure mé- 
diane; fleurs mâles en forme de disque ou de bouclier lobé, 
portésur un pédicelle; fleurs femelles portées par une ombelle 
radiée, de sept à douze rayons, dont les périchèzes communs 
renferment deux à trois fleurs pendantes dont une seule frue- 
tifie; orygome en forme de godets crénelés. Cette plante forme 
des plaques de deux à six pouces de large, qui par leur multi- 
plicité couvrent de grandes surfaces; ces plaques offrent tantôt 
les deux espèces de fleurs, tantôt une seule. Quelques natura- 
listes en font même alors deux especes, par exemple, le mar- 
chantia stellata , Scop. ( Lamck., ILE gen.,t. 876, fig. 2; Dill., 
t. 77, fig. 7, B, ©, E, I), est l'individu femelle; et le mar- 
chantia umbellata, Scop. (Lamck., fig. 1; Dill., fig. 7, D), re- 
présente l'individu mâle; enfin le lichen, Dillen. ,pl. 76, fig. 6, 
E, F, offre un pied avec les fleurs mâles et femelles, plus les 
orygomes. D’autres auteurs ont confondu les fleurs mâles avec 
les femelles (comme Micheli et D et ont établi aussi 
plusieurs espèces. 


MAR ! 115 


Ceite plante croît sur les pierres, sur la terre humude, aux 
bords des ruisseaux, des sources, des puits, dans les cours 
exposées au nord. On l'employoit autrefois dans les maladies 
du foie, du poumon, et comme vulnéraire. (Voyez Lriexex.) 

Cette espèce est le type du genre Marchantia, de Micheli, 
Adans., Raddi, etc.; la première bonne description qu’on en 
rit, a été donnée dansles Mémoires de l’Académie des Sciences, 
ann. 1713,p. 230, pl.5, par Marchant fils, médecin, qui dédia 
cette plante à son père, médecin. Il remarqua le premier les 
séminules et les filets qui les portent, et comment elles sont 
lancéespar bouffées d’entre les filets, pour se répandre dans l'air. 
« Ces particules jaunes, dit-il, qui par leur extrême finesse, 
s’évanouissent aux yeux, et se perdent dans l'air, sont vraisem- 
blablement les graines de la plante, puisqu'on en voit naître un 
million de jeunes aux environs des anciennes. ? Schmidel et 
Hedwig long-temps après ent fait connoître exactement l’or- 
ganisation de cette plante curieuse. | 

2. MarCHANTIA PATTE D'O1E : Marchantia chenopoda, Linn. ; 
Lichen, Plum., Fil., tab. 142; Dill., tab.77, fig. 8. Fleurs mâles 
pédicellées, portées par des réceptacles palinés ou en formede 
main, à quatre lobes obtus; fleurs femelles également pédi- 
cellées et portées sur un plateau à cinq ou six lobes obtus, cré- 
nelés qui en dessous portent des capsules s’ouvrant en quatre 
valves; fronde dichotome, rétrécie et fréquemment lobée et 
sinuée. Cette singulière espèce a été observée à la Martinique, 
dansles autresîlesenvironnantesetau cap de Bonne-Espérance. 
Mieux connue, elle formera sans doute le type d’un nouveau 
genre. 

3. MAaRCHANMA HÉMISPHÉRIQUE : Marchanlia hemisphærica, 
Linn.; Hepatica, Mich.,tab. 2 , fig. 2; Lichen, Dill., tab. 75, fig. 2. 
Fronde petite , lobée, velue, ciliée, crénelée; réceptacle des 
fleurs femelles presque hémisphérique,presqueentieretpresque 
quadrangulaire ; réceptacle des fleurs mâles pelté, presque qua- 
drangulaire ; orygomes oblongs. Cette plante croît en Europe, 
dans les lieux couverts, les fossés, les puits; elle est peu com- 
mune, quoique se rencontrant presque partout. Ses réceptacles 
femelles ont trois à six lobes arrondis, très-peu profonds; au- 
dessous de chaque lobe est un périchèze commun blanc, beau- 
coup plus grand que dans les autres espèces. 


8, 


116 MAR 

Cette plante est le iype du genre Regourrria (voyez ce aom), 
de Raddi ,etde l’asterella de Palisot-Beauvois (voyezle vol. IIT, 
pag. 257 de ceDictionnaire). Beauvois y place aussi le jungerman- 
nia tenella , Linn., qui en diffère cependant par la forme de sa 
capsule, et qui rentre dans le genre Fimbraria de Nées. Les 
marehantia triloba et quadrata de Scopoli paroïssent être des 
variétés du marchantia hemisphærica , ou des espèces très- 
voisines. 

4. MARCHANTIA ODORANTE : Marchantia fragrans , Balbis, De- 
cand., Schwægr., Musc. hep., pag. 34; Web., Hist. Muse. 
hep., page 106; Wallroth, Annal. Botan., pl. 6, fig. 9-f.; 
Fimbraria fragrans, Nées, in Hor. Phys. Berol., page 45. 
Fronde simple, dichotome, entière, un peu canaliculée; ré- 


ceptacle des fleurs femelles en forme de cône obtus, lisse, en- 


tier, à cinq ou six lobes, portant quatre fleurs dont le péri- 
chèze propre est trés-grand , enflé, et se déchirant en huit à 
dix lanières, restant attachées par leurs pointes ; capsule s'ou- 
vrant transversalement en deux parties comme une boite. Cette 
espèce, l’une des plus petites de ce genre, et dont la fronde est 
quelquefois à peine rameuse, croît dans les Lieux humides et 
ombragés, en Piémont, en Italie, en Suisse, en France et dans 
les Landes; Schwægrichen l'indique en Caroline; elle répand 
une forte odeur résineuse. Les lobes stériles de la fronde sont 
obtus et fertiles, fortement échancrés; les pédiceilles fructi- 
fères naissent dans les échancrures, et sont dans leur jeunesse 
entourés de poils nombreux longs et blancs. Cette plante rentre 
dans le genre Fimbraria de Nées, dont il est parlé à l'espèce 
suivante. 

6. MARCHANTIA MARGINÉ: Marchantia marginata, Nob.; Fim- 
braria marginata , G. Nées, in Hor. Phys. Berol., pag. 44, pl. 5, 
fig. 3. Fronde simple, petite, entière, ou à peine re ! 
glabre, verte en dessus, purpurine en dessous et sur le bord; 
pédicelles, portant les réceptacles, munis à la base d’un péri- 
chèze ou gainule, court, tubuleux, bordé de longs poils 
blancs; réceptacles femelles , obtus, mamelonnés , à quatre 
lobes uniflores ; fleurs munies d’un grand périchèze propre 
(calyptra, Nées) , en forme de sac enflé, blanc , pendant, se 
déchirant en six à douzelaniéres qui restent fixées par la pointe; 
capsule s’ouvrant en deux comme dans l’espèce précédente. 


MAR 117 
Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance, sur les bords 
de la route, près la montagne Leuwenstaart. Elle a été décou- 
verte par Bergius. 

La plante dont il s’agit ; ainsi que le marchantia saccata, 
Wahl, Berl. Mag. , 3, tab. 7, fig. 3; le marchantia tenella, 
Linn. (Dillen., tab. 21, fig. 4); etle marchantia fragrans, 
Balbis , composent le genre Fimbraria de G. Nées, dans lequel 
señcétre viendront se placer encore les marchantia gracilis, 
Web., Ludvigüi, Schwæg., pilosa, F1. Dan., tab. 1148. Le 1e 
brarig est essentiellement caractérisé par ses capsules, s’ou- 
vrant en deux comme une boîte à savonnetie et renfermées 
chacune dans un périchèze propre, trés-enflé, pendant, se 
déchirant en six à douze lanières cohérentes à leur extrémité. 
Ce périchèze manque dans le genre que Nées nomme duvalia, 
peut-être le même que le grimaldia de Raddi. Enfin la ma- 
niére dont sa capsule s'ouvre le distingue de tous les autres 
genres. 

6. MARCHANTIA TRIANDRE : Marchantia Find Scop., Carn., 
édit., 2, tab. 63 ; Balbis, Hepat., pl. 1 , fig. 1; Hepatica, Mich., 
2 , tom. 3 , fig. 5; Grimaldia dichotoma, Raddi, Opusce.'Scient. 
Bot., 1818, pag. 356. Frondes linéaires, dichotomes, vertes 
en dessus et ponctuées; violettes en dessous , émarginées à 
l’extrémité , et donnant naïssance en dessous aux pédicelles 
femelles ; réceptacles triangulaires, convexes, s’ouvrant en 
dessous par trois fentes; capsules s’ouvrant par un opercule 
caduc. Cette petite plante croit communément en Italie parmi 
les herbes et les mousses, dans les fentes des rochers, etc. On l’a 
confondue long-temps avec le marchantia hémisphérique, dont 
elle diffère cependant par la forme de ses et Le genre 
Grimaldia de Raddi, fondé sur cette espèce , se rapproche 
beaucoup du Fimbraria de Nées, dont nous venons de parler, 
et surtout du genre Duvalia. 

7. MARCHANTIA CONIQUE : Marchantia conica, Linn.; Hedw., 
Theor. retr., tabl. 27, fig. 3, 4 ,'5, et tab. 28; Lichen, Dilk, 
tabl. 75, fig. 1 ; Hepatica, Vaill., Paris., tab. 33, fig. 8 ; Mich., 
tabl. 2, fig. 1; Fegatella officinalis, Raddi, Opusc. Scient. 

of., 16818, pag. 356. Expansion grande, rampante, dicho- 
tome, rameuse, lobée, sinuée , obtuse; réceptacle femelle 
porté sur un long pédicelle conique , ou ovale ‘conique, di- 


\ 


118 MAR 


visé en dessous en cinq à sept loges ; contenant chacune une 
capsule recouverte d'un périchèze propre, alongé, et s’ou- 

vrant en quatre lanières ; fleurs mâles sur des pieds différens, 

en forme dé tubercules hémisphériques, sessiles. Cette espèce 

croît dans les bois humides partout en Europe et dans l’Amé- 
rique septentrionale. Elle offre plusieurs variétés: elle a été 

le sujet des observations des botanistes depuis Micheli. Ce 

naturaliste ne crut pas devoir la réunir au même genre que 

le marchantia polymorpha, et il en fit son hepatica qui com- 
prend les marchantia dont les réceptacles femelles ont la forme 
conique ou ovale, ou hémisphérique ; mais bientôt les bota- 

nistes s’aperçurent que la structure propre à sa fleur l’éloignoit 
de celles des autresespèces citées par Micheli , et on en fitun 

genre propre. Hill, je crois, est le premier qui l'en sépara sous 

le nom de conocephalum , puis Beau vois sous celui de anthoco- 

num, et enfin Raddi-sous celui de fegatella, en lui assignant 
des caractères propres exposésaux articles Anrmocons et Hgpa- 

riceLLA. L’hepatica de Micheli comprend les trois genres Fega- 
tella, Grimaldia et Rebouillia, Raddi. 

En Italie cette plante est te dtnesdené employée en mé- 
decine au même usage que le marchantia polymorphe. 

8. MarcHantr croïsErTE : Marchantia cruciata, Linn.; Li- 
chen,; Decand., F1. Fr., n.° 1138; Lunularia, Michel., Gen., 
tab. 4; Liohen, Dill., Musc., tab. 95, Gg. 3; Lunularia vulgaris, 
Raddi ; Staurophora ; Willd. Fronde membraneuse, plane, 
lisse ,; rampante , rameuse, longue de un à deux pouces ; pé- 
Abe munis d’une gaîne à leur base, soutenant un récep- 
tacle divisé en quatre parties caen etas cinq) disposées en 
croix, et portant chacune une seule capsule pédicellée à huit 
sr ; fleurs mâles en forme de coupes recouvertes en partie 
par une membrane. Cette espèce a été observée d’abord en 
Italie aux environs de Florence, puis en France ( Lille, Ab- 
beville, Montpellier, Grenoble), en Espagne, en Portugal, aux 
environs d'Alger, et en Angleterre. Elle croit sur les pierres, 
dans les lieux humides et ombragés. Micheli, Adanson, puis 
Raddi ont fait de cette plante leur genre Lunularia, dont le 
nom à été changé par Willdenow en celui de Staurophora. 
Voyez pour les caractères de ce nouveau genre l’article Lu- 
NULARIA, ( LEM.) 


MAR 

MARCHATO. (Bot.) Les Portugais de lmde nomment ainsi 
le weetla-caitu du Malabar que Burmaon "eue comme une 
variété du commelina cristata. (J.) 

MARCHE DES FLUIDES dans le végétal. (Bot. ) Si l’on met 
la partie inférieure d’une branche chargée de feuilles dans 
une liqueur colorée, la liqueur montera dans la.branche et 
laissera des marques non équivoques de son passage sur les 
trachées, les fausses trachées; le tissu environnant sera coloré, 
et l’on pourra quelquefois suivre la liqueur jusque dans les 
feuilles. Si l’on renverse cette branche, et qu’on la fasse trem= 
‘ per dans la liqueur par son sommet, dont on aura retranché 
l'extrémité, la liqueur s’élèrera par les mêmes canaux qui ont 
servi à la première ascension. Si l’on perce jusqu’à la moelle 
le tronc d’un peuplier ou d’un orme au temps de la végéta- 
tion, on verra la séve s'échapper des gros vaisseaux du bois, 
et particuliérement de ceux qui sont au voisinage du centre. 
Si lon entaille un arbre, de sorte qu'il ne reste dans une 
partie du tronc qu’un petit cylindre ligneux qui établisse la 
communication entre la base et le sommet, la séve continuera 
de s'élever, et la végétation ne sera pas interrompue; mais si 
on Ôte tout le bois et qu’on laisse seulement subsister l'écorce, 
la séve s'arrêtera, et l'arbre cessera de végéter. (Voyezles expé- 
riences de MM. Reichel, Bonnet, Cotta, Coulon, Link et 
Mirbel, Théor. de lord. véget. 

De ces faits et de beaucoup d’autres, on a tiré cette consé- 
quence que la séve est charriée des racines jusque dans les 
feuilles, ou des feuilles vers les racines, par les gros vaisseaux 
du bois, et notamment par ceux qui sont à la proximité de 
la moelle, et qu’elle se répand du centre à la circonférence 
par les pores et les fentes du tissu. 

Si maintenant vous considérez la quantité énorme d’humi- 
dité que les plantes ahsorbent dans le cours de leur vie et 
que vous fassiez réflexion que l’eau commune, loin d’être en 
parfait état de pureté, contient toujours diverses substances 
minérales en dissolution, vous ne serez pas surpris que les 
matières végétales donnent, par l'analyse, des terres, des 
sels, etc. 

Au moment où la végétation recomnrence, dés avant que 
les feuilles soient développées, et que, par leur moyen, une 


120 MAR 

abondante transpiration se soit établie, la séve monte dans 
les végétaux ligneux; et comme elle n’a pas d’issue, elle rem- 
plit non seulement les vaisseaux du bois et de l’aubier, mais 
souvent encore tout le tissu cellulaire; c’est ce qu’on remarque 
au printemps dans le bouleau, dans la vigne, et autres végé- 
taux trés-riches en séve. 

Quand les feuilles sont développées, la séve ne monte guère 
que par le centre, parce que les racines , le tronc, les branches, 
les rameaux ont une communication centrale, et que les gros 
vaisseaux des feuilles aboutissent au cœur des rameaux. 

Quelques physiciens ont cru que la séve circuloiïit comme 
le sang, et par conséquent ils ont admis des veines et des 
artères dans le système organique des végétaux; mais l’obser- 
vation ne confirme point cette théorie. Le tissu végétal n'offre 
rien de semblable aux veines et aux artères; et lorsque l’on 
considère que le tronc d’un arbre dont on a retranché la 
cime continue de végéter, on est forcé de reconnoître que la 
séve ne circule pas à la manière du sang. 

D’autres ont imaginé que les racines envoyoient de la séve 
aux feuilles pendant le jour, et que les feuilles envoyoient 
de la séve aux racines pendant la nuit. Mais voici à quoi se 
réduit ce phénomène : Lorsque après une journée chaude et 
desséchante survient une nuit fraîche avec du brouillard, de 
la pluie ou de la rosée, l’air contenu dans la plante se con- 
dense, et les feuilles, au lieu de transpirer, absorbent de l'air 
et de baie pour a a PR le vide qui se forme. 

Si dans de telles circonstances , on fait une entaille au tronc, 
la séve qui sans doute fût evo stationnaire du moment que 
les vaisseaux eussent été remplis, prendra son cours par la 
lèvre supérieure de la plaie (Expériences de Rai, de Wil- 
lougby, de Tonge), et les feuilles alors tireront beaucoup 
plus d’eau que si les ehoses fussent restées dans l'état naturel. 

La séve s’élabore dans les parties jeunes, et elle produit 
les sucs propres et le cambium. 

Les sucs propres remplissent quelquefois les vaisseaux du 
boïs et de l’écorce, et alors ils sont soumis aux mêmes mou- 
vemens que la séve avec laquelle ils se confondent. D’autres 
fois ils se distinguent fort bien de la séve par la place qu'ils 
occupent; ils sont cantonnés dans des lacunes de l’éeorce et 


MAR 121 


de la moelle. Là il ne paroît pas qu'ils aient des mouvemens 
ascendans ou descendans. 

Le cambium est le commencement d’ure nouvelle organi- 
sation. La séve élaborée dans les vaisseaux imperceptibles de 
la membrane végétale, la nourrit et la: développe. A sa nais- 
sance , le tissu membraneéux, tout pénétré du fluide qui l’ali- 
mente, semble n'être qu’un simple mucilage, et c’est.en cet 
état qu'il est nommé cambium. On juge bien que cette subs- 
tance ne peut se déposer dans des vaisseaux particuliers et 
qu'elle n’a point de mouvement; mais la séve élaborée qui 
développe le tissu vient du centre et du sommet du végétal. 
Sur le corps ligneux du tronc d’un cerisier , à l'extrémité des 
rayons médullaires, Duhamel a vu le cambium se former en 
gouttes mucilagineuses et régénérer l'écorce; et quand on 
fait une forte ligature sur le tronc d’un arbre dicotylédou, 
ou qu’on lui enlève un annéau d’écorce, le suc qui se porte 
des branches vers les racines, développe incessamment un 
bourrelet au-dessus du lien ou au bord supérieur de la plaie. 

Si, dans le cours de l’année, les bords de la plaie restant 
séparés, ne rétablissent point la communication directe des 
racines par le tissu de l'écorce , la base du tronc se dessèche, 
les racines cessent de croître, la succion diminue de jour en 
jour, et l'arbre meurt apres deux ou trois ans d’une vie lan- 
guissante; car les fluides, qui se portent du centre à la cir- 
conférence, ne sont pas assez abondans pour nourrir la partie 
du liber située plus bas que la plaie, et pour déterminer la 
formation de nouveiles racines. 

Ce que je viens de dire de la marche des fluides s'applique 
plus particuliérement aux dicotylédons qu'aux monocotylé- 
dons; mais j'ai peu de mots à ajouter pour que cette théorie 
convienne également aux deux classes. Chaque filet des mo- 
nocotylédons est, sous quelques rapports, comme le corps 
ligneux tout entier des dicotylédons. La séve monte par les 
gros vaisseaux; les sucs propres se déposent dans le tissu cel- 
lulaire environnant, et le cambium, qui se montre à lasuper- 
ficie des filets, donne naissance à un nouveau tissu ligneux 
et parenchymateux. | 

Quant aux champignons; aux lichens, aux hypoxylées et 
aux autres plantes acotylédones, qui n’ont ni trachées, ni 


122 NAR 

fausses trachées, ni vaisseaux poreux, il paroît que lesfluides 
se répandent dans leur tissu, de proche en proche, sans suivre 
de routes fixes et régulières. | 


Causes de la succion, de la transpiration et de la marche des fluides. 


Beaucoup de physiciens des deux derniers siècles croyoient 
que la succion des végétaux (voyez Succrow) étoit une simple 
imbibition, et que leur transpiration (voyez DépsrpitioN) ré- 
sultoit uniquement de la vaporisation des fluides par la cha- 
leur. La succion des racines et des feuilles, et la marche 
ascendante de la séve étoient, suivant eux, le résultat de l'at- 
traction capillaire des tubes; mais cette hypothèse et plusieurs 
autres, tirées des lois générales de la physique, ne répondoient 
pas à cette grande objection, que, dans les végétaux morts, 
on n'observe ni succion, ni transpiration, ni mouvemens 
réguliers des fluides, bien que les formes organiques n’y dif- 
férent point sensiblement de celles des végétaux en pleine 
végétation. Il a donc fallu avoir recours à la force vitale, qui 
est pour le naturaliste ce qu'est l'attraction pour le physicien, 
un effet général auquel on rapporte comme à une cause première 
tous les phénomènes particuliers qui concourent à le produire. 

Nous dirons donc que la succion, la transpiration et la marche 
des fluides dépendent de la force vitale; mais, parce que nous 
voyons que cêtte force n’agit pas toujours avec une égale inten- 
sité, et que même ses effets sont modifiés par des causes exté- 
rieures, il nous reste à connoître ces causes, et l'influence que 
chacune d’elles exerce sur les phénoménes de la végétation. 
Le calorique est celle dont l’action est le moins équivoque : in- 
dépendamment de ce qu’il détermine l’évaporation, il agit en- 
core comme stimulant de l’irritabilité, puisqu'il faut différens 
degrés de chaleur pour faire entrer en séve les différentes 
espèces, et que chacune est douée d’une force particulière ; 
au moyen de laquelle élle supporte , sans risque de la vie, un 
abaïissement de température plus ou moins considérable. 

L'action de la lumière occasionne la décomposition du gaz 
acide carbonique et le dégagement de l’oxigène : c’est un fait 
que prouve l'expérience, quoique les théories chimiques n'en 
puissent rendre raison. 

Le fluide ékectrique à sans doute quelque influence sur la 


MAR 123 


vie végétale ; mais, jusqu’à ce jour, on ne sait rien de positif 
à ce sujet. La croissance extraordinaire des plantes, quaud le 
cielest orageux , dépend peut-être beaucoup plus de la lumière 
diffuse du jour, et de la chaleur humide de l atmosphère, que 
de l’action du fluide électrique. 

La raréfaction et la condensation de l’air contenu dans les 
vaisseaux contribuent aux mouvemfèns des fluides.'La plante, 
au moyen de l'air, agit comme une pompe foulante et asp:- 
rante ; mais cet effet a pour cause les variations de l’atmos- 
 phère, et l’air n’est ici qu’un véhicule que la température met 

en jeu. 

Quant à l'attraction capillaire, elle tend sans cesse à intro- 
duire et à retenir dans le tissu végétal, une quantité considé- 
rable d'humidité, et, par cette raison, il n’y a pas de doute 
qu’elle n’aide à la nutrition ; mais le tissu végétal, privé de 
vie, ne cesse pas d’être hygrométrique, parce que cette pro- 
priété résulte de formes que la mort ne détruit point; ainsi on 
ne sauroit expliquer certains mouvemens de la séve qui nese 
manifestent que dans le végétal vivant, pas les seules lois de 
l'attraction capillaire. 

Concluez de tous ces faits, que la force vitale joue un rôle 
dans les mouvemens de la séve aussi bien que dans les autres 
phénomènes de la végétation. 

Le premier cHetde la vie végétale, je veux dire la succion, 
n’est señsible que dans les parties jeunes, telles que le Liber, 
les feuilles et l’extrémité des racines. Le liber est l'organe 
essentiel de la succion. Une branche peut pomper les fluides 
sans feuilles, sans boutons, sans racines, mais non pas sans 
liber ; et encore dois-je rappeler que les boutons, les feuilles 
et l'extrémité des racines, qui, dans un arbre en pleine végé- 
tation, aident si puissamment à la succion, ne sont que des 
développemens du liber ou de l'herbe annuelle, ce qui est la 
même chose. 

Tant que les vaisseaux ne sont pas remplis de séve, la sue- 
cion peut s’opérer indépendamment de la transpiration. Les 
arbres entrent en séve avant l'épanouissement des boutons, et 
les individus, dont on supprime les feuilles et les branches à 
l’époque de la végétation, continuent durant quelque temps 
de pomper les fluides par leurs racines. 


124 MAR 


Dans les climats tempérés, au retour du printemps, lorsque 
l'élévation de la température excite l’irritabilité végétale, les 
jeunes racines des végétaux ligneux entrent en succion , et la 
séve s’éléve et s’amasse dans leurs tiges et leurs branches. A 
cette époque, les feuilles sont encore enfermées dans les bou- 
tons; la transpiration est à peu prés nulle , et la moindre bles- 
sure , faite aux végétaux foccasionne une perte considérable 
de séve. La ponction de l’érable à sucre se fait, dans l'Amé- 
rique septentrionale, au mois d’avril, temps où la terre est 
toute couverte de neige. C’est aussi dans ce mois que la vigne 
et les bouléaux d'Europe se remplissent de séve. On reconnoît 
clairement, à cette époque, l’effet d’une force interne propre 
au végétal vivant; car, une fois que le mouvement séveux a 
commencé, un abaissement marqué dans la température n’ar- 
rête pas la succion du liber. Mais les boutons, abreuvés de 
fluide, ne tardent pas à se développer, et dès lors les choses 
prennent une autre face. La séve, auparavant presque stag- 
nante, s’élance dans les vaisseaux avec une force prodigieuse, 
pénètre les jeunes rameaux, se distribue dans les feuilles, et 
produit a la fois la matiere de la transpiration , les sucs prapnes 
et le cambium. 

Aussi long-temps que les feuilles transpirent abondamment, 
la séve est entraînée vers les extrémités, et les rameaux s’a- 
longent, mais le végétal ne gagne pas en diamètre. Sitôt que 
la transpiration se ralentit, la croissance des rameauxs’arrête, 
les sucs nourriciers se portent vers la circonférence, et le 
végétal grossit. 

Vers la fin de l'été, les feuilles endurcies transpirent si peu 
que la séve s’amasse dans les vaisseaux comme au printemps. 
Cette surabondance de nourriture , à une époque où la chaleur 
sollicite la transpiration et anime toutes les forces vitales, fait 
bientôt épanouir les boutons terminaux; de jeunes feuilles 
paroiïssent , le mouvement de la séve se rétablit, et ke végétal 
s’alonge. Le renouvellement de la végétation continue jusqu’à 
ce que les froids de l’arrière-saison y mettent un terme ; mais 
alors même la transpiration et la nutrition ne sont pas totale- 
ment interrompues. En cet état, l’arbre est comparable à ces 
animaux dormeurs, qui passent l'hiver dans un engourdisse- 
ment léthargique. 


MAR 128 

Un froid accidentel, ou la suppression des canaux nécessaires 
à la transpiration, prolonge le repos des plantes au-delà du 
temps ordinaire. M. Thouin rapporte qu'ayant envoyé dis 
arbres en Russie, au comte Dimidoff, celui-ci les fit déposer 
dans une glacière, jusqu'au moment favorable à la plantation; 
que quelques uns de ces arbres, oubliés dans la glacière , pas- 
sérent l’été sans donner aucun signe de vie, et que l’année 
suivante , ils furent mis en terre et poussérent très-bien. Quel- 
quefois des arbres transplantés ne se développent pas la pre- 
mière année ; on les croit morts; mais la seconde année, ils 
percent avec une vigueur toute nouvelle. On a vu des pieux 
enfoncés dans le sol, s’enraciner et produire des branches au 
bout de quinze à dix-huit mois. 

La chaleur, l'humidité excessives des pays situés entre les 
tropiques, apportent quelques modifications dans la marche 
des phénomènes de la végétation; mais, quoi qu’il en soit, 
on y reconnoît toujours l'influence des causes que j'ai Éd do 
précédemment. Mrreer, Elém. (Mass.) 

MARCHETTE. (Aviceptol. ) On appelle ainsi la planchette 
ou toute autre machine qui tient un piége tendu, et que l’oi- 
seau fait détendre lorsqu'il se pose dessus. (Cu. D.) 

MARCOCABA. ( Bot.) Nom caraïbe cité dans l'Herbier de 
Suriän, du duranta , genre de la famille des verbenacées, dont 
la baïe est, selon lui, employée par les Caraïbes pour faire 
un vin. (3) - 

MARCOLEUS. ( Ornith.) On trouve, dans Gesner et dans Al- 
drovande, ce nom et celui de marggraff donnés comme des 
dérogation allemandes du geai d'Europe, corvus glandarius, : 
: Linn. (Cx. D.) 

MARCOTTAGE. ( Bot.) Mode de ani ition employé 
pour un assez grand nombre de végétaux. IL consiste à faire 
produire des racines à des branches encore attachées à la 
plante-mère. Pour cet effet, on élève une butte de terre au- 
tour de la base dé jeunes branches (ceignassier); souvent, il 
est nécessaire de courber les branches en terre, au lieu deles 
laisser dans la direction perpendiculaire (vigne); d’autres 
fois il faut en outre inciser la partie courbée enterre (œillet), 
afin de déterminer , à l'endroit de la blessure, un bourrelet 
qui facilite l'émission des racines, On détermine également 


126 MAR 


des bourrelets par des ligatures, par lenlévement d'un an- 
neau d’écorce, etc. Les branches ainsi opérées, se nn 
marcottes, couchages, provins. ( Mass.) 

MARDAKASCH. (Bot.) Nom arabe de la marjolaine, sui- 
vant Forskal. Daléchamps dit qu’elle est nommée merzenius 
ou mersangius. L’origanum ægyptiacum, espèce congénère , est 
nommé mardakouch ou bardakou, selon M. Delile. (J.) 

MARDAKOUCH. ( Bot.) Voyez Marpakascx. (J.) 

MARDER, MAAR, MARD (Mamm.), noms de la marte 
commune dans les langues germaniques. (F. C.) 

MARDLURARTARTOK (Ornith.), un des noms groënlan- 
dois cités par Fabricius, Fauna Groenlandica, pag. 125 , comme 
synonymes du coq, phasianus gallus, Linn.(Cu. D.) 

MARDONO (Bot.), nom donné dansle Chili au stereoxylum 
pulverulentum de la Fiore du Pérou, qui croit aux environs de 
la ville de la Conception. (J.) 

MARÉCA. ( Ornith.) Suivant Pison, Hist. nat. el medica In- 
diæ occidentalis, p. 83, et M. d’Azara, tom. 4 de la traduction 
françoise de ses Voyages, p.326, ce nom désigne en général 
les canards au Brésil. D'un autre côté, Marcgrave, p. 214, l’ap- 
plique en particulier à deux espèces de ce genre, dont Bufion 
appelle la première marec, et la seconde maréca. Celle-la, qui 
porte le nom d'ilathera He l’île de Bahama, est l'anas bôbas 
mensis, Linn., et celle-ci l’anas brasiliensis. (Cu. D.) 

MARÉCAGEUSES [| Prawrss]. (Bot.) Parmi les plantes qui 
vivent dans l’eau, on distingue celles qui eroissent dans la 
mer (fucus), dans les lacs (scirpus lacustris, littorella lacustris), 
dans les fontaines (monlia fontana, sisymbrium nasturiium), 
dans les fleuves ou les eaux courantes (ranunculus fluviatilis) , 
dans les marais (chara, calla palustris); on nomme ces der- 
nières plantes marécageuses. ( Mass.) 

MARÉCAGINE. (Bot.) Nom françois donné par Bridel à son 
genre ParupeLza. Voyez ce mot. (Lem.) 

MARÉCHAL. (Entom.) Nom vulgaire re faupins dans 
quelques départemens ; on les nomme aussi scarabées à ressorts, 
Voyez Taurin. (C. D.) 

MARÉCHAUX. (Ornith.) M. Guillemeau dit , dansson Essai 
sur l’ornithologie des Deux-Sèvres, pag. 136, qu’on appelle 


MAR 127 


ainsi, dans les environs de Niort, le rossignol de muraille, mo- 
tacilla phænicurus, Linn. (Cx. D.) 

MARÉES. (Géogr. Phys.) Mouvemens périodiques de la mer, 
par lesquels elle s'élève et s’abaïsse successivement dans un 
même lieu, a des intervalles de temps réglés. La première 
circonstance est la marée montante qui se nomme aussi flux 
ou flot; l'autre est la marée descendante , appelée encore re- 
flux ou jusan. Il est pleine mer quand la marée montante est 
parvenue à sa plus grande hauteur ; il est basse mer " lorsque 
la marée a cessé de descendre. 

Ces divers mouvemens, peu sensibles dans les mers inté- 
rieures, et souvent déguisés par l'effet des circonstances locales, 
n’ont été connus des anciens que lorsqu'ils sont arrivés au bord 
de l'Océan. Les Grecs, dans l'expédition d'Alexandre aux 
Indes, et ies Romains, lors de la descente de César en Angle- 
terre, furent vivement frappés de ce phénomène rendu très- 
imposant par la grandeur que lui donnent les circonstances 
locales, à l’embouchure de l’Indus et dans le passage étroit 
qui sépare du continent les îles britanniques; maïs cependant 
quelles que soient les différences qu'y peut apporter la configu- 
ration des côtes, il est impossible , quand on l’observe avec 
suite, de méconnoîitre les relations que ses périodes ont avec 
les mouvemens de la lune. Dans les espaces libres, la haute 
mer arrive toujours aux environs de l’heure où la lune 
passe au méridien du lieu, et douze heures après lorsqu'elle 
passe au méridien opposé ; en sorie que ces déux instans re- 
tardent d'environ trois quarts d'heure par jour, ainsi que le 
fait le passage de la lune au méridien. Dans les lieux situés sur 
des détroifs ou sur des rivieres, ils ne sont plus les mêmes, 
a cause du temps qu'emploient à y parvenir les ondes par 
lesquelles le mouvement de la mer se propage ; mais le re- 
tard journalier suit encore le cours de la lune. 

La mer emploie six heures à monter et autant à descendre : 
l'intervalle des deux époques successives de la basse mer, est 
. don aussi d'environ douze heures; ces époques répondent 
aux momens où la distance de la lune au méridien est d’en- 
viron le quart de la circonférence. Il suit de là que si l’on a 
observé une fois l'heure de la haute mer sur la côte ou dans 
uz port, on connoîtra celle des jours suivans, en y ajoutant 


[128 MAR 


le retard du passage de la lune au méridien, pour le nombre 
de jours quise sont écoulés. Cette première époque, de la- 
quelle on déduit toutes les autres, et qu’on fixe ordinairement 
au jour de la pleine lune, se nomme l'établissement du port. 
On la détermine avec soin, et on la publie afin que les navi- 
gateurs puissent profiter de la haute mer pour franchir les 
espaces où la basse mer ne laisse pas une profondeur sufli- 
sante. On voit par la qu'il est nécessaire aussi de connoître la 
hauteur à laquelle la marée s'élève; et nous avons déjà dit que 
cette hauteur dépendoit des localités. En effet, dans lesespaces 
les plus ouverts, comme dans la mer des Indes, elle ne sur- 
passe point 1: mètre (3 pieds), et ne va même qu’à 3 déci- 
mètres (1 pied ) àOtahiti, dans le grand Océan (mer du Sud), 
tandis qu’elle est de 15 mètres (45 pieds) environ dans le 
renfoncement de la côte de France près de Saint-Malo. Des 
vaisseaux du premier rang peuvent donc, dans ces parages, 
passer sur un fond qui six heures après se trouvera entière- 
ment découvert. Lorsqu'une élévation si considérable a lieu 
sur une côte plate, la mer, s’avançant beaucoup dans les terres, 
s’y développe avec une rapidité qui peut surpasser quelque- 
fois la vitesse d’un cheval, et causer la perte des personnes 
qui n’ont pas su se retirer assez à temps. | 

Ce n’est pas seulement à raison des circonstances locales 
que varie la hauteur des marées; elle dépend aussi de la po- 
sition de la lune, soit par rapport à la terre, soit par rapport 
au soleil. Toutes choses d’ailleurs égales, la marée est plus 
forte quand la lune est le plus prés de la terre , c’est-à-dire à 
son périgée, que lorsqu'elle en est le plus loin , ou à son apo- 
gée. La marée est aussi plus forte aux époques des nouvelles 
et pleines lunes, c’est-à-dire quand le soleil et la lune sont 
en conjonction ou en opposition, qu'au premier et au dernier 
quartier (1). 

Cette dernière circonstance, jointe à ASE des 
marées dans les équinoxes, montre qu’elles ont aussi quelque 
liaison avec la position de la terre relativement au soleil, 


(IL est bon de se rappeler ici que la nouvelle et la pleinelune portent 
le nom commun de Syzve1rs ; le premier et le dernier quartier se nomment 
QUADRATURES. 


MAR 129 
et concoure à établir d’une manière irréfragable l’explica- 
tion donnée par Newton, la seule qui ait pleinement satis- 
fait aux conditions du phénomène. 

Lorsqu'il eut déduit des lois reconnues dans les mouvemens 
des corps célestes , la tendance réciproque de leurs molécules 
en raison inverse du quarré de la distance, il en conclut que 
la lune attire inégalement les diverses parties du globe ter- 
restre; qu’elle agit davantagesur celles doat elle estle plus prés, 
et moins sur celles dont elle est le plus éloignée : ainsi les points 
de la surface de la terre, tournés vers la lune , seront plus atti- 
rés que ceux qui sont dans l’intérieur, et ces derniers plus que 
ceux qui sont à la surface de l'hémisphère opposé à celui qu’é- 
claire la lune. Si la terre étoit entièrement solide, ses molé- 
cules ne pouvant obéir séparément à ces diverses actions, 
prendroient un mouvement commun, répondant à une force 
qui seroit la résultante de toutes celles que la lune exerce 
sur chaque molécule terrestre ; et c’est ce qui a lieu en effet 
pour la partie solide du globe , mais non dans la masse d’eau 
qui le recouvre, dont toutes les parties, mobiles séparément, 
obéissent à l’action qui les sollicite, selon l'intensité de cette 
action. De là vient que la partie fluide située immédiatement 
au-dessous de la lune, s'approche plus de cet astre que ne fait 
le noyau solide de la terre , et la partie qui recouvre l'hémis- 
phère opposé, étant encore plus éloignée de la lune que ce 
noyau, demeure en arrière par. rapport à lui. La portion du 
globe recouverte par l'Océan prend donc la forme d’un sphé- 
roïde alongé, dont le grand diamètre est à peu prés dirigé 
vers la lune ; je dis à peu près, parce que les molécules fluides 
ne prennent pas instantanément les positions respectives qui 
résultent des vitesses particulières qui leur sont imprimées, 
et parce quele soleil agitsur elles comme le faitla lune, mais 
dans :ine direction qui varie comme les situations de la terre 
et de la lune relativement à cet astre, en sorte que tantôt son. 
action conspire avec ceile de la lune, et tantôt lui est con- 
traire en tout, ou au moins en partie. 

Quoiqu’ayant une masse beaucoup plus petite que celle du 
soleil, la lune, à cause de sa proximité de la terre , déter- 
mine la plus grande partie de l'effet des marées, Son action 
est environ trois fois plus intense que celle du soleii, et en 


20. 9 


150 MAR 

conséquence c'est, comme on l’a vu plus haut, principale- 
ment sur le mouvement de la lune que se règle celui des 
marées. La mer est pleine dans un lieu peu de temps aprés le 
passage de cet astre par le méridien du lieu, c’est-à-dire que 
l’eau est parvenue à sa plus grande élévation , après que la 
lune s’est approchée le plus du zénith du lieu dont ii s’agit. 
Pareille chose arrive en même temps au point diamétralement 
opposé, s'il appartient à l'Océan. À mesure que la terre s’é- 
loïgne du méridien, l'eau s’abaisse jusqu’à ce que l’astre soit 
arrivé à 9° de ce cercle. , 

On voit donc que les eaux de la mer doivent, comme en effet 
cela a lieu, s'élever deux fois dans l’intervalle qui s'écoule entre 
deux passages de ia lune par le méridien, ce qui dépend de la 
combinaison des vitesses de la lune et de la ter re dans leurs or- 
bites respectives. Sa durée moyenne, qui est de 24 heures 
bo min. 28 sec., surpassant d'environ trois quarts d'heure celle 

. du jour, fait retarder de cette quantité le moment de la pleine 
mer. Enfin les forces du soleil et de la lune ayant leur entier 
effet toutes les fois qu’elles agissent sur la même ligne , les ma- 
rées, qui répondent à la nouvelle et à la pleine lune, doivent 
être etsont aussi plus considérables que les autres. 

T'elles sont les principales circonstances qui résultent d’un 
premiér coup d'œil jeté sur la cause qui produit les marées; 
c’est au calcul seul qu’il appartient de justifier l'explication 
danstousses détails ;et, pour le voir, il faut recourir au second 
volume de la Mécanique céleste où M. Laplace a développé sur 
ce sujet toutes les ressourcesque pouvoit offrir l’analyse mathé- 
matique; mais si la marche générale du phénomène cadresibien 
avec la théorie, qu'il n'est plus permis de révoquer en doute 
celle-ci, c’est de l'observation qu'il faut apprendre tout ce qui 
tientaux localités, savoir : la hauteur absolue, l’heure de l’éta- 
blissement du port, et les distances auxquelles la marée s'étend 
danslelitdesriviéres.DanslaSeine, par exemple,lemouvement 
de la marée n’est sensible que jusqu'à vingt-cinq lieues de l’em- 
bouchure , et l’on s’en aperçoit encore à plus de deux cents dans 
la rivière des Amazones. Cela ne tient pas à ce que la hauteur de 
la pleine mer soit beaucoup plus considérable à l’entrée de la 
rivière des Amazones qu’à celle de la Seine; les plus fortes ma- 
rées s'élèvent dans le premier de ces lieux à trente pieds, et 


MAR 131 


dans le second à vingt-cinq; mais la différence entre les masses 
d’eau qui se présentent aux embouchures respectives de ces 
fleuves, en cause une très-srande dans l’étendue de l’ondula- 
tion par laquelle se propage le mouvement du flux dans l’un et 
l’autre cas : elles’avance beaucoup plus loin dans celui des deux 
fleuves dont embouchure estle plus ouverte et tournée vers un 
espace où rien n'arrête et ne dérange le mouvementdes marées, 

La combinaison des courans particuliers aux diverses plages, 
avec la configuration des côtes et les vents régnans, car le 
vent agitbeaucoupsur le mouvement des eaux dans les marées, 
produit les bizarreries qui s’observent dans les détroits, entre 
lesiles, et dont il est bien difficile de donner une explica- 
cation détaillée quisoit exacte. Ce concours de causes non seu- 
lement change les époques de l’élévation et de l’abaïssement 
des eaux , mais intervertit l’ordre des alternatives, les réduit 
ou les multiplie. On cite un port de la côte du Tunquin où 
les deux marées du même jour se confondent en une seule: et 
l’on peut, jusqu’à un certain point, concevoir ce fait en obser- 
vant que, si la disposition des terres force la masse d’eau mue 
par Le flux etle reflux à se diviser , et qu’un même canal reçoive 
par ses extrémités deux courans, allant à la rencontre l’un 
de l’autre, l’eau s’élévera plus qu’elle n’auroit fait au large; ou 
bien, si le canal tend à se vider par une deses extrémités, tandis 
que l’eau y afflue par l’autre, il n’y aura que peu ou point d’é- 
lévation : et tout celane dépend que dela différence des heures 
auxquelles répondent l'élévation et l’abaissement des eaux dans 
les points d’où les canaux tirent leurorigine. 

D'autres fois, les eaux acquièrent en trés-peu de temps leur 
hauteur , et s’avançant en masse, parcourent avec rapidité un 
grand espace dans lequel elles causent beaucoup de ravages. 
Tellessontles marées connuessouslenom de mascaret sur la eôte 
de France, etde proroca a l'embouchure de la rivière des Ama- 
zones. Dans ce dernier lieu, l’eau s'élève par trois etquatreondes 
aui se succédent en peu de minutes, et dont la hauteur est de 
douze à quinze pieds. On pense que l’engorgementqui a lieu dans 
un canal resserré, et la résistance qu’opposent au courant du 
fleuve des sables amoncelés à son entrée , retenant le flux pen- 
dant quelque temps, occasionnent cetteespéce de déborde- 
ment subit. 


SE 


132 MAR 

Les eaux contenues dans des bassins peu étendus, ne peuvent 
prendre que de trés-petits mouvemens en vertu de l’action im- 
médiate dusoleiletdelalune;car ce n’est quel’accumulation des 
mouvemens partiels imprimés à chaque molécule d’une grande 
masse qui produit un déplacement appréciable, voila pourquoi 
surleslacs on n’aperçoit aucun mouvement analogue aux ma- 
rées, et ce qui les rend peu sensibles dans la Méditerranée et 
la Baltique, mers intérieures, dont les communications avec 
l'Océan sont d’ailleurs fort étroites par rapport a leur surface. 
Dans la Méditerranée, la plus grande des deux, l’eau monte 
à peine de quelques pieds. (L. C.) 

-MAREH. (Bot.) Les habitans de la Nubie nomment ainsi fe 
sorgho , suivant M. Delile, (J. ) 

- MAREKANITE. (Min.) Nom d'une variété d’obsidienne, 
tiré de celui d’une colline volcanique appelée Marikan près 
du port d’'Okhotsk dans le golfe du Kamtschatka. Elle ne paroit 
différer en rien d’essentiel des ohsidiennes perlées de Hongrie 
et du Mexique. Nous en placerons donc les caractères et l’his- 
toire à l’article de l'Orsinienne. Voyez ce mot. (B.) 

MARÈNE (Ichthyol.), nom d’un corégone que nous avons 
décrit dans ce Dictionnaire, tom. X, pag. 560. (H.C.) 

MARENGE (Ornith.),un des noms anciens que, d’après 
Cotgrave, Buffon cite parmi les synonymes de la grosse mé- 
sange, ou mésange charbonnière. parus major, Linn. (Cu. D.) 

MARENTERIA (Bot.), Petit-Thou., Nov. Gen. Madag., 
pag. 18, n.° 60. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs 
complètes, polypétalées , de la famille des anonées, de la po-. 
lyandrie pentagynie, qui comprend des arbustes de l’île de 
Madagascar, dont les rameaux sont grimpans; les fleurs ter- 
minales et solitaires. Le caractère essentiel de ce genre est 
d’avoir : Un calice d’une seule pièce , à trois lobes; une co- 
rolle composée de six pétales; trois extérieurs étalés et plus 
grands; trois intérieurs droits ; des étamines nombreuses ; : 
quatré ou cing ovaires surmontés d’un stigmate; quatre à cinq 
baies un peu pédicellées, horizontales , rudes, ventrues, iné- 
gales ; plusieurs semences disposées sur un seul raug. 

- Ce genre éiabli par M. du Petit-Thouars doit être placé 
parmi les unona, d’après M. Dunal. (Porn. ) 


MAR 135 

MARENULE (Ichthyol.), nom d’un corégone que nous avons 
décrit dans cet ouvrage, tom.X, pag. 561. (H. C.) 

MARETON (Ornith.), nom vulgaire, en Brie, du canard 
millouin , anas ferina et rufa, Linn. Voyez Moreron. (Cu. D.) 

MARETTA-MALA-MARAVARA ( Bot.), nom Malabare 
de l’acrostichum heterophyllum, de la famille des fougères. (J.) 

MARFOURÉ. ( Bot.) L'hellébore pied de griffon, hellebo- 
rus fœtidus, est ainsi nommé aux environs de Montpellier, se- 
lon Gouan. (J.) 

MARGADON. ( Malacoz.) C’est le nom que l’on donne à la 
sèche oflicinale sur les côtes de la Basse-Normandie, (De B.) 
MARGAEZ ( Mamm.), nom russe du saïga mâle. (F. C.) 

. MARGAI. (Mamm.) Voyez CHar Marçay. (F. C.) 
MARGAIGNON. (Ichthyol.) Dans certains cantons, on 

appelle ainsi une variété de l’anguille à tête plus petite. Voyez 

Murèxe. (H.C.) 

MARGAIRES. (Ornith.) Gesner cite, dans son Appendir, ce 
nom comme donné en Savoie à des oiseaux qu'il ne désigne 
que par leur couleur, tantôt blauche, tantôt rousse, et tantôt 
noire. (Cx. D.) 

MARGAL ou MARGAU.,(Bot.) Dans le midi de la France 
et en Espagne, on donne ces noms à l'ivraie vivace. (L. D.) 

MARGAL (Bot.), nom languedocien, suivant Gouan, de 
l’ivraie vivace, lolium perenne, qui est le rai-grass des Anglois. 
(3) à 

MARGARATES. (Chim.) Combinaisons salines de l'acide 
margarique avec les bases salifiables. d 

100 parties d'acide margarique sec neutralisent une quan- 
tité d’oxide qui contient 3 p. d’oxigène, c’est-a-dire, le tiers 
de l’oxigène contenu dans l'acide. | 

Tous les margarates, délayés ou dissous dans l’eau , sont dé- 
composés par Les acides trés-solubles dans l’eau. 

On prépare les margarates de baryte, de strontiane et de 
chaux, en mettant l’acide margarique dans les eaux de baryte, 
de strontiane et de chaux bouitlantes, lavant les magarates re- 
froidis : 1.” avec l’eau; 2.° avec de l'alcool chaud. 

Les margarates de potasse et de soude se préparent en fai- 
sant digérer l'acide margarique dans des eaux de potasse et de 
soude concentrées, pressant les margarates refroidis entre du 


papier joseph, puis les traitant par l'alcool bouiliant. Ces mar- 
garates se précipitent par le refroidissement. 


MARGABATE D'AMMONIAQUE. 


L'acide margarique hydraté se comporte avec le gaz ammo- 
niaque comme l'acide stéarique, si ce n’est cependant qu’il s’y 
combine plus lentement; il en absorbe sensiblement le même 
volume. (Voyez STÉARATE D’AMMONIAQUE.) 

L’acide margarique s’unit également bien à lammoniaque 
Hquide. En chauffant l'acide dans un flacon fermé, entière- 
ment plein d’ammoniaque liquide, on obtient une solution 
complète, si lammoniaque est suffisamment étendue; dans le 
cas contraire, il se forme un margarate gtlatineux plus ou 
moins transparent. 

Le margarate d’ammoniaque préparé avec le gaz peut être 
sublimé dansle vide;il se dissout dans l’eau chaude, au moins 
dans celle quicontient de l’ammoniaque : la solution dépose du 
surmargarate nacré par le refroidissement, et il ne reste pas 
sensiblement d'acide dans la liqueur. 

Le margarate d'ammoniaque exposé à l'air à 13° (au moins 
celui qui a été préparé avec l’ammoniaque aqueuse), laïsse dé- 
gager ure portion de son alcali. 


MARGARATE DE BARYTE. 
Il est formé de 
Méide. .aéte vs 209422 40100 
Bacyie. 4 40e 22,31... 28,72 qui contiennent 3 d'oxigène. 
L] 
Iest insoluble dans l’eau, et un peu soluble dans l’alcool 
bBouillant. 
MARGARATE DE CHAUX. 
Il'est formé de 


Agide ts 90,033.... 100 
Baryte....... 9,967.... 11,07 qui contiennent 3,109 d’oxigène. 


Propriétés analogues à celles du précédent: 
MARCARATE DE PLOMB. 


Il est formé de 


5 100 
45... 41,74 qui contiennent 2,993 d'oxigène. 


MAR 135 
Il est insoluble dans l’eau, et un peu soluble dans l’acool 
bouillant. 
On le prépare en mélant deux solutions chaudes de marga- 
rate de potasse et de nitrate de plomb. 


SOUS-MARGARATB DE PLOMB. p 


Il est formé de 


MAeide:2. 214 BA AA... : O0 
Massicos.-. 41. 45,59.... 83,79 qui contiennent 6,008 d’oxigène. 


On le prépare en faisant bouillir de l’acide margarique dans 
du sous-acétate de plomb, lavant le margarate refroidi avec de 


l'eau. 
MARGARATE DE POTASSE. 


1l est formé de 


Meidess. rt SO Go 
Potasse.. Let 15,... 17,67 qui contiennent 2,997 d'oxigène: 


Ilest blanc, cristallisable., il est soluble dans l’eau bouillante: 
La solution par le refroidissement, si elle est suffisamment 
étendue, se réduit en potasse et en bimargarate de potasse 
quise précipite en pailiettes nacrées. Il est soluble dans l'alcool 
bouillant sans altération. | 

100 p. d’eau froide lui enlèvent la moitié deson alcali : l’éther 
bouiilant lui enlève une portion deson acide. 


_BÉMARGARATE DE POTASSE. 


Il contient deux fois plus d'acide que le précédent; il est 
insoluble dans l’eau froide, et soluble, sans altération, dans 
l'alcool bouillant. 

On le prépare en faisant macérer le margarate de potasse 
dans l’eau froide. 

MARGARATE DE SOUDE. 

Il est formé de 


RGTARS RE AS RU ren 100 
Suuderh nan LhE. es 12,43 qui contiennent 3,179 d’oxigène, 


IL est en petites plaques demi-transparentes; il est insipide 
d’abord; mais il a ensuite un goût alcalin; exposé à la chaleur 
il se fond. 

: partie de margarate de soude mise dans 600 parties d’eau, 


156 MAR 


à la température de 12°, n'a éprouvé aucun changement dans 
son aspect après une macération de huit jours; aprés quinze 
jours il a perdu de sa transparence, L’eau évaporée ne laisse 
qu’une trace de matière saline. 

2 grammes de margarate de soude chauffés dans 100 grammes 
d’eau ont été dissous avant que l’eau enträten ébullition; la so- 
lution étoit parfaitement limpide; l'ayant étendue dans trois 
litres d’eau froide , on a chtenu un précipiténacré. Après trois 
jours on a filtré , l'eau évaporée a laissé un résidu alcalin qui 
ne retenoit qu’une quantité d'acide margarique inappréciable. 
Le dépôt nacré étoit un vrai surmargarate de soude; le mar- 
garate de soude existe dans tous les savons à base de soude, 
c’est lui qui produit dans le baume opodeldoch les végétations 
qu’on yremarque lorsque ceite matière est exposée a une basse 
température, : 

BIMARGARATE DE SOUDE. 


Il contient deux fois autant d'acide que le sel neutre. 

Il est plus fusible que le margarate de soude; il est insoluble 
dans l’eau, et tres-soluble dans l'alcool bouïllant. 

On l’obtient en faisant dissoudre le margarate de soude dans 
une grande quantité d'eau chaude; par le refroidissement il. 
se précipite du bimargarate qu’on dissout dans l'alcool bouil- 
lant; la solution alcooïisée dépose, en se refroidissant, du bi- 
margarate cristallisé. 


MARGARATE DE STRONTIANEe 


Il contient : 


De NC LOST NO M'ARDEMR CARPE 100 : 
Strontiane. A de PCR UER EU 19,54 qui contiennent 3,063 d'oxigène. 


Il est insoluble dans l’eau , et un peu soluble dans l'alcool 
bouillant. (Cx.) 

MARGARIDA. (Bot.) Gouan dit que dans le Languedoc on 
donne ce nom vulgaire à la marguerite des prés, et celui de 
margaridela à la paquerette. (J.) 

MARGARIDETA (Bot.), nom languedocien de la paquerëtte 
vivace. (L. D.) 


MAR 1357 
MARGARIQUE [acier |. ( Chim.) 
T, Composition. 


L’acide margarique hydraté (de graisse humaine), brülé 
par l’oxide brun de cuivre, a donné: 


Dhusènel unir cotisant RAC 1,656 
férboneslh.i. 0. ts 6 cu 2 10 ES PAR RER Ti AP Al 76,366 
Hd ee ue louis ne 11,978 


Lorsqu'on le chauffe avec le massicot, on obtient de 0,500 
d’acide 0f,017 d’eau. Conséquemment : 


1. L’acide hydraté est formé de 


Acide sec. 483... 96,6... 100 
Eau: .:.. 17... 3,4... 3,52 qui contiennent 3,129 d'oxigène. 


2.° L’acide margarique sec est formé de 


en poids, — vol. 
DERTENNCERRR OR RARE PAR GET CUIR PAR 1 
CB OR SR PR pie set ea DOUÉ MAR A 1320D 
Hydspsenc.e LUN ERINIAR DO OST EN LIRE ET Ve DET 


100 parties d'acide sec neutralisent une quantité de base 
qui contient 3 d’oxigéne; conséquemment dans les marga- 
rates neutres l’oxigène de l'acide est à celui de la base sensible- 
ment: :3:1; d'aprés cela, et en admettant que l'acide est formé 
de 


none EE. AA ui ne RE À PEL 
peu Ne st. ln. 11,33 
PME AEHE Te ne il ed UE cle Code Que 21,67 


l'acide margarique sera formé de 


Éfrigéne, 2 NE. PA: PPS BTE AR TEE 5 9,07 
LL LA CAT EEE ER ART CN An AE COPA 2 PM LP dà CR dE 78,67 
Hyrdrosane: (nt as Mocphoep ei CLR ANT 12,26 


IT. Propriétés physiques de l’acide margarique. 


Les propriétés physiques de cet acide sont les mêmes que 
celles del’acide stéarique , si ce.n’est qu’ilse fond à 6o°, et qu'il 
cristallise par le refroidissement en aiguilles entrelacées , qui 
sont plus rapprochées que celles de l'acide stéarique et moins 
brillantes, (Voyez SréaniQue, acide.) 


136 MAR 
III. Propriétés chimiques que l’on observe sans que l'acide soil alléré. 


L’acide margarique est insoluble dans l’eau comme l'acide 
stéarique; il est extrêmement soluble dans l’alcool et dans 
l'éther; il s’unit aux bases salifiables et forme des sels qui ont 
beaucoup d’analogieavec les stéarates. Il rougitle tournesol et 
décompose à chaud les sous-carbonates de potasse et de soude. 


IV. Propriétés chimiques que l’on observe dans des circonstances 
où l’acide est altere. 


L’acide margarique chauffé dans une cornue qu’on a adaptée 
à un ballon, qui communique avec l’air,se fond, exhale une 
fumée blanche quise dépose en une matière farineuse dans lé 
col de la cornue. Il bout et dégage une vapeur élastique qui 
se condense en liquide , puis en solide. Il se manifeste en même 
temps de l’eau qui rougit le tournesol, et une odeur forte due 
à une huile empyreumatique, et peut-être à un acide volatil ; 
il ne se forme que très-peu de gaz et de liquide. Le charbon 
qui reste est en petite nn | 

Dans une expérience où j'ai chauffé 1° daëtde margarique 
dans une cornue qui contenoit 394% d’air, le produit solide pe- 
soit 0°,00; il étoit blanc nuancé de jaune et de roux; la potasse 
l'a dissous, excepté 0°,05 d’une matière grasse, rousse, non 
acide; la solution alcaline contenoit une quantité notable de 
cette dernière matière,outre beaucoup d’acide margarique. Le 
charbon pésoit 0°,018, mais il n'avoit pas été fortement rougi. 

Siége. L’acide margarique se trouve dans le savon de graisse 
humaine, et dans le savon d’huile d'olives. 

Préparation. (Voyez Savon.) 

Histoire.Je le fis connoître en 1813 sous le nom de Marca« 
RINE. (Cx.) 

MARGARITAIRE, Margaritaria. ( Bot. ) Genre de plantes 
dicotylédones, à fleurs dioïques , polypétalées , de la famille 
des euphorbiacées , de la dioécie octandrie de Linnæus, offrant 
pour caractère essentiel : Des fleurs dioïques; un calice à 
quatre dents ; quatre pétales insérés sur le calice; huit éta- 
mines attachées au réceptacle ; les anthères arrondies; un 
ovaire avec un style et un stigmate qui avortent. Dans les: 
fleurs femelles, un ovaire supérieur; quatre à cinq styles : 


MAR 199 
autant de stigmates ; quatre à cinq coques bivalves , cartila- 
gineuses , lisses, très-luisantes , réunies ensemble en forme de 
baie ; les semences ovales. 

MarGartraiRe D'AMÉRiQuE : Margaritaria nobilis, Linn. fils , 
Suppl. , pag. 428 ; Piuken., Phyt., tab. 176, fig. 4. Cette plante, 
d’après Linnæus fils, présente de si grandes différences entre 
les individus mâles et les femelles, qu'il paroit douter qu'ils 
puissent appartenir à la même espèce. Les premiers ont des 
rameaux cylindriques, opposés, flexueux ; les feuilles oppo- 
sées, pétiolées , lisses, ovales, trés-entières, de la grandeur 
de celles du fusain; une panicule composée de grappes ra- 
meuses, chargées de petites fleurs abondantes, comme dans 
le spiræa aruncus ; enfin un ovaire petit, avorté. Dans les indi- 
vidus femelles, les rameaux sont alternes; les pédoncules 
simples, axillaires, unifiores; un fruit composé de quatre à 
cinq coques trés-lisses, d’un éclatsemblable à celui des perles. 
Cette plante croît à Surinam. ( Poir.) 

MARGARITE, Margarita. (Conchyl.) M. le docteur Leach 
a établi sous ce nom une petite division générique parmi les 
avieules de Bruguière, espèces de moules pour Linnæus, et 
qui renferme celles qui sont droites, assez régulièrement ar- 
rondies, parce que les oreilles sont petites, égales et droites. 
Elles 6nt en outre la couche nacrée intérieure beaucoup plus 
épaisse que les avicules proprement dites: aussi l’espèce prin- 
cipale est-elle celle qui fournit les perles, du moins celles de 
l'Inde , l’avicule perlière. M. Megerle avoit proposé le genre 
avant M. le docteur Leach, sous le nom de margaritiphore , 
et M. de Lamarck, qui l’a adopté, lui donne celui de pinta- 
dine. Klein (Ostracolog., pag. 123) avoit encore bien plus an- 
ciennement senti la nécessité d'établir cette section générique 
à laquelle il donne le nom de mater perlarum ; maïs il la carac- 
térise assez mal, et même y range comme espèce une véri- 
table perne. Voyez Avicuze et Perse. (De B.) 

MARGARITIPHORE, Margaritiphora. (Conchyl.) C’est le 
nom sous lequel M. Megerle , dans les Mémoires des amis de 
la nature de Berlin, pour l’année 1810, a formé une petite 
section générique avec les especes d’avicules de Bruguiére, qui 
sont régulières par la petitesse et la similitude des oreilles qui 
accompagnent le sommet, Voyez Avicure et Prnrapine. (DE B.) 


140 MAR 

MARGARITITES. (Foss.) Gesner a parlé de perles pétrifiées. 
auxquelles on a donné le nom margaritites, mais, vu leur ra- 
reté, il est très-probable qu’on aura pris pour des pertes des 
pisolites ou d’autres corps qui en avoient la forme. { D. F.) 

MARGAU. (Bot.) Voyez Marçar. (L. D.) 

MARGAUX. (Ornith.) Les oiseaux que les marins désignent 
par ce nom, quis'écrit aussi margobs, VArPEe CRE être des foux 
ou des cormorans. (Cu. D.) 

. MARGAY. (Mamm.) Nom d'une espèce du genre Cuar, 
propre à Afrique. Voyez ce mot. (F.C.) 

MARGÉE ( Ornith.), nom par lequel Anderson désigne des 

espèces d’oies d'Islande. (Cu. D.) 
:MARGGRAFF. ( Ornith.) Voyez Mancozrus. (Cu. D.) 

MARGLÆS. ( Ornith.) Voyez Marcænse. (Cu. D.) 

MARGINAIRE [| Croisox|. (Bot) Lorsque les cloisons d’un 
fruit sont produites par l'expansion de la substance des valves, 
cette expansion naît de la partie moyenne des valves (lis, 
Lilas » hélianthème) , Ou bien au bord des valves qui, dans ce Cas, 
se prolonge et rentre dans l’intérieur du fruit ( antirrhinum , 
rhododendrum). Ces cloisons sont nommées , par M.Mirbel, les 
unes, cloisons valvéennes médianes; etlesautres, cloisons vai- 
véennes marginaires. (Mass. ) 

MARGINALES | Graiwes]. (Bot.) Fixées, soit au bord des 
valves, soit au bord des cloisons (légumineuses , ænothera). On 
donne aussi l’épithète de marginales aux stipules pétiolaires, 
iorsqu’elles sont attachées le long des côtés du pétialé (rosa , 
nymphæa). (Mass.) 

MARGINÉ. ( Bot.) Un pétiole est marginé ou ailé lorsqu'il 
est garni latéralement d’expansions foliacées (pisum ochurs, 
rhus copalinum.) Une graine est marginée lorsqu'elle est pour- 
vue d’un rebord saillant, produit par l'expansion des tuniques. 
séminales (spergula pentandra, etc. ). (Mass. ) | 

MARGINELLE, Marginella. (Malacoz.) M. de Lamarck a 
donné ce nom aux espèces de mollusques céphalés dioiques 
de la famille des angyostomes inoperculés, dont Adanson avoit 
fait le premier un genre bien distinct, bien circonserit, sous 
la dénomination de Porcecaine, Porcellana, dans son Voyage au, 
Sénégal, p. 55, et qu'il place avec juste raison auprés du genre 
Cyprée. Il y a en effet tant de rapprochemens entre ces deux 


MAR 1A1 


genres, surtout pour l'animal, que. dans les caractères des 
marginelles, il suffit de faire observer que les lobes latéraux 
du manteau sont seulement moins étendus que dans les cyprées, 
et que le tube de la respiration est beaucoup plus long. Quant 
aux caractéresde la coquille, ils sont plus évidens; jeles exprime 
ainsi : Coquille lisse, polie , ovale oblongue, un peu conique, 
à spire courte et mamelonnée; ouverture assez étroite, un peu 
ovalaire par une légère excavation du bord droit qui est 
épaissi ou rebordé en dehors, à peine échancré en avant: le 
bord columellaire marqué de trois ou quatre plis bien espacés 
et obliques. C’est donc un genre fort voisin des volutes, parmi 
lesquelles en effet Linnæus confondoit les espèces qui le for- 
ment, et qui fait le passage aux cyprées. Klein distinguoit 
aussi ce genre sous le nom de cucumis. 

Lesmarginellesne se sort trouvées jusqu'ici que danslesmers 
des pays chauds, et toujours sur les rochers, sur les bords de la 
mer, surtout dans les endroits exposés à la fureur des vagues. 

On peut distribuer les espèces de ce genre en deux sections 
d’aprésla forme de l'ouverture, comme l’a fait M. de Lamarck. 


À. Espèces dont l'ouverture est moins longue que la coquille et dont 
la spire est apparendle. 


La MarGinELLE NEIGEUSE : Marginella glabella, Voluta glabella, 
Lian., Gmel.; la Porcerane, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 1; 
Enc. Méth., pl. 577, fig. 6 a-b. Ovale oblongue, à spire courte, 
conique; quatre plis columellaires et quelques dents à la partie 
antérieure du bord droit; couleur fauve grisâtre ceinte de 
zones roussàtres, parsemées de petites taches blanches. Mers 
dû Sénégal et des Antilles. 

La Mareinezce NuséCuLÉE; Marginella nubeculata, Enc. Méth., 
pl. 377, fig. 2 a-b. De la même forme et grosseur à peu prés 
que la précédente dont elle diffère surtout, parce que le bord 
droit est entiérement lisse, que son dernier tour de spire est 
un peu anguleux à sa partie supérieure, et enfin parce qu’elle 
est blanche avec des flammes noiràtres ou fauves. Patrie in- 
connue. 

La MaARGINELLE RAYONNÉE; Marginella radiata, Leach, Miscell. 
Zool., 1, t. 12, fig. 1. Espèce encore fort voisine de la marpi- 
nelle neigeuse, mais dont le limbe interne du bord droit est 


1/2 MAR 


lisse comme dans la précédente, et qui est blanche avec des 
ligneslongitudinales étroites, onduleuses, d’un jaune roussitre, 
rayonnées. 

La MArGINELLE BLEUATRE : Marginella cærulescens, V’oluta pru- 
num, Gmel.; l'Ecouen, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 3 ; Enc. Méth., 
376, fig. a-b. Coquille ovale oblongue, à spire courte subaïgué ; 
le bord columellaire à quatre plis; le bord droit lisse; couleur 
d’un blanc bleuâtre, quelquefois couleur de chair un peu zonée, 
mais toujours sans taches. Mers de l'Afrique occidentale, où 
elle est trés-commune. 

La Mar GIneLLe ciNQ-PL1S ; Marginella quinqueplicata,Enc. Méth., 
pl: 376, fig. a-b-c. De la grandeur à peu prés de la précé- 
_dente et de la même forme; la spire trés-courte; le sommet 
assez obtus; cinq plis columellaires; le bourrelet du bord droit 
fort épais; couleur d’un blanc sale sans taches. Patrie? 

La MaRGiNELLE GALONNÉE; Marginella limbata, Enc. Méth., 
pl. 376, fig. 2 a-b. Un peu plus petite (11 à 12lignes), dela forme 
a peu prés de la marginelle neïigeuse, maïs dont le bord droit 
est crénelé en dedäns, et dont la couleur blanche est ornée 
de bandelettes longitudinales, étroites, ondées, d’un jaune pâle ; 
le bord droit marqué de linéoles d’un brun fauve. Patrie in- 
connue. | 

La MarGINELLE ROSE; Marginella rosea. Espèce de 10 à 11 
lignes de longueur, ovale, à spire conoïde, obtuse, la Tévre 
droite, lisse; la columelle à quatre plis; parquetée de rose et 
de blanc, surtout surle milieu du dernier tour; le bord droit 
marqué de linéoles rouges. Patrie inconnue. 

La MarGineLce BirascIéE; Marginella bifasciata, Enc. Méth., 
pl. 277, fig. 8 a-b. Petite coquille de 10 à 11 lignes de lon- 
gueur, ovale oblongue, relevée de côtes longitudimales à sa 
partie antérieure; la spire assez saillante ; la lévre droite cré- 
nelée intérieurement; quatre plis columellaires; couleur d’un 
gris fauve , ornée de points notrâtres disposés cn lignes trans- 
verses et de deux bandes brunûâtres distantes. Mers du Sénégal. 

La Mareinezze FÉVEROLLE: Marginella faba, V'oluka fabha, Linn., 
Gmel.; le Narez, Adans., Sénég., pl. 4, fig. 2. De même forme 
et grosseur que la précédente dont elle ne diffère guére que 
parce qu’elle est blanche, parsemée de points noirs pour la 
plupart oblonss, sans bandes transverses. Des mêmes mers. 


MAR T4 

La MarGiNELLE RANGÉE; Marginellaaurantiaca , Lamck. Très- 
petite coquille (8 lignes) ovale, à spire conique, un peu obtuse; 
la lévre droite crénelée; quatre plis columellaires ; de couleur 
orangée maculée irréguliérement de blanc. Patrie inconnue. 

La MARGINELLE DOUBLE-VaRICE: Marginella bivaricosa , Voluta 
marginata, Linn. , Gmel.; Enc. Méth., pl. 376, fig. 9 a-b. Espèce 
bien distincte , de 10411 lignes de longueur, ovale oblongue; 
la spire ENT aiguë; deux varices longitudinales, l’une 
au bord droit, l’autre au côté opposé, mais moins marquée; 
quatre plis columellaires; couleur blanche; les deux varices 
d’un jaune orangé. Mers du Sénégal. 

La MarRGINELLELONGUE-vARICE; Marginellalongivaricosa, Lamck. 
Espéce fort voisine de la précédente, dont elle diffère essen- 
tiellement, parce que la varice du bord droit se prolonge 
jusqu’au sommet de la spire ; sa couleur est d’ailleurs d’un fauve 
pâle, porphyrisée de petites taches blanches irrégulières. Des 
mêmes mers. 

La Marçinerze moucue; Marginella musca, Lamck.Trés-petite 
espèce (Slignes) des mers de la Nouvelle - Hollande, ovale 
oblongue, àspireassezsaillante, obtuse;le bord droitlisse ; quatre 
plis columellaires; de couleur blanche diaphane, quelquefois 
d’un jaune orangé, d’après Péron qui l’a rapportée. On ramasse 
cette espèce par poignées pres de l’ile Maria. 

La Mareeite rormicuze : Marginella formicula, Lamck. 
Petite espèce de la grandeur de la précédente, provenant des 
mêmes lieux, et qui est blanche ou d’un jaune de corne, avec 
des côtes longitudinales nombreuses dans sa partie antérieure. 


B. Espèces dont l'ouverture de la coquille est aussi longue qu'elle, 
à spire nulle et quelquefois ombiliquée. 


La Marçeierze BuzLée : Marginella bullata, Voluta bullata, 
Linn. ; Gmel.; Encyel. Méth., pl. 376, fig. 5 a-b. Coquille ovale 
oblongue, cylindracée ; le sommet Fu le bord droit lisse ; 
quatre de columellaires; couleur blanche, traversée de bandes 
étroites, nombreuses, d’un rouge livide. Océan indien. 

La Marcrnezce Dacryce ; Marginella dactyla, Lamck.Coquille 
oblongue, étroite. subcylindrique ; le sommet obtus; ouverture 
étroite ; le bord droit lisse; cinq plis columellaires; couleur 
d’un gris fauve. Longueur, 10 lignes ;. Patrie inconnue. 


7 A MAR 


La MarGiNELLE CORNÉE : Marginella cornea, Lamck. Coquille 
de o lignes ; de longueur, ovale oblongue, luisante : le sommet 
obtus; le bord droit crénelé en dedans et dépassant antérieu- 
rement la longueur de la coquille; sept plis columellaires; cou- 
leur d’un gris blanchätre, avec trois zones jaunètres, obscures, 
transverses. Patrie inconnue. 

La MarGiNezcce AVELINE; Marginella avellana, Encycl. Méth., 
pl.377, f. 5 a-b. Coquille ovale, à sommet ombiliqué ; le bord 
droit crénelé; huït plis columellaires; couleur fauve pâle par- 
semée de points roux trés-nombreux. Patrie inconnue. 

La MAR GINELLE TIGRINE : Marginella persicula, Woluta persicula, 
Linn., Gmel.; Enc. Méth., pl. 377, fig. 3 a-b. Coquille ovale, à 
sommet ombiliqué; le bord droit dentelé; huit plis à la colu- 
melle; de couleur blanche parsemée de points jaunes serrés. 
Océan atlantique austral. 

La MarGineLLBRAYÉE : Marginella lineata, Lamck.; Voluta per- 
sicula, var. b ; Linn., Gmel.; ; Le Box, Adané ,Sénég., pl. 4, fig. 4; 
Encycl. Méth., pl. 377, fig. 4 a-b. De même forme et grosseur 
que la dnécéAeRtE dont elle ne diffère que parce qu’elle est 
ornée de lignes fauves, transverses, distantes et divisées vers 
le bord, au lieu de points. Des mers du Sénégal. 

Comme Adanson fait l'observation que la couleur varie 
beaucoup dans les coquilles de cette espéce, les unes étant 
blanches, les autres tigrées de petites taches rouges, et tandis 
qu’il en est de rayées transversalement de lignes fauves ou 
rouges, il est probable que plusieurs des espèces de M. de 
Lamarck ne sont que des variétés de celle-ci. 

La MarGiNELLE PARQUETÉE : Marginella tessellata, Lamck. ; 
Voluta porcellana? Chemn., Conch., 10, t. 150 f. 1419 et 1420. 
Coquille ovale, à sommet obtus; la lèvre droite crénelée; cinq 
plis columellaires principaux ettrois pluspetits; couleurblanche 
parquetée de points carrés, roux, disposés par séries. Patrie 
inconnue. | 

La MARGINELLE INTERROMPUE; Marginella interrupta, Lamck. 
Coquille trés-petite (5 lignes), obovale, à sommet obtus; le 
bord droit à peine crénelé; quatre plis columellaires; de cou- 
leur blanche ornée delignes transverses pourpres, interrompues 

et trés-serrées. Patrie inconnue. 

Le duchon, qu'Adanson rapporte aussi à ce genre, paroît 


MAR 145 
être une espèce de véritable cyprée. Quant à son girol et à 
son agarou, ce sont des olives. (De B.) 

MARGINELLE. (Foss.) Les coquilles de ce genre ne 6e sont 
encore présentées à l’état fossile que dans les couches du cal- 
caire coquillier grossier; et quoique les espèces à l’état frais, 
qui ne se trouvent qu’au Sénégal, dans l’Océan atlantique et 
dans les mers de la Nouvelle-Hollande, soient assez nombreuses, 
on n'a rencontré, à ma CconnoissanCe, que les quatre ou cinq 
espèces ci-après. 

Marernecze ÉBuRANÉE; Marginella eburnea, Lamck., Ann. du 
Mus. d'Hist. nat., tom. VI, pl. 44, fig. 0. Coquille lisse, lui- 
sante, à spire conique, portant un bourrelet marginal exté- 
rieur, et quatre plis à la columelle. Longueur, cinq lignes; 
lieu natal, Grignon, département de Seine et Oise. Cette 
espèce a les plus grands rapports avec la marginella musca 
(Lamck.) que l’on trouve abondamment dansles mers dela Nou- 
velle-Hollande, prés de l’île Maria. 

MarciNeLz8 OVuLE; Marginella ovulata, Lamck., loc. cit., 
même planche, fig. 10. Coquille lisse, à spire très-courte, à 
bourrelet marginal étroit, et à bord droit, sillonné intérieu- 
rement; la columelle porte cinq à sept plis. Longueur, six 
lignes. Cette espèce, qui est trés-commune à Grignon, a les 
plusgrands rapportsavec la marginellatigrina, Lamck., que l’on 
trouve dans l’Océan atlantique austral, mais elle est un peu 
plus petite. On peut croire que cette espèce étoit couverte, à 
l’état frais, de petites taches comme la marginelle tigrine, 
parce que je les ai remarquées sur une de ces coquilles, en la 
faisant sortir d’une coquille univalve où elle étoit contenue ; 
mais peu de temps après ces taches ont disparu. 

ManGineLLe DENTIFÈRE : Marginella dentifera, Lamck., Anim. 
sans vert., 1822, tom. VII, pag. 359; Vélins du Mus., n.° 3, 
fig. 12. Coquille lisse, à spire alongée en pyramide, portant 
une petite dent dans l’intérieur du bord droit ; longueur, quatre 
lignes. On trouve cette espèce à Grignon, maïs elle est rare. 

J’ai trouvé dans le même lieu une coquille qui a beaucoup 
de rapports avec la marginelle ovule ; mais son bourrelet mar. 
ginal est beaucoup plus large et plus épais, et le bord droit 
est sillonné plus finement dans l’intérieur; elle a la plus grande 
analogie avec la marginella interrupta, Lamck., loe. cit. 


29e 10 


146 MAR 

MARGINELLE OREILLE DE LIÈVRE : Marginella auris leporis; V'oluta 
auris leporis, Brocchi, Conch. foss. Subap., tab. 4, fig. 11. 
* Coquille ovale oblongue, lisse, à ouverture rétrécie inférieu- 
rement, à spire courte et conique, dont les tours sont peu 
marqués, portant trois plis à la columelle, à bord épais et 
marginé et à base entière; longueur, plus de deux pouces. 
Lieu natal, la Toscane.Cette coquille paroît avoiries plus grands 
rapportsavec la marginella cærulescens, Lamck., que l'on trouve 
à l’état frais, près de l’ile de Gorée, dans l'Océan atlantique. 

M. Brocchi (loc. cit.) a regardé, comme dépendante du genre 
Marginelle, sa voluta buccinea, dontildonne une figure, tab. 4, 
fig. 9, mais qui est la même espece que l’auricule grimaçante, 
Lamck., et sa voluta cypræola(même planche, fig. 10) qui a les 
plus grands rapports avec la porcelaine ovuliforme du même 
auteur. (D. F.) | 

MARGŒNSE. (Ornith.) Othon Fabricius , Fauna Groenlan- 
dica, pag. 67 , cite ce nom et celui de margiæs parmi les syno- 
nymes du cravant, anas bernicla, Linn. (Ca. D.) 

MARGONE.(Ornith.) Cetti dit, dansses Oiseaux de Sardaigne, 
que ce nom, attribué d’abord à un grand plongeon, a été re- 
connu appartenir au corbeau aquatique ou cormoran. (Ca. D.) 

MARGOSA. Bot.) Nom portugais dans l'Inde, d’une espèce 
de momordique, momordica charantia , qui est l’amara indica de 
Rumph. Il est indiqué au Malabar sous celui de maragosa. (J.) 

MARGOT (Ornith.), nom vulgaire de la pie, corvus pica, 
Linn. Voyez Mançaux. (Cu. D.) 

MARGOUSIER. ( Bot.) Les colons de l'Inde nomment ainsi 
la melia azadirachta , espèce d’azedarach. (J.) | 

MARGRAVE, Marcgravia et Marcgraavia. (Bot.) Genre de 
plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, de la 
famille des capparidées, de la polyandrie monogynie, offrant pour 
caractere essentiel: Un calice à six folioles imbriquées; les deux 
extérieures plus petites ; un seul pétale concave, en coiffe, 
caduc; des étamines nombreuses ; un ovaire supérieur ; un 
stigmate sessile, en tête, persistant ; une baïe coriace , globu- 
leuse, à plusieurs loges polyspermes, à plusieurs valves; les 
semences nombreuses plongées dans une pulpe molle. 

MarGraAve À OMBELLEs : Marcgravia umbellata, Linn.; Lamck., 
Ill. gen., tab. 447; Brown, Jam. , tab. 26; Sloan., Jam, Hist., 1, 


MAR 147 
pag. 74, tab. 28, fig. 1 , mediocris ; Jacq., Amer. , tab. 96. Ar- 
brisseau qui , semblable au lierre, s'attache le long des arbres 
par des radicules, s’éléve jusqu’à vingt-cinq à trente pieds, 
et dont les rameaux tombent vers la terre; ses feuilles sont 
trés-variables, selon l’âge des individus : elles sont ovales, el- 
liptiques, oblongues, presque orbiculaires , aiguës ou échan- 
crées en cœur à la base et au sommet, lancéolées ou en fau- 
cille, glabres, glanduleuses à leur contour dans leur jeunesse. 
Les fleurs sont disposées en ombeiles simples, terminales, pé- 
donculées, pendantes ; aux pédoncules du centre on remarque 
quatre à cinq corps, oblongs, arqués, qui paroïssent des pé. 
tales avortés , assez semblables au pétale supérieur des aconits; 
les folioles du calice concaves, arrondies; le pétale coriace, 
épais, fermé par le haut ,s’enlevant en forme de coiffe ;les éta- 
mines sont nombreuses, étaléesaprès la chute de la corolle;les 
anthères droites, oblongues; l’ovaire est ovale ; les baïessont 
glabres, globuleuses, polyspermes; les semences petites et lui- 
santes. Cette plante croit dans les Antilles et à la Jamaïque. 

MARGRAVE CORIACE : Marcgravia coriacea, Valh, Egl. Amer., 
2 , pag. 39. Arbrisseau de l’ile de Cayenne, dont les tiges se 
divisent en rameaux glabres, revêtus d’une écorce cendrée, 
parsemés de points saillans, garnis de feuilles pétiolées, co- 
riaces, elliptiques, émoussées , glabres, longues de quatre à 
cinq pouces, un peu repliées à leurs bords; le pédonceule com- 
mun est chargé versson sommet de pédicelles verticillés, égaux, 
au nombre de seize à dix-huit, cylindriques, très-ouverts , 
renflés vers leur sommet , parsemés de points nombreux, tu- 
berculés; les fleurs sont ascendantes. (Porr.) 

MARGUERITE | eranpe]|-(Bof.), nom vulgaire du chrysan- 
themum leucanthemum. (Lem.) 

MARGUERITE JAUNE. (Bo.) C'est le chrysanthemum coro- 
narium, (LEM.) 

 MARGUERITE | »errre |. (Bot.) Voyez PaquerrTTe. (LEM.) 

MARGUERITE { reins |. (Bot.) Voyez à l’article Asrère. 
(Lew.) | 
MARGUERITE BLEUE. (Bot.) C’est la globulaire commune. 
(L. D.) 

MARGUERITE DE LA SAINT MICHEL. (Bot.) C’est l’astère 
annuel. (LEm.) 


104 


148 MAR 

MARGYRICARPE (Boë.), Margyricarpus où Margyrocarpus, 
Pers. Genre de plantes dicotylédones , à fleurs incomplètes, 
de la famille des rosacées , de la décandrie monogynie de Lin- 
næus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre ou 
cinq divisions ; point de corolle; deux étamines ; un ovaire 
supérieur; un style; un stigmate pelté; un drupe mono- 
sperme. 

Ce genre avoit d’abord été placé par M. de Lamarck parmi 
les Empetrum ( CAMARINE, Encyl.), sous le nom d’Empelrum 
pinnatum, puis dans les Illustrations des genres, sous celui 
d’Ancistrum barbatum. Les auteurs de la Flore du Pérou en ont 
fait un genre particulier, adopté par Vahl; mais les caractères 
de ses fleurs ne s'accordent point avec ceux de Commerson, 
qui regardoit cette plante comme dioïque, pourvue de quatre 
pétales; les ovaires surmontés de quatre styles. 

MarcyricARPE s0YEUx : Margyricarpus setosus, Ruiz et Pav. , 
Flor. Per. , 1, pag. 28 ,tab.8; Vahl, Enum., 1, pag. 307. Petit 
arbrisseau diffus, ir ane tte a rameaux tortueux, cou- 
verts par les gaînesstipulaires des pétioles des feuilles: celles-ci 
sont petites, éparses, très-rapprochées , aïlées avec une im- 
paire, composées d’onze folioles linéaires, subulées , repliées 
en dessous à leurs bords, barbues à leur sommet, longues de 
deuxlignes; les pétioles sont persistans, élargis et membraneux 
aleur base , en forme de gaïînes les fleurs sessiles, latérales et 
axillaires. Cette plante croît au Pérou. (Porr.) 

MARIA-CAPRA. {Ornith.) Espèce de traquet de l’ile de 
Luçon. (Cx.D.) 

MARIALVA. (Bot.) Vandelli, dans ses Plantes du Brésil, 
établit sous ce nom un genre qui est le même que le foyomika 
d’'Aublet, et qui, quoique plus récent, paroît devoir être 
préféré, parce que le nom d’Aublet est mal choisi, mal son- 
nant, et pouvant être confondu avec le votomita du même. Il 
faudra encore rapporter au marialva le beauharnesia de la Flore 
du Pérou, moins ancien, et conforme dans presque tous ses 
caractères. (J.) 

MARIARMO. (Bot.) L'hysope est ainsi nommé parles Pro- 
vençaux, au rapport de Garidel. (J.) | 

MARIBLÉ (Bot.), nom languedocien des marrubes. (L. D.) 

MARICA. ( Bot.) Nom substitué par Schreber à celui de ei- 


MAR 149 
pura d'Aublet, genre de Cayenne, de la famille des iridées, 
dont aucune raison ne nécessite le changement de nom. 
Necker de son côté le nome bauxia. Voyez Cipure. (J.) 

MARICOCA. (Ornith.) Ce nom désigne dans Cotgrave la 
passe-buse ou fauvette d'hiver, motacilla modularis, Linn. 
(Cæ. D.) 

MARICOUPY. (Bot.) Plante de Cayenne qui nous est incon- 
nue. (Lem.) 

MARIÉE. (Entom.) C’est le nom françois d’une Hostsele. 
noctua sponsa, noctua pronuba, (C. D.) 

MARI-ERLA. (Ornith.) Suivant Othon-Frédérice Muller, 
Zool. Dan. Prodr., on nomme ainsi, en Islande, la lavandière, 
mofacilla alba, Linn. (Cu. D.) 

MARIE -GALANTE. (Bot.) C’est selon M. Bosc le nom vul- 
gaire du quinquina corymbifère , à la Guadeloupe. (LEu.) 

MARIETTE. ( Bot.) Ce nom vulgaire et ceux de violette de 
Marie, viola mariana, sont cités par Daléchamps et d’autres 
pour une campanule de jardins, eampanula medium. (J.) 

MARIGNAN. (Ichthyol.) Dans les Antilles on donne ce nom 
à l’holocentre sogho. Voyez Horocewrre. (H. C.) 

MARIGNAN (Bot.), nom de l’aubergine dans le midi de la 
France. ( Lem.) 

MARIGNIA. (Bot.) Commerson, dansses Manuscrits et ses 
Herbiers, avoit désigné sous ce nom un arbre résineux de 
l'Ile-de-France, où il est connu sous celui de colophane bä- 
tard. M. Lamarck l’a réuni au genre Bursera, dont il diffère 
cependant un peu parle nombre plus grand des pétales et des 
étamines, si le caractère donné par Commerson est exact. (J.) 

MARIGOUIA , MERCOIA (Bot.), noms vulgaires à Saint- 
Domingue, cités par Nicolson, pour désigner le murucuia, 
genre de la famille des passiflorées. (J.) 

MARIKANITE. (Min.) Voyez Marékantre. (LEm.) 

MARIKINA. (Mamm.) Nom américain d’une espèee du 
genre Ouisrirt. Voyez ce mot. (F. C.) 

MARILA A GRAPPES (Bot.) : Marila racemosa, Swartz, 
Prodr., 84; Willd., Spec., 2, pag. 1160; Bonnetia, Flor. Ind. 
Occid., vol. 2, pag. 965. Genre de plantes encore peu connu, 
établi par M. Swartz, paroissant tenir le milieu entre la fa- 
mille des guttifères et celle des hypéricées, qui offre pour 


150 MAR 


caractére essentiel : Un calice à cinq folioles ; cinq pétales; 
plusieurs étamines insérées sur le réceptacle ; un stigmate 
simple ; une capsule à quatre loges polyspermes. Cette plante 
croit à la Martinique, aux îles du mont Ferrat et de Saint- 
Christophe, où elle porte le nom de bois d'amande. (Pors.) 

MARIMARI (Bot.), nom caraïbe cité par Aublet, d’une 
casse de Cayenne, cassia biflora. (J.) 

MARIMONDA. (Mamm.) Suivant M. de Humboldt, les In- 
diens de l’Orénoque nomment ainsi l’atele Belzébuth. (F. C.) 

MARINES [Praxwes] (Bot. ), qui croissent dans l’eau de la 
mer (fucus). On nomme plantes maritimes celles qui croissent 
au bord delamer (glaux maritima, triglochin maritimum).(Mass.) 

MARINGOUIN.(Ornith.) L'auteur des voyages d’un natu- 
raliste, M. Descourtilz, parle sous ce nom, tom.2, pag. 249, 
d’une alouette de mer aussi petite qu’un troglodyte, et qui est 
très-nombreuse à Saint-Domingue, dans les savanes humides 
où l’on en prend aisément des quantités avec des nappes sous 
lesquelles on a répandu des vers ou des fourmis. (Cx. D.) 

MARINGOUIN (Ent.),nom donné (ainsi que celui de mous- 
tique) par les voyageurs à des insectes diptères trés-incom- 
modesetqui paroissent appartenir au genre des Cousins.(Desm.) 

MARION LAREUCHE (Ornith.), nom vulgaire du rouge- 
gorge, motacilla rubecula, Linn., dans les environs d'Orléans. 
( Cr. D.) 

MARIONNETTES. (Ornith.) Denys, dans son Histoire natu- 
relle de l'Amérique septentrionale, cite ; tom. 2, pag. 305, 
parmi les oiseaux aquatiques du Canada ou Nouvelle-France, 
les marionnettes, ainsi nommées, dit-il, parce qu’elles vont 
sautant sur l’eau. Ce mot ne seroit-il pas une corruption de 
marouettes ? (Cn. D.) 

MARIPA. ( Bot.) Palmier de Cayenne, mentionné par Au- 
blet, qui dit que son tronc a environ huit pieds de hauteur, 
et six pieds et demi de diamètre. Ses feuilles pennées ont huit 
à dix pieds de longueur, et ne s’étalent pas. Il porte des fleurs 
mâles sur un pied, et des femelles sur un autre. Ses régimes 
de fleurs sont divisés en plusieurs grappes réunies en pyra- 
mide, et renfermées, avant leur développement, dans une 
spathe très-considérable , coriace et épaisse, ayant la forme 
d’une petite barique, et pouvant servir de vase pour conte- 


MAR 151 


nir, soit des alimens, soit de l’eau. On mange le fruit après 
l'avoir fait bouillir. Aublet n'indique pas les caractères qui 
pourroient aider à déterminer son genre; il est probable que 
c’est aussi le maripa cité par Barrère, que l’on nomme chou- 
maripa, parce qu'on mange, dit-il, son tronc apprêté de di- 
verses manières, ou plutôt les jeunes pousses qui occupent le 
centre de sa touffe de feuilles, comme cela a lieu pour d’autres 
palmiers. On ne confondra pas ce maripa avec un genre du 
même nom dans la famille des convolvulacées. (J.) 

MARIPE, Maripa. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à 
fleurs complètes ,monopétalées, de la famille des convolvulacées, 
de la pentandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel : Un calice à cinq divisions profondes, imbriquées; 
une corole tubulée, renflée à sa base; le limbe évasé, divisé 
en cinq lobes; cinq étamines attachées vers le bas du tube; un 
ovaire supérieur ; un style; un stigmate en plateau; un fruit a 
deux loges; deux semences dans chaque loge. 

Maripe crimpant: Maripascandens, Aubl., Guian., 1, pag. 250, 
tab. 91; Lamck., Ill. gen., tab. 110. Arbrisseau grimpant dont. 
les branches très-longuesse divisent en rameaux qui retombent 
vers la terre et sont garnis de feuilles pétiolées, alternes, 
ovales, entières, aiguës, fermes, vertes et lisses, longues de six 
a neuf pouces, sur trois de large. Les fleurs sont blanches, dis- 
posées en grandes panicules làches, munies de bractées; les 
ramifications velues, ainsi que les calices et la surface externe 
des corolles. Cetté plante croît sur les bords de la rivière de 
Sinamary. (Pore.) 

MARIPOSA. ( Ornith.) Ce nom a été donné à plusieurs es- 
pêces d'oiseaux. Le mariposa des oiseleurs est un bengali, frin- 
gilla bengalensis, Lath., pl. 3 des Oiseaux chanteurs de M. Vieil- 
lot. Le mariposa pintada de Catesby est le pape dela Louisiane, 
emberiza ciris , Lath., pl. 159 de Buffon, fig. 1 et 2, sous le 
nom de verdier de la Louisiane, lequel est décrit sous celui 
de passerine nonpareil dans la deuxième édition du Nou- 
veau Dictionnaire d'Histoire naturelle, tom. 12, pag. 17. On 
a aussi appelé mariposa le bouvreuil noir du Mexique, pyrrhula 
mezxicana, Brisson, tom. 3, pag. 316; loxianigra, Linn.etLath., 
figuré par Catesby, pl. 68. (Cu. D.) 

MARIPOU. (Bot.) Une espece de jambosier (eugenia sinemarien- 


1h2 | | MAR 


sis, Aubl.) est ainsi appelée par les naturels de la Guiane. (Lem.) 

MARIRAOU (Bot.), nom caraïbe d’une espèce de jambosier 
de Cayenne, eugenia sinemariensis d’Aublet. (J.) 

MARISCUS. (Bot.) La plante nommée ainsi par Pline est, 
selon C. Bauhin, celle que Daléchamps croit être l’ Loloiche 
nos de Théophraste, et se rapporte au scirpe des marais, 
seirpus lacustris. Haller et Mœnch ont fait un genre Marisceus 
comprenant les scirpus acicularis et setaceus, qui maintenant 
font partie de l’isolepis de M. Rob. Brown. Il existe un autre 
genre Mariseus de Gærtner, dont le schænus mariseus et le scir- 
pus retrofractus de Linnæus font partie, ainsi que le killingia 
panicea de Rottboll. (J.) 

MARISMA. (Bot.) Ce nom a été donné par les Espagnols, 
suivant Clusius , aune arroche, atriplex halimus, parce qu’elle 
croît sur les bords de la mer. (J.) 

MARISQUE, Marisceus. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs glumacées, de la famille des cypéracées, de la 
triandrie monogynie, offrant pour caractère essentiel: Des épil- 
lets peu garnis; plusieurs écailles imbriquées , les inférieures 
vides; deux valves calicinales minces; trois étamines; un 
ovaire supérieur; un style trifide caduc; point desoies sur le 
réceptable; une semence trigone. 

Ce genre est formé de plusieurs espèces de souchets, de 
scirpes, de killinges , à tige presque nue. Lesprincipales sont : 

Marisque AGcRÉGÉ; Mariseus aggregalus, WVilld., Enum., 1, 
pag. 70. Cette plante a des tiges trigones, hautes d’un pied et 
‘ plus, muniesde plusieurs feuilles radicales un peu rudes à leurs 
bords, de la longueur des tiges; l’involucre composé de huit à 
dix folioles inégales, presque de la longueur des tiges; les 
fleurs réunies en huit ou dix épis sessiles, cylindriques, longs 
de six lignes; les épillets alongés; les écailles ovales, membra- 
neuses, aiguës, traversées par une nervure verdâtre; les valves 
calicinales de même forme; des bractées sétacées, plus longues 
que les épillets, rudes à leurs bords. Le lieu natal de cette 
plante n’est pas connu. 

MARISQUE A GrOs épis; Mariscus pychnostachyus, Kunth, in 
Humb. et Bonp, Nos. Gen., 1, pag. 215, tab. 65. Ses tiges sont 
droites, hautes d’un pied et plus, glabres, trigones; les feuilles 
glabres, linéaires, cartilagineuses et denticulées, surtout vers 


« 


\ 


MAR 153 


_ leursommet, en gaine à leur base ; l'ombelle est terminale, à 
sept ou huit rayons inégaux longs de deux ou trois pouces; les 
épis sont épais, oblongs , obtus, nus, presque longs d’un pouce; 
les épillets très-nombreux, oblongs; l’involucre a huit folioles 
inégales, les unes plus longues, d’autres plus courtes que l’om- 
belle; les écailles sont ovales, concaves, aiguës, brunes, lé- 
gèrement mucronées. Cette plante croît à la Nouvelle-Espagne. 

Manisque DE Muris; Mariscus mutisü, Kunth, L. c., tab. 66. 
Cette plante a des racines fibreuses ; d’où s'élèvent des tiges en 
gazon, glabres, trigones, striées, longues d’un pied et demi; les 
feuilles sont glabres, linéaires, nerveuses, striées, en carèue, 
dures à leurs bords vers le sommet, plus courtes que les tiges; 
l’ombelle est terminale, à sept ou huit rayons inégaux, longs 
d’un ou de deux pouces; les épis sont linéaires, cylindriques, ob- 
tus, longs d’un pouce; les épillets nombreux, distans, lancéolés, 
aigus, à une ou deux fleurs; l’involucre a neuf folioles, deux 
et trois fois plus longues que l’ombelle; cinq écailles ovales, 
obtuses, gläbres, en carène, à cinq nervures, d’un brun jau- 
. nâtre, vertes sur leur carène. Cette plante croît au Pérou, 
dans la plaine de Bogota, proche Suba. 

Marisque roux; Mariseusrufus , Kunth, L. c., tab. 67. Cette es- 
pêce a des tiges droites, trigones, hautes d’un pied et plus, 
glabres, hérissées de petits tubercules, d’un blanc verdûtre; les 
feuilles sont linéaires, acuminées, en carène vers leur base, 
denticulées à leur sommet, souvent plus longues que les tiges; 
l’ombelle est terminale, à sept ou huit rayons inégaux; les épis 
sontoblongs, obtus, souvent trois ou quatre et plus sur le même 
pédoncule, lengs d’un pouce; lesépilletstouffus, très-nombreux, 
ovales, sessiles, à trois fleurs; l’involucre a six ou sept folioles 
tres-longues; les écailles sont arrondies, obtuses, glabres, con- 
caves, roussâtres, à sept nervures. Cette plante croit à la 
Nouvelle-Espagne. 

MaARISQUE SANS FEUILLES : Mariscus lee Vahl, Enum., 2, 
pag. 373 ; Junous cyperoides, Sloan., Hisé., 1, pag. 121, tab. 81, 
fig. 2. Ses racines sont rampantes; ses tiges Del hautes 
d’un pied, garnies à leur base, au lieu de feuilles, de plusieurs 
gaînes obtuses, de couleur grisàtre, bordées ie brun, tron- 
quées obliquement; l’involucre a deux ou trois folioles ovales, 
lancéolées, plus courtes que l’épi; celui-ci est globuleux; une 


154 MAR 

fois plus gros qu'un pois, composé d’un grand nombre de 
petits épillets linéaires, lancéolés; les valves sont purpurines et 
ponctuées. Cette plante croît dans l'Amérique. 

ManisQuE ÉrALÉ : Mariscus elatus, Vahl, Enum., 2 , pag. 377; 
Kyllingia incompleta , Jacq., Ic.rar., 2, tab. 300: Kyllingia caya- 
nensis, Lamck., II]. gen., 1, pag. 140. Ses tiges sont luisantes, 
triangulaires, hautes d’environ trois pieds; les feuilles presque de 
la longueur destiges, larges d’environ trois lignes; l’involucre 
a six folioles et plus , longues d’un, etmême de deux pieds; les 
rayons de l'ombelle sontlongs de deux pouces, soutenant chacun 
une ombellule à quatre rayons; les épis sont cylindriques, étroits, 
longs d’un à deux pouces; les épillets petits, très-étalés, à trois 
fleurs. Cette plante croît dans l'Amérique, aux environs de 
Caracas et dans l’ile de Cayenne. (Porr.) 

MARITAMBOUR. ( Bot.) Espèce de grenadille de Cayenne, 
suivant Richard. (J.) 4 

MARJOLAINE , Majorana. ( Bot.) Tournefort et ses prédé- 
cesseurs distinguoient ce genre de l’origan par les épis de 
fleurs plus courts et de forme presque carrée, et par le ca- 
lice fendu en dessus. Ces caractères ont paru insuffisans à 
Linnæus pour séparer ces deux genres qu'il a réunis sous le 
nom du dernier. Rumph a cité deux basilics sous le nom de 
majorana. Voyez OrIGan. (J.) 

MARJOLAINE BATARDE. (Bot) Dans quelques parties 
des Alpes, on donne ce nom au cypripedium calceolus. (L. D.) 

MARKAKO. (Bot.) C’est à Ceilan la même plante que le 
Kixrrispa. Voyez ce mot. (J.) 

MARKEA. (Bot.) Voyez les articles Lamancxea et MaRckEA. 
(Porr.) | 

MARKOJIO. (Ichthyol.) La Chesnaye-des-Bois a parlé, sous 
ce nom, maisje ne sais d'aprés quelle autorité, d’un poisson des 
Indes qui a la gueule assez grande pour avaler un homme tout 

entier. C’est probablement quelque espèce de squale. (H. C.). 

MARLE. (Ornith.) Les habitans dela campagne, dans le dé- 
partement des Deux-Sèvres, et dans plusieurs endroits de celui 
de la Somme, appellent ainsi le merle commun, turdus me- 
rula, Linn. (Cu. D.) 

MARLEG. ( Bot.) C’est le nom qu'on donne dans les iles Fé- 
TOË au conferva ægagropila , suivant Lyngbye. ( Lex.) 


MAR 155 


MARLITE. (Min.) Kirwan nomme ainsi une pierre ou roche 
mélangée qui renferme de la chaux earbonatée. Il distingue 
les marlites des marnes en ce que celles-ci se désagrègent faci- 
lement par l’action des météores atmosphériques, tandis que 
les marlites, qui sont des roches plus dures, résistent aussi 
beaucoup mieux à cette action. 

11 place les macigno-molasses ou molasses de-Genève et de 
Lausanne, plusieurs calcaires mêlés d’argile et de sable des: 
Alpes. et du Hartz, ainsi que le schiste marno-bitumineux du 
Mansfeld , etc., parmi les marlites. Cette réunion estfondée sur 
la considération des caractères minéralogiques, la solidité, la 
dureté, la rudesse au toucher, la texture un peu grenue, la 
composition par mélange: le nom de marlite ne peut donc se 
rapporter exactement à aucune de nos espèces minéralogiques 
homogènes, ou de nos variétés composées. (B.) 

MARLLENGA. (Ornith.) La bergeronntte lavandièré, mo- 
tacilla alba, Linn., se nomme ainsi en catalan. (Cu. D.) 

MARMARITIS (Bot.), un des noms grecs anciens de la fu- 
meterre, cités par Ruellius. (J.) 

MARME. (Ichthyol.) Voyez Mosus. (H. C-) 

MARMEER , UMBATS (Bot.), noms japonois du coignas- 
sier, cités par Kæmpfer. (J.) 

MARMELDIER ( Mamm.), nom hollandoiïs de la marmotie 
d'Europe. Voyez Murmerruréa. (Desm.) 

MARMELEIRA (Bot.), nom du coignassier dans le Portu- 
gal et au Bresil, selon Vandelli. (J.) 

MARMELOS. (Bot.) Le fruit ainsi nommé dans l'Inde est 
- porté sur un arbre qui est le covalam du Malabar, le marme- 
leira des Portugais de l'Inde. Linnæus en faisoit son crateva 
marmelos. M. Correa, qui l’a examiné de nouveau , a prouvé 
_ qu’il n’appartenoiït pas aux capparidées dont le crateva fait 
partie, et il l’a reporté aux aurantiacées comme genre dis- 
tinct sous le nom d’ægle. Les Espagnols nomment aussi le 
coignassier marmelos. Voyez Conoyons. (J.) F 

MARMENTAUX. (Bot.) Dans le Dictionnaire économique, 
on lit que ce nom est donné aux bois qui, plantés enavenues, 
en quinconces ou en bosquets , serveut à l’embellissement des 
villes ou des habitations partieulières, et qu’un simple usu- 
fruitier n’a pas le drojt d’abattre. (J.) 


1 56 MAR 

MARMITE DE SINGE (Bot.), nom vulgaire à Cayenne de 
quelques espèces de quatelé, lecythis, qui sont assez gros, et 
ont la forme d’une marmite fermée supérieurement par son 
couvercle et remplie de quelques graines que les singes 
mangent avec avidité. (J.) 

MARMOLIER. (Bot.) Voyez Dünora. (Porn.) 

. MARMONTAIN, MARMOTAINE, MARMOTAN (Mamm..), 
noms de la marmotte en vieux françois. (Desm.) 

MARMOLITE (Min.) M. Nuttall a donné ce nom à une subs- 
tance pierreuse qui paroit être trés-voisine de la serpentine, 
si même ce n’en est pas une variété. 

La marmolite, dit M. Nuttall, a use texture foliée avec 
des lames minces et parallèles aux côtés d’un prisme à quatre 
pans obliques et comprimés. Ces lames sont quelquefois ras- 
semblées en groupes; elles sont d’un beau vert pâle avec un 
lustre presque métallique; elles sont opaques, leur texture est 
compacte ; elles n’ont aucune flexibilité, trés-peu de dureté; 
leur poussière est brillante et onctueuse au toucher. 

Ce minéral devient blanchâtre et friable par l’action de l'air; 
sa pesanteur spécifique est de 2,470. Exposé à l’action du feu 
du chalumeau, il décrépite,s’exfolie sans se fondre, et devient 
dur; il perd 15 pour 100 de son poids, et donne dans l'acide 
nitrique une dissolution épaisse et comme gélatineuse. 

Il contient : 


Néanbse ten DRE cents se) 40 
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D VAUT D AE AT die Lt le 2 


Protoxide de fer etchrôme........,. 0,5 


C’est, comme on voit, la composition de la serpentine, et la 
marmoliteindiqueroitun commencement de cristallisation de 
cette pierre, ce qui conduiroit à compléter la série des carac- 
tères nécessaires pour établir exactement et scientifiquement 
cette espèce. 

La marmolite se présente en veines étroites dans la roche 
de serpentine d'Hoboken et de Bare-Hills, près Baltimore, dans 
les Etats-Unis d'A mérique. 

Elle est souvent en contact dans le premier lieu avec la 


MAR 157 
brucite (magnésie hydratée) et le marbre magnésien décrit par 
les minéralogistes américains. (B.) 

MARMORARIA (Bot.), nom ancien de l’acanthe, cité par 
Daléchamps. (J.) 

MARMOSE. (Mamm.) Nom brasilien d’une espèce du genre 
SarieuE. Voyez ce mot.(F.C.) , 

MARMOT (Ichthyol.), un des noms vulgaires du dentécom- 
mun. Voyez Denré. (H. C.\ 

MARMOTTE. (Mamm.) Ce nom vient du motitalien mar- 
moita, lequel tire peut-être son origine du Murmegrruier. 
(Voyez ce mot.) D'abord donné à un rongeur des hautes mon- 
tagues de l’Europe, il fut ensuite étendu à quelques autres 
mammiferes qui offrent avec lui les plus intimes rapports. 

Linnæus et Pallas confondirent ces animaux avec les rats. Ce 
dernier en fit cependant une section particulière sous le nom 
de mures soporosi. Brisson et Erxleben les placèrent dans leur 
genre Glis, division incohérente qui renfermoit, selon le pre- 
mier, les loirs, les marmottes et le hamster; et de plus, sui- 
vant le second, le zemmi, les lemmings et le campagnol éco- 
nome. C’est Gmelin qui le premier isola les marmottes sous le 
nom d’arctomys (rat-ours) dans son édition du Syséema naturæ. 
Depuis, les zoologistes ont toujours conservé cegenre établi en 
effet sur des caractères assez nettement tranchés. 

Les marmottes ont, à la mâchoire supérieure, deux inci- 
sives, et cinq molaires de chaque côté, et à l’inférieure une 
molaire de moins; les incisives sont fortes , épaisses et, comme 
chez tous les autres rongeurs, séparées des molaires par un 
grand espace vide; les supérieures sont tronquées carré- 
ment a leur sommet; les inférieures sont terminées par une 
pointe arrondie, et toutes deux sont taillées en biseau a leur 
face interne. La premiére molaire supérieure , plus petite 
que les autres, ne présente à la couronne qu’un simple tuber- 
cule obtus; les quatre autres sont triangulaires et divisées par 
deux sillons profonds, en trois crêtes transversales, qui, par- 
tant du bord externe de la dent, font paroître celui-ci relevé 
de trois tubercules aigus, et viennent toutes se réunir au som- 
met du triangle qui occupe la face interne de la couronne et 
se présente sous la forme d’un rebord arqué, lisse et élevé. 
Les molaires inférieures, seulement au nombre de quatre, dif- 


156 MAR 
férent des supérieures, en ce qu’elles ont une forme carrée, 
et que, n'ayant qu’un sillon iongitudinal, elles ne sont relevées 
que de deux crêtes, l’une qui occupe le bord antérieur et 
l’autre le postérieur; et elles se réunissent au bord interne 
pour y former une pointe relevée ; le sillon échancre le bord 
externe de manière à y faire paroitre deux tubercules. 

Les membres sont courts et forts, les antérieurs se trouvent 
terminés par une main large, épaisse, divisée en quatre doigts 
courts et robustes, de longueur peu inégale, réunis jusqu’à la 
seconde phalange par une membrane épaisse, et armés d'ongles 
forts et reployés en gouttière; au haut de la partie internè du 
carpe se trouve un trés-petit rudiment de pouce de forme 
conique et protégé par un petit ongle plat. Les membres 
postérieurs ont un pied court et large, terminé par cinq 
doigts, semblables, pour la forme, à ceux de la main, réunis 
comme eux jusqu'a la première phalange, mais munis 
d'ongles plus forts et plus courts: les trois doigts du milieu, | 
de longueur peu différente, sont plus alongés que les deux 
latéraux qui sont les plus courts, et c’est l’interne qui est le 
moins long de tous. La queue est très-courte, cylindrique et 
entièrement couverte d’assez longs poils. 

L'œil est petit, à pupille ronde; les paupières sont fortes et 
épaisses, et l’interne est peu développée. Le mufle n’est qu’une 
partie nue, et sans doute glanduleuse, placée entre les deux 
narines et divisée par un profond silion longitudinal qui va 
ensuite séparer la lèvre supérieure en deux portions; l’extré- 
mité du museau forme une large surface arrondie, séparée du 
mufle par un repli transversal et nu; les narines sont formées 
d’une ouverture antérieure prolongée sur les côtés en un sinus 
large et légèrement arqué vers le haut. L’oreille est petite, 
courte, assez mince, arrondie et simple: ou n’y voit qu'un 
rudiment d’hélix qui rentre dans la partie antérieure de la 
conque, protège inférieurement le trou auditif percé au fond 
de la partie antérieure de cette conque, et forme supérieure- 
ment un cul-de-sac du fond duquel s'élève un pli qui traverse 
l'oreille, La langue est courte, très-épaisse, arrondie et douce; 
ses bords paroïissent comme relevés sur les côtés de sa partie 
antérieure, ce qui forme un sillon longitudinal, trés-profond ; 
les lèvres sont épaisses et courtes, et elles forment, à leurangle 


MAR ÿ5o 


de réunion, une réduplicature assez large. On ne trouve pas 
d’abajoues dans l’intérieur de la bouche. La paume, la plante 
et le dessous des doigts sont entiérement nus et marqués de 
sillons assez réguliers et plus larges que ceux de la paume de 
l’homme : la paume offre cinq tubercules; les trois premiers 
répondent à la base des doigts, l’un correspondant au qua- 
trième doigt, l’autre au secondet au troisième doigt, et le der- 
nier au premier doigt : les deux autres tubercules occupent 
la partie postérieure de la paume; ils sont extrêmement 
développés, trés-épais et fort saillans; l'un occupe le bord 
interne et soutient le rudiment du pouce; l’autre soutient 
le bord externe. La plante est garnie de six tubercules 

quatre placés à la base des doigts comme dans la paume, 
excepté qu'il y en a un de plus pour le pouce, et les deux 
autres placés à peu de distance des quatre précédens, l’un 
au bord externe ei l’autre à l’interne; le reste du talon est lisse 
et entiérement nu. Lessoies des moustachessont fortes, longues 
et implantées dans une épaisse couche musculeuse ; on trouve 
quelques autres bouquets de soies, l’un sur les sourcils, l’autre 
sur la joue et le troisième sous la gorge. Le pelage est long, 
épais et composé de poils de deux natures, de laineux nom- 
breux, assez longs et peu frisés, et de deux couleurs, et de 
soyeux plus longs, à peine aussi nombreux, et ordinairement 
annelés de plusieurs couleurs. 

Chez les mâles les testicules ne sont point renfermés dansun 
scrotum particulier, et le gland est, à ce qu'il paroïît, simple- 
ment conique et peu alongé; chez les femelles la vulve ne se 
montre au dehors que sous l'apparence d’une fente longitudi- 
nale et courte, garnie de deux lèvres épaisses et fortes, sur- 

montées de quelques poils. 

Les marmottes ont des formes lourdes et trapues ; leur 
tête plate et épaisse, leurs oreilles arrondies. leurs membres 
courts et larges, leur petite queue, et de plus leur épaisse 
et grossière Éngute leur donnent une physionomie particu- 
lière qu'indique assez bien le mot d’arctomys (rat-ours) fondé 
sur les rapports de forme que l’on a cru trouver entre ces ron- 
geurs et les ours. Leur démarche est lourde et embarrassée ; 


elles courent mal, mais peuvent s’aplatir de manière à passer 
par des fentes étroites. 


160 MAR 


Leurs cris ne consistent qu’en un grognement doux, ou un 
gros murmure qui se change dansla colère ou la surprise en un 
sifflement fort et aigu. Elles se fouissent avec promptitude une 
retraite profonde, danslaquelle plusieurs individus se retirent 
pendant l'hiver, passant cette saison dans un état léthargique 
dont on n’a pas encore exactement apprécié la cause; d’après 
ce que l’on sait de l'espèce européenne, il paroîtroit que les 
marmottes vivent en société, et que dans les beaux jours du 
printemps, elles viennent brouter ou jouer à l’entrée de leur 
terrier dont elles ne s’éloignent jamais, et l’on assure que dans 
toutes leurs sorties l’une d’entre elles, placée au sommet de 
quelque rocher voisin, fait l’oflice de sentinelle avancée, et 
avertit les autres par un sifflement aigu de la présence de l’en- 
nemi; alors toute la troupe rentre dans sa retraite, ou bien se 
tapit sous les rochers voisins. Elles recueillent dans leur terrier 
uneassez grande quantité de foin qu’ellestransportentdansleur 
bouche; elles s’en forment un litépais, dans lequel elles se blot- 
tissent pour passer l'hiver; et à l'approche de cette saison elles 
ontsoin de fermer, en y accumulant dela terre, l'entrée deleur 
terrier. Elles ne forment point de provisions, mais lorsqu'elles 
entrent dans leur retraite hibernale, elles sont trés-grasses 
et garnies sur l’épiploon de feuillets graisseux trés-épais qui 
paroissent suffisans pour réparer les pertes qu'elles peuvent 
éprouver par l’action vitale qui leur reste. Leur nourriture 
ordinaire ne consiste qu'en matières végétales, et surtout en 
racines; mais on les habitue, sans peine, à manger de la 
viande. 

MARMOYTTE VULGAIRE : Arctomys marmotta, Gm.;la Marmotte, 
Buff., Hist. Nat., tom. 8, pl. 28. Cette espèce est d’un gris foncé en 
dessusavec la crouped’uneteinteunpeuplusroussâtre;le devant 
et le dessous du corps, les flancs ét le bas des membres sont 
d’un fauve roux pâle; la tête est en dessus du gris noiràtre du 
dessus du corps, ses côtés sont d’un gris plus clair, et le tour 
du museau est d’un gris blanc argenté; les pieds sont d’une 
teinte presque blanche, et la queue est noirâtre, courte et 
touffue. Tous les poils sont d’un gris noir à leur base; les lai- 
neux ont leur pointe ur peu plus claire sur les parties supé- 
rieures, et d'un gris fauve sousle corps; les soyeux aux par- 
ties supérieures sont noirs avec une légère pointe d’un fauve 


MAR 167 
blanchâtre qui devient plus grande sur la croupe; ils sont 
fauves sous le corps, et tout noirs sur la queue. Cette espèce 
habite les montagnes alpines de l’Europe, et y creuse ses ter- 
riers au-dela de la région des forêts. C'est elle qu’apportent 
avec eux ces enfans qui descendent des Alpes, et viennent men- 
dier leurexistence dans nos villes. Lesmontagnardsvontl'hiver 
la prendre dans ses terriers où ils la trouvent engourdie et 
roulée dans son foin; ils la mangent, et vendent la peau, qui 
est une fourrure commune et de bas prix. 

Marmorte 86BAck : Arctomys boback, Gmel.; Mus arctomys, 
Pallas, GL., pag. 97, pl. 5; Bosack, Buff., tom. 13, pl. 18. Le 
boback est d’un brun fauve trés-pàle, légérement mêlé de 
brun noirètre; le dessous du corps est d’une teinte fauve 
tres-päle; le tour des yeux et le dessus du museau sontbruns, 
la région des moustaches et la gorge d’un roux assez pur; 
le menton, la lèvre supérieure et le bout du museau d’un gris 
argenté; la queue, trés-courte, est presque rousse. Tous les 
. poils sont noirâtres à leur base , les laineux ont leur pointe d’un 
blond cendré et les soyeux sont de cette couleur sous le corps, 
et terminés aux parties supérieures par une pointe d’un brun 
châtain. Cette espèce habite depuis la Pologne jusques dans le 
nord de PAsie; elle suit la chaîne des monts Krapachs, et se 
trouve principalement entre le Dniéper et le Don, mais elle 
ne s'élève pas aussi haut que l’espèce précédente et préfère 
les contrées moins froides et les collines arides ; elle recherche 
surtout les plantes oléracées pour sa nourriture, et creuse son 
terrier dans des terrains trés-durs. 

Marmorre Du CanaDpa : Arctomys empetra, Quebeck mar- 
mot, Pennant, Quadr., p. 270, n°199, pl. 24, fig. 2; Fors- 
ter, Phil. Trans., p.378; Mus empetra, Pall., GL., p. 95 ; Schreb., 
tab. 210; Mowax çeris, F. Cuv., Hist. nat. des Mamm. Cette 
espèce est d’un brun roux noirâtre, varié et tiqueté de 
blanc; le dessous du corps et le bas des membres sont d’un 
brun roux vif couleur de rouille; le dessus de la tête, les 
pieds et la queue d’un brun foncé presque noir principale- 
ment sur ces dernières parties; les côtés et le dessous de la 
tête sont d’un fauve jaunâtre. Tous les poils sont noirs ou du 
moins trés-foncés à leur base; les laineux ont la pointe rousse; 
aux parties supérieures les poils sont soyeux , roux, puis noirs 

29. 11 


162 MAR 

avec la pointe blanchâtre; sous le corps ils sont entièrement 
terminés de roux. Ces poils soyeux ayant sur la croupe leur 
pointe blanche plus étroite que sur le reste du dessus du corps, 
cette dernière partie paroit plus brune, et seulement tiquetée 
de blanc jaunètre. La queue est plus longue chez cette espèce 
que chez les deux précédentes, et elle fait à peu près le tiers de 
la longueur du corps. Le pelage est quelquefois un peu différent 
de la description que nous venons d’en donner; ledos, les 
épaules, les reins, les cuisses et les côtés du corps présentent, 
dans certains individus, une teinte beaucoup plus grise, ce qui 
paroît tenir à ce que les poils laineux sont terminés de gris 
sur ces parties et que les soyeux manquent de teintes rousses. 
Souvent aussi le roux des parties inférieures s'éteint pres- 
qu’entiérement. On ne sait pas encore si ces différences 
tiennent à l’âge , au sexe, ou aux diverses périodes de la mue; 
quoi qu’il en soit, le quebeck marmot de Pennant, le mus empetra 
de Païlas, et ie monazx gris, ne font vraisemblablement qu’une 
seule et même espèce, propre à l'Amérique septentrionale. 
Je crois encore pouvoir leur réunir l’aretomys pruinosa de Gme- 
lin , dont la description ressemble entièrement a un individu du 
Muséum envoyé de New-Yorck par M. Lesueur. 

On a aussi rapporté aux marmottes: le Monax, arcéomys mo- 
nax de Gmelin; Edwards, Glanures, tom. 2, p.104, et Buff., 
tom. 3 desSuppl., pl. 28. Selon Edwards il seroit de la grosseur 
d’un lapin, et sa queue, un peu touffue, auroit plus de la 
moitié de la longueur du corps; le pelage seroit d’un brun com- 
parable à celui du rat d’eau et s’éclaiciroit sur les flancs, mais 
plus encoresurle ventre ; le bout du museau seroit cendré, et 
la queue d’un brun noiràtre; les pieds seroient noirs, et les 
oreilles petites et rondes. Malheureusement le monax n’a pas 
été revu depuis Edwards, et ce qu’il rapporte de cet animal 
ne suffit pas pour faire décider s’il appartient en effet au genre 
des marmottes. 

On a joint.au monax le Lapin 5 Banama de Catesby, qui, 
selon lui, est un peu plus petit qu'un lapin, brun sans aucun 
mélange de gris, et dont les oreilles, les patteset la queuesont 
celles d’un rat. Il faudroit des renseignemens plus positifs pour 


qu’on püt se faire une idée claire de cet animal et l’admettre 
parmi les marmottes. 


MAR 163 

Le Souslic,arctomys citillus, Gmel., qui, jusqu’à présent, avoit 
élé réuni aux marmottes, doit former un genre distinct. 
(Voyez Srermoruics.) 

Quelques mammifères bien plusobscurément connus que le 
monax, ou que le lapin de Bahama, ont encore été rapportés 
au genre des marmottes; ce sont : le Gunp: pu mont ArLas, de 
Rothmann, qui n’a que quatre doigts à tous les pieds, et qui, a 
Ja taille d’un lapin, joint des oreilles très-courtes, mais à trés- 
large ouverture, et un pelage roussâtre; le Maur de Molina, 
quadrupéde du Chili, du double plus grand que la marmotte, 
à pieds pentadactyles, à dents de souris et à museau pointu; 
enfin la Marmorre DE Crrcasste, de Pennant, de la taille du 
hamster, à jambes antérieures courtes, à poils alongés et 
châtains, etc. (F.C.) : 

MARMOTTÉ D'ALLEMAGNE. (Mamm. ) C’est le Hamster. 
(Des. ) 

MARMOTTE DES ALPES. (Mamm.) C'est la Marmortre 
VULGAIRE. (DEsm.) 

MARMOTTE BATARDE D'AFRIQUE. (Mamm.) Vosmaer 
donne ce nom au daman. (Desm.) 

MARMOTTE DU CANADA. (Mamm.) Ce nom a été donné au 
monax, espèce de marmotte encore mal déterminée. { Desm.) 

MARMOTTE DU CAP. (Mamm.) C’est le Daman. ( Des. ) 

MARMOTTE DE CIRCASSIE. (Mamm.) Voyez MARMOTTE. 
(Des. ) 

MARMOTTE DE POLOGNE. CPE Voyez Marmoite 
BOBACK. ( Dssm.) 

MARMOTTE DE STRASBOURG. (Mamm.) On a donné ce 
nom au Hamsrer. ( Desm.) 

MARMOTTE VOLANTE. (Mamm.) Daubenton a nommé 
ainsi un quadrupède chéiroptère qui appartient au genre 
Vesrertinion. Voyez ce mot. (DEsm.) 

MARMOUTON (Mamm.) Dans quelques parties de la Frante 
méridionale ce nom est donné au mouton entier ou bélier. 
(Des».) 

MARNAT. (Conchyl.) Adanson (Sénég., p. 168, pl. 12) dé- 
crit et figure sous ce nom une petite espèce de turbo, que 
l’on a rapportée peut-être à tort au furbo pullus de Linnæus 


et de Gmelin. (DE B.) 
1 


164 MAR 

MARNE (1). ( Min.) Si les parties qui composent les pierres 
qu’on nomme marnes étoient plus grosses ou plus visibles, ces 
minéraux sortiroient de la division des pierres simples et fe- 
roient partie des roches mélangées; mais les matières argi- 
leuses, calcaires et sablonneuses, qui par leur mélange forment 
les marnes, sont d’une ténuité qui les rend invisibles. Les 
marnes sont donc pour nous des minéraux homogènes, qui 
ont l'aspect terne de l’argile ou de la craie, très-peu de du- 
reté, qui sont même souvent tendres ou friables, qui font 
une violente effervescence avec l’acide nitrique , se délaient 
dans l’eau , mais quelquefois trés-difficilement, ne font qu’une 
pâte courte, n’acquiérent que peu de dureté au feu, et se 
fondent assez facilement. Elles se distinguent des argiles par 
ces caractères; elles différent des pierres calcaires pures, parce 
qu'elles laissent un résidu assez considérable lorsqu’on les dis- 
sout dans l’acide nitrique. 

Il ést trés-difficile d'établir des variétés distinctes parmi 
les marnes. Celles qui semblent les plus différentes, passent 
de l’une à l’autre par des nuances insensibles. Les caracteres 
que nous donnons ne conviennent donc qu'aux extrêmes, et 
il y a nécessairement beaucoup d’arbitraire dans la classifica- 
tion des échantillons qui forment transition. 


1. MARNE ARGILEUSE. 


Cette variété se délaie toujours dans l’eau plus ou moins 
facilement, et forme avec elle une pâte assez courte; elle est 
tantôt compacte, tantôt friable , tantôt feuilletée. Ses couleurs 
les plus ordinaires sont le gris, le vert sale plus ou moins foncé, 
le brun jaunûâtre, le brun verdâtre, le gris et le jaune marbré. 
Nous en citerons plusieurs exemples, que nous attacherons 
à des sous-variétés particulières (2). 

1. Marne argileuse figuline. — C’est ordinairement la terre 


(1) Argile calcarifère. Hauy. 

(2) Si nous avons autant divisé une espèce qui paroît si peu importante 
en minéralogie, c’est qu’elle se trouve fréquemment et en grandes masses, 
et que nous avons eu pour but de faciliter les descriptions géognostiques. 

Werner divise la marne en deux sous-espèces : la marne terreuse , 
Mercez Enve, et la marne endurcie, Veknærrerer Mercer. Chacune de ces 
sous-espèces renferme des marnes calcaires et des marnes argileuses. 


LP 


MAR 16 
eu l'argile a potier, etc. etc., plus généralement connue sousce 
dernier nom que sous celui de marne. Elle a une structure com- 
pacte, à peine et rarement schistoïde, et une texture fine et 
serrée d'apparence assez homogène; ellese casse plus facilement 
que l'argile plastique: mais elle offre cependant encore une 
sorte de tenacité. Sa cassure est raboteuse. 

Elle se délaie aisément dans l’eau, beaucoup plus aisément 
même que l'argile plastique. Elle forme avec ce liquide une 
pâte assez liante , facile à travailler. 

Ses couleurssont le brun, le gris, le jaunâtre, fe verdâtre, etc, 

Elle a donc beaucoup des caracteres extérieurs de l'argile 
plastique. Mais l'argile plastique ne fait aucune effervescence 
avec les acides, et est sensiblement infusible, tandis que la 
marne argileuse offre d’une manière très-marquée les carac- 
tères opposés. Elle ne contient souvent que 5 pour cent dé 

‘chaux carbonatée, et rarement au-delà de 15. Cette marne 
appartient principalement aux terrains de sédiment supé- 
rieurs, et dans ceux-ci encore plus particulièrement à la 
formation gypseuse. Nous pouvons citer comme un exemple 
authentique de cette variété, celle que l’on nomme aux en- 
virons de Paris marne werte, terre à potier, et qui forme 
au-dessus des gypses, dans le passage de ce terrain d’eau douce 
au terrain marnin qui le recouvre, une couche souvent très- 
puissante et d’une continuité remarquable. Elle n’est pas tou- 
jours verte : elle prend quelquefois une teinte jaunàtre, telle 
est celle des environs de Viroflay près Versailles. Mais cette 
marne n’est pas tellement particulière à cette formation, et 
même à ce terrain, qu’on ne puisse la rencontrer ailleurs. La 
plupart des argiles inférieures à la craie, celles qu’on trouve 
entre les bancs du calcaire jurassique, celles du calcaire à pin, 
sont plutôt des marnes argileuses, comme on les nomme sou- 
vent, que de véritables argiles. On voit que cette variété se pré- 
sente dans une assez longue suite de formations, cependant il 
paroît qu’elle ne commence qu'après le terrain transitif, et 
qu’elle finit avec la formation du gypse à ossemens. On en 
trouve bien encore un peu dans les terrains d’eau douce supé- 
rieurs, et notamment dans le banc du silex meulière qui en 
fait une des parties Les plus notables, mais elle n’y est qu’en 
amas peu étendus, présentant aussi bien les caractères de la 


166 MAR 


marne calcaire ou de la marne FARUSE Fa que ceux 
de la marne argileuse figuline. | 

Cette marne accompagne le gypse dans presque toutes ses 
formations, elle est presque aussi abondante dans les dépôts de 
gypse des terrains de sédiment inférieurs et moyens que dans 
ceux des terrains de sédiment supérieurs. : 

2. Marne argileuse schistoide (1). — Elle a tous les carac- 
téres de la marne argileuse , avec une structure schisteuse ou 
fissile trés-distincte ; elle se casse assez difficilement, se délaie 
plus difficilement dans l’eau que les précédentes, et il faut la 
broyer assez long-temps avec ce liquide pour en former une 
pâte qui ait quelque liant. 

Sa couleur dominante est le brunâtre ; elle est quelquefois 
associée à des matières charbonneuses ou bitumineuses qui la 
colorent en brun foncé, ou même en noir. 

Cette marne se présente à peu près dans les mêmes terrains 
que la précédente, mais dans des rapports inverses. Ainsi 
elle est rare dans les terrains de gypse à ossemens, où la 
marne figuline est sicommune, et se présente entre les bancs 
du calcaire grossier, où cette derniére est assez rare; mais 
elle est beaucoup plus abondante que celle-ci dans les terrains 
inférieurs à la craie, et notamment dans les terrains houiïllers. 
On la confond quelquefois avec lesschistes; elle s’en distingue 
par la faculté qu’elle possède de faire pâte avec l’eau, faculté 
dont les schistes sont absolument privés. Elle est accompagnée, 
dans les terrains inférieurs à la craie et dans le calcaire juras- 
sique surtout, d’un grand nombre de coquilles marines fos- 
siles, tandis qu’elle ne contient que des débris de végétaux 
terrestres dans les terrains houillers; elle est souvent accom- 
pagnée, ou même entièrement remplacée dans ces terrains, par 
l'argile schisteuse désignée sous le nom de schieferthon. 

3. Marne argileuse compacte. — Elle est solide, mais se laisse 
facilement couper au couteau, et même entamer par l’ongle. 

On la trouve en couche épaisse, d’un gris marbré, entre 
les bancs de la seconde masse de gypse, à Montmartre. On en 
voit aussi d’un vert pâle assez pur dans les carrières de Passy, 
près Paris. Elle passe à la marne calcaire. 


(1) ScaterEeRrHonN. Wern. 


MAR ji; ER 

Quelques terres ou argiles à foulon d'Angleterre et d’autres 

pays doivent être rapportées à cette variété de marne, car 

elles font une vive effervescence avec les acides, sont facile- 

ment fusibles, se brisent et se délaient dans l’eau avec beau- 

coup de promptitude , sans qu’on puisse cependant les réduire 
en. une pâte liante. 


2. MARNE CALCAIRE, 


Cette marne est beaucoup plus aride au toucher qu'aucune 
des variétés précédentes; elle ne se délaie point dans l’eau et 
ne fait point pâte avec ce liquide, &i elle n’est finement et 
longuement broyée. Elle est quelquefois assez dure pour être 
employée dans les constructions; mais plus ordinairement 
elle se délite à l’air, et se réduit d’elle-même en une poussière 
assez fine. Ses couleurs sont le blanc, le gris, le jaunâtre sale, 
le brun pâle. : | 

1. Marne calcaire compacte (1). — Elle est compacte, plus ou 
moins.solide, et seulement traversée par des fissures qui la 
divisent quelquefois en fragmens d’une forme polyédrique- 
assez régulière. Elle présente toutes les formes des-basaltes 
jusqu'a la figure sphérique. 

On voit des marnes compactes blanches à retraite irrégu- 
lière à Montmartre; elles sont disposées en couches assez 
puissantes entre les bancs de gypse des différentes masses. Les 
parois des fissures sont souvent enduites d’une teinte brune 
ou d’une teinte jaune, et couvertes de dessins noirs dendri- 
tiques. On trouve à Argenteuil, sur le bord de la Seine à 
l’ouest de Paris, une marne blanche compacte qui présente 
quelquefois la retraite prismatique et les articulations des 
basaltes. 

Cette marne est la base terreuse de la porcelaine tendre 
ou frittée. 

C’est à cette variété, mais à la sous-variété tendre de cette 
marne calcaire qu'appartient la circonstance observée par 
MM. Desmarest et Prevost d’une retraite en forme de pyramides 
a quatre faces dans une marne calcaire compacte , tendre, in- 
férieure aux bancs gypseux à Montmartre, phénomène qu’on 


 —————— 


(1) VeruzærtTerer Mercez. Wern. 


168 MAR | 

a encore observé depuis eux dans quelques autres lieux des 
environs de Paris. Les pyramides à quatre faces qui se montrent 
dans cette marne ont une base à peu près carrée d'environ 
six pouces de côté; leur hauteur est à peu prés égale au côté 
de la base. Leurs faces sont assez profondément striées paral- 
lèlement aux côtés de la base, elles adhérent par cette base 
a la masse de la marne; mais ce qu’il y a de particulier et 
d’assez difficile à faire comprendre sans figures, c’est le 
grouppement constant de six pyramides, de manière que les 
six sommets sont rapprochés, mais non confondus au centre 
d’un cube dont les bases des pyramides formeroient les faces, 
si elles étoient dégagées de la masse de marne.Ce n’estpointune 
cristallisation, ces pyramides n’en offrent point les caractères 
-de régularité, de constance, et d’homogénéité, c’est un solide 
à peu près régulier, opéré par une cause analogue au retrait, 
et par conséquent à celle qui donne naissance aux sphéroïdes 
que présentent les basaltes et les marnes. 

-2. Marne calcaire schistoide. — Elle est tendre, à structure 
fissile ou schistoïde, à texture terreuse, à grain plus ou moins 
fin. Les feuillets se séparent plus difficilement et moins nette- 
ment que dans la marne argileuse schistoïde. Elle se délaie 
quelquefois assez facilement dans l’eau, mais ne forme point 
de pâte avec ce liquide, quelque soin qu’on mette a la pétrir. 

Ces marnes sont plus particulières aux formations lacustres 
des terrains de sédiment supérieurs qu’a tout autre. On les ob- 
serve tant dans les terrains de formation uniquement aqueuse, 
que dans les terrains lacustres inférieurs aux terrains basal- 
tiques du Vivarais, de l'Auvergne, de l'Allemagne, etc. Les 
grès célèbres par leurs coquilles et par leurs productions d’eau 
douce, d'Œningen près du lac de Constance, du Locle prés 
de Neufchâtel, d'Aix en Provence, etc., présentent des lits 
nombreux, étendus etsouvent puissans de ces marnes calcaires 
schisteuses enfermant entre les feuillets des débris de végétaux, 
de poissons, de reptiles et de coquilles d’eau douce. 

On n’a trouvé jusqu’à présent aucune substance métallique 
dans ces marnes. Elles sont même, ordinairement, d’un blanc 
assez pur, ou tirant légerement sur le grisâtre ou le jaunatre. 

Les marnes calcaires compactes appartiennent aussi à des 
terrains beaucoup plus anciens; elles alternent dansles terrains 


MAR 169 
de sédiment inférieurs ou alpins et dans les terrains de sédi- 
ment moyens, jurassiques et crayeux, avec ces calcaires, €t 
quelquefoisavec les marnes argileuses schistoïdes et compactes 
que nous y avons citées, Elles renferment souvent les mêmes 
coquilles, mais je ne sache pas qu’on ait encore observé cette 


variété ni dans les terrains de transition, ni dansles terrains de 
houille silicifere. 

= Les marnes calcaires compactes forment quelquefois des 
masses sphéroïdales au milieu des couches d’autres marnes. 
Cessphéres sont souvent creuses et composées de prismes irré- 
guliers dont les intervalles sont remplis de calcaire spathique. 
On trouve ces masses sphéroïdales dans tous les terrains, mais 
plus particuliérementdans!es terrains de sédimentmoyens. On 
a donné à ces masses le nom de jeu de Vanhelmont ( ludus Hel- 
montii). : 

Les marnes calcaires compactes forment aussi un des 
membres les plus puissans des terrains lacustres de tous les 
âges. 

3. Marne calcaire friable (1). — Elle est souvent tendre et 
quelquefois assez friable pour se réduire en poudre entre les 
doigts; elle est généralement blanche, ou foiblement soit gri- 
satre, soit jaunâtre. 

Lorsqu’elle paroît solide et même dure en sortant de la car- 
rière, elle ne tarde pasa se déliter par l'influence des météores 
atmosphériques. C’est la matière pierreuse qui reçoit spéciale- 
ment le nom de marne dans l’acception vulgaire et technique 
de ce mot. 

Son gisement est à peu près le même que celui de la marne 
calcaire schistoide, et elle est aussi accompagnée de marne 
calcaire compacte, et de silex soit pyromaque, soit corné, soit 
résinite; mais elle appartient encore plus particulièrement 

que toutes les autres aux terrains lacustres supérieurs. 

. Gisement général, Nous devons ajouter à ce que nous venons 
de dire sur le gisementpropre à chaque variété, ce que toutes 
ou presque toutes ces variétés présentent de commun dans le 
rôle qu'elles jouent à la surface du globe. 

Les marnes tant argileuses que calcaires, qui semblent avoir 


(1) MerceL-Enpe. Wern. 


170 MAR 

si peu d'importance en minéralogie, et qui en effet n’en doi- 
vent avoir aucune comme espèce minérale, en ont au contraire 
une très-grande en géologie; elles LRO pour une partie 
considérable dans certains terrains, et en composent entière- 
ment d’autres aussi nombreux qu’étendus dans le sein ou à la 
surface de la terre. 

Dansle premier cas, on remarque qu’elles forment quelques 
fois plus de la cinquième partie de la masse des terrains de cal- 
caire alpin et jurassique ; qu’elles entrent pour une propor- 
tion au moins aussi considérable dans lesterrains gypseux etsa- 
liféres, qui appartiennent à ces formations; qu’elles forment 
souvent plus destroisquarts de lamasse desterrains desédiment 
supérieurs, tant de ceux qui sont inférieurs au terrain basal- 
tique et volcanique, ou qui les entourent, que de ceux qui 
_sont indépendans. 

L'exemple le plus remarquable que nous puissions rapporter 
du rôle qu’elles jouent dans la composition de ces dernières, 
doit être pris dans les collines subapennines, dansleursannexes 
et dans tous les terrains qui, sans être situés dans les Apennins, 
peuvent leur être comparés; ierrains qu’on connoît main- 
tenant au pied des Pyrénées-Orientales, dans la Provence, 
dans la Suisse, dans la Hongrie, et qu’on trouvera dans beau- 
coup d’autres lieux. 

Mais, pour nous borner à la suite de collines qui peuvent 
être considérées comme faisant partie des collines subapen- 
nines, nous remarquerons d’abord que malgré leur nom elles 
atteignent quelquefois l'étendue et la hauteur des montagnes, 
et en présententles formes; qu'ellesrégnent au pied méridional 
des Alpes et sur le versant septentrional des Apennins, depuis 
le Piémont jusqu'aux extrémités méridionales de l'Italie; elles 
diminuent beaucoup en puissance et en étendue dans cette 
partie; mais on les retrouve encore sous un aspect imposant 
par leur masse, dans Rome et dans ses environs. 

Toutes ces collines sont composées principalement, c’est-à- 
dire pour plus des deuxtiers de leur masse, tantôt de marne 
calcaire compacte, tantôt de marne calcaire friable, et sou- 
vent de marne argileusé, remarquables par l'influence que leurs 
propriétés de se désagréger à l'air, de se délayer par l'eau, de 
couler à l’état presque boueux, ont sur la forme, sur l'aspect, 


MAR 171 
et sur la stérilité de ces montagnes. Cette disposition estsurtout 
trés-frappante dans les environs de Sienne; Patrin, qui cite, 
d’après Ferber, les environs du terrain volcanique de Radico- 
fani, rapporte avec intention l'expression de cet ebservateur 
judicieux, qui dit que cette montagne de lave est entourée de 
collines de marnes au lieu de cendre volcanique.li semble indiquer 
ainsi que ces marnes sont sorties du sein de laterre , en même 
temps que les laves, et ce rapprochement n’est peut-être pas 
sans fondement. À 

Toutesles marnes sont ou sans corps organisés fossiles, etalors 
sans caractère indicatif du liquide dans lequel elles se sont 
déposées, ou bien elles renferment , comme aux environs de 
l'urin, de Plaisance, de Sienne, de Rome, etc., de nombreuses 
coquilles marines, et elles indiquent ainsi qu’elles ont été Gé- 
posées sous les eaux marines. 

Les marnes argileuses et calcaires qui renferment souvent 
des paillettes de mica, ne doivent pas êtfe confondues avec le 
macigno solide des environs de Florence, et de beaucoup 
d’autres parties des Apennins. Cette roche n’est point une 
marne dans l’acception que nous avons dû donner de ce nom, 
et les marnes subapennines ne paroïissent même pas résulter 
de sa destruction et de sa désagrégation. Si on vouioit les re- 
garder comme une modification géologique d’une roche, et 
par conséquent comme appartenant à la même formation 
qu’elle, il nous semble que c’est au MacieNo-morasse ( voyez 
ce mot) qu’on devroit rapporter l’époque de leur formation. 

Usages. Les marnessont d’une grande importance pour l’agri- 
culture ; elles servent à amender les terres, et ont sur la fa- 
culté productive du sol une influence qu’on n’a pas encore pu 
exactement apprécier. On a cru pendant long-temps qu'elles 
servoient uniquement à en modifier la tenacité ou l’aridité, 
et on fondoit cette opinion sur ce que les marnes argileuses 
conviennent plus particulièrement aux terres trop légères, et 
les marnes calcaires aux terres argileuses et trop tenaces. On 
a pensé depuis que les marnes pouvoient agir aussi en absorbant 
le gaz oxigène de l'atmosphère, comme l’a observé M. de Huin- 
boldt, ou bien en donnant aux végétaux l’acide carbonique 
qui paroît nécessaire à leur nutrition. 

Ce qu'il y a de certain, c’est que les marmes n’agissent qu'a. 


172 MAR 2 

prés avoir été réduites en poussière par l'influence des météores 
atmosphériques, et que cet effet n’a souvent lieu que plusieurs. 
années aprés le moment où on les a répandues sur le sol; en 
sorte que cet amendement exige une sorte d'avance et de pré- 
voyance qui ne sont pas à la portée de tous les cultivateurs. 
(B.) 

MARO. ( Bot.) Garcias, cité par Clusius, dit que dans 
quelques lieux de l’Inde on nomme ainsi le cocotier, et quë 
le nom de narel ou nurgel ést donné à son fruit. C’est encore 

le nihor des Malais. (J.) 
.. MAROCCA-NONAU. (Bot.) Rumph dit qu’on nomme ainsi 
à Ternate le ricinus mappa. (J.) 

MAROCHOS. (Ornith.) Le guépier commun . merops apius- 
Ler, Linn., est ainsi nommé dans Albert-le-Grand. (C«x. D.) 

MAROI (Bot.), nom brame du waftou-valli du Malabar, 
mentionné par Rhèede, et qui, par sa figure, ressemble beau- 
coup à une asclépiade. (J.) 

MAROIO (Bot.) , nom portugais du marrube ordinaire, 
selon Vandelli. (J.) 

MAROLY. (Ornith.) La Chesnaie-des-Bois, dans son Dic- 
tionnaire universel desauimaux , applique ce nom, sans Citer 
aucun auteur, à un oiseau de proie d'Afrique, qui est voÿa- 
geur, et qu'il dit être appelé pac chez les Persans. Il donne à 
cet oiseau la taille et la forme d’un aigle, des oreilles d’une 
énorme grandeur, qui lui tombent sur la gorge ; une tête éle- 
vée en pointe de diamant ; un plumage varié qui, sur la tête 
et les oreilles, est noirâtre. La nourriture de ce prétendu 
oiseau consiste, ajoute-t-il, en poissons qu’il trouve morts sur 
le rivage, et en serpens. Ces attributs contradictoires font. 
penser, avec Sonnini, qu’une pareille description a été tirée de 
quelque conte persan. (Cu. D.) 

MARON DES GRECS. ( Bot.) Voyez Marum. (Lem.) 

MARON ROTI. (Conchyl.) On entend par là le murex rici- 
nus, Linn. et Gmel. (Ds B.) 

MARONC (Bot.), nom indien d’un mimusope, mimusops 
elengi, cité dans le Dictionnaire Encyclopédique. (J.) 

MARONGAYE. ( Bot.) Marsden, dans son Voyage à Suma- 
tra, parle d’un arbrisseau de ce nom, dont les feuilles sont 
ailées ou pennées, et dont la racine, ayant la forme, le goût 


MAR 179 
et l'odeur du raifort , est mangée de la même maniere. Il n’a- 
joute rien qui puisse en faire connoître le genre. (J.) 

MARONION (Bot.), un des noms anciens de la grande 
centaurée , cité par Daléchamps, d’après Apulée. (J.) 

MAPRONITE (Min.), nom donné par Linck à la Macre. 
Voyez ce mot. (B.) 

MAROTANI (Bot.), nom brame du rasa-pu des Malabares, 
nyctanthes hirsuta de Linnæus, lequel, reporté aux rubiacées 
à cause de son ovaire adhérent, est maintenant réuni au guet- 
tarda. (J.) | 

» MAROTOU. (.Ornith. ) Suivant M. Guillemeau, dans son 
Essai sur l'Histoire naturelle des Oiseaux du département des 
Deux-Sèvres, on y donne vulgairement ce nom aux différentes 
espèces de canards sauvages, autres que le canard sauvage 
proprement dit , et particulièrement au souchet , au morillon, 
au milonis. (Cu. D.) 

MAROTTI. ( Bot.) Rhèede cite sous ce nom un grand arbre 
du Malabar, à feuilles alternes , simples et ovales, lancéolées, 
de l’aisselle desquelles sortent des bouquets de petites fleurs. 
Ces fleurs ont un calice à cinq feuilles ou sépales, dix pétales 
dont cinqintérieurs portés sur les onglets des cinq extérieurs; 
cinq petites étamines velues à anthères rondes, entourant un 
ovaire qui devient un fruit de la grosseur d’une orange, à 
écorce dure, épaisse et raboteuse, renfermant dans une seule 
loge environ dix graines entourées d’une substance charnue. 
Ces graines sont des noyaux qui renferment une amande odo- 
rante et huileuse. Of ne connoît en botanique aucun genre 
qui réunisse ces caractères. La famille des sapindées présente 
bien des fleurs à pétales doubles ; mais le nombre des étamines 
ne répond pas à celui des pétales, et d’ailleurs leur fruit est 
ordinairement à trois loges monospermes. Le marotti auroit 
plus d’affinité avec les berbéridées qui ont également des pé- 
tales doubles , des étamines en nombre correspondant, et un 
fruit uniloculaire contenant une ou plusieurs graines ; mais 
elles n’offrent pas d'exemples d’un fruit aussi volumineux. On 
doit donc suspendre son jugement jusqu’à ce que cetarbresoit 
mieux connu. (J.) 

MAROU. ( Bot.) Sur la côte de Coromandel on nomme ainsi 
la marjolaine , suivant Burmann. Voyez Maru. (J.) 


174 MAR 

MAROUETTE. (Ornith.) Cet oiseau est une espèce de ràle 
d’eau , rallus porzana, Linn. (Cu. D.) 

MAROULLA ( Bot.), nom dela laitue dans l'ile de Créte ; 
suivant Belon. (J.) 

MAROUTE ( Bot.) , nom vulgaire de la camomille puante, 
anthemis cotula. (J.) 

MAROUTE, Maruta. ( Bot.) C’est un sous-genre, que nous 
avons proposé dans le Bulletin des Sciences de novembre 18:8 
( pag. 167); il appartient à l'ordre des synanthérées, à notre 
tribu naturelle des anthémidées, et au genre Anthemis ; il nous 
a présenté les caractères suivans. 

Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, andro- 
gyniflore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri- 
cline subhémisphérique ; à peu près égal aux fleurs du 
disque; formé de squames paucisériées, inégales, imbriquées, 
appliquées, oblongues, a bordure membraneuse. Clinanthe 
cylindracé, à partie inférieure nue, à partie supérieure garnie 
de squamelles plus courtes que les fleurs, trés-grêles , subulées. 
Ovaires courts, épais, subcylindracés, tout hérissés de petites 
excroissances charnues, tuberculeuses, globuleuses, qui sont 
les indices de côtes ondulées-dentées; aïgrette absolument 
nulle. Fleurs de la couronne à faux ovaire semi-avorté, 
a style nul, à languette elliptique, tridentée au sommet. 

MarouTE PUANTE : Maruta fætida, H. Cass.; Anthemis cotula, 
Linn., Sp. pl., edit. 3, pag. 1261. Cette plante herbacée, 
annuelle, a une racine tortueuse; la tige dressée, haute de 
plus d’un pied, très-rameuse et diffuse, glabre, garnie de 
feuilles; celles-ci sont bipinnées. presque glabres, à folioles 
linéaires, divisées en trois lanières subulées;les calathides sont 
nombreuses, solitaires au sommet des rameaux, à disque 
jaune, et à couronne blanche, étalée durant le jour , pendante 
“durant la nuit; le péricline est un peu poilu. La maroute est 
commune aux environs de Paris, dans les champs incultes et 
cultivés, où elle fleurit en mai, juin et juillet; elle est anti- 
Rene que mais peu employée, sans doute à cause de son 
odeur désagréable, 

Le sous-senre Maruta diffère des vrais Anthemis par la cou- 
roine coinposée de fleurs 'neutres, par les ovaires hérissés 
de poiuts tubercuieux, et par le clinanthe cylindracé, inap- 


MAR 175 
pendiculé inférieurement, garnisupérieurement desquamelles 
inférieures aux fleurs, très-grêles , subulées. 

Le tableau méthodique des genres et sous-genres composant 
la tribu des anthémidées, auroit dû se trouver dans notre 
article sur cette tribu (tom. II, suppl., pag. 73); mais à l’é- 
poque où nous rédigeàmes cet article, publié en 1816, nos 
études étoient encore incomplètes sur plusieurs points, et 
c’est pourquoi nous crûmes devoir nousborneralersà présenter 
une simple liste alphabétique de trente genres. Maintenant 
nous sommes en état d'offrir à nos lecteurs un tableau métho- 
dique, plus complet, plus exact, mieux élaboré. C’est un sup- 
plément nécessaire à notre article Anrnéminées, et nous le 
plaçons ici en y joignant le tableau d’une autre tribu immé- 
diatement voisine, et beaucoup plus petite. 


X.° Tribu. Les Amgrosiées ( Ambrosieæ). 


Flosculosarum genera. Tournefort(1694).—Genera Compositi- 
floris aliena. Vaillant (ab 1718 ad 1721). — Nucamentacearum 
genera, nune extrà nunc intra ordinem Compositorum. Linné 
(1751).— Corymbiferarum genera. Bern. Jussieu (1759 ined.).— 
Compositarum sectio Ambrosiæ dicta. Adanson (1763).— Corym- 
biferarum anomalarum aut fortè Urticearum genera. À. I. Jussieu 
(1789). — Compositiflorarum discoidearum genera. Gærtner 
(1791). — Siphoniphyti species, hoc est, Flosculosarum genera. 
Necker (1791). — Urticearum genera. Ventenat (1799). — La- 
marck — Mirbel — Desfontaines— Decandolle. — Ordo dis- 
tinctus, Synantheris proximus. Richard (1806). — In ordine Sy- 
nantherarum genera incertæ sedis. H. Cassini (1812). — In ordine 
Synantherarum tribus peculiaris dicta Ambrosieæ.H. Cass. (1813 
et 1814).— Compositarum genera. R. Brown (1814). — Helian- 
thearum genera. Kunth (1820). 
(Voyez les caractères de la tribu des Ambrosiées, tom. XX, 
pag. 371.) 


Première Section. 
Amerosiées-Ivées ( Ambrosieæ-Tveæ). 


Caractères : Calathides bisexuelles, discoïdes. Péricline formé 
de squames libres. Fleurs femelles pourvues d’une corelle. 


76 MAR 
Fleurs males ayant un faux ovaire; la corolle blanchätre, in- 
fondibuliforme , à tube distinct du limbe; les étamines adhé- 
rentes à la corolle. Feuilles opposées. 
1. fPP9 Crupanium. — Clibadium. Allamand ined. — Lin. 
(1271), Gass Dictiy- 0 pots | 
2.* [va.= Conyzæ sp. Tourn.— Tarconanthi sp. Vaill. (1719) 
— Parthenii sp. Lin. (1737) — Iva. Lin. (1748) — Juss. — 
Gærtn. — H. Cass. Dict. v. 24. p. 43 — Denira. Adans. (1763). 


Seconde Section. 
AmBrostées-ProrOTyPEs ( Ambrosieæ-Archetypæ). 


Caractères : Calathides unisexuelles; les femelles et les mâles 
réunies sur le même individu. Calathide femelle à péricline 
formé de squames entre-greffées , contenant une seule fleur pri- 
vée de corolle. Fleurs mâles à faux ovaire nul; à corolle ver- 
dâtre, campaniforme, sans tube distinct du limbe ; à étamines 
non adhérentes à la corolle. Feuiiles alternes. 

3.* Xanwrmrom. = Xanthium. Tourn. (1694) — Lin.— Juss. 
— Gærtn.— Rich. (1806) Ann. du mus. v. 8. p.184.— H. Cass. 
(1812 et seq.) Dict. v. 25. p. 195—R. Brown (1814) Gen. 
rem. p. 27 —Kunth (1820). 

4% Franserta. = Xanthii sp. Lin. fil. — Juss.— Ambrosiæ sp. 
Lam. — Franseria. Cavan. (1795) — Wilid.— Pers. — H. Cass. 
Dict. v. 17.p. 364. 

5.* AmprosiA.— Ambrosia. Tourn. (1694) DR — 
Gærtn.— Kunth — H. Cass. Dict. v. 25. p. 203. 


XI. Tribu. Les ANTaéminéEs (Anthemideæ). 


An? Matricariæ deindè Achilleæ. Jussieu (1789 et 1806) — 
Chrysanthemorum pars major. H. Cassini (1812) — Chrysanthe- 
morum sectio prima, propriè dicta Chrysanthema. H. Cass. (18153) 
— Anthemideæ. H. Cass. (18:14 et seq.) — Kunth (1820). 

(Voyez les caractères de la tribu des Anthémidées, tome XX, 
page 372.) 

Première Section. 
ANTHÉMIDÉES-CHRYSANTHÉMÉES (Anthemideæ-Chrysanthemeæ). 


Caractère : Clinanthe privé de squamelles. 


MAR 1797 


I. Calathide non radiée; fruits inaigrettés, point 
obcomprimés. 


_ 


1.* Ortcosrorus. — Abrotani sp. Tourn. (1694. malè.) — 
P Neck. — Artemisiæ sp. Vaill. — Lin. — Adans. — Juss. — 
Mœnch — Oligosporus. H. Cass. Bull. févr. 1817. p. 33. 

2. * ArTEMISIA. — Artemisia. Tourn. (1694) — Gærtn. — 
H. Cass. Dict. v. 22. p. 39. — Artemisiæ sp, Vaill. — Lin.— 
Adans. —- Juss. — Neck. — Mœnch. 

3.* Agsinraium. — Absinthü sp. Tourn. (1694) — Vaill — 
Artemisiæ sp. Lin. — Juss. — Neck.— Absinthium. Adans. (1763) 
— Gærtn. — Mœnch. — 

4.* HumEa. — Humea. Smith (1804) — Aiton — Desf. — 
H. Cass. Dict. v. 22. p. 38. — Calomeria. Venten. (1804) — 
Agathomeris. Delaunay — Oxiphæria. 


IT. Cotulées. Calathide non radiée; fruits inaïgrettés, obcom- 
primés. 

5.* Sozivæa. = Hippiæ sp. Lin. fl. — Brotero — Soliya. 
Ruiz et Pav. (1794) — R. Brown (1817) Obs. comp. p. 101. 
Journ. de phys. v. 86. p. 404. — Kunth (1820) — Ranunculi 
de Poir. — Gymnostyles. Juss. (1804) — H. Cass. Dict. v. 20. 

p. 152. — Soliva el Gymnostyles. Pers. 

6.* Hiprra. = Tanaceti sp. Lin. (1737) — Eriocephali sp. Lin 
(1767) — Hippia. Lin. (1774) — Gærtn.— H. Cass. Dict. v. 21, 
p.173 — Hippiæ sp. Lin. fil. 

7.* Leprinerca. — P Hippia. Kunth — Leptinella, H. Cass. 
Bull. août 1822, p. 127. Dict. v. 26. 

8.* Cenra. = Cotulæ sp. Tourn. — Lin. — Cotula. Vaill. 
(1719. ben.) — Cenia. Commers. (ined.) — Juss. (1789) — 
Pers. — H, Cass. Dict. v. 7. p. 567 — Lancisiæ sp. Gærtn. — 
Lam. — (Non Lancisia, Ponted.) — Lidbeckiæ sp. Wild. 

9-* Corura. — Ananthocyclus. Vaill. (1719. benè.) — Dillen 
— Lancisia. Ponted. (1719. malè.)— An? Lancisia. Adans.— 
Non Lancisia. Gærtn. — Lam.— Pers.— Cotulæ sp. Lin. (1737) 
— Willd.— Cofula. Juss. (1789) — Gærtn. — H. Cass. Dict. 
V. 11. p. 67. — Baldingeria. Neck. 


III. Tanacétées. Calathide non radiée; fruits aigrettés. 


10.* Barsamira. = Tanaceli et Absinthii sp. Tourn. — Balsa- 
29, 12 


176 MAR | 
milæ sp. Vaill. (1719)— Tanaceti Chrysanthemi et Cotulæ sp. Lin. 
— Tanaceti sp. Adans. — Juss. — Gærtn. — Mæœnch — Co- 


tula et Psanacetum. Neck. (1791) — Balsamita, Desf. (17992) — 
Willd. — Decand. — Pers. 

11. * PenTzia. = Gnaphalii sp. Lin. — Tanaceti sp, Lhérit. — 
Pentzia. Thunb. (1800) — Willd. — Aiton — Balsamitæ sp. 
Pers. 

12.* Tanacerum. — Tanaceli sp, Tourn. — Vaill. — Lin. — 
Adans. — Juss. — Gærtn. — Mæœnch — Tanacetum. Neck. — 
Desf. — Willd. — Decand. — Pers. 


IV. Chrysanthémées vraies. Calathide radiée. 


13.* GymNocuine. = Péarmicæ sp. Tourn. — Matricariæ sp. 
Vaill. — Achilieæ sp. Lin.— Lam. —Desf. — Pyrethri sp. Gærtn. 
— Chrysanthemi sp. Waldst. et Kit. — Chrysanthemi et Achilleæ 
sp. Pers. — Gymnocline. H. Cass. Bull. déc. 1816.p. 199. Dict. 
V. 20. pe 119. 

14.* PYRETARUM. = Chrysanthemi Leucanthemi et Matricariæ 
sp. Tourn.— Bellidioidis et Matricariæ sp. Vaill. —Chrysanthemi 
sp. Lin. — Pers. — Matricaria. Adans. (1763) —Pyrethrum. Hall. 
(1768) — Gærtn. (17991) — Mœnch — Smith — Willd. — De- 
cand. — Metricariæ sp. Lam. (1789) — Chrysanthemum et Myco- 
nia. Neck. 

15.* CanysantTHemuM. — Chrysanthemi et Leucanthemi sp. 
Tourn. — Bellidioidis et Matricariæ sp. Vaill. — Chrysanthemi 
sp. Lin. (1737) — Pers. — Leucanthemum. Adans. (1763) — 
Neck. — Matricariæ sp. Lam. (1789) — Chrysanthemum. Gærtn. 
(1791) — Mœnch — Smith — Willd. — Decand. — H. Cass. 
Dict. v-0- D. 151. 

16.* Marricarra. = Chamæmeli sp. Tourn. — Matricariæ sp. 
Vaill. — Lin. — Lam. (1789) — Matricaria. Gærtn. — Smith 
(1800. bené.) — Willd. — Decand. — Pers. — Chamonmulla. 
Juss. (1806). 

17. * Lineecxia. — Lidbeckia. Berg. (1767) — Juss.— H. Cass. 
Dict, — Cotulæ sp. Lin. — Lin. fil. — Lancisiæ sp. Gærtn. — 
Lam. — Lidbeckiæ sp. Willd. — Lancisia. Pers. — - (Non Lanci- 
sia. Ponted.) 


MAR 119 
Seconde Section. | 
ANTHÉMIDÉES-PROTOTYPES (Anthemideæ-Archetypæ). 
Caractère : Clinanthe garni de squamelles. 


I. Santolinées. Calathide non radiée. 


18.* Hymsnoreris. — Santolinæ sp. Lin. (1737) — Tanaceti 
sp. Lin. (1763) — Athanasiæ sp. Lin. (1771) — Hymenolepis. 
H. Cass. Bull. sept. 1817. p. 138. Dict. v. 22. p. 315. 

19.* Araanasia. — Baccharidis sp. Vaiïll, (1719) — Santolinæ 
sp. Lin. (1737) —Athanasiæ sp. Lin. (1763) —Athanasia. H. Cass. 
Dictas22"p:315; 

20. * Loxas.=—=Santolinæ sp.Tourn.— Lin. (1753) — Baccha- 
ridis sp. Vaill. (1719) — Athanasiæ et Achilleæ sp. Lin. (1763) — 
Lonas. Adans. (1765) — Gærtn. — Mœnch — Juss. (1806) — 
Decand. (1815) —H. Cass. Dict.— Athanasiæ sp. Desf. 

21. * Dionis. — Gnaphalium. Tourn. (1694) — Adans. — 
Gærtn.— Baccharidis sp. Vaill. (1719) — Santolinæ sp. Lin. 
(1737) — Lam.—Smith — Willd.— Juss. (1806) — Pers. — Fi- 
laginis sp. Lin. (1753) — Athanasiæ sp. Lin. (1763) — Diotis. 
Del (1799)— Decand. —H. Cass. Dict. v. 13. p. 2095. 

22. * SanroLINA. — Santolina. Tourn. (1694) — Vaill. — Lin. 
— Gæritn. 

23.* LasrosperMuM. — Sanfolinoidis sp. Vaiïll.— Mich.—San- 
tolinæ sp. Pers. — Desf. — Lasiospermum. Lag. (1816) —H. Cass. 
Dict. v. 25. p. 304 — (Non Lasiospermum. Fisch.) 

24. * Anacvcrus. — Cofula. Tourn. (1694) — Santolinoides. 
Vaill. (1719) — Anacyclus. Lin. (1737) — Juss. — Gærtn. — 
Pers. (1807) —Decand. FI. fr. v.6. p.480 — Anacyclus et Hior- 
thia. Neck. (1791). 


IE: Anthémidées - Prototypes vraies. Calathide radiée. 


$. Aigrette stéphanoïde. 


25. * Anrmemis. — Buphthalmum et Chamæmeli sp. Tourn. — 
Chamæmel sp. Vaill. — Ali. — Anthemidis sp. Mich. (1729) — 
Lin. — Anthemis. Gærtn. (1791)—Neck. —Moœænch. 


$$. Aigrette nulle. 


26. CraMÆmELUM. = Chamæmeli sp. Tourn. —Vaill. (1720) 
12. 


180 MAR 
— Adans. — Alli, — Anthemidis sp. Mich. — Lin. — Chamaæ- 
melum. Hall. — Gærtn. (1791) — Neck. Mœnch. 

27. * Marura. = Chamæmeli sp. Tourn. — Vaill. — Alli. — 
Moœnch.— Anthemidis sp. Lin. — Maruta. H. Cass. Bull. nov. 
1818. p. 167. Dict. 

28.* Onmenis. — Anthemidis sp. Mich. — Lin. — Chamæmeli 
sp. AI. — Mœnch — Ormenis. H- Cass. Bull. nov. 1818. p. 167. 

29.*CLananraus. = Anthemidis sp. Lin. — Asterisci sp. Shaw 
— Cladanthus. H. Cass. Bull. déc. 1816. p. 199. Dict. vw. 9. 
p- 342. atl. cah. 5. pl. o. 

30. *? Enrocernarus. — Eriocephalus. Dill. (1732). (non 
Vaill.)— Lin. (1757) — Gærtn.— H. Cass. Dict. v. 15. p. 188. 

31.* AcuicreA. = Millefolium et Pfarmica. Tourn.— Achillea. 

-Vaill. (1720. benè.) — Lin. — Müillefolium. Adans.— Achillea 
et Ptarmica. Neck. \ 

32. * Osmrrorsis. —= Osmitis sp. Lin. — Osmitis posterior sp. 
Gærtn. (1991)— Osmitopsis. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. 154. 


$$$. Aigrette composée de squamellules. 


33. + Osmires. — Osmitis et Anthemidis sp. Lin. — Osmitis prior 
sp. Gærtn. (1791) —Osmites. H. Cass. Bull. oct. 1817. p. 154. 

34. +2? Lerinopaorum. = Chrysanthemi sp. Tourn.— Anthe- 
mis repanda. Lin. Sp. pl. edit. 3. p. 1262 — Lepidophorum. 
Neck. (1791). 

35. * Srxenocyns. — Chamæmeli Asteris et Chrysanthemi sp. 
J. Burm.— Arctotidis sp. Lin.— Wiild.— Pers. — Ursiniæ ? sp. 
Gærtn. (1791)— Sphenogyne. R. Brown (1813) — Aiton — 
Oligærion. H. Cass. Dict. v. 2. suppl. p. 75. 

36. + Unrsinra. = Arclotidis sp. Lin. — Pers. — Ursinia. 
Gærtn. (1791). | 

L'histoire assez compliquée de la tribu des ambrosiées se 
trouve indiquée, sous la forme d’une synonymie, au com- 
mencement du tableau de cette tribu; et elle a été développée, 
sous une autre forme, dans notre article Lampourpe (t. XXV, 
pag. 200). Bornons-nous donc ici à rappeler qu'Adanson est 
le véritable fondateur de ce petit groupe naturel si contro- 
versé, mais que nos propres observations ont considérable. 
ment changé ses caractères, sa composition, et sa situation 
dans la série générale des synanthérées. 


MAR 181 


Notre première section, celle des ivées, a la plus grande 
affinité avec les hélianthées-millériées, qui la précédent immé- 
diatement. Il est même assez vraisemblable que le clibadium, 
lorsqu'il sera mieux connu , pourra être attribué préférable- 
ment aux millériées. 

La section des ambrosiées-prototypes, qui rl exac- 
tement aux ambrosies d'Adanson, s'allie fort bien, surtout 
par l'intermédiaire du genre Ambrosia, avec les anthémidées 
qui la suivent. 

M. de Jussieu n'ayant jamais indiqué les caractères ni la com- 
position du groupe proposé par lui sous le titre de matricaires 
ou d’achillées, il est impossible de savoirsi ce groupe, entrevu 
seulement avec doute par l’illustre botaniste, correspond plus 
ou moinsexactement à notre tribu desanthémidées. Cependant, 
puisque M. Kunth n’a pas voulu convenir que nous étions l’au- 
teur de la tribu des eupatoriées, on pourroit s'étonner qu'il ait 
semblé reconnoître nos droits sur celle des anthémidées; mais 
cette différence s'explique parce que ce botaniste croit la tribu 
des eupatoriées beaucoup meilleure que celle des anthémi- 
dées, qui, selon lui, est fort douteuse et à peine distincte des 
hélianthées. Cette opinion de M. Kunth sur les anthémidées 
doit être attribuée, comme plusieurs autres idées de ce bota- 
niste, à ce qu’il n’a soigneusement étudié que les synanthérées 
de l'Amérique équinoxiale : s’il avoit examiné avec le même 
soin celles d'Europe, d'Asie et d'Afrique, il auroit reconnu 
que la tribu en question étoit fort solidement établie, et peut- 
être qu’alorsil se seroit dispensé de nous citer comme auteur 
de ce groupe naturel. (Voyez Nova Genera et Species plantarum, 
tom. IV, pag. 299, edit. in-4° ; et Journal de Physique de juil- 
let 1819, pag. 22.) 

Notre tribu des anthémidées nous a paru pouvoir se diviser 
assez naturellement en deux sections, distinguées par l'absence 
ou la présence des squamelles sur le clinanthe. Quoique ce 
caractère étranger à la fleur proprement dite, ait par con- 
séquent peu d'importance dans la classification naturelle, il 
peut néanmoins être employé quelquefois pour des divisions 
secondaires, surtout dans un groupe tel que celui des anthé- 
midées, où tous les genres sont liés entre eux par une affinité 
si étroite, qu'il faudroit, s'il étoit possible, les agglomérer 


162 MAR 


tous autour d’un seul point, que leur disposition en série : 
pourroit, sans beaucoup d’inconvéniens, être faite presque 
au hasard, et que toutes les coupes qu’on peut y établir sont 
plus ou moins arbitraires. Nous avouons franchement que la 
commodité de la distinction dont il s’agit est le principal 
motif qui nous l’a fait préférer. Remarquons cependant que 
ie caractère surlequel elle est fondée n’est point aussi infaillible 
que le croient les botanistes systématiques. L’anthemis grandi- 
flora de Ramatuelle n’est peut-être qu’une variété du chrysan- 
themum indicum de Linnæus, et les squamelles qui existent 
sur son clinanthe sont une monstruosité produite par la cul- 
ture. M. Persoon avoit énoncé cette opinion , dans son Synopsis 
plantarum (pars 2, pag. 461); et nous l’avons professé d’après 
lui, dans ce Dictionnaire (tom. IX, pag. 152), en nous fon- 
dant sur ce que nous avions observé cette sorte de monstruo- 
sité chez un grand nombre de synanthérées de tout genre. Le 
pyrethrum grandiflorum de Willdenow, par exemple, cultivé 
au Jardin du Roi, nous avoit offert son clinanthe quelquefois 
irrégulièrement squamellé en certaines parties. Nous avions 
souvent trouvé quelques squamelles éparses entre le péricline 
et les fleurs extérieures du disque, chez les chrysanthemum 
myconis et matricaria parthenium. Nous avons remarqué que, 
d'ans l’artemisia violacea, Desf., quelques fleurs femelles sont 
interposées entre les deux rangs de squames formant le péri- 
cline, en sorte que les squames intérieures pourroient être 
considérées comme des squamelles. L’hymenolepis a le clinanthe 
tantôt nu, tantôt squamellifère. Le clinanthe du maruta est 
nu sur une partie et squamellé sur l’autre. L’eriocephalus 
africanus , que nous avons observé, a, sans aucun doute, le 
clinanthe garni de squamelles ; et pourtant, si l'observation 
de Gærtner est exacte, l'eriocephalus racemosus ne porteroit 
que des fimbrilles. Il est vrai que cette seconde espèce doit 
probabiement former un genre distinct; mais, dans la classiti- 
cation naturelle, il faudroit nécessairement laïsser ce nouveau 
genre immédiatement auprès de l’eriocephalus, malgré la diffé- 
rence des appendices du clinanthe. Gardez-vous de croire 
qu’il seroit plus commode et plus naturel de séparer les cli- 
nanthes fimbrillés des clinanthes nus, et de les réunir aux 
clinanthes squamellés. Pour repousser cette idée, il nous 


MAR 183 


sufhit de dire que l’on trouve des fimbrilles sur les clinanthes 
de lPabsinthium, du solivæa, du pentzia , du lidbeckia, et que 
ces genres ont évidemment trop d’aflinité avec des genres à 
clinanthe nu , pour qu'il soit possible de les en éloigner 
sans violer Les rapports naturels les mieux établis. Les bota- 
nistes devroient bien enfin renoncer à la prétention chimé- 
rique de trouver des caracteres infaillibles ou exempts d’excep- 
tions. Nous osons affirmer qu’il n’en existe point , et que ceux 
qu’on croit posséder perdront, comme les autres, leur infailli- 
bilité, lorsqu’au lieu de jeter sur eux un coup d’œil général et 
superficiel, on les observera scrupuleusement, minutieuse- 
ment, dans tous les cas particuliers. Ne cessons pas de répéter 
jusqu'a satiété que tous les groupes naturels, de quelque 
degré qu’ils soient, ne peuvent être réellement fondés que 
sur l’ensemble des affinités, et qu’il est impossible d’expri- 
mer exactement cet ensemble par ce qu’on appelle des carac- 
tères. IL est pourtant indispensable d’attribuer des caractères 
à chaque groupe : mais, dans l’énonciation de ces caracteres, 
le mot ordinairement doit toujours être exprimé ou sous-en- 
tendu. Les caractères d’un groupe naturel ne sont donc que 
des caractères ordinaires, des caractères centraux, des caractéres 
Lypiques , c'est-a-dire, des caractères qui existent dans le plus 
grand nombre des plantes composant ce groupe, et surtout 
dans celles qui occupent le centre du groupe ou qui en offrent 
le véritable type. ù 

Les subdivisions que nous avons admises dans les deux sec- 
tions de la tribu des anthémidées, sont caractérisées 1.° par la 
calathide non radiée ou radiée, 2.° par l'absence ou la présence 
de lPaigrette, 3.° par la forme du fruit. Ces trois sortes de 
caractères sont encore moins exacts, moins infaillibles, plus 
sujets a exceptions que l'absence ou la présence des squa- 
melles, qui caractérise nos deux sections : mais on vient de 
voir que nous attachons peu d'importance à ces exceptions, 
et qu'elles ne nous font jamais rejeter le caractère qui les 
subit, lorsque ce caractère nous paroïit exprimer un trait de 
la constitution propre au type du groupe que nous voulons 
caractériser. 

Les artémisiées sont placées au commencement de la série, 
a cause de leur grande affinité avec les ambrosiées; et notre 


184 MAR 


genre Oligosporus est en première ligne, parce qu'il n’a, 
comme les ambrosiées, que des fleurs unisexuelles. Il est suivi 
de l’artemisia, qui n’en diffère que par le disque androgyni- 
flore, et de l’absinthium qui diffère de l’artemisia par le cli- 
nanthe fimbrillé. L’humea, distinct des trois précédens par sa 
calathide incouronnée, termine ce petit groupe de quatre 
genres. 

Les cotulées ont de l’affinité avec les ambrosiées, et elles 
suivent les artémisiées, dontelles différent principalement par 
la forme du fruit. Les genres Solivæa (1), Hippia, Leptinella 
ont le disque masculiflore , comme l’oligosporus. Le solivæa a 
ses fleurs femelles privées de corolle, comme les ambrosiées- 
prototypes, et le clinanthe fimbrillé, comme l’absinthium. L’hip- 
pia, dontlesfleurs femelles ont une corolle tubuleuse confondue 
par sa base avec le sommet de l’ovaire, tient ainsi le milieu 
entre le solivæa et le leptinella. Celui-ci a la corolle des fleurs 
femelles articulée sur l'ovaire et ligulée; il paroït qu’une espèce 
de ce genre a les calathides unisexelles, commeles ambrosiées- 
prototypes, et qu’une autre a les corolles femelles biligulées, 
comme le cenia. Le cenia et le cotula ont le disque androgyni- 
flore : le premier de ces deux genres confine au leptinella par 
sa couronne biliguliflore courtement radiante ; le second, qui 
ressemble au solivæa par ses fleurs femelles à corolle nulle ou 


presque nulle, se rapproche des tanacétées par la forme des 


fruits du disque. M. Kunth a écrit que les genres Hippia et 
Soliyæa seroient peut-être mieux placés dans la tribu des hé- 
lianthées que dans celie des anthémidées (Nov. Gen. et Spee. 
pl., t. IV, pag. 301, edit. in-4.°). Nous croyons inutile de réfuter 
cette opinion, qui trouvera sans doute peu de partisans. 

Les tanacétées se composent seulement de trois genres, à 
calathide incouronnée dans les deux premiers, discoïde dans le 
troisième. Le balsamita, dont l’aigrette est courte ou dimidiée, 


Ÿ 


rarement nulle, a les calathides tantôt solitaires comme le co- . 


tula, tantôt corymbées comme les penézia et fanacelum. Le 
pentzia ne se distingue du balsamita que par son aigrette fort 


(1) Soziva étant un nom d'homme, nepeut régulièrement devenir un 
nom de plante, sans que sa terminaison soit modifiée : c’est pourquoi 
nous nonymons Soxivæa le genre nommé Soziva par les autres botanistes. 


MAR 185 


‘haute et en forme d’étui. Le fanacetum diffère de l’un et de 
l’autre par la présence d’une couronne féminiflore. 

Les chrysanthémées vraies, caractérisées par la calathide 
radiée, comprennent d’abord le gymnoline et le pyrethrum 
qui ont une aigrette comme les tanacétées, et qui se distinguent 
l’un de l’autre par a radiation, courte dans le premier, longue 
dans le second. Les trois autres genres, qui n’ont point d’ai- 
grétte, sont le chrysanthemum à clinanthe nu, convexe, Île 
matricaria à clinanthe nu, cylindracé-conique, et le lidbeckia 
à clinanthe fimbrillifére, | 

Notre seconde section, intitulée Anthémidées-Prototypes 
et caractérisée par le clinanthe garni de squamelles, se divise 
en deux groupes, selon que la calathide n’est point radiée ou 
qu’elle est radiée. 

Le groupe des santolinées offre d’abord l’hymenolepis, qui a 
de l’affinité avec la première section, puisque son clinanthe 
est quelquefois nu ; sa calathide est incouronnée, comme dans 
les quatre genres suivans, dontil se distingue par son aigrette 
composée de squamellules paléiformes. L’aigrette de l’athanasia 
est composée de squamellules ostéomorphes; celle du lonas est 
stéphanoïde. Le diotis et le santolina sont privés d’aigrette , et 
ne se distinguent l’un de l’autre que parce que la base de la 
corolle du diotis se prolonge inférieurement, en formant d’a- 
bord un anneau qui emboîte le sommet de l'ovaire, puis deux 
queues qui rampentsur ses deux côtés opposés jusqu’au milieu 
de sa hauteur, et qui contractent quelque adhérence avec lui. 
Le lasiospermum et l’anacyclus ont la calathide discoïde ; mais 
le premier se distingue par ses fruits hérissés de poils; le se- 
cond, dont la calathide est quelquefois radiée, se trouve ainsi 

convenablement placé tout auprès du groupe suivant. 

Les anthémidées-prototypes vraies, c’est-a-dire a calathide 
radiée, présentent douze genres, distribués en trois subdivi- 
sions. La première, caractérisée par l’aigrette stéphanoïde, 
comprend le seul genre Anthemis, qui doit nécessairement 
suivre l’anacyclus. La seconde, caractérisée par l’aigrette nulle, 
est composée de sept genres. Le chamæmelum ne differe de l’an- 
fhemis que par l’absence de l’aigrette. Le maruba diffère du cha- 
mæmelum par sacouronne quiestneutriflore,et parsonclinanthe 
dont la partie inférieure est privée de squamelles. L'ormentis 


186 MAR 


diffère des précédens par ses squamelles enveloppant com- 
plétement les ovaires, par la base des corolles du disque pro- 
longée en un appendice sur ces mêmes ovaires, par les corolles 
de la couronne continues à l’ovaire qui les porte. Le cladan- 
thus, ayant la base de sa corolle prolongée en un appendice 
sur l'ovaire, et le clinanthe garni de squamelles et de fim- 
brilles, semble assez bien rangé entre l’ormenis et l’eriocephalus, 
Ce dernier genre seroit peut-être mieux placé entre l’hippia 
et le cenia, parmi les cotulées, avec lesquelles il a des rapports 
incontestables; et nous n’hésiterions point à préférer cet arran- 
gement, s’il nous étoit bien démontré que le clinanthe de 
leriocephalus racemosus ne porte point de squamelles, comme 
celui de l’eriocephalus africanus , maïs seulement des fimbrilles : 
quant à présent, nous croyons devoir placer avec doute le 
genre en question entre le cladanthus, dont le clinanthe porte 
tout à la fois des squamelles et des fimbrilles, et l’achillea, qui 
a de l’analogie avec l’eriocephalus par la forme de ses fruits, 
ainsi que par la forme et le petit nombre des corolles de sa 
couronne. L’osmitopsis termine cette seconde subdivision, afin 
de se trouver auprés de l’osmites qui commence la troisième. 
Celle-ci, caractérisée par l’aigrette composée de squamellules, 
offre en premier lieu l’osmites, dont l’aigrette est formée de 
plusieurs squamelluies paléiformes, trés-courtes. Vient ensuite 
le lepidophorum , à aigrette de quatre squameltules paléiformes, 
dont deux se terminent en soies; mais ce genre, que Necker, 
son auteur, n'a probablement jamais vu, et qu'il n’auroit 
fondé que sur une note de Linnæus, est problématique pour 
nous , qui ne le connoissons que par cette note, et il nappar- 
tient peut-être pas à la tribu des anthémidées, dans laquelle 
pourtant nous l’admettons provisoirement et avec doute. Le 
sphenogyne a l’aigrette composée de cinq squamellules paléi- 
formes trés-grandes; et celle de l’ursinia présente en outre 
cinq squamellules filiformes , plus courtes, situées en dedans 
des squamellules paléiformes. Ce dernier genre termine trés- 
convenablement la série des anthémidées , parce qu'il a une 
affinité manifeste avec les leysera et relhania, placés au com- 
mencement de la série des inulées. Les ursinia et sphenogyne, 
attribués par la plupart des botanistes au genre Arctolis, qui 
n’est pas de la même tribu naturelle, offrent ainsi un exemple 


MAR 187 


notable des erreurs graves auxquelles on s'expose lorsque, né- 
gligeant l'étude des organes floraux des synanthérées, et surtout 
celle du style, on se borne à considérer les caractères tech- 
niques communément employés. Le genre Sphenogynese trouve 
inscrit, sousle nom d'oligærion , dans la liste qui termine notre 
article AntTrémipées (tom. II, Suppl., pag. 75), parce que, à 
l’époque où nous avons rédigé cet article , nous ignorions que 
M. Brown avoit fait et publié avant nous ce même genre, sous 
le nom de sphenogyne. Mais, presque aus$itôt aprés la publica- 
tion de l’article dont il s’agit, nous avons appris que M. Brown 
nous avoit devancé; et c'est pourquoi nous n’avons point dé- 
crit, dans le Bulletin des Sciences, les caractères de ce genre 
Oligærion, dont nous avions soigneusement étudié plusieurs 
espèces. Nous le décrirons, dans ce Dictionnaire, sous le titre 
de sphenogyne. 

Depuis l'oligosporus, qui commence la série des anthémidées, 
jusqu’à l’ursinia, qui la termine, on peut remarquer une pro- 
gression croissante, presque continue et assez bien graduée, 
dans le nombre , la grandeur et la coloration des parties de la 
fleur et de la calathide. La sérié suivant laquelle nous avons 
disposé les genres de la tribu des lactucées, présente une pro- 
gression à peu prés analogue à celle-ci. (Voyez tom. XXV; 
pag. 85.) 

Le lecteur trouvera tousles éclaircissemens qu'il peut désirer 
sur nos tableaux méthodiques des genres. à la suite du tableau 
des inulées (tom. XXIII, pag. 560), de celui des lactucées 
(tom. XXV, pag. 59), et de ceux des adénostylées et des eu- 
patoriées, insérés dans notre article Liarrinées. (H..Cass.) 

MARQUETTE. (Malacoz.) M. Bose (Dict. de Déterv.) dit que 
l’on donne ce nom aux sèches HÉROS a faire des amorces. 
(DEB) 

MARQUIAAS. (Bot.) A Surinam , au rapport de Sibylle 
Merian, on nomme ainsi une grenadille, passiflora laurifolia. (J.) 

MARQUISE. (Bot.) Variété de poire pyramidale, assez grosse, 
d’un vert jaunâtre, tachetée de gris, à chair fondante et su- 
crée, mürissant en novembre et décembre. (L. D.) 

MARRON (Ichthyol.), un des noms vulgaires du petit casta- 
gueau , poisson que nous avons décrit dans ce Dictionnaire " 
tom.IX , pag. 147. (H. C.) 


188 MAR 

MARRON. (Mamm.) Ce nom est donné dans les colonies 
aux animaux domestiques qui se sont échappés des habita- 
tions, et qui sont redevenus sauvages. (Desu.) 

MARRON D'INDE (Conchyl.), nom marchand de la chame 
arcinelle, chama arcinella. Linn. et Gmel. (DeB.) 


MARRON ÉPINEUX. (Conchyl.) Espèce de chame , chame 
arcinella, Linn. et Gmel. (DE B.) 

MARRON NOIR (Bot), Paul., Trait., 2, pag. 202, pl. 92, 
üg. 5,6. Espèce d’agüric de la famille des calottins de terre ou 
des bois de Paulet, qui a le port du champignon de couche. 
Il est de couleur de marron foncé en dessus : ses feuillets, d’a- 
bord roux, deviennent ensuite noirs; ils sont entremélés de 
demi-feuillets; son chapeau se fend communément sur les 
bords. Sa chair est blanche et ferme. 

Ce champignon peut être mangé sans risque, Il a l'odeur et 
la saveur d’un champignon ordinaire. 

Le MARRON A TIGE TIGRÉE, A FEUILLETS BLANCS, de Paulet, 
est un grand agarie mentionné par Rai et par Dillenius, due 
le chapeau est de couleur de marron, muni en dessous de 
feuillets blancs, et porté sur un ee tacheté de ces deux 
couleurs. (LEm.) 

MARRON POURPRE (Conch1.), nom sous lequel les mar- 
chands de coquilles désignent le murex ricinus de Linnæus, 
Gmel., type du genre Ricinule de M. de Lamarck.(De B.) 

MARRON ROTI (Conchyl.), nom vulgaire d’une espèce 
de sabot. ( Drsm. ) 

MARRONIER. ( Bot.) Synonyme de chàtaignier. (LEm.) 

MARRONIER (Bot.), Æseulus, Linn. Genre de plantes 
dicotylédones, de la famille des acéridées, Juss., et de l’hep- 
tandrie monogynie, Linn., qui présente les caractères suivans : 
Calice monophylle, à cinq dents; corolle de cinq pétales iné- 
gaux, ondulés et ciliés en leurs bords, rétrécis en onglet à 
leurs bases; sept étamines à filamens subulés, inégaux, attachés 
sous l’ovaire, terminés par des antheres ovales; un ovaire 
supère, arrondi, placé sur un disque, et surmonté d’un style 
subulé, terminé par un stigmate simple; une capsule coriace, 
2lobuleuse, hérissée de pointes, s'ouvrant en trois valves, et 
divisée eu trois loges devant contenir chacune deux graines; 
mais une partie d’entre elles avortent le plus souvent, et, au 


MAR 169 
lieu de six par fruit, ilnes’en développe ordinairement qu'une 
à deux, où au plus trois: ces graines sont grosses, glabres, 
luisaates, arrondies ou diversement anguleuses selon l’espace 
qu’elles occupent dans la capsule 

Les marroniers sont des arbres à feuilles opposées, digitées, 
et à fleurs disposées en grappes pyramidales et terminales, 
d'un bel aspect. On en connoïit trois espèces. 

Marnonier D'INDE: Æseulus hippocastanum, Linn., Spec., 488; 
Hipposcatanum, Linn.Spec., 488; Hipposcatanum vulgare,Tourn., 
Inst. , 612 ;Duham.,nouv. éd., vol.2,p.54,t.13et14.C'estun 
très-grand arbre qui s'élève à soixante et quatre-vingts pieds de 
hauteur, sur un tronc de huit à douze pieds de circonférence, 
revêtu d’une écorce brunäâtre crevassée. Ses feuilles sont trés- 
grandes, longuement pétiolées, composées de cinq àsept folioles 
ovales, oblongues, inégales, dentées, disposées comme les rayons 
d’un parasol. Ses fleurs sont blanches, panachées de rouge, 
assez grandes, nombreuses, disposées sur des pédicules ra- 
meux, en une grappe pyramidale redressée et d’un superbe 
aspect. Le fruit est une grosse capsule globuleuse, hérissée 
de poinies, et ne contenant le plus souvent qu'une à deux 
grosses graines du volume et de la forme d’une belle chà- 
faigne, mais d'une saveur amère et désagréable. Cette espèce 
fleurit à la fin d'avril ou au commencement de mai, 

Ce bel arbre, qui n'a pas été connu des anciens, est ori- 
ginaire des pays tempérés de l’Asie, d’où il a passé d’abord à 
Constantinople, on ne sait à quelle époque, ensuite en Alle- 
magne vers 1576, en France au commencement du siécle 
suivant, en 1615, et seulement en 1635 en Angleterre. Peu 
difficie sur la nature du sol, susceptible de supporter des 
froids rigoureux sans en souffrir, le marronier fut bientôt accli- 
maté partout où l’on voulut le planter; aussi, dès qu’il fut 
connu de tous les amateurs, il se répandit promptement dans 
tous les jardins, dans tous les parcs; on lui donna la préférence 
pour en faire des avenues, pour en orner les places publiques. 
Effectivement aucun des arbres alors connusen Europe ne pou- 
voit être comparé au marronier pour la beauté de sesfleurs, et 
il le disputoit à plusieurs par l’élégance de son feuillage. 

Non seulement le marronier a eu une grande vogue comme 
arbre d’ornement; mais encore on s’est efforcé de le faire 


190 MAR 

valoir davantage en cherchant en lui des propriétés utiles. 
Un apothicaire vénitien, nommé Zanichelli, crut avoir trouvé 
dans son écorce un puissant fébrifuge, égal au quinquina, et 
le premier ille préconisa sous ce rapport. Depuis Zanichelli, 
beaucoup de personnes ont aussi fait l’éloge de l'écorce du 
marronier pour la guérison des fièvres intermittentes, et ils 
ont publié les succès qu'ils disoient en avoir obtenus; mais les 
partisans de cette écorce indigène ont souvent été cite 
par d’autres praticiens qui ont prétendu que dans les essais 
qu’ils ävoient faits de ce nouveau médicament, ils étoient 
loin d’avoir constamment obtenu les résultats avantageux an- 
noncés par les premiers. Enfin il ÿ a quelquesannées, lorsque. 
la guerre maritime avoit élevé si haut le prix des médica- 
mens exotiques, les expériences sur l’écorce du marronier 
furent reprises dans plusieurs hôpitaux de Paris et de France, 
et même dans la pratique particulière de beaucoup de méde- 
cins ; il est résuité de ces expériences nombreuses faites avec 
soin que l'écorce de marronier ne possède pas comme fébri- 
fuge des propriétés supérieures à celles de plusieurs autres 
amères indigènes, telles que la petite centaurée, la gentiane, 
la camomille. 

Les succès que quelques auteurs ont prétendu avoir obte- 
nus de l’écorce de marronier dans plusieurs autres maladies, 
telles que la fièvre lente, la pleurésie, la péripneumonie, la. 
blénorrhée, l’épilepsie, sont encore bien moins constatés que 
son efficacité dansles fièvres intermittentes. Cette écorce peut 
d’ailleurs se donner en substance et en poudre, depuis un 
à deux gros jusqu’à une once; en décoction, on en fait entrer 
une à deux onces par pinte d’eau; on en a aussi préparé un 
extrait et un vin. C’est avec l’écorce des jeunes rameaux 
qu’on doit faire toutes ces préparations. 

Les bêtes fauves, les vaches, les chèvres et les moutons 
mangent les marrons d’ Inde et paroissent les rechercher. Ce- 
pendant on ne doit les donner aux animaux domestiques 
qu’en petite quantité, coupés par morceaux et mélangés aux 
fourrages ordinaires. On assure qu’ils empêchent de pondre 
les poules qu’on en nourrit. 

Par le moyen de préparations convenables , on enlève à ces 
fruits la grande amertume qui leur est propre, et on en re- 


MAR so 


tire une fécule dont on peut faire du pain ; mais les procédés 
diMieiles et compliqués que cela exige ne sont pas de nature 
a être jamais adoptés dans l’économie domestique; les frais 
excédent le produit. 

On a essayé de faire avec les marrons d'Inde une sorte de 
savon; mais sa mauvaise qualité y a fait renoncer. Une autre 
préparation qui fut très-vantée dans le temps où elle parut, 
fut celle des bougies de marrons d'Inde, mais Parmentier a 
prouvé qu’elles n’étoient autre chose que du suif de mouton 
bien épuré, et rendu solide par l’action de la substance amère 
et astrictive de ce fruit qui, loin d’en augmenter la masse, 
opéroit sur elle un déchet de plus de moitié, et le prix auquel 
ces prétendues bougies de marrons revenoient, les a bientôt 
fait abandonner. 

On a ercore fait d’autres spéculationssur les marrons d'Inde; 
on a cru qu'en les faisant fermenter , et en les distillant ensuite, 
on pourroit en retirer de l’alcoo!; mais les essais faits pour 
retirer ce nouveau produit ont été encore plus infructueux 
que tous les autres. 

Le bois du marronier est blanc, tendre, filandreux et de 
mauvaise qualité. Débité en planches, il se tourmente beau- 
coup et ne peut servir qu’à faire des tablettes et autres ob- 
jets de peu de valeur; cependantiln’est pas susceptible d’être 
attaqué par les vers, ce qui mérite quelque considération, Il 
prend bien d’ailleurs la couleur noire, et peut recevoir en 
cet état un assez beau poli, ce qui le fait employer pour de 
petits objets qui paroiïssent imiter l’ébène et qui se vendent 
à bon marché au peuple. Comme bois de chauffage, il donne 
peu de flamme, peu de chaleur et peu de charbon. Sous tous les 
rapports où le marronier peut être envisagé, c’est done moins 
par son utilité que par sa beauté que cet arbre peut être re- 
commandable. 

On multiplie facilement le marronier par ses graines qu’on 
sème enpépiniére, à la distance de huit ou dix pouces, et qu’on 
transplante à la fin de la première ou de la deuxième année, 
en plaçant chaque pied à vingt-quatre ou trente pouces les 
uns des autres. Pendant que ces jeunes arbres sont en pépi- 
nière, ils n’ont besoin que de quelques binages,et d'être dé- 
barrasés des mauvaises herbes. Quand ils auront acquis six à 


192 MAR 

sept pieds de hauteur, ils n'exigeront plus aucun soin. C'est 
alors et jusqu'a ce qu’ils aient douze à quinze pieds de hau- 
teur qu'ils sont bons à mettre en place. En les transplan- 
tant on peut raccourcir les branches de la tête si elles sont 
trop nombreuses; mais si on le destine à faire des avenues, 
ou qu'on désire le voir s'élever le plus haut possible, il ne 
faut jamais couper le bourgeon terminal, d’où dépendent 
la beauté et le prompt accroissement de cet arbre. On peut 
d’ailleurs en faire des palissades, dès rideaux de verdure, des 
berceaux, qu’on taille tous les hivers. Cet arbre réussit dans 
tous les terrains, et dans toutes les situations, pourvu qu’il y 
trouve une humidité suflisante. 

MarRONIER BUBICON ; Æsculus rubicunda, Lois., Herb. Amat., 
n.ett. 357. Cette espèce différe de la précédente, parce que 
les folioles de ses feuilles sont nues à leur base et non char- 
gées d’un duvet roussätre; parce que le calice est plus grand, 
à dents moins inégales; parce que les pétales sont d’un rouge 
clair; parce que les filamens des étamines sont rapprochées 
en faisceau contre le style ou très-peu divergens; enfin parce 
les fleurs ne sont portées que trois à quatre les unes prés des 
autres sur le même pédoncule, etnon pas six à neuf ensemble. 
Cette espèce ,ou au moins cette variété remarquable, fleurit 
quinze jours plus tard que le marronier ordinaire. Nous l’avons 
vue chez M. Cels et chez M. Noisette quila cultivent depuis six 
ans, et qui l'ont reçue d’Aliemagne. Elle forme un arbre qui 
pousse avec beaucoup de vigueur, et qui paroît devoir s'élever 
autant que l'espèce commune; jusqu'à présent on ne la mul- 
tiplie qu’en la greffantsur cette dernière. Entremélée avec elle, 
dans les avenues, ses belles fleurs rouges trancheront agréable- 
ment avec la couleur blanche de celle-ci. 

MarRoNIER DE L'Om0; Æseulus ohiensis, Mich., Arb. Amer., 3, 
p. 242. Cet arbre ne s’éléve ordinairement qu'à dix ou vingt 
pieds ; mais quelquefois il peut atteindre jusqu’à trente et 
irenté-cinq pieds. Ses feuilles sont digitées, composées de 
cinq folioles inégales, ovales, acuminées, et irréguliérement 
dentées en leurs bords; ses fleurs sont blanches, très-nom- 
breuses et réunies en grappes ; ses fruits sont trois à quatre 
fois plus petits que ceux du marronier ordinaire; cette espèce 
croît natugellement dans les Etats-Unis d'Amérique, et parti- 


MAR 195 
culiérement sur les bords de l'Ohio. On la cultive en France 
depuis quelques années. Son bois est blanc, tendre, et n’offre 
aucun degré d'utilité. Ce n'est que par la beauté de ses fleurs 
que cet arbre peut nous offrir de l'intérêt, en contribuant à 
l’embellissement de nos jardins. Comme il est encore rare, 
on ne le multiplie jusqu’à présent qu’en le greffant sur le 
marronier ordinaire. (L. D.) 

MARRONIERS A FLEURS ROUGES. ( Bot.) Voyez PaviA. 
{Lew.) 

MARRONS. (Bot.) On donne communément ce nom aux 
fruits du châtaignier cultivé. (L. D.) 

MARRUBE (Bot.),Marrubium. Linn. Genre de plantes dico- 
tylédones, de la famille des labiées, Juss. et de la didynamie 
gymnospermie, Linn., dont les caractères essentiels sont d’a- 
voir un calice monophylle, cylindrique, à dix stries et à cinq 
ou dix dents ; une corolle monopétale, à limbe partagé en 
deux lèvres, dont la supérieure étroite, bifide, et l’inférieure 
à trois lobes ; dont le moyen plus grand et échancré; quatre 
étamines didynames, plus courtes que la corolle et placées sous 
la lèvre supérieure: un ovaire supère, à quatre lobes, sur- 
monté d’unstyle filiforme, de la longueur des étamines, et ter- 
miné par un stigmate bifide; fruit composé de quatre graines 
nues, situées au fond du calice persistant, dont l’entrée est 
alors presque fermée par des poils. 

Les marrubes sont des plantes herbacées , vivaces, à feuilles 
simples, opposées, et à fleurs disposées par verticilles axil- 
laires, accompagnés de bractées. On en connoît aujourd’hui 
une trentaine d’espèces, dont le tiers se trouve en Europe. 
Leurs tiges et leurs feuilles répandent une odeur aromatique, 
quelquefois trés-forte et presque fétide. 


* Calices à cinq dents. 


MarrUSE ALYSsE : Marrubium alysson , Linn., Spec., 815; Mar- 
rubium album, foliis profundè incisis, flore cœruleo, Moris., 
Hist., 3, p. 397, s. 11,1. 10, f. 12. Ses tiges sont droites, 
quadrangulaires, rameuses inférieurement, hautes de huit 
pouces à un pied , revêtues, ainsi que les feuilles et les calices , 
d’un duvet blanchâtre. Ses feuilles sont cunéiformes ou arron- 
dies, ridées, crénelées en leurs bords et rétrécies en pétiole 


194 MAR 


à leur base. Les fleurs sont petites, purpurines, sessiles, dis- 
posées par verticilles peu garnis et non accompagnés de 
bractées. Cette plante croît naturellement en Espagne. 

Marauge DE CRÈTE; Marrubium creticum, Lamcek., Dict.Enc., 3, 
p- 716. Ses tiges sont droites, quadrangulaires, très-branchues 
dans leur partie supérieure, hautes de deux pieds à deux 
pieds et demi, couvertes, ainsi que toute la plante; d’un du- 
vet court et blanchâtre. Ses feuilles inférieures sont ovales, 
assez grandes, pétiolées, dentées; les supérieures sont lan- 
céolées et presque sessiles. Ses fleurs sont blanches, disposées 
par verticilles axillaires, peu garnis et munis de quelques 
bractées subulées, trés-courtes. Cette plante croît naturelle- 
ment dans l’île de Candie et en Orient; on la cultive au Jardin 
du Roi. 

Marauee coucaé: Marrubium supinum, Linn., Spec., 816; Mar- 
rubium album hispanicum majus, Barrel., Icon., 686, et Marru- 
bium album sericeo parvo el rotundo f6lio, Barrel., L. e., 685. Ses 
tiges sont rameuses , couchées, cotonneuses, longues de douze 
à dix-huit pouces. Ses feuilles sont arrondies, presque en 
cœur à leur base, pétiolées, trés-ridées. Ses fleurs sont blan- 
châtres, sessiles, nombreuses à chaque verticille, accompa- 
gnées de bractées subulées, velues, de la longueur des calices. 
Cette plante croît naturellement en Espagne, en Italie et dans 
le midi de la France. 


*#*+ Calices à dix dents. 


MAñRUBE FAUX-DICTAMNE: Marrubium pseudo-dictamnus, Linn., 
Spec., 817; Pseudo-dictamnum, Dod., Pempt., 281.Sestiges sont à 
demi frutescentes, à peine quadrangulaires, hautes d’un pied 
et demi à deux pieds, branchues, toutes couvertes, ainsi que 
les feuilles et les calices, d’un duvet blanchâtre , trèés-abondant, 
et garnies de feuilles en cœur, presque arrondies, pétiolées, 
crénelées, très-ridées. Les fleurs sont d’un pourpre clair, 
disposées par verticilles rapprochés, accompagnés de bractées 
spatulées et velues, plus courtes que les calices qui s'évasent 
dans leur partie supérieure en un grand limbe ouvert. Cette 
plante est originaire de l'île de Candie; on la cultive dans 
les jardins de botanique. 

Marruse D'Espaene: Marrubium hispanicum, Linn., Spec., 816; 


MAR 194 


Marrubium hispanicum rotundifolium, Barrel., Icon., 767. Ses 
tiges sont droites, rameuses, hautes de quinze à vingt pouces, 
très-velues ainsi que les feuilles et lesautres parties de la plante. 
Ses feuilles sont cordiformes, crénelées, pétiolées. Les fleurs 
sont blanches, tachées de pourpre, sessiles, nombreuses à 
chaque verticille, et accompagnées de bractées étroites lan- 
* céolées; les bords de leur calice sont terminés par dix dents 
ouvertes en étoile. Cette espèce croît naturellement en Es- 
pagne; elle a aussi été trouvée aux environs de Marseille par 
M. Poiret. 

Marruge commun: vulgairement Marruss pLanc; Marru- 
bium vulgare , Linn., Spec., 816 ; Bull., Herb., t. 165. Sa racine 
est presque ligneuse, un peu épaisse, divisée en fibres plus 
menues; elle produit une ou plusieurs tiges droites, coton- 
neuses, rameuses, hautes de douze à dix-huit pouces, et gar- 
nies de feuilles ovales arrondies, pétiolées, crénelées, molles 
au toucher, ridées en dessus, cotonneuses et blanchâtres en 
dessous. Ses fleurs sont blanches, petites, sessiles, ramassées 
en grand nombre par verticilles disposés dans les aïsselles 
des feuilles supérieures; leur calice est à dix dents subulées 
et crochues. Cette espèce est commune sur les bords des che- 
mins, dans les lieux incultes et dans les décombres. 

Le marrube blanc a une saveur amère, un peu âcre; son 
odeur est assez forte, comme légèrement musquée. Il est émi- 
nemment tonique et excitant. On l’emploie en médecine dans 
l’asthme humide, les catarrhes chroniques, la chlorose, la sup- 
pression des règles, les maladies hystériques, la jaunisse, les 
engorgemens du foie; on l’a aussi recommandé contre les vers, 
les scrophules et les fiévres intermittentes. Les parties de la 
plante dont on fait usage sont les sommités fleuries en infu- 
sion théiforme. La conserve, l'extrait et le sirop de marrube 
sont aujourd’hui des préparations tombées en désuétude. Dans 
l’ancien Codex, le marrube blanc est au nombre des subs- 
tances qui doivent entrer dans la thériaque. (L. D.) 

MARRUBE. ( Bot.) Ce nom appartenant au marrubium des 
botanistes, a été aussi donné à des plantes d’autres genres. Le 
lycopus europæus est nommé vulgairement marrube aquatique. 
Le ballota nigra est un marrube noir; un autre marrube noir 
est le stachys hirta; un troisième est [le phlomis herba venti ; 


Led 


19° 


196 MAR 

lagripaume , leonurus , est le marrubium cardiaca de Théo- 
phraste, suivant C. Bauhin. Lee sideritis montana est nommé 
faux marrube. (J.) 

MARRUBE AQUATIQUE (Boë.), nom vulgaire du lycope 
des marais. (L. D.) 

MARRUBIASTRUM. (Bot.) Tournefort avoit fait, sous ce 
nom, un genre de plantes labiées que Linnæus a détruit, et 
dont il a reporté les espèces dans les genres Siderilis , Stachys 
et Leonurus. (J.) 

MARRUBIUM. (Bot.) Voyez Marnuge. (LEm.) 

MARS (Entom.), nom donné par Geoffroy à un papillon 

de jour, qui fait partie maintenant du genre NymPHALE. 
(Dssm.) 

MARS {Chim.), nom que les alchimistes ont donné au fer. 
(Cx) 

MARSANA. (Bot.) Ce nom étoit donné par Sonnerat à 
l’arbrisseau, connu dans l’île de Traku sous celui de buis de 
Chine, etnommé maintenant murraya par Linnæus. C’est aussi 
le chalcas japonensis de Loureiro. (J.) 

MARSDÈNE, Marsdenia. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apo- 
cynées, de la pentandrie DE po de Linnæus, offrant pour carac- 
tère essentiel : Un calice à cinq divisions; une corolle urcéolée, 
à cinq découpures; cinq écailles simples, trés-entiéres; point 
de dent pendante à leur base; cinq étamines; les anthères sur- 
montées d’une membrane; un ovaire supérieur, à deux lobes ; 
deux styles; deux follicules lisses ; les semences aigrettées. 

Marspène OpORANTE : Marsdenia suaveolens , Rob. Brown, 
Nov. Holl., 1, pag. 460, etin Wern. Trans., 1, pag. 30; Tran- 
sact. Linn., vol. 10, pag. 299, tab. 21, fig. 1 ; Poir., Ill. gen. 
Suppl., tab. 933. Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, dont 
les tiges sont redressées, ramifiées; les rameaux garnis de 
feuilles opposées, presque sessiles, glabres, ovales lancéolées, 
obtuses, entières, sans nervures apparentes ; les fleurs rassem- 
blées, dans l’aisselle des feuilles, en petites cimes beaucoup 
plus courtes que les feuilles; le calice est fort petit; la corolle 
ventrue à sa base, barbue à son orifice , à divisions sinuées à 
leurs bords, lancéolées, un peu obtuses; Ves stigmates sont mu- 
tiques. Dans le marsdenia cinerascens, Brown, L. c., la tige 


| MAR 197 
est droite; les feuilles sont ovales, un peu obtuses, veinées, 
parsemées d’un duvet rare, soutenues par des pétioles longs 
d’un demi-pouce ; la corolle est presque en roue. 

ManspÈNE VSLOUTÉS : Marsdenia velutina , Rob. Brown, L. e., 
etin Wern. Trans., 1, pag. 29. Cette espèce a des tigesgrim- 
pantes, garnies de feuilles ovales, élargies, échancrées en cœur 
à leur base,acuminées à leur sommet, molles, tomenteuses; des 
fleurs disposées en cime, presque en ombelle ; l’orifice de la 
corolle nu. Dans le marsdenia wiridiflora, Brown, L. e., les 
tiges sont également grimpantes; les feuilles oblongues, lan- 
céolées, presque glabres, obtuses à leur base; le tube de la 
corolle un peu velu en dedans. Ces plantes croissent à la Nou- 
velle-Hollande. 

Mansoène EN Bec : Marsdenia rostrata, Rob. Brown, L. c.,etin 
WV'ern. Trans., 1, pag. 31. Cette espèce a des tiges grimpantes, 
garnies de feuilles glabres, opposées, ovales acuminées, légère- 
ment échancrées en cœur à leur base. Les fleurs sont nom- 
breuses, disposées en ombelles ; le limbe de la corolle est 
barbu. Cette plante croitsur les côtes de la Nouvelle-Hollande. 
{Porn.) 

MARSEA. (Bot.) Adanson nomme ainsi le genre Baccharis, 
Linn. (Lem.) 

MARSEAU ou MARSAULT. (Bot.) C’est le saule marceau. 
(L. D.) 

MARSEICHE. ( Bot.) C’est l'orge à deux rangs. (I. D.) 

MARSEILLOISE (Bot.), nom que l'on donne à une variété 
de figue. (L. D.) 

MARSELLE. (Bot.) Dans quelques cantons, on donne ce 
nom à la viorne commune. (I. D.) 

MARSETTE {Bot.), nom vulgaire de la fléole des prés. 
(L. D.) 

MARSHALLIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à 
fleurs composées, de la famille des corymbifères, de la syngé- 
nésie polygamie égale de Linnæus, offrant pour caractére essen- 
tiel : Des fleurons tous hermaphrodites et fertiles; un calice 
composé d’écailles lancéolées, disposées presque sur deux 
rangs; des fleurons plus longs que le calice, à cinq découpures 
linéaires; cinq étamines syngénèses ; les ovaires alongés ; un 
style ; deux stigmates réfléchis; les semences ovales, striées , 


198 MAR 


surmontées de cinq paillettes membraneuses; le réceptacle 
garni de paillettes de la longueur du calice. 

MARSHALLIA A FEUILLES LANCÉOLÉES : Marshallia lanceolata, 
Parsh, Amer., 2, pag. 519; Persoonia lanceolata, Mich., Amer., 2, 
pag. 105; Trafttenikia lanceolata, Pers., Synops., 2, pag. 403; 
Phyteumopsis lanceolata, Poir., Encycl. Suppl. Plante de la Caro- 
line, dont la tige estsimple, droite, cylindrique, nue à sa partie 
supérieure , garnie inférieurement de feuilles alternes, glabres, 
oblongues lancéolées; elle porte une seule fleur droite, termi- 
nale : le calice est composé de folioles lancéolées, obtuses, pres- 
que égales, comme disposées sur deux rangs, couchées les unes 
sur les autres; la corolle formée de fleurons hermaphrodites; le 
réceptacle chargé de paillettes spatulées ; les semences sont sur- 
montées d’une aigrette composée de cinq poils mermbraneux, 
acuminés. Cette plante croît sur lés montagnes. 

MARSHALLIA A LARGES FEUILLES : Marshallia latifolia, Pursh, 
: Flor. Amer., 2, pag. 519; Persoonia latifolia, Mich., Amer., 3, 
pag. 505, tab. 43; Trattenikia latifolia, Pers., Synops., 2, 
pag. 403; Phyteumopsis latifolia, Poir., Encycl. Suppl. Cette 
plante a des tiges droites, glabres, simples, garnies, seule- 
ment à leur partie inférieure, de feuilles sessilés, alternes, 
ovales lancéolées, acuminées, trés-entières, marquées de trois 
nervures longitudinales; les feuilles inférieuressont presque en 
forme de gaîne;il y a une seule fleur assez grosse et terminale 
à folioles du calice étroites, inégales, lancéolées, aiguës; à 
fleurons presque une fois plus longs que le calice; à pail- 
lettes du réceptacle étroites, linéaires, celles quicouronnent 
les semences, fines, acuminées. Cette plante croît sur les mon- 
tagnes, à la Caroline. | 

MARSHALLIA A FBUILLES ÉTROITES : Marshallia angustifolia, 
Pursh, Amer., 2, pag. 520; Persoonia angustifolia, Mich., Amer.., 
2, pag. 106 ; Phyteumopsis angustifolia, Poir., Encycl. Suppl. 
Cette plante a des tiges rameuses, uniflores à leur extrémité, 
ainsi qu'à celle des rameaux. Les feuilles inférieures sont 
étroites, lancéolées; les autres et celles des rameaux linéaires, 
très-étroites, les folioles du calice roides, très-aiguës, sont rétré- 
cies à leur partie inférieure; les paillettes du réceptacle séta- 


cées. Cette plante croît dans l'Amérique septentrionale. (Porn.) 
MARSHALLIA. ( Bot.) Gmelin, dans son édition du Sys- 


MAR 199 


tema de Linnæus, désigne sous ce nom le laguneziade Scopoli, 
qui est le même que le racoubea d'Aublet. Ce dernier genre, 
étant réuni à l’homalium de Jacquin, entraîne nécessairement 
la suppression des deux autres. Schreber s’est emparé du même 
nom marshallia pour le substituer au phyteumopsis de Michaux, 
genre de composées ou de synanthérées, voisin du bidens. Voyez 
plus haut. (J.) 

MARSILEA. ( Bot.) Ce genre, consacré par Micheli à la mé- 
moire du célèbre Marsigli, n’a pas été adopté par les natura- 
listes qui ont préféré donner, avec Linnæus, ce même nom 

à un autre genre décrit ci-après. 

Le marsilea de Micheli, reproduit par P. Beauvois sous le 
nom de rhizophyllum , comprend les Jungermannia à expansion, 
ou fronde foliacée, à capsules s’ouvrant par le bas en quatre 
divisions en étoile, et portée par un pédicelle qui s'inserre dans 
une petite gaine ou cornet marginal, épiphylle, ou hypo- 
phylle. Raddi a trouvé dans le marsilea , ainsi caractérisé, les 
élémens de ses trois genres, Melzegeria , Roemeria et Pellia. 

Adanson a essayé, sans succés, de faire renaître le marsilea 
de Micheli. Selon lui, ce genre est pourvu , indépendamment 
des capsules dont nous avons parlé, et qui sont pour lui des 
anthères, des fleurs femelles situées à la surface de l’expan- 
sion sur les mêmes pieds, ou sur des pieds différens , produi- 
sant des capsules sphériques à une loge et à une graine sphé- 
rique. Ces capsules sont précisément ce que d’autres botanistes 
prennent pour des fleurs mâles. (Voyez HéPariQuE et Juncrr- 
MANNIA. 

Micheli figure cinq espèces de marsilea, pl. 4 de son nou- 
veau Genera; savoir : jungermannia epiphylla, fig. 1 ; Junger- 
mannia pinguis, fig. 2 ; Jungermannmia mullifida , fig. 3; junger- 
mannia furcata, fig. 4. 

La figure 5 représente une plante inconnue à Micheli, in- 
diquée aux environs de Florence, et qu’il n’introduit que sur 
l’autorité etsur un dessin de Petiver. C’est une petite plante 
terrestre à fronde étroite, noirâtre, dichotome, qui porte 
des pédicelles fins, terminés par une capsule bivalve. Cette 
plante rappelle par sa fronde le riccia fluitans , Linnæus, figuré 
également par Micheli sous le n.° 6, de la pl. 4 ; mais ces deux 
plantes habitent dans des circonstances trop différentes, pour 


200 MAR 
qu’on puisse soupçonner que la première ne soit que la se- 
conde en fructification: ce qui, pour le dire en passant, eût 
été aussi une nouveauté. On peut ajouter que, depuis Micheli, 
les botanistes n’ont pas été plus heureux que lui dans la re- 
cherche de cette plante demeurée toujours inconnue. Rai, 
dans son Synopsis, édit. 3, pag. 109 , n.° 1 , décrit un lichenas- 
{rum qui paroît être la plante de Petiver. Enfin , dans ces 
derniers temps, on a cru que ce marsilea de Micheli pourroit 
fort bien être une espèce du nouveau genre Blandowia de 
Willdenow, ce qui paroît assez fondé; mais ce rapprochement 
ve pourra être établi que lorsqu'on aura prouvé que cette 
plante existe, ce qui paroît très-douteux , d’après lesrecherches 
qu’on a faites. Il est peut-être possible aussi que Petiver ait figuré 


une variété du jungermannia furcata, sur laquelle étoient en- 


core fixés les œufs éclos et pédicellés de quelques insectes du 
genre Hémerobe, sorte d’erreur dont il y a plusieurs exemples, 
dont un est fourni par le genre Ascophora, et le second par le 
Subularia de Dillenius; le premier fondé sur des œufs mêmes 
d’hémerobe; et le second qui représente le littorella lacustris 
avec des vorticelles. 

Le genre Blandowia n'ayant été qu’indiqué dans ce Diction- 
naire, nous allons le faire connoître. 

Le genre Blandowia de Willdenow ( Voyez Magaz. des Cur. 
de la Nat. de Berlin , vol. 2, 1809, p. 100), est caractérisé par 
ses capsules bivalves, biloculaires, à séminules attachées sur les bords 
d’une cloison ou réceptacle central, transversal, oblong. Il se rap- 
proche ainsi du genre Anthoceros. La seule espèce qui le com- 
pose, le blandowia striata, Willd. (L.e., pl.4, fig.2), estune 
petite plane qui croît sur les arbres au Pérou et au Chili. Sa 
fronde très- petite ressemble en quelque sorte à l'expansion 
d’un collema, genre de la famille des lichens. Elle est plane, 


‘ déprimée, lobée, lisse, à lobes ascendans et obtus. Chaque 


_ 


capsule est portée par un pédicelle filiforme, trés-long, qui 
naît du fond d’une gaîne ou périchèzetubuleux, court et déchi- 
queté en son limbe; les pédicelles sont nombreux, et, d’après 
la figure qu’en donne Wilidenow, semblent partir du mi- 
lieu de la rosette que forment les frondes. Les capsules sont 
elliptiques, striées longitudinalement, ets’ouvrent, de haut en 
bas, en deux valves qui mettent en évidenee un réceptacle ou 


MAR 201 


columelle en forme de cloison, placée en travers des valves 
qui le recouvroient , en se couchant sur ses arêtes. Ce ré- 
ceptacle tombe après l’ouverture de la capsule. Les séminules 
sont oblongues, un peu pédicellées, et fixées sur les bords du 
réceptacle. 

La figure de Micheli diffère par la forme dichotome de la 
fronde, l'insertion des pédicelles et l’absence de périchèze. 
(Le. ) 

MARSILEA. ( Bot.) Ce genre appartient à la famille des 
rhizospermes ou marsiléacées. Il a été créé par Linnæus qui 
y rapportoit le salvinia, Mich., et l’isoetes qu’il en retira bien- 
tôt. M. de Jussieu en sépara ensuite Le salvinia, en conservant le 
marsilea sous le nom de lemma que lui avoit donné Bernard 
de Jussieu; et , de toutes ces pl#ätes unies au pilularia et à l’e- 
quisetum , il composa les deux sections qui terminent sa famille 
des fougères, sections qui font actuellement deux ou trois fa- 
milles, les pilulaires qu’on réunit ou qu’on sépare des rhizos- 
permes, et les équisétacées. Necker, ayantreconnu aussi la né- 
cessité de séparer le marsilea du salvinia, a nommé le premier 
zaluzianskia, et le second marsilea. Il ne sera question icique du 
lemma de Jussieu et d’Adanson , ou marsilea, Linn., modifié 
et adopté sous cette dernière dénomination par les botanistes, 

Ce genre est caractérisé parses involucres ou globules, ou 
coques constituant des espèces de capsules ou de péricarpes, 
divisés intérieurement par une cloison membraneuse, longitu - 
dinale, en deux loges , chacune divisée transversalement par 
sept ou-huit petites cloisons, en autant de petites loges qui ren- 
ferment pêle-mêle deux organes différens : les premiers 
(anthères?) très-nombreux, très-petits, indéhiscens , à une 
loge remplie de grains (pollen?) globuleux, opaques; les se- 
conds (pistils? }, au nombre de trois à huit, formés de deux 
. membranes, surmontés d’un filet (styler), et contenantune 
matière granuleuse transparente. 

Rien ne prouve que ces organes, considérés comme des an- 
thères et des pistils, en exercent les fonctions ; mais on ne peut 
douter, d'aprés les observations de M. Vaucher, sur le déve- 
loppement du salvinia natans, que les involucres ne renfer- 
ment les graines ou les corps reproducteurs. (Voyez Ruatzo- 
SPERMES €t SALVINIA.) 


292 (MAR 


Les marsilea sont des plantes dont la tige est filiforme, ram- 
pante ,rameuse, poussant de distance en distance des faisceaux 
de racines, et, dans les mêmes points, des faisceaux de feuilles 
longuement pétiolées, composées de quatre folioles terminales, 
s'étalant en croix, entières ou dentées, ou lobées, Les invo- 
lucres, c’est-à-dire , les globules fructifères naissent à la base 
des pétioles, et aussi dessous; ils sont pédonculés, et les pédon- 
cules ou pédicelles simples ou divisés en deux ou trois branches 
portent chacun un globule. Ces plantes croissent dans les lieux 
aquatiques , les lacs, les étangs, etc. Leurs feuilles viennent 
nager à la surface de l’eau, tandis que la tige rampe dans la vase. 
On ne connoît que six espèces de marsilea. 

Le MarsILEA A QUATRE FEUILLES: Marsilea quadrifolia, Linn. ; 
- Lamck., Ill. gen. , tab. 863; Schkuhr, Crypt., tab. 173 ; Lemma, 
Juss., Act. Par., 1740, tab. 15; Filicula, Pluk., Amalt., tab. 4o1, 
fig. 5 ; Lenticula, Mappi, Als., pag. 166 , Icon. ; Lens palustris, 
C. B., Camer. Epit., 853; Moris., Hist., 3, pag. 619, sect. 15, 
tab. 14, fig. 5. Folioles quaternées, entières, arrondies ou en 
coin ; involucres obtus, velus, solitaires, ou communément 
deux ou trois ensemble sur le même pédoncule. 

Cette espèce se rencontre dans les lacs, les marais, les eaux 
stagnantes , les fossés aquatiques : elle flotte à la surface de 
l’eau ; elle est trés-répandue par toute l’Europe. On l’a obser- 
vée encore en Barbarie, en Egypte, aux îles de France et de 
Maurice jusqu’au Japon, et à la Nouvelle Hollande. Elle croît 
encore dans lJ’Amérique septentrionale. Il y en a deux va- 
riétés , une à larges feuilles, et une à petites feuilles; ses 
fruits involucrés sont durs et du volume d’un petit pois; les 
feuilles, d’un beau vert ,sont plissées et, ainsi que les pétioles, 
trés-velues dans leur jeunesse. 

Cette plante, trés-anciennement connue, n'a été bien exa- 
minée pour la première fois que par Bernard de Jussieu. 

Le Mansicea pu Coromanner: Marsilea coromandelina, Willd. ; 
Sp. pl., 5539; Burm., Ind., tab. 62, fig. 3. Folioles quater- 
nées, obovales, presque entières, glabres ; involucres ve- 
lus, pédonculés, solitaires, munis de deux dents à la base. 
Cette plante, confondue long-temps avec la précédente, croit 
au Coromandel: elle est rampante, et se fait remarquer par la 
pe titesse de ses involucres qui n’ont guère que la grosseur d’un 


MAR 203 


grain de moutarde. Les folioles sont aussi trés-petites , ayant 
environ une ligne de longueur. 

Mansirea D'Ecyrre: Marsilea ægyptiaca, Willd., Sp. pl. ,5, 
pag. 540; Delile, Ægypt., tab. 5o, fig. 4. Folioles quaternées, 
rudes, poilues, divisées en deux, trois et quatre lobes obtus 
ou tronqués ; involucre velu. Cette plante croît en Egypte dans 
“les liéux aquatiques ; elle n’a été connue que dans ces derniers 
temps ; sa tige est filiforme , rampante, couverte de poils blan- 
châtres , un peu écaiïlleux. Ses feuilles, également poilues, ont 
un pétiole long d’un pouce et demi, et quatre folioles dont les 
découpures sont assez profondes. Les involucres, portés sur des 
pédoncules, sont trés-ve!us. 

11 y a encore les marsilea sfrigosa, erosa et, biloba, Willd. 
Cette dernière a été trouvée à Musselbay au cap fe Bonne- 
Espérance ; la seconde à Tranquebar. ( Leu.) 

MARSILÉACÉES. (Bot.) Voyez RuizosPerMes. (LEM.) 

MARSIO (Ichthyol.), un des noms du gobie aphye. Voyez 
Gonté. (H. C.) 

MARSIONE. (Ichfhyol.) Sur plusieurs des côtes de la mer 
Adriatique, on donne ce nom au gobie aphye. Voyez GoBie. 
(H:C.) 

MARSIPPOSPERME, Marsippospermum. (Bot.) Genre établi 
par M. Desvaux pour le juncus grandiflorus , qui doit être séparé 
des jones principalement par le caractère de ses capsules à 
une seule loge, d’aprés l'observation de M. Desvaux; cepen- 
dant M. de Hhtek, dans l'Encyclopédie, l'indique avec des 
capsules à trois loges; je crois, dans ce cas, que cette plante 
ne devroitpas être rétranchée desjoncs, quoi foule s’en écarte 
un peu par son port et par les trois folioles externes et très- 
longues de son calice. 

Voici d’ailleurs la description delaseule espèce qui compose 
ce genre. 

MaARSIPPOSPERME CALICULÉ : Marsippospermum calyculatum , 
Desv., Journ. Bot., vol. 1, pag. 328; tab. 12, fig. 1: Juncus 
grandiflorus, Linn. fils, Suppl., pag. 209; Lamck., Il. gen., 
tab. 250, fig. 4. Cette plante a uue racine rampante, couverte 
d’écailles d’un brun roux : elle produit plusieurs tiges droites, 
nues, cylindriques , hautes d'environ un pied, garnies a leur 
base de quelques écailles vaginales, et souvent d’une feuille 


204 MAR 

cylindrique, aiguë, enveloppant le bas de la tige par sa gaine, 
la surpassant souvent par sa longueur ; quelquefois paroissent 
d’autres feuilles isolées, écailleuses à leur base, qui pourroient 
bien être des tiges stériles. La fleur est grande, solitaire, ter- 
minale. Son calice est composé de trois longues folioles, roides, 
aiguës, de moitié plus longues que la corolle; celle-ci est 
grande , à trois pélales aigus, scarieux , ondulés suz les 
bords; elle renferme six étamines persistantes, à filamens très- 
couris, soutenant des anthéres droites, linéaires; un ovaire 
supérieur, oblong, aigu, surmonté d’un long style, et d'un 
stigmate à trois divisions aiguës. 

D’après M. Desvaux, la capsule est ovoïde, acuminée, ne 
s’ouvrant qu’à son sommet, à une seule loge, renfermant des 
graines nombreuses, disposées sur trois placenta pariétaux : ces 
semences ressemblent à une navette de tisserand, à raison du 
développementtrès-remarquable de l’épiderme du périsperme 
ou le tégument propre de la graine, quise détache, reste trans- 
parent, et contient, malgré cela, la semence vers son milieu : 
la direction de ces semences est de bas en haut, le cordon 
ombilical est loug, placé à l’extrémité inférieure. 

Cette plante a été découverte par Commerson au détroit de 
Magellan, dans les marais et sur la pente des montagnes. Les 
naturels du pays en font de petites cordes, des paniers, des 
corbeilles et autres ouvrages de vannerie. ( Porn.) 

MARSOLEAUX. ( Ornith.) Salerne dit, pag. 280 de son Or- 
nithologie, qu’en Aujou l’on nomme ainsi les linottes à gorge 
rouge, parce qu’elles naissent au mois de mars. (Cr. D.) 

MARSOPA (Mamm.), l’un des noms espagnols du marsouin. 
(Desm.) 

_ MARSOT. ( Bot.) Voyez Marceau. (L. D.) 

MARSOUIN (Mamm.),nom propre d’une espèce du genre 
Dauphin. Voyez Céracés et Msenscawein. (F. C.) 

MARSOUIN BLANC. ( Mamm.) Le péluga cétacé du Nord, 
dont M. de Lacépède a formé son genre DELPHINAPTÈRE, a reçu 
ce nom. (Desm.) 

MARSOUIN JACOBITE. (Mamm.) Espèce de dauphin ap- 
pelé aussi Daurnix DE Commerson. ( Desm. ) 

MARSPITT. ({ Ornith.) L'huîtrier, hæmalopus ostralegus , 
Linn, , se nomme ainsi en Gottland. (Cu. D.) 


\ 


MAR. 205 
MARSUPIAUX. (Mamm. jOn nomme animaur marsupiaux (1) 
un ordre entier de mammifères liés entre eux par des modi- 
fications analogues des lombes et du train de derrière, dont la 
principale différence, ou du moins la plus remarquée, est l’exis- 
tence d’une bourse sous le ventre des femelles. Marsupium est 
le nom latin de cette bourse, d’où on a fait ens marsupialium, 
animalia marsupialia. Les François se servent aussi souvent , 
et dans le même sens, de la périphrase, animaux à bourse. 

Art. I. Zoocoere. On ne connut d’abord d'animaux à bourse 
qu’en Amérique; et, comme toutes les espèces de cette con- 
trée s'accordent merveilleusement entre elles par des modi- 
fications, se correspondant tout aussi bien dans les systèmes 
dentaire, digestif, locomoteur et sensitif, que par celles plus 
importantes de l’appareil génital, Linnæus trouva dans cette 
réunion de semblables rapports, les élémens d’un seul genre, 
qu’il nomma didelphis, êtres à deux matrices. 

On vit dans la suite arriver des Indes orientales, et plus 
tard des régions australasiques, des animaux également ca- 
ractérisés par l'existence d’une bourse abdominale. Ce ren- 
seignement , le seul qui fût connu d’abord, n’entraïnoit dans 
aucune hésitation, et l’on fut dés lors persuadé que l’ancien 
monde nourrissoit des animaux en tous points semblables à 
ceux du nouveau, de véritables didelphes. Gmelin donña ces 
nouvelles espèces sous lesnoms de didelphis orientalis, didelphis 
Brunii, didelphis gigantea ; et comme il étoit de plus embar- 
rassé de l'animal aux longs tarses, du tarsier de Daubenton, 
lequel ne se rapportoit aux marsupiaux tout au plus que par 
un caractère commun d'étrangeté, il l’inscrivit de même 
parmi les didelphes sous le nom de didelphis macrotarsus. 

Cependant aucun de ces animaux ne répondoiït à la déf- 
nition donnée par Linnæus : tous avoient moins de dix inci- 
sives en haut, et moins de huit en bas, etc.; mais comme, 
pour établir ce fait, des savans du premier ordre, Pallas, 
Camper, Zimmermann se servoient néanmoins des dénomina- 
tions de Gmelin, ou de correspondantes , didelphis asiatica , 
didelphis molucca , en en consacrant, par leurs appellations 


(1) Jai le premier, dans mes cours et dans mes écrits, employé cette 
expression que l’usage a consacrée. 


206 MAR 


et l'autorité de leur nom, les ciassifications fautives, ils er 
prolongèrent l’abus. 

Sur ces entrefaites, des Anglois visitent la Nouvelle-Hol- 
lande, et en décrivent les animaux. Après les célebres natu- 
ralistes Banks et Solander, ce sont le capitaine Phillips et le 
chirurgien de la marine, John Withe. Les animaux qu'on 
découvre dans cette vaste et nouvelle partie du globe, pré- 
sentent pour la plupart les formes des prétendus didelphes 
asiatiques. Le nom de didelphis est traduit chez les Anglois 
par le mot d’opossum. Ce sont donc de nouveaux opossums , 
ou d’autres didelphes que ces hardis navigateurs et les natu- 
ralistes qui les accompagnent nous font connoître. 

Les voyageurs enrichissoient l'histoire naturelle par leurs 
travaux: mais plus lés êtresse multiplicient , plus grande 
aussi étoit la confusion résultante d’associations si incohé- 
rentes. On découvrit des carnassiérs, des rongeurs, des insec- 
tivores qui s’'appartenoient , il est vrai, par la considération 
de la bourse, mais qui différoient essentiellement à d’autres 
égards. 

Une réforme étoit nécessaire, et j’osai l’entreprendre par 
une révision des travaux précédens : ce: fut l’objet de la dis- 
sertation sur les animaux à bourse, que je publiai en 1796; 
elle parut dans le Magasin Encyclopédique , tom. 3, pag. 446. 

Mon premier soin fut de rendre le genre Didelphis de Lin- 
næus à sa première essence, c’est-à-dire de le composer uni- 
quement d'espèces caractérisées , ainsi qu'il suit : | 

1. Divercrne. Dents incisives ; canines ?; molaires 7=;; 
queue nue ek prenante; doigts À; aux pieds de derrière, um Mippure 
sans ongle; les autres doigts libres. 

Il ne restoit en espèces certaines que les didelphis marsu- 
pialis, didelphis opossum , didelphis murina, didelphis cayopollin 
et didelphis brachyura; car les didelphis philander, molucca, dor- 
sigera, cancrivora, étoient des doubles emplois des précédentes, 

Linnæus avoit tracé ce caractère d’après la considération 
d’un seul individu : il convenoit aux cinq espèces qu'il avoit 
bien pu connoître : et il vaut toujours, appliqué à tous les 
animaux à bourse d'Amérique, dont je compte aujourd’hui 
jusqu’à dix-neuf espèces. 

Ce qui, après la séparation des vrais didelphis, restoit dis- 


MAR 1207 


ponible, donnoit les matériaux de trois autres familles que, 
dans la dissertation déja <itée, j’établis et déterminai ainsi 
qu’il suit : i 

2. Dasvure. Dents incisives ?; canines ?, molaires 32: ; 
la queue lâche et fournie de longs poils; doigts +; le pouce de 
derrière irès-court eb sans ongle; les autres doigts libres. 

3.° Prnarancer. Dents incisives 35 canines o—%; molaires 8% ; 
la queue nue et prenante; doigts ?. Aur pieds de derrière, Le 
pouce renversé en arrière; les doigts medius et indicateur réunis. 

4.” Kancuroo. Dents incisives $, canines ?; molaires È—ÿ; 
la queue forte, longue, velue et non prenante; doigts £. Aux 
. pieds de derrière, point de pouce; les doigts medius et indicateur 
grêéles et réunis. 

L'espèce didelphis macrotarsus fut reportée parmi les qua- 
drumanes, et devint le type du genre T'arsius. 

Ce nouvel arrangement fit apercevoir la liaison des deux 
ordres, les carnassiers et les rongeurs : car le genre Dasyure 
tient à celui des civettes; et, comme, par les didelphes, les 
phalangers et les kanguroos, ces derniers conduisant sur les 
gerboises et les lièvres,une liaison avec les rongeurs devenoit 
manifeste , c’'étoit pour les rapports naturels un résultat cu- 
rieux que cette réunion de deux grandes familles dont les 
extrêmes offroient des différences si considérables. 

D'autres faits, d’autres conclusions:ce quisembloit en 1796 
appuyer le système d’une seule échelle organique, fut infirmé 
en 1804 par l'apport de nouvelles richesses. Cette époque mé- 
rite d’être remarquée : il nous arriva de l'expédition Baudin 
à la Nouvelle-Hollande, et par les soins des infatigables na- 
turalistes Péron et Lesueur, un nombre considérable d’ani- 
maux à bourse, mais surtout pee nouveaux systèmes or- 
ganiques, ou, comme cela s'exprime parmi les AD 
plusieurs types de genres nouveaux. 

Je donnai une nouvelle autorité au genre Dasyure, pour 
lequel je n’avois eu que des élémens un peu vagues, en le dé- 
crivantdenouveau, et en le montrant composédecinq espèces, 
et plus tard de sept. 

Enfin j'établis les nouveaux genres suivans : 

PéramÈèLe. Dents incisives “=; canines +; molaires 77; 
queue forte, velue et non prenante; doigts €. Sur le devant, les 


208 MAR 
deux doigts erternes très-courts; elen arrière, un pouce frès-court, 
sans ongle; les doigts medius et indicateur réunis. 

Prascoroms. Dents incisives ?; canines 2; molaires 3—3; 
queue très-courte, cachée dans les poils; doigts À; sur le devant 
à grands ongles , el en arrière un pouce court el sans ongle, et les 
trois doigts intermédiaires engagés dans des membranes com- 
mRunes+ 

Ces publications parurent dans les Annales du Muséum 

d'Histoire naturelle, tomes 2, 3, 4 et 15. 
_ On imprima des tableaux d'espèces en France, soit dans 
des dictionnaires d'histoire naturelle, soit dans des écrits par- 
ticuliers; et les divisions de la plupart de ces genres que j’a- 
vois indiquées dans mes cours et dans un catalogue peu ré- 
pandu, reçurent des noms,ce qui se soutint dans cet état 
jusqu’en 1811,que parut le Prodromus d'Illiger. Plus occupé 
de grammaire que des rapports naturels, des dissensions in- 
testines del’Europe , que de l'observation des faits, Illiger copia 
etaltérales travaux des François. Il n’inventa rien, et cependant 
il se porta pour le réformateur de la plupart des dénomina- 
tions reçues. Les animaux à bourse furent par lui distribués 
en deux familles : les uns, sous le nom de marsupialia , furent 
réunis aux singes et aux makis à cause de leur pouce des 
pieds de derrière, quand les autres formérent un ordre à 
part, salientia, sur la considération de leurs pieds plus longs 
derriere que devant. 

Voici les genres d'animaux à bourse déterminés par Illiger. 
Didelphis (didelphis, Linn.); Chironectes, établi d’après un di- 
delphe à pied de derrière palmé, l’yapock ou la petite loutre 
de la Guiane , de Buffon; Thylacis , nom substitué à celui de 
perameles ; Desnaus (Drerieute Geoff, S. H.); Amblotis, au 
lieu de vombatus , pour un genre que je proposai d'établir en 
1803 (Bull. des Sc. , an. XI, n.° 72), sur les indications du 
célèbre navigateur Bass. Les caractères de ce wombat, donnés 
par Bass et Flinders, et reproduits par moi, sont six incisives 
à chaque mâchoire, deux canines el seize molaires; pieds de 
devant, cinq doigts; de derrière, quatre. Sur l'avis donné 
par les naturalistes de l'expédition Baudin, que le nom de 
wombat s’appliquoit au phascolome, on a proposé, etj’ai con- 
seillé moi-même de supprimer ce genre; cependant ne se 


MAR re. 
pourroit-il pas que ce nom des naturels du pays fût la déno- 
mination de tout un groupe d’animaux à poche? balantia, 
pour une division de mes phalangers, les coescoes des Mo- 
luques à queue prenante; phalangista pour une autre section 
des phalangers à membrane étendue sur les flancs ; phascolo- 
mys (phascolomys, Geoff.S.H.); hypsiprymnus pour le kanguroo 
a dents canines, et halmaturus pour les kanguroos sans Ca- 
nines , tous jusqu'alors nommés kangurus. 

La famille des marsupiaux fut reproduite en 1817 sans di- 
visions ni report d'aucun de ses genres dans d’autres ordres, 
par M. le baron Cuvier. Voyez le Règne animal distribué d’a- 
près son organisation. Je dirai plus bas quels nouveaux motifs 
j'aperçois de persévérer dans cette manière d’envisager les 
marsupiaux. Aux genres précédemment décrits, M. Cuvier 
ajoute celui du koala que M. de Blainville (Prodrome , Nouv. 
Bull. des Sciences) a aussi nommé Les dents du 


2 


koala sont incisives $ ; canines 5 —0 ; molaires 4—i ; ; pieds à Cinq 
doigts , séparés en deux groupes inégalement en devant et en ar- 
rière. 

M. Desmarest donna plus tard dans son grand ouvragesur les 
mammiféres, destiné à compléter quant à cette classe, l’'Encyclo- 
pédie par ordre de matières; donna, dis-je, troisans plus tard 
le tableau complet des genres et des espèces. Les phalangers 
s’y appellent, l’un PHALANGER, phalangista, et l’autre Perau- 
RISTE, petaurista, et les kanguroos, 1.° avec dents canines, 
Pororoo , potorous ; et 2.° sans dents canines, Kaneuroo, kan- 
SguTrus. 

De nouveaux phalangers que MM. Quoy et Gaimard vont 
publier dans la zoologie de leur Voyage autour du monde, 
expédition du capitaine Freycinet, ont reçu le nom de pha- 
langista, qui paroiît prévaloir. 

Enfin M. Frédéric Cuvier a encore modifié ces travaux dans 
son ouvrage intitulé : Dents des mammifères; il sépare les kangu- 
roos sans dents canines, distinguant des kanguroos proprement 
dits, ayant cinq dents molaires de chaque côté et à chaque mà- 
choire, une espèce nouvelle récemment apportée par MM.Quoy 
et Gaimard, leur kangurus lepturus, qui n’a que quatre dentsmo- 
laires. Shaw avoit employé les noms de macropus et petaurus, le 
premier de cesnoms pour désignér le potoroo, et le second pour 


29. 14 


210 MAR 

unassemblage bizarre formé par des écureuils et des phalangers 
volans. M. F. Cuvier reprend ces noms définis d’une certaine 
façon, mais qu’il croit abandonnés: savoir le nom de macropus 
qu’il applique à son nouveau genre des kanguroossans canines, 
et celui de petaurus, pour remplacer la dénomination de pe- 
taurista. Qu’on veuille bien faire attention au sens nouveau 
attaché à ces termes, pour qu'il ne résulte pas dans la suite de 
leur double emploi et de leur définition différente de la con- 
fusion et des erreurs dans la synonymie : ne point seservir de 
ces noms eût sans doute été préférable. (Voyez Peraunus.) 

Art. II. Anaromis. Les femelles des marsupiaux ont une 
bourse sous le ventre , au fond de laquelle est distinctement 
tout l'appareil mammaire. Les petits y sont nourris. Linnæus 
les y voit reçus et entretenus comme dans une seconde ma- 
trice; mais on a été plus loin, puisqu'on a ajouté qu'ils y : 
prennent naissance. Ainsi cette bourse ne seroït plus seule- 
ment dans ce système une représentation fidèle de la matrice, 
ce seroit la matrice elle-même. 

Que de questions dans cet énoncé! Mais, pour les traiter, 
que de préventions il faudra écarter! ce qui du système sexuel 
a été observé par rapport à l’homme , a rendu lascience dog- 
matique. Onsait que la reproduction des êtres s'opère de bien 
des manières; cependant l'attention ne se fixa pas sur le 
grand nombre de ces moyens, tout bizarres que la plupart 
devoient et pouvoient paroître. On n’avoit encore rencontré 
que chezles animaux d'en bas ces modes si variés, cenomb re 
si grand de combinaisons insolites. On regardoit que cela étoit 
inhérent à la dégradation des constitutions organiques, et l’on 
se croyoit si assuré de la même uniformité de moyens chez tous 
les êtres conformés comme l’homme, chez tous les animaux à 
mamelles, que l’on repoussa comme inexact tout ce qui du 
pays des animaux à bourse nous parvenoit de contraire aux 

doctrines reçues. On n’admit comme vrais que les faits qui pa- 
roissoient d'accord avec l’analogie, avec cette règle detoute 
bonne philosophie, mais qui n’estcependant un guide sûr pour 
nos raisonnemens, que si l'application en est aussi réservée 
que judicieuse. ’ 

Ainsi c’est, dès l’origine de nos connoissances sur les didel- 
phes, une opinion fondée sur l’observation que les animaux 


MAR 211 


à bourse naissent aux tétines de leur mère. Il y a presque deux 
siècles que Marcgrawe, pag. 223, avoit écrit : 4 La bourse 
« est proprement la matrice du carigueya ( didelphis opossum) : 
« je n’en ai point trouvé d'autre, et je m’en suis assuré par 
« la dissection. La semence y est élaborée, et les petits y sont 
« formés. ? Pison confirme les mêmes faits pour avoir aussi, 
ajouta-t-il, disséqué plusieurs de ces carigueyas. Valentÿn , 
placé dans les Indes, qui y est occupé de fonctions ecclésias- 
tiques, et qui, sansse douter qu’il y ait en Amérique des ani- 
maux à bourse, donne à la fois l’histoire civile , l’histoire 
religieuse et l’histoire naturelle des Moluques, témoigne des 
mêmes faits. La poche des filandres (marsupiaux du genre 
Phalanger) est une matrice dans laquelle sont conçus les pe 
tits : ou si cette poche, continue-t-il, n’est pas ce que nous 
en pensons , les mamelles sont à l'égard des petits de ces ani- 
maux, ce que les pédicules sont à leurs fruits: ces petits res- 
tent attachés aux mamelles jusqu’a ce qu’ils aient atteint leur 
maturité, pour s’en séparer dans la suite de la même manière 
que le fruit quitte son pédicule. ? 

Ces idées sont aussi répandues en Virginie, même parmi 
les médecins. Le marquis de Chastellux en fait la remarque 
dans son Voyage à l'Amérique septentrionale, tom. 2 > P. 330. 
« Les jeunes opossums existent dans le faux ventre, sans ja 
mais entrer dans le véritable (dit Béverley dans son Histoire 
de Virginie, Londres, 1722), et ilsse développent sur les té- 
tines de leur mére. ? Pennant( Arct. Zool., tom. 1, pag. 84) 
dit de ces animaux que, « suspendus aux mamelles des méres, 
ils y sont d’abord sans mouvement; ce qui dure jusqu’à ce 
qu'ayant acquis quelque développement, ils jouissent de plus 
de force : maïs alors ils subissent une seconde naissance. » 

Un des frères d’armes de notre illustre La Fayette, qui de- 
vint le prisonnier, et plus tard l’un des chefs d’uné nation sau- 
vage, les Créeks, et que les combinaisons de la politique ra- 
menerent en France, m’a souvent affirmé qu’il avoit élevé 
beaucoup d’opossums, et toujours vu que les petits näïssoient 
sur les tétines dans la bourse. 

Un si grand nombre de témoignages en imposa à l’Europe. 
Les naturalistes se procurèrent des animaux à bourse - leur 
esprit n’avoit conçu et ils n’avoient admis qu’une seule hy- 


14, 


pe MAR 

pothèse : s'étant convaincus que l'inspection anatomique n’y 
étoit pas favorable, ils repoussèrent unanimement de préten- 
dus faits, dont ils déclarérent ne concevoir aucunement la 
possibilité. C’étoient les savans les plus/recommandables de 
l’époque, les Daubenton, les Pallas, les Vicq-d’Azyr, les Blu- 
meubach , Reimarus, Flandrin , Home, Duvernoy, etc. etc., 
qui avoient cherché et qui n’avoient point trouvé de route 
intérieure et directe de la matrice à la bourse. On revint aux 
opinions qui avoient régné précédemment : les marsupiaux 
passèrent pour des êtres dont la naissance prématurée étoit 
compensée par une sorte d'incubation dans la bourse. & ‘Il 
est à désirer, a dit Buffon, qu’on observe des sarigues vivans 
(didelphis opossum ) : que leur exclusion précoce de l'utérus. 
soit surtout examinée; car cette observation nous vaudra sans 

doute quelques indications pour conserver à la vie desenfans 
venusavantterme. La gestation de ces êtres ayant proportion- 

nellement moins de durée, leur lactation en devient pluslon- 
gue. ? D’uneaussi extrême petitesse en naissant, a dit Blumenbach 

dans son Manuel d'Histoire naturelle , ce sont pour ainsi dire des 

avorions. Tout en persévérant dans le système d’une naissance 

parfaite , bien que prématurée, quelques naturalistes crurent 
apercevoir qu’une seconde matrice ( c’est ainsi qu’à l'exemple 

de Linnæus, on attribuoit de l’activité à la bourse) , qu'une. 
seconde matrice protégeoit le développement d'animaux nés 

dans un état de si grande débilité. 

Comme cette théorie expliquoit les faits d’ure maniere 
assez spécieuse, et par conséquent satisfaisante , parurent en 
1786 de nouvelles observations qui ramenoient aux idées 
proscrites. La qualité de l'observateur ( c'étoit un officier d’ar- 
tillerie , alors le chevalier, devenu depuis le sénateur comte 
d’Aboville), et le livre où l’observation étoit rapportée {le 
Voyage précédemment cité du marquis de Chastellux ), devin- 
rent autant de circonstances qui, jointes aux présomptions 
dominantes, ne prévinrent pas d’abord les naturalistes. Voici 
cette observation que son intérêt me paroiît devoir au con- 
traire recommander fortement, etque je donne en l’abrégeant 
beaucoup. | 

« Deux opossums ( didelphis virginiana), mâle et femelle, 
et apprivoisés , alloient et venoient librement dans une mai- 


MAR 213 


son que M. d'Aboville occupoit aux Etats-Unis en 1783. Ces 
animaux, qu’il retiroit ke soir dans sa propre chambre, sy 
accouplèrent. M. d’Aboville en suivitattentivementles effets, 
ce qui donua lieu aux observations ci-après. j 

« Le bord del’orifice de la poche fut trouvé dix jours après 
un peu épaissi, cela parut de plus en plus sensible les jours 
suivans. Comme la poche s’agrandissoit en même temps, l’ou- 
verture en devenoit bien plus évasée. Le treizième jour, la 
femelle ne quitte sa retraite que pour boire, manger et se 
vider; le quatorzième, elle ne sort point. M. d’Aboville se 
décide enfin à la saisir et à l’observer. La poche dont précé- 
demment l’ouverture s’évasoit, étoit presque fermée : une sé- 
crétion glaireuse humectoit les poils du pourtour. Le quin- 
zième jour, un doigt est introduit dans la bourse, et un corps 
rond de la grosseur d’un pois y est au fond sensible au tou- 
cher. L'exploration en est faite difficilement à raison de l’im- 
patience de cette mère, douce au contraire et tranquille 
précédemment. Le seizième jour, elle sort de sa boîte un mo- 
ment pour manger. Le dix-septième, elle se laisse visiter : 
M. d’Aboville sent deux corps gros comme un pois, et con- 
formés comme seroit une figue dont la queue occuperoit le 
centre d’un segment de sphère : il est toutefois un plus grand 
nombre de ces petits naissans. Le vingt-cinquième jour, ils 
cèdent et remuent sous le doigt. Au quarantième, la bourse 
est assez entr'ouverte pour qu'on puisse les distinguer; et au 
soixantième , quand la mére est couchée, on les voit suspen- 
dus aux tétines, les uns en dehors de la bourse, et les autres 
en dedans. Quant au mamelon, il est après le sévrage long 
de deux lignes; mais il se dessèche bientôt, et il finit par 
tomber, comme feroit un cordon ombilical. ? Extrait de la 
note terminant le deuxième et dernier volume du Voyage dans 
l Amérique septentrionale du marquis de Chastellux. Paris, chez 
Prault, 1786. 

Cependant cette observation devient le fond d’une consul- 
tation que le professeur Reimarus adresse de Hambourg en 
Amérique au docteur Barton. Roume de Saint-Laurent, qui 
avoit déjà communiqué à Buffon que les mamelons des didelphes 
femelles apparoissoient à un certain moment sous la forme de pe- 
tites bosses claires dans lesquelles étoit l'embryon ébauché, avoit 


214 MAR 

aussi de son côté déjà excité le zèle du docteur Barton, et 
provoqué ses recherches. Ce savant médecin répondit à ces 
appels, et dans deux lettres imprimées à un petit nombre 
d'exemplaires pour ses amis, l’une adressée à M. Roume de 
Paris (1806,14 pages), et l’autre à M. Reïimarus de Ham- 
bourg (1815, 24 pages), Barton exposeses faits, ses observations 
et ses conjectures touchant la génération de l’opossum, c’est-à- 
dire du didelphe de Virginie.- 

Les observations de ce savant sont d’un grand poids, et 
elles paroïtront en effet d'autant plus précieuses, qu’attachant 
du prix à faire savoir qu'il ne s’écartera point des saines 
idées de la physiologie, des seules vues avouées par la science, 
l’auteur est à tout moment enlacé par ses faits, et amené 
à donner, sans s’en douter, des preuves contraires à la thèse 
qu’il se propose d'établir. Tout ce qu’il rapporte seroit bon à 
citer: cependant, pour être concis, je m’en tiendrai à ce qu’il 
y a de plus important dans son récit. 

« Les didelphes mettent bas, non des fœtus, mais des corps 
gélatineux, des ébauches informes, des embryons sans yeux 
ni oreilles ; la bouche de ces embryons n’est point fendue. 
Nés de parens gros comme des chats, ils pèsent , à leur pre- 
mière apparition, un grain, d’autres. quelque chose de plus, 
et sept ensemble, dix grains au total. Barton a détaché un de 
ces embryons pesant neuf grains, sans que cela eût donné 
lieu à une plaie, et d’abord à du sang répandu: il contredit 
en ce point un fait avancé par Pennant, et d’autres Anglois : 
quinze jours de développement dans le nouveau domicile, ex- 
pression imaginée par Barton pour donner la vraie valeur de 
la bourse ; quinze jours de développement suffisent pour ame- 
ner les petits au volume d’une souris. Ils ne quittent les ma- 
melles qu'arrivés à la taille du rat : puis ils les reprennent 
à volonté, étant alors nourris des deux manières , et par le 
lait deleur mère, et par ce qu'ilstrouventetpeuventdéjà man- 
ger. Pour que cetteébauche naïssante et vivante puisse fournir 
aux actes de son développement, il faut, et il arrive que les 
organes de la digestion et de la respiration soient dans une 
harmonie parfaite ; aussi les narines sont-elles dès l’origine 
largement ouvertes, et elles deviennent par conséquent les 
premiéres voies que suit l'air qui se rend aux poumons. L’es- 


MAR 215 


tomac d’un jeune pesant quarante-un grains. étolt considé- 
rablement distendu et dilaté par une matière blanche et lai- 
teuse ; celui d’un plus jeune contenoit au contraire un liquide 
para et sans couleur. ? 

« Lesyeux se montrent ouvertsapréscinquante ou cinquante- 
deux jours d’existence dans la bourse ; les tétines sont alors 
quittées et reprises successivement; le poids d’un petit est, 
aprés soixante jours, de 531 grains. Ce qui surprit beaucoup 
Barton et lui causa une grande joie, fut de rencontrer une 
femelle qui suffisoit à la fois à deux portées, l’une tirant a sa fin 
et l’autre venant à commencer. Ceite mère nourrissoitsept pe- 
tits déjà gros comme des rats. Assez forts pour vivre d’alimens 
solides, ceux-ci recouroient encore aux tétines pour y puiser du 
lait; mais touta eoup la boursese ferme, parce qu’elle étoit deve- 
nue le nouveau domicile de sept autres petits, du poids chacun 
d’un à deux grains. Cependant la premiére portée n’est point 
privée dessoins de cette mére constammentaffectionnée, atten- 
tive pour tous. Sasurveillances’étend toujourssursa famille déja 
élevée. Elle lui continue son cri de rappel : elle la rassemble 
sur son dos, et la dérobe au danger en l’emportant sur la cime 
des arbres. ? 

« De tousces faits et danssa premiére lettre, Bartor conclut 
qu'on peut distinguer deux sortes de gestation, l’une qu’il ap- 
pelle uférine et qu’il estime être de vingt-deux à vingt-six jours, 
etl’autre, la gestation marsupiale, quicommence depuis l’entrée 
de l'embryon dans la bourse. Celle-ci seroit la plus importante 
physiologiquement parlant; car la bourse, ajoute-t-il, est vrai- 
ment un second utérus et le plus important des deux. ? 

Dans l'intervalle de la publication de sesdeux lettres, Barton 
est informé que sir Everard Home avoit anciennement donné 
un mémoire sur la génération des kanguroos, et qu’entre autres 
considérations curieuses, ce savant avoit publié, dans la 
deuxième partie des Transactions Philosophiques, pour l’année 
1795, ce fait remarquable : les fœtus des animaux à bourse ne 
laissent apercevoir aucune trace dé cordon ombilical. | 

« Bartonse met en devoirde vérifier, sur de petits opossums 
dans la bourse, ce point de fait qu’il trouve exact. Il suppose 
qu’il découvrira ce cordon ombilical sur des individus de la 
gestation utérine ; mais ses recherches ne lui procurent point 


216 MAR 


l’occasion de voir un fœtus dans l’utérus , et se livrant à des 
conjectures théoriques, il propose de rapporter le mode de gé- 
nération propre aux didelphes, à celui des reptiles et des 
poissons qu’il croit aussi dépourvus de cordon ombilical. ? 
Enfin il fournit un dernier renseignement pour l’opposer à 
cette assertion de Camper, que l’homme seul est capable de se 
coucher sur le dos : « Cela arrive fortsouvent à la femelle de 
l’opossum , dit Barton, surtout quand elle a des petits. Couchée 
sur le dos, elle touche, quand il lui plaît , tous les points des 
parois intérieures de sa bourse, avec l'extrémité de son vagin, 
et elle peut ainsi au moment de la mise bas y verser ses petits 
sans recourir ou à un ongle, ou à l’un de ses doigts. ? 

M. Cuvier qui, pour son ouvrage classique, le Règne Ani- 
mal, etc., a rédigé en 1817 les généralités de la famille des mar- 
supiaux sous l'influence des idées physiologiques admises jus- 
qu’alors, s’autorise , comme l’ayant porté à ne rien changer à 
cesystème, des observations précédentes de Barton et de celle-ci 
en particulier : la gestation dans l'utérus est de vingt-six jours. 
Cependant Barton n’auroit, je crois, énoncé cette proposition, 
que dans un sens restreintret limité aux termes d’une théorie 
propre, gestation utérine et gestation marsupiale; et de plus cette 
expression de gestation qui emporte avecelle uneidée très-com- 
plexe et étendue à un si grand nombre de phénoménes dis- 
tincts, dont l’acception est fixée par les considérations de l’ana- 
tomie humaine , pourroit-elle être justement appliquée à des 
êtres dont ilest dit, qu’ils naissent dans un état de développement 
à peine comparable à celui auquel des fœtus ordinaires parviennent 
quelques jours après la conception? Règn. Anim. ,tom. 1,p. 169. 

M. de Blainville revient l’année suivante sur ces considéra- 
tions. Voyez son article génération et fætus des didelphes , dans 
le Bulletin des Sciences, 18:18, p. 24. Des fœtus sans trace de 
cordon ombilical , qui ont déja les narines largement ouvertes, 
et les poumons très-développés, portent à la conjecture qu’ils 
sont distingués par un autresystème d'organisation. M. de Blain- 
ville vérifie les faits de Barton, et les trouve exacts. Les considé- 
rations anatomiquessuivantes lui en paroissentle complément: 
« Quelques soins qu’il y ait apportés, M. de Blainville n’a ob- 
servé.ni veine, niartéres ombilicales,ni ouraque ; pas même 
de ligament suspenseur du foie; la glande du thymus manquait 


MAR 217 


aussi et les surénales étoient d’une petitesse extrême. Eu thèse 
générale, ajoute l’auteur, on ne trouve presque aucune des 
dispositions du fœtus des autres mammifères, c’est-à-dire celles 
d’où dépendent la circulation et la respiration. ? 

De ces faits, M. de Blainville conclut à peu près comme Bar- 
- ton :« Il y a deux sortes de gestation , l’une utérine et l’autre 
mammaire, ces deux sortes de gestation agissant différemment, 
etse suppléant l’une par l’autre. Chez Barton le mot de gesta- 
tion étoit clair; il s’appliquoit à l'existence simultanée de Puté- 
rus et dela bourse, à l’idée de ces deux domiciles, en dedansdes- 
quels quelques phénomènes qui n’étoient pas entiérement pro: 
duits dansl’un trouvoient à s'achever dans l’autre. Chez M. de 
Blainville, et il s’en explique d’ailleurs positivement, son idée 
de gestation utérine et de gestation mammairenes’étend qu’à l’ac- 
tion différeute des modes de nourriture. « Dansles mammifè- 
res , dit-il , le fœtus ,avant d'arriver à se nourrir d’une maniére 
indépendante , est susceptible de tirer de sa mère sa nourriture 
dans deux endroits distincts et de deux manières différentes, 
c’est-à-dire d’une part, d:nsl’utérus, du sang, au moyen du sys- 
tème vasculaire ; et de l’autre, aux mamelles, du lait, au moyen 
du canal intestina! : et de plus les deux nutritionssont quant 
à leur durée respective dans un rapport inverse chez les divers 
animaux. « M. de Blainville applique l’esprit de cette généra- 
lité aux animaux à bourse. Il conçoit qu'une des deux nutri- 
tions puisse être entièrement supprimée :4 Sic’est, dit-il, la 
nutrition utérine, il se peut que cette essentielle modification 
donne les animaux à bourse, et que, si c’estau contraire lanutri- 
tion mammaire ,il en résulte des mammifères sans mamelies, 
quiseroient les monotrèmes. Qu'un animal puisse naitre,par uñe 
nutrition mammaire, organisé comme un sujet à terme, cela 
forme une conjecture hardie , ou du moins bien difficile à con- 
cevoir; et aussi M. de Blainville ne s’y arrête pas absolument, 
bien qu’il donne encore à cette idée une nouvelle consistance, 
en admettant à la fin de son article que le fœtus passe peut-être 
directement de l’utérus dans la poche, observant que le liga- 
ment rond, dont on ne connoit pas l’usage dans les mammifères 
ordinaires, pourroit en être le moyen. ? 

Frappé aussi pour mon propre compte de tout le vague qui 
régnoit dans la science au sujet des animaux marsupiaux,; je 


216 MAR 
publiai en mars 1819 (Voyez Journal complémentaire du Dic- 
Lionnaire des Sciences médicales, tom. 18, p. 1) un mémoire 
sous ce titre : Si les animaux à bourse naissent aux tétines de leur 
mère? Mon but avoit été de porter les personnes éclairées qui, 
placées dansles Indes ou en Amérique, s'intéressentaux progrès 
dela physiologie, et qui setrouveroient à portéed’entreprendre 
quelques recherches, de revoir, sous de nouveaux rapports, 
ce qui avoit été vu si infructueusement jusqu'ici. Je me rap- 
pelai les instances que fit si souvent auprès de moi le respec- 
table comte d’Aboville, pour que je l’écoutassesans prévention, 
etles chagrins que je lui causai en lui opposant des idées scien- 
tifiques toutes faites, mais qu’avec une bonté parfaite, il 
m'observoit n’avoir pourtant été généralisées que sur des ani- 
maux de conditions bien différentes, et qui ne répondoient pas 
ases données.J’ai enfin portéuneatteutionsérieusesurla marche 
des esprits. Des observations nouvelles avoient déjà rectifié 
d’assez graves erreurs. On avoit cru d’abord que la bourse étoit 
un véritable utérus; maisles anatomistes n’avoient renversé ces 
témoignages de visu que sur une seule remarque improbatise. 
Les anatomistes revenoient à la charge, et dans ces derniers 
temps c’étoit pour déclarer que décidément de grandes diver- 
sités plaçoient les marsupiaux hors des règles communes. Ce- 
pendant, ces anciens témoignages de wisa, nous ne les avions 
rejetés que parce que nous les avions jugés contraires à l’ana- 
logie. En sera-t-il aujourd’hui comme au jour des premières 
insinuations relatives à la chute des aérolithesP et pour croire 
à cessinguliers phénomènes , ne faut-il aussi que les concevoir? 
Je ne voulois dans mon mémoire de 1819 qu’éveiller l’atten- 
tion; car enfin il falloit sortir du cercle des impossibilités où 
l’on se trouvoit renfermé. Je descendis sur les animaux des 
classes inférieures; et des vues plus étendues sur la génération, 
qu'ils me procurérent, en devenant de plus en plus applicables 
aux marsupiaux, ont eu pour résultat d'éclairer un champ 
d'observation plus limité. Sans préjugés présentement, j'ai 
multiplié les faits par des recherches, et ces recherches m'ont 
à leur tour convaincu que tant d'observations et d’opinionsen 
apparence inconciliables, n’attendoient , afin d’êétreappréciées 
à leur vraie valeur et d’être liées par des rapports inaperçus, 
qu'une de ces idées fondamentales qu’il ne faut souvent qu'é- 


MAR 219 


noncer, pour qu’autour d’ellearrivent comme d’eu7-mêmes se 
ranger tant de travaux incomplets, dont l’incohérence avoit 
ne tous les esprits. 

Je n’ai, dans ce qui précède, cité des faits que sur 1e témoi- 
gnage d'autrui. Je vais dire présentement comment ces faits 
me sont devenus propres, tant par l'attention que j’aiapportée 
à les revoir et à les multiplier, que par l’intime conviction 
qu’ils m'ont procurée. 

1.° Sur la bourse. Ce n’est point à l’égard d’une femelle adulte 
une cellule d’une capacité donnée à toujours. M. d’Aboville l’a 
vue s’accroître sous l'influence des phénomènes de la généra- 
tion : j'ai de plus moi-même observé ses grandeurs respectives 
dans des femelles d’une même espèce. Elle est petite dans les 
vierges , grande à l’excés quand les petits vont cesser d’adhérer 
aux tétines, et d’une étendue moyenne dans l’'époquesuivante . 
celle de l'allaitement. Ainsi la bourse n’est pas seulement un 
second domicile sans ressort, ni activité; c’est une vraie poche 
d’incubation s'étendant peu à peu et acquérant de plus en plus 
du volume, comme il arrive de faire à tout autre domicile à 
fœtus. On a donc bien pu dire d’elle, pour donner l’idée et la 
mesure desa fonction, c’est un second utérus et le plus important 
des deux, 

Cependant la bourse est extérieure, et entiérement formée 
par la peau et son panicule charnu. Sa composition est des 
plus simples ; car ce sont ou des rides longitudinales de chaque 
côté , ne donnant lieu qu’à une bourse foiblement esquissée, 
dans un état tout-a-fait rudimentaire , comme chez les didelphis 
du sous-genre Micouré, tels que les marmoses, les cayopollins, 
les brachyura, etc., ou ce sont des replis amples et bridés au- 
tour d’un point central; point fixe qui oblige lesreplisas’étendre 
circulairement et à se confondre en un large rideau. La 
glande mammaire, placée au centre de la région du bas-ventre, 
devient par ses adhérences avec la peau et son immutabilité, le 
point qui commande tout le reste. Tout autour, la peau se 
fronce ,se repliesur elle-même etse prolonge en bord saïllant, 
peu par devant, considérablement en arrière et moyennement 
sur-les côtés. 

Cependant pourquoicette extensioninaccoutumée duderme ? 
qui Le porte àse plisser ? qui produit cenouvel ordre de choses? 


220 MAR 


Toute la auestion des marsupiaux est la; mais d’une autre part 
c’est la reporter sur la considération des artères, qui sont les 
agens de toute production organique. On sait qu’ainsi qu’exis- 
tent les vaisseaux nourriciers, sont nécessairement les or- 
ganes qu'ils forment et qu’ils entretiennent. Comme il n’est 
qu’une somme de nourriture artérielle à dépenser , s’il y a plus 

proportionnellement dans un lieu, il y a moins à distribuer 
ailleurs. Notre loi du balancement des organes est fondée sur 
ce principe. | / 

. Or, par rapport à la distribution des artères, il est divers 
arrangemens dont quelquesuns donnent aux marsupiaux d’assez 
grands rapports avec les oiseaux. La principale modification 
est qu’on ne trouve point de mésentérique inférieure à l'aorte 
“abdominale (1). Chez les oiseaux, cette principale artère est 
reportée en arrière desiliaques; mais chez les marsupiaux, elle 
manque entièrement. j i 

Les conséquences d’une pareille combinaison sont que, 
depuis la région des reins jusqu'au rectum , il n’est aucun ra- 
meau de l'aorte abdominale qui, sans que rien nel’en détourne, 
ne soit employé à concourir à l’œuvre de la génération. Dans 
les mammifères, autres que les marsupiaux, la mésentérique 
inférieure (2), puisant au milieu de ces sources de vie, d’autres 
et de derniers élémens à reporter sur le canal intestinal, est 
une cause, sinon de trouble, du moins d’affoiblissement pour 
les produits de la génération. Chez les marsupiaux, au con- 
traire, et chez les oiseaux , où tous les dérivés de l’aorte 
abdominale sont similaires et s'emploient sans interruption à 
produire le même résultat, ces branches, que n’affectent ni 
distraction, ni contrariétés, s’en ressentent par plus de facilité 
dans leur jeu ; d’où il arrive encore que ce n’est pas seulement 


(1) C’est aussi un autre arrangement pour la mésentérique supérieure, 
qui ne naïît pas directement de l’aorte. Un tronc unique fournit quatre 
rameaux : la cæliaque, la mésentérique supérieure, l’hépatique et un fort 
petit rameau, celui de la diaphragmatique. 

(2) Si les conditions marsupiales tiennent en effet à la seule absence de 
cette artère, il suffira d’en lier le principal tronc sur une jeune femelle de 
chien ou de chat, pour faire, avec ces carnassiers, de nouveaux genres. 

- d'animaux à bourse. 


MAR 291 


l'énergie de leurs fonctions qui est accrue, mais que chaque 
parlie cède à une sorte de réactien, dont l'effet est de déter- 
miner à son profit plus d'activité dans le développement et 
plus d'augmentation dans le volume. 

Un autre arrangement d’une influence tout aussi grande, 
est la région élevée du point de partage de l'aorte abdominale. 
On sait que l'aorte se divise toujours à la hauteur de la crête 
des os des îles. Comme le bassin a plus de longueur chez les 
marsupiaux, cette circonstance place effectivement plus haut 
la terminaison de l’aorte:les branches iliaques, en descendant, 
font un angle sensiblement plus aigu , etle sang est, pour cette 
raison, plus entraîné dans la mère-branche, c'est-à-dire dans 
l’iliaque , se prolongeant en artère crurale. Un troisième ra- 
meau, d'un calibre également considérable, est celui de la 
sacrée moyenne : la queue forte et prenante des didelphes en 
est le résultat. 

Chez l'homme, l'iliaque primitive se partage en deux troncs 
qu’une presque égalité de volume a fait juger de mêmerang,eta 
fait appeler du même nom, iliaquessecondaires, savoir :iliaque 
externe et iliaque interne ; l’iliaque interne devient l’hypogas- 
trique, après avoir fourni un assez fort rameau , l’iléo-lombaire. 
Son volume en est peu diminué, de sorte que l'hypogasirique 
reste un tronc puissant, à gros calibre , et dans lequel s'engage 
une grande masse de fluides nourriciers. 

C’esttrès-différent chezles marsupiaux; et,eneffet, de ce que 
lesiliaques primitives y naissent de plus haut ,ilsuitquel'artère 
crurale a partir de l’iliaque primitive forme une mére-branche 
qui n’a plus que de fort petits rameaux sur les côtés : Les pre- 
miers qui se présentent et qui naissent exactement du même 
point, l’un à droite et l’autre à gauche; c’est en dehors l’iléo- 
lombaire , et en dedans l’hypogastrique. Ces deux artères 
forment le pendant l’une de l’autre parla distribution de leurs 
principaux rameaux, mais surtout par l'égalité de leur vo- 
lume. Ainsi, l’hypogastrique si grosse chez l'homme, qu’elle 
est l’une des deux bifurcations de l’iliaque primitive et qu’elle 
est ainsi la congénère de la crurale , est donc infiniment res- 
treinte chez les marsupiaux. Orc’est, comme on lesait, de l’hy- 
pogastrique que proviennent les artères utérines et vaginales, 

Les utérines et les vaginales, qui ne sont que des ramuscules 


222 | MAR 


de l'hypogastrique, fournissent des cimes capillaires à leurs 
organes : diminuées sensiblement de calibre, elles suflisent à 
les nourrir, mais elles ne sont plus capables de détourner à leur 
profit les principaux afflux du sang. Dans ce cas, et n’est-il plus 
d'activité vers les artères utérines? l'organe sexuel est tout à 
coup privé de cette action dérivative et consommatrice d’une 
nourriture en excès, laquelle tourmenteles voies génitales du- 
rantles périodes de l'amour. Le sang en excès ne trouvant plus 
praticables ces voies d'écoulement, s’ouvre un autre passage. 
Mais qu’on ne croie pas à un désordre infini. Il n’est la rien 
donné au hasard. L’artère crurale est gênée au pliant dela cuisse 
sur le tronc : c’est alors sur les rameaux qui se trouvent en ce 
lieu que cette surabondance des fluides nourriciers se porte. 
_ Ainsi, le choix de l'artère est déterminé à l’avance: c’est done 
un ordre nouveau; c’est un système toujours et également ré- 
gulier ; ce sont les élémens d’une nouvelle famille que nous 
avons à faire connoître. 

Quand, dans les mammifères ordinaires, l’artère utérine 
cesse de nourrir, une autre (l’épigastrique) continue a le faire. 
Celle-là passe donc sa fonction à celle-ci. Dans le premier 
cas, la surabondance du sang se porte de liliaque primitive 
à son rameau intérieur, de la à l'hypogastrique, et de l’hy- 
pogastrique à l’utérine ; et, dans le second cas, à son ra- 
meau extérieur, et subséquemment à l’épigastrique. Aïnsi, 
Vépigastrique termine, chez les mammifères ordinaires, par 
une alimentation lactée, ce que l’utérine avoit déja fait par 
une alimentation sanguine; l’épigastrique étant, comme chacun 
sait, l'artère qui nourrit les mamelles abdominales. C'est 
donc par une sorte de nécessité mathématique , l’utérine étant 
privée deses fonctions génératrices, que le sang fera, en em- 
ployant tout d’abord l’épigastrique, produire à cette artère 
chezles marsupiaux ce quela marche progressive de l’organisa- 
tion lui eût fait produire plus tard. 

Une action de certains fluides impondérés, émanés du 
monde extérieur, et la fécondation, portent l’inflammation 
dans les organes sexuels. L’organe que la premiére de ces 
causes met d’abord en jeu est l'ovaire, d’où cette excitation 
se propage de proche en proche. L’ovaire ayant satisfait à sa 
destination, c’est dans les cas ordinaires à l’utérus, par Les 


THAR 223 
travaux de l'artère utérine, à pourvoir au développement du 
produit ovarien. Je n’embrasse dans cet article que les faits 
qui se rapportent à la bourse, et j’admets pour le moment, 
sauf à en donner la preuve dans la suite, que c’est un ovule 
qui traverse un véritable oviductus, qui arrive dans la bourse 
et qui parvient àse greffer aux mamelles. L’inflammation propa- 
gée, si l'artère utérine est sans puissance, devient impossibleet 
nulle à l'utérus: elle est denc toute dévolue 2 l'artère épigas- 
trique. Cependant l’ovule n’en sauroït absorber les effets ; car 
il ne contient encore qu'un germe imperceptible pour nosseus. 
Il faut bien alors que cette inflammation profite a tous les points 
oùse termine l’épigastrique, c’est-à-dire, àla glande mammaire 
et au derme qui l’environne. Le derme n’en sauroit profiter 
qu'il ne se développe au-delà de ce qui est nécessaire à sa con- 
dition d’organe tégumentaire. L’iléo-lombaire, artère considé- 
rable chez les marsupiaux, ajoute à ces résultats, d’une ma- 
nière que je ne puis dire en ce moment. Ainsi s’expliquent les 
plis dont la bourse se trouve formée; ainsi s'explique encore 
l’accroissement de son volume sous l’influence des phéncmènes 
de la génération, observation qui fait ie plus grand honneur 
à la sagacité de M.le comte d’Aboville. 

2.° Sur l'utérus. La bourse est un second utérus et Le plus impor-" 
tant des deux, avons-nous répété après Barton. Mais quoi! sans 
leressort d’une artère utérine, un utérus P ya-t-il véritablement 
une partie qu’on puisse désignersous cenom ? cette poche exis- 
teroit-elle au moins dans une condition rudimentairer Cela ne 
fait point question dans les ouvrages des anatomistes. Loin qu’on 
y méconnoisse cet organe , on y parle, dans plusieurs, de deux 
utérus : ce sont deux poches amples , longues et recourbées 
sur elles-mêmes. « Les animaux à bourse, a dit M. Cuvier, 
(Lec. d’Anat. comp., tom. 5, pag. 146), nous fournissent des 
exemples d’une matrice triple ou quadruple, et à la fois com- 
pliquée. ? Cette même proposition est reproduite dans le 
Règne Animal, etc., tom. 1, pag. 170,ainrsi qu'ilsuit : « La ma- 
trice des mammifères marsupiaux n’est point ouverte par un 
seul orifice dansle fond du vagin ; mais elle communique avec 
ce canal par deux tubes latéraux en forme d’anse. > Ces tubes 
avoient plus anciennement été considérés comme les deux 
cornes de la matrice par Tyson, le premier des anatomistes qui 


22} MAR 


ait écrit sur les parties sexuelles des marsupiaux : mais cescornes 
seroient donc placées en deça de l'utérus? Daubenton rejeta 
cette détermination, et prit pour ces appendices, plus juste- 
ment, je pense, deux autres prolongemens situés au-dela. Ce- 
pendant il ne s’expliqua sur les tubes latéraux qu’en les dési- 
gnant par la phrase suivante : Canaux qui communiquent du 
vagin à l’utérus. Sir Everard Home, dans sa description du 
Kanguroo, observa la même réserve. Aïnsi dans ce système, 
qui à généralement prévalu, sont d’abord, un indétermiué à 
l'égard des canaux en anse de panier, puis deux compartimens 
qu’on suppose parfaitement reconnus, le vagin et l'utérus. Les 
marsupiaux auroient donc tout au moins une matrice. 

Cette conclusion ne me paroît point à ce moment assez ri- 
goureuse. Dans les travaux d'anatomie comparée, on a passé 
de l’homme aux animaux, d’une famille à une autre, sans 
changer de marche , quand les formes devenoient tres-dissem- 
blables. Si l’on apercevoit des parties à provoquer le doute, 
on agissoit plus par discrétion et crainte d'innovation que par 
conviction; et, parce qu’on trouvoit les moyens d'employer à 
peu près convenablement les dénominations usitées, on conti- 
nuoit à s’en servir, sans se douter que la crainte d’une innova- 
tion erronée exposoit a d’autres erreurs. Mais evfinilarrive un 
moment quede plusgrandes difficultésarrêtent, que deslacunes 
dans les déterminations avertissent, et que les dissentimens des 
auteurs doivent être appréciés. L’utilité d’un travail ex-professo 
est alors généralementsentie. Or, cetterévision en ce qui con- 
cerne les parties sexuelles des marsupiaux, je l'ai entreprise : 
c’est en partie l’objet d’un Mémoireimprimé parmi ceux du Mu- 
séum d'Histoire naturelle, tom. 9, pag. 438, portantpourtitre : 
Considérations générales sur les organes sexuels des animaux à 
grandes respiration et circulation. 

Un des premiers résultats de ce travail est la détermination 
de ce qu’on avoit pris jusqu'ici pour le vagin. Il n’est point 
d'animaux où ne soit entre cet organe et le clitoris un compar- 
timent distinct. Les canaux urinaires et les canaux sexuels, 
c’est-à-dire dans ce cas particulier , le méat urinaire et le va- 
gin , y aboutissent : chez la femme, c’est un emplacement fort 
étroit, qu’on a cependant remarqué et appelé fosse navicu- 
laire; les marsupiaux, aussi bien que les oiseaux, ont trés- 


. MAR | 22h 


considérable cette partie , que j'ai appelée canal uréfro-sexuel : 
sa grandeur et sa situation l’avoient fait confondre avec le 
vagin. | | 

Ce point reconnu, on marche sans hésitation sur la déter- 
mination des deux tubes en anse de panier. Leurs connexions 
et leurs fonctions nous disent que ce sont deux vagins, l’un à 
droite, l’autre à gauche. Leur duplicité ne doit pas plus nous 
surprendre que celle du clitoris et d’une partie du pénis des 
mâles : chaque vagin reçoit dans l’accouplement sa portion 
correspondante des pénis; ajoutez à ces considérations que les 
oiseaux ont également un vagin à droite, et un à gauche. 

La portion, où ces vagins, en remontant vers l'ovaire, se 
réunissent l’un avec l’autre, forme-t-elle une véritable ma- 
trice? C’est l'opinion générale ; car c’est bien cela que chacun 
entend, s’il ne parle que d’un seul utérus. 

Avant de nous expliquer à cet égard, reprenons les choses 
de plus haut. Chez les animaux qui ont le bassin alongé , la ma- 
trice est très-visiblement faite de troïs parties, le corps que 
j'appelle proprement uterus , et de deux longues cornes, que 
je nomme ad-uterum. À l'égard de la femme où les ad-uterum 
sont dans un état minime et rudimentaire, beaucoup moins 
chez les très-jeunes filles, on n’a pas fait nettement cette dis- 
tinclion; maisles anatomistes vétérinaires l’ont nécessairement 
admise. Ce sont, pour moi, des organes indépendans: chacun 
est nourri par une artère propre, les ad-uterum parune branche 
de la spermatique , et l'utérus par une branche de l’hypogas- 
trique, par l’utérine. Le flux artériel tend à développer lu- 
térus ; mais celui-ci est entouré et bridé par des membranes. 
Les lames dont il est formé venant à s’accroîtrese froncent et 
se plissent : c’est le même événement que chez les marsupiaux , 
à l'égard de la bourse. Ces plis circonscrivent des espaces et 
amènent des resserremens. On dit à ce sujet que la matricea 
un ou plusieurs cols; un chez la femme, deux chez les femelles 
des ruminans. 

L’usage de ces cols est un sujetimportant de considérations. 
N’obéissant que plus tard au déplissement du sac utérin occa- 
sionné par le grossissement du fœtus, ils forment l’obstacle qui 
arrête l’ovule dans l’ad-uterum , et qui force cette partie et l’u- 
térus, au fur et à mesure deleur extension, à devenir une poche 


29. 15 


226 MAR 


d’iscubation. L'artére utérine prolonge sa cime terminale du 
côté de l’ad-uterum, l'artère spermatique efférente la sienne du 
côté de l'utérus; et du travail réciproque et concerté de ces 
deux artères résulte la nutrition du fœtus dans le séin de sa 
mère. Voila ce qui concerne les mammifères ordinaires. 

Les marsupiaux sont dans une condition différente, en vertu 
des deux considérations suivantes: 1.” l'emplacement où siégent 
les organes sexuels est proportionnellement beaucoup plus 
grand : nous traiterons plus bas de ce point. Mais pour le mo- 
ment la conséquence de ce fait est que rien ne s'oppose aux 
accroissemens qué pourroit prendre la portion du couduit gé- 
nital, destiné à acquérir le caractère d’un utérus; 2." si lartère 
utérine est dans un état rudimentaire, il n'y a donc point pour 
cette partie de gros troncs nourriciers qui la soumettent à des 
développemens extraordinaires, rien par conséquent qui l’o- 
blige à se plisser; il n’est donc point de col d’utérus. Voiià 
ce que donne l’observation directe. Les portions coudées et 
rentrantes font un sac membraneux, évasé, vide, déja fort 
étendu dansles vierges, et qui acquiert chez lesmères une capa- 
cité portée au triple. Des deux portions dont est formée l’anse, 
l’une qui naît du canal urétro-sexuel doit être rapportée au 
vagin, l’autre qui se réfléchit en dedans, à l'utérus ; elles sont 
assez différentes pour être ainsi distinguées; car le tissu de 
l’utérus paroît plus plissé intérieurement et plus fourni de 
_ follicules glanduleux. La portion qui nait du canal urétro- 
sexuel est aussi la seule qui puisse être pratiquée par les pénis ; 
mais cependant il faut convenir que ces deux portionsse con- 
tinuentsiexactementl’une dans l’autre qu’on peut dire qu’elles 
forment un seul etmême canal. C’est de même chez les oiseaux 
et de même aussi chez les lapins. Le corps de l’utérus, en s’éten- 
dant en longueur, s’y confond avec le vagin. 

Jusqu'à ce moment j'ai évité de parler d’un seul utérus, 
pour placer ici la remarque suivante. Daubenton a vu les 
parties utérines à droite et à gauche confondues sur la ligne 
médiane ; mais, en y apportantson exactitude ordinaire, ila eu 
le soin d'indiquer chez le sarigue (Hist. nat. g.etp.t.10,pl 49, 
lett.S)unraphéqui forme uncommencementde diaphragmesur 
le milieu des deux parties. C’est ainsi dans des femellesquiont 
mis bas ; mais c’est tout autrement dans les femelles vierges. Ce 


MAR | 227 
Le est prolongé de part en part et d'avant en arrière, c’est- 
a-dire que c’est un diaphragme séparant les portions utérines. 
Ce sont donc deux organes distincts qui se sont sEele en ce 
point, mais que plus tard les développemens propres à la géné- 
ration accroissent et amincissent au point qu’une perforation 
vient a s’y pratiquer. 

Daubenton décrit le surplus des conduits génitaux se ren- 
dant aux ovaires, La détermination qu’il en donne me pa- 
roît précise. Il voit là des cornes de la matrice : le tube de 
Fallope, qui est fort court, se confond avec elles, pour ne for- 
mer aussi en ce point qu'un seul et même organe. 

Cependant ce qui est réuni chezles didelphes est séparé chez 
les kanguroos : ce n’est plus maintenant d’après mes propres 
observations, mais d'aprés celles de sir Everard Home, insérées 
dans les Transactions Philosophiques, que je rapporte ce qui 
suit. L’utérus forme un canal unique et alongé entre les deux 
vagins en anse de panier; au-delà sont les autres parties qui 
se rendent aux ovaires. Ces conduits sont manifestement par- 
tageables et parfaitement distincts en un tube de Fallope, et 
en un ad-uterum ou corne d’utérus: il est là peu de différence de 
ce que j'ai vu sur l’ornithorinque et sur l’oiseau. 

Un résultat, intéressant par sa généralité autant que par sa 
simplicité, formant la conséquence de ce qui précéde, c’est 
que les appareils sexuels des diäelphes seulement, si ce n’est 
même ainsi chez les kanguroos , forment deux longsintestins 
génitaux entièrement semblables aux oviductus des oiseaux; 
à ces différences prés, 1.” qu'ilssont réunis et greffés sur un 
point de leur longueur, à la région utérine , et ».° que, par- 
tagés en compartimens antérieurs et postérieurs, ceux-là sont 
de beaucoup plus courts que ceux-ci, 

Enfin, une dernière conséquence, c’est que les poches 
utérines sont des canaux seulement : elles ne sont point éta- 
blies sur le modéle d’un utérus de mammifere:illeur manque 
pour cela d’être concentrées , ramassées et en partie plissées. 
L’organe n’éxiste que poursatisfaire a la théorie desanalogues, il 
manque souslerapportd’une partie deses fonctions. Point d’obs- 
tacle à la sortie du produit ovarien; celui-ci échappe, ils'écoule 
nécessairement. On exprime ce fait chez les mammifères, en le 
déclarant un fait d'avortement ; l’ovule est expulsé avant que 


15. 


228 MAR 


le phénomène desa transformation en embryon ait commencé; 
mais chez les oiseaux on se eontente de dire : un œuf est pondu. 

Nota Pour que les lecteurs qui s'intéresseroient à ces déter- 
minations d'organes puissent les suivre sans fatigue, j'en place 
ci-aprésletableau comparatif, en mettantenregardlesnomsque 
nous leur avons donnés, MM. Daubenton, Home etmoi. Dauber- 
ton a publié son anatomie du sarigue dans l'ouvrage qui lui est 
commun avec Buffon, tom. 10, et sir Everard Home dans les 
Transactions Philosophiques pour l’année 1795.J’engage à con- 
sulterles figures dont ces maîtres de la science ontenrichileurs 


mémoires. 


DAUBENTON. _ S.E. HOME. GEOFFROY S. H. 


Sarigue, tom. < Kanguroo,Tr. 1795.| Didelphede Virginie. 


Mesa eionen dia (es Vaso dire dre Canal urétro-sexuel. 


Canal en anse de panier, 
communiquantduva-?}Ibhid.............. Vagin. 
gin à l’utérus....... 
Utérus, comme lieu et 


pére Ca nent non comme fonction : 
tion du canal précé- bidon nas : ï : 
à quelques égards, 


dent nes AR ae 
Tube de Fallope (por-{ Corne de matrice (ad- 
tion utérine )...... uterum ). | 
Corne de matrice. .... à 
D l Tube de Fallope. 
tion ovarienne...... 
Ovaire-....-..:2... Ovaire ss AMAR Ovaire. 


3.° Sur Les os marsupiaux. Les tiges osseuses, qui s'élèvent 
des pubis, qui forment sur le devant comme une seconde 
paire d’os desiles, et qui sont mobilesà la maniére d’un pivot, 
ont de tout temps été remarquées. Tyson qui les voitintervenir 
chez les marsupiaux en même temps que la bourse, les donne à 
celle-ci quant aux fonctions, et les nomme marsupii Janitores. 

L'apparition simultanée de la bourse et de ces os tient à une 
circonstance d’organisation trés-singuliére et dont je ne sache 
pas qu’on se soit aperçu. C’est le développement d’une région, 


| MAR ee 
dont on n’a jamais bien compris l’objet, parce que dans l’es- 
pèce humaine, elle y est concentrée. Cette région porte, chez la 
femme, le nom de mont de Vénus. Chez les animaux à bourse, 
c’est un champ plus espacé, une localité agrandie au profit 
des organes sexuels; deux très-petits rameaux, partant de l’ori- 
gine de l’artére épigastrique, nourrissent comme à regret chez 
la femme ce monticule, dont la dénomination bizarre a jusqu’à 
présent fait tout l'intérêt. Les follicules et les poils qui abondent 
en ce lieu sont les derniers efforts d’artères restreintes, rudi- 
mentairesla etailleurs rameaux considérables. Ces deux artères 
auxquelles j'ai déja proposé de donner le nom de marsupiaire 
profonde et marsupiaire superficielle (Mémoires du Mus.tom.9, 
pag. 404), sont, chez les animaux à bourse, de forts rameaux. 
Ils naissent directement de la crurale un peu en avant de l’épi- 
gastrique :se bifurquant dés l’origine, ils vont former, déve- 
lopper et nourrir tout le plastron antérieur du bassin, savoir : 
les os marsupiaux, les muscles pyramidaux (triangulaires sous 
leur nouvelle forme) , le derme et toutes les dépendances de 
la bourse. 
Le ligament rond chez la femme a ses dernieres racines im- 
plantéessur le mont de Vénus; ilse prolonge dansles animaux 
à bourse tout autant que l’exige l'accroissement de cette région; 
et, en envoyant ses dernières racines à la glande mammaire, il 
lui sert à elle-même de ligament : mais, de plus,le ligamentrond 
se couvre de fibres musculaires qui paroiïssent reproduire en ce 
lieu le muscle crémaster du cordon spermatique des mâles. 
M. Duvernoy a proposé (Anciens Bull. de la Société philoma- 
thique, n.° 81, frimaire an XIE) d'appeler ce muscle iléo-marsu- 
pial : il en a donné une excellente figure , le montrant sortant 
par un bout de l’anneau inguinal, et allant se perdre de l’autre 
par trois digitations sur la glande mammaire et sur les segmens 
de celle-ci. 11 n’a manqué à cette esquisse pour être complète 
qu’un filet sur sa longueur qui fasse connoître le cours de l’ar- 
tère épigastrique. Cette artère forme un rameau isolé, et se 
compose particulièrement de la même subdivision quise porte 
chez l’homme sur le cordon spermatique, et qui s’en va nourrir 
les enveloppes du derme et son épanouissement en scrotum. 
L'analogie se soutient donc du mâle à la femelle, aussi bien en 
ce point qu’à tous autres égards. 


230 MAR 


Hes plis du derme dont nous avons dit que la bourse étoit un : 
produit ne sont pas engendrés uniquement par l’artere épigas- 
trique : elleadmet à y concourir quelques ramuscules latéraux, 
réservant sa cime pour la glande mammaire. Sur ces ramus- 
cules arrivent avec bien plus d'efficacité des rameaux de la 
marsupiaire superficielle et de liléo-lombaire : et de l’action 
concertée et réciproque de ces vaisseaux résulte un développe- 
ment extraordinaire du derme, lequel fait poche alors, tout 
aussi bien chez les mâles que chez les femelles; chez lesmäles 
pour être la poche sortante, ou le scrotum des testicules, et 
chez les femelles, pour devenir une poche rentrante, ou la 
poche d’incubation des embryons. . 

On s’est beaucoup étendu sur les usages des os marsupiaux : 
sans doute que la position qu'ils prennent favorise ou eon- 
_trarie les actes propres à la bourse; placés entre des muscles, 
dont les uns les écartent, et d’autres les rapprochent, retenus 
et oscillant sur le pubis, ils agissent comme un rayon de cercle. 
Leur objet, comme celui de leurs muscles, sont de laisser 
les viscères abdominaux libres de toutes pressions et la bourse 
abandonnée à la restitution, s'ils sont écartés l’un de l’autre ; 
et au contraire ils pressent les organes abdominaux d’unepart, 
comme d'autre part ils serrent la glande mammaire pour la 
porter en devant , s'ils sont ramenés sur ses bords. 

M. Duvernoy leur a cherché un usage pour le moment de 
la mise-bas : ce seroit, dit-il, de servir de poulie de renvoi à 
l'égard du muscle iléo-marsupial (notre crémaster); mais il 
faudroit admettre pour cela que, pendant que dure la ponte, 
les os marsupiaux s’éloignent l’un de l’autre ; ce qui favori- 
seroit l'agrandissement de l’arc de renvoi : quand au contraire 
ils secondent merveilleusement la mise-bas, en se rapprochant; 
car alors toutes les masses musculaires de l'abdomen entrant 
en jeu, et serrant fortement le bas-ventre , les organes géni- 
taux, et principalement le canal urétro-sexuel, sont contraints 
à descendre vers le fond du bassin; cette pression persévérant 
de plusen plus, le canal urétro-sexuel sort, en se retournant 
comme un doigt de gant, ets’en vient porter dehors l'entrée 
même des vagins. L'effet de ces contractions générales et en 
particulier du muscle pyramidal (nommé triangulaire dans 
ce cas-ci) , est d’obliger les os marsupiaux à se rapprocher : la 


MAR 251 
glande mammaire est au milieu d’eux; elle ressent leurs ef- 
forts, et n’y échappe qu’en se portant en devant. C’est aussi 
au même moment qu'agissent les muscles crémasters, tirant la 
bourse chacun vers son anneau inguinal : ils l'entrainent dans 
la diagonale de leurs efforts, c’est-à-dire qu'ils l’abaissent et 
qu'ils la portent sur le vagin, M. Duvernoy a très-bien exposé 
ce mécanisme. Ainsi s'exécute ce que Barton (1) a raconté d’a- 
prés ses propres observations. Le vagin , qui a la faculté de 
toucher toutes les surfaces internes de la bourse, a par consé- 
quent, et à plus forte raison, celle d'y déposer les produits 
accumulés dans l’oviductus. C’est une chose dont j’aurois pu 
douter, malgré l’assertion formelle de ce célébre médecin , si 
je ne savois pertinemment aujourd’hui, pour l'avoir bien des 
fois expérimenté , que c’est le devoir de tout canal urétro- 
sexuel de s'employer à amener dehors, tantôt le méat vagi- 
nal, ettantôt le méat urinaire. Le rectum des oiseaux, bien 
plus reculé dans l'abdomen, agit de même, et réussit égale- 
ment à porter dehors son extrémité. 

4° Sur l’évolution des germes. J'ai enfin abordé en 1819 la 
question tant controversée , si les pelits des animaux à bourse. 
NalsseNT aux létines de leur mère. Ces petits y sont formés, et ils 
y naissent, ont dit d'anciens observateurs ; expressions données 
comme synonymes, et qui n’ont pas cependant la même va- 
leur, Partageant une autre opinion, et voulant s'exprimer 
différemment, M. Cuvier a dit (Régne Animal, etc.) que« les 
petits des marsupiaux naissent dans un état peu différent des 
fœtus ordinaires quelques jours après la conception, qu’ils 
sont incapables de mouvement, qu’ils montrent à peine des 
germes d'organes, et qu’en cet état ils s’attachent aux ma- 
mnelles de leur mère. ? Le mot naïtre dans ces phrases n’a plus 
un sens nettement défini. Nous n'avons d'idées faites, et par 
conséquent de termes qui les expriment, que pour trois modes 


EEE EEE 


(1) Barton: seroit parvenu depuis la publication de ses Lettres: à ob- 
server les pontes des didelphes : il auroit vu le vagin lancer directement 
dans la bourse les corps gélatineux et pisiformes, visibles plus tard à 
l'extrémité des tétines. Cette observation m'est communiquée par notre 
célèbre et profond botaniste, M. Turpin, à qui Barton l’a plusieurs. fois 
dite et rapportée à Philadelphie. 


232 MAR 


de génération. Ces idées sont énoncées par les mots ponte, 
avortement et naissance. Ponte se dit pour un corps organique 
séparé du tronc qui l’a produit, avant de vivre , mais devant 
vivre et naître un jour ; avortement, pour un corps organique, 
qui se développoit au sein de sa mére, et qui quitte violem- 
ment et intempestivement ce domicile; et naissance, pourun 
être qui, s’étant formé dansle sein maternel, et qui, y ayant 
déjà vécu d’une certaine manière , est produit à la lumière , 
c’est-à-dire, qui quitte à un moment préfixe cet ancien domi- 
cile pour passer dans un autre, dans le monde extérieur ; et 
encore, ces trois modes de génération se réduisent-ils réelle- 
mentà deux, puisque l’un, restant improductif, ne sauroit être 
placé sur la ligne des deux autres. L'idée d’avortement em- 
porte nécessairement celle d'animaux non viables. 

On ne sait pas encore bien au juste quel est, aux premières 
journées de leur apparition aux mamelles, le degré de déve- 
loppement de ces ébauches informes (Barton), de ces bosses 
claires (Roume), que, par une anticipation fàcheuse sur la 
connoissance des faits, on déclare être des petits : s'ils ne 
jouissent encore que d’un état de développement à peine com- 
parable à celui auquel des fœtus ordinaires parviennent quel- 
ques jours après la conception , fait consigné dans la science, 
s’ils ne montrent ni membres ni organes extérieurs , ils ne 
sont done point formés; ils ne vivent pas : ils ne sauroïent 
naître dans l’acception vraie de ce mot. Ilsseroient donc dans 
un état fort rapproché de l’œuf pondu; mais cependant ce 
n’est pas un corps organique, entièrement détaché comme est 
l'œuf du corps producteur : qu’est-ce donc, les mots ponte et 
naissance ne lui allant pas? De ces conséquences on se porte 
au pressentiment de la possibilité d’un troisième mode de gé- 
nération. C’est donc uneidée nouvelle à acquérir, et la science 
auroit dû reconnoître à ce moment qu’elle étoit tout aussi dé- 
pourvue autrefois des moyens de l’observation que de ceux du 
langage, pour rendre ce qu’il lui falloit apprendre. 

Cette idée à acquérir est depuis long-temps l'objet de mes 
recherches : mais au moment que j’essayai de déterminer à 
quelie époque du développement des mammifères ordinaires 
pouvoient correspondre les formations apparoiïssant périodi- 
quement dans la bourse des marsupiaux, je m’aperçus d’une 


MAR 233 


nouvelle lacune dans la science, ces degrés n'y paroissant 
pointmesurés avec précision. On reconnoît, il est vrai, comme 
s'appliquant à de premières époques, quatre états successifs, 
œuf, embryon, fœtus et nouveau- né: mais y a-t-il d’autres degrés 
intermédiaires ? et, pour ceux-là même , connoit-on des ca- 
ractères exacts qui en donnent une rigoureuse définitione 

Je ne pouvois demander ces documens à uneseule espèce, 
et encore moins à une espéce de la classe des mammiféres:les 
développemens et métamorphoses des produits génitaux S'y 
poursuivent avec trop de rapidité dans les commencemens, 
pour pouvoir être saisis et suffisamment bien constatés; mais 
choisissant mes sujets d'observation parmi les animaux, où 
chacune des premières époques est marquée par des inter- 
valles d’une assez longue durée, par des crises organiques et 
par la métastase des produits , j’ai pu embrasser tous les faits 
qui établissent la marche des développemens par périodes 
graduées et distinctes. 

Or, voici ce qu’on observe chez lesovipares. Chaque année 
l'artère spermatique reprend son service par une domination 
qui lui soumet de rouveau toutes les forces organiques ; c'est 
d’abord en reproduisant l’ovaire et en augmentant son tissu 
slanduleux ou parenchymateux, puis en produisant de petits 
corps ronds, transparens et incolores, et puis enfin par une 
slsadation nouvelle, en drmadénabtt ces corps qui, comme 
s’ils étoientsusceptibles d’une sorte de maturation, deviennent 
opaques et jaunes. Quelques anatomistes les ont nommés de 
leur couleur, corpora lutea. Jusques-la ces ovules(c’estle nom 
que je leur donne à ce moment de leur formation ); jusques-là 
ces ovules sont renfermés dans lesmembranes propres de l’o- 
vaire, et principalement en dedans de sa dernière enceinte, 
sac formé par le péritoine. À ce moment de leur maturité, les 
ovules sont comme un fruit sur le point de se détacher du tronc 
qui l’a nourri. Cet événement rend une crise nécessaire : le 
pédicule du fruitrompra, le sac contenant l’ovule se déchirera. 
Le fruit et l’ovule tombent ; le fruit pour être moissonné, et 
l’ovule, s’il tombe directement dans le monde extérieur 
(comme à l’égard des poissons osseux dans le fluide ambiant), 
pour passer au moment même à l’état de fœtule : ou s’il tombe 
dans l'abdomen (comme chez les oiseaux , les poissons cartila- 


234 MAR 
gineux , etc.), pour être reçu dans un autre système organique, 
et d’abord dans le pavillon de l’oviductus. 

Maturité, déchirement, déplacement, tels sont sans doute des 
caractères évidens pour distinguer un premier âge des pro- 
duits génitaux. L’ovule est un corps fini, car il est tout ce 
que l'ovaire pouvoit le faire: il est pondu, ou pour le monde 
extérieur, ou pour l'abdomen, suivant les animaux chez les- 
quelson observe. L’ovaire continue, non pas d’influencer, mais 
de produire : car ce n’est plus pour perfectionner ce qui est 
dans une condition arrêtée, mais pour refaire d’autres ovules. 

: Aprés cette première ponte, l'ovule est repris chez les oi- 
seaux et chez les mammiféres par le pavillon, conduit dans 
le tube de Fallope , et conservé un moment dans l’ad-uterum. 
Le passage et le séjour momentané de ce corps dans ces par- 

ties de l’oviductus, en irritentla membrane séreuse:le résultat 
de cette irritation est une sécrétion abondante d’albumine, 
qui se réunit à l’ovule, et qui forme, autour, ces couches con- 
centriques, dites vulgairement le blanc de l'œuf. Cette com- 
binaison de jaune et de blanc, pourvue de ses membranes, 
constitue un nouveau corps, par conséquent un second àge 
des produits génitaux. En cet état, c’est un œuf: produit de- 
hors, on dit de lui qu’il est pondu; mais c’est vraiment pour 
la seconde fois.qu'il quitte la souche originelle. | 

Cetœuf s’anime sous de premiers efforts de développement: 
des vaisseaux paroïssent de toutes parts ; c’est un œuf injecté, 
ou mieux c’est un réseau placentaire, troisième âge des pro- 
duits génitaux. Dans les actes irréguliers , tous ces vaisseaux 
sont divergens ,,et nous avons des produits monstrueux con- 
nus sous le nom de végétations animales, de masses charnues 
et de môles; monstruosités sur lesquelles nous avons présenté 
quelques nouveaux aperçus dans notre Philosophie anatomique, 
tom, >, pag. 206 ; ou, au contraire, dans les phénomènes qui 
se suivent régulièrement, la plupart des vaisseaux viennent 
converger sur un point, et donnent lieu à des formations d’or- 
ganes, dont l'assemblage est connu sous le nom d’embryÿon. 

Donnons À ce mot une valeur bien déterminée. C’est, jele 
répète, une réunion de parties où paroissent informes etcon- 
fusément des organes qui tendent vers une forme précise, et 
qui, achevés, procéderont à des actes pour produire de nou- 


MAR 255 
veaux organes. Dans ce cas, un embryon n'est point encore 
un être vivant, pas plus quel’œuf dont il provient : si donc 
quelque chose présente ici l’aspect d'une organisation vivante, 
ce n’est ni l'œuf avant son animation, ni l'embryon qui est 
jusques-là un résultat d'organes répandus autour de lui, mais 
c’est l’ensemble de vaisseaux qui a joui d’une activité assez 
puissante pour coordonner tant d’élémens assemblés; c’est 
le réseau placentaire. Plusieurs animaux des derniers rangs de 
l'échelle, les méduses, nous donnent en réalisation perma- 
nente ces combinaisons qui ne sont ici qu'un état intermé- 
diaire. Le réseau placentaire, qui vit pour l'embryon, respire 
aussi pour lui. Par conséquent le sang qui arrive sur celui-ci 
est artériel et assimilable en raison de son oxigénation : il 
profite à l'embryon et pourvoit à son accroissement vers tous 
les points de son arrivée. S'il en est ainsi, comptons un qua- 
triéme âge pour les produits génitaux; celui que l’existence 
d’un embryon nous fait connoître. 

_ Mais que, par une révolution subite dont les phénomènes 
n’ont pas encore été examinés, tous les organes de l'embryon, 
et principalement son propre organe de la respiration, entrent 
enjeu, moment qui dépend de l'achèvement de ces organes, et 
surtout de l'élaboration complète de l’organerespiratoire, l’em- 
bryon vit par lui-même ; mais ce n’est plus l'embryon, c’est le 
fœtus. Les vaisseaux placentaires ont perdu les fonctions respi- 
ratoires : ils s’en tiennent à uneseule fonction, quand aupara- 
vant ils en remplissoient deux. Ce n’est plus qu'un appareil 
vasculaire, établissant une bouche de succion entre la mére 
et le fœtus. Les fonctions respiratoires ont passé aux vaisseaux 
du derme , comme plus tard et aprés la naissance, elles pas- 
seront aux vaisseaux du poumon. Le fœtus ne reçoit plus un 
sang assimilable , mais du sang veineux, c’est-à-dire une nour- 
riture composée d’élémens hétérogènes, à laquelle il à main- 
tenant les moyens de faire éprouver tous les actes de la di- 
gestion , de la nutrition, et finalement ceux de la respiration. 
Le fœtus, qui jouit d’une vie parfaite, mais particulière à sa 
situation d’être emprisonné , forme un cinquième état ou âge 
des produits génitaux. 
Un sixième âge est celui de ce même fœtus, lorsqu'il est 
produit au jour: c’est, pour ainsi dire, une autre ponte qui 


236 MAR 

Vapporte dans un nouveau monde, et qui l'y apporte cette 
fois d’une manière bien autrement remarquable ; cet événe- 

ment étant caractérisé par des crises plus déchirantes. En effet, 

les enveloppes placentaires sont forcées et rompues: la bouche 

intestinale de succion est flétrie et périt; le derme se rétracte 

sous l'influence de l’air atmosphérique, et de larges vaisseaux 

de respiration, atteints par cette rétraction, se changent en 

capillaires de la peau ; la nutrition est intervertie aussi bien 

dans son mode que dans son mécanisme ; et le sang, comme: 
les fluides respiratoires de l’air , viennent gonfler et faire jouer 
les poumons. Le fœtus a perdu ce nom, en se dépouillant de 

ses enveloppes fœtales, et prend alors celui de NOUVEAU-NÉ , 
expression que je remplace à l'égard des mammifères par celle 
de lactivore. 

J’ai depuis long-temps perdu de vue les animaux à bourse, 
car tout ce qui précède est une histoire de l’évolution des 
germes, laquelle embrasse l’universalité desanimaux vertébrés; 
maïs l’on doit sentir que j’avois besoin de substituer aux obs- 
curités de la science à ce sujet, quelque chose de moins vague, 
et surtout que, sans un dictionnaire composé à l’avance de 
termes définis avec rigueur, je ne pouvois espérer d’être com- 
pris en traitant de ce qui concerne la naïssance des marsu- 
piaux : tandis que présentement, s’il m'arrive de dire qu’aun 
moment de leur évolution, ils naissent aux tétines de leur 
mére, je serai entendu dans le sens où j'aurai conçu cette 
idée. 

J’en viens maintenant à ces animaux, et je vais tenter d’ex- 
poser comment j'entends la révolution de leurs àges, leurs 
successives métamorphoses, et leur diverse apparition en cer- 
tains lieux. J’embrasserai, par la pensée et les observations 
d'autrui, dont j'ai plus haut donné un précis, mes propres 
observations, et tousles faits que les considérations anatomiques 
et les secours de l’analogie ont pu me procurer. Comme rien 
ne peut suppléer des observations directes, et que plusieurs 
données de ce genre manquent toujours à ces déductions, 
j'en préviens pour que mes jugemens soient reçus avec une 
juste défiance. Je déclare que c’est à titre de devoir que je me 
suis résigné à publier ce qui suit. Il n’y avoit moyen d’arri- 
versur les faits qu’en faisant paroître un programme qui expo- 


MAR | 257 
sèt ce qui est acquis et ce qui reste à acquérir. Je me flatte 
que l’intérêt du sujet excitera le zèle des médecins qui, aux 
Indes et en Amérique, sont à portée d'examiner des marsu- 
piaux, et qu’ils voudront bien entreprendre d’aussi belles 
recherches. Cet espoir et la conscience de l'utilité de mon 
entreprise m'ont fait passer sur la répugnance d’avoir à avan- 
cer ici ce qui un jour sera peut-être justement contredit. 


Un mode de génération possible à la rigueur , mais non pro- 
bable, vu la distance des marsupiaux à l'égard des animaux 
chez lesquels ce mode se rencontre , est la génération gemmi- 
pare. Les organes mammaïires, en attirant à eux les princi- 
pales dérivations des troncs artériels, pouvoient acquérir un 
degré de développement, de concentration et de puissance 
expansive, capable de produire un ou plusieurs rameaux pro- 
longés, et par suite un système excentrique d'organes, dont 
le pédicule, venant enfin à se rompre, laissât en dehors du 
tronc principal un sujet semblable à sa tige originelle. Voilà 
ce que plusieurs physiologistes ont cru, mais ce qui n’est ni 
probable ni admissible d’après les faits. ‘ 

Les femelles des oiseaux produisent des ovules et des œufs 
sans l’approche des mâles, celles des mammifères seulement 
des ovules. Ceci nous apprend que l’artère spermatique, obéis- 
sant à une excitation intérieure, s’exalte sans autre provoca- 
tion pour venir verser ses produits dans l’ovaire; glande qui 
se forme du groupement de ses branches terminales, de l’a- 
nastomose (?) d’une partie de ses vaisseaux capillaires. La 
fécondation qui ne s'exerce que dans l’ovaire et pour l’ovaire, 
est un phénomène qui joint son effet à des effets produits. Par 
conséquent la fécondation ni ne cause, ni ne caractérise l’o- 
vule. Fécondé, l’ovule a acquis une condition de plus, la con- 
dition qui en excite et favorise le développement : non fécondé, 
il est réabsorbé, du moment que l'artère spermatique cesse 
de produire, et retourne à son premier état d’atrophie. 

Chez l'oiseau, l’ovule qui traverse un long et large canal si- 
nueux, irrite par sa présence la membrane séreuse de cet 
intestin. Plus de sang porté à la membrane séreuse, y produit 
des bandelettes glanduleuses, et celles-ci sécrétent bientôt dela 
matière albumineuse ; l’ovule s’en recouvre, et, grossissant à la 


258 MAR 
manière d’une pelote de neige, il devient finalement ün œuf. 
Il est donc manifeste que ces événemens postérieurs n’ont rien 
changé à la nature primordiale del’ovule : son unique modifica- 
tion, c’est qu’il est enfermé au dedansde plusieurs couches albu- 
mineuses. L'ovule avoit-il été fécondé quand il adhéroit à l'o- 
vaire? Lesmatiéresalbumineuses du tube de Fallope,ontcomme 
répandu autour de lui un voile léger qui paralyse momenta- 
nément l'effet de la fécondation. C’est de la cendre versée sur 
du feu : la plus petite circonstance fera cesser l’ajournement 
de ces effets de fécondation. Mais dans tous les cas, le liquide 
albumineux produit par le tube de Fallope, ainsi que les en- 
veloppes qui le contiennent, sont des conditions propres aux 
oiseaux. Ce concours d’évéremens peut rester, et, je crois, 
reste étranger aux mammifères; d’où vient que je puis dire, 
pour donner toute ma pensée a cet égard, que les mammi- 
féres ne sont point ovipares, maïs bien ovulipares, en dedans 
de la matrice. ils sautent par-dessus cette formation de l'œuf, 
dont nous avons plus haut fait le second àge des produits gé- 
nitaux. Ceux-ci, passant de suite à l’état de réseau vasculaire, 
trouvent, dans les sécrétions des membranes séreuses contem- 
poraines à l'égard de l’action du développement, assez d'at- 
bumine déja produite pour fournir les élémens des membranes. 
On ala preuve de tous ces faits dans les gestations extra-uté- 
rines de la femme. Un ovule s’est il détourné de sa route, il 
lui suffit de rencontrer une artère pour se greffer, soit vers 
les trompes, soit même au-delà sur un point dés surfaces pé- 
ritonéales. Or ce n’est certainement pas un œuf, mais un ovule 
qui peut s’égarer de cette manière et prendre ainsi racine. 
Quant aux marsupiaux, je ne puis voir en eux que des 
ovulipares : car ils ont encore moins que les mammiferes or- 
dinaires l'organe susceptible d'élever l’ovule par des couches 
additionnelles à l’état et au volume d’un œuf, les portions 
fallopiennes de leurs oviductus étant très-courtes. (| dans les 
kangüroos) ou presque nulles (dans les didelphes). Leurs 
ovules, qui ne sont point arrêtés par une matrice ramassée 
sur elle-même et fermée par des cols, sont nécessairement 
rejetés dehors, au lieu d'entrer dans des travaux d'incuba- 
tion à l'intérieur. Mais dans quel état et à quelle époque ? Rien 
ne peut sur ce point suppléer à l'observation, et il est prudent 


NAR 259 
d'attendre que celle-ci soit donnée. Cependant l'analogie fait 
entrevoir une circonstance : ce ne sauroit être le produit 
ovarien sans fécondation; car les femelles vierges le fournis- 
sent comme les femelles imprégnées : la différence des unes 
aux autres, c’est que dans celles-ci ce produit est efficace , et 
que dans celles-la il est destiné a être, aprés la saison d’amour, 
repris par la circulation. Les ovules qui s'écouleront ne sau- 
roient être que des ovules fécondés : mais comme la féconda- 
tion ne leur donne jusqu'a leur parfaite maturité que des 
qualités de futur contingent, ce n’est point la fécon- 
dation en elle-même, mais les effets de la fécondation qui 
peuvent entraineries ovul!es. On conçoit que, venant à grossir, 
leur accumulation dans les portions (ad-uterum? ) de l’ovi- 
ductus qui les contiennent, amenent un entassement doulou- 
reux pour ces portions contenantes, et que l’animal cherche 
à s’en débarrasser, nous pouvons dire à les pondre. Ainsi ce 
ne sauroit être des ovules dans l’état de tranquillité et de 
maturité, tel que lindique leur présence dars l'ovaire, mais 
des ovules dans un commencement de développement. J'i- 
gnore ce qui en est, et je ne fais que donner une supposi- 
tion; ce seroit l’ovule avec réseau vasculaire, l’ovule du troi- 
sième àge des produits génitaux. 

L’ovule se greffe à ce moment sur l’un des points de la 
matrice chez les mammifères ordinaires; il n’y auroit de dif- 
férence à l'égard des marsupiaux que dans le lieu; la bourse 
seroit un organe supplémentaire ; un second utérus, et le plus 
important des deux (Barton). Cette gestation utérine de quaterze 
jours, suivant d’Aboville, de vingt-deux à vingt-six jours, 
suivant Barton, se composeroit du temps qu'emploient les 
ovules pour devenir réseau vasculaire, pour commencer cette 
premiére existence, dont les méduses nous présentent une 
image, et, comme je l’ai dit plus haut, dont ces animaux, 
l’un des derniers chaïinons de l’échelle animale , nous fournis- 
sent une réalisation permanente. Ainsi, l’on conçoit l’expres- 
sion de Blumenbach, appliquée à 4 des êtres apparoissant 
dans la bourse, lesqueis ne seroient que des avortons. ? Ainsi 
s'expliquent, 1.° l'ebservation de Roume, reproduite par 
d’Aboville, que ce sont d’abord des corps ronds, pisiformes 
où en figue, des bosses claires, où l’on distingue à peine une 


240 MAR 


foible ébauche d’embryon; 2.° cette autre observation de 
Barton, que ce sont des corps gélatineux, des ébauches in- 
formes. Dans l'hypothèse que c’étoient des fœtus nés, on disoit, 
sans le comprendre, qu'ils s’attachoient aux mamelles; il est 
au contraire trés-possible et très-naturel que des corps gélati- 
neux, que des ovules injectés se greffent aux mamelles, qui 
sont les points de la bourse où les artères sont le plus déve- 
loppées. 

Le corps gélatineux déjà ouvragé par un tissu vasculaire, 
cettesorte de méduse, cet avorton pondu dans la bourse, forme 
le troisième état des produits génitaux. Je ne lui ai pas appliqué 
le mot de réseau placentaire, mais celui de réseau vasculaire, 
parce que je présume que ce réseau s'établit bien différemment 
et sans doute avec plus de simplicité. La respiration doit de 
bonne heure s’exécuter dans l’air libre, quand celle des ré- 
seaux placentaires puise l'air disséminé dans l’eau. Je me 
borne à ce simple énoncé pour ne pas anticiper sur les faits, es- 
pérant que cet aperçu y appellera l’œil des observateurs. 

Ce réseau vasculaire établit l'embryon marsupial sous des 
conditions bien différentes de celles des embryons utérins; car 
il s'applique à former, aprésles appareils circulatoires et intes- 
tinaux , les poumons, et en même temps les narines, qui sont 
alors une continuation des canaux aériens. Le développement 
de l’organe olfactif, et particulierement de ses propres tuber- 
cules dans le cerveau, s'ensuit nécessairement; mais de plus, 
une autre conséquence qui en découle pareillement, c’est que 
le développement anticipé de celui-ci nuit à la formation de 
l'organe de la vision , l’un des premiers à paroître, comme l’un 
des plus considérables systèmes du fœtus chez les oiseaux. Bar- 
ton dit en effet que les jeunes opossums n’ouvrent les yeux que 
vers le 5o° ou le 52° jour de leur entrée dans la bourse, 
et M. Serres, auquel on doit de si belles recherches sur l’en- 
céphale des animaux vertébrés, m'a communiqué une obser- 
vation correspondante. Il a vu sur un fœtus de marmose les 
tubercules nommés quadri-jumeaux fort petits; ce qui est exac- 
tement le contraire dans les embryons utérins. Un autre fait 
non moins singulier qu'il a aussi remarqué, c’est l’occlusion 
ab-ovo des yeux parle derme. On sait que chez les fœtus utérins 
les yeux existent d’abord ouverts, et que les paupières arrivent 


MAR | 241 


et s'étendent dessus plus tard pour les défendre de la lumiére 
lors de la naïssance. Il semble que les yeux, avañt de devenir 
un organe de vision, soient consacrés à d’autres services, ou 
parce qu’ils recueillent certains fluidessécrétés, ou parce qu'ils 
établissent une communication de l'embryon avec son réseau 
vasculaire ambiant.Voyez, pour le développement de ces aper- 
us, la note de ma Philosophie anatomique, tom. 2 , pag. 317. 

Après l’état d’embryon arrive l’état fœtal. Le fœtus est tel, 
du moment que ses membres apparoiïssent, mais principale- 
ment dès que le poumon est formé, et que les narines se sont 
ouvertes et ont donné accés à l'air ambiant. 

Quel est le mode de nourriture de ces différens âges? la 
tétine est-elle un cordon ombilical, se continuant par une 
liaison non interrompue chez l'embryon jusques dans l’æso- 
phage P et le fluide parvenu dans l’estomac et l'intestin seroit- 
il sécrété par l’œsophage? par l'estomac? par l'intestinr Cet 
aliment lui-même ne seroit-il autre que le mucus, que ce 
fluide quintessencié du système artériel? Voyez pour cette 
théorie qui m'est propre le chapitre du deuxième volume de 
ma Philosophie anatomique, pag. 288, portant pour titre : De 
la nutrition intestinale du fœtus et de sa très-grande conformité 
avec la nutrition intestinale de l'animal adulte. Un passage de 
Barton doit le faire supposer; c’est quand Barton dit avoir vu 
dans l’estomac d’un trés-petit embryon, un liquide transparent 
et sans couleur, observation qu’il oppose à une remarque, 
faite surunsujetmoinsjeune, pesant quarante-un grains, etchez 
lequel l’estomac étoit distendu et dilaté par une matière blanche 
et laiteuse. Cet estomac si distendu, si dilaté, me rappelle la 
vésicule ombilicale des mamumiféres, la poche du jaune des 
fœtus d’oiseaux. € 

Barton traite, avec détails, du développement de la tétine : 
elle croît en longueur et en diamètre , dans la même raison que 
croît l'embryon. Celui-ci y fait naître un appareil de vaisseaux 
nourriciers analogues à ceux dont se compose le placenta, mais 
adaptés dans ce nouvel ordre de choses, non plus à une ouver- 
ture d’une courte durée, à l’ouverture ventrale, dite l’ombi- 
lic, mais à un orifice permanent, celui de la bouche elle-même ; 
entrée plus naturelle peut-être pour la substance alimentaire, 
que celle des fœtus, que nous sommes cependant et si journel- 


29. 16 


242 MAR 
lement à portée d'observer. « L’embryon forme son mamelon, 
a dit Barton :les plus intimes rapports d’accroissement et de 
développement existent entre l’un et l’autre. Quand la bouche 
de l'embryon grandit, lemamelon grossit pareillement :etavec 
le temps on s'aperçoit que le mamelon n’est plus qu’en partie 
contenu dans la bouche; on en voit dayantage en dehors de- 
puis son insertion à la glande mammaire jusqu'au bord exté- 
rieur des lèvres. ? | Ë | 

J'ai eu occasion d’étudier les rapports du mamelon avec la 
bouche, mais dans un jeune sujet libre de tous liens, et reve- 
nant téter dans la bourse. C’est un arrangement d’un accord si 
merveilleux qu’il faut croire qu’une adhérence des deux par- 
ties persistantes dans le premier âge en avait ainsi ordonné. 
Afin que les deux fonctions de la respiration et &e la lactation 
puissent s’exécuter simultanément, le larynx est terminé par 
un col évasé dont le pourtour se-prononce en une sorte de 
petit bourrelet; tout cet ensemble est introduit dans les arrière- 
narines : ainsi le larynx est placé sur le voile du palais. Decette 
maniére, la respiration du jeune didelphe se fait par les na- 
rines et le larynx, lorsque Îa succion de la tétine remplit de 
lait la bouche et le pharynx. Ce liquide glisse le long du larynx 
dont le collet forme un ressaut qui ménage de chaque côté une 
très-petite issue pour le trajet de la substance alimentaire. La 
lactation achevée, le larynx descend sous le voile du palais, 
les narines deviennent libres; la respiration et la manducation 
sont comme partout ailleurs des actes nécessairement successifs. 

M. d’Aboville a dit du mamelon que, long de deux lignes ,äl 
se dessèche aprés le sévrage, et tombe comme ie feroit un 
cordon ombilical. Il est beaucoup plus long, quand ilsert de 
pédieule pour suspendre le fœtus. C’est à ce moment qu'on 
peut le regarder comme un véritable cordon ombilical; mais 
au bout de six semaines la rupture s’en opère; ses vaisseaux, 
qui se prolongeoient dans le fœtus, s'arrêtent et se terminent 
dans la glande mammaire. Leur rôle à cette seconde époque,est 
de nourrir abondamment cette glande , et d’en faire un organe 
puissant de lactation. Le pédicule de suspension , ainsi réduit à 
n'être que le vestige d’un riche appareil, prend à ce moment 
le caractère et la fonction d'une tétine. 

Le sang quitte doncune habitude prise pour en contracter une 


MAR 243 
autre ; mais n'est-ce pas ce qui arrive chez toutes les méres des 
mammiféres ordinaires, quandelies mettentaujourleurspetits? 
Ces mêmes effets chez les marsupiaux tiennent à de semblables 
causes.« Après l’ège de la suspension aux mamelles, a dit Pen- 
nant , les jeunes opossums subissent une seconde naïssance. ? 
La proposition de Pennant est rigoureusement vraie, si l’on 
admet que leur entrée dans la bourse leur doit être comptée 
comme une première naissance. Une première fois nés, quand 
ils ne jouissoient encore que de l’organisation des méduses, ils 
naissent une seconde fois, le jour que leurs yeux sont ouverts, 
que leur bouche est fendue latéralement, que le pédicule de 
suspension a été rompu, et qu'ils n’ont plus avec leur mère 

de rapports que comme lactivores. Un instant auparavant, 
c’étoient encore des fœtus, les voilà nouveau-nés ou lacti- 
vores. 

A ce moment ils rentrent dans les conditions communes de 
tous les mammiféres. 

Cependant jusqu’à quel point s'en sont-ils écartés ? Ils étoient 
déjà nés une premiére fois, organisés comme des méduses ; 
mais tous les mammifères passent par cette existence intermé- 
diaire ; la différence ici, c’est que les marsupiaux naissent mé- 
duses dans le second utérus, la bourse, et que"les mammiftres 
ordinaires naissent avec ce degré d'organisation dans le pre- 
mier, la véritable matrice. 

Telle est ia dernière observation par laquelle je : termine ce 
long paragraphé. On aura remarqué que voilà un bien long 
article pour exposer le plus souvent des idées plutôt probables 
qu'avérées; mais l'intérêt dusujet estsigrandqu'ilfera sans doute 
excuser la témérité de cette entreprise. Une génération rappro- 
chée de la nôtre, anomale en quelques points, opérant un autre 
partage des époques de développement, productive par l'emploi 
d’autres moyens, forme sans doute l’un des plus grands spec- 
tacles que les considérationsanatomiques pouvoient fournir à la 
philosophie. Notre champ habituel d'investigation nous a pro- 
curé des théories, des règles, qui nous ont à peu près appris 
tout ce qu’elles pouvoient nous enseigner. En étudiant au 
contraire toutes cessortes d'irrégularités, nous nous procurons 
d’autres sujets de méditation, d’autres bases pour juger diffé- 
remment ce que nous appelions les cas normaux, des effets 


16 


244 MAR 


nécessaires. La génération estle plusgrandfait dela physiologie: 
s’il nous est donné d'en PPDOIPERE les mystères avec plus de 
bonheur qu’on ne l’a fait jusqu'a ce jour, ce sera, je pense, en sui- 
vantpasa pastouteslesobservationspossibles deses phénomènes, 
et plus particulièrement en donnant la plus sérieuse attention 
aux métamorphoses etaux métastases des produits génitaux 
dans les animaux à bourse. 


Une derniére considération intéresse la zoologie. Comment 
tant de familles différentes sous le rapport des organes du 
mouvement et de la nutrition ? et comment arrive-t-il cepen- 
dant qu'une chaîne, les maîtrisant impérieusement , les eniace 
et les réunisse en un seul groupe , dans l’ordre unique des mar- 
supiaux ? Ce ne seroit plus une question problématique, si la 
modification principale, qui amène à un centre commun tant 
d'organisations diverses, tient à la seule absence de la mésenté- 
rique inférieure; car on sent que cette cause peut agir forte- 
ment dans un lieu, sans affecter bien vivement toutes les autres 
parties de l’être. (Gsorr. Sr.-H.) 

MARSUPITE. (Foss. ) On trouve dans les couches de craie, 
prés de Lewes » à Hurstpoint, prés de Brigthon et de War- 
minster, et dans d’autres endroits de l'Angleterre, un singulier 
corps fossile , qui paroît dépendre de la famille des échinides, 
mais qui est d’un genre particulier, auquel Parkinson avoit 
donné le nom de tortoiseencrinite (Park., Org. remains, vol. IT, 
pl. XIIL, fig. 24), etauquel Miiler et Mantell ont donné celuide 
marsupites ( Miller a natural history of the crinoidea, Mantell’s ma- 
nuscript on the southdosyn fossile, tab. XVI, fig. 6,10, 14et 15). 

Dans l'ouvrage ci-dessus cité, Miller lui assigne les caractères 
suivans : Corps libre, subglobuleux, et qui a dû renfermer des 
viscéres, protégés par des pièces calcaires, appuyées sur 
elles-mêmes. Cet auteur a cru y remarquer des épaules, des- 
quelles ont dû partir des bras, et un espace près de l’épaule 
qui a dù être couvert par un tégument, protégé par de petites 
pièces très-nombreuses, dont il donne les figures (pag. 124), 
ainsi que celle de l'espèce qu’il a décrite, à laquelle il a donné 
le nom de marsupiles ornalus. 

On voit, tant par les morceaux de ce fossile que nous pos- 
sédons, que parles figures que nous venons de citer, que ce corps 


MAR 245 
de la grosseur d’un œuf de poule, arrondi par l’un des bouts, 
et trenqué par l’autre, est composé environ de douze pièces 
changées en spath calcaire, et qui sont appliquées les unes au- 
prés des autres. Les cinq pièces, qui terminent le bout arrondi, 
sont pentagones et finement striées ; les autres sont hexagones, 
et chargées extérieurement de cordons rayonnans, dont le 
centre part du milieu dé chaque pièce. Dans la figure donnée 
par Miller, on voit au bout tronqué cinq proéminences qui 
indiqueroient qu’au bout de chacune d’elles auroient pu se 
trouver des bras semblables à ceux des ophiures. La figure, 
donnée par Parkinson, porte des échancrures aux places où 
ces bras devroient avoir existé. 

‘ D'après ce que l’on voit de ce corps, il est difficile de se faire 
une véritable idée de ce qu’il étoit à l’état vivant. Peut-être 
que quelque jour, on se procurera des morceaux plus entiers 
qui nous le feront mieux connoître. (D. F.) 

MARSYAS. (Malacoz.) C’est le nom sous lequel M. Ocken, 
dans son Système général d'Histoire naturelle, 3° partie, p. 302, 
a établi le même genre que M. de Lamarck avoit proposé depuis 
long -temps sous le nom d’Avuricure, qui a été généralement 
adopté. Voyez ce mot. (De B.) 

MARSYPOCARPUS. (Bot.) Necker donne ce nom à la 
bourse à berger , thlaspi bursa pastoris, dont long-tempsavant, 
Césalpin avoit fait un genresous celui de capsella, adopté ré- 
cemment par Medicus et Mœnch, et caractérisé par la silicule 
triangulaire. (J.) 

MARTAGON. ( Bot.) Ce nom ser a été donné par Lo- 
bel, Clusius et d’autres à diverses espèces de lis ; mais il est 
resté appliqué plus spécialement au lilium martagon des bota- 
nistes, dont les pétales sont réfléchis et courbés en dehors. (J.) 

MARTE, Martre (Mamm.), Mustela, Linn. C’est le nom 
latin Marées , qui appartenoit à une espèce du genre ou plutôt 
du groupe trés-naturel auquel il est aujourd’hui appliqué 
comme nom générique. 

Ce n’est que dans ces derniers temps qu’on a réuni da»s le 
genre Marte des animaux dont l’analogie d'organisation est 
réelle. Raï et Brisson y associèrent les mangoustes, Linnæus y 
réunit les loutres : ce que Gmelinse garda bien de rectifier. Pen- 
nant confondit les martes avec une foule d'animaux hétérogènes 


246 MAR 

et Erxleben, par un hasard heureux, sinon par une raison solide, 
associa les gloutonsaux martes. Depuis on a diversement ballotté | 
ces animaux, et nous avons essayé nous-même de les soumettre à 
un ordre régulier, et d'établir leurs véritables rapports. Pour 
cet effet, considérant que la structure des organes de la mastica- 
tion et de la digestion sont, chez les animaux carnassiers, dans 
des rapports intimes avec le naturel fondamental, et que les dif- 
férences que ce naturel présente, suivant les espèces, tiennent 
aux modifications organiques qui ont pour objet, non de le 
changer, mais seulement de varier les moyens de le satisfaire, 
nous avons considéré tous les carnassiers pourvus du même 
système de dentition que les martes, et non dérivant de ce 
système, comme appartenant à une même famille, laquelle 
se subdivise en _plusieurs genres ou sous-genres, Suivant les 
différences de leurs autres systèmes d'organes. / 

Envisagée sous ce os de vue, la famille des martes ren- 

ferme : 1.° les pulois, 2.° les zorilles, 3.°les martes, 4.° les gri- 
sons , et 5.° les gloutons. Nous avons déjà traité des grisons et 
du glouton sous ce dernier nom. Nous traiterons dans cet 
article, sous le nom commun de martes, des putois, du zorille, 
et des martes proprement dites. 


Les Purois. 


Les espèces de ce groupe, qui se trouvent chez nous, 
tels que le putois, la belette, le furet; etc., sont trés-propres 
à donner l’idée de la physionomie et du naturel qui sont com- 
muns à toutes. On n’en connoît point encore dont la taille sur- 
passe celle du putois. Ce sont des animaux minces, cylindriques, 
alongés, bas sur jambes, dont le cou est presque aussi gros que 
la tête, qui ont une incroyable souplesse, et une rapidité de 
mouvemens plus incroyable encore; ils s'introduisent par les 
ouvertures les plus étroites, montent aux arbres a l’aide de leurs 
ongles acérés, marchent sur l'extrémité des doigts; et lors- 
qu’ils fuient, c’est uneflèche qui vole. Après les chats, cesontles 
plus sanguinaires de tous les carnassiers ; c’est même le sang 
plutôt que la chair qu’ils recherchent pour leur nourriture: 
ils s’aftachent au cou du lièvre qu’ils ont surpris, percent sa 
peau de leurs canines aiguës, et malgré sa fuite, s’il est assez 
grand pour les entraîner avec lui, ils ne le quittent qu'après 


MAR 247 
s'être repus et l'avoir épuisé. Leur vie est solitaire et noc- 
turne; c’est lorsque les autres animaux reposent qu'ils tentent 
de surprendre leur proie; et c'est aussi durant la nuit qu’ils 
cherchent à satisfaire les besoins de l’amour. Les uns vivent 
près des habitations, les autres dans le voisinage des forêts, 
quelques uns près des rivières, et ceux que nourrissent les 
régions septentrionales, couverts d’un pelage fin et épais, 
fournissent au commerce des fourrures très-recherchées. On a 
déja trouvé des putois dans toute l’Europe, dans le midi 
comme dans le nord de l’Asie, dans les provinces du nord de 
l'Afrique et dans l'Amérique septentrionale. 

Leurs caractères organiques sont tout-à-fait en rapport 
avec leur naturel. Leur systéme de dentition consiste en six 
incisives, deux canines et huit mâcheliéres à la mâchoire 
supérieure, et en six incisives, deux canines et dix mâche- 
lières à l’inférieure. Les incisives et les canines n’offrent rien 
d’important dans leurs détails. Les mâchel ères supérieures se 
composent de deux fausses molaires normales, d’une carnas- 
sière pourvue d’un tubercule interne, petit, mais trés-distinct, 
et d'uñe tuberculeuse assez étendue. Lesmächelières inférieures 
sont forméesde trois fausses molaires , les deux premières rudi- 
mentaires et la derniére normale, d'une carnassiére dont le 
talon postérieur est assez étendu, et d’une trés-petite tubercu- 
leuse de forme cirtulaire. Le pelage est ordinairement com- 
posé de deux sortes de poils , et les moustaches sont longues 
et épaisses, l'oreille est petite , arrondie, plus large que haute, 
peu compliquée dans son intérieur, mais avec un repli en forme 
de poche à son bord antérieur. L'œil n’a qu’un rudiment de 
paupière interne, et sa pupille est alongée trarsversalement. 
Les narines sont ouvertes au milieu d'un mufle composé de 
fortes glandes, et la langue étroite est couverte de papilles 
cornées et aiguës, et elle est terminée en arriére par deux 
lignes parallèles de chacune trois glandes à calice, qui sont 
entourées de beaucoup d’autres glandes plus petites. Les quatre 
pieds sont terminés par cinq doigts réunis dans les trois quarts 
de leur longueur par un membrane assez lâche. Le doigt du 
milieu et l’'avant-dernier sont égaux, et plus longs que les autres ; 
le second et le dernier , également égaux entre eux, viennent 
ensuite, et le premier, ou celui qui répond au pouce, est le 


248 MAR 


plus couft. Des tubercules nus et oblongs garnissent la base 
des doigts, et, au milieu de chaque plante, s’en trouve un 
autre également nu, et en forme de trèfle, dont les divisions 
sont dirigées du côté des doigts. À chaque pied de devant, se 
trouve un tubercule qui les termine en arrière. L’intervalle qui 
sépare ces divers tubercules est couvert de poils chez les uns, 
etnu chez les autres. Les organes génitaux n’en ont point 
d'accessoires; et l’on observe de chaque côté de l'anus, l’orifice 
de glandes qui sécrètent une matière visqueuse plus ou moins 
odorante. gl 
‘Les espèces de ce groupe qui sont assez bien connues pour 
être caracterisées, sont au nombre de onze. 
1. Le Purois : Mustelaputorius, Linn.; Buffon ,tom. VII, pl. 24. 
Cette espéce a environ quinze à dix-huit pouces de longueur 
- du bout du museau à l’origine de la queue; celle-ci en a six. 
C’est peut-être la plus grande espèce de ce groupe. Elle est 
généralement d’un noir brunâtre quis’éclaircit en prenantune 
teinte jaunâtre sur les flancs etsur le vernitre , et sa face blanche 
semble être recouverte en partie d’un masque brun ; mais ob- 
servée en-détail, on trouve quelesommet dela tête, le front, le 
dessus du cou et la queue sont d’un beau roux assez clair; que 
les autres parties de la tête, excepté le museau, le reste du 
cou, les épaules, les jambes et le bout de la queue sont d’un 
brun plus foncé ; que le museau est blanc , sauf le masque assez 
large qui part du front, s'étend sur les yeux, et vient ense ré- 
trécissant jusque sur le bout de la mâchoire inférieure ; que la 
partie postérieure de la poitrine et le ventre sont d’un fauve 
clair avec une ligne longitudinale noiràtre qui les partage en 
deux parties égales ; enfin que le bout des oreilles est blanc. 
Le putois vit prés de nos habitations, et, surtoutenhiver, 
établit son gîte dans les greniers, sous les toits et dans les par- 
ties les plus reculées des granges; il cherche à se glisser dans 
les basses-cours, dans les colombiers, et, s’il y pénètre, il met 
tout à mort, apaise d’abord sa faim, et ensuite emporte pièce 
à pièce tout ce qui reste. Il est aussi très-dangereux pour les la- 
pins danslesterriers desquelsils’introduitaisément,etoù même 
il établit quelquefoisson gîte. Les nids de caille, de perdrix, les 
rats, les mulots deviennent aussi sa proie, lorsque durant la belle 
saison il s’est établi dans le voisinage ou sur la lisière des bois. 


_ 4 


MAR 249 


Sa défiance le fait aisément échapper aux piéges qu’on lui tend; 
aussi est-il à la campagne un voisinage très-inquiétant; mais 
lorsqu’it s'aperçoit qu’on persiste à le poursuivre, il finit par 
s'éloigner. On assure qu’il aime le miel et qu'il attaque 
les ruches. C’est au printemps que ces animaux entrent en 
amour; les mâles se livrent alors des combats cruels. Après 
cette époque, les femelles se retirent dans leur retraite, où 
elles mettent bas quatre ou cinq petits dont ellesseules prennent 
soin; mais on ne dit ni combien dure la gestation, ni dans quel 
état de développement ces petits naissent. C’est vers la fin de 
l'été qu’ils commencent à se conduire seuls, et bientôt aprèsils 
seséparent entièrement de leur mére. La voix des putoisest assez 
_ sourde, ils ne la font entendre que rarement, et surtout dans 
leurs combats. L’odeur qu'ils répandent est infecte , et c’est de 
la que leur nom a été tiré. 

On trouve cette espèce dans toute l' Europe, etjusqu’en Suède. 

2. Le CHorox; Mustela sibirica, Pall., Spiciles. Zoolog., 
fasc. 14, pl. 4, fig. 2. Les Russes donnent ce nom à une espèce 
décrite par Pallas sous le nom latin que nous avons joint au 
premier, mais la description de ce savant naturaliste diffère si 
peu de celle du putois, que noussommes embarassé de trouver 
des différences qui les distinguent. Selon cetillustre naturaliste, 
le chorok auroit des poils plus longs et moins fins que le pu- 
tois, et, au lieu d’avoir l’extrémité du museau brune, il auroit 
le tour du nez blanc. Cet animal du reste a toutes les mœurs du 

putois. On sent qu’une nouvelle comparaison est nécessaire 
pour établir qu’il y a une différence spécifique entre ces ani- 
maux. 

La collection du Muséum paroît posséder un individu de 
cette espèce qui est uniformément d’un blond roux, excepté le 
tour du museau qui est blanc au bout et brun jusqu'aux yeux. 
Cetindividu diffère donc beaucoup du putois, et donneroït des 
caractères très-précis à son espèce. 

3. Le Vison : Mustela vison, Linn.; Buffon, tom. XIII, pl. 45.Sa 
taille approche beaucoup de celle dela fouine; il a quinze pouces 
du bout du nez à l’origine de la queue; celle-ci en a douze. 

Ilest d’un brun marron, #n peu plus ou un peu moins foncé; 
le dernier tiers de sa queue est noir; le bout de la mâchoire in- 
férieure est blanc, et cette couleur s'étend en uneligne étroite 


260 MAR 


jusqu’au milieu du cou. La membrane interdigitale est remar- 
quable par son étendue. Le vison fx de l'Amérique Re bn 
trionale. 

4. Le Mixr; Mustela lutreola , Pall., Spicileg. Zoolog., fase. 14, 
pl. 31. Cette espèce est d’un tiers plus petite que le vison, et 
d’un marron presque noir. Le dernier tiers de sa queue est 
iout-a-fait noir, et le bout de sa mâchoire inférieure est blanc. 
Ses doigts ne paroissent pas être aussi Der que ceux de l’es- 
péce précédente. 

Elle est commune dans le nord de l’Europe, et descend jus- 
qu’à la mer Noire. Elle est également répandue dans l'Asie sep- 
tentrionale et dans l'Amérique du Nord. On rapporte qu’elle 
se tient principalement aux bords des rivières, et qu’elle vitde 
reptileset de poissons. L’odeur qu'elle répand est celle du musc. 

5. Le Furer : Mustela furo, Linn.; Buffon, tom. VII, p. 26. 
Cet animal a de si nombtfeux et de si intimes rapports avec le 
putois, que quelques naturalistes ont: pensé qu'il ne devoit 
être considéré que comme une de ses variétés. En effet noûs 
ne le connoïssons guère qu'a l’état domestique et sous des 
pelages variés de brun elair ou jaunàtre. Quelques races sont 
entièrement blanches par Peffet de l’albinisme. 

Le furet est généralement un peu moins grand que le putoïs, 

et nous l’'employons surtout à la chasse du lapin. Suivant Stra- 
bon, il est originaire d'Afrique, d’où il a été apportéen Es- 
pagne, et c’est de cette dernière contrée qu’ila passé chez nous. 
Il a fait le sujet de peu d'observations. Dans l'état de domesticité 
où nous le tenons, privé de toute liberté, il ne s’éveille guère 
que pour satisfaire au besoin de manger et de se reproduire. 
On le nourrit de farine et de pain trempés dans du lait. 
Il fait communément deux portées par an de six à huit petits 
que les mères dévorent très-souvent. Il a peu été vu à l’état sau- 
vage. Shaw dit qu’en Barbarie on le nomme nimse. 

6. L'Hermine : Mustela erminea, Linn.; Buffon, tom. VIT, pl. 29, 
fig. 2; et pl. 31, fig. 1. Cette espèce, parmi les putois de uos 
contrées, vient immédiatement après le furet pourla grandeur, 
elle a du bout du museau à l’origine de la queue environ 
neuf pouces, et la queue en a quatre. Elle nous est connue 
sous deux couleurs et sous deux noms. En hiver elle est 
toute blanche avec le bout de la queue noir, et porte dans 


MAR 291 
‘cetétat le nom d’hermine; pendant l'été, elle est d’unbeau brun 
en dessus et d’un blanc jaunàtre en dessous, avec le bout de la 
queue noir; c’est alors un roselet. Elle se trouve surtout dans 
les partiesseptentrionales de l’ancien et du nouveau continent ; 
et, sans êlre chez nous aussi commune que la belette, elle n’y 
est pointrare. Ellérecherche les contrées rocailleuses, et fuitle 
voisinage des habitations. 

Les peaux d’hiverde cette espèce font un se considérable 
de commerce. ; 

M. Choris, peintre de l'expédition de M. Kotzbuë, a déposé 
au cabinetd Aa la partie antérieure d’une tête, et la mà- 
choire inférieure d’une espèce des Isles aleutiennes quise br 
proche, par la taille, du roselet, et qui pourroit même n'en 
pas différer. 

7. La Bererte: Mustela vulearis, Linn.; Buffon, tom. VIL pL.27, 
fg. 1.Sa longueur du bout du museau à l’origine de la queue 
est d'environ six pouces; la queue a de quinze a dix-huit lignes. 
Les parties supérieures de la tête, le dessus et Les côtés du cou, 
le dessus et les côtés du corps, les pattes de devant antérieure- 
ment etextérieurement , les cuisses, les fesses, Les pattes de der- 
rière extérieurement et postérieurement, et toute la queue 
sont d’un beau marron clair. La mâchoire inférieure, le dessous 
du cou, la pcitrine, le ventre, les pattes de devant et les pattes 
de derrière aux parties, dont nous n'avons point encore parlé, 
et les cuisses à leur bord antérieuret à leur face interne, sont 
blancs, à la seule exception d’une petite tache brune qui se 
trouve sur la mâchoire inférieure en arrière de la bouche. 

Cette espèce établit assez volontiers son gite près de nous, 
surtout en hiver, et cherche à vivre aux dépens de nos poulail- 
lers et de nos colombiers où elle fait de grands dégâts. En été, on 
la trouve sur les bords des lieux rue d'arbres, ayant établi 
sa retraite sous quelque racine ou dans les arbres creusés par le 
temps. C’est vers la fin de l’hiver que ces animaux ressentent le 
besoin de l’amour , et c’est au printemps qu’on trouve les jeunes 
cachés dans un nid de paille ou de foin arrangé par la mère : 
ces petitsnaissent les yeux fermés. On trouve la belette dansles 
parties tempérées de l’ancien continent. 

Quelques auteurs ont regardé comme une variété de cette es- 
pèce le mustela nivalis de Linnæus, qui est blanc avec le bout de 


sis MAR 
la queue noir, comme l’hermine, mais qui est plus petit. D’au- 
tres ne l’ont considéré que comme une hermine de petite taille. 

8. La Berette D'AFRIQUE; Mustela africana, Desm.M.Desmarest 
a publié cette espèce d’après une peau bourrée du cabinet du 
Muséum, qui porte aujourd’hui pour touteindication qu’elle a 
été tirée du cabinet de Lisbonne : elle a environ dix pouces de 
longueur, etsa queue ena six.Toutesses partiessupérieuressont 
d’un beau maron , etses parties inférieures d’un blanc jaunètre. 
Une bande marron, très-étroite , qui naît à la poitrine ets’étend 
jusqu’à la partie postérieure de l’abdomen, partage longitudi- 
nalement en deux ces parties blanchâtres; et le blanc des bords 
des lèvres remonte un peu sur les joues. La queue est de cou- 
Jeur marron dans toute son étendue. 

9. Le PEnouasca ; Mustela sarmatica, Pall. , Spicileg. Zoolog., 
fase. 14, pl. 4, fig. 1. Cette espèce a du bout du museau a l’ori- 
gine de la queue un pied deux pouces environ, et la queue 
en a six. fille nous offre quelques particularités qui la dis- 
tinguent profondément des autres espèces de ce groupe, c’est 
son pelage tacheté. Elle paroît aussi, suivant Pallas, avoir 
la tête moins large proportionnellement que les putois. Les 
couleurs de son pelage consistent dans un fond marron varié 
de blanc. Toutes les parties inférieures du corps, depuis le cou 
jusqu'a la base de la queue, c’est-à-dire Le cou, la poitrine, le 
ventre et les membres sont d’un brun foncé; cette couleur 
remontesur les épaules en y prenantune teinte plus pâle ; toutle 
reste est à peu près également mélangé de brun et deblanc, mais 
trop irréguliérement pour qu’on puisse donner de la distribu- 
tion de ces couleurs une description fidèle. La mâchoire infé- 
rieure et le bord de la lèvre supérieure sont blancs; une bande 
blanche transversale, étroite, sépare les deux yeux, passe par- 
dessus, et vient en s’élargissant se terminer au bas des oreilles 
sur les côtés du cou. La nuque est blanche et donne naïssance 
à deux autres bandes blanches qui descendent obliquement et 
viennent se terminer au devant de l'épaule. Quelques petites 
taches isolées garnissent la ligne moyenne jusqu’en arrière des 
épaules, où naît de chaque côté une longue tache qui se lie à 
celles qui bordent les flancs et qui forment une chaine jusqu'a 
la queue ; entre ces deux lignes se voit un espace à peu près 
également partagé entre de petites taches irrégulières, brunes 


MAR 255 


et blanches. La queue est uniformément variée de ces deux 
couleurs, excepté à la pointe qui est toute noire. 

Cette description, faite sur l'individu du cabinet, différe 
assez de celle que Pallas nous a donnée du perouasca, pour 
qu’on puisse penser que la distribution des taches blanches 
peut varier dans certaines limites suivant les individus. 

10. LaBererreravÉée; Mustela striata, Geoff. Ce joli petitanimal 
est de la taille de la belette. Son pelage est d'un brun foncé 
en dessus, partagé longitudinalement par cinq raies blanches, 
étroites et parallèles, qui garnissent toute l'étendue du dos. 
Le dessous du corps est d’un blanc grisàtre pâle; la base de la 
queue est brune, mais le reste, c’est-à-dire la plus grande 
partie de sa longueur, est blanc. 

Cette espèce, qui n’a jamais été représentée et dont il n’a 
encore été fait mention que par M. Geoffroy Saint-Hilaire, a 
été trouvée à Madagascar par Sonnesat, qui ena rapporté l'indi- 
vidu que les galeries du Muséum possèdent, et duquel j'ai tiré 
la description que je viens d’en donner. 

11.Le Furet DE JAVA; Mustela nudipes, His. nat. des Mam.., liv.32 
Cette espece estun peu plus petite queleputois, Toutson corps, 
excepté la tête et le bout de la queue, est couvert d’un poil 
d’un fauve d’or brillant. La tête et l'extrémité de la queue 
sontblanchesjaunâtres; mais ce qui caractérise particulièrement 
cette espèce, est la nudité du dessous de ses pieds. Le putois 
n’a de nu sous la plante des pieds et sous la paume des mains 
que lextrémité des tubercules qui garnissent ces parties, et 
quenousavons décrits. Dans le furet de Java les parties quisépa- 
rent ces tubercules sont également nues ; et ce n’est cependant 
. point un animal plantigrade; cette circonstance n’influe donc 
en rien sur son naturel, d’une manière appréciable pour nous 
du moins, et c’est pourquoi je ne l’ai considérée que comme 
un caractère spécifique. 

C’est à MM. Duvaucel et Diard que nous devons la conuois- 
sance de cette belle et singulière espèce de putois. 


Les ZorILLes. 
Les modifications organiques qui caractérisent lezorillen’ont 


encore été présentées que par une espèce, la seule parmi les 
belettes qui soit propre à fouiller la terre et à faire des terriers; 


254 MAR 


du reste elle ressemble à ces derniers animaux par sa physio- 
nomie générale, son système de dentition,sessensetson naturel. 
Le Zone : Mustela zorilla, Linn. : Buff., t. XIII, pl.41.,a 
environ seize pouces du bout du museau à l’origine de la 
queue; celle-ci a dix pouces. Le fond de son pelage est noir 
avec des‘taches et des lignes blanches distribuées régulière- 
ment. On voit une de ces taches sur le milieu du front, et une 
autre de chaque côté de ia tête, qui naît derrière l'œil et 
s'étend jusqu'a la base de l'oreille; celle-ci a son bord supé- 
rieur blanc. Au sommet de la tête est une large tache blanche 
de laquelle naissent quatre bandes de la même couleur qui s’é- 
tendent tout le long du corps, et viennent se terminer à la 
queue. Les bandes latérales sont un peu plus larges que les 
moyennes, et toutes s'élargissent en s’avançant vers la croupe, 
‘où, s’écartant en même temps, elles laissent une tache noire 
dont la forme est à peu prés celle d’un trapèze. La queue est 
glacée de noir et de blanc dars un rapport à peu près égal de 
ces deux couleurs. On trouve le zorille au cap de Bonne-Espé: 
rance , où il a aussi reçu les noms de blaireau et de putois. 


Les Mantes. 


Les martes différent des putois et du zoriile par une fausse 
molaire de plus à chaque màchoire, et par une tête générale- 
ment plus alongée, Leurs ongles sont à demi rétractiles, et du 
reste les unes et les autres se ressembient par toutes les 
autres parties organiques, ainsi que par le naturel. Cependant 
quelques unes d’entre elles ont toutes les parties de la plante des 
pieds couvertes de poils, ce sont de vrais lagopèdes. 

On connoit moins de martes que de putois;et celles qu’on a 
caractérisées jusqu'a présent ne se trouvent qu’en Europe, dans 
l'Asie septentrionale et dans le Nouveau-Monde. 

La Fouine: Mustela foina , Lion: Buffon, t. VII, pl. 18 ,estde 
la grandeur d’unjeune chat domestique.Sa longueur, de l’occi- 
put à l’origine de la queue, est d’un pied environ; sa têétea quatre 
pouces et sa queue huit. Toutes les parties supérieures de son 
corpssontd’un brun jaunâtre; mais la tête, excepté lemuseau, est 
plus päle que ne le sontle cou et le dos; les pattes et la queue à sa 
moitié postérieure sont presque noires, le ventre et la poitrine 
postérieurement sont blonds; la mächoire inférieure, le des- 


MAR QE 235 
sous du cou et le devant de la poitrine sont du plus beau blanc. 
Quelques petitestaches irrégulières ethbrunesse remarquentala 
partieblanche de la naïssançge du cou. La fouire a les dispositions 
sanguinaires de toutes les autres espèces de martes; cependant 
le naturel qui la porte à vivre prés de nos habitations, et à se 
familiariser avec le bruit et le mouvement qui a nape EE 
toujours les travaux agrico!es, lui donne aussiune beaucoup plus 
grande facilité qu'aux autres espèces pour s’aprivoiser. Néan- 
inoins elle se trouve aussi dans les forêts. On sait que cet animal 
estuudes plus dangereuxpour nos basses-cours, que soninstinct 
le porte à mettre à mort tout ce qui tombe sous sa dent meur- 
trière, pour emporter ensuite une à une dans son repaire 

les victimes de sa sanglante moisson. Il mange aussi les subs- 
tancessucrées, et surtout le miel. F 

C’est vers la fin de l’hiver que les fouines entrent en rut, et 
l’on dit que la durée de leur gestation est la méme que 
celle des chats. Au bout d’une année les jeunes fouines ont 
atteint tout leur déve:oppement. Cette espèce répand une 
odeur très-désagréable , et paroît être répandue dans toute 
l'Europe et dans une parte de l'Asie. 

La Mante: Mustela martes, Linn.; Buffon, tom. VII, pl. 22, 
diffère peu pour la taille de la fouine. Sa couleur est d’un brun 
assez brillant; le bout du museau, la moitié postérieure de la 
queue et les membressont plus foncés et presque noirs. La partie 
postérieure du ventre est roussàtre, et la gorge, 15 cou et une 
partie de la poitrine sont jaunâtres. 

. Ces caractères n’établissent cependant pas entre la fouine et 
la marte des différences si sensibles que plusieurs naturalistes 
n'aient pensé qu'elles n’étoient que des variétés d'une même 
espèce; cependant l'opinion contraire a prévalu. En effet 
ces animaux ont des instincts différens : la marte recherche les 
lieux les plus solitaires, vit surtout dans le fond des forêts, et ne 
s'approche jamais des habitations. Elle monte aux arbres pour 
y surprendre les oiseaux ou les écureuils, et c’est dans les nids 
des uns ou la bauge desautres, qu’elle dépose souvent ses petits. 

La martesé trouve aussi dans toute l’Europe, et, dit-on, même 
dans l’Amérique septentrionale. 

La Zissuine: Martes zibellina, Linn.; Pail., Spicil., 14, tab. 3, 
fig. 2, diffère aussi trés-peu du putois par la taille, et ressemble 


266 | MAR 


beaucoup a la marte par les couleurs. Son pelage est générale- 
nent d’un brun marron plus ou moins foncé et plus ou moins 
brillant, et les parties inférieures de la gorge et le cou sont 
grisàtres; mais le trait le plus caractéristique de cette espèce, 
c’est que le dessous de ses doigts est entièrement garni de poils. 

Elle a le même genre de vie que lamarte, c’est-à-dire qu’elle 
vit dans le fond des forêts, qu’elle fait sa proïe des oiseaux et 
des petits quadrupèdes, et qu’elle se reproduit comme elle. 

Elle se trouve dans toutes les parties septentrionales de 
l'Europe et de l'Asie. 

On sait que la fourrure de cette espéce fait pour le Nord, et 
surtout pour la Russie, un objet considérable de commerce. 

Le Pexan : Mustela canadensis, Linn.; Schreber, pl. 154.5a 
taille est encore la même que celle des animaux précédens. 

Sa couleur est généralement d’un brun grisàtre, ce qui tient 
à ce que les poilssoyeux, bruns dans leur plus grande étendue, 
sont grisâtres à leur extrémité. Le museau, les membres et la 
queue sont plus foncés que le corps. 

On ne connoit rien de positif sur les mœurs de cette espèce; 
il y a lieu de penser qu’elle vit d’une manière analogue à Le 
de l’espèce précédente. 

MarrTe Des Hurows; Mustela Huro. De la taille de la fouine. 
Uniformément d’un blond clair, les pattes et la queue plus 
foncées. Le dessous des doigts entièrement revêtu de poils, 
comme ceux de la zibeline. Telssont les traits caractéristiques 
d’une espèce de marie envoyée au Muséum d'Histoire naturelle 
par M. Milbert sous le nom de marte des Hurons, et comme 
ayant été prise dans le haut Canada. Cet établissement pos- 
sède plusieursindividus de cette espèce, qui ne différent point 
sensiblement l’un de l’autre. 

On a encore donné le nom de marte, ou les noms propres 
à quelques espèces de ce genre, à plusieurs animaux, peu 
connus ou qui appartiennent à d’autres genres. Nous allons les 
indiquer successivement. 

Marre (grande) DE La GurAxe, Buffon. C’est le glouton taira. 
(Voyez Grouron.) 

Marre cusA, Molina. ( Voyez Cusa.) 

Marre quiqur, Molina. (Voyez Quiqur.) 

Marre zorra, Humb. Voyez Zonra.(F. C.) 


MAR 287 

MARTE DOMESTIQUE. (Mamm.) Dénomination abusive- 
ment donnée à la fouine, parce qu’elle s'approche des habi- 
tatious pour y chercher sa proie, à peu près comme le font 
les renards et les putois, que l’on n’a pourtant pas été tenté 
de regarder comme des animaux domestiques. (Desu.) 

MARTEAU (Bot.), un des noms ie Gl du narcisse faux 
narcisse. ( L. D.) 

MARTEAU. (Ichthyol.) Voyez Zycëne. (H.C.) 

MARTEAU, Malleus. (Conchyl.) Genre de coquilles bivalves, 
de la famille des submytilacées de M. de Blainville , des malléa- 
cées de M. de Lamarck , établi par ce dernier pour un assez 
petit. nombre d’espèces que Linnæus plaçoit dans son genre 
_Huïtre, et dont Bruguière faisoit des avicules. L'animal de ce 
genre est a peu près inconnu, Nous savons seulement qu'il est 
pourvu d'un byssus assez petit, et que son manteau se pro- 
longe en arrière par des lobes ouverts et assez grands. Les 
caractères génériques tirés de la coquiile peuvent être expri- 
més ainsi: Coquille irrégulière, subéquivalve, le plus souvent 
très-auriculée de chaque côté du sommet, et prolongée en 
arrière dans son corps, de manière à ressembler un peu à un 
marteau ; le sommet tout-a-fait antérieur et inférieur; entre 
lui et l’auricule inférieure, une échancrure oblique pour le 
passage du byssus; charnière sans dents, linéaire ; fort longue, 
et céphalique ; ligament simple, triangulaire, et inséré dans 
une fossette conique, oblique, et en partie extérieure. Les 
espèces assez peu nombreuses de ce genre, qui est pour ainsi 
dire intermédiaire aux vulselles et aux pernes, n’ont encore 
été trouvées que dans les mers de l’Inde et de l’Austraiasie ; on 
n’en connoît pas dans les mers de l'Amérique, et aucune espèce 
fossile n’a encore été découverte dans notre Europe. M. de 
Lamarck en distingue six espèces, que l’on peut partager en 
celles qui sont malléiformes, par le prolongement des oreilles, 
et celles qui ne le sont pas. 

Dans la premiére section sont : 

Le Marteau vurGaIRE: Malleus vulgaris, Ostrea malleus, Linn., 
Gmel.; Encycl. Méth., pl. 177, f. 12. C’est la plus grande et la 
plus connue du genre. Les deux lobes de la tête du marteau 
sont étroits, alongés, presque égaux; la couleur est le plus sou- 
vent noire, et le sinus du byssus est bien séparé de celui du liga- 


29. 17 


258 MAR 
ment. On la trouve dans tous les points de l'Océan des Grandes- 
Indes et Austral. 

M. de Lamarck regarde comme une simple variété du mar- 
teau commun la coquille figurée dans l'Encyel. Méth., 177, f. 12, 
d’après Chemnitz, Conch., 8, t. 70, f. 656, qui est toujours 
blanche, et dont les lobes sont plus courts et triangulaires. 

Le Manteau BLANC : Malleus albus, Lamck.; List. , Conch., 
t.219,f. 54? Coquille de la forme à peu près de la précédente, 
mais constamment de couleur blanche, et dont Le sinus du bys- 
sus n’est pas distinct de celui du ligament ou est confondu avec 
lui. 

Cette coquille, qui vient des mers Orientales australes, est 
fort rare et très-recherchée dass les collections. 

Dans la seconde section sont : 

Le Marreau normMALz; Malleus normalis, Lamck. Une seule 
oreille à la partie antérieure de la coquille, qui est de couleur 
noire en dehors comme en dedans. 

Une variété qui vient des Grandes-Indes a le lobe auriculaire 
assez alongé, tandis qu’un autre de la Nouvelle - Hollande l’a 
trés-court. 

Le Manteau VULSELLÉ : Malleus vulsellatus, Osfrea vulsellata , 
Linn., Gmel.; Enc. Méth., pl. 177, fig. 15, d'aprés Chemn., 8, 
t. 70, fig. 657. Coquille alongée , aplatie, à bords presque pa- 
ralléles, avec un lobe auriculaire fort court et oblique à sa 
partie antérieure ; couieur d’un violet noirâtre. 

Cette espèce quise trouve dans la mer Rouge, à Timor, dans 
l'Océan austral, est quelquefois courbée. 

Le MarTeau RETUS : Malleus anatinus, Ostrea anatina, Linn., 
Gmel., pl. 1797, fig. 14; vulgairement le Moure-4-Barre. Cette 
espèce qui ressemble beaucoup à la précédente, et qui est 
tantôt droite et tantôt courbée comme elle, a sa partie anté- 
rieure moins irrégulière, plus droite, et une auricule plus 
prononcée. Des îles de Nicobar et de Timor. 

Le Marreau Raccourci; Malleus decurtatus, Lamck. C’est en 
core une espèce qui paroît bien voisine du marteau vulsellé, 
mais qui est plus petite, atténuée vers l’extrémité postérieure , 
et dont la fossette du ligament est trés-courte, ce quitient 
peut-être à l’âge. L’Australasie et la Nouvelle-Hollaude. (De B.) 

MARTEAU D'EAU. (Crust.) Nom donné par Duchesne au 


MAR 259 
branchipe stagnal , à cause des mouvemens brusques que 
fait cet animal en nageant, et qu’il a comparés à des coups 
de marteau. Voyez l’article Maracosrracés, tome XXVIII, 
page 416. (Des. ) 

MARTELA. (Bot. ) Voici comment Adanson définit ce genre 
qu’il établit dans la familie des champignons : tige cylindrique, 
élevée, simple, ou ramifiée et terminée par un ou plusieurs 
faisceaux de piquans, coniques, pleins; substance charnue ou 
coriace; graines sphériques, distinctes, répandues à la sur- 
face des piquans. Adanson cite pour exemple les agaricum 
fig. 1et2, pl. 64 du Nova Genera de Micheli, lesquels repré- 
sentent deux espèces d’hydnum, hyd. hystrix et coralloides. 
-_Adanson renvoie encore au corallo-fungus de Vaillant, Bot. 
Paris., tab. 8, fig. 1, maïs sans doute parerreur, car cette figure 
représente le byssus parielina, Decand., auquel les caractères 
assignés par Adanson au martela ne sont pas applicables. 

Scopoli, dans son Histoire des champignons de la Hongrie, 
adopte ce genre Martela, qui ne peutêtre considéré que comme 
une division de l’hydnum, où viennent se ranger les espèces 
rameuses, et quelques autres qui font le passage de ce genre 
au clavaria. (LEm.) 

MARTELET (Ornith.), un des noms vulgaires du martinet 
commun, hirundo apus, Linn. (Cx.D.) 

MARTELOT. (Ornith.) On appelle ainsi, aux environsde 
Langres, letraquet, motacilla rubicola, Linn. (Cu. D.) 

MARTEN-HORSE ( Ornith. ), nom anglois du martinet 
commun, hirundo apus, Linn. (Cu. D.) 

MARTES. (Mamm.) Nom latin de la Maure. Voyez ce mot. 
(Des». ) | 

MARTEU. (Ichthyol.) Sur la côte des Alpes maritimes, on 
appelle ainsi le marteau, poisson que Linnæus avoit rangé 
parmi les squales. Voyez Zycëne. (H. C.) 

MARTICHKI. (Ornith.) Ce nom russe paroît, d’aprés un 
tableau qui se trouve pag. 505 de la Description du Kam- 
tschatka par Krascheninnikow, désigner des hirondelles de 
mer ou des cormorans. (Cx. D.) 

MARTIN. (Ornith.) Les oiseaux de ce genre, qui fait partie 
de l’ordre des passereaux, ont pour caractères: un bec en cône 
alongé , légèrement arqué, comprimé latéralement, dont la 


17. 


260 MAR 


mandibule supérieure est en général un peu échancrée, l’in- 
férieure droite et plus courte, et dont la commissure. forme 
un angle comme chez les étourneaux; une langue cartilagi- 
neuse , fourchue à la pointe ; un espace nu autour des yeux, 
ou sur ua autre endroit de la tête. et quelquefois des caron- 
cules; des narines latérales, ovales, à moitié fermées par 
une membrane garnie de plumes étroites ; quatre doigts, un 
derrière et trois devant, dont l'extérieur. est réuni par sa 
base à celui du milieu; la premiére rémige fort courte, et 
les trois suivantes les plus longues. 

Les espèces de martin ont été mêlées par Linnæus, Gmelin 
et Latham, dans les genres Gracula, Sturnus, Turdus, etc., 
avec d’autres plus ou moins disparates. M. Vieillot a créé, 
pour celles qui ont été considérées comme de véritables mar- 
tins, le nom d’acridotheres , lequel désigne les sauterelles qui 
forment leur principale nourriture; et M. Temminck a tiré 
de leurs habitudes la dénomination de pastor, pâtre, en y 
joignant le merle rose , turdus roseus, sous le nom spécifique 
de roselin, que cet oiseau avoit déjà reçu de M. Levaillant. 
Enfin M. Cuvier, qui a réduit les mainates au gracula relt- 
giosa, sous le nom générique d’eulabes, a proposé, pour les 
espèces de martins conservées, celui de cossyphus, que l’on 
croit devoir adopter ici, afin de prévenir de nouvellescon- 
fusions , mais en laissant provisoirement avec les merles, et 
malgré la différence des habitudes, qu’on ne peut prendre 
pour règles dans les classifications fondées sur les seuls carac- 
tères extérieurs, le roselin dont M. Vieillot avoit d'abord 
formé le genre Psaroide, qu'il a supprimé depuis par les 
mêmes motifs. 

Les martins, qui appartiennent tous à l’ancien continent, 
ont les mœurs des étourneaux, et vivent, comme eux, en 
grandes troupes. M. Levaillant observe, pag. 129 du tom. 2 
de son Ornithologie d'Afrique, que, dans une grande partie 
de la France, de l'Allemagne et de la Hollande, le peuple est 
dans l’usage d’appliquer ce nom aux étourneaux élevés en 
cage, comme celui de margot aux pies, de jacquotaux per- 
roquets, et il en conclut que si dans l’Inde on appelle généra- 
lement martins les oiseaux qui ont les habitudes des étour- 
ngaux, C’est vraisemblablement d’aprèsles premiersEuropéens 


MAR 26: 
qui sont venus dans ces contrées. Ces oiseaux se rassemblent 
sur les fumiers et dans les endroits où ils trouvent , soit des 
larves d'insectes, soit des insectes parfaits, surtout des saute- 
relles; ils se posent aussi sur le dos des bestiaux pour se nour- 
rir des pous et des taons attachés à leur peau. Au défaut 
d'insectes, ilsse jettentsur les fruits et les semences ; leur mue 
est simple ; leur corps a une forme un peu ramassée ; les vieux 
se distinguent des jeunes par les ornemens qu’ils portent à la 
tête, et dont sont privés ceux-ci, qui ont d'ailleurs des diffé- 
rences assez remarquables dans leur plumage. 

Marin onniaiRe; Cossyphus tristis, Dum. Cette espèce, qui 
est le paradisea tristis de Gmelin, le gracula tristis de La- 
tham, l’acridoftheres tristis , ou martin proprement dit de 
M. Vieillot, a été figurée, sous le nom de merle des Philip- 
pines, dans les planches enluminées de Buffon, n.° 219. Elle 
est de la taille du merle commun, et a neuf pouces et demi 
de longueur. Le bec et les pieds sont jaunes, et il y a une 
place nue, triangulaire, de la même couleur, derrière les 
yeux. Le haut de la tête et le dessus du cou sont d’un noir 
brun; le dos, le bas de ia poitrine et les couvertures des aïles 
et de la queue d’un brun marron ; la gorge, le dessous du 
cou et le haut de la poitrine d’un noir grisâtre ; le ventre est 
blanc, ainsi que les flancs et les plumes anales ; les rémiges 
sont de cette dernière couleur à leur origine, et noiràtres 
dans le reste, comme les rectrices, quisont égales entre elles, 
et dont l’extrémité èst blanche, excepté chez les deux inter- 
médiaires. 

Cette espèce est celle dont on a été le plus à portée d’étu- 
dier les mœurs: outre la chasse qu’elle donne aux mouches, 
aux papillons, aux scarabées, etc., elle cherche la vermine 
sur le dos des chevaux, des bœufs, des cochons, qui souffrent 
volontiers leurs libérateurs, à moins qu'ils n'aient le cuir 
entamé; car alors ces oiseaux carnassiers , qui s’accommodent 
de tout, leur béqueteroient la chaïir vive. 

Les coups de fusil écartent à peine les martins qui se ras- 
semblent à la chute du jour sur les arbres voisins des habi- 
tations, et y babillent d’une manière fort incommode, quoi- 
qu’ils aient un ramage naturel trés-varié et assez agréable. 
Le matin ils se dispersent dans les campagnes par pelotons, 


262 MAR 


ou par paires , selon la saison. Ils font chaque année deux 
pontes, composées ordinairement de quatre œufs, dans des 
nids d’une construction grossière, qu’ils attachent aux ais- 
selles des feuilles du palmier latanier, ou d’autres arbres, et 
qu’ils placent même dans des greniers lorsqu'ils en trouvent 
les moyens. Leur attachement pour leurs petits est tel qu’ils 
poursuivent le ravisseur à coups de bec , et en jetant des 
cris. S’ils découvrent le lieu où ces petits ont été placés, ils 
s’y introduisent pour leur apporter à manger. 

On apprivoise sans peine les jeunes martins, qui appren- 
nent facilement à parler, et qui, tenus dans une basse-cour, 
contrefont d'eux-mêmes les cris des poules, des coqs, des 
oies, des moutons et autres animaux domestiques; ils accom-. 
pagnent même leur babil d’accens et de gestes remplis de 
gentillesses, qui contrastent avec l’épithète fristis , qu’on n’a 
pu néanmoins tirer avec plus de fondement de leur plumage 
dont les teintes variées n’ont rien de triste ni de sombre. 

Ces oiseaux, trés-nombreux dans l’Inde, aux Philippines, 
et probablement dans les contrées intermédiaires, sont d'un 
naturel fort glouton, et de grands destructeurs de sauterelles. 
Cette dernière circonstance les a rendus célébres à l’île de 
Bourbon , à laquelle ils ont été étrangers pendant long-temps, 
mais où l’intendant Poivre en a fait transporter plusieurs 
paires , afin de les opposer aux sauterelles qui désoloient l'ile, 
dans laquelle leurs œufs avoient été introduits avec des plants 
apportés de Madagascar. Les vues de l'excellent administra- 
teur avoient d’abord été couronnées d’un plein succés; mais, 
comme les colons se sont aperçus , aprés quelques années, 
que les martins fouilloient avec avidité dans les terres nou- 
vellement ensemencées , ils se sont figuré que c’étoit pour 
se nourrir du grain; et, après un procés dans les formes, on 
les a tous détruits. Les sauterelles ayant ensuite reparu sans 
obstacles, et causé de nouveaux dégâts, on regretta les mar- 
tins dont il fut, huit ans après, apporté deux paires que l’on 
mit sous la protection des lois. Une nouvelle destruction de 
ces insectes fut encore le résultat de cette seconde introduc- 
tion des martins; mais la nourriture de choix étant venue 
à manquer à ces oiseaux, ils se rejetèrent sur un insecte, 
dont les larves faisoient une guerre continuelle aux pucerons 


MAR 263 


<otonneux qui causent tant de dommages aux cafiers, et de 
là sur les fruits, les grains; ils tuèrent même les jeunes pi- 
geons dans les colombiers, et ils devinrent à leur tour un 
fléau qui exigea des mesures pour obvier à la trop grande 
multiplication de leur espèce. 

M. Cuvier regarde à peine comme une variété du martin 
ordinaire le martin huppé de la Chine, pl. enl. 507, et d'Ed- 
wards , 19; gracula cristatella, Lath., qui a surle front quel- 
ques plumes susceptibles de redressement, et dont tout le 
plumage est d’un noir bleuûtre , avec la partie supérieure des 
pennes alaires blanche , et une bordure de la même cou- 
leur aux pennes caudales. On prétend que cet oiseau apprend 
très-bien à siffler des airs, à articuler des paroles, et que les 
Chinois l’élèvent en cage avec du riz et des insectes. 

Daudin a décrit un martin aux ailes noires, gracula mela- 
noptera, qui différoit de l’espèce ci-dessus par la couleur de 
son plumage , lequel étoit blanc, à l’exception des ailes dont 
les pennes étoient entiérement noires; mais cet individu n’é- 
toit probablement aussi qu’une variété, comme celui dont 
parle Latham, chez lequel la peau nue s’étendoit depuis les 
coins du bec jusque beaucoup au-delà des yeux, et qui avoit 
le. devant du cou, la gorge et la poitrine cendrés. 

Marin PorTE-LamBsAUx : Cossyphus carunculatus, Dum.; Gra- 
cula carunculata, Gmel.; Gracula larvata, Shaw; Sturnus gal- 
linaceus , Lath. On trouve dans l’Ornithologie d’Afrique, 
pl. 93 et 94, la figure du mâle, de la femelle, du jeune et 
d’une variété de cet oiseau dont M. Vieillot avoit formé le 
genre Dilophe, qu’il a supprimé depuis, en considérant que 
les caroncules ne sont que les attributs de l'oiseau avancé en 
âge. En effet le jeune, pl. 94, n.° 1, a la tête tout-a-fait em- 
plumée , et dans cet état son bec est d’un brun jaunûtre; ses 
pieds sont bruns ainsi que les premières pennes alaires, et 
toutes celles de la queue, qui n’ont encore aucun reflet; les 
moyennes plumes et les couvertures de l'aile sont d’un gris 
brun, ainsi que les scapulaires, le manteau , le cou, la tête 
et la poitrine, tandis que le ventre, les jambes et les cou- 
vertures supérieures et inférieures de la queue sont blan- 
châtres. 

Le mâle, un peu plus grand que létourneau d'Europe, 


264 -. MAR 

pl. 93, n.° 1, a sous le bec un lambeau double qui embrasse 
toute la gorge, et pend ensuite de la longueur d'un pouce, 
ense séparant à son extrémité où ilse termine en deux pointes. 
Une sorte de crête ovalaire , haute de quatre lignes, traverse 
le front, et une autre plus élevée, arrondie et échancrée par 
le haut en forme de cœur,-se dresse sur le milieu de la tête. 
Ces peaux nues sont de couleur noire, ainsi que la face de 
l'oiseau , qui est aussi dégarnie de plumes. La peau également 
nue du derrière de la tête est roussâtre ; le bec, les yeux et 
les pieds sont bruns. Le plumage de cet oiseau est d’un gris 
roussàtre, plus foncé sur le derrière du cou et sur le man- 
teau que sous le corps; les ailes et la queue sont d’un noir 
bronzé à reflets. Les ailes pliées atteignent la moitié de la 
queue, qui est carrée. 

La taille de la femelle est un peu inférieure à celle du 
male ; la face nue et sans plumes est moins noire; les crêtes 
du dessus de la tête sont peu apparentes, et celle de la gorge 
ne descend pas au-delà de l’espace où elle y adhère ; son 
plumage est aussi moins lustré, 

Les porte-lambeaux recherchent les troupeaux de buffles, 
et se nourrissent de baies, d'insectes et de vers, qu’ils ra- 
massent sur laterre dans les lieux humides. Ils arrivent pen- 
dant les chaleurs dans les environs du Gamtoos; mais ils ne 
. font que le traverser, et se dirigent vers les pays des Caffres. 
On en voit rarement prés de la ville du Cap. M. Levaillant a 
tué dans leurs bandes le jeune individu qui est figuré pl. 94, 
n.° 2, et il s’en trouvoit dans la même troupe piusieurs qui, 
comme lui, avoient le plumage varié de presque autant de 
plumes blanches que de grises, IL ne paroît pas que ces oi- 
seaux nichent dans le pays, puisque les bandes renfermoient 
des jeunes; aussi ne connoît-on pas encore leurs œufs. 

ManTin-BRAME: Cossyphus pagodarum, Dum.; Turdus pago- 
darum , Linn. et Lath.; Gracula pagodarum, Daud.; Acrido- 
theres pagodarum, Vieiïll. Les Européens ont donné le nom de 
brame à cet oiseau, parce qu'il fréquente les tours des pa- 
godes au Coromandel et au Malabar, où Latham dit, pag. 140 
de son premier Supplément, qu’on le nomme powee, et qu’on 
l'élève en cage à cause de son chant. Suivant M. Leschenault, 
qui a rapporté de Pondichéry un individu déposé au Muséum 


MAR 265 
royal de Paris, on l'y appelle papara ramanulé. M. Levaillant 
en a aussi rencontré au midi de l’Afrique , sous le 27° degré 
de latitude , des bandes. considérables qui paroissoient se 
rendre dans des parties situées plus à l’Est pour y faire leur 
ponte; mais, pendant les six jours qu’a duré ce passage, :l 
n’a pu tuer que deux mâles faisant partie d'une bande qui 
s’'étoit abattue prés d’une fontaine; et c’est un de ces màles 
qu'il a fait figurer pl. 95, n.° 1, deson Ornithologie d'Afrique, 
et dont il a donné une description un peu différente de celle 
qu’on trouve dans le Voyage aux Indes de Sonnerat, tom. 2, 
pag. 180. dal 

Ce dernier ne présente le martin-brame que comme d’une 
_taillé un peu supérieure à celle du moineau franc, et, suivant 
M. Levaillant, il est aussi grand que le merle commun, dont 
il a aussi les proportions. Le bec, noir depuis sa base jusqu’à 
la moitié, et jaune ensuite, d'après Sonnerat , est entiérement 
jaune, ainsi que les pieds et les ongles, selon M. Levaillant, 
qui donne à l’oiseau des yeux d’un brun roussâtre, tandis 
que l'iris est bleu suivant le premier voyageur, qui, peut-être 
aussi pour avoir négligé d'étendre les pennes alaires ét cau- 
dales, les dit entièrement noires, quoiqu'elles ne le soient 
qu'en partie. Au reste, les deux individus que s’est procurés 
M. Levaillant avoient les plumes de la tête longues, étroites et 
pointues, formant une huppe occipitale d’un noir violet; les 
joues, la gorge, le cou et la poitrine d'un fauve roussàtre et 
plus clair sur les parties inférieures; le dos et les autres par- 
ties supérieures d’un gris tirent sur le roux; les rémiges noirà- 
tres extérieurement avec lesbarbesintérieures d’un brun clair; 
les couvertures du dessous de l'aile blanches, et formantsur son 
bord une bande de cette couleur; la plus latérale desrectrices 
est blanche avec unelarge tache noire dans le haut des barbes 
intérieures; enfiñ il y a plus de noir aux autres rectrices 
jusqu'aux deux du milieu, dont la pointe seule est blanche. 

Latham cite des individus dont l'orbite étoit nue, et dont 
les couleurs présentoient des différences , sans doute à raison 
de l’âge et du sexe, 

Marin eus-pEe-rER : Cossyphus griseus, Dum. ; Gracula grisea, 
Daud.; Acridotheres griseus, Vieill.; Oiseaux d'Afrique de 
Levaillant, pl. 95, fig. 2. Cet oiseau, de la taille du précédent, 


200 MAR 

a la queue courte et arrondie. Sa tête est couverte de plumes 
noires, pointues et eflilées, qui ne forment point de huppe. 
On remarque derrière l’œil une peau nue, de couleur orangée, 
qui s'étend en pointe et relève le noir dont il est entouré; la 
gorge, la poitrine et les flancs sont d’un gris ferrugineux; une 
bande assez large, d’un fauve clair, se prolonge du milieu de 
la poitrine jusqu’au ventre; les couvertures supérieures des 
ailes sont de la même couleur, qui se retrouve à l’extrémité 
des quatre premières pennes caudales de chaque côté, les- 
quelles dans le surplus sont noires, ainsi que les pennesalaires. 
Le bec est d’un orangé vif, les pieds et les ongles d’un jaune 
citron, et l’iris d’un brun rouge foncé. La femelle, un peu 
plus petite, a les couleurs plus ternes. 

Ces oiseaux volent par pelotons comme les étourneaux, et 
M. Levaillant, témoin d’un de leurs passages, effectué au 
mois d'octobre, au-dessus des hauteurs de Bruyntjes-Hoogte, 
a tué cinq individus des deux sexes. Comme les plumes de 
leur queue étoient usées par le frottement, il en a conclu 
qu'ils nichoient dans des trous, habitude qui lui paroît être 
celle de la tribu entière. 

Quoique plusieurs naturalistes parlent du martin gris-de- 
fer comme d’une espèce nouvelle, il paroît être le même que 
le martin de Gingi, turdus ginginianus, Lath., acridotheres ginpgi- 
nianus, Vieill. En effet la description que Sonneraten a donnée 
dans son Voyage aux Indes, tom. 2, pag. 194, présente des 
rapports frappans avec celle de M. Levaillant. La tête estnoire 
chez les deux. Les plumes ne paroiïssent pas à ce dernier 
susceptibles de se relever en huppe, comme le dit Sonnerat ; 
mais, selon tous deux, elles sont pointues et effilées, et Son- 
nerat a pu voir vivant l'oiseau que M. Levaillant n’a été a portée 
d'examiner qu'après sa mort. Sonnerat fait partir la peau nue 
de l'angle supérieur du bec pour se prolonger derrière l'œil, 
tandis que M. Levaillant ne l'annonce que comme existant dans 
cette dernière partie; mais l’accroissement des peaux nues 
dépend, comme on l’a vu, de l’âge des individus, et d’ailleurs 
la couleur jaune est la même, ainsi qu’au bec et aux pieds; 
l'iris est également rouge chez tous deux. Le gris, le roux 
clair et les autres couleurs occupent aussi les mêmes places 


MAR 267 


dans le plumage, soit pour les masses, soit pour les simples 
taches; la taille de l’oiseau est d’ailleurs identique. 

Marin -vigircanD: Cossyphus malabaricus , Dum. ; Turdus 
malabaricus, Linn. et Lath.; Acridotheres malabaricus, Vieill. 
Cet oiseau, dont parle Sonnerat dans son Voyage aux Indes, 
tom.2, pag. 195, est long d'environ huit pouces; son bec, 
noir dans la première partie, est jaunâtre à l'extrémité; l'iris 
et les pieds sont jaunes. La tête et le cou sont revêtus de 
plumes longues et déliées, d’un gris cendré, avec une ligne 
blanche au centre , ce qui lui a fait donner le nom de vieil- 
lard ; le dos, le croupion et les couvertures des ailes et de la 
queue sont d’un gris cendré; les pennes sont noires; le dessous 
du corps est d’un brun roux. Cet oiseau porte au Malabar le 
même nom que le martin-brame ; on le trouve aussi à la 
Chine, au Bengale, et on l'élève également en cage. 

Marrin soyEux: Cossyphus sericeus, Dum.; Sturnus sericeus , 
Gmel.; ErourneAU À REFLETS, Brown, Illustr., pl. 21. Cet 
oiseau , de la grosseur de l’étourneau ordinaire, a le bec de 
couleur orange foncé: les pieds jaunes; la tête et la gorge 
d’un blanc jaunâtre; le dessus et Le dessous du corps d’un gris 
soyeux; la queue noire et Les pennes alaires de la même cou- 
leur dans leur moitié inférieure, et blanches dans leur partie 
supérieure. : 

Brown a donné dans l’ouvrage ci-dessus cité, pl. 22 , sous 
le nom de grive à tête jaune , la figure d’un oïseau qui a le 
bec noir ; une peau nue et rougeûtre devant et derrière les 
yeux ; le haut de la tête d’un jaune pâle, ainsi que les joues, 
sous lesquelles se remarque une ligne noire; la poitrine et 
le ventre présentant, sur un fond cendré, des raies blanchâtres 
qui sont longitudinales sur la premiére , et demi-circulaires 
sur le second; le dos et les couvertures des ailes également 
cendrés, ayec des taches en croissant et alternativement 
brunes et blanchâtres; les pennes alaires et caudales, d’un 
vert sombre ; les jambes d’un gris bleuûtre. 

Cet oiseau , qui ressemble au moqueur par son talent pour 
limitation des sons, est élevé en cage dans l’île de Java , où 
on l’appelle stutju crawan. Il paroït se rapporter aux éurdus 
ochrocephalus et sturnus zeylanicus de Gmelin; et s’il appar- 
tient, comme cela est probable, et comme le pense M. Cu- 


268 MAR 


vier , au genre Martin, ce seroit le cas de le nommer cossy = 
phusochrocephalus. 

ManniN ouve; Cossyphus olivaceus, Dum. Cette espèce , 
dont il existe au Muséum d'Histoire naturelle de Paris un 
individu rapporté de Timor par Macé , est l’oiseau dont 
M. Vieïllot a fait un genre sous le nom de Manorine, et qui 
a été ci-devant décrit. Cet individu, de la grosseur du Pense 
est d’un vert plus foncé en dessus ren dessous ; son bec assez 
fort est jaune, et il a une place nue en avant des yeux et 
derrière. 

On trouve aussi dans les mêmes galeries les espèces nou- 
velles dont voici la notice, et qui viennent toutes des Indes: 
elles sont désignées sous le nom de gracula, avec des épithètes 
données par M. Cuvier, et que l’on va conserver ici. 

1.° MARTIN À LONGUE QUEUE ; Cossyphus caudatus , Dum. , le- 
quel à la gorge blanche, quelques raies longitudinales à la 
poitrine, et le dessus du corps grivelé et roussâtre, comme 
chez l’alouette commune. 

2.° MARTIN A QUEUE sTRIÉE ; Cossyphus striatus , Dum. Il y a 
plusieurs individus de cette espèce , qui ont été rapportés du 
Bengale par Macé et M. Dussumier. Leur taille est celle du 
merle commun ; leur couleur dominante est un gris roussatre ; 
l’un a des stries brunes, transversales sur la poitrine, et 
chez d’autres les stries sont longitudinales et plus pâles. 

3.” MARTIN PYGMÉE; Cossyphus minutus, Dum. Cette espèce, 
qui n’est pas plus grosse qu’un troglodyte , a la gorge blan- 
châtre et la tête rayée longitudinalement de roux La ou 
moins foncé. 

MM. Vieillot et Temminck rangent parmi les martins le 
goulin, graeula calva, Gmel. et Lath, acridothères calvus , 
Vieill., qui est figuré dans la 200.° pl. enl. de Buffon, sous 
le nom de mérle chauve des Philippines. Mais M. Cuvier le 
place dans la troisième section de ses philédons , et l’on se 
bornera à exposer ici que les oiseaux vulgairement appelés 
goulins sont sujets à varier, soit pour la taille , soit pour la 
couleur du plumage. Le plus grand des deux qu'a décrits 
Montbeillard, n’est que de la grosseur du merle commun , 
tandis que celui de Sonnerat a prés d’un pied de longueur, 
et la peau nue de la tête est tantôt de couleur de chair, tan- 


MAR 269 


tôt jaune. Ces oiseaux babillards se familiarisent aisément ; 
ils mangent les fruits du du et nichent dans des trous 
d'arbres. 

Edwards donne le nom de martin de l'Amérique à l'hiron- 
delle bleue femelle. (Cu. D.) 

MARTIN ou MARTLET (Mamm.), noms anglois de la marte 
ordinaire. (Desm.) 

NE CHASSEUR. ne ) Voyez MarTiN-PÊCHEUR: 
(CH. D 

re ( Ornith. ) Voyez Marrin -Pécneur. 
(Cab). | 

MARTIN-PECHCARET (Ornith.), nom provençal du martin- 
pêcheur d'Europe, alcedo ispida, rue (Cr D.) 

MARTIN-PÉCHEUR. (Ornith.) On a déjà décrit un assez 
grand nombre d'espèces de ce genre sousle mot ArcyoN ; mais 
d’autres ont été découvertes depuisla publication du premier 
volume de ce Dictionnaire, et il a d’ailleurs été proposé dans 
leur distribution des changemens que l’on croit devoir faire 
connoître. L’auteur de cet article s’étoit borné à diviser les 
alcyons, alcedo, Linn., en trois sections; savoir : les alcyons 
tétradactyles huppés ou sans huppes, et les alcyons tridac- 
tyles. M. Cuvier, prenant pour base la forme du bec et le 
nombre des doigts, a fait observer que chez ces oïseaux les 
uns ont, comme dans l'espèce ordinaire, le bec droit et pointu; 
que chez d’autres la mandibule inférieure est renflée; que 
ceux de la Nouvelle-Hollande, des terres voisines, etc., ont 
le bout de la mandibule supérieure crochu; et qu’enfin chez 
les Ceyx de M. de Lacépéde, dont le bec est droit et pointu 
comme chez les martins-pêcheurs ordinaires , le doigtinterne 
n'existe point au dehors, ce qui toutefois n'autorise pas suffi- 
samment la formation d'un genre particulier, puisqu'on a 
trouvé dans l’Inde deux espèces, dont l’une , l’alcedo tribra- 
chys deShaw , a un moignon dépourvu d’ongle, et dont l’autre 
a un ongle sans doigts, c'est-à-dire des rudimens du quatrième. 

M. Cuvier range dans la première section , l’alcedo maxima, 
Gmel., ou afra, at pl. enl. de Buffon , 679; alcedo alcyon, 
pl. 715 et 793; alcedo torquata, pl. 284; alcedo rudis , pl. 62 
et 716; alcedo bicolor, pl. 592 ; alcedo americana, pl. 591; alcedo 
bengalensis, Edw., pl. 11;alcedo cæruleocephala, pl. 356 de Bufr., 


270 MAR 

fig. 2; alcedo cristata, pl. 756, fig. 1 ; alcedo madagascariensis, 
pl. 778, fig. 1; alcedo purpurea, pl. 778, fig. 2; alcedo super- 
ciliosa, pl. 766, fig. 1 et 2. 

Dans la seconde, alcedo capensis, pl. 590 : alcedo atrica- 
pilla, pl. 673 ; alcedo smyrnensis, pl. 232 et 804; alcedo dea, 
pl. 116; alcedo chlorocephala , pl. 783, fig. 2 ; alcedo coromanda, 
Sonnerat, Ind., pl. 118; alcedo leucocephala (javanica, Sh.), 
pl. 757; alcedo senegalensis, pl. 594 et 556; alcedo cancro- 
phaga, Sh., pl. 3534. 

Daxs la troisième, alcedo fusca ( gigantea, Sh. X, pl Pop: 

Dans la quatrième, alcedo tridactyla, Gmel.; Pall., Spicil., 
VI, pl. 11, fig. 2; Sonn., pl. 52; alcedo tribrachys , Sh., 
Natural. Misc., XVI, pl. 681. 

M. Cuvier observe que dans plusieurs des figures enlumi- 
nées de Buffon, qui se rapportent aux alcyors de la seconde 
section , le bec n’est pas assez renflé. 

M. Vieillot, dans la seconde édition du Nouveau Diction- 
naire d'Histoire naturelle, a aussi divisé les martins-pécheurs 
d’après le nombre de leurs doigts ; mais il a sous-divisé les té- 
tradactyles en trois sections, dont la première se distingue 
par un bec droit, quadrangulaire ; la seconde par un becdroïit, 
trigone, et la mandibule inférieure renflée; et la troisième 
par un bec trigone, et une échancrure à la mandibule supé- 
rieure qui est inclinée vers le bout. La dernière de ces sec- 
tions ne comprend que trois espèces sur l’une desquelles ( l’al- 
cedo gigantea de Latham et fusca de Gmelin), M. Leach à 
établi au tome second de ses Miscellanea Zoologica , pag. 125, 
le genre Dacelo, anagramme d’alcedo , en lui donnant pour ca- 
ractères : Un bec gros, conique, à quatre angles, qui s'ouvre 
jusque sous les yeux ; la mandibule supérieure plus longue que 
l'inférieure, et fortement échancrée vers sa pointe; les narines 
oblongues; la queue moyenne, composée de douze rectrices 
presque égales, dont l’extérieure de chaque côté est un peu 
plus courte, Les pieds munis de quatre doigts, un derrière et 
trois devant, dont l’interne est le moins long, et dont les 
deux autres sont réunis à leur base par une membrane; les 
ongles recourbés. 

M. Temminck, qui, dans la seconde édition de son Manuel 
d’ornithologie, admet le genre Dacelo, ou martin -chasseur, 


MAR 271 


ajoute aux caracteres fournis par M. Leach , que le bec, dé- 
primé à la pointe, n’a pas l’arête vive qui se remarque à la 
mandibule supérieure des martins-pêcheurs ; que cette mandi- 
bule, subitement comprimée, est courbée à l'extrémité qui est 
trés-évasée ; que les narines, percées obliquement, sont à moi- 
tié fermées par une membrane couverte de plumes. Le même 
auteur indique en outre, comme différence essentielle entre 
les deux genres, la nature du plumage, toujours lustré, lisse 
et à barbes serrées chez les martins-pêcheurs, tandis que ces 
barbes sont làches chez les martins-chasseurs, dont les plumes 
ne sont pas lustrées. M. Temminck avoue, d’ailleurs, que le 
bec de l’alcedo gigantea, Lath., ou martin-pêcheur choucas, 
sur lequel M. Leach a formé son genre Dacelo , est presquele 
même que celui des alcedo, et qu’il doit, en conséquence, 
être placé sur la limite des deux genres, de sorte qu’à son 
égard le changement de dénomination ne reposeroit que sur 
les mœurs et la nature du plumage; circonstances d’autant 
moins suflisantes pour le motiver dans un système artificiel, 
que si les martins-chasseurs, qui habitent les bois, nichent 
dans aes creux d’arbres, et non dans des trous en terre, leur 
nourriture, qui consiste surtout en insectes, n’est pas tout-à- 
fait différente de celle des martins-ichthyophages, puisque ces 
derniers en mangent aussi conjointement avec des poissons. 
D'un autre côté, M. Temminck ne cite pas d’autres espèces 
a ranger, suivant lui, dans le genre Dacelo, et M. Vieillot 
ne place avec l’alcedo gigantea que le martin-pécheur à tête 
grise, alcedo senegalensis , Lath., pl. enl. de Buffon, n.° 594, 
et le martin-pècheur vert de l’Australasie, alcedo Australasiæ, 
Vieill. Il est vrai que, suivant l’ordre dans lequel on trouve 
les alcyons rangés au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, 
le nombre des martins-chasseurs seroit plus considérable ; 
mais la division entre les martins-pêcheurs et chasseurs ne pa- 
roit pas encore suflisamment établie pour la proposer ici d’une 
maniere absolue; et d’ailleurs M. Levaillant, qui le premier 
en a donné l’idée dans le second volume de ses Oiseaux de 
paradis, rolliers, etc., pag. 111, annonce dans les additions 
au troisième volume du même ouvrage, pag. b1, article du 
jacamar alcyon, le projet de diviser le genre Alcedo en trois 
familles tres-distinctes, savoir : les alcyons-pêcheurs , les al- 


272 MAR s 

cyons-crabiers et les alcyons-chasseurs. Il renvoie même pour 
l'établissement des caractères physiques et moraux de ces trois 
familles, au Supplément à l'Histoire naturelle des Oiseaux 
d'Afrique; mais malheureusement la suite de ce grand et bel 
ouvrage n’a pas encore été publiée, quoique le manuscrit fût 
prêt dés l'année 1808, ainsi que | l’auteur l’a déclaré par une 
note qui en termine le sixième “volume ; et la division des 
martins-crabiers, qui, comme l’alcedo cancrophaga, Lath., se 
nourrissent de crabes de terre, ayant sans doute offert à . 
M. Levaillant de nouveaux aperçus, il y auroit de l’indiscré- 
tion à s'occuper en ce moment d’une classification générale 
des alcyons, qui seroit nécessairement incomplète avant d’a- 
voir, sur la totalité de ces oiseaux, les renseignemens promis 
par ce savant ornithologiste. 

Une considération générale qui résulte toutefois de l’exa- 
men auquel on vient de se livrer, c’est que le terme simple 
alcyon, employé dans le premier volume de ce Dictionnaire, 
de préférence au mot composé. martin- pécheur, étoit en effet 
plus convenable, puisque les épithètes de chasseurs etde cra- 
biers ne peuvent être ajoutées à martins-pécheurs, et que le 
mot martin, isolé, pourroit faire naître une confusion avec 
le martin, autre genre d'oiseau (cossyphus, Cuv.),auquel ce 
nom est consacré depuis long-temps. 

Avant de s'occuper d'espèces dont il n’est point parlé dans 
le premier Volume de ce Dictionnaire, on croit devoir ajou- 
ter aux observations générales qui y sont présentées, que ces 
oiseaux n’ont pas la faculté de marcher:ni de sauter; qu'ils 
ne paroïssent être sujets à la mue qu’une fois l’année : que 
plus les poissons que veulent saisir les alcyons- ichthyophages s 
sont grands, plus ceux-ci se laissent tomber de haut: enfin, 
que chez certaines espèces étrangères, les jeunes, qui res- 
semblent aux femelles, se reconnoissent à la couleur du bec 
et des pets 

Les espèces d’alcyons que l’on trouve au Muséum d Histoire 
naturelle de Paris, et qui ne paroissent pas encore avoir été 
décrites, sont les suivantes : J 

ALCYON À MANTEAU ; Alcedo westita. Cet oiseau, placé prés 
du martin-pécheur-pie, et dont la taille est un peu plus forte, 
a été rapporté du Brésil par M. Lalande, aide-naturaliste, qui 


MAR 273 
a fait plusieurs voyages utiles à l’histoire naturelle, et que 
les sciences viennent de perdre. Tout le dessus du corps est 
d’un vert foncé, ainsi que les ailes et la queue, dont les pennes 
extérieures sont tachetées de blanc. Cette dernière couleur 
est celle des parties inférieures; mais, comme le vert descend 
jusque sur les côtés de la poitrine, il en résulte un demi-col- 
lier blanc. Le bec et les pieds sont noirs. 

Cet oiseau paroît être le même que celui quia été décrit par 
M. d’Azara, 2.° 421, sous le nom de martin-pêcheur, d’un 
vert sombre, œiridis, Vieill. 

ALCYON D'UN VERT DE MER; Alcedo beryllina, Vieill. Cette 
espèce de cinq à six pouces de longueur, est sur toutes les 
_ partiessupérieures d’un vert de mer, qui forme aussi une ER 
bande sur la poitrine ; l’espace entre le bec et l’œil est blanc ; 
et l’on voit aux côtés du cou une tache longitudinale de la 
même couleur; la gorge et le ventre sont également blancs ; 
le bec est noir et les pieds sont jaunâtres. Un individu de 
cette espèce est représenté dans l’atlas de ce Dictionnaire. Il 
est indiqué au Muséum comme étant de la Nouvelle-Hollande; 
mais M. Vieillot dit qu’il se trouve à Java. 

ALCYON À TÊTE ROUSSE ; Alcedo ruficeps , Cuv. Cette espèce, 
un peu plus forte que l’alcyon d'Europe, a été trouvée aux 
îles Mariannes par MM. Quoy et Gaimard, naturalistes de 
l'expédition du capitaine Freycinet. La tête et le haut du dos 
sont roux; les autres parties supérieures , les ailes et la queue 
sont d’un vert foncé. 

ALCYON A TÊTE BLANCHE; Alcedo abc, Cuv. Cet oiseau, 
de la taille du proyer, a été rapporté des mêmes îles par les 
mêmes naturalistes, qui ont fait a son sujet des observations 
propres a jeter des incertitudes fondées sur la réalité des es- 
pèces que les auteurs ont trop multipliées, sans doute, dans 
le genre Alcyon. Les trois individus qu’ils se sont procurés, 
leur ont offert trois états différens : dans le premier, la tête 
étoit bleue ; dans le second, elle étoit moitié blanche et moi- 
tié bleue; dans le troisième , tout-à-fait blanche. Le ventre 
est de cette dernière couleur ; la gorge et la poitrine sont 
roussàtres. 

Mais l’espèce la plus intéressante de celles qu’on doit à 
MM. Quoy et Gaimard, est le Manrin-cHasseur, ou Arcyon 


F9. 18 


274 MAR 


GAUDICHAUD, Dacelo Gaudichaud, auquel ils ont donné le nom 
de ieur collègue, chargé de la partie botanique dans Le voyage 
autour du monde. Cet” oiseau , qui est représenté sur la vingt- 
cinquième planche de l'Atlas de Zoologie de ce voyage , est 
le salba des habitans de Guébé, et le mankinetrous, où man- 
grogrone des Papous. Il résulte des notes que MM. Gaimard 
et Quoy ont bien voulu communiquer à l’auteur de cet ar- 
ticle, que l'oiseau dont il s’agit habite les bois aux iles Rawak 
et Waigiou, faisant partie de celles des Papous, aux îles Ma- 
riannes et à la Nouvelle-Hollande; qu’il n’est point farouche, 
et que les individus qu’on y a tués avoient encore le bec cou- 
vert délaterre qu'ils venoient de fouiller pour y chercherleur 
nourriture. 

L'individu du Muséum a onze pouces et demi de longueur : 
son bec, gros et tétragone, qui est verdâtre sur les côtés, et 
de couleur de corne sur les arêtes, est long de deux pouces 
quatre lignes; les mandibules sont aiguës à leur pointe, et la 
supérieure dépasse l’inférieure; l'iris est rougeàtre ; le haut 
des tarses ést emplumé; les pieds sont courts et de couleur 
brune ; l’ongle du doigt du milieu est dilaté sur son bord in- 
terne. Le plumage est d’un noir foncé sur la tête et le man- 
teau ; la gorge est couverte d’un plastron blanc qui $’étend sur 
les côtés du cou , et forme par derrière un collier moins large, 
nuancé de roussâtre ; un trait blanc passe du bec derrière 
l'œil ; le bas du dos, le croupion et les couvertures supérieures 
des ailes sont d’un bleu d’outremer; les grandes pennes des 
ailes et de la queue sont d’un bleu foncé, qui devient noir à 
leur extrémité ; la poitrine et les parties inférieures sont 
d’un roux également foncé; les côtés du corps sont fauves, et 
ont une tache noire qui ne devient visible que quand laile 
est soulevée. ; 

Les naturalistes voyageurs ont trouvé sur deux autres indi- 
vidus des mêmeslieux , quelques différences qu'ils attribuent à 
l’âge, et ils ont observé qu’en généralles alcyons-chasseurs sont 
fort gras, qu’ils habitent le milieu des boïs, et que si Rue; 4 
fois ils fréquentent les bords de la mer, c’est pour s ‘empärer 
de petites pagures qu’ils enlévent avec leur coquille. 

L'article Arcyow, inséré au premier volume de ce Diction- 
ndire , né faisant point mention de plusieurs espèces décrites 


MAR Lib 278 


dans d’autres ouvrages, on va en donner ici une courte notice, 
sans prétendre aucunement les présenter toutes comme es- 
péces réelles, ni même en garantir l'existence ; et comme on 
vient de parler d’un alcyon-chasseur, on commencera par les 
deux espèces qui, avec l’alcyon géant, dont il a été question 
au premier volumede ce Dictionnaire, pag. 453, offrent d’une 
maniere plus prononcée les caractères de la même famille. 
ALCYON À TÊTE GkIse; Alcedo senegalensis, Lath. Cet oiseau , 

de la taille d’un merle, qui se trouve au Sénégal, en Arabie 
et dans d’autres contrées de l'Afrique, est figuré dans les 
planches enluminées de Buffon sous le n.° 594 ; mais, suivant 
M. Levaillant, qui l’a vu dansle pays des Caffres, cette planche 
représente la femeile. Le mâle, un peu différent, a le dessus 
de la tête d’un brun mêlé de noir; le dos et les petites cou- 
vertures des ailes de cette dernière couleur; le croupion, la 
queue et les ailes bleus; le ventre rayé longitudinalement de 
noir. Gmelin et Latham regardent comme une variété le 

martin-pêcheur bleu et noir du Sénégal, Buff., pl. 556 ; et 
le second de ces auteurs cite aussi comme une autre variété 
un individu rapporté d’Abyssinie , lequel a la tête et le cou 
blancs; une bande bleue sur la poitrine; le bec et les pieds 
rouges, et vit, dit-on, de crabes, comme l’alcyon crabier, 
pl. 3342 

ALCYON VERT DE EE Alcedo Australasiæ, Vieill. Cet 
oiseau, de la taille de l’alcyon d'Europe, a sur le front des 
plumes de couleur ferrugineuse : une bande de la même cou- 
leur, au centre de laquelle se voit une ligne d’un bleu foncé, 
part des narines, passe au-dessus des yeux, et occupe ensuite 
toute la partie postérieure du cou et les côtés de la tête, dont 
le sommet est vert ainsi que le dos. Les ailes et la queue ont 
leurs pennes bleues; la gorge est d’un blanc qui jaunit sur 

la poitrine et le ventre. Le bec, noir en dessus, est blanc en 
| dessous. 

ALCYON DE L'AMAZONE; Alcedo amazona, Lath. Cet oiseau de 
la Guiase, long d’un pied, a le bec noir; les parties su pé- 
rieures d’un vert brillant ; le dessous du corps blanc, ainsi 
qu'un demi-collier prés de la nuque; des taches vertes à la 
poitrine et aux flancs , et des or blanches aux pennes 
alaires. 


18) 


276 MAR 

ALCYON A BEC BLANC; Alcedo leucorhyncha , Lath. Séba , qui 
donne tet oiseau de quatre pouces et demi de longueur, comme 
habitant l'Amérique, dit qu’il a le cou et la tête d’un rouge 
bai; le dos et les couvertures: des ailes et de la queue d’un 
beau vert; les pennes alaires cendrées; la poitrine etle ventre 
d’un jaune clair ; la queue bleue en dessus, et cendrée en 
dessous. 

Arcyon Du BEsNGALE ; Alcedo bengalensis, Lath. Les "he pe- 
tits alcyons Crau a ie pl. 11, et dont Brisson a 
formé deux espèces, sont considérés par les ornithologistes 
modernes comme des variétés du même. L’un a quatre pouces 
et demi de longueur; son bec est noir, et le dessus du corps 
d’un bleu d’aigue-marine ; une strie rousse traverse les yeux ; 
la gorge est blanche, et le dessous du corps roux: les pennes 
alaires et caudales sont brunes et bordées d’un vert d’aigue- 
marine; les pieds sont rouges. Les plumes de la tête et de la 
queue sont entiérement brunes chez le second de ces oiseaux, 
dont la taille est un peu inférieure. 

ALCYON BLEUATRE ; Alcedo cærulescens, Lath. Cet oiseau , de 
l'ile de Timor, est de la taille du précédent; il a les PDES su- 
périeures d’un bleu très-pâle, varié de blanc. La poitrine est 
de la même couleur, ainsi qu’une bandelette qui de la mandi- 
bule inférieure descend des deux côtés de la gorge. Le reste 
des parties inférieures est blanc ; le bec noir, et le tarse 
orangé. 

ALCYON A FRONT JAUNE; Alcedo erithaca, Lath. Cette espèce 
du Bengale a été décrite par Albin, comme étant de la taille 
du martin-pêcheur d'Europe, et ayant le bec, les pieds, le 
dessus de la tête, le croupion et les couvertures supérieures 
de la queue rouges; une bande noire et une bleue sur les 
côtés de la tête ; le front et le dessous du corps jaunes; la 
gorge et un collier blancs; le dos d’un bleu foncé; les ailes 
d’un gris de fer. Buffon et Mauduyt élèvent des doutes sur 
l'existence de cet oiseau , auquel Latham donne une variété 
dans celui qui est ainsi décrit par Pennant dans ses Genera of 
birds : Bec et pieds rouges; une tache blanche prés de la base 
de la mandibule supérieure ; tête et haut du cou d’un rouge 
orangé, gorge blanche; haut du dos bleu , le milieu orangé; 
le croupion d’un pourpre clair; la poitrine et le ventre d’un 
blanc jaunûtre. 


MAR = 


Ces oiseaux paroissent avoir des rapports avec Palcedo pur- 
purea, décrit dans ce Dictionnaire, 1.“ vol., pag: 449. 

ALCYON BLEU ET BLANC ; Alcedo cyanoleuca, Vieïll. Cette es- 
pêce est donnée par M. Vieillot comme se trouvant en Afrique 
sur la côte d’Angole, et ayant le bec rouge avec la pointe 
noire; la tête , le dessous du co@, le dos , les ailes etla queue 
d’un bleu d’aigue-marine ; la gorge, les côtés du cou, la poi- 
trine et le ventre blancs , avec quelques raies obscures ; les 
pieds noirs. 

ALCYON 4 COLLIER BLANC ; Alcedo collaris, LatR Suivant Son- 
nerat, cette espèce des Philippines est d’une taille inférieure 
à celle du merle commun; le bec est noir, et jaunâtre à la 
- base de la mandibule inférieure; les pieds sont noirätres; les 
parties supérieures sont d’un bleu verdàtre, et le dessous du 
corps est blanc, ainsi que le collier. 

ALeyoN À FRONT Gn!s; Alcedo cinereifrons, Vieill, Cet oiseau 
de Malimbe , qui fréquente, dit-on, les bords de la mer, a la 
mandibule supérieure jaune , avec des taches rouges et noires; 
l’inférieure de cette‘ derniére couleur; les pieds bruns; la tête, 
a l'exception du front , le cou, le dos, le croupion, là poi- 
trine, et le bord extérieur des pennes alaires, d’un bleu 
d’aigue-marine ; les couvertures des aïles et les plumes scapu- 
laires noires, ainsi qu’un trait qui traverse l’œil; la gorge et 
le ventre blanchâtres. 

ALCYON À COLLIER DES INDES; Alcedo cærulea, Lath. Long d’en- 
viron sept pouces, il a le bec noirâtre à la pointe, et gris à 
sa base. Les yeux sont surmontés d’une petite bande blanche ; 
le dessus du corps est d’un très-beau bleu jusqu’au croupion, 
qui est d’un vertéclatant, ainsi que les couvertures supérieures 
des ailes et de la queue. Le cou est entouré d’un collier blanc ; 
la gorge, la poitrine et le dessous du corps sont roux ; les pennés 
des ailes et de la queue sont bleues en dessus, et noirâtres en 
dessous. Les pieds sont gris. 

ALCYON BLEU DE CIgL; Alcedo cyanea, Vieill. Cet oiseau du 
Paraguay, décrit par M. d’Azara, n.° 417, est long d’environ 
seize pouces. Le bec, plus épais que large , a deux pouces de 
longueur; et il est trés-fort; la gorge , une portion du devant 
du cou etune tache entre le bec et l’œil sont blancs ; un beau 
bleu de ciel règne sur le sommet et les côtés de la tête, et sur 


278 MAR 


le dessus du corps, où chaque plume présente un trait longi- 
tudinal noir. Les parties inférieures sont d’une couleur de 
tabac d’Espagne; le bas de la jambe et le tarse sont d’un brun 
clair, mêlé de verdâtre, Les jeunes se reconnoissent à un mé- 
lange de rouge foible et au bleu de ciel du devant du cou. 
M. d’Azara a décrit, n.° 488, un autre individu sous le 
nom de martin-pêcheur d’un bleu de ciel obscur; mais, comme 
il ressemble béaucoup au précédent, ce n’est probablement 
qu’une différence d’âge ou de sexe. 

Le même auteur donne , aux n.* 419 et 420, la description 
de deux alcyons sous les noms de martin-pêcheur mordoré ( al- 
cedo rubescens, Vieill.) et de martin-pêcheur à cou rouge; mais 
il paroît aussi que le second n’est pas une espèce différente du 
premier, qui est long de douze pouces environ, et a le bec 
noir, les sourcils , la gorge, un demi-collier sur la nuque, la 
poitrine, le ventre blancs; la tête, le derrière et les côtés du 
cou , le dos, le croupion, le côté supérieur des pennesalaires, 
et leurs couvertures, mordorés sous un aspect, et d’un noi- 
râtre mêlé de bleu de béryl sous l’autre, avec quelques taches 
et points blancs sur les couvertures ; le grand côté des pennes 
frangé en festons blancs et noirâtres ; la queue noirâtre et ta- 
chetée de blanc sur les pennes extérieures de chaque côté. 

ALCYON TOUNZI ; Alcedo nutans, Vieill. Cet oiseau, plus pe- 
tit que l’alcyon d'Europe, estregardé par Sonnini comme une 
variété du martin-pêcheur bleu et noir du Sénégal; mais quoi- 
qu’il ait, comme celui-ci, les parties supérieures bleues, la 
gorge blanche et le dessous du corps d’un roux fauve, M. Vieil- 
lot fait observer qu’il en diffère par la taille, par ses pennes 
brunes, par le violet pourpré qui lui couvre les joues, par 
son collier roux, etc. Il habite les rivages de la mer et le bord 
des ruisseaux dans les royaumes de Congo et de Cacombo, 
et balance continuellement sa tête. 

ALCYON TEU-ROU-JOu-LON. Cet oiseau, qui habite les iles Cé- 
lébes, a le bec rouge, la tête et le dos verts; la queue d’un 
beau bleu , et le ventre jaune. Suivant Buffon , ce n’est qu’une 
variété du martin-pêcheur à tête couleur de paille; mais sa 
taille n'excède pas celle de l’alouette, et celui-ci est beaucoup 
plus grand. 

ALCYON A TÊTE 8LEUR ; Alcedo cœruleocephala, Latham, pl. 


MAR 279 
enl. de Buffon, n.° 366. Cet oiseau, qui, comme le précé- 
dent, se trouve à Madagascar , n’a que quatre pouces de lon- 
gueur ; le dessus de sa tête est d’un bleu vif avec des nuances 
plus claires et verdoyantes ; le dessus du corps est d’un bleu 
d'outremer; la gorge est blanche, et les parties inférieures 
sont rouges, ainsi que les piedset le bec. 

Golberry dit, au tome second de son Voyage en Afrique, 
pag. 4358, qu’on voitsur les bords du Sénégal un martin-pé- 
cheur qui n’a que deux pouces de longueur, et qui, d’une 
vitesse et d’une légèreté extrêmes, voltige toute la journée, 
sans se reposer, aux-environs de l'ile Saint-Louis, où, pen- 
dant les crues du fleuve, il recherche avidement les petits 
‘vers qu'il trouve sur ses rives. Son bec:trés-fin est, ajoute-t-il, 
plus long que son corps; sa tête verdâtre est chatoyante comme 
l’émeraude orientale; le dos et les autres parties supérieures 
sont d’un bleu céleste foncé; l'extrémité des aïles est noire; 
la gorge est d’un blanc éclatant; la poitrine, le ventre et le 
dessous de la queue sont d’un roux alezan. Le voyageur qu’on 
vient de nommer, et dont l’ouvrage a été imprimé en 1602» 
n’est point cité par les ornithologistes qui, en parlant du mar- 
tin-pêcheur bleu et noir du Sénégal, alcedo senegalensis, Lath., 
var., et du inartin-pêcheur à tête bleue, alcedo cæruleoce- 
phala , Lath., appliquent aux deux la planche 356 de Buffon, 
quoiqu'’ils donnent au premier de ces oiseaux sept pouces de 
longueur, et quatre seulément au deuxième. Comme les cou- 
leurs de la planche enluminée indiquent des rapports entre 
ce dernier et le petit martin-pêcheur de Golberry, qui n’a 
vraisemblablement pas compris la longueur du bec et celle 
du corps dans son évaluation à deux pouces, il est probable 
que l'oiseau dont il s’agit n’est pas une nouvelle espèce ; mais 
saus cela on pourroit l'appeler à juste titre alcedo pusilla. 

ALCYON Des Inpes; Alcedo orientalis, Lath. Cet oiseau, qui 
a le bec et les pieds rouges, est long de quatre pouces et 
demi. La tête et la gorge sont d’un beau bleu; le dessus du 
corps”est vert; les pennes alaires sont noirâtres et bleues à 
l'extérieur; le dessous du corps est roux ; le bec et les pieds 
sont rouges. 

ALcyon viozet; Alcedo coromanda, Lath. On trouve à la 
côte de Coromandel cet oiseau de la grosseur du merle, qui 


280 MAR 


a les parties superieures du corps d’un rouge päle changeant 
en violet, à l'exception du croupion sur lequel on voit une 
bande longitudinale d’un blanc bleuâtre. Le dessous du corps 
est d’un roux clair; la gorge est blanche, et le bec et les 
pieds sont rougeàtres. 

ALCYON DE SURINAM; Alcedo surinamensis, Lath. Cet oiseau 
dont parle Fermin dans sa Description de Surinam, tom. 2, 
pag. 181, est un peu moins grand que le merle commun. 
Il a la tête d’un noir verdâtre, avec quelques taches bleues 
en travers; le dos est d’un bleu clair et argenté, avec des 
nuances noirâtres; la queue est d’un bleu obscur; la gorge 
et le milieu du ventre sont d’un blanc rougeûtre; la poitrine 
est rousse; le bec est noir. On le trouve ordinairement prés 
des eaux vives; il se perche sur les arbres, et fait dans des 
trous près de l’eau un nid où il pond cinq ou six œufs. 

ALcyon TACHETÉ ; Alcedo inda, Lath. Edwards a donné, pl. 335, 
la figure de cet oiseau de Cayenne, qui est long de sept pouces, 
et a le dos, les aïles et la queue d’un noir verdàtre, avec 
une bordure blanche aux pennes caudales et uropygiales; le 
dessous du corps orangé, à l'exception d’un collier noir, et 
bordé de cendré blanchâtre; le bec noirâtre et les pieds de 
couleur de chair. | 

On a décritau tome I. de ce Dictionnaire , pag. 457, sous 
le nom d’alcyon ceyx, l’alcyon tridactyle de l’île de Luçon ; 
alcedo tridactyla, Lath., dont la figure se trouve dans le Voyage 
à la Nouvelle-Guinée, de Sonnerat, pl. 32, et dansle sixième 
fascicule des Spicilegia de Pallas, pl. 11, fig. 2. Shaw a décrit 
depuis dans ses Mélanges une autre espèce sous le nom d’al- 
cedo tribrachys, ou alcyon ceyx à dos bleu. Cet oiseau , rap- 
porté de Timor, a été figuré dans le même ouvrage, pl. 681. 
Il est d’un bleu foncé sur le corps, et une bande de la même 
couleur descend des joues sur les côtés de la gorge, du cou 
et de la poitrine; les côtés de l’occiput et le dessous du corps 
sont ferrugineux. Les tarses sont orangés, et le bec est noir. 

ALCYON CEYX POURPRE ; Alcedo ceyx purpurata, Dum. Cet oï- 
seau , de la taille d’une fauvette , a été rapporté de Java par 
M. Leschenault. Les parties supérieures du corps sont rousses ; 
les inférieures sont blanches, et le bec est roux. 

L'oiseau décrit sous le nom de martin-pécheur de mer aux 


MAR 281 


ailes longues, par M. d'Azara , est la frégate, pelecanus aquilus, 
Linn.; et M. Savigny dit, pag. 6 des Observations sur son sys- 
tèine des oiseaux d'Egypte et de Syrie, que l’alcedo ægyptia 
d'Hasselquist dans son Voyage au Levant, part. 2, pag. 21 dela 
traduction françoise, n’est pas un alcyon , mais vraisemblable- 
ment un bihoreau. 

Les alcyons portent à O-Taïti et aux iles des Amis les noms 
d’erooro et de koato-0-00. Ils y sont regardés comme des oiseaux 
sacrés, qu’il est défendu de tuer. (Ca. D.) 

MARTIN-PESCAO.( Ornith.) L'oiseau que l’on nomme ainsi 
à Gênes est l’hirondelle de mer cendrée, séerna cinerea, Linn. 
(Cr: 

MARTIN-SEC. ( Bot.) Nom d'une variété de poire pyrami- 
dale, de grosseur moyenne, roussàtre, à chair cassante, sèche, 
d’une saveur sucrée, müûrissant de novembre à janvier. (L. D.) 

MARTIN-SIRE. (Bot.) Autre variété de poire alongée, assez 
grosse, d’un vert jaunâtre, tachetée de points gris, à chair 
ferme, sucrée , et mûrissant en novembre. (I. D.) 

MARTIN , VACHE A DIEU, BÊTE A DIEU, MARTIN BON 
DIEU (Entom.), noms vulgaires des coccinelles. (C. D.) 

MARTINAZZO ( Ornith.), nom donné par les Vénitiens au 
goéland varié ou grisard, Larus nævius, Linn. (Cn. D.) 

MARTINET. (Ornith.) Ces oiseaux ont beaucoup de rapports 
avec les hirondelles; mais, tandis que celles-ci ont les doigts 
des pieds et le sternum disposés comme chez la plupart des 
passereaux, les martinets s’en distinguent, 1.° par la situation 
du pouce qui, placé de côté, se dirige le plus ordinairement 
en avant, et quelquefois, selon le besoin de l’oiseau, en ar- 
riére; 2.° par la brièveté de l’humérus, dont les apophyses 
sont très-larges, par la fourchette ovale et par le sternum sans 
échancrure vers le bas, toutes circonstances propres à aug- 
menter la puissance du vol. Les autres caractères génériques 
des martinets sont d’avoir le bec très-court et couvert de 
plumes presque jusqu’à la pointe; des abajoues contre les pa- 
rois desquelles une humeur gluante retient les insectes jus- 
qu'au moment où l'oiseau éprouve le besoin de les avaler, ou 
d’en nourrir ses petits; les tarses et les doigts plus courts et 

plus gros que chez les hirondelles, et les ongles plus crochus; 
les ailes plus longues et moins larges; la queue ordinaire- 


282 MAR 


ment composée de dix pennes. On peut remarquer, en 
outre, que les plumes des martinets sont courtes, rudes et 
de la nature de celles des oiseaux aquatiques, pendant que 
les plumes des hirondelles sont plus fines et plus moelleuses : 
aussi M. Levaillant observe-t-il que si les grands orages, les 
fortes pluies, les vents violens font rentrer les hirondelles 
dans leurs cachettes, les martinets semblent éprouver un plat 
sir réel à lutter contre les élémens en fureur. 

Aristote paroît avoir appliqué collectivement aux hiron- 
delles et aux martinets le nom d’apodes, quoiqu'il n'ignoràt 
pas que ces oiseaux n’étoient point privés de pieds, mais parce 
qu'ils s’en servent fort peu. Linnæus a restreint cette déno- 
mination aux martinets qui en font encore moins d'usage que 
les hirondelles ; mais ce terme ambigu doit être tout-à-fait 
écarté pour le remplacer par celui de cypselus , tiré du mode 
de fabrication de leurs nids, cistellis ex luto fictis, d'apres 
l'interprétation de Gaza, rapportée par Gesner, de Avibus, 
p- 161. Ce nom générique a d’ailleurs été adopté par Illiger 
et par d’autres ornithologistes modernes. 

Les martinetssontdes oiseaux aériens par excellence, dontla 
vie se passe dans une agitation extrême ou dans un repos absolu. 
Lorsqu'ils se posent, ce qui arrive rarement, c’est sur des lieux 
élevés, contre des muraiiles ou contre des arbres; et si par 
accident ils tombent à terre, ils ont beaucuup de mal à se 
traîner sur une petite motte ou une pierre qui leur fournisse 
les moyens de mettre en jeu leurs longues ailes. Dans le cas 
même où ils se irouveroient sur une surface dure et polie, 
Linnæus et Montbeillard pensoient qu’il leur seroit impossible 
de se relever; mais Spallanzani à vérifié le contraire par des 
expériences faites sur plus de dix individus d’âges différens 
qui, posés sur le parquet trés-uni d’une chambre vaste et bien 
éclairée, frappoient subitement de leurs pieds contre terre, 
étendoient leurs ailes, les battoïient l’une contre l’autre, et, 
après s'être ainsi détachés du sol, parvenoient à décrire un 
cercle bas et court, puis un second plus large et plus élevé, 
et devenoient enfin maîtres de l'air. L'auteur italien croit 
néanmoins que si les martinets s’'abattoient dans des lieux 
fourrés, couverts de buissons ou de hautes herbes , ce seroient 
pour eux des écueils insurmontables; mais il faudroit, pour 


MAR | 283 


cela, qu'ils sussent épuisé leurs forces à ramper vainement, à 
la manière des reptiles, avant de pouvoir se dégager de ce 
mauvais pas. . 

Les martinets boivent comme ils mangent en volant. etleur 
nourriture consiste en insectes qui vivent dans les régions 
élevées dé l'air ou sur les eaux , et Spallanzani, qui a eu lieu de 
SA UREr combien ces oiseaux sont friands des fourmis aïlées, 
s’est assuré, dans cette occasion, qu ’1ls apercevoient distinc- 
tement un objet de cinq lignes de diamètre à la distance de 
trois cent quatorze pieds, et que leur vue étoit si nette, qu'ils 
descendoient du haut des airs avec la rapidité d’une flèche, 
et, aprés avoir effleuré la terre, remontoient d’une vitesse 
égale et dans une direction contraire. Montbeillard pensoit 
que les martinets alloient passer la nuit dans les bois pour 
faire la chasse aux insectes ; mais Spallanzani, ayant ouvert de 
ces oiseaux par lui tués de grand matin, au moment de leur 
retour journalier , n’a trouvé dans leur estomac qu'un résidu 
d'insectes méconnoissables par l'effet de la digestion, qui n’au- 
roit pas été si avancée dans le cas où ces alimens auroient été 
pris la nuit même , et il croit d'autant moins que les martinets 
puissent voir suffisamment dans la nuit, qu'en obscurcissant 
une chambre qui en renfermoit, ces oiseaux perdoient la 
direction du vol, se heurtoient contre les murs et tomboiïent 
à terre. | 

Les martinets sont peu nombreux en espèces. On n’en con- 
noît que deux en Europe, le martinet noir ou commun, etle 
martinet à ventre blanc ou des hautes montagnes. 

Marniner nor ou commun. Cet oiseau, qui est l'hirundo 
que , Linn,, dont la figure se trouve dans les Pl. ent. de Buffon, 

542, et dans Lewin, n.° 127, ne peut conserver aucun de ces 
ge noms, puisque, d'une part, on est convenü de séparer 
génériquement les martinets des hirondelles, et que, d’une 
autre ;, l’épithète apus est inexacte et propre à donner une idée 
fausse. M. Temminck a appelé cette espèce martinet de mu- 
raille ,cypselus murarius , et si cette dénomination avoit indiqué 
une particularité exclusive, ç'auroit été le cas de l'adopter; 
mais ce martinet, qui s'accroche aux murailles et niche dans 
les trous, s'accroche également aux vieux arbres, dans Île 
creux desquels il fait aussi son nid, comme le grand martinet. 


284 MAR 

On croit donc devoir préférer l’épithète vulgaris ou niger, 
sans toutefois appliquer celle d’albiventris au grand martinet 
ou martinet a ventre blanc, attendu qu’il n'existe pas de mo- 
tifs pour ôter à celui-ci l’ancienne épithète melba. 

Le martinet commun est long d'environ huit pouces;ila prés 
de quinze pouces de vol; sa queue, fourchue, en a environ 
trois, et, suivant Montbeillard, elle est composée de douze 
pennes. Le bec a huit à neuf lignes. 

Cet oiseau, qui pèse dix à douze gros, a l'œil enfoncé et l'iris 
de couleur de noïsette. Son plumage est d’un noir de suie, à 
l'exception de la gorge qui est blanchâtre. Le bec est noir; les 
pieds et les ongles sont noïirâtres; le devantetle côté intérieur 
du tarse sont couverts de petites plumes de la même couleur. La 
femelle, un peu plus petite que le mâle, n’est pas tout-à-fait 
aussi brune, et les jeunesont la bordure des plumes supérieures 
roussâtre ; mais aprés la première mue, qui, suivant M. Nat- 
terer, a lieu chez ces oïseaux une fois l’année, au mois de 
février, pendant qu'ils sont en Afrique et en Asie , il n'existe 
plus dé différences entre eux. 

Ces martinets arrivent dans nos climats pendant le cours 
du mois d'avril et plus tard que les hirondelles, parce que 
les insectes ailés ne s’élévent aux régions où ils ont cou- 
tume de voler, que quand latmosphère y est suffisamment 
échauffée; mais leur apparition a lieu un peu plus tôt ou 
plus tard, selon que la contrée qu'ils viennent habiter est 
plus ou moins méridionale. Ils n’arrivent guère avant le com- 
mencement de mai en Angleterre. 

Quoiqu'il résulte des expériences de Spallanzani que ces 
oiseaux peuvent résister à un froid plus qu’ordinaire, ilsse re- 
tirent aussi avant les hirondelles, parce que les insectes de 
haut vol qui forment la nourriture des premiers, ne conservent 
pas, quand la température se refroidit, la vigueur nécessaire 
pour voltiger à leur portée, tandis qu’ils restent à celle des 
hirondelles domestiques et de fenêtre. 

Les martinets noirs, comme les hirondelles, reviennent au 
printemps prendre possession des domiciles qu’ils avoient 
adoptés les années précédentes. Les trous, les crevasses de mu- 
railles, les avant-toits des maisons couvertes de tuiles, sont 
les lieux où ils se plaisent le plus généralement à établir 


MAR 285 


leurs nids, et lorsqu'ils retrouvent les anciens, ils nese donnent 
pas la peine d’en construire de nouveaux. Spallanzani en a 
décrit un qui présentoit une cavité alongée, dont le plus 
grand diamètre avoit quatre pouces trois lignes, et le plus petit 
trois pouces et demi; mais ils n’ont pas tous la même dimen- 
sion, et ne sont pas composés des mêmes substances, qui con- 
sistent surtout en plumes, laine, herbes sèches et autres ma- 
tériaux souples que ces oiseaux peuvent rencontrer, soit en 
l'air, soit en rasant la surface du terrain, ou qu’ils enlévent 
d’autres nids, et particulièrement de ceux des moineaux, à 
quoi ils ajoutent extérieurement des parties d'insectes qu’ils 
ont à demi digérées. Pour donner de la consistance à cet assem- 
blage incohérent, l'oiseau tire de sa gorge une humeur vis- 
queuse , de couleur cendrée, la même qui lui sert comme de 
glu pour attraper sa proie, et qui, pénétrant le nid de toutes 
parts, lui donne une sorte d’élasticité. Quelquefois les mar- 
tinets se contentent de rajuster les nids de moineaux pour leur 
usage. F 

Comme on ne voit point ces oiseaux se poser à terre ni sur 
les branches d’arbres, il étoit probable qu’ils s’aecouploient 
dans leurs nids, et Spallanzani s’est assuré de ce fait par la fa- 
cilité que lui donnoient à cet égard des nids établis dans des 
colombiers entre Les boulins destinés aux pigeons. En exami- 
nant de l’intérieur et par des sortes de guichets formés d’une 
brique, ce qui se passoit dans ces nids, l’observateur zélé est 
parvenu à voir plusieurs fois le mâle couvrir la femelle, et 
en user à peu prés comme les hirondelles de fenêtre, excepté 
que cet acte chez eux est de plus courte durée. Le mâle, dans 
ces doux momens, jette de petits cris dont l'expression est 
toute différente de celle des cris plus alongés, plus forts qu'il 
pousse quelquefois dans le nid, et qui s'entendent assez loin 
pendant le silence de la nuit. Ces cris sont indépendans du 
sifflement aigu que les martinets font entendre en voiant. 

Spallanzani a observé que les martinets entrés dans leur 
trou, y éprouvent une sorte d'inertie ou de stupeur, et que, 
surpris dans l’accouplement ou l’incubation, ilsne font aucun 
mouvement pour changer d’attitude ,se laissent même prendre 
à la main, et qu’on est forcé de les pousser dehors pour les 
faire sortir de leur trou, ce qu'il attribue aux longues ailes 


286 MAR 


et aux pieds courts de ces oiseaux, qui leur ôtent lesmoyens 
de se remuer facilement dans des espaces aussi étroits. Cette 
explication est d'autant plus naturelle qu'un pareil abandon 
d'eux-mêmes ne les accompagne qu’au gîte. 

Les martinets ne font qu’une seule ponte, à moins que la 
première couvée n'ait manqué par Les froids du mois de mai, 
ou par quelque autre accident. La femelle seule couve les 
œufs, qui sont blancs, de forme alongée, au nombre de deux 
à cinq, et dont Lewin a donné, tom. 4, pl. 28, une fort 
mauvaise figure. L’incubation dure environ trois semainés, et 
Ja mére couve encore ces petits plusieurs jours aprés qu'ils sont 
éclos. Suivant Montbeillard , les petits ne sollicitent pas la bec- 
quée comme ceux des autres oiseaux; mais Spallanzani qui, 
en 1789, en a vu éclore une nichée dans son voisinage, où 
il étoit à portée d’en examiner le trou, à remarqué qu’au 
moment où les père et mère leur apportoient à manger, ce qui 
arrive cinq a six fois le jour, les petits ouvroient le bec pourre- 
cevoir la nourriture et poussoient en mêmetempsun cri, foible 
à la vérité, maïs sensible et soutenu pendant quelques instans; 
et ils en faisoient autant avec lui quand il leur touchoit le bec 
avec le doigt. Lorsque les petits ont acquis assez de force pour 
n'avoir plus besoin d’être réchauffés par leurs mères, celles-ci 
s'élèvent vers la fin du jour avec les mâles, et ne reviennent 
que le lendemain au soleïl levant, ce qui a lieu jusqu’a l’époque 
de leur départ, c’est-à-dire jusqu’à la fin de juillet ou au 
mois d'août. | 

Ce n’est qu’au bout d’un mois que les jeunes abandonnent 
leur nid, et en cela ils sont plus tardifs que les autres oiseaux, 
et même que les hirondelles, ce qu’on peut attribuer à la 
nécessité dans laquelle se trouvent les martinets de se passer de 
tout appui dés l'instant où ils ont prisleur essor. Aussi un adulte 
s'échappant du nid a-t-illes pennes aussi longues que celles des 
pére et mère, son vol est aussi rapide ; une fois sorti du nid, 
il n'y revient plus. 

Pendant les grandes chaleurs, les martinets restent au 
milieu du jour dans leur nid, dansles fentes de murailles ou de 
rochers, entre les entablemens des constructions, et ce n’est 
que le matinet le soir qu’ils vont à la provision, ou voltigent 
sans but et par le seul besoin d’exercer leurs ailes. Dans ce 


. 

| MAR 287 
dernier cas, ils décrivent en l’air des courbes sans fin autour 
des clochers, des colombiers, ow des lignes droites le long des 
maisons, en poussant des cris aigus; mais lorsqu'ils vont à la 
chasse, ils ont une maniere lente de nager dans l’air, souvent 
ils ne battent pas des ailes, ils sont solitaires et silencieux, et 
la direction de leur vol éprouve des interruptions et des chan- 


gemeus subits et en divers sens. C’est pour se soustraire à la 


trop grande chaleur que ces oiseaux ont l'habitude particu- 
lière de se tenir cachés pendant le jour, et de ne s'élever dans 
les airs que vers le crépuscule du soir; plus libre quand les 
petits ont pris leur vol, la famille entière se transporte sur les 


montagnes, où elle séjourne jusqu'aux approches des froids. 


rl 


Les jeunes martinets, comme les jeunes hirondelles’, pèsent 
plus que les vieux, et la cause en est dans l'existence d’une 
grande quantité de graisse, dont le corps des premiers est 
couvert et pénétré même en plusieurs endroits, tandis que les 
vieux en sont privés totalement. Le poids des adultes diminue 
à mesure de leur accroissement, et ils finissent par ne plus 
peser davantage que les père et mére quand toute leur graisse 
a disparu. Cette circonstance doit suffire pour détourner des 
ruses qu’on emploie en divers pays, a l'effet de s'emparer de 
ces oiseaux utiles, puisque si les jeunes sont un fort bon man- 
ger, les vieux ont la chair dure et point succulente. 

Ces oiseaux sont à tout âge, et particulièrement dans leurs 
nids, tourmentés d'insectes parasites, et celui qui les quitte 
le moins forme un démembrement du genre Hippobosque, 
auquel M. Latreille a donné le nom d’ornithomiye. 

GRAND MaARTINET Où MARTINET À VENTREBLANC; Cypselus melba, 
Vieiïll. L'espèce désignée sous le nom d’hirundo melba, par 
Linnæus ét par Latham, ou grand martinet à ventre blanc, 
par Montbeillard, et qui est figurée pl. 17 des Glanures 
d'Ewards, est considérée par MM. Cuvier et Temminck, comme 
étant la même que le martinet à gorge blanche de l’Ornitho- 
logie d'Afrique, pl. 243. Cet oïseau, long d’environ neuf 
pouces, a les parties supérieures d’un gris brun, ainsi qu’un 
plastron à la poitrine. La gorge et le ventre sont d’un blanc 
qui paroit être plus ou moins pur selon l’âge des individus, Le . 
bec est d’un brun noirâtre, et les pieds sont couverts de plumes 
brunes. La femelle a le éisés moins large, et les teintes du 


288 MAR 


plumage moins foncées. Cette espèce habite Les Alpes du Midi, 
en Suisse, au Tyrol, en Sardaigne: Spallanzani l’a rencontrée 
danslesiles de Pannaria, d'Ischia, de Lipari et à Constantinople. 
Russel l’a vue sur les rochers des environs d'Alep, et celui 
qui a été décrit par Edwards, avoit été tué à Gibraltar. C'est 
aussi dans les rochers que se retire et niche le martinet figaré 
par M. Levaillant ; et les individus que M. Temminck a reçus 
de l'Afrique méridionale, ne différoient de ceux d'Europe 
que par l’espace plus étendu qu'occupoitle brun de la poitrine 
sur le bas du cou et'sur les flancs. 

Ces martinets, plus gros que les noirs, et qui volent avec 
une rapidité étonnante, se distinguent dans les airs par les 
parties blanches de leur plumage, et par des cris plus reten- 
tissans et plus soutenus. Ils se font aussi remarquer par une 
singulière habitude : au milieu deleurs circuitsils s’acerochent 
par les ongles aux rochers situés dans le voisinage de leurs 
nids, et d’autres s’attachant successivement sur les premiers, 
ilen résulte une masse oscillante jusqu’au moment où ils se 
séparent, etreprennent leur vol en jetant leurs cris accoutumés. 

C’est à la fin de mars et au commencement d'avril que les 
grands martinets arrivent en Savoie ; maïs pendant la première 
quinzaine ils volent sur les étangs et les marais, et nese dirigent 
qu’ensuite vers les hautes montagnes, leur séjour habituel. 
Comme ils établissent en général leurs nids sur des précipices, 
Spallanzani n’est parvenu à obtenir quelques renseignemens 
sur leur ponte et l'éducation des petits que du concierge d’un 
château des Etats de Modène, sur la haute tour duquel ils’éta- 
blissoit de ces oiseaux qui y faisoient chaque année deux 
pontes, la premiere de trois ou quatre œufs, et la seconde 
ordinairement de deux seulement. L’incubation dure trois 
semaines; les petits de la première couvée devencient adultes 
à la mi-juillet, et ceux de la seconde à la mi-septembre, et 
quoique ces jeunes qui sont fort bons à manger, leur fussent 
enlevés chaque fois, les pères et mères n’abandonnoïent pas 
les mêmes lieux, où ils nichoient dans leurs anciens nids, à 
moins qu'ilsne se trouvassentobligés d’en refaire de nouveaux. 
Ces nids, construits extérieurement avec des morceaux de 
bois.et des brins de paille enirelacés en cercles concentriques, 
et fortifiés par des feuilles d'arbres qui en occupent les vides, 


MAR 289 
sort revêtus intérieurement de chatons de peuplier æt de 
plumes, qui ne sont pas unis au ‘moyen du gluten sorti de la 
bouche. 

Spallanzani, à qui l’on avoit envoyé avec le nid un martinet 
adulte, qui étoit à jeun depuis trente-une heures au moment 
de son arrivée , et devoit, par conséquent , avoir déjà perdu. 
de ses forces, l’a encore soumis'à des épreuves pour s'assurer 
du. degré de froid auquel il résisteroit ; et l'oiseau n’a péri 
qu'après être resté sept heures sous: un bocal où le thermo: 
mètre marquoit huit degrés et demi au-dessous de la congéla- 
tion, et vingt-cinqheures dans une glacière, sans avoir donné 
aucun signe de léthargie | ce qui ajoute aux raisons exposées 
sous le mot hirondelle, pour rejeter l'hypothèse de la ei ds 
de ces oiseaux pendant l'hiver. ) 

- Spallanzani croit que les grards martinets ne butte. pas 
tous les iles Eoliennes pendant l'hiver; et que dans un pays 
où cette saison.est assez douce ,plusieursse cachentseulement 
dans quelques retraites:où ilss'abandonnent au repos et àune 
abstinence que leur graisse, assez abondante, les aide à sup- 
porter; mais les autres et ceux des: contrées plus au x 
passent en Afrique. NT, D47.,7 L 

L'auteur des articles: didea iii: du le Nouveau Dic: 
tionnaire d'Histoire naturelle ;tapporte dés observations faites 
en Suisse sur .ces oiseaux par un de ses‘correspondans; mais 
la plupart sont contradictoires avec celles du naturaliste ita- 
lien , puisqu'il enrésul{eroit que le nid'auroïtune autre forme, 
qu'au lieu d'être pratiqué: dansiun:itrou ; il seroit attaché le 
long d’un soliveau, et que ; composé d’autres matériaux, il 
seroit enduit de là matière glaante que cedernier n’ÿ à point 
trouvée. La seule remarque pourdaquelie les deux :observa- 
teurs soient d'accord , est la facilité avec laquelle on peut tou 
cher le mâle: et la: SR HE blottis l’un contre l’autre dans 
leur nid; mais cette dernière circonstance n'empêche pas 
qu’on ne soit fondé ia douter de l'identité des espèces. 

GranD MarriNer p&rA CINE. À l'exception de la taille de éet 
oiseau qui, d’après la description qu’en a donnée Sonnerat dans 
son Voyage aux Indes, tom. 2, pag. 199, est de onze pouces 
six lignes depuis le bout du bec, jusqu'à celui de la queue, 
rien n'anuonce s'il s’agit ici d'une hirondelle ou d’un martinet, 


EE 3 5 


290 MAR 

et sion doit l'appeler cypselus sinensis ou lui conserver le noïf 
d’hirundo. On se bornera donc à exposer que la queue est 
fourchue et aussi longue queles ailes; que le sommet de la tête 
est d’un roux clair et la gorge blanche;que le cou en arrière, 
le dos, les ailes et la queue sont bruns; qu’à l'angle supérieur 
du bec il naît une bande longitudinale brune qui se prolonge 
au-delà de l'œil, lequel estentouré de-petites plumes blanches; 
que la poitrine et le ventre sont d’ungris roux, et qu’enfin 
l'iris, le béc et les pieds sont d’un gris bleuâtre. 

M. Levaillant a donné, dans ses Oiseaux d'Afrique ,la figure : 
de deux martinets, pl. 244, n°41 et2,sousles noms de mar- 
linet à croupion blanc et de martine vélocifère; mais ces deux 
oiseaux étant représentés sur des branches d'arbres avec trois 
doigts en devant et un par derrière, l’auteur des articles d’or- 
nithologie dansle Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, 
s’est cru autorisé à les considérer comme des hirondelles éta les 
ranger parmi elles. Le même motif auroit pu cependant le dé- 
terminer à prendre un parti semblable pour le martinetà gorge 
blanche , dont chaque pied, vu deface, n'offre que trois doigts, 
étilauroitpü soupçonnerqu'afin de ne passe trouver obligé de 
figurer une muraille, et attendu que le quatrième doigt est 
implanté sur le tarse de manière à dévenir versatile, le peintre 
aura usé-de la faculté que lui donnoït cette circonstance pour 
en profiter en artiste; sans examiner rigoureusement quelles 
inductionsle naturaliste seroit dansle cas d’en tirer. D'ailleurs, 
M. Levaillant a appliqué aux trois espéces par lui décrites 
sous le nom de martinets, l'observation que chez elles Le 
doigt antérieur est-placé de côté; de manière que, suivanit le besoin 
de l'oiseau , il se dirige en avant ou en arrière; et une erreur 
dans le.dessin n’auroit, pas dû suffire pour faire contéster 
l'exactitude d’une classification établie par un aussi habile 
ornithologiste. On, va donc emprunter à M. Levaillant ses 
descriptions, en laissant les deux plus petits martinets à la 
place qu’il leur a assignée prés du grand. 

MARTINEZ A CROUPE BLANCHE D'AFRIQUE. Cet oiseau ‘porte le 
nom de martinet à croupion blanc, au tom. 5, p. 112 des 
Oiseaux d'Afrique; mais, comme il est désigné sous celui de 
martinet à croupe blanche ,sur la pl. 244, fig. 1 ,etquedéjà lenom 
d'hirondelle à croupion blanc a:été donné a notre hirondelle 


MAR sd 
“de fenêtre, et à l’hirondelle du Paraguay décrite par d’A- 
zara sous le n.° 304, on préférera ici la dénomination de mar- 
tinet à croupe blanche, ‘qui offre au moins une distinction 
légère en françois; et, ne pouvant adopter avec M. Vieillot 
l’épithète latine d’atra, tirée d’un aperçu tout différent et 
“peu d'accord avec la couleur brune du plumage de l'oiseau , 
‘on lui donnera celle de cypselus uropygialis, propre à appeler 
l’attention sur la couleur des côtés du croupion et des bar- 
bes internes des dernières plumes alaires qui avoisinent cette 
partie, laquelle a paru à M. Levaillant former le caractere le 
plus tranchant pour signaler une différence spécifique entre 
l'oiseau en question et notre martinet commun. Celui-là , fort 
abondant au cap de Bonne -Espérance, est plus familier que 
le martinet à gorge blanche; il s'approche des maisons et vit 
dans les mêmes jieux que les’ hirondelles , sans cependant se 
méèler avec elles. Lorsqu'il ne peut s'emparer du nid de ces der- 
nières, il en fait un lui-même dans destrous de murs ou dans des 
crevasses de rochers, et la femelle y pond quatre œufs blancs. 
Manrier vécocirère;Cypselus velo, Ois. d’Afr., pl. 244, fig. 2. 
L’épithète adoptée par M. Vieillot pour cette espèce étant la 
traduction littérale de celle de M. Levaillant, on n'hésite pas à 
la conserver pour un oiseau dont la rapidité est telle, qu’il 
parcourt cent toises en cinq secondes, ce qui équivaut à une 
demi-lieue en une minute. La queue de cette petite espèce est 
trés-fourchue ;ses ailes, fort longues, la dépassent de près de 
deux pouces, lorsqu'elles sont pliées. Son plumage est d’un 
noir foncé à reflets bleus sur la tête, les ailes et la queue, et 
d’ur noir pur sous le corps. Les yeux sont rougeàtres, Les pieds 
et le bec sont bruns. Ce petit martinet habite la côte de 
l'Est pendant la saison d’hiver du Cap; maig cette contrée 
n’est pas sa patrie, et il paroît n’y venir qu'après avoir fait 
ses petits ailleurs. Le soir et le matin il vole à la lisière des 
“bois, et saisit les insectes et les moucherons qu’il aperçoit en 
Vair ou posés sur les feuilles des arbres, dans les trous desquels 
il passe la nuit, mais sans se poser sur les branches. M. Le- 
vaillant ne l’a jamais entendu jeter un cri quelconque. 
Les colons du cap de Bonne- Espérance nomment tous les 
martinets wilsde swaluw (hirondelles sauvages), et les hiron- 
pelles make swaluw ( hirondelles privées eu domestiques }. 


19 


292 MAR 

Dans le département de la Somme , on donne le nom de 
martinet à une bécasse que les chasseurs regardent comme for- 
mant une race plus petite que l'espèce commune ; et Magné 
de Marolles prétend, dans son Traité de la chasse au fusil, 
pag. 374, avoir effectivement observé une différence de taitle 
parmi les bécasses, et remarqué que celle qui est vul- 
gairement appelée martinet, a le bec plus long que l’autre, 
etle plumage roussàtre. Feu Baïllon père disoit même, dans 
une note communiquée à Buffon, que celle-là avoit les pieds 
bleus, et qu’elle arrivoit la dernière ; mais , comme on l'a 
déjà exposé au tome quatrième de ce Dictionnaire, p. 196, 
ces circonstances n’ont paru à Buffon être que le résultat de 
différences accidentelles ou individuelles, si elles ne tiennent 
même plutôt à l’âge de l'oiseau, dont celui-ci seroit le jeune , 
et l’autre l'adulte. (Cu. D.) : : 

MARTINEZIA. (Bot.) Genre de plantes monokeiviédaede à 
fléursincomplètes, monoïques ou dioïques, de la famille des pal- 
miers , de la monoécie herandrie de Linnæus, offrant pour carac- 
tère essentiel: Des fleurs monoïques sur le même spadice (ou 
dioïques),un calice à trois divisions profondes: une corolle 
plus longue que le calice, à trois pétales ; dans les fleurs mâles, 
six étamines; les filamens libres; dans les fleurs femelles, un 
ovaire à trois loges; trois styles ; un drupe globuleux, monos- 
perme. | 

MARTINEZIA À FEUILLES DE CARYOTE : Martinezia car ryota, Kunth, 
in Humb. Nov. Gen. et Spec. , 1, pag. 305 EN lai RE Corozo. 


: je 
ré mile rs: CS 


Ce palmier s'élève depuis trente jusqu’à cinquante pieds, sur. 


un tronc cylindrique épineux.Ses feuillessont peu nombreuses, 
ailées:les pinnulgs membraneuses, cunéiformes, tronquéesau 
sommet, d'unyert gai, à trois lobes obtus et rongés ; leurs pé- 
tioles garnis en dessus d’épines géminées. La spathe .est d’une 
seule pièce, ovale, épineuse, longue d'environ seize pouces; 
le spadice rameux, sans épines; à rameaux alternes, flexueux, 
comprimés; les fleurs sont ternées; les deux supérieures fe- 
melles; l'inférieure mâle; le calice est trés-petit, trigone, 
urcéolé, à trois lobes aigus; les pétales sont ovales, aigus, con- 
caves; les filamens des étamines trés-courts. L’ovaire avorte 
daus les fleurs mälés. Le fruit est un drupe globuleux, d’un 
jaune rougeâtre, à une loge monosperme, d'un demi-pouce 


LS 


MAR | 293 
de diamètre; la semence est veinée, striée à l'extérieur, mar- 
quée de deux sillons. Cette plante croit sur les rives de lOré- 
noque;elle est cultivée dans plusieurs contrées. 

Les auteurs de la Flore du Pérou ont mentionné, dans leur 
Systema veget. Flor. Per., 1, pag. 295, plusieursautresespèces 
originaires du même pays, tels sout le martinezia ciliata, grand 
arbre dont le tronc ainsi que les pétioles sont armés d’épines; 
les feuilles ailées , sans impaire ; les folioles ensiformes, ciliées; 
les fleurs monviques. Dans le martinezia interrupta, le tronc 
s’élève à la hauteur de trente pieds; les feuilles sont ailées avec 
interruption; les folioles courbées en faucille. Le martinezia 
ensiformis est un arbre d’environ trente pieds, à feuilles ailées, 
avec une impaire, et dont les folioles sont ensiformes. 

Les deux espèces suivantes ont leurs fleurs dioïques, savoir : 
le martinezia linearis, arbre d'environ quinze à dix-huit pieds, 
dont les feuilles sont aïlées, sansimpaire; les folioles linéaires, 
très-aiguës ; les grappes de fleurs composées d’épis courbés. Dans 
le martinezia lanceolata, les feuilles ailées, sans impaire , sont 
composées de folioles lancéolées; les supérieures recourbées ; 
les épis lâches, réunis en grappes. Toutes ces plantes croissent 
dans les grandes forêts du Pérou. (Porr.) 

MARTINETA PESCADOR. (Ornith.) L’oiseau que les Es- 
pagnols du Mexique appellent ainsi, est le héron hoactli ou 
tobactli, ardea hoactli, ne et Lath. (Cx.D.) 

MARTINOLLE (Erpét.), l’un des noms vulgaires de la 
Rae vente, hyla arborea. (Des. ) | 

MARTLAT. (Ornith.) Cé nom et celui de martlin sont Han 
nés à l’hirondelle de rivage, hirundo riparia, Linn., dans le 
Piémont , où l’on applique ceux de martlera et martlot à l’hi- 
rondelle de fenêtre , hirundo urbica, Linn. (Cu. D.) 

MARTLERA. (Ornith.) Pour ce mot et pour Martlot voyez 
Marrcar. (Cu. D.) 

MARTLET.(Mamm.) Voyez Marin. (Desm.) 

MARTLET. ( Ornith.) Ce nom et celui de martin désignent 
enanglois, dans Willughby , l’hirondelle derivage, hirundo 
riparia ,; Linn. (Cu. D.) 

MARTORELLO , MARTURA (Mamm.), noms italiens de 
la marte. (Desm.) 

MARTRASIA. (Bot.) M. Lagasca, Lieniste espagnol, com- 


294 MAR 
muniqua, au commencement de 1808, à quelques botanistes 
françois, un Mémoire manuscrit, rédigé par lui en 1805, et 
intitulé Dissertation sur un nouvel ordre de plantes de la classe 
des composées. Ce Mémoire contenoit les caractères de beau- 
coup de genres nouveaux; dont un éioit nommé par l’auteur 
Dumerilia. Maïs, lorsqu’en 1811, i! publia son Mémoire dané 
les Amenidades naturales de las Espanas , imprimées à Orihuela, 
M. Lagasca changea quelques uns des noms qu'il avoit lui-même 
donnés, dans son manuscrit, à ses nouveaux genres, et le du- 
merilia devint le martrasia. Cependant M. Decandolle, qui avoit 
vu en 1808 le manuscrit de M. Lagasca , mais qui ignoroït sa 
publication récente et le changement de quelques noms géné- 
riques, décrivit le genre dont il s’agit, sous le nom de dume- 
rilia, dans son Mémoire sur les labiatiflores, publié en 1812: 
Suivant la rigueur des règles en cette matiére, le nom de mar- 
trasia ayant été publié par l’auteur même du genre, un an avant 
que le nom de dumerilia ait été publié par un autre botaniste, 
le premier nom devroit incontestablement obtenir la préfé- 
rence sur lé sécond. Mais plusieurs considérations nous déter- 
misent à nous écarter un peu de la régle dans ce cas-ci: 1.° l’au- 
teur du genre étant aussi l’auteur de l’un et de l’autre nom, 
on né lui fait aucun tort en adoptant celui de dumerilia; 2.° la 
publication du genre, sous le nom de marirasia, n’étoit ni ne 
pouvoit être connue en France , à l’époque où M. Decandolle 
a publié les descriptions et les figures de deux espèces, sous le 
nom générique de dumerilia, et en reconnoissant M. Lagasca 
comme auteur de ce genre; 3.” l’excellent Mémoire de M. La- 
gasca, quoique assurément trés-digne d’un meilleur sort, est 
pourtant encore aujourd’hui beaucoup moins connu que Île 
Mémoire de M. Decandolle , ce qui dépend de circonstances 
fort étrangères au mérité respectif des deux opuscules; 4.° les 
botanistes, qui ne peuvent deviner le motif de ce changement 
de dénomination, se résoudront difficilement à préférer le nom 
d’un obseur apothicaire de Barcelonne à celui d’un naturaliste 
aussi distingué que M. Duméril; 5° enfin , lenom de dumerilia 
est adopté par M. Kunth, dans ses Nova Genera et Species plan- 
farum , et il avoit déjà été adopté par nous-même dans ce 
Dictionnaire (tom. XIII, pag. 553). 

Néanmoins, nous proposons aujourd’hui de conserver le 


À 


MAR 295 
nom générique de martrasia, mais en l’appliquant seulement 
à une espèce qui nous paroît devoir être distraite du genre 
Dumerilis, et constituer un genre particulier. Cette espèce est 
la martrasia pubescens de M. Lagasca, qui, selon cet auteur, a 
l’aigrette stipitée, tandis que les autres espèces ont l’aigrette 
sessile. Ce botauiste doutoit lui-même que due dont il 
s'agis fût congénère des autres. 

Ainsi, nous admettons un genre Dumerilia et un genre 
Martrasia, en les. distinguant l’un de l’autre par la forme 
du fruit, qui est cylindracé dans le dumerilia , aminci et pro- 
longé supérieurement en un col dans le martrasia. (H. Cass.) 

MARTRE, CHENILLE MARTRE. (Entom.) Nom de la larve 
d'une espèce de bombyce qui est en effet couverte de poils 
fauves, soyeux, qu’elle a la faculté de redresser ; on la nomme 
encore hérissonne, bombyx caja. (C. D.) 

MARTYNIA. (Bot.) Voyez Connaner. (Porr.) 

MARTYROLE. (Ornith.) Les Genevois appellent ainsi Le 
martinet noir, hirundo apus, Linn., ou cypselus vulgaris, Dum., 
lequel est nommé en anglois martlette. ( Cu. D.) 

MARU. (Bot.) Dans File de Crète, suivant Prosper Alpin, 
on donne ce nom à une plante que Tournefort a désignée 
comme une marjolaine, et quiest l'origanum maru de Linnæus. 
Le maru de Dodoens est une espèce de melinet , cerinthe, 


‘ suivant C. Bauhin. Voyez Maroc. (J.) 


MARUA (Bof.), nom malabare cité par Rhéede, d’un can- 
nellier, laurus cassia. (3.) 

MARUEITA. (Ornith.) Brisson din ce nom particulier 
à la marouette , ou petit râle de eau , rallus porzana, Linn. 
{ Cu. D.) 

MARUGEM. (Bot.) Nom portugais du mouron, anagallis, 
selon Vandelli: Il est aussi donné à la morgeline, alsine media, 
qui est notre mouron des petits oiseaux. (J.) 

MARULION (Bot.), un des noms grecs de la laitue, cité par 
Mentzel. (J.) 

MARUM. (Bot, } Ce nom est donné à diverses plantes de la 
famille des labiées: l’une est le marum cortusi, marum verum , 
teucrium marum de Linnæus, l'herbe à chat sur laquelle ces 
animaux aiment à se rouler; l’autre est le marum vulgare de 
Dodoens, thymus mastichina. L’origan de Syrie est le marum 


296 MAS 
syriacum de Lobel. Get auteur a encore un mdrum supinum qui 
paroît être aussi un.origan. (3: ) 

MARUM D’EGYPTE (Bot.), nom qui a été donné à une 
espèce de sauge, salvia æthiopis, Linn. (L. D.) | 

MARUM VRAI. (Bof. ) C'est la à maritime. 
(L. De} » * 

MARURANG. (Bot.) A Anais on donne ce nom, sui- 
vant Rumph, à son pebasites agrestis , qui est le ‘clerodendrum 
infortunatum de Linnæus, genre de la famille dés verbénacées. 
Adanson fait du marurang un genre distinct du clerodendrum, 
et le réporte même à sa famille des jasminées, dans laquelle 
iladmet des genres à quatre et à cinq étamines, et il place le 
marurang parmi ces derniers, d’après la description de Rumph, 
. qui paroït peu exacte, puisque d'ailleurs il décrit une corolle 
polypétale , pendant qu’il en figure une évidemment monc- 
pétale, semblable à celle. du PRE A Ce genre d’Adanson 
doit donc être supprimé. (J.) 

MARU WKI (Mamm.), nom d’un écureuil rayé; peut-être 
l’écureuil suisse chez les Tartares tungouses. (Daswr.) 

MARZUOLO. (Bot.) Les Italiens, et particulièrement les 
Toscans, donnent ce nom à un agaric figuré par Micheli, 
tab. 74 , fig. 9. Ce petitchampignon, quel’on mange se trouve 
sous la neige dans les montagnés au printemps, c'est le jacobin 
oule ventru brun et blanc, etle dormeur dé Paulet; c’est aussi 
l’agaricus marzuolus de Fries: (Leu. ) 

MASANQUIENNE. (Ornith.) La poule est ainsi nommée à 
l'ile Waäïgiou , selon Labillardière. (Cu. D.) 

MASARA (Bot.). Nom brame, cité par Rhéede, du welia 
cupameni du Malabar, espèce dacalrpha Une autre espèce qui 
est le cupameni simplement, est nommée maserasesade. (J.) 

MASARE, Masaris. (Entom.) Nom d’un genre d'insectes hy- 
ménoptères de la famille des duplipeunes ou ptérodiples, près: 
des guépes dont ils différent par leurs antennes en masse, et 
non en fuseau. On n’en connoît pas les mœurs; l’une a été 
rapportée:de Barbarie par M. Desfontaines, et décrite par 
Fabricius sous le nom de vespiforme. L'autre, observée en 
Italie et près de Montpellier par M. Chabrier, a été rangée 
par M. Latreille dans un genre distinct sous le nom de célonite. 
C’est l'espèce que nous avons fait figurer à la planche 31 de 


MAS 297 


l’atlas de ce Dictionnaire, 1.°° livraison, n.° 10. Ces in” 
sectes se roulent en boule comme les chrysides, avec les- 
quelles Rossi les avoit rangés : il les avoit figurés dans sa Faune 
d’Etrurie, planche 7, fig. 10 et 11. Nousignorons l’étymologie. 
du nom de masare; paraprç est l’un des surnoms de Bacchus 
dans la Mythologie. (C. D.) 

MASARICO. ( Ornith.) Voyez MasaniNo. (Cu. D.) 

MASARINO. (Ornith.) L'oiseau auquel les Portugais du 
Brésil donnent ce nom et celui de masarico, suivant Marcgrave 
et d’Azara , est le curicaca du premier de ces auteurs, ou 
couricaca de Buffon, tantalus loculator, Linn. et Lath. (Cu. D.) 

MASCA. (Bot.) Nom donné dans " Pérou au monnina po- 
: Lystacha de MM. Ruiz et Pavon, genre de la famille des poly- 
galées. C’est un arbrisseau d’un Mine de hauteur, dont toutes 
les parties, et surtout la racine, sont amères et savonneuses, 
employées avec succès pour le traitement des maladies dans 
lesquelles on fait usage du quassi. (J.) 

MASCA. (Ichthyol.) Sur la côte des Alpes maritimes, on 
donne ce nom à la murénophis < sourcière de M. Risso. Voyez 
Muréworuis. (H. C.) 

MASCA DEI AMPLOA. (Ichthyol.) Sur la côte de Nice, on 
donne ce nom à l’ésoce boa de M. Risso, qui forme le type du 
nouveau genre Sromias. Voyez ce mot. (H. C:) | 

MASCAGNIN. ( Min.) C'est le nom univoque donné à l’am- 
moniaque sulfatée native, en l'honneur du célèbre Mascagni. 
C’est celui dont nous nous servirons lorsque nous aurons occa- 
sion de parler de cette substance, extrêmement rare dans le 
règne minéral. Voyez AMMONIAQUE SULFATÉE. (B.) 

MASCALOUF. (Ornith.) L'oiseau qu’on appelle aïnsi en 
Abyssinie est le pére noir. Voyez Darrier. (Cu. D.) 

MASCARET. (Géogr. Phys.) Mouvemens extraordinaires de 
la marée. Voyez l’article Marées, pag. 127. (L: C.) 

MASCARILLE , ou le CHAMPIGNON MUSQUÉ (Bot.)de 
Paulet (Tr., 2, pag. 203, pl. 93, fig. 6, et Synon., n° 34). 

Ce médecin le rapporte au champignon comestible dont. 
Clusius a donné une figure à la page 265 de son Histoire des 
plantes rares, et aux espèces représentées , tab. 0, fig. E,F, G 
de l’ouvrage de Sterbeeck, sur les champignons du Brabant. 
Il le rapporte encore au champignon en forme de borne , 


298: MAS 

déerit par C. Bauhin , Plin., 370, n.° 3 , et par J. Bauhin,, 

Hist,, pag- 826 ; maiscette synonymie nd a être vérifiée. 
Elle n’a pu nous servir à reconnoitre dans le Syst. mycologi- 

cum de Fries le nom moderne de cette espèce. 

Suivant Paulet,« ce champignon (du genre Agaric et de la 
famille des calotins de terre ou des bois) est trés-recherché par 
les amateurs , et n’a pas de mauvaises qualités ; au contraire il 
paroît même que celui qu’on appelle fripam ou boudin noir 
dans FInde , est un champignon analogue à celui-ci, et peut- 
être le même. Quoi qu'ilen soit , l’un et l’autre sont délicieux, 
et n’incommodent pas. ? | 

Cechampignon, d’une taille moyenne, s'élève en forme de 
borne, ou de tête oblongue de couleur brune, avec une chair 
blanche, sujet à s'entr'ouvrir et à laisser voir une partie des 
feuillets par le relèvement de.ses bords. Cette différence de 
couleur change le premier aspect de ce champignon, et lui 
donne l’apparence d’un masque, d’où lui vient son nom de 
mascarille, qu’il porte spécialement dans les parties méridio- 
nales de la France. Ses feuillets sont épais, de longueur iné- 
gale ; son stipe est plein et fort. | 

Suivant quelques auteurs. c’est le champignon de couche 
. gw’on nomme mascarille: maïs alors ce nom appartiendroit a 
plusieurs espèces, car le champignon ci-dessus et ceux figurés 
par Clusius et Sterbeeck ne s’y rapportent point. (Lerm.) 

MASCARIN. (Ornith.) Cette espèce de perroquet, psitta- 
cus obscurus, Linn., est représentée dans les planches enlumi- 
nées de Buffon, sous Le n.° 35. (Cu. D.) 

MASCARONE, ( Crust.) Les crustacés brachyures du genre 
Dorippe ont reçu ce nom enItalie, a cause des bosselures de 
leur têt, qui sont disposées de manière à figurer une sorte de 
masque humain. ( Desu.) 

MASCHALANTHUS. (Bot.), Schultz; Maschalocarpus ; 
Spreng. Ce genre de mousses ne différe presque point du pte- 
rigynandrum , duquel il n’auroit pas dû être séparé, ayant 
pour type le péerigynandrum “ri limpe Hedw. Voyez Prericy- 
NANDRUM. {LEM.) 

MASCHIO. (Ornith.} L'oiseau ainsi nommé dans le Bo- 
lonois est l’'écorcheur, lanius collurio , Linn, (Cæ. D. ) 

MASDEVALLIA. (Bot) Genre de plantes monocotylédones, 


MAS 20e 

à fleurs incomplètes, irrégulières, de la famille des orchidées, 
de la gynandrie monandrie de Linnæus, offrant pour caractere 
essentiel : Point de calice; uné corolle ouverte, a six pétales; 
les extérieurs soudés jusque vers leur milieu, le sixième pétale 
ou la lèvre orguiculée, point éperonnée; l'onglet soudé avec 
les pétales extérieurs; la colonne des organes sexuels non ailée; 
une anthère terminale, operculée; le pollen distribué en deux 
paquets. 

Maspevarcra uniFLORE : Masdevalliauniflora, Kunth , in Humb. 
etBonpl. Nov.Gen. et Spec., 1, p. 361 ,tab. 89 ; Ruiz et Pav., Syst. 
veg. Flor. Peruv., pag. 258. Cette plante a des racines épaisses, 
PET NS trés-simples qui produisent des feuilles coriaces, 
lancéolées, planes, un peu obtuses, rétrécies a leur base, longues 
de trois pouces, toutes radicales; de leur centre s'élèvent des 
hampes simples. glabres, longues de huit pouces ,uniflores,en- 
veloppéespar quelquesgraines glabres ,striées , presque longues 
d’un pouce. La fleur est terminale, inclinée; la corolle campanu- 
lée, longue d’un pouce; les trois pétales extérieurssont oblongs, 
un pêu épais, rétrécis à leur sommet, à trois nervures, soudés 
ensemble jusque vers leur miheu; les deux intérieurs latéraux 
libres , alongés, aigus, à une seule nervure, trois fois plus 
courts que les extérieurs; le sixième pétale est onguiculé; son 
limbe oblong, obtus, en carène, ponctué de rouge dans son 
milieu , une fois plus court que les pétales extérieurs; la co- 
lonne droite, canaliculée, ponctuée de rouge, de la longueur 
des pétales intérieurs; l’anthère terminale. Cette plante est 
parasite; elle croit au Pérou et dans les contrées froides du 
royaume de Quito. (Porz.) 

MASEH. (Bot.) Voyez LousrA. (J.) 

MASENGE. ( Ornith.} C’est, dans le Brabant, la grosse mé- 
sange, parus major, Linn. (CH. D.) 

MASERASESADE. (Bot.) Voyez Masara. (J.) 

MASGNAPENNE. (Bot.) Suivant M. Bose, c’est le nom d’une 
racine, peut-être celle de la sanguinaire du Canada, ou celle 
de l’heritiera tinctoria , dont se servoient les Sauvages de la 
Virginie, pour teindre en rouge leurs meubles et leurs armes. 
( Lem.) 

MASIER. (Malacoz.?) Adanson (Sénég. PDA DLL)" 
nommé ainsi un tube calcaire qu'il place dans son genre Ver- 


300 ._ MAS 
met, et dont Gmelin a cependant fait une espèce de serpule, 
sous le nom de serpula arenaria. Voyez Vermer. ( DE B.) 

MASITYPOS (Bot.), nom du mouron, anagallis, chez les 
anciens Etrusques, suivant Ruellius. (J.) 

MASLAC. (Bot.) C. Bauhin dit, d’après Paludanus et Lins- 
cot, que les Turcs rommoient ainsi l’opium extrait du pavot 
der et qu’ils en prennent chaque jour une partie équivalente 
à la grosseur d’un pois. Suivant Mentzel , le même nomiudien 
est donné au chanvre, et il faut APT à ce sujet qué cette 
plante a aussi une iualiié enivrante et un peu narcotique. 
(3) ( 
MASL.ENIK. (Bot. ) Pallas rapporte qu’en Russie, dans la 

province de Mouroum, les paysans mangent un charité 
qu'ils nomment massenik truffe visqueuse, espèce de bolet, 
boletus viscosus, Pall., sans en ressentir de pernicieux effets. 
(Lem.) 

MASMOCRA {Bot.), nom arabe de l’aristoloche suivant Ta- 
beriæmontanus cité par Mentzel. (J.) 

MASPETON. (Bot.) Voyez Masrastes. (J.) 

MASQUE, Persona. {Conchyl.) Denys- Montfort, tom. 2, 
pag. 602 de son Système de Conchyliologie, a établi sous ce nom 
une petite division générique dans le grand genre Murex de 

. Lionæus, pour un petit nombre d’espéces dont l’ouverture, 
largement calleuse, a ses bords rétrécis par des dents irrégu- 
lières. Telle est l'espèce que l’on connoit vulgairement sous les 
noms de Grimace, de Vigiie Ride, de Bossue, et qui vient de 
la mer des Indes. C’est une espèce du genre Triton de M. de 
Lamarck, le murex anus de Linnæus. (Varés Rocxer et Tairon.. 
(De B.) 

MASQUE. ( Entom.) Ce nom a été employé par Réaumur 
et par Geoffroy , pour désigner l’extrémité de la lèvre infé-, 
rieure des larves de libellules, qui recouvre toute la partie 
antérieure de la bouche. Voyez tome XXVI, page 242, le 
dernier alinéa. ( Des.) | 

MASSA (Bot.), nom de la muscade dans l'ile de Java, ou 
plutôt de son macis, suivant C. Bauhin. (J.) 

MASSA (Tchthyol.) , nomspécifique d’un crénilabre que nous 
avons décrit dans ce Dictionnaire , tom. XI, pag. 387. (H. C.) 

-MASSACA-CURI, JU-URIVI. (Bot.) Palmier d'Amérique, 


MAS 301 


prés de Javita, non décrit, vu seulement par M. de Humboldt 
qui dit que son tronc est chargé d’épines ; ses feuilles sont pen- 
nées; son fruit, ovoide, de la longueur d’un pouce, est percé 
de trois trous. C’est peut-être un bactris. (J.) 

MASSACAH. ( Ornith.) Ce nom arabe est donné, suivant 
M. Savigny, Oiseaux d'Egypte et de Syrie , p. 54, à l’effraie, 
strix flammea, Linn. (Ca. D.) 

MASSACAN. (Ornith.) Ce nom paroît être appliqué dans 
le Piémont à plusieurs fauvettes tachetées.. (Cr. D.) 

MASSAMAS (Bot.), nom mal transcrit dans quelques livres. 
Voyez Manssanas. (J.) 

MASSAQUILA. (Bot.) pañstie voisinage de Cumana on 
_ donne ce nom, suivant M. de Humboldt, à un micocoulier, 

celtis mollis. (J.) Ù 

MASSARIL (Bof.), nom de l’espéce de raisin que l’on re- 
cueilloit en Afrique pour l’employer comme médicament, 
suivant Daléchamps. (J.) #9 

MASSE. ( Bof, ) Paulet donne ce nom à une petite famill 
qu'il forme dans le genre Clavaire, à cause de la forme en 
massue des trois espèces qu'il cite, décrit et désigne ainsi: 

1. Lespriis Pinons, ou Clavaria cæspitosa, Jaceq., mainte- 
nant une espèce du genre Sphæria.. 

…2. Le cros Picon, ou Clavaria pistillaris, Linn. ( Voyez Pa 
ticle CraAvaire.) 

3. Etla Masse À euErRIER, ou Clavaria milifaris, Linn., main- 
tenant Sphæria militaris, Pers. Voyez Spxænta. ( Le.) 

MASSE À GUERRIER: (Bor.) Voyez Masse." ( Lem. ) - | 

MASSE AU BEDEAU (Bot.), nom vulgaire commun à deux 
plantes, l'érucage des moissons et la massette a lärges feuilles. 
(LD:) 

MASSE D'EAU. (Bot. ) Voyez Masserre. _ D. ) ; 

MASSENA (ichthyol.), nom spécifique d’un poisson du 
genre CépnaLortère. Voyez ce mot. (H. C.) 

. MASSETE,, Scolex. (Entoz.) Genre de vers intestinaux assez 
peu connus à cause celeur petitesse et de la variation extrême 
de leur forme, étabii par Muller, et adopté depuis par ious 
les zoologistes. Ses cäractères sont : Corps mou, déprimé, atté- 
nué en artière, renflé en avant, où il est terminé par une 
masse céphalique polymorphe, pourvue de quatre succirs 


302 MAS 

symétriquement placés, de quatre appendices et d’un pore 
orhicu!aire central. l’organisation des massètes est à peu prés 
inconnue. M. Rudolphi avoit d’abord supposé qu’elles avaient 
un canal intestinal; maïs depuis il pense qu'il n’en est pas 
ainsi, et que le pore terminal est une sorte de suçoir. Les 
orgares de la génération et le mode de reproduction sont 
entièrement ignorés. On sait seulement que ces animaux vivent 
dans la mucosité qui tapisse en si grande abondance le canal 
intestinal des poissons. Je n’ai jamais eu l’occasion d'observer 
de massètes. M. Rudolphi, avant son voyage en Italie, n’en 
avoit pas vu non plus ; mais à cette époque, il a trouvé :fré- 
quemment la massète quadrilobée qu'il a observée vivante, et 
il croit qu’elle change tellement de forme, qu’il n’est pasim- 
possible qu'on ait pu en former plusieurs espèces. L'auteur que 
nous venons de citer, dans sou Traité sur les vers intestinaux, 
comptoit six espèces dans ce genre, dont trois étoient douteu- 
ses. Dans son Synopsis, il regarde les animaux qu'il avoit dési- 
gnés sous les noms de Scolex bilobus ou de Lavaret, et de Scolex 
Letrastomzs ou de l’éperlan comme des bothriocéphales, ou de 
jeunes tænias. Toutes les autres ne sont que des individus 
de la massète quadrilobée mal observés. Ainsi ce genre n’est 
plus composé que'de cette seule espèce, dont le corps à une 
ligne et demie de longueur sur un tiers de ligne de largeur, 
quand il est contracté, du moins suivant Fabricius; car Muller 
dit qu’on ne peut la voir à l'œil nu. Lorsqu'il s’alonge, ilatteint 
jusqu’à plus de quatre lignes; mais alors il devient linéaire. Il 
est très-mou, trés-polymorphe comme celui de plusieurs planai- 
res; sa couleur est blanchâtre, opaque, gélatineuse. Muiler dit 
qu’en arrière de la tête sont deux points sanguins et oblongs, 
dont il est assez difficile de déterminer la nature. On trouve ce 
ver assez souvent, àce qu'il paroît, dans les intestins de diffé- 
rentes espèces de pleuronectes et dans ceux du saumonlavaret, 
et peut-être de plusieurs autres poissons. En général, cegenrea 
bescein d'observations nouvelles; peut-être même l'espèce qui 
le compose n'est-elle pas aduiter et n'est-elle formée qu'avec 
de jeunes individus d'échinorhyuques. M. G.Cuvier, quia suivi 
le premier ouvrage de M. Rudolphi, dit qu’il en possède une 
grande espèce qui pénètre la chair du spare de Ray ,et dont 
la partie moyenne du corps est renflée en une vessie qui, dans 


MAS 303 
Vétat de vie, se restreint ou s’élargit alternativement dans son 
milieu. Est-ce une véritable massète? (Dr B.) 

MASSETTE (Bot.), Typha, Linn. Genre de plantes monoco- 
tylédones, qui a donné son nom à la famille des typhacées ou 
typhinées, et qui, dans le système sexuel , appartient à la mo- 
noëécie triandrie. Ses principaux caractères sont les suivans : 
Fleurs trés-nombreuses, trés-serrées les unes contre les autres, 
et disposées en deux chatons cylindriques au sommet de la tige; 
le mâle placé immédiatement au-dessus du chaton femelle. 
Chaque fleur mâle est composée d’un calice de trois folioles 
linéaires-sétacées et d’un seul filament trifurqué, portant trois 
anthères oblongues, quadrangulaires, pendantes; chaque fleur 
_ femelle présente un calice formé d'une houpe de poils, etun 
ovaire porté sur un pédicule trés-délié, surmonté d’un style 
terminé par deux stigmates capillaires. L’ovaire devient une 
graine ovale, pointue, enveloppée d’une tunique membra- 
neuse, très-mince, et le calice persistant lui sert d’aigrette. 

Tuçgn est dans Dioscoride le nom d’une plante qui croît dans 
les étangs et les marais, et qui est peut-être la même qu’une 
des espèces du genre auquel les modernesont consacré le nom 
de Typha. Ce dernier renferme aujourd’hui sept espèces; les 
deux‘plus intéressantes à connoître, sont les deux qui suivent : 

Masserre À LARGES FEUILLES : vulgairement Masse n’#au, Masse 
AUSeDE AU, Roseat peséranes; Typha latifolia, Linn.,Spec., 157; 
F1. Dan., tab. 645. Sa raéine est vivace, rampante, noueuse, 
garnie de fibres presque ‘verticillées ; elle produit plusieurs 
tiges droites, frès-simplés, cylindriques, dépourvues de nœuds, 
parfäitement glabres comme toute la plante ; et hautes de six à 
huit picds. Ses feuillés sonfalternes linéaires, planes, presque 
ensiformes, larges de cinq à dix ligriés au plus, engaiînantes à 
leur base; les unes radicales, lés autres caulinaires; et aussi 
longués, pour la plupart, que les tiges elles-mêmes. Ses fleurs 
sont tres-petites, en quantité presque innombrable; les mâles 
disposées en un chaton cylindrique, long de quatre à cinq 
pouces, de couleur jaune, contigu à l’épi femelle, qui a la 
même forme , et qui est d’abord d'un vert obseur, puis ensuite 
roussätre, et enfin brünâtre, lors de la maturité des graines. 
Après la floraison, l'épi mâle se flétrit, se détruit le-plus sou- 
vent, et alors le chaton femeile paroit terminer la tige au som- 


504 MAS 
met de laquelle il forme en quelque sorte une massue. Cette 
plante croît en France, en Europe, en Asie et en Amériques 
dans les étangs, les fossés aphbtique le long dés rivières et 
des ruisseaux. Gt 
MassetTrB A FEUILLES ÉTROITES : Typha angustifolia , hide 
Spec., 1377; Flor. Dan., t. 815. Cette espéce a tout le port de la 
précédente; sa tige atteint la même élévation; ses feuilles sont; 
en général, plus étroites, mais la différence est si peu consi- 
dérable, que cela ne mériteroit aucune considération. Le ca- 
ractère saillant qui fait facilement distinguer ces deux plantes; 
c’est que, dans la massette à larges feuilles, le chaton mäle.est 
toujours contigu au chaton femelle; tandis que, dans celle,à 
feuilles étroites, il y a constamment un intervalle d’un.a deux 
pouces entre les deux chatons. Cette plante se trouve dans les 
mêmes lieux que la précédente. 
Les bestiaux mangent les feuilles des massettes, mais C’est 
un bien médiccre fourrage, et l'on soupconne même qu'il 
peutleur être nuisible. Lorsque lés racines de ces plantes sont 
jeunes, et.quand leurs tiges commencent a pousser ,.ellessont 
tendres et assez douces au goût; quelques personnes les, forit 
alors confire dans le vinaigre et les mangent en salade. La dé: 
coction de ces racines dans. l'eau a passé pour avoir la,pro- 
priété de modérer les pertes utérines, mais aucune observation 
ne confirme cette prétendue propriété, et l'usage de ces plantes 
en médecine-est-tout-a-fait nul aujourd'hui : noi AE 
Dans les cantons où les massettes sont abondantes on enr 
ploie leurs feuiiles pour former le siége des chaises communes; 
pour faire des paillasseset desnattes. En Suède et dans d'autres 
pays, les tonneliers s’en servent pour lier les extrémités; des 
cerceaux;ilseninterposentaussi entre les douves des tonneaux, 
afin qu'ils soient plus exactement clos. Les tiges et les,feuilles 
servent, au lieu de chaume, a couvrir les toits des maisons 
rustiques; on peut dans les jardins en. former. des abris pour 
remplacer les paillassons. Les aigrettes des fleurs femelles, qui 
font une sorte de duvet, sont, dans le nord de l’Europe, em- 
ployées pour remplir des matelas , des coussins, des oreillers. 
On les mêle avec de la poix et du goudron pour calfaterles 
bateaux et les navires; mais, en général, on tire peu de,parti 
de cette matière, quoiqu’on puissese la procurer avecfacihité, 


MAS 305 
On a cherché à l'utiliser davantage en la faisant carder, fouler 
et feutrer en l’'incorporant avec un tiers de poils delièvre. Par 
ce moyen on a réussi à en fabriquer des chapeaux. En mêlant ce 
duvet avec un tiers de coton, eten le faisant carder et filer, on 
en a aussi fait fabriquer des gants, ei mêmeune espèce de tricot 
en pièce. Mais ces essais suffisent-ils pour faire croire que cette 
matière pourroit être employée à faire des bas, des bonnets 
pour les habitans des campagnes, et même du drap et des cou- 
vertures? Il n’est guère permis de le croire; car il ne suffit pas 
que ce duvet soit doux au toucher etsusceptible de conserver la 
chaleur, il manque par un point essentiel, c’est que les poils 
qui le composent sont trop courts pour être jamais travaillés 
- seuls, et pour qu’on en puisse former des étoffes solides et 
durables. (L. D.) 

MASSETTES. (Bot.) Nous avions désigné primitivement sous 
ce nom une famille de plantes monocotylédones, maintenant 
connue sous celui de typhinées. (J.) 

MASSETES A RESSORT. ( Bot.) C’est un petit groupe de 
champignons formé par Paulet, et qu’il présente ainsi: 

1.Espèce pourpreatigesimple, où il citele clathrus denodatus, 
Linn., ou trichia cinnabarina, Bull. , etarcyria punicea ; Pers. 

2. Espèce jaune de safran, à tige simple, où il place l’embo- 
lus crocatus , Baisch, Elen. , tab. 30, fig. 177. 

3. Espèce à tige ascendante, où il mit d’abord Le clathrus 
nudus, Linn., ou stemonilis fasciculata, Pers. , et trichia axifera, 
Bull.; ensuite le clafhrus recutitus, Linn., l’embolus pertusus, 
Baisch, L. c., fig. 176, ou stemonitis typhina, Pers. 

Tous ces petits champignons ont une tête oblongue qui res- 
semble plus ou moins à une massette portée sur une tige grêle. 
Les graines renfermées dans cette tête sont lancéesau loin par 
les filamens élastiques sur lesquels elles sont d’abord fixées. 
(Lem.) 

MASSHUW. {Ornith.)\) Hermann, dans ses Observationes 
Zoologicæ ; pag. 120, donne ce nom allemand à son strix bu- 
talis, en françois grimaud ou grimauld, dont il a déjà été parlé 
sous ce nom au tome XIX, pag. 481 de ce Dictionnaire. Cet 
oiseau, qui a des rapports avec le strix aluco , Ou hulote, lui 
paroît en différer par la taille, la couleur de l'iris et le dé- 
faut de taches aux pieds. ( Cu, D.) 


29. 20 


306 MAS 

MASSICOT (Chim.) , nom souslequel l’oxide de plomb formé 
de 100 de métal etde 7,7 d’oxigène, est connu dansles arts. (CH) 

MASSICOT. ( Min.) C’est le nom vulgaire de l’oxide jaune 
de plomb. On le donne quelquefois à un carbonate de plomb 
natif, pulvérulent et jaunâtre, qui, sans être cet oxide pur, 
lui ressemble extérieurement. Voyez PLoms. (B.) 

MASSITRE. (Bot.) Daléchamps dit que les Allobroges, au- 
jourd’hui les Savoyards, nommoient ainsi l’ellébore puant. (J.) 

MASSON (Bot.), nom vulgaire du jujubier cotonneux, zizi- 
phus jujuba. (J.) | 

MASSONE, Massonia. ( Bot.) Genre de or: monocoty- 
lédones, à fleurs incomplètes, de la famille des asphodélées, 
de l’hexandrie monogynie de Linnæus, offrant pour éaractére 
essentiel : Une corolile tubulée à sa base; le limbe double; l’ex- 
térieur plus grand , à six divisions; l’intérieur à six dentsstami- 
niférés ; Six étamines; les filamens subulés; les anthères ovales- 
oblongues; l’ovaire supérieur trigone; un style fitiforme ; Le 
stigmate simple; une capsule triloculaire, à trois valves, poly- 
sperme. 

Ce genre renferme quelques Mel ct plusieurs variétés 
qui ont été indiquées comme espéces : toutes sont remär- 
quables par,leur port, par la disposition de leurs feuilles 
toutes radicales, courtes, ei plus ou moins larges; par leurs 
fleurs faseiculées où réunies en une sorte d’ombélle, dont la 
hampe est fort courte, presque nulle. Les racines sont bul- 
beuses: Leur culture est un peu difficile, en ce qu’elles donnent 
rarement descäïeux, et qu’elles ne donnent présque jamais de 
graines dans nos climats. Elles fleurissent pendant l'hiver, et 
veulent la serre-chaude, un mélange de terre de bruyère et 
de terre franche, renouvelées tous les deux ans. 

MaAssonE À LARGES FEUILLES : Massonia latifolia, Linn. fils, 
Suppl.; Lamck., Ill. gen. , tab. 233, fig. 1; Aït., Hort. Kew., 
tab. 3; Magaz. Bot., tab. 848. Ses racines sont bulbeuses, 
de ia grosséur d’un radis; elles produisent deux larges 
feuilles ovales, presque arrondies, étalées, séssilés, tachetées 
de rouge en dessus, d’un vert pâle en dessous. Les fleurs sont 
blanches, un peu pédicellées, disposées entre les feuilles en 
une sorte d’ombelle serrée , presque sessile, ou portée sur une 
hampe trés-courte ; le tube de la corolle est à peu près de la 


| MAS 307 
longueur du limbe extérieur. L'ovaire devient une capsule 
obtuse , À angles trés-saillans. Cette plante croît au cap de 
Bonne-Espérance. On la cultive au Jardin du Roi. 

MASSONE À FEUILLES ÉTROITES : Massonia angustifolia, Linn. fils, 
Suppl.; Lamck., I. gen., tab. 233, fig. 2; Ait., Hort. Kew., 
tab. 4; Bot. Magaz. , tab. 736. Ses feuilles sont beaucoup plus 
étroites que dans l’espèce précédente, redressées, ovales-lan- 
céolées,aiguës, longues d’environ trois pouces, du milieu 
desquelles s’élève une hampe verticale, trés-courte, soute- 
nant des fleurs pédicellées , réunies en un faiscçeau ombelli- 
forme , un peu irrégulier, munies de bractées lancéolées, ai- 
_guës, plus courtes que les fleurs; le tube de la corolle est grêle, 
trois fois aussi long que le limbe extérieur, dont les décou- 
pures sont linéaires, lancéolées, très-étroites, aiguës, réflé- 
chies, de la longueur des étamines. Cette espèce croît au cap 
de PET VA ES 

Massons ONDULÉE, Massonia ne. Thunb., Diss. Nov., 
pag. 41. Plante découverte dansl'intérieur des terres des con- 
trées australes de l'Afrique, dont la racine est pourvue d’une 
bulbe à peu prés de la grosseur d’une noïsette, qui produit 
trois, quatre, quelquefois cinq feuilles ensiformes, lancéo- 
lées, rétrécies à leur base , droites, ondulées, de la longueur 
du doigt; la hampe droite, glabre, longue d’un pouce; les 
fleurs disposées en ombelle, et portées chacune sur un pédon- 
cule propre, trés-court. 

MaAssonE A FLEURS VIOLETTES : Massonia violacea, Andr., Bot. 
Repos., tab. 46; Agapanthus ensifolius, Willd., Sp., 2, pag. 48 ; 
Mauhlia ensifolia, Thunb., Prodr., 6o, tab. 3; Polyanthes pYg- 
mæa, Jacq., Icon. rar., 2, tab. 380. Cette plante est munie 
d’une bulbe ovale, garnie en dessous d’un grand nombre 
de fibres simples et charnues; deux feuilles radicales, d’une 

médiocre grandeur, droites, glabres, ovales, spatulées. IL 
sort deleur centre une hampe droite, filiforme, longue d’en- 
viron deux pouces, chargée, à sa partie supérieure, de fleurs 
presque en corÿymbe, éparses, nombreuses, pédonculées, de 
couleur violette; les pédoncules sont uniflores; la corolle 
pourvue d'un tube grêle, alongé, divisé à son limbe en six lobes 
ovales, obtus, un peu recourbés. Cette plante croit au cap de 
Bonne-Espérance. Elle est cultivée au Jardin du Roi. 


20e 


308 MAS. 

Masson PUSTULEUSE : Massonia pustulata, Jacq. , Hori. 
Schænbr., A,tab. 454; Redout., Liliac., vol. 4, Icon. Espèce du. 
cap de Bonne-Espérance , dont les bubles sont brunes, tuni- 
quées, de la forme et de la grosseur d’une noix ; il en sort deux 
feuilles opposées, un peu vaginales et canaliculées à leur base, 
ovales, un peu arrondies, légèrement mucronées, d’un vert 
foncé, garnies en dessus d’un grand nombre de pustules, 
longues d'environ six pouces. La hampe est droite , très-courte, 
soutenant une touffe de fleurs réunies en tête, entremêlées de 
bractées ventrues, lancéolées, longues d’un pouce ; les fleurs 
sont pédicellées; la corolle est grêle, d’un blanc pâle; l'orifice 
du tube verdatre. 

MAssSonE A FEUILLES EN LANCE; Massonia lanceæfolia, Jacq., 
Hort. Schænbr., 4, tab. 456. Plante du cap de Bonne-Espérance, 
dont les feuilles sont alongées, lancéolées, acuminées, trés- 
entières, planes, un peu charnues, longues de huit à dix pouces, 
larges de quatre; la hampe est droite, longue de deux pouces, 
soutenant une tête de fleurs épaisse, pédonculée, longue d’un 
pouce et demi; les pédoncules sont épais, renflés en massue, 
accompagnés d’une bractée lancéolée, concave, acuminée, 
de la longueur des fleurs ; le tube de la corolle est tres-grêle, 
les bords du limbe d’un blanc sale, de la longueur du tube; 
l’orifice rouge, ainsi, que les filamens et le style. 

MAssonE EN cœur ; Massonia cordata , Jacq., Hort. Schænbr., 
4, pag. 5o, tab. 459. Cette espèce à des feuilles un peu ar- 
rondies, échancrées en cœur à leur base, aiguës, luisantes'à 
leurs deux fâces, longues d'environ sept pouces, larges de 
cinq; les hamipes Courtes, soutenant une tête de fleurs touffue; 
la éorolle est blanche, rouge à l’orifice du tube; les filamens 
sont jaunâtres, teints dé rouge à leur base; l’ovaire est tri- 
gone; le style plus court que les étamines. Cette plante croit 
au cap de Bünñe-Espérance. 

Outre ces espèces, Jacquin en a mentionné et fait FRA 
plusieursautres dans l’'Hortus Schænbr., telles que massonia abo- 
ata,yol. 4, tab. 458, massonia longifolia, tab. 457;;massonia coro- 
nata, tab. 460; massonia sanguinea, tab. 461, etc. Je soupçonne 
que plusieurs de ces plantes ne sont que des variétés. ( Porr.) 

MASSOT. (Ichthyol.) Delaroche dit que ce nom est, aux îles 
Baléares, celui du Lagre rouaps ( labrus turdus). ( D esm.) 


MAS 309 

MASSOUABOU (Ornith.), nom que les habitans de 
Guébé, dans les rues: donnent au calao, buceros, Linn. 
(CDs) 

MASSOY. (Bot.) Rumph estle premier qui aît fait connoître 
l'écorce de ce nom dont il fait une mention trés-détaillée sous 
celui de cortex oninius dans son Herb. Amboin., vol. 2, pag. 62, 
et Murray la cite aussi dans son Appar, Medicam., vol. 6, p.185- 
Elle provient d’un arbre élevé et assez gros, commun dans la 
région occidentale de la Nouvelle-Guinée qui estnommée onim. 
Cette écorce est mince, presque plane, d’une saveur douce et 
agréable, approchant de celle de la cannelle, d’une couleur 
grise striée. Les Indiens lui attribuent une vertu échauffante et 
la propriété d’apaiser les coliques. Ils la réduisent en poudre, 
et la mélent ainsi dans l’eau avec laquelle ils se lavent tout le 
corps dans la saison froide et humide. On ne connoît pas assez 
l'arbre qui la fournit pour déterminer ses affinités." (J.) 

MASSUE, ou GRANDE MASSUE D'HERCULE. ( Conchyl.) 
Les marchands de coquilles donnent ce nom au murex cornutus, 

Linn., Gmel., à cause de la longueur du canal, et la brièveté 
de la père de dite coquille. (De B.) 

. MASSUE ÉPINEUSE, ou GRANDE MASSUE D'HERCULE. 
(Conch.) C’est le Rocaer corNu, murex cornulus. (DEsn.) 

MASSUE D’HERCULE ( Bot. ), nom d’une variété de 
concombre, que l’on a ainsi nommée d’après la forme de son 
fruit. (L. D.) 

MASSUE D'HERCULE DE LA MÉDITERRANÉE (Conchyl.), 
Murex brandaris, Linn., Gmel. (DE B. ) 

MASSUE D'HERCULE À POINTES COURTES. (Conchyl.) 
Variété du murex brandaris, Linn., Gmel. (DE B.) 

MASSUE DES SAUVAGES. (Bot.) Ce sont les racines du 
mabouyer, que les naturels de l'Amérique employoïent pour 
faire des massues. ( Le.) 

MASSUGUO (Bot.), nom provençal d’un ciste, cistus albidu$, 
cité par Garidel. (J.) 

MASSWY. (Ornith.) Ce nom allemand est donné, dans 
Gesuer et Aldrovande, à l'aigle de mer, ou balbuzard, falco 
haliaetus, Linn. (Cu. D.) 

MASTACEMBLE, Mastacembelus. ( Ichthyol.) Gronovius a 
donné ce nom à un genre de poissons osseux, holobranches, 


310 MAS 


de la famille des pantoptères, et reconnoissable aux carac- 
tères suivans : 

Corps alongé, comprimé, ensiforme, dépourvu de catopes ; na- 
geoires dorsale et anale presque unies à la caudale ; des épines iso- 
lées au lieu de première dorsale; deux RER en avant de l’anale; 
mâchoires à (42 peu près égales. j 

Ce BGRES a été confondu par Linnæus avec ses Ora1niss 
mais il s’en distingue facilement, de même que de celui des 
Murèxes, parce que les Masracemeres n’ont pas toutes les na- 
geoires impaires réunies, On sépare encore aisément ceux-ci des 
Ammopytes, qui ont la mâchoire supérieure plus courte que 
l’inférieure ; des MacroenaTues, qui ont le museau terminé par 
une pointe cartilagineuse aplatie ; des Xipaias, qui ont le mu- 
seau terminé par une pointe osseuse ; des ErPIvocnes, qui ont 
des catopes. ( Voyez ces différens 1 mots, ainsi que PANTOPTÈRES 
et RHYNCHORDELLE. ) 

Cegenrene renfermeencore qu’une espéce, c’est le rhynchob- 
della haleppensis de Schneider, qui a été figuré par Gronovius 
dans son Zoophylacium (tab. vu, a, fig. 1). C’est un poisson qui 
se nourrit de vers dans les eaux douces de l’Asie, et dont la 
chair est estimée. (H. C.) 

MASTAKI. ( Bot.) C’est au Japon, suivant in, et 
Thunberg , le nom vulgaire d’une variété du champignon 
comestible (agaricus campestris, Linn.). Selon ces auteurs, ce: 
champignon se nomme encore naba, tam, et vulgairement faki. 

Les silaki, faskaki, kuragi et kistaki en sont des variétés. On 
les desséche, et on en fait une grande consommation dans tout 
l'empire, et on les voit exposés en vente dans presque toutes 
les boutiques. ( Lem.) 

MASTASTES. (Bot) Nom er du laser , laserpitium, selon 
PDaléchamps; ilajoute quesa tige estle maspeton de Dioscoride, 
et que Théophraste et Pline donnent plutôt ce dernier nom à 
sa feuille. (J.) 

MASTFISCH, MASTVISCH. (Mamm.) Noms germaniques 
quisignifient poisson gras,et qu’on a donnés à quelques cétacés. 
(FE. C.) 

MASTIC. (Bot.) Résine qui découle du lentisque; on en re- 
cueille aussisurune espèce de térébinthe, suivant Duhamel.(J.) 

MASTIC (Chim.), nom d’une résine. Voyez Résine. ( Cu.) 


MAS 316 

MASTIC FRANÇOIS. (Bot.) On donne ce nom à une espèce 
de thym qui exhale l'odeur du mastic. (L. D.) 

MASTICATION. (Physiol.) Voyez Ononrozocie. (EF. £: ) 

MASTICHINA. (Bot.) Ce nom donné, suivant J. Bauhin, a 
une plante labiée qui a l'odeur du mastic, et que, pour cette 
raison, l’on nommoit mastic Gallorum, a été adopté par Boer- 
haave, et ensuite par Adanson, qui tous deux regardoient cette 
plante comme genre distinct. Ses caractères génériques n’ont 
paru suflisans ni à Tournefort, qui en faisoit un thymbra, ni à 
Linnæus qui l’a réuni au thym sous le nom de thymus mastichina 
qu’il a conservé. (J.) 

MASTIGE, Mastigus. (Entom.) Nom d’un genre d'insectes 
- coléoptères, pentamérés , formé par M. de Hoffmansegg d’une 
très-petite espèce qu’il a observée en Portugal. Cet insecte 
paroit voisin des ptines , de la famille des térédyles ou perce- 
bois. Fabricius et Olivier l’avoient au moins regardé comme 
une espèce du genre Pline; mais M. Latreille la rapporté à 
la famille des clairons. C’est ce que le nombre des articles 
peut seul faire décider, les clairons étant tétramérés. Le mas- 
tige décrit a les palpes trés-longs, ce qui l’a fait désigner sous 
le nom de palpalis, palpeur. On le trouve sous les écorces, 
et avec les débris de végétaux sous les pierres. (C. D.) 

MASTIGODE, Mastigodes. (Entoz.) Nom de genre employé 
par Zeder pour désigner la plus grande partie des espèces de 
vers que les zoologistes modernes nomment trichocéphales, et 
entre autres, le trichocéphale de l'homme, trichocephalus dispar, 
plus connu sous la dénomination d’ascaride vermiculaire. 
Zeder distinguoit son genre Mastigode de son genre Capil- 
laire, parce que la partie antérieure du corps s'atténue peu 
à peu dans celui-ci, et brusquement dans celui-la, carac- 
tère qui est bien loin d’être constant pour toutes les espèces 
de ces deux genres. Le mot mastigode est composé de deux 
motsgrecs, maçiË et edvc, ce qui veut dire semblable à un 
fouet. Voyez Tricuacépxaze. (DE B.) 

MASTOCEPHALUS. ( Bot.) Epithète employée par Battara 
pour caractériser les agaricus dont le chapeau est mamelonné 
dans son centre. (Lem.) 

MASTODIES. (Mamm.) Ce nom a été proposé par M. Ra- 
finesque, pour remplacer celui de Mammurères. ( Des. ) 


312 MAS 

MASTODOLOGIE. (Mamm.) M. Latreille a proposé ce mot 
pour remplacer le nom hybride de Mammarocre, dont onse 
sert pour désigner la branche d'histoire naturelle qui a pour 
objet la connoïssance des mammifères. ( Des.) 

MASTODONTE, Mastodon. (Mamm.) Ce nom, qui siguifie 
dents mamelonnées, a été donné par M. Cuvier à un genre d’a- 
nimaux perdus, fort voisins des éléphans par leur structure, 
et qui comme eux doivent être classés dans l’ordre des pachy- 
dérmes et dans la tribu des proboscidiens. 

Les espèces de ce genre sont au nombre de six, toutes ca- 
ractérisées par des différences de forme et de proportion dans 
les dents molaires qui fournissent les débris qu’on en trouve 
le plus ordinairement. Une seule d’entre elles, dont la taille 
est au moins égale à celle de l'éléphant, est connue depuis 
long-temps, non seulement par ses énormes molaires qui ne 
sont pas rares dans les cabinets d'histoire naturelle, mais en- 
core par de nombreux ossemens qui ont mis à même de 
prendre une idée exacte et assez complète de son organisation. 
Cette espèce, généralement désignée sous la dénomination d’ani- 
mal de l'Ohio, a été confondue, surtout par les Anglois et les 
habitans des Etats-Unis, avec l'éléphant fossile, le mammouth 
ou le mammont, et en a même recu les noms. : 

Les restes des mastodontes n’ont encore été rencontrés que 
dans des terrains meubles et très-superfciels, d’où l’on infère 
que ces animaux doivent prendre rang parmi les plus ré- 
cens de ceux dont les espéees n’existent plus vivantes sur le 
globe. | 

L'examen des parties du squelette de l’animal de POhio 
qu’on à pu se procurer a démontré qu'il avoit de grosses 
défenses recourbées en haut, comme celles des éléphans; que 
son nez devoit être prolongé comme le leur en une énorme 
trompe, et que ses pieds étoient également pourvus de cinq 
doigts ; mais qu’il différoit de ces animaux vivans ou fossiles, 
par la structure des molaires qui, au lieu d’être composées de 
nombreuses dents partielles étroites et réunies par une subs- 
tance cémenteuse, offroient seulement à leur couronne de 
gros tubercules disposés par paires, et ayant la forme de ma- 
melons très-saillans, de telle façon que ces dents, lorsqu'elles 
étoient usées présentoient sur leur couronne de doubles lo- 


MAS 313 
sanges ou des disques bordés d’émail, plus ou moins grands, 
plus ou moins rapprochés ou confondus entre eux, au lieu 
de montrer les rubans transversaux à contoursémailleux qu’on 
voit sur celles des éléphans. | 

Comme les éléphans d’ailleurs, les grands mastodontes n’a- 
voient point de canines, ni d’incisives inférieures, et leurs 

molaires, au nombre de deux à chaque côté des mâchoires, 
 poussoient du fond de ces mâchoires en avant, en usant obli- 
quement leur couronne. L’ivoire de léurs défenses présentoit, 
comme celui des éléphans, de nombreuses lignes courbes, di- 
vergentes du centre à la circonférence, et entre-croisées ré- 
gulièrement , d’une matière plus dure que le reste; le cou étoit 
court; les membres étoient trés-solides et trés-grands; la lon- 
gueur de la queue étoit médiocre; lenombre des côtes de dix- 
neuf, dont six vraies, de chaque côté, etc. | 

Les dépouilles de ce grand animal ont été trouvées très-abon- 
daminent dans le sol d’attérissement des principales vallées 
des fleuves de l'Amérique septentrionale; celles des autres es- 
pèces de moindre taille ont été rencontrées, ou sur les pla- 
teaux élevés de l'Amérique du Sud , ou dans quelques points 
de la France, de l'Italie et de l’Allemagne. 

Le Gran» Masroronre : Mastodon giganteum, Cuv., Rech. sur 
les oss. fossiles, 2° édit., torn. 1, pag. 206; Peales, Account of the 
skelebon of the mammouth et an historical disquisition on the mam- 
mouth; Animal de FOhio des Francois; Père aux bœufs des In- 
diens ; Eléphant carnivore de quelques auteurs. Cet animal.est 
caractérisé, spécifiquement, par la forme de ses molaires dont 
la couronne est à peu prés rectangulaire, si ce ne sont les pos- 
térieures qui ont moins de largeur en arrière qu’en avant, et 
parles gros tubercules en forme de pyramides quadrangulaires, 
au nombre de six, huit ou dix, disposés par paires, qui gar- 
nissent cette couronne. 

Par la détrition, ces dents, dont le poids s'élève jusqu’à 
douze livres, présentent d’abord autant de paires de figures 
d’émail en losange, qu’il y avoit de pointes dans l’origine. 
Elles sont en nombre variable comme ceiles des éléphans, ce 
qui est une suite de leur mode de croissance et d’usure. Quand 
on les voit entiéres, il n’y en a que deux de chaque côté des 
mâchoires; maïs lorsque l’antérieure est à moitié usée, la se- 


314 MAS 


conde est entière, et le commencement d’une troisième ap- 
paroît en arrière du bord maxillaire. 

En général, cet animal étoit, ainsi que le fait observer 
M. Cuvier, fortsemblable à l’éléphant par les défenses et toute 
l’ostéologie , les molaires exceptées. Il portoit très-probable- 
ment une trompe; sa hauteur (environ neuf pieds) ne sur- 
passoit point celle de l’éléphant , maïs il étoit un peu plus 
alongé, et avoit des membres un peu plus épais, ayec un ventre 
plus mince. Sa mâchoire inférieure a les plus grands rapports 
avec celle du même animal, par la forme des condyles ar- 
ticulaires, par l’absence de dents incisives et canines, et sur- 
tout par sa terminaison antérieure en une sorte de pointe 
creusée d’un canal; mais cette pointe a moins de longueuret 
est moins pointue. Les deux lignes dentaires de la mâchoire su- 
périeure divergent en avant, au lieu de converger comme cela 
est dans l’éléphant; les deux défenses, implantées dans les os in- 
cisifs, sont grosses, un peu comprimées , et paroissent légère- 
mentarquées en en haut, Les vertèbres cervicales, au nombre 
desept, sont assez minces, d’où il résulte que le col est court. 
On compte dix-neuf vertébres dorsales, et dix-neuf paires 
de côtes, c’est-a-dire une de moins que dans l'éléphant ; les 
apophyses épineuses des seconde , troisième et quatrième dor- 
sales sont très-longues; les côtes sont autrement faites que 
dans l'éléphant, car elles sont minces près du cartilage, et 
ont de la force et de l’épaisseur vers le dos. L’avant-bras est 
plus long et le bras plus court à proportion que ceux de cet 
animal; le bassin est beaucoup plus déprimé, son ouverture 
est beaucoup plus étroite; le femur est beaucoup plus large 
d’un côté à l’autre, et plus aplati d’arrière en avant: les pieds 
sont terminés par cinq doigts courts (surtout les antérieurs} 
et qui sont conformés comme ceux de l'éléphant. 

Dans son résumé sur l’histoire du mastodonte, M. Cuvier 
ajoute ce qui suit: 

« La structure particulière de ses molaires semble indi- 
quer que cet animal se nourrissoit à peu près comme l’hip- 
popotame et le sanglier, choisissant de préférence des racines 
et autres parties charnues des végétaux; cette sorte de nour- 
riture devoit l’attirer vers les terrains mous et marécageux; 

. néanmoins il n’étoit pas fait pour nager et vivre souvent dans 


MAS 315 


les eaux comme l'hippopotame, et c’étoit un véritable ani- 
mal terrestre. Ses ossemens sont beaucoup plus communs dans 
l'Amérique septentrionale que partout ailleurs, et peut-être 
même ils sont exclusivement propres à ce pays. Ils sont mieux 
‘conservés, plus frais qu'aucun des autres os fossiles connus , 
et jamais ils ne sont empreints ou accompagnés de CORPS ma- 
rins comme beaucoup de ceux-ci. Néanmoins il n'y a pas la 
moindre preuve, le moindre témoignage authentique propre 
à faire croire qu’il y ait encore, ni en Amérique, ni ailleurs, 
aucun individu vivant; car les différentes annonces qu’on a 
lues de temps en temps dans les journaux, touchant des mas- 
todontes vivans que l’on auroit aperçus dans les bois ou dans 
les landes de ce vaste continent, ne se sont jamais confir- 
mées, et ne peuvent passer que pour des fables. » 

Quelques faits particuliers: paroissent aussi prouver que 
la destruction de cette espèce est trés-récente; et dans le 
nombre nous citerons d’abord la découverte faite en Virgi- 
nie près de Williamsbourg, à cinq pieds et demi de profon- 
deur, et sur un banc calcaire, denombreux débris au-milieu 
desquels on trouva une masse à demi broyée de petites 
branches, de gramen, de feuilles, etc., le tout enveloppé 
dans une sorte de sac que l’on regarda comme l'estomac de 
l'animal, renfermant encore les matières mêmes que cet in- 
dividu avoit dévorées. Nous y ajouterons également la cita- 
tion faite par Barton, d’une tête de mastodonte, trouvée par 
des Sauvages en 1762, laquelle avoit encore un long nez sous 
lequel étoit la bouche, et celle de Kalm qui dit, en parlant 
d’un squelette découvert dansle paysdesIllinoïs, que la forme 
du bec étoit encore reconnoissable, quoiqu'il fut à moitié 
décomposé. 

Les lieux principaux des États-Unis où les ossemens de 
mastodontes ont été recueillis sont : 1° Big-Bone-Strick, ou 
Great-Bone-Lich , marais salé dont le fond est une vase noire 
et puante, et qui est situésur la rive gauche de l'Ohio, à quatre 
milles de ce fleuve et à trente-six milles de sa jonction avec 
la rivière de Kentucky, presque vis-a-vis la riviére appelée 
Grande-Miamis { les os y sont très-abondans et enfoncés seu- 
lement de quatre pieds) ; 2° Newbourg,sur la rivière d'Hudson, 
à soixante-sept milles de Philadelphie : c’est de ce lieu que 


516 MAS 

proviennent les ossemens dont MM. Peales ont pu reformer 
un squelette entier, moins le eràne cependant, dont les 
formes restent inconnues ; 5° Albany, dans l'État de New- 
York, également près de l’Hudson ; 4° plusieurs points des 
rives de l’Ohio et de la rivière des Grands Osages; 5° les 
bords du Nord-Holston, branche du Tennessée , dans des ma- 
rais salés; 6° les alluvions du Müississipi, etc. On n’en a 
point rencontré plus haut vers le nord que le 45° degré de la- 
titude, du côté du lac Erié. Quant à ceux que l’on dit avoir 
été découverts dans l’ancien continent. ils se bornent à une 
molaire dont Buffon a fait mention, et qui proviendroit de la 
Petite-Tartarie, à une autrequiauroit été trouvée en Sibérie par 
l'abbé Chappe, et enfin à une troisième des monts Ourals, qui 
a été figurée et décrite par Pallas dans les Actes de Pétersbourg 
pour l’année 1777. M. Cuvier témoigne à leur égard quelques 
doutes, dans sa dernière édition, en faisant remarquer que 
la dent de Pallas ressemble autant à une molaire de masto- 
donte à dents étroites, qu'a une molaire de grand mastodonte, 
et qu'il se pourroit qu’elle appartint à la fpremiére de ces 
espèces; il ne trouve nulle part de témoignage certain que 
l'abbé Chappe ait rapporté la sienne de Sibérie, et il croit 
qu’elle auroit pu être envoyée de Californie au cabinet du 
Roi par ce voyageur; enfin il pense que la molaire décrite 
par Buffon, lui ayant été transmise par Vergennes, il n’est 
pas impossible que ce ministre ait été induit en erreur sur sa 
localité. Néanmoins, quoique tout semble établir qu'il n’a 
encore été rencontré d’ossemens de la grande espèce de mas- 
todonte que dans le nord de l'Amérique, M. Cuvier ne pré- 
tend pas infirmer entièrement ces trois preuves de leur exis- 
tence sur l’ancien continent; mais il commence à ne plus les 
regarder comme suffisantes. 

Les Sauvages de plusieurs tribus de l'Amérique du Nord, 
croient encore à l'existence de ces animaux; d’autres recon- 
noissent que leur espèce est détruite. Au PERL de M. Jef- 
ferson , ceux de Virginie, entre autres, disent qu’une troupe 
de ces terribles quadrupèdes détruisant les daïms, les buffles 
et les autres animaux créés pour l'usage des Indiens, le grand 
homme d'en haut avoit pris son tonucrre, et les avoit tous fou- 
droyés, excepté le plus gros mâle , qui se mit à fuir vers les 


MAS S17 
grands laes où il se tient jusqu’à ce jour. Selon Barton, Îles 
Shavanois croient qu'il existoit avec ces animaux des hommes 
d’une taille proportionnée à la leur, et que le grand Être 
foudroya les uns et les autres. 

Le Masroponre À DENTS ÉrrOITES ; Mastodon anguslidens , Cuv., 
Rech. sur les ossem. foss., 2° édition, tome :i, pag. Ad est 
une espèce du même genre que le précédent, ainsi que le dé- 
montre la forme de ses molaires, qui, avec un fragment de mâ- 
choire inférieure et un tibia, sont à peu prés les seules parties 
qu'on en ait encore recueillies. 

Ces molaires sont d’un tiers moindres environ dans leur vo- 
lume que celles des mastodontes géants, mais ellessont compara- 
_tivement plus longues et plus étroites; les mamelons que leur 
couronne présente, au lieu d’être à peu prés en forme de pyra- 
mides quadrangulaires comme dans la première espèce, sont 
coniques, marqués de sillons plus ou moins profonds, tantôt 
terminés par plusieurs pointes, tantôt accompagnés d’autres 
cônes plus petits sur leurs côtés ou dans leurs intervalles; 
d’où il résulte que l'usure produit d’abord sur cette cou- 
ronne de petits cercles d’émail isolés, et ensuite des tréfles 
ou figures à trois lobes, entourés d’émail, mais jamais de lo- 
sanges. La première molaire est petite, à quatre tubercules 
divisés en deux paires, et paroît pousser perpendiculaire- 
ment; laseconde asixtubercules en trois paires, dont le mode 
de croissance est comme celui des molaires d’éléphans et du 
grand mastodonte, d’arrière en avant; la troisième a dix tu- 
bercules partagés en cinq paires, et paroît pousser comme 
la seconde. 

La màchoire inférieure a sa pointe antérieure terminée 
comme celle de l’espèce précédente et celle des éléphans, par 
une sorte de bec tronqué et en gouttiére. 

Le tibia, par ses dimensions comparées avec celles des dents, 
sembleroit établir que cet animal étoit, proportions gardées, 
plus bas sur jambes que le mastodonte géant. 

Les débris du mastodonte à dents étroites ont été trouvés 
en Europe et dans l'Amérique méridionale. 

Le gisement le plus remarquable est celui de Simorre , dans 
la montagne Noire (département du Gers). Depuis long-temps 
les dents qu'on y a découvertes, et qui étoient teintes en vert 


318 | MAS 


bleuitre par lefer,sont connues sous les noms de furquoises 
de Simorre et de furquoises occidentales. Réanmur, qui en a 
parléle premier, décrit ainsi leur position géologique. « Les 
dents et Les débris d'os de ce lieù reposent sur une terre blan- 
châtre, et sont recouverts et encroûtés d’un sable fin, gris, et 
quelquefois bléuâtre, mêlé de petites pierres, sur lequel est 
un autre lit de sable semblable à celui de rivière. ? Par l’ac- 
tion de la chaleur ces dents prennent une couleur bleue assez 
vive, mais inégale , et se brisent en éclats, | 
Des fragmens de dents de la même espèce, recueillis à Sort 
près de Dax, par Borda, étoient placés au milieu d’une couche 
vraiment marine, ainsi que l indiquoient les autres fossiles qui 
y étoient contenus. Une dent, trouvée à Trévoux, étoit au mi- 
lieu du sable. D’autres ont été découvertes en Bavière à Rei- 
chenberg, et en Italie, Re dans le val d’Arno, 
à Padoue, au mont foiéaéo prés de Monte Pulciano, et 
non loin d’Asti en Piémont. Enfin on doit à Dombey eta M. de 
Humboldt la connoiïssance de plusieurs molaïres qui ont été 
trouvées au Pérou, et notamment près de Santa-Fé-de-Bogota. 
Le MasropoxTe pes CorpiLcrères, Cuv., Rech. sur les oss. foss., 
tom. 1, pag. 266, n’a présenté que des molaires rapportées de 
l'Amérique méridionale par M. de Humboidt, et trouvées par 
ce célébre voyageur , l’une près du volcan SUN DEC au 
royaume de Quito , à 1200 toises de hauteur, et deux autres 
dans la cordilière de Chiquitos, entre Chichas et Tarija, prés 
de Santa Crux de la Sierra, par quinze degrés de latitude mé- 
ridionale. R | 
Les proportions et les dimensions de ces dents sont les mêmes 
que celles des molaires à six pointes, ou les intermédiaires du 
mastodonte géant; mais leurs tubercules, au lieu de présenter 
sur leur coupe des figures en losanges, offrent des figures de 
trèfles comme celle des tubercules de l’espèce à dents étroites. 
Le Masroponre Humeocptien , Cuv., Rech. sur les oss. foss., 
2° édit., tom. 1, pag. 268, est une espèce établie d’après les 
formes et les proportions d’une seule dent fort usée et de cou- 
leur noire, rapportée des environs de la Conception au Chili 
par M.de Humboldt. Sa forme générale est carrée comme celle 
des dents intermédiaires des mastodontes géants, et des Cor- 
dilières ; mais elle est d’un tiers plus petite. 


| MAS 319 

Le Perir Masroponre, Mastodon minor, Cuv., Rech. sur les 
oss. foss., tom. 1, pag. 267, est une espèce fondée sur lobser- 
vation d’une molaire, trouvée en Saxe par le professeur Hugo 
de Gættingue, qui l’envoya à Bernard de Jussieu. Cette dent, 
quoiqu’ayant évidemment appartenu à un individu adulte, 
ainsi qu’on pouvoiten juger par son état de détrition , offroit 
toutes les formes etles proportions de celles du mastodonte à 
dents étroites, mais avoit un volume moindre d’un tiers; d’où 
M. Cuvier conclut que l’espèce à laquelle cette dent appar- 
tenoit étoit aussi plus petite dans le même rapport. 

Enfin une dernière espèce, le MasrobonNTE Tariroïpe, Cuv., 
Rech. sur les oss., pag. 267 èt 268, avoit des dents du même 
- volume que celles du petit mastodonte; mais ces dents étoient 
formées de coilines transverses, simplement crénelées et non pas 
aussi exactement partagées en deux pointes que celles de toutes 
les autresespèces. Leurs collinesdivisées en quatre ou cinq lobes 
principaux indiquent un rapportavec les dents des grands ta- 
pirs fossiles; mais celles-ci en différent en ce que les collines 
de leur couronne sont plus séparées, et que les crénelures qui 
en bordent le sommet sont beaucoup trop nombreuses et trop 
petites pour représenter des mamelons. 

La dent de cette espèce décrite et figurée par M. Cuvier, l’a- 
voit été déja par Guettard, Mém., tom. 4, 10° Mémoire, pl. 7, 
fig. 4. Elle a été découverte par M. Dufay, à Montabusard 
près d'Orléans, dans une carrière de calcaire d’eau douce 
pétrie de limnées et de planorbes ; et où se trouvoïent aussi 
beaucoup d’ossemens de palæotheriums de diverses grandeurs. 
(Des) | | 

MASTORSIUM (Bot.) , nom ancien vulgaire du cresson dans 
la Toscane, cité par Césalpin. (J.) 

MASTOS. ( Bot.) Selon Daléchamps, quelques uns pensent 
que cette plante de Pline est la scabieuse ordinaire. (J.) 

MASTOZOAIRES. ( Mamm.) M. de Blainville remplace par 
ce nom celui de Mammirëres, et substitue celui de Masrozoo- 
LoctE au mot MammaLoc1Ee. (Desm.) i 

MASTRANSO DE SABANA. { Bot.) L'hyptis Plumeri de 
M. Poiteau et de la Flore equinoxiale est ainsi nommé dans le 
canton de Caracas, en Amérique. (J.) 

MASTUERCO DE LAS INDIAS. (Bot.) La plante du Pérou, 


520 MAS 

citée sous ce nom par Monardez et Clusius, paroït être la ca- 
pucine , tropæolum. (J.) 

: MASTWICH. (Mamm.) Ce nom est employé par Houttuyn 
pour désigner un cétacé qui a été rapporté à l’espèce du phy- 
_setere tursio par Erxleben. (Dssx. ) 

MATABRANCA (Bot.), nom portugais du feucrium fruticans , 
suivant Grisley. (J.) 

MATADOA. FLAN Mes (Sa ae 239, pl.18) 
désigne par cette dénomination une coquille bivalve de son 
genre Telline, qui corresponi à celui des donaces des :con- 
chyliologistes modernes, et dont Gmelin fait une espèce de 
vénus, sous le nom de Venus Matadoa, très-probablement à 
tort. (DE B.) 

MATAGASSE. (Ornith.)Ce nom , qui s'écrit aussi mat tages, 
est donné en Savoie et en Angleterre , tantôt à la piegrièche 
grise, lanius major, Linn., tantôt à l’écorcheur, lanius collu- 
rio , ide (Cu. D.) 

MATAGUSANOS. (Bo. \ À Lima, suivant les auteurs de la 
Flore du Pérou, on donne ce nom S celui de contrayerva à la 
plante queles auteurs de cette Florenommentvermifuga, parce 
qu’elle est employée dans le pays en application extérieure 
pour détruire les vers qui s’engendrent dansles chairs des ani- 
maux; c’est la même que Le milleria contrayerva de Cavanilles, 
qui est notre flaveria dont on se sert pour les teintures jaunes. 
G) 

MATAIBA. ( Bot.) Voyez Erniczis. CR 

MATALISTA. (Bot.) La racine de ce nom provenant d'Amé- 
rique, et citée par Murray dansses App. Medic., v. 6, p. 169, se 
trouve dans quelques pharmacies, coupée en tronçons plus ou 
moins gros, assez compactes et pesans. On lui attribue la vertu 
de purger à la dose de deux gros plus fortement que le me- 
choacan, et moins que le jalap. (J.) 

MATALLO (Bot.), nom italien de l’alizier, cralægus aria, 
cité par Daléchamps. (J.) 

MATALLOU(Bot.), nom caraïbe du coui ou calebasier, 
crescentia, cité dans le catalogue et l’herbier de Surian. (J.) 

MATAMATA. (Erpétol.) Voyez Caécyps. (H.C.) 

MATAPALO. (Bot.) Ce nom espagnol qui signifie luepieu, a 
été donné à un arbre de l'Amérique méridionale, qui, foible 


US | 
MAT K 3o1 
dans son origine, s'accroche à un grand arbre voisin le long 
duquel il monte, jusqu'à ce qu’il soit parvenu à le dominer. 
Alors sa tête s’élargit a$sez pour dérober à son soutien l'in- 
fluence du soleil. IL se nourrit de sa substance, le consume 
par degrés, et prend enfin sa place. Il devient ensuite si gros, 
qu’on en fait des canots de la première grandeur, à quoi la 
quantité de ses fibres et sa légèreté le rendent trés-propre. Ces 
détails sont consignés dans le petit recueil des voyages qui ne 
nous fait pas mieux connoître cet arbre; mais les auteurs de 
la Flore Equinoxiale nous apprennent que c’est une espèce de 
figuier qu’ils ont nommé pour cette raison ficus dendrocida. 
(T. 
10h TE ( Bot.) Leslianes sont appelées ainsi dans les 
colonies espagnoles. ( LE.) | 

MATAPOLLO. (Bot.) Le garou, Line gnidium , hole. 
est ainsi nommé en Espagne. (Lem.) 

MATAPULGAS.(Bot.)Grisley, auteur du Virid. Lusit., cite ce 
nom portugais pour une euphraise à fleurs jaunes, dont les 
rameaux sont employés pour faire des balais. (J.) 

MATARA , PALMITO, (Bot.) Noms péruviens ou espagnols 
du molina ferrugina , arbrisseau décrit dans la flore du Pérou, 
qui doitêtre , comme les congénères, réuni au genre Baccharis, 
dans la famille des corymbifères. La fumée de cette plante 
brûlée a la réputation de tuer les vers qui s’engendrent dans 
les plaies, et on la brûle pour cette raison dans les bergeries. 

(d) 
-  MATARRUBIA (Bot. Yi nom que l’on donne à l’yeuse, en 
Espagne. (Lem.) 

MATAVIALOOS (Bot.), nom brame ” l’ophioxylum, dont 
la racine est employée au Malabar pour guérir la morsure des 
serpens. (J.) 

MATA, XARUECA. (Bot.) Noms espagnols du lentisque , sui- 
vant Dhs La résine qui en découle est nommée almastiga ; 
c’est le mastic des François. (J.) 

MATCEI. (Mamm.) Voyez Ouavaravr. (F. C.) 

MATCHIR (Ornith.), nom kourile d’un oiseau aquatique, 
qui est rapporté par Krascheninnikow à l’anas arctica de Clu- 
sius, Ou macareux moine, alca arctica, Linn. (Cu. D.) 

MATCHIS. (Mamm.) C'est le nom générique des sapajous 

29: 21 


322 MAT 
dans les colonies espagnoles, au rapport de M. de Humboldt. 
(F. C.) ; | 

MATE. (Bot.) Le réglisse d'Amérique, abrus præcatorius , 
Linn., est ainsi nommé par les Espagnols. (LEm.) | 

MATÉLÉE, Matelea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
à fleurs complètes, monopétalées, de la famille des apocynées, 
de la pentandrie digynie de Linnæus, offrant pour caractère 
esseutiel : Un calice à cinq divisions profondes; une corolle 
monopétale en roue; le limbe à cinq lobes arrondis; le tube 
très-court; cinq étamines; les anthères réunies en un corps 
pentagone, aplati en dessus, fermant l'entrée du tube; deux 
ovaires supérieurs ; deux styles; deux, plus souvent un folli- 
cule bivalve, à deux loges; la cloison chargée de semences 
imbriquées, crenelées à leurs bords. 

Marécée Des MaraAIS : Mafelea palustris, Aubl., Guian., vol. 1, 
pag. 278, tab. 109, fig. 1; Lamck., Ill. gen., tab. 179; Hos- 
tea viridiflora, Willd., Spec., 2, pag. 326. Plante herbacée 
dont les tiges sont simples , quelquefois rameuses, hautes de 
deux ou trois pieds, et plus droites, noueuses, garnies. de 
feuilles médiocrement pétiolées, opposées, ovales, alongées, 
étroites, très-entières, surmontées d’une longue pointe, glan- 
duleuses à leur partie inférieure ; les articulations pileuses. Les 
fleurs sont disposées, aux aisselles des feuilles, en grappes 
courtes, droites, accompagnées de petites écailles; Le calice 
est persistant ;ses divisions ovales , aiguës; la coroile verdûtre, 
presque plane ; les lobes du limbe se recouvrant les uns Îles 
autres par un de leurs bords ; les filamens très-courts; les 
ovaires ovales, dont un des deux avorte très-souvent; le stig- 
mate renversé et creusé en bec d’aiguiére. Le fruit consiste 
en un long follicule pentagone, aigu, verruqueux, partagé 
en deux loges par une cloison membraneuse. Cette plante 
est remplie d’un suc laiteux : elle croît à Cayenne au bord des 
ruisseaux. ( Por.) 

MATELOT (Conchyl.), nom vulgaire d’une espèce de co- 
quille du genre Cône, conus classiarius. (DE B.) 

MATELOT ( Ornith.) , nom de l’hirondelle de fenêtre, lu- 
rundo urbica, Linn., dans le département de la Meurthe. 
(Cu. D.) 

MATERAT (Ornith.), un des noms vulgaires dela mésange 


MAT 523 
à longue queue, parus caudatus, Linn., que, selon Buffon, 
quelques villageois appellent monstre, parce qu’ ‘elle a souvent 
les plumes hérissées. (Ca. D.) 

MATERAZ. ( Bot.) Les champignons qu’on nomme ainsi en 
France, selon Clusius, sontles cèpes potirons etles ni 5 UE 
FotAs , suivant Paulet. (Lem.) 

MATEREBÉ (Bot.), nom caraïbe du lappulier, triumfetta, 
cité par Surian. (J.) 

MATES DE INDIA. (Bot.) Clusius, dansses Erotica, cite sous 
ce nom indien le cniquier, guilandina bonduc. (J.) 

MATETE, ( Bot.) C’est le nom que porte dans les colonies 
françoises le manioc préparé pour les esciaves malades. (L£m.) 

MATGACH (Mamm.), nom du saïga mâle en Tartarie. (F. C.) 

MATHERINA. (Bot.) Les paysans de l'ile de Crète donnent 
<e nom à la marjolaine, suivant Belon. (J.) 

MATHOEN (Ornith.), nom que les Flamands donnent à 
Véchassé, charadrius himantopus, Länn. (Cx. D.) 

MATIÈRE. ( Physique.) Terme abstrait, servant à indiquer 
ce que tousles corps ont de commun, et, a proprement par- 
ler, indéfinissable , aussi bien que les mots femps et espace. La 
combinaison des sensations éprouvées par nos divers organes, 
la constance de leur reproduction , de leur succession où de 
leur simultanéité, nous découvrent toutes les propriétés que 
nous attribuons à la matière , maïs ne peuvent nous apprendre 
ce qu’elle est en e'le-même. Nous ne savons autre chose, si- 
non qu'il existe des corps qui produisent sur nous tels ou tels 
effets. Jouissent-ils de propriétés qui n'aient pas de relation 
avec ces effets, ou avéc nous? Nous l’ignorons : que nous 
paroîitroient-ils si nous étions autrement organisés? Nous l’i- 
gnorons encore ; mais tous les hommes conviennent qu’il y a 
un espace étendu dans lequel sont contenus des espaces éten- 
dus, circonscrits par des limites, et opposant de plus une 
résistance , lorsqu'on veut les déplacer ou pénétrer entre 
leurs limites. Voyez Air, t.[.%, p.395. (1) 


, 

(1) Il y a bien quelques métaphysiciens qui ont nié l'existence des 
corps; mais les physiciens ne peuvent regarder ces discussions que comme 
un jeu, et si l’on veut, un exercice de l'esprit, suffisamment réfuté dans 
l'argumentation de Sganarelle avec Marphurius. ( Mariage forcé, sc, VII.) 


24e 


Se USE MAT 

C'est par la vue et le toucher ques’acquierent l’idée d’éfen- 
due et la notion d’impénétrabilité, qui, se reproduisant dans 
tous les corps, constituent pour nous le caractère essentiel 
de la matière. Mais outre ces propriétés, sans lesquelles nous ne 
saurions la concevoir, toutes les observations et toutes les ex- 
périences ont établi jusqu'ici, sans excep‘ion, la mobilité, 
c’est-a-dire la propriété qu'ont les corps d’être mus; la poro- 
sité, celle d’être composés de parties ou molécules qui ne se 
touchent point ; la divisibilité, celle de pouvoir être divisés, 
sinon jusqu’à l'infini, comme la simple étendue, au moins de 
l'être jusqu’à un degré de ténuité, tel que leurs parties échap- 
pent à nos sens aidés des plus puissans microscopes ; la com- 
pressibilité, c’est-à-dire la propriété d’être réduits à occuper 
moins d'espace ; l’élasticité, celle de revenir plus ou moins 
complétement à leur premier état; enfin la pesanteur, c'est- 
h-dire la tendance qu’ils manifestent versle centré dela terre, 
par leur chute, quand ils ne sont pas soutenus, et par la pres- 
sion qu’ils exercent sur leurs supports. J’ai énoncé cette pro- 
priété la dernière, non parce qu’elle est moins générale que 
les précédentes, mais parce qu’elle me semble tenir de moins 

“près aux idées sensibles qu’on se fait de la constitution des 
corps. | 

On a fait des fluides électrique, magnétique, de la chaleur 
et de la lumière , une classe de corps impondérabies ; mais cette 
épithète indique seulement que leur pesanteur échappe à nos 
instrumesns ; elle seroit tout naturellement nulle, si les phé- 
nomènes attribués a ces fluides se réduisoient à de simples 
mouvemens excités entre les molécules äes corps. Voyez 
Lümière, tom. XXVII, pag. 345; voyez aussi les articles 
Mouvement, Pssanteur , Pones , Ressort et Corps. ( Chym. ) 
Cl:C.) 

MATIÈRE VERTE. ( Bot.) Ce mot désigne une molécule 
végétale qui fut le sujet de beaucoup de controverses en his- 
toire naturelle. Nous croyons pouvoir fxer toute incertitude 
à.cet égard. Ce que l’on appelle communément matière verte 
se développe dans l’eau distillée, comme dans celle des puits, 
des fontaines, des rivières ou de la pluie. Elle se forme sur 
les parois des vases, dans la masse du liquide mise en expé- 
rience, sur les pierres et autres corps inondés, en y produisant 


NAT 325 
une teinte agréable à l’œil, teinte que Priestley remarqua le 
premier, à laquelle ce physicien donna le nom qu’elle porte, 
et qui, méconnue depuis, mérite qu’on s'y arrête dans cet 
ouvrage. Des corpusculesindépendans, sans liaison entre eux, 
la composent. Ces corpuscules sont ovoïdes comme les globules 
du sang de certains petits oiseaux; ils paroissent varier de 
forme , lorsqu'on les examine au microscope, tantôt sur un 
sens, tantôt sur un autre, et changent conséquemment de 
figure, selon l’aspect sous lequel on les aperçoit. On seroït 
tenté de croire qu’il en existe de plusieurs espèces, mais la 
diversité de forme dent on étoit d'abord frappé s'explique 
bientôt. $ A 

C’est cette matière verte qui, se développant dans toute la 
nature partout où la lumière agit sur l’eau, pénètre les marais 
où l’on fait parquer les Huîtres, les fossés des grandes routes, 
les pierres taillées et le bas des vieux murs humides. Partout 
où se développe une mucosité, qui n’avoit pas échappé à 
Priestiey, celle-ci est bientôt suivie par la matière verte, qui, 
la saturant, en forme le plus simple des végétaux ; l'humidité 
venant à disparoitre, quand la matiére muqueuse s'évanouit 
la verte persiste, et, comme une poussière de la plusbelle cou- 
leur , elle ne cesse de teindre les corps sur lesquels on la vit se 
développer. Quelques animaux infusoires l’absorbent ou s’en 
nourrissent , ou peut-être la matière verte se développe-t-elle 
aussi dans leur corps humide et pénétrable à la lumière, comme 
elle se développe dans de l’eau même, et de la cette organi- 
sation de molécules sphériques, hyalines ou animales, et de 
molécules ovoïdes, vertes, qui forment certains Enchélides, 
Volvoces et Vorticellaires. Nos Zoocarpes surtout, qui sont 
des animaux verts, offrent cette double composition. 

Les Infusoires, ces ébauches invisibles de l’animalité, ne 
sont pas les seuls animaux qui se pénétrent de matière 
verte; de plus compliqués s’en teignent aussi, soit qu’ils l’ab- 
sorbent, soit qu’elle se forme dans leur translucide tissu: 
ainsi nous avons produit sur ces Hydres que l’on appelle vul- 
gairement Polypes d’eau douce, ce qui arrive tous les jours 
aux Huitres que l’on fait parquer; en élevant de ces animaux 
dans des vases où la matière verte s'étoit développée en abon- 
dance , ils sout devenus du plus beau vert, ce qui nous porte à 


326 | -MAT 

soupçonner que l'Hydra siridis deshelmintologues n’est pasure 
espèce, mais simplement une modification des espèces voi- 
sines que le hasard plaça dans des circonstances pareilles à 
celles où nous en avons mis pour les colorer. 

La viridité des Ifuîtres, pour nous servir de l’exprèssion em- 
ployée par M. Gaillon, de Dieppe, qui a fait d'excellentes ob- 
servations sur les parcs où l’on fait verdir ces conchiféres, n’a 
d'autre cause que l'absorption de la matière verte. L'époque: 
où cette viridité a lieu, est celle où l’eau , introduite dans les 
parcs, se trouve dans les conditions nécessaires pour que la 
matière verte sy développe en suffisante quantité. Tout ce 
qui existe alors dans ces parcs s’en pénètre, la vase, les plantes, 
les coquilles même s’en trouvent colorées. On a long-temps 
rapporté ce phénomène à la décomposition des Ulves ou autres 
Hydrophytes, et c’est précisément le contraire qui a lieu, car 
c’est au développement du principe primitif de ces végétaux 
aquatiques, à ce que l’on peut considérer comme les prépa- 
ratifs de leur organisation, qu'est dû ce que l’on croyoit un 
effet de leur dépérissement. i 

M. Gaïllon, qui le premier acquit par le mieroscope des 
idées justessur la coloration des Huitres, fut cependant induit 
en erreur sur un point, Ce quine prouve pas que cet excellent 
observateur eût mal vu, mais seulement que dans les choses 
délicates, de la nature de celles qui nous occupent, il est 
impossible de voir juste du premier coup d’œil. I! observa 
dans l’eau verte des parcs, dans les Huitres colorées, dans 
les couches de la matière végétative étendue sur les coquilles 
de celies-ci, un animal dont il a dit d’excellentes choses (An- 
pales générales des sciences physiques, t. VII, p.95), et qu'il 
compare au V'ibrio tripunetatus de Muller; il n’y vit guèrede dif- 
férence que dans la couleur; la figure qu’il nous en adressa est 
parfaitement exacte. Cet animal que M. Gaillon proposoit de 
‘ nommer Vibrio ostrearius, n’est cependantlui-même qu’un être 
coloré accidentellement comme l’Huître : fort transparent, il 
absorbe ou sert au développement des corpuseules de matière. 
verte;et, dans cet état, pénétrant dans la matière muqueuse, 
et dans les parties de l’Huître où sa forme aiguë et naviculaire 
lui donne la faculté de s’introduire, il ne colore que parce 
que lui-même fut coloré précédemment, et il est possible qu'on 


MAT 327 


trouve, dans certaines circonstances, des Huïtres colorées sans 
la participation des Vibrions de M. Gaillon, ainsi que l’étoient 
lès Hydres que nousavons colorés et qui n’offroient ah leur 
masse aucune trace de pareils animaux. 

Nous avons dit que Priestley remarquale premier la substance 
dont il est question et qu’il appela matière verte (tom. IV, 
sect. 335, pag. 355). Il la trouva confondue avec une mucesité, 
dont elle est indépendante et distincte, mais qu’elle pénètre 
communément. Il soccupa beaucoup plus des propriétés de 
l'air qu’il supposoit s’en dégager que de sa nature; cependant 
il affirma avec raison qu’elle n'éloit ni un animal, ni un végé- 
tal; et, n’y découvrant aucune organisation au microscope, il 
la regarda comme une substance particulière, sui generis, 
véritable sédiment muqueux'et coloré de l’eau. 

Sénebier (Journal de Physique, 1781, tom. 27, pag. 209 et 
suiv.), s'étant proposé de réitérer les expériences de Priestléy 
sur la matière verte, la méconnut totalement : « cette ma- 
« tière, dit-il, est une plante aquatique du genre dés conferves 
« gélatineuses. ? Il est facile de voir par tout ce qu’ajoute ce 
savant, à cette erreur, que, n'ayant pas tenu compte des 
teintes formées par les molécules de la véritable matière verte, 
il a pris pour celle-ci l’Oscillaire d’Adanson, qui ne tarde 
pas effectivement à se développer et à croître dans les vases 
où l’on met en expérience de l’eau pure exposée à la lumière 

a l’air. Ces vases offrent au développement de cette Ar- 
throdiée les mêmes facilités que lui présentent les baquets où 
on laisse séjourner l’eau dans nos cours ou dans nos jardins. 

Baker ( Employ. for fhe micr., part. Il, pag. 233, pl. X, 
fig. 1-6) avoit déja observé la même Oscillaire développée dans 
des vases de verre remplis d’eau, et l’avoit considérée 
comme un être vivant, et non comme une Conferve géla- 
tineuse. 

M. Decandolle ( Flor. Fr., tom. 11, pag. 65) a étéentraîné dans 
l'erreur par son illustre compatriote, au sujet de la matière 
verte de Priestley; et de la cette création du Vaucheria in- 
Jfusionum , plante qui n’existeroit pas dans la nature, si l’ex- 

périence ne nous avoitappris qu'’ilétoit question de l'Oscillaria 
Adansonii, N. ,imparfaitement observée, avecune lentille trop 
foible pour qu'on y pût découvrir les articulations ‘caracté- 


328 MAT 

ristiques. Cette Oscillaire, ou la prétendue Vaucherie des infu- 
sions, n’a nul rapport avec les êtres auxquels le savant gene- 
vois Ôta, sans motifs suffisans, l'excellent nom d’'Ectospermeque 
leur avoit donné M. Vaucher, et que nous rétablirons par la 
suite, lorsqu’au mot Psycaoniées nous exposerons dans ce Dic- 
tionnaire un travail étendu sur les êtres microscopiques de na- 
ture ambigue. F 

Ingen-Housz (Journ. Phys., 1784, tom. 24, pag. 336 et suiv.) 
avoit , aprés Sénebier, examiné la matiére verte de Priestley, 
mais en observant des faits très-intéressans dont iln’appréciapas 
toute l'importance, et lorsque le hasard lui avoit évidemment 
découvert avant nous ces Zoocarpes que nous avons les pre- 
miers fait connoître , il prononçÇa que la matière verte étoit 
composée de petits animaux qu’il. appeloit improprement 
insectes. Le Mémoire d’Ingen-Housz est trop curieux et trop 
riche de faits pour que nous puissions ne pas nous y arrêter. 

L'auteur s’étoit proposé principalementde publier ses obser- 
vationssur l'air qui résulte de la matière verte. 4 M. Priestley, 
dit-il, avoit remarqué le premier que lorsqu'on expose au so- 
leil de l’eau , surtout de l’eau de source, il s’y engendre, après 
quelques jours , une substance verte, gélatineuse au toucher ; 
et que, quand cette matière est produite, on trouve dans le 
vase une grande quantité d'air pur quise développe au soleil. > 
Ce n’étoient point des plantes placées dans ces bouteilles qui 
avoient produit ce phénomène, qui continua quand on les en 
eut retirées; il étoit conséquemment dû à la matiére verte 
qui en tapissoit le fond. 

M. Priestley, ayant décrit la matière verte comme un sédi- 
ment muqueux de l’eau ( dans son quatrième volume sur les 
airs, imprimé en 1779), l'éleva au rang des végétaux dans 
son cinquième volume imprimé en 1781, sur le témoignage de 
son ami, M. Bevly, et il la classa parmi les Conferves, sans 
vouloir déterminer si c’étoit la Conferva fontinalis, ou quelque 
autre espèce de Conferves. M. Forster l’avoit prise pourle 
Byssus botryoides de Linné. M. Sénebier, dans son ouvrage 
également intéressant et curieux sur la lumiére solaire, im- 
primé en 1782, a cru que ni M. Priestley, ni M. Forster n'a- 
voient connu la véritable nature de cet être. Le premier dit 
qu’en examinant de plus près cette plante, il l’a reconnue pour 


MAT. 329 
être la Conferva cespitosa filis rectis undique divergentibus Halleri, 
n.° 214. Si c’est la Conferva fontinalis , il faudroit qu'elle eût des 
fibres au moins de la longueur d’un demi-pouce. Si c'est la 
plante de Haller, il faudroit que lesfilamens fussent encore plus 
longs. Suivant le second, ces filamens paroissent déja aprés deux 
jours, lorsqu'on expose l’eau commune à l’action immédiate du 
soleil. IL dit qu'on voit ces filamens s'élever graduellement 
et tapisser les parois sur tout ie fond du verre. Cette plante, 
poursuit M. Sénebier, devient fort serrée en bas, et parvient 
à une grandeur si considérable, qu'il l’a vue s'élever pendant 
deux mois à la hauteur de deux pouces et demi au-dessus du 
fond. M. Ingen-Housz ne veut pas nier l'exactitude des ob- 
servations de M. Sénebier ; mais il doute avec raison que la 
plante de ce savant soit la véritable matière verte que Priestley 
décrivit dans son quatrième volume. En effet, dit-il, lorsque 
l'on compare une masse informe, muqueuse, sans aucune Or- 
ganisation apparente , ainsi que l’a décrite Priestleÿy, avec une 
plante qui, selon M. Sénebier, tapisse, comme un tissu fort 
serré, toutle fond du vase, et quis’alonge jusqu’à deux pouces 
et demi en hauteur, et par conséquent qui est très-visible 
à plusieurs pas de distance, on ne sauroit guëére soupçonuer 
l'identité. Priestley a montré lui-même a M. Ingen-Housz cette 
matière à Londres; une cloche pleine d’eau en étoit tapissée ; 
et cet observateur exact y eût certainement vu des fibres, si ces 
fibres y eussent existé. L'auteur a examiné journellement la 
matière verte durant plus de trois ans, et l’a suivie dans tous 
ses états depuis son origine jusqu’à son dépérissement. Il croit 
pouvoir prononcer à cet égard, et en ayant fait faire des dessins 
exacis, gravés pour orner le second volume deses expériences 

sur les végétaux, il se contente d'en donner une description 
abrégée. Pour éviter toute confusion, il commence par pro- 
duire da matière verte sous les yeux de ses lecteurs, comme 
le faisoit M. Priestley, c’est-à-dire, en mettant dans'des vases 
bien transparens exposés au soleil, de l’eau de sourte, et en 
plaçant au fond de ces vases de petites lames de verre, afin 
de pouvoir ensuite examiner ces lames au microscope. 
Lorsqu'après quelques jours on aura observé une bonne 
quantité de bulles d'air montant continuellement dans l'eau, 
on trouvera les parois du vase intérieurement parsemées de 


330 MAT 

corpuscules ronds ou ovales, ou approchant de ces figures , et 
d’une couleur verdàtre.(On voit qu'ici M. Ingen- Housznes’étoit 
pas rendu exactement compte de la forme des corpusculesdeia 
matière verte.) Le nombre des corpusculesaugmentant chaque 
jour, ceux-ci deviennent au boùt de quelques semaines une 
croûte dont la verdure est plus ou moins foncée , en raison du 
temps que l’eau a été exposée au soleil, et du nombre des 
corpuscules qui se sont accumulés dans cette eau. Ces cor- 
puscules sont extrêmement petits, et enveloppés dans une ma- 
tiére muqueuse. On les reconnoîft bientôt pour de véritables 
insectes qui cessent de se mouvoir lorsqu'ils se trouvent embar- 
rassés dans la couche glaireuse. On en voit nager tout autour : 
où y apérçoit aussi des corps angulaires plus volumineux que 
les insectes. 

Ces insectes finissent par obstruer et remplir la couche mu- 
queuse, qui elle-même étoit sans couleur, de sorte que celle-ci 
ne paroit bientôt plus être qu’une masse glaireuse , verte, sans 
aucune apparence manifeste d'organisation; elle ressemble 
alors parfaitement à ce que l’a trouvée M. Priestley, une dispo- 
silion glaireuse de l’eau devenue verte au soleil. 

Plus tard l’incorporation des insectes dans la masse mu- 
queuse est complète ; mais si l’on en éparpille des lambeaux, 
onremarquera que ses bords déchiréssont tout hérissés de fbres 
transparentes, sans aucune couleur, et ressemblant à des tubes 
de verre. On observera que ces fibres sont douées d’un mouve- 
ment sensible (ilest évidemmentquestion ici d’une Oscillaire) ; 
elles se plient en tous sens, s’approchent, s’entrelacent et se 
tortillent de nouveau. Ce mouvement, qui ressemble à celui 
de certains animalcules aquatiques, qui ont la forme d’an- 
guilles , se fait par intervalles très-irréguliers. M. l'abbé Fon- 
tana a montré, plusieurs années auparavant, à l’auteur, des 
fibressemblables, mais vertes, douées d’un pareil mouvement; 
il les prit pour des animaux plantes, et les crut des êtres in- 
termédiaires entre ceux des règnes animal et végétal. Il falloit 
trois, quatre ou cinq mois pour produire ces fibres. 

Si l’on s’obstine à abandonner la croûte muqueuse à elle- 
méme , la métamorphose va plus loin, la croûte muqueuse 
se couvre de bosses et d’aspérités. En dix ou douze mois 
ces bosses s'élèvent en pyramides d’un à deux pouces, qui 


MAT 531 
deviennent perpendiculaires, sont d’un vert plus foncé vers 
leur partie supérieure et latérale qu’au milieu et au bas, et 
ressemblent à une gelée assez ferme pour se soutenir dans 
l’eau. Si la croûte muqueuse mérite réellement le nom de 
plante , elle doit être classée parmi les Tremelles, Il faut pour 
obtenir ces résultats laisser la matière verte dans le même vase 
sans la déranger. La Tremelle ne se forme pas pour péu qu'il 
y ait de mouvement. 

La matiere verte est généralement commune dans les bas- 
sins des jardins, et entremêlée à La Conferva rivularis, On en 
voit aussi dans les cuves en bois qui servent aux arrosemens 
du jardin de botanique de Vienne; et plus tard cette matière 
verte est remplacée par la Conferva rivularis, dont les fila- 
mens observés au microscope paroissent être des tubes trans- 
parens, ayant des intersections plus ou moins distantes les 
unes des autres. Ces fibres tubulaires semblent devoir leur 
couleur aux petits corpuscules verts dont elles sont comme 
fareies, et qu’on seroit tenté de prendre pour les restes 
des insectes dont la matière verte est composée, ou pour ces 
insectes même qui y sont enfermés comme ils le seroient dans 
un tube de verre, c’est-à-dire, sans être attachés au tube, 
dont on les voit sortir librement et assez souvent , lorsqu'on 
observe au microscope les extrémités des fibres coupées. 
On placera peut-être les Conferves parmi les Zoophytes, 
lorsqu'on sera convaincu que ces corpuscules verts, dont les 
fibres de la Conferve sont comme farcies, sont des insectes 
morts ou vivans. 

« La matière verte de M. Priestley, ajoute M. Ingen-Housz, 
« toute composée d'insectes véritables dans le premier temps 
« de son existence, se change-t-elle d'elle-même, tantôt en 
« Tremelle, et tantôt en Conferve ? Je me contenterai, dans 
« Cet abrégé, de la relation du fait tel qu'ilest. ? : 

« J'invite, continue M. Ingen-Housz, en terminant son in= 
téressant Mémoire, les physiciens asuivre en été les progrès de 
cette substance vraiment curieuse, et entiérement négligée 
avant M. Priestley, au moins dans l’état où il l’a observée. Mais 
si l’on désire abrégerle temps, et obtenir bientôt une quantité 
très-considérable de la matière verte de M. Priestley , on 
peut suivre la méthode simple de la produire qu’il a indiquée 


332 MAT 

dans son cinquième volume : elle consiste à mettre dans l’eau 
exposée au soleil un morceau de viande, de poisson, de 
pomme de terre, ou quelque autre substance putrescible. On 
verra bientôt (quoique pas infailliblement) toute l’eau de- 
venir verte. En examinant cette eau au foyer d’un bon mi- 
croscope, on trouvera que sa couleur est due à un nombre 
infini de petits insectes verts, très-manifestement vivans. Ces 
insectes sont communément ronds et ovales. ? 

Ilest évident, d’après cet extrait du travail de M. Ingen- 
Housz, que ce physicien a d’abord connu et fort bien observé 
notre matière verte, qui est celle de Priestley ; mais que l’ayant 
ensuite perdue de vue, il a pris, comme les sayans dont il 
avoit essayé de réfuter les erreurs, des organisations toutes 
différentes, et des êtres d’une autre nature, pour les consé- 
quences de la matière verte. Les idées d’Ingen-Housz ont été 
reproduites sous d’autres formes par M. Agardbh , et l'on peut 
reconnoiître en partie les bases du Mémoire qu’a publié le 
professeur suédois, sous le titre.de métamorphose des Algues, 
dans le Mémoire d’Ingen-Hous. 

Celui-ci a vu encore comme Priestley et comme nous, 
la matière verte pénétrant une matière muqueuse. Les Os- 
ciHlaires n'ayant pas tardé à se développer dans les mêmes 
vases et autour des amas de matière muqueuse pénétrée de 
matiere verte , il a soupçonné que ces substances s’étoient or- 
ganisées en végétaux ; enfin sont venus les Infusoires plus com- 
pliqués, remplis, comme nous avous dit que la chose arrive 
souvent, de matière verte, etila cru que la matière verte 
s'éloit transformée en animaux. Nous avons déjà indiqué la 
source de ces erreurs; elles ne prouvent rien contre la saga- 
cité des observateurs qui y sont tombés, puisque tous ont par- 
faitement décrit une série de phénomènes qu’on retrouve 
constamment dans les infusions. 

Quant aux animalcules verts qui se développent dans les 
infusions de matière animale ou végétale , ou bien à ceux 
qui sortent des tubes des Conferves , ni les uns ni les autres 
ne sont de la matière verte, et nous devons, pour éviter 
toute coufusion, nous étendre un peu sur ce point, 

Les tubes des Conferves, et surtout des êtres ambigus-dont 
nous avons formé la famille des Arthrodiées, sont générale- 


MAT 333 
ment veris; vus au microscope, leur couleur paroît d’abord 
due à des glomérules de même teinte dont seroït rempli le 
tube intérieur quise reconnoît aisément dans la plupart d’en- 
tre eux. Ces glomérules sont probablement de la matiere 
végétative ou verte , ainsi que l’a pensé Ingen-Housz ; maïs il 
ne faut pas confondre , avec cette matière, des corpuscules par- 
faitemert globuleux, un peu plus gros que ses corpuseules 
ovoides et que nous appellerons corpuscules hyalins, pour in- 
diquer leur parfaite translucidité ; ceux-ci, mêlés à la matiere 
verte intérieure, se groupent ou se disposent avec elle sous 
diverses figures, dont plusieurs peuvent fournir des caractères 
génériques et spécifiques excellens. Ce sont eux qui, par 
exemple , sont comme enfilés en spirale dans nos Salmacides, 
de là tribu des Conjugées. Ces e. hyalins ne sont 
peut-être que des globules de gaz pareils à ceux qui montent 
à la surface des eaux où l'on tient des Conferves ou des Ar- 
throdiées en expérience, et qui fournissoient à Priestiey , à 
Sénebier, ainsi qu’à Ingen-Housz, l'air sur lequel ces savans 
firent leurs expériences. Ils attribuoient le CN RPC n 
de cet air à la présence de la matière verte qui n’en produit 
cependant pas. 

Ce qui nous a fait naître cette idée, c’est que lorsqu'on ob- 
serve au microscope des Arthrodiées, des Conferves, ou toute 
autre hydrophyte filamenteuse, tubuleuse et transparente, 
qui contient de la matière verte et des corpuseules hyalins , 
si quelque filament vient à se rompre sous l'œil de l’observa- 
teur, les globules ovoides de matière verte , qui doivent 
avoir un certain poids, se répandent au fond de l’eau comme 
le feroit un sédiment, tandis que les corpuscules hyalins s’é- 
lèvent a la surface de cette eau, comme le font partout ailleurs 
les bulles d'air. Le grand nombre de ces corpuscules hyalins 
ou builes ne tarde pas à diminuer et même à disparoître peu 
d’instans après avoir été mis en liberté; la matière verte au 
contraire demeure et présente les mêmes phénomènes dans 
son desséchement que celle qui s’est formée en liberté sans 
avoir jamais été captive dans des tubes. 

Nos Zoocarpes, véritables propagules ; ou semences végéta- 
tivement formées dans les articles des Arthrodiées, agolomé- 
ration de matière verte et de corpuscules hyalins , probable- 


554 MAT 

ment aussi de matière animale développée dans l’intérieur de 
l’Arthrodiée, où nos foibles moyens ne nous permettent pas de 
la distinguer; nos Zoocarpes, tant qu’ils sont eaptifs et sans 
mouvement, se préparent à la vie, comme le papillon s'y 
prépare dans l’immobile chrysalide : que manque-t-il donc 
à ces Zoocarpes dans la capsule articulaire qui les renferme 
pour agir et manifester une vie complète? Est-ce le contact 
immédiat de l’eau? Il ne nous est pas donné de l'expli- 
quer ; mais si les corpuscules hyalins sont , comme nous avons 
de fortes raisons de le croire, des globules de gaz, on s’ex- 
plique comment les gaz peuvent entrer sous forme molécu- 
laire dans la composition des corps organisés vivans. C’est 
à leur présence, sous cette forme globuleuse, que seroit peut- 
être due l’élasticité des tissus; et, indépendamment de leurs 
propriétés chimiques, ils auroient encore l'usage de petites 
vessies compressibles, interposées dans la réunion de la ma- 
tiére vivante, végétative et muqueuse, pour compléter l'or- 
ganisation. Ici nous arrivons aux limites des connoissances 
que nos yeux nous ont pu fournir, et nous nous arrêtons 
pour rentrer dans le domaine des réalités. 

Ceux qui voudroient connoître exactement lamatière verte 
de Priestley, et qui craindroient de confondre celle qu'ils peu- 
vent faire développer sous leurs yeux, avec les Oscillaires et 
les Conferves qui lui succèdent, ou quis’y mêlent, la retrou- 
veront souvent contre les vitres humides des serres chaudes: 
celles du Jardin des Plantes particuliérementen sont souvent 
colorées vers l’automne, surtout aux lieux où ces vitres pas- 
sent l’une sur l’autre par leurs bords. Il faut remarquer 
dans cette circonstance qu'il arrive à la matière verte une 
chose fort remarquable qui a encore été prise pour une méta- 
morphose par certains observateurs, Le même fait a eu quel- 
quefois lieu sous nos yeux dans des carafes : pressées les unes 
contre les autres dans une légère couche de matière mu- 
queuse, qui s’est également développée sur les parois des 
vases ou contre les vitres, les moiécules se déforment légè- 
rement, et devenant imparfaitement polygones, composent 
une petite membrane. mince, qu'on peut préparer sur le pa- 
pier comme une véritable Ulve, dont la matière verte prend 
alors totalement l'aspect quand on l’examine au microscope. 


MAT 355 

Il est peu de personnes qui n’aient remarqué dans certains 
fossés du pourtour d’une ferme, dans plusieurs ornières des 
boues d’un faubourg, dans‘des coins de fosses à fumier, enfin 
dans l’eau stagnante et superficielle deslieux voisins deshabita- 
tions mal tenues des gens de la campagne, de l’eâu d’un vert 
sombre, souvent trés-foncée en couleur, qui s’épaissit quel- 
quefois au point de perdre toute fluidité, et d'acquérir la 
propriété de teindre les doigts, le papier ou le linge qu’on y 
plonge, ainsi que le feroit une dissolution de vert d'iris. Dans 
cet état l’eau a contracté une légère odeur de poisson, qui 
rappelle celle des parcs où l’on met verdir les Huîtres. Ce n’est 
point la matière verte, dans son état primitif et naturel, qui 
produit un tel phénomène. Si l’on soumet au microscope une 
goutte de cette eau colorée, on la trouve remplie d'Enché- 
lides , infusoires du premier ordre que nous établissons dans 
la classification de ces animaux, c’est-a-dire du nombre de 
ceux qui sont trés-simples, nus, dépourvus de cirres ou d’or- 
ganes quelconques visibles même. au microscope; ces Enché- 
lides nagent avec rapidité; leur forme est celle d’une poire 
alongée, et leur taille est bien plus considérable que celle 
des corpuscules constitutifs de la matière verte. Ce sont de 
pareils animaux qui, absorbant ou produisant dans leur épais- 
seur de la matiére verte, en se formant de matière muqueuse 
et de matière vivarte,se retrouvent souvent dans les infusions 
artificielles ; cesont eux qui, s'étant développés dans les expé- 
riences d’Ingen-Housz , ont porté ce physicien à regarder la 
matière verte comme composée d'êtres vivans qu'il appeloit 
improprement, des insectes. 

On doit remarquer que les animalcules veris sont déja 
d’un ordre fort avancé, relativement à ceux qui sont entié- 
rement incolores et translucides. Il n’entre dans ces derniers, 
que de la matière muqueuse , pénétrée de matiére animale 
et de corpuscules hyalins ou gazeux; la matière verte, 
soit qu'elle se développe enSuite intérieurement en veriu 
du mécanisme de la décomposition de l’eau par la lumière, 
soit qu'elle ait été absorbée, apportant une molécule élé- 
mentaire de plus, doit augmenter les combinaisons, et de 
la ce passage de l’infusoire aux Zoocarpes que nous avons 
démontré n'être que les semences ou les propagules vivaus 


336 MAT $ 
d’un tube végétal, alongé sous la forme d'une Conferve. 
(Bonx pe Sr. Vincent.) ï | 

MATIERES ANIMALES. ( Chim.) Matiéres dont les prin- 
cipes ont été unis sous l’influence de la vie d’un animal. Voyez 
PRINCIPES IMMÉDIATS ORGANIQUES. { Cu.) | | 

MATIÈRES INORGANIQUES. (Chim.) On comprend sous 
ce nom les corps simples, et les corps composés dont les prin- 
cipes ont été unis sans l'influence de la vie d'un être organisé. 
Cette expression est synonyime de corps inorganiques, de corps 
bruts. Voyez Corps, tom. V, pag. 520, et Principes IMMÉDIATS 
ORGANIQUES. ( CH.) 

MATIÈRES ORGANIQUES. (Chim.) Cette expression, op: 
posée à celle de matières inorganiques, s'applique aux ma: 
tières dont Les principes ont été unis sous l’influerce de la vie 
d’un être organisé, soit d'un végétal, soit d’un animal. Voyez 
PRINCIPES IMMÉDIATS ORGANIQUES. (CH) 

MATIÈRES VÉGÉTALES. (Chim.) On comprend, sous ce 
nom, les corps composés dont les principes ont été unis sous 
l'influence de la vie d’un végétal. Voyez Pinéfees IMMÉDIATS 
ORGANIQUES. (Cx.) | 

MATIN (Mamm.), nom propre d’une race du chien domes- 
hique:, (EC 

MATINA. (Ornith.) La Chesnaye-des- Bois dit, d’après Ray, 
que ce nom est donné en Italie a la cane-pétière, ou petite 
outarde , ofis tetrax, Linn. (Cu. D.) 

MATINALE | Freurj. (Bot.) Les fleurs sont dites nocturnes 
ou diurnes, selon qu’elles s’épanouissent la nuit ou le jour, 
et les fleurs diurnes sont méridiénres ou matinales suivant 
qu’elles s'ouvrent vers le milieu du jour ou le matin; la chi- 
corée, le pissentit ont les fleurs matinales. L’ornithogallum um- 
bellatum, le mesembrianthemum cristallinum , etc; ont les fleurs 
méridiennes. (Mass. ) | 

MATISE, Matisia. { Bot.) Genre de plantes dicotylédones ; 
à fleurs complètes , polypétalées, irrégulières, de la famille 
des malvacées, dela monadelphie polyandrie de Linnæus, offrant 
pour caractere essentiel: Un calice d’une seule pièce, de deux 
a cinq lobes ; une corolle Composée de cinq-pétales, dont deux 
plus courts, un tube à cinq découpures, chargées chacune 
d'environ douze anthères sessiles, à une loge; un ovaire supé- 


| MAT 337 
rieur, entouré par le tube des étamines; un stigmate charnu, 
muni de cinq tubercules violettes; une baie à ae loges mo- 
nospermes. 

Marise EN cœur : Matisia cordata , Humb. et Bonpl., PI. 
Æquin., vol.1,pag. 10, tab. 2; Kunth, in Humb., 5, pag. 306. 
Arbre d'environ quinze pieds de haut, dont le tronc se divise 
à son sommet en un grand nombre de rameaux étalés hori- 
zontalement, garnis de feuilles alternes, pétiolées, situées 
vers l'extrémité des rameaux, amples, en cœur, larges de dix 
pouces, longues de huit, glabres, membraneuses, entières, 
aiguës, de couleur verte, à sept nervures saillantes et deux 
_ petites stipules aiguës et caduques. Les fleurs sont d’un blanc- 
rose, éparses, longues de deux pouces, réfléchies, couvertes 
d’un léger duvet , réunies en trois ou six faisceaux petits, pé- 
donculés; les pédoncules munis de deux ou trois bractées per- 
sistantes. Le calice est un peu charnu , roussàtre, tomenteux 
en dehors, pileux en dedans, à deux ou cinq dents inégales ; 
la corolle presque labiée, un peu plus grande que le calice, 
a cinq pétales, dont trois un peu concaves forment la lèvre 
supérieure; les deux autres plus petits, ovales, rétrécis à leur 
base ; les filamens plus longs que la corolle, réunis inférieure- 
ment en un tube charnu, point adhérent, cylindrique, pul- 
vérulent; les anthères réniformes, à deux loges, rapprochées 
deux à deux, et environ au nombre de douze sur chaque fila- 
ment ; l'ovaire pileux a cinq angles peu saillans. Le fruit est 
une baie ovale, de quatre à cinq pouces, entourée à sa base 
par le calice, couverte d’un duvet cendré et soyeux, sur- 
montée d’un mamelon, divisée en cinq loges, contenant dans 
chacune une semence brune, anguleuse , longue d’un pouce. 
Cette plante croît dans les vallées chaudes et humides de l’A- 
mérique méridionale. Son fruit a le goût de l’abricot, Les 
habitans de la Nouvelle-Grenade et du Pérou la cultivent 
avec soin. ( Porn.) 

MATOU. (Ichthyol.) C’est le nom que l’on donne se 
ment à un pimélode de la Caroline, pimelodus catus. Voyez 
Pimécone. (H. C.) 

MATOUREA.(Bot.) Genre de plantes de la Guiane établi par 
Aublet, et le même qué le Vandellia de Vahl, placé à la fin 
des personées, Voyez Marounr. (J.) 

72 Te 


338 MAT 

MATOURI, Matourea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la famille 
des personées, de la didynamie angiospermie de Linnæus , offrant 
pour caractère essentiel : Un calice à quatre divisions pro- 
fondes; une corolle monopétale, le tube courbé; le limbe à 
deux lèvres, la supérieure bifide ; l'inférieure à trois divisions; 
quatre étamines didynames; un ovaire supérieur; un style; 
deux stigmates, une capsule uniloculaire, polysperme. Quel- 
ques auteurs modernes ont réuni ce genre au Vandellia, dont 
il différe à peine. 

Maxrourr DEs prés : Matourea pratensis, Aubl., Guian., 2, 
pag. 642, tab. 259; Lamck., Ill. gen. , tab. 553; Vandellia pra- 
tensis, Vahl, Egl., 2, pag. 48; Dickia, Scopol.; vulgairement 
Basiric sAuVAGE. Plante herbacée, qui s’éléve à la hauteur d’en- 
viron deux pieds sur plusieurs tiges tétragones, rameuses, 
garnies de feuilles opposées , ovales oblongues, un peu aiguës, 
dentées en scie , médiocrement velues, soutenues par de courts 
pétioles, longues d'environ un pouce et demi. Les fleurs sont 
axillaires , ordinairement solitaires, de couleur bleuâtre; à 
calice velu ; ayantles découpures ovales, alongées, acuminées, 
persistantes ; le tube de la corolle est beaucoup plus long que le 
calice ;la lévresupérieure du limbe relevée, bifide: l'inférieure 
à trois lobes ovales, obtus, inclinés; celui du milieu un peu 
plus long ; les deux éfamines sont plus longues surpassent le tube 
de la corolle; elles sont arquées et portent des anthères, ovales, 
à deux lobes; l'ovaire est supérieur, le style de la longueur 
des étamines; le stigmate à deux lames. Le fruit est une capsuie 
oblongue, bivalve, à une seule loge au centre de laquelle est 
un placenta dl chargé de semences nombreuses très- 
menues. Cette plante croît dans les terrains humides, à l'ile 
de Cayenne. (Poir.) 

MATRA-MARELO, SAKSOK (Bot.), noms sous lesquels est | 
désignéà Java, suivant Burmann, leverbesina lavenia de Linnæus. 
(J.) 

MATRAS. (Chim.) C’est un vaisseau de verre de forme sphé- 
roïidale à long col.(Cx.) 

MATRELLA. (Bot.) Ce nom a été donné par M. Persoon à 
l'agrostis matrella, de Linnæus, plante graminée qu'il regar- 
doit comme genre différent, en quoi il étoit d'accord avec 


MAT 339 
Wiälldenow, qui a établi ee genre sous lenom de ee main- 
tenant admis. Voyez Zoysta. (J.) 

MATREME, Matrema. ( Polyp. ) M. Rafinesque a nb ce 
nom (J. de Physiq., tom. 88 , pag. 428) , pour désigner un 
genre de poiypiers fossiles qu'il dit être de la famille des tu- 
biporites , et auquel il donne pour caractères : Corps pier- 
reux, composé de plusieurs tubes articulés, libres ou réunis; 
articulations imbriquées; ouverture terminale, campanulée, 
ayant un centre mamelliforme. Il cite dans ce genre trois es- 
pèces : Matremastriata, crenulata, rugosa, mais qu’il ne définit 
pas. Il n’en indique pas même la patrie. (De B.) 

MATRICAIRE, Matricaria. (Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs composées, de la famille des corymbiféres , 
de la syngénésie polygamie superflue de Linnæus, offrant pour 
caractère essentiel : Un calice imbriqué, hémisphérique; des 
fleurs radiées; Les fleurons hermaphrodites; les demi-fleurons 
oblongs, femelles, fertiles; cinq étamines syngénèses;un ovaire 
supérieur; un style; deux stigmates; des semences oblongues; 
dépourvues d’aigrettes; le réceptacle nu, convexe. 

Ce genre a plus ou moins d’étendue, suivant les auteurs. 
Les uns y réunissent les chrysanthemum de Linnæus qui n’en 
différent que par les écailles du calice scarieuses à leurs bords; 
d’autres ont établi le genre Pyrethrum qui se compose en 
grande partie de plusieurs espèces des deux premiers genres 
dont elles différent par leurs demi-fleurons terminés par trois 
dents, et par lessemences surmontées d'une membrane sai!- 
lante , souvent dentée. Quoique les matricaires soient plus gé- 
néralement considérées comme plantes médicales, cependant 
on les cultive dans plusieurs jardins comme plantes d'ornement, 
surtout le matricaria parthenium. (Voyez CarysanTaème et Py- 
RÈTHRE.) 

MATRICAIRE OFFICINALE : Matricaria parthenium, Linn.; Pyre- 
thrum parthenium, Smith, Bull. Herb., tab. 203; Fuchs, pag. 48, 
tab. 45. Optima. Cette plante a donné le nom au genre que 
nous traitons, a cause de son emploi dans les douleurs de la 
matrice.Ses tiges sont nombreuses, droites, fermes, canneléess, 
hautes d'environ deux pieds; les feuilles alternes, pétiolées, 
assez larges, ailées, composées de pinnules pinnatifides dont 
les divisions sont incisées , un peu obtuses, d’un vert tendre, 

22» 


340 MAT 

légèrement velues. Les fleurs naissent à l'extrémité des tiges 
et des rameaux sur des pédoncules disposés en: CONTES de : 
grandeur médiocre, jaunes dans leur disque, blanches à leur 
circonférence: les écailles du calice sont étroites, les inté- 
rieures un peu scarieuses sur leurs bords. 

Cette plante croît aux lieux incultes et pierreux de l'Europe. 
On la cultive dans la plupart des jardins, tant à raison de ses 
propriétés médicales, que pour la décoration des parterres : 
les fleuristes recherchent particulièrement une de ses va- 
riétés à fleurs doubles. La matricaire a une odeur forte , péné- 
trante, un peu désagréable, une saveur amère , d’où résultent 
ses propriétés antispasmodiques, stomachiques, diurétiques, 
emménagogues, résolutives, etc. C’est principalement sur les 
organes dans un état d’atonie qu’elle agit avec plus d’efficacité. 
Dans tout autre cas, surtout dans les affections utérines qui 
résultent d’un excès d'action, d’un état pléthorique, la ma- 
tricaire seroit plus nuisible qu’utile, d’après les observations 
de M. Alibert. On l’administre intérieurement en poudre, en 
décoction, en infusion, ou bien on en fait prendre le suc cla- 
rifié : on la donne en lavemens, surtout pour les maladies de 
la matrice. Simon Paulli recommande aux personnes qui sont 
exposées à la piqûre des abeilles de se munir d’un bouquet 
de matricaire pour chasser ces insectes, que l’odeur de cette 
plante met en fuite. 

MATRICAIRE CAMOMILLE : Matricaria camomilla , Linn. ; Lobel, 
Tcon., 770, fig. 1; Dodon., Pempt., 257. I1ne faut pas confondre 
cette espèce avec la vraie camomille, connue sous le nom de 
camomille romaine , anthemis nobilis, Linn.; elle ressemble un 
peu à la camomille puante; mais son réceptacle n’est pas garni 
de paillettes; son odeur est foible ,point désagréable. Ses tiges 
sont striées, souvent rougeàtres, hautes d'environ un pied et 
demi, garnies de feuilles glabres, sessiles, d’un vert gris, deux 
fois ailées, découpées très-menu; les folioles linéaires, aiguës, 
simples, ou bien à deux ou trois divisions; les fleurssolitaires, 
à l'extrémité des rameaux, formant par leur ensemble une 
sorte de corymbe; leur disque est jaune; leurs demi-fleurons 
sont blancs; les folioles du calice lancéolées, un peu obtuses, 
presque égales, un peu scarieuses sur les bords. | 

Cette plante croît en Burope dans les champs cultivés. Quoi- 


MAT 34 
queinférieure en qualité à la camomille romaine , on l’emploie 
quelquefois aux mêmes usages. Ses fleurs ont une odeur légère- 
ment aromatique et une saveur mucilagineuse. Elles donnent 
par la distillation une huile essentielle d’une couleur bleue 
tres-agréable, semblable à celle du saphir. 

MATRICAIRE ODORANTE ; Matricaria suaveolens, Linn. Cétte 
plante est d’une odeur suave et pénétrante. Ses racines pro- 
duisent des tiges grêles, tres-ramifiées, paniculées, un peu 
striées, hautes d'environ un pied; garnies de feuilles lâches, 
alternes, sessiles, finement découpées, les inférieures double- 
ment ailées, à découpures linéaires, simples ou bifides; les su- 
périeures trés-souvent une fois ailées. Les fleurs, petites, soli- 
taires , situées à l'extrémité de rameaux dénués. de feuilles. 
a leur partie supérieure, ont le disque jaune, les demi-fleu- 
rous blancs et renversés, les folioles du calice obtuses et sca- 
rieuses à leurs bords, le réceptacle conique, fort alongé. Cette 
plante croît en Europe. (Porr.) 

MATRICE, Ulerus. (Mamm.) On donne ce nom à une dé- 
pendance des organes de la génération qui existe spécialement 
chez. les femelles de mammifères. C’est un viscère creux ,mus- 
culo-membraneux et vasculaire, destiné à loger les fœtus de- 
puis le moment de la conception jusqu’à celui de la naissance, 


et a leur fournir pendant ce temps les fluides nécessaires à 
leur nutrition. 


> E 


La matrice est située dans la cavité pelvienne ou du bassin, 
entre la terminaison du canal intestinal et la vessie urinaire. 
Sa forme, toujours symétrique, est fort variable dans les di- 
verses espèces d'animaux. L'on y distingue son corps ou par- 
tie principale, et son col ou prolongement postérieur. Son 
volume, trés-peu remarquable dans l’état de vacuité, prend 
dans le temps de la gestation un développement d'autant plus 
considérable que le terme de celle-ci est moins éloigné. Elle est 
fixée aux deux côtés du bassin par deux replisdu péritoine ap- 
pelésimproprement ligamens larges ou sous-lombaires, et aussi 
par plusieurs autres liens nommés ligamens ronds ou cordons 
suspubiens, ligament antérieur et ligameut postérieur. 

Hors de l’épgque de la gestation, la cavité intérieure de le 
matrice est fort petite, surtout relativement à l'épaisseur de 
ses parois. Cette cavité, dans le plus grand aombre de femelles 


342 MAT 

de mammiféres, communique au dehors par une seule ouver- 
ture, le museau de tanche, qui s'ouvre dans le fond d’un 
tube cylindrique, dilatable , plus ou moins long, ou le vagin, 
lequel aboutit extérieurement à la vulve. Dans sa partié an- 
térieure , l'utérus est bifurqué et reçoit au fond de chacune des 
bifurcations nommées cornes de la matrice, un canal de lon- 
gueur variable, plus ou moins sinueux, flottant dans l’abdo- 
men, placé le long du bord supérieur et dans la duplicature 
du ligament large. Ces conduits, nommés trompes utérines 
ou trompes de Fallope, débouchent d’une part dans la cavité 
de la matrice, et de l’autre se terminent par un évasement 
béant dans la cavité abdominale, en forme de cornet découpé 
sur ses bords, et qui reçoit les noms-de pavillon de la trompe 
ou de morceau frangé. 

C’est dans le pavillon des trompes que tombent les ovules 
détachés des ovaires, lesquels sont situés en regard de son 
ouverture. Ces ovules descendent dans Iles trompes, et, 
arrivés à la matrice, y séjournent, s’y développent et y mon- 
trent bientôt les fœtus apparens. Lorsque les ovules tombent 
dans la cavité abdominale, au lieu de prendre la route des 
trompes, ils donnent lieu à la grossesse extra-utérine. Quel- 
quefois ils se développent dans les trompes mêmes, et non 
dans J’utérus, et souvent aussi dans les cornes, dont le vo- 
fume est ordinairement en sens inverse de celui du corps de 
la matrice, c’est-a-dire plus considérable lorsque ce dernier 
est tréspetite el vice versä. 

La matrice est composée d’une membrane extérieure ou 
séreuse qui est la continuation du péritoine, d’une mem- 
brane muqueuse intérieure, et d’un tissu particulier inter- 
médiaire fort épais, élastique, à texture dense et serrée, 
composé de fibres dont la disposition n’a pu encore être bien 
observée, et pourvu d’un très-grand nombre de vaïsseaux 
sanguins, de vaisseaux lymphatiques et de nerfs. Ce tissu dans 
la grossesse paroît devenir véritablement fibreux, et dans lac- 
couchement, sa contraction trés-puissante est la cause déter- 
minante de l’expulsion des fœtus. 

Les artères de la matrice provenant des sperhatdéek et 
d’une branche des hypogastriques, l’utérine, ont de nombreuses 
anastomoses entre elles et sont trés-flexueuses, Ses veines 


MAT 343 


suivent à peu prés le même trajet, mais sont encore plus 
flexueuses. Ses nerfs viennent des plexus sciatiques et hypo- 
gastriques. Ses vaisseaux lymphatiques sont très-multipliés et 
acquièrent un gros volume dans le temps de la gestation. Tous 
ces organes sont soutenus à leur origine entre les deux lames 
du péritoine, qui forment les ligamens larges, et qui con- 
tiennent aussi les trompes de Fallope. 

Dans la femme, le corps de la matrice est de forme ovale 
un peu aplatie et plus large vers son fond. Son col est à peu 
près cylindrique. Sa cavité est petite et à peu prés triangu- 
laire; ses deux angles supérieurs conduisent dans les trompes 
chacun par une ouverture très-fine , et l’antérieur au museau de 
tanche par une fente transversale. Les cornes de la matrice 


(ad uterum, Geoffr.) sont dans un état minime et rudimen- 
taire. 


L’utérus des femelles de singes et de bradypes a beaucoup 
de ressemblance avec celui de la femme, seulement sa forme 
générale chez les premières est ordinairement plus alongée, 
son corps plus arrondi et son col distingué par un étrangle- 
ment plus ou moins marqué : dans les secondes il est à peu 
près triangulaire. 

Les makis parmi les quadrumanes, les carnassiers excepté 
les marsupiaux, la plupart des rongeurs, les pachydermes, 
les ruminans et les cétacés ont au contraire un utérus plus 
compliqué. La partie qui répond au col est simple mais le 
corps est constamment séparé en deux cornes, soit dans une 
partie de son étendue, soit dans toute sa longueur. Il est peu 
divisé dans les makis et semble seulement bilobé; mäis, dans 
les autres mammifères qu’on vient de nommer, les cornes sont 
ordinairement fort alôngées, et elles excédent souvent trois 
fois, et même plus, la longueur du col. Ce dernier est réduit à 
presque .rien dans l’agouti, le paca et le cobaye cochon 
d’Inde. Dans le lièvre et le lapin il n’y a pas de col de ma- 
trice ni de museau de tanche, et chaque corne forme un sac 
séparé qui a dans le fond du vagin un orifice distinct, d'où il 
suit qu’on peut considérer leur matrice comme double. 

Les organes femelles des marsupiaux du genre Didelphe se 
composent d’un large canal membraneux , qui aboutit à la 
vulve, et dans le fond duquel viennent déboucher deux autres 


544 MAT 


canaux assez étroits, arqués en anse de panier, et qui se ren-= 
dent, par leur extrémité opposée , à une cavité commune, di- 
visée en deux çornes, et recevant dansson fond les deux trompes 
utérines.Jusqu’a ce jour on avoit donné le nom de vagin au canal 
extérieur, celui de matrice à la cavité commune, où se rendent 
les deux canaux en anse de panier, et ces derniers n’avoient 
pas reçu de désignation particulière. M. Geoffroy Saint-Hi- 
laire vient de démontrer la véritable analogie de ces parties 
dans l’article Marsurraux de ce Dictionnaire. (Voyez ce mot.) 
I1 les considère comme ayant la plus grande analogie avec 
celles des oiseaux, et conséquemment il rapporte ce qu’on a 
nommé vagin, au canal qu'il appelle urétro-sexuel dans ces 
animaux, ou à la fosse naviculaire des mammifères; il re- 
garde comme étant des vagins les deux canaux en anse de 
panier, et fait voir que la prétendue matrice n’est que le 
résultat de la greffe par approche de ces deux canaux. Cette 
cavité dans les femelles vierges est partagée en deux, longi- 
tudinalement, dans son milieu, par un diaphragme qui se 
détruit par la gestation, et dont les débris laissent un raphé 
lorsqu'elle est devenue commune chez les femelles qui ont 
mis bas. Lorsque ce diaphragme existe, chacun des vagins se 
continue par une matrice à peine plus renflée et par la 
trompe qui en est la suite, jusques prés de l'ovaire. 

Les plus grands rapports existent entre cette organisation 
et celle qui est propre aux femelles. de lapins , de lièvres, et 
d'oiseaux: ‘ | 

Dans l’ornithorhynque et l’échidné , le canal urétro sexuel, 
selon M. Geoffroy, ou le vagin, suivant sir Everard Home et 
M. Duvernoy, présente dansson fond deux orifices de canaux 
encore plus semblables aux oviductus des oiseaux , lesquels 
sont égaux entre eux, bien séparés et trés-distans, renflés 
dans la partie inférieure, qu’on peut, à cause desa fonction , 
appeler du nom de matrice, et plus minces dans. la supérieure 
ou l’antérieure qui représente la trompe de Fallope. 

Les parois de l'utérus n’ont pas toujours la même struc- 


ture, et leur épaisseur n’est pas proportionnelle dans les. 


différentes espèces de mammiferes. Ce n’est guère qué dans 
les femelles de singes qu’elles paroïissent aussi épaisses et aussi 
denses que chez la femme. Mais, dans toutes les autres, elles. 


MAT 345 
sont beaucoup plus minces, et surtout dans celles des ani- 
maux à bourse. Dans les grands animaux à matrice double ou 
à grandes cornes, les fibres musculaires sont plus apparentes 
que dans celles de la femme, ou des petites espèces de qua- 
drupèdes. Dans les ruminans , les parois internes de l'utérus 
présentent de gros mamelons appelés cotylédons, sur lesquels 
se fait l'application du placenta des petits, et qui sont d'autant 
plus considérables que les femelles ont eu plus de gestations. 

Tout ce que nous venons de dire de la matrice des mam- 
mifères se rapporte à l’état de vacuité de cet organe. Aprés 
la conception elle change de forme et de volume dans un 
temps variable , selon les espèces. Chez la femme elle devient 
presque globuleuse dans sa totalité; et ses parois, à son der- 
nier degré d’extension, sont fort amincies; son tissu est de- 
_ venu spongieux par le développement et la dilatation des 
vaisseaux (surtout les veines) qui entrent dans sa composi- 
tion ; des fibres musculaires se sont évidemment formées dans 
son épaisseur, et affectent des directions très-variées, mais 
qui sont en général disposées de manière à resserrer la ma- 
trice dans tous ses points, lorsqu'elles se contractent à l’é- 
poque de l’accouchement. 

Les modifications dans la structure de la matrice sont en 
général les mêmes dans les femelles de mammifères que chez 
la femme; mais les fibres musculaires, au lieu de se renfor- 
cer, s'amincissent. Quant à la forme , elle varie. Dans les ma- 
trices à grandes cornes , les changemens de figure de cet 
organe différent suivant qu’il y a plusieurs petits dans chaque 
corne, ou qu'il n’y en a qu’un dans une corne, ou que l’u- 
nique fœtus est contenu à la fois (comme chez la vache) dans 
une des cornes et dans le col de la matrice. 

Les fonctions principales de l’utérus consistent à conserver 
les petits pendant un temps plus ou moins long , en leur four- 
nissant les fluides nécessaires à leur nutrition et à leur déve- 
loppement; fluides qui sont absorbés par un organe particu- 
lier à ces petits, le placenta. Cette absorption se fait avec 
l'intermédiaire des enveloppes propres des fœtus , qui n’em- 
pêchent en aucune manière l’arrivée du sang artériel de la 
mère aux artérioles du placenta , et le retour du sang vei- 
neux de ce même placenta aux veinules de l’utérus,, Une autre 


346 MAT 

fonction de cet organe est d’expulser par sa contraction propre 
les fœtus, lorsqu'ils sont à terme. Enfin , dans plusieurs es- 
péces, l'utérus devient un organe ÉrÉtE ur de sang artériel, 

à des époques plus ou moins éloignées, mais réguliéres, et 
l’on observe Hits ces époques sont celles où les femelles sont 
surtout aptes a la génération. 

La matrice est représentée dans les animaux vertébrés 
ovipares, par la portion inférieure de leurs oviductus; mais 
cette partie n’est pas un lieu de séjour pour les fœtus , et si 
quelquefois elle conserve dans les reptiles et les poissons les 
ovules ou les œufs, assez long-temps pour Que les petits y 
éclosent , elle ne leur fournit en aucune manière les fluides 
nourriciers dont ils ont besoin pour se développer. 

Enfin on a nommé matrice, dans plusieurs crustacés, cer- 
tains lieux de dépôt pour les œufs, certaines cavités ou poches, 
tantôt dorsales, tantôt ventrales, où ces œufs sont placés aprés 
être poadus jusqu’au moment de leur éclosement; maiscette 
dénomination est également inexacte, en ce que les organes 
auxquels elle est appliquée n’exercent point la fonction prin- 
cipale de l'utérus. (Desu.) 

MATRICE. ( Min.) On donne quelquefois ce nom à la roche 
ou à la substance minérale qui en enveloppe une autre. C’est 
une expression synonyme du mot gangue, dans l’acception que 
nous lui donnons en françois, expression doublement impropre 
en ce qu’elle est appliquée dans le régne organique à un organe 
qui n'a aucune analogie avec cette enveloppe pierreuse, et 
parce qu’elle pourroit faire croire que cette enveloppe a une 
influence de création, de nutrition ou de développement sur 
le minéral qu’elle renferme. On ne s’en sert plus dans les ou- 
vrages où l’on cherche à introduire de la précision dans les 
idées et dans leur expression. (B.) 

MATRICE DE GEROFLE, MÈRE DE GEROFLE. (Bot.) 
C’est le fruit du geroflier, parvenu à maturité, nommé aussi 
ANroPHyLLe. Voyez Ce mot.(J.) | 

MATRI SALVIA. (Bot.) Le botaniste Columna nommoit 
ainsi la grande sclarée. (J.) 

MATRISYLVA. (Bot.) Ce nom a été donné par Tragus et 
Cordus au muguet des bois, asperula odorata, que Gesner, cité 
par C. Bauhin, dit être l’alyssum de Pline. Le matrisylva est 


MAT | 347 
cité dansles tivres de matiére médicale; on lui attribue la vertu 
de résoudre les obstructions du foie et de guérir la jaunisse; 

mais ces vertus ne sont pas bien constatées, et cette plante est 
peu usitée. (J.) 

MATSCH, (Mamm.) nom du chat domestique en Tartarie. 
(F. C.) 

MATSIBUS.(Bot.) La plante ainsi nommée au J apon, PACE" 
Kæm pfer , est le gnaphalium arenarium. (J.) 

MATSJADADA. (Bot.) Voyez Mix-AnGant. (J.) 

MATS-KASE-SO (Bot.), nom japonois de la rue, rula gra- 
veolens, suivant M. Thunberg. (J.) 
MATTA-CAVALLO. (Bot.) Les Espagnols de Saint-Domingue 
donnent ce nom au lobelia longiflora, plante que l’on redoute 
dans les prairies, comme trés-nuisible aux chevaux. (J. ) 

MATTA-CUTTU. (Bot.) Voyez Cossrr. (J.) 

MATTÉ (Bot.) , nom donné dans le Brésil à l'herbe du Para- 
guay. (J.) 

MATTHIOLA. (Bot. JV ds Marrioze et Guerranps. (Poir.) 

MATTHIOLE, Matthiola. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, à fleurscomplètes , polypétalées, de la famille des cru- 
ciféres, de la fétradynamie siliqueuse de Tinnæus, très-voisin 
des cheiranthus, dont il différe par le stigmate et les cotylédons. 
Son caractère essentielconsiste dans : Un calice fermé, à quatre 
folioles, dont deux renflées à leur base; quatre pétales en 
croix , onguiculés; six étamines libres , tétradynames , sans 
dents; les plus longues, un peu dilatées ; un ovaire supérieur 
alongé ; un style presque nul; un stigmate à deux lobes con- 
nivens, renflés sur le dos, ou munis d’une pointe; une silique 
arrondie ou comprimée , alongée , bivalve, à deux loges, cou- 
ronnée par le stigmate; les semences comprimées, Lis HE 
échancrées, placées en un seul rang. 

Le nom de matthiola avoit été employé par Linnœus pour 
un genre de plantes que l’on a depuis reconnu pour appar- 
tenir au guettarda, auquelil a été réuni. D'après cette réforme, 
Rob. Brown a appliqué le nom de matthiola à un autre genre 
établi pour un grand nombre d’espèces placées parmi les chei- 
ranthus de Linnæus (Grroriée) , réforme qui ne peut être au- 
torisée qu’à raison des espèces très-nombreuses de ce dernier 
genre. Il suit de la que notre giroflée des jardins (cheiranthus 


7 


SD: MAT 

incanus, celle nommée quarantaine ( cheirantus annuus), et les 
Cheiranthus fenestralis, sinualus, tricuspidatus, etc. , doivent être 
rapportés à ce genre. (Voyez Girortée.) Parmi les autres es- 
péces on distingue : 

MaxïTaioce ELLIPTIQUE : Matthiola elliptica, Rob. Brown, in 
Salt. Voy. Abyss., App., pag. 65; Dec., Syst. , 2, pag. 167. Plante 
découverte dans l’Abyssinie , au pied du mont Tarente. Sa tige 
est tortueuse , ligneuse à sa base; ses rameaux cylindriques, as- 
cendans, pubescens et blanchàtres; ses feuilles alternes, pétio- 
lées, couvertes d’un duvet blanchâtre et cotonneux, molles, 
elliptiques, rétrécies à leurs deux extrémités, entières ou mé- 
diocrement dentées ; les fleurs odorantes, disposées en grappes 
opposées aux feuilles, longues de six à huit pouces; les calices 
pubescens; les pétales élargis en ovale renversé à leur limbe, 
un peu obtus, presque tronqués; les siliques cylindriques, to- 
menteuses, couronnées par deux stigmates épais. 

MarrnioLe ACAULE : Matfhiola acaulis, Dec., Sysk., 2 , pag. 168. 
Fort petite plante originaire de l'Egypte, couverte d’un duvet 
blanchâtre et cendré. Sa racine est grêle, simple, perpeñdicu- 
laire ; ses feuilles sont toutes radicales, linéaires, dentées, 
sinuées, longues d’un demi-pouce ; les fleurs disposées en une 
grappe presque radicale, peu garnie; le calice est hérissé ; le 
limbe des pétales ovale. 

Marrmore ecurrre; Matthiola tenella, Dec., Syst., 2, pag. 169. 
Plante de l’ile de Chypre, découverte par M. de Labillardière; 
ses tiges sont droites, grêles, herbacées , presque simples, cou- 
vertes, ainsique toute la plante, d’un duvetmou et blanchâtre, 
garnies de feuilles cblongues, radicales, pétiolées, dentées , si- 
nuées, longues d’un pouce; les grappes sont terminales; le calice 
est velouté; la lame des pétales oblongue, obtuse; l'ovaire velu; 
le stigmate à deux lobes rapprochés. 

MarTHioLE TORULEUSE : Matthiola forulosa, Dec., Syst. , 2, 
pag. 169; Cheiranthus torulosus, Thunb., Prodr., 108. Plante du 
cap de Bonne-Espérance, dont la tige est droite, cylindrique, 
rameuse à son sommet, pubescente, un peu rude, longue d’un 
à deux pieds, garnie de feuilles linéaires, entières ou un peu 
siuueuses, tomenteuses, les inférieures ad de deux pieds; 
les grappes sont alongées, chargées d’un duvet glanduleux; les 
pédicelles très-courts, épais; les fleurs petites, à calice velouté, 


MAT 349 
et pétales ovales, oblongs. Les siliques sont cylindriques, un 
peu toruleuses légèrement pubescentes et glanduleuses , lon- 
gues de deux pouces. 

Marrxioce pe Tararie : Matthiola tatarica , Dec., Syst., 2, 
pag. 170; Hesperis tatarica, Pall., Itin., 1, App. 117, tab. O. 
Ses racines sont fusiformes, un peu charnues, tomenteuses à 
leur collet; les tiges simples, droites, ou à peine rameuses, 
glabres, hautes d’un à trois pieds; les feuilles ovales, oblongues, 
aiguës, blanchâtres et pubescentes, irréguliérement dentées 
ou roncinées, ou presque pinnatifides; les radicales pétiolées ; 
les grappes alongées; les pédicelles très-courts; le calice blan- 
_châtre et velu; les pétales oblongs, obliques; les siliques 
droites, glabres, longues de deux pouces, un peu toruleuses, 
surmontées d’un stigmate sessile, à deux lobes rapprochés, 
un peu épais sur leur dos. Cette plante croît dans les Fantrées 
méridionales de la Tartarie. 

Marruioce oporANTE: Matthiola odoratissima, Brow., in Hort. 
Kew., édit. 2, vol. 4, pag. 120; Bot. Magaz. , tab. 1711; Chei- 
ranthus odoratissimus , Bieb., Casp., pag. 110; Hesperis odoratis- 
sima, Poir., Encycl. Suppl. Cette espèce a des tiges un peu li- 
gneuses, rameuses à leur base, blanches et tomenteuses ainsi 
que toute la plante; les feuilles très-variables, alongées, la plu- 
part sinuées, presque pinnatifides, à découpures obtuses, en- 
tiéres, d’autres profondément pinnatifides ou inégalement 
. dentées, quelquefois simples, entières, surtout les infé- 
rieures ; les grappes droites, chargées de fleurs d’un blancsale, 
ou d’un brun pourpre, trés-odorantes vers le soir; le calice 
blanchâtre, hérissé : les siliques comprimées, longues de deux 
pouces, tomenteuses, terminées par un stigmate épais, à deux 
lobes. Cette plante croît sur les collines arides, dans la Tau- 
ride et les contrées septentrionales de ia Perse. 

MARS EN CORNE DE CERF : Mafthiola coronopifolia, Dec., 
Syst., 2, pag. 173; Cheiranthus coronopifolius, Sibth., Flor. 
4 tab. 637 ; Barrel., Icon. , tab. 999, fig. 1-2. Ses tiges 
sont droites, rameuses a leur base ; ses feuilles linéaires, blan- 
châtres, RUE pinnatifides; à lobes courts et entiers : ses 
fleurs distantes, presquesessiles ; à pétales oblongs, ondulés, d’un 
pourpre vineux. Les siliques sont droites, un peu toruleuses, 
terminées à leur sommet en trois pointes égales, Cette plante 


3 50 MAT | 
croît sur les montagnes, en Sicile, auxenvirons d'Athènes, en 
Espagne, etc. (Porr.) 

MATTI. ( Bot.) Selon Bosc, c’est une ‘espèce de truffe qui croit 
en Chine, et qui y est fort recherchée. ( Leu.) 

MATTIA. (Bot.) Genre établi par Schultz pour le cynoglos- 
sum umbellatum. Voyez Cynoczosse. (Por. ) 

MATTI-GONSALI (Bot.), nom brame du CaTru-Picinna de 
Malabar. Voyez ce mot. (J.) 

MATTKERN. (Ornith.) Ce nom et celui de matkneltzel sont 
donnés en allemand à une espèce de poule-sultane ou por- 
phyrion , gallinula erythra de Gesner. (Cu. D.) 

MATTKNILLIS (Ornith.), nom allemand de la bécassine 
commune, scolopax gallinago , Linn. (Ca. D.) | 

MATTOLINA. ( Ornith.) Ce nom, suivant Cetti, pag. 156, 
est donné en Sardaigne à l’alouette des bois ou cujelier, 
alauda arborea, Linn. (Cn.D.) 

MATTUSCHK.ÆA.(Bot.) Schreber,regardantcomme barbare 
le nom perama, donné par Aublet à un de ses genres de la fa- 
mille des verbenacées, lui a donné celui de maftuschkæa. I à fait 
beaucoup de substitutions pareilles de noms qui certainement 
ne sont pas préférables à ceux qu'il supprime, et qui consé- 
quemment peuvent sans inconvénient n’être pas adoptés. 

Le mattuschkia de Gmelin est le même que le saururus cer- 
nuus, suivant Michaux. Voyezles articles PÉRAUE et LEZARDELLE, 
(J.) 

MATUITUI. (Ornith.) Marcgrave et Pison polont à sous ce 
nom d'oiseaux fort différens: l’un, décrit et figuré par Marc- 
grave, p. 217, et par Pison, p.95, est évidemment un alcyon 
ou martin-pêcheur ; le second , dont la description et la figure 
se trouvent dans Marcgrave, p. 191, et dans Pison, p. 88, 
est le curicaca ou matuiti des rivages, dont il a été question 
ci-dessus au mot Masarino; etle troisième, Marcgr., p. 199 ,.est 
rapporté par Buffon au pluvier à collier. (Cx. D.) 

: MATULERA (Bot.), nom vulgaire du phlomis lychnitis, dans 
les montagnes de la Sierra Morena en Espagne, où il est trés- 

commun, suivant Clusius. (J.) 

MATUREA. (Bot.) Voyez Marou. (Por) 

MATUTE, Matuta. (Crust.) Genre de crustacés brachyures 
établi par Fabricius , d’après Daldorff, et que M. Latreille 


MAU | 351 
place dans sa famille des nageurs, parce que tous les pieds 
des espèces qu’il renferme, à l'exception desserres, sont ter- 
minés en nageoire. Voyez l’article Maracosrnacés, t. XX VIII, 

p.226. (Desm.) 

| MATUTU. (Ornith.) Ce nom est donné à Tomogui, suivant 
le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle , au pigeon cou- 
ronné des Grandes-Indes, ou goura. (Ca. D.) 

MATZATLI (Bot.), nom mexicain de l'ananas cité par Her- 
nandez. (J.) 

MAU. (Bot.) Voyez Mawca. (J.) 

MAUBEÈCHE. ( Ornith.) L'auteur de cet article a inséré dans 
le tome 1V.° de ce Dictionnaire, pl, 189, au mot Bécasse, 
un tableau d'oiseaux riverains que Linnæus avoit compris 
daus ses deux genres Scolopax et Tringa, et qu’il proposoit de 
subdiviser en huit genres, parmi lesquels se trouvoit celui 
des maubèches; mais divers auteurs, et notamment Meyer, 
Leisler, Montagu , et MM. Cuvier, Temminck et Vieillot se 
sont depuis ce temps occupés, d'une manière spéciale, de 
ces oiseaux dont le plumage , sujet à de nombreuses varia- 
tions, a donné lieu à beaucoup de doubles emplois; et, tandis 
que M. Cuvier avoit essayé d’y établir des coupures , M. Tem- 
minck a prétendu, dans la seconde édition de son Manuël, 
p. 609, que si ce savant avoit été à portée de voir vivans ou 
fraichement tués plusieurs fissipèdes dont il forme des genres nou- 
veaux, et d'observer leurs mœurs , il auroit certainement aban- 
donné cette idée. Le mêmeauteur à, de son côté, réuni plu- 
sieurs oiseaux riverains, notamment les maubéches , sous la 
dénomination de Bécasseaux, et il a annoncé qu'à l'exception 
d’une espèce , il connoissoit la livrée d’hiver de toutes les 
autres. Il est résulté, de sa distribution , des noms peu d'accord 
avec ceux qu’il faudroit adopter, soit pour l’arrangement 
méthodique de M. Cuvier, soit pour les divisions proposées 
dans le tableau dont on a parlé; et, d’une autre part, 
M. Vieillot , en établissant, sous les noms françois et latin de 
fringa, un genre qui renferme aussi les maubèches, n'a pas 
adopté la nomenclature de M. Temminck, et a combattu 
quelques unes de ses assertions. Ces motifs ont paru suflisans 
pour ne pas s’exposer à introduire de nouvelles discussions 
dans une matière déjà si embrouillée; et, sans faire quant à 


352 MAU 

présent un genre particulier des maubèches , on se bornera à 
dire que M. Cuvier, èn proposant pour ces oiseaux le nom de 
calidris , leur assigne les caractères suivans : Bec déprimé au 
bout, et en général pas plus long que la tête; sillon nasal 
très-prolongé; doigts légérement bordés sans palmures entre - 
leurs bases; pouce touchant à peine la terre; jambes médio- 
crement hautes; taille raccourcie, plus petite que celle des 
barges, et port plus lourd. 

Les espèces désignées par le même naturaliste sont: 1.° La 
GRanoE MauBècxe Grise ( Sandniper et Canut des Angloïis, 
Tringa grisen et tringa canutus ), représentée sous son plumage 
d’hiver dans Edwards, pl. 276, et dans les planches enluminées 
de Buffon , n.° 566. Cet oiseau, presque de la taille d’une bé- 
cassine , est cendré en dessus, blanc en dessous, tacheté de 
noirâtre devant le cou et la poitrine, et il a le croupion et 
la queue blancs, rayés de noirûtre. 

2.° La Pertre MAUBÈCHE GRISE, Tringa arenaria, ou canut, 
Brit. Zool., pl. C, 2; laquelle, de moitié plus petite que la 
précédente, est dessus le corps et en dessous de la même cou- 
leur, et a dés nuages gris sur la poitrine. | 

Cette courte énonciation est suivie de la remarque que la 
maubéche proprement: dite, calidris de Brisson , tome 5, 
pl. 20, fig. 1, est la même que le chevalier varié, pl. enl. 
300, qui est un combattant; que la maubéche de l'Histoire 
naturelle ,tom. 7 in-4.°, pl. 31, est la maubèche grise , et que 
la maubèche tachetée , fringa nævia, pl. enl. 365, paroit 
n'être que la maubèche rousse, tringæislandica , en mue, les- 
quelles ne sont regardées par M. Temminck que comme le 
premier âge de la maubéche grise. Voyez Trinea. (Cu. D. 

MAUCE. (Ornith. ) La Chesnaye-des-Bois, et, d’après lui, 
des ornithologistes plus modernes, citent ee mot comme sy- 
nonyme de mouelte, tandis qu’il n’est probablement qu’une 
corruption de mauve. ( Cu. D.) 

MAUCHARTIA. (Bot.) Voyez KuxDmannrA. (J.) 

MAUCOCO. (Mamm.) Voyez les articles Maxr, Mococo. 
(Desm.) | 

MAUDUI. ( Bot.) C’est le pavot coquelicot. (L. D.) 

MAUDUYTA. (Bot.) Dans les manuscrits de Commerson et 
dans son herbier on trouve sous ce nom un arbre qui est le niola 


MAU 353 
de M. de Lamarck, et qui paroïit le même que le karim-niota de 
l’Hort. Malab. Ce genre doit être réuni au samadera de Gært- 
ner, ou vitmannia de Vahl et de Willdenow, qui se rapporte à 
la mstelle famille des simaroubées. (J.) 

MAUERRAUTE et STEINRAUTE (Boë.), noms allemands 
de la rue de muraille , asplenium ruta muraria, Linn. (Lem.) 

:: MAUER-SCHWALBE (Ornith.), nom allemand du mar- 
tinet commun, hirundo apus , Linn. , ou ARTE vuloaris , 
Dum. (Cx. D.) 

MAUERSPECHT ( Ornith.), nom she d du grimpereau 
du muraille, certhia muraria, Linn. (Cx. D.) 

MAUGHANIA. (Bot.) Le genre ainsi nommé par M. Jaume- 
Saint-Hilaire a été ensuite appelé Ostrydium par Desvaux. 
Voyez Osrrypium. (LEM.) 

MAUHLIA. (Bot.) Ce genre de plante publié par Dahl et 
Thunberg, avoit été fait auparavant par Adanson sous le nom 
d’abumon; c’étoit le crinum americanum de Linnæus, différent 
des autres crinum par son ovaire libre. Lhéritier l'a nommé 
agapanthus, et ce nom a été préféré aux précédens qui étoient 
cepeñdant plus anciens. Voyez Masson. (J.) 

MAULIN.(Mamm.) Molina décrit sous le nom de grandesou. 
ris des bois une grande espèce de rongeurs qu'il découvrit au 
Chili, dans la province de Maule, ce qui le porta à donner à cet 
animal le nom latin de mus maulinus ; et c’est de maulinus qu’on 
a fait maulin. Ce rongeur indéterminé estdu double plus grand 
que la marmotte, dont il a le pelage; maïs il en diffère en ce 
qu’il 2 les oreilles plus pointues et le museau plus alongé; il a 
des moustaches disposées sur quatre rangs, cinq doigts à tous 
les pieds, et la queue assez longue. Ses dents sont, pour le nom- 
bre et la disposition, égales à celles de la souris. (F. C.) 

MAUNEIA (Bot.), Mauneia, Pet.-Thou., Nov. Gen. Madag., 
pag. 6, n.° 19. Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incom- 
 plètes, dont les rapports naturels ne sont pas encore connus, 
qui paroît avoir quelque affinité avec le flacurtia, apparte- 
nant à l’icosandrie monogynie de Linnæus, comprenant des ar- 
brisseaux à feuilles alternes, ovales, dentées, munies d’épines 
dans leur aisselle. Les fleurs sont solitaires, axillaires. Leur 
calice est plane, d’une seule pièce , a cinq lobes; il n’y a point 
de corolle. Les étamines sont en nombre indéfini, attachées 


LA 
29: 29 


354 ù MAU 

sur le calice; l'ovaire supérieur surmonté d'un style plus long 
que les étamines , terminé par trois stigmates. Le fruit consiste 
en une baie ovale, acuminée par le style persistant, contenant 
‘trois semences, quelquefois deux par avortement, ovales, om- 
biliquées à leur base, aiguës à leur sommet, munies d’un péri- 
sperme charnu; l’embryon plane, verdâtre, renversé, de la 
largeur des semences; la radicule épaisse et courte. Cette 
plante a été observée par M. du Petit-Thouars à l’île de Mada- 
gascar. (Porn.) | 

. MAURANDIE, Maurandia. (Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, de la 
famille des scrophulaires , de la didynamie angiospermie de Lin- 
næus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divi- 
sions profondes ;une corolle presque en masque; le tube ventru 
etagrandi à sa partie supérieure; la lèvre supérieure droite, 
à deux lobes; l’inférieure une fois plus grande, à trois lobes 
presque égaux; quatre étamines didynames, non saillantes; les 
filamens calleux à leur base: les anthères à deux loges écar- 
tées; un ovaire supérieur; un style; un stigmate en massue; 
une capsule à deux loges; s’ouvrant à son sommet en dix 
dents. . | 

MaAURANDIE FLEURIE : Maurandia semperflorens , Jacq., Hort. 

Schænbr.; 3, tab. 288 ; Curtis, Magaz. Bot., tab. 460; Usleria scan- 
dens , Cavan., Icon. rar., 2 ,tab. 116 ; Andrew., Bof. Repos., 
tab. 63; Reichardia scandens, Roth, Catal. Bot., pars 2, pag.64. 
Plante du Mexique, dont les tiges presque ligneuses sont grim- 
pantes, glabres, cylindriques, longues de deux pieds et plus, 
divisées en rameaux trés-ouverts, les inférieurs opposés, lessu- 
périeursalternes, garnis de feuilles pétiolées, opposées à la par- 
tieinférieuredesrameaux, lesautresalternes,en formede pique; 
échancrées en cœur, longues de deux à trois pouces, sur deux 
de large, glabres, d’un vert gai, plus pâles en dessous, lancéo- 
lées vers leur sommet, entières; à pétioles filiformes, en vrilles, 
s’'accrochant aux plantes qui les avoisinent. Les fleurssont axil- 
laires, pédonculées, pendantes, solitaires, d’un pourpre violet; 
les pédoncules flexueux, filiformes; le calice est glabre, ovale 
à découpures concaves, lancéoléés; le limbe de là corolle pu- 
bescent, à lobes échancrés; la capsule glabre, ovale, récou- 
verte presque entièrement par le calice. Cette plante, qui 


on 
En 


MAU 355 


fleurit pendant une grande partie de l'été, peut être placée 
parmi les fleurs d'ornement. 

Willdenow en a fait connoïtre une seconde espéce dans son 
Horé. Berol., tab. 8% , sous le nom de maurandia antirrhiniflora. 
D dchéc de la précédente, elle s’en distingue par sa 
stature plus petite, par ses feuilles plus profondémentéchancerées 
à leur base; les lobes rapprochés; le calice plus alongé; les 
lobes de la corolle entiers et non échancrés. Elle croit au 
Mexique. (Poir.) 

MAURE. (Mamm.) Nom propre d’une espèce de Semnori- 
THÈQUE. Voyez ce mot. (F.C.) 

MAURE, Coluber maurus. (Erpétol.) On appelle ainsi une 
couleuyre d'Alger encore peu connue, et dont nous avons parlé 
dans ce Dictionnaire, tom. XI, pag. 216. (H. C.) 

MAURELLE (Bot.), nom sous lequel on connoît à Montpel- 
lier le tournesol, croton tinctorium, employé dans les teintures. 
Voyez Croron. (J.) 

MAUREPASIA. (Bot.) On trouve sous ce nom, dans le cata- 
logue des arbres de Saint-Domingue, bons pour les construc- 
tions et la fabrique des meubles, par Desportes, l’acajou franc 
qui, d'aprés sa description trés-incompléte, paroît être le 
swielenia ou acajou meuble. (J.) 

MAURET (Bot.), nom vulgaire du petit fruit noir de l’airelle 
ou myrtille, vaccinium myrlillus, qui est quelquefois employé 
pour colorer le vin. (J.) 

MAURETTE ou MAURETS. (Bof.) On donne ces noms aux 
fruits de l’airelle vulgaire et de l’airelle anguleuse. (L. D.) 

MAURICE, Mauritia. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs incomplètes, dioïques, de la famille des pal- 
miers , de la dioécie hexandrie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel : Des fleurs dioïques; dans les mâles, un calice à trois 
dents; une corolle à trois divisions profondes; six étamines : 
dans les fleurs femelles, un ovaire supérieur à trois loges, 
un drupe monosperme, couvert d'écailles imbriquées. 

Maunice FLExUEUSE: Mauritia fleruosa, Linn. fils, Supp., 454; 
Kunth, in Humb. Nos. Gen., 1, pag. 510; Palma radiata, folüs 
palmatis, Bache Cayennensium, etc. Barr.; Franc. Equin., pag.00; 
Pazmien BacHE, Aubl., Guian.? Append. Arbre de l'Amérique 
méridionale dont le tronc s'élève à la hauteur d'environ vingt- 

CET 


356 MAU 

quatre pieds; son feuillage est pendant, un peu membraneux, 
en forme d’éventail. Les spadicesmälessont séparés des femelles 
sur desindividus différens, longs de trois pieds, flexueux , cou- 
verts d’écailles imbriquées , concaves, acuminées; les divisions 
de la panicule courtes, longues d’un pouce et demi, en forme 
de chaton, ovalescylindriques, alternes; lesécailles trés-serrées 
et nombreuses; les fleurs sessiles; le calice trigone, à trois 
dents; la corolle trois fois plus grande, à trois divisions très-pro- 
fondes, droites; concaves, lancéolées ; aiguës; les anthéres sont 
presque sessiles, droites, linéaires , à deux loges, de moitié plus 
courtes que la corolle; le fruit ressemble à celui du calamus 
rolang. 

Linuæus fils, dit M. de Humboldt, dans ses Tabtédés de la 

Nature , n’a décrit qu ns tentent ce beau palmier (mauritia 
flexuosa), puisqu'il dit qu'il n’a pas de feuilles. Son tronc a 
vingt-cinq pieds de haut; maïs il n’atteint probablement cette 
taille que lorsqu'il est àgé de cent vingt à cent cinquante ans. Le 
mauritia forme dans les lieux humides des groupes magnifiques 
d’un vert frais et brillant, à peu prés comme nos aulnes. Son 
ombre conserve aux autres arbres un sol humide, ce qui fait 
dire äux Indiensquele mauritia, parune attraction mystérieuse, 
réunit l’eau autour de ses racines. Une théorie semblable leur 
fait penser qu’il ne faut pas tuer les serpens, parce que, si on 
détruisoit ces reptiles, les plaques d’eau se dessécheroient: c’est 
ainsi que l’homme grossier de la nature confond la cause avec 
l'effet. 
On connofît partout ici les qualités bienfaisantes Ms cet arbre 
de vie. Seul il nourrit, al’embouchure de lOrénoque, la nation 
indomptée des Guaranis, qui tendent avec art d’un tronc à 
l’autre des nattes tissuesavec la nervure des feuilles du mauritia ; 
et, durant la saison des pluies où le Delta estinondé, semblables 
à des singes, ils vivent au sommet des arbres. Ces habitations 
suspendues sont en partie couvertesavec de la glaise. Les femmes 
allument sur cette couche humide le feu nécessaire aux besoins 
du ménage, et le voyageur qui, pendant la nuit, navigue sur le 
fleuve, aperçoit des flammes à une grande hauteur. Les Guaranis 
doivent leur indépendance physique, et peut-être aussi leur 
indépendance morale au sol mouvant et tourbeux qu’ils foulent 
d’un pied léger, et à leur séjour sur les arbres; république aé- 


MAU 357 
riénne où l'enthousiasme religieux ne conduira jamais un stylite 
américain. 

Le mauritiane leurprocurepasseulementune habitation sûre, 
il leur fournit aussi des mets variés. Avant quesa tendre enve- 
loppe paroisse sur l'individu mâle, et seulement à ce période de 
la végétation , la moelle du tronc recèle une farine analogue au 
sagou. Comme la farine contenue dansla racine du manioc, elle 
forme en se séchant des disques minces, dela nature du pain. De 
la séve fermentée de cet arbre , les Guaranis font un vin de pal- 
mier doux et enivrant. Les fruits, encore frais, recouverts d’é- 
caïlles comme les cônes du pin, fournissent, ainsi que le bana- 
nier et la plupart des fruits de la zone torride, une nourriture 
variée, suivant qu’on en fait usage, après l’entier développe- 
ment de leur principe sucré, ou auparavant, lorsqu'ils ne con- 
tiennent encore qu’une pulpe abondante. Ainsi noustrouvons, 
au degré le plus bas de la civilisation humaine, l’existence d’un 
peuple enchaînée à une seule espèce d’arbre, semblable à celle 
de cesinsectes qui ne subsistent que par certaines parties d’une 
fleur. 

M. de Humboldt cite une seconde espèce de mauritia, sous le 
nom de mauritia spinosa, distingué par ses épines, découvert 
dans l'Amérique méridionale ,sur les bords du fleuve Atabapo. 
(Porr.) 

MAUROCAPNOS. (Bot.) Nomgrec du storax cité par Belon, 
C’est le narcaphton ou nascaphton de Dioscoride, suivant Ama- 
tus, au rapport de C. Bauhin, qui ajoute que c’est le tegname 
des Italiens, le bufuri des Siciliens. (J.) 

MAUROCENIA (Bot.), Fossombronia, Raddi. Genre établi 
par Raddi pour placer les jungermannia pusilla, Roth, et Pu- 
silla, Linn. , qui différent essentiellement des autres espèces 
de jungermannia , et des autres genres faits à ses dépens par 
Raddi, par sa capsule qui, en s’ouvrant, se déchire trés-irré- 
guliérement, au lieu de se partager en quatre divisions dis- 
posées en croix. Ce genre offre en outre des caractères dans 
son calyce ou périchèze DISQUE campanulé; danssa corolle ou 

coiffe monopétale, stylifére, à limbe découpé; dansses fleurs 
mâles ou anthéres capituliformes, succulens, portés sur des 
pédoncules placés sur des pieds distincts, et insérés à la partie 
inférieure deg sa tige. 


v 


358 MAU 

Les espèces de ce genre sont des jingermannia muscoides, 
privées de stipules. Eiles croissent , en SUR dans les fossés 
ét les endroits ombragés , et particulièrement dans les bois 
montueux. < 

Le Fossombronia angulosæ, Radd., Jungerm. Etrusc., pag. 29, 
pl. 5, fig. CMD TENTE Michel., N. G., 7, tab. 5, fig. 10, 
N° Jun germannia pusilla, Roth Hook. , Jung. Brit. , tab. 69, est 
une petite plante à tige rampante, siriple où peu rameuse ; 
a frondules distiques, horizontales, presque imbriquées 4 
presque carrées, crénelées ou anguleuses au sommet ; à calyces 
ou périchèzes latéraux, sessiles, plissés, bndulés et dentelés sur 
le bord. On trouve cette espece partout en Europe; une variété 
croit en touffe. 

Le Fossombronia pusilla, Raddi, 1. e., fig. 5; Jungermannia 
pusilla; Linn.; Mich., L' 6, fig. 10, M;Hedw., Theor., 2, 
tab. 20; Dillen:, Mus., tab, 74, fig. AG, est une plante beau- 
coup plus petite que la précédente, dont les tiges tres- 
simples sont souvent excessivement courtes: se$ feuilles sont 
ondulées, anguleuses ou dentées au sommet; elles formént 
des rosettes terminales; les calyces presque terminaux , sont 
grands, plissés, bddtlés et denticulés. Cette espèce croît 
aussi partout en Europe; elle est plus précoce. : 

La lettre F de ce Dictionnaire étoit publiée lorsque la Jun- 
germannographie Etrusque /de M. Raddi a paru; et, ne vou- 
lant pas renvoyer la description du genré Fossombronia à un 
supplément éloigné, nous avons cru devoir luï imposer le nom 
de Maurocenia, qui rappélle celui du sénateur vénitien, Jean- 
François Manroten , qui fit graver à ses dépens la planche 5 
du Nova Genera, de Micheli, dans laquelle se trouvent repré- 
sentées la plupart des espèces de jungermannia , décrites par 
Micheli, et notamment les deux espèces rats au Fos- 
sombronia, par Raddi. (LEm.) 

MAUROCENIA. (Bot) Un arbrisseau d'Afrique dont Lin- 
næus avoit d’abord fait un genre distinct sous ce nom, a été en- 
suite réuni pardui-même au cassine, et c’est maintenant le cas- 
sine maurocenia. (J.) 

MAURONIA. (Bot.) Belon dit que la centelairé, plumbago, est 
ainsi nommée dans l’ile de Lesbos. C’est encore le sarcophago, 
des Crétois, le phrocalida de l’ile de Lemnos, le crepanella des 


MAU | 359 

Italiens ; et Anguillara veut que cé soit le molybdæna de Pline. 
(32) PONT R 

MAUS(Mamm.), nom allemand du rat. (Drsm.) 

MAUSART. (Ornith.) C'est Mansart. (Cu. D.) 

MAUSSADE. (Crust.) Joblot a nommé ainsi une espèce d’en- 
tomosiracé du genre Cypais. (Des) 

MAUVE (Bot.), Malva. Linn. Genre de plantes dicotylé- 
dones , qui a douné son nom à la famille des malvacées, et 
qui, dans le système sexuel, appartient à la manadelphie po- 
lyandrie. Ses principaux caractères sont les suivans : Calice 
double, l'extérieur plus court, et composé de deux à trois 
folioles distinctes, l’intérieur monophylle et semiquinquéfide ; 
corolle de cinq pétales en cœur, ouverts, réunis par leur base 
et adhérens au tube staminifère; élamines nombreuses, ayant 
leurs filamens réunis inférieurement en un tube cylindrique, 
libres, distincts et inégaux dans leur partie supérieure, et 
terminés par des anthères arrondies ou réniformes; un ovaire 
supère, arrondi, surmonté d’un style cylindrique, divisé dans sa 
partie supérieure en huit branches ou plus, terminées chacune 
par un stigmate sétacé; fruit composé de plusieurs capsules 
disposées orbiculairement sur un réceptacle commun : elles 
sont le plus communément monospérmes et en même nombre 
que les stigmates. 

Les mäuves sont des plantes souvent herbacées , quelquefois 
frutescentes, à feuilles alternes, accompagnées destipules; elles 
ont leurs fleurs disposées au sommet des tiges ou des rameaux, 
et le plus communément dans les aisselles des feuilles. On en 
connoîit maintenant au-delà de quatre-vingts espèces, dont la 
plus grande partie ést exotique. Nous nous bornerons à parler 
ici des plus remarquables et des plus utiles. 


* Feuilles entières. 


MAUVE A Éris : Malva spicata, Linn., Spec., 067; Cavan., Dis- 
sert., 2, p.80, t. 20, fig. 4. Ses tiges sont frutescentes, droites, 
rameuses , hautes de trois à quatre pieds, garnies de feuilles 
ovales ou cordiformes, dentées en leurs bords, un peu coton- 
neuses et d’un vert blanchâtre ainsi que toute la plante. Les 
fleurs sont jaunes, petites, sessiles, disposées en épis alongés, 
serrés, velus et terminaux ; les folioles de leur calice extérieur 


560 _ MAU 


sont lancéolées. Le fruit est composé d'environ douze capsules 
monospermes.Cetarbrisseau croitnaturellement à la Jamaïque; 
on le cültive dans la serre chaude du Jardin du Roi, à Paris. 

Mauve À 8aLAIS : Malva scoparia , Lhérit., Skirp., 53, t. 27; 
‘Willd., Spec., 3, p. 775. Ses tiges sont frutescentes, droites, 
hautes de quatre à six pieds, divisées en rameaux nombreux, 
eflilés, garnis de feuilles ovales, presque en cœur, pétiolées, 
dentées, hérissées, comme toute la plante, de poils courts et 
nombreux. Les fleurs jaunes, petites, marquées de quel- 
ques taches rouges, sont solitaires, ou le plus souvent dispo- 
sées plusieurs ensemble dans les aisselles des feuilles en petits 
paquets portés sur des pédoncules plus courts que les pétioles; 
les folioles de leur calice extérieur sont courtes et subulées. 
Le fruit est orbiculaire, déprimé, composé d’une douzaine 
de capsules pubescentes , à trois pointes courtes. Cette espèce 
a été trouvée au Pérou par Dombey, qui en a rapporté les 
graines au Jardin du Roï, où on la cultive encore dans la 
serre chaude. Dans son pays natal on fait avec ses rameaux 
des balais grossiers, 

Mauve scagre : Malva scabra, Cavan., Dissert., 5, p. 261, 
1. 138, f, 1; Willd., Spec., 3, p. 778. Ses tiges sont droites, 
frutescentes, hautes de trois à quatre pieds, divisées en ra- 
meaux eflilés, tout couvertes, ainsi que les feuilleset les calices, 
d’un duvet eourt, étoilé, qui les rend rudes au toucher. Ses 
feuilles sont ovales cordiformes, dentées, quelquefois impar- 
faitement lobées. Ses fleurs sont d’un jaune clair, axillaires, 
solitaires ou deux à deux , portées sur des pédoncules un peu 
plus courts que les pétioles des feuilles. Ses fruits sont com- 
posés d'environ douze capsules monospermes, munies de deux 
petites dents. Cet arbrisseau croit naturellement au Pérou; 
on le cuitive au Jardin du Roi, dans la serre chaude. 

Mauve A FEUILLES ÉrROITES : Malva angustifolia, Cavan., Dis- 
sert., 2, pe 64, t. 20,f. 13 Willd., Spec., 3, p. 977. Ses tiges 
sont frutescentes, droites, hautes de trois à quatre pieds, 
divisées en rameaux eflilés, revêtues, ainsi que les feuilles et 
les calices, d’un duvet court, étoilé, qui leur donne un aspect 
grisàtre. Ses feuilles sont pétiolées, lancéolées, crénelées en 
leurs bords. Ses fleurs sont violettes, larges d’un pouce, grou- 
pées deux à six ensemble, sur un à deux pédoncules beau- 


MAU 361 


coup plus courts que les pétioles. Les fruits sont composés 
de seize à vingt capsules. qui contiennent chacune deux à 
trois graines. Cette espèce est originaire du Mexique; on la 
cultive dans les jardins de botanique, et on la rentre pendant 
l'hiver dans la serre tempérée. 


** Feuilles anguleuses. 


Mauve verMizzoN : Malva miniata, Cavan., Icon. rar., 3, 
p.40,t.278 ; Willd., Spec., 3, p.783. Ses tiges sont droites, 
frutescentes, légèrement cotonneuses et blanchâtres, garnies 
de feuilles pétiolées, ovales cordiformes, crénelées et parta- 
gées en trois lobes, dont le moyen plus alongé que les deux 
latéraux. Les fleurs sont d’un rouge vif, disposées en petites 
grappes axillaires et peu fournies. Cet arbrisseau est cultivé 
dans les jardins de botanique, sans qu’on connoisse son pays 
natal. On le rentre pendant l'hiver dans la serre chaude. 

Mauve ErFiLée : Malva virgata, Cavan., Dissert., 2, p. 70, 
t.18, f. 2; Willd., Spee., 3, p. 783. Cette espèce est un arbris- 
seau qui, dans nos jardins, s'élève à quatre ou six pieds de 
hauteur, en se divisant en rameaux grêles, légérement velus, 
garnis de feuilles pétiolées, glabres, partagées plus ou moins 
profondément en trois lobes, dentées ou crénelées. Les fleurs 
sont d’une couleur purpurine, axillaires, solitaires ou gémi- 
nées, portées sur des pédoncules plus longs que les pétioles. 
Cette mauve est originaire du cap de Bonne-Espérance, et 
cultivée dans les jardins de botanique Sep près de centans; 
elle fleurit depuis le mois de juin jusqu’en septembre. On la 
rentre dans l’orangerie pendant l'hiver. | 

Mauve omsecrée : Malva umbellata, Cavan. , fcon. rar.; 1, 
p.64, t. 95; Willd., Spec., 3, p. 779. Sa tige est ligneuse, 
haute de cinq à six pieds, divisée en rameaux qui, ainsi que 
le dessous des feuilles et les calices, sont plus ou moins cou- 
verts d’un duvet court, rayonnant. Ses feuilles sont pétiolées, 
échancrées en cœur à leur base, crénelées en leurs bords; et 
partagéesen cinq lobes peu profonds.Ses fleurssont purpurines, 
situées dans la partie supérieure des rameaux, et disposées 
trois à quatre ensemble sur le même pédoncule en maniere 
d’ombelle ; les folioles de leur calice extérieur sont concaves, 
rétrécies en coin à leur base , et tombent après la floraison. Cet 


362 MAU 


arbrisseau croît naturellement au Mexique. On le cultive dans 
les jardins de botanique, et on le rentre dans TR Le 
dant l'hiver. 

Mauve sauvace : Malva Enr Linn., Spec., 9605 Muluo 
vulgaris  Blackw., Herb., t. 22. Sa racine est vivace , pivôt 
tante, MG tre, d’une saveur douce et visqueuse ; elle pro- 
duit une ou plusieurs tiges cylindriques, légèrement pubes- 
centes, rameuses, hautes de deux à trois pieds, garnies de 
feuilles longuement pétiolées, arrondies, échanerées-en cœur 
à leur base, crénelées en leurs bords, et découpées en cinq à 
sept lobes peu profonds. Ses fleurs sont assez grandes, de cou- 
leur rose, rayées de rouge plus foncé , quelquefois tout-à-fait 
blanches , portées, plusieurs ensemble, dans les aisselles des 
feuilles , sur des pédoncules inégaux. Le fruit est formé d’une 
douzaine de capsules glabres et monospermes. Cette plante est 
commune en France et en Europe, dans les haïes et les lieux 
incultes; elle fleurit pendant tout l'été. 

MAUVE À FEUILLES RONDES : vulgairement Per1re Mauve; Malva 
rotundifolia, Linn., Spec., 969; Malva sylvestris folio rotundo, 
Flor. Dan., t. 721. Cette mauve diffère de la précédente par 
sa racine annuelle ; par ses tiges plus basses, étalées et presque 
couchées sur la terre; par ses fleurs beaucoup plus petites, 
d’un pourpre très-clair ou presque blanches; et enfin par ses 
capsules recouvertes d’un duvet court et serré. Cette plante 
est. commune en France et dans le reste de l'Europe, dans les 
décombres et sur les bords des chemins; ses fleurs se succédent 
les unes aux autres pendänt une grande partie de lété. 

La mauve à feuilles rondes, et la mauve sauvage sont muci- 
Jlagineuses , émollientes, sdotéran ME) laxatives, et toutes les 
deux sont indifféremment employées en médecine : excepté 
les fruits qui ne sont point usités, toutes les autres parties sont 
d’un usage fréquent. Les fleurs sont au nombre de cellés dites 
pectorales; on en fait prendre l’infusion aqueusé dans les 
rhumes , dans les maladies inflammatoires de la poitrine, du 
bas-ventre, ete. Les feuilles et les racines font la base des la- 
vemens émolliens; suffisamment cuites, on les applique en ca- 
taplasmes et en fomentations sur les aprés douloureuses et 
enflammées. 


Lés anciens mangeoient les feuilles de mauve, et c'étoit 


MAU 365 
poûür eux un aliment d'un usage commun. Ils en cultivoient à 
cét ‘effet plusieurs espèces, et elles paroissoient sur leurs 
täbles diversement préparées. Aujourd’hui encore, les Chinois 
manvent les feuilles de mauve, à peu près comme nous faisons 
des épinards, de la laitue, etc. Les jeunes pousses, en salade 
ou cuites, se mangeoient encore souvent du temps de Mat- 
thiole ; maïs de nos jours elles sont abandonnées sous ce rap- 
port. 

Les bestiaux n'aiment pas les mauves; il est fort rare qu’ on 
les leur voie brouter. On peut retirer de l'écorce des deux 
mauves ci-dessus, et de quelques autres espèces du même 
genre, une sorte de filasse propre à faire des cordes. 

Mauve créPues Malva crispa, Linn., Spec.. 970; Dod., 
Pempt., 653; Cavan.. Dissert., 3, P. 7h, t.23,f. 1. Sa racine 
est annuelle; elle POS une . droite, flop nee rameuse, 
haute de quatre à six et jusqu’à huit pieds, garnie Ée feuilles 
grandes, pétiolées, arrondies, échancrées en cœur à leur base, 
la plupart découpées en sept lobes courts, obtus, et dont tous 
les bords sont finement dentés, ondulés et comme crépus. Ses 
fleurs sont blanches ou légèrement purpurines, disposées par 
groupés axillaires, sur des pédoncules courts, inégaux etsou- 
vent rameux. Les fruits sont composés de douze à quinze cap- 
sules monospermes et glabres. 

Cette mauve est originaire de Syrie; on la cultive dans beau- 
coup de jardius de botanique, et elle croît aujourd’hui comme 
spontanément dans plusieurs parties de l'Allemagne , de la 
France et du midi de l’Europe. Ses fleurs, assez petites, ont 
peu d'éclat; mais son feuillage est d’un trés-bel effet. C’est avec 
les fibres de l’écorce de cette espèce que Cavanilles, dans les 
expériences qu'il a faites sur les plantes de ce genre, a retiré 
une plus grande quantité de filasse propre à faire des cordes, 
et il croit même qu’on pourroit peut-être employer cette fi- 
lasse à des ouvrages plus délicats. 

Mauve ALCÉE : Malva alcea, Linn., Spec., 971; Cavan., Diss., 
2,p-.75,t. 17, f. 2. Sa racine est vivace; elle produit une tige 
cylindrique, chargée de poils fasciculés, rameuse, haute de deux 
a quatre pieds, garnie de feuilles pétiolées, rudes au toucher, 
partagées communément, les inférieures en cinq lobes arron- 
dis, et les supérieures en lobes plus alongés, plus profonds, la 


364 MAU 


plupart très-incisés et presque pinnatifides. Ses fleurs sont 
grandes, couleur de chair ou purpurines claires, pédonculées; 
les unes solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures, les 
autres rapprochées au sommet de la tige en une sorte de grappe 
terminale ; les folioles de leur calice extérieur sont oblongues, 
obtuses ; les capsules sont glabres. Cette espèce croît naturel- 
lement dans les bois, en France, en Angleterre, en Allemagne. 
On la cultive, dans quelques jardins, comme plante d’or- 
nement. 

Mauve musqués : Malva moschata, Linn., Spec., 971; Cavan., 
Disserk., 2, p. 75, t. 17, f. 1. Sa racine est vivace; elle donne 
naissance à une ou plusieurs tiges, droites, souvent simples, 
cylindriques, hérissées de poils simples, et hautes de deux 
pieds ou environ. Ses feuilles sont arrondies, pétiolées, presque 
toutes découpées jusqu’au pétiole en cinq lobes incisés et mul- 
tifides ; les inférieures et surtout les radicales sont réniformes 
et seulement lobées. Les fleurs sont ordinairement purpurines, 
quelquefois blanches, quelques unes solitaires et pédonculées 
dans les aïsselles des feuilles supérieures, la plupart des autres 
ramassées au sommet de la tige; elles ont une odeur musquée 
et agréable; les folioles de leur calice extérieur sont linéaires. 
Les capsules sont hérissées de poils. Cette mauve croît dans 
les boïs et les prés, en France, en Allemagne, en Angleterre. 
Elle mérite, de même que la précédente, d’être cultivée pour 
l’ornement des jardins. (L. D.) 

MAUVE. (Ornith.) Ce nom, trés-anciennement employé 
en botanique pour désigner une plante fort commune, de- 
vroit être rayé du vocabulaire ornithologique , afin d’éviter 
des confusions avec le mot mouette, dénomination exclusive 
d’une famille d'oiseaux palmipèdes, qui comprend les goé- 
lands , larus, Linn. (Cu. D.) 

MAUVE EN ARBRE (Bot.), nom vulgaire de la ketmie des 
jardins. (I. D.) 

MAUVE DES JUIFS (Bot.), nom vulgaire de la corète po- 
tagère. (L. D.) 

MAUVE ROSE (Bot.), nom vulgaire de la guimauve alcée. 

(L. D.) 

MAUVETTE BRULANTE. ( Bot.) On donne ce nom à lor- 

chis brûlé. (L, D.) 


MAU 365 

MAUVETTE ou MOVIN. (Bor.) C’est le géranion à feuilles 
rondes. (L. D.) : 

MAUVIARD. ( Ornith.) Voyez Mavis. ( Cu. D.) 

MAUVIETTE, (Ornith.) Ce nom, appliqué par erreur à la 
grive proprement dite de Buffon , turdus musicus , Linn., 
est plus généralement employé pour désigner l’alouette com- 
mune dans la saison où , devenue grasse , elle se prend au 
filet, et se sert sur les tables. (Cu. D.) | 

MAUVIS (Ornith.), nom sous lequel est connu le furdus 
iliacus, Linn., qui est figuré dans les planches enluminées de 
Buffon sous le n.° 50. ( Cu. D.) 

MAUVISQUE, Malvaviseus. (Bot.) Genre de plantes dico- 
tylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des 
malvacées, de la monadelphie polyandrie de Linnæus, offrant 
pour Grattère essentiel : Un calice double ; l'extérieur à plu- 
sieurs folioles : l’intérieur à cinq divisions ; cinq pétales égaux, 
roulés ensemble, presque en tube, auriculés à la base ; les 
étamines nombreuses, monadelphes; les anthères réniformes, 
uniloculaires ; un ovaire supérieur, surmonté d’un style à dix 
divisions; les stigmates en tête ; une baïe un peu globuleuse, 
à cinq loges monospermes. 

Ce genre renferme des arbrisseaux à feuilles alternes , en- 
tières, ou médiocrement lobées , accompagnées à la base des 
pétioles , de deux stipules. Les fleurs sont solitaires, axillaires 
et terminales, quelquefois géminées ou ternées ; les corolles 
rouges. Il est nommé achania par Solander, QUE Vill- 
denow. 

 MavvisqQuE 8N ARBRE : Malvaviscus arboreus, Cavan. , Diss. 13; 
tab.48 , fig. 1; Dillen. , Eltham., 210, tab. 170, fig. 208 ; Burm.., 
Amer. Icon. , 169, fig. 2 ; Pluk., Phy£., tab. 237, fig. 1 ; Hibiscus 
malvaviscus, Linn., Spec.; Achania malvaviscus, Swvartz, Flor. 
Ind. occid. , et Aït., Hort. Kew. Grand arbrisseau très-ra- 
meux, qui s'élève à la hauteur de dix à douze pieds; ses ra- 
meaux sont lisses ; glabres et blanchâtres, pubescens dans leur 
jeunesse, garnis de feuilles alternes, pétiolées , ovales, en 
cœur, acuminées, entières, ou à trois lobes peu marqués, iné- 
galement crénelées, molles , pendantes, longues d’environ 
trois pouces, hérissées de poils étoilés, à stipules filiformes. 
Les fleurs sont belles, assez grandes, d’un rouge écarlate très- 


366 MAU 


vif , solitaires, axillaires et presque terminales; les pédon- 
cules tomenteux, ainsi que les calices:; les folioles du calice 
extérieur au nombre de dix à douze, égales, linéaires, presque 
de la longueur du calice intérieur, campanulées, à trois ou 
quatre lobes inégaux ; les pétales presque trois fois aussi longs 
que les calices. Le fruit est une baie charnue, succulente, 
glabre , à cinq loges monospermes. Cette plante croit au 
Mexique. On la cultive au Jardin du Roi. 

MAUVISQUE ÉLÉGANT ; Marais concinnus, Kunth, in DL. 
et Bonpl. Nov. Gen. et Spec., 5, pag. 286. Arbrisseau du Pé- 
rou , proche Loxa, dont les rameaux sont un peu anguleux, 
médiocrement flexueux, pubescens, garnis de feuilles pé- 
tiolées , ovales oblongues, acuminées, en cœur à leur base, à 
grosses dentelures, longues de trois pouces et plus, un peu 
pubescentes ; les stipules linéaires ; les fleurs géminées ou ter- 
nées à l'extrémité des rameaux, d’un rouge écarlate ; le calice 
extérieur est pileux, à sept folioles linéaires, un peu spatu- 
lées, égales ; l’intérieur à cinq divisions, parsemé de points 
diaphanes; les pétales sont onguiculés, inégaux à leurs côtés, 
ciliés, longs d’un pouce et demi, roulés,.quatre fois plus longs 
que les calices; l’ovaire glabre, un peu globuleux, déprimé. 

MaAuUviISQuE A GRANDES FLEURS ; Malyaviscus grandiflorus , 
Kunth, L. c., pag. 286. Dans cet arbrisseau les rameaux sont 
blanchâtres, cylindriques, anguleux et pileux dans leur jeu-, 
nesse; les feuilles ovales oblongues, aiguës, arrondies, un 
peu en cœur à leur base, presque à trois lobes, presque 
glabres, dentées en scie, longues d’environ trois pouces; les 
fleurs grandes, solitaires; leurs calices légèrement pileux; 
l'extérieur à huit folioles linéaires, une fois plus court que 
l’intérieur ; la corolle est rouge, longue d’un pouce et demi, 
à pétales égaux, ovales, cunéiformes; l'ovaire glabre, ovale, 
arrondi; Le style pubescent; à stigmates pileux, en tête. Cette 
plante croit au Mexique, proche Guanaxuato. 

Mauvisque p'Acarucco : Malvaviscus acapulcensis , Kunth, 
L. c., pag. 288; Achania pilosa, Swvartz, Flor. Ind. occid., 2, 
pag. 1224P Les tiges sont ligneuses ; les rameaux blanchätres, 
velus, couverts de poils mous;les feuilles ovales, presque.acu- 
minées, profondément échancrées en cœur, pileuses à leurs 
deux faces, molles.et blanchâtres en dessous, à grosses dente- 


MAV 367 
lures, quelquefois à trois lobes, longues d’environ trois pouces 
et demi; les calices pileux; l'extérieur presque à sept folioles, 
de la longueur de l’intérieur;les pétales rouges, égaux, ongui- 
culés; les étamines une fois plus longues que la corolle; l’o- 
vaire glabre, un peu globuleux; le style est glabre, pubescent 
sur ses divisions ainsi que sur le stigmate. Cette plante croît 
au Mexique, proche Acapulce, sur les bords de l'océan Paci- 
fique. | 

MAUvVISQUE À FEUILLES MOLLES : Malyaviseus mollis, Poir., Ency- 
clop., II°. Suppl.; Achania mollis, Andr., Bot. Repos., tab. 45; 
Thomps:, Bot. Disp., tab. 5; Willd., Spec., 3, pag. 850. 

Arbrisseau de l'Amérique, dont les tiges sont velues, hautes 
de trois pieds; les rameaux lâches; les feuilles amples, ovales, 
tomenteuses, échancrées en cœur à leur base, à trois lobes et 
plus, irréguliers, dentés en scie; les fleurs solitaires, axillaires ; 
les pédoncules velus, de la longueur des pétioles; les calices 
pubescens: l'extérieur à huit folioles étroites, recourbées; l’in- 
térieur plus long, à cinq découpurés droites. La corolle est d’un 
rose pâle, longue d’un pouce et plus, tomenteuse en dehors. 
Le fruit estune baie presque globuleuse , à cinq loges. (Porr.) 

MAUZ. (Bot.) Prosper Alpin, dans ses Plantes d'Egypte, 
nomme ainsi le bananier. C’est le mauze de Thevet. (J.) 

MAVE ou MAWE (Ornith.), nom qu’on donne en Suëde 
et dans l’île de Gothland à la mouette cendrée, larus cine- 
rarius, Linn. (Cu. D. 

MAVEVE. (Bot.) Les Créoles de la Guiane donnent ce nom 
à un arbrisseau dont Aublet a fait son genre Racoubea réuni 
maintenant à l’homalium, à la suite des rosacées. (J.) 

MAVIS. (Ornith.) Nom anglois de la grive proprement 
dite de Buffon; T'urdus musicus, pl. enl., 406, sous le nom 
fautif de litorne, qu’il ne faut pas confondre, comme l’a fait 
Salerne, p. 70, avecle mauvis, et à laquelle il a mal à pro- 
pos appliqué les synonymes indiqués par Belon pour cette 
dernière espèce. C’est aussi le furdus musicus qu’on désigne 
vulgairement dans le département de la Somme et autres 
voisins , par le nom de mauviard. (Cu. D.) 

MAVOLO ou MAYBULU. (Bot.) Aux Philippines on donne 
ces noms à un arbre dont M. Lamarck a fait son cavanillea qu? 
de son propre aveu, paroissoit être congénère de l’embryopteris 


368 MAW 


de Gærtner, genre de la famille des ébenacées : ce qui a été 
vérifié après lui. (J.) 

MAWHAHA. (Bot.) Forster, dans $on petit ouvrage sur les 
végétaux comestibles des îles de l'Océan austral, fait mention 
d’une racine de ce nom cultivée dans les îles des Amis, laquelle 
a le goût de la pomme de terre, et que l’on cultive comme le 
bananier et l’'arum. Il n’en désigne ni l'espèce ni le genre. 
(3) 

MAWO-POULO (Ornith.), nom de l’étourneau commun, 
sturnus vulgaris, Linn., en grec moderne. (Cx. D.) 

. MAXILLAIRE , Maxillaria. ( Bot.) Genre de plantes mono- 
cotylédones, à fleurs irrégulières, de la famille des orchidées, 
de la gynandrie diandrie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel: Cinq pétales presque égaux, courbés en faucille ; 
un sixième inférieur, en lèvre , canaliculé à sa base, élargi et 
trilobe ; un appendice en ne de MAGRONE, te mé- 
diocrement éperonné; une anthère à deux lobes distincts. 

Ce genre, établi par les auteurs de la Flore du Pérou, com- 
prend des plantes à racines bulbeuses , toutes nsisi tie elles 
croissent dans les grandes forêts du Pérou, sur le tronc des 
arbres et sur les rochers : elles ont de trés-grands rapports 
avec les dendrobium, auxquels Swartz les a réunies; maïs il 
faudroit que ce genre fût mieux connu. Les auteurs de la Flore 
du Pérou n’ont fait qu’en mentionner les espèces, sans autre 
description qu’une phrase spécifique : elles sont au nombre de 
seize. Nous en citerons les plus remarquables, tels que le 
marillaria alata , Ruiz et Pav., Sysk. veg. Flor. Per., pag. 220, 
dont les bulbes sont oblongues; les feuilles linéaires, alongées; 
les fleurs en grappes; les capsules aïlées. Il fleurit dans les 
mois d'octobre et de novembre. Ces bulbes sont insipides, 
succulentes; les naturels du pays les mâchent pour apaiser la 
soif : ils font le même usage de celles du maxillaria bicolor, 
dont les bulbes très -nombreuses ressemblent à un amas de 
cailloux; elles sont ovales; les feuilles ensiformes, rudes à 
leurs bords; les fleurs disposées en grappes ; les pédicelles 
presque dichotomes. 

Le marillaria ciliata , loc. cit., a la lèvre de la eorolle ciliée 
à ses bords; les feuilles lancéolées, à cinq ou sept nervures ; 
la hampe uniflore; les bulbes ovales, presque à deux angles. 


MAY 569 


Dans le maxillaria undulata, loc. cit., les bulbes sont ovales- 
oblongues, striées , les feuilles nerveuses, lancéolées ; la hampe 
courte; les fleurs disposées en grappes. Le maxillaria ligulata, 
loc. cit., a les hampes volubiles ; ses fleurs paniculées; la 
lèvre ou le pétale inférieur en languette; les bulbes ovales ; 
les feuilles ensiformes. Ces dernières sont lancéolées et plis- 
sées dans le maxillaria variegata, dont la hampe est panachée, 
les fleurs en grappes. Dans le marillaria hastata, les bulbes 
sont oblongues, les feuilles en lame d’épée; les hampes volu- 
biles ; les fleurs en grappe lâche; la lèvre hastée. Elle est en 
cœur dans le maxillaria cuneiformis ; lés autres pétales sont en 
forme de coin; les bulbes ovales; les feuilles ensiformes, ea- 
naliculées. Le maxillaria longipetala a des bulbes ovales, des 
feuilles oblongues, sans nervures apparentes, tridentées au 
sommet. La hampe se termine par une seule fleur. (Porr.) 

MAXON. (Ichthyol.) Sur la côte de Gênes, on appelle ainsi 
le mugil cephalus. Voyez Muce. (H. C.) : 

MAXTLOTON. (Mamm.) Fernandès parle sous ce nom d’un 
animal carnassier qu'il rapporte au genre Chat, vraisembla- 
blement à tort, et qu'on n’a pas eu moins tort de rapporter 
au marguai. Il me semble aussi difficile d'en déterminer le 
genre que l'espèce. (F. C.) 

MAYANTHEMUM. (Boi.) Voyez MaïanTHÈME. (L. D.) 

MAYAQUE, Mayaca. (Bot.) Genre de plantes monocoty- 
lédones, à fleurs complètes, de la famille des joncées, de la 
triandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère essen- 
tiel : Un calice à trois divisions; trois pétales ; trois étamines ; 
les anthères à deux loges; un ovaire supérieur ; un style sur- 
monté d’un stigmate trifide; une capsule à trois valves ; deux 
semences dans le milieu de chaque valve. 

MayaAQuE pes RIVIÈRES : Mayaca fluviatilis, Aubl., Guian. , 1, 
tab. 15; Lamck., Ill. gen., tab. 56; Mayaca Aubletii, Mich., 
Amer., 1,p+26;Syena fluviatilis, Vahl, Enum. PL.2 ,p. 180 ;Bias= 
lia, Vandell., Flor. Peruv. et Lusit. Petite plante aquatique qui 
ressemble à une mousse, et qui n’a que quatre à cinq pouces 
de longueur, dont la tige et les branches sont grêles, cylindri= 
ques, radicantes à leur base, et lesracines fibreuses. Les feuilles 
sont sessiles, éparses, alternes, fort petites, aiguës, trés-étroites, 
presque subulées , trés-rapprochées les unes dés autres, à trois 

29« 24 


370 MAY 

nervures longitudinales, visibles à la loupe, avec un grand 
nombre de veines transverses. Les fleurs sont petites, blanches, 
axillaires, solitaires, portées sur un long pédoncule capillaire , 
muni à sa base de deux petites écailles. Le calice est composé 
de trois folioles vertes, ovales-oblongues, aiguës, persis- 
tantes, renfermant trois pétales ovales, concaves, alternesavec 
les folioles du calice. Les étamines sont attachées sous l'ovaire ; 
leurs filamens, courbés, soutiennent des anthéres oblongues. 
L’ovaire est arrondi; le style persistant. Le fruit consiste en une 
capsule sèche, ovale, petite, presque sphérique, mucronée 
par le style, s’ouvrant du sommet à sa base en trois valves, 
contenant chacune deux semences noires, arrondies, striées, 
placées l’une au-dessus de l'autre. Cette plante croît dans la 
Guiane sur le bord des ruisseaux, ainsi que dans la Virginie 
et la Floride. Dans l'espèce citée par Michaux, les pédoncules 
sont très- courts; ils sont trés-longs dans celle que je posséde 
de la Guiane. Je doute qu’on puisse les COR comme 
deux espéces. (Pozn.) | 

MAYBULU. (Bot.) Voyez M4voco. (J.) 

MAYENCHE. (Ornith.) Ce nom est donné en Savoie aux 
mésanges, parus, Linn. (Cu. D.) 

MAYENNE (Bot.), un des noms donnés par les jardiniers à 
la mélongène, ou morelle aubergine. (J.) 

MAYÉÈPE, Mayepea. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des rhamnées, 
de la fétrandrie monogynie, offrant pour caractère essentiel : 
Un calice à quatre divisions ; quatre pétales terminés par un 
filet; quatre anthères presque sessiles, placées dans la conca- 
vité des pétales; un ovaire supérieur; point de style; un stig- 
mate épais, concave ; un drupe ovale, renfermant un noyau 
ligneux, monosperme. 

MayèPe DE LA GuianE : Mayepea guianensis, Aubl., Guian.,1, 
p.81,tab. 51; Lamck., Ill. gen., tab.72 ; Chionanthus tetrandra , 
Vahi; Enum. PL, 1 ,p. 45. Arbrisseau de cinq à six pieds, revêtu 
d’une écorce amère et blanchâtre , ainsi que son bois; les ra- 
meaux sont garnis de feuilles presque opposées ou alternes, pé- 
tiolées, ovales-oblongues, lisses, entières, aiguës, longues de 
six à sept pouces, larges de deux ; les pétioles courts, durs et 
renflés à leur base. Les fleurs sont disposées , dans les aisselles 


"LA 


MAY 371 


‘des feuilles, en petits corymbes dont les ramifications sont di- 
ou trichotomes, munies de petites bractées. Ces fleurs sont 
blanches, petites, etrépandent une odeur agréable ; leur calice 
est petit, velu , à quatre découpures profondes, ovales, aiguës, 
tres-ouvertes ; leur corolle composée de quatre pétales ovales, 
concaves, terminés chacun par un long filet, placés entre 
les découpures du calice; leurs anthéres sont ovales, à deux 
lobes ; leurs filamens tres-courts. L’ovaire est ovale, surmonté 
d’un stigmate sessile. Le fruit est un drupe oblong, de la forme 
et de la grosseur d’une olive, dont le brou est violet, succu- 
lent, épais de deux lignes , d’une saveur amère, renfermant 
un noyau de même forme , monosperme. Cet arbrisseau croît 
. dans les forêts à la Guiane. (Porr.) 

MAYETA. (Bot.) Voyez Maïère. ( Porn.) 

:MAYLA (Bot.), nom . deux bauhinia, à Ceiïlan, cités par 
Hermann. (J.) 

MAY-MAY. ( Ornith.) L'oiseau qui porte ce nom à la baie 
de Hudson, est le pic noir à huppe rouge, picus lineatus, 
Linn. (Cx. D.) Ÿ 

MAYNA. (Bot.) Voyez Maïxne. (Porr.) 

MAYNOA. (Ornith.) Nom que , suivant Latham, Synops., 
tom. 1, part. 2, p. 456, les Javanois donnent au mainate re- 
ligieux , gracula religiosa, Linn. (Cx. D.) 

MAYPOURI. (Mamm.) Voyez Maïrouer. (F.C.) 

MAYPOURI-CRABRI. (Bot.) Les Galibis nomment ainsi un 
arbrisseau de Cayenne, de la famille des rubiacées, mapouria 
d’Aublet, parce que les maypouris ou vachessauvages se nour- 
rissent volontiers de ses feuilles et de ses rameaux. Aublet a 
confondu ici avec des vaches sauvages le tapir nommé may- 
pouri dans la Guiane. (J.) 

MAYS. (Bot.) Voyez Maïs. (L. D.) 

MAYSE. (Ornith.) Les Allemands désignent par ce nom, 
qui s'écrit aussi Meisé, les mésanges , parus, Linn. (Cu. D.) 

MAYTEN. ( Bot.) Cet arbrisseau du Chili, dont Molina à 
fait son genre Maytenus, paroît devoir être réuni au genre 
Celastrus, dont il ne diffère -que par sa capsule à deux loges 
au lieu de trois, en quoi ilse rapproche du bois du PARENT, 
senacia de Commerson, qui a aussi été regardé comme “bé 
du même éoare: Voyez SÉNACIER, (J.) 


37% MAY 

MAYTENUS. (Bot.) Genre de Molina qui aujourd’hui fait 
partie du genre Senacia. Voyez Sénacier. ( Porr.) 

MAZAME. (Mamm.) Nom propre d’une espèce du genre 
Cerr. (Voyez ce mot.) Il paroît que dans la langue du Mexique 
il étoit commun à tous ces animaux, et c’est dans ce sens qu'il 
a été employé par Buffon et d’autres naturalistes. M. Ord en 
fait le synonyme de son antilocapra. (F. C.) 

MAZANKÉENE. ( Ornith.) Ce nom, qui s'écrit aussi mé- 
zankéène , est synonyme de cog, à la terre des Papous, où la 
poule est appelée mazankéène-biène, ce dernier mot signifiant 
femme, comme lahé signifie homme. Voyez Manouc - Lané, 
(Cs. D.) 

MAZARICO. (Ornith.) Voyez Masarico. (Cu. D.) 

MAZARINO. ( Ornith.) Voyez Masarino. (Cu. D.) 

MAZEUTOXERON. (Bot.) Ce genre , établi par M. Labillar- 
dière, a été réuni au Correa de M. Smith , qui fait partie de la 
famille des tribulées, maintenant séparée des rutacées. Voyez 
Connée. (J.) 

MAZINA. (Zoophyt.) C’est le nom sous lequel M. Ocken 
( Systém. gén. d’'Hist. nat., part. 3, p. 83) a réuni en un genre 
particulier un certain nombre d'espèces d’alcyonium de Lin- 
næus, et entre autres celles dont M. Savigny à fait son genre 
LosuraiRE; mais les caräctéres qu’il lui donne sont si làches 
(corps cartilagineux ou dermoïde, lobé ou divisé, et couvert 
d’un grand nombre d'ouvertures stelliformes avec des franges), 
qu’il a pu y placer des espèces assez disparates , etentre autres 
Valcyonium ficus, qui paroît être une espèce de distome de 
Gærtner. (DE B.) 

MAZUREK. (Ornith.) L'oiseau que, d’après Ringo les 
Polonois nomment ainsi, est le moineau à collier, passer tor- 
quatus, Briss., ou friquet, fringilla montana, Hit (Cu. D:) 

MAZUS. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs 
complètes, monopétalées, irrégulières, de la famille des 
personées, de la didynamie angiospermie de Linnæus, offrant 
pour caractère essentiel : Un grand calice campanulé, à cinq 
découpures égales : une corolle en masque; la lèvre supé- 
rieure à deux lobes, l’inférieure à trois lobes entiers, l’orifice 
à deux sillons extérieurs, garni en dedans de mammelons 
pédicellés; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur ; 


MAZ 373 
un style à un stigmate à deux lames ; une capsule à déux loges, 
à deux valves entières, séparées dans leur milieu par une 
cloison; plusieurs semences. 

Mazus RIDÉ : Mazus rugosus, Lour., Flor. Cochin., 2, p.468; 
Lindernia jäponica, Thunb. Plante de la Cochinchine, dont 
les tiges sont herbacées, rameuses, hautes d'environ un demi- 
pied, garnies de feuilles opposées, ovales, ridées, dentées en 
scie. Lesfleurs, disposées en un épi lâche , terminal, alongé, ont 
leur calice fort grand, pentagone, à cinq découpures lancéo- 
lées, presque égales, étalées ; la corolle d’un blanc violet ; la 
lèvre supérieure acuminée, un peu en voûte, à deux lobes 
peu profonds; l’inférieure à trois lobes arrondis ; l’orifice 
marqué extérieurement de deux sillons, muni à l’intérieur de 
deux petites glandes pédicellées. Le fruit est une capsule ar- 
rondie, comprimée , à deux loges, à deux valves, enveloppée 
par le calice, renfermant des semences ovales, nombreuses, 
fort petites. D’aprés les observations de M. Rob. Brown, le 
lindernia japonica de Thunberg doit appartenir à ce genre ; 
peut-être même n’est-il point différent de l'espèce qui vient 
d’être mentionnée. 

Mazus naïx ; Mazus pumilio, Rob. Brown, Nov. Holl., p.439. 
Cette plante est très-basse ; ses feuilles sont presque toutes ra- 
dicales, en touffe ; les caulinaires opposées, mais souvent 
nulles. Les tiges sont simples, glabres, trés-courtés, munies ; 
ou d’une seule fleur terminale, ou de trois ou quatre pédicel- 
lées, disposées en grappe, garnies chacune d’une petite bractée 
sétacée à la base du pédoncule. Le calice est glabre, campa- 
nulé , à cinq divisions égales ; la lévre supérieure de la corolle 
à deux lobes profonds, recourbés à leur bord ; l’inférieure 
trifide, munie de deux bosses à sa base; les lobes sont en- 
tiers ; la capsule, à deux valves, est renfermée dans le calice. 
Cette plante croit-à la Nouvelle-Hollande. (Porr.) 

MAZZA. (Conchyl.) Dénomination que les Italiens em- 
ploient pour désigner la masse d’argent qui est confiée aux 
rois défenseurs de l’Église romaine, et que Klein a transpor- 
tée à un genre de coquilles univalves dont la spire est courte, 
et le canal long et droit, ce qui les rend claviformes. Il cor- 
respond assez bien au genre Pyrule des conchyliologistes mo- 
dernes. (DE B.) 


374 MAZ 


MAZZA-SORDA. (Bot.) Suivant Césalpin, on nomme ainsi, 
dans la Toscane, la tête cylindrique qui termine la tige de la 
massette, typha, et qui est formée de l'assemblage très-serré 
de ses fleurs. Cet auteur croit que cette plante est l’ulva des 
anciens, mentionné par Virgile. (J.) 

MBAGUARI. (Ornith.) Voyez Macvart. (Cn. D.) . 

MBARACAYA. (Mamm.) Nom du chat domestique chez 
les Guaranis, suivant M. d’Azara. Il est quelquefois pris dans 
un sens général. (F. C.) 

MBATUITUI (Ornith.), nom des pluviers au Paraguay, 
selon M. d’Azara, tom. 3 de l'édition espagnole de son Orni- 
thologie, p. 282. (ue D.) 

MBIYUI. (Ornith.) L’hirondelle din GE du Paraguay, 
dont M. d'Azara donne la description sous le n.° 300, répête 
plusieurs fois ce mot dans son cri ordinaire , d’après lequel les 
Guaranis l’ont ainsi appelée. Ce nom a ensuite été étendu aux 
autres espèces. (Cu. D.) 

MBOPI. (Mamm.) Nom générique des chauve-souris chez 
les Guaranis, suivant M. d’Azara. (F. C.) 

MBOREBI. (Mamm.) Nom du tapir chez les Guaranis, au 
rapport de M. d’Azara. (EF. C.) | 

MDJUBEGI. ( Bot.) Nom arabe de la sophie (Lem.) 

MEADIA. (Bot.) Premier nom donné par Catesby, en mé- 
moire de Méad, célébre médecin anglois, à la giroselle , do- 
decatheon de is genre dela famille des primulacées. (J.) 

MÉANDRINE, Meandrina. ( Polyp.) Genre de polypiaires 
établi par M. de Hoi pour un certain nombre de masses 
calcaires ou de polypiers, que Pallas, Linnæus, Solander, 
etc., rangeoient parmi les madrépores dans la section parti- 
culière des M. conglomeratæ, et dont Hill et Brown avoient 
déjà fait une coupe générique sous le nom de Mycedia. Quoi- 
qu’on se doutàt bien que les animaux qui construisent ces 
polypiers, devoient avoir les plus grands rapports avec ceux 
des caryophyllées, on ne le sait réellement d’une manière 
positive que depuis le Mémoire de M. Lesueur, sur les ac- 
tinies et genres voisins, inséré dans le premier tome du 
Journal des sciences naturelles de Philadelphie. Voici ce 
qu’il dit de l'animal de la méandrine labyrinthiforme, qu'il 
a eu l’occasion d’observer vivant sur les rivages de l'ile de 


MEA 375 
S. Thomas. & Les animaux se trouvent au fond dessillons ; leur 
bouche, entourée de cercles rouges et jaunes, mêlés de vert, 
offre six plis de chaque côté ; les tentacules, au nombre de 
dix-huit à vingt, sont longs, rouges, parsemés de petites 
taches blanches ; enfin, l'expansion membraneuse qui couvre 
les sillons de chaque côté, est d’un rouge brunâtre.” D’aprés 
cela, ,et d'aprés la figure, voici comme ce genre nous paroit 
pouvoir être caractérisé. Polypes à corps court, membra- 
neux sur les côtés, dont la bouche, plus ou moins transverse, 
est garnie, sur ses bords, de plis, et dans sa circonférence, 
de tentacules assez longs, simples, sur un seul rang, et au 
nombre de dix-huit ou vingt; contenus dans des loges cal- 
caires, stelliformes d’abord, puis s'alongeant peu à peu, de 
manière à former, par leur réunion, des espèces d’ambula- 
cres ou de sillons plus ou moins creux, sinueux, sur la ligne 
médiane desquels tombent perpendiculairement des lames 
parallèles , à la surface convexe d’une masse pierreuse sim- 
ple, adhérente par sa face inférieure également convexe et 
subpédiculée. | 
Les polypes des méandrines, d’abord uniques, se réunis- 
sent en plus ou moins grand nombre, au moyen de lexpan- 
sion membraneuse des côtés de leur corps, à mesure qu'ils 
se reproduisent ; il en résulte que les loges calcaires que 
celui-ci exhale à sa face inférieure, au lieu d’être simples et. 
régulières, comme cela a lieu dans les caryophylilies et en- 
core plus dans beaucoup d'astrées, se réunissent assez com- 
plétement pour former une masse calcaire ou un poly- 
pier souvent assez considérable, convexe en-dessous, eù il 
adhère par un pédicule court et conique, d’où partent des 
lignés qui divergent vers la circonférence. Ce polypier, 
convexe en-dessus, est comme labouré par des sillons plus 
ou moins sinueux, irréguliers, s’anastomosant d'une manière 
variable, et offrant un grand nombre de lames alternative- 
ment inégales, tombant sur une sorte de crète cariée qui 
occupe et suit le fond des sillons. À mesure que les nouveaux 
germes. produits par les animaux déja soudés se placent de 
manière à n’en être pas séparés, le polypier augmente par 
la circonférence ; mais, s'ils tombent tout-à-fait en dehors, il 
en résulte l’origine d’un nouveau polypier. Aussi les méan- 


376 | MEA 

drines ne différent que fort peu de certaines espèces de ca- 
ryophyllies, qui présentent la même lobure; ce ne sont, 
pour ainsi dire, que des caryophyllies anomales. 

Les méandrines n’ont été trouvées jusqu'ici que dans les 
mers des pays chauds, assez peu loin des rivages et à une 
assez petite profondeur pour que l’action de la lumière et 
du soleil puisse avoir lieu sur elles. Il y en a qui acquicrent 
une assez grande taille; mais il n’est pas probable qu’elles 
puissent augmenter beaucoup la masse des continens. 

M. de Lamarck caractérise neuf espèces de ce genre: 

La M. LaBYRINTHIFORME; M. labyrinthica, Linn., Sol. et 
EIL., tab. 46, fig. 3, 4. De forme hémisphérique : les sillons 
longs, tortueux, dilatés à leur base, avec des lames étroites ; 
les collines simples et presque aiguës. Des mers d'Amérique. 

La M. céRéBRIFORME ; M. cerebriformis , Lamck. ; Séb., Mus., 
tab. 112, fig. 1—5, 6. Subsphérique : les silloñs tortueux, 
trés-longs ; les lamelles dilatées à la base, denticulées; les 
coilines tronquées, subcarenées et ambulacriformes. Des mers 
d'Amérique. Cette espèce acquiert un trés-grand volume. 

La M. népare ; M. dædalea, Soland. et Ell., tab. 46, fig. 1. 
Hémisphérique : les sillons profonds et courts ; les lamelles 
dentées , lacérées à la base; les collines perpendiculaires. 
Des Indes orientales. 

La M. rPecriNéE : M. pectinata, Lamck.; Mad. meandrites , 
Linn., Soland. et Ell., t. 48, fig. 1. Subhémisphérique : les 
sillons profonds, étroits; les collines pectinées; les lamelles 
larges, éloignées, presque entières. Des mers d'Amérique. 

La M. aréorée; M. areolata, Linn., Soland. et Ell., t. 47, 
fig. 4, 5. Turbino-hémisphérique: les sillons larges, dila- 
tés à l'extrémité ; les lames étroites, denticulées; les collines 
partout doubles. De l’océan des deux Indes. 

La M. crêrue ; M. crispa, Lamck., Séba; Ell., t. 108, fig. 
3, 5. Furbino-hémisphérique : les sillons larges, dilatés à 
l'extrémité ; les lamelles comme crépues, denticulées. De 
l'océan Indien. | 

La M. oxnoyanre; M. gyrosa, Soland. et Ell., t. 52, fig. 2. 
Hémisphérique : les sillons un peu larges; les lamelles folia- 
cées, plus larges a leur base, sans dents; les collines tronquées. 

Cette espèce devient trés-grande; on ignore sa patrie. 


MEA 377 


La M. onpes érroites; M. phrygia, Soland. et El, t. 45, 
fig. 2. Subhémisphérique : les sillons trés-étroits, longs, tan- 
tôt droits, tantôt tortueux; les lamelles petites, un peu 
écartées; collines perpendiculaires. Des grandes Indes et de la 
mer Pacifique. 

La M. rirocraAne ; M. filograna, Gmel. ; Gualt., Ind., t. 97 
verso. Globuleuse, subgibbuleuse : les sillons superficiels, 
très-étroits, tortueux ; lames petites, éloignées; collines fili- 
formes. Des mers des Indes. (DE B.) 

MÉANDRINE. ( Foss.) Quoique les polypes des méandrines 
ne puissent vivre aujourd'hui que dans les mers des climats 
chauds des deux Indes, on en trouve à l’état fossile dans les 
couches de nos pays. 

La MÉANDRINE ORBICULAIRE; Meandrina orbicularis, Def. Po- 
lypier orbiculaire, aplati, à pédicule central trés-court, à 
collines simples, larges et tortueuses; diamètre trois pouces. 
11 à quelques rapports avec celui qui se trouve figuré dans 
nai e ns de a. sur les pétrifications, pl. 86 , fig 3. J’ignore 
où cette espèce a été trouvée. 

La MÉanDriNE ANTIQUE; Meandrina antiqua, Def. Je pos- 
sède de cette espèce de polypier un morceau qui a six 
pouces de longueur sur trois pouces de largeur et plus de 
quatre pouces de hauteur. Il paroît avoir dépendu d’une 
masse beaucoup plus grande. Les collines sont peu tortueuses 
et rapprochées les unes des autres. Il a quelques rapports 
avec la méandrine ondes-étroites, Lamk., dont on voit une 
figure dans l’ouvrage de Solander, sur les polypiers, t. 48, 
fig. 2. J’ignore où il a été trouvé. 

La MéanDrine DE Deruc ; Meandrina Deluci, Def. On trouve 
cette espèce au mont Salève prés de Genève, dans une pierre 
grise qui prend un assez beau poli; ses étoiles sont isolées 
et marginales. On voit des figures qui pourroient se rapporter 
a cette espèce , dans l’ouvrage de Knorr ci-dessus cité, pl. 96, 
fig. 2,3 et 4, et dans le Traité des pétrifications, de Bour- 
guet, pl. IX, fig. 41. 

La MéanDrine DE Lucas; Meandrina lucasiana, Def. Poly- 
pier turbiné, à sillons larges et lamelleux, à base efilée, et 
couvert extérieurement de stries longitudinales; il a des 
rapports avec la méandrine aréolée, Lamk., dont on voit 


578 MEA 

une figure dans l’ouvrage de Solander ci-dessus cité, t. 47, 
fig. 5. M. Lucas l’a rapporté d’Italie ; mais j'ignore dans quelle 
couche et dans quel endroit il a été trouvé. 

La MéANDRINE ASTRÉOIDE ; Meandrina astrevides, Def. Ce po- 
lypier porte un pédicule fort et un peu élevé; son extérieur, 
qui est presque lisse, est couvert, ainsi que l'intervalle qui 
se trouve entre les étoiles dont il sera question ci-après, de 
pores très-petits ; sa forme est évasée, et représente celle de 
certains champignons à bords un peu retroussés; la partie su- 
périeure est couverte d'étoiles, dont quelques-unes sont 1iso- 
lées ; les autres se touchent et forment des sillons irréguliers 
et peu profonds, en sorte qu’il n’est pas bien certain si ce 
polypier appartient plutôt aux méandrines qu'aux astrées. 
On le trouve dans la couche du calcaire coquillier grossier, 
a Valmondois, département de Seine-et-Oise. 

On voit dans les Mémoires de Guettard (vol. 3, pl. XV, 
hein set 7 pl XN IE es pl XVIR fe me | XVII, 
fig. 1) des figures de polypiers auxquels ce savant a donné 
le nom de méandrites, et qui ont été trouvés au Havre, à 
Chaumont prés de Verdun et dans les environs de Mézières ; 
mais ces figures ne présentent pas assez clairement les ca- 
racteres de ces polypiers, PO qu’on puisse les saisir et en 
distinguer les espèces. 

On voit encore une figure d’une méandrine fossile dans 
l'ouvrage de Bourguet ci-dessus cité, pl. VIIT, fg. 40; mais 
sa patrie n’est pas indiquée. (A Rte 

MÉANDRITE. (Foss.) C'est le nom que l’on a donné autre- 
fois aux méandrines fossiles. (D. F.) 

MEAPAN. (Ornith.) Sonnini cite, d’après Guillaume Tar- 
dif, ce pre syriaque, comme FL celui du grand aigle. 
(C. D :) 

MEAR. {Ichthyol.) Selon l’ancien voyageur Roberts, les 
Nègres du cap Vert, en Afrique, donnent ce nom à un 
poisson de la taille ét de la figure de la morue, mais plus 
épais qu’elle, et assez abondamment répandu dans les mers 
de cette contrée pour qu’un vaisseau puisse promptement en 
faire une cargaison, avec d'autant plus de facilité d’ailleurs 
que les aborigènes de Saint-Antoine et de Saint-Nicolas sont 
d’une adresse extrême pour la pêche et pour la salaison. 


MEB 379 
- C’est probablement l’espèce de gade ou de merue dont il 
est question dans la Relation du naufrage de la frégate la 
Méduse (seconde édition, Paris, 1818, page 283) et qui fré- 
quente habituellement les parages du golfe d’Arguin, com- 
pris entre les caps Blanc et Mirick et la côte de Zahara, 
vers l'embouchure de ce que l'on appelle la rivière Saint- 
Jean, où existe un immense banc qui, en rompant les va- 
gues soulevées par les vents du large, assure la tranquillité 
des eaux, et fait de ce lieu une retraite pour les poissons et 
une sorte de vivier pour les pêcheurs. C’est de ce golfe, en 
effet, que sortent toutes les salaisons qui sont la principale 
nourriture des habitans des Canaries, et que ceux-ci viennent 
y faire tous les ans, au printemps, sur des embarcations 
d’une centaine de tonneaux environ et de trente à quarante 
hommes d'équipage. Ordinairement, en moins d’un mois, la 
cargaison est complétée. Pourquoi les Européens ne profitent- 
ils pas de cette espèce de banc de Terre-neuve méridional ? 
Pourquoi des expéditions ne partent-elles point de Bayonne 
pour l’exploiter au profit de la France? (H. C.). 
MEBAAR. (Ichthyol.) Dans l'Histoire générale des voyages, 
tom. X, p. 674, il est parlé sous ce nom d’un poisson rouge, 
a yeux fort saillans, et très-commun au Japon, où il consti- 
tue la nourriture ordinaire des pauvres. Ces renseignemens 
sont insuffisans pour lui assigner une place dans les cadres 
ichthyologiques. (H. C.) | 
MEBBIA. (Mamm.) Suivant quelques voyageurs, c’est au 
Congo le nom d’une espèce de chien sauvage, peut-être d’un 
chagal; (EC. ) | 
MÉBORIER , Meborea. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, à fleurs incomplètes, dont la famille n’est pas encore 
use, de la gynandrie triandrie de Linnæus, offrant 
pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions creusées 
d’une fossette à leur base ; point de corolle; trois étamines 
attachées sur les styles, au-dessous des stigmates; un ovaire 
supérieur ; trois styles ; une capsule trigone, à trois loges, à 
trois valves ; deux semences dans chaque A 
MégBoriEr DE LA GUIANE : Meborea guianensis; Aubl., Guian. 
2, pag. 825, tab. 323; Lamk., Ill, gen., tab. 931; Rhopium 
citrifolium , WWilld., Spec., 4, pag. 150. Arbrisseau de trois 


380 MEB s 

à quatre pieds, dont le bois ést blanc, ainsi que l'écorce, 
chargé de rameaux grêles, garnis de feuilles alternes, pres: 
que sessiles, ovales, acuminées, très-entières, vertes en-déssus, 
cendrées en-dessous, accompagnées à leur base de deux pe- 
tites stipules caduques. Les fleurs naissent par petits bouquets 
dans les aisselles des feuilles , d’autres à l'extrémité des ra- 
meaux, disposées en petits faisceaux corymbiformes, munis 
de plusieurs petites écailles. Ces fleurs sont très-petites, 
portées chacune sur un pédoncule partiel, grêle, assez long, 
de couleur roussâtre ; leur calice, persistant , se divise en 
cinq découpures profondes, lancéolées, aiguës, creusées à 
leur partie inférieure ; les filamens des étamines sont larges, 
bifides à leur sommet, portant chacun deux anthèéres à deux 
loges ; l’ovaire est trigone ; les styles sont adossés l’un contre 
Vautre ; la capsule est sèche, trigone, d’abord à trois valves, 
qui ensuite se divisent en six, partagées chacune par une 
cloison ; les semences sont ovales et noires. Cette plante croît 
dans la Guiane. ( Porn.) 

MEBUTANA, MEBULATU, NEBULATU. (Bot.) Noms 
Li dans l’ile d’Amboine et les îles adjacentes, a une 
espèce de dentelaire, plumbago rosea , qui est le radix vesica- 
toria de Rumph, l’accar binassu des Malais, le schetti-codivellr 
du Malabar. À Java, c’est le don-patma, suivant Burmann ; le 
gandin-meræ, selon M. Leschenault, qui ajouté que le plum- 
bago zeylanica est nommé pomok. (J.) 

MECAPATLI. (Bot.) Nom mexicain de la salsepareiïlle , 
suivant Marcgrave; la même ou une espèce voisine est nom- 
mée quauhmecatl. (J.) 

MECARDONIA. (Boi.) Genre de plantes dicotylédones à , 
fleurs complètes, monopétalées, irrégulières, jusqu’à ce jour 
peu connu, qui paroît avoir quelque affinité avec la famille 
des primulacées, appartenant à la didynamie angiospermie de 
Linnæus ; offrant pour caractère essentiel : Un calice com- 
posé de sept folioles; une corolle irréguliére, presque la-. 
biée, dont le tube est ventru ; la lévre supérieure bifide; 
l’inférieure à trois divisions ; quatre étamines didynames; un 
ovaire supérieur; un style comprimé, courbé à son sommet. 
Le fruit est une capsule bivalve, à une loge ; le réceptacle 
cylindrique. 


MEC 381 


Les auteurs de la Flore du Pérou, qui ont établi ce genre, 
n’en citent qu’une seule espèce, sans autre description que 
d’avoir des feuilles ovales, dentées en scie, sous le nom de 
mecardonia ovata, Ruiz et Pav., Syst. veget. Flor. Per., pag. 
164. Cette plante croit au Pérou. (Pot. 3 

MECERY. (Bot.) On lit, dans le grand Recueil des voyages 
publié par Théodore de Bry, que ce nom est donné à l’opium 
que l’on porte du Caire dans l'Inde, et que cet opium est 
blanc , tandis que celui qui vient d'Aden et de la mer Rouge 
tire sur le noir et a plus de dureté. Celui de Cambaye et 
du Décan est rougeûtre et plus friable. (J.) 
 MECHANITIS. (Entom.) Genre de lépidoptéres diurnes 
fondé par Fabricius, et qui renferme plusieurs AE de 
papillons héliconiens de Linné. (Desm.) 

MECHINUM. ( Bot.) Daléchamps et C. Bauhin citent sous 
ce nom deux racines qui paroissent appartenir au genre du 
gingembre. (J.) 

MECH-MECH. ( Bot.) Nom arabe de l’abricotier , cité par 
M. Delile : c’est le mischmisch de Forskal. (J.): 

MECHOACAN. (Bot.) On donne dans les pharmacies ce 
nom à une racine apportée de la province de Mechoacan, 
dans le royaume du Mexique. Elle est employée comme pur- 
gatif résineux, maïs moins actif que la scammonée. Son ori- 
gine n'a pas été connue d’abord; mais on sait maintenant 
que c’est une espèce de liseron. Le phytolacca decandra est 
aussi nommé mechoacan du Canada. Voyez LisERoN ne 
vol. XXVII, p. 33. (J.) 

MÉCHOACAN NOIR. (Bot. ) C'est le jalap. Voyez Lisenon 
sALAP, Vol. XXVII, p. 36. (L. D.) 

MÉCHON. (Bot.) On donne ce nom, dans quelques can- 
tons, aux racines tuberculeuses de ratthe pimpinelloïde. 
(L. D.) 

_ MECON, MECION. (Bot.) Noms qui, chez les Grecs, dé- 
signoient les pavots. (LEm.) 

MÉCONIQUE [| Acipe]. ( Chim. ) Il existe dans l’opium com- 
biné avec la MorPuine (voyez ce mot). Il a été découvert par 
M. Sertuerner, et examiné par M. Robiquet. Les propriétés 
qu’on lui a reconnues, après l’avoir sublimé, sont les sui- 
vantes. 


382 MEC 

Il est inodore ; il se fond de 120 à 125 degrés ; dès qu'il 
est liquéfié, il commence à se sublimer, sans éprouvér d’al- 
tération, pourvu que la chaleur ne soit pas trop ‘élevée. On 
peut l’obtenir sous forme de belles aiguilles, de lames carrées, 
ou de ramifications formées par des octaèdres très-alongés. 

Il est extrêmement soluble dans l’eau et l’alcool. Sa solu- 
tion rougit fortement la teinture de tournesol. 


Méconates. 


L’acide méconique ne précipite pas l’eau de baryte, parce 
qu’il forme avec elle un sel assez soluble : il ne précipite pas 
davantage les sels de baryte; mais, quand il est en présence 
de certaines matières organiques, il précipite en partie l’hy- 
drochlorate de baryte. Il forme avec la chaux, la potasse et 
la soude des sels plus ou moins solubles. 

Le méconate de chaux cristallise en prismes. 

L’acide méconique, ajouté à des solutions d’un sel de fer au 
maximum d’oxidafion, + une belle couleur TOR e Wire 
duire de précipité. C’est même la un de ses LE  eR carac- 
itéres. En cela il se comporte comme l'acide sa J'ai appelé 
amer au minimum d’acide nitrique, acide qu'on obtient en 
traitant l’indigo par l’acide nitrique. 

Versé dans une solution de sulfate de cuivre, la rise 
passe au vert émeraude, et à la longue il se produit un pré- 
cipité jaune pâle. 

L’acide méconique précipite aussi à la longue le perchlo- 
rure de mercure. 

M. Sertuerner dit qu’il a pris à grains d’acide méconique, 
sans en ressentir aucun effet. (Cu.) 

MÉCONITES. (Foss.) On a donné autrefois le nom de mé- 
conites à des grains plus ou moins arrondis et quelquefois si 
petits qu’on a annoncé qu'ils étoient des graines de pavots ou 
des œufs de poissons pétrifés. IL est bien reconnu aujourd’hui 
que ces corps n’ont point été organisés. Voyez Oouxres. (D.F.) 

MECONIUM. (Bot.) Suc exprimé des têtes et feuilles de 
pavot mises sous une presse. IL est d’une qualité inférieure 
à celle de l’opium, et son action est moindre. (J.) 

MÉCONIUM. (Chim.) C’est une matière qui se trouve 
dans les intestins du fœtus qui n’a pas respiré, et qui est na- 


MED .. 383 


turellement expulsée du corps, ordinairement peines 
heures après la naissance. , 

Le méconium est d’un brun olive ou jaunâtre, visqueux ; 
ordinairement il est insipide et inodore. 

Il a été examiné par Bordeu, Bayen, Deleurye, et enfin 
par M. Bouillon-Lagrange, Nous allons présenter les conclu- 
sions du mémoire de ce dernier. 

1.” Le méconium d’un enfant nouveau-né, ou celut provenankt 
d’un fœtus, à diverses époques de grossesse, est boujours de la 
méme nature. 

2.9 Lorsqu'il est frais, il contient 0,70 d’eau. 

3.° Les divers méconium examinés , ainsi que celui provenant 


des agneaux, sont mélés de poils. 


4% Celui d'enfant contient 0,02 d’une matière analogue au 
mucus nasal, 0,70 d’eau el 0,28 d’une substance que lon peut 
regarder comme le méconium pur. 

5° Il se rapproche beaucoup plus des substances végétales que 
des mafières animales. 

6° Cette substance ne contient pas de bile, comme on l'avoit 
pensé; aussi le peu d’amertume qu’elle peut présenter , paroït 
plutôt se rapporter à Vamer des végétaux. 

7. Le méconium des agneaux, desséché, a une odeur de muse, 
et dans sa composition il présente quelques caractères analogues 
au méconium d’enfant. 

8° La matière colorée, mélée aux excrémens que rendent les 
enfans à la suite des tranchées, est purement végétale et combinée 
à une substance colorante verte et à de la graisse. (Cx.) 

MECONOPSIS. ( Bot.) M. Viguier, dans son Histoire des 
pavots, p. 48, a établi, sous ce nom, un genre particulier 
pour le papaver cambricum, Linn., distingué des pavots par 
les valves de ses capsules, qui le rapprochent des argemone, 
et surtout par le stigmate pourvu d’un style court et non 
sessile. Cette plante a déjà été mentionnée dans ce Diction- 
naire sous le nom d’'ARGÉMONE CAMBRIQUE, VOL. Il, pag. 481. 
(Porr.) 

MÉDAILLE. (Bot.) Nom vulgaire de la lunaire, cité dans 
le Dictionnaire des drogues de Lemery. (J.) 

MEDAN. (Bot.) Nom arabe de deux ocimum de Forskal, 
que Vahl nomme plectranthus Forskalei et P. crassifolius. Ce 


384 MED 
dernier, qui étoit l’ocimum zatarhendi de Forskal, est cité 
par M. Delile sous le nom arabe zatar. (J.) 

MEDDAD. (Bot.) Voyez Sruenr. (J.) 

MEDE-CANNI. (Bot.) Nom brame de l’Irrr-cawnr du Ma= 
labar. Voyez ce mot. (J.) 

MÉDÉE. (Entom.) Nom donné par Fabricius à un lépi- 
doptére d'Afrique du genre Sphinx. (C. D.) 

MÉDÉOLE, Medeola. (Bot.) Genre de plantes monocoty- 
lédones, à fleurs incomplètes, de la famille des asparaginées, 
de l’herandrie trigynie de Linnæus ; offrant pour caractère es- 
sentiel : Une corolle à six divisions égales et renversées en 
dehors; point de calice ; un ovaire supérieur, à trois sillons, 
chargé de trois styles; une baie trifide, à trois loges; une 
ou deux semences dans chaque loge. 

Si lon admet les réformes établies pour les trois especes 
qui composent ce genre, on le verra presque disparoïître en 
totalité. Nuttal a présenté, pour le medeola virginica, le genre 
Gyromia. Le medeola angustifolia d’Aiton est rapporté, mais 
avec doute, au dracæna volubilis de Linnæus fils. Willdenow 
a établi le genre Myrsiphyllum pour le medeola asparagoides. 
Je vais faire connoître ces deux dernieres espèces, la pre- 
mière ayant été mentionnée à l’article GyromrA. 

Mépéore sARMENTEUSE : Medeola asparagoides, Linn.; Mant., 
Lamk., Ill. gen., tab. 266 ; Till., Pis., tab. 12, fig. 1; Myr- 
siphyllum , Willd., Enum., 1, pag. 4oo ; Dracæna medeoloides, 
Linn. fils, Suppl.; Asparagus medeoloides, Thunb. , Prodr. La 
racine de cette plante est composée de plusieurs tubercules 
alongées, presque fasciculées ; il s’en élève quelques tiges 
grêles, sarmenteuses, anguleuses, hautes de quatre à cinq 
‘pieds, garnies de feuilles presque sessiles, ovales, aiguës, 
vertes, longues d’environ un pouce, à nervures fines, nom- 
bidaiée: dont la ressemblance avec celles du ruscus racemosa 
y a fait rapporter le laurus alerandrira, etc., Herm., Lugdb., 
pag. 679, tab. 681, également cité, par un double emploi, 
pour ces deux plantes. Une petite écaille ovale, scarieuse,; 
est au-dessous de chaque feuille. Les fleurs sont petites, 
pendantes, solitaires ou géminées, situées dans Paisselle des 
écailles stipulaires, portées chacune sur un pédoncule grêle, 
long de trois à quatre lignes ; la corolle est d’un blanc sale, 


MED. 385 


verdatre en dehors; les étamines ont la longueur de la co- 
rolle ; les styles sont roides et rapprochés; l'ovaire est pédicellé 
la baie a trois loges et deux semencés dans chaque loge ? selon 
Willdenow. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance; 
on la cultive au Jardin du Roi. 

MÉpéote À FEUILLES ÉrRoItEs ; Medeola angushfolia, Aït. , Hort. 
Kew.; Till., Pis., 17, tab. 12, fig. 2. Cette plante n’est très- 
probablement qu’une variété de l’espèce précédente, dont 
les tiges sont plus longues, moins grosses et moins rameuses ; 
les feuilles plus alongées, plus étroites, de couleur grisâtre ; 
les fleurs, d’un blanc herbacé, naissant deux ou trois en- 
_semble. Cette espèce croît au cap de Bonne-Espérance. (Poïz.) 

MEDESUSIUM. ( Bof.) Cordus cite sôus ce nom la reine 
des prés, spiræa ulmaria. (J.) 

MEDHÆSAA. (Bot.) Nom arabe, cité par Forskal, d’une 
carmantine, Jusficia bicalyculata de Willdenow. (J.) 

MÉDIAIRE [Emeryow]. ( Bot.) Lorsque l’embryon est ren- 
fermé dans le périsperme, il en occupe tantôt le milieu 
(frêne, etc.), tantôt le côte (cyclamen, etc.). Lorsqu'il en 
occupe le milieu, tantôt, sous la forme d’un axe, il se porte 
en ligne droite d’un point du périsperme au point diamé- 
tralement opposé ( conifères, etc.); tantôt, large et étendu, 
il partage le périsperme en deux portions à peu prés égales 
(cassia fistula, ricin) : dans ce dernier cas M. Mirbel dit 
que l’embryon est médiaire: ( Mass.) 

MÉDIANE |Czoison}. (Bot.) Les cloisons d’un fruit sont 
souvent produites par les valves. Cela a lieu de deux ma- 
niéres ; tantôt le bord des valves se prolonge et rentre dans 
intérieur du fruit (antirrhinum, etc.), tantôt le milieu des 
valves se prolonge en saillie (lilium, hibiscus, etc.) : dans le 
premier cas, les cloisons valvéennes sont marginaires; dans 
le second, elles sont médianes. (Muss.) 

MÉDIASTINE. ( Bot.) Dodart a décrit sous ce nom et sous 
celui de Plante nouvelle, dans les anciens Mémoires de l’A- 
cadémie des sciences, tom. 10, pl. 4, fig. 3, une crypto- 
game, décrite et figurée ensuite par Michéli (Nov. gen., 
pl. 66, fig. 35), nommée par Roth Rhizomorpha fragilis, et 
par Persoon , suivi par Acharius, Rhiz. subcorticahis. Paulet 
la place dans sa famille des clayaires truffans. Son nom de. 

29e 122 


386 MED 

médiastine rappelle qu’elle croît entre l'écorce et le bois des 
vieux arbres. Sa forme réticulaire lui a valu le nom générique 
de reticula, que lui avoit donné Adanson. Haller en avoit 
fait une espèce du genre des Sphæria. Voyez Rarzomonrxa. 
(Lem.) 

: MÉDIATE [Insenriox]. ( Bot.) L'insertion d’un organe est 
médiate, lorsque cet organe adhère par sa base à un autre 
organe, qui, dans ce cas, semble le supporter. Telle,est, par 
exemple, l'insertion des étamines, lorsque ces dernières ad- 
hérent à la corolle. Voyez Inseartion. (Mass.) 

MEDICA. ( Bot.) Plusieurs espèces de luzernes étoient ainsi 
nommées par Lobel, Daléchamps, Dodoens et d’autres. Tour- 
nefort et Vaillant avoient aussi adopté ce nom; mais Lin- 
næus, le trouvant trop adjectif, a généralisé pour ce genre 
le nom medicago, donné par Morison à une de ses espèces. (J.) 

. MEDICA-TALI. ( Bot.) Nom brame, cité par Rhéede, du 
cassytha, genre qui a le port de la cuscute et la fructifica- 
tion presque la même que celle du laurier. (J.) 

MÉDICINIER. ( Bot.) Voyez Jarropma. (Poir.) 

MEDICUSIA. (Bot. ) Sous ce nom Mœnch fait un genre du 
crepis rhagadioloides , dont les feuilles du calicule sont cymbi- 
formes ou creusées en nacelle, et les gaines non amincies à 
léurs bords. Cette plante doit être reportée au genre Hedyp- 
nois de Tournefort. (J.) | 

MÉDICUSIE, Medicusia. (Bot.) Ce genre de plantes, pro- 
posé en 1794 par Mœnch, dans sa Methodus plantas descri- 
bendi, appartient à l’ordre des synanthérées, à la tribu na- 
turelle des lactucées, et à notre section des lactucées-crépi- 
dées, dans laquelle nous l’avons placé auprés du genre Picris 
(voyez notre article Lacrucées, tom. XXV, pag. 63). Le Me- 
dicusia offre les caractères génériques suivans, que nous n’a- 
von» point observés, mais que nous empruntons à Mœnch. 

Calathide incouronnée , radiatiforme, multiflore, fissi- 
flore , androgyniflore. Péricline ovoide , formé de squames 
unisériées, égales, trés-appliquées, mais non enveloppantes, 
lancéolées-linéaires, toruleuses, carenées, cymbiformes ; et 
accompagné de squamules surnuméraires inappliquées, iné- 
gales, linéaires, infléchies au sommet. Clinanthe nu. Fruits 
arqués en dedans, amincis au sommet, sillonnés longitudina- 


MED 587 
lement et transversalement, libres, c’est-à-dire, non enve- 
loppés par les squames du péricline; aigrette composée de 
squamellules filiformes, barbées. 

On ne connoît qu’une espèce de ce genre. 

Mépicuste APRE : Medicusia aspera, Mœnch, Methodus, pag. 
537 ; Crepis rhagadioloides, Linn., Mant., p. 108; Picris rha- 
gadiolus, Pers., Syn. pl., pars 2, p. 370 ; Crepis rhagadiolus, 
Jacq., Hort. Schænbr., vol. 2, pag. 9, tab. 144. C’est une 
plante herbacée, annuelle, hérissée sur toutes ses parties 
de petits aiguillons fourchus, a divisions recourbées en cro- 
chet ; sa tige est haute de trois pieds, rameuse, fragile ; les 
feuilles inférieures sont oblongues, sinuées, dentées; les su- 
périeures sont sessiles, lancéolées ; les corolles sont Jaunes, 
rougeàtres extérieurement; les fruits sont de couleur can- 
nelle. Nous n'avons point vu cette plante, que nous décri- 
vons d’après Mœnch ; elle se trouve en Espagne, auprés de 
Malaga. | 

Le Crepis rhagadioloides de Linné, dont Mæœnch a fait le 
genre ci-dessus décrit, dédié au botaniste Medicus, étoit at- 
tribué par M. de Jussieu, ainsi que le Lapsana zacintha de 
Linné, au genre Hedypnois. M. De Candolle (Flor. fr., tom. 
IV, pag. 58) a pensé que le Medicusia de Mœnch pourroit 
être réuni au genre Zacintha. Il est probable que MM. de 
Jussieu et De Candolle n’avoient point remarqué que la 
plante en question a l’aigrette plumeuse, comme les Picris, 
et qu’ils avoient confondu cette plante avec celle qui sert de 
type à notre genre Nemauchenes. L’aigrette plumeuse du 
Medicusia suffit assurément pour distinguer ce genre des Za- 
cintha, Nemauchenes , Gatyona, qui ont l’aigrette simple : mais 
il nous paroît trés- douteux que le genre Medicusia soit dis- 
tinct du genre Picris, et néanmoins nous l'avons conservé 
provisoirement, parce que, ne l'ayant point observé nous- 
même, il est prudent de suspendre notre jugement à son 
égard. 

Nous avons supposé jusqu'ici que le Medicusia de Mœnch 
est, comme le déclare cet auteur, le Crepis rhagadioloïides de 
Linné : mais il faut avouer que cette synonymie n'est rier 
moins que certaine; car, s'il faut en croire Jacquin et Will- 
denow, la plante de Linné n’a pas l’aigrette plumeuse, et 


588 MED 


les poils de cette plante sont simples, à l'exception de ceux 
du péricline ; tandis que Mœnch range le Medicusia avec le 
Picris, dans une division caractérisée par l’aigrette plumeuse, 
et qu’en décrivant sa plante, il dit : planta tota aspera acw- 
leolis glochidibus. (H. Cass.) 

MÉDIFIXE [Anraëre]. (Bot.) Les anthères sont fixées à 
leur support, tantôt dans toute leur longueur (podophyllum, 
renoncule), tantôt par la base (iris, etc.), tantôt par leur 
milicu (lis, etc.); et d'aprés ces divers points d’attache, on 
les dit adnées, basifixes, médifixes. (Mass. ) 

MEDIUM. (Bot.) La plante ainsi nommée par Dioscoride 
est, suivant Rauwolf, une campanule, campanula laciniata 
de Linnæus. Son campanula medium est le medium de Mat- 
thiole et de Gesner. (J.) | 

MÉDIVALVE [Pracexraire|. ( Bot.) Le placentaire, partie 
du fruit où les graines sont attachées, ne tient quelquefois 
à rien aprés la déhiscence du péricarpe (Plantain, etc.). Lors- 
qu’il est adhérent, il est fixé tantôt à la base du péricarpe 
(primevère, silene, etc.), tantôt à l’axe central du fruit (ixia 
chinensis), tantôt aux cloisons (pavot, etc.), tantôt contre 
les sutures des valves (asclepias), tantôt contre les valves, et 
dans ce dernier cas, s’il est placé le long de la ligne médiane 
des valves (parnassia, orchis, etc.), onle dit médivalve.(Mass.) 

MEDRONHEIRO. (Bot.) Nom portugais de 'AFPOURIES 
cité par Vandelli. (J.) 

MÉDULLAIRE. (Bot.) On nomme rayons nr les 
lames verticales de tissu cellulaire qui, partant de la moelle 
et se dirigeant vers l'écorce, paroissent sur la coupe trans- 
versale du tronc sous la forme de rayons. On nomme CaANaz 
MÉDULLAIRE (voyez ce mot), la cavité que remplit la moelle 
au centre de la tige; et étui médullaire, la rangée de vaisseaux , 
( trachées, fausses trachées, etc.) qui tapisse intérieurement 
la couche la plus centrale du boïs et entoure immédiate- 
ment la moelle. Les trachées qui se déroulent quand on 
brise une jeune branche, appartiennent à l’étui médullaire ; 
ces vaisseaux ne se rencontrent dans aucune autre partie de 
la tige des dicotylédones. ( Mass.) 

MEDUSA. (Bot.) Ce genre de Loureiro est po medu- 
sula par M. Persoon, et ce léger changement paroît conve- 


MED 568 
nable pour éviter le double emploi d’un nom dans deux 
régnes différens. (J.) | 

MÉDUSAIRES, Medusdriæ. (Actin.) Nous avons adopté, 
avec M. de Lamarck, cette dénomination, pour indiquer 
une famille de la classe des arachnodermaires, qui renferme 
la plus grande partie des animaux que Linnæus avoit com- 
pris davs son genre Medusa, en en retranchant les espèces 
qui ont des côtes ciliées, celles dont le corps est soutenu 
par un disque cartilagineux, et enfin celles qui sont flottantes 
dans l’eau à l’aide de vésicules aérifères ; c’est-a-dire, les 
beroës , les porpites, les velelles, ete. Cette famille corres- 
pond à celle que Péron et Lesueur nomment les méduses 
gélatineuses sans côtes ciliées; ce sont les méduses propre- 
ment dites de M. Goldfuss. M. G. Cuvier paroît encore, sous 
le même nom, confondre les béroës, etc., dans son ordre 
des acaléphes libres. 

Cesanimaux, extrêmement nombreux dans toutes les mers 
et surtout dans celles des pays chauds, ont été remarqués de 
tout temps par les peuples qui habitent les bords de la mer, 
et par tous les auteurs d'histoire naturelle, depuis Aristote 
jusqu’à nos jours, quoiqu'ils ne soient à peu prés d'aucune 
utilité à l'espèce humaine ; mais la singulière propriété dont 
plusieurs jouissent, d’être lumineux à un haut degré dans 
l’obseurité, et surtout celle de produire une sensation dou- 
loureuse, semblable à celle de l’urtication , quand on vient 
à en toucher quelques-uns, ont dû les faire cbserver de 
bonne heure : aussi tous les peuples maritimes ont-ils des 
dénominations particulières pour les désigner. Elles indi- 
quent cependant presque toujours l’une de ces deux pro- 
priétés, comme les mots knide, acaléphé, chez les Grecs ; 
urtica marina, chez les Latins, que nous avons traduits dans 
notre langue par ceux d’ortie marine. Quelques nations les 
appellent des chandelles de mer ; et enfin, en faisant l’obser- 
vation que ces animaux ont dans leur forme, ou mieux peut- 
être dans leurs mouvemens continuels de dilatation et de 
resserrement, quelque analogie avec les poumons, les médu- 
saires sont aussi désignées par des dénominations qui signifient 
poumons marins. Leur structure apparente leur a fait quel- 
quefois donner le nom de gelée de mer, 


199 MED 

Un trés-grand nombre d’auteurs, comme nous venons de 
le dire tout à l'heure, se sont occupés de cette famille d’ani- 
maux soui le rapport de leur distribution systématique, de 
leur organisation, ou de leur histoire naturelle proprement 
dite. Parmi les premiers il faut compter, outre Aristote 
et Pline, qui en ont dit assez peu de chose : chez les Italiens, 
Imperato, Columna, Spallanzani, Macri; parmi les Alle- 
mands, Suédois et Danois, Martens, O. Fabricius, Modeer, 
Forskal, Muller, Pallas, Linnæus, Gmelin, etc., et dans ces 
derniers temps, MM. de Chamisso, Eysenhardt; parmi les 
Anglois, Sloane, Browne, Borlaze; et enfin parmi les Fran- 
çais, MM. Bosc, de Lamarck, G. Cuvier, et surtout MM. Péron 
et Lesueur, qui avoient entrepris une monographie com- 
plète de toutes les véritables méduses, accompagnée d’ex- 
cellentes figures coloriées ; mais, quoique celles-ei soient en 
grande partie terminées, il n’a été publié de l’ouvrage qu’un 
prodrome de la classification, inséré dans les Annales du 
Muséum d'histoire naturelle, et quelques généralités, malheu- 
reusement bien vagues, sur les espèces du genre Équorée. 

Les personnes qui se sont occupées de l’organisation des 
médusaires sont beaucoup moins nombreuses. De Heyde est 
le premier: Muller, M. G. Cuvier ont ajouté quelque chose 
à ce que l’on savoit d'après cet auteur; mais les travaux 
de M. Gaëde , et ceux de M. Eysenhardt y ont ajouté davan- 
tage. J'ai aussi plusieurs fois fait l'anatomie de plusieurs 
méduses, mais sans en être complétement satisfait, 

Les auteurs qui ont parlé des mœurs des médusaires d’a- 
prés leurs propres observations, sont réellement aussi en 
petit nombre. Ce sont Réaumur, l'abbé Dicquemare, et 
surtout Macri et Spallanzani. 

Les médusaires ont une forme régulière , bien circulaire, 
hémisphérique, plus ou moins convexe en-dessus et concave 
en-dessous, avec un orifice simple, arrondi, médian, ordi- 
nairement fort grand, entouré ou non d’appendices de 
forme variable; la réunion, dans une plus ou moins grande 
partie de leur bord, de ces appendices buccaux, constitue 
un pédoncule commun, dont l’attache en croix divise l’ori- 
fice en quatre parties. 

On donne à la partie hémisphérique et principale du corps 


MED 391 


des médusaires la dénomination de chapeau ou d’ombrelle, à 
cause de sa ressemblance avec la partie qui porte ce nom 
dans les champignons. Les appendices buccaux qui entourent 
souvent la bouche, se nomment des bras. La partie com- 
posée par la réunion de ces bras a été désignée sous le nom 
de pédoncule. 

L’ombrelle, comme nous venons de le dire, toujours ré- 
guliérement circulaire, est quelquefois très- déprimée en- 
dessus comme en-dessous ; d’autres fois elle est subcylindrique 
par sà grande élévation; rarement elle est globuleuse ; enfin, 
le plus souvent, elle est à peu près hémisphérique. Ses bords, 
ou la ligne de jonction de la partie convexe avec la partie 
concave, sont quelquefois entiérement lisses, rarement rele- 
vés en angles peu saillans, ou sublobés ou tuberculeux; le 
plus souvent ils sont garnis de filamens tentaculaires plus ou 
moins alongés, auxquels on donne le nom de fentacules, On re- 
marque aussi dans un certain nombre d'espèces, dans diffé- 
rens points de la circonférence de l’ombrelle, des organes 
similaires, bien régulièrement espacés, dont on ignore l'usage 
et dont nous parlerons tout à l'heure ; on les désigne par la 
dénomination d’auricules. L’ouverture du milieu de la face 
concave est quelquefois trés-grande , ronde ou carrée ; elle 
est sessile ou bien à l'extrémité d’une espèce de prolonge- 
ment labial, en forme de trompe ou d’entonnoir plus ou 
moins alongé. Dans la circonférence de cette ouverture, ses- 
sile ou non, se rémarquent souvent des appendices ou bras 
assez souvent fort longs, en nombre fixe, et qui se divisent 
et se ramifient dans toute leur étendue ou à leur extrémité 
seulement : entre ces divisions se voient quelquefois des or- 
ganes que Pallas et Péron ont comparés aux cotylédons des 
végétaux, ce qui leur fait nommer ces bras cotiliféres. Ces 
appendices sont souvent attachés à la circonférence de la 
bouche sessile, et quelquefois plus ou moins haut sur la 
trompe, qui la prolonge ; mais il arrive aussi qu’ils se réunis- 
sent dans une partie plus ou moins considérable de leur 
étendue : il en résulte alors un pédoncule, quelquefois fort 
gros, qui semble partager la bouche en quatre parties. C’est 
la-dessus qu’est établie la division, proposée par Péron et Le- 
sueur, adoptée par M. de Lamarck, des médusaires en mo- 


592 MED 


nostomes et en polysiomes.: Le fait est qu'il n’y a toujours 
qu'une bouche , dans les unes comme dans les autres. 

Les médusaires, qui varient considérablement en grosseur, 
puisque , s’il en est de véritablement microscopiques, il en 
est aussi qui atteignent jusqu'a plusieurs pieds de diamètre! 
et qui pésent cinquante livres, sont les animaux qui offrent 
le moins de substance solide : ce n’est, pour ainsi dire, 
qu’une gelée plus ou moins consistante , parfaitement trans- 
parénte, qui, par suite de la perte de la vie, se résout com- 


plétement en une eau limpide salée, én ne laissant pour ré- 


sidu que quelques grains de pariies membraneuses également 
transparentes. Spallanzani, qui a fait cette expérience sur un 
individu pesant cinquante onces, n’a retiré que cinq à six 
‘grains de pellicules ; tout le reste s’est fondu en eau. Cette 
‘eau est aussi salée que celle de la mer, et en effet le même 
naturaliste a extrait par l’évaporation autant de sel marin 
de l’une que de l’autre. Aussi, en coupant l’animal vivant 
et en touchant la plaie avec la langue, éprouve-t-on la 
‘même sensation qu’en goûtant de l’eau de mer. En faisant 
bouillir un de ces animaux dans l’eau ordinaire, il ne s’est 
pas dissous, comme il l’eût fait dans l’eau froide; il s’est con- 
‘tracté en conservant exactement sa forme, et il est devenu 
“plus ferme, plus résistant. J’ai réussi aussi à faire durcir une 
méduse par l'alcool, au point qu’elle ressembloit à de la corne 
d'un brun noir; mais elle étoit devenue beaucoup plus pe- 
tite. D’après cela, l’eau qui constitue la pius grande partie 
de ces animaux, doit être contenue dans un tissu cellulaire 
d'une finesse et d’une mollesse extrêmes. 

Le tissu des médusaires n’est donc pas réellement homo- 
gène, quoiqu'il le paroisse. Leur peau ou enveloppe est ce- 
pendant d’une minceur extraordinaire , non distincte; ce 
n’est pour ainsi dire que la limite de leur tissu un peu con- 
densé. Observée au microscope, M. Gaëde a vu qu’elle est 
‘garnie de petits grains dont chacun paroît lui-même formé de 
grains plus petits. Seroit-ce la source de la matière visqueuse 
qui transsude de toutes les parties du corps, et que Péron 
dit avoir observée sur des individus mis dans de l’eau de 


1 Dicquemare en cite une de quatre pieds de diamètre. 


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MED 5 
mer assez fréquemment renouvelée pour qu'ils conservassent 
toute leur activité vitale, qui est tellement abondante, dit- 
il, que la trentième portion d’eau est aussi altérée que la 
première ? Cela n’est pas probable. On pourroit peut-être 
croire plutôt que c’est l’origine de la substance éminem- 
ment phosphorescente que Spallanzani a remarquée dans cer- 
tains endroits du corps des médusaires lumineuses, et qui 
jouit de propriétés différentes de celles de la liqueur qui 
sort d’une plaie. Celle-ci a le goût d’eau salée, et autre 
fait éprouver une sensation douloureuse , au point qu’en ayant 
touché avec la langue, Spallanzani ressentit une impression 
brûlante qui dura plus d’un jour. Une goutte lui étant par 
hasard tombée sur l’œil, la douleur fut encore plus cuisante. 
La qualité caustique de cette humeur n’est cependant pas tou- 
jours concordante avec la propriété phosphorescente, puis- 
qu'il est des espèces qui ne sont pas lumineuses et qui cepen- 
dant produisent les effets de l’urtication. 

Ordinairement les médusaires sont parfaitement incolores, 
et ressemblent au cristal de roche le plus pur et le plus trans- 
parent : il y en a cependant qui offrent des parties colorées 
en roussâtre, en beau bleu d'outre-mer, en verdâtre, et 
même à l’intérieur en très-beau violet ou pourpre. 

L'appareil des sensations des médusaires paroïît être borné 
à la peau. Le nom de tentacules qu’on a donné aux filamens 
plus ou moins alongés qui bordent Yombrelle, l’usage qu'on 
leur assigne, ainsi qu'aux appendices brachiaux dans certaines 
espèces, pourroient faire soupçonner que ces organes jouis- 
sent d’un toucher plus exquis; mais je ne trouve rien dans 
l’organisation de ces parties qui puisse confirmer cesoupçon, 
et je ne vois même pas qu'il soit certain que ces organes 
servent aux usages qu’on leur attribue. 

L'appareil de la locomotion se compose seulement d’une 
couche de très-petits muscles paralléles et disposés transver- 
salement dans toute la circonférence de l’ombrelle, dans 
l'étendue d’un demi-pouce environ de sa face supérieure. 
Spallanzani les indique très-bien, et je les ai vus moi-même. 
Je ne suis pas aussi certain des bandes, également muscu- 
laires, qu’il décrit comme provenant des bords de l'ou- 
verture inférieure, en se prolongeant le long des appen- 


394 MED 


dices buccaux qu’elles composent, quoique cela soit pro- 
bable. 5 

L'appareil de la digestion paroît consister, du moins dans 
le plus grand nombre des espèces de médusaires, et peut-être 
mieux chez toutes celles qui ont été suffisamment observées !, 
dans une cavité plus ou moins considérable , située à la face con- 
cave de l’ombrelle et creusée dans le tissu même de l'animal, 
sans qu’on puisse y distinguer de membrane, pas plus qu’on 
ne distingue de derme à l'extérieur. Cette cavité a le plus sou- 
vent une ouverture centrale, comme nous l'avons fait remar- 
quer plus haut, quelquefois à l'extrémité d’une sorte de trompe 
alongée , et quelquefois bordée seulement d’une lèvre circu- 
laire saillante. Nous avons déja dit comment il est possible 
que cet orifice soit partagé en quatre et même en un plus 
grand nombre de parties de forme sigmoïde, s’il étoit rond, 
par les racines du pédoncule, quand il existe; en sorte qu’il 
n’est pas juste de considérer chacune de ces parties comme 
autant de bouches, en suivant l’exemple de MM. Péron et 
Lesueur. Quelquefois cette loge centrale ou espèce d’esto- 
mac est indivise ; d’autres fois des cloisons plus ou moins in- 
complètes la partagent en quatre loges distinctes. Enfin, dans 
plusieurs espèces de médusaires on trouve que ces loges 
communiquent, par une ouverture supérieure, avec d’au- 
tres, sur un plan plus élevé ou supérieur, en nombre égal 
à celui des premières, et séparées par une cloison. C’est 
des premiers sacs que naissent des espèces de vaisseaux creu- 
sés, comme eux, dans le tissu même de l’animal, et qui, 
aprés s'être divisés, vont se réunir dans un canal circulaire 


: 
1 MM. Péron et Lesueur, dans leur division systématique des mé- 
dusaires, foni une division des espèces qu'ils nomment agastriques, 
parce qu’elles n’ont pas, suivant eux, d’estomac; et cependant ils dé- 
crivent un siaus où se rendent des ramifications vasculariformes, comme 
toutes les médusaires bien observées en montrent. N'est-ce pas là L’a- 
nalogue de l'estomac des médusaires gastriques? Observons d’ailleurs 
que les différens genres de ceite section n’ont été établis que sur des 
dessins et non sur les animaux eux-mêmes , et par conséquent ne 
méritent peut-être pas la même confiance que tous ceux que ces natu- 
ralistes ont faits depuis sur les médusaires qu’ils ont observées dans la 
Manche et dans la Méditerranée, et qui toutes sont gastriques. 


MED | 395 


qui occupe le bord de l’ombrelle, et dans lequel s’ouvrent 
des canaux semblables, qui règnent dans toute la longueur 
des tentacules. Dans certaines espèces, comme dans la me- 
dusa capillata, Linn., espèce de cyanée pour Péron et Le- 
sueur , il y a même plus de complication ; dans la cavité 
buccale s'ouvrent largement quatre premiers sacs communi- 
quant l’un avec l’autre. Chacun d’eux donne naissance à 
quatre appendices, deux oblongs et deux cordiformes, qui 
sont séparés entre eux par des cloisons. C’est dans l’intérieur 
de ceux-ci que s’ouvrent, sur trois rangées, les orifices 
des canaux qui régnent dans toute la longueur de ces tenta- 
cules fins et nombreux qui ont valu à cette espèce le nom 
de chevelue. Dans les espèces qui ont des bras ou un pédon- 
cule central plus ou moins ramifié, l’intérieur de ces or- 
ganes est également creux et leur canal communique avec 
la cavité centrale, Réaumur avoit même vu depuis long- 
temps que, dans le rhizostome de M. G. Cuvier, l'origine He. 
ramifications de ces canaux est percée d’un pore à l’exté- 
rieur, ce qui à fait supposer à ce dernier que ces animaux 
n’ont pas une bouche unique, mais un trés-grand nombre 
de suçoirs à l’extrémité des ramifications du pédoncule qui 
puisent le fluide nourricier dans l’eau, comme les racines 
des plantes le font dans la terre. 

. Les ramifications vasculaires de l’estomac des médusaires, 
qui forment souvent un réseau trés-fin dans les bords de l’om- 
brelle, et la place de ces animaux dans la série, ne permet- 
tent pas de penser qu’ils possédent aucun organe spécial de 
respiration et de circulation. Quelques auteurs ont cepen- 
dant regardé, mais à tort, comme des espèces de branchies 
des organes plissés, qu’il nous reste à décrire, parce qu'ils 
appartiennent à l'appareil de la génération. 

Surla eloison qui sépare les premiers sacs stomachiques des 
seconds dans la M. aurita, et dans les premiers de ces sacs 
dans la M. capillata, M. Gaëde a remarqué une membrane 
plissée, à laquelle est attaché un cordon de vaisseaux courts 
en forme de cœcum, et qui se meuvent comme les tenta- 
cules, même quand ils ont été détachés du corps. Ce sont 
indubitablement les ovaires, que l’on voit former une croix 
au milieu du dos de l’ombrelle, à cause de leur coloration 


396 MED 


souvent différente du reste, puisqie M. Gaëde y a parfai- 
tement vu des œufs ou mieux des gemmules nageant dans 
un fluide. Quand ils s’en sont détachés, il paroit qu'ils tom- 
bent dans les canaux dés bras, qui servent alors d'organes 
de dépôt; car on n’en voit jamais à la fois dans les ovaires 
et dans ces organes. 

Muller, qui cependant a aussi étudié l’organisation des 
médusaires, regardoit comme produisant des excrémens ces 
petits organes que nous avons désignés plus haut sous le nom 
d’auricules, et qui se trouvent dans le bord de l’ombrelle 
d’un assez grand nombre d’espéces : à l'œil nu ces organes, 
dans la M. aurita, ont paru à M. Gaëde comme de petits 
points blanchâtres; mais, sous le microscope, il a vu que 
chacun d’eux est formé par un petit corps creux qui porte 
à son extrémité libre une foule de corpuscules tous plus ou 
moins hexagones. 11 avoue n’en pas connoître l'usage. 

On n’a jamais vu de traces de système nerveux dans les 
animaux de cet ordre, et il n’est pas probable qu'il ÿ en 
existe. ( 

Si, aprés l’organisation des médusaires, nous en étudions 
les fonctions, nous allons encore trouver plusieurs choses 
assez remarquables. | 

Leur sensibilité générale paroît être bien obtuse ; et peut- 
être en est-il de même de la sensibilité spéciale des ten- 
tacules marginaux et buccaux, dont la force de contractilité 
paroit cependant être très-grande : aussi les médusaires ne 
semblent pas sentir la main qui les saisit. 

Leur locomotion, qui est fort lente et qui dénote un assez 
foible degré d'énergie musculaire, paroît, au contraire, 
m’avoir pas de cesse, puisque, étant d’une pesanteur spéci- 
fique plus considérable que l’eau dans laquelle ils sont im- 
mergés, ces animaux, si mous qu'il n’est pas probable qu'ils 
puissent se reposer sur un sol solide , ont besoin d’agir 
constamment pour se soutenir dans le fluide qu'ils habitent : 
aussi sont-ils dans un mouvement continuel de systole et de 
diastole. Spallanzani, qui les a observés avec soin dans leurs 
mouvemens, dit que ceux de translation sont exécutés par 
le rapprochement des bords de l’ombrelle, de maniere à ce 
que son diamètre diminue d’une maniére sensible : par la, 


MED |. 397 
une certaine quantité d'eau contenue dans les estomacs et 
dans la cavité ombrellaire est chassée avec plus ou moins 
de force, et le corps est projeté en sens inverse; revenu 
par la cessation de la force musculaire à son premier état 
de développement, il se contracte de nouveau, et fait un 
nouveau pas. Si le corps est perpendiculaire à l'horizon, 
cette succession de contraction et de dilatation le fait mon- 
ter; s’il est plus ou moins oblique, il avance plus ou moins 
horizontalement. Pour descendre, il suffit à l’animal de ces- 
ser ses mouvemens ; sa pesanteur seule l’entraine : jamais 
il ne se retourne, la convexité de l’ombrelle en bas. Les 


_tentacules ni les bras ne paroiïssent pas servir dans ces mou- 


vemens de translation; du moins ceux-ci, d’aprés Spallan- 
zani, sont toujours étendus en suivant le corps. Des expé- 
riences ingénieuses, rapportées par cet observateur, prou- 
vent que ce sont les seuls muscles de la zone marginale de 
l’ombrelle qui la font contracter en totalité, puisqu’en les 
enlevant le reste de l’ombrelle n'éprouve aucun change- 
ment, tandis que la zone enlevée continue ses mouvemens 
de systole et de diastole. Malgré cette action presque con- 
tinuelle de la faculté locomotrice, les médusaires m'ont paru 
ne pouvoir vaincre le plus petit courant et être entraînées 
avec lui. 

D'apres tous les observateurs, les médusaires se nourrissent 
de petits animaux, de mollusques, de vers, de crustacés et 
même de poissons, qu’elles attirent vers leur bouche à 
l’aide des appendices dont elle est armée. Spallanzani l’a 
supposé, parce qu'il a vu un petit poisson qui étoit collé à 
l’un des appendices d’un individu qu’il venoit de saisir. M. 
Gaëde dit positivement avoir trouvé, dans l’estomac des mé- 
duses qu’il a disséquées, de petits poissons et des néréïdes. 
MM. de Chamisso et Eysenhardt , dans leurs Mémoires sur 
ces animaux, insérés dans le tome 9 des actes de la Société 
des curieux de la nature, disent encore plus, puisqu'ils as- 
surent avoir trouvé plusieurs fois dans les ventricules des 
têtes et des restes de poissons comme digérés. M. Bosc, qui a vu 
un grand nombre de ces animaux, MM. Péron et Lesueur, 
qui ont pu en observer encore bien davantage, sont de 
cette opinion, ainsi que Dicquemare et Othon Fabricius. 


598 MED 

J'ai moi-même aussi trouvé quelquefois dé petits poissons 
dans des équorées et même dans des rhizostomes. Mais ces 
petits animaux avoient-ils été saisis par ces méduses pour 
‘ leur servir de nourriture, ou ne s’y trouvoient-ils que par 
accident? Cette derniére opinion est celle de M. Cuvier, 
du moins pour les rhizostomes, qui lui paroissent puiser 
leur nourriture par des espèces de suçoirs, comme nous 
l'avons dit plus haut. 

On ignore jusqu'ici et probablement l'on ignorera toujours 
la durée de la vie des médusaires, ainsi que l’histoire de leur 
développement. IL est probable qu’elles sont rejetées par 
teur mère à l’état parfait et ne différant d’elle qu’en gros- 
seur. On sait qu’elles sont plus grosses au printemps et dans 
l'été, c’est-a-dire, à l’époque où leurs ovaires sont gonflés 
par les œufs qu’ils contiennent, et que dans les autres par- 
ties de l’année elles sont plus petites; on sait aussi que les 
appendices acquièrent avec l’âge un développement et une 
complication qu'ils n’avoient pas d’abord. 

On trouve des espèces de cette famille d'animaux dans 
toutes les mers des pays froids, comme dans celles des pays 
chauds, et surtout dans la haute mer. Chacune, d'apres les 
observations de MM. Péron et Lesueur, paroît être confinée 
a des parties déterminées du globe, où les individus sont 
réunis en troupe innombrable et forment quelquefois plu- 
sieurs lieues carrées d’étendue. Si elles paroissent et dispa- 
roissent parfois dans le même pays à des époques déterminées, 
cela dépend sans doute des vents et des courans réglés qui les 
emportent et les raménent. Elles sont quelquefois jetées en 
grande quantité sur les bords de nos côtes, où on a cherché à 
en tirer parti. On a essayé, mais sans beaucoup de succés, à 
eu extraire de l’ammoniaque. On s’en sert plus ue UE 7 
ment comme amendement sur les terres arables. 

Toutes les médusaires, à l’état de mort et de putréfaction, 
paroissent être phosphorescentes; mais 1l n’y en à qu'un 
petit nombre qui le soit à l’état vivant. Nous devons à Spal- 


lanzani un grand nombre d'expériences curieuses sur ce 


sujet. Il a d’abord cherché quelles sont les parties qui jouis- 
sent le plus de cette singuliére propriété, et il a vu que 
é’étoient, 1.° les grands tentacules ou bras, 2.° la zone muscu- 


MED 799 
laire de l’ombrelle, et 3.° la cavité stomachale : le reste de 
lombrelle ne brille que par la lumiére transmise. IL s’est 
ensuite occupé de voir à quoi est due la phosphorescence, et 
il s’est assuré que c’est à une humeur gluante particulière 
qui sort de la surface des trois parties que je viens de citer. 
Cette humeur, comme nous l’avons dit plus haut, est tout- 
à-fait différente de celle qui sort du corps, et même de ces 
parties quand on les coupe : elle est trés-corrosive, et son 
application sur la peau et surtout sur la langue, la conjonc- 
tive, occasionne une vive douleur; exprimée dans différens 
liquides, comme dans l’eau salée, mais surtout dans l’eau 
_ douce, l'urine et le lait, elle leur communique une lumière 
phosphorique. Une seule méduse, exprimée dans vingt-sept 
onces de lait de vache, le rendit si resplendissant, qu’on pou- 
voit lire les caractères d’une lettre à trois pieds de distance ; 
au bout d’onze heures il conservoit encore quelque lumiére. 
Quand il l’eut perdue tout-à-fait, on la lui rendit en l’agi- 
tant, et enfin, lorsque ce moyen ne produisit plus d'effet, 
l’on en obtint encore par la chaleur, en ayant soin qu’elle ne 
fût pas trop forte. La méduse morte jouit aussi encore assez 
long-temps de la propriété phosphorescente, surtout si on 
vient à verser dessus de l’eau douce, même quelque temps 
aprés qu’elle ne luit plus. Sur l'animal vivant elle est plus 
forte dans le mouvement de contraction que dans celui de 
dilatation , ce qui se conçoit, puisque c’est la partie éminem- 
ment contractile qui exhale l’humeur phosphorique. La lu- 
mière peut être suspendue pendant plus d’une demi-heure, 
ce qui dépend de la cessation des oscillations, et cependant 
la phosphorescence persiste, quoiqu’àa un degré beaucoup 
moins intense, dans l'animal mort, jusqu’à la putréfaction. On 
accroît la phosphorescence, en donnant une commotion aux 
parties de l’animal, ou même en lui faisant sentir le frot- 
tement de la main. Quand il est vivant, il communique au 
fluide dans lequel il est plongé, sa propriété phosphorique, 
mais moitié plus si c’est de l’eau douce que si c’est de l’eau 
- salée. 

Un certain nombre de ces animaux jouissent d’une autre 
propriété plus nuisible, c’est celle de produire une douleur 
très - vive quand ils touchent une partie de notre peau, ce 


400 ME D 


qui leur a valu le nom d’ortie de mer. Jusqu'ici, quoique j'aie 
touché un assez grand nombre de méduses, je n'ai pas encore 
éprouvé cet effet; mais Dicquemare, qui a fait des expé- 
riences à Ce sujet sur lui-même avec la cyanée bleue, en 
rapporte les effets en ces termes : « La douleur est à peu 


prés semblable à celle qu’on ressent en heurtant une plante 


d’ortie; mais elle est plus forte, et dure environ une demi- . 


heure. Ce sont dans les derniers momens comme des pi- 
qûres réitérées et plus foibles. Il paroît une rougeur consi- 
dérable dans toute la partie de la peau qui a été touchée, et 
des élévations de même couleur, qui ont un point blanc dans 
le milieu. Au bout de quelques jours, apres que la douleur 
est passée, la chaleur du lit fait reparoître les élevures de 
la peau.> Cet effet paroît être dû à une humeur caustique 
qui sort de la peau de la méduse. Est-elle différente de celle 
que produit la phosphorescence ? cela est probable, puisque, 
comme nous l'avons dit plus haut, l’espèce observée par 
Spallanzani , qui étoit éminemment phosphorescente , ne 
produisoit aucun effet d’urtication. Les espèces qui. jouissent 
de cette propriété à l’état vivant, l’ont aussi dans l’état de 
mort. Certaines autres ont un effet d’urtication si peu in- 
tense, qu'il ne devient sensible que sur les parties de la 
peau tres-molles, comme la conjonctive, ou attendries par 
un long séjour dans l’eau, et surtout dénudées. 

Quoique les médusaires paroissent n'être composées que 
d’une grande quantité d’eau de mer, elles se putréfient avec 
une très-grande facilité et exhalent alors une odeur très- 
désagréable. Pendant la vie même elles en répandent une 
qui tient un peu de celle du poisson : elle est forte, péné- 
trante, et devient insupportable dans un lieu fermé, sur- 
tout quand elles meurent et se dissolvent. 

On a essayé de voir si les méduses étoient susceptibles de 
reproduire les portions qu’on leur avoit enlevées ; mais ül 
paroît que non. On en irouve souvent qui continuent de 
vivre, quoiqu’elles aient été plus ou moins mutilées; et M. 
Gaëde, qui a fait des expériences à ce sujet, dit que l’ani- 
mal ne paroïît pas être affecté par la perte de plusieurs des 
grandes parties de son corps, et, bien plus, que si l’on coupe 
une méduse en plusieurs morceaux, ceux qui n’ont qu'un 
seul estomac continuent de vivre. ; 


MED 40ù 


Aucune médusaire, comme nous l'avons dit plus haut, ne 
paroît servir à la nourriture de l’homme. Il paroit qu’il n’en 
est pas de même pour plusieurs animaux : ainsi les actinies 
les saisissent au passage et les entraînent peu à peu dans 
leur estomac. Les baleines en détruisent aussi une immense 
quantité ; mais il paroit que ce sont des espèces ou des in- 
dividus d’une extrême petitesse, dont sont remplies les eaux 
de la mer qu’'habitent ces grands animaux, et qu’elles y sont 
avec beaucoup d’autres animaux de types différens , mais 
également presque microscopiques. 

Le nombre des espèces de ce groupe est assez considérable 
pour au’on ait eu besoin d’une méthode propre à les faire 
 reconnoître aisément. Avant le travail de MM. Péron et Le- 
sueur elles étoient réparties presque sans ordre sous le nom 
de méduse. La classification des médusaires, donnée dans ce 
travail, est la plus complète qui ait paru jusqu'ici; nous 
avons cru devoir la suivre dans ce Dictionnaire, quoique 
nous doutions beaucoup, comme nous lavons dit plus haut, 
qu'il y ait des méduses sans estomac et des espèces avec 
plusieurs bouches. M. Ocken l’a égalemént suivie ; M. de La- 
marck a fait de même, mais il a réduit le nombre des genres 
a moitié. M. G. Cuvier a aussi pris pour base de sa subdivi- 
sion des méduses le travail de Péron ; maïs ii l’a un peu mo- 
difié. Enfin, MM. Schbweïger, Goldfuss, Eysenhardt ont fait 
à peu près la même chose. 

Nous passerons sous silence les deux premières divisions 
que MM. Péron et Lesueur établissent dans leur famille des 
méduses; savoir: les méduses en parties membraneuses, ou 
les porpites, les physales, et même les méduses entiérement 
gélatineuses avec des côtes ciliées, c’est-a-dire , les béroës, 
qui ne sont ni les unes ni les autres de véritables médusaires 
pour nous; et nous ne parlerons que de celles-ci. En con- 
sidérant l’existence évidente ou l’absence apparente de l’es- 
tomac , il en résulte la première division en Méduses agastri- 
ques et Méduses gastriques, qui sont de beaucoup plus nom- 
breuses, et qui, à cause de cela, sont divisées en monos/omes 
et en polystomes, suivant que l'ouverture inférieure de l’om- 
brelle est simple, inédiane ou divisée en plusieurs parties 
latérales par les racines du pédoncule. Les espèces de ces 

29e 2 


402 MED 

différentes sections peuvent être pourvues de ce pédoncule 
ou ne l'être pas, cé qui les divisera en médusaires pédoncu- 
lées et en médusaires non pédonculées. Le pédoncule, à son 
tour, peut être partagé ou non en lanières ou bras, d’où 
résulte une autre division des médusaires brachidées et des 
médusaires non brachidées. Enfin, en considérant que les 
bords de l’ombrelle peuvent être pourvues ou non de ten- 
tacules, on obtient une division dichotomique, en médusaires 
tentaculées et en médusaires non tentaculées. Pour être plus 
court et pour en faciliter l'intelligence, nous allons donner 
cette distribution Systématique sous forme de tableau, en 


renvoyant pour les genres et pour les espèces aux noms de 
ceux - la. 


A ç non non tentaculées. Eurore. 
| pédonculées ; |tentaculées..:.. Bérénice. 
: OryTutres. 
ACASTRIQUES. « « » ; non tentaculées. 
pédonculées ; Favonre. 
k LYymNoRÉE. 
| tentaculées..... Ë 
GÉRYoNIE. 
| CarYzDÉE. 
non ten- P 
taculées. ROCHE 
non L 
non te he EuLiIMÈNE. 
édon- PAR Da ee 
P GA dées ; LÉ EQUORÉE. 
culées; acu ù 
ee Fovéozte. 
. Pécasie. 
nn Moxo- DAT : Ù 
HA ue brachidées; tentacul. Carr1RnoË, 
[se +: HE 
FT non ten- |! MÉLITÉE. 
ms ke s iaculées. | Évacore. 
= pédonculées ; bra- L 
j RA OcÉANTrE. 
A chidées ; À F 
-E tentacu- | PÉLaGiE. 
= GASTRI- | lées. AGLAURE. 
QUES : N MÉLICERTE. 
ÿ _(EurvaLes. 
hou bra- non qe ë 
MPa chidées ; 1 taculees. PHŸRE. 
pédon- tentacul. OBÉzre. 
culées ; ten- | OcYRoË. 
°9 | brachi- | "0 | 
Pozy- décs; taculées. | CassiOPEE. 
STOMES : tentacul. AURELLIE. 


pedonculées; bra- 


taculées. RHYZOSTOME. 
chidées ; 


tentacu- a à 


je ten- | CÉPRÉE. 


lées. Rs 


MED 403 

Voyez Ori ne mer et Poumons pE mer, dans le cas où de 
nouveaux travaux auroient été faits sur cette famille. (DE B.) 

MÉDUSE, Medusa. ( Actinoz.) Ce nom à été appliqué par 
Linnæus aux animaux dont on fait assez généralement une 
famille sous la dénomination de Mépusaires, parce que leur 
forme , et surtout les tentacules souvent assez longs qui l’en- 
tourent ou la terminent, leur donne quelque ressemblance 
avec la tête de Méduse des mythologues grecs et romains. 
Pour les détails d'organisation, de mœurs et de distribution 
systématique, voyez Mépusaires. (De B.) 

MEDUSE, Medusa. ( Bot.) Genre de plantes dicotylédones, 
_à fleurs complètes, polypétalées, de la monadelphie pentandrie 
de Linnæus; offrant pour caractère essentiel : Un calice 
persistant à cinq folioles; cinq pétales; cinq filamens réunis 
en tube à la base; les anthéres pendantes ; un ovaire supé- 
rieur; unstyle; un stigmate simple; une capsule hérissée, 
uniloculaire, à trois valves ; six semences. 

Mépouse nérissée : Medusa anguifera, Lour., Flor. Cochinc., 
2, pag. 4095 ; Medusula anguifera , Pers. , Synops., 2, pag. 215. 
Arbre de la Cochinchine, d’une médiocre grandeur, dont 
les rameaux sont ascendans, garnis de feuilles alternes, ovales, 
alongées, acuminées, glabres à leurs deux faces, dentées en 
scie; les fleurs sont rouges, disposées én grappes trés-peu 
garnies ; leur calice pileux, à cinq folioles ovales, étalées, 
courbées en dedans; une corolle composée de cinq pétales 
ovales, alongés, courbés en dedans, puis réfléchis à leur 
sommet; les filamens réunis en un tube de la longueur de 
la corolle; les anthéres pendantes; l'ovaire arrondi; le style 
garni de poils, de la longueur des étamines. Le fruit est une 
capsule ovale, uniloculaire , à trois lobes, à trois valves, cou- 
verte d’un grand nombre de poils flexueux, trés-longs, ren- 
fermant six semences arrondies. (Porn.) 

MEDUSULA. ( Bot.) Pers., Synops. Voyez Mépuse. (Porr.) 

MEDUSULA. (Bot.) Champignon solide, globuleux, sti- 
pité, ayant des conceptacles externes filiformes, flexibles 
et qui se résolvent en eau. L'espèce qui constitue ce genre, 
est le M. labyrinthica, Tode , Fung. Meckl., p. 17, pl 3, fig. 
28. Il est voisin du genre Dematium et des autres genres faits 
à ses dépens. (LEm.) 


404 MEE 

MEEAREI. (Ichthyol.) Un .des noms locaux du paille- 
en-cul, frichiurus lepturus de Linnæus. Voyez Ceinture. ( H.C.) 

MEEREL. (Ornith.) Nom flamand du merle commun, 
turdus merula , Linn. (Cx. D.) 

MEERKAKA. (Bot.) Voyez Horekrex. (J.) 

MEER - MAID. (Mamm.) Barbot donne ce nom à un ani- 
mal voisin du lamantin. (F. C.) 

MEER-OTTER. (Mamm.) Nom allemand qui signifie 
loutre de mer, et qu'on donne en effet à la loutre marine. 
Voyez Lourre. (F. C.) 

MEER -ROS. (Mamm.) Un des noms allemands du Morse. 
(FE. Gi) 

MEERSCHWALBE. (Ornith.) Ce nom désigne, en alle- 
mand, les hirondelles de mer ou sternes, sterna, Linn. 
(Ce. D.) 

MEERSCHWEIN. (Mamm.) None allo qui signifie 
cochon de mer, et que l’on donne aux espèces du genre 
Dauphin. (EF. C.) 

MEER-SCHW EINLEIN. (Mann. ) Un des noms du cochon 
d'Inde dans quelques langues germaniques; il signifie pro- 
prement petil cochon de mer. (F. C.) 

MEERU, (Bot.) Nom brésilien du balisier, canna indica, 
cité par Pison. C’est le katu-bala du Malabar. (J.) | 

MEERWOLF. (Mamm.) Ce nom allemand, qui signifie 
Lour mMariN, a été donné à l’hyène par Belon. ( Des.) 

MEESIA. (Bot.) Ce nom a été donné d’une part à une 
mousse, par Hedwig; de l’autre, à une plante ochnacée, par 
Gærtner. Le genre de He est confondu par Din 
avec son amblycdum ; par M. Kunth, avec le bryum. Celui de 
Gærtner, adopté par M. de Lamarck, a été nommé Walkera 
par Schreber, par Willdenow et par M. De Candolle. Si. le 
genre de Hedwig doit être supprimé, il paroîtra naturel.de 
conserver à celui de Gærtner le nom qu'il lui a donné le 
premier. Voyez Mésier. (J.) 

MEESIA. (Bot.) Genre d'Hedwig, de ia famille des mousses, 
qui est déjà décrit dans ce Dictionnaire à l’article Amprvont. 
Nous ajouterons ici quelques lignes pour compléter l’histoire 
de ce genre. Nous ferons observer qu'il ne doit pas être 
confondu avec le Meesia de Gærtner, lequel n'appartient 


MEG 405 


pas à la classe des plantes cryptogames, et dont le nom a 
‘été changé avec raison par. Schreber en celui de Walkera. 
Le Wicesia longiseta, Hedvwv.( Amblyodum longisetum, Pal. B.), 
n’est plus rangé dans le genre Meesia. Weber et Mohr, et 
puis Voit et Bridel, en ont fait leur genre Diplocomium, sur 
la considération que les cils du péristome interne sont au 
nombre de seize, rapprochés par paires, et non réunis par 
une membrane réticulée, comme on l’observe dans le genre 
Meesia. (LEm.) | 

MEEUWE. (Ornith.) Nom hollandois de la mouette d'hi- 
ver, larus hibernus, Gmel., lequel paroït n'être qu'un jeune 
du larus canus, id. (Cu. D.) 

MÉGACARPÉE, Megacarpæa. (Bot.) Genre de plantes di- 
cotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, réguliéres, de 
la famille des crucifères, de la tétradynamie siliculeuse; offrant 
pour cäractère essentiel : Un calice à quatre folioles, point 
gibbeux à sa base; quatre pétales entiers ; six, étamines té- 
tradynames, sans dents; point de style ; un stigmate sessile, 
presque bilobé, en disque; une silicule sessile, à deux dis- 
ques, échancrée à ses deux extrémités, à deux loges très- 
comprimées, entourées d’un rebord aïlé, soudé avec l'axe 
par son côté intérieur ; dans chaque loge une semence so- 
litaire, orbiculaire, comprimée. 

MécacarPée LACINIÉE; Megacarpæa laciniata, Dec., Syst. 
veg., 2, pag. 417. Sa racine est épaisse, cylindrique, de la 
grosseur du doigt. Elle produit une tige droite, herbacée, 
haute de quatre à six pouces, glabre, cylindrique ; les feuilles 
radicales et les inférieures pétiolées, velues, presque aïlées ; 
les lobes étroits, pinnatifides ou dentés, aigus ; les fleurs 
petites, disposées en grappes paniculées, accompagnées à 
leur base de feuilles sessiles, petites, multifides, pileuses ; 
les pédicelles filiformes, dépourvus de bractées; les folioles 
du. calice égales ; les pétales à peine plus longs que les ca- 
lices ; la silicule grande, large d’un pouce, couronnée par 
un stigmate sessile, presque discoïde ; les lobes plans, très- 
comprimés, entourés d’un large rebord ; le cordon ombilical 
long, un peu tomenteux ; la semence en cœur, orbiculaire, 
comprimée. Cette plante croît dans la Sibérie. (Porn.) 

MÉGACÉPHALE, Megacephala. (Entom.) M. Latreille a 


406 MEG 


décrit sous ce nom de genre quelques espèces de coléop- 
tères créophages, qui ne différent dés cicindèles que par le 
prolongement de leurs palpes postérieurs ou labiaux : il y 
rapporte les espèces nommées par les auteurs mégalocéphale 
de Caroline, de Virginie, sépulcrale, équinoxiale, etc. Voyez 
Cicxpèce. (C. D.) 

MÉGACHILE. (Entom.) Ce nom, qui signifie longue lèvre, 
a été employé par M. latreille pour indiquer un genre d'in- 
sectes hyménoptères, de la famille des mellites, correspon- 
dant à celui des anfthophores de Fabricius : telle est en parti- 
culier l'espèce d’abeille coupeuse de feuilles que nous avons 
fait figurer, planche 29, n.° 3, sous le nom de phyllotome 
empileur. (C. D.) 

MÉGADERME. ( Mamm.) Nom formé de deux mots grecs, 
et qui signifie grande peau, peau étendue : il a été appliqué 
par M. Geoffroy à un genre de Chéiroptères ou Chauve-souris, 
dont les especes sont en effet remarquables par un singulier 
développement de la peau au-dessus des narines, qui pré- 
sente des appendices de formes diverses, lesquelles ont fait 
donner à ces espèces les noms de lyre, de feuille, etc. 

Lorsque M. Geoffroy a établi ce genre, on n’en connoissoit 
qu’une espèce, que Linnæus avoit réunie à ses autres vesper- 
tilions. On sait en effet que la famille des chéiropteres, di- 
visée aujourd'hui en 15 ou 16 genres, ne formoit pour Linnæus 
qu'un seul groupe générique : et quoique le nombre des 
espèces se soit considérablement accru , 1l est à présumer que 
leur connoissance n’auroit point changé les vuesde cetillustre 
naturaliste, puisqu'il tiroit le caractère distinctif de ce groupe 
de la structure des membres antérieurs disposés pour le vol, 
caracteres propres à tous les chéiroptères ; et Gmelin auroit 
sans doute confondu les mégadermes avec ses Vespertihio lep- 
Eurus et ferrum equinum, qui constituent le septième groupe 
qu’il a formé de ces animaux , les uns comme les autres 
ayant pour caractères des intermaxillaires tout-à-fait dé- 
pourvus d’incisives, et quatre de ces dents aux maxillaires 
inférieurs. Chez les mégadermes les intermaxillaires sont car- 
tilagineux , et les incisives inférieures, suivant M. Geoffroy , 
se trouvent uniformément placées à côté l’une de l’autre sur 
la même ligne et dentelées sur leur tranchant; les canines, 


MEG 407 


semblabies à celles de tous les chéiroptéres, sont fortes et 
crochues; leurs fausses molaires sont au nombre de six, deux 
normales à la mâchoire supérieure, et à la sus infé- 
rieure deux normales et deux anomales; et leurs molaires 
sont au nombre de six, à l’une et à l'autre mâchoire. Leurs 
yeux sont petits et ne présentent rien de particulier, et il en 
est de mème de leur langue douce. Les organes qui rendent 
surtout ces animaux remarquables, sont les oreilles et le nez. 
La conque externe des premiéres est d’une grandeur exces- 
sive, comparativement à la taille de l'animal. Celle d’un côté 
est réunie à celle de l’autre par son bord antérieur, et 
l'entrée du canal auditif est garnie en avant d’un oreillon 
_ formé de deux lobes : l’un externe, long et pointu; l’autre, 
interne, plus court et arrondi. Les narines sont environnées 
et immédiatement surmontées d’un appendice charnu, ou 
plutôt tégumentaire, de forme différente pour chaque es- 
pèce, mais qui chez, toutes se compose essentiellement de 
trois parties : l’une verticale, une autre horizontale, et la 
troisième en fer à cheval. Ces organes, particuliers aux mé- 
gadermes, aux rhinolophes et aux phillostomes, et qui ont 
déterminé la formation des genres qu'ils constituent , ne 
sont point encore connus, quant à leur utilité pour l’animal, 
à l’usage qu'il en fait, et à leurs rapports avec les autres par- 
ties de l’organisation. C’est un genre de recherches nouveau, 
qui donnera les moyens d'apprécier la valeur de ces organes 
comme caractères zoologiques, et d'établir sur un fondement 
réel les groupes génériques dont ils forment l'essence. 

Les erganes du mouvement se distinguent par l’ahsence de 
la queue et par des ailes très-étendues. Le troisième doigt 
des membres antérieurs manque de phalenge onguéale. Ce qui 
fait aisément distinguer les mégadermes des phillostomes et des 
rhinolophes, c’est qu'ils n’ont pas, comme les premiers, une 
langue divisée par un sillon profond et couverte de verrues 
qui paroissent les rendre propres à sucer; et que, différens 
des seconds, ilssont dépourvus d’une queue, etontdesoreillons. 

Les espèces de ce genre connues jusqu’à ce jour ne se trou- 
vent qu’en Afrique et aux Indes, et rien ne nous a été Tap- 
porté sur leur genre de vie, sur le rôle qu’elles ont à jouer 
dans l’économie générale de la nature. 


408 MEG 


Nous tirerons les caractères de ces espèces des descriptions 
qu’en a données M. Geoffroy , et qui se trouvent dans le XV. 
tome des Annales 4u Muséum d'histoire naturelle, page 187. 

Le MécaDerMe LYRE; Megaderma lyra, Geoff. Longueur du 
corps, 8 centimètres; de la tête, 3; de la feuille, en hauteur 1, 
en largeur 0,8 ; de l'aile, 34; de la membrane interfémorale, 
4 ; des osselets du tarse, 1. 

Cette espèce a été envoyée de la Hollande à M. Geoffroy, 
qui pense qu’elle venoit des Indes orientales. 

Le bourrelet de la feuille nasale est assez saïllant : cette 
feuille est coupée carrément à son extrémité libre : mais dans 
son état plisse ordinaire elle présente trois pointes, une 
moyenne pius longue que les deux autres, qui sont d’égale 
longueur. Les lobes latéraux sé continuent sans interruption 
avec le fer à cheval, c’est-a-dire, cette arête demi-circulaire 
qui est située au-devant des narines. Enfin vient la lame qui 
recouvre la base du cône: elle est concentrique au fer à 
cheval et tire son origine de la racine du bourrelet ; adhé- 
rente sur toute sa ligne moyenne aux cartilages qui forment 
la cloison dés narines, elle devient en quelque sorte pour 
celle-ci deux auricules dont les ouvertures sont latérales. 
Cette lame est de moïtié moins grande que la feuille propre- 
ment dite, Les oreilles réunies, mesurées transversalement, 
ont cinq centimètres ; leur partie libre forme la moitié de 
leur longueur. L’oreillon est formé de deux lobes : l’interne 
petit, terminé circulairement; externe, tres-grand , terminé 
en pointe. La membrane interfémorale est soutenue dans le 
vol par trois tendons qui partent du coccyx, les deux externes 
allant obliquement ‘aux tarses, et celui du milieu suivant 
directement la ligne moyenne. | 

Le pelage du mégaderme lyre est roux en-dessus et fauve 
en-dessous. 

Le MécanermMe FEUILLE ; Megaderma frons, Daubenton, Aca- 
démie des sciences, 1759. 

Voici ce que ce célébre naturaliste dit de cet animal : 

« Elle (la feuille) a sur le bout du museau une membrane 
ovale posée verticalement, qui ressemble à une feuille : cette 
membrane a huit lignes de longueur sur six de largeur ; elle 
est trés-grande a proportion de l'animal, qui n’a que deux 


MEG #0ù 
pouces un quart de longueur depuis le bout du museau jus- 
qu'à l'anus. Les oreilles sont près de deux fois aussi grandes 
que la membrane : aussi se touchent-elles l’une l’autre depuis 
leur origine par la moitié de la longueur de leur bord interne; 
elles ont un oreillon qui a la moitié de leur longueur, et qui 
est fort étroit et pointu par le bout. Le poil est d’une belle 
couleur cendrée, avec quelque teinte de Jaunàtre peu appa- 
rent? 

Ce mégaderme venoit du Sénégal, où Adanson l’avoit dé- 
couvert. 

Le Mécanenme TRÈFLE; Megaderma frifolium, Geoïf. 

Cette espèce, qui n’est connue de M. Geoffroy que par une 
peau desséchée, rapportée de Java par M. Leschenault, se rap- 
proche beaucoup du M. lyra. Sa feuille nasale diffère cepen- 
dant de celle de cette première espèce, en ce qu’au lieu d’être 
coupée carrément, elle conserve une forme ovale et pointue; 
de plus, la foilicuie d’en-bas est beaucoup plus grande, et la 
feuille plus petite ; et, enfin, la crête en fer à cheval présente 
aussi plus de largeur dans son contour. l’orcillon, bien 
qu’un peu déformé dans l'individu qu’il avoit sous les yeux, 
a’paru présenter à M. Geoffroy un bon caractère spécifique, 
en ce qu'il n’est pas seulement fourchu comme celui de la 
lyre , mais bien formé de trois branches, celie du centre 
étant la plus longue. Les oreilles sont aussi plus profondé- 
menñt fendues , n'étant réunies qu’au tiers de leur longueur. 
Enfin les osselets du tarse sont plus alongés, et les ailes, moins 
chargées de brides musculaires, en acquièrent plus de trans- 
parence. Le pelage de cette espèce est trés-long, moelleux 
et de couleur gris-de-souris. 

Cette chauve-souris, qui porte à Java le nom de lovo, est 
distinguée de la première espèce par les traits suivans : Feuille 
ovale ; la follicule aussi grande ; chacune du cinquième de la 
longueur des oreilles; l’oreillon en. trèfle; mise en opposition 
avec celle de la lyre : feuille rectangulaire, la follicule de 
moitié plus petite. 

Le MÉGADERME SPASME : Hp spasma ; , Vespertilio 
ge de Linnæus. 

* L'existence de cette espèce ne repose que sur l’autorité de 
Séba ; M. Geoffroy croit, cependant que ses caractères sont 


410 MEG te 
assez nettement énoncés pour qu'elle doive être conservée 
dans le système général des mammifères. Elle auroit, en 
admettant la figure de Séba comme exacte, les oreilles plus 
profondément fendues que celles de la lyre ; l’oreillon plus 
long, maïs ayant son lobe intérieur plus petit; la follicule et 
la feuille de mêmes dimensions, et toutes deux en forme de 
cœur. 

Ce mégaderme , d’une espèce douteuse, et qui conserve 
les dimensions de la lyre, son pelage roussètre et son oreillon 
bifurqué, en est cependant distingué par M. Geoffroy, à l’aide 
de la phrase suivante : Feuille en cœur ; la follicule aussi grande 
el semblable ; oreillon en demi-cæœur. Il est figuré dans Séba, 
qui dit lavoir reçu de Ternate (Mus., p. 90, pl. 56, fig. 1), 
sous le nom de Glis volans. (F. C.) 

MEGALOCARPÆA. (Bct.) Sous ce nom générique M. De 
Candolle sépare du genre Biscutella, l'espèce nommée biscu- 
Lella megalocarpa par M. Fischer, parce que son calice n’est 
pas gibbeux à sa base, et que son stigmate et sa silicule ont 
une large bordure. Ces différences ne sont peut-être pas suffi- 
_Santes pour en former un genre. (J.) 

MÉGALODONTE. (Entom.) Par ce nom, emprunté du grec, 
et qui signifie grandes màchoires, M. Latreille a désigné un 
petit genre d'insectes hyménoptéres, de la famille des uro- 
pristes, voisins des tenthrèdes, avec lesquelles les deux espèces 
qu'il renferme ont été rangées. M. Fabricius, en adoptant le 
genre, l’a indiqué sous le nom de T'arpa. Telles sont les mou- 
ches-à-scie ou tenthrèdes, appelées céphalote et tête plate (pla- 
giocephala). Voyez .Urorrisres et Tenrurene. (C. D.) 

 MEGALONIX. (Mamm.) Espèce fossile du genre Mega- 
thérium, découverte en Virginie. Voyez Mrcarsertum. (F. C.) 

MÉGALOPE, Megalopa. (Crust.) Genre de crustacés fondé 
par Leach, et que j'ai rapporté à la famille des décapodes 
macroures. Voyez Maracostrracés, tome XXVIII, page 299. 
(Dssm.) 

MÉGALOPE, Megalopus. (Entom.) Ce nom, qui est tiré 
du grec et qui signifie longues pattes, a été employé par Fa- 
bricius pour désigner un petit genre d'insectes coléoptéeres 
tétramérés, de la famille des lignivores, qu'il a placé entre 
Jes leptures et les nécydales. Ce genre ne comprend que 


MEG 411 
deux espèces, qui ont été rapportées de l'Amérique méridio- 
nale par le docteur Shmidt. (C. D.) 

MEGALOFE, Megalops. (Ichthyol.) M. de Lacépède a 
donné, le premier, ce nom à un genre de poissons qui doit 
entrer dans la famille des gymnopomes de l'auteur de la 
Zoologie analytique. Ce genre, généralement adopté, se re- 
connoît aux caractères suivans : 

Ouverture de la bouche médiocre, non entièrement pi de 
dents ; nageoïre dorsale unique, insérée au-dessus des catopes eb 
ayant son dernier rayon prolongé en un filament ; ventre carené, 
dentelé , presque droit; nageoire anale libre; yeux très - grands; 
vingt-quatre rayons ou plus à la membrane des branches; écailles 
COTÉES. 

D'aprés ces notes, il devient facile de séparer les Méca- 
rores des Hanexes ou CLupées, ainsi que des Ésoces, des CLu- 
PANoDoNs et des Mysres, genres dans lesquels la nageoire 
dorsale est simple; des Canres, des Agres, des Tances, et 
en général de tous les Cyprins, qui ont le ventre arrondi, 
non dentelé, et qui manquent de dents maxillaires; des Sau- 
Mons, qui ont deux nageoires dorsales ; des LÉPisostTÉEs, qui 
ont les écailles osseuses, etc. (Voyez ces différens mots, 
GyMnoPomes et SIAGONOTES. ) 

Ce genre ne PEUT encore que {trois espèces bien dé- 
terminées. DA 

Le Mécarore-FriraMEnT ; Megalops filamentosus, Lacép. Na-, 
geoire caudale fourchue; mâchoire inférieure plus avancée 
que la supérieure et recourbée vers le haut, anale falei- 
forme; corps et queue comprimés ; langue rude; deux ori- 
fices à chaque narine ; teinte générale argentée; dos et na- 
geoires à nuances bleues. 

Ce poisson est, comme M. Cuvier l’a fort bien remarqué, 
le même que celui représenté, dans la planche 403 de Bloch, 
sous le nom de clupea cyprinoides, et doit être confondu 
par conséquent avec la clupée apalike de Bonnaterre et de M. 
de Lacépéde, qui, d’ailleurs, en a parlé le premier, d’après 
une note du voyageur Commerson. 

Le mégalope-filament a été observé par celui-ci dans les 
environs du fort Dauphin de l'ile de Madagascar ; mais il 
fréquente aussi les eaux du grand océan et celles de l’océan 


| 


A12 MEG 


atlantique , particulièrement auprès de l’équateur et dés 
tropiques, où on l’a vu parvenir a la taille de douze pieds 
et présenter une assez grande ouverture de la gueule pour 
engloutir la tête d'un homme. Ila, dans cet état, le corps 
couvert d’écailles d'environ deux pouces de largeur. 

Si ce poisson est, comme il le paroït, le camura puguacu 
de Marcgrave et de Ruysch, sa chair est grasse, pesante et 
de difficile digestion. 

Le Mécarore CcaAILLEU -Tassart : Megalops fhrissa; Clupano- 
don fhrissa, Lacép.; Clupea fhrissa, Linn. Corps alongé, com- 
primé, couvert d’écailles grandes , minces et fortement atta-. 
chées ; tête petite et a!lépidote. Màchoires a côtés seulement 
protractiles ; l’inférieure est terminée, par une espèce de 
crochet, qui se trouve logé dars une échancrure de la su- 
. périeure : ouverture de la bouche médiocrement étendue ; 
palais garni d’une membrane ridée; langue lisse, courte et 
cartilagineuse ; narines offrant chacune deux orifices. 

La nageoire caudaie de ce poisson est fourchue, et tout- 
à-fait distincte de celle de l'anus, qui n'offre aucune échan- 
crure. | 

Sa ligne latérale est droite. 

Une belle couleur d'un bleu céleste régne sur lé dos et 
les nageoires du de dont l’abdomen et les flancs 
brillent de l’éclat de l'argent. 

Ce poisson, qui atteint la taille d’un pied à quinze pouces, 
fréquente les eaux de la Chine, des Antilles, de la Jamaïque, 
de la Caroline. Sa chair est souvent grasse, d’une Saveur 
agréable et d’une digestion facile; maïs , assez souvent aussi, 
son ingestion cause des accidens assez graves pour qu'on doive 
exclure de la classe des substances alimentaires, quoiqu’à 
Puerto-Rico on la mange impunémert. : 

Dans certaines saisons , dans certains parages, en effet, 
cette chair est vénéneuse à un degré presque incroyable, 
dit M. Robert Thomas de Salisbury, qui a pendant long- 
temps pratiqué la médecine aux Indes occidentales, et, dans 
plusieurs cas, son ingestion a déterminé la mort dans l’espace 
d’une demi-heure et au milieu de convulsions épouvantables. 

On cite, entre autres exemples, celui d’un nègre des états 
du grand Mogol, qui succomba de cette maniere, et chez 


MEG 413 


lèquel les spasmes convulsifs commencérent presque avec la 
déglutition de ce mets. On a vu a Saint-Eustache des individus 
expirer au moment même qu'ils en mangeoient. 

Dans le cas où l’action de ce poison est moins violente , à 
il détermine à peu près les mêmes accidens que lon voit 
produire à la bécune, c’est-à-dire qu’il cause une déman- 
geaison universelle à la peau, de vives coliques,. un senti- 
ment de conmstriction à l’œsophage, une sôrie de pyrosis, 
des nausées, une chaleur fébrile, l'accélération du pouls, 
des vertiges, la cécité, des sueurs froides, l’insensibilité et 
une mort plus ou moins tardive. 

Le traitement, du reste, est ici absolument le même que 
dans les circonstances où l’on est empoisonné par les autres 
espèces de poissons, qui, tels que la bécune , le capitaine, 
le carangue, offrent tantôt a nos besoins une ressource ali- 
mentaire, et tantôt portent dans nos entrailles le germe des 
douleurs et de la mort. (Voyez IcurnyquE et Poissons.) 

Le Mécazore NasiQuE : Megalops nasus, N.; Clipancdon na- 
sica, Lacép.; Clupea nasus, Bloch (429). Nageoire caudale 
fourchue; museau plus saillant que les màchoires et prolongé 
en forme de nez; un seul orifice à chaque narine; tête cou- 
verte de grandes lames; écailles épaisses ; ligne latérale 
droite et descendante ; dos bleu; couleur générale argentée: 
taille de dix à onze pouces. 

Ce poisson habite près des côtes du Malabar, où ïl se tient 

à l'embouchure des rivières plus particulièrement. Sa chair 
est remplie de petites arêtes, et passe pour être quelquefois 
mal-saine. (H. C.) 
. MÉGALOPTÈRES, Megaloptera. (Entom.) M. Latreille a 
désigné d’abord sous ce nom, qui signifie grandes ailes, une 
famille d'insectes névroptères, à laquelle il rapportoit les 
genres Chauliode, Corydale, Sialis et Raphidie. Depuis, dans 
l'ouvrage de M. Cuvier, il a réparti ces genres dans les diffé- 
rentes sections de la famille qu’il nomme planipennes, parmi 
les hémérohins et les termitines. Voyez Srécozrères ou Tec- 
TIPENNES. (C. D.) 

MEGALOTIS. (Mamm.) Illiger donne ce nom générique 


au fennec ou animal anonyme que M. Geoffroy regarde 
comme un galago. (F. C.) 


414 | MEG 

- MEGAPODE,. (Ornith.) MM. Gaimard et Quoy, médecins 
naturalistes de l’expédition de découvertes autour du monde 
commandée par le capitaine Freycinet, ont, au mois de 
Décembre 1618, trouvé, dans les iles des Papous, un oiseau 
qui leur a offert plusieurs rapports avec les menures, et qui 
leur a semblé faire le passage entre les gallinacés et les échas- 
siers, mais qui, suivant MM. Cuvier et Temminck, appar- 
tient plutôt au premier de ces ordres. En effet, on l’a placé, 
dans les Galeries du Muséum d'histoire naturelle, entre les 
cryptonix et les peintades, et M. Temminck le regarde 
comme le représentant des tinamous dans les contrées chaudes 
de l’ancien continent. Les naturalistes voyageurs lui ont 
donné le nom de mégapode, megapodius, à raison de Îla 
grandeur de ses pieds; et dans un mémoire lu, le 6 Juin 1823, 
par M. Gaimard, à la Société d’histoire naturelle de Paris, 
le genre a été établi à peu prés de cette manière. 

Bec foible, aussi large que haut, dont la mandibule supé- 
rieure, un peu courbée à son extrémité, dépasse l'inférieure, 
qui est droite; narines ovales, placées vers le milieu du 
bec et couvertes d’une membrane garnie de quelques petites 
plumes; œil entouré d’une peau nue; pieds situés à l'arrière 
du corps; jambes garnies de plumes jusqu'aux tarses, qui 
sont gros et robustes, comprimés surtout par derrière, et 
couverts de grandes écailles ; quatre doigts trés-alongés, dont 
les trois antérieurs sont presque égaux, et dont le postérieur, 
plus court, est horizontal et pose à terre dans toute son éten- 
due ; ongles trés-longs et très-forts, lésérement convexes en- 
dessus, plats en-dessous, à pointe obtuse; ailes concaves, ar- 
rondies, dont les troisième et quatriéme rémiges sont les plus 
longues, et atteignent presque l'extrémité de la queue, qui 
est petite, cunéiforme et composée de douze à quatorze 
pennes. 

Les deux espèces trouvées par MM. Quoy et Gaimard , ont 
été dédiées, l’une à M. Freycinet, chef de l'expédition ; l’au- 
tre, à la mémoire du célèbre et malheureux La Pérouse. 

Mécapone Freyciner ; Megapodius Freycinet, Q. et G. Cette 
espêce, que les Papous nomment Mankirio, et les habitans 
de l’île de Guébé Blévine, est figurée sous le n.° 31 pour 
l'Atlas du Voyage autour du monde. Elle a environ treize 


MEG 415 


pouces de longueur; le bec est long de dix lignes et les tarses 
de deux pouces cinq lignes. Le doigt du milieu a deux pouces 
de longueur ; il est réuni à l’interne par une membrane assez 
large, et à l’externe par une membrane trés-petite. Le pouce 
est long de dix-huit lignes. Le côté interne de l'ongle du 
doigt du milieu n’est pasdilaté comme chezlesautres gallinacés. 
La tête de cet oïseau est petite ; les plumes en sont 
étroites, elles se relèvent légèrement en huppe à l’occiput; les 
plumes dorsales sont, au contraire, longues et larges, et les’ 
grandes pennes de l’aile s'appliquant sur une queue convexe 
qui ne les dépasse que d’un pouce, le corps a une forme 
ovale alongée. La peau du cou est brunètre, et recouverte 
séulement de quelques petits faisceaux de plumes courtes. 
Les partiés supérieures sont d’un brun noir, qui s'éclaircit 
au ventre et sous les ailes. Les larges écailles qui recouvrent 
les tarses ne forment qu’un rang sur le devant, et par der- 
rière deux, qui se touchent immédiatement sans losanges in- 
termédiaires; elles sont d’un brun très-foncé. Le bec, brun 
à son origine , est blanchâtre à la pointe: l'iris est noir. 
Cette espèce est tres-commune dans Pile de Guébé, où 
elle paroït vivre en demi-domesticité. Les bois humides sont 
sa demeure habituelle. Sa démarche est lente, et, ses pieds 
étant retirés en arrière, le corps se trouve sans cesse pro- 
jeté en avant, ce qui rend l'oiseau comme voûté. Il efleure 
la terre dans son vol de courte durée. Son cri est une sorte 
de gloussement. Ses œufs, de couleur de brique pâle, ou de 
café au lait, sont oblongs et d’une grosseur excessivement 
disproportionnée à sa taille. Un individu a vécu plusieurs 
jours à bord de la corvette l'Uranie. 

_Mécarone La-Pérouse; Megapodius La Pérouse, G. et Q., 
Atlas zool. du Voy. autour du monde. Cette espèce, de la 
même forme que la précédente, n’a que neuf pouces et 
demi dans sa plus grande longueur ; ses tarses sont moins 
élevés. Elle habite l’archipel des Mariannes, et se nomme 
Sasségnat en langue chamorre ou de ces îles. Elle y étoit 
autrefois trés-commune ; on prétend même qu’elle y vivoit 
en domesticité : mais actuellement elle n’existe plus à Guam 
ni à Rotta, et il faut, pour la trouver, aller à Tinian, où 
elle est trés-rare. 


416 MEG 


Les plumes d’un brun clair qui couvrent la partie posté- 
rieure de la tête, sont effilées et susceptibles de se redresser 
un peu ; celles du dos et des ailes sont brunes et mélangées, 
vers la pointe, d’un roux qui s’éclaireit à la poitrine, au 
ventre, à l’anus et au croupion. La peau du cou, à l’en- 
droit où les plumes sont rares, est d’un jaune rougeûtre. 
Le bec, noïrâtre en-dessus, vers sa base, est dans le reste 
de couleur de corne. La mandibule supérieure est plus 
courbée et plus pointue que celle du mégapode Freycinet; 
les tarses sont jaunâtres, médiocrement forts, et les doigts 
sont noirs vers leur extrémité, ainsi que les ongles. 

Les œufs de cette espèce, de la même couleur et de la 
même forme, sont un peu moins gros; mais leur dispropor- 
tion avec la taille de l'oiseau n’est pas moins remarquable. , 

M. le professeur Reinwardt, Hcillandois, a rapporté d'Am- 
boine, daus les iles Moluques, un individu du même genre, 
dont il paroit avoir fait présent à son compatriote, M. Tem- 
minck, qui l'a déposé au cabinet d'histoire naturelle, et 
se propose de le faire figurer dans une des livraisons du 
Recueil de planches destinées à faire suite à celles de Buffon, 
sous le nom de Mécarone Reixwarpr, Megapodius Reinwardt. 
Cet oiseau a prés d’un pied de longueur de l'extrémité du 
bec à celle de la queue, et quinze pouces jusquà celle 
des pieds. Les tarses, tres-forts, ont trente lignes, le doigt 
du milieu vingt, le pouce douze et les ongles six. Les 
écailles qui garnissent le devant des tarses sont larges, car- 
rées, et de couleur moins brune que celles qui couvrent 
les doigts; les ongles sont noirâtres. Le bec, long d'environ 
quatorze lignes, est blanchâtre. Les narines sont fort larges, 
et les plumes usées qui se trouvent sur la base de la mandi- 
bule supérieure et sur le front, semblent annoncer que 
l'oiseau enfonce le bec dans la terre pour y chercher sa 
nourriture. La peau du cou n’est pas nue : les plumes qui 
en couvrent le dessus et le dessous sont d’un brun ardoisé: 
celles de la tête, du dos, des ailes et de la queue , sont 
olivâtres ; sur la poitrine, le ventre et les parties inférieures 
elles sont d’un brun noirûtre. 

Pendant que lauteur de cet article s’occupoit de sa rédac- 
tion, on a placé au Muséum, où le mégapode Reinwardt 


MEG 417 
b'étoit pas encore, et près des. deux preméêéres espèces, un 
œuf pareil aux leurs, avec cette étiquette : œuf du Tavon 
des Philippines } et immédiatement à côté un nouveau galli- 
nacé, à peu près de la même taille que le plus grand des 
deux autres et ayant quelque ressemblance avec eux ; mais 
dont les doigts et les ongles sont plus courts, la queue bien 
plus longue, coupée carrément, et qui. a le cou étroit, la 
gorge couverte de petites plumes blanches comme aux méga- 
podes, la poitrine roussàtre, le dos brun et les baguettes de 
chaque plume blanches. Cette circonstance à déterminé à 
prendre des renseignemens, dont il a paru résulter que l'œuf 
et l'oiseau avoient été apportés des Philippines par M. Dussu- 
mier, et qu'il s'agissoit ici du T'avon, sur lequel on n’avoit 
encore que la relation assez extraordinaire de Gemelli Careri, 
dans son Voyage autour du monde, {om. 5, p.266, de l’édi- 
tion, de 1719, ou p.157 de celle de 1727, et dans l'Histoire 
générale des voyages, tome 10, in-4.°, p. 411. Si ce récit con- 
tient des exagérations, au moins ne peut-on douter mainte- 
nant de la vérité des principaux faits, puisqu'ils s'accordent 
avec ce qu'ont observé MM. Dussumier, voyageur digne de 
foi, et Calvo , amateur de la chasse, qui a résidé pendant 
quinze ans sur les lieux en qualité d'agent de la Compagnie 
des Philippines. Suivant ces messieurs, les tavons, dont le 
nom, en langage tagalle ou du pays, signifie enfouir, dépo- 
sent effectivement leurs œufs dans le sable, et les y aban- 
donnent à l'influence de la chaleur solaire; mais, loin d'en 
mettre quarante à cinquante dans une même fosse, ainsi 
que le dit Gemelli Careri, chaque trou n’en renferme qu’un 
seul, et s'il est probable que ces oiseaux en pondent plu- 
sieurs, il ne l’est pas que le nombre de ces œufs puisse ja- 
mais, vu leur extrême grosseur, approcher de la quantité 
supposée: Du moment que le petit est éclos, il se met à cou- 
rir, et la mère, disent les voyageurs modernes, ne paroît 
lui donner. aucun soin, quoique le voyageur italien pré- 
tende le contraire, et ajoute même que par ses cris elle 
excite les petits à faire leurs efforts pour soulever le sable 
qui les couvre et s'approcher d’elle. On trouve quelquefois 
de: petits tavons morts dans leur trou, qui étoit probabie- 
ment d’une trop grande profondeur; mais, malgré la con- 


29: 27 


418 MEG 


fiance que méritent les assertions de MM. Dussumier et Calvo, 
l’on ne peut s'empêcher de douter si le défaut absolu d’in- 
cubation, qui n’a pas lieu pour les autruches puisqu'elles 
se placent sur leurs œufs pendant les nuits trop fraîches, 
s'étend à d’autres espéces de tavons ou mégapodes, puisque 
l'ile Boni, où MM, Quoy et Gaimard en ont rencontré, est 
couverte de bois, et que sa ceinture, toute madréporique, 
ne leur a offert aucune plage sablonneuse. Quoi qu'il en 
soit, MM. Dussumier et Calvo, qui ont trouvé parmi les 
tavons des individus noirs, d’autres roux, ont observé que 
tous , fort timides, courent trés-vîte à l'aspect des chasseurs, 
et vont se cacher dans les touffes de bambous, où ils restent 
long-temps. Le mégapode Reinwardt a paru à M. Dussumier 
de la même espèce que les tavons ; mais il faudroit être 
à portée de comparer plusieurs individus de chacune pour 
en déterminer plus sûrement l'identité ou la différence, et 
peut-être alors jugera-t-on plus convenable de rendre au 
genre un nom connu depuis long-temps et qui existe dans 
tous les ouvrages d'histoire naturelle. (Cu. D.) 

MÉGARE. ( Foss.) On a donné le nom de pierre de Mégare 
à des pierres remplies de coquilles fossiles. LacamunD, Oryct., 
pag. 45. (D. F.) 

MEGARIMA. (Conchyl.) Subdivision générique proposée 
par M. PARENTS Journ. de phys., t. 88, p. 427, pour 
quelques espèces de térébratules dont les valves sont presque 
égales, lisses, arrondies, transversales, rétrécies, sans auri- 
cules; l'ouverture arrondie ; une grande cavité arrondie, 
intérieure à la base, séparée en deux par une cloison longi- 
tudinale dans une des valves. M. Rafinesque rapporte à ce 
genré les Ter. lævis, crassa, truncala , etc. Voyez TÉRÉBRA- 
TuLE. (De B.) 

MEGASAC. (Bot.) Dans la Judée, suivant Raüwolf, on 
nommoit ainsi l’astragalus tragacantha, ou sa variété. (J.) 

MEGASTACHYŸA. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de 
la triandrie digynie de Linnæus ; offrant pour caractère essen- 
tiel : Des fleurs disposées en une panicule rameuse ; les épil- 
lets composés de fleurs imbriquéés sur deux rangs, au nombre 
de cinq à vingt, dans un calice bivalve; la valve inférieure 


MEG 419 
de Ia corolle échancrée à son sommet, mucronée au milieu 
de léchancrure ; la valve. supérieure, bifide ou bidentée ; 
trois étamines ; le style court, à deux divisions profondes; lés 
stigmates velus ; les semences nues. 

Ce génre a été établi par M. Palisot de Beauvois pour plu- 
sieurs espèces de poa (palurin) dont les principales sont : 

MEcasracuya ciné : Megastachya ciliaris, P. Beauv., Agrost., 
pag. 74; Poa ciliaris, Linn., Jacq., Ic. rar. Cetté graminée 
est une des plus jolies espèces de ce genre. Ses tiges sont 
droites, glabres, menues, cylindriques, hautes d’un pied et 
plus; les feuilles petites, molles, glabres, étroites, aiguës, 
_ garnies à l’orifice de leur gaine de cils blanchâtres et soyeux. 
La panicule offre le port d’un épi étroit, serré, un peu 
‘touffu , assez souvent interrompu, divisé en petits rameaux, 
dont les pédoncules sont trés-courts, ramifiés, soutenant des 
épillets ovales, obtus, trés-rapprochés, comme pelotonnés, 
velus et ailés, d'un pourpre foncé, en contraste avec la 
blancheur des cils; chaque épillet contient environ dix fleurs 
fort petites ; les valves de la corolle sont chargées d’un duvet 
blanchâtre et de cils abondans. Cette plante croit dans l’A- 
mérique méridionale ; on la cultive au Jardin du Roi à Paris. 

MEecasracayA HyPNoiDe : Megastachya hypnoides, P. Beauv., 
L. c.; Poa hypnoides, Poir., Encycl. ; Poa reptans, Mich., F1. 
bor. Amer., mas. Cette espèce est une des plus singulières et 
des plus remarquables de ce genre : elle a le port d’un hyp- 
num, et se répand sur terre en longues traînées, comme les 
mousses. Ses panicules nombreuses ont l'aspect de feuilles 
imbriquées, très-courtes ; elles cachent entièrement les feuilles 
et lestiges, qui rampent et s’élévent peu; elles sont grêtes, 
stolonifères ; à chaque nœud il croît une petite touffe de 
feuilles molles, courtes, glabres, aiguës; de leur centre s'élève 
un chaume très-souvent nu, filiforme, à peine long d'un 
demi-pouce, chargé d’un trés-grand nombre de longs épillets 
étroits, comprimés, presque sessiles, alternés, trés-rappro- 
chés, et comme disposés en éventail, la plupart un péu cour- 
bés à leur sommet, contenant environ cinquante à soixante 
‘fleurs femelles, dont les valves sont gläbres, minces, trans- 
“parentes, aiguës, d’un vert blanchätre, rangées trés-agréa- 
blement sur deux rangs par imbrication. 


A20 MEG | 

Les fleurs mâles, placées sur des pieds séparés, ont un, 

aspect un peu différent : les tiges sont plus élevées; la pani- 
cule moins garnie, plus alongée, rameuse ; les épillets plus 
étroits, filiformes, alongés, aigus, contenant environ douze 
à quinze fleurs, dont les valves sont oblongues , aiguës. Cette 
plante croît dans l'Amérique méridionale. 
_ Il faut ajouter à ce genre les Poa amabilis, badensis, elon- 
gata, polymorpha, etc., Linn.; Poa oblonga, Mœnch ; Poa 
mucronata, Beauv., Ovwar.; Briza bipinnala, Lamk.; Briza 
eragrostis, Linn.; Briza multiflora, Forsk., ete. (Poir.) 

MÉGASTOMES, Megastomatæ. (Conchyl.) Dans son Sys- 
tème de conchyliologie, M, de Blainville a employé ce mot 
pour désigner les coquilles univalves dont l'ouverture entiere 
est fort grande, proportionnément au reste de la coquille ; 
telle est celle du sigaret, par rampe Voyez Concaxr1o- 
LociE. (DE B.) 

MÉGATHÈRE , Megatherium. (am. ) M. Cuvier a donné 
ce nom, qui rushe grand animal, à un genre de mammi- 
fères fossiles de l’ordre des édentés, qui comprend deux 
espéces, savoir : le Mégathère proprement dit, ou Animal 
du Paraguay, et le Mégalonyx de Jefferson. | 

Le squelette presque entier du premier de ces animaux est 
connu, et son examen a prouvé qu'il a plus de rapports 
avec celui des bradypes ou paresseux qu'avec aucun autre, 
particulièrement en ce qui a rapport au système dentaire, à 
la forme de la tête et a la composition des extrémités des 
quatre membres. We: 

Quant au mégalonyx, on n’en a encore recueilli qu’une 
dent et des ossemens peu nombreux, appartenant aux mem- 
bres; mais ces débris ont suffi pour reconnoître que ce qua- 
ape de étoit fort voisin du mégathére proprement dit, quoi- 
qu’en différant néanmoins spécifiquement. 

Tous les deux avoient au moins la taille du Dibh£ leurs 
membres étoient robustes et terminés par cinq gros doigts, 
dont quelques-uns seulement étoient pourvus d’un ongle 
énorme , arqué et crochu, comme le sont les ongles de quel- 
ques tatous, des fourmiliers et des bradypes. Le mégathère 
proprement dit, dont on peut se former une idée plus exacte 
que du mégalonyx, avoit la tête petite, le museau court, 


MEG | 421 


peut-être terminé par une courte trompe, la bouche-seule- 
ment garnie de molaires à couronne marquée de'collines 
transversales ; son cou étoit médiocrement court, son corps. 
volumineux et lourd ; ses membres étoient trés-robustes, et 
les antérieurs pourvus de clavicules trés-robustes. Dés ob- 
servations récentes paroissent prouver que, s’il avoit des rap- 
ports avec les bradypes par les formes de sa tête et son sys- 
tème dentaire, et avec les fourmiliers par la conformation de 
ses extrémités, il en avoit aussi avec les tatous par la nature 
de ses tégumens; c'est-à-dire que sa peau, épaissie et comme 
ossifiée, étoit partagée en une foule d’écussons polygones et 
rapprochés les uns des autres comme les pièces qui entrent 
dans la composition d’une mosaïque. 

La forme des molaires et la taille de ces animaux-semblent 
indiquer qu’ils se nourrissoient de végétaux et sans doute de 
racines. La conformation de leurs membres doit faire juger 
qu’ils avoient une démarche lente et égaie. Leurs débris n’ont 
encore été rencontrés qu’en Amérique. 

Le Mécaraëère proprement dit (Megatherium Cuvieri, Desm., 
Mamm., n°579; Mégathère, Cuv., Mag. encycl., an 4 ; Ejusd. 
Ann. Mus., tom. V, page 576; Animal du Paraguay, Garriga 
et J. B. Bru) a été découvert vers la fin du siècle dernier. 
Le squelette presque entier, dont nous venons de parler, 
fut trouvé, à prés de cent pieds de profondeur , dans des ex- 
cavations faites au milieu du terrain d’alluvion des bords de 
la rivière de Luxan, à une lieue sud-est dé la ville du même 
nom, laquelle est à trois lieues ouest-sud-ouest de Buenos- 
Ayres ; il fut envoyé au cabinet de Madrid, en 1789. Un 
second squelette, moins complet, fait partie de la même col- 
lection, et y fut envoyé de Lima, en 1795. Un troisième a 
été trouvé au Paraguay. 

Bru, qui monta, à Madrid, le squeiette de Buenos-Ayres, 
en fit graver de bonnes figures ; M. Cuvier développa ensuite; 
sur l’examen de ces figures, l'affinité de cet animal avec les 
paresseux et les autres édentés. Plus tard, Garriga, en tra- 
duisant en espagnol le travail de M. Cuvier, y joignit la des- 
cription fort étendue et plus ancienne que Bru en avoit faite. 

Plusieurs autres auteurs oùt écrit sur le même sujet: Abild- 
gaard, qui ne connoissoit pas les recherches de M. Cuvier, 


422 MEG 

rapporta, comme lui, le mégathère à la famille des édentés 
ou des bruta de Linné ; Shaw adopta plus tard cette opinion, 
et MM. Lichtenstein et Faujas la combattirent sans succés: 
Depuis lors, un espace assez considérable de temps s’est 
écoulé . sans qu’il aït été rien ajouté à ce qu’on savoit sur cet 
animal fossile, et ce n’est que tout récemment que Don Da- 
masio de Laranhaïa à fait connoître à la Société philomatique 
la découverte de parties de têt analagues à celui des tatous, 
et qui paroiïissent avoir appartenu au mégathère. 

Les formes générales de la tête du mégathérese sense hic 
beaucoup de celles de la tête des héndésiie ; mais le trait le 
plus frappant de ressemblance consiste dans l’existence d’une 
longue apophyse descendante, aplatie, placée à la base an- 
térieure de l’arcade zygomatique. Cette arcade est entiere, 
tandis que dans les bradypes elle est interrompue postérieu- 
rement. Le dessous de la mâchoire inférieure offre de chaque 
côté une saillie très-remarquable, dont on ne trouve d’ana- 
Jlogue que celles, beaucoup moins senties, de la mâchoire 
inférieure des éléphans : la symphyse en est fort prolongée, 
ce qui rend le museau plus saillant que celui de. laï et 
de lunau. Les os propres du nez étant fort courts, comme 
ceux du tapir et de l'éléphant, il y a lieu de sceupçonner 
l'existence d’une trompe ; mais cette trompe devoit être 
courte, ce qu'indique la longueur assez considérable du cou. 
Il n’y a ni incisives ordinaires , ni défenses, ni canines ; les 
molaires , au nombre de quatre de chaque côté des mà- 
choires, sont rapprochées les unes des autres, prismatiques, 
carrées, et leur couronne présente deux collines transver- 
sales, séparées par un sillon (les bradypes ont les molaires 
écartées et précédées canine en forme de pyramide à 
trois faces). 

Les vertèbres cervicales paroissent avoir été au nombre de 
sept, comme dans Funau, et non de neuf comme dans l’aï. 
On compte seize vertébres dorsales et par conséquent seize 
paires de côtes : il y a trois vertébres lombaires, et les verté- 
bres coccygiennes, dont la connoissance est due récemment 
a Don Damasio, sont assez nombreuses. Les os des îles for- 
ment un demi-bassin large et évasé, ce qui indique que le 


ventre étoit gros. Le pubis et Vischion manquent au squelette 
de Madrid. 


MEG 423 

Les extrémités antérieures, plus longues, mais plus minces 
que les postérieures, qui: sont tres-épaisses, n’ont pas les 
proportions démesurées qu’on remarque dans celles de lai, 
et même de l’unau. Le fémur, plus gros relativement que 
celui d'aucun animal connu, même des pangolins, n’a en 
hauteur que le double de sa plus grande épaisseur. Le tibia 
et le péroné, aussi trés-gros et trés-courts, sont soudés par 
leurs deux extrémités. L’omoplate a les mêmes proportions 
que celle des bradypes. L'existence de la clavicule prouve, 
ainsi que la longueur des phalanges des doigts onguiculés, 
que les extrémités antérieures pouvoient être employées pour 
saisir et même pour grimper. L’humérus est trés-large à sa 
partie inférieure, par le grand développement des crêtes aux- 
quelles venoient s'attacher les muscles moteurs des doigts. 
Le radius , distinct du cubitus, pouvoit tourner librement 
sur lui ; lapophyse olécrane a une saillie assez marquée. La 
main, qui appuyoit en entier sur le sol, a le métacarpe fort 
court et composé d’os séparés; les trois doigts du milieu, fort 
gros et longs, sont terminés par une énorme phalange onguéale, 
dont l’extrémité est composée d’un axe conique et arqué qui 
portoit l’ongle, et d’une gaine profonde qui renfermoit la 
base de cet ongle et l’affermissoit ; les deux doigts latéraux, 
plus courts, paroissoient n'avoir pas d’ongle, et étoient sans 
doute rudimentaires. Les pieds de derrière, plus petits que 
ceux de devant, sont articulés avec le tibia par un large 
astragale, d’une manière beaucoup moins oblique que celui 
des bradypes ; ils n’ont, dans la figure du squelette de Ma- 
drid, qu’un seul de leurs doigts pourvu d’un grand ongle, 
comparable à ceux des pieds de devant ; ce doigt en a deux 
externes rudimentaires, et l’on n’en voit pas du côté inté- 
rieur. M. Cuvier soupçonne que ces pieds ne sont pas entié- 
rement rétablis; car l'observation lui a fait reconnoître 
comme une règle, dont il n’a pas encore trouvé d’excep- 
tion , que tous les animaux onguiculés ont cinq doigts visibles 
ou rudimentaires. Il y a, d’après cela, lieu de croire que 
les deux doigts internes manquent, et il est possible que tous 
deux aient été pourvus d’ongle. 

Les mesures qu’on a rapportées des diverses parties du 
mégathère, lui donnent à peu près la taille du rhinocéros. 


424 MEG 


Le Mécaronvx (grands-ongles) ; Megatherium Jeffersonit , 
Desm., Mamm., n.° 580 ; nommé ainsi par le célèbre prési- 
dent américain Jefferson, qui en a décrit, le premier, quel- 
ques ossemens, dans le n.° 30 des Transactions de la Société 
philosophique de Philadelphie, a été aussi l’objet des re- 
cherches de M. Cuvier, dans le tome _— a or du 
Muséum, p. 556. 

Les débris qu’on en a trouvés pour la première fois, en 
1797, à une profondeur de deux ou trois pieds, dans une des 
cavernes des montagnes calcaires du comté de Greenbriar, dans 
l’ouest de la Virginie, consistent en ossemens d’extrémités, et 
notamment d’un pied de devant, dont l'identité des formes 
avec les parties analogues du mégathère est presque absolue ; 
mais Ces ossemens sont d’un tiers plus petits, quoïqu'ils por- 
tent tous les caractères de l’état adulte. Une dent rapportée 
d'Amérique par feu M. Palisot de Beauvois, a été reconnue 
par M. Cuvier pour être précisément et rigoureusement une 
dent de bradype : c’étoit un simple cylindre de'substance 'os- 
seuse, enveloppé dans un étui de substance émaïlleuse ; sa: 
couronne étoit creuse dans son miliéu , avec des rebords saïl= 
ans : relativement à la forme de'cette dent, le mégalonyx 
différoit notablement du mégathere, chez lequel les molaires 
ont la couronne marquée de collines transversales. ; 

Dans son Mémoire sur le mésalonyx, M:'Cuvier a donné 
les détails les plus minutieux sur les formes ‘ét les rapports 
de position de ces différens débris ; il s’est attaché surtout à 
démontrer la similitude qu'ils ont avec les partiés analogues 
des fourmiliers et surtout des bradypes, et il à diéèuté et 
réfuté l’opinior de M. Jefferson et de M. Faujas, qui considé- 
roient le mégalonyx comme un grand carnassiér à griffes 
acérées, appartenant peut-être au genre des Chats; il a sur- 
tout fait la comparaison des phalanges onguéales du lion 
avec celles du mégalonyx, et montré que eur différence"est 
énorme, tandis qu'entre les dernieres et celles des édentés on 
trouve CR AEURS d’analogie. 

Assez récemment, M. Étiatont de New-York, a émis l’idée 
que les débris du mégalonyx abpaHibntibnt à l’espéce vivante 
du grand ours gris d'Amérique ; mais il ne soutient pas 
cette opinion par une comparaison exacte et détaillée de ces 


Le 


MEG 425 
débris avec leurs parties correspondantes, ainsi qu'il auroit 
été utile de le faire. 1l se borne à remarquer que les osse- 
mens de mégalonyx ne, sont pas réellement fossiles, parce 
qu'ils ont été découverts à peu de profondeur dans la terre 
meuble de plusieurs cavernes des États-Unis ; que la taille 
du mégalonyx est à peu prés la même que celle de l’ours 
gris (celle du bœuf), et que le dernier doit avoir des pha- 
langes onguéales très-robustes pour porter les ongles énormes 
dont il est pourvu. : 

. Si l'ours gris ne diffère pas plus des autres ours sous le rap- 
port des formes des os des extrémités, que ceux-ci ne diffèrent 
entre eux, ce qui est très-probable, l’idée émise par M.Clin- 
ton.setrouveroit totalement détruite par la simple compa- 
raison de ces os avec ceux des extrémités du mégalonyx. 

En définitive, M. Cuvier rapproche le mégalonyx du mé- 
gathère, et considère ces deux animaux comme devant former 
un genre intermédiaire à ceux des bradypes ou paresseux et 
des fourmiliers. 11 les considère tous deux comme herbivores, 
et le mégalonyx particulièrement comme un herbivore à la 
maniere des paresseux, puisqu'il avoit les dents faites comme 
eux. De la ressemblance de leurs pieds il conclut qu'ilsavoient 
la même démarche!:, les mêmes mouvemens, aux différences 
prés que devoit entraîner celle du volume, qui étoit si con- 
sidérable : « Ainsi, . dit-il, le mégalonyx aura grimpé rare- 
«umentsur les arbres, parce qu'il en aura rarement trouvé 

d'assez gros pour le porter ; > et cette différence d’habi- 
tudes avec les bradypes ne lui paroït pas plus surprenante 
que celle qui existe dans les habitudes des animaux du genre 
des Chats, dont les petites espèces, telles que celles du chat 
sauvage et du lynx ,grimpent avec facilité sur les arbres, tan- 
dis que les grosses, telles que le lion et ie tigre, n’y montent 
guère. ( Des.) | 

MÉGATOME, Megatoma. (Entom.) Nom d’un petit genre 
d'insectes, que Herbst a décrit dans le. septième volume de 
son ouyrege allemand sur les coléoptères,: il a été formé aux 
dépens de quelques espèces de dermestes, telles que celles 
nommées par Schæffer ondé, scie, pattes-noires, etc. Voyez 
Dernesre. (C. D.) 

MÉGERE. (Entom.) Nom d'une espèce de ART TES du 
genre Papillon. (C. D.) 


426 MEG 

MEGGA. (Bot.) Voyez Mioca. (J.) 

MÉGILLE. Megilla. (Entom.) Ce nom de genre a été ap- 
pliqué par Fabricius à une division d’insectes hyménopteres, 
de la famille des mellites, que M. Latreille avoit déjà indiqué, 
d’abord sous le nom de podalirie, puis sous celui d’anthophore. 
Ce sont des abeilles telles que celles qui ont été décrites par 
la plupart des auteurs sous le nom de pilipes, acervorum, tumu- 
lorum , parietina, etc. (C. D.) 

MÉGISTANES. (Ornith.) M. Vieillot doute ce nom à une 
famille d’échassiers de sa tribu des di-tridactyles, oiseaux à 
deux ou trois doigts antérieurs , laquelle adaie l'au- 
truche, le casoar, etc. (Cu. D.) 

MEGUSA. (Bot.) Nom japonois, cité par M. Dee six 
d’une véronique à feuilles opposées et à tige traçante, pous- 
sant des racines de chaque articulation, laquelle croît dans 
l’eau : il est probable que c’est une espèce voisine du becca- 
bunga. (J.) 

MEGUSON, MACJON. (Bot.) Noms donnés dans les Pays- 
Bas et le Nord de la France à la racine tubéreuse d’une 
gesse, lathyrus Euberosus, qui est trés-cultivée dans ces pays. 
Cette racine est noire et de la grosseur du gland ; ce qui 
la fait aussi nommer gland de terre. Elle a le goût de la 
châtaigne. On l’apprête de diverses maniéres. Les cochons 
et autres animaux la mangent avec avidité. Elle est encore 
nommée macusson dans la Champagne, et chourle dans la Pi- 
cardie. (J.) 

MEHARREKA. (Bot.) Nom arabe de l'urlica divaricala de 
Forskal , urtica hirsuta de Vahl. Il donne le même nom à son 
He pungens. (J.) 

MEHAT-ABJAD. ( Bot.) Nom arabe d’un ch aRlASES achy- 
ranthes decumbens de Forskal. (J.) 

MEHENBETENE. ( Bot.) Le fruit du canarium commune, 
Linn., est ainsi désigné dans les ouvrages des Bauhin, Mat- 
thiole, Clusius, Lobel, etc. (Lem.) 

M-HAH. (Bot.) Nom arabe de l’andropogon bieorne, cité 
par Forskal. (J.) 

MEIBOMIA. (Bot.) Sous ce nom Heister séparoït du genre 
Hedysarum de Linnæus les espèces à feuilles ternées. Adan- 
son appliquoit spécialement ce nom à l’hedysarum canadense, 


MET 427 
ainsi que Scopoli, qui a copié son caractère ; mais aucun ne 
décrit exactement la forme de la gousse, qui, rétrécie d’un 
seul côté par des étranglemens multipliés et presque égaux, 
peut fournir une bonne distinction générique. (J.) 

MEILLAUQUE. (Bot.) Vieux nom françois du sorgho. (Lem.) 

MEIMENDRO. (Bot) Nom Lines de la jusquiame ; 
selon Vandelli. (J.) 

MEINELECATI. (Bot.) Nom caraïbe de la sensitive, cité 
par Surian. (J.) 

MEÏONITE. (Min.) Cette substance minérale, qui fut dé- 
crite pour la première fois par Romé de Lisle,, sous la déno- 
mination de hyacinthe blanche de la Somma, ne s’est encore 
trouvée que dans les déjections du Vésuve : elle est peu ap- 
parente, et se confond aisément avec le felspath blanc, au- 
quel on la voit souvent associée. 

La meïonite se présente ordinairement sous la forme de 
trés-petits cristaux incolores, blancs ou grisàtres, implantés 
ou serrés dans les cavités d’une roche micacée ou d'un cal- 
caire lamellaire. Ces cristaux, étudiés avec attention, présen- 
tent des prismes droits à quatre ou à huit pans, terminés 
par des pyramides très-surbaissées, à quatre ou à huit faces, 
reposant tantôt sur les pans, tantôt sur les arêtes de ce même 
prisme, dont le noyau est un prisme à quatre pans, aplati 
et symétrique. La meïonite raye le verre ; sa cassure est 
éclatante et ondulée, surtout dans le sens perpendiculaire 
aux pans de ses cristaux; sa pesanteur spécifique est de 2,6: 
mais son caractère physique le plus tranché, et celui qui 
peut à lui seul faire distinguer ce minéral non cristallisé des 
autres minéraux blancs qui lui sont associés, c’est la facilité 
avec laquelle il se fond au chalumeau en un émail spon- 
gieux et blanchâtre; fusion qui est accompagnée d’un bruis- 
sement et d’un boursoufflement trés-remarquables. 

L’analyse de la meïonite, faite par M. Arfwedson , a donné: 

SCC PES 28, LEON TEMERS AE PER TO 
ANDNIHES - 20 0T MR ce PL 
PORASSE. 7 Re ee Re D Te 0 
CAUSE. LT SRE TRE PR ST DS 
Oxide de’ fer. 2000 RO 


? 


101,800 


428 MET 


Les principales variétés cristallines de ce minéral-sont les 
suivantes : 

Meronite dodécaèdre, composée d'un prisme à quatre pans, 
terminé par deux pyramides à quatre faces rhomboïdales. 
Aux angles près c'est la même forme que celle du zircon 
byacinthe dodécaëdre. | 

Meronite dioctaèdre ; la même que la précédente, avec l’ad- 
dition de quatre pans sur les quatre arêtes du prisme, ce 
qui change les faces rhomboïdales des pyramides en faces 
pentagonales. | 

Les Meïonites triplante, trioctaèdre et soustractive, dérivent 
des deux variétés précédentes, avec l'addition de quelques 
facettes sur le pourtour du prisme ou des pyramides. 

Enfin , la Meionite granuliforme n'est qu'un assemblage de 
cristaux imparfaits et pressés, formant quelquefois de petites 
masses qui rappellent la contexture de certaines pieRREs cal- 
caires grénues. 

La meïonite, comme nous l'avons déja dit, se trouve eu 
petits cristaux parmi les roches de cette partie’ du Vésuve 
qui porte le nom de Somma. Elle est accompagnée de plu- 
sieurs minéraux trés-remarquables par leur rareté, leurs 
belles couleurs, la perfection de leurs formes cristallines. 
Jusqu'ici elle ne s’est encore trouvée que dans cette localité. 

M. Leman, à qui nous devons sans contredit la meilleure 
description de la meïonite, dont il semble avoir fait une 
étude particulière sur la collection de Dolomieu, avoit cru 
devoir en rapprocher une autre substance rose, lamelleuse 
et fusible, quise trouve en rognons dans la lave des car- 
rières de Capo di Bove près Rome; mais, actuellement que 
nous possédons une analyse de la meïonite , il n'est plus 
permis de songer à ce rapprochement, puisque la meïonite 
contient 21,40 de potasse, et seulement 1,35 de chaux, 
tandis que le minéral de Capo di Bove ne coutient. pas un 
atome de potasse et renferme 36 de chaux. M. Leman avoit 
au reste prévu d'avance que cette substance n’étoit point 
une meïonite, malgré son analogie extérieure , puisqu'il 
proposoit de la nommer wollasfonite, espèce que Haüy à 
placée immédiatement aprés le pyroxène dans la seconde 
édition de son Traité de minéralogie. (Braro.) 


/ 


MEL A3 

MEISCE. (Bot.) Selon Rauwolf, Avicenne désignoit sous 
ce nom un haricot , phaseolus max, auquel Sérapion donnoit 
celui de mes, et Clusius celui de mungo. (4. d5 

MEISE ou MEISS. (Ornith.) Nom générique des mésanges ; 
parus, Linn., en allemand. (Cu.D.) 

MEISTERIA. ( Bot.) Scopoli a substitué ce nom a celui de 
pacourina, donné par Aublet à un de ses genres de la fa- 
mille des cinarocéphales. Willdenow l’a nommé haynea. (J.) 

MEJAHŒSE. ( Bot.) Nom arabe d’une fougère que Forskal 
nommoit acrostichum dichotomum , que Vahl rapportoit à la- 
crostichum australe, et que plus récemment Swariz a nommée 
asplenium radiatum. Forskal dit que dans PF Arabie on applique 
avec succès sur les brûlures ses feuilles broyées. (J.) 

MEJANE. (Ichthyol.) On donne vulgairement. ce nom à 
la dorade dans son pppeuer âge. Voyez Daurane et SPaRE. 
(H. C.) | | | 

MEJEANS. (Ornith.) Ce mot est cité, dans le Nouveau 
Dictionnaire d'histoire naturelle, comme étant le nom pro- 
vençal d'un grèbe. (Cx. D.) 

MEKALEFAH. (Ornih.) Nom arabe du sxnes ou phène, 
vultur barbatus, Gmel. (Cu. D.) 

MEKARAL, ( Bot.) Hermann cite ce nom pour un haricot 
de Ceilan, dont il ne donne aucune désignation. (J.) 

MEKATKAT. { Bot.) Nom arabe, selon Forskal, de son 
senecio lyralus, qui est le senecio auriculatus de Vahl. (J.) 

MEKATKATA ,; MENECKETE. (Bot.) Noms arabes du phyl- 
lanthes niruri, suivant Forskal. (J.) 

MEKISEWE PAUPASTAOW. (Ornith.) Suivant M. Vieil- 
lot, Hist. nat. des oiseaux de l’Amér. sept., tom. 2, p, 63, 
les métrinels de, la baie de Hudson nomment ainsi l'épeiche 
ou pic, varié de la, Caroline , Buffon, picus varius, Linn. 
(CRD); té 

MEL. ( Bot.) En nine des on donne ce nom aux millets. 
(L. D.) 

: MELACRANIS. (Bot.) Voyez Merancranis. ( Porn.) 

MELADOS. (Mamm.) On a donné ce nom à des chevaux 
dont la robe est blanche, dont les yeux sont bleus, et qui 
ont les lévres et le bout du nez souvent couverts de ladre 
ou de dartres furfuracées. (Dasw.) 


430 MEL 


MÉLAGASTRE. (Ichthyol.) Nom spécifique d’un labre que 
nous avons décrit dans ce Dictionnaire, tome XXV, p. 36. 
(H::C.) | 

MELAGRORYPHOS. (Ornith.) L'oiseau désigné par ce 
nom dans Aristote a été rapporté à la petite mésange noire, 
parus ater, Linn. (Cx. D.) 

MÉLALEUQUE, Melaleuca. (Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des 
-myrtées , de la monadelphie polyandrie de Linnæus; offrant pour 
caractère essentiel : Un calice à cinq divisions; cinq pétales 
insérés à l’orifice du calice; des étamines nombreuses, réu- : 
nies en cinq faisceaux ; les anthères à deux lobes; un ovaire 
inférieur ; un style ; un stigmate simple ; une capsule faisant 
corps avec le calice, à trois valves, à trois loges polyspermes. 

Ce genre est intéressant par les belles espèces qu’il ren- 
ferme, presque toutes provenues de la Nouvelle-Hollande. 
11 a de grands rapports avec les Metrosideros, dont il diffère 
par ses étamines réunies en plusieurs paquets. L'affinité qui 
existe entre ces deux genres et le Lepfospermum, a occasioné 
le déplacement de plusieurs espèces transportées d’un genre 
à l’autre. (Voyez LeprosPerME et MErrosiDEros.) 

La plupart des espèces de melaleuca sont aujourd’hui cul- 
tivées, conime plantes d'ornement, dans un grand nombre 
de jardins : elles réussissent bien dans du terreau de bruyère 
mélangé avec de la terre franche. On les multiplie de drageons 
et de marcottes, quelquefois aussi de boutures, et même de 
graines ; mais il faut attendre trois ou quatre ans pour qu’elles 
soient parfaitement mûres, époque indiquée par l'ouverture 
naturelle des capsules. Il est à remarquer que, d’une autre 
part, les feuilles sont persistantes; circonstance qui vient à 
l'appui d’une opinion que j’ai exposée dans les Leçons de Flore, 
vol. 1, pag. 120, sur la cause de la persistance des feuilles 
dans les arbres dont les fruits exigent une ou plusieurs an- 
nées pour leur maturité, et par suite le secours des feuilles. 
Ces plantes veulent être abritées du froid pendant lhiver. 
Comme le froid à deux ou trois degrés au-dessous de zéro 
ne leur est pas nuisible, il est à croire qu’on pourroit les 
conserver en pleine terre dans les climats plus tempérés 
que celui de Paris. 


MEL 431 


Mérareuque «A Bois BLANC; Melaleuca leucadendron, Linn.; 
Lamk., Ill. gen., tab. 641, fig. 4; Rumph., Amb., 2, p. 72, 
tab. 16 et tab. 17, fig. 1; Gærtn., De fruct., tab. 35. Arbre 
de cinquante à soixante pieds, dont le tronc est noirâtre, 
surtout à sa partie inférieure, revêtu d’une écorce de la 
nature du liége; les branches blanches, ainsi que les rameaux 
trés-déliés, garnis de feuilles alternes, presque sessiles, ovales- 
Jancéolées, entières, aiguës à leurs deux extrémités, glabres, 
d’un vert pâle, un peu courbhées en faucille, marquées de 
cinq nervures, longues de quatre à cinq pouces; les fleurs 
odorantes, éparses autour des rameaux, sessiles, presque 
agglomérées ; la corolle fort petite ; les pétales blancs, con- 
caves ; les filamens des étamines trés-longs ; les anthères pe- 
tites, jaunâtres; les capsules de couleur cendrée, urcéolées, 
de la grosseur d’un grain de coriandre, à trois loges, rem- 
plies de semences brunès, fort petites, semblables à des 
paillettes. 

Cet arbre croît dans les Indes orientales : on le cultive au 
Jardin du Roi. Son bois est employé, dans les Indes, pour 
la construction des vaisseaux ; il est dur, pesant, et se con- 
serve assez long-temps dans l’eau de mer : il est difficile de 
l’employer à d’autres usages, ayant le défaut de se fendre 
trop aisément, et de ne pas se prêter au poli. Son écerce 
tient de la nature du liége; elle se régénère comme lui, 
et se gonfle dans l’eau : on s’en sert en guise d’étoupes pour 
‘calfater les vaisseaux. On retire de ses feuilles, par le moyen 
de la distillation, une huile que l’on nomme huile dé cajaput : 
elle est de couleur verte , d’une odeur approchante de celle 
de la térébenthine, d’une saveur assez semblable à celle de 
la menthe poivrée, mais plus forte; eile occasionne une sensa- 
tion de froid plus sensible. Elle est rare, et presque toujours 
sophistiquée lorsqu'elle nous arrive en Europe : elle passe 
pour carminative, emménagogue. M. Bosc assure, d’après sa 
propre expérience , qu’elle a la propriété de garantir les 
“animaux empaillés du ravage des insectes. 

Il ne faut pas confondre avec cette espèce, comme où 
l’avoit fait d’abord. le Melaleuca viridiflora, Gærtn., De fruct., 
tab. 35; Lamk., Ill. gen., tab. 641, fig. 5. Ses feuilles sont 
plus épaisses, plus roides, non evurbées en faucille , coriaces, 


432 MEL 

lancéolées, d’un vert plus pâle ; les rameaux et les pétioles 
pubescens dans leur jeunesse ; les fleurs verdàtres, plus rap- 
prochées, formant, par leur rapprochement sur les rameaux, 
une sorte de grappe touffue. Cette espéce croît à la Nouvelle- 
Hollande et dans la Nouveile-Calédonie. 

MÉtALEUQUE A FEUILLES DE sTYPHÉLIE; Melaleuca stypheloides , 
Smith, Act. soc. Linn. Lond., 3, pag. 275. Arbrisseau de 
la Nouvelle-Holiande, que l’on cultive au Jardin du Roi. 
Ses rameaux sont velus dans leur jeunesse ; ils deviennent 
glabres en vieillissant. Les feuilles sont éparses, alternes, ses- 
siles , glabres, petites, ovales, un peu arrondies, trés-aiguës 
et piquantes à leur sommet, marquées de sept nervures, 
parsemées de points transparens; les fleurs disposées en 
forme de grappes sur les jeunes rameaux; les dents du ca- 
lice striées et mucronées. 

MéÉLALEUQUE A FEUILLES DE BRUYÈRE : Melaleuca ericifolia; 
Vent., Malm., tab. 56; Smith, Bot. exot., tab. 545" Andrx 
Bot. repos., tab. 175; Melaleuca armillaris, Cavan., Ic. rar., 
4, tab. 335. Arbrisseau de cinq à six pieds, dont! les tiges 
sont droites, d’un gris cendré; les rameaux eflilés; les feuilles 
éparses, linéaires, ponctuées, un peu courbées a leur som- 
met, d’une odeur et d’une saveur aromatique; les fleurs 
sessiles, tres-serrées, rougeàtres avant leur épanouissement, 
puis d’un blanc sàle, répandant une odeur de miel, réunies 
sur. les vieux bois autour d'un axe éeailleux , rougeûtre , 
garni de bractées ovales, pubescentes, rougeàtres; le calice 
glabre et ponctué ; les pétales ovales, coneaves, obtus; les 
étamines. réunies en faisceaux deux fois plus longs que iles 
pétales ; les anthères vacillantes, à quatre sillons ; l'ovaire 
globuleux, parsemé de poils courts, peu apparens..Gette 
plante croit à la Nouvelle-Hollande ; on la cultive au Jardin 
du Roi. 

MÉLALEUQUE NOUEUSE : Melaleuca nodosa, Smith, Bot. exot. ) 
tab. 35; Vent., Malim., v. 2, tab. 112; Metrosideros nodosa, 
.Cavan., Icon, rar, -4,utab::,334:, Gærtn.,!Deifruck.;ut4154. 
Ses tiges sont hautes de trois à quatre pieds, divisées en ra- 
meaux peu .ouveris, rougeàtres, articulés, un peu pileux, 
garnis de feuilles nombreuses, alternes,; linéaires, presque 
sessiies, glabres; mucronées et .piquantes. à leur sommet. 


MEL 433 
ñédiocreent ponctuées, longues d'environ un pouce ; les 
fleurs petites, situées vers le sommet des rameaux, rappro- 
chées en une tête globuleuse, sessile, répandant une odeur 
de cerfeuil ; les bractées brunes, très-caduques ; le calice 
globuleux, à cinq dents courtes; la corolle blanchätre avec 
une légère teinte de rose ; les capsules globuleuses, à trois 
loges, s’ouvrant à leur sommet en trois valves ; les semences 
nombreuses, cunéiformes. 

Cette plante croit au port Jackson, dans la Nouvelle- 
Hollande. 

MÉLALEUQUE À FEUILLES DE MYRTE : Melaleuéa myrtifolia; Vent., 
Malm., tab. 47; Melaleuca squarrosa, Labill., Nov. Holl., 5, 
tab. 169. Cette espèce est particulièrement recherchée pour 
la beauté de son port; de son feuillage, et de ses fleurs d’un 
rouge vif, disposées en paquets serrés le long des rameaux. 
Dans nos jardins c’est un arbrisseau de trois ou quatre pieds, 
dont les rameaux sont opposés, tétragones, d’un brun rou- 
geâtre : c'est dans son pays natal, d’après M. de Labillar- 
dière, un arbre de cinquante à soixante pieds; ses feuilles 
sont presque sessiles, éparses ou opposées, ovales, concaves, 
aiguës, trés-entières, ponctuées, à cinq ou sept nérvures, 
un peu pileuses dans leur jeunesse, assez semblables à celles 
du petit myrte commun. Les fleurs sont disposées en épis: 
très-serrés, situés dans la partie supérieure des jeunes pousses, 
réunies trois par trois dans l’aisselle d’une bractée pubescente : 
elles sont d’un jaune de soufre, et répandent une odeur très- 
agréable ; ainsi que les feuilles quand on les froisse, Le ca- 
lice est glabre, à cinq découpures obtuses ; les pétales con- 
caves, d’un blanc de lait, d’après M. de Labillardière; les 
filamens d’un jaune pâle; les anthères vacillantes, à quatre 
sillons ; l'ovaire globuleux, couvert de poils trés-blancs ; les 
capsules de la grosseur d’un grain de poivre. 

Cet arbrisseau est originaire de la Nouvelle -Hollande et 
des îles de la mer du Sud; on le cultive au Jardin du Roi: 
il fleurit vers la fin du printemps. 

MéLatBuQuE G18B8EUSE : Melaleuca gibbosa; Labill., Nov. Holl., 
2, pag. 30, tab. 172. Arbrisseau de huit à neuf pouces de 
haut et plus, chargé de rameaux nombreux , entrelacés, gla- 
bres, cendrés; les feuilles sont sessiles, opposées, presque 

29. 28 


454 MEL 

imbriquéés, courtes, épaisses, ovales, longues de deux li- 
gnes, courbées en faucille, à trois nervures, repliées à leurs 
bords, glabres, obtuses, parsemées en-dessous de points glan- 
duleux. Les fleurs sont trés-rapprochées, latérales et termi- 
nales, presque enfoncées dans une portion renflée des ra- 
meaux ; les découpures du calice ohtuses ; les pétales ovales ; 
le stigmate presque globuleux ; les capsules enfoncéés dans 
le calice dilaté et fongueux : le pistil avorte dans quelques 
fleurs. 

Cette plante croit au cap Van-Diémen. 

MÉiALEUQUE À FEUILLES DE TuyM : Melaleuca thymifolia; Smith, 
Exot. bot., t. 36; Melaleuca gnidiæfolia, Vent., Malm., t. 4; 
Melaleuca coronata, Andr., Bot. repos., tab. 278. Arbrisseau 
aromatique , d’un aspect gracieux, dont les tiges sont hautes 
de deux ou trois pieds, grêles, trés-rameuses, de couleur 
cendrée ; les rameaux bruns, opposés, s’élevant en pyramide, 
garnis de glandes concaves et d’écailles membraneuses. Les 
feuilles sont opposées, presque sessiles, très-rapprochées, 
glabres, lancéolées, aiguës, d’un verttendre, à trois ner- 
vures, longues de trois à quatre lignes, répandant une odeur 
aromatique lorsqu'on les froisse entre les doigts ; les fleurs 
sont peu nombreuses, sessiles, de couleur violette ; les brac- 
tées ovales, ponctuées ; le calice glabre , à cinq lobes ovales ; 
les pétales concaves, ponctués ; les étamines réunies en cinq 
paquets, chaque paquet formant une petite colonne de cou- 
leur violette, opposée aux pétales ; les filamens rameux ; 
l'ovaire globuleux, enfoncé dans un disque charnu. 

Cet arbrisseau croît à la Nouvelle-Hollande. 

MÉLALEUQUE A FEUILLES DE MILLEPERTUIS : Melaleuca hyperici- 
folia, Vent., Jard. Cels., t. 10; Andr., Bot. repos., t. 200. 
Arbrisseau très-élégant, remarquable par la beauté de ses 
fleurs, dont les tiges sont très-rameuses, lisses, cendrées, 
hautes de quatre à cinq pieds; les rameaux souples, un peu 
anguleux, rougeàtres ; les feuilles sessiles, opposées, coria- 
ces, ovales-oblongues, d’une odeur agréable ; les fleurs ses- 
siles, nombreuses, réunies en un épi court, touffu ; les brac- 
tées d’un rouge vif, trés-caduques; le calice tubulé; ses 
découpures ovales, blanches en dedans; les pétales de la 
longueur du calice ; les étamines réunies presque dans toute 


MEL 455 
leur longueur en cinq faisceaux alongés, divisés à leur som- 
met en une petite houpe, soutenant des anthéres vacillantes 
et noiràtres, . 

Cet arbrisseau croît à la Nouvelle - Hollande, 

MÉLALEUQUE À FEUILLES ELLIPTIQUES ; Melaleuca élliptica, Lab. 
Nov. Holl., tab. 173. Arbrisseau de six pieds, dont les ra- 
meaux sont glabres, étalés, un peu tuberculés; les feuilles 
opposées, médiocrement pétiolées, ovales, elliptiques, lon- 
gues de quatre à six lignes, trés-obtuses, ‘chargées en-dessous 
de points glanduleux et saillans ; les fleurs réunies en épis 
alongés; le calice un peu tomenteux, parsemé de points en- 
foncés ; ses découpures obtuses, persistantes ; les pétales 
oblongs, un peu onguiculés; le stigmate concave ; les cap- 
sules turbinées. 

Cette plante croît à la terre Van-Leuwin, à la Nouvelle- 
Hollande. ( Poir.) 

MELAMBO. (Bof.) C’est une écorce qu’on emploie en 
médecine ; elle est amére ; on l’apporte des contrées méri- 
dionales d'Amérique, et elle paroïit produite pan un arbre de 
la famille des magnoliacées. ( Leu.) 

MÉLAMPE, Melampus. (Conchyl.) M. Denys de Montfort ; 
sous ce nom, est le premier qui ait proposé de faire un 
genre distinct avec le bulime coniforme de Bruguiëres, espèce 
si voisine des auricuies que M. de Lamarck, qui pendant 
quélque temps avoit cru devoir aussi établir ce genre sous la 
dénomination de Conovule et qui l’a même figuré sous ce nom 
dans les planches de l'Encyclopédie méthodique, a définitive- 
ment inséré cette espèce dans la seconde section des auricules 
(Anim.sans vert., 2.*éd., tom: VI, 2.*part., p.141). Peut-être 
eût-elle été encore mieux placée dans son genre Tornatelle 
ou Piétin d'Adanson : en effet, d'après ce que M. Say dit de 
l’animal du mélampe, il a le pied partagé en deux talons 
par un sillon transverse. M. Denys de Montfort caractérisoit 
ce genre d’après la forme conoïde de la coquille, et parce 
que l'ouverture entière, étroite, alongée, a sa lèvre externe 
tranchante, dentée , et l'interne ou columellaire! marquée 
de ‘trois plis. Le type:dé ce genre est une petite coquille 
dont Linnæus faisoit une espèce de volute, V. coffea : elle 
est blanche , fasciée de brun, assez épaisse et rarement d’un 


456 MEL 
pouce de longueur; on la trouve, à ce qü’il paroît, sur 
toute la côte orientale des deux Amériques. M. Denys de 
Montfort cite particuliérement le rocher du Connétable, 
qui est en avant de la rade de Cayenñe. Voyez Prérin et 
Tonnaterze, ( DE B.) 
MELAMPELOS et MELAMPELON. (Bot.) Deux noms 
donnés à la pariétaire chez les anciens Grecs. ( Lem.) 
MELAMPHYLLON. (Bot.) Voyez HerpacanTHA. (J.) 
MÉLAMPODE, Melampodium. (Bot.) Genre de plantes 
dicotylédones , à fleurs composées, de la famille des corymbi- 
fères, de la syngénésie polygamie nécessaire, dont le caractère 
essentiel consiste dans des fleurs radiées ; le calice commun 
à cinq folioles égales ; les fleurons du disque mâles, à cinq 
 étamines syngénèses ; les demi-fleurons de la circonférence 
femelles : un ovaire inférieur; un style simple; le réceptacle 
conique, couvert de paillettes ; les semences tétragones, en- 
veloppées dans une écaille en capuchon. 
Le genre Dysodium a été réuni à ce genre par quelques 
äyteurs ; d’autres l’en ont séparé. (Voyez Dyson.) 
MécamPronE D'AMÉRIQUE; Melampodium americanum, Linn., 
Lamk., Il gen:, tab: 913; ‘Gærtn., de Fruct+,\ tab. 169); 
Banks, Relig. Houst., 9, tab. 21. Cette plante a des tiges 
chargées de poils et divisées par nœuds, garnies de feuilles 
opposées, linéaires-lancéolées, avec deux grandes dents de 
chaque côté, trés-entières, parsemées de points blancs, blan: 
ches et tomenteuses en-dessous. Un pédoncule filiforme , ter- 
minal et pileux, soutient une fleur jaune ; elle produit des 
semences bombées sur le dos, légèrement arquées, couron- 
nées par une membrane oblique , jaunâtre, à bords roulés 
en dedans. | 
Cette plante croit à la Veéra-Cruz. 
… Mérampops soyeux; Melampodium sericeum, Kunth , in Humb. 
Nov. gen., 4, p. 272. Ses tiges sont ligneuses, droites ou 
tombantes, hautes d'environ un pied; les rameaux glabres, 
opposés, pubescens et velus dans leur jeunesse; les feuilles 
sont sessiles, opposées, linéaires-lancéolées, très-entières, 
soyeuses, argentées et presque lanugineuses en-dessous, vertes, 
pubescentes et soyeuses en- dessus. Les fleurs sont réunies 
presque en corymbe sur de longs pédoncules à l'extrémité 


MEL 437 


des rameaux, de la grandeur de celles de la eamomille ; le 
calice commun hémisphéfique, à cinq folioles ovales, aiguës, 
en coin ; la corolle d’un jaune orangé; le réceptacle conique, 
garni de paillettes linéaires, en carène, dilatées, ondulées 
au sommet, un peu velues sur le dos. 

Cette plante croît dans la Nouvelle - Espagne, prés de la 
ville de Tasco. 

MérAMPODE A LONGUES FEUILLES ; Melampodium longifolium, 
Willd., Enum., 2, pag. 934. Cette plante a des tiges droites, 
annuelles, hautes de deux pieds, légérement pubescentes, 
dichotomes, garnies de feuilles sessiles, opposées, lancéolées, 
presque en cœur, entières, spatulées, quelquefois un peu 
dentées, longues d’un à deux pouces; les supérieures un peu 
anguleuses; les pédoncules solitaires, uniflores, aïlés à leurs 
bords ; le calice composé de cinq folioles ; le réceptacle co- 
nique, garni de paillettes; les semences surmontées d’une 
écaille roulée en dedans. 

Cette plante croît au Mexique ; on la cultive au Jardin du Roi, 

MÉLAMPODE A TIGE BASSE; Melampodium humile, Swartz, M, 
Ind. occid., 3, p.1370. Plante de la Jamaïque , annuelle, trés- 
commune, tant aux lieux incultes que cultivés, Au rapport 
de M, Swartz, elle gêne beaucoup la culture : ses semences 
sont trés-nuisibles aux oiseaux de basse-cour. Ses racines sont 
petites et fibreuses; ses tiges droites, rameuses, à peine lon- 
gues d’un pied, cylindriques, rougeâtres, velues ; les feuilles 
sessiles , opposées, légérement pubescentes, découpées en 
lyre ; le lobe terminal très-grand, ovale, presque hasté, 
inégalement denté ; les fleurs jaunes, solitaires, axillaires, 
médiocrement pédonculées; les folioles du calice ovales, 
concaves , pubescentes; quatre à cinq demi-fleurons linéai- 
res ; six à huit fleurons dans le disque; les anthères noires; 
les semences trigones, un peu comprimées, cunéiformes, 
hérissées sur leurs angles d’aiguillons crochus, terminées par 
deux épines; les paillettes petites, lancéolées. 

MécamPoDE AUSTRAL; Melampodium australe, Linn., Lœfl., 
Itin., 268. Ses tiges sont diffuses, couchées, étalées dans tous 
les sens , longues d’environ sept pouces, un peu pubescentes; 
les rameaux opposés, ascendans; les feuilles pétiolées, op- 
posées, ovales, obtuses, légèrement dentées à leur partie 


438 MEL 

supérieure. Les fleurs sont jaunes, terminales, axillaires ou 
placées dans la bifurcation des rameaux, solitaires, presque 
sessiles; le disque occupé par quatre à huit fleurons terminés 
par deux dents ; les demi-fleurons courts, filiformes, au 
nombre de cinq à huit ; les semences un peu comprimées, 
sillonnées latente pileuses ; le réceptacle garni de 
paillettes concaves, oblongues. 

Cette plante croît en Amérique, aux environs de Cu- 
mana, (Porr.) 

MELAMPODIUM. (Bot) Adanson avoit réuni ce genre de 
composée , ainsi que le chrysogonum, à son genre Cargilla, 
lequel n’a pas été adopté. (J.) 

_ MELAMPUS, (Ornith.) L'oiseau qui porte ce nom dans 
Gesner, Aldrovande et Willughby, est la glaréole tachetée, 
glarcola nœvia, Linn. (Ca D.) °°° 

MÉLAMPYRE; Melampyrum, Linn. (Bot.) Genre de plantes 
dicotylédones , ie la famille des rhinanthées, Juss., et de la 
didynamie angicspermie, Linn., dont les principaux caractères 
sont les suivars : Calice monophylle, tubuleux, à quatre 
découpures ; corolle monopétale, à tube oblong et à limbe 
comprimé , partagé en deux lèvres, dont la supérieure en 
casque et ayant ses bords réfléchis, l’inférieure triide ; quatre 
étamines didynames; un ovaire supére, ovale, surmonté 
d’un style filiforme, terminé par un stigmate obtus; une 
capsule ovale, oblique, acuminée, à deux valves, à deux 
loges séparées par une cloison opposée aux valves, et conte- 
nant chacune deux graines gibbeuses. 

Les mélampyres sont des plantes herbacées, annuelles , 
dont les feuilles sont simples, opposées, et les fleurs situées 
dans les aisselles des feuilles supérieures, ou disposées en épis 
terminaux, garnis de bractées. On en connoît une dixaine 
d'espèces, dont la plus grande partie croît naturellement en 
Europe. Elles présentent toutes dans leur port des conve- 
nances qui ont été senties par tous les botanistes. Ces, plantes 
prennent communément, en se desséchant, une couleur noi- 
rètre, qui leur donne, dans l’herbier, un aspect désagréa- 
ble; et l’on ne peut guère prévenir en partie cet inconvé- 
ment, qu'en leur enlevant promptement leur humidité, en 
es mettant entre des papiers trés-secs, qu’on change plu- 


MEL 439 
sieurs fois le jour, ou même en hàtant encore plus leur des- 
siccation à l’aide d’un fer chaud, passé à plusieurs reprises 
sur les papiers dans lesquels elles sont placées. 

Le nom de Melampyrum est formé de deux mots grecs, 
jeNas noir, et rupoc, blé : il paroît avoir été donné aux 
plantes de ce genre, parce que leurs graines ont en quelque 
sorte la forme d’un grain de froment, et qu’eiles sont ordi- 
mairement noirâtres, } 

Mérampyre À crêtes : Melampyrum cristatum , Linn., Spec., 
842; Flor. Dan., tab. 1104. Sa tige est droite, simple , ou 
le plus souvent divisée en rameaux étalés, et haute de huit 
à douze pouces. Ses feuilles sont étroites, lancéolées-linéaires, 
glabres, trés-entiéres. Ses fleurs sont rougeâtres, mêlées de 
blanc ou de jaunâtre , quelquefois entiérement blanches, 
disposées au sommet de la tige et des rameaux en épis ovales- 
oblongs, serrés et imbriqués de bractées d’un vert pâle, 
dentées, presque ciliées et trés-larges à leur base. Cette 
plante n’est pas rare dans les bois et les pâturages. 

MécamPyre Des cHAMPs; vulgairement BLé-DE-VACHE, QuEUE- 
DE-RENARD , CornetTE, Rouceoce : Melampyrum arvense, Linn., 
Spec., 842; Flor. Dan., t. 911; Triticum vaccinum, Dod., 
Pempt., 541. Sa tige est droite, haute d’un pied ou environ, 
simple ou divisée en rameaux redressés. Ses feuilles sont lan- 
céolées-linéaires, finement pubescentes. Ses fleurs sont pur- 
purines, mélées de jaune , disposées en épis terminaux, plus 
longs que dans l'espèce précédente, et accompagnées de 
bractées rouges, comme les corolles, et ayant leurs bords dé- 
coupés en lanières sétacées. Cette plante est commune dans 
les moissons. 

Ses graines, mêlées avec celles du froment, donnent au 
pain une couleur d’un violet noiràtre. Quelques auteurs 
disent que ce pain a une odeur piquante et une saveur 
désagréable ; qu’il est mal-sain, et que ceux qui en font usage 
sont sujets à être attaqués de pesanteurs de tête : mais plu- 
sieurs autres assurent au contraire en avoir souvent mangé, 
et ne lui avoir jamais trouvé de mauvais goût. Rai, qui est 
de ces derniers, ajoute que, dans certains cantons où le 
mélampyre des champs est trés-commun dans les moissons, 
on ne regarde pas ses graines comme nuisibles, et qu'on n€ 


446 MEL 

prend aucun soin pour en purger le blé. Il est même des 
auteurs qui prétendent qu'il est possible de faire du pain 
agréable ei sain avec la seule graine de mélampyre. Il n’est 
guëre possible de concilier ces diverses assertions, comme 
l’observe l’abbé Rosier, qu’en supposant que les graines trop 
nouvelles et encore trop pourvues de toute leur eau de vé- 
gétation possèdent les mauvais effets qu’on leur reproche, 
tandis qu’elles n’ont plus rien de mal-faisant, lorsqu'une des- 
siccation parfaite a fait évaporer leur humidité. 

Ce mélampyre en herbe est une tres-bonne nourriture 
pour les bestiaux, qui tous l’aiment beaucoup; les vaches 
surtout en sont si friandes qu’elles le préférent à toute 
autre plante, et c’est de la que lui est venu un de ses noms 
vulgaires. Le lait et le beurre de celles qui en mangent 
beaucoup dans la saison, est d’une excellente qualité. Cela 
a fait penser à le cultiver comme fourrage ; mais il résulte 
des éxpériences de M. Tessier, que cette plante vient mal 
lorsqu'elle est semée seule, de sorte que le seul moyen d’en 
retirer quelque utilité est de la faire arracher parmi les 
moissons, quand elle est en fleur, pour la donner à manger 
aux bestiaux. Cela a d’ailleurs l'avantage d’en débarrasser les 
blés, a la végétation desquels elle nuit d’abord, tandis qu’elle 
est sur pied, ensuite en altérant la paille , si ses tiges ne sont 
pas bien desséchées au moment d’amonceler les gerbes dans 
les granges, et enfin en mélant ses graines au froment, ce 
qui rend celui-ci d’une qualité inférieure. 

MÉLramPyrE DES FORÊTS : Melampyrum nemorosum, Linn. , Spec. 
843; Flor. Dan., tab. 305. Sa tige est haute de douze à dix- 
huit pouces, divisée en rameaux étalés, chargés de quelques 
poils. Ses feuilles sont lancéolées, pétiolées, très-légèrement 
velues en-dessous. Ses fleurs sont jaunes, briévement pédi- 
cellées, pour la plupart tournées du même côté, et placées 
dans les aisselles des feuilles supérieures, qui sont d’une belle 
couleur violette, et découpées à leur base en plusieurs dents 
profondes : ces fleurs sont rapprochées les unes des autres, 
de maniere à former une sorte de grappe terminale; les 
dents de leur calice sont étroites, très-aiguës et hérissées: 
Cette espèce croît dans les bois des montagnes en Dauphiné, 
en Provence et dans le Midi de l’Europe. Linnæus dit que 


MEL \ ui 


‘ sa présence égaye tellement les lieux sombres dans les forêts, 
qu’on prendroit volontiers ces lieux pour le palais de l’Au- 
rore ou de la déesse des fleurs. 

MéramPyrEe Des prés : Melampyrum pratense, Linn., Spec., 
845; Lam., Illust., tab. 518, fig. 2; Melampyrum vulgatum, 
Pers., Synops., 2, p.151. Cette espèce a le port de la précé- 
dente; elle n’en diffère que parce qu’elle est entièrement 
glabre et que ses feuilles supérieures ou bractées ne sont 
pas colorées : ses fleurs sont jaunes, à limbe blanc, peu ou- 
vert. Elle est commune dans les bois et les prairies. 

MérampyrE DEs Bois: Melampyrum sylvaticum , Linn., Spec., 
843; Flor. Dan,, t. 145. Sa tige est haute de huit à douze 
pouces, glabre, ainsi que toute la plante. Ses feuilles sont 
lancéolées-linéaires, toutes trés-entières, même les supé- 
rieures, qui accompagnent les fleurs. Celles-ci sont blanchà- 
tres ou jaunâtres, à limbe bleu, ouvert, et moitié plus pe- 
iites que dans les deux espèces précédentes, solitaires dans 
les aisselles des feuilles, et dans une grande partie de la tige 
et des rameaux, sans être assez rapprochés pour former, 
comme dans les deux espèces précédentes, une sorte de 
grappe. Ce mélampyre croît dans les bois et les prés des 
montagnes de l'Europe. Linnæus dit que les pâturages où il 
est abendant, ainsi que le précédent , fournissent aux vaches 
un lait dont on fait du beurre qui est plus jaune et de HN 
leure qualité. (L. D.) 

MELANÆTOS. (Ornith.) Aristote a appliqué ce nom aux 
deux races d’aigle commun. (Cx. D.) 

MELANANTHERA. (Bot.) Voyez MécanrHÈre. ( H.Cass.) 

MELANCHIER. (Bot.) Voyez Amuecancmier. (LEm.) 

MELANCHLENES. (Eniom.) Nom employé par M. La- 
treille pour désigner une division d'insectes coléoptères ren- 
fermant plusieurs genres nouveaux, tels que HarPare, Licine 
et SiAGONE, démembrés du genre Carare de Linné. (Desm.) 

MELANCHRYSE, Melanchrysum. (Bot.) Ce genre de plantes, 
que nous avons proposé dans le Bulletin des sciences de Jan- 
vier 1817 (pag. 12), appartient à l’ordre des synanthérées, 
a notre tribu naturelle des arctotidées, et à la section des 
arctotidées-gortériées. Voici les caractères que nous lui avons 
assignés (tom. XVIII, pag. 2409). 


442 MEL 


Calathide radiée : disque multiflore , régulariflore , andro- 
gyniflore ; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri- 
cline supérieur aux fleurs du disque, cylindracé , plécolé- 
pide ; formé de squames bi-trisériées, un peu inégales, im- 
briquées, entièrement entregreffées, mais surmontées d’un 
appendice libre, étalé, linéaire ou lancéolé, foliacé. Cli- 
nanthe épais, charnu, à face Supérieure conique, alvéolée, 
à face inférieure creusée d’une cavité où s’insère le pédon- 


cule. Ovaires tout couverts de longs poils capillaires, mous, 


appliqués, dressés et s’élevant plus haut que l’aigrette ; ai- 
grette composée de squamellules nombreuses, bisériées, un 


peu inégales, longues, laminées, membraneuses, linéaires- 


subulées, finement denticulées en scie sur les bords. Fleurs 
de la couronne à faux -ovaire nul, à style nul, à corolle 
formée d’un long tube et d’une très-grande languette dentée 
au sommet. 

MÉrancHryse RO1DE : Melanchrysum rigens, H. Cass.; Gor- 
£eria rigens, Linn., Sp. pl., edit. 3,-pag. 1284; Lam., Dict. 
encycl.; Willd., Sp. pl., tom. 3, part. 3, p. 2267; Non Gor- 
teria rigens 8, Thunb., Act, Hafn., 4, pag. 4, tab. 4, fig. a; 
Gazania rigens, R. Brown, Hort, Kew., edit. 2, tom. h; An? 
Gazania rigens , Mœnch, Supplem. ad method.; Lam., Illustr. 
gen, ; Non Gazania rigens, Gærtn., De fruct. eb sem. plant., 
tom. 2, pag. 451, tab. 173, fig. 2. Une racine vivace produit 
plusieurs tiges un peu ligneuses, plus ou moirs longues, 
couchées sur la terre ; leur partie inférieure ne porte que 
les vestiges ou les cicatrices des anciennes feuilles tom- 
bées; la partie supérieure est garnie de feuilles linéaires- 
spatulées, rétrécies vers la base qui est semi-amplexicaule , 
glabres et vertes en-dessus, cotonneuses et trés-blanches en- 
dessous , sauf la nervure médiaire qui est glabre ; la plupart 
de ces feuilles sont ordinairement entières, quelques-unes 
seulement sont pinnatifides; chaque tige porte un pédoncuie 
scapiforme, terminal, qui sort du milieu des feuilles; il est 
redressé, long de cinq ou six pouces, nu, glabre, et terminé 
par une calathide large de trois pouces et quelquefois plus, 
composée de fleurs d’un beau jaune-souci ; les languettes de 
la couronne , longues de pres d'un pouce et demi, offrent 
à leur base deux nervures en-dessous, et une tache noire 


MEL 443 


en-dessus, avec deux petites lignes blanches, ce qui forme 
autour du disque un annéau noir moucheté de blanc; le 
péricline est glabre. 

Cette plante, qu’il ne faut pas confondre avec la Gazanie 
de Gærtner, est indigène au cap de Bonne-Espérance, et 
cultivée en Europe pour ses calathides, les plus belles peut- 
être de tout l’ordre des synanthérées, lorsqu'elles sont bien 
épanouies, ce qui n’a lieu qu'autant qu’elles sont exposées 
à la vive ardeur du soleil. Comme ses graines mürissent ra- 
rement dans notre climat, le plus sûr moyen de multiplica- 
tion est d’enterrer les tiges ou les branches au printemps, 
- pour leur faire produire des racines, et de les séparer de 
leur souche commune au mois de septembre. La plante doit 
être mise dans un pot rempli de bonne terre légère et placé 
au soleil; il-faut l’arroser fréquemment pendant l'été, et la 
serrer dans l’orangerie durant l'hiver. Elle fleurit en maï, 
juin et juillet. 

MÉLaANCHRYsE spINULÉ ; Melanchrysum spinulosum, H. Cass. 
Une souche courte, étalée sur la terre, tortueuse, rameuse, 
diffuse, porte au sommet de chacune de ses branches plu- 
sieurs faisceaux de feuilles étalées, longues d'environ trois 
pouces, inégales et dissemblables; les unes sont simples, 
subspatulées, pétioliformes inférieurement, elliptiques-oblon- 
gues supérieurement; les autres ont la partie supérieure plus 
large, pinnatifide ou presque pinnée, à pinnules distancées, 
elliptiques-oblongues ; toutes ces feuilles sont épaisses, roides, 
coriaces, glabres et vertes en-dessus, tomenteuses et blan- 
ches en-dessous , à l'exception de la nervure médiaire ; leurs 
bords sont garnis de très-petites épines éparses, en forme de 
cils, qu'on observe aussi sur la côte moyenne de la face in- 
férieure ; les pédoncules naissent au milieu des faisceaux de 
feuilles ; ils sont longs de cinq pouces, cylindriques, hispi- 
dules, terminés par une calathide large de deux pouces, 
dont le disque et la couronne sont de couleur jaune- 
orangée; chaque languette de la couronne a , sur sa partie 
HHunse : une HAE tache très-noire , et est bidentée au 
sommet. 

Nous avons fait cette description sur un individu vivant, 
cultivé au Jardin du Roi, où il fleurit en juin, et où il est 


TE MEL 
étiqueté Gorteria pectinata, ou quelquefois Gorteria pinnata : 
mais ce n'est assurément ni l’un ni l’autre. La plante en 
question n'est peut-être qu’une variété du Melanchrysum ri- 
gens, et c’est avec doute que nous la présentons comme une 
espéce distincte. | 

Il est bien vraisemblable que les Gorteria pectinata et hetero- 
phylla, décrites par Willdenow, la première dans le Species 
planiarum, la seconde dans l’'Hortus Berolinensis, appartien- 
nent au geure Melanchrysum, qui peut-être revendiqueroit 
encore légitimement quelques autres espèces attribuées par 
Willdenow et Persoon aux genres Gorteria et Mussinia. 

Comme nous devons éviter, autant qu’il est possible, de 
répéter dans un article ce que nous avons déjà dit dans 
un autre, nous renvoyons le lecteur à nos articies GazANIE 
(tom. XVIII, pag. 245) et Gortérie (tom. XIX, pag. 251), 
où il trouvera le complément de ce qui manque à celui-ci. 
En effet, nous avons établi, dans ces deux articles, 1.° que 
la Gorteria personata étoit le véritable type du genre Gorteria, 
et peut-être même la seule espèce qu’on pût, jusqu'a présent, 
attribuer avec assurance 4 ce genre, qui, étant ainsi réduit, 
doit conserver le nom de Gorteria, auquel on a voulu mal à 
propos substituer celui de Personaria; 2.° que la Gorteria 
rigens, qui différe génériquement du vrai Gorteria, ne diffère 
pas moins du Gazania de Gærtner, qui est le Mussinia de 
Willdenow ; d’où ii suit que M. R. Brown a eu trés- grand 
tort de changer les caractères du genre Gazania, en conser- 
vant ce nom, pour appliquer le tout a la Gorteria rigens, 
que Gærtner n’a point prise réellement pour type de ce 
genre, et qu’il n’a citée que par erreur de synonymie ; la- 
quelle erreur, partagée par M. Brown et par plusieurs au- 
tres botanistes, a produit une étrange confusion; 3.° que, le 
nom générique de Gazania devant être préféré, comme plus 
ancien , à celui de Mussinia, donné plus récemment par 
Willdenow au même genre, il faut conserver à ce genre de 
Gærtner son premier nom, et surtout ne pas s’aviser, comme 
M. Brown, de l'appliquer à la Gorteria rigens, pour laquelle 
nous avons dû créer un nouveau nom générique; 4." que le 
genre Melanchrysum se distingue de tous les genres voisins 
par des différences que nous avons signalées dans les deux 


MEL 44 
articles cités, où l’on trouvera plusieurs autres documens 
relatifs au sujet du présent article. 

Le nom de Melanchrysum, composé de deux mots grecs qui 
signifient noir et or, fait allusion aux couleurs de la calathide. 

Quelques observations particulières, faites par nous sur le 
Melanchrysum rigens, ne seront pas déplacées ici, et pour- 
ront intéresser nos lecteurs. 

Le style est composé de deux articles, dont le supérieur 
est plus épais que l’inférieur. En préfleuraison. la base de 
l’article supérieur forme une saillie annulaire trés-forte et 
tres-brusque, qui est en outré manifestement hérissée de 
collecteurs piliformes. À l’époque dont nous parlons, cette 
saillie se trouve immédiatement au-dessous de la base du 
tube anthéral. Lorsqu’ensuite ce bourrelet annulaire traverse 
de bas en haut le tube anthéral, on conçoit aisément qu'il 
doit enlever tout le pollen, Mais, à l’époque de la fleuraison, 
lorsque la base de l’article supérieur du style a surmonté le 
sommet du tube anthéral, la saillie annulaire, cessant d’être 
utile, s’oblitére et n’est presque plus sensible. En observant 
le style pendant la préfleuraison, nous avons remarqué qu’à 
cet âge les deux languettes, c’est-a-dire, les deux branches 
de l’article supérieur, étoient d’un jaune trés-pur, tandis 
que la partie indivise de cet article étoit d’un jaune ver- 
dâtre ; et ces deux colorations diverses, loin de se fondre 
l'une dans l’autre par des nuances intermédiaires, formoient 
une ligne trèes-nette séparant la base des languettes du sommet 
de la partie indivise, comme s’il existoit entre elles une ar- 
ticulation. Dans les autres arctotidées, la face intérieure des 
languettes nous a paru glabre, unie, lisse, dénuée de bour- 
relets et de papilles stigmatiques, comme dans les échinop- 
sées. Mais, dans le Melanchrysum , la face intérieure des lan- 
guettes est finement poncticulée, sauf le milieu de la moitié 
inférieure : cette moitié n'étant poncticulée ou stigmatique 
que sur ses deux marges latérales, son milieu forme une 
sorte de rainure ou de gouttiére non stigmatique. C’est pour- 
quoi, pendant la fleuraison, tandis que les deux languettes 
divergent par tous les autres points de leurs faces intérieures, 
elles demeurent appliquées l’une contre l’autre par cette rai- 
aure non stigmatique. 


446 MEL 

Les étimines du Melanchrysum différent aussi de celles de 
beaucoup d’autres arctotidées, et elles ressemblent assez à 
celles des calendulées. Le filet est glabre , jaunàtre ; eom- 
pacte, charnu ; l’article anthérifére est long et grêle, blanc, 
demi-transparent, aqueux, se flétrissant plus tôt que le filet : 
l’appendice apicilaire de l’anthère est demi-lancéolé-aigu; les 
appendices basilaires sont subulés, libres des deux côtés ; 
longs comme l’article anthérifère. 

Les corolles du disque ont leurs nervures comme mar: 
quetées de petites lignes blanches, longitudinales, interrom- 
pues, qui paroiïssent être des vaisseaux propres, contenant ; 
comme les autres parties de la plante , un suc laiteux tres- 
abondant. Les corolles de la couronne ont le tube plein, sa 
cavité ayant disparu par la greffe mutuelle des parois in- 
ternes; et ce tube, qui ressemble à -un pétiole, repose im- 
médiatement sur le clinanthe, avec lequel ÿl est articulé 
par sa base, sans qu’il y-ait entre eux aucun vestige de faux: 
ovaire ,, en sorte qu'ici la corolle, trés-analogue à une feuille 
péticlée, constitue à elle seule toute la fleur. 

L'ovaire est cylindracé , ou plutôt obconique, tout hérissé 
de trés-longs poils mous, soyeux, droits, appliqués, s'élevant 
beaucoup plus haut que l’aigrette, La partie placentairienne 
de cet ovaire est amincie et prolongée en un pied, qui forme 
près de la moitié de la hauteur de l'ovaire. Nous n'avons 
aperçu aucune nervure distincte à la surface de cet ovaire; 
qui différeroit par là de la structure ordinaire des ovaires 
d’arctotidées : mais on altère probablement l’état naturel 
de la surface, en arrachant les poils qui masquent cet état: 
I1 y a un bourrelet apicilaire peu saillant, cylindrique, 
charnu, verdâtre. L’aigrette, aussi longue que l'ovaire , est 
composée de squamellules irréguliérement bisériées, inégales, 
longues, étroites, membraneuses, étrécies depuis la base 
jusqu’au sommet qui est aigu, très-légérement dentées en 
scie sur les bords, vers le haut seulement. 

La cavité qui reçoit le sommet du pédoncule, paroît être 
formée par la base du péricline, prolongée inférieurement 
en un appendice annulaire, épais, charnu. 

Les squames du péricline sont entregreffées de manière à 
former par leur réunion nn tube cylindrique, coriace, di- 


MEL 447 
visé seulemént au sommet; le clinanthe est épais, charnu, 
conique, nu ; les fruits sont tout couverts de longs poils ca- 
pillaires, dressés , qui s'élèvent plus haut que l’aigrette. A 
l’époque de la maturité, le péricline se dessèche et se res- 
serre à tel point que sa capacité diminue de moitié; les fruits 
se détachent du clinanthe, et les poils dont ils sont hérissés 
divergent fortement. Il résulte de toutes les circonstances de 
cette disposition, que les fruits, pressés entre les parois du 
péricline et la protubérance conique du clinanthe, sont ex- 
pulsés au dehors, et sortent du péricline, en s’élevant au- 
dessus de son orifice, où leur aigrette et surtout leurs longs 
poils facilitent leur dispersion opérée par le vent. Ce mode 
de dissémination est assez remarquable, en ce que le rétré- 
cissement du péricline et la forme du clinanthe paroissent 
être les causes principales de l'expulsion des fruits, et en 
ce que les longs poils dont ces fruits sont hérissés contribuent 
plus que l’aigrette à leur dissémination. (Voyéz notre Mé- 
moire sur les différens modes de la dissémination chez les 
synanthérées, dans le Bulletin des sciences de 1821, p. 92.) 

Nous allons maintenant exposer le tableau méthodique des 
genres composant la tribu des Arctotidées, afin de compléter 
nos articles Arcrorinées (tom.Il, Suppi., pag. 118), et Gor- 
TÉRIÉES (tom. XIX, pag: 234), dans l’un desquels ce tableau 
auroit dû être placé. Le Melanchrysum se trouvant, dans 
l'ordre alphabétique , le dernier genre de sa tribu, nous 
n’aurions plus l’occasion d'introduire dans le Dictionnaire ce 
complément indispensable, si nous négligions de le faire ic, 


VI.° Tribu. Les ARCTOTIDÉES ( Arctotideæ ). 


Bulletin des sciences, décembre 1812, page 191. Journal 
de physique, mars 1813, page 194 ; avril 1814, page 281; 
février 1816, page 127; juillet 1817, page 12; février 1819, 
page 159. Journal de botanique, avril 1813, page 154; année 
1814, tome 4, page 240. Dictionnaire des sciences naturelles, 
tome II, Supplément, page 118; tome 19, page 254 ; tome 
20, page 364. 


(Voyez les caractères de la tribu des Arctotidées, tome XX, 
page 364.) 4 


448 MEL 


Première Section: 
ARCTOTIDÉES-GorRTÉRIÉES ( Arctotideæ-Gorterieæ ). 


Caractère : Péricline plécolépide , c’est-à-dire, formé de 
squames plus ou moins entregreffées. 


. * Hirpicrum. = Œdéra alienata: Thunb. — (Non Œdera 
Ru Lin. fil. — Jacq.)— Hirpicium. H. Cass. Bull. févr. 1820: 
p. 26. Dict. v. 21: p. 238. 

2. t GonrEerta. — Gorteriæ sp: Lins — WVilld. — Pers. — 
Gorteria: Adans. (1765) — Gærtn. — Neck. — Personaria. Lam. 
JIllustr. gen. 

3. * Icrinuss — ITcetinus. H, Cass. Bull. sept: 1818. p; 142. 
Dict. v. 22: p. 559: ù 

4. + GazantA.= Gazania. Gærtn. (1791) — H, Cass. Dict. v: 
18. p.245.— An ? Moehnia. Neck. (1791) — Gorteriæ sp: Thunb. 
— An ?Gazamia. Mœnch (1802)— Lam. Illustr. gen. — Mussinia. 
Willd. (1803) — Non Gaïzania. R. Brown (1813). 

5. * MELANCHRYSUM, — Anemonospermi sp. Ray. — Arctothecæ 
sp: Vaill. — Arctotidis sp. Mill. — Gorteriæ sp. Lin, — Willd, 
Non Gazania. Gærtn.— An ? Moehnia. Neck.(1791)— An ? Ga- 
zonia. Mœnch (1802): — Lam. Illustr. gen. — Gazania. R. 
Brown (1813). — Melanchrysum. H. Cass. Bull, janv. 1817. p. 
12. Dict. v. 18. ps 248. 

6. * Cusrinpia. — Gorteriæ sp. Lin. fil. — Aiton (1789). —= 
Aspidaliis. Gærtn: (1791 in icon.) — Cuspidia. Gærtn: (1991 in 
descr.) — H. Cass. Dict. v. 12. p. 251. Bull. nov, 1820. p. 171. 

7- * Diverra. — Polymniæ sp. Lin. fil. — Didelta. L'Hérit. 
(1785): -— Juss. — H. Cass. Dict. v. 13. p, 221. — Dideltæ sp. 
Aiton (1789). — Pers.—- Choristea. Thunb. 1800.— Breteuillia. 
Buchoz. 

8. + Favonium. — Polymniæ sp. Lin. fil. — Dideltæ sp. Aiton 
(1789). — Pers. — Choristea. Soland. (ined.) — Favonium. 
Gærtn. (1791). — H. Cass. Dict. v. 16. p. 295. 

9. * Cuzzumra. = Carthami sp. Vaill. — Gorteriæ sp. Lin. — 
Berkheyæ sp. Willd.— Pers. — Cullumia. R. Brown (1613).:—- 
EH, Cass. Dictiv tapas; 

10. * Berkueya.— Carthami sp. Walther (1735). — Aérac- 
tylidis sp. Lin. (1737 et 1774). — Gorteriæ sp. Lin. (1763). —- 


MEL 449 
Crocedilodes. Adans. (1763). (Non Crocodilodes, Vaiil.) — 
Basteria. Houttuyn (1780). — Berkheya. Ehrhart (1768 }. — 
Schreb. — Willd. — Pers. — Agriphyllum. Juss. (1789) — Desf. 
— Rohria. Vahl (1790).—Thunb, — Apuleja. Gærtn. (1791). 
— Zarabellia. Neck. (1791). — Gorteria. Lam. Illustr. gen. 
11. *Evoris, — Gorteriæ sp. Lin. fil — Rohriæ sp. Vahl 
(1790). — Berkheyæ sp. Willd. — Pers. — Evopis. H. Cass. 
Bull. févr. 1818. p. 32. Dict. v. 16. p. 65. : 


Seconde Section, 


Arcrorinées - Prororyres ( Arctotideæ - Archetypæ). 


Caractère : Péricline chorisolépide , c’est-à-dire, formé de 
squames entierement libres. 


* Hereroceris. —= Œdera aliena. Lin. fil. — Jacq. — (Non 
Œin alienata. Thunb.) — Arnica inuloides. Vahl, — Hetero- 
morpha. H. Cass. Bull. janv. 1817. p. 12. — Heterolepis. H. 
Cass. Bull. févr. 1820. p.26. Dict. v. 21. p. 120. 

13. * CRYPTOSTEMMA. — Anemonospermi sp. Commel. — Arc- 
thotecæ sp. Vaill. — Arctoñidis sp. Lin. (1737). — Juss. — 
Gærtn. — Neck. — Willd.— Pers. — Cryptostemma. R. Brown 
(1813). — H. Cass. Dict. v. 12. p. 125. 

14. * ArcrOTHECA. — Arctotidis sp. Jacq. — Arctotheca. 
Wendland (1798). — Willd. — Pers. — H. Cass. Dict. v. 2. 
Suppl. p. 117. v. 25. p. 271. — (Non Arctotheca. Vaill.) 

15. * Arcroris. — Anemonospermi sp. Commel. (1703). — 
Boerh. — Adans.— Arctothecæ sp. Vaill. (1720). — Arctotidis 
sp. Lin. (1737). — Juss. — Gærtn. — Willd. — Pers. — Sper- 
mophylla. Neck. (1791). — Arctotis. R. Brown (1813). — H. 
Cass. Dict. v. 25, p. 270. 

16. *Damarris. — Damatris, H. Cass. Bull. sept. 1817. p. 
139- Det. Va 22. DATI. 


Nos deux sections pourroient être considérées comme deux 
grands genres, l’un nommé Gorteria, l’autre Arctotis, et divi- 
sés chacun en plusieurs sous-genres. Mais nous ne voyons pas 
quel avantage on trouveroit dans cette disposition, qui ne 
changeroit rien au fond des choses, et que nous indiquons 
ici seulément pour démontrer à nos adversaires que le re- 
proche qu’ils nous font de trop multiplier les genres se ré- 


29. #3 


450 MEL 


duit à une vaine dispute de mots, puisqu'il suffit de changer 
les titres donnés aux groupes, en élevant ou abaissant l’échelle 
de graduation suivant laquelle ils sont subordonnés les uns 
aux autres. Ainsi, On croit généralement et on a coutume 
de dire que Necker a beaucoup trop multiplié les genres : 
mais si l’on remarquoit que ce botaniste n’admet dans le 
règne végétal que cinquante-quatre genres, et qu'il intitule 
espèces les groupes intitulés genres par tous les autres bota- 
nistes, on lui adresseroit sans doute le reproche de beaucoup 
trop restreindre le nombre des genres. Voilà donc deux re- 
proches alternatifs, contraires et incompatibles, fondés uni- 
quement sur des dénominations presque arbitraires. Le véri- 
table reproche que mérite Necker, c’est d’avoir mal observé, 
mal décrit, mal caractérisé, mal composé, mal indiqué les 
groupes dont il s’agit : mais assurément il importe peu qu'il 
les ait intitulés genres ou espèces. 

La tribu des Arctotidées étant placée Cubee celle des Échi- 
nopsées, qui la précède, et celle dés Calendulées, qui la 
suit, il a fallu mettre au commencement les Gortériées, 
plantes roides, coriaces , épineuses , comme les Échinopsées, 
et reléguer à la fin les Prototypes, qui ont beaucoup d’ana- 
logie avec les Calendulées. 

Notre genre Hirpicium , confondu par Thunberg avec 
T'Œdera, semble se rapprocher un peu plus que tout autre 
de l’Echinops, par la structure de l’aigrette, et parce que 
les fruits sont hérissés de poils excessivement longs, fourchus 
au sommet, souvent fasciculés et entregreffés de manière à 
former des membranes. 

Le genre Gorteria, convenablement limité par Adanson, 
Gærtner, Necker, a une grande affinité avec l’Hirpicium pat 
le péricline, et il n’en diffère essentiellement que par l’ab- 
sence d’une véritable aigrette. 

Notre genre Ictinus ressemble aux deux précédens par le 
péricline ; maïs son aigrette nous paroît avoir quelque ana- 
logie avec celle du Gazania. 

Le vrai genre Gazania de Gærtnér n’est peut-être pas celui 
de Mœnch ni de M. de Lamarck, et certainement il n’est pas 
celui de M. Brown; mais il pourroit être le Moehnia de 
Necker, et il est sans doute le Mussinia de Willdenow. - 


MEL PRE 


Notre genre Melanchrysum, qui est peut-être aussi le Moeh- 
mia de Necker, a la plus grande aflinité aveë le Gazania de 
Gærtner, par le péricline , le port et toutes les apparences 
extérieures ; ce qui a produit les erreurs et la confusion 
commises par plusieurs botanistes, et notamment par M. 
Brown. 

Le genre Cuspidia, qui se rapproche du Melanchrysum par 
certains caraëtères, et dont l’aigrette est analogue à celle du 
Didelta , nous a paru pouvoir être placé entre ces deux genres. 
Gærtner lui attribue une couronne féminifiore , ce qui seroit 
extraordinaire dans la section des Gortériées, où nous avons 
trouvé constamment la couronne neutriflore. Mais Gærtner 
ne s'est-il pas trompé sur ce point? Nous sommes d’autant 
plus disposé à le croire, que notre Cuspidia castrata, décrite 
dans le Bulletin des sciences de Novembré 1820, a la cou- 
ronne évidemment neutriflore. 

Le genre Didelta auroit aussi la couronne féminiflore, 
suivant l’Héritier. Mais c'est probablement encore une er- 
reur, car la calathide que nous avons décrite (tom. XIII, 
pag. 225) avoit la couronne neutriflore; et il n’est plus dou- 
teux pour nous que cette calathide appartient à une espèce 
du genre Didelta, très-peu distincte de la Didelta fetragoniæ- 
jfolia de l’Héritier, et dont voici la description faite sur um 
échantillon de l’herbier de M. Desfontaines. 

Didelta obtusifolia , H. Cass. Tige rameuse, striée, glabre. 
Feuilles alternes , eu un peu opposées, sessiles, oblongues- 
obovales, étrécies à la base, arrondies au sommet, trés-entières; 
les jeunes feuilles tomenteuses et blanchâtres. Grandes cala< 
thides radiées, solitaires au sommet de la tige, et de longs ra- 
meaux pédonculiformes; corolles jaunes. Chaque calathide 
composée d'un disque multüflore , régulariflore, androgyni- 
flore, et d’une couronne unisériée, liguliflore, neutriflore ; 
péricline supérieur aux fleurs du disque, plécolépide , formé 
de squames entregreffées, excessivement courtes, presque 
nulles, manifestes seulement par leufs appendices, et bisé- 
riées : les extérieures au nombre de trois, dont chacune est 
surmontée d’un grand appendice libre, foliacé, ovale ; les 
intérieures plus nombreuses, surmontées d’appendices plus 
courts et plus étroits, libres, foliacés, linéaires-lancéolés ; 


482 | MEL 


clinanthe large, plan, alvéolé, hérissé de fimbriiles spini- 
formes, qui sont nulles sur sa partie centrale ; ovaires pe- 
tits, obconiques, enchâssés dans les alvéoles du clinanthe ; 
aigrettes courtes, composées de squamellules inégales, fili- 
formes, épaisses, aiguës, barbellulées; corolles de la cou- 
ronne tridentées au sommet ; corolles du disque à divisions 
longues, linéaires, noirâtres au sommet ; étamines à appen- 
dices apicilaires arrondis, noirâtres; styles d’arctotidée. 

Le genre Favonium doit sans doute accompagner immédia- 
tement le Didelta : maïs il en est, selon nous, SE cd 
distinct. É 

Le genre Cullumia, qui a surtout des rapports avec les 
Berkheya à fruits glabres, se rapproche peut-être aussi du Di- 
delta par les fimbrilles fort remarquables que nous avons obser- 


vées sur les cloisons du clinanthe, dans la Cullumia squarrosa. 


Le caractère sur lequel M. Brown a fondé son genre Cullu- 
mia, n’avoit point échappé à la sagacité de Vaillant, puisqu'il 
attribuoit la Cullumia ciliaris à son genre Caprnees carac- 
térisé par l’aigrette nulle. t 
Le genre Berkheya fut institué par Adanson sous le nom 
de Crocodilodes, parce qu’il supposoit que ce genre corres- 
pondoit au Crocodilodes de Vaillant. C’est une erreur. Le 
genre Crocodilodes de Vaillant correspond au genre Afrac- 
Lylis de Linné : en effet, il est composé de quatre espèces, 
dont les trois premières sont les Atractylis gummifera, cancel- 
lata et humilis de Linné; et s'il est vrai, comme on le pré- 
tend, que la quatrième espèce appartienne au genre Berk- 
heya, c’est par ignorance de.ses caractères génériques que 
Vaillant l’aura comprise dans son genre Crocodilodes, puis- 
qu'il attribuoit à ce genre les caractères propres au genre 
Atractylis de Linné. Depuis Adanson, plusieurs botanistes 
ont successivement reproduit comme nouveau, et sous dif- 
férens noms, son genre Crocodilodes. Si la raison et l'équité 
pouvoient prévaloir sur des régles arbitraires et frivoles, il 
n’est pes douteux que le nom de Crocodilodes devroit être 
préféré à tout autre, puisque c’est celui qui a été employé 
par le premier fondateur du genre: mais on a gravement 
décidé que tout nom générique terminé en odes ou oides de- 
voit être sévèrement proscrit. Il faut souvent danslessciences, 


MEL 453 
comme dans la conduite ordinaire de la vie, se soumettre à 
certains préjugés déraisonnables : c’est pourquoi nous laissons 
a l'écart le nom de Crocodilodes, et, forcé de choisir entre les 
autres, nous préférons celui de Berkheya, parce qu'il est le 
plus usité, et parce qu’il consacre un beau genre de synan- 
thérées à la mémoire du botaniste qui, le premier, a écrit 
un traité complet sur la structure propre à cet ordre de 
plantes considéré en général. M. de Lamarck, dans ses Illus- 
trahiones generum , applique le nom de Gorteria au genre Berk- 
heya, et il donne celui de Personaria au vrai genre Gorteria. 
C'est violer manifestement la règle qui veut que, lorsqu'un 
ancien genre est divisé en plusieurs genres nouveaux, l’ancien 
nom générique soit conservé au genre nouveau contenant 
l'espèce qui fut le type primitif du genre ancien. Cette règle, 
trop peu respectée par les botanistes, est pourtant bien né- 
cessaire pour garantir la nomenclature de la confusion, de 
l'arbitraire et des variations continuelles. 

Le genre Berkheya n'ayant point été décrit dans ce Diction- 
naire, nous devons réparer cette lacune , en exposant ici ses . 
caractères, tels que nous les avons observés sur un échan- 
tillon sec de la Gorteria fruticosa de Linné, qui est le type 
de ce genre Berkheya. 

Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, andro- 
gyniflore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péri- 
chine égal aux fleurs du disque , irrégulier ; formé de squames 
paucisériées, extrêmement courtes, appliquées, surmontées 
de très-grands appendices inégaux , inappliqués, oblongs, 
foliiformes , foliacés, munis d’épines sur les bords et au som- 
met. Clinanthe très-profondément alvéolé, à cloisons mem- 
braneuses. Fleurs’ du disque : Ovaires entièrement engainés 
par les alvéoles du clinanthe , et tout couverts de longs poils. 
Aigrettes courtes, composées de squamellules paucisériées , 
un peu inégales, paléiformes, coriaces, ovales-oblongues, 
denticulées. Corolles à cinq divisions trés-longues , linéaires. 
Anthères pourvues d’appendices basilaires, et d’un appen- 
dice apicilaire alongé, arrondi au sommet. Styles d’arcto- 
tidée. Fleurs de la couronne privées de faux-ovaire, mais 
pourvues de fausses-étamines. | 

Notre genre Evopis, dont les fleurs de la couronne sont 


454 MEL 


pourvues de fausses- étamines, comme les deux genres Bertk- 
heya et Heterolepis, entre lesquels il est rangé, paroït d’ail- 
leurs convenablement placé à la fin des Gortériées et tout 
auprès des Prototypes, parce que son péricline semble être 
formé de squames libres. Ce n’est pourtant, selon nous, 
qu’une fausse apparence ; car l’analogie nous persuade que 
les pièces du péricline de l’Evopis ne sont que les appendices 
des vraies squames qui sont totalement avortées, et qui se- 
voient infailliblement entregreffées, si elles existoient. Il ne 
faut pas confondre notre genre Evopis avec le genre Rohria 
de Vahl, caractérisé par ce botaniste de la maniére suivante: 
Receptaculum favosum; pappus polyphyllus; corollulæ radü ligu- 
latæ, staminiferæ, antheris sterilibus. Vahl attribuoït a ce genre 
_ deux espèces : 1.° la Gorteria herbacea de Linné fils, qui est 
le type de notre genre Evopis; 2.° l’Atractylis oppositifolia de 
Linné, qui est le type du genre Berkheya. Aïnsi, le genre 
Rohria de Vahl est formé de la réunion de l’Evopis et du 
Berkheya ; maïs il correspond plus directement avec le Berk- 
heya, par le caractère que Vahl assigne à laigrette : c’est 
pourquoi Thunberg applique à toutes les espèces de Berkheya 
le nom générique de Rohria, que nous n’avons pas dû con- 
server à notre genre Evopis, distingué du Berkheya par le 
péricline et par l’aigrette. 

Notre genre Heterolepis ne sauroïit être mieux placé qu’au 
commencement des Prototypes, et tout auprés des gorté- 
riées, avec lesquelles il a une affinité manifeste ; il se rap- 
proche surtout de l’Evopis par les fausses-étamines dont sa 
couronne est pourvue, et par son aigrette, qui s'éloigne de 
celle des autres Prototypes. 

Le genre Cryptostemma, dont la couronne est souvent bili- 
guliflore, doit suivre immédiatement l'Heterolepis, qui est 
particuliérement remarquable par ce caractère, et qui offre 
ainsi une affinité apparente avec les mutisiées. 

Le genre Arctotheca, placé à la suite du précédent, parce 
qu’il a, comme lui, la couronne neutriflore, à été mal dé- 
crit dans ce Dictionnaire, ce qui nous impose l'obligation 
d'exposer ici ses caractères génériques , tels que nous les 
avons observés sur un individu vivant d’Arcéotheca repens , 
cultivé au Jardin du Roi. 


MES 455 

Calathide radiée : disque multiflore , régulariflore, andro- 
gyaiflore; couronne unisériée, liguliflore , neutriflore, Péri- 
cline supérieur aux fleurs du disque , hémisphérique; formé 
de squames imbriquées, appliquées, coriaces : les extérieures 
ovales, surmontées d'un appendice inappliqué, linéaire, fo- 
hacé ; les intérieures surmontées d’un appendice margini- 
forme, arrondi, membraneux. Clinanthe plan, alvéolé, à 
cloisons élevées, membraneuses, découpées supérieurement 
en dents fimbrilliformes. Ovaires cylindracés, un peu ob- 
comprimés, élargis en haut, amincis vers la base en forme 
de pied, glabriuscules, légèrement pubescens ou garnis d’un 
duvet fugace, munis de cinq côtes situées sur la face exté- 
rieure, et pourvus d’un bourrelet apicilaire très-saillant, 
épais, cylindrique, cartilagineux, très-glabre ; aigrette àb- 
solument nulle. Fleurs de la couronne pourvues d’un faux- 
ovaire. : 

Le nom d’Arctotheca, qui exprime que les fruits sont velus 
comme un ours, convenoit fort bien au genre ainsi nommé 
par Vaillant; mais il convient fort mal à celui-ci, dont les 
fruits sont presque glabres; et cependant nous n’avons Hi 
cru devoir le changer. 

Le genre Arctotis, dont le disque est androgyniflore exté- 
rieurement et masculiflore intérieurement, tient ainsi le 
milieu entre l’Arctotheca, dont le disque est androgyniflore, 
et le Damatris, dont le disque est masculiflore. 

Les Arctotis de Linné appartenoient à plusieurs genres difré- 
rens, ainsi que M. de Jussieu l’avoit pressenti. Gærtner.et M. 
Brown en ont éliminé les Ursinia et Sphenogyne, qui ne sont pas 
de la même tribu naturelle. Les autres Arctotis ont été distribués 
par M. Brown en deux genres : l’un nommé Crypfostemma et 
caractérisé par la couronne neutriflore ; l’autre nommé Arc- 
tolis et caractérisé par la couronne féminiflore. Il est juste 
de remarquer que cette distinction générique n’appartient 
pas à M. Brown, mais à Necker, qui nommoit au contraire 
Arctotis les espèces à couronne neutriflore, et Spermophylla 
les espèces à couronne féminiflore. Cependant, nous avons 
cru devoir préférer la nomenclature de M. Brown, quoique 
beaucoup plus moderne , 1.° parce que la description géné- 
rique de Linné prouve qu’il a pris pour type de son genre 


256 MEL 


Arctotis les espèces à couronne fertile et à disque stérile; 
2. parce que la plupart des Arctotis de Linné et des autres 
botanistes offrent ce caractère ; 3.° parce que Necker a mal 
décrit le clinanthe, et a sans doute admis dans son genre 
Arctotis les Sphenogyne et Ursinia. 

Le genre Arctolis n'a point été décrit par nous dans ce 
Dictionnaire, et il n'existe aucune description satisfaisante 
des caracteres de ce genre remarquable, réduit maintenant 
dans de justes limites. Nous croyons donc pouvoir utilement 
tracer ici les caractères génériques que nous avons soigneu- 
sement observés sur des individus vivans de plusieurs espèces 
d’Arctotis proprement dits. 

Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , andro- 
. gyniflore extérieurement, masculiflore intérieurement; cou- 
ronne unisériée, liguliflore , fémiuiflore. Péricline supérieur 
aux fleurs du disque, hémisphérique ; formé de squames im- 
briquées, appliquées, coriaces : les extérieures ovales, sur- 
montées d’un appendice étalé, linéaire-subulé, foliacé; les 
intermédiaires inappendiculées ; les intérieures oblongues, 
avec un appendice décurrent, large , arrondi, membraneux- 
scarieux. Clinanthe plan ou un peu convexe, charnu, hé- 
rissé de fimbrilles longues, inégales, filiformes, entregref- 
fées à la base et formant ainsi des alvéoles à cloisons char- 
nues. Ovaires des fleurs femelles et des fleurs hermaphro- 
dites, obconiques, plus ou moins amincis vers la base en 
forme de pied, hérissés de trés-longs poils doubles, biapi- 
culés, dressés, appliqués, pourvus d’un bourrelet apicilaire, 
et de cinq grosses côtes longitudinales situées sur la face 
extérieure, et offrant intérieurement trois loges, dont une 
seule , bien conformée et contenant un ovule, correspond à 
la face intérieure, et les deux autres, stériles par l’avorte- 
ment de leurs ovules et remplies de parenchyme, corres- 
pondent à la face extérieure , et forment les deux côtes qui 
accompagnent la côte médiaire; aigrette composée de squa- 
mellules paucisériées, inégales, paléiformes, oblongues, ar- 
rondies au sommet, membraneuses, scarieuses, diaphanes. 
Fleurs mâles, par défaut de stigmate, pourvues d’un faux- 
ovaire demi-avorté, glabre, presque inaigretté, contenant 
un ovule, et d’une corolle dont les divisions portent une 


é MEL Lu HER 
callosité derrière leur sommet. Languettes de la couronne 
longues, lancéolées , a peine tridentées au sommet. 

Notre genre Damatris, qui a la couronne féminiflore, 
comme l’Arctolis, offre comme lui plusieurs analogies nota- 
bles avec les Calendulées, et même il s’en rapproche peut- 
être un peu plus en ce que son clinanthe est presque nu. 
- Cependant, cette nudité du clinanthe nous paroît ne devoir 
être attribuée ici qu'a l'avortement complet des ovaires du 
disque ; car les ovaires de la couronne sont protégés par des 
paléoles, qui sont, comme dans les Leysera et Leptophytus, 
des cloisons détachées formant des alvéoles dimidiées. 

Les appendices du clinanthe, dans la tribu des Arctoti- 
dées, peuvent donner lieu à quelques autres remarques in- 
téressantes. Ces appendices concourent avec le style pour 
établir l’affinité incontestable des Arctotidées avec les Car- 
duinées, les Centauriées, et surtout avec les Carlinées, au- 
près desquelles nous les aurions placées, si cet arrangement 
n’étoit pas contrarié par d’autres considérations. L’observa- 
tion du clinanthe, chez les diverses Arctotidées, démontre 
clairement que tout clinanthe alvéolé est un clinanthe muni 
de fimbrilles entregreffées et formant par leur réunion les 
cloisons des alvéoles. (Voyez, dans l’article LeProPoDE, nos 
remarques sur le genre Balduina.) Ainsi, les cloisons sont 
de véritables appendices nés de la surface du clinanthe, et 
plus ou moins élevés au-dessus d'elle; la véritable surface 
d’un clinanthe alvéolé n’est point au sommet des cloisons, 
mais bien au fond des alvéoles; et l’on se fait une fausse idée 
en concevant les alvéoles comme des excavations pratiquées 
dans la substance du clinanthe, tandis qu’elles sont au con- 
traire formées par des érainences produites sur sa surface. 
La production de ces éminences ou appendices paroît être 
déterminée par la présence des ovaires, puisque l’avorte- 
ment plus ou moins complet des ovaires se trouve ordinai- 
rement en rapport avec l'avortement plus ou moins complet 
des appendices. On peut en conclure que l’usage des appen- 
dices dont il s’agit est de protéger, d’envelopper, de cou- 
vrir les ovaires. En général , il semble que les ovaires ou les 
fruits des Arctotidées craignent le contact de l'air, le froid 
et l'humidité; car ils sont ordinairement vêtus d’une couche 


458 MEL , 


épaisse de longs poils, ils sont plus ou moins complétement 
engainés dans les alvéoles du clinanthe dont souvent ils ne 
sortent pas, et quelquefois ils restent jusqu’à la germination 
enfermés dans le péricline, dont les squames sont entre- 
grellées, et qui forme ainsi une sorte de capsule. 

Le lecteur trouvera tous les éclaircissemens qu’il peut dé- 
sirer sur nos tableaux méthodiques des genres, à la suite du 
tableau des Inulées (tom. XXIII, pag. 560), de celui des 
Lactucées (tom. XXV, p.59), de ceux des Adénostylées et 
des Eupatoriées insérés dans notre article Luarriées, et de 
ceux des Ambrosiées et des Anthémidées insérés dans notre 
article Maroute. (H, Cass.) 

MELANCONIUM. ( Bof.) Genre de plantes de la famille 


des champignons, établi par Link, puis supprimé par lui- 


même, comme étant fondé sur une plante douteuse, voisine 
des Sphæria , dont elle a le port. Cependant T. Nées persiste 
à conserver ce genre, et Ehrenberg, en l’adoptant aussi, 
le place tout près du Didymosporium de Nées. On reviendra 
sur ces genres à l’article Mycoroeir. (LEem.) 

MELANCORYPHOS. (Ornith.) Aristote paroiïit avoir dé- 
signé par ce nom soit la fauvette à tête noire, soit la petite 
. mésange à tête noire, et le nom de melancoryphus est ap- 
pliqué par Belon, p. 359, au bouvreuil ou pivoine, loæia 
pyrrhula, Linn. (Ca. D.) 

MELANCOUPHALI. (Ornith.) C’est ainsi que les habitans 
de l’île de Candie appellent le traquet, miotacilla rubicola, 
Linn. (C«. D.) | 

MELANCRANIS. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs glumacées, de la famille des cypéracées , de 
la friandrie monogynie de Linnæus, offrant pour caractère 
essentiel : Des épis composés de toutes parts d’écailles imbri- 
quées ; chaque écaïlle renfermant plusieurs fleurs disposées 
sur deux rangs; dans chaque fleur trois étamines, un style, 
deux stigmates, une semence dépourvue de soies. 

Ce genre a été établi par Vahl pour quelques espèces de 
choins, schænus, Linn. Il comprend des herbes à tige roide, 
sans nœuds, trigones vers leur sommet; les fleurs réunies en 
une tête terminale, composée d’épis trés-serrés. Les princi- 
pales espèces de ce genre sont : 


MEL 459 


MerANcRANIS SCARIEUSE : Melancranis seariosa, Vah}, Enum., 
2, pag. 239 ; Schænus scariosus, Thunb., Prodr., 16. Plante 
du cap de Bonne-Espérance , qui croît en touffes gazon- 
neuses, composées de plusieurs tiges filiformes , longues d’un 
pied ; les feuilles sétacées , canaliculées, dilatées en gaine 
a leur base , plus courtes que les tiges ; les fleurs réunies en 
une tête terminale, alongée, d'environ un demi-pouce de 
long, chargée de larges écailles ovales, imbriquées, mem- 
braneuses, luisantes, un peu roides, élargies à leur som- 
met, surmontées d’une pointe en forme d'’arête; les trois 
inférieures stériles, acuminées, la dernière prolongée en une 
foliole sétacée, longue de trois pouces; cinq fleurs dans 
_ chaque épillet. 

MELANCRANIS RADIÉE ; Melancranis radiata, Vahl, Enum., 
2, p-. 239. Cette espece a des tiges hautes d’un pied et plus, 
supportant à leur sommet une tête de fleurs presque globu- 
leuse, de la grosseur d’une cerise; un involucre composé 
d’environ six à huit folioles; l’inférieure plus longue d’envi- 
ron un demi-pouce, les autres graduellement plus petites, 
trés-étalées, roides, subulées, un peu piquantes: les épillets 
très - nombreux, agglomérés , ovales; les écailles striées, 
ponctuées de pourpre. Cette plante croît au cap de Banner 
Espérance. ( Porn.) 

MELANDEROS. (Ornifh.) Gesner, en citant ce nom, d’a- 
prés Hesychius et Varinus, se borne à dire que c'est ur 
petit oiseau dont le cou est noir. (Cu. D.) 

MÉLANDRE. (Ichthyol.) On a parlé, sous ce nom, d’un 
petit poisson de la mer Méditerranée, que je ne sais à quel 
genre rapporter, vu le peu de détails que nous possédons à 
son égard. (H. C.) 

MELANDRION. (Bot.) On n’est pas d'accord sur la plante 
nommée ainsi par Pline. Clusius, cité par C. Bauhin, croit 
que c’est le lychnis dioica. Il dit ailleurs que, selon d’au- 
tres, c’est le behen blanc, ceucubalus behen. C.: Bauhin fait 
encore mention de la barbe-de-chèvre , spiræa aruneus ; 
mais les indications de Pline sont trop incomplètes pour 
qu’on puisse déterminer avec précision quelle est sa plante. 
(J.) 

MÉLANDRYE, Melandrya. (Entom.) Fabricius désigne sous 


460 MEL 

ce nom de genre celui que Helwig avoit déjà appelé Serro- 
palpe. Nous avons conservé ce dernier nom, et fait figurer 
l’une des espèces parmi les insectés coléoptères, hétéro- 
mérés, ornéphiles, à la planche 12, n.° 2. Voyez SERROPALPE. 
(C.D:) | 

MELANEA. (Bot.) Voyez. Marant. (Porr.) ! 

MÉLANGE. (Chim.) Nom que l’on donne à une réunion 
de corps qe n’ont aucune affinité, au moins dans la cir- 
constance où on les considère. (Ca. ) 

MÉLANGES FRIGORIFIQUES. (Chim.) On donne ce nom 
aux corps que l’on met en contact pour produire du froid. 
Voyez Froin ArTiriciez, tome XVII, page 410. (Cx.) : 

MELANGULA. (Bot.) Césalpin cite ce nom, employé dans 
la Toscane pour un citronier à trés-gros fruits. (J.) 
© MELANICTÈRE. (Ornith.) L'oiseau figuré sous ce nom 
dans les planches de l'Encyclopédie méthodique, est un tan- 
gara, tanagra melanictera, Gmel. (Cu. D.) 

MÉLANIE ,  Melania. (Coachyl) M. de Lamarck est le 
premier zoologiste qui ait employé ce nom, tiré d’un mot grec, 
qui signifie noir, pour désigner une petite coupe générique 
de notre famille des ellipsostomes, qui comprend des co- 
quilles pour la plupart noires ou d’un brun foncé. C’étoit 
pour Linnæus, qui n’en connoissoit qu’un petit nombre d’es- 
péces, des hélices; pour Muller, des buccins, et sous ce 
nom il entendoit des limnées; et pour Bruguieres, des bu- 
limes. La plupart des zoologistes modernes ont adopté ce 
genre , que l’on peut caractériser ainsi: Animal dioïque spiral ; 
le pied trachélien ovale, frangé dans sa circonférence ; deux 
tentacules filiformes ; les yeux à leur base externe; un mufñle 
proboscidiforme; coquille ovale-oblongue, à spire assez 
pointue et souvent turriculée ; l'ouverture ovale à péristome 
discontinu, ou modifié par le dernier tour de spire, a bord 
droit, tranchant, s’évasant en avant par la fusion de la co- 
lumelle dans le bord ‘gauche; un opercule corné et com- 
plet. Ainsi, quoique ce genre ait quelque ressemblance ap- 
parente avec les bulimes et les limnées, il différe des deux, 
parce qu’il est operculé : du premier, parce que l’ani- 
mal n’a que deux tentacules, les yeux étant sessiles ; et du 
second, parce que, trés-probablement, son appareil respi- 


MEL 461 


ratoire est branchial, et par la forme évasée de la partie 
antérieure de l'ouverture, C’est avec les phasianelles qu’il a 
évidemment le plus de rapports; mais son opercule est corné: 
il n’a pas de callosité longitudinale sur la columelle, et 
enfin il est d’eau douce. | 

Je n’ai jamais observé moi-même l'animal des mélanies, et 
par conséquent je n’en connoiïis pas l’organisation : le peu 
que j'en viens de dire est tiré de Bruguières, qui a observé 
à Madagascar une des plus grandes espèces de ce genre, la 
Mélanie cordonnée ; mais, d’après l’analogie, ce doit être 
un animal fort voisin de celui des phasianelles et même des 
paludines. Ce que l’on sait positirement, c’est que toutes 
les espèces de ce genre habitent les eaux douces des pays 
chauds, en Amérique et en Asie, où elles semblent rem- 
placer les paludines, qui paroissent au contraire y être fort 
rares. 

M. de Lamarck caractérise seize espèces dans ce genre, 
dont un assez petit nombre a été figuré ; plusieurs ont la 
spire tronquée. | 


A. Espèces sublurriculées. 


1.” La M. surare : M. amarula, Lamck.; Helix amarula, 
Linn., Gmel.; Bulim. amarula, Brug., Enc. méth., pl. 458, 
fig. 6, a, bi vulgairement la Turare rruviarire. Coquille de 
prés d’un pouce et demi, conique, ovale, épaisse; les tours 
de spire décroissant subitement , aplatis à la partie supé- 
rieure, et garnis dans leur circonférence d’espèces d’épines 
droites à l'extrémité de côtes assez saillantes au dernier 
tour : couleur d'un brun noirâtre en dehors et d’un blanc 
bleuätre en dedans. Des rivières des grandes Indes et de 
Madagascar. La chair de l’animal est très-amère, ce qui lui 
a valu son nom latin : elle passe pour un bon reméde contre 
l’'hydropisie. Lure 

2° La M. rararezce : M. thiarella, Lamck.; Bulimus ama- 
rula, var. c, Brug.; Born., Mus., t. 16, fig. 31. Coquille 
d’un pouce de longueur , mais plus oblongue, plus mince, 
diaphane; la spire conique , aiguë; les tours aplatis à leur 
partie supérieure, comme dans la précédente, maïs garnis 
de tubercules au lieu d’épines, et par conséquent moins 


462 MEL 
côtelés. Elle vient dés mêmes pays, et n’est peut-être qu’une 
variété de la précédente. 

3. La M. carinirÈère; M.carinifera , Lamck. Petite coquille 
de sept lignes et demie de longueur, ovale-oblongue, à tours 
de spire Carenés transversalement au milieu, séparés par 
des sutures légérément granuleuses; couleur brun-noirûtre. 
Du pays des Chérokées, dans l'Amérique septentrionale, 
d’où elle a été rapportée par M. Palissot de Beauvoïis. 

4° La M. GrantFERE; M. granifera, Lamck., Enc. méth., 
pl. 458, fig. 4, a, b. Coquille d’un pouce de longueur en- 
viron, ovale, aiguë, cerclée de stries transverses, granu- 
leuses, et de couleur d’un jaune verdètre. Des rivières de 
l'ile de Timor. 

5° La M. srInuLEusE; M. spinulosa, Lamck. Coquille ob- 
longue, un peu rude, garnie de côtes peu sensibles dans 
sa longueur, striée transversalement ; les tours de spire 
nombreux, un peu épineux en-dessus, le dernier plus petit 
que la spire : couleur brunätre. Du même endroit. 

6. La M. rruNcATULE; M. truncatula, Lamck. Coquille de 
sept à huit lignes de longueur, oblongue, conique, tron- 
quée au sommet; les tours de spire, au nombre de cinq, striés 
transversalement, garnis de côtes longitudinales assez peu 
sensibles; la suture enfoncée : couleur noire. Du même pays. 

7. La M. rramsée : M. fasciolata, Oliv.: Melanoides fascio- 
lata, Oliv., Voyage au Levant, pl. 31, fig. 7. Coquille de 
sept à huit lignes, oblongue, subulée, ventrue en avant, 
mince, diaphane , finement striée dans les deux sens : cou- 
leur blatéhét, ornée de flammes longitudinales jaunâtres. 
Égypte, dans lé canal d'Alexandrie. 

8° La M. pécoirée; M. decollata, Lamck. Coquille cylin- 
dracée, courte et grosse, glabre , n’ayant que trois ou quatre 
tours dé spire par la troncature du sommet, le dernier un 
peu plissé : couleur brun-noiràtre. Des rivières de la Guiane. 

9. La M. crou; M. clavus, Lamck. Coquille de onze lignes 
de longueur, turriculée, maïs assez courte; le sommet est 
obtus et atténué ; les tours de spire un peu aplatis, plissés 
Jongitudinalement en haut ; des stries longitudinales écartées 
en bas : couleur fauve. Patrie inconnue, 


- D 


MEL 463 


B. Espèces turriculées. 


10. La M.risse; M. lœvigata, Lamck. Coquille de quinze 
à seize lignes de longueur, turriculée, un peu tronquée au 
sommet , lisse, à tours de spire aplatis et à peine séparés par 
une suture : couleur blanche, d’un fauve päle en-dessus. 
Rivières de l’ile de Timor. 

11° La M. sugurée ; M. subulata, Lamck. Coquille d’un 
pouce et demi de longueur, turriculée, subulée, glabre ; 
les tours de spire aplatis, striés très-finement, suivant leur 
longueur : couleur d’un brun châtain en haut, et d’un fauve 
pâle, orné de bandes blanches, en bas. Patrie inconnue. 

12.° La M. Frroncée; M. corrugata, Lamck. Coquille de 
même grandeur à peu prés que la précédente, turriculée, 
aiguë , brune, finement striée à sa partie inférieure et fron- 
cée longitudinalement dans la moitié supérieure. Patrie in- 
connue. 

13.9 La M. roncruée; M. punctata, Lamck. Coquille de 
vingt-une lignes de longueur , turriculée, glabre ; le sommet 
aigu ; les tours de spire un peu convexes: couleur blanche, 
avec des taches longitudinales angulo-flexueuses, fauves en- 
dessus, et des points de la même couleur, et disposés en 
séries transverses sur le dernier tour. Patrie inconnue. 

13° La M. srrANGULÉE ; M. strangulata, Lamck., Encycl. 
méth., pl. 458, fig. 5, a, b. Coquille trés-rare, de prés de 
deux pouces de hauteur, turriculée, solide ; les tours de 
spire convexes et comme étranglés dans toute la longueur de 
la suture, striés finement dans leur hauteur; quelques stries 
transverses sur le dernier tour: couleur d’un brun roussâtre. 
Patrie inconnue. 

14.7 La M. TronQuéE : M. truncata, Lamck.:; Melania semi- 
plicata, Enc. méth., pl. 458, fig. 3, a, b. Coquille turriculée, 
de prés de deux pouces de longueur, solide, tronquée au 
sommet ; garnie de petites côtes longitudinales, dont les su- 
périeures sont plus saïllantes et coupées par des stries trans- 
verses, nombreuses : couleur d’un brun noirâtre. Des rivières 
de la Guiane. | 

15.7 La M. AsPéRULÉE; M. asperata. Coquille de même lon- 
gueur à peu près, également turriculée, tronquéé au som- 


464 MEL 

met, avec de petites côtes longitudinales subtuberculeuses, 
coupées par des stries transverses, aïguës ; les tours de’spire 
convexes , séparés par une suture assez excavée : couleur 
roussätre. Des rivières de l'Amérique méridionale ? 

16.” La M. rusercureuse ; M. tuberculata, Brug., Martini, 
Conchyl., 2, tab. 136, fig. 1261, 1262. Coquille turriculée , 
transparente, à tours de spire striés transversalement et tu- 
berculeux : couleur cendrée avec des rayons rouges. 

La M. «PRE: M. scabra ; Bulimus scaber de Bruguiéres. Dif- 
fére-t-elle de celle-ci? Toutes éeux sont des eaux douces de 
la côte de Coromandel. 

17.2 La M. auricurée : M. auriculata; Bulimus auriculatus , 
Brug.; Lister, Synops., tab. 121, fig. 16. Coquille épaisse, 
turriculée , à sommet tronqué ; les tours de spire médians 
garnis de tuberecules aplatis et distans ; l'ouverture avec une 
sorte d’échancrure en arrière ; couleur brun -marron, le 
plus communément ornée sur le tour inférieur de trois.bandes 
brunes, séparées par autant de lignes blanches. Des eaux 
douces de l’intérieur de l'Afrique. M. de Lamarck en fait 
une pyrène ; mais M. de Férussac dit positivement que c’est 
une mélanie. 

16.” La M. corponnée ; M. torulosa, Brug.; Martini, Conch., 
tom. 9, p.2, tab. 155, fig. 1230. Coquille de deux pouces 
et demi de longueur, turriculée, peu épaisse; la spire très- 
pointue, de dix à onze tours, moyennement convexes, un 
peu striés et dont chacun est terminé dans le haut par un 
cordon convexe, adossé à la suture divisée par des créne- 
lures assez profondes. La couleur de la coquille est toute 
blanche, sous un épiderme d’un brun noiràtre. 

C’est de cette espèce que Bruguiéres a vu l’animal, qui est 
blanchätre, dans des marais d’eau douce dans le voisinage 
de Foulpointe, à Madagascar. 

Il faut encore très-probablement rapporter à ce genre 
plusieurs espèces de coquilles décrites par M. Say, dans son 
article Conchology de l'Encyclopédie américaine, de Nichol- 
son, et dans le Journal des sciences naturelles de Philadel- 
phie; la Limnæa virginica, planche 2, fig. 7, qu’il rapporte 
au Buccinum virginicum de Gmelin, et qui est turriculée, à 
spire tronquée, de couleur de corne, sous un épiderme ver- 


- 


| 


MEL 465 
dâtre ; la-Limnæa decisa ressemble davantage à une paludine, 
a cause de la brièveté de la spire ; mais son ouverture est 
bien ovale. La M. canaliculata est conique, à sommet tron- 
qué, blanchâtre, et offre pour caractère plus distinctif une 
grande rainure obtuse , décurrente avec la spire. Commune 
dans l'Ohio, la M. elevata, de la même rivière, a la spire 
beaucoup plus élevée, avec des lignes décurrentes, dont 
l’une, plus saïillante, lui donne l'apparence carenée. La M. 
conica ressemble beaucoup à la M. virginica, mais la spire est 
bien moins élevée. La M. prærorsa , qui est globuleuse , 
ovale , la spire étant trés-tronquée dans les vieux individus, 
et dont la columelie est un peu alongée et recourbée, est 
peut-être une mélanopside; et la M. armigera, dont les tours 
de spire sont armés de tubercules distans et proéminens , 
appartient encore plutôt à ce genre. (De B.) 

MÉLANIE. (Foss.) Les coquilles de ce genre nous présen- 
tent des choses assez étonnantes. Celles qui se trouvent à 
l’état vivant, habitent dans les eaux douces des climats chaud. 
des deux Indes. Leur test, en général, est mince et trans- 
parent ; leur couleur est brune ou presque noire ; des cloi- 
sons formées dans la spire, à quelque distance du sommet, 
permettent que ce dernier soit brisé ou rongé, sans que 
l'animal soit exposé à être attaqué, ou bien, dans quelques 
espèces, ce sommet est extrêmement long et aigu; enfin on 
ne trouve presque jamais ces coquilles à l’état fossile dans 
les terrains d’eau douce. Au contraire, celles qui sont fos- 
siles, ont en général fe test épais; elles ne sont jamais tron- 
quées ou efhlées, et on ne les trouve que dans des dépôts 
où elles sont accompagnées de coquilles marines. Pourroit- 
on en conclure que les animaux des mélanies vivoient autre- 
fois dans la mer, dont la salure étoit peut-être moins grande, 
comme on le croit (Halley et autres), et qu'aujourd'hui 
elles ne peuvent supporter cette salure ? 

On remarque avec étonnement que les mélanopsides, les 
cyrènes , les ampullaires et les néritines, qui vivent dans les. 
eaux douces, ne se trouvent à l’état fossile que dans cer- 
tains dépôts qui paroissent appartenir à la mer par la na- 
ture des corps qui les accompagnent, et dont quelques-uns 
même sont évidemment marins. Si l’on admet, comme tout 

29: | 30 


66 | MEL 


porte à le croire, que les eaux de la mer ont-dû devenir 
et deviennent tous les jours plus salées, on pourra soup- 
çonner que c'est là peut-être la cause que certains genres 
y ont été anéantis. 

Il existe à l’état fossile un assez grand nombre d’espéces 
de mélanies qui ont été trouvées dans les couches plus nou- 
velles que celle de la craie : à l’égard des coquilles qui ont 
été regardées comme des mélanies, et qui ont été trouvées 
dans les couches antérieures à cette substance, il n’est peut- 
être pas trés-certain qu’elles dépendent de ce genre. 

 MÉrantE À PETITES cÔTEs ; Melania costellafa, Lamk., Ann. 
du mus. d’hist. natur., tom. 8, pl. 6o, fig. 2. Coquille tur- 


riculée, portant des stries transverses et de petites côtes 


longitudinales. Son ouverture est ovale, évasée à la base, 
et porte un petit canal à sa partie supérieure : longueur deux 
pouces. On trouve cette espèce à Grignon, département de 
Seine-et-Oise ; à Hauteville, département de la Manche, et 
dans les couches du calcaire coquillier des environs de Paris, 
où elle est commune. Le dernier tour de la spire tend à 
s'éloigner de lavant- dernier, et cet éloignement est plus 
considérable dans celles qu’on trouve à Mouchy-le-Châtel, 
département de l'Oise. 

On trouve à Ronca en lialie une variété de cette espece, 
à laquelle M. Brongniart a donné le nom de M. roncana. 
Mém. sur les terr. de séd. sup. du Vicentin, pl. 2, fig. 18. 

MéLante VARIABLE ; Melania variabilis, Def. Cette espèce est 
moins grande que la précédente, à laquelle elle ressemble ; 
mais, au lieu de petites côtes longitudinales, elle porte seu- 
lement une varice sur la partie du dernier tour opposée à 
l'ouverture. Les mélanies à petites côtes portant également 
à cet endroit une varice plus ou moins grosse, et quelques 
individus étant presque dépourvus de côtes longitudinales, 
il est possible qne celle-ci ne soit qu’une variété de la pre- 
mière. On trouve ces coquilles à Hauteville. 

Mérantie Lacrée : Melania lactea, Lam. , loc. cit., même pl., 
fig. 5; Bulimus lacteus, Brug., Dict., n.° 45. Coquille turri- 
culée, épaisse, pointue au sommét. Les tours inférieurs sont 
lisses, mais les supérieurs offrent quelques stries transverses, 
ainsi que des stries longitudinales; on voit même sur quel- 


MEL 467 
ques individus de légères stries transverses, plus marquées 
vers la base : Jlongueur, neuf lignes. On trouve cette espèce 
a Grignon, à Montmirail, à Fréjus : quelques individus que 
je possède, mais dont je ne connois pas la patrie, ont jus- 
qu’à un pouce et demi de longueur. 

Dans l’ouvrage de M. Brongniart ci-dessus cité, on voit 
la figure (pl. 2, fig. 10) et la description d’une espèce 
qu’on trouve à Ronca, et à laquelle ce savant a donnéle nom 
de melania stygu. Il paroît qu’elle a les plus grands rapports 
avec la mélanie lactée. 

Méranre BORDÉE : Melania marginata, Lam., loc. cit., même 
pl, fig. 4: Bulimus turricula, Brug., Dict., n° 44. Coquille 
conique -turriculée, couverte de stries transverses ; elle a 
onze à douze tours de spire aplatis, dont le bord supérieur 
en saillie forme une rampe; autour de l’ouverture on voit 
un rebord épais et un peu large, qui forme un bourrelet. 
On trouve cette espèce à Grignon (où elle n’acquiert que 
neuf lignes de longueur), à Hauteville, à Mouchy-le-Châtel 
et à Vaurin-Froid, département de l'Oise, où elle est de plus 
d’un tiers plus longue. : 

MÉLANIE GRAIN-D'ORGE; Melania hordacea, Lam., Ann. du 
mus. Coquille turriculée, couverte de stries transverses, por- 
tant huit à dix tours de spire marqués par un étranglement. 
L'ouverture est fort petite, rétrécie, et en pointe à sa partie 
supérieure : longueur, quatre lignes. On trouve cette espèce, 
avec quelques modifications dans ses formes, suivant les lo- 
calités, à Grignon, à Orglandes, département de la Manche; 
à Houdan, dans une couche où il se trouve des néritines, et 
dans une couche quartzeuse à Abbecourt près de Beauvais. 

Méranis RACCOURCIE ; Melania abbreviata, Def. Cette espèce 
est moins longue et un peu plas grosse que la précédente, 
avec laquelle elle a beaucoup de rapports. On la trouve à 
Cuise-Lamothe, département de l'Oise, avec de grandes cy- 
rénes et des coquilles marines, et dans des couches de grès 
supérieur à Morfontaine , à Betz, même département; à Pierre- 
laie et à Écouen, département de Seine-et-Oise. Les co- 
quilles de cette dernière localité sont aussi longues et plus 
grosses que les mélanies grain-d’orge. 

MÉLANIE canicuLaIRE ; Melania canicularia, Lam., loc. cit., 


1c8 MEL 

Vélins du mus., n.° 17, fig. 4. Cette coquille à beäucoup 
de rapports avec la mélanie grain-d’orge ; mais ellé est plus 
longue et ressemble à ure dent canine aiguë : lieu natal, 
Grignon. Je n’en ai trouvé qu’un seul individu. 

MÉéLanir FRONCÉE ; Melania corrugata, Lam., Ann. du mus., 
tom. 8, pl. Co, fig. 3. Coquille turriculée , trés-remarquable 
par ses stries transverses et par leur croisement sur les tours 
supérieurs, ainsi que sur la moitié supérieure des autres 
tours, avec des rides verticales qui font paroître la coquille 
plissée et comme granuleuse : longueur douze à quinze li- 
gnes. On trouve cette espèce prés du château de Pont- 
Chartrain, département de Seine-et-Oise, dans une couche 
qui diffère beaucoup de celle de Grignon par les coquilles 
qu’elle renferme. 

MÉLANIE BRILLANTE : Melania nitida, Lam., loc.'cit., même 
planche, fig. 6; Helix subulata, Brocc., Conch. foss. Subapp., 
p. 306, tab. 111, fig. 5. Coquillie turriculée , subulée, grêle, 
fort aiguë au sommet, et partout lisse, polie et brillante; son 
ouverture est petite, ovale et légérement évasée à la base. 
Elle a quatorze ou quinze tours de spire; longueur, quatre 
à cinq lignes: lieu natal, Grignon, Parnes, département de 
VOise, et San-Giusto prés de Volterre en Italie. 

Méranie Tortue; Melania distorta, Def. M. Lamarck avoit 
confondu cette espèce avec la précédente, à laquelle elle 
ressemble beaucoup par son brillant; mais elle en diffère 
essentiellement par sa courbure et par une ligne longitudi- 
nale qui se trouve sur chacun des tours. Ces lignes sont 
placées du côté droit de la coquille, et, sans répondre 
précisément les unes aux autres, elles deviennent une ligne 
oblique du sommet jusqu’à la partie supérieure de louver- 
ture. Les individus de cette espèce que l’on trouve à Gri- 
gnon, ont trois à quatre lignes de longueur; mais j’en ai 
reçu des environs d'Angers qui ont sept à huit lignes de lon- 
gueur. On trouve dans la baie de Weymouth une coquille 
qui ressemble parfaitement à ces derniers, et qui doit être 
son analogue vivant; elle m'a été envoyée sous le nom de 
Eurpo politus. On trouve aussi cette espèce fossile à Dax. 

Mécanie neMi-srniée ; Melania semi-striata, Lam. ,. Ann. du 
mus. Coquille oblongue subturriculée, couverte à sa partie 


MEL 46 


supérieure de stries longitudinales trés-fines et brillantes à 


Nes) 


sa base; son ouverture est ovale-oblongue et très-évasée à 
la base. Longueur, trois à quatre lignes : lieu natal, Grignon. 
MÉLANIE CUILLERONNE; Melania cochlearella, Lam., loc. cif., 
Vélins du mus., n°1, fig. 14, et Supp., 2, fig. 18. Coquille 
conique , turriculée, pointue au sommet, chargée de sillons 
longitudinaux nombreux, trés-fins et un peu courbés; l’ou- 
verture est ovale, oblique, à bord droit, épaissi et marginé : 
longueur six lignes. On trouve cette espèce à Grignon, à 
Orglandes et à Thorigner près d'Angers. Celles de ce der- 
nier endroit sont plus grandes. Cette espèce a bien des rap- 
ports avec le genre Rissoa et pourroit en dépendre. 
MéLante FRAGILE; Melania fragilis, Lam., Vél., n.° 17, fig. 15, 
et Suppl. , 2, fig. 17. Coquille tubturriculée , mince, fragile, 
couverte de stries longitudinales trés-fines, à tours très-con- 
vexes et au nombre de sept : longueur, deux lignes. L’ou- 
verture est oblongue et ne s'avance point en cuilleron, comme 
dans la précédente. Lieu natal, Grignon. Elle est rare. 
Melania elongata. Dans le Mémoire sur le terrain du Vi- 
centin ci-dessus cité, M. Brongniart a donné ce nom à une 
espèce trouvée à Castel-Gomberto dans le Vicentin. Il paroïit, 
d'aprés la figure qu'il en a donnée, pl. 3, fig. 13, qu'elle à 
beaucoup de rapport avec la mélanie à petites côtes, dont 
peut-être elle n’est qu'une variété. Je posséde une pareille 
coquille, trouvée dans le Plaisantin. Elle diffère un peu de 
la mélanie à petites côtes de nos pays; mais je pense qu’elle 
n’en est qu'une variété modifiée par le lieu où elle a vécu. 
MÉLANIE soUILLÉE : Melania inquinata, Def. ; Cerithium mela- 
noides, Sow., pl. 147, fig. 6 et 7. Coquille conique, turri- 
culée, chargée de tubercules et de cordons transverses , comme 
certaines espèces de cérites; le dernier tour est chargé de 
cinq à sept cordons, et d'une rangée de tubercules à sa partie 
supérieure ; sur les autres “tours on ne voit qu’un ou deux 
cordons et les tubercules, qui ont cela de très-singulier, 
que souvent ils sont brisés, et qu'à leur place on voit une 
petite cavité : longueur, deux pouces. On trouve cette espèce 
a Wolwich, a Charleton et à Southfleet en Angleterre, à 
Beaurein, département de la Somme, où elle est accompa- 
gnée de paludines, et à Épernai avec des cyrènes, Celles de 


: 


so MEL 


Wolwich et de Beaurein ont jusqu’à douze tubercules sur 
chaque ‘tour, et quelques individus de ce dernier lieu en 


sont presque dépourvus. Celles d'Épernai en ont environ. 


huit trés-marquées. Je n’ai jamais pu rencontrer une seule de 
ces coquilles ayant l'ouverture en assez bon état pour en saisir 
tous les caractères; mais je pense qu’elles dépendent du 
genre Mélanie. 

Celles que l’on rencontre à Épernai et à Beaurein, se trou- 
vent dans des couches qui touchent à la partie supérieure de 
l'argile plastique et du lignite, au-dessous du calcaire coquil- 
lier, et il y a lieu de croire que celles des autres localités 
se trouvent dans les mêmes circonstances. 

Mérante Griclée ; Melania clathrata, Def. Coquille turri- 
culée, conique, chargée de petites côtes longitudinales, un 
peu obliques, et coupées par cinq à six stries transverses, qui 
les divisent en autant de petits points élevés : longueur, huit 
lignes. Cette espèce a été trouvée en Italie, mais j'ignore 
dans quel endroit : elle est remplie d’une vase grise, comme 
les coquilles qui ont été trouvées dans le Plaisantin. | 

Melania heddingtonensis, Sow., Min. conch., pl. 359. Cette 
espèce se trouve dans les couches antérieures à la craie à 
Southampton en Angleterre, et dans la couche à oolithes 
au Mesnil pres de Caen : sa longueur est de quatre à cinq 
pouces. Elle est turriculée-conique ; les tours de sa spire sont 
aplatis, avec un certain enfoncement au milieu : son ouver- 
ture présente assez les caractères de celles des mélanies; mais 
comme elle n’est presque jamais entière, il est difficile d’être 
assuré si elle appartient précisément à ce genre. | 

Je possède une coquille qui a de très-grands rapports avec 
la mélanie spinuleuse (Lam.) qui vit dans lesrivières de Timor; 
mais j'ignore où elle a été trouvée, et, malgré son aspect fos- 
sile, je ne puis assurer qu’elle soit à cet état. 

M. Sowerby a donné dans sa Min. concb. la dar V et 
les figures des espèces de mélanies ci-après. 

Melania striata (pl. 47) : coquille de la grosseur du poing 
et de plus de sept pouces de longueur, que l’on trouve à 
Limington en Somersetshire. Melania constricta (pl. 218, 
fig. 2), qu'on trouve à Tisdewel dans le Derbyshire ; Melania 
lineata (même planche, fig. 1), que l’on trouve à Dundry. 


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et blé 


MEL 472 
Melania fasciata (pl. 241, fig. 1), qui se trouve à l’île de 
Wight. Melania costata (même pl., fig. 2), qu’on trouve à 
Hordwelclif. Melania minima et Melania truncata (même pl, 
fig. 3 et 4), que l’on trouve à Brakenhurst. 

Cet auteur a donné (pl. 50) la figure d’une coquille qu’il 
a nommée melania sulcata. Cette espèce a été rangée par M. 
de Lamarck dans le genre des Turritelles. Il lui a donné le 
nom de T. terebralis, et nous croyons avec ce savant qu’elle 
dépend de ce genre. 

M. de Lamarck (Ann. du mus. d’hist. nat.) a rangé dans 
le genre Mélanie, sous le nom de mélanie demi-plissée, 
une coquille qui ne dépend point de ce genre. Je possède 
les deux coquilles qui ont servi à la description de cette 
_espéce, et j'ai reconnu qu’elles étoient de jeunes cérites de 
‘ l'espèce à laquelle il a donné le nom de C. nudum. 

M. Faujas a trouvé dans une couche de marne bitumineuse 
qui sépare les bancs de charbon de la mine de Gavalon, 
dans l'arrondissement de Saint-Paulet, département du Gard, 
avec des ampullaires et des coquilles qui ressemblent à des 
planorbes, une espece particulière de mélanie , qui a un pouce 
de longueur et qui est couverte de grosses côtes longitudi- 
nales. Ann. du mus. d’hist. nat., tom. 14, pl. 19, fig. 1 
Ch 19 s 

M. Daudebard de Férussac a trouvé dans le bassin d’Ép ernai, 
avec la melania inquinata, une autre espèce de mélanie, voisine 
de la melania hordacea, à laquelle il a donné le nom de melania 
trilicea. (D.EF.) 

MÉLANIE. (Entom. ) Nom vulgaire, donné à une ie 
de l’espece Agrion vierge, sorte de demoiselle, dont les ailes 
sont He. dans le repos, colorées d’un brun doré avec 
une tache noire, et le corps d’un vert métallique. Rœsel l’a 
figurée t. Il, pl. 9, fig. 6. Voyez Acriow, t. I.® de ce Dic- 
tionnaire, p. 325, var. F. (C. D.) 

MELANIPELOS. (Bot.) Voyez Herxine. (J.) 

MELANIS. (Erpétol.) Nom par lequel on a désigné un rep- 
tile ophidien. Voyez Virère. (H. C.) 

MÉLANITE, Melanites. (Entom.) Nom d’un genre de pa- 
pillons de jour qui comprend quelques espèces des Indes, 
telles que l’Ariadne, merione, coryta, undularis, etc. (C. D.) 


472 MEL 

MÉLANITE. (Min.) Nom donné à un minéral qui présente, 
avec une couleur noire assez pure, tous les caractères géomé- 
triques et plusieurs des caractères minéralogiques des gre- 
nats. Comme on ne possède encore aucun moyen précis pour 
séparer ce minéral des grenats, nous en avons fait l’histoire 
à l’article de cette espèce. Voyez GRENAT MÉLANITE, au mot 
GREAT. (B.) 

MELANIUM. (Bot.) Daléchamps nommoit ainsi le viola 
calcarata. P. Browne, dans ses Plantes de la Jamaïque, donne 
le même nom à une Share. que Linnæus , pour cette rai- 
son, nomme lyfhrum melanium, et qui doit peut-être se rap- 
porter plutôt au genre Parsonsia de la même famille. (J.) 

MELANOCERASON. (Bot.) Nom grec anciennement donné 
_à la belladone, afropa belladona. ( Lex.) 

MELANOCORHYNCOS. (Ornith.) Ce nom grec et celui de 
sycalis désignoient chez les anciens le gobe-mouche ordi- 
naire, muscicapa atricapilla, Gmel., dans son beau plumage, 
c’est-à-dire à l'époque des amours, où le mâle offre un joli 
mélange de noir et de blanc, tandis qu’en hiver il est gris, 
comme sa femelle, avec une simple bande blanche sur Paile. 
(Cz. D.) 

MÉLANOÏDE, Melanoïdes. (Conchyl.) Olivier, dans son 
Voyage au Levant, tom. 2, pag. 4o, a donné ce nom au 
genre de coquilles que M. de Lamarck avoit nommé Mélanie, 
etila, au contraire, employé ce derniernom pour désigner un 
autre genre, généralement adopté, mais dont M. de Férussac 
a changé la dénomination en celle de MéÉranoPsine. di ra 
ce mot et Méranie. ( DE B.) 

MELANOLOME, Melanoloma. (Bot.) Ce rouveau genre 
de plantes, que nous proposons, appartient à l’ordre des 
Synanthérées et à la tribu naturelle des Centauriées. Voici 
ses caractères. 

Calathide très-radiée : disque multiflore , obringentiflore, 
androgyniflore ; couronne unisériée, amplitiflore, neutri- 
flore. Involucre de quelques feuilles bractéiformes, verticil- 
ées autour de la base du péricline. Péricline inférieur aux 
fleurs du disque, ovoïde ; formé de squames imbriquées, 

a ppliquées, coriaces : les intermédiaires oblongues, étrécies 
de bas en haut, munies sur chaque côté d’une bordure li- 


Le MEL 475 
néaire, frangée , scarieuse, noire , et surmontées d’un grand 

appendice étalé, penné, eoriace, à pinnules distancées, fili- 
formes, barbellulées, roides. Clinanthe plan, épais, charnu, 
garni de fimbrilles nombreuses , inégales, libres, filiformes- 
laminées. Fleurs du disque : Ovaire oblong, comprimé, muni 
de poils capillaires. Aïgrette de pe) tres - courte , 
avec petite aigrette intérieure. Corolle obringente. Étamines 
a filet parsemé de poils trés-courts; appendice apicilaire 
long. Fleurs de la couronne : Faux-ovaire grêle, inaigretté. 
Corolle obringentiforme, à limbe amplifié, divisé en deux 
segmens, l’intérieur quadrilobé au sommet ; l'extérieur tantôt 
bifide jusqu’à la base, tantôt indivis. 

Nous connoissons deux espèces de ce genre. 

MÉLANOLOME BASSE : Melanoloma humilis, H. Cass. ; Centaurea 
pullata, Linn., Sp. pl., édit. 5, pag. 1288. C’est une plante 
herbacée , annuelle suivant Linné, bisannuelle selon Villars, 
vivace selon M. Desfontaines. Sa racine , qui est assez grosse, 
produit deux ou trois tiges courtes, menues, simples ou 
presque simples, ordinairement monocalathides , anguleuses, 
pubescentes; les feuilles sont trés-variables, un peu dentées, 
pubescentes, un peu scabres; les inférieures longues, pétio- 
lées, ordinairement lyrées; les supérieures courtes, sessiles, 
oblongues ; les calathides sont terminales, solitaires, assez 
grandes, composées de fieurs blanches ou purpurines; leur 
péricline est entouré à sa base d’un involucre de quelques 
feuilles ou bractées lancéolées, velues, entiéres ; l’appendice 
des squames est jaunâtre. Cette plante habite l’Europe aus-. 
trale , la Barbarie, le Levant ; on la trouve en France, dans 
les départemens méridionaux, auprés des haïes et au bord 
des champs, où elle fleurit en Mai et Juin. 

MÉLaNoLOME ÉLEVÉE; Melanoloma excelsior, H. Cass. Tige 
herbacée, haute d’un pied et demi, rameuse, diffuse , an- 
guleuse, striée, pubescente, scabre ; feuilles alternes, un 
peu pubescentés, un peu scabres, d’une substance ferme et 
roide : les inférieures pétiolées, ovales-lancéolées, obtuses, 
presque indentées; les supérieures sessiles, semi-amplexi- 
caules, oblongues, obtuses, presque indentées, a base biau- 
riculée, comme sagittée ; calathides grandes, belles, trés- 
radiées, solitaires au sommet des rameaux , entourées cha- 


474 ‘| MEL 


cune à la base d'un involucre de cinq ou six feuilles verti- 
cillées, inégales, ovales; corolles de la couronne blanches ; 
celles du disque blanc-jaunâtre, avec le sommet des divi- 
sions couleur de chair. Nous ignorons l’origine de cette 
plante , qui nous paroît constituer une espèce distincte, et 
que nous avons décrite sur un individu vivant, cultivé au 
Jardin du Roi, où il n’étoit point nommé. 

Notre genre Menthe est exactement intermédiaire entre 
le Cyanus et le Lepteranthus. Il ressemble au Cyanus par la 
bordure des squames du péricline, et par les corolles de la 
couronne; mais il s’en distingue par l’involucre et par l'ap- 
pendice des squames du péricline : il ressemble au Lepteran- 
thus par l’appendice des squames du péricline ; mais il s’en 
- distingue par l’involucre qui entoure ce péricline, par la 
bordure dont les squames du péricline sont pourvues, et par 
la forme des corolles de la couronne. (Voyez notre article 
LEPrÉRANTHE, tom. XXVI, pag. 64.) 

Le nom de Melanoloma, composé de deux mots grecs qui 
signifient bordure noire, fait allusion à la bordure remar- 
quable des squames du éd ses (H. Cass.) 

MÉLANOMPHALE. { Bot.) Reneaulme nommoit ainsi l’or- 
nithogalum arabicum, parce que, selon lui, le centre ou om- 
bilic de la fleur est noir. (J.) 

MÉLANOPHORE, Melanophora. (Entom.) M. Meigen a 
décrit sous ce nom un genre d'insectes diptères, de la er 
des sarcostomes, correspondans aux tachines et aux téphrites 
de Fabricius, tels que le musca grossificañionis de Linnæus. 
(C. D.) 

MELANOPS. (Or nith.) Cette épithete est dise par La- 
tham à une espèce de corbeau, dont M. Vieillot a fait sa 
coracine kaiïlora. (Cu. D.) 

MÉLANOPSIDE, Melanopsis. (Conchyl.) Ce nom, qui in- 
dique des rapports avec les mélanies, ce qui n’est pas rigou- 
reusement exact, a été imaginé par M. d’Audebard de Fé- 
russac, le père, pour désigner un petit genre de coquilles 
qu'Olivier avoit établi sous la dénomination de Mélanie, ou 
qu’il confondoit avec les espèces véritables de ce genre, et que 
M. de Lamarck avoit proposé plusieurs années auparavant. 
Les caractères de ce genre , qui a été adopté par tous les zoolo- 


ot. ‘ne nil mt se mltét nantes te he, à ii 


MEL 475 


gistes modernes, et duquel M. d'Audebard de Férussac, fils, 
a publié une monographie dans la premiére partie du pre- 
mier volume des Mémoires de la Société d'histoire naturelle 
de Paris, peuvent être exprimés ainsi : Animal dioïque, spi- 
ral, trachélipode ; le pied court, arrondi, pourvu d’un oper- 
cule corné : la tête avec deux gros tentacules coniques, assez 
peu alongés, incomplétement contractiles, portant les yeux 
sur un renflement assez saillant, situé à leur base externe; 
la. bouche à l’extrémité d’une sorte de mufle proboscidi- 
forme ; la cavité respiratrice aquatique contenant deux pei- 
gnes branchiaux inégaux, et se prolongeant en un tube in- 
complet à son angle antérieur et externe. Coquille ovale, 
subturriculée, à spire courte ; l'ouverture ovale, sans tube, 
mais échancrée en avant et sans trace de sinus à son extré- 
mité postérieure ; le bord columellaire calleux et plus ou 
moins profondément excavé. D’après ces caractères il est évi- 
dent que ce genre est assez éloigné des mélanies proprement 
dites, surtout pour la coquille, qui n’a jamais l’'évasement 
de l’ouverture par la fusion de la columelle qui existe dans 
celle-ci. C’est pour moi une simple subdivision des cérithes, 
dont elle ne diffère que parce que l’échancrure de louver- 
ture , au lieu d’être quelquefois présque tubuleuse , est sou- 
vent peu marquée. Je divise en effet les Cérithes en cinq 
petits groupes: dansie premier, les Cérirues proprement dites, 
comme le C. vertagus, il y a réellement un petit canal fort 
court, recourbé vers le dos de la coquille; les CHenirres, 
C. aluca, ont le canal encore plus petit, tout droit, et une 
échancrure ou sinus bien formé a la jonction postérieure des 
deux bords ; les Poramines et les Pirazes n’ont plus de canal, 
mais une simple échancrure en avant, et le bord droit se 
dilate plus ou moins avec l’âge, comme dans le C. palustre; 
les PrRÈNES ont aussi l'ouverture sans canal, peu échancré en 
avant, avec un sinus à l’extrémité postérieure du bord droit, 
qui ne se dilate pas; le bord columellaire calleux et courbé 
dans son milieu : enfin, les Méranopsines, en général moins 
turriculées, ont l’échancrure antérieure, mais pas de sinus 
en arrière et une large callosité sur le bord columellaire, 
Jamais ces caractères ne se trouvent sur les véritables mé- 
lanies. 


476 MEL 

- Les mélanopsides habitent constamment les eaux douces, 
et leurs mœurs s'éloignent sans doute fort peu de celles des 
cérithes fluviatiles et même dè celles des paludines. On n’en 
a pas encore trouvé en France ni même en Italie, où cepen- 
dant il est fort probable qu'il en existe : mais on en a dis- 
tingué en Carniole, en Hongrie, dans la Russie méridionale 
et dans presque tout le bassin de la Méditerranée ; en Espa- 
gne, sur le versant de la mer Océane ; dans les grands 
fleuves, le Tigre et l’'Euphrate, de la pente méridionale de 
l'Asie. Il me paroît probable que deux ou trois espèces de 
coquilles dont M. Say a fait dés mélanies, appartiennent 
réellement au genre Mélanopside : ainsi l'Amérique septen- 
trionale auroit des espèces de ce genre, ce que n’auroit pas 
le versant de l’Europe vers la mer Océane. Aussi, en admet. 
tant ce fait comme positif, il sembleroit que celles qui y 
ont existé n’y sont plus qu'à l’état fossile; et, en effet, on 
trouve un assez grand nombre de mélanopsides fossiles en 
France, où il ne s’en rencontré peut-être plus de vivantes. 

Les espèces que M. de Férussac caractérise dans ce genre, 
sont au nombre de onze ; mais il faut convenir qu’elles sont 
souvent si voisines les unes des autres, que je doute qu'il y 
en aït plus de trois ou qiâtre véritables. 

La M. euccoine ; M. buccinoides, Olivier, Féruss., loc. 
cit, pli, fig. 1—1, et pl. 11, fig. 1—4. Coquille conique, 
ovale, épaisse, à spire courte, souvent aiguë; les tours de 
spire déprimés, striés longitudinalement, au nombre de huit, 
dont le dernier est plus grand que tous les autres pris en- 
semble ; une large callosité sur le bord columellaire. Cou- 
leur uniforme, brune ou châtaine. 

C’est la M. rss, M. lævigata, de M. de Lamarck ; le Buc- 
cinum prærorsum de Linnæus; le Bulimus prærorsus de Bru- 
guieres ; le Bulimus anfediluvianus de M. Poiret. 

Cette espèce se trouve vivante dans les ezux douces de la 
Syrie, de l’île de Crête, de l’archipel grec, d’après Olivier; 
on dt qu’elle se trouve aussi en Hongrie, d’après M. de Fé- 
russac, qui en posséde un grand nombre d'individus. Elle 
offre un assez grand nombre de variétés, soit dans la couleur, 
soit dans la forme: ainsi elle est tantôt noire, brune, chà- 
taine; tantôt d’un vert jaunàtre et quelquefois ornée de 


MEL 477 


trois bandes brunes sur un fond verdâtre ; elle est plus ou 
moins alongée ou élargie, ce qui la rend conique ou fusi- 
forme. Dans quelques individus l’ouverture a la moitié de 
la longueur de la coquille, et dans d’autres les deux tiers. 

Il estcertain qu’elle est parfaitement identique avec l'espèce 
fossile que l’on trouve dans l’ile de Rhodes, dans les mon- 
tagnes de Sestos, dans la formation d'argile plastique et des 
environs de Soissons ; en Angleterre, à l’île de Wight, et dans 
plusieurs autres endroits; en Italie, etc. 

La M. »e Durour; M. Dufourü, de Fér., loc. cit., pl. 1, 
fig. 16, et pl. 2, fig. 5. Espèce fort rapprochée de la précé- 
dente par la forme et la grandeur, qui varient cependant 
aussi beaucoup : sa couleur, également fort variable, brune 
ou verdtre, est quelquefois parsemée de taches brunes; le 
dernier tour de spire est ordinairement pourvu de trois côtes 
transversales, mais aussi quelquefois elles s’effacent presque 
complétement. | 

Elle se trouve vivante dans le royaume de Valence et dans 
différens endroits de l'Espagne ; fossile à Dax, dans les faluns 
de Mandiilot. 

Fa M. À côres : M. costata, Oliv., Lam. ; de Fér., loc. cit, 
pl.1, fig. 14, 15. Coquille ovale, conique, épaisse, pourvue 
de côtes épaisses, nombreuses, longitudinales sur tous les 
tours de spire, qui sont au nombre de huit, dont le dernier 
est plus grand que tous les autres ble la couleur est 
brune ou cornée, avec une tache de la même couleur sur la 
columelle, qui est blanche, comprimée et assez excavée. 

Cette espèce, qui varie aussi pour la grandeur et la pro- 
portion des parties, se trouve vivante dans les environs 
d'Alep et dans le fleuve Oronte. Elle est fossile sur le haut 
des montagnes de Sestos et d’Abydos. 

La M. 4 »er1Tes côtes : M, costellata > Mur. cariosus, Linn.; 
Buccina murocceana, Chemnitz, Conchyl., X } tab. 310, fie 
2682, 2083. Cette espèce, que M. de Férussac ne sépare 
qu'avec doute de la précédente, paroit n’en différer qu’en 
ce que les côtes sont plus nombreuses, plus serrées, et que le 
dernier tour est trois fois plus grand que tous les autres pris 
ensemble. 

Elle se trouve abondamment dans les ruisseaux des envi- 


478 MEL 

rons de l’aqueduc de Séville et dans cet aqueduec, dans les 
lacs et rivières du royaume de Maroc. Son animal est orné, 
comme celui de la mélanie buccinoïde, de lignes brunes et 
ondulées. 

La M. 4 cros sœurs: M. nodosa, de Fér., loc. cit., pl.1, 
fig. 13» M. affinis, Mém.  géolog. Coquille ovale, aiguë, 
épaisse, de sept à huit tours de spire ; le dernier ventru, 
pourvu de côtes noueuses, longitudinales. 

Cette espèce, qui habite vivante dans le Tigre, paroît, 
comme la précédente , aussi peu différer de la M. à côtes. 
Elle a été trouvée fossile par M. Menard de la Groye entre 
Ottricoli et Lavigno, prés de la route de Rome à Foligno, 
avec des coquilles marines. Une variété de cette même es- 
péce est répandue dans un calcaire compacte dont est bâti 
le temple de Daphné à Athènes. 

La M. cHevronnéE ; M. decussata , de Fér. Coquille à spire 
conique, formée de cinq à six tours déprimés, le dernier 
plus grand que tous les autres; l’ouverture grande, à peine 
échancrée ; la columelle presque droite , à peine canaliculée : 
couleur blanche, variée de lignes rousses entières ou ponc- 
tuées. Dans divers endroïts de la Hongrie, et entre autres 
dans le Plattensée. 

La M. »'Esrer, M. Esperi, de Fér., ne paroît différer que 
par quelques nuances dans la couleur , et parce que le canal 
de la columelle est mieux formé. De la rivière de Laybach, 
dans la Carniole. 

La M. aronGée; M. acicularis, de Fér. Coquille subulée, 
lisse, épaisse, de huit à dix tours de spire, décroissant in- 
sensiblement ; callosité nulle ; la columelle atténuée , aiguë, 
a peine canaliculée et échancrée : couleur brune foncée, 
avec une bande jaunàtre sur les sutures. 

Vivante, elle se trouve dans la Laybach, dans les eaux 
thermales de Weslau prés Vienne, dans le Danube, à Bude, 
etc.; fossile, à l’ile de Wight. 

M. de Férussac, dans sa Monographie , joint aux mélanop- 
sides les Pyrènes de. M. de Lamarck; mais, quoique fort 
rapprochées en effet, nous n’en parlerons que sous ce der- 
nier mot. (DE B.) 

MÉLANOPSIDE. (Foss.) Les mélanopsides, ainsi que les 


MEL 479 


mélanies, ne se trouvent plus aujourd'hui à l'état vivant 
que dans les eaux douces des climats chauds. Comme ces 
dernières, elles ne se trouvent à l’état fossile, dans nos pays, 
que dans les couches postérieures à la craie, mais avec cette 
différence, que les couches qui les contiennent sont posées 
sur l'argile plastique au-dessous du calcaire coquillier, où 
elles sont accompagnées de planorbes, de physes, de lymnées 
et d’autres coquilles d’eau douce (d’Audeb. de Féruss.), et 
qu’on ne les trouve jamais, comme les mélanies, dans le cal- 
caire coquillier marin. 

Méranorsine pucainoïne : Melanopsis buccinoidea, Oliv., Voy., 
pl. 17, fig. 8 ; Melanopsis fusiformis, Sow., Min. conch., t.332, 
fig. 1— 7. Coquille ovale-conique, lisse, portant sept tours 
de spire, dont le dernier est plus long que la spire : lon- 
gueur, huit à neuf lignes. On trouve cette espèce dans le 
bassin d’Épernai, au-dessous d’un banc d’huîtres; à Soissons, 
à Vaubuin, à Cuiseaux dans le Jura; à Heuden-Hill, dans 
l'ile de Wight, à Wolwich; en Italie, en Grèce. Elle ne 
 différe en rien de celles qu’Olivier a prises vivantes dans le 
fleuve Oronte et dans toutes les rivières de la côte de Syrie, 
ni de celles que M. de Férussac a trouvées dans les petites 
rivières d’Andalousie en Espagne. J’en possède une dont l’ou- 
verture est remplie de vermilies ou de serpules. 

MéranorsipE À CÔTES ; Melanopsis costata, Oliv., voy. pl. 31, 
fig. 3; Encycl. méth., pl. 458, fig. 7. Il paroît que cette es- 
pèce est analogue à celle qu’on rencontre vivante dans les ri- 
vières des îles de l’Archipel et en Syrie. On la trouve fossile 
à Soissons, en Italie et à Sestos, où elle forme des rochers 
solides. (De Férussac.) 

Mécanorsine NOUEUSE : Melanopsis nodosa, De Fér. Les co- 
quilles de cette espèce ont beaucoup de rapport, pour la forme 
et la grandeur, avec les précédentes; mais celles-ci sont cou- 
vertes, à la partie supérieure du dernier tour de la spire, de 
deux rangs transverses de nœuds lisses et peu élevés, qui se 
terminent par des côtes douces longitudinales. On les trouve 
à Magliano en Italie. 

Mézaxorsine DE Boué; Melanopsis Bouet, De Fér. Cette es- 
pèce a beaucoup de rapports avec celle qui précède immé- 
diatement; mais elle est beaucoup plus raccourcie. On la 
trouve en Moravie. 


480 - MEL 


Melanopsis Dufourit, De Fér. Cette espèce a jusqu’à quinze 
lignes de longueur : elle est ventrue, et porte une très-grosse 
callosité sur le bord gauche de son ouverture : elle est très- 
remarquable en ce que la partie supérieure de chaque tour 
est munie d’un canal en forme de rampe comme les olives. 
On trouve cette espèce à Dax. 

Je posséde une petite coquille du genre Mélanopside qui 
a été trouvée à Gilocourt, département de l'Oise. Elle est 
Lsse, et le bord droit de l'ouverture s'élève presque jus- 
qu’au haut de la spire, qui n’est composée que de deux ou 
trois tours. Ce petit nombre de tours feroit soupçonner que 
ce seroit un jeune individu de la mélanopside buccinoïde. 
Longueur, deux lignes et demie. Elle a la forme d’un petit 
haricot. 

M. Sowerby a donné la figure et la description d’une co- 
quille de cegenre, à laquelle il a donné le nom de melanopsis 
subulatus (Min. conch., tab. 532, fig. 8): elle a sept lignes 
de longueur sur deux lignes et demie de largeur vers sa 
base. Elle a été trouvée dans l’île de Wight avec la M. buc- 
cinoide, dont elle n’est peut-être qu’une variété. (D. F.) 

MELANOS. (Ornith.) M. Desmarest a donné, dans le 
Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle , des explications 
curieuses sur l'emploi de ce terme pour désigner les mam- 
mifères et les oiseaux dont les poils ou les plumes passent 
d’une autre couleur au noir foncé. (Cu. D.) | 

MELANOSCHŒNUS. ( Bot.) Michéli, auteur italien , nom- 
moit ainsi une espèce de chouin, schænus mucronabus. (J.) 

MELANOSINAPIS. (Bof) M. De Candolle nomme ainsi 
l’une de ses cinq sections du genre Sinapis, laquelle contient 
Ja vraie moutarde, sinapis nigra. (J.) 

MELANOTIS. (Bot. ) Le genre fait sous ce nom par Necker 
est le meläsma de Bergius, ‘ou nigrina de Einnæus, que le fils 
de ce dernier a réuni au Gerardia, genre de la famille des 
personées. (J.) , 


MELANPYRON ( Boi.) : Blé noir, en grec. Voyez Méram- 


PYRE. (LEM.) 

MÉLANTÉRIE. (Min.) C'est un nom employé par quel- 
ques minéralogistes anciens pour désigner une terre noire 
pyriteuse, susceptible de donner une couleur noire ana- 


PRE PT RES 


MEL AB 


logue à celle de l'encre et d’ûne nature qui n’en est pas très- 
éloignée. Cette matière se trouve principalement dans les 
raches schisteuses , noires et pyriteuses, que nous avons dési- 
gnées ailleurs sous le nom d’ampélite. 

Mais il paroît que celle qu'Agricola et Dioscoride indi- 
quent en Cilicie, qui étoit jaune de soufre et qui donnoit 
dans l’eau une dissolution noire, pourroit être regardée 
comme un sulfate de fer en partie décomposé par l'air, ef 
tel qu’on le trouve souvent en efflorescence sur les roches 
schisteuses que nous venons de mentionner, M. Leonhard 
paroît avoir adopté cette opinion, en citant le melanteria 

comme synonyme du fer sulfaté. (B.) 

__ MÉLANTHE, Melanthium. (Bot.) Genre de plantes mono- 
cotylédones , à fleurs incomplètes, de la famille des colchicées, 
de l’herandrie trigynie de Linnæus; offrant pour caractère es- 
sentiel : Une corolle à six pétales; point de calice ; six éta- 
mines insérées sur les onglets des pétales; les anthères à 
deux lobes; un”ovaire supérieur, trigone, chargé de trois 
styles; une ou plutôt trois capsules unies ensemble par leur 
côté intérieur; les semences nombreuses, comprimées. 

MéLanTee DE Vir@inie : Melanthium virginicum, Linn.; Lmk., 
Ill. gen., tab. 569, fig. 1; Pluken., Phytogr., t. 434, fig. 8. 
Cette plante s'élève à la hauteur de trois pieds sur une tige 
simple, herbacée, fistuleuse, un peu velue, garnie de feuilles 
alternes, vaginales à leur base, linéaires, longues, aiguës. 
Ses fleurs forment à l'extrémité des tiges une grande et belle 
panicule pyramidale , velue sur ses ramifications, munie de 
bractées courtes, pubescentes ; la corolle d’un blanc jaunètre. 
d’une médiocre grandeur ; les pétales presque hastés, mar- 
qués à leur base de deux taches foncées ; les filamens de la 
longueur dela corolle ; l'ovaire glabre, ovale, à trois lobes; 
_ les styles divergens, un peu plus courts que les étamines. 
Cette plante croît aux lieux humides, dans la Virginie, l& 
Caroline, etc. 

Mécantse pu Car. : Melanthium capense, Linn.; Lamk., JU, 
gen., tab. 260, fig. 3; Pluk., Phytogr., tab. 195, fig 43 
Melanthium punctatum, Mill., Dict. Espèce remarquable par 
ses feuilles et ses corolles ponctuées, dont la tige est très- 
simple, haute de sept à neuf pouces, garnie d'environ quatre 
29 31 


482 MEL 

feuilies ovales, un peu concaves, épaisses, un peu eciliées à& 
leurs bords, couvertes à leurs deux faces de très-petits points 
noirs, tuberculeux ; les fleurs sessiles, disposées en un épi 
simple, terminal, long d'environ trois pouces; la corolle 
finement piquetée de rouge ; les pétales caducs, lancéolés ; 
les étamines de moitié plus courtes que la corolle ; l'ovaire 
trigone, divisé jusqu’à son milieu en trois parties, terminées 
chacune par une pointe courte, en forme de corne. Cette 
plante croît au cap de Bonne-Espérance. 

MÉLANTHE UNILATÉRAL; Melanthium secundum, Lamk., Enc. 
et Ill. gen., tab. 269, fig. 2. Cette espece, rapprochée de la 
précédente, s’en distingue par ses fleurs unilatérales, par 
ses pétales onguiculés, munis ordinairement de deux petites 
dents à peu de distance de leur base ; par ses feuilles étroites, 
à peine larges d’une demi-ligne. La tige est grêle, simple, 
finement panachée de rouge, haute de huit à neuf pouces; 
les fleurs sessiles, formant un épi court, un peu lâche, dé- 
pourvu de bractées ; les pétales étroits, linéaires-lancéolés ; 
l'ovaire court, médiocrement turbiné, chargé de trois styles 
grêles. Cette plante a été découverte au cap de Bonne-Espé- 
rance par Sonnerat. 

MÉLANTHE À ÉPI DENSE : Melanthium densum, Lamk., Encycl. 
et Ill. gen., tab. 269, fig. 4 ; Veratrum luteum, Linn. Cette 
plante s'élève à la hauteur d'un à deux pieds sur une tige 
simple, garnie de feuilles alternes, sessiles, un peu amplexi- 
caules, linéaires, aiguës, larges d'environ deux hgnes; les 
inférieures trés-longues; les fleurs petites, nombreuses, épar- 
ses, pédicellées, réunies en un épi droit terminal, d’abord 
ovale ; à la base de chaque pédicelle une petite bractée 
ovale, aiguë, scarieuse ; les corolles trés-ouvertes; les pé- 
tales ovales, sans onglets; les anthéres blanchätres, en cœur; 
l'ovaire court, trifide au sommet. Cette plante croît dans da 
Caroline. 

MéLaNTHE 30NCIFORME ; Melanthium junceum, Jacq., Ice. rar.) 
2, tab. 451. Cette espèce est pouivue d’une bulbe arrondie, 
de la grosseur d’une noisette : elle produit une feuille radi- 
cale, subulée , aiguë ; puis deux autres planes, aiguës, vagi- 
nales. Les tiges sont droites, simples, subulées, longues d'un 
pied et demi, munies vers leur sommet de deux feuilles al- 


MEL 48% 


ternes ; les fleurs sessiles, alternes, disposées en un épi ter: 
minal, long de deux pouces ; la corolle d’un pourpre violet 
ou blanchâtre ; les pétales onguiculés, lancéolés, un peu aï- 
gus ; les filamens de couleur purpurine ; les anthères alon- 
gées ; les capsules trigones,.noueuses, obtuses, couronnées 
par les styles. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance, 

Méranrae cicré : Melanfhium ciliatum, Linn., Suppl., 213 ; 
Jacq., Fragm., tab. 3, fig. 3 ; Melanthium uniflorum, Jacq., 
Coll., 4, pag. 100. Plante herbacée, du cap de Bonne-Espé- 
rance, dont les tiges sont simples, longues d’un pied et plus, 
garnies de feuilles alternes, linéaires-lancéolées, trés-aiguës, 
finement crénelées et membraneuses à leurs bords, longues 
d’un demi-pied ; les radicales et inférieures pourvues d’une 
longue gaine : les fleurs sessiles, alternes, peu nombreuses, 
rapprochées, terminales; la corolle d’une grandeur mé- 
diocre ; les pétales lancéolés, onguiculés, rouges en dehors, : 
jaunàtres à leur base ; les capsules cendrées, longues d’un 
pouce. x, 

MÉétanNTHE A FEUIILES DE GRAMINÉES ; Melanfhium gramineum, 
Cavan., Icon. rar., 6, tab. 587. Ses racines sont pourvues 
de plusieurs bulbes ovales, d’où s’élévent des tiges tres- 
courtes, en partie enfoncées en terre, longues d’un pouce, 
filhformes ; les feuilles radicales semblables à celles des gra 
minées, vaginales, canaliculées, tres-aiguës, longues de trois 
pouces ; les fleurs, au nombre de deux ou trois, sont d’un 
blanc jaunâtre ; les pétales veinés, lancéolés, longs d’un 
pouce et plus, larges de deux lignes; les filamerns plus courts 
que la corolle ; l'ovaire ovale, aigu ; trois styles rougeûtres, 
divergens. Cette plante a été découverte dans les environs 
de Mogador par Broussonet. (Pors.) 

MÉLANTHÈRE, Melanthera. (Bot) Ce genre de plantes, 
publié par Von Robr, en 1792, appartient à l’ordre des sy- 
nanthérées, à notre tribu naturelle des hélianthées, et à la 
section des hélianthées-prototypes, dans laquelle il est im- 
médiatement voisin des genres Blainvillea et Lipotriche. Voici 
les caractères génériques du melanthera, tels que nous les 
avons observés sur des individus vivans de melanthera urticæ- 
folia. 


Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, régulari- 


484 MEL 


flore, androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, d’abord 

convexe où turbiné, puis plan ;: formé de squames irrégulié- 
rement bisériées, à peu près égales, appliquées, ovales, fo- 
liacées ou subcoriaces. Clinanthe convexe, garni de squa- 
melles inférieures aux fleurs, embrassantes, oblongues-lan- 
céolées , presque spinescentes au sommet. Fruits plus ou moins 
comprimés bilatéralement, subtétragones, élargis et épaissis 
de bas en haut, glabres, lisses, tronqués au sommet, à tron- 
cature en losange, trés-large, plane, hispide ; aréole apici- 
laire, petite, orbiculaire, occupant le centre de la troncature; 
aigrette interrompue, irrégulière, composée d'environ cinq 
_à dix squamellules inégales, filiformes, courtes, épaisses, 
roides, blanches, barbellulées, se détachant facilement, et 
paroissant articulées par la base sur un rebord trés-court, 
épais, charnu, vert, dentelé, qui simule un bourrelet apici- 
laire ou une très-petite aigrette stéphanoïde. Corolles blan- 
ches, à dix nervures, à tube court et glabre, à limbe hé- 
rissé de poils, à cinq divisions hérissées de papilles sur leur 
face supérieure. Anthères à loges noirâtres, à appendice api- 
cilaire blanc. Nectaire tubulé. 

Nous distinguons trois espèces de melanthera. 

MéLanNTHÈRE A FEUILLES D'ORTIE : Melanthera 'urticæfolia, H. 
Cass.; Melananthera Linnæi, Kunth, Nov. gen. et sp. pl. t. IV, 
pag. 199 (édit. in-4.°) ; Melananthera deltoidea, Rich. et Mich., 
FI. bor. Amer., tom. 2, pag. 107; Pers., Syn. pl., pars 2, 
pag. 395; Calea aspera, Jacq., Collect. ad bot. spect., vol. 2, 
pag. 290, n.° 230; Icon. pl. rar., vol. 3, tab. 583; Willd.; 
Desf. ; Decand. ; Aiton; Lam.; Bidens nivea, Swartz, Obs. bot., 
pag. 2096 ; Bidenbis niveæ varietas prima, Linn., Sp. pl., édit. 3, 
pag. 1167; An? Amellus, P. Browne, Hist. of Jam., p. 317; 
Bidens scabra, flore niveo, folio urticæ, Dill., Hort. eltham., 
pag. 55, tab. 47, fig. 55, n.° 3. C’est une plante herbacée, 
dont la tige, haute d’environ trois pieds, est dressée, ra- 
meuse, subtétragone, striée, scabre ; ses feuilles sont oppo- 
sées, pétiolées, ovales, acuminées, dentées en scie, tripli- 
nervées, scabres, surtout en-dessous, un peu pubescentes, 
d’un vert cendré; les calathides, larges de six à neuf lignes, 
sont solitaires au sommet de longs pédoncules nus, ordinai- 
rement ternés à l’extrémité de la tige et des rameaux; les 


MEL 485 


corolles sont blanches. Nous avons fait cette description spé- 
cifique, et celle des caractères génériques, sur des individus 
vivans, cultivés au Jardin du Roi, où ils fleurissoient au 
mois d'août. Swartz, qui paroît avoir bien observé cette 
plante, dit qu’elle est vivace par sa racine, et qu’elle ha- 
bite la Jamaïque australe, où on la trouve prés des bords 
de la mer, ainsi que sur les terrains élevés, cultivés ou cou- 
verts de gazon. Elle seroit annuelle, selon M. Kunth; mais 
Jacquin a remarqué, sur des individus cultivés en Europe 
dans la serre chaude, que cette espèce étoit tantôt annuelle 
et tantôt vivace. M. Link, dans son Enumeratio plantarum horti 
berolinensis, dit que les fleurs sont jaunes, ce qui est une 
erreur manifeste. 

MÉLANTRÈRE A FEUILLES EN VIOLON : Melanthera panduriformis, 
H. Cass.; Melanantheræ hastatæ varietas, Rich. et Mich., F1. 
bor. Amer., tom. 2, p. 107; Pers., Syn. pl., pars 2, p. 305; 
Bidentis niveæ varietas tertia, Linn., Sp. pl., édit. 3, p.'1167; 
Bidens scabra, flore niveo, folio panduræformi, Dill., Horé. 
Eltham., pag. 54, tab. 46, fig. 54. Une racine vivace pro- 
duit plusieurs tiges droites, simples ; hautes de plus de quatre 
pieds, roides, scabres, munies de quatre côtes longitudi- 
nales; les feuilles sont opposées, étalées, assez grandes, pé- 
tiolées, oblongues-lancéolées, ridées, scabres, acuminées au 
sommet, dentées en scie sur les bords, étrécies des deux côtés 
vers le milieu de leur longueur, ce qui produit deux lobes 
vers la base ; chaque tige se divise au sommet en quelques 
rameaux et pédoncules terminés par de belles calathides assez 
grandes, subzlobuleuses, imitant celles de certainesscabieuses: 
les corolles, d’abord un peu rougeàtres, deviennent ensuite 
trés-blanches ; les anthères sont exsertes et noires; les squames 
du péricline sont roides et vertes; les squamelles du cli- 
nanthe sont cuspidées; les fruits ont une aigrette de deux 
squamellules. Cette plante, que nous n’avons point vue, et 
que nous décrivons d'aprés Dillen, a été observée par ce 
botaniste sur des individus vivans, provenant de graines en- 
voyées de la Caroline, et cultivés en Angleterre, où ils fleu- 
rissoient en octobre. 

MÉLANTHÈRE A FEUILLES TRILOBÉEs : Melanthera trilobatæ, H. 
Cass. ; Melanantheræ hastaltæ varietas, Rich. et Mich., FI. bor. 


486 MEL 


Amer. , tom. 2, pag. 107; Pers., Syn. pl., pars 2, pag. 594; 
Bidentis niveæ varielas secunda , Linn. , Sp. pl., édit. 3, p. 1167; 
Bidens scabra, flore niveo, folio trilobato, Dill., Hort. Eltham. , 
pag. 55, tab. 47, fig. 55. La racine est vivace; les tiges s’élè- 
vent un peu plus haut que celles de l'espèce précédente ; 
les feuilles sont pétiolées, très-profondément divisées en trois 
grands lobes dentés en scie, le terminal plus long, lancéolé, 
les deux latéraux ordinairement ovales: les calathides sont 
subglobuleuses, belles, assez grandes, composées de fleurs 
blanches ; les anthères sont noires, mais incluses, et non ap- 
parentes extérieurement ; les stigmatophores sont plus grêles 
que dans la précédente espèce , dont celle-ci ne diffère essen- 
tiellement que par la figure des feuilles. Dillen, dont nous 
empruntons la description, faite sur des individus vivans, 
cultivés en Angleterre et provenant de graines envoyées de 
la Caroline , remarque que cette espèce fleurit un mois plus 
tard que la précédente, et qu’elle paroit être plus sensible 
au froid. Cu 

Ce botaniste est le premier qui ait fait connoître les trois 
espèces dont se compose aujourd'hui le genre Melanfhera : il 
a complétement décrit et figuré, en 1732, dans l’Hortus El- 
thamensis, la seconde et la troisième espèces : quant à la pre- 
mière , il s’est contenté de dire qu’elle ressembloit aux deux 
autres par sa tige, ses calathides, et l’aspérité de sa surface; 
mais qu'elle en différoit beaucoup par ses feuilles, semblables 
à celles de l’ortie commune, et dont il a Fo la figure. 
Suivant lui, l’aigrette de ces plantes n’est composée que de 
deux squamellules, et c’est te il les à rapportées au 
genre Bidens. 

Linné a réuni, en 1755, dans la première édition du Spe- 
cies plantarum, sous le nom de bidens nivea, les trois espèces 
de melanthera, qu’il a considérées comme trois variétés d’une 
séule et même espèce, et il a cité, comme synonyme de la 
premiére, le ceratocephalus foliis cordatis seu triangularibus, 
Jlore albo, de Vaillant. . 

Patrice Browne a proposé, en 1756, dans son Histoire ci- 
vile et naturelle de la Jamaïque, un genre Amellus, ayant 
pour caracteres : le péricline imbriqué, campanulé, étalé, 
à squames presque égales ; la calathide incouronnée , régula- 


MEL 487 


riflore ; les fruits oblongs, anguleux ; le clinanthe squamelli- 
fére. L’unique espèce attribuée à ce genre par l’auteur est 
une plante rameuse , à feuilles ovales, dentées, à calathides 
terminales, solitaires, portées sur de longs pédoncules di- 
vergens. Browne cite, comme synonyme de son Amellus, une 
plante de Jean Burmann, qui est l’adenostemma viscosa ; et 
Linné cite la plante de Browne comme synonyme de son 
calea amellus. Mais M. Robert Brown prétend que le calea 
amellus de Linné est le salmea scandens de M. De Candalle, 
et que l’amellus de Patrice Browne est le melanthera urticæ- 
Jolia, dont il n’a point remarqué l’aigrette, parce qu’elle est 
caduque. Si cette dernière synonymie, qui est irés-vraisem- 
blable, pouvoit être mise tout-a-fait hors de doute, il s’en 
suivroit que Browne seroit le premier auteur du genre Me- 
lanthera ; maïs il ne l’auroit pas suffisamment caractérisé, et 
d'ailleurs le nom d'amellus, ayant été consacré par Linné à 
un autre genre, ne peut plus être restitué à celui-ci. 

Adanson, en 1763, dans ses Familles des plantes, a pro- 
posé un genre Ucacou, caractérisé ainsi : Feuilles opposées, 
entières; plusieurs calathides axillaires et solitaires termi- 
nales ; péricline de cinq à sept squames unisériées, larges ; 
clinanthe garni de squamelles larges ; aigrette de deux à trois 
soies persistantes; calathide radiée, à disque de fleurs her- 
maphrodites quinquédentées, à couronne de fleurs femelles 
tridentées. L’auteur rapporte a son genre Ucacou, les bidens 
nodiflora et nivea de Linné, le genre Ceratocephalus de Vail- 
lant, les figures de l'Hortus Elfhamensis représentant les trois 
espèces de melanthera, et les noms vulgaires d’Arekepa, de 
Chatiakelia, d'Herbe aux malingres. 

Jacquin a tracé, en 1788 , dans le secand volume de ses 
Collectanea , la première description exacte et complete de la 
melanthera urticæfolia, qu’il a nommée calea aspera ; et vers 
Je même temps il a donné ure bonne figure de cette plante, 
dans ses Icones plantarum rariorum. 

Swartz, en 1791, dans ses Observationes botanicæ, a donné 
une nouvelle description exacte et complète de la meian- 
thera urticæfolia, à laquelle il a conservé le nom de bidens 
mivea. 
M. Robert Brown nous apprend que, dès 1784, la plante 


438 | MEL 


dont nous venons de parler avoit été décrite par Von Robr, 
comme genre distinct, sous le nom de melanthera : maïs il 
paroit qu'il n’a publié ce genre qu’en 1792, dans le second 
volume des Mémoires de la Société d'histoire naturelle de 
Copenhague. 

Le genre Melanthera de Von Bike a été reproduit, en 
1803, sous le nom de melananthera, par Richard et Michaux, 
dans la Flora boreali-americana. On y trouve une description 
trés-complète des caractères du genre, et l'indication de deux 
espèces, dont la première, nommée par ces botanistes mela- 
nanthera hastata, correspond à nos melanthera panduriformis et 
trilobata, et la seconde, nommée par eux melananthera del- 
toidea, correspond à notre melanthera urticæfolia. 

M. Robert Brown, en 1817, dans ses Observations sur les 
Composées, a décrit de nouveau les caractères du genre 
Melanthera, et il a présenté quelques remarques intéressantes 
sur ce gerre, ainsi que la description d’un autre genre voisin 
de celui-ci et nommé par l’auteur Lipotriche. Dans la tra- 
duction que nous avons faite de l’opuscule de M. Brown, 
nous avons inséré la note suivante sur l’article concernant le 
melanthera : « M. Brown paroît ignorer que le genre dont 
« il s’agit, ayant pour type le Bidens nivea de Linné, avoit 
« été déjà proposé, avant Von Rohr et Richard, par Adanson, 
« qui le nomme Ucacou. Il est vrai que sa description pré- 
« sente de faux caractères, ce qui, d'après mes principes, 
« ne permet pas de lui attribuer la découverte du genre; 
« mais, d'aprés les principes contraires généralement adop- 
« tés, et professés surtout par M. Brown, comme on l’a vu 
« aux articles Craspepra et Trinax, dn devroit préférer au 
« nom de melananthera , suivant l’ordre chronologique, 1.° celui 
« d’Amellus, 2.° celui d'Ucacou, 3.° celui de Melanthera. Je 
« dois faire observer que les caracteres attribués par Adanson 
« à son ucacou, et qui s'appliquent fort mal au melananthera, 
« s'appliquent au contraire assez bien au Lipotriche de M. 
« Brown, décrit dans sa note X. J'ai examiné, dans l’herbier 
« de Surian, la plante qui y est nommée chatiakelle, et dont 
« Adanson a fait son genre Ucacou, et je me suis assuré que 
« la calathide de cette plante étoit radiée. ? (Journal de 
physique de Juillet 1818, pag. 27.) 


MEL 489 

Dans l’article Liorrreue de ce Dictionnaire, après avoir 
rappelé là note précédente, nous ajoutions : « Depuis cette 
« époque, nousavons reconnu que le genre Ucacou d’Adanson 
« étoit fort exactement caractérisé, et trés-distinct du me- 
« lanthera et du lipotriche, comme nous le démontrerons 
« bientôt dans notre article MécanrHëre. Le genre d’Adanson 
« doit donc être conservé, maïs en modifiant un peu son 
« nom, qui est trop barbare; c'est pourquoi nous proposons 
« de le nommer ucacea. ? 

Depuis la rédaction de cet article Liporricne, nous nous 
sommes livré à de nouvelles recherches sur la synonymie du 
genre Ucacou, et nous croyons être enfin parvenu à l'éclaircir 
parfaitement. Il est maintenant bien démontré pour nous que 
le genre Ucacou ou Ukakou d'Adanson a pour type la verbe- 
sina nodiflora de Linné, et que par conséquent il correspond 
principalement au genre Synedrella de Gærtner; mais qu'A- 
danson a compris dans ce même genre la cotula spilanthus de 
Linné, la chylodia sarmentosa de Richard, le bidens nodiflora 
de Linné, et les trois espèces de melanthera : d’où il suit que 
le genre Ucacou d’Adanson, étant un mélange confus de cinq 
genres différens, doit être définitivement rejeté. 

Dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1720 
(p. 527), l'hucacou de l’herbier de Surian est cité par Vail- 
lant comme synonyme de son ceratocephalus nodiflorus, coronæ 
solis foliis minoribus. Nous avons examiné, dans l’herbier de 
Surian, la plante indiquée par Vaillant, et nous avons re- 
connu avec certitude que cette plante étoit la verbesina no- 
diflora de Linné, ou synedrella nodiflora de Gærtner. Cela est 
conforme à la synonymie de Dillen, qui, dans l’Hortus Eltha- 
mensis (p. 54), cite l’hucacou de Surian, et le ceratocephalus 
nodiflorus toronæ sols foliis minoribus de Vaillant, comme syÿ- 
nonymes de son bidens nodiflora folio telrahit, qui est bien le 
synedrella de Gærtner. 

L'arekepa , indiqué dans la table d’Adanson (t. II, p. 615) 
comme appartenant à son genre Ukakou, est cité par Vail- 
lant dans la synonymie de son ceratocephalus foliis lanceolatis 
serratis sapore fervido ; et nous avons vérifié dans l’herbier de 
Surian que cette plante étoit la cotula spilanthus de Linné, 
qui est le spilanthes urens de Jacquin. 


490 MEL 


La chatiakelle, ou l'herbe aux malingres, appartient encore 
au genre Ukakou, d’après la table d’Adanson, et elle est citée 
par Vaillant comme synonyme de son ceratocephalus foliis cor- 
datis seu triangularibus flore albo. Dillen avoit indiqué avec 
doute la plante de Vaillant comme synonyme de la melan- 
thera panduriformis : mais Linné a rapporté la même plante 
à la melanthera urticæfolia; et cette dernière synonymie est 
généralement admise, notamment par Richard et M. Robert 
Brown. Elle est cemient trés-fausse , car le catalogue ma- 
nuscrit de Vaillant, que nous avons consulté, renvoie au 
numéro 252 de l’herbier de Surian ; et l'échantillon qui porte 
ce numéro est la chylodia sarmentosa de Richard, ou werbe- 
sina opposiliflora de Poiret, dont les caractères génériques 
sont fort différens de ceux des melanthera. 

La table d’Adanson rapporte, enfin, au genre Ukakou les 
troisième et septième espèces de bidens de la première édition 
du Species plantarum de Linné : l’une est le bidens nodiflora, 
qui, d'aprés la figure de Dillen, appartient bien réellement 
au genre Bidens; l’autre est le bidens nivea, qui comprend 
les trois espèces de melanthera. 11 n’est pas douteux que les 
melanthera étoient compris par Adanson dans son genre Uca- 
cou, puisqu'à la page 131 il cite les planches 46 et 47 de 
lV’'Hortus Elhamensis : mais il nous paroît vraisemblable que ce 
botaniste, en indiquant le bidens nodiflora de Linné, qui est 
le bidens nodiflora brunellæ folio de Dillen, avoit l'intention 
d'indiquer le bidens nodiflora folio tetrahit de Dillen, qui est 
l’hucacou de Surian, le verbesina nodiflora de Linné, et le sy- 
nedrella de Gærtner. 

La Chatiakelle de l’herbier de Surian porte, dans cet her- 
bier , le nom de Chylodia sarmentosa, écrit au crayon de la 
main de Richard. Un échantillon de la même plante, re- 
cueilli à la Guiane, et donné par Richard, en 1791, se 
trouve dans l’herbier de M. de Jussieu, où il porte aussi le 
nom de Chylodia sarmentosa, avec cette note : Fedelioides ; 
calyx imbricalus , semina baccata. Enfin, un autre échantillon 
de la même plante, recueilli à Cayenne par M. Martin, se 
trouve dans l’herbier de M. Desfontaines, où il porte le nom 
de Verbesina oppositiflora , sous lequel M. Poiret l’a décrit dans 
le tom. VIII (p. 460) du Dictionnaire de botanique de l’En- 


/ 


| MEL AP 
cyclopédie méthodique. Comme le genre Chylodia de Richard 
n’a jamais été publié, nous croyons devoir décrire ici ses 
caracteres, tels que nous les avons observés sur deux échan- 
tillons de l'herbier de Surian , numérotés 232 et 604, et sur 
les échantillons des herbiers de MM. de Jussieu et Desfon- 
taines. 

Cayropia ou CHarrAKeLLA. Calathide radiée : disque multi- 
flore, régulariflore, androgyniflore ; couronne unisériée, li- 
guliflore, neutriflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, 
formé de squames subbisériées, à peu près égales, appliquées, 
oblongues, ovales ou lancéolées, coriaces-foliacées, à sommet 
inappliqué, foliacé. Clinanthe planiuscule, garni de squa- 
melles inférieures aux fleurs, embrassantes, oblongues-lan- 
céolées, acuminées et presque spinescentes au sommet. Fleurs 
du disque : Ovaire court, tétragone, glabre , surmonté d’une 
aigrette stéphanoïde très-courte, trés-épaisse, a bord presque 
entier, sinué, ou un peu denticulé. Corolle jaune, à cinq 
divisions. Anthéres noiràtres. Fleurs de la couronne : Ovaire 
semblable à celui des fleurs du disque, mais privé de style 
et par conséquent stérile. Corolle jaune, à tube court, à 
languette longue , un peu étroite, bidentée au sommet. 

Ce genre appartient indubitablement à notre section des 
hélianthées-rudbeckiées. Son premier nom, dérivé sans doute 
du mot grec quAce, qui signifie suc, et la petite note carac- 
téristique inscrite dans l’herbier de M. de Jussieu, témoignent 
que le péricarpe est succulent comme une baie : mais nous 
avons quelque peine à le croire, parce que l'ovaire observé 
durant la fleuraison ou peu de temps aprés, ne nous a pas 
offert le plus léger indice de cet état succulent et bacciforme, 
qui s'annonce ordinairement par quelque signe reconnoissable 
avant la maturité. Cependant, comme nous n'avons vu que 
des échantillons secs et sans fruits mûrs, nous devons suse 
pendre notre jugement sur ce point. Le Clibadium d’Alla- 
mand , et le ulfia de Necker, qui est la Coreopsis baccata 
de_Linné fils, ont aussi des fruits succulens et bacciformes, 
et ces deux plantes habitent la même contrée qur ie Chylo- 
dia: Quant au Clibadium, quoiqu'il soit jusqu’à présent fort 
peu connu, on ne peut pas supposer qu'il y ait identité entre 
lui et le Chylodia : mais le Chylodia et le Fulfia pourroient 


492 MEL 


bien être de la même espèce, ou tout au moins du même 
genre. Toutefois, ces deux plantes n'étant pas encore suffi- 
samment connues , il nous paroît prudent de conserver pro- 
visoirement le Wulfia et le Chylodia, en les considérant 
comme deux genres immédiatement voisins, jusqu’à ce que 
des observations exactes et complètes autorisent enfin à les 

réunir avec une pleine confiance sous le titre de Wulfiia, qui 
est le plus ancien. Le genre Gymnolomia de M. Kunth devra 
peut-être aussi être supprimé, c’est-à-dire, réuni, comme 
le Chylodia, au Fulfia : mais il seroit téméraire d'opérer 
cette réunion avant d’avoir observé, sur des individus vi- 
vans, les fruits mürs des trois genres dont il s’agit. Remar- 
quez que le nom de Chylodia pourroit subsister, quoique M. 
Brown ait donné à un autre genre le nom de Chilodia, dérivé 
sans doute du mot grec eos, qui signifie lèvre. Ces deux 
noms, qui semblent se confondre, comme ceux d'Hedera et 
d'Œdera, sont réellement bien distincts, comme eux, parleur 
étymologie, par leur orthographe, et même par leur pronon- 
ciation chez d’autres peuples que nous. Si cependant on ju- 
geoit que les deux noms se ressemblent trop, nous propose- 
rions celui de Chatiakella pour le genre de Richard. On 
doit s'étonner que le Chylodia, ayant les fleurs jaunes et l’ai- 
grette stéphanoïde, très-courte, presque entière, soit le Ce- 
ratocephalus folüis cordatis seu triangularibus, flore albo , de Vail- 
lant : mais ce botaniste a pu se tromper sur la couleur des 
fleurs, en observant un échantillon sec, et la plante en ques- 
tion peut être une de celles qu'il a rapportées à ses genres, 
sans vérifier les caractères génériques, et en ne consultant 
que les apparences extérieures. Il est évident que la phrase 
de Vaillant s'accorde infiniment mieux avec les caracteres 
de la Melanthera urticæfolia qu'avec ceux de la Chylodia sar- 
mentosa ; et cependant la synonymie que nous substituons à 
celle qui étoit précédemment admise, ne peut guère être 
considérée comme douteuse, puisqu'elle est fondée sur une 
indication manuscrite et non équivoque, donnée par Vail- 
lant lui-même. Avant d’avoir suffisamment étudié la plante 
de Surian, nous avions déja remarqué que sa calathide étoit 
radiée, et que ses corolles étoient jaunes : c’est pourquoi, 
dans nos notes sur les observations de M. Brown, nous avons 


MEL 493 


dit que le genre Lipofriche de ce botaniste nous sembloit cor- 
respondre assez bien à l'Ucacou d’'Adansor, en supposant que 
celui-ci eût pour type la C’hatiakelle de Surian. 

: Quelque temps aprés, nous observàmes une plante trés- 
voisine des Melanthera et Lipotriche, et dont les caractères 
génériques se trouvèrent exactement conformes à ceux qui 
sont attribués par Adanson à son Ucacou. Imaginant, en con- 
séquence, que notre plante avoit servi de type au genre 
d'Adanson, nous avons dit dans l’article Taporricue, que 
l’'Ucacou étoit un genre fort exactement caractérisé, très-dis- 
tinct de tout autre, et qui devoit être conservé en le nom- 
mant Ucacea. Mais aujourd'hui qu’il est démontré que c’est 
la Verbesina nodiflora de Linné, ou Synedrella de Gærtner, 
qui est le vrai type de l’Ucacou, il s'ensuit que la confor- 
mité des caractères génériques de notre plante avec ceux de 
l'Ucacou n’est qu’apparente et fortuite, car assurément notre 
plante n’est point congénère du Synedrella : elle constitue un 
genre, que le célébre naturaliste, M. de Blainville, nous à 
permis de lui dédier, et que nous décrivons de la manière 
suivante. 

Brainvirzea. Calathide subcylindracée, discoïde ; disque 
multifiore, régulariflore, androgyriflore ; couronne unisériée, 
interrompue, pauciflore, ambiguiïflore, féminiflore. Péricline 
égal aux fleurs, subcylindracé, irrégulier ; formé de squames 
uni-bisériées : les extérieures, ordinairement au nombre de 
cinq ou six, plus grandes, égales, larges, ovales-oblongues, 
obtuses, subfoliacées, plurinervées, appliquées, à sommet 
foliacé, inappliqué ; les intérieures plus courtes, squamelli- 
formes. Clinanthe petit, planiuscule, garni de squamelies un 
peu inférieures aux fleurs, embrassantes, concaves, larges, 
plurinervées, saubmembraneuses , à sommet tronqué, irrégu- 
liérement denté. Fruits extérieurs oblongs, épaissis de bas en 
haut, triquètres, glabriuscules, hispidules sur les angles, 
tronqués au sommet ; le milieu de là troncature portant un 
col trés-court, très-gros, dont l’aréole apicilaire est entourée 
d’une aigrette de trois squamellules égales, persistantes, très- 
adhérentes, continues au col, épaisses, roides, fortes, sub- 
triquètres, subulées, vertes, hérissées de longues barbellules 
piliformes. Fruits intérieurs trés-comprimés bilatéralement , 


494 MEL 

obovales-oblongs, élargis de bas en haut, ayant un cot 
court, épais, né du milieu de la troncature, et une aigrette 
composée ordinairement de deux squamellules, quelquefois 
de trois ou de quatre. Anthéres noires. Corolles blanches : 
celles du disque, au nombre d'environ dix-huit ou vingt, à 
cinq divisions courtes; celles de la couronne , au nombre de 
deux à six, égales à celles du disque, privées de fausses-éta- 
mines, à tube surmonté d’un limbe court, large, non ra- 
diant, liguliforme, élargi de bas en haut, trilobé au sommet, 
fendu profondément sur la face intérieure. 

Blainvillea rhomboidea, H. Cass. Plante herbacée, haute d’en- 
viron trois pieds et demi; tige dressée, rameuse, épaisse, Cy- 
lindrique, striée, velue ; feuilles supérieures alternes ; les 
autres opposées, inégales, grandes, pétiolées, d’un vert cen- 
dré, velues sur les deux faces, à limbe triplinervé, réticulé 
en-dessous, rhomboïdal, sublancéolé, décurrent sur la partie 
supérieure du péticle, inégalement et grossièrement denté 
en scie, presque entier sur les bords de la partie inférieure ; 
calathides longues de trois lignes et demie, portées sur des 
pédoncules grêles, longs de huit à neuf lignes, axillaires et 
terminaux, rapprochés, ordinairement ternés au sommet de 
la tige, des branches et des rameaux. 

Nous avons fait cette description spécifique, et celle des 
caractères génériques, sur des individus vivans, cultivés an 
Jardin du Roi, où ils fleurissent vers le milieu du mois de 
septembre, et où ils sont faussement nommés Bidens nivea. 
La plante que Dumont Courset a décrite dans le Botaniste 
cultivateur (tom. IV, p. 240, 2° édit.), sous ce même non 
de Bidens nivea, et qu'il a cru être la Melananthera hastata 
de Michaux et de Persoon, est probablement notre Blainvillea 
rhomboidea, quoiqu'il lui ait attribué des feuilles presque 
hastées et des calathides globuleuses. 

Notre genre Blainvillea paroit être voisin du Verbesina, et 
il est intermédiaire entre les deux genres Melanthera et Li- 
potriche. T1 diffère du Melanthera par la forme subcylindracée 
de la calathide , par la présence d’une couronne féminiflore, 
par le péricline égal aux fleurs et subcylindracé , par le cli- 
nanthe planiuscule , garni de squamelles larges, submembra- 
neuses, tronquées au sommet, par les fruits surmontés d'un 


MEL 495 
col, par l'aigrette persistante , fortement adhérente et même 
parfaitement continue avec le col du fruit, dont elle est in- 
séparable, et par la briéveté des divisions de là corolle. Le 
genre Blainvillea ne diffère pas moins du Lipotriche, dont. 
la calathide est longuement radiée, le péricline court, le 
clinanthe convexe, garni de squamelles aiguës, les fruits 
privés de col, l’aigrette caduque, les corolles jaunes. 

Von Robr doit certainement être considéré comme le vé- 
ritable auteur du genre Melanfhera. C’est donc fort injuste- 
ment que les botanistes ont coutume de préférer le nom gé- 
nérique employé par Richard. Vainement prétendroit-on, 
pour excuser cette injustice, que le nom de Melananthera est 
plus régulier que celui de Melanthera. Dioscoride et Pline, 
qui apparemment connoissoient la langue grecque aussi bien 
que les botanistes modernes, n’étoient pas si scrupuleux; car 
ils disoient Melanthium, Melanthemon. Melampelon, au lieu 
de Melananthium, Melananthemon et Melanampelon. 

Dillen étant le fondateur des trois espèces qui composent 
le genre Melanthera, et deux de ces trois espèces ayant été, 
selon nous, mal à propos réunies en une seule par Richard, 
il nous a paru convenable de donner aux trois plantes des 
noms spécifiques, calqués sur les phrases caractéristiques, fort 
‘ exactes, de l’ancien auteur. Le nom d’hastata, sous lequel 
Richard avoit confondu la seconde et la troisième espèces, 
ne pouvoit guère être conservé en les distinguant. Quant à 
la premiére espèce, M. Kunth a déjà pris la même licence 
que nous, en se permettant de changer le nom de delfoidea 
que Richard avoit imposé à cette plante; car il est hors de 
doute que la Melananthera Linnæi de M. Kunth est absolument 
identique avec la Melananthera delioidea de Richard, quoique 
celui-ci lui ait attribué des squamelles obtuses (paleis recep- 
taculi obtusis), ce qui est une erreur manifeste, uu lapsus 
calami, ou peut-être même une simple faute d'impression, 
puisque Richard cite Swartz et Jacquin, qui disent positive- 
ment le contraire. Au reste, Linné ayant confondu, sous le 
nom de Bidens nivea, les trois espèces anciennement établies 
par Dillen, on ne voit pas pourquoi l’une d’elles mériteroit 
de porter le nom de Melananthera Linnæi, qui ne convient 
pas plus à ceile-la qu'aux deux autres. | 


496 MEL 


M. Brown remarque que Von Rohr, dans sa description 
des caractères du Melanthera, parle du nectaire engainant 
la base du style: et que c’est la plus ancienne mention qui 
ait été faite, à sa connoiïssance, de cet organe dans les sy- 
nanthérées, sauf que Batsch , dans son Analysis florum, pu- 
bliée en 1790, a décrit et figuré ce même organe dans le 
Coreopsis tripteris. « Néanmoins, ajoute M. Brown, c'est à 
« M. Cassini qu'appartient le mérite d’avoir reconnu l’exis- 
« tence presque universelle de l'organe dont il s’agit dans Les 
« fleurettes hermaphrodites de cette grande classe. ? {Voyez 
le Journal de physique, de Juillet 1818, pag. 12.) Cet aveu 
d’un botaniste peu disposé à favoriser nos prétentions est 
d'autant plus précieux pour nous, que feu M. Richard, qui 
sans doute, n’avoit pas pris la peine de lire tous nos écrits 
sur les synanthérées, et notamment notre premier Mémoire 
(Journ. de phys., tom. LXXVI, pag..107, 257, 269), wa 
pas craint d’aflirmer, dans son Mémoire sur les calycérées, 
que nous n'avions aperçu le nectaire que dans un bien petit 
nombre de synanthérées. 

Suivant Dillen , les anthères sont exsertes dans la Melanth era 
panduriformis, et ones dans la Melanthera trilobata ; et,selon 
Jacquin, elles sont d’abord exsertes, puis incluses, chez la 
Melanthera urticæfolia : mais Von Rokhr et Richard semblent 
assigner au genre Melanthera des anthères constamment in- 
cluses. M. Brown admet l'observation de Jacquin et la rend 
commune à tout le genre Melanthera, ainsi qu'a d'autres sy- 
nanthérées, et notamment aux hélianthées; et: il attribue 
l'effet dont il s’agit à une contraction considérable et gra- 
duelle des filets, laquelle résulteroit d’un acte vital analogue 
aux mouvemens d’irritabilité. Nous proposons une autre ex- 
plication, qui paroitra peut-être plus vraisemblable. 

Si l’on observe une fleur de Melanthera non encore épa- 
nouie, mais tout prés de s'épanouir, on remarque que le 
sommet du tube anthéral atteint le sommet de la corelle, 
et que le sommet des stigmatophores atteint le sommet du 
tube anthéral. Dés l'instant où la coroile s’épanouïit, ses cing 
iris ns s'étalent en s’arquant en dehors, tandis que le tube 
anthédàl reste dans le même état que ci-devant, c’est-à-dire, 
dressé, d’où il suit qu’il paroît s'élever au-dessus de Ja co- 


MEL 497 


rolle. Dans ce premier moment de la fleuraison , le tube 
anthéral, loin de pouvoir s’abaisser, est nécessairement aussi 
élevé qu'il peut l'être; car ses cinq appendices apicilaires 
convergens, rapprochés et presque collés par les bords, cou- 
vrent le sommet des stigmatophores, et sont poussés par eux 
de bas en haut, parce que le style tend à s’alonger. Mais 
aprés que les appendices apicilaires du tube anthéral ont 
été écartés par les stigmatophores qui les traversent pour 
s'élever au-dessus d’eux, le tube anthéral doit commencer 
à descendre, parce que les deux stigmatophores divergent 
en s'arquant en dehors, et repoussent par conséquent vers 
le bas le tube dans lequel ils étoient engaïinés. Ainsi, les an- 
thères des Melanthera et de beaucoup d’autres synanthérées 
doivent nécessairement être d’abord exsertes, puis incluses ; 
et il n’est pas besoin, pour expliquer ce fait, de recourir à 
la contraction des filets, ni de supposer des mouvemens d’ir- 
ritabilité. Cependant, deux circonstances que nous avons ob- 
servées, et qui sont exposées dans le Journal de physique 
de Juillet 1818 (pag. 15 et 27), peuvent contribuer à l’in- 
clusion des anthères, qui succède à leur exsertion : l’une est 
que la partie supérieure libre du filet de l’étamine paroit 
avoir en général, chez les synanthérées, une tendance plus 
ou moins forte à s’arquer en dedans, non par irritabilité, 
mais par élasticité; l’autre est que, dans beaucoup de sy- 
nanthérées, notamment chez les hélianthées, la partie ne 
rieure libre du filet de l’étamine se flétrit aussitôt aprés la 
fécondation, et avant l’article anthérifére. 

Le genre Melanthera se rapporte à la syngénésie polygamie 
égale de Linné, et aux corymbifères de M. de Jussieu. Dans 
notre classification , il fait partie des Hélianthées-Prototypes, 
ce qui l’éloigne des Bidens et des Calea, avec lesquels on l’avoit 
confondu; car les Bidens sont . es Han hee-Coréepsidées, 
et les vrais Calea sont des Hélianthées-Héléniées. 

Le nom de Melanthera, composé de deux mots grecs qui 
signifient anfthères noires, pourroit s'appliquer assez bien à 
beaucoup d'Hélianthées et même à. plusieurs autres synan- 
thérées; mais il convient particuliérement au genre dont il 
s’agit, parce que la blancheur de la corolle rend plus remar- 
quable la couleur noiràtre des anthères. (H. Cass.) . 

29. 32 


498 MEL 

MÉLANTHÉRIN. (Ichfhyol.) Oppien paroït, sous le nom 
de meraævbepivoc ; avoir parlé du Trox. Voyez ce mot. (H.C.) 

MÉLANTHÉRITE. (Min.) De la Métherie a donné ce nom au 
schiste noir à dessiner, nigrica de Wallerius, pierre que nous 
avons décrite sous la dénomination d’ampélite graphique. (B.) 

MELANTHIACÉES. (Bot.) M. R. Brown désigne sous ce 
nom la nouvelle famille des colchicées, qui formoit aupara- 
vant une des sections de celle des pme et dans laquelle 
sont compris le melanthium et le colchique. (J.) 

MELANTHIUM. (Bot.) Ce nom, donné anciennement par 
Matthiole et d’autres à différentes espèces de nigelle, nigella, 
a été transporté par Linnæus à un genre de la famille des 
colchicées dans sa grande division des monocotylédones. Voyez 
* Méranrxe. (J.) 

MELANTOUN. (Ichthyol.) A Nice, suivant M. Risso, on 
donne ce nom au squale-nez de M. de Lacépède. Voyez 
Lame. (H. C.) 

MÉLANURE. (Entom.) Mot composé, tiré du grec, et signi- 
fiant queue noire : on l’a donné souvent comme nom trivial à 
des espèces d'insectes très-différens , qui ont l'extrémité des 
élytres ou de l’abdomen noirs. (C. D.) 

MÉLANURE. (Ichfhyol.) Ce nom, tiré du grec et qui si- 
gnifie à queue noire, a été donné à deux espèces de poissons, 
dont l’une a été rapportée par Bloch au genre Salmone, et 
est probablement un piabuque, tandis que l’autre est l’oblade, 
sparus melanurus de Linnæus. Voyez Bocue, dans le supplé- 
ment du cinquième volume de ce Dictionnaire, PLABUQUE et 
Sarmowe. (H. C.) 

MELANZANE. ( Bot.) Belon, dans son Voyage au Levant, 
parle d’un fruit de ce nom, iitiésé en Égypte, qu’il nomme 
aussi pomme d'amour, et Ath il indique des variétés blan- 
ches et rouges, longues et rondes. Il est évident que c’est 
la melongène, solanum melongena, dont il est ici question. Il 
ajoute que c’est probablement la même que Théophraste in- 
dique dans les mêmes lieux, près du Nil, sous le nom de ma- 
linatala; mais ce nom, suivant C. Bauhin, doit être plutôt 
appliqué au souchet comestible. Voyez MariNAtHALLA. (J.) 

MELAPELON. (Bot.) Voyez Herxine. (J.) 

MÉLAPHYRE. (Min.) C’est une roche ayant la structure 


MEL 495 
| qu'on nomme porphyrique, c’est-a-dire, composée d’une 

pâte homogène dans laquelle des cristaux de felspath sont 

disséminés. 

La roche à laquelle nous donnons ce nom n’est autre chose 
que le frappporphyr des minéralogistes allemands. C’est la 
même que celle qu’on nomme porphyre noir ; mais, afin d’être 
conséquent aux principes que j'ai cru devoir poser pour la 
classification des roches mélangées, j'ai dû placer dans une 
autre espèce cette roche, dont la base est différente de celle 
du porphyre, et par conséquent lui donner un autre nom. 

Le Mérarayre est une roche composée, ayant pour base 
une pâte noire et dure, d'amphibole ? pétrosiliceux, qui en- 
veloppe des cristaux de felspath blancs ou grisâtres. 

La pâte est fusible en émail noir ou grisâtre. 

Les parties constituantes accessoires sont l’amphibole schor- 
lique , le mica et le quarz : tous ces minéraux, et surtout les 
deux derniers , y sont ordinairement en petite quantité. 

Sa texture est compacte, à parties fines et tres-serrées ; la 
cassure de la pâte est droite ou imparfaitement CORRE MES 
un peu écailleuse. 

Les parties disséminées dans la pâte sont toujours cristal- 
lisées. 

La roche, considérée dans son entier, est assez facile à 
casser : la cassure est le plus souvent unie, quelquefois Ta= 
boteuse. 

Le mélaphyre est dur et même en susceptible de 
recevoir un poli brillant et égal, ce qui indique que ses 
parties composantes jouissent d’une dureté à peu près égale. 

Sa couleur est généralement le noïr et même le noir foncé; 
mais elle passe au grisätre et au brun rougeûtre. 

Les cristaux de felspath disséminés sont tantôt blancs, tan- 
tôt rougetres, et quelquefois d’un assez beau vert. 

La pâte est quelquefois complétement opaque ; mais plus 
souvent elle est un peu translucide. 

Dans le premier cas elle fond en émail noir, et dans le 
second en émail gris. 

Le mélaphyre paroît peu susceptible de s’altérer par Vac- 
tion des météores atmosphériques. 

Il passe par des nuances rougeàtres au porphyre ; par 


5oo MEL 


 Vopacité et la grosseur des parties, au basanite ; par la trans- 
lucidité et la finesse des parties, à l’eurite, et par l'aspect 
vitreux et la texture quelquefois celluleuse, aux stigmites. 
VARIÉTÉS. es 
1. Melaphyre demi - deuil, 

Noir foncé, à cristaux de felspath blanchätres; point de 
quarz. 

De Suède : la plupart des roches de porphyre de Suëde 
appartiennent à cette variété et à la suivante. 

De Venaison dans les Vosges. 

De Tabago. 

Du Morne malheureux à la Martinique : sa pâte un peu 
celluleuse et ses cristaux de felspath subvitreux le Ke 
chent des stigmites. Une autre variété de la Martinique, à 
pâte noire terne, fusible en émail noir, passe au basanite ; 
elle renferme des parties de vrai RS quelques por- 
phyres noirs antiques, tels par exemple qu’une colonne qui 
est à la porte de la chapelle de la Colonne, dans l’église de 
Sainte-Praxéde à Rome (Bozoner ). 

Je suis porté à réunir à cette variété la he dite roche 
noire, qui forme un banc au-dessous d’une couche de houille 
à Lite département du Calvados. 

2. Mélaphyre sanguin. 

Noirâtre : cristaux de felspath rougeûtres ; des graïns de 
quarz. He | 

De Niolo en Corse : pâte avec des nuances rougeàtres. 

De la montagne de l’Esterel en Provence. 

_ De la source de l'Yonne. 

A une demi-journée au nord du mont Sinaï, dans l’Arabie 
pétrée (ne Rozière) : il ressemble entièrement à celui de 
Suéde. 

3. Mélaphyre taches-vertes. 

Pâte d’un brun rougeàtre : cristaux de felspath verdatres 
et même d’un beau vert. PE 

C’est le porphyre noir antique. 

On se borne à ces exemples; ils suffisent pour faire voir 
que cette roche remplit les conditions que nous exigeons 
pour qu'un mélange de minéraux soit considéré de même 


MEL 301 
et décrit comme roche, puisqu'elle se trouve avec des carac- 
tères fondamentaux dans plusieurs lieux de la terre trés- 
éloignés les uns des autres, dans des terrains très-différens, 
et qu’elle s’y présente dans une étendue assez considérable. (B.) 

MELAR. (Conchyl.) Adanson, Senegal, pag. 90, pl. 6, 
décrit et figure sous ce nom l'espèce de cône que Linnæus a 
nommée conus striatus. (DE B.) 

MELAROSA. (Bot) Nom d’une variété de citronnier dent 
le fruit à une odeur analogue à celle de la rose. (L. D.) : 
MÉLAS. (Conchyl.) C'est le nom que M. Denys de Mont- 
fort a proposé de substituer, on ne sait trop pourquoi, à 
celui de mélanie, employé par M. de Lamarck pour le 
genre dont l’helix amarula de Linnæus est le Fi Voyez 

Méranre. ( DE B.) 

MÉLAS. (Mamm.) Nom donné par Péron à une ne 
espèce de chat dont le pelage est Le or noir. Voyez 
Cuar. (FE. C.) 

MÉLASIS, Melasis. (Entom.) Ce nom, tiré du grec peAaoie, 
noir, a été employé par Olivier, et conservé pour indiquer 
un genre d'insectes térédyles ou perce-bois. Ce sont des co- 
léoptères pentamérés, voisins des vrillettes et des lime-bois, 
dont le corps est arrondi, les antennes pectinées, et le cor- 
selet terminé en arrière par deux pointes, comme dans les 
taupins. La forme des antennes, qui sont dentelées, en les 
rapprochant des panaches ou ptilins dont le corselet n’est pas 
terminé en pointes, éloigne les mélasis des quatre autres 
genres de la même famille, tels que ceux des tilles qui ont 
les antennes plus grosses à l’extrémité, et des lymexylons, 
des ptines et des vrillettes, qui ont les antennes en fil simples. 

Fabricius n’a rapporté que deux espèces à ce genre, dont 
une seule est d'Europe; c’est 

Le MÉLasis FLABELLICORNE Où à antennes en éventail, dont 
nous avons fait figurer un individu à la planche 8, sous le 
n. 4 bis; c’est l’elater buprestoides de Linnæus : il est d’un 
noir bleuâtre, avec les élytres striés ; il a quatre lignes de 
longueur eaviron. On le trouve dans les bois sous les écorces 
des chênes. (C. D.) 

MELASMA. { Bot.) Genre établi par Bergius, conservé par 
Gærtner, que Linnæus avoit nommé nigrina, qui a été placé 


502 MEL 


parmi les gerardia. (Voyez Gerarpe.) Le Ni igrina est un autre 
genre de Thunberg. ( Porn.) 

MÉLASOMES. (Entom.) M. Latreille a PLAT ce nom 
pour désigner une famille d'insectes coléoptères hétéromé- 
rés, correspondante à celles que nous avons établies sous les 
noms de photophyges et de lygophiles. (C. D.) 

MELASPHÆRULA. (Bot.) Ce genre, fait par M. Gawler, 
est le même que le Diasia de M. De Candolle, placé parmi 
les iridées. (J.) 

MÉLASSE. (Chim.) Liquide sirupeux, plus ou moins co- 
loré, qu’on obtient lorsqu'on purifie le sucre cristallisable. 
La mélasse est principalement formée de sucre incristalli- 
sable et de matiere colorante. Voyez Sucre. (Cx.) 

MÉLASTOME, Melastoma. ( Bot.) Genre de plantes dico- 
tylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des 
mélastomées , de la décandrie monogynie de Linnæus; offrant 
pour caractère essentiel: Un calice campanulé, à quatre ou 
cinq dents; quatre ou cinq pétales attachés sur le calice, ainsi 
que les huit ou dix étamines ; un ovaire adhérent ou enve- 
loppé par le calice, un style; une baie recouverte par le ca- 
lice, à quatre ou cinq loges polyspermes. 

Ce genre renferme de tres-beiles plantes à tige ligneuse, 
remarquables, la plupart, par l’élégance de leurs feuilles 
simples, opposées, marquées de plusieurs nervures longitu- 
dinales, d’autres transversales et paralléles, formant de jolis 
réseaux ; les fleurs sont latérales ou terminales. Le caractère 
de ce genre, comparé à celui des Rhexia et de quelques au- 
tres genres voisins, est tres-difficile a déterminer. Si l’on 
fait attention à la variété du nombre des étamines dans les 
différentes espèces qui le composent, on se convaincra faci- 
lement qu’elles ne peuvent fournir qu’un caractère variable, 
ainsi que le nombre des divisions du calice, des pétales, et 
celui des loges dans le fruit ; l’ovaire est adhérent ou a demi 
adhérent avec le calice, ou seulement enveloppé par lui. 
Dans les rheria, le fruit est une capsule enveloppée par le 
calice et non adhérente ; mais on a des espèces intermédiaires, 
dont le fruit est une baie sèche, presque capsulaire : d’où 
résultent de grandes difficultés pour la détermination de ces 
deux genres, et de quelques autres, tantôt séparés, tantôt 


MEL 5o3 
réunis, selon la manière de voir de chaque auteur; d’une 
autre part, les espèces sont si nombreuses, qu’elles nécessi- 
tent des subdivisions. On compte aujourd’hui prés de deux 
. cents espèces pour les seuls mélastomes. Nous nous borne- 
rons à en citer quelques espèces des plus remarquables: on 
en cultive trés-peu dans les jardins de l’Europe. 


* Æleurs lalérales. 


MéLcastTomME succurenr ; Melastoma succosa, Aubl., Guian., 
1, pag. 418, tab. 162. Arbrisseau de dix à douze pieds, dont 
les jeunes rameaux sont tétragones, couverts de poils rous- 
sàtres, et de feuilles à peine pétiolées, ovales, mucronées, 
entières, de cinq à sept pouces de long, chargées dans leur 
jeunesse de poils mous et rougeûtres, traversées par quatre 
nervures avec des veines transverses et parallèles. Les fleurs 
sont presque sessiles, agglomérées sur les branches, au-des- 
sous des feuilles. Leur calice est charnu, arrondi, muni de 
poils couchés et blanchàtres, à cinq larges découpures ; cinq 
pétales blancs, concaves, frangés à leurs bords; l’ovaire se 
convertit en une baie velue, rougeûtre, de la grosseur de 
celle du groseillier épineux, couronnée par les découpures 
du calice, partagée par des membranes très-fines en cinq 
loges remplies de semences fort menues, enveloppées d’une 
substance douce, molle , fondante, rougeàtre. Ces fruits sont 
d’un bon goût, et généralement recherchés par les différens 
peuples qui habitent la Guiane, où croît cet arbrisseau, que 
les Créoles nomment Caca Henriette. Ses feuilles sont em- 
ployées en décoction pour laver les plaies et les ulcères. 

MéLasTOME ARBORESCENT ; Melastoma arborescens, Aubl., 
Guian., 1, p. 420, t. 163. Cette espèce est, d'aprés Aublet, 
un trés-grand arbre, d'environ soixante pieds de hauteur 
sur un pied et demi de diamètre, divisé a sa base en plu- 
sieurs portions aplaties, séparées les unes des autres, enra- 
cinées dans la terre, et connues à Cayenne sous le nom 
d’arcaba. Le bois de cet arbre est blanchätre, compact; il de- 
vient roussàtre quelque temps aprés avoir été coupé : l'écorce 
est cendrée. Les rameaux sont nombreux, étalés, noueux ; 
les plus jeunes tétragones ; les feuilles opposées, pétiolées, 
glabres, ovales, aiguës, longues de sept pouces, munies de 


504 MEL 


cinq nervures; les fleurs disposées par petits bouquets opposés 
et latéraux, soutenus par un pédoncule commun, muni, 
ainsi que les ramifications, de petites bractées. Le calice est 
d’un blanc verdàtre, charnu , campanulé, muni de dix pe- 
ttes dents de couleur rouge ; la corolle blanche ; les pé- 
tales élargis et ondulés au sommet, divisés à la base en deux 
lanières en onglet. Le fruit est une baie jaune, grosse comme 
une petite nèfle, couronnée par les bords du calice, divisée 
en cinq loges remplies de semences très-menues, enveloppées 
d’une substance molle et fondante. Ces baies sont bonnes à 
manger, d'une saveur douceûtre : elles sont connues sous le 
nom de méle par les habitans. Cette plante croît à la Guiane. 

MÉLASTOME JAUNATRE : Melasioma flavescens, Aubl., Guian., . 
vol. 1, pag. 423, tab. 164. Par ses fleurs et ses fruits cette 
espéce ressemble en tout à la précédente; ces derniers sont 
également bons à manger : mais ce n’est qu'un arbrisseau de 
huit à dix pieds, dont le bois est blanc, trés-dur; l'écorce 
lisse et grisètre ; les feuilles pétiolées, ovoïdes, rétrécies à 
leur base, terminées en pointe, lisses, minces, entières, lon- 
gues de huit à neuf pouces, jaunèâtres en-dessus, d’un blanc 
cendré en-dessous, marquées de cing nervures longitudinales. 
Cette espèce croît dans les forêts de Sinémari. 

MéLastome crÉPU : Melastoma crispata, Linn.; Rumph., 4mb., 
5, p. 66,t. 35. Cette plante a des tiges ligneuses, divisées en 
rameaux cendrés, fragiles, pleins de moelle, tétragones, mu- 
nis à chacun de leurs augles d’une membrane crépue; les 
feuilles sont quatre par quatre, entières, elliptiques, aï- 
guës, presque sessiles, de couleur glauque, marquées de 
- cinq nervures; les fleurs latérales, portées sur des pédoncules 

rameux, au nombre de cinq à six; le calice de couleur pur- 
purine ; la corolle blanche ; les pétales épais, concaves, ré- 
Héchis ; les fruits orbiculaires, succulens, rouges en dehors, 
verdâtres en dedans : ils acquièrent, en mûrissant, une sa- 
veur douce ; celle des feuilles est légèrement acide et as- 
tringente. Cette espèce croît dans les iles Moluques. 


#% Fleurs lerminales. 


MécrasromE a Épr simpze ; Melastoma aplostachya, Bonpl., 
Monogr. melast., tab. 1. Arbrisseau élégant, haut de huit à 


MEL bo 


dix pieds, remarquable par ses fleurs sessiles et comme ver- 
ticillées, sur un axe simple et terminal, formant une sorte 
d’épi simple. Ses tiges se divisent en rameaux opposés, étalés, 
lisses, comprimés, un peu pulvérulens et cendrés; les feuilles 
sont coriaces, médiocrement pétiolées, entières, lancéolées, 
d’un beau vert, aiguës à leurs deux extrémités, roussètres 
et pubescentes en-dessous, à trois nervures; les fleurs dé- 
pourvues de bractées ; le calice court, un peu globuleux, à 
cinq petites dents ; la corolle petite ; les pétales blancs, en 
ovale renversé ; les étamines plus courtes que les pétales; la 
corolle blanche; une petite baie à trois loges, couronnée 
par les dents du calice. Cette plante croît sur les bords de 
l'Orénoque, où elle forme des bois entiers. 

MéLrasrome À QuEuE ; Melastoma caudata, Bonpl., Monogr., 
tab. 7. Arbrisseau fort élégant, distingué par le prolonge- 
ment de ses feuilles en une longue queue, et par ses fleurs 
d’une belle couleur de rose. Ses tiges sont hautes de huit 
a neuf pieds; ses rameaux glabres, tétragones, pulvérulens 
dans leur jeunesse ; les feuilles longuement pétiolées, glabres, 
ovales, un peu sinuées à leurs bords, d’un beau vert en- 
dessus, roussätres et pulvérulentes en-dessous, longues d’en- 
viron cinq pouces, à cinq nervures; les fleurs nombreuses, 
fasciculées, réunies en une panicule terminale ; le calice 
campanulé, à cinq dents ovales, obtuses, parsemé de poils 
blancs très-courts ; les pétales ovales ; l'ovaire presque libre ; 
une baie à trois loges polyspermes, de la grosseur d’un petit 
pois, couronnée par les dents du calice. Cette espèce croît 
a la Nouvelle-Grenade. à 

MérasromE-THé; Melastoma theezans, Bonpl., L. c., p. 17, 
t. 9. Arbrisseau de douze à quinze pieds, glabre dans toutes 
ses parties; chargé de rameaux étalés, cylindriques, garnis 
de feuilles médiocrement pétiolées, ovales, longues de trois 
ou quatre pouces, d’un beau vert en-dessus, plus pâles en- 
dessous, légérement dentées, à cinq nervures. Les fleurs 
sont blanches ; elles exhalent, pendant la nuit, une odeur 
fort douce ; elles sont disposées en une panicule terminale ; 
ces fleurs sont petites, sessiles, nombreuses, réunies par pe- 
tits bouquets opposés ; le limbe du calice membraneux, à 
cinq petites dents courtes; les pétales de la longueur du ca- 


506 MEL 

lice; les filamens articulés dans leur milieu, comprimés et 
membraneux à leur partie inférieure, chargés, vers leur 
sommet, d’un fort petit tubercule ; les anthères cunéiformes; 
l'ovaire presque libre; le stigmate en plateau ; une baie 
sphérique, bleue à sa maturité, couronnée par les dents du 
calice, à trois loges polyspermes. Cette plante croît aux en- 
virons de la ville de Popayan, dans l'Amérique méridionale. 

« Les habitans de la ville de Popayan, dit M. Bonpland, 
&« font, avec les feuilles de cette plante, une infusion qui 
« à toutes les propriétés du thé, et qui est employée aux 
e mêmes usages. M. Guijano père, habitant distingué de cette 
« même ville, est l’auteur de cette découverte : trouvant 
_« une grande analogie entre les feuilles de ce mélastome 
« et celles du thé ordinaire, il pensa que son pays possédoit 
« le vrai thé de la Chine. Il s'empressa de recueillir, un 
« grand nombre de feuilles de cette plante, les prépara de 
« la même manière que les Chinois préparent celles du fhea 
« bohea, et en fit une infusion : celle-ci lui prouva bientôt 
« que la plante de son pays étoit différente de celle des 
« Chinois ; mais elle lui apprit en même temps qu’elle pou- 
« voit être employée aux mêmes usages, et y suppléer dans 
« bien des circonstances. Nous avons souvent bu avec plaisir 
« l’infusion du melastoma theezans : elle a la couleur du thé, 
« est bien moins astringente, mais plus aromatique. Plusieurs 
« personnes, sans doute, préféreroient cette boisson à celle 
« du thé; et je la crois aussi plus utile dans beaucoup. de 
«-cas. Le mélastome-thé viendroit très-bien à Toulon, à 
« Hyères, et autres pays en qui jouissent d’une 
« douce température. ? 

MérasromE MALABATañoÏDE : Melastoma malabathroides, Linn. ; 
Eamk., Ill. gen., tab. 361, fig. 1; Rumph., Amb,, 4,t. 72; 
Burm., Zeyl., t. 93; Gæritn., De fruct., t. 126. Arbrisseau des 
Indes orientales, d’une médiocre grandeur, distingué par ses 
grandes et belles fleurs. Ses tiges sont très-rameuses ; les ra- 
meaux quadrangulaires dans leur jeunesse, hérissés de poils 
courts et roides: les feuilles ovales-lancéolées, à peine pétio- 
lées, marquées de trois à cinq nervures un peu rudes; les 
fleurs sessiles, disposées en une panicule lâche, feuillée. Ces 
fleurs sont grandes, purpurines; le calice couvert d’écailles 


MEL : 507 


luisantes, d'un blanc argenté; les pétales ovoïdes, longs d’en- 
viron un pouce; les fruitssphériques, à cinq loges ;lessemences 
blanchâtres, enveloppées d’une pulpe d’un rouge foncé. 

Les feuilles ont une saveur astringente, qui les rend utiles 
dans la dyssenterie et dans les pertes blanches des femmes. 
Les fruits servent à teindre des étoffes de coton; leur pulpe 
molle est assez agréable à manger, et fort recherchée des 
enfans : elle noircit les lèvres et la bouche de ceux qui sen 
nourrissent, d’où vient le nom de melastoma, que Burman a 
imposé à ce genre, composé de deux mots grecs, melas et 
éoma, qui signifient bouche noire. 

MérasromE soyeux : Melastoma holosericea, Linn ; Pluken., 
-Phyt., tab. 5o, fig. 2; Breyn., Cené., 1, tab. 3. Cet arbris- 
seau, de médiocre grandeur, est remarquable par la couleur 
blanchâtre , presque argentée, du dessous de ses feuilles, qui 
contraste agréablement avec le vert de la surface supérieure. 
Les jeunes pousses sont tomenteuses, un peu tétragones ; les 
feuilles ovales-oblongues, à cinq nervures; les fleurs petites, 
unilatérales, disposées en grappes sessiles, paniculées, munies 
de bractées ; les calices tomenteux, un peu roussâtres. Cette 
plante croît au Brésil, à la Guiane et dans les Antilles : elle 
varie à feuilles ferrugineuses en-dessous. (Porr.) 

MÉLASTOMÉES. (Bot.) Famille de plantes dont le Mela- 
stoma est le genre principal, et qui est placée dans la classe 
des péripétalées ou dicotylédones polypétales, à étamines in- 
sérées au calice. Ses caractères uniformes sont : Un calice 
monosépale tubulé, entourant l'ovaire libre, ou plus souvent 
faisant corps avec lui; il est nu, ou plus rarement entouré 
d’écailles, découpé ordinairement à son limbe en plusieurs 
lobes. Des pétales en nombre égal, insérés au sommet du 
calice , sont alternes avec ses lobes ; plusieurs étamines partant 
du même point, en nombre égal ou double; les antheres des 
pétales, longues, arquées, s’ouvrant au sommet en deux pores 
et prolongées en-dessus en un bec, sont implantées par le bas 
sur des filets garnis en ce point de deux soies ou deux oreil- 
lettes. Ces anthères, d’abord pendantes du sommet des filets, 
sont réfléchies en dedans, puis redressées avec les filets. Un 
ovaire simple, adhérent au calice ou plus rarement libre et 
seulement couvert; un style et un stigmate simples; fruit ad- 


508 MEL 

héreni ou libre, charnu ou capsulaire , à plusieurs loges po- 
lyspermes ; graines insérées à l’angle intérieur des loges ; em- 
bryon sans périsperme, à radicule droite dirigée vers le point 
d'attache de la graine. 

Les plantes de cette famille sont des arbres ou des arbris- 
seaux, rarement des herbes. Les feuilles sont toujours oppo- 
sées, simples, marquées de plusieurs nervures longitudinales 
et dépourvues de stipules; les fleurs, également opposées, 
sont axillaires ou terminales, portées sur des pédoncules uni- 
ou multiflores. 

On peut établir dans la famille deux sections : celle des 
fruits adhérens présente les genres Waldesia, de la Flore du 
Pérou; Blakea, Melastoma (dont quelques espèces ont peut- 
être le fruit libre); Miconia et Arinea, de la Flore du Pérou : 
Tristemma. 

À la section des ovaires libres ou supères se rattachent les 
genres Meriania de Swartz, Topobæa, Tibouchina , Mayeta, 
Tococa, Osbeckia, Rherxia. 

Cette famille est très-naturelle. Ses feuilles, opposées et 
marquées de nervures longitudinales, la font aisément re- 
connoître , ainsi que la forme de ses anthères, qui est trés- 
remarquable. Elle se place très-naturellement entre les myr- 
tées et les lythraires. (J.) 

MELBA. (Ornith.) Linnæus a désigné par ce mot deux 
espèces d'oiseaux, un martinet et un chardonneret. (Cu. D.) 

MELBŒJN , NOOMANIE. ( Bot.) Noms arabes d’un tithy- 
male, euphorbia retusa de Forskal, différant, selon lui, de 
celui de Linnæus. (J.) 

MELCKER. (Ornith.) Nom allemand du chat-huant, sérix 
aluco et stridula, Linn. (Cx. D.) 

MÉLÉAGRE , Meleagris. (Conchyl.) M. Denys de Mont- 


fort, conséquent dans le principe de distinguer les coquilles 


ombiliquées de celles qui ne le sont pas, a distingué sous ce 
nom les espèces de turbo qui ont un ombilic. L’espèce qui 
lui sert de type, est le turbo pica de Linnæus, vulgairement 
la Veuve, la PIE, à cause de sa coloration en noir et en 
blanc. Voyez Tunso et Sasor. (DE B.) 


MELEAGRIS. (Ornith.) Ce nom grec de la peintade a été : 


mal à propos appliqué par Linnæus au dindon, qui est un 


MEL 5og 
ciseau d'Amérique. Le meleagris guianensis de Barrére est le 
vautour urubu. (C«. D.) 

MELEAGRIS. ( Bot.) Dodoens, Daléchamps et Reneaulme 
donnoiïent ce nom à une fritillaire qui est le frifillaria me- 
leagris de Linnæus. (J.) 

MÉLECTE, Melecta. (Entom.) M. Latreille et Fabricius em- 
ploient ce nom pour indiquer un genre d'insectes hyménop- 
tères voisin des nomades, qui comprend parmi les espèces 
de ce dernier genre celles que l’on a désignées sous les noms 
d’histrio, scutellaris, punctata, etc. (C. D.) 

MELEGATA , MELEGUETA. (Bot.) Espèce de cardamome, 
suivant C. Bauhin. (J.) 

MELES. (Mamm.) Nom latin donné par Gesner au blai-- 
reau et tiré de Meus. Voyez ce mot. (F. C.) 

MELET, MELETO. (Ichthyol.) Voyez Mérerre. (H. C.) 

MÉLETTE. (Ichthyol.) Sur le littoral de la Méditerranée 
on donne généralement ce nom à tous les petits poissons 
qui ont sur les côtés une bande argentée. Mais on l’applique 
plus particulièrement aux diverses espèces du genre Scopéle, 
et au Stoléphore commersonien de Lacépède, dont nous 
avons parlé en même temps que de l’anchois. Voyez ENGRAULE 
et ScoPèLe. (H. @s) 

MÉLEZE; Larix, Tournef. ( Bot.) Grand arbre de la fa- 
mille des comfères, dont Tournefort et plusieurs autres ont 
fait un genre particulier, mais que nous ne regardons que 
comme une espèce du genre Sapin. Cependant, à cause de 
l'importance des usages auxquels son bois est consacré et 
de ses autres produits, nous croyons re lui consacrer un 
‘article particulier. 

Mérëze D'EuroPe ou SariN mécëze : Larir europæa, Decand., 
FL fr. , n° 2064; Larix folio deciduo, conifera, Tournef., Ftr 
586 ; bis lors am, USE, ;t; Te ; Lois. in Nov. Duham., 
5} pag "20m 1470, Be 1 ; Pinus larix, Linn., Spec., 1420. 
Le mélèze est un des plus grands arbres de l’Europe: lors- 
qu'il atteint à toute l'élévation dont il est susceptible, il a 
souvent plus de cent pieds de hauteur. Son tronc, parfaite- 
ment droit, produit des branches nombreuses, horizontales. 
disposées par étages irréguliers, et dont l’ensemble forme 
une vaste pyramide. Ses feuilles sont étroites, linéaires, ai- 


{ 


510 MEL 


guës, d’un vert gai, caduques, éparsessur les jeunes rameaux, 
et disposées, sur ceux d’un à deux ans, en rosèttes, du mi- 
lieu desquelles naissent les fleurs, qui sont de deux sortes, 
les unes mâles et les autres femelles. Les premières sont 
composées d’étamines nombreuses, presque sessiles, imbri- 
quées sur un axe commun, formant des chatons ovales- 
arrondis, sessiles et presque entiéremént enfoncés au milieu 
d’un grand nombre de petites écailles qui leur ont servi 
d’enveloppes. Les chatons femelles, un peu moins nombreux 
que les mâles, et épars sans ordre sur les mêmes rameaux, 
sortent de même d’un groupe de petites écailles roussâtres ; 
ils sont portés sur de courts pédoncules et toujours redressés 
vers le ciel. Lors de la floraison ils sont d’une couleur rou- 
_geâtre, composés d’écailles imbriquées, portant chacune deux 
ovaires à leur base interne. Les fruits qui succèdent aux 
fleurs, sont des cônes redressés, ovoides, longs d’un pouce 
ou peu plus, formés d’écailles imbriquées, assez làches, 
ayant chacune à leur base interne deux graines surmontées 
d’une aile membraneuse. Le méléze fleurit en avril ou mai, 
et même en juin, selon qu'il habité des pays plus ou moins 
élevés. 11 croit sur les Alpes de la France et de la Suisse, sur 
l’Apennin en Italie, sur les montagnes de l'Allemagne, de 
la Russie, de la Sibérie, et dans la plus grande partie de 
toutes les régions septentrionales de lancien continent. Ii 
n’existe pas en Angleterre ni dans les Pyrénées. 

Il ne paroît pas que les Grecs aient connu le mélèze ; 
Théophraste n’en fait aucune mention. La description que 
Pline nous a laissée de cet arbre est trés-incomplète et même 
si peu exacte (lib. 16, cap. 10) qu’il seroit bien difficile de 
l'y reconnoître, si les. propriétés qu’il lui attribue, et qui 
sont absolument les mêmes que celles qu’on lui reconnoît 
encore aujourd'hui, ne nous donnoient pas lieu de croire que 
le larix des Latins doit être le même arbre que notre méléze. 

Aucun autre arbre indigène ne surpasse la hauteur du 
mélèze, ne s'élève plus droit, et n’a un bois d’une aussi 
grande durée. Ce bois est rougeàtre, avec des veines plus 
foncées, et, plus les mélèzes sont âgés, plus il est foncé en 
couleur ; il n’y a que celui des jeunes pieds qui soit blan- 
châtre : il est d’ailleurs plus serré que celui du sapin et a 


MEL 51: 


moins de nœuds. Lorsqu'il est sec, sa pesanteur spécifique 
est de cinquante-deux livres huit onces par pied cube. Le : 
bois de mélèze est propre aux constructions civiles et na- 
vales ; nul autre ne résiste aussi long-temps à l’action de l’air 
et de l’eau. Les charpentes qui en sont faites, durent des sié- 
cles sans s’altérer ; elles ont l'avantage de moins charger les 
murs que le chêne, et les poutres ne sont point sujettes à 
plier. Lorsqu'on l’emploie en planches, il faut avoir la pré- 
caution de ne le mettre en œuvre que lorsqu'il est parfaitement 
sec, car autrement il est sujet à se déjeter. Dans les cantons 
où le méléze est commun, comme en Savoie , en Suisse, on 
construit des maisons entiéres en bois de méléze, en en pla- 
çant des piéces d’un pied d’équarrissage les unes sur les au- 
tres ; et au lieu de tuiles on couvre leurs toits avec des 
planchettes du même bois. Ces maisons sont blanchätres dans 
leur nouveauté; mais elles deviennent brunâtres et même 
noirâtres en vieillissant ; et, la chaleur du soleil faisant suin- 
ter la résine à travers les pores du bois, les interstices entre 
les différentes pieces s’en remplissent, et cette résine, en se 
durcissant à l'air, forme une sorte de vernis qui lie et en- 
duit parfaitement entre elles toutes les piéces de ces maisons 
et les rend impénétrables à l’eau et à l’air. Le bois dont 
elles sont bâties devient avec le temps tellement dur, qu'il 
est souvent difficile de l’éntamer avec un instrument tran- 
chant. Malesherbes a vu dans le Valais, en 1778, une de ces 
maisons qui avoit deux cent. quarante ans, et dont le bois 
étoit encore parfaitement sain. 

Le méléze peut avoir dans l’eau une durée presque inf- 
nie, et il y acquiert avec le temps une dureté qui ne peut 
être comparée qu’a celle de la pierre. Miller fait à ce sujet 
mention d’un vaisseau qui étoit de mélèze et de cyprès, trouvé 
a douze brasses de profondeur dans les mers du Nord, après 
avoir été submergé pendant plus de mille ans, et dont les 
bois étoient devenus si durs qu’ils résistoient aux outils les 
plus tranchans. Cette propriété du mélèze, de ne pas s’altérer 
dans les lieux humides, le rend propre à faire des tuyaux 
pour la conduite des eaux, et on l’'emploie à cet usage dans 
plusieurs pays. Dans ceux où il est commun, il sert aussi à 
toutes sortes de menuiseries, et à faire des futailles pour 


b12 MEL 


le vin ou les liqueurs spiritueuses. Il n’est pas propre pour 
les ouvrages de tour, parce qu’il a l'inconvénient de graisser 
les outils. Dans le Valais, les échalas faits avec des branches 
ou avec du bois de méléze refendu sont pour ainsi dire éter- 
nels, quoiqu’on ne les retire jamais de la terre, où ils res- 
tent fichés sans s’altérer un grand nombre d’années, pendant 
lesquelles on voit les ceps de vigne mourir et se renouveler 
plusieurs fois à leur pied; au lieu que les èchalas de sapin 
n’y durent que dix ans ou environ. Jusqu’a présent on n’em- 
ploie pas le mélèze dans les grandes constructions navales ; 
mais l’usage dont il est pour les mâts et les bordages des 
barques qui servent pour la navigation du lac de Geneve, 
donne lieu de croire qu’il auroit les mêmes avantages s’il 
étoit mis en œuvre plus en grand; car les bordages de ces 
barques, faits avec ce bois, durent généralement deux fois 
autant que ceux faits en chêne. 

La grande durée du bois de mélèze, la finesse de son 
grain et l'avantage qu’il a de n'être pas sujet à se fendre, 
faisoient que les anciens peintres et mêmes ceux du moyen 
âge, avant qu’on se servît généralement de toiles, l’em- 
ployoient pour leurs tableaux. Plusieurs de ceux de Raphaël 
passent pour être peints sur ce bois. 

Le méléze, comme nous l’avons dit dans le commencement 
de cet article, peut s'élever à une grande hauteur, et son 
tronc a avec les années une grosseur colossale. Pline 
(lib. 16, cap. 4o) parle d'une poutre de méléze qui avoit 
cent Hi pieds de long sur deux d’équarrissage : l’empereur 
Tibère la fit transporter à Rome, et Néron l’employa dans 
la construction de son amphithéätre. De nos jours il existe, 
sur la montagne d’Endzon, dans les Alpes du Valais, un mé- 
lèze célèbre dans le pays à cause de sa taille gigantesque. 
Son tronc est tel, par le bas, que sept hommes suffisent à peine 
pour l’embrasser, et ce n’est qu'à la hauteur de cinquante 
pieds qu’il donne ses premières branches. 

Les anciens croyoient que le bois de mélèze étoit incom- 
bustible ; mais il est reconnu aujourd’hui qu'il brûle bien, 
qu’il donne plus de chaleur que le sapin, et qu’il fournit 
aussi plus de braise. Son charbon est très-bon pour les forges 
et la fonte du fer. L’écorce des jeunes mélezes est astrin- 


MEL 513 


gente, et on l’emploie dans les Alpes pour le tannage des 
cuirs. 

Non-seulement l’arbre qui nous occupe est précieux par 
son bois, dont les usages sont nombreux; mais il fournit en- 
core, tandis qu'il est sur pied, plusieurs produits qui sont 
employés dans les arts et en médecine. Le principal de ces 
produits est la résine ou térébenthine qui suinte des fentes 
de son écorce, et que l’on retire en plus grande quantité, 
soit en pratiquant des entailles sur le corps des arbres, soit 
en faisant des trous dans leur substance même. 

Le premier procédé est peu usité : le second l’est beaucoup 
davantage , particulièrement dans les Alpes suisses et pays 
voisins. Dans ces montagnes , les paysans percent en différens 
endroits, avec des tarières qui ont jusqu’à un pouce de 
diamètre, le tronc des mélézes vigoureux, en commençant 
à trois ou quatre pieds de terre, et en remontant jusqu’à 
dix ou douze. Ils choisissent de préférence, pour faire leurs 
trous, qui doivent être en pente, les places d'anciennes 
branches rompues et exposées au midi. De petites gouttieres, 
faites avec des branches de mélèzes creusées à cet effet, sont 
adaptées à l’orifice de chaque trou, et vont aboutir dans des 
auges disposées au pied des arbres. Une fois par jour, ou au 
plus tard tous les deux à trois jours, la térébenthine qui a 
coulé par les gouttières dans les auges, est recueillie dans 
des baquets de bois et transportée à la maison, où on la 
passe à travers un tamis pour en séparer les corps étran- 
gers qui pourroient y être mêlés. On bouche avec des che- 
villes de bois les trous qui n’ont point donné de résine ou 
qui cessent d’en fournir, et on les rouvre douze à quinze 
jours aprés : assez ordinairement ils donnent alors plus de 
térébenthine que ceux qu’on perce pour la première fois. 
On commence la récolte de la térébenthine à la fin de mai, 
et on la continue jusqu’au milieu ou à la fin de septembre. 
La quantité qui coule est toujours proportionnée à la chaleur 
du jour et à l'exposition plus ou moins au midi. 

Un mélèze vigoureux peut fournir, pendant quarante à 
cinquante ans, sept à huit livres de térébenthine chaque 
année ; mais le bois des arbres qui ont donné ce produit par- 
ticulier n’est plus aussi bon pour les constructions de toute 

29 33 


514 MEL 


espéce. Les mélézes trop jeunes ou trop vieux ne rapportent 
que peu de térébenthine; aussi choisit-on de préférence ceux 
qui sont dans toute leur vigueur. 

La résine de mélèze reste toujours liquide et de la con- 
sistance d’un sirop épais; elle est claire, transparente, de 
couleur jaunâtre , d’une saveur un peu amére et d’une odeur 
aromatique assez agréable. Elle est connue dans le commerce 
sous le nom de térébenthine de Venise. | 

Quelques médecins ont recommandé cette substance dans 
la phthisie pulmonaire; mais le plus grand nombre aujour- 
d’'hui regarde non-seulement ce reméde comme insuflisant, 
mais encore comme nuisible et comme pouvant accélérer la 
marche de la maladie. La térébenthine réussit mieux dans le 
catarrhe des membranes muqueuses des voies urinaires ; elle 
donne une odeur de violette à l’urine des personnes qui en 
font usage. 

Cette résine entre dans la composition d’un grand nombre 
de préparations pharmaceutiques, comme baumes, onguens, 
emplatres. 

En la distillant avec de l’eau, on obtient une huile essen- 
tielle qui est connue sous le nom d'essence de térébenthine, 
et dont on fait principalement usage dans la peinture à 
l'huile : elle sert à rendre les couleurs plus coulantes et 
plus siccatives ; elle entre dans la composition des vernis. 

L’essence de térébenthine étoit peu employée en méde- 
cine autrefois, et seulement à petite dose, comme à un gros 
ou deux; mais depuis une vingtaine d'années elle a été donnée 
en Angleterre en bien plus grande quantité comme purgatif 
vermifuge, et tout semble prouver maintenant, d’après les 
nombreuses observations qui ont été publiées par les jour- 
naux anglois, que cette substance, administrée depuis une 
demi-once jusqu’à quatre onces par jour, en une seule ou 
plusieurs fois, constitue un purgatif très-efficace contre le 
tænia ou ver solitaire. Dans le même pays, le docteur Per- 
cival a également employé avec avantage l'essence de téré- 
benthine à la dose de deux gros à une once dans l'épilepsie. 

La colophone ou colophane est une matière résineuse qui 
reste au fond des vaisseaux aprés la distillation de la téré- 
benthine; elle est sèche, dure, luisante et friable. On ne 


MEL : 515 


l’'emploie point à l'intérieur, mais elle entre dans la compo- 
sition de plusiers onguens et emplâtres. Les/chirurgiens en 
font usage, afin d'arrêter les homorrbagies, pour saupou- 
drer les premiers plumasseaux ou bourdonnets qu’ils appli- 
quent aprés les amputations des membres. Les joueurs de 
_violon s’en servent pour frotter leurs archets. 

Le matin, pendant les mois de juin et de juillet, avant 
d’être frappés des rayons du soleil, les jeunes mélèzes ont 
souvent leurs feuilles toutes couvertes de petits grains blancs 
et gluans, qui ne tardent pas à disparoître si on ne se presse 
de les ramasser. Cette substance est connue sous le nom de 
manne de Briançon. Elle est légèrement purgative, mais elle 
n’est en usage que parmi les gens de la campagne dans les 
pays où il y a beaucoup de mélèzes. Villars assure d’ailleurs 
que cette manne est fort difficile à recueillir, et il ne croît 
pas qu’on pût jamais en récolter de grandes quantités. 

C’est sur le tronc des vieux mélèzes que croît une espèce 
de champignon connu vulgairement sous le nom d’agaric des 
boutiques, et que Linnæus a désigné sous celui de boletus La- 
ricis. C'est un purgatif qu'on employoit fréquemment autre- 
fois; on lui attribuoit des propriétés particuliéres pour purger 
les humeurs de la tête. Il n’est presque plus usité maintenant. 

Le mélèze n’est pas délicat sur la nature du sol; les plus 
mauvais terrains lui conviennent , à l'exception de ceux qui 
sont marécageux et argileux. On en trouve sur les monta- 
gnes les plus stériles : il prospère dans les lieux froids, pier- 
reux et maigres ; il réussit aussi dans les fonds secs et sablon- 
neux; enfin il vient bien sur les collines séches et arides. 
L'exposition qui lui est la plus favorable , est celle du nord ; 
il craint, au contraire, la grande chaleur, et les pays trop 
méridionaux ne peuvent lui convenir. 

De tous les pins et sapins d'Europe le mélèze est le seul 
qui perde ses feuilles en hiver. 11 est d'observation fort an- 
cienne parmi les montagnards suisses, que, lorsqu'il commence 
à tomber de la neige en automne, cette neige n’est durable 
que lorsque le méléze a perdu ses feuilles ; car on n’a jamais 
vu, disent les vieillards les plus âgés , la neige rester sur les 
feuilles des mélézes, et celle qui tombe avant que ces arbres 
soient dépouillés ne tarde pas à être suivie d’un dégel. 


516 MEL 


Le mélèze ne se multiplie en général que de semences, 
parce qu'il ne reprend pas de boutures, et parce qu’on 
n'obtient par ies marcottes que des arbres peu vigoureux et 
jamais d’une aussi belle venue. Pour se procurer de la graine 
de mélèze, il faut recuillir les cônes qui les renferment à la 
fin de l'automne, et les conserver dans un endroit qui ne 
soit ni trop sec ni trop humide, jusqu'a la fin de l'hiver. A 
cette époque , lorsque les gelées ne sont plus guëre à craindre, 
on expose les cônes à la chaleur du soleil ou du feu pour 
faire ouvrir leurs écailles et faciliter la sortie des graines 
qu’elles recouvrent. 

Les méleèzes que les jardiniers élèvent pour le commerce, 
se sèément en pépinière, à la fin de mars ou au commence- 
ment d’avrii, dans une terre légère, à l’exposition du nord 
ou du norü-est ,'et dans le courant du printemps et de l’été on 
les débarrasse des mauvaises herbes et on les arrose quand ils 
en ont besoin. Au printemps de l’année suivante, on repique 
le jeune plant à six pouces de distance et toujours à l’expo- 
sition du nord , en prenant pour cette opération le moment 
où il commence à entrer en séve. Deux ans après, ou au 
commencement de la troisième année, on le relève de nou- 
veau pour le placer n'importe à quelle exposition, et en 
mettant les jeunes arbres à deux pieds l’un de l’autre ou 
environ. Aprés leur seconde transplantation, les mélézes ne 
doivent plus rester que deux à trois ans dans la pépinière ; 
ils sont alors bons à planter à demeure : car, si l’on tardoit 
plus long-temps à les mettre en place, on risqueroit de les 
perdre, ou au moins une grande partie ne reprendroit pas. 
La meilleure saison pour cette transplantation est la fin de 
mars ou le commencement d'avril, peu de temps avant que 
ces arbres ne poussent; lorsqu'on les transplante plus tôt, 
il est rare qu'ils réussissent aussi bien. | 

De même que les pins et les sapins, le mélèze prend son 
accroissement en hauteur par le développement d’un bour- 
geon unique qui termine sa fléche, et si cette flèche ou ce 
bourgeon vient à être rompu ou endommagé par quelque 
accident, l’arbre cesse de s'élever. Par une admirable pré- 
voyance de la nature, ce bourgeon terminal ne s'ouvre 
que bien long-temps après que le reste dé l'arbre est garni 


MEL 517 


dé feuilles; car, comme le méléze croît souvent au milieu 
des neiges et des glaces qui couronnent les plus hautes mon- 
tagnes, si le bourgeon terminal s’ouvroit trop tôt, la tendre 
pousse qui en sortiroit, pourroit être saisie par les gelées qui 
surviennent souvent jusqu'a la moitié du printemps, dans 
les lieux où croissent ces arbres, et par sa perte ils cesse- 
roient de croître en hauteur et resteroient toujours plus 
ou moins rabougris. ; 

Le méleze supporte bien, comme l’if, la taille aux ciseaux; 
on peut de même lui faire prendre différentes formes, l’éle- 
ver en pyramide, le réduire en boule, etc., et l’employer 
ainsi à l’ornement des grands parterres ; mais ce genre de déco- 
ration dans les jardins n’est plus guère d’usage aujourd’hui. 

Outre le mélèze d'Europe, on connoît encore deux autres 
espèces, qui sont exotiques et dont nous n’aurons que peude 
chose à dire. 

MéLèze À BRANCHES PENDANTES ; Larix pendula ; Pinus pendula, 
Lamb., Descript. of pin, pag. 56, t. 36. Cette espèce paroît 
être intermédiaire entre le méléze d'Europe et celui à pe- 
tits fruits; les caractères qui la distinguent sont même si peu 
prononcés qu’on pourroit croire qu’elle n’est qu’une variété 
de l’un ou de l’autre. Nous l'indiquons, d’après sir Lambert, 
qui la dit indigène de l'Amérique septentrionale. 

Mécèëèze À petits FRUITS; Larix microcarpa ; Abies microcarpa, 
Lois., in Nov. Duham., 5, pag. 289, t. 79, fig. 2. Cet arbre 
a de grands rapports avec notre méléze d'Europe ; maïs il 
en diffère par ses feuilles trés-menues, moitié plus courtes 
et moitié plus étroites ; par la petitesse de ses cônes, qui n’ont 
que six lignes de long au plus, et qui ne sont composés 
que d’un trés-petit nombre d’écailles. Cette espèce est ori- 
ginaire de l’Amérique septentrionale, et on la cultive depuis 
quelques années en Angleterre et en France, où elle est en- 
core rare. Le plus grand individu que nous ayons vu, avoit 
une vingtaine de pieds de hauteur; il étoit très-vigoureux, 
donnoit tous les ans beaucoup de fruits, et paroissoit n’avoir 
encore acquis que lamoindre partie de son élévation naturelle. 

Le méléze à rameaux pendans n’est pas encore cultivé en 
France ; quant à celui a petits fruits, on le multiplie de graines, 
comme l'espèce commune. Quelques cultivateurs prétendent 


518 MEL 

l'avoir propagé de marcottes faites en juillet, et qui étoient 
bien enracinées au troisième automne. D'autres ont essayé 
de le multiplier en le greffant par approche sur le méleze 
d'Europe ; mais, quand ce moyen pourroit réussir, il ne don- 
_neroit jamais que des arbres peu vigoureux et qui, pour la 
plupart, seroient privés Ce la faculté de s'élever sur une tige 
bien droite, par la raison qu'il est fort rare que dans les 
pins et les sapins la nature donne jamais à des bourgeons 
‘latéraux la même vigueur qu’au bourgeon terminal qui forme 
leur fléche. (L. D.) | 

MELHANIA. ( Bot.) Voyez Domrey verouré. (Porr.) 

MELIA. (Bot.) Nom grec du frêne. Voyez Azébaracx. (LEM.) 

MÉLIACÉES. ( Bot.) L’azédarach, melia, donne son nom 
à cette famille, qui est dans la classe des hypopétalées ou 
dicotylédones polypétales à étamines insérées sous l'ovaire. 
Elles sont placées entre les théacées et les viniferes. 

Elles ont pour caractères généraux un calice monosépale, 
divisé plus ou moins profondément; quatre ou cinq pétales 
à onglet large, rapprochés par leur base; des étamines en 
nombre défini, égal à celui des pétales, ou double; les filets 
insérés sous l'ovaire et réunis par le bas en un tube, ou seu- 
lement en un godet denté à son sommet, et dont les dents 
portent les étamines a leur pointe ou sur leur surface inté- 
rieure ; un ovaire simple et libre, surmonté d’un style sim- 
ple et d’un stigmate simple ou plus rarement divisé; un fruit 
en baie ou plus souvent capsulaire , à plusieurs loges mono- ou 
dispermes, s’ouvrant en autant de valves qui portent une 
cloison dans leur milieu. L’embryon, à lobes droits, est ordi- 
nairement entouré d’un périsperme, qui manque dans quel- 
ques genres. 

Les genres de cette famille sont des arbres ou des arbris- 
seaux à rameaux alternes, ainsi que les feuilles, qui sont 
stipulées, simples dans les uns, composées dans d’autres. Les 
fleurs n’ont pas de disposition uniforme. 

On distingue ici deux sections, caractérisées par les feuilles. 
Dans celle des feuilles simples sont rapportés les genres Ca- 
nella, Symphonia, Pentaloba, de Loureiro; Geruma; Strigiha, 
de Cavanilles ; Lauradia de Vandelli; Alsodeia de M. du Petit- 
Thouars, Ceranthera de Beauvois; Aitonia, Quivisia, Turræa. 


/ 


MER : 519 : 


On range dans la section des feuilles composées les genres 
Camunium de Rumph, ou Aglaia de Loureiro ; Ticorea, Cus- 
paria, de MM. de Humboldt et Kunth; Sandoricum, Trichilia, 
auquel on réunit le Portesia et le Elcaja, Quarea, qui manque 
de périsperme , ainsi que le précédent; Ekebergia, Melia, 
Aquilicia. Quelques genres sont placés à la suite, comme ayant 
seulement de l’affinité avec les méliacées, tels que le Carapa 
d’Aublet, ou Xylocarpus de Kœnig, le Swietenia , le Cedrela, 
et le Pautsowia ou Stylidium de Loureiro. HA) 
MELIANTHE, Melianthus. ( Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, voisin de la famille 
des rutacées, de la didynamie angiospermie de Linnæus ; offrant 
pour caractere essentiel : Un calice persistant à cinq divisions 
profondes, inégales, colorées ; l’inférieure gibbeuse ; quatre 
pétales onguiculés, entre lesquels se trouve une glande melli- 
fère ; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur; un 
style ; une capsule vésiculeuse, à quatre loges monospermes. 
FÉLIANTHE A LARGES FEUILLES : Melianthus major, Linn.; 
Lamk., Ill. gen., tab. 552; Herm., Lugdb., tab. 415 ; Mill., 
Tllust., tab. 53 ; vulgairement FLEUR MIELLÉE, PIMPRENELLE p'A- 
FRIQUE. Cette belle plante à des racines traçantes ; des tiges 
glabres, presque ligneuses, un peu tuberculeuses, hautes de 
six à sept pieds; les jeunes pousses herbacées, d’un vert 
glauque ; les feuilles grandes, toujours vertes, pétiolées, al- 
ternes, ailées avec une impaire; les folioles opposées, au 
nombre de cinq à sept, ovales, oblongues, dentées en scie, 
glauques, longues de deux à trois pouces, un peu courantes 
sur le pétiole commun, à la base duquel existe une grande 
stipule membraneuse, amplexicaule, ovale, mucronée , longue 
d'environ un pouce et demi, chargée, comme les feuilles, 
d’une poussière glauque. Les fleurs sont grandes, pédicellées, 
disposées en une grappe simple, presque pyramidale, munie 
de bractées ovales, aiguës: le calice ample ; les deux divi- 
sions supérieures droites, oblongues ; les deux moyennes 
plus intérieures, opposées, lancéolées ; l’inférieure plus 
courte, concave, gibbeuse a sa base; les pétales linéaires- 
lancéolés, onguiculés, un peu ouverts, situés à la partie 
gibbeuse du calice;'autour d’une grosse glande utriculaire ; 
aux fleurs succèdent de gros fruits vésiculeux, tétragones, 


520 MEL 

partagés presque jusqu’à la moitié en quatre lobes; chaque 
loge renfermant une semence noire, ovale, luisante. Cette 
plante croit aux lieux humides et marécageux du cap de 
Bonne-Espérance. 

Les feuilles ont une odeur fétide, comme narcotique, 
analogue à celle du stramonium. Il suinte de la grosse glande 
placée entre les pétales, pendant tout le temps de la florai- 
son, une liqueur noirâtre, mielleuse, dont la saveur est un 
peu vineuse : elle est tellement abondante, qu’elle se ré- 
pand sur les feuilles, et que le sol en est quelquefois co- 
loré ; elle est très-recherchée par les Hottentots et les Hol- 
landois qui habitent le cap de Bonne-Fspérance; elle passe 
pour cordiale, stomachique et nourrissante, d’où vient que 
ce genre a reçu le nom de Mélianthe, composé de deux 
mots grecs, qui signifient fleur à miel. Sa découverte est due 
a Herman, qui l’envoya en Europe à Thomas Bartholin, en 
1672. On la cultive au Jardin du Roi, ainsi que les deux 
espèces suivantes. Elles craignent peu le froid; il suffit de 
leur faire passer l'hiver dans l’orangerie. Leur multiplication 
a lieu par rejetons, par marcottes, par boutures. 

MÉLIANTHE A FEUILLES ÉTROITES ; Melianthus minor, Linn. Cette 
espèce a des tiges ligaeuses, cylindriques, hautes de cinq à 
six pieds ; les rameaux légerement cotonneux ; les feuilles 
ailées avec une impaire; les folioles, de sept à neuf, oppo- 
sées, ovales-alongées, étroites, profondément dentées en scie, 
molles, douces au toucher, un peu velues, longues de deux 
a quatre pouces, blanchâtres en-dessous ; les stipules linéai- 
res, trés-étroites ; les fleurs alternes, rapprochées, dispo- 
sées en grappes axillaires ; le calice ample, légérement to- 
menteux, coloré de rouge ; la corolle purpurine ou d’un 
jaune rougeûtre ; les pétales étroits, onguiculés, pendans hors 
du calice; les étamines ascendantes ; le style un peu pileux ; 
la capsule vésiculeuse , de la grosseur d’une petite noix, cou- 
verte d’un duvet cotonneux. Cette plante a une odeur fé- 
tide : elle croît au cap de Bonne-Espérance ; on la cultive 
au Jardin du Roi. 

MécranreE vecu : Melianthus comosus, Vahl, Symb., 3, p.86; 
Commel., Rar., 4,t. 4. Cette plante, originaire du cap de 
Bonne-Espérance, se distingue de la précédente par ses grappes 


MEL Sat 


situées un peu au-dessous de l'insertion des feuilles, et non 
axillaires, excepté quelquefois aux feuilles supérieures: elles 
sont inclinées, longues de trois pouces ; lesfeuillesvelues a leur 
face supérieure; les fleurs pendantes, verticillées, disposées 
en grappes peu garnies. On la cultive au Jardin duRoi. (Poir.) 

MÉLIBÉE. (Entom.) Nom d’une espèce de papillon voisin 
du céphale. (C. D.) 

MELICA. ( Bot.) Ce nom, donné par Dodoens au sorgho, 
holcus sorghum, de Linnæus, a été appliqué par ce dernier 
à un autre genre de graminée. Voyez Mérique. (J.) 

MELICERTA. (Polyp.) M. Ocken, Système gén. d'hist. 
nat., part. IL, p. 49, distingue sous cette dénomination un 
petit genre voisin des vorticelles, qu’il caractérise ainsi : 
quatre lobes autour de la bouche, le corps fusiforme , contenu 
dans un tube corné opaque; et il y range la Sabella ringens, 
qu’il nomme M. ringens. Voyez Vorriceze et Saserre. (DE B.) 

MÉLICERTE, Melicerta. (Arachnod.) MM. Péron et Le- 
sueur, dans leur distribution systématique des Mépusaires 
(voyez ce mot), ont désigné, sous ce nom, un genre de mé- 
duses gastriques, monostomes, pédonculées, brachidées, ten- 
taculées, et dont les bras très-nombreux, filiformes, che- 
velus, forment une espèce de houppe à l'extrémité du pé- 
doncule. Parmi les cinq espèces que MM. Péron et Lesueur 
placent dans ce genre, deux seules ont été observées par 
eux; ce sont : 

La M. rascicuzée; M. fasciculata. De la mer de Nice, dont 
l’ombrelle subsphéroïdale hyaline a 15— 20 millimètres de 
diamètre, un estomac quadrangulaire à sa base, avec quatre 
vaisseaux prolongés à chaque angle jusqu’au rebord, quatre 
ovaires feuilletés et brun-roux; les bras en forme de petite 
houppe violette et huit faisceaux de tentacules. 

La M. PxEuRosrToME, M. pleurostoma , vient de la Terre de 
Witt, et est beaucoup plus grande (2,3, 4 centimètres ) : 
son ombrelle est semi-ovalaire, avec vingt-cinq à trente ten- 
 tacules; son estomac est subconique et comme suspendu par 
huit ligamens ; le pédoncule, environné de huit ovaires réni- 
formes, a des bras trés-longs, très-nombreux, très-chevelus, 
distribués autour de son ouverture. Couleur générale hya- 
line; les ovaires couleur de terre d'ombre. 


522 MEL 


Des trois autres, la M. nicirare, M. digitalis, Mull., Prodr. 
Zool. Dan., p. 253, vient des rivages du Groënland : sen 
ombrelle, qui a un centimètre de diamètre, est conique et 
garnie de tentacules crochus; l’estomac, libre et pendant, 
se prolonge en un pédoncule pistilliforme , garni d’une mul- 
titude de bras formant une sorte de pinceau ; la couleur 
est hyaline , les tentacules jaunes. La M. camranuLe, M. cam- 
panula, Mull., loc. cit., est des mêmes mers : son ombrelle, 
de deux ou trois pouces de diamètre, est en forme de petite 
cloche , avec un petit nombre de tentacules jaunes; l’estomac, 
dessiné à sa base par un carré, a chacun de ses angles pro- 
longé.par une ligne revêtue de bras trés-longs et trés-fins ; 
couleur hyaline. Enfin, la M. PERLE, M. perla, Slabber, Phys. 

Belust., p.58, tab. XIII, fig. 1, 2, de 10 à 12 milliméetres de 
diamètre, a son ombrelle subhémisphérique couverte de 
tubercules perliformes, et garnie dans sa circonférence de 
huit tentacules courts et terminés par un bouton; l'estomac 
est libre, pendant et terminé par un faisceau de bras che- 
velus; la couleur est perlée, le rebord d’un brun doré. Des 
mers de Hollande. (DE B.) 

MÉLICERTE. (Crust.) Ce nom a été donné à différens 
crustacés : 1.° par M. Risso, à un genre voisin des palémons, 
qu'il appelle maintenant Lysmate ; 2.° par M. Rafinesque, à 
un genre voisin des Penées. Voyez l’article MaracosTRAGÉs, 
tome XXVIII, pag. 311, 326 et 356. (Desm.) 

MELICHNUS. ( Bot.) Voyez VenTENATIA. (Poir.) 

MÉLICITE, Melicytus. (Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, de la dioécie pentandrie de Linnæus, dont on ne con- 
noît encore que les parties de la fructification, et dont le 
caractère essentiel est d’avoir : Des fleurs dioïques; un calice 
d’une seule pièce, à cinq dents; une corolle à cinq pétales 
ovales, évasés, plus longs que le calice. Dans les fleurs mâles, 
cinq étamines courtes, dont les filamens ( nommés nectaires 
par Forster), turbinés, cyathiformes, creux au sommet, por- 
tent à leur côté interne des anthéres ovales, élargies, plus 
longues que les filamens, marquées de quatre sillons. Dans 
les fleurs femelles, cinq écailles ovales, un peu plus courtes 
que le calice, situées entre les pétales, relevées etappliquées . 
contre les parois de l'ovaire ; celui-ci est supérieur, ovale- 


MEL 523 


arrondi, chargé d’un style court, terminé par un stigmate 
à quatre ou cinq lobes arrondis, ouverts en étoile. 

Le fruit est une capsule en forme de baie, glabre, co- 
riace, globuleuse, à une loge, contenant quelques semences 
dans une pulpe rare, peu succulente. Ces semences sont 
brunes, convexes d’un côté, anguleuses de l’autre. 

Forster cite de ce geure deux espèces, mais sans descrip- 
tion, savoir : 1° Melicytus umbellatus, Forst., Nov. gen., t. 62; 
Lamk., Ill. gen., tab. 812, fig. 2; Gærtn., De fruct., t. 44; 
2° Melicytus ramiflorus , Forst., loc. cif.; Lamk., loc. cit., fig. 1. 
( Por. ) : 

MELICOCCA. (Bot.) Voyez Kwéprier. (Porr.) 

MELICOCCUS. ( Bot.) Ce genre de plantes, établi par P. 
Browne et adopté par Jacquin, a été postérieurement 
nommé melicocca par Linnæus. C’est la casimiria de Scopoli. 
Nous en avons donné la monographie dans les Mémoires du 
Muséum d'histoire natureile, vol. 3, p. 179. (J.) 

MÉLICOPE, Entagonum. (Bot.) Genre de plantes dicoty- 
lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de l’octandrie mo- 
nogynie de Linnæus; offrant pour carctére essentiel : Un 
alice à quatre divisions ; quatre pétales ; quatre glandes 
situées autour de l'ovaire; huit étamines; quatre ovaires; 
un style ; un fruit composé de quatre capsules uniloculaires, 
monospermes. 

Méricore 1isse : Entagonum lævigatum, Gærtn., De fruct., 
tab. 68 ; Lamk., Il]. gen., tab. 294 ; Melicope ternata, Forst., 
Nov. gen., tab. 28. Nous ne connoissons de cette plante que 
les caracteres de sa fleur. Son calice est persistant, a quatre 
divisions ; la corolle plus longue que le calice, tétragone, 
urcéolée à sa base, évasée en son limbe , composée de quatre 
pétales ovales-oblongs, aigus; de plus, quatre grandes glandes 
à deux lobes, situées entre les étamines et le pistil; huit 
étamines attachées au réceptacle ; les filamens droits, subu- 
lés, plus courts que les pétales; les anthères droites, sagit- 
tées; quatre ovaires supérieurs, ovaies, d’entre lesquels s'élève 
un style filiforme, caduc, plus long que les étamines, ter- 
miné par un stigmate tétragone, évasé, concave à son centre. 
Le fruit consiste en quatre capsules coriaces, membraneuses, 
elliptiques, rétrécies en pointe à la base, un peu aplaties laté- 


524 MEL, 


ralement, divergentes ;, uniloculaires, monospermes, s'ouvrant 
par le bord interne ; les semences glabres, elliptiques, lenti- 
culaires. Cette plante croît à la Nouvelle-Zélande. (Porr.) 

MÉLIER. (Bot.) Voyez Brarea. Les fruits de cette plante 
portent le nom de mueles ou cormes. ( Pots.) 

MÉLIER ou MESLIER. (Bot.) Ancien nom françois du 
néflier , et sous lequel cet arbre est encore connu dans quel- 
ques cantons. (L. D.) 

MELIEHÆMI, HOMÆSCH. (Bot.) Noms arabes du solanum 
bahamense, suivant Forskal. (J.) ù 

MÉLILITE. (Min.) Ce minéral ne s'est encore présenté 
qu’en cristaux cubiques ou parallélipipédiques , trés-petits, 
mais trés-nets, qui paroissent passer à l’octaëédre ou en dé- 
river. Ils sont d'un jaune de miel, souvent recouvert d’un 
enduit jaune pulvérulent, qui paroït être du fer oxidé. Ils 
sont assez durs pour rayer l’acier. Au chalumeau ils se fon- 
dent sans bouillonnement en un verre transparent verdâtre. 
Ils forment gelée dans l’acide nitrique. 

C'est un minéral presque microscopique, découvert et dé- 
crit pour la première fois par M. Fleuriau de Bellevue. Ii 
l’a trouvé implanté sur les parois des fissures de la lave com- 
pacte ou téphrine noire de Capo di Bove prés de Rome. Ils 
y sont associés avec de la népheline et des cristaux capillaires 
encore inconnus. 

Leur petitesse et leur mélange avec d’autres substances a 
rendu trés-diflicile à déterminer exactement leur nature par 
l'analyse. Cependant M. Carpi, savant chimiste de Rome, en 
donne la composition ainsi qu'il suit: 


Chauxe mia er de Her N29e 
Masnésiespttrecamaet 19,4 
Férnroxidé vis ouate A 
TitaneNogidés ste et 4 
CEA ou series LOUER 
Alunine:. gels dedans net 2,9 


On a aussi reconnu le mélilite dans les laves de Tivoli. (B.) 

MÉLILITES. (Min.) Nom donné par les anciens litholo- 
gistes à une espèce d’argile compacte , d’un blanc jaunûtre, 
semblable par sa couleur au miel : ellé s'employoit en mé- 
decine et étoit regardée comme soporifique. (B.) 


MEL 525 
 MELILOBUS. (Bot.) Michéli désignoit sous ce nom le gle- 
ditsia triacanthos. (J.) 

MÉLILOT; Melilotus, Tournef., Juss. (Bot.) Genre de 
plantes dicotylédones, de la famille des papilionacées, Juss., 
et de la diadelphie décandrie du système sexuel, qui offre pour 
caractères : Un calice monophylle, persistant, à cinq dents; 
une corolle papilionacée, dont la carène est plus courte 
que les ailes qui sont ovales-oblongues, conniventes et à peu 
prés égales à l’étendard ; dix étamines, dont neuf ont leurs 
filamens réunis en un seul corps ; un ovaire supére, ovale, 
chargé d’un style subulé et filiforme, ascendant, terminé 
par un stigmate simple ; une capsule caduque, uniloculaire, 
s’ouvrant à peine, saillante hors du calice, et renfermant 
une à trois graines arrondies ou ovoides. 

Les mélilots sont des plantes herbacées, à feuilles munies 
de stipules à leur base, et composées de trois folioles, dont 
les deux latérales sont insérées sur le pétiole comimun à quel- 
que distance de la foliole terminale: leurs fleurs sont dis- 
posées en grappes plus ou moins alongées et placées dans 
les aïsselles des feuilles supérieures. On en connoît vingt- 
quatre espèces, dont la plus grande partie croît naturellement 
en Europe. ; 

Mézicor pe Messie : Melilofus messanensis, Lam., Dict. enc., 
4, pag. 66; Trifolium melilotus messanensis, Linn., Mant., 
275. Sa racine est annuelle; elle produit une tige haute de 
huit à douze pouces, glabre, comme toute la plante, divisée 
le plus souvent dès sa base en plusieurs rameaux redressés , 
garnis de feuilles longuement pétiolées, dont les stipules 
sont élargies à leur base, et les folioles cunéiformes, pres- 
que ironquées au sommet , légérement dentées en leurs 
bords. Les fleurs sont d’un jaune pâle, petites, peu nom- 
breuses sur des grappes plus courtes que les pétioles. Les 
légumes sont plus gros que dans la plupart des autres es- 
pèces, ovales, comprimés, relevés de nervures nombreuses, 
régulières, et contenant chacun deux graines. Cette plante 
croit dans les moissons en Provence, en Italie, en Sicile. 

Mérriior sicconné : Melilotus sulcata, Desf., FI. atlant., >, 
pag. 193 ; Trifolium melilotus indica, Linn., Spec., 1077. Sa 
racine, qui est annuelle, produit une ou plusieurs tiges 


LU 
526 MEL 
grêles, redressées, longues de six pouces à un pied, gar- 
nies de feuilles à stipules dentées à leur base, et à folioles 
ovales-oblongues, dentées en scie. Ses fleurs sont petites, 
nombreuses, d'un jaune pâle, disposées en grappes’ prés de 
moitié plus longues que les feuilles, et garnies dans presque 
toute leur longueur. Les légumes sont presque globuleux, 
monospermes, marqués de nervures nombreuses, régulières, 
Cette espèce croit dans les champs, aux environs de Toulon, 
en Italie, en Barbarie. 

Mériror GRêce ; Melilotus gracilis, Decand., Flor. franç., 
5, p. 565. Cette espèce ressemble assez à la précédente: 
mais ses feuilles sont généralement plus larges, moins alon- 
gées et peu dentées; les fleurs sont disposées en grappes plus 
lâches, et les légumes sont presque globuleux, dispermes, 
relevés seulement de quelques nervures en réseau et non 
en arcs rapprochés et presque concentriques. Elle croît en 
Provence. 

MÉcicor PARVIFLORE : Melilotus parviflora, Desf., F1. atl., 
2, 192; Trifolium melilotus indica, d', Linn., Spec., 1077. Sa 
racine est annuelle ; elle donne naissance à une tige rameuse, 
haute d’un pied ou environ, garnie de feuilles dont les sti- 
pules sont le plus souvent entiéres, et les folioles ovales- 
oblongues ou cunéiformes, dentées en scie. Les fleurs sont 
d’un jaune pâle, très-nombreuses, plus petites que dans les 
espèces précédentes et les suivantes, disposées en grappes 
grêles, au moins une fois aussi longues que les feuilles. Les 
légumes, également trés-petits, sont ovoïdes ou presque 
globuleux, monospermes, relevés de quelques rides et fine- 
ment pubescens. Ce mélilot croît dans les prairies sèches et 
sur les collines en Provence et en Italie; il se trouve aussi 
en Afrique et dans l’Inde. 

Méuziot p’Iraute : Melilotus italica, Lam., Dict. enc., 4, 
pag. 67; Trifolium melilotus ikalica, Linn., Spec., 1078. Sa 
racine est annuelle, comme celle des précédentes; elle pro- 
duit une tige droite, rameuse, haute d’un pied ou un peu 
plus, garnie de feuilles dont les folioles sont ovoïdes-ren- 
versées, grandes, le plus souvent trés-entières. Ses fleurs 
sont d’un jaune clair, disposées au sommet des tiges ou dans 
les aisselles des feuilles supérieures en plusieurs grappes là- 


MEL 529 
ches, rapprochées en une sorte de panicule. Ses légumes 
sont ovoides ou presque globuleux, relevés de grosses rides. 
Cette plante croît en Italie et en Barbarie. 

Méuior orricinar : Melilotus officinalis, Lam., Dict. enc., 
4, pag. 62; Trifolium melilotus officinalis, Linn., Spec., 1078 ; 
Bull., Herb., tab. 255. Sa racine est pivotante, bisannuelle; 
elle donne naïssance à une ou plusieurs tiges hautes d’un à 
deux pieds, ordinairement un peu étalées à leur base, en- 
suite redressées, garnies de feuilles à trois folioles ovales, 
dentées en scie. Ses fleurs sont petites, d’un jaune pâle, 
nombreuses, pendantes, et disposées en longues grappes dans 
les aisselles des feuilles supérieures ; il leur succède des lé- 
_gumes ovoides, ridés, glabres, ne contenant le plus sou- 
vent qu’une seule graine. Cette plante est commune dans les 
champs cultivés, en France et en Europe. 

Le mélilot n’a qu’une trés-légére odeur à l’état frais; mais 
il acquiert par la dessiccation une odeur plus forte et assez 
agréable , qui le rend trés-propre à aromatiser le foin auquel 
il se trouve mêlé et à le rendre plus agréable au goût des 
bestiaux , qui, en général , aiment cette plante, principale- 
ment les moutons et les chevaux , et surtout avant sa flo- 
raison. Toute espèce de terrain convient au mélilot, pourvu 
qu'il ne soit pas aquatique ; mais, en général, il ne fait 
point l’objet d’une culture particuliere : il se trouve seule- 
ment épars dans les prairies, où le plus souvent il n’a été 
semé que naturellement. 

_ On fait usage en médecine des sommités fleuries du méli- 
lot, qui acquierent par la dessiccation une odeur plus agréable 
que les autres parties de la plante. On les emploie comme 
émollientes, adoucissantes, résolutives, et principalement à 
l'extérieur, en lotions, fomentations et cataplasmes. Leur in- 
fusion aqueuse est trés-usitée dans les ophthalmies inflamma- 
toires. On prescrit aussi leur décoction dans les lavemens 
émolliens. Le mélilot a donné son nom, dans les pharma- 
cies, à un emplâtre. qui n’est plus guëre employé aujourd’hui. 

Mériror ÉLevé : Melilotus alfissima , Thuil., Fior. Par., 372 ; 
Melilotus vulgaris altissima, frutescens, flore luteo, Tournef., 
Inst., 4o7. Cette espèce différe de la précédente par ses 
tiges beaucoup plus élevées, ayant trois à six pieds,de hau- 


528 MEL 


teur ; par les folioles de ses feuilles, qui sont plus alongées, 
plus étroites; et par ses légumes, qui deviennent noirs en 
mûrissant, et qui sont rétrécis à leur base et à leur sommet, 
à peine ridés et légérement pubescens. Elle paroît en différer 
aussi par sa durée ; Thuilier la dit vivace. Cette plante croît 
dans les bois et les prés humides et marécageux. Nous croyons 
que sa culture pourroit, dans les localités convenables, pré- 
senter les mêmes avantages que celle de l'espèce suivante. 

Mériror BLanc, vulgairement Mécrcor pe Sreérie : Meh- 
lotus alba, Lam., Dict. encycl., 4, pag. 63; Melilotus leucan- 
tha, Decand., FI. franc., 5, pag. 564 ; Melilotus vulgaris al- 
tissima , frutescens, flore albo, Tournef., Inst. , 407. Sa racine » 
qui est bisannuelle, produit une ou plusieurs tiges hautes 
de trois à six pieds, et même de huit à neuf dans un terrain 
favorable. Ses feuilles, munies à leur base de stipules subu- 
lées, très-entières, sont composées de trois folioles ovales- 
oblongues, bordées, dans leurs deux tiers supérieurs, de 
dents en scie. Ses fleurs sont blanches, plus petites que dans 
les deux espèces précédentes, presque inodores , disposées 
en grappes grêles; leur calice est en cloche; les aiïles sont 
plus courtes que l’étendard et à peine plus longues que la 
carène. Les légumes sont globuleux ou ovoïdes, non rétrécis 
à leur base, ridés, non pubescens, monospermes. Cette 
espèce croît naturellement dans les champs cultivés et les 
lieux sablonneux, aux environs de Montpellier, de Paris, 
en Provence et dans plusieurs autres parties de l'Europe : 
elle croît aussi en Sibérie. | 

M. Thouin, dans les Mémoires de la Société royale d’agri- 
culture, année 1788, présente ce mélilot comme un four- 
rage intéressant, dont il seroit à désirer qu’on introduisit la 
culture en France. Cette plante, tant verte que séche, est 
propre, selon ce savant agronome, à la nourriture des bes- 
tiaux; on peut en former des prairies artificielles dans les 
terres qu’on laisseroit en jachère. Sa culture est à peu pres 
la même que celle de la luzerne : on doit le semer ‘avec de 
l'orge ou de l’avoine, même avec du seigle ou du froment, 
afin de s’épargner par là les frais de culture, et de ne pas 
perdre une année de la rente de la terre , parce que le mé- 
Hlot ne rapporte rien la première année du semis, On peut 


MEL 529. 


ensuite en faire trois et même quatre récoltes par an; c'est 
même une nécessité de le faire, parce qu’en. laissant cette 
plante s'élever trop haut, ses tiges deviennent ligneuses avec 
l’âge, et cessent alors d’être mangeables. Par ces coupes fré- 
quemment renouvelées on change sa durée, et, de bisannuelle 
qu’elle est naturellement, on parvient a la conserver et à la, 
faire produire pendant trois à six ans. Lorsqu'on la laisse monter 
en graine, elle en fournit une grande quantité, dont on peut 
donner le superflu aux volailles et aux cochons. Les tiges 
qui ont porté graine, peuvent encore servir pour chauffer le 
four. Les terrains légers et humides sont ceux dans lesquels 
elle réussit le mieux; cependant elle peut venir dans tous 
ceux qui ne sont pas décidément marécageux, et dans ceux- 
ci, comme nous l’avons dit plus haut, le mélilot élevé pour- 
roit probablement la remplacer et donner les mêmes produits. 

Le mélilot blanc, cultivé seul, est, selon M. Thouiïin, plus 
productif que les différentes espèces de trèfle ; mais il de- 
vient encore d’un rapport bien plus considérable, lorsqu'on 
le cultive avec la vesce de Sibérie, ces deux plantes ayant 
toutes les qualités qui peuvent en faire désirer la réunion. 
En effet, leur durée est la même; elles poussent en même 
temps, fleurissent et grènent dans la même saison : les racines, 
pivotantes dans la premiére et traçantes dans la seconde, ne 
se nuisent l’une à l’autre en aucune façon. Enfin, le mélilot 
blanc fournit aux animaux une nourriture substantielle, so- 
lide, échauffante , qui trouve un correctif suffisant dans le 
fourrage délié, tendre et aqueux, produit par la vesce de 
Sibérie. 

Méuicor DenTÉ : Melilotus dentata; Trifolium dentatum , Waldst. 
et Kitaibl., PL. rar. Hung., 1, pag. 41, t. 42; Willd., Spec., 
5 , pag 12355. Cette espèce a beaucoup de rapports avec les 
deux espèces précédentes : mais elle en diffère par ses feuilles 
plus alongées, bordées tout autour de dents plus fines, plus 
nombreuses et plus aiguës; par ses stipules incisées à leur 
base en deux grandes dents, et par ses légumes ovales et cons- 
tamment dispermes. Ses fleurs sont jaunes, comme dans le’ 
mélilot élevé, dont elle paroît avoir la hauteur. Cette plante 
croît dans les prés humides en Hongrie, et en Allemagne aux 
environs de Mayence. Il est probable qu’elle offriroit pour 
| 29. 34 


530 MEL 


la culture les mêmes avantages que l'espèce précédente “elke 
ÉSÉrvivace. "7" 

Mérrror BLEU : Melilotus cærulea, Lam., Dict. encycl., 4, 
pag. 62; Trifolium melilotus cærulea, Linn., Spec., 1077. Sa 
racine est pivotante , annuelle ; elle produit une tige droite, 
haute d’un pied et demi à trois pieds, rameuse, garnie de 
feuilles munies à leur base de larges stipules dentées, et 
composées de trois folioles ovales, finement dentées en scie. 
Ses fleurs sont d’un bleu pâle, disposées en grappes resserrées 
en épis ovales, portés sur de longs pédoncules axillaires. Les 
_calices sont pubescens, presque aussi grands que les lévcumes, 
longuement acuminés par le style. Ce mélilot croît naturel- 
lement en Bohème et en Libye ; on le cultive dans plusieurs 
jardins. 

Toutes les parties de cette plante, mais particuliérement 
ses sommités chargées de fleurs ou de fruits, exhalent une 
odeur fort agréable, comme balsamique, qui a valu à cette 
espèce les noms vulgaires de baumier, faux-baume du Pérou, 
lotier odorant , trèfle musqué. Cette odeur se développe davan- 
tage et devient plus intense par la dessiccation, et elle est 
susceptible de se conserver tres-longtemps. On a d’ailleurs 
remarqué que cette odeur se répandoit en plus grande 
abondance dans les temps pluvieux et disposés à l'orage. Les 
abeiïlles paroïissent rechercher encore plus les fleurs de ce 
mélilot que celles des autres espèces, qu’elles aiment cepen- 
dant beaucoup, et sous ce rapport il ne peut qu'être avanta- 
geux d'en semer aux environs de leurs ruches. Quelques 
personnes sont dans l’usage d’en mettre les sommités fleuries 
dans les armoires parmi le linge et les habits, soit pour leur 
communiquer une bonne odeur, soit pour les préserver des 
vers. Dans quelques cantons de la Suisse on en mêle les fleurs 
dans certains fromages, pour leur donner une saveur et une 
odeur plus agréables. Ces fleurs passent en médecine pour 
avoir les mêmes propriétés que celles du mélilot officinal, 
ét on les emploie quelquefois de la même manière. On les 
a aussi recommandées comme sudorifiques, emménagogues 
et diurétiques ; on les a même vantées comme alexiphar- 
maques, vulnéraires, et comme pouvant être utiles dans la 
phthisie pulmonaire ; mais, en définitive, les médecins n’en 


MEL 531 
font en général que peu ou point d’usage aujourd’hui. En 
Silésie on prend assez communément leur infusion aqueuse 
en guise de thé. (L. D.) 

* MÉLILOT ANGLOIS ou MÉLILOT CORNICULEÉ. (Bof.) 
C’est une espèce de trigonelle, frigonella corniculata, L. (L. D.) 

MÉLILOT D'ALLEMAGNE. (Bot.) Un des noms vulgaires 
du lotier corniculé. (L. D.) 

MÉLILOT [PETIT| DES CHAMPS. (Bot.) Deux plantes 
portent vulgairement ce nom, la luzerne lupuline, medicago 
lupujina, Linn., ét le trèfle des champs, frifolium LAS 
Linn.'(L.D.)! 

MÉLILOT D'ÉGYPTE. ( Bot.) C'est une autre espèce de 
trigonelle, Trigonella hamosa, Linn. (L. D.) 

MÉLILOT FAUX. (Bot.) Nom vulgaire du lotier corniculé. 
(Ep) 

MÉLILOT DE MONTAGNE ou DES SABLES. ( Bot.) C’est 
une éspèce de bugrane, ononis pinguis, Linn. (L. D.) 

* MÉLILOT VRAI. (Bot.) C’est le mélilot bleu. (L. D.) 

MÉLILOTOÏDES. (Bot.) Nom donné par Heister au mé- 
- lilot de Crête, différent des autres espèces par sa gousse 
beaucoup plus grande, comprimée, orbiculaire et membra- 
neuse. Medicus et Mœnch en ont fait aussi un genre sous le 
nom de melissitus. (J.) 

MELILOTUM. (Bot.) Fes de melilotus chez les an- 
ciens botanistes. (LEm.) 

MELILOTUS. {Bot.) Voyez Mériror. Law.) 

MELIMELA. (Bot.) Nom de la pomme d’api, chez les 
Latins. (Lem.) 

MÉLINE, Melinis. ( Bot.) Genre de plantes monocotylé- 
dones, à fleurs glumacées, de la famille des graminées, de 
la triandrie digynie de Linnæus; offrant pour caractère es- 
sentiel : Des fleurs polygames; un calice bivalve, à deux 
fleurs; la valve calicinale inférieure entière, fort petite ; la 
supérieure trois et quatre fois plus grande, échancrée en 
cœur à son sommet, mucronée ; une fleur inférieure, à une 
seule valve herbacée , à deux découpures aiguës au sommet, 
du milieu duquel s'élève une arête très-longue, sétacée ; 
une fleur hermäphrodite, à deux valves dures, coriaces ; 
l’inférieure mutique, presque à deux dents ; trois étamines ; 


552 MEL 
un ovaire médiocrement échancré ; le style bifide; les stig= 


mates en pinceau. | 
MÉLINE A PETITES FLEURS : Melinis minufiflora, Pal. Beauv., 


Agrostogr., pag- 54, tab. 11, fig. 4. M. de Beauvois, auteur 
de ce genre, n’ena near qu’une seule espèce, observée 
dans Et de M. de Jussieu. C’est une plante fort élégante, 
qui.a le port des canches (aira, Linn.), dont les fleurs sont 
trés-petites, disposées en une panicule terminale, presque 
pyramidale, dont les ramifications sont presque simples, ca- 
pillaires, comme verticillées, garnies d’épillets fort petits, 
pédicellés, qui paroissent polygames. Cette plante croît à 
Rio-Janeiro. ( Pour.) 

. MÉLINE et MELINUM. (Min.) Il paroît que les anciens 
et les auteurs qui les ont commentés, ont appliqué ces noms 
à deux substances assez différentes. 

L'une, le melinum de Pline , étoit sans aucun doute une terre 
argileuse blanche, dont les peintres se servoient pour pein- 
dre en blanc. Elle étoit légère, douce au toucher, friable ; 
elle happoit à la langue, se délayoit facilement dars l’eau, 
et se trouvoit dans l’île de Melos, d'ou elle avoit pris son nom. 

L'autre, mentionnée par Celse, Vitruve, Servius, Dios- 
coride , étoit de couleur jaune, ou même fauve. et pour- 
roit bien avoir été une sorte d’ocre jaune. (B.) 

MÉLINET ; Cerinthe, Linn. ( Bot.) Genre de plantes dico- 
tylédones, de la famille des borraginées, Juss., et de la pen- 
tandrie monogynie, Linn., qui a pour caractères: Un calice 
monophylle, persistant, partagé jusqu’à sa base en cinq di- 
visions ; une corolle monopétale, tubuleuse, ayant l'entrée 
du tube nue, s’élargissant graduellement dans sa partie supé- 
rieure qui se termine en cinq dents; cinq étamines à filamens 
larges et courts , attachés à la corolle et portant des anthères 
hastées; deux ovaires supérieurs, entre lesquels s'élève un 
style filiforme, terminé par un stigmate simple ou légére- 
ment échancré ; deux coques dures, luisantes, ovales, à deux 
loges monospeTmMEs : il n’y a le plus souvent qu’une seule 
coque qui mürisse, l’autre avorte. 

Les mélinets Su des plantes herbacées, à feuilles, sim- 
ples et alternes, dont les fleurs sont disposées en grappes 
terminales, garnies de feuilles. On en compte six espèces. 


o1 


MEL 55 
Les suivantes croisserit dans le Midi de la France ow de 
l’Europe. 
 Méuner ruDE: Cerinthe aspera, WWilld., Spec., 1, pag. 772 ; 
Cerinthe major, R, Linn.; Spec., 106; Certnthe quorumdam 
major versicolore flore, Clus., Hist. CLXVII Sa racine est 
annuelle ; elle produit uñe tige droite, glabre, haute d’un 
pied ou un peu plus, rameuse dans sa partie supérieure, 
‘garnie de feuilles oblongues, en cœur à leur base, amplexi- 
caules, bordées de cils, chargées en-dessus de petits tuber- 
<ules nombreux, qui les rendent rudes au toucher et qui se 
prolongent quelquefois en poils. Ses fleurs sont axillaires, pé- 
donculées, disposées, au sommet des rameaux, en grappe 
simple ; leur calice est foliacé, moitié plus court que la co- 
rolle, qui est jaune, marquée de pourpre ou dé violet dans 
sa partie moyenne ,-et términée par cinq dents courtes. Cette 
espéce croît dans les champs du Midi de la France, en Italie, 
en Espagne, dans le Levant. 
- Méuinet évasrE : Cérinthe glabra, Müll., Dict., n° 2, Icon., 
tab. 91; Cerinthe major, #, Linn., Spec. 196. Cette espéce differe 
de la précédente par ses feuilles glabres, dont les tubercules 
ne sont visibles qu’a la loupe et ne les reñdént point rudes 
au toucher, et parce qu'elles ne sont pas bôrdées de cils ; 
par ses fleurs moitié plus petites, dont le calice est presque 
aussi grand que la corolle, et énfin parce que sa racine pa- 
roît être vivace. Elle croit en PAT OUE et en Sibérie, dans 
les montagnes sous-alpines. 

MÉLiNET À PETITES FLEURS: Cerinthe minor, Linn., Spee,, 1, 
pag. 137; Jacq., Flor. Austr., tab. 124. Cette espèce est 
glabre , comme la précédente, avec laquelle elle a les plus 
grands rapports; mais elle en diffère par ses fleurs entiére- 
ment jaunes et dont les corolles sont à cinq dents profondes, 
dans l’interstice desquelles on aperçoit les anthères, qui, dans 
les äutres espèces, sont tout-à-fait cachées dans la coroile. 
Cette plante croît dans les prés secs ét montueux, et sur les 
bords des champs, en Dauphiné, en Provence, en Italie, en 
Allemagne : sa racine est bisannuelle ou même vivace. 

MÉLiNèr TAcH£TÉ : Cerinthe maculata, Linn. , Spec., 1, p. 137; 
Allion., Flor. Ped., n.° 178. Ce mélinet différe, selon Allioni, 
de celui à petites fleurs, par ses feuilles plus grandes, ovales, 


534 MEL 


échancrées, d’un vert plus glauque et constamment tachetées ; 
par ses fleurs jaunes, dont les dents sont purpurines. Il croît 
dans les pâturages des montagnes du Piémont et du mont 
Caucase. Sa racine est vivace. ( L. D.) | 

MELINIS. (Bot.) Ce genre, fait par Beauvois sur une plante 
graminée du Brésil, paroît devoir être réuni à la division 
du panicum à fleurs paniculées , dont il ne diffère que par 
la paillette de la fleur neutre, fendue à son sommet et laiïs- 
sant échapper de cette fente une soie trés-longue. (J.) 

MELINOS et MELINE. ( Bot.) Nom du millet en épi (pa- 
nicum.italicum, Linn.) chez les anciens Grecs. (Lem.) 

MELINUM. ( Bot.) Césalpin désigne par ce nom la sauge 
glutineuse ; et il appelle melinum alter la germandrée des bois, 
Leucrium-scorodonia. (LEm.) 

MELION, MELIUM. (Bot.) Calepin, dans son Diction- 
naire, Cite sous ce nom une herbe aquatique, ou croissant 
dans des lieux humides, réputée aphrodisiaque, qui est la 
même que le salyrium erythronium de Dioscoride. C. Bauhin 
cite ce dernier nom comme synonyme de son hyacinthus 
stellaris trifolius; et il joint comme autre synonyme le hya- 
cinthus cϾruleusimas minor de Fuchsius, qui est le scilla bi- 
folia de Linnæwus, bien figuré par Daléchamps sous le nom 
donné par Fuchsius, mais avec trois feuilles au lieu de deux : 
d’où il sembleroit résulter que ce scilla seroit. le melion des 
anciens, le salyrium erythronium de Dioscoride, quoiqu'il ne 
croisse pas dans l’eau. (J.) 

MELIPHYLLON. (Bot.) Un des noms grecs anciens de la 
mélisse. ( Lew.) 

ÉSrronee Melipona. nt ) Illiger et M. Latéealle se 
sont servis de cette dénomination pour un genre d'insectes 
hyménoptères, correspondant à celui des trigones de Jurine, 
et qui comprend en particulier l’abeille amalthée et, quelques 
autres abeilles à miel de l'Amérique méridionale, dont, la 
forme, des tarses est différente de celle de nos-abeïlles ou- 
vrières.(C..D.) ts 

MÉLIQUE; Melica, PE (Bot.) Genre de plantes mono- 
cotylédones, de la famille des graminées , Juss., et de la frian- 
drie digynie du système sexuel, dont les principaux caractères 
-sont d’avoir : Un calice anis à deux valves membra- 


MEL 935 


neuses, presque égales, contenant deux à quatre fleurs, ayant 
chacune une balle à deux valves ventrues et mutiques; 
trois étamines à anthéres fourchues, et un ovaire supére, 
‘surmonté de deux styles à stigmates velus; une graine ovale, 
sillonnée d’un côté et renfermée dans la balle persistante. Le 
nombre des fleurs n’est pas constant dans ce genre ; plusieurs 
espèces n’ont qu’une fleur parfaitement développée, avec le 
rudiment d’une ou deux autres fleurs avortées. 

Les méliques sont des plantes herbacées, presque toutes 
vivaces, à fleurs disposées en panicule. On en connoît une 
trentaine d’espèces, dont un tiers croît naturellement en 
Europe. Nous ne parlerons ici que des suivantes. 


À HAE Loutes glabres. 


_ Méuique 81euE : Melica cærulea, Linn., Mané., 524 ; Aira cæ- 
rulea, Linn., Spec., 95; Flor. Dan., t. 259. Sa tige est un 
chaume droit, haut de deux à quatre pieds, un peu renflé 
a sa base, et n’ayant le plus souvent qu’un seul nœud, placé 
un peu au-dessus de celle-ci. Ses feuilles sont linéaires, alon- 
gées. Ses fleurs sont d’un vert pourpre ou violet, disposées 
en panicule plus ou moins resserrée. La glume, à deux valves 
inégales, contient trois ou quatre fleurs, ou seulement deux 
avec le rudiment d’une troisième. Cette plante croît en 
France et en Europe dans les prés et les pâturages humides 
et dans les forêts. Les bestiaux la mangent tandis que ses 
pousses sont encore jeunes, mais ils n’en veulent plus lors- 
qu’elle monte en fleur. Dans les landes de Bordeaux, de la 
Pologne, de la Westphalie, etc., où elle est très-multipliée, 
on en tire parti pour divers usages économiques: on en fait 
des paniers; on en tresse des nattes, des cordes ; on s’en sert 
a couvrir les maisons au lieu de chaume; on l’emploie pour 
litière. On l’a recommandée comme propre à fixer les sa- 
bles, mais elle ne peut servir sous ce rapport que dans les 
terrains humides; car, d’après l’observation de M. Bosc, elle 
ne peut subsister qu’un ou deux ans dans les lieux qui ne 
sont pas couverts d'eau une partie de l’année. 
Mérique PENcHÉE : Melica nutans, Linn., Spec., 98 ; FL. Dan., 
t. 962. Son chaume est grêle, redressé, haut de douze à dix- 
huit pouces, garni de quelques feuilles linéaires, aiguës, 


556 MEL 
planes. Ses titurs sont écartées les unes des autres, pen- 
chéés, disposées en une grappe simple, ou trés-peu rameuse, 
ordinairement tournée d’un même côté. Ses valves calicinales 
sont rougeàtres, obtuses, membraneuses en leurs bords, 
presque égales entte ellés, un peu plus courtes que les balies, 
contenant deux fleurs et le rudiment d’une troisième. Cette 
espèce croît dans les montagnes de l'Alsace, des Vosges, du 
Dauphiné, de la Provencé, etc. Elle est du goût de tous les 
bestiaux ; les bœufs et les chevaux surtout en sont trés- 
friands, et il est des pays où elle est, pendant les chaleurs 
de l'été, la base de la nourriture des bêtes à cornes, qu’on 
met alors dans les bois, où elle offre l’avantage de croître à 
l’ombre des grands arbres, là où peu d’autres graminées peu- 
vent venir. Comme elle forme d’ailleurs un trés-maigre four- 
rage, parcé que ses racines portent rarement plus de deux à 
trois tiges peu garnies de feuilles, on ne le cultive point exprès. 
Mésique uniriorEe: Melica uniflora, Willd., Spet} F4 ;'F608 

Melica Lobélii, Wäll., Dauph., >, p. 89, t. 3. Cette bé a 
presque le même port que la précédente ; maïs elle en est bien 
distincte par ses fleurs plus petites, disposées en une grappe 
ordinairement plus rameuse, et surtout par ses calices un 
peu aigus, peu où point du tout membraneux en leurs bords, 
ne contenänt qu’une sèule fleur hermaphrodite et une autre 
imparfaite. Cette plante est commune dans les bois et les lieux 
ombragés. Les bestiaux en sont aussi friands que de la précé- 
dente, et ellé offre les mêmes avantages pour leur nourri- 
ture pendant les chaleurs de l'été. 


ei 
Ë 


** Valve externe des balles garnie de chaque côté de 
deux rangées de cils. | 

Mérique ue : Melica ciliata, Linn., Spec., 97; Host., 
Gram. , 2, pag. 10, t. 12. Ses chaumes sont droits, hauts de 
quinze à vingt pouces, garnis de feuilles étroites, d’un vert 
päle, et souvent roulées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un 
vert blanchâtre, disposées en panicule à rameaux ordinaire- 
ment peu nombreux, quelquefois simples, d’autres fois com- 
posés , redréssés et serrés contre l'axe, de manière à avoir 
l'apparence d’un épi; les valves de leur glumeé sont aiguës, 
Yintérieure lancéolée, sensiblement plus étroite et plus 


MEL | 537 
longue ; elles contiennent une fleur hermaphrodite et Îles 
rudimens d’une ou de deux fleurs avortées. Cette plante croit 
sur les collines et dans les lieux stériles, pierreux et décou- 
verts, en France, dans une grande partie de l'Europe et au 
mont Caucase. 

Mérique pe Bawmin ; Melica Bauhini, Al, Auct. F1. Ped., 43. 
Cette espèce se distingue de. la précédente par sa panicule 
moins garnie, dont les rameaux inférieurs sont ordinaire- 
ment étalés; parce que les cils de la valve externe de sa 
balle sont plus rares et plus courts; et enfin parce que les 
valves de sa glume sont presque d’une largeur égale, et très- 
souvent plus ou moins colorées de rouge. Elle croît sur les 
collines, dans les lieux pierreux et stériles de la Provence, 
du Languedoc; dans le Midi de “See et le Nord de lA- 
frique. (L. D.) 

MELIS. (Mamm.) Nom du blaireau dans Pline. (EF. C.) 

MELISSA. ( Bot.) Indépendamment des mélisses vraies et 
des calaments, réunis par Linnæus sous ce nom générique, 
on voit encore que le même nom a été donné à d’autres 
plantes labiées, à la molucelle{molucella), au satureia montana, 
à deux hyptis, à un dracocephalum , au mélissot (melitis), au 
prasium majus, au cunila pulegioides et à l'agripaume. (T.) 

MÉLISSE; Melissa, Linn. ( Bot.) Génre de plantes dicoty- 
lédones, de la famille des labiées, Juss., et de la didynamie 
gymnospermie , Linn.; dont les principaux caractères sont 
d’avoir : Un calice monophylle , presque campanulé, à cinq 
dents, dont trois supérieures et deux inférieures; une Corolle 
006 | à tube cylindrique, évasé au sommet et partagé 
en deux lèvres; la Supérieure courte, échancrée et presque 
en voûte ; l’inférieure à trois lobes, doit le moyen plus grand 
et échancré; quatre étamines didynames, à anthéres oblon- 
gues didymes; un ovaire supère, à quatre lobes, du milieu 
desquels s'élève un style filiforme , à peu près de là longüeutf 
des étamines, terminé par un stigmate bifide : quatre graines 
nues au fond du calice persistant, 

Les mélisses sont des plantes le plus souvent herbacées, 
quelquefois des arbustes, à feuilles simples, opposées, et à 
fleurs axillairés, portées sur des pédoncules ordinairement 
rameux €t disposés presque en grappe au sommet des tiges 


538 MEL 


ou des rameaux. On en connoit dix-sept à dix-huit espèces, 
pour la plupart indigènes de l'Europe. Les suivantes se trou- 
vent en France. 

MéLissE oFriciNALE : Melissa officinalis, Linn., Spec., 827; 
Blackw., Herb. , t. 27. Sa racine est vivace, horizontale ; elle 
produit une tige droite, tétragone, rameuse, presque glabre, 
haute d’un pied et demi ou un peu plus, garnie de feuilles 
ovales, pétiolées, légèrement échancrées en cœur à leur base, 
et crénelées en leurs bords. Ses fleurs sont d’un blanc jau- 
nâtre , portées, plusieurs ensemble, dans les aisselles des 
feuilles, sur des pédoncules rameux. Cette plante croît na- 
turellement le long des haies et dans les bois, dans le Midi 
de la France et de l’Europe ; elle fleurit en juin et juillet. 
Nous en avons recu de Corse une variété remarquable, en ce 
qu’elle s'élève moitié plus; en ce que ses tiges et ses feuilles 
sont velues, et en ce que ses fleurs sont plus grandes, avec 
la lévre supérieure de la corolle violette. 

L'odeur agréable et assez analogue à celle du citron de 
toutes les parties de cette plante, la font cultiver dans beau- 
coup de jardins, et lui ont fait donner les noms de citro-. 
nelle, mélisse citronée, citronade, herbe de citron. On la 
connoît aussi sous ceux de poncirade et de piment des ruches 
ou des mouches à miel. 

La mélisse est aromatique et un peu amére. Ses propriétés 
sont d’être légerement excitante et fortifiante; c’est princi- 
palement sur le systéme nerveux qu’elle porte son action. 
Elle convient dans les affections spasmodiques, surtout dans 
celles qui ont pour, cause un état de débilité et de langueur 
de l’estomac et des voies digestives. Les palpitations, les 
vertiges, les syncopes qui ont la même cause, sont encore 
des cas où son usage peut être avantageux; mais on ne doit 
en attendre qu’un effet bien secondaire dans lapoplexie, la 
paralysie et l'asphyxie, pour lesquelles on l’a aussi recom- 
mandée. 

Les parties de la plante dont on fait usage, sont Les feuilles 
recueillies avant la floraison, parce qu’elles ont alors une 
odeur plus agréable et plus pénétrante. Elles se préparent 
par infusion théiforme, à la dose d’une à quatre pincées pour 
une pinte d’eau bouillante. Elles servent dans les pharmacies 


MEL 539 


à faire une eau de mélisse simple et une eau de mélisse spi- 
ritueuse. Cette dernière, qui est beaucoup plus énergique, se 
donne depuis un gros jusqu’à une demi-once, pure ou mélée 
à un peu d’eau sucrée, dans les défaillances, les syncopes, 
les affections spasmodiques, l’asphyxie. L’extrait, la con- 
serve et le sirop de mélisse sont d'anciennes préparations 
pharmaceutiques très-peu employées aujourd’hui. 

Mécisse GraNDiFLoRE : Melissa grandiflora, Linn., Spec., 527 ; 
Thymus grandiflorus, Scop., Carn., éd. 2, n.° 732. Ses tiges 
sont légèrement pubescentes, tétragones, hautes d’un à deux 
pieds, garnies de feuilles ovales, aiguës, dentées en scie, 
presque glabres. Ses fleurs sont grandes, purpurines, portées 
trois à quatre ensemble sur des pédoncules assez longs, et 
disposées en grappe terminale. Leur calice est presque gla- 
bre, à dents ciliées. Cette espèce croît dans les bois et les 
buissons des lieux montagneux du Midi de la France et de 
l'Europe. | 

Méuisse : cALAMENT, vulgairement CALAMENT DE MONTAGNE: 
Melissa calamintha, Linn., Spec., 825; Bull., Herb., t. 251. 
Sestiges sont redressées, pubescentes, ainsi que toute la plante, 
a peine tétragones, hautes de dix à vingt pouces, garnies 
de feuilles ovales, presque en cœur à leur base, bordées de 
dents égales, presque obtuses. Ses fleurs sont purpurines ou 
blanchâtres, etsouvent tachetées de violet, deux fois plus pe- 
tites que dans l'espèce précédente, portées, au nombre de 
dix à douze, sur des pédoncules plusieurs fois divisés, et dis- 
posées. en grappe alongée et un peu paniculée ; leur calice 
est velu. Cette plante est commune dans les bois, sur les 
collines et aux bords des champs. 

La mélisse grandiflore et le calament de montagne ont des 
propriétés analogues à celles de la mélisse officinale ; mais 
on les emploie fort peu, et on leur préfère généralement 
cette derniére, qu’on regarde comme plus eflicace et comme 
ayant une iddué plus réntul 

Mérrsse NépérA : Melissa nepeta, Linn., Spec., 828 ; ; Thymus 
nepela, Smith, Flora Brit., 2, pag. 642. Cette espèce, qu’on 
nomme vulgairement petit calament, ressemble beaucoup à 
la précédente ; mais ses tiges sont un peu plus basses, plus 
roides, et ses feuilles sont plus courtes, presque arrondies, 


546 0 MBE 

bordées seulement de chaque côté de deux à trois dents iné- 
gales. Les fleurs sont de même disposées en grappe, et leur 
corolle est blanche, tachetée de pourpre, avec des anthères 
violettes. Toute la Dlétité a une forte odeur; ses tiges et ses 
feuilles sont plus ou moins velues, quelquefois couvertes de 
poils si rapprochés qu’elles sont comme cotonneuses et blan- 
châtres. Elle croît sur les collines et sur les bords des champs 
dans les lieux secs et pierreux. 

Méuisse de Crère : Melissa cretica , Linn., Spec., 828; Thy- 
mus crelicus, Decand., F1. fr., 3, pag. 564; Calaminthé se- 
cunda incana, Lob., ru SA Ses tiges sont droites, efli- 
lées, rameuses, hautes de huit à douze pouces, couvertes, 
ainsi que toute la plante, d’un duvet court, serré et blan- 
châtre. Ses feuilles sont petites, ovales, presque entières. 
Ses fleurs sont blanchâtres ou légèrement purpurescentes, 
disposées, au nombre de huit à douze, sur des pédoncules ra- 
meux, formant par leur rapprochement une longue grappé 
terminale ; les dents de leur calice sont courtes, presque 
égales. Cette espèce croit naturellement dans le Midi de! 12 
France, en Espagne , en Italie, etc. k 

Mécisse nes Pyrénées : Melissa pyrenaica, Jacq., Hort. Vind., 
2, t. 183; Willd., Spec., 3, p. 148; Horminum pyrenaicum, 
Linn., Spec., 831. La plupart des botanistes modernes ont 
réuni aux mélisses cette plante, dont Linnæus avoit fait un 
genre particulier. Elle diffère en effet beaucoup par le port 
de toutes les espèces dont nous avons parlé jusqu’à présent : 
ses feuilles, presque toutes radicales et étalées en rosette . 
sont ovales, crénelées, portées sur des pétioles velus; sa 
tige est simple, haute de six à huit pouces, garnié, dans sa 
partie inférieure, de deux paires de petites feuilles sessiles, 
et chargée dans le reste de sa longueur de fleurs d’un pour- 
pre bleuâtre, disposées, sur des pédoncules simples; sixà 
huit par verticilles assez rapprochés ; leur calice est à cinq 
dents trés-aiguës et presque égales. Cette plante croît dans 
les Pyrénées et dans les Alpes du Tyrol et de la Carniole. (L. D.) 

MÉLISSE BATARDE ou MÉLISSE DES BOIS. (Bot.) Noms 
vulgaires du melitis melissophyllum. (L. D.) 

MÉLISSE DES CANARIES. (Bot. ) C’est le dracocéphale 
des Canaries, (L. D.) 


MEL 5A1 


MÉLISSE DE CONSTANTINOPLE ou MÉLISSE TURQUE. 
(Bot.) Noms vulgaires du dracocéphale de Moldavie. (L. D.) 

MÉLISSE ÉPINEUSE. (Bot.) C’est le nom vulgaire du 
Molucella spinosa. (1. D.) | 

MÉLISSE DE MOLDAVIE. ( Bot.) C'est le dracocephalum 
moldavica. (I. D.) | 

MÉLISSE PUNAISE. (Bot.) Un des noms vulgaires de la 
mélite à feuilles de mélisse. (L. D.) 

MÉLISSE ROUGE. (Bot.) Nom vulgaire du salvia virgi- 
nica. (L. D.) 

MÉLISSE SAUVAGE. (Bot.) Un des noms vulgaires du Leo- 
nurus cardiaca. ( L. D.) 

MÉLISSIÈRE. ( Bot.) C’est encore un des noms de la mélite 
à feuilles de mélisse. (L. D.) 

MELISSITUS. (Bot.) Voyez Meuiroroipes. (J.) 

MELISSO -PHAGO. (Ornith.) Le guêpier, merops apiaster, 
Linn., est ainsi appelé en Crête... Quelques naturalistes le 
nomment aussi mellophagus. (Cu. D.) 

MELISSOPHYLLUM. (Bot.) Matthiole, Gesner et d’autres 
nommoient ainsi la mélisse ordinaire. Fuchs et Daléchamps 
donnoient au mélissot, une autre plante labiée, ce nom, 
qui lui avoit été conservé par Haller et Adanson, et auquel 
Linnæus a substitué celui de melitis, en y ajoutant celui de 
melissophyllum comme spécifique. (J.) 

MÉLISSOT. (Bot.) Autre nom vulgaire de la mélite à 
feuilles de-mélisse. (L. D.) | 
_ MELISTAURUM. ( Bot.) Ce genre de Forster a été réuni 
par nous à l’anavinga de Rhéede et d’Adanson, ou Casearia 
de Jacquin. (J.) 

MÉLITE, Melita. (Crust.) Genre de crustacés fondé par 
M. Leach pour placer une espèce de crevette, décrite par 
Montagu sous le nom de cancer gammarus palmatus. Voyez 
l’article Maracosrracés, tome XXVIIT, page 352. ( Des.) 

MÉLITE ; Melitis, Linn. ( Bot.) Genre de plantes dicotylé- 
dones, de la famille des labiées, Juss., et de la didynamie 
gymnospermie, Linn., qui offre pour caractères : Un calice 
monophylle , campanulé, à trois lobes, le supérieur quelque- 
fois échancré; une corolle monopétale, à tube plus étroit que 
le calice, et à limbe partagé en deux lèvres, dont la supé- 


. 


542 MERE ° 

rieure entière, et l'inférieure à trois grands lobes inégaux ; 
quatre étamines didynames, à anthères conniventes par paire 
et en maniere de croix; un ovaire supére, quadrifide, du 
milieu duquel s'élève un style filiforme, de la longueur des 
étamines, terminé par un stigmate bifide et aigu; quatre 
graines nues au fond du calice persistant. 

Les mélites sont des herbes vivaces, à feuilles simples, op- 
posées, et à fleurs axillaires. On en connoîit trois espèces, 
dont deux croissent en Europe et la troisième au Japon. 

Mérite mÉécyssoPpxyLie : Melitis melissophyllum, Linn., Spec., 
832; Jacq., Flor. Aust., tab. 26. Sa tige est droite, simple, 
tétragone, velue, haute d’un pied à dix-huit pouces, garnie, 
dans toute sa longueur, de feuilles pétiolées, ovales-oblon- 
gues, aiguës, crénelées. Ses fleurs sont blanches avec une 
large tache purpurine, solitaires ou deux à trois énsemble 
dans les aisselles des feuilles, et sur des pédoncules simples, 
à peu pres égaux aux pétioles : leur calice est à trois lobes 
entiers, et la lèvre supérieure de la corolle n’est point échan- 
crée. Cette plante est commune dans les bois et les lieux 
ombragés. Toutes ses parties herbacées ont une odeur forte 
et presque fétide, qui lui ont fait donner les nomsde mélisse 
punaise, mélisse puante; elle est aussi vulgairement connue 
sous ceux de mélisse sauvage ou des bois. Elle passe pour 
diurétique , expectorante, et surtout pour emménagogue ; on 
lui a aussi attribué la propriété lithontriptique : mais elle n’est 
en général que peu ou point employée en médecine. 

MÉLITE GRANDIFLORE : Melitis grandiflora, Smith, FI. Brit.,. 
2, p. 644; Melitis melissophyllum, Curt., FL Lond., 6, t. 39- 
Cette espèce ressemble presque en toutes choses à la précé- 
dente ; elle en diffère seulement parce qu’elle est moins velue ; 
parce que ses fleurs sont plus grandes, d’un blanc un peu 
jaunâtre, et parce que les lobes supérieurs de la corolle et du 
calice sont échancrés. Elle croît de même dans les forêts ét 
les lieux couverts. (L. D.) 

MÉLITE. (Foss.) On a appelé ainsi autrefois les bois fossiles 
que l’on croyoit pouvoir rapporter au genre du Frêne. (D. F.) 

MÉLITÉE, Melitea. (Arachnod.) MM. Péron et Lesueur, 
dans leur Tableau systématique de la famille des médusaires, 
ont employé ce nom pour désigner un genre de la division 


MEL 543 
des Léo: pédonculé , brachidé, non tentaculé ; dontles 
huit bras, supportés par autant de pédicules, sont réunis en 
une espèce de croix de Malte, et qui n’offre pas d’organes inté- 
rieurs apparens. Il ne renferme qu’une seule espèce , la M. 
POURPRE, M. purpurea, de la Terre de Witt dans l'Australasie, 
dont l’ombrelle hémisphérique est creusée par un estomac 
large, profond, ouvert et subconique ; toutes les parties de 
l'animal, qui a quarante à cinquante centimètres de diamé- 
ire: Su d’une couleur pourpre foncée. (Ds B.) 

MÉLITÉE, Melitæa. (Entom.) Genre d'insectes lépidop- 
téres, dadcbre du genre Papillon de Linné par Fabricius, 
et qui se rapporte au genre Areynxe de M. Latreille. (C. D.) 

MÉLITÉE, Melitea. (Zooph.) M. Lamouroux sépare sous 
ce nom un assez petit nombre d’espèces d’isis de Linnæus, 
de Pallas, d’Ellis et Solander, dont les animaux, tout sem- 
blables à ceux de ce genre, c’est-a-dire, avec Îles tentacules 
pectinés sur un seul rang, sont contenus dans une sorte d’é- 
corce mince, persistante dans l'état sec, enveloppant un axe 
dendroïde , à rameaux souvent anastomosés, composés d’ar- 
ticulations calcaires substriées, séparées par des intervalles 
spongieux et noueux. Les mélitées différent donc des véri- 
tables isis par le peu d'épaisseur de l'écorce du polypier, 
par sa très-grande adhérence à l’axe, par l’état presque lisse 
des articulations pierreuses et la nodosité des parties inter- 
articulaires , qui sont aussi moins cornées, en un mot, 
moins différentes, de naturé, de structure et de couleur, 
des articulations calcaires. La couleur des mélitées est presque 
toujours rouge ou jaune. Les polypes, d’après ce qu'en dit M. 
Lamouroux, sont . dans les espèces à écorce jaune, et 
jaunes dans celles à écorce ro ils sont épars ou disposés 
sur les côtes. 

Les quatre espèces que MM. Lamouroux et de Lamarck 
caractérisent dans ée genre, viennent de la mer des Indes. 

La M. ocuracéEe : M. ochracea, Linn., Gmel. ; Seba, Th.,111, 
t. 104, fig. 1. Polypier comprimé, très-rameux, dichotome; 
les articulations cornées, noueuses et spongieuses; les pier- 
reuses inégales, sillonnées dans les grands rameaux seulement. 

La M. orAncéE; M. coccinea, Solander, Ellis, p. 107, n° 
3,t.12, fig. 5. Plus petite; les rameaux divergens et quel- 


s4k | MEL 


quefois anastomosés ; les articulations osseuses trés-rouges ; 
les entre-nœuds courts, spongieux et jaunes; les cellules . 
verruqueuses, à oscules trés-petits. M. Lamouroux a donné à 
cette espèce le nom dé M. Risso, de Nice. 

La M. RéTIFÈRE : M. refifera, Lamck.; I. aurantia, Esper, 
Suppl., 2, tab. 9. Tige épaisse , rameuse; les rameaux dans 
‘le même plan, souvent anastomosés ; les articulations très- 
rapprochées dans la tige, écartées dans les rameaux et nulles 
dans les ramuscules : couleur rouge, pourpre et piquetée. 

Cette espèce, qui vient de l'océan Indien, comme les deux 
précédentes, et de l’Australasie, offre PERUSANE de variétés 
de couleur et de grandeur. 

La M. rextirorme; M. textiformis, Lamx., pl. 19, fig. 1. 
Tige courte, noueuse , terminée par une sorte de réseau 
flabelliforme, à mailles assez grandes et alongées ; couleur 
trés-variable : deux à trois décimètres de hauteur. Des mers 
de l’Australasie. (DE B.) 

MELITHREPTUS. (Ornith.) Voyez Héoro-Tatres. (DEsm.) 

MELITIS. ( Bot.) Voyez Mérire. (L. D.) 

MÉLITOPHILES. (Entom.) M. Latrcille a donné ce nom 
à une division de la section des coléoptères pentamérés, qui 
comprend les insectes lamellicornes, qui ont le labre mem- 
braneux caché sous une avance du chaperon ; les mandibules 
tres-minces ; les mâchoires terminées en forme de pinceau ; 
les palpes filiformes ou en massue ; les antennes formées de 
dix articles, etc. Cette division comprend les genres Goliath, 
Trichie, Cétoine et Crémastochéile. (Desm.) ù 


FIN DU VINGT-NEUVIÈME VOLUME. 


TTC TES TONER EE NL FOR TT RON LATT OU MONTS Te À D CNE BCE ETES ET UE 
STRASBOURG, de l'imprimerie de F. G. Levrauzr. 


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